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SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES DE HARLEM.
fai l'honneur de vous offrir, de la part des Directeurs de la
Société hollandaife des Sciences, le neuvième Volume des
ŒUVRES COMPLÈTES DE CHIUSTIAAN HUTGENS,
publiées par cette Société.
Veuillez m'obliger par un avis de réception et agréer Paffnrance
de ma confédération la plus di/linguée.
J. BOSSCHA,
Harlem, Septembre 1901. .
Secrétaire Perpétuel.
ŒUVRES COMPLETES
DE
CHRISTIAAN HUYGENS.
EXEMPLAIRE
offert par les Dircfteurs de la
SOCIÉTÉ HOLLANDAISE DES SCIENCES
M
Membre étranger de la Société.
Imprimerie de Joh. ENSCHEDE & Fils, Harlem.
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tMc/zei.
ŒUVRES COMPLETES
DE
CHRJSTIAÀN HUYGENS
PUBLIEES PAR LA
SOCIETE HOLLANDAISE DES SCIENCES
TOME NEUVIÈME
CORRESPONDANCE
1685 — 1(^90
LA HAYE
MARTINUS NIJHOFF
1901
^ BIBLIOTHf'" V
p:
O^
%
^/fyofû^
-•
\
CORRESPONDANCE
i(585 — 1690.
N= 2379.
Christiaan Huygens à H. de Beringhen.
4 JANVIER 1685.
La minute et la copie se trouvent à Leielen, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2378.
Monsieur
Je n'ay pas peu de confnfion de la peine que je vous donne, et j'eufïe eftè bien
plus fcrupuleux que je n'ay eftè a demander voftre intercefîlon dans mon affaire
fi j'eufTe cru qu'elle fou ffriroit aucune difficulté. Toutefois puis qu'elle eft fur le
point d'eftre finie, j'ay aflez de confiance en voftre bonté pour ofer vous en im-
portuner encore cette fois. Je ne puis conclure autre chofe de ce que vous dites
dans voftre lettre ') touchant la refi fiance que vous avez trouvée finon que l'on
a refolu de ne me point faire revenir. Ce que pourtant vous Monfieur pouvez
juger encore bien mieux que moy par les circonftances et la manière dont on
vous a refpondu. Que fi cela eft et qu'il vous paroifTe ainfi, il ne me refte qu'a
vous fupplier de m'obtenir la permiffion de faire retirer mes livres et meubles que
j'ay laiflez en partant2), et s'il fe peut un congé un peu honnefte; car de faire des
inftances et des follicitations afin d'eftre reftabli dans mon employ me fembleroit
autant bas et malfeant que je l'ay eftimè honorable lors que j'y ay eftè appelle 3).
Je vous avoueray bien auffi Monfieur que le fouvenirde mes maux paflez 4) et
le peu d'affection de plufieurs de mes collègues n'avoit pas peu rabatu de l'envie
que j'avois de retourner en France et que ce qui m'y auroit fait refoudre c'eftoit
l'efperance d'y pouvoir vivre plus tranquillement fous la protection de Mr. de
') Nous ne connaissons pas cette réponse au N°. 2378.
2) En septembre 1681. Voir la Lettre N°. 2251, note 1.
3) Consultez la Lettre N°. 2375, note 3. 4) Voir, entre autres, la Lettre N°. 2251.
Œuvres. T. IX. i
CORRESPONDANCE. 1685.
Louvois que je n'ay fait cydevant, et d'eftre un peu mieux traité que je n'ay eftè 5).
Ainfi je me trouve trop efloignè de mon compte puis qu'il femble que luy meime
ne trouve pas a propos que je revienne. Pour ce qui eft de l'endroit ou vous par-
lez de l'AmbafTadeur de France6), je trouve que vous avez grande raifon, et que
mon Père auffi bien que moy avons eftè aiïez lourdement abufez par une légère
ambiguïté. Il eft vray auffi comme vous dites que c'eftoit plus le fait de Mr.
l'AmbafTadeur de fe méfier de pareilles affaires que la mienne mais comme je
ne croiois pas qu'il faloit folliciter mon retour mais feulement feavoir ce qu'on
avoit refolu la defîus et furtout s'il agreeroit a celuy a qui le gouvernement de
noftre Académie a eftè confié il me femble que ce miniftre ne m'y pouvoit pas
eftre fi utile que vous Monfleur, et m'eftant affurè de voftre affection j'ay pris la
hardieffe de m'adreffer a vous, efperant que vous la pardonnerez a celuy que eft
avec paffion et très grand refpect
Monsieur
4jan. 1685.
Voftre &c.
N= 2380.
Constantyn Huygens, père, à H. de Beringhen.
21 FÉVRIER 1685.
La copie se trouve à Amsterdam, Académie des Sciences.
La lettre fait suite au No. 2.277.
A la Haije ce i\ Feb. 1685.
Monsieur
Ce n'eft pas fans fcrupule que je retourne à vous entretenir fur le fujet des
affaires de mon Fils; mais je m'ij hazarde, dans l'opinion que j'aij, que ce poura
eftre icij la dernière fois que je feraij obligé de vous en importuner. Selon ce que
je puis conclure du contenu de vos derniers advis1), il ne refte plus pardelà aucune
envie de le rappeler. Si j'ij euffe veu fi clair qu'a prefent il ij a longtemps que
vous vous feriez trouué déchargé de moij : mais comme j'avoij veu Monfleur le
marquis de Louuois luij mander qu'il n'euft pas à fe mettre en chemin, fans avoir
5) Voir la Lettre N°. 2321. 6) Le comte d'Avaux; voir la Lettre N°. 2138, note 7.
') Nous ne connaissons aucune des lettres de H. de Beringhen.
CORRESPONDANCE. 1685.
de Tes nouuelles 2), j'ay trouué bon qu'il eftendift fa patience jufqu'à tant que le
refpedt fembleroit le requérir. A quoij me femblant qu'hormais nous avons abon-
damment fatisfaicl fans qu'on aijt voulu nous tefmoigner par le moindre mot,
qu'on fe fouvient feulement de nous, je n'aij pu me retenir plus longtemps de vous
fupplier, comme je faij tres-humblement par cefte, de nous vouloir obliger de celte
dernière grâce, que par voftre entrerai fe il foit fignifié de par le Roij à mondit Fils
quelle eft en fon efgard la finale jntention de fa Mai. té pour félon icellefe régler
en les affaires, avec toute la fubmiffion et le refpecl qu'il doibt. Si on eft refolu
de fe défaire de luij, il me femble, Monfieur, que la moindre gratification qu'il
puifTe prétendre, eft ce que les Italiens nomment un bon fervito, par où il puiffe
paroiftre au monde qu'on fort du fervice d'un grand Roij, d'auffi bonne manière
qu'on y a efté appelle. Je n'aij garde de vous prefcrire ce qu'il convient dire en
telle occurrence, tant vieux que je fuis, je me le tiens trop peu, peur vous ap-
prendre voftre monde. Ce n'eft donc qu'aux anciennes bontez que vous avez tant
tefmoigné d'avoir pour moij et les miens, que je me rapporte en vous renouuellant
toufjours la promelfe d'aller ceffer de vous fatiguer de mes lettres, fi ce n'eft où
elles puiffent fervir à vous faire connoiftre avec combien de fincerité et de con-
fiance je continue d'eftre &c.
N= 2381.
Christiaan Huygens à H. de Beringhen.
22 FÉVRIER 1685.
La minute et la copie se trouvent à Leiden , coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2379 ').
A Monfieur de Beringhen.
le 22 fevr. 1685.
Monsieur
A moins que d'avoir pour moy une bonté extraordinaire vous n'auriez pas
continué comme vous avez fait ce commerce de lettres qui a pour fujeér. une
affaire fi peu agréable que celle que nous avons traitée. Nous en voila pourtant
a la fin finale a ce que je voy par celle dont vous venez de m'honorer, et il ne me
2) En septembre 1683. Consultez la Lettre N°. 2375.
') La réponse à la lettre N°. 2379 nous manque.
CORRESPONDANCE. 1685.
relie qu'a vous rendre de très humbles grâces de tout le foin que vous avez
daigné d'en prendre. Le defTein du Roy a protéger et faire fleurir les fciences
m'a toujours paru fi grand et fi beau, que j'ay eftè bien aife d'y eflre employé
avec d'autres. Toutefois quand je me fouviens de mes maux et maladies païïees
et qu'avec l'âge la fantè ne devient pas plus ferme, je ne puis pas dire que c'eft
avec bien de regret que je refteray dans mon païs natal. Je vois que mon Père in-
fille toufjours fur ce que j'avois auffi touché dans ma dernière, fcavoir ce congé un
peu honnefte 2), et certainement pour la bienfeance cela m'eftoit bien du, n'ayant
rien fait que je fcache qui pull diminuer pour moy les bonnes grâces du Roy ni
celles de Monfeigneur de Louvois. Je tafcheray avec autant de foin de conferver
l'honneur des voftres et feray toufjours avec un profond refpeér.
Monsieur
Voftre &c.
N= 2382.
Christiaan Huygens à F. M. le Tellier, marquis de Louvois.
5 avril 1685.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens *).
A Monfeigneur de Louvois.
du 5 Avr. 1685.
Monseigneur
Apres avoir attendu longtemps avec le refpeér, que je devois les ordres que
vous m'aviez fait la grâce de me promettre, pour fcavoir fi j'avois a retourner en
France ou a refter icy2), j'ay pris la liberté de m'adrefler a Mr. le Premier3), qui
m'honore de fon amitié, afin qu'il voulufl s'enquérir en quel eflat eftoit cette
affaire et ce que je devois en efperer. Et ayant reconnu par ce qu'il a eu la bonté
de me mander qu'il n'y avoit point d'apparence que je fuiTe rapellè, j'ay cru
2) Voir la Lettre N°. 2380.
') La lettre paraît avoir été remise par l'intermédiaire de quelque ami. Au bas de la page, sur
laquelle Chr. Huygens a écrit la minute, on trouve les mots: mes baifemains au d. de
Roannes. a Thevenot.
■) Consultez la Lettre N°. 2380.
3) H. de Beringhen, premier écuyer du roi.
CORRESPONDANCE. 1 685.
que c'eftoit autant que fi j'avois receu vos ordres mefmes et que c'eftoit la volonté
du Roy que je ne retournafTe point a la quelle je dcvois acquiefcer quoy qu'en
ignorant entièrement la caufe.J'ay donc prié un de mes amis4) de me renvoier mes
livres et mes meubles qui occupent quelques chambres dans l'hoftel de la Biblio-
thèque Royale, ce que pourtant je n'ay ofè faire fans me donner l'honneur de
vous en eferire et d'en demander voftre permiffion. Je vous demande en mefme
temps Monfeigneur la continuation de vos bonnes grâces, que je cafeheray de me
conferver par toute forte de moyens, eftant avec foumiflion
Monseigneur
Voftre &c.
N= 2383.
Constantyn Huvgens, frère, à Christiaan Huygens.
2 1 AVRIL 1685.
La lettre se trouve à Leiden, colL Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2384.
Dieren ce ai d'avr. 1685.
Je vous ay eferit avanthier *) et ce n'eft icy que pour vous envoyer l'enclofe de
Mr. le Premier 2) que Ion a adreftee chez moy par abus, et on s'efi: mépris à la
fuperfeription. Je n'ay pas attendu de là que ce qu'elle porte et la conduite
obligeante de Mr. de Louvois ne fe dément point il fait les chofes d'auffi bonne
grâce qu'on pouvoit efperer d'un d'homme fait comme il eft 3).
4) Probablement Friquet; voir le post-scriptum de la Lettre N°. 2378.
1 ) Cette lettre nous manque.
2) H. de Beringhen. Nous ne connaissons pas la lettre dont il est question.
3) Le reste de la lettre a été enlevé par un coup de ciseaux; probablement pour donner à la
femme de Constantyn la partie de la lettre qui la regardait. Voir le commencement des
Lettres Nos. 2384 et 2385.
CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2384.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
23 AVRIL 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Le'iden , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2383.
Const. Huygens y répondit par le No. 2385.
A la Haye ce 23 Avr. 1685.
J'ay receu vos deux lettres '), et j'ay fait voir a M.e de Zelem 2) ce qu'il y avoit
pour elle dans la dernière. Ce procédé des François a mon égard comme vous
voiez efl: afTez barbare, et je ne feaurois l'imputer qu'a la maxime qu'ils ont de
n'emploier perfonne qui foit de la Religion ou bien aux brigues de quelques
envieux. Mais il n'y a pas grand mal, et j'ay plus de raifons pour vouloir relier
dans ce païs, que pour fouhaiter le fejour de Paris de la manière que j'y vois les
choies difpofées.
J'ay envoie ce matin pour feavoir fi voitre verre efloit fait, mais il ne le fera
qu'a la fin de cette femaine a ce que noftre belle m'a fait dire, ce qui ne me doit pas
furprendre après tant de pareilles expériences.
J'ay eferit une partie des mémoires 3) que vous feavez et les aurois achevé fans
des maux de tefte qui depuis le jour de Pafques m'ont incommodé, et pour lefquels
encore aujourdhuy je ne fuis point forti. Voftre retour citant fi proche il me femble
qu'il ne vaudra pas la peine de vous les envoier, en les mettant au hazard, quelque
petit qu'il puifTe eftre. J'ay obfervè tous les 3 jours pafTez a la requefte de quelques
fpeftateurs, et hier avec le verre de 84 pieds, mais l'oculaire dernier eftant reufli
de 6 pouces entiers au lieu de 5^- il y a fi peu que rien de multiplication d'avan-
tage que par le verre de 60 pieds avec l'oculaire de \\ pouces, qui vous fembloit
encore trop foible. Hier et famedy je vis le fatellite intérieur de Caifini outre le
mien et avanthier des taches afTez manifeftes au bord de la bande obfcure de
Jupiter, par lefquelles on pourroit déterminer fon temps périodique au tour du
centre.
Comme cet oculaire de \\ pouces pour les 60 vous paroifïbit trop foible, et que
moy je le trouvay à mon gré, j'ay pris environ le milieu entre deux c'ell a dire près
de 4 pouces et \ pour fupputer ma table, en quoy faifant je trouve cette commo-
dité que la diftance du foier des oculaires efl: par tout égale au diametrede l'ouver-
ture du verre objeétif. Et pour trouver l'un ou l'autre j'ay cette règle ai fée, qui efl:
') La lettre N°. 2383 et celle qui nous manque.
2) La femme de Constantyn, frère.
%) Probablement ses commentaires sur l'art de tailler et de polir les verres de lunette; voir la
Lettre N°. 2364, note 4.
CORRESPONDANCE. 1685.
de multiplier les pieds de la longueur du verre objectif par 3000, et de tirer la racine
quarrée du produit, laquelle marque les pouces dixièmes et centièmes de l'ouver-
ture et en me (me tems du foier de l'oculaire. Par exemple, (bit la longueur de
l'objecïif 160 pieds, les multipliant par 3000, il vient 480000 dont la racine eft
693 faiiant 6 pouces, 9 dixiefmes, et 3 centièmes pour l'ouverture et autant pour
la diftance de foier de l'oculaire4).
Je doute un peu fi vous n'avez pas oublié de tirer la radix quadrata, mais voicy
l'autre règle pour (bavoir combien de fois la lunette multiplie félon le diamètre.
Il faut multiplier les pieds de la longueur par 480, et la racine quarrée du produit
fera le nombre de la multiplication ou groffiffement qu'on cherche. Ainfi 160
multiplié par 480 fait 76800, dont la racine eft 277 5). Ces règles font commodes,
parce qu'on n'a pas toufjours la table prefente.
J'ayveu dernièrement dans la gazette que Sr. Gabriel6) devoit eftre bien tofticy,
dont je m'edonne que vous ne (cachiez rien. Je croy que vous ne fcavez pas non
plus s'il aura fait faire le verre que nous attendons. Ce Robijnflijper7) au coin du
Luijfemart m'ayant dit ces jours pafiez qu'il avoit un moyen fur pour blanchir
les criftaux les plus bruns, je luy demanday s'il ne pourroit pas faire la me (me
4) La page 183 du livre F des Adversaria est remplie d'un calcul tendant à démontrer le théo-
rème suivant: Aperturarum diametri in subdupla ratione foci distantiarum; positâ radii
dispersione velut ex diversis duabus refractionibus minimum quid discrepantibus.
5) La règle est évidemment la conséquence de la précédente. En effet, en désignant par 0 le
diamètre de l'ouverture, par Fia. distance focale de l'objectif, l'un et l'autre en pouces, par/'
celle de l'oculaire, par G le grossissement, on a d'après la première règle 100 0 = 100 f==
1/^3000/^1 12 ou/=l//~/'| 40; d'après la seconde G = 1/^480 ï*,| 12 = 1/^40 F = F\f,
selon le théorème publié pour la première fois par Huygens dans son Systema Saturnium;
voir la Lettre N°. 23 1 7, note 8.
La première de ces règles, pour autant qu'elle regarde les ouvertures des objectifs, a été
conservée par Huygens dans sa Dioptrica (Opéra reliqua, Edition de 's Gravesande, Vol II,
p. 161) en ces termes: Foci diftantia lentis exterioris quem numerum pedum ha-
bebit, is numerus ducator in 3000; fafti radix erit diametcr aperturae quaefitae
in centefimis pollicum. Mais elle ne s'applique pas au calcul de la distance focale de
l'oculaire, puisqu'il est dit: Eadem fi augeatur décima fua parte, dabit foci diftan-
tiam lentis ocularis iifdem centefimis exprefiam. Il en résulte que dans la table de
la Dioptrica (p. 16 3) on trouve pour la distance focale de l'oculaire d'une lunette de 160 pieds,
au lieu de 6,93 pouces comme dans notre lettre, la valeur 7,62 = ' I/l0. 6,93, et le grossisse-
ment 252 = IO/„. 277. Dans le livre F des Adversaria, pp. 200 et 201, on trouve le calcul
d'une table des ouvertures et des grossissements des lunettes de 1 à 300 pieds. L'ouverture
y est encore calculée d'après la règle de la Lettre et de la Dioptrique. Pour la distance focale
de l'oculaire, au contraire, on a admis une valeur plus faible que celle de l'ouverture, de
sorte que le grossissement devient 1 ,2 fois plia fort.
6) Gabriel Silvius; voir la Lettre N°. 1229, note 1.
:) Traduction : Poliffeur de rubis.
8 CORRESPONDANCE. 1685.
chofe au verre, ce qu'il ne croyoit pas impoflible, et je luy ay donné quelques
morceaux pour l'efTayer. Ce feroit une très bonne affaire, je fcauray demain quel
aura elle le fucces. Le frère DrofTarc s) a eu i ou 3 accès d'une fevre tierce. J'ayme
encore mieux mon mal de tefle.
N= 2385.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
16 AVRIL 1685 ').
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2384.
Dieren ce 26. d'Avril 1685.
La voftre du 23 vient de m'eftre rendue. Ma femme me mande que vous avez
pris la peine de lui faire dire ce dont je vous avois prié touchant les mouchoirs et
les caleçons. J'efpere qu'en recompenfe elle vous aura fait part de ce que je lui
ay mandé touchant le Phénomène 2) que nous avons veû icy il y a quatre jours et
qui femble avoir prédit qu'il y auroit du vent. Si je ne me trompe Ion tire cette
prédiction là de fes femblables.
Il cft fâcheux que ces petites formes pour les oculaires nous trompent a chaque
fois. Je croijois que vous aviez une méthode feure de mefurer avec le compas la
longueur de leur foyer. Si par ce moyen la ou par l'expérience vous jugez que nous
aurions à faire de quelqu'autre différente de celles qu'avons je vous prie de la
faire faire pour mon compte, le pluftoft le meilleur, car cela eft fafcheux que nous
ayons les grands objectifs, et manquions d'oculaires. Ce rapport de mefure entre
l'ouverture des objectifs et le foyer des oculaires eft aflez furprenant. Ce que
vous dites de foupeonner touchant ma Radix Quadrata eft allez bien deviné, mais
je veux repeter cela avec tout le relie de mes eftudes de Mathématique avant qu'il
foit longtems. Je n'apprens quoi] que ce foit de Sr. Gabriel depuis que je lui ay
eferit pour avoir de grandes pièces pour les objectifs de 160 pieds. d'Allonne3) dit
R) Lodewijk Huygens.
') Voiries Additions et Corrections du Tome VIII, sous la page 420.
2) Probablement un halo ou des parhélies.
3) D'Alonne était le fils d'une demoiselle Brnnier, que celle-ci eut avant son mariage avec M.
Tassin d'Alonne, officier français, qui fut tué en duel vers 1 656. Ce dernier n'avait jamais voulu
reconnaître l'enfant de sa femme, mais après sa mort, son frère, avocat à Paris, l'adopta
CORRESPONDANCE. 1 685.
avoir appris par une de Tes lettres qu'il devoit aller a la campagne pour huift ou
dix jours, il dit encore que dans peu de jours après le couronnement 4) il fait eftat
de partir pour Denemarc et cherche icy un Cuifinier, tellement que je ne fcaisque
dire du chevalier ny de ce que nous devons en attendre.
L'invention de blanchir le verre feroit quelque chofe de bien beau, mais j'ay
grand peur que ce ne fera rien. Je vous prie de me mander le fucces.
M.r le Prince m'a fait efcrire au Frère de St. Annelandt de faire un tour icij,
et voudroit bien qu'il y fuit, dimanche prochain ou lundy au plus tard parce que
mardy nous allons au Loo. Je crois qu'il n'aura point de répugnance pour ce
voyage, mais s'il en avoit vous devriez l'encourager, car les Princes n'aijment pas
d'eftre refufés.
Vous pourriez bien efcrire un mot à Oijen 5) afin qu'il fafTe fouvenir à Sylvius
de nollre affaire. Je luy ay fait efcrire auffi par d'Alonne, il faut un peu le
reveiller.
N= 2386.
J. B. du Hamel à Christiaan Huygens.
23 MAI 1685.
La lettre se trouve à Leidcn, coll. Huygens.
Monsieur
Nous attendions tous les iours auec Impatience uoftre retour à Paris, quand
Nous auons appris que Uous auiez mandé qu'on Uous enuoyail: Uos meubles ') ce
qui a fenfiblement touché nos Meffieurs, et moy particulièrement, qui ay toujours
très perfuadé que Uous eftiez très utile à cette compagnie, et que Uous aucz bien
de la bonté pour moy en particulier. Jay fait Uos baizemains a Meffieurs de
l'Académie, qui m'ont tous chargé de Uous faire auffi leur complimens, et ont
comme neveu, lui donnant le nom d'Abel Tassin d'Alonne. D'après la rumeur publique, le
père aurait été Willem II, prince d'Orange. La mère, veuve d'Alonne, devint ménagère
chez van Beuningen, jusqu'à ce que celui-ci, à l'âge de 64 ans, épousa Jacoba Victoria Bar-
telotti van den Heuvel, âgée de 46. Abel Tassin d'Alonne fut en grande faveur à la cour de
Willem III, où il remplit la charge de secrétaire de la Princesse. A la mort de Constantyn
Huygens, frère, en 1698, il succéda à ce dernier comme secrétaire de Willem III. Il mourut
à la Haye le 24 octobre 1723.
4) Le couronnement de James H roi d'Angleterre; il eut lieu le 23 avril 1685.
5) Sur Mattheus Hoeufft, seigneur d'Oyen, voir la Lettre N°. 2159, note 17.
') Voir la Lettre N°. 2382.
Œuvres. T. IX. i
10 CORRESPONDANCE. 1685.
témoigné dire bien aifes de ce que Uous uouliez bien entretenir un commerce
de lettres auec l'Académie.
J'ay parlé aufli a Monfieur Caffini de ce que Uous m'ecriuez2). Je Uous prie de
uouloir bien l'excufer de ce qu'il n'a point fait de reponfe a Uoftre dernière 3); parce
qu'il a elle extraordinairement occupé. Il eft toujours auec le doge de gènes4) qui
eft fon ancien ami, auec qui il a eftudié, fans parler de fes autres occupations. Il
m'a dit qu'il eft entièrement confirmé et perfuadé de ces deux nouueaux fatel-
lites 5); qu'il a obferué auec les uerres de Mr. Campani, fans fe feruir de tuyau; ce
qu'il fait à prefent auec grande facilité: mais d'une manière différente de la Uoftre,
et ie crois qu'il Uous en a écrit d). On doit faire uenir une tour de bois de Marli
proche Uerfailles; en cas qu'on ueuille fe feruir de tuyau. Mais elle n'eft pas
encore uenùe.
Monfieur de la Hire eft depuis quelque temps occupé au canal qu'on fait pour
faire uenir la rivière d'eure a Verfaille. Il à niuelé toute la conduite du canal par
2 fois; il m'écrit que le canal fera acheué dans un mois. Mais l'aqueduc fera un
des plus beaux ouurages, dont on ait iamais oui parlé: Il fera bientoft à paris:
comme fon liure du niuellement7) fe débite fort bien, il y a de l'apparence qu'on
le réimprimera; il fera bien aife d'y mettre ce que uous auez adioufté. Son liure des
feclions coniques 8) fe débite ; Il n'en a donné a perfonne : car il a traité auec le
libraire a cette condition.
Uos liures9) ne font point encore uenus car ils ont eftez arreftés fur les fron-
tières. Meilleurs de l'Académie Uous en remercient, et ils feront très aifes de
uoir cet ouurage; pour moy ie me fens fort obligé à Uoftres fouuenirs et ie fuis bien
fâché de ce que une fimple omiffion Uous a fait quelque peine: mais d'un autre
cofté ie fuis bien aife qu'elle ait efté occafion pourm'ecrire une lettre fi obligeante.
On trauaille principalement a reimprimer l'hiftoire des animaux IO), qui fera
beaucoup augmentée; l'hiftoire des plantes11) dont il y a un grand nombre de
grauées. Je ne fcay fi on continuera cette année le trauail qu'on auoit entrepris
2) Nous ne connaissons pas cette lettre.
3) Cette lettre ne se trouve pas dans nos collections.
4) Francesco Maria Impériale Lescaro, venu à Versailles après le bombardement de Gênes par
la flotte de du Qnesne, pour implorer la grâce de Louis XIV.
5) Voir la Lettre N°. 2338, note 6. 6) Voir les Lettres Nos. 2338 et 2358.
7) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2220, note 1 .
) Seétiones conicae in novem Hbros diftributae in quibus quidquid ha&enus obfervatione dig-
num eu m a veteribus tum a recentioribus Geometris traditum eft, novis contraétifque
demonftrationibus explicatur, &c. Autore Ph. de la Hire. Regio Mathefeos Prof. &c, Pariliis.
Apud Stephanum Michallet. 1685. in-fol°.
9) Probablement des exemplaires de TAstroscopia compendiaria; voir la Lettre N°. 2334,
note 1.
10) Voir la Lettte N°. 2195, note 3. ") Voir la Lettre N°. 2219, note 7.
CORRESPONDANCE. 1685. Il
pour la ligne méridienne. Les relations I2) des voyages qu'on a fait par ordre de
l'Académie paroi (Iront dans peu de temps comme ie crois. On a reimprimé pour
la troifieme fois noftre philofophie in 40 13) ; et ie crois qu'on la reimprimera dans
quelque temps in ia pour la commodité des écoliers. Je ne pretens pas y faire
beaucoup d'additions: car elle dénient vn peu grofîe. J'auray neantmoins bien de
la peine à me difpenfer dy mettre des nouuelles decouuertes qu'on fera iufqu'a
ce temps là et particulièrement quelques unes de celles que Uous donnerez au
public. Ce qui me conible de Uoftre abfence ceft que i'efpere que Uoustrauaillerez
auec plus de liberté et plus de fanté a plufieurs ouurages que tout le monde attend.
Je fuis auec refpeét
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiflant feruiteur
J. B. du Hamel,
p. de St. Lambert.
de Paris ce 23 de May '85.
Si Uous me faittes l'honneur de m'ecrire prenez la peine d'adreïïer les lettres
a la première cour de l'Archeuefché et fans enueloppe.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulcon
a la Haie.
N= 2387.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
23 JUIN 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiaeti, coll. Huygens.
Breda ce 23 de Juin 1685.
Hier avant que de partir j'efîayay encore le verre mais a la hafte et par un temps
fort couvert. Il me parut bien bon et reprefentant les lettres des affiches fort
I:) Il s'agit probablement du travail et des voyages entrepris pour la carte de France. Voir le
Tome VII des Mémoires de l'Académie des Sciences, depuis 1666 jusqu'à 1699.
I3) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2328, note 3.
12 CORRESPONDANCE. l68>
noires, je vous prie de me mander par le premier ordinaire (notez qu'il en part
un touts les foirs de la Haye) fi vous ne l'avez pas trouvé de mefmc. Si il eft bon
je vous prie de coupper un rond de papier de la grandeur qu'il eft, et de l'envoyer
a Langendelf pour faire une chofe de fer blanc comme il faut pour s'en fervir.
J'efpere que la nouvelle forme pour 130. pieds eft faite ou le fera aujourdhuy
afin de pouvoir eftre mife fur la meule lundy prochain.
J'arrivay icy hier fur les 8. heures et trouvay la Cour fi bien garnie de toutes
ces femmes qu'il m'a fallu aller loger icy chez Mr. de Buerfiede :). Zuerius2) a
fa maifon pleine de ces Confines d'Amfterdam et d'autres parents de Boilduc.
Il femble qu'il fe fera un mariage de Caetje Becker 3) avec Beaumont le major
fils du Coronel qui luy fait l'amour avec une affiduité très grande, Zuerius vient
de me le dire. La fille du logis icy efi: mariée auffi a ce que j'apprens toute Vieil-
lotte qu'elle eftoit. Le party n'eft pas des plus considérables; la mère de l'Efpoux
a efpoufé en fécondes nopees ce Mijn Heer qui a efté Précepteur des enfants de
Zuerius.
Le frère de St. Annelandt fait eftat de s'en retourner Lundy prochain quand
Son AltefTe partira pour Flandres.
Je fouhaitterois fort que quand noftre forme aura efté fur la meule vous vou-
luffiez la faire creufer avec la pierre etc. Il ne feroit pas bon de mettre les ouvriers
dans noftre laboratoire au grenier, mais vous pourriez les faire travailler dans cette
chambre ou couchent nos valets, ou bien dans celle ou nous mangeons, que ma
femme vous preftera pour le peu de temps qu'il faudra pour cette affaire. Le
feu quand on en a befoin eft la tout auprès.
Hier au foir il fift fi beau et fi clair que je croy que vous aurez obfervé. Je fuis
fafché de n'avoir pas laifie mon verre de 85. [pieds] fur ma table en partant, mais
fi vous l'avez demandé a ma femme elle aura pu vous le donner la layette de mon
Cabinet ou il eft eftant ouverte 4).
Il faudra faire encore pour cette nouvelle forme deux ronds de pierre l'un
pour la mettre deflus et l'autre pour l'achever avec l'emeril, et y attacher en
fuitte les pierres bleues. Vous n'avez qu'a les commander chez noftre homme au
Wageftraet 5). Je voudrois que Ion puft fe fervir du temps que je feray obligé
') Jacob van Buerstede; voir la Lettre N°. 1 120, note 9.
2) Samuel Suerius; voir la Lettre N°. 1 1 60, note 1 3.
3) Probablement une sœur de Jacoba et de Justina, mentionnées dans la Lettre N°. 2196.
4) Ce verre de 161 mm. de diamètre, portant l'inscription :„C.Huygens 21 May 1685 FED 85"
se trouve à l'observatoire de Leiden, ainsi que deux autres de la même année, marqués:
„C. Huygens 7 Febr. 1685 43V 7 D"et„2i Juli 1685 C. Iluygens Ped 43", le premier de
146 mm., le second de 139 mm. de diamètre. Voir le catalogue cité dans la Lettre N°. 2327,
note 5.
5) Van den Burgh ; voir la Lettre N°. 2388.
CORRESPONDANCE. 1685. 13
d'eftre icy, parce que félon les apparences, nous ne ferons pas long temps a la
Haye après nollre retour fans aller au Veluw.
Voor Broer Huijgens.
N= 2388.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
23 juin 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre s'est croisée avec le No. 2387.
Const. Huygens y répondit par le No. 2389.
A la Haye ce 23 Juin 1685.
J'efprouvay hier matin voftre verre ') et le trouvay bon, comme j'appris que vous
l'aviez auffi trouvé. Toutefois il ne reprefente pas les lettres tout a fait fi noires
que voftre autre verre ni que le mien, ce qui doit eftre imputé au veines qui y
font en grande quantité et très vilaines. En comparant voftre bon verre, je n'avois
pas pris garde que le cercle de carton qui fait l'ouverture ij manquoit, et qu'ainfi
l'ouverture eftoit plus grande d'un pouce qu'elle ne devoit, ce qui n'empefcha
pas qu'il ne fift voir les lettres auffi noires et auffi diftincles que le verre nouveau,
d'où vous pouvez bien conclure que l'ouverture eftant comme elle doit, il le fur-
paffoit de quelque chofe. La hafte que vous aviez, peut eftre vous aura empefchè
de remarquer les défauts de la matière quoyque très vifibles, et telles que je doute
fort fi vous voudrez achever ce peu qui y refte au poly. Quand j'y retourneray
je me garderay fort de cette preffion fi véhémente, qui d'ailleurs eft d'une trop
grande fatigue a un ouvrier comme moy. J'ay envoyé chez van der Burght qui
promet que la plaque fera faite lundy a midy après quoy je la donneray auffi toft
a noftre homme pour la drefTer.
Suivant le calcul que je viens de faire la profondeur du creux qu'il faut ufer
doit eftre un peu moindre que de ^ d'un pouce.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zeelhem
Tôt Breda.
') Voir la Lettre N°. 2387, note 4.
14 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2389.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
If JUIN 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2388.
A Breda ce 27. Juin 1685 :).
Je viens de recevoir la voftre du 23. fans pouvoir juger pourquoy elle a tant
elle en chemin, puis qu'il part un Courier pour icy touts les foirs. Je croy que ce
que vous dites des veines de mon verre eft véritable. J'en vis mefmes avant que
de partir quelques unes fort vifibles, mais je m'eftonne comme nous ne les apper-
çeufmes pas en efTayant le verre dans la Reflexion.
J'ay bien de la peine a faire encore un verre de 44 2) et comme je fouhaitte pour-
tant d'en avoir encor un je vous prie de donner a l'homme de l'Achterom 3) encore
deux pièces des plus efpaifles du verre d'Oyen4) fans toucher pourtant au verre
de la grande placque pour les préparer afin qu'a mon retour je puifle en choifir
la meilleure. C'eft une folie de travailler fans eftre a fleuré de la matiere.J'efcriray
a ma femme de prefler noftre parefleux qui fans cela ne fera rien.
J'efpere que la forme eft defjà achevée fur la meule, et qu'en fuitte vous aurez
fait commencer le refte du travail qui ne feauroit eftre de grande durée y ayant
fi peu a creufer toute la plus grande façon qu'il y a eft de faire les ronds d'emeril
et de la pierre bleue, mais les matériaux eftant touts là (je prefuppofe que vous
avez commandé les ronds de pierre) tout cela eft bien toft fait.
Apres demain Son Altefîe fera de retour icy. Elle ira en fuite a Maftricht,
Grave et Boilduc. Si je me trouve en ce dernier lieu avec elle ou feul je parleray
aux ouvriers de la verrerie 5) pour voir fi l'on ne pourroit pas avoir delà de bonnes
grofTes placques, j'entends des efchantillons.
D'Alonne5) m'a dit que Mr. Juftel luy mande que depuis peu Mr. Auzout luy
avoit eferit qu'il avoit veu a Pafly (on me dit que c'eft un village aux environs
de Paris) un homme qui faifoit de très bons microfeopes, mais que fa femme avoit
fait un Objectif de Telefcope de 180. pieds de foyer, qu'il avoit trouvé fort bon,
et la deflus avoit confeillé a la femme d'en commencer un de 300 7). Il n'a pu me
monftrer la lettre qu'il dit avoir laifle à la Haye. Il vaudroit ce me femble la peine
J) Voir les Additions et Corrections du Tome VIII, sous la page 420.
2) Voir la Lettre N°. 2387, note 4.
3) Maître Dirck; voir la Lettre N°. 2277, note 7.
4) Mattheus Iloeufft, seigneur d'Oyen, beau-fils de Philips Doublet et de Susanna Huygens.
5) Voir la Lettre N°. 1030, note 3. 6) Voir la Letrre N°. 2385, note 3.
7 ) Il s'agit de Hartsoeker et sa femme. Consultez la Lettre N°. 2404.
CORRESPONDANCE. 1685. 15
d'efcrire a Auzout pour fcavoir ce qui en eft. Il femble que l'art va tomber en
quenouille ii la choie eft mais je ne fcay ce qu'il en faut croire.
Vous ne me marquez pas fi la forme creufee de la manière que vous dites fera
pour travailler le verre des deux coftés, ou feulement d'un.
Voor Broer Huygens.
N= 2390.
J. B. Du Hamel à Christiaan Huygens.
10 août 1685.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2386.
Monsieur
Comme Monfieur de Uilmandy ') ua en Hollande, et pour y demeurer, iay efté
bien aife de prendre cette occafion pour Uous prefenter mes refpeéts, et pour luy
donner l'honneur de uoilre connoiflance. C'eft une perfonne de mérite, comme
Uous connoiftrez par fa conuerfation, et qui eftoit profefïeur de philofophie â
Saumur. Il a fait imprimer quelques ouurages de philofophie. Il aime les belles
chofes et il ne s'eft pas arrefté à la philofophie commune.
Je me donné l'honneur de Uous écrire il y a quelque temps pour répondre a la
lettre que Uous m'auiez fait l'honneur de m'écrire 2). Il ne s'eft rien paiïe depuis
de confiderable : fmon qu'il y a icy un ieune hollandois 3) qui a fait un uerre obieftif
de 330 pieds, dont on fift dernièrement l'eïïay dans les galleries du Louure.
Monfieur Cafiini le trouua allez bon, et meilleur qu'il n'auoit paru la première fois.
Cela fift un peu de peine à la perfonne que Uous fçauez 4), et qui craint que ce
ne foit fon fecret, ou fon inuention, qui fera uenùe â la cognoi (Tance de ce ieune
homme: comme fi deux perfonnes ne peuuent pas fe rencontrer dans une mefme
decouuerte. Uous aurez veu Monfieur, dans le iournal ce que Monfieur de la
Hire 5) y aura mis touchant la conformation de loeil. Si l'occafion fe prefente
') Pierre de Villemandy, pasteur et professeur de philosophie à Saumur, émigré, se fixa en 1 685
à Leiden, où il devint régent du Collège wallon. Il mourut le 3 mars 1703.
2) Cette lettre de Chr. Huygens nous esc inconnue.
3) Nicolaas Hartsoeker; voir la Lettre N°. 2404.
4) Borelli ; consultez la Lettre N°. 2397.
5) Dans le Journal des Sçavans du Lundy 30 juillet, m.dc.lxxxv, sous le titre: Dissertation sur
la conformité de l'Œil, par Mr. de la Hire, Lecteur & Prof. R. en Math, de l'Académie des
Sciences, envoyée à l'Auteur du Journal. 1685.
l6 CORRESPONDANCE. 1 685.
d'obliger Monfieur de Uilmandi, ie Uous feray fort obligé. Il eft très honnefte
homme et a beaucoup d'efprit et d'érudition. Je fuis auec refpeét
Monsieur
Uoftre trefhumble et trefobeiffant feruiteur
}. B. Du Hamel
p. de St. Lambert.
de Paris ce 10e d'Aouft 1685.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulcon
a la Haye.
N= 2391.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
13 AOÛT 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Laden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2389.
Elle s'est croisée avec le No. 2392.
Dieren le 13. d'Aouft 1685.
J'attendois quelque reponfe et quelque information furie contenu de ma pré-
cédente ') mais j'apprens par ce que m'eferit ma femme que demain vous partez
pour Amfterdam. Elle adjoufte que la forme de cuivre venant du moulin s'eftoit
trouvée avoir a peu près le creux qu'il luy falloir ce que je fouhaitte fort d'entendre
de vous avec un peu plus de particularités. Cependant c'eil un bonheur qu'il en
eft ainfi car fans cela je croy qu'il y auroit eu bien de la façon a la perfectionner.
Il me tardera de feavoir qu'elle ait patte par l'épreuve des pierres bleues.
J'efpere qu'à Amfterdam vous tafeherez de feavoir qui eft cet homme là dont
on nous a parlé qui travaille luy mefme et monftre a travailler à d'autres. Je
voudrois qu'il en feeut affez pour que l'on puft luy adrefter les gens qui demandent
d'achepter des Lunettes de petite longueur.
Je vous prie de m'achepter a Amfterdam huict ou dix bonnes et grandes efponges.
A la Haye on les paye le triple de ce qu'elles confient là.
Dans trois jours nous avons appris icy la mort de trois perfonnes de connoiftance
') Nous ne la connaissons pas.
CORRESPONDANCE. 1685. \"J
qui font miftris Walfingham 2), Monfîeur de Geldermalfem 3) et Milord Ar-
lington 4).
Adieu j'attends de vos nouvelles après voftre retour, je m'imagine que vous
eftes a Amfterdam pour parler a Mr. Hudde des Orloges 5).
Oyen6) eft encore couru a Dunquerque avec Ouwerkerck et d'autres, quand il
fera de retour il faut un peu le preffer, afin qu'il nous procure le verre d'Angle-
terre. Ne l'oubliez pas.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaen Huijgens,
int heeren logement
tôt
Amfterdam.
N= 2392.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
13 août 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre s'' est croisée avec le No. 2391.
Elle est la réponse à une lettre que nous ne connaissons pas.
Const. Huygens y répondit par le No. 2393.
Ce 13 Aug. 1685.
Je pars demain pour Amfterdam pour faire l'épreuve de mes horloges ') et j'ay
eftè trop occupé toute la femaine pafTée a les ajufter et empaqueter avec tout
leur attirail pour pouvoir travailler a la nouvelle forme de cuivre, de forte que
2) Peut-être Anna Howard, épouse de Thomas Walsingham, fils du vice-amiral de même nom
et de Anna, fille de Theophilus, duc de Suffolk.
3) Jacob van Borssele van der Hooge, seigneur de Cleverskerke et Geldermalsem, fils aîné de
Joost van Borssele et de Cornelia van der Dussen, né à Middelburg en 1622. Il fut conseiller
de sa ville natale, puis membre du Conseil d'Etat jusqu'à sa mort en 1685.
4) Sur Henry Bennet, comte d'Arlington, voir la Lettre N°. 909, note 13.
5) Consultez la Lettre N°. 2392.
6~) Mattheus Hoeufft, seigneur d'Oyen.
') Voir la Lettre N°. 2394.
Œuvres. T. IX.
l8 CORRESPONDANCE. 1 685.
ce ne pourra élire qu'a mon retour, c'eft a dire dans 4 ou 5 jours. Elle eft fort
unie et par bonheur tant foit peu creufe défia, ce qui facilitera beaucoup le travail,
car félon ma fupputation, pour n'achever qu'un collé du verre dans cette forme,
il ne faut que r^ de pouce de creux fur 13I pouce de longueur qui eft celle de
ma règle de cuivre, c'eft a dire pour avoir un verre de 130 pieds, en formant
l'autre coftè dans la forme de 84. Je feray l'efïay des pièces de limes comme vous
fouhaitez. J'avois commencé avec la pierre ronde, mais elle ne voulut jamais
prendre la figure de la forme, qu'elle n'ufoit qu'au milieu dans un rond d'environ
demi pied, de forte qu'il faudroit applatir premièrement cette pierre, mais les limes
iront bien plus vifte. Une chorde de clavecin des plus fines qu'il y ait, ne doit pas
pafTer defïbus ma règle, car cette chorde fait T£5 de pouce et il ne faut que T±j.
Je m'en vay ordonner un genou de cuivre a van den Burgh, dont pourtant la
boule n'a que faire d'eftre plus grofle que les autres, car elle en feroit moins mobile.
Si ce n'ell pourtant afin que le petit col qui y eft attaché foit un peu plus gros, ce
que j'examineray. Je n'ay point trouvé le rond qui marque la grandeur de voftre
verre de microfcope. Il faut que vous ayez oublié de l'enfermer dans voftre lettre.
Il faloit outre cela envoier la diftance de foyer, la quelle il faut prendre comme
vous fcavez.
Il eft vray qu'il feroit commode pour le polifîeur de fe pouvoir fervir de fes
deux mains dans une pofture propre, qui nous manque me fine pour la main gauche
a l'emploier feule. Je n'y voy point de meilleur remède que d'éloigner la machine
d'un pied d'avantage du mur, ce qui eft aifè en avançant d'autant la planche fur
la quelle elle eft attachée, et en mefme temps le reffbrt d'enbas.
Je puis bien croire que voftre verre de 85 pieds 2) ait eftè travaillé en changeant de
matière a chaque demie heure, mais les derniers, vous y en avez mis a chaque quart
d'heure, ce qui doit nuire d'avantage. Je conçois que le fucces peut ertre différent
dans cette manière, comme l'on voit qu'en retravaillant un verre dans la mefme
forme, il prend tantoft plus par le milieu, tantoft plus par les bords, ainfi je crois
que le plus fur eft d'achever avec une mefme matière, de laquelle on peut ofter
après avoir un peu travaillé, et en laifier fort peu pour le refte du temps.
Je doute fi la raifon que vous imaginez du mauvais fucces des verres attachez au
cuir pendant qu'on les doucit, eft véritable; parce que le verre gliffe fi librement
dans la forme que la mollefle du cuir ne femble pas pouvoir caufer cette excen-
tricité que vous dites. Je ne voy pas au refte, qu'il foit befoin de faire d'autres e fiais
pour cela, vu la facilité que nous avons d'attacher le verre pour le polij. Voicy la
table des ouvertures et oculaires 3). Vous n'avez que faire de mettre les oculaires
de Campani que j'ay marquez fi vous ne voulez, car aulfi bien fes ouvertures n'y
font point. Vous ne dites point quand vous croiez revenir en la Haye.
2) Voir la Lettre N°. 2387, note 4.
3) Cette table nous manque. Consultez, à ce sujet, la Lettre N°. 2384, note 5.
CORRESPONDANCE. 1685. 19
Monfieur Blanchart vient de me dire adieu, et qu'il part demain.
Je viens de recevoir un nouveau livre d'obfervations et conteftations contre
Hoocke de Mr. Hevelius. Le titre eft Hevelii annus Climaétericus4).
N= 2393.
Constantyn Huvgens , frère, a Christiaan Huygens.
15 AOÛT 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Laden , coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2392.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2394.
Dieren ce 15e 1685.
J'ay receu voftre dernière du 1 3.e cellecy apparemment vous trouvera à la Haye
à voftre retour d'Amfterdam. Si vous y avez achepté les limes qu'il faudra pour
achever la forme vous auez afleurement bien fait, car en ce lieu la l'on a bien plus
de choix et bien plus grand marché de toutes chofes. On diroit que ce qui refte a
creufer dans la forme citant fi peu de chofe on en viendroit facilement à bout ou
avec la pierre eftant aplattie, ou avec une chofe d'emeril; mais il vaut la peine de
faire une fois l'eïïay des limes.
Voicy un autre rond de carton de la grandeur que doit avoir juftement l'ocu-
laire de mon microfeope. Je croy qu'en ouvrant ma lettre vous avez laifîë tomber
celuy que je vous ay envoyé, car je fcay que je l'ay enfermé. Le mal n'eft pas
grand. Il eft vray que j'ay oublié de vous envoyer la diftance du Foyer qui eft de
deux pouces moins un douzième. A voir ce que vous me mandez on diroit que
faute de ces mefures vous n'avez point fait faire cet oculaire, et pourtant ma
femme me mande que vous l'aviez commandé et qu'elle prefleroit l'ouvrier de
l'achever. S'il n'eft pas commencé, je vous prie de faire en forte qu'il le foit.
Je vous prie auffi de faire ajufter le Polifïbir de la manière que vous dites en
l'éloignant d'un pied d'avantage de la muraille. Cela fe peut facilement en le
faifant attacher fur une planche plus longue, ou en faifant allonger celle ou il eft
4) Jo. Hevelii Annus elimaftericus, five rerum uranicarum et obfervationum quadragefimus
nonus, exhibens diverfas occultationes tain planetarum quam fixarum, poft editam Machinam
coeleftem obfervatas, neenon plurimas altitudines meridianas folis et diftantias planetarum
fixarumque, eo anno impetratas, cum amicorum nonnullorum epiftolis ad rem iftam fpeftan-
tibus et continnatione Hiftoriae novae ftellae in collo Ceti, ut et annotationum rerum Cœlef-
tium. Gedani, 1 685. in-f°.
20 CORRESPONDANCE. 1685.
attaché maintenant, et en faifant changer de place le reiïort de bois. Cela emba-
raffera un peu l'autre table, mais a cela on remédiera bien. Je croy qu'afTeurement
on fe fatiguera moins en travaillant ainfi.
Ce livre d'Hevelius contient il quelque chofe d'importance? Car pour fes
démêles avec Hooke, ils ne font pas apparemment fort initruftifs. Je voudrois
fcavoir li par cy et par la il ne parle pas de fes Lunettes de 60 pieds et des obfer-
vations qu'il a faites par leur moyen.
De noftre retour a la Haye je ne puis pas encor vous rien dire, il ne s'en parle
pas encore, ny mefme du temps auquel l'on ira a Soeftdijck.
Je croy pourtant que l'AfTemblée de Septembre pourrait bien nous obliger
d'aller a la Haye pour les délibérations touchant l'eftat de Guerre. Si je tarde a
venir, j'efpere que vous aurez achevé un grand verre avant mon retour. J'atten-
dray de fcavoir ce que vous aurez fait de la forme. Adieu.
Qu'eft ce que Blanchard vous dit touchant le tableau en prenant congé devons.
Il fe trompe fort s'il croid que je le luy aurois laifîe pour moins que ce que je luy
en ay demandé.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaen Huijgens
ten huijfe van Heer van Zuijlichem
Haghe.
N= 2394.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
23 AOÛT 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2391 et 2393 et à une lettre qui précéda le No. 2391.
Cous t. Huygens y répondit par le No. 2395.
A la Haye ce 23 Aoûfl 1685.
J'ay elle a Amfterdam et en fuis de retour depuis dimanche au foir, mais j'ay
fait ce voiage pour rien, parce que Monfieur I Iudde eftoit abfent, de forte que je
dois y retourner, fi toft qu'il me donnera avis de fon retour. Un vent comme il
fait prefentement feroit excellent pour faire l'épreuve des horloges. Cette af-
faire m'empefche d'entreprendre le travail de noftre forme, quoy qu'il ne doive
CORRESPONDANCE. 1685. 2 1
pas eftre bien grand, et que je m'en vay après difner efTaier d'aplatir la pierre
de taille fur la grande plaque de fer, afin qu'elle ne prenne pas dans le milieu
feulement quand on la met fur la forme de cuivre, comme je vous ay mandé
qu'elle faifoit. Il ne fera pas befoin d'emploier des limes, et je ne me fuis pas
fouvenu auiïi d'en acheter a Amfterdam. Je croy au refte qu'elles auroient allez
d'epaifleur pour s'attacher au ciment? et qu'il ne feroit pas necefTaire de faire
tailler des morceaux d'acier comme vous propofez, qui confieraient bien d'avan-
tage. Une autre manière feroit d'avoir de l'acier cafTé par morceaux environ de
la grandeur de l'emeril dont nous fervons, et l'on s'en pourrait fervir mefme dans
les petites formes. Je verray de quelle manière la machine a polir fe pourra
reformer le plus commodément. On pourrait en biffant la table comme elle eft,
avancer feulement la planche ou la machine eft attachée, mais j'ay peur qu'elle
ne tremble pour n'eftre appuiée au bout que par le feul bafton que vous fcavez.
Je verray fi on y peut mettre d'autres appuis.
Voicy voftre verre convexe que je viens d'envoier quérir, il eft bien net de
points et bulles, mais il y a quelques petites rayes du travail, qui pourtant ne fe
pourront pas remarquer comme je croy quand il fera au microfcope.
J'ay cherché avec Mr. Café ') a Amfterdam ce faifeur de Lunettes dont vous
parlez 2), mais un de ce meftier a qui nous en demandafmes des nouvelles, et qui
n'cft qu'un pauvre brodder3) et pourtant l'unique dans la ville nous dit qu'il n'en
fcavoit aucun autre. Ce fera peut eftre a Leyden que vous aurez ouy dire qu'il
y en a un, qui montre ce qu'il en fcait aux eftudiants. Je vous ay acheté des efpon-
ges dans une boutique op 't Water, a 13 fous l'once, il y en a 8, mais fort grandes
qu'on peut couper en 3 ou 4, elles pefent enfemble 13 onces, de forte qu'il y en
a pour 8 ffi 9. s. Il y en avoit une forte de fort groflieres dont je n'ay point voulu
prendre.
Je feray racommoder le Snijpaffer4) comme vous fouhaitez.
Blanchard m'a feulement dit qu'il n'avoit point conclu de marché avec vous par
ce que vous demandiez trop.
') Nous n'avons pu identifier ce personnage. On le trouve déjà cité dans la pièce N°. 2008,
Tome VII, page 411. Dans la correspondance de 1687, nous rencontrerons une lettre de lui.
Dans les registres des familles françaises réfugiées en Hollande, dressés par les soins de Mr.
A. J. Enschedé et conservés à la bibliothèque wallonne de Leiden, on rencontre :
Philippe Casse, chirurgien venu de Monte, inscrit comme citoyen d'Amsterdam le 24 juin
1686, inhumé à Amsterdam le 3 juillet 1720, et
César Caze, écuyer et Sr. d'Armonville (sans date ni lieu).
2) Dans la Lettre N°. 2391.
3) Traduction : gâcheur.
4) Traduction : Compas à cifeau.
2 2 CORRESPONDANCE. 1 685.
Le livre d'Hevelius contient feulement quelques obfervations d'étoiles et
d'Eclipfes, mais il a elle fait principalement pour maltraiter Mr. Hooke dont il
ne fcauroit digérer l'impertinente critique 5), et répète 20 fois une mefme chofe,
en le défiant toufjours de faire voir par fes obfervations qu'avec un infiniment,
unius fpithamae6*) ajuftè avec des lunettes d'approche, il ira a une precifion 40 et
60 fois plus grande que Hevelius avec fes grands fextans et quarts de cercle dont
Hoocke s'eftoit vanté.
Je crois avoir refpondu a tous les articles de 3 de vos lettres. Mon père eft parti
des Lundi pour les nopces de la confine Becker qui efpoufe le Major Beaumont7).
L'on m'y vouloit retenir auffi mais je n'en ay point eu d'envie. Le frère de St.
Annelandt avec ma foeur ont efté a Anvers, ou ils ont trouvé don Gafpar Duarte
decedé depuis peu de jours, de forte que le bon Don Diegue refle tout feul 8).
Omnes compofuit. Il a un bon amy logé chez luy, avec qui il fe confole en beuvant
een Glaefke, ce que l'on pouvoit appercevoir fans qu'il le dife. Il venoit d'acheter
un fort beau tableau d'un crucifix de van Dyck. Il veut faire imprimer fes airs des
Pfeaumes et je croy qu'il viendra pour cela en Hollande.
L'on dit que Mad. de Buat a quelque mariage en telle et que c'eft la le motif
de fa converfion. Mad. de S. Martin laiffe fon mari en France et s'en vient feule.
W 2395-
Constantyn Huygkns , frère, a Christiaan Huygens.
24 AOÛT 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse av. No. 2394.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2397.
Dieren ce 24. d'Aouft 1685.
Je viens de recevoir voftre dernière avec l'oculaire du microfcope qui fait fort
bien, je croy qu'il eil du verre de Haerlem.
J'attends donc le fucces de la forme par le moyen de la pierre ronde. Mais
5) Dans l'ouvrage cité dans la note 3 de la Lettre N°. 2000.
rt) C'est-à-dire : de trois pieds anglais, comme Hooke l'avait prétendu.
r) Voir la Lettre N°. 2387.
8) Sur Gaspard Duarte, consultez la Lettre N°. 38 1 , note 3; sur Diego Duarte, la Lettre N°. 1 2 1 1 ,
note 2.
CORRESPONDANCE. 1685. 23
un autre voyage d'Amfterdam ") va encor interrompre cette affaire. Pour l'acier
concafTé je croy qu'il pourroit aufli fervir, par ce que l'endroit taillant ne s'emouf-
feroit pas fi toft que dans l'emeril, lequel, quoyque je le croye aufiî dur que l'acier
trempé eft plus caflant et plus friable. Si la pierre ne fait pas ce qu'il nous faut,
il vaudrait la peine d'eflayer cela. Pour avoir ces morceaux d'acier la comme il en
faudrait je croy qu'il faudrait le rompre avec des marteaux après l'avoir trempé
aufli fortement qu'il ferait poflible.
Pour refaire le Poliflbir afleurement il n'y a qu'a prendre une planche plus
longue que celle ou il eft attaché, comme je croy vous avoir propofé dans une
de mes lettres2), et pour empefcher le tremblement la prendre bien epaifle en
l'appuyant d'un bon gros appuy aufli. Il me fouvient fort bien qu'on m'a parle
d'un homme a Amlterdam demeurant op den Haerlemmer-dyck qui faifoit des
Lunettes d'approche et qu'un maiftre de boutique fur le pont de la Bourfle m'en
a parlé, mais il y a du temps de cela.
J'ay fait un portrait ou deux depuis que nous fommes icy qu'on trouve aflez
reflemblants. Je ne fcay fi je vous ay mandé qu'ils ont envoyé un peintre d'Angle-
terre pour faire ceux de leurs Altefles pour le Roy. C'eft un difciple de Lely 3)
nommé Wiflingh 4), mais il n'eft pas encore arrivé a la perfection de fon maiftre.
Il a apporté le portrait de la Princefle de Danemarc 5) de fa façon, mais ce n'eft
pas grand chofe. Celuy qu'il a fait de madame reflemble aflez bien6).
Voor Broer Huygens.
') Voir la Lettre N°. 2397. 2) La Lettre N°. 2393.
3) Pieter van der Faes, ou Pieter de Lely; consultez la Lettre N°. 1 1 24, note 8.
4) Willem Wissingh, né à la Haye en 1656. Il fut nommé premier peintre de James II, à la place
de son maître, et envoyé à la Haye pour y faire les portraits de Willem III et de la Princesse
Mary. Il mourut, d'après la rumeur publique empoisonné par ses ennemis, le 10 février 1687,
au château de la baronie Burleygh du comte Exeter.
5) Anna, sœur de la princesse 'Mary. Elle avait épousé le prince George, frère du roi Christian V
de Danemarck. Après la mort de la reine Mary elle fut appelée au trône d'Angleterre,
qu'elle occupa du 19 mars 1702 jusqu'au 12 août 1 7 1 4.
) Les portraits de Willem III et de la reine Mary, peints par Wissingh, se trouvent actuellement
au St. James Palace à Londres, celui de la princesse Anna au château Gripsholm, près de
Stockholm.
6
24 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2396.
J. Hudde à Christiaan Huygens.
3 SEPTEMBRE 1685.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Mijn Heer
Nadat ik de H.ren Bewinthebberen van defe Kamer hadde voorgedragen d'in-
houd van uEds. aangenaraen van den 29 Augufti '), zo is gerefolveert het Galjoot,
dat wedergekeert is met de drie verwagte na-fchepen, en hier voor de paalen is
aangekoomen, uEd. tenbewuften einde 2) teprefenteren; en ter keuze van uEd.,
ofte alhier uEd. in te neemen, ofte wel te gaan voor Schevelingen, zo 't uEd. aldaar
lieftt hadde; 't is gereet, en zal verzien werden met een zeer bequaam fchipper,
en die het zelfde is gewent te gebruijken. Zulx dat wij dan zullen afwagten hier op
uEds. refolutie, dat is, oft hier nEd. zal afwagten, of wel voor Schevelingen, ofte
00k elders daar 't uw commoditeyt befr. zal requireren. Gemelde H.ren hebben
00k gerefolveert de refterende eijfch van nions. r van Teilen, als mede de rekeninge
van den Smit te voldoen. Zo zijt hier gelieven te ontfangen, konnen zij 't of zelfs
of door afïignatie bekoomen, ofte anderzints zal men 't haar wel doen hebben
door een boode van de Stad, die met d'aanftaande vergadering in de Hage ftaat te
koomen. Defe dan tôt geen ander ende dienende, zal hier mede afbreken, en
verblijven
Mijn Heer
UEd. ootmoedigen Dr.
J. Hudde.
Met grooten haaft
defen 3 Septb 1685.
tôt Amft.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaan Huijgens van Zuilichem,
in
's GravenHage.
') Nous ne connaissons pas cette lettre.
2) Voir la Lettre N°. 2397.
CORRESPONDANCE. 1 685. 25
Ns 2397.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
6 SEPTEMBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2395.
Const. Huygens y répondit par le No. 2399.
A la Haye ce 6me Sept. 1685.
Il a falu attendre a faire l'épreuve de mes horloges jufqu'a ce qu'un Galiot
de la Compagnie des Indes qui eftoit allé au devant de leur retour fchepen fuit
revenu, dont ayant eu des nouvelles par Mr. Hudde '), je vay partir d'icy demain
pour Amfterdam, quoy qu'on m'euft offert d'envoier le Galiot devant Scheveling.
Je fais eftat de n'aller que fur le Zuyderzee et d'eftre 1 ou 3 jours fur l'eau. Je
n'ay pas voulu entreprendre le travail de la forme devant que d'avoir achevé
cette autre affaire, mais je ne differeray plus après mon retour, et je feray l'effay
de l'acier concaffè, quand ce ne feroit que dans une des petites formes ou il y a
a reparer, car j'en ay fort bonne opinion, et je fuis feur que les mefmes grains
peuvent fervir plufieurs fois. Je receus hier une lettre de Mr. du Hamel 2) fecretaire
de l'Académie des Sciences, ou il me mande qu'il y a la un jeune Hollandois (je
ne puis deviner qui ce peut eflre) qui a fait un verre objeétif de 330 pieds, que
l'on a efîayé dans la galerie du Louvre, et trouvé aj/ez bon au grè de Mr. Cajfîni,
et meilleur qu'il n'avait paru la première fois, que cela a fait un peu de peine au
Sr. Borelli qui craint, que ce ne foit fon fecret. Je crois qu'il prétend que c'eft
moy qui le luy ay communiqué. J'ay envie de demander a Mr. Cafïini plus ample
information touchant ce verre, combien il eil grand et avec quelle ouverture et
quel poli, comme auffi le nom de celuy qui l'a fait. Je crois pluftoft que ce fera
de la manière de Borelli que de la noftre ou de Campani. Au relie ils feront
encore longtemps devant que de faire des obfervations avec ce verre. Ayant
confiderè fur le lieu ce qu'il y avoit a faire pour reformer la machine a polir, il
m'a femblè qu'il n'eftoit pas befoin ni bon de l'éloigner d'avantage du mur qu'elle
n'eft a prefent, pour pouvoir tourner la manivelle a deux mains; parce que dans
cette fituation, fçavoir en ayant le dos vers le mur, on feroit trop éloigné du verre
pour le tourner a chaque fois, et de la forme de me fine. Mais pour tourner avec
les 1 mains, et dans une pofture aifée, je voudrois alonger la manche de la mani-
velle, et y faire encore une corde a l'autre bout, qui feroit appuie dans un morceau
de bois attaché au mur, vers le quel on auroit le vifage tourné 3). 11 faudroit que
') Voir la Lettre N°. 2396. 2) La lettre N°. 2390.
3) Comparez la figure plus complète de la Tabula 3, placée à la ("m des Commentarii de formandis
polieudisque vitris ad Telescopia. Chr. Ilugcnii Opéra reliqua, éd. 's Gravesande.Vol II, p. 226.
Œuvres. T. IX. . 4
26
CORRESPONDANCE. 1685.
la planche a terre qui fert de refTbrt parfait, deffous le fiege ou l'on eft aflls, ce qui
fe peut afTez facilement comme je l'ay éprouvé. Je doute pourtant fi en travail-
lant dans cette pofture et furtout avec les deux mains, le corps ne fera pas plus
fatigue par le mouvement, que lors que l'on a le vifage tourné vers le rouleau
comme nous avons eftè jufqu'icy, et le corps immobile. On l'efîaiera fi vous voulez.
Quelles font les dames dont vous avez fait le portrait et faudra t il attendre que
vous foiez revenu, pour le fcavoir. Heynfberghe4) commence a avoir bien de la
pratique, et fait un peu mieux que cy devant mais n'entend point le deflein, ce qui
fait qu'il fe fert prefque toufjours des poftures de Netfcher.
Le frère de St. Annelandt ne manquera pas de vous aller voir vers le temps de
la revue. Sa femme eil indifpofee et au lict depuis quelque jours, mais commence
a fe porter mieux. La voitre n'eft pas encore délivrée de l'apprehenfion qu'elle
a, quoy que le Doéteur Cocq 5) ne trouve pas qu'il y ait du danger.
N= 2398.
Christiaan Huygens, à Constantyn Huygens, père1).
9 SEPTEMBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
d'Amiterdam ce 9 Sept. 1685.
") Hier matin ayant eftè parler a M. Hudde, il vint un heure après me trouver
avec M. de Vries 2) autre Bewinthebber et Equipagemeefter icy au Heeren Logt.
4) Huygens veut parler peut-être de Johann van Haensbergen, né à Utrecht le 2 janvier 1642,
mort à la Haye le 10 janvier 1705, peintre de paysage, d'histoire et de portraits.
5) Johannes de Cocq fut inscrit comme étudiant en médecine à Leiden, à l'âge de 20 ans, en 1659,
et admis, comme médecin de la ville, à la Haye le 24 octobre 1661. Il y fut inhumé le 2 dé-
cembre 1721. Les livres et l'armoire qu'il légua à la ville s'y trouvent encore près de la salle
des archives communales.
') Au revers de la Lettre se trouve écrit, de la main de Constantyn Huygens, frère :
Lettre de mon frère Chreitien à mon Père méfiée parmy celles qu'il m'a
eferites par meprife.
2) Joan de Vries, directeur de la Compagnie des Indes depuis 1681. Après avoir été pendant
plusieurs années conseiller et échevin d'Amsterdam, il fut élu bourgmestre en 1 68 1. Il fut, de
plus, membre de l'amirauté jusqu'à sa mort, en 1708.
CORRESPONDANCE. 1685. 1J
et m'amenèrent le Scipper de la galeotte qui eft dertinée a mon voiage, me priant
d'aller avec luypour vifiter ce vaifleau et pour y ordonner ce que je voudrois pour
ma commodité, et pour les provifions de bouche; le tout avec beaucoup de civilité
et de compliments fur ce que je prenois tant de peine que de m'embarquer pour
faire cette efpreuve en perfonne. Je fus donc avec ce pilote, qui cil un homme
fort entendu et raifonnable, et avec fon avis j'ordonnay tout ce qu'il faut, a quoy
l'on alloit travailler hier et aujourdhuy afin que je puiffe embarquer les horloges
demain matin et partir un heure ou deux après. J'ay trouvé ce baftiment aflez
petit, quoy qu'il ait fait le voiage des Indes Or[ientales] avec ce Barent Fockes,
qui eft le nom du maiftre fufdit, de forte que fi les horloges peuvent fe maintenir
la dedans avec un temps médiocre, l'on ne doutera pas qu'ils ne puifient fou ffrir
la tempefte dans un grand vaifleau des Indes. Ces Meffieurs fouhaitent fort que je
forte du Texel en pleine mer, ce que je n'ay pas voulu refufer, c'eft a dire en cas
que les affaires aillent à fouhait fur le Zuijderfee, car autrement il feroit inutile
d'aller plus loin. En ce cas je pourrois eftre 7 a 8 jours fur l'eau, et nous aurons
des provifions pour ce temps et d'avantage. Ils envoient avec moy un jeune
mathématicien 3) fils de celuy qui inftruit et examine les Pilotes 4) parce que fon
père fe trouve indifpofé. Mr. Café 5) qui fouhaitoit de m'accompagner s'eft ren-
contré abfent en Frife, a qui j'ay eferit que je relafcherois après demain a Staveren
dont il n'eft éloigné que de 3 lieues pour le prendre là en cas qu'il s'y puft rendre.
Les fufdits MefT.rs Bewinthebbers m'ont fait demander heure pour me venir
encore voir aujourdhuy et dire adieu. C'cft la ce qui s'éft palfé jufqu'icy. Pour
le fucces de l'affaire, vous devez l'attendre d'autant meilleur que je feray plus
longtemps abfent. J'iray voir le Coufin Becker6) cette aprefdinee et luy feray vos
compliments et aux jeunes mariez7) qu'on me dit eftre encore icy. J'efpere que
voftre mal continuera a diminuer et que je vous trouveray pleinement remis a mon
retour.
") ^>io Sept. 85 [Conftantyn Huygens, père].
>«><
3) Isaak de Graaf. Il est l'auteur d'une table d'intérêts et d'un ouvrage sur la résolution des
équations algébriques de 3, 4, 5 et 6 dimensions. Nous le rencontrerons dans la suite de cette
correspondance comme étant chargé par Clir. Huygens de diriger les expériences des horloges
à pendule pour la détermination de la longitude sur mer.
4) Abraham de Graaf, né à Rijnsburg, précepteur de mathématiques à Amsterdam. On a de lui
plusieurs ouvrages de mathématique, d'astronomie et d'art nautique.
5) Voir la Lettre N°. 2394, note ' •
rt) Probablement Hendrik Becker; voir la Lettre N°. 1616, note 9.
7) Probablement le major Beaumont et Caetje Becker; voir la Lettre N°. 2387.
28 CORRESPONDANCE. 1685.
N° 2399.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
11 septembre 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leitlen, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 1397.
Du Loo cet 11e Sept. 1685.
Selon ce que vous me mandez dans voftre dern.re du 6 vous devez eftre de
retour de voftre voyage de mer dont il me tarde d'apprendre le fucces. Je croy
que vous avez eu beau temps pour la plufpart mais aujourdhuy il a commencé
a en faire du très-mauvais, lequel continuant noltre reveùe va bien eftre arroufée,
de mefme qu'elle le fut la dernière fois.
J'efpere qu'après cette navigation vous fongerez a l'affaire de la forme tout
de bon. J'ay afTez bonne opinion de l'acier concafîe, mais avant l'expérience il
eft bien difficile de rien afTeurer, comme vous dites on peut la faire dans une des
petites formes. Je ne voypas pourquoy les endroits de ces pièces qui coupperont
s'emoufTeroyent plus toft que les dents d'une lime. J'ay efté furpris de voir ce que
vous mande Mr. du Hamel de cet ouvrier Hollandois. Ce fera apparemment le
mefme dont Juftel1) comme je vous ay mandé, eferivit dernièrement a d'Alonne
et dit qu'il avoit fait un objectif de 160 pieds, qu'il demeuroit a PafTy, et que fa
femme faifoit des microfeopes. Je ne ferois pas grande reflexion fur tout cela, fi
du Hamel n'afleuroit2) que ce verre ayant efté eflayé Mr. Caffini l'avoit trouvé
afiez bon. Je vous prie ne différez pas de demander au dit Caffini qu'il vous
inftruife plus amplement touchant les qualitez de ce monftre, fa grandeur epaif-
feur ouverture, etc. Je ne fcay s'il ne vaudroit pas mieux d'en eferire encor a du
Hamel parce que Caffini eft un mauvais repondant, c'eft a dire qui ne fe met
point en peine de repondre promptement. Il femble que cet homme eft tombé des
nues; on n'en a jamais ouy parler auparavant. N'oubliez pas de demander auffi
a ces MefT.rs quel fucces a eu le verre de 160 pieds dont Auzout avait parlé a
Juftel.
Je ne fcay pas comme vous dites, comment on feroit pour tourner le verre en
raccommodant noftre machine comme vous auiez propofé, feavoir en l'éloignant
de la muraille. Mais auffi en la changeant de la manière que vous propofez dans
voftre dernière, je croy que pour tourner le mefme verre de la main gauche l'on
feroit dans une pofture malaifée et contrainte, outre que Ion ne pourroit pas voir
ce qu'il feroit fur la forme, a quoy il eft bon de prendre toufjours garde. Je croy
') Voir la Lettre N°. 2389. -) Voir la Lettre N°. 2390.
CORRESPONDANCE. 1 685. 2i)
qu'avant que de rien entreprendre il faut encor y fonger, et il m'eft tombé dans
la penfée fi l'on ne pourroit pas fe fervir du pied pour foulager les mains en
attachant a la manivelle une corde avec un Tré 3) comme il y a a la pierre a
aiguifer. Il efi: vray que cela ne feroit point d'effet que lors que la manivelle
decendroit mais cela ne laifleroit pas de faire du bien.
Les deux Portraits que j'ay faits font de Mr. Golltein 4) et de moy me fine, et
ils reflemblent affez bien. Noftre peintre Anglois 5) les voyant vouluft effayer
d'en faire un de la Comte (Te de Stirumb6) qui eil a la cour mais après avoir tra-
vaillé quelque tems il ne reufïït pas pour la reffemblance pour la quelle autrement
il eft afTez heureux en faifançavec des couleurs. La terre noire fur du papier ne
fouffre pas que l'on fa fie de grands changemens.
Le frère de S.t Annelandt eft icy depuis hier et loge dans ma chambre. Il en
avoit loué une dans le village d'Appeldoorn enfemble avec Oyen7). Mais But-
tingen 8) et deux coufins ayants groffy leur compagnie il a efté bien aife de fe
fourrer chez moy. Il efi: en campagne depuis 8 heures du matin avec Son Altefie,
qui eft aller pour reigler le campement et voir arriver les trouppes.
Ce qui me fait croire que l'acier fera meilleur pour faire les formes c'eft que
félon l'apparence de petites pièces qui fe detafehent des groffes del'emerilgaftent
ces dernières et emouffent les endroits qui taillent.
■') Traduction : pédale.
4) Philips van Golstein, seigneur van den Dam, conseiller et trésorier de la Gueldrc, fils de Rei-
nier van Golstein et de Geertruida van de Capelle. Il épousa Marie de Loges.
5) W. Wissing5 voir la Lettre N°. 2395, note 4.
6) Probablement Elisabeth Charlotte, comtesse de Dohna, veuve de Otto, comte de Limburg
Bronckhorst-Stirum; voir la Lettre N°. 2370, note 7.
7) Mattheus ïloeufft, seigneur d'Oyen; voir la Lettre N°. 2159, note 17.
8) Jean Thierry ïloeufft, seigneur de Buttingcn; voir la Lettre N°. 2159, note 18.
30 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2400.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
1er octobre 1685.
La lettre et la copie- se trouvent à Laden, coll. Huygens.
La lettre fuit suite au No. 2399.
Chr. Huygens y répondit bar le No. 2401.
De la maifon du Loo le i d'Oct. 1685.
Par voltre dernière ') vous me mandates que vous partiez le jour fuivant pour
Amfterdam à deiïein de vous embarquer avec les p'endules. d'autres m'ont eferit
depuis que vous eftiez revenu ne vous portant pas bien, que vous vous eftiez remis
au bout de quelques jours, que vous vous elles porté mal pour la féconde fois et
que vous vous portez prefentement fort bien. Voila bien de viciffitudes dont
vous ne m'avez rien fait feavoir non plus" que de ce qu'eft devenue noitre pauvre
forme qui n'a gueres avancé depuis deux mois que je fuis hors de la Haye. Com-
ment ell ce que vous n'eftes pas plus curieux ?
Monr. Benting2) eftant a la chaiïe avant hier trouva fur le chemin un ferpent
long d'environ deux pieds et Voyant qu'il avoit la gueule extrefmement enflée et
grofTe le fit ouvrir, et trouva qu'il avoit avalé un crapaut gros comme le poing.
J'ay veu par le microfeope que touts les trous qui font dans le liège font des
hexagones quand on les obferve bien.
Voor Broer Huygens.
N= 2401.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
3 octobre 1685.
Lu lettre ci lu copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2400. Const. Huygens y répondit par le No. 2402.
a la Haye ce 3 Oct 1685.
Je reçus hier au foir voltrc lettre du .... *) de ce mois. Puis que vous feavez
que j'ay elle indifpofé vous ne devez pas tant me reprocher ma parefle en
') La lettre N°. 2397. 2) Voir la Lettre N°. 1966, note 6.
1 ) La date est laissée en blanc. C'est évidemment le 1 er.
CORRESPONDANCE. 1685. 31
ce que je n'ay pas fait achever voftre forme. Vous fcaurez de plus que cette
affaire des Longitudes me tient encore occupé et que je fuis après a mettre par
efcrit l'ordre et les préceptes neceflaires pour l'ufage des Horologe =), après que,
par l'expérience que je viens de faire fur le Zuyderzee, je tiens pour afleurè
qu'elles fouffriront facilement le mouvement des grands vaifTeaux, dans quelque
temps qu'il fafle. Je fus fur mer ce mardi i ime du mois, lors que les troupes arrivè-
rent la ou vous elles pour la reveùe, lequel jour, s'il vous en fouvient, il faifoit
tempefte, et fi bien, que le maître de la Galeotte ou j'eflois, me vint dire que nous
ne pouvions continuer noitre route a caufe que la mer elloit trop agitée, et que la
force du vent alloit caffer la voile. Il ell vray que l'une des i horloges s'arrella
plulieurs fois, fçavoir la moins bien appropriée pour les fecoufTes, mais l'autre
conferva toufjours fon mouvement, ce qui me fuffit, par ce qu'on les peut faire
toutes de mefme. Et puis cet efTay a elle très rude, de forte que nos pilotes
m'affeurerent que dans les grands vaifTeaux il n'y avoit jamais une fi forte
agitation a efïuier. J'allay mouiller ce foir devant Enckhuijfen et fus voir le
Sr. Fereris 3), qui efl fort proprement logé, et a quelques beaux tableaux, outre
les copies qu'il a faites en Italie après des originaux des meilleurs maîtres. Il me
montra auffi la pièce qu'il a faite nouvellement pour Mr. le Prince pour une
cheminée a Soefdijck, ou il y a une fort belle figure de femme, pourveu qu'il ait
corrigé quelque chofe au bras, dont je luij fis convenir qu'il elloit trop groffier a
proportion du refte. J'avois deffein de fortir en pleine mer hors du Texel, mais
il me prit une manière de fièvre, caufée par la trop grande application et le peu
de fommeil que j'avois pu prendre parmy le bruicl: que faifoient nos gens, de
forte que je m'en retournay au plus ville a la Haye, ou je fus attaqué de mon
mal d'autre fois, l'infomnie, mais par de certains remèdes je m'en fuis guery ou
peu s'en faut.
Je fais eftat de reprendre le travail Telefcopique dans peu, etvoicyune occafion
extraordinaire qui m'y convie. C'eft que Mr. le Lantgrave de HefTe4), ayant vu
céans ma machine Planétaire et l'appareil des grandes Lunettes, m'a envoyé
ce matin fon Agent van der Hecke, pour me remercier une féconde fois de la
vue de ces belles chofes, et pour me prier de luy faire avoir les inftruments &c.
pour l'Aftrofcopie, ou il comprend auffi fans doute les verres, objeélif et oculaire.
2) Voir la pièce N°. 2423.
3) Dirck Ferreris, fils de Bernardus Ferreris et de Susanna de la Via, né à Enklmizen en 1639.
11 appartenait à une famille distinguée. Après un long séjour en Italie, il s'établit d'abord à
Amsterdam, puis dans sa ville natale. Il s'occupa surtout de peinture décorative de panneaux
et de plafonds, entre autres pour la maison Ilonselaarsdijk. Il mourut en voyage d'Amster-
dam à Enkhuizen, en 1693.
4) Karl, landgrave de Hessen-Cassel, depuis 1675. Il fut le mécène de Papin et est bien connu
par l'intérêt qu'il prit aux sciences. Il naquit le 14 août 1654 et mourut le 23 mars I73°-
32 CORRESPONDANCE. 1 685.
J'ay dit, que je n'en avois jamais donné a perfonne mais que j'avois trop de
considération pour Mr. le Lantgrave, pour ne luy pas faire plaifir, en ce que
je pourrois. Ainfi je crois qu'il faudra travailler, mais j'attens que Mr. L'Agent
me viene encore parler, a qui je feray bien comprendre la rareté et la valeur de
ces fortes de verres. Ce Prince eft magnifique et l'on ne fçait pas quel bien il
m'en pourroit arriver. Mr. d'Oyen après fon retour m'a envoie deux plaques de
verre épais qu'il avoit receu d'Angletetre. la matière eft allez belle de l'une des
plaques ou peut avoir pour deux grands verres de y a 8 pouces, de l'autre deux
un peu moindres. Il en attend encore d'autres d'une autre verrerie et d'une matière
plus claire. Je voudrois vous défia voir de retour.
N2 2402.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
8 OCTOBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2401.
Du Loo le 8. d'Oft. 1685.
Je fuis fort aife que l'eflay des Pendules a allez bien reufTy pour cette première
fois il faut efperer que les fuittes refpondront aux commencements. Ma femme
m'a mandé ces jours pafïes que vous aviez elle guery de vos veilles importunes
par le moyen des carotes blanches râpées. Vous en eftes vous fervy d'autres fois?
Je fuis bien aife qu'il nous foit venu encor un peu de verre et qu'il en doit
venir d'avantage; après ce que vous me mandez du jeune Hollandois d'auprès de
Paris je ne doubte pas que nous ne faflions auffi de grands verres, et que nous ne
dirions comme dit le Correge après avoir vu une pièce de Titien, Sono ancora
Pittore mi. Vous aviez deflein de feavoir des nouvelles de cet homme par le
moyen de Mr. Cafllni, mais vous ne me dites rien fur ce fujet.
Je voudrois feulement que noftre forme fuft en eftat pour pouvoir travailler à
mon retour qui fera dans peu de jours après la St. Hubert 3e du mois prochain.
Ce que vous me dites du Landgrave me rejouit, je fuis bien aife qu'il s'eft
fufeité un Prince curieux parmy tant d'ignorants. Il faut efperer que le bon Dieu
en fera un Mecenas. Vous devriez l'avoir encouragé par l'exemple de fon Pre-
decefteur Aftronome '), ou fauteur du moins de l'Aftronomie. Il eft vray qu'il
') Wilhclm IV, surnommé le sage, naquit le !4Juin 1532 à Cassel et y mourut le 25 août 1592.
Il se lit bâtir, en 1 561, un observatoire à Cassel où il observa lui-même. Après son avènement
CORRESPONDANCE. 1685. 33
pourroit vous faire du bien, mais comment peut il vous faire un prefent qui vaille
un objeétif de 140 pieds ? En vous donnant une.bague de 1000 $£ il croira avoir
fait merveilles. Mais comme vous dites il faut bien informer fon petit agent. Oyen
de Boilduc a elle icy quatre ou cinq jours, et partit hier au matin.
Il y a une heure que nous avons vu prendre un Cerf que Son AltefTe chafToit
tout foubs les feneftres de cette maifon dans un petit ruifleau qui entre dans le
vivier qui l'environne. Il elïoit la au milieu de cent chiens qui le maltraittoyent
en prefence de Madame et de tout ce qu'il y a de gens a la Cour, jufqu'a ce qu'un
des cha fleurs l'a tué d'un coup d'epée.
Nous allons après demain a Dieren pour y eftre 3. jours et puis revenir icy ou
nous relierons enfuitte jufques a la St. Hubert.
Voor Broer Huygens.
N£ 2403.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
22 OCTOBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2402.
Cltr. Huygens y répondit par le No. 2404.
Dieren ce 22. d'Octobre 1685.
J'arrivay icy dimanche au foir. On dit que nous y ferons jufques a la fin de la
femaine et puis au Loo jufques a la St. Hubert après laquelle il ne femble pas que
l'on reliera gueres longtemps en ces quartiers.
les observations furent continuées par Chr. Rothmann etj. Byrg, que le Landgrave avait
appelés à Cassel. Elles furent publiées par Snellius dans l'ouvrage:
Coeli & fiderum in eo errantium obfervationes Hafliaciae, Illuftriffîmi Principis Wilbelmi
Haflîae Lantgravii aufpiciis quondam inftitutae. Et Spicilegium biennale ex obfervationibus
Bohemicis V. N. Tychonis Brahe. Nunc primuin publicante Willebrordo Snellio. R. F.
Quibus acceflerunt Ioannis Regiomontani & Bernardi Walteri obfervationes Noribergicae.
(Homo ad immortalium cognitionem nimis eft mortalis). Lugduni-Batavorum. Apud Iuftum
Colfterum, Anno cIdIocxviii. in-40.
Une observation de la comète de 1585, faite à Cassel par Rothmann, fut insérée par Snellius
dans son ouvrage :
Willebrordi Snellii Defcriptio cometae, qui anno 161B menfe Novembri primùm cifulfit.
Hue acceftît Chriftophori Rhotmanni 111. Princ. Wilhelmi Hafliae Lantgravii Mathematici
defcriptio accurata cometae anni 1585. Nunc primum à Will. Sn. R. F. in lucem édita.
Lugduni-Batavorum, Ex Oflicinâ Elzeviriana. Anno clolo.c.xix. in-40.
Œuvres. T. IX. ç
34 CORRESPONDANCE. 1685.
J'efpere qu'en fuitte de voftre promefTe vous aurez travaillé a la forme. J'ay
grande impatience de fcavoir comment vous l'aurez trouvée en y appliquant le
grand rond.
Je croy qu'il vaudra la peine de faire accommoder noltre polifïbir ') de la
manière dont nous tombâmes d'accord nous trouvant fur le lieu; et je vous prie de
l'ordonner a mon charpentier.
Ils font après a exécuter une autre invention pour creufer le lier, du Rhin 2). Il
me femble que cela fe doit faire en oftant avec des pelles le fable qui s'y trouve
aux endroits les plus hauts et d'ouvrir une manière de Canal au milieu du dit lift.
Ils ont crû fe pouvoir fervir pour cet effet de l'occafion de l'extrefme fefchereffe
qu'il a fait depuis quelque temps qui eft caufe qu'il y a moins d'eau dans les
rivières qu'il y en a eu de mémoire d'homme. Ainfi ils ont fait une digue tout a
travers du bas Rhin qui empefche qu'il y entre aucune eau, et leur donne le moijen
de pouvoir travailler.
Vous aurez defja appris que noltre Doéleur Cowel 3), miftris Langford, et
miftris Treflawny ont elle congédies et ne feront plus a la Cour. Ils l'ont un peu
mérité, fur tout le premier 4).
Voor Broer Huijgens.
N= 2404.
Christiaan Huygens à Constantvn Huygens, frère.
23 OCTOBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2403. Const. Huygens y répondit par le No. 2405.
A la Haye ce Oft. 1685.
Je viens de rencontrer icy près dans la rue le Sr. Joubelot ') et ne puis différer
de vous faire part de ce qu'il m'a appris touchant le jeune Hollandois faifeur des
') Voir, entre autres, les Lettres Nos. 2397 et 2399.
2) Consultez la pièce N°. 2423.
3) Voir la Lettre N°. 2313, note 1. Le docteur, s'étant rendu en Angleterre, y fut nommé vice-
chancelier par James IL
4) D'après les notes laissées par Nicolaas Witsen, le docteur Covel, de concert avec quelques
demoiselles de la Cour, avait excité la princesse Mary contre son époux, Willem III, dans
l'intention de lui faire quitter la I Iollande pour épouser un prince français papiste. Constantyn
Huygens, frère, rapporte dans son journal (1 1 septembre 1 692) les propos du docteur Ilutton,
depuis le 1 2 décembre 1687 médecin ordinaire de Willem III, affirmant que le docteur Covel
et les dames Langford et Treslawny avaient conspiré avec l'envoyé britannique Skelton pour
faire évader la princesse Mary, afin de lui faire épouser le roi de France.
CORRESPONDANCE. 1 685. 35
grands telefcopes 2). Vous fcaurez donc que c'eft le mefme Hartfoecker qui nous
apprit a faire les petites boules, pour les microfcopcs 3), et qui fift avec moy le
voiage de Paris4). Eftant de retour a Rotterdam il fe maria et devint marchand de
vin. Un Anglois ion correfpondant le trompa et luij fift banqueroute de 200 mille
livres; par ou citant mal dans fes affaires, il a eftè obligé de quitter le pays, ver-
treckende bij noorder Son 5) et s'en eft allé en France ou il demeure au village
de PafTy près de Paris. C'efl: donc luy ou fa femme (car elle travaille auffi) qui a
fait ce verre de 330 pieds, qui au dire de Joubelot eft fort bon, quoyque Mr. du
Hamel m'ait mandé6) que Caflîni l'avoit jugé afTez bon. 11 ne feait pas de quel
diamètre efl ce verre mais il dit que le mefme Hartfoecker en a fait un de 720
pieds, et qui a 18 pouces de diamètre, et qu'on le trouve aflez bien douci et afTez
clair pour un verre de cette grandeur. Il faut de grands baffins, comme vous pourrez
juger et de grandes epaifleurs de verre pour un ouvrage comme cettui la; de forte
que l'ouvrier doit avoir fait quelque depenfe, devant que d'en eftre venu là. Jou-
belot dit qu'il l'a connu a Rotterdam devant fon départ et qu'il avoit défia com-
mencé alors a travailler. Peut eftre en aura 't il fait plus qu'il n'appartient a un
marchand prudent et prenant garde a fes affaires. Nous fçaurons a quoy aboutiront
ces vaftes entreprifes, et fi l'on fe met en eftat à Paris pour pouvoir employer feu-
lement ce verre de 330 pieds; car pour l'autre je n'ofe pas l'efperer,et j'ay mefme
bien de la peine a croire qu'il foit comme il faut. Hier j'achevay la nouvelle forme
avec la grande pierre que j'auois remplie d'emeril ordinaire, et qui coupa fort bien
a caufe de la dureté du ciment. Mais il y a encore d'aflez grands reftes des endroits
qui ont eftè limez en bouchant les trous. Il n'y a qu'a y pafler maintenant les
pierres bleues, dont la plus grande peine efl: de les couper et ranger dans le ciment.
Depuis 3 jours il fait toufjours brouillard icy ce qui me donne des migraines très
incommodes.
Mijn Heer
Myn Heer van Zcelhem
Tôt
Dieren.
J) Nous verrons plus loin que Joubelot s'occupait de la fabrication de lentilles.
2) Voir la Lettre N°. 2399.
3) Consultez, au sujet de cette invention de Hudde, la Lettre N°. 21 17, note i,etla Lettre
N°. 2133, note 2.
4) En 1678; voir la Lettre N°. 2126.
5) Traduction : partant fans trompette. 6) Voir la Lettre N°. 2390.
36 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2405.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
25 OCTOBRE 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2404.
Dieren ce 25. d'Oct. 1685.
J'ay failly tomber de mon haut lifant ce que vous me mandez d'avoir appris
de Joublot touchant noftre Hartfoecker devenu fi grand maiftre en cachette et
fans que l'on en ait ouy parler. Comment un garçon comme luy qui ne fcait
gueres de mathématique et n'a point eu de maiftre peut il s'ériger en premier
maiftre de tout le monde? Ilmefembleque c'eftun fonge; ne pouvant m'imaginer
pourquoy on n'a pas ouy parler de luy pluftoft, car félon toute apparence il doit
avoir fait d'autres bons et grands verres avant ceux de 330. pieds. Tout cela n'eft
pas comprenable. Je vous prie d'efcrire au pluftoft à Paris pour fcavoir le détail
du tout. Vous pourriez bien mefme efcrire a Hartfoecker luy mefme pourveu
qu'il ne dédaigne pas de tenir correfpondence avec des miferables comme nous.
Si fes verres font de la perfection qu'il faut vous verrez que cet homme fera bien-
toft recherché de quelque grand Mecenas car pour le Roy je ne croy pas qu'il
voudrait des objectifs d'un Huguenot Arminien. Tout de bon vous devriez écrire
a luymefme et recommander l'adrefle de voftrc lettre a quelqu'un a Paris.
Je fuis très aife que vous avez avancé le travail de noftre forme, mais je crains
que les pierres bleues ne feront mi fes en oeuvre qu'a mon arrivée, dont le temps
commencera a approcher, la St. Hubert devant eftre célébrée après demain en
huiét jours. Apres ce temps là nous ne relierons gueres en ces quartiers.
N'oubliez pas, s'il vous plaift, de faire raccommoder le Poliflbir.
Voor Broer Huygens.
CORRESPONDANCE. 1685. 37
N= 2406.
Christiaan Huygens à [J. Hudde].
OCTOBRE 1685.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens l).
Sommaire: Vond hem in fijn dingen wel geoeffent. ick wilde wel dat het de flechtfte verftanden konden
leeren. Hij begint beter te begrijpen en fal dat wel leeren. hij foude geen relatie konnen geven
van Dam gefproockc dat het vertreck van 't groote fchip onfeecker is. die van Zeelandt den
30 dec. bedancken voor d'Ermonville. Smidt heeft fijn geldt. hij moet noch de horologicn
beter leeren verftaen.
N= 2407.
Crhistiaan Huygens à J. Hudde.
16 octobre 1685.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens 1).
Sommaire: Acn de Hr. Hudde gefehreven met Thomas Helder*) den 26 Oét. 1685. Wel met hein gecon-
temeert om met de horologien nae de Cacp de Bon Efper. te fenden in December. falnaereen
horologiemaeckcr foecken. De inftru&ie en tranfiaet van la Voye fijn reys vervaerdigen 3).
') Dans le livre F des Adversaria, p. 219. Les deux sommaires Nos. 2406 et 2407 sont inscrits en
marge de pages remplies de calcul. Quoique le N°. 2406 se trouve sur une page postérieure,
il nous semble qu'il a dû précéder le N°. 2407. Dans le N°. 2406 il est évidemment question
de Thomas Helder, envoyé vers Chr. Huygens pour apprendre la méthode des longitudes et
le maniement des horloges à pendule. Le N°. 2406 donne les premières impressions de
Huygens au sujet de l'aptitude du pilote. La lettre, dont le N°. 2407 est le sommaire, a été
portée par Thomas Helder à Hudde.
') Dans le livre F des Adversaria p. 209.
2) Thomas Helder est le pilote qui fut chargé par Chr. Huygens de prendre soin des horloges à
pendule embarquées à bord du vaisseau „Alckmaer" pour faire l'essai de la détermination de
la longitude sur mer, dans un voyage au Cap de bonne Espérance. Il mourut un des premiers
jours du voyage de retour, en avril 1687.
3) Voir, sur le voyage de la Voye, les Lettres Nos. 1645 et 1766.
38 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2408.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
5 novembre 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leideu, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2405.
Du L00 le 5 Nov. 1685.
ConnoifTant voftre averfion naturelle pour ce qui eft de travailler feul auxehofes
de l'art je n'ay pu efperer que vous ayez voulu faire le rond des pierres bleues
comme je vous en avois prié en mon abfence. Mais ce mal n'eft pas grand car
quand je feray arrivé, s'il plaid: a Dieu après demain en huiér. jours cela fera bien
toit depefehé. Je voudrois feulement que vous puffiez vous refoudre a faire
raccommoder avant mon retour le PolifToir pour pouvoir s'en fervir a deux mains
car cela retardera mon ouvrage et m'empefehera d'achever mon grand verre
auffi promptement que je voudrois.
Mcefter eft icy avec fon niveau ') dont il dit qu'il fe fert maintenant avec
beaucoup de facilité après l'avoir mis dans une petite tente faite pour cela exprès
qui l'empefche d'eftre remuée par le vent.
Il m'a conté plufjeurs chofes touchant le Landgrave 2), lequel il ira voir cet hyver
chez luy. Il dit qu'il eft fort curieux pour la mechanique; qu'il taille auffi luy
mefme des verres de Lunette, qu'il eft Tourneur fort expert, et deffine fort bien,
jufques a avoir fait fon propre portrait qui lui refTembloit mieux que touts ceux
que d'autres avoyent fait.
Il avoit efté avec luy chez Leeuwenhoeck qui ne luy avoit voulu montrer de
fes microfeopes que ceux qu'il montre a tout le monde et dont les petits verres
avoyent pour le moins la largeur d'un dos de couteau de foyer, que quand le Land-
grave luy avoit demandé s'il en pourrait avoir quelques uns de fa façon, il avoit
repondu avec beaucoup de fierté qu'il n'en avoit jamais donné a perfonne, ny
avoit deflein de le faire, que fi une fois il fe laifleroit aller à cela il feroit en fuitte
efclave de tout le monde, et d'autres chofes de cette force là. Apres avoir montré
trois ou quatre de fes microfeopes il les emportoit, et en alloit quérir autant
d'autres, difant qu'il faifoit cela de peur qu'il ne s'en egaraft quelqu'un entre les
mains des fpeftateurs, qu'il ne fe fioit pas aux gens, particulièrement aux Allemans;
répétant cela deux ou trois fois. O che beftia!
Je vous prie n'oubliez par le PolifToir.
Voor Broer Huygens.
') Voiries Lettres Nos. 2228 et 2231. =) Voir la Lettre N°. 2401,
CORRESPONDANCE. 1 685. 39
N= 2409.
Constantvn Huygens , père, à J. A. Comte d'avaux.
8 novembre 1685.
La minute se trouve à Amsterdam, Académie des Sciences.
8 Nov. 85.
Monsieur ,
Mon indifpofîtion ayant faune V. E. de l'importunité que j'auroy cru luy donner
auant fon départ au fujet de l'affaire de mon Fils, ie ne puis encor m'empefcher
de vous en pcrfecuter de loin et pour feulement vous tefmoigner, monfieur, en
Père, combien ie fuis fenfible de la furprenante manière dont je voij traiéter cet
excellent garçon. Je puis faire veoir par des lettres de feu monfieur Colbert, auec
combien d'inftance et de perfuafions il me demanda au nom du Roij et me fit
refoudre de m'en priuer pour prefter fon afliftence au Collège des feiences, où
toute la france fçait s'il ne s'eft rendu digne de la penlion dont S. M. l'auoit
honoré, et fi peut eftre lui) feul n'y a produit plus de feauantes nouuautez que tout
le refte de fes Collègues. Cependant, monfieur, [c'eft] depuis peu feulement qu'il
m'a appris, qu'à toutes les fois que fon devoir l'a porté à fortir de Paris, pour me
rendre vifite en ce mien'aage fi auancé, la dite penfion lui] a efté roignée et déduite
precifement jufqu'au jour de fon retour, chofe, à mon aduis fi éloignée de la mag-
nificence du Roij, que je ne puis m'imaginer que cela foit jamais parti des ordres
exprès de S. M. Au moins fi telle condition m'euft elle propofée ceft bien chofe
feure que je l'auroy jugée trop mercenaire pour ij pouuoir condefeendre. Mais
enfin, monfieur cela eft paffé, il n'eft plus temps d'en murmurer et V. E. fçait fi
nous fommes gens à nous en plaindre par indigence. Ce qui me touche beaucoup
plus, c'eft que comme on s'eft auifé '), je ne fçay pour quoij, de licentier mon dit fils,
toute l'intimation qu'on nous en a faiéle, n'a confifté qu'en ces belles paroles, que
s'ilvouloit venir reprendre fes hardes, il fer oit le bien venu. Il me femble, monfieur,
que li ce compliment auoit efté faicl à un Palfrenier qui n'auroit pas mal ferui, il
auroit fujet de s'en teuir peu fatisfaicl. Et je retourne encor à dire, que je ne fçauray
receuoir cela mefme pour un ordre du Roij, de la bonne volonté du quel nous
auons, Pcre et fils, eu trop de gracieufes marques, pour nous en veoir defeheus
jufqu'à eftre renuoyez auec mefpris. V. E. pourra auoir de raifon depenfer à quoij
peut feruir, que je la fatigue de ces plaintes, je ne vous diraij autre chofe, mon-
fieur, finon que voijant nous arriver une chofe fi inopinée et fi irreguliere, il ne fe
peut que tout le monde n'y faffe des facheufes reflexions en noftre efgard. Je prens
la liberté de me preualoir fi auant de l'occafion de voftre fejour à la Cour, que de
') Consultez les Lettres Nos. 2382 et 2383.
40 CORRESPONDANCE. 1685.
vous fupplier comme je faij très humblement d'ij faire vouloir un peu par occafion
connoiftre le deplaifir où je me trouue, afin que pour tout le moins je puifTe fçauoir
à voftre retour, monfieur, que c'eft que vous pourrez auoir appris, de la raifon
qu'on prétend auoir de nous traiclcr auec indignité au lieu des bons tefmoignages
que les grands Princes ont accouftumé de rendre à ceux qui n'ont cefTé de les
feruir honeftement. Je fuis bien afTeuré monfieur qu'on n'en trouuera aucun fujet
légitime mais encor me ferace une forte de fatisfaction de veoir cefte vérité con-
firmée par V. E. mefme, qui j'cfpere, me pardonnera ce trop de franchi fe dont
j'ofe l'accabler, n'ayant à mon regret jamais eu occafion de luy faire veoir par
aucun feruice combien il eft véritable, ce qui le fera tonfiours que je fuis auec tout
refpecl: etc.
N= 2410.
M. Thevenot à Christiaan Huygens.
[1685].
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse à une lettre que nous ne connaissons pas.
Je recois Monfieur comme vne marque de la continuation de voflre amitié la
lettre que vous maues fait lhonneur de mecrire a l'occafion de Mr. leers ') Jefpere
de neftrepas inutile aux defTein quil m'a communiques, quand je fuis entré dans la
bibliothèque et dans lacademie Je contois pour vn très grand auantage l'efperance
de vous y poffeder et fi vous voulez bien que nous ayons quelque correfpondence
par lettres fur ces matières, jen auray bien de la joie et tous nos Meffieurs y pren-
deront part car très pafîioné que je fuis et que j'ay toufiours efté pour voftre
mérite, je trouue tous ces meffieurs dans les mêmes fentimens ce neft point affez
que je vous demande la confirmation de lhonneur de voftre amitié ceft a toute
voftre maifon que je dois renouueller les afleurances de mon très humble feruice
et deftre très fincerement.
Voftre très humble et très obeiffant ferviteur
Je propofe a toutes les perfonnes dans la fante defquels je prens intérêt l'exem-
ple de celle de Monfieur voftre père 2) et jay grand plaifir et prens grand intérêt a
le pouuoir propofer.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zuylechem
a la Haye.
') Reinier Leers à Rotterdam, ou Arnont Leers à la Haye, l'éditeur de l'Astroscopia Com-
pendiaria.
') Constantyn Huygens, père, avait 89 ans.
CORRESPONDANCE. 1685, 1686. 41
N= 241 1.
Christiaan Huygens à ?
[1685] ?.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Sommaire: la cuille l'air et temps mauvais, mufiquc.
Monsieur
Si Madle M. ma correfpondante vous a fait mes tref humbles baifemains toutes
les fois que je l'en ay prié, vous n'aurez pas manqué d'entendre quelques fois de
mes nouvelles, pour moy je m'eftois fi bien fié a fes foins que je ne croiois pas
neceffaire de vous importuner par mes lettres, fcachant vos continuelles occupa-
tions et me reprefentant fouuent cette chambre fi pleine de monde, et l'entrée
mefme obfedée jufques a l'efcalier. Ce que je luy ay fait fcavoir jufqu'icy
touchant l'eftat de ma fanté, c'eftoit qu'elle alloit toufjours en fe reftablifîant en
forte pourtant qu'il me demeuroit de petits refies de l'infirmité pafiee mais a pre-
fent je fuis bien aife de vous pouvoir afTurer Monsr. que grâces a dieu et a la vie
fainéante que je meine je fuis parvenu a une parfaite reconvalefcence.
H1)
N° 2412.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
11 mars 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A Dieren cet ne de Mars 1686.
J'arrivay icy famedy au foir, et Son Altefle feulement le jour d'après, le cert
qu'il chaffa famedy fufdit l'ayant mefné du cofté du Loo ou il coucha. L'on dit
toufjours que dans 9 ou 10 jours il reviendra a la Haye. Amen, ainfy foit il.
Cependant les belles foirées qu'il y a eu depuis mon départ me font efperer que
vous n'aurez pas voulu manquer d'efiayer nos objectifs, et j'attends avec impa-
tience que vous m'informiez du fucces. J'ay laifle les miens a ma femme avec
ordre de vous les donner quand les demanderez.
') Le reste de la minute a été enlevé.
Œuvres. T. IX.
42 CORRESPONDANCE. l686.
J'ay fi bonne opinion de la matière que je viens d'efcrire a 's Gravefande *) de
me faire faire encore 1 1 pièces de ce verre 2) comme je vous dis avant que de
partir que j'avois defîein de faire.
Si vous recevez des avis de madame le Bas 3) je vous prie de m'en faire part.
Voor Broer Huygens.
N= 2413.
Christiaan Huygens aux Etats-Généraux des Provinces Unies.
13 mars 1686.
La pièce se trouve à la Haye, Archives de l'Etat ').
Confideratien aengaende het beneficeren der revie-
ren den Neder Rijn en de IJflTel, door middel van
de doorfnijdinge boven Schenkenfchans ontrent
den Luijfbos:
Tôt voldoeninge van haere Ho: Mo: bevelen aen mijn ondergefchrevengedaen,
van bij gefchrift te ftellen de Confideratien die ick d'eere gehadt hebbe van mon-
deling haere Ho: Mo: voor te dragen,aengaende de geprojecleerde doorfnijdinge
boven Schenkenfchans aen den Luijfbos, foo fegge met behoorlijcke révérende.
1) Probablement : Dirk Storm van 's Gravesande, tils de Laurens Storm van 's Gravesande et de
Johanna van Henrn, né le 20 juillet 1640, échevin et conseiller à Bois-le-Duc, receveur des
domaines du Prince Willem III. Il fut le père du célèbre professeur de physique de Leiden,
Willem Jacob 's Gravesande, qui publia les Opéra Varia et Opéra Reliqua de Christiaan
Huygens. Il épousa Anna Josina Blom et mourut le 18 novembre 17 16.
2) Probablement de la verrerie de Bois-le-Duc; voir la Lettre N°. 2389 et la Lettre N°. 1030,
note 3.
3) La veuve de l'ouvrier Lebas (voir, entre autres, la Lettre N°. 2042, note 4), fréquemment
citée au Tome VIII, Lettres Nos. 2187, 2188, 2191 et 2201.
') Le dessein d'améliorer le Rhin et lïjssel, au sujet duquel Chr. Huygens et J. Hudde avaient
présenté en 167 1 les Rapports, que nous avons publiés sous les Nos. 1829 et 1830, était resté
inexécuté par suite de la guerre avec la France, l'Angleterre, et les évèques de Munster et de
Cologne. Le passage du Rhin, accompli sans difficulté par l'armée française, avait bien fait
voir quelle importance la régularisation du lit du Rhin pouvait avoir pour la défense du pays.
En 1686, les Etats Généraux ont repris la question et insisté à diverses reprises auprès des
Etats de Hollande et de West-Frise pour obtenir leur consentement à cette entreprise. A cet
effet, ils ont demandé de nouveau l'avis de Chr. Huygens et celui de Willem Meester.
CORRESPONDANCE. l686. 43
Dat mijns oordeels niet en is te twijffelen of de gemelte doorfnijding is een
bequaem middel om een genoegfame quantiteyt en diepte van water in de Neder
Rijn en IJflel te brengen, mids dat het water van den Boven Rijn door cribben
ter behoorlijcke plaetfen geleght, in het canael van de doorfnijdinge gewefen
werde, of felfs door opftouwinge daer in gedwongen.
Dat oock niet en twijffele of fal door middel van defe doorfnijdinge fijnde ter
breedte van 30 roeden of meer, fonde?' de voorz. cribben te leggen, meerder water
als tegenwoordigh in den Neder Rhijn gebracht werden, aengefien de abondantie
van water in den boven Rhijn, en het notabel verval van bij de 3 voeten 't welck
bij leegh water bevonden werdt tufTchen de fuperfitie van 't water defer rivier aen
den Luijfbos, en die van den N. Rhijn ontrent de fluijs daer 't eijnde van 't canael
foude uijtkomen.
Welck vervall nergens anders door veroorfaeckt werdt als door de groote
ondieptens en fanden in de kromte der rivière tufTchen Schenkenfchans en het
tolhuijs leggende, over welcke fanden vrij minder qnantiteijt van water kan ge-
raecken, als voorts door den N. Rhijn kan na beneden afgelaten werden.
Sijnde daer nevens oock dit voordeel bij de bewufte doorfnijding te obtineren,
dat de voorfeijde groote ondieptens werden afgefneden, en de verdere ondieptens
Dans la collection Huygens de la bibliothèque de Leiden se trouve un billet de convocation
de la teneur suivante:
Rhijn en IJflel.
De Heeren
Werckendam
Raetpenfionaris
Vrijbergen
Dijckvelt
Haefholt
Cuyper
Gerlatius
Den 6e Maert ten neegen uyren ; befoigne met de I Ieer Chriftiaen Huygens
van Zuijlichem en Meefters.
La convocation se rapporte évidemment à une conférence d'un Comité de membres des
Etats-Généraux avec Huygens et Meester. Huygens a été prié de rédiger par écrit l'avis qu'il
avait donné au Comité, ce dont il s'est acquitté par la pièce N°. 2413, qui a été enregistrée
comme : Exhibitum den 13 Maart 1686.
En 1 6~ 1 Huygens et Hudde avaient considéré trois moyens pour améliorer le Bas-Rhin (Ne-
der Rhijn) et proposé celui que était le moins coûteux, savoir le débarrassemeutdela bouche
de ce bras de fleuve. Depuis, l'état du Bas-Rhin s'était notablement empiré. Il résulte d'un
Rapport du Conseil d'Etat, adressé aux Etats-Généraux le 1 2 février 1697 (voir les Verhan-
delingen van het Koninklijk Instituut van Ingénieurs, 1866 — 1867, Tweede Gedeelte, p. 8),
qu'à cette époque la bouche du Bas-Rhin était même à peu prés totalement obstruée et le
44 CORRESPONDANCE. l686.
van den N. Rhijn en IJflel eenighfints gebetert, tôt beveijli[gi]nge des landts
tegen invafie van vijanden.
Maer of door defe bloote doorfhijdinge, fonder de hulp der cribben, het water
wel 2 voet, doorgaens op den N. Rhijn en I JfTel fonde verhoogen, gelijck fnlx bij
de Hr. Controlleur Meefter wordt gefuftineert, dit heeft grootelijx fijn bedencken
en foude wel anders als gehoopt wordt konnen nijtvallen.
Ick foude wel geloven defe eenparighe verhooging te fullen gefchieden, ge-
fupponeert dat den ganfchen N. Rhijn en IJfTel van de doorfnijdingh tôt beneden
toe, een evenwijdich canael waer van 30 roeden breedt, gelijck het canael der
doorfnijding, en tufTchen twee dijcken of recht opftaende oevers door vloeijende;
en te meer om dat verfcheijde obfervatien werden geallegueert, dat het water
beneden op de rivieren wafîende, oock naer boven dan maer even foo veel ver-
hooght werdt bevonden.
Maer nu is te confidereren dat den Neder Rhijn, daer het canael in vloeijen
moet, doorgaens veel meerder breedte heeft als van 30 roeden, daerom, genomen
dat het canael door gegraven en geopent fijnde, met ontrent 2 voet verval in den
N. Rhijn komt invloeijen (want men, van het geheele gevonden verval, iets moet
aftrecken voor het verval op de lenghde van het canael felfs, fijnde van 500 roe-
den) foo fal dit water over de grooter breedte van defe rivier fich verfpreijdende,
defelve niet verhoogen met de voorz. 2 voet, maer met foo veel min als naer
proportie van defe meerder breedte. En is te weten dat door het verhoogen felfs
de fuperfîtie van den N. Rhijn moet breeder werden.
Den controlleur Meefter feijde om dit te folveren, dat dewijl op verfcheijde
plaetfen eenighe enghtens op den N. Rhijn gevonden wierden, die niet breeder
waeren als het te maecken canael, daer uijt foude volgen dat de breeder plaetfen
fucceffivelijck fouden vol loopen tôt op de voorfeijde hooghte van 2 voet boven
het tegenwoordighe water.
Doch alfoo dit van de eijghen geftalte der rivière dependeert, foo kan men hier
in alleen ex hypothefi raifonneren. En foude dan, mijns oordeels, niet alleen de
enghte defer plaetfen, maer oock haere diepte moeten geconfidereert werden;
want diep fijnde fullen het water eerder door laten en tôt minder hooghte ophou-
den, als wanneer minder diepte hadden.
lit presque à sec. C'est probablement la cause qui a déterminé Huygens à proposer en 1686
le moyen considéré en 1671 en premier lieu, la coupure du Spijck selon la ligne AC ou la
ligne AD de la carte vis-à-vis page 558 du Tome VII.
Cette fois encore le projet resta inexécuté. Le creusement du canal de retranchement près
de Pannerden, la rupture de la digue de la Betuwe, ainsi que celle du Boterdijck, dont
Pamotion avait été également considérée par Huygens et Hudde, ont créé depuis un état de
choses entièrement nouveau, en changeant le cours du Haut Rhin et du Waal, et en déplaçant
le point de séparation entre ce dernier et le Bas-Rhin jusqu'à Pannerden, considérablement
en aval de celui de 167 1
CORRESPONDANCE. l686. 45
Voorts indien men met opfet de rivière op ettelijke plaetfen beflond te be-
nauwen, met het leggen van cribben recht tegen over den anderen, foo foude wel
verhoogingh van water konnen geobtineert werden, maer daer en tegen te vreefen
flaen dat den flroom daer door in de ruijmer plaetfen traeger werdende, het fandt
des te meer foude laten fitten, en den grondt verhoogcn.
Eijndigende fal noch dit feggen, dat het fondament waer op de doorfnijdinghe
ondernomen werdt, fîjnde het verval tuflchen de twee uijteijnden fich verthoo-
nende; Haere Ho: Mo: noch precifer informatie dien aengaende fullen konnen
hebben door de waterpaffingh die mcergemelte Hr. controlleur voornemens is te
doen, bij middel van 't infiniment daer toe over eenighe jaeren bij mij geinven-
teert2), 't welck, derf îeggen van ongelijck meerder feeckerheit te fijn dan die tôt
noch toe fijn gebruijckt.
Chr. Huygens van Zuylichem.
N= 2414.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
14 MARS 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2412.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2415.
Dieren le 14 de Mars 1686.
J'attends de vos nouvelles avec impatience parce qu'elles m'en donneront
touchant nos verres que fans doubte vous aurez effayés; et je ne croy pas que rien
vous en puifTe avoir empefché fi ce n'a eflé le froid, qui n'a ceffé que depuis ce
midy. pendant que j'eferis cecy il fait encor un temps très beau pour obferver
Saturne, n'y ayant point de Lune.
Monfieur le Prince me tourmente pour faire depefeher fon cachet dont je vous
ay parlé, et ou il efl queflion de mettre quelqu'embleme ou devife fur un des trois
coflez qu'il a. Je luy ay dit que je n'en avois encore trouvé qui fufl a mon gré et
qu'il feroit honteux d'en emprunter un de quelque livre. A la fin il m'a dit de
demander al Signor Padre s'il pourroit trouver fon fait. Il femble qu'il faille que
la devife exprime quelque fentiment héroïque, qui feroit d'autant plus belle fi elle
pouvoit avoir quelque raport à la perfonne ou a la fortune de Mr. le Prince; mais
je n'en trouve pas encore a ma fantaifie. J'ay fongé qu'on pourroit mettre un rocher
:) Le niveau à lunette, présenté à l'Académie des Sciences le 18 septembre 1679 et publié dans
le Journal des Sçavans du Lundy 29 janvier m.dc.lxxx, notre pièce N°. 2212. Willem
Meester avait lui-même proposé, après l'invention de Huygens, un autre instrument. Voir les
Lettres Nos. 2238 et 2231.
46 CORRESPONDANCE. l686.
au milieu de la mer battu des vagues et des vents, avec la devife de PERSTO,
RESISTO, qui marqueroit une fermeté belle et noble, mais les rochers ont fervi
de tout temps pour ces chofes là. Je fongeray a d'autres chofes, mais cependant
je vous prie de dire al Signor Padre, que S [on] A[ltefîe] voudroit bien, qu'il y
fongeait auffi.
Je ne fcay comment mess, les Confeillers Tes confrères auront efté fatisfaits de
l'employ que S [on] A[ltefTe] a donné a Mr. Petticum '), car pour mon Père cela
ne le touche pas.
Je croy que la femaine prochaine, nous irons encor a la Haye. Adieu.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaan Huygens
ten huyfe van Heer van Zuylichem
Haghe.
N° 2415.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
16 mars 1686.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2414.
Cous t. Huygens y répondit par le No. 2416.
A la Haye ce \6 Mars 86.
Pour vous rendre raifon de mon filence il faut que je vous dife l'accident
fâcheux qui m'eft arrive depuis voftre départ, et dont je ne puis attribuer la caufe
qu'a ce beau travail de noftre lunetterie. Le jour d'après que vous fuftes parti
sentant quelque peu de douleur au bas du ventre je m'apperçus, en y mettant la
main, d'une petite tumeur dans l'aine droite, dequoy eftant fort furpris et me
doutant de ce que ce pouvoit eftre je le fis voir a Mr. Willem van Bourgogne '), qui
m'aflura que c'eftoit un commencement de defeente et de dilation de boyau, que
cela pouvoit avoir de dangereufes fuites et qu'il faloit en avoir foin d'abord. Il me
condemna a porter de ces bandages dont on en voit tant dépeint devant des mai-
fons a Paris, mais je n'ay pas pu me refoudre a m'embaraiïer d'une telle machine,
et voyant qu'il ne s'agifïbit que de tenir cette partie prefTée j'y ay pourvu d'une
') Petticum fut membre de Conseil du Prince Willem III. Il mourut en septembre 1686.
') Willem van Borgondie ou Bourgogne passa son examen de chirurgien le 8 juin 1646, et
s'établit à la Haye; il y fut inhumé le 4 juin 1704.
CORRESPONDANCE. l686.
47
manière fort fimple avec un ruban qui retient une petite comprefFe. L'on me fait
efperer que dans 2 ou 3 femaines cela pourra fe guérir. Cependant j'en ay bien du
chagrin comme vous pouvez croire, outre que d'ailleurs j'ay eftè tourmenté tous
ces jours de mes migraines, qui commencent maintenant a me quiter. Vous ju-
gerez donc bien que je n'ay pas eu grande envie d'obferver ni d'efTaier des verres,
quelque beau temps pour cela quil ait fait. Vous ne trouverez pas non plus eftrange
fi je renonce dorefnavant au travail des verres du moins a celuy du poli (car c'eft
en poliflant la dernière fois que je me fouuiens d'avoir fenti quelque chofe) et a
porter nos pefantes formes de cuivre. Je n'ay parlé ni a mon père ni a perfonne
de cecy, et je vous recommande le fecret, mefme auprès de voftre epoufe, parce
qu'autrement vous me feriez grand deplaifir. J'efTaieray a la première belle foirée
voftre verre et le mien. Voicy des devifes de l'invention del Signor P[adre] mais
peu qui ayent un corps. Et je doute fort fi vous trouverez là quelque choie qui
mérite d'eftre propofè à Mr. le Prince. J'y fongeray auffi, et vous envoieray ce que
je trouveray. mais je viens de lire dans la gazette que S. A. fera icy après demain.
Vous trouverez les 2 poiriers au coin du parterre abatus, pour y mettre des arbres
nains en leur place.
N= 2416.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
21 MARS l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2415.
Dieren ce 21. Mars 1686.
J'ay appris avec le deplaifir que vous pouvez croire l'incommodité qui vous
eft venue depuis noftre départ, et ne puis comprendre comment le travail que
vous dites la peut avoir caufée après que nous l'avons fait fi longtemps fans nous
en fentir mais il eft vray qu'en un temps nos corps font plus difpofez a ces fortes
de chofes qu'en un autre. Pour le travail du poly je ne fcaurois comprendre qu'il
foit afTez violent pour eftre caufe d'une rupture et il faudroit qu'en tranfportant
les formes cela vous foit arrivé. On m'a dit fouvent qu'elles viennent quelquefois
fans que l'on fafie aucun effort confiderable. J'efpere que cela pafTera comme
voftre Chirurgien nous le fait efperer. Au pis aller un brayer peut vous garantir
de toute incommodité ou du moins danger ultérieur. Brienne valet de chambre
a une rupture que luy eft venue a ce qu'il dit en tombant une fois ou deux en une
mefme nuit avec un cheval. Il me dit comme je le mis hier fur ce difcours qu'il
a eftayé divers remèdes et s'eft fervy de trois ou quatre différents médecins mais
48 CORRESPONDANCE. 1 686.
qu'il n'a jamais pu eftre fi bien gucry qu'il ait ofé hazarder d'eftre longtemps fans
brayer, craignant que cette tumeur qui eft rentrée ne vienne a refortir, de quoy
il dit que de petites douleurs qui luy viennent alors, fur tout par un temps humide,
ou autrement mauvais, femblent de le menacer. Il dit que fes'brayers font faits
de chamois, et qu'ils ne l'incommodent point: que quand il en a un il n'appré-
hende aucun travail, et oferoit faire toute forte d'effort comme encor en venant
icy il a fait douze ou 1 5 lieues de chemin a cheval, et au grand trot. Vous ne
devez pas craindre que je luy aye dit la moindre chofe qui pourroit luy avoir fait
juger que je luy parlois a vôtre occafion. Il me dit encore que celuy qui luy fait
ces brayers eft Van der Burgh le frère du nôtre au Wageftraet, que ceux de
chamois font incomparablement meilleurs et plus commodes que les autres que
d'ordinaire ils font de fûtaine.
J'efpere que vous aurez pu effayer nos verres depuis voftre lettre écrite, ou que
vous le ferez aujourdhuy par le beau temps qu'il fait. On croid toufjours que
S [on] A[lteiTe] fera un tour a la Haye mais on doute s'il partira dimanche, lundy
ou mardy prochain.
Je fuis fort aife que ces Poiriers ont fait place, et comme ces arbres nains
ont efté plantés dans la faifon que leurs femblables eftoyent fur le point de fleurir
il y a grande apparence que les branches qu'ils feront cette année ne vous incom-
moderont gueres.
Parmy les devifes del S.r Padre je ne trouve pas tout a fait mon conte. Il n'y
en a que trois qui ayent un corps, comme il nous en faut un de neceffité pour le
cachet; de ces trois emblèmes la première eft une balle attachée a une corde, mais
le moyen d'exprimer cette corde fur un petit cachet? La féconde eft un Lion avec
Fortior prudentia, paroles dont je n'entends pas l'application. La 3e une Fortune
avec Super anda ferendo efî. mais cela appliqué a Mr. le Prince le reprefenteroit
comme fe plaignant de fes adverfités. Il me femble que mon Rocher battu des
vents et des vagues avec le motto IMMOTVM FERIVNT eft encore meilleur
que tout cela, mais il y faut avifer plus meurement. La contrainte qu'il y a en
cecy c'eft qu'il faut choifîr une chofe que le Graveur puifTe reprefenter fur un
petit cachet ').
') Sur la dernière page de la lettre on trouve, esquissées par Chr. Huygens au crayon, quelques
ligures avec des devises, savoir :
Un vaisseau louvoyant contre le vent, avec les devises : IMUS ET ADVERSIS, IMUS
ET IIIS ISTIS; SCIENTIBUS UTILIS, et PROSUNT III QUOQUE;un autel d'où monte
la fumée, emportée par le vent, avec SCANDIT TAMEN et SURGIT TAMEN; une
ligure représentant le vent avec la devise: QUO FERAR IGNOTUM, et les variantes:
QUIS SCIT QUO, QUO NEMO NOVIT, QUO SCIT NEMO, IGNOTUM QUO.
CORRESPONDANCE. l686. 49
N= 2417.
Constantyn Huygens , frère , à Christiaan Huygens.
1er avril 1686.
La lettre se trouve à Leideti, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2416 *).
à Dieren ce i. d'Avril 1686.
Arrivant icy hier au foir par le beau temps qu'il faifoit j'eus bien du deplaifir
de ne me trouver pas dans nôtre jardin pour faire avec vous l'eflay que j'efpere
que vous aurez fait alors j'attends avec impatience de fcauoir quel en aura efté le
iucces. Je croy que vous aurez vu aufli Saturne à cette occafion, au moins il n'aura
tenu qu'à vous de le voir.
Vous aurez fceu de ma femme le malheur que j'ay eu en pafTant par Utrecht de
perdre un Porte-manteau ou il y [a] voit ma grande Chocolatière et malheureufe-
ment un des cincq tomes de mon Pline de Hardouin 2) qui eft gâté par là. Je ne
defefpere pourtant pas de pouvoir le recouvrer, ce portemanteau, par ce qu'il n'a
pas elle volé mais perdu. Nous verrons.
Tous les avis que Ion a icy portent que le Roy eft encore en mauvais état et
pourroit bien n'en réchapper pas. Ainfi foit il.
Voor Broer Huygens.
') Sur le couvert, Chr. Huygens nota : nondum omnes. Oyen bezoecken. Glas schrijven aan du
Hamel voor Leers.
:) Jean Hardouin, jésuite, né à Quimper en 1646, mort dans la maison de son ordre à Paris, le
3 septembre 1 729. Il fut bibliothécaire au collège de Louis-le-Grand et travailla cinq années
à l'édition ad usum Delphini de l'Histoire naturelle de Pline, qui parut à Paris en 1685, sous
le titre: C. Plinii secundi historiae naturalis libri XXXVII. 5 vol. in-40.
Œuvres. T. IX. 7
50 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2418.
Consïantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
4 AVRIL l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden , coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2417.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2419.
Dieren ce 4. d'Avril 1686.
J'ay peur que vous ne vous portez pas bien derechef parce que vous ne me
mandez rien de l'efîay de nos verres pour lequel vous avez eu le plus beau temps
du monde. La Lune et Saturne ont été également beaux à voir, et fi ce n'eft pas
une indifpofition qui vous a empefché il y a un refroidifTement pour les chofes
de l'art dont je ferois fafché après que nous l'avons mené fi avant.
Si le verre que j'ay fait venir de Boilduc ') efi: arrivé je vous prie de me dire
comment vous le trouvez, et fi les placques font de l'epaifleur qu'il faut.
N'avez vous parlé encor a Gioublot 2) pour feavoir s'il veut faire des oculaires?
Je vous prie de m'en faire faire un de ce nouveau verre blanc de Schulembourg
par nortre ouvrier ordinaire, en luy recommandant de le bien achever et de ne
le polir pas comme vous dites qu'il fait, en frottant ville. Je le voudrois pour
l'objectif de 1 20 pieds 3), et fi le verre efi: afTez épais on pourroit tafeher de faire
l'oculaire un peu plus grand que ceux que nous avons. Vous trouverez mon verre
dans une de mes boettes ou font les morceaux, enveloppé dans du papier ou il
efi eferit defïus. Adieu j'efpere que vous ferez bien toft quitte de voftxe incom-
modité.
Voor Broer Huygens.
') Voir la Lettre N°. 2412.
:) Lisez : Joubelot ou Joublot.
3) L'Observatoire de Leiden possède deux verres de 122 pieds, datant de 1686. l'un de 192 mm.
de diamètre et portant sur son bord l'inscription 10 May 1686 C. Huygens Ped. 122, l'autre
de 197 mm. de diamètre avec l'inscription 15 May 1686 C. Huygens Ped. 122. Consultez la
Lettre N° .2387, note 4.
CORRESPONDANCE. l686. 51
N= 2419.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
6 avril 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse ut: No. 2418.
Const. Huygens y répondit par le No. 2420.
A la Haye ce 6 Avr. 1686.
Qnoyque 3 ou 4 jours après celuy de voftre départ aijent eftè beaux et clairs,
ils ne m'ont pas permis pourtant d'obferver la Lune ni Saturne a caufe du grand
vent. Il n'y a eu que le foir du Samedy que vous partiftes que j'ay pu eflaier mes
deux verres l'un de 1 11 et l'autre de 85 pieds, que je trouvay fort bons. J'envoyay
chez vous pour avoir le voftre, mais Mad.me de Zeelhem n'eftant pas au logis
je ne pus pas. et quand mefme je l'aurois eu il n'euft fervi de rien, parce que le
vent fe renforça foudain et fut fi fort, que l'agitation du maft empefehoit abfo-
lument l'obfervation, et que la fraife de papier fuft emportée, et fi loin que je n'ay
pas fçeu ce qu'elle eft devenue, du depuis le vent a toufjours eftè encore beaucoup
plus grand et l'eft encore. Lundy je fis monter un petit garçon que le charpentier
m'envoia pour remettre la corde dans la poulie d'où elle eftoit fortie, mais ce ne
fuft pas fans appréhender pour luy a caufe du balancement du maft. Ce qui m'a
fait fonger a un moyen de les faire monter dorénavant fans danger, en leur met-
tant une corde autour du corps, qui en fuite embraffe aufli le maft, et qui ne
pourra glifler vers en bas a caufe des marches. Ce vent continuel a fait pancher
notablement noftre maft, et il faudra, quand ce mauvais temps fera pafîe, l'affermir
d'avantage; en quoy les 3 cordes feraient le meilleur effeci, parce qu'elles en
empefeheroient l'agitation a la quelle il eft fujecl a un vent fort médiocre, en
forte qu'on ne peut pas s'en fervir. J'en parleray avec van de Werve.
Le verre de Bolduc n'eft pas encore arrivé; il faut qu'il leur foit arrivé un
fécond inconvénient. Je vous diray comment je le trouve quand il fera venu. Je
vous feray faire le grand oculaire que vous fouhaitez de voftre matière claire. Je
ne ferais point d'avis de confier vos formes au Sr. Joubelot. Je le verray pourtant
pour feavoir s'il n'a point de formes a luy qui piaffent compofer les diftances de
foier qu'il nous faut.
Le mal de dents m'a repris depuis ce mauvais temps, mal qui ne s'accommode
nullement avec les obfervations comme vous feavez, quand d'ailleurs le ciel y
feroit difpofè. Outre cela voila que le temps eft proche que mes horologes doivent
partir pour les Indes. Et comme ce fera cette fois tout de bon, cela me donne afïez
d'occupation à régler et préparer tout ce qui les concerne. Ainfi ne me reprochez
point de refroidiflement en ce qui eft de notre art, quand mefme j'y ferais peu
appliqué pour quelque temps.
52
CORRESPONDANCE. l686.
Je n'ay pas ofè forcir aujourdhuy et me fuis mis a lire ou a parcourir le receuil
des Journaux de cette année dernière, ou il y a des chofes afTez curieufes.
La pauvre invention pour l'ufage des Longues Lunettes que j'y trouvé1) avec
un amphithéâtre autour du maft et une vergue de charpenterie pour fervir de
fouftien au tuyau de la lunette. C'eft pag. 278.
N2 2420.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
IO AVRIL l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2419.
Dieren le 10. d'Avril 1686.
Le vent, le mal de dents, l'occupation des Pendules tout a confpiré pour em-
pefcher mes pauvres verres d'efixe effayez. Il faut qu'il ait fait plus de vent en
Hollande qu'icy ou nous avons eu trois foirees de temps fort calmes et belles.
Cet effort que le vent fait contre le maft. eft fafcheux et il faudra de necefiîté
remédier a cette incommodité. J'efpere que vous aurez trouvé quelque expédient
enfemble avec van de Werve mais en cas que cela ne foit point, je croy qu'en
dre fiant encore un maft de trente fix ou fi befoin eft de cinquante pieds a quelques
deux pieds du premier et attachant l'un a l'autre par des pièces de bois mis de
travers, ou pourroit beaucoup affermir nôtre machine. Car pour l'attacher avec
des cordes je ne voy point d'apparence parce que ces cordes donneroyent bien de
l'embarras aux endroits ou il faudroit les attacher et qu'il faudroit denecefiitéque
l'une des trois le fufi: dans le jardin du Prince Maurice *) ou nous n'avons rien
a dire.
De mettre un plus grand appuy du coflé du Weft a nôtre mail ferviroit toufjours
de quelque chofe quoyque peut eftre cela ne fuffîroit pas tout à fait. Il faudroit a
') Description d'une Machine pour l'usage des grandes Lunettes, de l'invention deMons.Cusset
de Lion, présentée à Mrs. de l'Acad. R. des Sciences. 1685. Journal des Sçavans du Lundy
28 May. m.dc.lxxxv.
') Voir la planche vis-à-vis de la page 505 du Tome IV, et la note 1 de cette page.
CORRESPONDANCE. l686. 53
mon avis qu'il euft quelques dixhuic pieds de haut et qu'avec le bout d'embas il
fuft tout contre la feparation de nôtre jardin.
Je vous recommande cependant d'eflayer mes objeftifs dans Saturne que l'on
voit fi bien maintenant une demie heure que vous mettrez a cela n'empefchera
pas les Pendules de partir. Je vous recommande l'oculaire de la belle matière :
je croy qu'il fera auffi bon de le faire faire a noftre homme qu'a Joublot, qui
afTeurement nous traifneroit encore plus que l'autre.
Voor Broer Huygens.
N= 2421.
Christiaan Huygens à C. du Puij Espinasse ').
12 avril 1686.
La copie se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Viro Nobili Carolo du Puij Epinaffio, per hanc temporum iniquitatem, dum
religioni confulit, è Gallia profugo, mihique antehàc, dum illic agerem, optimè
noto; quandoquidem hoc ipfum meo teftimonio comprobari expetiit, lubens
volenfque qualecumque hoc officium praeiliti. Adeoque haec vifuris adfevero
virum hune eximium, in Academià Parifina, Geometriae et rerum naturalium
ftudiis excolendis a Ludovico XIV inilituta, mecum annos aliquot verfatum, qui,
fi bene memini fuere a Chrifto Nato 1 670, cum diebus proxime fequentibus, quo
tempore et annuâ penfione Régis illius Sereniflîmi nomine dotatum fcio; et Exer-
citijs obfervationibufque cum Allronomicis tum Geometricis egregiam operam
navafle; donec ab IUuftriffimo Colberto, Caleti atque aliorum locorum munitioni-
bus procurandis praeficeretur. Dabam Hagae Comitis 1 2 Aprilis A°. 1686.
Chr. Hugenius de Zulichem.
') Charles du Puy Lépinasse, émigré français, fut nommé ingénieur général, le 12 mai 1692.
(Registres de la Bibliothèque Wallonne).
54 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2422.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
l8 AVRIL l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2420.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2424.
Dieren le 18. d'Avril 1686.
'S Gravefande m'efcrit de BolDuc qu'il croid me pouvoir envoyer le verre que
j'ay commandé de cette femaine icy et qu'on devoit biffer les pièces quarrées,
fans employer l'anneau de fer. Je vous prie d'en donner deux pièces lors qu'il
fera venu, une de la moindre et une de la moyenne grandeur a nôtre homme au
Wage (tract pour les aplattir, parce que j'ay envie de faire un efTay de ce verre des
que je feray de retour, a quinze jours d'icy.
Pour l'efîay de mes deux objeclifs je n'en parle plus par ce que je ne croy pas
que touts les obftacles mentionnés dans vos précédentes fe pourront furmonter,
tellement qu'il faudra, je croy, étendre ma patience jufques à mon retour.
J'efpere cependant que vous aurez eu foin de faire fortifier le mail, dont la chute
brouilleroit toutes nos affaires.
Vous ne me dites rien de vôtre incommodité, je le prens pour un bon ligne.
S'il vous elloit venu quelqu'avis de France je croy que vous m'en auriez fait
part. C'efl: eltrange comme il n'en vient point.
P. S. Je voudrois que vous donnaffiez encore un verre de la troifieme grandeur
pour eftre aplatty.
Voor Broer Huygens.
CORRESPONDANCE. l686. 55
N£ 2423.
Christiaan Huygens à Thomas Helder.
23 avril 1686.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
0 Inftruétie en onderwijs aengaende het gebruijck der
Horologien tôt het vinden der Lengde van Ooft en
Weft2).
I. Men fal twee van de nieuwe flingerwercken mede 't fcheep nemen, om of
het eene bij ongeluck of bij verfuym quam ftil te ftaen, of dat, door lanckheijt van
tijdt vervuijlt fijnde, fchoon gemaeckt moed werden men akijdt een aen de gangh
blijve houden. Als mede om dat het eene horologie de faute van 't ander veeltijdts
kan ontdecken, gelijck hier nae gefeght fal werden.
II. Om de horologien in 't fchip op te hanghen, fal men in de Cajuyt ofte
andere bequaeme en drooghe plaets een kleyn hockje afschieten, en het felve
dicht toekalefaten voor het ftof, om dat de horologies van onderen open fijn. Hier
dient een veniter in te komen en een tafeltie geftelt te werden, daer op men, des
noodt fijnde, de horologien kan neer fetten en uijt malkander nemen.
III. De figure van 't horologie, en van de yfere raemen daer het in hanght is
hier neven geftelt, om te connen aenwijfen hoe het felve in 't fchip vail gemaeckt
moet werden, en wat daer omtrent is te obferveren.
ABCD is een ijferen beugel, boven met een kruijs, maeckende EF rechte
') En marge se trouve écrit de la main de Christiaan Huygens :
December 1685. Hier van Copije medegcgeven met de Horologien aan
Tho. Helder, den 23 April 1686. Welcke om de proef van defe inventie te
nemen nae de Caep de B. Efperance gefonden werdt door de Bewinthebbers
van de O. Indifche Compagnie met Schipper Jan Geleyn.
Il paraît donc que la pièce a été écrite en décembre 1685. On trouve dans le livre F des
Adversaria des fragments assez étendus, écrits évidemment comme première ébauche de cette
pièce plus complète et plus détaillée.
2) Il résulte de cette pièce que Christiaan Huygens, dans le premier essai fait sous sa direction de
l'application des horloges à la détermination de la longitude sur mer, n'a pas encore voulu
abandonner les. horloges à pendule, auxquelles il avait apporté quelques perfectionnements.
L'expérience seule, en effet, pouvait décider s'il ne serait pas possible de maintenir, par une
suspension appropriée, l'influence du mouvement du vaisseau dans des limites telles, que l'on
conserverait l'avantage que les horloges à pendule présentent au point de vue de la constance
de leur marche sur les montres à ressort en spirale. La note: „vitium elateris ex mutatione
calons", écrite par Huygens en 1686 dans les „Anecdota", montre d'ailleurs qu'il avait
reconnu, dans la grande sensibilité de la marche des montres à ressort pour des variations de
température, une source d'erreurs considérables. Le perfectionnement réalisé plus tard dans les
derniers a fait prévaloir, comme on sait, l'application de cette seconde invention de Chr.
Huygens.
56
CORRESPONDANCE. l686.
hoecken met BC. den grootften raem is GH, draeyende op fîjn affen A en D, die
door de onderfte eijnden des voorfeijden beugels doorfleken. IK is een kleijnder
raem die met fijn aflTen R en de tegenovcrftaende die men hier niet fien en kan,
draeyt in den raem GH. Aen defen raem IK recht onder de aflen R fijn gehecht de
neergaende ijfers LM, NS, die naer onderen te faemen loopen, en aldaer aen
malkander vafl: fijn, hebbende een fchroef nae onder uytfteekende, daer het ge-
vvight T, dat in midden een wijdt gat heeft, aen gefchoven werdt, en onder met
een plaetjen, en het moertje O, vaft gehouden foo dat het onbeweeghelijck daer
aen fit. dit gewight is outrent van 40 pondt, hoe mcer hoe beter. Het horologie
CORRESPONDANCE. l686. 57
is P, 'cwelck dan eerft in den raem IK geplaetft werdt alsdie met het voorfeijde
hanghfel tegen 't verdeck vaft gemaeckt is. dit doet men met de fchroeven E en
F. en foodanigh dat den arm EF in de Lenghde van 't fchip kome, en het geheele
kruijs EFBC vlack horizontael ofte altijdt daer ontrent als het fchip ftil leght,
op dat het horologie te min noot hebbe, in 't hellen van 't fchip, om tegen de
armen BA en CDaen te ftooten. maer vooral moet wel gelet werden dat dit kruijs
met aile vier fijn tacken wel vall en pal tegen het verdeck aenkome; fteeckende,
indien het noodigh is, eenighe wiggen of blockjes boven de eijnden B en C. Want
anders fal het horologie door de kracht van fijn flinger een kleijne, alhoewel
veeltydts onfichtbare, bewegingh krijghen, die fijn gangh doet verhaeften en
't eenemael ongelijck maeckt.
IV. Om het horologie recht te doen hanghen, fal men het onderfte loot M foo
langh verfchuijven en omdraeijen ('t welck om de ruijmte van 't gat dat daer mid-
den in is gemackelijck kan gefchieden) tôt dat een rondt bolletie of knicker Q op
de bovenplaet vallen laetende daer niet af en rolle. Als men dit eerft, aen Landt
fijnde, gedaen heeft en dan het loot T geteijckent met fchrabben daerop tehaelen
langhs het kruijs M S, foo fal het in 't fchip mede recht hanghen als men het loot
weder volgens die teyckens aenfchroeft.
de flinger die triangels wijfe gemaeckt is met fijn loot onder aen, fal men eerft
aenhaecken nae dat het horologie in den raem rtaet, om dat anders gevaer loopen
fonde van verboghen of gebroocken te werden.
Het horologie aen de gangh en geftelt fijnde, fal men het onderfte loot niet
meer verfchuijven of verdraeyen, noch oock eenigh meerder gewight daer bij
doen.
V. Om de horologien op de rechte maat der daghen te brengen, of te weten
hoeveel ze in 24 uren te ras ot
te langhfaem gaen.
Men kan dit doen of als de
horologien aan Landt fijn. of als
fe in 't fchip opgehangen fijnde
het Landt dicht bij is. of oock
als men opancker leght, alwaer
't dat men geen landt en fagh.
Om fe aen landt fijnde te
ftellen, ofte oock om haer gangh
tegens malkander te beproeven,
is noodfaekelijck dat men fe
ophanghe ider aen een fchraegh,
ontrent van defe hier nevens
geftelde form, wiens eene endt S aen een muer ofvenfterbank vaft gefpijckert
iïj; en aen welkers kruijfhout TV de tacken EF, van den bovengemelten ijfercn
Œuvres. T. IX. 8
58 CORRESPONDANCE. 1686.
beugel, vaft gefchroeft werden. anders fal de kracht van de flinger de ganfche
(chraegh doen bewegen als die niet aen iets onbeweeghelyx vaft en is. Indien
men een vertreck van laeghe verdiepingh hadde, waer het noch beter den raem
aen een balck vaft te fchroeven.
VI. Aen landt geftelt fijnde op de manier die terftont geleert fal werden kan
men de flingers te faeme met haer loot, fachjens af haecken en dan daer nae, als
de horologien in 't (chip gehangen fijn, met de gewichten onder aen even foo als
die aen Landt geteijckent waren, weder aenhaecken. Indien nu haer daghelyx
verfchil tegens malkander het felfde bevonden werdt als het aen Landt was, foo
magh men voor vaft houden dat beijde de horologien oock haer vorighe gangh
behouden hebben, en men behoeft haer daghelijx verfchil van de middelmatighe
daghen niet van nieuws te onderfoecken. Maer indien haer daghelijx verfchil
tegens malkander nu anders bevonden werdt, foo fal men haer gangh weder moe-
ten examineren op een van de volgende manieren. waervan de eerfte de felfde is,
die men aen Landt fijnde moet gebruycken om het daghelijx verfchil te onder-
foecken.
VII. Want aen Landt fijnde, ofte 't fcheep daer men het Landt dicht bij heeft,
fal men aldaer doen obferveren wanneer de fons middelpunt tegen over 1 recht
neer gehangen of gefpannen draeden in de meridiaen komt, gebruyckendedaertoe
een doncker glas; of wanneer eenige der varie fterren achter eenigh huijs of iets
ander dat vaft. ftaet fich komt te verbergen ; fijnde het oogh mede op een vafte en
feeckere plaets geftelt van waer het door een gaetjenof vifier defe waerneminge
doen mach. Met als men dan de fon of lierre op die plaetfe fiet aengekomen, fal
men een teycken doen aen die 't fcheep is bij het horologie, opdat hij de ure
minute en féconde aenmercke en aenteijckene. En dit aldusop verfcheijde daghen,
om het horologie hier door ten naeften bij op fijn maet te brengen, ofte alleen
maer om te weten hoe veel het in <i\ uren te ras ofte langhfaem gaet, want dit
genoegh is.
VIII. De laetrte manier is als men op ancker leght en geen gelegentheijdt en
heeft om aen Landt eenighe obfervatie te doen. dan kan men, door waernemingen
van den op of ondergangh der fonnc, het horologie ftellen, ofte, als gefeght is,
fijn daghelijcks verfchil te weten komen maeckende de rekeningh als terftondt
geleert l'ai werden. Maer eer wij daertoe komen fullen wij eenighe verklaeringh
doen aengaende het onderfcheijdt der daghen die bij de fon af gemeten werden,
en de middelmaetighe en gelijcke daghen die een volkomentlijck wel geftelt
horologie verthoont. Want fonder dit onderfcheijdt in acht te nemen, noch de
horologien nae de fon geftelt konnen werden, noch de gefochte Lengden op zee
gevonden.
IX. Het is dan te weten dat de daghen van den eenen middagh tôt denanderen,
ot van dat de fon in 't zuijden geweeft hebbende wederom in 't zuijden komt,
cenighlins ongelijck fijn, 't welck oorfaeck is dat een horologie, alhoewel 't eene-
CORRESPONDANCE. l686. 59
mael correct gaende en nae de maete der middeldaghen, niet altijdt met de Ton en
fal accorderen, maer fomtijdts wel een half uijr verfchelen, en van felfs weder te
recht komen. De redenen van defe ongelijckheijdt der daghen is tweederleij ;
d'eerlre de fcheuijnfheydt van de Ecliptica ofte fons wegh tegen den Equinoctiael;
d'andere de ongelijcke loop der fonne in defe lijne wegh. Want een natuerlijcke
dagh, van d'eene middagh tôt de volgende, bertaet in een keer van den Eqninocliael,
en noch daerenboven van dat deeltien van den Equinocliaal dat te gelijck den
meridiaen pafîcert met het deeltie van de Ecliptica dat de Ton in dien dagh gevor-
dert heeft. Welck deeltie des Equinoftiaels dan ongelijck valt om de twee voor-
feijde redenen. maer nae de middelmaet fonde het lîjn van 59 min. 8". 20"'. welcke
den meridiaen pafferen in den tijdt van 3 min. 56" feconden. Het horologie nu
correct geftelt fijnde begrijpt in fijn 24 uren een keer van den Equinoétiael, en
daerenboven van de voorfeijde 59 min. 8". 20". Waerom dan oock defen mid-
delmaetigen dagh der horologie langer is als een Equinoétiaels keer, ofte als een
keer van de vafte fterren, foo veel als de voorfchreven 3' min. 56".
Defe redenen van de ongelijckheijdt der daghen werden bij aile de Attronomi
aldus nytgeleght; alhoevvel de vereffening des tijdts die daer uijt fpruijt bij d'eene
anders als bij d'andere gebrnijckt werdt, en bij meelr. aile feer verkeert 3). Doch
om te komen tôt het gebruijck defer vereffening in 't flellen der horologien, dat
bcllaet hier in, namentlijck om te weten hoe veel een feeckere fpatie van tijdt, bij
de fon afgemeten, verfcheelt van den tijdt ofte uren getal aen het horologie te
gelijck verftreecken. Want hierdoor fal men bekennen of een horologie op fijn
bchoorlijcke maet geftelt is, of hoe veel het dagelijcks te ras ofte langfaem gaet.
Hier moet de Tafel van de vereffening des Tijdts
geftelt werden4)-
Hiertoe nu dient de nevenfgaende Tafel, die voor de naeftkomende hondert
jaer en meer kan dienen; door welcke men uijt den tijdt ofte uren getal aen het
3) A ce sujet, on rencontre dans le Livre F des Adversaria, à la tin d'un petit traité, écrit en
français: de l'Equation du temps, la note suivante:
De confHtuendis Epochis Tabularum duae funt auftorum fententiae. „Alii enini ad Tem-
pus apparens eas refcrunt ut Alphonfius, Ptolemaeus, Copernicus. Alii ad Tempusaequale
five médium ut vocant, in quibus Tycho, Longomontanus, Lanfbergius, Keplerus, Bullialdns
&c. Itemque Ricciolus ut patet ex iis quae fcribit Almag. parte 1, lib. 3, cap. 33, sect. 3. In
exemplo fuo errât in computando temporis intervallo ab obfervatione ad finemanni.Sedrefte
colligit pag. 256 ejufdem partis ubi Epocham Lunaris Longitudinis conflituit. Ipfa vera
methodus ipfius omniumque qui ad tempus médium Epochas accommodant prorfus erronea
efl. Copernicus autem recte fuam Lunae Epocham conflituit, credo Ptolemeum fecutus. Et
haec fola vero eft ratio."
4) Les exemples qui vont suivre permettent de conclure que cette Table est identique avec celle
de r„Horologium Oscillatorium".
60 CORRESPONDANCE. l686.
horologic verftreecken, fal vinden den tijdt bij de Ton te gelijck afgemeten, vol-
gende akijdt defen Regel, te weten, dat men van het uren getal der horologie
aftrecke het getal der Tafel V welck behoort tôt den dagh der eerfîe waememinghe,
en daer weer bij addeere het getal V welck behoort tôt den dagh der laetflewaer-
neminghe. Want 't geen hier dan komt fal even fijn aen het uren getal bij'de Ton
afgemeten, indien het horologie op de rechte lengde der middelmaetighe daghen
geftelt is. M'aer indien het horologie te ras gaat, foo fal het gevonden uren getal
overtreffen dat van het uren getal aen de fonne verftreecken; en foo het te lang-
faem gaet, foo fal het gevonden uren getal minder fijn als het felve uren getal aen
de fonne. waerdoor dan het daghelycks verfchil openbaer werden fal.
X. Bij exempel, om aen landt fijnde de gangh van 't horologie 't onderfoecken
door obfervatie van de fon in den meridiaen. Genomen dat ick den 22 Martij
(het is evenveel in wat jaer) de fon in den meridiaen recht overtwee draeden,
gefien hebbe, het horologie wij fende
op 11 ur. 58'. 10".
En wederom dat 8 daghen daer nae (hoe meer hoe
beter) te weten den 3o.en Martij de fon in den meri-
diaen gefien werde als het horologie wees op 11 ur. 57'. 20".
den verftreecken tijdt tuflchen beijde is aen 't horo-
logie 7 daghen 23 ur. 59'. 1 o".
Hier af getrocken het vereffeninghfgetal 't welck in de
Tafel behoort tôt den 22 Mart 8'. 3".
Ende weder bij gedaen dat van den 30 Mart. fijnde .... 10'. 40".
komt 8 daghen o ur. 1'. 47".
dit nu, indien het horologie op de rechte maet geftelt waer,moeft gelijck wefen
aen den tijdt bij de fonne afgemeten; dewelcke is effen van 8 daghen, dewijl de
fon beijde de daghen in den meridiaen geweeft is. Soo gaet het horologie dan te
ras, in 8 daghen, defe 1' min. 47" fec. Welcke door 8 gedeelt, foo komen 13" fe-
conden 22'" tertien voor daghelijckfe vordering. Waer van men op de reys reke-
ningh houdende, niet van nooden heeft het horologie netter te ftellen.
XI. Als men door hulp der vafte fterren de voor of achteringh der horologien
obferveert foo en moet men geen vereffeningh der daghen in de rekeningh ge-
bruycken. maer dan moet men gedencken 't geen hier te v'ooren gefeght is, te
weten dat een fterren dagh, 3' min. 56" feconden korter is als een fonfdagh, foo
dat een horologie dat in d'eerfte obfervatie van 't verdwijnen eener vafte fterre
wees op 12 uren; des anderen daeghs met het verdwijnen der felve fterre moet
wijfen op 1 1 uren 56' min. 4" feconden om correct op de maet der daghen geftelt
te fijn.
CORRESPONDANCE. l686. 6\
XII. Om als men op Ancker leght de gangh van 't horologic te onderfoecken.
Genomen dat wij, met den fchrijver van 't Joumael
der reyfe naer Candia 5), de fons center den 9 Julij 1669
fmorgens fien in den horizon komen als het horologie
wijft op 2 ur. 56'. 6".
En het felve van gelijcken weder fien op komen den 19
Julij als \ horologie wijft 2 ur. 52'. 28".
den tydt tuflehen beijde aen 't horologie verftreecken is
van 9 daghen 23 ur. 56'. 22".
waer af getrocken het vereffening getal van den 9 Jul. te
weten 11'. o".
En bij gedaen dat van den 19 Jul. te weten 9'. 58".
komt 9 dag. 23 ur. 55'. 20".
dit moeft, indien het horologie correct gellelt was, gelijck wefen aen den tijdt
bij de fonne afgemeten tufTchen de felfde twee obfervatien; welcken tijdt lichte-
lyck bereekent werdt uijt de bekende Polus hooghte en de tafelen van de fons
declinatie gelijck hier nae gethoont fal werden. Ende komt den opgangh der
fonnen middelpunt den 9 Jul. nae de rekeningh ten 4 ur. 50'. 38".
waer af getrocken 2'. 54".
die de dampheffing de fons opgangh deed verhaeften, foo
was de fchijnbaren opgangh des centers ten 4 ur. 47'. 44".
wederom was der fonnen middelpunts opgangh den 19
Jul. ten 4 ur. 56'. 2".
waer af getrocken 2'. 54".
voor de verhaefting van wegen de dampheffingh foo was
de fchijnbaren opgangh ten 4 ur. 53'. 8".
Hier af getrocken de voorgaende opganghtijdt 4 ur. 47'. 44".
foo refteert boven de 10 daghen o ur. 5'. 24"
voor den berekenden tijdt bij de fonne afgemeten tuf-
fchen de twee obfervatien, maer den tijdt door 't horo-
logie gevonden, was van 9 dag. 23 ur. 55'. 20"
foo was die minder als de fonnentydt effen o ur. 10'. 4"
Twelck door 10 daghen gedeelt komt
de daghelijckfe verachteringh der horologie 1' o" 24"
;) Ue la Voye; voir la Lettre N°. 1 806.
6l CORRESPONDANCE. l686.
Men kan in defe rekeningh achterweghen laeten het geen van de dampheffinghs
verhaeilingh op beijde de daghen afgetrocken is geweeft, dewijl die verhaeftingh
in den tijdt van 10 daghen ofnoch meer, niet merkelijck en verandert. En van
gelijcken als men den ondergangh der ibnne twee mael waergenomen heeft, kan
men de vertraegingh des felfs door de dampheffing veroorfaeckt achter laeten.
Maer indien men ecn opgangh en een ondergangh vvaer genomen heeft, dan moet
het effecl van de dampheffingh wederfijds mede gerekent werden. En dewijl het
felve oock moet gefchieden in 't meten der Lengden door de fons op of onder-
gangh, foo fullen wij hier thoonen.
XIII. Hoe men fal vinden hoe veel vroegher de Ton opgaet, of hoeveel felaeter
ondergaet van weghen de dampheffingh, als fe inderdaet, ende nae rekeningh op
of ondergaet.
Men fal waernemen in 't opgaen van de fon, wanneer der felve bovenkant fich
aen den horizon begint te laeten fien, en teyckenen te gelijck aen de ure minute
en féconde die het horologie als dan wijft. En wederom van gelijcken als de on-
derkant van de fon even op den horizon gekomen is. Soo veel nu als den tijdt is
tufïchen beijde verftreecken, foo veel fal men oock weten dat de fons fchijnbare
opgangh vroeger gebeurt als de waere ofte nae de rekeningh, beijde op de fons
middelpunt genomen. Van gelijcken fal men door het horologie den tijdt meten
die de fon beftecdt in 't ondergaen. aen welcken tijdt gelijck fal fijn die van de
vertraeghingh van de fchijnbaren ondergangh boven de waere of berekende.
De reden hier van ontftaet uijt dat de horizontale Refraétie of dampheffingh is
ontrent van 31' minuten. En dat oock de fons diameter is van 31' minuten. Want
door de dampheffingh verthoont fich het center der fonne in den horizon, als het
31' minuten onder den horizon gedaelt is; om welcke 31' minuten te daelen even
foo veel tydts van nooden is geweeft als de fon befteedt om onder te gaen ; dewijl
fijn diameter mede is van 31' minuten, dacrom dan defen tijdt tufïchen het onder-
gaen van het onderfte en bovenfte deel der fonne, gelijck is aen den tijdt die
de fchijnbaeren ondergangh des centers laeter komt als de waere, ofte nae de
rekeningh gevonden, ondergangh. Defe tijden, die de fons rondt in 't op en
ondergaen befteedt, moeten op haer kortfte fijn in de Evenachts tijden; en hoe
naeder de fon aen de Tropici ofte fijn keerpunten komt hoe defelve langhermoeten
werden.
XIV. Wij hebben de grootfte horizontale dampheffing gefeght te fijn van 31'
minuten, gelijck dit bij andere geftelt werdt, doch bij aile niet eenparigh. De
befte manier om defelve door waerneminghe te onderfoecken verfchaffen defe
horologien, want indien men obferveert, op een felven dagh, de ure van den figh-
baren opgangh en ondergangh der fonnen middelpunt, foo fal men hebben de
lenghde van den fchijnbaren dagh. maer de lenghde van den waeren dagh fal men
door Rekeningh vinden uijt de fons declinatie en Polus hooghte. Soo veel nu den
fchijnbaren dagh langher gevonden werdt als den waeren dagh, van dit verfchil
CORRESPONDANCE. l686. 63
de helft genomen, fal wefen den tijdt dat de fons center nae de fchijn 's morgens
eer, en 's avondts laeter, in den horizon is als nae de waerheijt. Als men dan mede
den tijdt aengeteeckent heeft die de fon in 't op of ondergaen befteedt, foo fal
men feggen, in deien tydtdaelen de 31' min. van de fons diameter,hoe veel minu-
ten fullen daelen in den te vooren gevonden tijdt van 't halve verfchil tufTchen
den vvaeren en ichijnbaren dagh; Ende fal komen voor de minutender horizontale
dampheffingh.
XV. Om de ure van de fons waere opgangh of ondergangh te vinden als de
Polus hooghte en fons declinatie bekent is.
Dit is een lichte en bekende Reeckeningh, te weten Gelijck den Radius of
halfmiddellijn tôt de Tangens van de Polus hooghte, alfoo Tangens van de fons
declinatie tôt finus van 't Complément der halve nachtboghe. welcks graden door
15 deelende, om tôt uren te maecken, fal men hebben de ure der fonnen opgangh.
En defe ure van 1 2 treckende, fal men hebben de ure der ondergangh. Wel te
verftaen als de plaets der obfervatie, en de fon, aen de felfde fijde van den Equi-
noéliael fijn. Maer indien fe aen contrarie fijden van den Equinocliael fijn, foo
werdt de alhier gevonden ure der opgangh genomen voor de ure der ondergangh,
en de ure der ondergangh voor die van den opgangh. Door de Logarkhmi valt
defe reeckeningh feer licht, fijnde alleen de twee voorfchreven tangenten haer
logarithmi te adderen, en van de fomme af te trecken de logarithmus van den
Radius dat is logar. van de Sinus van 90 graden, en fal de relt fijn de logar. van
de finus complementi der halve nacht boghe.
Als men de fons declinatie uijt de gewoonlijcke Tafelen neemt, behoort men in
acht te nemen dat ieder declinatie geftelt is op den middagh van fijn nevenftaende
dagh, en dat daerom de felve ietwes vermeerdert of vermindert moet werden als
men wil hebben die van de fon in 't ondergaen of opgaen. Als mede van weghen
dat de Tafelen van declinatie berekent fijn op feeckeren meridiaen, als van
Amfterdam of andere plaets, doch evenwel is te weten, dat niettegenftaende hier
op geen acht gefiaghen wierdt, daer uijt weynigh faute te vrefen fonde fijn,dewijl
het verfchil van 8 of 10 minuten in de fons declinatie meeften tijdts feer weynigh
veranderingh kan maecken in den tijdt des op of onderganghs.
XVI. Om het horologie te ilellen op de ure der fonne.
Nae dat men de daghelijckfe vorderingh of verachteringh van 't horologie on-
dervonden heeft, moet men het, eer men vertreckt, op de ure des daghs, ofte die
het aen de fon is, perfect ftellen: 'twelck gefchiedt of door de fons hooghte te
nemen als die ontrent het ooften of weftcn komt, of door het waernemen van de
fons op of ondergangh ; want om de fon in de meridiaen te obferveren daer toe
foude men op 't landt een correcte middaghlinie moeten gevonden hebben, en
met het fchip niet veer daer van daen leggen. Want om door de grootltc fons
hooghte te willen onderfoecken wanneer het 1 2 uren is daer is te veel onfeecker-
heijdt in, gelijck al te vooren gefeght is.
6\ CORRESPONDANCE. l686.
De belle manier is door de fons op of ondergangh als men die hebben kan,
ende is aldus. Men fal voor eerfl: het horologie aen de gangh fetten, en de
wijfers op de ure en minute die men bij giffingh meent te fijn. Als men dan
de Ton 'fiet op of ondergaen, fal men waer nemen en aenteijckenen wat ure het
horologie wijft als de bovekant en als de onderkant aen den horizon komen,
van welcker uren fomme de helft genomen, fal fijn de ure aen 't horologie doe
de fons middelpunt in den horizon was. Laetendc ondertufTchen het horologie
al voort gaen, fal men uijt rekenen wat ure de fon op of onder moeft gaen, door
de gegeven polus hooghte en fons declinatie. En indien het de fons opgangh is fal
men aftrecken, maer foo het de ondergangh is bij doen tôt defe berekende ure foo
veel tijdts als de fons rondt met opgaen of ondergaen doorgebracht heeft; want
dit even foo veel is als de fchijnbare opgangh des middelpunts vroegher, of de
ondergangh laeter komt als de berekende, gelijck hier vooren is bewefen. De ure
nu van dat de fchijnbare opgangh moeft gebeuren aldus gevonden fijnde, foo fal
men fien hoe veel de ure van 't horologie, doe de fons middelpunt op of onder
gingh meerder of minder is als defe. Waer nae men 't horologie achterwaerts of
voorewaerts fal fetten; fonder nochtans de fécond wij fer te verfetten dewijl die
op de 60 moet komen als de ontfluytingh, en opwindingh van 't kleijne veertie
gefchiedt.
Bij exempel den 10 decemb. 1685 m TefTel, willende des avondts het horologie
op de ure van den dagh ofte van de fon ftellen, foo fet ick het voor eerft op de
ure die het is bij giffingh. Voorts fien ick dat de fons onderkant aen den horizon
raeckt als het horologie wijft op 4 ur. 14'. 44".
En de bovekant verdwijnt als het wijft 4 ur. 20'. 16".
foo was het middelpunt in den horizon ten 4 ur. 17'. 30".
de berekende ure des onderganghs van de fons middel-
punt vind ick ten 3 ur. 41'. 52".
te weten door de polus hooghte van 53 gr. 6 min. en
door de fons declinatie van 23 gr. 4 min.
daer bij gedaen van weghen de dampheffings vertraegen 5'. 32".
komt de fchynbare ondergangh ten 3 ur. 47'. 24".
dit afgetrocken van de ure der horologie 4 ur. 17'. 30".
komt voor 't geene het horologie voor is o ur. 30'. 6".
Sooveel dan moet het horologie achterwaerts gefet werden. Om 't welck te doen
loo fet eerfl: de minut wijfer 30' te rugh. daer nae houdt de flinger ftil geduerende
6 feconden, dewelcke bij u felven tellen fuit ofoock aen de flinger, laetende de
(elve alleen een feer kleijne beweghing fonder dat de fécond wijfer voort gae. de
6 feconden verftreecken fijnde, geeft dan de flingher weer fijn gewoonlycke
gangh.
CORRESPONDANCE. l686. 65
Indien het horologie foo veel als defe 30 min. 6 fec. voort hadde moeten gefet
werden; dan fonde men de minut wijfer 31 minuten voort gefet hebben, te
weten een meer als de 30; en dan de flinger 54 feconden op gehouden. Want van
3 1 minuten aftreckende 54 feconden, blijven 30 min. 6 feconden die het horologie
moeft voort gefet fijn.
XVII. Hoe men door middel der Horologien het verfchil der Lenghden op zee
lai vinden.
Men weet dat de Meridiaen van eenighe plaets der Aerde is den grooten hemel
circel, diens vlackte paiïeert door de twee Poli en door defelve plaets.
En dat twee plaeden op d' Aerde foo veel graden gefeght werden in Lenghde
te verfchelen, ofte foo veel graden ooftelijcker of weftelijcker d'eene als d'andere
te leggen, als den boghe des Equinocliaels, tufTchen de meridiaen der felve plaet-
fen begrepen, graden uytmaeckt.
Dewyl nu de fon,ieder 24 uren, aile de meridianen pafTeert, van deplaetfen der
ganfche aerde; en dat het op ieder plaetfe middagh is als de fon aldaer in de meri-
diaen komt; foo volght dat een plaets die ^ van den heelen omloop der Aerde,
dat is 15 graden, ooftelycker leght als een andere, haer middagh een ure eerder
fal hebben als de wellelijcker plaets, en van gelijcken aile de uren van den dagh
een ure vroegher. Soo ooek een plaets die 90 graden ooftelijcker leght als een
andere, fal haer middagh, en aile d'andere uren, 6 uren eerder hebben. En foo
voorts nae proportie in aile diftantien der meridianen.
Daeiom indien men op zee kan weten wat ure het is ter plaetfe daer men is
afgevaeren, en ooek wat ure het is ter plaetfe daer men fich bevindt: foo fal men
uijt het verfchil defer beijder uren befluijt maecken onder hoe veel ooftelijcker of
weftelijcker meridiaen men gekomen is, rekenende, als gefeght is voor ieder ure
15 graden, en voor ieder minute tijdts, 15 minuten der Lenghde.
Welcke graden, als men onder den Equinocliael feijlt recht ooftelijck of
weftelijck aen, ieder 15 duytfche mijlen maecken. doch hoe veerder van den
Equinoctiael, hoe minder mijlen in een graedt, volgens de Tafelen die daer van
berekent fijn.
Door de horologien nu, als die een eenparighe gangh hebben kan men altijdt
weten de ure aen de fon van de plaets daer men is afgevaeren, en daer men defelve
met de fon geftelt heeft. Want haer daghelijckfc voordering ofachtering bekent
fijnde, werdt daardoor voor eerft de ure die'llj wijfen gerecht; en dan voort uijt
de Tafel van de Tijdts vereffeningh nemende de twee getallen die tôt den dagh
des vertrecks en tôt den tegenwoordigcn dagh behooren, foo treckt men heteerfte
altijdt van de voorfeijde gerechte ure, en men doet daer weder bij het tweede ge-
tal; dan heeft men de ure die het aen de fon is ter plaetfe daer men is afgevaeren.
Maer de ure der plaetfe daer men is op zee, vindt men door het obferveren van de
fons hooghte, ofte noch beter door de fons op of ondergangh; alfoo men die feer
perfect en fonder 't gebruijck van cenigh inftrument kan onderfcheijden; reke-
Œuvres. T. IX. o
66 CORRESPONDANCE. l686.
nende door de bekende Polus hooghte en declinatie der ibnne wat ure het is ter
tydt van de waergenomen fons hooghte ofte doe de fon op of onder gingh. Indien
nu defe laetfte ure meerder is als de andere door de horologien berekent op den
felven tijdt der obfervatie aen de fon, foo is men gevordert ten Ooften; maer foo
de laetfte ure minder is, ten Weften. Ende het verfchil der uren maeckt bekent,
als gefeght is, het getal der graden tufTchen de meridianen der twee plaetfen, ofte
hoe veel die in Lenghde verfchillen.
XVIII. Eerfte Exempel van de vindinghe der Lenghde, door waerneminghe
van de fons hooghte.
Laet het horologie op de ure der fonne geftelt fijn tôt Toulon den 30 Maj. 1 669
's avondts ontrent 5 uren en de daghelijckfe verachtering van 't horologie zij 53"
feconden.
Sijnde nu op zee den 15 Junij, om te vinden op wat Lenghde ick gekomen ben
ten aenfien van Toulon, foo obferveer ick savondts de fons hooghte boven den
horizon 15 grad. 42' min. als het horologie wees op . . . . 4 ur. 40'. o".
Hier bij gedaen voor de verachtering der horologie van
den 30 Maj. tôt den 1 5 Junij o 14'. 8 ".
komt de ure die het horologie te Toulon foude gewefen
hebben, indien het correct op de maet der daghen geftelt
waer geweeft 4 ur. 54'. 8 ".
Hier afgetrocken het verefFening getal van den 30 Maj . o. 18'. 26".
Ende bij gedaen het getal van den 15 Juny uyt de felve
Tafel der vereffening des tijdts o. 15'. 37".
komt de ure aen de fon tôt Toulon 4 ur. 51 . 19".
Maer de berekende ure uijt de voorfeijde 15 gr. 40' min. geobferveerde fons
hooghte; en uijt de bekende Polus hooghte, welcke zij geftelt van 36 grad. 50'
min. en uijt de fons declinatie, die defen 15 Juny was van 23 gr. 23 min. defe
berekende ure, fegh ick is 5 ur. 49'. 52".
waer afgetrocken de ure aen de fon tôt Toulon, komt het
verfchil der Leugde ooftelijck 58'. 33".
Ick fegghe ooftelijck om dat de ure tôt Toulon minder is als op de plaets der
obfervatie.
Om de ure te vinden uijt de fons hooghte, foo en moet men fich vertrouwen op
haere middaghs hooghte, om daer uijt te befluijten dat het 1 2 uren is, ten waer dat
men tufTchen de Tropici vaerende de fon in het toppunt hadde of feer nae bij.
Want anders, de fon ontrent het zuijden wefende, blijft eenighen tijdt fonder
merckelijck van hooghte te veranderen. daerom de middagh hooghte welbequaem
is om de Breedte, of Polus hooghte van eenighe plaets te meten, maer niet om
haer Lenghde te vinden. de belle waernemingh is als de fon in 't Ooften of Weften
CORRESPONDANCE. l686. 67
is, hoe naeder hoc becer. om dat aldaer fijnde, haer hooghte merckelijcker veran-
dert in korten tijdt als voor of nae. doch evenwel dewijl in 't nemen der fons
hooghte op zee, wel ecnighe 8 of 10 minuten gemifl werdt, foo is het veel beter
der felve opgangh of ondergangh toc het vinden der Lengde te gebruijcken, gelijck
hiernae volgen fal, en de fons hooghte alleen dan als men anders niet hebben kan.
XIX. De manier om door gegeven hooghte van de fon, hooghte van de Polns en
fons declinatie, de ure van den dagh te vinden is defe. Eerftelijck als men met de
fon aen de felfde fijde des Equinocliaels is.
Addeert te faemen de drij Complementen defer gegeven booghen. En van de
helft der fomme treckt afin 't bij fonder het complément van de Polus hooghte, en
het complément van de declinatie; en van iedcr der verfchillen foeckt de Loga-
rithmns van haer Sinus. Welcke beijde Logarithmi addeert tôt de twee arithme-
tifche Complementen van de Logarithmi der Sinus van 't complément der Polus
hooghte, en van 't complément der declinatie: de helft der fomme fal de Loga-
rithmus fijn van een boogh, die verdubbelt, en tôt uren gereduceert fal geven de
diftantie van de middagh.
Het arithmetifche Complément van een logarithmus is het geen overigh blijft
als men die aftreckt van 1 0.00000 dat is van de Logarithmus des halven diameters.
Bij exempel laet gegeven fijn de fons hooghte 15 gr. 42'. 's avondts den 15
Jun: 1669. noorder Polus hooghte 36 gr. 50'. de fons declinatie ten noorden
23 gr. 23'. m.
Arithmet. Compl.tcn van de
logarit. der finus. welcke
logarithmi fijn. 9.90330, 9.96278,
Complem. van de fons hooghte 740. 18'
Complem. van de Polus hooghte 530. 10' 0.09670
Complem. van de fons déclin. 66°. 37' 0.03722
fumma 194.05'
add.
helft der fomme 97.03'
daer afgetrocken 53.10' blijft 43.53' 9.84085 I logar. finus
item afgetrocken 66.37' blijft 30.26' 9.70461 ) logar. finus
19.67938 fumma
43-44 9-83969 logar. fin.
2
87.28' komt 5 ur. 49'. 52' naemiddagh.
68
CORRESPONDANCE. 1 686.
Als de plaetfe der obfervatie en de fon aen verfcheijde fijden van den E.qui-
no&iael vallen, foo moet in plaets van het complément der declinatie genomen
werden de ibmme van de declinatie en 90 graden; En dan voortgewerckt evenals
te vooren. den Logarithmus van de Sinus defer booghe, die meer is als van 90
graden is defelfde met de Logarithmus van het complément der declinatie.
XX. Tweede Exempel van het vinden der Lenghde door het waernemen van
de fons op of ondergangh.
Laet het horologie voor de ltadt Candia geftelt fijn met de fon den 30 Augufti
1669. des avondts, en de daghelijckfe verachtering van 't horologie zijn 1 minut.
Daer van daen vertrocken fijnde, ende mij den 19 September bevindende op de
breedte van 39 gr. 10 min. om te weten op wat Lenghde ick gekomen ben ten
aenfien van Candia foo obferveer ick de fons ondergangh, en vindt dat haer
onderkant raeckten aen den horizon als het
A horologie wces op
B maer de bovekant verdween wij fende 't horologie
E Komt tegenwoordigh de ure der horologie tôt Candia
indien het côrrecl: geftelt geweefl waer,
F Treckt hier af het vereffenings getal des 3011 Aug.
G En addeert het vereffenings getal van den 19 Sept . . .
H Komt tegenwoordigh de ure aen de fon tôt Candia . . .
te weten op het moment dat de fons middelpunt tegen-
woordigh aen den horizon geobferveert is.
Maer dit middelpunt op de bekomen plaets komt aen
den horizon (nae de rekeningh gemaeckt op de Polus
hooghtc als boven, en de fons declinatie, van den
I 19 Sept, die was 1 gr. 23) ten
waer bij geaddeert voor het vertraegen
K des onderganghs door de dampheffing
fijnde even foo veel als den tijdt die de fon met onder-
gaen is befigh geweefl, volgens 't geene hier boven
geleert is, komt de fchijnbaren ondergangh des cen-
L ters ten
defe ure van die het tôt Candia aen de fon was afge-
M trocken komt het Lengde verfchil
ur.
ur.
47
5°'
C foo was'het fons middelpunt aen den horizon ten 6 ur. 48'
D Addeert de verachtering der horologie van 20 daghen. 20
7 ur.
J5
22
23
4"
44„
o"
44
45"
31"
7 ur. i5- 30
6 ur. 3'. 48"
2 . 40"
6 ur. 6'. 28"
1 ur,
CORRESPONDANCE. 1 686. 6()
En dat ten Weften oui dat het toc Candia laeter is als op de plaets der waer-
neminghe.
XXI. Hoe ni en door hct waernemen van de fons op en ondergangh op een
felfde dagh de Lenghde op zee kan vinden.
Als men op een felfde dagh de fons op en ondergangh kan obferveren, foo kan
men door middel der horologien de Lenghde vinden, fonder dat men de Polus
hooghte, ofte de fons declinatie behoeft te weten, ofte oock de dampheffing eenigh-
fins in acht heeft te nemen. Met is waer dat het beft waer met het fchip dieu gan-
fchen dagh op een felfde plaets te blijven leggen, om de Lengde van die plaets op
defe manier te konnen vinden. doch evenvvel als men blijft zeijlende,mits dat men
een eenparighe voortgangh houde, en een felfde cours, foo fal men konnen weten
op wat lengde men des middaghs geweeft is; waer uijt men dan oock de Lengde
der plaetfe daer men is bij fonnen ondergangh, nae genoegh fal konnen be-
fluijten.
Men fal in 't opgaen en ondergaen van de fon als die half boven den horizon is,
aenteijckenen de ure die het horologie als dan wijft. Voorts fiende hoeveel uren
tufTchen beijde verloopen fijn, en de helft der felve adderende tôt de ure des op-
ganghs, foo fal men hebben de ure der horologie die het wees doen men de fon in
't zuijden had. waer bij gedaen de verachteringh, of afgetrocken de vorderingh
van 't horologie, federt dat het met de fon geftelt is geweeft, foo komt de ure die
het op heden, doen men de fon in 't zuijden had, gewefen fonde hebben, indien
het correct geweeit vvas. Welcke ure door de tijdts vereffening gerecht fijnde,
fal geven de ure die het ter felver tijdt aen de fon was ter plaetfe daer men is
afgevaeren' defe ure dan indien fe meerder is als 1 2 uren, foo is men des middaghs
onder Weftelijcker meridiaen geweeit als die van de plaetfe des vertrecks. doch
indien fe minder is als 1 2 uren, foo is men des middaghs onder Oortelijcker meri-
diaen geweeft; rekenende als hier te vooren gefeght is, 15 graden voor elcke ure.
Bij Exempel, laet het horologie in Texel den 25 decemb. 1685 's avondts met de
fon geftelt fijn; en fijn daghclijckfe vorderingh van 18" feconden. Eenighen tydt
daer nae naer het Ooften vaerende laet het fijn den 4 Martij 1686, foo neem ick
waer des morgens het middelpunt der fonne in den horizon als het horologie
wees op 2 ur. 1 o'. 1 6".
En wederom des avondts komt hetfelve middelpunt in
den horizon, het horologie op 1 ur. 45'. 34"
den tijdt tufTchen beijde verloopen is van 11 ur. 35'. 18".
de helft is 5 ur. 47'. 39".
bij welcke geaddeert de ure des opganghs, komt 7 ur. 57'. 55".
fijnde de ure der horologie doen men de fon in 't zuij-
den had.
70 CORRESPONDANCE. 1 686.
Hier afgetrocken de vorderingh van 't horologie in
68f daghen, tegens 18" fec. daeghs 20'. 33".
Komt de ure van 't horologie bij zuijder fon 7 ur. 37'. 22".
indien het corredl op de maet geftelt waer geweeft.
Treckt hier af het Effeninghs getal van den 25 Jan 1 4'. 1 2".
En addeert dat van den 4 Mart 2'. 56".
Komt de ure aen de fon in Texel 7 ur. 25'. 06".
te weten doen ick de fon in 't zuijden hadde. dit is in
Texel de morgenfche ure, dewijl ick weet dat ick Oofte-
lyck aengevaeren ben. daerom, defe ure van 12 uren ge-
trocken, foo is, 't geen rcfteert, den tijdt van 't verfchil
der meridianen van Texel en van de plaets daer ick bij
zuyder fon defen 4 Marty geweeft ben, te weten 4 ur. 34'. 54".
foodat ick 68 graden, 43^ min. Ooftelijker was als Texel.
XXII. Men fal 2 mael daeghs, als men de horologien gaet opwinden, bcfien
hoeveel het eene voor het ander is; nemende daer toe altijdt de felfde ure of daer
ontrent. dewelcke ure neffens het verfchil der horologien men fal aenteyckenen,
als in dit bijgaende Exempel; alwaer m beduyd smorgens, en a 's avondts.
CORRESPONDANCE. l686.
71
Ure van A.
1685
Decemb.
dagh. ! ure' minut-
Verfchil
A en B ge-
lijck gefet.
Toevallen outrent de Horologien.
3. m.
a.
4. m.
a.
5. m.
a.
6. m.
a.
7. m.
a.
8. m.
a.
9. m.
a.
10. m.
a.
11. m.
a.
12. m.
a.
i3.-w.
a.
9 l5
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
9
l5
3°
o
20
40
40
3°
15
o
10
o
6
15
l5
10
ao
lS
15
12
l5
20
o o
A voor
o 10"
20
29"
39
5°"
o"
10"
19"
29"
39"
49"
59"
5"
1 1"
l7'
23"
29"
3°"
31"
33"
35"
daghelyckfe veracbteringh van A. 8" feconden.
daghelyckfe verachtering van B, 28" feconden.
B 's avondts vergeten op te winden, daerom heeft ftil
geftaen. I Ieb bet nu weder doen gaen en geftelt als of
het niet ftil geftaen badde.
A uijt malkander genomen en fcboon gemacckt. En
evenwel bet verfchil opgefcbreven als of A voojt ge-
gaen badde.
A weder doen gaen, en geftelt als of het niet ftil ge-
ftaen hadde. de ganfche verachteringh van A tôt hier
toe is 48" feconden. van hier af is hethalven daghs
verfchil van A voor B alleen van 6 feconden. daerom
de dagbelijckfe verachteringh van A voortaen van
16" feconden te weten van 9 decemb. fmorgens.
A 5" feconden verachtert, fonder reden.
nocb 5" feconden verachtert.
noch 4" fécond.
noch 4" fécond. Lengde Rekening gemaeckt op B.
Men fier, in dit Exempel dat als een der horologien, om d'eeneofd'andere reden
ftil geftaen heeft, het felve weder aen de gangh moet gefet werden en op foo een
ure als of het niet ftil geftaen hadde, rekenende, volgens de voorgaende differen-
tie, hoe veel het van 't andere horologie moet verfchillen.
XXIII. Men fal de Lenghde rekeningh maer op een der horologien maecken.
Want indien haer aengeteijckende verfchillen eenpaerigh voortgaen, foo is men
verfeeckert dat de rekeninghen op beijde gemaeckt de felfde uijtkomft fullen
geven, als men ieder horologie fîjn ure door de daghelijckfe voor of achtering
gecorrigeert fal hebben.
Maer indien de voorfeijde verfchillen ongelycke voortgangh beginnen te krij-
ghen, en dat fonder merckelycke reden, of fonder eenigh kennelijck accident aen
72
CORRESPONDANCE. l686.
een der horologien gebeurt, foo faj m en altijdt dencken dat een van beijde te
langhfaem gaet, omdat dit lichter kan gebeuren, door het recken of doorfchieten
van de draeden als dat het rafler gaen fonde als te vooren. En men fal alfdan de
Lenghde rekening maecken op het geene dat fijn gangh geftelt werdt niet ver-
traeght te hebben. Maer foo men eenighe reden van veranderingh in een van de
horologien beipeurt heeft als dat het bij Mille zee naeuwer of breeder flingert als
het pleeg te doen en dat het dan oock fijn gangh tegens het ander niet en behoudt,
foo fal men fich reguleren nae het geene minrt verdacht is.
XXIV. Hier boven is gefeght dat de horologien aen Landt geftelt fijnde en dan
weder met haer gewichten en fiingers evelecns in 't fchip als aen Landt opgehan-
gen, men fien fal of haer daghelijx verfchil tegens malkander het felfde komt dat
men aen Landt gevonden hadt. En dat fulx fijnde men voor vaft houden kan dat
haer bcijder gangh en daghelijckfc voor of achteringh oock defelfde gebleven is.
maer dat anders noodfaeckelijck is door obfervatie des op of onderganghs der
fonne de felve voor of achteringh weder te onderfoecken.
Indien men nochtans geen tijdt noch gelegentheijdt hadt om dit onderfoeck te
doen, foo fal men daerom niet laeten de Lenghden oj) zee af te meten, maeckende
Rekeningh op het horologie daer men de beftc opinie van heeft dat de minfte
veranderingh in 't weder ophanghen daer aen gefchiedt is, want men fich wel kan
verfeeckeren dat het feer nae fijn voorighe gangh behouden heeft. En alhoewel
de Lenghden op zee min correét gevonden werden voor foo veel men mift in de
daghelijckfe voorof achtering, foo konnen evenwel de aengeteyckende Lenghden
der plaetfèn die men gepafleert heeft hier toe dienen, dat men die daer nae de
waerheydt uijtvindt. Want als men ten ancker gekomen is kan men obferveren,
hoeveel de waere voor of achteringh van 't horologie verfcheelt van die men op
de reijfe gebruijckt heeft, en daardoor de valfche gevonden Lenghden tôt waere
maecken.
Bij Exempel gaende den 25 April 1685 savondts van Texel 't feijl, en mee-
ncndc de vorderingh van mijn horologie daghelijx te fijn van 9" feconden laet ick
den 1 May 'savondts gevonden hebben de Lenghde van het Eij landt Heijfandt
aen den hoeck van Vrancrijck 8 graden Weftelijcker als Texel. En den 11 May
het Eijlandt Tenariffa 20 graden Weftelijcker als Texel. Wederom den 30 Junij
het Eijlandt Afcenfion 10 graden Weftelijcker, En den 3 Ang. de Caep de Bonne
Efperance 30 graden Ooftelijcker alsTeftel. Alwaer gekomen fijnde en op ancker
leggende foo bevind ick door obfervatien van de fons op of ondergangh, eenighe
8 a 10 daghen tuflehen beijde, dat de daghelijckfe voorderingh van 't horologie
geen 9" maer allcen 3" feconden is.
Nu is dit een vaften regel dat als men meerder voorderingh of minder ver-
achteringh gereeckent heeft als het horologie waerlijçk hadde foo komen de
gevonden Lcngdens der plaatfen Ooftelycker als Ce in der daet fijn. maer als
men minder voorderingh of meerder verachteringh gerckent heeft als het
CORRESPONDANCE. l686. 73
horologie hadde fookomen aile de Lengdens der plaetfen Wefîelijcker als in
der daet. Het bewijs hier van blijckr. als men de bovenfchreve werckingh in
't vinden der Lengden nae fiet, en wat de voor af achteringh van 't horologie daer
in kan geven.
Dewijl dan in 't voorgeftelde Exempel te veel voordering gereeckent was, foo
fijn aile de gevonden Lenghdens der plaetfen Ooftelijcker als nae der waerheijdt.
En het is nu licht haere waere Lenghdens te vinden. want dewijl van den 25 April
tôt den 1 May de vordering van 't horologie, tegen 9 feconden daeghs, was gere-
kent 54" feconden, die nae der waerheijt,tegens 3 feconden daeghs, moert geweeft
fijn 18" feconden, foo treck ick defe 18 feconden van 54" feconden. En komen
36 feconden tijdts welcke maecken 9 minuten van een graed dat hetEijlandt
Heijfandt te weynichWeftelijck gevonden is. foo dat ick befluijt dat het in der daet
8 graden en 9 minuten Weftelijcker leght als Texel. Van gelijcken is de voorde-
ringh van 't horologie den 22 Maij 2 minuten 42 feconden tijdts meer gereeckent
als nae de waerheijdt welcke maecken 30 min. 10 fécond, van een graed. daerom
is Tenariffa 20 graden 30 minuten 10 feconden Weftelijcker als Texel, in plaets
dat gevonden was 20 graden.
Wederom den 30 Junij is voor de voorderingh te veel gereeckent 6 mi-
nuten 36 feconden. Welcke maecken 1 graed, 39 minuten. daerom is het
Eijlandt Afcenfion 1 1 graeden 39 minuten Weftelijck van Texel, in plaets van
10 graden.
Eijndelijck den 3 Aug. is van de voorderingh te veel gerekent 10 minuten
tijdts, welcke maecken 2 graden 30 minuten. foo is dan de Cap de bonne Efpe-
rance 27 graden 30 min. Ooftelijcker als Texel, in plaets dat wij 30 graden
gevonden hadden.
XXV. Of het geviel dat midden op zee de horologien beijde quamen ftil te
ftaen, foo fal men die foo ras als moghelijck is weder aen 't gacn helpen en onder-
tufTchen de oude en tôt noch toe bij de ftierluijden gebruijckelijcke manier van
Lengde vindingh in 't werck ftellen. het horologie weder aen 't gaen fijnde en op
de gegifte ure fal men obferveren wat ure het wijfl als men de fons middelpunt
in den horizon fict, en men fal dan rekenen door de genomen polus hooghte wat
ure 't felve middelpunt moeft op of ondergaen, en fetten het horologie foo veel
voorwaerts of achterwaerts als defe ure meer of minder is als die het horologie ter
tydt der obfervatie gewefen heeft. Voorts fal men in 't toekomende de Lengden
reekenen vande defe plaets diens lengde bij giiïîngh ten naeften bij bekent fal fijn,
en oock de voordering of achtering van 't horologie, als mede de tijdts vereffening
van defen dagh beginnen te rekenen.
Men fal fonder twijffel in 't begin al veel verfchil bemercken tuflchen de
Lenghden der plaetfen foo als die in de Kaerten geftelt fijn, en foo als men defelve
door middel defer horologien fal vinden. daerom men verdacht moet fijn van dit
verfchil niet lichtelijck aen de faute van de horologien toe te fchrijven. door
Œuvres. T. IX. 10
74 CORRESPONDANCE. l686.
welcke als men i of 3 of meermaels het felfde Lengdefchil van eenighe plaets
ondervonden fal hebben, foo zal daer mede aile twijffellingh vvegh genomen wer-
den, en men fal feer groote verbeteringen in de zee kaerten maecken, vooral in
ver afgelegene geweften. Want indien in plaetfen die maer weynigh daghen fey-
lens afgelegen fijn, groote onfeeckerheijdt aengaende de Lenghden gevonden
werdt, foo dat bij Exempel, het Eijlandt Heijfandt aen den wefthoeck van
Vranckrijck in de meefte Franfche kaerten op 1 4^- graden Lengde van Tenariffa
geleght werdt en in onfe nederlanfche ontrent op 1 1 graden, hoe veel moet men
dencken dat de Caep de Bonne Efperance of Batavia in 't Eijlandt Java van haer
rechte Lenghde verfchoven leggen. Soo dat dit een groote nutticheijdt defer
Inventie wefen fal dat daer door aile Landen en plaetfen haer waere Lengden in
de Kaerte fullen verkrijgen. En fal te gelijck defe verbeteringh der kaerten de
rechte middel wefen om de horologien op de vaert met het gewenfchte voordeel
te kunnen gebruijcken.
XXVI. Wat aengaet dat verre van de Linie ten Noorden of ten Zuijden vae-
rende, en voornamelijck des winters, de hooghte der fonne langhfaem verandert,
't welck onfekerheijdt maeckt in de obfervatie, als men door die fons hooghte de
ure van den dagh wil vinden; ofte oock indien men de fons op of ondergangh daer
toe wil gebruijcken, dat haer fchuijnfe loop oorfaeck is dat men foo naeuw niet
kan feggen op wat moment den omtreck of het middelpunt in den horizon komt:
foo is daer en tegens weder aen te mercken dat op fulcke plaetfen de graden der
Lenghde fooveel te korter fijn, ofminder mijlen begrijpen dan ontrent de linie,
volgens de proportie der finus complementen der Breedte. En dat daerom de
fauten in 't vinden der Lenghden gebeurende des te minder van de rechte plaetfe
doen af dwaelen.
Men fal behalven het Journael van de daghelijcx gevonden Lengden, noch een
kladboeck hebben, om daer in vervolgens te bereeckenen 't geen tôt de Lenghde
vindingh behoort. opdat men defe rekeningh nae het voleijnden der reijfe mede
magh nae fien. Hier beneffens komen dan noch de aenteijckeningen van het
daghelijx verfchil der Horologien tegens malkander, daer van hier vooren ge-
feght is.
XXVII. Waerfchouwingen omtrent het bewindt der Horologien. De fécond
wijfer gaet alleen met een gedurighe voortgangh om; en ten eijnde van ieder
minut een keer gedaen hebbende, foo krijght het fchakelradt, daer defe wijfer
aen vaft is, weder nieuwe kracht, door een dubbele ontfluijtingh, gelijck de
horologie maeckers dat noemen. de eerfte ontfluijtingh gefchiedende als defe
wijfer is ontrent de 30, en de laerite als die komt op de 60. Als men nu het
horologie opwindt, fal men wel letten dat men wat ophoude als defe fécond
wijfer ontrent de 30, en voornaemelijck als die ontrent de 60 komt, jae als fe
noch 334 feconden voor de 60 is. dit gefchiedt op dat de ontfluijtingh en
opwindingh van 't kleyne veertie niet en gefchicde met al te veel gewelt, waer-
CORRESPONDANCE. l686. 75
door al te harden fteuijtingh gebeurt en het felve veertie daer door te veel
verfchudt.
XXVIII. In 't eynde van 't opwinden fal men de fleutel eenparigh en wat
langfaem om draeyen ; opdat, ten eijnde fijnde, fteuijtingh van de fnick fachjens
gefchiede, want het anders op de tanden der raderen aen komt, die daer door
gevaer loopen vante buijgen of te breecken.
XXIX. In 't ophangen van 't horologie fal men wel waernemen dat de
1 loode gewichten, volgens haer teijckens en fchrabben op malkander en
tegen het onderfte ijfere kruijs komen te leggen, even als die aen Landt gelegen
hebben.
XXX. Als men 't horologie uijt den raem wil nemen om iet aen te ver-
ftellen, foo moet men eerft de flinger afhaecken en in fijn kafje leggen;
en als men 't horologie weer in den raem geftelt heeft, de flinger weder aen-
haecken 't welck te gemackelijcker gefchiedt in dien men het horologie open
fchuijft.
XXXI. De Lootjes van de flingers fijn daer aen vaft geklopt, foo dat als men de
flinger wil rafler of langhfaemer doen gaen, het felve gefchieden moet of door de
draeden wat los te fchroeven en te laeten rijfen of facken; of door het loodtie met
een hamertie wat opwaert of neerwaert te kloppen. teijc1 ...~nde eerft met een
fchrapie waer het aen de fpil ftondt.
XXXII. Als het horologie van nieuws opgehangen en de flinger daer aen ge-
daen is, of oock als het bij verfnijm niet opgewonden fijnde heel afgeloopen is en
ftil ftaet, om het dan weder aen 't gaen te maecken, fal men het eerft opwinden in
't geheel of ten deele. dan fal men het pendulum doen flingeren, en terwijl het
aldus beweeght, de fecondwijfer met de vinger fachjens achterwaerts doen gaen,
druckende die ontrent het center, waerdoor men op ieder flagh van 't pendulum,
het fchakelradt een tandt fal hooren uijdofTen, gaende verkeert om. dit moet men
foo langh doen tôt dat men de halve of heele ontfluijtingh door 't gchoor gewaer
werdt. En dan de fecondwijfer los laeten; want het horologie dan aen de gangh
fal blijven.
Indien men miiïchien de fecondwijfer te hard achterwaerts druckende, defelve
ietwes op fijn as verdraeijt heeft, foo dat de heele ontfluijting ofte opwindingh
van 't fchakelradt niet en gefchiede als defe wijfer op de 60 komt, foo fal men
hem wederom foo draeijen; houdende met een vinger het fchakelradt fachjens
tegen, daer men van onderen lichtelijck bij kan.
XXXIII. Als men genoodfaeckt is het horologie uijt malkander te nemen, foo
moet men vooral verdacht fijn de groote trommel veer eerft af te laeten; vattende
deflelfs as wel vaft met een handfchroef, en het ftutje met d'andere handt oplich-
tende. Als men dit quam te verfuijmen, foude bijnae ontwijffelbaer iets aen
ftucken fpringen.
XXXIV. Men laet defe groote veer in dit afdraeijen een weijnighje kracht
76 CORRESPONDANCE. l686.
over houdcn op dat de kettingh op de trommel niet en verfchuijve. maer indien
dit komt te gebeuren, foo moet men wel toe lien in 't eerfte opwinden van 't horo-
logie, dat de kettingh recht in de groeven van de fnick kome te leggen; helpende
daer toe, met defelve kettingh op de trommel wat te verfchuijven. Eenswelfijnde
fal akijdt wel blijven.
XXXV. Men fal fich, behalven de voorfeijde handfchroef, voorfien van een
nijptanghetie, een fchroefbeyteltie, eenighe vijlen, hamer en diergelijcke horo-
logiemaeckers gereedfchap, oock van wat fijden draet gelijck daer de flingers aen-
hangen.
Als men nieuwe draeden aen de flinger gedaen heeft of een der felve vernieuwt
foo moet men aen defelve draeden wel ftijf trecken, en noch eens als de flinger
daer aen gehaeckt is, volgens de ftrecking die fe alfdan hebben: op dat fe daer
nae door de gedurighe beweghing van de flinger niet en komen toe te geven of
te recken.
N° 2424.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
26 AVRIL 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2422.
A la Haye ce 26 Avr. 1686.
Puis que vous devez retourner icy mercredij prochain je doute s'il partira en-
core des courriers. Toutefois j'efcris cellecy au hazard parce que je fcay que vous
eftes dans l'impatience de fcavoir comment j'auray trouvé le verre de Bolduc,
car Me. de Zeelhem vous a defià mandé qu'il eft arrivé. Il y a 8 pièces d'une
mefme matière qui a eftè faite la dernière, defquelles il y en a une de caflee quoy
que je ne comprenne pas comment cela fe peut eftre fait en chemin, vu la grande
efpefleur du verre, qui eft bien de | de pouce, et qu'il y avoit du foin entre deux
et le tout bien empacquetè dans une bonne corbeille. Il y a 5 pièces d'une autre
matière d'un beau verd a eftre regardée par le coftè, et de cellecy les pièces ne
font pas fi efpaifTes, et elles font couppees a l'entour avec le cercle, d'où il paroit
qu'elles font de la première fournée qui n'avoit pas fuccedè a fouhait. Les grofles
pièces ont a peu près toutes cette figure ] I et leur couleur eft un peu plus
claire que celle de nos verres précédents, / V tirant fur le jaune un peumeflè
CORRESPONDANCE. l686. Jf
de vert. De points il n'y en a pas moins que dans ceux que nous avons eu. Je
n'en ay pas encore donné au marbrier mais je m'y en vay prefentement. Pour le
verre oculaire de la matière claire, noftre homme de TAchterom en avoit achevé
et poli un codé, mais n'en eftoit pu venir a bout fans une infinité d'egratigneures
dont il attribue la faute a la mollefTe du verre, mais c'efl: pluftoft fa faute a luy,
car ayant pris ce verre je l'ay douci de nouveau et poly fur le papier fans aucune
raije, et il me relie feulement l'autre cofté a polir de mefme. Il y a longtemps
que j'ay fait redrefler et affermir le mail, qui le tient bien maintenant, mais il
n'y a point eu de foirée qu'une feule propre a obferver, fans que pourtant j'en
aye pu jouir a caufe de mon mal de dents, dont je fuis encore tourmenté tous
les jours.
Je crois qu'il faudra necefTairement tendre les 3 cordes du haut du mail:, afin
qu'il ne demeure point inutile la plus part du temps, et il ne faut point appréhen-
der que les voifins trouveront mauvais qu'on attache l'une des cordes a un de leur
arbres. Mais j'attendray voftre retour. Le vent avoit fait fortir la chorde hors de
la poulie ces jours pafTez, c'eft pourquoy en la faifant remettre j'ay fait attacher
en mefme temps une pièce de bois de travers, qui ferme la poulie en forte que
cet accident ne pourra plus arriver dorénavant.
Mes Horloges partirent pour Amflerdam il y a 3 jours '), ce qui me donne plus
de repos et de loifir que je n'en avois.
') Voir la pièce N°. 2423, note 2.
78 CORRESPONDANCE. 1686.
N= 2425.
Christiaan Huygens à ?.
24 MAI 1686.
La lettre a été imprimée dans les Nouvelles de la République'jks Lettres ').
J'ai reçu le problème que vous m'auez communiqué, touchant un nouvel ufage
de la poudre à canon; le deiïein n'eft pas hors d'efperance de fuccés, à mon avis;
") Nous extrayons ce fragment de lettre d'un article intitulé „Ad Majorent Dei Glorian?'' de la
livraison de mai 1687 du journal cité. Dans cet article, l'auteur anonyme rappelle que déjà
deux ans et demi s'étaient écoulés depuis que l'on avait proposé le problème d'employer la
force de la poudre à canon à des buts plus utiles que celui de détruire, le seul auquel, d'après
l'opinion généralement répandue, un agent aussi violent pourrait servir. Il poursuit : „Unicus
tantum repertus est qui subodoratam reactionis, virtutis, aut actionis secundae praedictam
opinionem de impossibilate seposuit, & conatum sua approbatione dignatus est, in epistola ad
amicum, sub dato 24Maii 1686 gallicè": ici suit le fragment de lettre, qui doit évidemment
être attribué à Chr. Huygens, quoique nous n'en trouvions aucune trace dans nos collections
et que nous ne puissions indiquer avec quelque certitude le nom du correspondant, auquel la
lettre a été adressée. Nous ignorons aussi dans quelle publication le problème, dont parle
l'auteur, a été proposé. Toutefois, on peut voir, par la Lettre N°. 2330, que, en effet, au com-
mencement de 1684, la question d'une machine à poudre à canon occupait les esprits.
L'auteur de l'article nAd Majorem Dei G/oriam" nous est également inconnu. Nous savons
seulement par une lettre de Leibniz à Papin, du 11 avril 1 704 (Gerland, Leibnizens und
Huygens' Briefwechsel mit Papin, p. 297), qu'il était „Stifts-hauptmann à Zoedtenbourg".
Comme solution du problème dont il s'occupe dans son écrit, il propose de faire projeter, par
l'inflammation d'une demi-once de poudre, un poids de 15 livres à une hauteur de six ou huit
pieds, où, au moment de son repos, il s'accrocherait à la corde d'un axe de faible poids, lequel
par la force de la gravité pourrait faire tourner deux petites pierres de deux au trois livres
cent cinquante fois avant que le poids projeté ne serait retourné au point d'où il avait été
lancé. Quoique ce projet ne soit pas de nature à donner une haute idée du génie inventif ou des
talents mécaniques de l'auteur, il paraît cependant que son article a attiré l'attention du
Landgrave de Cassel. C'est ce qui résulte d'un article de Papin, publié dans les „Nouvelles de
la République des Lettres" du mois de septembre 1688 (voir aussi les „Acta Eruditorum" du
même mois), où on lit :
„C'est sans doute quelque chose de grand & de généreux que de vouloir tourner à l'utilité
des hommes la force de la poudre à canon, qui jusqu'icy n'a presques esté employée qu'à les
détruire : & ainsi le projet qui en fut proposé dans les Nouvelles de la République des Lettres
du mois de May 1687, ne pouvait manquer de plaire à S. A. S. Monseigneur le Landgrave de
Hesse, de sorte qu'il me fit l'honneur de m'en parler lors que j'estois à Cassel. Mais comme
il sçait les difficultez qui se rencontrent dans le commencement des inventions qui requièrent
de l'exactitude; S. A. S. ne jugea pas à propos de faire d'abord de grandes Machines, mais
trouva qu'il valloit mieux commencer par quelques petits essays, sur quoy on pourra se régler
pour en faire ensuite d'autres plus grands, & ainsi par degrez perfectionner cette invention.
CORRESPONDANCE. l686. J$
il y a 7 à 8 ans 2), que je fis voir à M. Colbert une machine, que j'avois fait con-
ftruire dans cette même intention, & qui fut enregiftrée dans nôtre Académie, l'effet
en étoit: qu'une petite quantité de poudre, comme il en faut, pour remplir un dé à
coudre, était capable d'élever quelques feize cens livres, à la hauteur de cinq pieds,
& cela fans cette impetuofité ordinaire, mais d'une force tempérée & égale; quatre
à cinq laquais, que M. Colbert fit tirer à la corde attachée à cette machine, furent
élevez fort facilement en l'air; toutefois il fe rencontre quelque difficulté, à
renouveller continuellement cette force, &c.
Je me suis conformé à des ordres si judicieux; & j'ay fait un Modèle qui à la vérité, à cause de
sa petitesse ne produit pas autant d'effet que celui dont parlent les mesmes Nouvelles de la
République des Lettres, qui a esté montré à Monsieur Colbert, mais il suffit pourtant pour
faire voir ce que l'on peut attendre de cette invention quand on fera de plus grandes
machines", etc.
Dans la suite de cet article, Papin donne la description de quelques modifications qu'il avait
apportées à la machine à poudre à canon de Chr. Huygens (voir la Lettre N°. 1 971), à la
construction de laquelle il avait assisté en 1673, lorsqu'il était attaché au laboratoire de
l'Académie des Sciences en qualité d'aide préparateur. (Voir la Lettre N°. 2008, note 11).
L'article du Stifts-hauptmann de Zoedtenbourg et l'extrait de la lettre de Huygens (notre
N°. 2425) ont donc fourni à Papin l'occasion de reprendre l'étude de l'invention de son
maître, le mécanisme qui fut l'origine de la première machine à vapeur. (Consultez : Christiaan
Huygens, Discours prononcé à l'occasion du deuxième centenaire de sa mort, par J. Bosscha,
Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, Tome XXIX, p. 352; Bulletin
des Sciences Mathématiques, 2c Série, T. XX, février 1896; Revue Scientifique, 4e Série,
Tome IV, 16 novembre 1895), ou l'édition allemande: Christian Huygens. Redeam 20oen
Gedàchtnistage seines Lebensendes gehalten von J. Bosscha, Sekretàr der Hollandsche Maat-
schappij der Wetenschappen zu Haarlem, Mit erlaiiternden Anmerkungen vom Verfasser.
Aus dem Hollandischen ûbersetzt von Th. W. Engelmann Professor in Utrecht. Leipzig,
Verlag von Wilhelm Engelmann, 1 895.
En réalité 12313 ans, savoir en septembre 1673; voir la Lettre N°. 1971.
80 CORRESPONDANCE. 1 686.
N= 2426.
Jac. Bernoulli.
JUILLET l686.
La pièce a été publiée dans les Acta Eruditorum ').
Dn. Bernoullii Narratio controverfiae inter Dn.
Hugenium & Abbatem Catalanum agitatae de
Centro Ofcillationis, quae loco Animadverfionis
effe poterit in Refponfionem Dn. Catalani,
num. 27. Ephem. Gallic. Anni 1684. infertam2)-
Excerpta ex Litteris Dn. Bernoullii Lipfiam miflis.
Menfe Septembri anni 1681 Abbas Catelanus propofitionem quandam traftatus
Cl. Hugenii, quem de Horologio Ofcillatorio infcripferat, adortus eit3), formata
contra illam objeftione; in qua quia mentem fuam minus féliciter expreflit, anfam
dédit irti controverfiae, quae hucufq; fere inter illos viguit. Verum quidemeft,
eum initio. a. 168 a4), objeftioni fuae additis paucis lineis variationem quandam in-
duxifle; fedquoniamejus partes fatis adhucmale cohérentes reliquit,eam in mente
Lectoris fui excitavit opinionem quafi perfuafum haberet, fummas altitudinum,
e quibus pondéra alicujus penduli junftim defcendunt, & ad quas poftmodum
feparatim afcendunt, inaequales efTe debere hanc folam ob caufam, quod priores
altitudines fmt proportionales ipfîs ponderum celeritatibus, pofleriores vero non
nifi quadratis ifîarum celerltatum. Quare etiam Hugenius, id unicum Catelano
fcrupulum movere ratus, refpondere abftinuit, ufqe in menfem Junium, quo tandem
calamum arripuit 5), ac exemplo duorum numerorum 5 & 1 o, duorumque aliorum
3 & 1 2 breviter monftravit, fieri unique pofle, ut binae quantitar.es eandem cum
binis aliis conficiant fummam, etiamfi diverfam ab illis rationem habeant, neque
tum temporis in dubium revocavit tpwtov Catelani ^evèoç, quod tamen in prima
jam objeclionis fuae impreiïione manifefle fatis prodiderat, dum fuppofuit: Pen-
dulum ex duobus ponderibus compofîlum, eandem acquirere celeritatem, quantam
acquirat fumma pendulorum jimplicium; id vero ficcopede praeteriit Hugenius,
vel quod non pénétrant rtatim, ob nullam periodorum connexionem, quorfum
falfa ifta Catelani fnppofitio tenderet, vel potius quod illi ceu verifimili admodum
') De Juillet 1686, pages 356 et suiv. -) Voir la pièce N°. 2365.
3) Voir la pièce N°. 2260. 4) Voir la pièce N°. 2260, note 1.
s) Voir la pièce N°. 2267.
CORRESPONDANCE. l686. 8l
tum ipfemet adftipularetur. Catelanus interea Hugeniano refponfo noncontentus,
excepit 20 Julii 1682 6), ac terminis Algebraicis rem aggreffus eft, eodem innixus
fundamento: Quod totalis celeritas penduli compofiti acquêt fummam celcritatum
partium ejus feparatarum. Quo facto controverfiaifta ultra annum fopita jacuit. Me
quod fpeétabat, cui Hugenii liber tum nondum vifus, nedum leftus fuerat, fcopum
alium non habebam7), quam illurtrare ejus refponfioncm, remque examinare,
qualiter ab ipib examinata, atque in Aétis recenfita fuerat. Animadvertens itaque,
Catelani principium ab Hugenio non refutatum efTe, & ego illud intaéhim reliqui,
fufficere tnihi ratus, fi Hugenianum refponfum fimpliciter applicarem ad praefen-
tem controverfiam, propofito eum in finem exemplo penduli, e duobus aequalibus
ponderibus compofiti; ubi innuere faltem volui, quod fuppofito pro totali ejus
celeritate numéro ternario (quicquid ftatuatur de celcritatibusutriufque feparatim
ipeélati ponderis, dummodo eae fint in ratione 2 ad 1) quadrata — - & — ex
mente Hugenii fignificare debeant non nifi raùonem altitudinum, ad quas afcen-
dant feparata pondéra, minime vero ipfas altïtudines (quod ipfe quoque poftmo-
dum indigitavit Hugenius in fecunda refponfione8), 8 Jun. 1684) partim quoniam
eeleritates atque altitudines, utpote quantitates heterogeneae, fe mutuo menfurare
non poflunt ; partim etiam, quia ipfe Catelanus urgere faltem videbatur, altitudines
effe proportionales quadratis, vel ficut quadrata celcritatum; tametfi in proxime
fequenti calculo quadrata ifta pro ipfis altitudinibus adhibuerit. Comparato mihi
paulo poil, & perleclo Hugenii libro, animadvertebam, Propofitioncm contro-
verfam ex priore Hypothefium, quas Auftor initio ftabiliverat, adeo evidenter
inferri, ut neutra infringi poifit, quin fimul evertatur altéra; quocircajudicabam, fi
Catelano falfa fuifTet vifa propofitio, eum potius ipfam adoriri debuifTe Hypothefin,
magnumque illud inibi contentum Principium Mechanicum. Verum enim vero
eum hujus principii veritatem nullo jure in dubium revocare pofîem, atque fimul
etiam feriem ratiocinii a Catelano fatis confufe propofiti evolvere coepiflem,
errorem ejus detexi illico, falfamque cognovi e(ï~e, qua nitebatur, regulam, nimi-
rum: Celeritatem totalem penduli compofiti aequalem ejfe fummae celcritatum
partium ejus feparatarum. Atque ut oftendam,animadverfum mihi fuiïïe errorem,
priufquam Hugenii epiftola de 8. Jun. lucem afpexilî'et, afferam hic caufam
phyficam, omifTam ab Hugenio, qua fit, ut penduli compofiti celeritas perpetuo
minor fit celeritate partium ejus feparatarum: Ponamus majoris evidentiae ergo,
pondéra penduli A&B in linea inflexili DB9) libère hinc inde moveri pofle, fie ut
linea haec, dum rotatur circa axem D, quamvis fecum rapiat pondéra, non tamen
impediat defeenfum illorum in linea refta verfus centrum Terrae. Quo pofito,
6~) Voir la pièce N°. 2270. ") Voir la pièce N°. 2332.
8) Voir la pièce N°. 2341. 9) Voir la figure de la page suivante.
Œuvres. T. IX. 1 1
82 CORRESPONDANCE. l686.
confiât, utrumlibet pondus figillatim dimifTum, eadcm celeritate latum iri, qua
ferretur abfque virga DB, utpote nec a virga, nec ab ejus axe ullo modo impeditum;
id eft fi pondus A abfque virga certo tempore
conficit fpatium AH, & pondus B fpatium
aequale BN, utrumque etiam cum virga, fed
lïgillatim, dimifTum eodem tempore idem fpatium
AH & BN conficiet. Confiât infuper, quod fi
gravitas in utrumque pondus ageret viribus,
quae proportionatae forent ipforum refpeclivis
ab axe diftantiis, virga nullum adhuc ipforum
defcenfui afferret impedimentum, propterea
quoniam exafta certo tempore unum eorum
reperiretur in H & alterum in I, vel prius in L,
poilerius in N, five abfque virga, five cum virga, five figillatim five conjunclim
dimitterentur. Verum enim vero quoniam gravitas in utrumque pondus agit viribus
aequalibus, fie ut pondéra eodem tempore aequalia fpatia AH & BN tranfigere
annitantur, & tamen interea pondus A junétim dimifTum, ob inflexilem virgam,
nequit pertingere nifi ad L, dum pondus B jam eft in N, hinc fequitur, gravitatis
vim in pondère A nonefTe exhauftam; adeoque refiduum harum virium, ex una
parte urgere debere corpus B, ex altéra ipfum axem D, eundemque premendo
aliquam fui partem ibidem infumere & deperdere; fiquidem virga hocce cafu
inftar veétis confiderari poflit; prout extra dubium eft, quod fi corpus B infinité
tarde moveri, id eft, firmum & ftabile efTe intelligatur, ficut axis D corpus A par-
tem fui ponderis, aeque in axem D atque in corpus B transferret. Ex haclenus
diftis colligere proclive eft, fi quis examinare vellet, quantam partem celeritatis
fuae pondus A in premendo axe D confumere debeat, eum exinde, imitando Dn.
Catelani ratiocininm, veritatem aut falfitatem Hugenianae Hypothefeos, inque
hac fundatae Propofitionis detegere pofTe. Rogantur hac occafione eruditi, ut
examinent, qualem legem communicationis celeritatum obfervent corpora mota,
quae ex una parte innituntur firmo fulcimento, ex altéra alii corpori itidem, fed
tardius moto: fi namque celeritatis excefTus, qui hinc inde communicandus eft, in
eadem ratione diftribueretur, in qua diftribuitur omis aliquod, quod vefti duobus
fuftento fulcris impofitum eft, nimirum in ratione reciproca diftantiarum mobilis
a fulcris I0), tum imitando ratiocinium Dn. Catelani, deprehenderemus, fummam
altitudinum, ad quas afeendunt feparatapenduli pondéra, viciffim nuneminorem
3) On verra dans la correspondance de 1690 comment De FHospital a su fonder sur le principe
énoncé ici, en l'appliquant d'une manière plus heureuse, une détermination exacte du centre
d'oscillation d'un nombre de poids distribués sur une même droite, passant par le point
d'appui. Consultez, entre autres, son article dans ,,1'Histoire des ouvrages des Sçavans" de
juin 1690.
CORRESPONDANCE. l686. 83
efle fumma altitudinum, e quibus antea conjunftim defcenderant, quod iterum
Hugenianam Propofitionem everteret.
En calculum : Efto akitudo AL = i ped.
Akitudo BN = 4 ped.
Celeritas ponderis A acquifita in punéto L, ubi defccndit feparatim = 1 .
Celeritas ponderis B aequifita in punclo N, quando cadit feparatim = 2.
Celeritas ponderis A acquifita in punéto L, quando defcendit conjunctim = x.
Igitur Exceflus celeritatis ponderis A, qui tam in axem, quam in pondus B
redundat = 1 — x.
Et pars hujus excefllis, quae foli ponderi B communicatur ■= x-
Tota ergo celeritas ponderis B in punclo N cum conjunclim cadit = 2 x-
Atqui vero aj — J x, x : : 4, 1 . Igitur x r= - & 4 x =r — eorumque quadrata
~W & ~W~ l1101"11111 ûimma 4 — minor e(t 14-4 = 5. Antequam finiam, in
favorem Dn. Catelani hoc monebo, quod etiamfi commune gravitatis centrum
juxta illum altius afcendere deberet, quam defcendit, nondum tamen fequatur,
repertum fore motum perpetuum, ut fibi perfuadet 111. Hugenius; quoniam in
iftis abftrahi folet ab aeris refiftentia, a diminutione celeritatis, quae neceflario
fequitur difruptionem vinculi, quo conneftebantur partes penduli, aliorumque
obftaculorum ; prout ipfa quoque haec aeris refiftentia in caufa eft, cur fimplex
pendulum motum fuum non continuet, ut maxime in Hypothefi Hugeniana ad
eandem afcendere debeat altitadinem, a qua defcendit ").
1 '") Nous renvoyons, pour la réponse de Huygens aux objections contenues dans cette lettre, à la
correspondance de 1690, notamment à l'article de Huygens dans le numéro de juin 1690 du
recueil suivant:
Histoire des ouvrages des Sçavans, Par Monsr. B* ** Docteur endroit. A Rotterdam, chez
Reinier Leers m.dc.lxxxviii. Avec privilège de Nos Seigneurs les Etats de Hollande et de
West-Frise. in-120.
Une réimpression, publiée à Amsterdam en 172 1, chez Michel Charles le Cène, mentionne
comme auteur: Mr. Basnage de Beau val. Dans la préface, celui-ci dit qu'en avril 1687, lors
de la maladie de P. Bayle, il avait entrepris la rédaction des Nouvelles de la République des
Lettres, mais que ses engagemens particuliers pour Rotterdam, l'abondance des meilleurs
livres qui se trouvent chez Leers, l'avaient décidé à changer d'éditeur et à donner un titre
nouveau à la publication. Les Nouvelles de la République ont continué de paraître chez
Desbordes, mais sous une autre rédaction que celle de Bayle.
Henri Basnage de Beauval naquit à Rouen, le 7 août 1656, et fut avocat au parlement. La
révocation de l'édit de Nantes le contraignit, en 1687, à se réfugier en Hollande. Il y mourut
le 23 mars 171c.
84 CORRESPONDANCE. 1686.
N° 2427.
J. D. Cassini à Christiaan Huygens.
5 JUILLET l686.
La lettre se trouve à Leiàen , coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2434 ').
a Paris le 5 juillet 1686.
Monsieur
L'occafion la plus fauorable qui fe put prefentcr pour vous enuoier mes lettres
et les dernières obferuations que j'ay faites fur les fatellites de Saturne cil celle
du voyaje de Mons. Bontemps le fils et de Monsr. l'Abbe Charlan qui ont la
bonté de s'en vouloir charger, et ont témoigne la joie qu'ils auront de voir vn
homme fi illuftre parmis ceux dont ils fohaitent auoir la connoifTance. Vous fcauez
Monfieur quel efr. le rang que Mons. Bontemps tient dans les grâces du Roy, et
comme il le fait connoitre par les effects fauorables aux perfonnes de mérite. C'eft
pourquoy je ne doute point que vous n'ayez la bonté d'eftre fauorable a Mons.
fon fils qui efpere de profiter de vos entretiens.
J'ay tarde monfieur a vous enuoier ce que je donnay au journal fur la fin du
mois d'Auril2) dernier, parce que je ne l'eus pas pluftofi: publie, que par des
nouuelles obferuations je vis que je pouuois perfeclioner d'auantage les hypo-
thefes des nouueaux fatellites que je uenois d'ébaucher 3). Je le croyois un affaire
de peu de jours, mais m'eftant engage infenfiblement dans un gran trauail de com-
pofer enfemble toutes les obferuations faites, et d'en faire des nouuelles pour une
plus grande vérification de ce que j'auois apris des précédentes; ce que je voulus
vous communiquer tout enfemble a demande plus de temps quejen'auois fuppofe.
Voicy ce que j'ay apris de nouueau par ce raport d'obferuations. La diftance du
premier fatellite au centre de Saturne m'a paru variable, et fon cours un peu
excentrique et inégal parcourant prefentement auec plus de vitefTe le demicercle
occidental, que l'oriental. Sa moyenne diflance au centre de Saturne m'a paru
un peu moindre du diamètre de fon anneau enuiron de fa quarantième partie4).
') La lettre ne fut reçue qu'en septembre; voir la Lettre N°. 2434.
2) Nouvelle découverte des deux Satellites de Saturne les plus proches, faite à l'observatoire
Royal, par Mr. Cassini, de Pacad. R. des Sciences. Dans le Journal des Sçavans du Lundi
22 Avril, m.dc.lxxxvi.
3) Ces résultats perfectionnés ont été publiés par Cassini dans les Philosophical Transactions de
juin 1687, N°. 187.
4) On en conclurait que le verre objectif employé par Cassini fait paraître trop grand l'anneau
de Saturne. Les mesures au micromètre à double image donnent en moyenne 39",5o, celles
au micromètre à fil 4o",36, pour le diamètre extérieur de l'anneau. Un quarantième de
moins fait 38",5i et 39",35- Or, la distance moyenne du satellite dont parle Cassini est
de 42",62.
CORRESPONDANCE. 1 686. 85
A cette diftance ce fatellite doit parcourrir le diamètre de l'anneau en /h | ayant
fuppofe fa moyenne période d'un jour aib 19 minutes comme auparauant, et
comme elle a elle confirmée par d'autres obferuations a peu de fécondes près.
Je n'ay pas jufqu'a prefent trou ue dans le fécond fatellite aucune variation
fenfible de diftance au centre de Saturne. Elle me paroit bien établie d'un diamètre
et un quart de l'anneau. Sa moyenne période paroit de deux jours 42 minutes et un
quart, et il doit parcourir le diamètre de l'anneau en 8 heures —
» Ces dillances font affez bien marquées dans la figure, et exprimez par les nom-
bres corriges dans le journal que je vous enuoie.
Les Epoques du 14 d Auril pour le premier et du 30 de mars de cette année
pour le fécond font affez bien établies dans le journal autant qu'il fuffit pour
preuoir leur configurations. Je fuis
Monsieur
Voflre très humble et très obeiffant Seruiteur
Cassini.
N= 2428.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
12 AOÛT l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
C/ir. Huygens y répondit ûar le No. 2430.
A Dieren ce 12. d'Août 1686.
J'ay receu aujourdhuy l'oculaire qu'a fait l'homme de FAchterom ') et ferois
bien aife de fcavoir ce que vous en jugez. Pour moy il me femble qu'il ell: affez
plein de ces petites chofes ou points que nous y avons obfervés avant qu'il fiift
travaillé. J'ay écrit pour cela a SGravefande d'avifer avec van Bree 2) s'il n'y
auroit pas moyen d'avoir le verre plus net, et de faire faire encore un autre effay.
Cependant comme cela pourra encore traîner je vous prie de choifir entre mon
verre de Haerlem, qui eft tout en femble a l'endroit que vous fcavez, deux pièces
1 ) Maître Dirck ; voir la Lettre N°. 2277, note 7.
2) Willem van Bree, un des directeurs de la verrerie de Bois-le-Duc; voir la Lettre N°. 1030,
note 3.
86 CORRESPONDANCE. l686.
ou vous trouverez le moins d'imperfection et d'en faire faire à Dirck un oculaire
comme ce dernier pour 170. et un autre pour 120. celuy que j'ay pour cette dernière
longueur étant trop petit. Dr. Stanley 3) vient de me dire que les livres que j'ay
fait venir d'Angleterre font a la Haye mais comme ils font empacquetés avec ceux
qu'il a mandés pour Madame et qu'elle ne fouhaitte pas d'avoir icy, je croy que
je pourray les biffer aufli a la Haye, jufques a noftre retour.
Il m'a dit qu'on luy mande auffi qu'il y a une forte de rupture entre les membres
de la Société Royale qui font d'Oxford et ceux de Londres, les premiers voulant
faire bande a part et le feparer des autres pour former une Société nouvelle.
Demain nous allons a Nimegue pour la reveiïe. Monsr. Benting4) part ce foir
pour aller chercher Mons. l'Electeur 5) et le conduire a cette fefte. Quand nous
fu fines la je veux dire a Cleve dernièrement l'Electeur demanda a Mons. de
Rebenac, fi après avoir efte au prefche de monsr. Jurieu6) ou il avoit elle, il
n'eftoit pas converty, et comme il dit que non, Mr. l'Electeur luy dit, je m'en vay
donc vous envoyer des dragons, a quoy il n'euft point de réplique. Adio.
Voor Broer Huygens.
3) William Stanley, né à Hinckley en 1647, mort le 9 octobre 1731, doyen de St. Asaph, fils
de William Stanley et de Lucy Beveridge. En 1685 il fut nommé chapelain de la princesse
d'Orange et promu en même temps au grade de docteur en théologie. Après le couronnement
de Willem III, comme roi d'Angleterre, Stanley devint „clerck of the closet", aux appointe-
ments de 200 livres sterling.
4) Voir la Lettre N°. 1 966, note 6.
5) Friedrich Wilhelm, le grand-électeur de Brandenbourg.il se trouvait à Clèves près de son
armée.
rt) Pierre Jurieu, le pasteur wallon de Rotterdam qui contribua à la destitution et aux autres
difficultés que P. Bayle éprouva en Hollande. Il naquit le 24 décembre 1637 à Mer, où son
père, Daniel Jurieu, était pasteur protestant, étudia à Saumur et à Sedan, voyagea en Hollande
et en Angleterre et succéda à son père. Il était connu comme savant, de sorte qu'il fut nommé
professeur à Groningen, en 1680. Ce ne fut cependant qu'en 168 1, après la suppression de
l'Académie de Sedan, qu'il quitta sa patrie où, par suite des inimitiés que lui avaient suscitées
ses écrits polémiques, il ne pouvait rester sans danger. On lui offrit la chaire de philosophie
de l'Ecole Illustre de Rotterdam en même temps que celle de pasteur de l'église wallonne
en cette ville. Il occupa ces charges jusqu'à sa mort, le 1 1 janvier 1713.
CORRESPONDANCE. l686. 87
N= 2429.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
24 AOÛT 1686.
Iai lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2428.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2430.
Dieren ce 24. d'Aouft 1686.
Je vous ay prié par ma dernière de faire faire des oculaires du verre de Haerlem
mais je n'ay pas encor eu de vos nouvelles; c'eft pourquoi je vous réitère la mefme
prière, fi ce n'eil que vous ayiez trop d'affaires pour avoir pris party dans la guerre
civile des Leus et des Cabeljaux '). Je confeillerois aux premiers de prendre le
nom des Hoeckfche 2).
S'il vous vient quelqu'avis de France touchant la Lunetterie ou autres curio-
fités vous voudrez bien m'en faire part. Nous avons icy un jeune médecin qu'on
débite pour fort habile et que l'on croid, que Son AltefTe prendra a fon fervice.
Il s'appelle Silveftre 3), et m'a dit qu'il a connu Hartfoecker a Paris, et qu'avant
fon départ de la, il avoit defjà changé de Religion et fait ainii fa féconde ban-
queroutte.
Ce Silveftre dit qu'il n'y a rien de fi aifé que de refufciter un homme noyé
après qu'il a elle mort 5 ou 6 heures durant. C'eft dommage qu'il ne s'efl pas
trouvé auprès de ces gens qui ont pery dans ce batteau d'Emmerick au nombre
de 28. 32 autres qui ctoyent au haut du vaiffeau ayant eu moyen de fe fauver.
Voor Broer Huygens.
') Il s'agit probablement de querelles entre les familles le Leu de Wilhem et Cabeljauw.
:) Allusion aux guerres civiles entre les „Hoekschen", le parti des nobles, et les „Kabeljauw-
schen", le parti des villes, qui dévastèrent la Hollande aux 14e et 15e siècles.
3) Silvestre fut nommé médecin, d'abord à l'armée, puis à la cour de Willem III.
88 CORRESPONDANCE. l686.
N° 2430.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
30 AOÛT 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2428 et 2429.
Const. Huygens y répondit par le No. 2431.
A la Haye ce 30 Aouft 1686.
J'ay coufjours différé de repondre a vos lettres efperant de vous pouvoir envoier
les 2 verres que vous m'avez chargé de faire faire, dont l'un eft achevé il y a défia
quelque temps, mais l'autre n'eft encore que formé et demeure entre les mains de
l'ouvrier a caufe d'un accident qui luy eft venu a l'efpaule droite qu'il dit auoir
pris au vent d'une feneftre. Je viens encore prefentement d'y envoier et reçois
pour refponfe qu'il n'eft pas en eftat de pouvoir travailler, mais que ce fera fon
premier ouvrage, le verre de 8 pouces de foier qui eft pour l'objeclif de 200
pieds, eft de la largeur de cette ligne
et parce que l'autre doit eftre plus convexe, je n'ay point trouvé de matière aïïez
efpaifïé, (et qui fuft nette) parmy la voftre de Rotterdam pour l'avoir afTez
grand, et a peine ayje trouvé un morceau pour cela parmy les miens. J'ay fongè
qu'il ne feroit peut eftre pas mauvais de faire deux oculaires piano-convexes au
lieu d'un, parce qu'on trouverait bien plus facilement de bonne matière pour cela
parmy des pièces de miroir. Car je doute fort fi jamais le verre de Bolduc
nous en produira. Par le grand vent qu'il a fait ces jours pafTez la grande corde
s'eft trouvé caftee a l'endroit ou le plomb eft attaché, ce que je m'imagine eftre
arrivé de ce que ce plomb a battu continuellement contre le mail. Il a falu faire
monter en haut pour ramener en bas le bout de la corde que j'ay fait racommoder
en fuite, mais la Lune citant toufjours extrêmement bafle il n'y a pas eu moyen
d'obferver.
Voftre jeune médecin qui a connu Hartfoecker n'a t'il rien vu de fon travail
des verres? Quant a la converfion de ce dernier j'ay toufjours cru qu'il ne fe laif-
feroit pas mettre a la galère pour fe maintenir dans fa religion. Je ne reçois point
jufqu'icy la relation de Mr. Caffini touchant fes 2 nouveaux fatellites '), parce que
Mr. de St. Didier 2) qui devroit l'apporter refte encore a Paris, ou il y en a qui
croyent qu'il s'évertue a guérir fa Majefté très chretiene de fes incommoditez.
') Voir la Lettre N°. 2427, note 2.
") Sur Alexandre Toussaint Limojon de St. Didier, voir la Lettre N°. 789", note 2 (au Supplé-
ment du Tome III).
CORRESPONDANCE. l686. 89
De la guerre des Hoekfe et Cabeliauwfe chacun parle fuivant fa paffion et
elle dure encore. J'eus l'honneur d'ettre prefent a la première bataille qui fe
donna, mais comme ipectateur et fans prendre parti. Le philofophe3) efloit tout
tranfportè de cholere et crioit fi fort et avec tant de furie, que j'en fus furpris et
fort fcandaliie, ne pouvant m'empefcher de dire que toute la philofophie efloit à
bas. Au refte parmy ces bruits de la guerre, l'amour vient auffi renouveller fes
attaques chez les confines et a infpire le maerfchalck que vous fcavez a faire un
dernier effort. Je crois pourtant qu'il n'en fera rien par l'irrefolution des dames
qui vous ell connue. Elles difent que vous vous feriez offert a vous enquérir
touchant l'extraction et parentage du prétendant, en quoy faifant vous leur ren-
driez un bon office. J'efpere de vous revoir bientoft icy.
N= 2431.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
2 SEPTEMBRE l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2430.
Dieren ce 2. de Sept. 1686.
Je receus hier voftre première du 3o.e paffe et vous remercie pour la peine que
vous avez prife en ayant foin de mes deux oculaires, dont le dernier j'efpere fera
bientôt achevé après que nofire ouvrier aura recouvré fa fanté, et aura été remis
de l'accident que luy a caufé la fenefire.
Vous ne me dites pas fi celuy qui efi: pourles 200. pieds eft d'une matière rai-
fonnablement bonne et achevé comme il faut.
Ce que vous dites de faire deux oculaires planoconvexes au lieu d'un feul
convexe efi: afïeurement fort confiderable, et je ne voy pas pourquoy on ne s'en
ferviroit pas. Il n'y a que cet inconvénient d'être obligé de travailler deux fuper-
ficies de plus.
3) Van Heemskerck (peut-être Gerrit, de la Lettre N°. 224i)qui, d'après la lettre de Christiaan
Huygens à Constantyn, frère, du 24 février 1 690, mourut en février de cette année, des suites
d'une hémorragie pulmonaire qu'il s'était attirée dans une violente dispute avec van Beunin-
gen (Journaal van Const. Huygens 1, p. 224). Il légua à une demoiselle Cabeljau une rente
viagère de 1200 livres. C'est donc par erreur que, suivant M. R. J. Fruin (voir, au Tome II,
p. 421, le dernier ouvrage cité dans la Lettre N°. 2152, note 11), nous avons désigné dans la
Lettre N°. 2195, note 12, et dans la Lettre N°. 2234, note 6, Coenraad van Heemskerck
(voir la Lettre N°. 2159, note 4) comme le philosophe Heemskerck. Coenraad van Heems-
kerck, en effet, mourut le 25 juillet 1702.
Œuvres. T. IX. 12
90 CORRESPONDANCE. l686.
Il ne faut pas s'étonner de ce que cette corde eft rompue ayant été poufTée
continuellement du plomb contre le mail, ce qui ne pouvoit manquer de l'ufer, il
faudra voir s'il n'y aura pas moyen de trouver un expédient contre cela. Je croy
qu'il feroit bon de graifTer la corde de poix dans l'endroit auquel elle eft frottée
contre le bois, et que cela l'empefcheroit bien de fe cafTer.
Je n'ay pas oublié de demander a noftre Docteur Silveftre x), s'il a veu des verres
de Hartfoecker mais il m'a dit qu'il ne l'avoit pas connu bien particulièrement.
Le Dr. Burnet 2) a été icy huicl ou dix jours durant et devoit me porter hier
fon microfcope pour le voir mais il ell party aujourdhuy fans me rien dire. Je luy
montlray l'autre jour le mien qu'il trouva bien bon, et me dit qu'il croyoit que
le lien en feroit meilleur s'il y avoit quelque chofe pour modérer la trop grande
lumière. Je croy qu'il reviendra encore. Il me femble qu'il efl un peu hâbleur.
St. Annelandt vient de partir aujourdhuy a deux heures et fait ellat d'être encor
trois ou quatre jours en chemin d'icy a la Haye.
On parle fort, que Son Alteiïe pourroit bien aller à la Haye dans quelques jours,
mais je ne croy pas que ce fera encore de cette femaine.
D' Ablancourt 3) arriva icy hier au foir avec Mr. d'Odijck. Madame l'a fait aller
avec elle aujourdhuy au Loo, ou il raifonnera en qualité d'Architecte. Odijck l'a
mefné avec luy a Zeyfl4), pour l'employer comme tel.
Ayant eferit cecy j'apprens que Son AltefTe ira après demain a la Haye. Adieu
donc, nous nous verrons bientoft.
Voor Broer Huygens.
1) Voir la Lettre N°. 2429.
2) Gilbert Burnet né à Edimbourg, le 1 8 septembre 1643. Après avoir fait un cours de droit, il
se destina à l'état ecclésiastique. Un voyage lui donna l'occasion d'entrer en relation avec
les savants anglais. En 1664, il passa en Hollande, où il apprit l'hébreu d'un rabbin d'Amster-
dam. De retour en Angleterre, il fut élu membre de la Société Royale. Il prit une part active
dans les controverses religieuses de son pays et s'attira la disgrâce des évêques par sa critique
de leur conduite. En 1669, il devint professeur de théologie à Glasgow. Son indépendance de
caractère lui fit refuser un évêché en Ecosse et les offres de Charles II, qui désirait l'attacher
à ses intérêts. Etant entré dans le projet de faire exclure le duc d'York du trône, il dut quitter
l'Angleterre à l'avènement de James II, et alla voyager en Italie, en Allemagne, en Suisse et
en Hollande où, à l'invitation de Willem III, il se fixa à la Haye. Il eut une grande influence
sur les projets de ce prince, dont il fut le chapelain, et qu'il accompagna dans l'expédition
de 1688 en Angleterre. Après le couronnement de Willem III, il fut créé évêque de Salisbury.
Il mourut le 17 mars 17 15. On a de lui une Histoire de la réformation d'Angleterre.
3) Peut-être Nicolas Fremont d'Ablancourt, qui, après la révocation de l'édit de Nantes, s'était
établi à la Haye.
4) Zeyst, près d'Utrecht, était une seigneurie appartenant à Willem Adrianus van Nassau,
seigneur d'Odijk.
CORRESPONDANCE. l686. 01
N2 2432.
Ph. De la Hire à Christiaan Huygens.
8 SEPTEMBRE l686.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2435.
A Paris a l'Obfervatoire le 8 Sept. 1686.
Monsieur
Jay pris beaucoup de foin a ramafler tous les manuferits des Mathématiciens
de noflre Académie ce qui auoit efté difperfé dun coflé et d'autre après leur mort,
et en les parcourrant i'y ay trouué plufieurs petits traittez et propofitions particu-
lières qui m'ont paru très dignes d'eftre données au public, le defir de conferuer
ces ouurages a la pofterité ma fait en mefmc temps auoir une penfée plus générale
qui efl de ramafler des regiflres de noflre compagnie toutes les propofitions de
Mathématique et de Phyfique qui y ont cité inférées et de uen faire qu'un feul
corps fous le nom de Collections Mathématiques et Phyfiques, puifquauflî bien
ie ne uoy pas qu'on foit prefentement en difpofltion de faire imprimer nos
regiflres comme nous aurions fouhaitté. Et enfin après plufieurs follicitations iay
obtenu de Monfieur de Louuois la permifllon de faire imprimer ce recueil ') a
l'imprimerie royale du louure dans un infolio médiocre de mcfme grandeur que
celuy des uoyages d'Vmnibourg2), Cayenne3) &c. mais comme ie trouue dans les
Regiflres plufieurs propofitions de Mathématique et de Phyfique que uous y auez
données, i'ay cru ne deuoir pas prendre la liberté d'en faire aucun choix pour les
imprimer que celuy que uous uoudrez bien me marquer et mefme auec les addi-
tions ou changemens que uous uoudrez y faire, et fi mefme uous auez quelques
petits traittez que uouliez bien y joindre lefquels ne pourroient pas faire un
uolume complet, i'auray un très grand plaifir de les inférer dans cet ouurage en
la manière que uous uoudrez me les enuoyer. Je fuis fi perfuadé que tout ce qui
nient de uous eft excellent que iefpere que ce fera une des plus belles parties de
ce recueil.
On ne nous a point donné de fuiets nouueaux dans l'académie fi ce n'efl Mr.
Theuenot qui y remplit la place de Mr. de Carcaui, et un Anatomifte habil
homme, ainfi uous uoyez Monfieur que par la mort de Mr. Blondcl 4) le nombre
') Il parut sous le titre „Divers ouvrages de Mathématique et de Physique. Par Messieurs de
l'Académie Royale des Sciences. (Vignette portant les armes Royales). A Paris, De L'impri-
merie Royale, m.dc.xciii. in-f°.
2) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1834, note 4.
3) Voir la Lettre N°. 1853, note 12.
4) François Blondel; voir la Lettre N°. 191, note 2.
02
CORRESPONDANCE. l686.
des Mathématiciens eft fort petit. Mr. Auzout ayant defefperé d'y rentrer 5) eft allé
pafTer le refte de fes iours a Rome. Il ne faut pas que uous uous eiïonniez fi uous
n'auez pas encore uû les uoyages d'Vranibourg, de Cayenne des colles de france5)
etc. car on a refolu d'y joindre les Ephemerides des 5 Satellites de faturne et un
fyfteme de la lumière qui paroit proche le foleil 7) ce qui n'eit pas encore imprimé.
Toute noftre compagnie a efté très fafchée d'apprendre que uoftre fanté ne uous
permettoit pas de reuenir en france 8), uous deuez eftre perfuadé que pour mon
particulier jen ay eu un très fenfible regret puis que uous fcauez combien ie uous
eftime, et que ie fuis
Monsieur
Voftre très humble et très obeiffant feruiteur
De la Hire.
Si uous uoulez bien me faire reponfe et menuoyer quelque chofe, il ny a qua
mettre le tout a la pofte et laddreffer fimplement a Mr. de la Chapelle 9) Con-
trolleur des baftimens du Roy dans la cour du Palais de Paris, fans aucune autre
addreïïe. iay commencé par quelques ouurages de Mr. Frenicle et Roberual 10)
qui moccuperont 5 ou 6 mois.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
A la Haye.
Hollande.
5) Voir la Lettre N°. 271, note 3.
6) Observations astronomiques faites aux costes septentrionales de France, pendant Tannée
168 1. Par Messieurs Picard & de la Hire. Elles furent réimprimées dans les Mémoires de
l'Académie Royale des Sciences. Depuis 1666, jusqu'à 1699. Edition de Paris, Tome VII,
Partie I, pp. 399 et suivantes.
7) La lumière zodiacale, observée par Cassini au printemps de 1683 et décrite par lui dans le
Journal des Sçavans du 10 May 1683.
8) Sur la vraie raison qui empêcha Huygens de revenir en France, consultez entre autres les
Lettres Nos. 2379, 2380, 2381, 2382 et 2409. Selon von Tschirnhaus (voir la Lettre
N°. 2324 à la page 464) de la Hire n'aurait pas été étranger à la disgrâce de Chr. Huygens.
9) Sur Henri de la Chapelle Besse. consultez la Lettre N°. 2328, note 1.
10) La „Méthode pour trouver les solutions des problèmes par les exclusions", un „Abregé des
Combinaisons" de de Frenicle; les «Observations sur la composition des mouvements, & sur le
moyen de trouver les touchantes des lignes courbes", un „Projet d'un livre de Méchanique,
traitant des mouvements composez", des mémoires „De Recognitione aequationum" et „De
Geometria planarum & cubicarum aequationum resolutione", un „Traité des Indivisibles" et
„De Trochoïde ejusque spatio" de de Roberval.
CORRESPONDANCE. 1 686. 93
N° 2433.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
16 septembre 1686.
La lettre et la cotte se trouvent à Leiilen, coll. Huygens.
A Dieren ce 16. Sept. 1686.
J'eipere que vous aurez pris la peine de faire faire les petits tuyaux pour mes
oculaires comme nous étions convenus a mon départ '). SGravefande de Bolduc
me mande qu'il m'envoye encore quelque verre pour des oculaires. Je vous prie
de le voir et de me dire comment vous le trouvez et s'il a moins de petites bulles
que le précèdent. Si vous le trouvez tel vous pourriez en faire travailler encor
un oculaire pour quelqu'une des grandes Lunettes.
Je vous envoyé la lettre de SGravefande-) ou vous trouverez de fes raifonne-
ments. Vous y verrez auffi ce qu'il dit d'un homme de la Haye qui avoit demandé
de groffes placques de 6 pouces. Je ne puis m'imaginer qui ce peut être fi ce n'eft
d'Alîy, touchant lequel de VerrafTe m'a parlé encore aujourdhuy dans le mefme
fens que Dr. Burnet m'en a parlé cydevant, comme je vous ay dit. J'ay dit que
rendriez toujours témoignage de fon fcavoir et de fa capacité, mais que je craignois
que l'ignorance de la langue requife pour inftruire feroit un obftacle au deffein
qu'il femble avoir de prétendre a laprofeffion des mathématiques. Mandez moy un
peu s'il eft encore là, et s'il perfifte a demander cet employ.
Je vous prie de me faire faire au plu Ilôt par van der Burg un petit infiniment
comme avoit Dr. Burnet pour couper de petits ronds de talc pour les microfcopes.
Je vous envoyé cydedans un de ces petits verres pour lefquels ils doivent fervir.
Vous jugerez bien qu'ils doivent être un tant foit peu plus petits que ces verres
qui ne font pas toufjours bien ronds, pour n'en pas pafler les bords.
Demain nous allons au Loo, pour y pafTer ce qui refte du temps de la chafTe.
De la prife d'Offen 3) nous n'avons pas encore des particularités.
Voor Broer Huygens.
') Le séjour de Constantyn Huygens, frère, à la Haye, paraît avoir été de courte durée. Voir la
fin de la Lettre N°. 243 1 .
2) Nous ne connaissons pas cette lettre.
3) La ville d'Ofen (Buda) venait d'être prise sur les Turcs par Charles, duc de Lorraine.
94 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2434.
Christiaan Huygens à J. D. Cassini.
26 septembre 1686.
La ffiimtte et la copte de la minute se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2427.
le 16 Sept. 1686.
A Mr. Cassini.
Monsieur
L'imprimé de voftre nouvelle découverte et la lettre qui l'accompagnoit ') m'a
eftè rendue ces jours païïez par Mr. l'Abbé Charlan, et je vous en remercie très
humblement. C'eft une conquefte que ces 2 derniers Satellites Saturniens dont
avec beaucoup de raifon on doit vous féliciter, vous ayant courte bien de la peine
et des veilles, et eftant la plus difficile et a ce qu'il femble la dernière qui ait eftè
a faire en matière de nouvelles planètes. Mr. de St. Didier qui eft arrivé depuis
peu et qui vous a eftè voir m'a expliqué voftre façon d'obferver fans tuyau 2) qui
a la vérité fe peut dire encore plus fimple que celle de mon Aftrofcopie, mais qui
auffi me paroit moins parfaite en ce qu'il faut fi fouvent faire defeendre en bas
le verre objeftif pour le diriger vers l'étoile obfervée. Vous pouvez bien croire
Monfieur que cette manière ne m'a pas eftè inconnue, mais j'ay toufjours préféré
la commodité du fil, qui eft tout autre, et pourvu que vous l'efïayez avec un fil
menu vous trouverez afTeurement comme moy que le vent et mefme afïez fort
ne feauroit vous nuire. Le cercle de papier dont il faut entourer le verre lors
qu'on obferve la lune eft beaucoup plus fujeft a eftre agité par le vent, mais j'y
ay remédié en feparant ce cercle d'avec le verre et le fichant a part fur la traverfe
qui les porte tout deux. Je vous envie un peu la belle commodité que vous avez
de pouvoir obferver de tous coftez avec les plus grands verres, au lieu que les
noftres demeurent prefqu'inutiles faute d'un lieu couvert, et d'une hauteur fuffi-
fante. Je veux dire ces verres de 120, 170 et 210 pieds dont nous en avons de
très bons. Il eft vray que quelque facilité que l'on me procuraft pour les employer,
je croy que ma diligence n'approcheroit jamais que de bien loin de la voftre.
Continuez la toufjours Monfieur pour l'avancement des feiences, eftant feur que
l'honneur que vous en recevrez 3)
') La Lettre N°. 2427.
2) Consultez la Lettre N°. 2438.
3) Ici finit la minute. La copie se termine par les mots: vous afïeurant de l'honneur que
vous en recevrez. La variante est probablement le fait du copiste.
CORRESPONDANCE. l686. 95
N° 2435.
Christiaan Huygens à Ph. de la Mire.
26 septembre 1686.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2432.
De la Hire y répondit par le No. 2447.
A Monfieur De la Hire, de l'Académie des Sciences.
le 16 Sept. 1686.
Voftre deffein Monfieur ert afTeurement fort beau et fort louable de vouloir
conferver les ouvrages de vos bons amis qui ont eftè ou font encore de nortre
Académie. Et je feray d'autant plus aife de la publication de ce receuil, que mon
eloignement me privera apparemment pour touljours de la communication de ce
que contiennent nos regiftres ou je fcay qu'il y a beaucoup de bonnes chofes et
des belles demonftrations. Je vous fuis obligé au refte de ce que vous n'avez pas
voulu difpofer de ce qui s'y trouve de moy fans m'avoir confultè, y ayant bien
des pièces qui ne méritent point d'eftre imprimées, et d'autres qui demandent
d'eftre reveues, ou d'avoir quelque mot d'avertiflement a la telle. Celles dont je
trouve que j'ay gardé copie font les fuivantes 1).
Demonftratio Regulae de maximis et minimis 2).
Demonftratio Regulae ad inveniendas Tangentes 2).
Dimenlio Paraboloidum, ou je pourray joindre celle des Hyperboloides 2).
') Des traités dont Chr. Huygens donne ici les titres, de la Hire a inséré dans sa publication
(voir la Lettre N°. 243 2, note 1 ) les suivants :
De la cause de la Pesanteur. Par M. Hugens de Zulichem.
Démonstration de l'équilibre de la balance. Par le niesme.
De potentiis fila funesque trahentibus. Par le mesme.
Nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre à canon & de l'air. Par le mesme.
Constructio loci ad Hyperbolam per Asymptotas. Par le mesme.
Demonstratio regulae de maximis & minimis. Par le mesme.
Régula ad inveniendas Tangentes curvarum. Par le mesme.
Construction d'un problème d'optique. Par le mesme.
Une note, inscrite par Huygens dans le livre F des Adversaria, fait voir que toutes ces
pièces, à l'exception de la dernière ont été envoyées par lui le 20 juin 1687 „à Mr. Dalencè
pour faire tenir a Paris a Mr. de la Chapelle pour estre imprimez à Paris". Quant à la der-
nière, sur le problème d'Alhazen, il paraît que, par quelque malentendu, delà Hire a inséré
dans sa publication une solution que Huygens considérait comme inférieure à une autre qu'il
avait donnée plus tard. Voir la Lettre de Chr. Huygens au marquis de l'Hospital, du 3 sep-
tembre 1693.
2) Lue à l'académie en 1 66/ (Registres).
96 CORRESPONDANCE. 1686.
Problème d'Alhazen, duquel je puis donner une meilleure demonftration, que
celle qui y efl.
Nouvelle manière de fe fervir de la poudre a Canon 3).
Demonftration de l'Equilibre de la Balance, ou il faudroit adjouter la raifon
pourquoy celle d'Archimede efl defectueufe 4).
Théorème des points d'interfeclion de deux feétions coniques 5).
Conftruclion du lieu a l'hyperbole par les afymptotes en latin.
Théorie des chordes s'uniffant a un mefme noeud et tirées par des pui (Tances
différentes6).
Demonftration de ce qui arrive dans l'expérience de Mr. Mariotte du tonneau
avec un tuyau par deffus ~).
De la caufe de la pefanteur 8).
Raifonnement fur la coagulation 9).
De la force mouvante de l'eau et de l'air IO).
Le niveau et fa demonftration "), qui n'eft point adjoutée dans le traité I2) que
vous avez fait imprimer.
Je vous diray a propos de niveau, que j'ay vu celuy du Sieur Chapotot qui efl
fort bien inventé13), mais il y faut i lunettes dans la conftruction, et 3 opérations
pour la rectification, au lieu qu'au mien 14) il n'y a qu'une lunette et a opérations,
de forte que je ne vois pas par quelle raifon m. l.'A.D.C. a prétendu préférer l'in-
vention de Chapotot, touchant laquelle je ferois bien aife de fcavoir voftre fenti-
ment et comment elle reuffit dans la pratique fi vous vous en eftes fervi. Il y a
encore parmy ces manufcrits, quelques projets pour l'occupation de l'Académie,
qu'il ne faut nullement mettre au receuil. C'eft la tout ce dont j'ay gardé copie.
Je croy qu'il pourra y avoir encore quelqu'autre pièce, et je vous prie de m'en
•>) Communiquée à l'Académie en septembre 16-3. Voir la Lettre N°. 1971. Les procès-verbaux
des années 1670 à 1674 manquent dans les Registres de l'Académie.
4) Communiquée à l'Académie le 15 février 1668 (Registres).
5) Communiqué à l'Académie le 23 mars 1680 (Registres).
rt) Lue à l'Académie en 1667 (Registres).
7) L'expérience, commentée par Chr. Huygens dans la pièce N°. 1958. datée du 8 juillet 1673.
8) Lu à l'Académie le 28 août 1669 (Registres).
9) Lu à l'Académie en 1667 (Registres).
10) Lu à l'Académie le 29 mai 1669 (Registres).
") Montré à l'Académie le 18 septembre 1679. La démonstration fut lue le 30 mars 1680
(Registres).
,2) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2220, note 1. Il contient la description sans la démonstration.
Voir aussi les Mémoires de l'Académie des Sciences, édition de Paris, au Tome VI, p. 665.
13) Une description de ce niveau de Chapotot, que l'on ne doit pas confondre avec le niveau de
1680 (voir la Lettre N°. 2228, note 2), a paru dans les „Nouvelles de la République des
Lettres" du mois de juin 1686, article V.
14) Voir les pièces Nos. 221 2 et 2216.
CORRESPONDANCE. 1684. 97
avertir fi vous en rencontrez. Pour le choix de ce qu'il faut publier ou non je
m'en rapporteray volontiers a voftre jugement.
Je pourrois vous envoier pour adjouter au receuil ma conftruction des problèmes
folides I5) ou efl: au (fi celle du problème d'Apollonius I<5) que je fis veoir a l'Aca-
démie en me (me temps que voftre traite paruft au jour17), et à laquelle j'ay
ajouté du depuis la demonftration par algèbre. Je doute fi j'ay donné quelque
chofe par efcrit touchant la percuffion lorfque j'en ay fait les expériences dans
l'Académie l8). Je pourrois donner les Théorèmes que j'en ay efcrit avec leur
demonftration. En partant de Paris Mr. Colbert me fift donner le voyage d'Ura-
nibourg et de Cayenne, mais celuy des codes de France qui a efté fait du depuis,
je ne l'ay point. Je fuis fort obligé a M.rs de l'Académie de ce qu'ils témoignent
s'intereiïer a l'eftat de ma fantè, je vous fupplie de leur en faire mes très humbles
remerciemens.
La Théorie de la lumière auprès du Soleil, dont vous faites mention eft comme
je croy celle de Mons. de Duilliers a qui je communiqueray ce que vous me
mandez la deffus quand il fera revenu d'Amfterdam, ou il avoit deffein de faire
imprimer fon traité I9). Je fuis
Monsieur
Voffcre &c.
15) Lue à l'Académie le 2 mars 1 680 (Registresj.
16) Le problème de mener d'un point donné les normales à une conique. Voir la Lettre N°. 2220,
note a.
17) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2220, note 3,
l8)Les théorèmes de la percussion furent discutés à l'Académie les 4, 11 et 18 janvier 1669
(Registres).
I9) Ce traité a paru, sous le titre: „Lettre de monsieur N. Fatio de Duillier à M. Cassini de
l'académie Royale des Sciences, touchant une lumière extraordinaire qui parut dans le ciel
depuis quelques années", dans le Recueil suivant :
Bibliothèque universelle et historique de l'année m.dc.lxxxvi (et suivantes). Tome
Premier. A Amsterdam, chez Wolfgang, Waesberge, Boom & van Someren. mdclxxxvi.
in- 12°. Réimprimé en 171 8.
Œuvres. T. IX. 13
98 CORRESPONDANCE. 1686.
N= 2436.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
26 SEPTEMBRE l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2433.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2438.
Du Loo le 16. Sept. 1686.
Je receus avanchier le petit infiniment de fer pour coupper les ronds de Talc pour
les microfeopes et eus bien du deplaifir de voir que vous n'aviez pas fait obferver
la mefure que je vous ay envoyée. Je vous avois marqué qu'il falloit qu'ils fuiïent
(je dis ces ronds de Talc) un tant foit peu plus petits que les ronds de verre
dont je vous en envoyois un, et il fe trouve qu'au lieu de cela ils font un peu plus
grands tellement que pour pouvoir s'en fervir, on eft obligé de les roigner aupa-
ravant. Il faudra que van der Burg remédie à cela le mieux qu'il pourra, et pour
cet effet je vous envoyé cy joints encor un de ces ronds de verre, et un autre de
papier de la grandeur dont il faut que foyent les ronds de Talc precifement; car
la grandeur des ronds de verre on ne peut pas la changer.
Vous ne m'avez rien dit des efchantillons de verre que SGravefande a envoyés.
J'ay oublié de vous dire qu'on a fait aufîi ce petit infiniment trop pefant, pour
le peu d'effort qu'il doibt faire et foutenir. Celuy de Dr. Burnet ne pefoit pas la
moitié du mien et la queue elloit faite tout autrement. Mais le mien ne pouvant
pas bien fe changer fait comme il eft je croy que tout ce que l'on pourra faire fera
de coupper environ un quart de la longueur pour le rendre d'autant plus léger.
Il pefe maintenant quafi toute ma boette avec les microfeopes et toute le refle de
l'équipage.
Depuis huicl: jours nous fommes icy au Loo ou je fuis fort bien logé, mais avec
tout cela j'attends avec impatience que le bon St. Hubert nous rameine a la Haye.
Mr. le Prince eil allé pour quelques jours tirailler a Soefldijck et ne fera de retour
que Samedy.
Voor Broer Huygens.
CORRESPONDANCE. 1 686. 99
N- 2437.
Christiaan Huygens a Cl. Perrault.
26 septembre 1686.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A Monfieur Perrault, le médecin.
le 26 Sept. 1686.
Monsieur
Auflî tort que j'ay receu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'efcrire ') ce
qui n'a elle que le iome de ce mois quoiqu'elle (bit datée du 19 du précèdent, j'ay
envoyé le mémoire qui l'accompagnoit a un de mes amis a Amilerdam qui s'entend
a ces matières et qui par fa refponfe m'a promis de s'enquérir avec foin de ce qu'il
contient. Quand j'auray cette information je vous l'envoyeray fans cefle, eftant
fort aife d'avoir occafion de faire plaifîr a Mr. le Duc de Roanes qui m'honore de
fon amitié fi long temps. C'aura eftè Mr. Auzout 2) ou Mr. Bernier 3) qui vous
auront fait un raport fi avantageux de ma machine Planétaire. Je fouhaiterois vous
la pouvoir monftrer et j'avois efperè que cela feroit, parce que Mons.r Friquet
m'avoit mandé 4), que vous aviez defîein de faire un tour en ce pais avec Mr. voftre
frère; mais je n'en ay pas ouy parler du depuis a mon grand regret. Je ne doute
pas de la generofitè ni de l'affection de Mr. Caflîni, en ce qui me regarde, quoyque
je vois bien qu'il ne fcauroit fe défaire d'une certaine petite jaloufie ou émulation
qu'autrefois il m'a avoué ingenuement luy mefme au fujet des découvertes de
Saturne. Elle paroit en ce qu'il n'a pas voulu qu'on le cruft avoir profité de ma
nouvelle manière d'obferver, aimant mieux la deguifer en une moins bonne a fin
de la pouvoir dire plus fimple, car le prétexte du vent qui l'empefcheroit de fe
fervir du fil 5), eft allégué avec peu de raifon et réfuté par mon expérience. L'on
trouve auflî a redire qu'il ait baptizè mon Satellite Saturnien avec les fiens fans
m'en avoir rien communiqué6). Je ne fcais pas bien ce qu'entend Mr. de la Cha-
*) Nous ne connaissons pas cette lettre.
2") Auzout visita Chr. Huygens en 1683. Voir la Lettre N°. 2307.
3) Peut-être François Bernier. Voir la Lettre N°. 1 844, note 5.
4) Nous ne possédons aucune lettre de ce correspondant. Voir la Lettre N°. 2378, note 4.
5) Voir la Letrre N°. 2338.
6) Dans l'article cité dans la Lettre N°. 2427, note 2,Cassini émet l'opinion que les satellites de
Saturne, plus difficiles à découvrir que ceux de Jupiter, connus sous le nom de „Sidera
Medicae", n'étaient pas indignes de porter le nom de Louis-le-Grand, puisqu'ils avaient été
découverts sous le règne glorieux de Sa Majesté, et par les secours extraordinaires que sa
magnificence fournit aux astronomes de son Observatoire de Paris. Il se fonda sur cette
IOO CORRESPONDANCE. 1 686.
pelle7) quand il m'aceufe d'avoir abandonné voftre Académie, eft ce qu'il ignore
comme les chofes fe fonc pafïees et que Mr. de Louvois m'a eferit de ne point
entreprendre le voyage que je n'eufle eu de fes nouvelles? lefquelles nouvelles ne
vinrent point, fans que je comprifle pourquoy. Mais je l'ay fort bien compris du
depuis et j'eftime que c'a elle pour mon bien, attendu le mauvais air qui s'efteflevè
en ce pais là 8). Il femble Monfieur que vous n'y avez pas fait reflexion non plus,
quand vous fouhaitez que les chofes fufTent remifes en leur ancien eftat a quoy de
la manière que vous paroifTez l'entendre je ne voy pas la moindre apparence.
Je vous
N° 2438.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
ier OCTOBRE 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2433 et 2438. Const. Huygens y répondit par le No. 2440.
A la Haye ce i Oct. 1686.
En raportant a van der Burgh le cercle tranchant que vous trouviez trop grand
et trop pefant, il me dit qu'il en feroit auffi tort un tout neuf que d'y raccommoder
ce que vous demandiez.
Le voicy donc, qui fera bien afleurement, car il eft de la mefure jufte, et léger,
et avec le tranchant plus délié que l'autre, ce qui le fera mieux couper. Il s'eftoit
abufé a ce premier en faifant l'ouverture plus grande que le verre au lieu que je luy
avois dit de la faire plus petite. Les derniers efchantillons que Mr. SGravefande
a envoyez reflemblent parfaitement au premiers et il n'y a point de différence en
ce qui eft des petites bulles. Si cela n'euft point efté je n'aurois pas tant attendu a
vous le faire feavoir. On luy eft bien obligé de fa peine, mais j'ay peur qu'elle
n'aboutifle a rien, par ce qu'il femble que leur manière ne foit point la bonne pour
la netteté.
considération pour les appeler „Sidera Ludoicea", méconnaissant ainsi le mérite de Chr.
Huygens qui, déjà en 1655, au moyen de la lunette qu'il avait construite lui-même, avait
découvert le premier de ces satellites. Les dénominations „Sidera Medicea", et „Sidera
Ludoicea" ne se sont, d'ailleurs, pas maintenues.
7) Voir, sur Henri de la Chapelle-Besse, la Lettre N°. 2328, note 1.
3) Allusion aux persécutions contre les protestants, et à la révocation de l'édit de Nantes, en
octobre 1685.
CORRESPONDANCE. l686. IOI
Mr. de S.t Didier citant de retour de Paris m'a appris la manière d'obferver
fans tuyau de Mr. Caiïîni qui dans Ton imprime des nouveaux Satellites :), la dit
eftre plus fimple que toutes celles qui ont elle inventées. Voicy ce que c'eit. Il
arrelte Ton verre fur la traverfe que Ton monte le long du malt, le dreiïant vers
l'etoille pendant qu'il eit en bas, et le fixant dans cette pofition. Ce qui l'oblige de
le faire redefcendre a chaque' fois pour le drefTer de nouveau vers l'étoile, qui
change continuellement de place comme vous fcavez. Je luy ay efcrit 2) qu'a la
vérité fa manière fe peut dire plus limple que la miene, mais qu'elle n'eit pas fi
bonne, et qu'il peut bien s'imaginer que je ne l'ay pas ignorée. J'ayaufli efcrit a
un de fes collègues 3) qu'on trouvoit a dire qu'il avoit baptizè mon Satellite
Saturnien avec les liens, fans m'en avoir rien communiqué.
Vous aurez fceu la mort du couzin Zuerius4) de Breda. Son fils a comme vous
fcavez la furvivance et Moeder s) s'eft défia mife en poïïefiion de la maifon au
Valkenberg. Le frère de St. Annelant a l'honneur d'eftre inftituè tuteur des
enfants avec Mrs. Schilder6) et Triglandius7) de Leijden, et ladite grandmere.
Je ne fcay fi l'on vous a dit que deux filles de Mr. Caron font venues icy, l'une
mariée et qui avoit elle obligée de ligner, l'autre efl: la cadette de toutes 8). Mr.
Jurieux9) fait imprimer pour la deuxième fois fa lettre paftorale IO) aux perfecutez,
qu'il prétend donner tous les mois, ou il y a une féconde lettre de la Reine
Chrirtina XI), qui efl: très remarquable et qui chagrinera fort le Sire Louis fi elle
tombe entre fes mains.
') Dans l'article cité dans la Lettre N°. 2427, note 2, au paragraphe intitulé: Les verres qui ont
servi à ces découvertes.
2) Voir la Lettre N°. 2434.
3) Voir la Lettre à Cl. Perrault. N°. 2437.
4) Samuel Suerius, receveur des domaines du Prince d'Orange; voir la Lettre N°. 1 160, note 13.
5) Elisabeth van der Does, épouse en secondes noces de Samuel Suerius.
ô) Voir la Lettre N°. 2186, note 7.
7) Jacobus Trigland, né le 8 mai 1652 à Harlem. Il fut successivement pasteur à Uithoorn,
Breda, Utrecht et à Leiden, où il fut nommé professeur de théologie en 1687. Il mourut le
22 septembre 1720.
8) Voir la Lettre N°. 1 557, note 1 6. 9) Voir la Lettre N°. 2428, note 3.
IO) Lettres pastorales addressées aux fidèles de France, Rotterdam, 1686, in-12. Elles furent
continuées en 1687, in-40, et en 1688. in-120.
XI) Voir l'Appendice N°. 2439.
102 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2439.
La Reine Christine.
1er octobre 1686.
Appendice au No. 2438.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Hi/ygens1).
Lettre de la Reine Christine.
[18 Mai 1686].
C'eft avec eftonnement que j'ay vu que ma lettre eft deuenue publique en vos
quartiers2). Je ne comprens pas comment cela s'eft fait, et ie puis vous afiurerque
ce n'efi: pas moy qui l'ay publiée. Je ne puis croire aufli que celuy a qui elle eftoit
efcrite, ait fait fi mal fa cour à fon maitre, qu'il ait voulu me faire ce plaifir. Quoy
qu'il en foit, je ne me repens pas de l'avoir efcrite. Car je ne crains perfonne. Je
prie Dieu de tout mon coeur que ce faux triomphe de l'Eglife ne luy courte un
jour de véritables larmes. Cependant, pour la gloire de Rome, il faut fçavoir,
que tout ce qu'il y a icy de gens d'efprit et de mérite qui font animez d'un vray
zèle, ne font, non plus que moy, les dupes de la France a ce fujet. Ils regardent
comme moy. avec pitié, tout ce qui fe pafle dans le monde, ou l'on donne aux
fpeftateurs tant de fujecT: de pleurer et de rire. Noftre feule considération eft que
Dieu n'abandonnera pas fon Eglife, et qu'il donnera une glorieufe fin a tous ces
malheurs, qui font plus grands que l'on ne penfe, mais il faut adorer Dieu en tout
ce qui arrive, et les difpofitions incomprehenfibles de fa fainte providence. Je
fouhaite qu'il vous profpere. A Rome ce 18 Maj. 1686.
Christina Alexandra.
J) Elle est écrite de la main de Chr. Huygens.
2) La première lettre de la reine Christine a été publiée dans les „Nouvelles de la République
des Lettres", du mois de mai 1 686. sous le titre : „Réponse de sa Majesté Sérénissime la Reine
Christine de Suède, à la Lettre de Monsieur le Chevalier de Terlon".
CORRESPONDANCE. 1 686. I03
N2 2440.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
3 OCTOBRE 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2438.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2441.
;Du L00 le 3 d'Oclob. 1686.
J'ay receu avec voflre lettre le petit infiniment de fer que je trouve bon, comme
il efl a prefent,~et de grand ufage pour la microfcopie.
La manière d'obferver de Caffini, efl pour faire pitié, de la manière que vous
me la marquez. Elle efl pour faire faire de l'exercife a l'obfervateur qui eflant
éloigné du mafl comme il doit être fe fervant des grands objectifs efl obligé d'y
courir a touts moments pour redrefler le verre. Vous avez fort bien fait de luy
eferire les chofes que vous dites fur ce fujet aufli bien que fur celuy du vol qu'il
vous a fait de toute une Lune.
J'ay bien fait de la peur a Oyen de Bolduc qui efl icy depuis auant-hier en luy
faifant accroire que par le teflament de Zuerius il elloit mis aufli Tuteur de fes
enfants.
Monfieur Benting m'a dit qu'il a chez luy un Chameleon en vie qui n'a pas
mangé de 10. ou douze mois et ne fait point d'ordure. Si vous voulés le voir
vous n'avez qu'a aller chez luy et demander après Heimans qui vous le montrera.
J'envoye a mon Père l'Acle que Son Altefle a figné pour vous de la Prébende
que monTere a à Utrecht J).
Voor Broer Hugens.
') Sur l'adresse on trouve noté au crayon, de la main de Christiaan Huygens, l'air suivant :
L'on se trompe aisément lors que l'on aime bien
us m m f s s 1 c u r c
Je croiois vostre amour de la force du mien
u c s fmmfslfs
J'aurois moins repondu de mon coeur que du vostre
r c s 1 m f f r 1 ses
Helas de bonne fois je disois mon Iris
u s 1 s f m 1 s 1 c m c
Mais cette Iris estoit l'Iris d'un autre
s u s 1 s 1 s f m ru ru
104 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2441.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
7 OCTOBRE 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2440.
Const. Huygens y répondit par le No. 2442.
A la Haye ce 7 Octobre 1686.
Il y a 4 ou 5 jours que les S.rs Sgravefande et Blom me vinrent voir et m'appor-
tèrent encor quelques échantillons de verre ') pour des oculaires mais qui ne fe
trouvèrent pas meilleurs que tous les précédents. Ils promirent pourtant de faire
encore d'autres expériences et je leur donnay un morceau de verre blanc de
Londres, afin qu'ils tafchafîent d'en imiter la netteté, car pour la blancheur on fe
pourroit pafler a quelque chofe de moins. Ils me montrèrent en fuite trois verres
objectifs de leur fabrique environ de 44 pieds, lefquels j'eus la curiofitè d'éprouver
en leur prefence, et les menay pour cela au grenier, ou nous les ajuftames devant
les trous percez dans la planche; mais ils fe trouvèrent l'un après l'autre très
imparfaits, c'eft a dire ne valant rien du tout, quoy qu'ils m'afluraflent que l'un
des trois avoit paru bon en regardant la Lune. Ils ne purent difconvenir de
l'excellence du mien de pareille longueur en regardant les briques de la maifon
du Pr. Maurice. Il y en avoit deux de leurs verres qui n'avoient pas aflez
d'epaifleur, mais le troifiefme faifoit bien voir que la faute ne venoit pas de la
feulement. Apres ce mauvais fucces ils tirèrent de leur pofche un autre grand
verre, à peu près comme les noftres de 1 20 pieds 2), et d'une fort bonne epai fleur
et bien foigneufement arrondi, mais un peu gris par tout également.
Ils difoient qu'il eftoit de quelque 90 pieds mais que dans tout Bolduc ni fur les
remparts ils n'avoient pu trouver moyen de l'éprouver. Au refte qu'il eftoit fait
par une méthode nouvelle qui ne fembloit pas pouvoir manquer. Comme ils
dévoient partir le mefme jour ils me laiflerent ce verre afin que je l'eiTaiaïïe dans
le mail 3), ce que je n'ay pas fait encore, cependant je l'ay expofè a la reflexion de
la chandelle, dont il renverfe la flamme afTez bien, mais tenant l'oeuil au foier
et dans le point de confufion il me femble que j'y vois des chofes qui marquent
quelque défaut et beaucoup de drabbigheyt 4) quoy que la matière femble eftre
fort bonne. Je voudrais que vous fufliez icy pour eftre prefent a cette épreuve.
') Voir la Lettre N°. 2433.
2) Consultez les Lettres Nos. 24 1 8 et 24 1 9.
3) Le „maliebaan", plaine près du bois de la Haye.
4) Traduction : trouble.
CORRESPONDANCE. l686. I05
s'Gravefande me dit qu'a quelques lieues de Bolduc il avoit une maifon de
campagne près d'un village qu'il me nomma ou il y a un clocher en pointe,- de
200 pieds de hauteur, félon la mefure qu'il en avoit prife groffierement, et éloigné
de toutes maifons et arbres. Cela feroit beau pour voir l'effecl: de voltre verre de
210 pieds5) mais il y a h* loin que je ne crois pas que nous profitions jamais de
cette belle commodité.
Je vous remercie de l'Acle de la Prébende, c'eft tou (jours quelque chofe, et je
crois qu'il en faudra tefmoigner ma reconnoi (Tance à S. A.c mais que cela fe peut
différer jufqu'à fon retour. Je n'ay pas elle voir le Chameleon parce que j'en ay
vu a Paris et en vie et anatomifez.
Vous aurez fceu fans doute la nouuelle de Mme de Valkenburg qui veut
epoufer le cocher de fon frère. t
N= 2442.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
IO OCTOBRE l686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse an No. 2441.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2446.
du Loo le 10e d'Oft. 1686.
J'ay receu la vôtre du j.z ou vous me raccontés l'eïïay des Objectifs de 'SGra-
vefande. Il ne faut pas douter que le long de 90 pieds ne foit de la même trempe.
Vous me ferez plaifir de me mander comment vous l'aurez trouvé au mail.
Pour les oculaires je m'étonne comme vous n'avez pas cncor fait l'expérience
d'en faire deux au lieu d'un, comme vous propofates dernièrement '). Je croy
5) Ce verre se trouve actuellement dans la collection de la Société Royale à Londres. On
l'attribue, par erreur, à Christiaan, tandis qu'il a été fabriqué par Constantyn Huygens, frère.
Dans „The Record of the Royal Société 1897", page 173, il est décrit comme il suit: „An
object-glass by Huygens, with two eyeglasses by Scarlett, for a Télescope of 210 feet.
Presented by the Rev. Gilbert Burnet, M. A. F. R. S., in 1724".
') Voir la Lettre N°. 2430.
Œuvres. T. IX. H
Io6 CORRESPONDANCE. l686.
qu'on n'aura point de peine de trouver de bons morceaux de miroirs de Venife qui
pourront fervir à cela.
Il y a quelques jours que j'allay me promener encore jufques au moulin ou
l'on bat le cuivre (on dit qu'en François on les appelle martinets) et voyant de
quelle manière l'on y travaille je jugcay que l'on pourroit faire faire la des formes
de cuivre fort bonnes et auffi grandes que l'on voudroit. Ils fondent le cuivre
dans des chofes comme des poilcs rondes, et de l'epaifleur que l'on veut. Puis ils
le battent avec leurs marteaux et l'etendent tout autant qu'on leur ordonne, et
cette batterie, qu'ils réitèrent à plufjeurs fois fait qu'il n'y a point de trous ny
de crevafîes dans la placquc, qui feroit un grand point. Ils aplatiffent ces ronds
aïïez paiïablemcnt mais tout ce qui manqueroit a la fuperficie fe pourroit corriger
avec de grandes limes, et puis en les mettant fur la meule au Wagenftraet. Ils
font faits de cuivre rouge, mais je croy qu'a cela il n'y auroit point de mal. Ils
me demandent 14 fols de la livre, et peut être le donneroyent à quelque choie
de moins. Je croy que j'ay payé nos gens de la Haye bien au delà.
J'ay eu foin de parler en faveur de SGravefande et S. A. l'a fait Efchevin a mon
interceffion pour cette année.
Nous avons vu icy deux pièces fous le nom de deux lettres d'un Bourgeois de
Cologne a fon amy.
Voor Broer Huijgens.
N= 2443.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
ai OCTOBRE 1686.
La lettre se trouve à Leideii, coll. Huygens.
Nobiliflime Vir
Quid Nob. D. de Tfchirnhaus ex additis literis ') percipies, ut nimirum Parifios
ableges exemplaria 2) Academiae deftinata, et hoc ipfum quanto ocyus praeftes.
x) Voir l'Appendice N°. 2444.
2) De la „Medicina Corporis" et la „Medicina Mentis", les ouvrages cités dans la Lettre
N°. 2276, note 2.
CORRESPONDANCE. l686. I OJ
Nec Ego, nec ille de hac re dubitamus. Doleo fane typographos adeo pigros fuifie
et impreflionem in tantum tempus produxifTe. Animus mihi eit ad D. Tfchirnhaus
liceras brevi exararc, fi aliquid pencs te latet, quod ipfi, ut petit, indicare animus
eft, meis poteris includere. Indica quaefo ? fchedula quâdam num exemplaria tibi
reéle Tint tradita. Plura hoc tempore addere prohibet hora. Vale Nobilifïime Vir
Tuus omni Studio
Petrus à Gent.
Raptim Amft. 21 Oélob. 1686.
P. S. Tuas credo, D. Tfchimh. junges, et fi quid defecerit addes et pofl; leélas
ad D. du Hamel figillo munies. Rurfum Vale.
Achter de Groote hal in de Nés
in de witte poort.
Wel Edel gebooren Heer Mijn Heer Mijn Heer
Christiaan Hugens, Heer van Zelem.
prefentement
à la
Haye.
met een kasje getek. N°. 20.
C. H.
port.
Io8 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2444.
E. W. von Tschirnhaus à Christiaan Huygens.
IO OCTOBRE 1686.
Appendice au No. 2443.
La copie *) se trouve à Leiden , coll. Huygens.
C/ir. Huygens répondit par le No. 2452.
Kiefiingfwaldae è Mufaeo meo 10 Oc~tob. 1686.
Nobiliffime Vir
Amice plurimum colende.
Annus fere elapfus efi: ex quo te falutatum Hagam Comm. ibam, reverfus in
patriam varia fe[e obtulere negotia, in his haftenus plus ac dici potefi hic meus
Tractatulus me diftriéhim tcnuit, quem procuravi, quantum per ingens adeo in-
tervallum licuit, ut accurate fen inique meo apprime conveniens adaptaretur et
imprimeretur; hune Tibi jam mitto, enixiflime rogans, ut eundem quemadmodum
mihi praefens amicè promififii, Parifios tranfmittere velis, qu6 Academiae Scien-
tiarum (unà cum literis meis, et 15 exemplaribus) ac deinceps Régi, quantb
ocyus poffit offerri, Obfigna quaefo literas, ubi eas perlegeris, ad D. du Hamel
exaratas. Nullatenus dubito, quin oinnia optime fis curaturus pro meo defiderio;
hoc unicum mihi efi: votis, ut primus hic ingenij mei fœtus Tanto Viro probetur;
quod fi fiam voti compos, haud ambigo de univerfali Eruditorum approbatione.
Haétenus felices ultra modum in ftudijs feci progrefTus, de quibus mea fuo tem-
pore feripta tefiabuntur, ac fc{e curiofa valde in experientijs obtulerunt. Mecha-
nica quod fpeftat, abfolvi ex voto inter alia Spéculum meum Caufi.icum, quod
prorfus admiranda praefiat effefta: efi: illud amplitudine 3 ulnarum Lipfienfium,
conflatum, ut nofii, ex folà lamina cuprea, figurae perfecle fphaericae. Lignum in
momento vividifllmam Hammam concipit, plumbum, ftannumque aquae inilar
dertillant, adeb ut intra pauca horae minuta intégras libras defiruat, lamina ferrea,
ut et chalybea, ubi focum attigerit, è vefiigio fulgentifllme candet, ac guttatim
difiblvitur, perforât item intra pauca horae minuta nummum imperialem, ex
purifiimo argento faélum, vel in fluorcm redigit, breviter eadem plane efTefta,
quae Parifijs videre2) datum fuit praefiat. De cetero quia fpeculum hoc nitidiffime
politum, opticae projecliones perpulchra reprefentantur, caput aliudve membrum
longe diffitum, et infolitae magnitudinis extra fpeculum in libero aëre exhibetur,
fimiliaque his efficit: fed horum quaedam fuo tempore in Aclis Lipficnfibus pu-
') Elle est de la main de P. van Gent.
2) Consultez la Lettre N°. 2374, note 3-
CORRESPONDANCE. l686. I OQ
blicata videbis 3), et fpero haftenus publico commiiïa, et fuo tempore ibidem
imprefla tibi haud ignota e(Te, in quibus, ut et in praefenti Traétatu femper data
occafione pro viribus Nominis tui famam cclebrare nullo modo intermifi: fum
enim animitus
Generofitatis tuae indefeflus Cultor
Ehrenfried Walther de Tschirnhaus.
P. S. Tibi tria exemplaria mei Tractatus Tracl. hifce tranfmitto.
Si tibi plura nota fuerint de microfcopio Campani, quod omnia hactentis fabri-
cata objeftorum ampliatione, campi majore extenfione, claritate ac ufu fuperat,
ac quae menfe Julio in Eruditorum Aélis recenfentur 4) ea quaefo mihi tua opéra
innotefcant. Rurfum. Vale.
Wel Edele en zeer Geleerde Hr. Mijn Heer
Christiaan Hugens Heer van Zuilichem
prefentement
a
la Haye.
N° 2445.
Christiaan Huygens à B. Fullenius.
24 octobre 1686.
La lettre et la copie se trouvent à beiiTen, coll. Huygens.
ClarifTimo ac Praeftantiffimo Viro D°. Bernardo Fullenio
Chr. Hugenius S. P. D.
Litteras quas abs te Duillerius !) optimus reddidit 2), cum figuris ratiociniifque
geometricis plenas viderem (alijfque rébus tune temporis intentus eiTem), obiter
3) Dans la livraison de janvier 1 687, sons le titre :
Relatio de insignibus novi cujnsdam speculi ustorii effectibus, comnmnicata a D. T. in
Litteris ad N.
4) Sous le titre: Descriptio novi Microscopii, autore Dn. Josepho Campano, ejusque usus, A.
Dn. Schelstrateno, Vaticanae Bibliothecae Praefccto, in Iitcris d. 1 3 Jnnii a. 1686. Romae
exaratis, communicata.
') Voir, sur Fatio de Duilliers, la Lettre N°. 2449, note 1.
;) Nous ne connaissons pas cette lettre.
I IO
CORRESPONDANCE. l686.
perleétas fepofui, diligenriori examine retractandas quod nunc denique fcci,
ferius profe&o quam debueram nec prorfus citra culpam, fed quam abs te mihi
condonari peto. Longitudinum inventum quod attinet cujus fuccefTum profperum
mihi tam amice precaris, eum ego qualis futurus fit patienter expec~to, donec ab
Africae angulo capitte bonae fpei horologia revertantur, quae bina eo vecta
fuere ijs navibus quae initio Menfis Junii a Texelia difcefTere. Cura eorum nautae
cuidam e peritioribus3), quemque multo ante praeccptis inftruxeram commifia
fuit, addito horologiopa, rebufque omnibus necefîarijs provifis, qua in re operam
infignem praefiitit Ds. Huddenius. Vifum fuit autem, quo maturius de exitu rei
certiores fieremus, non ufque in Indiam cum ijs navibus horologia perferri, fed eo
quem dixi loco opperiri, donec ea ex Indiâ aliae navis reverfae domum reducant,
quas tamen vere proximo demum expeftandas ajunt. Feceram ipfe periculum autem
in mari interiori, quod nos a vobis dirimit4), vifurus nempequambenejaftationem
navigij non ita magni toleraret pendulorum motus, atque ab eo experimento
itemque alio in mediterraneo mari olim capto s) non maie de fuccefTu negotij hujus
nunc auguror. Vidi idem illud quod narras Zahnij 6) volumen, in quo quantum
memini, nihil folidioris doftrinae nugamenta vero complura extant. Intellexi ei
operi acceiïiiTe poftremo et illam partem in qua fabricandarum lcntium artem erat
pollicitus, fed in eâ quoque omnia fpe et promiffis minora effe. Venio ad ratioci-
nium tuum quo contendis oculum utilius intra focum lentis ocularis convexae,
quam in ipfo foco conftitui, eo quod major campus aperiatur priore pofitu. In quo
reéte quidem fe habet calculus tuus et plane in fententiam tuam concedendum
effet fi pro lubitu aperturas lentis majoris ftatuere liceret. Sed quoniam certis
limitibus arclantur et quidem anguftioribus quam fortafle exifiimes, propterea ad
nihilum recidit hoc quod fperas lucrum. Et hinc in telefcopio non nifi decies
augens diametrum rei vifae, quale in exemplo proponis, ubi foci dift. lentis majoris
10 pollicum circiter ponenda erit, ocularis foci difiantia pollicis unius.
in eo inquam pofitis aperturarum diametris; quantas ad fummum natura lentium
3) Thomas Helder; voir la Lettre N°. 2407, note 2.
4) Consultez la Lettre N°. 240 1 .
5) Le voyage de Candie de de la Voye; voir la Lettre N°. 1766.
6) Johann Zalin, chanoine de l'ordre des Prémontrés à Wiïrzburg. Il s'agit de son ouvrage:
Oculus artilicialis teledioptricus seu Telescopium e triplici fundamento stabilitum. Her-
bipolis. i685.in-f°.
CORRESPONDANCE. l686. III
admittit, non amplius proficitur admovendo oculum ultra focum ocularisquam ^
circitercampi fecundumdiametrum. Item intelefcopiopedum 30 in quo 3 pollicum
ell magnae lentis apertura, non nifi T|5 lucrabimur, et minus etiam in majoribus.
Ac fecundum hanc eandem proportionem a foco ocularis introrfum promovendus
ociilus, in tuo nempe telefcopio ^ foci diftantiae lentis ocularis, in illo 30 pedum
Ti-ô qui motus ne percipi quidem potell. Nam quod tuus calculus rationem eam
exhibet quae efl: 1 1\ ad 10 feu 5 ad 4 ea talis e(Te non potell nifi aperturam lentis
majoris nimium quantum augeas, ut fit i| pollicum quae tantum circiter \ poil,
patere deberet.
Porro quod praefenti tibi dixeram, cum de his rébus ageremus, fi ponatur
lens convexa medio loco inter oculum et rem vifam, hanc tune maximam ap-
parere, id theorema hanc praemifTam habet conditionem, manente oculo et re vif a
quod tibi e memoriâ excidifTe oportet. Tune enim ubicumque extra médium lens
interponatur minor fiet imago. Contra vero in cavis lentibus média illa pofitio
minimum videri facit objeclum. Atque ita quidem dubia tua refoluta habes, nam
theorema alterum de permutatione locorum oculi et reivifae calculus tuus compro-
bat. Quaefivi a Duillerio an non prafticae parti dioptrices operam aliquam in pre-
fentia impenderes. Ille nihil eade re fe accepifTe refpondit. Credo id occupationibus
tuisfieri ex munere nuper fufeepto, quas ut infolitas acftudijs etiam tuis officientes
a te allegari video. Nos jam ducentorum pedum lentes paravimus, fed quibus ad
coelum dirigendis nec area fatis lata nec altitudo fuppetit. Malum habemus 105
pedum altitudine fedhorti amplitudomodica, quam vidifti vixpatiturut 125 pedum
lentibus utamur. De duobus Saturni Satellitibus quos Cafllni tribus prioribus
addidit procul dubio ex diario Roterodamenfi ") jam didicifti. Utque omnibus
Lodoiceorum fyderumnomen impofuerit8),quod an me inconfulto facere debuerit,
cum omnium primus ejus Satellitis maxime confpicuum deprehenderim, tibi
expendendum relinquo. Vale Vir Praeftantiflnne lhidiaque haec noitra et me tibi
addittifiïmum amare perge.
Dab. Hagae Comitis 24 Oétob. 1686.
7) Les Nouvelles de la République des Lettres, du mois de May 1686, pages 49a à 494.
8) Voir la Lettre N°. 2437.
112 CORRESPONDANCE. l686.
N= 2446.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
- 11 novembre 1686.
La lettre et la copie se trouvent à Leiilen , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2442.
A la Haye ce il Nov. 1686.
Quoyque j'efpere de vous revoir dans peu de jours je ne laifTeray pas de vous
eferire encore cellecy pour fatisfaire a ce que j'ay promis, qui efl: de vous folliciter
d'intercéder pour un homme en une chofe qui vous regarde fi peu que je ne veux
pas feulement la propofer icy, mais après que je n'auray plus rien a vous dire.
Puis que je ne vous ay rien mandé touchant le verre que m'a laifle SGravefande
s'il efl: bon ou mauvais, vous vous douterez bien que je n'en ay pas fait l'épreuve
et que je l'ay voulu différer afin que vous y fuiriez prefent. C'eil la une des raifons.
L'autre efl: qu'il ne m'eft pas aifè de faire feul cet eflay ou il faut l'attirail que
vous feavez. Ces jours pafTez un homme qui fe difoit parent du libraire Waef-
berghe d'Amfterdam m'apporta le deflein d'un grand verre objectif de 100 pieds
reprefentè par un cercle de 8 pouces de diamètre avec des mots eferits autour
en Allemand et en François, qui marquoient cette longueur de 100 pieds car il y
avoit 1 50 palmi d'Italie. Il y avoit un autre cercle de 31 pouces pour la grandeur
de l'oculaire. Il demandoit, fi je fçavois quelqu'un en ce païs qui pufl: fournir de
tels verres pour un telefcope, a quoy je refpondis que non. que j'en feavois faire,
mais non pas pour d'autres. Je luy indiquay en fuite Hartfoecker et Campani. Je
doute aucunement fi la demande ne venoit pas de Hevelius, par ce que je fcay que
Waefberghe a correfpondence avec luy, et a caufe de l'infcription Allemande,
mais ce n'efl: qu'une légère conjecture.
Je vois que dans vortre dernière vous racontez ce que vous avez vu au moulin
de cuivre. Je trouve comme vous qu'on en pourroit profiter fi on avoit encore
befoin de grandes formes, mais il me deplait qu'ils n'en ont que du cuivre rouge,
qui ell plus mol, et par confequent moins propre a bien doucir les verres. Je fcay
qu'autre fois nous en avons fait eflay. Le meilleur ferait fans doute le fer fondu,
et qui conferveroit mieux fa figure. Mais d'où vient qu'ils ne travaillent pas en
cuivre jaune puis qu'ils ont une fonderie? Mr. Tfchirnhausm'efcrit1) qu'au lieu de
fa demeure on fait de ce cuivre jaune, et qu'il en a fait faire un miroir concave de
3 aunes de diamètre et qui fait tout le mefme efFcct que le grand de Villette que
j'ay vu a Paris. Je ne comprens pas pourtant comment il l'a pu faire battre s'il efl:
') Voir la Lettre N°. 2444.
CORRESPONDANCE. l686.
"3
affez épais, pour ne fe pas dejetter par Ton propre poids. Le mefme m'a envoie un
livre de fa façon dont le titre eft Mcdecina mentis et corporis, et qu'il dédie au
Roy de France qui a bien befoin de l'un et de l'autre.
L'homme qui fe recommande a fes bonnes grâces eft mon tailleur Anglois de
nation qui voudrait eftre tailleur de Mr. le Prince qui a quitè celuy qu'il avoit,
ce qui vous fera fort aifè a luy procurer. Je vous en efcris non pour autre fin que
pour pouvoir dire que je l'ay fait et que fi on vous le demandoit vous puiiïiez dire
la mefme chofe. Il s'appelle Mr. Raylay.
N= 2447.
Ph. de la Hire à Christiaan Huygens.
5 DÉCEMBRE 1686.
I.a lettre se trouve à Lciden , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2435.
A Paris a l'Obferuatoire le 5 Decemb. 1686.
Monsieur
L'on trauaille prefentement a l'impreffion des collections dont ie uous ay donné
auis1) et iay commencé par le traitté des Exclurions de Mons. Frenicle, icmettray
enfuite un petit ouurage de Mons. de Roberual des mouuemens compofez 2) iay cru
deuoir mettre ces deux ouurages les premiers comme leurs auteurs font aufïi morts
les premiers de noftre compagnie, et comme ie nay point douurage entier de def-
funt Mr. Picard ie ne uoudrois mettre les petites pièces que ien ay qu'après ce
que uous aurez la bonté de menuoyer car quoyque uous ayez donné beaucoup de
chofes tant de Mathématique que de Phyfique dans nos regiftrcs ie ny prendray rien
que ce que uous me marquerez, et iaymerois beaucoup mieux que uous uouluiîiez
bien faire faire quelques coppies de ce que uous auez et que uous fouhaittcz inférer
dans ce recueil auec les changemens et augmentations telles quil uous plaira, ie
fuiurois exactement la coppie que uous m'enuoyerez 3) mais la grâce que ie uous
demande dans cette occafion ce ferait un peu de diligence, car Mr. Cramoify
noitre imprimeur me preffe fortement. La difficulté qu'il y a de faire tenir des
') Voir la Lettre N°. 2432. 2) Voir la Lettre N°. 2432, note 10.
3) Chr. Huygens envoya la copie de plusieurs de ses traités le 20 juin 1687.
Œuvres. T. IX. 15
114 CORRESPONDANCE. l686.
paquets un peu gros par la pofte de hollande en ces quartiers ma fait pen fer que
fi uous pouuiez enuoyer nos paquets a Dunquerque en les addreflant auec une
féconde enueloppe a Monlieur Defmadris Cons.er du Roy en fes confeils inten-
dant de Police Jurtice et finance a Dunquerque, il nous feroit tenir enfuitte com-
modément ce que uous luy addrefferiez en mettant toujours laddrefle de la ie
enueloppe a Mr. de la Chapelle Controlleur des baftimens du Roy a Paris comme
a la lettre que uous mauez efcritte ou que uous noudrez bien mefcrire encore dans
la fuite. Je croy que uous auez fouuent occafion par mer denuoyer ce que uous
uoulez de nos quartiers a Dunquerque. Pour ce qui eft de nos uoyages fur les
codes de france 4), au Cap uerd a la Gorée et aux Antilles 5) quoyque le tout foit
acheué d'imprimer il y a plus de deux ans on ne les a point mis au jour ayant
refolu de joindre le tout auec les uoyages de Cayenne et d'Vranibourg et auec
ce que Mr. Caffini a fait fur les decouuertes des derniers fatellites de Saturne qui
font 5 aprefent comme uous fcauez. On nous auoit dit que uous auiez fait des ver-
res de lunette de très grande longueur. Mr. Hartfoeker en a fait de toutes les
grandeurs iufques a 1 200 pieds mais quoyque nous ayons fur la terrafTe de lobfer-
uatoire une tour de bois de 1 20 pieds de hauteur auec des coulifTes par les codez
pour eleuer le uerre obieftif a toutes fortes de hauteurs, nous ne pouuons pas
nous feruir de uerres de plus de 2. ou 300 pieds a caufe que nous n'auons pas
afTez defpace pour nous reculer et que les obiets pafTent fi uifte qu'on ne les peut
fuiure quauec peine fi Ion ueut faire un peu dattention a obferuer. uous auez
fans doute entendu parler de la Machine de Mr. Dalefme qui confume la fumée15)
c'eftadire un efpece de foyer ou Ion fait du feu auec du bois qui ne fume point au
milieu dune chambre et a decouuert.
Je fuis
Voftre niueau 7) eft celuy de tous les niueaux qui eft le plus en uogue et ie croy
que ce que uous uoudrez bien nous donner la deiïiis fera toujours très bien receu.
4) Voir la Lettre N°. 2432, note 6.
5) Voyages au Cap Verd en Afrique et aux Isles de l'Amérique, par MM. Varin, des Hayes et
de Glos. Réimprimés dans le Tome VII, 2c partie, des Mémoires de l'Académie des Sciences,
depuis 1666 jusqu'à 1699. Edition de Paris.
û) Voir, au Journal des Sçavans du Lundi 1 avril, m.dc.lxxxvi, l'article: Machine qui consume
la fumée, de l'invention du Sieur Dalesme, à Paris 1 686, suivi de l'article :
Rellexions de M. de la H ire, Lect. & Prof. R. pour les Math, de l'Acad. R. des Sciences,
sur la Machine qui consume la fumée inventée par le Sieur Dalesme.
Sur André d'Alesme, voir la Lettre N°. 2008, note 15.
7) Voir les pièces Nos. 2212 et 2216.
CORRESPONDANCE. l686. II5
Nous auons veu aiïez pafTablement l'Eclipfe de lune du 29 du pafTé don: le com-
mencement a elle trouué a ioh 1' et la fin a iah 41' 30* il y auoit beaucoup de
difficulté a obferuer le pafïages de lombre fur les taches dont ie nay marqué que
peu; la quantité de lEclipfe de 5. doits 55'.
Les parties de la (£ Eclipfée
e 1 (
ioit 28'
a
ioh
1 r
0'
3
12
a
IO
21
3°
4
8
a
IO
31
20
4
40
a
IO
38
0
5
3°
a
IO
52
0
5
5°
a
1 1
3
0
5
52
a
1 1
29
0
3
27
a
12
H
3°
2
12
a
12
24
3°
1
25
a
12
34
0
Monfieur fi uous auez obferué quelque chofe de cette eclipfe nous aurez la
bonté de nous le communiquer.
Voftre très humble et très obehTant feruiteur
De la Hire.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
a la Haye
hollande.
Il6 CORRESPONDANCE. l686.
N° 2448.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
17 décembre 1686.
La lettre se trouve à Leiclen, coll. Huygens.
Nobiliflime Vir
Conftitutum mihi eft literas mittere ad D. de Tfchirnhaus, ut ejus poftulato
faciam fatis: quoniam vero ex tuis ') intellexi, quas 28 Octob. ad me dedifti, Vir.
Nob. velle Meditationes Tfchirnhaufij perlegere et expendere, et tune ad eum
Epiitolam exarare in quâ dubio procul habebitur de illo Traft. fententia tua,
meum efTe judicavi N. V. per epirtolam convenire ex.2) expifeari, num Auftorem
noftrum perlegerit, et expenderit; quod fi faftum literas fuas meis jungere poterit,
ut proxime die veneris Lipfias amandentur. Si quid habes, quod ipfum feire
defideras, quaefo mihi indica. Vale hifee.
Tuus omni ftudio
Petrus à Gent.
Raptim Araft.
17 Decemb. 1686.
Achter de Groote Hal in de witte poort.
Wel
Edele Geboren Heer
Mijn Heer Christiaan Hugens, Heer van Zelem
In
pt. 's Gravenhage.
1 ) Nous ne connaissons pas cette lettre.
2) Lisez: et
CORRESPONDANCE. l686.
"7
N= 2449.
N. Fatio de Duillier ') à Christiaan Huygens.
[1686].
Le pièce se trouve à Leiilen, coll. Huygens1').
de Mr. de Duillier
ab raion d'une des roues, bd raion de l'autre roue, cb raion d'un cercle dont
le centre eft c. Si le cercle cb roule fur la circonférence bf, et que par le point
attaché b hors de fa circonférence fi l'on veut il décrive une epicycloïde intérieure
bif. Et fi le même cercle cb roule fur la circonférence bg et que par le même
point b il décrive l'epicycloïdc bhg. Les deux epicycloïde bhg, bif, agiront l'une
contre l'autre avec une même force, lors que l'une ou l'autre des roues fera meuë
également.
Au lieu du point générateur b pris au dedans ou dehors de la circonférence et
qui efi: fans grofTeur on peut prendre pour générateur des figures correfpondantes,
un cercle décrit du centre b de quelque diamètre que ce foit, et ce cercle alors
') Nicolas Fatio de Duillier, né à Bàle en 1664. Son père ayant acheté la seigneurie Duillier
près de Genève, Nicolas devint dans la suite citoyen de Genève. Des l'âge de 18 ans il se rendit
à Paris pour y étudier l'astronomie pratique sous J. D. Cassini. En 1687, il s'établit à Londres
où, en 1688, il fut élu membre de la Société Royale. En 1691 il visita Huygens à la Haye
pour la seconde fois; en 1700 et 1701 il vécut à Duillier. Le reste de sa vie se passa à Lon-
dres. Il est connu par le rôle qu'il remplit dans la dispute entre Leibniz et Newton. En
Angleterre, il se mêla aux agissements d'une secte de fanatiques; il y encourut une con-
damnation au pilori suivi d'emprisonnement. Il mourut, dans le comté de Worcester, à l'âge
de près de 90 ans.
2) La pièce, inscrite de la main de Fatio de Duillier, se trouve à la page 235 du livre F des
Adversaria, d'où nous concluons qu'elle date de la fin de 1686. Ce fut aussi vers la fin de
cette année que Fatio de Duillier visita Huygens à la Haye. (Voir la Lettre N°. 2445). En
haut de la page, au coin droit, Huygens a inscrit : de Mr. de Duillier.
I I 8 CORRESPONDANCE. l686.
efl: comme un point générateur qui a quelque grofleur. Les bords du cercle
décrivent pendant le mouvement deux lignes parallèles pour une roue et deux
lignes parallèles pour l'autre; les deux intérieures font correfpondantes entrelles
et les deux extérieures le font auiïi entr'elles 3).
N° 2450.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
[1686] <).
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Obfervations touchant la figure des parcelles de neige").
Le 14e Janvier 1684. ftil nouveau au foir. l'air étoit encore fort froid, comme
il l'avoit toujours été depuis cinq ou fix jours. Le Ciel paroifloit d'une couleur
uniforme; un même nuage ou un même brouillard fembloit l'occuper tout entier.
Je ne pus m'appercevoir d'aucun vent dans l'air. Il tomboit de la neige d'une
figure admirable, comme on en a fouvent obfervé.
Chaque parcelle de la neige qui tomboit en très petite quantité etoit une étoile
à fix pointes, exactement plane comme je le jugeai par la reflexion des objets et
particulièrement de la chandelle. Ces étoiles hexagones n'etoientpas toutes égales
entr'elles. Les plus larges étoient environ de cette grandeur >j< . Les plus petites
de celle ci -)f . Mais chaque étoile en particulier étoit d'une conflriiction tout à
fait furprenante.
L'épaifleur de chacune de ces étoiles étoit infenfible. Elles étoient très planes
des deux cotez, et d'ailleurs fort tranfparentes. Aflez femblables en cela et par
leur éclat à des petites feuilles de talc très déliées.
Chaque pointe de l'étoile avoit plufieurs rameaux qui partaient d'une tige
commune et qui faifoient de part et d'autre fur cette tige un angle de 60. degrez.
3) Cette construction est parfaitement exacte. On pourrait même remplacer le cercle par une
courbe quelconque.
') Voir, pour la date de cette pièce, la remarque de la note 2 de la pièce précédente sur la visite
de Fatio à Huygens.
CORRESPONDANCE. l686. IIQ
Les extremitez de ces rameaux tomboient toutes fur une ligne droite. Les rameaux
mêmes étoient encore dentelez. Ils étoient très bien joints avec le corps de l'étoile
dont ils ne fembloient être qu'une continuation.
Chaque étoile paroifïbit extrêmement régulière, et le lendemain le même
temps durant encore il en tomboit en plus grande abondance. Le brouillard étoit
allez élevé pour faire découvrir le pied des montagnes voifines qui font à une ou
deux lieues de diftance. Il fembloit qu'il y eut un peu de vent. Ces étoiles tom-
boient prefque toutes du coté plat et ne tournoient point horizontalement en
tombant à moins qu'elles ne fuflent gâtées en quelque endroit. Elles tomboient
fort lentement et quand j'en remarquois une un peu grofTe dans l'air j'avois le loifir
de l'aller recevoir. Cette remarque peut fervir pour comprendre comment ces
étoiles fe forment en l'air, et pour faire connoitre la fituation qu'elles y gardent.
Le 7. de Février a huit heures du matin toute la neige qui tomboit en abon-
dance étoit figurée.
Il y avoit beaucoup de petites rofes inégales entre elles; ces rofesétoient peuépaif-
fes, mal unies par defTus, et comme couvertes d'une neige poudreufe. ^ 35
Vne parcelle de neige avoit la figure fuivante. Dans fon milieu elle avoit un
cercle d'une glace fort unie et très peu épaifTe. Ce cercle paroifîbit noirâtre et
fort bien terminé. Il en fortoit fix branches égales très minces et unies, figurées
chacune en fleurs de lys. <&
Vne autre étoile en hexagone peu unie, à peu près comme celles qui étoient en
rofes avoit la figure fuivante à chaque branche.
Il n'y avoit pas de vent fenfible dans l'air.
Parmi ces étoiles de neige il y en avoit à douze pointes qui paroifloient comme
deux étoiles jointes enfemble. Elle n'etoient pas bien unies.
Il y en avoit comme dans l'Obfervation du 14. de Janvier, des figurées en
hexagone, fort unies et dont les branches étoient fort pointues et très régulières,
femblables chacune en particulier à des pins branchus. sh Dans quelques unes de
120 CORRESPONDANCE. l686.
ces étoiles hexagones les branches paroifîbient régulières avec cinq divifions. &
Quelques étoiles hexagones non pas trop unies et faites en rofes avec des
fueilles longuettes, étoient jointes enfemble par des cylindres de glace fort courts.
Les plus petites étoient jointes par de plus longs cylindres.
H N *=H Trois de ces étoiles étoient jointes par un même cylindre la
plus grande étant au milieu.
A 10. heures | il tomboit de petits cylindres de glace qui alloient en pointe par
les deux bouts, et la neige n'avoit prefque plus la figure d'étoiles, excepté quel-
ques parties feulement.
Sur une poutre ou la neige tomboit, je ne remarquois prefque pas d'étoiles,
mais beaucoup de petits cylindres très déliés, fort tranfparens et détachés les uns
des autres.
A 1 1. heures toute la neige qui tomboit par Hoquets, étoit compofée de ces cy-
lindres embarafTez les uns dans les autres. ■fjÊÉÊlk
A 1 2 heures il tomboit encore des cylindres avec de l'autre neige dont la figure
n'avoit rien de particulier. Elle étoit feulement compofée de petits grains de
figures différentes.
J'avois veu parmi les étoiles de glace deux ou trois petits hexagones fort déliez
fort unis et fort réguliers. Ils étoient aufli de glace et plus petits que les
étoiles O o
Le 13 de Février le foleil paroiftoit, les nuages étoient rares et fort élevez. Il
tomboit beaucoup de petites étoiles hexagones de glace dont les branches étoient
comme de la fougère, ou figurées en fleurs de lys &c. Il faifoit un petit vent de
Nord Nord eft.
N. Fatio de Duillier.
") De Mons.r Fatio de Duilliers. [Chr. Huygens].
CORRESPONDANCE. 1687.
121
N= 2451.
Christiaan Huvgens à Petcom.
14 FÉVRIER 1687.
La pièce et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Pour Monfïeur Petcom.
14 fevr. 1687.
Le verre qu'on demande fe fait a Londres dans le Savoy par un Italien maître
de la verrerie. Il eft parfaitement blanc et prefque fans points, comme le Chriftal
de roche, l'on voudroit que l'epaifTeur fuft comme celle qui eft marquée par la
diitance de ces deux lignes ou encore plus grande. Les pièces devraient eftre afTez
grandes pour en couper des ronds comme
cettuijci. La matière de ce verre ferait dans
la dernière perfection fi on pouvoit faire qu'il
n'y eult point de veines, comme j'en trouve dans les morceaux que j'en ay veu cy
devant. Je crois que pour cela il faudrait la laiiïer repofer dans les pots au fourneau
pendant un jour ou d'avantage devant que d'en prendre pour en faire des plaques.
Œuvres. T. IX.
16
122 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2452.
Christiaan Huygens à E. W. von Tschirnhaus.
IO MARS 1687.
La lettre *), la minute et la copie se trouvent à Leltlen, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2444.
Von Tschirnhaus y répondit par le No. 2457.
Viro Nobiliffimo Clariflimoque D°. Erenfrido Gualthero
de Tschirnhaus Chr. Hugenius S. P.
Cum exemplaria geminae Medicinae Tuae, Vir Nobiliffime atque Amiciflîme,
proximo Oftobri menfe a Doclifiimo Gentio una cum literis cuis accepiïïem, ea
continuo in Gallia mittenda curavi, exceptis tribus quae mihi donaveras. Atque
illa quidem pridem Parifiis reddita fuifle ex D.ni Hamelij literis proculdubio
intellexifti. Quod vero nullas hucufque a me acceperis id quaefo ne aegre feras,
neve ita interpreteris, ac fi parum gratae mihi fuerint haec ingenij tui primitiae:
fuerunt enim longe gratifiimae, et abfque ulla mora perleclae. Sed cum de ijs
judicium meum te requirere viderem, non propere nec leviter mihi examinandas
putavi. Fuit autem et ipfum examen opinione mea difficilius propter doclrinae
novitatem, et in eo faepe interpellatus fui vel aft'eéta valetudine, vel aliarum
occupationum et rei domefticae avocamentis, fed illa praecipue quae me jam, ab
aliquot annis, non nifi paucas horas quotidie ftudijs impertiri finit. Legi itaque
avide opus univerfum, cujus pars illa quae ad corporis fanitatem tuendam
attinet jam ante, ut fcis, mihi plurimum fuit probata; de qua itaque nihiljam
dicam, nifi placere ibi omnia, eorumque utilitatem jam aliquoties mihi experiendo
compertam. Revolvi deinde faepius partem alteram quae mentis ofyyiuv complecli-
tur, in qua plurima quoque inveni quae bene prorfus ac fapienter mihi difTerere
videris,[quaeque non ingenium tantum,fedet candorem animi,et dégénère humano
bene merendi ftudium abunde tefiantur] 2). Sunt tamen plufcula quoque quibus
haud plane acquiefco; funt quae tantum obiter attigifti [nulla additâ probatione] 2)
quae mihi velconfidentius aflerta vel etiam Trapue o%6t £/;avidentur, [vel faltemad-
ferta confidentius] 3) quaeque adeo ut aliquando amplius explices valde expeclo.
E prioribus efi: illud veri y.ptr^ptov tuum, quod nefcio an cuiquam approbaturus
') Nous supposons que la pièce, écrite au net par Chr. Huygens et sans aucune rature, est
identique à la lettre même envoyée par Huygens. Le texte diffère en quelques endroits de
la minute ainsi que de la copie, qui se trouve au Tome II des Apographa.
2) La phrase, mise en parenthèse, manque dans la lettre.
3) Les mots en parenthèse ne se trouvent que dans la copie.
CORRESPONDANCE. 1687. 123
fis. Ut enim facile quis concefierit id quod veruih efi: mente concipi pofTe ac
debere, ita converfionis neceflîtatem non agnofcet, nempe quodcnmque concipi
poteil verum effe. Quid quod haec tua veri notio non nifi ad prima Mathematices
et Phyfices principia fpeélare videtur, non autem ad veritatem in ijs quoque rébus
dijudicandam, praefertim in Phyficis, quae per confequentias ex ante cognitis
derivantur. Ut non videam quomodo in his ab errore immunes nos praefies. Veluti
exempli gratia, Quoniam radij Solis per feneffras vitreas tranfmiffi oculos per-
ftringunt hinc certo concludis, vitrum poris pervium cfle; nec quifquam fere erit
cui non hoc idem perfuadeas, adeoque fecundum regulam tuam hoc jam verum
erit. Aio tamen confequentiam illam nequaquam legitimam aut neceffariam efTe,
cum etiam abfque vitri poris ille lucis effe&us optime explicari poffit. Etiî non nego
vitro poros inefTe cum id alijs argumentis probetur. Porro fpecimina methodi
tuae qua exiftimas omnia problemata geometrica, mechanica, phyfica revolvi, ea
vellem ut accuratius traftaffes. Doces enim tantum quae ad inveniendam folu-
tionem demonftrationemve adjumento efTe pofiînt; demonftrationem nullam, quae
certitudinem mathematicam habeat, adducis. in quo tamen praecipua efi: difficukas.
Ita in probiemate illo tuborum inaequalis4) craffitudinis, quod habet pag. 105, ne
umbram quidem demonfirationis reperio. In reliquis aliquid certe amplius efi, fed
quod ad evincendam rei veritatem nequaquam tamen fatis effet, nifi ea aliunde
jam foret cognita.Ubi tamen circà Archimedeam libram hoc temonebo, aliquid ad
demonftrationem adfumi tum ab Archimede ipfo, tum ab omnibus qui eu m fecuti
(unt, eoque et a Te, quod non facile concedi poffit. Quae caufa fuit ut aliam
quandamillius theorematis cc7roèèi%iv olim inveftigaveram 5) quaegeometrisnoflris
Parifienfibus placuit, quamque brevi ut puto editam videbis. Profiteris quidem
te fummam curam non adhibuiffe folvendis his quae adfers6) problematibus. Sed
cum adeo leviter ea tranfvoles, quomodo quaefo methodi tuae militas hinc elucef-
cet? Ita in illo dedefeenfu globi per plani incurvum7), de quo pag. 103, quis
dubitat quin ex natura lineae illius curvae, et naturali acceleratione gravium,
pendeat menfura temporis defeendendo tranfacti. Attamen curvam ejufmodi
invenire quae tempora per quoflibet arcus aequalia efficeret, non erat problema
cujus obvia effet folutio,uti ne nunequidem8) facile efi: colligere tempora per circuli
quadrantem aut minoris arcus impenfa. Quod pag. 85 dicis te angulum in data
ratione idque geometrice fecaffe, in eo tibi affentiri nequco cum non putem lineae
curvae opéra problema ullum geometrice confirui, nifi quatenus curva illa, in-
4) La minute et la copie ont : diverfae.
5) En 1668. Consultez la Lettre N°. 2435, notes 1 et 4.
6) La minute et la copie ont : proponis.
' ) La minute et la copie ont : incurvatum.
8) La minute et la copie ont : ut nunc quoque.
124 CORRESPONDANCE. 1687.
flrumenti aut machinae alicujus invento, defcribi poteft, quod nulli earum quas
Cartefius è geometricarum numéro rejecit, convenu. Quid enim prodellquotlibet
curvae puncïa, reperire, fi quod unicum quaeritur id ignotum manet ? nam curvae
pcr punfta delincatio non aliter quam approximatione quâdam, ut vocant,
problcma folvere poteft, perfefte vero nequaquam. Nec tamen, ut a Te qnoque
animadverfum, haec curvae geometris ncgligendae funt, cum contemplationi
amplifiimam materiam praebeant fintquc ad mulcas res utiles. Caeterum de curvis
illis9) tuis fili circumductu, vel evolutione defcriptis, plura annotanda habercm, et
inprimis hoc quaererem, quid ccntrorum nomine intelligi velis cum curvas omnes
fua centra habere pronuntias; anne cvolutas quoque pro centris habeas earum
quae ex evolutione defcribuntur. Rogarem etiam de curva illa fig. 13a, an adver-
teris ejus partes quafdam eiïe quae circuli arcus fiant. Illud porro mirum mihi et
incredibile vifum eu quod ais vel millenis modis linearum curvarum dimenfionem
expediri poiïe, cum hactenus non noverim nifi Heuratianam illam 10) et noftram
per evolutionem II). Tangentium inventionem tuam in lineis circa plura centra
defcriptis vellem demonuratione confirmafîes, quam fane et aequo amplius efferre
videris.
Quod Phyfices itudium ut omnium jucundiflimum laudas, plane tecum fentio;
fed miror quomodo ita methodo tuae confidas, ut nihil non in hac fcientia jam
pervium exploratumque fore pollicearis. Adeo ut jam magnetis et fuccini attrac-
tioncm, aeitus marini caufas, lucis fymptomata omnia, atque innumera hujufmodi,
exiguo labore explicata habituri fimus. In quibus ego tamen fummamdifrkultatem
reltare exiftimo, nec aliter cam fuperari pofie quam ab experimentis incipiendo
(hoc autem et tibi probari video) deinde hypothefes quafdam comminifcendo ad
quas expérimenta expendantur, qua in re egregia mihi videtur Verulamij metho-
dus, et quae amplius excoli mereatur. Sed ita quoque permagnus labor fupereft,
nec folum fagacitatc infigni opus, fed faepe et I2) felicitate aliqua.
Porro in his quae fcire vellem quibus rationibus tibi perfuaseris, praecipuafunt
illa. Quod ex phyfica icientia clariffime cognofci vis Terram efle perituram.Quod
infinitum ltellarum numerum fiatuis. Quodpag. 44, motum corpus, ctfi nihil obftet,
non vispergerc movcri;cui contrarium tamen pag. 99. adfumfifie videris. Denique
quod tibi extenfio abfque motu concipi nequit, unde vereor ne alterutrum
9) Consultez, sur ces courbes, le texte de la Lettre N°. 2324, à la page 470 sous le numéro 2,
et la note 1 8 de cette lettre.
10) La méthode décrite dans PEpistola de curvarum linearum in rectas Transmutatione. Voir
la Lettre N°. 587, note 5.
") Voir la Propositio XI de la l'ars Tertia de l'Horologium Oscillatorium: Data lineà curva,
invenire aliam cujns evolutione illa descrihatur; et ostendere quod ex unaquaqne curva
geometrica, alia curva itidem geomet, ica existât, cui linea aequalis dari possit.
i:) La minute et la copie ont, au lieu de saepeet: nonnunquam.
CORRESPONDANCE. 1687. I 25
noftrum I3) conceptio fallut, quod tamen impoiïibile exiftimas. Plura non recenfeo,
etfi non pauca praeterea toto libro tuo ad marginem annotata habco, de quibus
utinam aliquando coram tecum agcndi facilitas detur. Scis cnim quam difficile ac
longum fit per epiflolas difceptare, praefertim tanto regionum intervallo remotis.
Non dubito autem quin et alij nunc praeter me negotium tibi face (Tant, interro-
gando ac difputando fuper ijs quae in tuis hifce fcrupulum ipfis moverunt. Neque
tameiT id tibi difplicere arbritror dummodo amico fiât animo; quod de me quidem
certo affirmare polTum, nec quenquam eïïe qui tibi fhidijfque tuis magis faveat. Et
merito, quum non veritatem folum, eafque quibus fempc deditus fui difciplinas,
fed et me ipfum diligas; uti pluribus indicijs in hoc ipfo opère tuo declarafti, quae
equidem gratus agnofco.
SucceiTum egregium in conficiendo fpeculo cauftico tuo lubentifllme intellexi,
et miratus fum expolito aère tam prope, aut prorfus, eadem praeftari polTe atque
miihira illa multo duriore et candidiore, quam nofti. Oportet fane non exiguam
efTe laminae tuae craffitudinem, ut vel ipfo pondère fuo a figura fphaericâ non
defleclat. De microfcopio nupero Jos. Campani, quem incertus rumor e vivis
exceffiiTe I4) haud ita pridem nuntiavit, nihil mihi compertum praeter id quod in
Aclis Lipfienfibus perfcriptum eft I5). Aufim tamen affirmare, quantum ad ampli-
ficationem attinet, non accedcre haec nova ad ea quaefolaexili fphaerula confiant;
nec conjicere poflum quid novi invenerit l6), nifi ut lenticulam inferiorem
accuratiori, quam fieri foleat, induftria efformaverit expoliveritque, quod ego
quoque nuper, neque fruftra, expertus fum. Tclefcopia duo jam ultra ducentos
pedes produximus, fed cum area fpatium non fatis amplum f uppetat, vix unquam
maximorum talium ufus conceditur.
Yale Vir Nobiliffime, et cum vacabit aîiquid refponfi mitte.
Dabam Hagac Comitis 10 Mart 1687.
13) La minute et la copie ont, au lieu de alterutrum nostrum : vel Te vel me.
14) La minute et la copie ont : ad plures abiiffe.
15) Consultez la Lettre N°. 24.44, note 4.
16) La minute et la copie ont : adinvenerit.
126 CORRESPONDANCE. 1687.
N! 2453.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
)8 MARS 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Iluygens.
Nobiliflime Vir.
Miraberis forte, quod ad tuas ') non refpondeam et indicem quid faclum fit de
Epillola tua ad Nobilisf. Virum D. de Tfchirnhaus2). Scias ergo me cam recle
curafTe, et ad locum deftinatum amandafTe : fi quid porro reflet, in quo meâ opéra
indigeas, me femper paratum ad quaevis officia deprehendes. Vifa tua epiitola
incefTerat me cupido eam legendi, verum obferatam referare nolui; non nempe
permittit hoc aequitas. Si placuiffet tibi aliter, mihi certe beneficium dederis. Vale
Nobiliflime Vir et fave
Tuo Pet. Gentio.
Raptim Amft. 18 Mart. 1687.
Wel
Edele, Hoogebooren Heer Mijn Hr.
Christiaan Hugens Heer van Zelem etc.
a
la
pt Haye.
1 ) Nous ne connaissons pas cette lettre.
:) La Lettre N°. 2452.
CORRESPONDANCE. I 687. I 27
N- 2454.
Ph. de la Hire à Christiaan Huygens.
20 AVRIL 1687.
La lettre se trouve à Lcideu, coll. Huygens.
Elle est la réponse à une lettre du mois de janvier 1687 '),
C/ir. Huygens y répondit far le No. 2455.
A Paris a l'Obferuatoire le 20 Auril 1687.
Monsieur
Il y a déjà quelque temps qu'il meft tombé entre les mains une pierre dayman
très fpherique de 3 pouces de diamètre et qui eff dune matière fort homogène. En
examinant cette pierre iy remarquay une croix de cette grandeur — — forte-
ment grauée fur la pierre tiers l'endroit du Pôle, Je uoulus enfuite faire quelques
expériences auec cette pierre, mais ic fus furpris que cette croix que ie eonjec-
turois urayfemblablement auoir elle marquée fort foigneufement pour en eftre
le Pôle, eftoit éloigné de celuy que iy trouuois de la diftance de i8deg. ce qui
eftoit très euident fur cette pierre a caufe de fa grofTeur. Cette différence des
pôles de cette pierre ma donné lieu de penfer qu'il pourroit bien arriuer aux
pierres d'ayman la mefme chofe qu'il arriue a la terre que nous confiderons comme
un gros ayman, dans laquelle nous fçauons que le cours de la matière magnétique
qui eft répandue autour d'elle, uient tantoft dun endroit et tantoft d'un autre que
l'on pourroit appeller Pôles magnétiques, pendant que fes pôles qui regardent
les pôles du monde demeurent toujours dirigez tiers un mefme endroit du ciel.
Cette mefme pierre fpherique a une bafe qui ma fait connoitre la pofition ou elle
eftoit lorfque Ion y marqua autre fois les pôles de fa uertu, et iay trouué par ce
moyen, que le point de cette pierre qui repond au Pôle du monde eff. entre lancien
pôle de fa uertu et celuy que iy remarque a prefent, en forte que lancien pôle
auroit efté marqué dans un lieu, qui ne m'eft pas connu, et dans un temps ou les
aiguilles aymantées ou bien le pôle de la uertu declinoit de 1 3 degr. uers l'orient,
') Cette lettre nous est inconnue. Elle doit être du mois de janvier, puisque sous la date du
21 de ce mois on lit dans les Registres de l'Académie: ,.M. de la Hire a reçu des lettres de
M. Huguens qui lui mande qu'il a fait des verres objectifs de lunette de 150 et 200 p. qui
sont fort bons."
128 CORRESPONDANCE. 1687.
puis qu'icy il décline de 5 uers le couchant prefentement. Il fenfuiuroit donc delà
que fi une pierre d'ayman très fpherique eftoit fufpendue en liberté elle auroit un
point qui regarderoit touiours le pôle du monde pendant que les pôles de fa uertu
pafleroient fuccelîiuement en differens points, ce que ie dis dun des pôles fe doit
entendre de mefme de Ton oppofé, cecy narriueroit pas aux pierres qui font lon-
gues ou qui ont des angles, car leur uertu fe manifefte toujours plus fortement
uers les angles pour peu quelle ait de direction uers ce collé la.
Suppofant donc ce principe iay imaginé une nouuelle manière de bouflole dont
laiguille qui ne pouroit fouffrir que les mefmes changemens dune pierre dayman
fpherique, ne feroit fujette a aucune uariation, ce qui feroit dun très grand ufage,
uoicy de quelle manière ien ay fait conftruire une. Jay pris un cercle de fil dacier
de 3 pouce \ de diamètre et iay mis a fon centre un petit chapiteau comme aux
aiguilles de bouiïbles ordinaires, dou partent trois petits rayons de leton qui uont
fattacher au cercle, et il peut eftre ainfi fufpendu fur un piuot comme une aiguille
de bouflble ordinaire, jay enfuite aymanté ce cercle dacier en prefentant a quel-
quun de fes points lun des pôles dun forte pierre dayman, et a fon point oppofé
le pôle oppofé, et ce cercle eft demeuré fort bien aymanté, et layant lai (Té fe mettre
en repos l'y ay marqué un point auec une petite flèche de leton a lendroit qui
regarde precifement le pôle Boréal du monde pour reconnoitre fi dans la fuite des
temps ce mefme point regardera toujours les pôles du monde lors quil arriuera du
changement aux pôles magnétiques. Je fouhaitterois quon fit cette expérience dans
quelques uoyages en des lieux ou la uariation de layman efl: fort grande pour
connoitre ce qui arriuera.
Pour ce qui eft de la médaille des fatellites de faturne dont uous me parlez dans
la dernière 2) que uous mauez fait Ihonneur de mecrire cela feft fait fans en rien
communiquer a lacademie et ie ne Iay point ueuë.
Pour les uerres de Mr. Hartfoeker2) ie ne doute pas que les uoftresneles furpalTent
de beaucoup en bonté car entre tous les grands quil a faits il ny en a quun de 80
pieds qui foit bon les autres nayant pas la perfection que Ion demande fur tout en
les obferuant au Ciel : Car fouuent lexperience que Ion fait au ciel ne repond pas
a celle que Ion en a faite fur terre, pour ce qui efl: de fon trauail il efl: très beau et
iay ueu des uerres dun pied et demi de diamètre quil a trauailles fort bien. Pour
ce qui efl: de lEclipfe dernière 3) elle fut paflablemcnt bien obferuée en ce pays
quoyque le ciel fut un peu brouillé. J'obferuay le commencement a 1 oh 1' et la
fin a iah 41' mais ie ne uoudrois pas repondre a i| près de la certitude de cette
obferuation a caufe du mauuais temps. Vous mobligerez Monfieur a la première
2) Voir, entre autres, la Lettre N°. 2447.
3) L'éclipsé lunaire du 29 novembre 1686. Voir le post-scriptum de la Lettre N°. 2447.
CORRESPONDANCE. 1687. 129
occafion de uouloir bien me communiquer la ueritable hauteur du pôle de la baye
parce que iay lieu de douter que celle qui efl: dans les cartes Géographiques ibit
exacte après les erreurs que iay trouuées dans quelques unes par les obferuations
que iay faites dans mes uoyages. Nous auons deux liures d'analyfe aux quels
on trauaille et qui feront achetiez dimprimer dans peu de temps ou il y aura fans
doute des chofes fort çurieufes, km efl: du P. Preftet4) et lautre efl: de Mr. Rolle 5)
de lacademie qui efl: un jeune homme qui fefl: fait connoitre par fon propre mérite
pour mériter dy eftre admis. Je ne uous parle point de nos manufcrits6) carie
croy quils ne font pas encore en eftat et c'efl: ce qui moblige en partie a ne pas
trop prefler Mr. Cramoify7) le Traité des Exclurions de Mr. de Frenicle8) cft
prefque acheué. Je fuis aufll en peine de fçauoir fi uous auez fait imprimer uoilre
traité de la dioptrique, et celuy de l'ayman 9) qui a a mon auis bien plus de
uroyfemblance que celuy de Mr. Defcartes10). On prépare icydes nouuautez dont
ic uous feray le détail dans la fuite. Je fuis
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiffant feruiteur
De la Hire.
4) Jean Prestet, membre de la congrégation de l'Oratoire, né en 1648 à Châlons sur Saône,
mort le 8 juin 1690. On a de lui : Eléments de mathématiques, 2 Vol, in-40, dont la première
édition parut en 1675,1a seconde en 1689.
5) Michel Rolle, né à Ambert, en Auvergne, le 21 avril 1652, mort des suites d'une apoplexie,
le 5 juillet 17 19. A l'âge de 23 ans il se fixa à Paris, gagnant sa vie par le métier de copiste.
Bientôt il s'occupa de problèmes d'arithmétique et d'algèbre, qui lui valurent l'entrée à
l'Académie des Sciences, en 1685. Il y eut de fréquentes disputes, surtout au sujet du calcul
des infinimcnts petits, dont il contesta la valeur. Il a laissé un „Traité d'Algèbre" publié en
1690, in-40, et un ouvrage intitulé „Démonstration d'une méthode pour résoudre les égalités
de tous les degrés, suivies de deux autres méthodes, dont la première donne les moyens de
résoudre ces mêmes égalités par la géométrie, et la seconde pour résoudre plusieurs questions
deDiophante qui n'ont point été résolues". Paris 1691.011 a encore de lui plusieurs mémoires
présentés à l'Académie. Il est surtout connu par le théorème qui porte son nom.
6) Voir la Lettre N°. 2435.
') Probablement soit Claude, soit Gabriel Cramoisy, frères de Sébastien Cramoisy, né en 1585,
mort en 1669; celui-ci fut le premier directeur de l'imprimerie établie au Louvre parle
cardinal de Richelieu.
8) Méthode pour trouver la solution des Problèmes par les exclusions, par M. Frenicle. Premier
article de l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2432, note 1 .
V) Ce traité fut lu à l'Académie le 1er juin 1680.
IO) Descartes a donné sa théorie de l'aimant dans les ^Principes de la Philosophie", quatrième
partie, §§ 133 à 183. Edition Cousin, Tome III, pp. 440 etsuiv.
Œuvres. T. IX. 17
I30 CORRESPONDANCE. 1687.
N° 2455.
Christiaan Huygens à Pu. De la Hire.
ier MAI 1687.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2454.
De la Hire y répondit par le No. 2460.
Sommaire: Mort de mon Père, mon inctiipos. Manufcrits: aimants, hauteur du pôle 52. 5.' 14." Marolcs.
de la différente longueur des Pendules. J'attens les obferv5 du Cap de Bonne Esp. ou l'on a
envoie de mes Pendules. De mon traité de l'aimant.
1 Maj. 1687.
A Monfieur De la Hire.
Monfieur. La mort de mon Père *) qui arriva le 28 Mars, et les affaires qui fe
prefentent a ces occaiions, et de plus mon indifpofition qui ne m'a pas encore
entièrement quitè font caufe que je n'ay pas achevé de mettre mes eferits en eftat
de vous eflre envoiez, quoique la plus part foit défia copiée. Mais n'ayant pas* eu
de vos nouvelles depuis voftre lettre du . . .2) j'ay cru que vous aviez encore afTez
d'autres pièces de nos regiftres pour occuper l'imprimeur, ce qui a fait que j'ay elle
moins en peine de retardement. Il y a parmy mes eferits un petit traité de la caufe
de la Pefanteur, auquel je fouhaiterois d'adjouter quelques reflexions fur ce que Mr.
Richer et autres ont obfervè, touchant la différente longueur des pendules en dif-
ferens climats, mais ayant vu que Mr. Picart dans l'Iflc deTychoBrahe3) prétend
') Nous plaçons en tête de ce volume le portrait de Constantyn Huygens, père, dessiné par
Christiaan Huygens, gravé en bois par C. de Visscher. C'est à ce portrait que se rapportent les
vers que van Vondel adressa à Chr. Huygens (voir la pièce N°. 362, Tome I), ainsi que ceux
de Constantyn Huygens, père, imprimés au Tome II, les pièces Nos. 385 et 420. Lors de
la publication du volume cité, nous ne possédions de ce portrait d'autres exemplaires que
ceux qui ont été placés en tête de la première édition des „Korenbloemen" de Constantyn
Huygens. Ils ne se prêtaient pas aune réproduction par phototypie, le revers de la planche
portant des caractères imprimés. Depuis, nous avons rencontré à l'exposition Huygens de la
Haye (voir la Lettre N°. 2327, note 5) une épreuve avant la lettre de cette gravure, appar-
tenant à M. Ch. M. Dozy de Leiden. M. Dozy a eu l'obligeance de nous permettre d'en faire
prendre une photographie par MM. Emrik et Binger de Haarlem.
2) La date est laissée en blanc dans la minute. Il s'agit de la Lettre du 5 décembre 1686, notre
N°. 2447, la dernière dans laquelle de la Hire avait touché ce sujet.
3) Voir le voyage d'Uranibourg, cité dans la Lettre N°. 1834, note 4. Picard y trouva pour
la longueur du pendule à secondes la même valeur que celle à Paris, savoir: 36 pouces,
8 lignes et demie.
CORRESPONDANCE. I 687. I 3 I
avoir trouvé la mefme longueur qu'au Cap de Cete 4) et a Paris, et que l'obi ervation
du Sr. Varin qui ert rapportée au traité de Mr. Mariotte du mouvement des eaux 5)
ne garde point de proportion avec celle de Mr. Richer 6) je ne fcay ce qu'il faut
croire touchant ce phaenomene. C'eft pourquoy je vous prie Monfieur de me man-
der au plus toft, fi vous en avez d'autres informations qui vous perfuadent qu'il y a
effectivement cette variation dans la nature ce qui me femble fort vraifemblable,
quoyque je puifTe auffi rendre raifon, en cas qu'elle ne s'y trouve pas. J'attens fur
ce fujet les obfervations faites au Cap de Bonne Efperance par deux perfonnes qui
font allés jufques la avec mes Horologes7) pour mefurer les longitudes fur mer, et
qui doivent ertre de retour dans un mois ou deux. Je vous feray part de ces obfer-
vations, mais comme la latitude du Cap eft de 35 degrez, il n'y aura pas apparem-
ment de différence bien fenfible, fuppofé que l'obfervation de Mr 8) foit
vraie. Ce que vous dites du changement de pôle dans voftre aimant fpherique
mérite bien d'eftre confiderè, mais ce qui me fait douter fi la caufe de ce change-
ment eft. telle que vous conjecturez, c'eft que j'ay trouvé par expérience que le
voifinage d'un aimant plus fort peut faire changer le pôle d'un plusfoible jufques
a changer celuy du Nord au Zud. En fécond lieu que a moins que voftre aimant
ait eftè gardé exprès dans une certaine pofition a l'égard de la Terre, il ne femble
pas que la matière magnétique ait du opérer dans les pores un pareil changement
que dans ceux de la Terre. Et comme vous fcavez cette pofition de l'aimant a
l'efgard de la Terre dans laquelle leurs pores correfpondent n'eft pas quand leurs
axes font parallèles l'un a l'autre, mais lors qu'ils font fort inclinez. Ma 3111e
raifon enfin eft que venant d'examiner un aimant fpherique que j'ay de deux
4) On rencontre cette affirmation de Picard dans son mémoire : „Observations astronomiques
faites en divers endroits du Royaume, par Monsieur Picard de l'Académie Royale des
Sciences". Mémoires de l'Académie des Sciences, Tome VII, Partie I. Il dit, page 346, „je puis
assurer que cette différence (des longueurs des pendules à secondes) est bien petite entre
Uranibourg et le Cap de Sete" (Cette). Pour les latitudes 550 54' d'Uranibourg et 430 24' de
Cette la différence est pourtant 1,09 mm. ou 0,48 lignes de Paris.
s) Traité du mouvement des eaux et des autres corps fluides; divisé en V parties: par feu Mr.
Mariotte de l'Académie Royale des Sciences, mis en lumière par M. de la I lire, Lecteur &
Professeur du Roy pour les Mathématiques, & de l'Académie des Sciences. A Paris, chez
Ksticnne Michallet, 1686, in-120. Le passage cité par Iluygensse lit à la page4i4des(Euvres
de Mr. Mariotte, l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1621, note 2. Varin obtint pour la longueur
du pendule dans l'île de Corée près du Cap- Vert, la valeur de 3 pieds, 6 lignes et demie.
") Observations astronomiques et physiques faites en l'Isle de Cayenne par Monsieur Richer
de l'Académie Royale des Sciences. Mémoires de l'Académie Royale des Sciences;Tome VII,
Partie I, Edition de Paris, p. 233. Richer trouva la longueur du pendule à secondes, à
Cayenne, égale à 3 pieds et 7,35 lignes.
r) Thomas Helder et Isaak de Graaf. Consultez les Lettres Nos. 2398, note 3 et 2407, note 2.
8) Le nom est laissé en blanc.
132 CORRESPONDANCE. 1687.
pouces de diam. qui a comme le voftre i croix gravées a fes 2 pôles et cela
depuis bien des années car il y a 20 an défia qu'elle eft a moy, je n'y ay pas
trouvé le moindre changement ayant laifïe pendre une eguille attachée a un
fil laquelle avec fa pointe a toujours indiqué le milieu de ces deux croix. La
Hauteur du Pôle de la Haye ell fuivant Snellius dans Ton Eratoftenes 9) de 520.
5'. 14", et il eft a croire qu'il a ufé de toute l'exactitude qu'il a pu, quoy qu'il n'ait
pas eu des inftrumens de la force de ceux dont Mr. Picart et vous vous eftes fervis.
Pour moy je n'ay jamais obfervé cette hauteur ni celle d'aucune eftoile n'ayant
point d'inftrument pour cela, et (cachant de plus que les obfervations nocturnes
font contraires a ma fantè. J'ay admiré en lifant la relation du P. Tachart10) ce qu'il
dit des Tables exactes des Satellites de Jupiter que Mr. Caflini calcule, jufques a
pouvoir fervir a déterminer les Longitudes dans des obfervations correfpondantes
faites en mefme temps. Il faut qu'une fi exacte connoifiance de ces mouvements
luy caufe bien des veilles.
Je verray avec bien du plaifir les ouvrages algebraiques du P. Prertet et de Mr.
Rolle. Ce que vous m'en dites me fait fouvenir d'un Mr. de Maroles 1X) qu'on
9) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1 197, note 1.
10) Guy Tachard, jésuite, né vers 1650 en Guienne, mort au Bengale en 171 2, accompagna en
1680 le maréchal d'Estrée dans l'Amérique du Sud, où il resta 4 années; puis de Chaumont
à Siam, où il retourna en 1689. Il publia l'ouvrage :
Voyage de Siam des Pères Jésuites, envoiez par le Roy aux Indes et à la Chine. Avec leurs
observations Astronomiques et leurs remarques de Physique, de Géographie, et d'Histoire.
Paris, 1686, in-40 en 424 pagg. avec 32 Figures, et à Amsterdam chez Mortier 1687. in-120.
pagg. 227.
Tachard y raconte dans le second Livre „comment les P.P. jésuites réglèrent la véritable
longitude du Cap sur l'émersion du premier satellite de Jupiter qui devant paraître à 8 heures
26 minutes sur l'horizon de Paris et aiant été observée au Cap à 9 heures, 37 minutes, 40 se-
condes du soir a donné une heure, 12 minutes, 40 secondes ou 18 degrez de différence entre
les méridiens des deux lieux": d'où le père Tachard conclut que „les cartes marquaient le
Cap plus oriental de trois degrez qu'il n'est en effet." (Bibliothèque Universelle et Historique
de mars 1687).
") Dans le livre F des Adversaria, p. 261, Chr. Huygens nota, à ce sujet, ce qui suit:
„Probleme de Mr. de Maroles, condamné aux galères en France pour cause de Religion.
Receu de Mr. Jaquelot ministre 1 687.
Diviser tout nombre donné en quatre parties telles que la différence des deux premières ou
celle de deux autres telles que l'on voudra fasse tousjours un carré. Ce nombre donné soit 3.
L'on demande des solutions a l'infini. Première solution 24377586,22718642,22275086,
5628686 dont le commun dénominateur est 25000000. seconde solution,
',371,539^19,086,114! 1,369,413,355,188,514! 1,178,814,180,341,758 |
880,232,645,383,614. dont le commun dénominateur est i,6oo,ooo,ooo,ooo,oco. Je n'ay
plus les solutions" que j'en donnay à Paris, cela m'a obligé à refaire l'opération, qui est très
difficile a cause des grands nombres et du grand bruit de la galère ou je suis".
Cet énoncé est suivi de quelques pages de calcul de Huygens, pour trouver la solution du
problème.
CORRESPONDANCE. 1687.
tient eftre fort habile en cette feience, et qu'on a cruellement envoyé aux galères.
L'on m'a fait voir certain problème qu'il avoit propofè qui eitoit de divifer un
nombre donné en 4 parties dont les 3 prifes comme l'on veut faiïentun quarré12),
dont aulli j'ay veu la folution qu'il en a donnée. Mais ne m'eftant jamais beaucoup
applique a ces fortes de queftions, je ne feaurois bien dire fi cellecy cil fort
difficile, comme on veut qu'elle foit, et que mefme dans nofire Académie des
Sciences on n'ait pas pu la refoudre, dont je vous prie de me dire ce qui en eft.
Au relie j'attendray s'il vous plait que vous me mandez dans quel temps vous
aurez befoin de mes copies afin que le train de l'imprimerie ne foit pas interrompu.
Comme j'ay celle de ma Dioptrique toute prefte, je dis de cette partie qui regarde
la Phyfique, le Criltal d'Ifiande &c. et qu'elle n'eft encore qu'en François I3), je
ferois peut efire bien de l'envoier avec le reite afin qu'elle ne fe perde pas,quoyque
j'appréhende que ce ne foit vous donner trop de peine. Je reverray auflî fi je puis
avoir du temps et de la faute ce que j'ay eferit touchant l'aimant, puis qu'on croit
qu'il y a quelque vraifemblance dans mon explication.
Je fuis etc.
N= 2456.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
3 MAI 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
C/tr. Huygens y répondit le 11 juillet 1687.
Monsieur,
J'avois crû que je pourrois faire encore un tour à la Haye avant mon départ
pour l'Angleterre, mais comme je n'y voi plus d'apparence Vous voulez bien,
Monficur, que je vous témoigne par une lettre la part que je prens a vôtre dernière
12) Le problème, formulé ici, semble différer de celui énoncé dans la note précédente. Toutefois
les pages des Adversaria, citées dans cette note, montrent que les deux problèmes se réduisent
l'un à l'autre. En effet, on y lit l'annotation suivante au problème de de Marolcs :
„Sitprimus v, fecundus v-\-xx, tertius v-\-xx-\-yy, quartus v -\- xx -\- yy -\- zz. Ergoappa-
ret duorum primornm differentiam effe jam quadratum, oportet autemetdifferentiam tertii et
primi,quae e(t xx-\-yy elle quadratum, item differentiam 41 et ii, quae eft xx-\-yy-\-zz, item
differentiam 41 et 2<.H, quae cil vv-|-22. IIuc igiturreciditquaeftioMaroliiut inveniantur très
quadrati, quorum fumma fit quadratus, quorumque unus aliquis adfumto utrovisreliquorum
faciat quadratum." Le nombre donné, dont il est parlé, n'est donc autre que v-\-xx-\-yy-{-zz.
Un tel nombre une fois trouvé, on peut faire varier v, qui n'est sujet à aucune condition, de
telle manière que la somme des quatre nombres v, v -\- xx, v -\- xx -\- yy, v -}- xx -\- yy -f- 22
soit égal à un nombre donné, par exemple à 3. On aura ainsi la solution du problème de de
Maroles.
13) Le „Traité de la Lumière", tel qu'il parut en i6yo.
134 CORRESPONDANCE. 1687.
douleur. Les pcriones aufïi utiles à l'état que Monfieur de Zulichem l'étoit
pendant fa vie ne devraient jamais mourir. J'ai appris Monfieur que vôtre fanté
ne fe retablifïbit pas bien, et j'y fuis d'autant plus fcnlible que je crain qu'elle n'ait
été altérée en partie à mon occafion '). Je (buhaitte Monfieur qu'elle fe rétabli fie
entièrement, et que du moins ce foit afTez pour un coup que le chagrin que vous
donne la perte d'un Père.
Je fuis avec beaucoup de foumiffion
Monsieur
Vôtre très humble et très obeïffant feruiteur
N. Fatio de Duillier.
De Rotterdam ce 3 Mai
1687.
A Monfieur
Monfieur Huggens de Zulichem
à
La Haie.
N- 2457.
E. W. von Tschirnhaus à Christiaan IIuygens.
\1 MAI 1687.
La lettre se trouve à Leiden , coll. IIuygens.
Elle est la réponse au No. 2452.
Viro NobilifTimo Clariflimoque D. Christiano Hugenio
Ehrenf. Walther de Tschirnhaus S. P.
Literas Tuas 10 Martij exaratas hic circa finem menfis Aprilis accepi, eafquc
magna aviditate perlegi; quantum verô mentem meam exhilararunt, cum ubique
indicia mentis vere generofae et finceri Amici fufficienter colligere potuerim, non
fatis exprimere pofïum. Opto fane, ut quicunquemihi judicium fuum impofterum
circa hune traétatummeumexponent, fimili arnica intentione dubia iua proponant;
certè talibus accuratam, quoad per negotia potero refponfionem femper promitto
') Allusion au séjour de Fatio en Hollande, depuis septembre 1686 (voir la pièce N°. 2435)
jusqu'en mars 1687, et aux nombreux entretiens qu'il paraît avoir eus avec Huygcns sur
des matières scientifiques.
CORRESPONDANCE. 1687. 1 35
et licet in hisTuis literis quoque permuka occurrant, quae nullatenus ad praefen-
tem traétatum fpeclant, adeoquc refponfionem circa haec, optime pofTem declinare,
iridem jam permultis negotijs diltraclor, cum funeralibus Sereniffimae Electricis
adefle coaclus fum, non folum tamen, tam ad haec quae prefentem Tractatum
fpeclant, quam ad reliqua omnia, quae a me deliderantur, accurate refpondere
animus eft, fed et vehementer rogo, ut alia quaecunque, quae ad marginem, ut
fcribis, annotata habes, mihi data occafione, quoque communices; cognofcas
etenim ex mea femper refponlione, quantum Amicos Tui fimiles, in iingulari
acftimio habeam, eorumque benevolentiae continuationem mihi confervare omni
ihidio allaboremus. Jam ad rem ipfam.
i.mo perhibetur quod procul dubio ex D. Hamelij literis intellexerim mea
exemplaria Parifijs accepta fuifTe; hac de re certè hactenus nihil conllat, cum nec
a D. Hamelio nec a quovis alio, hac de re certior fa&us fuerim quod hic ideb in
principio infinuare volui.
2. Admodum mihi fatisfecit tanti Viri Judicium de mea Medicina Corporis,
cum permulti e contrario judicarunt, me melius fecifle, ii hocce fcriptum nullatenus
publico communicafTem ; Quoad me ejus praeftantiam ita compertam habeo, ut de
nullo morbo fciam, poilquam haecce fecutus (quanquam hic locorum magnos non
faepe exceflus contra fanitatem committimus) et idem alijs imprimis Tibi ex
animo opto.
3. Quoad meum Traftatum, quem Medicinae Mentis nomine infignivi, dubito
num brevi tempore a quocunque mens mea femper reftè a(Tcquetur;quia in exiguo
traétatu plurima nova, veluti ipfe perhibes, et faepe talia occurrunt, quae non
videntur ulla attentione digna, cum tamen haec imprimis omnem attentionem
merentur, quapropter, ex plurimis objeftionibtis, haétenus mihi faftis, addidici è
re fore, ut perplurima in ada editione adjiciam '); prout imprimis Praefationem
operi adjunxi, ubi multa fcitu necefTaria extant, et imprimis fcopus meusprimarius
manifeftatur; itidem quiaobfervavi eaquae circa Critérium Veritatis a me traditum
apaucis reftè afTequi, quiamultam meditationem requirunt, eadem brevi fynopfi
inclufi et primo membro meae refponfionis inferui, quo facilius mens mea
afTequatur, et lie in varijs locis varias, et neceïïarias admonitiones interferui, ut
et crafïbs errores, qui propter meam abfentiam irrepferant correxi; quae omnia
ante aliquod tempus Lipliae mandavi 2), quo judicium in Aétis Eruditorum de meis,
eo accuratius ferant : Haec ipfa quoque D. Bloeck et Gendt, miii, quae fecundae
r) Elle n'a paru qu'en 1695.
2) L'effet de cette lettre a été tout autre que celui prévu par von Tschirnhaus. Dans les Acta
Eruditorum du mois de décembre les éditeurs, après avoir donné le titre de la Medicina
Mentis, se sont bornés à dire, qu'ayant appris de l'auteur qu'il préparait une nouvelle édition
pour augmenter et perfectionner son ouvrage, ils attendront, pour en rendre compte, la
nouvelle édition.
I36 CORRESPONDANCE. 1 68/.
editioni pofiînt adjungi, quos hac occafione rogavi ut Tibi una cum hifce literis
cadem communicentur. Jam ad ea, quae objiciuntur me converto.
4. Circa Veri Critérium exiftimat NobiliiTimus Virquod nefciat an cuiquam hoc
approbaturus fim, quia licet quid verum fit, mente pofiit ac debeat concipi, tamen
converfionis necefiitas non agnofcatur, nec inferviet hoc ad confequentias légitime
hinc derivandas: idque exemplo radiorum folarium Vitrum penetrantium illuftrat.
Ad quae haec refpondeo; Quodcunque verum eft potefl: et débet concipi, hoc mihi
concedis; adeoque mihi conceditur quod facilitas in nobis fit, verum concipiendi;
haec ipfa vero facilitas non poterit falfum concipere; nam falfum nequit concipi,
adeoque quodconcipitur per hanc facultatern. femper verum erit, et perconfequens
converfionis necefiitas débet agnofci,nempe quodcunque concipi potefl verum eft;
fed maxime notandum, quodcunque concipi potefl:, non ideo verum eft phyficè et
hoc abfque dubio vis, quod libentifiime concedo, nam in fequentibus sda et 3tia
Sectione exprefte docui, quod varia conceptuum gênera dentur de eadem re;
Imaginabilium, Rationalium et Realium: quod facillime hi conccptus inter fc
confundantur; qua ratione hoc evitari pofiit, omniaque haec multis exemplis datis
illuftravi, imprimis pag. 1 11 et fequentibus: fateor itaque, quidcunque concipitur,
non verum eft, Phyficè fcilicet, fed tamen poteft efle verum mathematicè feu
abftraftè, aut ope imaginationis activae, et, quia non plures dantur conceptuum
gênera, femper quodcunque concipitur juxta aliquem horum verum erit; Porro
quia clarc varia haec conceptuum gênera expofui pag. 54 et 55 in fpecie exemplum
circa Otumpag. 56 et 57 attuli,quoquishaecce inter fe non confundat; non video,
qua ratione hoc critérium (non quidem folum et in fe fpeciatum, fed annotatis
quae modo dixi) non pofiit infcrvire ad légitimas confequentias formandas, feu
quae errori non obnoxiae, nam omnis error a diverfarum rerum confufione,quae3)
diftinguere docui; Quoad exemplum quod affertur de radijs folaribus, certè
ingeniofum eft, et credo quod pauci afiecuturi fint quid velis; Quoad me, quia juxta
praecepta mea Phyfices edoftus corporum quae vel folidifilma alijs videntur
(veluti vitrum), partes in continuo motu efîe, non difficultcr concipio, forte
poffibile efTe quod folis aftio ad nos pofiit pervenire, abfque ut vitrum poros
habeat et fi haec vera caufa effet hujus effeclus ubique errafTem, quia diverfos
conceptus confundifiem^ fed ideo non minus ea quae concepi de poris vera efient,
in fe confiderata, cum utrumque fieri pofiit Phyficè, fed faltem in eo error effet
pofitus, quod ea quae diverfa, licet ambo conceptibilia non bene diftinxifTem et
uni horum proinde attribuiffem, quod alteri conveniret; quanquam hune quoque
errorem (fi quidem error) juxta ea quae tradidi optime praecavere potuifiem,nam
opus faltem habuifiem confiderare proprietates Aclionis reftilineac quae ad nos
3) Lisez: quas.
CORRESPONDANCE. 1687. I 37
interpofito corpore folido, abfque poris pervenit ad proprietatis efientiales
Actionis rectilineae quae ope pororum folidi corporisad nos pervenit, quae ucique
in certa re debent diverfae elle, atque tune experientiâ facile cognoviflem, utrum
primae aut fecundae caufae hic fit affignandus effeétus. Hoc autem dum facio,
adhuc dum fum in ea fententia, hune effecium folis, qui inquameunque partemme
vertam efficit ut oculi non fultinere valeant, tam fortem adtionem, licet vitrum
fatis craflum interpofitum fit, longèque ab ipfo hoc vitro remotus fim, poros
neceflarib in eodem requirere, licet aliundè hoc non conrtaret; fed de hac re
ulterius diflerere non opus eïïe credo, cum non perfeclc certus fum, tuas cogita-
tiones cum meis convenire: fatis eftjam expofuifîe, qua rationeid quod concipitur
femper verum fit quaque ratione abfque errore legitimae hinc confequentiae
poffint fieri, qua de re etiam in fequentibus plura. Hoc tamen necefle efi ut adjiciam,
haecce nondum adhuc fuffkere ad légitimas confequentias formandas; fednecefie
eil, ut quis circa definitiones alicujus rei, hoc efi: circa primas rerum generationes,
femper demonftratione ab impoffibili, évinçât, non plures dari, ejufdem rei
generationes, quod ego pag. 76 et yj item 83 quoque evidenter et forte omnium
primus docui, in eo fiquidem folo genuinum artificium confifiit imprimis in Phyfices
légitimas confequentias formandi.
4. Ad verba Porro fpecimina Methodi tuae etc : ea vellem accuratius tra&aJJ'es,
haec jam occurrunt quae reponam : Certe admiratus fui quod fpecimina voces
et imprimis eo fenfu quo ea accipis, quafi hifee levibus voluifiem oftendere,
quid mea methodo praertari pofiet, certè hoc mihi in mentem nunquam venit,
imo in eo eram, ut plane haec nolebam publicare, fed quia Tyronibus Philofophiae
fola praecepta non fufficiunt, his peftimè confuluifiem, adeoque ea huic Traclatui
inferui et exprefie duplici in loco pag: 99 et 115 monui haec pro ijs faltem
feripta efle, licet optime fciverim, haec magnam aeftimationem mihi non paritura,
prout fimilia plura, in eodem Traclatu extare optime feio. Sed credo haec fuos
Ledtores invenient, qui talia tanquam perutilia incipientibus, quaeque nullibi
explicata habentur, grato animo récipient; quodque cum detrimento propriae
exiftimationis (quod certe pauciffimi Authorum fafturi fuerint) laborem in-
fumpferim ipfis inferviendi; Si enim haec accurate voluifiem traftare mea methodo
rigorofè debuifiem incidere, primo per accuratas definitiones, axiomata, et tandem
Theoremata, prout prolixe de his in antecedentibus locutus, fed necefîe fuifîet,
ut admodum prolixus fuifTem; Qui defiderant fpecimina methodi meae debent
expectare, ufque dum Artis inveniendi fpecialia praecepta exhibebo, ibidem
certè, non tam levia, fed quae omnium difiicillima in Mathefi et Phyfica occurrunt
aggrediar, et tune, cum Le&ores videbunt quanta facilitate progredior in rébus,
quae nullo non conatu, a magnis viris quaefita needum inventa, methodi meae
praeftantia fufficienter cognofeetur; Intérim tamen credo, me fatis accurate
tractafie Cquantum nimirum praecepta Artis inveniendi Generalia requirunt non
vero quantum fpecialia, quae fuo loco refervantur) qua ratione Problemata
Œuvres. T. IX. 18
I38 CORRESPONDANCE. 1687.
Geometrica, Mechanica, Phyfica etc.: folvantur, non quidem in eodem loco, ubi
de Methodo iblvendi problemata tra&o, fed partim in his, partim et potifïimum
in priori ubi de definitionibus, axiomatibus et Theorematibus prolixe différai;
Nam Methodus iblvendi omnia problemata ex tribus praeceptis confiât, ad quae .
omnia fuperiora, fufè meo judicio explicata, referuntur, quae ideo prolixius de
novo volebam repetere; atque hinc facile colliges, quare ea tantum doceo, circa
problematum folutionem quae ad invenlendam folutionem demonjiraûonemque
adjumento ejfe pofjunt (quia haec unicè Tyrones deiiderant nec a quoquam
haec (quantum fcio) ea ratione ac a me peraétum, traélatum) Quare quoque
demonflrationem nullam, quae certltudinem mathematicam habet adducam; quia
nimirum tune omnia per accuratas definitiones, axiomata et Theoremata
debuifTem exponere; hocque in prioribus abundanter, quantum in generalibus
praeceptis fieri poteft, expofueram, adeoque haec omnia repetendo et fpecialibus
exemplis applicando, ultra modum prolixus evafiiïem; intérim tamen credo me
iatis oftendifTe, qua ratione accuratae demonitrationes iint perficiendae, nam
accuratiores demonilrationes non novi, quam quae ex juftis definitionibus
axiomatibus et Theorematibus confiant; jam verb ego definitiones per ipfam
generationem exhibai (quae certe omnium praellantiflimae funt definitiones) non
folum ipfarum definitionum, fed et axiomatum et Theorematum, quae fane quot-
quot authores pervolvi nullibi offendi, adeo ut non videam, quid praetermiflum,
ad accuratas formandas demonitrationes. Verum quidem eft me admodum errare,
fi exiftimarem haecce fola ad omnia Problemata folvenda fufficere; fed hoc nullibi
affirmavi; exprefTe enim pag. 18 habetur Artis inveniendi gêner -alla pr -accepta quo
Leftores colligere poflint, me jam traétare folum de his quae communia funt,
circa omnia incognita determinanda, quae occurrunt in Mathematicis, Phyficis,
Mechanicis, quodque deindè fpecialia Artis inveniendi exhibere in animo fit, ubi
â parte, quae folum Mathematicis problematibus deindequae folum Phyficis atque
fie porro mechanicis, folvendis conveniunt exponam; hifee peraftis tune poterant
Leétores melius judicare, nu m Ars mea inveniendi, abfolute omnibus determinandis
fufficiat. Haec autem fpecialia praecepta varijs in locis promifi ex:gr:p: 153 et
223, in qua ultima pag: non folum fpecialiora, quae modo publicavi praecepta; fed
etiam fpeeialiilima, fi Deus vitam et commoditatem concédât, promifi; Nam mea
intentio, Artem inveniendi folam, et una cum hac totam Philofophiam quantum
pofîibile explicare; cujus Artis inveniendi non nifi Radiées modo expofui; Unicum
hic adhuc notandum; quod licet fpecialia Artis inveniendi praecepta, aliquando
pluris fient, hoc tamen ex perverfo judicio fieri, nam inique Artis inveniendi
Generalia praecepta, quae jam expofui, multo praeftantiora fore et magis ideô
aedimanda (qua de re pag: 150 prolixe diïïerui) quia fpecialia unicè hinc
derivantur; fed haec pauciffimis potero perfuadere, licet veriflimum Ex: gr: pona-
mus aliquem Heuratianum Theorema 4) inveniffe, ad curvas fuperficies cylindri-
cas, planis fuperficiebus adaequandas, et fupponamus alium longo tempore poil,
CORRESPONDANCE. 1687.
139
reélificationem abfolucatn, alicujus curvae Geometricae detexiïïe, certè hoc
ultimum inventum, ultra modum et magis aeftimabitur quam modo citatum
Theorema Heuratij; quod injuftum admodum judicium efTet; cum hoc Theorema
generaliffimum infinities praeftantius fit hoc invento fpeciali cum ex eodem non
folum hoc inventum fpeciale, fed infinita talia facile derivare liceat; Tandem
hoc quoque notandum, quod non opus habuiflem ulla fpecimina exhibere, ad
praeceptorum meorum praeilantiam oftendendam ; Nam fane modo praecepta
optima, applicatio eorum quoque non inutilis eftepoterit; adeoquequis fpecimina
mea non débet aggredi, fed potins oftendere, quod praecepta nihil valeant, hoc fi
oftendi poterit viéhim me dabo; methodum meam nihil valere.
5. Cum dicis quod in Problemate Mo Tuborum etc. neumbram démon flrationis
reperias hoc meo judicio evenit, quod in re facillima explicatu, non voluerim
applicationem fpecialem in fine pluribus repetere quae in.fig. 40 habentur; fed
generalibus faltem verbis. Quod ideo jam facturus fim; fi enim vcrum in fig. 40
mei traftatus quod cylindri licet mole inaequales modo ejufdem materici CD et
AB et ex aequali altitudine defcendant,
eodem tempore et nifu ad terram tendant; et
hoc demonftratum fit abfolute per ea quae ad
fig. 40 dixi de omnibus corporibus, vcrum
etiam erit in fpecie hic in praefenti figura de
aqua I et K in Cylindris ABCD et EFGH
quae fi defcendere pergat verfus inferiora,
quia ex eadcm altitudine defcendit, eodem
tempore femper in aequalibus intervallis
refpectu Horizontis et eadem vi per vifum
verfus inferiora femper perget defcendere;
ponamus jam in locis S et T motum hujus
aquae fifti; aqua haec in S et T neceflario
ita quiefcat ut IL 30 lis AB et RQ aequalis HG juxta modo difta, fed AB et HG
aequales ex hypothefi, et femper lapfu continuato quoufque placet taies movent,
per modo demonftrata de cylindris; adeoque mafia magna aquae S cum maffa
parva T in aequilibro confiftet, ad aequalem altitudinem IL et RQ; nec video
quid hic défit, ad hinc formandam more mathematicorum legitimam demon-
flrationem.
6. Dicis: in reliquis aliquid amplius demonflratur, fed quod evincet nullo modo
etc. Hoc forte de quibufiibet demonftrationibus tibi videretur; fi Analyticè et
4
i
1
b
\c
tir
4) T^e théorème qui se trouve en tête de l'„Epistola de curvarum linearnm in rectas transmu-
tatione", citée dans la Lettre N°. 587, note 5. En effet, le problème de la quadrature d'une
surface cylindrique revient à la rectification de sa base.
I40 CORRESPONDANCE. 1687.
prout a priori omnia inventa efTe difponerentur; fed qui Analytice res adinvenit
juxta meam methodum, non difficuker deinde per Defînitiones axiomata et The-
oremata eadem difponere valet, adeb ut fatis convincentia videantnr; fed quia
prius magis utile, et deinde fecundum facile obtinetur, ejus imprimis eo in loco
rationcm habui, pro Tyronibus, quia hoc a paucis folet oftendi; alterum vero circa
priora pluribus oilenderam.
7. Dicis me nliquid fupponere cum Archimede circa aequilibrium inaequalium
ponderum quod non accuratum, feu rigorofe poffit demonllrari; praecipuum quod
fuppono efTe mafTae homogenae materiae et ejufdem formae, in medio B fufpenfae
ex D partes AB et BC inter fe aequilibrari ; hoc eft C non altius attolli refpeétu
Horizontis quani A; qua de re quidem nullam dubitandi
[caufam] video, quia utrobique omnia aequalia fupponan-
tur; fateor fi rigorofe velimus procedere, hoc demonftran-
/\ C dum efTe, fed haecce nimis fubtilia et prolixa vifa fuiïïent
pro Tyronibus Philofophia, quibus haec folum, ut aperte
dixi, deitinaram; gaudeo intérim non folum quod accuratam rei demonrtrationem
ejufdem rei brevi promittas fed quod etiam abfque dubio alia egregia Tui ingenij
fpecimina ibidem continebuntur.
8. Dicitur: Profiteris quidem te fummam curam non adhibuijje etc: quomodo
quaefo metliodi utilitas hinc elucefeet. Hoc ego puto exinde clarum; i)Quia mea
methodus eadem eft quae Mathematicorum, quae folum procedit per continuas
defînitiones, nxiomata, Theoremata. 2) Quia nullas alias intelleftus operationes
fcio, quam gencrationes concipere hoc eit Defînitiones formare; Elementa gene-
rationum inter fe conferre hoc cft Axiomata formare ac denique varias genera-
tiones inter fe conjungere h. e. Theoremata formare, quartum non datur. Adeoque
vel nihil hac methodo detegetur, vel omne quicquid intelleclus Humanus feire
potefl. 3) Quia porro hac methodo pulchra analyfis et fynthefis conjunguntur
(vid. pag. 96). 4) Quia ulterius hinc légitime hanc methodum applicando
necefTario quicquid feiri potefl: cognofeatur quod pag. ii6nifallor evidenter
ollendi a verbis Verum tamen exiftimo ufque ad verba defideratur explicabilis
cjfe&us. 5) Quia denique totus tradlatus exemplum hujus methodi eft; quod non
difficulter perfpicient, qui interiora ejus rimare volent, nain ubique ujiiformi hac
methodo procedo, a principio ufque ad fîncm; quanquam fatear, quod praeftantia
hujus methodi fuo tempore, dum magis circa fpecialiora verfabo, magis in oculos
incurret; Nam generalia nunquam tanti aertimantur, quam fpecialia, liect priora
infînities praertantiora poflerioribus prout in Remedio Impedimenti 2di fatis in-
dicavi et fupra annot. 4 idem cxemplo claro oftendi.
9 Circa verba Ita in illo-arcus impenfa. Concedo haec Tibi et Tui fimilibus
ftatim obvium eiïe, quae hic conlîderanda veniunt; fed non aeque Tyronibus et
pro his, imprimis hanc operam hanc in me fufeepi haec explicandi et fî profeftb
nullatenus mea mens unquam fuerit Tua praeflantia et nunquam fatis laudanda
CORRESPONDANCE. 1687.
141
inventa, ullo modo deprehendi,nec credo hoc, de me poteris ulla ratione fufpicari,
quod fimilem intentionem habuerim aut unquam habiturus fim. Hoc tamen libère
fateor me nunquam cxiftimaffb, quod Tibi propofueris, a priori dcterminare cur-
vam, quae tempora globorum per quoflibet arcus defcendentium, aequalia femper
efficeret, et in hac difquifitione determinaffe ex infinitis curvis iblam effe Cycloi-
dem, quae hocefficiat; fed contra Ego
exiftimavi; quod quia Tibi notum erat
ex Gallilaeo, globos per fubtenfas AB
in circulo FAB, aequali tempore de-
currere; itidem quod in cycloide ECB
Tangentes CD iint parallelae fubtenfis
AB in circulo FAB; hinc Te anfam
fumpfiffe, inquirendi, quid cyclois circa
haec praeftaret, et inde determinaffe
egregiam Cycloidis proprietatem; fi vero in mea opinione fallor; Fateor quod
hanc Tuam difquifitionem a priori unicam curvamdeterminandi hujus proprietatis
perlibenter aliquando viderem ; Ego fané idem tentavi, quia in ea opinione fum,
quod curva aliqua ex Geometricis Cartefij hanc quoque proprietatem habeat; fed
calculi prolixitas nimia ut idem non potui ad finem perducere, ut ideo nondum
fciam, num curva Geometrica hujus proprietatis datur nec ne; fi eandem dii-
quifitionem potero ad finem perducere, aliquando videbis, quare hoc quoque in
circulo et alijs infinitis curvis difficile fit deteclu, fi non forte Tibi jamdum caufa
hujus rei, optime perfpefta.
10. Ad verba: Quod pag. 85 etc. perfe&e vero nequaquam haec annotanda
habeo. Non credo quod exiffimabis haec quae adfers mihi ignota effe, intérim
tamen hifce non obrtantibus vocavi haec Geometrice determinata, quia fane non
video quare quod fili aut inftrumenti unico duflu defignatur, potius geometricum
dici dcbeat, quam quod inventione, determinata tamen, et tôt punétorum, ut fe
invicem tangant peragitur; cum utrumque mechanicum fit; deinde omnes curvas
etiam mechanicas unico duftu defcribere docui ("per evolutionem nimirum) et
potuiffem certe quoque talem curvam producere quae unico duclu defcribitur
(per evolutionem fcilicet) et quae angulum in data ratione fecaret; fed fcio quod
Geometris etiam hic objeftio non defuiffet, et mea certe non refert quid velint
Geometrice dicere, modo ego aeque certô ac illi problemata déterminent. Divi-
datur angulus in très aequales partes ope hyperbolae exadtiflimo inffrumento
defcripta: Ego eundem dividam in très aequales partes ope curvac meae, ibidem
adhibitae, et videamus utrum nofter rem hanc magis accuratc et facile determi-
navit; quod ex fenfibili praxi mechanica itatim cognofeetur. Verum potiffimum
haec contra Cartefium quoque fcripfi, qui rêvera curvas has ob hanepraecipue
caufam Geometricas dixerat, et deinde quia obfervavi ob hoc foluni (quia Gcome-
trae nolunt fimilia prout Ego defidero geometrice determinata dicerc) faftum ut
142
CORRESPONDANCE. 1687.
curvae taies quafi penitus ab ipfis negligantur; Cnm Ego e contra tanti lias curvas
aeftimo, ut ccrtus fum fi circuli quadratura daretur, ejus quadraturamnecefîario
per talcm curvam detcrminari quam Ego fccundo loco pag. 81 formare docui;
imo infinitorum fpatiorum quadratura abfolutc non datur abfquc fimilibus curvis;
Si vcro haec Geomctris difpliceat, certe libentifîime ipforum fiïbfcribam opinioni,
modo has curvas è agro geometrico non penitus éliminent, prout haclenus fcre
omnes fecere, ad quod Authoritas Cartefij multum pracvaluit, quae itaque, quia
in detrimentum augmenti Veritatis fe extendebat, mihi aliquo modo reflringenda
vifa fuit; fed dubito num aliquid fufficiet, fi non Mathematici fimilia quae nulla
alia rationc polTunt determinari et per meas curvas folas ubi ordinatim applicatae
omnes Geometricè determinantur, faltem pofïunt determinari, velint Geometrice
determinata dicere.
11. Caeterum de Curvis illis-ui'que evolutione defcribuntur Utique evolutos
quoque pro centris habeo et credidiiïem, me (licet brevibus, fed fatis clare) pag.
71, hoc, indicaffe; Curvae itaque omnes Tuae, quas evolutione defcribis, tua
methodo, apud me curvae funt, quae unicum centrum habent et Circuloanalogice
refpondent, qui unicum centrum feu punclum in medio habet; Eadem ratione
deinde progredior et prout in Geometricis curvae dantur quae duo, tria&c. punfta
pro centris habent; Ego curvas duas, très &c. loco centrorum afTumo, et hinc per
evolutionem novas et novas curvas defcribo. Qui haec bene introfpiciet videbit
quod Geometria hinc in immenfum augeatur. Ad quod nefcio an ullus adhuc
cogitavit, cum reipfa videam quod Tu ipfe, qui adeo prope huic fpeculationi
fuifti, haec videris nondum adhuc bene caepifîe.
12. Rogarem de curva illa-circuli arcus fiant Certe fi mentem meam bene
afTecutus fuifles, ullomodo arcus circuli hinc fieri judicafîes, cum certèhaec curva
in totum efTentia a Circulo difFerat, nec ulla fui parte,quam minima etiam fit, cum
CORRESPONDANCE. 1687.
H3
circulo conveniat; nam curvae pars IHK quam abfque dubio circuli arcum
exiftimes non defcribitur prout in fig. hic prima exprefTum; fcd prout in figura sda,
ea ratione nimirum ut filum AH tranfeat circulum BC, non tangat prout vis; Sed
aliud quid hic maxime notandum, et quod forte Tibi offendiculo fuit; magnus
nimirum error, a fculptore figurarum hic commiflus, id quod jam, prout fupra
dixi Lipiias et D. Bloeck quoque infinuavi, quo in 2da editione hoc corrigatur;
filum nimirum DEF in fig: 13 pag: 72 débet
penitus abefTe, et figura ea ratione exprefîa efTe,
prout in praefenti hac figura repraefentatur, nam
filum circa circulos BC et DE quoties placet
circumvolutum concipitur, haec fi aliquando me-
ditaberis; quodque in defcriptione curvae AFG
fila circulos debent tranfire, videbis curvam hinc
in fe redeuntem defcribi quae nullatenusquic-
quam cum circulo commune quid habet, atque
fie abfque dubio mentem meam optime capies.
13. Tangentium inventionem tuam-efferre videris Quoad me, credo quod aliquis
haecce me ex aequo amplius extulifîe non putabit, qui confiderabit fere nihil utilius
in univerfa mathefi, quam Tangentium inventionem. Hic facillimam methodum
exhiberi quae haélenus incognita; tamque univerfali Theoremate, ac ullum in
Geometria habetur; .quod certe latins fe extendit ac ibidem quoque expofui; nam
cafus hos non ibidem recenfui, prout vides fila hic circumvoluta circa curvas
ABCD in fig. 4 et 5 ; Tangens tamen per eandem regulam, bife&ione nimirum
Angulorum ÀCB et CED determinatur, ubi notandum quod in fig. 5 eadem curva
in fe rediens defcribitur quae in fig. 3 modo exhibita fuit, in 4ta vero fig. exhibe-
tur fpiralis Elliptica quae in infinitum crefeit, fi nimirum centra ABCD fint circuli
aut curvae in fe redeuntes. Quod autem demonftrationem non exhibuerim, hoc
partim factum, quia hoc abfque multarum figurarum ope adeoquenimiaprolixitate,
non poteram erfeclum dare; partim quia tam levia non tanti axiomata fuifTent;
partim quia hoc ad alium magis appropriatum locum pertinet; partim tandem
(quod Tibi tamquam fincero Amico confidenter aperio) quia dum in eo eram, ut
omnia publicanda tranfmitterem ac femper reviderem quantum tune per multa
i44
CORRESPONDANCE. 1687.
negotia poffibile; aliqua mihi fufpicio orta, me forte alicubi erraffe 5) adeoque
integrum Theorema nolui producere, fed eo ufque quoufque videbatur expers
erroris, ideoque demonitrationem quoque omiflî, haecque omnia alio tempori
refervans, ubi haec attente confiderare liceret; Scio enim quam rigoroli quan-
doque dentur cenfores; qui non confiderant quod fimilia attentam mentem requi-
rant. Mihi autem taie otium raro conceditur; quod facillime fit talia corrigere ab
inventore alicujas Theorematis ubi praemifîa ex quibuselici débet conclufio,certae
funt; quae tandem quoque confideranti quod hune errorem fiquidem aliquis
commifTus facile ipfi quoque detegere volerem, nam dantur variae Tangentium
methodi, quae con fendre debent cum mea; fed calculus in hifee tam prolixus ut
raro fimilia exfequendi tempus habeam.
14. Illud porro mirum et incredibile mihi vifum-per evolutionem. Sed fi Nobi-
liflîmus Vir velit perpendere, quod unaquacque evolutio (prout ex. gr. Tua ubi
Curvae unicum centrum habent) fit methodus redtificandi curvas, et Egojam
aflumendo tria, quatuor centra atque lie in infinitum procedendo, infinitas novas
evolutionum fpecies concipio; abfque dubio intelliget; quod hinc infinitae novae
reftificationes curvarum exfurgant, de quo nullus Geometra aliquid publicavit;
fed ut fpecialius me explicem; curvas affumam, ubi duo centra faltem; fie enim
facile pereipies, qua ratione circa tria, quatuor &c. centra procedam; jam vero
curvae quae duo centra habent trium funt generum; primo ubi funt puncta qualis
eit Elliplîs; ada ubi punélum et curva; tertio ubi duae curvae loco centrorum
exirtunt. Primus cafus nobis non infervit ad reétificationem, quapropter adum et
; ) On peut consulter à ce sujet la Lettre N°. 2459 et les autres pièces qui se rapportent à la
polémique entre von Tschirnhaus et Fatio.
CORRESPONDANCE. 1687. 1 45
T
fr*
S
tertium confideremus. Aflumatur itaque primo loco duorum centrorum; punclum
et curva, jam fit in fig. 6. 7 et 8 curva ACD; aflumatur punctum B loco centri et
ducantur continuo reftae BD, BC in omnia punéta curvae ACD; ab his duftae
denuo concipiantur lineae reftae DE et CF ea conditione ut anguli FCB et EDB
et fig: 7 Ang: IDE et KCF bifariam dividantur per reclas TC, TD, quae Tan-
gentibus curvarum in punftis C et D ad angulos reftos occurrunt jam facile
vides, infinitas interfeétiones rectarum DE et CF, curvam formare EF: quae
alterum centrum conlïituit hujus curvae; Unde ACD evoluta erit ope punéti B et
curvae EP\ opeque curvae ACD, fi Geometrica fit, curva EF reclificabitur 5); quod
Tibi probe perfpeéhun, et quia punftum B triplici ratione poterit afTumi prout in
fig: 6 intra figuram eit, in fig: 7 extra figuram, et in fig: 8, infinito intervallo
abefTe conjicitur.Undè reétae BD et BC funt parallelae. Habebis utique très novas
methodos rectificandi curvas, quae certe nullibi publicatae extant; Unde prout
pulchre oftendifti; Dataquacunque curva Geometrica datur alia curva Geometrica
quae reftificaripotert: Quod Ego fempertanquamfingulareaugmentumGeometriae
refpexi, hic potero affirmare, dataquacunque curva Geometrica dantur très curvae
femper Geometricae, quae poterant rectificari; methodo plane diverfa a Tua;
prout quoque ope methodi in fig: 8 jam ante aliquot annos6) reclificavi curvam
Geometricam quae in fpeculo ultorio à radijs reflexis oritur, ut nofti; fed audi
multo praeftantiora; Concipe tertium cafum hoc efie loco B in 6 et 7 fig: non
punfta efie, fed quafcunque curvas loco unius centri; procedendo prout modo
infinuavi loco curvae EF femper alterum centrum invenietur; quarum curvarum
B et EF evolutione femper curva ACD defcribetur; Habes itaque duas novas
5) En effet: arc FE-f ED + BD = FC + BC.
6) En 1682 ; consultez la Lettre N°. 2274.
Œuvres. T. IX. 1 y
I46 CORRESPONDANCE. 1687.
mechodos vel etiam plures (quod facile percipies rem attente confiderando) curvas
reftificandi hactenus quoque ignotas; ope quarum data unica curva Geometrica
(afTumptis alijs et alijs curvis geometricis loco centri B) non unica faltem prout
accidit ope tuae methodi, nec quoque très tantum, prout modo infinuavi, fed
infinitae femper novae et novae curvae Geometricae dantur, et reftificabiles; Qui
haecce bene introfpiciet, abfque dubio aeftimabit hanc fingularem Geometricae
promotionem; quam fingularia hinc ad Catoptricae et Dioptricae, imo omnes
mathefeos fcientias derivantur. Si Deus vitam concedit et otium fuo loco videbis;
fed hoc quoque fingulare, quod haec methodus doceat a priori, quot centra data
curva habeat, determinare. quod fane necdum ab ullo oftenfum; fi jam deberem
progredi ad tria centra, atque hic omnes cafus fpecificare, mirareris quot numéro
novae methodi reclificandi curvas hinc proveniant: fed non credo id ulla ratione
necefTarium. Facile enim ingeniofifîimus Vir haec et plura, quam multis hic
exponere non poffem, conjiciet.
1 5. Sed mïror quomodo ita methodo tuae confidas-reftare exifîimas. Ego hic e
contra non miror quod omnes aliter fendant; Sed quoad me caufas hujus rei fatis
novi, nam eas breviter contraxi pag: 213 quia i° innumeris praejudicijs circa
haec praeoccupati finit, ado ftatim fpecialia in phyficis aggrediuntur; Tertio in
hifce fpecialibus nulla alia effecla, quam quae admiranda funt confiderant; qui in
hoc ftatu; ijs certe phyfica difficillima fcientiarum abfque dubio videbitur; prout
contra Ego eodem in loco oftendi, nullam fcientiam phyfica faciliorem efîe; Si
quis itaque aliquid fingulare in phyficis vult praeftare; Primo non débet ea aggredi,
nifi priufquam clare in confcientia convi&us tam ratione, quam experientia hanc
fcientiam omnium efîe facillimam; Hoc fi verum eft, prout quilibet fcire poteft,
modo ex confcientia velit loqui, certum eft, quod primaria impedimenta, quae
non a parte rei, fed a noftra fola imaginatione proveniunt, abfunt. Haec autem
impedimenta praecipua ni fallor, in feftione Tertia auferre docui; fecundo bona
methodo débet inftru&us efîe detegendi incognitas veritates a priori non autem
meliorem novi, quam quae per perfeélas Definitiones Axiomata et Theoremata
procedit. Hinc enim quicquid humanitus fciri poteft, innotefcit prout pag. 116
oftendi; talem autem methodum in feftione fecunda multis explicavi; Tertio fcire
débet methodum experientias legitimo modo inftituere; quod fane ego nec in
Verulamio nec ullibi fateor adinveni prout explicatum habetur pag. 64 et 65 et
prout aliquando in hifce magis ad fpecialia defcendam ubi incredibilem alij harum
regularum ufum reipfa perfpicient, quia itaque multa alia quam haec tria faltem
ad difficillima quaeque in Phyficis fuperanda opus efîe video; haecque quantum
Praeceptis Generalibus fieri poteft conatus fui explicare, non video quare aliquid
impervium, inexploratumque erit impofter'um ijs, qui hifce ftriéte inhaerebunt.
1 6. Adeo ut jam magnetis-reflare exiflimo. Sanè qui tam fpecialia volunt
aggredi, priufquam multo alia prius in Phyficis detecla fuit, illis tecum judico (prout
jam quoque infinuavi) fummam reftaturam difficultatem, fed hocijs non accidct,
CORRESPONDANCE. 1687. I47
qui ea obfervant quae modo juxta annotationem 1 5 indicavi. Nam quoad fuccinum
Si quis circa Generalia Phyfices determinaverit primum, in quibuflibet fore
corporibus dari atmofphaeram certorum effluviorum; quod fi corpora haec fricen-
tur haec effluvia concitatiori motu agitantur, item quae differentia inter effluvia
corporum durorum et pellucidorum et fimilia alia Generalia; huic attra&io
fuccini deindè non difficilis explicatu erit; fed ejufmodi fpecialia non magnam
habent utilitatem : Eadem ratione aliquando in Praeceptis fpccialioribus Artis
inveniendi non omnia particularia explicabo, (hoc enim impoffibile) fed viam eo
perveniendi oftendam. Generalia autem omnia quibus datis caetera omnia inno-
tefcent exhibebo. Sic ex : gr : in Magnete, oftendam qua ratione experientiac
inltituendae juxta ea quae pag. 64 et 65 dixi ut ejus natura determinetur; Unde
conllabit, quod proprietates ejus facillime pofîent explicari, fi generalia circa
cognitionem metallorum primo determinarentur; deindè fi expérimenta pofTent
fieri prope polum, cum magnete, quae ex eodem loco effoiïa, hujusloci confiitutio
probe confideranda juxta leges bonae methodi; Porro deberent duo loca determinari
per certas experientias, quae in aequatore occurrunt et nondum détecta funt, et
fie fimilia alia oftenderem; quanquam de magnete tôt expérimenta cognita funt,
ut, modo omnes certae e fient, tertia pars fufficeret, ad ejus proprietates explicandas
meoque judicio abfque particulis ullis ftriatis7). Fluxus et refluxus maris non
diftkulter detegeretur, fi Lunae motus, Terrae motus, maris motus generalis et
principaliter fpecialis in Fretis et fimilibus locis experimentis juftis, juxta reg:
pag: 64 et 65 inftitutis nobis perfpecla e fient; Lucis fymptomata haec mihioptime
perfpecla efie videntur, non quidem omnia, necquoque quatenus corpora pellucida
tranfit (hic enim varia mihi adhuc determinanda videntur, licet hic plurimaquoque
optime détecta fint) fed quatenus in fe confideratur; Verum meo judicio fimilia
(excipio lucem) non tam cito debent examinari juxta meam Methodum, fuperfunt
enim magni momenti Veritates cognofcendae priufquam ad fimilia defeenderc
concefïum et fi demum hac ratione procedamus, tune non folum haec nobis
fuperatu facilia videbuntur fed et reliqua multo his adhuc fpecialioraparideinceps
facilitate cognofeemus: liect itaque fateor quod ego in Phyficis non fum tractaturus
nifi Generalia ; Eoufque tamen defeendam, ut horum quae intra Tcrram crefeunt
veluti metallorum et mineralium etc: fed imprimis vegetabilium et Animalium
Generationem a priori et experimentis determinabo, ubi certè tam fingularcs
exhibebo experientias quae nullibi adhuc extant, nec forte 'adhuc per aliquot
fecula extabunt, nam omnes nimis ad fpecialia properant, quae paucam habent
utilitatem, cum mea inventa objecta perquam generalia refpiciant Ex: gr:
omnium Volucrum, Pifcium, Reptilium generationem, non unius alteriufve avis,
pifeis naturam etc: et ob id immenfam utilitatem habent; nam Ego talia
") D'après la théorie de Descartes. Voir la Lettre N°. 2454, note 10.
I48 CORRESPONDANCE. 1687.
expérimenta facio, ut unicum mihi viam aperiat ad infirma excogitanda, et fi
unicum utile ferè infinita utilia hic refultant, prout aliquando fimilia videbis, ubi
Nova Agricultura (non tritici faltem fed omnium vegetabilium) Nova Medicina
(quae prorfus alia continet, quam ea quae hactenus publicavi fub titulo Medicinae
corporis) Nova Chymia, Nova Oeconomia, Nova Mechanica, ubi certe non inutiles
fpeculationes, fed expérimenta quae fenfibiliter rei veritatem ante oculos ponunt;
Tune appavebit, quae differentia fit, fi ea a Philofopho tradantur, qui bona
fit methodo inftructus et ab Empirico fie ex: gr: videbis in Chymia vulgari
omnia praeparata circa vegetabilia non efie nifi corruptiones et falfificationes
taliunl; Nihil ftultius efle ordinaria agricultura, nec hic aliquid elfe quod Philo-
fophum fapit, nifi Aratri inventionem etc: fed haec abfque dubio Tibi quoque
nimis confidenter dicta videbuntur; Verum opto ut Deus vitam et commoditatem
mihi fuppeditet, mea cogitata in hune ordinem redigendi prout in idea habeo;hoc
cil ut Artis inveniendi fpecialia praecepta pofiim exhibere et tandem fpecialiffima
ubi de folo homine tractatibur; quia omnia non erunt nifi Medicinae Mentis et
Corporis continuatio fpecialior et fpecialiffima; Haec inquam fi perficere potero
credo quod pofteri non dicent, haec confidentius a me dicta efie quam par eft.
17. Nec aliter eam fuperare pojje quam ab expérimentas incipiendo Choc autem
et Tibi probari video). Non aliter nifi juxta meam Methodum folvendi omnia
problemata et reg: pag: 64 et 65, alias aetas inutilibus confumitur, prout multos
jam facere probe fcio, cum contra ego femper paucis fumptibus et faciïi negotio
perquam utilia detego, ficuti fingulis annis, innumera incognita detego et detexi,
et quae forte non adeo cito detegerentur, fi aliam viam fequamur.
18. Deinde Hypothefes quajdam comminifeendo &c: quod utique probo fi hae
hypothefes ex generalibuslegibus univerfis, fecundum quas omnia fiunt,ubicunque
fiant neceflario fluant.
1 9. Sed ita quoque permagnus labor &c : felicitate aliqua. Concedo totum fi
fpecialia in Phyficis determinanda, nam nulla aetas hic fufficiat,ad omnia in lucem
deducenda; fed fi generalia, hoc eft proprietates corporum a priori determinandae,
quae ubique in toto univerfo, hoc eft Lucis, Solium, Planecarum, Mineralium,
Vegetabilium, Animalium; exiftimo brevi tempore incredibilia poiTe fieri, fi quis
meam methodum fequatur, adhibendo experientias hactenus détectas, et reliquas
inftituendo juxta reg: pag: 64 et 65 abfque ut ulla felicitate opus fit, quanquam
fi talis quoque alicui offeratur, hic illam non feiet aeftimare quanti fit, quam qui
bona methodo inrtructus; quanquam certe mihi quaedam nota funt, quae non in
lucem deducentur ab ullo, quaecunque félicitas iis obtigerit; Quod Cartefius
optime noverat, unde dicit quaedam fint inveftiganda magna folertia, quae nun-
quam fe cafu offerent; crede mihi in Cartefio multa extant, quae vix puri Cartefiani
percipient, vixque ab ullo alio nifi quis eo cognitionis pervenerit.
20. Porro in his quae [cire vellem-Terram ejfe perituram. Id quod abfolute
infinitum eft, folum non poteft perire, nam interitus ejus fi fieret, non pofTet fieri
CORRESPONDANCE. 1687. l 49
nifi à rc externa; jam vcro a&u infinitum nullnm externum habet; hinc e contra
fequitur omnia finira interitui efTe obnoxia; confcrvatio illorum etenim dependet
ab[eo] quod vires propriae cum externis in acquilibrio fint adeoque fi externae
fortiores fiant (quod infinitis de caufis accidere potefl:) aequilibrium tollitur, hoc
cil res finita deflruitur, et idem de Terra non folum, fed de Sole et abfolute
omnibus corporibus univerfi verum, quod etiam experientia fufficienter confirmât,
nonne videmus rtellas fixas extingui et antequamextinguantur varias collu&ationes
fieri prout ex: gr: jam in ilella Ceti quae hoc anno fcre ffella primaemagnitudinis
evafit, abfque dubio fequenti Autumno ade5 imminuta erit, ut vifu non percipiatur
aut forte penitus extinguetur; Optime quoque Ariltoteli refpondebatur quod
Terra non ab aeterno effet, nam alias qui montes femper ac femper pluvijs et alia
ratione, imminuuntur, nec novae montes exfurgere videmus, eam jam debere
neceffario abfolute rotundam efTe; fed Cartefius aliud quid refpondet, dicit
fiquidem, fi mundus ab aeterno alia ac alia Terra in ejus locum de novo generata
effet; fed non efl: quod timeas, flella non tam cito moritur ac Homo prout nunc
videmus in ftella Ceti, nec quoque de Terra, id tam cito augurandum, tam ob multas
rationes quam imprimis quod fatellitem habet; excipio faltcm fi Deus extremo
fuo judicio Mundi Machinae ruinam intimabit, quod utique ut fcis, extra noflram
controverfiam cadit.
21. Quod infinitum jlellarum etc: Hoc certe non recordor me ullibi ftatuiffc,
nam pag. 44 et 45 infinitum idem mihi efl: ac indefinitum, hac de re alias non
poffum mentem, nifi in Phyfica mea aperire. pag. vero 150 hoc non abfolute
affirmo; dico enim fiquidem infnitae.
11 Quod pag. 5 1 ufque ajjumpfjje videris. Quod corpus femel motum in motu
permanebit in piano fi nulla corpora obftent ffatuo, adeoque id affiimpfi pag. 99.
Sed nego ejus caufam à manu provenire, feu quod corpus femel à manu incitatum
ad motum, fi corpora non obftarent, hoc efl: fi in vacuo effet, moveretur abfque
fine, prout vult Cartefius, in piano utique ut dixi res fuccedit; fed hoc non procedit
à manu ; fed ab alijs corporibus, qui hocce pollquam è manu, continuo pellunt,
ufque dum corpora externa hune motum tollunt; fed ut hoc intelligatur, permulta
ex mea Phyfica deberem recenfere, ubi è rationibus et experientijs clarifllmis ni
fallor haec res confirmabitur.
23. Denique extenfîo ufque impofjîbile exifimas. Quod extenfionem abfque motu
cum Cartefio concipis; Ego e contra cum motu, nihil hoc contra me, nam potefl:
effe quod extenfionem abrtraclè concipias, itidem motum adeoque licet utrius
noflxi conceptus diverfi fint, veri tamen erunt; fed non Phyfice, adeoque certè
conceptio non fallit in [fe] fpedlata. Scis enim quod in pag. 131 et 132 tr.es
diverfos conceptus de extenfione exhibuerim, qui non debent confundi; in Phyfica
mea de motu fimilia proferam ubi certa, adhuc majora haberemus praejudicia; fed
omnium maxime de quietc.
24. Non poffum certè ex ijs quae profers de fpeculo mco Cauftico colligerc,
I ^o
CORRESPONDANCE. l68?.
num effe&a illius legeris quae in Aclis Eruditorum publicavi 8); quae utique Tibi et
mukis admiranda videbuntur; quae Ego exiftimohincprovenire quod i°exceiïivae
magnitudinis fit, cum fere très ulnas Lipfienfes contineat; deindè qnod focum
certa ratione in refpeéhi magnitudinis removerim quod plurimum circa talia
fpecula notandum, ac tandem quod nitidiflimam polituram habeat, exa&aeque fit
figurae fphaericae; quod craflities laminae cupreae non excedit illam quae hic
annotata . . Tecum tamen fentio quod fi fpeculum ex mixtura illadura et
candida quam novi fiât, et in reliquo omnia fint paria cummeofpeculo,magnitudo
fcilicet;foci remotio,politura&c: Quod meum abfque dubio fuperabit perfeftione;
Hic ex occafione aperiam; quod polituram vitrorum circularium cujufcunque fint
magnitudinis ex voto ad ultimam perfeclionem reduxerim, exiguo labore et
breviflîmo tempore fimilia parare fcio, et certe longe ducentos pedes fuperaflem,
fi omnia ad manus fui fient quae defideravi, nec alijs rébus perficiendis occupatus
fui (Te m; faltem jam perfeci 12 et 25 pedum quae nitidiflimam polituram et perfec-
tiflima Telefcopia conftituunt; Cum illo 12 pedum jam hoc tempore Saturnum,
qui nobis admodum vicinus optimè cum ejus annulo et Satellite quem detexifti ;
Si cum tuo ducentorum pedum aliquid rari in Caelo obferves, quaefo id mihi
communices; Hic fatis loci habeo in meo Territorio ad o.bfervationes rite inrti-
tuendas: Sed hac de re alias. Domi Campani Microfcopij excellentiam non
exiftimo in infigni politura, inferioris fphaerulae folum exiftere; fed in alia
re, quam ni fallor detexi: poflum enim exiguo negotio perquam excellentia
microfcopia parare, quae omnia effedta praeftant Campanici Microfcopij, imo
multo majora etiam quae ibi recenfet; Sed quia rem hanc examinandi omnimodè
prout decet tempus nondum habui, de hifce plura loqui fuperfedeo.
Haec omnia jam funt, quae Temporis brevitas et multitudo diverfarum occupa-
tionum vix permifere ut in ordinem redigere potuerim, quae fi forte fatisfaciant,
non intérim abnego in meo traétatu plurima efîe quae confidentius diéta videntur;
fatis enim fcio quam multa nobis admodum probabilia videantur, antequam ipfam
praxin condamus, hicque quandoque taies difficultates exfurgere, quas ne quidem
ulla ratione in principio fufpicati efiemus. Et ideo me nihil unquam affirmare, nifi
ad minimum, fimile quid ipfa praxis me edocuit; Im6 praeterea optimè fcio, quod
hune Tractatum ad eam pcrfeétionem non potuerim reducerc, prout in idea habeo,
et mihi propofueram omnia mea non publicare, nifi ad hanc perfeelionis ideam
accédant; Verum quia praevideo pofie fieri, ut mea ftudia publico aliquid com-
municandi penitus abrumpentur, judicavi è re fore, publico hoc in tempore
iîgnificare, licet nondum omnia ad omnimodam perfeftionem reduxerim, modo
talia fint, quo judicare valeant, num capax fim, fi mihi commoditasparetur, publico
cum fruftii inferviendi ; fi nullum hinc remedium expeftandum fit impofterum
!) Voir la Lettre N°. 2444, note
CORRESPONDANCE. 1687. I 5 I
mihi foli ihidebo, abfque ut aliquid publicem ; Ex hifce autem colliges, quam
gratae mihi tuere literae Tuae, et quod nihil in hifcc fe obtulerit, quod mihi
potuerit difplicere prout talc quid fufpicatus es in literis ad D. de Gcndt 9); Hoc
fane magna in me effet perfeclio '°),fi tam levibus animus meus turbaretur, quamque
ii in me animadverterem ilatim corrigerem, mihi enim circa haec non blandior; ad
quod remédia fecura in manibus meis Dei gratia habeo, Eftote perfecli; ficut
Pater Veller perfeftus eir. praecipuum meum eit Ethices pracceptum, et fi fcirem
meliora praecepta, quae me in perfeftiorem itatum quam jam poffideo interne,
pofîent redigere, nihil quantum poflîbile intermitterem, ut mihi eandem compara-
rem ; lu m ex integro
Tuus Totus
E. W. D. TSCHIRNHAUS.
Drefdae die 12 Maj Anno 1687.
Heri interfui Convivio ubi ultra Viginti Nobiles, fed cogitationes admodum ab
hifce diverfae exillebant; Haec hifce in ") aria jam non nifi matutinis
horis nec quoque femper talibus vacare licet, uaefo erroribus meis codones
meo conitanti amore
Nobiliffimo Clariffimoque Viro
Dno Christiano Hugenio, feigneur de Zulichem
Prefent
a la Haije.
y) Nous ne connaissons pas cette lettre.
IO) Von Tschirnhaus. évidemment, veut dire : impcrfectio.
") Une déchirure a enlevé les mots laissés en blanc.
IÇ2
CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2458.
E. W. von Tschirnhaus à Christiaan Huygens.
12 MAI 1687.
Appendice au No. 2457 ')•
La pièce se trouve à Leitleu, coll. Huygens.
Genuinus Situs Curvae cujufdam Geometricae.
Pour Mr. Hugens de Zulichem.
') [.a ligure, avec l'inscription tracée de la main de von Tschirnhaus, accompagne comme, une
feuille détachée la Lettre N°. 2457.
CORRESPONDANCE. 1687. 1 53
N= 2459.
Christjaan Huygens a P. van Gent.
l8 MAI 1687.
I^a minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. I/itygens.
P. van Gent y répondit par le No. 2466.
DoétilYimo Viro Do. J: Gentio Christianus Hugenius
S.
Putabam equidem jam diu a D.no Hamelio refponfum accepifîe Nobiliffimum
Virum *), nec non a caeteris quibus exemplarialibri fui nuper ediri Lutetiam
Parifiorum miferat. At ecce heri demum hoc quod hic vides epiftolium ab eo ipfo
ad me defertur2), eu jus opéra illa in Galliam pervenere, a quo et apographum
literarum Dn. de la Chapelle accepi, quo quid libris fuis facium fit D. Tfchirnhaus
cognofeet. Cur autem tain fero haec omnia, non mihi compertum neque adhuc
intellexi quodnam Eruditorum in Gallia de opère iito fit judicium3).Unum quiddam
ibi habetur Geometrici argumenti de curvarum quarundam tangentibus, quod a
Genevenfi quodam viro ingenij haud vulgaris reprehendi ex libello Gallico, qui
Bibliothèque Univerfelle inferibitur 4), credo jam didiceris ac fortafTe ipfe quoque
D. de Tfchirnhaus. Qui utinam non tam propere, ac ne quidem inveftigata
demonfbratione, Problema hoc in lucem mififfet; aut faltem non ufque adeo de
eo fibi gratulatus effet. Efi: enim conftructio quam dédit manifefto falfa. Veram
autem quae et elegantifîima efi: et breviffima, ea ipfum fugit. Sed ego obhujufmodi
errata praefefiinatione nimia admiffa, nihilo minus bene de ingenioatque excellenti
fiudio aucloris fentire me profiteor ac tantum ut in pofterum cautior fit defidero. De
ijs vero quae commentationes iflas evolventi ferupulum moverunt refponfum ejus
adhuc expeclo 5) atque videre aveo. Vale.
Dabam Hag-ae 18 Maj 1687.
') C'est-à-dire E. W. von Tschîrnhaus, à la prière duquel (voir les Lettres Nos. 2443 et 2452)
Christiaan Huygens avait envoyé à quelques personnes à Paris des exemplaires de la Medicina
Mentis et Corporis.
2) Nous ne connaissons pas cette lettre.
3) La publication du Journal des Sçavans fut interrompue du icr janvier au 1 7 novembre 1687.
Un article sur le livre de von Tschirnhaus parut dans le numéro du 12 janvier 1688.
4) Voir l'Appendice I.
5) Christiaan Huygens n'avait pas encore reçu la lettre de von Tschirnhaus du 1 2 mai 1687,
notre N°. 2^57.
Œuvres. T. IX. no
»54
CORRESPONDANCE. l687.
N= 2460.
N. Fatio de Duillier.
MARS 1687.
Appendice I au No. 2459.
La pièce a été imprimée dans le Bibliothèque Universelle et Historique1^).
Reflexions de Mr. N. Fatio de Duillier fur une
méthode de trouver les tangentes de certaines
lignes courbes, laquelle vient d'être publiée dans
un Livre intitulé Medicina Mentis 2).
L'Auteur de la Médecine de l' Ame propofe, dans fbn Traité3), une méthode qui
n'eft pas entièrement exafte pour trouver les tangentes de diverfes lignes courbes,
qui fe décrivent par des fils. Sans doute il a jugé que cette méthode étoit bonne,
1Z,.
•y.V.
,-%
/■■-...
') Article II du numéro d'avril 1687.
11 nous a paru indispensable de reproduire ici en entier l'article de Fatio, parce qu'il en est
question dans plusieurs des lettres de l'année 1687. Nous y ajoutons, pour la même raison.
sous le N°. 2461, deux extraits de la „Medicina mentis".
:) Sur la part que Huygens a eue dans l'invention de la méthode exposée dans cette pièce, et à
la rédaction de la pièce elle-même, consultez la Lettre N°. 2467, note 2 et l'Appendice II,
N°. 2469.
3) Voir la pièce N°. 2461.
CORRESPONDANCE. 1687. 1 55
faute d'examiner allez une penfée, qui paroît vraie par induclion, & qui femble
dans la pratique ne s'éloigner pas beaucoup de la vérité: mais qui néanmoins ne
répond nullement a l'exaclitude géométrique, excepté dans quelques cas particu-
liers, & lors que les lignes décrites par les fils font plus fimples.
Suppofons que a & d, dans la première figure, (oient les foiers d'une ligne courbe
qui pafïe par le point c, & qui le décrive par le moien d'un fil, dont les deux ex-
trémitez foient attachées aux foiers a & d. Je fuppofe ici que les extrémitez du fil
font attachées a ces foiers, afin que la ligne courbe foit du nombre de celles que Mr.
de T. confidere; mais autrement ce que je vai démontrer s'étend à des lignes cour-
bes, qui fe peuvent décrire par un fil, dont une extrémité eil attachée au ilile, &
l'autre h un des foiers; & même il s'étend h des lignes courbes, qui ne fe peuvent
point décrire par des fils, félon la manière de Mr. de T. à moins d'en emploier une
infinité de retors. Soit A le nombre qui exprime la multitude des fils en a c, & fx le
nombre qui exprime la multitude des fils en cd. Ainfi la ligne a c multipliée par A,
plus la ligne c d multipliée par joc, eil: égale a toute la longueur du fil qui eil donnée;
& en général la nature de la courbe eil telle, que de tout autre de fes points tirant
une ligne au foier a, & une autre ligne au foier d, la première multipliée par A,
plus la féconde multipliée par j«,, font toujours une mêmefomme.
Pour trouver la perpendiculaire fur la courbe au point c par exemple, je prens
fur les lignes c a tk c d des longeurs égales c m & cp, & aiant mené la foutendante
m p je la divife au point ;?, de manière que mn foit à n p réciproquement comme
le nombre \x au nombre A;&je dis que la ligne cneft la perpendiculaire demandée.
La ligne c e, que je fuppofe perpendiculaire fur c n fera donc la tangente delà
ligne courbe au point c.
En effet quelque point que l'on prenne fur c <?, par exemple le point <?, que je
fuppofe d'abord placé du côté de a, il fe trouve hors de la courbe, comme je le vai
prouver.
Soient menées des points m &p les lignes m o,p q, perpendiculaires fur c /7, &
du point e la ligne e b perpendiculaire fur c a; de plus foit menée e h parallèle à
c d, & fur eh les perpendiculaires cg, dh\ enfin foit menée c/parallele à ca, & fur
efh perpendidulaire a f.
A caufe des triangles femblables c m eil h o m comme e c cil à c b ; & c p ou c m
eil à p q comme e c eil à e g\ donc om oftzpq comme c b eil à e g. Or par la con-
ilruclion o m eil à pq comme le nombre p au nombre A; donc c b eil à e g comme
le nombre /x au nombre A, & parconféquent A c b eil égal à fx eg\ c'eil à dire que
la ligne cb multipliée par le nombre A eil égale à la ligne e g multipliée par le
nombre //.
A ab, plus A b c , plus jx c d eil la longueur du fil égale à Xfe plus u. e g plus
\xgh, égale encore à Xfe plus jxeh. Tirant à prefent du point e aux foiers atk d les
lignes e a, e d, lefquelles repréfentent la fituation qu'auroient les fils s'ils atteig-
noient le point c, on à A a e plus /x e r/pour la Comme des fils qui atteindroient le
I56 CORRESPONDANCE. 1687.
point £, laquelle Tomme eft plus grande que Xfe plus //, c k4~) qui eft la véritable
longueur du fil : ce qui marque que le point e n'eft pas dans la ligne courbe pro-
pofée.
Le point e, qui eft du côté de d, n'eft pas non plus dans la courbe, comme il
paroît par la démonftration fuivante. Soit menée du point e la ligne e b perpen-
diculaire fur c a ; de plus foit menée e h parallèle acd&t fur eh les perpendiculai-
res c g, dh\ enfin foit menée e f parallèle à c a, & fur e f perpendiculaire a f.
A caufe des triangles femblables, il fe trouve, comme ci defius,que Acb eft égal
à fx, e g. A prefent A a b moins Abc plus jx c d eft la longueur du fil, égale à A a b
moins jjl e g plus jx c d égale encore à A f e plus [x e h. Mais tirant du point e aux
foiers a & d les lignes e a,ed, qui représentent la Situation qu'auroient les fils s'ils
atteignoienc le point e, la fomme des fils fe trouveroit être A a e, plus jx e d, plus
grande fans contredit que leur véritable fomme A f e plus p e h. Ainfi le point e
n'eft pas non plus dans la ligne courbe propofée.
Il n'y a donc aucun point de cette ligne courbe, excepté c, qui tombe fur la
ligne e c. J'ajoute qu'aucun point de la courbe ne tombe, a l'égard de la ligne ce,
du côté oppofé à celui où fe trouve le point n. Car foit /, s'il eft poftîble, un tel
point de la ligne courbe, & du point / Soient tirées aux deux foiers a & d les lignes
/e ^, /E d, qui coupent la ligne ec dans les points c 5) & E, & Soient enSuite tirées
les lignes, e d & E a. Si A eft plus grand que ^a, A a e plus A e i plus f/, i d fera plus
grand que Xae, plus/^e^, qui excède la longueur du fil6) comme il a été démontré,
ou qui lui eft égal fi le point e tombe en c: ainfi la ligne courbe ne pafie pas en i.
Mais fi |tt eft plus grand que A, /a d E, plus fx E / plus Xi a fera plus grand que
\x d E, plus A E «#, qui excède la longueur du fil, ou du moins qui lui eft égal ; &
par confisquent la ligne courbe propoSée ne pafie pas non plus par le point i.
La méthode de Mr. de T. Se réduit à diviSer l'arc m p décrit du centre c en r,
de manière que l'arc m r, Soit à l'arc rp réciproquement comme le nombre des
fils en c d au nombre des fils enc^;7)& la ligne menée par les points c & r doit
être, Selon lui, perpendiculaire Sur la courbe. Mais j'ai démontré que la véritable
perpendiculaire diviSe la corde m p en #, Suivant cette même raifon réciproque:
ce qui peut faire juger que la méthode de Mr. de T. approche en quelque forte
4) Lisez: fxeh. 5) Lisez: e.
(î) A la page 278 du livre F des Adversaria de Huygens on rencontre la remarque suivante, qui
se rapporte évidemment à ce passage:
Addemonstrationem Fatii in Bibliothèque universelle. 100 iil-\- /e/potest esse minorquam
1 00 er/ -f- e# propter angulum obtusum /. Sed tune 1 00 td -\- t'a non potest esse minor quam
100 Y,d -\- Eu, quae majora vcl saltem acqualia ac-\- cd (lisez ac -\- 100 cd^).
") Il est vrai que von Tscbirnhaus n'a pas formulé explicitement le théorème que Fatio lui
attribue ici; mais la construction que Fatio indique n'est en effet qu'une conséquence logique
de celle employée par Tschirnhaus dans la figure 10 de la pièce N°. 2461. Voir là-dessus la
Lettre N°. 2468, au paragraphe N°. 3 et l'annotation c) de Huygens.
CORRESPONDANCE. 1687.
l57
de la vérité, quoi qu'elle ne s'accorde pas avec ce que j'ai démontré ci-deiïus.
Cela paraîtra davantage, fi on la compare avec foin au théorème fuivant, duquel
j'ai la démonltration s). Je fubititue ce théorème à celui que Mr. de T. donne
touchant les tangentes de toutes les lignes qui font décrites à fa manière ; & il
eil certain que la conftruélion que mon théorème fournit, pour déterminer ces
tangentes, eit plus fimple & plus générale que celle de cet Auteur, outre qu'elle
elr. exacte.
l'y. *.
Soit w, dans la deuxième figure, un point d'une ligne courbe a m e décrite par
quelque nombre de fils que ce (bit, comme mb, me, md, attachez ou roulez autour
des foiers bcd. Ces foiers peuvent être en fi grand nombre que l'on voudra & dans
toutes fortes de fituations imaginables, fur le plan ame.
La nature de la ligne courbe a m e eft telle à l'égard de chacun de fes points,
comme /;;, que la ligne m b multipliée par le nombre k quel qu'il foit, plus la ligne
m c multipliée par le nombre A, plus la ligne m ^multipliée par le nombre (jl font
enfemble une fomme connue.
Du centre m je décris un arc de cercle fh g, qui coupe dans les points fh g les
fils m b, m c, m d, c'eft à dire les lignes menées du point m aux foiers. Je fuppofe
que dans tous ces points fhg il y ait des poids qui foient entre eux comme les
!) Voir, pour une démonstration simple et suffisamment générale de ce théorème, la pièce
N°. 2469. Cette démonstration, en effet, quoique bornée au cas de trois foyers, mais pris dans
une situation quelconque, est facilement généralisablc pour un nombre quelconque de ces
points, comme Fatio l'a fait d'ailleurs dans sa réplique à von Tschirnbaus (Bibliothèque
Universelle et historique de Tannée, 1689, Tome XIII, p. 58 — 61). C'est donc à tort que
M. Cantor dans ses Vorlesungen ûber Geschichte der Mathematik, T. III, p. 149 (éd. 1898)
assure, sur la foi de M. Weissenborn, que la construction de Fatio ne serait par valable dans
le cas général.
158 CORRESPONDANCE. 1687.
nombres k X & /x propres à chaque fil ; & je dis que la ligne m n qui pafTe par le
point m & par le point », commun centre de pefanteur, de tous les poids /A g, eft
perpendiculaire à la courbe propofée.
Ainfi qu'elle que (bit la multitude des foiers d'une courbe, comme a m £,& quels
que puifTent être les nombres, ou fi on veut les lignes droites x, A, /a &c. (parce
que les lignes droites font plus commodes que les nombres, pour exprimer toutes
fortes de proportions) le problème de mener la tangente au point donné m de la
courbe, eft plan, ou plutôt d'une feule dimenfion & extrêmement facile à ré foudre.
En effet on peut démontrer, que les tangentes de toutes les lignes géométriques
fe trouvent par la réfolution d'une égalité, ou l'inconnue ne monte qu'à une feule
dimenfion 9). Et je tire de là une nouvelle preuve contre la méthode de Mr. de T. Si
cette méthode étoit exacte, comme la perpendiculaire fur la courbe de la première
figure diviferoit un arc de cercle donné fuivant une raifon donnée, & que cepen-
dant on démontreroit d'un autre côté que cette perpendiculaire fe trouve par le
moien de la règle & du compas, on auroit une demonftration que le problème de
divifer un arc de cercle donné, fuivant une raifon donnée, feroit un des plus fimples
de la Géométrie, quoi que nous fâchions qu'il eft véritablement fort compofé.
Je fai bien que M. de T. fe fert, dans fon Traité, d'une exprefîion qui pour roi t
faire croire que fa méthode fe réduit toujours à partager quelques arcs par le milieu.
Mais pour peu qu'on examine ce qu'il dit, on verra que de fimples HJJe&ions d'arcs
ne lui fuffifent pas: ce qui paroitra fort clairement, fi on fuppofe que le fil ca ait
cinq doubles dans la première figure, & que le fil c â foit fimple; ou, ce qui eft le
même, fi on fuppofe que les nombres A & //, foient 5. & 1.
Il eft donc fur que cet illuftre Auteur s'eft trompé; mais c'eft dans une chofe
extrêmement délicate, & peut-être en confondant des lignes, qu'il eft aifé de con-
fondre enfemble dans le calcul, favoir des arcs de cercle avec leurs finus. Ainfi il
y auroit beaucoup d'injuftice à juger, à caufe de cette erreur, d'une manière
moins favorable de fa pénétration dans les Mathématiques. Les fautes de calcul
& d'inadvertence nous font fort pardonnables, & nous n'en faifons que trop
fouvent, pour peu que nous nous hâtions en des recherches difficiles. Elles ne
deviennent capitales que quand on s'opiniâtre à les foûtenir, après qu'on a eu le
temps de les reconnoître.
'-") Allusion a lu méthode pour les tangentes, mentionnée dans la Lettre N°. 19 12, ou à la méthode
algébrique de Fatio, dont il parle encore dans la lettre à Huygens du 24 juin )6H7(voirle
N°. 2465, note 9). et qui d'ailleurs n'en pourra pas avoir différé beaucoup.
CORRESPONDANCE. l68*7.
159
N° 2461.
E. W. VON TSCHIRNHAUS.
1687.
Appendice II au No. 2459.
Extrait de la Medicina Mentis.
(ie Extrait p. 68, 69).
Affumantur punfta in 5. fig. unicum A. in 6. fig. duo A & B. in 7. fig. tria CAB.
in 8. fig. quatuor C, A, B& D &c. five in eâdem refta exiftant five non; five sequali
Fig- 7' ' diftent intervallo five inaequali,
perinde efl. AfTumatur jam in 5 fig.
filum A B, alligatum in A, & conti-
nuetur in B; in 6. fig. filum alligatum
in A, per C continuetur in B, ubi
denub alligetur; in 7. fig. filum in A
alligatum continuetur in D, dehinc
in B, poftea rurfus in D, & iterum
dehinc in C, ubi etiam alligetur; in
8. fig. continuetur ex A per E. B. E.
C. E. ufque in D, atque ita in infini-
tum : concipiantur jam ftylo quo-
piam in' 5. fig. in B; in 6. fig. in C;
in 7. fig. in D, ac in 8. fig. in E. &c. omnia fila œqualiter in reclas extendi & ita
incœpto fiyli motu, eoque concinuato, quo ufque fieri potefl:, curvae BCD, CDE,
i6o
CORRESPONDANCE. 1687.
DEF, EFG &c. delineantur. Hinc jam
facile patet, femper in pofterioribus
contineri, quae in prioribus. Si enim
in fig. 8. fupponamus duo punéta coin-
ciderc, curva 7. fig. defcribetur, & fi
in 7. fig. nuTus duo punfta coïncidant,
curva 6. fig. defcribetur; fi vero in hac
fig. duo quoque concidant punfta, cir-
culus delineabitur.
(2e Extrait p. 73—75).
Tangentes rtatim ex ipfâ defcriptione, fine ullius calculi ad eas inveniendas
ufu, determinari. Quâ de re hsec pauca praecipere placet. Sit 1. defcripta curva,
Fig. 14.
Fig. 15.
quae unicum habeat centrum: hoc five fit punctum A, uti in fig. 14. fivèquaecunque
curva G in fig. 15. Si jam ad extremitates radiorum, AB in 14. fig. & DE in 15.
fig. has curvas defcribentium, erigantur perpendiculares BC & EF, hse curva*
defcriptas tangent. Sint 2 curvas ex duobus centris defcriptse, five hgec centra
fint punfta, uti in fig. 16. five quseçunque
curvae, veluti in fig. 17. five tandem curva
quseçunque & pundlum, quod fig. 18. cx-
primitur: fi angulo ACB bifariam per
lineam CD divifo, tune excitetur perpen-
dicularis CE, hsec curvam hâc ratione
diferiptam in C tanget. Sint 3. in fig. 19
tria centra B,C,D, feu fint fola punéia,
feu folse curvae, feu quaevis curvae, quse
CORRESPONDANCE. 1687.
l6l
Fie. 18.
D E
omnibus modis, pro noflro arbitrio,
fitum variant. Dividatur arcus FG ex-
tremorum filorum BM & DM bifariam
in H. Dein arcus IG, interceptus inter
filum intermedium CM & fi lu m dupli-
catum DM in K. Denique arcus HK
denub bifariam in L. Ducatur tune
LM, & huic in extremitate M llatuatur
perpendicularis MN; hîec curvam
AME in punclo M. tanget '). Atque
ita pofTern progredi, oflendendo ope
ejufmodi continua; bifeclionis conftanti
ratione in infinitum ad regulam ordinatae
millium millionum curvarum tangentes
exhiberi. Dabiturne per totam mathefin
univerfalius, aliudve utilius theorema,
aut praîltantior tangentes determinandi
methodus ? Quis crederet eam haclenus
alios lamifié, pofl: tôt diverfos hâc in re
conatus, poftquam primum mathema-
ticis, quanue hœc fint utilitatis reclè
innotuit? Sed facilia milita, ingenio-
fiffimos etiamnum fugiunt, quœ tamen
permagni funt momenti. Oportet autem
ut theorematis adeo generalis demon-
') Afin de pouvoir suivre plus facilement la polémique qui va
s'élever sur la construction représentée dans la figure 19, il
sera bon de remarquer dès l'abord en quoi elle diffère de la
construction exacte, décrite par Fatio dans la pièce précé-
dente, le N°. 2460.
D'après cette dernière construction, on doit assigner des
masses égales aux points F et I et une masse double au point
G (voir la figure). Pour déterminer ensuite le centre de
gravité commun de ces masses, on peut commencer par composer la moitié de celle du
point G avec la masse de F et l'autre moitié avec celle de I. On trouve ainsi les nouveaux
centres de gravité H' et K', qui sont situés sur les bissectrices M H et MK des angles FMG
et IMG.
Jusqu'ici les deux constructions peuvent être considérées comme identiques en tant qu'el-
les mènent à la bissection des mêmes angles, mais ensuite, pour achever la construction de la
Œuvres. T. IX.
21
\6<X CORRESPONDANCE. 1687.
ftratio fit perquam facilis. Eam quibufdam ex parte explicui, & fuo loco tradam,
ubi porrb monrtrabo 2).
N= 2462.
Ph. De la Hire à Christiaan Huygens.
1er juin 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2455.
A Paris a lObferuatoire le ier juin 1687.
Je ne doute pas Monfieur que les affaires qui uous font furuenuës a l'occafion
de la mort de Monfieur uoftre Père ne uous ayent beaucoup occuppé, et les in-
difpofitions que uous refentez font peuteftre des fuites de uoftre chagrin et d'une
trop grande application; ceft aufîi pour ce fujet que i'ay un peu différé a uous faire
reponfe, pour ne uous pas donner occafion de faire de nouuelles méditations fur
la longueur du Pendule a fécondes dont uous me parlez ce qui auroient pu peut-
eftre interefler uoftre fanté. Puifque uous auez le uoyage de Mr. Richer, ie ne
uous diray rien de fon obferuation, mais pour celle de Mrs. Varin et des Hayes
dans l'Ifle de la Gadaloupe '), Mr. Caffmi qui a fait imprimer leurs obferuations
dit quelle y fut obferuée de 36 pouces 6 lig. \ quoyque cette ifle ait 14 degrez de
latitude et que dans la Cayenne qui n'a quenuiron 5 deg. de latitude elle ait efté
trouuée de 36 p. 7 1. \ qui deuroit eftre beaucoup moindre a proportion, cette
irrégularité eftant iointe auec ce que Mr. Picard auoit obferué a Vranibourg
et au cap defete 2) et que nous auons encore uerifié enfemble a bayonne ou Ion ne
normale, on doit la faire passer selon Tschirnhaus par le milieu L de l'arc II K et selon Fatio
par le milieu de la droite H' K'.
D'après les pièces N°. 2475 et N°. 2486, c'est surtout en faisant ressortir cette différence
entre les deux constructions que de Voldcr a réussi enfin à faire reconnaître par Tschirnhaus
l'erreur qu'il avoit commise.
2) Cette démonstration ne se trouve ni dans la „Medicina Mentis" ni ailleurs. Consultez la
Lettre N°. 2457, pp. 143 et 144.
1 ) Voir la Lettre N°. 2447, note 5.
2) Consultez la Lettre N°. 2455, notes 3 et 4,
CORRESPONDANCE. 1687. 163
trouue aucune différence fenfible, ma toujours fort embarafte, et iay foubçonné
quune partie de cette irrégularité pouuoit eftre eau fée par le filet qui auroit efté
plus rigide dans une obferuation que dans lautre et peut eftre un peu plus pefant,
et fi Ion nauoit pas fait lobferuation au retour du uoyage aucc la mefme boule ie
laurois foubçonnée de quelque irrégularité. Mais outre ces caufes celle qui pouuoit
uenir de la part de lair pouroit a ce qui me femble apporter un très grand
changement, uoicy fur ce fujet une obferuation qui a elle faite au cap uert par les
me fines obferuateurs de la Gadeloupe.
(Le Baromètre cftoit ordinairement plus bas quand le Thermomètre eftoit plus
haut, et généralement le Baromètre a elle plus haut la nuit que le jour de deux,
trois ou quatre lignes, et il faifoit plus de changement du matin jufqu'au foir
que du foir iufqu'au matin). Je croy que l'air qui eft fort pefant et fort humide
dans la Zone Torride demanderoit un pendule plus court que dans la Zone
tempérée. Vous ne deuez pas douter que les Ephemcrides de Monsr. Caiïini
pour les fatellitcs de Jupiter ne foient très exaétes car il y apporte un très
grand foin et il fi applique auec toute Paffiduité poffible, cependant Ion trouue
quil y a toujours quelqu'irrcgularité dans les urays mouuemens qui différent en
quelque chofe des moyens auxquels il ne fera pas poffible de rien changer après
ce quil a fait en dernier lieu, et que Ion a refolu de ioindre a la fin des uoyages
et ceft peut eftre ce qui pouroit empefehef encore un peu quils ne panifient en
public3).
Pour le Problème dalgebre dont nous me parlez on nen a propofé qu'un a
l'académie dont Mr. Rolle a donné une folution fort élégante et beaucoup plus
générale que celle qui elloit requife, ce problème eftoit différent de celuy que
nous me marquez, mais ces fortes de queftions ne paroiftent pas difficiles a nos
Algebriftes. On continue toujours l'impreffion des ouurages de feu Mr. Frenicle4)
après quoy ie donneray ce que iay des mouuemens compofez de Mr. deRobcrual,
ce qui n'eft pas long, ceft pourquoy fi uous pouuez fans incommodité nous enuoyer
quelque chofe en attendant que tout foit acheué, nous nous difpoferons pour le
faire imprimer. Jay rapporté a noftre Académie ce que uous me mandez fur uoftre
dioptrique laquelle fera fans doute un très grand honneur a nos ouurages puifque
uous uoulez bien nous la donner, toute la compagnie uous en fait fes remerciemens,
pour mon particulier uous ne deuez pas appréhender de me donner de la peine
puifque ie ne tiens pas de temps mieux employé que celuy que ie pafie a méditer
3) Les Tables des Satellites de Jupiter ne parurent qu'en 1693, sous le titre :
Les Hypothèses et les Tables des Satellites de Jupiter, réformées sur les nouvelles obser-
vations par M. Cassini. Paris, 1693, in-40. Elles furent réimprimées dans les Mémoires de
l'Académie Royale des Sciences. Depuis 1666 jusqu'à 1699. Tome VIII. Edition de Paris.
4) Voir la Lettre N°. 2432, note 10.
164 CORRESPONDANCE. 1687.
fur quelques uns de uos ouurages que iay entre les mains, et pour celuy de la
Dioptrique que ie fcay afTez bien, a ce quil me femble ce que nous nous en fîtes
uoir autrefois dans nos afTemblées 5) a la referue de ce qui regarde le Cryftal
d'Iflande, ie me feray un très grand plaifir de uoir de quelle manière nous y
appliquez uoitre méthode, car quoyque uous nous ayez dit que cefloit par le moyen
des ondulations fpheroidales qui font fpheriques dans les autres corps, ie ne uoy
pas comment il fenfuit la double réfraction, et fi uous auez afTez de fanté et de
loifir ne faites point de difficulté de nous enuoyer ce que uous auez fait furl'ayman.
la compagnie ayant trouué a propos de faire imprimer fous une forme de lettre
quelques obferuations que jay faites fur laiman. Monfieur de la Chapelle a qui
Monfeigneur de Louuois a commis entierrement le foin de noftre académie, et
qui nous fait la grâce daffifler a nos afTemblées et nous communiquer les belles
lumières qu'il a dans les feiences, a bien uoulu prendre la peine de uous faire tenir
un exemplaire de cette lettre6) et uous marquer luy mefme leftime qu'il a pour
uoflre mérite. Nous obferuâmes icy le ne du mois pafTé une Eclipfe de foleil
dont le commencement parut a ih 12' 6" et la fin a 2I1 32' 26", fa quantité a efté
de 1 doit 44'. Il feroit a fouhaitter que uous euffiez quelqu'un qui put obferuer
ou uous elles par correfpondance auec nous car on en pouroit tirer des connoif-
fances qui feroient auantageufe pour laflronomie et pour la Géographie. Je fuis
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant ferviteur
De la Hire.
5) Selon les Registres de l'Académie des Sciences, la lecture du traité de la Dioptrique a com-
mencé le 13 mai 1679. Elle fut continuée dans les séances du 17 mai, 3 juin, 10 juin,
1er juillet et 12 août.
6) Voir la Lettre N°. 2463.
CORRESPONDANCE. l68/\ 1 65
N= 2463.
H. de la Chapelle Besse j) a Chrlstiaan Huygens.
9 juin 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2484.
a paris le 9. juin 1687.
Monsieur
L'eftime et lamitié que j'ai pour Mr. de la hyre, et la pafilon que j'auois de
trouuer vne occafion de vous demander vn peu de part au commerce que vous
aués enfemble, m'ont engagé a vous faire tenir fa lettre et l'efcrit qujl vient de
donner au public2). Vous verres fur quels fondements jl a formé fes coniectures,
et jmaginé vne nouuelle forme de bon fiole diferente de celle dont on fe fert, auec
laquelle jl jnuite ceux qui jront fur mer de faire des expériences fur la variation
de l'aimant3). Cette matière qui eft vne des plus délicates de la Phyfique eft fuiette
a bien des contradictions, et Ion veut dire que les incertitudes de toutes ces
hypothefes en exerçant lefprit ne l'afTurent fur rien, et ne font tout au plus que
lexciter a faire de nouvelles découuertes. M.rs de l'académie des Sciences n'ont
pas voulus par cette raifon, publier cet eferit au nom de la Compagnie, et Mr. de
de la hyre ne la donné fous le fien au public, que comme vne raifon de doutter, ou
pour mieux dire de foupeonner sjl n'y auroit pas quelque analogie des variations
') Voir la Lettre N°. 2328, note 1.
2) Lettre de M. de la Mire sur une nouvelle Boussole. Paris 1687, in-40. A la suite d'une brève
analyse de cet ouvrage, les Nouvelles de la République des Lettres du mois de mai 1687 con-
tiennent quelques remarques sous le titre:
Difficultez sur cette nouvelle Boussole proposées par le sieur Du Val, Ingénieur du Roi.
De la Mire y répondit par une nouvelle brochure :
Réponse à l'article de la République des Lettres où il est parlé de la nouvelle Boussole.
Paris, 1687. in-40.
La première lettre a été reproduite en anglais dans les Philosophical Transactions des mois
juillet et août 1687, N°. 188 sous le titre:
A letter of Mr. De la Hire of the Royal Academy of the Sciences at Paris, concerning a
new sort of Magnetical Compass, with several curions Magnetical Experiments.
Après la lecture dans la ^Société royale, on y a examiné une Terrella (aimant sphérique)
reçue en don, 25 ans auparavant, du roi Charles IL On constata que les points de la pierre
marqués par une petite croix indiquaient encore aussi exactement que possible les pôles,
quoique la déclinaison magnétique à Londres eût changé de 4 degrés.
3) Voir la Lettre N°. 2454.
l66 CORRESPONDANCE. 1687.
de la matière aimantique en de fes pôles dans la pierre daimant même, auec les
variations de la vertu aimantique dans le fein de la terre. Vous me feres honneur
et plaifir de me communiquer vos réflexions fur cet efcrit, et de vous adrefler a
moy dans les rencontres ou je pourrai vous rendre quelque feruice, eftant rempli
depuis longtemps de toute leftime que vous mérités. Mr. de la hire a fait efperer
a la Compagnie que vous luy enuoyeriés quelques ouurages pour joindre au recueil
des pièces de Mesf.rs de lacademie que Ion jmprime actuellement. La mort de
Mr. Cramoify 4) arriuée cette nuit après quattre jours de maladie dérangera vn peu
ces jmprefiions, mais jefpere que Monfeigneur de Louuois y mettra vn bon fuiet.
La perte de M. Cramoify eft fenfible pour lacademie et pour tous les gens de
lettres, jl faifoit honneur a ljmprimerie royale par fes foins et par fa capacité.
Je vous fuplie denuoyer le pluitoft que vous pourres a Mr. de la hyre ce que vous
defirés joindre au recueil, cette augmentation n'en acroiftra pas peu le mérite,
et tout ce qui viendra de vous trouuera toujours dans la Compagnie toutes les
difpofitions poflibles a leltimer et a laprouuer, et fi mes fufrages pouuoient efire
confiderés dans cette Compagnie, je les donnerois auec éloge pour témoigner
combien je fuis
Monsieur
Voftre trefhumble et très obeiffant feruiteur
La Chapelle Besse.
4) Voir la Lettre N°. 2454, note 7.
CORRESPONDANCE. 1687. 1 67
N= 2464.
Christiaan Huygens à d'Alencé ').
20 JUIN 1687.
Ce sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens*").
Sommaire: 1687. 20 Juin. Envoie a Mr. Dalencè pour faire tenir a Paris a Mr. de la Chapelle les copies
de mes Traitez fuivants pour eftre imprimez a Paris3).
Demonflratio Regulae de Maximis et Minimis.
Régula ad Inveniendas tangentes Linearum curvarum.
Conftruâio loci ad Hyperbolen per Alymptotos.
De la cauie de la pefanteur.
De potentijs fila funefve tralientibus.
Demonftration de l'Equilibre de la Balance.
Nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre a Canon.
En envoiant la dioptrique '), mettre au devant que je l'ay lue a raffemblec en 1679.
N° 2465.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
24 juin 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylcnbrock ').
Elle fait suite au No. 2456.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2473."
Monsieur
J'ai fçû de Monileur Boile que vôtre fanté étoic bien rétablie et même que vous
aviez repris vos études. Celui de qui nous avons ces bonnes nouvelles étoit venu
depuis peu de Hollande. Je croi qu'il eft déjà parti pour y retourner, mais comme
je ne l'ai pas veu je n'ai point pu profiter de fon départ pour vous dire des nouvelles
de l'Angleterre. Je me fuis déjà trouvé trois fois à la Société roiale où j'ai entendu
propofer tantôt d'aiïez bonnes chofes et tantôt d'aflez médiocres. Quelques uns
de ces Meilleurs qui la compofent font extrêmement prévenus en faveur d'un livre
') Sur Joachim d'Alencé, voir la Lettre N°. 2074, note 3.
2) Dans le livre F des Adversaria, page 277.
3) Voir la Lettre N°. 2435, note 1.
4) Voir la Lettre N°. 2455, note 13. Très probablement l'envoi n'eut pas lieu.
') Christiani Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae Fasc. II, p. <)().
l68 CORRESPONDANCE. 1687.
de Monsr. Newton 2) qui s'imprime prefentement 3) et qui fe débitera dans trois
femaines d'ici. Ils m'ont reproché que j'étois trop Cartefien et m'ont fait entendre
que depuis les méditations de leur auteur toute la Phyfique étoit bien changée. Il
traitte en gênerai de la Mechanique des Cieux;de la manière dont les mouvemens
circulaires qui fe font dans un milieu liquide fe communiquent à tout le milieu 4);
de la pefanteur et d'une force qu'il fuppofe dans toutes les planètes pour s'attirer
les unes les autres. Il démontre ce que vous avez trouvé touchant lacycloïde et les
pendules, et il détermine des epicycloïdes qu'il faut lui fubflituer fi on fuppofe
que le centre de la Terre foit fort voifin 5). Il donne le moien de décrire une
furface d'un verre qui ferve avec une autre furface donnée pour raiTembler les
raions qui partent d'un point donné precifement en un autre point. Sa méthode
concourt avec la vôtre pour la conllruclion car il fe trouve que tous les raions
emploient un temps égal pour venir d'un point à l'autre6), mais fes demonftrations
dépendent de tout un autre principe. Il avance cette propofition 7}, que la
re fi (lance que fent un globe qui fe meut dans un liquide, n'ell que la moitié de
celle que refïentiroit un grand cercle de ce globe, qui fe mouvroit fuivant fon
= A
Philofophiae Naturalis Principia Mathematica. AuftoreJ s. Newton, Trin. Coll. Cantab. Soc.
Matbefeos Profeflbre Lucafîano, & Societatis Regalis Sodali. Imprimatur. S. Pepys, Reg. Soc.
Praefcs. Julii 5. 1686. Londini, JulTu Societatis Régine ac Typis Jofephi Straeter.Vxofant
Vénales apud Sam. Smith ad infignia Principis JValliae in Cœmiterio D. Pauli, aliofq; non-
nnllos Bibliopolos. Anno mdclxxxvii. in-40.
L'impression du troisième livre des „Principia", dont le manuscrit avait été achevé en mars
1687 et présenté à la Société Royale dans sa séance du 6 avril suivant, fut terminée au
commencement de juillet.
Allusion à la Section VIII, Livre II: „De Motu per Flnida propagato", qui traite de la propa-
gation des ondes, ou à la Section suivante: „De motu Circulari Fluidorum", qui se rapporte à
des mouvements rotatoires dans un fluide visqueux, comparables aux tourbillons Cartésiens.
Il s'agit ici des Propositions L — LU du Livre 1er, dans lesquelles Newton traite des isochrones
hypocycloi'dales propres au cas d'une force proportionnelle à la distance du centre, comme il
se présenterait dans les cavités d'une Terre homogène. De ces propositions plus générales
Newton déduit, dans le corollaire 2 de la proposition LU, l'isochronisme de la cycloïde,
appliqué dans les arcs cycloïdaux du pendule de Huygens.
La construction, décrite par Newton dans sa Proposition XCVIII du Livre 1er Section XIV,
est, en effet, conforme à celle que Huygens donna au Chapitre VI de son Traité de la Lumière.
Toutefois le théorème simple et élégant de Huygens, d'après lequel tous les rayons emploient
un temps égal pour venir d'un même point à un autre, n'a pas été formulé par Newton et ne
pouvait pas l'être par lui, parce qu'il ne s'accorde pas avec la théorie corpusculaire de la
lumière exposée par Newton dans la Section citée. En effet, d'après cette théorie, l'indice de
réfraction d'une substance serait proportionnel à la vitesse de la lumière dans son intérieur,
tandis que le théorème de Huygens exige qu'il lui soit inversement proportionnel.
Proposition XXXV, Livre II, Section VII. Si Globus & Cylindrus aequalibus diametris
descripti, in Medio raro et Elastico, secundum plagam axis Cylindri, aequali cum velocitate
celerrime moveantur: erit resistentia Globi duplo minor quam resistentia Cylindri.
CORRESPONDANCE. 1687.
169
axe, avec la même viteffe. Ce traitté que j'ay veu en partie efl afleurement très
beau, et rempli d'un grand nombre de belles propofitions, mais je fouhaitterois,
Monfieur que l'Auteur vous eut un peu confulté fur ce principe d'attraction qu'il
fuppofe entre les corps céleltes. On m'a dit qu'il expliquoit aiïez bien par là le
flux et le reflux de la mer8), favoir en fuppofant que la Terre et la Lune s'attirent
l'une l'autre. J'avois déjà remarqué en Hollande que l'on pouvoit rendre des
raifons aflez probables du flux et du reflux en fuppofant vôtre explication de la
pefanteur et en imaginant qu'il y a une caufe femblable qui produit une pefanteur
dans la Lune. Car il refulte de là qu'effectivement la Terre et la Lune s'attirent
un peu l'une l'autre et que nous devons avoir la haute mer quand la Lune efl au
méridien, ou plutôt, comme il paroit par les obfervations, deux ou trois heures
après qu'elle l'a pafle. Vous vous fouvenez Monfieur de la méthode algebraïque
dont je me fervois pour déterminer les tangentes9) des lignes courbes dont
l'équation efl donnée. Comme cette méthode efl: véritable elle concourt entière-
ment avec la vôtre IO),mais elle a ceci de commode pour moi qu'elle dépend d'une
reflexion fort fimple et fort facile a retenir. C'efl ce qui me fit refoudre il y a
quelque temps à la mettre au net et à en faire quelque ufage. Pendant que je me
fuis occupé à cela, je me fuis attaché en même temps à refoudre cet autre problème;
La propriété des tangentes d'une courbe étant donnée trouver l'équation de la
courbe. J'ai trouvé en quelque forte le moien de le refoudre toutes les fois qu'il
efl: poffible, et de reconnoitre quand la courbe propofée n'efl pas Géométrique.
Véritablement j'ai befoin que les proprietez des tangentes foient exprimées par la
proportion qui fe trouve entre deux lignes particulières parallèles à des lignes
données; mais c'efl ce qui efl: toujours aflez facile.
Voici des exemples de quelques uns de mes calculs.
Le point A et les lignes x^y étant donnez de pofition trouver l'équation de la
ligne courbe qui pafle par A et dont les tangentes comme BAC. ont toutes cette
propriété que la ligne AD parallèle à x efl: a DC
parallèle à y comme x efl à - y.
Je fai mon calcul
comme il fuit ") z. u
2
x. - y.
3J
3 u x—i zy
8) Proposition XXIV, Livre III : Fluxum et refluxum Maris ab actionibus Solis ac Lunae oriri
debere.
9) Nous ne connaissons pas cette méthode algébrique de Fatio, qu'on ne doit pas confondre avec
les considérations géométriques qui font conduit à la construction des tangentes des courbes
focales de von Tschirnhaus, communiquée dans la„Bibliotbèque Universelle" du mois d'avril
1687 (voir la pièce N°. 2460).
Œuvres. T. IX. 22
170 CORRESPONDANCE. 1687.
—2 doit toujours être égal à une même grandeur par exemple à g; car geft
donnée à caufe que x et y font donnez pour un cas, ce qui fuffit.
Donc l'équation cherchée cft;y3 — gx2 = o.
Si j'avois z. u : : b—y. x — c mon calcul devroit être comme il fuit
-+- zx — zc — bu + uy ~o.
H — x2 — cx — by-\ — yy = gg Equation cherchée.
Si j'avois z.aw b—y + 2X. x—c -h 6y.
+ zx — cz + 6yz — bu + yu — ixu-=o. . . . A.
-+- - x2 — ex ~by-\ — y2. Partie des termes de l'équation cherchée.
-1-6 —1
+ 6. — 1 : : + 3. — 1 en divifant les premiers termes par i.
+ - — Si ce terme ci étoit dans l'équation cherchée il
6xxz ix^h
donnerait dans l'équation A les termes -\ qui font entre eux comme
y y y
6yz—ixu, au lieu qu'il devroit donner les termes mêmes 6yz — ixu à caufe des
autres termes de l'équation A qui ont déjà leurs correfpondans. Donc il n'y a point
de ligne courbe géométrique de qui les tangentes aient la propriété propofée I2).
Le chevalier Gordon I3) a trouvé une conftruétion de pompe pour les vaiffeaux
qui fait un effet prodigieux.
Si vous êtes encore dans le deffein Monfieur de me donner un exemplaire de
IO) La „Regula ad inveniendas Tangentes linearum enrvarum" de Huygens; voir la Lettre
N°. 191 2, note 7.
") On reconnaîtra facilement que la méthode de Fatio se fonde sur la remarque que l'expression
pydx-\-qxdy, multipliée par x''-'y'"1, se transforme dans la différentielle totale de x,'-yt: Huygens
dans sa lettre à de l'IIospital, du 23 juillet 1693, a donné une exposition détaillée de cette
méthode.
12) Il esta peine nécessaire de faire voir ce que cette conclusion a de prématuré. Voici un exemple
a2
qui en démontre l'inexactitude. A l'équation xdx-\- ydx — xdy-\-ydy-\ — dy — o il est
satisfait par le cercle x2 -|-;y2 — a2 = o.
13) Sir Robert Gordon, né le 7 mars 1 647, fils aîné de Sir Ludovick Gordon, baronet of Gordon-
stoun, Drainie, Elginshire. Il s'appliqua à la mécanique et la chimie et fut en correspondance
avec Robert Boyle. La pompe qu'il inventa attira l'attention par la facilité de la manœuvre
et le rendement favorable. Toutefois, faute d'encouragement, la construction resta un secret,
gardé dans la famille. Robert Gordon devint chevalier en 1673 et succéda comme baronet
à son père en 1685. Il était un favori de James II, fut élu membre de la Société royale, le
3 février 1686, et mourut en 1704.
CORRESPONDANCE. 1687. 1^1
vôtre traiccé de la pendule je vous prie de le remettre à celui qui vous fera tenir
cette lettre. Je fuis avec un profond refpect
Monsieur
Votre trefhumble et trefobeifTant ferviteur
N. Fatio de Duillier.
A Londres chés Mrs. Barthelemi
et Nicolas Midy Banquiers ce
H Juin 1687.
24J l
A Monfieur
Monfieur Huijgens de Zulichem
à
La Haïe.
•
N° 2466.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
17 juin 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens,
Elle est la réponse au No. 2459.
Ad Leélorem1).
Sifto tibi B. L. philofophiam, fed quia ipfum vocabulum philofophiae nimis
quam abhorrent plurimi, et ideo forte librum hune, fi eo titulo fe confpiciendum
praeberet, nullo modo dignarent pervolvere, eundem potius nomine Medicinae
') Cette préface pour une nouvelle édition de la Medicina mentis, déjà peu engageante par sa
prolixité, a encore été considérablement étendue dans la Praefatio Authoris ad Lectorem qui
précède la seconde édition publiée en 1695 sous le titre :
Medicina mentis, sive avtis in veniendi praecepta generalia. Editio nova, auctior & correctior
cum Praefatione Autoris. Lipsiac, Apud J. Thomam. Fritscb. mdcxcv. in-40.
La seconde édition de la Medicina Corporis a paru en même temps, chez le même éditeur,
et dans le même volume.
\J1 CORRESPONDANCE. l6Sj.
mentis et Corporis infignire volui, quo amabilior reddatur philofophia; hoc fiquidem
genuina philofophia praeftare docet, ut nimirum quantum omnes homincs fanitate
non corporis folum : hoc nempe fatis notum, fed praeprimis fanitate mentis admo-
dum deftituanturclarèofl:endat,quaequehis malis appropriata remédia fint evidenter
doceat. Notandum vero maxime, quod licet talia folum hoc libro tradere unicus
fcopus fuerit meus, non ideo hifce integram philofophiam tibi exponere decre-
verim; verum hoc tempore faltem tibi fifto primam philofophiam, quia vero haec
ab aliis folet appellari Metaphyfica, in qua inutiles admodum fpeculationes a
quam plurimis venditantur; haecque ideo perquam exofa plerifque fit, ne haecce
te de novo à tuo propofito hune librum attente evolvendi detineant, feias velim
me in prima hac mea philofophia omnia illa exhibere quae ab eo, qui feriô fapien-
tiam fibi acquirere propofuit, omnium primo fint cognofeenda. Et licet utique
verum, quod utiliffima imprimis doceri non nifi in fine philo fophiae poffint, re
ipfa tamen experieris,relegendo hune librum vel in ipfo principiohujusphilofophiae
perquam utilia tibi exhiberi. Hifce nempe expono, qua ratione veritatem per te
ipfum acquirere cert5;pafliones tuas fapienter moderari; fanitatemquamvisbonam
diaetam non adeb exaélè exequi pofïïs confervare; infantes prudenter educare et
fimilia facili negotio exfequi liceat. Quo autem eo melius judicare valeas, num
via maxime naturali in prima hac Philofophia (vel fi mecum mavis Logica)
tradenda ufus fuerim, ex te ipfo quaero, quafnam cogitationes prae omnibus aliis
maxime necefîarias efTe judices? Et quanam propterea quemlibet hominem primo
et ferio occupatum detinere debeant? Quaquaverfum refpicio quod mihi refpon-
dere poteris aliud nil video, praeterquam has imprimis cogitationes neceflarias, et
proinde ferio ruminandas efTe, quaenam nimirum optima occupatio fit quam inter
infinitas quae in hoc mundo occurrunt fibi quis praeprimis eligere debeat? Hoc
ipfum autem in i.a parte hujus Traéïatus expono, ubi firmiter mihi perfuadeo Te
poftquam eam attente pervolveris mihi aftipulaturum, praeftantiorem feilicet
non efle occupationem acquifitione per te ipfum; fi jam de novo ex te quaeram
quidnam putes, hoc ftabilito, ulterius nobis efTe curae debere? Non video,
fiquidem acquifitionem veritatis optimum efTe judicafli, te aliud porro defide-
rare pofie quam ipfam methodum detegendi incognitas veritates? Cum omnia
fruftranda fint, quae exponerentur circa talem methodum, fi quid verum aut
falfum fit, non feias, non video me aliam refponfionem recepturum, quam in-
fallibile remedium ante omnia efTe determinandum, quo verum et falfum certe
cognofci, unumque ab altero dignofci poffit; id ipfum autem § i ejufdem
sae partis, quantum pofllbile, in lucem prodire conor. Porro, perfpefto quid fit
verum aut falfum, fi quaeram quid ulterius agendum elfe exiftimes? Uti-que
refpondebis ut viam praemonftrem extendendi cognitionem noftram, femper de
veritate in veritatem abfque fine. Et hoc ipfum efi: quod in § i. ejufdem sae Partis
fufe oflendam. Si denuo inftem rogando: num putes nihil efTe reliquum quod
peragatur ? Siquidem in methodo acquirendi veritatem per te ipfum ingenium
CORRESPONDANCE. 1687. I73
tuum excolendo paululum te exercuifti, abfque dubio offendifti impedimenta, quae
ingeniofis viris etiam difficilia funt fuperatu, et hinc non aliud a te exfpecto
refponfum, quam ut methodus acqnirendi veritatem perquam plana et facilis exiftat,
omnia haec impedimenta removenda e(Te; id vero in 1 1 i.§.ejufdem partis conatus
fum exequi. Quia vero inter illa impedimenta, ipfi morbi corporis nofiri quoque
exiftunt, ne tibi taediofa viderentur, quae prolixe de his propellendis docui, ea à
parte Tra&atui huic annexo explicui. Jam itaque, ubi methodum acqnirendi per te
ipfum veritatem fciveris, fi tandem ex te quaeram quid ulterius faciendum reftat ?
Abfque dubio, quia methodus licet bona abfque applicatione nihil valeat, infini-
taque objefta extent, quibus pofïît applicari, feire adhuc defiderabis, quaenam
objecla imprimis fint, quorum examen juxtahanc methodum mentem tuam omnium
maxime oble&are valeat ? Et hoc ipfum denique, quod parte 3 tibi explicatum
exhibeo, ibidemque Traclatum hune concludo, quia non video quid amplius poffit
defiderari a te aut quaeri. Cum itaque omnia eo ordine tradtarim, prout proprium
judicium tuum juxta fanam rationem regulatum expetit, atque fie ex propria animi
tui fententia clare appareat, Quid in prima Philofophia fit traélandum, nihil
fupereft quam ut reipfa examines, Quomodo hoc ipfum executus fuerim. Ad quod
te hifee quantum pofïum amice invito, quique labor, nifi admodum fallor, fruclu
fuo non carebit, modo primo eodem quo conferiptus eft ordine pervolvas, quia
nempe fequentia ferè femper priora praefupponunt, atque ideo fi fecus faceres,
non pofTet fieri, quin tibi in plurimis abfque mea tamen culpa obfcurus videatur;
fecundo ne quae tibi nimis fimplicia, intellectuique perquam facilia, quafi ideo
tanquam res parvi momenti, abfque necefîaria attentione fuperficie tenus tranf-
curras. Credas enim mihi, fi ubique voluifTem rationem eorum, quae tradidi
omittere, inventionum fontes celare, exemplis familiaribus praecepta non illuftrare,
hoc majorem forte mihi aeftimationum, fed certe tibi minorem utilitatem attulifient;
adeoque fi talia offendas, potius firmiter credas caufam quare fimilia exhibuerim
efle, quod multa experientia edoéhis fuerim, haec licet perquam fimplicia, et ideo
intellectui facilia, certe tamen omnium illorum quae cognoverim utiliffima efîc,
quaeque ideo omni attentione digniora, quam forte in principio exiltimaveris, et
hinc certo mihi perfuadeo, quod quanto fincerior tibi ad bona ftudia promovenda
feopus fuerit, tanta gratior femper ac gratior tibi hujus libri Leclio fit evafura.
Non nempe hic ex folis fpeculationibus, fed ex continua potiffimum praxi, quae
fenfibili ratione, quae utilia fint nec ne, nos certe convincit, derivatur.
Haec elt, Nobilifîime Vir, praefatio, quam fecundae fcilicetEditionipraefigere
vult Nobiliffimus De Tfchirnhaus. Caetcrum quid Nobiliflimus Vir de Traftatu
174 CORRESPONDANCE. 1687.
ipfo fentiat perccpi ex tua 2) et quid refpondeat ad tuam De Tfchirnhaus ex
leftione epiftolae cjufdem nirais pro dolor! prolixae 3) ipfus percipies. Non eft
nieum judicare de hoc Traftatu. Doleo tamen Nobiliffimum virum adeo turpiter fe
dedifTe in tangentibus illis inveniendis. Praefïitiiïet Medicinam hanc genuinam
nonum preffifTet in annum, et fuper eam interea temporis ungues rofiïïet. Sed plura
coram. Animas nempe e(l te fi licet in tranfeurfu vifere, et videre inflrumenta
Aftrofcopiae tuae4). Vale Nobiliffime Vir et ama
Tibi deditum amicum
Pet. Gentium.
Amft, 17 Junii
1687.
N= 2467. ■
P. yan Gent à Christiaan Huygens.
l6 JUIN 1687.
La lettre se trouve à Leide/i, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2466.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2470.
Clariffimo, Nobilifïimo, Doétiffimo D. Christ. Hugenio
Petr. Gentius S. P. D.
Hanc tibi N. V. apologiam D.de Tfchirnhaus ad D. Fatij Reflexiones deferibere
volui, et mittere, quo judicare poflls, uter vicloriam fuerit adeptus, et e5 magis
quod nuper feripferis ') D. de T. methodum Tangentes inveniendi curvarum
mamfeflo falfam effe. Accedit quod ex alijs perceperim, verum an dubium fit me
latet, te D. Fatio auétorcm fui (Te 2) publico communicandi fuas in methodum D. de
2) La Lettre N°. 2459.
3) La Lettre N°. 2457, du 12 mai 1687, qui paraît avoir été transmise à Chr. Huygens par P.
van Gent, en même temps que le N°. 2466, c'est-à-dire le 17 juin 1687.
4) L'appareil décrit dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2334, note 1.
') Voir la Lettre N°. 2459.
2) Pour faire ressortir la part prise par Huygens à l'invention exposée par Fatio dans l'article
en question (notre N°. 2460I, nous reproduisons comme Appendice II de cette Lettre ce que
Huygens a noté à ce sujet dans le Livre F des Adversaria, pp. 270 et 271. Il est d'ailleurs
difficile de décider jusqu'où la collaboration de Huygens est allée, nommément si elle s'est
étendue à la rédaction même de l'article de Fatio. Nous dirons seulement que la lucidité
CORRESPONDANCE. l68/. I75
T animadverfiones. Tuum ergo cric haec non foluni prefïius examinare, fed et, fi
libec niecum communicare quid de hac lite fentias. Sum enim avidus ad hanc rem
penitius penetrandam; quoniam mihi D. Fatij methodus facilior videtur, utpote
quae nititur hac fola Régula, quae monftrat (fit venia difto fi errem) quomodo
linearum duarum centrum gravitatis fit inveniendum, et nefcio quo paclo mihi
mathematiculo difpliceat Régula D. de T. quam forte non percipio. Quaefo
refcifcam ex te, quaenam tua fit fententia, et gratum praeftiteris officium. Eandem
Epillolam, feu Apologiam ad D. De Volder mittere animus eil, ut exauditam
fententiam ex illo expifcarer. Vale plurimum et ama
Tuum Pet. Gentium.
Raptim Amft.
2<5Junij 1687.
Petijt D. de Tfchirnh. ut haec fua apologia imprimeretur pro refponfo &c.
NobilifTimo Eruditiffimoque Viro
D. D. Christiano Hugenio Domino de Seelem.
prefentement
A
la
pt. Haye.
d'exposition qui distingue la dernière partie de cette pièce et la sûreté avec laquelle Huygens,
dans les annotations au N°. 2468, sait défendre chaque détail de la rédaction, nous font sup-
poser que Huygens, en effet, y a eu la main. Dans sa ,.Reponse à l'écrit de M. de T. qui
a été publié dans le Tome X de la Bibliothèque Universelle; touchant une manière de
déterminer les tangentes des lignes courbes, qui se peuvent décrire par des fils (Bibl. Uni-
vers. 1689, Tome XIII, p. 57)," Fatio de son côté, en parlant de la collaboration de Huy-
gens, s'exprime comme il suit:
„Dans le temps que j'avois déjà démontré ce théorème général, que j'ai publié dans mes
Réflexions, & que j'en avois reconnu la vérité, un illustre Mathématicien de Hollande étoit
dans le chemin de le découvrir, & même il l'avait prouvé pour les lignes décrites avec peu de
foiers & il concevoit comment il pourroit le faire par degrés pour les lignes plus composées.
Il se servoit du même principe que j'emploie pour ma démonstration, & que je lui avois com-
muniqué. Comme il étoit occupé a faire la sienne il m'était arrivé, je ne sai comment, à cause
du désordre où étaient les papiers sur lesquels j'avois fait ma recherche, que je commençois à
douter de ce théorème. Mais lui m'aiant dit qu'il trouvait qu'il était véritable, je le reconnus
d'abord en jettant les yeux sur les figures que j'avois faites, & je compris ainsi que je n'avois
point eu de sujet raisonnable d'en douter. S'il y avait donc quelque gloire à en avoir fait la
découverte, il serait très-juste de la partager avec lui, ou même de la lui laisser toute entière."
\jÇ> CORRESPONDANCE. 1687.
W 2468.
E. W. VON TsCHIRNHAUS.
JUIN 1687.
Appendice I au No. i\dj.
La copie1) se trouve à Leideti, coll. Huygens.
Refponfio ad Reflexiones D. M. N. Fatij de
Duillier fupra methodum meam determi-
nandi Tangentes Curvarum, qua publicata
extat in lib. Med. Ment, et Corp.
Quamprimum has Reflexiones accepi eas attente pervolvi, et fane earum Autho-
rem generofae admodum mentis efle plurimum gavifus fum, quique tam honefte
mecumagit, ut meliorem meorum errorumcenforem vix optarepoffem.Quare non
dubito defenfionem meam ipfl acceptam fore, cum ea non tam mei defenfio quam
ipfius veritatis fit, quam quantum per multa negotia licet, breviter fed clarè meo
judicio, et fans aucune opiniâtreté, manifeftam faciam.
Notandum itaque.
1. Circa verba fuppofons que a et d dans-fer a donc la tangente de la ligne courbe
au point C, Reg. hanc tangentes determinandi, fi meis curvis applicetur, quas
pag. 68, 69 mei Tractatus exhibui, multo fimpliciorem adhuc evadere. Cum enim
juxta hune authorem fit, ut numerus linearum ac ad numerum linearum cd, fie
reciproce pn ad nm. Jam vero circa curvas meas loco modo eitato") numerus
linearum ab una parte femper aequalis eft linearum numéro ab altéra parte. Nam in
fig. 6a dantur duae lineae ; in 7a quatuor; in 8a fex, atque ita in infinitum; adeoque
utraque ab parte aequo numéro fila feu lineae. Hinc clarifîime patet, lineam mp
femper effe bifariam dividendam in «, circa meas curvas juxta hune Authorem
fiquidem Reg. ejus légitima fit, hoc autem abfolute falfum effe oftendam; adeoque
Reg. hujus Authoris circa meas curvas (dico exprefle meas curvas. nam num ea
circa fuas curvas bene habeat, jam examini non fubjicio) excepto unico cafu (de
quo ftatim loquar) falfa eft: id quod fie oftendo. Suppono in fig. 6a in Ellipfi linea
angulum ACB bifariam dividens fit perpendicularis ad tangentem in puncto C.
Hoc jam mathematicisnotum. Jam in fig. 7a linea angulum CDB bifariam dividens
juxta hune Authorem et modo oftenfa eil perpendicularis tangenticurvam FDE^)
in punfto D; atqui ope filorum CDB deferibitur Ellipfis, quae fecat curvam FDB
in punclo D, ut attendenti ftatim perfpicuum, cui proinde quoque linea bifariam
1 ) Elle est de la main de P. van Gent.
CORRESPONDANCE. 1687. 177
dividens ang. CDB eft perpendicularis tangenti ad Ellipfin in punclo D juxta
modo fuppofitum. Adeoque curvae fe inviccm fecanres pofTunt in pundlo feftionis
unam et eandem perpendicularem habere ad tangentes in punfto fe&ionis, quod
eft abfurdum, adeoque Reg. hujus authoris eft falfa; fi dicat ang. ADB juxta fuam
Reg. generalem efle bifariam dividendum idem abfurdum provenit, adeoque patet
propofitum. Cum itaque clarum fit, quod Reg. generalis ducendi tangentes D.
Fatij, fi ad meas curvas referatur fit falfa, adeoque conclufio generalis in demon-
ftratione fua erronea; quaeritur ubinam in praemifïis, unde hanc deduxit, author
hic erraverit ?
a. Hoc autem non difficulter Leftor deteget, fi pag. i haec verba perpendat,
dicit enim : Soit X le nombre qui exprime etc. à toute la longueur du fil qui eft donnée.
Hoc fi leétor applicabit in meo Tractatu fig. y et 8, et quatenus taies curvae in
infinitum concipi poflunt, videbit, hoc nullo modo verum efle, nifi ftatuat ex. gr.
in fig. 8 omnes focos coincidere in duos focos A et B, tune haec res utique fe fie
habet; verum fi infinita talia fila coincidunt in duos focos A et B curva quae
deferibitur (quotquot fint numéro fila) non eft alia quam Ellipfis (ut parum
attendenti erit clarilîlmum) patet itaque
I. Quod demonftratio authoris fit quidem légitima, fed fi ad meas curvas ap-
plicetur nihil aliud demonftravit, quam quod in fig. 6a Ellipfi nimirum linea
bifecans ang. ACB fit perpendicularis tangenti in punéto C, id ipfum quod mea
Reg. quoque requirit.
I I. Quod conclufionem ejus, fi ad meas curvas referatur, univcrfaliorem fecerit,
quam praemifla requirunt, et in eo error ejus confiftit : nam licet infinita fila
fupponat, fi coïncidant in duos focos (quod neceflarium fi praemiflae verae debent
elle prout modo oftendi) non aliae ac aliae novae curvae deferibantur prout plura
aut pauciora funt fila, fed unica illa et eadem Ellipfis.
iii. Patet quoque quod nullius ideo erroris me convicerit, nihil nempe mihi
contrarium ftatuit, fi demonftratio ejus, quatenus eft légitima confideretur, et meis
applicetur, prout modo oftendi.
1 1 1 1. Patet tandem quod methodus ejus Tangentes curvarum defignandi, non
fit univerfalis pro meis curvis exhibitis; adeoque nullo modo nec fimplicior nec
generalior methodo mea exhibita. Sed de hoc plura in feqq.
3. pag. 5. dr. la méthode de M. de T. etc. perpendiculaire fur la courbe0*). Fateor
me haec verba non potuifie fatis admirari. Nam certum eft, quod nec quidem
unquam de hac re cogitavi, nec quoque hanc Reg. in meoTraclatupublicavi2),
cum prorfus contraria ibi habeantur (vid. pag. 74. fig. 19) nec quoque ulli homini
haec communicavi, a quo D. Fatio talia potuiflet impetrare. Patet itaque quod
2) Consultez la note 7 de la pièce N°. 2460.
Œuvres. T. IX.
i78
CORRESPONDANCE. 1687.
omnes confequentiae, quas hinc deducit, hoc fuppofito tanquam vero, falfae funt,
nec ad me quicquam fpeftant.
4. Ad verba pag. 6. Cela paroitra davantage etc. extrêmement facile à re foudre,
haec notanda habeo, magnam mihi eïïe fufpicionem, quod demonfiratio hujus
Theorematis quod proponit aliquid falfi includat: alias etenim abfque dubio
errorem fuum animadvertiiïet,quamannot. i a et 2a manifeftumfeci. Hocnimirum
Theorema fi parum mutetur d") et fimpliciori forma proponatur accurate mea quae
publicavi pag. 74 in meo Traftatu confirmant. Hinc itidem elucefcit, quod in
infinitum nil aliudopus qnam continua bifeétione*) fit3),prout dixi in eadcmpag.
ad mearum curvarum tangentes determinandas, qua methodo dubito num facilior
poterit exhiberi. Sed ne haec gratis dixiïïe videar, aliquo modo clarius me expli-
cabo. Sint punfta ABCDE etc. ad libitum afïumpta, applicentur his filaearatione
J- 8
prout in meo Traétatu oftenfum, et in praefenti fig. repraefentatum appendatur
jam omnibus hifce filis pondus H; dico quod ubi hoc pondus quiefcet, linea FHG
perpendicularis erit ad tangentem curvae IGK in punfto G-Q. Habebunt hic alij
fontes inventionis (quos Eruditi alijs non libenter communicant) ex quibus mea
examinare poterunt, num fe recle habeant nec ne : unde quoque Reg. meam uni-
verfalem ducendi tangentes ? £) (quam ob rationes ex parte exhibui) proprio
marte poterint detegere, quod majori cum fruftu et voluptate fiet, quam fi hoc
ex me ipfo didicifTent.
5. Ad verba pag. 7. En ejfeSt on peut etc. verltablem. fort compofé haec refpondeo,
quod methodus curvarum Geometricarum fit Problema per folas reclas lineas folu-
3) Voir la note 1 de la pièce N°. 246 1.
CORRESPONDANCE. 1687. 179
bile: Hoc facillime derivatur A) ex methodo Cartefij 4), item ex mea methodo 5),
publicata in Actis Erudit. Lipfienfibus Anni i682.pag. 391. Hocftatim eftperfpi-
cuuni. Quod vero etiam curvarum mechanicarum tangentes determinare fit
problema fimplex forte primus in meo Traclatu docui. Verum licet hacc fe ita
habeant, nullo modo mihi contraria funt: nam divifio arcus circularis bifaria quam
folam adhibendam efTe dixi pag. 74') eft quoque problema unius dimenfionis.
Nihil aliud fupponit quam fubtenfaebifariam divifionem; adcoque mea methodus
non eft magis compofita quam decet. Adde quod et falfa confequentia hic occurrit:
nam fupponamus me ad meam methodum tangentium fupponere arcum in data
ratione efTe dividendum (quod tamen mihi nunquam inmentemvenit uti exannot.
3e clarum) et alium quempiam oftendere, hoc problema fimplex feu unius efTe
dimenfionis, hinc non unicè abfolute poterit concludere, me ideo errafîe : nam
omnia fimplicia problemata etiam per magis compofita folvi queunt, ex. gr.
ope Circuli, Parabolae, Conchoidis etc. Sed non contra. Adeoque hoc tantum
poteft concludi, me compofitam magis viam adhibuifle, cum tamen fimplicior
detur. Unde nec haec, quae author hic contra me profert, ullius me erroris
convincunt.
6. Adverbapag. 8. Je fay bien ufque A et \i f oient 5 et 1. Hic fateturipfe Author
harum Reflexionum me dixifTe non nifi bifeélionem eife adhibendam; fed hoc tali
ratione proponit, quafi id non exprefTe, fed quafi tefte hoc propofuifTem, cum
tamen exprefïïfTimis verbis extet pag. 74. Atque ita pofTem progredi *) etc. poterit
clarius quid feribi. Verum quia hoc adverfatur ijs quae modo dixerat, quod Ego
arcum in data ratione fecandum dixeram, partim ijs, quibus me convincerc
volebat, me admodum compofitam viam inijfle, praecipue vero quia hoc ad-
verfatur Reg. fuae datae, qua lineae potius reétae in data ratione divifionem
folum opus efTe praetendit, hafee ob caufas porro me convincere vult, hoc non
pofTe eife, quod clarum putat ex eo fi cafus ponatur ubi fila ab una parte fint ad
fila alterius partis, ut 5 ad 1. Verum hoc nunquam circa hanc methodum,
ope cujus curvas defigno, pofTe accidere, attendenti manifeitum erit, et ex eo
quod fupra annot. prima dixi Q ; nam femper ab utraque parte filorum nume-
rus eft aequalis; unde nunquam poteft efTe ut fit 5 ad 1. Adeoque haec quoque
nullo modo convincunt me falfa dixifTe, dum non nifi bifeclionem fufficere
docui.
7. Credo itaque ex his perfpicuum efTe, Authorem harum Reflexionum hujus
meae methodi non folum fimplicitatem, fed et ejufdem univerfalitatem nullo
modo perfpexifle, alias ea quae publicavit meis pag. 2 non protuliffet. Nam hic
4) Il s'agit de la méthode bien connue pour mener les normales aux courbes algébriques, que
Descartes a décrite dans le livre deuxième de sa „Géometrie".
5) Voir la Lettre N°. 2274, note 8.
l8o CORRESPONDANCE. 1687.
non folum fimplici bifeftione curvarum omnium Geometricarum, et infinitarum
Mcchanicarum, fed abfolute omnium curvarum, quae concipi pofïunt, unico
duftu defcriptae e(Te, tangentes determinantur, quo Theoremate nefcio num
univerfalius et utiliustota Geometria habeat.
") Hic Fatius etfi duos tantum focos ponit, tamen et eos cafus comprehendere
voluit ubi plures funt foci, fed quorum aliqui in idem punftum incidere ponun-
tur. Veluti cum in fîg. 7 6) A cadit in B, vel in fig. 8a A et B in D vel in C.
[Chr. Huygens],
*) Non hoc dicit Fatius quando puncta A E C très focos conftituunt [Chriftiaan
Huygens].
c) Videris itaque tuam ipfius regulam non intelligere. Nam fi in fig. 19 coïncidant
puncla C D vel in fig. 8 coïncidant pundla A,B,D vel A,B,C, jam tua conftruclio
eo redit quo eam redire ait Fatius [Chriftiaan Huygens].
d~) Imo nihil ell mutandum [Chriftiaan Huygens].
e) Bifeftione non tamen anguli aut arcus fed linearum reftarum [Chriftiaan
Huygens].
/) Hoc verum quidem fed nihil ad propolïtum [Chriftiaan Huygens].
^) Sed haec tua univerfalis régula falfa eft [Chriftiaan Huygens].
/() In quibufdam difficillime vel prorfus non [Chriftiaan Huygens].
»") Sed in curva fig. 8 opus erit trifeclione anguli [Chriftaan Huygens].
k~) Sed quod ibi dicis falfum eft [Chriftiaan Huygens].
Q Hic non attendifti fila C,D, in idem pofTe incidere in fig. 19. Vel fila A,B,C,
aut A,B,D in fig. 8 [Chriftiaan Huygens].
s) Voir les figures de la pièce N°. 2461.
CORRESPONDANCE. 1 687.
IHI
N= 2469.
Christiaan Huygens.
1687 ■).
Appendice II au No. 2467.
La pièce a été publiée par P. J. Uylenbroek 2).
13 ou 14 Mardi, Mr. de Duilliers me communiqua fa méthode des Tangentes
pour les lignes courbes de Mr. de Tfchirnhaus, par laquelle il paroifîbit que ce
dernier s'eftoit trompe dans une chofe ou il fe vante d'avoir merveilleufement
reufîl.
Le lendemain je luy montray ma demonflration exafte de fa méthode et remar-
quay qu'on pouvait procéder de l'une ligne à l'autre une à une.
Dimanche le 16 je trouvay que la perpendiculaire à la tangente devait paffer
par le centre de gravite de tous les fils qui fervent à la defcription de la courbe en
portant fur elles des portions égales depuis le point donné et le demontray dans le
cas de deux et de trois fils.
Lundy 17 Je dis cela a Mr. de Duilliers, qui voulut le nier d'abord, ayant
pourtant eftè fort près de trouver la mefme chofe, mais l'ayant enfuite rejettée, et
ayant eferit à coftè de fon raifonnement Cecy efi fort douteux, et ainfî ma belle
méthode ou Théorie court grand rifque d'e/lre fauff'e. Cependant ce qu'il avoit
trouvé de la fomme égale des finus, fervoit a démontrer facilement le Théorème
fufdit du centre de gravité et eflait très beau. Voiez à la page précédente").
Il avoit trouvé le centre de gravité de tous les points N. Puis il confidera que
la fomme des perpendiculaires tirées d'un
point de la ligne AB fi elle eftoit perpendi-
culaire à la tangente, devoit eftre égale d'un
et d'autre cofté de cette ligne. Enfuite il
crut que ces diltances depuis les centres de
gravité des fils au point B eftant égales d'un
coftè et d'autre, cela ne convenoit pas au
centre de gravité 3). Mais s'il avoit mené des
points D des finus fur AB, il auroit vu qu'ils
') Extrait du Livre F des Adversaria, p. 271.
2) Christianii Hugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. II, p. 56 et suiv.
3) La phrase manque de clarté par suite de quelque confusion dans les termes employés. Dans
le manuscrit elle est précédée d'un commencement de phrase que Huygens a biffé :
De là il s'imagina en fuite que le point B ne pourroit en tant que centre de
gravité des dits points n.
182
CORRESPONDANCE. 1687.
eftoient chacun égaux aux perpendiculaires de B fur les lignes AN et qu'ainfi
BA eftoit le vray axe de pefanteur des fils.
a) A, B, C puncla data in linea recta vel utcunque 4) KDK curva ejufmodi na-
turae ut duétis ad ejus punctum quodlibet reélis AD, BD, CD harum fumma
fit datae reclae aequalis. Quaeritur tangens in D.
Sit ea DE, et E punctum proximum D, idquc cenfendum in curva exiftere.
Ab E in reclas AD, BD, CD, fi opus fit produftas, cadant perpendiculares EG,
EH, EF.
Ergo fi ex A, B, C ducerentur reftae ad E, crefcet ea quae ex C, longicudine
DF 5), quae ex B diminuetur longitudinc DH quae ex A diminuetur item lon-
4) On remarquera que la démonstration qui va suivre s'applique, en effet, à une situation
quelconque des points A, B, C, etc.
s) En exprimant, comme le fait Huygens, par les projections de DE sur AD, BD et CD les
variations al,ai,az, de ces trois lignes, résultant du déplacement DE, on peut ramener la
solution du problème à celle d'un problème de statique, savoir: trouver la direction de la
résultante d'un système de forces, i^P, n^P, n3P, etc. agissant sur le point D dans la direction
des foyers, lorsque «„»2,»8,etc. représentent le nombre des fils aboutissant aux divers foyers
dans le problème corrélatif géométrique. En effet, de la condition nla1 -\- nsas -\- etc. = o,
qui caractérise la courbe de von Tschirnhaus, il suit que la somme des moments virtuels,
»lPa1 -(- ihPa., -}- etc. des forces agissant sur le point D est nulle, lorsque ce point doit rester
sur la courbe KK. Le point D est donc en équilibre et la résultante des forces doit être nor-
male à la courbe. Toute propriété des composantes, données en grandeur et en direction, par
rapport à la direction de la résultante, peut donc servir à la solution du problème de von
Tschirnhaus. Telle est l'égalité, à laquelle a songé Fatio, des moments des forces par rapport
à un point de la résultante, de part et d'autre de cette ligne; ou encore la propriété de l'axe de
gravité de masses proportionnelles aux forces et placées dans leurs directions à des distances
égales du point d'application.
L'identité du problème de la normale à un point donné des courbes de von Tschirnhaus
CORRESPONDANCE. 1687.
183
gitudine DG. Ergo ut fumma duétarum ex A, B, C ad E fit aequalis tribus ex
A, B, C, ad D ductis, hoc eft reclae datae, oportet DF aequari duabus DH, DG.
Sit tangenti DE perpendicularis DL, et ex D defcripta conferentia fecet reclas
AD, BD, CD in M, O, N, unde ducantur in DL perpendiculares MQ, OR,
NP. Quod fi jam pro radio circuli fumatur DE, apparet angulorum DEF,
DEH, DEG efle finus DF, DH, DG. Iltis autem angulis acquales funt fin-
gulis ûnguli PDN, RDO, QDM, quorum finus funt NP, OR, MQ. Ergo fient
finus DF acquatur duobus DH, DG, ita finus NP aequabitur duobus OR, MQ.
Unde facile colligitur punétorum M, O, N centrum gravitatis eïïe in refta
DL. Itaque reperto hoc centro, dabitur recta DL, quae tangenti DE eft ad
angulos rectos. Eadem autem eft conftructio quotcunque data fuerint punéta
ad D ducendae quarum fumma fit data. [Chriftiaan Huygens].
et de la détermination de la direction de la résultante de quelques forces ntPs, %Pa etc.
agissant sur ce point, se maintient encore dans le cas où les foyers ne seraient pas situés dans
un même plan et que le point D décrirait une surface. Dans ce cas, évidemment, la normale
de la surface coïncide avec la résultante des forces.
11 semble que des considérations analogues ont guidé Huygens dans la solution du problème
de von Tschirnhaus. Dans la collection Huygens on rencontre un bout de papier, sur lequel
Huygens a écrit la note suivante :
12 nov. 1687.
Si trahantur omnia fila aequalia ab aequalibus ponderibus,
fitque A centrum gravitatis punclorum omnium extremorum
feu linearum ipfarum aequalium, manebit nodus feu punftum A
ex noftro theoremate (la Prop. II de son écrit : De potentiis fila
funefve trahentibus.Chr. Hugenii Opéra Varia, éd. 's Gravesande,
Tome I, pag. 288). Hinc probari poteft fummam iftam filorum
aequalium efle minimam, quia alias pondéra trahentia pofl'ent
defeendere mutato loco A nodi; et ideo defeenderent.
Quod fi ita manent, manebunt etiam licet aliqua fila produ-
cantur, ut AB in C. Ergo et linea AC cum reliquis eft fummae
breviflîmae.
Ergo quod in piano demonftratur ex problemate Tangentium
Fatii et noftro, hic etiam in folido verum efle evincitur. Nempe,
a punftis quotlibet in pleno aut folido fpatio utcunque fitis ad
punftum unum reftae lineae duftae ut fint fimul fumptae omnium
minimae, oportet punftum hoc efle centrum gravitatis partium
aequalium eorum filorum quas abfcindit fuperficies fphaerica
circa ipfum tamquam centrum defcripta.
Si ex loco A abduftum eodem revertitur necefle eft ex reverfione filorum fummam ad A
ad punfta omnia fimul imminuere, quia alias centrum gravitatis omnium ponderum non
defeenderet ut facile eft oftendere.
184 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2470.
Christiaan Huygens a P. van Gent.
Ier JUILLET 1687.
La lettre et la copie se trouvent à Leideri, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2466.
P. van Gent y répondit par le No. 2471.
1 Jul. 1687.
D°. Johanni Gentio, medicinae Doélori Amftelodamenfi
Christianus Hugenius S. D.
Nudius tertius ab itinere Gelrico domum reverfus literas Tuas offendi, mihi
gratiflimas, cum D°. de Tfchirnaus refponfo ad animadverfiones D. Fatij quas ego
éditas adhuc non videram; etfi de argumento earum cum auctore ante hac
aliquoties difïeruerim. Paucis enim diebus poftquam longas illas ad D.num de
Tfchirnaus ') dediffem, venit ad me D. Fatius 2) erroremque a fe animadverfum
affirmavit in illa Tangentium nova conitructione; quod cum initio vix crederem,
tamen exaction examine non temere diftum effe deprehendi; tumque in mentem
mihi venit quod ad D. de Tfch. fcripferam non recte eum fecifTe quod iftam
Tangentium rationem demonftratione non confirmafTet, quam nimia opère
quoque venditaffet. Putavi quoque, non maie de ipfo meriturum D. Fatium, fi
quae animadvertifiet publiée adhibita tamen modeftiaexponeret, quam et praeftitit
fortafTe enim cenforem acerbiorem atque inhumaniorem exoriturum, quales non-
nullos novi, qui inclementius ipfum accepturus effet; fieri enim non pofîe ut
diu occultum maneret ^ eveoyparfmj.il illud neque dubitavi quin D. de Tfchirnhaus
libenti animo veritatem amplexurus, mine vero perlecla apologia cujus apogra-
phum ad me mififH non melius exiftimationi ejus in rébus Geometricis confuli
pofie arbitror quam difFerenda defenfionis iftius cditione.
Nihil enim quo caufam fuam meliorem faciat attulit, fed nec poterat, idque ipfe
fatis intelliget, fi diligentius rem omnem expendat. Confideret quaefo curvam
fuam fig. 8a idque eo cafu, quo foci A,B,D vel A,B,C velut in unum punftum
contrahuntur, qua ratione velut duo tantum fiunt foci, fed fila utrinque habentur
inaequali numéro. De hujufmodi curvis agit D. Fatius, cum duos tantum focos
confiderat quas fuas quoque efie D : de Tfchirnhaus negarc non poteft. In his
femper methodum Fatij veram efle, fuam vero falfam, inveniet. Ac neque hoc
cafu bife&ione anguli confiruftionem abfolveret, fed trifectione opus haberet. Ad
ea quae longae epirtolae meae D. de Tfchirnhaus refpondit, aliquid per otium
') La Lettre N°. 2452. 2) Voir la pièce N°. 24^9.
CORRESPONDANCE. l68/. 185
forfan reponam, ubi illi lis haec cum D. Fatio finica fuerit. Nunc enim moleftus
eïïe nolo fed nec vacat ob negotia multa domeltica quibus diftineor. Vale Vir
Doftifiime, et fi quid in pofterum quod hanc controverfiam fpeftat ad D. de
Tchirnhaus acceperis, id quaefo mecum communica. Vale.
N= 2471.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
3 JUILLET 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2470.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2472.
Nobiliflimo, Eruditiflïmoque Viro D. D. Chr. Hugenio
Pet. Gentius S. P. D.
Petijt N. V. D. deTfchirnh. ut fequentia tecum communicarem. Emendes ergo
feu potius inferas refponfioni D. de T. ad D. Fatio loco i° ubi haec verba occur-
runt: quod nullo modo verum fit, ni fi ' fîatuat etc. quae taliter fe habere debent: quod
nullo modo hoc verum fit nifi Jiatuat ex. gr. in fi g. 8 lineas CE et AE aequales ejfe,
item BE et DE hoc efi omnes focos coïncider e in duos focos A etV). Verum fi etc.
Iterum annot. 3. Necquoque hanc Reg. in meo Tratlatu public avi etc. emenda. Nec
quoque hanc Reg. nec integram ullam in meo Tracl. publicavi. Unde ergo D. Fatio
integram [cire potuit, quant ego ut talem non dum publicavi, fed fpeciales tantum
cafus, imo prorfus contraria ibi habentur etc. Ibidem, certum efi quod — cogitarim
adde, nec cogitare potui,fi nempe qui s ante multos annos talem Reg. mihi propojuiffet,
qualem mihijam affingit D. Fatio fiatim eandemfalfam ejj'e pro certo affeveraffem.
Haec inquam vult D. de T. ut Refponfioni fuae in ferantur, et infuper ut eadem
refponfio feparatim imprimatur et quaquaverfum mittatur. Addit praeterea in fua
Epiftola,/? non fatis potuijje mirari nofirae imaginationis credulitatem, fed omnium
maxime, quodNob. Hugenius pa/fus fuerit fe decipi afalfifjîmis ratiocinijs D. Fatio.
Credo nempeex Refponfione mea ad Reflexiones D. Fatio jam vos percepi/fe quam
falfa mihi affinxerit, et quod errores crafjî ibidem extent; fed et rideo quod D.
Hugenium deceperit. Credidit nimirum Regulam quam mihi Fatio affingit, meam
effe. Sane evolvat pag. 68. non inveniet ibi arcum dividendum ejj'e in data ratione
reciproca filorum et ne hoc quidem in mentem mihi unquam venit, nec venir e potuit:
fi nimirum quis mihi hoc ante 8 annos dixijjet, ipfi regeffiffem hoc falfum effe. Sed
et Reg. D. Fat. nimirum fubtenfam arcus diviaendam effe in ratione reciproca
filorum, falfiffima efi, prout manifefium clariffime feci. Haec rurfus funt verba
N. V. D. de F. in fua nuperrime ad nos data, cui et fequentia infunt. Facillimam,
Œuvres. T. IX. 24
1 86 CORRESPONDANCE. 1687.
inquit, démon firationem adinveni, quaeque diverfa ab ijs quae in Rej'ponfïone mea
ad Reflexiones D. Fatïo habentur annot. i et 2, qnâ apertijjïme vel lyroni in Mathe-
maticis oflendi pote fi Reg. D. Fatio falfijjimam e[[e, et fi mihi vel t empus vel
fpatium fuperejfet, vobis eandem communicarem. Poteritis hoc D. Hugenio com-
municare. Haec tui in gratiam excerpere ex dicla Epiftola volui, quo intelligas
quid de fua Reg. adhuc fentiat Vir Nob. de Ts. quam tu manifefio falfam (funt
tua verba ')) pronunciafti. Honori ergo tuo vel favori potius erga D. de T. confules
fî ad ipfutn quid de re fit perfcribas, eo raagis quod fcire aveat num literae fuae
refponforiae D. Hugenio fatisfecerint. Scripfi item D. de Volder hac fuper re, et
fuafi ut confilia communicaretis, mihique veftras literas hinc in Germaniam
amandandas mittatis. Nec dubito quin mecum in privata ad me Epiftola fis
communicaturus fententiam et demonltrationem tuam. Ut autem melius percipias
quaenam fit ProfefToris de Volder mens en excerptum ex ejus ad me Epiftola prid.
Kal. Jul. ad me data. Fatetur tamen fe dubium haclenus efle, eo quod deftitueretur
ipfa D. Fatio demonftratione, feu imprefîb foliolo, quod ideo ei heri mifi, et ab
ipfo expetij, ut et a te, quo fententiam fuam mihi notam reddat. De vobis hac in
re nullus dubito.
„Defcribatur, inquit Volderius, ex quolibet curvae 2), ope filorum BM, CM,
DM defcriptae, punfto M tanquam centro, quolibet intervallo circulus FIG,
fecans fila BM, CM, DM in punftis F,I,G. Demittantur in eamfl) normales FR,
IV, GT, fint FR + IV aequales duplo ipfius GT. Dicit Fatio re&am MN per-
pendicularem in ML curvam tangere in puncto M. Omnia enim punéta alia reétae
MN extra curvam fore. Quod ut pateat, fumatur punétum quodcunque aliud N,
ducantur reftae BN, CN, DN, ducanturque ex punao N in reélas BM, CM, DM
produftas, fi opus eft, normales NP, NQ, NS, erunt triangula NPM,NQM, NSM
fimilia triangulis FMR, IMV, GMT; adeoque erit ut FMadMN, itaFRad
MP et IV ad MQ et GT ad MS, et FR + IV ad GT ita MP + MQ ad MS.
Erit itaque MP 4- MQ co 2MS. Neque arduum erit eodem modo oftendere, fi
plures fuerint foci femper MP + MQ h perpendicularibus abfcifîas cadentibus
in lincas BM, CM quae funt ab una parte ML, eandem proportionem habere ad
reélas MS ab altéra parte abfciffas, quam habent finus, quae funt ab una parte
lineae ML ad eos qui funt ab altéra parte. .
„Verum hoc in exemplo ut maneam erit BN major quam BP, CN major quam
CQ, et DN major quam DS ; erit itaque BN + CN + 2DN major quam BP +
CQ + 2DS, et cum 2DS do 2DM ± 2MS fitque 2SM ooMP + MQ, ut modo
oflenfum, erit rurfus BN+ CN + 2DN major quam BP ± MP + CQ ± MQ
') Voir la Lettre N°. 2459.
-) Voir la figure de la page suivante.
CORRESPONDANCE. \6Sj.
187
+ 2DM, hoc eft major quam BM + CM + 2DM 3) longitudine filorum, punftum
igitur N erit extra curvam, quam idcirco recta NM tangit in punclo M.
„Sinus autem angulorum cum non fint angulis proportionales, facile liquebit
bifectionem angulorum non exhibituram rectam LM quod vel exemplo pate-
fecifTe fufficiat. Sumamus angulum BMC 30 gr. DMC gr. 75. erit arcus FG gr.
105, et FH gr. 52^ ut et IH gr. 22%. IK vero efl gr. 37I ideoque HK gr. 15 et
HL oo LK 00 7|. Hinc erit arcus IL 30 gr. FL gr. 60, et GL gr. 45. Adeoque
reclae FR, IV, GT erunt dimidiumlaterumtrianguli,hexagoni, quadrati aequilat.
circulo FHG infcript. adeoque fi radius fit 1 erit FR 00 \ V 3, IV 00 \ et
GT x |l/2. Unde fequitur, fi redta ML D. Tfchirnh. eadcm foret cum recta
à D. Fatio inventa fore \ 1/ 3 + \ 00 2. Quod cil abfurdum."
Haclenus D. de Volder, cujus eruditionem ipfe me melius nofti. Dum in his
fum opportune tuae apportantur literae, ex quibus video te in eâdem perfiftere
fententia, nimirum methodum ducendi tangentes D. de T. falfam elfe. Utinam fe
toti mundo non expofuifTet nofier, non jam palinodiam canere necefîe habcret!
3) A propos de cette démonstration, on trouve dans le livre F des Adversaria la note suivante
de Chr. Huygens:
Ad demonstrationem Volderi in literis ad Gentium.
. MP + MQOO2MS
Erit BM -J-MP + CM + MQ + 2DS 00 BM + CM + 2DM
Sive BP + CQ + 2DS OO BM + CM -f 2DM
SedBN>BP. EtCN>CQ. EtaDN>2DS
Ergo BN + CN + 2DN major quam BM -J- CM 4- 2DM.
I 88 CORRESPONDANCE. I 687.
Melius, crede mihi, fapiunt, qui fuas meditationes vel non uni premunt in annum.
Et infuper, quare fe tam magnifiée effert, et ut Plaut. dicit paratragaediat, prae-
fertim in re falfa? Tuum erit Nob. Vir amicum tuum de his monere in Epiftola
fingulari, quam ut fcribas, liceat te exorare, et fuadere, ut omnia fupprimantur,
antequam ulterius famaefubeat naiifragium, et fide excidat omni. Non tamen haec
a me dicuntur, quafi parvi facerem amicum noitrum fed ut teftarer, quam me
taedeat illum prolapfum e(Te in errorem, qui damna fecum feret. Plura ut dixi in
praeced. coram. Vale Nob. Vir, et ama.
Amft. 3 Julij 1687.
Tuum Pet. à Gent.
") Tranfeat ML per centr. grav. punctorum F,I,G, quorum G duplum pondus
fuftinet. dimittantur jam in ML normales FR, IV, GT. Eruntjam FR, IG
fimul aequales duplae GT [Chr. Iluygens].
N= 2472.
Christiaan Huygens a P. van Gent.
8 JUILLET 1687.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Iluygens.
La lettre est la réponse au No. 24' I.
P. van Gent y répondit par le No. 2475.
Sommaire: Je laifTc la toutes fes refponfes. il en jugera quand il aura examiné plus a loifir toute cette
matière. Si fa conftruftion des Tangentes eft bonne il faut qu'elle le foit auffi dans les cas, ou
quelques uns des foiers font ramaflez en un point, comme lors que dans fa fig. 19 *) les foiers
C, D font coïncidents, ou lors que dans fa fig. 8e les foiers A, B font reunis en D ou en C. dans
tous lefquels cas fes courbes font comme celles qui n'ont que deux foiers d'où partent nombre
inégal de cbordes c'eft a dire que ces courbes font telles que Mr. Fatio les confidère dans fa
première figure. Or en ces cas il eft certain, premièrement que la méthode de M. de T. par la
feftion des arcs fe réduit a ce qu'a dit M. Fatio. Il eft de plus certain que la biifeâion ne
fuffit pas toujours, comme M. de T. verra s'il veut chercher la tangente dans fa courbe fig. 8,
lors qu'il y a 3 foiers coïncidents ainfi que je l'ay dit.
Il paroit en 3e lieu que la méthode de M. T. n'eft pas bonne dans les courbes a 2 foiers,
telles que je viens de les pofer, puis que M. Fatio a démontré que fa méthode par les centres
de gr. eft différente.
Il s'enfuit de mefme que la conftruftion de M. de T. eft faufle dans fa courbe a 3 foiers
feparez comme fig. 19 puis qu'il y a demonftration de la conftruftion de M. Fatio, qui eft
différente. Voyez celle de M. De Volder et la fuppleez.
Dans les courbes que définit M. Fatio toutes celles de M. Tfch. font comprifes.
8 Jul. 1687.
Ad P. Gentium Med: Amllelodamenfem.
Expefto indies num quae a D. De Tfchirnhaus confeflio erroris adferatur, quae
quamdiu ceïïabit, putabo eum ab illa animi commoduncula quam D. Fatij eteyfyç
4) Lisez: IV.
CORRESPONDANCE. 1687. I 89
excitavit, non conquieviffe. Adeoque nccdum tempeftivum effe, ut literis meis
ipfum compellem. Fruftra enim nunc oftendere ipfi laborem quam nihili fit nmverfa
Apologia illa, eriam additis quae proxima epiftola communicalli. Poftea veroultro
hoc ipfe agnofcet ubi paulum ardor refederir, quod fi fciviffet quam diu quamque
diligenter rem hanc omnem infpexerim non tam facile me credidiffet una cum
Fatio hallucinatum. Annotaveram epiftola praecedente nonnulla quae fola lucis
aliquid praebere poffent Viro nobililTimo, fi quidem eorum ipfi copiam fecirti. Ecce
vero et illa et alia quae ad rem faciunt, clarius hic explico. Nempe
Si conftructio D. de Tfch. ad inveniendas tangentes fuarum curvarum proba
eft, oportet ijs quoque cafibus eam quadrare quibus Focorum aliqui in unum
punftum convenire ponuntur, veluti cum fig. 19. foci C,D, eodem incidunt.
Vel cum fig. 8 foci A,B incidunt in D vel in C. Quibus omnibus cafibus taies
fiunt curvae D. de Tch. quales funt quae binos tantum focos habent, e quibus fila
inaequali numéro extendantur. Hoc eft quales D. Fatius illas fig. fua confiderat.
Hifce vero pofitis confiât primo, methodum D. de Tch. quae feétionem arcuum
adhibit, eo deduci, quo Fatius dixit, ita enim in fig. 19 fiet arcus FL ad LG, ut
3 ad 1. Confiât infuper non fufficere ubivis bifeftionem arcus, uti facile videbit
D. de Tch. fi tangentcm curvae fuae fig. 8ae ducere conetur, cum très e focis qua-
tuor, quem admodum dixi in idem punctum cadunt. Effet enim trifeclione opus.
Sed et hoc manifeftum efl methodum hanc D. de Tch. non refte fe habere in
curvis hifce duos focos et fila inaequali multitudinehabentibus; quandoquidem
demonftratione geometricâ evincit D. Fatius fuam methodum veram ac legitimam
effe, quae ab illa D. de Tch. difcrepat. Sed certiffime omnium errorem fuum hune
cognofcet Vir nobiliffimus, quod in curva fua fig. 19 manentibus tribus diverfis
diffiunclifque focis, quemadmodum ab ipfo propofita efl, bonam effe Fatij con-
ftruclionem c centro gravitatis derivatum demonftratione D. de Volder conftat,
ea ipfa nimirum quae Fatio ac mihi quoque pridem fuit cognita. Eam prae
feftinatione aliqua parte mutilam mihi defcripfifli. Debuit enim initio ftatui, idque
a D°. Voldcro faclum credo, tranfire reclam ML 2) cui tangens MN perpend.
ducenda per centrum gravitatis punclorum F,I,et G, fed G dupla pondère gravati,
unde fequitur perpendiculares FR, IV aequari duplae GT. Reliqua bene fe habent.
*) Voir la pièce N°. 2461. 2) Voir la figure de la page 187.
I90 CORRESPONDANCE. 1687.
Ns 2473.
Christiaan Huygens à N. Fatio de Duillier.
II JUILLET 1687.
La minute se trouve à Lc'ulcn, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2456 et 2465.
A Monfieur De Duillier à Londres.
Monsieur
Sa lettre de Rotterdam receue, je n'ay pas fait de refponfe faute de feavoir fon
adrefTe.
Je fouhaitte de voir le livre de Newton. Je veux bien qu'il ne foit pas Cartefien
pourveu qu'il ne nous fafle pas des fuppofitions comme celle de l'attraclion.
Cela me paroit aflez étrange que les rayons employent un temps égal et qu'il
ait pourtant un autre principe *) La propofition du Globe allez paradoxe j'en
voudrais voir la demonftration.
Je m'imagine a peu près de quelle façon vous voudriez expliquer le reflux
fui van t ma Théorie de la pefa.nr.eur, cependant il me relie quelque doute 2)
touchant les deux reciprocations en 24 heures.
Ce que vous dites de voflre invention pour trouver les lignes courbes par la
propriété de la tangente eft de plus grande difeuffion et qui ferait malfaine par le
grand chaud qu'il fait.
Je ne feais pas bien ce que vous appelez ma méthode des Tangentes. Si c'eft
celle, qui eftoit parmy les papiers, dont vous avez pris la peine de me faire des
copies 3) je ne me fouviens plus de la voftre, que vous dites convenir avec elle.
Elle m'aiderait peuteftre a entendre, ce que vous m'expliquez en abrégé de
voftre nouvelle invention, qui fera belle, fi elle eft applicable a toutes les courbes
Géométriques quand mefme ces dernières du genre de celle de Mons.r Leibnitz4)
n'ij feraient point comprifes.
') Consultez la Lettre N°. 2464, note 5.
*) Chr. Huygens, en effet, n'a pas abordé dans son Discours de la cause de la Pesanteur le pro-
blème du flux et du reflux de la mer.
3) Il paraît donc que Fatio de Duillier a fait pour Huygens les copies destinées à être transmises
à de la Hire par l'intermédiaire de Dalencé et de la Chapelle Besse (voir la Lettre N°. 2435,
note 1). En relevant Huygens d'un travail matériel qui lui était pénible et qui sans doute a
trop souvent fait différer la publication de ses écrits, Fatio a rendu un réel service à la
science.
4) Allusion à un passage de l'article de Leibniz dans les „Acta Eruditorum" de juin 1686 (p.
202~) intitulé: „De Ceometria recondita et analysi indivisibilium atque infinitorum". Dans
ce passage (p. 295) Leibniz propose d'admettre parmi les courbes géométriques des courbes
qui, comme la cycloïde, peuvent être décrites exactement et par un mouvement continu
CORRESPONDANCE. l6Sj. IOI
Quel effet prodigieux peut faire la pompe de Mons.r le Chevalier Gordon, s'il
a oilè le frottement et toute fuperfluitè de mouvement, vous fcavez que c'eft tout
ce qu'on peut faire, et que le poids de l'eau relie toujours a élever.
Mr. de Tfchirnhaus aijant veu vos remarques 5) s'eft halte d'ij faire une reponfe
que fon correfpondant d'Amfterdam6) m'a envoyé mais comme elle ne vaut rien,
je luij aij confeillè 7) de ne pas la faire imprimer comme l'autheur avoit ordonné
et cela pour fon honneur. Il ne s'eft pas donné le temps d'examiner vos raifons ni
demonftrations, et prétend que les courbes a <i foyers que vous propofez ne font
pas.
Mes refpecls a M. Boyle. Ayons le livre de Newton.
11e juillet 1687.
(exacte continuoque motu), parce que c'est seulement à l'aide de ces courbes que l'on peut
réussir à résoudre certains problèmes, comme la quadrature du cercle, qui appartiennent
essentiellement au domaine de la géométrie.
5) L'article de Fatio dans la Bibliothèque universelle et historique d'avril 1687, notre N°. 2460.
6) Le médecin P. van Gent.
") Voir la Lettre N°. 2470. Dans la réponse de von Tschirnhaus à l'article de Fatio, cité dans la
note 5, on rencontre le passage suivant: „Je reçus ces Reflexions (de Fatio) dans un temps,
où il m'était impossible de les examiner avec exactitude. Néanmoins après les avoir lues
à la hâte, il me sembloit que j'en comprenois le sens; et je concevois la réponse que j'y pourrois
faire. Mais avant que de la publier, je crus la devoir communiquer à mes amis, qui me firent
remarquer que je n'avois pas bien pris le sens de l'auteur en de certaines choses, pour des
raisons que je dirai dans la suite. Je jugeai donc que je devois différer de répondre publique-
ment, jusqu'à ce que je pusses examiner sérieusement cette matière, où l'on ne peut pas espérer
de réussir, sans faire «Se sans considérer exactement les figures dont il s'agit ; et il faut pour
cela se trouver dans un autre état que je ne suis ordinairement ici, comme ceux qui me con-
noissent savent assez." (Bibliothèque universelle et historique du mois de septembre 1688).
I92 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2474.
H. Coets ') à Christiaan Huygens.
20 JUILLET 1687.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Clir. Huygens y répondit par le No. 1^77.
Arnhem den 20 Julij 1687.
WelEdele Heer
Ick wil niet hopen dat V. WE qualijck fal nemen, dat ick V. WE kom
moeijelijck met defe letteren en nevenfgaendc bladeren, die al lange voor enegen
tijt hadden moeten dienen tôt antwoort op die fwaricheden, welcke V. WE door
een Franfch Heer tegens een van mijne Problemata en mijne nieuws gevonde
méthode heeft gelieven voor te ftellen; en die mede behelfen de ontbindinge van
die Aequatie, welcke V. WE heeft believen met fijne hant onder het voorfchre-
ven Problema ter neder te ltellen. Ick meyne dat ick V. WE met driederley
Solutie van de felfde Aequatie fal voldaen hebben, waervan de eene den Circkel
vereyfcht, & de twe andere niet boven een rechte linie opklimmen. Ickblijve daer
niet ftaen, maer-geve de ontbindinge van hoge Aequatien, aenwij fende hoemen
in 't oneijndich verder kan gaen, dat m y dunckt geen geringe proeve te fijn van
myne méthode. Ick wil geerne bekennen dat in het vi. Problema van 't 1 deel fich
onder die méthode niet willen buygen de Aequatien a5y3oox6,a6y3 00 x9,a9y3 cox12
en voorts aile Aequatien, welckers onbekende quantiteyten xeny tôt fulcke ge-
tallen van dimenfien opklimmen, dat het een getal het ander fonder overfchot kan
deylen; Maerdewijl defe aequatien alledeExtraftievandeCubijck Wortel admit-
teeren, en een en de felfde fijn met de volgende ay 00 xx,aay co x3,a3y 00 x* welcke
aile overeenkomen met de Exemplen van het 1 Problema: en daerom oock lich-
telijck konnen ontbonden worden. Ick fende hier nevens het felve manufcript2),
het welcke V. WE met fijne eyge fchrijfletters heeft believen te vereren; met
') Henrijck Coets, né à Arnhem, décédé à Leiden le 23 janvier 1730. Il fut nommé lecteur de
mathématique et d'art militaire à l'université de Leiden, où il inaugura ses leçons, le 20 juin
1 701, par un discours „tot lof der wiskunde". Il publia un traité: Horologia plana, Lugduni
Bâta vornm,MDCLXxxix,i'i-4°. préimprimé en 1691 et, en hollandais, en 1703 et en i705j,puis
Euclidis Elementorum Libri VI, Lugduni Batavorum, Apud Dan. à Gaesbeek, mdclxxxxii,
in-40, (réimprimé en 1705, en hollandais en 1702 et, avec les notes de W. la Bordes, en
1715, 1740 et 1752) et une „Arithmetica Practica cui accedit Tabula Quadratorum et
Cuborum. Amstelodami. Apud Henr. et Vid. Theod. Boerman, hdclxxxxviii. in-40.
2) La pièce ne se trouve pas dans notre collection.
CORRESPONDANCE. 1687. 193
ootmoedich verfoeck dat V. WE gelieve de moeyte te nemen van het felve noch
eenmael te doorfien, en my dan V. WE hoogwijs oordeel over defe manier van
refolveren en conftrueeren te laeten toekomen; of defelve ijets in fich bevat,'t welck
waerdich is om aen den dach gebracht te worden, en dat bequaem mach fijn om te
diencn tôt voortfettinge van de Studie het welck ick de llouticheyt neme van fo
veel te ijveriger van V. WE te bidden; om dat in 't korte wel occafie mach
voorkomen, waerin V. WE gunftich oordeel my fonde konnen mijn oogmerck
doen bereycken op een Académie, alwaer een Profeffio Mathematica gefuppleert
moet worden. Ick fal hiermede eyndigen, en V WE in Godes befcherminge
bevelende verblijven.
Wel Edele Heer
VWE Onderdanigften Dienaer
Henrijck Coets.
Ick fal VWE gunftich antwoort met gedult afwachten onder 't opfchrift aen
Jacob Coets. Advocaet en Rentm.r van 't Gafthuys
Tôt Arnhem. /
Œuvres. T. IX. 25
194 CORRESPONDANCE. 1687.
Ns 2475-
P. vam Gent à Christiaan Huygens.
26 JUILLET 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2472.
Nobilifïïmo, Eruditiflimoque Viro D. Christiano Hugenio
S. P. D. Petrus Gentius.
Excidit fane N. V. num hanc D. de Volder Epiftolam tecum communicarim,
et fi ejus oblitus fum, en eam habe.
Quod fufpicabar, inquit, D. Fatio mcntem non recle D. Tfchirnhaufio per-
fpeftam fui (Te, cum refponfionem illam exararer, id verum eife examinato
accuratius ejus refponfo '), certior redditus fum. Hoc enim refponfum eo nititur
fundamento, quod necefîe fit omnia fila ijfdem duobus focis alligari; in quam
cogitationem non ita difficilis eft ex modo, quo fuam demonftrationem Fatio pro-
ponit, lapfus. Sed fi perpendamus femper eife (in fig. D. Fatio) 2) mo adpq ita
cb ad eg facile patebit, quantumlibet etiam multi foci fumantur, modo omnes
finus ab una parte lineae en fint aequales finubus ab altéra parte, finus bis, ter
&c. fumendo, ubi filum duplicatum, triplicatumque etc. occurrit, demonftratio-
nem quam in prioribus meis3)uni curvae applicui, ijfdem ex fundamentis om-
nibus applicari pofîe, etiam illis in quibus ab una parte plura,ab altéra pauciora
funt fila. Quod pofterius in fuis curvis locum habere miror negare D. Tfchirnh. Si
nempe eâdem illa curva (fig. 19 p. 74) 4) ang. BMC ponatur gr. 60, CMD gr. 20
erit arcus FH 00 HG gr. 40 et KG gr. 10. adeoque HK gr. 30 HL gr. 15 et GL
gr. 25. adeoque rcéla ML, quae ipfi perpendicularis eft in tangentem, inter F et C
cadet, eruntque ab una parte tria, ab altéra unicum filum. Quod autem de Reg.
D. Fatio, tanquam apertifiimè falfâ, ita confidenter loquatur D. Tfchirnh. mirum
mihi nequaquam videtur. Facile enim video, illum ex modis loquendi, quibus D.
Fatio utitur, quorum explicationcm, et defenfionem, ne in verbis haeream, ipfi
relinquo, Regulam quandam fibi imaginatum elfe, quam falfam demonftrat, et
quam pro Reg. D. Fatio habet, licet ab ea multum différât. In prioribus autem
meis quod haefitanter locutus fum, id tantum fpectat fenfum refponfi ad Reflexiones
(ut loquitur) D. Fatio quas ad me miferas, non vero vel methodum, qua ad
inveniendas tangentes utitur D. Tfchirnh., nec quod dubius haeream, verane an
') Voir la pièce N°. 2468. :) Voir la pièce N°. 2460.
s) Voir la Lettre N°. 2471. -t) Voir la pièce N°. 2461.
CORRESPONDANCE. 1687.
195
falfa foret. Falfam ncmpe effe vel exemplo curvae quam allegat p. 74 fig. 19
clariflime oftendi. Qua de re tu ipfe mecum non dubitabis fi nihil te retineat,
quam quod non videas coniequentiam qua dixi fequi MP + MQ 00 1 MS3). Nam
cum demonftraverim FR -+- IV ad GT efle, ut MP -+- MQ ad MS; fuppofuerim
vere eam efle lineam ML, ut FR + IV 00 2GT, liquido confiât MP + MQ oori
1 M S.
Quod fi nunc porro infpiciamus Theorema D."i Tfchirnh. illud profecto depre-
hendimus cum eo D. Fatio confentire. Si nempe ex m (in fig. D. Fatio) 5) pondus
quodcunque fufpendatur illud in ea linca haerebit, quae tranfiens per m tantun-
dem habeat potentiae trahcntis verfus unam partem reclae mn, quantum verfus
alteram; quod profefto non fiet, niiî centrum gravitatis ponderum g. h. /.fit in
refta mn\ tum'enim virium ab utraque parte trahentium erit acquilibrium. Ex
quo Theorcmate D. Fatio non difficile erit finuum eam quam adhibet ab utraque
parte aequalitatem demonftrare. Imo hinc etiam fortafTc innote i cet, unde error
D. Tfchirnhaufij originem ceperit. Sumamus enim in curvâ quam fig. 19 p. 74
defcribit, effe pondéra DetCaequalia,in A vero propterduplicatumfilumduplum
pondus. Ponderis C et dimidij ipfius A erit centrum gravitatis M in medio lineae
AC, ponderum vero D et alterius dimidij ipfius A erit centrum gravitatis punclum
L, in medio lineae AD, quae etiam punfta L et M obtinebuntur bifeclione angu-
lorum ABC, ABD. Haftenus itaque eodem modo progredimur. Nunc vero
omnium ponderum centrum gravitatis non invenietur in linea, quae ang. GBF
bifariam fecat, fed quae bifariam fecat lineam LM. Vel facilius, centrum gravi-
5) Voir la deuxième figure de la pièce N°. 2460.
Io6 CORRESPONDANCE. 1687.
tacis ponderum C et D eric in refta BE, qnae et lineam DC et ang. DBC bifariam
fecat. Verum omnium ponderum centrum gravitatis erit in recta BK,quae lineam
AE non quae ang. ABE bifariam fecat. An vero hoc ipfum (quod fi fit merito
illud vocat D. Fatio une faute d'inadvertance) an vero aliud quid lateat certius
apparebit, ubi demonfirationem fuam, quâ tantopere confidit, communicare
nobifcum voluerit D. de Tfchirnhaus.
Haclenus D. de Volder. In ultimis ad me tuis conquereris me aliquid ex
epiftola prae feftinatione omififfe, id quod forte ex hac emendare ipfe, non ego
poteris. Vale plurimum.
Amft. 26Julij 1687.
WelEdele
Geboren Heer, Mijn Heer
Christiaan Hugens
à la
pt. Haye.
Tuus totus Gentius.
N= 2476.
Caze x) à Christiaan Huygens.
26 août 1687.
La lettre se trouve à Leùleu, coll. Huygens.
A Amfterdam le 26. Aouft.
Monsieur
Si vous auez eu la bonté de repafïer la traduction que je vous ay laifïee vous
mobligerez infiniment de la faire remettre a M.r Petit 2) par ce que je fuis fur le
') Voir, sur Caze, la Lettre N°. 2394, note 1.
2) Probablement le libraire Pierre Le Petit; voir la Lettre N°. 63 1, note 5.
CORRESPONDANCE. 1687. 197
point de faire imprimer tant en francois quen flamend. Je vous demande bien
pardon Monfieur de tant de peyne que je vous donne, et de vous auoir ainfy
détourné pour vne chofe de fi peu de concequence.
Je nay point encore fceu des nouuelles de vos Pendules. Il y a quelques jours
que jen parlay a Monfieur le Bourguemaitre Hudde qui me dit qu'il nen auoit
encore rien appris, mais qu'il etoit vray que la mère de celuy 3) qui en auoit eu la
direction l'eftoit venu trouuer mais qu'il n'auoit pas eu le loifir de luy parler. Si
vous fouhaittez que jen prenne quelques jnformations je le feray, et en cette
occafion comme en toutte autre vous reconnoitrez quon ne peut pas être plus
fincerement que je fuis
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant ferviteur
Caze.
A Monfieur
Monfieur Huygens de Zulikem
a la Haye.
3) Thomas Helder, qui venait de mourir pendant le voyage de retour du navire „Alkmaer".
Voir la Lettre N°. 2407, note 2. Le vaisseau était parti du Cap de Bonne Espérance le
20 avril et arriva en rade de Texel le 1 5 août 1 687.
I98 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2477.
Christiaan Huygens à H. Coets.
27 AOÛT 1687.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2474.
Sommaire: A Mr. Henr. Coets. Sa méthode1) eft bonne pour reprefenter a l'oeil la figure de ces courbes.
Elle feroit plus confiderable fi elle pouvoit fervir auffi dans des courbes dont l'Equation
confifte en plufieurs termes.
Mais je ne croy pas qu'elle y aille bien loin, parce que dans ces fortes l'une des inconnues
x,y peut avoir plufieurs valeurs.
Mr. des Cartes lettre 5c du 3 vol. donne a entendre qu'il faut une équation cubique pour
trouver tous les points de cette courbe qu'on nommoit le galand *).
L'on ne peut pas dire que voftre manière de trouver les points des courbes ne foit géomé-
trique ni qu'elles ne foient géométriques au fens de M. des Cartes mais l'on n'avoue pas pour
cela que vous ayez une méthode géométrique de décrire ces courbes ni qif citant décrites ainfi
par des points elles puiifent fervir a la conftruction géométrique des problèmes. Car a cela
félon moy il n'y a point de courbe qui puiife fervir fi non celles qu'on peut décrire entières
par le moyen de quelque machine ainfi que le cercle par le compas et les feftions coniques par
les inftruments qu'on a inventez pour cela. Car les courbes décrites a la main et menées par
des points ne donnent que des folutions approchantes, et qui ne fe peuvent pas dire parfaites
ni par confequent géométriques 3).
Hage den 27 Aug. 1687.
Mr. H. Coets tôt Arnhem.
Mijn Heer
Ick ben tôt nu toe belet geworden, foo door indifpofitie als daer nae door
eenighe andere occupatien van UE antwoordt te laeten toekomen op fijn fchrij-
') Il nous semble évident qu'il s'agit d'une méthode pour obtenir des représentations paramé-
triques des coordonnées des points d'une courbe algébrique donnée, permettant de construire
avec la règle et le compas autant de ces points qu'on voudra.
Outre l'exemple communiqué dans le texte de la lettre, on en rencontre encore un autre
dans le livre F des Adversaria, p. 280 avec la suscription : Exprobl. io° Côetfij. Cette fois il
s'agit de la courbe q6x* = q2ry6 — i-ys, dont l'équation est remplacée par les deux suivantes :
y2 = bx\ x = — ~ja — (^ paramètre).
") Allusion au passage suivant de cette lettre, adressée à Mersenneet datée du 23 août 1638:
„ Au reste puisque je voy qu'il (Roberval) a pris plaisir à considérer la figure de cette ligne"
(celle dont l'équation s'exprime par *3-j-3'3 — :ry« = o) „laquelle il nomme un Galand
ou une fleur de jasmin, je luy en veux donner une autre qui ne mérite pas moins que
celle là les mesmes noms et qui est néanmoins beaucoup plus aisée à descrire, en ce que
l'invention de tous ces points ne dépend d'aucune équation cubique". Remarquons
d'ailleurs que la courbe citée, puisqu'elle est unicursale, se laisse très bien construire point
par point sans résoudre une équation cubique. On pourrait poser par exemple :
X—n3-L-k* ' ny = kX C* Paramètre)-
3) Ce sommaire se trouve inscrit dans le Livre F des Adversaria, p. 279.
CORRESPONDANCE. 1687. IOQ
vens van den 20 Julij. Ick fende dan UE iîjn Tractaet van het befchrijven der
kromme linien wederom, en wat aengaet die van de Equatie aHy3 do xI? houde
mij voldaen door UE folutien daer op gegeven, die mij als in deefe materie
weynigh geoeffent niet te vooren en was [ge]komen. Ick geloove dat ooek noch
wel andere van UE problemata even foo veel difficulteyt hebben, die UE on-
gefolveert gelaecen heeft, ahq6x6 00 qqry9 4- ry11. Alwaer mij nu niet anders
voorkomt om te moghen ftellen als qqry9 + ry11 00 pzy9. Waer uyt komt
yy do +-*- -, en xx co — • Voorts wat aengaet de utiliteyt van UE méthode,
die beftaet foo mij dunckt meeft hierin om de gedaente van feeckere linien daer
van UE de Equatie voorftelt uyt te beelden, en het waer te wenfchen dat de
méthode om fulex in aile Equatien te doen bekent waer. Het waer ooek wel
noodigh UE conitruclien hiertoe te doen dienen om de geheele geftalte der
kromme linien voor ooghen te ftellen. Als bij exempel in de Equatie aay 00 x3, te
doen lien dat de Paraboloides deefe figuer 4) heeft en daerom A geen eygentlijck
A,
vertex en is. Het is voorts niet te twijffelen of UE manier in 't vinden derpun&en
is geometrifeh, ende ooek UE kromme linien aile van die foort die des Cartes voor
Geometrifche erkent. doch foo en kan men niet feggen dat het befchrijven van
een kromme linie door gevonden punften geometrifeh ofte volkomen fij, of dat
fulcke befehreven linien konnen dienen tôt geometrifche conftruclie van eenighe
problemata, devvijl hiertoe, nae mijn opinie, geen kromme linien en konnen
dienen als die door eenigh initrument vervolgens befehreven konnen worden,
gelijck den Cirkel door een paiïer; en de Conifche Seclien, Conchoides en andere
door de inftrumenten daertoe geinventeert. Want de linien met de handt van punt
tôt punt getrocken alleenlijck de gefochte quantiteyt ten naeften bij konnen
geven en dienvolgens niet naer de Geometrifche perfeftie. Want wat helpt het
fooveel puncten te vinden als men wil, indien men dat eene puncl dat gefocht
4) C'est-à-dire : en prenant AO pour l'axe des y.
200
CORRESPONDANCE. 1 687.
werdt niet en vindt ? Ende indien defe befchrijvingh door punften tôt de con-
itruftie der problemata goedt gekeurt wierdt, waerom en foude oock de deelingh
van een circkelboogh in een gegeven reden, door de Quadratix van Dinoftratus,
niet voor geometrifch gehouden werden ? dewijl men van deefe oock fooveel
punéten, en foo nae aen 't begeerde vinden kan als men begeert.
De conftruclien van het Problema van 't keerpuncl: in de Conchoides foo wel
de uwe als de mijne 5) en moghen voor de rechte niet gehouden worden, dewijl
het felve piincl kan gevonden worden, fonder eenige conifche feftie te gebruycken,
als Heuraet over langh getoont heeft 6~). Ick vinde onder mijne papieren eenighe
diergelijcke conftru&ien, die ick eertijds gefocht heb, nae dat de fijne was uijt-
gekomen, en onder anderen een die redelijk kort is7), fijnde alsvolght. CE is
de Conchoides. G het center. AC een "diameter. AB de Afymptotos. Vindt een
vijfde proportionael tôt de linien 3 G A en 1 AC. welkers Proportionaels helft
5) Elle fut publiée dans les „Problematum quorundam illustrium solutiones". Voir la Lettre
N°. 1068, note 3.
6) Voir la Lettre N°. 641, note 6.
7) Dans le livre A des Adversaria p. 131. C'est à cette construction que se rapportent les mots:
„Aliamque eadem ante multo faciliorem inveni, per circulum itidem et conchoidem ipsam
quae data est", de la Lettre N°. 653.
CORRESPONDANCE. 1 687. 201
genomen van G tôt F, foo befchrijft uyt het center F met den halvcn diameter
FK diens quadraet gelijck is acn de quadraten AF en AC min het quadraet GA,
de circumferentie HK8) fnijdende de Conchoides in K, waer van daen zij getrok-
ken KMparall. met AB. en gelijck 3AG tôt 2AC, foo fij AM tôt AN. Voorts uyt
het center G met den radius GE gelijk aen NC, befchrijft een circumfer. die de
Conchoides doorfnijdt in E, foo is E het gefochte keerpunét.
N= 2478.
Christiaan Huygens à H. Coets.
27 AOÛT 1687.
Appendice au No. 2477 ').
,\ 7 ¥c 8c3 16c4 , . ,. ... ,.8 c4
") ^b ic ^7- —j-j- — y- huius dimidium eit — y—
yo 30 çbb 27b3 J 27 b3
Q 2 CC 4. C3 8c4
-b c — r - tt — r^ quinta proportionalis duarum f b etc.
CEK Conchoides 2)
AB Régula
G centrum
AGoo£
AC co c
8 c4
GF 00 — tj- hoc efl: \ quintae proportionalis duarum 3^ et ic.
FK qu. 00 AF qu. -+- AC qu. — AG qu.
KM parall. BA.
ut 3AG ad 2AC ita MA ad AN.
GE oo NC.
E punéUim flexus contrarij.
3) C'est-à-dire: du cercle décrit de F comme centre avec le rayon FK. Dans la figure delà
minute la lettre H, point d'intersection du cercle avec NF, a été biffée par mégarde (voir la
note 1 delà pièce suivante).
*) La pièce se trouve inscrite dans le Livre F des Adversaria, page 285, à laquelle nous avons
emprunté le dessin de la deuxième figure du N°. 2477, celui de la minute de cette lettre
étant embrouillé par des lignes superflues.
2) Voir la deuxième figure de la lettre précédente.
Œuvres. T. IX. 26
202 CORRESPONDANCE. 1687.
Si AG do f AC fit GF oo AC
item FK doAC).
et AN oo AM
Si AG 00 1 , AC 00 2 fit GF oo 4 + :
Et AN 00 f AM.
") J'ay envoyé cette conftruclion au Sr. Coets à Arnhem Aug. 1687.
Le calcul eil au livre A. la conftruét-ion a lieu quand G A n'eft pas plus
grande que § AC 4). Mais quand GA eft à AC comme 20 à 29, ou quand GA
elt encore plus grande, la conllruction ne fe peut faire de cette façon. [Chr.
Huygens] .
3) En réalité FK = AC J/^f • Le point F se trouve alors à gauche du point C à une distance
FC = |- AC, et la construction est encore possible.
8 c4
4) Soient GM =x: MK^yj les coordonnées du point K, alors, posant — tj =/>, ces coordon-
nées doivent satisfaire à la fois à l'équation du cercle Çx1 — p~)2 -\-yj2 — (j> — b~)2 — c2-\- b2=o
ou bien x2l~\-yï2 — ip (ï,- F) — c2 = o, et à celle de la conchoïde (xx — b~)2 (jx t2 -(- y i2) —
c2xr2 = o.
Eliminant xT2 -j-y^, on obtient, pour calculer l'abscisse xx du point K, l'équation :
ip (xx — £)3 — ibc2 (x, — b) — b2c2 — o.
Maintenant, pour que la construction indiquée soit possible, il est clair qu'il faut et suffit que
la racine positive unique de cette équation en (x, — b~) ne surpasse pas la valeur c = AC.
Cette condition s'exprime par l'inégalité:
ipc5 — ibfî — b2c2 ^> o,
Se
ou bien, en posant b = kc, p = — ^ , par la suivante :
27*4(*+2)'- 16 <0.
Il y est satisfait, tant que :
^=*<o,685
Au cas contraire, le point M, situé alors à droite du point C, reste réel, mais le point K,
devenant imaginaire, rend impraticable la construction.
Probablement cette difficulté ne s'est présentée à l'esprit de Huygens qu'après l'envoi de sa
lettre à II. Coets. A la page 281 du livre F des Adversaria on rencontre un calcul se
rapportant au cas b = 100, c= 1, accompagné de la remarque : „Pour faire voir que la con-
struction de Heuraet pour le point de la courbure de la conchoide peut servir toujours".
CORRESPONDANCE. l68/. 203
N2 2479.
Ph. De la Hire à Christiaan Huygens.
28 AOÛT 1687.
La lettre se trouve à Laden , coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2462.
C/ir. Huygens y répondit par une lettre que nous ne connaissons pas1).
A Paris le 28 Aouft 1687.
Monsieur
Il y a déjà longtemps que uos eferits mont efté remis entre les mains par Mr. de
la Chapelle a qui on les auoit addreflez 2),mais comme ils n'eftoient point accom-
pagnez d'aucun billet de uoftre part iefperois touijours que uous menuoyeriez
encore quelqu'autre chofe comme uous me l'aniez promis par uoftre précédente 3)
lettre, et qu'ainfi ie pourois aceufer la réception de lun et de lautre tout enfemble.
Je croyois dailleurs que uous eftiez informé par Mr. Dallancé que ce que uous
nous auiez enuoyé mauoit efté remis entre les mains. Louuragede Mr. de Frenicle
fur les exclufions 4) eft acheué d'imprimer, et ie feray fuiure celuy de M. de
Roberual des tangentes par les mouuemens compofez 5) qui ne contiendra que 4^5
feuilles aprez quoy ie feray imprimer ce que uous mauez enuoyé amoins que uous
ne fouhaittiez que les uoftres ne précèdent ceux de Mr. de Roberual, auquel cas
uous aurez filuous plaît la bonté de m'en auertir au plutoft. Je prendray un très
grand foin que tout ce que uous menuoyerez foit imprimé fort correctement et fi
par hazard ie trouuois quelque difficulté a laquelle ie ne pufTe pas remédier, ientens
feulement fur la difpofition de louurage et non pas fur la matière, ie uous prie de
trouuer bon que ie uous en aduertifle, quelques uns de nos meffieurs fouhaittoient
uoir quelque chofe de ce que uous mauez enuoyé mais ie n'ay ofé le communiquer
nen ayant point dordre et ie les ay remis après quil feroit imprimé ce qui feroit dans
peu de temps. Nous efperons Monficur que uous nous enuoycrez encore autre
chofe lors que uous aurez la commodité de le faire mettre en eftat, ie uous puis
feulement afleurer que ces ouurages feront imprimez dans la dernière perfection
et il feroit a fouhaitter que les uoftres feuls peuflent remplir le uolume. Je ne fcay
fi uous uous fouuenez que Mr. Mariotte auoit fait quelque chofe fur le Baromètre
double6) qui eft de uoftre inuention, et ie fuis en doute fi ie dois faire imprimer
') Voir la Lettre N°. 2484. 2) Voir la pièce N°. 2464.
3) Probablement le N°. 2455.
4) Voir la Lettre N°. 2454, note 8.
5) Voir la Lettre N°. 2432, note 10.
6) Le baromètre décrit dans la pièce N°. 19 17.
204 CORRESPONDANCE. l6Sj.
ce quil m'en a laifle entre les mains 7), iattendray fur ce fujet uoftre auis. Il y a icy
quelques nouueautez qui ne font pas encore publiques ie ne manqueray pas de
nous en faire part, les ouurages du P. Preflet s'auancent fort et celuy de Monfieur
Rolle8) fur le mefme fujet qui cil danalyfe palTc a ce qui me femble tout ce qui
a elle fait iufqua prefent ceil un ieune homme d'une uiuacité defprit et dune
pénétration extraordinaire. Ion a imprimé un Hure de Mechanique 9) ou l'Auteur
prend pour principe les mouuemens compofez il dédie ce traité a la compagnie
qui la accepté on imprime prefentement l'epillre.
Je fuis
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant Seruiteur
De la Hire.
toute noilre compagnie nous faluë.
A Monfieur
Monfieur Chr. Hugens de Zulichem
A la Haye
Hollande.
7) Les „Divers ouvrages de Mathématique et de Physique" publiés par de la Hire, ne contien-
nent de Mariotte qu'un seul article :
Règles pour les jets d'eau, & de la dépense qui se fait par differens ajustages, selon les
diverses élévations des réservoirs.
8) Voir la Lettre N°. 2454.
9) Projet d'une Nouvelle Mechanique avec un examen de l'opinion de Mons. Borelli sur les
propriétés des Poids suspendus par des Cordes. A Paris, 1687, in-40.
L'auteur, Pierre Varignon, né à Caen en 1654, se destina d'abord à l'état ecclésiastique.
S'étant lié avec l'abbé de Saint-Pierre, il suivit celui-ci à Paris, où il eut l'occasion de se
vouer aux études mathématiques, dont il avait pris le goût lors de ses études au Collège des
jésuites à Caen. Il fut professeur de mathématiques au Collège Mazarin et plus tard, en suc-
cession de Duhamel, professeur de philosophie au Collège royal. En 1688, il entra à l'Acadé-
mie des Sciences, comme géomètre. Par décret du roi du 28 janvier 1699, il fut créé pen-
sionnaire géomètre de l'Académie. Il mourut d'une apoplexie, le 23 décembre 1722. Dans
les dernières années de sa vie, il s'était occupé à préparer une nouvelle édition de sa
mécanique. Elle ne parut qu'après sa mort, par les soins de Fontenelle, sous le titre :
Nouvelle Mécanique ou Statique dont le Projet fut donné en m.dc.lxxxvii. Ouvrage
posthume de M. Varignon, des Académies Royales des Sciences de France, d'Angleterre & de
Suisse, Lecteur du Roy en Philosophie au Collège Royal, & Professeur des Mathématiques
au Collège Mazarin. A Paris, chez Claude Jombert, rue S. Jacques, au coin de la rué des
Mathurins à l'Image Notre-Dame, m.dcc.xxv. Avec Approbation & Privilège du Roy.
2Vol.in-4°.
CORRESPONDANCE. 1687. 2°5
N° 2480.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
28 AOÛT 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Clir. Huygens y répondit par le No. 2481.
Au L00 le 28 d'Aouft 1687.
Ma femme me manda il y a quelques jours que de l'avis des autres interefles
vous aviez fait reponfe a la lettre du dijckgraaf r) Kockenge que j'avois envoyée.
Je croy que Ion aura fait reflexion fur les confiderations que j'avois mifes dans la
lettre a ma femme. Du depuis ce dijckgraef eft venu icy je ne fcay fi c'a été pour
me parler feulement ou pour autre chofe encore, et m'a dit qu'ayant efté hors de
chez luy il n'avoit point reçeu cette Reponfe, touchant laquelle de mon cofté je
n'ay pas fçeu luy dire grand chofe par ce que je n'en fcavois pas le contenu. Mr.
de Randwijck fils de Mr. de Rofïum2) eftoit au (fi icy. Kockenghe me dit au refle
que dans un jour ou deux le dyckftoel 3) devoit faire l'aerdt-fchouw qu'ils appellent
c'eft a dire une Infpeclion pour fcavoir fi la digue eft faite félon l'ordre quant à la
terre pour ordonner en fuitte les Sinck-packingen 4), mais par fon difcours douce-
reux il fembloit vouloir dire en quelque façon que comme la digue ne peut pas être
fauvée par le moyen des Cribben5)que Ion doit faire, fans faire les Sinckpackin-
gen et que de ceux qui font obligés d'en fubir les fraix il y en a qui font dans
l'impuifTance de le pouvoir faire, nous devrions aufli contribuer à cet ouvrage, et
d'autant plus par ce que fi par l'impuiflance de ces gens le village venoit a eftre
chargé de cette digue, nous autres en tant que Seigneurs de ce village6) et même y
ayants quelques terres (entendant parler du jardin, et de ce qu'il y a autour de la
maifon) ferions obligés de contribuer pour l'entretien de cette digue des Impuif-
fants. Je luy dis que comme il fcavoit nous nous eftions laifîe difpofer à contribuer
une quote fort grande pour la Cribbe a faire, mais que nous avions toujours dit et
difions encore de ne vouloir aucunement nous mêler de la digue ou nous n'avions
aucune part ny n'en voulions avoir et qui devoit être tenue par ceux qui en font
chargés: que quant à cette menace que Ion nous faifoit, je ne croyois pas que la
qualité de Seig.rs pouvoit nous obliger a prendre part a la digue dont le village
') Traduction : Intendant des digues, c'est-à-dire, préfident du collège des digues.
2) Probablement : Jacob van Randwijck, né en 1658, fils de Frederick van Randwijck, seigneur
de Rossum, Beek, Assel et Gameren, burgrave de l'empire et juge à Nimègne. Il mourut
en 1697.
3) Traduction : Collège des digues.
4) Assemblage de fascines solidement liées, de manière à former un radeau que l'on charge de
pierres pour le faire couler.
s) Traduction : jetées. ô) Le village de Zuylichem.
206 CORRESPONDANCE. 1687.
viendroit à être chargé, et que pour les terres que nous y avions c'eftoit fort peu
de chofe, et qu'au pis aller elle ne nous obligeroyent qu'a une fort petite quotte.
Monfieur de Randwijck dit la defTus qu'il croyoit que peut eftre cette queftion
n'auroit point de lieu fi Ion fe fervoit de cet expédient de demander un fubfide au
quartier payable par tontes les terres de l'Ampt, que le quartierdagh7) devant fe
tenir bien tofl, il eftoit temps de fonger à préparer cette Requefte, dont je tombay
d'accord. Ce fubfide là à fon compte fuffiroit pour trouver la quote des dits Im-
puiffants et foulager encore touts les Intereffés. Je dis que nous contribuerions
volontiers ce qui dépendrait de nous pour faire reuffir cette affaire au quartier-
dagh, et que nous pourrions bien fouffrir que notre nom fuit auffi mis dans la
Requefte, mais feulement comme voulants tenir la main a ce qui peut fervir a
fauver le village mais non pas en qualité d'Intercffés à la digue qui ne nous regar-
doit pas.
Le dijckgraef dit enfuitte que le dijckftoel alloit travailler à reigler cette
affaire du kribbingh malgré quelques oppofants de peu de confequence et qu'après
cela il falloit convenir de la manière dont cet ouvrage doit eftre conduit, et choifir
une perfonne pour en avoir la direction. Tout ce que j'ay pu repondre la deffus
a efté que j'efcrirois à vous autre meffieurs et que je croyois que nous authori-
ferions noftre Procureur pour parler avec les autres intereffés, des que le dijckgraef
nous feroit fcavoir qu'il en feroit temps, tant pour la Requefte fufdifteque les autres
chofes.
Je voudrois pouvoir raifonner fur ces chofes avec vous autres, mais cela ne
fe pouvant pas il faut bien que fur celles qui font prefiees vous qui faites la
pluralité des voix envoyiez des ordres à nos gens. Des que je recevray la lettre de
Kockenghejevousl'envoyeray, auffi toft. Rademaecker 8) qui dit en partant d'icy
il y a trois femaines qu'il y feroit de retour dans fort peu n'eft pas encor revenu,
dont je m'eftonne car il a des affaires icy pour fon particulier.
Cockenghe me dit encore qu'il auoit ouy dire que dans le Monnickelandt nous
avions du Rys9) qu'on difoit que nous voulions le vendre, et qu'il croyoit pouvoir
être employé a cette Cribbe a bon compte de ce que nous ferions obligé de fournir
J'ay dit que j'ecrivois la deffus.
Docl.r Stanley10) fouhaitte extrêmement de fcavoir votre fentiment touchant la
Circumference de la Terre. Je vous prie de me mander le calcul de l'Académie
Francoife. Il foutient que quand on ne voit pas tout le corps d'un vaiffeau qui eft
en mer a deux lieues de diftance c'cfl l'effet d'une réfraction, et non pas de la
Globofité de la Terre.
7) Traduction : Affemblée des repréfentants du quartier.
8) Voir la Lettre N°. 2352.
9) Traduction : fagotage.
10) Voir la Lettre N°. 2428, note 3.
CORRESPONDANCE. 1687. 10J
J'ay eu par Ton moyen les Tranfaftions de cette année jufques au mois de Juin
inclufivement lI) mais elles font fort minces et ne font en tout que 32 feuillets.
Et comment cela vatil donc dans la maifon mortuaire I2) ? n'y parleton plus
de rien, de faire un Inventaire, des projets de Partage, ny quoy ce foit?
N° 2481.
Christiaan Huvgens à Constantyn Huygens, frère.
ier SEPTEMBRE 1687.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2480.
Const. Huygens y répondit par le No. 2482.
A la Haye ce i Sept. 1687.
Je communiquay hier voftre lettre au frère de S. Annelandt ') qui eftoit revenu
le foir d'auparavant de fon voiage de northollande. Nous avions attendu le frère
Louis mais il n'eft point venu et s'en eft allé a Rotterdam. Pour ce qui eft des
aifaires de Zulichem vous verrez parles lettres cy jointes2) ce que nous avons efcrit
a van Lith3) et ce qu'il y a refpondu. Je voy par ce que vous me mandez que vous
avez fouftenu au dijckgr. Cockenghe que nous n'eftions point obligez de rien
contribuer au Sinckpacking, ni que ce n'efloit point noftre intention. Cela ne feroit
que d'autant mieux. Toutefois nous croions fermement qu'eftant dernièrement
a Bommel nous confentifmes de contribuer auffi noftre part la dedans auffi bien
qu'au Cribbe et que l'on fit faire une eftimation en gros de ce que l'un et l'autre
devoit couder, qui revenoit a 7 a 8 mille livres. C'eftoit auffi principalement a
caufe du Sinckpakkingh que nous prifmes la refolution de protefter, lors que le
contract fe feroit, de ne nous vouloir point foumettre a la jurifdiftion du dijckftoel.
Mais comme ce contradt eft encore a faire, fi nous pouvons nous exempter entiè-
rement de la defcnfe de la digue, ce feroit une bonne affaire, et cela obligera
d'autant plus Mr. de RofTum d'infifter auprès des Eftats de Gueldre pour le
fubfide fur l'Ampt, parce que comme vous voiez par la lettre de van Lith, il n'eft
pas preft de contribuer fa quote au Sinckpacking, qui apparemment pour cela ne
fe fera point cet automme. Pour ce qui eft de la réparation de la digue met over-
") Les numéros 186 et 187, de janvier — juin 1687, en tout 78 pages.
I2) La maison de Constantyn Huygens, père, mort le 28 mars 1687.
IN) Philips Doublet, époux de Susanna Huygens.
2) Nous ne les connaissons pas.
3) Voir sur van Lith, ou van der Lith, les Lettres Nos. 2351 et 2352.
2o8 CORRESPONDANCE. 1687.
ruymen 4) le receveur de Zulichem mande que les van Gelderens font après a la
faire de leur coftè. Il faut attendre ce que Cockenghe vous efcrira. Si l'on peut
obtenir ce fubfide de L'ampt ce fera beaucoup gaignè, et je m'aflure que vous y
contribuerez autant qu'il fera poflible.
5) Le do&eur Stanley a ce que je vois, croit la circonférence de la Terre trop
grande, pour qu'on puifle fur la diftance de 2 lieues s'appercevoir de fa convexité
mais le calcul pourtant le fait voir. La circonférence de la Terre, fuivant la
dimenfion des géomètres François, eft de 20541600 Toifes Parifiennes. La lieue
moyenne, de 25 au degré, eft de 2282 toifes. A la diftance de 4000 toifes, qui
ne font donc pas encore deux lieues, la bofle ou convexité de la Terre nous doit
cacher environ 7 pieds 4 pouces de la hauteur d'un vaifleau qui eft en mer, c'eft
a dire, lors que noftre œil eft baifle près de la terre, mais eftant eflevè de ces 7
pieds et 4 pouces, aucune partie du vaifleau ne doit fe cacher.
' A la diftance de 4 lieues l'effeér. de la convexité devient quadruple de celuy
de 2 lieues, tellement qu'elle cachera plus de 29 pieds 4 pouces, mais l'oeil alors
eftant a la hauteur de 7 pieds 4 pouces, l'horizon ne cachera auflî que 7 pieds 4
pouces. J'avois a la vérité creu qu'il y avoit d'avantage, mais l'examen que je viens
d'en faire me donne ces mefures. Pour ce qui eft de la refraftion elle ne fcauroit
cacher d'avantage les objefts éloignez, mais au contraire elle doit faire voir ce
qui fans elle feroit caché derrière la convexité de la mer.
Nos gens qui ont elle avec mes horloges au Cap de Bonne Efperance6) font
revenus avec les derniers vaifleaux hors mis l'un d'eux 7) qui en devroit avoir
la principale direction, qui s'eft laifle mourir en revenant. J'apprens en gênerai
que les Horloges ont toufjours confervè leurs mouvement mais non pas avec la
juftefle que j'avais efperée. J'attens de voir les Journaux, par les quels je verray
comment tout cela eft allé et s'il y a moyen de perfeclioner d'avantage cette
invention, ou s'il en faut demeurer là.
Mars paroit beau et grand tous les foirs, eftant auflî près de la terre, que jamais
il peut eftre. C'eft dommage que le mail ne peut fervir aux Obfervations.
Je fus voir il a 3 jours les de (Teins de Mr. de Berkefteyn 8) avec un excellent
peintre de Paifages et Perfpectives nommé Roufleau 9), et qui connoit les bons
4) Il s'agit probablement d'un procédé qui consiste à déblayer la terre d'un côté de la digue
pour la transporter à l'autre.
5) Ici commence la copie des Apographa.
6) Isaak de Graaf et Thomas Helder; voir les Lettres Nos. 2391, note 3, et 2407, note 2.
7) Thomas Helder. 8) Voir la Lettre N°. 2225, note 3.
9) Jacques Rousseau, né à Paris en 1630. Lebrun l'employa fréquemment pour les décorations
de l'hôtel Lambert, du château de St. Germain et de celui de Versailles. Rousseau fut reçu
membre de l'Académie, et en était conseiller lorsque la révocation de l'édit de Nantes le força
de quitter la France. Il vécut depuis à Londres, où il mourut le 16 décembre 1693.
CORRESPONDANCE. l68?. 209
defleins, mais pafïbi fort froidement fur une grande quantité de ceux de ce
receuil.
J'ay parle touchant le dernier article de vollre lettre avec le frère de S. Anne-
lant, qui fouhaite auffi que nous puiffions une fois fortir d'affaire en ce qui ell du
partage, mais l'edimation de Zelem luy paroit eilre le grand obilacle, dans l'incer-
titude que S. A. peuteitre voudra le l'approprier et n'en donner que ce que nous
l'aurions compté dans nos lots. Il nous fembloit qu'il feroit bon d'en parler a Mr.
Schuijlenburg10), pour tafcher de faire reufllr ce traité a notlre avantage fi tant ell
qu'il fe doive faire, a quoy il n'y auroit point de mal a îioflxe avis, fi on pouvoit
en avoir ou de l'argent ou autre bien de plus de revenu et mieux fituè pour nous.
Mais nous ne ferons rien en cela que vous ne le trouviez a propos. L'on dit que
Mr. le Prince fera un tour icy dans 15 jours lors que les Ellats s'afTembleroiit.
N£ 2482.
Constantyn Huyoens , frère , à Christiaan Huygens.
4 septembre 1687.
La lettre se trouve à Laden , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2481.
Au Loo le 4 de Sept. 1687.
J'ay eu vollre dernière du 1 de ce mois, mais n'en ay point receu de Kockenghe
depuis fon départ d'icy. Cela femble étrange qu'après que le dijcklloel a ordonné
un finckpackingh l'oppofition d'un feul interefie (je parle de mr. de Rofïum)
puifle empefeher qu'elle ne foit faite. Kockenghe elïant icy ne me parla point de
cette difficulté du collé de Rofïum, et Randwijck fon Fils ne m'en dit rien non
plus toutes les fois qu'il a elle icy. Il revient dimanche prochain, et a promis de
me dire alors ce qui fe fera patte dans la conférence que le Receveur de mr. de
Rofïum devoit encor auoir avec les autres Gedijckflaeghden '), et laquelle venant
a reuflir il feroit en fuitte queflion de refouldre touchant la manière de laquelle
il faudrait entreprendre l'ouvrage dans la rivière, et en même temps drefler la
IO) Johannes van Schuijlenburgh, greffier de Willem III.
') Traduction : intérefïes h l'entretien des digues.
Œuvres. T. IX. 27
2IO CORRESPONDANCE. 1687.
Requefte au quartier de Nimegue pour le fubiide, fur lequel je croy que mr. de
RofTum compte après que j'ay veu la lettre de nôtre Procureur.
Dr. Stanley efr, fort aile d'avoir votre folution fur fon quaeritur de la Globofité
de la Terre. Il me tourmente pour avoir encor cette après difnee un extrait de
votre lettre pour l'envoyer en Angleterre a Mr. Grew2) fon correfpondent.
J'ay veu l'autre jour aufïï bien que vous Mars en admirant la grandeur. C'eft
bien dommage comme vous dites que notre obferuatoire eft à bas. Il faudra voir
comme Ion pourra reparer cette perte et voir en même temps s'il n'y auroit pas
moyen d'affermir un peu mieux notre maft 3).
De nos amys m'ont écrit de penfees que vous auriez pour la B. de Rijfwijck,
et qu'un Entremetteur et une Entremetteufe fe mefleroyent d'acheminer cette
affaire là, fans que jufques icy j'aye fait grande réflexion fur tout cela. Pour moy
je ferois bien marry d'avoir traverfé ou avoir contribué a faire traverfer aucune
chofe que je croirois pouvoir contribuer à votre fatisfaftion, ou du moins ne
devoir pas vous eau fer du, repentir dans la fuitte du temps; mais dans cellecy dont
je parle il y a tant de chofes à confiderer a l'égard de la naifïance, du bien et de
la réputation de la perfonne dont il ell queftion, que quand même à l'aage ou nous
fommes vous pourriez vous re foudre à prendre femme il faudrait confiderer
meurement fi ce ferait votre fait de prendre cellecy.
Il y a quelque difeours icy que nous pourrions aller a la Haye vers le temps de
l'Aiïemblee, mais fans aucune certitude. S. A. efr. allé a Soeftdijck pour tirailler
et ne revient icy que Samedy prochain, alors nous en feaurons d'avantage.
2) Nehemiah Grew, l'un des secrétaires de la Société royale de Londres; voir la Lettre N°. 2 1 20
et la Lettre N°. 2037, note 5.
3) Voir la Lettre N°. 2424.
CORRESPONDANCE. 1687. 211
N= 2483.
Constantin Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
8 septembre 1687.
La lettre se trouve à Lciden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2482.
Du Loo le 8e de Sept. 1687.
Depuis ma dernière Mr. deRoflum a efté icy et m'a dit que l'Eert-fchouw1)
de la digue a Zuylichem dont je vous ay eferit en ma dernière avoit efté différé
pour quelque peu de temps afin de donner plus de loifir aux propriétaires de
la digue de la faire comme ils font obligés et d'éviter les amendes, mais que ce
fchouw alloit eftre fait maintenant. Qu'en fuitte le dijckftoel feroit encore parler
aux Interefles pour les obliger à confentir à l'ouvrage de la Cribbe et qu'il y pro-
céderait par les voyes d'authorité fi la perfuafion ne reufliflbit pas, qu'en fuitte il
ordonnerait le Sinck-packing, quoy qu'a bien examiner la ebofe il ne fuit pas bien
qualifié pour cela, mais que pour le bien des affaires luy mr. van Roflum principal
interefle parmy les Gedijckflaeghde laifleroit pafler cela. Cependant il parloit
toufjours comme pofant pour a fleuré que dans les fraix du Sinckpacking nous
entrerions a raifon de nôtre quotc de 45. Je luy conteftay cela durant quelque
temps mais comme il alleguoit que nous avions donné les mains à cela eftants a
Zuylichem, et qu'en effet il y en eft quelque chofe je ne voulus pas m'opiniatrer
tout a fait et le pris ad référendum. Cependant il me femble qu'en venant à cela
il faudra fe bien precautionner par une bonne Proteftation de ce que nous ne
prétendons pas de rien faire comme eflant obligés par le Ciering 2) que le
dijckftoel fera de ce Sinckpacking mais que nous le faifons de libre volonté pour
aider a faciliter le fecours de la digue, fans que cela puifle être tiré à aucune
confequence pour nous engager et rendre fujets à l'entretien de la digue. Sans
cela il y a de gens aflez mefehantes pour un jour nous faire des affaires fur ce
fondement. Je croy même qu'il faut une refolution pofitive du dijckftoel qui nous
mette en repos a cet égard, qu'ils ne refu feront pas de donner.
Au refte nous avons trouvé qu'il eftoit maintenant temps de s'adrefler a Mess.rs
du quartier pour avoir le fubfide dont nous avons fouvent parlé de 3. ou 4. fols
par mergen fur toutes les Terres de l'Ampt du Bommelerweerdt. Ces Mess.rs
s'aflemblent la femaine prochaine et il faudra mander à van Lith de fe concerter
fur cette affaire avec les gens de Mr. van Roflum et les autres Interefles pour
1N) Traduction : infpeélion.
:) Traduction : répartition des frais.
212 CORRESPONDANCE. 1687.
folliciter cette affaire, mais en cela je croy qu'il faut aufli fe donner bien de garde
de parler de notre part comme ayant aucun intereft a la digue fi ce n'eft indirecte-
ment. Je viens d'efcrire a Mr. van Elit 3) Amptman de Bommclerweert afin qu'il
veuille contribuer a faire reuflir cette affaire. Cette lettre luy fera donnée par van
Lith notre Procureur.
Je viens de recevoir la cy-jointe de van Hofte par laquelle vous verrez qu'il a
rcceu de notre homme de Zeelhem 600. fô. il faudra voir comment on pourra faire
venir cet argent, car je ne fcay fi la voye du Batteau qu'il propofe eft afTez fcure,
mais fi vous et les frères la jugez telle vous pourriez ordonner à van Moite de s'en
fervir. Il eft fafcheux que nous fommes fi éloignés les uns des autres en un temps
auquel [nous avons] fi fouvent a nous parler. Je n'entends point parler icy du
voyage de S. A. a la Haye quelque bruit qu'en fafTent les gazettes 4).
N= 2484.
Christiaan Huygens [à H. de la Chapelle Besse].
9 septembre 1687.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2463.
a la Haye ce 9 Sept. 1687").
Monsieur
J'ay elle extrefmement furpris ce matin lors que Monfieur d'Alancè m'a fait
voir ce que vous luy eferivez fur mon fujet. Je ferois afïurement fans honneftetè
ni civilité, fi comme vous avez creu, j'eftois demeuré fans vous faire refponfe a
l'obligeante lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'eferire et encore pour la
première fois. Il eft: vray que vous avez pu trouver effrange que les copies de
mes eferits vous arrivaient fans etlre accompagnées d'une lettre de ma part,
mais comme je ne feavois pas que Monfieur d'Alancè envoieroit un fi gros
pacquet ') par la pofte, je croiois que ma lettre que j'eferivis en fuite 2) et que
•") Voir la Lettre N°. 2351.
4) A la fin de la lettre on trouve noté de la main de Chr. Huygens :
Contribuer au packing pour une fois ou pour tant d'années. Voir fi l'on
feroit obligé de contribuer a l'entretien du cribbe et a l'arbitrage de qui.
') Le pacquet contenait les copies de plusieurs écrits de Huygens, destinés à être imprimés à
Paris. Voir la pièce N°. 2464 et la Lettre N°. 2479.
:) Nous n'en possédons pas la minute.
CORRESPONDANCE. 1687.
j'envoiay par cette voie vous feroit rendue beaucoup pluftoft. Je ne fcay pas par
quel malheur elle peut s'eftre efgarée et en mefme temps celle que j'y avois enfer-
mée pour Monfieur de la Mire 2), car cela arrive bien rarement, et il ne fcauroit
cftre arrivé plus a contretemps pour moi qu'en cette occafion. J'ay vu pourtant
dans cette mefme lettre a Mous. d'Alencè que vous y faites mention d'une que
Mons. du I Iamcl m'auroit efcrite au nom de l'Académie dont je ne fcay rien, ne
me fouvenant pas d'avoir rien receu de fa part, il y a longtemps, car je crois que
fa dernière a eftè avec laquelle il m'envoia un billet pour Mr. de Tfchirnhaus 3).
Je vous fupplie Monfieur d'avoir la bonté de le luy dire, afin que je ne fois pas
accufè a tort, et que je puifîe fcauoir, en cas que cette lettre ait eftè perdue, quel
en a eftè le fuject Ayant trouvé parmi mes papiers la minute de celle que je vous
ay efcrite j'en ay voulu adjouter icij une copie, quoyque je me fouvienne d'y avoir
changé quelque chofe en vous l'envoiant la première fois ainfi que vous verrez
fi quelque jour comme je Fefpere, elle vous eft rendue. Vous verrez mon opinion
que vous avez voulu fcavoir touchant l'obfervation de l'aymant de Mr. de la Mire,
de la quelle il a tiré des confequences ou des conjectures que je ne crois pas que
l'expérience confirmera, et c'eft ce que je luy ay efcrit a luy mefme 4), eftant
afieurè qu'il ne prendra pas cette liberté en mauvaife part. Je fuis très véritable-
ment et fincerement
Monsieur
Voftre &c.
") ce même jour à Mr. de la Hirc s).
2) La minute de la lettre à de la I lire nous est également inconnue.
3) Consultez la Lettre N°. 2452.
4) Voir la Lettre N°. 2455.
5) Nous ne connaissons pas cette lettre.
2 14 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2485.
P. van Gent à Christiaan Huygens.
Il SEPTEMBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2475.
Nobilifïïmo et Clariflïmo viro D. Christiano Hugenio S. D.
Pet. Gentius.
Tua interpellare rurfum ftudia, tua me cogit petitio; utpote qui voluifli, ut fi
quae argumenti Mathematici inter D. Fatio et D. Tfchirnh. occurrerent, nuncia-
rem '). Honeftae petitioni hâc epiftola morem gerere animus eft. Quare quam 2)
mecum communicavit et tibi defcripfit amicus meus D. Makreel 3), qui eam à D.
Tfchirnh. acceperat, ad te mitto, qno quid jam tibi fit fentiendum penitius intro-
fpicere et accuratius judicare valeas, et ad me ut et ad D. Tfchirnh. referibas.
Deferbuit, ut ipfe teftatur, animus D.ni Tfchirnh. indicatque fe ne hoc quidem
lapfu offenfum eïïe. Quà de caufa ipfi fecurè feribere poteris quid hac de con-
troverfia tibi fit animi, fed peto, fi mihi hac in re gratificari aequum judices,
ut Epiftola ad D. Tfchirnh. fit aperta, quo et eam perlegere et fuam exinde
mentem difeam: praeftiteris fane beneficium. Ego tum eam figillo munitam una
cum mea in Germaniam ablegabo. Convenit me ante aliquot feptimanas D.
prof, de Volder, feifeitans numne quicquam literarum à D. Tfchirnh. receptum
à me effet. Ego negavi, anne vero alius accepiffet me nefeire dixi. Inter collo-
quendum, hoc D. Tfchirnh., fi adeffet, daret confilium, nimirum, ut Tractatum
five de rébus mathematicis five philofophicis juxta fuam methodum exararet, in
quo, quid methodus fua efficere poffet, demonftraret. Hanc, aiebat, veram effe
rationem recuperandae famae jam vacillantis. Plura, fed coram, indicabo. Nam
propofui mihi te vifere. Finiam ergo, poffquam D. Joh. Makreel, egregium
mathematicum, qnique commercium Epiftolarum habet cum D. Tfchimhaufio,
1 ) Voir la Lettre N°. 2470.
2) Voir l'Appendice N°. 2486.
3) Dirck Makreel, instructeur de navigation, d'astronomie et de mathématique à Amsterdam.
Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé: „De Licbtende Leydt-Sterre der Groote Zeevaart.
Verhandeling van de Navigatie", paru à Amsterdam, en 1 671, chez Ilendrick Doncker,
in-40.
CORRESPONDANCE. 1 687. 2IC
tibi maximopere commendavero ac obnixe petiero, ut inter tibi deditos numerare
velis ac amicos. Vale ergo Nobiliflime vir, et ama
Tuum Pet. Gentium.
Raptim Amftel.
xi. 7bris 1687.
Nobiliiïimo Clariflîmoque Viro
D. D. Christiano Hugenio,
Domino de Selem &c.
à
la
pt Haye.
N= 2486.
E. W. von Tschirnhaus à D. Makreel.
23 AOÛT 1687.
Appendice au No. 2485.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens1').
0 Amice Clariflime.
Abfens fui a meis aedibus ultra 4 feptimanas in Silefia. &c. unde facile colliges
mihi fatis paucum tempus reliquum fuifle, quo vertras litteras, quae ante 4 dies
mihi redditae (licet primae harum ante 3 feptimanas hic receptae fuerint) ut
decet bene expenderem; adeoque quantum per hoc brève tempus mihi licuit
afTequi; hac ratione refponfum générale do: ultra modum D. Voldero obligatus
fum, nam hic perfeftè non folum meum errorem detexit 2) fed et aliqua ex parte
unde meus lapfus originem traxerit; quodque fenfum D. Fatii non reéle fuerim
afTecutus optime perfpexit.
Quoad primum, certum eft me erraffe; quod hac ratione ipfe demonflro. Sint in
praefenti figura quatuor fila curvae defcribendae, DA, AG, AG, CA. Jam fint
') Elle est écrite de la main de D. Makreel.
:) Voir la Lettre N°. 2475.
2l6
CORRESPONDANCE. 1687.
ftnus CT, DW, ab iina parte perpendicnlaris AE ad tangentem aequales finui
duplae VG. ab altéra parte ejufdem perpendicnlaris, proutvult D. Fatio, quod
L M J
P E d
a D. Voldero juxta ejus mentem optime demonftratum (fed fateor ex ejus ob-
jeftione contra me nnllo modo taie qnid fufpicari potnifTem et nefcio num nllus
alins nifi cui haec ipfe indicavit) hoc pofito clarum eft finus hos CT, VG, DW,
vel qnod idem finns TH, VG, WF progreflîonem fervarearithmeticam;acproinde
excefTns hornm aequales e (Te hoc eft: NO aequari OH; Ponamusjam juxta me,
angulos DAG, CAG & PAQ bifariam divifos cfTe per reftas AS, AR, AE: Jam
clarum, angulum RAX five PAE aequari angulo XGV (propter communem X&
reftosR&V, in trianguloRAX,VGX) hoc eft TCX five HCG (propter parallelas
CH et VG) porro patet ob eafdem rationes Angulum VAt five E AQ aequari angulo
SG^ (propter communem t et reétos V et S in triangulis ANt et G S/) hoc eft. angulo
SDW, five GDF (propter paralllelas VG & DW) cum itaque angulus PAE
aequatur angulo HCG, item angulus EAQ aequatur angulo GDF juxta me An-
gulus PAE aequalis angulo EAQ; patet angulum HCG aequari angulo GDF, et
per confequens arcus HG aequatur arcui FG; quod apertè falfum eft, fi ut modo
oftenfum NO aequalis OH, nam hinc quoque OG & oF deberent aequales efle;
Clariflimum itaque eil me in fig. 19 pag. 74 mei Traclatus 3) crrafie verum omnia
reliqua in Articulo tertio de Tangentibus vera funt de quo ftatim. Quoad fccun-
dum : optimè quoque D. Volderus caufTam Erroris perfpexit, quod ego angulum
bifariam efîe dividendum dixerim, cum tamen hoc decerta linea refta ipfi angulo
fubduéta intelligendum eil; fed dixi aliqua ex parte hoc D. Volderum perfpexifie
nam ego infuper duas ejufdem rei fed diverfas ab hac vias id ipfum certo deter-
minandi quoque excogitaveram et quae mihi videbantur eandem conclufionem
formare. Hoc itaque maxime me decepit, quod triplici diverfa via idem videbar
mihi colligerc; et quod magis. quod haec quoad fenfum cum praxi perfeftifiime
videbantur confentire; prout quilibet qui haec tentare velit perfpiciet. Quod
fateor mihi in vita unquam contigifle non memini.
3) \7oir la pièce N°. 2461.
CORRESPONDANCE. 1687. 217
Quoad tertium ubique fenfum in objeftione D. Fatii nullatenus percepi; fed nec
potui, nam certum eit quod ille me nullius erroris fuo ratiocinio convicerit: quod
modo non putabitis me ex pafîione jam loqui, cum errorem meum libère confefïus
fum, id quod lie oitendo. Primum concedo quod mentem ejus non fatis univerfa-
liter expreiïerim dum dixi4) quod fol um Ellipfi quadrarent quae ille perhibet; fed
afïumamus ca quam univerfaliffimè. Sine duo foci D. Fatii A,C, in quae infinita
fila coincidunt. Jam erit DC \/~xx + yy et AD
~\/ aa — iax-\-xx-\-yy^ox\-àmw$ numerum filo-
rum AD e(Te b et numerum fllorum DC oo c.
Erit itaque b\/ aa— aax+xx+yy +
c~\/ xx -ïyy 00 d. Adeoque quicquid ille demon-
ftrat non infinitis çurvis convenit, ut putat, fed
unicae curvae cujus natura modo exprefTa quae-
que quartum gradum non tranfeendit haecque
curva faltem infinitas fpecies fub fe habet; prout datur infinitarum Hyperbolarum
et Ellipfium fpecies pro b et c alios ac alios numéros defignant: fique ponamus
(quem cafum ego faltem confideraveram) b et c aequari;quicunque fint numeri
et proinde quaecunque fila, non nifi ellipfis provenit; eadem ratione: fuperiores
curvae pro varia cognitarum affumptione, ad inferiores gradus quandoque redu-
cuntur; eadem ratione. Elliplis ad circulum quoque reducitur: cum itaque fi rectè
velimus loqui D. Fatio non nifi unicae curvae modo expreffae, quaecunque numéro
fint fila, tangentem hac fua démon ftrati on e exhibuerit; non video certequa ratione
adhuc dum ego aut quicunque alius ullum errorem circa mea (licet aliquiscerto
adfuerit) potuerim ex ejus objeclionc perfpicere : Quod autem hoc de finibus in-
tellexerit cum exprefïe hoc non indicavit id nnllo conj iceri; potui : unde porrofaclum
quod exiflimarem, regulam ejuspropofitam eam ipfam effe quam univerfalem effe
pro determinandis Tangentibus nobis exhibebat; quam ut talem neceffario quoque
falfam debui dicere et oftendere. Quoad litteras D. Hugenii, miror ultra modum
quid dicat in ultimis fuis: expefto indies num quae a D. Tfch. confefîio erroris
adferatur, quae quam diu ceffabit, putabo eum illa animi commotionc nondum
quievifle 5): fane videbit hic contrarium ingeniofiffimus vir, et licet vix 4 dies fint,
quod has litteras, acceperim cece confefïïo erroris mei. Putatne quod error in
mathematicis commiffus mihi mentis tranquillitatem ullo modo turbare poffit,
parum me novit fi hoc de me credat.
Certe non magis hoc me turbaret unquam, quam fi aliquis mihi lapfum, in cal-
culo arithmetico feu ordinario a me commifTum oftenderet, cum Mathefis ad
eandem perfeftioncm redacla ut nimirum aequalis ubique certè calculandi &
aberrandi occafio adlit tam ingeniofiffimo quam imperitifîimo; adeoque hic Inge-
4) Voir la Lettre N°. 2418, à l'article 1. 5) Voir la Lettre N°. 2472.
Œuvres. T. IX. 28
2l8 CORRESPONDANCE. 1687.
nioforum judicium non timeo, aliorum non aeftimo. Praefertim cum licet in cafu
illo particularitcr in fig. 19 aliquis error fit, non ideo erronea funt reliqua quae
in articulo 30 pag. 73 ut et in fine ejufdem articuli pag. 75 dixi 5); haec enim meo
judicio tam praeftantia funt, ut qui haecce reftè introfpicient non fatis hoc inven-
tum exiftimare poterunt, nec credent quod magis ac pax eft hoc extulerim; nam
licet ipfam Regulam tangentes exhibendi non expofuifTem, certum tamen eft
NB7): quods) oftenderim necejTario talem regulam darib) quae univerfaliffima fit
abfolutc pro omnibus curvis (quod exifiimo pauci adhuc perfpicient) non folum
pro Geometrico, fed et omnibus Mechanicis curvis; quod haec facillima omnium
regularum haftenus exhibitarum necefTario efle debeat, quod nullus haclenus de
tali cogitavit, et fimilia: deinde cum fecurus talem regulam certodari, non difficile
Analyfeos perito, eandem detegere, cum jam Tangentes determinandi methodos
univerfales habemus: ubi ex unaquaque tali methodo quafcunque alias methodos
derivare licet, modo quis laborem non fubterfugere velit : adeoque non folum
exiftentiam tam pracilantis methodi ollendi, fed et quia curvarum omnium fim-
pliciffimam genefin aperui, qua ratione, via admodum fimplici eadem pofiïtobtineri;
quae fane talia funt ut licet alius quis illam regulam me ipfo prius detegeret, non
viderem quare non mihi tanquam primo inventori gratias ideo deberent, hocque
judicium non folus habeo, fed in eadem fententia eft D. Leibnitfius qui eadem
mihi fcribit 9).
Quod autem Clariffimus Hugenius exifiimat I0) trifeftionem hic opus efle; video
quod fententiam jam mutavit, nam creâebat inprimis litteris hoc opus efie in fig.
19 e). Jam vero cum ex D. Volderi demonftratione rêvera obfervavit, verum efTe
quod non nifi bifeclione (prout ego quoque- ftatui) opus fit; ad alios cafus hoc
adltringit. Sed certè crede mihi, nil nifi bifeélione vel verius conllruftione per
folas reclas; cum Tangentes determinare, fed fimpliciifimum problema quod D.
Fatio optimè quoque perfpexit, prout in refponfione meae ad D. Fatio, clariffime
id demonllravi. Quod a nullo credo unquam refutabitur. Quod autem D. Fatio
mihi quoque falfafn Regulam affinxerit extra omne dubium eil; nam licet ut D.
Hugenius dicit in fig. 19. Juxtameam erroneam conrtruclionem ArcusFL adLG
fit ut 3 ad 1. ac proindc in reciproca ratione filorum non poterat inde (quod cafu
fe ita habet) D. Fatio colligere, meam regulam univerfalem (quam nondum pu-
6) Voir la pièce N°. 2461. 2c extrait.
") Nous supposons que ce N.B. a été intercalé par Makreel.
) Les mots en italiques ont été soulignés par Chr. Huygens, pour marquer les passages aux-
quels se rapportent ses notes marginales ''), c), rf).
9) Consultez, sur cette lettre de Leibniz à von Tschirnhaus, qui ne paraît par avoir été conservée
et qui contenait des remarques sur la „Medicina Mentis", un passage de la lettre de Leibniz à
Huygens du 13 octobre 1690. On y verra que Leibniz avait reconnu, lui aussi, la fausseté
de la règle de von Tschirnhaus et n'avait pas manqué d'en avertir l'auteur.
10) Voir les Lettres Nos. 2470 et 2472.
CORRESPONDANCE. 1687. 2IQ
blicaveram) fe ita habere, ut fempcr arcus in reciproca ratione filorum effet
fecandus nam contrarium expreffe dixeram,Regulam illam niti continuabifectione:
nam ego ex. gr. in fig. 8, Trium filorum aliiid punBum inveniebam'1'). Juxta con-
ftruétionem fig. 19 deinde itidem aliorum trium filorum aliudpunclum juxta ean-
dem confirai deinde hune ac inter haec duopunctadenuo bifecabam,pro determi-
nanda tangente, atqueficin infinitum: Quid autemjam Itatuam brevi refeies, nam
brevi vobis refponiionem ad objeftionem D. Fatii tranfmittamquae forte non folum
authori fed omnibus Eruditis placebit, fed quia tôt negotiajam mihi incumbunt,
ut fi ad ea cogitem exhorrefeam, non credo quod citius poterit fieri, quam elapfis
6 aut 7 feptimanis : Rogo itaque omnes amicos, quod haec confiderent, et eoufque
cum patientia exfpeftent, conabur enim quantum in me omnibus fatisfacere;
eamque refponfionem, priufquam ea imprimatur cenfurae D. Hugenii, Volderi,
& vobis fubjiciam; hocque ultimum et primum erit quod D. de la Croffe11) impri-
mendum permittam, cum ejufmodi enim viris, qui tam incivili ratione agunt,
nullum commercium ftabilire unquam cogitoI2)Quod dixerim quodTraftatus meus
jejune admodum ab ipfo habitus et permulta a meo fenfu aliéna celata; hoc non
folum a me fed a multis aliis ita judicatum, nec mea refert, fed ad ipfum potius
fpeclat, cum traclatus meus aliis fatis notus fit : adeo ut crederem ipfum mihi ideo
debere obligatum effe. Liber hic ejus mihi ad manus non eft alias fat multos errores
recenferem; fed non opus eil hifee recenfendis, tempus terere. NB. Quaefo ob-
jeftiones D. Fatii contra me quam cito poffibile mihi tranfmittas &c. Quaefo quae
fupra fcripfi D. Hugenio & Voldero infinuare non defines, quibus ipfe refponfum
feciffem, ii temporis anguftia hoc permitteret, meque amare pergas I4).
Kiefling 23 Augufti a0. 1687.
TSCHIRNHAUS.
Ileri Afbeflum incombuitibilem haclenus exeditum lapidem, ipeculo meo
ulterio in vitrum tranfmutavi I3).
") Ad P. Gentium. % 12 Sept. 1687. [Chr. Huygens].
A) non video [Chr. Huygens].
c) imo de fig. 8 ibi hoc tantum affirmavi tam in priore epiilola quam in fecunda
[Chr. Huygens].
rf) nonpoteras fine trife&ione [Chr. Huygens].
") Johannes Grossius, l'un des éditeurs des Acta Eruditoruni. Il mourut en 1692.
12) Nous ignorons la cause de cette sortie contre Grossius, à moins qu'il ne faille la chercher dans
le silence gardé dans les „Acta Eruditorum" au sujet de la „Medicina Mentis". Consultez la
Lettre N°. 2475. note 2.
13) Voir la Lettre N°. 2444.
14) Cette pièce est la dernière que nous publions au sujet de la polémique entre Fatioetvon
Tschirnhaus. Huygens n'y a plus pris part. Ceux qui voudront connaître la réponse de von
220 CORRESPONDANCE. 1687.
N° 2487.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
1 octobre 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2483.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2492.
au L00 le i d'Oftob. 1687.
Quoy que je ne reçoive aucun avis de la Haye touchant les affaires communes,
j'ay cru pourtant devoir faire part de ce que j'apprens icy. Dimanche pafTé
Tschirnhaus à la pièce N°. 2460, telle qu'il la fit paraître enfin en septembre 1688, et la
réplique de Fatio du mois d'avril 1689, pourront les trouver dans la Bibliothèque Universelle
et Historique, aux Tomes X, p. 497 et X III, p. 46. De l'article de von Tschirnhaus, qui a paru
sous le titre:
Réponse de M. de T. aux Réflexions de M. de Fatio de Duillier, sur sa méthode de trouver
les tangentes des lignes courbes, publiée dans son Traité de la RIedecine, de F Esprit & du Corps
communiquée par l'Auteur,
nous ne citerons encore que le suivant, qui se rapporte à la correspondance qui précède et
dans lequel von Tschirnhaus mentionne sa lettre à Huygens du 12 mai 1687, notre N°. 2457: '
„On doit donc savoir qu'avant que M. Fatio publiât ses Réflexions, je savois que j'avois
commis ici quelque erreur, quoique je ne visses pas encore en quoi elle consistoit. Monsieur
Huygens m'aiant demandé pourquoi je n'avois publié que quelques cas pour la détermination
des tangentes, & non la Règle entière, je lui repondit ainsi, avant que je susses rien de l'écrit
de M. Fatio:
Cela enfin est arrivé en partie (ce que je vous découvre avec confiance comme à un Ami sincère")
parce que pendant que fêtais occupé à revoir le tout, autant que mes affaires le pouvoient per-
mettre, pour r envoler £? le donner au public, je soupçonnai que je pouvois ni1 être trompé en
quelque chose, <2f c'est pourquoi je ne voulus pas produire tout le Théorème, mais seulement
jusqu'à r endroit où il me sembloit que je ri avais commis aucune erreur. Je me réservai d 'exami-
ner cela en un autre temps avec application; car vous savez qu 'il 'y a quelquefois des Censeurs
rigoureux, qui ne considèrent point que de semblables choses demandent un esprit fort attentif
(pour cela il faut avoir du temps, ce qui ni1 arrive rarement) & que F Auteur d'un Théorème
peut aisément corriger de semblables bévues & c ."
Ajoutons que dans la seconde édition de la „Medecina Mentis" (voir la Lettre N°. 2466,
note 1) la construction de la figure 19 de la pièce N°. 2461 se trouve remplacée par une
autre, conforme à la règle de Fatio. Sur cette correction l'auteur s'exprime comme il suit :
„Hic autem notandum eft, circa figuram hnne 19. errorem aliquem in primam editionem
irrepfifle, quem animadvertens ingeniofifïïmus & in hifee ftudiis apprimè verfatus Dominas
Fatio de Duilliers eundemque corrigens in egregiam & univerfalem incidit regulam, ope
centri gravitatis fimile quid praeftandi, quâ de re, fi ita placet videri ea pofiunt, quae ejus
caufà nos inter afta fuerunt, infertaque traftatui, qui inferibitur Bibliothèque Universelle
Ann. 1687. Tom. 5. pag. 25. Quia autem, dum in demonftrationem alicujus theorematis in-
quirimus, circa figuras Mathematicas occupati non facile ad pondéra & gravitatem refpicimus,
inde faftum eft ut nullatenus taie quid hîc fubefle fufpicarer, fed per laudatum illum virum
CORRESPONDANCE. l68/\ 22 1
vindrent icy Rademaecker et noftre Procureur van Lith, qui me dirent quayants
elle pour recommander encor à l'Amptman ') et a Mr. Verbolt Bourgemeftre de
Nimegue et Prefident du quartier cette affaire du fubfide que devoyent demander
ceux de Zulichem pour la digue au dit quartier ils ne trouvèrent pas auprès de ces
Mess.rs la la facilité que Rademaecker s'elloit toujours promife. Ils firent fem-
blant d'être bien intentionnés mais toujours en adjoutant qu'ils ne pouvoyent pas
faire la chofe eux feuls. Particulièrement l'Amptman faifant cette difficulté, fou
beaufrere et confident le Sr. d'Enfpijc lé trouvant auprès de luy dit que c'elloit
une chofe a laquelle il ne devoit jamais confentir, quoy qu'il foit confiant que
dans le Bommeler-weerdt il n'a pas un pied de terre. Ces gens la voyant ces
obitacles ne trouvèrent pas à propos de prefenter la Requelle de la part duVillage,
prévoyants un refus, et s'en vindrent icy pour me dire qu'il falloit auoir recours
au dernier expédient, fcavoir de faire efcrire Mr. le Prince au quartier et a Ver-
bolt2) et nous tombafmes d'accord que Ion feroit efcrire le dijckgraef Kockenghe a
S. A. pour luy remonlfrer l'importance de cette affaire et la neceffité qu'il y avoit
de faire contribuer tout l'Ampt du Bommelerweerdt pour une chofe dont la con-
fervation dependoit pour une bonne partie et pour le difpofer a vouloir paroitre
dans cette occafion. Cette lettre devoit eftre icy il y a deux jours mais il n'elt
encore rien venu. Cependant il femble que les InterefTés dans la digue ne voudront
pas en venir a l'ouvrage de la kribbe fi ce fubfide n'elt accordé pour maintenir
cependant la digue au lieu ou elle eft, et je voy bien que RofTum a tant de crédit
auprès du dijckftoel et du dijckgraef que la refolution du Cieringh du Sinck-
packingh aura bien de la peine a être mife en exécution s'il ne voit venir ce fubfide.
Il faudra voir ce qui en arrivera.
admonitus attenté rem confiderando illicè demonftrationem liane detexi, credidique eam ipfam
procul dubio elfe, in quam ifte incidifTet. Aft ex ultimâ ejus refponfione percepi, demon-
ftrationem meam multô adhiic elfe faciliorem, ac quae ab Eodem publicata extat, prout fuo
loco oftendam."
Voulant ensuite renchérir sur Fatio, von Tschirnhaus expose une méthode des Tangentes
qui s'appliquerait au cas plus général de courbes dans lesquelles, au lieu de la nomme des
rayons vecteurs partant de quelques foyers, la somme de leurs n-iémes puissances serait con-
stante. Malheureusement sa méthode, exacte, quoique moins élégante que celle de Fatio, pour
le cas »=i, ne Test plus pour d'autres valeurs de «,à moins que les foyers ne soient situés sur
une même droite et que la transversale sur laquelle von Tschirnhaus mesure ses grandeurs
/', g etc. ne soit parallèle à cette droite. Fatio, au contraire, avait donné dans sa réplique,
citée plus haut, deux constructions différentes, l'une et l'autre élégantes et valables pour
toute valeur de ;/ et pour une situation quelconque des foyers.
') Van Elst, voir la Lettre N°. 2483.
:) Voir, sur Verbolt, les Lettres Nos. 2351 et 2352.
222 CORRESPONDANCE. 1687.
Il fait icy un temps très vilain et je croy que la ou vous elles il ne fait gueres
beau. Mr. d'Ablancourt 3) eft arrivé avanthier et nous débite fa Géographie. Dr.
Stanley elt party ce matin pour aller en Angleterre d'où il m'apportera quelques
livres que j'ay marqués dans les Transactions.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaen Huijgens
Haghe.
N= 2488.
Christiaan Huygens à A. de Graef.
3 OCTOBRE 1687.
La lettre et la copie se trouvent à Le/tien, coll. Huygens.
Hage 3 Octi 1687.
Mijn Heer de Graef.
Zijnde tegenwoordigh befigh met de Journaelen en de aenteeckeningen, door
UE. foon ') aen mij behandight te examineren, waerinmijmijneindifpofitielangh
belet heeft, foo vindt ick dat Th. Helder in het boeck van fijne uijtreekeningen
als mede in de copije die hij daer van in 't net gefehreven heeft, fich refereert tôt
feeckere Aenteijckenlngen van V verfchil der Lengden, feggende aldus
Den 8 October 1686 hebbe ick wederom de eerile obfervatien genomen uijt
een felfde kamer alwaer de horologien geplaetlt waeren, en daer nae noch vier
verfcheyden tôt op den 15 dito defes, dat het horologie A quam ftil te ftaen,waer-
van de reden bekent ftaen in de aenteeckeningen van 't verfchil der Lengden.
Nu foo en vinde ick in de 5 boecken die mij ter handt geftclt lijn geen andere
aenteijckeningen van Th. Helder2) aengaende het verfchil derLenghde als in fijn
Journael 't welck eyndight den 16 Sept. 1686, als wanneer aen de Cacphet ancker
lieten vallen. Want behalven dit boeck en de twee hier boven gemelt, vervattende
fijne uijtreekeningen tôt onderfoeck van de gangh der horologien hebbe niets
3) Voir la Lettre N°. 2431, note 3.
') Isaak de Graaf; voir la Lettre N°. 2398, note 3.
:) Voir la Lettre N°. 2407, note 2.
CORRESPONDANCE. l68?.
anders van Th. Helder als noch een boeck van obfervatien hoe fich de horo-
logien tegcns malkanderen hebben gehouden tôt den <i Oftober. Dit doet mij dan
dencken dat of onder UE. foon ofte iemant anders noch eenigh gefchrift bij
hem naegelaeten is beruftende. Daerom is mijne bcde dat indien UE. 't felve
*t uwerhuyfe hebtof vveet te bekomen my daervan 't geficht te gunnen, op dat ick
des te beter bericht moghe doen aen de Heeren Bewinthebbers. Van de Infiructie
die ick aen Th. Helder hebbe medegegeven 3) alsoock vanden tochtnaerCandia4)
hebbe ick copye gehouden, daerom is niet nodigh dat UE. mij defelve overfende.
Voorts in 't doorfien der Journaelen fijn mij al verfcheyde dinghen in den (in
gekomen, aengaende welcke UE. foon mij lichtelijck eenigh bericht fal konnen
doen 't welck dan op hem mits dcfen verfoecke, als te weten naementlijck hoe
het komt dat den 20 April van de Caep vertrocken fijnde, fijn aenteyckeningen
omtrent de gangh der horologien eerft beginnen met den 25. e maj. Of Th. Helder
in de weerom reys, niets van de Lengden heeft aengeteijckent.
Of aen de afîen daer de yfere ramen op draeyen en de gaten waerin die
draeijen geen flijtagie gemerckt heeft.
Of de fijden draeden daer de pendula aen hangen oijt verfleten en gebrocken
fijn, foo als den horologiemaecker van der DufTen mij heeft verhaelt. Want hier
van en fie ick geen gewagh gemaeckt in al de aenteyckeningen, die onder mij
hebbe.
UE. fal mij vrundfchap doen van mij metten eerrten hierop antwoordt te laeten
toekomen, welcke verwachtende blijve
Mijn Heer
UE. Dienftwill. Dienaer
3) Voir la pièce N°. 2423.
4) Voir la Lettre N°. 1 7^5, note 1 2.
224 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2489.
Christiaan Huygens a l'Auteur des Nouvelles de la République
des Lettres.
8 OCTOBRE 1687.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens1').
La pièce a été imprimée dam les Nouvelles de lu République des Lettres 2).
's Gravesande en a ■publié une traduction lutine ").
8 Oft. i687")-
Solution du Problème propofè par M. Leibnitz 4)
dans les nouvelles de la Republique des Lettres du
Mois de Septembre 1687*)-
Trouver une ligne de defeente, dans la quelle le corps pefant defeende unifor-
mément et approche également de l'horizon en temps égaux 5).
') Page 297 du Livre F des Adversaria.
2) Article VI de la livraison d'octobre 1 687.
3) Chr. Hugenii Opéra Varia, p. 290. 4) L'imprimé a : M. L.
5) Dans les Acta Eruditorum du mois de mars 1686, Leibniz avait fait insérer l'article suivant:
G. G. L. Brevis demonstratio erroris memorabilis Cartesii & aliorum circa legem naturae,
secundum quam volunt a Deo eandem semper quantitatem motus conservari; qua & in re
mechanica abutuntur. Communicata in litteris d. Jan. 1686 datis.
Leibniz y démontra que ce n'est pas la force mouvante (vis motrix) ou la quantité de
mouvement (quantitas motus), le produit de la masse par la vitesse, mais la force élévatrice
(vis reassnrgendi vel elevandi), le produit de la niasse par le carré de la vitesse, qui se
conserve dans la nature.
Ce principe avait déjà été énoncé longtemps auparavant par Huygens à l'occasion de ses
lois du choc des corps durs; dans son Horologïum Oscillatorium il s'en était servi comme
base de sa théorie du pendule composé.
Dans le courant de son article, Leibniz, en faisant observer combien il était étrange que ni
Descartes, ni les Cartésiens, viri doctissimi, n'avaient pensé à une démonstration aussi simple,
s'était permis la remarque suivante : Quant aux Cartésiens, je crains que quelques-uns parmi
eux ne commencent à imiter la plupart des Péripatéticiens qu'ils tournent en ridicule, c'est-
à-dire qu'ils s'habituent à consulter, au lieu de la droite raison et de la nature des choses, les
livres de leur maître. Leibniz termine son article en disant que l'erreur des Cartésiens a été-
la cause que quelques „viri docti" avaient récemment mis en doute la règle Ilugenienne des
centres d'oscillation du pendule.
L'abbé de Catelan, Cartésien fervent, mis ainsi personnellement en cause (voir sa polé-
mique sur les centres d'oscillation au Tome VIII), paraît avoir pris feu à l'occasion de cette
réprimande. Il a fait insérer dans les Nouvelles de la République des Lettres du mois de
CORRESPONDANCE. 1687. 225
Solution c).
Si l'on vouloit que le corps pefant commençait a fe mouvoir5) dans cette ligne
depuis le repos; elle feroit impoflible. Mais fi le corps eft fuppofè avoir quelque
mouvement, quelque petit qu'il foit, comme par exemple celui] qu'il acquiert en
tombant de la hauteur perpendiculaire AB7) alors la ligne courbe BC, qui eft telle
que le cube de BD prife dans le diamètre depuis le fommet B8), foit égal au
folide du quarrè de l'appliquée DC 9) et de la hauteur de £ AB fatisfera au
problème.
Mais outre cette ligne BC il y a une infinité d'autres du mefme genre et aifées a
trouver, [comme BE, BF, BG par les quelles ce mefme corps, tombe du point A,
approchera encore également de l'horizon ainfi qu'il eft requis, mais plus lentement
que par BC] I0).
Que fi BD eft double de BA, le temps de la defcente par Fefpace BC fera égal
a celuy de la chute par AB.
H. D. Z.
Ces autres font ai fées a trouver, parce que par ex. fi le poids tombe du point
septembre 1686 un article, précédé d'une traduction de l'article cité de Leibniz et intitulé:
Courte remarque de M. l'Abbé D. C. où l'on montre à G. G. Leibnits le paralogisme con-
tenu dans l'objection précédente.
Leibniz a répondu par un article dans le numéro de février 1687; de Catelan a répliqué
dans le numéro de juin, et la controverse s'est enfin terminée par un article de Leibniz dans le
numéro du mois de septembre 1687 des Nouvelles de la République des Lettres. C'est à la fin
de ce dernier article que Leibniz propose le problème, dont traite notre pièce, en ces termes:
„J'adjouteray seulement, comme hors d'œuvre., que j'accorde à M. l'abbé qu'on peut estimer
la force par le Temps, mais c'est avec précaution. Par exemple on connoît la force acquise,
par le temps que le corps pesant a mis à l'acquérir en descendant, pourvu qu'on sçache la
ligne de descente; car selon qu'elle est plus ou moins inclinée le temps changera: au lieu qu'il
suffit de sçavoir [la hauteur du point de départ] pour juger de la force que le corps a acquise
en descendant de cette hauteur. Or cette variété de temps m'a fait penser à un fort joli pro-
blème, que je viens de résoudre présentement & que je veux marquer ici, afin que nôtre
dispute donne quelque occasion à l'avancement de la Science: Trouver une ligne de descente,
dam la quelle le corps pesant descende uniformément, «S? approche également de rhorison en
temps égaux. L'Analyse de Messieurs les Cartésiens le donnera peut être aisément."
6) L'imprimé a: commençai!: à defcendre. 7) Voir la figure de la page suivante.
8) L'imprimé a par erreur: le cube CD, perpendiculaire fur AB prolongée. La version
correcte, que nous avons donnée dans le texte, n'a été inscrite qu'après coup dans le ma-
nuscrit, qui d'abord était identique avec l'imprimé.
9) L'imprimé a : du quarré de BD.
10) Au lieu des mots mis en parenthèses, l'imprimé a : qui feront le même effet; c'eft-à-dire
que le corps pefant après la chute par AB, defcendant par ces lignes, approchera
encore également de l'horizon en temps égaux, mais plus lentement que par BC.
Œuvres. T. IX. 29
ii6
CORRESPONDANCE. 1687.
K également haut avec A, fur le point H de la
courbe BHC, il efl: certain qu'il continuera
d'approcher également du plan horizontal
moiennant pourtant qu'il réfléchi (Te en H contre
un plan LM. Car il acquiert la mefme vitefle
par KH que par ABH. Plaçant donc le point H
en B et HK depuis B en haut, on aura une
defcente égale par HC tranfpofée. Mais a fin
que la chute viene de A, il ne faut que placer
une courbe proportionelle qui ait le mefme
raport à la longueur AB, que la courbe HC a la
longueur KH.
") Envoyée à l'autheur des Nouvelles, qui l'y a inférée. 06tobr. 1687. nov. [Chr.
Huygens].
b~) Ces nouvelles n'avoient paru en public en cette ville que le 6 Nov. [Chr.
Huygens] .
f) Voyez le calcul de la Solution du Problème, mis au net au livre G. [Chr.
Huygens].
N2 2490.
Christiaan Huygens.
[septembre 1690].
Appendice I au No. 2489.
La pièce se trouve à Leideti, coll. Huygens1).
Elle a été publiée par P. J. Uyknbroek 2).
Problema propofitum a D. Leibnitz in diario Eruditorum
(nouvelles de la République des Lettres) menfis Sept. 1687.
Solutionem, quae admodum extat in libro F verfus finem 3), mifi ad authorem
diarii, qui eam inferuit menfe 061. ejufdem anni 1687. Vide quae hac de re habet
') Dans le livre G des Adversaria, p. 47. D'après le lieu qu'elle occupe, elle doit avoir été écrite
en septembre 1690. Elle représente probablement une rédaction plus soignée delà solution
originale de 1687. Plus loin dans le même livre, p. 76, on rencontre une autre solution que
nous reproduisons dans un second Appendice, le N°. 2491.
2) Uylenbroek dans les Chr. Hugenii Exercitationes mathematicae, Fasc. II, n'a pas reproduit
l'en-tète de la pièce. Sa rédaction commence par les mots : „Sit invenienda curva ACE."
3) Voir la pièce N°. 2489.
CORRESPONDANCE. l68/\
22
7
Leibnitfius in Aélis Erud. Lipfienfibus a.i 89 pag. 195 4) et ai 90. p. 358 5).
Itemque Bernoulius in iifdem Aftis a.i 1690. p. 218 6).
Sic invenienda curva ACE, per quam devolutum grave corpus defcendat aequa-
libus fpatiis horizontem verfus per temporis partes aequales.
Hoc fieri nequit incipiendo defcenfum a fummo curvae punc"to A, quia five per
reclam inclinatam ad horizontem, five perpendicularem, femper, per prima tem-
pora minima aequalia, erunt fpatia peracla ut 1,3,5, 7-> etc- Curvae autem minima
particula tamquam recta cenfetur. Oportet itaque celeritatem aliquam mobili jam
acquifitam priufquam ab A defcendat. Ponatur ergo defcendifTe per BA.
Et in perpend. AD intelligantur particulae aequales AT, TV, VX, XFetc., et
ducantur ad curvam horizontales TR, VS, XH,FC, etc. Jam accipiendo particulas
curvae AR, RS, SH, HC tanquam rectas, per quas mobile defcendere pergat polt
cafum per BA, peragi oportet has particulas temporibus aequalibus, quia fie mobile
aequalibus intervallis horizontal i piano appropinquabit. Pcragentur autem tempo-
ribus aequalibus, fi eadem proportione crefeant earum longitudines, quâ augentur
4) Dans cet article d'avril 1689, Leibniz fit connaître sa solution du problème. Sur celle de
Huygens il s'exprime en ces termes: Sed ejus loco (c'est-à-dire au lieu de l'abbé de Catelan
auquel il s'était adressé plus particulièrement en proposant le problème du N°. 2489) pro-
blema hoc sua opéra dignum judicavit Vir celeberrimus Christianus Hugenius, cujus solutio
meae prorsus consona extat in Novellis Reip.Literariae Octobr. 1687, sed snppressa demon-
stratione & explicatione discriminis inter diversas lineas ejusdem ut ait generis, quas satisfa-
cere notât. Haec igitur ego supplere hoc loco volui, facturns citius, nisi aliquid a Domini
Abbatis industria expectavissem".
5) Ce dernier article ne contient, sur le problème en question, qu'une approbation de la solution
donnée par Jacques Bernoulli dans les „Acta" de 1 690.
6) Voir la pièce N°. 2491, note 1.
228 CORRESPONDANCE. 1687.
celeritates, ut facile perfpkitur. Sunt autem celeritates in punétis curvae fingulis
ficut ipfis refpondentes applicatae in parabola KNM, pofito verrice parabolae K
eadem altitudinè ac punctum B, et axe KO parallelo BD. Ergo et longitudines
particularum curvae, AR,RS,SH, HC, eadem proportione crefcere debent atque
applicatae illae incipiendo ab LM. Sit MP parallela LO. Et réfèrent partes
aequales applicatarum, rectangulo MO inclufae, rectas omnes particulas AT, TV,
VX, etc. ipfae vero applicatae in parabola integrae inter LM et ON, réfèrent omnes
particulas curvae, AR, RS, SH, etc. Eritque femper ut YZ ad AZ, quae aequalis
ML, ita particula refpondens curvae HC ad reclam XF, quia prima particula AR
aequalis cenfetur AT, ficut applicata ML aequalis eft lateri ML reftanguli MO.
Sit SG perpend. in HX, fimiliterque a caeteris curvae interfectionibus in proxime
fubjectas horizontales ductae intclligentur perpendiculares. Jam cum fint inter fe
YZ ad ZA, ficut SH ad VXfive SG, erit et quadr. SG ad differentiam quadratorum
SH, SG, hoc eft ad quadr. HG, ficut quadr. AZ ad differentiam quadratorum YZ,
AZ; five ut quadr. ML ad differentiam quadratorum YZ, ML. Sit vertice L axe
LO parabola LnQ fimilisKMY,hoc eft idem latus rectum habens, quae fecet ap-
plicatam ZY in 11, erit jam quadr. YlZ aequale differentiae quadratorum YZ, AZ
five quadratorum YZ, ML, ut facile oftenditur. Ergo erit jam quadratum AZ ad
qnadr. ltZ, ut quadr. SG ad quadr. HG. Et proinde etiam AZ ad YlZ longitu-
dine, ut SG five VX ad HG, atque ita omnes applicatae in parabola LnQ réfèrent
omnes SV, HG, etc., fibi refpondentes altitudinè. Ideoque erit fpatium femipa-
rabolae LllQO ad rectang. MO ficut omnes SV, HG, etc., hoc eft recta ex iis
compofita ED ad rectam DA.
Sit BA vel KL = a. Latus rectum parabolarum r. Item AD = x. DE = y.
Eft ergo OQ = \/rx, et fpat. femiparabolae LQO = | rectang. LO, OQ,
hoc eft = | x \/rx. Rectangulum vero MO = x \/ ar. Ergo | x \Srx ad
x\/ ar ut y ad #; unde |^v2 = x3. Unde liquet curvam ACEefTe paraboloidem,
in qua quadrata applicatarum ad axem AD funt ut cubi abiciflarum inter appli-
catas et verticem A, cujus latus rectum = | BA.
CORRESPONDANCE. 1687. 229
N= 2491.
Christiaan Huygens.
1690.
Appendice II au No. 2489.
La pièce se trouve à Leitlen , coll. Huygens *).
Problema Leibnitsii de aequali defcenfu in curva, fuperius
refolutum, etiam hoc modo invenitur *)•
\/ ra + rx : \^ra = \/z2 -f- u2 : z
ra + rx : ra = z2 + u2 : z2
rx : ra = u2 : z2
\/~rx : J/V<2 z=z u : z
]/x : j/^ = u :z
z \Sx — u \f a = o
%x\/ x=y \/ a
%x^—f a
x*z=% af
') Au livre G des Adversaria, page 76.
2) En ayant égard à ce que les u et 2 de Huygens sont identiques aux dy et dx de Leibniz, on
reconnaîtra facilement, dans ce qui suit, une solution essentiellement moderne et plus simple
que celle que Jacques Bernouilli publia dans les „Acta Eruditorum" du mois de mai 1690,
page 217 et suiv., dans l'article intitulé:
J. B. AnalyfisProblematis antehacpropofiti, de inventione lineae defcenfus acorpore gravi
percurrendae uniformiter, fie ut temporibus aequalibus aequales altitudines emetiatur; & al-
terius cujufdam Problematis Propofitio.
Ce dernier problème était celui de la chaînette, auquel nous aurons l'occasion de revenir.
230 CORRESPONDANCE. 1687.
Ns 2492.
Christiaan Huygens, à Constantyn Huygens, frère.
9 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2487.
Consl. Huygens y répondit par le No. 2494.
A la Haye ce 9 Oct 1687.
J'ay elle occupé depuis quelque temps et le fuis encore a examiner les Journaux
et remarques de ceux qui ont eftè avec mes horloges au Cap de B. Efp. ce qui eft
caufe que de quelque femaines vous n'avez pas eu de mes lettres. Aufll bien vos
dernières ne demandoient pas neceffairement de refponfe, ne contenant que les
relations de ce qui s'eft pafTè dans les affaires de Zulichem. Il faudra voir quel
effect aura fait la lettre de Kockenghe à S. A.e qui fera arrivée depuis voftre
dernière, et fi elle voudra appuier la requefte pour le fubfide. Le Receveur de
Zulichem1) m'efcritque l'eau y eft extrêmement haute et la digue de van Genderen
en danger d'eftre enfoncée s'il arrivoit quelque vent de nordweft. Mais comme il
eft tourné a l'Eft depuis quelques jours je croy que les eaux en feront maintenant
devenues plus baffes.
J'eus hier une lettre de Defroij 2) que je vous envoie avec la copie de la fentence
de la Cour de Gueldre, ou vous verrez que jufques la noftre affaire a bien fuc-
cedè, et qu'elle eft hors des mains de nos juges de Bommel. Vos deux lettres a
Ripperda et Neuijen vinrent trop tard, quoy que je les euffe depefehees auffi
tort qu'elles furent arrivées. Je vous les envoie parce que peut eftre les mefmes
pourront fervir cy après en changeant la date.
Il feroit temps de faire dreffer le Catalogue de nos livres de la Bibliothèque 3).
C'eft pourquoy fi vous le trouvez bon j'en parleray a Troyel4), qui a fa boutique
dans la grande fale, et eft fouvent emploie a de telles auftions. Nous avions
trouvé le frère de Rotterdam 5) et moy de la difficulté a faire dreffer ce Catalogue
*) Probablement Jan van Genderen, fils. Voir la Lettre N°. 920, note 7.
2) L'avocat de Froy est mentionné encore dans la Lettre N°. 2352.
3)* Un exemplaire de ce catalogue se trouve dans le Muséum Meermanno-Westreenianum à
la Haye. M. W. G. C. Byvanck, le directeur, a eu l'obligeance de nous en communiquer
le titre:
Catalogus rariorum &; Infignium in oirmi Facultate & Lingua Librorum, RibliothecaeNob.
Ampliflimique Viri Conftantini Hugenii Zulechemii &c. Toparchae et dum viveret, Sere-
niffimi Araufionenfi Principis Confilii Praefidi. Quorum auétio habebitur Hagae Comitis
in Officina Abrabami Troyel Bibliopolae op de groote Zael van 't Hof. Ad diem Lunae
15 Martius 1688. Hagae Comitis. Apud Abrahanum Troyel, Bibliopolam. 1688.
4) Abraham Troyel, voir la note 3.
5) Lodewijk I luygens. Il s'était établi à Rotterdam comme député à vie de la ville de Gorincliem
au collège de l'Amirauté de la Meuse.
CORRESPONDANCE. l6Sj. 23 I
en forte que nous enflions un chacun de nous trois le provenu de fes livres, et il
propofoit de les mettre en commun. Mais comme je ne croiois pas que vous
feriez de cet avis, et qu'il me femble aufli mieux que fuum cuique tribuatur, j'ay
penfè a u^moijen de faire que cela foit ainfi, fans qu'il paroifle pourtant aucune
diltinftion au Catalogue. Mais il faudra que j'en inflruife le libraire et que je tiene
l'oeil alors qu'il y travaillera. Le frère fe plaint plus que jamais de fon mal ce qui
fait qu'on ne luy peut guère parler d'affaires. Il faudra pourtant faire quelque
project pour nollre Partage, et je m'en vay le voir aujourdhuy la deflus.
Vous aurez entendu la malheureufe affaire de Joncker van Leeuwen6), qui
apparemment aura de mauvaifes fuites pour luy, foit que le fils de Mr. van der
Hooghe en réchappe ou non. Mad.e van den Bofch me conta hier qu'après cette
belle action il eftoit venu danfer au bal chez elle et qu'il eftoit bien yvre, mais
qu'on le vint avertir de ce qu'il avoit fait, et qu'alors il s'en alla, ou fut amené
par fon valet.
Il y a des gens qui veulent entreprendre de faire reprefenter des Opéra icy a la
Haye durant cet hijver, pourvu que Mr. le Prince leur veuille accorder l'ufage
du Théâtre au Buijtenhof, dont je ne croy pas qu'il fera difficulté fi ce n'eft qu'il
ait deflein de faire venir des Comédiens, a quoy ou dit qu'il n'y a point d'appa-
rence. Lon en a efcrit a Mons.r d'Ouwerkerck 7) et l'on m'a prié de vous recom-
mander aufli cette affaire, parce que l'on fçait que je fuis amateur de la Mufique.
Mais par malheur vous ne l'elles pas la moitié autant.
Je viens d'apprendre que le fils de Mr. van der Hooghe fe trouue mieux et
qu'on le juge hors de danger.
Ns 2493.
Varignon à Christiaan Huygens.
IO OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Monsieur
Je ne puis faire imprimer un livre de Mathématique1) fans prendre l'occafion
d'en rendre un hommage au plus grand Mathématicien de notre fiécle.C'eftmême
6) Pieter van Leyden van Leeuwen, fils de Diderik l'ami de Constantyn Huygens, père. Il était
né le 25 octobre 1666 et devint dans la suite conseiller, échevin et bourgmestre de Leiden.
L'empereur d'Allemagne le créa comte du Saint-Empire Romain. Il épousa Alkla van
Ruytenburg et, en secondes noces, Helena de Haze. Il mourut le 29 mars 1736.
7) Hendrik van Nassau. Voir la Lettre N°. 801, note 6.
') L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2479, note 9.
1^1 CORRESPONDANCE. 1687.
une reconnaiflance que je vous dois Monfieur pour tout ce que j'ay appris dans
les excélens ouvrages que vous avez donnez au public. Vous y avez joint la plus
fine fpeculation à une pratique très utile, c'eft à dire que vous avez réuny en vous
deux talens qui comprennent toutte la vafte étendue des Mathématiques. Comme
je ne prens pas pour exemple ce que je ne puis qu'admirer, je n'ay pas prétendu
à ce double mérite dont je reconnois toutte la difficulté; jay borné jufqu'icy a la
feule fpeculation l'étude que jay faite de la Mechanique, & cette fpeculation
même eit encore trop imparfaite pour mériter un autre nom que celuy de projet
ou d'Efiay, peut-être deviendrait elle quelque chofe de plusconfidérable, fi j'ofois
efpérer Monfieur que vous me fiffiez l'honneur de m'en marquer les défauts,
& de mouvrir les voyes qui pouroient fervir à la pouffer plus loin : mais ce feroit
vous en demander trop pour un homme obfcur & inconnu qui doit fe tenir trop
heureux que cet ouvrage luy foit une occafion de vous afleurer qu'il eft avec un
profond refpeft
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiffant feruiteur
P. Varignon.
De Paris ce 10 oétob.
1687.
Hollande
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
De L'académie Royale des Sciences de Paris
A la Haye2).
h b
2) Sur l'adresse se trouvent notés, de la main de Chr. Huygens, les mots: après la tempeste
b h
cruelle qu'excite les soupçons jaloux.
CORRESPONDANCE. 1687. 233
N= 2494.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
13 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2492.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2300.
du Loo le 13 d'Octobre 1687.
Je reçus hier la votre du 9. et fuis fort aife de voir que vous vous portez bien.
Comment eft ce que vous ne m'avez rien dit de l'étrange accident qui vous eft
arrivé avec ce voleur François ? Je prens trop de part a tout ce qui vous regarde
pour que vous ne m'en fiffiez rien fcavoir. C'eft un furieux dommage qu'on n'a
pas pu s'afTeurer de la perfonne de ce voleur qui afTeurement a eu fes complices
et a creu vous voler dans votre chambre fâchant bien que dans tout le refte de la
maifon il n'y avoit pas grand chofe à prendre.
Je vous renvoyé la lettre de l'advocat du Froy et y adjoute une autre de van
Lith que Raedemaecker me porta l'autre jour; elle ne contient pas grand chofe
mais il faut la mettre avec les autres. Le danger de la digue dont il parle n'a pas
elle fi grand comme il le fait, mais quoy qu'il en ait efté les eaux ont extrefmement
baiïïe depuis ce vent d'oft.
Mr. van Rofïum et nos gens ont trouvé bon que le village de Zuylichem pre-
fentaft une Requefte a l'Ampt de Bommeleweert pour le fubfide, l'amptman et
Verbolt n'ayant pas voulu trouver bon qu'on le fift au quartier et ce pour des
Interefts de van der Elft qui a ce que dit Raedemaecker prétend d'attraper quel-
que chofe pour luy. Pour féconder cette Requefte je croy que nous aurons une
lettre de S. A. dont Randwijck ') luy a parlé et que j'ay defja prefte pour eftre
fignée. Il y a apparence qu'elle fera du bien.
Pour le Catalogue des Livres qu'on vendra je croy auffi qu'il eft temps de le
faire. Il faut afTeurement que chacun connoifle les Siens au Catalogue, et pour
cela il y a afTez de moyen. Il me femble qu'il faudroit premièrement faire un
Catalogue par exemple des miens. Puis a chafque clafTe ou Profeffion adjoufter
ceux qui en font en voftre partage en mettant feulement au premier une étoile ou
autre petite marque et ainfi du refte. St. Annel.t 2) eftant icy me dit que le frère de
Rotterdam 3) fe portoit mieux et fe trouvoit afTez bien mais mon petit Tien 4) me
*) Voir, sur Randwijck, la Lettre N°. 2480, note 2.
2) Philips Doublet.
3) Lodewijk Huygens.
4) Constantyn, le tils unique de Constantyn, frère, né le 5 février 1674. Il mourut à la Haye,
en octobre 1697.
Œuvres. T. IX. 30
234 CORRESPONDANCE. 1687.
dit dans fa dernière lettre Patruas adhuc œgrotat et amita femper plorat, mais
comment fe porte-t-il donc ou quel efl: le mal qui le prefTe fi fort?
Voyez quel fafcheux malheur ce feroit s'il venoit a mourir avant que notre
partage fufl fait et s'il falloit avoir a faire a des Tuteurs. Cela efl: bien terrible
qu'on a voulu traîner cette affaire fi long temps et fans fcauoir pourquoy. Car ces
accroches du prix de Zeelhem et de l'apparence que S. A. viendroit chercher cette
terre font des chofes de rien comme l'événement le fait bien voir.
On ne parle pas trop avantageufement icy de l'affaire de Broer Pieter et
comme j'ay ouy dire que Ion a informé et qu'on traitte la chofe de criminelle je
ne fcay quel ply cela pourra prendre fi la chofe efl pouffée par les Parents de van
der Hooghe.
J'ay oublié de parler a Ouwerkerck touchant l'Opéra mais le feray a la première
occafion mais de quel cofté viennent ces Operateurs ? ne font ce pas des relies
de cette trouppe qui a joué a Amfterdam.
Monfieur d'Ablancourt efl: toujours icy et parle d'un traité qu'il a entre les
mains de la mufique des anciens. C'eft un homme de bonne Compagnie.
Dr. Stanley efl allé en Angleterre et me portera encore des livres curieux. Il
ne revient que vers le temps que nous irons a la Haye c'eft a dire dans un mois
d'icy.
CORRESPONDANCE. l6Sj. 235
N° 2495.
P. E. Vegelin van Claerbergen à Christiaan Huygens.
21 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leidcn, coll. Huygens.
1 1
de Lewarde ce : Oclobre 1687.
1 1 '
Monsieur
Depuis que ie nay eu l'honneur de vous veoir i'ay informé Monfieur de Frey-
bergue de toutes les chofes curieufes que vous auez eu la bonté de me dire. Cela la
engagé en eferire une fort honneft lettre dont ie vous en envoy un extrait ') auec
la très humble prière que ie vous fais de fa part et de la mienne de vouloir fatis-
faire a fa curiofité et a la mienne, en nous apprenant ce que ceft que cefte manière
de cheminée 2) dont la fumée femble navoir pas d'ifluë. Nous vous fupplions
encore Monfieur de nous apprendre quand voftre liure des Académiciens 3) doit
eftre imprimé, et chez qui nous en pourions auoir des exemplaires, ce qui nous y
follicite eft que nous nous promettons le plaifir, dy veoir les productions de voftre
bel efprit, et les decouuertes que vous faites dans les fecrets de la nature et de
la feience. Monfieur Freyberg4) comme vous le verrez fouhaitte ardemment de
veoir celuy qui par un dé plein de poudre [peut] faire lever 1600 *\è de pefenteur
ce qui luy paroift comme incroyable 5).
Je ne dois pas oublier que Monfieur Fullenius ma très recommandé de vous
faire fes très humble baifemains. Et ie vous prie lors que vous verrez Mefiicurs
d'Ablancourt et de Burnet 6) de les afleurer que iay beaucoup de refpecl et de
vénération pour eux. Jay auïïy pour vous les mefmes fentiments, puis que Je fuis
parfaittement
Monsieur
Voftre tref humble et trefobeiffant ferviteur
Vegelin de Claerbergen.
') Voir l'Appendice I, N°. 2496.
2) Voir la Lettre N°. 2447, note 6.
3) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2432, note 1.
4) Consultez, sur Frybergen ou Freybergen, conseiller du prince d'Anbalt-Dessau, la Lettre
N°.233o.
3) Consultez la Lettre N°. 2425, note 1. C'est évidemment à l'occasion de l'article des Nou-
velles" que l'attention de Freybergen a été de nouveau attirée vers la machine à poudre à
canon de Chr. Huygens.
6) Sur d'Ablancourt et Burnet, voir les notes 2 et 3 de la Lettre N°. 2431.
236 CORRESPONDANCE. 1 687.
P. S.
On doit bien craindre qu'on n'attente a la vie de ceft illuftre Monlieur Burnet
dans un fiecle où les perfonnes injuftement irritez ne font ny fcrupule ny con-
fcience de fe feruir des fcelerats pour faire un mauuais coup et en vérité Monfieur
il deuroit prendre guarde a luy de ne fe hazarder pas a rentrer de nouitny a man-
ger chez des perfonnes quil ne connoift pas bien.
A Monlieur
Monfieur de Huijgens Seigneur de Zulichem
à la Haye.
par faveur de Monfieur le
ProfelTeur Tronchin.7)-
N= 2496.
Freybergen à P. E. Vegelin van Claerbergen.
24 SEPTEMBRE l68/.
appendice I au No. 2495.
Une copie se trouve à Leiden, coll. Huygens. .
Quand nous fommes enfemble a Merla J'efpere de luy faire bientôt
voir la lumière de Phofphorus de Bologne et de luy apprendre la manière de le
conftruire. J'ay entendu de perfones dignes de foy qu'il y a vne certaine perfone
à La haye qui à fait faire vne cfpece de cheminée fans qu'il y aye d'ouuerture
par où la fumée paffe quoy qu'on y fafle bon feu, qu'on y voit vne belle & claire
Marne fans qu'on s'apperçoiue qu'il y ayt aucun jour — & qu'on foit jncommodé.
Il me dit qu'il y en a qui croyent qu'il peut donner quelq : jour aux tuyaux en-
fermez dans la muraille dans les quels la fumée fe perd entieremt c'eft vne
hiftoire dont je fouhaiterois bien d'en fcauoir la vérité. Et fur tout la manière
de faire cette cheminée, cela pouroit peut eftre contribuer a vn deffein que j'ay
7) Jean Antoine Tronchin, né à Genève, auteur d'une grammaire française, depuis 1667 pro-
fesseur extraordinaire de langues étrangères à Franeker. Il mourut en 1688.
CORRESPONDANCE. 1687. 237
depuis quelques années de faire fondre la matière de verre aCriftal d'vn feu qu'on
tire d'vn bois fec dont les chimiftes qui fe feruent de l'jnuention qu'on nomme
der foulheimze dont ils font de charbon vous me ferez la grâce de me dire ce que
vous en apprendrez. Je croy que je ne fcauray jamais le fecret de Mr. hugens
pour eleuer 1600 îfi auec vn dez plein de poudre &c.
N= 2497.
P. E. Vegelin van Claerbergen à Christiaan Huygens.
21 OCTOBRE 1687.
Appendice II au No. 2495.
La pièce se trouve à Leiden , coll. Huygens *).
Ad majorem Dei Gloriam.
Curioforum confiderationi exponitur Vis activa pulveris Pyrij; Eorumdemque
fcrutinio et indagini poffibilitas, conceditur, ingentem ejus potentiam, in faniorem,
quam haftenus cognitum ufum deducendi.
Abfque impietatis nota enim in dubium vocare haud licet infallibilem iftam
veritatem : Deum intendere folummodo falubrem creaturarum & inde compo-
fitorum (ad hominum bene efTe, modo vellent, exiftentium) ufum et finem. Cum
è contra nimis notum fit : Corruptum et perverfum hominum genium, plerumque
reliclà cura ufus falubris jmpetu quodam rapi, in exaclam difquifitionem & appli-
cationem abufus eorum, quœ fecundum diclam Creatoris intentionem, ad ampli-
ficandam ejus gloriam, ijs prodefTe deberent.
Hinc quidam fedudti, compofitionem Pulveris Pyrij, Monacho cuidam mago,
à Sathana edofto, fimpliciter attribuerunt; forfan quia jmpoflibile videbatur,
vehementiam ejus in aliam operationem, quam explodendi, enecandi, difcutiendi
et deftruendi redigi pofTe; Simile quid procul dubio, accidit in primaevis feculis
antequam Vis Activa delabentis aquse & venti, primo adhibitis limplicibus rôtis
poftmodum ijs dentatis, per fagacem artis maschanicaî induftriam, ufui generis
humani infervire caepit.
x) C'est la copie du commencement de l'article des Nouvelles de la République des Lettres, que
nous avons cité dans la note 1 de la Lettre N°. 2425. Elle est pleine de fautes de transcription.
Nous suivons le texte original des „Nouvelles".
238 CORRESPONDANCE. 1687.
Sepofitâ itaque prjedi&â opinione, praîfupponatur (i .) Inventorem Pulveris Pyrij
qualem talem, Sedulum fui (Te Chymicum; (2.) Solertes Chymise operationes,Deo
et naturœ non eïïe exofas, vel inimicas, praefentiffima enim venema in faluberrima
tranfmutantur remédia (3.jDari poffibilitatem, dicftam VimActivam, licetmomen-
taneam, & vehementiffimam, mediante moderatore in ordinem cogendi, ut pro
convenientia, operis, ad ordinarios molendinorum, aut alios labores perficiendos
apta reddatur; Idque fieri, fi implorationi Divinae Affiftentiae, fedula induftria
Pyro mœchanica jungatur & meditationes & manus intrépide operi admoveantur;
Maxime vero fi ad demonilrandam fupradiclam poffibilitatem & confequenter
Omnipotcntis Creatoris Gloriam, non autem folummodô ad utilitatem praefertim
refpiciatur, quam Providentia ejus pro placito, huic aut fequentibus feculis
largietur.
In magnis tentafle magnum, abfolvere maximum 2).
N= 2498.
Christiaan Huygens à J. A. Friquet l").
23 OCTOBRE 1687.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A Monfieur Friquet.
23 061. 1687.
Je refpons Monfieur a voftre lettre du 13 Juillet 2) dont le premier article eft
touchant mon portrait 3) qui ne fembloit pas encore élire commencé. Il me fafche
fort d'eftre obligé de vous efcrire fi fouvent pour une choie de fi petite d'im-
!) Cette phrase ne se trouve pas dans le texte des „Nouvellesr
') Jacques Antoine Friquet de Vauroze, né à Troyes en 1648, mort le 25 juin 171 6. Il fut
élève de Sébastien Bourdon et devint, en 1670, professeur d'anatomie. On a de lui des
tableaux allégoriques des campagnes du roi. Consultez le post-scriptum de la Lettre
N°. 2378.
2) De la correspondance de Chr. Huygens avec Friquet nous ne connaissons que deux lettres
de Huygens, la présente et une de 1688.
") Le portrait gravé par Edelinck dont nous avons placé la reproduction en tète du Tome VIL
CORRESPONDANCE. 1687. 239
portance, et je puis vous dire, que c'eft ce qui fouvent me fait différer mes
refponfes. Je vous prie donc de finir une fois cette affaire d'une manière ou
d'autre, car enfin cela eft ridicule d'attendre deux ans et demi le bon plaifir d'un
graveur pour un ouvrage comme celuy la. Et je ne voy pas ce que devient cepen-
dant voftre deiïein du recueil des portraits que vous voulez faire. Pourmoyje
n'ambitionne aucunement que le mien foit du nombre, et je n'eu (Te jamais fongè a
vouloir paroiftre en eitampe, fi vous ne m'en aviez pas prié.
Vous me demandez dans la mefme lettre des nouvelles de la voiture que
Mons.r de Marets devoit mettre en train en ce pays. Je ne luy ay point parlé
depuis le temps qu'il me fit voir le modelle de la machine, dont je vous ay mandé
des lors mon fentiment, auquel je perfide encore, et d'autant plus, qu'après avoir
obtenu les privilèges necefîaires, je voy que rien ne paroit.
Je n'ay pas ouy parler de mad.He Bourdon 4) ni de Mr. Vignio qui a ce que
vous mandez devoit m'entretenir touchant fes affaires. Je feray toufjours bien
aife de luy rendre fervice autant que je pourray, lors qu'elle m'en donnera
l'occafion, a quoy outre la charité, fon mérite et vollre recommandation m'obli-
gent. Je fuis
Monsieur
Vollre &c.
4) Probablement une fille du peintre Sébastien Bourdon, mort en 1671,
240 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2499.
H. Coets à Christiaan Huygens.
25 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2477.
25 oa 1687.
Nobiliffimo et Ampliflimo Domino Domino
Christiano Hugenio Zuylichemio, Constantini F. S. P. D.
Henricus Coetsius.
Libenter fateor, Nobiliffime et Ampliffime Domine, me et fingulari Tuae hu-
manitati,qua me vice non una excipere dignatus es, debito ferius refpondere, et
promiflioni, quâ meam Tibi obftrinxeram fidem, ultra conftitutum mihi diem
demum fatisfacere. Verum non vanum huic dilationi patrocinium quaerere me
credes, fi afTerere aufim, partim labores Academicos, juftum fibi exigentes tempus,
zelo, quo, fi quid pofïim, tibi infervire femper conabor, haud exiguam interjecifîe
moram; partim ipfam materiae quam hic aggrefîus fum, difficultatem vel impro-
bifTnnum meum non femel elufifle laborem. Quanti enim momenti opus fit in re
ardua et fere abfcondita, aperta primarum difficultatum janua viam monftrare, et
manifeftantibus fête moleftiarum tenebris lucem offundere, illis notum eft, qui
praeelara inventa ex ignorantiae abyfîb in lucem trahendo, fibi gloriam et orbi
literato commodum pepererunt haud contemnendum. In quorum numéro te nulli
fecundum efTe, cum omnes uno ore exclament, quotquot funt ftudii mathematici
cultores facile veniam dabis, fi non ftatim fidem datam liberaverim; praefertim
cum ego in Praxi Analytica adhuc juvenis et inexercitatus tanto non polleam in-
genii acumine, ut in hac materia, a nemine quod feiam vel obiter pertraclata,
oborientibus dubiorum nebulis difeutiendis prima fronte me parum exhibere
potuerim. Rem autem ipfam, quam pauca folia, quae hifee literis comités dedimus
continent, uno verbo explicabo. Cum pro fumma tua liberalitate mihi, nuper
colloqui Tui honore gaudenti, aperte afTere volueris inventum meum circa cur-
varum deferiptionem feopo fuo, cujus totam fummam militas publica facit, non
in tôt 11 m deilitui quidem, fed îllummelius afTecuturum,fi eoufque fe extenderet,ut
non tantum unum et alterum punclum in Curva affignaret, fed praeterea totius
lineae duclum omni ex parte determinare et ob oculos quafi ponere pofîet : Illi
exhortationi flagrantiflimo accedente defiderio hanc difficultatem e medio tollendi,
adeoque methodum meam ampliorem reddendi, nulli labori collum fubtrahere
volui; fed gravifiimo huic oneri alacri animo fubditis humeris, excogitando,
CORRESPONDANCE. 1687. 24I
delendo et iterum reponendo non unum confumfi diem, donec tandem remanferint
illa, quae hifce paginis notata J) Tibi tranfmitto et examinanda offero, cum hac
petitione, ut fi quid in iis occurrat cenfura et caftigatione dignum, notare, et cum
ipfis foliis (excepto primo) quorum Apographum temporum penuria mihi nunc
non concedit, remittere velis; ut ea, fi operae pretium fore judices, poftea emen-
datiora, et nitidiora forfan ipfe Tibi commendare queam.
Vale Nobilifiime et Ampliflime Domine, et me Amoris Tui et favoris haud
omnino indignum exiftimare velis honore, totis viribus rogo. Dabam Lugd : Ba-
tavorum d. xxv Ottobris. cioioclxxxvii.
N= 2500.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
29 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2494.
Const. Huygens y répondit par le No. 2503.
A la Haye ce 29 061. 1687.
Apres avoir conféré avec le frère Louis touchant noftre partage a faire, voicy
le project qu'il enaconceu1) fur lequel quand vous l'aurez examiné, vous eftes prié
de dire voftre avis. J'en ay auffi donné copie au frère de St. Annelant qui a ce que
je croy l'approuvera fans difficulté, fcachantque le fort eftant égal pour tous noftre
bon frère aura afTez pris de foin a égaler les 4 portions. Mais devant que de tirer
il faudra faire l'Inventaire, et y définir, comme on a accouftumè, depuis quel temps
les Interefts des obligations, et le revenu des terres feront comptez pour ceux a qui
elles tombent en partage.
L'on travaille depuis 7 a 8 jour au Catalogue des livres en quoy l'on fuit la
méthode que i'avois conçue et dont les libraires ont accouftumè de fe fervir quand
une mefme audtion regarde plufieurs perfonnes différentes, pour qu'un chacun
reçoive ce qui luy appartient. Ils efcrivent des nombres au dos des livres et les
efcrivent avec les mefmes nombres dans le catalogue qu'ils font ou ils diftinguent
les facilitez Théologie Juridici Mifcellanei, et marquent fur un regiftre a part a
*) Cette pièce ne se trouve pas dans nos collections.
') Voir l'Appendice N°. 2501.
Œuvres. T. IX.
242 CORRESPONDANCE. 1687.
quels nombres commencent et finiffent les voltres les miens et ceux du frère dans
chaque faculté, félon qu'ils les trouvent dans nos feparations dont je les ay in-
flruits. Et jay voulu qu'ils les laiflaffent tous dans ces feparations, en rangeant
feulement enfemble dans chacune ceux qui font d'une faculté. Comme ils ne
travaillent que les après dinees ils en auront encore pour plus de 8 jours. Apres
cela ils imprimeront le Catalogue et l'envoieront par tout pendant l'hy ver. la vente
ne fe fera que vers le printemps au mois d'Avril, de forte qu'il y aura de temps
affez pour effacer les don. au&oris dont vous aviez efcrit à Mad. de Zeelhem car
les livres refieront encore icy tout ce temps.
Lors que cette affaire du voleur me fut arrivée je fus indifpofè pendant quelque
jours de la frayeur que j'en avois eue, a caufe du cry horrible des i fervantes, car
il fembloit qu'on leur coupoit la gorge et je croiois qu'il y avoit plufieurs voleurs
après elles. Je ne vous en manday rien en fuite par ce que je ne doutay pas que
d'autres ne vous eufTent défia fait part de cet accident. Il efl caufe qu'on prend
un peu mieux garde a l'avenir pour ce qui efl de fermer toutes les avenues de la
maifon, et je fais coucher mon cocher dans l'apartement de mon Père. Au relie
comme je ne vois rien qui m'oblige encore à déloger je fais eflat de relier icy
pendant l'hiver, n'ayant pas pu auffi bien trouver des chambres qui me fufTent
propres et a prix raifonnable.
Mons.r d'Olderfum a eu refponfe il y a longtemps de Mons.r Ouwerkerck
qui a obtenu la permifîion pour les operateurs de fe fervir du Théâtre au Buijten-
hof. Ceux qui feront la depenfe, à ce qu'on me dit, font quelques uns de la troupe
des Comédiens Flamends. Et pour la conduite de la mufique ils ont certains
maiflres ellablis icy depuis longtemps, et François de nation. Ceux cy efcrivent
a Bruxelles Amflerdam et ailleurs pour ramaffer ce qui refle des débris de l'Opéra
qui a eflè dans cette ville dernière. Je voudrais qu'ils puffent faire quelque chofe
de bon et qui donnafl du divertiffement a Mad. la PrincefTe.
Pour ce traité de Mons.r d'Ablancourt de la mufique des Anciens2), je puis a
peu près m'imaginer de quelle manière il fera, Je ne l'ay pourtant jamais entre-
tenu fur le fujecT: de la mufique, et ne fçay pas s'il efl du fentiment de Is. Vofîius
ou du contraire, qui efl auffi le mien, c'efl a dire que cette anciene mufique efloit
très peu de chofe.
Nous n'avons rien appris de longtemps touchant les affaires du fubfide pour
Zulichem, fi vous en avez receu quelques avis, aiez la bonté de nous les com-
muniquer.
Le frère Louis ne fe porte pas plus mal que par le paffè, quoy qu'il ne laifTe
2) Dans les biographies de Nicolas Trémont d'Ablancourt on ne trouve mentionnés que des
ouvrages de littérature et d'histoire. Il ne paraît pas que son mémoire sur la musique des
anciens ait vu le jour.
CORRESPONDANCE. 1687. 243
pas toujours de fe plaindre et de s'inquiéter par l'apprehenfion de ce qui pourroit
arriver. Je crois qu'au printemps il refondra de faire le voiage d'Aix.
Vous aurez foin que ce project ne tombe pas en d'autres mains.
N= 2501.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
29 OCTOBRE 1687.
Appendice au No. 2500.
Deelbare Effeéten.
vafte goederen.
Het huijs op het Pleijn 32000.
Zeelhem 1 2000.
i Monickenlandt 6000.
Wooning in de Fijnaert met 105 gem 18000.
45 gem. in de Fijnaert 5800.
Huijs op de Pavelioene gracht 1 500.
Erfpacht op Pothoven ') 1 200.
76500.
Obligatien.
Op Hollandt van 10 duyfent gl. met opgelt 10800.
Noch een als vooren 10800.
Op Delft met opgelt 324°-
noch een diergelijcke 324°-
Op Hollandt van 2000 gl. met opgelt 2160.
noch op Hollandt van 1 500 gl. met opgelt 1 620.
Op Willemitadt van 8000 gl. gerekent op 7640.
39500.—
Hier af voor Hofwijck 4000. —
Red 35500.
') On peut consulter sur l'acquisition de ces diverses propriétés par Constantyn Huygens, père,
l'écrit de Schinkel, cité dans la Lettre N°. 1624, note 4.
244 CORRESPONDANCE. 1687.
765OO.-
355°°--
' 1 12000.-
het i is 28000.-
Behalven de Obligatien voorn. is er noch een van 3750 gl. op Hollandt, ge-
deftineert voor Broeder van St. Annelandt.
I
Het huys op 't pleyn, afgetrocken 4000 gl 28000.
2
Zeelhem 1 2000.
Reftoor van 't huijs 4000.
Obligatie op Hollandt 10800.
Erfpacht op Pothoven 1 200.
28000.
3
^ in Monnickelandt 6000.
45 gem. in de Fijnaert 5800.
Obligatie op Hollandt 1 0800.
noch een obi. op Hollandt a 1 60.
Oblig. op Delft 3240.
20000. —
4
Wooning in de Fijnaert met 105 gem 18000. —
Obligatie op Willemftadt van 8000 gerekent op . 7640.—
Huijs op de Pavelioene gracht 1 500. —
Reft van een oblig. op Hollandt 860. —
28000. —
CORRESPONDANCE. 1 687. 245
voor Hofwijck 2).
Obligatie op Delft van 324°-
Van de bovenftaende obligatie
van 1620 op Hollande 760.
4000. — ■
N= 2502.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
31 OCTOBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2500.
A la Haye ce dernier Oft. 1687.
Le frère de Rotterdam ') qui eft icy prefent, vient de recevoir une lettre de
Mr. van Hofte2) du 29e de [ce] mois, dans la quelle il mande ce qui lenfuit
touchant het Leen verheffen de Zeelhem.
Uyt de Ingeleyde Citatie fal UEd. konnen fien dat het releveren van de heer-
lijckheyt van Zeelhem geen langer uijtftel vereyfcht bij dien fullen UEd. daer
over ordre te ftellen.
La citation dit
Van wegen den Hoogh Welgeb. Heer Stadhouder der Ed. Leenfaets van
Curingen worden bedaeght ad jmam in den felven Ed. Leenfaet die heeren Erf-
genamen ende Reprefcntanten van wijlen den Heer Huygens heerevan Zeelhem,
om fien reelijck geprocedeert te werden op en tegens die felve Heerlijckheyt van
Zeelhem ende allen appenderende Leengoederen deur faute van relief.
Le frère luy mande pour refponfe que nous fouhaiterions bien que ce Relief
fe puft différer encore un mois ou 3 femaines jufqu'a ce que nous euffions vu a
qui feroit la Seigneurie de Zeelhem, mais fi cela ne fe peut qu'il nous mande fi on
le peut faire au nom des héritiers puis que la citation s'adreffe a eux. Et qu'en ce
!) Consultez, au sujet de la somme mise à part pour Hofwijck, la Lettre N°. 2522, note 1.
') Lodewijk Huygens.
2) Van Hoste était le conseiller de la famille Huygens dans l'administration de Zeelhem.
246 CORRESPONDANCE. 1687.
cas nous luy envoierons auffi tort le pouvoir requis ou a Iuy ou a Cools 3) noitre
Meyer et Receveur. Nous ne doutons pas que vous n'approuviez ce que nous
avons fait en cecy, et en parlerons au frère de S. Annelandt. Nous attendons auffi
voftre refponfe touchant le projecl: du partage que je vous envoiay avant hier.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zeelhem
&c.
op de
Loo.
N2 2503.
Constantyn Huygens , frère, à Christiaan Huygens.
3 NOVEMBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2500.
du Loo ce 3 de Nov. 1687.
J'ay receu votre dernière du 29 avec le projet que vous avez formé qui m'agrée
afTez dans le peu de temps que j'ay eu pour le confiderer ellant de plus comme
fcavez icy tout feul. S'il me vient encore d'autres confiderations dans l'efprit nous
pourrons en parler a nôtre arrivée qui ne tardera pas apparemment plus de 1 2 ou
15 jours. Cependant il me femble qu'il feroit a propos que pour gagner temps
on fit travailler des a cette heure notre notaire a former l'Inventaire qui comme
vous dites bien doit précéder le partage, afin que cela ne nous fafîe encore perdre
autant de temps après notre retour. Vous voyez bien qu'il feroit bon qu'après en
avoir perdu beaucoup fans qu'il y ait eu pour cela beaucoup de raifon, on fortift
une fois d'affaire quand ce ne feroit qu'a caufe qu'on preïïe ce Relief de Zeelhem.
Car je croy que fi on en prend l'Inveftitute au nom des Héritiers en Commun on
fera obligé de le faire une féconde fois quand la terre fera tombée en partage a
quelqu'un de nous quatre. Cependant je ne puis pas juger ce qui fait prefTer cette
3) Adriaan Cools, fils de Daniel Cools. Ce dernier avait été chargé par Constantyn Huygens,
père, de l'administration de Zeelhem, le 27 août 1650, avec promesse que son fils lui succé-
derait dans cette charge.
CORRESPONDANCE. 1 687. 247
affaire la de la manière qu'on la prefîe, à moins que les ordres ne foyent touts
autres touchant les Fiefs dans ce Pays de Liège que dans le notre ou je croy que
c'efl: afîez quand on prend ladt. Inveftiture binnenjaer en dagh '). Il me femble
qu'il vaudroit la peine de parler un peu la defïus avec Mr. de Hertoghe qui
pourra auflî vous dire comment devra eftre conçeu le pouvoir qu'il faudra envoyer
à van Hofte ou a Cools pour en cas que la chofe ne fe puifTe plus différer.
Pour la vente des livres je ne voy pas quelle raifon la doit faire différer jufques
au mois d'Avril c'efl a dire a cincq mois d'icy. Car l'auclion ne lera pas de fi
grande importance qu'elle fera venir les achepteurs des quatre coins du monde.
Il eft vray pourtant que le nom et la réputation del Sr. Padre en attirera quelques
uns, et je croy qu'il faudra voir fi Ion ne mettra pas fon nom au Titre du Catalogue
quoy que la librairie ait eflé un peu pillée.
J'ay eferit a ma femme il y a quelques jours ce que je feauois alors touchant le
fubfide et je m'eftonne comme elle a oublié de vous le communiquer, vous n'avez
qu'a le luy demander. Depuis ce temps-là je n'en ay rien appris. Cependant il
n'y aura rien a faire touchant le travail avant le printemps, et beaucoup a craindre
a mon avis pour cette mefehante digue en l'eftat ou elle efl et ou il faudra qu'elle
demeure tout cet hyver, quoy que Raemaecker en veuille [avoir] bonne opinion.
Mr. d'Ablancourta avis de Mr. Juftel m'at-on dit d'une Lanterne merveilleufe
inventée en EfcofTe et qui doit fervir de Fanal, elle eil compofee de plufieurs
verres taillés qui feront jetter une très grande lumière et a laquelle Ion pourra lire
a 1 500 pas en mer.
Mijn Heer Christiaan Huygens
Haghe.
') Traduction : endéans un an et un jour.
248 CORRESPONDANCE. 1 687.
N= 2504.
P. E. Vegelin van Claerbergen à Christiaan Huygens.
14 DÉCEMBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2495.
Monsieur
Au retour de leurs AltefTes de Défia u *), et de ma fanté, après auoir efté long-
temps indifpofé Je me donne l'honneur de vous efcrire, et de vous enuoyer la
lettre2) qu'on m'a apportée de la Cour d'Anhalt, de Mons. Freijbergen afin que
obligeant comme vous elles vous ayez la bonté de refpondre ce que vous jugerez
à propos. Vous connoiftrez Monfieur que ce gentilhomme s'occupe toufjours dans
la recherche des fecrets de la nature, n'eftant pas mefme rebutté du travail à l'aage
de 70 années, peut eftre Monfieur il aura fait quelques decouuertes nouuelles, qui
ne fera pas indigne de voftre curiofité, et ceft ainfy que le commerce quon peut
auoir avec un homme aufiy curieux que celuy la doit fe rechercher. Comme ie
m'interefle Monfieur en tout ce qui vous regarde, je voudrois bien fcavoir fi on
n'a point attrappé ceft effronté pendart qui avoit entrepris de vous voler chez
vous 3); on m'a dit que cefl: un Lerfani et les gens de ce pays la font ordinerement
un peu fufpect Je vous feray très obligé Monfieur fi vous vouliez afiurer Monfieur
voftre frère a la Haye que ie l'honnore extrêmement et ie cherceray bien une
occafion de luy plaire ou de le fervir qui puft luy en donner des preuues. Apres
cela permettez moy que ie fuis toujours auec un eftime tout extraordinaire.
Monsieur
Voftre cref humble et trefobeilTant ferviteur
Vegelin de Claerbergen.
de Lewarden ce
^ December 1687.
A Monfieur
Monfieur Huygens feigneur de Zuylichem
refident à la
Haye4).
x) George d'Anhalt-Dessau et Henriette Catharina d'Orange. Voir la Lettre N°. 2316, note 4.
2) Voir l'Appendice N°. 2505. î) Voir la Lettre N°. 2500.
4) Le revers de l'adresse porte un dessin au crayon de Chr. Huygens, montrant le changement
qu'il se propose de faire à la toiture de la maison de Horwijck. Voir la Lettre N°. 2522, note 1 .
CORRESPONDANCE. 1687. 249
N° 2505.
Freybergen à Christiaan Huygens.
16 octobre 1687.
Appendice au No. 2504.
du 16 Oft. 87 Deïïau.
Monfieur de Huijguens fe peut afTurer de mes trefhumbles refpefts, et que je
luij aij beaucoup d'obligations, de Tes offres fur tout de ce, qu'il me veut donner
plus d'information; mais il fcaura, fil luij plaift, qu'il ij a bien long temps, que jen
attens, fur le fujet de fa machine, et que celle, (que je concoijs en partie, par la
delineation d'un certain tuijau, que m'aviez envoijé cij devant; en partie par une
relation d'un amij, qui efl: de la Société Roijale des fciences, que ce grand effet
fe treuuoit en enfermant, (par le moijen d'une foupappe) l'eftendue de l'effort de
la poudre à canon, pour la modérer en fuite, lors qu'on le relâche tout douce-
ment), ne me contente point de tout; puis que je fcaij de certitude, et le peux
démontrer à l'oeil, que cette dite grande eftendue, qui caufe l'effort, fe fait, et fe
perd, dans le mefme moment; il faut donc de necefllté, qu'il ij aijt quelque autre
refïbrt, que je ne dois fçavoir, — touchant l'impreffion des curiofités, je m'en
remets à vous, fi vous juges ces problèmes dignes, d'eftre de ce nombre; mais je
vous conjure que mon nom n'y foit exprimé, c'eft afTés de donner occafion aux
curieux de s'appliquer à la recherche des merveilles du Créateur.
Monsieur
Voftre trefobeiffant
Freybergen.
Œuvres. T. IX. 32
250 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2506.
L'abbé de Lannion *) à Christiaan Huygens.
14 DÉCEMBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2513.
Monsieur
Si je ne me fuis pas donné l'honneur de vous écrire depuis que vous eftes
retourné en hollande, ce n'a été que la crainte de vous eftre importun qui m'en a
empefché. J'ai fouuent demendé de vos nouuelles a mr. perrault auec qui vous
eftes en commerce de lettres et il m'a même afluré qu'il vous auoit quelquefois
fait mes complimens; Il m'eft témoin que tandis qu'un petit raion de faueur que
j'ai eu auprès de mr. de louuois a duré j'ai fait tout ce qui dependoit de moi pour
l'engager a vous prier de reuenir en france. Je luy ai fouuent expofé que vous
faifies tout l'honneur de notre Académie et fi je n'auois été trauerfé par vn de fes
comis nommé la chapelle 2) vous euffies receu des marques du defir que j'auois de
vous rendre feruice. Comme les bons coeurs connoiflent la valleuf des bonnes
intentions j'efpere que vous aures égard aux miennes et qu'elles vous feront au
moins connoitre la vénération que J'ai pour votre mérite.
J'eufle pris d'abort la liberté de vous communiquer ce petit écrit quemr. leers3)
vous doit remettre entre les mains fi j'eufïe ofé le croire digne de vous, vne per-
fonne de mes amis s'etoit chargé de l'enuoier en hollande pour le faire mettre dans
le Journal demr. baile4) mais jl a efté trouué trop long et ceux qui l'ont lu n'y ont
rien compris. Cepandant monfieur fi vous prenés la peine de la lire vous verres
qu'il ne contient rien que de très intelligible à vn médiocre Algebrifte; Jofe
même pre fumer que vous y trouueres des chofes nouuelles;
perfonne n'auoit ce me femble remarqué auant moy qu'en transformant vne
égalité quelquonque par le moien d'une de ces racines il s'euanouifloit autant de
termes dans l'égalité à commencer par le dernier qu'il y auoit de racines égales
c'eft a dire que l'égalité defeendoit d'autant de degrés qu'il y auoit de racines
égales dans l'égalité et que quand toutes les racines etoient égales il ne reftoit que
le premier terme de l'équation, on n'auoit point auffi remarqué que dans vne
égalité deux racines étant égales entr'elles et que leur fomme foit égale à la
') Voir, sur l'abbé de Lannion, la Lettre N°. 2324, note 7.
2) Henri de Chapelle Besse. Voir la Lettre N°. 2328, note 1.
3) Le libraire Reinier Leers de Rotteman, chez lequel parut alors, sous la direction de Basnage
de Beauval, ,,1'Histoire des ouvrages des Scavans". Voir la Lettre N°. 2426, note 1 1.
4) Les Nouvelles de la République des Lettres. Voir la Lettre N°. 2336, note 1.
CORRESPONDANCE. 1687. 25 1
fomme de deux autres inégales entr'elles fi l'on transforme cette égalité par le
moien d'une des racines égales, il s'euanouiroit trois termes dans lequation; on
n'auoit point non plus fait attention à ce que j'ai remarqué de particulier pour
le cinquième et le fixiéme degré. J'efpere que ma méthode de refoudre les
équations, fur tout celles qui ont des racines rationelles vous paroitra plus fimple
que celle de monfieur defcartes 5), et qu'aucune autre, puifque je refous par cette
voie les équations fans me feruir de la diuifion, et que d'ailleurs ma méthode a cet
auantage que quand il fe trouue des racines égales dans l'équation je la fais
defcendre par vne feule opération d'autant de degrés qu'il y a de Racines égales
ce qui n'arriue point par la diuifion qu'il faut réitérer autant de fois qu'il y a de
degrés dans l'équation, ni par la progeflion dont mr. hudde fe fert pour refoudre
les équations dans lefquelles il y a des racines égales6) puifqu'il répète autant
de fois la multiplication qu'il y a de racines égales dans l'égalité.
Je ne prens pas garde monfieur que j'abufe de votre tems et qu'infenfiblement
je répète dans cette lettre vn écrit que vous aues entre les mains, ce qu'il y a de
bon ne vous échappera pas, mais il eft bien difficile de l'empêcher de louer ce
qui a coûté de la peine. Je fouhaiterois que mon écrit fuft imprimé tout entier tel
qu'il eft mais fi mr. leers le trouue trop grand et qu'il le veille partager pour deux
journaulx differens je vous prie monfieur d'auoir la bonté de luy faire vous même
le partage affin qu'il n'en interrompe pas le fens 7).
Je vous demende pardon monfieur de la liberté que je prens il m'a femblé que
l'eftime et la confideration que j'ai pour vous et l'amitié que vous m'aués témoignée
me donnoit plus de droit qu'a vn autre de vous demender des grâces. Si vous me
faites l'honneur de repondre à cette lettre et qu'il vous arriue de me témoigner
n'eftre pas mecontant de mon écrit cela m'encouragera à vous faire voir vne autre
méthode que j'ai trouuée de refoudre toutes les équations en acheuant leurs puif-
fances. J'ai fait auflî vn traité de l'origine des lignes courbes dans lequel je fais
voir que quelques Théorèmes très fimples et qui fe démontrent par les fix premiers
Hures d'euclide font le fondement de toutes les propriétés des lignes courbes, et
parconfequant que ces lignes font très géométriques, mais monfieur fans votre
aprobation on n'oferoit hafarder de rien donner au public. Je voudrois mériter
5) Dans le livre troisième de la „Géométrie".
6) Dans la Régula X de son „Epistola prima de Reductione Aequationum". Voir la Lettre
N°. 592, note 5.
7) L'écrit de l'abbé de Lannion n'a pas paru dans l'Histoire des ouvrages des Sçavans, mais des
extraits en ont été publiés dans le Journal des Sçavans du 4 octobre 1688 sous le titre .^Nou-
velles remarques sur l'algèbre" avec l'exorde „Monsieur l'Abbé de L* * * ayant communiqué
à Monsr. Hugens et à d'autres personnes quelques Traitez d'Algèbre et de Géométrie, on
jugea que comme ces traitez contenoient des choses qui n'avoient pas encore été trouvées, il
seroit à propos de les imprimer".
»52 CORRESPONDANCE. 1687.
votre eftime par quelqu'endroit par ce que je fcai que ceft le feul moien de con-
feruer votre amitié. Je fuis monfieur votre très humble et très obeifTant feruiteur
l'abbé de lannion.
a paris le 14e décembre 1687.
A Monfieur
Monfieur hugens.
N= 2507.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
20 DÉCEMBRE 1687.
La lettre se trouve à Leiden , coll. Huygens.
A la Haye le 20 Dec. 1687.
Mon Frère
Je crois que le mauvais temps vous retient chez vous, parce que j'appris hier
chez le frère de S. Annelant que vous vous portiez paflablement bien. Je vous
envoie la Procuration que Wiliet ') a fait faire et qu'il m'envoia hier, Il avoit eu
une atteinte de fièvre, mais vers le foir il n'a pas laifTè de fortir. Apres noftre
dernière conférence de mercredy, qui m'empefcha de dormir la nuit enfuivante,
comme à l'ordinaire, j'ay penfè et repenfè a l'affaire de Hofwijck, et le tout bien
confiderè, j'ay conclu de fucceder au frère de Zuylichem dans la poiïeffion ufu-
fruîtiere2), tant pour m'efpargner le louage d'une maifon ou d'un apartement a la
Haye, que parce que je m'imagine qu'en adjoutant quelque peu de bailiment pour
agrandir la maifon et placer ma bibliothèque, j'y pourray demeurer afTez agréa-
blement. Je ne croy pas que vous deviniez facilement de quelle manière j'ay
conceu cette augmentation 3), dont nous conférons a la première entrevue.
') J. Williet était commis de Coristantyn Huygens, père, attaché au service du* secrétaire du
Prince Willem III.
2) Chr. Huygens, en effet, s'établit à Hofwijck le 30 avril 1688; voir la Lettre N°. 2522, note 1.
3) Voir la Lettre N°. 2504, note 4.
CORRESPONDANCE. 1 687. 253
N° 2508.
Christiaan Huygens à madame Coyet ').
[1687].
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Mevrouw EN Nichte
Alhoewel ick door mijn langhe abfentie in Vranckrijck als andere toevallen
noit d'eere gehadt hebbe van de Heer Coyet VEds. man faliger te kennen, foo is
mij des niet te minder leet geweeft fijn overlijden uijt VEds. brief te verftaen, als
wel geinformeert fijnde van fyne deughden en fonderlinghe goede qualiteyten,
en wetende dat VEd. en fijn kinderen aan foo een goedt man en vader een feer
groot verlies doen.
doch Godes wille foodanigh geweeft fijnde wil ick hoopen dat hij ooek VEd.
fterckte fal geven om defe droefheid te draeghen en metter tijdt te verfetten, en
VEd. hooghelijck bedanckende van de eere van de notificatie in defen gedaen,
blijve
Mevrouw en Nichte
VEdts. Dienftwillige dienaer
Chr. H.
') Frederik Coyet (voir la Lettre N°. io,3i,noteo) avait épousé en 1645 Susanna Boudaen
(voir la Lettre N°. 72, note 5), cousine de Chr. Huygens, qui mourut à Formosa en 1649.
En 1650 il s'était remarié.
054 CORRESPONDANCE. 1687.
N= 2509.
Christiaan Huygens à [B. ?] Coyet ').
[1687].
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
MlJN Heer en Neef
Ick hebbe met leetwefen verftaen uyt VEds. fchrijvens van den i3deferhet
overlijden van de Heer Fred. Coyet VEds. vader, en gelijck mij onlanghs ge-
leden diergelijcke verlies wedervaeren is, kan des te beter oordeelen van de
beweginghe en droefheyt die dit aen VEds. moet veroorfaeckt hebben als mede
aen mevrouwen VEds. fufters doch aen d'ander fijde foo hebben VEd. menich
Redenen van fich te beter in dit ongeval te trooften als fij confidereren van hoe
groote pijnen en miferie fijn Ed. door de doot geredt en voor eewigh bevrijt is.
Wij moghen van Gods goedertierenheyt een fachter uytkomft hoopen aen wien
VEd. ende de ganfche familie bevelende blijve
Mijn Heer
UEds. dienftwillige dienaer
Chr. H.
') Probablement Baltbazar Coyet, qui accompagna en 1675 Koenraad van Klencke dans une
ambassade envoyée au Tsar Alexis de Russie. Il fut de 1697 a 1701 gouverneur de l'île de
Banda et s'y distingua lors des violentes éruptions du Goenoeng-Api, en prévenant par son
exemple une fuite générale et le dépeuplement complet de cette île.
CORRESPONDANCE. l68/. 255
N= 2510.
Christiaan Huygens à ?.
[1687].
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Monsieur
Je dois vous demander pardon de n'avoir pas repondu il y longtemps a l'obli-
geante lettre que Mr. Têtard m'a portée de voftre part. Je vous prie de croire que
ce n'eft point par ce que je vous oublie. Car je vous affureque je penfetres fouvent
a vous et°a la haute injuftice qu'on excerce a voftre égard. Mais m'eftant propofè
d'aller a Amfterdam au fujet de mes Pendules revenues du Cap de Bonne Efpe-
rance1) et de parler a Mr. le BourgemtreHudde touchant voftre affaire, je différais
de vous écrire jufqu'a ce que je vous puifïe mander le fucces de cette entrevue.
Cependant aiant reçu nouvelles que ce fécond effay de mes Horloges n'avoit pas
bien reuffi (dont j'impute la caufe a plufieurs accidens imprévus et à des négligen-
ces de ceux qui en ont eu la conduite) je n'ay point entrepris ce voiage dont je
prevoiois que j'aurais peu de fatisfaftion. Si je croiois Mr. qu'il vous en pouroit
venir quelque utilité je ne délibérerais pas de l'entreprendre exprès, mais quand
je fonge que la proteclion de la ville d' Amfterdam qui vous favorife et mefmes
les reprefailles dont elle a ufè envers voftre perfecuteur n'ont feeu vous délivrer
de la ou vous eftes, je conçois comme une impoffibilité dans cette affaire et très
peu d'efperance que nos foins pourraient être de quelque effecl. J'ay eftè bien aife
d'apprendre par ce [que] vous mandez que ces Mrs. de la Régence d'Amfterdam
vous avoient gratifié de quelque charge, et que vous en eftiez redevable aux bons
offices de Mr. Hudde, mais voftre reconnoiffance va trop loin de vous fouvenir de
[m'] attribuer quelque part a voftre bonheur en cela.
') Voir la Lettre N°. 2492.
256 CORRESPONDANCE. l688.
N= 251 1.
Christiaan Huygens à Lodewijk Hoygens.
25 JANVIER 1688.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
A la Haye le 25 Jan. 1688.
Je receus jeudy pafTè voftre lettre du 21e et le mefme jour je donnay commiflîon
a Mr. Moreau de faire fcavoir a M. l'Ambafladeur ') que fuivant voftre promette
vous luy offriez devant tous les autres la maifon de Cromvliet. Sur quoy il me
promit de me porter refponfe dans 8 jours au plus, mais n'ayant pas encore eu de
fes nouuelles, je n'ay pas voulu laiffer de vous efcrire cellecy pour vous faire
connoitre la raifon d'un fi long terme, la quelle eft la perte que M. l'Ambaiïadeur
vient de faire de fon frère unique le Prefident 2) de Mefme. Cette mort caufe une
fort grande crife dans fes affaires et le met dans l'incertitude s'il doit refter en ce
païs icy, ou aller prendre la charge vacante de ce defunct frère, ce qui fe doibt
régler fuivant les lettres et ordres qu'il attend de la Cour, et c'eft la ce qui fait
différer la refponfe fur voftre offre, dont il ne biffera pas de vous tenir compte.
Cependant je doute fort s'il prendra maintenant cette maifon, non feulement a
caufe des affaires que je viens de dire, qui pourroient bien l'obliger du moins a
s'abfenter d'icy pour quelque mois pour y aller donner ordre, mais auffi pour le
grand changement en ce qui regarde fes affaires avec fa belle voifine, qu'il nevoid
plus, et qui cydevant luy faifoit aimer les promenades et la campagne. Fui 1ère
quondam candidi tibi foies &c. Je voy que fes amis confiderent cette raifon pour
le moins autant que l'autre pour empefcher le deffein qu'il avoit de s'accommoder
de Cromvliet. Je ne manqueray pas de vous faire fcavoir fa refponfe fi toft que
je l'auray eue. Et fi contre mon attente il acceptoit voftre offre, ce fera alors
affez a temps de parler de ce que propofez touchant vos orangers et fleurs. Le
frère de Zuylichem et fa femme auffi bien que le frère de St. Annelantconnoiflent
la maifon de Blankert 3) que vous avez louée et la difent ertre fort belle. Je fouhaite
que vous la puiffiez habiter avec plus de fantè que celle ou vous eftes, eftant très
fafchè d'apprendre ce que vous m'en dites et de la laffitude dont vous vous plaignez
a la fin de voftre lettre. Il faut efperer que le voiage d'Aix vous fera utile tant
') Jean Antoine de Mesmes, comte d'Avaux. Voir la Lettre N°. 2138, note 7.
2) Jean Jacques de Mesmes, comte d'Avaux, né à Paris le 18 novembre 1661. Voir la Lettre
N°. 762", note 30, au Supplément du Tome III.
■>) Probablement Ewout Blanckert, membre du Conseil de la ville de Rotterdam, mort le 6 no-
vembre 1685.
CORRESPONDANCE. 1 688. 257
par les remèdes des Eaux que par le changement d'air et la vacation d'affaires.
Vous aurez receu, comme je crois la refponfe de J. Williet 4) a celle que vous luy
aviez efcrite, et fcaurez par confequent que je choifis pluitoll l'argent qui m'cll
de u de l'obligation fur Delft que vous avez que de la prendre en vous rembourfant.
Ce qui m'y oblige c'eil que j'ay des debtes a payer prefque autant que monte cette
fomme et que pour mon baftiment il faudra de l'argent comptant h acheter moy
mefme les matériaux, comme l'on me confeille, a quoy je deftine partie de celuy
que j'ay encore fous le frère de Zulichem. Je vous prie donc de me faire tenir au
pluftofl: ces 760 livres fi ce n'eit que vous veniez bien tofl: icy vous mefme.
Mijn Heer
Mijn Heer L. Huijgens,
Heer in Monnicke Landt,
Raedt ter Admiralitcyt op de Maie
Tôt
Rotterdam.
N= 2512.
G. W. Leibniz h Christiaan Huygens.
janvier 1688.
La lettre a été publiée par Gerliardt *).
Chr. Huygens y répondit par une lettre du 8 février 1690.
Janvier 1688.
Je ne m'attendois pas a voir mon problème honnoré de voftre folution. C'cft à
vous et à vos femblables, dont le nombre eit très petit, d'efire plultoit juges de ce
que font les autres. On fçait aïïez que ces problèmes ne vous arreftent pas. Il eft
4) Voir la Lettre N°. 2507.
') Au Tome II, p. 39 de l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1919, note 12 (Leibnizens mathe-
matische Schriften), et à la page 587 de celui cité dans la Lettre N°. 2324, note i9(Der
Briefwechsel von G. W. Leibniz). La lettre ne se trouve pas dans nos collections et est
restée inconnue à Uylenbroek.
Œuvres. T. IX. 33
258 CORRESPONDANCE. [688.
inutile de dire, que voftre folution s'accorde exactement avec la mienne 2). Mon
deïïein avoit elle de tailler un peu de befoigne à ces bons Cartefiens qui pour avoir
leu les Elemens de Bartholin 3), ou du P. Malebranche4) croyent de pouvoir tout
faire en Analyfe. Cependant M. l'Abbé Catelan doit élire bien aife d'élire dégagé,
il auroit peut élire fouvent mordu les ongles inutilement 5). Il eit vray que voftre
folution eft encore un peu enigmatique en ce qui regarde ces autres lignes
ifochrones moins principales, que vollre figure dans les Nouvelles de la republique
des lettres mois d'octobre 1 687 appelle BE, BF, BG. C'ell pourquoy vous jugerés,
Monfieur, fi j'ay rencontré vollre fentiment. Voicy ce que j'en penfe6). Soit une
de ces moins principales AB^E paflant par B fommet de la principale BD.
Soit a(2> égale a ^ du paramètre de J/3,et foit Ka. une droite horizontale et AB, a$
perpendiculaires chacune touchant fa courbe au fommet. Or nous feavons que
2) Leibniz publia sa solution dans les „Acta eruditorum" d'avril 1689, p. 195, sous le titre:
„De linea isoehrona, in qua grave sine acceleratione descendit, et de controversia cum Dn.
Abbate D. C." Il y ajouta la remarque suivante: „IIoc autem problema fateor me non
Geometris primariis proposuisse, qui interiorem quandam Analysin callent, sed his potius qui
cum eridutoillo Gtf//osentiunt; quem mea de Cartesianis plerisque hodiernis (Magistri para-
phrastis potius quam aemulatoribus) querela suboffendisse videbatur. Taies enim, cum alias
receptis inter Cartesianos dogmatibus, tum etiam Analysi inter ipsos pervulgatae nimium
tribuunt, adeo ut se ipsius ope quidvis in Mathesi (si modo velint, scilicet, calculandi labo-
rem sumere) praestare posse arbitrentur: non sine detrimento scientiarum; quae falsa jam
inventorum iiducia, negligentius excoluntur. His materiam exercendae suae analyscos
praebere volueram, in hac problemate, quod non prolixo calculo,sed arte indiget." Consultez
sur l'origine du problème la note 5, de la Lettre N°. 2489.
3) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 21 10, note 3.
4) Nicolas Malebranche, prêtre de la congrégation de l'Oratoire, né à Paris le 6 août 1638, mort
le 13 octobre 1 7 1 5. Il se passionna pour le Cartésianisme, et fut l'auteur de plusieurs écrits
philosophiques et théologiques. Il est surtout connu par sa polémique contre Arnaud et
les jansénistes. Malebranche s'occupa beaucoup de mathématiques et tut le maître du marquis
de l'IIospital, de Mairan et de Prestet. Wallis lui attribua même la paternité réelle des Elé-
ments de Mathématiques publiés par Prestet (voir la Lettre N°. 2454, note 4).
5) C'est donc à tort que Gerhardt, dans „Leibnizens mathematische Schriften," Bd. V, p. 234,
a voulu interpréter par „De Conti" les initiales D. C, que l'on rencontre dans le titre de
l'article de Leibniz.
6) Dans „Leibnizens mathematische Schriften, Bd. V, 1858, p. 238 et encore dans l'édition
récente du „Briefwechsel" etc. p. 590, C. J. Gerhardt a publié un manuscrit de Leibniz
intitulé „ Addition de M. L. à la solution de son problème donnée par M. II. D. Z. Article VI
du mois d'Octobre 1697", sur lequel Leibniz a annoté „scrips. 4januar. 1688, Pilsnae in
Bohcmia. Ilaec missa autori Novellarum Reipublicae literariae". Cet écrit peut être con-
sidéré comme une ampliation de la partie de la lettre qui va suivre. Il n'a jamais paru dans
les „Nouvelles".
Un autre manuscrit de Leibniz sur la même question a encore été reproduit dans le premier
des ouvrages de Gerhardt, cités plus haut, p. 241, sous le titre „Analysis des Problems der
i<ochronischcn Curve".
CORRESPONDANCE. l688.
259
A a
B
P
c
yï
le poids tombant de la hauteur ou horizontale
qui parle par A fur quelque point de la courbe
BD que ce (bit, c'eft a dire fur le fommct B
ou fur quelqu'autre point D, pourra defcendre
uniformément par la courbe. Donc de même,
le poids tombant d'A, c'eft a dire de l'horizon-
tale qui pafie par a, fur un point B de la courbe
/3BJ pourra defcendre uniformément par B<5".
Mais la defcente par la principale BD et qui
commence par le fommet, retient le plus de
ville (Te. Auffi la perpendiculaire AB touche BD,
et coupe fié. J'adjouteray auffi que généralement le temps de la defcente par
BD eft au temps de la defcente par AB, comme BC eft au double d'AB, dont le
corollaire eft ce que vous avés voulu remarquer que BC ellant double d'AB, les
temps font égaux. [Nous verrons fi M. l'Abbé C y voudra mordre, quoy qu'il
foit aifé en effect à un Analyfte ordinaire de trouver le refte après ce que vous
en avés dit. Car le noeud de l'affaire eftoit de déterminer la nature de la courbe].
Je fouhaitte de tout mon coeur, que vous donniés au public tant de belles
découvertes que vous avés faites depuis long temps dans la Géométrie, dans les
Mécaniques, dans la Dioptrique, et autres fciences. Pourquoy ne vous ferués vous
pas de la commodité de tant de journaux des Sçavans 7). Mais ce que je fouhaitte
le plus, c'eft voftre fauté. Je ne connois perfonne, qu'on vous puifTe fubftituer.
En attendant la publication de vos ouvrages, je voudrais avoir au moins quelque
connoiffance de ce que vous avés deffein de donner. Il me femble d'avoir ouy
dire que vous pouviés rendre raifon enfin de la réfraction du cryftal d'Iflande. Je
voudrais fçavoir voftre fentimcnt fur le fins et rcflus, fur la variation de l'aimant,
qui apparemment a quelque règle, fur la nature des couleurs fixes qu'on appelle
réelles. Item fur la générations des fels.
J'aurais écrit pluftoft, mais je fuis en voyage depuis trois mois h voir quelques
Archives pour en tirer des lumières Miftoriques, et c'eft pourquoy je n'ay vu les
Nouvelles d'octobre qu'il y a quelques femaines.
") Entre autres, le „Journal des Scavants", depuis Janvier 1 665, les „Philosophical Transactions",
depuis mars 1665, les „Acta eruditorum", depuis 1682, les „NouveIles de la république des
lettres", depuis 1684, la ^Bibliothèque universelle et historique", depuis 1686, et r„IIistoire
des ouvrages des Scavants", depuis 1687.
2ÔO CORRESPONDANCE. 1 688.
N° 2513.
Christiaan Huygens à l'Abbé de Lannion.
5 FÉVRIER l688.
La minute se trouve à Lciden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2506.
A l'abbé de Lannion le 5 fevr. 1688.
Monsieur
Je n'aurois pas tant attendu a faire rcfponce a la lettre que j'ai eu l'honneur
de recevoir de voftre part par Mr. Leers, fi je n'eftois tellement occupé depuis
quelque temps par des affaires de famille furvenues par la mort de mon Père, que
j'ay eftè contraint de laiffer là toutes mes eftudes et enfemble les correspondances
qui y ont du rapport. Ellant encore prefentement a déménager et éloigne de tous
mes livres ').
Ces mefmes affaires me ferviront d'exeufe de n'avoir pu examiner vos remarques
avec tout le foin qu'elles demandent, mais quand je l'aurois fait plus à loifirjevous
confeillerois toufjours de vous fier encore plus a vous mefme et de ne publier
rien dont vous ne ferez très aflurè. Je ne laifleray pas de remarquer un endroit ou
vous parlez de Mr. I Iudde par ce que vous pouvez n'avoir pas bien compris le fens
et l'intention de l'autheur. Car fur ce que vous dites que Mr. I Iudde en donnant fa
règle2) de pofer une ouplufieurs des quantitez connues égales à 1 ou à o, a oublie
d'avertir que la converfe n'eft pas univerfellement vraie, il pourroit refpondre
comme je crois qu'il n'a donné ces règles que comme négatives, c'eft a dire pour
trouver quand une équation eft irreducible, et nullement pour apprendre a les
réduire, ni mefme pour afTurer qu'elle foit reduifible.
La règle du mefme M. Hudde pour les Equons qui ont 1 ou 3 racines égales
ell appliquée utilement a la recherche de maximum aut minimum et aux tangentes,
dans la quelle recherche on feait et fuppofe qu'il doit y avoir des racines égales
entre elles, mais on ne feait pas la valeur d'aucune. Au lieu que dans voftre méthode
il faut connoiftre la valeur d'une des racines, et auffi je ne vois pas que vous la
puiffiez faire fervir a ces beaux ufages. Au relie comme vous avez des remarques
1 ) Voir la Lettre N°. 2507.
2) Il s'agit de la „Regula I" de r„Epistola", citée dans la Lettre N°. 2506, note 6. Cette règle
se rapporte au cas où les coefficients de l'équation sont des fonctions algébriques de plusieurs
quantités connues. L'abbé de Lannion n'a pas maintenu sa critique de cette règle dans l'article
du Journal des Scavans mentionné dans la note 7 de la Lettre N°. 2506.
CORRESPONDANCE. l688. <l6\
nouvelles qui ont leur utilité dans la réduction des Equations et qu'elles peuvent
faire un traité raifonnable avec ce que vous promettez de plus, vous ferez mieux
a mon avis de les faire imprimer et d'en faire faire mention dans les nouvelles des
fcavants que de les y vouloir inférer entières. J'ay parle a Mr. Leers la defïus qui
comme moy trouve que cela n'eftoit ni fai fable a caufe de l'eftendue de la pièce
quand mefme elle aurait elle partagée en deux ni fort a propos a caufe du fujet
qui ertant de pure algèbre théorique n'efr. au gouft que de ceux qui font verfés
dans cette fcience.
J'ay eftè furpris de vous voir fi avant dans ces fubtilitez et j'aurois cru a peine
que vous auriez fi bien perfeveré dans l'citude des mathématiques. J'en ay aflu-
rement de la joye et d'autant plus qu'elles vous ont fait trouver l'occafion de me
donner des marques de voftre fouvenir et de voftre amitié que je tiens de beaucoup
d'honneur. Pour ce qui fe fait dans voftre Académie des fciences je n'en fuis pas
fort informé par ce que je ne recois que rarement des nouvelles de mon corref-
pondant qui ell Mr. de la Hire, tellement que je ne fcay fi on continue a imprimer
ce qu'on a pris des Regiftres et les petits traitez dont j'ay envoyé des copies 3). Je
n'ay pas fccu auffi que vous eftiez mal avec Mr. de la Chapelle et ce que vous me
mandez de luy fur mon fujecl je ne feaurois l'accorder avec ce qui m'a paru par
une lettre "fort civile qu'il m'a eferit en perfonne4). J'ay ouy dire qu'il vous eftoit
arrivé quelque difgrace pour une action qui ne la meritoit nullement et qui dans
le pais ou je fuis vous doit tenir lieu de mérite.
Je fuis &c.
3) Voir la Lettre N°. 2435. 4) Voir la Lettre N°. 2463.
idl CORRESPONDANCE. l688.
Ns 2514-
H. de la Chapelle Besse à Christiaan Huygens.
15 FÉVRIER l688.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2484.
a Paris le 15 febr. 1688.
Monsieur
Jai témoigné a Mefïrs de lacademie l'jntereft que vous preniés a ljmpreffion
des ouurages qui font fous la preffe, jls m'ont paru fort contents de vos fentiments,
et je me fuis chargé de vous mander que non feulemen on n'jmprimera rien de ce
que Ion a de vous fans voftre participation, mais encore qu'jls fattendent que vous
y adioufteres dautres ouurages après auoir perfectionné ceux que vous leur aués
laifTés. Si Mr. De la hyre n'auoit pas cité malade depuis trois mois, ce recueil ')
feroit plus auancé d'jmprimer, jl fe porte mieux prefentement, et jl recommence
a corriger les feuilles, jl efpere auoir acheué dans 3 mois tout ce qujl y a de Mr. de
Roberual 2), quoi que les figures tiennent du temps a grauer on en eft a la moitié
du traitté des mouuements compofés que vous feaués qu'jl n'auouoit pas pour
cftre de luy mais feulement den auoir donné des leçons a vn gentilhomme bour-
delois que la rédigé en vn ordre ou M. De roberual trouuoit encore des chofes a
corriger.
Comme la compagnie a defTein de donner en fuite les defeription des principales
machines qui ont efté jnuentées par Mrs. de lacademie ou laiffées dans le cabinet
de laffemblée a lobferuatoire fous la garde de Mr. Couplet, vous ne voudriés pas
Monfieur que la defeription de voftre machine des planettes 3) dont j'ay fait récit
a Monfeigneur de louuois même manquai! a ce recueil, Ceft pourquoi je vous
fuplie d'y trauailler auant toutes chofes. Je me tiendrai fort honoré fi vous voulés
vous feruir de moi pour faire bientoft vn fi agréable préfent a la Compagnie et me
communiquer tout ce que vous defirercs que je lui faffe feauoir de voftre part. Je
prie Mons. Dalencé de demander a Mr. Romer la même chofe pour fes machines4)
car quoi que les ayant jcy nous puffions en faire là defeription fans luy donner
cette peine, ceft vue déférence que je crois deuoir luy témoigner. Des que M.
De la hyre fe portera affez bien pour vous eferire je le prierai de le faire,
nayant pas de mon cofté tout le loifir que je fouhaiterois pour m'aquiter de ce
') Voir la Lettre N°. 2432, note 1. 2) Voir la Lettre N°. 2432, note 10.
3) L'Automaton Planétarium. Voir la Lettre N°. 2255, note 5- ^a construction de l'instrument
avait été commencée avec l'assentiment de Colbert. Le départ de Chr. Huygens et la mort de
Colbert ont été cause qu'il est resté dans la possession de Huygens.
4) Voir la Lettre N°. 2255, note 3.
CORRESPONDANCE. l688. 263
deuoir et pour vous afïurcr que je fuis plus que pcrfonne du monde et par jncli-
nation et par tout leftime que vous mérités
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiiTant feruiteur
La Chapelle Besse.
A Monfieur
Monfieur Hughens
de lacademie royalle des Sciences.
De Louuois.
a La Haye.
N° 2515.
Ph. de la Hire à Christiaan Huygens.
3 mars 1688.
La lettre se trouve à Leideu, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2479.
A l'Obferuatoire a Paris le 3 Mars 1688.
Il y a du temps, Monfieur, que ie ne uous ay point eferit pour uous donner
auis de l'eftat de nos collections mais lorfque ie reçus uoftre pacquet ou il y a
quelques uns de nos écrits ie ne trouuay aucun billet pour moy de uoftre part,
Mr. de la Chapelle le chargea de uous faire reponfe et de uous donner auis qu'on
auoit receu ce que uous auiez enuoyé; Je naurois pourtant pas manqué a uous
donner de nos nouuelles fi ie nauois pas efté malade dans ce temps la et fi ie ne
leftois pas encore. Je n'ay pourtant pas laifle de continuer a faire auancer noftre
ouurage et ce que ie dois y inférer de Mr. de Roberual r) fera acheué d'imprimer
dans peu de temps après quoy ie donneray ce que uous mauezenuoyé, mais comme
cela ne pourra faire que très peu de feuilles a caufe de la grandeur du volume
iefpere que uous y joindrez quelqu'autre chofe comme uous nous l'auez promis
car ie ne uoudrois pas y rien mettre fans que uous en fufiiez content. On doit y
mettre aufii une defeription des Machines de Mr. Roemer 2), mais comme ie ne
fais aucun doute que la uoftre des planètes ne foit beaucoup plus parfaite et plus
fimple que la fienne il feroit a fouhaitter que uous uoulufliez bien nous en donner
') Voir la Lettre N°. 2432, note 10. 2) Voir la Lettre N°. 2255, note 3.
•64 CORRESPONDANCE. l688.
une defcription auec une figure 3). J'y ioindray auffi a la fin une machine pour les
Eclipfes dont iay donné la defcription dans nos iournaux il y a 4 à 5 ans4) laquelle
montre les Eclipfes bien plus iuftement que celle de Mr. Romer il eft uray quelle
ne paroit pas fi magnifique car ce ne font que trois lames de cuiure ou de carton
qui tournent autour dun centre commun et que Ion peut facilement porter dans
un portefeuille: mais les chofes en ce temps cy ne uallent que ce quon les fait
ualloir et la propreté dune bocte fert beaucoup a augmenter le mérite dune
machine.
Je ne croy pas que nous ayons icy rien de nouueau qui ne foit uenu iufqu'a
nous ceft pourquoy ie ne nous en parleray pas. pour ce qui regarde leftat prefent
de noftre académie on y continue a faire quelques analyfes de plantes comme on
faifoit autre fois dont Mr. Dodart 5) eft chargé de donner le refultat au public. Mr.
Borelly qui a lappartement de feu Mr. Duclos6) cherche autant quil peut de nou-
uelles Méthodes de faire des Epreuucs fur les liqueurs tirées des analyfes et il a
decouuert quelque chofe de fort curieux fur ce fujet7) mais comme ie nentens pas
ces fortes de matières ie ne pourrois uous en rien rapporter que mal a propos, ce
que ie uous en dis ceft feulement fur le rapport de ceux qui font uerfez dans cette
feience. Mr. Perrault, du Verney8) etMery9) qui efl un nouuel academilte et fort
fçauant anatomifte trauaillcnt toujours a la continuation de l'hiftoiredesanimaux10)
et après la reuifion de ce qui a efté imprimé iufqua prefent dans un uolume de la
grandeur du Vitruue de Mr. Perrault11) on y adioute quantité de nouuelles
deferiptions très curieufes toutes les planches anciennes ont efté corrigées et
augmentées en beaucoup dendroits par de nouuelles decouuertes fur les animaux
de mefme efpece dont on a eu plufieurs fujets, la defcription de noftre Eléphant
fera une des chofes des plus curieufes qui ait iamais efté faites fur ce fujet. Mr.
Perrault ne laifle pas de trauailler toujours a quelques machines qui font fort
ingenieufes et que nous inferons dans noftre receuil, il nous doit auffi donner dans
3) Voir la Lettre N°. 2255.
4) Dans le Jourual des Sçavans du 19 février 1685, sous le titre:
Explication & construction d'une nouvelle Machine qui montre toutes les Eclipses tant
passées que futures, inventée et communiquée à l'auteur du Journal par M. de la Hire P, R.
en Math, de l'Acad. II. des Sciences. 1685.
5) Voir la Lettre N°. 2106, note 1. 6) Voir la Lettre N°. 1547, note oft.
7) On peut consulter là-dessus l'„Historia" de Duhamel, seconde édition, p. 263.
8) Voir la pièce N°. 2008, note 8.
y) Jean Méry, chirurgien de la Reine et du duc de Bourgogne, des Invalides et de l'Hotel-Dieu,
né a Vatan (Indre) le 6 janvier 1645. Il fut élu académicien anatomiste le ioavril 1684,
devint pensionnaire anatomiste le 28 janvier 1699, et pensionnaire vétéran le 18 février 1722.
Il mourut le 3 novembre suivant. Fontenelle a écrit son éloge.
IO) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2195, note 3.
") L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1982, note 6.
CORRESPONDANCE. 1 688.
265
peu de jours quelques nouueaux volumes d'eiïais de Phyiique12). Mr. Caflîni con-
tinue les Ephemerides des fatellites de faturne en de n.13) et lhyitoire de la lumière
qui cnuironne le foleil et qui paroit le matin et le fpir et tous [ces] ouurages
doiuent élire ioints auec les uoyages.
Je ne fcay pourquoy nous mauez mandé que robferuation de la longueur du
pendule a Cayenne elloit contraire a celle que Ion auoit obferuce a Gorée I4) et
que ie nous auois enuoyée car Mr. Richer page 66 dit quil auoit trouué cette
longueur moindre qu'a paris de i Lig. i et a Gorée elle fut trouuée aufïï moindre
de i Lig. qu'a Paris quoyque la latitude de Gorée foit plus grande que celle de
Cayenne de io°enuiron et par confequent cette différence deuroit eftre moindre
a Gorée qu'a cayenne au contraire de ce que donne robferuation ie croy que celt
ainfi que uous lentendez.
Je fuis
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeifTant ferviteur
De la Hire.
A Monfieur
Monfieur Christ. Hugens de Zulichem
Hollande. A la Haye.
,2) Voir la Lettre N°. 1841, note 3.
I4) Voir la Lettre N°. 2455, notes 5 et 6.
Œuvres. T. IX.
13) Voir la Lettre N°. 2462, note 3.
34
266 CORRESPONDANCE. 1 688.
N= 2516.
Christiaan Huygens à Abraham de Graaf.
24 avril 1688.
La minute se trouve à Leiden, coll. Uuygetis.
Mijn Heer de Graaf
VE. foon ') mij ter handt ftellende in 't voorlcden jaer de Journaelen bij hem en
Thomas Helder op de reyfe nae de Caep de B. Efperance2) en van daerherwaerts
gehouden,midfgadersd'anderegefchriften concerneerende de obfervatien ontrent
de horologien gedaen, verfocht defelve, als ick die fonde hebben gebruyckt weder
te moghen hebben. Welcke ick dan hiernevens overfende, naer dat daervan
Copije doen fchrijven 3) hebben voor foo veel fulx noodigh heb geacht, defelve
fchriften hebben mij materie verfehaft tôt veel meer wercks als ick in 't eeriîe
gedacht hadde. 't Welck nochtans al vrij wel tôt mijn vergenoegen uytgevallen,
gelijck VE. miffchien fuit fien indien het Rapport4) 't gcenc ick neffens een
Caerte van de Reyfe aen de Heer Borgemeeller Hudde overgefonden hebbe aen
VE. werdt gecommuniceert. Indien de Horologien weder in zeegefonden werden
fullcn daer eenighe dingen aen verbetert dienen waer van in mijn gemelte raport
mentie maecke. Ondertuflchen recommandere ick VE. derfelve bewaeringe en
blijve
VE. dienftwilligen dienaer
24 Apr. 1688.
*) Johannes de Graaf et non pas Isaac, comme il est dit dans la Lettre N°. 2398, note 3, dans la
Lettre N°. 2481, note 6, et dans la Lettre 2488, note 1. La qualification de mathématicien,
par laquelle Huygens, dans la première de ces lettres, désigne son assistant, nous avait induit
en erreur. C'est, en effet, Isaac qui est connu par quelques publications mathématiques, tan-
dis que Johannes est l'auteur du journal tenu à bord du vaisseau l'Alcmaer, pendant le voyage
de retour du Cap à Texel.
2) Voir les Lettres Nos. 2406, 2423 et 248 1.
3) Parmi les pièces de la collection Huygens se trouvent la copie, écrite de la main de Chr.
Huygens, du journal de de Graaf du voyage de retour, 25 mai à 15 août 1687, ainsi que le
journal complet de Thomas Helder relatif au voyage de Texel au Cap de Bonne Espérance.
Ce dernier voyage dura du 24 mai jusqu'au 26 septembre 1686. Quinze hommes de l'équipage
moururent successivement pendant le trajet.
4) Voir les pièces Nos. 2519 et 2520.
CORRESPONDANCE. 1 688. 267
Ns 2517.
Christiaan Huygens à J. IIudde.
24 avril 1688.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
J. Huddc y répondit par le No. 2522.
Aen de Heer Hudde den 24 Apr. 1688.
Mijn Heer
VEdt. fal in het hierncvenfgaende rapport aen de Heeren Bewinthebberen '),
fien de voornaemfle reden die mij foo langh heeft opgehouden eer daer mede ge-
reet heb konnen wefen, buyten welcke ooek geweeft fijn de menighvuldighe
affaires van wegen het fterfhuijs van mijn vader faligher voorgevallen, en nu en
dan eenighe interruptie door mij ne onpaflelijckheydt. Gclijck nu dit gefehrift feer
veel verlcnght is geworden door de nieuwe confideratie van het omdraeyen der
aerde en 't effect des felfs op de Pendulen, foo en fende ick het met die meeninge
niet om in de vergadering van de Heeren Bewindhebberen in 't geheel voor-
gelefcn te werden, maer om in 't particulier door de gheene die de materie der
zeevaert verftaen te werden gexamineert. Onder de welcke ick wenfchte dat
VEd. fooveel tijds genoeg hadde als ick hem hierin een compétent rechter
erkenne.
Aengaende het gemelte effecl van het draeijen der aerde fal VEdt. mifTchien
gefien hebben 't geen onlanghs daervan gefehreven is door den Profefïbr Newton
in fijn boeck genaemt Philofophiae Naturalis principia Mathematica, ftellende
verfcheyde hypothefes die ick niet en kan approberen, wacruyt dan ooek ander
befluijttreckt als mijn rekeningh uytgeeft2). de fondamenten waerop ick gebouwt
hebbe fijn in mijn Raport vermelt, welcke voor foo veel der Lichaemen fwaerheydt
aengaet, weynigh verfchelen van die van des Cartes en Rohault 3).
De Heer van Beuningen heeft mij niet langh geledeneenbriefgecommuniceert
van de Heer Is. Voffius 4) (en ick vinde denfelven brief ooek gedruckt in de
Bibliothèque univerfelle van dit jaer pag. 429), in welcke hij fpreeckt tegen de
obfervatien der Jefuiten aen de Caep de B. Efp.5) en in 't generael tegens de
obfervatien der Lengden aen de Satellites van Jupiter, doch beyde fonder reden,
als weinigh kenniiïe hebbende van de Aftronomie en van 't geene diergelijcke
') Voir l'Appendice II, N°. 2519.
2^) Voir, sur ces matières, l'Addition au „Discours sur la cause de la Pesanteur".
3) Voir la Lettre N°. 823, note 4. 4) Voir l'Appendice N°. 2518.
5) Consultez la Lettre N°. 2455, note 10.
268 CORRESPONDANCE. l688.
obfervaties betreft, gelijck mede fonder flot in 't geen hij in dcn felvcn brief
fchrijft, dat, als men mijn horologie met een Pendulum gaendc, wil (lellen naer de
Edipfes (dit fijn fijn woorden) dan J al het in den tijdt van een dagh en nacht, te
weten in 24 uren, nietmeer als in 11 uren flaan. Want het is niet te bcdenken wat
de fin is van defe woorden. En aengaende de obfervatie van de Satellites van
Jupiter om te thoonen hoe feecker daerdoor de Lengden wcrden afgemeten heb
ick in 't eynde van mijn Raport een Exempel daer van willen verhaelen. Ick heb
groot verlangen om eenighe Caerten van de O. Indifchc Compagnie te moghen
lien, om te weten op wat Lenghde in dcfelve de Caep de B. Efpe. en Texel en
andere plaetfen geitelt fijn, dewijl ick gemerckt heb uyt het Extraft van 't Jour-
nael van 't fchip Alcmaer dat die Caerten feer differeren van die publiek verkocht
werden. Indien ick die van ecrften af gehadt hadde, fouden mij al veel moeijte
gefpaert hebben. doch ick achte aile die ick genomen heb wel befteedt te fijn foo
om de rechte kennis van het effecl: der horologien tôt de Lengdevinding, aen
welckers fucces ick niet en twijffelc, indien men maer voort de hand daer aen
houdcn wil, als om het nieuwe bewijs van het omdracijen der aerdc uijt welck
bewijs noch verfcheyde confequenticn getrocken werden; maer hier eijndigende
blijve
Mijn Meer
UEds. ootmoedige dienaer
Het geen van mijn nevcnfgaende Rapport fonde konnen aen de Ileeren Be-
windhebberen voorgelefen werden is het begin tôt het eynde van pag. 7 en
wederom de aenmerckingen op de Journalen beginnende pag. 22 tôt het eijnde,
doch referere mij 't eenemael aen UEds. oordeel onderwerpende.
Ick fende aen Mr. de Graef op fijn verfoeck de Journalen en andere papieren
weder, welcke neffens mijn Inltruftie die aen hem gelaeten hebbe, dienen tôt be-
wijs en explicatie van 't geene in mijn Rapport verhandelt werdt. hebbende van
ailes voor foo veel noodigh geacht hebbe Copijc gehouden.
CORRESPONDANCE. 1 688. l6()
W 2518.
Isaac Vossius à H. van Beuningen.
23 FÉVRIER 1688.
Appendice I au No. 2517.
La copie se trouve à Leiden, coll. Ilttygcns.
La lettre a été publiée, avec quelques variantes, en français, dans la Bibliothèque Universelle ').
23 febr. 1688.
Mijn Heer
Wat belangt de obfcrvatic van de P. P. Jefuiten gecalculeert op Cabo de bonne
Efperance als 00k mede te Siam defclve konnen niet bertaen en accorderen nîet
met de lengte des aerdbodem. Met is niet genocch dat fij uijtrekenen de Eclipfes
tuflehen hier en Mexico, ofte mede van hier tôt Siam, Pequinende Molucce, fi
moeten ooek de Eclipfe obfervere van Pequin tôt Mexico te weten van den heelen
ommeloop van de eerde, en als dan fien an partes conveniant loto, dat doende
fullen fij gewaer werden datter mecr dan twee nren, jae wel rnym 40 graden
mankeren, om te voltrecken den geheelen cirkel. Wat aengaet de Satellites Jovis,
kan tôt noch toe niet gelooven, dat m en tiîjt foo verre afgelegen planeten immer
fullen gewaer werden de naewkeurige diltantie en lengte van lande en ftroomen,
mij dunckt dat wij fekerder ftaet konnen maken van 'tgeen wij onder onfe voeten
hebben en fckerlijck genoeg konnen uijtvinden door de lantmaten en zeereijfen,
principaelijck van die gène die niet geanticipeert fijn door eenige obfervatie van
Eclipfes die tôt noch toe niet konnen befiaen. Indien eenige anders meencn laet
hun uijt de Eclipfes te Haerlem et te Amfierdam fcherpelijck waergenomen de '
difiantie van beijde plaetfen calculeren,verfeker dat fij leelijck fullen ftaen kiken.
T'geen fij feggen dat men beter de maet van verre afgelegen plaetfen kan uijt-
ciffren, dat is mis. Hoe verder afgelegentheijt, hoc grooter dwalinge. In de maten
gegeven door Ricciolus en onlanx door la Hirecnandcre Jefuijtcn werden begaen
fauten van meerder als vijfhondert duijtfe mijlen. Ptolemeus in fijn geheele laetfte
boeck der géographie, heeft mede de Eclipfes gecalculeert, en fijne calculatie
accordeert veel beter met de lantmate. Soo dat ick tôt noch toe daer bij blijf, foo
lang als men de Eclipfes niet beter wcet te cifren, dat het beter fij de lengte en
mate der eerde hier op de eerde, als wel in den hemel door reflexie te fpiegelen.
Met uurwerk van den heer Chrilliaen Iluijgens is uijtncmende goet, doch indien
') Dans le numéro tic mars 16HH, page 429 du Tome VIII.
1JO CORRESPONDANCE. l688.
men het wil ftellen naer de Eclipfes, fal in den tijt van een dag en nacht te weten
in 24 uuren, niet meer als 11 uuren flaen.
T'geen UEd. fchrijft van veel tijts te fpcnderen in de faken van Ooft indien en
particulierelijck in de natuur en beweginge van de ftroomen, is mij feerliefen
wenfte wel foo geluckig te fijn van deijlachtich te mogen werden van defelfs aen-
merkingen, principalijck van de générale ftroomen, dcwelke alhoewel feer ge-
troubleert werden door de meenichte van groote eijlande dicht bij den andere
liggende, niettemin gereduceert konnen werden tôt fekere regels, fchoon nict
fonder groote moeijten en ervarentheijt. De fekerfte weg mijns dnncking om tôt
kennifle te komen van aile de ftroomen van de zee, is voornemelijek teobfervercn
de beweginge van den grooten océan liggende tuiTchen Peru en de Philippines,
wefende niet alleen de grootfte macr oock de fuyverfte van aile zeen, omhelfende
niet als weijnig en kleijne eijlande, die de générale vloet niet beletten. Soo dat
men uijt de ftanthoudende beweginge van dien Océan, genoegfaem kan befiuij-
ten qualis ubique futurus fit marium motus, fi nullae occurrerent vel obftarent
terraî.
De felve bewegingen kan men mede klarelijck befpeuren in de Atlantifchc zee,
alhoewel niet foo rechte ftreckinge hebbende tufTchen ooft en wert, dewijl de
kuften van Africa en Brafil t' felve beletten: niet tegenftaende de effeclen en
accidente van beijde defe oceanen accorderen in aile haer rcfpeftive en gelijc-
formige fituatie foo fcherp den een met den ander, dat ick tôt noch toe niet de
minfte variatie heb konnen bemerken.
Doch de refterende océan te weten den Indifchen van de Philippines tôt aen
de Caep de Bonne Efperance heeft meerdcr difficulteijten, niet alleen om fo veel
hoeken en landen foo verre uijtftekende naer het Zuijde, maer oock om de
meenichte van groote en kleijne eijlande, door de welke het Mare Pacifîcum fijn
• vloet neemt in de Indifche zee. De ontmoetinge van de ftroomen uijt de Bengaelfe
zee in tijt van de converfie van den jaerlinxe vloet, fchijnente maken in de ftraten
van Malacca en van Bantam groote verroeringen, welke nochtans bequamelijck
gereddert konnen werden, door de exaéte kennis van beijde defe ftraten. Ik heb
over veel jaren in Amfterdam gefien een gefchreve traclaet overgefonde van de
heer Maetfuijker 2),nopende de winden en ftroomen van de ftraet van Batavia, nu
is het mij leet dat ick het felvige niet heb doen copieren. Van de ftraet van
*) Jan Maetsniker, né à Amsterdam le 14 octobre 1607. Après avoir occupé plusieurs hautes
charges aux Indes orientales, il devint en 1653 Gouverneur-général, au grand profit delà
Compagnie des Indes, dont il étendit considérablement la puissance, tant par des traités
avantageux que par la conquête de la côte occidentale de Sumatra, de Ceylan et de plusieurs
autres contrées importantes. Il mourut à Batavia le 4 janvier 1 678.
CORRESPONDANCE. l688. <1J l
Malacca vind men feer goede befcrivinge in de routeiros der Portugefcn 3). Aen
de wateringe en ftroomen in en omtrent de havens, laet ick mij niet veel gelcgen
wefen, als welke niet teenemael dependeren van de générale en ftanthoudende
ilroomen, wefende deffelves kcnnis oneijndig en nootfakelijker voor fcippers en
piloten als wel voor liefhebbers van wetenfchap, die eerrt itcllen het principael,
eer fi komen tôt exceptie en omltandigheden. Den koning heeft mij meermael
aengefproken en vermaent om een globe te doen maken met de behoorlijcke
dittantie van landen en waters, vant welke ick indachtig ben datUEd. aloverlang
mij heeft toegefchreven. Heb genegentheijt tôt foodanigen arbeijt, maer wenfte
wel een ervare globe of kaerte maker te hebben die volgens mine minute en
tablature exaftelijck in 't werk konde itellen de breete en lengte der plaetfen
volgens mijne aenteekeninge, heb tôt noch toe niemant hier gevonde die mij
behaegt. Daer is te Paris een Venetiaens monick die feer cierelijcke globen
maeckt van hout, hebbende drie voeten diameter en dat voor een civile prijs, te
wete het paer feftien piilolen. Doch de proportie van landen en zeen accorderen
niemendal met de ware lengte. Bij aldien UEd. mij kan addreiïeren een bequaem
globemaker fonde een groote weldaet fijn aen mij, en noch grooter aen de navigatie
welke feergebrekelijck is, omdat de landen en wateren niet en ftaenonderhaer be-
hoorlijcke meridianen, foodat het onmogelijck is giflmge te maken van de lengte.
Wenfte wel te weten ofte te Amfterdam eenige kennis iij gekomen van den oorlog
der Mofcovite met de Sinefe wegen een perel vifîcherie, als ooek mede van de
groote rivier Obbis die van de Mofcovite wert bevaren. Defelve heeft heel een
andere cours als men heden daegs meijnt. Neemt fijn uijtgang niet in de Noorfe
zee dicht bij Nova Zemla, als de kaerten uijtwifen, maer paflerende het groote
lac kitaifeo, ftreckt fich meeft ooftelijck hebbende fijn mont boven de muur vande
Sinefen, niet verre van de peerel vifleherie. Soude voorwaer een groot avantage
wefe in de vaert naer Japan, bij aldien de Mofcoviten geen beerten en waren.
Verheug mij ten hoogfte over fijne Ed. goede gefontheijt, wenfche dat de felve
veel jaeren mag dueren. Met mij is het redelijck wel, foo lang het den hemel
belieft.
UEd.
onderdanige en gehoorfamen dienaer
Is. Vossius.
■^2_ Febr. 1688.
XIII
3) La partie de la lettre qui suit, jusqu'au passage sur le fleuve Oby, manque dans la Bibliothèque
Universelle.
272 CORRESPONDANCE. 1 688.
Mijne nicht heeft P. Haeken over een maent omtrent, aengetelt 75 ponden,
't vcrtrou dat dcfelve penningen bij UEd. fijn getrockcn. Bij aldien UEd. dunckt
dat men op hem mach vertrouwen, fal meerder ovciTeijnden.
N° 2519.
Christiaan Huygens aux Directeurs de la Compagnie des Indes
Orientales.
24 avril 1688.
Appendice II au No. 2517.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, cuil. Huygens.
24 April 1688.
Rapport aengaende de Lengdevindingh door mijne
Horologien op de Reys van de Caep de B. Efpe-
rance tôt Texel A°. 1687.
Aen de Edele Eerentfefte Heeren Bewinthebberen van
de Ooft Indifche Compagnie.
Mijn Heeren
Gefien ende geexamineert hebbende de Journalen en aenteyckeningen, mij ter
handt geftek, der gheene die met de Horologien van mijn Inventie, door UEd.
ordre naer de Caep de Bonne Efperance gefonden fijn geweefl, en wedergekeert
in 't voorleden jaer 1687, foo is deien ora volgens mijne fchuldighe plicht, aen
UEd. rekenfchap te geven van 't geen ick uyt de voorn. fchriften bevonden
hebbe aengaende de proeve der Lengdemetingh, waer toc defe reyfe was aenge-
Mlelc. Ick fonde verfcheyde redenen konnen bijbrengen, waerom ick hier mede foo
langh getardeert hebbe, doch de voornaemfle is geweefl: de difficukeyt om tôt het
rechte verftandt van dit geheele werck te geraecken, ailes nae behooren te over-
wegen en de noodighe uytrekeningen te doen, alfoo iets meerders daer in verbor-
gen lagh, als mij voor defen bekent was. Doch eyndelijck, nae langh wachten,
kan ick feggen feer goede tijdinghe te brengen aengaende defe Inventie, als
bevonden hebbende dat door middel der voorf. horologien de Lengdens tuflehen
de Caep de Bonne Efper.ce en Texel doorgaens feer wel fijn afgemeten, en de
geheele Lengde tuflehen defe twee plaetfen foo perfecl, dat het macr 5^6 mijlen
CORRESPONDANCE. l688. 273
enverfcheelt,'t welck ickbekenne met fonderlingh vergenoegen gefien te hebben;
als fijnde een feeckere preuve van de moghelijckheydt defer foo lang nac ge-
wenfchte faeck.
En om in 't korte aen UEd. te verthoonen de fomme van mijne ondervindinge,
foo heb ick de bijgaendc Caerte ') toe gefielt, en daer in aengewefen de Coers van
't fchip Alcmaer (in 't welck de Horologien van de Caep herwaerts gevoert fijn)
nae drijderhande Lengde Rckeningh. Waer van die met groene couleur verlicht,
is volgens de rekening en giffing der Stierluyden. die met geele, volgens de
rekening van Mr. de Graef op de Horologien gemaeckt naer inhoudt van mijne
Inrtrudt-ien aen hem mede gegeven,welcke hij feerwel en forghvuldigh heeft naer
gekomen. En eyndelijck die met roode couleur, volgens mijne nieuwe rekening,
op defelve obfervatien der horologien gepaft; welcke rekening ick voor vaithoude
de redite te wefen en die de wacre Lengden uytgeeft. In de gemelte Caerte lijn
de daghen tôt ieder plaets behoorende langhs de weghen bijgefchreven, en de
geftipte deelen der roode en geele linie fijn daer geen obfervatien op de Horolo-
gien gedaen fijn geweell.
Defe Coerflen fullen uyt de Journalen van het fchip Alcmaer en dat van de
Graef bewefen werden aldus te leggen. En wat aengaet het Journael van Thomas
Helder, alleen op de heen reys gehouden, (want hij in 't eerfic van de weer reys
iskomen te overlijden) het felve brenght évidente redenen mede waerom als doen
de horologien onmoghelijck niet en hebben konnen dienen; waer van in mijne
Aenmerckingen op dit Journael meerder fal werden gefeght.
Doch om te komen tôt het voorz. bewijs der dryderhandc Coerfîen, foo mocten
eenighe dingen voor afgaen, foo aengaende de waere Lengde tufïchen de Caep en
Texel als van feeckere onlanghs ontdeckte eygenfchap van de Pendilla, die in fich
felven feer aenmerckelijck is, en in dit tegenwoordigh onderfoeck van feer groot
gewight. Ick fegge dan eerftelijck,dewijl het verfchil der Lengden tufïchen verre
van den anderen gelegen plaetfen, gelijck Texel en de Caep de B. Efp. tôt noch
toe feer onfeecker is, en de werelt Caerten in defen vol inperfeclien en fauten,
dat van gelijcken in 't begin onfeecker foude fijn of de Horologien de verfchillen
der Lengde wel of quaelijck afmeten, indien men niet door een ander middeldefe
maet met feeckerheydt konde uytvinden. Dit middel is de obfervatie der fterretjes
rondom de Planeet Jupiter Loopende, en voornamentlijck de binnenite van de
vier. Welcke obfervatie federt eenige jaeren tôt foodanige perfeftie is gebracht,
dat daer door de Lengden van aile vafte plaetfen der Aerde feer net konnen be-
komen werden. En het is bij een feer geluckighe toeval gebeurt dat even te vorcn
als de reyfe der Horologien nae de Caep is aengevangen, de Lengde defer plaets,
') Voir la planche vis-à-vis de cette page.
Œuvres. T. IX. 35
274 CORRESPONDANCE. 1 688.
door feer naeuwkeurigc obfervatien volgens gemelte nieuwe manier is afgemeten.
Als te fien is in de Relatie van de reyfe naer Siam, befchreven door den P. Jefuit
Tachard 2). Want defe met fijn metgefellen aen de Caep gekomen fijnde, en
wetende dat de binnenfte deromloopers van Jupiter tôt Parijs, op den 4en Junij
1685, moeft uijt de fchaduwe defer Planeet weder verfcbijnen ten 8 uren, 25 min.
40 feconden: vonden, bij obfervatie dat fulx aen de Caep gefchiede des felven
daeghs ten 9 uren. 37 min. 40 fec. Uyt welcke diflferentie des tijdts van 1 ure,
1 2 minuten, volgde dat de Lengde van de Caep ten refpeét van Parijs was eff'en
van 18 graden ten Ooften dewijl nu Texel 3 graden 35 minuten ooftelijcker leght
als Parijs, gelijck bij Riccioli in fijn Géographie 3) pag. 378 door neerftigh onder-
foeck der obfervatien van Eclipfen werdt bethoont foo komt de Caep ooftelijcker
als Texel 14 graden 25 minuten waer uijt men befpcurt de faute der gemeene
Werelt Caerten die dit Lengde verfchil ftellcn van 18 of 19 graden.
Want men fich met reden op gemelte obfervatie kan betrouwen dewijl die door
feer Experte Aftronomi is gedaen, en aen welcke een der voornaemfte infichten
haerer reyfe geweert is het onderfoecken der Lengden foo in China, Siam, aen
de Caep als andere plaetfen ten refpecte van die van Parijs. Sijnde daer toe van
feer curieufe inftrumenten als quadranten, Verkijckers, Morologien &c. voorfien:
en befonder van de accurate Tafelen van Mr. Caffini aengaende de Eclipfen der
Omloopers van Jupiter, die daer in tôt uren, minuten en feconden fijn berekent.
Welcke Tafelen bij hem ieder jaer gecalculeert werden, en door obfervatien
bcproeft, tôt meerder feeckerheydt. Het welck in der waerheydt een groote faeck
is, en beneffens onfe Horologien een gewenfcht middel om de Werelt Caerten
van aile fauten te fuyveren.
Sijnde dan de waere Lengde tuflchen de Caep en Texel van 14 graden 25
minuten ; indien de Horologien de felfde bf feer nae uytgeven, foo is dit een bewijs
van de goedheijdt defer Inventie. Behalven dat men fien fal dat op de ganfche
weerreys de gevonden Lengden der horologien, nae behooren gecorrigeert, van
die der Stierluyden niet al te veel en differeren.
Ick fal nu voorts aengaende defe Corre&ie der Horologien aenwijfen hoedanigh
die is, en waer uyt ick der felve noodfaeckelijckheydt ben gewaer geworden.
Als ick dan in 't eerfte de Relatie van de Graef examineerde, foo was ick
verwondert hoe dat fijn Lengde tufïchen de Caep en Texel door de horologien
gevonden maer 1 of 2 graden van de Werelt Caerten en der Stierluyden rekening
en verfeheelde; en dat hij nochtans, gedurende de reyfe, doorgaens feer veel van
haer afgingh, tôt 9 en 10 graden toe, altijdt ooftelijcker. Ick bevond mede, als ick
2) Dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2455, note 10.
s) Geographia et Hydrographia reformata. Bononiae i66i,in-f°. L'ouvrage fut réimprimé en
1667 et en 1672.
CORRESPONDANCE. l688. 275
de ganfchc Cocrsvolgens fijne aengeteyckcndc Lcngdcns op de gemeenc Caerten
afpailc, dat het fchip dicht bij Capo Verde fonde heen geloopen fijn, en infgclijks
den 8 Jul. veel te ooltelijck, om met de behouden Coers, achter Yflandt en be-
noorden Schotlandt om te feylen.
Ick en derfde noch en konde ooek dit ailes niet toefchrijven aen de valfcheijdt
der Caerten, maer fagh dat de reden noodfaeckelijckmoefl:wefen,dathethorlogie
in d'eerfte maenden der rêyfe langfamer gangh gekregen haddc als die aen de
Caep geobferveert was, en daer nae van felfs weder rafler gangh. 't welck laetfte
vreemdt fcheen dewijl het Pendnlum niet wel korter kan werden.
Dit heeft mij dan doen gedencken aen de onlangs ontdekte eygenfchap van de
Pendula, alderecrfl geobferveert door eenen die met onfe Inftruftie nijt Vrankrijck
naer Cayana was gefonden in 't jaer 1671 4). Te weten dat ecn Pendulum doende
ieder flagheen féconde, 't welck tôt Parijs de Lengde hadde van 3 voet 8i Linie,
Parijfche maet, aldaer in Cajana korter was om ^ dnym. Leggende die plaets op
4 graden benoorden de Linie. Waer nijt volgde dat een Slingerwerck dat tôt
Parijs op de rechte maet der daghen geilelt was, in Cajana komende, het pendnlum
te langh fonde hebben, en daer door meer als 1 minnten daeghs fonde ver-
achteren.
Dit fcheen vremdt; doch de reden daer van gefocht hebbende dacht mij defe te
konnen fijn dat aile gewight de Linie Equinoctiael naderende ietwes lichter moeft
werden, nyt oorfaeck van het draeyen des Aerdtkloots. Om dat aile lichamen die
een circulaire bewegingh hebben, van het center af naer bnyten gedreven werden.
Waer van ick alderecrft eenighe regulen en Theoremata in 't licht gegeven hebbe
in mijn Boeck van 't Horologium Ofçillatorinm 5). Volgens wclcke ick vondt dat
het omdraeyen der Aerde op haer as, aile gewicht onder de Linie ~g dcel lichter
maecken moeft als het fijn fonde onder d'een ofd'andere Polus, ofte op een on-
beweechelijcke Aerdkloot. En dat indien dit omdraeyen 17 mael rafTer gingh als
het doet, aile fwaere lichamen dan onder den Eqninocliael ganfeh geen gewight
fonden over honden. maer hier blijvcn in de lncht hangen al daer men le plaetfte.
Uyt dit -^~ fwaerheydts verminderingh, moeft nu bij gevolgh ecn fclfde Pendn-
lum onder de Linie ietwes langfamer gaen als verre daer van daen doch dewijl
andere obfervatien in verfcheyde geweften gcdaen ontrent defe ongelijcke Lengde
der Pendula, niet al te wel volgens vcrwachtingh nijt en viclen ff), foo hadde ick
al te met gedacht of mifTchien dit e fie et der draeyinge van de Aerde door eenighe
andere natuerlijckc reden te niet gcdaen; of irregnlier gemaeckt wicrdt. Gevende
4) Richer; voir la Lettre N°. 2455, note 6.
5) Les théorèmes „de vi cenfrifuga ex motu circulari", placés à la lin de l'I Iorologinm Oscilla-
torinm.
6) Consultez la Lettre N°. 2455, notes 3 et 4, et la Lettre N°. 246a.
2~?6 CORRESPONDANCE. 1 688.
nochtans acn Th. Ilelder, op fijn vertreck met de Horologien naer de Caep,
exprefie order en Inltruclie om de voorz. verkortingh des Pendulums aldaer te
ondcrfoccken waer van geen rapport bekomen hebbe 7).
Maerfiende nu dat op de weerreys de horologien eerfl: langhfamer,en dan weer
raflfer gangh gekregen haddén, foo dacht mij, feer waerfchijnlijk te fijn dat defe
verandcringh uyt gemelte oorfaeck ontftaen was. Ick oordeelde dan de pijne
vveerdt te fijn te onderfoecken hoe nae dit met mijn théorie over een quam. Te
mecr omdat, wel uytvallende, cen feer acnmerckelijcke preuve fonde fijn van het
omdraeijen der Acrde, en geenfins dependerende van eenighe aitronomifche
confideratie.
Om dan de Lengde Rekening volgens defe nieuwe irregularitcyt der horologien
in 't werck te ftellen; foo heb ick voor eerfl: de volgende Tafel bcrekent, welcke
aenwijit op ieder graed der Breedte, hoe veel minuten en feconden een horologie,
daer fijnde, daghelijx moet langfamer gaen als het doen foude onder de Noord of
Zuyd polus (te weten uijt defen hoofde van het draeyen der Aerde) 't welck ick
de Grootfte daghelijckfe vertraegingh noem en waer door de Lengdens door de
horologien gevonden, gecorrigeert werden gelijck ick hier nae fal thoonen. En
wat aengaet het ganfche fondament dcfer Calculatie, en wat ick daer ontrent
in acht genomcn hebbe, 't felve heb ick verhandelt in een apart Traclaet van de
Oorfaeck der Swaerte 8), 't welck ick geerne wil, en oock voor genomen hebbe
te ondcrwerpcn aen aile Ervarcne Mathematici haer examen, om te doen ficn dat
ick in mijn (lellingh nochte uytrekeningh niet in 't minfle toegegeven hebbe om
de gevonden Lengdens goedt te maecken. Sulcks ick mede alhier in aile finceriteyt
verklaere.
~y Voir l'Appendice N°. 2526 et la note 1 de cette pièce.
5) Le „Disconrs de la Cause de la Pesanteur". Par C. II. D. Z. A Leide, chez Pierre van der
Aa, Marchand Libraire, mdcxc. in-40, publié en même temps et dans le même volume que le
Traité de la Lumière, sous le titre général :
Traité de la Lumière. Où sont expliquées Les causes de ce qui lui arrive Dans la réflexion,
&. dans la Refraction. Et particulièrement Dans l'étrange Refraction Dv cristal D'Islande,
Par C. IL D. Z. Avec un Discours de la Cause de la Pesanteur. A Leide, Chez Pierre van der
Aa, Marchand Libraire, mdcxc. in-40.
CORRESPONDANCE. 1 688.
V7
Tafcl van de grootftc daghelijckfe vertraegingh der ITorologien
met een Pcndulum gaende.
Graden
Grootlte
Graden
Grootfte
Graden
Grootfte
der
daghelijckfe
der
daghelijckfe
der
daghelijckfe
Breedte.
vertraeging
der Horol.
Breedte.
vertraeging
der Horol.
Breedte.
vertraeging
der Horol.
min. sec.
32
min. sec.
I 48
min. sec.
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33
1 45
65
0 27
1
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2 29
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7°
0 18
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2 28
39
1 31
71
0 16
7
2 28
40
1 28
72
0 14
8
2 27
41
1 25
73
0 12
9
2 26
42
1 23
74
0 1 1
IO
2 25
43
1 20
75
0 10
1 1
2 24
44
1 18
76
0 9
12
2 23
45
1 15
77
0 7 •
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1 12
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0 6
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47
1 10
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0 5
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5°
1 2
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0 3
18
2 16
51
0 59
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0 2
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2 14
52
0 57
84
0 2
20
2 13
53
0 54
85
0 1
21
2 1 1
54
0 52
86
0 1
22
2 9
55
0 49
87
O '/a
°-3
2 7
56
0 47
88
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24
2 5
57
0 44
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58
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26
2 1
59
0 40
27
1 59
60
0 38
28
1 57
61
0 35
29
1 55
62
0 33
30
1 52
63
0 3 1
31
1 5°
64
0 29
078 CORRESPONDANCE. 1 688.
Uyt defe Tafel kan men lichtelijck te weten komen hoeveel een horologie
dagelijx moct rafler of langfamer gaen op d'eene plaets als op d'andere als beydc
haere Breedte bekent is. En hoe vcel graden cen Ooftcn of tcn Wcften defe
verachteringh of vorderingh de rekeningh der Lengde foude doen vcrfcheelen.
Als bij Exempel.
Dewijl de daghelijkfe grootfte vertraegingh aen de Caep de B. Efp. (dat is op
de Breedte van 34 gr. 30 min.) volgens de Tafel is van 1 minutai feconden tijdts.
En de daghelijckfe grootfte vertacgingh onder de Linie, ofte op o graden Breedte,
is 1 min. 30 fec. Soo fal men die van de Caep van defe aftrecken, en blijft o min.
49 feconden voor de daghelijckfe vertracgingh van 't horologie onder de Linie,
als men van de Caep komt. Welcke tôt graden der Lengde gereduceert, maecken
12 min. 15 fec. Sijnde het daghelijks fchijnbaer verval ten Ooften, als men de
gangh van 't horologie, onder de Linie fijnde, foude rekencn de felfde te fijn die
aen de Caep bevonden is. Want dewijl het horologie aenwijft de ure van de Caep,
daer men van afgefeylt is; hoe veel te vroegher dan of minder defe ure bevonden
werdt, hoe veel weftelijcker de Caep gerekent werdt ten refpefte van de bekomen
plaets, dat is foo veel Ooftelijcker defe plaets ten refpect van de Caep.
Wederom dewijl de daghelijckfe grootfte vertraegingh in Texel, dat is op de
Breedte van 53 graden, is van o min. 54 feconden; welcke minder is als die van
de Caep; foo is defer beydc differentie, te weten o min. 47 feconden de daghelijkfe
vordering van 't horologie in Texel als men van de Caep komt, welcke in graden
der Lengde maecken 1 1 min. 45 fec. fijnde het daghelijks fchijnbaer verval ten
wcften:
Om nu ooek de geheele voor of achteringh der Horologien in cenighe achter
een volgende daghen op de kortfte manier te vinden, foo ftel ick voor eerrtneftens
ieder dagh des Journaels, volgens de geobferveerde of gegifte Breedte, de
grootfte vertraegingh van 't horologie daer toc behoorende, gelijck die in de
voorgaende Tafel werdt gevonden, van defer aile fomme fubtrahere ick de
daghelijkfe grootfte vertraegingh op de afgefeyldc plaets, foo menighmael géno-
me n als 'er daghen verloopen fijn. De reft is de geheele vertraegingh van 't
horologie in aile defe daghen. En de reden hier van is klaer; dewijl even foo veel
moet uytbrenghen als of men ieder dagh de vertraegingh der afgefcylde plaets
afgetrocken hadde, als in de voorgaende exempelen is gefchiedt.
Maer indien de fomme der vertraeginghen minder geweert waer als de gemul-
tipliceerde vertraegingh der afgefeijldc plaets door het getal der verloopen
daghen; dan fonde ick die fomme van dit produél afgetrocken hebben, en de reft
foude wefen de vorderingh van 't horologie in al de voorgcrteldc daghen. Dit
ailes fal door Exempelen naerder verklaert werden in de Explicatie op het vol-
gende Journacl der weerreys van de Caep, in 't welck de bekomen Lengdens van
't fchip Alcmacr nae de drijderhande rekeningh, in 't begin defes gemelt, ver-
thoont werden.
CORRESPONDANCE.
1688.
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Van de columnen van dit Journael is den inhoudt van het meerte deel, door
't geen daer boven gefchreven itaet, genoegh bekent. Daerom fal ick alleenlijck
aenmercken 't geen in fommighe eenighe verklaringh van nooden heefr.
In de Ile colomne fijn de Breedten van den 30 en 3ien Jul. die in 't Journael
der flierluyden niet aengeteyckent fijn, gefuppleert volgens de fituatie der Eylan-
den die fij in 't geficht hadden. Als mede de Breedte van den ien en 15 Aug. uyt
het Journael van de Graef. Ende is te weten dat voor foo veel wij de kennifTe
der Breedte tôt de Corrcctie van de vertraegingh der Horologien van nooden
hebben, geen fins eenighe precijfheydt vereyfcht werdt.
De graden der IV Colomne en fijn niet befchreven in 't Journael der Stierluy-
den, maer door confequentie getrocken uyt die van de voorgaende Illde colomne.
Want gelijck fij defe haere graden der Lengde gevonden hebben door het fubtra-
heren der graden die fij ten Weflen de Caep, nae haer rekeningh bekomen hadden,
van de geheele Lengde tufîchen de Caep en Teneriffa; foo heb ick wederom haer
aengeteyckende Lengden afgetrocken van de felve Lengde tufîchen de Caep en
Teneriffa, om te hebben haere Lengdens ten Welten de Caep, die gecompareert
moellen werden met de geene die door de horologien gevonden fijn. Alhoewel
nu de Lengde tufîchen Teneriffa en de Caep in de gemeene Werelt Caerten
geftelt werdt van ontrent 41 graden, foo vind ick dat, in de Caerten bij defe
Stierluyden gebruijckt, defelve Lengde is geweefï ontrent maer van 38 graden.
't welck uijt haer aengeteyckende Breedte, Lengde, en behouden Coers in de
eerlïe daghen nae haer vertreck van de Caep aldus kan bethoont werden.
Want genomen dat de Caep is in A, fijnde op de Breedte van 34 gr. 30 min.
En dat AB is de meridiaen. dewijl dan den
20 Apr. 's avonds het ancker gelicht was, en
dat fij 's andercn daeghs den Tafelberg Z. Z.
Ooft van haer hadden op 3 mijlen; foo was
het fchip den 21 Apr. ontrent in D, fijnde
de gevorderde Breedte AH. 1 1 min. ende
Lengde HD 6 min. Hier nu dreven fij voorts
den geheelen dagh in ftilte; foodat ontrent
D gebleven fijn, of een weynigh in haer Coers
gevordert die, volgens refolutie, was N. W.
ten Weften. Welcke Coers vervolgende in
DE, bevonden fich den 22 Apr. op de Breedte
naer giffingh, van 33 gr. 18 min. Laet defe plaets fijn in E, foo komt volgens de
drijhocks rekeningh E 1 gr. 14 min. Weflelijcker als D, en daerom 1 gr. 20 min.
weflelijcker als A. Maer de Lengde van E is in haer Journael aengeteyckent van
36 gr. 42 min. Soo leght dan de Caep A volgens haere Caerten op de Lengde van
ontrent 38 gr. 2 min. dat is,op 2 minuten nae gelijck weynigh te voren is gefeght.
Ick heb dan de graden der Lengde van de 3e colomne afgetrocken van 38
284 CORRESPONDANCE. 1688.
graden, om te hebbcn de graden der Lengde ten Weften de Caep in de 4<ie
colomne, volgens der ftierluijden rekeningh.
In de 5de cplomne fijn geflelt de bekomene Lengdens ten Weften de Caep in
uren minnten en feconden, door middel der horologien gevonden, fooals die in
't Journael van de Graef ftaen aengeteyckent, docnde ieder ure (als bekent is)
15 graden der Lengde; ieder minute tijds 15 minuten; en ieder féconde 15
feconden.
In de 6e colomne heeft men de grootfîe daghclijkfe vertraegingh der Horolo-
gien op ieder Breedte daer men fich met het fchipbevonden heeft, ofte de minutcn
en feconden tijdts die cen horologie met een Pendulum gaende, in 24 uren lang-
famer gaet op fulcke Breedte als het onder de Polus doen foude, te weten van
weghen het draeyen der Aerde.
De getallen van de 7e colomne fijn ieder het verfchil tuflchen defe twee; 't eene
de fomme der getallen, tôt daer toe, van de voorgaende 6te colomne behalven het
eerfte getal; t' andere de grootlte daghclijkfe vertraegingh op de Breedte der
afgefeylde plaets, gemultipliceert door het getal der verloopen daghen. Welck
verfchil hier moet geadâeerd werden tôt de bevonden Lengde door de horologien,
geflelt in de $àe colomne, als de voorf. fomme meerder is als de gemultipliceerde
vertraegingh, maer, indien minder, gej'ubtraheert"'). En 't geen aldus gevonden
werdt, maeckt het nevens flaende getal van de 8ste colomne dat is de waere Lengde
ten Wetten de Caep door de horologien, in uren minuten en feconden.
Bij exempel den 10 Maj. is de fomme der getallen van de 6te colomne, (behal-
ven het écrite, om dat geen vertraegingh als nae verloop van den eerftcn dagh
gerekent werdt) 40 min. 42 fec. En de daghelijkfe grootfîe vertraegingh op de
Breedte van de Caep, te weten 1 min. 42 feconden, gemultipliceert fijnde met 20
het getal der verloopen daghen, maeckt 37 IO) min. 't welck getrocken van de 40
min. 42 fec. komt het verfchil 6 min. 42 fec. Ende is dit het getal der 8ste colomne,
te weten de Correftic van 't horologie, en van de Lengde; welcke Correétie alhier
moet geaddeert werden tôt 1 ure 40 min. 5 fec. de bevonden Lengde fonder
correftie in de 5<le colomne; En maeckende aldus 1 ure. 46 min. 47 fec. het getal
der 8ste colomne.
Wederomden 5en Aug. isde voorfeyde fomme 2 uren 59 min. 7 fec.11) maerhet
product is 3 uren 1 min. 54 fec. 't welck grooter is. daerom werdt die fomme hier
afgetrocken, en de refl is 1 min. 47 fec. fijnde de Correclie der horologien te
fubtrahercn van 1 ure 14 min. 30 fec. bevonden Lengde fonder Corredie. En
komt voor de waere Lengde door de Horologien 1 ure. 1 2 min. 43 feconden
gclijck in de 8ste colomne te fien is.
IO) Lisez: 34.
1 ') Il y a erreur dans ce chiffre.
CORRESPONDANCE. 1 688.
In de ode colomne fijn de uren, minuten en fcconden van de voorgaende 8ste
colomne gemaeckt tôt graden der Lengde, om die te compareren met de graden
der 4de colomne, dat is met der Stierluyden rekeningh. En de diffcrentie tufichen
defe beyde is gelleld inde iode en laetfte colomne.
Volgcns de getallen van dit Journael fijn de dryderhandc CoerfTen boven gemclt
van 't (chip Alcmaer in onfe Caerte geftelt, te weten de groene linie volgens de
graden der 4de colomne. De roode volgens de graden dérobe colomne endegeele
volgens de uren der 5de colomne doch defe tôt graden gemaeckt.
De Caerte, voor foo vcel het bovenfie decl aengaet, tôt op de 27 graden Noor-
der Breedte is genomen uijt een Pafcaert van Europa met wafTende graden van
D. Rembrandts van Nierop I2), maer in de verdcre kufien van Africa heb ick de
gemeene Caerten gecorrigeert, en van Capo verde af ailes proportioncel weftc-
lijcker aen gebracht, ten eynde de Lengde tufichen Texel en de Caep de Bonne
Efp. uyt quame op 14 gr. 25 min. gelijck ick gethoont hebbe dat fe in der daet
moet wefen. De Lengde tufichen Texel en Teneriffa heb ick gelaeten gelijck in
de Caert van D. Rembrantz. fijnde van 22 graden. Waer uyt dan de geheele
Lengde tufichen de Caep en Teneriffa komt van 36 gr. 25 min. die wij inde
Caerten op het fchip Alcmaer gebruyckt, gefeght hebben te fijn van 38 graden;
en in de gemeene Caerten van 41 graden. Doch is te weten dat'er, int geen hier
verhandelt werdt, niet aen gelegen is op wat Lengde Teneriffa van de Caep of
van Texel geleght werdt, want onfe drijderhandc CoerfTen van 't fchip Alcmaer
altijdt de felfde blijven foo ten refpcft van malkander als ten refpeft van Texel
en van de Caep, omdat die aile genomen fijn volgens de bekomen Lengdens ten
Welten de Caep; en dat de Lengde tufichen de Caep en Texel werdt vafl gertelt
van 14 gr. 25 minuten.
Men fiet dan hier hoe perfecl de Horologien de Lengde tufichen defe twee
plaetfen hebben afgemeten, want den i5en Aug. even voor het inloopen in Texel
is defe Lengde door de horologien geweefi: van 56 min. 34 fec. tijds, welcke
maecken 14 gr. 8|- minuut. Soo dat het verfchil maer is van 1 6\ minuut dat is
outrent \ van een graed, welck in defe parallel van Texel min. als 2§ mijlen
maecken. Of foo men de 3 mijlen daer bij doct die de plaets defer obfervatie
gegifi: wierdt wefielijcker te leggen als Texel of Kijkduin op den Helder, foo
komt het verfchil van 51 mijl 't welck men kleyn moet achten ten aenfien van foo
een lange reys.
Voorts foo fal men de verfchillen tufichen de ftierluydcn en de gecorrigeerde
horologien, doorgaens maer van 1 of 2, en altijdt minder als 3 graden, bevinden.
En het moet niemandt wonder duncken dat der flierluyden rekeningh defe 3
graden af foude gaen van waere Lengde, op foo een langdurighe reys, en aen-
") Voir la Lettre N°. 201, note 5.
286 CORRESPONDANCE. l688.
gefien de onfeekerheydt van haere giffingh, foo door onbckende ftroomen, ver-
achteringh van 't fchip, als deflelfs niet wel bekende voortgangh. Gelijck wij hier
van een notabel Exempel hebben op defe felve reys, alwaer den 14 July de
Lengde bij de rtierluyden van 't fchip Alcmaer wierdt gehouden te fijn 8 graden
8 minuten ten Ooften TenerifFa, daer de gemiddelde Lengde van aile de fchepen
der vloot was 358 graden 21 min. dat is 1 gr. 39 minuten weftelijck van Teneriffa.
Verfcheelende alibo 9 gr. 47 min. van gemelte rekeningh des fchips Alcmaer. En
dit de gemiddelde Lengde we fende, foo moeten eenighe der fchepen noch almeer
verfcheelt hebben.
Uyt de getallen van de 5^e colomne, als menfe compareert met die van de 8ste?
en de dïfferentie van tijdt tôt graden reduceert,kan men afmeten hoc confiderabcl
en hoe noodigh wefen moet de nieuwe Correctie der Horologien van wegen het
draeyen der Aerde, dewijl de Lengden op defe reijfe gcrekent nae de Horologien
met of fonder defe correctie, komen te verfcheelen tôt bij de 8 graden. Sijnde
dit verfchil den 22 Junij geweeft van 7 gr. 45 min. En oock doorgaens al vrij
groot, gelijck uijt onfe Caerte lichtclijck is te bemcrcken.
En alhoewel defelve corre&ie, wegens haer bewijs en Tafel, daertoe behoorende,
al eenighe moeyte en omflagh heeft, foo werdt nochtans de Lengde rekening feer
weynigh daerdoor befwaert, fijnde in 'tgebruijck niet noodigh dit Lengde Journael
van foo veel colomnen, als hier boven, te befchrijven, maer werdende alleen
vereyfcht den iste, 2de en 6de colomne; dat is dat men bij ieder dagh des Journaels,
en de bevonden of gegifte Breedte, aenteykene de grootfte daghelijkfe vertraegingh
der Horologien hier te voren aengewefen. Want hier uyt kan men t'allen tijden
de Correélie der Lengden vinden, als men gelegentheydt gehad heeft om defe
door middel der horologien te obfervercn.
Aile de Rekeningen fijn bij de Graefgemaeckt op het horologie A (volgens
de Inftructie, om.dat het de belle gangh hadde) behalven de eerfte van den 10 Maj.
en die van den 8 Jun. welcke twee op het horologie B gemaeckt fijn, en welcke
laetrte oock feer kennelijck'een al te grooten verfchil geeft van der ftierluyden
rekeningh : te weten 3 gr. 32 min. Gemerckt de kleijne verfchillen op den 2 Junij
van 9 minuten, en op den 10 Junij van 53 minuten. De oorfaeck hiervan, fijn de
accidentel! aen 't horologie Bgebeurt, waervaninmijnevolgendeaenmerckingen,
en dat fijn daghelijckfe verachteringhe nae ick heb konnen fien,5had moeten van
30 feconden genomen werden in plaets van 15.
Wat nu aengaet de plaetfe van den 29 Julij. defen dagh volgens het Journael
der Stierluyden, hadden fij 's morgens het Eylandt Fulo in 't geficht 4^ of 5 mijlen
O. ten zuyden van haer welck eylandt ontrent het zuyder deel van Hitland leght,
maer de bekomene plaetfe door de gecorrigeerde horologien, in plaets van wefte-
lijck te fijn van Fulo, komt volgens onfe Caerte feer nae 3 graden Ooftelijcker.
Soodat indien defe plaets wel is afgemeten, het felve Eylandt meer als 3 graden
ooftelijcker fonde moeten leggen als in de Caerte van D. Rembrandtz. ; daer de
CORRESPONDANCE. l688. 287
onfe, foo verre Europa itreckt, nae gecopieert is. En bij gevolgh fonde oock het
bijgeleghen Eylandt Fairhil, de Orcades en het Noordelijcke deel van Schodandt
ontrent foo veel nae het Ooften moeten verfchoven werden. Blijvende nochtans
Texel legghen als in gemelte Caerte; omdat ick de Lcngde tufTchen de Caep de
B. Efp.ce en Texel vafi: geftelt hebbe, en oock de Lengde van defe bekomene
plaets, gelijck aile d'andere, van de Meridiaen van de Caep gcrekent hebbe. En
aldus fonde de Lengde tuffchen Fulo en Texel niet van 8 graden fijn gelijck in
D. Rembrandtz. en in onfe Caerte, maer weijnigh meer als van 5 graden, 'twelck
een feer groot en bijnae ongeloofelijck verfchil is in foo weynigh van ons afge-
legene landen. OndertufTchen foo vind ik dat de Caerten der Stierluijden van
't fchip Alcmaer die Eylandt Fulo mede vvel 4 graden ooilelijcker ftellen als d'onfe
of die van D. Rembrandtz. Want haer Journael de bekomene Lengde op den
voorz. 29 Julij, als iij 's morgens Fulo 5 mijlen Oofl: van haer faghen,aenteyckent
van 17 gr. 43 min. En dienvolgende 't felve Eylandt in haer Caerte meer als op
18 graden Lengde moet leggen; 't welck in die van D. Rembrantz. leght op 14
graden. Ick vind oock in het Journael van Th. Helder op den 25 May aen de kant
van 't bladt aengeteyckent de Lengde van Texel te fijn van 20 gr. 10 min. waer
af getrocken de voorsz. Lengde van Fulo 1 8 graden, foo komt, (indien Th. Helder
en de Stierluyden van 't fchip Alcmaer defelfde Caerten gevolght hebben) de
Lengde tuffchen Fulo en Texel maer 2 gr. 10 min. 't welck noch veel ongeloofe-
lijcker is als de voorgaende 5 graden en waer uyt men kan afnemen hoe veel ver-
fchil en faut en in de Caerten tôt noch toe gevonden werden, en hoe weynigh daer
op te vertrouwen is.
Hier volghen de boven geconditioneerde
Aenmerckinghen op de Journalen van Th. Helder
en de Graef.
Alhoewel de Horologien op de reys van Texel nae de Caep de B. Efp.ce niet
hebben konnen dienen tôt de Lengde metinghe, 0111 de naevolgende redenen; foo
is de felve reys nochtans hier in niet vruchteloos geweeft, dewijl verfcheyde
dinghen ontrent de gangh der horologien, welcke hier verhaelt fullen werden,
geopenbaert heeft die men in 't toekomende fal konnen verbeteren, en welcke
men, aen Landt fijnde, niet en hadde konnen gewaer werden.
In 't Journael van Th. Helder, is op den 20 May 1686 aengeteyckent, dat hij
verfocht voor het vertreck uijt Texel te moghen aen Landt gaen om de fon in de
Meridiaen te obferveren, 'twelck gefchiedt langhs 2 draeden, hangende beyde
op eenmiddaghlinieI3)(om alfoode gangh der horologien tebekennen,dat ishoe
*3) Voir le paragraphe VII p. 58 de la pièce N°. 2425.
l88 CORRESPONDANCE. l688.
veel die in 24 uren te ras of te langhfaem ginghen. Maerdat hij niet en heeft tôt
fijn voornemen konnen komen, foo uijt ooiTaeck van het ongeftadigh weer, als
om dat een matroos met de boot was weghgedreven, en 's Compagnies vaertuygh
befigh om die weer te haelen.
Soo dat de gangh der horologien voor 't vertreck dat den 24 May is geweeft,
niet te recht is bekent geworden, fijnde door de fons hooghte te vergeefs onder-
focht, als blijckt bij de ongelijcke uijtkomften door defen obfervateur aengeteyc-
kent op defen felven 2oen May. En dit alleen is redens genoegh waerom de
horologien op de uytreyfe geen dienft hebben konnen doen, dewijl de perfe&e
kennis van defe gangh het eenighe fondament der Lengde vindingh is.
Om dit voor te komen, waer het noodigh een plaets op 't Eylandt Texel te or-
donneren, ontrent daer de fchepen leggen, op welcke plaets men de fon in de
Meridiaen konde obferveren op de voorverhaelde manier. Omdan aende fchepen
een feijn te doen, en aldus de rechte gangh der horologien foo die hangende fijn
te onderfoecken. Want of men haere gangh eer men fe t'fchecp brenght, al
waergenomen heeft, foo leert de Experientie dat door het vervoeren en het Pen-
dulum af en weer aen te haecken, al eenighe verandering veroorfaeckt werdt. Dit
fonde tôt Batavia in Indien en elders mede lichtelijck konnen in 't werck geftelt
werden. Maer indien men op foodaenighe obferveerplaetfen een horologie met een
Langh Pendulum van 3 of 1 2 voeten gaende hieldt, en wel geftelt, het fonde des te
beter fijn; omdat men dan ooek fonder fonne fchijn de voorfz. voor of achternigh
der horologien in 't fchip fonde konnen weten en dat op aile nren van den dagh.
Een tweede reden waerom de horologien niet en hebben konnen dienen is
't geen Th. Helder fchrijft foo in dit Jonrnael als in de Obfervatien van de toe-
vallen ontrent de horologien, dat op den 3 Ang. het loot van 't pendulum in 't
horologie A een weynigh nederwaerts gefackt was op fijn fpil; gelijck mede aen
't horologie B gemerckt hadde den 29 May. Want dit weynigh nederfacken, of
langer werden van 't pendulum is oorfaeck geweeft dat op de horologien geen
ftaet heeft konnen gemaeckt werden, alfoo haer gangh t'eenemael aen de Lengde
van 't pendulum dependeert.
Het voorfz. neerwaert fchuyven van 't loot is fonder twijffel bijgekomen door
het ftooten en dreunen van 't fchip, 't welck ick niet gedacht hadde foo krachtigh
te fullen fijn, foude anders daer beter in voorfien hebben, met een fchroef onder
het loot van 't pendulum te maecken.
Dit ftooten van 't fchip bij holle zee, foo ick door den horologie maecker van
der Duflen onderricht ben, dede te meer effecl: op de horologien, door de fwack-
heydt van de ijfere beugels daer aen defelve waren hanghende, als mede om dat
de aflen der raemen in defe beugels eenighfins verfchuyven konden; welck ver-
fchuy ven met een fiagh gefehiedende feer fchadelijck was. Soo dat de beugels
voorn. moeten ilercker gemaeckt werden, en het verfchuijven belet, 't welck feer
wel kan gefehieden.
CORRESPONDANCE. 1 688. 289
Uijt de obfervatien, nae 't arrivement aen de Caep, gedaen, doe de horologien
noch 't fcheep waren, kan men mercken hoe grootelijks fîch Th. Helder ontrent
de gangh der felve geabufeert hadde, want hier bevondt hij dat die beyde ontrent
42 feconden daeghs te ras ginghen, daer hij 2 feconden daeghs voor de verachte-
ringh op de heele reys gerekent hadde. Welcke 2 feconden te langhfaem in Texel,
fouden volgens onfe Tafel der vertraegingh, moeten aen de Caep gegeven hebben
48 feconden verachteringh. daerom dan geen wonder is dat hij de Caepmaer 4 gr.
25 min. Ooftelijcker als Texel gevonden heeft; dewijl het horologie de ure van
Texel laeter dede fchijnen, als fe was. Het is feer confiderabel ten opficht van
defe Lengdevindingh dat nergens in dit Journael gevonden werdt dat door de
bewegingh van 't fchip de horologien fijn komen ftil te itaen, alhoewel al veel
hard weer en holle zee nytgellaen hebben.
Men heeft oock niet konnen mercken, foo mij gerapporteert is, dat defelve
eenighfins door roelt befchaedight fijn geworden, tegens de opinie van veele.
Th. Helder refereert fich, in fijn boeck der nytrekeninghen, tôt fijne Aenteycke-
ningen van 't verfchil der Lengden weghens een accident aen een der Horologien
voorgevallen don 15 061. 1686; welcke Aenteyckeningen mij niet verder als tôt
den 25 Sept, en fijn ter handt gekomen. Nochte en wiiten ... de Graef noch van
der Duflen niet te feggen waer het overighe daer van, nae het overlijden van Th.
Helder gebleven was.
Ick hebbe uyt den voorn. horologie maecker van der DufTen veritaen hoe dat
tuflchen hem en Th. Helder dickwils queftie onitaen was aengaende het bewint
der horologien. 't welck op een ander tijdt verhoedt moell werden door een precife
Infiruétie en règlement ontrent dit bewint mede te geven.
Seijde oock dat voorn. Helder en de Graef veel te lijden gehadt hadden en door
't fcheepfvolck dickwils befchimpt en belacht wierden over dit werck dernieuwe
Lengdemetingh 't welck mede behoort voorgekomen te werden.
Het Journael van de Graef begint de Lengde rekeningh écrit op den 10 May
1687, fijnde het vertreck van de Caep geweell den 20 April, foo dat van de eerlle
20 daghen geen obfervatien der Lengden mij ter handt gekomen fijn. Men foude
die mifTchien in de vermifte fchriften van Th. Helder gevonden hebben; nae wiens
afilerven de Graef eerfl defe obfervatien en rekeningh bij der handt genomen
heeft.
Het horologie A is op defe weerreys altijdt gaende gebleven, maer B niet;
't welck, foo de Graef lchrijft in de Toevallen der Horologien, den 24 Jun. ltil
geftaen heeft, omdat de veer in de kleyne ton gebroocken was, als bevonden
vvierdt doen men het horologie uijt malkandcr nam. Met verfwacken van dit
veertie, eer het aen fhicken brack, heeft apparent al veele daghen de gangh van
't horologie B doen vertraegen en ongelijck gemaeckt. Soo dat met reden de
Lengde rekeningh altijdt op A gemaeckt is. Defe veertjes waren van koper ge-
fiaghen, welcke, foo ick ledert onderrecht ben, broier fijn als die van ftael, foo
Œuvres. T. IX. 37
290 CORRESPONDANCE. 1688.
dat men wel fal doen van defe in plaets te nemen, en te maecken dat fe overal
eenparigh fterck fijn.
Een andere reden van de ongelijckheden die tuiïchen de horologien geobfcr-
veert fijn, geloove ick is defe, dat fe door het verfcheyden overhellen van 't fchip
niet altijdt even recht fijn blijven hanghen. Waer in niet beter kanwerden voor-
fien als met meerder gewight onder aen de ijfere raemen te hanghen, nae dat die
ltercker gemaeckt fullen fijn. Verfwaerende het felve gewight tôt iooof 150
pondt, daer het nu ontrent maer 40 geweefr. is, want hoe fwaerder hoe beter. Op
de reys van Toulon nae Candia gedaen, daer van ick de relatie hebbe9), was
het gewight aen 't horologie hangende over de 300 pondt, en oock van feer
goedt effecl:.
Tôt verder verbeteringh der Horologien, 't fij als het voorviel eenighe van
nieuws te maecken, of dat men 't aen defe konde veranderen, foude ick raedfaem
vinden, dat men fe tôt meerder gemack, 24 uren fonder opwinden dede gaen, in
plaets dat nu 1 mael in 't etmael opgewonden werden. Als mede dat de kleyne
Ton maer aile 2 minuten nieuwe kracht quam toe gebracht te werden, in plaets
dat nu ieder minut fulx gefchiedt. Waer van ick 3 verfcheyde redenen fonde
konnen geven, doch niet wel te verllaen als met explicatie vandebinnenitedeelen
de fer wercken.
Het is feecker, al waer de gangh der horologien volkomen perfecl: dat nochtans
in 't eerfte dickwils haer geimputeert fullen werden de fauten die aen de Zee-
Caerten in 't ftuk der Lcngdc eyghen fijn. En alhoewel defe fauten wel haell: door
het gebruijck der horologien fullen konnen verbetert werden, foo waer het noch-
tans feer dienfiigh dat men van eenighe voornaeme plaetfen de rechte Lengde ten
refpeér. van de Meridiaen van Texel of Amllerdam onderfocht, door obfervatie
aen de omloopers van Jupiter, waer van hier te voren mentie gemaeckt is. Sijnde
defe manier van Lengdevindingh van vafte plaetfen onfeilbaer, befonder als men
een Eclipfis, of wederverfchijningh van de binnenfie omlooper, op een felfde
tijdt, komt te obferveren op beyde de plaetfen daer van de Lengde tuffehen beijde
gefocht werdt; en daer nae de uren defer obfervatien met malkander compareert.
Om 't welck door een Exempel te confirmeren, foo fal ick hier ftellen de vindingh
der Lengde tuiïchen Parijs en Uraniburgh, eertijdts obferveerplaetfe van Ticho
Brahe, foo als die te fien is in de gedruckte reyfbefchrijving van Mr. Picard IO),
die om defe en andere obfervatien te doen uijt Vranckrijck naer Denemarcken
gefonden wierdt A°. 1671.
Daer fijn 5 obfervatien, aile aen de Eeriïe ofbinnenlte omlooper van Jupiter
te gelijck tôt Parijs en Uraniburgh gedaen; gevende het verfchil der Lengde als
volght.
9) Voir la Lettre N°. 1765, note 12.
10) Le voyage d'Uranibourg, cité dans la Lettre N°. 1834, note 4.
CORRESPONDANCE. 1 688.
29I
ur.
min.
fec.
gr-
min.
iste ver
fchil
0.
42.
20
ofte
10.
35-
2 „
0.
42.
9
»»
10.
0 n
à —
n
ô »?
0.
42.
17
5?
10.
34-
4 »
0.
42.
2
»
10.
31-
5
0.
42.
8
?»
10.
32.
alwaer het meeile en minfte maer 4 minuten van een graed differeren,
maeckende weynigh meer als \ mijle. En even precijs kan men de Lengdc van
aile plaetfen dcr Aerde, hoe verre die van dcn anderen gelegcn fijn, afmeten,
gelijck men tegenwoordigh mec die van Pékin in China beiigh is, ten rcfpedl van
Parijs. Om dan door diergelijcke obfervatien de Lengde tuiTchen Texel en an-
dere plaetfen vaft ce ftellen, foo fonde men hier te lande iemandt konnen emploie-
ren om die gaede te flaen, en den Loop der voors. fterretjes exacl te calculeren;
gevende aen de ftierluyden of aen de geene die met horologien op reys gaen verre -
kyckers mede van 15 of 16 voet, met de Indruclien daer toe behoorcnde, om in
Indien, aen de Caep de Bonne Efp. of elders aen Landt komende bij gelegent-
heijdt gemeke Eclipfen waer te nemen, en aen te teyckenen.
UEd. feer ootmoedigen dienaer
Chr. Huygens.
In 's GravenHaghe den 24 April
1688.
") dit is foo in de Cafus van dit Jonrnael maar is anders in andere gevallen
[Chr. Huygens].
292
CORRESPONDANCE. 1688.
N= 2520.
Christiaan Huygens à Thomas Helder ').
1686.
Appendice III au No. 2517.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Obfervatie aengaende de Lenghde van een fimpel
Pendulum.
XXXVI. Aen de Caep de Bonne Efperance aen Landt wefende of in het fchip
Heel ftil leggende als mede infonderheijt tôt Batavia, indien de reijs foo verre
valt, fal men obferveren door
middel van de horologien, hoe
langh dat een enkel Pendulum
moet wefen om ieder flagh een fé-
conde te doen, dat is van het bo-
venfte eijndt van den draet, tôt
aen het center van den bol,want
ick noem hier een enckel Pendu-
lum een kopere of loode bolletie
van ontrent een duijm diameters,
dat aen een dunnen draet is han-
gende. Aen deCe Experentie is
veel gelegen ten opficht van de
gangh der horologien; al foo
feecker Franfman2) fuftineert
gevonden te hebben op een plaets
/^ gelegen ontrent 5 graden benoor-
c® den de Linie, dat fulck een Pen-
dulum aldaer ietwcs korter was
als tôt Parijs, in Engelandt, en in Hollande Om dit dan perfeft te obferveren foo
'") Cette pièce forme une feuille séparée. Quoique le chiffre XXXVI, par lequel elle commence,
semble indiquer qu'elle a été destinée à former le dernier paragraphe de l'Instruction donnée
à Thomas Helder (notre N°. 2423), il nous paraît douteux qu'elle ait réellement fait partie
du document envoyé à Helder. En effet, l'original du N°. 2423 forme une pièce de 30 pages
qui paraît complète, en ce que les feuilles sont reliées ensemble et que la dernière page et la
moitié de l'avant-dernière sont laissées en blanc. Il nous semble possible que, par quelque
oubli, l'instruction sur la manière de déterminer la longueur du pendule à secondes au Cap de
Bonne Espérance ne soit pas parvenue aux mains de Helder. Voir la pièce N°. 25 10, page i~6.
:) Richer; voir la Lettre N°. 2455, note 6.
CORRESPONDANCE. l688. 293
hanght het pendulum op als in defe figuer alwaer EF is de kant van cen hooghc
tafelof venlterbanck, DH een plat ftuckjen hout dacr op vaft gcfpijckcrr en maer
± duijm overfteeckende, den draet AB, tufTchen een kloof van dat houtien inge-
vat, En hebbende de lenghde, tôt aen den bol C van outrent 3 voet if duijm
Rhijnlands.
defe flinger fal men heel fachjens doen gaen, ontrcnt maer 2 of 3 duijm breedt,
wel lettende dat den bol niet meer rondom en draeije, gelijck dat in't eerrte altijdt
gefchiet, door dien den draet fich felfs ontwindt en langer werdt. men kan hem
met was beftrijcken, behalven boven aen bij A. Voorts fal men tegen een der
horologien de ganghen van dit pendulum obferveren,maeckende dat een gangh
overeen kome met twee ganghen van de flinger der horologie, en dat ontrent een
halfure langh. want men het Pendulum AB kan verkorten ofverlangen, tôt dat
de flaghen als gefeght is, perfecl accorderen. 't welck dan gedaen fijnde, foo fal
men de rechte lenghde AB van het boven eijnde des draets tôt aen het bovenlle
van den bol, net afmeten, met een recht ftockje, op defe maet afgekort, foo dat het
effen pafle tufTchen het houtie DH en den bol C. de lengde van dit (tockje kan
men daer nae op een correfte voetmaet nemen; vvaer bij gedaen den halven
diameter van den bol, foo komt de geheele lengde van een pendulum dat feconden
flaet indien het horologie juijft op de middelmaetder daghen gefïelt is.
Maer gelijck doorgaens het horologie ecnighe feconden te ras of te langhfaem
gaet in 24 uren, foo fullen de ganghen van dit enkele pendulum wat korter of wat
langher fijn als van een féconde; laet ons nemen dat het horologie 1 minut in 24
Uren te langhfaem gaet, maeckt dan de 24 uren tôt minuten, komen 1440 waer
af de voorz. 1 minut getrocken, komen 1439. nu gelyck het quadraet van 1439 tôt
het quadraet van 1440, alfoo de gevonden lengde des pendulums, tôt de rechte
lenghde van een Pendulum dat ieder flagh een féconde doet. Bij Exempel, indien
de lenghde van het llockjc, met den halven diameter van den bol, gevonden is 37
duym, ii|linien, foo feght, gelyck het quadraet van 1439 tôt het quadraet van
1 440, alfoo 37 duijm 1 1 f tôt een andere lengde ; komt feer nae 38 duijm en ^ van
een linie. Welcke is de lenghde van een pendulum tôt feconden, alhier in Hol-
land als mede in Vranckrijck en Engelandt. maer gemelten Franfchen obfervateur
feght in Cajana defe lenghde | van een linie mindcr gevonden te hebben. Bij
groote itilte fal het goet fijn dit in 't fchip, niet alleen onder de Linie maer oock
op andere verfcheijde breedten te obferveren, en de gevonden maeten aen te
teyckenen.
294 CORRESPONDANCE. l688.
N= 2521.
J. Hudde a Christiaan Huygens.
30 AVRIL l688.
La lettre se trouve à Leidcn , coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2^5 17.
Defen 30 April 1688 in Amftm.
Mijn Heer
Ik heb wel ontfangen 11 Eds. miffive aan mij gefehreven den 24 dezer, nevens
zijne fchriftelijke confideratien x) op d'uitval van uEds. horologien die 't reijfjc
na de Caap de Bon. Eip. onder de direftie van de Helder en de Graaf gedaan
hebben, met een bijgaand caarcje daartoe fpecterendc, geaddreiïeert aan de heeren
Bewindthebberen van defe kamer. Door een kleene indifpofitie van koorts heb
ik nier, eerder als gifteren dezelve konnen overhandreyken; en is ailes geftelt in
handen van de heeren, zomenze noemt, vaut pakhuijs, (dat zijn die geene, die
onder anderen de Stuurlieden examineren). Ora ailes accuratelijk na te zien,
daar op in te neemen het fentiment van perfoonen in die konfl: meefr. ervaren, en
alfdan Rapport te doen aan de Vergadering. Wij zijn ondertuiïchen verblijt, dat
uEds. calculatie zo wel na zijn oordeel is nitgevallen, en dat hij meent, de zaak
gevonden te hebben. Voor mij ik heb te weijnig tijds om ailes wat daar toe hoort
na behooren te examineren, en alzo zelfs het genoegen, dat daar uijt moet reful-
teren, door eijgen oogen te konnen befchouwen. Evenwel die door uEds. oogen
ziet in diergelijke zaaken, gaat dikwils zckerder als die er ziet door zijn eijgen.
Ik wil derhalven aan een goct fucces nier, twijfelen, zullende nEde. 't geen alhier
verders daar in zal voorvallen van tijd tôt tijd gecommuniceert werden. Waar
mede deze dan afbrekende, zal ik blijven
Mijn Heer
UEds. ootmoedigen Dr.
J. Hudde.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaan Huygens van Zuilichem,
in
's Gravent hige.
Met de poftwaagen. port.
') Voir la pièce N°. 2519.
CORRESPONDANCE. l688. 095
N° 2522.
Chrisïiaan Huvgens a Constantyn Huygens, frère.
4 mai 1688.
La lettre et la copie se trouvent à Leidcn, coll. Huygens.
A Hofwijck1) ce 4 May 1688.
Il y a 5 jours que je fuis icy ') dans mon nouueau ménage, et que je tracaiïc
depuis le matin jufqu'au foir a ranger un peu toutes choies en ordre en attendant
que ma galerie s'achève, ou mes livres et une partie de mes meubles trouveront
leur place :). Je n'ay point fait de tour a la Haye pendant ce temps, ni je n'en ay
receu aucune nouvelle, et fais ainli mon premier eïïay de la vie folitaire dont il
faudra que je tafche de m'accommoder. Ce qui me fait un peu de peine c'eit
d'eflre leul a diner et a fouper, quoy que j'aye cela de commun avec les telles
couronnées.
Quelques jours devant que de quiter voflre maîfon j'ay receu de Madame vollre
Femme les 4 mille livres dont vous m'eftiez débiteur en vertu de noftre partage,
en deduifant ce que je devois de la tenture de cuir doré &c. Je creus qu'il efloit
juile qu'elle me mift auffi en compte ce que je vous ay confié a nourrir avec un
laquay pendant plus de 4 mois mais elle l'a rejette bien loin m'aïïurant que vous
l'en defavoueriez fi elle en ufoit autrement. Je vous demeure donc redevable a
tous deux et vous remercie de tant de bons et agréables repas et d'avoir occupé fi
longtemps une des belles chambres de vollre logis.
Mr. de Gent 3) me dit devant mon départ qu'il avoit receu des nouuelles de
1 ) Christiaan Huygens s'était établi à Hofwijck, propriété située dans le voisinage de la Haye et
dont un premier lot de terrain avait été acquis par son père en 1639. Celui-ci s'était depuis
appliqué à agrandir ce domaine, où il fit bâtir, d'après les conseils de Pieter Post, un petit
château, qu'il embellit de jardins et entoura d'un terrain de récréation et que finalement il
célébra dans son poème de 80 pages in- 40. intitulé Vitaulium, Hofwijck. La planche à la
fin de ce volume reproduit la gravure, qui accompagna ce poème pour guider le lecteur dans
la description.
D'après les clauses du testament de Constantyn, père, ce domaine devrait rester dans la
famille. L'usufruit en appartiendrait d'abord au fils aîné Constantyn, après celui-ci à Chris-
tiaan, puis à Lodewijk, après la mort de ce dernier au fils aîné de Constantyn, au fils aîné de
Lodewijk et ainsi de suite, avec liberté toutefois de changer de commun accord l'ordre de la
succession. Les rentes d'une obligation de 4000 florins serviraient à dédommager l'occupant
des frais d'entretien et d'amélioration.
Après la mort du père, Constantyn, frère, qui avait une belle maison à la Haye et qui, de
plus, avait à accompagner, comme secrétaire, le Prince Willem III dans ses voyages et cam-
pagnes, céda ses droits a Christiaan.
2) Voir la Lettre N°. 2507.
3) Probablement P. van Gent, le correspondant de von Tschirnhaus. Voir la Lettre N°. 2285,
note 1.
1^6 CORRESPONDANCE. 1 688.
Mr. Graef qui efl fur Ton recour, et qu'entre autres chofes il luy mande que le Sr.
Campani ell en vie contre ce qu'on avoit débité, et qu'il a acheté de luy pour le
compte de Mr.de Gent, mais afTez cher, deux petites lunettes de poche. C'eft
Eullachio de divinis 4) qui ell mort d'où fera venu la meprife.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuijlichem
Secretaris van fijn Hoogheijdt
Op
de Loo.
N= 2523.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
9 MAI 1688.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a ai publiée par P. J. Uylenbroek ').
a t a 2% Avril ,00
A Londres ce _„ ■ 1688.
9 May
Monsieur .
J'efpere que vous aurez receu une longxie lettre que je vous écrivis d'Oxford2)
il y a quelques mois, et que j'avois envoiée a un de mes amis en Hollande pour
vous la faire tenir. Vous m'obligerez fenfiblement Monfieur, fi vous voulez bien
me dire en deux mots vôtre penfée touchant les chofes que vous y aurez vues. Je
me fuis engagé en quelque manière à relier encore un an en Angleterre. Vn de
mes Amis envoie fon fils dans ma chambre pendant quelques heures du jour feu-
lement, et là je prens foin de l'initruire dans quelques feiences que j'ai étudiées.
Le parti que l'on me fait ell une penlion à vie, proportionée au temps que j'aurai
eu foin de l'éducation du jeune homme; et ce parti quoi qu'infuffifant au bout d'un
an pour m'entretenir le relie de mes jours, fi du moins je dois encore vivre fi long-
temps, ell cependant capable de me tirer d'une extrême mifere, en cas je ne pûfie
rien efperer de ma famille. Je le préfère h mille écus monnoie de France fi on me
4) Voir la Lettre N°. 395, note 2.
') Christian! Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae, Fasc. II, p. 103.
2) Nous ne connaissons pas cette lettre.
CORRESPONDANCE. l688. I^J
les vouloit donner en argent contant. Ce que j'ay fait a été du confentement de
Monfieur Boyle et en quelque manière par (es confeils. Je fçai bien Monfieur que
l'emploi dont on vous avoit parlé en Hollande m'auroit été plus glorieux : mais
outre que j'aime h être retiré, et que les fruits de celui ci s'étendent auflî loin que
ma vie fans aucun embarras de ma part que pendant quelque temps, je croi que
je pourrois aufli bien faire mes pourfuites à la Haie dans un an ou deux d'ici que
dez à prefent. Du moins Monfieur je fçai bien que cet emploi là ne fera rempli
que de vôtre confentement, et que vous pourriez toujours me le conferver ou même
me le procurer.
Je vous envoie Monfieur avec cette lettre un livre dont le Dofteur Bernard 3)
vous fait prefent. Vous y verrez quelque chofe que j'ai écrit touchant la mer
d'airain de Salomon 4). Vous jugerez Monfieur fi mon ftile latin qui n'eft pas tout
à fait tant embrouillé que vous le trouvâtes en Hollande vous paroitroit fuppor-
table dans le traducteur de vôtre dioptrique. Si vous en étiez en quelque manière
content j'entreprendrois avec joie même en ce pays ci la traduction de votre
manufeript, fuppofé que vous me le voulufliez bien confier. Monfieur Boyle me
dit que la figure que j'ai donnée de la mer d'airain de Salomon eil fort femblable
à un modèle de cuivre de cette mer, qui efi: gardé dans la fynagogued'Amiterdam.
Vous m'obligerez Monfieur fi vous voulez bien m'éclaircir touchant ce fait là. Je
n'ai point vu le modèle qu'on garde dans la fynagogue, et fi j'en avois feulement
ouï parler, je n'aurois eu garde de faire rien imprimer fur ce fujet. Sans doute
que Monfieur le Docteur Burnet 5) e(l en bonne famé. Tous les honnêtes gens
s'interefTent ici beaucoup en ce qui le regarde. Je fuis avec un profond refpect
Monsieur
Votre tref humble et trefobeifTant feruiteur
N. Fatio de Duillier.
A Monfieur
Monfieur Huygens de ZulicheM
a
La Haie.
Avec un livre.
3) Voir la Lettre N°. 448, note 6. 11 s'agit ici de son ouvrage: „De mensuris concavis, ponderi-
bus antiquis et mensuris distantium, Synopsis veterum mathematicorum Graecorum, Lati-
noruni et Arabum", paru à Londres en 1688. L'ouvrage fut réimprimé en 1704.
rj Les Acta Eruditorum du mois d'octobre 1689 contiennent une planche (Tab. XII, p. 529)
représentant la figure de la mer d'airain, donnée par N. F. D. dans l'ouvrage cité dans la note
précédente. Voir aussi la «Bibliothèque universelle et historique" du mois de septembre 1689.
Gilbert Burnet; voir la Lettre N°. 2431, note 2.
Œuvres. T. IX. 38
298 CORRESPONDANCE. l688.
N= 2524.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
24 JUIN 1688.
La lettre se trouve à Leiileu, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2511.
A la Haye ce 24 Juin 88.
Depuis mon arrivée on m'a apporcè une lettre du receveur Verzijl ') laquelle je
vous envoie, et qui me fait croire qu'il aura commencé le travail du coftè de la
Meufe, quoyque vous m'ayez dit qu'en defeendant la rivière vous n'en avez rien
apperçu. Voicy une autre lettre de Wilm Matthijsz, qui difeourt touchant l'affaire
de la digue a Zuylichem 2), mais Rademaecker devant dans peu de jours eftre icy
de retour nous pourra mieux informer, et il fera bon en fuite que nous parlions
tous enfemble touchant cet ouvrage que l'on nous impofe pour fauver la maifon.
Nous efperons les frères que je viens de voir et moy, que dans peu de jours vollre
commodité vous permettra de faire un tour icy a la Haye.
Je viens de recevoir lettre de Mr. Duarte3) avec le plaidoier tenu dans l'affaire
de l'argent arreifè dont l'iffue luy paroit affez douteufe. Mais le frère de Z. a fait
prier Mr. l'Envoie Coloma4) d'en eferire a fon Ex.e le marquis deGaftenaga 5),
dont il faut efpcrer le puiflant fecours.
Mon dit frère vous prie de renvoier la lettre de W. Matthyz pour la faire voir
a Rademaker quand il viendra. J'adjouteray ici pour nouuelle que la fille ainee
du Seig.r de Baerfchot ô) s'en efl: allée avec un Réfugié nommé Mr. Madelinette
en l'abfence de fes père et mère, vignas y ninnas &c.
[) Christiaan Verzijl; voir la Lettre N°. 828, note 1.
2) Voir, sur cette affaire, la correspondance avec le frère Constantyn, à commencer par la Lettre
N°. 2480.
3) Diego de Duarte ; voir la Lettre N°. 1 2 1 1 , note 2.
4) Don Manuel de Coloma, envoyé extraordinaire du roi d'Espagne auprès du Gouvernement
de la République des Provinces Unies.
5) Le marquis de Gastanaga était le gouverneur des Pays-Bas espagnols.
6) La propriété Baerschot, qui toutefois n'était pas une seigneurie, a longtemps appartenu à la
famille Sweerts de Landas. A cette époque son possesseur était Frederik Ilendrik Sweerts de
Landas, né en 1634, mort en 1721. Sa ii lie aînée s'appelait Hester Martine. Elle épousa suc-
cessivement 1. Mailing, 2. Madronet, 3. Hackin et mourut le 6 décembre 1725.
CORRESPONDANCE. 1 688. 299
N= 2525.
Christiaan IIuygens à H. de la Chapelle Besse.
29 juin 1688.
La minute se trouve à Lcitlen, coll. IIuygens.
La lettre fait suite au No. 2484.
Mr. De la Chapelle.
A la Haye ce 29 Jun. 1688.
Monsieur
Je fouhaite fort de feavoir une fois fi mes lettres vous ont eftè rendues, dont
jufqu'icy je fuis incertain. La première ayant manque je me donnay l'honneur de
vous en eferire une féconde ') et j'adjoutay a cette lettre la copie de la première.
Du depuis j'ay encore eferit aMons.r de la Hire2), tant pour feavoir ce qu'eftoient
devenues les fufdites lettres avec Icfquelles il y en avoit eu une pour luy,quepour
apprendre en quel eftat eftoit l'impreffion des ouvrages de l'Académie. Mais je
n'ay point eu de refponcc. Si fon filence et le voftre eft une marque que l'on eft
mal fatisfait de moy, je le dois imputer a mon malheur ne feachant pas d'en avoir
donne fujecl. J'ay envoie quelques copies de mes eferits a Mr. de la Hire 3), qui
a ce que j'ay appris 4) ont elle rendues, et ie l'ay prie de ne rien faire imprimer de
moy, dont je n'eufTe envoie pareillement des copies de quoy je vous prie auffi
d'avoir foin. J'ay encore quelques autres de mes ouvrages 5) a envoier dont je fais
plus d'eftat que des précédents et defquels je m'efpargneray volontiers la peine de
l'impreffion fi vous et Mr. de la Hire voulez bien avoir la bonté de vous en
charger comme vous m'avez offert tous deux fi obligeamment. J'envoie cette lettre
dans le pacquet de Mr. d'Alencè, dans l'efperance qu'elle vous fera rendue feure-
ment et qu'elle vous témoignera que je fuis toufjours parfaitement
*) La Lettre N°. 2484. Il paraît que Huygens, en écrivant la Lettre N°. 2525, n'avait pas
encore reçu la lettre de la Chapelle Besse du 15 février 1688, notre N°. 2514.
2) Voir la Lettre N°. 2484, note 5. Il s'agit probablement de la même lettre dont il est fait
mention dans la „Regiae Scientiarum Academiae Ilistoria" de J. B. du Hamel (p. 261 de la
seconde édition), où il est dit :
„Sub idem tempus (nov. 1687) D. de la I lire litteras a D. Hugens accepit, quibus eu m
certiorem fecit objectiva vitra, eaque optima Tclescopiis 1 50 & 200 pedum aptanda a se parata
esse et polita."
3) Voir la pièce N°. 2464. 4) Voir la Lettre N°. 2479.
5) Probablement le „Traité de la Lumière", et le „Traité de l'Aimant". Consultez la Lettre
N°. 2455, vers la fin.
300 CORRESPONDANCE. 1 688.
N= 2526.
Christiaan Huygens h J. A. Friquet :).
[20 juin 1688]2).
La minute se trouve à Lcidcu^ cuil. Huygens.
La ktlrc fait suite au No. 2498.
Monsieur
J'ay receu voftre lettre du premier Janv. 3) qui m'apprend que ce merveilleux
portrait4) a la fin eir. achevé dont vous pouvez juger combien je fuis aife par ce
que je vous en eferivis par ma dernière. Mais d'où vient que vous ne m'en faites
pas voir une efpreuve afin de pouvoir donner quelque avis fur ce qui pourroit y
manquer? Pour ce que vous dites de la defpenfe, je vous diray franchement que
je ne feavois pas que c'eftoit voftre deiïein de m'y faire contribuer lors que vous
m'avez propofè de me faire graver, et j'en ferois honteux fi l'on feavoit que je fiiïc
la moindre depenfe pour cela. Toutefois parce que je vois que vous vous y at-
tendez, je veux bien vous biffer l'argent qui vous eft reftè de la vente de mes
meubles s) qui eftoit quelque 1 1 ou 13 pifloles comme je crois, car je ne feaurois le
dire precifement a cette heure, ellant éloigne de tous mes papiers et embarafie
dans le déménagement 6). Je ne vous demande qu'une douzaine d'exemplaires pour
faire parc a mes amis d'une bonne eftampe d'Edelin 7). Et voions en je vous prie
au pluftoll une efpreuve, après quoy nous parlerons du nom et du mémoire que
vous demandez quoy qu'il me femble que je vous ay défia dit cydevant mon fen-
timent la defïus. Ne tardez pas longtemps a me donner de vos nouvelles fi vous
me voulez faire plailir et croiez que je fuis toufjours etc.
x) Sur Friquet, consultez la Lettre N°. 2498, note 1.
2) La minute se trouve écrite sur la même feuille que celle de la lettre précédente.
3) Nous ne connaissons pas cette lettre.
4) Il s'agit du portrait dont nous avons placé la reproduction en tète du Tome VII.
5J Voir, sur ces meubles, la Lettre N°. 2382.
6) Voir la Lettre N°. 2522.
7) Gérard Edelinck, célèbre graveur, né à Anvers en 1640. Il s'établit à Paris, où Louis XIV
lui accorda le titre de graveur du cabinet et le nomma chevalier de St. Michel. 11 mourut le
3 avril 1707.
CORRESPONDANCE. 1 688. 30I
N° 2527.
Christiaan IIuygens a [Ci-i. Perrault] ').
[1688].
La minute et la copie %e trouvent à Leiden, eu!/. IIuygens.
Demande 3 chofes.
1. Ce que je pente de (a Thefe, qui ert qu'il n'y a point d'art, ni de feience, ou
les modernes n'égalent les anciens, et qu'il y en a beaucoup ou les modernes les
furpaffent.
2. Ce qu'en penfent les habiles gens chez nous.
3. De vouloir luy faire un mémoire des découvertes les plus confiderables qui
ont eftè faites depuis le commencement de ce fiecle, dans l'altronomie, les ma-
thématiques et mechaniques et les mienes :). Item les endroits des autheurs, ou il
puifTe s'en inftruire a fonds.
Que j'ay veu la Guerre des anciens et modernes décrite par Mr. de Fonte-
nelle 3). et fa pluralité des mondes, fes dialogues des morts.
Pour ce qui efl: des mathématiques, puifqueje m'y fuis principalement appliqué,
je pourrois paroiftre prefomptueux, de dire que les modernes furpaifent les an-
') La minute est sans date et sans adresse, et nous ignorons également à quelle lettre elle sert
de réponse, mais il est à peu près certain que la lettre a été destinée à Cli. Perrault, qui
publiait, en 1688, un livre intitulé „Paralléle des Anciens et Modernes en ce qui regarde les
Arts et les Sciences. Dialogues. Avec le Poème du siècle de Louis le Grand et une Epître sur
ce Génie. Par Mr. Perrault de l'Académie Française. A Paris, chez Jean Baptiste Cognard.
1688." in-120. Dans ce cas, la lettre doit être datée avant octobre, parce que, à l'époque où
Huygens était établi à Hofwijck,des frères de Charles Perrault il ne restait en vie que Claude,
et que celui-ci mourut le 9 octobre 1688.
" Dans le premier Dialogue du livre cité dans la note précédente „la fine structure des pendules
portatives qui sont dues à l'illustre IIuygens" est présentée comme contraste avec ,,1'invention
rude et toute nuë d'une montre dont les ressorts n'étaient peut être pas plus déliez que ceux
d'un tournebroche". Voir: Histoire des Ouvrages des Scavans, Avril 1689, p. 122.
3) Bernard Le Bovier ou Le Bouyer de Fontenelle, neveu de Corneille. Il se fit connaître
d'abord par des poésies légères, des pastorales et des pièces de théâtre. Les „Dialogues des
Morts anciens et modernes", qu'il publia en 1 683 et les „Entretiens sur la Pluralité des Mon-
des", qui parurent en 1688, le mirent en évidence. Il fut admis à l'Académie française en
1691, et en 1697 à l'Académie des Sciences, dont il devint le Secrétaire perpétuel en 1699.
Il remplit cette charge durant 42 ans et s'y rendit célèbre par ses „Eloges des Académiciens".
Il mourut dans sa centième année le 9 janvier 1757.
302 CORRESPONDANCE. 1 688.
ciens. Je me mettray donc hors du nombre des mathématiciens, et ne parleray que
de ce que d'autres ont contribue a l'avancement de cette fcience. Je puis bien
raporter toutefois, ce que d'autres et moy y ont contribue, afin qu'on juge. Si
vous demandez avis aux Peintres de la Peinture, aux Sculpteurs de la Sculpture
&c. ils fe déclareront facilement pour vous, eftants remplis de bonne opinion de
leur fcavoir mais on ne voudra pas s'en tenir a leur decifion. Ce font pourtant ceux
du meftier qui peuvent le mieux juger de l'excellence des ouvrages. Cela fait qu'il
efir difficile de fcavoir la vérité dans cette controverfe.
N'avez vous pas affez de gens a Paris, qui vous peuvent fatisfaire la defTus,
quand encore il n'y auroit que Mr. voftre Frère.
En dette en matière de lettres.
Vous devez croire, que ce n'en: pas fans de grands enpefchements, que j'ay
différé li longtemps a refpondre aux obligeantes lettres.
Vous qui eftiez fi fort occupé vous eftes maintenant fans affaires, et moy qui
n'avoit d'affaires que mes eitudes, j'ay depuis la mort de mon père tout plein
d'affaires domeftiques, a avoir foin de mon peu de bien, et a m'eftablir une
demeure fixe, que je ne puis pas dire encore avoir trouvée. Cependant j'ay eftè
éloigne de toute elhide. Je demeure a une maifon de campagne, que mon Père
avait baftie a une lieue de la Haye. C'eft la ou je viens de ranger ma Bi-
bliothèque4).
L'Algebra, et par la la Géométrie.
L'Aftronomie n'eftoit rien il y a 80 ans au près de ce qu'elle efl maintenant.
C'eftoit des conjectures maintenant nous en fcavons le vray. Outre toutes les
nouvelles découvertes.
4) Voir la Lettre N°. 252:
CORRESPONDANCE. l688. 303
N= 2528.
Christiaan Huygens a Lodewijk Huvgens.
12 novembre 1688.
La lettre se trouve à Le'nlen , coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2524.
A la Haye ce 12 Nov. 88.
Le frère de St. Annelant m'a envoie ce matin la lettre cy jointe de van Lith, a
fin que l'ayant lue je vous la communiquafTe auffi, qui entendez mieux ces affaires
de Zulichem qu'aucun de nous. Vous feavez que nous avions accordé 400 U
pour ces gaefkoflen ') pourvu qu'ils vouluflent s'en tenir contents en lignant la
quitance du paiement entier. Maintenant ils exigent 610 ft' 15 s. et ce fat de van
Lith ne dit pas un mot de ce qu'il eft expédient de faire pour s'oppofer a cette
injuflice, mais nous demande de donner les ordres neceflaires. Si vous n'efles pas
en eflat de luy eferire, prenez la peine de nous envoier feulement un petit mémoire
a fin que nous feachions vofire avis. Je crois qu'il s'agit de feauoir fi ceux de
Zulichem qui nous ont taxé font en droit de le faire ainfi a leur fantaific, et a qui
on en peut appeler, de'quoy van Lith devoit nous inftruire. Je fuis bien fafchè de
ce qu'il faut vous rompre la telle de ces vilaines affaires, puis que j'apprens que
vous ne vous trouvez pas encore mieux que lors que vous efliez icy a la Haye. Il
ne fe peut que l'ellat prefent des affaires publiques ne contribue encore a vofire
mal2). Je vous allure que mon fommeil en efl très fouvent interrompu, et qu'il
le fera encore jufques a ce qu'il nous viene de bonnes nouvelles ce que dieu
veuille.
') Traduction : frais de contribution.
:) L'expédition de Willem III pour PAnglettre venait enfin de quitter définitivement Ilelle-
voetsluis, après avoir subi beaucoup de revers. Un premier départ avait été suivi par une
tempête violente, qui obligea la flotte de rentrer au port après avoir souffert de grandes
avaries et la perte de plusieurs chevaux. Constantyn Huygens, frère, qui accompagna Wil-
lem III comme secrétaire, perdit, à lui seul, cinq chevaux. Ce contretemps n'augmenta
pas peu la crainte que, pour une aussi périlleuse entreprise que la descente projetée, la saison
ne fût fort mal choisie.
304 CORRESPONDANCE. 1688.
N= 2529.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
30 DÉCEMBRE 1688.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
A Hofwijck ce 30 Dec. 1688.
C'a eftè une chofe bien facheufe pendant voftre longue abfence qu'il n'y a pas
eu moyen de vous faire tenir des lettres J), mais Dieu mercy cela ira mieux doré-
navant; du moins les chemins en Angleterre ne feront plus obfedez. Vous pouvez
bien vous imaginer avec quelle joye nous avons appris le grand et heureux fucces
des affaires par de là après toutes les inquiétudes et apprehenfions depuis le com-
mencement de cette expédition, foit pour les dangers de la mer foit pour l'événe-
ment incertain de la guerre, car quoyque des voftre débarquement les nouvelles
aient toufjours eftè afTez bonnes, l'on ne laifïbit pas d'appréhender quelque com-
bat tant que l'armée du Roy demeuroit fur pied, et l'on ne pouvoitpas s'imaginer
un renverfement fi foudain comme celuy qui s'eft fait depuis la bien heureufe
retraite, que vous ne feaviez pas encore en eferivant voftre dernière a Mad. voftre
efpoufc. Maintenant on attend avec impatience la nouvelle de voftre arrivée a
Londres, et de la réception qu'on y aura faite a Mr. le Prince qui fera fans doute
une chofe admirable a voir 2). Quelle joye pour la nation et quelle gloire pourluy
d'eftre venu a bout de cette noble et hardie entreprife. Nous entendrons après cela
comment toutes chofes feront eftablies et réglées, tant par de là qu'icy, qui n'eft
pas une petite attente. L'on ne feait pas, fi vous retournerez ou fi vous refterezlà
') Consultez la Lettre N°. 2528, note 2. L'expédition avait heureusement débarqué le 15 no-
vembre, dans la baie nommée Torbay, près du village Jiraxton. Pendant la marche sur Londres,
des régiments royaux s'étaient joints à l'armée du prince Willem III et plusieurs villes du
royaume avaient déclaré leur adhésion à sa cause. Le 23 décembre, le prince reçut à Henley
une députation de quatre aldermen et de deux ofliciers de la milice de Londres, chargée de
l'inviter à entrer dans la capitale. L'armée y lit son entrée le 27, le prince suivit le 28.
2) Constantyn nota à ce sujet dans son journal: „Nous marchâmes le matin à neuf heures et
demie de Brandfort à Londres, ayant trouvé Gastigny en route. Le chemin est de 7 milles
mais tellement embourbé que je n'ai guère vu de pire. Sur la route se trouvait une grande quan-
tité de carosses et de cavaliers, et aussi une foule innombrable de piétons, lorsque nous fumes
à environ deux milles de Londres. Nous entrâmes par la porte du parc de St. James, où Son
Altesse entra également à 3 heures, sous de grandes clameurs du peuple, dont plusieurs por-
taient des nœuds de rubans oranges aux chapeaux ou des pommes d'orange sur des baguettes.
Les femmes, qui en grand nombre étaient sorties de leurs maisons, portaient pour la plupart des
fontanges oranges sur la tête''. Voir le Journaal van Constantijn Huygens, den zoon, van 1 1
October 1688 tôt 2 September 1696 (Handschrift van de Koninklijke Akademie vnn Weten-
schappen te Amsterdam) Eerste Deel. Werken van liet Historisch Genootschap gevestigd te
Utrecht. Nieuwe Série N°. 23. Utrecht, Kemink en Zoon, 1876.
CORRESPONDANCE. l688. 305
ou vous elles ce qui entre autres n'embarafTe pas peu certaine dame que vous con-
noiflez. Il y en a beaucoup qui appréhendent les menaces et grands préparatifs de
la France, ce qui n'eft pas fans rai fou, et vous deviez bien nous renvoier les
troupes, a cetheure que vous n'en avez plus befoin, afin que nous ne recevions icy
quelque grand affront, pendant que nous fecourons nos voifins. Je crois pourtant
que ces dernières nouvelles d'Angleterre rompront en quelque forte les mefures
de Louis le Grand, et que de voftre coftè on pourra faire telle diverfion qu'il
perdra l'envie d'attaquer la Hollande. Si vous reftez là, vous verrez que vers le
printemps il y aura bien des gens qui iront faire un tour en Angleterre et peut
eftre je feray du nombre. Je fuis demeuré jufqu'icy à Hofwijc3) et pretensd'y
refter pendant tout l'hyver. Il y a quelques foirees facheufes, quand il fait mauvais
temps, mais je vois qu'on s'accoutume a tout. Je voudrois feulement y pouvoir
refter en repos fans que Mrs. les François par quelque ravage, ou Mrs. les Eftats
par leurs fréquents deux centièmes deniers m'en chafTaffent.
Quand eft ce que nous travaillerons derechef enfemble aux grands verres?
J'aurois bien envie d'en avoir un de 34 pieds, mais qui fuft grand comme ceux que
nous avons de 1 20 pieds 4), afin de luy donner une ouverture de 6 pouces, au lieu
de 3, car cela feroit le mefme effet pour découvrir les fatellites Saturniens, que
fait maintenant un verre de 1 20 pieds, l'oculaire feroit de 6 pouces. J'ay calcule
tout cela et je me tiens affurè du fucces. Avec le temps vous pourrez apprendre
a connoitre a Londres les illuftres et ceux qui s'entendent a noftre grand Art. Il
y avoit un Mr. Smetwick 5) qui m'a une fois envoie des verres de fa façon (ce
n'eftoient pourtant que des oculaires) et pretendoit qu'il en feavoit plus que
beaucoup d'autres. Je penfe que la Soc. Royale fait de grandes vacances pre-
fentement. Cependant vous pourrez avoir occafion de voir Mr. Boyle et autres
des membres. Je voudrois eftre a Oxford, feulement pour faire connoiffance avec
Mr. Newton6) de qui j'admire extrêmement les belles inventions que je trouve
dans l'ouvrage qu'il m'a envoyé7). Je pourray vous envoier une lettre pour luy,
que vous trouverez facilement moyen de luy faire tenir. Ma feur vous eferira les
nouvelles de la Haye. Hier au foir on attendoit Mr. l'Electeur de Brandebourg8)
avec Madame9).
Je vous fouhaite une heureufe Année.
3) Voir la Lettre N°. 2522, note 1. 4) Consultez les Lettres Nos. 2418 et 2419.
5) Consultez les Lettres Nos. 2047 et 2063. û) Voir la Lettre N°. 2544, note 1.
") Les „Principia", l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2465, note 2.
8) Friedrich III, Mis du grand-électeur et de Louise Henriette, princesse d'Orange, né le 21 juillet
1657 à Kônigsberg, depuis 1688 électeur de Brandenbourg. Il fut l'allié de Willem III dans
sa campagne contrejames II, et lui envoya un corps d'armée de 6000 hommes sous le maréchal
Schomberg, qui pritune part considérable à la victoire de la Boyne en Irlande. Ilfutcouronné
comme premier roi de Prusse, sous le nom de Friedrich I, le 18 janvier 1701, et mourut le
25 février 1725.
9) Sophie Charlotte, princesse de Hannover, née le 20 octobre 1688, depuis 1684 deuxième
Œuvres. T. IX. 39
306 CORRESPONDANCE. 1689.
Ns 2530.
J. de Hautefeuille ') à Christiaan Huygens.
17 JANVIER 1689.
a Londres le 17 januier 1689.
Monsieur
Il y a trois ou quatre ans que Je fuis auprès de Monfieur Le duc de Bouillon 2)
et madame La DuchefTe3) ayant fouhaité que J'enfle l'honneur de l'accompagner
en angleterre dans les deux voyages qu'elle y a fait J'y ay vu dans ce dernier les
grandes reuolutions qui y font arriuées et j'ay eu aufly l'occafion de voir Monfieur
le prince d'Orange a la quelle je ne m'attendois point. La charge que monfieur
votre frère occupe auprès de Luy m'a donné lieu de penfer en vous et m'a fait
prendre la liberté de luy aller demander de vos nouuelles4). Madame la duchefle
auoit eu le deflein il y a 3 ou 4 mois de pafler en Hollande et je men faifois un
fort grand plaifir dans l'efperance de vous y noir et d'apprendre vos occupations
et les nouuelles decouuertcs que vous auez fait depuis quelques années que je fuis
hors du commerce des feauans. Mons. Gayot curieux de paris efl: venu jcy auec
Mr. Harfouker 5) et ma apporté vne lettre de mons. Borelly qui ne me mande
aucunes nouuelles confiderables, il ne me marque point la mort de Mr. Perrault
le médecin que jay apprife depuis par les nouuelles imprimées et dont jay eu du
chagrin pendant que Le Roy a efté a Windfor J'ay vu fort fouuent monsr. Voflîus.
Je vois Meflieurs Boyle, Hook, Flamfted, et quelques autres et jay affiftéplufieurs
fois aux aiïemblées de Meflrs. delà Société. Jen ay remarqué plufieurs fort aflidus
et ce qui m'en a plu d'auantage c'efl: qu'ils ne le font point par l'obligation ou
par le defir des penfions ou de gratifications, pour moy Je ne m'addonne plus que
négligemment a ces feiences, la cour n'eft pas un lieu fort propre pour la médi-
tation et on y a fouuent malgré foy des diffractions qui éloignent beaucoup de
l'eftude, l'inclination naturelle que jay eue pour ces feiences me les fait quelques
fois regretter et je ne les ay quittées qu'auec chagrin et fi je trouuois encore les
épouse de Friedrich III, l'illustre amie de Leibniz, et mère de Friedrich Wilhelm I, second
roi de Pruisse. Elle mourut le 1er février 1705.
') Sur l'abbé de Hautefeuille, consultez la Lettre N°. 2023, note 3.
2) Godefroi de la Tour d'Auvergne, duc de Bouillon, né en 1636, grand chambellan de France.
Il mourut en 1721.
3") Maria Anna Mancini, sœur du cardinal Mazarin. Elle mourut le 20 juin 17 14.
4) Constantyn Huygens, frère, nota dans son journal, le 13 janvier 1689:
„Un petit Français, nommé Hautefeuille et amateur de mathématiques, connu de frère
Christiaan, vint me trouver et me donna une lettre pour mon frère susdit".
5) Nicolaas Hartsoeker; consultez la Lettre N°. 21 17, note 1.
CORRESPONDANCE. 1689.
3°7
occafions de m'y appliquer je le ferois auec beaucoup de plaifir. Ilyadefjadu
temps que J'auois eu deflein de uous enuoyer un petit écrit que Jay fait fur vne
nouuelle manière de perfectionner les lunettes d'approche et de uous en demander
votre fentiment, comme Je ne trouue point ce manufcrit dans les papiers que jay
apporté en ce pays je vous en manderay feulement.la fubftance, c'efl: le moyen de
faire que les Rayons qui paflent au trauers de plufieurs objectifs fcituez dans un
mefme plan fe réunifient en un point. Les Trois objectifs A, B, C, figure première
Pi Cl.
Ti$. é
D E F
D £ F
eftant difpofez dans un mefme plan il eft: certain que les rayons qui paflent a
trauers fe réunifient en trois autres point D, E, F, mais afin qu'ils fe reunifTent
tous au point E, il faut ajouter figure 1. le verre poliedre compofé de trois fur-
faces planes dont celles qui font marquées G et J font inclinées a l'autre oppofée
et celle qui eft marquée H, luy eft paralelle, Il eft certain que les Rayons qui paf-
fent par l'objectif A qui deuoient fe reunir au point D, paffants par le verre G
dont les furfaces font Inclinées l'une a l'autre font rompus vne féconde fois et fe
réunifient au point E ce qui arriue de la mefme manière aux rayons qui paflent au
308 CORRESPONDANCE. 1689.
trauers de l'objectifs C et du verre I, a legard des rayons qui pafïent par l'objectif
B et par le verre H dont les furfaces font paralelles la difpofition n'en eft point
changée et ils vont fe reunir au point E comme fi le verre H n'y eftoit point. Les
expériences que jay faites de cette inuention ont fort bien reufly lors que Je n'ay
eu deflein que de reunir les rayons qui pafloient a trauers plufieurs objectifs et je
les ay reunis fort exactement mais lors qu'après cette reunion jy ay ajouté vn
oculaire et que je les ay voulu reunir au fond de l'oeil l'expérience n'a pas eu vn
pareil fuccez et jy ay trouué beaucoup de difficulté vous m'obligerez d'examiner
fi cette Inuention eft vraye dans la fpeculation de me faire fcauoir ce que vous y
trouuerez de défectueux. Je fuis monfieur votre très humble et très obéi (Tant fer-
uiteur
De Hautefeûille.
Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
a la Haye.
Ns 2531.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
5 FÉVRIER 1689.
La lettre et la copie se trouvent à Le'ulen, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2529.
Hofwijck le 5 fevr. [16] 89.
Je ne doute nullement que ce ne foient vos continuelles occupations qui vous
empefehent de me faire refponfe et que ce ne foit auffi par la mefme raifon que
vous n'ayez encore vu perfonne, qui vous puft apprendre ce qui fe pafte en ce
païs la en matière de feiences ni de curiofités. Je vois cependant que le Sr. de
Hautefeûille ') vous a feeu trouver, par la lettre qui m'eft venue de fa part. Il y
a longtemps que je le connois, et pendant ma demeure a Paris, il propofoit allez
fouvent de nouvelles inventions, mais dont je n'en ay jamais veu qui reuffiflent
ou qui fu fient de quelque importance. Ce que je puis encore dire de celle qu'il
avance dans cette lettre, qui confifte a faire aflembler en un point les rayons de
plufieurs verres objectifs mis a coftè les uns des autres, dont il efperoit un mefme
effect que d'une ouverture aufli grande, que feroient toutes celles cyenfemble.
Mais il a bien reconnu par l'expérience que la chofe ne fuccede point, dont je
') Voir la Lettre N°. 2530.
CORRESPONDANCE. 1689. 309
luy feray voir la raifon (que je croy qu'il ne la fcaic pas) lors que je feray refponfe
a fa lettre ce que je ne puis pas encore, mais s'il vient vous revoir dites luy je vous
prie que ce fera au premier jour.
Il y a 2 jours qu'eftant a la Haye auprès de Mad. de Z. 2) elle me fifl pa-
roiftre quelque chofe du defïein que vous aviez de vous retirer des affaires et de
venir demeurer en ce pais, ce que je vois bien qu'elle fouhaite beaucoup, et a dire
la vérité je le fouhaitte autant qu'elle. Car je ferois fort fafchè de vous voir
éloigné pour toufjours par l'etabliffement que vous pourriez avoir en Angleterre,
quand me fine il feroit meilleur qu'il n'a elle en ce païs icy. Vous attendrez
pourtant, comme je croy, a déclarer la refolution que vous prendrez la deffus
jufqu'a ce que vous ayez vu quel train prendront les affaires et de quelle façon le
tout fera règle. Il feroit bien a fouhaiter que Mr. le Pr[ince] en recompenfe de
vos fervices vous puft procurer icy quelque employ qui vous fift confiderer, car
je prévois que fans cela, et éloigné de la perfonne de celuy dont on devroit at-
tendre la protection il ne fera pas bon de demeurer en ce païs, ou l'on va élire
ruiné par les deux centièmes deniers, et plus que les autres ceux qui n'ont point
de voix au chapitre. C'efl: pourquoy il me femble qu'en toute manière vous devez
tafcher de ne point quiter gratis.
Madame la PrincefTe va partir dans i jours a ce qu'on dit pourveu que le vent
ferve, et l'on voit des a cet heure, combien la Haye fera deferte par la quantité
des meilleures maifons qui font a louer et par le rabais du louage de toutes en
gênerai. Il n'y a que l'Angleterre enfin qui profitera de cette grande révolution
et tout l'avantage que nous en tirerons c'eft, comme je crois, que fans cela nous
ferions tombé dans de plus grands malheurs. C'eft ce dont il faut nous confoler,
et du grand bien qui en revient a toute la Chreftientè, et a toute l'Europe, qui
doit l'emporter fur nos interefts particuliers. J'aurois grande envie de pouvoir
continuer dans cette demeure folitaire ou je fuis mais avec ces grandes exactions,
j'ay peur que je ne pourray pas, mefme en quitant mon équipage comme je vais
faire bientoft. J'ay eftè foliciter Mr. de Schuylenburg3) pour le paiement que
vous fcavez, qui a promis qu'il le procureroit effectivement devant fon départ
pour l'Angleterre, et que fans cela il auroit honte de vous rencontrer. Le Thre-
forier l'a au (fi promis pour la femaine prochaine. Il faudra voir ce qui en arrivera.
Mad.e la comtcffe de Stirum quite fa charge auprès de Mad.e et après l'avoir
accompagnée en Angleterre s'en vient demeurer avec Mr. fon mari.
2) L'épouse de Constantyn, frère, seigneur de Zuylichem depuis la mort de son père.
3) Voir la Lettre N°. 2481, note 10.
3IO CORRESPONDANCE. 1689.
Ns 2532.
Christiaan Huygens à A. Leeuwenhoek.
6 MARS 1689.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
6 Mart 1689.
Sommaire: Leeuwenhoeck bedanckt voor fijn vvortelboom: gevraeght nae de obfervatie van 't circuleeren
van 't bloedt, waerom niet in druck en komt. geproponeert of men defelve in de vleugens van
vleermuyzen, pooten van Endvogels, ooren van ratten &c. niet foude konnen fien.
Ns 2533.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
15 mars 1689.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Hofwijck ce 15 Mars 1689.
Voftre lettre du 7e de ce mois ') ne m'a eftè rendue que le 1 ae par la négli-
gence des valets de chez ma fœur de Zulichem, qui ont attendu que je vinffe la
prendre a la Haye ; et juftement je n'y fuis allé depuis hier en 8 jours a caufe du
mauvais temps. Vous avez vu ma fœur de St. Annalandt et Ton mary 2) depuis la
date de voftre lettre, qui m'ont fait hier raport de leur voiage et de la vifite chez
vous, et puis qu'ils vous ont amplement entretenu touchant ce que vous vouliez
fcavoir des affaires du frère aine je n'ay rien a y adjouter, parce qu'il n'en eft pas
jufqu'icy venu d'autres nouvelles. Je vous diray feulement que par une lettre que la
Coufine Becker luy a fait tenir3), je luy ay fort recommandé, de ne rien précipiter
dans la conjoncture prefente, et que du moins, s'il avoit deffein de quiter fa charge,
et de retourner en ce pais, (de quoy Made. fon efpoufe le folicite, et a quoy
mefme elle m'a dit qu'il inclinoit) qu'il tafchaft d'obtenir quelqu'employ qui l'y
mift en quelque confideration et authoritè, fans quoy certes il feroit fort mal tant
pour luy que pour toute la famille. L'on vous aura dit que par fes dernières lettres
') Cette lettre ne se trouve pas dans nos collections.
2) Susanna Huygens et son époux Philips Doublet.
3) La Lettre N°. 2531.
CORRESPONDANCE. 1689. 3 I I
il ne tefmoigne plus tant cette envie de quiter, que fa Majeftè Britannique le traite
fort bien, comme ayant deffein de le retenir, avec quoy s'il arrive que fa charge
luy vaille bien de l'argent, je ne defefpere pas qu'il n'y demeure mais nous n'en
fcavons pas encore fa rcfolution finale. Pour moy j'ay bien fouvent fongè fi dans
cette occafion je ne pourrois rien obtenir pour amander ma fortune, et j'avois
défia quelque deffein de parler la mer pour cela, mais le frère de Z. ayant efcrit'
a fa femme que dans 6 femaines, dont il en eft défia parle 3, fa Maj.tê pourroit
faire un tour en ce païs, cela me fait différer. C'eft dommage que ce Prince
affectionne fi peu les eftudes et les fciences, fi celan'efloit point, j'aurois meilleure
efperance. Ces bénéfices, comme en avoit Voffius 4), font peu de chofe, et obligent
a la refidence et a chanter les aprefdinez dans le choeur de l'eglife ce qui ne feroit
pas mon fait. Voffius avoit outre cela durant fa vie le bien que luy avoit laiffè
certain docteur qu'on difoit eftre affèz confiderable.
J'ay oublié de demander au frère de St. Annelandt s'il vous avoit parlé touchant
cet argent que le Threforier a en fin payé; pour fçavoir combien il vous fembloit
qu'il en falloit donner a J. Williet 5). Ma fœur de Z. propofoit de luy donner les
400 fr. qu'il y a par deffus les 4 mille, le frère de St. Annelandt luy en deftine
beaucoup plus, difant qu'il n'a rien eu pendant la vie de mon Père, ce que ladite
fœur nie. Mon avis feroit de donner 600 ffi. fcachons le voftre, a fin de finir
cette affaire, et de partager en fuite cet argent. Je ne trouvay pas hier ma fœur
de Z. j'y reftourneray demain et parleray de ces billets du 200111e denier, pour
fcavoir ce qu'elle en a, et fi nous en pourrions profiter fans luy faire rien perdre.
Il efi: jufte qu'on fonge auffi a recompenfer Mr. de Hertogh de ce qu'il a fait pour
nous5) mais quel pourroit eftre ce prefent puis que la peine qu'il a prife n'eft pas
fort grande.
Je fuis très fâché de voir que voftre mal continue de la manière que vous me
mandez. Toute fois je ne laiffe pas d'efperer après que ce fâcheux hiver eft paffè.
Vous ferez bien, ainfi que le frère de St. Annelandt dit auffi vous avoir confeillè,
de prendre l'air a tous les beaux jours qu'il fera, en vous promenant en caroffe.
Un bon verre de vin de Rhin avec du citron et du fuccre ne fcauroit auffi vous
faire que du bien comme je crois, car il fortifie le cœur et chaffe les penfees
defagreables.
Le vent de vendredry dernier a abbatu deux de mes grands arbres fur le
chemin, et qui font juftement tombez fur le Heck 7) qui n'a pas eftè refait, et qui
eftoit défia très foible de forte qu'il eft prefque couché a terre. Je vaij pourtant
voir s'il n'y a aucun moyen de le faire tenir debout, parce qu'autrement il m'en
4) Sur Isaac Vossius, voir la Lettre N°. 444, note 4.
5) Voir la Lettre N°. 2507, note 1 .
fi) Voir la Lettre N°. 2503.
7) Traduction : la grille.
312 CORRESPONDANCE. 1689.
coûtera encore 200 fr. comme j'ay payé de l'autre. Ce qui efr fâcheux et d'autant
plus que je ne fcay pas bien fi je pourray fubfiller icy, vu la quantité de taxes dont
on va eilre accable. Si j'avois pu deviner le futur je ne me ferois pas halte a baftir
ni a faire tant de réparations que j'ay faites8). Mais je ne fuis pas le feul a qui
les refolutions prefentes rompent les mefures. Adieu mon frère, quand vous le
fouhaitez je vous iray voir.
N° 2534-
Christiaan Huygens, à Constantyn Huygens, frère.
22 MARS 1689.
La lettre et la copie se trouvent à Leiâen, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2531.
Hofwijck ce 22 Mars 1689.
Il y a longtemps que l'on m'a prié de vous envoier la Requefte cy jointe d'un
certain van Loo, qui demande la charge vacante de Richter van 't Nieuwe Broeck
op Veluwe, ce que j'ay négligé de faire, voiant le peu d'apparence qu'il y avoit
que Mr. le Prince alors, dans le fort des affaires, rangeait a celle de ce fuppliant.
Cependant il ne laide pas de me foliciter, et par luy mefme et par des amis et amies
que je veuille vous recommander fes prétendons, alléguant qu'il a eu ides promef-
fes de Mr. le Prince pour quand il vaqueroit quelque place, et que vous luy avez
promis audî, plus d'une fois, de luy eltre favorable; enfin que vous le connoidez
très bien et les fervices qu'il a rendus. Peut eltre que fes efperances fon[t] mieux
fondées que je ne fcay, du moins j'auray de grands remerciments d vous pouvez
faire quelque chofe pour luy.
Je vous ay mandé par une de mes précédentes que j'avois quelque dedein de
vous aller voir1), et peut élire je l'executeray dans peu; non pas pour eltre fpefta-
teur du couronnement, mais pour voir quelques anciens amis, outre ceux qui font
pad'ez nouvellement, et ce qu'on fait en matière de feiences, tant a Londres qu'a
Oxfort et Cambrig ou partout je fuis adez connu. Icy depuis voltre départ, je
n'ay pas un feul homme a qui parler touchant des chofes de cette nature. Je fus
ces jours padez a Leiden pour voir fi je trouverais quelque libraire qui vouluft
5) Voir les Lettres Nos. 2507, 25 1 1 et 2522.
') Voir la Lettre N°. 2529.
CORRESPONDANCE. l68û. 313
imprimer certain traité que j'ai envie de publier 2), a quoy P. van der A.3) s'offrit
avec joye, qui eft maintenant un des fameux libraires de la ville.
Je lui laiflay les figures, pour graver lesquelles il devoit chercher quelque
ouvrier a Amfterdam, mais je n'ay pas eu depuis de fes nouvelles 4), et peut eftre
alléguera t il quelque exeufe pour n'en rien faire comme Leers 5) a la Haye, qui
trouva celle de la trop grande cherté du papier, a caufe de la guerre avec la France.
Je vois bien en effeét que le temps n'eft guère propre au débit de livres de
feience, tout le monde criant uniquement occupé aux nouvelles et a raifonner fin-
ce qui fe pafîe et fur ce qui arrivera. Outre les deux soome deniers de 87 et 88
l'on vient d'en arrefter trois autres pour cette année6), ce qui eft bien fâcheux
mais il faut s'en confoler en fe reprefentant combien pis il nous auroit pu arriver
fans ce grand fucces de l'affaire d'Angleterre.
Je fus voir a Leyden le profefleur de Volder qui me montra un verre de 50 pieds
que Hartfoecker a fait pour l'Académie, félon l'infcription qu'il a mife defïus7).
Il avoit un bord de maroquin rouge, avec quelque dorure de la largeur de 2
doigts. Il eft. de matière très belle a ce que j'ay pu voir et bien efpaifie, mais quant
a la bonté je n'en fuis pas bien certain, n'y aiant pas de place chez de Volder pour
l'efTaier fi non une allée de fa maifon, ou je m'en enloignay tant que je vis les
pierres des maifons de l'autre coftè du canal renverfées, mais feulement avec les
yeux fans oculaire, parce que pour cela il auroit falu de l'obfcuritè tout au tour.
Ce Mr. de Hautefeuille, de qui vous m'avez envoie une lettre 8) et a qui vous
pouvez dire, s'il vient vous revoir, que mon deffein eft de pafier la mer, me fit
fçavoir que Hartfoecker eftoit venu a Londres avec un nommé Mr. Gayot que
j'ay veu icy, et qui travaille auffi aux verres, et a autres chofes, avec beaucoup
d'adreffe. Peut eftre vous les aurez vus. Du moins vous n'aurez pas eftè là fi
longtemps fans découvrir quelques amateurs, quoyque vous ne me mandiez rien,
apparemment a caufe de toutes vos affaires.
2) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2519, note 8.
3) Pieter van der Aa, géographe et libraire à Leiden. Il fit imprimer sous sa direction un atlas
de 200 cartes, dressées d'après les voyages et découvertes de 1246 à 1696. Le doge de Venise
le créa chevalier de St. Marc. Van der Aa mourut en 1730. Voir aussi la Lettre N°. 2374,
note 3.
4) Dans le livre G des Adversaria, page 163, on rencontre l'annotation suivante: 1689. Maj.
Traité de la Lumière begonnen te doen drukken door P. van der Aa.
5) Arnout Leers; voir la Lettre N°. 2410, note 1.
6) Les Etats Généraux avaient ordonné des contributions extraordinaires pour couvrir les frais
de la guerre, par ordonnances du 21 juin 1687, du 15 avril 1688, du 29 octobre 1688 et du
5 mars 1689; les trois premières montant à un 200111c du capital — les rentes viagères étant
comptées au décuple de leur montant annuel — , la dernière à un ioonic.
~) Cette lentille, portant l'inscription „Nicolaas Hartsoeker, pro academia lugd: Batav: Latet:
Parisiorum 1688", se trouve à l'observatoire de Leiden.
3) La Lettre N°. 2530.
Œuvres. T. IX. 40
314 . CORRESPONDANCE. 1689.
Ns 2535.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
7 avril 1689.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2533.
Hofwijck ce 7 Avr. 89.
Le fchout de Zulichem me vint parler avanthier touchant le payement van
de Gaefpenningen que vous feavez que nos Leftrygones ont taxe pour noitre
contingent a 600 ÎÈ qui a ce qu'il dit ne différeront plus de nous exécuter, et ainfi
feront encore des frais fur noftre compte. Je luy dis de vous aller voir en repafîant
par Rotterdam ce que je croy qu'il aura fait. Cependant puis que toute noitre op-
pofition ni tout ce que j'en ay eferit dernièrement a van Lith '), ne feauroit nous
guarantir de l'injultice de ces gens, et qu'il eit queftion de damno vitando, je vous
prie de me mander fi vous elles d'avis qu'on ordonne au Receveur de Zulichem
qu'il paye cet argent a mefure qu'il luy en viendra, ou fi vous croiez qu'il y ait
encore quelque exception a propofer qui puifTe eftre de quelque effeét.
Mr. de Slydrecht2) partit avanthier pour s'embarquer a la Briele, et fans
doute il fera parti hier, car j'entendis tirer beaucoup de coups de Canon, mais
malheureufemant voila le vent devenu tout contraire, de forte qu'apparemment
ces vailTcaux feront obligez de rentrer. Pour ce qui efl: de mon voiage j'ay juge
qu'il falloit encore attendre ce que le frère de Z. nous fera feavoir par fes
prochaines lettres, après avoir vu ce qu'il a mandé par fes dernières touchant
l'eftat des affaires de par de là, et des règlements qu'on alloit faire dans la
maifon Royale. Il ne paroit pas que jufqu'jçy il foit fort content de la vie qu'il
mené prefentement, mais quand il voudroit quiterjene croy pas que fa Maj.tè
le luy permette facilement, et par là mefme j'efpere, nifi fibi ipfe défit, qu'il
pourra obtenir un eftabliiTement raifonnable et qui foit a fon auantage.
Je baife très humblement les mains a mad.e voltre chère Efpoufe et vous rends
grâce a tous deux de la bonne réception et bonne chère de l'autre jour.
Mijn Heer
Mijnheer L. Huygens
Gecommitteerde Raedt ter Admiraliteyt
in 't collegie op de Mafe
Tôt
Rotterdam.
') Sur van Lith, voir la Lettre N°. 2481, note 3.
2) Sur Jan Teding van Berkhout, seigneur de Sliedrecht, voir la Lettre N°. 2147, note 16.
CORRESPONDANCE. 1689. 3 I 5
N= 2536.
Christiaan Huygens a Lodewijk Huygens.
24 AVRIL 1689.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2535.
Hofwijck ce 24 Avr. 89.
Vous ne devez pas douter Mon frère que je ne vous accorde avec joye la
demeure de I Iofwijck pendent: que je feray a mon voiage d'Angleterre et je vous
l'aurois mande des avanthier fi mes maux de telle ou fièvre ou je ne fcay ce que
c'efi: ne m'en enflent cmpefchè. J'ay elle mal toute la femaine paflee, et pourtant
je n'ay pas laifle de me trouver lundy et hier a une conférence au Trêves kamer
en ellant requis de la part de Mrs. les Eftats pour certaine affaire des Longitudes
qui certes n'en valoit pas la peine '). Hors ces 2 jours je n'eftois pas forti de ma
') Il s'agit d'une prétendue méthode de Lieuwe Willemsz. Graaf, né à Harlingen en 1652. Il
était capitaine d'un vaisseau sur Hambourg et la mer Baltique. N'ayant reçu aucune instruc-
tion régulière, il s'occupa de chronologie astronomique et publia sous le nom de Mattheus
Wasmuth et de Lieuwe Willemsz. Graaf un livre: „Kortbegrip van de algemeeneherstellinge
des Tijds", etc. qui n'était qu'une traduction de l'ouvrage „Idea astronomiae chronologicae
restitutae" de Wasmuth, professeur à Kiel, que Graaf avait rencontré dans ses voyages.
S'étant imaginé qu'il avait découvert une méthode pour la longitude sur mer, il vendit son
vaisseau pours tacher d'obtenir un privilège et une subvention des Etats Généraux. De ces
négociations et des conférences qu'il eut devant les Etats-Généraux avec Chr. Huygens et
B. de Volder le 29 mars 1689, avec de Volder quinze jours plus tard, avec Johannes Stam-
pioen de Rotterdam le 22 avril, avec Huygens, de Volder et Stampioen le 23 avril, avec
Stampioen et Abraham de Graaf d'Amsterdam le 28 juin, il a rendu compte lui-même dans
son écrit:
Eenvoudig en onvervalfcht verhaal van 't voorgevallene in 's Graven Haege, ter vergaa-
deringe van de Ho: Mo: Heeren, de Staten Generaal der Vereenigde Nederlanden, over
't aanwijfen van 't vinden der Lengde van Ooft, en Weft en de Waere Tijdreekeninge, gedaen
door Lieuwe Willemsz. Graaf, Dienende tôt Zeeker bericht aan de Vrinden, en Begunltigers
der waarheid, en wederlegginge der onwaarheden, en lafteringe van de vijanden en wangun-
ners derfelven. Gedruckt voor den autheur 1689. in-40.
Ce pamphlet étant devenu fort rare, Maatschoen a publié la relation que Graaf a donnée
de ces conférences dans l'ouvrage intitulé :
Aanhangfel, dienende tôt een vervolg, of Derde Deel van de Gefchiedenifle der Menno-
niten (weleer in het Latijn befehreven door den Heere Hermannus Schijn, in zijn Eerws.
leeven Leeraar der Mennoniten en der Medicijnen Do<5tor te Amfterdam enz.). In het welke
noch Negentien Lecraars der Mennoniten op nieuw in het ATw/wgebragt, kortelijk befehreven
en hunne nagelaatene ScJiriften aangewezen werden door Gerardus Maatfchoen, Bedienaar
des Goddelijken fVoord% onder de Menfchen, hunne vergaderinge houdende te Amfterdam, op de
Cingel in de Zon, Te Amfterdam, Bij Kornelis de Wit, Boekverkooper mdccxlv. (Voir la
Lettre N°. 2538, note 1). Graaf devint pasteur des Mennonites, d'abord à Harlingen, puis à
Amsterdam, où il mourut vers 1704.
3 l6 CORRESPONDANCE. 1689.
chambre, et ces forties ne m'ont pas fait de bien. Je m'en vais maintenant me tenir
en repos pour tafcher de me remettre, car il faut fe bien porter devant que de fe
mettre en voiage. Je vous efcriray une autre fois touchant l'affaire du frère de Z.
qui femble toufjours refolu au retour, et l'on ne peut pas dire qu'il a entièrement
tort, voiant qu'on fait tant pour d'autres et rien pour luy. Adieu mon frère j'ay un
mal de telle qui m'oblige de finir. J'avois efcrit a W. Matthijsz. fuivant voftre
projet l'i ie du mois et voicy fa refponfe du i8.e :).
Ns 2537.
B. de Volder à Christiaan Huygens.
l6 AVRIL 1689.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Mijn Heer
Ick blijf UEdt. hartelijck dankbaar voor de boecken mij op gifteren gefonden,
die mij wel ter hand fijn gecomen, en dewelcke ick hoope te beforgen dat UEd.
binnen korten onbefchadight weder fullen werden hei ftelt. ïck fal oock, fooUEd.
geen volkomen genoegen had in de proef op de folder, maar liever het glas ') aan
de maan felfs probeerde,niet manqueren op het aldereerft advys, UEdt. deblickke
ring met de fteert toe te ftueren lij is wel heel ruw gemaackt, maar fal voor een
proefje meen ik,genocchverftrccken. Ick fal hierop, fooUEd.meendedie eenigh-
fins nodigh te hebbcn, UEds. ordres afwachten, en vcrblijven middelerwijlen
Mijn Heer
U\v Edts. ootmoedige Dienaar
B. de Volder.
Leijden, den 16 April
1689.
Aan de Heer
Mijn Heer Christiaan Huijgens van Zuïjlichem
Heer van Zelem etc., etc. op 't huijste Hofwijck
tôt
Voorburgh.
2) Nous ne connaissons pas cette pièce.
') Il s'agit probablement de l'objectif de Ilartsoecker, dont il est question dans la Lettre
N°. 2534.
CORRESPONDANCE. I(58o. 317
N8 2538.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
14 MAI 1689.
La lettre se trouve à Lehlen, coll. Huygens.
Elle fait suite au ATo. 2536.
Hofwijck ce 14 May 89.
Je revins hier d'un voiage d' Amiterdam, ou j'avois a faire pour ce qui regarde
celle des Longitudes, qui s'eft reveillée a l'occafion de certain nouveau préten-
dant très impertinent ]), dont peut eftre vous aurez entendu parler. Pour ce qui
eft du deïïein pour l'Angleterre je doute fort s'il en arrivera quelque chofe, depuis
que je vois que le frère de Z. n'y eil pas eftabli de la manière que j'avois cru
qu'il le feroit, et qu'au lieu de cela il femble toujours refolu de quiter le fervice.
') Voir la Lettre N°. 2536, note 1. La relation de Graaf lui-même fait voir clairement qu'il
était un franc imposteur. Il prétendait trouver la longitude sur mer sans instruments méca-
niques, sans horloge et même sans observations. Dans aucune des conférences devant les
Etats-Généraux il n'a donné un exposé intelligible de sa méthode. Dès le début, il s'est mis
à pérorer sur le Cercle solaire, le Nombre d'Or, la Lettre dominicale, le vrai jour de Pâques
et les vraies Epactes, tâchant constamment d'engager des disputes avec ses examinateurs,
qui, d'après lui, n'avaient pas la vraie science. A la première question de De Volder: „com-
ment il déterminait la longitude", il répondit: „Par la rétrogradation de la Lune au firma-
ment"; à la seconde: „Pouvez vous l'observer", il demanda avec ostentation aux Etats-Géné-
raux s'ils ne prendraient pas en mauvaise part ce qu'il se proposait de répondre. Après quoi,
il dit que „ce que le professeur demandait ne faisait rien à l'affaire, parce que par l'observation
on ne pourrait guère trouver la longitude." Lorsque Huygens lui demande s'il savait bien
qu'il y avait une parallaxe, Graaf se dérobe à la question en disant qu'il faut d'abord s'occuper
du Soleil et après de la Lune. Le récit n'est ainsi qu'une série de disputes, dans lesquelles
Graaf a toujours le beau rôle et d'où il sort toujours victorieux. La mauvaise foi de Graaf
est évidente lorsqu'il raconte que, sur la demande de Stampioen, il a trouvé au moyen de ses
tables la position de la Lune, au 28 février 1 627, exacte à une minute près, tant en longitude
qu'en latitude, c'est-à-dire coïncidant avec la donnée d'un auteur connu. Il est presque in-
croyable que les Etats-Généraux ont fini par accordera Graaf le privilège demandé et une
gratification de 2000 florins. Graaf va jusqu'à prétendre que ce fut avec le plein assentiment
de Chr. Huygens. Parmi les membres des Etats, présents à la conférence : van Els, président,
Heinsius, pensionnaire du Conseil de Hollande, Groenendijk, Massis, van Eck, Barkcnsteyn,
Harsolte, Lemke, Gerlacius, il semble que ce furent surtout les deux premiers, qui prirent
parti pour Graaf. A l'occasion de son écrit, Graaf eut dans la suite une longue polémique
avec Bernard Fullenius et Balthazar Bekker.
Dans le livre G des Adversaria, pp. 24 verso et 30 recto, on rencontre quelques notes et
calculs de Huygens se rapportant à la méthode de Graaf. Ils sont difficilement intelligibles
lorsqu'on ne connaît pas cette méthode et se trouvent entremêlés de remarques comme
celles-ci : „t\velck seer onnoosel" (ce qui est très niais) „plomp" (grossier) „maar de heele
calculatie is zonder fundement" (mais tout le calcul est sans fondement).
318 CORRESPONDANCE. 1689.
S'il fuft demeuré, j'aurois pu me refoudre à m'y tranfplanter aufïï, en obtenant
quelque bénéfice ou penfion par fon moyen ou celuy de mes autres amis, mais
puis qu'il n'obtient rien luy mefme, et qu'il ne le follicite pas feulement, atten-
dant l'occafîon de quelque charge vacante en ce païs qui pourroit l'accommoder,
je juge bien qu'il n'y auroit rien a faire pour moy, et que je puis épargner la peine
et la depenfe d'un tel voiage. du moins je diffère encore. L'une des raifons pour
l'entreprendre eftoit l'envie que j'avois de vous laiffer cette maifon vuide, pour
y paffer quelque temps et voir ce que ce bon air pourroit contribuer à l'amande-
ment de voftre fantè. mais j'ay fongè depuis que je pourrois vous accommoder
quoy que je demeurafTe. Car je vous donnerois ma chambre et le cabinet qui eft
auprès, et je coucherois au cabinet qui eft en bas ou il y a un petit liétquime fervit
l'eftè pafTè. Et puis j'ay ma bibliothèque pour me fervir de cabinet et de retraite
pendant le jour. Il y a au defïïis une petite chambre pour loger un valet, depuis
que mon cocher eft parti; et la fervante que vous amèneriez pourroit coucher
auprès de la miene. Pour les fraix du ménage nous réglerons cela facilement.
Je vous prie d'accepter cet offre et de venir efTayer en ce beau lieu le remède du
lait que vous vous eftes propofè, et dont je conçois quelque bonne efperance.
Vous ne m'incommoderez point et ferez le trefbien venu avec madame voftre
chère Efpoufe.
Adieu mon frère.
Mijn Heer
Mijn Heer Huijgens
Gecommitteerde Raedt ter Admimliteyt
in 't Collegie op de Mafe
Tôt
op Haringvliet. Rotterdam.
CORRESPONDANCE. 1689. 319
N° 2539.
Chrtstiaan Huygens à J. Hudde.
25 MAI 1689.
La minute se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Sommaire: Aen de Heer Hudde genotificeert mijn reys naer Engelandt. en dat het traftaet de la Caufe
de la Pefanteur aen de Volder *) behandight hebben.
25 Maj 1689.
;n dat het traftaet d
Hage den 25 Maj. 1689.
Aan den Hr. Hudde
Mijn Heer
Naer dat laetfhnael de eere gehadt hadde van UEdt. te fpreecken 't welck
fonder fijne fonderlinghe goedtheydt en beleeftheydt mij foude gemift fîjn, foo
adrefTeerde ick mij aenftonds daeraen volgens UEd. goetvinden aen de Heer
Blokerij 2) dewelcke mij aengaende den ftaet der faecke van de Lengdenvinding
omftandelijck onderrechte en confirmeerde al 't geen UEdt. mij gefecht hadde.
Ende vonden wij voorts niet noodigh dat de geconcipieerde brief van wegen de
Heeren in die commifîie fijnde aen mij gedepefcheert fonde werden, dewijl ick nu
mondelingh konde antwoorden op 't geen mij bij den felven brief foude werden
geproponeert te weten het ftellen van mijn bewufte bericht in 't voorleeden jaer
aen de Heeren Bewinthcbbers gedaen, in handen van de Heer Prof, de Volder.
Waer in ick feer geern bewillighde, als fijnde 't geen ick felfs gedefireert hadde.
1 ) B. de Volder avait été chargé par les Directeurs de la Compagnie des Indes Orientales d'exa-
miner le Rapport de Huygens sur l'essai de la méthode des Longitudes, fait au moyen des
horloges à pendule dans le voyage du vaisseau A lckmaer du Cap de Bonne Espérance à Texel
(voir la pièce N°. 2519). C'est ce que témoigne encore la note suivante de Chr. Huygens
inscrite dans le livre G des Adversaria, p. 163.
,,16 Maj. aan Burchardus de Volder Prof, matheseos tôt Leyden mijn Difcours de la caufe
de la Pefanteur gebracht om te examineeren 't geen daer uyt geallegueert werdt in mijn
Bericht aen de Bewindthebbers van de O. Indifche Compagnie, aengaende de Vindingh der
Lengden door mijn Horologien, die aen deCaep de B. Espérance geweefl: zijn. Welck bericht
bij Haer Ed. aen gemelte de Volder in handen geftelt is om het zelve te examineeren. Voir
le Rapport de B. de Volder au N°. 2547.
2) Salomon van de Blocquery, fils de Michiel van de Blockery et de Laurentia Herrewijn, né à
Amsterdam en 1 64 1 , était Directeur de la Compagnie des Indes Orientales. Il épousa en 1 666
SusannaScholten et mourut en 1701.
320 CORRESPONDANCE. 1689.
Ick hebbe dan ingevolge oock van gemt. Hr. de Profefîbr verftaen dat aen hem
't voorfz. bericht toe gefonden was, en hebbe hem mede ter handt geftelt mijn
Traétaet van de Reden der Swaerte waerin lier, fondement van mijn laetfte cor-
recte der Lengden werdt aen gewefen. Ick hadde verders aen UEdt. en aen de
Hcer Blokerij verfocht een van de I Iorologien te mogen hebben om daer aen iets
te proeven 't welck tôt derfelver perfecler gangh gcloove te fullen contrlbueren,
doch dewijl hct felve noch niet vernomen hebbe en dat genoodfaeckt werdt een
reyfie naer Engelandt te doen voor 5 a 6 weecken kan het bij Mr. de Graef blijven
tôt mijne wederkomil waervan ick hem alfdan fal aviferen. OndertnfTchen hebbe
ick van mijn devoir geacht aen UEdt. het voorgaende en infonderheydt mijne
voorgenomen reyfe bekcnt te maecken, om of het gebeurde dat de Heeren Com-
mifTarifTen binnen die tijdt voornoemt iets aen mij te notificeren ofte bevelen had-
den dat mijne abfentie haer niet onverwacht voor en komen mocht 3).
3) En haut de la feuille se trouve encore noté: Ellemeten of de fchipper Lieuwes de
Graef ordonnantie gehadt heeft van 2000 gl. (voir les Lettres Nos. 2536 et 2538,
notes 1).
CORRESPONDANCE. 1689. 32 1
N= 2540.
Isaac Newton h Christiaan Huygens.
août 1689.
La pièce se trouve à Hannover, Bibliothèque royale ').
Elle a été imprimée par Groening*}.
Definitio3)-
Refiftentiam voco vim omnem qua motus corporis retardatur, eamquedireétam
et abfolutam nomino quae motui direfte opponitur, obliquam quae obliqué.
') Nous avons pu retrouver les pièces Nos. 2540, 2541 et 2542 et 2543 grâce à l'excellent
catalogue de manuscrits de la Bibliothèque royale de Hannover publié par M. Bodemann
sous le titre:
Der Briefwechsel des Gottfried Wilhehn Leibniz in der Kôniglichen ôffentlichen Biblio-
thek zu Hannover. Beschrieben von Dr. Eduard Bodemann, Konigl.Rath u. Bibliotbekar
zu Hannover. Hahnsche Buchhandlung. 1889. in-8°.
Il est souvent fait mention de ces pièces dans la correspondance de Leibniz et Jean Ber-
noulli, à laquelle nous empruntons les passages suivants, que Ton retrouvera facilement dans
l'ouvrage de Gerbardt (Lettre N°. 1914, note 1 2), d'après la publication intitulée :
Virorum Celeberr. Got. Gui. Leibnitii et Johan. Bernoullii Commercium Philosophicum
et Mathematicum Tomus Primus ab anno 1 694. ad annum 1 699. (Tomus Secundus, Ab anno
1700. ad Annum 1716.) Lausannae & Gcnevae, Sumpt. Marci-Micliaelis Bousquet & Socior.
mdccxi.v. 2 Vol. in-40.
Aux pages 155. 159, 166, 171, 177, 1 84, 203 du Tome I il est fréquemment question de
notes marginales inscrites par Christiaan Huygens dans l'exemplaire des Acta Eruditorum
qui lui avait appartenu et dont la découverte fut annoncée par J. Bernoulli à Leibniz dans
une lettre du 7 avril 1696 en ces termes:
„Nuper Novi nostri Gubernatoris/>/7';/c//)/x Nassovii Informator mihi misit Actorum Lips.
annos 1690, 1693 & 1694, l110* coëmit in auctione Librorum Hugenii; invenio ibi varias
notas criticas brèves quas Ilugeniusad marginem plumbagine scripsit & plerasque super ea,
quae Tu, Dominus Tschirnhaus. Frater & ego publicavimus; nec Tibi, nec nobis pepercit,
praesertim Fratris, multa ipsi displicent; si curiosus es, ea quae Te concernunt Tibi transcri-
bam. Curabo ut etiam caeteris annis potiar, ut quid de aliis senserit videam". (Page 155,
Tome I).
Quoique l'exemplaire des Acta sur lequel Huygens a écrit ces notes ait échappé jusqu'ici
à nos recherches, les copies de ces notes, telles qu'elles ont été transmises à Leibniz, ont été
retrouvées et copiées sur l'original par M. 1). J. Korteweg. Nous les publierons dans la suite.
A l'occasion d'une note relative à la démonstration que Leibniz avait donnée de la ligne
isochrone, Bernoulli écrit à Leibniz, le 27 octobre 1690":
„Non est cur Te moveat Hugenii festinatum judicium, non enim statim emendanda sunt,
quae ipsi displicuerunt; ipse potius multa multis in locis habet, quae correctionem admitte-
rent. Nuper hac transiens Wismariensis quidam promisit, se mihi missurum aliquod manu-
scriptum Hugenii, in auctione ipsius librorum coëmptum, cum Newtoni Tractatu, cui Manu-
scripto titulus esset Newtoni Errores; quod si obtinuero, Tibi si illud desideras, transcribi
curabo, aut si nimis fuerit prolixum, principaliora mittam excerpta" (Page 208, T. I).
Leibniz répond en novembre :
„Gratissimae erunt censurae Hugenii in Opus Newtoni, rogoque, ut si observare potes.
Œuvres. T. IX. 41
322 CORRESPONDANCE. 1 689.
Prop. 1.
Vis omnis AB qua corpus impellitur A dire&è verfus B, coinponitur ex viribus
AC, CB impreffis fecundum plagas Iinearum illarum AC & CB rectum angulum
ad C continentium.
OJ
Nam fi corpora E et F in lineis EA et FA ad plagas eafdem directis incidant
totum mihi cures describi. Et hos & caeteros pro me sumtus reddam lubens merito" (Page
211, T.I).
En janvier 1697, Bernouilli revint à ce sujet en écrivant à Leibniz :
„Cum Groningius ad Te scripserit, nihilne attigit de Mannscriptis Hugenianis mihi
promissis." (Page 232, T. I).
Ce Groningius (Johann Groeriing, voir la note 2) était en effet le „Wismariensis quidam"
de la lettre du 27 octobre 1696.
Leibniz répond le même mois:
„Dominus Groningius nihil vel de Te, vel de Mannscriptis Ilugeiiimiis; unde ego quoque
dissimulavi talia mihi ex Te esse nota, quae ipse attingere noluerat. Praesertim cum se se novam
Newtoniani operis editionem moliri scripserit: quam tamen dissuasi, quod de ea cogitare
Newtonum ipsum intellcxisscm. Et suspicor Hugeniana ibi adjicere voluisse. Quod si iterum
scribat, videbo an commode efficere possim ut haec nobis communicet. praesertim si editionis
cogitationem deposuerit." (Page 241, T. I).
Il paraît que Groening n'a pas voulu se dessaisir des manuscrits hugeniens avant de les
avoir publiés. Au moins, il n'en est plus question entre Leibniz et Bernoulli avant décembre
1713, lorsque Bernoulli, répondant à une communication de Leibniz d'après laquelle Huy-
gens aurait noté dans son exemplaire des Principia plusieurs erreurs de Newton, écrit :
„Errores illi, quos dicis Ilugenium ad marginem Exemplaris sui in Newtono notasse, sunt
forte non alii, quam qui jamdudum extant ad calcem Historiae Cyvkïdh a quodam Groningio
Wi%mariemi editae; forte etiam ab ipso Groningio Tibi hoc narratum fuit, nam et mihi
CORRESPONDANCE. 1689. 323
in corpus A et corpus A impulfu corporis folius F eodem tempore pergeret ad D
et corapleatur rectangulum ACBD : corpus A impulfu compofito corporum E et
narravit cura ex Batavis veniens Groningae transiret, & in transita gradum Doctoratus Juris
capesceret, sed nihil eorum omnium, quae ego notavi in Newtono, ab Hugenio uotatum fuit;
Et certe baud valde magni momenti sunt notae Hugenianae, possetque Ncwtonus gloriari, si
caetera omnia in Opère suo recte se haberent" (p. 328, T. II).
Les documents, par lesquels Groening a tâché de donner quelque relief à son Historia
Cjcloeides (voir la note suivante) ont été envoyés à Leibniz avec une lettre de Groening du
7 avril 1701, dans laquelle il dit: „Aliqua ex Hugenii annotatis Historiae Cycloeidis adjeci.
Mitto autem autographum ut videas ipsemet quid et quale sit. Sed et alia erant si recte
memini quae quondam in Hollandia accepi, nunc vero plura invenire haud potui. Credo
Wismariae inter mea latere." Dans le Catalogue cité de M. Bodemann ils se trouvent décrits,
sous le nom de Newton, comme il suit: a. eine Abhandl. Newtons, betr. die Gesetze der
Bewegung, Anfang: Defitit'tio, Resistentiam voco vint omnem, quamôtus corporis relardatur,
eamque directam et absolut a m nomino quae mottii directe opponitur, obliquant quae oblique
(i Bog. fol.); darauf oben links von Iluygens' Mand bemerkt: Il (=Reçn ?) de Mr. Newton
à Londres.. . Aug. 16K9. (C'est notre N°. 2540). Dabei eine Anlage von Iluygens mit der
Uberschr. ad propos. Newtoni (notre N°. 2542). b. Nocli ein Concept Newtons iiber dens.
Gegenstand (£ Bog. fol.) (notre N°. 2541). c, «. Conjecturae de sphalmatis typographicis in
Newtoni philosophiae principiis mathematicis von Iluygens' Iland (1 Bog. fol.) c, (? Alia
errata ex Newtoni mei codice Londini 1 3. Mart. 1889/90 von Huygens' Hand Q Bog. 40);
(ces deux pièces trouveront leur place dans la correspondance de 1 691 , parce qu'elles furent
envoyées par Huygens à Fatio deDuillier le 1 8 décembre de cette année); darin noch 1 Blatt
mit der Ubersch. ad propos, lil). 1 p. 334 (nâml. der N'schen Principia philosophiae); cette
dernière pièce, de même nature que le N°. 2542, forme notre N°. 2543.
:) Johann Groening, docteur en droits, avocat et référendaire du tribunal royal de Wismar, fut
l'auteur de plusieurs ouvrages de jurisprudence et d'histoire. Il publia les notes manuscrites
trouvées dans l'exemplaire des Principia de Newton, qu'il avait acheté à la vente de la biblio-
thèque de Huygens. Elles sont insérées dans son écrit :
JohannisGroningii D. Historia Cycloeidis Qjia Genesis & Proprîetates LineaeCycloeidalis
praecipuae, secundum Ejus Infantiam, Adolescentiam & Juventutem, Ordine chronologico
recensentur. Nec non An Priraus Ejusdem Inventor,Galilaeus et Demonstrator Torricellius
fuerint, contra Pascalium aliosque Galliae Geometras discutitur Perscripta Ad Illustrent &
Celeber. Polyhistorem Dn. Antonium Magliabecchium, Sereniss. Cosmi III. Magni Etruriae
Ducis Bibliothecae Praefectum. Accedunt Christiani Hugenii Annotata Posthuma In Isaaci
Newtonii Philosophiae Naturalis Principia Mathematica. Hamburgi, Ap. Gotfr. Liebezeit
1701.
Dans l'exemplaire de la bibliothèque de l'Université d'Utrecht, le seul que nous ayons pu
nous procurer, ce traité se trouve réuni avec quelques autres dans un même volume sous le
titre général :
Johannis Groningii JC. Bibliotheca Universalis seu Codex Operum Variorum qualia sunt
[. Diss. de naevis juris Romani. II. Bibliotheca Juris Gentium. III. Historia Juris Principum :
cxx. IV. Historia Expeditionis Russicae Caroli XII. Svec. Reg. V. Historia Expeditionis Brit-
tannicaeex Numismate Brandenburgico. VI. Historia Cycloeidis, contra Pascalium, Mathe-
maticum Gallum Dicata Augustae Memoriae Sereniss. Elect. & Principum Brunsvico-Lune-
bergens. Perictiones ap Stob. Sapientia circa omnia in universum quae sunt, est occupata.
324 CORRESPONDANCE. 1 689.
F in ipfum A fimtil incidentium eodem tempore pergat ad B, per Legum motuum
corol. 1 4): Igitur impulfus corporum E et F qui feorfim generarent motus ipfis AC
et AD proportionales ideoque per lineas illas AC et AD exponi poiïunt, conjunctim
generarent motum AB et propterea idem valent atque impulfus unicus qui motum
illum unicum generare pofî'et quique adeo per lineam AB exponi debeat : hoc eft
impulfus AB componitur ex impulfibus AC et AD feu AC et CB. Et eodem
argumento vis omnis componitur ex viribus AC et CB. Q.E.O.
Prop. 2.
Si corporis cujufvis A in linea GA a G verfus A moventis refiftentia fecundum
plagam AG motui directe contrariam imprefTa exponatur per lineae illius AG
partem quamvis AB; et fuper diametro AB defcribatur femicirculus ACB, ac
ducatur ejus chorda quavis AC: dico quod corporis refiftentia fecundum plagam
AC motui oblique contrariam imprefTa exponetur per chordam AC.
QF
0L
D
Ita enim Sapientia se habet circa omnia eutia, ut visus circa omnia visibilia, tsf aiiditm circa
omnia audibilia. Hamburgi, Sumptibus Gotfr. Liebzeitk. 1701.
L'insertion des notes à la fin de la Historia Cycloeidis a été faite sans aucune critique et
même sans discernement. L'auteur les a placées les unes à la suite des autres en les attribuant
toutes à Huygens, quoique les premières soient incontestablement de Newton et écrites de la
main de Newton, très différente de celle de Huygens.
3) Très probablement, cette pièce a été composée par Newton à la suite d'un entretien avec
Huygens, qui avait roulé sur le mouvement curviligne des corps graves dans un milieu résis-
tant et en particulier sur la question de savoir, si la trajectoire décrite par un corps projeté
sous l'influence de la gravité et d'une résistance proportionelle au carré de la vitesse possède
une asymptote verticale, oui ou non. A cette question Newton avait donné une réponse
affirmative dans le „Scholium" de la Prop. X du livre II des Principia (p. 269 de l'édition
originale); toutefois, le raisonnement dont il s'était servi à cette occasion était très indirect,
et propre à laisser subsister des doutes. (Consultez à ce sujet la lettre de Huygens à Fntio de
Duillierdu 7 février 1690).
4) Voir la première édition des „Principia", p. 1 3.
CORRESPONDANCE. 1689. 325
Jungatur enini CB et compleatur rectangulum ACBD et fmgamus quod corpora
E et F fimul incidant in corpus A et viribus fuis quae fint AC et AD immutent
ejus motum: et hae vires AC et AD componunt vim AB eundemque habebunt
effeétum ac vis illa unica AB haberet per legum motuum corol. I. Igiturvis omnis
ABeundem habet effeétum in corpus A ac vires geminae AC et AD fimul fumptae,
et propterea ex viribus illis componitur.
Sed vis AB eft refiftentia direfta corporis A (per Dèf. fup.) propterea quod fecun-
dum plagam AG motui corporis A directe oppofitam imprimitur. Ideoque vires
AC et AD funt hujus refiftentiae partes duae fecundum plagas AC et AD motui
corporis A oblique oppoiîtas imprefTae. Et propterea cum plaga AD perpendicu-
laris fit ad plagam AC ideoque vis AD nullatenus tendat in plagam vis alterius AC
nec vim in plagam AC ulla ex parte adaugeat vel imminuat, matiifeftum eft quod
AC fit vis tota refiftentiae quae tendat in plagam AC, hoc eft quod AC fit tota
refiftentia obliqua quae in plagam AC dirigitur. Igitur pofito quod AB fit refiftentia
tota in quovis temporis momento motui direftè oppofita, hujus pars AC erit refif-
tentia toca fecundum lineam AC eodem temporis momento motui oblique oppo-
fita Q. E. O.
Corol. Hinc refiftentia omnis direéta AU componitur ex reiiftentiis obliquis AC
et AD feu AC et CB.
Scholium.
Eadem omnia lie brevius explieantur. Si corpus A dato tempore abfque refiftentia
deferiberet longitudinem AB, in Mcdio autem refirtente deferiberet folummodo
longitudinem A&et motus totus in priorecafu per AB,inpofteriore
per Ab exponatur; erit ï$b motus per refiftentiam amifTus. Et fi
motus AB diftinguatur in partes AC et CB et motum Ab in partes
Ac et c b, erit Ce motus fecundum plagam AC per refiftentiam
praediclam ami/Jus:1') et ob angulos Acb, ACB reftos et prop-
terea lineas cb, CB parallelas, erit Ce ad Bb ut AC ad AB, hoc
eft motus fecundum plagam AC amifTus ad motus fecundum pla-
gam AB amifTum ut AC ad AB. Sed refiftentiae fecundum has
plagas funt ut motus per refiftentias illas ablati (per Motus Le-
gem II) ideoque refiftentiae fecundum plagas AC et AB funt ut
ACetAB. Q. E. O.
Prop. 3.
Si triangulum RST reelangulum fit ad T et corpora R et V eodem tempore
deferibant lineas RS et VX quando VX aequalis fit ipfi RT: exponantur autem
earum velocitates per longitudincs fimul deferiptas RS et VX et fint eorum refif-
tentiae direftae ut velocitatum poteftates quaccunque RS" et VX" quarum index
.1
26 CORRESPONDANCE 1 689.
fit n dico quod refiftentia obliqua corporis R fecundum plagam RT fit ad refiften-
tiam direftam corporis V ut RS"— ' ad VX"— l.
Nam fi reflftentia direfta corporis R cxponatur per lon-
gitudinem RS, conftabit haec ex partibus obliquis RTet
TS par Corol. Prop. 2 et pars RT hoc eft reflftentia quate-
nus obliqua fecundum plagam lineae RT imprimitur, erit
ad refiftentiam totam direftam RS utRTad RS per Prop. i
et reflftentia direfta RS ad reiiftentiam corporis V ut RS"
ad VX" per hypothefin; et componendo, refiftentia obliqua
corporis R fecundum plagam RTerit ad refiftentiam direc-
_ A tam corporis V ut RT ad RS et RS" ad VX" conjunftim
hoc eft ut RT x RS" ad RS x VX" et terminis rationis
per aequalia reftangula RS x RT et RS x VX divifis, ut RS"— ' ad VX"-1
Q. E. D.
Corol. Igitur fi refiftentiae fint ut quadrata velocitatum, refiftentia obliqua cor-
poris R fecundum plagam RT erit ad refiftentiam direftam corporis V ut RS ad
VX; id adeo quia dignitatum index in hoc cafu eft numerus binarius, et propterea
RS"-i et VX"-> funt RS et VX.
Scholium.
Ex his omnibus manifeftum eft quod W corpus R in linea curva moveatur cujus
particulafit RS data temporis-particula quam minima deferipta, fitque hujus refif-
tentia direfta ut quadrata velocitatis atquc adeout RSi11^-; erit refiftentia obliqua
fecundum plagam RT ut RS x RT et refiftentia obliqua fecundum plagam TS
ut RS x TS. Et propterea fi corpus R urgente gravitate et refiftente aère defeen-
dat fitque RT horizonti perpendicularis et TS horizonti parallela, et corpus R,
ob refiftentiam tandem gravitate fere aequalem faftam, accelerari adeo definat
utc) longitudo RS pro data haberc poffit; refiftantia horizontalis (id eftquac fit
fecundum plagam lineae TS) erit ut longitudo TS, hoc eft ut velocitas horizon-
talis corporis R; ideoque datur curvae deferiptae afymptotos horizonti perpen-
dicalis quam corpus R (per corol. Prop. I lib. 2. Princip. Math.) nunquam
tranfgredietur 5).
") R. de Mr. Newton a Londres aug. 1680 [Chr. Huygens].
*) nego hoc [Chr. Huygens] fi).
') imo ego talem celeritatem deorfum pono, quae fentiat refiftentiam gravitati
s) On remarquera que ce raisonnement très juste s'applique également à tous les cas où la vitesse
V et la résistance R Unissent par s'approcher indéfiniment de limites finies V0 et R0. Il est
CORRESPONDANCE. 1 689. %2~r
aequalem ut proinde nulla lit acceleratio deorfum et quia contingit retardatio
in laterali motu, hinc fequitur retardatio in motu obliquo feu abfoluto [Chr.
H u y gens].
facile, d'ailleurs, de le mettre sous une forme plus rigoureuse. En effet, soient a et S deux
nombres constants peu différents de l'unité et tels que. à commencer d'un moment donné, on
ait toujours
V<«V0;R>^R0
et en conséquence
8V
R>«V0Ro-
Si alors V.v et R* représentent les composantes horizontales de la vitesse et de la résistance,
on aura
c'est-à-dire
n t> ■ ^ I5 Ro „ .
R.v = R sin q> ;> - y- V sin <p ;
R >^V
Mais, dans tous les cas où la résistance horizontale serait proportionelle à la vitesse horizon-
taie et égale à ,r° V,, on sait qu'un point limite existe qui ne peut être franchi par la pro-
jection horizontale du projectile. Il est donc facile de voir que, dans le cas qui nous occupe,
où des résistances supérieures correspondent aux mêmes vitesses, un tel point doit se présenter
à plus forte raison et que. en conséquence, la trajectoire elle-même possédera une asymptote
verticale.
J) Consultez la note 4 de la pièce N°. 2542. Huygens suppose évidemment que Newton considère
cC comme la résistance qu'éprouve le corps A lorsqu'il se meut effectivement suivant
AC; Newton, au contraire, veut dire que cC est la résistance „secundum ptagam oblique
oppositam", c'est-à-dire la composante selon la direction C'A de la résistance «directe op-
posira" \\b.
328
CORRESPONDANCE. 1 689.
N= 2541.
Isaac Newton à Christiaan Huygens.
août 1689.
Lu pièce ') se trouve à llannuver, Bibliothèque royale.
Elle a été imprimée par Groening*).
AGhorizontipa-
rallela AB, BC,
CD &c. aequales
ha, B£, Ce. &c.
continue proporti-
onales et ipfi AG
perpendicularés.
a b c n
Prop. 1.
Si refiftentia fecundum lineam horizonti parallelam fit
in duplicata ratione velocitatis, projeftile curvam asz)
deferibens percurret fpatia ab, bc, cd, de temporibus
quae funt in progreffione geometrica (per Prop. V,
Lib. II Princip. Math.) & uniformi defeenfu confîciet
fpatia temporibus proportionalia \St>-Aa, Cc-Bb, Dd-Cc,
Èe-Dd, etc.
Prop. 2.
Producatur ]i ad s et agatur st Horizonti parallela et fit if
fpatium a projeftili dato tempore defcriptum,et refiftentia
quadrato velocitatis proportionalis, erit fecundum lineam
deferiptam it ut lineae illius it quadratum, adeoque fecun-
dum lineam horizontalem st ut it x st, & propterea fub
finem motus infinité continuati, ubi zVpropemodum datur
ut st quam proxime.
') Elle est écrite tout entière de la main de Newton.
2) Voir la note 2 de la pièce N°. 2540.
3) Lisez : at.
CORRESPONDANCE. 1689.
329
Res. corporis in AB4), ad refift. corp. in AD ut AB^ ad AD^.
Res. corp. in AD moventis, ad refîftentiam illius partem fecundum AB ut AD
ad AB, feu ADq ad AB x AD.
Ergo ex aequo
Res. corp. in AB mov. ad refîftentiam alterius partem fecundum AB ut AB</
ad AB x AD id eft ut AB ad AD.
Moveatur corpus in AB data cum velocitate. Deinde Impellatur Corpus idem
verfus E ut motu compofito percurrat eodem tempore lineam AD et refiftantia R
in priore cafu erit ad refîftentiam S in hoc cafu ut AB^ ad KDq. Sed corporis in
AD moventis refiftentia abfoluta S qua corpus urgetur in AD eft ad refîftentiam
illius partem T qua corpus idem urgetur in parallelam ad AB, eft ut AD ad AB
hoc eft ut KDq ad AB x AD. Ergo refiftentia R corporis in B moventis eft ad
refiftentiae alterius S partem T qua corpus urgetur in parallela ad AB ut AB^ ad
ABx ADideftut ABadAD.
N= 2542.
Christiaan Huygens.
1689.
La pièce se trouve a Ilaunover, Bibliothèque royale ').
Elle a été imprimée par Groeniug 2).
ad Propos 2 3) Newtoni
Scimus motum corporis fecundum GA, pofle confiderari tamquam compofitum
ex motibus per GH et per GK. Quod fi jam Refîftentiam quam ab aère patitur
4) Voir la figure de gauche. Les deux figures de droite, tracées au bas de la page, ne semblent
pas se rapporter au texte.
') Elle est écrite de la main de Huygens.
3) Voir la pièce N°. 2540.
Œuvres. T. IX.
:) Voir la pièce N°. 2541, note 2.
42
330 CORRESPONDANCE. 1 689.
K
H
corpus in motu par GA exprimamus per lineam BA effet BD refiftentia fafta
motui fecundum GH, et BC refiftentia facla motui fecundum GK, nempe in illa
hypothefi quae ponit refiftentias vclocitatibus proportionales. Sed in altéra hypo-
thefi, ubi refiftentiae fint ut quadrata velocitatum, dici débet quod fi, ut prius re-
fiftentia quam patitur motus per GA eft BA, tune refiftentia facla motui per GH,
erit ad BA ut quadratum G M ad qu. G A. Itemque refiftentia facta motui per GK,
erit ad AB ut qu. GK ad qu. GA. Adeoque refiftentiae iftae per GH et per GK
minores erunt quam BD et quam BC. Itaque in hac hypothefi non poteft refiftentia
AB confiderari tamquam compofita ex refiftentia BD et BC, ut vult Newtonus4).
4) Huygens évidemment confond les composantes de la résistance „directe opposita" avec les
résistances qui répondraient aux composantes du mouvement. Ce qui peut l'avoir induit
en erreur c'est peut-être la définition que Newton a placée en tète de la pièce N°. 2540. A
la lire, on reçoit l'impression qu'il va être question de deux sortes de résistances savoir: celle
qui est directement opposée à la vitesse du mobile et celle dont la direction est oblique par
rapport à la direction de cette vitesse. La première est la résistance qu'éprouve un mobile
dans un milieu en repos, ou dont le mouvement a la même direction que celui du mobile; la
seconde ne peut se produire que lorsque le milieu lui-même se meut dans une direction diffé-
rente de celle du mobile. En réalité, le sens dans lequel Newton fait usage de la distinction
établie dans sa définition est tout différent. Newton ne considère que le mouvement d'un
corps dans un milieu en repos, de sorte qu'il ne peut être question d'une resistentia oblique
opposita dans le sens que nous venons d'indiquer. Il ne s'agit en réalité que des compo-
santes en deux directions obliques par lesquelles on peut remplacer la „resistentia directe
opposita". L'auteur de la pièce N°. 2540 paraît lui-même avoir eu le sentiment de la confusion
que peuvent faire naître les termes employés dans sa définition. Il ne les emploie pas dans le
cours de sa démonstration de la Prop. 2 et les remplace par d'autres mieux choisis lors qu'il dit :
Ideoque vires AC et AD sunt hujus resistentiae partes duae secundum plagas AC et AD
motui corporis A oblique oppositas impressae.
CORRESPONDANCE. I 689. 33 I
N= 2543.
Christiaan Huygens.
[1689].
La pièce se trouve à Haimovcr, Bibliothèque Royale.
Elle u été imprimée par Groenitig1").
ad prop. 37 lib. 2 pag. 330.
Videtur errare autor in hac fupputatione aquae effluentis, aut quid fibi vult
non intelligo. Si enim aquae in vafe ahitudo eft: A, quomodo vult eam per fundi
foramen effluentem motumque furfum convertentem tantum ad altitudinnm § A
afeendere quum ad ipfam A altitudinem afeenfura fit, ut quotidiana experientia
confiât, nifi quantum aer impediet. Itaque certum quoque velocitatem effluentis
aquae in fundi foramine elTe aequalem ei quam corpus ex altitudine A cadens
acquireret 2).
!) Dans l'ouvrage cité dans la note 2 de la Lettre N°. 2540.
2) La démonstration de la Prop. XXXVII. Prob. IX du second livre des Principia de Newton
(p. 330): „ Aquae de vase dato per foramen effluentis definire motum" est, en effet, complète-
ment manquée. Newton, induit en erreur en appliquant à tort le principe qu'une même force
produit toujours dans le même temps la même quantité de mouvement, suppose d'abord
que le volume d'eau qui se trouve au-dessus de l'orifice tombe librement pendant un temps
T. En désignant par F la section de l'orifice, par A la hauteur de l'eau dans le vase, par V la
vitesse acquise, la quantité de mouvement sera AFV. Ensuite il égale cette valeuràla quantité
de mouvement que la veine liquide sortie pendant le temps T a acquise, et par un détour
il arrive à prouver que la vitesse d'écoulement v est à V comme la hauteur A est à la
moyenne proportionelle de 2 A et de l'espace S que la colonne d'eau tombant librement a
parcouru dans le temps T. On arrive plus facilement à un même résultat en posant V = gT
et en remarquant que la quantité de mouvement de la veine sortie pendant le temps T est
vTF.v, d'où il suivrait immédiatement, en désignant par g l'accélération de la pesanteur,
AF#T = J'2TF ou Ag = v1,
au lieu de 2 Ag = v2, qui est la solution juste.
Comme l'eau, en raison de sa vitesse y, peut monter à une hauteur v2J2g, le résultat de
Newton aurait, en effet, pour conséquence, comme le remarque Newton, que le jet d'eau
d'une fontaine ne pourrait monter qu'à la moitié de la hauteur de l'eau du réservoir.
Le principe que dans le mouvement la „quantitas motus" serait constante a été longtemps
défendu par les newtoniens contre Leibniz qui, suivant en ceci Huygens, soutenait que ce
n'était pas la quantité de mouvement mais la force vive qui ne se perdait pas. Parmi ces
newtoniens il faut compter 's Gravesande, qui, par ses ouvrages, a beaucoup contribué à faire
connaître et apprécier les Principia de Newton. Toutefois, 's Gravesande s'est laissé con-
vaincre de l'opinion contraire par ses propres expériences sur la pénétration des corps tom-
bants dans de la terre glaise. Consultez les „Œuvrcs philosophiques et mathématiques de Mr.
G. J. 's Gravesande. Rassemblées et Publiées par Jean Nie. Seb. Allamand, qui y a ajouté
l'Histoire de la Vie & des Ecrits de l'auteur. A Amsterdam. Chez Marc Michel Rey,
332 CORRESPONDANCE. 1689.
Unde fequitur tantundem aquae quantum columna foramini incumbens con-
cinet effl.uere eo tcmpore quo £ altitudinis A tranfkur a corpore cadente, quia hoc
tempus dimidium e(l cjus quo tota altitudo tranfitur.
Videtur hic fibi nefcio quas rencbras offudifle. Elt enim effluvii hujus defi-
nitio facilis nec aliunde habcri potefl:, quam ex eo quod, aqua per foramen
efflucns, motu furfum converfo afccndit ad akitudinem iuperficiei quam in vafe
habuit.
Sequentis props.is 38 priora omnia nihil opus habebant tam longis ambagibus,
at cum pag. 335, dicit Pondus autem iflud &c. nefcio quid velit neque nilum intel-
ligo, nec video proinde quomodo inde concludat quod in coroll. 1. dicitur unde
fi computus &C 3).
mdcclxxiv in-40, Première Partie." Dans la vie de 's Gravesande, Page XV, Allamand raconte
comment 's Gravesande en remarquant le résultat de son expérience s'écria: „ Ah, c'est moi
qui me suis trompé" et la répéta devant un ami avec la même satisfaction, qu'il aurait eue
si elle avait confirmé le sentiment qu'il avait défendu jusqu'alors.
Il est curieux de remarquer comment Newton, auquel dans les derniers temps on a voulu
attribuer la découverte ou au moins la connaissance du principe de la conservation de l'éner-
gie, est tombé dans l'erreur, justement parce qu'il ignorait ce principe, et comment Huygens,
qui l'avait constamment appliqué dans son Ilorologium Oscillatorium, en signalant dans notre
pièce N°. 2543 l'erreur de Newton, indique aussitôt le véritable principe qui conduit à la
solution du problème.
Dans la seconde édition des Principia, rédigée par R. Cotes, on a entièrement changé ce
paragraphe, sans arriver cependant à prouver que la vitesse d'écoulement est égale à celle
d'un corps tombant librement de la hauteur A.
3) Dans la seconde édition des „Principia", les deux passages, dont l'obscurité a arrêté Huygens,
ont disparu, par suite du remaniement complet delà Prop. XXXVIII. Theor. XXIX.
CORRESPONDANCE. 1689. 333
Ns 2544.
Christiaan Huygens h Constantyn Huygens, frère.
3 septembre 1689.
La lettre et la copie se trouvent à Leitlen, coll. Huygens.
Const. Huygens y répondit par le No. 2549.
A Hofwijck ce 3 Sept. 1689.
J'arrivay a la Haye le 30111e Aouft1), ayant employé 8 jours a faire ce voiage
depuis Londres. Eltant parti comme vous feavez le 22, qui eftoit lundij, nous
couchâmes cette nuifr et celle d'après a Grave fend en attendant le bon vent. Le
24 au matin nous nous embarquâmes dans le vaifTeau la Brielle, et comme
le vent eftoit a fouhait nous aurions pu paiïer en 24 heures, s'il n'euft falu
attendre quelques vaiiîeaux, qui eftoient au Duijns, et à qui nous devions
fervir d'efeorte. du depuis le vent fut toufjours contraire, de forte que nous
avons pafle 6 nuits dans le vaifTeau très rempli de paffagers, hommes et femmes.
') Christiaan Huygens était arrivé à Harwich, avec la femme et le fils de son frère Constantyn,
le samedi 11 juin, et le 16 suivant à Londres. D'après quelques notes qu'il écrivit sur son
voyage, sa première visite fut pour Greenwich, où il monta „à l'observatoire, où demeure
Mr. Flamsted, qui me reçut fort bien, il me montra ses instruments et ses observations, sa
manière de dresser le quart de cercle mural dans un plan parfait". Il passa les premiers jours
avec la famille de son frère à Ilamptoncourt, où se trouvait la cour. D'après le journal du frère
Constantyn, Christiaan se rendit, le 22 juin, en bateau à Londres pour y assister, le soir, à une
séance de la Société royale, au sujet de laquelle il nota: „Gresbam collège, assemblez dans une
petite chambre, cabinet de raretez, copieux mais peu proprement entretenu. Askin Présidait.
Henschau un des principaux, Ilalley, rendu la lettre de Leeuwenhoek. J'y fus avec Mr.
Newton et Mr. Fatio". Ce fut sa première rencontre avec Newton, qu'il paraît avoir vu
plusieurs fois, entre autres à l'occasion suivante, consignée dans le Journal du frère Constan-
tyn: ,,10 juillet. Frère Christiaan alla avec le jeune Mr. Hambden et Faccio Duillicr et Mr.
Newton le matin à 7 heures à Londres dans le dessein de recommander ce dernier au Roi pour
une place vacante de Régent d'un collège à Cambridge".
Huygens partagea son temps entre diverses excursions dans les environs de Londres, des
visites aux curiosités de la ville et des entretiens avec ses savants amis. Il visita Witscn, le
célèbre bourgmestre d'Amsterdam, alors un des quatre ambassadeurs des Provinces Unies à
Londres, qui lui montra „Sa belle carte de Tartarie", et l'horloger Tempion, au sujet duquel
il nota: „U avait une horloge à pendule de 3 pieds, avec 50 livres au pendule, ressorts des
petites montres qui travaillent tousjours de toute leur longueur". Boyle, qu'il vit trois fois,
lui fit „voir l'expérience de deux liqueurs froides, qui estant mises ensemble faisaient une
llame, de l'une qui avoit une senteur forte presque comme de l'huile d'anis, il avait mouillé
de la laine dans une cuillier d'argent. L'autre qu'on versa dessus estait dans une petite phiole,
et fumait quand on ostait le couvercle".
Le 19 août il prit congé de Boyle, Fatio, Locke et Witsen. A cette occasion Boyle lui
promit „la recepte pour faire la glace sans glace ni neige".
334 CORRESPONDANCE. 1689.
Trois ou quatre (defquels j'eftois), nous eufmes de petits lits, le refte eftoit
couché fur des matelas et fur les planches, les provisions n'auroient fervi de rien
car le Capitaine van der Kolck 2) nous traita, et fort bien, ayant un bon cuifinier.
Le 27 Samedy, on vit des le matin venir droit a nous 3 grands vai fléaux, que
l'on crut eftre des François, et d'autant plus qu'on avoit eftè averti a Londres,
qu'il en eftoit forti quelques uns de Dunkerke. On prépara donc tout pour le
combat, les pafTagers mefme prirent chacun un fufil et une bandouilliere hors
mis 2 ou 3. Il y en euft auffi qui avec les Dames fe mirent dans le cabelgat et
y furent plus de 2 heures. A la fin avec ma lunette je commencay a découvrir
les banderoles d'Orange blanc et bleu, et l'on reconnut peu après que c'eftoit des
baftimens d'Amtierdam. Us eftoient envoiez pour croifer fur nos colles. Ainfi
finit cette faufle alarme qui avoit duré plus de 6 heures. Le 30 lors que nous
arrivâmes devant la Meufe il fit fort beau, nous fortifmes du vaifTcau dans un
lootfboot, qui nous mena a la Briele. A Maefiandiïïuys nous prifmes des chariots
qui nous menèrent le mefme jour a la Haye, d'où le lendemain je fuis venu icy.
En arrivant a la Haye j'appris une nouvelle qui me fit regretter de n'eftre pas
reftè encore quelque temps en Angleterre. C'eftoit la mort de Mr. de Petcum 3),
car eftant par la venu a vaquer une place dans le Confeil j'aurois offert mon fer-
vice a fa Majeftè et je crois que vous auriez bien voulu m'aider dans cette folici-
tation 4). La nouvelle de cette mort fera arrivée a Londres peu après mon départ,
et je ne doute pas qu'il n'y ait défia plufieurs prétendants en campagne, mais le
Prince n'a pas accouftumè de fe harter à difpofer des chofes de cette forte, telle-
ment qu'il fera peut eftre encore temps de faire la demande. Je fcay que vous ne
vous chargez pas volontiers de folicitations auprès du Maître, et que vous en
:) Le commandant du bâtiment de guerre den Briel. Sur ce vaisseau, alors commandé par van
Escb, Willem III s'était embarqué en octobre pour l'expédition en Angleterre.
s) Simon de Petkum, avait reçu du Prince, le 7 mars 1686, commission comme vice-président,
conseiller et gérant des domaines aux gages de 1500 florins par an. Le 10 mai 1687 il fut
nommé président du conseil en remplacement du titulaire décédé, Constantyn Huygens. Dans
les registres de ce conseil du 26 août 1689 on trouve noté: „Resolu de communiquer à S. M.
par lettre le décès du président Petcum". Dans ceux du 1 1 octobre suivant: „Sur la remon-
trance de Petronella van Sevenhoven, veuve de feu M. Simon de Petkum, ex-président de ce
conseil, demandant que d'après ancien usage en dessus du semestre dans lequel le susdit
Petcum est mort, il lui sera accordé le traitement d'un semestre de grâce" etc. A de Petkum
succéda comme président Elias Helt, conseiller. Celui-ci mourut le 8 septembre 1692. Nous
devons ces renseignements à l'obligeance de M. Th. H. F. van Riemsdijk, Archiviste général
de l'Etat, à la Haye.
4) Constantyn, frère, reçut cette lettre le 8 septembre. Il nota dans son journal:
Frère Christiaan m'écrivit, qu'il avait été six jours sur mer en allant en Hollande, et me
pria de solliciter pour lui du Roi une place dans son conseil, devenue vacante par la mort de
Pettekum, ce qui m'embarrassa.
CORRESPONDANCE. 1 689. 335
pourrez faire plus de fcrupule dans la prefente conjoncture, que vous attendez
l'occafion de foliciter pour vous mefme. Toutefois j'efpere que vous voudrez
bien me rendre fervice en cette affaire qui ert la première dont je vous aye jamais
importuné. Je n'ambitionnerois point de charge comme celle la, fi ce n'eftoit
que je vois qu'il m'efi: impolTible de fubfifter honnettement avec ce peu de bien que
j'ay dans ce temps d'exactions, dont on ne voit pas la fin. Au relie cet employ eft
honorable et allez aifè, qui ne m'obligeroit pas de renoncer a mes autres eftudes,
et je ne crois pas qu'on doutera II je fuis capable de m'en acquiter. Je vous prie
donc de ne pas perdre cette bonne occafion de me mettre un peu mieux a mon aife,
car en vérité je ne vois rien en ce pais qui foit propre pour moy qu'une des places
de ce Confeil, et je regrette de n'avoir pas accepte l'offre que mon Père me fit peu
devant fa mort de me la procurer en cédant la fiene. mais je ne fçavois pas encore
que j'en aurois fi bien befoin. Le Roy me parla avec beaucoup de bonté lors
que j'eus l'honneur de le laluer. Mr. le Comte de Portland 5) me reçut auffi fort
bien lors que je dinay chez luy avec Monsr. Hambden *). Peut cftre fi vous luy
parliez de cette affaire, qu'il ne refuferoit pas de me rendre fervice. Il y en a
qui difent que vous pourriez avoir la place de Petcum comme Prefidentdu Confeil
mais je ne penfe pas que vous foiez preft d'accepter ce change. Hier je trouvay
le frère de St. Annelant de retour avec fa famille, ils ont elle a Hulfr. et a Anvers.
Mr. de Rofemael 7) ell mort il y a 3 jours, ce qui fera du changement dans le
gouvernement de Rotterdam ou il eftoit le maitre. le jeune Mr. Cauw le vef fils
de T. Schadé 8) efpoufe mad.le de Ginhove9). Madame de Buat efl partie pour
Paris.
Le Capitaine van der Kolck me dit en le quitant qu'il avoit ordre de croifer
entre icy et l'Angleterre et qu'il attendroit celuy d'y retourner, de forte que fi
5) Bentinck; voir la Lettre N°. 1966, note 6.
6~) Richard Hampden, né en 1631. Il fut élu membre du second Parlement de Cromwell pour
Buckingham et vota pour la proposition de lui offrir la couronne. Il remplit un rôle impor-
tant dans l'avènement de Willem III, qui le créa, le 18 mai 1690, chancelier de l'Echiquier. Il
épousa Letitia, deuxième fille de William, Lord Paget.
D'après la Lettre N°. 2544, note 1, Chr. Huygens était encore en relation familière avec
le fils de Richard I lampden :
John Hampden; celui-ci voyagea en 1670 en Fiance et ailleurs et resta à l'étranger pendant
deux années et demie. Il fut élu membre du Parlement pour Buckingham. Impliqué dans une
conspiration en 1 6 H 3 , il fut condamné à mort, mais gracié par le roi. En 1689 il représenta
Windower dans le Convention Parlement; il y devint un des premiers orateurs de l'extrême
gauche. Il perdit sa place au parlement en 1690. Après avoir écrit des pamphlets politiques,
il échoua encore dans l'élection pour Buckingham en décembre 1696 et se coupa la gorge
avec un rasoir, le 1 2 de ce mois.
7) Dominicus Roosmale appartenait à la municipalité de Rotterdam depuis 1 672, après l'émeute
à l'occasion de laquelle il avait pris le parti de la bourgeoisie.
8) Voir la Lettre N°. 2234, note 2.
'•/) Probablement une fille de Laurens Buysero; voir la Lettre N°. 1437, note 15.
336 CORRESPONDANCE. 1689.
Mad.e de Zulichem ne veut partir qu'avec luy, elle peut faire eftat que ce ne fera
pas encore fi toft IO). Je luy fouhaite un voiage plus heureux que celuy que j'ay
fait. Je luy ay témoigné en partant combien je luy eftois redevable et a vous, de
m'avoir nourri pendant près de 3 mois a voltre table. Je n'avois pas cru relier en
Angleterre que 6 fcmaines, mais le temps s'eft prolongé peu a peu et Dieu mercy
je ne m'y fuis point ennuie ").
Ns 2545.
Christiaan Muygens à Constantyn Huygens, frère.
9 septembre 1680.
l.a lettre se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Elle fuit suite au No. 2544.
Consî. Huygens y répondit par le No. 2549.
A Hofwijck ce 9 Sept. 1689.
Je vous eferivis il y a aujourdhuy 8 jours; mais ayant quelque doute que peut-
eftre ma lettre ne vous aura point trouvé parce que je l'ay adrefTee à Hamton-
cour, je vous envoie cette féconde pour y repeter le contenu de l'autre en abrégé,
l'hiltoire de mon voiage eftoit que nous fufmes 6 jours et autant de nuifts fur mer,
que famedy le iy Aouft nous eufmes une fauffe alarme a caufe de 3 vaiffeaux
qu'on crut eftre enemis, fi bien qu'on prépara tout pour le combat, que le 30e nous
arrivafmes a la Briele et le mefme jour a la Haye. Je vous donnay avis de la mort
de Mr. Petcum, et vous propofay de demander au Roy pour moy la place qui
vaque au Confeil par cette mort '). Je vous dis le befoin que j'en aij pour pouvoir
fubfifter honneftement dans ces temps fâcheux, ou l'on me fait contribuer prefque
tout mon revenu, et que je ne voiois rien ou je pufTe afpirer icy qu'a une charge
comme celle la, qu'il y en a qui croient que vous pourriez foliciter pour vous de
remplir cette place, mais dans la mefme qualité qu'avoit Mr. Petcum; de quoy
IO) Selon le journal de Constantyn, frère, le capitaine van der Kolck avec son vaisseau „den
Briel" fut de retour le 1 8 septembre. La femme de Constantyn s'embarqua le jour suivant.
')l)ans la copie suit ici un posteriptum, qui ne se trouve pas dans la lettre même et que le
copiste a tiré de la fin de la lettre suivante.
1 ) A l'occasion de cette lettre, Constantyn, frère, nota encore dans son journal, le 25 septembre :
„Sur une seconde lettre, avec laquelle frère Christiaan me tourmenta pour demander au Roi
la place dans son conseil, vacante par la mort de Pettecum, je lui en parlai et il dit entre ses
dents qu'il ne savait pas s'il remplirait cette place. Lorsque, peu après, je disais encore, que
je croyais qu'il ne serait pas mal servi par mon frère, comme étant d'une intelligence péné-
trante et de bonne application, il répondit, qu'il croyait qu'il avait des idées plus hautes que
de s'attarder (ou quelque mot pareil) avec les administrateurs, sur quoi je n'insistais plus".
CORRESPONDANCE. l68o. 337
je doute, quoy que cela vaille la peine d'y penfer. Si vous ne jugez pas que ce
(bit vollre fait, je vous prie de voir s'il y a apparence de faire quelque choie pour
moy. Je fuis bien fachè-de n'eftre pas relie un peu plus longtemps a Londres,
jufques a ce que cette nouvelle de Petcum fuft venue.
Je vous manday dans ma fufdite lettre quelques autres nouvelles d'icy, qu'il
n'efl: pas necefîaire de repeter. Le frère de St. Annelant avec fon efpoufe ont elle
toute cette femaine a Amfterdam et en reviendront demain, je crois que c'ell pour
des emplettes pour la Reine. J'ay vu M.e de la Fertc, mais non pas encore Mr. le
Chevalier qui peut eftre m'évite2). Elle elt fort changée er ne fe porte pas bien.
Avanthier deux des directeurs de la Compagnie des Indes me vinrent parler
touchant l'affaire des Longitudes, me priant de vouloir préparer les horloges pour
un fécond voiage vers le Cap de 13. Efperance. Il femble que fur l'avis du Pro-
fe fleur de Volder, a qui ils ont donne a examiner le rapport que je leur avois
fait du premier eflay, ils ont conecu bonne opinion 3) de cette affaire, qui en
effect pourra fort bien reuflir pourveu qu'ils y veuillent tenir la main.
Je falue très humblement madame de Zulichem et luy fouhaite un heureux
voiage, dans voflre mai fon tout va bien et Lena a receu fa lettre.
2) Sur Suzette Caron et François de Civille, voir la Lettre N°. 1557, note '7-
3) Voir la Lettre N°. 2546.
Œuvres. T. IX. 43
338 CORRESPONDANCE. 1689.
N= 254(5.
Les Directeurs de la Compagnie des Indes a Christiaan Huygens.
9 SEPTEMBRE 1689.
La lettre se trouve à Lcitleii, coll. Huygens.
Wel Edele Heer
Ingcvolge d'affspraecke met d'Hr. van de Blocquerij ') genomen, gaenhier inné
gefloten de originele Kaerten en Copia van de fchriftuure2) bij VW. WelEd: op-
geftel^raeckende'tgeobfervecrde met de bekende horologies, mit fgaders de Copia
referiptie en gedaghten van de Heer Proffr. de Volde3), over den inhoud van dien,
en ftaet Vw. WelEd: defe nevens de horologies door Mons. de Graeff overhan-
dight te worden die wij tendien eijndc daer toe affgefondenhebben, willende ver-
trouvven dat hij genoeghfaeme informatie fal konnen geven op het geene vorder
vereyfcht fal zijn, om nogh naerder en perfefter inltruétie tôt d'obfervatie der te
verbeterende horologies op te itellen, die wij te zijnder tijdt met veel verlangen
te gemoct fullen zien, omme des te eerder de naerder preuve te konnen nemen,
blijven onderwijlen met refpec~t
Wel edele Heer
Vw wel Ed. Ootmoedige Dienaren
De Bewinthcbberen van de Ooftind. Compie
ter Camer Amfterdam en uyt defelve
Henr. Dequer
A. Bernard.
In Amfterdam den 9 Septb. 1689.
') Voir la Lettre N°. 2539, note 2. 2) T>a pièce N°. 2519.
3) Voir l'Appendice N°. 2547.
CORRESPONDANCE. 1 689.
Ôà:
N° 2547.
li. de Volder aux Directeurs de la Compagnie des Indes.
Appendice au No. 2546.
22 juillet 1689.
La lettre se trouve à Leiden , coll. l/itygens.
Wel Edele Heeren
Ick hebbe uvv Wel Edts. milTivc van de 14e mey als ooek de bijlage beftaendc
in een brief en caertie door de Hr. Huijgens aen uw Wel. Ed. gefonden ') op den
16e der felver maant wel ontfangen gelijck ooek vveijnigh daagcn daerriae de Hr.
Huijgens mij behandight heeft fijn traétaatje van de oorfaeck van de fwaarte als
het welcke tôt het examen van de tafel in fijne miffive ter nedergeftelt nootfae-
ckelijck was.
Ick hebbe tôt nu toc getardeert om uvv Wel Edt. mijn antwoort op dit ailes te
laten toekomen ten deelen omdat de faeck felfs wel wat tijts en oveiieghs van
noden hadt, en ten deelen, omdat door de abfentie van de Hr. Huijgens de iaack
geen haeft fcheen ce vereijfchen. Maer vernemende, dat de tijt van de wederom-
komite van dien Hr. uijt Engelant nogh vrij onfeecker is, foo heb ick van mijn
plight geoordeelt bij defen mijn gedaghten omtrent het voorsz. fonder langer
uijtfelt") uwel Ed. toe te fenden. Nae dat ick dan ailes forghvuldigh hadde ge-
examineert, heb ick bevonden dat dit onderibek ten principalen aenquam op defe
twee hooftpointen.
Voor eerfî of de tafel van de Hr. Huijgens tôt verbeteringh van fijn Horologien
gecalculeert op goede fundamenten rteunde, en wel gecalculeert was.
En ten tweeden of door de Horologien foodanigh als de tafel vereijfcht gecor-
rigeert in defe reijs van de Caep tôt texel de waare lenghte van de Cours van het
fchip Alckmaer gevonden is.
Wat het eerften aengaet, foo dient in 't gencraal aengemerckt dat aile raifon-
nementen, die tôt haer fundament hebben eenige natuijrlijcke oorfaaeken hoe
feecker fij ooek uijt defelfde getrocken moghten fijn nootfaaekelijck onderwor-
pen fijn die felfde onfecckerheijt die die oorfaeken hebben, en dicnfvolgens van
noden hebben, dat menfe door de Ervarentheijt beproeve omde felfde, nadat le
met die of wel of qualijk komen te accorderen of aen te nemen of te ver-
werpen.
De Hr. Huijgens onderftelt dat de oorfaeck van de fwaarte der lichamen beltaet
in een feer fubtile materie van een en felfde natuyr met aile anderc lichamen,
') La pièce N°. 2519. 2) Lisez: uijtllel.
54-0 CORRESPONDANCE. 1689.
dewelcke rondom het centrum van de aarde naer aile kanten feer fnel bewogen
wort.
Uijt welcke beweginge (die mijns oordeels, in 't geen het efTentieelfte toc defe
faeck is, feer veel wàerfchijnelijckheijts heeft) nootfaeckelijck komt te vloeyen
dat die materie geterminecrt is, om van het Centrum van de aerde af te gaen en
daardoor aile andere lichamen, die die beweginge ofniet hebben,of langhfamer
hebben, nae het felfdc centrum toe te perÏÏen, gelijk ook uijc die felfde Hypothefis
bij dien Hr. wel worden gededuceert de voornaemfte eygenfchappen, die de er-
varentheijt ons leert, dat omtrcnt het vallen van fwaare lichamen plaats hebben.
Uijt hetfelfde volght ooek, onderftelt fijnde, dat de aarde in 24 uuren om fijn
as draayt (gelyck dit het gevoelen is van 't meeftendeel van de Aftronomi, en 't
geen ooek met veel redenen fonde kunnen bekraghtight werden) niet alleen dat
de Horologien, hoe nader aen de linie hoe langfaraer fullen loopen, macr ooek
die dagelijcxfe vertraegingh, die de Hr. Iluygens in de tafel llelt. Waervan ick
u\v Wel Edelht. kan verfeeckeren waer te fijn, tgeen de Hr. Huijgens feyt 3.7 van
fijn mifîïve3), dat hij nogh in fijn ftellinge,nogh in de reeck[eningh] iets in'tmin-
ften toegegeven heeft, om defe gevonden lenghtcns goct te maken, fijnde feecker
dat de felfde Tafel uijt de bovensz. fundamenten vloeyt, en volgens de felfde ooek
gereeckent is.
Omtrent het tweede point valt te confidercren het verfchil tgeen er gevonden
wort, tufîchen de cours van het fchip Alckmaer genomen naer de giflingen der
ftuijrluijden en tufîchen de felfdc cours genomen naer de gecorrigeerde Horolo-
gien, gelijck ooek of de horologien naer defe tafel gecorrigeert, gegeven hebben
daer of daeromtrent foodaenigh verfchil der lenghte tufîchen de Caep en Texel
als er inderdaet tufTchen defe twee plaetfen ten minrten naer de befte kennifîe,die
wij als nogh daer van hebben, gevonden wert.
Tôt het eerften, aengefien de horologien niet geven als de lenghte van de cours
van 't fchip Alckmaer beweften de Caap en dat de rtuijrlieden haer gegirte lengh-
tens hebben opgeftelt naer de meridiaan van Teneriffa, is nootfaeckelijck te
weten, op hoeueel graden lenghte fij de Caep geftelt hebben, om daer uijt dan te
vinden, hoeveel haer aengeteeckende lenghte beweften de Caep is: Wacrtoe den
Hr. Huijgens, buijten twijffel bij defecl: van die caarten die de ftuijrluijden ge-
bruyckt hebben, confidereert haer aenteeckeningen van den 21 & 22ste April,
uyt dewelcke dien Hr. concludeert, dat fij op den 22 April wcftelijcker als de
Caep fijn geweeft 81 a 82 minuten, welcke lenghte alfoo fij ftellen op 36 graden,
42 minuten, foo hebben fij de Caep gereeckent op 38 graden lenghte, 3 a 4 minu-
ten onbegrepen.
Uyt welcke lenghte van de Caep volght dat fij naer haer giflinghen fooveel be-
weften de Caep fijn geweeft, als de IVde Colom uytwijft.
3J Voir la dernière ligne de la page 166.
CORRESPONDANCE. 1689. 34I
Tôt het tweede, is nootfaaekelijck dat men weece het waare verfchil der lenghte
tuflchen de Caap en texel, waertoe feer wel te pas komt, dat door de obfervatien
van de Eclipfen der omloopers van Jupiter gevonden is het verfchil der lenghte
tuflchen de Caep eu Parijs van 18 graden foodat maer relt te weten het verfchil
tuflchen Parijs en Texel. Uijt de Eclipfen van de maan, die Riccioli op de plaets
bij den Hr. Huijgens geciteert, aeuhaelt vint men omtrent het verfchil tuflchen
Parijs en Amfterdam van 3 gr. 52 minuten, en dieu volgens het verfchil tuflen de
Caep en Amfterdam, 14 graden 8 min. waerbij foo men nu doet 17 min. die texel
na fommige caarten omtrent weftelijcker leyt als Amfterdam, fal men het onder-
fcheyt tuflchen Texel en de Caep vinden op 14 gr. 25 minuten gelijck het de Hr.
Huijgens ftelt. T'welck evenwel mijns aghtens foo feecker niet gact of fonde wel
eenige minuten en miflehien wel meerder konnen verfchillen foo ten refpeélen
dat aile de observateurs niet een ende felfde preciefheijt hebben gebruijckt omde
nette tijt van de Eclipfis van de maan vaft te ftellen als ten refpeclen van het on-
derfcheyt der lenghte, tgeen men -uyt diverfe obfervatien der Eclipfen bevint.
Riccioli ftelt het onderfcheijt tuflen Parijs en Amfterdam op 4 gr. andere als de
la Mire, op 2 gr. en 32 a 33 min. foo dat het om feecker te gaen wel te wenfchen
was, dat men dit onderfcheyt van lenghte door de obfervatien van de omlopers
van Jupiter nauwkeurigh geobferveert hadt.
De manier, die de Hr. Huijgens gebruijckt om de getallen van de Vllde Colom
te vinden, is feeckerlijck goet als men negligeert dat kleen onderfcheyt, tgeen de
verfchcijde lenghtens van 't pendulum fonde konnen bijbrengen; twelck men met
reght doen magh, alfoo dat verfchil het pendulum genomen fijndc omtrent op 36
duijm 8| linic op de aldergrootfte differentie, die in defe reys voorgevallen is
gecn 2 fecunden of geen f minuut in lenghte kan bijbrengen.
In de getallen van defe Vllde colom is een abuys begaen omtrent de 8ste Juny
de welcke figh nootfaekelijck heeft uijtgefpreijt op aile de volgende 4), fullen dit
abuijs gecorrigeert fijnde de getallen van de VII, VIII, IX, Xde colom fijn, als
hier nevens
4) Voir la note marginale de la page 280.
342
CORRESPONDANCE. 1 689.
IV.
V.
VII.
VIII.
IX.
X.
gr-
min.
ur. m.
sec.
min. sec.
ur. m. sec.
gr-
min.
gr-
min.
Jim.
8
51
38
2 44
40
28 11
3 12 55
48
H
3
24
10
5 -
47
2 58
5-
29 17
3 28 8
52
0
—
45
16
54
28
3 3
22
31 43
3 35 5
53
46
—
42
18
55
16
3 6
8
32 *4
3 38 22
54
35
—
4i
2 2
54
56
3 2
28
00 no
3 35 -
53
45
I
1 1
n-7
53
53
2 57
5
31 40
3 ?8 45
5*
1 1
I
42
H
3
49
14
2 44
20
29 26
3 '3 46
48
26
—
48
6
44
r3
2 20
20
27 42
2 48 2
42
—
2
*3
8
4i
26
2 8
1
26 19
2 34 20
38
35
0
51
24
2°
42
1 20
14
10 21
1 3° 35
22
39
—
3
29
20
!7
1 !5
2 2
5 3
1 20 25
20
6
—
1 1
Aug.
1
20
20
1 12
16
1 54
Subtr
11410
18
32
1
48
5
21
20
1 14
3°
2 17
1 12 13
18
0
ô
0
0
l7
8
20
25
1 17
^5
5 n-°
1 12 5
18
I
0
24
9
20
8
1 17
58
6 19
1 11 39
l7
55
0
l3
15
15
3°
1 8
8
11 34
- 56 35
•4
8
I
22
Uijt welcke Tafel en particulier wel uijt de ioe Colom defTelfs blijckt, dat de
lenghtens door de Horologien op defe wijfe gevonden doorgaens feer weijnigh
vcrfcheelen van de gegifte cours der iluijrluijden, en dat derhalven al 't geen op
defe rcijs gebeurt is, het gebruijck der Horologien tôt het vinden der lenghtens
meer voor als tegenfprceckt. Want hoevvel defe eenc toght nogh gceft, nogh
geven kan volkomen feeckerheijdt dat de lenghtens bij de horologien gevonden
altijt de waare lenghtens fijn geweeft, en dat dienvolgende al 't verfchil bij foute
van de gilïïngen der Iluijrluijden toegekomen is, foo iftaen de andere kant cghter
waer dat het verfchil foo kleen is, dat het heel wel daerbij kan gekomen fijn, ge-
lijck ooek dat de prefumtie grootelijcx voor de Horologien is, dewijl buijten aile
difpuijt de giffingh der iluijrluijden wel grooter fouten, als dit verfchil mede-
brenght, onderworpen fijn, waer van defe toghnnede een exempel geeft, daer ter
contrarie de Horologien op een feeckeren va(l fundament fteunen; fijnde notoir
dat indien de felfde ons konnen geven de ure van de plaets daer men van afgefeylt
is, fij ooek het verfchil der Lenghte tufTen die plaets en die geen daer men is fee-
ckerlijck moeten geven.
CORRESPONDANCE. 1689. 34;
Waer bij komtdat de horologicn foodanigh verfchil van lenghtetuffen de Caep
en Texel geven, tgeen genoeghfaem overeenkomt met het geen omcrent het ver-
fchil dcfer twec plaetfen uijt de Eclipfen geftclt is, fijnde dit verfchil volgens de
Horologicn, niet 14 gr. 1 minime, als de Ilr. Huijgens feyt, tgeen uijt het voor-
feijde abuijs in *t adderen komt te fpruijten maer 14 gr. 8 m. en verfchillende
derhalven van 14 gr. 25 m.., maer 17 m. welcken op de hooghte van Texel maar
omtrent maeken ik mijlen.
Twelck ailes, hoewel feer goede hoop geeft van fucces om door middel van
Horologicn foodanigh gecorrigeert de waere lenghtens tebekomen; foo foude
ick evenwel twijrfelen of men uijt het fucces van defe eenige reijs foude mogen
abfolut concluderen, dat ergeenandere oorfaeken in de natuurgevonden worden,
die het effecl: van 't drayen der aarde in de fwaarte der lichamen op welck defe
correftie der Horologies fleurit foude konnen ofbeletten of veranderen, als ooek
of niet het langhfamer gacn onder de linie, als onder noorderlijcker of zuijder-
lijcker plaetfen van eenige andere oorfaecken foude mogen dependeren, en of
mifTchien onder andere hier toe niet wel iets foude konnen contribueren de ver-
anderingh der hitte door dewelcke veele ooek harde lichamen uijtgefet, en langer
gemaeckt worden. Twelk omtrent het pendulum onder de linie gebeurende door
de hitte aldaer nootfaekelijck een langfamer dogh irregulier langfamer gangh der
Horologien foude maeken. Maer wat van defe ofte andere oorfaeken onsmiifchien
nu nogh onbekent foude konnen fijn, en of die eenige ingreflie in defe faek foude
konnen hebben is niet als door de ervarcntheijt te determineren, fullende een
tweede proef, die uwelEd. met de fcheepen die tegen September naer jndia ilaen
te gaen van meeningh fijn te nemen, hier van meerder elucidatie en feeckerheyt
konnen geven.
Waer mede meenende, foo veel in mij is, voldaen te hebben het principaelftc
ooghmerck van uw. WelEd. miflive, fal ick eijndigen met uwelEdl. te betuijgen,
dat ick waerlijck ben (onderftont) WelEd. Heeren uw. WelEd. ootmoedigen
dienaer, was geteeçkent B. de Volder in margine, Leyden den 11 July 1689 de
fuperferiptie aen de WelEd. Heeren. Mijn Heeren Salomon van de Blocquerij
en Hendrik decker Bewinthebberen der Oortjnd. Comp. tôt Amft.
344 CORRESPONDANCE. 1689.
N= 2548.
Christiaan IIuygens à Constantvn IIuygens, frère.
IO SEPTEMBRE 1689.
La lettre se trouve à Lciilcn, coll. IIuygens.
Elle fait suite aux Nus. 2544 et 2545.
Const. IIuygens y répondit par le No. 2549.
A Hofwijck ce 20 Sept. 89.
Je vous ay eferit deux fois depuis mon retour en ce pais fans fçavoir jufqu'icy
fi mes lettres vous ont efiè rendues, par ce que je n'ay point eu de refponfe. Il y
avoit pourtant des chofes qui meritoient bien que vous y refpondiffiez, fçavoir ce
que je vous manday touchant la place vaquante au Confeil par la mort de de Mr.
Petcum, a la quelle place je croiois pouvoir prétendre, et vous demanday pour
cela vofire intercefiîon auprès du Roy. Que je feache donc encore voftre avis la
defius foit que vous y voyez de l'apparence ou non. J'efpere que ma foeur de
Z. m'apportera peut eftre quelque lettre de vofire part, ou quelque refponfe de
bouche. La mère *) de Mad.'e de Wilde nous a fait fçavoir qu'elle devoit partir
d'Angleterre la femaine pafîee, mais fi cela elloit, elle ferait défia icy par le
vent qu'il a fait, qui a efiè fi violent, que je l'ay plaint quelque fois, la croiant en
chemin.
Ma fœur de St. Annelant m'a dit de la part du Chevr. Caron 2) que s'il vous
plaifoit d'envoier fon billet de 100 tb* que vous luy avez prertez, ou vofire qui-
tance il ei\ prefi a vous refiituer cet argent. J'en comtois qui font moins honnertes.
3) Pendant que j'ay eïïé en Angleterre le frère de St. Annelandt m'a envoie
un gros paquet qui eftoit venu de France, qui ne m'a point elle rendu. C'ert
Mad.lc de Wilde a qui mon dit frère l'avoit recommandé. Je vous prie de deman-
der à fon mary s'il n'en feait point de nouuellcs. J'en fuis en peine par ce que peut
efire ce fera quelque chofe de bon qu'on m'aura envoie, et on croira que c'ert: ma
faute de ce que je ne fais point de refponfe.
') Probablement l'épouse de Arcnt de Wilde; voir la Lettre N°. 2263, note 2.
- ) Voir la Lettre N°. 2179, note 14.
3) Ce qui suit se trouve écrit, de la main de Chr. IIuygens, sur un bout de papier qui paraît avoir
été inclus dans la Lettre N. 2548.
CORRESPONDANCE. 1689. 345
N= 2549.
Constantyn Huygens , frère , a Christiaan Huygens.
27 SEPTEMBRE 1 689.
La lettre se trouve à Leiden, cuil. Huygens.
Elle est la réponse aux Nos. 2544 et 2545.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2551.
Hamtoncourt le ij Sept. 1689.
J'ay recea deux de vos lettres dans lefquelles vous me parlez de la charge
vacquante par la mort de Mr. Petcum '), et me priez de la demander pour vous au
Roy. J'aurois fouhaitté de pouvoir parler avec vous fur cette affaire avant que
d'en parler au maiflre ou du moins d'avoir pu vous dire mes confiderations par
eferit, mais voyant que vous me preniez par une féconde lettre j'ay fait ce que
vous avez defiré de moy, et ay dit au Roy qu'ayant appris a voftre arrivée en
Hollande la mort dudt. Petcum vous m'aviez prié de luy dire que vous preniez la
hardieffe de luy offrir voftre trefhumble fervice pour cette place. Il me repondit,
en parlant un peu bas, qu'il ne feavoit pas encore s'il la devoit remplir et qu'il
n'avoit pas encore refolu fur cette affaire. Ne pouvant pas le preffer pour le faire
haffer, je luy dis que je le priois de fonger a vous quand cela feroit et que je ne
doutois point que S. M. ne furt fort bien fervie faifant choix de vous, que vous
aviez le jugement net, et qu'aux choies que vous preniez entre les mains vous
vous y appliquiez extrêmement. Il dit la defïus qu'il le croyoit et qu'il eftoit
perfuadé que vous aviez des penfees bien plus relevées que celles qu'il faut pour
examiner des Contes de Receveurs et chofes femblables2). Je repliquay que vous
aviez toujours affez bien reuffy en toutes les chofes que vous aviez entreprifes
et que je m'affeurois que vous employant S. M. feroit fatisfaite de voltre fervice.
Voyla une converfation qui ne conclut rien de pofitif. Je doubte mefme s'il
m'a dit tout ce qu'il auoit dans le coeur et s'il ne fonge pas a quelqu'autre per-
fonne, dequoy pourtant je n'ay appris ny ouy dire quoy que ce foit. Je vous con-
feillerois de parler a Schuylenburg3) et luy faire ouverture de la choie en luy rac-
contant ce que m'a dit le Roy. Il peut vous fervir et auffi vous informer de ce qui
fe fait, ou s'efr. fait en cette affaire. Cependant il auroit bien mieux valu d'avoir
embraffé en cecy le party que vous propofa le bon Père avant fa mort auquel mal-
aifement on auroit pu refuferla faveur qu'il auroit demandée pour vous et les
oooines deniers efloyent une chofe dont on voyoit bien que nous ne ferions pas
toufjours exemts. Il faut cfperer que les chofes continuant d'aller comme elles
font nous ne ferons pas longtemps foubs cette opprefïion.
') Voir la Lettre N°. 2544, note 3. 2) Voir la Lettre N°. 2545, note 1.
3) Voir la Lettre N°. 2481, note 10.
Œuvres. T. IX. 44
346 CORRESPONDANCE. 1689.
Je menay ma femme a Gravefend il y eut avant hier huift jours au bord du
vaifïèau de kolckman 4) mais le malheur a voulu que les delays continuels et puis
les vents contraires ont tant fait qu'elle eft encore dans la rivière avec tout le relie
du convoy. adieu il eft plus d'onze heures.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaen Huygens Heer van Zeelhem
ten huyfc van den Heer van Zuylichem
in
SGravenhaghe.
N= 2550.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
27 SEPTEMBRE 1689.
La le tire se trouve à Lciden, coll. Huygens.
A Hofwijck ce ij Sept. 89.
Je trouvay icy voftre lettre1) famedypaflc en revenant de Klingendael2) ou
j'avois loge la nuicl, pour n'eftre pas obligé de m'en aller au foir quand il y fait le
plus beau. J'eufTe voulu avoir là cette lettre par ce qu'on y eftoit en peine de feavoir
de vos nouuelles. Pour les remerciments vous ne m'en deviez aucun puifque je
vous ay prertè ma maifon fans que cela m'incommodait 3), et mefme avec quelque
avantage. Que fi ce fejour a la campagne vous a fait quelque bien, vous ne devez
pas faire de difficulté d'y retourner l'eftè prochain car pour pouvoir contribuer au
rétabli fiement de voftre fantè c'eft peu pour moy que d'ertre un peu plus étroite-
ment logé que je ne fuis. J'ay fongé aux divers articles de voftre lettre, et quant
à la maifon commune à la Haye, en cas que vous y en priffiez, je fuis toufjours de
ce fentiment, pourveu que vous le foiez auffi, d'y avoir une chambre et un cabinet
car quoy que je ne prétende pas d'y habiter devant l'hyver qui viendra après celuy
qui approche maintenant, (car l'eftè je feray toufjours a Hofwijck) c'eft pourtant
4) Constantyn veut parler du capitaine van der Kolck, commandant du vaisseau den BrieT.
1 ) Nous ne la connaissons pas.
2) La maison de campagne de Philips Doublet et sa femme Susanna, sœur de Chr. Huygens.
:>) Voir la Lettre N°. 2538.
CORRESPONDANCE. 1689. 347
une grande commodité et prefqu'une necefïïtè d'avoir une retraite et un logement
à la 1 Iaye, pour n'eftre pas obligé d'en partir toufjours avec le batteau de 6 heures
et demie. Vous prendriez donc la mai Ton fuivant cela, qui nous fuit convenable, foit
que j'y rifle mon ménage apart, ou en m'accommodant pendant l'hyver avec vous,
car a (Tu rement le plus que je me puis décharger de ce loin le mieux je l'aime. Mais
je voy que vous n'avez pas encore bien refolu li vous irez demeurer à la Haye ou
non, et certainement c'elt une chofe ou il faut bien peu 1er. Peut eftre vos meilleurs
de Gorcum, voiant que vous quitez la fonction de voflre charge et mefme la ville
de Rotterdam, s'aviferoient de la déclarer vacante par voflre inhabilité, et s'ils
Fentreprenoient a qui s'adreffer pour avoir juftice? Seulement cet embaras feroit
beaucoup de mal a voflre faute, mais je ne doute pas que vous n'ayez défia con-
lîderè cette affaire, et que vous n'aiez a fiez de prevoiance pour ne prendre que
des mefures feures.
Pour ce qui eft de l'argent que vous m'offrez avec tant d'honneftetè a me
prefier, quoy que j'en aye encore quelque Comme, toutefois par ce qu'il m'en
faudra pour la paije du 200e dernier je feray bien aile fi vous voulez me faire
tenir deux mille livres. Comme la feuretè y eft entière vous voudrez bien peut-
eltre me les donner a 3 pour cent, fur quoy pourtant je ne veux point conteficr.
Je ne puis pas encore vous dire li j'accepte voflre autre offre d'aller pafier l'hyver
prochain avec vous à Rotterdam, où le louage de voflre maifon vous retient. Je
verray fi je trouve des chambres garnies à la Haije à pris raifonnable, à moins de
quoy je pourrois bien vous prendre au mot, vous efiant cependant fort obligé de
vouloir bien m'accorder cette retraite en cas de befoin.
Je fuis fort eflonnè de ne recevoir point de refponfe du frère de Z. à qui j'ay
efcritpar trois fois 4) depuis mon retour d'Angleterre, et toufjours touchant cette
affaire dont je vous ay parle que je voulois foliciter avec fon aide. Je ne fcay
comment cet air du païs par de là l'a rendu infenfiblc et afibupi. Peut eftre que ma
fœur m'apportera quelque lettre ou du moins quelque refponfe de bouche. Il y a
longtemps qu'elle eft. embarquée, félon les nouvelles que nous en avons eues, mais
il y a auffi longtemps que le vent eft contraire, ce qui pourra bien exercer la
patience de la bonne dame. Adieu mon frère, je baife très humblement les mains a
madame vofire chère Efpoufe.
4) Voir les Lettres Nos. 2544, 2545 et 254!!,
348 CORRESPONDANCE. 1689.
Ns 2551.
Christiaan Huygens a Constantyn Huygens, frère.
4 octobre 1689.
La lettre se trouve à Leûlen, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2549.
A Mofwijck ce 4 Oft. 89.
Je reçus voftre lettre du 27 du pafte famedy dernier qui eftoit le 1 de ce mois et
le lendemain a minuicr. arriva Madame voftre femme chez elle, ou je la vis hier
avec Tiene ') en bonne fanté et, nonobftant la longueur et les incommoditez du
voiage, bien refoluë, à ce qu'il femble, de vous aller retrouver au prochain prin-
temps. Je vous remercie beaucoup de m'avoir fi bien recommandé au maitre, dont
la refponfe, quoy qu'elle ne détermine rien, me laide pourtant quelque efperance
de fucces. Je fus hier parler, fuivant voftre avis, a Mons.r Schuylenburg, qui me
dit qu'il avoit eu une lettre de Milord Portland 2), mais de la part du Roy, dans la-
quelle il luy mandoit que S. M.tè n'avoit pas encore refolu fi elle rempliroit la place
vacante de me fine qu'elle vous avoit refpondu. Cette lettre eftoit a ce qu'il me dit
du 23e Sept, d'où vous pourrez juger fi elle a elle efcrite depuis voftre recomman-
dation, (ce qui ne feroit pas de fort bon augure pour moy) ou \] elle a eu en vue
quelques autres folicitants touchant lefquels Mr. Schuylenburg avoit efcrit a S.
M.tè defquels il m'a dit qu'eftoit Mr. Rivet3) qui demeure a Leyden. Comme cette
affaire pafle par les mains dudicr. Milord, je croij que vous pourriez fçavoir de luy
quelle apparence il y a que cette place puifie eftre remplie, et luy propofer en
mefme temps ma prétention, ou fa faveur pourroit grandement me fervir. Mons.r
Schuylenburg me promit fort obligeamment que quand il apprendroit d'avantage
touchant la refolution du Roy, il m'en donnerait avis. Lors que vous luy efcrivez,
comme je fcay que vous faites quelquefois, je vous prie de luy recommander
aulfi mon affaire4). Il médit quelque chofe touchant le rang, comme s'il le doutoit
que je pretendifle la place de Mr. Pctcum, dont je l'afTuray du contraire. lime
dit aulfi qu'il ne croioit pas que perfonne fuccederoit a cette place avec la mefme
') Constantyn, le fils unique de Constantyn Httygens, frère. Il avait accompagné sa mère dans
son voyage en Angleterre.
:) Ilans Willem Bentinck; voir la Lettre N°. 1966, note 6.
3) Probablement un fils du professeur Andréas Rivet; voir la Lettre N°. 15, note 3.
4) Constantyn avait déjà satisfait à la demande de son frère. Il nota dans son Journal, le 30 sep-
tembre 1689: ^J'écrivis à Schuylenburg sur la démission de Bosvelt et la sollicitation de
frère Christiaan".
CORRESPONDANCE. l68o. 349
qualité qu'avoit eu le defuncl: 5). Je vous fopplie de continuer, comme vous avez
commencé, a féconder ma pourfuice dont je vous auray la meime obligation de
quelque collé qu'elle reufifîe.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem
Secretaris van Sijne Koninglycke Majefteijt
Tôt
Londres.
N° 2552.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
l8 OCTOBRE 1689.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2551.
Hofwijck ce r8 Ocl. 1689.
Par ma dernière, à laquelle je n'ay point encore eu de refponfe, je vous rendis
compte de ma vifite chez Mr. Schuylenburg, et je vous priay de parler touchant
mon affaire à Mr. Benting. ce que je vous recommande derechef afin que nous
fcachions, s'il fe peut, s'il y a quelque chofe a efperer, ou li c'ell une refolution
prife de ne point remplir la place vaquante. Je n'ay point appris jufqu'icy qu'il
y ait d'autres folicitans, que s'il en vient, ce fera une marque que la chofe eft im-
petrable, et ce feroit alors le temps d'y veiller fi vous pouviez en eftre informé.
Puifque nous avons parlé les premiers, il feroit fâcheux de voir préférer un autre.
iSongez toufjours je vous prie à ce que je vous ay délia fait entendre quod dominus
opus habet, fans quoy je n'aurois garde de vous eftre importun. A la fin de ce mois
je vais loger a la Haye, ou j'ay pris des chambres auNordende,pasloindu Iloogh-
ltraet, m'eftant impofliblc de pafTer icy l'hyver dans la folitude, fur tout parce que
je manque de caroffe.
Je voudrois que vous y fufliez auïïy, pofitis poncndis s'entend. Nous obfer-
5) Celle de président.
350 CORRi;SPONDANCIÎ. 1689.
verions cnfemble Mars et Jupiter dont le premier efl: près de la Terre maintenant
et paroit fort grand tous les (birs. Eftant feul j'ay de la peine a m'y refondre pour
n'avoir perfonne a qui parler. Je fuis occupé depuis mon retour a l'édition de
mon Traité de la Lumière dont plus de la moitié elt achevé.
Je viens de recevoir une lettre du Sr. Leeuwenhoeck '), qui me mande qu'il
vous a adrefTè par le Beurtman de Rotterdam a Londres (Schipper Jeroen Vinck)
4 exemplaires reliez de lés dernières obfervations 2), pour la Reine, qui en a eu
d'autres cy devant a ce qu'il dit, pour vous, pour le Dr. Stanley 3) et pour la Société
R. lequel dernier le dit Dofteur pourra faire tenir a ces Meflîeurs, et il pourra
en mefme temps leur faire les plaintes de la part de l'autheur, qui a fept lettres
qu'il leur a efcrites,dont j'ayeité porteur de la dernière, n'ajamais eu de refponfe4),
ce qui marque que nihil elt quod agatur apud vos.
Je m'acquite de ce qu'il m'a prié en vous donnant cet avis. Faites moy reponfe
je vous prie quand vous en aurez le loilir.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuliciiem
Secretaris van fijn Koninglijcke Majcfteyt
Tôt
Londen.
') Nous ne la connaissons pas.
2) Il s'agit probablement de son ouvrage: Anatomia, boc est de interioribus rerum, cum anima-
tarum, tum inanimatarum ope ac benelicio exquisitissimorum microscopiorum detectis.
Lugduni Batavorum, 1689. in-40.
3) Voir la Lettre N°. 2428, note 3.
4) Les Philosophical Transactions ne parurent pas en 1688, 1689 et 1690. Même après la reprise
de la publication les premiers numéros ne contiennent pas les extraits usuels des lettres de
Leeuwenhoek. Ce n'est que dans le N°. 196, de janvier 169^ [V.st.], qu'ils reparaissent
sous le titre : „The abstract of two letters sent some time since by Mr. Anth. van Leeuwen-
hoeck to Dr. Cale and Dr. Ilooke".
CORRESPONDANCE. l68o. 35 1
Ns 2553.
G. Cuper ') à Christiaan Huygens.
20 OCTOBRE 1689.
MONSJEUR
Mr. Waafberguc 2) m'a envoyé d'Amftcrdam deux exemplaires de la Cenfura
philofophiae Canefianae par Tordre de l'illuflxc Autheur, L'Eveque deSoiïïbns3).
Et puis qu'il me prie, de vous en faire tenir un de ces exemplaires, je n'y ay pas
voulu manquer; et je vous l'envoyé prefentement, en vous afTeurant, M.r que j'ay
beaucoup d'ellime pour voitre grande érudition, et que je fuis avec beaucoup de
paflîon
MONSJEUR
Voftrc trefhumblc et trefobeiflant feruiteur
Gisr. Cuper
A la Haye le 20 d'Ocï:. 1689.
x) Gijsbert Kuiper (Gisbertus Cnperns) naquit à Hemmen le ^septembre 1644. Il étudia à
Nijmegen. voyagea en France et se proposait d'aller en Italie, lorsque, à l'âge de 25 ans, il
reçut à Paris sa nomination comme professeur de littérature grecque et latine à l'Athénée de
Deventer. En 1673, il devint bourgmestre de cette ville, charge qu'il remplit en même temps
que son professorat jusqu'à ce que, en 168 1, il fut délégué aux Etats Généraux par la pro-
vince d'Overijssel. Il s'y montra un partisan zélé de la politique de Willem III. En 1707 il se
retira à Deventer, où il continua de prendre une part active aux affaires de la province et de
la ville en qualité de bourgmestre et de membre des Etats députés. Comme savant il acquit
une grande renommée; il fut élu en 17 17 membre de l'Académie des Inscriptions. Il épousa
Alida van Suchtelen, et mourut le 11 novembre 17 15.
2) Peut-être J. J. van Waesberge, l'auteur de l'ouvrage :
Nieuwe en beknopte uitbeeldinge en verdeelinge der gantschen aardtbodem 't samen ge-
bracht en uytgegeven door J. J. van Waesberge. Amsterdam 1676.
3) Sur Pierre Daniel Huet, nommé évéque de Soissons, siège qu'il permuta pour celui d'Avran-
ches, consultez la Lettre N°. 648, note 3. En 1689 il publia :
Pétri Danicli Huetii Episcopi Sccessionensis designati, Censura Philosophiae Cartesianae.
Parisiis. in- 120.
352 CORRESPONDANCE. 1689.
Ns 2554.
B. Bekker ') à Christiaan Huygens.
3 NOVEMBRE 1 689.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Hoog Edel Heer
Myn Heer
defe client fleghs om naaft aanbiedinge van mijnen geringen dienft den inge-
llotenen van mijnen fchoonbroeder Fullenius :) (mec wien ik eens d'ère gehad
hebbe uw welEd. in den liage te fpreken) ter hand te brengen : ende hebbe met
een de vrijheid gebruikt, daar bij te voegen den tweeden druk van denfelven
brief, door mij buiten des auteurs communicatie bevorderd, ende met een beright
vermeerdt 3). Waarmede uw IIoogEd. Godt beveelende wil ik zijn
Mijnheer
uwen HoogEd. onderd. dienaar
Amftcrdam 3 Nov. 1689. Bekker.
') Balthasar Bekker, né à Metslawier en Frise le 20 mars 1624. Il étudia la théologie à Gronin-
gen et à Franeker, où il devint recteur des écoles latines. Bientôt cependant, en 1 657, il s'établit
comme pasteur à Oosterlittens, où il se voua avec une égale ardeur à ses études et aux devoirs
de sa charge. En 1 665 il obtint à Franeker le grade de docteur en théologie et sa nomination
comme pasteur dans cette ville. Par son „Admonitio candida et sincera de Philosophia Car-
tesiana", publiée en 1668, il se fit connaître comme un Cartésien convaincu, ce qui lui attira
la colère du Synode. Sa vie se passa dans une lutte continuelle contre les idées bornées et
superstitieuses des pasteurs orthodoxes de son temps. Les inimitiés auxquelles il s'exposait le
contraignirent à quitter la Frise. Il accepta une nomination comme pasteur à Loenen, puis
à Weesp et bientôt après à Amsterdam, où il s'établit en 1679. Il s'est surtout rendu célèbre
par son Traité sur les comètes, suivi bientôt par ses „Explications des prophéties de Daniel"
et par „Le monde enchanté, examen approfondi de ce que l'on croit communément sur les
Esprits, leur nature, puissance, etc.". A la suite de ces publications il fut destitué en 1692,
mais la municipalité d'Amsterdam refusa de le remplacer et continua jusqu'à sa mort de lui
payer ses gages. Il épousa, en secondes noces, Frouke Fullenius, sœur du professeur Bernard
Fullenius (voir la Lettre N°. 2317, note 1), et mourut le 1 1 juillet 1698.
") Nous ne connaissons pas cette lettre.
3) Il s'agit d'une lettre de Bernard Fullenius sur l'écrit de Lieuwe Willemsz. Graaf(voir la
Lettre N°. 2536, note 1). Elle fut imprimée par Balthazar Bekker pour la seconde fois en 1 689.
Voir à ce sujet: Balthasar Bekker Bibliogralie door Dr. van der Linde. 's Gravenhage, Mar-
tinus Nijhoff, 1 869. in-8°. et l'ouvrage de Bekker:
Onderfoek van de Betekeninge der Kometen, bij gelegendheid van degene die in de Jaren
1680. i6tt 1. en 1682 gefchenen hebben. Dcze druck is vermeerdert met een Hoofdftuk en een
Nareden. Gedaen door Balthafar Bekker S. T. D. Predikant tôt Amflerdam. 1 lier is noch toe-
gevoegd een Berigt en Naberigt aangaande de Oofl en Weflvindinge, aangegeven van Lieuwe
Willems Graaf, door den felfden auteur, 't Amlterdain. Bij Jan ten Iloorn, Boekverkooper
tegenover het Gude Ileeren Logement, 1692, in-40.
Nous citons le titre de la troisième édition qui contient le „Naberigt". La première avait
paru huit ans plus tôt, la deuxième en 1689. 11 en existe plusieurs réimpressions.
CORRESPONDANCE. 1689. 353
Ns 2555.
Christiaan Huygens, à Constantyn Huygens, frère.
23 DÉCEMBRE 1689.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2552.
Const. Huygens y répondit par le No. 2556.
A la Haye ce 23 Dec. 1689.
Il y a bien 1 mois à ce qu'il me femble, que je vous ay mandé que le Sr.
Leeuwenhoeck vous avoit adrefle quelques exemplaires de Tes obfervations
microfeopiques '), parmi lefquels il y en avoit un pour la Reine et un pour vous.
Cependant il n'efr. venu aucune nouvelle que vous aiez receu ce pacquet, dont
ce bon homme eft fort mortifié. Je vous prie donc de me faire feavoir ce qui en eft
quand ce ne feroit que par quelque mot en eferivant a madame voftre femme.
Je ne vous dis plus rien touchant ma follicitation ne voyant pas qu'il y ait rien
a faire tant que S. M.è fera d'avis de ne point remplir la place vacante. On me dit
pourtant dernièrement qu'un Mr. Hoeuft, parent de Mr. d'Oyen 2), la demandoit
pour luy, dont peut eflre vous aurez ouy parler. Mons. d'Ablancourt3) vient de me
dire, que Mr. Juftel a eftè fait Bibliothequaire du Roy4), avec d'afïez bons appoin-
tements. Quelque chofe de cette nature feroit bien mon fait, et je l'aimerois
autant en Angleterre qu'icy, fi vous eftiez pour y refter, de quoy je commence a
douter croiant que peut eflre vous vous accoutumeriez a cette manière de vie. Je
fuis logé a la Haye depuis 5 femaines au Noordende, derrière lamaifon de Mr.
van Buttinghe ;), un peu étroitement mais allez bien au refle. J'ay préféré cela
a la folitude trop melancholique de Hofwijck au milieu de l'hyver. J'aipref-
que achevé l'édition des Traitez de la Lumière et de la Pefanteur dont je vous
envoieray des exemplaires. Le Grand dictionnaire de Furetiere6) fe vend défia
*) Voir la Lettre N°. 2552, note 2. 2) Voir la Lettre N°. 2159, note 17.
3) Voir la Lettre N°. 2431, note 3. 4) Voir la Lettre N°. 1539, note 6.
5) Jean Thierry Hoeufft; voir la Lettre N°. 2159, note 18.
5) Antoine Furetiere, né à Paris en 1 620. Il fut pendant quelques années procureur fiscal de Saint-
Germain-des-Prés. Ayant pris les ordres, il fut nommé abbé de Cbalivoy. Il entra à l'Aca-
démie française en 1662, mais en fut exclu le 22 janvier 1685, sur l'accusation d'avoir voulu
s'approprier le travail de l'Académie au profit de son „Essay d'un Dictionnaire universel,
contenant tous les mots français, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les sciences
et les arts". Paris, 1684, in-40.
Furetiere mourut à l'âge de 69 ans, le 16 mai 1688. Ce ne fut qu'après sa mort que parut
l'édition plus complète de son ouvrage: Ant. Furetiere, Dictionnaire contenant généralement
tous les mots François, tant vieux que modernes, et les termes de toutes les Sciences et des
Arts. La Haye et Rotterdam 1690. 3 vol. in-fol.
En 1727 parut une nouvelle édition: „Dictionnaire universel, etc. Recueilli & compilé
Œuvres. T. IX. 45
354 correspondance. 1689, 1690.
et je l'ay vu chez le frère de St. Annelandt qui en eft très content. S'il y a quelque
chofe de nouveau par de la en ces matières vous me ferez grand plaifir de m'en
avertir. J'ay receu les Ephemerides de Mr. Flamfted") pour les fatellitesde Jupi-
ter, que je crois qu'il vous aura envoiées pour moy. Elles pourroient fervir a des
obfervations très utiles, mais ou font les gens icy pour les faire ? J'en parle aflez
fouvent a nos ProfefTeurs de Leiden, mais aufli bien icy que la ou vous elles, il y a
grand refroidi (Tement pour toutes ces belles chofes.
J'ay tant prêché madame voftre Efpoufe, qu'a la fin elle a fait attacher le grand
maft 8) aux arbres du voifinage pour l'afTurer contre le vent de Nord Weft. Cela
paroit fi peu qu'on ne le voit pas qu'en y prenant garde exprès.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem
Secretaris van Sijn Koninglijcke Majefteyt van Engelandt
Tôt
Londen.
N° 2556.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
6 JANVIER 1690.
ha le tire et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2555.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2559.
Whitehall le 6de Janvier 1 690.
Pour reponfe a la voftre du 23e dec. je vous diray que je n'ay receu les livres
de Mr. Leeuwenhoeck que 8 ou dix jours pattes et que les ayant receus j'ay donné
trois exemplaires a Stanley, pour les adrefTer félon les intentions de l'authcur,
qui fans doubte aura reponfe la de (Tu s du dit docteur ou la recevra au premier
jour. Je vous prie de le remercié de l'exemplaire dont il m'a fait prefent. J'en
ay lu la plus grande partie avec du plaifir. Pag. 254 il femble qu'il eft d'opinion
que les femences des plantes et des animaux contiennent des animaux, qui
premièrement par Mre. Antoine Furetière. Ensuite corrigé & augmenté par M. Basnage de
Beauval, Revu, corrigé & considérablement augmenté par M. Bru tel de la Rivière. A la Haye,
Chez Pierre 1 Iusson. Thomas Johnson, Jean Swart, Jean van Duren, Charles de Vier, La
Veuve van Dalen, 1727. 4 vol. in-fol.
7) Jusqu'à l'interruption dans la publication des Philosophical Transactions (voir la Lettre
N°. 2552, note 4) ces Rphémérides y parurent régulièrement, à commencer par le N°. 151 de
septembre 1683.
8) Voir la Lettre N°. 2482.
CORRESPONDANCE. IÔOO. 355
dans leurs lemences en contiennent d'autres derechef in infinitum et qu'il ne fe fait
point de nouvelles créatures dans le monde mais que celles qui font defja faites
ne font que croiftre et augmenter, ce qui feroit une chofe merveilleufe. Delà
charge vacante de Mr. Pettecumje n'ay point ouy parler depuis quelque temps
et ainfi il ne femble pas que l'on aye de (Te in de la remplir. Pour feavoir au vray
ce qui en eft vous pourriez parler a Mr. Schuylenburg qui connoift je m'affeure,
les intentions du Roy la deffus. Je luy en ay eferit une fois1), quand vous me
touchâtes cette affaire, mais il ne m'a point repondu fur cet article la de ma lettre.
La follicitation de Hoeuft pour cette place n'a point eu d'effet, ny mefme la moindre
apparence de fucces, auffi, fi j'eilois Roy, il feroit un des derniers dont mon con-
feil feroit compofé. Il m'a tourmenté auffi pour cette affaire, mais il y a defja
du temps qu'il a quitté la partie, et s'en efl: retourné au Pays. Ne croyez pas,
que j'aye perdu l'envie d'y retourner auffi quand j'auray moijen de le pouvoir
faire avec honneur et en fauvant au moins les apparences et je doubte fort fi
vous trouveriez fort voftre compte en ce pays icy. Mr. Juftel a efté fait Bibliothe-
quaire comme vous dites; l'on ne m'a pas dit precifement quels font fes appoin-
tements, mais en gênerai qu'ils ne font que bien médiocres. Il vint hier me
rendre vifite pour la première fois, et je prétends d'entretenir connaiffance avec
luy, trouvant fa converfation agréable. Mais on l'accufe de n'avoir pas d'affez
bons fentiments pour le Roy, mefme encore pour le prefent. Il me dit qu'il croyoit
que bientoft la Société Royale recommenceroit a donner au public fes Tran fac-
tions :) et que mefme de temps en temps, on avoit imprimé quelque chofe, entre
autres une relation qu'il avoit produite luy mefme 3), l'ayant receue de France
touchant une fepulture fort ancienne, qu'on avoit trouvée fous terre auprès de
Maintenon aux environs de Chartres ou l'on avoit trouvé quelque nombre de
corps morts d'une taille beaucoup au deffus de celle des hommes de ce temps icy,
et de plus plufjeurs fortes d'armes, dont le trenchant eftoit fait d'une pierre fort
dure et non d'aucun metail, ce qui affeurement marquoit une grande antiquité;
veu que dans les temps les plus anciens dont on a connoiffance les Gaulois fe fer-
voyent d'armes faites de fer et d'acier. On vend icy auffi le Dictionnaire de Feu-
quieres 4), et je crois que je feray obligé de l'achepter en ce pays icy, ou il fera
pourtant plus cher qu'en Hollande, pour éviter les incommodités du tranfport et
les embaras des Cuftomes 5) qui font fâcheux.
'") Voir la Lettre N°. 2551, note 4. 2) Voir la lettre N°. 2552, note 4.
s) Dans les Philosophical Transactions N°. 185, For the months of November and Decemher
1686, sous le titre:
The Verbal Process upon the Discovery of an Antient Sepulchre, In the village of Cocherel
upon the River Eure in France.
4) Constantyn Iluygens veut parler du Dictionnaire d'Antoine de Furctière; voir la Lettre
N°. 2555, note 6.
5) C'est-à-dire : des douanes.
356 CORRESPONDANCE. 1 6<?0.
On a auffi imprimé icy les Lettres du vieux Voffius6) et on y eft allé d'une ma-
nière, qui fait enrager Ton petit fils 7), car l'Imprimeur Scot s'eftant rendu maiftre du
manufcrit a dédié le livre au Roy à l'infceu de l'autre et a méfié parmy ces lettres
plufjeurs qui ne parloyent que de petites affaires particulières et domeftiques,
entr'autres quelques unes ou il donne de bonnes reprimendes a quelques uns de
fes fils. Ce Scot refufe de rendre a Voffius le manufcrit fufdit avant que trois
ans foyent paffé pour l'empefcher de faire faire une nouvelle impreffion, dont il a
pourtant le deffein, et prétend de fe fervir pour cela de celle d'icy, et d'y adjoufter
plufjeurs lettres d'Ifacus et autres pièces, qu'il a entre les mains.
Il tafche de s'accommoder avec l'Univerfité d'Oxford pour la vente de la
Bibliothèque de fon Oncle mais quand il fuft avec moy la dernière fois l'affaire
n'eftoit encore gueres avancée 8).
Sr. Chriftopher Wren a receu bien du deplaifîr et de bonnes reprimendes au
fujet de fes beveues commifes aux baftiments de Hamptoncourt et de Kenfmgton-
houfe, de l'un et de l'autre defquels une bonne partie eft tombée de foy mefme
en faifant périr 6 ou 7 des ouvriers 9).
Vos Livres de la Lumière et de la Pefanteur feront afTeurement les très bien-
venus icy. Ifac IO) pourra les apporter qu'on attend de jour a autre.
Flamftead m'a envoyé la Table qu'il fait touts les ans XI) de la haute marée au
Pont de Londres.
Mylord Portland partira comme je croy demain pour l'Hollande, ou il va pour
les affaires du Roy. Il fait eftat d'y eftre environ un mois, je croy que vous
Tirez faluer.
6) Gerardus Johannes Vossius; voir la Lettre N°. 63, note 4. Les lettres furent publiées sous le
titre: Gerardi Joannis Vossii et Clarorum virorum ad eum Epistolae Collectore Paulo
Colmesio, Ecclesiae Anglicanae Presbytero. Opus omnibus Philologiae & Ecclesiasticae
Antiquitatis Studiosis Utilissimum. Londini TypisR. R. & M. C. Impensis AdielisMill apud
quem prostant ad Isigne Pavonis in vico Ave-Mary-Lane vocitato. mdcxc. in-fol°.
7) Gerardus Johannes Vossius, fils de Mattheus Vossius frère d'Isaac.
8) La bibliothèque d'Isaac Vossius, refusée par l'Université d'Oxford, a été acquise sur les in-
stances des curateurs de l'Université de Leiden par les Etats de Hollande pour une somme de
33000 florins et fait actuellement partie de la bibliothèque de Leiden.
9) Constantyn Huygens nota à ce sujet dans son journal, le 3 janvier 1 690 : „On disait que le roi
avait fortement réprimandé sir Christopher Wren sur ses soins insuffisants à l'égard de l'édifice
écroulé à Hamptoncourt, lui reprochant qu'il était la cause de la mort de 4 hommes, qui
avaient succombé à cette occasion, et que Wren avait répondu qu'il n'y avait eu que trois
morts."
10) Voir la Lettre N°. 2350, note 3.
") De même que les Ephémérides, citées dans la Lettre N°. 2555, note 7, ces Tables parurent
régulièrement dans les Philosophical Transactions. Elles commencent dans le N°. 143, de
janvier i68|, par la Table pour 1683, et finissent dans le N°. 191, de décembre 1687. Elles se
vendaient séparément.
CORRESPONDANCE. lÔOO. 357
N= 2557.
Christiaan Huygens à Ph. de la Hire.
l8 JANVIER 1690.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
De la Hire répondit à la lettre par le No. 2568.
A Mr. de la Hire de l'Académie Royale des feiences et
Prof, de Mathématique a l'obfervatoire a Paris.
Sommaire: 18 janvier 1690. qu'il met la parallaxe du foleil horiz.le de 6" feulement s'il en a quelque
certitude, qu'il fait la Longitude entre Paris et le Cap de B. Efperance de 17V, degr. s'il en
a d'autres obfervations que celle des jefuites? ').
N= 2558.
Christiaan Huygens à N. Fatio de Duillier.
7 février 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre se trouve à Genève, Bibliothèque de V Université1).
Fatio y répondit par le No. 2570.
Le sommaire a été publié par P. J. Uylenbrock 2).
A Monfieur Fatio.
7 febr. 1690.
Sommaire: Excufe, J'ay eu befoin de contredire a Newton. Exemplaires, j'ay envoie ce que j'en avois
de reliez. Son jugement, s'il n'a pas vu; il femble qu'ouy. Je n'ay pas voulu faire mention de
la controverfe que nous avions, touchant la courbe du jet Newton et moy, feavoir fi elle
avoit une afymptote ou non, quoyque je ne fois pas perfuadè par fa demonftration. Exhorter
pour fon traité des couleurs, quand ce ne feroit que les expériences. Boyle recepte pour faire
de la glace, fans neige ni glace.
Apres mon retour d'Angleterre en ce pais3) je repris aufîitofl: l'Edition de mon
Traite de la Lumière dont une partie eftoit achevée devant mon départ, et croiant
') Dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2455, note 10. *
') Elle a été copiée par M. D. J. Korteweg.
2) Chr. Hugenii exe. Exercitationes Mathematicae Fasc. IL
3) Voir la Lettre N°. 2544.
[58 CORRESPONDANCE. 1 690.
qu'il ne faudrait que peu de temps pour l'achever cela me lit différer de vous
écrire, mais j'ay eu grand tort, et je m'y fuis trouvé extrêmement trompe par la
lenteur des Imprimeurs, qui m'ont tenu encore 4 mois et d'avantage. Hier enfin
j'envoyay à Mon frère de Zulichem Secrétaire du Roy, 7 Exemplaires de ce livre,
que je le prie 4) de vous faire tenir et en mefme temps cette lettre. Il y en a pour
vous Monfieur, pour Mrs. Newton, Boyle, Hamden 5), Halley, Locke et Flam-
lleed, lefquels vous eftant tous connus, et la plu (part vos bons amis, j'ofe vous
charger de leur en faire la dillribution.
Si le départ de la perfonne qui s'eft offert de les porter en Angleterre, cuft eftè
prévu j'aurais eu tous ces Exemplaires reliez, ce qui n'a pu eltre a mon regret.
Vous verrez que j'ay marqué en quelques endroits la diverfitèdemes fentiments
d'avec ceux de Mr. Newton 6), a quoy je me fuis trouvé obligé pour foutenir
ma Théorie, mais je l'ay fait de forte que je ne crois pas qu'il le prendra en mau-
vaife part.
Et pour ce qui efl: du différent que nous avions touchant les courbes du jet qu'il
prétendait qu'elle avoit une afymptote7), quoyque je ne fois nullement perfuadé
par la demonitration qu'il me donna en cfcrit 8), je n'en ay pourtant rien touché,
pour ne donner commencement à une difpute très obfcure, et que peu de per-
fonnes euffent entendue.
Au relie je feray fort aife d'entendre fon fentiment touchant mes Explications
de la Réfraction et des phénomènes du criftal d'Iflande. mais je ne fuis pas bien
afïiirè s'il entend le François, je fouhaite furtout de fcavoir ce qui vous en fem-
4) Voir la Lettre N°. 2550. 5) Voir la Lettre N°. 2544. note 6.
6) Allusion à deux passages de l'„Addition" au „Discours de la Cause de la Pesanteur", Huygens
y discute les „Principia" de Newton pour autant qu'ils traitent des mêmes sujets que son
„Traité de la Lumière" et son „Discours de la Cause de la Pesanteur".
Dans le premier passage (pp. 159 à 163) Huygens, tout en reconnaissant „la diminution
réglée de la pesanteur en raison réciproque des quarrés des distances" comme „une nouvelle
et fort remarquable propriété de la pesanteur dont il vaut bien la peine de chercher la raison",
refuse d'admettre „que toutes les petites parties, qu'on peut imaginer dans deux ou plusieurs
différents corps, s'attirent ou tendent à s'approcher mutuellement", parce qu'il „croit voir
clairement que la cause d'une telle attraction n'est point explicable par aucun principe de
Méchanique, ni des règles du mouvement". Il ajoute encore, vers la fin de ce passage, qu'il
ne croit pas que Newton consentirait à supposer „que la pesanteur fnst une qualité inhérente
de la matière corporelle", „parce qu'une telle hypothèse nous éloignerait fort des principes
Mathématiques ou Méchaniques".
Dans le second passage (pp. 163 — 165) il défend la théorie ondulatoire de la lumière
contre l'objection suggérée dans la prop. 42 du livre second des „Principia", d'après laquelle
cette théorie serait incapable d'expliquer la propagation rectiligne de la lumière. Newton a,
plus tard, retiré cette objection.
") Voir la pièce N°. 2540, note 3. 8) Voir la pièce N°. 2540.
CORRESPONDANCE. 169O. 359
blera a vous Moniteur, qui elles le juge le plus compétent en ces matières que je
connoi fie.
Je doute pourtant tou (jours fi cet efcrit vous fera tout a fait nouveau, parce
qu'il me fouvient que vous me parliez de ces matières, comme ayant quelque
connoifiance de ce que j'en avois efcrit, et que vous me donniez a entendre en
quelque façon, que mes copiftes a Paris ne m'auroient pas fervi fidellement; de
quoy fi vous avez quelque certitude, vous m'obligerez de m'en inftruire.
Monfieur Boyle, qui en quelque endroit de fes oeuvres a dit qu'on n'avoit pas
encore fuffifamment expliqué la refraftion de la Lumière, verra fi ce que j'en dis
luy peut donner quelque fatislaftion, pourvu qu'il veuille bien fe donner la peine
d'en faire l'examen.
En luy faifant mes très humble baifemains, vous aurez s'il vous plait la bonté
de luy faire fouvenir de la Recepte qu'il m'avoitpromife pour faire de la glace
fans glace ni neige qui me parait une au (fi grande merveille que de faire du feu
par le moyen de deux liqueurs froides, dont il eut la bonté de me faire voir l'Ex-
périence 9).
N'ayant pas entendu de vos nouvelles depuis fi longtemps, je feray bien heureux
fi cellecy vous trouve encore a Londres, et fi cela n'eftoit point je ferois jufte-
ment puni de ma négligence, de laquelle je vous demande pardon et fuis de tout
mon coeur
Monsieur
Vôtre très humble et très obeiffant feruiteur
HUGENS DE ZULICHEM.
IO) Mr. Hugens de la Haye 7 février 1690 à N. F. à Londres.
Il a différé de m'écrire en attendant que fon Traité de la Lumière fut achevé
d'être imprimé. Ce qui a trainé encore 4 Mois.
Il m'en envoit 7 Exemplaires dont l'un efi: pour moi, les autres pour 6 Amis qu'il
nomme. Ils ne font pas reliés et pourquoi.
Il a marqué en quelques Endroits la Diverfité de fes fentiments d'avec ceux de
Mr. Newton qui ne le prendra pas en mauvaife part.
11 n'a rien dit touchant la courbe du jet que Mr. Newton prétend avoir un
9) Voir la Lettre N°. 2 544, note 1 .
10) Ce qui suit est évidemment un extrait lait par Fatio tic la lettre précédente; il est écrit sur
la lettre même.
360 CORRESPONDANCE. 1690.
afymptote, mais la démonflration qu'il en donna par écrit à Mr. Hugens ne l'a
pas perfuadé.
Mr. Hugens demande le fentiment de Mr. Newton fur fon explication de la
Refraftion et fur celle des phénomènes du cryftal d'Iflande et furtout mon fenti-
ment difant que je fuis le juge le plus competant en ces matières qu'il connoifle.
Que cet écrit pouvoit ne m'être pas nouveau et que je lui avais parlé de ces
matières comme en ayant connaiflance. Il demande fi ce n'eftoit pas en conféquence
de l'Infidélité des copiftes à Paris.
Monfieur Boyle verra fi ce qui efl: dit de la Refraclion de la Lumière le fatisfera.
Il demande la Recepte que Mr. Boyle lui a promis pour faire de la glace fans
glace ni neige.
Ce qui lui parait auflî merveilleux que de produire du feu par le mélange de
deux liquides froides.
Il craint que cette Lettre ne me trouve pas à Londres etc.
A Monfieur
Monfieur Fatio de Duillier
dans la SufFolkftreet a la maifon prochaine
du Sr. Maigret
apothecaire François,
à
Londres.
CORRESPONDANCE. 169O. 36 1
N! 2559.
Christiaan Huygens, à Constantyn Huygens, frère.
7 FÉVRIER 169O.
La lettre et la copie ainsi que le sommaire se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2556.
Cou s t. Huygens y répondit par le No. 2566.
Sommaire : 7 feb. 90. Au frère de Zulichem a Londres. L'orange tafeldecker a ce que dit wiliet. livres
5 et 3. 1 pour luy. les autres a Fatio ii Fatio n'y ell plus, que le dr. Stanley fade la diftri
bution, avec ma lettre.
Je n'ay pas vu Bcnting, mil. Portland tout affaires importantes.
Leeuwenhoek. Opinion de la femence de Swammerdam vraifemblable.
Lettres de Volfius pas vues icy.
Sépulture anciene jay eu un manufcrit de cela, voiage accroché pour l'Irlande.
Catalogue van Ockerfe.
Williet recommandé.
A la Haye ce je Febr. 1690.
Voftre lettre du 6e Jan. m'a eftè rendue a Ton temps. J'efpere que celle du
Dr. Stanley a Leeuwenhoek l'aura eftè de mefme pourvu qu'il l'ait efcrite. Je le
fcauray dans un jour ou deux, car j'ay defTein d'aller a Delft pour faire 2 ou 3
vifites. Cette opinion de l'inclufion infinie des animaux et herbes, les uns dans les
autres a efté avancée premièrement par Swammerdam à ce que je crois, et elle
me paroit affez probable. Il y a pourtant quelque objection a faire en ce qui
regarde les arbres, parce qu'il y en a dont les branches citant plantées en terre,
produifent des arbres entiers et leurs femences, et il en eil de mefme de tous les
autres arbres entez ou greffez. Car cela marque encore une autre infinité par les
branches, outre celle qui procède par la feule graine, et il paroit que cette autre
auroit eftè inutile, fans la propagation artificielle. Natura autem nihil fruftra facit.
Hier je vous ay adreffè 8 exemplaires de mon Livre nouvellement imprimé par le
moyen d'un domeftique du Roy, qui avec d'autres a receu ordre de fe tranfporter
en Angleterre, il s'appelle l'Orangeois, et fa charge eft Tafeldecker '), à ce que
m'a dit Williet, qui m'a indiqué cette commodité. Il y a 1 paquets, dont l'un con-
tient 5 Exemplaires reliez l'autre 3 non reliez, et qui font feparez chacun en 3
parties pour pouvoir eftre pliez plus facilement. Apres que vous aurez pris pour
vous un des Exemplaires reliez, vous aurez la bonté d'envoier les autres a Monsr.
Fatio avec la lettre cy jointe2), dans laquelle je luy nomme les perfonnes a qui il
doit les diftnbuer. Il loge dans Sujfolcfîreet next to Mr. Maigret French Apoîhe-
cary, c'eft vers le milieu de la rue a main gauche en y entrant. Mais comme il y a
') Traduction : Dreffeur de table.
2) La lettre N°. 2558.
Œuvres. T. IX. 46
362 CORRESPONDANCE. 1690.
fort long temps que je n'ay point eu de nouuelles du Sr. Fatio, il fe pourroit qu'il
fuit delogè de la; et mefme qu'il ne fuft plus a Londres, au quel cas je vous prie
d'en commettre la diilribution au Dr. Stanley, qui par le moyen de Mr. Boyle, ou
de Mr. Hamden pourra trouver ces autres Meilleurs. J'efpere pourtant que Mr.
Fatio s'y trouvera et qu'ainii le Dr. n'aura pas befbin de prendre cette peine.
Je n'ay pas encore vu Mil.d Portland, quoy que j'aye eftè plufieurs fois pour
cela, mais la cour y efit fi nombreufe, et il a rencontre tant et de fi grandes affaires3),
(dont vous aurez allez ouy parler) qu'il ne faut pas s'étonner s'il eft difficile
d'avoir audience. Je tafeheray pourtant d'y parvenir, et luy toucheray quelque
mot de mon affaire, quoyque je n'y voie point d'apparence de fucces, depuis la
lettre que ce Seigneur en efcriuit a Mr. Schuylenburgh.
Ces lettres de Voffms ne fe voient pas encor icy, a caufe du peu de commerce
des libraires de ce pais las et le noftre. Je me fouviens d'avoir vu en eferit cette
relation de l'ancien fepulchre près de Chartres et je crois que e'eft Mr. Guiran
Confeiller d'Orange qui me l'avoit preftée 4). C'eft la une antiquité bien grande.
Van der A. 5) vous aura envoie un Catalogue d'Ockerfen ou il y a beaucoup de
ces livres d'Efitampes, pour les quels peut eftre vous donnerez commiflîon. Je
pourray les aller voir, mais mes affaires ne permettent pas que je faiTe dételles
emplettes.
L'on tient icy que le voiage du Roy en Irlande ne te fera point a caufe des in-
ftances contraires de ceux du Parlement, de quoy certes je vous félicite, me
pouvant facilement imaginer l'embaras et l'incommodité d'une pareille Expé-
dition.
Le Sr. Williet 6) vient de me prier de faire mention de luy dans cette lettre, et
de vous le recommander en cas qu'il fe trouve quelque place en voftre Secretairie
ou vous jugiez qu'il puiffe vous fervir. Il dit que Mad.e voftre femme intercédera
aufii pour luy. Vous pouvez le croire ridelle et bien affectionné et de quelque
fervice a caufe qu'il fçait les deux langues.
Ce billet pour mes Exemplaires eil pour Mr. Stanley en cas que Mr. Fatio ne
fe trouve plus a Londres.
3) Voir la Lettre N°. 2566, note 3.
4) Il s'agit probablement de l'écrit que nous faisons suivre comme Appendice, le N°. 2560. Il
appartient à la collection I luygens.
5) Voir, sur van der Aa, l'éditeur du Traité de la Lumière, la Lettre N°. 2534, note 3.
6) Voir la Lettre N°. 2507, note 1.
CORRESPONDANCE. 169O. 363
N= 2560.
Giiran à Christiaan Huygens.
Appendice au No. 2559.
Differtation au fujet de quelques corps dont les
oflements ont efte trouuez dans vn Tombeau
fort ancien ').
Jl y a enuiron douze ou treize ans, que trois hommes inconnus vinrent au Vil-
lage de Cocherel fitué fur le bon de la riuiere d'Eure au pafTage de Vernon a
Eureux fur les confins de la prouince de Normandie, et fans auoir parlé a pas vn
des habitans du Lieu, Ils allèrent fur vn coileau qui ell fort expofé et qui fe veoit
dans la vallée de cette Riuiere de quatre et cinq lieues au deflus et au defTous. la
ils delcouurirent deux grandes pierres qui fortoient de terre enuiron dun pied
comme des bornes quon met ordinairement en ce pays pour feparer les terres et
les pofTeflions. Ils firent vn trou enuiron de deux a trois pieds en quarré et de trois
pieds de profondeur et aprez auoir tiré deux telles dhommes et les os jufques a la
moitié des Corps, ayant trauaille enuiron deux heures fans eilre empefehez de
perfonne parce que cefloit vn jour de fefte et a lheure des vefpres, ils s'en allèrent
biffant les telles et les os fur le bord du Trou. Le feigneur du Lieu n'en fuil
aduerty que quelques jours après et s'eflant tranfporté fur le lieu il ny connut autre
chofe que deux grandes pierres brutes enuiron de cinq pieds de hauteur de deux
et demy de large ou enuiron et dun pied et demy defpoiffeur Dont on pourroit fe
feruir dans l'occafion. Sa curiofité ne layant pas porté de faire fouiller dauantage,
croyant que ces gens la auoient emporté ce qui y efloit de meilleur, et quils ne
recherchoient pas ces os et ces reliques puis qu'ils les auoient laiffez fur le champ,
et nauoient pas cherché dauantage. An mois de Juillet 1685, ce gentilhomme
feigneur du village de Cocherel ayant elle obligé de faire vn ouurage a la Riuiere
dEure pour en faciliter la nauigation par ordre du Roy et de rechercher grand
nombre de pierres de Taille, il fe fouuint de ces deux qui auoient elle defcouuerte
par ces Inconnus les quelles il voulut faire dégrader en fa prelence et vn peu au
defTous du lieu ou efloient ces deux telles que ces Inconneus auoient tirées, il y
trouua deux pierres dont les figures font icy defignées2). la première dun Caillou
jaunaflre de ceux dont on faicl des meilleures pierres a fufil, la féconde efl dune
pierre de Siade verdallre femée de petites paillettes d'argent fort dure. On def-
!) Consultez la Lettre N°. 2556, note 3, où il est fait mention d'un autre rapport, concernant la
même découverte.
:) La figure manque dans le manuscrit, ainsi que les autres auxquelles il est renvoyé dans la suite
de cette pièce. Quant au rapport ciré dans la note précédente, il n'est accompagné que d'une
seule figure représentant le tombeau avec les pierres dont il était composé et la situation des
quatre corps mentionnés ici en premier lieu.
364 CORRESPONDANCE. 169O.
couurit au défions vne grande pierre de cinq a fix pieds de long et trois de large,
et vne a cofté efleuée de trois pieds et de cinq de long qui fermoit ce tombeau par
le cofté droit et vne autre vers les pieds de ces corps dont les os fe trouuerent fort
fains, de la grandeur et de la proportion ordinaire des autres corps.
Au defîbus de cette pierre on trouua deux autres corps, et deux pierres fous
leurs telles la première marquée 3 de la mefme nature de la première, et la féconde
marquée 4, eft vne pierre d'un verd brun quon dicl eftre dune ferpentine dorient.
On examina fort exactement ces cinq pierres brutes qui compofoient ce tombeau
qui n'ertoit point fermé a la main gauche. On ny trouua, ny marque ny infcription,
ny fculpture dont on peut augurer quelque chofe du temps que ces corps auoient
efté depofez en ce lieu la.
Sur le Cofté gauche dans la largeur de huicl ou dix pieds on y trouua vint, ou
vint deux corps aux quels on ne remarqua rien d'extraordinaire (mon que les telles
auoient les Crânes fort efpois ainfy qiul fe veoit par les figures marquées, cinq,
fix, fept, et h u ici:, et toutes auoient les dents fort feines, tontes placées de la mefme
manière le long de ces deux grandes pierres mifes debout, toutes regardant au
foleil du midy et toutes ayant chacune vne petite pierre fous elles de la manière
quelles font defignees. celles qui eft marquées, 9. eft vne petite pierre qui paroift
de marbre bleu et blanc; 10 eft vne petite pierre de marbre blanc ou d'albaftre,
ayant les deux trous percez inégalement lun dun cofte grand et dautre petit, les
autres marquées 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18 et 19 nayant rien qui meritaftde
les confiderer, eftants de Cailloux a feu fort communs dans ce lieu la, finon que
chacune eftoit fous vne de ces telles et toutes taillées de mefme manière dnn cofté
fort vnies et de lautre auec vne petite nerueure les 20 et 2 1 eilant pierres fort dures
polies fur la meulle ou fur dautres pierres, dun grain fort délié, et dune couleur
grifatre et la 22. dune pierre a feu de Caillou ordinaire. Les figures 23 et 24.
font morceaux de Corne de cerf la 24. eft rompue par la moitié, dans lune et dans
lautre femboittoient les pierres marquées 21 et 2 1 pour en faire vne hachette
comme efl la figure 25.
La figure 26. eft vn os du Tibia dun cheual ayguifé pour le mettre au bout dun
ballon et en faire vne dague. Il y en auoit trois de cette nature aufTy pofez fous
vne de ces tcftes chacune vne.
On a remarqué qu au de fins de tous ces corps enuiron vn pied au de fins dans la
terre, on y a trouué trois ou quatre petits pots dune terre fort noire qui eftoit
molle comme de la cire et quon ne peut tirer de la terre que par morceaux dans
lefquels il y auoit du Charbon debois aufTy entier comme sil y auoit elle mis
depuis vn an.
Tout cela fuppofé dans la pure vérité de toutes les circonflantes on demande
de quelle nation ponuoient eftre ces hommes la dont les os du crâne font dnne
efpoifTeur fi extraordinaire et qui paroifTent aux connoifTeurs deuoir eftre en ce
lieu la depuis vn grand nombre de fiecles ?
CORRESPONDANCE. 169O. 365
Ces hommes inconneus qui vrayfemblablement auoient de bons mémoires
pour trouuer juftement ce quils cherchoient feroient croire que cela ne doit pas
eftre fi ancien, et quils y ont trouué de largent.
Mais on refpond que ce ne peuuent eftre des anglois ou dautres qui furent tuez
en la bataille donné en ce lieu de cocherel entre Bertrand du Quefclin, et le Captai
de Bufch en lan 1360. parce que ces oflements paroiflent de pluficurs fiecles
plus anciens, outre que les anglois ny d'autres nations qui pouuoient eftre auec
eux ne fe feruoient point de femblables armes et quil ne foit trouué aucun metail.
Que ce foient des Normands qui vinrent dans le commencement du neufiëfme
fiecle il ny a point dapparence parce que les Normands auoient l'ufage du fer, et
des bonnets fourrez et lefpoifTeur de tous ces crânes marquent que ceftoient des
gens qui marchoient la tefte defcouuerte.
On pourrait croire que ce pourroient eftre quelques barbares plus feptentro-
naux que les Normands qui nauoient point lufage du fer, qui alloient tefte nue et
que ces morceaux de Corne quon croit eftre de cerf pourroient a caufe de leur
gro fleur eftre de Rennes qui font fort communs dans les pays feptentrionaux mais
ces pierres marquées 2 et 4. et 9 et 10, ne font point des pierres qui fe trouuent
vers le Nort, ces deux, premières eftant pierres d'Orient, déplus, Il ny a point
d'hiftoriens qui fafîent mention que les incurfions des Normands fuflent compofées
de différents peuples. Quelques vns ont penfé que ce pourroient eftre des Juifs qui
placeoient leurs fepultures en des lieux efleuez et efloignez des habitations des
autres hommes, que ces pierres marquées 1 et 3 eftoient propres pour efgorger les
viftimes quils facrifioient, et que les pierres marquées 2. 4. 20 et 21 pourroient
feruir a faire la circoncifion, eftant confiant quils fe font longtemps feruis de
Coufteaux de pierre pour ces deux vfages, et mefme quils auoient couftume en
enterrant les corps de mettre de petits pots remplis de Charbon auec de l'encens
et dautres parfums.
Mais il ny a pas dapparence que ce peuflent eftre des Juifs qui ne manquoient
jamais de mettre quelques Caractères fur les pierres qui fermoient leurs tombeaux
ou celles qui3) portoient a leur col comme font les ^ et 10. Ils n'auoient point en
vfage de mettre de ces pierres et de ces autres jnftruments qui paroifTent auoir
feruy d'armes offenfiues fous les telles de leurs morts, et on ne pourroit rendre
aucune raifon de lefpoifTeur de ces crânes, ny de ces pierres dorient. On peut
dire que ce feroient, ou Teutons, ou allains, ou huns, qui font venus par la Saxe et
la franconie dez le temps de Marins qui allèrent jufques en prouence ou ils don-
nèrent vne très fanglante bataille, ou il en demeura plufieurs milliers. Mais il eft
bien difficile de déterminer precifement, ny le temps, ny de quelle nation eftoient
ces gens la puis quon na rien de certain qui les diftingue, ou du moins, on n'a rien
remarqué dans les plus anciens hiftoriens, ny dans ceux qui ont efcrit de toutes les
3) Lisez: qu'ils.
366 CORRESPONDANCE. 1 690.
manières denieuelir les morts qui puiïïent faire connoiftre auec certitude dequelle
nation pouuaient eitre ces hommes la et dequel temps ils ont elle mis en ce Tom-
beau. Snrquoy, on fupplie les Curieux et les Scauants de lantiquité, de vouloir
taire part de leurs lumières pour diffiper tous ces doutes, et de décider fur ce point
dhilloire, qui na peu jufques a prefent eltre eitably par aucun de ceux auxquels
on a communiqué ce récit.
N° 2561.
Christiaan Huygens à G. W. Leibniz.
8 FÉVRIER 1690 ').
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre se trouve à Hannover, Bibliothèque Royale.
Le sommaire a été publié far P. J. Uylenbroek z).
La lettre a été publiée par C. I. Ger/iardt*).
Elle est la réponse au No. 2512.
Leibniz y répondit par sa lettre du 13 octobre suivant.
A. M. Leibniz4)-
9 Février 1690.
Sommaire: J'envoie un exemplaire du Traité de la Lumière etc. J'ay receu fa très obligeante lettre à
l'occafion de fon problème que j'avois refolu, a laquelle je n'ay point repondu pour avoir
trop différé, comme cela arrive, et parce que je feavois que j'aurais cette occafion icy. Que
ce qu'il a eferit des Orbes Elliptiques dans les Aéta de Leipfich citant conçu devant qu'il avoit
veu le livre de Newton, mais feulement l'Extrait, s'il n'a pas changé d'avis depuis l'avoir
îû et s'il n'a pas rejette les tourbillons de des Cartes? Qu'il y a beaucoup d'obfcuritè dans ce
que luy Leibniz propofe. plus que chez Newton, qu'il faudrait eitrc plus clair. Qu'il verra
ce que j'efcrisdu mouvement des corps empefehez par l'air, et ce qu'en a eferit Newton. Que
je demande fon jugement.
Il eft bien tard de vous dire maintenant (fi toutefois je ne dois pas l'omettre)
que je reçus la très obligeante lettre que vous m'efcrivifles il y a quelques 8 ou 10
mois, à l'occafion de Voftre Problème dont vous aviez trouvé ma folution dans les
Nouvelles des Sçavans 5). Je ne fçaurois vous dire pourquoy je n'y ay pas fait de
refponfe, fi ce n'eft par ce que je l'avais différée, comme cela arrive parfois, et que
dès lors je prevoiois cette occafion prefente de vous devoir enuoier le livre que
j'allois faire imprimer. La lenteur des ouvriers, et un voiage que je fis en Angle-
terre depuis que l'édition efloit commencée, ont fait qu'elle a traîné jufqu'icy. Le
') Nous adoptons la date de la lettre, celle du sommaire étant du jour suivant.
2) Chr. Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae Fasc. I, page 22.
3) Leibnizens Mathematische Schriften. II, p. 40, et Der Briefwechsel von Leibniz, etc p. 593.
4) La lettre accompagna l'envoi d'un exemplaire du „Traité de la Lumière", confié à van der
Meck, agent du duc de Hannover; elle ne fut reçue par Leibniz que vers la fin du mois de sep-
tembre. Consultez la Lettre du 24 août 1690, de Huygens à Leibniz, et celle du 13 octobre
1690, de Leibniz. 5) Voir la pièce N°. 2489.
CORRESPONDANCE. 169O.
;6?
voila enfin achevé ce gros volume, et qui vous demande quelques heures de voftre
loifir pour eftre lu, comme à un juge très compétent en ces matières. Outre le Traité
de la Lumière vous y verrez un difcours de la caufe de la Pefanteur, et ce que j'y
ay adjoutè touchant les corps qui traversent l'air ou quelqu'autre milieu qui leur
fait reiiftence, de quoy vous avez traité aufli6), et Mr. Newton plus amplement
que pas un de nous deux"). Je vois que vous vous eftes encore rencontré avec luy
en ce qui regarde la caufe naturelle des chemins Elliptiques des Planètes 8) mais
6) Dans les Acta Eruditorum de janvier 1689, sous le titre :
„Schediasma de resistentia Medii, et Motu projectorum gravium in medio resistente".
7) Dans les quatre premières sections du livre II des „Principia", intitulées :
De motu corporum quibns resistitur in ratione velocitatis; De motu corporumquibus
resistitur in duplicata ratione velocitatum ; De motu corporum quae resistuntur partim in
ratione velocitatis, partim in ejusdem ratione duplicata; De corporum circulari motu in
mediis resistentibus.
8) Il s'agit de l'article de Leibniz dans les „Acta Eruditorum" de février 1689, intitulé: „Ten-
tamen de motuum coelestium causis". Dans cet article remarquable Leibniz considère le
mouvement d'une planète perpendiculaire au rayon vecteur (le mouvement circulatoire)
comme causé par la présence d'un tourbillon Cartésien dans lequel les vitesses sont récipro-
quement proportionelles au rayon vecteur (un tourbillon harmonique, comme il l'appelle).
Après avoir déduit de cette hypothèse la deuxième loi de Kepler, il procède à l'étude du
mouvement relatif le long du rayon vecteur. Il en cherche l'explication dans la coopération
d'une force centrifuge, agissant conformément aux lois données pour la première fois par
Huygens, et d'une force attractive. Au moyen de raisonnements et de calculs, justes au
fond, quoique entachés d'une erreur importante, mais qui ne touche pas aux principes, il
démontre que dans l'orbite elliptique d'une planète
cette force doit être réciproquement proportio-
nelle au carré du rayon vecteur.
Ajoutons que l'erreur en question consiste en
ceci, qu'il n'est pas permis de considérer les trian-
gles M,NM2 et MsD2(ï de la figure ci-jointe,
comme congruents, quoique en effet MjN soit égal
à Mr,D2 avec une approximation suffisante. On
doit donc construire non seulement dans le secteur
0M,M, la droite M3G parallèle à la tangente
MjL, comme Leibniz l'indique, mais de même,
dans le secteur 0M,M,, la droite MXG'. Alors
les raisonnements, appliqués par Leibniz, condui-
sent à la relation juste :
M1P-T:M! = 2D!T!-2M3 L, qui doit
remplacer celle de Leibniz: M2 P — Ta M2 =
= 2D, T2 — M3 L.
Par suite de cette erreur, Leibniz trouve donc
pour la force attractive le double de ce qu'elle est
réellement, ce qui n'empêche pas qu'elle ne reste proportionelle au carré inverse du rayon
vecteur.
368 CORRESPONDANCE. 1690.
comme en traitant cette matière vous n'aviez encore vCi qu'un extrait de Ton livre 9)
et non pas le livre me fine, je voudrois bien fçavoir fi du depuis vous n'avez rien
changé à voftre Théorie, parce que vous y faites entrer les Tourbillons de Mr.
des Cartes, qui à mon avis IO) font fuperflus, fi on admet le Syfteme de Mr. Newton
où le mouvement des Planètes s'explique par la pefanteur vers le Soleil et la
vis centrifuga, qui fe contrebalancent. Outre que ces Tourbillons Cartefiens
faifoient naître plufieurs difficultés, comme vous verrez pas mes remarques et
mefme fans elles vous ne pouviez pas l'ignorer. Je ne feray pas cette lettre plus
longue, puifque je vous envoie aflez d'ailleurs pour dérober de voftre temps. Je
vous fupplieray feulement que lors que vous aurez examiné ces petits Traitez,
de m'en faire fçavoir voftre fentiment et fi j'ay elle afiez heureux pour y avancer
quelque choie qui vous (bit nouvelle et qui vous fatisfafle.
Je fuis de ceux qui vous honnorent le plus, Monfieur et demeure etc.
9) L'extrait en question est celui qui parut dans les Acta Eruditorum de juin 1688, comme il
résulte de la phrase suivante de l'article: G.G.L. De Lineis opticis et alia (Acta Erud. janv.
1689, p. 36):
Inspicienti igitur Junium anni 1688 occurrit relatio de principiis Naturae Mathematicis
Viri Clarissimi Isaaci Newtoni, quam licet a praesentibus meis cogitationibus longe semotam
avide et magna cum delectatione legi". Les „Principia" eux-mêmes ne sont parvenus à Leibniz
qu'à Rom? pendant son séjour dans cette ville d'avril jusqu'en octobre 1689. Voir l'Appen-
dice à sa lettre à Huygens du 1 3 octobre 1690.
10) On verra dans l'Appendice cité dans la note précédente, que Leibniz, quoique peu incliné à
abandonner les tourbillons, a compris toute la portée de cette remarque. En effet, il y
démontre que dans son système même le tourbillon harmonique est superflu, parce que la
vitesse circulatoire qu'il imprimerait à la planète est identique ave celle qu'elle possède de
soi-même en vertu de la loi de l'inertie et de l'effet de la force attractive.
CORRESPONDANCE. 1690. 369
N= 2562.
Christiaan Huygens à J. Hudde.
II FÉVRIER 1690.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Aen de Hr. Hudde, Raed en Borgemeefter der Stad
Amfterdam, Bewinthebbcr van de Ooft Ind. Com-
pagnie &c.
1 1 feb. 90.
Sendt hier nevens een Exemplaer van i tra&atjes ') nienwelijcks door mij in
't licht gegeven.
Dat ick weet hoe weynigh tegenwoordigh te pafTe komt aen S. Edt. iets van
defe nature te offereren, als die befigh is met feer gewichtige faecken en daer de
ruft en welvaren van ons vaderlandt aen gelegen is.
Dat ick daerom groot ongelijck foude hebben indien ick dacht dat hij nu defe
dingen doorlefen en examineren fonde.
Dat het daer verre van daen is, en dat alhoewel ick fijn oordeel hier outrent
feer hoogachte en geern verftaen fonde, foo en wil ick nochtans 't felve niet ver-
wachten als bij gelegenheydt van beter en gerulter tijden, welcke met verlangen
te gemoet fiende en ten deele van lîjne wijfheydt en moderatie verwachtende,
blijve &c.
Seer ootmoedigen en
Ns 2563.
Christiaan Huygens à P. Bayle.
17 FÉVRIER 169O.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
A Mr. Bayle Prof, en Philofophie
A la Haye 17 feb, 1690.
Vous elles M on fi eu r du nombre de ce peu de gens pour qui ce livre a elle fait,
et que je fouhaite d'avoir pour lefteurs. C'eft ce qui m'obligeroit de vous en en-
') Le Traité de la Lumière et le Discours de la Cause de la Pesanteur.
Œuvres. T. IX. 47
2JO CORRESPONDANCE. 169O.
voier cet Exemplaire quand je ne vous le devrois pas d'ailleurs, pour avoir receu
cy devant de voltre libéralité des productions meilleures et plus achevées de voftre
efprit '). Je fuis Monfieur
Voftre &c.
N2 2564.
Christiaan Huygens à P. E. Vegelin van Claerbergen.
17 FÉVRIER 169O.
La note se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Sommaire: Efcrit et envoie des Exemplaires le 17 Febr. 90 a Mr. Fullenius1) et a Mr. Vegelin de
Claerbergue *) Consr. de S. Alt. Monsgr. le Pr. de NarTau le pacquet eft parti le 23 revr. par
le MeflTager de Frife. Il eft adrerfè a Mr. Vegelin, qui eft prié d'envoier le paquet enclos a
Mr. Fullenius; et un exemplaire aux autheurs des Acï:a Eruditorum a Leipfick.
Receu Reiponle de Mr. de Vegelin le 10 Avr. eferit le 28 Mars S. Vet. par M. Jan Boita
Concierge de S. Altefle.
Ns 2565-
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
24 février 1690.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2559.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2.567.
Whitehall ce 124 Fevr. 90.
La voftre du y.e m'a eftè rendue a fon temps, mais vos livres enfemble avec
des couvertures pour des chevaux que ma femme m'a envoyé ne m'ont efte déli-
vrés que Lundy pafTé je croy que cela eft arrivé par l'embarras ou Orange ') s'eft
trouvé pour avoir voulu faire pafTer fans le Cuftome quelque pièce de toile de
Hollande et des dentelles qu'il avoit toutes cachées fur fon corps nud, mais ayant
efté fouillé on luy a tout ofté.
Ayant receu les livres j'allay chercher dhilliers2) en Suffolkeftreet, mais on me
') Voir les Lettres Nos. 2320 et 2336.
') Voir la Lettre N°. 2317, note 1. 2) Voir la Lettre N°. 23 16, note 1.
') Le domestique et tafeldecker nommé dans la Lettre N°. 2559.
2) Fatio de Duillier.
CORRESPONDANCE. I 6oO. 37 I
dit, qu'il avoit décampé de là, il y avoit defja du temps, et qu'il logeoit chez
mylord Paget 3) in Blombury-Squarc qui eft fort éloigné de la dite rue. Ayant
trouvé a la fin la mai Ton de ce Lord, j'appris en mefme temps qu'il n'y avoit per-
fonne dedans; un feul valet qui la gardoit eftant forty, et le Lord depuis bien du
temps citant party pour trouver l'Empereur a Augfbourg. Peut eftre que Fatio
y fera allé avec luy, au moins perfonne de ceux a qui j'ay parlé de luy ne m'a fceu
indiquer ce qu'il eft devenu 4).
J'ay donc donné vos exemplaires au Dr. Stanley qui s'efl chargé d'en faire la
diftribution et comme il n'y en avoit point pour luy, et qu'il euft elle peu civil de
le charger de cette peine, fans aucune douceur pour fa peine, je luy ay donné
l'exemplaire de Fatio, a qui vous pourrez en procurer un autre quand il appa-
roiftra derechef.
Le voyage d'Irlande n'eft que trop certain, et les préparatifs et les équipages
qu'on fait en font des marques afTez feures. Ceux que je fuis obligé de faire pour
mon particulier de dix ou douze chevaux etc. ne me permettent pas de fonger a
l'achapt des cftampes de Mr.Ockertfen.On fe flatte icy de ce que cette expédition
ne nous occupera pas longtemps, quelques uns voulant mefme aller encore cette
année en France, mais a tout cela il y a bien de l'incertitude. Le vieux Parlement
ne donnera plus des confeils au Roy eftant congédié et pour le nouveau qui s'af-
femblera le 20 de Mars vieux ftile, on ne croid pas qu'il fera contraire a ce
voyage, qui pourroit pourtant eau fer des accidents fâcheux.
Wiljet pourroit bien me fervir durant ce voyage mais quelle apparence qu'après
tant de fraix que je feray obligé de faire je m'aille encore charger d'un homme
par defTus 5 autres que j'ay defja ou auray au premier jour ?
Voor de Heer van Zeelhem5)-
3) William Paget, né le 10 février 163-, membre du House of Lords depuis le 25 novembre
1678. Partisan de Willem III, il devint, à l'avènement de celui-ci, Lord-lieutenant de Staf-
fordshire. En septembre 1690, il fut chargé de l'ambassade à Vienne et en février 1693 de
celle en Turquie, dans laquelle il se distingua particulièrement. En juin 1703 il reprit son
poste de Lord-lieutenant de Staffoidshire. Il mourut à Londres le 26 février 171 3.
•*) Consultez la Lettre N°. 2569.
s) Sur la lettre Chr. Huygens a noté : Dr. Stanley pourra feavoir de Mr. Boyle et les
autres à qui il donnera mes exemplaires ce qui eft devenu Fatio, ce que je
fouhaite fort de feavoir, gardez ma lettre que je luy ay eferitc. Comparez la Lettre
N°. 2567.
3,72 CORRESPONDANCE. 1 690.
N° 2566.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
24 FÉVRIER 1690.
La lettre se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2559 et s^est croisée avec le No. 2565.
Const. Huygens y refondit par le No. 2569.
A la Haye ce 24 fevr. 90.
Je vous ay eferit du 7 de ce mois, pour vous donner avis que je vous envoiois
par le moien d'un nommé L'orangeois ou l'Orange, domeftique et Tafeldeckcr de
fa Majellè, 8 Exemplaires de mon Livre nouvellement imprime defquels je vous
priois d'en remettre 7 à Mr. Fado, ou s'il n'efioit plus a Londres, au Dr. Stanley
pour en faire la difhïbution au[x] perfonnes que je vous nommay dans ma lettre. Je
crois que celuy qui s'eft chargé de ces livres aura efté longtemps ar relié a Helvoet
en attendant le vent, mais je ne doute pas qu'il ne foit maintenant arrivé a Lon-
dres. Mandez moy donc je vous prie s'il vous a rendu ce paquet, et.fi vous avez
fait tenir les 7 Exemplaires et ma lettre à Mr. Fatio. Je n'en ay point envoie à
Mil. Pembrock ') parce qu'on tenoit pour certain qu'il alloit venir icy pour affilier
a la conférence des Alliez. J'en devrois bien envoier auffi a Mr. Wren, et Dr.
Wallis, mais je ne fçaypas s'ils entendent le François.
J'ay vu ces jours pafTez Mil.d Portlant qui me reçut avec beaucoup d'hon-
nefleté, mais lors qu'entre autres chofes je lu y parlay touchant mon affaire2), il fit
femblant de n'en avoir point de connoi fiance, ou peut eflre la quantité d'affaires
de plus grande importance qu'il a dans la telle depuis qu'il efl icy, luy en a oflè le
fouvenir. Il me fit pourtant de belles offres de fervice en cas qu'il fe prefentafl
d'occafion, foit en cette affaire ou ailleurs. L'affaire d'Amllerdam 3), que ces
') Thomas Herbert, né en 1653, lils de Philip Herbert, et huitième earl ofPembroke depuis la
mort de ses deux frères aînés. Il fut très en faveur auprès de Willem III, qui le nomma Lord-
lieutenant de Wiltshire, et en 1690 premier lord de l'amirauté. En 1 701 il devint high admirai,
titre qu'il perdit à l'avènement de la reine Anna, mais qu'il reprit en 1707. Il fut président
de la Société royale de 1689 à 1690 et mourut le 11 janvier 1733.
2) La sollicitation pour la place vacante dans le conseil du Stadhouder.
3) En 1689 l'élection périodique des échevins d'Amsterdam avait donné lieu, entre les bourg-
mestres d'Amsterdam et le prince Willem III, à une question de droit administratif, qui, se
traînant en longueur, prit de plus en plus un caractère aigu. Les premiers, se fondant sur le
texte d'un privilège, accordé par le roi Philippe II, prétendirent que, par suite de l'absence du
Stadhouder,la nomination des éche vins devait se faire par les conseillers de I lollande, auxquels,
en effet, ils avaient envoyé la liste des candidats qu'ils devaient présenter en nombre double.
Les conseillers de Hollande se déclarèrent incompétents, ceux d'Amsterdam refusèrent de
présenter la liste à Willem III. Dans le cours de cette querelle, les députés d'Amsterdam
aux Etats généraux s'étaient encore opposés à l'élection de deux députés, favoris de Wil-
CORRESPONDANCE. 1690. 373
Meilleurs avoient entreprife très mal à propos, a ce qu'on tient fera accommodée
et terminée dans peu de jours, et on attend pour cela le retour de leur [s] députez
qui partirent d'icy il y a 3 jours.
Vous aurez fceu la mort du Philoibphe Heemfkerck, de qui le Tellament fut
ouvert avant hier, contenant un lais pour Mad.He Cab.4) de 1 200 liv. par an, à payer
par quartiers; ce qui joint au tefmoignage de Mr. Vollenhove, a qui le deffunt a
protellè que dans le commerce qu'il a eu avec lad. te Damoifelle, il ne s'eil rien
paffè que de fort honnefle, la fauve heureufement et du colle de la fubfiilence et
de celuy de l'honneur, quoy qu'il y ait des gens qui ne veulent pas ajouter foy a
cette déclaration, et difent qu'en la faifant il n'aura plus elle dans fon bon feus.
Je vous prie de ne pas oublier de me faire fcavoir touchant mes livres, quant
ce ne feroit que par un mot en écrivant à Mad.me vollre Femme.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem
Secretaris van fijne koninklijke Majefteyt
Tôt
Londen.
N° 2567.
Christiaan IIuvgens à Constantyn Huvgens, frère.
28 FÉVRIER 169O.
La le tire se trouve à f.c'nle:i , coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2566, s'est croisée avec le No. 2569 et est la réponse au No. 2565.
Consl. Huygens y répondit par le No. 2569.
A la Haye ce a 8 fevr. 90.
J'ay receu ce matin vollre lettre du 24 de ce mois. Je vous remercie de la peine
que vous avez bien voulu prendre vous mefme de chercher Mr. Fatio. C'ell ma
faute de n'avoir pas entretenu le commerce avec luy, car fi je l'avois fait, nous ne
ferions pas maintenant en peine de le chercher. Sans luy je n'auray point de
refponfe des autres à qui j'ay envoie de mes Exemplaires, parce qu'il n'y a que
luy a qui j'ay eferit. S'il efloit parti pour l'Allemagne avec ce Mil. Paget, il
lem III, savoir Kornelis Teunissen van Halewijn, de Dordrecht, et Bentink, duc de Portland.
L'opposition contre ce dernier était fondée sur l'article de la loi qui excluait des Etats tons
ceux qui seraient au service d'un Ltat étranger. Or, Portland faisait partie du Parlement
anglais. Les députés d'Amsterdam déclarèrent ne pas pouvoir prendre part aux séances des
Etats tant que Portland y serait présent. Le différend se termina par un compromis, par
lequel il fut convenu que Portland ne paraîtrait plus aux séances des Etats.
4) Cabeljauw; voir la Lettre N°. 2430, note 3.
374 CORRESPONDANCE. 169O.
devroit eftre palTc icy et comme je ne l'ay point vu, cela me fait efperer qu'on le
trouvera encore en Angleterre, ce que le Dr. Stanley pourra apprendre, ou aura
défia appris, de ceux à qui il aura fait tenir les d[it]s Exemplaires, fur tout de
M. Boyle ou de Mr. Locke. Il eft très jufte que ce Dr. ait un Exemplaire pour
fa peine, pourvu qu'il le veuille, ou qu'il fcache qu'en faire. Monsr. Dalonne ') a
efcrit icy a fes amis pour en avoir, mais je ne crois pas qu'ils fe vendent encore
parce que le Sr. P. van der Aa en pretendoit faire le premier débit a la foire de
Francfort.
Je puis croire facilement que levoiage d'Irlande2) ne vous doit pas faire plaifir,
comme eftant de grand embaras et dans un méchant païs. quelle peine d'aller
embarquer, parler la mer, débarquer, et après cela fuivre l'armée.
Je n'avois pas la moindre penfée que Williet feroit a vos gages, mais aux dépens
de Ms. nos Ertats; comme il l'avoit aufTi entendu ; et fondent, qu'on vous l'auroit
accordé a la place de ces meiTagers que vous aviez cydevant, fi vous l'enfliez voulu
demander. C'eft a vous a fonger fi cela mérite que vous preniez cette peine, mais
en vérité je fouhaiterois que vous eufliez plus de compagnie de gens affidez dans
ce futur voiage qu'il me femble que vous n'aurez. L'un de vos commis eftant de
peu de fatigue et maladif.
Lors que je vous écrivis ma dernière du 24e de ce mois on croioit que l'affaire
d'Amfterdam3) s'alloit accommoder, mais il en eft tout autrement, et ces gens
femblent s'éloigner de plus en plus.Latet nefcioquod magni mali. Tous les mecon-
tants fe déchaînent et parlent de bien autres chofesquede la création des Echevins
d'Amfterdam. Avanthier mourut le Sr. de Warmenhuijfen 4), ne s'eftant pu remet-
tre après certaine débauche faite a Leijden ou il s'eftoit trop charge de vin. Cette
mort n'a rien d'étrange pour un Heemraedt, qui eftoit fa nouvelle dignité.
Si le Dr. Stanley découvre quelque chofe touchant Mr. Fatio, je. vous prie de
me le mander, et qu'il ait ma lettre s'il eft poflible. Autrement il faudra que
j'écrive à M. Newton.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuyllîciiem
Secretaris van Sijne koninglijcke Majefteijt
Tôt Londen.
') Voir, sur d'Alonne, la Lettre N°. 2385, note 3.
2) Il s'agit de l'expédition projetée du roi Willem III en Irlande.
3) Voir la Lettre N°. 2566, note 3.
4) Nicolaes Sohier de Vcrmandois; voir la Lettre N°. 1755, note 7. D'après le Leenregister des
années 1690 à 1693, Chapitre Kennemerland,f°. 520, des Archives de l'Etat, la seigneurie fut
accordée à Adriana Constantia, fille de Nicolaes et de Anna Christina Pauw, le 15 mars 1691.
CORRESPONDANCE. 169O. 375
N= 2568.
Ph. de la Mire à Christiaan IIuygens.
1er mars 1690.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2557.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2579.
A Paris à l'Obferuatoire le i Mars 1690.
Monsieur
Vous mauez fait un très grand plaifir de me donner de nos nouuelles dont il y
auoit très longtemps que j'ellois en peine, et je fuis fort aife de connoitre que nous
nous portez bien; J'attendois toujours que nous m'enuoyafiiez par quelque com-
modité le relie de nos écrits que nous maniez fait efperer1), ce qui pourtant ne m'a
pas empefché de faire imprimer ce que j'ay receu de nous tout corrigé et comme
uous l'auez fouhaitté 2), j'efpere que nous ferez content de limpreffion, iaurois
fouhaitté qu'il y en eut eu dauantage. Je n'ay rien pris dans nos regiftres pour y
joindre fuiuant ce que uous maniez efcrit que uous fouhaittiez y faire pluiieurs
changemens et que uous ne feriez pas bien aife quon ait ces ouurages en l'eilat ou
nous les auiez mis autrefois et fans y donner la dernière main. Vous mapprenezaufii
que uous auez fait imprimer uoflre dioptrique ce qui me rejouit fort efperant la
pouuoir noir bientofl;mais j'aurois elle plus content fi elle auoit elle imprimée dans
noflre recueil. J'acheue de faire imprimer dans ce liure quelque fragmens de Mr.
Picard3) ce qui ellant fait iy ajouteray pour finir quelques petits ouurages que la
compagnie a trouué a propos que jy miffe du mien4). J'ay referué les obferuations
de M. Picard pour un autre uolume et j'ay affecté dansceluy cy de n'y rien mettre
dallronomie, pour biffer la liberté tout entierre a M. Caflini de faire imprimer a
la fin du liure des uoyages plufieurs ouurages qui font defja fort auancez après
quoy ce liure de uoyages fera donné au public, il y a mis entrautres chofes des
tables fort amples pour les fatellites de Jupiter et de faturne 5). Ceil a quoy Mr.
') Voir les Lettres Nos. 2455 et 2525. :) Voir la Lettre N°. 2435, note 1.
3) Les cinq articles „De la pratique des grands Cadrans pour le calcul", „De mensuris", „De
mensura liquidorum & aridorum", „Experimenta circa aquas effluentes" et „Fragmens de
Dioptrique".
4) Les „Divers Ouvrages de Mathématique et de Physique" ne contiennent aucun article de de
la Hire.
5) Voir les „Recueils d'Observations faites en plusieurs voyages, par ordre de sa Majesté, pour
perfectionner l'astronomie et la géographie; avec divers Traités astronomiques, par MM. de
l'Académie des Sciences. Paris, 1693. in-f°. Le numéro 12 de cette collection contient:
Les Hypothèses et les Tables des satellites de Jupiter, réformées sur de nouvelles observa-
tions par M. Cassini.
Les ouvrages rassemblés dans les „Recueils" ont été réimprimés dans les Mémoires de
l'Académie des Sciences.
37^ CORRESPONDANCE. 169O.
Caffini eft le plus occupé. Je doute encore fi jajouteray a la fin de noftre recueil
la manière pour corriger ou pour connoitre lheure de la pendule auec une
defcription de ma machine des Eclipfes6) que les R. pères jefuites ont fait impri-
mer pour la commodité de leurs mifïîonaires au leuant, cette machine dont je doute
que uous ayez entendu parler quoy qu'il y ait fort longtemps que je l'aye faite eft
fort commode pour les peuples orientaux a caufe des années lunaires fur les
quelles elle eft conftruite ce n'eft pas quelle ne foit au (fi rapportée a noftre calen-
drier. Je lauois négligée a caufe de celle de M. Roemcr7) qui me preuint quoyqne
j'y eufte trauaillé longtemps auant luy la mienne eft plus fimple et plus iufte que
la fienne mais a loccafion des premiers uoyages que Ion fit a Siam le Roy en fit
faire pour faire prefent au Roy de Siam. Je fouhaitterois Monfieur pour mon in-
tereft particulier que uous uoulufliez bien auflî menuoyer une defcription exacte
auec une figure de uoftre machine des planettes8) que je tiens beaucoup plus jufte
que celle de Mr. Romer7) et bien moins embarraftante. Je la ferois auffi imprimer
auec uoftre permiilion dans noftre recueil, car je ne uois pas que je puifte facile-
ment l'aller noir fur les lieux ce que je fouhaitterois pourtant pouuoir faire. Pour
ce qui eft de mes tables aftronomiques9) ceft un ouurage que je mcditois il y auoit
longtemps fans auoir uoulu en parler pour plufieurs raifons et j'ay hazardé cette
première partie a caufe que jauois peur deftre preuenu ou arrefté par quelques
empefchemens qui auroient pu furuenir. Il ncft pas neceftaire que je uous marque
ce qu'il y a de bon et de mauuais uous eftes plus capable que perfonne den juger.
Je uous puis feulement a fleurer que toutes les obferuations des eftoiles et du foleil
que j'ay faites depuis m'ont confirmé dans ce que i'ay fait qui ne fcauroit eftre plus
exact autant je le puis conjecturer a moins qu'on ne trouue dautres manières
dobferuer beaucoup plus fines que celles dont je me fuis ferui. Mais que pourra-
ton jamais trouuer meilleur pour mefurer le temps, que nos horloges a pendule,
je naurois jamais pu croire qu'on eut pu ucnir a cette precifion fi je ne lauois
connu par ma propre expérience Je ne fcaurois m'imaginer quil foit très difficile
5) Voir la Lettre N°. 2515, note 4. De la Hire a donné la description de cette machine dans
une brochure de 16 pages, citée dans la Bibliographie astronomique de Lalande sous le
titre:
Trouver la correction des observations correspondantes devant et après midi. Description
d'une machine qui montre les éclipses. Paris, 1689. in 40.
7) Voir la Lettre N°. 2255, note 3.
8) l' Automaton Planétarium; voir les Lettres N°. 2514, note 3, et N°. 2255, note 5.
y) Tabularum Astronomicarum pars prior, de motibus Solis & Lunae, necnon de positione
iixarum, ex ipsis observationibus deductis; cum usu Tabularum. Adjecta geometrica metho-
dus computandi eclipsium per solam trianguloriim anaiysin ad meridiaiuim Parisiensem.
Auctore Ph. de la I lire, Kegio Matheseos Professore ac llegiac scientiarum Academiae Socio.
Parisiis, 1687. in-40.
CORRESPONDANCE. 169O. 377
de donner des tables des aequations du centre d'une planète fans auoir aucun égard
a la figure de (on orbite quand on a un très grand nombre de points obferuez
comme j'ay car les interualles qu'il y aura entre les obferuations feront toujours
faciles a remplir, fi dailleurs on connoit bien le moyen mouuement. Les deux ob-
feruations des eclipfes de foleil qui font arriuées depuis limpreffion de mes tables
mont fait remarquer quelques petites corrections quil ma fallu faire aux mouue-
mens de la lune dont je ne pouuois rien fcauoir dafîeuré fans ce fecours; car nous
fcauez Monfieur que pour ceux qui obferuent finement, les obferuations des
Eclipfes de foleil font bien plus déterminantes que celles de lune ou il sy méfie
plufieurs elemens que Ion ne pourra jamais demefier ny connoitre parfaitement.
Je ne feaurois eilre perfuadé que les corps celefles doiuent fe mouuoir fur des
Ellipfes et mefme je me trouue afTeuré du contraire dans le foleil et dans la lune
nous uoyez auffi que Kepler eil obligé de méfier plufieurs autres mouuemens a fon
orbite elliptique de la lune pour rendre raifon des apparences quil connoifïbit,
mais il ell fort éloigné de celles qu'il ne connoiffoit pas. J'ay beaucoup d'ellime
pour M. Flamiled; mais il me femble quil fe tourmente bien en nain de uouloir
mettre fon quart de cercle parfaitement dans le plan du méridien et quand mefme
il y feroit, qui lafTeurera que laxe de fa lunette qui fert d'alidade et qui doitpaïïer
par le centre de l'objectif et par le filet foit une ligne droite parallèle a quelque
ligne pofée fur le plan de fon méridien, cet axe pourra décrire dans fon mouue-
ment une fuperficie conique qui coupera en deux endroits le plan du méridien qui
pafferoit par le centre de l'objectif, ce font des delicateffes a la uerité mais qui ne
laiffent pas de monter a plufieurs fécondes de temps comme je lay très bien re-
marqué, et pour moy il mimporte peu que ma pendule foit exactement au moyen
mouuement du foleil pourueu que je connoiffe bien le nombre des fécondes dont
elle en efi: éloignée uous uoyez bien que cefl la mefme chofe, et de plus M. Flam-
fled ne peut élire afTeuré que fon quart de cercle demeure toujours dans la mefme
pofition que par des obferuations exactes faites au ciel, fi nos libraires auoient pu
auoir uoflre ouurage de la lumière et de la pefanteur je laurois déjà uû mais il faut
auoir un peu de patience, tout ce qui nient de uous efi fi beau et fi rare quil me
femble ne pouuoir mieux employer mon temps qua méditer fur nos ouurages et
je ne uois rien dans lantiquité qui en puiffe approcher. Je uous prie Monfieur de
remarquer icy en pafTant que uous ne deuez pas trouuer mauuais fi le difeours de
la caufe de la pefanteur efi imprimé dans nos collections comme uous me l'auez
enuoyé, car uous ne maniez point marqué que uous uoulufïiez laugmenter ou le
faire imprimer en particulier et cefl une chofe faite il y a déjà du temps, et fi jaunis
eu occafion je uous aurois enuoyé tout ce que jay fait imprimer de nos ouurages.
Vous me parlez aufiî dun paquet que uous croyez élire uenu dicy I0) mais je nen ay
IO) Voir le post-scriptum de la Lettre N°. 2548.
Œuvres. T. IX. 48
378 CORRESPONDANCE. 1690.
aucune connoiffance. Il femble auffi que nous ne fcachiez pas la mort de Mr.
Perrault le médecin qui eft arriuée il y a un an et demi. Pour ce qui eft du journal
des fcauans je ne connois point ceux qui le font a prefent, je fcay feulement que
le chef de ceux qui le compofent sappelle M. Coufin 2I) qui eft un homme connu
parmi les gens de lestre mais ie ne fcay fil eft uerfé en phyfique et en mathéma-
tique on dit quil aplufieurs perfonnes qui l'aident dans ce trauail. M. labbé Gal-
loys na pas uoulu fen charger, il eft prefentement fort aflidu aux aflemblées de
lacademie aufquelles M. Theuenot fe trouue a la place de M. Carcaui dont il
exerce la commiiïion. la compagnie eft fort diminuée et Ion y a feulement pris
quelques jeunes gens pour noir jufqu'ou ils poufferont en forte que tout fe réduit
a Mss. du Hamel Bourdelih I2), l'abbé Galloys, M. Cafîini, Dodard I3), Du
Verney I4), Marchand le fils I5) qui eft a la place de fon père, Mery I(S) qui eft un
anatomifte fort habile, entre les jeunes gens qui promettent de faire quelque chofe
font Mss. Sedileau17), Pothenot18), Rolle19), Varignon 2°), lefebure21) &c.
Pour les nouueautez que nous auons ce font deux Hures dalgebre lun de M.
labbé Preftet qui eftoit autrefois preftre de loratoire dont uous auez uu la première
édition22) fous le nom d'elemens de mathématique, et lautre eft de M. Rolle 23).
") Louis Cousin, né à Paris le 12 août 1627, avocat, puis président à la cour des monnaies, cen-
seur, continua le Journal des Sçavans de 1687 a 1701. Il fut élu membre de l'Académie fran-
çaise en 1697 et mourut le 16 février 1707.
I2) Voir la Lettre N°. 1547, note 9. I3) Voir la Lettre N°. 2106, note 1.
I4) Voir la pièce N°. 2008, note 8. I5) Voir la Lettre N°. 2235, note 7.
,<J) Voir la Lettre N°. 2515, note 9.
I?) Sedileau, disciple du P. Pardies, fut élu membre de l'Académie des Sciences en 1682. Il fut
l'auteur du planisphère terrestre tracé sur le plancher de la tour occidentale de l'observatoire
de Paris. Duhamel, dans son Historia Academiae, mentionne de lui plusieui s autres instruments.
On a de Sedileau quelques mémoires sur la neige, la gelée et la pluie, notamment sur la quantité
de pluie recueillie dans un pluviomètre de l'observatoire, et des observations astronomiques.
Il mourut, à la fleur de l'âge, en 1693. A la fin de son dernier ouvrage, inséré dans le Tome X
des Mémoires de l'Académie des Sciences (page 338), il est loué comme un homme d'un
esprit solide et d'une grande application.
l8) Laurent Pothenot fut professeur de mathématiques au collège royal de France, depuis 171 1
jusqu'à sa mort en 1732. Il a appartenu à l'Académie des Sciences de 1682 jusqu'en 1699,
lorsqu'il fut exclu pour cause d'absence. Il s'occupa surtout de géométrie pratique. On lui
attribue quelquefois la solution du problème bien connu qui porte à plus juste titre le nom
de Snellius, lequel en avait donné une solution dans son Erathostenes Batavus.
l9~) Voir la Lettre N°. 2454, note 5. 2°) Voir la Lettre N°. 2479, note 9.
21) Jean deFèvre ouLeFebere, né à Lisieux, où il fut tisserand. Il fut élu membre de l'Académie
des Sciences en 1682 et fut créé en 1699, lors de la réorganisation de l'Académie, pensionnaire
astronome. A la suite d'une discussion scientifique qu'il eut avec de la I lire, il fut exclu et
s'établit comme fabricant d'instruments de mathématiques sur le quai de l'Horloge à Paris.
Il mourut en 1706.
22) Voir la Lettre N°. 2454, note 4. 23) Voir la Lettre N°. 2454, note 5.
CORRESPONDANCE. 1 6oO. 379
Pour la parallaxe du foleil de 6" que jay mile dans mes tables je ne puis dire
autre chofe linon qu'il doit y en auoir une mais je ne crois pas quelle (bit fenlible,
la dilîertation de M. Caffini qui eil inférée dans les liures de nos uoyages me
fait connoitre quil eft très difficile de la faire monter iufqu'a 10" comme il a
fait, nous auons fceu que nos milîionaires font paflez a la Chine mais il ny a rien
de particulier fur leurs obferuations fi ceneft ce quon a fait imprimer icy en 1688
chez bondoir et Martin. Il me femble que je n'ay plus rien a uous mander aufli
ne me refte-til plu de place que pour uous afleurer que je feray toujours très lince-
rement
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant feruiteur
De la Hire.
Jay fceu de M. Perrault que du uiuant de M. fon frère le Médecin ils uous
auoient efcrit et uous auoient enuoye plulieurs petits ouurages et ceft fans doute
le paquet dont uous eftes en peine 24).
N= 2569.
Constantyn Huvgens, frère, à Christiaan Huygens.
3 MARS 1690.'
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2566.
Kinlington le 3. de Mars 1690.
J'ay receu voftre dernière du 24. e palTé, et vous diray pour vous mettre l'ame
en repos que Dr. Stanley m'a dit, qu'il avoit diftribué touts les exemplaires de
voftre livre, après que je les luy ay mis entre les mains pour la rai fon que je vous
ay marquée dans ma précédente; Fatio eftant a ce qu'il femble party.
Pour mylord Pembroke je ne doubte aucunement, qu'il n'entende le François,
et je croy que vous luy feriez du plaifir de luy envoyer un exemplaire ').
24) Voir le post-scriptum de la Lettre N°. 2548.
') Chr. Huygens n'y a pas manqué. Voici d'ailleurs la liste des personnes auxquelles il a envoyé
un exemplaire de son Traité de la Lumière et Discours de la Cause de la Pesanteur. Elle se
trouve inscrite à la page 160 du livre G des Adversaria.
Mr. Huet Evefque de SoilTbns, Mr. Cuper St. Gen. M. Papin prof.r a Mar-
380 CORRESPONDANCE. [690.
J'ay achepté icy un livre in quarto efcrit et defligné de Leonardo da Vinci. Il
traitte du deffeing des figures nues hommes et femmes et enfants, il y a quelque
chofe auffi des chevaux et de la perfpective. Les figures pour la plus part ne font
que contournées, et les mufcles marqués légèrement, mais elles font fort belles, et
paroifTent eftre d'une grande main.
Le defTein de l'autheur eft de rendre compte de toutes les proportions des mem-
bres et des parties du corps. J'en ay payé 3^ Guineas mais je ne le donnerois pas
pour quatre fois autant. Mais a quoy bonnes toutes ces chofes là pour des gens qui
vont pafTer leur temps dans le pays barbare d'Irlande.
Berkeftein eft toujours icy, mais parle de partir dans quinze jours. Il y a icy
quelques deffeins de la vente de Lely 2) que je n'ay pas encore veus. Il y en a un,
qui fuft pouffé par les Virtuofi enteftés et opiniâtres jufques a 65 ffi Sterling, et
lors celuy qui acheptoit pour Bergefteyn (fcavoir Sonnius) cria tout d'un coup
j'offre 100®. Le prix que par confequent Bergefteyn3) fuft obligé de payer mais
n'ayant appris cette hiftoire que depuis qu'il eft icy, il enrage de bon coeur et
donne Sonnius a touts les diables.
Le fujet du defTein eft un Marc Aurele haranguant fon armée. Ayant efcrit ce
que deffus je fuis allé a l'Antichambre du Roy, ou par hazard j'ay trouvé un
mylord EcofTois homme d'aage et de bonne mine, qui m'a accofté d'abord, et
m'a dit, qu'il me prioit de luy faire fcavoir fi c'eftoit mon Père ou mon Frère,
qui avoit inventé les Pendules, dont il extrêmement loue l'invention, puis eftant
entré en difcours avec luy j'ay trouvé qu'il eftoit un Virtuofo, comme ils les ap-
pellent icy, et mefme a ce qu'il m'a femblé, entendant l'Algèbre.
A la fin il m'a parlé le premier de vortre Fatio et m'a dit qu'il eftoit encore a
Londres, et demeuroit non pas chez mylord Paget, mais tout joignant fa maifon
purg. Dierkens. de Volder. Fullenius correctum. 17 feb. Boile. Locke. Newton.
Fatio. Wallis. Wren. Mr. Haley. Flamfteed. Hooke (ce nom est biffé). Ham-
den. mil. Penbrock (biffé). M. Penbrock. Stanleij. Hudde. Fr. Conft. Baile.
(suivent deux noms biffés illisibles). Vegelin. Leipfich. Tchirnhaus. Leibnitz.
Caffini. de la Mire, du Mamel Galois. Lanion. Abbé Colbert (biffé). Varignon.
duc de Roanes. mr. Dodard. Thevenot. Bourdelin. du Vernay. Borelli que
devenu Lanion. Mr. Romer. Bartolin par le conful de Danemarc. Pr. Bor-
ghefe. Auzout. Magliabechi. Schuylenburg. Epagnol. Marq de Langean.
Mr. d'Ablancourt. St. Annelandt (suit un nom biffé illisible). Leeuwenhoeck.
6 mart. de zoon van Meefter. noch aen Meefter voor hem. A Mr. Elcomby.
Secretje de mil. Durfley envoie d'Anglet. een exemplaar à Gefelle, le libraire
pour Mr. Buys. A mon frère à Rotterdam, a Mr. Wiggers, député aux Eftats
gen. de Groninghe le 3 may 90.
") Voir, sur Pieter van der Faes, la Lettre N°. 1 124, note 8.
3) Voir la Lettre N°. 2225, note 3.
CORRESPONDANCE. 1690. 38 1
chez monfieur Hampden. Tellement que mon fot de valet aura mal entendu ceux
qui au Suffolcke-Street luy dirent a ce qu'il croyoit, qu'il logeoit chez ce Lord.
Le mylord Ecoflois me dit qu'il viendrait me voir avec Fatio. Mais quant a vos
livres, ce fera trop tard, ils font defja on ils doivent élire. Pour Sr. Chriftopher
Wren et pour Fatio vous devriez bien encore envoyer des exemplaires.
Voor Heer van Zeelhem.
N= 2570.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
6 mars 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek *).
Elle est la réponse au No. 2558.
Clir. Huygens y répondit par le No. 2572.
A Londres ce 24. Février 1690 S. V.
Monsieur
Je viens de recevoir l'obligeante lettre que Vous m'avez fait l'honneur de
m'écrire. Elle a eu afFez de peine a me trouver 2). Je n'ai encore vu que l'exemplaire
de votre Traitté qui étoit pour Monsr. Hampden. J'irai demain chez Monfieur
de Zulichem où je trouverai apparemment les autres, du moins ceux qui n'ont pas
encore été donnez à ces Mes.rs que Vous me marquez, et j'en prendrai du foin. En
mon particulier Monfieur je Vous rens mes très humbles grâces de ce que Vous
avez bien voulu me mettre de leur nombre. J'ai parcouru avec un fingulier plaifir
votre Traitté de la Lumière, et j'ai déjà lu plufieurs fois celui de la pefanteur. On
ne peut rien voir de plus beau que le premier de ces Traittez et ce ferait dommage
affeurement qu'il ne fut pas véritable. Vous avez toujours cet avantage Monfieur
qu'on ne pourra prétendre avoir quelque chofe de meilleur jufques a ce qu'on ait
aufll bien expliqué les apparences du criilal d'Iflande fur lefquelles j'admire
l'abondance et l'exactitude des chofes que Vous propofez, mais c'eft ce qui fe fera
malaifement. Dans cette première lecture qui n'a été que fort fuperficiellc et qui
en demande encore une féconde je n'ai rien trouvé qui m'arrêtât linon ce que Vous
') Chr. Ilugenii Exercitationcs Mathematicae etc., Fasc. Il, p. 105.
-) Voir les Lettres Nos. 2559, 2565 et 2569.
382
CORRESPONDANCE. 1690.
dites dans la page 64 et ailleurs que IC3) fera la réfraction du raion RC,quoi que
IC ne foit pas perpendiculaire fur l'onde IK. Car il elt afTez particulier que IK4)
M L
N
frappe l'oeil") non pas fuivant les perpendiculaires à elle même, mais fuivant les
parallèles à la ligne que ion extrémité I décrit. Cette difficulté pourra bien
s'évanouir à une féconde lecture, puis qu'auffi bien il elt facile de remarquer dans
l'onde IK une difpofition à fe jetter de côté. Je voudrois pourtant Monfieur que
dans votre Théorie on s'imaginât que les ondes de lumière fe font dans un milieu
fort rare et dont les parties font fort écartées entre elles, à peu prez comme les
ondulations du fon fe font dans l'air. Quelque viteffe qui refulte de là dans les
parties de l'ether elle ne me paroitra jamais excefiïve. Si je conçoi bien un mouve-
ment 600000 fois plus lent que celui du fon lequel mouvement fe peut voir dans
le bout de l'aiguille à fécondes de certaines montres de poche, et fi je conçois
d'autres mouvemens plus lens que celui là, qui elt trez fenfible, tels que font ceux
des autres aiguilles, et en particulier le mouvement annuel d'une aiguille tant foit
peu moindre, lequel mouvement feroit 600000 fois plus lent que celui de
l'aiguille des fécondes; enfin fi je conçoi tous les autres mouvemens poflibles en
defcendant à l'infini jufques au parfait repos, pourquoi ne concevrais je pas auifi
un mouvement 600000 fois plus promt que celui du fon ou même incomparable-
3) Nous empruntons au „Traité de la Lumière" les figures auxquelles se réfère Fatio.
4) Le soulignement est de Chr. Huygens, pour indiquer les mots auxquels s'applique sa note
marginale.
CORRESPONDANCE. IÔOO.
383
ment plus grand? Surtout la grandeur des mouvements qui me font connus ne
limitant point le pouvoir de la nature, et trouvant d'ailleurs entre eux une ii grande
difproportion. Ce n'elt pas que je voulu (Te admettre de tels mouvemens fans
neceflîté, mais je croi qu'on ne peut s'empêcher de les recevoir. Et Vous même
Monfieur Vous verrez bien qu'il les faut admettre lî Vous vous fouvenez que
quand Vous calculâtes la vitefTe de la matière qui caufe la pefanteur Vous fuppo-
lates que la quantité de cette matière qui fe trouve dans un efpace égal à la mafTe
folide de plomb fut la même precifcment que la quantité du plomb, par ce qu'au-
trement votre calcul devrait être corrigé 5). En effet foit D la denfité du plomb et cl
la denfité de votre matière qui caufe la pefanteur, la quelle denfité eft dans la vérité
beaucoup moindre que la première. Que l'on prenne un égal volume de plomb et
de votre matière, et que les différentes par-
ties de l'un et l'autre tournent autour du
centre de la terre; le plomb avec la vitefTe
u et votre matière avec la vitefTe V. La force
centrifuge du plomb ferazrD, et la force
centrifuge de votre matière V2d. Et pour
faire qu'elles foient égales l'une à l'autre
ou que le plomb puifTe décrire un cercle
autour de la Terre il faudra que la vitefTe
de votre matière foit à la vitefTe du plomb
comme la racine de D à la racine de d. Par
confequent fi le plomb cil 1 0000 fois plus
maflîf que votre matière il faudra que la
vitefTe du plomb foit à la vitefTe de votre matière comme ]/i à]/ 10000 ou
comme 1 à 100. Or votre matière*) comparée au plomb cil: extrement rare, vu les
autres matières et les autres mouvemens que l'on y peut fuppofer entremêlez.
C'efr. ainfi Monfieur que fi votre vaifTeau de la page 1426) ell: feparé en diverfes
parties qui n'aient point de communication entre elles par exemple en 4 par
le moien de deux planchettes fituées félon les diamètres qui coupent KK par
des angles de 45^ et que le corps L que je fuppofe de plomb foit attaché
par un fil vers le centre D ; la force centrifuge de L fera peut être dix fois plus
grande que celle de l'eau qui l'environne immédiatement nonobltant la même
5) Allusion à la page 142 de Hnygens, où il est dit: Il faut qu'une livre de plomb, par exemple,
pesé autant vers la Terre, qu'une masse de la matière fluide, de la grandeur de ce plomb (j'entens
de la grandeur que font ses partie^ solides) pesé du costé d'en haut pour s'éloigner du centre
par la vertu de son mouvement circulaire. Or la matière du plomb & la matière fluide ne
différent en rien selon nostre hypothèse".
l5) Voir la figure.
384 CORRESPONDANCE. 169O.
viteffe du mouvement circulaire; et le fil par cette tenfion pourra venir à fe
cafTer. Mais fi la m a (Te du plomb n'elr. que i millionième de l'efpace qu'il occupe
comme je croi qu'on peut fort bien le fuppofer, et fi les corps pefans pefent à
proportion de leur mafie, un corps tout à fait folide en fuivant les mêmes fup-
pofitions fera ioooooo de fois plus pefant que le plomb et ioooooooooo de
fois plus denfe que votre matière, et il aura la même force centrifuge s'il
tourne avec une viteffe 100000 fois moindre. Par ces deux calculs la viteffe
de votre matière vient ioo fois ou 100000 fois plus grande que Vous ne
l'avez fuppofée, et peut être encore excede-t-elle de beaucoup ces nombres. Je
Vous ai quelquefois entretenu Monfieur de ma Théorie de la pefanteur que j'ai
dans l'efprit depuis trois ans et que je n'ai entièrement débrouillée que depuis
votre départ de Londres. Je vois bien par le tour que Vous avez pris Monfieur
dans vos recherches que vous l'avez entrevue. Mais les mêmes raifons qui m'ont
fait beaucoup d'embarras dans mon travail pendant tout ce temps là vous l'ont fait
rejetter comme une Théorie impoffible. Je la déduis Géométriquement d'une
fuppofition qu'il y ait dans tous les efpaces du monde une matière déliée ou fi l'on
veut plufieurs ordres de telles matières dont les parties foient fort agitées indiffé-
remment en tous fens. Je fuppofe que ces parties aient leurs mouvemens en ligne
droites fort libres et qu'ainfi le monde ne contienne que trez peu de matière. Et je
trouve qu'il fe produit autour de tous les corps groffiers une force de pefanteur, foit
que ces corps foient en repos ou en mouvement, même dans des orbes circulaires
ou elliptiques &c. et que cette pefanteur eft dans les grandes diitances réciproque-
ment comme les quarrez des diflances mêmes. Tout cela fe déduit de la fuppofition
que les particules de cette matière perdent quelque choie de leur mouvementquand
elles tombent directement fur un corps greffier et à proportion dans les autres cas.
Mais ce qu'elles perdent fe retrouve quelquefois ou dans le fremiffement qu'elles
confervent quelque temps aprez le choc et qui pafTe dans des matières plus déliées
ou dans les mouvemens circulaires qui fe produifent et qui fe peuvent perdre dans
les mêmes matières. Ce qui m'a empêché pendant fi longtemps de reconnoitrc que
cette hypothefe pouvoit être la véritable, c'eft que je m'imaginois que la matière
que je fuppofe s'epaiffiroit trop vers les corps groffiers, vers la terre par exemple, et
que cela étoit contre la bonne Philofophie. Aufli je me fuis tourné de tous collez
pour éviter la force de cette objection là, qui s'efl évanouie d'elle même quand je
l'ay examinée de prez.En effet foit C7) un globe en repos entièrement folide ou du
moins qui ne fe laiffe point traverfer par notre matière, autour du quel foit notre
matière difperfée également de toutes parts mais en repos; et que tout d'un coup
fes parties foient mifes dans une grande agitation indifféremment en tous fens.
Premièrement à caufe l'agitation égale de toutes parts et parconfequentdes chocs
7) Voir la figure de la page suivante.
CORRESPONDANCE. 169O.
Ojf
égaux ce globe ne fera chafTé hors de fa place. Soit prife fur fa fur face une par-
ticule infiniment petite ZZ, à la quelle (bit menée le plan tangent AB et de ZZ
comme centre (bit deferite la fpere APQBRSA. Soit cette fphere divifée en une
infinité de pyramides comme PZZQ, qui font tronquées en Z,Z infiniment prez du
fommet: ces pyramides auront ainfi leurs bafes convexes PQ infiniment petites:
qu'on fuppofe les pyramides prolongées de côté et d'autre à l'infini. Comme je
fuppofe que la matière agitée en tous feus cil divifée en parties extraordinairc-
ment petites et que leur mouvement ell très
prompt, il y a toujours dans une pyramide
comme PZZQ un afTez grand nombre de
corpufcules qui pafTent continuellement félon
la longueur de la pyramide et qui vont tom-
ber fur la petite furface ZZ. On peut diftin-
guer dans la même pyramide et dans celles
qui font également inclinées fur ZZ diverfes
clafTes de corpufcules félon leur grofTeur,
leur figure, leur vitefTe, leur mouvement cir-
culaire, leur refTort, et la manière dont fe fait
leur choc fur la petite furface ZZ. Ces clafTes
étant dillinguées quoi qu'elles foient toutes
jointes dans la pyramide PZQ par exemple elles s'écarteront après la reflexion,
chaque clafTe pourtant gardant toujours fa reflexion particulière. Or dans cette
reflexion il y a diverfes chofes qui empêchent ordinairement que la vitefTe des
particules aprez le choc ne foit fi grande qu'auparavant. Et premièrement leur
refTort et fi l'on veut celui du corps Z n'étant pas entièrement parfait avec
une parfaite dureté la reflexion diminue de la vitefTe avec laquelle ils de-
vraient s'éloigner du plan ZZ: ce qui arriverait encore fi le refTort étoit parfait
et que les particules ne fufTent pas parfaitement dures mais pliantes et capables
de fremifTement. A cela il faut joindre le frottement que l'on peut fuppofer en Z,Z
pendant le choc. Et ce frottement donnant un mouvement circulaire aux corpuf-
cules, qui n'avoient que le mouvement progreffif, diminue par là ce dernier. Dans
les cas où les particules ont déjà un mouvement circulaire il efl évident que s'il
n'efl pas exactement confervé (auquel cas la reflexion fe fera comme s'il n'y avoit
eu que le refTort qui eut agi en Z fans frottement) il efl augmenté fans compa-
raison plus fouvent que diminué. Il efl bien évident que chaque clafTe des parti-
cules qui tombent fur ZZ non feulement par la pyramide PZQ mais par toutes les
autres qui remplifTent l'efpace autour de Z, il efl, évident dijc que chaque clafTe
en particulier fait le long de fa pyramide un vent ou un courant vers ZZ, dont la
force efl dans la même pyramide réciproquement comme le quarré de la diflancc
à ZZ. Et cela parce que ce courant gardant toujours la même vitefTe s'cpaillit
dans cette' proportion. Joignez plufieurs de ces claflés qui fafTent dans la même
Œuvres. T. IX. 49
386' CORRESPONDANCE. 169O.
pyramide un vent ou un courant plus fort contre ZZ^ et la force de ce courant fera
toujours dans la même pyramide réciproquement comme le quarré de la diflance.
De même joignez plufieurs clafTes réfléchies dans une même pyramide quoi que
venant peut être avant la réflexion de pyramides différentes, et la force du courant
qu'elles produiront et qui s'éloignera de Z fera dnns la même pyramide récipro-
quement comme le quarré de la diflance. Or comme ce que je dis d'une pyramide
fe doit entendre de toutes voila dans chaque pyramide deux couransoppofez. Mais
h tout prendre celui qui vient de ZZ étant par les raifons qui ont été dites plus
foible que celui qui va contre ZZ qui efl toujours le même dans les pyramides qui
environnent ZZ., s'il en efl déduit il reliera un courant qui ira vers ZZ, et qui aura
toujours dans la même pyramide une force qui fera réciproquement comme le
quarré de la diflance. Mais dans des pyramides différentes la force de ce courant
pourra être différente, et l'on pourroit rechercher quelle elle refulteroit dans les
différentes pyramides fi les corpufcules étoient des globes égaux qui fe muffent
avant le choc indifféremment en tous fens avec une égale viteffe et fans mouve-
ment circulaire. Il faudroit néanmoins que leur reffort fut connu auffi bien que les
règles de la reflexion quand il fe produit des mouvemens circulaires par le choc.
A prefent fi l'on achevé le globe ZZ et qu'on examine ce qui arrive fur les autres
parties de fa furface, il efl bien évident qu'a de grandes diflances de ce globe d'où
fon diamètre paroitra petit la force du courant qui tend vers C fera réciproque-
ment comme le quarré de la diflance au centre, et que cette force fera uniforme
tout autour du globe, d'où il paroit enfin que ce courant perpétuel vers le globe C
caufera dans les corps ronds homogènes et de même groffeur comme NN qu'il
trouvera fur fon chemin, fi on y en fuppofe quelques uns une pefanteur vers ce
même globe qui fera dans les grandes dillances réciproquement comme le quarré
des diflances mêmes.
Que fi le globe C au lieu d'avoir une folidité parfaite a beaucoup de pores et
qu'il "donne comme tous nos corps terreflres un paffage fort libre à la matière
agitée en tous fens le raifonnement précèdent aura lieu pour les particules qui fe
réfléchiront fur les parties extérieures ZZ du globe. Mais outre ces particules là
il y en aura d'autres qui reffortiront par ZZ aprez avoir diverfement traverfé le
globe; quelques unes l'auront traverfé directement fans rien rencontrer; d'autres
auront heurté dans leur chemin contre des parties intérieures, et feront venues à
Z^Z par des chemins plus ou moins détournez. Toutes ces particules doivent être
de nouveau diflinguées dans leurs clafTes différentes, et il faut négliger toutes
celles qui traverfent le globe fans le toucher. Les autres perdent encore de leur
mouvement en frappant contre les parties du globe: d'où l'on déduira comme ci
deffus que dans une même pyramide le courant qui vient contre Z.Z efl toujours
plus fort, que celui qui s'en éloigne, et que par l'excez de fa force il produit une
pefanteur vers Z.Z. qui efl dans la même pyramide réciproquement comme le quarré
de la diflance. Et on trouvera encore que dans les grandes dillances la pefanteur
CORRESPONDANCE. 169O. 387
contre le globe fe trouve être réciproquement comme les quarrez de ladiftance au
centre C. On objectera que fuivant l'hypothefe que je propofe le mouvement de la
matière agitée fe perdra et que cette matière s'épaiflira extrêmement autour de C.
A cela je répons diverfes chofes mais principalement ce qui fuit. La même claffe
qui fe meut le long d'une même pyramide comme PZQ fe réfléchit dans une feule
pyramide TZV qui peut avoir un peu plus de largeur vers la bafec~). Pendant un
temps égal à PZ avant la reflexion, les parties réfléchies viennent par exemple
de Z en tu feulement au lieu de venir en TV. Mais ces parties réfléchies vont
conftamment avec une même vitefle en s'éloignant de Z et font place aux autres
qui leur fuccedent: de forte qu'il fe fait feulement la condenfation qui fe produit
en reduifant la matière de TZV en tZu, ce qui étant une fois fait, et cela arrive
prefque en un moment, la nouvelle condenfation demeure la même fans plus
augmenter. L'efpace TV/« s'augmente toujours et s'éloigne incefTamment de C.
Je Vous en dis trop Monfieur dans une lettre et trop peu pour Vous donner une
jufte idée de mon hypothefe, qui a quelque chofe de bien fimple, et qui paroit être
beaucoup dans l'efprit de la nature, et qui refpire la manière aifée dont Dieu fe
fert pour exécuter des chofes admirables. Vous voiez aufli Monfieur jufques où il
peut être vrai que les corps pefent à proportion de leur mafTe, fur quoi je croi que
nous manquons d'expériences exactes. Mais s'ils font compofez d'un tiflu fort
rare, et fi leurs particules font fort rares elles mêmes et compofées d'autres parti-
cules qui foient toujours dans les diflerens corps terreftres d'une grofleur a peu
prez égale la pefanteur ne s'éloignera pas d'être proportionelle à la mafle. Pour
moi j'aime mieux avoir rendu raifon de cette diminuation admirable de la pefan-
teur que d'avoir montré comment les corps dévoient pe fer exactement a proportion
de leur mafle. C'eft à Vous à prefent Monfieur de juger fi je me fuis approché de
la vérité, mais je ne pretens pas dans cette lettre Vous dire tout ce qui appuie mes
conjectures. Je marquerai feulement en paflant que Mr. Newton 8) trouve que
l'expérience s'accorde avec cette pen fée, que dans le choc direct: des corps are (Tort,
par exemple celui du verre la vitefle refpective avant le choc garde avec la vitefle
refpective aprez le choc une raifon donnée par exemple de 16 a 15. Mr. Newton
Mr. recevra parfaitement bien tout ce que Vous avez dit. Je l'ai trouvé tant de fois
prêt à corriger fon livre fur des chofes que je lui difois que je n'ay pu aflez admirer
fa facilité, particulièrement fur les endroits que Vous attaquez. 11 a quelque peine
à entendre le François mais il s'en tire pourtant avec un Dictionaire. Je ne me
fouviens point diflinctement Monfieur de ce que Vous dites touchant vos copiftes
') Consultez le ^cliolium"1 du Coroll. VI du Livre I des „Principia". On y lit entre autres à
la page 23 de l'édition originale: „Redibant semper pilae (ex Iana arcte conglomerata et
fortiter constricta) ab invicem cum velocitate relativa, quae esset ad velocitatem relativam
concursus ut 5 ad 9 circiter. Eadem fere cum velocitate redibant pilae ex chalybe : aliae ex
subere paulo minore. In vitreis autem proportio erat 15 ad 16 circiter."
388 CORRESPONDANCE. I 690.
de Paris. Il me fcmble pourtant qu'ils difoient avoir fait une copie pour un autre
que Vous, mais c'étoit peut être par votre ordre. Ils ne m'avoient rien dit de parti-
culier de voflre explication de la Lumière, dont je n'ai eu d'idée que depuis que j'ai
lu votre livre. Je verrai Monfieur Boyle de votre part Monfieur. Il ne fait pas des
morceaux de glace fort épais avec le fel armoniac, qu'il emploie fi je ne me trompe.
Mais aiant mis fa matière avec de l'eau dans une bouteille ou un grand matras,
le thermomètre baifle environ jufqu'au point de la gelée et plus bas; et au dehors
du vaifTeau qui a été mouillé on peut racler avec un couteau de petites écailles de
glace, mais qui font extrêmement minces. Peut être aurai je l'honneur de Vous
voir Monfieur avant la fin de Juin. Cependant Monfieur je Vous demande pardon
de l'embarras que je Vous ai donné par la faute que j'ai faite de négliger de Vous
écrire. Soiez perfuadé Monfieur de l'cltime et de la vénération que j'ai pour Vous;
et de ma reconnoifiance pour toutes vos bontez. Si Vous me faites l'honneur de
m'écrire mon addrefle efi chez Monsr.Tourton et Compagnie. Monfieur Hampden
Vous remercie trez humblement Monfieur et Vous falue. 11 me dit qu'il Vous écrira
lui même. Je fuis avec un trez profond refpecl:
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeifnmt feruiteur
N. Fatio de DuillierO-
A Monfieur
Monfieur Huggens de Zulichem
à
la Haie.
") IC eft le rayon de lumière, mais il agira fur l'œil comme venant fuivant la per-
pendiculaire de l'onde IK [Chr. Iluygens].
/;) Ma matière n'ell pas fort rare mais bien les autres corps qu'elle traverfe [Chr.
Iluygens].
') Cela efi: impoffible a confiderer tout le tour de la boule C [Chr. Huygcns].
(/) pourquoy ce mouvement par piramides d'une matière qui n'a aucune inclination
vers la boule C. pourquoy s'iroit elle condenfer? Si après la reflexion contre
C, les particules ont un courant plus foible que lors qu'elles y tendent, la ma-
tière s'accumulera continuellement auprès de C. ce quieftabfurde. Sarefponfe
n'efi: pas bonne.
La matière doit s'éloigner aufli bien par chaque cône qu'elle approche,
partant autant de force pour éloigner les corps de la Terre que pour les ap-
procher. En gênerai il y a necefiairement autant de matière qui s'ccarte de la
CORRESPONDANCE. l6yO. 389
Terre qu'il y en a qui s'y va rendre, et la vitcfle de l'une ert égale a celle de
l'autre, autrement elle s'acumulera de plus en plus, ainfi point de caufe qui
pou (Te plutoft les corps vers elle que qui les en écarte.
Comment peferont les corps enfermez dans une bouteille, de mefme que
qui en font dehors? comment les parties battes d'une colonne droite, contri-
tribueront autant a fon poids que celles qui font en haut. Comment ce grand
courant de la matière vers la terre n'abbatra pas une plume qui vole dans l'air.
Comment veut il que depuis la Lune il y ait des courants continuels et con-
tinuez vers la terre.
Il y auroit un courant continuel et par piramides vers la boule C, fi la matière
en y en arrivant fuft abforbée et réduite à rien. Sans cela il faut de necefiitè
qu'il s'en écarte autant qu'il en approche et par confequcnt rien pour caufer
la pefanteur.
Si quelques particules perdent de leur mouvement auprès de la terre C, il
faut qu'elles le regagnent, autrement celles de cette clafle feront accumulées
continuellement.
Je n'ay pas dit que ce qui fait la pefanteur d'une balle de plomb, efl: une por-
tionde lamatierefluide enfermée dans unefpacede mefmegrandeurqu'occupe*)
la boule de plomb, mais une quantité de cette matière fluide dont les parties
égalent en folidité et en étendue, les particules coherantes qui compofent le
plomb, laquelle quantité de matière fluide en faifant defcendre le plomb, oc-
cupera la place, que les particules du plomb occupoient. Ainfi cette mefme
matière fluide n'a pas befoin d'un mouvement circulaire plus ville, qu'il en
faudroit a la balle de plomb pour pefer autant en haut qu'elle pefe maintenant
en bas, c'eft a dire d'un mouvement ij fois plus vite que celuy d'un point de
la Terre fous l'Equateur.
*) Autre rédaction écrite au-dessus de la ligne: qu'enferme la furface de la.
Î90 CORRESPONDANCE. 169O.
Ns 2571.
Christiaan Huygens à A. Leeuwenhoek.
6 MARS 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Aen Ant. van Leeuwenhoeck.
den 6 Mart. 90.
Sendt een Exemplaer van mijn boeck. Heb gedacht op fijn Experiment mec
den glafen bol in plaets van mijn vlacke cylindrifche vat '). Waerom dat fijn bol
niet foo bequaem daertoe is. te weten 0111 dat het lack in 't eerft van 't dracijen,
moeijte hecft om naer AB op te klimmen. En daer nae als het
glas vaft gehouden werdt, foo is het lack genegen om nae C te
trecken, waer door van het glas af gaet in E en F komt, en
eerft weer op den grond moet facken eer het nae 't midden D
fich begeeft. daer om de vlacke bodem beter is. 't waer goct
ooek gewicht aen 't vat te voegen om in 't eerft beter te
draeijen. M en kan een platte open doos van blick laeten
maecken en met een glas toe decken. Ick fend een ftuckje Yflands Criftal om te
fien of daar water uyt te halen is door fijn diftillatie. fal bij gelegentheydt grooter
fenden.
1 ) Cette expérience de Leeuwenhoek se trouve décrite dans sa lettre :
ioistc missive geschreven aan den WelEdel Gestrengcn Ileere d'Ilr. Nicolaas Witsen,
Président Burgemcester der Stad Amsterdam, Sesde vervolg der Brieven geschreven aan
verscheide Hooge Standspersonen en Geleerde Luyden door Antoni van Leeuwenhoek.
Te Delft, Bij Ilendrik van Krooneveld, Boekvcrkooper. mdcxcvii."
La lettre est datée du 10 juillet 1696. Leeuwenhoek y raconte ce qui suit:
„I1 y a quelques années lorsque le seigneur Christiaan Huygens de Zuylichem me fit l'hon-
neur de me visiter, notre discours tomba sur le mouvement du globe terrestre et je lui montrai
une bouteille disposée comme la ci-jointe dans laquelle le dit seigneur prit tant de plaisir, que
je me crus obligé de lui offrir une bouteille ainsi arrangée. Ce qui ne lui était pas désagréable".
Cette expérience fut entreprise par Leeuwenhoek dans le but d'expliquer comment d'après
lui les nuages peuvent se soutenir en l'air. Elle a dû intéresser Huygens parce qu'il y a
reconnu la même expérience qui lui avait servi dans son Discours de la Cause de la Pesanteur,
lu à l'Académie de Paris en i66ç),- pour montrer expérimentalement qu'un corps en repos,
placé dans un milieu animé d'un mouvement giratoire, doit éprouver de la part du liquide,
qui a une tendance centrifuge, une force qui le pousse vers le centre du mouvement circu-
laire.
CORRESPONDANCE. 1690. OQ \
N= 2^72.
Christiaan Huygens a N. Fatio de Duillier.
ai mars 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden, cuil. Huygens.
La lettre a été publiée pur P. Prévost *).
Elle est la réponse à la Lettre No. 2570.
N. Fatio y répondit par le No. 2582.
A Mr. Fatio de Duilliers.
ai Mars 90.
Sommaire: que mon ïr. aura donné l'exemplaire de mon livre qui luy eftoit deftinè au Dr. Stanley que je
luy envoie un autre et pour Mil. Pcmbrock et Mrs Wren et Wallis par une perfonne ') qui va
partir avec Mil. Portland. Reiponfe a ce qui l'a arreftè au traité du criital d'Iflandc. Et a fon
objection contre la Caufe de la Pefanteur, ablurdité de fon hypothefe pour cela.
Qu'il demande la recepte pour faire de la glace fans neige a Mr. Boyle qui me l'a promife, et
une autre dont je ne me fouviens point. Celle de la flamme avec 2 liqueurs froides cil belle mais
je ne fcay s'il la voudrait communiquer.
Monsieur
Je fuis bien aife que vous foyez encore en Angleterre; car je m'étois fait de
grands reproches de ma négligence, lorfque mon frère me manda 3) que vous l'aviez
quittée. Dans cette croyance, il n'aura pas manqué de donner l'exemplaire de
mon livre, qui vous étoit deitiné, au Dr. Stanley, que j'avois fubftitué pour la
J) Au Tome XXII, p. 254, du Recueil: Bibliothèque Universelle des Sciences, Belles-Lettres et
Arts, faisant suite à la Bibliothèque Britannique Rédigée à Genève par les auteurs de ce der-
nier Recueil. A Genève, De l'Imprimerie de la Bibliothèque Universelle et à Paris, chez
Bossange, Père, Libraire de S. A. S. M.gr. le Duc d'Orléans, rue de Richelieu, N°. 60. 1823.
in-8°.
L'article de Prévost est intitulé : „Fragments de Lettres de divers savans contemporains de
Newton, précédés d'une remarque sur quelques hypothèses de Newton lui-même". Prévost y
donne trois extraits de lettres de Chr. Huygens à Fatio de Duillier; la première est sans date:
nous en possédons un sommaire inscrit dans le livre H des Adversaria, qui nous permet de
fixer la date au 18 décembre 1691. La deuxième est du 21 mars 1690, notre N°. 2572 ; la
troisième est du 29 février 1692. Prévost a cru pouvoir supprimer dans la publication quel-
ques passages, qui lui paraissaient moins intéressants. Il renvoie à son livre intitulé:
Notice de la Vie et des Ecrits de George-Louis Le Sage de Genève etc„ (suivent les titres
d'honneur de Le Sage) rédigée d'après ses notes par Pierre Prévost. Suivie d'un opuscule de
Le Sage sur les Causes finales; d'extraits de sa correspondance avec divers savans et personnes
illustres, telles que le Duc de la Rochefoucauld, madame la Duchesse d'Enville, madame
Necker, d'Alembert, Bailly, Clairaut, laCondamine, Stanhope, Euler, Lambert, Charles Bon-
net, Boscovich etc.; d'une lettre de J. J. Rousseau au père de Le Sage, et d'un extrait de la
correspondance de Bachet de Méziriac avec Nathan d'Aubigné, trisaïeul de Le Sage. A
Genève, chez J. J. Paschoud, Imprimeur-Libraire. i8o5.in-8°.
Dans cet écrit, Prévost raconte que Le Sage ayant appris, au mois d'août 1 749, du professeur
392 CORRESPONDANCE. l6ûO.
diftribution de ceux que j'envoyois, en cas que vous ne fuffiezplus à Londres. . .4)
Je vous fuis fort obligé de ce que vous prenez la peine d'examiner ces nouveaux
traités, et de me faire des objections, vous priant feulement de ne me pas condam-
ner devant que m'avoir entendu. . . .4)
Quant à la viteiïe de la matière qui, félon moi, caufe la pefanteur, laquelle
viteiïe vous voulez que je fois obligé de fuppofer beaucoup plus grande que je ne
fais; je vous prie de bien examiner ma théorie, et vous verrez que je ne dis pas
que ce qui fait la pefanteur, par exemple, d'une balle de plomb, eft. une portion de
la matière fluide enfermée dans un efpace de même grandeur qu'enferme la fur-
face de cette balle; mais une quantité de cette matière fluide, dont les parties
égalent en foliditè et en étendue les particules cohérentes qui compofent ce plomb;
laquelle matière fluide, en faifant defcendre le plomb, occupera juftement la place
que les particules du plomb occupoient. Ainfi cette matière fluide, pour eau fer la
pefanteur de la balle, n'apas befoin d'un mouvement circulaire plus vite qu'il en
faudrait à la balle pour pefer autant en haut qu'elle pèfe naturellement en bas,
c'eft-à-dire, d'un mouvement 17 fois plus vite, que celui d'un point de la terre
ftms l'équateur. . . .4) Je voudrais, Mr. que vous fuflîez déjà ici, comme vous me
faites efpérer que vous ferez au mois de Juin, afin de vous pouvoir mieux expli-
quer tout ce que je viens de dire; et en même temps mon fentiment touchant votre
fyftème de la pefanteur. . . .4)
J'ai reçu ces jours pafles le livre de Mr. Locke 5), dont je lui fuis fort obligé, et
Cramer que Fatio avait conçu l'idée d'un mécanisme propre à produire la pesanteur, fit venir
de Londres tout ce qu'on y avait encore pu rassembler des papiers laissés par Fatio. A sa
mort, Le Sage a voulu que tous les papiers de Fatio qu'il avait pu acquérir fussent remis à la
bibliothèque de Genève. C'est ainsi que plusieurs lettres de Iluygens à Fatio se trouvent
actuellement à la Bibliothèque Publique de Genève. Malheureusement, nos efforts pour
compléter le texte incomplet des lettres de Iluygens publiées par Prévost ont été infruc-
tueux. Ce sont justement ces lettres qui manquent dans la collection de Genève. M. H. V.
Aubert, directeur de la Bibliothèque Publique de Genève, a eu l'obligeance de nous informer
à ce sujet. Il est à supposer que Prévost, après avoir fait usage de ces manuscrits pour son
article de la Bibliothèque Universelle, a oublié de les réintégrer dans la collection Fatio.
M. Aubert nous a indiqué la présence dans la collection Fatio de la Bibliothèque de Genève
de six lettres de Chr. Iluygens à Fatio des années 1691 et 1692, parmi lesquelles il n'y en
a qu'une dont nous possédons la minute dans la collection Huygens de la Bibliothèque de
Leiden; de trois autres nous n'avons que de brefs sommaires et deux nous manquaient com-
plètement.
2) Voir la Lettre N°. 2573. 3) Voir la Lettre N°. 2565.
4) Ici suit une partie omise par P. Prévost.
5) John Locke, le célèbre philosophe, né le 29 août 1632 à Wrington, près de Bristol, mort le
28 octobre 1 704 à Oates. Il fut membre de la Société royale.
Il s'agit ici de son ouvrage :
John Locke, An Essay concerningthe human understanding, in four Books. London 1690.
in- P.
CORRESPONDANCE. l6ûO. 393
que je lis avec beaucoup de plaifir, y trouvant une grande netteté d'efprit, avec un
ltyle clair et agréable, que tous ceux de ce pays-la n'ont point. Je ne manquerai
pas de lui écrire quand je l'aurai examiné un peu davantage. Souvenez-vous, je
vous prie, Mr. de demander a Mr. Boyle la recette pour la glace; quoiqu'elle foit
fort mince fur le verre, il faut pourtant que le degré du froid y foit, ce qui eft très-
conflderable. Il y avoit encore une chofe qu'il eut la bonté de me promettre en
même temps, mais dont je ne faurois me fouvenir. Cette flamme que je l'ai vu pro-
duire avec deux liqueurs froides6) eft aufli un fecret bien fingulier; mais je doute
fort s'il voudrait le communiquer. Ayez la bonté, s'il vous plait, de lui faire mes
humbles baifemains, comme aufli à Mr. Hampden et a Mr. Locke; et comptez
parmi ceux qui vous honorent et eiliment parfaitement, Mr. votre etc.
HUGENS DE ZULICHEM.
N° 2573.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
21 MARS 1690.
La minute se trouve à Leitlen , coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2569.
Const. Huygens y répondit par le No. 2576.
A frère Huygens.
Sommaire: Eodem l) a mon frère de Zuylichem. Pour recommander la lettre de Fatio. que je luy envoie
4 Exemplaires par Meefter qui doit partir avec Mil. Portland. De l'impertinente lettre de
dewilm. De l'affaire d'Amtlerdam accommodée, des lettres dont a elte trouvé faifij. Hol,
qu'on a imprimées, qu'on ne demelle pas bien cette affaire, que j'efpere que le voiage d'Irlande
ne fera pas neceflaire.
J'ay perdu de temps a eferire une longue lettre a Mr. Fatio2) pour refpondre a
une que jay reçue de luy, ainfi il ne m'en relie que pour vous recommander cette
lettre, pour la quelle il m'envoie feulement l'adreiTe que j'y ay mife deflus. J'ay
donné à Meefler qui partira dans peu avec Mil. Portland, 4 exemplaires reliez,
5) Voir la Lettre N°. 2544, note 1 .
') Le sommaire est écrit sur la même feuille que celui du N°, 25-2.
2) Le N°. 2572.
Œuvres. T. IX. 5°
394 CORRESPONDANCE. 169O.
qu'il m'a promis de vous faire tenir, ils font pour Mil. Pembrok, Mr. Wren,
Wallis, et Fatio, de qui l'exemplaire aura elle donne au Dr. Stanley. J'ay vu
l'admirable lettre du Coufin de Wilm 3) avec ce que vous en dites au frère de St.
Annelant et a ma (beur. A t'on jamais vu une pareille impertinence. Je crois que
le frère luy aura envoie et fa lettre et la voilre, au moins je le luy ay confeillè.
L'affaire cTAmfterdam 4) s'elt accommodée comme vous fcavez mais ces lettres
qu'on a imprimées icy qui ont eitè trouvées fur ce J. Hol 5) font quelque chofe
d'eitrange et que l'on ne fcauroit pas bien développer encore, non plus que cette
interception des lettres au Roy, que Ton ditacetteheureavoirelterendues.il
me tarde de fcavoir ce que deviendra voflire voiage d'Irlande et fouhaiterois qu'il
n'en full pas befoin.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem,
Secretaris van Sijne koninglijcke Majefteyt
Tôt
Londen.
3) Probablement Maurits le Leu de Wilhem; voir la Lettre N°. 1659, note 5.
4) Voir la Lettre N°. 2567.
5 ) Jan Hol, né a Hedel, garçon cordonnier, fut arrêté à Philippine comme prévenu d'espionnage.
Traduit devant le Conseil d'Etat, il inventa une histoire de trahison, par laquelle il s'efforça
de compromettre les bourgmestres d'Amsterdam, spécialement Appelman. Menacé d'une
confrontation avec des témoins venus d'Amsterdam, il se dédit immédiatement, et confessa
bientôt que son récit, qui n'avait pas manqué de faire beaucoup de bruit, avait été forgé d'un
bout à l'autre. Il fut condamné, le 31 décembre 1690, à la flagellation et stigmatisation
publiques, suivie d'emprisonnement pour 15 années. A la suite d'un attentat contre un
gardien de la prison, il fut condamné à la strangulation et exécuté à Rotterdam en 1692.
CORRESPONDANCE. 1690.
395
N= 2574.
Christiaan Huygens à B. Fullenius.
21 mars 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden , coll. Huygens.
2 1 ' Mars 1 690.
Sommaire: 21 Mart. 90. ad Bern. Fullenius, an librimei Exemplum cum Epiftola receperit a Vegelino
hic enim nihil ad binas mcas *) refpondit. Si perierunt hacc exemplaria mittam alia. Accepi
rdponfuni a Fullenio 30 Mart. Tum ipfi cum Vegelino redditas fuifle meas cum Exem-
plaribus.
N- 2575.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
24 MARS 1690.
La lettre se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2573.
Const. Huygens y répondit par le No. 2576.
'Sommaire: Recommandé Mr. Voorburgh, a la charge de Secrétaire de 's Gravefande Honfelerdijk &c.
que j'ay deflein de travailler à un grand verre objectif pour 12 pieds qu'il en eferive a Me.
fa femme. Eclipfe.
A la Haye ce 24 Mars 1690.
Hier au foir afTez tard me vint trouver un Mr. Voorburgh fils de madl. van
den Bofch de Ton premier mari (vous feavez que depuis peu elle eit vefve du
fécond) Je ne l'avois vu depuis fes nopees, au quelles je fus prié je ne fcay par
quelle rencontre. Il me dit qu'il s'eltoit depuis quelques années applique a la
Pratique du Droit, mais que n'y ayant guère a profiter, et cirant venu a vaquer la
charge de Secrétaire de 's Gravefande Honfelerdijck &c. il s'etoit rendu un des
follicitants pour l'obtenir. Que Madl. fa mère en avoit eferit a Mr. le Comte de
Portland, et qu'elle avoit promette de Mr. de Marets ') qu'il intercéderait pour
luy. Et me pria de vous vouloir eferire en fa faveur, ce que je ne pus refufer, et que
j'exécute maintenant, quoy que je (cache bien que vous ne ferez pas fort prelt a
entreprendre cette recommandation d'un homme a vous inconnu, car que pouvez
') Consultez la Lettre N°. 2564.
') Voir la Lettre N°. n 18, note 10.
396 CORRESPONDANCE. 169O.
vous dire fi ce n'eft qu'il vous a efte recommandé par lettre. Cependant je con-
fidere que ces gens font mieux de chercher ainfi partout ce qu'ils croient pouvoir
contribuer en quelque façon a leur avantage que noftre belle de Coufin 2), qui ne
voulut pas feulement faire parler pour luy au Conte de Portland. mais il ne vaut
pas la peine qu'on en parle.
Dans ma lettre que je vous efcrivis il y a 3 jours j'oubliay de vous dire que j'avois
deffein de travailler-a un objectif de 12 pieds feulement, mais d'un fort grand
diamètre, afin de luy donner une ouverture comme a un verre de 80 pieds, et voir
quel effet cela fera pour découvrir des Ertoiles et des Satellites ce qui m'a roulé
depuis longtemps dans la telle. l'Oculaire fera foible ce qui fera que cette lunette
groflira beaucoup moins qu'une ordinaire de 1 2 pieds, mais elle fera auffi diftincte
et incomparablement plus claire. Que fi je vois que cela reuffit bien, j'en feray
après de plus grandes comme de 33 ou de 60 pieds, lefquels verres feront aufli
grands que ceux que nous avons pour 1 20 pieds. Je ne crois pas que Mad. voflxe
efpoufe fafle difficulté pour me laifler travailler dans voftre laboratoire: toutefois
je voudrais bien que vous vouluffiez l'avertir de mon defTein, et faire qu'elle en
fuft contente. Je viens d'apprendre que Meefter que j'ay chargé de 4 Exemplaires
de mon livre n'attendra pas le Comte de Portland, mais qu'il profitera du bon vent,
de forte que dans peu ce paquet vous pourra eftre rendu. Je vous ay envoie une
lettre pour Mr. Fatio que je vous prie de ne pas oublier de luy faire rendre. Je m'en
vais obferver l'Eclipfe de la Lune3) avec quelques Mcflïs qui croient qu'ils la
verront bien mieux en ma compagnie.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem &c.
Secretaris van Sijne Koninglijcke Majefteyt
Tôt
Londen.
2) Maurits le Leu de Wilhem.
3) Voir, sur les détails de cette éclipse, la Lettre N°. 2577.
CORRESPONDANCE. 169O. 397
N= 2576.
Constanïyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
28 MARS 1690.
La lettre et U: eo[>ie se trouvent à Lciilcn , coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2573 et 2575.
Chr. Huygens y répondit par le No. 25 B4.
Kinfington ce 28. de Mars 1690.
J'ay receu vos deux lettres du 21 & 24 courant, et j'auray foin de faire rendre
celle que vouseferivez a Fatio, et de mefme les exemplaires de voftre livre qu'ap-
portera Meefter, qui n'efr. pas encore arrivé, fi ce n'eft qu'il fe foit mis dans le
Pacquet boot qui a apporté vos lettres, ce que nous feaurons bien toft.
J'efpere que vous aurez quelque fucces avec la nouvelle forte d'Objectifs que
vous allez entreprendre. J'efcris a ma femme pour qu'elle vous ouvre le labora-
toire ce qu'elle n'auroit pas manqué de faire fans cela.
Nous n'avons rien oui) icy de ces lettres qu'on auroit trouvées fur un nommé
J. Holl et je fuis fort curieux, de feavoir ce que c'ell. On dit que ceux d'Amlter-
dam continuent a ne point vouloir fe trouvera l'AfTemblée enfemble avec Mylord
Portland1). Si les affaires vont bien en Irlande, je croy qu'ils deviendront plus
traitables. Apres demain nollre Parlement icy s'afTemble et alors on fera plus
afTeuré de ce qui fera de noftre voyage, lequel je tiens cependant bien feur noftre
homme ne fe laifTant pas facilement détourner d'une chofe qu'il a conceue en fon
efprit. Je ne croy pas qu'il y ait fujet d'en doubter, quoy que je fouhaitterois fort
qu'il y en euft.
Un Réfugié François nommé Gaillard m'efl venu parler l'autre jour icy a
Kinfington defirant de faire connoifTance 2). C'eft un homme qu'on dit avoir une
fort belle collection de médailles, de belles pièces antiques, et toute forte de
raretés. Il me dit qu'entr'autres chofes il a cette Urne (ou quoy que ce puifTe eftre)
de cuivre, dont la figure en eftampe fe trouve dans un petit livre in oclavo de
Spon 3). Il y a trois figures moitjé femmes moitjé poiffon a l'entour du creux du
') Voir la Lettre N°. 2566, note 3.
:) On trouve noté, à ce sujet, dans le journal de Constantyn, frère: ,,21 mars. Le marquis de la
Muse m'emmena Mr. Gaillard".
,,22 mars... auparavant nous avions fait demander chez Mr. Justel la demeure de Mr.
Gaillard, qui mardi passé m'avait dit qu'il possédait la belle urne (ou quoi que cela puisse
être) décrite dans les voyages de Spon".
3) Voyage d'Italie, de Dalmatie, de Grèce et du Levant fait es années 1675 & 1676 par Jacob
Spon, Docteur Médecin aggregé a Lyon. A Lyon chez Ant. Cellier le fils, 1677, 3 vol. in- 120.
Jacob Spon, médecin et antiquaire, naquit à Lyon en 1647. Protestant, il quitta la France
peu de temps avant la révocation de l'édit de Nantes et s'établit à Genève, puis à Vevey, où
il mourut dans l'indigence, le 25 décembre 1685.
;98 CORRESPONDANCE. 169O.
Vafe, et une figure entière fur le haut, toutes merveilleufes. J'aurois defja elle
voir ce Virtuofo, fi j'avois fceu fon logis dans la ville, lequel il ne voulut pas
m'enfeigner par compliment, prétendant de me venir voir le premier.
Le Roy rappella avanthier les commiffions des trois CommifTaires de la Thre-
forie, dont Mylord Monmouth 4) en efl un. Le quatriefme, Ilambden le Père 5)
cil demeuré dans l'employ.
Voor Broer van Zeelhem.
N= 2577.
PH. DE LA HlRE à ClIRISTIAAN HuYGENS.
28 MARS 1690.
La lettre se trouve à Lcideti, coll. Huygens.
Elle s'est croisée avec le No. 2579.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2585.
A Paris a l'obferuatoire le 28 [Mars] 1690.
Celle cy ne feruira, Monfieur, que pour nous marquer que j'ay receu la uoflre
dattéc du 9e du courrant ') par laquelle j'apprensque nous elles en peine fi j'auois
receu uollrc précédente du 18 Januier 2). Mais comme je ne fais aucun doute que
uous nayez receu la reponfe que i'y ay faite3) fur tous les articles que nous me
demandiez, je ne uousrepeteray point icyles mefmes chofes qui ne feruiroientqu'a
uous ennuyer. Il y eut un accident comme je uous aymarquay4) quimefpefchàt5)
de uoir cette lettre auflltoll quelle fut arriuee icy. Je ne feache rien à ajouter a
ceque je uous ay eferit fi ce n'ell que tous nos feauans font dans une grande im-
patience de uoir uollre traitté de la lumière et de la pefanteur. Pour mon parti-
culier uous ne deuez pas douter de mon emprelfemcnt la delfus, puifquc uous
deuez élire très perfuadé qu'il n'y a perfonne qui uous honore et qui uous eflime
4) Charles Mordaunt, 3me earl de Peterborougb, fils de John Mordaunt et d'Elisabeth Carey, né
en 1658. Il fut créé earl of Monmouth, le oavril 1689, par Willem III. Il fut amiral, général
et diplomate et mourut à Lisbonne le 25 octobre 1635.
5) Richard Hampden ; voir la Lettre N°. 2544, note 6.
') Nous ne la connaissons pas. 2) Voir la pièce N°. 2557
3) La Lettre N°. 2568.
4) Il n'en est toutefois pas fait mention dans la Lettre N°. 2568.
5) Lisez: m'empefehat.
CORRESPONDANCE. 169O. 399
plus que moy. Je comtois très bien uoftre mérite et celuy de uos ouurages pour ne
les pas mettre au deflus de tous ceux de lantiquité en leur rendant juftice. J'ay
feulement une excufe a nous demander de n'auoir pas parlé auec autant d'exagé-
ration de uoftre pendule que je connois qu'il le faut faire6) dans la préface de mes
tables; mais mon éloquence ne me permet pas de pouuoir en dire dauantage quoy
que le peu de connoiflance que j'ay dans ces matières me fafTe uoir qu'on n'a
jamais rien fait pour l'allronomie qui puiiïe approcher de cette decouuertc. Jay
fait feauoir a M. Caffini ce que nous me marquiez pour fes tables des fatellites de
4. mais il crouue toujours de nouuelles difficultez qui le retardent, et il ne peut pas
le perfuader que M. Hamfted puiïï'e rien faire de jufte fur ce fujet fans auoir pris
autant de précautions que luy, c'ell aumoins ce que j'en puis conjecturer. Vous
ne trouuerez peut eilre pas mauuais que je nous fafTe part de noltre dernière ob-
feruation de l'eclipfe de lune de 24 de ce mois le temps eftoit très ferein. Jay
trouue le commencement a 8h 50' 20", la fin a 1 ih 18' 30" et fa quantité de 5^ 36'.
Jay fait un grand nombre dobferuations dupaïïage de lombre par les taches mais
je ne nous ueux pas élire importun fi nous fouhaittez de uoir ces fortes dobferua-
tions iy joindray encore celles des années précédentes tant de foleil que de lune
dans lefquelles le ciel nous a toujours prefque elle fauorable. Je fuis
Monsieur
Voftre trefhuinble et trefo-beiffant ferviteur
De la Hire.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
A la Haye.
°) Dans Pouvra^e cité dans la Lettre N°. 2568, note 9. En effet, dans la Praefatio on trouve le
passage suivant: „Eximuim illud ac perutile instrumentum uno omnium consensu probatum
est, ac miris elatum laudibus : fuerunt qui à se inventum dictitarent, tnm qui Galilaeum ejus
autorem lacèrent, ut ut est, certè in tenebris aut nullius 1ère utilitatis jaceret, nisi clarissimus
Hugenius docuissit qua ratione vibrarionum inaequalitas & inconstantia posset emendari,
quod in Academia doctissime monstravit". Consultez, sur l'inanité des réclamations en faveur
de Galilée, les notes i de la Lettre N°. 673/' (au Supplément au Tome III) et 3 de la Lettre
N". 1941.
4-00 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2578.
Christiaan Huygens à B. Bekker.
30 MARS 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
30 M art 1690.
Aen de Hr. B. Bekker Predikant tôt Amfterdam.
Sommaire: dat liem gelicve te dpen weten aen Fullenius dat ick aen hem gefchreven heb den 23 febr.
en den 21 Mart') met de eerfte een Exemplaer van mijn boeck gefonden doorVegelin van wie
ooek geen antwoordt.
dat ick Fullenius door décrite brief heb geantwoordt op de iijne waer nevens iijn nodigh
Bericht, en Beckers naebericht 2) dat W. Lievens3) al weder antwoord gefchreven heeft.
N° 2579-
Christiaan Huygens à Ph. de la Hire.
30 MARS 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2568.
Elle s^esl croisée avec le No. 2577 '.
De la Hire y répondit par le No. 2589.
la Hire 30 Mart 1690.
Sommaire: Receu fa lettre du i Mars peu après que j'en eus efcrit une econde1). Qu'eft ce que c'eft de
connoitre l'heure par la Pendule. Pour quoy il a voulu mettre en doute fi j'ay trouvé les Hor-
loges a Pendule, il mefemble que je le prouve aile/, dans &c. et c'eft la pure vérité2).
Je appréhende qu'on ne fade céder le commerce des lettres, que j'ay envoie 9 Exempl. et à
qui, par une voie qu'on m'a indiquée. Qu'il tafche d'envoier la defeription imprimée de Ci
machine pour les Eclipfes 3). Je prepareray la miene des Planètes '), en attendant quelque moyen
de l'envoier. que font devenu de la Chapelle, Lanion, Borelli. Salut de Mr. Epagnol. je le
') Voir les pièces Nos. 2564 et 2574.
2) Voir la Lettre N°. 2554, note 3.
3) Il s'agit de Lieuwe Willemsz. Graaf et de sa polémique avec Bernard Fullenius et Balthasar
Bekker, dont nous avons fait mention dans la note 1 de la Lettre N°. 253K.
') Nous ne la connaissons pas. D'après la Lettre N°. 2577, elle était datée du y mars.
2) Consultez la Lettre N°. 2577, note 6. 3) Voir la Lettre N°. 2568, note 6.
4) Voir la Lettre N°. 2255, "ote 5-
CORRESPONDANCE. 169O. 40 1
guéris de l'A urologie. J'ay feu par nos gazettes la mort de M. Perrault. Je ne me fouvenois
point du difcours de la Pefanteur de vous l'avoir envoie. J'y ay adjouftè bien de chofes à la Fin.
Qu'il me procure un exemplaire de tout ce qu'on a imprimé et de moy et des autres et de M.
Rolle. J'ay vu l'Eclipfe le 24 5) a 9 et quelques min. commencée. Je n'ay pas une ligne mendient
pour taire une oblervation de latellites. Je verray avec bien de la joye.
N2 2580.
Le Marquis de l'Hospital ') à Christiaan Huygens.
18 avril 1690.
La lettre se trouve à Leideu, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek l).
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2587.
0 Le M. de l'hospital a Huygens
J'ay toujours eu, Monfieur, vne eftime très particulière pour les feauans
ouurages, que uous nous auez donnez. Le traitté du centre d'ofcillation 3) n'eft
pas a mon fens vn des moins ingénieux, et l'on y voit partout des marques de
cette eleuation d'efprit qui vous met fi fort au-defïus du relie des hommes; c'eft
5) Voir la Lettre N°. 2575.
') Guillaume François Antoine L'Hospital, marquis de Saint-Mesme et comte d'Entremont, né
à Paris en 1661. A cause de la faiblesse de sa vne il avait dû renoncer à la carrière des armes.
Pendant le séjour de Jean Bernoulli en France, de l'Hospital l'emmena dans une de ses terres
pour apprendre de lui le calcul différentiel. Il entra à l'Académie des Sciences, en 1693, et
y fut créé membre honoraire, le 28 janvier 1699.
De l'Hospital prit une part active à la solution des problèmes que les géomètres de son
temps s'envoyaient en défi mutuel, mais il s'est surtout rendu célèbre par ses deux ouvrages
suivants:
Analyse des Infiniment petits, Pour l'intelligence des lignes courbes. A Paris, De l'impri-
merie Royale, m.dc.xcvi. in-40.
Traité Analytique des sections coniques et de leur usage pour la résolution des équations
dans les Problèmes tant déterminez qu'indéterminez. Ouvrage posthume de M. le Marquis
de l'Hospital, académicien Honoraire de l'Académie Royale des Sciences. A Paris, chez La
veuve de Jean Boudet, imprimeur ordinaire du Roy, & de l'Académie Roiale des Sciences et
Jean Boudet Fils, Imprimeur ordinaire du Roy & de l'Académie Roïale des Sciences, rue
S.-Jacques, au Soleil d'Or prés S. Severin. m.dccvii. Avec Privilège du Roi. in-4°.
De l'Hospital mourut le 2 février 1704.
*) Chr. Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae, Fasc. I,p. 215.
3) L'Horologium Oscillatorium, dont la Pars Quarta est intitulée „De centro Oscillationis".
Œuvres. T. IX. 5 1
402 CORRESPONDANCE. IÔQO.
pourquoy j'ay efté furpris que certaines gens 4) abufant de la penfée de Mr. Des
Cartes, que la mefme quantité de mouuement fe conferue toujours dans la nature,
ayent ofé l'attaquer; je dis expreflement, abufant, car quoi qu'il y ait beaucoup
de rencontres, ou le mouuement femble fe perdre, l'on peut néanmoins raisonna-
blement penfer qu'il fe communique aux corps inuifibles; mais cecy eft vne
queftion purement phifique que je ne pretens nullement approfondir, et je ne me
fers que du principe du leuier pour prouuer la vérité de voftre règle, comme vous
verrez dans le petit écrit 5) que je vous enuoie. Si vous en elles content vous me
ferez plaifir de le faire inférer dans vos journaux de Holande, au refte Monfieur,
nous attendons auec grande impatience voftre Hure de dioptrique6) et nous ne
doutons point qu'il ne reponde parfaitement a la haute idée que nous en auons
conceuë. Je fuis, très parfaitement
Monsieur
Voftre trefhumble et très obeiiïant feruiteur
Le Marquis de l'Hospital.
A Paris ce 18e auril 1690.
') fy> . 5 maj. 1690 [Chriftiaan Huygens].
4) En premier lieu l'abbé Catelan, qui fut considéré comme le champion des Cartésiens de cette
époque.
s) Voir l'Appendice N°. 2581. r>) Le Traité de la Lumière.
CORRESPONDANCE. 1 6<JO. 403
N= 2581.
Le Marquis de l'Hospital a Christiaan Huygens.
Appendice au No. 2580.
l8 AVRIL 1690.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek ').
Extrait d'une lettre de Mr. le Marquis de l'Hospital,
Contenant vne demonftration Phyfique et naturelle
de la Règle de Mr. Huguens touchant les Centres
d'ofcillation.
Le célèbre Problème du centre d'ofcillation, a fait tant de bruit depuis quelques
années, que prefque tous les habiles Géomètres s'y font appliquez auec foin,
L'illuftre Mr. Huguens femble auoir épuifé cette matière, dans le fcauant traitté
qu'il a compofé fur ce fujet, jl nous y donne une Règle générale 2) pour trouuer le
centre d'ofcillation du pendule compofé, qui fert de bafe et de fondement a tout
le reftede fon traitté; mais comme elle n'ell qu'une fuite de laprop. 4e s), qui n'eft
demonftrée que par l'hypothefe qu'il fupofe dès le commencement4), et qui ne
paroift pas ailes fimple, ni ailes euidente pour élire ainfy fupofée fans preuve,
cela a donné lieu à plufieurs conteilations. Entr'autres Mr. l'abbé Catelan y a fait
des objections 5), aufquelles Mr. Huguens a répondu6) et en dernier lieu Mr. Ber-
noully, dans les journaux de Lipfic de l'année 1686. pag. 356 7), y a fatisfait plei-
') Voir, à la page 216, l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2580, note 2.
2) Dans la Prop. V de la Pars Qnarta: Dato pendnlo ex ponderibus qnotlibet compofito, fi fin-
gula ducantur in quadrata diftantiarum fuarum ab axe ofcillationis, & fumma produétorum
dividatur per id quod lit ducendo ponderum fummam, in diftantiam centri gravitatis com-
munis omnium ab eodem axe ofcillationis; orietur longitudo penduli fimplicis compofito
ifochroni, five difiantia inter axem & centrnm ofcillationis ipfius pendnli compofiti."
3) „Si pendulum è pluribus ponderibus compofitnm,atque è quiète dimiflum, partemqnamcun-
que ofcillationis integrae confecerit, atque inde porro intelligantur pondéra ejus fingula,
relifto communi vinculo, celeritates acquifitas furfum convertere, acquoufque pofluntafeen-
dere; hoc fafto, centrum gravitatis ex omnibus compofitae, ad eandem altitudinem reverfnm
erit, quam ante inceptam ofcillationem obtinebat."
4) Il s'agit de Thypothèse I : „Si pondéra quotlibet, vi gravitatis fuae, moveri incipiant; non
pofTe centrum gravitatis ex ipfis compofitae altius, quam ubi incipiente motu reperiebatur,
afeendere."
5) Voir, au Tome VIII, les pièces Nos. 2260, 2270 et 2365.
6) Voir les pièces Nos. 2267 et 2341.
7) Voir la pièce N°. 2426.
404
CORRESPONDANCE. 1690.
nement, en faifant voir la faufTeté de fon principe; fçauoir que la vitefTe totale du
pendule compofé efl égale à la fomme des vitefles de Tes parties mues feparement;
mais par ce que le mefme Mr. Bernoullyen fuiuantfesraifonnemenstrouue encore
que Mr. Huguens fe trompe, j'ay creu qu'il ne feroit pas hors de propos, afin de
leuer toute forte de fcrupule, d'apporter icy les raifons phyfiques et naturelles,
qui feruent à demonilrer la vérité rant de la Réglé que de l'hypothefe de Mr.
Huguens.
Soit la ligne horizontale /B inflexible, et fans pefanteur, mobile autour du
A1
H
point fixe f, dans laquelle foient enfilés les deux poids égaux A et B, de forte que
Af foit vn pied et B/ quatre pieds; il faut trouuer la longueur f\\ du pendule
fimple jfochrone, jl efl: confiant i°. que tous les corps pefants grands et petits
commencent leurs defcentes eflant fur des plans également inclinés auec la mefme
vitefle que j'appelle i .8) i°. que pour auoir la quantité de mouuement d'un corps,
jl faut multiplier fa mafle par fa vitefle, d'où jl efl vifîble, que la quantité de
mouuement auec laquelle le corps A commence à defcendre feparement eflant au
bout du pendule fimple /A, fera égale à la quantité de mouuement, auec laquelle
le corps B commence à defcendre feparement eflant au bout du pendule fimple/B,
car les corps ellant égaux, A i =z B i. Jl efl vifîble de plus que fi la vitefle, ou la
') Voir, sur l'usage fait ici du mot „vitesse", la remarque de Huygens dans sa lettre à de l'Hos-
pital du 6 juillet, N°. 2598, et la rédaction amendée de la pièce N°. 2581, publiée dans
l'Histoire des ouvrages des sçavans du mois de juin 1690, laquelle nous imprimons sous le
N°. 2605, comme Appendice I à la lettre d'envoi de Chr. Huygens à Basnage de Beauval,
N°. 2604. ......
CORRESPONDANCE. 1690. 405
quantité de mouuement y), auec laquelle le corps A tend à defeendre feparement,
n'eftoit que la quatriefme partie de celle du corps B, le corps A n'apporteroit alors
aucun changement à la defeente du corps B dans le pendule compofé. Jl relie donc
trois quarts de la quantité de mouuement du corps A qui font effort en A et qui
par confequent fe doiuent diftribuer en B et A et en/; or pour faire cette diftri-
bution Ton doit enuifager la verge B /comme vn leuier. donc, fi nous nommons
x la portion de cette quantité de mouuement qui doit eftre ajoutée à celle que
nous fupofions au corps A feauoir - A, celle qui appartiendra au corps B fera
4#, et celle qui fe perdra fur le point fixe/", ou qui paroiftra fe perdre, (car l'on
peut penfer qu'elle fe communique aux corps invifibles) fera 12X. Donc
x -\- ±x + 1 2 # = J A donc x=z -?., A donc - A + x= -— A qui eft la verita-
T * 60 4 l7
ble quantité de mouuement du corps A dans le pendule compofé, et la divifant par
A, l'on aura — pour la viteffe auec laquelle jl commence à defeendre, et fi l'on
fait comme — eft à i vitejje auec laquelle nous avons fupofé que tous les corps pefans
commençaient leurs defcentesa~) ainfi/A i pied eft à f\\ 3 pieds-- ce fera la
longueur du pendule fimple ifochrone, car les efpaces eftant entr'eux comme les
viteffes,.le temps doit eftre égal, ce qui eft tout à fait conforme à la Règle que
nous donne Mr. HuguensIO),jl nous eft facile d'examiner maintenant les hauteurs
aufquelles les poids A et B remonteroient par la ligne//? perpendiculaire à l'hori-
zon eftant tombés en m et », fi nous fupofons auec luy que dans cet jnrtant leur
lien commun foit rompu, et qu'ils remontent parla ligne fn iufque ou jls pourront
auec leurs viteffes acquifes dans ce mefme jnftant. En voicy le calcul Soit z la
viteffe que le corps A. a acquife eftant tombé de la hauteur d'un pied, et ayant
C C I "7
commencé fa defeente avec la viteffe — donc fi l'on fait — ■ 1 : :z. — z.
l7 17 5
17 17
-£-z fera la viteffe que le mefme corps A aura acquife eftant tombé de la hauteur—
de pied, ayant commencé fa defeente auec la viteffe 1 ; car les viteffes acquifes en
tems égal font entr'ellcs en mefme raifon que les viteffes auec lefquellcs les corps
ont commencé de defeendre. Jl s'agit maintenant de trouuer la hauteur d'où le
corps A doit eftre tombé ayant commencé de defeendre auec la viteffe 1 pourauoir
acquis la viteffe z *), ce qui eft facile en cette forte ,• foit cette hauteur^, l'on aura
9) Lisez: viteffe, et la quantité de mouvement. Voir la lettre de de PHospital du 19
juillet 1690.
lo)Eneffet:(42+i:):(4 + 0-i/-:5.
406 CORRESPONDANCE. 169O.
7 2. z : : V — . V y, donc 3; = — de pied. Car lorfque les corps tombent libre-
ment, les vitefTes acquifes font entr'elles comme les racines quarrées des hauteurs
d'où jls font tombés. L'on prouera par un raifonnement tout femblable que le
corps B eftant libre remontera à la hauteur — de pied, leur fomme — =5; ce
qui fait voir la vérité tant de l'hypothefe de Mr. Huguens, que de fapropofition 40.
Comme l'on pouroit trouuer quelque difficulté dans le 2.e cas, qui eft lorfque le
point de fufpenfion fe trouue entre les deux poids, je vais l'expliquer en peu de
mots. Supofons donc que le poids A foit attaché de l'autre cofté du point /à vn
pied de diftance l'on voit d'abord qu'afin que le pendule compofé fe menue, jl
faut que le corps A perde la quantité de mouuement qu'il a vers le bas et que de
plus jl en acquiert vne vers le hault qui foit le quart de celle qui refte à B. Jl eft
euident de plus que cela ne fe peut faire que par l'effort du poids B, et à l'ayde du
point fixe/, de forte que l'on doit enuifager le pendule compofé B/A comme un
leuier, cecy fupofé, foit B — x la quantité de mouuement reliante au corps B
lors qu'il commence à defeendre; celle qu'il aura jmprimée au corps A vers le
hault fera - A x, donc la force x que l'on doit retrancher de B eft telle
qu'elle jmprime au corps A vers le hault à l'ayde du point /la quantité de mouue-
ment - A x; or par la propriété du leuier le point fixe /contribue à cet effet
vne force telle que 3 x, c'eft-à-dire que la force x appliquée en B agit fur le
corps A de la mefme manière que fi la force 4 x eftant apliquée jmmediatement
en A, pouiïbit le corps A vers le hault, et cette force deuant produire vn effecl:
qui luy foit égal, nous auons 4^=-A x, donc x = — - A donc B — xz=.
12 12
— B. donc — fera la viteffe auec laquelle le corps B commencera à defeendre
dans le pendule compofé, et par des raifonnemens femblables à ceux du cas pré-
cèdent, l'on trouuera que la longueur du pendule fimple jfochrone fera 5 pieds
2
-. ce qui s'accorde encore parfaitement auec la Règle de Mr. Huguens I1).
") Parce que le poids au bas du pendule ifochrone doit avoir la viteffe i,avec
laquelle tons les corps commencent leur defeente [Chriftiaan Huygens].
b~) Car alors avec la viteffe z il pourra remonter h cette mefme hauteur [Chriftiaan
Huygens].
") Voir la note 2 de cette pièce. En effet: Ç-]2 -{- i2):(4 — 0= I7:3 = 5-"
CORRESPONDANCE. 169O. 407
N= 2582.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
21 avril 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2572.
Elle a été publiée par P. ]. Uylenbroek ').
A Londres ce n. Avril 1690. S. V.
Monsieur
Voici la manière dont Monfieur Boyle fe fert du Tel Armoniac pour produire
avec l'eau commune un degré de froid, qui égale pour l'ordinaire celui de la gelée2).
En me la communiquant il m'a prié de vous dire qu'il fouhaitteroit de la tenir
fecrette. Il a une cucurbite de verre où il met à peu prez autant d'eau qu'il en faut
pour difloudre environ dix onces de fel Armoniac. Les expériences enfeigneront
plus exactement quelle doit être la proportion des poids du fel et de l'eau. Il jette
enfuite tout d'un coup cette quantité de fel Armoniac dans l'eau, et la fait incef-
famment remuer avec un bâton, et cela fuffit pour produire un peu de glace dans
des temps même où il ne gèle pas excepté pourtant en Eté. Le même fel Armoniac
peut fervir encore, pourvu qu'on ait foin de le bien fecher de forte qu'il n'y relie
aucune humidité. Monfieur Boyle n'a pas encore reçu l'exemplaire que vous lui
avez envoie de vos derniers Traittez 3). J'en ai averti Monfieur de Zulichem afin
qu'il put s'éclaircir la defïus avec Monfieur Stanley. Pour ce qui eit des liqueurs
froides dont Monfieur Boyle fe fert pour en produire du feu2) il ne veut pas qu'on
les connoifie par ce dit il qu'on en pourroit faire de mauvais ufages. Mais on m'a
dit que ce fecret même avoit été imprimé au long dans les journaux de Paris où
on l'attribue dit on à Monfieur le Docteur Slare4). On m'a dit aufli d'un autre côté
qu'au lieu que Monfieur Boyle fe fert d'un peu d'étoupes ou de telle autre matière
outre fes deux liqueurs pour en produire du feu, on avoit fait voir la même expé-
rience à la Société Roiale depuis environ deux mois, mais de forte que la flamme
fe produifoit fans étoupes par le feul mélange des liqueurs. Des quatre exemplaires
de vos Traittez Monfieur que vous m'envoyiez5) je n'ai reçu que ceux qui étoient
pour Monfieur Wrenn et pour moi. Je vous rens encore Monfieur mes trez hum-
bles grâces pour l'honneur que vous m'avez fait de m'en donner un. J'ai laifle
') Christiani Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae, Fasc. II, p. 1 1 6, et suiv.
2) Voir la Lettre N°. 2544, note 1.
3) Voir, sur l'exemplaire destiné à Boyle, les Lettres Nos. 2559, 2565 et 2569.
4) Frederick Slare, né dans le Northamptonshire en 1647, disciple de Boyle. H lut introduit
dans la Royal Society par Robert Ilooke et élu membre de cette Société le iô'décembre 1680.
Il fut reçu docteur en médecine à Oxford, le 9 septembre 1680, et mourut le 12 septembre
1727. Il a laissé un ouvrage intitulé: Experiments upon Oriental and other Bezoarstones,
dans lequel il combattit le préjugé, qui attribue aux pierres animales une vertu médicatrice.
5) Voir le Sommaire de la Lettre N°. 2572 et la Lettre N°. 2573.
408 CORRESPONDANCE. 1690.
chez Monfieur Wrenn celui qui étoit pour lui, mais Monfieur Wrenn n'y étoit
pas et je n'ay encore pu le trouver depuis ce temps là. J'ai fait avertir Mylord
Pembrock Monfieur que vous lui envoyiez un exemplaire de vos Traittez, mais
que Monfieur de Zulichem ne l'avoit point encore reçu. Comme Vous me défendez
Monfieur de Vous parler de ma Théorie de la pefanteur je ne tacherai pas ici de
la juftifier entièrement ni de répondre à toutes vos objections. Je dirai feulement
Monfieur qu'elle ne partent apparemment que de l'obfcurité qui pouvoit être dans
ma dernière lettre, car elles ne me touchent pas et Vous l'auriez bien vu fi Vous
aviez entendu ma penfée. Je fuppofe que ma matière eft agitée indifféremment en
tous fens et je fuis bien éloigné de croire qu'elle fe meuve principalement félon
les pyramides que je fuppofois dans ma demonflration; mais dans cette demon-
flration je confidere l'effet d'une portion extraordinairement petite de cette
matière et qui efi: precifement celle qui fe meut le long des pyramides, c'efl: à dire
celle qui vient frapper contre la Terre et elle fuffit pour mon deffein.Ce que Vous
me dites Monfieur que j'ai befoin dans ma Théorie de l'aneantiffement de la ma-
tière qui vient frapper par exemple contre la Terre me fuffit pour deffendre ce que
je Vous avois écrit. Car foit C le centre d'une hyperbole
equihtere A/-; foit CAZ fon axe prolongé; A fon fommet;
CT une afîymtote; Zt une ordonnée à l'axe, qui étant pro-
longée coupe l'aflymptote en T. Si CA reprefente la vitefle
des particules de ma matière, qui venant frapper contre la
Terre (car comme je l'ai dit toutes les autres particules ne
doivent point être confiderées) et qui étant en même temps
anéanties fuffiroient pour produire la pefanteur telle que
nous la voions, je dis que la pefanteur fera la même fi TZ
efi: la vitefle de ces mêmes parties qui viennent choquer
contre la Terre, et Zf leur viteffe après la reflexion. Or on
peut prendre TZ fi grande que l'on veut, et par confisquent augmentant la viteffe
la même pefanteur fubfiftera avec fi peu que l'on voudra de perte de mouvement.
Dans ma Théorie fuppofant le Soleil et les Planètes tels qu'ils fontc'eff à dire
faciles à être pénétrez par la matière générale qui caufe la pefanteur, une portion
fi petite que l'on voudra de matière étant fuffifamment divifée et fuffifamment
agitée pourra produire toutes les pefanteurs qui font dans nôtre Syffeme et cela
avec fi peu que l'on voudra de perte de mouvement6), et h proportion pour les
Etoiles fixes").
6) Pour comprendre ce raisonnement, on doit remarquer que dans l'hyperbole équilatère de la
figure on a: TZ2— tZ.2=CA2. Il semble donc que Fatio fait dépendre ici la pression exercée
par le courant de particules qu'il suppose, du carré de leur vitesse, soit qu'il oublie pour le
moment que le courant de retour, ayant subi la réflexion contre la terre sera nécessairement
devenu plus dense par suite de la perte de vitesse, soit qu'il suppose en effet que la pression
exercée par chaque particule est proportionnelle au carré de la vitesse.
CORRESPONDANCE. 1690. 409
Dans la même Théorie, qui, comme Vous voiez, Moniteur, établit le monde
extraordinairement vuide de matière, fuppofant que les corps durs qui n'ont pas de
report ne rejaillirent point dans leurs chocsb") et qu'il n'y a point de refïbrt qu'en
vertu de l'agitation d'une matière dure fans refïbrt et bien plus déliée que ne
peuvent être les parties élaftiques, il ne fe perdra dans un temps immenfe qu'une
partie fi petite que Ton voudra du mouvement qui efi: dans le monde. Or on a fujet
de foupçonner que les corps durs ne rejaillifTent qu'en vertu de leur refïbrt, et fi
cela etl il me femble qu'il n'efr. pas poffible dans d'autres fuppofitions que les
miennes, de faire voir comment le monde s'entretient depuis fi longtemps fans
une perte fenfible et prefque totale de fon mouvement. Pour ce qui efi: de toutes
les objections qu'on peut me faire j'y ai une réponfe générale qui m'a fouvent fait
trouver la folution de quelques difficultez qui me venoient dans l'efprit quand je
lifois des ouvrages de Mathématique c'eft que l'on peut hazarder de croire que je
ne me fuis pas trompé dans mes raifonnemens; et quand on fera cette fuppofition
et qu'on la prendra comme un principe pour développer ce que je veux dire, les
objections aifées à venir dans l'efprit fe diffiperont d'elles mêmes avec un peu
d'application. En effet il n'efl pas croiable qu'aiant médité fur ce fujet'depuis fi
longtemps elles m'eufïent échappé: et fi elles ne m'ont pas échappé je ne fuis
nullement d'humeur à les diffimuler, même en cas que je n'y aie pas de folides
réponfes. Dans cet efprit là, Moniteur, qui efi: celui où j'ai toujours été à votre
égard, comme je le devois par toutes fortes de raifons, Vous voiez bien moniteur
que ce que Vous avez pris comme une objection à vôtre Traitté de la pe fauteur
dans ma première lettre7) n'en étoit pas une contre Vous, ce que je croi d'ailleurs
avoir affez indiqué, puis que toute fa force ne vient prefque que de la grande
rareté de l'ether, que Vous n'admettez pas dans votre reponfe quoi que Monfieur
Newton prétende l'avoir démontrée8), en confequence du peu de refiltence de
l'éther au mouvement des Comètes et des Planètes. Mais comme je fuis porté à
croire que le monde efi prefque abfolument vuide de eorpsc\ et qu'en un efpace ab-
folument vuide rien n'empêche que la vitefTe des corps ne foit auffi immenfe que
l'on voudra, j'ai efTaié de faire voir que vôtre Théorie n'excluoit pas neccfTaire-
ment une plus grande vitefTe et une plus grande rareté que Vous n'aviez fuppofées:
néanmoins je n'ai pas dit les raifons que j'avois pour établir une fi grande rareté,
les quelles me paroifTent avoir beaucoup de force, même quand j'entre dans toutes
vos explications: mais ce n'efl pas ici le lieu d'en parler davantage. L'objection la
plus fenfible qui fe prefente contre mon hypothefe efi que ma matière devroit
s'épaiffir extraordinairement autour de la Terre, et vous croiez Monfieur que je
7) La Lettre N°. 2570.
8) Consultez la Prop. X et le Coroll. 3 du LemmeIV,du Liber III des Principia(pp. 416 et
480 de l'édition originale).
Œuvres. T. IX. 52
4-IO CORRESPONDANCE. 1690.
n'ai pas repondu à cette objection. Mais, pour ne pas repeter ce que j'ai déjà dit
dans ma première lettre, on verra quand on voudra l'examiner que dans ma demon-
flration la condenfation de la matière n'augmente point de plus en plus autour de
la terre au delà d'un certain degré; mais que la condenfation déterminée qui fe
fait prefque en un moment auprez de la Terre, et qui eft. fi petite que l'on veut,
y demeure toujours la même et fe répand incefïamment plus loin, néanmoins fans
devenir plus grande, quoi qu'elle s'étende de plus en plus en de nouveaux
efpaces'Q.
Voila Monfieur ce que j'ai crû Vous devoir écrire, où Vous pouvez remarquer
l'égard que j'ai eu pour les objections que Vous m'avez fait l'honneur de me pro-
pofer, puis que je ne les ai pas voulu négliger toutes au point de ne leur donner
aucune réponfe; et Vous pouvez voir en même temps que je me fuis fort refFerré,
pour m'accommoder autant que je pouvois à ce que Vous fouhaittiez de n'entendre
plus parler de cette Théorie. Je Vous afTure Monfieur que je n'en fuispoint
amoureux ni entêté, quoi que je ne puiiïe m'empecher de lui voir un trez grand
air de vraifemblance. Il y a déjà longtemps que ces études ne me touchent plus
autant qu'elles faifoient autrefois et ce n'ell pas un* effort médiocre qu'il me faut
faire pour mettre mes penfées fur le papier9). Mais il y auroit de l'injuftice à ne
Vous en pas rendre conte, quand elles ont tant foit peu d'apparence de vérité. Je
Vous demande pardon Monfieur de l'embarras que je Vous ai donné de répondre
à une mauvaife objection touchant la réfraction du criftal d'Iflande. Cela ne feroit
pas arrivé fi la lettre que vous m'aviez écrite IO) n'eut pas demeuré fi longtemps
entre les mains de Monfieur de Zulichem, mais dabord que je l'eus je me preffai de
Vous écrire incefTamment afin que ma lettre put venir allez tôt chez Monfieur de
Zulichem pour partir avec fon paquet, et ainfi je manquai de temps pour rechercher
moi même la réponfe à cette objection. Si ma première lettre avoit pu Vous donner
quelque idée Monfieur que j'enfle manqué à repondre à l'eftime et à la vénération
que j'ai toujours eue pour Vous, je ne manquerois pas de la defavouer comme une
chofe qui n'auroit pas de rapport avec mes propres penfées. Monfieur Boyle,
Monfieur Hambden et Monfieur Lock Vous font leurs complimens. Monfieur
Newton Monfieur m'a affuré qu'il prenoit en fort bonne part tout ce qui eft dans le
Traitté de la caufc de la pefantcur. Monfieur Halley m'a donné le nom de quelques
unes des liqueurs froides qui ont fervi à produire du feu en prefence de la Société
Roiale, fans aucun mélange d'étoupes ou de cotton ni d'aucune chofe femblable";
9) Fatio a, plus tard, mis sa théorie en vers latins, dans le style de Lucrèce. Il envoya le poème,
en 1729, et plus achevé en février 1730, au concours ouvert par l'Académie des Sciences de
Paris. Il commence ainsi:
De gravitate canam, densaomniapraecipitante.
Voir, à la page 166, l'ouvrage de P. Prévost, cité dans la Lettre N°. 2572, note 1.
10) La Lettre N°. 2558.
CORRESPONDANCE. 169O. 4 I I
car cette expérience y a été faite feparement avec plufieurs différentes liqueurs.
Les huiles de bois qui font fort pelantes, telles que font les huiles de buys et de
faflafras et l'huile de guaiac peuvent être prifes pour une des liqueurs, mais l'huile
de Carné eft la feule huile légère que Ton ait trouvé qui faffe le même effet. Sur
une de ces huiles on verfe une eau forte extrêmement rectifiée et faite de parties
égales de nitre et d'huile de vitriol : Et on en verfe jufques à ce que le feu fe mette
au mélange, ce qui fe fait bien promptement. Celui qui a fait voir toutes ces
expériences à la Société eft un Chymiite nommé Monsr. Molt. Je foupçonne
Monfieur que ce qui Vous a empêché d'entendre ma démonftration eft ce que je
difois que la pyramide TZV peut être plus large vers la bafe que la pyramide
PZQ. Mais cette plus grande largeur ne fait nullement la iorce de ma démon-
ftration, et je ne l'ai admife que parce que ma
matière étant diviféeen fes différentes clafles les
particules d'une même claffe ne peuvent pas
être entre elles exactement delamêmcgrofleur,
de la même figure, et avoir le même reffbrt, la
même viteiïe et le même mouvement fur leurs
centres, ni s'appliquer exactement de la même
manière à la petite furface Z.Z., qui ne peut
d'ailleurs être exactement plane. Or toutes ces
caufes concourent a faire que la même claffe
aprez la réflexion s'écarte dans une pyramide
tant foit peu plus large qu'avant la reflexion. Avant que de finir Monfieur
je dois Vous dire que quand je reçus votre première lettre11) je travaillois
encore âmes recherches touchant la caufe de la pefanteur, et que ce n'étoit que
depuis trez peu de jours que j'avois vu que les objections qui auparavant me
fembloient la détruire n'avoient véritablement aucune force contre elle. Je refolus
donc de Vous en écrire tandis que votre Traitté n'étoit pas encore public, quoi
que je l'enfle vu entre les mains de Monfieur Hampden. Votre lettre Monfieur me
trouva dans cette difpofition, et je ne Vous cacherai point que je crus que ma
réponfe, où j'expliquois mon hypothefe, viendroit aflez tôt pour Vous donner lieu
d'augmenter les Additions, qui font à la fin de vos Traittez. C'ell à cela en partie
qu'il faut attribuer mon emprefTement. Quand Vous aurez compris^mes demon-
ltrations, Monfieur, qui ont dans mon efprit un degré d'évidence auffi grand qu'il
foit poflible, Vous jugerez s'il Vous plait fi cet empreflement etoit refpectueux, et
s'il partoit d'un coeur qui Vous fut entièrement attaché*).
Monfieur Boyle n'a point pu fe fouvenir quelle etoit cette autre chofe qu'il
') La Lettre N°. 2558.
412 CORRESPONDANCE. 1690.
Vous a voit promife, et dont Vous me marquiez Monfieur que Vous ne Vous
fouveniez plus vous même.
Je fuis avec un profond refpect
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant feruiteur
N. Fatio de Duillier.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
a La Haye.
*) Il femble qu'a la fin vous n'auriez pas befoin du globe terreftre pour produire
voftre pefanteur ce qui pourtant feroit fort abfurd fuppofè voltre mouvement
de matière en tous fens [Chr. Huygens],
*) Cela n'eft point [Chr. Huygens].
c) Comment faites vous donc pafTer la lumière des Eitoiles et du Soleil jufqu'à
nous [Chr. Huygens].
rf) jufques a quelle eftendue d'efpaces ira-t elle, et le mouvement qui doit pro-
duire la pefanteur fe fera-t il encore dans cette étendue de matière condenfée?
[Chr. Huygens].
e) Il femble que félon fa Théorie il devroit y avoir de la pefanteur vers un globe
de marbre ou de metail.
Je ne vois pas auffi comment il peut expliquer que le dedans d'un corps fo-
lide refient l'action de la pefanteur, et cela precifement fuivant la quantité de
la matière [Chr. Huygens].
Ns 2583.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
25 AVRIL 1690.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2576.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2584.
Whitehall ce 25 d'Avril 1690.
Hier Fatio me vint apporter la lettre1) qui va cy jointe pour vous, dans laquelle
il vous rend compte de la compofition et de la nature des liqueurs, qui s'enflament
') La Lettre N°. 2582, que Constantyn oublia d'envoyer. Voir la Lettre N°. 2584.
CORRESPONDANCE. 1690. 413
eftant mêlées, et qu'a Moniteur Boyle. Comme je luy dis, que vous aviez defTein
de faire un objectif de Telefcope par le moyen duquel vous croyiez qu'il y auroit
moyen de mieux découvrir les petites Planètes et eftoiles 2), il me dit qu'il croyoit
de fcavoir de quelle manière vous aviez defTein de vous y prendre, et me dit ef-
fectivement la manière telle que vous me l'avez propofée, eftant icy. Il adjoufta
que Mr. Halley Secrétaire de la Société Royale icy 3), lui avoit communiqué il y a
defja quelque temps qu'il s'eftoit fervy d'un objectif de fix pieds, ayant une ouver-
ture fort grande, et que regardant le ciel avec ce verre il avoit découvert partout
autant d'eftoiles a proportion, que l'on en voit dans l'Eltoile qu'on appelle Pouflî-
niere4). Si cela eft vous en verrez un furieux nombre par celuy que vous avez
defTein de faire, et dont il me tarde d'entendre le fucces, mais je crains fort, que
vous trouvant feul dans le laboratoire, l'ouvrage n'avancera pas bien vide.
J'aimerois bien mieux de vous y affilier que de traverfer le canal de St. George
pour aller en [Irlande] 5). Le temps de noftre départ n'eft pas encore fixé, et le
manque des chofes neceïïaires, fur tout celuy de l'argent le retarde encore, on
efpere qu'il y fera mis ordre. Par une lettre de Tien6) j'apprens aujourdhuy que
vous eftes tourmenté du mal de dents et le frère de St. Annelandt de la goutte,
l'un et l'autre me fâche beaucoup.
Pour mon frère de Zeelhem.
2) Voir la Lettre N°. 2575.
3") Edmund Halley, le célèbre astronome, né à Londres, le 8 novembre 1656. Il s'était déjà fait
connaître par son „Catalogus stellarum australium", mais surtout par la part active et géné-
reuse qu'il prit à la publication des ^rincipia" de Newton. En 1703, il succéda à Wallis
dans la chaire de géométrie à Oxford, en 1720, à Flamsteed dans la direction de l'observatoire
de Greenwich. Il mourut à Greenwich, le 24 janvier 1656.
4) Constantyn écrivit à ce sujet dans son journal, en date du 24 avril :„Fatio de d' (huilier m'ap-
porta une lettre pour frère Cbristiaan. Il me dit que Halley, le secrétaire de la Royal Society,
avait une lunette de six pieds de longueur, mais dont le verre avait une très grande ouverture,
et avec laquelle il avait vu partout dans le ciel autant d'étoiles, qu'on en voit avec d'autres
lunettes de cette longueur dans l'Estoile poussinière ou les Pléiades".
5) En tournant la page Constantyn a oublié d'écrire le mot.
6) Le fils de Constantyn.
414 CORRESPONDANCE. 1 690.
N= 2584.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
2 MAI 1690.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2576 et 2583.
A la Haye ce i May 1690.
Je refponds a vos deux lettres, l'une du a8 mars, l'autre du 25 Avril. En
eferivant la première vous attendiez encore les 4 exemplaires de mon livre que
j'avois recommandé au Sr. Meeiter, lefquels comme j'efpcre, vous auront elle
rendus depuis, ce que je vous prie de me mander, et fi vous les avez diftribuez ou
fait diftribuer par Mr. Fatio, fuivant les noms que j'y avois marquez.
Quoy qu'alors vous n'eulïiez point ouy parler de cette affaire de J. Hol *), il ne
fe peut que vous n'en ayez elle informe du depuis, et que vous n'ayez vu un
imprimé qui a pour titre Légende van Amfterdam&c2). C'eft une étrange affaire,
et quoy qu'on dife que ces Mess.rs d'Amfterdam font femblant de s'en mocquer,je
ne vois pas comment ils s'en exeufent, et je doute fi quelque jour elle ne fera pas
relevée d'une autre manière.
J'ay efté voir Mr. de Berkefteyn3) le lendemain de fon arrivée, qui entre autres
chofes m'a compté des raretez, que poffede ce Mr. Gaillard, avec qui vous avez
fait connoifïance. Mais que l'urne, dont la figure eft au livre de Spon, n'eft pas
tout a fait fi belle que l'eftampe la reprefente.
Dans vofîre dernière vous dites qu'une lettre de Fatio y va jointe, et vous avez
oublié de l'y enfermer. Si vous ne l'avez envoiée depuis4), je vous prie d'en avoir
foin, parce que cela m'importe que je fafTe remercier Mr. Boyle de fa recepte, et
que je voije ce que Fatio repond a la lettre que je luy ay eferite. J'avois demandé
a Mr. Boyle la manière de faire de la glace, fans fe fervir de glace ni de neige,
c'eft pourquoy je fuis furpris de ce que vous dites avoir appris de Fatio qu'il
m'enfeigne de faire du feu par le meflange de deux liqueurs, qui a la vérité eft
auffi un joli fecret et dont j'ay vu l'expérience chez Mr. Boyle 5).
Fatio pouvoit bien feavoir comment je pretens de découvrir plus d'étoiles et
de fatellites par le moyen de mon objectif, puis que je luy en ay parlé eftant à
') Voir la Lettre N°. 2573, note 5.
2) Légende van Amfterdam, aen den dagh gekomen door deeigene belijdenifle van Jan I loi,
tegenwoordig gedetineerde op de Voorpoort van den Hoove van Hollandt in 's Gravenhage,
en beveftigt door de bij hem gevondene brieven van den Koningh van Vranckrijck. en van de
eigene handt van deflelfs voornaemde Minifter de Lonvoys aen eenige Regenten der Stadt
Am(terdam.in-4°.
3) Voir la Lettre N°. 2569. 4) Voir la Lettre N°. 2586.
5) Voir la Lettre N°. 2544, note 1.
CORRESPONDANCE. 1690. 415
Londres, fi je ne me trompe fore. Mais Mr. Haley pourquoi n'a til pas obfervè ni
les 2 ni les 4 fatellkes de Saturne, que Mr. Caffini a découvert6)? Car tant s'en
faut qu'on les eut vu en Angleterre quand j'y eftois Telle dernier, qu'ils olbient
dire que ces fatellkes n'eftoient point in rcrum natura.
Ce l'ont de pauvres faifeurs de Telefcopes, que ces M.rs les Anglois quoy que
de longtemps ils s'y foient eftudiez. De mon travail il en eft a peu près comme
vous dites, non pas toutefois feulement a caufe de la folitude, mais parce que j'ay
eftè imcommodè tous ces jours par des maux de dents et de telle. J'ay pourtant
préparé mon verre, et l'ay rendu d'égale epaifTeur, mais il fera de 30 pieds, parce
que je ne trouve pas des pièces bleues mifes en oeuvre pour corriger la forme de
12 pieds.
Hier mourut fubitement nollre bonne Confine Egidia de Wilm7), s'eftant ha-
billée et coiffée, et eltant defeendue pour s'aller mettre a table. Mad.me voftre
femme n'aura pas manqué de vous le mander, et vous aurez een Rowbrief de la
part de la famille. Efcrivez moy, je vous prie, devant votre départ, car après le
pafTage en Irlande nous ferons peut eftre long temps fans avoir de vos nouvelles.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem
Secretaris van Sijne Koninglijcke Majefteijt
tôt
Londen.
N° 2585.
Christiaan Huygens à Ph. de la Hire.
4' MAI 169O.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2577.
De la Hire y répondit par le No. 2589.
Sommaire: A Mr. de la Hire le 4 Maj. 90. Que mes Exemplaires font arrivez a l'Ifle. rien de longtemps.
Angleterre. Paquet *), s'il eft de luy ou Perrault ou quelqu'autre. Mr. Newton, Obfcuritè defon
livre, mon livre de la lumière, de la Pefanteur addition. Epagnol. libraires vu l'es Tables, il fait
ce que j'avais toufjours foubaitè pour les fixes. Il fera beau des Planètes avec les anomalies fans
bypotbelcs2).
J'ay entendu parler de quelque oppofition. N'aurons nous pas la Théorie des Joviales de Mr.
Caffini?
Flamfteed m'a dit qu'il s'y fert de l'équation qui procède du temps qu'emploie la Lumière
félon Mr. Romer. Perrault.
6) Consultez les Lettres Nos. 1949 et 2338. ") Voir la Lettre N°. 1 139, note 13.
') Voir le post-scriptum de la Lettre N°. 2568. 2) Voir la Lettre N°. 2568.
416 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2586.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens , frère.
5 mai 1690.
La lettre- et la copie se trouvent à Leiden , coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2584.
A la Haye ce 5 May 1690.
Madame voflxe femme m'a envoie la lettre de Fatio que vous aviez oubliée, et
que je vous ay demandée par ma précédente. Il me mande que des 4 Exemplaires
que j'ay envoie les derniers c'efî. a dire par Meefter, il n'a receu que celuy qui
elloit pour luy et un autre pour Mr. Wren. ce qui me fait croire, que vous aurez
adrefTè les autres, qui elloient pour Mr. Wallis et pour Mil. Pembrock, par
quelqu'autrede vos connoifTances. au moins je vous prie d'avoir foin qu'ils foient
rendus. Fatio me mande aufïï que Mr. Boyle n'avoit pas encore receu l'exemplaire
que j'avois deftinè pour luy, et qui a eftè parmy ceux dont Mr. Stanley a fait
la diftribution. de quoy je vous prie de vous enquérir de ce Dofteur, car j'en fuis
fort en peine, parce que Mr. Boyle eft un des lefteurs que je fouhaite le plus pour
cet ouvrage, et outre cela je luy fuis obligé pour fa recepte pour la glace. C'efl
bien a regret que je vous romps fi fouvent la tefte de ces livres, mais je fuis obligé
de m'acquiter de ce que je dois et de ce que j'ay promis aux amis par de là. On
parle encore fort diverfement du voiage d'Irlande, les uns voulant qu'il fera
longtemps différé les autres qu'il ne fe fera point du tout. Je penfe quelquefois
que nous nous ferions bien pafîez de toute cette affaire d'Angleterre et noftre
païs auffi, lî ce malheureux Roy Jaques euil: pu gouverner fon royaume en paix.
Quicquid délirant Reges pleéluntur Achivi. Mil. Dorfley1) prépare un Regale
aux Dames de la Haye pour le jour de naiffance de la Reine, cela fe fera a la
mai fon au bois.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuylichem,
Secretaris van Sijn Konincklycke Maj.t
Tôt
Londen.
') Charles Berkeley, vicomte de Dursley, envoyé extraordinaire du Roi d'Angleterre près les
Etats-Généraux depuis 1690; voir la Lettre N°. 807, note 4. 11 quitta la Haye en 1694.
CORRESPONDANCE. 169O. 4 \J
N= 2587.
Christiaan Huygens au Marquis de l'Hospital.
10 mai 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbrock ').
La lettre est la réponse au No. 2580.
De l'Hospital y répondit par le No. 2594.
A la Haye, ce 10 May 1690.
Monsieur
La lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'eferire, datée du 18 Avril ne m'a
elle rendue que le 5 du mois prefent, peut-eftre par la faute de celuy a qui elle a
eftè adreffée en ce païs, que je ne puis feavoir qui c'eft, parce que fans rien
adjouter de fa part il m'a Amplement envoie le paquet ou eftoit cette lettre avec
l'Extrait2) qui contient voftre demonftration de ma Règle touchant le centre d'of-
cillation. Cette omiffion fait que ne feachant pas ou je dois adrefTer ma refponfe
a Paris, je n'eferis qu'au hafard ce peu de lignes, pour voir fi elles auront le
bonheur de parvenir jufqu'à vous; après quoy je ne manqueray pas de vous eferire
plus amplement touchant la dite demonftration. Car voiant que vous demandez
qu'elle foit inférée dans nos Journaux, mais avec cette condition, que j'en fois
fatisfait, je crois eftre obligé de vous communiquer auparavant mes confiderations
fur les fondemens dont vous vous fervez. Que fi après cela vous fouhaitez que
voftre écrit foit publié, ou fi mefme vous voulez que cela fe faffe au pluftoftet
devant que d'avoir vu ce que j'ay a dire, je fuivray volontiers vos ordres, et vous
voudrez bien alors que j'y joigne mes remarques. Au refte Monfieur, voftre
entreprife me fait honneur,, et je vous fuis obligé d'avoir tafché de confirmer ma
théorie par de nouvelles preuves puis qu'il y a eu des perfonnes qui ne fe font
pas contentez de celles que j'ay données, qui pourtant me femblent bien certaines.
Je voudrais avoir pu trouver des principes auffi furs dans ce que j'ay avancé
touchant les Refraétions et leur caufes phyfiques, afin que le Traité que je viens
de publier puit repondre à voftre attente. J'en ay envoie 9a 10 exemplaires h
Mr. de la Hire 3), et j'attens de fes nouvelles pour feavoir s'il les aura receux. Lors
qu'il fe prefentera quelque occafion pour en faire paffer d'autres, à quoy la defenfe
') Chr. Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae Fasc. I, p. 220.
2) La pièce N°. 2581.
3) Voir la Lettre N°. 2579.
Œuvres. T. IX. 53
418 CORRESPONDANCE. 1 6(?0.
du commerce eft un grand obftacle, je ne manqueray pas de vous en faire avoir.
Cependant je me diray avec refpect
Monsieur
Voftre très humble et très obéissant Seruiteur
HUGENS DE ZULICHEM.
N= 2588.
Christiaan Huygens aux Directeurs de la Compagnie
des Indes Orientales.
10 mai 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
WelEd. Heeren
Sedert U WelEd. raij in Sept, des voorleden jaers de Horologien tôt de Leng-
devindingh gedeftineert, beneffens het oordecl van de Hr. Prof, de Volder daer
ontrent ') hebben gelieven te laeten toekomen en met eenen te kennen gegeven
VWelEd. intentie van een naeder Preuve defer Inventie te nemen, foo hebbe
het gheene noodigh was aen defelve doen repareren, ooek met eenen iets tôt
verbetering daer aen doen veranderen, ende voorts door gedurighe obfervatie
haer gangh geexamineert, om te fien hoe nae defelve over een konde brengen,
waer in niet fonder effccl: gearbeijt hebbende foo twijffele ooek niet of men fal
fich op de reys noch beter daerop konnen vertrouwen als voor defen. Doch terwijl
ick hier mede tôt nu toe daghelijx befigh ben, foo weet niet wel of den tijdt niet
te verre verftreecken fal fijn, om gemeltc Horologien met de Ooftindifche fche-
pen die dit voorjaer vertrecken mede te fenden, aengefien bij VWelEd. noch
fonde moeten vaft geftelt werden wat perfoon tôt het doen van defe preuve fonde
mede gaen, ende voorts in 't fchip de plaets bereyt daer defe wercken ten beften
fouden opgehangen werden. Daerom is mijn gedienrtigh verfoeck van wegen
VWelEd. te mogen verilaen hoe het aengaende den tijdt van het afsenden defer
fchepcn gelegen is. Want indien noch eenige 14 dagen overigh fijn en VWelEd.
goedt konden vinden Mr. de Graef wederom daer in te emploicren foo foude ick
meenen ailes noch te konnen vervaerdighen, dewijl hij alreets volkomen ken-
nifTe heeft van 't gebruyek der Horologien daer een ander van nieuws foude
') Voir les pièces Nos. 2546 et 2547,
CORRESPONDANCE. 1690. 419
nioeten onderrcchc wcrden. Maer indien niet foo veel tijdts fonde hebben foo fal
het beter (ijn tôt in 't naejaer op het vertreck der naelle vloot te wachten, welck
uytftel ick rekene tôt gcen nacdeel defer inventie te fullen ftrecken, dewijl hoe
langer ick de horologicn onder handen hebbe, hoe naerder ondervinde waer in
haere perfeclie gelegen is, en door vvat middel defelvekan werden geobtineert.
Yerwachtende dan hierop VWelEd. refcriptie ende goedvinden, fal verblijven
WelEdele Heeren
VWelEd. feer ootmoedige dienaer
Chr. Huijgens.
In 'sgraven Haghe den 10 Maj. 1690.
de WelEdele Heeren
Mijn Heeren Henrick Decqjjer en A. Bernhardi
Bewinthebbers van de Ooft Indifche Compe- &c.
Tôt
Amfterdam.
Ns 2589.
Ph. De la Hire à Christiaan Huygens.
1 1 mai 1690.
La lettre se trouve à Leulen , coll. Huygens.
Elle est la réponse aux Nos. 2579 ct -r>%5-
Chr. Huygens y répondit par sa lettre du 24 août.
A Paris a lobferuatoire le 1 1 May 1 690.
") Je ne crois pas Monfienr pouuoir me difpcnfer pins longtemps de nous faire
reponfe fur uos deux dernières lettres, lune eftant dattée du 30 Mars ct l'autre du
4 du prefent mois, j'attendois toujours a uous marquer la réception de uos liurcs;
mais je n'en ay point encore appris de nouuelles. Je n'ay pu m'empefeher de faire
part a nos amis de la nouuelle que uous maniez mandée de rimprefTion de uortre
liure en forte que la chofe eftant diuulguce je me trouuc dans un très grand embar-
ras acaufe des Hures que uous enuoyez a quelques perfonnes feulement1), plufieurs
autres et mefmc ceux de l'académie pouuant fe chagriner de ce que uous les
aurez obmis. ce qui ma le plus furpris c'efl: de uoir que uous n'en enuoyez point
■à M. de la Chapelle qui a toujours pris uos interdis en toutes les rencontres. C'elt
') Voir la liste des envois dans la note 1 de la Lettre N°. 2569.
420 CORRESPONDANCE. IÔQO.
pour cette rai Ton Monfieur que je me trouueray obligé pour ne me point faire
daffaires auec perfonne, de les remettre entre les mains d'un de nos libraires et
d'auercir ceux a qui nous les addrefTez de les aller prendre chez luy de uollre part
directement, car on auroit de la peine a croire que ce ne feroit pas moy qui ferois
cette diflribution a ma fantaifie. Vous mauriez obligé pour mon particulier de
faire feulement en forte que uoltre ouurage uint en ces pays cy chez nos libraires.
Japprehende fort que ce que je nous ay dit de ma machine des eclipfes et de la
manière de corriger lesobferuations deuant et après midypourauoir leuraymidy,
ne nous en ait donné une bien plus grande eilime quelles ne méritent, c'ell trop
peu de chofe pour mériter feulement que uous preniez la peine de le uoir. Cepen-
dant j'auois trouué un EcofTbis curieux de mathématique qui deuoit paffer chez
uous afon retour de france et il m'auoit promis de fe charger dune de ces feuilles2)
pour uous la mettre entre les mains, mais je ne l'ay pas uû auant fon départ s'il
efl parti a prefent. je feray pourtant ce que je pourray pour uous en faire tenir auec
ce que nous auons imprimé de nollre recueil 3) fi je puis en auoir auant qu'il foit
acheué. Pour ce qui efl des'louanges que uous dites que je donne a uollre horloge4)
je uoudrois auoir pu luy en donner dauantage parce que je fuis très perfuadé que
Ion a en ce point toute la perfection ou Ion pourra jamais atteindre, et fi j'ay
elle afTez heureux pour faire plus en allronomie que ceux qui m'ont précédé fur
le mouuement et fur la pofition des aflres, c'efl: a uous Monfieur a qui j'en fuis
redeuable; car fans la mefure exacte du temps le fecours de nos pinules a lunette
qui font a la uerité dune très grande importance nauroit pas pu me mener aufli
loin que j'ay eflé. je n'ay jamais douté que uous n'en fuflîez l'inuenteur: mais j'ay
fouuent des afTauts a foutenir pour ce fujet et quand on m'objecte qu'on peut bien
faire en allronomie fans ce fecours je ne puis m'empefeher de me mettre en colère.
Pour les micromètres et les pinnules a lunettes que j'ay attribuez a M. Picard ce
n'efl que fur le récit de M. Auzout et fur celuy de Mr. Picard mefme qui mauoit
fouuent parlé la deflus, et lors qu'on ma uoulu dire que la première uuë en efloit
due au Marquis Maluafie 5) comme on le uoit dans fes Ephemerides, j'ay repondu
que fi quelqu'un pouuoit sen attribuer cette decouuerte ou au moins la première
idée ce deuoit eflre uous Monfieur dans uoltre Syltema Saturnium page 82 6).
Pour connoiflre la différence des méridiens entre Paris et la Haye fi uous
pouuiez élire affeuré des colles jufqu'a Dunquerque, la pofition de Dunquerque
auec Paris eil bien établie par mes obferuations comme je lay mife dans mes tables
et ce feroit aflez en attendant que nous puffions faire des obferuations correfpon-
2) Il s'agit de l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2568, note 6.
3) Voir la Lettre N°. 2432, note 1. 4) Voir la Lettre N°. 2577, note 6.
5) Sur Cornelis Malvasia et ses Ephémérides, consultez la Lettre N°. 789, note 1 1 .
6) Consultez, au sujet des micromètres oculaires de Huygens, la pièce N°. 155 1 , notes 3 et 1 1.
CORRESPONDANCE.
1690.
421
dames des fatellites. S'il arriuoit quelque eclipfe de lune auant ce temps et que
nous pufliez feauoir l'heure au jufte ce feroit toujours une bonne obferuation de
marquer le paffage de lombre par les taches tant a lentréc qu'a la fortie. Ceux qui
nous ont dit que M. Borelli r) elloit mort ont dit uray, il y a enuiron 6 mois. Pour
Mons. Iabbé de Lannion il y a plufîeurs années qu'il eut ordre de ne point uenir à
lacademie fans qu'on luy en donnât la permiffion. On na point mis de chimifte a
la place de M. Borelly quoy que plufîeurs perfonnes fe foient fort emprefiez de
la demander. I\l. Caffmi a efté malade quelque temps et celt ce qui la fait un peu
retarder limprefllon de fes tables des fatellites de Jupiter, prefentement il fe porte
bien. Je fouhaitterois que l'on ouurage fut acheué a fin que nos uoyages fufTent
donnez au public. Il m'efl uenu une penfée a legard de uottre baromètre double8)
pour oiter lirregularité qui fy rencontre par les différentes eleuations de leau qui
pefent différemment fur le mercure et qui font que le mercure ne defeend ou ne
monte pas precifement félon la pefanteur de l'air, de plus
le tuyau dans lequel monte leau eftant ordinairement fort
petit l'air extérieur na pas autant de liberté dy agir comme
il feroit dans un grand tuyau ou bien cette liqueur fe foute-
nant d'elle mefme contre les parois du tuyau elle ne pefe
pas aucc toute fa liberté fur le mercure du grand uafe.
cependant il efi: neceflaireqtie ce tuyau foit petit pour faire
fon effet. J'ay donc penfé d'attacher au haut de ce petit tuyau
(un efpece d'antonnoir ou uafe égal a celuy ou efl le mer-
cure qui fut fort ouuert par le deflus, et le remplir au moitié
enuiron dune liqueur un peu plus légère que l'eau et qui
ne pût pas méfier auec elle enforte qu'elle ne laifferoit pas
de faire toujours fon effet par la defeente ou leleuation du
mercure, et la hauteur AB de la liqueur demeurant toujours
la mefme au deflus de la hauteur CD du mercure, il n'en
feroit pas plus chargé dans une eleuation que dans une
autre, au moins a très peu de différence près qui ne uien-
droit que de la différence du poids de la liqueur et de l'eau
qui feroit toujours très femblable en comparai fon de la
proportion des pefanteurs de l'air a l'eau, de pluslairpefant
ou agiffant librement fur la fuperficie de la liqueur AB et
la liqueur et l'eau ne faifant plus qu'un corps continu leau ECD couleroit libre-
ment dans le petit tuyau au moins aufîî librement que le mercure du petit tuyau
qui joint les deux gros uafes, a l'exception toutefois de la pefanteur du mercure
") Sur l'ierre Borcl, consultez la Lettre N°. 1 856, note 8.
8) Voir la pièce N°. 19 17.
422 CORRESPONDANCE. 1690.
qui le fait agir plus facilement. Pardonnez Monfieur fi j'ay remply le refte de
cette lettre dune chofe a laquelle uous auiez peut élire penféil y a longtemps mais
que uous auez négligée. Soyez feulement très perfuadé que perfonne ne uous
eftimc ny ne uous honore plus que je fais. Je fuis
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeifiant feruiteur
De la Hire.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
a la Haye.
") Refp. le 24 août 90 [Chriltiaan Huygens].
N= 2590.
Christiaan Huygens a Pu. De la Hire.
II MAI 160O.
Le sommaire se trouvé à Leiden, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2585 et s'en croisée arec le No. 2589.
le 11 Mei 1690.
A Mr. de la Hire.
Sommaire : Qu'il fout un pafleport tic Mr. de la Renie1) pour faire paffer mes Exemplaires a Peronne.
') Sur Gabriel Nicolas de la Reynic, voir, au Supplément du Tome VIII, la Lettre N°. 1924",
note 1.
CORRESPONDANCE. 169O. 423
N° 2591.
Christiaan Huygens a Constantyn Huygens, frère.
12 mai 1690.
La lettre et la copie se trouvent à Leideti, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2586.
A la Haye ce 12 May 1690.
Ce matin madame voftre femme m'a envoyé l'imprimé du Chronological
Automaton, que vous luy aviez adrefTè pour cela, comme je crois. Apparem-
ment vous aurez eu la curiofitè de voir cet ouvrage qui, a ce qui paroit par la
defeription, ne reprefente que les apparences des chofes celeftes, et non pas ce
qu'elles font dans la vérité et par rapportai! fyiteme entier, ainfi que ma machine1).
Il faut pourtant que l'ouvrier ait del'induftrie, et quelque connoi (Tance de l'Aftro-
nomie que je juge eftre médiocre, parce qu'il met le mouvement des fixes ou des
Equinoxes d'un degré en 100 ans, au lieu de 70 environ. Ce que j'y trouve de
meilleur eir. l'indication des Eclipfes, pour vu qu'elle foit un peu exaéle. Mr. de
la Hire me mande2), qu'il a inventé une machine pour ce mefme effeci, qu'il dit
eiïre plus fimple et plus correcte que celle de Mr. Romer que j'ay veu a Paris; et
il m'a promis de m'en envoyer la defeription imprimée quand il en poura trouver
l'occafion.
Il me demande aufTy la defeription de mon Automate Planétaire pour la faire
imprimer, ainfi qu'ils ont fait de plufieurs petits ouvrages qu'ils ont trouvé de moy
dans les Regiftres de l'Académie, mais je n'en ay encore rien pu avoir.
Je vous prie derechef de me dire, fi Meefter ne vous a pas rendu les 4 Exem-
plaires, qui je luy ay confiez. Et s'il les a rendu, d'où vient que milord Pembrock
et Mr. Wallis n'ont pas eu les leurs. Pourquoy aufïï le Dr. Stanley n'a pas fait
tenir le fien a Mr. Boyle.
Ayant befoin de voir quelque chofe dans Salinas 3) autheur de mufique, je l'ay
cherché dans le Catalogue Alphabétique que vous avez laifîe, mais ne l'y ay point
trouvé, quoy qu'il me femble que vous l'ayez eu dans voltre partage. Si cela eft je
vous prie de le chercher dans le Catalogue que vous avez la et de m'en mander le
numéro.
l) Voir la Lettre N°. 2255, note 5. 2) Voir la Lettre N°. 2568.
3) Francesco de Salinas, né en 1513 à Burgos en Espagne, mort à Salamanca en février 1590.
A l'âge de 10 ans, il perdit la vue, ce qui ne l'empêcha pas d'acquérir la renommée d'un
érudit, versé dans les langues anciennes, les mathématiques et surtout dans la musique, qu'il
enseigna au collège de Salamanca, et sur laquelle il composa un ouvrage: de Musica Libri
VII, Salamantiae 1577. in-f°. Ce livre ne se trouve pas mentionné dans le Catalogue de vente
de la Bibliothèque de Constantyn Huygens, père (voir la Lettre N°. 2492, note 3).
424 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2592.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, frère.
l6 MAI 1690.
I.a lettre se trouve à Leidet?, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2591.
A la Haye ce 16 Maj. 1690.
Depuis ma dernière, Madame de Zulichem m'a montré ce que vous luy avez
mandé touchant les 1 Exemplaires dont j'eftois en peine, il ne refle maintenant
que celuy que j'avois deftinè pour Mr. Boyle, du quel le Dr. Stanley doit vous
rendre compte.
J'ay promis au Sr. Dan. Libot1), cydcvantconfeiller privé du Comte de Benthem,
de vous eferire en fa faveur, a fin que fi cela fe peut il ait après la mort d'un capi-
taine réfugié nommé Nobilois2), la penfion que M.rs lesEftats luy donnent de 750
U. Ce Nobilois s'eft fait tailler delà pierre et pourra malaifement échapper. Le Sr.
Libot a eu tout fon bien auprès de l'Ifle, confifquè par les François, parce qu'il
n'y veut pas aller demeurer en changeant de religion. Je l'ay connu a Breda lors
que j'y elludiois. Vous pourrez toufjours dire que je vous l'ay recommandé fi vous
en entendez parler a ceux qui auront receu des lettres en fa faveur de la part de
Mr. Schuylenburg 3) ou des Marets 4). Mais il y a apparence que ces penfions
venant à vaquer fe donnent à d'autres officiers réfugiez.
Par les dernières lettres venues de delà nous avons fçeu comment Mil. Shrewf-
burry 5) a voulu defifter de fa charge, et l'on attend encore pour fçavoir comment
') Dans les Registres des Eglises Wallonnes on trouve cité: „Daniel Libot, reçu membre de
l'Eglise d'Amsterdam, par témoignage de l'église de St. Quentin, 9 mars 1687. Homme de
Lettres".
-) Dans les Registres de la note 1 on trouve encore, „Daniel de Nobilois, capitaine à 11 650 par
acte du prince d'Orange, 24 juin 1 686."
3) Voir la Lettre N°. 2481, note 10. ^ Voir la Lettre N°. 1 118, note 10.
5) Charles Talbot, né le 24 juillet 1660, douzième earl de Shrewsbury. Son père, Francis, fut
tué en duel par Buckingham, amant de la seconde épouse de Francis, laquelle assistait au
duel déguisée en page, gardant par la bride le cheval de Buckingham.
Malgré son naturel craintif et versatile, Charles Talbot a joué un rôle considérable dans
la politique de son époque. Après avoir mis une somme de 12000 livres sterling à la dispo-
sition de Willem III, il prit part à l'expédition de 1688. Il fut nommé secrétaire d'Etat de la
province du nord le 9 mars 1689, mais renvoya les sceaux de sa charge en mai 1690. On
le soupçonna d'entretenir des relations avec la cour de St. Germain. Il reprit ses fonctions
en mars 1694, et fut créé en même temps marquis d'Alton et duc de Shrewsbury. Après avoir
occupé différentes hautes charges, entre autres celle de lord Chamberlain, il quitta le service
de l'Etat, le 20 juin 1700. Souffrant de la poitrine, il s'établit à Rome, où il demeura quatre
CORRESPONDANCE. lÔÇO. 425
cette affaire fe fera terminée. Il faut avouer que ces MefT.rs les Anglois font diffi-
ciles a gouverner, car on entend parler a chaque fois de pareils mefcontentemens
et mutineries. ... Ce qui mefme fait croire à bien de gens que le voiage d'Irlande
ne fe fera point. En ce cas vous elles leur d'avoir une vifite de Mad.e voftre
Efpoufe. Et le frère de St. Annelandt pourroit bien l'accompagner, quoy qu'il
femble faire quelque difficulté par la crainte des attaques de fa goutte. Il partit
hier pour la Nordhollande. Nous fumes enfemble a voir la felte de Mil. Durfley'5)
à la maifon du Bois, le jour de la naifîance de la Reine, mais n'y reliâmes que
jufqu'a 10 heures du foir.
Souvenez vous je vous prie de Salinas.
Mijn Heer
Mijn Heer van Zuijlichem
Secretaris van fijne Koninglycke Majefteyt
Tôt
Londen.
N? 2593.
H. Justel ') à Christiaan Huygens.
19 MAI 169O.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
le 19 May 90.
Monsieur
La connoifTance que iay de uoftre bonté me faicl prendre la liberté de nous im-
portuner en faueur dun honneite homme frère du[n] de mes bons amis qui eftoit
uenu ici pour fecourir fon frère et qui fen ed: retourné en Hollande. Si par uoftre
uoy il pouuoit auoir quelque petit employ pour pouuoir uiuoter non pas uiure il
ans, se rendit ensuite à Augsburg, où il épousa Adelheide, fille du marquis Palleotti de
Bologne. Après son mariage il fut successivement ambassadeur en France et lord lieutenant
d'Irlande. Il mourut le kt février 1718.
6) Voir la Lettre N°. 2586, note 1.
') Sur Henri Justel, consultez la Lettre N°. 1539, note 6.
Œuvres. T. IX. 54
426 CORRESPONDANCE. 169O.
nous feroit infiniment obligé et moy auffi. Peut eftre que quelque Magiftrat
Damfterdam pourroit fans faire tort a perfonne luy procurer quelque petit employ
dont il fera content de quelque nature quil puifTe eftre. Son frère enfeignon2)
les mathématiques ici a londre : mais depuis la guerre il n'a plus decoliers. Mr.
Foubert a l'Académie duquel il enfeignoit n'en a que quatre, ce qui réduit nos
gens dans un eftat fâcheux. Je nous demande pardon de uous entretenir de chofes
ii ennuyeufes et fi defagreables. il ny a aucune nouuelle confiderable dans la
Republique des lettres, quoy qu'on ne m'ecriue plus de Paris, i'ay fceu qu'on ny
faifoit rien, on ny uoit que de mechans petits liures qui ne méritent pas d'eftre
leus. On faicT: ici l'eftime qu'on doit de uoftre dernier ouurage qui eft digne de
uous. Je m'occupe d'ofter la poudre des liures de la bibliothecque de St. James
ou il y a de bons liures, quelques Ms. entre autres un Arabe qui par les figures
me fait iuger quil traitte d'aftronomie. il eft parfaitement bien écrit et enrichi
autant quil a efte poffible. il eftoit a un grand Seigneur nomme Achmet. Je n'ai
pas encore rencontrez perfonne qui en pu expliquer quelque chofe. le Ms.
Alexandrin eft la plus belle pièce quil y ait. Si ie n'auois pas peur de uous en-
nuyer, je uous ferois une defcription plus particulière de cette bibliothecque dont
la poudre eft fi ancienne quelle eft epoifie, noire et puante, ceft par trop uous
importuner. Je fuis
Monsieur
Votre trefhumble et trefobeiffant ferviteur
Justel.
A Monfieur
Monfieur Hugens
•à la Haye.
;) Lisez: enfeigne.
CORRESPONDANCE. 169O. 427
N°- 2594.
Le Marquis de l'Hospital a Christiaan Huygens.
2 JUIN 1690.
La lettre se trouve à Laden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek ').
Elle est la réponse au No. 2587.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 259R.
A Paris ce se juin.
Le M. de l'Hospital a Huygens.
") J'aY receu, Monfieur, voftre reponce, et Mr. de la Mire qui m'eft venu voir
m'a montré vne lettre où vous luy mandez à peu prés les mefmes chofes ce qui
m'a donné occafion d'écrire ce que je vous ay enuoyé fur les centres d'ofcillation
eft la reponce que Mr. Bernoullj fait à Mr. l'Abbé Catelan2) jnferée dans les jour-
naux de lipfic vous y verrez, Monfieur fi nous vous donnez la peine de le lire
qu'il conclut a la fin, de fon principe qui paroiftaflez naturel, que voftre hypothefe
n'eft pas vraye puifque félon fon rayfonnement le centre de granité ne remonte
pas au mefme endroit d'où il etoit defeendu et comme j'ay crû que cela pouroit
faire quelque peine aux perfonnes qui liroient cet endroit et mefme leur laifler
quelque doutte j'ay taché d'éclaircir la chofe autant qu'il m'a ete pofllble afin que
la mefme vérité étant prouuée par des voyes différentes parut encore plus dans
fon jour, je vous feray très obligé fi vous voulez bien m'enuoyer vos remarques
vous deuez conter que je n'appelleray point de voftre jugement car je feais fort
bien que vous pouuez décider en juge fouuerain fur toutes ces matières je croirois
feulement qu'il ne faudroit pas laifler fans réplique ce que dit Mr. Bernoully &
qu'il feroit avantageux de luy faire voir que fon principe bien entendu confirme
ce que vous auez auancé et prouué d'une manière fans comparaifon plus fanante
6k plus géométrique, je fuis
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeifTant ferviteur
Le Marquis de l'Hospital.
mon adrefle eft chez Mr. le Comte de Ste Mefme rue neuve des bons enfans
proche la place des Victoires.
") Refpondu le 6 juill. 90. la lettre eft au Livre G [Chriftiaan Huygens],
') Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. I, p. 221,
2) Voir la pièce N°. 2426.
428 CORRESPONDANCE. 1690.
Ns 2595-
D. Papin h Christiaan Huygens.
l8 JUIN 160O.
La lettre se trouve à Lciden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par j. Gerland ').
Elle est la réponse à une lettre que nous ne connaissons pas2).
Chr. Huygens y répondit par sa lettre du 1 septembre 1690.
18
de Marbourg ce -~- Juin 1690.
0 Monsieur
Je ne puis Vous exprimer l'agréable furprife que m'a caufée lhonneur que Vous
avez daigné me faire de m'envoyer le dernier ouvrage que Vous avez mis au jour,
et je Vous en aurois, plus toft rendu mais [//c] très humbles grâces s'il n'eftoit point
demeuré fi longtemps en chemin : mais à caufe de ce retardement je n'ay encor pu
que le parcourir à la hafte, et il falloit du moins faire cela avant de Vous en remer-
cier afin de Vous pouvoir témoigner en mefme temps que j'ay defjà reconnu vne
partie de ce que vaut ce beau prefent, et que j'auray foing d'en faire mon profit:
car je fçay, Monfieur, que c'eft la le but de vos travaux, et que pofTedant en Vous
de quoy Vous rendre heureux et content, tout ce que Vous cherchez déformais
n'eft que de procurer du bien aux autres. Je Vous diray donc que quoyque je ne
fois pas capable de juger fi promptement de la plufpart des matières qui font
contenues dans voftre Hure, ij ayant des recherches et des Demonflrations fort
profondes, et qui demandent vne attache fort difficile a ceux qui comme moy n'ont
travaillé que fur des fujets bien plus aifez: cependant je me fie affez à voftre
habileté confommée en ce genre, pour eftre perfuadé que tous les calculs et De-
monftrations que Vous donnez dans ce livre, prouvent exactement ce que Vous
prétendez et que les Experiences,fe trouvant conformes à ce que voftre Théorie
promet, c'eft vne preuve prefque indubitable que vos Hypothefes font autant de
veritez, et je m'aiTeure qu'elles fe confirmeront toufjours de plus en plus par les
recherches qu'on pouffera toft ou tard à voftre imitation. Il feroit à fouhaitter,
Monfieur, qu'il y euft bien des gens qui euffent la volonté et la capacité de le faire:
ce feroit alors qu'on feroit effectivement beaucoup de véritables progrès dans la
cognoiftance de la Nature; mais Vous devez attendre bien plus d'admirateurs que
') Leibnizens und Huygens' Briefwechsel mit Papin (voir la pièce N°. 2008, note 1 1) p. 148.
2) La lettre d'envoi d'un exemplaire du „Traité de la lumière" et du «Discours sur la Cause de
la Pesanteur".
CORRESPONDANCE. IÔQO. 420
d'imitateurs dans vn temps auffi malheureux que celuy cy: Pour moyje ferois
l'un et l'autre fi ma capacité s'eftendoit jufques a traitter les chofes d'une ma-
nière qui requiert tant de force et de pénétration; mais il faut que je me con-
tente de chercher plus fuperficiellement, et puifquc Vous témoignez avoir la
bonté de daigner m'honorer de quelques vnes de vos lettres, je Vous fupplie
très humblement, Monfieur, de vouloir bien me lever quelques fcrupules qui
me font venus en lifant vos additions au traitté de la Pefanteur. Vous ij dittes,
pag. 159, que Vous croyez que la pefanteur eft la mefme au dedans de la
Terre que h fa furface3): je ne vois pas comment cela fe peut accorder avec
voflxe fécond Théorème de vi centrifugé 4) imprimé a la fin de voftre Horolo-
gium ofcillatorium: car attribuant vne certaine viteffe a la matière qui caufe la
pefanteur, il femble que celle qui fe meut dans les circumferences plus proches
du centre et par confequent plus petites, doibt avoir plus de force centrifuge:
ainfi félon ce Théorème les corps qui font à la moitié de la diftance dicij au centre
de la Terre devroient avoir le double de la pefanteur qu'ils auraient s'ils eftoient
a la fuperficie : puifque cette matière doibt caufer vne pefanteur proportionnée à
fa force centrifuge. Ce qui me furprend encor davantage c'eft que Monfieur
Newton met cette différence de pefanteur encor plus grande puifque félon luy les
corps à la diftance que je viens de dire auraient vne gravité quadruple de celles
qu'ils auraient à la fuperficie de la Terre: je trouverais encor moins de difficulté
à accorder voftre penfée que la fienne avec le Théorème fufdit, et neantmoins il
femble que fa penfée s'accorde avec les obfcrvations. Une autre chofe qui me fait
de la peine c'eft ce que vous dittes pag. 162 5), que vous croyez que la dureté par-
faitte eft de l'efTence du corps: il me femble que c'eft la fuppofer vne qualité
inhérente qui nous éloigne des Principes Mathématiques ou Mcchaniques: car
enfin vn atome quelque petit qu'on le prenne eft pourtant compofé de parties
réellement diftincles et les vnes hors des autres : la moitié orientale eft réellement
diftincle de la moitié occidentale: de forte que fi je donne un coup feulement a la
partie orientale pour la pouffer vers le Midy, il n'ij a aucune raifon Mechanique
3) Dans le passage suivant: „J'ay supposé dans tout ce raisonnement que la pesanteur est la
mesnie au dedans de la Terre qu'à sa surface; ce qui me paroit fort vraisemblable, non obstant
la raison qu'on peut avoir d'en douter, dont je parleray après. Mais quand il en seroit autre-
ment, cela ne changeroit presque rien à ce qui a esté trouvé de la ligure de la Terre".
4) „Si duo mobilia aequalia, aequali celeritatc ferantur, in circumferentiis inaequalibus, erunt
eorum vires centrifugae in ratione contraria diametrorum".
5) „Pour ce qui est du vuide, je l'admets sans difficulté, & mesme je le crois nécessaire pour le
mouvement des petits corpuscules entre eux. n'estant point du sentiment de Mr. Des Cartes,
qui veut que la seule étendue fasse l'essence du corps; mais y ad joutant encore la dureté par-
faite, qui le rend impénétrable, et incapable d'estre rompu ni écorné".
43°
CORRESPONDANCE. 1690.
qui m'oblige a croire que la partie occidentale ira auffi du mefme cofïé : ainfi il me
femble que pour s'en tenir abfolument aux Principes de Mechanique il faut croire
que la matière d'elle mefme n'a aucune liaifon de parties, et que la dureté qui
s'éprouve en certains corps ne vient que du mouvement des liqueurs environnan-
tes, qui prefTent les parties moins agitées les vnes contre les autres. Je vous feray
infiniment redevable, Monfieur, fil vous plaiil me donner quelque eclaircifTemcnt
fur cela. Je Vous fupplie auffi très humblement de me faire fçavoir ce que Vous
avez trouve a redire6) dans mon calcul de la machine deMonsr. Perrault7); pour
moy je le trouve fuffifamment exaft pour la pracfique. J'y ay feulement obmis de
parler de ce que le globe D et le levier CP, dans le temps qu'ils montent vers le
haut du cercle qu'ils décrivent, contrebalancent par leur pefanteur vue partie
des poids A A, et ainfi doivent diminuer leur force damant: mais j'ay cru pouvoir
15 ) Voir la réponse de Huygens dans sa lettre du 2 septembre 1690 et l'Appendice de cette
lettre.
7) Il s'agit d'un article de Papin dans les Acta Eruditorum d'avril 1689, intitulé: „Examen
Machinae Dn. Perrault". Dans le texte de notre lettre nous reproduisons le dessin de cette
machine, tel qu'il se trouve dans l'article cité.
■ Dans cette machine, le levier CD portant à son extrémité la boule D se mettra en mouve-
ment sous l'action des poids AA, dès que la corde P qui le retient est lâchée. Au moment où
le levier est arrêté par la pièce BE, la boule quittera le levier et continuera sa course selon la
tangente à l'arc de cercle décrit.
Dans son article, pour comparer l'effet de cette machine à celui qu'on obtiendrait en rempla-
çant la force motrice des poids par celle du piston d'un cylindre dans lequel on aurait fait le vide,
Papin calcule la hauteur que la boule pourra atteindre théoriquement dans des circonstances
données. Pour simplifier le calcul, il néglige le poids du levier et de la boule tant que celle-ci
reste en contact avec le levier. Ensuite, il imagine de réduire le problème à celui d'un seul
corps sous l'influence d'une seule force. A cet effet, il augmente l'inertie ou la masse des
poids A A, ou du piston qui les remplace, sans changer leur pesanteur, d'une certaine quantité
dépendant de la masse du levier et de celle de la boule. De cette façon, il parvient à trouver
la vitesse des poids A A à la fin de leur course, et il en déduit celle de la boule, dans son exem-
CORRESPONDANCE. 169O. 43 I
négliger cela parce que en recompenfe de cette refiltcnce qu'ils font, ils aident
aufïi enfuitte en defcendant du haut vers le bas de ce mefme cercle: et cette
omifïion efl: d'autant moins confidcrable que je la fais dans vue et dans l'autre dif-
pofition de la machine : de forte qu'il fe doibt touSjours trouver a peu près mefme
proportion entre les effets que je compare l'un à l'autre : or ce n'eil que cette
proportion que je cherche dans cet écrit, et comme il ne paroi fixa defja que trop
difficile a bien des Lecteurs j'ay cru qu'il ne falloit point l'embarraffer d'autres
observations peu vtiles pour mon deffeing. Dans la pièce qui précède immédiate-
ment 8) ce calcul dans les Aéta j'ay fait vne fort grande faute en rapportant fi mal ce
que vous m'aviez dit de la vite fie de la matière qui caufe lapeSanteunpuiSque je la
dis plus de mille fois plus grande que vous ne la pofez dans voftre livre 9) : mais je
ne fçaurois dire comment il s'eft pu faire que j'aye fi mal entendu IO) ou que je me
fois fi mal fouvenu: car avant d'avoir lu vortre livre je croyois fermement que vous
m'aviez dit que la vitefTe de cette matière cftoit 22000 fois plus grande que celle
d'un point de l'Equateur à la Superficie de la Terre : et ainfi, n'ayant point vu vos
expériences je n'ay point eu lieu de balancer à rapporter les choSes comme j'ay
fait: je fçavois pourtant bien les expériences que vous dittesde la différence qui
Se trouve entre la longueur d'un pendule à Secondes lors qu'il efl: proche de l'Equa-
ple dix fois plus grande parce que la longueur du levier est décuple du rayon des poulies
B. La vitesse de la boule étant connue, Papin trouve facilement la hauteur à laquelle elle
peut monter.
Ce procédé est légitime en principe, mais Papin, au lieu d'ajouter à la masse des poids
A A celle de la boule D multipliée par io2 comme le veut le principe des forces vives, ne mul-
tiplie que par 1 o. Par suite de cette erreur, les hauteurs qu'il trouve sont en contradiction ma-
nifeste avec le principe, si familier à Iluygens, que le centre de gravité d'un système de corps
ne peut pas monter de lui-même. Iluygens n'a pas manqué de s'en apercevoir, ainsi que
l'indique l'Appendice de cette lettre. On remarquera que cet Appendice contient une solu-
tion du problème en question basée exclusivement sur ce dernier principe.
8) „D. Papini de gravitatis causa et proprietatibus observationes". Cet article contient un
aperçu de la théorie de Iluygens sur la cause de la pesanteur. Papin croit pouvoir en' tirer
des conséquences relatives à la polémique entre Leibniz et les Cartésiens sur la vraie mesure
de la „force motrice".
y) Papin, dans son article, dit: „ac rêvera, calculo rite subducto, invenit idem Cl. Hugenius,
quod materia gravitatem efficiens tanto debeat impetu moveri, ut singulis horis totum
Terrae ambitum millies ferme percurrere possit". Iluygens, tout au contraire, partant du
principe „que la livre de plomb pèse autant vers le bas, qu'elle pèserait vers le haut, si, demeu-
rant à la même distance du centre de la Terre, elle tournait autour avec autant de vitesse
que fait la matière fluide", en avait conclu à la page 143 de son „Discours" que cette der-
nière vitesse devait être „a fort peu près, 1 7 fois plus grande que celle d'un point sous
l'Equateur".
IO) Probablement lors d'une visite que Papin avait rendue à Iluygens dans son voyage de Lon-
dres à Marbourg, pendant l'hiver de 1687.
432 CORRESPONDANCE. 1 69O.
teur; ou qu'il eft en Europe; mais j'attribuois cela à la chaleur, et comme tous les
corps s'étendent par le chaud, je croyois que la verge qui foutient le pendule
pouvoit eftre plus longue foubs la ligne quoy qu'on ne s'en apperçeuft pas, parce
que les pieds de Roy ou autres mefures dont on fe fert pour l'examiner, eftoient
aufîi allongées de mefme: et ainfi le raccourciftement qu'on croyoit faire à cette
verge la remettoit fimplement à la mefme longueur qu'ell'avoit en Europe: mais
après le calcul ingénieux qui fe trouve dans voftre livre il y a peu lieu de douter
que le mouvement de la Terre ne foit la principale caufe de ce Phénomène,
quoy qu'il fe puifTe faire que la chaleur y contribue aufîi quelque peu, les obser-
vations ne refpondant pas encor exactement au calcul. Je crois Monfieur, qu'on
en pourroit faire l'expérience par le moien de quelque Thermomètre fceellé her-
métiquement qu'on porteroit foubs la ligne pour feavoir à peu près quel eft le
degré de chaleur en ces pays la, et en fuitte faire icy un pareil degré de chaleur
dans quelque poefle, et l'entretenir ainfi aufTi longtemps qu'il feroitneceftaire pour
vne telle expérience, ou pour mefurer fimplement la longueur de la verge du
pendule avec un pied de Roy qui n'auroit pas elle expofé à la mefme chaleur
afTez longtemps pour en eftre pénétré.
L'eftat de mes affaires, ou Vous témoignez avoir la bonté de prendre encor
quelque interert, n'eft pas fi bon qu'on pourroit fe l'imaginer. Les Princes ont
tant de fortes d'occupations, qu'ils ne penfent gueres aux feiences et de plus la
Cour n'eft prefque jamais icij: fi bien que je n'ay gueres à efperer de ce coftélâ: et
pour ce qui eft de l'Académie on peut dire que le Profefîeur en Mathématiques ij
eft très peu vtile: parce que le peu d'Etudiants qui viennent içij ne le font que pour
fe mettre en eftat de gaigner leur vie par la Théologie, le Droit, ou la Médecine;
et de la manière que ces feiences fe traittent jufques à prefent les Mathématiques
n'ij font point neceffaires: ainfi cette jeunefle ne veut pas s'en embarrafler. De
plus les revenus de l'Académie font fort médiocres et la guerre les rend encor
plus difficiles à tirer qu'auparavant: de forte que je crois que ce feroit faire grand
plaiiir à ces Meilleurs de leur prefenter quelque moien honnefte pour fe défaire
de moy, et joindre cette charge à celle de quelcun des autres Profefleurs qui ne
recevroit que fort peu d'augmentation de gages pour cela : moy aufîi je ferois fort
aife d'eftre en lieu ou je pufle encor travailler à de nouvelles recherches, ayant
quelques penfées qui, ce me femble, vaudroient bien la peine d'eftre miles à
exécution, et n'efperant gueres de le pouvoir faire dans un lieu comme celuy cij ou
je n'ay qu'à peine de quoy fublifter, et ou on manque de plufieurs commoditez qui
fe rencontrent facilement dans les villes marchandes. Ainfi, Monfieur, s'il fe
trou voit dans quelcune de vos vniverfitez de Hollande quelque place propre pour
moy, Vous feriez fans doute plaifir à tout le monde de me la procurer; mais à moy
particulièrement qui en me rapprochant de Vous me confolerois avec plaifir du
malheur que j'ay eu de venir icij fur de mauvaifes informations: etj'efperois
auffi que ceux qui m'auroient ne s'en repentiroient pas: car j'ay fait mes Haran-
CORRESPONDANCE. 1690. 433
gues, foutenu mes Thefes inaugurales contre les Profe fleurs, et je m'acquitte de
toutes les autres fondions d'une manière que perfonne n'y peut trouver a redire:
et de plus je puis de temps en temps produire quelque nouveauté qui fafle parler
de l'Académie dont je feray membre. Je prens la hardiefïc, Monficur, de Vous
parler de cette manière me confiant en la Bonté extraordinaire que vous m'avez
toufjours témoignée : et je Vous fupplie très humblement de ne dire point que je
Vous aye fait de telles ouvertures, crainte de donner occafion à mes ennemis de
mal interpréter ce que je ne fais qu'à bonne intention : et en cas que Vous ayez
a mecrirc quelque chofe fur cela ayez, s'il Vous plaiil, la bonté de le faire par la
porte en addreflant vos lettres à D. Papin Profefleur en Mathématiques à Mar-
bourg, elles me feront feurement rendues. Je Vous fupplie très humblement,
Monficur, de me pardonner cette liberté et de croire que je fçay toufjours le ref-
pect. que je Vous doibs, et que je feray toute ma vie avec vne profonde .foumiflion,
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant feruiteur
D. Papin.
A Monfieur
Monfieur Christien Hugens de Zulichem
chez Mons.1' de Zulichem
franco, bremen
A la Haye.
') Refpondu le i Sept. 1690. [Ghriftiaan Huygens],
Œuvres. T. IX. 55
434
CORRESPONDANCE. 1 690.
N° 2596.
Christiaan Huygens.
[1690].
Appendice au No. 2595 *).
Lrt /)/ï« M /rcwir ^ Lcùkii, coll. Iluyga
cfÀ
^
ÏÙ\
V
J
D
•
\ 9/
/
Y
A'
Ex aétis Erud. Lipfiens. April 1689. pag. 189. ubi
erravit Papinus :)-
BC efl: crochlea cui circumdatus funis CN fuftinens pondus P. Cum trochlea
verfitur brachium BD = 10 BC.
Pondus P defcendere ponicur pedes 4, quaeritur quam velocitatem conférât
globo D.
') La pièce est empruntée aux pages 28, 29 et 30 du livre G des Adversaria.
:) Voir la Lettre N°. 2595, note 7.
CORRESPONDANCE. 1690. 435
CN = 4 ped. = a
QV> — b
BD = c
Ponacur P 2000 libr.
D 100 libr.
Nulla gravitas veftis BD, nec ullum frictionis impedimentum.
Ponatur pondus libère cadens ex akitudine 4 pedum acquircre celeritatem qua
pofilt in piano conficere 16 pedes in 1".
Ponatur P pondus poftquam in hac machina defeendit 4 pedes acquirere cele-
ritatem quà afeendere pofîît ad altitudinem G quae fit x.
Ante coeptum motum cogitemus pondus P habuifle centrum gravitatis in refta
horizontali CBD. Cum vero 4 pedes defeendit fit tune BD in BL, hinc c = 25—
necefiario3).
Cum D erit in L, habebit ibi decuplam celeritatem ponderis P in N. Ergo poterit
D tune afeendere ad centuplam altitudinem NG, eratque jam in L, ergo attollitur
ad altitudinem 100 x + c.
4) p + d— -d — - 100 x + c + a — x (altitudino D fupra G).
Altitudo centri gravitatis P et D fupra G, cum P efr. in G et D quo potell
afeendit =
_ oq^jv + de + an
p +~d
x=zGN
1 00 dx + px -+- de + da .. _ _ /-\r*\
p -4- d ) —a\ )
1 00 dx + px =pa — de
x _ Pa_- dc _ 8000 — 2545* _ _5454è
100 d 4- p 10000+2000 12000
fed D decuplum habet velocitatem, ideoque centuplo altius ex L afeendet.
3) En effet, alors le quart de la circonférence de la poulie doit égaler les 4 pieds dont le poids a
descendu. Donc &7i = 4:£ = 8:7r = 28:ii:c=io£=28o:ii = 25 — •
2 ^ 11
4) Ici/» indique la masse du poids P, d celle du poids D.
5) Après avoir ajouté NG = .v à la hauteur du centre de gravité commun au-dessus de G,
Iluygens égale ici la hauteur obtenue à celle que le même centre dc gravité avait avant le
commencement du mouvement, lorsque les poids P et D étaient situés tous les deux sur la
ligne BD.
436 CORRESPONDANCE. 1 690.
^ ^ 2 = 45I akitudo quo afcendit D cum celeritate acquifita in L.
45I + 25 - - = 71 prox. totus afcenfus D ponderis.
1 1
Ponitjam rurfus Papinus loco pondcrum fuorum A, hoc eft noftri ponderis
B6) tubum aère exhauftum, ejus diametri, nempe paulo plus quam pedalis, ut
piftillum dcfupcr abaere prematur 2000 libris. Pro refiftentia piftilli tam ex fric-
tione, quam ex pondère, ftatuit 100 libr. Tum caeteris pofitis quae prius, quaerit
ad quam akitudinem jacietur globus D. Et invenit pedes 709.
At ego pofito friclionis impedimento 100 libr., hoc eft ut opus fit 100 libris ad
deprimendum piftillum, fublatoque impedimento ex piftilli gravitate (nam fi haec
confideretur paulo aliter calculus fe habebit), atque etiam caeteris prioribus ex
ipfo vecte BD et friclione trochleae amotis, invenio tantum akitudinem 152 pedum
ad quam projicietur D.
Ratiocinium meum eft hujufmodi. Exhauriendo aère ex tubo difto, hoc eft
attrahendo furfum piftillo ad altit. 4 pedum, eae vires impenduntur quibus 2000
librae ad hanc 4 pedum akitudinem attollerentur. Mac virium impenfa fi impedi-
mentum nullum fuperveniret, non pofTunt attolli 50 librae 7) nifi ad akitudinem
160 pedum. Quod fieri nempe potell defeendentibus rurfus 2000 libris ex 4
pedum altitudine. Nam fi Papinus putat altius tolli pofTe qualicunque machi-
natione, jam putabit motum perpetuum dari pofTe mechanice. Caeterum in
deprimendo per 4 pedes piftillo, tantundem infumitur virium ac fi 100 librae ad
akitudinem 4 pedum attolluntur; quibus fubftracftis ex 2000 lib. reftant 1900 lib.
quae defeendant pedibus 4. Haec in fe mutuo ducantur, fit 7600, et per 50 divi-
dantur, fiunt 152 pedes, quibus fi 50 librae afeendant, tantundem eft ac fi 1900
librae 4 pedes afeendant, quo nihil amplius itaque harum decenfus efficere poteft.
Si D fit 10 librarum, afeendet 760 pedes. SiDunius librae tantum jam afeendet
ad 7600 pedes.
At in priori machina ponderibus incitata, fi D lit 50 libr. atque omnia impedi-
menta feponantur, afeendet D in totum pedibus 1 20 circiter.
Si vero D fit 10 libr. afeendet D ad 283 pedes.
Si D fit unius librae, afeendet ad 405 pedes, cum opéra tubi vacui afeendat 7600
pedes. Itaque femper quidem praeftat tubus hic fed praecipue cum exiguum eft
pondus D.
rt) Lisez: P.
") C'est le poids assigné par Papin à la boule D.
CORRESPONDANCE. 169O. 437
Quaeram ex Papino an putet fe, 2000 libras ad quatuor pedes actollcndo, poffe
efficere ut 50 librae ad 709 pedes afeendant. Pulcras nobis machinas exftrueret,
ce mobile perpetuum jam ludus effet. At ego aio non poffe iftas 50 libras, illa vi,
alcius quam ad 160 pedes' afeendere, omnibus reftantibus impedimentis.
Mirum neminem errorem hune Papino indicafle.
Si celeritas ponderis P 2000 pofl: defeenfum 4 pedum eft ea qua uno fec. poffet
percurrere 13 2V ped.8) non poteft dare majorem celeritatem globo D=ioo
quam qua uno fec.0 poffet percurrere 41 pedes qua afeenderc poffet ad i6\ ped.
circiter, qualifcunque machina adhibeatur.
Difcat Papinus aliud effe movere corpus aliud fuiTum movere.
Si funis continuus effet PCD, caque traheretur D quantum P defeendit, effetque
D= 1000 lib. tune P poil defeenfum quatuor ped. acquiret celcrit. quam dat
Papinus, qua nempe i^^r Pe<^- peraguntur uno fec.0 min. eandemque tune acqui-
reret pondus D. Tune enim vis 2000 librarum moveret 3000.
') Ce nombre est emprunté à l'article de Papin. Il représente un cas dans lequel le poids P a
retenu les */, de la force vive, qu'il obtiendrait en tombant librement par l'espace de 4 pieds.
Le résultat, formulé ici par Huygens, repose évidemment sur la considération qu'alors la troi-
sième partie seulement du travail, accompli par la pesanteur sur le poids P, serait disponible
pour élever le poids D.
438 CORRESPONDANCE. 1690.
N- 2597.
Le marquis de l'Hospital à Christiaan Huygens.
29 JUIN 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylcnbroek *).
La lettre fait suite au No. 2594.
Il y a defja quelque teins, Monfieur, que je vous ay mandé que j'auois receu
voflre lettre et que je ferois fort ayfe de voir vos remarques et comme je n'ay point
receu de reponce cela me fait craindre que ma lettre n'ait été perdue je vous y
marquois que ce qui m'auoit donné lieu de faire ce petit eferit etoit que Mr. Ber-
noully en voulant repondre aux objections de Mr. l'Abbé Catelan trouoit aufTy
par fon principe qui eft très véritable mais mal appliqué que voftre hypothefe
etoit fauiïe et comme perfonne n'y a répondu je croyois que vous ne feriez pas
fâché qu'on le fit voir qu'en examinant la chofe du coté de la phylique on tomboit
auiïy dans la règle que vous donnez pour trouuer le centre d'ofcillation du pen-
dule compofé puis qu'à mon fens dans ces fortes de matière on ne peut donner
trop de preuues de la mefme vérité ce qui paroift clair aux vns faifant quelque
peine aux autres au refte Monfieur voftre jugement fera pour moy vn arreft
dont je n'appelleray point. Voftre traitté de la lumière n'eft point encore jcy et
je vous avoue que j'ay vue fort grande jmpatience de le voir et de l'admirer
puifque c'eft le fort de tous vos ouurages. Je fuis auec vne eftime très particulière
Monsieur
Voflre très humble et très obeiffant ferviteur
Le Marquis de l'Hospital.
A Paris ce 29 juin 1690.
mon addrefle eft rue neuue des bons eiifans proche
la place des Victoires chez Mr Le Comte de S.te Mesme.
') Chr. Ilugenii Exercitationes Mathematicae etc. Fasc. I, p. 222.
CORRESPONDANCE. 1 69O. 439
N= 2598.
Christiaan Huygens au Marquis de' l'Hospital.
6 JUILLET 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uyknbroek »).
La lettre est la réponse au No. 2594.
De rilospital y répondit par le No. 2600.
Sommaire : Pourquoy veut il que mon hypothefe ne foit pas allez fiinple ni allez évidente pour être fup-
pofée fans preuve. Je n'en fcay pas de plus certaine en mécanique, puis que j'ay fait voir que
c'eft la mefnic choie que de dire qu'un corps pelant ne
feauroit monter par la force de fa peiànteur. Mr. Pafchal
je j^ H J] Torricelli et autres s'en font fervis.
' ' ; Pourquoy dit il que mr. Bernouilly a pleinement fatis-
fait aux objections de PAbbè Catelan? Jepretcns que c'eft
moy qui y ai fatisfait et c;ue mr. Bernoully n'y a point
/ fatisfait ni qu'il n'a point démontre la faufletè du principe
/ de mr. FAbbè comme je feray voir cy délions. On doit
/ trouver étrange cette entreprife de mr. Bernouilly, qui voit
/ luy mcfme et avoue qu'il doute de la vérité de fou raifon-
/ netnent.
,'' Vous dites que mr. Bernouilly en fuivant fesraifonne-
_,'' ments trouve que je me trompe. Mais vous deviez avoir
--'' remarqué qu'il ne donne pas fes raifonnements pour cer-
taines et légitimes. Et comment pouvez vous les admettre
pour tels, puis qu'ils mènent à des concluflons contraires
aux voftrcs. Car il trouve que le centre de gr. des poids égaux A et B d'un pendule compofé
pareil au voftre (c'eft à dire ou A crt attaché a un pied de diftance du point de fufpcnlïon F
et B à 4 pieds) monterait moins haut en les laiffant monter féparement qu'il n'eftait lors que le
pendule commencoit h defeendre. Et vous trouvez que ce centre de gr. remonte juftement
à fa première hauteur de mcfme que moy. Si l'on raifonnement eft bon, le voftre ne le fera
donc point 2).
A Monfieur le Marquis de l'Hospital, chez Mr.
le Comte de S.te Mefme. Rue des bons enfans
proche de la place des victoire a Paris.
A la Haye, ce 6 Juillet 1690.
Voftre lettre, Monfieur, du 2 Juin m'a efté rendue. Et fuivant ce que j'ay promis,
je vous envoie mes remarques fur voftre folution 3) du problème du pendule
') Chr. Ilugenii Excrcitationes Mathematicae etc. Fasc. I. page 223.
2) Ce sommaire ou avant-projet se trouve à lapagesorecto du livre G des Advcrsaria. Au revers
de cette page on rencontre encore un petit calcul avec l'en-tête : «Examiner en général la
44-0 CORRESPONDANCE. 1690.
ifochrone. des quelles vous jugerez, et ii vous trouvez que voftre raifonnement
puiiïe fubfifter, en fatisfaifant âmes difficultez, rien n'empefchera que nous ne
fafTions paroître l'un et l'autre dans nos Journaux. J'ay mefme quelque raifon de
fouhaitcr que cela fe fa (Te, pour publier à cette occafion mon fentiment touchant
l'examen de Mr. Bernoulli4), qui eft raporté au mois de Juill. en 1686. Mais il
nous importe à tous deux que ce que vous avez defTein d'avancer en ma faveur, ne
contiene rien que de véritable.
C'eft pourquoy voions ce qu'on y peut objecter.
Dans voftre Extrait de lettre, devant que de venir au problème du centre d'ofcil-
lation, il y a deux chofes que je ne puis palier fans en rien dire. La première eft
que mon hypothefe, qui fert de fond a ma prop. 4 ne par oit pas affez [impie, ni affez
évidente pour efire pajfée fans preuve. Pour moy je ne connois pas de principe plus
certain en mechanique que cette hypothefe, puis que j'ay fait voir que c'eft la
mefme chofe que de dire, qu'un corps pefant ne fcauroit monter par la force de
fa pefanteur. Mrs. Pafchal 5), Torricelli 6), et autres s'en font fervis et Mr.
manière du marquis de lTIospital". Hnygens y vérifie, pour le cas général BF = a, AF = /;,
l'identité du résultat, obtenu en appliquant la manière de de l'Hospital, avec le sien propre.
Il conclut comme il suit: „Sa manière responddonc toujours à la mienne, quoyquejene vois
pas comment il peut y estre arrivé, puis qu'il se sert de raisonnements faux. Il aurait bien de
la peine en mettant trois poids égaux au pendule."
De plus, on trouve sur les pages qui précèdent des phrases plus au moins détachées qui se
rapportent à la Lettre N°. 2580, à l'Appendice N°. 2581 ou à l'article de Bernoulli (notre
pièce N°. 2426). Puisque les remarques qu'elles contiennent se retrouvent pour la plupart
sous une forme peu modifiée dans les autres pièces que nous reproduisons, nous nous borne-
rons à en citer la phrase suivante qui nous semble assez remarquable et qui diffère aussi un peu
plus que les autres de la leçon correspondante que l'on rencontre dans la lettre qui va suivre:
,.J'avais considéré comme eux (c'est-à-dire Bernoulli et de l'Hospital) que le poids le plus
proche de la suspension faisait effort pour hâter le mouvement du poids d'en bas; mais estant
difficile de dire de combien il le devoit faire hâter, j'ay cherché cela par une voie assurée et
ou je suivais des principes très certains. Il paroit qu'il estoit difficile de l'autre manière
quand on considère comment vos raisonnements se contrarient."
3) Voir la pièce N°. 2581.
4) Voir la pièce N°. 2426.
5) Au Chapitre II du „Traité de l'Equilibre des Liqueurs" cité dans la Lettre N°. 1922,
note 3.
6) Dans le Traité:
„De motu gravium Naturaliter descendcntium, EtProjectorum Libri Duo. In quibusin-
genium naturae circa parabolicam lineam Ludentis per motum ostenditur, Et universa
Projectorum doctrina unius descriptione semicirculi, absolvitur".
Torricelli fait précéder la Propositio I, par le principe suivant: „Duo gravia simul
coniuncta ex se moveri non posse, nisi centrum commune gravitatis ipsorum descendat".
Pascal et Torricelli n'ont appliqué le principe dont parle Huygens qu'à des questions de
statique.
CORRESPONDANCE. 169O. 44 1
Bernoulli Tappelle le grand principe de mechaniques et avoue qu'il n'en peut
révoquer la vérité en doute. Vous dites en fécond lieu que Mr. Bernoully a plei-
nement fatisfait aux obje&ions, que Mr. ï ' Abbè Catelan avoit formées contre ma
Théorie, en faifant voir qu'il s 'appuioit fur un faux principe. Il femble a la vérité
que Mr. Bernouilly avoit entrepris de réfuter le principe de Mr. l'Abbé, mais il
doit avouer, qu'il ne l'a pas fait, puis qu'il donne a connoitre luy-mefme qu'il ne
feait pas bien comment il faut pourfuivre fa dcmonftration en difant, Rogantur
hac occa/ione eruditi etc. Et en attendant leur avis ou fecours, il fuppofc mais dou-
teufement la folution de ce qu'il leur demande par ces mots: fi nam que celeritatis
exceffus ita difïribueretur, ut etc. Alors il trouve que le principe de Mr. Catelan
feroit faux. Car dans le pendule DAB, dont les
q q poids A, B, font égaux et la diftance BD au
B A point fixe quadruple de AD, les vitefTes acquifes
de A et B, quand ils defeendent conjointement,
c'eft: a dire, en faifant un pendule compofè, feroient —et —, dont la fomme eft
moindre que celles de leur vitefTes acquifes, quand ils defeendent feparcment,
feavoir que ï -+- ï. Car l'une fomme cft 2 — et l'autre q. Mais ces fournies félon
le principe de Mr. Catelan dévoient élire égales, donc Mr. Bernouilly auroit
réfuté ce principe en cas que fa fuppofée diftribution full véritable, mais c'eft ce
qu'il n'afïure pas.
Et vous, Monfieur, vous ne feauriez douter que cette fuppofition de Mr. de
Bernouilly ne foit fauffe, puis qu'elle mené à une conclufion contraire h la miene
et a la voflre, qui font les me fines. Car il trouve que les quarrez des dites vitefTes
— et ^-, qui font -„- et —g- font cnfemble 4— , qui, félon nous, dévoient
17 17 * 289 289 ^17 n
faire 5. Je ne comprens donc pas comment vous prétendez que Mr. Bernouilly
ait pleinement fatisfait aux objections de Mr. l'Abbé Catelan. Et il me femble
que vous pouriez dire cela h meilleur droit de la dernière rcfponfc que je luy ay
faite7). Je ne comprens pas non plus ledefTein de Mr. Bernouilly, qui entreprend
de réfuter Mr. l'Abbé par un raifonnement, qu'il avoue luy mefmc eflrc douteux,
et au lieu de foutenir ma propofition, qu'il dit eftrc fondée fur le grand principe
des mechaniques, tourne ce mefme raifonnement incertain contre moy, comme
s'il elloit capable de mettre en doute la vérité de ma Propofition.
Je viens, Monfieur, h voflre dcmonftration,ou plultoft. nouvelle recherche du
7) Voir la pièce N°. 2341.
Œuvres. T. IX. 56
442 CORRESPONDANCE. 169O.
Pendule ifochrone à celuy qui eft compofè de deux poids tels que cy-deflus.
Je vois que par voftre méthode vous trouuez la mefme chofc que moy, et je
ne vois pas pourtant comment vous y elles parvenu par voftre manière de rai-
fonner, qui me femble non feulement peu évidente, mais aufîi en partie peu
véritable.
Vous dites qu'il eft confiant que tous les corps pefants, grands et petits, commen-
cent leurs defcentes, e fiant fur des plans également inclinez, avec la mefme vitefjé.
Il faut voir comment vous concevez cette vitefle au commencement de ces defcen-
tes. Selon moy, on ne peut pas dire que les corps pefants ayent une certaine
vitefTe dans ce commencement, puis qu'ils paflent par des degrez de vitefTe infini-
ment petits, quoy que je me fouviene que Mr. Mariotte et le Père des Châles ont
voulu foutenir le contraire.
On peut pourtant comparer les vitefTes des corps au commencement de leur
defcente par les efpaces qu'ils parcourent dans un mefme temps quelque petit
qu'on le prenne. Et c'eft ainfi que j'explique vos comparaifons de ces vitefles
commençantes. Comme quand vous mettez i pour la vitefTe au commencement
de la defcente perpendiculaire de tout corps pelant, et que vous trouvez cette
vitefle — dans un corps qui fait partie d'un pendule.
Je puis comprendre de mefme la quantité de mouvement d'un corps au com-
mencement de fa defcente que vous faites naître en multipliant fa mafTe avec cette
première vitefle.
Vous dites en fuite : // eft vifible de plus que, fila viteffe ou la quantité de mouve-
ment avec la quelle le corps A tend à def cendre
feparement, n'eftoit que la quatrième partie de
celle du corps B, le corps A rf apporterait alors
aucun changement à la defcente du corps B dans
le pendule compofè.
m
H B
— i — i
Si le corps A eftoit donc - de B.et ainfi félon
4
vous fa quantité de mouvement pour defcendre
y'' feparement - de la quantité du mouvement pour
- "" defcendre du corps B, vous diriez que ce corps
A n'apporteroit alors aucun changement à la
defcente du corps B, dans le pendule compofè, ce qui pourtant eft vifiblement
faux. Comment fe peut on donc fier à voftre raifonnement qui mené à cette abfur-
dité ? Mais fuppofons que vous ayez pu feparer, comme vous faites, ce quart du
mouvement du corps A, /'/ refte donc, dites vous, ^ de la quantité du mouvement du
4
CORRESPONDANCE. 169O. 44;
corps A, qui font effort en A, et qui, par confequent, fe doivent diflribuer en B en
A et en F, &c.
Icy je ne comprens nullement la raifon de la diftribution que vous faites. Car
(i vous confiderez le pendule FAB comme un levier qui tourne fur le point F,
les | reliants du mouvement du corps A, qui font effort en A, font feulement un
quart autant d'effort fur le corps B. Cependant vous attribuez une partie quatre
fois plus grande de ces | au corps B qu'au corps A. Vous voulez dire, comme
je crois, que la vitefTe, qui en revient au corps A, doit élire la quatrième partie de
la vitefTe qui en revient au corps B, parce qu'ils font attachez à la me fine verge
FB. Mais lors qu'en fuite vous donnez des mefmes | trois fois plus au point fixe
F, qu'au corps B, vous revenez, je ne fcay comment, a la preflion que font les |
fur A : et confiderant FB comme un levier appuie par les deux bouts F et B,
vous donnez trois fois autant de cette preffion au point fixe F qu'au corps B. Et
de ce que vous avez trouve par ces deux manières de levier, vous concluez qu'au
point F il appartient 1 2 parties des dits £ de mouvement, au corps A une, et au
corps B 4.
Tout cecy n'efl pas bien intelligible, pour ne rien dire de cette perte du mouve-
ment, attribuée au point F, que vous concevez fe communiquer aux corps invi-
fibles, des quels je ne feaurois approuver icy la confideration. La chofe qu'on
cherche, eftoit de feavoir de combien le corps A doit hafter le mouvement de B
dans le pendule compofé, car on voit affez facilement qu'il le doit hafter, mais de
dire à quel degré, c'ell ce qui eft fort difficile. Et je n'ay point trouvé de raifonne-
ment feur et évident pour parvenir h cette détermination, qu'en me fondant fur
ce que les poids, en quitant le pendule lors qu'il eft defeendu, et montant fepare-
ment ne dévoient pas porter leur centre commun de pefanteur ni plus haut ni
plus bas que d'où il eftoit venu, mais jultement a la mefme hauteur. Et cela je le
prouve par le grand principe des mechaniques, outre que ma théorie convient
exactement avec l'expérience. Vous deviez un peu effaier la voftre dans un pen-
dule compofè de plus que de deux poids, et je crois qu'alors vous auriez bien de
la peine à donner la longueur du pendule ifochrone, et encore plus, fi les poids
n'eftoient plus enfilez à une mefme ligne droite. Mais je puis me tromper; et vous
trouverez peut-eftre moyen de rendre voftre méthode générale, et en mefme
temps plus claire, citant vraifemblable qu'elle n'efl pas fans fondement, puis
qu'elle produit la mefme chofe que la miene. An refte, Monfieur, fi vous ap-
prouvez ce que j'ay remarque à l'égard de Mr. de Bcrnouilly "), et fi vous croiez
encore pouvoir montrer que fon principe bien entendu confirme ma Théorie,
vous me ferez plaifir de me confeiller de quelle manière nous pourrions faire
entrer nos remarques dans le Journal, car vous avez raifon de dire qu'il ne faut
pas le laiffer fans réplique. Je fuis parfaitement etc.
Je n'ay pas encore eu de nouvelles, fî les exemplaires de mon Traité de la Lu-
444 CORRESPONDANCE. l6oO.
miere ont elle reçus par Mr. de la Mire 8), ce qui nie met en peine et m'empefche
d'en hazarder d'autres.
") Journ. de Leipfich chez Gefelle 9) [Chriftaan Huygens].
N° 2599.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
17 juillet 1690.
La lettre se trouve à Leidcn, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par une lettre que nous ne connaissons pas.
7 Juli 1690.
0 Monsieur
Quand je partis d'Angleterre je n'aurois pas crû devoir être en Hollande plus
d'un mois fans avoir l'honneur de Vous voir. Mais comme nôtre Compagnie
avoit defïein de s'arrêter à Vtrecht et qu'au lieu de prendre terre a Rotterdam
nous vînmes débarquer à Helvoctfiuys, nous avons continué nôtre voiage direc-
tement ici fans nous arrêter à voir aucune ville de Hollande. J'ai demandé en
cette ville de vos nouvelles Monfieur autant que je l'ai pu; mais on m'a dit que
Vous ne demeuriez pas à la Haye prefentement, mais dans quelque village qui
n'en cft pas bien éloigné. Cela m'a fait perdre la penfée que j'avois d'aller
pour quelques jours à la Haye, où je ne pourrais être qu'afTez triftement iï
vous n'y étiez pas. Nous fommes dans le deïïein de demeurer encore quelques
mois à Vtrecht. Il feroit difficile que pendant tout ce temps là je ne puiTe pas
trouver quelques jours Monfieur pour Vous aller afïurcr de mes reipecls. Si
j'étois plus libre il y a longtemps que cela ferait fait. Mais je fuis chargé de deux
jeunes Anglois de qualité, avec qui je dois voiager dans quelque temps, qui ne
me huilent pas tout à fait Maître de moi même. Je croi qu'il ne Vous elt pas malaifé
Monfieur de juger de l'impatience que j'aurais d'être prez de Vous: A durement
8) Voir les Lettres Nos. 2579 et 2589.
9) Le libraire cité dans la Lettre N°. 2569, note 1 .
CORRESPONDANCE. 169O. 445
il ne tiendra pas à moi qu'elle ne foit bientôt! fatisfaite. Je fuis avec un profond
refpeél
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiiïant fervitcur
N. Fatio de Duillier.
A Vtrecht chez Monsr. d'Uzy Payeur des Cadets, tout joignant l'Eglife Fran-
çoife ce 7/17 Juillet 1690.
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zeelhem
a la Haye.
") Refpondu le 1 aouft 90 [Chriitiaan Iluygens].
N= 2600.
Le Marquis de l'Hospital à Christiaan Huygens.
19 JUILLET 1690.
La lettre se trouve à Léiden, coll. Iluygens.
Elle a été publiée par /'. J. Uylenbroekly
La lettre est la réponse au No. 2598.
Cltr. Iluygens y répondit par le No. 2603.
:) Je vous fuis fort obligé Monfieur de m'auoir enuoyc vos Remarques que je
trouue très judicieufes, vous verrez que j'en ay profité dans la lettre cy-jointe,
et puifque vous voulez bien me demander mon auis, je crois que vous pourriez la
faire mettre dans vos journaux et y ajouter les Remarques que vous jugerez a
propos3). Vous voulez bien cependant me permettre de repondre à vos objections,
et pour le faire par ordre, je conuiens auec vous, que rien n'eft plus euident,
qu'un corps pefant ne fauroit monter par la force de fa pefanteur; mais je ne vois
') Chr. Ilugcnii Exercitationes Mathematicae etc. Fasc. I. p. 228.
:) En marge Huygens a écrit: R. le 29 jul. 1690. refpondu le 3 août, et la suite du som-
maire de sa réponse, notre N°. 2603.
:5) Voir les pièces Nos. 2605 et 2606, Appendices au N°. 2604.
446 CORRESPONDANCE. 1 690.
pas auec la mefme euidence que les poids en quittant le pendule lors qu'ils ont
defcendu ne doiuent pas porter leur centre commun de pefanteur plus haut que
d'où il elloit venu et fi c'etoit vne fuitte claire de ce principe, jl ne refleroit afîu-
rement aucun doutte, cependant comme vous voyez, plufieurs perfonnes ne l'ont
pas cru puifqu'ils ont attaquez voilre proposition 4e 4).
Quand à Mr. Bernoullj je diilingue le commencement de lbn raifonnement
d'auec la conclufion qu'il en tire que j'avoue élire faufle, et je prétends qu'il a fort
bien montré qu'une partie de la force ou de la quantité de mouuement du corps A
dans le pendule composé, fe confunie fur le point fixe D, et par confequent aufïï
vne partie de fa vitefic, et cela suffit pour faire voir que Mr. l'Abbé Catelan a eu
tort de fuppofer que la vitefTe totale du pendule compofé, efloit égale à celle de
fes parties mues feparement: mais ou il fc trompe, c'efl lors qu'il détermine la
partie de la vitefTe du corps A qui fe confume ou qui fe pert fur le point fixe D,
et comme il fuffit qu'il s'en perde fans déterminer de combien, vous voyez que
j'ay eu raifon de dire que Mr. Bernoullj auoit détruit les objections de Mr. l'Abbé
Catelan, en faifant voir la faufTeté de fon principe, n'ayant point vu ce que vous
luy auez repondu en dernier lieu.
La manière dont vous entendez les vitefTes commençantes des corps et leur
quantités de mouuement me fuffit, dans l'endroit où je dis 5) : que fi la vitejje ou la
quantité de mouvement &c. il faut lire/? la vitejje et la quantité de mouvement, &c.
et c'efl la faute du copifte, d'auoir mis ou au lieu de et; cecy fuppofé il eft facile
de repondre a voitre objection, car fi le corps A efloit ^ B il eft vray que fa quan-
tité de mouvement pour defeendre feparement, feroit \ de la quantité de mouue-
ment pour defeendre du corps B, mais tant s'en faut que fa vitefTe fuft \ de celle
de B, qu'au contraire elle luy feroit égale, et ainfy cela ne fait rien contre moy.
J'auouë qu'il n'efl point neceffairede parler des corps inuifiblcs, ny de dire qu'une
partie de la quantité de mouuement du corps A fe pert fur le point fixe puifque
faifant effort en ce point elle n'efl point anéantie. Mais vous ne pouuez pas doutter
que la quantité de mouuement du pendule compofé ne foit moindre que celle des
deux pendules fimples, et qu'ainfy le corps A preffe le point fixe D auec vne
partie de fa force car fi cela n'eftoit jl me feroit facile de prouuer que voftre
propofition 4e. n'efl pas vraye.
Voicy ce que j'ay cru pouuoir repondre a vos objections cependant vous verrez
par la lettre cy-jointe qu'elles mont beaucoup feruy a me rendre plus jntelligible.
J'ay fait effay de ma méthode comme vous me marquiez fouhaitter fur un pendule
compofé de plus que de deux poids, et vous verrez qu'elle s'y eftend très faci-
lement. Je ne comprends pas non plus que vous, comme Mr. Bernoullj fe fert de
la fin de fon raifonnement qu'il trouue douteufe, contre voflre principe dont il
4) Voir la Lettre N°. 2581, note 3. s) Voir la Lettre N°. 2581, note 9.
CORRESPONDANCE. 169O. 447
auouë ne pouuoir reuoqucr en douce la certitude, je crois qu'il fera fort à propos
que vous en difiez quelque chofe dans vos remarques, je ne puis vous rendre de
reponfe encore fur vos Exemplaires citant à la campagne defpuis quelque jours
tout ce que je fçais c'eft qu'auparauant de partir de Paris je vis Mr. de la Mire
qui m'affura qu'ils eiloient arriuez à Peronne depuis quelque temps, et qu'il fal-
loit vne permiflion de Mr. le Chancelier pour les faire paffer6). Sur quoyje ne pu
m'empefclier de l'accufer de quelque négligence de ne fe pas prefler d'auantage
ayant beaucoup d'jmpatience de voir ce traité, Mr. de Roanez ") m'a mené autre
fois chez vous, mais comme jl y a très longtemps et que j'etois fort jeune je ne
crois pas qu'il vous en foie relié aucune jdée, cependant, Monfieur, fi je pouuois
vous eftrevcile h quelque chofe en ce pays je vous offre de très bon coeur mes
feruices vous aflurant que je fuis aucc toute l'eftime jmaginable
Voftre trefhumble et trefobeiiïant feruiteur
Le Marquis de lHospital.
A Ouques ce 19 Juillet 1690.
Je vous prie de me mander fi vous avez receu cette lettre.
Halande
A Monfieur
Monfieur Hugens de Zulichem
a la Haye en holande.
6) Voir la pièce N°. 2590.
7) Sur Artus Gouffier, duc de Roanez, voir la Lettre N°. 837, note 1.
448 CORRESPONDANCE. 169O.
N= 2601.
G. W. Leibniz a Christiaan Muygens.
25 juillet 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
l'Ile a été publiée par P. J. Uylenbroek ') et par C. I. Gerhardt ').
Elle fait suite au No. 2512.
Clir. Huygens y répondit par le No. i6\ 1.
Leibniz a Huygens.
Hanover — Juillet 1690.
25
Monsieur
Comme voftre temps nous efl: pretieux, je ne vous importuncrois pas, fi je ne
trouuois a propos de vous recommander un jeune homme de très grande efperance,
nommé Mr. Spencr3). Il s'applique fort a la phyfique, et puis qu'il joint la con-
noiflance de la Chymie à celle des mathématiques, je m'en promets beaucoup.
Comme il prétend l'honneur de vous faire la révérence à la Haye, vous en jugerés
mieux, et il profitera de l'avantage de vous voir, pour fe fortifier, dans fes bons
defieins, et pour les pourfuivre avec l'exactitude, qui y efl neceflaire. S'il venoit
chez vous, je vous fupplie de luy faire donner la cy-jointe.
Il n'y a que cinq ou fix femaincs que je fuis de retour à Hanover d'un voyage
de deux ans et plus, pendant le quelj'ay parcouru une bonne partie de l'Allemagne
et de l'Italie pour chercher des Monuments Hifloriques par ordre de Monfeigneur
le Duc.
J'ay trouué bien peu de perfonnes avec qui on puifîe parler de ce qui pafie
l'ordinaire en phyfique et en mathématiques. Mous. Auzout, que j'ai trouvé h
Rome, nous promet une nouuelle édition de Vitruve, ou il pourroit bien reuflir
fans doute, puis qu'il a eu le moyen de voir tant d'antiques. Il prétend qu'il y a bien
des paflages ou Mr. Perrault4) a débité plus tofi fes propres penfées que celles
*) Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. I, p. 23.
2) Leibnizens Mathematische Schriften, Ikl. II, p. 41, et Briefwechsel von G. W. Leibniz,
P-594-
3) Johan Jacob Spener, Saxon. Nous avons de lui, dans la collection Huygens, une lettre datée
du 29 août 1690.
4) Dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1982, note 6.
CORRESPONDANCE. IÔQO. 449
de l'auteur et des anciens. Mais je trouue que Mr. Auzout e(l trop diftraic, et
comme il ne veut pas donner des pièces détachées, j'appréhende que cela ne nous
prive entièrement du fruit de Tes travaux 5).
J'ay trouvé auffi a Rome chez Mr. le Cardinal de Bouillon <î),Mons. l'Abbé
Berthet7), que vous aurés peut-eftre connu à Paris, fous le nom de P. Berthet,
jefuite. Il s'applique fort à la mufique, ou il fait des observations. Il efî. bon poëte
avec cela, et il a traduit en Italien Topera françois, qui s'appelle l'Amadis, et
encore quelques autres, confervant parfaitement le même chant, ce qu'on a trouvé
beau et difficile. J'ay elle prefent à une reprefentation qu'on en fit chez Mr. le
Cardinal.
Le traité de Mr. Viviani de locis folidis 8) eft imprimé en partie, mais comme
il y manque encor quelque chofe, il ne le monftre pas encore.
J'ay trouvé deux médecins, bien verfés dans les Mathématiques, dont je me
promets quelque chofe, Mr. Guillelmini 9) à Bologne et Mr. Spoleti à Padoue.
5) En effet, le projet d'Auzout n'a eu aucune suite.
6) Emmanuel Théodose de la Tour, cardinal de Bouillon, né le 24 août 1644, favori de
Louis XIV qui le nomma grand aumônier de France. Le roi l'envoya plusieurs fois à Rome
pour des affaires diplomatiques. Son ingratitude et son opposition contre Louvois le firent
bannir de la cour. Il quitta la France en 17 10 et s'établit à Rome, où il mourut en mars 171 5.
7) Voir, sur Jean Bertet, la Lettre N°. 1355, note 1.
8) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1941, note 4.
°) DomenicoGuglielmini, né à Bologne le 22 septembre 1655, mort à Padoue le 12 juillet 17 10.
Il fut inspecteur des canaux et professeur de mathématique et d'hydrométrie à Bologne jus-
qu'en 1698, puis professeur de mathématique, et en 1702 de médecine, à l'Université de
Padoue.
Parmi plusieurs écrits d'astronomie et d'hydraulique il publia l'ouvrage:
Aquarum Fluentium menfura nova methodo inquifita. AutoreDominicoGuliclmino M.D.
Bononienfi, in patrio Archigymnafio Scientiarum Mathematicarum primario ProfefTore, &
aquarum Bononienfium Superintendente. Bononiae ex typographia Pifariana 1690. in-40.
Au sujet de cet écrit il eut une longue controverse avec D. Papin. Elle commença par un
article de ce dernier, inséré dans les Acta Eruditorum du mois de mai 1691 sous le titre :
Dion. Papini Obfervationes quaedam circa materias ad Ilydraulicam fpeftantes Menfi
Februario hujus anni infertas.
Guglielmini répondit par deux écrits, analysés dans les Acta Eruditorum de septembre
1692, savoir:
Dominici Guglielmini Medici et Mathematici Bononienfis Epiftolae duae Hydroflaticae,
altéra Apologetica adverfus Obfervationes contra Menfuram aquarum Fluentium a Clarifiimo
Viro Dionyfio Papino faftas, & Aclis Erud. Lipfiae anni 1691 infertas: altéra de velocitate
& motu fluidorum in fiphonibus recurvis fuftoriis. Bononiae apud Mil. Antonii Pifari 1692.
in-40.
Le second écrit fut la Pars Altéra du premier ouvrage cité plus haut, publiée en 1691. La
réplique de Papin se fit attendre jusqu'en 1695, lorsque parut son ouvrage:
Recueil de diverses Pièces touchant quelques nouvelles Machines. Cassel 1695, in-8°, paru
également en latin sous le titre:
Œuvres. T. IX. 57
450 CORRESPONDANCE. 1690.
J'ay la plus grande impatience du monde, Monfieur, de voir voftre traité de la
lumière, que j'attends de Hambourg, auffi tolf qu'il y fera arrivé. Il y a déjà long-
temps que le public le fouhaittoit. Il nous faut de tels liures pour avancer vérita-
blement. J'attends d'y voir déchiffré le myftere du criftal d'Iflande, et. peut eftre
y trouverons nous quelque chofe, qui puiffe fervir à deviner les raifons des
couleurs, pour expliquer mathématiquement par quelle adrefle la nature rend
certaines liqueurs, ou furfaces, toutes rouges ou toutes bleues. Car je m'imagine
que ces couleurs, qu'on appelle fixes, ne viennent pas moins de la réfraction que
celles qu'on appelle tranfparentes, quoyque feu Mr. de Mariotte ait elle d'un
autre fentiment.
Je ne fcay Monfieur fi vous avés veu dans les Actes de Leipzig une manière de
calcul, que je propofe, pour afïujettir à l'analyfe ce que M. Des Cartes luy même
en auoit excepté. Au lieu que les affections des grandeurs, qu'on employoit
jufqu'icy en calculant, n'eftoient que les racines et les puifTances, j'employe main-
tenant les fommes et les différences, comme dy, ddy, dddy, c'efl: à dire différences
et incremens ou elemens de la grandeur y, ou bien les différences des différences,
ou les différences des différences des différences &c.IC). Et comme les racines
font réciproques aux puifTances, de même les fommes font réciproques aux differen-
Fafciculus difiertationum de novis quibufdam machinis atque aliis argumentis philofo-
phicis. Marpurgae. 1695. in-8°.
Dans cet ouvrage Papin a donné à sa réplique la forme d'une lettre publique à Chr. Huy-
gens intitulée :
Lettre à Monsieur Christien Hugens Seigneur de Zulichem touchant la mesure des eaux
courantes. Contre Mons. Dominique Guilielmini très célèbre Docteur en Médecine et Pro-
fesseur en Mathématiques à Boulogne.
Epiftola ad Illuftriflimum Dominum Chrittianum Hugeniuin, Dynartam in Zulichem, de
fluentium aquarum menfura, adverfus Clar. Dominum Dominicum Guilielmini Medicum et
Mathematicum Bononienfem.
Guglielmini avait cité Leibniz comme arbitre de cette controverse; Papin s'adressa à Huy-
gens. Il ne paraît pas que les deux grands géomètres s'y soient beaucoup intéressés.
D'ailleurs il est douteux que Huygens, qui mourut le 8 juillet 1695, ait pu prendre con-
naissance de la lettre imprimée de Papin.
3)Jusques là Leibniz avait publié dans les „Acta Eruditorum" trois articles se rapportant à
l'algorithme du calcul différentiel et intégral. Le premier, que nous avons cité dans la note 5
de la Lettre N°. 2205, avait paru en octobre 1684. Le second, intitulé „De Geometria recon-
dita et analysi indivisibilium atque infinitorum", où le signe de l'intégration fut introduit pour
la première fois, avait été publié dans les „Acta" de juin 1686'. Déjà dans le premier article,
Leibniz avait indiqué l'usage qu'on pouvait faire des différentielles de second ordre, des „dif-
ferentiae differentiarum", pour distinguer entre les parties convexes et concaves d'une courbe
donnée et pour déterminer ses points d'inflexion. Mais il en fit une application bien autre-
ment importante dans son troisième article, celui de février 1689, cité dans la note 8 de la
CORRESPONDANCE. 169O.
451
ces, par exemple, comme Vyyy =y et ]X}>3 =3', de même f'dy —y et f('ddyz= y.
Par le moyen de ce calcul je me fuis avife de donner les touchantes et de refondre
des problèmes de maximis et minimis, lors que les équations font fort embaraffées
de racines et de fractions, fans que j'aye befoin de les oiter, ce qui m'épargne
fouuent des grandiifimes calculs. Par le même moyen je réduis à l'analyfe les
courbes que M. Des Cartes appelloit Mechaniques, comme par exemple les
Cycloides, exprimant par une équation la relation entre xety abfcifie et ordonnée
/*«
de la courbe. Par exemple AB le finus verfus eitant x, alors FGE rt) arc du cercle
chez moy fe defigne ainfi fÇa dx: ^ <xax — xx), c'efl: à dire Tare ert la fomme
des elemensde la courbe circulaire qui font: adx: \/riax—xz
adx
(ou y — car les deux points me fignifient divifion, pour éviter la foubfcrip-
tion du divifeur).C'eft à dire les elemens delà courbe circulaire font à ^relemens
refpondansde l'abci (Te, comme crayon eit aux finus verfus I1~)~\/~ 2 ax — x2- Cela
efiant pofé, l'ordonnée de la Cycloide, menée perpendiculairement fur l'axe, que
nous appellerons 3>, fera \/ lax—xx + fadx: \/ lax— xx=y. Par le moyen
de cette équation je trouue toutes les propriétés de la cycloide fans avoir aucun
recours a la figure, comme fi c'efiroit une ligne ordinaire. Cherchant par exemple
l'équation differentiale de cette équation, nous trouuons les tangentes de la cy-
cloide ; car d^^ax—xx = a—x dx: \/ iax—xx, par les règles de mon Ai-
Lettre N°. 2561, où il les employa pour former l'équation différentielle du second ordre,
„aequatio differentio-differentialis" comme il l'appelle, qui lui servit à prouver que l'effort
de la gravité dans une orbite planétaire doit être inversement proportionnel au carré de la
distance.
1X) Lisez: finus reclus.
452 CORRESPONDANCE. IÔOO.
gorithme, que j'ay données, donc dy = (2 a— x) dx: ~\/rz ax—x2 ou bien
dy: dx:: la — x: ^/^inx— x2j c'eft à dire dans la cycloide l'ordonnée eft à la
partie de l'axe comprife entre l'ordonnée et la touchante (ou bien dy eft à dx),
comme ia— x, le finus verfus de l'arc parcouru FGE*) eft au finus reclus, c'eft
a dire CB a BT comme FB a BE. Ainfi l'analyfe des lignes tranfeendentes eftant
établie, on pourra découurir bien des propriétés, dont on ne s'avifera pas fans
cela et j'en ai beaucoup d'échantillons. Je fouhaitte d'en auoir un jour voftre
jugement dont je fcay le poids. Je fiiis avec zèle en vous fouhaitant beaucoup de
famé pour longues années
Monsieur
Voftre tref humble et trefobeiflant ferviteur
Leibniz.
") Voluit dicere AE pro eo quod dixit FGE [Chriftiaan Huygens],
b~) Imo AE [Chriftiaan Huygens].
N= 2602.
Christiaan Huygens a S. van de Blocquery.
ier AOÛT 1690.
La lettre se trouve à Lc'nlen, coll. Huygens.
Mijn Heer
Voorleden faturdagh aen 't logement van de Heeren Bewinthebbers gegaen
fijnde om de eere te hebben van UEdt. te fpreecken, vernam dat vveynighe uren te
vooren van Amfterdam vertrocken was. 'T geene ick dan aen UEd. aengaende de
aenftaende proeve der Horologien '), door UEd. mij geproponeert, foudegefeght
hebben fal ick hier in 't korte vervatten. Te weten dat de Horologien in ftaet fîjn
en geapproprieert om iets naeder te proberen ten aenfien van een nieuwe en feer
eenvoudighe manier van de felve op te hangen, als mede dat de inftruclie voor foo
veel noodigh vermeerdert is om de ongelijckhcydt van vvegen het draeyen der
Aerde op de reijfe waer te nemen en in de rekeningh der Lengden te doen in-
r) Voir les Lettres Nos. 2546 et 2588.
CORRESPONDANCE. 169O. 453
flucren. Voorts dat het ten hooghften noodigh is dat ick met Mr. de Graef dien
aengaende conferere, ende dat hct daerom de Ileeren Bcwinthebbercn gelieve
goedt te vinden hem herwaerts te laeten overkomen voor ccn dagh a twee opdat
hij van ailes te rechte geinformeert moghc wefen. Het waer goedt een horologie-
maker mede te nemen; doch weet niet of den tijdt fal toelaeten om daer nae te
vernemen ende den felven genoegfame initructie te geven. doch al konde men
hier in niet te recht geraecken, (bo vertrouwe dat Mr. de Graef capabel is van
ailes 't geen ontrent defe wercken noodfaeckelijck is waer te nemen. Sijn over-
komfte en de verdere ordres van de I Iecren Bewinthebbers te gemoet fiende blijve
met refpect.
Mijn Heer
UEd. feer ootmoedighe dienaer
Chr. Huygens.
Haghe den ie Aug, 1690.
Den WelEdelen Geftrenghen Heere
Mijn Heer S. van de Blocqjjery
Bewinthebber van de Ooft Indifche Compagnie
Tôt
Amfterdam.
N= 2603.
Christiaan Huygens au Marquis de l'Hospital.
3 août 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uyknbroek ').
La lettre est la réponse au No. 2600.
3 Aug. 1690.
Refpondu le 3 Aoult, que fa lettre deftinée a ertre mife dans les nouvelles :),
cft beaucoup mieux qu'auparavant 3) et que je l'y feray mettre après avoir aufli
') Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae etc., Fasc. I, p. 231.
:) Voir la pièce N°. 2605.
3) La pièce N°. 2581.
454 CORRESPONDANCE. IÔOO.
changé mes remarques4), qui regarderont pour la plufpart Mr. Bernouilli; que
j'entens maintenant Ton raifonnement et que j'admire comment il ne s'eft point
égaré dans un chemin fi nouveau et ou il faut eftre fi fort fur fes gardes. Que je
temoigneray dans mes remarques qu'il eft le premier, qui, après mon traité du
centre d'ofcillation, ait trouvé une voie nouvelle pour parvenir à ces centres, car
Mariotte5) et le P. des Châles6) n'ont cherché que les centres de percuffion,
qu'ils n'ont pu démontrer eftre le mefme que l'autre. Que cependant il voit com-
bien fa méthode eft difficile, et qu'elle ne s'étend qu'aux poids qui font mis en
ligne droite. Que je le prie de faire fouvenir Mr. de la Hire de faire venir mes
Exemplaires de Peronne. S'il eft ce fils du comte de Ste. Mefme que le D[uc]
de Roanez m'a amené autrefois; fi cela eft, que jay bien de la joye de renouveller
cette ancienne connoiïïance etc.
4) Voir la pièce N°. 2606.
5) Dans son ouvrage cité dans la Lettre N°. 1795, note 10. Voir, à la page 91, Les Œuvres de
Mariotte, citées dans la Lettre N°. 1621, note 2. Mariotte, dans la Proposition XVII, y traite
le problème : „Trouver le centre de Percussion d'un pendule composé."
C'est probablement de Mariotte que de l'Hospital a emprunté la notion de la vitesse avec
laquelle un corps commence à tomber, d'après le Lemme formulé dans la Proposition XI :
„Un corps qui tombe dans l'air libre, commence à tomber avec une vitesse déterminée,
& qui n'est pas infiniment petite; c'est à dire qu'elle est telle, qu'il en peut avoir de moin-
dres, en différents degrez". Mariotte explique ce Lemme comme il suit: „Car il est im-
possible qu'un mouvement soit sans une vitesse déterminée, & entre le mouvement & le
repos, il n'y a point de milieu, donc sitôt qu'il est en mouvement, il a une vitesse".
fi) Dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2259, note 7, et dont on trouve l'analyse dans les Acta
Eruditorum d'octobre 1683, pages 451 et suiv.
CORRESPONDANCE. 1690. 455
N= 2604.
Christiaan Huygens à H. Basnage de Beauval.
AOÛT 1690 ').
La minute2) se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Je vous envoie une lettre de Mr. le Marquis de Hofpital3) qu'il veut bien qu'elle
foit publiée dans voftre Hiftoire des ouvrages des Scavans, et qui mérite d'y oc-
cuper une place. Il en explique luy mefme fort nettement le fujet ainfi il n'eft pas
neceffaire que je m'y arrefte. Je diray feulement que fon raifonnement par lequel
il trouve un pendule ifochrone à un compofé de 2 a 3 [poids] eft bon et légitime.
Et qu'il a falu beaucoup de jufteffe d'efprit pour s'y bien conduire la route eftant
nouvelle et ou il eit aifè de s'égarer 4). qu'il veut que le fondement (Principe) de
Mr. Bernouilli foit véritable, en ce qu'il montre la rai fon pourquoy la vitefle
totale d'un pendule compofè n'eft pas égale a la fomme des viteffes de fes parties
mues feparement, comme vouloit Mr. l'Abbé Catelan. Cette raifon eft, dit il,
par ce que dans le pendule compofè une partie du mouvement fe perd en failant
effort fur le point fixe, au lieu qu'il ne fe perd rien du mouvement des corps mus
feparement. Il veut donc que lors qu'il fe perd du mouvement il y ait une caufc.
mais ou fera 't elle dans deux corps durs qui fe choquent, et dans ces mefmes corps
d'où viendra l'augmentation de mouvement? Ce n'eft pas la quantité de mouve-
ment qui naturellement fe conferve, mais la puifïance de monter d'où ils font
defcendusoubien leur centre commun de grav.il faut beaucoup de jufteiïe d'efprit
pour ne fe pas égarer dans des routes fi nouvelles peu communes et fi peu fures. Je
dis peu fures par ce que qu'il pofe certaines choies qui bien que vraies n'ont pas
une certitude fort évidente. Ainfi fes conclufions ne feroient pas fort fures non
plus. Mais elles font confirmées par la correfpondance avec les mienes.
Perfonne n'avoit encore trouvé d'autre voie, outre la miene, pour trouver un
pendule ifochrone a un pend, compofè. Car M. Mariotte et le P. Des Châles
n'avoient cherché que le centre de pereuffion, qu'ils n'ont pas pu démontrer eftre
le mefme que le centre d'ofcillation.
Cependant et eux et Mr. le Marquis de l'IIofpital ne font pas allez plus loin que
le pendule ifochrone a un compofé de poids enfilez a une ligne droite, au lieu que
*) Quoique la date exacte soit incertaine, nous n'avons pas voulu reléguer cette lettre à la fin de
la correspondance du mois d'août, à laquelle elle appartient évidemment, pour ne pas la
séparer de la lettre précédente, dans laquelle Huygens annonce à de l'Hospital la démarche
qu'il exécute dans la lettre présente.
2) Elle est probablement incomplète.
3) La Lettre N°. 2605 du 19 juillet, que nous faisons suivre ici comme Appendice I.
4) En marge Huygens a écrit: et ou l'on s'égare facilement.
456 CORRESPONDANCE. 1 6ûO.
ma prop. 5e efr. générale pour toute forte de difpofition et de grandeur des poids.
Bernouilly fondent faufTement que quand le centre de grav. monterait plus
haut que d'où il efl: defcendu, le mouvement perpétuel ne feroit pas donné, page
360 menfe Juillet 1686. Corriger 1 ou 3 fautes d'impreffion dans mon horol.
ofcill 0-
Il n'eft pas neceffaire de chercher une autre caufe de cette perte de mouvement,
fi non que s'il ne s'en perdoit point, le centre de gravité monteroit plus haut que
d'où il eft defcendu. Il fe perd fouvent du mouvement fans caufe, c'eft a dire fans
qu'on puifïe dire ce qu'il devient comme dans le chocq de deux corps de forte
que ce n'eft pas une loy naturelle que la quantité de mouvement doit demeurer fi
elle ne fe confume a quelque chofe. mais la loy efr que les corps gardent la force
qui faffe monter leur centre commun de gravité a la hauteur d'où il eft defcendu.
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104
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i°5
5) Voici les corrections, se rapportant à la Pars Qnarta de Centro Oscillationis, que Hnygens a
notées en marge d'un exemplaire qui lui a appartenu :
page 95 ligne : 1 : E, BH lisez : E, G, H.
„ „ „ 5 en remontant: voluimus „ volumus.
, lateram „ alteram
, 11 et 12: AD, GH, CF „ AK, BL,CM.
, 1 2 : à biffer : velut QQ.
, 14 en remontant: ad AD „ ad MD
, 2 „ „ inrectam „ in rectam.
„ 1 07 Huygens a noté à côté de la figure :
punctum H debebat utrobique distare amplius ab A quam punctum G.
„ iii lignes 4, 6 et 7 en remontant: changer z en x dans les termes 22;;;, 22»; et — -a—
„ 117 dans la citation marginale : changer Prop. 8 en Prop. 10.
„ 119 figure : pro P ponendum B.
„ 1 23 ligne 20: au lieu de & 11 centrum gravitatis lisez: et OH subcentrica.
„ 127 ligne 1 2 en remontant: les mots: hic jam praetcr jusque oportetqi/e, ont été soulignés.
lin marge Huygens écrivit :
„Hic jam habenda efl; fumma quadratorum à diftantiis particularum omnium ab refta quae
per centrum gr. A. intelligitur axi ofcillationis-parallela, fecundum ea quae propos. 18 ex-
poiita fuere. Hoc efl:, fumma quadratorum a diftantiis ab ipfo A centro gr. quoniam figura
plana efl:. Siveetiam fumma qnadr. à diftantiis tam ab re<fta BAC, quam ab refta DA. Confiât
enim quadratum reftae OA quam pono effe diflantiam unius cujufdam particulae a centro A,
aequari quadratis diflantiarum ON, OV, quibus eadem particula abeft a reftis BAC, D A (per
prop.47,lib. I Elem.) Atqui fumma quadr. àdiflantiisab rcfta BACaequaturreftangulo DAH
fi DU lit fubcentrica cunei, fuper figura abciflî per tangentem DDparallelam BA (Perprop.
10 h.). Item fumma quadr. a diftantiis ab refta DA aequatur rcftangulo BAL, fi BL fit fub-
centrica cunei, abscifïï per tangentem BD, parallelam AD. Oportet itaque dari
Haec inferenda in locum notatorum fubfcripta linea. Et in Schemate adjungendae lineae
OA, ON, OV item punftum t et tangens BD".
CORRESPONDANCE. 1690. 457
N= 2605.
Le Marquis de l'Hospital à Christiaan Huygens.
19 JUILLET 1690.
Appendice I au No. 2604 ').
La pièce a été publiée dans V Histoire des Ouvrages des Sçavans *).
Lettre de Mr. le Marquis de l'Hospital à Mon-
fieur Huygens, dans laquelle il prétend demon-
ftrer la règle de cet Auteur touchant le centre
d'Ofcillation du pendule compole, par fa caufe
phyfique, & répondre en même temps à Mr.
Bernoulli.
Il y a quelques années, Monfieur, que j'ay leu avec admiration voftre fçavant
Traité des centres d'Ofcillations, & que j'ay efté pleinement convaincu de la
vérité de vos demonftrations. Cependant les Journaux de Leipfic m'eftant tombez
depuis peu entre les mains, j'ay trouvé dans celuy du mois de Juillet de l'année
1 686. le récit du différend que vous avez eu fur ce fujet avec Mr. l'Abbé Catelan,
rapporté par Mr. Bernoulli 3) qui décide en voftre faveur, comme doivent faire
aflurément tous ceux qui prétendent tenir quelque rang parmi les Géomètres.
Mais j'ay efté fort furpris de voir que la fin de fon raifonnement fe trouve con-
traire à vos demonftrations. Ce qui m'a donné lieu
iï ,^ f B de l'examiner avec foin; & j'ay reconnu qu'il Ce fert
;' d'un principe très-veritable, quoy qu'il fe trompe
/ dans l'application qu'il en fait. Car ce principe
conduit, comme je vais montrer, à la même vérité
que vous avez prouvée dans voftre propofition V4).
Soit la verge DAB inflexible, & fans pefanteur,
mobile autour du point fixe D, dans laquelle foient
y enfilez les deux poids égaux A & B, & foit la
,-''' diftance BD au point fixe, quadruple de AD, l'on
—--""" demande la longueur DG du pendule (impie
') La pièce accompagnait la lettre de l'Hospital du 1 9 juillet, notre N°. 2600.
2) Dans la livraison du mois de juin, juillet & aoust, 1690, p. 440. Une traduction latine a été
donnée par 's Gravesande dans : Christiani 1 lugenii etc. Opéra Varia, Vol. I, p. 242.
3) Voir la pièce N°. 2426.
4) Voir la pièce N°. 2581. note 2.
Œuvres. T. IX. 58
45^ CORRESPONDANCE. 1690.
ifochrone, c'eft-à-dire qui fe meuve avec la même viteiïe que le pendule
compofé.
Pour refondre ce problème, je confidere les viteffes avec lefquelles les corps
A & B commencent à defcendre dans le premier inftant de leur chute, ou fi l'on
aime mieux, les efpaces qu'ils parcourent 'dans un même temps, quelque petit
qu'on le prenne : & c'eft dans ce fens que je mets i pour la viteiïe avec laquelle
tout corps pefant grand ou petit commence à defcendre fur des plans également
inclinez. Car, comme l'on fçait aiïez, cette viteiïe eft égale dans tous les corps.
Je conçois auiïi, que la quantité de mouvement d'un corps au commencement de
fa defcente, naift de fa maiïe multipliée par cette première viteiïe. Cecy fuppofé,
il eft con liant que le corps A tend à defcendre avec la même viteiïe que le corps
B, & que ne le pouvant, parce qu'il eft attaché en A, dont la viteiïe n'efl
que la quatrième partie de celle de B, il doit haiïer le mouvement du corps B
dans le pendule compofé; & toute la difficulté confïlle à déterminer au j u fie
de combien ce mouvement doit eflre augmenté: & c'eft ce que je fais en cette
forte.
Soit x la quantité de mouvement du corps A dans le pendule compofé, l'excès
reliant de fa quantité de mouvement fera donc A — x, qui eftant appliqué en A,
fait effort fur le point fixe D, & fur le corps B, que l'on doit envifager comme eflant
immobile h fon égard (puis qu'il eft évident que le corps B doit eftre cenfé fans
mouvement par rapport à cet excès) & par confequent la verge BD doit eftre
regardée comme un levier appuyé par les deux bouts en B & D. L'on aura donc
BD, 4 eft h AD, i comme A — x eft à \ A — \ x portion de l'excès de la quantité
de mouvement du corps A qui fe diftribue en B : de forte que la quantité de mouve-
ment du corps B dans le pendule compofé, fera B+ |A- \x c'eft-à-dire £
A — \ x. Or h caufe de la verge inflexible DB, la viteiïe du corps B dans le pen-
dule compofé doit neceiïairement eftre quadruple de celle du corps A, & par
confequent auiïi fa quantité de mouvement, puis que ces corps font égaux: d'où il
fuit qu'il y aura égalité entre 4 x, & f A — £ x, d'où l'on tire une valeur x = T5f A,
qui exprime la quantité de mouvement du corps A dans le pendule compofé.
Maintenant fi l'on fait comme T5f viteiïe du corps A dans le pendule compofé eft
à 1 viteiïe de tous les corps pelants au bout des.pendules fimples: de même DA,
1 eft à DG, y, ce fera la longueur du pendule fimple ifochrone; car les efpaces
cftant entre eux comme les viteiïes, le temps doit eftre égal.
Si l'on ajoute au pendule compofé DAB le nouveau poids C égal à chacun
des poids A & B, en forte que DC foit double de DA, l'on doit confiderer
les poids A & B comme eftant attachez en G leur centre d'ofcillation, au
bout du pendule fimple DG : & alors mettant x pour la quantité de mou-
vement du corps C dans le pendule compofé DCG, l'on aura C — x pour
l'excès reliant de la quantité de mouvement du corps C, qui eftant appliqué
en C, fait effort fur le point fixe D, & fur le point G, que je regarde
CORRESPONDANCE. 1690. 459
h 4- F ' — ' — ^ comme eftant fixe à Ton égard. L'on aura
/ / E G \ donc DG, y eft à DC, 2 comme
„ ,,, ioC-iox . ,
C — x eft a portion de cet excès qui
le diftribiie en G : d'où il fuit que la quantité de
c on
mouvement des corps A & 13 dans le pendule compofé DACB, fera— A + — B
17 17
10C— iox , ,,. ,. 35C — io# ~ , r . , . _
+ - c ell-a-dire ^ — Or a caufe de la verge inflexible DB,
17 17 *>
la vitefTe du corps A dans le pendule compofé fera neceflairement la moitié de
celle du corps C, & celle du corps B fera double de celle du corps C; & de même
auffi leurs quantitez de mouvement, ces trois corps eftant égaux. Il y aura donc
o c c I O X
égalité entre 2 x + § x, & — •> d'où l'on tire une valeur x=|C, qui
exprime la quantité de mouvement du corps C dans le pendule compofé DACB.
Maintenant fi l'on fait comme | vitefTe du corps C dans le pendule compofé, eft
à 1. vitefTe de tout corps pefant au bout d'un pendule fimple de même DC, 2 eft à
DE, 3, ce fera la longueur du pendule fimple ifochrone 5). Si les poids A, B, C,
étoient inégaux, l'on trouveroit toujours, en fuivant ce raifonnement, le centre
d'Ofcillation, de forte que cette méthode eft générale, quelque foit le nombre
des poids, & quelque inégalité qu'ils ayent entre eux. Il faut maintenant faire
voir qu'elle fert auffi, lors que les poids fe trouvent de part & d'autre du point
fixe.
Soit le pendule compofé ADB mobile autour du point fixe D, & chargé des
deux poids égaux A & B, & foit DB quadruple de DA, il eft vifible que le corps
A doit retarder le mouvement du corps B dans le pendule compofé; & pour trouver
precifément de combien, je nomme x la quantité de mouvement du corps B dans
le pendule compofé ADB: & par confequent l'excès reliant de fa quantité de
mouvement fera B— x. Or à caufe de la verge AB, la vitefTe du corps A doit
neceflairement eftre la quatrième partie de celle du corps B. Donc fa quantité de
mouvement dans le pendule compofé fera ^x (car les corps A & B eftant égaux,
les quantitez de mouvemens font proportionées aux vitefTes).
Or cette quantité de mouvement ne peut avoir efté produite que par l'excès
reliant de celle du corps B. Il eft donc évident que cet excès B — x doit vaincre la
quantité de mouvement du corps A vers le bas, & luy en imprimer de plus ix vers
le haut; c'eft-à-dire qu'il doit agir fur le corps A, comme fi la force A + ixeflant
appliquée immédiatement en A, le poufToit vers le haut. Mais la force B — x, à caufe
j Résultat exact, puisque '-, r— 3-==
1+2 + 4
460 CORRESPONDANCE. 1690.
du point fixe D, agit fur le corps A, comme fi la force 4 B — \x étant appliquée
immédiatement en A, poufioit ce corps vers le haut. Il y aura donc égalité entre
1 1
4B — 4X, & A + i x: d'où l'on tire une valeur x = — B, qui exprime au jufle
la quantité de mouvement du corps B dans le pendule compofé ADB. Maintenant
1 °
fi l'on fait comme — vitefTe du corps B dans le pendule compofé efl à 1 vitefTe
de tout corps pefant au bout d'un pendule fimple : de même DB, 4 efl à DG,
ce fera la longueur du pendule fimple ifochrone.
Il efl: aifé de conclurre de tout cecy, que le principe de Mr. Bernoulli efl: véri-
table, & qu'il fe trompe dans la conclufion qu'il en tire : parce qu'il confidere les
vitefles acquifes des corps A & B, au lieu de confiderer, comme nous avons fait,
leurs viteffes commençantes, & de plus leurs quantitez de mouvemens. Car fans
cela, on ne pourroit point appliquer ce principe, qui n'efl autre que celuy du
levier, lors que les corps font inégaux. De forte que je croy avoir pleinement
fatisfait à fa demande, Kogantur liac occafione eruditi, &c.
Vous voyez, Monfieur, comme différentes routes conduifent à la connoiffance
de la même vérité. Ce n'efl: pas que je veuille comparer celle-cy à la voftre, qui
efl incomparablement plus fçavante & plus géométrique. Si vous jugez cependant
qu'il ne foit pas inutile de faire voir, que les raifons phyfiques que j'apporte icy
s'accordent parfaitement avec vos demonflrations, & qu'elles foient propres à
lever le doute de Mr. Bernoulli, je confens que vous rendiez publique cette Lettre,
& je vous prie de vouloir y ajouter vos remarques 6), vous proteflant que je n'ap-
pelleray point du jugement que vous porterez, qui ne peut eflre que très-éclairé
& très-équitable. Je fuis très-parfaitement, &c.
5 ) Voir la pièce suivante N°. 2606.
CORRESPONDANCE. 1690. 46 1
N= 2606.
Christiaan Huygens à N. Basnage de Beauval.
[juillet] 1690.
Appendice II au No. 2604.
La pièce a été publiée dans V Histoire des Ouvrages des Scavans ').
Remarques de Mr. Huygens fur la Lettre précé-
dente, & fur le récit de Mr. Bernoulli dont
on y fait mention.
J'ay toujours crû qu'il eftoit difficile de trouver le centre d'Ofcillation d'une
autre manière que celle dont je me fuis fervi. Auffi n'ay-je vu perfonne qui l'ait
tenté heureufement, foit à l'égard de la folution générale, (bit au cas des pendules
compofez, dont les poids font en ligne droite avec le point de fufpenfion. C'efl: ce
cas que Mr. le Marquis de l'Hofpital après plufieurs autres s'eft propofé, & où je
puis dire qu'il eft le premier qui ait reuffi. Car Mrs. Wallis2) & Mariotte, &
') Page 449, à la suite de la pièce précédente, notre N°. 2605. Une traduction latine a été
donnée par 's Gravesande dans : Christiani Hugenii etc. Opéra Varia, Vol. I, p. 246.
:) Wallis avait discuté le centre de percussion dans la troisième et dernière partie, qui parut en
i67i,deson ouvrage: Mechanica, sive de Motu, Cap. XI, Prop. XV: „Percuiîiones particula-
rum Gravis percutientis, pro varia ejufdeni Figura et Pofitione; calculoaeftimantur. Adeoquc
et Centrum Virium, feu Percufionis. Quod ipfum eft Punétum Percufïionis maximae."
D'après sa définition, le centrum viriitui n'est autre que le centre de gravité qu'on obtient
en traitant les quantités de mouvement (qu'il appelle vires') des particules matérielles comme
des poids: „Quaecunque fuerit Magnitudinum feu Ponderum feries; cum ea componenda
erit feries Celeritatum (utcunque acquifitarum); ut habeatur feries Virium feu Momentorum.
Atque haec momenta, fi confiderentur ut Librae Gravamina; eifdem legibus hic exquirendum
erit Centrum Virium; quibus in Cap. 3. Centrum Aequilibrii; et in Cap. 4, 5. Centrum
Gravitatis."
Wallis, toutefois, n'applique cette définition qu'à des cas où les vitesses des particules sont
parallèles entre elles, — comme cela arrive quand une figure plane oscille autour d'un axe
situé en dehors de cette figure mais dans son plan, — ou lorsqu'elles peuvent être considérées
comme telles par approximation. Dans ces cas, en effet, le centrum virium de Wallis coïncide
avec le centre d'oscillation.
Plus tard, après la lecture de l'IIorologiuin Oscillatorium de Huygens, en rééditant son
livre „Mechanica, sive de Motu" dans ses „0pera Mathematica, volumen primum, Oxoniae,
E theatro Sheldoniano 1695 in-f°", il ajouta à la proposition citée leMonitum suivant :„Mo-
nendumdeniquc;Id quod nos Centrum Virium, feu Centrum Percuflionis aut etiam Vibrationis,
hic appellamus, id ipfum efie quod Clar. Hugenius, opère podedito (de IlorologioOfcillatorio)
appeliat Centrum Oscillationis. Quippe idem est (utut sub diversis Nominibus) quod uterque
inquirimus. (Quod, qui utriufque Inquisitionem rite confideraverit, facile perfpiciat). ï lie
quidem fua Methodo, ego mea. Leftor utramlibet ut potioremeligat. Eftque ejus Ofci//atio,
quae nobis Fibratio dicitur.
462 CORRESPONDANCE. 1 690.
le Père Defchales, n'ont cherché que le centre de Percuffion, & n'ont pas pu
démontrer légitimement que c'eft le même que celuy d'Ofcillation 3), quoy que
cela foit vray. Au relie, bien que la demonftration de Mr. le Marquis foit bonne
& bien fondée, & qu'elle femble fort naturelle, elle ne laifTe pas de comprendre
plufieurs chofes, qui peuvent d'abord faire de la peine aux Leéleurs; comme lors
qu'il confidere la quantité de mouvement d'un corps tout au commencement de fa
chute ;& lors qu'il diftingue & partage, comme il fait, le furplus de mouvement
du corps A, fçavoir ce qu'il aurait davantage en tombant feparément, qu'en
defeendant comme partie du pendule compofé; & enfin, quand il dit qu'au pen-
dule de trois poids, il faut confiderer les deux A & B comme attachez en G leur
centre d'Ofcillation. Ces chofes n'eftant pas tout-à-fait évidentes, font voir que
le chemin que Mr. le Marquis a pris eft bien difficile, & qu'il a fallu beaucoup de
juftefle d'efprit pour ne s'y pas égarer. Mr. Bernoulli dans fon récit de la difpute4)
entre Mr. l'Abbé Catelan & moy, fur lequel je feray en fuite quelques remarques,
avoit fuivi ce même chemin: mais n'ayant pu aller jufqu'à la fin, c'ell une autre
preuve de la difficulté qui s'y rencontre.
Je fuis obligé à Mr. Bernoulli, d'avoir toujours pris mon parti 5) dans cette
difpute avec Mr. l'Abbé Catelan. Cependant je n'ay pu comprendre comment
après avoir dit que ma propofition fondamentale du centre d'Ofcillation dépend
de ce grand principe des Mechaniques, fçavoir que le centre commun de gravité de
plufieurs poids ne feauroit monter plus haut par r effet de leur pefanteur, que d'où
il eft defeendu, il tourne en fuite contre moy certain raifonnement qui eft douteux,
3) En effet, l'identité du centre d'oscillation avec le „centrum virium" ou „centrum percussionis"
de Wallis n'a nullement été prouvé par celui-ci. Voici tout ce qu'on trouve à ce sujet dans les
ouvrages, cités dans la note précédente : „ Atque hinc" (il s'agit du calcul du centrum virium tel
qu'il avait été défini par Wallis) „ad Funipendula aestimanda, via patet: Nempecujmcunque
figurae sit suspensum solidum, (puta Cylindricum, Conicum, aliudve,) tantae longitudinis
( vibrationem quod spectat) reputandum esse, quanta est distantia à suspensionis puncto ad Cen-
trum Virium. Adeoque,verbi gratia, (dato quod Funipendula ejusdem longitudinis, aequa-
libus temporibus vibrent, quod praesumi solet,) si Conus vertice suspensus (cujus Centrum
Virium, ut ex Calculo superius insinuato colligitur, à vertice distat 4/6 totius Axis seu Altitu-
dinis;) cum Globulo ex tenuissimofilo (cujus itaque consideratio hic non habetur) snspenso,
cujus longitudo sit (à puncto suspensionis ad Globuli Centrum Firiunî) ad longitudinem seu
altitudinem Coni, ut 4 ad 5 \ aequalibus temporibus vibrabituruterque: utpote quorum Cen-
trum Virium aequaliter à puncto suspensionis distant. (Est autem Globuli Centrum Virium,
non ipsum Globi centrum, sed aliud ab hoc; et quidem aliud atque aliud prout propius aut
remotius distat Globus, ille à Puncto suspensionis). Atque similiter in aliis judicandum erit."
Remarquons encore que la dernière phrase entre parenthèses (Est autem.... suspensionis)
ne se trouve pas dans l'édition de 167 1 du Traité „de Motu". Elle a été ajoutée sans doute
après la lecture et sous l'influence de r„Horologium Oscillatorium" de Iluygens.
4) Voir la pièce N°. 2426.
5) Non seulement par la pièce citée dans la note précédente, mais aussi par celle que nous avons
reproduite sous le N°. 2332.
CORRESPONDANCE. 169O. 463
de fon propre aveu, comme s'il eftoit capable de mettre en doute la vérité de cette
même propofition; au lieu qu'il devoit plutôt conclurre qu'il y avoit de la faute
dans (on raifonnement.
Touchant ce qu'il m'impute, de n'avoir pas refuté dans ma première réponfe6)
le faux principe de Mr. l'Abbé, & que dans la dernière7) je ne l'ay pas refuté par
facaufe phyfique: je diray que dans ma première réponfe je croyois que c'eftoit
afTez de montrer un défaut manifefte dans le raifonnement qu'on m'oppofoit, fans
entrer plus avant en matière; & que dans ma réplique du 8. Juin 1684. je pourrais
prétendre, auffi-bien que Mr. Bernoulli, d'avoir refuté ce principe par fa caufe
phyfique, puis que je fais voir qu'il répugne au grand principe naturel, que les
corps pefants ne peuvent monter d'eux-mêmes. Car je croy que c'eft autant en cela
que confifte la caufe phyfique, de ce que dans le pendule compofé les poids A &
B eftant defcendus conjointement au bas de leur vibration, n'acquièrent pas en-
femble autant de vitefTe, que s'ils eftoient tombez feparément des mêmes hauteurs;
qu'en ce que le poids A confume une partie de fon mouvement en agiffant fur le
point fixe F, fuivant la demonftration de Mr. Bernoulli & de Mr. le Marquis de
l'Hofpital. Et ma raifon eft, qu'il fe perd fouvent du mouvement, fans qu'on
puifTe dire qu'il s'eft confumé à rien, comme dans plufieurs cas du choc de deux
corps durs, fuivant ce que j'ay remarqué en publiant les loix de ces fortes de
mouvements dans le Journal des Sçavans en 1669. au mois de Février8) : de forte
que ce n'eft pas une neceflîté que la quantité de mouvement fe conferve toujours,
fi elle ne fe confume à quelque chofe; mais c'eft une loy confiante, que les corps
doivent garder leur force afcenfîonelle, & que pour cela la fomme des quarrez de
leurs vitefTes doit demeurer la même. Ce qui n'a pas feulement lieu dans les poids
des pendules, & dans le choc des corps durs, comme je l'ay remarqué au même
endroit, mais auffi en beaucoup d'autres recherches de Mechanique.
J'avois montré, qu'en admettant le principe de Mr. l'Abbé Catelan, h force
afcenfionelle des poids d'un pendule s'augmentoit, & que par là leur commun cen-
tre de gravité pourrait monter plus haut que d'où il eftoit defeendu: d'oùj'inferois
que cela eftant, ou aurait trouvé le Mouvement Perpétuel. Mr. Bernoulli ne
demeure pas d'accord de cette confequence, à caufe de l'obftacle de l'air &
quelques autres, qui en empêcheraient l'effet. Mais il devrait avoir confideré, que
la hauteur qu'acquiert le centre de gravité par defïus celle qu'il avoit, eftant
toujours d'une quantité déterminée, & l'effet des obftacles n'eftant pas déterminé,
& fe pouvant diminuer de plus en plus, ou pourrait facilement faire une machine,
où l'avantage du rehaufTement du centre de gravité furpafTeroit l'empêchement
des obftacles. Mais c'eft de quoy aiïurément on ne ferajamais obligé de venir à
l'épreuve.
"') La pièce N°. 2267. :) La pièce N°. 2341.
3) Voir la pièce N°. 1715.
464 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2607.
N. Fatio de Duillier à Christiaan Huygens.
7 AOÛT 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse à une lettre du 1er août que nous ne connaissons pas1).
A Vtrecht ce 7 Août 1690.
Monsieur
Je ferois déjà à Voorburg fi j'ecois Maître de moi même. J'efpere néanmoins
que je pourrai Vous y rendre viiite dans quelque temps. Les Gentilhommes avec
qui je doi voiager font fort jeunes. On les a tirez de l'Ecole pour les mettre entre
mes mains: ainfi il leur manque bien des chofes pour leur éducation. Comme ils
doivent demeurer en Hollande afTez longtemps j'efpere qu'ils pourront apprendre
leurs Exercifes à la Haye où l'on a d'afTez bons Maitres. Ils y feroient même déjà
n'étoit que j'ai cru que les Profe fleurs que nous avons ici pourroient leur donner
l'entrée dans l'Etude du droit de l'Hifloire de la Chronologie et des Belles Let-
tres. En attendant Monfieur que je puifle avoir le bien d'être prez de Vous
j'efpere que Vous ne trouverez pas mauvais que je trouble quelque fois votre
folitude pour Vous demander de vos nouvelles. Je n'ai point fçu Monfieur fi Vous
aviez receu une lettre que je Vous écrivis d'Angleterre 2) où je marquois diverfes
liqueurs qui étant Amplement mêlées enfemble s'allumoient incontinent. Si je
connoiflbis quelles chofes Vous voudriez favoir touchant nos Amis de ce pays là
je tacherois Monfieur de Vous repondre fi je le pouvois. Mais je conçoi bien qu'il
vaudroit mieux aller Vous voir à cet Hermitage dont Vous me parlez tant. Le
filence et la folitude qui s'y trouvent ne font pas ce qui m'effrayeroit. Je crain-
drais bien plutôt de ne m'en pouvoir tirer. Je fuis avec un profond refpeft
Monsieur
Voftre très humble et très obeilîant Serviteur
N. Fatio de Duillier.
') Voir la Lettre N°. 2599, note tf). 2) Voir la Lettre N°. 2582.
CORRESPONDANCE. 169O. 465
N= 2608.
D. Papin a Christiaan Huygens.
20 AOÛT 169O1).
La lettre se trouve à Leiden , coll. Huygens.
Elle a été publiée pur E. Gerland *).
La lettre fait suite au No. 2595.
20e
de Marbourg ce Aouft 1690.
& 10e y
Monsieur
Je me donnay l'honneur, il ij a environ deux mois 3), de Vous écrire pour Vous
rendre très humbles grâces du précieux prefent que vous mavez fait de vos deux
Traitiez; et je prenois en mefme temps la liberté de Vous demander quelque
eclairciiïement fur certaines chofes que j'ij avois remarquées : depuis cela je n'ay
pu ij faire d'autres obfervations ne voulant pas refufer voftre livre à quelques vns
de M.rs nos ProfeflTeurs qui fouhaittoient fort le voir et qui me l'ont gardé depuis
cela les vns après les autres: ainfi Monfieur, ce qui me fait prendre la liberté de
Vous écrire a prefent n'eft pas pour Vous propofer de nouveaux doutes, mais feule-
ment pour Vous fupplier de me faire fçavoir fi Vous avez receu ceux que je Vous
ay defjà envoyez. J'aurois auiïi efté bien aife de voir ce que Vous avez trouvé à
dire au calcul touchant la machine de Mr. Perrault: mais je fçay, Monfieur, que
ce ne font pas la des chofes qui méritent de Vous détourner de vos autres occupa-
tions et je doibs attendre voftre loifir et voftre commodité auffi long temps qu'il
vous plairra: feulement je Vous fupplie, avec toute la foumiffion que je doibs de
daigner me faire vn mot de reponfc afin que je fcache fi la polie ne m'a point fait
quelque mauvais tour. Je ne fçay par quele fatalité il fe trouve que j'ay icij des
ennemis fort puiffants et à qui il eft facile de faire retenir mes lettres à la pofte: de
forte qu'ayant eu depuis peu quelqu'autre rencontre qui me donne du foupçon de
ce cofté la, je fouhaitterois extrêmement en eftre mieux eclairci afin de prendre
mes précautions. J'ay depuis peu envoyé h Lipfik vue nouvelle manière de faire
le vuide que je trouve plus commode et de moins de depenfequene feroit la
poudre a canon4): c'eft par le moien de l'eau qui fe raréfie en vapeurs; et outre
') La lettre, transmise à Huygens par J. Gousset, n'a été reçue que le 9 septembre. Voir la note
a de la Lettre N°. 2618.
2) Leibnizens und Huygens' Briefwechsel mit Papin, p. 154.
3) Voir la Lettre N°. 2595.
4) L'article parut dans les Acta Eruditorum du mois d'août 1690, p. 410, sous le titre:
Dion. Papini Nova Methodus ad Vires Motrices validissimas levi pretio comparandas.
Dans cet article Papin ne cite pas Huygens comme l'inventeur de la machine à poudre à
canon, dont la machine à vapeur de Papin était une modification, mais il renvoie à une lettre
Œuvres T. IX. 59
466 CORRESPONDANCE. 1690.
la commodité et l'épargne ell'a encor vn grand avantage en ce qu'elle fait le vuide
parfait; au lieu que la Marne de la poudre à canon laifle toufjours quelque quantité
d'air: ainli je ne fais pas de doute que cette force ne pull s'appliquer fort avanta-
geufement a bien des vfages, pourvu que ma lettre n'ayt point efté perdue je
m'afleure que cela paroiftra bien toft dans les AEia, et j'efpere Mon.r , que Vous
aurez aufli la bonté de m'en dire voftre penfée quand voftre commodité le per-
mettra. Cependant je Vous fupplie très humblement, Monfieur de m'honorer
feulement d'un mot de refponfe et de me dire aufli en deux mots quand voftre
Dioptrique pourra paroiftre: je doibs traitter cette matière l'année prochaine,
conformément aux loix de noftre Académie, et ainfi s'il ij avoit moien d'avoir
voftre ouvrage avant ce temps je donnerais ordre à vn libraire à Frailkfort de faire
les diligences pour cela. J'ay de la confufion d'agir fi librement avec Vous, mais
je me fouviens toufjours des bontez que Vous m'avez témoignées et je me flatte
que Vous daignerez toufjours me les continuer. Je feray toute ma vie avec vn très
profond refpeét
Monsieur
Voftre très humble et très obeiffant ferviteur
D. Papin.
J'ay prié mon cou fin Gonfler. 5) miniftre réfugié a Dort de vous envoyer fon
addrefle: Ainfi Monfieur, fi vous avez la bonté de me faire refponfe il n'y a qu'a
la luy envoyer et il me la fera tenir.
A Monfieur
Monfieur Christien Hugens de Zulichem
chez Monfieur de Zulichem
A la Haye.
imprimée dans les „Acta" de septembre 1688, où il dit en parlant de la machine de Huygens :
„Lectores igitur monendos hic arbitror, mihi tune temporis id honoris obtigisse, ut in regia
Bibliotheca apud Illustrissimum Dominum Hugenium degerem, ipsique ad ejusdem molimina
meam praestarem operam; ipse ego experimentum coram Domino Colberto institui". Con-
sultez, sur ce dernier article de Papin, la note 1 de la pièce N°. 2425.
Très probablement cette collaboration n'a pas été étrangère à l'idée de Papin de remplacer
la force motrice de la poudre à canon par celle de „la vapeur de Peau raréfiée". Dès l'origine
de ses travaux à l'Académie de Paris, Huygens s'était proposé d'étudier successivement ces
deux forces motrices. Consultez la pièce N°. 1568.
5) Jacques Gousset, né à Blois le 7 octobre 1635. Il étudia à l'Académie de Saumur. 11 fut
nommé pasteur à Poitiers et refusa le professorat qui lui avait été offert à Saumur. La révo-
cation de l'édit de Nantes en 1685 le força de quitter la France. 11 s'établit d'abord en
Angleterre, puis comme pasteur à Dordrecht. Les curateurs de l'Université de Groningen le
nommèrent professeur en théologie, philosophie et langue Grecque. 11 occupa cette chaire
du 9 avril 1691 jusqu'à sa mort, le 4 novembre 1704.
CORRESPONDANCE. 1690. 467
N= 2609.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
23 AOÛT 1690.
La lettre se trouve à Le/dcn, coll. Huygens.
Aétum Amllerdam den 23 Augultij. 1690.
Erentfefte en feer Wijfe Heer.
Zedert ik met de horologien van uw. E. zeer geëerde inveiitie alhier ben comen
te arriveren, mitfgaders al het geene daar aan dependeert, namentlijck de twee
ijfere beugels met de honte cas, en aile de looten, als 00k de twee pendnlnms in
haar câlîies; welke volgens mijn ordre op het ooftind. hnijs heb overgclevert, die
mij wederom door de E. heeren bewinthebbercn van 't packhuijs zijn geworden,
om volgens 11E. bévelens de nodige obfervatien te doen, te wcten hoe veel ze in
een etmaal met de zon komen te verfchillen, daar op ik beijde de horologien tôt
mijn E. vaders heb opgehangen, voor eerft de cas aan een dnbbelde gefehore
touw aan de foldering van de camer gehangen, die vafl: gemaakt is om de ijfere
clamp; toen de looden netjes op elkanderen onder op de cas gelecht, en het horo-
logie A daarin op de honte clampies gefet en vorders het pendulnm ingehaakt, en
zoo doen gaan. Om nu te zien ofhet ailes wel was; liet ick een knicker op het
horologie vallcn. maar de knicker zoo menigmaal als er opviel, rolden fer aff. en
dat aan die zijde van de cas, daar het boven eijnde van 't horologie tegen aan
lennt;haaktedaromdeflingeraf, en lichtenhet horologie daar nijt, om te lien waar
het aan haperde, zoo bevond ik eijndelijck, dat het clampie dat aan die zijde daar
de knicker heen en afF rolde nict met het andere clampie gelijcks den horizont,
maar lager was, 't welk ik dan heb verholpen met iets op 't eerfte voornoemde
clampie te leggen; zoodat het horologie daarop gefet zijnde nu horizontaal komt
te ltaan, alzoo er de knicker op blijft leggen.
Wat nu het horologie B belanght, na dat zijn beugel mede was opgehangen '),
en de loten ") onder aangefchroeft waren, en ditto horologie in de onderfle raam
van de beugel meenden te fetten, zoo bevond ik dat de 2 gaaties, die in de achterfte
zijde van de voornoemde raam fijn, niet komen te correfponderen op de 2 penne-
ties, die onder uijt het horologie op defelfde zijde fteken, zoodat ik op zijn over-
ftaande zijde iets heb gelecht, om het horologie horizontaal te doen hangen ; en
') Consultez, sur ces détails, le commencement de la pièce N°. 2423 et la ligure qui s'y trouve
à la page 56.
468 CORRESPONDANCE. 1690.
dewijle de vooren genoemde penneties moeten vermaakt werden^en defchroefies
die in defe penneties aan de plaaties vaft gefchroeft zijn, afgedaan werden, zoo
foude de horologiemaker nu wel te paskomen; ik fonde hier wel bey gevoeght
hebben hoeveel de horologien in een etmaal met de zon verfchillen; maar het
mancqneert mij aan de Tafel van de vereffeningh des tijt,mijn ftaat noch voor dat
fe in een gedrnckt boekje uw E. wel bekent wort gevonden ; verzoekende om er
een; want in de Inftruclie fe niet en is; gifteren avont was hier de rocp van dat de
OoiHnd retour fchepen voor het land zijn, hier mede wenfchende, dat ik mach
zijn en blijven
Uw zeer ootmoedighe dien.r
Joa. De Graaff.
Met haaft gefchreven.
Te behandigen aan de E. heer
Ex. heer van Suylichem.
") daar moct maar een loodt [Chriftiaan Huygens].
*) laet niet dit bij tijds te doen vermaccken door d'eenofd'ander horlogiemaecker
[Chriftiaan Huygens].
CORRESPONDANCE. 1 69O. 469
N= 2610.
Christiaan Huygens à Ph. de la Hire.
24 AOÛT 1690.
La minute se trouve à Leiden , coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2589.
De la Hire y répondit par le No. 2616.
24 Aoull 1690.
A Mons.r de la Hire
J'ay appris par une lettre du 19 Jul. de Mr. le Marquis de l'Hofpital ') que
les Exemplaires de mon Traité de la Lumière n'efloient pas encore arrivez à
Paris, et que vous luy aviez dit qu'il falloit une permiffion de Mr. le Chancelier
Mr. de la Chapelle pour les faire venir de Peronne.
Je ne fcay pas s'ils font arrivez depuis. Je vous prie de m'en dire des nouvelles,
ou s'ils font encore a Peronne de vouloir avoir foin de procurer cette permiffion
que je fuis feur qu'on ne vous refufera pas. Lorfque j'envoyay des Exemplaires
pour toute voflre Académie de mon Allrofcopia compendiaria2) tout fut arrellè a
Peronne avec les hardes du gentilhomme qui s'en efloit chargé et quoy que je ne
voie pas maintenant qu'il y ait le mefme danger, je ne puis pas me refoudre pour-
tant d'envoier d'autres exemplaires qu'après que je feauray que les premiers feront
pafTez. Je vois que vous eftes en peine de ce que je n'en ay point envoie a Mr. de
la Chapelle, de quoy l'unique raifon eft, que lors que je vous demanday par une
de mes précédentes les noms de ceux qui compofoient l'Académie de Sciences,
je ne trouvay point celuy de Mr. de la Chapelle dans voflre lifte3), ce qui m'a fait
croire qu'il n'en eltoit plus, et que Mr. Thevenot occupait fa place.
Je voudrais qu'il feeuft cecy, qui me doit fervir d'exeufe.
Les noms de ceux a qui j'ay deilinè les Exemplaires font marquez dans chacun
de forte qu'il n'y a rien a vous imputer quant a la diflribution.
") Songez je vous prie au moien de me faire tenir ce qu'il y [a] d'imprimé de
voflre recueil4), et en attendant envoiez moy par la polie voflre feuille de la
machine pour les Eclipfes 5).
Voflre penfée pour le Baromètre double me paroit fort bonne et ingenieufe et
je vois qu'on le pourrait faire marquer les différences encore plus grandes que
dans le mien, en allongeant le tuyau, qui contient l'eau enfemble avec voflre autre
liqueur, au de la du tuyau du mercure.
") La Lettre N°. 2600. 2) Voir la Lettre N°. 2386, note 0.
3) Voir la Lettre N°. 2568.
4) L'ouvrage cité dans la Lettre N°. 2432, note 1 . s) Voir la pièce N°. 2579.
470 CORRESPONDANCE. 1690.
Je feray bien aife de fcavoir comment vous aura reufli l'expérience.
Je ne dis rien Mr. a toutes les marques qu'il vous plait de me donner de voftrc
eftime j'en fuis pourtant fort fenfible et je vous puis affairer qu'elle eft réciproque
pour vous de mon codé et que je fuis avec beaucoup de zèle et d'affection &c.
PS. Quand vous verrez Mr. le Marq. de l'Hofpital je vous prie de luy dire,
que j'ay donné fa lettre et mes remarques a M. de Beauval 6) qui m'a promis de
les inférer au journal qui doit paroitre a la fin du mois prefent.
rt) dire au Marquis de fa lettre au journal [Chriftiaan Huygens],
N°= 261 1.
Christiaan Huygens à G. W. Leibniz.
24 août 1690.
La ht ire se trouve à llannovcr, Bibliothèque royale.
Elle a été publiée par C. 1. Gcrhardt ').
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylcubroek2).
La lettre est la réponse au No. 2601.
Leibniz y répondit le 13 octobre 1690.
A Voorburg ce 24 Aouft 1690.
J'ay receu Voilre trefagrcable du — Jul. Elle en enfermoit une pour Mr.
25
Spener, qui n'efr. point venu encore la quérir. Peut eftre m'aura-t-il cherche en
vain à la Haye, ou je ne demeure plus, mais a une maifon de campagne à une lieue
de là tant que dure la belle faifon. J'ay pourtant laiffè Voftre lettre au logis de
de mon frère de Zuylichcm, à fin qu'on la luy donnait s'il venoit la demander.
Je vous ay eferit du 9e Fevr.3) de cette année en vous envoiant un Exemplaire
û) Voir la Lettre N°. 2604.
') Leibnizens Mathematische Schriften, Band II, p. 44, et Der Briefwechsel von Leibniz, etc.
p. 596.
2) Chr. Hugenii Exercitationes Matbematicae, etc., Fasc. I, p. 26. La minute publiée parUylen-
broek, quoiqu'elle diffère dans la forme, ne contient rien qui ne se trouve dans la lettre, que
nous reproduisons d'après Gerhardt.
3) Voir la Lettre N°. 2561, note 1.
CORRESPONDANCE. 169O. \f I
de mon livre de la Lumière. Je recommanday le pacquet à Mr. van der Heck,
Agent de Mr. le Duc de Hanover, mais comme vous n'eftes revenu de voilre
voiage d'Italie que depuis 6 femaines, ce pacquet pourra élire relié entre les mains
de celuy à qui Mr. van der Heck l'aura adreffè, de quoy je vous prie de vous in-
former. Je vous rends grâce de vos nouvelles d'Italie, où je voudrois avoir elle
avec vous. Je fouhaîte fort de voir ce Vitruve de Mr. Auzout, qui a raifon de
reprendre Mr. Perrault en plufieurs chofes, par exemple en la conllruftion de la
Ballille, où il nous a forgé une machine de fa telle4), qui n'ell point praticable, au
lieu de la vraye qu'on voit dans Heronis Belopoiecia 5) commentez par Bernardinus
Baldus0). J'ay elle bien aife d'apprendre des nouvelles du P. Berthet, que j'ay
connu a Paris et que je trouvois fort à mon grè. Je voudrois bien feavoir pour
quelle raifon il cil forti de la Société des Jefuites. J'admire ce que vous dites de
fa traduction des Opéra de François en Italien, en confervant léchant. Je ne
croiois pas que Mr. Viviani full encore vivant, n'ayant pas ouyparlerdeluy depuis
qu'il nous envoya à Paris7) un petit ouvrage pollhume de Galilée, qui ne me fut
rendu que i ans après par le caprice de certaines gens. Qu'ell ce que pourra con-
tenir de nouveau ce traité de Locis Solidis?
Je n'ay rien dit des couleurs dans mon Traité de la Lumière, trouvant cette
matière très difficile; fur tout a caufe de tant: de manières différentes dont les
couleurs font produélées. Mr. Newton, que je vis l'ellè palfé en Angleterre8),
promettoit quelque chofe là deffus, et me communiqua quelques expériences fort
belles de celles qu'il avoit faites. Il femble, Monfieur, que vous aiez aulfi médité
fur ce fujet, et apparemment ce ne fera pas en vain.
J'ay vu de temps en temps quelque chofe de Voilre nouveau calcul Algebraique
dans les Adles de Leipfich, mais y trouvant de l'obfcuritè, je ne l'ay pas allez étudié
pour l'entendre, comme aufll parce que je croiois avoir quelque méthode équiva-
lente9), tant pour trouver les Tangentes des Lignes courbes où les règles ordinai-
res ne fervent pas, ou fort difficilement, que pour plufieurs autres recherches. Mais
fur ce que vous me dites maintenant de l'ufage de Voilre Analyfe et Algorithme
dans les Lignes que des Cartes excluoit, j'ay envie de l'étudier à fond fi je puis, en
4) Dans l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 1982, note 6, au Chapitre XVI traitant des Ballistes.
A propos d'un passage obscur dans le texte de Vitruve, Perrault, dans une note, hasarde
une conjecture sur la construction de la Balliste.
5) Heronis Ctesibii Belopoecia. Hoc est Telefactiva Bernardino Baldo Urbinate Guastallac
Abbate Illustratore et Interprète. Item Heronis Vita eodem Autore. Augusto Vindelicorum,
Typis Davidis Francis, m.dcxvi. in-40.
G) Bernardino Baldi, né le 6 juin 1553 à Urbino, où il mourut le 12 octobre 161 7. Il publia
des ouvrages d'Aristote, de Héron et de Vitruve.
7) En 1674; voir la Lettre N°. 2090, et la note 1 de cette lettre.
8) Voir la Lettre N°. 2544, note 1. 9) Voir la Lettre N°. 2214, note 3.
472
CORRESPONDANCE. 1690.
repafTant fur tout ce que vous eu avez donuè dans les dits Actes. Je vois qu'entre
autres militez de Voftre nouvelle invention vous mettez Methodus Tangentium
inverfa, qui feroit encore de grande importance fi vous l'avez telle que la propriété
ou conftruc'tion des Tangentes eftant donnée, vous en puiffiez déduire la propriété
de la Courbe. Comme fi du point C de la courbe ECF, ayant mené la perpendi-
culaire CB oo^furladroite donnée AD, dans laquelle foit donné le point A et AB
co x\ la tangente eftant CD, et BD alors égale à — — ix; fi vous pouvez trouver
IX
l'Equation qui exprime la relation de AB à BC, ou bien quand BD eft
ix xy — aax
^aa—ixy
eftant a une ligne donnée IO). Si voftre méthode fert icy et aux autres chofes que
vous dites, vous pouvez eftre très feur quel en fera mon jugement, et vous m'obli-
gerez fort auffi bien que tous les géomètres en l'expliquant clairement et dans un
traité exprès.
Dans ma lettre qui accompagnoit le traité de la Lumière ") je vous faifois ref-
ponfe à la tre (obligeante que vous m'aviez eferite il y avoit longtemps, au fujet
de voftre problème des corps également defeendants que j'avois refolu. J'y avois
auffi touché quelque chofe des Orbes Elliptiques des Planètes, dont vous aviez
donné vos penfées dans les Acta deLeipfich, pour fçavoir fi vous n'aviez pas rejette
les Tourbillons de des Cartes après avoir vu le livre de Mr. Newton. Je deman-
dois auffi voftre jugement fur ce que j'ay eferit au traité de la Pefanteur touchant
le mouvement des corps qui Tentent la refiftance de l'air, ayant vu que vous aviez
auffi entamé cette matière. Mais j'attens avec impatience vos remarques fur tous
I0) Nous rencontrerons plusieurs fois ces problèmes dans la correspondance qui va suivre. Il nous
semble donc utile de montrer dès l'abord la manière dont Huygens s'y est pris pour composer
des problèmes qui lui parurent propres à éprouver la portée des méthodes nouvelles de Leibniz.
A cet effet, nous reproduisons, comme Appendice à cette lettre, quelques passages du livre G
des Adversaria, écrits aux pages 5 1 verso et 52 recto.
") La Lettre N°. 2561.
CORRESPONDANCE. l6ûO.
473
les fujets différents que mon livre contient (cachant que je ne fcaurois avoir un
juge plus compétent, ni plus porté a me faire juftice. Je fuis avec toute l'eftime
poffible etc.
N° 2612.
Christiaan Huygens.
[1690].
Appendice au No. 261 1 *).
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
I.
ACB efr. femicirculus. GEF curva
ejufmodi ut femper ED perp. AB fit
aequalis duabus AC, CB (vel earum
differentiae) 2), hujus aequatio (po-
(itaHA = ^,HD = x, DE =y) efl
\f icia -+- lax + \zr2aa—2ax = y
^aa 4- 2\y. \y, ■=. yy
21/. V. =zyy — ^aa
v4 — Saayy + 1 6aaxx = o
VO tangens. Ergo ex régula TO =
= 4J* -lôaàyy 3) fubt< fiye
2- — 4 /yfeày^Saayy — 1 6aaxx.
t^ rr,-. Aaayy — 1 6aaxx
Ergo 10 = - — —
yy — qxx
IX
IX
five
ttaax
ix. Hinc Leib-
nitio curvae naturam inquirendam
propofui in epiftola d. 24 Aug.
1690.
1) Voir la note 10 de la lettre précédente.
2) Les mots entre parenthèses ont été ajoutés plus tard, comme une inspection minutieuse du ma-
nuscrit le démontre; il en est de même delà partie de la courbe qui dans la figure correspond
Œuvres. T. IX. 60
474
CORRESPONDANCE. IÔQO.
Spatium AGEFB coinpofitum eft ex duabus femiparabolis AFB, BGA, ideoque
= ^ qu. AGFB unde fpat. GEF = qu. ejufdem.
IL
BC parallela AL et perpend. in AB. Curvae AE proprietas eft ut, data EAC,
quadratum AE fit aequale redtangulo ex AB, BC.
CORRESPONDANCE. 1690.
475
-y— a
ay
x
aay _
f=xx + yy
aay = x> -\-xyy
ozzzxyy — aay + x3 aequatio curvae.
SO tangens. Ex régula yy - — •- 4~)
yy+3xx
aay
xx = — ^ — w
x JJ
ix y y — aay
yy +
laay
■w
2xyy — aay
7 aay
^T~2yy
2xxy — aax
%aa—2xy
OT.
Hinc curvam inveniendam propofui Leibnitio 24 Aug. 1690 5).
Si x fit eu m figno —, debebit et y efle cum figno —, unde liquet curvam EA
defeendere fub reétam DAB, et ad alteram partem redtae LAM.Reclang. AT,
TS =xy femper minus erit qu.° AB, fed quamlibet prope accedit mintiendox.
à la différence, en opposition à la somme, des lignes AC et CB. Ainsi cette figure ne montra
primitivement que la partie qui se trouve au-dessus de la ligne GF et la partie inférieure cor-
respondante. Consultez la lettre de Iluygens à Leibniz du 10 décembre 1690 et l'Appendice
de cette dernière lettre.
3) Dans cette expression et dans celles qui vont suivre nous avons reproduit les signes des termes
tels qu'ils avaient été écrits primitivement. La règle, appliquée par Huygens, est celle même
qu'il avait formulée en 1663 dans la Lettre N°. 1101 et qui fut publiée plus tard dans
l'ouvrage cité dans la Lettre N°. 191 2, note 7, et les signes avaient été choisis en conformité
avec elle. Dans le cas de la figure où le point O se trouve à droite du point T, elle mène à
une valeur positive de la soustangente; dans le cas contraire à une valeur négative. Cette
circonstance est mentionnée expressément dans l'exposé de la règle qui, sous ce rapport aussi,
ne laisse rien à désirer en précision et en clarté.
Plus tard Huygens, par suite d'un malentendu entre Leibniz et lui sur le signe de la sous-
tangente, sur lequel nous reviendrons à l'occasion de la lettre de Leibniz à Iluygens du
13 octobre 1690, a changé partout dans les numérateurs les signes des termes et ajouté la
phrase (biffée depuis) „sed T0= — — + îx=subtangens sic debebam proponere Leibnitio".
4) Ici encore Huygens a changé plus tard les signes des numérateurs.
5) Plus tard Huygens, après avoir apporté les changements indiqués, ajouta encore la phrase
(qu'il n'a pas biffée cette fois) : „Sed maie scripseram O T — — inversis signis in nume-
%aa 2xy
rature".
476 CORRESPONDANCE. 169O.
N= 2613.
Christiaan Huygens à [van Hoste] ').
24 AOÛT 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
24 aug. 90.
Mijn Heer
DoorUE. laetfte van de 5 Jul.2) verftaen hebbende dat geen occafie voorgeko-
men was om mij de 1 3 ggl. van de Rentmr. Cools 3) door wiflel over te maecken,
foo hebbe federt een aflignatie op UE ter voorz. fomme gegeven aen een perfoon
alhier die mij dit gelt heeft belooft te betaelen foo ras als advis fal hebben dat het
tôt Bruflel ontfangen is. Doch dewijl hij feght 't felve advis noch niet te hebben
bekomen, foo hebbe noodigh gedacht defen aenUE te fchrijveh om te prevenieren
dat hier in geen abuys en gebeure. Voorts foo verfoeck ick te moghen weten hoe
het ftaet met d'Executie van onfen Sr. Cools voorn. en voornaementlijck ter oor-
faeck van fijne te doene rekeningh, daer ick UE bidde op te prefTeren want ons
lefte flot is niet van veerder als het jaer 1 686.
Ick geef tôt mijn leetwefen aen UE continueel al veel moeijte maer fonder UE
middel foo en weet niet hoe een eynde te krijgen van defe fafcheufe faeck.
Ick fal hier op een letter tôt antwoord verwachten en blijven
Myn Heer
') Adresse conjecturée d'après la Lettre N°. 2502, note 2.
2) Cette lettre nous est inconnue.
3) Adriaan Cools, l'administrateur de Zeelhem, la seigneurie de Chr. Huygens. Voir la Lettre
N°. 2502, note 3.
CORRESPONDANCE. 1690. 477
N= 2614.
J. J. Spener *) à Christiaan Huygens.
29 AOÛT 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Vir Excellentiffime
Cum Illuftrifïimus Cornes fervum miferit, qui mihi indicaret, me admodum
defiderari, non potui promiifis (tare, ideoque fi non incommodum fit vefperi hora
quinta adero, et tu m forfan plus nobis temporis fuppetet. Interea te etiam atque
etiam valere precor.
D. 29 Augufti A. 1690.
Joh. Jacob Spener.
N° 2615.
Christiaan Huygens à S. van de Blocquery.
29 août 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens1').
La lettre fait suite au No. 2602.
29 Aug. 1690.
Alhoewel ick onlanghs uyt Mr. de Graef verftaen hebbe, dat de Horologien
niet eer als met de fchepen, die in Oétober aenftaende naer Indien gaen, fullen
') Sur Jan Jacob Spener, voir le commencement de la Lettre N°. 2601 et delà Lettre N°. 2623.
') Dansle livre G des Adversaria on rencontre les notes suivantes, inscrites par Huygens proba-
blement pour lui servir de mémorandum dans sa correspondance avec les Directeurs de la
Compagnie des Indes et avec J. deGraaffau sujet de la nouvelle expérience que l'on allait
tenter pour employer ses horloges à pendule pour la détermination de la longitude sur mer.
1 fchip gefalveert.
Ick fend de Horologien. Inftruftie aen de Graef gegeven. langhe reys. Aengaende een horo-
logiemaecker. behoort door de Graef geinformeert te worden, aengaende de conflruftie der
horologien al fonde hij het eene B uyteen nemen. Ordre tôt de nieuwe proef van 'thangen
aen de enkele koorde. Lenghde tuiîchen de Caep Parijs Siam en Batavia uyt de Jefuiten ob-
fervatie. Hoe de Horologien gangh door de hooghte van de Son te nemen. te infereren in de
inftructie. De Graef vroegh aen 't fchip fenden. Plaets bij de groote maft. Gaende voor onder-
koopman, wanneer kon weerkomen. Het vvaer beter dat de Graef felfs weerquam om onder-
weghe noch een proef te nemen. Hoe 't met den Horologiemaecker dan gaen fal. Een goedt
en redelijk fchipper, groot fchip. Rekening van verbael. Plaets in Texel of 't Amftcrdam eer
de fchepen daer van daen vertrecken daer een vvelgeftelt horologie met een lang pendulum
onderhouden werde. Eén fchip gefalveert door defe inventie, kan al de onkosten tien dubbelt
478 CORRESPONDANCE. 1690.
vertrecken en tôt noch toe niet anders en weet, foo hebbe niet te min noodigh
geacht defen bij tijds aen UEd. te laeten toekomen om te verfoecken dat de
noodighe preparatie tôt de aenftaende reys moghe gcmaeckt werden en fulcksmet
gerïiack moghe gefchieden. Ick hebbe beyde de Horologien met haer toebehooren
aen Mr. de Graef mede gegeven 2) gelijck hij ongetwijffelt aen UEd. gefeght fal
hebben. Hebbe oock hem mondelingh geinftrueert van icts t geen daer mede op
nieuws te proeven heeft, en fa] het hem oock noch bij gefchrift medegeven.
'Tgeen nu verder te doen ftaet ; is voor eerft nae een Horologiemackers knecht te
vernemen, om op defe langhe reys Mr. de Graef te accompagneren. De geene
die ick van intentie was om te employeren dewijl hij kennis van defe wercken
hadde, alhoewel anders niet fonder] ing verftandigh, kan van fîjn vader geen per-
mifiie krijgen, feggende deïïelfs hulpe niet te konnen mifTen. Het waer dan goet
indien 't UE geliefde aen Mr. de Graef of andere lad te geven om nae foo een
horologiemaeckers gaft om te hooren. 't welck ick mede geern doen wil, alhoewel
men apparentelijck lichter t'Amfterdam als in den Haegh te recht fal raecken.
Aen defe fal Mr. de Graef kenniiïe geven van de conftructie der Horologien,
waer over ick oock aen hem fchrijven fal. Ende fal goedt fijn te ordonneren aen
den Horologiemaecker dat op reijs fijnde niet fal aen de wercken verltellen of
felfs niet daer aen komen dan als 't felve door de Graef fal werden gerequireert,
want op de voorgaende reys daer over queftie ontftaen is 3).
Voorts fal noodigh fijn Mr. de Graef bij tijds nae Texel te fenden, foo om de
kleijne plaets daer de Horologien hangen fullen te doen affchieten, ('t welck
indien 't moghelijck waer alderbefi: ontrent de groote malle fonde gefchieden)
als om het daghelijcks verfchil der Horologien, dat is hocveel te ras of te langfaem
gaen, perfeclelijck te obferveren volgens mijne hier te voren gegeven inftruflie,
want dit het fondament val \_fic'] al 't werck is foo dat wel 14 daghen of 3
weecken hier toe van doen fal hebben. Welcke obfervatie nochtans in een et-
mael fonde konnen gedaen werden als men ontrent daer het fchip leght, het
fij in Texel of naerder aen Amfierdam, een plaets op Landt hadde, daer een
goed Horologie met een pendulum van 3 voet, in continuele obfervatie onder
houden wierdt, gelijck fulx bij verder fucces van de Inventie fal konnen gepracli-
feert werden.
Hoe grooter fchip daer men de Horologien mede uytfendt, hoc bctcr die de
over goet maecken. Kaerte van de Compagnie fien. hoe haer lengdens van de Caep, Siam,
Batavia accorderen met der Jes. obfervatie. op wat fchip. omdat Cromhout neef van Schuy-
lenburg van Groeningen die geern in 't felfde fchip waer fich daer nae regulere, hebbende de
Ilr. van Polfbroeck die hem belooft heeft employ naer Indien te doen hebben. Aen den
Ilorologemaecker die mede gaet te ordonneren dat hij nietsaende Horologien fal verftellen
noch felfs daer niet aen komen dan als fulx door mr. de Graef fal werden gerequireert.
:) Voir la Lettre N°. 2609, •>) Voir la pièce N°. 2519, à la page 289.
CORRESPONDANCE. 169O. 479
bewegingh van de zee fullen konnen verdraegen. Ick foude daerbij wenfchen,dat
een redelijck en difereee man voor fchipper daer op voer, die forghe draeght, dat
Mr. de Graef ongemolelleert zijn dinghen konde verrichten. Ick en twijffel nier
ofde Heeren Bewindhebberen fullen goedvinden dat foo wel op de wederom
reys de proeve der Horologien genomen werde als op de uyt reys"). Maer dewijl
Mr. de Graef voor onderkoopman nae Batavia gaet, foo fal mifîchien eenighe
jaeren aldaer verblijven, tenfij ordre heeft om eerder weerom te komen, daerom
indien d'intentie is dat hij langh uijt blijve foo konde hij met eenen gelaft werden
fijn Relatie ontrent de Horologien van Batavia met de eerfte gelegcntheijt over te
fenden of felfs hetgeen hij aen de Caep de B. Efper. fal bevonden hebben met de
fchepen die van daer herwaerts komt. Iemandt vanmijne goede vrienden is mij
komen fpreecken aengaende eenen Mr. Kromhout fijnde van Groninghen en
kennis en Experientie der Navigatie hebbende, dat hij geern op 't felve fchip met
de Horologien wilde naer Indien reijfen, verfoeckende daer om tijdelyck te
moghen weten wat fchip daertoc verordineert fal werden, opdat hij op 't felve em-
ploy foecke te vcrkrijgen, waertoe de Heer van Polfbroeck <) fijn gunfte aen hem
toegefeydt foude hebben. Dit heb ick belooft van UEd te vernemen, ende fal mij
obligeren, indien mij gelieft daer van kennifie te geven, als aengaende het fchip
fal vall geftelt fijn. Ick fal UEd niet langer ophouden en alleen feggen dat ick mij
verblijde de Ed. Heeren Bewinthebbers ende UEd in particulier foo wel gene-
ghen te fien tôt het bevorderen van defe mijne Inventie, van welcken ick geloove
aengefien het geene fich op de voorige reyfe heeft toegedragen met reden een
goede uytflagh te konnen verwachten. Eyndigende blijve
Mijn Heer
UEd. feer ootmoedige dienaar.
Van 't geene aen de Horologien hebbe doen repareren en maecken gaet hier
neffens 'tRekeningetje van den Horologiemaecker 'twelckUEds recommandeer.
Haghe 29 Aug. 1690.
Den WelEd. Geftrengen Heer
Mijn Heer Sal. van de BLOCQUERij.
") Kromhout Rekeningh [Chrifiiaan Huygens],
4) Pieter de Graaff, seigneur de Zuidpolsbroek, Purmerland et Ilpendam, né à Amsterdam le
] 5 août 1668. Il fut un des plus actifs et habiles Directeurs de la Compagnie des Indes, beau-
frére de Johan de Witt et, après la mort de celui-ci, tuteur de ses cinq enfants. Il mourut le
8 juin 1707.
480 CORRESPONDANCE. 169O.
N= 2616.
Ph. de la Hire à Christiaan Huygens.
30 AOÛT 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2610.
Chr. Huygens y répondit le 16 novembre 1690 pas une lettre que nous ne connaissons pas.
A Paris a lobferuatoire le 30 Aouft 1690.
0 Monsieur
Jattendois toujours a nous efcrire que j'euffe receu les exemplaires de uoftre
traitté de la lumière, mais après tous les retardemens qui font furuenus je ne puis
encore me flatter de les auoir dans la femaine prochaine comme on me le fait ef-
perer. M. le febure marchand libraire de l'Ille entre les mains de qui ils font eft
uenu a paris, je luy ay parlé et il ma dit quil nauoit pu trouuer de commodité pour
me les enuoyer car les uoituriers ne fen uouloient pas charger. Monfieur de la
Reynie ma fait attendre longtemps fon pafTeport J) et enfin il madit qu'il nenfalloit
point et que Ion ne pouuoit pas arrefter ny faifir ces fortes de liures. Enfin un
marchand qui nient de lifle et qui doit arriuer icy dans 8 jours me les doit appor-
ter: mais je ne comprens pas comment Mss. nos marchands nen enuoyent pas
icy puis qu'ils trouuent bien le moyen d'y enuoyer des liures de M. de furetierre2)
lequel eft deffendu, et celuy cy qui ne left point ne trouueroit aucun empefehe-
ment : car toute la difficulté qui s'eft trouuée, n'a efté qu'a caufe que le pacquet
nefloit pas allez gros pour eftre donné a un roulier, et fils y en enuoyent ils en
trouueroient très bien le débit fi nous rencontrez quelqu'occafion de me faire tenir
une copie de uoftre aftrofcopia je nous feray infiniment obligé mais ce fera a uoftre
commodité la uoye de la polie n'eftant pas commode. Cependant ceft par cette
uoye que je uous enuoye la defeription que uous demandez, mais je ne laurois pas
fait fans uoftre ordre exprès; car c'eft trop peu de chofe pour prendre cette
uoye.
ïl nient de paroitre un Hure de Mons. deVarignon touchant la pefanteur3) a qui
il ne donne que le titre de conjectures il y a quantité de calculs dontilfefert pour
fes preuves et entrautres il prêtent contre les fentimens de Galilae et de Monfieur
Mariotte, qu'un corps qui tombe dans l'air ne peut jamais acquérir une uitefle telle
quelle ne faugmente plus, fon calcul fur ce fujet me femble très embarafle a caufe
') Voir la pièce N°. 2590. 2) Voir la Lettre N°. 2555, note 6.
3) Nouvelles conjectures sur la pesanteur par Monsieur Varignon de l'Académie Royale des
Sciences, & Professeur de Mathématique au Collège Mazarin. A Paris, chez J. Boudet. 1690.
in- 12°.
CORRESPONDANCE. 169O. 48 I
dun trop grand nombre de fuppoiitions: cela ma engagé de chercher fi ce quil
dit pouuoit élire uray : mais je trouue le contraire et je tombe dans le fentiment de
Galilée; je ne fcay pas encore 11 en pou (Tant cette demonitration par les principes
que j'ay fuppofez, j'auray lieu de me dédire. Tous nos meilleurs a qui uous
enuoyez des exemplaires de uoilre traité uous remercient on continue dans l'aca-
démie Fimpreffion de lanatomie des animaux et comme Ion réduit lancien uolume
a une grandeur plus commode quelle neitoit les planches donnent de la difficulté
a reformer, le grand nombre de diffections des mefmes animaux qui eitoient déjà
décrits a fourny pluiieurs choies quil faut joindre et corriger dans les anciennes
defcriptions4)onyen ajoutera un bon nombre de nouuelles qui font faites auecun
très grand foin comme l'Eléphant, le Crocodille &c. Il eft arriué quelque retar-
dement a nos ouurages de phyiique et de mathématique de la part de limprimeur
et je ne puis me promettre quand louurage fera acheué. Monfieur Caffini continue
l'es tables des fatellites de Jupiter 5) et les nouuelles difficultez qui furuiennentdans
leurs mouuemens ne luy permettent pas daller auili uiile qu'on le fouhaitteroit.
Jay propofé a Mr. Caffini de faire Pepreuue dune manière de prendre afléz
commodément la différence de longitude de pluiieurs lieux fur terre et nous en
deuons faire lexperience au premier jour. Ce n'eft que par la jufteife de nos
pendules que cela fe peut exécuter car je fuppofe deux obferuateurs éloignez lun
de l'autre de 15 lieues enuiron et placez dans deux lieux defquels ils puiiTent
uoir un mefme lieu eleué entre deux, les deux obferuateurs feront leurs obferua-
tions exacl.es pour connoitre parfaitement leftat de l'horloge, ce qui cil facile a
faire et en 3 ou 4 jours ou par le moyen du foleil ou par le moyen dune mefme
eftoile, ce qui doit eftre le paiTage par le méridien, et mefme Feftoile fera plus
commode que le foleil a caufe quelle ne change pas ienfiblement de declinaifon.
Enfuite on doit faire un lignai, ou pluiieurs de fuite fur le lieu qui eft entre les
obferuateurs ou auec un drapeau blanc pendant le jour ou auec du feu pendant la
nuit ce qui fe peut exécuter en pluiieurs manières, et la différence du temps de
lobferuation de ce lignai par les deux obferuateurs donnera la différence de lon-
gitude. On pourroit par ce moyen trouuer la poiition de pluiieurs lieux dune
grande carte comme dun royaume en affez peu de temps et très juilement jay
déjà fait quelques epreuues de cette méthode fur de petites diitances et elle ma
toujours très bien reùili.
Il uient auffi de paroitre une philofophie6) de M. Régi7) en 3 uolumes iii4°en
4) Consultez la Lettre N°. 2195, note 3. 5) Voir la Lettre N°. 2568, note 5.
6) Système de Philosophie, contenant la Logique, la Métaphysique, la Physique et la Morale.
Par Pierre Sylvain Régis. A Paris, chez Denis Thierry. 1690. in-40.
") Pierre Silvain Régis, né à la Salvétat de Blanquefort dans f Angenois, en 1630. 11 étudia la
théologie à Paris et devint un zélé partisan du Cartésianisme. 11 habita successivement Tou-
louse, Montpellier et Paris. Ses conférences dans cette ville ayant été fermées par ordre de
Œuvres. T. IX. . 61
482 CORRESPONDANCE. 169O.
francois on ma dit que pour la logique il fuiuoit aflez exactement celle de Mss.
de porc Royal et. que la phylique qui en fait la plus grande partie eft celle de M.
Defcartes quil a profeiïee longtemps en languedoc a laquelle il a changé quelque
chofe et quil a commentée M. Ozanam fait un dictionnaire de Mathématique8)
a peupres fur la mefme idée de celuy de M. Felibien 9) pour les arts, et il eft pres-
qu' imprimé. Je refteray peu de temps a paris pendant ces uacances car je fuis
obligé de demeurer auprès de M. l'abbé de Louuois a fa maifon de campagne,
cependant comme je uiens toutes les femaines a paris j'y receuray les ordres quil
uous plaira de me donner et je me feray un très grand plaiiîr de les exécuter. Je fuis
Monsieur
Voftre très humble et très obeiffant feruiteur
De la Hire.
") Refpondu le 16' nov. 90 [Chriftiaan Huygens].
N2 2617.
Christiaan Huygens à D. Papin.
1 septembre 1690.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par E. Gerland1').
La lettre est la réponse au No. 2595.
Elle s^est croisée avec le No. 2608.
Va pin y répondit le 6 décembre 1690.
A Monfieur D. Papin, Profeffeur de Mathématique
a Marbourg.
A la Haye ce i Sept. 1690.
Monsieur
J'ay elle bien aife d'apprendre par voftre lettre du 18/8 Juin que la miene avec
l'Exemplaire de mon dernier Traité vous a elle h la fin rendue. Vous m'obligerez
l'archevêque de Paris, il recourut à la presse pour propager ses doctrines et combattre les ad-
versa;res du Cartésianisme. En 1699, il fut admis à l'Académie des Sciences comme attaché
géomètre. Il mourut le 1 1 janvier 1707.
8) Dictionaire Mathématique, ou Idée générale de Mathématiques. Dans lequel sont contenus
les termes de cette Science, outre plusieurs termes des Arts & des autres Sciences, avec des
raisonnements qui conduisent peu à peu l'esprit à une connaissance Universelle des Mathé-
matiques. Par M. Ozanam, Professeur des Mathématiques du Roy tres-Chrétien à Paris. A
Amsterdam, chez les Huguetan, 1691,111-4°.
9) Sur André Felibien, consultez la Lettre N°. 1655, note 5. On a de lui, entre plusieurs autres
ouvrages, un „Dictionnaire des termes de peinture et d'architecture".
') Leibnizens und Huygens' Briefwechsel mit Papin, p. 156.
CORRESPONDANCE. 169O. 483
de conliderer le contenu de ce livre a loilir, et de me marquer ingénument ce que
vous y trouverez de bon et ce qui vous fera de la difficulté, le fujet n'eftant nulle-
ment au defïus de voltre capacité, qui va plus loin que cela, ni les demonftrations
difficiles comme d'abord elles vous ont paru.
Quant a la contrariété que vous trouvez entre ce que je dis pag. 159 que
l'égalité de la pefanteur au dedans de la Terre et a fa furface, me paroit fort
vraifemblable et ma prop. 3 :) de vi Centrifuga; je vous diray qu'en expliquant
la pefanteur je n'ay pas établi une égale vitefTe dans la matière fluide près et loin
du centre de fa fphere, de la quelle égalité vous concluez fort bien que les corps
au dedans de la terre devraient pefer plus qu'a la furface aïnfi je ne me fuis pas
contredit. Mais vous pourez demander pourquoy, après avoir connu par l'hypo-
thefe de Mr. Newton, qui fe vérifie par les orbes et les périodes des Planètes,
que la pefanteur croit en allant vers le centre, et mefme plus que lî la matière
fluide fe mouvoit par tout d'une mefme vitefTe, pour quoy difjc je n'ay pas laiffè
de tenir pour vraifemblable l'égale pefanteur au dedans et a la furface de la Terre.
La refponfe eft dans ce qui fe trouve à la fin de la pag. 1663) qui ell que le
mouvement de mes Horloges au Voiage du Cap de B. Efpe. 4) n'a pas admis de
correction a raifon de cette inégalité de pefanteur. Et j'y adjoute la raifon pour
quoy la diverfe pefanteur de Mr. Newton peut n'avoir pas lieu icy, feavoir a
caufe que le mouvement de la matière fluide peut bien eftre en quelque forte
altérée par la rencontre de la matière du globe terreftre, et parce que félon
l'accroifTement de pefanteur de Mr. Newton 5) elle devroit eftre infiniment
:) Lisez: 2.
3) Voici le passage en question. „Mais je doute fort que l'expérience confirme cette grande
variation" (celle causée par l'accroissement de la pesanteur suivant l'approche du centre de
la terre) „puisquej'ai vu que, dans le voyage dont j'ay fait mention la seule première équation"
(celle causée par la force centrifuge) «suffit; et que la plus que double mettroit vers le milieu
du chemin trop de différence entre la route du vaisseau, calculée sur le pendule, et celle qu'il
tenoit par l'Estime des pilotes."
4) Voir la pièce N°. 2 5 1 9.
5) Le passage suivant, que l'on trouve à la page 52 verso du livre G des Adversaria, se rapporte
à l'augmentation de vitesse de la matière fluide à l'approche du centre, telle qu'on la devrait
admettre dans le système de Huygcns pour expliquer la loi de l'attraction universelle :
„Si les célérités propres de la matière fluide sont en raison contraire sousdouble des distances
du centre alors les pesanteurs seront en raison contraire des quarrez des distances, comme
l'établit M. Newton, et le prouve par l'équilibre des Planètes. Car une planète neuf fois plus
éloignée qu'une autre, va trois fois plus lentement par son mouvement propre dans son orbe,
comme cela se déduit des temps périodiques, qui sont comme 27 à 1. d'où l'on trouve sa force
centrifuge 1 81 de la force centrifuge de la plus proche. A fin donc que sa pesanteur soit de
même 18 1 de la pesanteur de la plus proche, il faut que la force centrifuge de la matière
fluide à l'endroit de la plus éloignée soit aussi 1 8 1 de la force centrifuge de la matière fluide
484 CORRESPONDANCE. 1690.
grande près du centre, ce qui ell difficile a croire. Je pourrais pourtant bien avoir
omis ce mot de fort quand j'ay dit que l'égalité de pefanteur me paroiffoit fort
vraifemblable. Et fi mes horloges demandoient cette nouvelle correction je tien-
drais pour l'inégale pefanteur de Newton auffi bien en dedans la Terre que dans
la région des Planètes, ou elle ell fi bien confirmée par leur attraction vers le foleil
et par l'attraction des fatellites vers Saturne, Jupiter et la Terre.
Voftre autre difficulté ell, que je fuppofe que la dureté eft de l'effence des corps,
au lieu qu'avec Mr. des Cartes6) vous n'y admettez que leur étendue. Par ou je
vois que vous ne vous elles pas encore défait de cette opinion que depuis longtemps
j'ellime très abfurde. J'avoue que dans chaque atome on peut concevoir des parties
diftincles mais pour cela elles ne font pas feparées ni aifées a feparer.Vous dites que
fi du corps AB on pouffe la moitié A vers C il n'y a aucune raifon qui
faffe croire que la partie B ira du mefme coftè. Et vous voulez que
la feule preffion des liqueurs environnantes caufe la foliditè et
E dureté des corps que nous trouvons tels. Par confequent vous direz
que fi AB ell un morceau de fer dont la moitié B foit ferrée dans un
ellau, et qu'on pouffe la partie A vers C elle tiendra ferme a caufe de
cette preffion des liqueurs qui font autour, ce quejefoutiens ne pouvoir eftre, car fi
on conçoit un plan horizontal DE a la jonction des parties A, B, la preffion d'alentour
ne peut empefeher en aucune manière que la partie A ne s'en aille en gliffant fur B
pouffer parallèlement au plan DE,par ce que la preffion d'en haut n'ell point du tout
oppofée à ce mouvement et que celles des codez fe contrebalancent precifement.
Direz vous donc qu'a caufe de l'inégalité des particules du fer le long du plan DE
la partie A ne feauroit gliffer fur B fans fe foulever quelque peu, dont la preffion
d'en haut l'empefche ? Vous ne feauriez, parce 7) que chacune de ces particules
félon vous peut fans difficulté quiter la partie qui eil au deffous du plan DE. Par con-
fequent la dureté et refiflance de la partie A à fe laiffer feparer de B ne vient point
de la preffion, fi ces particules du fer n'ont point de dureté, mais cette refiftance
s'explique fort bien par la mefme preffion, en fuppofant la dureté de ces particules
et je n'en vois pas de caufe plus vraifemblable. Au relie comme la dureté me
paroit eftre autant de l'effence d'un corps que l'étendue, je crois ne pas m'eloigner
C.
A
D
C.
B
à l'endroit de la plus proche, ce qui sera ainsi si la vitesse de cette matière près de la planète
éloignée est '/3 de sa vitesse près de la plus proche. De sorte que les vitesses de la matière à
l'endroit de chaque planète gardent la mesme propor". que les vitesses des planètes mesmes".
rt) Voir le § 4 de la seconde partie des Principes de la philosophie, résumé en marge comme il
suit: „Que ce n'est pas la pesanteur, ni la dureté, ni la couleur, etc. qui constitue la nature
du corps, mais l'extension seule."
") Gerland a par erreur: prévue. Une copie trop peu soignée, fournie à M. Gerland, a été la
cause que le texte des lettres de Huygens, publié par lui, contient plusieurs autres erreurs,
qu'il nous semble inutile de signaler dans la suite.
CORRESPONDANCE. 169O. 485
des véritables principes naturels de la fuppofer. Je crois aufïi qu'il faut fuppofer
cette dureté invincible, aiant toufjours trouvé fort abfurd dans le fyfleme de Mr.
des Cartes8) qu'il fait cafTer et emporter les angles et eminenccs de fes premiers
petits cubes par la rencontre d'autres particules et que pourtant ces petits globules
qui en relient maintienent leur figure. Je luy demanderois volontiers fi ces petits
cubes font écornez ainfi au moindre effort de la matière qui les rencontre ou
combien il faut de force a cela. S'ils font une certaine refiflance a élire rompus
d'où pourroit dépendre la détermination de cette refiflance? Si elle eil moindre
qu'aucune donnée qu'ell ce qui conferve les globules dans leur rondeur ? Sera ce
la preflionde la matière qui les environne? nullement car c'ell une erreur grolfiere
de croire que la preffion, pour élire égale de tous collez, puifie contribuer a con-
ferver la fphericitè quoy que plufieurs foient de cette opinion, s'imaginant que
par la les goûtes d'eau s'arrondifTent, ce qui elt très faux et impoflible.
La trop grande vitefTe que vous avez attribué a la matière qui félon moy eau le
la pefanteur, eil un lapfus memoriae que vous pourez exeufer par occafion dans
les Acta Lipfienfia 9).
Pour voir fi les verges des Pendules s'étendent par la chaleur fous la Ligne
Equinoctiale, l'on peut fe palfer d'y aller parce qu'on feait par le rapport des
voiageurs a quoy y monte environ la plus grande chaleur, feavoir a fondre le beure
et prefque les chandelles de fuif, de forte qu'il n'y a qu'a chaufer jufques la une
verge de cuivre de 2 ou 3 pieds et voir fi fa longueur s'accroit de quelque choie
de perceptible, ce qui ne s'eil point trouvé pour fi peu de chaleur dans les ex-
périences que nous finies a Paris dans l'Académie des Sciences IO) fi j'ay bonne
mémoire.
8) Voir le § 48 de la troisième partie des Principes de la philosophie. ^Comment toutes les par-
ties du ciel sont devenues rondes".
9) Papinl'a fait dans un article inséré dans les„Acta"de Janvier 1691, intitulé :„Mechanicorum
de viribus motricibus sententia, asserta a D. Papino ad versus Cl. G. G. L. objectiones". Dans
cet article, qui sert de réponse à une critique de Leibniz dirigée, dans les „Acta" de mai 1690,
contre l'article de Papin cité dans la Lettre N°. 2595, note 8, il avertit le lecteur „quod
in acutissimo 111. Hugenii tractatu de causa gravitatis plurima lectu dignilïïma ad hanc
materiam (c'est-à-dire sur quelques uns des sujets de sa polémique avec Leibniz) spectantia
reperiantur", et il poursuit: „Ibi observare poterunt, velocitatem materiaegravitatem effi-
cientis esse multo minorem quam ego in Act. Erud. retuleram : quum enim experimentis ad
ipsam indagandam instituas non interfuissem, facile factum est, ut tractu temporis memoria
me fefellerit: hune autem lapsum eo facilius excusatum iri spero, quod etiamsi dicta velocitas
multo minor sit quam credideram; illa tamen tanta est, ut consequentiae, quas inde deduxi,
a vero perparum aberrent."
10) Nous n'en avons pu trouver aucune trace, ni dans les Registres de l'Académie, ni dans les
Adversaria.
486
CORRESPONDANCE. 169O.
Voftre calcul IX) dans l'examen de la Machine de Mr. Perraut eft fans doute
mal fondé et faux, et je m'eftonne que vous ne l'ayez pas remarqué, ou que Mr.
Leibniz ou Bernoully ne vous en ayent fait la guère. Croyez vous qu'ayant elevè
2000 livres à la hauteur de 4 pieds elles vous puiflent fervir à élever 50 livres a la
hauteur de 266 pieds, ou mefme à 709 comme vous le prétendez eh fubftituant
voftre tuyau vuide d'air au lieu des poids? Vous nous feriez de belles machines
et le mouvement perpétuel ne feroit plus une affaire. Je vous dis et afïure que par
cette dernière manière quand tous les empefehements feroient contez pour rien
vous ne pourez jamais élever voftre balle de 50 livres qu'a la hauteur de 1 60 pieds
puis qu'il faut autant de force a élever 50 livres a cette hauteur qu'a lever les
2000 livres a 4 pieds par la loy très connue des mechaniques. Et en vous fervant
des poids voftre balle ira encore moins haut. Je n'en puis pas bien faire le calcul
en ce dernier cas en fuivant vos fuppofitions, par ce que je n'entens pas comment
vous faites rencontrer un arreft en E à voftre levier CD, mais en fuppofant qu'il
fafle un quart de la circonférence, et que alors la balle Ds'echapant convertit fon
mouvement acquis directement en haut; je trouve tous obilacles levez, quelle ne
pourrait aller qu'a la hauteur de 120 pieds depuis B. Que fi la balle ne pefoit
qu'une livre, en emploiant les poids, elle ne pour-
rait monter en tout que 405 pieds. Mais en fubfti-
tuant voftre tuyau vuide, et en ne contant rien
pour les obftacles, elle irait à 8000 pieds, d'où
l'on voit que ce tuyau donne fur tout grand avan-
tage quand le poids de la balle eft petit, que fi on
fuppofe qu'il faille 100 livres pour la refiftance du
i frottement du pifton et rien pour fon poids ni
^jiQ) autres empefehements la balle pourra aller a la
hauteur de 7600 pieds.
Pour vous faire appercevoir le défaut de voftre
raifonnement fuppofons que la balle D dans la
machine de Mr. Perraut pefe 200 livres, et que
l'on ne deduife rien pour les empefehements, ces
200 livres vous feront 2000 livres a caufe du
mouvement de D dix fois plus vifte que du poids A. C'eft pourquoy vos plans
CB et BA devront eftre en raifon double I:), et par la vous fupputerez la vitefie
") Voir la Lettre N°. 2595, note 7.
I2) Lisez CB et CA. Pour expliquer ces mots nous devons entrer, un peu plus loin que nous ne
l'avons fait dans la note 7 de la Lettre N°. 2595, dans le raisonnement compliqué de Papin.
CORRESPONDANCE. IÔQO.
487
des poids A au bout de leur chute de 4 pieds et dont celle de D fera décuple. Mais
vous fcavez que les poids A ne pourront pas feulement foulever icy la balle D,
eftant avec elle en équilibre, bien loin de luy donner quelque vitefle confiderable.
Le plus feur principe pour ces chofes ell que le centre de gravite ne peut monter
de luy mefme, et en vous en fervant comme il faut vous trouverez tout au juite.
Si vous eftiez plus près d'icy je n'aurois pas befoin de vous efcrire de fi longues
lettres parce que nous pourrions quelques fois nous entretenir de bouche fur ces
matières. Je le fouhaiterois et pour cela de vous voir placé dans ce pais et a fin
que vous puflîez vivre plus a vollre aife, et s'il fe prefente quelque chofe ou je
pui fie vous fervir je le feray avec joye, mais le temps prefent eit contraire aux
mules et auffi bien icy qu'au païs ou vous eftes.
Je fuis
trefveritablement
Le problème en question ayant été réduit par lui à celui du mouvement des poids AA après
que leur masse aura été augmentée d'une certaine quantité (dans le cas supposé dans le texte
de cette lettre, au double) sans changer leur pesanteur, Papin remplace /' "augmentation de leur
masse par une diminution proportionnelle de la pesanteur.
Ensuite, remarquant qu'une même diminution aurait pu
être obtenue en faisant descendre les poids le long d'un plan
CB d'une inclinaison appropriée, au lieu de les laisser tom-
ber librement, il se sert de cet artifice pour rapporter son
calcul aux lois bien connues de la chute sur le plan in-
cliné.
CORRESPONDANCE. 169O.
N= 2<5i8.
J. Gousset à Christiaan Huygens.
6 SEPTEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leicleu, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par une lettre que nous ne connaissons pas.
") Monsieur
Je m'aquite avec un grand plaifir de la commiffion que mon Coufin ') me donne
de vous faire rendre fa lettre 2); non feulement par ce que j'ay beaucoup d'eftime
pour luy, mais aufii par ce que vous eftes celui de qui il tient une grande partie des
chofes qui m'obligent a l'etlimer, & que vous tenez un rang eminent dans la repu-
blique des' lettres. Cette efpece de commerce avec vous, Monfieur, me flatte
agréablement, & c'eft ce qui m'oblige a vous prier de me vouloir addreiïer vos
refponfes. Il ne me faut point d'autre fufcription que celle de mon nom avec la
qualité de miniftre françois. Je ne croy pas auoir l'honneur d'citre connu de vous
finon par cette lettre, & par une vifite que j'ay eu l'honneur de vous rendre avec
Monfieur d'Ablancourt3), laquelle vous devez avoir oubliée. Cependant il y a peu
de perfones qui exaltent plus volontiers que je fais voftre rare favoir, & j'en parle
fou vent a ceux qui ont quelque difpofition pour le goufter. Avant que de finir,
Monfieur, je vous dirai ingénument que mon Coufin m'a fait part de ce qu'il
touche dans fa lettre, et j'en prendrai occafion de vous fupplier de me vouloir
envoyer voflre reponfe ouverte fi elle ne parle d'autre chofe plus feercte, Je vous
eu aura une grande obligation. Je fuis,
Monsieur
Voftre tref humble et trefobeiffant ferviteur
Gousset.
a Dordreét le 6e Septembre 1 690.
A Monfieur
Monfieur Christien Huygens de Zulichem
chez Monfieur de Zulichem
a la Haye.
") Rec. le 9. Refp. 12 fept. [Chriitiaan Huygens].
') D.Papin; voir la Lettre N°. 2608. 2) La Lettre N°. 2608.
3) Voir la Lettre N°. 2431, note 3.
CORRESPONDANCE. 1 690.
489
N= 2619.
Christiaan Huygens à O. Rômer.
12 SEPTEMBRE 1690.
La minute se trouve à Leideu, coll. Huygens1*).
Cum primus in lucem prodijt libellus meus in quo de Luce et Gravitatiscaufis
différai bina ejus exempl. ad Te mifi; quae curandarecepit veftrorum mercatorum
apud Amftelodamenfes curator feu Conful quem vocant. Eorum alterum Clar.
Viro Er. Bartholino deftinatum fuiffe ex infcripto nomine intellexeris, dummodo
reddita fuerint, quod ut mihi fignifices magnopere rogo. Quod il fatis otij quoque
vobis fuerit, quo perlegere ac perpendere opufcula haec potueritis; multo gra-
tiffimum mihi feceris fi quid de eo fentiatis exponere placeat.
Memini cum Parifijs in Bibliotheca regia de Cryftallo Ifiandico commentatiun-
culam meam legerem2), non prorfus te affenfum Expoiitioni meae, quae forfan
nunc verifimiliores videbuntur propter duplicem refraclionem Criftalli vulgaris
quam poilea comperi atque hic inferui. Certè expérimenta re fraction uni indiverfis
Ifiandici feclionibus plurimum confirmant conjecturas meas neque id putodiffi-
teberis.
Caeterum caepit hoc cryftalli genus hic a multis jam requiri ac magis etiam
poffquam tam accuratum ejus examen inftituiffe me viderunt: quamobrem fi per
mercatores veitros qui in ultima illa Thule commercia exercent, fruffa aliquot
obtinere pofies, utque ad me perferantur curare quo amicis gratificari poffim
tacies mihi rem acceptiflimam praetiumquc perfolvam cui jufferis.
') En tête de la minute on trouve noté ce qui suit :
Effet de la Refraction observé. Par la lunette de 1 3 pieds couchée
immobile dans la fenêtre avec un fil au foier. Je rcgarday le clocher
de Nootdorp, que ce fil couppoit selon qu'il est marqué icy, à diverses
heures du jour.
Samedi 24jun.hora 1 p. merid. in linea 1.
Eod. hora 2 p. mer. in linea 2. Dimanche devant le Soleil levé
en A. le Soleil a 7 ou H degr. sur l'horizon en 1. à 11 ]/2 en B. à 1 '/2
heures en 2.
2) Dans la séance du 1 3 ma' 1679 et suivantes.
Œuvres. T. IX.
62
490 CORRESPONDANCE. 1690.
Newtoni librum cui titulus Philos.ae Principia Mathematica non dubito quin
videris, in quo obfcuritas magna. Attamen multa aciue inventa. Sed in hypothc-
fibus comminifcendis videtur mihi nonnunquam nimis audax uti in appendice ad
canfas gravitatis non potui non advertere, cui fententiae meae nunquid accédas
lubens intelligam. Scribes etiam fi placet fi quid apud vos novi in rébus philo-
fophicis aur. mathematicis prodierit") et Clariflimum Virum Socerum Tuum 3)
plurimum meo nomine falutabis
Tibi addiéliffimus
Chr. Hug.
12 Sept. 1690.
Clariflimo Eruditiffimoque Viro
D. Olao Romero
Mathefeos profeffori celeber0
Coppenhaghe.
rt) Addidi de ijs quae in Gallia prodiifTe et proditura fcribit D. de la Mire, ut
Caflini de Jovialibus itineraria obfervatorum &c.4) [Chriftiaan Huygens].
*) Erasmus Rartbolinus; voir la Lettre N°. 2103, note 1.
4) Cette note se trouve en marge de la minute.
CORRESPONDANCE. 169O. 49 1
N= 2620.
J. De Graaff à Christiaan Huygens.
14 SEPTEMBRE 1 69O.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2621.
A° 1690 den 14 September tôt Amfterdam.
Erentfefte en Wijfe Heer
Mijn Heer
UEdle zeer geëerde fchrijvens van den 29 pafTado ') is mij wel geworden,
mitfgaders de daar ingeflotene exemplaren van de Tafel des tijts vereffeningh
zoude UEdl. daar op 00k al vrij wat eerder gedient hebben, bij aldien de hecren
bewinthebbercn mij niet hadden gelieven te antwoorden, dat het noch tijdigh
genoegh was, 0111 naar een horologiemakers knecht te doen omhoren; de cleynig-
heden2) aan de horologien, als mede aah de cas en ramen om die daarwel te doen
inpaflen, zijn nu herftek zoo dat het nu cant en claar is, nergens meer aan hapert
als aan een horologiemakers knecht, caarte bij de ooitind : ltierlieden gebruyeke-
lijck en een graatboogh, daar men de zon tôt op de drie graden boven den hori-
zon! mede can fchieten, &.ca UEd. zeer wel bekent ik heb dan bij decs en geen
naar een horologiemakers knecht vernomen, onder aile heb ik er een gevonden
en zijn meefter gefproken, die goede getinjgenifTe") van hem laat gaan, als wel
comporterende; de dagelijcks vorderingh van 't horologie A is gewceft 1 iT2T fc-
conden; maar hoe veel ze nu vorderen kan ik UEd. le als noch niet adviferen,
mitfdien zedert de eerfte obfervatie tôt nu toe, dat ze weder in de cas en raam
opgehangen zijn geweelr, de zon in de meridiaan niet heb connen crijgen*),
hiermede &ca.
UE. ootmoedige en gehoorzame dienaar
Joa. de GraafO.
Te Behandigen aan de E. heer
Mijnheer
Van Zelhem.
') Nous ne connaissons pas cette lettre.
2) Voir la Lettre N°. 2600.
492 CORRESPONDANCE. 1690.
") Dit s heel wel [Chr. Huygens].
bj Is te vrefen dat de Son wel in Texel foude konnen manqueeren [Chriftiaan
Huygens].
'") Dat hij de Heer Blocquery doe gedencken aan 't rekeningetje van den horolo-
giemaecker en van den naem van 't fchip.
N= 2621.
Christiaan Huygens à J. De Graaff.
28 SEPTEMBRE 1 690.
La minute se trouve à Laden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2620.
/. de Graaff y répondit par le No. 2.622.
28 Sept. 1690.
Mr. de Graaf
UE brief van den 14 defer is mij wel behandight geweeft, met welcke te be-
antwoorden ick mij te minder gehaefl hebbe, omdat ick niet twijfelde of net ver-
treek en foude noch foo ras niet voortgaen, want ick anders van de Hr. van de
Blocquery apparent eenighe advertentie fonde gekregen hebben, alfoo aen fijn
Ed. verfocht hadde ') te moghen weten in wat fchip de horologien de reijs fullen
doen. Ecn goedt vriend hadde mij gebeden hier nae te vernemen, opdat fijn neet
die geern op het felve fchip met de I Iorlogicn geplaets waere, tijdt foude hebben
om aldaer eenigh ampt te foliciteren. De maent van Oclober is nu naebij, daerom
wenfchte ick wel te weten of UE ni^t en hoort tegen wanneer de fchepen ver-
trecken fullen, als mede of de H. en Bewinthr. vafl: gellelt hebben of de Horolo-
gien tôt aen de Caep de Bonne Efp. gaen fullen, of verder tôt in Batavia, waer
van het eerfte aen de Hr. Burgemr. Hudde, als ick hier onlangs d'eere hadde van
fijn Ed. te fpreecken, beter fcheen te gevallen, en 't waer ooek bert nae mijn lin,
om foo veel te eerder tijdingh te konnen hebben. Het is feer goed dat UE een
bequaemhorlogiemaecker uytgevonden hebt, welcke ick niet en twijffel of fal op
0 Voir la Lettre N°. 2615.
CORRESPONDANCE. 169O. 493
UE goedt rapport bij de Heeren Bewinthr. aengenomen fijn. Voorts fal ick UE
nochmaels recommandercn bij tijdts tfcheep te gacn, om te doen maecken t geen
van noode is, en de obfervatien te doen als de horologien aldaer fullen gchangen
fiin, hebbende aen de Hr. van de Blocquery oock verfocht dat UE daer toe ordre
gegeven werde. UE gedenckt wel, geloof ick, tgeen ick aengaende 't gebruijck
en het hangen der Horologien UE alhier iijnde gefcght hebbe, te weten van eerfl
het horol. A aen de fijde koorde op te hangen, en B in fijn ijferen raem.
Maer indien UE merckte dat A bij holle zee te veel flingerde om te konnen
blijven gaen, dat alfdan het felve mede in fijn raem hanghe, obferverende van
nieuws fijn daghelijcks verfchille tegen B. anders ben ick verfeeckert dat aen de
koorde hangende de netfie gangh heeft, indien het de bewegingh van 't fchip
kan uytftaen. Oock heb ick bevonden dat A feeckerder gaet als B, daer om als
'tgefchieden kan altijdt de Rekening der Lengde op A moet gemaeckt werden.
In de reft van de Initruftie is niets of UE verftaet het feer wel foo ick meyne.
Ben anders bereyt daer van naerder onderricht te geven. Ick verlaet mij gehee-
lijck op UE neerfiigheijdt en goede diredlie in defe faeck mij verfeeckerende van
UE genegentheijdt tôt de felve en om die ten beften te doen fuccederen. Hier-
mede eyndigende blijve
UE dienftw. dienaer
A Monfieur
Monfieur Jo. de Graef
op de Egelantiers gracht aen de flincker fijde
bij de 2de 2).
;) Ici suit un mot illisible.
494 CORRESPONDANCE. IÔQO.
N= 2622.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
4 OCTOBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 2621.
Chr. Huygens y répondit par une lettre du 1 3 octobre, que nous ne connaissons pas 2).
Actum Amfterd. den 4 Oftob.
Erentfefte en wijze heer
Mijnheer &c.
UE. Edl. brieff gedateert den a8 September is mij wel geworden, waarop defe
nu voor een antwoord dient, als de E. hr. van de Blocquerij, die gifteren hier tôt
Amfterdam geretourneert was, en dien zelfden avont wederom vertrock, mij be-
richtede als dat er generalijck niet in gedaan zal worden, voor al eer de rethour
vloot fal gearriveert zijn, noch ooek geèn fchepen fullen verfonden worden, be-
halve het tegcnwoordigh gereet leggende met name Spierdijck; aan de heer
Baron van Crofecq 2) heb ik door fpeciaal bevel van de hr. blocquery de horologies
laten zien de welke van mening was dat het goet fonde zijn, dat aan de caap
comende de horologies in't fchip aan de gangh behoorden te blijven, om zoo
wederom na Texel te retourneren, in Texel dan gearriveert zijnde, zoo fonde
men connen zien of het horologic nu wederom de felfde uren comt aan te wijzen,
als zij in't uijt gaan gedaan hebben, waar door &c. ; 00k heb ik de E. heeren be-
winthebbercn genoegzaam voorgehouden dat het nodigh is, dat ik, wel 3 weken
voor het vertreck uijt Texel, diende fcheep te gaan, en zal niet na Laten om haar
achtb. als het tijt is wederom voor oogen te ftellen ; 00k gedenk ik wel aan de be-
velens dien ik, toen ik Mijnheer fprak, wel in acht nam, zullen het horologic A
niet vergeten in zijn cas en B in zijn raam op te hangen en dat opdie manieren als
UE. inftructie mij leert en mij mondelingh 00k belieft heeft te bevelen vorders
verwacht ik nieuwe geboden, om mijn iver in die te volbrengen niet onvrughbaar
te laten, en mijn gehoorzaamheit fal UEdl. betuijgen dat ik ter werclt geen gro-
ter geneughte hebben als mij over al te doen achten
Mijnheer
UE. zeer ootmoedige dienaar
de gebicdeniïïe van mijnheer de Blocquerij, als ook van mijn vader.
') Voir la Lettre N°. 2630.
2) Le baron von Croseck était envoyé du duc de Brunswic.
CORRESPONDANCE. 169O. 495
ik hcb de horologien nu afgehangcn, omdat ik nu genoegfaam haar gangh
geobfervecrt hebb, en A ook zccr wel gaat, maar B") zal, wanneer der een horo-
logiemaker aangenomen is, dienen uijt elkanderen gedaan worden, mits het al te
flaauw gaat, en uE wel verzekeren kan als dat het de bewegcn van het fchip niet
fal konnen uijtftaan alzoo ik daar noch een levendige verbeeldingh van de vorige
reijze heb.
ik kan ook niet vergeten dat ik ora de zon in de meridiaan te fchieten, heb een
draat gefpannen end fchaduw van die draat op zijn corts zijnde, voor de Méri-
dionale lijn genomen volgens wclke ik twec draden evenwijdigh aan defe fchaduw
heb vail: gemaakt, en daar na dagelijcks geobferveert, en A bevonden 5^ féconde
te langzaam te lopen.
Te behandigen Aan de E. Heer
Mijn Heer
van Zelem.
a) Daar is geen faut aan B, foo ick meen, maer moet het kleijn veertje een tour
meer op gefpannen werden, draeijende de fécond wijfer averechts om, terwijl
het pendulum flingert. Dit hem doen weten den 13 0<5t. 1690. [Chriftiaan
Huygens].
496 CORRESPONDANCE. l6ûO.
N° 2623.
Christiaan Huygens à G. W. Leibniz.
9 OCTOBRE 1690.
La lettre se trouve à Hannover, Bibliothèque royale.
Elle a été publiée par C. I. Gerhardt *).
La minute se trouve à Leideu, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek l).
La lettre fait suite au No. 261 1.
Leibniz y répondit par le No. 1617.
A la Haye ce 9 Octobre 1690.
Monsieur
Je vous ay efcrit une afTez longue lettre du 24 Aouft, pour refponfe a la voftre
du || Juillet. Je n'ay point appris jufqu'icy fi vous l'avez reçue. Monfieur Spener
elt venu depuis quérir voftre lettre, que j'avois pour luij, et je l'ay vu fort fouvent
pendant le fejour qu'il a fait a la Haye, et certes avec bien de la fatisfaction,
trouvant qu'il feavoit beaucoup de chofes lîngulieres et principalement en ce
qui regarde la matière ou il s'eft le plus appliqué qui eft celle des métaux et mi-
néraux 3).
') Leibnizens Mathematische Schriften, Band II, p. 46, et Der Briefwechsel von G.W. Leibniz,
p. 598.
2) Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae etc. Fasc. I, p. 29.
Nous suivons le texte de Gerhardt, qui d'ailleurs diffère peu de celui de la minute. Celle-ci
porte la date du 10 octobre.
3) Dans le livre G des Adversaria, p. 57 recto, on trouve notées plusieurs communications faites
oralement par Spener à Huygens. Elles portent la suscription: Communicata a Dno. Joli.
Jacobo Spener Saxone 7 sept. 1690. Il y est fait mention d'une masse d'argent de la valeur de
22 millions qu'on aurait trouvée, il y a 400 ans, dans les mines de Meissen, de la composition
du soufre propre à couler les boules de Guericke pour les expériences électriques (13 grains
de sal tartaris sur une livre de soufre), d'une expérience pour faire luire de la poudre très divi-
sée de soufre en la projetant sur une barre de fer modérément chauffée, de la construction d'un
four chimique à fort tirant d'air, qui emporte les vapeurs nuisibles des métaux, de la forme cris-
talline du basalte, de la cristallisation arborescente qui se développe sur des gouttelettes de mer-
cure déposées au fond d'une solution d'une demi once d'argent dans l'eau forte étendue d'une
livre d'eau. Selon Spener les montagnes de Meissen sont composées entièrement de pierres de
6 à 3 pieds, ou moins encore, dont les angles s'adaptent les uns aux autres si étroitement qu'on
ne trouve dans les interstices qu'un peu de terre grasse; les cristaux ne croîtraient que dans
quelques cavités souterraines, dans lesquelles se trouve l'eau qui apporte les matières solides,
lesquelles, par quelque précipitation, font naître et augmenter les cristaux. De même, les veines
CORRESPONDANCE. 169O. 497
Selon le compte qu'il faifoit, il doit vous avoir vu depuis fon retour en Allemagne et
eitrepaiïe en fuite chez luy a Leipfich. J'ay tafchè depuis ma dite lettre d'entendre
voftre calculas dijferentialis, et j'ay 'tant fait que j'entens maintenant, mais feulement
depuis 1 jours, les exemples que vous en avez donnez, l'un dans la Cycloide, qui eft
dans voftre lettre, l'autre dans la recherche du Théorème de Mr. Fermât, qui eft
dans le Journal deLeipfichde 16844). Etj'aymefme reconnu les fondements de ce
calcul et de toute voftre méthode, que j'eftime eftre très bonne et très utile. Cepen-
dant je crois encore d'avoir quelque chofe d'équivalent, comme je vous ay efcrit
dernièrement, et la raifon qui me le perfuade, c'eft non feulement la folution que
je trouvay de voftre Problème de la Ligne courbe pour la defcentc égale 5), mais
aulTi l'examen, que j'ay fait de la Tangente d'une autre Courbe fort compofée, dont
vous m'envoiaftes la conftruclion 6) il y a defja plufieurs années. Car par ma
méthode je trouve cette mefme conftruftion et toutes les autres dans les lignes qui
fe forment de mefme, fans que les quantitez irrationelles m'embarafTent, et a tout
cela je ne me fers d'aucun calcul extraordinaire ni de nouveaux lignes. Mais pour
juger mieux de l'excellence de voilre Algorithme, j'attens avec impatience devoir
les choies que vous aurez trouvées touchant la ligne de la corde ou chaîne pen-
dante, que Mr. Bcrnouilly vous a propofee a trouver 7), dont je luy fçay bon gré,
parce que cette ligne renferme des proprietez fingulicres et remarquables. Je
l'avois confédérée autrefois dans ma jeuneffe, n'ayant que 15 ans, et j'avois dé-
montré au Père Merfenne que ce n'eftoit pas une Parabole, et quelle manière de
preffion il faloit pour faire la parabole 8). Cela a fait que j'ay eftè tenté mainte-
nant d'examiner le Problème de Mr. Bernouilly, et voicy le chifre de ce que
j'y ay trouvé9). Je l'ay efcrit en forte que vous pourrez a peu près l'interpréter
de métal naîtraient dans les cavités. Spener avait dit aussi que dans les mines près deFreiburg,
nommées Iloghe Bircke, où l'on trouve de l'étain, il était descendu jusqu'à une profondeur
de 2400 pieds.
Au même endroit du livre G des Adversaria on rencontre une expérience de Spener, sur
laquelle nous aurons l'occasion de revenir dans une note de la lettre de Iluygens à Leibniz,
du 18 novembre 1690.
"*) Voir l'article cité dans la Lettre N°. 2205, note 5.
5) Voir la pièce N°. 2489.
6) Voir la pièce N°. 2214.
7) Le problème de la chaînette fut proposé par Jacques Bernoulli dans les „Acta" du mois de
mai 1690, à la fin de l'article cité dans la pièce I\'°. 2491, note 2.
Il fut énoncé dans les termes suivants :
„Problema vicissim proponendum hoc esto : Invenire, quant curvam référât j'unis laxus et
inter duo puncta fixa libère suspensus. Sumo autem funem esse lineam in omnibus suis parti-
bus facillime llexilem."
8) Voir les Lettres Nos. 14, 1 7, 20 et 2 1 d'octobre et de novembre 1 646.
9) Voir, pour l'explication de ce chiffre, l'Appendice I, et, pour la manière dont les théorèmes qu'il
Œuvres. T. IX. 63
498 CORRESPONDANCE. 1 690.
fi vous avez fait les mefmes découvertes, et je crois vous faire plus de plaifir d'en
ufer ainfi, que fi je vous envoiois les chofes expliquées. Je vous prie de m'envoier
pareillement voitre chifre, et que nous puiffions en fuite abbreger entre nous le
terme d'un an, que vous avez accordé aux géomètres I0),a fin que j'aye la fatis-
faclion de voir ce que voftre analyfe aura produit de fingulier.
fi ci
- oo c '--ose ±rc-\-% ecï1^) x> S. Ql/nruoos.c.
a a 3 y v
45 r oo c. 10000 . 8809 . 4134
xxyy oo a4 — ciayy. xxyy oo aaxx — aayy.
d. h. c. q. c. p. q. i. p. e. t. i. i. p. e. r. c. i. i. i. ae.
Vous aurez vu, a ce que je crois, depuis voilre dernière, mon Traite de la Lu-
mière, et celuy de la Pefanteur, foit que l'exemplaire, qu'enfemble avec ma lettre
j'avois recommandé à Mr. van der Heck, fe foit trouvé, ou qu'on vous en ait fait
avoir d'ailleurs. Vous me ferez plaifir de m'en dire voftre fentiment, après que
vous l'aurez examiné à loifir.Je vois qu'on n'en dit rien dans les Aclade Leipfich12)
renferme, ont été déduits par Huygens, l'Appendice II de cette lettre. Ce dernier Appendice
contient la solution du problème de la chaînette, telle que Huygens l'avait composée vers la
fin de septembre 1690, „sans beaucoup de peine et dès les premiers jours". Voir sa lettre à
Leibniz du 1er septembre 1691.
I0) Voir l'article des Acta de juillet 1690, intitulé: „Ad ea, quae Vir Clarissimus J. B. mense
Majo nupero in bis Actis publicavit, Responsio". Dans cet article Leibniz répondit à l'appel
dejacques Bernoulli qui, en posant le problème de la chaînette, s'était adressé plus particuliè-
rement à ,,1'auteur du calcul différentiel", dans les termes suivants : „Paulo autem implicatius
est hoc problema illo priore meo" (le problème de la courbe isochrone; voir la pièce
N°. 2489) „et singularem quendam Methodi nostrae usum ostendet; itaque operae pretium
putavi, ante publicationem solutionis meae dare spatium aliis quoque exercendae artis. Hoc
enim velut lapide lydio cognoscemus optimas Methodos; quod plurimum refert ad scientiae
perfectionem : praesertim cura hic non prolixo calculo, sed artificio tantum sit opus. Inprimis
autem Nobilissimus D. T. qui praeclara in hoc génère spondet (vid. Act. Feb. hujus anni
p. 68, 6ç)~) rogandus est, ut suae quoque Methodi vires hic experiri velit. Quod si ante anni
exitnm nemo solutionem a se repertam esse significabit, ego meam Deo volente dabo". Comme
on sait, von Tschirnhaus n'a pas répondu à ce défi. Des solutions furent envoyées, dans le
délai fixé, par Jean Bernoulli et par Huygens. Elles parurent avec celle de Leibniz dans les
„Acta"de juin 1 69 1 .
1 ' *) Leibniz a annoté ici : „il faut écrire §■ ce au lieu de ^ ec suivant la lettre du 1 9 novembre de
cette année", (voir la Lettre de Huygens à Leibniz du 18 novembre 1690).
I2) Un exposé assez étendu du Traité de la lumière et du Discours sur la cause de la pesanteur
a paru dans les,, Acta" d'octobre et de novembre 1690. On peut consulter encore, sur les
raisons qui firent attribuer par Huygens ce retard à von Tschirnhaus, l'Appendice III de cette
lettre, la pièce N°. 2626.
CORRESPONDANCE. 169O. 499
de quoy Mr. D. T. pourrait bien eitre caufe, qui depuis mon livre imprimé, a fait
inférer dans ce Journal quelque chofe touchant la ligne de reflexion du miroir
concave, qui fe trouve de mefme chez moy13), et que j'avois propofè dans
l'Académie a Paris il y a plus de 1 1 ans. Il me fouvient qu'en ce temps là je
montray a Mr. D. T. quelques figures de ces lignes de reflexion et refra&ion, et
je crois, que de là vient la reflemblance de nos inventions M), mais que cela foit dit
entre nous s'il vous plaît. Il eil peut eftre défia fafchè contre moy, quoy que j'aye
plus grande rai Ton de l'eflre contre luy, pour n'en avoir pas ufè civilement a mon
endroit, lorfque je luy eus envoie quelques remarques fur fa Medicina mentis
et corporis15). Cela n'empefche pas que je n'eftime fon efprit et fon feavoir,
et s'il peut montrer qu'il a véritablement trouvé ce qu'il a avancé touchant l'in-
vention des quadratures, ou de leur impoflibilitè l6), je diray qu'il a fait une des
belles découvertes qu'on puifle faire dans la géométrie. Honorez moy d'un mot
de refponfe et croiez que je fuis entièrement
Monsieur
Voftre très humble et très obeiflant feruiteur
HUGENS DE ZULICHEM.
'*) Voir la Lettre N°. 2274, note 4.
14) Consultez les annotations de Huygens, datées du 7 avril 1691, que nous reproduisons comme
Appendice III de cette lettre.
15) Voir la Lettre N°. 2452 et la réponse de von Tschirnhaus, notre N°. 2457. Il est toutefois
difficile de comprendre comment cette réponse pouvait être qualifiée comme incivile; mais
peut-être s'agit-il plutôt des remarques de von Tschirnhaus, communiquées par P. van Cent
à Huygens, dans la Lettre N°. 2471, qui se rapportaient aussi à une erreur commise par von
Tschirnhaus dans la „Medicina mentis".
I<5) Consultez l'article de von Tschirnhaus d'octobre 1683, cité dans la Lettre N°. 2324, note 19.
Les assertions contenues dans cet article avaient souvent été renouvelées par von
Tschirnhaus sous des formes plus ou moins explicites dans divers articles des „Acta crudito-
rum", dans lesquels, toutefois, l'explication complète était différée à des occasions futures.
5°°
CORRESPONDANCE. 169O.
N= 2624.
Christiaan Huygens.
[septembre 1690].
^ Appendice I au No. 2623 ')•
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a M publiée par P. J. Uy/ei/brock2') et par D. J. Korteweg3).
Explicatio gryphi.
*) Cet Appendice contient l'explication de l'anagramme sur la solution du problème de la chaî-
nette, envoyée par Huygens à Leibniz dans la Lettre N°. 2623. Il a été recueilli sur les pages
62 verso et 63 recto du livre G des Adversaria. Voir, pour la démonstration des théorèmes
qu'il renferme, l'Appendice suivant, le N°. 2625.
2) Chr. Mugenii, Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. II, p. 38.
3) Dans son article :
„La solution de Christiaan Huygens du problème de la chaînette" inséré dans le journal:
Bibliotheca Mathematica. Zeitschrift Fur Geschichte der Mathematischen Wissenschaften,
Ilerausgegeben von Gustaf Enestrom in Stockholm, 3. Folge. 1. Band. 1 und 2 (l)oppcl) Ileft.
Ausgegcben am 30 April 1900. Leipzig, Drack und Verl&g von B. G. Teubner. 1901. in-8°
Nos Nos. 2624 et 2625 en reproduisent le texte avec les notes retouchées par M. Korte-
weg pour la présente édition.
CORRESPONDANCE. 169O. 50 1
KS tangens in K, ei perpendis KER,
KL:LS=CA ad ^# curvam,
a : i = r : c,
KL-.LS (ive C^/ad ^/ut y*/ad ^/P",
# : / (ive r : c ut c : vel — •= CR = ?,
1 1 4>)
- rc ■+■ p y ce = letton cui evoluta pro centro.
20
circulas a radio ]/ inr ■=. fuperficies conoidis ex converfionc AK.
fi ang. LKS eit 45 gr. erit CA = curvac AK.
denique duae aequationes exprimentescurvarum totidem naturam.
xxyy = a4 — aayy,
xxyy = aaxx — aayy
data harum curvarum quadratura catenae puncla quotlibet ihvenire pofïum et
tangentes in iis punftis, et reclas curvis inter illa interjeclis aequales 5).
Hinc inveni, fi a puntfto inclinationis anguli femi recti ducatur axi perpendicu-
laris, eam elfe ad abiciïïam ad verticem proxime ut B809 ad 4134 et curvam in-
terceptam tune elfe partium 100006).
4) L'inspection du manuscrit fait voir que la fraction 7K représente une correction appliquée
par Huygens plus tard. Voir la note 1 1, de la Lettre 2623.
s) On remarquera que ce sont les premières lettres. des mots de cette phrase qui ont été repro-
duites dans l'anagramme. D'ailleurs, puisque l'Appendice II suivant n'indique pas expressé-
ment comment cette détermination d'un nombre quelconque de points K de la chaînette, avec
leurs tangentes et les longueurs des arcs, pourrait s'accomplir, il ne semble pas inutile de remar-
quer ici que le paramètre AC et l'arc AK, égal à AI d'après le § III de l'Appendice N°. 2625,
déterminent l'angle LKS = ACI; et qu'ensuite les §§ VII et VIII du même Appendice font
connaître les rapports de l'ordonnée AL et de l'abscisse LK à l'arc AK si les quadratures des
courbes mentionnées dans le texte sont supposées connues.
6) Cette phrase explique les nombres de l'anagramme. Ces nombres d'ailleurs ont été ajoutés
ici par correction, au lieu des nombres 310, 145, 351 qu'on lisait, écrits en lettres, dans la
rédaction primitive et qui ont été biffés.
Plus tard encore, à un autre endroit de la page 63, où l'anagramme de la Lettre N°. 2623
se trouve reproduit, ils ont été remplacés par les valeurs plus exactes 88137, 1/^200000000
— 10000 [=] 41421 prox., et 100 000, qui conduisent aux mêmes rapports pour l'arc,
l'abscisse et l'ordonnée que les nombres 241+2, 21279 et 10000 que l'on rencontre dans
l'article de Huygens dans les „Acta eruditorum" de juin 1691. Le premier de ces nombres.
le nombre 8<> 1 37, a été obtenu par la méthode mentionnée dans la note 26 de la pièce
N°. 2625, le second, 41421, par la méthode exacte décrite dans la note 21 de cette même
pièce.
502 CORRESPONDANCE. IÔQO.
N= 2625.
Christiaan Huygens.
[septembre 1690].
Appendice II au No. 2623 l).
Le manuscrit se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Il a été publié par D. J. Korteweg1).
SI-
Fundamentum omnium eorum quae de curvae catenae reperimus 3)-
Fili gravit ate carentis, et aequalia pondéra innexa habenlis, tria qualibet inter-
nodia continua ac furfum tendentia ita adplanum horizontale inclinantur, ut tan-
gentes angulorum hujus inclinationis crefcant aequali exceffu 4).
Fig. 1.
') Cet appendice contient la solution du problème de la chaînette telle qu'elle avait été trouvée
de premier jet en septembre 1690 (voir la Lettre N°. 2623, note 9), et formulée dans Pana-
gramme, dont nous avons donné l'explication dans l'Appendice précédent. On verra dans la
suite que Huygens a commencé bientôt à la retoucher et améliorer. Dans la forme où nous la
reproduisons elle a été recueillie sur diverses pages du livre G. Pourobtenirplns d'uniformité
dans les notations, qui ont varié dans le cours des recherches de Huygens, nous nous sommes
permis d'y apporter quelques changements dont, d'ailleurs, nous avertirons le lecteur dans les
notes. De plus, nous avons ajouté une division en paragraphes pour faciliter les renvois.
2) Voir la note 3 de la pièce N°. 2624.
3) La rédaction de ce paragraphe qui se trouve à la page 97 du livre G, est d'une date postérieure
à celle des parties qui vont suivre et qui supposent la connaissance du théorème qu'on y dé-
montre. Probablement Huygens n'a pas jugé nécessaire d'abord de jeter sur le papier les
raisonnements qui l'y avaient conduit.
CORRESPONDANCE. 169O.
5°3
Sint catenae pondéra aequalia inncxa habentis A, B, C, D, internodia tria
furfum tendentia AB,BC, CD, producanturque internodia extrema et conveniant
in P. Et per P ducatur ad horizontem perpend. NPK eique occurrant horizon-
tales BK, CN. Eft ergo internodii AB inclinatio ad horizontem angulus PBK,
et internodii BC inclinatio angulus FBK, et internodii CD inclinatio angulus
PCN. Dico itaque tangentem ang.i PB K tamum fuperari a tangente ang.i FBK
quantum haec fuperatur à tangente ang.i PCN.
Quia enim concurfus recîarum AB, DC, hoc eft punctum P incidit in perpen-
dicularem horizonti quae per centr. gr. ponderum i?C tranfit,- funt autem pondéra
haec aequalia, neceffe eil perpendicularem KPN fccaro internodium i?Caequa-
liter in F, unde et BK, CiV aequales erunt. Quarum utrovis pro radio adfumta,
apparet PK tangentem anguli PBK eadem refta PF fuperari a tangente ang.i
FBK,qm tangens hujus anguli, iîve illi aequalis, FCN fuperatur a tangente ang.i
PCN. Sunt autem hi anguli ut jam diximus inclinationes internodiorum AB, BC,
CD ad planum horizontis. Ergo confiât propofitum.
Catenae feu fili fufpenfi aequalia pondéra innexa habentis, fi infimum interno-
dium horizonti parallelum fuerit erunt deinceps anguli reliquorum internodiorum
cum horizontali piano taies, ut eorum tangentes crefcunt fecundum rationem nu-
merorum ab unitate incipientium i, 2, 3, 4, 5, etc.
§ II 0.
Catena compofita ex virgulis aequalibus WS, SP, PC, GB et dimidia BA,
quae horizonti parallela. AB = a. AC = b.
Fit
4) On remarquera que, en langage moderne, ce théorème, appliqué à la chaînette, revient à
l'équation bien connue:
' dx
ds
= k.
5°4
CORRESPONDANCE. 1690.
Angulorum GBO, PGU, SPT, WSX, etc. tangentes aequaliter crefcunt.
GO ad OButbada,
PU ad UG ut ib ad a,
ST ad TP ut 3^ ad ay
1FX2LàXSxxt$b2,àa<
Hoc facile abfque calculo p'oteir. demonftrari. Vid. p. 92 6).
Y S ad SF ut IVXad XSdufta fcilicet SYperpend. in SfVex TYparall. XS.
Y S ad SVwx. 4b ad a,
ÇedSF=za,
YS=ib,
c r) — longitudo catenae /i^7^,
le, sr=Yswy.jctF)=±Yif^,
facile enim apparet toties contineri S F in
§ c five dimidia longitudine catenae, quo-
ties b five ^C continetur in SY.
Ergo et Aïl = — '- , dutta DU
parall. BA. Du&a ell enim curva quae
tangit reftam AB in A,BG in D, GP in
X, quam pro curva catenae hic habeo, et
quam pro circumferentia circuli,aut etiam
parabola, reputo, cujus circumferentiae
diametrum hic porro inveiligo 8).
AD') Çia~) — AD Çia) : diam.
b = An =
2.YS.SF.
5) Ce paragraphe contient la rectification de la chaînette, la démonstration du premier théorème
de P anagramme et V introduction du rayon de courbure du sommet comme paramètre. Ces diffé-
rentes parties sont dispersées sur les pages 57 et 58 du livre G. Autant qu'on en peut juger,
elles représentent le commencement des recherches de Huygens sur le problème de la chaî-
nette. En haut de la page 58 on lit encore les phrases suivantes, qui nous apprennent dans
quel esprit ces recherches ont été entreprises :
„Definiendum quid petatur cum proponitur invenienda curva secundnm quam catena
flectitur. An ut positis x et 31 normalibus, ita ut x a puncto in data recta accipiatur, aequa-
tione aliqua referatur x ad y. An ut posita quadratura circuli vel hyperbolae possent curvae
quaesitae puncta quodlibet reperiri. An ut posita dimensione spatii alicujus denique, puncta
ista inveniri queant. An sufficit proprietates aliquas ejus curvae invenîre".
6) Cette page est identique avec la page 97 d'où nous avons emprunté le § I.
7) Le manuscrit a partout dans ce paragraphe / au lieu de c.
8) C'est donc ici que le rayon de courbure du sommet est introduit comme paramétre de la
chaînette.
9) Chr. Huygens ajouta encore: „Nota quod AD considero tanquam ia seu duplam AB."
CORRESPONDANCE. 169O.
505
oc SV
diam. = ~ ' , nam 2 S F — AD,
| diam. = -y-g = r
c. 0>7
us
Sed ut Y S ad 5F ita WX ad XS et ita W<b ad <fcl IO). Ergo „" = r radi
curvitatis in A. Theorema praecipuum JI).
§IH12).
25 Sept. 1690.
Sit in punclo curvac aliquo /Trcfta KE (fig. 4) ipfi ad ang. reclos quae conveniat
cum axe in E, et a C, centro curvitatis in A, ducatur C/paralîela KE, ufque ad
Fig. 4.
10) Voir la figure 3.
11) Le théorème est identique avec le premier théorème de l'anagramme. En effet, d'api es ce
dernier, r = -je' c (voir la figure de l'Appendice I) = jrj- c =-=pr-- c.
12) Suite de la rectification de la chaînette. Cas particulier où la tangente fait un angle de 4.50 avec
Parc de la chaînette. Ce paragraphe est emprunté à la page 59. Il y est accompagné d'une
figure identique au fond avec la partie correspondante de la figure du paragraphe qui suit,
mais qui en diffère notablement quant aux lettres qui servent à désigner les points correspon-
dants. Pour épargner au lecteur la confusion qui en pourrait résulter, nous avons préféré
d'employer pour les deux paragraphes la figure du § IV, dont les notations sont conformes
à celles de la figure de l'Appendice I, et d'apporter les changements qui en résultent dans le
texte du § III. Pour reconstituer le texte primitif on n'a qu'à remplacer dans la figure et dans
le texte les lettres K, E, I, L par 2V, l\ //, 0.
Œuvres. T. IX. 64
506 - CORRESPONDANCE. 1690.
tangentem in vertice AI. Dico reclam ^/aequalem fore curvae AK. Nam quia
perp. KL ad Z,jE ut curvà AK ad ^ZC, ut diclum pag. 3^ ante hanc.13). Ut autem
KL ad LE ita eft A4 ad AC; erit curva ^/l ad AC ut refta A4 ad AC, ideoque
curva yZ/f aequalis rectae IA.
Ergo fi F fit punclum curvae ubi illius tangens inclinatur ad plan, horiz. angulo
femirecto, erit curva ^AFaequalis recto AC.
§IV'0-
Ex C ducantur CH, CI minimum angulum ad C conftituentes. S itque NR
parall. HC, eademque curvae AKad ang. rectos. Item KR parall. IC, eademque
curvae ad ang. rectos. Erit jam AN= AH, et AKz=:AIex fuperius traditis.
Undc NK= H I.
7/feft perp. CI, itemque HM. Cumque ficut Zf/Vad 71///, hoc eft ///ad M//,
ita fit KR ad MC feu Zf# ad IC ut /F/ ad A4 (nam ut ///ad //Mita /F/ad IA)
five ut WC^d CI. Itaque JVC aequ. /£/£, hoc eft = AC ■+■ curva CR, et ablata
communi C^, fit curva CR = ^^.
§V'0.
Cumque angulus NRKfit aequalis //C/propter parallelifmum continentium,
erit triang. NRKad triang. //C/iive HCM (ducta //M perp. in C/) ficut quad.
iVTi ad quad. //C, feu ut quad. KR ad quad. IC, nam /C, //Caequales propter
angulum in C minimum.
Sed KR eft aequ. CW. Ergo triang. KRN ad triang. ICHm qu. ^Cad qu.
C/, hoc eft ut /FCad 04.
Si ZZ ponatur = C/F, erit Z ad parabolam vertice C, axe CO, latere recto
CA16). Et quia triang. KRN ad ICHm /FCad CV, hoc eft ut Z/ad /e, hoc
eft ut □ ZH ad □ sH ; eftque □ f//= dupltim triang. ICH, erit et I I
ZH duplum triang. KRN. Atque ita fpatium totum A CRK A d'wmdwm fpatii
ACZIA, quod aequale reclangulo ^4Z) cum tertia parte rectang. CZ. Itaque
13) C'est-à-dire dans le paragraphe précédent. Consultez la note 1 1.
14) Rectification de la développée. Démonstration du deuxième théorème de F 'anagramme. Le texte
et la figure 4 sont empruntés à ia page 59 verso du livre G. Quelques lettres (T. X et E), et la
ligne TX, ont été ajoutées à la figure pour l'accommoder au texte des autres paragraphes où
nous Pavons employée.
15) Quadrature de la figure mixte ACRKA. Démonstration du troisième théorème de F anagramme.
Ce paragraphe est emprunté a la page 59 verso.
,6) En effet: \z=AW=^ = -^
CORRESPONDANCE. 169O. 507
fpatium ACRKA aequale triangulo ICA + | triangulo IAW, hoc cil \ cr -+-
§ VI18).
Sit KS tangens in K. Dico fuperficiem genitam ex converfîone curvae AK
circum axem AC, aequari circulo cujus radius médius proportionalis fit inter AC
et duplam AS. Unde patet curvas ex converiione KA et FA circa axem AC,
effe inter fe iîcut AS, A G quas abfcindunt tangentes in terminis K et F.
Demonilratur ex eo quod fi ex T interfeftione tang. duum AT, iTSducatur
TX axi parall., ea débet tranfire per centrum gravitatis curvae AKF quia tan-
gentes in K et A; hoc efl fila catenam FKA fuflinentia conveniunt in T.
Jam ut KL ad LE, hoc cil ut SL ad KL, five ut SA ad AT, ita curva ./L*^ ad
ACex fupradiétis Ip). Unde quod fit ex SA in ACaequ. facla ex A Tin curvam
AK, ideoque fuperficies ex converiione curvae ^/Taequalis cylindricae fuperfi-
ciei cujus altitudo AC, femidiaraeter bafis AS, hoc eil circulo cujus radius média
prop. inter AC et duplam AS.
§ VII 2°).
Angulorum GBO (fig. i*),PGU, SPT, WSX, etc. tangentes aequaliter cref-
cunt, atqui BG, GP, PS, SfTfum aequales. Ergo GO, PU, ST, /FXfunt
iînus angulorum quorum tangentes aequaliter crefeunt et BO, GU, PT, SX
eorundem angulorum funt finus complementorum.
Ut inveniatur fumma omnium finuum nt <rf, Ylà. (fig. 5), quorum tangentes
refpe&ivae crefeunt aequaliter, accipiuntur iifdem finubus aequales in reftis p%,
A^u, atque ita fit ut fumma finuum quacfita (puta arcus #Ç) ad totidem radios, fit
ut fpatium cîw©? ad QH #<f :I)-
I7) Ici e représente Tare CR de la développée, qui, d'après le paragraphe précédent, égale AJV.
1 ) Quadrature de la surface de révolution de la chaînette. Démonstration du quatrième théorème
deV anagramme. Ce paragraphe se trouve à la page 59 recto. Des changements dans la notation
y ont été apportés pour la raison mentionnée dans la note 1 2. Pour le reconstituer dans sa
forme primitive on doit remplacer dans la ligure 4 et dans le texte les lettres K, S, L, l\ G,
par F, G, F, Ar, .S". Tout ce paragraphe avait été biffé, mais Huygëns ajouta plus tard : „non
delenda. sunt enim vera".
ISI) Voir le § III. D'après ce paragraphe l'arc h'.l éuale FA; mais on a évidemment 1 A: AC —
KL : LE.
IO) Construction de la courbe xxyy = aaxx — aayy de F anagramme, dont la quadrature permet de
trouver le rapport de l'ordonnée AL. (fig. 4) à Parc AK de la chaînette pour un angle donne de
la tangente KS avec la ligne horizontale. Le paragraphe a été emprunté aux pages 58 recto et
61 recto.
2I) En effet, si l'on fait subir à la ligne ôç des accroissements petits et égaux, il est clair d'abord
que les tangentes des angles ado s'accroissent de même avec des quantités égales. Mais alors la
somme des sinus de ces angles, multipliée par le petit accroissement que nous avons supposé,
5o8
CORRESPONDANCE. 169O.
Fig- 5-
Con.ftru&io curvae S®
y = aX = <re,
pS =\/ aa + xx,
\Saa-\-xx: a = x:y2"').
sera représentée par l'aire de la courbe ômx/j, et la somme de leurs rayons, multipliée par la
même quantité, par le rectangle ccqXii. D'un autre côté, il s'ensuit facilement du théorème qui
se trouve en tête de ce paragraphe que le rapport de l'ordonnée VZ (fig. 2) et de l'arc AV 'de
la chaînette, pour un angle ïVSX = aHTI donné, est égal à celui de la somme de ces sinus à
la somme de leurs rayons.
Ajoutons que si Christiaan Huygens, en vue de l'application qu'il va faire dans le § IX, s'est
borné dans sa conclusion au cas adn= 450, la phrase de l'anagramme: data harumcurv arum
quadratura catenae puncta quodlibet invenire possum nous démontre qu'il n'a pas manqué la
conclusion plus générale que nous venons de formuler. Pour y arriver, on n'a qu'à changer
les derniers mots qui précèdent cette note dans le texte comme il suit : (pu ta arcus a/7) ad
totidem radios, sit ut spatium dmxp ad CZI «,u.
2) Cette équation est identique avec la seconde de celles qui sont mentionnées dans l'anagramme.
La quadrature d'ailleurs peut s'effectuer facilement et Huygens n'a pas manqué de s'en aper-
cevoir plus tard, comme on le verra dans la suite de cette correspondance. On a, en effet, pour
la courbe ôi»& (fig. 5).
CORRESPONDANCE. 1690. 50Q
§ VIII 20-
Summa fintium compl. pro cangentibus aequalker crefcèntibus (puta arcus #£)
eit ad totidem radios ut (pat. ct®Çè ad lH «Ç, nam ipfi finus compl. accipiuntur
in reftis aequaliter diftantibus refpectivis, ita nempe ipfi cty aequalis vJ/% in
reda p%.
Conftruftio curvae a®
pS: pê = px '• 4*X quae itaque aequalis <rCp
l/^aa + xx:a = a:y,
aayy + xxyy = #4,
yy=z curva a®.
JJ a a ■+■ xx
Si itaque a.D fit hyperbola aequilatera et fint proportionales Dx-> PX-> ^X e"t
punclum ^ in curca «©; nam qu. Z)^ = qu. è% + qu. /)%.
§ixaO-
Ex finubus qui conveniunt tangentibus Tabularum, inveniuntur finus qui con-
veniunt tangentibus proximis aequaliter crefcèntibus.
/[ axdx
Appliquant ensuite le théorème démontré dans le texte de ce § VII et posant x = a tg q>,
où <p = L a<M7 représente l'angle de la tangente de la chaînette avec la ligne horizontale, on
trouve:
AL(hg. 4) rare A K = aX/^aa -f- xx — aa :ax = sec qp — iztgqp = cosec cp — cotqp:i.
Comme on le verra dans la dernière note de cet article, Huygens a fait usage de ce résultat
pour corriger la valeur du rapport de l'ordonnée à l'arc de la chaînette pour q> = 450.
23) Construction de la courbe xxyy = a4 — aayy de P anagramme, dont la quadrature fait connaître
le rapport de t 'abscisse LÀ'(fig. 4) à Parc AK de la chaînette pour un angle donné de la tangente
KSavec la ligne horizontale. Le paragraphe est emprunté à la page 6 1 recto. Plus tard Huygens,
comme nous verrons dans la suite de cette correspondance, a su réduire la quadrature de cette
courbe au calcul de la somme des sécantes donc les angles croissent par intervalles égaux
et petits depuis zéro jusqu'à l'angle q> de la tangente &S"(fig. 4) avec la ligne horizontale,
9
c'est-à-dire au calcul de l'intégrale /" secqp dq>. Toutefois, la réduction à la quadrature de
o
l'hyperbole, quoique possible, lui a échappé.
24) Calcul des nombres 10000, 8809, 4134 de V anagramme, proportionnels à Parc AK Q/îg. 4), à
V abscisse LK et à ! 'ordonnée AL, pour les cas L KT/=45°. Ce paragraphe est emprunté à la
page 61, verso. Plus tard, Huygens y a ajouté la suscription: Dimensio p. approxim spatii
adÇô pag. praec. nam spatium dOÇ quadrabile est.
5IQ
CORRESPONDANCE. 1690.
Idemque in fïnubus complementis.
finus
¥
50000
12500 =
0
12406
1
99228
25000
24253
2
97014
375°°
35"3
3
93636
50000
44722
4
89442
62500
53OQI
5
84799
75000
60000
6
80000
87500
65850
7
75257
1 00000
35356 dimidium 7071 1
330701
£8ae
35356
704732
800000 :
330701 : 70473a = 1000000 :
: 4«33^
: 88091 2rt).
25) La première de ces colonnes contient les tangentes croissantes par intervalles égaux depuis
zéro jusqu'à la valeur de la tangente de 450; la valeur du rayon étant supposée égale à 10000.
La seconde contient les sinus et la dernière les cosinus correspondants. Les divisions par 2,
que Ton rencontre en haut et en bas de ces colonnes, s'expliquent par l'emploi de la formule
approximative
que l'on obtient en remplaçant l'aire d'une courbe par une somme de trapèzes. Dans la colonne
des sinus y0 = o, dans celle des cosinus y0= 100000. Le nombre 800000 représente la
somme des rayons.
L'approximation obtenue de cette manière est assez grossière. Aussi Huygens ne s'en
est pas contenté,comme la note suivante le montrera.
26) Plus tard Huygens ajouta la remarque: „Haec melius page 90 et 91. Hic nimis pauca rec-
tangula 8 cum illic sint 40 et aptiori methodo inventa". En effet, aux pages citées, c'est-
à-dire aux pages 95 recto et verso de la pagination générale du livre G, on rencontre un
calcul, dans lequel le nombre des divisions est porté de 8 à 40. De plus, ce calcul se fonde
a2
■ sur l'emploi de l'équation y = ^ / 2 i=^:de la courbe en question, dont les ordonnées suc-
cessives sont calculées au moyen de logarithmes à sept décimales. De cette manière, le nombre
88135, 5 est obtenu, dont toutefois Huygens ne s'est pas encore contenté, ainsi qu'il résulte
du petit calcul suivant, qui a fourni le nombre 88137 mentionné dans la note 6 de la pièce
N°. 2624 et par lequel Huygens remplaça le nombre 88091 du texte.
Voici ce calcul:
ex 5 880156
ex 10
881060
ex 20
881290
ex 40
881355
16 add
diff.ac 0904
230 videntur fere quadruplae sequentium.
065
i 65
881371. llacc ergo erit accuratior magnitudo spatii Bq> DA
pag. 88 (daxfiOÇ de la figure 5).
CORRESPONDANCE. 1690.
511
N° 2626.
Christiaan Huygens.
7 AVRIL 169I.
Appendice III au No. 162%.
La pièce se trouve à Leiden , coll. Huygens ').
Elle a été publiée pur P. J. Uylenbroek*').
Ad pag. 364. A.1 1682. Aéb Eruditorum Lipfienfium 3) vide et
pag. 93 4) lib. G. 7 Apr. 1691.
Cum Parifijs ad me venifTet D. T. five Tfchirnhaus, A°. 1678 5), ut puto,
ollendi ipfi obiter figuras quae libro meo de Luce continentur, ubi in fine
eft6) haec prior, Tab. 19 7). Inde eft quod in eandem hanc contemplationem
') Feuille détachée.
2) Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. II, p. 40.
3) Il s'agit de la construction fausse de la catacaustique du cercle décrite par von Tschirnhaus
dans l'article cité dans la Lettre N°. 2274, note 4. Voici cette construction telle que von
Tschirnhaus l'a formulée :
„Sit data quarta pars Quadrantis CDE describatur
Semicirculus AGE; hoc facto, ducaturlineaquaecunque,
veluti FD, parallela ad AC; tune pars DG, intercepta
intra quadrantem CDE et semicirculum AGE, secetur
bifariam in puncto H; et sic praetendit Autorquod punc-
tum hoc II sit aliquod ex infinitis, quae constituunt cur-
vam BUE a radiis rellexis formatam; ex quo sequitur,
quod focus B debeat esse in loco medio radii AC".
La courbe obtenue de cette manière possède en effet
une ressemblance superficielle avec la vraie catacaustique
du cercle dont Huygens avait montré le dessin à von
Tschirnhaus et qui n'est autre, comme on sait, que
■P- l'épicycloide générée par le roulement du cercle décrit
sur BC, comme diamètre, sur le cercle dont AB est le rayon et A le centre.
4) Il s'agit, comme on verra dans la note 10 de cette pièce, de la page 93 du livre G, la page 97
verso de la pagination générale.
5) La première entrevue entre Chr. Huygens et von Tschirnhaus eut lieu en 1 675. Consultez la
Lettre N°. 2199, note 2.
rt) Voir les pages 123 et 124 de l'édition originale, où la nature épicycloidale de la courbe est
indiquée dans le texte et même dans la figure par la présence du cercle décrit sur AC comme
diamètre.
7) C'est-à-dire la ligure de von Tschirnhaus qui, en effet, est empruntée à la „Tabula XIX" des
„Acta" de 1682.
512
CORRESPONDANCE. 169O.
meura incidit 8). Quod vel hinc patet, quod hanc ipfam curvam EHB 9), cum
haec fcriberet nondum cognoverat. Falfam enim conftruclionem hic exhibée,
quippe quae cum vera a me tradita non convenir, ut calculo examinavi in cafu
uno, cum nempe BF, FC IO) aequales ponuntur. Vid. pag. 93. lib. G.
Atque hinc colligo neque methodum generalem quam hic jaftat ") ipfi cognitam
) Il est intéressant de rapprocher de ce passage la lettre de von Tschirnhaus à Leibniz datée du
7 avril 1681 (Gerhardt, Der Briefwechsel von Leibniz, p. 414). Dans cette lettre, après
avoir mentionné sa découverte prétendue de la catacaustique du cercle, von Tschirnhaus
s'informe chez Leibniz si Huygens a trouvé quelque chose sur le même sujet. Pelletn scire,
mim talia ab aliquo Mathematicorum hactenus deteriuinata, praecipue a Dr. Hugens, cujus
Dioptrica nunc lucem forte vidit. Comme il est difficile de douter de l'assertion si positive
de Huygens qu'il avait montré à von Tschirnhaus la figure de la catacaustique, on se
demande, si c'est la mémoire ou la bonne foi qui faisait défaut à celui-ci, lorsqu'il écrivit ces
mots.
9) Voir la figure de la note 3.
10) Ces lettres se rapportent à une figure qui se trouve à la page yj du livre des Adversaria G,
que nous reproduisons ici, avec la démonstration sur la même page de la non-identité des deux
courbes.
Pour comprendre cette démonstration, il suffit de remarquer que la construction du
point E, par laquelle elle commence, est conforme à celle indiquée dans le „Traité de la
lumière", au lieu cité dans la note 6.
Arcus CD = 6o°. Arcus AD = 2 DC.
DE = i subtensae DA. E est verum punctum
curvae.
qu. GR = CD AGC. qu. GH =s CU CGB.
sed AG = oBG, quia GF = i- FA, et FB =
= i FA, unde BG = T\ AF etc.
Ergo qu. RG = 9 qu. HG.
Ergo HG = i RG. Quod si jam HR bifa-
riamsectadicaturin EeritGE = HR = |-GR.
Jungatur EF, DC quae parallelae erunt quia
DA ad AE ut CA ad AF. unde ang. AEF rec-
tus, et qu. GE = □ AGF.
ErgocZ] AGF = | qu. GR seu CD AGC. Ergo GF ad GC ut 4 ad 9 quod falsum,sunt
enim ut 3 ad 7.
') La construction manquée de la catacaustique est précédée dans l'article cité dans la note 3, par
les phrases suivantes:
„Interim quia non sufficit,siquis observaveritsaltem hinc lineascurvas"(lescatacaustiques)
„sic formari, nisi et scientifice determinetur, cujus sint naturae : Methodum exhibet Generalem
ope cujus curvae taies formatae ex intersectionibus radiorum reflexorum Geometrice possint
determinari; et ut exemplum exhibeat Methodi hujus Generalis, in specie ostendit descrip-
tionem Curvae illius, quae formatur a radiis solaribus in speculo ordinario sphaerico, hac
ratione": (suit la construction indiquée dans la note 3).
Consultez encore sur la méthode générale de von Tschirnhaus la note suivante.
CORRESPONDANCE. 169O. 5 I 3
fui (Te, cum in exemplum ejus hanc crroneam curvae defcriptionem adferat.
Neque video qua ratione, nifi circini experimento, quo deceptus fuit, in hanc
lineatn incident 1=); quo quid in geometria curpius. Scd hic norter codem
modo prorfus, in cangencibus curvarum filarium, port aliquot annos in errorem
incidit I3).
Atque ita levi verifimilitudine adductus non veretur magnifiée aïïeverarc quo-
rum nullam demonltrationcm habet, quaeque inltituto examine falfa efTedepre-
henduntur.
Caeterum cum initio anni 1690 diatribam meam de LuceedidifTem, illccontinuo
exemplar ejus naftus, (five id ipfum quod ad feriptores Aftorum Lipfienfium
miferam commendatum D°. Vegelino I4), iive etiam a typographis folia ante
editionem acceperit) animadverfa veriori deferiptione curvae hujus, eam quaii
a fe profedlam menfis Februarij aftis inferi curavit15), cum alijs ad hujufmodi
curvas fpeclantibus ; meae vero diatribae mentionem in ijfdem Aétis fieri impe-
dijt, ut puto, ufque in menfem Oétobrem I(S) ejufdem anni 1690, cum tamen
initio Januarij in lucem prodijfTet; quo nempe longius plagij fufpicionem re-
moveret.
Ait vero Bernoulium nuper invenifle hanc curvam ad fex dimenfiones afeen-
dere, quam ipfe olim calculo collegerit ciïe tantum dimenlionum quatuor, in quo
fe falfum fatetur, erroremque fuum nunc emendat; utque novo invento eum com-
I2) Les mots: quo deceptus fuit in hanc lineam inciderit manquent dans le texte d'Uylen-
broek.
Gerhardt a publié (Briefwechsel, S. 428 — 436) un manuscrit de von Tschirnbaus qui
contient la méthode par laquelle il prétend avoir trouvé l'équation fausse de la cata-
caustique et la construction (GH = HD, voir la figure de la note 3) qui s'en déduit. La
méthode générale qu'il y expose est correcte et même ingénieuse, mais il reste au moins dou-
teux si le résultat erroné auquel il arrive a été obtenu en effet, comme il le prétend, au moyen
des éliminations embarrassantes auxquelles sa méthode le conduit, ou s'il est plutôt, comme
Iluygens le suppose, l'effet d'une conjecture hasardée, dont il veut faire passer le résultat
comme ayant été obtenu par une méthode plus légitime.
I3j Allusion à la construction erronée de la tangente aux courbes à propriétés focales que von
Tschirnhaus avait exposée dans sa „Medicina Mentis". Consultez, sur cette construction et la
polémique à laquelle elle a donné lieu, la correspondance de 1687. La dernière pièce qui s'y
rapporte est notre N°. 2486.
14) Voir la Lettre N°. 2564.
15) Voir l'article: Methodm curvas determinandi, quae formaniur a radiis reflexis, quorum inci-
dentes ut par aile li considerantur, per D. T.
Dans cet article von Tschirnhaus commence par communiquer sans démonstration une
formule générale pouvant servir à calculer la distance FE entre le point de réflexion K et le
point correspondant F de la catacaustique d'une courbe quelconque, dont l'équation est
Œuvres. T. IX. 65
5H
CORRESPONDANCE. 169O.
penfet, facillimam ejus lineae conilructionem adferre fe ait I?) quae eftilla exlibro
meo neque tamen de errore fuo lectorem admonet. Vellem autem fcire quis illc
olim fuerit calculas quo quatuor dimenfiones iftas reperit, credo falfam illam
curvam A°. 1682. editam ad calculum revocavit, cum pro vera ipfam pofuiflet?
Porro et menfe Aprili anno 1690, in actis Lipfienfibus l8) rurfus de curva hac
egit, ollenditque Epicycloidem efTe, quod procul dubio quoque ex mea diatriba
hauiit, pollquam nempe vidic priorem dolum non caruifTe fucceiïu. Unde porro
ex Newtoni opère I?) planum erat hanc curvam fimilis curvae (non autem fuimet-
ip(ius) evolutione defcribi quod ante multos annos Parifijs demonftravi20) univer-
fali ratione, eaque demonftratio coram Academiae ibcijs leéta fuit et in Colleftiones
relata die
Primus autem qui de Epicycloide oltcnderit geometricas curvas elle, et fpatia
donnée. Cette formule est exacte, quoique
inutilement compliquée. Il l'applique aux
cas de l'hyperbole équilatère, du cercle et
de la conique générale pour des rayons pa-
rallèles à Taxe.
Dans celui du cercle, sa formule conduit
assez facilement à la relation FE = i -y = A
EC. Iluygens, pour trouver le même point
F, faisait l'arc EG égal au double de l'arc
ED et GF = 3 FE. Il est facile de voir que
les deux constructions reviennent au même
et que von Tschirnhaus, en élaborant sa
nouvelle méthode différente de celle men-
tionnée dans la note 12, s'est laissé inspirer
bien probablement par le résultat de Iluygens, qu'il connaissait d'avance. Aussi Iluygens,
d'après la liste de ses notes marginales, mentionnée dans la note 1 de notre N°. 2540, écrivit-il,
en haut de la page 7 2 de son exemplaire des Acta de 1600:,, Hanc conilructionem ex meo
libro de Luce fumfit".
) Voir la Lettre N°. 2623, note 1 2.
ir) Voir la page 71 de l'article cité dans la note 15.
1 8 ) Voir l'article intitulé : Curva geonietrica, quae seipsam sut' evolutione describit, aliasque insignes
proprietates obtinet, inventa a D. T.
Iy) Allusion à la propositio L, Sectio X, Liber primus des Principia : Facere ut corpus pendu /uni
oscilletur in cyc/oide data. Dans cette proposition, sur laquelle on peut consulter encore la
Lettre N°. 2465, note 5, Newton démontre que la développée d'une hypocycloïde quelconque
est une hypocycloïde semblable, et il était bien facile à prévoir que ce théorème resterait
valable pour les épicycloïdes. notamment pour la catacaustique du cercle, dont von Tschirn-
haus connaissait la nature épicycloïdale, soit qu'il l'eût reconnue, comme il le prétend dans
l'article cité, par lui même, ou bien, comme il est plus probable, par la lecture du Traité de la
lumière.
2°) En décembre 1678 et janvier 1679. Voir la Lettre N°. 2145, note 6.
irt
CORRESPONDANCE. 1690. 5 I 5
earum menfurari pofle, fuit Prefbyter quidam Normannus, noraine de Vaumefle,
cujus ca de re Iiteras aliquot ad me datas -1) adfervo.
Si antequam meus liber de Luce prodijt, errorem fuum in curva deferibenda
cognovifTet D. T. jam ante quoque ipfum correxifTet; née totis 8 annis omnium
reprehenfioni expofitum reliquiflet. An Bernoulius fortafTc eumanimadverr.it?
Sed nihil invenio in Aétis Liplienilbus quo id appareat.
Afleverare aufim D. T. nullam hactenus demonftrationem habere legitimam
deferiptionis curvarum de qua pag. 71 ::) anni 1690.
2I) Voiries Lettres Nos. 2145, 2149 et 2182.
::) Il faut lire probablement page 73. Huygens cite l'article de von Tschirnhaus, intitulé: Metho-
dus curvas determinandi, quae formantur a radiis reftexis, quorum incidentes ut paralleli con-
siderantur, per D. T.
A la page 73 de cet article on lit le passage suivant, auquel Huygens probablement fait
allusion:
Tandem notandum est, nullatenus opus esse, ut radii incidentes paralleli semper suppo-
nantur. Licet enim a quolibet puncto ad libitum assumto venire concipiantur, aut puncti loco
quaevis curva assumatur, illi tamen qui hacc, quae modo explicavi, nec non quae in Medi-
ciiui mentis de curvarum formatione dicta sunt, bene intellexerit, neque bicaqua haerebit.
Eadem via assumta refractionum mensura, determinabuntur Curvae, quae, a radiis refractis,
corpora curva pellucida transeuntibus, generantur.
Von Tschirnhaus poursuit:
Quain innumera autem opticam perficientia inventa, caque prorsus nova, hinc deduci pos-
sint, quamvis scientiae illi, hoc seculo ab ingeniosissimis viris admodum excultae, vix quid-
quam adjici posse videatur. periti harum rerum facile conjicient.
Dans la liste des notes marginales que Huygens a inscrites dans son exemplaire des Acta
Eruditorum (voir la pièce N°. 2540, note 1) on rencontre encore la suivante, écrite en
marge du passage que nous venons de citer: vellem unimi afierret.
516 CORRESPONDANCE. 1 690.
N= 2627.
G. W. Leibniz h Christiaan Huygens.
13 OCTOBRE 1690.
La lettre se trouve à Lehkn , coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbrock1') et par C. I. Gerhanll-).
Elle' est la réponse aux Nos. 2611 et 2623.
C/ir. Huygens y répondit par le No. 2633.
Mr. Pendant que je vous prépare une lettre afTés ample 3), tant pour m'acquit-
ter de mon devoir, et pour vous remercier de l'honneur que vous m'avés fait en
m'envoyant voftre excellent ouvrage, que pour profiter de vos inftructions fur
plufieurs points que vous avés touchés; voicy une troifieme lettre, qui m'arrive
aujourdhuy, et qui me fait prendre la plume d'abord pour fatisfaire par avance a
une partie de ce que je dois, et pour vous dire, qu'il y a environ deux femaines,
que le pacquet adrefTé par M. van der Heck s'eft trouvé, et m'a efté rendu enfin.
Ceux qui l'avoient receu en mon abfence, ne s'en eftant pas fouvenus a mon retour,
que lors que je l'ay fait demander.
Je conçois fort aifément, Monfieur, que vous avés une Méthode équivalente a
celle de mon calcul des différences. Car ce que j'appelle dx ou dy, vous le pouvés
defigner par quelque autre lettre, ainfi rien ne vous empêche d'exprimer les chofes
à voftre manière. Cependant je m'imagine qu'il y a certaines vues qui ne vien-
nent pas auffi aifément que par mon expreffion, et c'eft à peu près comme fi au
lieu des racines et pui (Tances on vouloit toujours fubftituer des lettres, et au lieu de
xx, ou x3, prendre m, ou », après avoir déclaré que ce doivent cftre les puiflances
de la grandeur x. Jugés Mons. combien cela embarafTeroit. Il en eft de même de
dx ou de ddx, et les différences ne font pas moins des affections.des grandeurs
jndeterminées dans leur lieux, que les puifTances font des affections d'une gran-
deur prife a part. Il me femble donc qu'il cil plus naturel de les defigner en forte
qu'elles faffent connoiftre immédiatement la grandeur dont elles font les affections.
Et cela paroift fur tout convenable, quand il y a plufieurs lettres, et plufieurs de-
grés de différences à combiner, comme il m'eft arrivé quelques fois, car il y a alors
à obferver une certaine loy d'homogènes toute particulière, et la feule vue de-
') Clir. Hugenii Excrcitationes Mathematîcae etc. Fasc. I, p. 32.
:) Leibnizens Mathematische Schriften, Bd. II, p. 49, et Briefwechsel von G. W. Leibniz,
p. 600.
3) Voir l'Appendice à cette lettre, N°. 2628
CORRESPONDANCE. 1690. 517
couvre ce qu'on ne demélerok pas fi aifement par des notes vagues, comme font
des fimples lettres. Je voy que M. Newton fe fert des minufcules pour les diffé-
rences4), mais quand on vient aux différences des différences, et au delà, comme
il peut arriver, il faudra encor changer, de forte qu'il me femblc qu'on fait mieux
de fe fervir d'une expreffion qui s'étend à tout. Cependant quand on eft accouf-
tumé à une méthode on a raifon de ne la pas changer aifement, quoyque on con-
feilleroit peut eftre à d'autres, qui n'en ont encor aucune, de fe fervir de celle qui
paroift la plus naturelle. Auflî fans quelque chofe d'approchant démon expreffion,
je ne fcay fi on s'aviferoit d'exprimer les courbes tranfcendentes comme la Cy-
cloide ou la quadratricc, par des équations entre x et y abfciffe et ordonnée, ou il
n'entre aucune inconnue que ces grandeurs ou leur affections 5). Mais peut cflrc
qu'il y a auffi quelques avantages dans voftre expreffion qui me font encor incon-
nus, et je feray ravi d'en eftre inftruit, ellant plus porté a profiter de vos lumières,
qu'à vouloir conterter avec vous.
Je croy d'avoir trouvé les deux lignes que vous m'aviés propofées dans vofire
lettre de Voorbourg. Appellant AB, x, CB, 31 et
T^^ , ,, ixxy — aax . x3y
UB devant eftre — — - ie trouve— ,— =
^aa— 2xyJ h
= b^~ J ou ixy eft F expo f an t de la gran-
Ak B ___ deur b7~). C'eft une équation tranfeendente, ou
a, /t les inconnues entrent dans l'cxpofant ; h eft une
grandeur arbitraire, qui fait varier la courbe infi-
nités fois; a eft l'unité, et le logarithme de l'unité icy eft o; et b eft une grandeur
dont le logarithme eft l'unité. J'ay parlé quelques fois dans les Actes de Leipzig
4) Newton emploie cette notation dans leLemma II, si bien connu, de la Sectio II, Liber secinulus
des Principia, où il expose le principe de sa méthode des fluxions.
5) Voir, sur ce passage, la Lettre N°. 2601.
<î) C'est ici le commencement du malentendu sur le signe de la soustangente dont nous avons parlé
dans la note 3 de la pièce N°. 2612. En effet, la solution de Leibniz, que l'on écrirait main-
-xy d '■£■ nx*'X û~ X
tenant: x3y = C. e «» ' se rapporte à l'équation différentielle: y -j-(subt.)=== a s
tandis que le problème que Huygens avait en vue aurait conduit à l'équation :
dx ix* y — a~ x
•y —r= i — — -s dont la courbe xy — a~y -f- x* = o, étudiée par Huygens dans la
ily 3a2 — 2xy . . 1
pièce citée, représente une solution particulière.
7) Les mots en italiques ont été ajoutés par Leibniz de sa propre main à la suite de l'équation
répétée en marge de la lettre, laquelle est écrite d'une autre main que celle de Leibniz.
5 I 8 CORRESPONDANCE. I 69O.
de ces équations a expofans inconnus, et quand je les puis obtenir, je les préfère à
celles qui ne fe forment que par le moyen des fommes ou différences8). Auffi
peuvent elles eftre toujours réduites aux équations différentielles, mais non pas
vice verfa. Je voudrais bien fçavoir fi les lignes que vousm'avés propofées peu-
vent avoir quelque ufage.
En confiderant voflre chiffre de la ligne de la chaîne pendante, j'y trouve quel-
que rapport à mon calcul, mais auffi quelque différence. Car au lieu de l'équation
xxyy=a* — aayy,]e voy dans mon calcul réduit à certains termes, xxyy=a* + aayy,
qui fert à arriver à la ligne de qucftion, et quoyque cette ligne foit du nombre des
tranfcendantes, je ne laiffe pas (fuppofita ejus conftruftione) d'en pouvoir don-
ner 9) non feulement les touchantes, mais encor la dimcnfion de la courbe, la fur-
face du folide de fa rotation et la dimenfion de l'efpace compris de la courbe et de
l'axe; et le calcul m'offre tout cela comme de lby même. De la manière que vous
en parlés, Monficur, je ne doute point que vous n'ayiez tout cela, et quelque chofe
de plus. Mais comme je me halte a prefent a vous repondre, je ne m'y arrefteray
pas prefentement.
Je n'ay pas non plus que vous, Monfieur, raifon d'efïre trop content de Mr. D.
T. car il m'ell arrivé plus d'une foy qu'il a oublié d'avoir vu auprès de moy des
échantillons des chofes qu'il a données par après. Je m'eflois avifé de forger des
courbes indéterminées, defignées par une exprefTion générale, comme a + bx +
+ cy + dxx -+- exy + fyy etc. = o et de déterminer par ce moyen s'il cft poffible
de trouver des quadratrices ordinaires des courbes données, c'eft à dire s'il y a
moyen de trouver une quadrature générale de la courbe donnée pour toutes
fes portions. J'en avois dit quelque chofe a M. Tfchirnhaus, et je fus furpris de
voir plufieurs années après, qu'il en parloit comme de fon invention dans les Actes
de Leipzig IO). Par malheur il pouffa fa méthode trop loin, il s'imagina de pouvoir
demonftrer par là encor les impofîibilités des quadratures particulières. Mais je
luy donnay une inftance, qui l'obligea à chercher des faux fuyans affés effranges, et
qui n'auroientpasfervi,fi j'avois voulu le pouffer JI).J'avois auffi certaines notions
R) Leibniz veut dire qu'il préfère ces Equations à celles où l'on fait entrer des intégrales, comme
dans celle qu'il avait indiquée pour la cycloïde dans sa lettre N°. 2601, et aux équations
différentielles.
9) La solution de Leibniz parut dans les Acta de juin 1691 sous le titre: De lima in quant flexile
se pondère proprio curvat, ejusque usti insigni ad inveniendas quotcunque médias proportionniez
et Logarithmes.
10 ) Il s'agit de l'article dans les Acta d'octobre 1683, cité dans la Lettre N°. 2324, note 19.
") On peut consulter sur cette polémique les articles suivants de Leibniz, insérés dans les Acta
Lruditorum, savoir: De dimensionibus figurarum inveniendisÇjsm 1684), Additioaclschedam in
CORRESPONDANCE. 1690. 519
philofophiqnes, que j'ay remarquées depuis dans fa Medicina Mentis. Considé-
rant, par exemple, autrefois la demonllration prétendue de M. Des Cartes fur
Fexiftence de Dieu, qui a elle inventée premièrement par S. Anfelme, je voyois
que l'argument ell effectivement demonflratif, quand on accorde que Dieu efl
poflible. Cela me fit remarquer, qu'on ne fcauroit fe fier fur une demonllration
lors qu'on n'etl pas afTeuré de la pofîibilité du fujet. Car s'il implique contradiction
ce qu'on demonllrera de lui, pourra élire vray et faux en mefme temps. Cela me
donna occafion de faire cette diflinction entre les définitions réelles et nominelles,
que les nominelles fe contentent de nous donner moyen de di (cerner ou recon-
noillre la chofe définie, fi elle fe rencontroit; mais les réelles doivent faire con-
noillre de plus, qu'elle ell poflible. Et je jugeay auflî que c'elloit là le moyen de
difcerner les idées vraies et faufles; ne demeurant pas d'accord du principe de M.
Des Cartes, que nous avons l'idée des chofes dont nous parlons, lors que nous nous
entendons. Sur cette reflexion, qu'il faut tacher de connoiflre les pofiibilités de
notions, Mr. D. T. a bafli une partie de fa Medicina Mentis. Je luy envoyay auffi
des remarques après la publication de fon ouvrage, où je luy fis voir, que fa règle
de déterminer les tangentes par les foyers ne pouvoit reuflir que rarement, dont
je luy donnay un exemple. Je remarquay auffi que fon dénombrement des lignes
courbes de chaque degré ne va pas bien. Je me mis à chercher une meilleure règle
pour déterminer les tangentes par les foyers et filets et je la trouvay; mais pour la
publication, j'ay elle prévenu par Mr. Facio Duillier I2), dont je ne fuis pas fort
fâché; car il me femble, qu'il a bien du mérite. Je vous diray pourtant ma ma-
nière: j'avois trouvé et demonflré ce principe gênerai, que tout mobile ayant
plufieurs directions à la fois, doit aller dans la ligne de direction du centre de
gravité commun d'autant de mobiles qu'il y a de directions, fi on s'imaginoit le
mobile unique multiplié autant de fois pour faire reuflir entièrement, et en même
temps chacune; et que la ville (Te du mobile dans cette direction compofée doit
etlre h celle du centre de gravité de la fiction, comme le nombre des directions eft
à l'unité. Cela pofé, je confideray que le llile, qui tend les filets, peut élire conçu
comme ayant autant de directions (égales en viteffe entre elles) qu'il y a de filets.
Actii proxime antecedenlh Maji pag. 233 éditant, de dimensionibus curvilinearutn (déc. 1 6tf 4\
De geometria recondita et ana/ysi indivhibilium atque infinitorutn (juin 1686), la réponse de
von Tschirnhaus, contenue dans l'article: Additamentum ad methodutn quadrandi curvilineas
figuras, tint earutn impossibilitatem demomtrandi per finitam seriem (sept. 1687), et la corres-
pondance privée de Leibniz et von Tschirnhaus de l'année [683 (Gerhardt, Briefwechsel,
P- 453— 475)-
,2) Voir la pièce N°. 2460.
520 CORRESPONDANCE. IÔQO.
Car comme il les tire il en eil tiré. Ainfi fa direction compofée, qui doit eitre dans
la perpendiculaire à la courbe, pafTe par le centre de gravité d'autant de points,
qu'il y a de filets; qui font les interf celions d'un cercle (décrit du point de la
courbe) avec les filets. Mais il ert temps de finir, et de me dire, comme je le puis
et dois, avec toute la fincerité et toute la reconnaifiance poflible
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiffant feruiteur
Leibniz.
P. S. Ne continuerés vous pas, Monfieur, de nous donner quelque chofe de
temps en temps du grand nombre des belles penfées que vous avés? Ne fait on
pas quelques découvertes en Hollande ou en Angleterre? Mon s. Hudde ne fonge-
t-il plus aux feienecs? Mons. Arnaud I3) cft il en Hollande?
a Hanover ce -3- d'octobre io"oo.
13
'') Antoine Arnauld, le célèbre janséniste. Il se trouvait alors à Bruxelles, où il mourut à l'âge de
quatre-vingt trois ans, le 8 août 1604.
CORRESPONDANCE. 1690. 52 1
N= 2628.
G. W. Leibniz h Christiaan Hoygens.
octobre 1690.
Appendice au No. \6iy.
La minute se trouve à Hannover, Bibliothèque royale.
Elle a été publiée tiar C. I. Gerhard ').
Hannovre 1 690.
Je fuis bien marri de n'avoir fçeu la nouvelle obligation que je vous avois après
tant d'anciennes, que par votre lettre de Voorbourg du 24 d'Aouft :), je me fuis
d'abord informé où pouvoit eftre devenu voitre paquet, et enfin on me l'a apporté
il y a quelques femaines; je vous en dois remercier de toutes les manières. Vos
prefens me font précieux, et je puis dire, que celuy que vous me fiftes a Paris de
vôtre excellent ouvrage fur les pendules a efté un des plus grands motifs des pro-
grés que j'aye peuteitre faits depuis dans ces fortes de feiences3). Carm'effor-
çant de vouloir entendre des penfées qui pafïbient de beaucoup les connoifïances
que j'avois alors en ces matières, je m'eftois enfin mis en eftat de vous imiter en
quelque chofe. Apres cela vous pouvés juger quel ellat je dois faire de ce qui vient
de vortre part, puifque cela me porte toufjours des lumières. Et rien n'en avoit
plus befoin que la lumière même. Quand vôtre traité fur ce fujet ne me feroit venu
que par les voyes ordinaires des libraires, je ne l'aurois pas moins confideré comme
une grâce que vous m'auriés faite, le bien que vous avés fait a tous, touchant plus
particulièrement ceux qui en peuvent profiter d'avantage par le goult qu'ils pren-
nent à la matière. Maintenant que vous m'envoyés vous mêmes 4) vôtre ouvrage
fi attendu depuis tant d'années, cette diftinclion favorable m'oblige encorplus
étroitement, et me fait joindre la reconnoiïïance que je vous en dois, a celle qui
m'efi: commune avec tout le genre humain, dont vous augmentés le véritable thre-
for par vos découvertes importantes, quoyque le nombre de ceux qui en puiflent
connoiftre le prix foit médiocre. Je me fçay bon gré d'en eflre: ille fe profecijfe
feiat, cul ifîa valde placuerint. Si j'avois l'âge et le loifir du temps de mon fejour
*) Leibnizens' Mathematische Schriften, Bd. VI, p. 187, et Briefwechsel von G. W. Leibniz,
p. 606.
La lettre n'a jamais été envoyée, mais elle peut être considérée comme une réponse à la
Lettre N°. 2561. Selon Gerliardt, les manuscrits de Leibniz contiennent plusieurs autres
projets, différents de celui que nous reproduisons.
2) Voir la Lettre N°. 261 1.
3) Consultez la Lettre N°. 191 9, note 12.
4) Voir la Lettre N°. 2561, note 4.
Œuvres. T. IX. 66
522 CORRESPONDANCE. 1 690.
à Paris, j'efpererois qu'il me pourroit fervir en Phyfique comme vôtre premier
prefenc me fit avancer en Géométrie. Mais je fuis diftrait par des occupations bien
différentes qui femblent me demander tout entier. Et ce n'crt que par échappades
que je puis m'en écarter quelques fois, cependant le plaifir et l'utilité qu'il y a h
communiquer avec vous me fait profiter de l'occafion. J'ay lu vôtre ouvrage avec
la plus grande avidité du monde 5); je l'avois fait chercher à Hambourg il y a déjà
quelques mois, mais on me manda, que quelque peu d'exemplaires qui y ertoient
venus eftoienr. déjà difparus.
L'ufage que vous faites des ondes pour expliquer les effedts de la lumière m'a
furpris, et rien n'eft plus heureux que cette facilité, avec laquelle cette ligne qui
touche toutes les ondes particulières et compofe l'onde générale fatisfait aux loix
de reflexion et de réfraction connues par l'expérience. Mais quand j'ai vu que la
fuppofition des ondes fpheroidales vous fert avec la même facilité à refoudre les
phénomènes de la refraélion difdiaclaflique du éditai d'Iflande, j'ay pafïé de
l'eftime à l'admiration. Le bon Père Pardies 6) parloit auffi d'ondes, mais il eiloit
bien éloigné de ces confiderations comme vous avés remarqué vous même p. 18.
où vous dites qu'on le pourra voir fi fon écrit a efté confervé. Mais fans chercher
cet écrit on le pourra juger par un petit livre de dioptrique du Père Ango7)
5) Voici encore comment Leibniz s'est exprimé sur le Traité de la lumière et le Discours de la
Pesanteur dans une lettre à Magliabecchi, conseiller et bibliothécaire du grand-duc de Toscane,
datée d'octobre 26,1690: (Dutens, Gotfridi Guilelmi Leibnitii Opéra Omnia, T. V, p. 89). A
celeberrimo Hugeuio donatum accepi exemplar novi, planeque excellentis operis de Lutnine,
quo mihi videtur Cartesii lumina prorsus extinxisse in hoc argumente Pulcherrimé enim ex-
plicuit veras Ilefractionis causas, legesque. In praefatione pariter ut in cursu operis, quorun-
dam inventorum meorum, pro sua humanitate, meminit, quod et Newtonuskcxt in suo Prin-
cipiorum Naturae Mathematkorum praestantissimo volumine: itaquanto quisque estdoctrina
excellentior, tanto plus sinceritatis, atque humanitatis ostendit."
Remarquons qu'en réalité le nom de Leibniz n'est mentionné dans l'ouvrage de Iluygens
qu'une seule fois, savoir dans la préface du Traité de la lumière à l'égard „du problème de la
figure des verres pour assembler les rayons, lorsqu'une des surfaces est donnée" (Consultez
à ce sujet l'article de Leibniz cité dans la note 9 de la lettre N°. 2561).
6) Sur Ignace Gaston Pardies, voir la Lettre N°. 1 327, note 4.
Déjà en 1672, dans sa seconde lettre à Newton, citée dans la note 5 de notre N°. 1905,
Pardies s'était exprimé sur une théorie ondulatoire de la lumière dans les termes suivants:
„Item in ea Hypothesi, qua lumen ponitur progredi per certas quasdam materiae subtilis
Undulationes, ut explicat subtilissimus J Iookius, possunt explicari colores per quandam difru-
sionem radiorum ultra foramen ipso contagio ipsaque materiae continuatione. Certe ego
talem adhibeo hypothesin in Dmertatiom de motu undulatorio quae est sexta pars meorum
Mechanicorum."
") Pierre Ango, jésuite, professeur de mathématique à Caen. II ne paraît être connu que par son
ouvrage: L'optique Divisée en trois Livres, où l'on démontre tout ce qui regarde, 1. la propa-
gation & les proprietez de la lumière, 2. La vision, 3. La ligure & la disposition des verres,
par le P. P. Ango de la compagnie de Jésus. Paris, chez Estienne Michallet. 1682.111-12°.
CORRESPONDANCE. 1690. 523
Jefuite, qui avoue d'avoir eu les papiers du P. Pardies entre les mains, et d'en
avoir puifé la considération des ondes. Mais lors qu'il prétend d'en tirer la règle
des finus pour la refraction (car c'ertoit là, où je l'attcndois), il fe trompe fort, ou
plultoll il fe mocque de nous en forgeant une demonrtration apparente qui fuppofe
adroitement ce qui efl: en queftion. Je voudrois que vous eufliés voulu nous donner
au moins vos conjectures fur les couleurs et je voudrois fçavoir auffi quelle efl:
vôtre penfée de l'attraction que M. Newton reconnoift après le P. Grimaldi 8)
dans la lumière à la p. 231 de fes Principes 9), item quelles font les expériences
nouvelles fur les couleurs que M. Newton vous a communiquées, fi vous trouvés
à propos d'en faire part. Le cryflal d'Iflande n'a-t-il rien fourni de particulier
fur les couleurs?
Apres avoir bien confideré le livre de M. Newton que j'ay vu a Rome pour la
première fois, j'ay admiré comme de raifon quantité de belles chofes qu'il y donne.
Cependant je ne comprends pas comment il conçoit la pefanteur, ou attraction. Il
femble que félon luy ce n'ert qu'une certaine vertu incorporelle et inexplicable,
au lieu que vous l'expliqués très plaulîblement par les loix delamecanique.Quand
je faifois mes raifonnemens fur la Circulation harmonique IO), c'efl a dire, réci-
proque aux diftances, qui me faifoit rencontrer la règle de Kepler (du temspro-
portionel aux aires), je voyois ce privilège excellent de cette efpece de circulation :
qu'elle efl: feule capable de fe conferver dans un milieu qui circule de même, et
d'accorder enfcmble durablement le mouvement du folide et du fluide ambiant.
Et c'eftoit là la raifon Phyfique que je pretendois donner un jour de cette circu-
lation, les corps y ayant eflé déterminés pour mieux s'accorder enfemble. Caria
circulation harmonique feule a cela de propre que le corps qui circule ainfi, garde
precifement la force de fa direction ou impreffion précédente tout comme s'il eftoit
mû dans le vuide par la feule impetuofité jointe à la pefanteur. Et le même corps
ainTi efl: mû dans l'ether comme s'il y nageoit tranquillement fans avoir aucune
impetuofité propre, ny aucun refte des imprefllons précédentes, et ne faifoit
qu'obeïr abfolument à l'ether qui l'environne, quant à la circulation (le mouve-
") Voir la Lettre N°. 568, note 8. Grimaldi décrivit la première expérience sur la diffraction
dans son ouvrage :
Physico-MathesisdeLuminc,Coloribuset Iride, aliisqucadnexis, LibriIJ,Opus pothumum.
Bononiae, 1666. in-40.
9) Newton conclut de l'expérience de Grimaldi que la lumière, passant près du bord d'un
corps, souffre une attraction qui courbe sa trajectoire et que, par conséquent aussi, la réfrac-
tion d'un rayon de lumière par un corps diaphane commence déjà à quelque distance au dehors
de la surface réfringente.
10) Voir la Lettre N°. 2561, note 8.
524 CORRESPONDANCE. 1690.
ment paracentrique mis à part), car comme j'avois monftré dans les Actes de
Leipzig, p. 89 au mois de Février 1689, la circulation DjM2 ou DaM3 X1)
eftant harmonique, et M3L parallèle a 0M2, rencontrant la direction précé-
dente MIMa prolonguée en L, alors IV^M" efl: égale à M aL (ou àGM, I2)
le graveur a oublié la lettre G entre T2 et M„ marquée dans ma defeription) et
par confequent la direction nouvelle MaM3 efl: compofée tant de la direction
précédente M2L jointe à l'impreflion nouvelle de la pefanteur, c'efl: à dire à
LM3 , que de la vélocité de circuler de l'ether ambiant DjMj'3) en progreflion
harmonique jointe à la vélocité paracentrique déjà acquife MJ^ I4) en progref-
iion quelconque. Mais quelque autre circulation qu'on fuppofe hors l'harmonique,
le corps gardant l'impreflion précédente M2L ne pourra pas obferver la loy de la
circulation D1M2 que le tourbillon ou l'ether ambiant luy voudra preferire, ce
qui fera naître un mouvement compofé de ces deux impreflions. C'elt pourquoy
les corps circulans tant liquides que folidcs après bien des combats et conteftations
ont efté enfin réduits à cette feule efpece, où ils s'accordent avec ceux qui les
environnent, et où chacun ne va que comme feul ou comme dans le vuide. Cepen-
dant je ne m'eftois pas avifé de rejetter avec M. Newton l'action de l'ether envi-
ronnant. Et encor à prefent je ne fuis pas encor bien perfuadé qu'il foit fuperflu.
Car bien que M. Newton fatisfafle quand on ne coniidere qu'une feule planète
ou fatellite, neantmoins il ne fçauroit rendre raifon par la feule trajection jointe
à la pefanteur, pour quoy toutes les planètes d'un même fyfteme vont à peu près
le même chemin et dans le même fens. C'eft ce que nous ne remarquons pas feu-
lement dans les planètes du foleil, mais encor dans celles de Jupiter et dans celles
de Saturne. C'efl: une marque bien évidente, qu'il y a quelque raifon commune
qui les y a déterminées, et quelle autre raifon pourroit-on apporter plus probable-
ment, que celle d'une efpece de tourbillon ou matière commune, qui les emporte?
Car de recourir à la difpofition de l'auteur de la nature, cela n'eft pas afles philo-
fophique, quand il y a moyen d'afligner des caufes prochaines; et il efl: encor moins
raifonnablc d'attribuer à un hazard heureux cet accord des planètes d'un même
fyfteme, qui fe trouve dans tous ces trois fyllemes, c'efl: a dire dans tous ceux qui
nous font connus. Il m'étonne aufli que M. Newton n'a pas fongé à rendre quelque
raifon de la loy de lapcfanteur,où le mouvement Elliptique m'avoit aufli mené.Vous
!I) Voir la figure de la note 8 de la Lettre N°. 2561, qui représente la partie essentielle de la
ligure des Acta, augmentée de la ligne M;; G omise par le graveur.
I2) Lisez GMn. En effet, l'article cité dans la lettre N°. 2561, note 8, contient à la page 89, au
N°. 15, la preuve de l'égalité des lignes M, M2 et GM3.
"■>) Lisez :D2M3.
^j Lisez :M2D3.
CORRESPONDANCE. 1690. 525
dites fore bien, Monfieur, pag. 161 I5) qu'elle mérite qu'on en cherche là raifon.
Je feray bien aile d'avoir vôtre jugement fur ce que j'avois penfé ià deflus, et que
j'avois gardé pour une autre fois, quand j'avois donné mes premières peu fées dans
les Actes comme j'ay déclaré fur la fin. En voicy deux voyes, vous jugerés laquelle
vous femblc préférable, et fi on les peut concilier: concevant donc la pc fauteur
comme une force attractive qui a ces rayons à la façon de la lumière, il arrive que
cette attraction garde precifement la même proportion que l'illumination. Car il
a efté demonftré par d'autres que les illuminations des objets font en raifon réci-
proque doublée des diftances du point lumineux, d'autant que les illuminations en
chaque endroit des furfaces fpheriques font en raifon réciproque des dites furfaces
fpheriques par lefquelles la même quantité de lumière paffe. Or les furfaces fphe-
riques font comme les quarrés des diftances. Vous jugerés, Monfieur, fi on pour-
roi t concevoir, que ces rayons viennent de l'effort de la matière qui tache de
s'éloigner du centre. J'ay penfé encor à une autre façon qui ne reuffit pas moins,
et qui femble avoir plus de rapport à vôtre explication de la pefanteurpar la force
centrifuge de la circulation de l'ether, qui m'a toufjours parue fort plaufible.Je me
fers d'une hypothefe qui me paroift fort raifonable. C'eft qu'il y a la même quan-
tité de puiflànce dans chaque orbite ou circonférence circulaire concentrique de
cette matière circulante; ce qui fait auffi qu'elles fe contrebalancent mieux et
que chaque orbe conferve la fienne. Or j'eftime la puifiance ou force par la quan-
tité de l'effect, par exemple la force d'élever une livre a un pied cil le quart de la
force capable d'élever une livre à quatre pieds, à quoy on n'a befoin que du double
de la vifteffe; d'où il s'enfuit que les forces abfolucs font comme les quarrés des
viftefies. Prenons donc par exemple deux orbes ou circonférences concentriques;
comme les circonférences font proportionelles aux rayons ou diftances du centre,
les quantités des matières de chaque orbe fluide le font aufii; or fi les puifîances de
deux orbes font égales, il faut que les quarrés de leur vélocités foyent réciproques
à leur matières, et par confequent aux diftances; ou bien les vélocités des orbes
feront en raifon réciproque foubfdoubléc des diftances du centre. D'où fuivent
deux corollaires importans, tous deux vérifiés par les obfervations. Le premier
eft, que les quarrés des temps périodiques font comme les cubes des diftances. Car
les temps périodiques font en raifon compofée de la directe des orbes ou diftances
et de la réciproque des vélocités; et les vélocités font en raifon foubfdoubléc des
diftances; donc les temps périodiques font en raifon compofée de la fimple des
'5) Lisez: 160. II s'agit du passage suivant: „Je n'avois pas pensé non plus à cette diminution
réglée de la pesanteur, sçavoir qu'elle estoit en raison réciproque des quarrez des distances du
centre: qui est une nouvelle & fort remarquable propriété de la pesanteur, dont il vaut bien
la peine de chercher la raison."
526 CORRESPONDANCE. 1690.
diftances et de la foubfdoublée des diftances; c'eft à dire les quarrés des temps
périodiques font comme les cubes des diltances. Et c'eft juftement ce que Kepler
a obfervé dans les planètes du foleil, et ce que les découvertes des fatellites de
Jupiter et de Saturne ont confirmé merveilleufement, fuivant ce que j'avois vu
remarqué par M. Caflini. L'autre Corollaire eftceluy dont nous avons befoin pour
la pefanteur, fçavoir que les tcndences centrifuges font en raifon doublée réci-
proque des diltances. Car les tendences centrifuges des circulations font en raifon
compofée de la directe des quarrés des vélocités et de la réciproque des rayons ou
diltances. Or icy les quarrés des vélocités font aulfi en raifon réciproque desdiftan-
ces, donc les tendences centrifuges font en raifon réciproque doublée des diftances
juftement comme les pefanteurs doivent eltre. Voila à peu près ce que j'avois
refervé à un autre difcours ,<s), lorfquc je donnois mes eiïais au public, mais il y a
de l'avantage a vous faire part des penfées qu'on a, puifque c'eft le moyen de les
rectifier. C'eit pourquoy je vous fupplie de me faire part de votre jugement la
deffus. Après ces heureux accords vous ne vous étonnerés peuteltre pas, Mon-
iteur, fi j'ay quelque penchant à retenir les tourbillons et peuteltre ne font-ils pas
fi coupables, que M. Newton les fait. Et de la manière que je les conçois, les tra-
jeclions mêmes fervent à confirmer les orbes fluides deferans. Vous dires peuteltre
d'abord, Monfieur que l'hypothefe de quarrés desviiteïïes réciproques aux diltan-
ces ne s'accorde pas avec la circulation harmonique. Mais la réponfe elt aiféc: la
circulation harmonique fe rencontre dans chaque corps à part, comparant les
diltances différentes qu'il a, mais la circulation harmonique en puiffance (où les
quarrés des vélocités font réciproques aux diltances) fe rencontre en comparant
des differens corps, foit qu'ils décrivent une ligne circulaire, ou qu'on prenne leur
moyen mouvement (ceft à dire le refultat équivalent en abrégé au compofé des
mouvemens dans les diltances différentes) pour l'orbe circulaire qu'ils décrivent.
Cependant je diltingue l'ether qui fait la pefanteur (et peuteltre auffi la direction
ou le parallelifme des axes) de celuy qui défère les planètes, qui eft bien plus
groftier.
Je ne fuis pas encor tout à fait content des loix Elaltiques qu'on donne, car il
femblc que l'expérience ne s'accorde pas affés avec la règle, que les extenfions
des cordes (par exemple) font comme les forces qui les tendent. Celt pourquoy
j'en defire fçavoir vôtre fentiment. Quant à la refittence du milieu je crois d'avoir
ir>) Ce discours n'a jamais paru. La pièce manuscrite intitulée : Tentamen tic physicis motuurfl coe-
lestium ràtionibus, dans laquelle Gerhardt croyait reconnaître ce discours et qu'il publia pour
cette raison comme Appendice à cette lettre (Briefwechsel, p. 61 1), ne reproduit aucunement
les raisonnements que Leibniz avance dans cette partie de sa lettre. En effet, loin de constituer
le discours en question, elle ne fait que l'annoncer dans la phrase finale: „Caeterashorum mo-
tuum . . . rationes . . . alias uberius exponemus".
CORRESPONDANCE. 1690. 527
remarqué que les théorèmes de M. Newton I:) au moins quelques uns que j'àvois
examinés s'accordoient avec les miens lS). Ce qu'il appelle la reiîirencc en raifon
doublée des vélocités (en cas des temps égaux) n'eft autre que celle, que j'appelle
la refiftence refpcctive, qui m'ell en raifon compofée des vélocités et des elcmens
de l'efpace, fans confiderer fi les temps font pris égaux ou non, de forte que je
crois que je ne me fuis point éloigné encor de ce que vous en avés donné; mais il
me faudrait du temps pour y méditer.
N° 2629.
W. van Lith à Christiaan Huygens.
\6 OCTOBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Wel Geb. Heer
Na dat foo hier als te hoof aile behoorlijcke folemnitijten waeren gepleeght,
hebbe ick voorleden maendagh de ftucken vaut procès ') na ftijl, aen denWel Ed.
hoove van Gelderlant overgefonden, daer op de heer Advocaet Johan Op ten Oort
die voor defen over het jncidenteel procès d'heeren ooek heeft gedient fchrijft dat
hij de Citatie aen partijen binnen den geprefigeerden termijn fal beforgen oui
daer mede de faeck in ftaet van wijfe te brengen, hoopende op eenen goeden
uijtflag, en dat feer nodigh fonde wefen dat den Wel Geb: Heer van Zuylichem
eenige brieven van recommandatie tôt acceleratie van d. expeditie ten hooghile
nodigh fijn, en op dat fulex op fijn pas mochte gefehieden ben ick jn fecretefib met
d'heer Griffier Johan van Eck 2), die foo ick gelooff d'heer van Zuijlichem wel
fal kennen, tôt Arnhem lijnde, afgefproocken, mijn te fullen waerfchouwen als
Ir) Voir la Lettre N°. 2561, note 7.
l8) Consultez la Lettre N°. 2561, note 6 et la Lettre N°. 2632.
') Voir la Lettre N°. 2631, note 2.
2) Johan van Eck, substitut du greffier de la Cour de Gueldre depuis le 6 septembre ifïXn~. Il fut
nommé greffier le 18 mai 1693, et mourut en 1706.
528 CORRESPONDANCE. 169O.
het tijt is, om de Expeditie te bevorderen die daer en boven foo mondelingh als
gifteren met eenen brief mijn heeft belooft jn defe faeck ailes te fullen doen, wat
men van een eerlijck man foude konnen vorderen en dat ick U: welgeb:al
t'famen daer van foude konnen verfeecken, te meer om dat ick fijn Ed : een kort
fommier van de faeck hebbende verhaelt, oordcelde niet duijlterlijck,datonsdoor
het Geright van Zuylichem ongelijck was gedaen, waer mede afbreeke en u wel
Geb : al t'fame bevolen hebbende jn de hoede des aller hoogfte blijve
Wel Geb: Heer
u WelGeb: verpl: Dienaer
W: V: Lith.
Bommel den i6ocr,b. 1690.
N= 2630.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
l8 OCTOBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiilen, coll. Huygens.
Elle est la réponse à une lettre du 13 octobre, que nous ne connaissons pas').
Erentfeile en wijfe hr.
Mijn Heer
Uijt uE. a: Laarte fchrijvens van den 13 defer, heb ik geiien, de manière om
de flauwe gangh van B wegh te nemen en daarvan het pendulum zoo ver te doen
doorflaan als die van A, gelijck ik nu achtervolgens de fccondewijferheb een keer
achterwaarts ontfloten, waardoor d°. pendulum 00k alzoo ver doorflaat, als d°. A;
maar als de ontfluijtingh gefehiede, en de minuutwijfer voortgingh. zoo hoorde
geen clank in de ontfluijtingh, 't welck mij vreemt voortquam, duurende dit foo
langh als het horologie outrent 3 uuren hadde gegaan (de kettingh van het begin
gehecl op de fnick gewonden geweefl: fijnde) darom, als het gefehieden, dat
uE. a : cens de reijs hier na toc nam, wel van noden was, onfe woonplaats mede
aan te doen, om het manequement daar van te fuppleren en met een dan te fien de
') Voir la note a de la Lettre N°. 1621.
CORRESPONDANCE. 169O. 529
/
wijfe en manière om de horologies uijt en in malkandere te nemen; fullende
daardoor de fchroom, die ik hebbe oramer eenigh ongemak aan te brengen, geheel
verdwijnen.
Wel is waar dat de Rethour fchepen op 4 na behouden zijn gearriveert, maar
als 2 comp.s cruijfers (Java en Sylvefteijn) die haar geconvoijecrt hebben,
wederom op defe noch achter blijvende fchepen gemandeerd wierden te cruyfTen,
zoo kan ik uE. a: van de ftand der aanllaande befendingh van fchepen niets naders
communiceren; doch alfoo ditto cruyfers nu weder contramande hebben ontfan-
gen, en de Timmermans Baas na Texel gefonden is, om te fien of fe fonder daar
van daan te komen connen wat gerepareert worden, zoo twijffel ik niet of defe
fullen op fljn fpoedigite afgevaardight worden ende de reys ondernemen; noch-
tans weet ik niet, wanneer de E: Comp.ie mij fal gelieven aan te nemen en een
horologiemaker, hoe wel er maar bequame tijt ooghfchijnlijck overigh is, omfe
met een van defe twee fchepen te verfenden, daar en boven laat het fich aanfien
als of er van defe toekomende winter geen fchepen meer fullen gaan, en betuij-
gende nochtans mijn goede intentie, en niet anders wenfchende als 11 E : achtb. te
betonen dat ik eer met er daat als met woorden, ben
uE : geftr: feer onderdanigen dienaar
Jan de Graaff.
Aclum Amitelodami
Den 18 oélob.
Aan de Ed.le Chris. Huijgens
Heer van Zelhem
tôt Voorburgh.
Œuvres. T. IX. 67
530 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2631.
Christiaan IIuygens à Constantyn Huygens, frère.
Ier novembre 1690.
La kl ire se trouve à Leiden, coll. IIuygens.
Const. Hùygem y répçndU par le Nu. 2635.
Hofwijck ce 1 nov. 90.
Puis qu'on nous afîure que devant la fin de ce mois le Roy fera en ce païs,je me
ferois prefque pafîe de vous efcfire la prefente, toutefois parce que des accidents
impourvus font quelque fois changer les refolutions les plus fermement prifes, a
fin de ne rien hafarder dans une affaire, dont je fuis oblige d'avoir foin pour le
bien de la famille, je n'ay pas voulu manquer de vous envoier la lettre cy jointe du
Sr. van Lith *), qui vous fera voir ou nous en fournies avec ce vilain procès contre
Schoock 2)? que nous avions perdu a la Banque deZuylichcm, et dont on a appelle
a la Cour de Gueldre, comme je crois que mad.e volîxe femme vous aura fait
fçavoir. Noftrc procureur et l'avocat Op ten Oort, comme vous vôiez, demandent
quelques lettres de vous a meilleurs nos juges, et je ne doute pas qu'elles ne foient
très necefïaires, a moins que nous ne veuillons nous laiffer condamner. J'efcris
cependant a van Lith qu'il ne pou (Te point cette affaire, mais qu'il tafche de la
faire delaier en attendant voitre arrivée en Hollande,, et i\ vous elles fort feur de
l) La Lettre N°. 2629.
") Johannes Schoock, ministre protestant à Opijnen, se disait détenteur, depuis le 20 mars 1682,
d'une obligation, par laquelle Corsten Pollen à Zuylichem s'était engagé à payer une rente
annuelle de 156 llorins et 5 sous, rachetable au prix de 2500 florins. L'obligation avait été
contractée, le 7 mai 1^46, avec Constantyn Huygens, père; celui-ci l'avait cédée à Gode-
fridus Buschman, ministre protestant à Driel. La veuve de ce dernier l'aurait transférée
sur Schoock. Comme garantie de la dette de Pellen, Constantyn IIuygens avait obtenu droit
d'hypothèque sur deux arpents de verger et champs de houblon sous Zuylichem. Or, il se
trouva que ces champs avaient été engagés antérieurement, en 1643, comme garantie d'une
dette en laveur de la veuve de Hendrick Cuysten, laquelle parvint à prendre possession des
deux arpents de terre. Schoock, probablement sur l'instigation de Jan van Genderen (voir la
Lettre N°. 920, note 7), depuis quelque temps en mauvais termes avec la famille IIuygens
(voir les Lettres Nos. 1437 et 1442), intenta un procès en dommage et intérêts contre les
héritiers IIuygens. Ceux-ci prétendirent que le transfert de l'obligation sur Schoock n'avait
été que fictif, dans le seul but de pouvoir les attaquer. Le tribunal de Zuylichem avait
condamné, le 14 juin 1690, les héritiers IIuygens a payer au demandeur la somme de 2500
florins. La cause fut portée en appel devant la Cour de Gueldre, laquelle, par sentence du
9 décembre 1691, décida que le tribunal de Zuylichem avait „mal jugé" et débouta Schoock
de sa demande.
Nous devons ces renseignements à M. J. F. Bijleveld, archiviste de l'Etat dans la province
de Gueldre.
CORRESPONDANCE. 1690.
devoir venir bientoft, ces lettres de recommandation pourroient eftre différées
jufques là, mais a moins de cela, je vous prie de ne rien négliger. Il Comble que ce
mr. van Eck nous eft bien affectionné, et qii'il a quelque pouvoir. C'eft pourquoy il
Ceroit bon de s'adrefler a luy pour le prier de continuer dans cette bonne volonté.
Vous verrez qui font les autres dont vous puifliez requérir la faveur, et leur
pourrez mander hardiment que ces beaux juges de Bommel nous ont lait la plus
haute injuftice qu'on puifïè s'imaginer, en huilant Schoock dans la pofleflîon du
bien hypothèque, et nous condamnant pourtant de paier tout ce a quoy il preten-
doit que Mon Père s'elt oblige.
Il y a fort longtemps que nous n'avons en de lettres de là par le vent contraire
au retour des pacquetboot, qu'on dit eftre tous du collé de deçà. Mais depuis deux
jours le vent cil à l'Eft, de forte qu'ils feront parti (ans doute. L'on Couhaitc fort
d'aprendre s'il ell vray que Mr. d'Oye 3) a quitè le ferviceet quelle en peut eltre
la caufe.
Vous voiez peut élire quelque fois monsr. Juftel, car pendant l'abCencc du Roy
vous aurez eu tout loifir de cultiver cette connoiflance. Je vous prie, de luy dire
qu'une lettre4) par la quelle il me recommandoit un de Ces amis m'a elle rendue cet
eftè pafle, mais que celuy pour qui il l'avoit eferite n'a point paru. Je quitc demain
ma demeure de campagne pour me retirer a la Haye dans mes chambres garnies
comme je fis l'hyvcr paffè. J'auray bien de la joyc de vous y voir et de plarfir de
vous entendre raconter tout ce que vous avez vu dans l'Expédition d'Irlande.
Cette lettre eftant demeurée a la Haye jufqu'aujourdhuy 3 Nov. j'y adjoute la
nouvelle de ce qui vient d'arriver au Voorhout où le Gefchuthuys5) vient d'élire
ruiné par quelque quantité de poudre ou le feu s'eil mis. On dit que ce n'a eftè
que deux tonneaux pleins de grenades chargées, telles qu'on jette a la main;
cependant cela a fait un Curieux coup, et a enlevé les toits et les vitres de plufieurs
maifons voifines, et entre autres chez le frère de S. Annelandt, ou l'on n'a pas eftè
peu alarme. Plufieurs performes ont eftè bleffees et plus que les autres un nommé
van der Smalen frère de mon Procureur, qui devoit ofter la poudre de ces grena-
des, et qui eft caufe du malheur par Cou imprudence. J'eftois icy au Noordende
dans ma chambre ou je ne feavois ce que je devois juger lors que le coup Ce fit
entendre, car ce fut un bruit qui continua quelque temps, de forte que je m'ima-
ginay que quelque maiCon tomboit dans le voifinage. Tout le peuple a elle dans la
rue et y eft encore en partie. J'ay elle au cabinet de ma foeur de St. Annelant
ou les vitres font calfees, mais rien du tout de Ces porcelaines. On a lait Caigner
mad.e d'Oye et fa Coeur a qui le feu a enfoncé les vitres pendant qu'elle Ce coifibit.
1 1 attheus I loeufït ; voir la Lettre N°. 2 1 59, note 1 7.
4) La Lettre N°. 25^3. . s) Dépôt de canons.
53^ CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2632.
G. W. Leibniz à Christiaan Huygens.
[novembre] 1690.
La lettre se trouve à Leiileu, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek l) et par C. J. Gerhardt 2).
La lettre fait suite au No. a6ij.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2633.
Monsieur
Vous aures receu la lettre que je me fuis donné l'honneur de vous écrire, et ou
je reponds touchant les lignes que vous me propofés a chercher par ma méthode; et
touchant la Ligne de la corde pendante. Je n'ay pas encore mis au net une lettre
plus longue 3), ou je mets mes penfées fur le mouuement des planètes. Cependant
vous l'aurés auflltoft que je pourray m'y attacher aiïez pour cet effeét, et j'en
efpere alors voftre jugement. Cependant je crois que par ce peu que j'auois dit de
la chaîne pendante, vous jugerés fi je me fuis rencontré avec vous fans qu'il faille
d'autre chiffre, et j'en efpere des nouuelles quand voftre commodité le permettra.
Il m'eft venu dans l'efprit cependant, que l'équation que j'auois donnée pour
voftre courbe, pourrait embarafTer, n'eftant pas aifé de juger, fi elle peut fatif-
faire a voftre demande, puifqu'on n'a pas encor donné moyen de trouuer les tan-
gentes par des équations où l'expofant eft inconnu. Et quoyquc je n'aye pas encor
communiqué à d'autres la méthode dont je me fers pour cet effecl, je ne laiffe pas
de vous en envoyer icy un échantillon par le quel vous la connoiftrés affés.
Soit donc x l'abfcifTe et 3; l'ordonnée de la courbe, et l'équation, comme je vous
ay dit, — 7^- ■= u'^- • Je deligneray le logarithme de x par log. x, et nous aurons
3 log. x + log. y — log. h = 2 x y, fuppofant que le log. de l'unité foit o, et le
dx dv
log. b ■=. 1. Donc par la quadrature de l'hyperbole nous aurons 3/ — + ('--- —
x y
log. h = ixy, dont l'equation différentielle fera ^— + — = ixdy + zydx, ou
x y
bien ^ydx -+- xdy = 2xx ydy + ixyydx, et par confequent dx fera à dy, ou bien
DB h y (félon la figure de la lettre précédente) comme 2xxy — #eftà zy — ixyy,
c'eft a dire DB fera — — - comme vous le demandiés, a eftant l'unité.
^aa — ixy
') Chr. Hugenii Exercitationcs Matliematicae etc. Fasc. I, p. 36.
2) Leibnizens Mathematische Schriften, Bd. II, p. 53, et Briefwechsel, p. 604.
3) Il s'agit de la pièce N°. 2628, qui n'a jamais été envoyée à Huygens.
CORRESPONDANCE. 169O. 533
Je croy, Monfieur, que vous trouvères ce calcul nouveau, et de confequence.
L'analyfe Tranfcendente feroit portée à (a perfection fi on la pouuoit toufjours
réduire à de telles équations. Les équations différentielles font un acheminement
pour cet effect. J'ay beaucoup médité fur ce qu'il y a a faire la dcfTus, et 1! fauois
le loifir neceflaire, ou fi quelque jeune mathématicien intelligent eftoit proche de
moy pour m'aflifter, je croy qu'on pourroit avancer cette fcience bien au de là de
l'eltat où elle le trouve. Plût à Dieu, qu'on pût avancer en phyfîque à proportion.
Que jugés vous, Monfieur, de l'explication du flus et reflus de Mons. Newton 4)V
et vous paroill il raifonnable, que les queues des comètes foyent une matière
effective, poufiee hors de la comète à des diftances immenfes, et qui ne laifTe pas
de fuivre Ton mouuement 5)? Je les aurois plus toit pris pour un effect optique.
Un Écoflbis qui eftoit en Hollande, nommé Mr. Stears) dit dans fa phyfiologie
d'auoir expérimenté que les corps pouffes dans le vuide d'air ne vont pas fort loin;
j'ay de la peine à le croire. N'a-t-on rien decouuert fur les loix de la variation de
l'eguille aimantée ? Je m'imagine, Monfieur, que vous aurés médité la deffus, auiïi
bien que fur beaucoup d'autres matières de phyfique, et je vous fupplie de me faire
quelques fois part de vos lumières, quand même ce ne feraient que des conjectures,
puifque vos conjectures mêmes valent mieux que les demonftrations de bien des
gens. C'efl: à cet effect que je vous ay demandé vos fentimens dans cette lettre, aufli
bien que dans la précédente, fur certains points, et j'efpere que vous me connoiffés
affez, pour ne vous pas défier de ma fincérité.
Confiderant r) ce que j'ay dit de la refiltance du milieu dans les Actes de Leipzig,
4) Voir les prop. XXIV, XXXVI et XXXVII du Livre III des Principia.
?) Voir la prop. XLI du livre III des Principia.
rt) Il s'agit de D. de Stair et de son ouvrage :
Physiologia nova Experimentalis Auctore D. de Stair, Carolo II Britanniarum Régi a
Consiliis Juris & Status, nuper Latinitate donata. Lugduni Batavorum apud Cornelium
Boutesteyn, 1686, in-4°.
7) Pour faciliter l'intelligence de ce qui va suivre nous croyons utile de citer ici les passages
suivants, qui se trouvent aux pages 173, 174 et 175 du Discours sur la cause de la pesanteur
et auxquels les remarques de Leibniz se rapportent :
„En examinant ce qui arrive dans la vraye hypothèse de la Résistance, qui est en raison
double de la Vitesse, j'avois seulement déterminé ce cas particulier d'un corps jette' en haut avec
sa vitesse Terminale"..., .Je n'avois point recherché les autres cas, qui sont compris universel-
lement dans la prop. y, du 2 Livre de Mr. Newton, qui est très belle: & ce qui m'en empêcha,
ce fut que je ne trouvois point, par la voie que je suivois, la mesure des descentes des corps, si
non en supposant la quadrature de certaine Ligne courbe, que je ne sçavois pas qu'elle depen-
doit de la quadrature de l'Hyperbole. Je réduisis la dimension de l'espace de cette courbe, à une
Progression infinie, a -f- i a3 -f- 4- «s -f- ^ a7 &C. Ne sçachant pas que la mesme proportion
donnoit aussi la mesure du secteur Hyperbolique: ce que j'ay vu depuis, en comparant la
démonstration de Mr. Newton avec ce que j'avais trouvé. Mais par ce que cette Progression
534 CORRESPONDANCE. IÔQO.
Février 1689 s), vous trouvères, Monfieur, article 5. n. 3 9) qu'encor chez moy
(les elemens des temps eftant pris égaux, condition que vous et Mr. Newton avés
diflîmtilée) les refiftences font comme les quar-rés des villefTes, et par le nombre
4 et 6 de cet article 10), il s'enfuit aufli que la fomme a + l a* + i- a5 etc., fe
réduit a la quadrature de l'hyperbole11). Dans l'ouurage que j'avois compofé
autres fois fur la quadrature Arithmétique I2), je trouue cette propoiition générale:
Seftor comprehenfus arcu feftionis Conicae a vertice incipiente et reftis ex centro
ad ejus extrema duftis, aequatur rectangulo fub femilatere tranfverfo et rcéta
t ± f t7, + jts ± y {7 etc- P°^no t ÇÏÏ'e portionem tangentis in vertice, inter ver-
ticem et tangentem") alterius extremi interceptam, et reclangulum fub dimidiis
lateribus refto et tranfverfo (id eft quadratum a femiaxe tranfverfo) effe unitatem.
EU autem ± in hyperbola -j- in Ellipfe vel circulo — .
pour la mesure de l'Hyperbole, n'a pas encore esté remarquée que je scache,je veux expliquer
icy comment elle y sert" „De sorte que cette Progression pour l'Hyperbole, respond à
celle qu'a donné Mr. Leibnits pour le Cercle."
8) Lisez : Janvier. Il s'agit de l'article cité dans la Lettre N°. 2561, note 6.
9) Allusion à la phrase suivante: „Nam ex prop. 1 (hic) sequitur resistentias esse in composita
ratione elementorum temporis et quadratorum velocitatum". De cette phrase on pouvait
inférer en effet que dans l'Article 5 il s'agit du cas d'une résistance proportionelle au carré
de la vitesse; mais la suscription de l'article lui-même: „Si motus a gravitate acceleratus a
medio uniformî retardetnr proportione velocitatis" était bien propre à induire en erreur.
Dans la suite de la correspondance on verra d'ailleurs les raisons pour lesquelles Leibniz avait
donné à l'article ce titre singulier.
IO)Ces numéros contiennent la solution de Leibniz du problème de la chute d'un corps grave
sous l'influence d'une résistance proportionelle au carré de la vitesse. Comme ils reviendront
plusieurs fois dans la correspondance qui va suivre, nous croyons utile de reproduire ici les
résultats énoncés dans la forme que Leibniz leur a donnée, accompagnés d'une traduction
algébrique que nous y avons ajoutée. Les voici :
4. „.S'/' rationes in fer îummam et differentiam velocitatis maximae et winoris assttwtac, suttt ut
numeri ; tempora qui bus assumtae velocitates si/tit acqtiisitae, eruni ut Lngarit/iuir
s , , a-\-v , a -\- v' . , , . . . , -,
(t:t = l — ! — : / — ! — 7 ou a représente la vitesse terminale et ou les temps sont comptes
a —v a — ■ v r
depuis le commencement de'Ia chute).
6. „.S7 velocitates acquisitae suât ut sinus, erunt spatia percursa ut Logarithmi sinuutn com-
pliment! posito radium seu sinum totum esse ut velocitatem maximum"
C='=<Y/'-? = <\/-£)
!I) Comme on sait, la réduction aux logarithmes implique celle a la quadrature de l'hyperbole
et comme Huygens avait réduit le problème à la sommation de la série citée et Leibniz aux
logarithmes, il s'ensuivit que cette sommation elle-même était réduisiblc à la quadrature de
l'hyperbole.
I=) Voir la Lettre N°. 2192, note 6.
CORRESPONDANCE. 1690.
535
Quelqu'un m'a dit qu'on fcait en Hollande la carte de l'Afie Septentrionale,
et (î l'Amérique en elt divifée par la mer. Si vous en feavés quelque choie, je vous
I upplie de m'en dire un mot. Voila à quoy votre bonté et voftre feauoir vous expo-
fent. Mais il e\\ toufjours bon d'eftre riche au hazard d'eitre importuné par des
pauvres. Je fuis avec zèle
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeiflant feruiteur
Leibniz.
") Secantem [Chriftiaan Huygens] I3).
n) Cette correction a pour but de rapprocher le théorème énoncé ici par Leibniz à la quadra-
ture de l'hyperbole, telle qu'elle avait été trouvée par Huygens et décrite aux pages 174 et
175 du „Discours de la pesanteur"; mais elle repose sur un malentendu. En effet, ces deux
quadratures, celle de Huygens et celle de Leibniz telle qu'elle est formulée ici, sont exactes
toutes les deux, mais différentes, quoiqu'elles dépendent de la sommation de la même série.
Pour le montrer nous allons les déduire au moyen des méthodes modernes.
Posant dans la figure ci-jointe, qui représente une hyper-
bole ARE avec son asymptote CD, CA = #, CH = Z>,
CB == ;-, l_ BCA = q>, nous partons de l'équation polaire :
, a2 sec- œ
h
tg- -q,
A K
Elle nous donne immédiatement pour Faire du secteur
hyperbolique CABFC :
qp qp
Ça2 sec2 wr/œ „ f /" à2 „ , ta , , ~\ ,
i a- (tgq> + § p tgz » + t p tgs<p-h....J , ou tgq> = ^
Dans le cas de l'hyperbole équilatère, le seul dont Huygens s'occupe, ce résultat s'identifie
avec celui de la page 1 74 du „Discours de la pesanteur".
Maintenant pour obtenir le résultat de Leibniz, posons AK = x, BK =y; donc
0 h~ h~ h x
y2 = : — x4- , .v2. Alors on trouve facilement AT = t = — , d'où il suit successive-
a 'a tiy
lut'
b2-r
Ir-t2
ib2t
—iCK=a-\-x= s^_^,"2 J\ BK =y= p_t*\ tg<i>
BK
CK
536 CORRESPONDANCE. 1 69O.
\
Ns 2633-
Christiaan Huygens à G. W. Leibniz.
l8 NOVEMBRE 1 690.
La lettre se trouve à I/annover, Bibliothèque royale.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre a été publiée par C. J. Gerhardt ').
La minute a été publiée par P. J. Uylenbroek-).
La lettre est la réponse aux Nos. 2627 et 2632.
I^eibniz y répondit par le No. 2636.
Le 18 Novembre 1690.
Monsieur
Je répons a deux de vos lettres, par la première des quelles j'ay eftè bien aife
d'apprendre, que le paquet, ou eftoit mon Traite de la Lumière, s'efl: enfin trouvé
et je vois dans l'autre et que vous avez commencé d'en examiner le contenu, à
quoy je vous prie de continuer, vous a durant que je recevray avec joye non
feulement vortre approbation mais auffi vos objections. Je ne vous avois pas envoie
les deux queftions des lignes courbes pour vous donner de la peine en cher-
chant les (blutions, mais croiant que vous auriez une méthode prefte pour trouver
les courbes par la propriété de leur Tangentes, ou pour déterminer quand cela fe
peut ou non. Je commence à croire maintenant que cela n'ert point, puifque la
courbe, dans laquelle AB ellant x et fa perpend. BCj, on trouve BD, diftance
~aUFJ-f-ySec v Jy = a £+^df, 1- p /f 9 =(^+77.
On a donc encore :
Secteur hyperbolique CABFC = \ ZfîiSjME = ay fj£- =
Identifiant alors, comme Leibniz le fait, le „semi-axis traversus" b avec l'unité, on retrouve
le résultat énoncé par lui dans le texte de la lettre. Une démonstration de Leibniz de ce
théorème a été publiée d'ailleurs par Gerhardt; voir le „Compendium quadraturae arithme-
ticae" (Leibnizens mathematische Schriften, Band V) à la page 109.
') Leibnizens Mathematische Schriften, Bd. II, p. 59, et Briefwechsel p. 61 3.
2) Chr. Mugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. I, p. 39.
CORRESPONDANCE. 1 69O.
537
du concours de la tangente égale h
ixxy — aax.
cette courbe, dis-je, a pour equa-
$aa — ixy
tion qui exprime fa nature, a-3 -+- .vy;y dd aay 3). Car par la règle des Tangentes,
BD fetrouve premièrement oo — — -■> et fi pour
yy + 3xx
xx on y fubftitue fa valeur — - — yy, on aura
- ay tabnque cette ligne4) en mettant
^aa — ixy o y
AE dd a, EF perpendiculaire à B AE, et en faifant que
dans la droite FAC, le quarré de AC (bit égal au
rectangle de AE, EF; car alors C ert un point dans
^Z) la courbe ACH, qui a fon afymptote AG perpendic.
à AB. Elle n'eft donc point de ces Tranfcendanr.es,
comme voftre équation Ta faite. Et vous examinerez
s'il vous plaît, comment peut fubfifter la dcmonftration
que vous en donnez dans voftre dernière. Pour moy,
j'avoue que la nature de cette forte de lignes fuper-
tranfcendentes,où les inconnues entrent dans l'Expo-
fant, me paroit fi obfcure, que je ne ferois pas d'avis
de les introduire dans la géométrie, h moins que vous
n'y remarquiez quelque notable utilité.
De ce que vous me mandez touchant vos fpeculations fur la ligne de la chaine
pendante, qu'on pefit nommer Catenaria, feavoir que certaines choies données,
vous en déterminez les Tangentes, la dimenfion de la courbe, la furface du folide
de fa rotation, et la dimenfion de Fefpace compris de la courbe et de l'axe (vous
ne dites pas de quelle ligne encore, car ces deux ne comprennent point d'efpace)
je croirais certainement que nous aurions trouvé les me fines chofes; car tout
cela efl: dans le chifre que je vous ay envoie; fi ce n'elloit cette différence dans nos
équations d'une courbe auxiliaire, ou j'ay xxyy dd a4 — aayy, au lieu que vous
avez xxyyzoa* + aayy. Cela me paroit étrange, et s'il n'y a point d'abus dans
voftre calcul, il faut que vous ayez fuivi quelqu'autre chemin que moy par lequel
peut eftre vous ferez allé plus avant. C'efl: pourquoy je vous prie de m'envoicr
voftre chifre, où les grandeurs foient déterminées comme dans le mien, afin de voir
fi nous différons en quelque chofe. Je trouve qu'au lieu de ma courbe, que je
3) Voir la Lettre N°. 2627, note 6.
4) Voir l'Appendice N°. 2612 au § II.
Œuvres. T. IX.
68
538 CORRESPONDANCE. 169O.
viens de marquer, je pais fubftituer cette autre xxyy oo \a* — .r4 5), mais non pas
la voftre. Il y a une faute à mon chifre que vous aurez la bonté de corriger en
mettant \ ec où j'avois écrit § ec.
Voitre méditation pour les Tangentes par les foyers me paroit bien profonde.
Elle fuppofe pourtant des chofes qui ne peuvent eftre admifes comme évidentes.
Et quoyque des tels raifonnemens puiiïent quelque fois fervir à inventer, l'on a
belbin en fuite d'autres moiens pour des demonilrations plus certaines.
J'eus quelque part à la règle de Mr. Fatio 6) pour les centres de gravite, comme
il l'a avoue luy mefme dans les Journaux7). Mais ce fut luy qui me montra le
premier la faute de Mr. D. T.
Pour ce qui efl: de la Caufe du Reflus que donne Mr. Newton, je ne m'en con-
tente nullement, ni de toutes fes autres Théories qu'il baftit fur fon Principe d'at-
traction, qui me paroit abfurde, ainfi que je l'ay défia témoigné dans l'Addition au
Difcours de la Pefanteur8). Et je me fuis fouvent étonne, comment il s'eft pu
donner la peine de faire tant de recherches et de calculs difficiles, qui n'ont pour
fondement que ce mefme principe. Je m'accommode beaucoup mieux de fon
Explication des Comètes et de leur queues ; et quoyque la chofe ne foit pas fans
cette grande difficulté, que vous remarquez fort bien, je ne trouve encore rien de
meilleur que ce qu'il en dit, qui vaut mieux incomparablement, que ce qu'en a
imagine des Cartes 9). Mr. Stair a tort, s'il dit que les corps pouffez dans le vuide
ne vont guère loin. Où efl: ce qu'il en a fait l'expérience ? et que peut il dire à
celle, que moy et d'autres ont faite, de la plume qui tombe dans un tuyau de verre
vuide d'air aufli ville que du plomb.
J'ay quelques méditations fur l'Aimant10); mais la rai fon de la Variation de
5) Consultez l'Appendice N°. 2634 de cette Lettre, au § II.
6) Voir la pièce N°. 2460, note 2.
7) Voir la Lettre N°. 2467, note 2.
8) Voir la Lettre N°. 2558, note 6.
9) Voir la troisième partie des Principes de la Philosophie, aux articles 136 — 138.
10) D'après Duhamel, Historia Academiae, 2e éd., p. 184, Huygens a, déjà en 1679, entretenu
l'Académie des Sciences à Paris, de ses recherches sur l'aimant. Selon les Registres de
l'Académie, ce fut le 1er juin qu'on lut à l'Académie „le reste du Traité de l'Aimant de M.
Huguens dont la Copie est à la fin des Registres de Physique". Duhamel dit : „Tractatus
ille in Commentarios Academiae relatus est, atque id è re litteraria fuisset,ut virClariss. ulti-
mam ei manum imponere & publici juris eum facere dignatus esset : sed cum haec scribimus,
eum morte sublatum accepimus".
La copie du mémoire de Huygens intitulé: „Dernière manière pour expliquer les effets
de l'aimant", tel qu'il a été envoyé a Duhamel, se trouve dans la collection Huygens de la
Bibliothèque de Lciden. C'est une pièce inachevée, ce qui malheureusement a empêché
que le mémoire de Huygens, qui contient des vues originales, ne fût publié par de Volder et
Fullenius.
CORRESPONDANCE. 169O. 539
l'Eguillc m'elt inconnue, qui ne fuit pas des loix certaines que je feache^quoy qu'il
y en a qui en ont voulu établir. Je trouve les effets de l'Ambre encore plus difficiles
a expliquer que ceux de l'Aimant, principalement a l'égard de quelques nouveaux
phénomènes, que j'ay trouuez, il n'y a guère par mes expériences.
J'ay regarde ce que vous avez donne dans les Afta de Leipfich, en Janv. i68y,
art. 5 n. 3, ou je ne puis pas dire que je trouve que vous ayez confiderè les refif-
tences du milieu qui ibient comme les quarrez des viitefles, tout voftre raifonne-
ment dans cette matière m'eftant obfcur et inintelligible. Je vois au contraire qu'à
la tefte de cet article 5c , vous fuppofez motum retardatum proportione velocitatis,
et non pas duplicata proportione velocitatis. Aufll ces Elemcns égaux des temps,
que vous croiez que Mr. Newton et moy avons difllmulez, n'ont rien a faire, à mon
avis, avec les refiflences, puis qu'elles dépendent uniquement des vitefTes des
corps. Vous me pardonnerez aufli, fi aux nombres 4 et 6 de ce mefme article je
ne trouve rien, d'où je puiffe entrevoir la quadrature de l'hyperbole par la pro-
greflion a + la3 + ±a> etc., puis qu'il n'y eft pas dit un mot ni de progrefiion,
ni d'hyperbole11). Je vous afiure que je n'ay pas pris cette progrefiion de là,
et que je n'ay point feeu non plus que vous enfliez la Propofition générale qui
comprend le cercle et l'hyperbole, qu'après l'avoir appris dans voftre dernière
lettre. Vous deviez bien l'avoir publiée en fuite de vofire première quadrature
du cercle I2).
Ce qu'on vous aura dit de la carte de l'Afie Septentrionale, n'efl: pas fans fon-
dement, M. Witfen, Bourguem. d'Amfierdam, eftant fur le point de donner au
public celle qu'il en a faite avec bien de la peine et de la depenfe; a quoy mefme
il fe trouve prefle parce qu'on dit qu'une autre perfonne en promet une pareille.
J'ay vu, il y a plus d'un an, la carte de Mr. Witfen, mais elle n'avoit rien de cer-
tain touchant la contiguïté de l'Afie et de l'Amérique.
Je n'ay plus à me plaindre de Mrs. de Leipfich13), ayant vu le raport exact
qu'ils ont donné I4) de mon traite de la lumière avec des éloges plus grands que
je ne mérite.
") Voir la Lettre N°. 2632, note 11.
I:) Voir l'article des „Acta eruditorum" de février 1682, intitulé „De vera proportione circuli
ad quadratum circumscriptum in numeris rationalibus."
*3) Voir la Lettre N°. 2623, note 1 2.
I4) Ce rapport était probablement de la main de Pfautz. On lit, en effet, à la page 57 recto du
livre G des Adversaria, l'annotation suivante de Huygens: „D. Pfauts vocatur mathematicus
Lipsiensis qui banc partem actorum eruditorum scribit".
Cbristoffel Pfautz, né le 1 1 octobre 1645 à Leipheim prés d'Ulni, étudia à Leipzig, y devint
professeur de mathématique et bibliothécaire. Il mourut le 2 août 1722 et laissa quelques
ouvrages sur les éclipses, la parallaxe etc. 11 fut l'auteur de plusieurs articles dans les Acta
Eruditorum.
54°
CORRESPONDANCE. 169O.
Je m'eftonne de ne recevoir aucunes nouvelles de Mr. Spener, quiavoit promis
qu'il m'efcriroit. Il eit vray qu'il doit cftre bien occupé à tenir ce collège du quel
il m'a laifTè un projet imprimé. Je ne fcay s'il vous a débité une expérience avec
du mercure attiré par un fiphon, que je ne pus croire et quej'ay aufli trouvée
fauiïe et Mr. de Volder de mefme15).
Pour ce qui ei\ de mes études, dont vous demandez des nouvelles, je tafche de
mettre en eitat de paroiftre au jour divers traitez, où la forme manque plus que la
matière, mais je ne puis pas travailler avec affiduité fans incommoder ma fantè.
Je ne crois pas que nous devions rien attendre de Mr. Hudde, quoy que je ne laiïïe
pas de l'en preiTer quand je le vois. Mr. Arnaut eft en ce pais, ou fort peu loin.
C'efl: une merveille que cet efprit, qui ne fe fent pas de la vieilleflé. J'attens voftre
lettre fur le mouvement des planètes I<5), et fuis etc.
uii'
1S) A l'endroit cité à la fin de la note 3 de la Lettre N°. 2623, l'expérience de Spener se trouve
n décrite comme il suit: „Sypho primum aqua repletur, tum crus exiguum
in vasculum A mergïtur in quo argentum vivum. longitudo siphonisest
3 pedum aut amplius. Statim aqua delabitur in vas B et sequitnr hydrar-
gyrus, at quam primum tubi os inferius hydrargyro circumfusum est,
-\C vacua lit tubi pars CD, ita ut CE sit altitudo 28 poil, qualis in Torricelli
experimento. quod mirabile videtur,quid enim impedit quin aeris pondus
pellat hydrargyrum ex A per D."
Huygens ajoute les mots: „Experire. non successit".
s) Voir la pièce N°. 2628, qui n'a jamais été envoyée.
CORRESPONDANCE. 1 690.
541
N= 2634.
cliristiaan i ïuygens.
[octobre ou novembre 1690].
Appendice1*) au No. 2633.
La pièce se trouve à Leiden, coll. Huygens.
§!•
AKH hypcrbola aequilatera, centro
B, femi axe BA. BE perp. AB. ut et
AS. HE parall. AB. Proportionales
funt HE, SE, RE. Item KC, DC, LC,
et ita ubique. et curva ALR c). [Jam li
lit in fig. pag. 14", ut WX ad XS, ita hic
BE ad BA. Erit ibi longitudo catenae
VSPA ad reftam AZ, fient hic □ BS
ad fparium ALREB] »).
Triangulum minimum FA eil ad Q^j
minimum ER in ratione compofita ex
A ° FA ad A ° EA et ex A ° EA ad
I I ER. Hoc ell in rat. compos. ex rat.
qu. AF, ad qu. AE et rate SE ad 2RE.
EftautemRE=rFGfinuicompl.ianguli
EAB, quia HE = AE et quia prop.les
HE, SE, RE ut et AE, ES, FG.
') Nous reproduisons dans cette pièce la réduction de la quadrature de la courbe x2y2 =
= «4 — a2 y2 à celle de la courbe x2y!l=^a* — .v4, dont il est question dans la lettre précé-
dente. Nous l'avons divisée en deux paragraphes, dont le premier, que nous avons emprunté
à la page 59 verso du livre G des Adversaria, contient la réduction de la quadrature de la pre-
mière courbe à une somme infinie de sécantes, et le second, qui se trouve à la page 69 recto
du même livre, celle de cette somme à la quadrature de la courbe x2y2=^a4 — .v4. Ajoutons
que la réduction à une somme de sécantes a été mentionnée par Huygens dans son article
sur la chaînette dans les Acta eruditorum de Juin 1691.
:) Posant BA = ^,BE = x, ER=y,on a donc: 'Wra2-\-x2 : a = a:y, c'est-à-dire :
x2y = a"> — try. ALR représente donc la première courbe de la note précédente.
3) Les phrases que nous avons mises entre parenthèses ne sont pas nécessaires à la démonstra-
tion qui va suivre. Toutefois, nous n'avons pas voulu les omettre. Elles ne contiennent au
fond qu'une répétition d'une partie des ^§ Vil et VI11 de la pièce N°. 2625. En effet, la
figure pag. 14 (= 58 recto, le numéro 14 se rapporte a une pagination partielle du livre G
54^
CORRESPONDANCE. 1690.
Dicatur AF, r. AE, s, FG feu RE, c. Ergo ratio triang.î feu feftorisminimi
AF ad \^Z2 ER componitur ex rr ad ss
et r ad ic
ergo quam rrr ad 2 cm
feu, quia r ad j ut c ad r quam crr ad 2cw
feu quam r ad 2*
adeoque fcftor totus FAB ad fpatium ERLABE Meut radius multiplex per nume-
rum integrorum omnium graduum arcu FB contentorum ad duplam fummam
omnium fecantium graduum integrorum ufque ad fecantem AE inclufive4).
§11.
BVZ eft hyperb. aequilatera centr. A vertice B.
AD et BC perpend. AB.
A
N D
Y
>
/
;
V
/
\\
/
/
V
\\
\\
/
/
/
/
/
/
e
T
B
^tt
^^\
"~\^V?
\\ C
\\
^S<
P
H
\ ^.-^^C
/
_— — -&x\
\£-''''
^z
A
---""'''' \
L
faite par Huygens lui-même) est celle que nous avons reproduite au § II de la pièce N°. 2625,
et la courbe ALR de la figure de la présente pièce N°. 2634 est identique avec la courbe «©
de la figure du § VII de la pièce N°. 2625.
4) En langage moderne, posant AB = «, BAF = qp:
?
\a-cf : aire ERL ABE = cp \ij sec cp dq>.
o
c'est-à-dire:
CORRESPONDANCE. 1690. 543
VN, RN, QN proportionales, et lie ubique. Curva eft BQ0 5) per punéta fie
inventa.
BD quadrans peripheriae centro A. Eam fecat RA in E. ET perp. AB.
Jam ert AT = NQ et TEQ refta linea6).
Oftenfum cil pag. 17a in fine r), fectorem ABE efie ad fpatium ABQN ficut
radii omnes feétoris ABE, arcum BE in partieulas aeqnales dividentes, ad duplam
fummam omnium fecantium, arcubus aequaliter per iitas partieulas crefeentibus
convenientium.
Sicut autem fecans earum quaevis dupla ut LA (pofita nempe AK = 2AB et
KL perp.i AK) ad radium EA, ita triangulum minimum MAX (fumpta MA
média prop.i inter LA,EA, velinter GA,RA;quiaGA dupla EA,et RA dimidia
LA) ad triangulum minimum EAJ, feu fectorem minimum. Ideoque fi totusleftor
BAE ita in fectores minimos aequales divifus intelligatur et fimul eorum radiis
continuatis fpatium AIIM in triangulos minimos. Erit omnes ifti fectores minimi
ad omnia haec triangula minima, hoc cft totus fector ABE ad fpatium AIIM, ut
omnes radii fectorem ABE dividentes ad omnes duplas fecantes ipfis convenientes,
hoc eit ut fector idem ABE ad fpatium ABQN. Ideoque fpatio huic aequale erit
fpatium AIIM. Fit vero et fpatium BTQ aequale fpatio IIPM, quia triang.
APM = reftang.0 TN, ut facile demonltratur.
Si AP fit a;: PM=y. AB = a, fit \a4 — x* — xxyy ?) aequatio curvae HM.
Si AN fit x : NQ =}>, iK a4 — aayy = xxyy^ aequatio curvae BQÔ, quarum qua-
dratura unius a quadratura alterius pendet. AH med. prop. AK, AB. AP, AU,
AM femper funt proportionales. quia 4a4 — xxyy + .r4, unde xx -\- yy ad laa ut
ina ad xx, et]/ xx+yy : ]/ icm ut \/ laa : .r, hoc ei\ MA ad I IA ut haec ad AP.
aire ERL ABE = cr /'sec qp</qp,
o
X
résultat que l'on vérifie aisément en substituant x=atgq> dans l'intégrale I — r. ax, qui
J 1/ x- -\- a1
o
représente l'aire de la courbe x"-f = a4 — cry.
5) Cette courbe est donc identique avec la courbe ALR de la figure précédente et de même
avec la courbe oupO de la figure du § VII de la pièce N°. 2625.
6) Cela résulte de la construction de la courbe ayS, telle qu'elle est décrite au § VIII de la pièce
N°.2625.
7) Il s'agit du paragraphe précédent de cette pièce.
8) On a, en effet, par construction MA2 —a LA; mais LA: AK = MA:x, donc LA = — —
x2 -\- y2 = -— ' ou bien 4a4 — x4 = x y
2„2
544 CORRESPONDANCE l6ûO.
N= 2635.
Constantyn Huygens frère, à Christiaan Huygens.
2 1 NOVEMBRE 169O.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2631.
Kinfington ce 21e Novembre 1690.
J'ay receu la voftre du [?] ') de ce mois, et vous envoyé cy jointes quatres let-
tres de recommandation pour fervir a noltre procès. Une a Monsr. deRipperda 2)
Prefident de la Cour de Gueldre, la féconde a Mr. van Efïen 3) Frère du Droiïart 4)
du Veluw qui cil fort de mes amis, la troifieme a Mr. Verbolt 5) qui m'a depuis peu
fait afTeurer de fon fervice, et la dernière a Mr. de Roofendael 6) confeiller de la
Cour, et comme je croy bien intentionné pour nous. Je n'ay pu recommander
noftre affaire qu'en de termes généraux, par ce que je ne me fouviens pas fort bien
de ce qui en fait la fublrance.
Il faut louer Dieu de ce que le malheur de Voorhout n'a pas efté plus grand,
comme il l'auroit affeurement efté s'il y euft eu une plus grande quantité de
poudre.
Pour Monfieur Juftel il m'a cfté voir une fois, il y a defja du temps, et un peu
de temps après luy ayant rendu vifite, il n'eft pas revenu et ne l'ay pas reveu
depuis ce temps la.
Il y a trois ou quatre jours qu'un certain virtuofo m'eft venu voir fur l'avis
de Mylord Sidney"). Il s'appelle Mr. Write8), a elle plufieurs fois et fouvent
') Constantyn Huygens n'a pas indiqué la date. Il s'agit évidemment de la Lettre N°. 2631.
2) Georg Ripperda, seigneur de Verwolde. 11 étudia, en 1648, à l'Académie de Uarderwijk,
dont plus tard il fut un des curateurs. Il fut nommé juge à Doesburg en 1650, conseiller de
la Cour de Gueldre en 1660, puis Président, et mourut en 170?.
3) Johan van Esscn, bourgmestre de Zutphen, membre de la chambre des comptes, député de
Gueldre aux Etats Généraux. Willem III le nomma Conseiller privé et maître des Requêtes.
En 1700 il fut nommé curateur de l'Académie de Gueldre (Uarderwijk). Il mourut en 1724.
4) Lucas Willem van Essen tôt Ilelbergen, né en 1644. Il épousa, en 1678, Geertruid Agnes
Vijgh, fut admis dans la chevalerie de Veluwe le 1 2 mai 1680, et succéda en cette année à son
père comme landdrost de la Veluwe. Il fut page du roi Willem III et mourut en 1701.
5) François Verbolt. Le 20 février 1675 il fut nommé conseiller, et le 22 février 1675 échevin
de Nijmegen.
* ') Johan van Arnhem tôt Ilarsseloe, fils de Gerrit van Arnhem et de Theodora van Wassenaar
van Duyvenvoorde, né en 1636, devenu, par son mariage avec sa cousine, Janna Margaretha
van Arnhem, seigneur de Roosendaal. Il lut nommé conseiller extraordinaire à la Cour de
Gueldre en 1684, et mourut en 1716.
7) Henri Sidney, né à Paris. Dès 1679 il prit part aux menées politiques tendant à remplacer
James II par Willem III sur le trône d'Angleterre. En 1688, il accompagna le Prince dans
CORRESPONDANCE. 169O. 545
longtemps en Italie connoit touts les maiilres et leurs ouvrages.Je iicay que Lily 9)
a eu de luy plufjeurs de Tes meilleurs defleins Italiens. Il fe connoit aufîi fort
bien en médailles, agates &c. Demain j'iray chez luy pour voir des chofes qu'il
dit avoir encore.
Stanley me tourmente furieufement, pour que je faiTe prefent a la Société
Royalle d'un de mes verres de Telefcop et a bien l'effronterie d'ofer demander
celuy de 210 IO), ou 160 ") pieds. Mais je luy ay dit, qu'ils feront bien heureux,
fi je leur en donne un de 1 20 I2). Ils veulent faire drefîer un mail: auilî haut que je
voudray dans une baffe court de Grefham-College. Nous parlerons de tout,
quand Dieu aydant je feray là; mais de dire quand ce fera precifement, c'eft ce que
je ne feaurois, cela dépendant des affaires qui font fur le tapis. On parle pourtant
du commencement du mois prochain.
Noyelle I3), le Duc de Schomberg I4), Sommelfdijck et Madame Danckelman
font arrivés non fans danger et beaucoup de peine, après avoir croifé la mer quinze
jours durant, eltant a veue de la cofte ils fe mirent dans la chalouppe et gagnèrent
la terre, mais non fans bien du danger comme j'ay dit.
Lundy Messr. de l'Eftang I5) et de la Lecque partent, pour aller devant le Roy
en Hollande avec 80 Gardes du corps.
P. S. Ayant eferit cecy j'ay trouvé a propos d'envoyer la lettre a Mr. Verbolt
par de Wilde qui eft fon parent.
l'expédition de Torbay. Bientôt après il fut nommé membre du Conseil privé de Willem III,
gentleman of the bedehamber et colonel du régiment des gardes du Roi. De 1689 à 1692 et
puis de 1694 jusqu'à sa mort (le 8 avril 1704) il fut Lord Lieutenant de Kent. Il était connu
pour sa beauté; son portrait, peint par Lely, se trouve à Penshurst.
8) John Michael Wrigt, né en Ecosse vers 1625. Jeune encore, il se rendit en Italie, où, en 1648,
il devint membre de l'Académie de St. Luc à Florence. De retour en Angleterre, il rivalisa
avec Lely dans la peinture de portraits, qui sont conservés encore dans la National Gallery et
dans d'autres collections de l'Angleterre. Il s'acquit une riche collection de pierres précieuses,
coquilles et autres raretés, laquelle, après avoir passé après sa mort, en 1670, aux mains de sir
Sloane, se trouve actuellement au British muséum.
9) Sur Pieter de Lely ou van der Faes, consultez la Lettre N°. 1 1 24, note 8.
10) Consultez la Lettre N°. 2441. "_) Consultez la Lettre N°. 2385.
12) Consultez les Lettres Nos. 2418 et 2419.
13) Louis, comte de Noyelle servit dans l'année des Provinces Unies et fut nommé, en 1694,
lieutenant-général de l'infanterie et en 1697 gouverneur deBergen-op-Zoom. Plus tard il fut
envoyé en Espagne comme général de Charles III. Il avaitépousé, en 1680, à la Haye, Sophia
Charlotte d'Aumale.
14) Meinhard, duc de Schônberg et Leinster, fils du maréchal Friedrich von Schomberg (voir
la Lettre N°. 2153, note 9). Il mourut en 17 19.
15) Nicolas de l'Estang servit dans l'armée française de 1677 jusqu'en 1687, lorsqu'il quitta la
France et fut reçu, avec son épouse Magdelaine Mercier, membre de l'église wallonne à la Haye.
En 1688 il fut nommé lieutenant des gardes du corps du Prince d'Orange qu'il suivit en An-
gleterre. Il devint brigadier en 1691, général en 1696 et mourut à la Haye le 1 1 octobre 17 12.
Œuvres. T. IX. 69
546 CORRESPONDANCE. IÔQO.
N= 2636.
G. W. Leibniz à Christiaan Huygens.
24 NOVEMBRE 169O.
La kltrc se trouve à Leideu, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylenbroek l) et par C. I. Gerhard1').
La lettre est la réponse au No. 2633.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2643.
Monsieur
A Hanover ce — de Novembre 1690.
24
Je reponds incontinent à la voftre du 18 de Novembre, afin que vous ne me
foubçonnies pas d'une vanité ridicule, comme fi j'auois crû, que ce que j'auois dit
dans les Actes de Leipzig vous auoit fervi pour voflre feries | a + ± a7, + ^ a~
etc. Vous elles trop fincere pour diffimuler l'ufage que vous faites des penfées des
autres, et vous avés marqué en cela même, que celles de Mr. Neuton vous avoient
fervi. J'auois dit feulement qu'il y a de l'accord, et cela eftainfi, car je dis en termes
exprès article 5 n° 3, refïflentias ejfe in ratione comporta elementorum temporh et
quadratarum velocitatum. De forte que les éléments du temps eftant pris égaux,
comme on les prend ordinairement, les refiftences font en raifon doublée des
viteffes; et cela s'enfuit de ce que j'auois dit que les refiftences font en raifon
compofée des viteffes et des elemens de l'efpace. Car les elemens de l'efpace font
en raifon compofée des elemens du temps et des vélocités. En fymboles, foit
refiftence r, viteffe v, temps ?, efpace s, leur elemens dv,dt,ds, il eft toufjours
vray que ds font comme dt. v et icy r eft comme ds. v, donc r comme dt. vv. Et
quoique les refiftences dépendent de la viteffe, comme vous dites, elles dépendent
auffi de la quantité des parties du milieu qui refifte. Un globe en mouuement ren-
contrant un globule en repos, la perte, qu'il fait de fa vélocité eft proportionnelle
à la vélocité (les grandeurs des globes et tout le refte demeurant, hors mis la vélo-
cité) comme il eft aifé de demonftrer. Mais plus il rencontre des globules, et plus
grande eft fa perte;orle milieu eftant uniforme, le nombre des globules fera comme
les parties de l'efpace. Mais a fin que vous jugies mieux de cet accord, je dis, que
j'ay precifement déterminé le même rapport entre les temps et les vélocités. Il eft
vray qu'il y a eu une trajeélion ou tranfpofition3) dans l'édition, qui eft de ma
') Chr. Ilugenii Exercitationes Mathematicae etc. Fasc. I, page 44.
2) Leibnizens Mathematische Schriften, Bd. II, p. 59 et Briefwecbsel, p. 6 1 7.
3) En réalité, il n'en est pas ainsi. Les propositions 4 ot 6 sont parfaitement correctes telles
qu'elles étaient formulées dans l'article cité et que nous les avons reproduites dans la note 10
de la Lettre N°. 2632. Leibniz s'en est aperçu plus tard. Aussi, dans sa lettre à Huygens du
5 décembre, notre N°. 2639, il a rétracté les corrections qu'il propose ici.
CORRESPONDANCE. 169O. 547
faute, mais j'ellois en voyage et bien diflrait. En voiey la correclion. C'ell qu'il
faut mettre les efpaces pour les temps et vice verfa dans les propofitions 4 et 6 de
l'article 5, et après auoir ainfi corrigé les propofitions, il faut donner la demon-
ilration de l'une h l'autre, et vice verfa. De forte voicy comme il falloit dire dans
la prop. 4 en y mettant la prop. 6 corrigée : fi velocilates acquifitae funt ut finus
erunt temporel impenfa ut logarithmi finuum complément}, pofito radium feu finum
totum effe ut velocitatem maximum. Et à cela s'ajufle la demonflration qui efl mife
a la propofition 411^ cum enim (j'en répète les paroles) incrementum velocitatis
fit différentiel inter imprefjîonem et refîftentiam, hinc ex prœcedenti fîatim fequitur
impreffïonem Çgrayitatis*) effe ad incrementum velocitatis, ut quadratum velocitatis
maximae ad exceffum hujus quadrati fuper quadratum prafentis velocitatis. Ex
quo feimus per quadraturas, fummam imprefjîonum quae efl proportionalis affumto
tempori, effe ut Logarithmum, fi numerus fit qualem in propofitione hac enuntia-
vimus. Ce font mes paroles precifes et pour vous faire voir qu'elles s'ajuftent
à la propofition ainfi corrigée et tranfpofée, auffi bien qu'avec vos decouuer-
tes4), Appelions comme auparavant le temps ?, les vélocités v, la plus grande
vélocité a, les refillences r. Or il efl: manifefte que les elemens des vélocités c'eil
à dire les différences de deux vélocités prochaines fe trouucnt en adjoutant à la
vélocité précédente la nouuelle imprefïion faite par la gravité et en fouflrayant en
mefme temps la refitlence ou perte caufée par le milieu, donc dv (incrément de la
vélocité précédente pour faire la fuivante) eft dt—r 5), or r z= — - — donc dv=.
, . vv , . dt aa , ,, v , . , , .,
= dt — dt — ou bien -y- = — — -, c elr a dire, comme parle ma demonitration :
aa dv aa—vv
imprefjio gravit atis Çdt~) efl ad incrementum velocitatis Çdv~) ut quadratum velocitatis
maximae Çaa~) ad exceffum huius quadrati fuper quadratum praefentis velocitatis
(jia — vv}. Car dt expriment auffi bien les elemens des temps, que les impreilions
de la pefanteur, qui font proportionnelles h ces elemens. Par là vous voyés, JYlon-
fieur ,' que t=f —-, ou parlant à l'ordinaire, que le temps efl la fournie de
' ^ J aa—vv r 511
, c'efr. h dire félon voltre expreffion, que le temps efl ; v + \ vz -f- 1 vs 6)
aa — vv 3
4) Consultez \à note 7 de la Lettre N°. 2632.
5) Cette formule suppose que les unités de temps et d'espace soient choisies d'une telle manière
que l'accélération de la gravité soit représentée par l'unité. Le choix singulier ou trop peu
précisé des unités employées, dont on rencontrera encore un autre exemple dans cette lettre,
tend quelquefois à répandre sur les raisonnements et les résultats de Leibniz, un certain vague
qui devait rebuter un esprit au?si exact que celui de Iluygens. Celui-ci ne s'en cache pas
dans sa réponse à cette partie de la lettre.
â) En réalité, le temps est proportionnel à ( ~)-\ — ( ) ~i- - ( ) !"•••
548 CORRESPONDANCE. 1690.
etc. Mais félon la mienne, les temps font comme les logarithmes de]/ Çaa—vv) 7)
c'cft à dire les vélocités v eftant comme les Omis, les temps font comme les loga-
rithmes finuum compléments Et vous trouvères que ces deux expreffions s'accor-
dent. J'auois crû mieux faire en m'exprimant ainfi. En échange la proposition
4111e corrigée (les efpaces eftant mis pour les temps') doit eftre mife à la place de
la fixieme et alors la propofition fixieme véritable fonnera ainfi \ fïrationes inter
fummam et differentïam velocitatis maxhnae et minoris affumtae funt ut numeri,
fpatia quibus affumtae velocitates funt acquifitae, funt ut logarithmj. Et alors la
demonftration de la propofition 6me repondra à fa propofition. En fymboles les
efpaces ellant marqués de s et les elemens de ds comme auparavant, puifque r =
ds v a
= — - — et dt= - ds 8) fubftituant ces valeurs dans l'équation fufdite dv =
a v y l
, , dv . av rdv . av ~ . , , , ,
z=.dt—r, on aura ds = - - ou s = / Ce qui dépend encorde laqua-
aa — vv ' aa — vv n r l
draturc de l'Hyperbole ou des Logarithmes. On le pourroit encor exprimer par
cette feries s = \vv + i^4 + \v6 etc. mais j'ay crû mieux faire en difant, que
les vélocités eftant v, les efpaces font comme les logarithmes des raifons de a + v
ha — v. Ainfi j'ay ces cxpreflîons exponentiales (que vous appelles en riant
fupertranfcendentes)]/(i — vv) comme h1 et — - comme bs , b eftant un
certain nombre confiant. Je ne voy pas pourquoy vous trouvés de l'obfcurité
dans ces expreffions, car il n'y en feauroit plus auoir que dans les logarithmes
ordinaires, qui ne vous feauroient donner aucune peine. Et puifque vous avés
adjouté quelque limitation à voftre arreft contre ces fortes de formules, en les
rejettant, à moins que je n'y aye remarqué quelque utilité notable, j'acheveray
d'inftruire le procès, a fin que vouspuiffiés prononcer une fentence définitive. Je
crois donc que dans les lignes qui pafTent les équations de l'Algèbre ordinaire,
c'eft tout ce qu'on peut fouhaitter à leur égard en Analyfe, que de les exprimer
par ces équations nouuelles. Si on le pouuoit toufjours faire, on connoiftroit par
là parfaitement la nature de la ligne, on pourroit donner fes tangentes, fes quadra-
tures, extenfions, centres et même fes interfeclions avec une courbe donnée, et
refoudre par ce moyen des problèmes tranfeendans déterminés, en fin je ne voy
rien de pofîible, qui reflcroit à faire après cela, et le tout ne fuppoferoit que la
conftruélion des logarithmes, outre les conftructions de la Geomerric ordinaire.
On pourra encor déterminer les cas quand certains points demandés fe peuvent
7) En réalité, comme les logarithmes de ' - Consultez la note 10 de la lettre N°. 2632.
<:) Pour justifier cette formule on doit supposer que l'unité de temps soit choisie égale au temps
nécessaire pour parcourir l'unité de Tepace avec la vitesse terminale a.
CORRESPONDANCE. 169O. 540
donner par la Géométrie commune. Si ces raifons ne valent rien, je me fuis bien
trompé de mon calcul. Je croyois vous avoir communiqué quelque choie de fort
bon et de grand ufage. Et quand j'aurois fait une beveuc dans le cas, que je vous
avois envoyé, cela ne pourroit rien diminuer de la force de la méthode. Par les ex-
preflions fufdites je donne une équation qui exprime la relation entre l'cfpace et
j _ y
le temps, car il fe trouve — . = yÇi — b1'). De forte que les temps eftant
donnés en nombres, les efpaces fe trouuent par là et vice verfa; en fuppofant la
conftruclion des logarithmes. On aura bien de la peine a arriver icy, par une autre
voye, a une équation finie.
Apres avoir examiné la courbe que vous affignés pour la propriété des Tangen-
tes, et que vous m'aviés propofée, Monfieur, je trouve que voftre courbe femble
y repondre, mais qu'elle n'y repond pas de la manière que la formule eft conçue;
au lieu que les miennes y repondent. Et il s'y pafie quelque chofe de curieux a
l'égard des lignes9). Je trouue donc que l'équation eftant x3 + xy2 = aay, il
T^n aax — ixxy ,. , ., r> zxxy — aax ^
provient Dd ■=- — ^ , au lieu que vous m auies propoie — — — Et a
r ^aa—axy r o^aa—ixy
fin qu'on ne penfe pas que c'eft la même chofe-, et qu'il faut parler de la façon
pofterieure, lorfque le point D doit eftre pris ad partes oppofitas, et non vers A, je
reponds que fuivant le calcul, il eft toujours vray, foit que CD fe mené fupra ou
infra, c'eft à dire vers A ou ad partes oppofitas, que DB eft - — ^ dans votre
' r rr > i ^aa—ixy
courbe, puifque cette valeur s'obtient par un calcul gênerai, et cela prouue feule-
ment, que lorfque cette valeur eft une grandeur négative, D doit eftre pris non
fupra (vers A) mais infra B. Et a fin que vous jugiés mieux de la folidité de cette
remarque, et que l'Analyfe ne feauroit mener h voftre courbe par la propriété que
vous aviés propofée, vous trouuerés que les courbes, que j'auois envoyées, fatis-
font rigoureufement et uniquement a la valeur 2xxy — aax: ^aa—ixy, et ne
feauroient fatisfaire a la valeur aax — ixxy : o^aa — ixy\ car jettant les yeux
fur ma dernière lettre IO) vous trouvères cette équation — :* -\ — - = ixdy +
-t- zydx, dont je puis venir à bout. Car la fomme de ixdy -f- iydx eft 2.rv, mais fi
.... , %dx dy ,
la valeur eit aax — 2xyy: r^aa — ixy, vous trouuerés - — ïL=— ixay +
x y
+ aydx. Mais la fomme de — ixdy + o.ydx ne fe trouue pas de même, et il
faut auoir recours h d'autres adreffes, dont- je ne m'eftois pas fervi parce que
j'eftois devenu fort aifément à ce que vous m'aviés demandé: Apres tout cela, je
9) Consultez la note 3 de la pièce N°. 2612 et la note 6 de la Lettre N°. 2627.
^
'^ La Lettre N°. 2632
55°
CORRESPONDANCE. 1 690.
m'imagine que voftre arreft provifionnel fera addouci, et comme vous devés juger
en dernier reflort, et fans appel, vous ferés d'autant plus porté à faire droit aux
parties.
Je fuis bien aife que Mrs. de Leipzig vous ont fait jurtice dans leurs Aéles JI);
Mais en rapportant la féconde partie de voftre traité il y a une beveue dont
je fuis fafché. Celui qui adonné cette relation s'eft imaginé12) que voftre qua-
drature de l'Hyperbole par i + i + | + * etc. eftoit la même que celle que
j'auois joint à ma Quadrature Arithmétique du cercle, parce que je voyois une
certaine analogie allez belle. Cependant la mienne eft celle de Mercator, tirée de
i — f ■+■ §■ — \ etc., et par confequent différente de la voftre I3). Je vous afîeure
") Il s'agit des articles des „Acta" d'octobre et de novembre 1690, qui contiennent un exposé
assez étendu du Traité de la Lumière et de celui de la Pesanteur.
12) Dans l'article de novembre 1690, cité dans la note précédente, l'auteur de l'exposé du traité
de la Pesanteur s'exprimait comme il suit: „Hac itaque occasione non solum quadratura hy-
perbolae per infinitas séries profert in médium, quae analoga est quadraturac circuli,quam
a celeberrimo ViroG. G. Leibnizio acceptant ad Acta eruditorum 1682, p. 41 sqq., retulimus,
imo gemina plane et consentanea illi Arithmeticac Hyperbolae Quadraturac quae dicto in loco
proponitur; sed etiam singulares quasdam proprietates lineae Logarithmicae demonstrat."
13) Dans l'article de 1682, mentionné dans la note précédente, Leibniz avait indiqué l'emploi
D
B
E
y
/ L
1
— /,,
G
de la progression -„--| — „ -| — - — \— \-—r- etc. pour exprimer l'aire de la ligure
LUC II, où GCII représente une hyperbole équilatèrc et AB = BE est supposé
CORRESPONDANCE. 169O. 55 1
que je n'ay aucune part à ce mefentendu, et même je feray en forte que cela foit
remarqué et redreffé I4).
Je voudrois pouuoir fatisfaire à tous les autres points de voitre lettre, et furtout
examiner attentivement ce que j'ay fait fur la figure de la chaine I5), pour faire la
comparaifon avec vos decouuertes. Mais je fuis a prefent enfoncé dans des vieux
papiers et parchemins de nos archives et prefïe pour les dépêcher. Ainfi il me faut
prendre du temps pour cela. J'ay demonftration de la règle de la compofition des
mouuemens, qui me fert de fondement à la decouuerte des tangentes par les
foyers16). Je fuis bien aife de fcavoir que c'eft vous dont M. Fatio entendoit
parler I7), pour joindre cette obligation aux autres qu'on vous a. Mons. Spener ne
m'a pas écrit non plus. J'efpere qu'il fera plus exact en expériences qu'en corref-
pondences. J'auois eu autre fois la vue d'efTayer fi par le moyen du vuide on ne
pourroit tirer quelque chofe des corps, entre autres en y joignant des filtres, puif-
que ce feroit une efpece de prefTe, plus fubtile et plus uniforme que l'ordinaire.
En effet, posant AB=//,BE = x, on a: EBCHE = /'7^^==«2[-—^^Y+y'^Y
o
— . .ou bien, pour x = a = - :
4L 2'3 45 67 8 ' 9 J 4L2li2l3ol
+ 56 ' 9Ô+" ' 'J = 8 """48 """Tâô i" 224~'_ 360 "r" ' ' '
On voit bien que cette progression n'avoit donc rien à faire avec la quadrature de l'hyper-
bole, proposée par Huygens dans l'Addition au Discours de la cause de la Pesanteur, au lieu
cité dans la note 7 de la lettre N°. 2632.
I4) Leibniz l'a fait dans son article „Quadratura arithmetica communis Sectionum Conicorum
quae centrum habent, indeque ducta Trigonometria Canonica ad quantameunque in numeris
exactitudinem a Tabularum necessitate liberata : cum usu speciali ad lineam Rhomborum
nauticam, aptatumque illi planisphaerium", publié dans les Acta d'avril 1691. Après avoir
rappelé sa quadrature célèbre du cercle au moyen de la progression 1 1 [-•••»
il poursuit: „Interim insignes quidam Mathematici, quibus veritas primariae nostrae propo-
sitionis dudum in his Actis" (ceux de février 1682) „publicatae innotuit, pro liumanitatc
sua nostri qualiscunquc inventi candide meminere Qnos inter 111. Hugenius etiam analogum
aliquid in Ilyperbola eleganter adjecit, a nostri olim schediasmatis analogia diversum. Ut
enim nos dederamusseriem-J fi A — fi etc. per circulum: ita ipse-/4- -fi A- - fietc.
1 3 5 ï 3 5
per hyperbolam primariam exbiberi notavit". . . .
,5) Voirla Lettre N°. 2627, note 9.
1<s) Voir Lettre N°. 2627.
I?) Dans sa réponse à von Tschirnhaus, mentionnée dans la Lettre N°. 2467, note 2.
552 CORRESPONDANCE. 169O.
Peut-eftre que M. Spener a penfé à quelque chofe de femblable avec fon fiphon
qui doit attirer, mais fi cela eftoit, il ne deuuroit pas avoir manqué. Ainfi je ne fcay
pas bien ce que c'eft. Puis que vous avés fait des expériences de confequence avec
l'ambre, je vous diray que feu Mons. Gericke en auoit fait de fort confiderables
avec des corps électriques. Il m'en écrivit un jour et j'en chercheray le détail. Ce
qui m'a fait croire que la variation de l'eguille a quelque règle (quoiqu'inconnue
encor) c'eft que j'ay vu des journaux des grands voyages ou elle eftoit très fouvent
obfervée et ou elle ne changeoit pas par fauts mais peu à peu.
Comme ma lettre fur les planètes et autres points, que je vous deftinois il y a
long temps eft quafi faite, je la finiray et la mettray au net, pour la vous envoyer
auffi toft l8) que je feray un peu plus libre pour pouuoir vaquer à des penfées que
je n'ay plus prefentes dans l'efprit. Je vous remercie de ce que vous dites de
Meilleurs Hudde et Witfen. Quoyque je fouhaite fort de voir vos penfées pu-
bliées, je préfère l'intereft de voftre fanté à celuy de noftre utilité. Peut-eftre
pourries vous donner fouuent des penfées détachées qui feraient de confequence
fans vous tant attacher à la forme des ouvrages réguliers. Je fuis avec tout le zèle
que je dois
Monsieur
Voftre trefhumble et trefobeifTant ferviteur
Leibniz.
A Monfieur
Monfieur C. Hugens
Seigneur de Zulichem
franco Brème à la Haye.
18
) Voir la note 3 delà Lettre N°. 2632.
CORRESPONDANCE. 169O. 553
N= 2637.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
l6 NOVEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2630.
Erentfefte en zeer difcrete heer
Aétum Amfterdam den 26 November.
Mijn hr. van Zelem
Voor 't tegenwoordigh heb ik niet connen nalaten de weet te doen aangaande
de toeftant der aanftaande befendingh van de naaft volgende Ooftindifche Car-
guafoen fchepen, die nu 00k ophanden is, en zonder uytftel in 2 a 3 weken ftaat
volvoert te worden, op een van welke de horologien gevolgelyck fullen geplaart
werden en nadien 't van UE: a: believen is geweeft, dat ik naar een horologie-
makers knecht eens foude omfien; alzoo onderUE. a: vorige Letteren laat in-
vloeyen,dat de zoon vanUE horologiemaker zijn vaderhem nietcan mitzen J),en
ingevalle UE : a: noch niemant bewult was, zoo is er mij na vrij wat ibeckens een
voortgekomen, die daar toe wel geinclineert was; dit is ail 't geen ik UE : a: nu
weet te fchrijven, fullende de hr. van de blocquery zoo ik verllaan heb, kort naar
den ontfangh van defe nader fchrijven 2), hier mede blijven
Mijn hr.
UEd. zeer dienftwillige dienaar
Jan de Graaff.
Aan de Wel E. hr. Con: van Suylichem,
om te Behandigen aan de E. hr. Cr. van Zelem
tôt Voorburg
's Gravenhaag.
') Voir la Lettre N°. 2615. 2) Voir la Lettre N°. 2638.
Œuvres. T. IX. 70
554 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2638.
S. van de Blocquery à Christiaan Huygens.
ij novembre 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
WelEdele geftrenge Heer
De Tijt gekomen zijnde dat mons.r de Graef nu met de bewufte horologien
nae de kaap zoude vertrecken, vinden wij eerftelijk dut ons manqueert een horo-
logiemaker, om defelve fchoon te maken en ontftelt zijnde, weder te recht te
brengen, ten anderen dat ons naeder werd aengewezen opwat wijze, en hoedanig
men die in het fchip zal moeten ophangen, en ten derden is bij mons.i" de Graaf
ondervonden dat de pendule van het eene zoo reiolut niet doorgaat, als van't
andere, en't geen wel het principaelfte is, dat de wijzer van de feconden, ieder 2
minuten een féconde voortfpringt, 't geen wij oordeelen veroorzaekt te zijn
door dien in het werk van binnen iets moet wezen ontftelt, en alzoo mijne heeren
van de Compie dit laefte experiment niet geern weder zouden beginnen, met een
horologie dat reeds niet word bevonden te wezen in de gerequireerde ordre, en
dat aan-'t hangen off plaetzen mede vrij wat fchijnt gelegen te wezen, dat defelve
00k geern zouden zien dat uwelEd. geftr: daer bijvoegde een horologiemakers
gezel, op dewelke hij fich meijnde te konnen verlaeten, zoo hebben defelve
gemeijnd nodig te wezen, dat ik uwelEd. geftr: van dees toeval en bedenkelijk-
heden verwittigde; en te gelijk verfocht dat zoo het deffelfs commoditijt eenig-
fints quam toe te laeten, hij de moeijte wilde nemen van eens herwaerts te komen,
om op ailes de vereyfchte ordre te ftellen, en nevens ons die forge helpen drae-
gen, dat 'er nu niets aen mag komen te haperen, zijnde de compie gejnclineert
ditmael ailes te doen wat er zoude konnen werden gerequireert, ik maak ftaet,
dat onze fchepen in 8 a 10 dagen klaer zullen wezen, en was het wel nodig dat
het eene horologie inmiddelswierdegerepareert, en in die ftaet gebragtwaermede
uwelEd. geftr : zal meynen, dat men het effeér. van de verwachtinge zal konnen
hebben, opt welk ik uwelEd. geftr: refcriptie met deflelfs believen zal tegemoet
zien, en inmiddels met veel refpecl: toonen te zijn
Weledele geftr : Heer
uWelEd : geftr: zeer ootmoedigen dr.
v. d. Blocquery.
Amfterd: 27 Novemb. 1690 ')••
l) Au revers de la lettre Huygens a noté :
CORRESPONDANCE. 1690. 555
N° 2639.
G. W. Leibniz à Christiaan Huygens.
5 DÉCEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle a été publiée par P. J. Uylcnbroek ») et par C. I. Gerhardt ').
La lettre fait suite au No. 2636.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2643.
A Hanover ce 25 de Novembre vieux ftyle 1690.
Monsieur
J'appréhende de vous importuner trop fouuent et d'interrompre vos penfécs
que j'eftime pretieufes. Mais la raifon qui me fait écrire maintenant, eft que ma
dernière, qui comme j'efpere vous aura elle rendue maintenant, a befoin de fuite
pour fatisfaire entièrement aux deux problèmes que vous m'aviés propofés. Je
crois qu'il n'y a plus rien à demander 3) à l'égard de l'une des lignes propofées,
ou DB 4) deuoit élire — , car en ce cas, prenant les lignes au pied de la
y 2aa— axy r & r
lettre, comme vous les auiés exprimés, les lignes transcendantes, dont je vous ay
envoyé l'équation, y Satisfont parfaitement. Mais en cas qu'on veuille DB =
= -, la ligne que vous aves donnée vous même y iatislait. c viens
%aa — ixy & n J J
J. de Graaf met de 1 Horologien vertrocken naar de Caap de Bonne Esp.c den 28 Dec.
1690.
Met hem tôt seconde . . . van Laar.
En voor Horologiemaecker Carel Meybos.
Het schip Brandeburgh.
Schipper Verbrugge.
I-) Chr. Hugenii Exercitationes Mathematicae, Fasc. I, p. 5 1 .
2) Leibnizens Mathematische Schriften II, p. 64 et Briefwechsel p. 622,
3) Cette remarque semble indiquer que Leibniz, aussi peu que Huygens, n'avait pas encore l'ait
l'observation que la solution complète d'une équation différentielle doit contenir nécessaire-
ment une constante arbitraire. Il est vrai que ses propres solutions contiennent souvent une
telle constante, mais comme il se contente ici expressément de la solution particulière de
Huygens, on en doit bien inférer qu'il n'avait pas encore entrevu la signification fondamen-
tale de ces constantes.
4) Voir la figure de la Lettre N°. 2633.
556 CORRESPONDANCE. 1 690.
à l'autre queftion, fcanoir quelle ligne fatisfait, DB devant eftre — — 2X,
ou bien ix — — * car j'ai voulu chercher l'un et l'autre, afin qu'il ne manque
rien, quelque interprétation que vous puilfiés donnera voftre demande. Et il eft
à notre que les courbes encor icy font toutes différentes félon qu'on change les
lignes, bien qu'il arrive icy, qu'elles deviennent toutes deux ordinaires, au lieu
qu'auparavant le changement des lignes a fait venir une ordinaire pour une tranf-
cendante. Je dis donc que lors qu'on demande DB =-- — ix, comme vous
l'aviés propofé, l'équation de la courbe eft 6a6xxy* = a6y6 + r12 5), d'où la dite
valeur de DB viendra incontinent par le calcul ordinaire des tangentes. Mais lors
qu'on demande DB = u--, la courbe qui fatisfait eft allez différente de la
n ax
précédante, et fon équation eft ir*xx = rAyy + aay*6~), qui eft moins élevée que
l'autre de deux degrés. On peut varier la courbe en changeant la proportion de
r à a. Ainfi j'efpere maintenant de m'eftre juftifié un peu, et que vous reconoiftrés,
Monfieur, que j'ay eu quelque raifon de m'attacher aux lignes de la manière que
vous les aviés marqués vous même. Car fuivant l'Analyfe toute pure (comme il
eft neceflaire de faire quand on veut chercher des folutions par fon moyen) les
lignes doivent eftre gardés tels que le calcul les fournit, fauf par après à celuy qui
fait la conftrnélion de mener la ligne CD comme il faut, félon que la valeur de DB
eft affirmative ou négative. Ces petits changemens font quelques fois caufe des
beveues, fur tout en des méthodes, ou l'on ne s'exerce pas fouuent, comme il m'eft
arrivé en vous écrivant ma dernière, ou le calcul que je vous ay envoyé touchant
la relation entre les efpaces et vélocités, item entre les temps et les vélocités eft
bon; mais la confequence que j'en auois tirée n'eft pas bonne entièrement. Car
les temps eftant /, efpaces s, vélocités v, la plus grande vélocité a, il eft vray
a3
comme j'ay marqué que les temps font comme les fommes de , et les ef-
paces comme les fommes de Mais au lieu d'en tirer cette confequence
que les temps font comme les logarithmes de ]/ Çaa — vv) et les efpaces comme
dx *v~
5) La solution complète de l'équation différentielle y j-=— 2x s'écrit en effet :
6~) La solution complète de l'équation y -^-==2x — —s'écrit ix~ =y2 -j- C;y4.
CORRESPONDANCE. 169O. 557
les logarithmes de la raifon de a + v à a— v, je deuois dire le contraire. Et
peut-eftre ne fériés vous pas fâché, Monfieur, d'en voir la de-
monftration. Soit ECG l'hyperbole dont le centre A, le vcrtex
C, les afymptotes AB, AH; et BC collé du quarré AC foit l'unité
ou a dont le logarithme o. L'on fcait que l'efpace ou parallélo-
gramme hyperbolique (comme vous l'appelles) BG fera le loga-
rithme de AF, mais — BE fera le log. de AD, ou bien BE fera
le log. de DE ou de -^y Donc il cft clair que BD ou BF
ertant v "), alors BG ou le log. de i + v fera | v — i v2 -t- ± v3 etc., et BE
ou le log. de _ fera ± v + ± vv + ± v3 + % v4 etc. donc BG + BE ou le
log. de _ *), fera \ v + fy3 + | vs etc., ce qui eft le double de la fommé de
a3
; mais BG — BE ou le log. i + v par i — j>, c'eft à dire le loe;. de
aa—vv b t •> b
1 — vv fera — % vv — \ v4 — %v6 etc. Ou bien le log. de„ r — fera
45 to j/i — vv
\vv + ^v4 + \v6 etc. Ainfi]/^i — vv eftant en progreiïion Géométrique de-
croiïïantc, fî-'V + ^^H- Ji>6(c'eft à dire la fomme de ) feront en progref-
Cl Cl — y y
fion Arithmétique croiiïante. Cette méthode fervira en beaucoup d'autres rcn-
1 — v
contres; donc les vélocités eftant î>, les temps feront les logarithmes de — — -, et
les efpaces feront les logarithmes de ]/^i — vv. Ainfi ce que j'auois dit dans les
Actes imprimés") n'a pas befoin de la correction que j'auois crû. Et l'équation
exponentiale que je vous auois envoyée pour la relation des efpaces et temps aura
lieu, pourveu qu'on y change s en t et vice verfa.
Je m'imagine que vous jugerès maintenant que les équations cxponentiales
n'ont rien d'obfcur. Elles n'introduifent point de nouuelles lignes comme il 1cm-
bleque vous l'aviés pris, mais elles expriment mieux celles dont on a befoin, et
les expriment d'une manière au delà de la quelle il n'y a rien à prétendre. Auflî
quand j'ay dit 8) que l'équation d'une certaine ligne efl —£ = b~~^ •> vous voyés
bien maintenant que c'eft comme fi j'auois dit la nature de la ligne eftre telle que
x3y eftant en progreiïion Géométrique, ixy ou même xy font en progreiïion
7) Voir la Lettre N°. 2632, note 10.
8) Voir la Lettre N°. 2623.
558 CORRESPONDANCE. 1690.
Arithmétique. On peut propofer de femblables problèmes en nombres, par ex-
emple foit xx + x = 30, alors on fatisfera faifant # = 3. Et ces problèmes ne fe
peuuent conftruire géométriquement que par les lignes dont je me fers, lorfque
les racines ne font pas rationelles. Et je croirois auoir perfectionné l'analyfe, fi
je pouuois toufjours réduire les quantités tranfcendantes à un tel calcul. Et je
feraybien aife de fcauoir ce qui vous en femblera maintenant que le procès efi:
aflez inftruit pour que vous puiffiés donner arrêt.
Vous reconnoitrés peut-eflre auffi que je n'ay pas eu tant de tort de dire que ma
manière de calculer fert pour les problèmes des tangentes données. Quand j'auois
vu que vos deux lignes propofées eftoient in poteflate, je m'eilois contenté d'en
calculer l'une, qui venoit plus aifement, et j'attendois pour donner l'autre d'ap-
prendre fi elles pouuoient fervir. Mais je voyque vous les aviés propofées tentandi
gratia. Neantmoinsj'ayeflé bien aife de voir fi je vous pourrois donner fatisfadtion,
depuis que j'ay vu que la première n'auoit pas trouué une audience favorable.
Cependant je ne me vante pas d'auoir pouffé cette méthode à fa perfection. Il
s'agit fans doute de ce qu'il y a de plus profond et de plus difficile dans la Géomé-
trie et dans l'Analyfe. Mais je puis dire que je n'en fuis pas fort éloigné et j'efpe-
rerois d'en venir à bout fi j'auois le loifir qu'il faut. Ce qu'il y a de beau entre
autres, dans cette Méthode, efr qu'elle mené directement à des tranfcendantes,
comme elle doit auffi, puifque ordinairement on y doit venir dans ces queflions,
à peu près comme ordinairement les racines des équations font fourdes. Mais
lors que les courbes ordinaires peuuent fatisfaire, les tranfcendantes mêmes le
monftrent. J'ay une autre manière particulière9) qui reuffit toutes les fois que la
courbe efi: ordinaire, mais je ne m'en fers pas volontiers à caufe de fa prolixité, il
faudrait faire des Tables pour la rendre ai fée. J'eftime bien plus la générale,
mais je ne l'ay pas encor portée à fa perfection. Mais vous ferés las de ces baga-
telles. Il efi temps que je finiffe en me difant comme je puis faire avec beaucoup
de zèle et de fincerité
Monsieur
Voftre très humble et très obeiffant ferviteur
Leibniz.
9) Allusion à la méthode mentionnée dans la Lettre N°. 2627 et esquissée plus amplement aux
pages 295 et 296 de l'article: „De Geometria recondita et analysi indivisibilium atquein-
finitorum" publié dans les „Acta" du mois de juin 1686.
CORRESPONDANCE. 1690. 559
PS. Je vous envoyeray tout ce que jay promis 10) lors que je feray un peu plus
en eftat de méditer à des chofes que je n'ay plus prefentes dans Fefprit,
") BD oo BF co v [Chrifliaan Huygens],
*) Log. rationis i -+- v ad i — v, quae efr. ratio DE ad FG [Chrirtiaan Huygens].
N= 2640.
D. Papin à Christiaan Huygens.
6 DÉCEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle à été publiée par E. Gerland l).
Elle est la réponse au No. 2.617.
Chr. Huygens y répondit le 2 novembre 1691.
0 Monsieur
J'ay lu et relu vos deux traittez, et autant que j'en puis juger, on ne peut pouffer
ces matières plus loing en ce que Vous en avez traitté: mais il efl: vray, comme
Vous le remarquez auffi, qu'il ij a encor bien des chofes que Vous n'avez pas
touchées: mais il faut efperer que Vous pourrez le faire dans la fuitte. J'ay trouvé
que voftre remarque de la page 17e 2) touchant les ondes particulières de chaque
10) Nouvelle allusion à la pièce N°. 2628, qui n'a jamais été envoyée.
') Leibnizens und Huygens Briefwechsel mit Papin, p. 161.
:) Il s'agit du principe célèbre de Huygens, conçu dans les termes suivants : „I1 y a encore à con-
sidérer dans l'émanation de ces ondes, que chaque particule de la matière, dans laquelle une
onde s'étend, ne doit pas communiquer son mouvement seulement à la particule prochaine,
qui est dans la ligne droite tirée du point lumineux; mais qu'elle en donne nécessairement à
toutes les autres qui la touchent, et qui s'opposent à son mouvement. De sorte qu'il faut
qu'autour de chaque particule il se fasse une onde dont cette particule soit le centre".
560 CORRESPONDANCE. l6ûO.
particule de matière Etherée, eftoit fort neceffaire pour expliquer la refraétion et
demonftrer la proportion des finus qu'elle obferve : caria rai Ton de Mr. Defcartes
dans fa Dioptrique ne m'a jamais fatisfait, et les conlequences curieufes que four-
nit voftre Hypothefe pour prouver que la refraétion ne fe fait pas Amplement à la
fuperficie mais qu'elle caufe vne courbure continuelle dans les rayons qui s'efpen-
dent dans l'air 3) : ces confequences, disje, eftoient auffi fort neceffaires pour ex-
pliquer les différentes refraétions des rayons qui demeurent dans l'air fans paffer
dans vn autre milieu. J'ay auffi admiré, Mons.r, combien voftre Hypothefe pour
la double refraétion du criftall d'Iflande fatisfait parfaitement à tant de phéno-
mènes que Vous avez obfervez avec tant de curiofité et de fubtilité, tant dans les
fuperficies naturelles du criftall que dans les coupes faittes à deffein par d'autres
plans. J'avoue pourtant que j'ay de la peine à concevoir comment cette Hypothefe
peut eftre véritable: car enfin vos demonftrations pour la refraétion en gênerai
fuppofentvne parfaitte homogénéité dans le milieu ou fe fait la refraétion en forte
que toutes Tes parties foient de nature a rallentir également la propagation de la
lumière : mais il me femble que le criftall d'Iflande tel que Vous le reprefentez ne
fçauroit avoir cette homogénéité : car i°. pour expliquer la refraétion régulière il
faut fe reprefentcr ce criftall comme vne portion d'Ether ou il ij a quelques par-
ties criftallines entremeflées qui ij retardent le mouvement de la lumière mais la
compofition intérieure de ce criftal, telle que Vous la reprefentez dans la fuitte
nous donne lieu de croire que ces parties criftallines ne font pas diftribuées comme
il faut pour faire également de refiftance dans toutes les parties de ce corps: car
ces petits fphaeroides fi égaux et arrangez fi régulièrement les vns fur les autres
doivent, ce femble, refifter beaucoup plus aux parties donde de lumière qui paflent
proche de leur centre, qu'à celles qui pafTent vers leur circumference ou ils ont
moins d'efpaifTeur : à moins de les fuppofer plus petits que le moindre point de
lumière fenfible : et non obftant cela il fembleroit toufjours que la facilité qu'ils
ont à laifTer pafTer la lumière plus vifte vers vn fens que vers l'autre, devroit pro-
duire fon efFcét dans la refraétion régulière et rendre auffi fes ondes fpheroides:
20. je trouve auffi vne difficulté à l'égard de la refraétion irreguliere,c'eit que cette
propagation de lumière fe faifant dans les parties criftallines qui font de nature à
rallentir le mouvement, comm'il paroift par la refraétion régulière, il femble que
lad.e propagation devroit donc eftre encor plus lente que la régulière, et cependant
c'ert tout le contraire: puis qu'elle remplit tout le fpheroide tandis que la refraétion
régulière n'emplit que la fphaere qui y eft infcritte. Je ne vois pas bien comment
3) Allusion à divers passages du quatrième chapitre, intitulé :„De la refraction de l'air", pp. 42-48
du Traité de la lumière.
CORRESPONDANCE. I 69O. 56 I
on pourroit expliquer cela; mais cependant, Monfieur, il faut avouer que la con-
formité de tant de phaenomenes avec la Théorie c'ell quelque chofe de bien fort
pour perluader la vérité des Hypothefes, et pour faire croire qu'il ij aura moien
d'olter les diflicultez qui ij paroiflent dabord, aufli bien que pour expliquer
l'expérience furprenante que Vous rapportez pag. 80 4). Voftre manière pour
trouver les figures qui fervent à la reflexion et réfraction m'a paru extrêmement
commode.
Pour venir à prefent à la caufe de la dureté je Vous avoue, Monfieur que je ne
puis encor entrer dans voftre fentiment : Je goufte fort les raifons que Vous ap-
portez contre Monfieur Defcartes pour prouver que fi la matière a eflentiellement
quelque dureté cette dureté doibt eftre invincible: mais je ne puis croire qu'on
puifTe, fans s'éloigner des principes naturels, luy attribuer la dureté aufli eflentielle
que l'efïendue : car enfin je luy attribue l'efïendue comme eflentielle : parce qu'en
effet il m'efl impoflîble de concevoir la matière fans etlendue; mais il n'en eff pas
de mefme de la dureté : car non feulement je puis la concevoir liquide; mais encor
la diftinélion réelle que je conçois clairement entre des parties qui font tout à fait
les vnes hors des autres, femble inférer neceflairement vne feparation facile a
moins que quelque caufe extérieure l'empefche: n'ij ayant aucune neceflité que le
mouvement qui convient à l'une doive aufli convenir à l'autre : et encor vn coup,
il me femble que de pofer vne telle neceflité c'eit pofer vn principe qui n'eft pas
naturel. J'avoue pourtant, Monfieur, que l'expérience fait voir qu'il ij a de la
dureté dans le monde, et quil eil difficile d'expliquer cette dureté à moins de fup-
pofer quelque dureté première qui foit la caufe des autres: mais je ne crois pour-
4) Lisez: 89. Dans cette page, en effet,etdans les suivantes, Huygens donne la description com-
plète et distincte des phénomènes de polarisation qu'un rayon de la lumière présente lorsque,
après avoir traversé un premier cristal d'Islande, il passe par un second. Il remarque que
i°. dans tous les cas où les sections principales des deux cristaux sont parallèles, chacun des
deux rayons sortis du premier cristal conserve le même caractère dans le second et ne
fournit dans celui-ci qu'un seul rayon, savoir, le rayon ordinaire un rayon ordinaire et
le rayon extraordinaire un rayon extraordinaire, que, 20. dans le cas où les sections prin-
cipales sont perpendiculaires l'une à l'autre, les deux rayons restent encore simples dans
le second cristal, mais présentent avec le premier cas cette différence, que le rayon ordinaire
du premier cristal devient extra-ordinaire dans le second et réciproquement. Dans tous les
autres cas, chacun des deux rayons sortis du premier cristal se dédouble dans le second
en un rayon ordinaire et un rayon extra-ordinaire. Avant de donner la description de
ce «phénomène merveilleux" Huygens remarque: „Bien que je n'en aie pas pu trouver
jusqu'icy la cause, je ne veux pas laisser pour cela de l'indiquer, afin de donner occa-
sion à d'autres de la chercher." Ce ne fut que 121 ans plus tard que les recherches de
Huygens furent reprises et poursuivies par Malus qui réussit à trouver la cause de ces phé-
nomènes.
Œuvres. T. IX. 71
562
CORRESPONDANCE. IÔQO.
— "r
tant pas que cela foit impoffible: fuppofant, par exemple le mefme corps que Vous
m'avez propofé, fait des deux parties A, B et environné d'vne liqueur qui le prefTe
en tout fens, je dis que fi on pouffe la partie A vers C il faudra que la partie B foit
auffi affectée par cette nouvelle impreffion : ce qui eit vne marque de leur vnion.
Pour prouver cela, M.r, je Vous fupplie de confiderer que
A et B ne font pas dans vn repos abfolu ; mais ils font con-
tinuellement dans le mefme eftat que s'ils fe chocquoient
avec vne certain viteffe : car fi tout d'un coup on oftoit B, par
exemple, avec la liqueur qui le preffe de F vers G, au
mefme inftant la partie A iroit vers F et ij parviendrait
daiïs le temps 1", par exemple, tout auffi bien que fi dans la
1" précédente il fuft venu de G en A: je dis de mefme que
B iroit vers G fi on oftoit A. Ces parties donc fi preffees
comme nous les fuppofons font au mefme eftat qu'elles
feroient dans l'inftant du choc fi l'une venoit de F en B et
l'autre de G en A avec égale viteffe, et qu'elles n'enflent
point d'elafticité pour caufer aucune reflexion. Il faut donc
voir a prefent ce qui arriverait fi, dans ce mefme inftant du
choc, quelqu'autre force dont la viteffe ferait AH, par exemple, venoit pouffer la
partie A vers C. il elt clair que dans cet inftant la direction ny la viteffe de A ne ferait
plus AF, mais ce ferait la diagonale du rectangle BI fuppofant FI égale à AH. ou
du moins ce ferait vne ligne parallèle et égale à BI. Or il eft clair que le refultat
d'un tel choc ne fera point que A prenne fa direction vers C en gliffant par le plan
DE, mais comme il aura fa direction vers I avec plus de force que B ne luy fait de
refiftance il faudra necefîairement que B change du moins de fituation pour le
laiffer paffer: et ces deux parties enfemble feront quelque converfion comme il
arrive quand on pouffe vn corps par vne ligne qui ne pafle pas par fon centre de
gravité: mais il ne s'enfuivra pas qu'après cette converfion ces deux parties
doivent encor fe feparer: car en mefme temps que la converfion commence la
preflion de la liqueur ou ils font continue toufjours de les preffer l'vne vers l'autre
ce qui fait qu'a chaque inftant elles font au mefme eftat que fi elles fe chocquoient
fuivant la nouvelle fituation quelles acquièrent et ainfi cet effort continuel qu'elles
font l'une vers l'autre, fait que la force HA qui tend a faire gliffer A par le plan
DE ne fçauroit en venir à bout a moins que la force HA furpaffaft la force FA en
forte que B ne puft fuivre le mouvement de A : car alors A glifferoit en effet et fe
fepareroit de B; mais ce ne ferait toufjours point fans changer vn peu la fituation
de B. Voila, Mons.r, comment il me fembla qu'on peut expliquer la dureté par la
preflion extérieure des liqueurs qui environnent, fans qu'il foit befoing d'avoir
recours a vne dureté eflentielle: je Vous fupplie d'avoir la bonté de me donner
encor quelque eclairciflement fur cela.
Vn peu avant que d'avoir receu l'honneur de voftre dernière, ces M.rs de
CORRESPONDANCE. l60O. 563
Lipfik m'avoient envoyé les A&a ou j'avois veu dans le mois de May vn écrit
de Mons.r Leibnits contre moy 5), que Vous aurez fans doute remarqué : Voftrc
livre, Monfieur, et voilre dernière lettre m'ont efté fort vtiles pour ij faire ref-
ponfe 6) : j'ay par ce moien prévenu les railleries que Vous m'avertifTez fort bien
que Ms.rs Leibnits ou Bernoulli auroient pu faire fur le trop grand effecT: que j'ay
attribué à la machine de Monfieur Perrault 7) : et le tour que je donne à cette
affaire fera fans doute trouvé bien meilleur venant ainfi de moy mefme que fi je n'ij
avois eu recours qu'après ij eftre contraint par les objections qu'on m'auroit faittes.
Je refpons aufii dans la mefme pièce à l'autre objection, que Vous avez daigné
me faire et que j'avois preveue, fur l'équilibre qui fe trouveroit fi la balle D pefoit
200 livres8): mais je ne grofiîray pas à prefent ce pacquet en ij joignant cet
écrit: car je'm'aufTeure que ces M.rs de Leipfik l'inféreront bien toft dans les
A&a9^) s'ils ne l'ont defjâ fait, et qu'ainfi Vous le verrez la plus commodément.
Je Vous fupplie très humblement, Monfieur, d'avoir la bonté de me dire ce que
Vous en penfez: et fi je n'ay pas eu raifon de dire que Mons.r Leibnits Çpag.
23 1. A&. Erud. An. 1690) donne vn argument qui eil manifeftement refuté dans
la page 145 de voftre livre IO).
5) G. G. L. De causa gravitatis, et defensio sententiae suae de veris natnrae legibus contra Car-
tesianos. L'article était dirigé contre l'article de Papin, cité dans la Lettre N°. 2595, note 8.
6) Dans l'article cité dans la Lettre N°. 26 1 7, note 9.
~) Consultez la note 7 de la Lettre N°. 2595 et la Lettre N°. 2617.
8) Il résulte du de l'article cité par Papin (Acta Eruditorum 1691 page 12 et 13) que celui-ci
n'a nullement saisi le sens et la portée des objections qui lui avaient été faites par Huygens.
9) L'article parut dans les Acta de janvier 1691.
10) Allusion au passage suivant de l'article de Papin, cité dans les notes précédentes: jjPer dictae
materiae" (la matière qui, suivant la théorie de Huygens, est la cause de la gravité) „velocita-
tem explicat celeberrimus Autor" (Huygens) gravium in descensu accelerationem : moxque
pag. 1 48 (lisez : pag. 1 45) ostendit, a mediocri velocitate eundem effectum non posse expectari,
sicque manifestissime refellit Cl. L. argumentum (in Act. Ervd. A. 1690, p. 231) ex tubo
tig. 3 desumptum". Ajoutons qu'il s'agit de la question si la valeur constante de l'accélération
pendant la chute des corps, indépendamment de la vitesse déjà acquise, pouvait s'expliquer,
oui ou non, dans l'admission d'une vitesse très grande de la matière fluide qui est censée être
la cause de la pesanteur. Papin, dans l'article cité dans la Lettre N°. 2595, note 8, avait mis en
avant la nécessité de cette grande vitesse. Leibniz, au contraire, la niait; maison doit avouer
que ses arguments sont peu concluants et ne témoignent par d'une entière intelligence de la
théorie de Huygens. Ainsi, l'expérience sur laquelle il s'appuie, celle du tube tournant rempli
de mercure et contenant en outre un globe d'une matière moins dense, a-t-elle une grande
ressemblance avec l'expérience de Descartes, rapportée par Huygens à la page 133 de son
„Discours de la pesanteur" et récusée expressément par lui comme n'ayant aucun rapport
avec sa propre théorie de la cause de la gravité.
Huygens lui-même s'exprime d'ailleurs très clairement sur la question en litige au lieu cité
par Papin. En effet, on y lit: ,.Mais pour revenir à la Pesanteur; l'extrême vitesse de la ma-
tière qui la cause, sert encore à expliquer comment les corps pesants, en tombant, accélèrent
564 CORRESPONDANCE. 1690.
Je m'eflimerois bien heureux, Moniteur, fi je pouvois aller recevoir les inftruc-
tions de voftre propre bouche fans Vous donner la peine d'écrire: et je ne des-
efpere pas de le faire non obftant la guerre : car quoyque les temps miferables
foient fort contraires aux Mufes, ils ne le font pourtant pas aux ouvriers comme
moy qui ont beaucoup travaillé pour remédier à la mifere, et pour tirer des aliments
fains etagreablesde chofes qu'on rejette d'ordinaire comme inutiles. Vous pouvez,
s'il Vous plaift, voir ce que j'ay écrit fur cela depuis la i.ejufques à la ia.epagedu
traitté anglois J1) que j'eus l'honneur de Vous prefenter en païïant à la Haye I2):
je me fuis encor depuis ce temps perfectionné fur cette matière auffi bien que fur
la confervation des fruits dans le vuide: de forte qui fi j'eftois dans vne grande
ville et que les Magiftracs voulufTent feulement authorifer ce que je propoferois,
je ne doute point que je feiffe bien mes affaires en fervant fort vtilemcnt le Public.
D'autre codé l'Académie a agi avec moy d'une manière à faire voir clairement qu'ils
voudroient me réduire à dépendre de la mifericorde de mes collègues, ce qui eft
bien différent de ce qu'on m'avoit écrit à Londres : j'ay donc eu recours à S. A. S.
et je ne fcay pas quelle fatisfaction je pourray obtenir tant à caufe qu'effective-
ment je fuis icy fort peu vtile, comme je Vous l'ay autre fois mandé I3) que parce
que plufieurs de M.rs nos ProfefTeurs ont de proches parents et alliez dans le con-
feil. Ainfi je vois grande apparence que cela reuffira à me faire fortir d'icij : je le
feray pourtant de la meilleure grâce qu'il me fera poffible: mais je ne vois point de
fi bon moien pour cela que fi j'avois quelque vocation pour vne Académie ou pour
quelque ville maritime : dans ce dernier cas on pourroit prendre le prétexte d'une
nouvelle invention que j'ay pour vivre foubs l'eau et dont on voudrait tafcher de
tirer advantage, ce qui ne fe peut faire dans le pays de Méfie : ainfi je pourrois
tonsjours leur mouvement quand mesme ils l'ont desja acquis à un fort grand degré de vitesse.
Car celuy de la matière fluide, surpassant encore de beaucoup la célérité d'un boulet de canon,
par exemple, qui retombe de l'air, après y avoir esté tiré perpendiculairement, ce boulet,
jusqu'à la fin de sa chiite, ressent à fort peu près la même pression de cette matière, et partant
sa célérité en est continuellement augmenté. Au lieu que, si la matière n'a voit qu'un mouve-
ment médiocre, la balle après en avoir acquis autant, n'accelereroit plus sa chute, par ce qu'au-
trement elle serait obligée de pousser cette même matière, à succéder dans sa place avec plus
de vitesse qu'elle n'auroit pour cela par son propre mouvement."
„L'on peut enfin trouver icy la raison du principe que Galilée a pris pour démontrer la
proportion de l'accélération des corps qui tombent; qui est que leur vitesse s'augmente égale-
ment en des temps égaux. Car les corps estant poussez successivement par les parties de la
matière qui tache de monter en leur place, et qui, comme on vient de voir, agissent continuel-
lement sur eux avec la même force, du moins dans les chûtes qui tombent sous nostre expé-
rience; c'en est une suite nécessaire que l'accroissement des vitesses soit proportionel à celuy
des temps."
") A continuation of the new Digester of Bones, together with some improvementsand nevv
uses of the airpump. London, 1687, in-40.
I2) Voir la Lettre N°. 2595, note 10. I3) Voir la Lettre N°. 2595.
CORRESPONDANCE. 1690. 565
forrird'icij dvnc manière qui ferait honorable pour tout le monde: et je ne deman-
derais rien à ceux qui m'auroient appelle finon qu'ils daignafTent authoriferceque
j'entreprendrais pour l'utilité publique. Je prens donc la liberté, Monfieur, de
Vous fupplier très humblement de voir fi la chofe eft faifable, et en ce cas d'avoir
la bonté de me le faire fçavoir : parce que j'attens bien toft refponfe du Prince et
fuivant cette refponfe il faudra que je prenne mes mefures. Au refte, Monfieur, ce
que je dis de la manière de vivre foubs l'eau n'eftpas vne chymere controuvée ex-
près: car, outre ce que j'ay publié dans les Aïïa de l'année dernière 1 4) touchant la
manière de conferver la flame foubs l'eau, j'entreprendrois au péril de ma vie de
faire le vai fléau de Drebell I5) de fi bon fervice qu'on pourrait s'en fervir pour les
plus longues navigations avec plus de vitefTe et moins de danger que d'un vaiffcau
ordinaire: et on pourrait entrer dans les ports ennemis fans eftre apperceu, et ij
couler a fonds tous les vaiffeaux qui ij feraient. Je fçay que fort fouvent en faifant
de femblables propofitions on s'expofe à pafTer pour ignorant ou pour fourbe :
mais je me mets à l'abry de cela en choififfant vn introducteur auffi éclairé que
Vous fur ces fortes de matières, et de qui la réputation eft fi bien établie par tout:
et enfin tout ce que je demande à prefent ne fçauroit faire que du bien à ceux
qui me feraient l'honneur de m'appeller: puifque du moins ils augmenteraient
le nombre de leur fujets fans rien debourcer: fi ce n'eftque dans la fuitte eftant
éclairez de vos lumières ils jugeaffent à propos de me faire travailler à quelque
chofe pour leur propre fervice et vtilité. J'efpere donc, Monfieur, que l'honneur de
voftre bienveillance qui m'a autrefois fi heureufement introduit dans le monde16)
m'ij pourra encor foutenir dans le pas gliffant ou je me vois, c'eft dont je Vous
fupplie très humblement eftant avec vn très profond refpecl,
Monsieur
Votre trefhumble et trefobeiffant ferviteur
D. Papin.
de Marbourg ce 26e v. s. Novemb. 1690.
*) Refpondu le 1 Nov. 1691. [Chriftiaan Huygens]
14) Les „Acta" de septembre 1689, où l'on trouve l'article intitulé: „Lxcerptaex litteris Du.
Dion. Papini ad... de Instruments ad flammam sub aqua conservandam."
15) Voir, sur Drebbel et son vaisseau, la Lettre N°. 1259, note 12.
16) Voir la pièce N°. 2008, note 1 1 et la Lettre N°. 2040.
566 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2641.
J. Ludolff ') à Christiaan Huygens.
9 DÉCEMBRE 169O.
La lettre se trouve à Leidcn, coll. Huygens.
Vir Generofe, Excellentiflime & Celeberrime
Patrone fumme colende !
Hue accefli ftudij mei Mathematici promovendi caufâ, in Patriaobfervans,Ma-
thematum euhum praeprimis in Hollandia florere,difficukervcrohabemuscopiam
horum, quae hîc copiofé hac in re geruntur; accedkm. quod nobiliflima Mathe-
matum feientia rariffimos apud nos inveniat Patronos & Fautoresnon fine maximo
hujus ampliffimi ftudij detrimento. Celeberrimum tuum Nomen, Vir Generofe,
innotuit mihi, non credo, quod mihi quicquam felicius hîc contingere poffit, quam
fi mihi detur licenria perfonam ipfam coram venerari, ejufdemque alloquio &
patrocinio frui, id quod fi mihi permittas bénigne, ftudium meum pro meis facul-
tatibus Tibi erit obftriétiflimum; fi, quid velis, mihi fignificare placeat, expeclabo
id ipfum in hofpitio meo Tibi vicino in t' hoogftraet over de Papenftraet bij den
heer Raert. Valeas et Faveas
Tui excellentifllmi Nominis Cultori
JOBO LUDOLFFO,
Math: P. P. & Senatori in Patria.
Mijn Heer
Mijn Heer Christiaen Hugens van Selem
Dabam Hagae Comitis
d. 9 Dec. 1690.
') J0^ (ou Hiob) Ludolff", neveu du célèbre orientaliste de même nom. Il naquit à Erfurt, le
27 février 1649, étudia à Erfurt et à Jena, voyagea en Danemarck et en Suède, s'appliqua aux
mathématiques, devint professeur à Erfurt en 1683, en 1694 docteur en droit, et occupa
diverses charges dans la municipalité d'Erfurt. De 1710 jusqu'au 5 février 1711, date de
sa mort, il y fut bourgmestre. Vers la fin de sa vie, il s'occupa beaucoup de la quadrature du
cercle.
CORRESPONDANCE. 1690. 567
N= 2642.
Christiaan Huygens à J. Hudde.
14 DÉCEMBRE 1690.
La minute et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
HUDDENIO.
MlJN Heer
DieUEd. defen behandigen fal, is Orgelifl: alhier in deFranfcheKerck endeis
genaemt Blankenburg ') ende mij over veele jaeren wel bekent, dewelcke verno-
men hebbende dat het orgel is komen te vaceeren in de Wefterkerck tôt Amfter-
dam, ende mij verfoekende dat indien ick konde hem eenighe recommandatie
fonde procureeren aen de Heeren van de Regering aldaer, ten eynde hij die
plaetfe mochte verkrijgen, foo hebbe ick niet konnen weygeren hem defe adrefTe
aen UEd. mede te geven, als wetende dat UEds. faveur hem in defen van groot
effeft kan fijn. Aengaende fijn wetenfchap en bequaemheydt kan ick feggen,
daer van foo door de getuygeniffe van goede kenners, als door mijn eijgen on-
dervindinghe genoechfaem verfeeckert te fijn, alfoo ick mede voor een liefhebber
pafieere, en mij door natuyrlijcke genegentheyt foo in de Praclijcke als in de
Théorie van de mufieck van over langh al veel geoeffent hebbe. Doch van deze
bequaemheydt moet hij doen blijcken, als hij neffens fijn compétiteurs ter proeve
fal werden geftelt, naer 't welcke ick alleenlijck verfoeck dat hij naer verdienften
van fijn konfi: magh geconfidereert werden. Eer ick laetftmael van Amfterdam
vertrock hadde ick het ontftelde Horologie 2) in foo goeden itaet als het andere
doen brengen; gelyck ick aen de Heer van de Blocquery dienaengaendc raport
deede, ende aen UEd. mede foude gedaen hebbe, indien UEd. indifpofitie het
niet verhindert hadde, dewijl ick dan voorts vergenoeght was met den Horologie-
maecker Meybos als mede met Mr. van Laer tôt adjunct van Mr. de Graef, foo
verfeeckerde mij feer beleefdelijck wel gem.de Heer van de Blocquery, ailes
voorts op fich te neemen, ende beneffens UEds. te fullen bevorderen al 't geen
foo tôt het aennemen der voors. perfonen, als tôt haer fpoedigh vertreck en
de noodige praeparatien in 't Schip Brandenburgh foude van nooden fijn. Ick
heb M.r de Graef gerecommandeert van aen mij te fchrijven voor fijn vertreck3);
') Quirinus van Blankenburg, né à Gouda en 1654. Il fut organiste de l'église wallonne et en-
suite de la nouvelle église à la Haye, et est connu comme l'auteur d'un ouvrage: „Elementa
Musica of Nieuw licht tôt het welverstaen van de musiec" etc. Il mourut en 1759.
:) Voir la Lettre N°. 2638.
3) Voir la Lettre N°. 2645.
568 CORRESPONDANCE. l6ûO.
doch heb noch niées van hem vernomen. Ondertuflchen fal ick UEd. bidden,
deefe taeck, gelijck tôt hiertoe gedaen heeft, gunftighlijck te willen helpenbevor-
deren blijvende
Mijn Heer
UEd. feer oodtmoedigen Dienaer
Chr. Huygens.
Haghe den 14. December.
N= 2643.
Christiaan Huygens à G. W. Leibniz.
19 DÉCEMBRE 169O.
La lettre se trouve a Hannover, Bibliothèque royale.
La minute se trouve à Leiden, coll. Huygens1^).
La lettre a été publiée par P. J. Uylenbroek*) et C. I. Ger/iardt3).
Elle est la réponse aux Nos. 2636 et 2639.
Leibniz y répondit par la lettre du 6 février 1691.
A la Haye ce 19 Décembre 1690.
Monsieur
A caufe d'un voiage de quelques jours, que j'ay eftè obligé de faire à Amfter-
dam4), pour avoir foin de l'embarquement de mes Pendules dans les vaifTeaiix qui
vont aux Indes, je n'ay pu repondre plus toit à deux lettres que j'ay eu l'honneur
de recevoir de voftre part.
J'eftime beaucoup voftre folution pour ma féconde ligne courbe, et fi vous avez
une méthode qui reufTifle toufjours, quand ce ne feroit que lorfque la courbe eft
1) Un brouillon de cette lettre se trouve aux pages 73 recto et verso du livre G des Adversaria.
Il diffère assez notablement de la lettre même, surtout dans l'ordre des sujets traités. Toute-
fois le brouillon ne contient presque rien qui ne se retrouve sous une forme on autre dans la
lettre envoyée. Nous nous bornerons donc à marquer dans les notes les endroits où la diffé-
rence des deux pièces est la plus sensible. La minute, écrite sur une feuille isolée, ne diffère pas
sensiblement du texte donné par Gerhardt, d'après le manuscrit de Hannover.
2) Chr. Ilugenii Exercitationes Mathematicae, etc. Fasc. I, p. 55.
3) Leibnizens Mathematische Schriften, Bd. II, p. 68 et Briefwechsel von G. W. Leibniz,
p. 625.
4) Voir les Lettres Nos. 2638 et 2642.
CORRESPONDANCE. 1 6ûO. 569
ordinaire, vous augmenterez la Géométrie d'une invention fort confiderable en la
donnant au publie. Mais j'ay touf jours de la peine à croire que la règle univerfelle
fepuiïïe trouver, fur tout quand les termes algebraiqnes de laconftruétion donnée
pour la Tangente font beaucoup deguifez par la fubftitution des valeurs 5). Et il
faudrait encore une preuve, où il y cuit plus de difficulté que dans ma dite courbe.
Mais je ne veux pas vous en donner la peine, fi vous ne le fouhaitez vous mefnie.
11 me femble que dans cette courbe, par un calcul rétrograde6) on peut connoiftre
l'équation d'où les termes de la conltruction ont elle produits : et fur tout cela n'eft
pas difficile dans ce cas, où vous avez trouve l'équation de 6 dimenfions, feavoir où
la foutangente eftoit donnée — — ix. Je me fers icy de voftre correction pour les
figues 4- et— 7), et j'avoue que dans toutes les deux courbes je les devois avoir mis
comme vous dites, parce qu'en fuivant fimplement l'opération de la Règle8), les
termes viennent de cette façon. Mais comme j'ay accoutumé de m'en fervir avec des
figues contraires au numérateur, en avertiflant de quel coftè la tangente doit élire
prife, cela a eftè caufe de ce renverfement. J'ay autrefois écrit la demonitration
et origine de cette Règle des Tangentes, et Mrs. de l'Académie de Paris ont fait
imprimer ce petit traité 9) depuis peu avec quelques autres, tant de moy que de
quelques uns d'entre eux. Il y a là auffi de moy une nouvelle demonitration
pour l'équilibre de la Balance, la quelle je feray bien aife que vous voyez; celle
d'Archimede m'ayant touljours paru defectueufe, ainiî qu'à bien d'autres; mais
on ne peut rien avoir de ce qu'on imprime en France.
Pour ce qui eil de voftre courbe de quatre dimenfions, dont l'équation cft
ir^xx oo r4 yy + fifly*, ou ce qui eft la mefme chofe, laaxx = aayy -î-^4, elle fatis-
fait parfaitement, je l'avoue, h ma foutangente donnée — -— + ix. Et pourtant
ce n'eft pas là l'équation de ma courbe dont j'avois tiré ces termes, ce qui peut-
eltre vous furprendra 10). Mon équation eltoit iaaxx = aayy —y4, qui donne
tout une autre courbe que la voftre11). Il fembleroit d'abord qu'il y auroit une
mefme conftruclion de tangente pour deux courbes différentes, mais a y prendre
5) Consultez, sur ces déguisements, la note 10 de la lettre N°. 261 1, et l'Appendice N°. 2612.
6) Voir, sur ce calcul rétrograde, l'Appendice N°. 2644 de cette lettre, aux §§ I et II.
7) Voir la pièce N°. 261 2, note 3.
8) 11 s'agit de la règle, telle qu'elle avait été formulée p. e. par de Sluse dans l'article cité dan-; la
Lettre N°. 1924, note 1.
9) Voir la Lettre N°. 2435, note 1.
10) Le brouillon ajoute en marge: „il y a là matière pour une profonde spéculation". Voir la
Lettre N°. 2639, note 3.
") Voir,sur ces deux courbes et leurs équations, les $§ III et IV de l'Appendice à cette lettre.
Œuvres. T. IX. 71
57°
CORRESPONDANCE. 169O.
bien garde, on voie que les conftruétions différent auflî, par ce que dans la voftre
la quantité — yy + ^xx efr. toufjours affirmative, et que dans la raiene elle eft
toufjours négative1-). Vollre ligne a la figure d'une croix ainfi et la miene celle
de deux demi-ovales pofées à certaine diftance
r^
Celle-cy fe peut quadrer I3), ce que je ne fcay s'il convient auflî a la vollre. Je
voudrois bien effaier dans toutes deux ce que ponrroit faire Mr. 1). T. par la
méthode qu'il prétend d'avoir 14).
Touchant la courbe exponentiale que vous avez trouvée pour ma première
,, , , ixxy — aax . . , , . r
foutantrente donnée , e vous prie de me dire u vous pouvez repre-
° 2aa — -xy
Tenter la forme de cette courbe en y marquant des points ou par quelque manière
que ce foit, ou fi cela vous fert feulement a pouvoir décider qu'il n'y a point de
courbe ordinaire qui y convienne, ni de tranfeendante non exponentiale, comme
font les cycloides, quadratrices, etc.
J'ay dit que vollre équation ir*xx oo r4yy + aay4 ne diffère pas de laaxx oo
, t- i • » n r j • > 2r4xx r4v-y . r4
aayy + y4, lit cela paroit parce qu elle le réduit a oo — —- + 3>4,et que —
CvCv CI& CICl
eft une quantité donnée. Par confequent cette courbe ne fe peut point varier,
comme vous avez creu, en changeant la proportion de a à r; non plus que la
la parabole fe varie en prenant le paramètre plus ou moins grand. Par la mefme
'-) Voir, sur la portée de cette remarque et sur les particularités de ces ligures, la note iode
l'Appendice N°. 2644 à cette lettre.
I?) Cette quadrature à été reproduite dans l'Appendice N°. 1612, de la lettre N°. 261 1. Elle
repose sur la réduction de l'équation y4 — 8 aayy -f- 1 6 aaxx = o à la forme:
y = V/^iaa -f- lax -\- 1/
= ]/■£
iti a -
iax = y' -\- y", où y' = Y/^iaa -\- iax et y" =
laa — iax représentent les paraboles AF et BG de la ligure de l'Appendice cité.
I4) Allusion à l'article cité dans la Lettre N°. 2324. note 10. Consultez encore la Lettre
N°. 2627, note 1 1.
CORRESPONDANCE. I 690. 57 I
raifon voftre équation de 6 dimenfions 6a6xxy* oo a6yr' + rlz revient à 6x.vy* oo
vr' -+- tf6, et la courbe eft de mefme invariable.
Il y a plus d'un an que j'ay receu 2 lettres de M. Fatio I5),dans les quelles il
propofe une Régie renverfée des Tangentes, mais comme elle paroiflbit d'une
longue difeuffion, et que d'ailleurs je ne pouvois croire qu'elle fuit parfaite Ifî),
j'ay elle jufqu'icy fans l'examiner: ce que j'ay maintenant envie de faire, mais je
n'ay pas ces lettres dans cette ville.
Je ne fcay pas pourquoy vous voulez que j'aye prononcé trop feverement contre
les courbes cxponentiales, puis que je n'ay prétendu les rejetter qu'en cas qu'elles
ne foient de nulle utilité. Car ii elles vous fervent d'exprimer d'autres courbes
dont on a befoin, et (1 par leur moien vous trouvez les efpaces des chutes par un
médium refiftens lors que les temps font donnez, et que de plus elles vous aident à
trouver les courbes par la propriété des tangentes, je les eftimeray grandement, car
je n'aime rien tant que les nouveautez qui tendent à l'accroifTement des feiences.
Il s'agit de feavoirs'il eu: bien feur qu'on en peut tirer tous ces avantages; ce que
voulant me prouver vous fuppofez que j'entens parfaitement tout voftre calcul
des équations Exponentiales et Logarithmiques, ce qui n'eft point ; et ainfi vous
inftruifez le procès (pour demeurer dans les termes de voftre fimilitude) devant
un juge qui n'entend pas bien voftre langue. Je n'ofe pas auffi vous demander plus
d'eclairciflement, voiant bien que cela feroit trop long pour des lettres. Je fouhai-
terois de vous pouvoir entretenir coram fur ces matières, et je ne defefpere pas
qu'à cette occalîon, que les Princes d'Allemagne vont venir icy à l'arrivée du Roy
d'Angleterre, Mr. le Duc de Hanovre ne s'y rende auffi, et vous, Monfieur, à la
fuite de Son AltefTe, dont certainement j'aurois bien de la joye.
Les Aéta de Leipfich ne nous vienent icy que de deux en deux mois; ainfi je
n'ay pas encore vu ceux de Novembre, où vous dites qu'on a fait une bévue à
l'égard de ma progreflion pour la quadrature de l'Hyperbole I?). Cependant
comme cela me fait tort, vous m'obligerez fi vous pouvez faire en forte qu'il foit
redrefTè. Voftre exeufe au refte eft merveilleufe, quand vous m'aflurez de n'avoir
aucune part à ce mefentendu. J'adjoute icy à propos de cette quadrature que
je ne vois pas que voftre progreflion lS) v + %v3Jri-v5 &c. refponde à la
'\,. Nous ne connaissons d'autre lettre de Fatio sur la „règle renversée des tangentes" que la
Lettre N°. 2465 du 24 juin 1687. La seconde était probablement celle dont il est question dans
la Lettre N°. 2523, note 2.
16) Consultez la note 12 de la Lettre N°. 2465 et la lettre de Huygens à de l'Hospital du 23
juillet 1603.
17) Voiries notes 12 et 13 de la Lettre X°. 2636.
18) Il s'agit de la quadrature de Taire BG-f-BE dont il est question dans la Lettre N°.
2639.
57^ CORRESPONDANCE. 169O.
mienne Iy), parce que vous ne vous fervez pas, comme moy, de la tangente du
fecteur hyperbolique pour en faire v lors que le demi axe eft i. L'application que
vous en faites aux chutes des corps eft encore bien obfcure, et vous devez
l'avouer vous mefme, après les corrections réitérées que vous avez apportées à ce
raifonnement. Et quant aux refiltences de l'air, s'il eft vray que vous les ayez con-
fîderées comme ertant en proportion double des vitefles il faut au moins changer
l'infcription de l'article 5 2°) de voftre dernière mettant proportione quadratorum
velocitatis.
J'ay le livre de Mr. Guericke où il raporte fes expériences de l'ambre. S'il
vous en a communiqué encore d'autres, je feraybien aife d'y participer. Plufîeurs
des miennes 2I) ont elle faites en vue de certaines hypothefes, que je me fuis ima-
ginées pour expliquer cette admirable attraction et fes divers phénomènes, mais
je ne fuis pas encor venu à bout de cette fpeculation. Je vous demande par-
don de vous avoir dérobé du temps par une fi longue lettre et de croire que je
fuis 2:) etc.
I9) Celle du „Discours de la pesanteur" dont nous avons traité dans les notes 7 et 1 3 de la lettre
N°. 2632 et qui en effet se rapporte à une autre partie de l'hyperbole. Voici d'ailleurs la
leçon du passage qui va suivre, telle qu'elle se trouve dans le brouillon :
„Ce qu'il apporte pour montrer que par son équation exponentiale
il peut trouver les espaces des chutes quand les temps sont donnez, et
comment la progression de y -+- ir + 4-r5 etc. provient de son calcul,
est très obscur. Je n'y vois cependant pas que vous vous serviez de la
tangente AF du secteur hyperbolique ACB (je mets icy la figure qui
est dans mon livre pag. 175) pour en faire v dans la progression lors
que AD est l'unité."
!°) Voir sur cet article qui porte l'inscription : „Si motus a gravitate acceleratus a medio uni-
formi retardetur proportione velocitatis", la note 9 de la Lettre N°. 2632.
21) Dans les livres des Adversaria de Huygcns on ne trouve que de rares traces d'expériences
électriques. La plus ancienne, datée du 27 avril 1672, est la description du procédé de fabri-
quer des boules de soufre. Un allemand, dont Huygens ne cite pas le nom, mais „qui l'avait
appris de M. Otto Gericke" lui montra la manière de fondre du soufre concassé dans un
matras de verre, que l'on brisait après refroidissement pour en retirer la boule.
2:) Le brouillon contient encore la phrase suivante, qui ne se retrouve pas dans la lettre: com-
ment avoir la somme de quelque progression harmonique comme £ -+- i. + y1^ + T^
etc., qu'il dit se pouvoir trouver compendio aliquo". Cette phrase fait allusion au passage
suivant, que l'on rencontre dans l'article de Leibniz dans les Acta de février 1682, cité dans
la note 1 3 de la Lettre N°. 2636'.
„Itaquc cum Circulus sit \ -j- i + £ -f- -/g- + rl7 etc. — £ — -«- — TT — rlj — T^
CORRESPONDANCE. 1 6yO. 573
N= 2644.
Christiaan Huygens.
[décembre 1690].
Appendice1^) au No. 2643.
La pièce se trouve à Le/ileu, coll. Huygens
§10.
— y- + nxxyv 3)
-h zy~ — vnxxf 4) ,.
— — — -div. par vv
inxy J
zyz~v — vu xx
inx
vnxx $xx yy zyz~*
inx ix ix inx
»yy = zyy
vn — 4/2 nyy = zyz~*
n = z
o> = 4 ï = z — 4
6 = z
0 = —y6 + 6xxy4 + r6
+ r6 additu
dividi aequario per y4 5).
etc., posteriorem seriem partialcm, a priori subtrahendo, erit magnitudo Circuli, difFerentia
duarum serierum progressions harmonicae. Et quoniam quotcunque terminorum numéro
finitorum progressions harmonicae summa, compendio aliquo inveniri potest, hinc appropin-
quationes compendiosae, (si post Ludolphinam illis essetopus) duci possent."
') Nous reproduisons dans cet Appendice, que nous avons divisé en paragraphes, plusieurs-
endroits, empruntés aux pages 71 verso et 72 recto du livre des Adversaria G, qui se rappor-
tent à la Lettre N°. 2643 et qui peuvent servir à l'expliquer.
2) Ce paragraphe contient la détermination de la courbe dont la soustangente est donnée par
,», . "fi Ti — 4-xx , .,.,,.. . . ,,, . dx
1 équation s= — — 2.x — - - — •> c est-a-dire 1 intégration de 1 équation y . =
2 x i x (' y
= — IX.
2X
3) L'équation de la courbe cherchée est représentée ici par — y* -f- ttxxf — o, où les nombres
z, «, y sont laissés indéterminés.
4) Valeur de la soustangente calculée au moyen de la règle (avec renversement pourtant du
signe), que nous avons mentionnée dans la note 3 de l'Appendice N°. 261 2.
?) En effet, cette addition ne change pas la valeur de la soustangente. Consultez encore la note 3
delà Lettre N°. 2639.
574 CORRESPONDANCE. 169O.
§II6).
_j_ y- — 7raayy + ùaaxx = o fuppofita aequ. curvae
n — = s fed hic nullus terminus in numeratore ubi x extet.
aterit fi pro — zyz ponatur ejus valor.
— zyz = — zxaayv + zQaaxx
adde -+■ viraay"
v — z.xaaf +
zQaaxx
= _yy
2X
iBaax
v — z.7ryy 4- zfr
20X
XX
zdxx $xx
l9x ' 2X
v — z.wy"'
2&X
V — Z.7T
9 ~
I
z = 4
-v — z.7cyv
Z — 2.T= 9
V " 2T=U
f = yy
V = 2
y4 — Traayy -f- iicaaxx = o
y4 — aayy + laaxx = o mea curva 7)
§ni8).
— y: — Taaf + Oaaxx = o
zyz -f- vxaaf
i9aax
rt) Détermination de la courbe dans le cas où la soustangente est donnée par l'équation
IX ' IX
7) En effet, cette courbe est identique avec celle qui avait servi à Huygens à composer le
problème qu'il avait posé à Leibniz (voir le § I de la pièce N°. 2612). Pour s'en con-
vaincre on n'a qu'à remplacer dans l'équation y4 — aayy -\- zaaxx = o la valeur arbitraire
a a par %aa.
R) La courbe trouvée ci-dessus ne pouvant pas s'identifier avec celle donnée par Leibniz, Huy-
gens en cherche la raison. A cet effet, il reprend le calcul du paragraphe précédent, en chan-
geant seulement le signe du terme yz et il arrive au résultat qu'un tel changement n'en en-
traîne aucun dans l'expression définitive de la soustangente. On voit facilement d'ailleurs que
l'identification des deux solutions, celle de Huygens et celle de Leibniz, aurait pu être
obtenue en remplaçant la valeur arbitraire aa par — aa\ mais ce remplacement implique,
comme Huygens ne manquait par de le découvrir, un changement radical dans la forme de
la courbe.
CORRESPONDANCE. 1 69O.
575
pro zyz valor .... — ziraaf -+- zOaaxx
+ viraay*
v — z.iraaf + zQaaxx
iftaax
Ergo eadem aequatio ad conltrucltionem, five ponatur
termino aequationis.
§ IV 0.
curva mea.
y leu+^1 pro primo
reliqua pars meae.
AB == a aequalis diagonali CD, tune AC eft maxima x. (ive cum AC qu.
aequatur |AB qu.
y* — aayy + laaxx = o mea curva
yy = ~\/ \ a* — iaaxx + § aa
yy = a \Z~ \ aa — ixx -j- \aa
xx non major quam \ aa
in mea curva (emper aa major quam 8xx, aut fi haec aequales, tune yy = \ aa.
y) Cette partie contient une comparaison entre les deux courbes, celle de Huygens et celle de
Leibniz, aux équations: + 3>4 — aayy-\- iaaxx = o.
576
CORRESPONDANCE. 169O.
Item ^ry femper major \ aa et f aa ittajor \xx. femper yy major quam ^xx.
Unde cangens femper eodem verfus quo x fumenda IO).
Leibnitfii curva.
y4 — aayy + laaxx = o.
yy = j/ i- a4 + iaaxx — ± aa
yy = a \/~\ aa -+- ixx — § aa
yy =; ± aa — ± aa hoc eft y = a fi a = x.
mutatis -+- x in — x vel +y m — y marient aequationes eaedem. Ideoque curvae
quadrifariam exeunt e principio unde fumitur x.
Curva utraque eandem aequationem tangentis pracbet funt tamen conitruftio-
nes diverfae uti et ipfae curvae propter + y4 et — y4. In hac femper 2xx major
quam^ry, unde et in tangente, ^xx major yy, unde s in contrarium x fumenda, idque
femper.
3) Ce raisonnement ne s'applique qu'aux deux lunules ou demi ovales indiquées dans la figure
par curva mea et reitqua pars mené. En effet, quelque étrange que cela nous puisse sembler, ac-
coutumés comme nous sommes aux conceptions modernes, il est certain que Huygens a com-
mencé par méconnaître la continuité de cette partie de la courbe avec celle exprimée par
731 = — a~\/^iaa — 2xx-\-iaa. Bientôt il va reconnaître cette erreur, comme cela résulte
de sa lettre à Leibniz du 23 février 1691, et c'est alors qu'il doit avoir ajouté dans la ligure.
que nous avons reproduite ici et dans celle du § I de la pièce N°. 261 2, la partie de la courbe
qui manque dans la ligure du texte de la lettre N°. 2643.
CORRESPONDANCE. 1690. 577
N= 2645.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
20 DÉCEMBRE l6pO.
La lettre se trouve à Leiilea, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2651.
Aftum in \ Schip Brandenburg. op de koop-
vaderfrhee den 20 december.
Erentfefte en zeer diferete hr.
Mijn Hei:r
Nadat ik alhier in Texel op het fchip Brandenburgh den 17e defer lopende
maant ben komen te arriveren zoo beb ik met den eerlle gepooght 0111 het hockie
voor de horologies in de cajuijt af te fchieten, niet vergetend aan de Timmerman
te belallen dat het aan aile de zijden wel dicht moet gecallcfatcrt werden fullendc
daar voor 00k wel forgh dragen zoo veel als het mogelyck is, dater geen ftofF
can door komen. wegens het obferveren van de gangh der horologies aan lant,
daar toe is geen apparentie, alzoo wij foo verre van lant Leggen, dat de flach van
het gefehut (volgcns het feggen van de Loots) allecn bij ftil weer fal konnen
gehoort werden, fullendc evenwel, zodra als de horologies fullen opgchangen
zijn, daar toe foeke te komen, dat wij de gangh van de horologies door oprechtingh
van twee draden in de meridiaan aan lant mogen obferveren, zoo niet fullen dan
de andere manier ') volgens inhout van uEdl. inftruétie opvolgen.
de cas met het loot daar het horologie A ten huijfen van mijn Erw. vader inge-
hangen heeft, heb ik vergeten aan uEdl. achtb.r over te fenden, zijnde fulx door
ake haailige vertrek toegekomen, twijffel echter niet of het fal uEdl. al rede zijn
behandigt alzoo ik voor mijn vertrek zulx aan vader had verfocht; hier mede
blijven
Ed. zeer ootmoedige dienaar
Joannes De Graaff.
Te Beftellen Aan
Wel Ede. Hr. Christ. Huygens, hr. van Zuylichem
tôt
's Gravenhaagh.
') Sans doute la méthode, mentionnée au § VIII de la pièce N°. 2423, et qui consiste à observer
le temps du lever ou du coucher du soleil. Compare/, les Lettres Nos. 2647 et 2^^t,.
Œuvres. T. IX. 73
578
CORRESPONDANCE. 1 69O.
N= 2646.
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
!2I DÉCEMBRE 169O.
La lettre se trouve à Leideri, coll. Huygens.
Elle fuit suite nu Nu. 2645.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2651.
Aftum in 't Schip Brandenburg
inTexcl legend. den 21 decemb. 1690.
Erentfefte en zeer diferete hr.
Mijn Hr.
In mijn vorige heb ik gefecht wegens het opmaken van cen hockic voor de
horologies, die omne bij al claar is, zijndc de 1 cakken tegen een clamp die vartc
gehecht is aen de folderingh van de ca-
juijt wel hecht en fterk met de fchroeven
en fpijckers vaftgemaakt, mitfgaders de
1 anderen tacken, zijnde tufïchen yder
een clamp gevoeght, zodat heteruyson-
bewegelyck is, en horizontaal hanght als
uyt defe nevenftaande figuur x) te fien
is, A A is in een clamp gefchroeft, ge-
hecht tegen de folderingh, BB zijnde
gaten waar in tôt meerder vaitigheit,
noch fpijkers geklinkt zijn, DD de 1
andere tacken, om ze onbewegelijck te
maken, hebbe daar op de clampen CC,
CC met fpijckers tegen de folderingh vall gemaakt fodat het onbewegelyck is,
vorders had ik gedacht de zon van middagh te crygen, maar de fchipper fecht dat
het te hard wayt om met de fchuyt na Land te roeyen, en nadien er geen tyt dient
verloren te gaan, zoo is't nodigh dat men ondertuflehen door de zons hooghtede
voor of achteringh van de horologien foek te bekomen. hiermede
UE zeer ootmoedige dienaar
JOANNES DE GRAAFF.
Te Bcltellcn Aan de
E. hr. Crist. Huygens heer van Zelem
Tôt 's Gravenhaagh.
J) Comparez la figure à la page 56 de ce Volume.
CORRESPONDANCE. 1690. 570
N= 2647.
J. de Graaff h Christiaan Huygens.
23 DÉCEMBRE I 6oo.
L,: le lire se trouve à Leiden, cuil. Huygens.
Elle fait suite ,:u No. 2646.
Chr. Huygens y répondit par le No. 265 1 .
Erentfefte en zeer diferete hr.
Mijn Heer
de Tegenwoordigc mettant ontrent de nodige obfervatien daar in heb ik noeh
niets connen doen uyt oorfaken van het geftadighe hard weer, zodat er geen
vaartuygh aan boort heeft connen komen als alleen nu van defe morgen is compjes
jacht aanboort gekomen met de Equipagie meefter Barent focquesdien ikkenbaar
maakte dat het nodigh was een groft* fchut aan Lant te ftellen, opdat men het
geluijt van het gefehut aan 't fchip zoude mogen horen als men doende was door
twe opgerechte draden de Ton in de meridiaan waar te nemen, 't welk ditto Equi-
pagiemeefter aan de E. heer van dam fonde bekent maken: ik heb ook zoeken de
v.ow in't op of ondergaan te krijgen,maar door betogen Lucht niet konnen daar
toe komen: zijnd dit allctgeen ik uEdl. a: voor 't tegenwoordigc can fchrijven.
UE: ootmoedige en feer Gehoorzame dr.
Jox\nnes de Graaff.
Aclum int fchip Brandenburg
den 23 decemb.
Te Beftellen aan de
E. hr. Cristiaan Hujjgens hr. van Zelem
Tôt
s GravenHaagh.
580 CORRESPONDANCE. 1690.
N= 2648.
de Graaff h Christiaan Huygens.
[24] DÉCEMBRE 169O.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huyge:is.
Elle fait suite nu No. 2647.
Erentfefte en zeer difererc hr.
Mijn Heer
hier mede zal uEdl. de vordere toeitant over de horologies konnen zien, hoe
dat de hr. van dam alhier op de middagh aan boort is gekomen zoo dat ik de hr.
van dam wegens het aan Land planten van een gefehut gefproken hebbe, die
fulx wanneer het helder weer komt te worden zal ordineren — hiermede god
bevolen
UE zeer ootmoedighe dienaar
JOANNES DE GRAAFF.
het horologie heb ik gefien dat de fccondenwijfer die ik op de 60 feconden heb
laten ontflnijten nu op de 6 ontfluijt.
Aan de E heer
Crist. Huygens hr. van Zelem
Tôt
s Gravcnhaagh.
CORRESPONDANCE. I 69O. 58 I
N= 2649.
A. de Graaff a Christiaan Huygens.
24 DÉCEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leideu, coll. Huygens.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2652.
Mijn Heer
Myn Soon is met de Horologiens naar Texfel vertrokken voorlede Zaterdag
acht dagen, beneffens de horologiemaker Gillis Meybofch, en de adjundt pieter
van laar, federt hebbe van hem ontfangen 3 Brieven, de twee van daag, en de
eene o[mtrent] 2 dagen, welke eene ik uE meende toe te fende n beneffens het
kafîe en het loot '), maar hebbe zoo veel te lopen gehad dat het niet wcl hebbe kon-
nen bijbrengen ; doch van daag noch twee brieven aan uE gehoorende, ontfan-
gende, zoo ben te rade geworde uE deze 3 met de poil toe te fenden : het kafie
en het loot zal gefonden werden naar de kerfldagen.
Eyndigende verblijve naar cordiale groete,
Mijn Heer
VE ootmoedige Dienaar
Abraham de Graaff.
Amfterdam den 24 decemb. 1690.
Mijn Heer
De Heer Christiaan Huygens Heer van Zelem
ten huyfe van fijn E. Broeder de heer van Zuyligem
's gravenhage.
' ) Voir la Lettre N°. 2645.
582 CORRESPONDANCE. 1 69O.
N= 2650.
J. de Graaff a Christiaan Huygens.
16 DÉCEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2648.
Erenfeiîe en zeer diferete hr.
Mijn Heer
Wij hebben tôt noch toe geen de minlle obfervatien konnen doen, alzoo het
altijt betrokkenen lucht geweeft is, en door het hard weer niet konnen aan land
komen zodat men befwaarlijck het ooghmerk fal connen berijcken,ende dedage-
lijckxe verachteringh of wel de vorderingh der horologies met de zon in de tijt
van 24 uren ; want het fchip ooghfchijnlijck in een dagh a twee claar fal zijn, om
dan met de eerfte goede wint zee te kiefen zodat wij van de noot fullen moeten
een deught maken, en met de eerfte ionne fchijn de horologien op de uren van
Texcl foecken te brengen, en altoos blijven de obfervaties doen, om dan, aan de
Cabo de bone fperance komende het dagelycks verfchil met de zon te obferveren,
vervolgens de calculatien uijt te rekenen hiermede afbrekende
uE. ootmoedighe en geho-o-rzamc dienaar
JOANNES DE GRAAFF.
Aéhim in't fchip Brandenburg
Leggende in Texel den 16 decemb.
Ik verhopen dat mijn vorige Lettere bij UE zal zijn ontfangen.
Te Beftellen Aan de
E. Heer Christ. Huygens heer van Zelem
Tôt
s Gravenhaagh ')•
') Au revers de la lettre Huygens a noté: log. Vlacq. mercat. logarithmot. Gr. Schot qu. Ilyp.
vb. Acta Lipsiens. problema leibnitz per Bernoulli. Act. Exerap. Newtoni. an correxcrit
errât, p. 259. Trans. Philos. jul.& aug. 5 de meth. mercat. Epistola Fermatii de superf. parab.
Dettonville. Exemplaren voor de Graaf. Tschirnh. de quadraturis.
Sur l'erreur qui se trouve à la page 259 de la première édition des Principia, savoir dans le
Coroll. I de la Prop. IX du Livre II, on pourra consulter le § V de l'Appendice I à la Lettre
de Chr. Huygens à Leibniz du 23 février 1691.
CORRESPONDANCE. 169O. 583
N= 2651.
Christiaan Huygens h J. de Graaff.
26 DÉCEMBRE 1 60O.
Le sommaire se /route à Lciclcn, coll. Huygens.
La lettre est la réponse aux Nos. 2645, 2^46 et 2647.
Elle s'est croisée avec le No. 2650.
26 déc. 1690.
Sommaire: Indien nict kan de dagelijkfe differentie onderfoecken, fal evenwel de rekening opt horologie
maecken, en die differentie aen de Caep komende net obferveren en de voorgaende obferva-
tien dacr nac rechten.
Laet Mr. van Laer de inftrudie copieren. In't weeromkonien met meer gemack ailes doen.
Dienlhv. gebiedenis aen de Ilr. Comm. r van der Stacl. Gcluck op de reys, en aen Mr. van
Laer en Meybofcb. Te meer geruft 0111 dat cen difereet en verftandigh Schipper liebt aen
Verbruggc 't Schip Brandenburg. Schelpen van de Caep, indien zc vcrfchillen van die hier
te lande.
N= 2652.
Christiaan Huygens h A. de Graaff.
26 décembre 1690.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2649.
16 décembre 1690.
Sommaire: Antwoord gefonden aen zijn zoon op 3 hrieven. Nochmaals bedanckt voor zijn Matheni.
wercken '), dat dacr al vcel in te ftuderen vinde en ailes zeer perfeét en koftdijck begrepen.
') Voir la Lettre N°. 2398, note 4.
584 CORRESPONDANCE. 169O.
N° 2653-
J. de Graaff à Christiaan Huygens.
29 DÉCEMBRE 1690.
La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle fait suite au No. 2650.
Aéhim in 't fchip Brandenb.rs
den 29 decemb.er 1690.
Mijn Hr.
Voor het Laafte voor ons vertrek comen wij 11E volmondigh feggen, dat ik
geen gelegentheit verwaarlooft heb, om de vereyfchte obfervaties te doen, hadde
wel gewenft, dat de horologies op de uren van de zon geftelt waren maar de zon
comt hier boven het Land op en onder en outrent het Land comende gingfe noyt
claar op of onder, en men heeft hier de hande vol, zodat het geen won de r is, dat
men geenige obfervaties aan Land heeft connen, hiermede wcnfche uE veel heyl
en zege van de hère onfe God amen
uE : zeer ootmoedige dien.r
JOANNES DE GRAAFF.
Te Beftellen aan de
E. hr. Crist. Huygens hr. van Zelem
Tôt
s Gravenhaag.
CORRESPONDANCE. 1690. 585
N= 2654.
J. Ll'DOLFF h ClIRISTIAAN HuYGENS.
[décembre 1690].
La lettre se trouve à Lciden, coll. Uuygeiis.
Elle fait suite ai: No. 2^41.
Gcnerofe Dnc van Sclem!
Rcmicto hîc cum maxima gratiarum aftionc M. Speneri invitationcm ad qua-
druplex Collegium habendum, haud vulgata promktit, quare v. haftenus non
fuerit Lipfiae juxta tenorem programmatis non poiîum perfpicere. Mitto infuper
meas laborum primitias, quarum fumiffiffimé ofFcram exemplar; Cubosm. clabo-
ratos ufque ad ioooo ad perluftrandum communico; credo quod uni vel akeri
et pofteritati gratus fit futurus labor, fi continuentur ufque ad iooooo radieem;
apportavi m. mecum elaboratam Tabulam numerorum omnium & fingulorum
primorum & compofitorum ufque ad 8000, cum omnibus illis ex quibus fint com-
-politi, miré facientem, pro rationibus & inveniendis & minuendis in Architeétura
& Mu fie a & vulgari arithmetica; impotterum, fi placcat de propofito meo plura
communicabo &. intérim Tuae srcncrofaeExcellcntiac Favori me recommendo.
bv
J. LUDOLFF.
Œuvres. T. IX. 74
SUPPLÉMENT
CORRESPONDANCE. 1682.
589
N= 2288*.
J. Flamsteed.
Appendice au No. 2288.
[septembre 1682].
Diftantiae Cometae à Fixis, Sextante Telefcopio
Grenouici obferuatae
Die Dae Sept: 4 St: Vet:
a Joh Flamsteedio Mathematico Regio.
Hor. 1.
7. 13. Cometae Caput a Yed Ophiuchi 310
15^- Eadem Dift: repet: 310
2i| Cometae Caput h Lucida Coron ac 330
23^ Eadem dift. repet : 330
271- Cornet: h Yed Ophiuchi iterum 310.
29? rePet : 3 l '
"Lucida Coronae à Yed Ophiuchi 310.
Comètes hic nobis Grenouici primum vifus die 1 5 menfis inftantis, quem tamen
Impedientibus valetudine, nubibus, procellis, pluvia, ante diem, 19, obfervare
non potui, loca ejus ab obfervatis poftea diftantijs fie fe habent.
Die. Hor. 1
19. 16. 38 LongitudoÇ! 180. 14I Latitudo Bor
a 24°.
m 6°.
=£k I 2°.
Hanc îpfemet
vidi dum Gre-
nouici agerem,
quo Flamftee-
dio alloquen-
dum adieram.
• V-
3°"-
. 27.
-5 •
• 34.
°5 ■
• 34-
00 .
'. 26'.
15 •
'. 26'.
10 .
• 5^'.
5o-
Augufti.
Septemb.
20.
I5-
3»
55
21.
8.
21
55
22.
8.
8
55
29.
8.
20
55
30.
7-
45
5»
I.
7-
33
55
=Q= 20e
4°§
3«
5)
55
3° ,
'5
37l
3^
55
55
n-7
55
Fixarum loca a proprijs obfervationibus in loco Cometae fupp
J. Flamsteedius.
Ex obfcrvatorio Scptembris 4. 168 ')•
ea: 250
■ 5°-
260
1 1§.
260
Ï7I''
260
71'
180
34-
170
19^'.
15°
9l'-
.itando a
dhibui
1 ) Le dernier chiffre du millésime est effacé.
590 CORRESPONDANCE. 1685.
N= 2382^.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
19 AVRIL 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Lciden, coll. Huygens1}.
Chr. Huygens y répondit par le No. 2384.
A Dieren ce 19. d'Avril 1685.
Par ma femme vous aurez feeu noftre voyage jufques a Utrecht d'où j'arrivay
icy le. lendemain a huift heures du foir. Nous ferons encor icy jufques après
Pafques, et irons alors a la maifon du Loo pour y refter 6. a 7. jours et nous rendre
en fuitte à la Haye ou je croy que nous pourrons eftre pour le 10. ou 11. de May.
J'ay mandé a ma femme de vous monftrer le verre que j'ay donné a polir a
l'homme de l'Achterom 2) et vous prie de me dire par un mot de lettre comment
vous l'aurez trouvé.
Je croi que vous travaillerez bien toft a drefTer les Commentaires de l'Art3), fi
defja n'avez commencé. Je voudrais fort que fi vous les achevez avant que nous
quittions le Veluw vous vouluffiez me les envoyer pour les copier, pendant que
j'ay du temps de refte pour le faire et m'exercer dans la Théorie ne le pouvant
dans la pratique.
J'efcris à Sr. Gabriel Sylvius par cet ordinaire pour quatre verres de 8. pouces
de diamètre en cas que les autres ne foyent pas encore faits et entre fes mains.
Mais que s'il les a defja nous efTayerons premièrement ce qu'il y aura de fait.
Voor Broer Huygens.
') Le copiste des Apogra plia s'étant trompé dans la lecture du millésime, la lettre que nous avons
crû perdue, avait été classée, par erreur, parmi la correspondance de 1689.
2) Maître Dirck. Voir la Lettre N°. 2306.
s) L'ouvrage posthume de Christiaan Huygens, cité dans la Lettre N°. 2397, note 3*
CORRESPONDANCE. 1685. 59 1
N= 2390^.
Constantvn Huygens, frère, h Christiaan Huvgens.
I I AOUT 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leiden , coll. Huygens ').
La lettre fait suite au No. 2389.
Chr. Huygens y répondit /u:r le No. 2392.
Dieren cet lime d'Aouft 1685.
Depuis mon départ j'ay elle en impatience d'apprendre comment vous avez
reufly avec noitre forme, et vous prie, de me le faire feavoir a la première oc-
calion.
Si la pierre ronde ne fait pas l'effet qu'il faut on pourroit faire l'cffay des mor-
ceaux de limes; vous n'avez qu'a en choifir ma femme aura foin de les faire payer,
il vaudroit la peine me femble de faire cette expérience, par ce que félon les ap-
parences cela abregeroit le travail de beaucoup, car je ne croy pas que la taille des
limes fe gafteroit facilement.
Je fuis après a tranferire les mémoires de l'Art 2) et ay fait plus de la moitjé.
Je laifTeray ouvert l'endroit ou il faut parler du changement de l'emeril jufques
a ce que nous nous foyons encore mieux déterminés fur ce point par quelques
expériences lefquelles je m'imagine que vous ferez bien toit, du moins je l'efpere,
les chaleurs ne pouvant déformais vous empefeher. Je fuis bien trompé fi je n'ay
achevé mon verre de 85 pieds en changeant de matière a chafque demy heure fans
qu'il paruft de ces inégalités en cercle, comme a ce dernier grand verre que vous
feavez.
Le rond de papier qui va cy joint eit la juite mefure du verre de mon microf-
cope que j'ay icy et qui efl: plein de petits points, comme vous feavez. Je vous prie
de choifir un bon morceau de verre parmy celuy que j'ay, et d'en faire faire par
noitre homme un femblable verre, en luy commandant feverement de l'achever
avec la dernière exactitude. Peut eftre il ne feroit pas mal de prendre pour cecy de
ce verre de Rotterdam dont les fautes ne pourront pas nuire pour cet ufage icy.
Mais je le laifTe a voitre difpofition. A mon retour a la Haye je feray habiller ce
microfeope d'une autre façon, je le regarde comme un homme de condition habillé
en gueux.
J'ay fongé qu'il vaudrait peut eftre la peine d'adjufter noitre machine a polir en
forte que Ton puit s'en fervir comme iî, de la manière qu'elle eit pofée mainte-
nant, on pouvoit tourner citant aflis le dos contre la muraille; ce qui feroit qu'en
') L'ambiguïté du millésime écrit par Constantyn Huygens, ayant, ici encore, induit en erreur le
copiste des Apographa, la lettre avait été classée parmi la correspondance de 1687.
:) Voir la Lettre N°. 2382".
592 CORRESPONDANCE. 1685.
ayant toujours l'oeil fur le verre, on pourroit fe fervir de deux mains, dans une
pollure qui ne donnerait point d'incommodité. Je vous prie de fonger comme l'on
pourroit faire*cela le mieux, et je feray le mefme chofe. Il faut tafcher d'adoucir
la fatigue de la polifTure au prix de la quelle tout le refte du travail n'eft rien.
Je vous prie de commander a van der Burgh un inllrument de cuivre avec la
petite boule, comme nous en avons deux, pour fervir a mon grand verre nouveau,
quand il fera fait. Car pouvant l'achever en un jour, je voudrois trouver cela prcft
a mon retour. Je voudrois pouvoir faire faire aiifîi la chofe de fer blanc ou il doibt
entrer, mais ayant enfermé le verre, je ne puis en donner la mefure. Je voudrois
que cette chofe de cuivre fuft un peu plus forte que les autres devant porter ce
verre fi pefant avec ce qui en dépend.
Je croy qu'aujourdhuy j'auray achevé de copier vos papiers, mais je vous prie
de m'cnvoyer le papier, ou font les mefures des ouvertures, pour en mettre le
contenu avec le relie.
Voor Broer Huygens.
N= 2393*.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
21 août 1685.
La lettre et la copie se trouvent à Leitlcn, coll. Huygens.
La lettre fait suite au No. 2393.
Chr. Huygens y répondit bar le No. 2394.
Dieren le i\ d'Aouft 1685.
Comme je çroy vous eftes de retour d'Amfterdam depuis Samedy, j'efpere d'en-
tendre de vos nouvelles, et comment fe porte noftre forme, et de quelle manière
a reuïïy l'invention des limes. Je croy que fi l'on faifoit faire par l'homme du Ca-
terftraet de petits ronds de cette figure, taillés en lime par le bas, ils feraient meil-
leurs pour noftre mage, et pourroyent mieux s'appliquer
fur la piere. Mais comme après cette dernière forme, nous
n'en ferons point de longtemps félon les apparences je ne
fcay s'il en vaudra la peine.
J'ay fongé qu'il faudra faire raccommoder noftre fnijdende pajjh- pour les
cercles de carton il n'y a qu'a y faire mettre un bras qui puifie coupper des ronds
de huicl: pouces comme il en faut pour les verres ou nous fommes après, et faire
une nouvelle petite pièce au lieu de la vieille qui eft devenue trop courte, et il
faut la faire faire fi longue qu'elle ne puifie pas facilement devenir trop courte.
CORRESPONDANCE. 1685. rn<
Je vous prie de commander cela a van der Burg ou au frère de de Wilde qui a
fait l'inftrument.
Il n'y a rien de nouveau icy, la reveue fe fera dans dix ou douze jours. Les
hifloires de madame de Buat, et de Made de St. Martin ne peuvent vous élire
inconnues.
Dites moy quelque chofe du livre de Hevelius. Je fuis après a en lire un que
Mr. Benting a porté d'Angleterre, fait et imprimé par ordre du Roy et contenant
tout le détail par le menu de la dernière confpiration contre le feu Roy et celuy
d'à prefent. Il y a du plailir a feavoir toutes ces particularités.
Voor Broer Huijgens.
Œuvres. T. IX. -75
TABLES,
I. LETTRES.
N°.
Date.
Page.
2379
2380
4
21
Janvier
Février
1685
Chriftiaan I Iuygens à H. de Beringhen
1
Conftantyn Iluygens, père, à H. de Beringhen
0
2381
22
55
Chriftiaan Iluygens à II. de Beringhen
3
2382
5
Avril
Chriftiaan Huygens à F. M. Tellier, marquis de
4
=383
21
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chrifliaan Iluygens..
5
2384
23
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Iluygens, frère . .
6
2385
26
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
8
2386
23
Mai
J. B. Du Ilamel à Chrifliaan Iluygens
9
2387
23
Juin
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
1 1
2388
-0
»
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère. .
13
2389
27
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
'4
2390
10
Août
J. B. Du Hamel à Chriftiaan Iluygens
15
2391
13
■»
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
16
2392
13
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Iluygens, frère . .
17
2393
15
■>•>
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens .
19
= 394
23
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
20
2395
24
55
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens .
2 2
2396
3
Septembre
J. Iluddc à Chriftiaan Iluygens
24
2397
6
»
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
-5
2398
9
55
Chriftiaan Iluygens ^ Conftantyn Iluygens, père . .
26
2399
1 1
»
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
28
598
LETTRES.
N°.
Date.
Page.
2400
,
Oaobre
1685
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
30
2401
3
55
Chriftiaan Iluygens à Conftantyn Huygens, frère . .
30
2402
8
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
32
2403
22
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens .
33
2404
23
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère. .
34
2405
25
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens.
36
2406
55
Chriftiaan Huygens à J. Hudde
37
2407
26
55
Chriftiaan Huygens à J. Hudde
37
2408
5
Novembre
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
38
2409
8
55
Conftantyn Huygens, père, à J. A. Comte d'Avaux.
39
2410
241 1
2412
40
41
4'
Chriftiaan Huygens à ?
i 1
Mars
1686
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens .
2413
13
55
Chriftiaan Huygens aux Etats-Généraux des Pro-
14
55
vinces Unies
42
45
2414
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens.
24'5
16
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère. .
46
2416
21
55
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
47
2417
1
Avril
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens .
49
2418
4
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Iluygens .
5°
2419
6
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
51
2420
10
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
52
2421
12
55
53
2422
18
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens.
54
2423
23
55
Chriftiaan Huygens à Thomas Helder
55
2424
26
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
76
24-5
2426
2427
24
Mai
Chriftiaan Huygens à ?
73
80
Juillet
55
lac. Bernoulli
5
84
2428
12
Août
Conflantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Iluygens.
H
2429
24
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens .
«7
2430
3°
55
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère..
88
243i
2
Septembre
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens .
89
2432
8
55
Ph. de la I lire à Chriftiaan Iluygens
9'
2433
16
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens.
93
=434
26
55
Chriftiaan Iluygens à J. D. Calftni
94
LETTRES.
599
2435
2436
H37
2438
2439
2440
2441
2442
2443
2444
2445
2446
2447
2448
2449
245°
2451
2452
2453
2454
2455
2456
2457
2458
2459
2460
2461
2462
I
2463
9
2464
20
2465
24
2466
•7
2467
26
26
26
26
I
/
10
21
24
I I
5
H
10
18
20
1
r,
Ô
12
18
Septembre
Odobre
Novembre
Décembre
Février
Mars
M
Avril
Mai
1686
Juin
168:
Chriftiaan Iluygens à Pli. de la Ilire
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
Chriftiaan Iluygens à Cl. Perrault
Cbriltiaan Iluygens à Conftantyn Iluygens, frère . .
Appendice. La Reine Chriftine (1 8 mai 1 686) ....
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens.
Chriftiaan Iluygens à Conftantyn Iluygens, frère. .
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
P. van Gent à Chriftiaan Iluygens
Appendice. E. W. von Tfchirnhaus à Chriftiaan
Iluygens (10 octobre 1686)
Chriftiaan Iluygens à B. Fullenius
Chriftiaan Iluygens à Conftantyn Iluygens, frère..
Ph. de la Hire à Chriftiaan Iluygens
P. van Gent à Chriftiaan Iluygens
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Iluygens
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Iluygens à Petcom
Chriftiaan Iluygens à E. W. von Tfchirnhaus
P. van Gent à Chriftiaan Iluygens
Ph. de la Hire à Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Iluygens à Ph. de la Hire
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Iluygens
E. W. von Tfchirnhaus à Chriftiaan Iluygens
Appendice. E. W. von Tfchirnhaus à Chriftiaan
Iluygens (12 mai 1687)
Chriftiaan Iluygens à P. van Gent
Appendice I. N. Fatio de Duillier (mars
1687)
Appendice II. E. W. von Tfchirnhaus (1687)
Ph. de la Hire à Chriftiaan I luygens
H. de la Chapelle Befte à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Huygens à d'Alcncé
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan I luygens
P. van Gent à Chriftiaan 1 luygens
P. van Gent à Chriftiaan Huygens
95
98
99
100
102
103
104
105
106
108
109
1 12
113
116
117
118
121
122
126
127
130
133
134
152
153
154
159
162
165
167
167
'71
'74
6oo
LETTRES.
N°.
Date.
Page.
2468
1687
Appendice I. E. W. von Tschirnhans (juin 1687) .
176
2469
181
2470
1
Juillet
Chriftiaan Huygens à P. van Gent
184
2471
3
55
P. van Gent à Chriftiaan Huygens
185
2472
8
55
ChrifHaan Huygens à P. van Gent
188
2473
1 1
55
190
2474
20
26
55
55
H. Coets à Chriftiaan Iluvgens
192
2475
P. van Gent à Chriftiaan Huygens
194
2476
26
Août
Caze à Chriftiaan Huygens.
196
2477
27
55
Chriftiaan Huygens à II. Coets
198
2478
Appendice. Chriftiaan Huygens à M. Coets (27
28
28
55
55
août 1687)
201
2479
Pli. de la Hire à Chriftiaan Huygens
203
2480
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
205
2481
1
Septembre
ChrifHaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère .
207
2482
4
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
209
2483
8
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
21 1
2484
9
55
212
2485
13
55
P. van Gent à Chriftiaan Huygens
214
2486
Appendice. E. W. von Tfchirnhaus à D. Makreel
(23 août 1687)
215
2487
2
Oâobre
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
220
2488
3
55
Chriftiaan Huygens à A. de Graaff
222
2489
8
5?
Chriftiaan Huygens à l'Auteur des Nouvelles de la
224
2490
Appendice I. Chriftiaan Huygens (Septembre
226
2491
. Ippendice IL Chriftiaan Huygens (1690)
229
2492
9
5;
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
230
2493
10
55
231
2494
13
55
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
233
2495
21
55
P. E. Vegelin van Claerbergen^ Chriftiaan Huygens
235
2496
Appendice I. Freybergen à P. E. Vegelin van Claer-
Appendicc IL P. E. Vegelin van Clacrbergen à
Chriftiaan Huygens (21 Oftobre 1687)
236
237
LETTRES.
6oi
N°.
Page.
2498
23
2499
25
2500
29
2501
2502
31
2503
0
0
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14
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«4
2507
20
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25
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5
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15
25 15
3
251^
24
2517
24
2518
4
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•
2520
2521
30
2522
4
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9
2524
24
2525
29
2526
29
2527
Octobre
Novembre
Décembre
Janvier
Février
»
Mars
Avril
Mai
Juin
1687
1688
Œuvres. T. IX.
Chriftiaan Iluygens à J. A. Friquet
II. Coets à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Iluygens à Conftantyn Iluygens, frère. .
Appendice. Chriftiaan Huygens à Conftantyn Iluy-
gens, frère (29 oftobre 1687)
Chriftiaan Iluygens à Conftantyn Iluygens, frère. .
Conftantyn Iluygens, frère, à Chriftiaan Iluygens..
P. E. Vegelin van Claerbergcn à Chriftiaan Iluygens
Appendice. Freybcrgcn à Chriftiaan Iluygens (26
oftobre 1687)
L'Abbé de Lannion à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Iluygens à Lodcwijk Iluygens
Chriftiaan Iluygens à Madame Coyct
Chriftiaan Huygens à B. Coyet
Chriftiaan Huygens à ?
Chriftiaan Huygens à Lodewijk Huygens
G. W. Leibniz à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Iluygens à l'Abbé de Lannion
IL de la Chapelle Belle à Chriftiaan Huygens
Ph. de la II ire à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Huygens à Abraham de Graaff
Chriftiaan Huygens à J. Iludde
Appendice I. Ifaac Voflïus à IL van Beuningen
(23 février 1688)
Appendice IL Chriftiaan Iluygens aux Directeurs
de la Compagnie des Indes (24 avril 1688)
l'Imiche
Appendice III. Chriftiaan Iluygens à Thomas Ilel-
der(i686)
J. Iludde à Chriftiaan Iluygens
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Iluygens, frère . .
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan I luygens
Chriftiaan Iluygens à Lodewijk Iluygens
Chriftiaan Huygens à IL de la Chapelle Belle
Chriftiaan Iluygens //J. A. Friquet
Chriftiaan I luygens à Ch. Perrault
76
238
240
241
243
245
246
249
250
252
253
254
255
256
257
260
26~2
203
266
26-
269
272
273
292
2 94
295
296
298
299
300
301
6o2
I. LETTRES.
N°.
Date.
Page.
2528
12
Novembre
1688
303
304
2529
30
Décembre
,
Clirilliaan Huygens 7/ Conftantyn Huygens, frère . .
2530
17
Janvier
1689
306
-531
5
Février
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère . .
308
-^ 32
6
Mars
Chriltiaan Huygens à A. Leenwenhock
310
310
2533
15
»
2534
22
■>t
Chriftiaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère. .
312
2535
2536
-
Avril
3H
3L5
24
«
Chriftiaan Huygens à Lodewijk Huygens
2537
2538
26
316
H
Mai
Clirilliaan Huygens à Lodewijk Huygens
3i7
2539
25
»
319
2540
254 •
2542
2543
2 544
Août
321
328
32 9
33'
3
Septembre
Chrilliaan Huygens à Confiantyn Huygens, frère..
333
2545
9
y>
Clirilliaan Huygens à Confiantyn Huygens, frère. .
336
2546
9
J?
Les directeurs de la Compagnie des Indes à Chris -
338
2 547
. Ippcnclice. B. de Voldcr aux Directeurs de la Com-
339
2548
20
»
Clirifliaan Huygens à Confiantyn Huygens, frère. .
344
2 549
27
55
Confiantyn Huygens, frère, à Clirilliaan Huygens. .
345
2550
27
55
Chrifliaan Huygens à Lodewijk Huygens
34^'
2551
4
Oaobrc
Chriftiaan Huygens « Confiantyn Huygens, frère . .
34-!
2552
18
55
Chrifliaan Huygens^ Confiantyn Huygens, frère.. .
349
2553
2554
2 555
20
351
352
353
0
55
Novembre
-3
Décembre
Chrifliaan Huygens à Confiantyn Huygens, frère. .
2556
6
Janvier
IO~QO
Confiantyn Huygens, frère, à Clirilliaan Huygens. .
354
2 557
255!!
1;:
Chrifliaan Huygens à Pli. de la Hirc
357
357
/
55
Février
Clirilliaan Huygens à N. Fatio de Duillier
2 559
7
55
Chriftiaan Huygens à Confiantyn Huygens, frère . .
361
251^0
55
Appendice. Guiran à Chrifliaan Huygens
363
2561
8
55
366
LETTRES.
603
X .
Page.
2562
=563
2564
"-565
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256/
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1 1
17
>7
24
24
28
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6
6
21
21
21
24
28
28
30
30
18
21
25
4
5
10
10
1 1
1 !
I 2
16
'9
18
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
5?
1690
Chrilliaan Huygens à). Hudde
Chriiliaan Huygens à P. Bayle
Chrilliaan Huygens à P. E. Vegelin van Claerbergen
Conllantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
Chrilliaan Huygens à Conltantyn Huygens, frère. .
Chrilliaan Huygens à Conllantyn Huygens, frère. .
Ph. de la II ire à Chrilliaan Huygens
Conllantyn Huygens, frère, à Chrilliaan Huygens. .
N. Fatio de Duillier à Chrilliaan Huygens
Chrilliaan Huygens à A. Leeuwenhoek
Chrilliaan Huygens à N. Fatio de Duillier
Chrilliaan Huygens à Conllantyn Huygens, frère. .
Chrilliaan Huygens à B. Fullenius
Chrilliaan Huygens à Conllantyn Huygens, frère . .
Conllantyn Huygens, frère, à Chrilliaan Huygens..
Ph. de la I lire à Chrilliaan Huygens
Chrilliaan Huygens à B. Bekker
Chrilliaan Huygens à Ph. de la I lire
Le Marquis de PHofpital à Chrilliaan Huygens.. . .
Appendice. Le Marquis De PHofpital à Chriftiaan
Huygens (18 avril 1690)
N. Fatio de Duillier ^ Chrilliaan Huygens
C\>nllantyn Huygens, frère, à Chrilliaan Huygens..
Chrilliaan Huygens # Conllantyn Huygens, frère. .
Chrilliaan Huygens à Ph. de la I lire
Chrilliaan Huygens à Conllantyn Huygens, frère. .
Chrilliaan Iluygensau Marquis de PHofpital
Chrilliaan Huygens aux Directeurs de la Compagnie
des Indes
Ph. de la Dire à Chrilliaan Huygens
Chrilliaan I luygens à Ph. de la I lire
Chrilliaan I luygens à Conllantyn Huygens, frère . .
Chrilliaan Huygens à Conllantyn Huygens, frère . .
IL Jullel à Chrilliaan Huygens
Le Marquis De PHofpital à Chrilliaan Huygens.. . .
I). Papin à Chrilliaan I luygens
369
369
373
375
379
381
39o
391
393
395
395
397
398
400
400
401
4°3
407
412
4H
4'5
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418
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423
424
425
427
428
604
I. LETTRES.
N°.
Page.
2596
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26 u
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6
17
19
25
1
3
7
20
23
24
24
24
29
29
30
6
1 2
14
28
4
9
13
Juin
Juillet
Août
Septembre
>5
Oftobre
1690
Appendice. Chriftiaan Huygens (1690)
Le Marquis De l'Hofpital à Chriltiaan Huygens . . .
Chriftiaan Huygens au Marquis De l'Hofpital
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Huygens
Le Marquis De l'Hofpital à Chriftiaan Huygens.. . .
G. W. Leibniz à Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à S. van de Blocquery
Chriftiaan Huygens au Marquis De l'Hofpital
Chriftiaan Huygens à H. de Dafuage de Beauval . . .
Appendice I. Le Marquis De l'Hofpital à Chriftiaan
Huygens (19 juillet 1690)
Appendice II. Chriftiaan Huygens à II. Bafnage de
Beauval (juillet 1690)
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Huygens
D. Papin à Chriftiaan Huygens
J.deGraaO Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à Pli. de la Hire
Chriftiaan Huygens à G. W. Leibniz
Appendice. Chriftiaan Huygens (1690)
Chriftiaan Huygens à van Hofte
J. J. Spener à Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à S. van de Blocquery
Ph. de la Hire à Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à D. Papin
J. Goufletrt Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à 0. llomer
J. de Graaffi7 Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à J. de Graaff.
J. de GraalTrt Chriftiaan Huygens
Chriftiaan Huygens à G. W. Leibniz
Appendice I. Chriftiaan Huygens (feptembre 1 690)
Appendice IL Chriftiaan Huygens (feptembre 1690)
AppendicelII. Chriftiaan Huygens (7 avril 1691). .
G. W. Leibniz à Chriftiaan Huygens
Appendice. G. W. Leibniz à Chriftiaan Huygens
(octobre 1 690)
434
438
439
444
445
448
452
453
455
457
461
464
465
467
469
470
473
476
477
477
480
482
488
489
491
492
494
496
500
502
5ii
5i6
521
I. LETTRES.
605
N°.
Page.
2629
16
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18
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I
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=633
18
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2 !
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-4
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26
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-.
2639
5
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6
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9
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•9
2644
=645
20
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21
2647
=3
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24
2649
=4
2650
=<5
2651
26
2652
26
=653
29
=654
Octobre
Novembre
Décembre
1690
W. van Lith à Chrilliaan Huygens
J. de Graaff <i Chrîfliaan Huygens
Chrilliaan Huygens à Conftantyn Huygens, frère. .
G. W. Leibniz à Clirilliaan Huygens
Chrilliaan Huygens à G. W. Leibniz
Appendice. Chriltiaan Huygens (oftobre ou novem-
bre 1 690)
Conftantyn Huygens frère, à Chrilliaan Huygens . .
G. W. Leibniz à Chrilliaan Huygens
J. de GraafF à Chrilliaan Huygens
S. van de Blocquery à Chrilliaan Huygens
(ï. W. Leibniz à Chrilliaan Huygens
D. Papin à Chrilliaan Huygens
J. LudoIfF à Chrilliaan Huygens
Chriftaan Huygens à J. Hudde
Chrilliaan Huygens à G. W. Leibniz
Appendice. Chrilliaan Huygens (décembre
1690)
J. de Graaff^ Chrilliaan Huygens
J. de Graaff # Chrilliaan Huygens
J. de Graaff à Chrilliaan Huygens
J. de GraafF à Clirilliaan Huygens
A. de Graaff à Chrilliaan Huygens
J. de Graaff à Chrilliaan Huygens
Chrilliaan Huygens à J. de Graaff
Chrilliaan Huygens à A. de Graaff
J. de Graaff <J Chrilliaan Huygens
J. LudolIlV) Chrilliaan Huygens
5=7
528
53°
532
536
54i
544
546
553
554
555
559
566
567
568
573
577
578
579
580
581
582
583
58.3
584
585
6o6
I. LETTRES.
SUPPLEMENT.
N°.
Date.
Page.
2288"
2382"
2390''
2393"
'9
1 1
21
Avril
Août
1685
1685
1685
Appendice. |. Flamfteed Septembre 1682)
Conftantyn Huygens, frère, à ChrifHaan Huygens..
Conflantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. .
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens..
5«9
590
59i
59=
II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA
CORRESPONDANCE.
Les chiffres gras défignent les numéros d'ordre des lettres.
Les chiffres gras pourvus d'une lettre italique défignent les numéros d'ordre du Supplément,
pages 589— 593.
Les lettres figurent tant fous le nom de l'auteur que Ions celui du correfpondant. Dans le pre-
mier cas on a indiqué la date de la lettre.
J. d'Alencé (Chriftiaan Huygens //). 3464.
Auteur des Nouvelles de la République des Lettres (Chriftiaan Huygens à F). 218».
J. A. comte d'Avaux (Conftantyn Huygens, père, //). 2409.
H. Bafnage de Beauval (Chriftiaan Huygens à). 2604, 2*SO«.
P. Bayle (Chriftiaan Huygens à). 2563.
B. Bekker à Chriftiaan Huygens. 1689, 3 novembre 2554.
„ (Chriftiaan Huygens <-/). 251?».
II. de Beringhen (Chriftiaan Huygens à). 237©, 2381.
„ (Conftantyn Huygens, père, à}. 2380.
Jac. Bernoulli. 1686, juillet 2426.
IL van Beuningen (Ifaac Vofïïus à'). 2518.
S. van de Blocquery à Chriftiaan Huygens. 1690, 27 novembre 263**.
„ (Chriftiaan Huygens à). 2602, 2615.
Café à Chriftiaan Huygens. 1687, 26 août 2476.
J. 1). Caffini à Chriftiaan 1 luygens. 1686, 5 juillet 2427.
„ (Chriftiaan Huygens tf). 2134
H. de la Chapelle BeflTe à Chriftiaan Huygens. 1687, 9 juin 2463; 1688, 15 février 2514.
„ (Chriftiaan I luygens à'). 2484, 2525.
Reine Chriftine. 1686, 18 mai 2439.
IL Cocts à Chriftiaan Huygens. 1687, 20 juillet 2474, 25 odobre 219».
„ (Chriftiaan Huygens à). 2477, 247**.
608 II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA CORRESPONDANCE.
B. Coyet (Chriftiaan Huygens à). 2509.
Made. Coyet (Chriftiaan Huygens a). 2508.
G. Cuper à Chriftiaan Huygens. 1689, 20 octobre 2553.
Directeurs de la Compagnie des Indes à Chriftiaan Huygens. 1689, 9 feptembre 2546.
„ (Chriftiaan Huygens aux). 2519, 2588.
„ (B. deVolderaux). 254!?.
Etats Généraux des Provinces Unies (Chriftiaan Huygens aux). 24=13.
N. Fatio de Duillier à Chriftiaan Huygens. 1686, 2449, 2450; 1687, 3 mai 2456, 24 juin
2465; 1688, 9 mai 2523; 1690, 6 mars 257©, ai avril 2582, 17 juillet
2599, 7 août 2607.
„ (Chriftiaan Huygens à~). 2473, 2558, 2572.
„ 1687, mars 2460.
J. Flamfteed. 1682, feptembre 2288".
Freybergen à Chriftiaan Huygens. 1687, 26 octobre 2505.
„ à P. E. Vegelin van Claerbergen. 1687, 24 feptembre 2496.
J. A. Friqtiet (Chriftiaan Huygens à"). 2498, 2526".
B. Fullenius (Chriftiaan Huygens a). 2445, 2574.
P. van Gent à Chriftiaan Huygens. 1686, 2 1 octobre 2443, 17 décembre 2448 ; 1687, 1 8 mars
2453, 17 juin 2466, 26 juin 2467, 3 juillet 2471, 26 juillet 2475, 11 fep-
tembre 2485.
„ (Chriftiaan Huygens à"). 2459, 2470, 2472.
J. Gouffet à Chriftiaan Huygens. 1690, 6 feptembre 2618.
A. de Graaffrt Chriftiaan Huygens. 1690, 24 décembre 2649.
„ (Chriftiaan Huygens «). 2488, 2516, 2652.
J, de GraaffVi Chriftiaan Huygens. 1690, 23 août 2609, 14 feptembre 2620, 4 octobre 2622.
18 octobre 2630, 16 novembre 2637, 2c décembre 2645, 21 décembre 2646,
23 décembre 2647, 24 décembre 2648, 16 décembre 2650, 29 décembre 2653.
„ (Chriftiaan Huygens a). 2621, 2651.
Guiran à Chriftiaan Huygens. 2560.
J. B. du Hamel à Chriftiaan Huygens. 1685, 23 mai 2386, 10 août 2390.
J. de Hautefcuille à Chriftiaan Huygens. 1689, 17 janvier 2530.
T. Heldcr (Chriftiaan Huygens d). 2423, 2520.
Ph. de la Hire à Chriftiaan Huygens. 1686, 8 feptembre 2432, 5 décembre 2447; 1687,
20 avril 2454, 1er juin 2462, 28 août 2479; 1688, 3 mars 2515 ; 1690,
1er mars 2568, 28 mars 2577, 1 1 mai 2589; 1690, 30 août 2616.
„ (Chriftiaan Huygens^). 2435,2455,2557,2579,2585,2590,2610.
Marquis de FI lofpital à Chriftiaan I luygens. 1690, 1 8 avril 2580, 2581 , 2 juin 2594, 29 juin
2597, 19 juillet 2600, 2605.
„ (Chriftiaan Huygens au). 2587, 2598, 2603.
Van Hofte (Chriftiaan Huygens à~). 2613.
J. Hudde à Chriftiaan Huygens. 1685, 3 feptembre 2396; 1688, 30 avril 2521.
II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA CORRESPONDANCE. 6oy
J. Hudde (Chriftiaan Huygens à~). 2466, 2467, 2517, 2539, 2562, 2642.
Chriftiaan Huygens à d'Alencé. 1687, 20 juin 2464.
„ à l'Auteur des Nouvelles de la République des Lettres. 1687, 8 octobre
2489.
» à H. Bafnage de Beauval. 1690, août 2604, juillet 2666.
» à P. Bayle. 1690, 1 r février 2563.
» à B. Bekker. 1690, 30 mars 2578.
„ (B. Bekker^). 2554.
" à H. de Beringhen. 1685, 4 janvier 2379, 22 lévrier 2381.
» à S. van de Blocquery. 1690. 1er août 2602, 29 août 2615.
» (S. van de Blocquery à). 2638.
„ (Café à~). 2476.
„ à J. D. Caffini. 1686, 26 fepterabre 2434.
,, (J. D. Caffini à~). 2427.
" à H- de la Chapelle Belle. 1687, 9 feptembre 2484; 1688, 29 juin
2525.
» (H. de la Chapelle Belle à). 2463, 2514.
„ à H. Coets. 1687, 27 août 2477, 2478.
„ (H. Coets à"). 2474, 2499.
„ à B. Coyet. 1687, décembre 2569.
» à Made. Coyet. 1687, décembre 2568.
„ (G. Cuper à~). 2553.
» aux Direâeurs de la Compagnie des Indes. 1688, 24 avril 2519; 1690,
10 mai 2588.
,1 (Directeurs de la Compagnie des Indes à). 2546.
» ^"x Etats Généraux des Provinces Unies. 1686, 13 mars 2413.
„ à N. Fatio de Duillier. 1687, n juillet 2473; 1690, 7 février 2558,
21 mars 2572.
„ (N. Fatio de Duillier à~). 2449, 2456,2456,2465,2523,2576,
2582, 2599, 2667.
n ■ (Freybergen à"). 2565.
» à J. A. Friquet. 1687, 23 o&obre 2498; 1688, 29 juin 2526.
» à B. Fullenius. 1686, 24 octobre 2445; 1690, 21 mars 2574.
„ à P. van Cent. 1687, 18 mai 2459, 1er juillet 2476, 8 juillet 2472.
„ (P. van Cent eï). 2443, 2448,2453,2466,2467,2471,2475,
2485.
„ (J. Gouflet à). 2618.
„ à A. de GraalT. 1687, 3 octobre 2488; 1688, 24 avril 2516; 1090, 26 dé
cembre 2652.
„ (A. de Graalf a). 2649.
„ à J. de Graalf. 1690, 28 feptembre 2621. 2^ décembre 2651.
Œuvres. T. IX. 77
6lO II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA CORRESPONDANCE.
Chriftiaan Huygens (J. de Graaff à). 2669, 2626, 2623, 2636, 2637, 2645, 2646,
2647, 261*. 2650, 2653.
„ (Guiran à'). 2560.
„ (J. B. du Hamel a). 2386, 2390.
„ (J. de Hautefeuille a). 2530.
„ à Th. I Ielder. 1686, 23 avril 2423, 2520.
à Ph. de la Mire. 1686, 16 feptembre 2435; 1687, 1er mai 2455; 1690,
18 janvier 2557, 30 mars 2579, 4 mai 2585, 11 mai 2596, 24 août
2610.
„ (Ph. de la Hire à}. 2432, 2447, 2454, 2462, 2479, 2515, 2568,
2577,2589,2616.
au Marquis de l'Hofpital. 1690, 10 mai 2587, 6 juillet 2598, 3 août
2663.
„ (Marquis de l'Hofpital à). 2580, 2581, 2594, 2597, 2666,
2665.
„ à van ïloftc. 1690, 24 août 2613.
„ à J. Iludde. 1685, oftobre 2466, 26 oftobre 2467 ; 1688, 24 avril 2517 ;
1689, 25 mai 2539; 1690, 1 1 février 2562, 14 décembre 2642.
„ (J. Hudde À). 2396, 2521.
„ à Conftantyn Huygens, père. 1685. 9 feptembre 2398.
„ à Conftantyn Huygens, frère. 1685, 23 avril 2384, 23 juin 2388, 13 août
2392, 23 août 2394, 6 feptembre 2397, 3 oftobre 2461, 23 oc-
tobre 2464; 1686, 16 mars 2415, 6 avril 2419, 26 avril 2424,
30 août 2436, 1er oftobre 2438, 7 oftobre 2441, 1 1 novembre 2446;
1687, ici- feptembre 2481, 9 oftobre 2492, 29 oftobre 2566,
2561, 31 oftobre 2502; 1688, 4 mai 2522, 30 décembre 2529; 1689.
5 février 2531, 22 mars 2534, 3 feptembre 2544, 9 feptembre 2545,
20 feptembre 2548, 4 oftobre 2551, 18 oftobre 2552, 23 décembre
2555; 1690,- février 2559, 24 février 2566, 28 février 2567, 21 mars
2573, 24 mars 2575, 2 mai 2584, 5 mai 2586, 1 2 mai 2591, 16 mai
2592, ici- novembre 2631.
„ (Conftantyn Huygens, frère, à). 2382", (Supplément) 2383, 2385,
2387, 2389, 2396", 2391, 2393, 2393", 2395, 2399, 2466,
2462, 2463, 2465, 2468, 2412, 2414, 2416, 2417, 2418,
2426, 2422, 2428, 2429, 2431, 2433, 2436, 2446, 2442,
2486, 2482, 2483, 2487, 2491, 2563, 2519, 2556, 2565,
2569, 2576. 2583, 2635.
„ à Lodewijk Huygens. Î687, 20 décembre 2567 ; 1688, 25 janvier 251 1,
24 juin 2521, 12 novembre 2528; 1689, 15 mars 2533, - avril 2535,
24 avril 2536, 14 mai 2538, 27 feptembre 2556.
„ (II. Juftel//). 2593.
II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA CORRESPONDANCE. 6||
Chriftiaan Huygens à l'Abbé de Lannion. 1888, 5 février 2513.
„ (Abbé de Lannion à*). 2564».
„ à A. Leeuwenhoek. 1689, 6 mars 2532; 1690, 6 mars 2571.
» <* G. W. Leibniz. 1690, 8 février 2561, 24 août 2611, 9 octobre 2623,
18 novembre 2633, 19 décembre 2613.
„ (G. W. Leibniz à). 2512, 2661, 262?, 2628, 2632, 2«36,
2639.
„ (W. van Litb êT). 2629.
„ à Louvois (voyez le Tellier).
„ (J. Ludolfi à). 26H, 2651.
(J. Newton à). 2516, 2511.
„ à D. Papin. 1690, 2 feptembre 2617.
„ (D. Papin à). 2595, 2668, 2616.
„ tfCh. Perrault. 1688, 2527.
„ à Cl. Perrault. 1686, 26 feptembre 2137.
„ à Petcom. 1687, 14 février 2151.
„ à C. du Puy Epinaiïe. 1686, 1 2 avril 2121.
„ à O. Romer. 1690, 1 2 feptembre 2619.
(J.J.Spener^).2611.
„ . à F. M. le Tellier. Marquis de Louvois. 1685, 5 avril 2382.
„ (M. Thevenot à~). 2116.
„ à E. W. von Tfcbirnhaus. 1687, 10 mars 2152,
(E. W. von Tfcbirnhaus a). 2111, 2155', 2158.
„ (P. Varignon à'). 2193.
„ à P. E. Vegelin van Claerbergen. 1690, 17 février 2561.
„ (P. E. Vegelin van Claerbergen ai). 2195, 2197, 2561.
„ (B. deVolder^). 2537.
„ à? 1685, 2111; 1686. 24 mai 2125; 1687, 2516.
1687, 2169; 1690, feptembre 2196, 2191; 1689, août 2512, 2513;
1690, 2596, 2612, feptembre 2621, 2625; 1691, - avril 2626; 1690,
oflobre ou novembre 2631, décembre 2611.
Conftantyn Huygens, père, au comte d'Avaux. 1685, 8 novembre 2169.
„ ^> II. de Beringhen. 1685, 21 février 2386.
„ (Chriftiaan Huygens a). 2398.
Conftantyn Huygens, frère, à Chriftiaan Huygens. 1685, 19 avril 2382", 21 avril 2383, 26
avril 2385, 23 juin 2387, 27 juin 2389, 11 août 2396"', 13 août
2391, 15 août 2393, 21 août 23931, 24 août 2395, 11 feptembre
2399, ter octobre 2166, 8 octobre 2162, 22 octobre 2163, 25 octobre
2165, 5 novembre 2168; 1686, m mars 2112, 14 mars 2111, 21
mars 2116, 1er avril 2117, 4 avril 2118, 10 avril 2126, 18 avril
2122, 1 2 août 2128, 24 août 2129, 2 feptembre 2131, 16 feptembre
6l2 II. LISTE ALPHABÉTIQUE DE LA CORRESPONDANCE.
2433, 16 feptembre 2436, 3 octobre 244©, 10 oftobre 2442; 1687,
28 août 248©, 4 feptembre 2482, 8 feptembre 2483, 2 oftobre 248!?,
13 odobre 2494, 3 novembre 2503; 1689, 27 feptembre 2549; 1690,
6 janvier 2556, 24 février 2565, 3 mars 2569, 28 mars 2576, 25
avril 2583, 2 1 novembre 2635.
Conftantyn Huygens (Chriftiaan Huygens**). 2384,2388, 2392, 2394, 2397, 2401,
2404, 2415, 2419, 2424, 2430, 2438, 2441, 2446, 2481,
2492, 2500, 2501, 2502, 2522, 2529, 2531, 2534, 2544,
2545, 2548, 2551, 2552, 2555, 2559, 2566, 2567, 2573,
2575, 2581, 2586, 2591, 2592, 2631.
Lodewijk Huygens (Chriftiaan Huygens à). 2507, 2511, 2524, 2528, 2533, 2535,
2536, 2538, 2550.
II. Juftel à Chriftiaan Huygens. 1690, 19 mai 2593.
Abbé de Lannion à Chriftiaan Huygens. 1687, 14 décembre 2506.
„ (Chriftiaan Huygens a). 2513.
A. Leeuwenhoek (Chriftiaan Huygens a). 2532, 2571.
G.W. Leibniz à Chriftiaan Huygens. 1688, janvier 2512; 1690, 25 juillet 2601, 13 oétobre
2627, odobre 2628, novembre 2632, 24 novembre 2636, 5 décembre
2639.
„ (Chriftiaan Huygens à~). 2561, 2611, 2623, 2633, 2643.
W. van Lith à Chriftiaan Huygens. 1690, \6 oftobre 2629.
Louvois (voyez le Tellier).
J. LudolO Chriftiaan Huygens. 1690, 9 décembre 2641, décembre 2655.
D. Makreel (E. W. von Tfchirnhaus à\ 2486.
J. Newton à Chriftiaan Huygens. 1689, août 2540, 2541.
D. Papin à Chriftiaan Huygens. 1690, 18 juin 2595, 20 août 2608, 6 décembre 2640.
„ (Chriftiaan Huygens a). 2617.
Ch. Perrault (Chriftiaan Huygens a). 2527.
Cl. Perrault (Chriftiaan Huygens à"). 2437.
Petcom (Chriftiaan Huygens <-z).2451.
C. du Puy Efpinafle (Chriftiaan Huygens a). 2421.
O. Romer (Chriftiaan Huygens a). 2619.
J. J. Spener à Chriftiaan Huygens. 1690, 29 août 2614.
F. M. le Tellier, Marquis de Louvois (Chriftiaan Huygens à"). 2382.
M. Thevenot à Chriftiaan Huygens. 1685, 241©.
E. W. von Tfchirnhaus à Chriftiaan Huygens. 1686, 10 oftobre2444; 1687, 12 mai 2457,
2458.
„ (Chriftiaan Huygens a). 2452.
„ à D. Makreel. 1687, 23 août 2486.
„ 1687, 2461, juin 2468.
P. Varignon à Chriftiaan Huygens. 1687, 10 oftobre 2493.
II. LISTE ALPHABÉTIQUE OR LA CORRESPONDANCE. 6 1 3
P. E. Vegelin van Claerbergen (Freybergen à"). 2496.
„ à Chriltiaan Huygens. 1687. 21 octobre 2495, 2497, 14 décem-
bre 2504.
„ (ChrifHaan Huygens à). 2561.
B. de Voldcr aux Directeurs de la Compagnie des Indes. 1689, 22 juillet 2547.
„ à Chriftiaan Huygens. 1689, 26 avril 2537.
S. Voilais à II. van Beuningen. 1688, 23 lévrier 251S.
III. PERSONNES MENTIONNÉES
DANS LES LETTRES.
Dans cette lifte on a rangé les noms fans avoir égard aux particules telles que de, û, van, et
autres.
Les chiffres gras défîgnent les pages où l'on trouve des renfeignements biographiques.
Les chiffres ordinaires indiquent les pages où les perfonnes nommées font citées.
Aa (Pieter van der). 276, 313, 35H, 359, 362, 374.
Ablancourt (Nicolas Frémont d'). 90, 222, 234, 235, 242, 247, 353, 380, 488.
Académie (Meilleurs de 1'). 1, 4, 5, 9, 10, 11, 39, 40, 53,91, 92, 95, 96, 97, 106, 108, 128,
129, 133, 163, 164, 165, 166,203,204,206,213,235,250,261,262,264,299,375,
3/8,485,569.
Achmet. 426.
Aerflen (Cornelis van). 545.
Alancé (d ). Voyez Alencé (d').
Alembert (Jean le Rond d,N). 391.
Alencé (Joachim d'). 95, 167, 190, 203. 212, 213, 262, 299.
Alefme (André d'). 114.
Alhazen. 95, c>6.
Allamand (Jean Nie. Seb.). 331, 332.
Alonne (Abel Taffin d'). 8, 9, 14, 28, 374.
Ally(d'). 93.
Alphonfius (roi de Caftille). 59.
Amirauté d'Amflerdam (les Direftcurs de la Chambre d'). 24, 27, 223.
Anglois (deux jeunes). 444, 464.
Ango (Pierre). 522, 523.
Anhalt-Deflau (George, prince de). 248.
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 615
An (ehne (Saint). 519.
Apollonius (Pergaeus). 97.
Appclman. 394.
Archimcdes. 96, 123, 140. 569.
Ariltoteles. 149.
Arlington (le comte de). Voyez Bcnnet (H.).
Arnaud ou Arnauld (Antoine). 520, 540.
Arnhem (Joban van). 544.
A t'icin. 333.
Aubert (H. V.). 392.
Aubigné (Nathan d'). 391.
Auzout (Adrien). 14, 1^,28,92,99,380,420,448,449,471.
A vaux (Jean Antoine de Melmes, comte d'). 2, 256.
„ (Jean Jacques de Melmes, comte d'). 256.
B. (la de Rijfwijck). 210.
Baco de Vcrulam (Francis). 1 24. 146.
Bachet. Voyez Méziriac (de).
Baerfchot. Voyez Swcerts de Landas.
Bailly (Jean Sylvain). 391.
Baldi (Bernardino). 4SI.
Barthelemi. 171.
Bartholinus (Erafmus). Voyez Berthelfen.
Bas (le). Voyez Lebas.
Bayle (Pierre). 83, 226, 250, 258, 259, 369, 370, 380.
Beaumont. 12, 22, 27.
Beauval (Henri Bafnage de). 83, 404, 455. 461, 470.
Becker (Hendrik). 27.
'„ (Caetje). 12,22.27.310.
Bekker (Balthafar). 3 1 -, 352, 400.
Bonnet (Henry). 17.
Benthem (le comte de). 424.
Bentinck (Ilans Willem). 30, 86, 103, 335, 348, 349, 356. 361, 3^2, 372, 373, 391, 393, 395,
?M- 397, 593-
Bergefteyn (le Seigneur de). Voyez Docs (J. van der).
Beringben (Henri de). 4,5.
Berkeley (Charles). 380. 416, 425.
Berkefteyn (le Seigneur de). Voyez Does (J. van der).
Berkhout. Voyez Tcding van Berkhout.
Bernard ou Bernhardi (A.). 338,419.
„ (Kdward). 297.
Bernier (François). 99.
6l6 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Bernoulli (Jacob). 80, 227, 229, 321, 322,403, 404.417.427,438,439,440,441,443,446,
447, 454. 455, 456, 457, 460, 461, 462, 463. 486, 497, 498, 513, 5i5, 563, 582.
„ (Jean). 321,322,498.
Bcrtbclfcn (Ërafmus). 258, 380, 489, 490.
Berthet ou Bertet (Jean). 449, 471.
Belle. Voyez Chapelle (de la).
Beuningen (Koenraad van). 89.
„ (M. van). 267, 269.
Bewinthebberen der O. I. Comp. Voyez Compagnie.
Blanchart. 19, 20, 21.
Blankcnburg (Quirinus van). 567.
Blankert (Ewout). 256.
Blocquerij (Salomon van de). 319, 320, 338.343. 453, 477-, 479' 492, 493, 494, 553, 554. 5<J7-
Blocck (Amcldong). 135. 136. 143.
Blom. 104.
Blondel (François). 91.
Boita (Jan). 370.
Boudoir. 379.
Bonnet (Charles). 391.
Bontemps. 84.
(fils). 84.
Borel (Pierre). 15, 25, 204, 264, 306, 380, 400, 421
Borghefe (Marco Antonio). 380.
Borgondie (Willem van). 46, 47.
Borflele (Jacob van). 17.
Bofch (Mlle van den). 395, 396.
„ (Mme van den). 231.
Bofco vich. 391.
Bofvelt. 348.
Bouillon (le cardinal de). Voyez Tour (de la).
„. (Godefroi de la Tour d'Auvergne, duc de). 366.
Boulliau (Ifmael). 59.
Bonrdelin (Claude). 378, 380.
Bourdon (Mlle). 239.
Bourgmeftres d'Amfterdam (les). 394, 397. 414.
Bourgogne. Voyez Borgondie (W. van).
Boyle (Robert). 167, 191, 297, 305, 306, 333, 357, 358, 359, 360, 362,371, 374, 380, 388,
39i, 393, 4°7, 4I0> 4' !, 41 2, 4J3, 4H, 4l6, 4=3, 4=4-
Brahé (Tycho). 59, 130, 290.
Bree (Willem van). «5.
Brienne. 47, 48.
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 617
Buat (Mme.). Voyez Mufch (Elifabeth Maria).
Buerltede (Jacob van). 12.
Bullialdus. Voyez Boulliau (Ifmael).
Burgh (van den). 12, 13, 18, 54, 77, 93, 98, 100, 106, 592. 593.
„ (van den). frère. 48.
Burnet (Gilbert). 90, 93, 98, 105, 235, 236, 297.
Bufch (le Captai de). 365.
Bufchman (Godefridus). 530.
„ (la veuve). 530.
Buttingen (le Seigneur de). Voyez Hoeufft (Jean Thierry).
Buys. 380.
ByrgQ.)- 33-
Cabelliaeuw (les). 87, 89.
(Mlle). 373-
Caletus. 53.
Campani (Giufeppe). 10, 18, 25, 109, 112, 125, 150, 296.
Carcavy (Pierre de). 91, 378.
Caron (Mlles.). 101.
„ (Suzette). 337.
„ (fils). 344.
Cartes (René des). 124, 129, 141, 142, 147, 148, 149, 179, 198, 199, 224,251, 258, 267,366,
367, 368, 402, 429, 450, 451, 471, 472, 482, 484, 485, 519, 522, 538, 560, 561, 563.
Café. 21, 27, 196.
Cafiïni (Giovanni Domenico). 6,10,15,25,28,32.35,84,88,92,97,99,101,103,111,114,
132, 162, 163, 265, 274, 375, 376, 378, 379, 380, 399, 415, 421, 481, 490, 526.
Catelan (l'Abbé de). 80, 81, 82, 83, 224, 225, 227, 258, 259, 403, 417, 427, 438, 439, 441, 446,
455, 457, 462, 463.
Cau ou Cauw. 335.
Cène (Michel Charles le). 83.
Ceulen (Ludolph van). 573.
Châles (le père des). Voyez Defchales.
Chapelle Befle (Henri de la). 92, 95,99, 100, 114, 153, 164, 167, 190, 203, 250, 261, 263, 299,
400,419,420,447,469.
Chapotot. 96.
Charlan (l'Abbé). 84, 94
Charles, duc de Lorraine. 93.
Chartes II (roi d'Angleterre). 165.
Chriftina, la reine de Suède. 101, 102.
Civille (François de). 337,344.
Claerbergen (Philip Ernft Vegelin van). 370, 380, 395, 400, 513.
Clairaut. 391.
Œuvres. T. IX. 78
6l8 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Clos (Samuel Cottereau du). 264.
Cocher (le). 242,318.
Cockinge. Voyez Kockinghe.
Cocq (Johannes de). 26.
Coets (Henryck). 192, 193, 198, 201, 202.
„ (Jacob). 193.
Colbert (Jean Baptifte). 39, 53, 79, 97, 262, 466.
„ (l'Abbé). 380.
Colmefius (Paulus). 356.
Coloma (Don Manuel de). 298.
Compagnie des Indes (les Directeurs de la). 24, 25, 27, 267, 268, 272, 294, 319, 320, 337, 338,
339, 4' 8, 452, 453, 4°>, 477, 47^, 479, 491, 492, 493, 494, 529-
Condamine(la). 391.
Conti(de). 258.
Cools (Adriaan). 246, 247, 476.
Copernicus. Voyez Kopernik.
Correggio (Antonio Allegri da). 32.
Cofmus III. 323.
Cotes (R.). 332.
Couplet. 262.
Cour de Gueldre (la). 230.
Coufin (Louis). 3?8. "■
Covell ou Cowell. 34.
Coyet (Balthafar). 254.
„ (Frederik). 253, 254.
Cramer (le Profefleur). 391, 392.
Cramoify (Claude ou Gabriel). 1 13, 129, 130, 166.
„ (Sébaftien). 129.
Cromhout ou Kromhout. 478, 479, 492.
Crofeck ou Crofecq (le baron von). 191.
Crofle (de la). Voyez Groflïus.
Cuper (Gifbert). 351, 379.
Cuflet. 52.
Cuyper. 43.
Cuyften (Hendrick). 530.
Dalencé. Voyez Alencé (d').
Dalefme. Voyez Alefme (d').
Dalonne. Voyez Alonne (d').
Dam (van). 37, 579, 5 80.
Danckelman (Mme.). 545.
Defroy. Voyez Froy (de).
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 6 1 9
Decquer ou Dequer (Henr.). 338, 343, 419.
Defbordes (Henry). 83.
Defcartes. Voyez Cartes (des).
Defchales (Claude François Milliet). 442, 454, 455, 462.
Del'liayes. Voyez Hayes (des).
Defmadris. 114.
Dettonville. Voyez Pafcal (Blaife).
Dhilliers. Voyez Duillier (Fatio de).
Didier. Voyez Limojon de St. Didier.
Dierkens. Voyez Dierquens.
Dierquens (Salomon). 380.
Dinoflxatus. 200.
Dirck (Maître). 6, 13, 14, 19, j~, 85, 86, 88, 89, 590, 592.
Divinis (Euftachio de). 296.
Dodart (Denis). 264, 378, 380.
Donna (Elifabeth Charlotte, comtefle de). 29, 309.
Does (Elifabeth van der). ÎOI.
„ (Johan van der). 208,317,380,414.
Doublet (Conftantia Theodora). 531.
„ (Philips). 9, 12, 22, 26, 29, 90, 101, 207, 209, 233, 241, 244, 245, 246, 252, 256, 298,
303, 310, 31 1, 335, 337, 344, 346, 354, 380, 394, 413, 425, 531.
„ (Mme). Voyez Huygens (Sufanna).
Drebbel (Cornelis Jacobz.). 565.
Drebell. Voyez Drebbel.
Duarte (Diego). 22,298.
„ (Gafpar). 22.
Duclos. Voyez Clos (du).
Duguefclin (Bertrand). 365.
Duhamel. Voyez Hamel (du),
Duillier (Nicolas Fatio de). 97, 109, m, llï1, 118, 144, 153, 154, 156, 157, 158, 161, 174,
175, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 184, 185, 186, 187, 188, 189, 190, 191,
194,195, I9<5, 214, 215, 216, 217, 218, 219, 220,221,296,323,324,333,357,359,
361,362, 370, 371, 372, 373,374, 379, 380, 381, 388, 389, 391, 392, 393, 394, 396,
397, 4°7, 4°8, 409, 4io, 4'2, 4^3, 4X4, 416,444,464,519,538,551,571.
Durfley (Milord). Voyez Berkeley.
Duflen (van der). 223, 288, 289.
Duverney (Guichard Jofeph Pierre). 264, 378, 380.
Dijck (Anton van). 22.
Dijckveld (le Seigneur de). Voyez Weede (van).
Eck (Johan van). 317, SS?, 531.
Ecoflais (un). 420.
6lO III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Edelinck (Gérard). 238,300.
Elcomby. 380.
Electeur de Saxe (1'). Voyez Johann Georg III.
Ellemeet (Cornelis de Jonge van). 320.
Ellemeten. Voyez Ellemeet.
Els (van). 317.
Elit (van). 212,221,233.
Empereur (F). Voyez Leopold I.
Enfpyc (d'). 221.
Enville (la duchefle d'). 391.
Epinaffe. Voyez Lefpinafle.
Ermonville (d'). 37.
Ernfl: Auguft, duc de Hanovre. 448, 471, 571:
Efpagnol. 380,400,401,415.
Eflen (Johan van). 544.
„ (Lucas Willem van). 544.
Eftang (Nicolas de 1'). 545.
Etats généraux. 42, 45, 209, 210, 305, 313, 317, 372, 373, 374» 424-
Euclides. 251.
Euler (Leonhard). 391.
Faes (Pieter van der). Voyez Lely (P. de).
Fagel (Gafpar). 43.
Fatio. Voyez Duillier (Fatio de).
Febure (le). 480.
Félibien (André). 482.
Fermât (Pierre' de). 497,582.
Ferreris (Dirck). 31.
Ferté (de la). Voyez Civille (François de).
„ (Mme de la). Voyez Caron (Suzette).
Feuquieres. Voyez Furetière.
Fèvre ou Le Febere (Jean de). 3!?8.
Flamfteed (John). 306, 333, 354, 356, 358, 359, 362, 377, 380, 399, 415, 589.
Fockes ou Focques (Barent). 27, 31, 579.
Fontenelle (Bernard le Bovier de). 301.
Foubert. 426.
François. 233, 242, 248.
French (Maigret). 361.
Frénicle de Befly (Bernard de). 92, 1 13, 129, 163, 203, 352.
Freybergen. 235, 248.
Friedrich III, Electeur de Brandebourg. 305.
Friedrich Wilhelm, Electeur de Brandebourg. 86. t
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 62 1
Friquet (Jacques Antoine). 5, 99, 238, 300.
Froy (de ou du). 230, 233.
Fullenius (Bernard). 235, 317, 352, 370, 380, 395, 400, 538.
Furetière (Antoine). 353, 355, 480.
Gabriel (le Sieur). Voyez Silvius (G.).
Gaillard. 397, 398,414.
Gale (le Dofteur). 350.
Galilei (Galileo). 141, 323,399,471,480,481,564.
Gallois (Jean). 378, 380.
Gaftenaga (le marquis de). 298.
Gaftigny. 304.
Gayot. 306,313-
Geldermalfem (Mr. de). Voyez Borlîele (Jacob van).
Gelderen (les van). 208.
Geleyn(Jan). 55.
Genderen (Jan van). 208, 230, 530.
Gent (Petrus van). 106, 122, 135, 136, 151, 176, 187, 191, 219,295,296,499.
Gericke. Voyez Guericke (O. van).
Gerlatius. 43, 317.
Gefelle. 380, 444.
Ginhove (Mlle de). 335.
Gioublot. 50.
Glos (de). 114.
Golftein (Philips van). 29.
Gordon (Robert). 179, 191.
Gouffier (Arthus). 4, 99, 380, 447, 454.
Gouffet (J.). 465, 466, 488.
Graaf (Abraham de). 27,222, 223, 266,315,467,494,577,581,583.
„ (Ifaacde). Voyez Graaff (Johannes de).
„ (Johannes de). 27, 131, 208, 222, 223, 230, 266, 268, 272, 273, 274, 275, 279, 281,
283, 284, 286, 287, 289, 294, 320, 338, 41 8, 419, 453, 467, 468, 477, 478, 479, 491, 492,
493, 494, 495, 5=8, 529, 553, 554, 555, 5^7, 577, 57%, 579, 580, 58 1, 582, 583, 584.
„ (Lieuwe Willeml'z.). 315,317,320,352,400.
Graaff (Pieter de). 478,479.
Graef. 296.
Gravefande (Dirk Storm van 's). 42, 50, 51, 54, -6, 85, 93, 98, 100, 104, 105, 106,
112, 461.
„ (Willem Jacob Storm van 's). 42,331,332.
Grevv (Nehemiah). 210.
Grimaldi. 523.
Groenendijk. 317.
62 2 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Groening (Johan). 321, 322, 333, 324, 329.
Groningius. Voyez Groening.
Groflhis. (Johannes). 219.
Guericke (Otto van). 496, 552, 572.
Guglielmini (Domenico). 449. 450.
Guillelmini. Voyez Guglielmini (D.).
Guiran. 362, 363.
Haeken (P.). 272.
Haenfbergen (Johan van). 26.
Haerfholte. 43, 317.
Ilalewijn (Kornelis Teuniflen van). 373.
Hamel(du). 25,28,35,49, 107, 108, 122, 135, 153,213,299,378,380,531!.
Halley (Edmund). 333, 358, 380, 410, 413, 415.
Hambden (John). 333, 335, 358, 359, 362, 380, 381, 388, 393, 39M10, 41 »•
„ (Richard, le père du précédent). 335, 398.
Hanover (le duc de). Voyez Ernft Auguft.
Hardouin (Jean). 49.
Hartibeker (Nicolaas). 14, 15, 25, 28, 32, 34, 35, 36, 87, 88, 90, 112, 114, 128, 306,
3i3,3i6.
(Mme.). 14,15,28,35.
Hautefeuille (Jean de). 306, 308, 309, 313.
Hayes(des). 114,162,163.
Heck (van der). 31, 32, 33, 3^6, 471, 498, 516.
îlecke (van der). Voyez Heck (van der).
Heemfkerck (Coenraad van). 89.
„ (Gerrit van). 89, 373.
Hcimans. 103.
Heinfius (Nicolaas). 317.
Helder (Thomas). 3?, 55, 110, 131, 197, 208, 222, 223,230,266,272,273,276,287,288,
289, 292, 294.
„ (la mère de Thomas). 197.
Helt (Elias). 334.
Hendrik Cafimir II. 370.
Ilenfchau. 333.
Herbert (Thomas). 372, 379, 380, 391, 394, 408, 416, 423,
Hero (Ctefibius). 471.
H ertoghe (de). 247, 311.
Ileuraet (Hendrik van). 124, 138, 139,200,202.
Hevelius (Johannes). 19, 20, 22, 1 12, 593.
lleynfbergen. Voyez Haenfbergen.
Mire (Philippe de la). 10, 15, 92, 95, 127, 131, 165, 166, 190,204, 213, 261, 262, 264,269,
HT. PERSONNES MENTIONNÉES. 62^
=99, 341, 357, 375, 37<$, 377, 380, 398, 400, 401, 415, 417, 419, 422, 423, 427, 444, 447,
454, 480, 490.
I lyre (de la). Voyez Hire (de la).
Hoeufft (Jean Thierry). 29, 353.
„ (Mattheus). 9, 14, 17, 29, 32. 33, 49, 103, 353, 355, 531.
„ (un Mr.). 353.
Hoeufft (Mme). Voyez Doublet (Conftantia Theodora).
Hol(J.)- 393,»94>397, 4H-
Hooghe (van der). 231,234.
„ (van der, père et mère du précédent). 234.
Hooke (Robert). 19, 20, 22, 306, 350, 380, 522.
Hofpital (Guillaume François Antoine Marquis de L'). 82, 95, 258, 401, 402, 403, 404, 405,
417, 427, 439, 440, 453, 455, 457, 461, 462, 463, 469, 470.
Hofte(van). 212, 245, 246, 247, 476.
Howard (Anna). 1?.
Hudde (Johan). 17, 20, 25, 26, 27,35,37,42,43,44,110, 197,251,255,260,266,267,294,
319, 320, 369, 380, 492, 520, 540, 552, 567.
Huet (Pierre Daniel). 351,379.
Hutton. 34.
Huygens (Conftantyn) père. 2, 4, 22, 26, 40, 45, 46, 47, 48, 103, 130, 134, 162, 207, 242, 243,
245, 246, 247, 260, 267, 295, 302, 311, 334, 335, 345, 380, 381, 423, 530, 531.
„ (Conftantyn) frère. 29, 34, 105, 242, 248, 252, 256, 257,295, 298,303,306,310,
311,312,314,316,317, 318, 333,335, 33<5, 347, 35°, 358, 361, 380,381,391,393,
395, 397, 407, 408, 410, 412,470, 527, 528, 530, 531, 544, 553, 581, 590, 591.
„ (Conftantyn) fils de Conftantyn, frère. 233, 234, 257, 295, 333, 334, 348, 41 3.
„ (Lodewijk). 8, 207, 230, 231, 233, 234, 241, 242, 243, 245, 256, 257, 295, 315, 333,
380,423,530.
„ (Sufanna). 22, 26, 305, 310, 32-5, 337, 344, 346, 394, 530, 531.
Ifac. 356.
James H. 9,23,271,304, 306,416,593.
Jaquelot. 132.
Jéfuites (les pères). 267, 269, 376, 477, 478.
Johan Georg III, électeur de Saxe. 135, 477.
Joubelot. 34,30,36,50,51,53.
Jurieu (Pierre). 86, 101.
Juftel (Henri). 14, 28, 247, 353, 355, 397, 425, 531, 544.
Karl, landgrave de Heffen Caftel. 31, 32, 33, 38, 78, 432, 564, 565.
Kepler (Johannes). 59, 367, 377, 523, 526.
Kockenge. 205, 206, 207, 208, 209, 221, 230.
Kolck (van der). 334, 335, 336, 346.
Kolckman. Voyez Kolck (van der).
624 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Kopemik (Nicolas). 59.
Kromhout. Voyez Cromhout.
Krooneveld (Hendrik van). 390.
Laar (Pieter van). 555, 567, 581, 583.
Laer (van). Voyez Laar (van).
Lambert. 391.
Langean (le Marquis de). 380.
Langendelf (Cornelis). 12.
Langfort (Mme). 34.
Lannion (l'Abbé de). 251, 260, 380, 400, 421.
Lanfbergen (Philippus van). 59.
Lebas (veuve). 42, 50, 53.
Lecke (de la). Voyez (la Lecq).
Lecq (Maurits Lodewijk la). 545.
Leers (Arnout). 40, 49, 313.
„ (Reinier). 40, 83, 250, 251, 260, 261.
Leeuwenhoek (Antoni van). 38, 310, 333, 350, 353, 354, 361, 380, 390.
Leibniz (Gottfried Wilhelm). 78, 190, 218, 224, 225, 226, 227, 229, 257, 258, 306, 321, 322,
323, 331, 366, 367, 380, 428, 431, 450,451,452,470,472,473,475,485,486,496,
497,498, 500, 512, 516, 517, 521, 522, 526,532,533,534,535,536,546,547,550,
555, 558, 563, 568,572, 574, 575, 57^, 582.
Leipzig (Meilleurs de). 550, 563.
Lely (Pieter de). 23,380,545.
Lemke. 317.
Lena. 337.
Leopold I (l'empereur). 371.
Lefage. Voyez Sage (Le).
Lefcaro (Francefco Maria Impériale). ÎO.
Leyden van Leeuwen (Pieter van). 231, 234.
Libot (Daniel). 424.
Liebezeit (Gottfried). 323, 324.
Lievens (W.). Voyez Graaf (Lieuwe Willemfz.).
Lilly. Voyez Lely (P. de).
Limburg Stirumb. Voyez Stirumb.
Limojon de St. Didier (Al. Touflaint). 88,94,101.
Lith (W. van der). 206, 207, 210, 211, 212, 221, 233, 303,314,527, 528, 530,531.
Locke (John). 333, 358, 359, 362, 374, 380, 393, 393, 410.
Longomontanus (Chriftian Severin). 59.
Loo (van). 312.
Louis XIV. 3, 4, 5,34,36,39,53,84,88,92,99, 101, 102, 108, m, 113, 114, 132,256,305,
375,376,4H,482.
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 625
Louvois (Jean Michel le Tellier, Marquis de). 1, 2, 3, 4, 5, 6, 49, 91, 100, 113, 164, 166, 250,
262,414.
„ (l'abbé de). 482.
LudoI(F(Job ou Hiob). 566, 567, 585.
M. (Mlle). 41.
Maatfchoen (Gerardus). 31 5.
Madelinette. 298.
Maerfchalk (le). 89.
Maetfuyker (Jan). 270.
Magliabecchi (Antonio). 323, 380.
Makreel (Dirck). 214, 215, 218.
Maigret. 360, 361.
Mairan. 258.
Malebranche (Nicolas). 258.
Malus. 561.
Malvafia (Cornelis). 420.
Mancini (Maria Anna), 306.
Marc Aurèle. 380.
Marchand (Jean). 378.
„ (Nicolas). 378.
Marets (Daniel des). 239, 395, 424.
Mariotte (Edm.). 96,131, 203, 204, 442, 450, 454, 455, 461, 480.
Marius. 365.
Maroles (de). 130,132,133.
Martin. 379.
„ (Mme de St.). 22,593.
„ (Mr. de St.). 22.
Mary (la princefle). Voyez York (la duchefle de).
Maflis. 317.
Matthijfz. (Willem). 298,316.
Meefter (Willem). 38, 42, 43, 44, 45. 380, 391, 393, 394, 396, 397, 414, 416, 423.
„ (fils). 380.
Mercator (Nicolas). 550.
Mercier (Magdelaine). 545.
Merfenne (Marin). 198, 497.
Méry(Jean). 264,378.
Mefme (le comte de Sainte). 427, 438, 439, 454.
Mefmes (Jean Antoine de). Voyez Avaux (<T).
Meybofch (Carel). 553, 555, 567, 581, 583.
„ (Gillis). Voyez Meybofch (Carel).
Meziriac (Bachet de). 391.
Œuvres. T. IX. 79
626 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Michallet (Stephanus). 10.
Midy (Nicolas). 171.
Molt. 411.
Monmouth (Milord). Voyez Mordaunt (Cb.).
Monnik (een Venetiaanfcb). 271.
Mordaunt (Charles). 398.
Moreau. 256.
Mufch (Elifabeth Maria). 22, 335, 593.
Mufe (le Marquis de la). 397.
Naflau Ouwerkerck (Hendrik van). 17, 231, 234, 242.
„ (Maurits van). 52,104.
„ (Willem Adrianus van). 90.
„ (le Prince de). Voyez Hendrik Cafimir II.
Necker (Mme). 391.
Netfcher (Cafpar). 26.
Neuijen. 230.
Newton (Ifaac). 168, 169, 190, 191, 267, 305, 321, 322,323,324,326,327,328,329,330,
331» 332, 333, 357, 358, 359, 360, 366, 367, 368, 374, 380, 387, 391, 409, 410, 415,
429,47^472, 483, 484, 49°. 514» 517,522,523,524,526,527,533,534,538,539,
546,5B2.
Nierop (Dirk Rembrandtfz. van). 285, 286, 287.
Nobilois (Daniel de). 4=24.
Noyelle (Louis, comte de). 545.
Ockerfe[n"l. 361,362,371.
Odijck. Voyez Naflau (W. A. van).
Olderfum (d'). 242.
Oort (Joban Op ten). 527, 530.
Orange (Henriette Catharina). 248.
Orange (1'). Voyez Orangeois (1').
Orangeois (1'). 358, 361, 370, 372.
Ouwerkerck. Voyez Naflau (Hendrik van).
Oyen (le Seigneur de). Voyez Hoeufft (Mattbeus).
„ (Mme de). Voyez Doublet (Conftantia Theodora).
„ de Boilduc. 33, 103.
Ozanam (Jacques). 482.
Paget (William). 3Ï1, 373, 380, 381.
Papin (Denis). 78, 79, 379, 428, 430, 431, 432, 433,434,436,437.449,450,465,482,485,
486,487,488,559,563,566.
l'ardies (Ignace Gaflon). 522, 523.
Parlement (le). 362, 371, 373, 397.
Pafcal (Blaife). 323, 439, 440, 582.
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 62 ~
PafchoudQ.JO. 391.
Pellen (Corftcn). 530.
Pembroke, Voyez Herbert (Th.).
Perrault (Charles). 99, 301, 379.
„ (Claude). 99, 1 o 1 , 250, 264, 302, 306, 378, 379, 40 1 , 4 1 5, 430, 448, 465, 47 1 , 486, 563 .
Petcom. Voyez Petkum (S. de).
Petkum (Simon de). 46, 334, 335, 336, 337, 344, 345, 348, 349, 355.
Petit (Pierre le). 196.
Petticura. Voyez Petkum (S. de).
Ptautz (Chriftoffel). 539.
Philippe II. 372.
Picard (Jean). 92, 113,130, 131, 132, 162,290,375,420.
Plautus. 188.
Plinius Secundus (C). 49.
Polfbroeck (de Ileer van). Voyez GraafF(Pieter de).
Port-Royal (Meflîeurs de). 482.
Portland (le comte de). Voyez Bentinck. (H. W.).
Poft(Pieter). 295.
Pothenot (Laurent). 3!?8.
Preftet (Jean). 129, 132, 204, 258, 378.
Prévoft (Pierre). 391,392.
Ptolemaeus. 59, 269.
Puy (C. du Puy Efpinafle). 53.
Quefclin (B. du). Voyez Duguefclin.
Rademaecker. 206, 221, 233, 247, 298.
Raeft. 566.
Randwijck (Frederik van). 205, 207, 209, 210, 21 1, 233.
„ (Jacob van). 205,206,209,221,233.
Raylay. 113.
Rebenac (de). 86.
Régence (Meilleurs de la d'Amflerdam). 255.
Régi of Régis (Pierre Silvain). 481, 482.
Rembrandtfz. van Nierop (Dirk). 285, 286, 287.
Renie (de la). Voyez Reynie (de la).
Reynie (de la). 422,447,469,480.
Riccioli. 59, 269, 274,341.
Richer (Jean). 130, 131, 162, 265, 275, 292, 293.
Ripperda (Georg). 230, 544.
Rivet (fils d'Andréas). 348.
Roannes. Voyez Gouffier (Arthus).
Roberval (Gillis Pcrfonne de). 92, 1 13, 163, 198, 203, 262, 263.
628 III. PERSONNES MENTIONNÉES.
Robijnflijper (un). 7, 8.
Rochefoucauld (le duc de la). 391.
Roemer. Voyez Rômer (O.).
Rohault (Jacques). 267.
Rolle (Michel). 129, 132, 163, 204, 378, 401.
Rômer (Olaf). 262, 263, 264, 376, 380, 415, 423, 489.
Roofendael (le Seigneur de). Voyez Arnhem (Johan van).
Roofmale (Dominicus de). 335.
Roflum (le Seigneur de). Voyez Randwijck (F. van).
Rothman (Chriltoph). 33.
Roufleau (Jacques). 208, 209.
„ (Jean Jacques). 391.
Rijckaert (Sufanna). 6, 8, 12, 14, 16, 19, 26, 32, 41,47,49,51,76,205,242,247,256,295,
3°4> 3o5, 309, 3io, 3i 1, 333, 334, 33<$, 337, 344, 34<5, 347, 34§, 353, 354, 3^2, 370,
373, 395, 39<5, 397» 4^5, 4I(S, 423, 424, 4*5, 53°, 59o, 59i-
Sage (George Louis le). 391,392.
Salinas (Francefco de). 423,425.
Salomon. 297.
Scarlett. 105.
Schadé (Antoinette). 335.
Schelllratenns. 109.
Schilders (Pieter). 1 o 1 .
Schomberg (Meinhardt, fils du duc de). 545.
Schônhurg. Voyez Schomberg.
Schoock (Johannes). 530,531.
Schout (le) de Zuylichem. 3 1 4.
Schulenbourg. 50.
Schuylenburg (Johannes van). 209, 309, 345, 348, 349, 355, 362, 380, 424, 478, 492.
Schwarz (Barthold). 237.
Schijn (Mermannus). 315.
Scott. 356,582.
Sedileau. 3?8.
Sevenhoven (Pctronella van). 334.
Siam (le Roi de). 376.
Sidney (Henri). 541.
Silveltre. 87,88,90.
Silvius (Gabriel). 7, 8, 9, 590.
Shrewfbury (Milord). Voyez Talbot (Ch.).
Skelton. 34.
Slare (Frederik). 401?.
Slydrecht (Mr. de). Voyez Teding van Berkhout (Jan).
III. PERSONNES MENTIONNÉES. 6<2i)
Snialen (van der). 531.
Smetwick (Fr.). 305.
Smidt (un). 24, 37.
Snellius (Willebrord). 33, 132.
Society (la Royal). 86, 165, 167, 24a, 305, 306, 333, 350, 355. 411,413, 545.
Soiflbns (l'évèque de). Voyez Iluet (P. D.).
Sommelfdijck. Voyez Aerflen (Cornelis van).
Sonnius. 380.
Sophie Charlotte, Princeile de Hannover. 305.
Spener (Johan Jacob). 448, 470, 477, 496, 497, 539, 540, 551, 552, 585.
Spoleti. 449.
Spon (Jacob). 397, 414.
Staël (van der). 583.
Stair(D.de). 533,538.
Stampioen (Johanncs). 315, 317.
Stanhope. 391.
Stanley (William). §6, 206, 207, 208, 210, 222, 234, 350, 354, 361, 362, 371, 372, 374, 379,
380, 391, 394> 4°7> 4i6, 423, 424, 545.
Stifts-Hauptmann (le) de Zoedtenburg. 78, yç.
Stirumb (le comte de Limburg). 309.
„ (la comtefle de). Voyez Dohna (la comtefle de).
Storm (Dirk). Voyez Gravefande (D. Storm van 's).
Suerius (Samuel). 12, 101. 103.
„ (les enfants de et leur précepteur). 12.
Swammerdam (Joannes). 361.
Sweerts de Landas (Frederik Hendrik de). 298.
„ „ „ (Mile de). 298.
Tachard (Guy). 132, 26-, 269, 274, 477, 478.
Talbot (Charles). 424, 425.
Tedingvan Berkhout (Jacoba). 234, 314,318, 347.
,, Oan). 314.
Teilen (van). 24.
Tellier(le). Voyez Louvois.
Tempion. 333.
Terlon (le chevalier de). 1 02.
Têtard. 255.
Treforier (le). 309, 311.
Thevenot (Melchizedec). 4,91,378,380, 469.
Titien. 32.
Torricelli (Evangelifta). 323, 439, 440, 540.
Tour (Emmanuel Théodore de la). 449.
630 III. Personnes mentionnées.
Tour (Godefroy de la Tour d'Auvergne). Voyez Bouillon.
Tourton et Compagnie. 388, 393.
Treflawney (Mme). 34.
Trigland (Jacobus). 1©1.
Tronchin (Jean Antoine), 236.
Troyel (Abraham). 230, 231, 241, 247.
Tlcbirnhaus (Ehrenfried Walther, Freiherr von). -92, 106, 107, 109, 112, 113, 116, 126, 135,
153, 154, 155, 156, 157, 158, 162, 169, 173, 174, 175, 177,181,183,184,185,
186, 187, 188, 189, 191, 194, 195, 196, 213, 214, 217, 219,220,221,321,380,
498, 499, 5ii» 512, 513, 5 H. 515, 5i8, 519, 538, 552, 570,582.
Tycho. Voyez Brahé.
Uzy(d'). 445-
Val (du). 165.
Valkenburg (Mme). 105.
Varignon (Pierre). 204U 231, 378, 380, 480, 481.
Varin. 114, 131, 162, 163.
Vaumefle (de). 514,515.
Vegelin (Ph. E.). Voyez Claerbergen (Ph. E.).
Veraffe (de). 93.
Verbolt (François). 221, 233, 544, 545.
Verbrugge. 555, 583.
Vermandois (Nicolas Sohier de). 374.
Verney. Voyez Duverney (G. J. P.).
Vorulamius, Voyez Bacon (Fr.).
Verzijl (Chrifiiaan). 298.
Vignio. 239.
Villemandy (Pierre de). 15, 16.
Villette. 112.
Vinci (Leonardo da). 380
Vinck (Jeroen). 350.
Viflcher (C. de). 130.
Vitruve. 264, 448, 449, 47 1 .
Viviani (Vincentio). 449,471.
Vlacq. 582.
Volder (Burchard de). 162, 175, 186, 187,188,189,194,196,214,215,216,218,219,280,
313, 315. 3i6, 31/, 3i9» 320, 337, 338, 339-354,380,418,538,540.
Vollenhove. 373.
Vondel (Jooft van den). 130.
Voorburgh. 395, 396.
Vofîius (Gerardus Johannes). 356, 361, 362.
„ „ „ (petit-fils du précédent). 356.
III. PERSONNES MENTIONNÉES.
631
Voflîus (Ifaac). 242,267,268,269,306,311,356. .
„ (une coufine de Ifaac). 272.
Voye(dela). 37,61, 110.
Vries (Joan de). 26, 27.
Vrybergen. 43.
Waefberghe (J. J.). 112, 351.
Wallis (John). 25g, 3-2, 380, 391, 394, 416, 423, 461, 462.
Walfingham (Mme). Voyez Howard (A.).
Warmenhuyf'en (le Sieur de). Voyez Vermandois (N. S. de).
Wafmuth (Mattheus). 315.
Weede (Everard van). 43.
Werckendam. 43.
Werve (van de). 51,52.
Wiggers. 380.
Wilde (Arent de). 344, 545, 593.
„ (Mlle de). 344.
Wilhem (Egidiale Leu de). 415.
„ (Maurits le Leu de). 303, 394, 396.
Wilhem (les Leus de). 87, 89.
Wilhelm IV, landgrave de Ileflen-Caflel. 32, 33.
Willem III. 9, 12, 13, 14,20,23,29,31,33,34,36,41,45,46,47,48,87,90,93,98. 103, 105,
106, 113, 209, 210, 212, 221, 230, 231, 233, 234,242,245. 303,304,306,309,
311, 312, 314, 321, 334, 335, 336, 344, 345, 348, 349, 353, 355, a56, 358, 361,
362, 370, 371, 3"2,373. 374, 380, 394, 396, 397, 398,413,415,416,425,530,
53i, 545, 57i. 59°. 593-
Williet (J.). 252, 257, 31 1, 361, 362, 371, 374.
Wilm (de). Voyez Wilhem (le Leu de).
Wifîîngh (Willem). 23, 29.
Witfen (Nicolaas). 333, 390, 539, 552.
Wren (Criftopher). 356, 372, 380,381, 391. 394,407, 408,416.
Wrigt (John Michael). 544, 545.
Write. Voyez Wrigt.
York (Anna, duchefïe de). 23.
„ . (Mary, duchefle de). 23, 33. 34, 86, 90, 242. 309, 337, 350, 353, 416, 425.
Zahn (Johann). HO.
Zeelhem. Voyez Huygens (Conftantyn) frère.
„ (Mme). Voyez Ryckaert (Sufanna).
Zuerius. Voyez Suerius.
IV. OUVRAGES CITÉS DANS LES LETTRES.
Les chiffres gras défignent les pages ou l'on trouve une defeription de l'ouvrage.
Les chiffres ordinaires donnent les pages où il eft queftion de l'ouvrage.
(Fsiblancourt, Géographie. 222.
F. N. S. Allamand, Œuvres philofophiques et mathématiques de Mr. G. J. 's Gravefande, 1774.
331,332.
P. Ango, l'Optique, divifée en trois Livres, 1682. 522.
Bern. Baldi, Heronis Ctefibii Belopoecia, 1616. 471.
E. Bartholinus, Principia mathefeos nniverfalis, feu Introduftio ad Geometriae methodum
Renati des Cartes, (1651), 1659. 297.
//. Bafnage de Beauval, Hiftoire des Ouvrages des Sçavans, 1688, (1721). 82, 83, 250, 251, 259,
261, 301, 404, 455, 457, 461, 470.
P. Bûyle, Nouvelles de la République des Lettres, 1686 — 1688. 78, 79, 83, 96, 102, m, 165,
224, 225, 226, 227, 235, 237, 238, 250, 258, 259, 366.
B. Bekker, Admonitio candida et fincera de Philofophia Cartefiana, 1668. 352.
„- Traité fur les comètes. 352.
„ Explications des prophéties de Daniel. 352.
„ Le Monde enchanté. 352.
„ Onderfoek van de Betekeninge der Kometen, 1692. 352, 400.
Edw. Bernard, De menfuris concavis, ponderibus antiquis et menfuris dillantium Synopfis
veterum mathematicorum, 1688. 297.
IV. OUVRAGES CITÉS. 633
J.ic. Bernonlli, Narratio controverfiae intcr Dn. Ilugcnium et Ahb. Catalaimm de CentroOfcil-
lationis, 1686. 86, 403, 427, 438, 439, 441, 446, 455, 45<S, 45.", 46°> 4^2, 463.
„ Analylîs Problematis de inventionc lincae defcenfus a corpore gravi percur-
rendae uniformiter, 1690. 229,497.
E. Bodemann, Der Briefwechfel des Gottfried Wilhelm Leibniz in der K. Bibliothek zu Hanno-
ver, 1889. 321,323.
.7. Bojfcha, Chrilriaan 1 luygens, Rede am aoocn Gedâchtniftage feines Lebens gehalten, 1895. !TO.
.1/. Cantor, Vorlefungen iiber Gefchichte der Mathematik, 1884 — 1898. 157.
R. des Car/es, Dioptrique. 560.
„ Géométrie. 179, 251.
„ Lettres. 198.
„ Principes de la Philofophie, 1 29, 484, 485, 538.
„ Geometria, Anno 1 637 Gallicê édita, mine in Linguam Latinara verfa et commen-
tariis inftruéta opéra et lludio Fr. a Schooten. Editio 2/7, 1659. 200.
,7. 1). Caflini, Nouvelle découverte des deux Satellites de Saturne les plus proches, 1686. 84, 88,
94, 101, 114.265,526.
„ Les Hypothefes et les Tables des Satellites de Jupiter, 1693. 163, 265, 274, 375,
376. 399, 421, 48 1, 490, 526".
De Cafékin, Remarque fur la proposition fondamentale de la IV partie du Traitté de la Pendule,
1681. 403, 427, 438. 439, 441, 446.
„ Réplique à la reponfe de Mr. Ilugens, 1682. 403, 427! 438, 439, 441, 446.
„ Réponfe à la lettre de Mr. Bernonlli, 1684. 403, 427, 438, 439, 441, 446.
„ Courte remarque où Ton montre à G. G. Leibniz le paralogifme contenu dans Tob-
jeftion précédente, 1686. 225, 227.
C. F. M. de Châles, Traitté du mouvement et du Reifort, 1682, 454.
Chriftine, Reine de Suéde, Réponfe de fa Majelté Sérénidime à la lettre de Mr. le Chevalier de
Terlon, 1686. 102.
Henryck Coets, Horologia plana, 1689. 192.
„ Euclidis Elementorum libri Vf, 1692. 192.
„ Aritbmetica Praetica cui accedit Tabula Quadratorum et Cuborum, 1698. 192.
P. Cohuefius, Gerardi Jobannis Vofiii et Clarorum virorum ad eum Epiftolae, 1690. 356,
361.362.
D. Dodart, Mémoires pour fervir à l'IIiitoire des Plantes, 1679. 10, 264.
Coenr. Drofie, Overblijfsels van Geheuchgenis der bifonderûe voorvallen. In het leeven van den
ileere Coenraet Drofie, 1879. 89.
7. B. Duhamel, Philofophia vêtus et nova ad ulum Scliolae accommodatae, 1678. 1 1.
„ Regiae Scientiarum' Academiae Hilloria, 1698, 1701. éd. ia. 264, 299, 378,
538.
N. Fatio de Duillier, Lettre à M. Caflîni touchant une lumière extraordinaire qui parut dans le
ciel depuis quelques années, 1686. 97.
„ Réflexions fur une méthode de trouver les tangentes de certaines lignes
Œuvres. T. IX. 80
634 IV. OUVRAGES CITÉS.
courbes, 1687. 154, 174, 175, 176, 181, 183, 184, 189, 191,194,216,
217,220,519,538.
N. Fatio de Duillier, Reponfe à l'écrit de M. de T. qui a été publié dans le Tome X de la Biblio-
thèque Univcrfelle, 1689. 175, 194, 216, 217, 219, 538, 552.
Dutens, Gotfridi Guilelmi Leibnitii Opéra omnia. 522.
G. Eneftrëm, Bibliotheca Mathematica, Zeitfchrîft fur Gefchichte der mathematifchen Wiflen-
fchaften, 1901. 500, 502.
Efpagnol, Tables. 415.
Euclidh Elementorum, Libri VI, 1692. 192.
A. Félibien, Sieur des Avaux, Dictionnaire des termes de peinture et d'architecture. 482.
P. de Fermât, Epiftola de fuperf. parab. Dettonville. 582.
J. Flawfteed, Éphémérides, 1683. 351.
„ Table de la haute marée au pont de Londres. 356.
De Fontenelle, Dialogues des morts anciens et modernes, 1683. 301.
„ Éloges des Académiciens. 301.
„ Entretiens fur la pluralité des mondes, 1688. 301.
„ la Guerre des anciens et modernes. 301.
Frent'cle, Abrégé des Combinaifons. 92, 163.
„ Méthode de trouver les (blutions des problèmes par les exclufions. 92, 129,
163, 203.
Ant. Furetière, Elïay d'un Dictionaire univerfel, 1684. 353.
„ Dictionnaire contenant généralement tous les mots François, 1690. 353,
355, 48°-
„ Dictionnaire univerfel, corrigé et augmenté, 1727. 353, 354.
C.'I. Gerhardt, Der Briefwechfel von G. W. Leibniz mit Mathematikern. 1899. 257, 258, 321,
448, 512, 513, 516, 519, 521, 526, 546, 555, 568.
„ Leibnizens mathematifche Schriften, 1855. 257, 258,366,448,470,496,516,
521,532,536,546,555,568.
F.. Gerland, Leibnizens und Iluygens Briefwechfel mit Papin, 1881. 78, 428, 465, 482,
484, 559-
L. IVillemfz. Graaf, Eenvoudig en onvervalfcht verhaal van 't voorgevallene in 's Graven-
Ilaege over 't aanwijfen van 't vinden der lengde van Ooft en Weft. 1689.
315,317.
A. de Graaf, Mathematifche Werken, 27, 583.
Grimaldt, Phyiico-Mathefis de Lumine, Coloribus et Iride, aliifque adnexis, Libri II, 1666.
523.
.7. Groningius, Bibliotheca Univerfalis s. Codex Operum Variorum, 1701. 323, 324.
„ IHfïoriaCycloeidis, 1701. 321, 322,323, 329.
0. van Gtiericke, Nova Expérimenta Magdeburgica. 573.
D. Guglielmini, Aquarum Fluentium menfura nova methodo inquifita, 1690. 119.
„ Epiftolae duae Hydrollaticae, 1692. 119.
IV. OUVRAGES CITÉS. 635
Guinw, Diflertation au fujet de quelques corps dont les oflements ont cfté trouvez dans un Tom-
beau tort ancien. 361, 362, 363.
Edw. Halley, Catalogus llcllarum aultralium. 413.
Heronh Ctefibii Belopoecia, 1616. 471.
H. a Heuraet, Lpiltola de curvarum linearum in Rectas Tranfrautatione, 1659. 124, 138.
Jo. flevetius, Annus Climacericus, 1685. 19, 20, 22.
Ph. de la Ilire, Diflertation fur la conformité de l'œil, 1685. 15.
„ Explication et conftruclion d'une nouvelle Machine qui montre tous les Eclipfes,
1685. 264, 341, 400, 420, 469.
„ Lettre fur une nouvelle Bouflble, 1687. 165, 166,213.
„ Letter (A) concerning a new fort of magnetical Compass. 165.
„ Reponfe à l'article de la Rep. des Lettres, où il e(t parlé de la nouvelle Boufible,
1687. 165.
„ Nouveaux Elemens des Sections Coniques, 1679. 97.
„ Rellexions fur la machine qui confume la fumée, 1686. 114.
„ Seetiones conicae in novem libros diltributae, 1685. ÎO.
„ Tabularum Auronomicarum pars prior; de motibus Solis et Lunae, etc., 1687.
3*6, 377, 379, 399-
„ Traité du nivellement de M. Picard, 1684. 10, 96.
„ Trouver la correction des obfervations correfpondantcs, devant et après midi.
Defcription d'une machine qui montre les eclipfes, 1689. 3Ï6, 420.
G. F. A. Marquis de rihfpital, Analyfe des Infiniment petits, Pour l'intelligence des lignes
courbes, 1696. 401.
„ Lettre à M. Huygens, dans laquelle il prétend démonftrer la
règle de cet Auteur touchant le centre d'Ofcillation du pendule
compofé, 1690. 455, 457, 461, 462.
„ Traité Analytique des Seftions coniques, 1707. 401.
Jo. Huddenius. Epiftola prima de Reduftione Aequationum, 1659. 251, 260.
P. D. Iluct, Cenfura Philofophiae Cartefianae, 1689. 351.
Chr. Huygens, Aftrofcopia compendiaria, 1684. 10, 94, 174, 469, 480.
„ Commentarii de formandis poliendifque vitris ad Telcfcopia (Opusc. Pollh.)
1703.6,25,590,591.
„ Conflxu&io loci ad Hyperbolam per Afymptotas. 95, 96, 167.
„ Conftruftion des problèmes folides. 97.
„ Conftruction d'un problème d'optique. 95, 96.
„ De la caufede la Pefanteur. 95, 96, 130, 167, 190, 276,319,320,339,340,353.
„ De la force mouvante de l'eau et de l'air. 96.
„ Demonftration de ce qui arrive dans l'expérience de M. Mariotte du tonneau avec
un tuyau par deflus. 96.
„ Demonftration de la jufteffe du niveau dont il c(t parlé dans le IL Journal. 96, 1 14.
„ Demonllration de l'équilibre de la balance. 95, 96, 167, 569.
636 IV. OUVRAGES CITÉS.
Ckr. Huygens, Demonftratio rcgulae de maximis et minimis. 95, 167.
„ De potentiis fila funefque trahentibus. 95. 96, 167, 183.
„ Dimenfio Paraboloidum et Hyperboloidum. 95.
„ Dioptrica. 7, 129, 133, 163, 164,466.
„ Difcours de la Caufe de la Pefanteur, 1690. 2Î6, 319, 320, 353, 356, 358, 359,
360, 361, 362, 367, 369, 370, 37i,372,373,374,377,379,38o,38i,384,388,
39°, 39', 392, 393, 394, 395, 396,397,398,400,401,407,408,409,410,411,
414, 415, 416, 419, 420, 422, 423, 424,428,429, 431,447, ,183,485, 489, 498,
522, 525, 533, 534, 535, 538, 550,551,559,563,564,572.
„ Extrait d'une lettre, avec fa réponfe à une remarque faite par Mr. l'Abbé de
Catelan contre fa propofition 4 du Traité des centres de Balancement, 1682. 80,
81,463.
„ Extrait d'une lettre, contenant fa réponfe à la réplique de Mr. l'Abbé Catelan,
touchant les centres d'agitation, 1684. 81,403, 441,463.
„ Extrait d'une Lettre touchant une nouvelle manière de Baromètre. 421.
„ Horologium ofcillatorium, 1673. 80, 1 24, 224, 275, 332, 401, 402, 403, 429, 456,
457,461,462,521.
„ Newtoni Errores. 321, 322.
„ Nouvelle invent'on d'un niveau à Lunette. 1680, 96, 114.
„ Nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre à canon et de l'air.
95,167.
„ Opéra reliqua, 1728. 42.
„ Opéra varia, 1724. 42, 183.
„ Problematum quorundam illuftrium conftru&iones. 1654. 200.
„ Raifonnement fur la coagulation. 96.
„ Régula ad inveniendas Tangentes Linearum curvarum. 95, 167, 170, 190, 569.
„ Remarques fur la lettre de Mr. le Marquis de l'Hofpital, et fur le récit de Mr. Ber-
noulli, dont on y fait mention, 1690. 461.
„ Solution du Problème propofé par M. Leibnitz dans les Nouvelles de la Rep. des
Lettres du Mois de Sept., 1687. 224, 225, 226, 229.
„ Syftema Saturnium, 1659. 7, 420.
„ Théorème des points d'interfeftion de deux Sections coniques. ç>6.
„ Traité de la lumière, 1690. 133, 167, 168,2176, 299, 313, 553,356, 357, 358,359,
360, 361, 362, 366, $6~, 368, 369, 370, 371, 372, 373,374, 375, 377,379,38o,
381, 382, 388, 390, 391, 392, 393,394,395,396,397,398,400,402,407,408,
414, 415, 416, 417, 419, 420, 422,423,424,428,443,447,450,454,465,469,
471, 472, 480, 481, 489, 498, 511,512,513,514,515,521,522,536,539,550,
559, 56°, 56"1-
„ Traité fur l'aimant. 129, 133, 164, 299, 533, 538, 539.
Conft. Huygens, père, Vitaulium, Hofwijck. 295.
„ frère, Journaal, 1876. 89, 304.
IV. OUVRAGES CITÉS. 637
P. .hirieu, Lettres paftorales adrellces aux fidèles de France, 1686 — 1688. IOI.
H.Juftel, The verbal Process upon the Dilcovcry ofan Antient Sepulchre, In the village of
Cocherel upon the river Eure in France, 355, 361, 362.
D.J. Korteweg, La Solution de Chrifliaan Eiuygens du problème de la chaînette, 1901. 500.
De Lannion, Nouvelles remarques fur l'algèbre, 1688. 251.
A. van LeeuwenAoek, Anatomia, hoc elt de interioribus rerum ope microfcopioruni detectis,1689.
350,353,354,361.
„ Brieven gefehreven aan verfeheiden Hooge Standsfperfonen en Geleerde
Luyden, 6e vervolg (loifte Miffive),1697. 390.
„ The abltract of two letters ient fome time fince by Mr. Antli. van Leeuwen-
hoek to Dr. Gale and Dr. Ilooke, 1692/3. [V. st.]. 350.
('■. 11'. Leibniz. Additio ad fchedam in Actis proxime antecedentis Maji editam de dimenfionibus
curvilinearum, 1684. 51», 519.
„ Addition à la Cotation de foaproblème donnée par RI. H. I). Z., 1697. (1688),
358.
„ Ad ea, quae vir Cl. J. 13. mente Majo nupero in his Aftis publicavit, reponfio,
1690. 498.
„ Analylls des Problcms der itbchronilchen Curve. 258.
„ Brevis demonflratio erroris memorabilis Cartelii et aliorum circa legem naturae,
1686.224.
„ De caufa gravitatis et defenlio t'ententiae fuae de veris naturae legibus contra Car-
tefianos, 1690. 563.
„ De dimenfionibus figurarum inveniendis, 1684. 518.
„ De Geometria recondita et analyfi indivifibilium et inlinitorum, 1686. 190,450,
519,558.
„ De linea in quam flexile le pondère proprio curvat, 1691. 518, 551.
„ De linea ifochrona, in qua grave fine acceleratione defeendit, 1889. 258.
„ De lineis opticis et alia, 1689. 368.
„ De quadratura arithmetica circuli, ellipfeos et byperbolae, 1682. 534.
„ • De vera proportione circuli ad quadratum circuraferiptum in numeris rationali-
bus. 1682. 539.
„ Nova methodus pro maximis et minimis, 168 t. 450, 497.
„ Opéra omnia. Voyez Dutens.
„ Quadratura arithmetica commun is SectionumConicorum quae centrumhabent,
1691.551.
„ Schediafma de refiftentia Medii et Motu projeflorum graviuni in medio refiftente,
1689. 367. 527, 534- 547i 55»» 557, 573-
„ Tentamen de motuuin coeleftium caulis, 1689. 36«, 450,451, 523. 524.
„ Tentamen de phyficis motuum coeleftium rationibus. 526.
Ani. van der L'unie, Halthafar Bekker, Bibliografie, 1869. 352.
.7. Locke, An Eflay concerning the human underftanding, in Four Books, 1690. 392, 393.
638 IV. OUVRAGES CITÉS.
G. Maatfchoen, Aanhangfel of derde deel van de Gefchiedenifle der Mennoniten, 1745. 315.
Dirck Makreel, De Lichtende Leydt-Sterre der Groote Zeevaart, Verhandeling vandeNavigatie,
1671.214.
C. Malvafia, Ephemerides Noviflîmae, Ed. Jo. Dont. Cafftni, 1662. 420.
E. Mariotte, Œuvres, 1717. 454.
„ Règles pour les jets d'eau. 204.
„ Traité de la percuffion, ou chocq du corps, 1679. 454.
„ Traité du mouvement des eaux et des autres corps fluides, 1686. 131.
/s. Newton, Philofophiae Naturalis Principia Mathematica, 1687. 168, 169, 190, 191,267, 305,
321, 322, 323, 324, 325, 326, 328, 329, 331, 332, 358, 366, 367, 368, 387,409,413,
415, 429, 472, 483, 490, 514, 517, 522, 523, 524, 526, 527, 533, 534, 538, 546, 582.
Ozanatn, Diétionaire Mathématique, ou Idée générale de Mathématiques, 1691. 482.
D. Papin, A continuation of the new Digeftcr of Bones, together with fome improvements of
the air punip, 1687. 564.
„ De gravitatis caufa et proprietatibus ohfcrvationes, 1689. 431, 563.
„ Epillola ad 111. Dom. Chr. Ilugenium de iluentium aquarum menfura, 1695. 450.
„ Examen Machinae Du. Perrault, 1889. 430, 486.
„ Excerpta ex litteris de Inftrumentis ad flammam fub aqua coiifcrvandam, 1689.
565.
„ Fafciculus difl'ertationum de novis quibufdam macbinis, 1695. 450.
„ Lettre à M. Chr. Ilugens de Z. touchant la mefure des eaux courantes, 1695. 450.
„ Mechanicorum de viribus motricibus fententia adverfus Cl. G. G. L. objeftiones, 1691.
485, 563.
„ Nova Methodus ad Vires Motrices validiflimas levi pretio comparandas, 1690.
465, 466.
„ Obfervatiort.es quaedam circa materias ad Ilydraulicam (pédantes, 1691. 449.
„ Recueil de diverfes Pièces touchant quelques nouvelles Machines, 1695. 449.
J. G. Pardies, A Second Lettcr written to the Publisher from Paris May 21, 1672. to Mr.
Newtons anfwer. 522.
„ Diflertatio de motu undulatorio. 522.
Bl. Pafcal, Traité de l'Equilibre des Liqueurs, 1663. 440.
Ch. Perrault^ Parallèles des Anciens et Modernes en ce qui regarde les Arts et les Sciences,
1688. 301.
Cl. Perrault, Les X livres d'Architeélure de Vitruve, 1673. 448, 471.
„ Mémoires pour fervir à l'IIiltoire Naturelle der Animaux. 10, 264, 48 1.
C. et /'. Perrault, Œuvres de Phyfique et de Méchanique, 1721. 265.
./. Picard, De la pratique des grands Cadrans pour le calcul. 375.
„ De nienfuris. 375.
„ De menfura liquidorum et aridorum. 375.
„ Expérimenta circa aquas cflluentes. 375.
„ Fragments de dioptrique. 375.
IV. OUVRAGES CITÉS. 639
7. Picard, Obfervatîons agronomiques faites en divers endroits du Royaume. 131, 162.
„ Voyage d'Uranibourg, 1680. 91, 92, 97, 1 1 4, 130, 290, 291.
Picoré et de la Mire, Obfervatîons aftronomiqnes laites aux colles feptentrionales de France,
pendant Tannée, 1681. 92.
C. Pliniits jWandin, Hiftoriae Naturalis libri XXXVII, 1685. 49.
./. Preflet, Elément* de mathématiques, 1675, 1689. 129, 132, 204, 258, 378.
P. Prévoft, Fragments de Lettres de divers favans contemporains de Newton, 1823. 39 1 .
„ Notice de la Vie et des Ecrits de George-Louis Le Sage de Genève, 1805.391,
392,410.
Ci. Ptoleviaeus, Geographia. 269.
P. S. Régis, Syfteme de Philofophie, contenant In Logique, la Metaphyfique et la Morale, 1690.
4SI.
D. Rembrandt fz. van Nierop, Pafcaert van Europa met waflende graden. 285, 286", 287.
G. B. Ricci»//', Almageftum novum, 1651. 59, 269, 341.
„ Geographia et llydrographia reformata, 1661. 274, 341.
.7. Richer, Observations agronomiques et phyfiques faites en Fille de Cayenne. 131, 162, 265,
275, =93-
G. P.de Roberva/, De Geometria planarum et euhicarum aequationum refolutione. 92,
262, 263.
„ De Recognitione aequationum. 92, 262, 263.
„ De Trochoïde ejufque Spatio. 92, 262, 263.
„ Obfervatîons fur la compofition des mouvements. 92, 1 1 3, 262, 263.
„ Projet d'un livre de Méchanique traitant de mouvements compofés. 92,
163, 203, 262, 263.
„ Traité des Indivifibles. 92, 262, 263.
M. Rolle, Traité d'Algèbre, 1690. 129, 132, 204.
„ Démonllration d'une méthode pour réfoudre les égalités de tous les degrés, 1691. 129,
132, 204.
Fr. de Satinas, de Mufica Libri VII, 1577. 423.
Schelftratenui, Defcriptio novi microfeopii, autore Du. Jos. Campano, 1686. 109.
Fr. a Schooten, Geometria, 1659. 200.
//. Schijn, Aanhangfel of Derde deel van de Gefchiedeniilc der Mennoniten. 3 là.
Fr. S/are, Experiments upon oriental and other Bczoarllones, (Opus poflh.). 407.
IV. Snellim, Coeli & fiderum in eo errantium obfervationes Ilalliaciae, 1618. 33.
„ Defcriptio cometae, qui anno 1618 menfe Novembri primum effulfit, 1619. 33.
„ Eratorthenes Batavus de Terrae ambitus vera quantitate, 1617. 1 32.
.7. Spon, Voyage d'Italie, de Dalmatie, de Grèce et du Levant, 1677. 397, 414.
D. de Stair, Phyfiologia nova Experimentalis, 1686. 533, 538.
G. Tachard, Voyage de Siam des Pères Jéfuites, 1686, 1687. 132, 267, 2^9, 274, 376.
Torrice/ii, De motu gravium naturalitcr defeendentium, et Proje&orum Libri Duo.
449.
64O IV. OUVRAGES CITÉS.
E. IV. von Tsc/iiriil/aits, Additamentum ad methodum quadrandi curvilineas figuras, 1687.
519.
„ Curva geometrica, quae feipfam fui evolutione defcribit, 1690. 514.
• „ Inventa nova exhibita Parifns Societati Regiae Scientiarum, 1682. 51 1,
512,514.
„ Methodus curvas detcrminandi, quac formantur a radiis reflexis, quorum
incidentes ut paralleli confidcrantur, 1690. 513, g 15.
„ Metbodus Datae figurac, rectis lineis & Curva Geometrica terminatae,
aut Quadraturam aut impoffibilitatem ejufdem Quadraturae determi-
nandi, 1683. 518,571, 583.
„ Medicina Corporis, feu de fanitate confervanda, 1686, 1695. 106, 107,
108, 109, 113, 116, 122, 123. 124,135,138,140,148,153,158,171,
172, 173, 174, 176, 177, 178, 179,181,185,220,499.
„ Medicina Mentis, five tentamen genuinae Logicae, 1687, 1695. 106,
107, 108, 109, 113, 116, 122, 123,124,135,137,138,140,148,153,
154, 158, 162, 171, 172, 173, 174,176,177,178,179,181,185,218,
219,220,499,513,515,519.
„ Relatio de infignibus novi cujufdara fpeculi uftorii eftectibus, 1687.
109.
„ Reponfe aux Réflexions de M. Fatio de Duillier fur fa méthode de
trouver les tangentes des lignes courbes. 220.
„ Reponfio ad Rellexiones D. M. N. Fatij De Duillier fupra methodum
meam detcrminandi Tangentes Curvarum, 1687. 1!?6, 184, 185, 186,
189, 191, 194, 218.
P. J. Uylenbroek, Chr. Ilugenii aliorumque feculi XVII virorum celebrium Exercitationes
Mathematicae et Philofophicae, 1833. 167, 181,226,296,357,381,401,403,
417, 427, 438, 439, 445, 448, 453, 470, 496, 500,511,516,532,536,546,
555. 569-
Du Val, Difficultez fur cette nouvelle Bouifole, 1687. 165.
P. Varignon, Nouvelle Mécanique ou Statique dont le Projet fut donné en 1687, 1725.
201.
„ Nouvelles conjectures fur la Pefanteur, 1690. 48©.
„ Projet d'une Nouvelle Méchanique, 1687. 204, 231, 232.
Varin, des HayesVtde G/os, Voyages au Cap Verd en Afrique et aux Illes de l'Amérique, 114,
162.
Leonardo da Vinci, „Traité du defléing des figures nues, hommes, femmes et enfants" (ma-
nuferit). 380.
/'. Viviani, De Locis Solidis Secunda Divinatio Geometrica, 1701. 449, 471.
„ Quinto libro degli Elementi d'Euclide, 1674. 471.
De la Voye, Eflay des Horloges fur Mer dans le Vaifléau de Monfieur de Beaufort au voyage de
Candie en 1669. 61, 1 10.
IV. OUVRA ORS CITÉS. 64 1
De la / W, „Joumaal der reyle naer Candia", 61, 1 10.
J.J. van Pfaef berge, Nieuwe en beknopte uitbeeldinge en verdeelinge der gantfchen aardt-
bodem, 1676. 351.
.7. fTallis, Mechanica five de Motu, 1671. 461, 462.
„ Opéra mathematica, voluraen primum, 1695. 461, 462.
M. Wafmuth, Idea aftronomiae chronologicae reftitutae. 315.
„ et Liet/Hc ll'illeinfz. Graaf, Kort begrip van de algemeene hcrltellinge des
Tijds.315.
5". II'titf,)i, A Chronological Automaton, 1689. 423. 662.
Nie. fFitfen, „Carte de l'Afic Septentrionale". 535, 539.
„ „Carte de Tartarie". t>c,^-
J. Zahn, Oculus artiiîcialis feu Telefcopium e triplici fundamento ilabilitum, 1685. HO.
Acta eruditornm, 1687 — 1690. 78, 80, 81, 108, 109, 125, 135, 150, 179, 190, 219, 224, 227,
229, 258, 259, 297, 321, 366, 36-, 368, 370, 427, 430, 431, 434, 444, 449, 450, 465,
466, 471, 472, 485, 497, 498, 499, 501, 511, 513, 514, 515, 517, 518, 524, 525, 533,
534, >39, 54i, 546, 55o, 55i, 557, 55«, 5^3, 5^5, 571, 572, 582.
Archives Néerlandaifes des Sciences exacles et naturelles. T. XXIX. Y9-
Bibliotheca Mathematica, Zeitfchrift fur Gefchichte der Mathematifchen WifTenfchaften,
1901. 500.
Bibliothèque Univerfelle des Sciences, Belles-Lettres et Arts, T. XXII, 1823. 391.
Bibliothèque univerfelle et hiftorique de l'année 1686 et fuiv., 1718. 9?, 132, 153, 154, 156,
157, 169, 175, 191, 220, 259, 267, 297, 538.
Bulletin des Sciences Mathématiques, 1896. 7c.
Catalogus der Tentoonftelling ter herdenking van den 300-jarigen geboortedag van Conftantyn
Huygens, 1896. 12.
Catalogus rariorum et infignium Libroruin Bibliuthecae Confl. Ilugenii Zulechimii, 1688. 230,
231,233", 241, 242,247.
«Catalogus van Ockerfe". 361, 362.
„Deux lettres d'un bourgeois de Cologne à fon amy". 106.
Divers ouvrages de Mathématique et de Phyfique, Par Meffieurs de l'Académie Royale
des Sciences, 1693. 91, 113, 204, 235, 261, 262, 263, 375, 376, 401, 420, 469,
475,481.
Journal des Sçavans. 15, 45, 52, 80, 84, 85, 92, 97, 114, 153, 251, 259, 260, 261, 264,
378,463-
Hiftoire des Ouvrages des Sçavans. Voyez II. Balhage de Beauval.
Légende van Amfterdam, aen den dagh gekomen door eigene belijdeniffe van J. I loi. 414.
Mémoires de l'Académie Royale des Sciences, depuis 1666 — 1699. Edition de Paris. 1 1, 91, 92,
96, 114, 131, 162, 163, 375, 378.
Œuvres. T. IX. 81
642 IV. OUVRAGES CITÉES.
Philofophical Tran (nations. 84, 165, 207, 22a, 259, 350, 354, 355, 356, 583.
Recueils d'Obfervations faites en plufieurs voyages per MM. de l'Académie Royale des
Sciences, 1693. 375, 379, 421, 481.
Revue Scientifique. 1895. -g.
The Record of the Royal Society, 1897. 105.
Traité manuferit en Arabe fur l'aftronomie. 426.
Verhandelingen van het Koninklijk InfHtuut van Ingénieurs, 1866 — 1867.43.
Virorum Celeberr. Got. Gui. Leibnitii et Jolian Bernoulli Commercium Philofophicum et Ma-
thematicum, 1745. 321.
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS
LES LETTRES.
Dans cette Table les matières fcientitiques traitées dans ce Volume ont été groupées fous divers
articles généraux, lavoir :
Géodélïe.
Géographie.
Géologie.
Géométrie.
Hydrodynamique.
Ilydroftatiquc.
Mécanique.
Médecine.
Algèbre.
Anagrammes fcientifiques.
Anatomie.
Appela Paris de Chrifliaan
Huygens.
Arithmétique.
Aflrologie.
Altronomie.
Beaux-Arts.
Botanique.
Chimie.
Clironométrie.
Météorologie.
Minéralogie.
Mulique.
Navigation.
Œuvres.
Optique.
Philofophie.
Phyliologie.
Phylique.
Poids et mefures.
Règlements de l'académie
des feiences, etc.
Travaux publics.
Zoologie.
Pour connaître tous les endroits de laCorrefpondance où quelque fujet cil traité, on cherchera
dans la Table l'article général auquel il appartient. On y trouvera, l'oit du fujet même, l'oit d'un
fous-article qui devra y conduire, la nomenclature adoptée dans l'ordre alphabétique de la Table.
Les chiffres indiquent les pages de ce Volume.
On a marqué d'un aftérifque les endroits qui ont été jugés les plus importants.
L'article (leurres le rapporte aux écrits de Huygens, foit publiés, foit reftés en manuferit ou
Amplement ébauchés. Il pourra fervir de guide à ceux qui délirent connaître les renfeignements
que la Corrcfpondance de Huygens peut fournir à l'égard de l'origine ou de l'hiftoire de l'es
travaux.
Aberration sphérique (voir Règles pour déterminer le diamètre de Pouverture de Pnhjeclif
d'une lunette, la di fiance focale de F oculaire et le grojjijfement).
644 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Algèbre. 91, 129, 132, 204, 301, 302*, 378, 380, 482, 566; (voir Développement en férié
des expreffons logarithmiques, Equations algébriques, Equations tranfcendautes, Logarithmes,
Maxima et minima, Principes du calcul différentiel et intégral, Sommation de diverfes fériés
numériques).
Amélioration des fleuves. 34*, 42* — 45*, 205 — 207, 209 — 211,221,230,233,242,247,
298,3°3,3i4-
Anagrammes scientifiques. 498*, 500* — 502*, 518, 537.
Anatomie. 91, 105, 264, 310, 350, 364, 378, 380; (voir Conformation de l'œil, Ethnographie).
Appel à paris de christiaan iiuygens, 1* — 9*, 1 1,36, 39*, 40*, 92*, 95*, 97, 100*, 250*5419*.
Arcs cycloïdaux du pendui e. i 68*.
' Arithmétique, (voir Nombres, Sommation de diverfes fériés numériques).
Astrologie. 401.
Astronomie. 32, 53, 124*, 148, 149, 164, 301, 302*, 375, 423, 426, 449, 593;(voir Aflrologie,
Chronométrie, Comètes, Êclipfes, Equation du temps, Etoiles fixes, Inflruments aftronomiques,
Latitude, Longitude, Lumière zodiacale, Lune, Marée, Mécanique cèlefle, Me fur e d'un arc de
méridien, Navigation, Obfervations aftronomiques avec F hor loge, Obfervat ions célefles, Parallaxe,
Planètes, Réfraâion atmofphérique, Satellites, Soleil, Sy/lèmes du monde, Tables aftronomiques).
Atmosphère (voir Réfraâion almofphériqùé).
Atomistique (voir Conflitution de la matière, Philo fophie).
Attraction universelle (voir Gravité).
Balistique. 430, 43 1 , 47 1 * ; (voir Machine de Perrault pour le lancement des projeâiles, Mouve-
ment reâtiligne et curviligne fous F influence de la rèfijlauce du milieu).
Baromètre (voir Œuvres: Lettre touchant une nouvelle manière de Baromètre).
Beaux-arts. 20, 21, 22*, 23*, 26*, 29*, 31*,' 38*, 45, 46*, 47,48*, 90*, 128, 130*, 208*,
209*, 238*, 239*, 252*, 257*, 295*, 297*, 300*, 301,302*, 356*, 362, 371,380*, 397*,
398*, 414, 426, 448, 471, 482, 544, 545.
Botanique. 10, 148, 264, 310; (voir Confervation des fruits, etc. à F aide du vide, Génération
des animaux et des plantes, Liège, Obfervations microfeopiques).
Boussole. Boulïble de de la I lire. 128*, 165*; (y oit Déplacement avec le temps des pôles d'un
aimant fphérique, Inclinai fon de la bouffole, Variations. du magnètifme terreftre).
Cadrans solaires. 375.
Carrosses. 239*.
Catacaustiquks. Théorie générale, 144*, 512*, 513*, 515*, (voir Reâtification); Catacaufti-
que du cercle pour le cas de rayons parallèles, 145,499*, 511* — 515*, (voir Reâification);
de l'hyperbole équilatère 514*; de la conique générale. 514*.
Cause de la dureté. 429*, 430*, 434*, 485*, 561*, 562*.
Cause de la rondeur des gouttes d'eau. 485*.
Caustiques (voir Catacauftiques, Diacauft/ques).
Centre de gravité (voir Compofition des viteffes par Femploi du centre de gravité, Principe
d après lequel le ce 11 ire de gravité commun d'unfyftème de poids ne peut pas monter par F effet de
la gravité). De la chaînette. 507*.
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES. 645
Centre de percussion. Identité du centre de percufllon et d'ofcillation. 454*, 455*, 458,
459, 461*, 462*.
Centre d'oscillation. 456*, 461*, (voir Centre de pereuflion, Polémique avec T Abbé de Cafe-
tan). Cône 462*. De deux points matériels. 80 — 83, 402, 404 — 406,430 — 443, 446,455,
457* — 460*, 462*, 463. D'un nombre de points matériels fur une droite pa fiant par le point
d'appui. 82*, 443. 446*, 455*, 458* — 460*, 462*. Sphère. 462*.
Cercle (voir Catacauftiques, Propriétés d'un faifeeau de coniques contenant un cercle, Quadrature
île fur fil ces planes).
Chaînette. Problème de la chaînette. 220*, 582, (voir Centre de gravité, Œuvres : Chriftiani
Jlugenii, Dynaftae in Zûlechem, Solutio ejufdem l'roblematis). Conllruction de la chaînette
par points. 501*, 504*, 507* — 509*, 51 8*, 537*, 538*. Confidérations Étatiques. 502*, 503*,
507*. Tangente. 501*, 518*, 537*. Quadrature. 518*, 537*. Rectification. 501*, 503* — 506*,
518*, 537*. Rectification de là développée. 501*, 506*. Quadrature de la figure mixte cora-
prife entre la chaînette et fit développée. 501*, 506*, 538*. Quadrature de fa furface de révo-
lution. 501*, 507*, 518*, 537*. Cas particulier où la tangente fait un ange de 450 avec Taxe.
501*, 506*, 509*, 510*.
Chaleur (voir Congélation, Dilatation par la chaleur, Inégalité dans la marche des horloges
caufée par la température, Marmite de Papin, Miroirs brûlants, Phofphorefcence).
Chimie. 148, 237, 259, 264, 310, 333*, 359*, 360, 390, 391, 393, 407, 410, 41 1*, 412— 414,
42 1, 448, 464; (voir Coagulation, Marmite de Papin, Phofphorefcence).
Chromatisme des lentilles, (voir Règles pour déterminer le diamètre de F ouverture de F ob-
jectif'd'une lunette, la di 'fiance focale de l'oculaire et le groffiffement, Théorie de la lumière et des
couleurs de Newton).
Chronométrie (voir Arcs cycloïdaux du pendule. Cadrans folaires, Equation du temps. Horloge,
Ifochronifme de la cycloïde, Ifochrones hypocloïdales pour une force proportionelle à la diftance
d'un centre fixe, Longitude, Montres, Obfervatious pour déterminer le temps, Pendule').
Chute des graves. 430, 43 1, 442, 446, 454*, 462 ; (voir Mouvement reStiligne et curviligne fous
l'influence de la réfiftance du milieu, Réfiftanèe de Pair et des liquides à la chiite des corps).
Coagulation, (voir Œuvres: Raifonnement fur la coagulation).
Comètes. 352, 533*, 538*; voir, pour ce qui fe rapporte plus particulièrement a la comète de
1585, 37,*; à celle de 1618, 33*; de 1682 (comète de llal'.ey), 589*.
Composition des vitesses par l'emploi du centre de gravité. 519*, 520*, 538*, 551*.
Conchoïde. 198, 199; (voir Points d'inflexion).
Cône (voir Centre d'ofcillation).
Conformation de l'œil. 15.
Congélation. Procédé de Boyle pour faire de la glace, fans neige ni glace. 333*» 357» 359»
360, 388*, 391, 393» 4°r*. 414» 4l6» (voir Neige).
Coniques. 10*, 97, 198, 199; (voir Catacauftiques, Cercle, Ellipfe, Hyperbole, Normales, Pro-
priétés d'un faifeeau de coniques contenant un cercle, Quadrature arithmétique de Leibniz).
Conoïdes (voir Quadrature de fur faces courbes).
Conservation des fruits, etc. à l'aide du vide. 564*.
646 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Considérations statiques à propos du problème des tangentes aux courbes de von
tschirnhaus à propriétés focales. i78*, 182*, 183*, 105*, ioô*.
Constantes d'intégration. 517*, 555*, 556*, 570*, 571*, 573*, 574*.
Constitution de la matière. 123*, 136, 137, 383*, 384*; (voir Caufe de la dureté, Œuvres:
Difcours de la caufe de la pefanteur, Théorie de Fatio de Duillier fur la caufe de la gravité,
Viteffe de la matière qui caufe la gravité d'après la théorie de Huygens).
Construction générale de la seconde surface d'une lentille ramenant tous les
RAYONS DANS UN SEUL POINT, QUAND LA PREMIÈRE EST DONNÉE. l68*, 522*. Propriété des
rayons d'employer un temps égal entre les deux points. 168*, 190*.
Construction par points des courbes algébriques à l'aide de la règle et du compas.
192*, 193*, 198* — 200*, 240*, 241*; (voir Courbes diverfes).
Constructions (voir Chaînette, Conjlruâion par points des courbes algébriques à l'aide de la règle
et du compas, Courbes diverfes, Problèmes divers, Réfolution par conjlruâion des équations al-
gébriques').
Couleurs. 259, 450*, 471*, 523* ; (voir Chromatifme des lentilles, Théorie de la lumière et des
couleurs de Newton).
Courbe isochrone (voir Œuvres: Solution du Problème propofé par M. L. dans les Nouvelles
de la République des Lettres du Mois de Septembre 1687).
Courbes. 251*. Continuité des courbes algébriques. 576*; (voir Caufliques, Cercle, Chaînette,
Concho'ide, Coniques, Conjlruâion par points des courbes algébriques à Taide de la règle et du
compas, Courbes de von Tfchirnhaus à propriétés focales, Courbes diverfes, Courbes mécaniques
ou tranfcendentes, Cycloïde, Développées, Epicycloïdes, Hypercycloïdes, Parabole cubique, Quadra-
rice de Dinoftrate).
Courbes de von tschirnhaus à propriétés focales. 124*, 141* — 146*, l59* — 161*, 519*;
(y o\r Courbes diverfes, Polémique entre von Tfchirnhaus et Fatio de Duillier fur la conjlruâion
des tangentes aux courbes de von Tfchirnhaus à propriétés focales).
Courbes diverses. 152*. x^-\-y3 — nxy = o. 198*; + }>4 — %(ry~ -\- 16a2 x"—o. 556*5568,
574. Conftruaion, tangente, quadrature. 473*, 474*, 569*, 570*, 575*, 576*;
x^-\-xy2 — a2y = o. Conftruftion, tangente. 474*, 475*, 537*,* 549*, 555,
x2y2-\-a2y2 — a* = o. 518, 537. Conftruction, quadrature. 501*, 509*, 510*, 541* — 543*:,
x2y2 -\- a2y2 — a2x2^o. Conftruftion, quadrature. 501*, 507* — 510*, x2y2 — a2y2 — a4 = o.
518*, 537; \A-\-x2y2 — 4^4 = o. 538*, 541*. Conftruftion, quadrature. 542*, 543*;
/ — 6xy ± a6 = o. 556*, 571*, 573; x-y= Ce ^517*, 532*, 549*, 555, 570*, Courbes
2 — = —, (voir Tangemes).
Q g
Courbes mécaniques ou transcendentes. 124*, 141*, 142*. 179, 180, 190*, 199, 451*,
452*, 471*, 517*, 518*, 537*, 548*, 549*, 557*, 570*, 571*, (voir Chaînette, Courbes
diverfes, Cycloïde, Epicycloïdes, Hypocycloïdes).
Cycloïde. 190, 323, 451*, 452*, 497, 517, (voir Arcs cycloïdaux des pendule, Ifochronifme de la
cycloïde, Quadrature de fur faces planes).
V. MATIÈRES TRAITRES DANS LES LETTRES. 647
DÉMONSTRATION PAR DE FERMAT DE LA LOI DE SNELL1US. 49"*.
DÉPLACEMENT AVEC LE TEMPS DES PÔLES D*UN AIMANT SPHÉRIQUE. I i"J% I 2R*, 1 30, I 3 I *, 13a*,
164, 165*, l66*, 2 13*.
DÉTERMINATION DE LA VITESSE D'ÉCOULEMENT D'UN LIQUIDE. 33 1*, 332*.
Détermination de la vitesse de la lumière. Au moyen des fatellites de Jupiter.
415*.
Développantes (voir Epicychùdes).
Développées. Théorie des développées. 124*, 142, 144 — 146; (voir Arcs cycloïdaux du pen-
dule, Épicycloïdes, Hypocycloïdes).
Développements en série des expressions logarithmiques. 548*, 557*.
DlACAUSTIQUES. 515*.
Diamètre, inclinaison et position des nœuds de l'anneau de saturne. 84*, 85*.
dlfférentlation des expressions transcendantes. 532*.
dlfférentiation directe des 1rrat10nelles. 45 i *, 497.
Différentielles de divers ordres. 450*, 5 1 6*, 5 1 7*.
Diffraction de la lumière. 523*.
Dilatation par la chaleur. Des métaux. 485*.
Division d'un angle dans un rapport donné. 123*, 124*, 141, 158*, 179, 2oo(voir Tri
feclion de f angle).
Duplication du cube. ç~*; (voir Réfolution par conftruâion des équations algébriques').
Dynamique (voir Baliftique, Centre de percuffion, Centre CT ofcillation, Chute des graves, Courbe
ifochrone, Force centrifuge, Hydrodynamique, Impofjibilité du mouvement perpétuel connue prin-
cipe de la mécanique, Ifochrones hypocycloulales pour une force proportionelle à la di [fiance d'un
centre fixe, Ifochronifme de la cycloïde, Loi de f inertie, Mouvement d'un point pefant fur une
courbe donnée, Mouvement redi ligne et curviligne fous P influence de la réfiftance du milieu, Pen-
dule, Percufjion, Polémique fur la vraie mefure, mv ou mv2, de la force vive, Principe de la cou-
fervation de F énergie, Remarques critiques fur les „Principid" de Newton, Réfiftance contre une
fur face fphèrique fe mouvant dans un fluide, Réftflance de Pair et des liquides à la entité des
corps).
Éclipses. 22, 115*, 128*, 164*, 262, 263, 264*, 268, 269, 270, 376*, 377*, 395, 396*, 399*,
400, 401, 420, 423*, 469, 480; (voir Longitude. Détermination de la longitude au moyen des
éclipf es lunaires).
Élasticité. Loi de l'élafticité. 526*.
Électr/cité. 469, 539*, 552*. Théorie de l'attraftion éleftrique. 124*, 147, 539*, 573*-
Ellipse (voir Quadrature de fur faces planes).
Ellipsoïde de révolution (voir ConoÏdes).
Emploi des lunettes comme instruments de visée. 22*, 420*.
Épicycloïdes. 515*; (voir Hypocycloïdes, Quadrature de fur -faces planes, Catacauftiques: cata-
cauttique du cercle pour le cas de rayons parallèles, Roues à dents epicycloïdales et antres). La
développée d'une épicycloïde e(t encore une épicycloïde. 5 14*.
Équation du temps. 58* — 6 1 *, 65, 66, 6"8 — 70,73, 468,491.
648 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Équations algébriques. 92, 250*, 251*, 260*, 261*; (voir Réfolution par conftru&ion des
équations algébriques).
Équations différentielles. 5 1 8*, 533*, 558*, 569*. Du premier ordre: y -y- (Tubt.)= +
± (£- =*)■ 4~2*' 4"3*' 5I"*- 536, 556*, 568*, 573^-575*; yf =±(2-ffe^)-
472*, 475*, S'/"*, 532*, 536» 537*, 549*, 55°*, 555*, 57°; Du fécond ordre. 450*, 451*,
516*, 517*; (voir Méthode de Fatiopour (intégration des équations différentielles).
ÉQUATIONS TRANSCENDANTES. 517*, 5 I H*, 532*, 533*, 537*, 548*, 549*, 557*, 558*.
Éther cosmique. Propriétés de l'éther cofmique. 382*, 383*, 409*, 412*, 560 (voir Œuvres:
Difcours de la caufe de la pefanteur).
Ethnographie. 355*, 361, 362* — 366*.
Étoiles fixes. 412, 413, 414, 41 5; (voir Étoiles nouvelles).
Étoiles novelles. 149.
Expériences de physique. 124*.
Expériences sur mer avec les horloges maritimes à pendule de christiaan huygens
(voir fur le même fujet dans les Tomes précédents à l'article Horloge : horloges maritimes à
balancier équilibre réglé par un reflbrt en fpirale, horloges maritimes à pendule de Chriuïaan
Huygens). 17*, 20*, 23, 24*, 25*, 27*, 28, 30, 31*, 32, 37*, 51*, 52, 53, 55*— 7F*. " IO*,
130, 131, 197*, 208*, 222*, 223*, 230*, 255*, 266* — 268*, 272* — 294*, 319*, 337* —
343*, 418*, 419*, 452*, 453*, 467*, 468*, 477*— 479*, 491 *— 495*, 528*, 529*, 553*,
554*, 567*, 568, 577* — 584*; (voir plus fpécialement pour le montage à bord des vaifleaux :
Machine pour affurer le mouvement des pendules fur mer).
Force centrifuge. 383, 384, 429*, 483.
Force mouvante de l'air„ 96*.
Force mouvante de l'eau. 96*.
génération des animaux et des plantes. i 47*, 354*, 355*, 361*.
Géodésie. 12,91,92, 97, 114, 206, 208, 210; (voir Mefure d'un are de méridien, Nivellement,
l 'ariation de la longueur du pendule à féconde avec la latitude).
GÉOGRAPHIE. 74*, 91, 92, II4, I29, 164, 222, 268*, 270, 27I*, 273*, 274*, 285*— 287*,
333*, 357, 375, 535, 539*, 552i (voir amélioration des fleuves, Géodéfie, Globes terreftres,
Latitude, Longitude, Marée, Navigation).
CÉoLoGiE. 124*, 496.
Géométrie. 53, 91, 123, 129, 138, 258, 301, 302*. 378, 426,432,448,449,471,482,566,
583; (voir Algèbre, Centre de gravité, Conjlruâions, Courbes, Développées, Géométrie Carté-
fîenne, Géométrie cinématique, Indivifibles, Maxima et minima, Normales, Œuvres: Illuftrium
quorundam problematum connrudiones, Conltructio loci ad Ilyperbolam per Afymptotas,
Conftruftion d'un problème d'optique, Conftruftion des problèmes folides, Dimenfio Parabo-
loïdum et Hyperboloïdum, Théorème des points d'interfeftion de deux coniques, Perfpeâive,
l'uints d'inflexion, Principes du calcul différentiel et intégral, Problèmes divers, Quadrature,
Rectification, Remarques critiques fur les „Principia" de Newton, Tangentes).
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES. 649
GÉOMÉTRIE CARTÉSIENNE. 258*.
Géométrie cinématique. 02, 1 1 3, 163, 203, 262*, 263; (voir Compofition des viteffes par
remploi du centre de gravita, Ror/es à dents épicycloïdales et autres).
Globes terrestres. 27 1 *.
Gravité. Loi de Newton de la gravite univerfelle. 168*, 169*, 190*, 358*, 366*, 367*, 368*,
384*, 472, 483*, 484*, 523* — 525*, 538*. Loi de variation de la gravité avec la latitude
(voir l'aviation de la longueur du pendule à fécondes avec la latitude) ; dans l'intérieur de la
terre. 429*, 483*, 484*; (voir Centre de gravité, Œuvres: Difcours de la caufede la pefanteur,
Théorie de Fatio de Du illier s fur la caufe de la gravité).
Horloge. Horloge de Galilei. 399, 400; horloges à pendule fabriquées en Angleterre. 333*;
horloges et montres de I luygens à balancier équilibre réglé par un reflbrt en fpirale. 55*; hor-
loges où le pendule e(t fufpendu en deux points. 55* — 58*564*, 65*, 72*, 74* — 76*,
288* — 290*, 320*, 418*, 467*, 468*, 478*, 528*, 554*, 567*; (voir C&ronométrie, Expé-
riences fur nier avec les horloges maritimes à pendule de Chriffiaan Huygens, Inégalité dans la
marche des horloges eau fée par la température, Influence de la ré fi fiance de Pair fur la marc lie
des horloges, Influence du mouvement fympathique du fupport fur la marche des horloges, Machine
pour afl 'tirer le mouvement des pendules fur mer, Montres, Obfervations agronomiques avec F hor-
loge, Œuvres: Horologiuin, Horologium ofcillatorium).
Hydrodynamique. 131, 168*, 204, 357, 449; (voir Détermination de la vitefje d' 'écoulement
a" un liquide).
Hydrostatique, i 23*, 1 30*; (voir Caufe de la rondeur des gouttes (Peau, Niveau, Œuvres : Dé-
nionftration de ce qui arrive dans l'expérience de M. Mariotte du tonneau avec un tuyau par
deiïus).
Hyperbole (voir Catacaufliques, Œuvres: ConCtruôtio loci ad hyperbolam par tangentes, Qua-
drature de fur faces planes).
HypocycloÏdes (voir Epicycloïdes, lfochrones hypocycloïdales pour une force proport ionelle à la
diflance d^un centre fixe). La développée d'une hypocycloïde eft encore une hypocycloïde
168*, 514*.
Impossibilité du mouvement perpétuel comme principe de la mécanique. 83*, 437*, 456,
463*, 486 (voir Principe de la confervation de P énergie").
Inclinaison de la boussole. 131*.
Indivisibles. Méthode des indivifibles. 92.
Inégalité dans la marche des horloges causée par la température. 343*, 432*, 485*.
Influence du la résistance de l'air sur la marche des horloges. 163*.
Influence du mouvement sympathique du support sur la marche des horloges.
57*, 58*.
Instruments astronomiques. 22*, I32*,333*, 377*5491, (voir Horloge, Lunettes, Micromètre).
Intégrales diverses, f fec q>dq> 541* — 543*; (voir pour plufieurs intégrales de fonctions algé-
briques : Quadrature de fur faces planes).
Isochrones hypocycloïdales pour une force proportion elle à la distance d'un centre
fixe. 168*, 514*.
Œuvres. T. IX. 82
650 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
ISOCHRONISME DE LA CYCLOÏDE. 123*, H1*? I 68*.
Jupiter. 6, 350. Rotation des taches de Jupiter. 6*, Satellites de Jupiter. 132*, 163*5265*,
354*5 375*5 399*5 4OI5 4'5*5 42I*5 481*, 490, 524*, 526*; (voir Longitude: Détermination
de la longitude au moyen des fatellites de Jupiter; Planètes).
Latitude. Détermination de la latitude. 66, 129 — 131, 132*.
Lentilles. Fabrication des lentilles. 7 — 9, 14*, 15*, 16, 18*, 19*, 21*, 23*, 25*, 28*, 32,
34* 35*5 36*, 38*, 88, 90, 104*, 105, 106*, 110, 112*, 114*, 121*, 125, 128*, 237, 305,
313*, 316, 415*; Grolliilément maximal ou minimal d'une lentille. 1 1 1*; (voir Aberration
fphèrique, Chromatijme des lentilles, Conftruftion générale de la féconde fur face d'une lentille
ramenant tous les rayons dans un feul point, quand la première ejl donnée, Lentilles et lunettes fa-
briquées par les frères Huygens, Microfcopes à boulettes fphériques, Oculaire de Huygens, Œuvres:
Altrofcopia compendiaria, Commentarii de formandis poliendilque vitris ad telefcopia).
Lentilles et lunettes fabriquées par les frères huygens. 6*, 7, 8*, 9, 1 1, 12* — 23*, 25*,
27*, 29*, 31*— 38*, 41, 42*, 45, 46*— 49*, 51*, 53, 54*5 76*, 77*, 87, 88*, 89*, 93*, 94*,
98, 100, 104* — 106*, m*, 112*, 114, 121, 125*, 127, 128, 150, 299*, 305*, 395, 396*,
397, 413* — 415*, 545*, 590* — 593*, Machines des frères Huygens pour la fabrication des
lentilles. 13, 18* — 21*, 23*, 25*, 26*, 28*, 29*, 34, 36, 38, 47*, 591*, 592*; (voir
Microfcopes, Oculaire de Huygens, Œuvres: Altrofcopia compendiaria, Commentarii de for-
mandis poliendifque vitris ad telefcopia).
Liège. 30*.
Logarithmes. 534, 549*, 582 , (voir Développements en férié des exprefjions logarithmiques).
Logique. 482.
Loi de l'inertie. 124*, 149.
Longitude. Détermination de la longitude. 58*, 65* — 74*, 1 10, 131, 268*, 269, 271, 272*,
274* — 290*, 315*, 317*, 320, 340, 341, 342*, 343*, 357*, 400; au moyen des éclipfes lu-
naires. 341*, 421*; au moyen de fignaux.481*, au moyen des fatellites de Jupiter. 132*5267*,
268*, 269, 273*, 274*, 290*, 291*, 341*, 420*, 421* (voir Horloge),
Lumière zodiacale. 92*, çj*, 265*, 313*, 316, 415*.
Lune. 88. Méthode de Huygens pour les obfervations lunaires. 92*; Théorie du mouvement de
la lune. 317, 377*; (voir Ec/ipfes, Parallaxe).
Lunettes. 20*, 21, 87, 110*, 1 1 1*, 150, 296, 413*, 415*. Lunettes à plufieurs objectifs. 307,
308, 309*, Champ de vifion des lunettes. 1 10*, 1 1 1*. Grofliflement 7*; Ouverture. 13; (voir
Emploi des lunettes comme injlrnments de vij'ée, Lentilles, Lentilles et lunettes fabriquées par les
frères Huygens, Lunettes fans tuyaux, Micromètre, Montage des lunettes, Niveau, Oculaire de
Huygens, Règles pour déterminer le diamètre de ï 'ouverture de P objectif (F une lunette, la diflance
focale de F oculaire et le grojjifj'ement).
Lunettes sans tuyaux. 10*, 31*, 94*, 9<)*, 101*, 103*, 114*, (voir Œuvres: Altrofcopia
compendiaria).
Machine de m. Perrault pour le lancement des projectiles. 430*, 465. Calcul de la
hauteur que le projeftile peut atteindre. 430*, 434* — 437*, 465, 486*, 487*, 563*; (voir
llde, Emploi du vide pour le lancement des projectiles).
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LKS LETTRES. 65 1
Machine pour assurer le mouvement des pendules sur mer. 17,55* — 57*, 223*, 288*,
290*, 452*, 467*, 468*, 478, 479, 493*, 554*, 577, 578*, 581.
Machines. 106*, 112, 262 — 264, 565. Machines à poudre à canon. 78*, 79*, 237, 238, 465*,
466*, (voir Œuvres: Nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre à canon); Machines
a vapeur. 79*, 465*, 466*; Machines à vent (voir Force mouvante de Pair); Machines hydrau-
liques (voir Force mouvante de Peau); Machines qui confument la fumée. 114*, 235, 236*;
(voir Baliftique, Carrojfes, Machine pour ajfurer le mouvement des pendules fur mer, Marmite
de Papin, Niveau, Pompe marine, Roues à dents épicycloïdales et antres, l 'ai [jeanx fous-
marins).
Magnétisme. 538*. Caufe du magnétifme. 124*, 129*, 131*, 147 ; (y oir lion (l'oie, Déplacement
avec le temps despôles d'un aimant fphér'.que, Œuvres: Traité de l'aimant, Dernière manière pour
expliquer les effets d'un aimant, Variations du magnétifme terrefire).
Marée. 270*, 271*, 356*. Explication de la marée. 124*, 147, 169*, 190*, 259, 533*, 538*.
Marmite de papin. 564*.
Mars. 208, 210, 350.
Maxima et minima. 260, 451*; (voir Démonftration par de Fermât de la loi de Snellius,
Œuvres: Demonllratio regulaede maximis et minimis).
Mécanique. 123, 138, 148, 301; (voir Attraction univerfelle, Dynamique, Efafticité, Géométrie
cinématique, Gravité, Hydrodynamique, Hydrofia tique, Machines, M^ècanique cèle fie, Remar-
ques critiques fur les nPrincipian de Newton, Statique).
Mécanique céleste. 168*.
Médecine. 31, 32, 46*— 48*, 87*, 88, 122*, 135*, 148, 173, 256, 257, 31 1, 318.
Mesure d'un arc de méridien, i i, 208*.
Météorologie. 45, 47—51, 163, 222, 311, 333, 346, 390; (voir Baromètre, Neige).
Méthode de fatio pour l'intégration des équations différentielles. 169*, 170*,
190,572*.
Micromètre. 420*.
Microscopes. 90. Microfcopes de Campani. 109*, 125*, 150*, de Leeuwenhoek. 38*; Microf-
copes fabriquées par les frères Iluygens. 18*, 19*, 22*, 90, 93*, 98*, 100*, 103*, 125*, 591*;
(voir Microfcopes à houlettes fphériques).
Microscopes à boulettes sphériques. 35*, 125*.
Minéralogie. 147, 148,219,496*.
Miroirs. Images. 108; (voir Miroirs brûlants').
Miroirs brûlants. 108*, 109, 1 1 2*, 1 13*, 125*, 150*, 219*.
Montage des lunettes. 10*, 35*, 52*; (voir Œuvres: Alirofcopia compendiaria).
Montres. 333*; (voir Horloge').
Mouvement d'un point pesant sur une courue donnée. 141. Temps de defeente fur un arc
de cercle. 1 23*; (voir Ifochrones hypocycloïdales pour une force proportionelle à la diftance d'un
centre fixe, Ifochronifme de la cycloïdè).
Mouvement perpétuel (voir Impojpbilité du mouvement perpétuel comme principe de la méca-
nique, Principe de la confervation de P énergie).
652 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Mouvement rectiligne et curviligne sous l'influence de la résistance du milieu.
321* — 330*, 366, 367*, 472, 480, 481, 527*, 533*. Mouvement horizontal fous l'influence
d'une réfiftance proportionelle au carré de la vitefle. 328; mouvement vertical. 329, 533*,
534*, 539*, 546*— 548*, 55<ï*, 557*, 57', 57=*; trajeftoire. 324*, 326*, 328*— 330*, 357*
358*, 359*, 360*; Trajectoire fous l'influence de la gravité et d'une réfiftance proportionelle à
la viteffe. 330.
Musique. 22*, 41, 231*, 232, 234*, 242*, 423*, 425, 449*, 471*, 567*.
Navigation. 27, 31, 37, 267, 491*; (voir Amélioration des fleuves, Bouffole, Expériences
fur mer avec les horloges maritimes à pendule de Chriftiaan Huygens, Horloge, Latitude,
Longitude, Obfervations pour déterminer le temps, Phares, Tables aftronomiques, Vaifjéaux
fou [marins).
Neige. Figure et formation des parcelles de neige. 1 1 8* — 1 20*.
Niveau. 38, 96*; (voir Œuvres: Nouvelle invention d'un niveau à lunette, Démonftration de
la juftelTe du niveau dont il eft parlé dans le IL JournalJ).
Nivellement, i o*, 96* ; (voir Niveau).
Nombres. Théorie des nombres. 92, 113, 129, 130, 132*, 133*, 163*, 203,585.
Normales. Mener les normales d'un point donné à une conique. 97*.
Observations astronomiques avec l'horloge. 62*, 63*, 376*, 377*, 400, 420*.
Observations célestes. 6*, 12, 19*, 20,22, 32, 33*, 88, 91, 92, 132*, 333, 350, 354*. 375,
376*, 379; (voir Aflronomie).
Observations microscopiques. 310*, 350, 353, 354*; (voir Liège, Neige).
Observations pour déterminer le temps. 58*, 60* — 69*, 72, 74*, 287, 288*, 376*, 400,
420, 478*, 481*, 491, 492, 577*— 58o*, 582*— 584*.
Oculaire de huygens. 88*, 89*, 105*.
Œuvres. 11,91*595* — 97*, 113*, 129*, 130*, 133*, 163*, 166*, 167*, 203*, 212*, 213,
232*, 235, 259*, 261, 262*, 263*, 299*, 301,321*, 375*, 377, 388*, 399— 401,438, 520,
540*, 552*; Illuflrium quorundam prohlematum jonflruùiones, 8. In conchoide linea invenire
confinia flexus contrarii. 200* — 202*.
De Saturni luna obfervatio nova. 92, 99*, 103, m*, 150.
Horologium. 301, 376*, 380, 399*, 420*, 48 1*.
Syftema Saturnium. 7*, 150, 420; (voir Œuvres: de Saturni luna obfervatio nova).
Iiègles du mouvement dans la rencontre du corps (voir Œuvres: Regulae de motu corporum ex
mutuoimpulfu).
Regulae de motu corporum ex mutuo impulfu. 97*, 456*, 463*.
Lettre touchant une nouvelle manière de Baromètre. 203*, 204*, 42 1*, 469*.
Horologium ofcillatorium. 80, 124, 171*, 224, 275*, 332, 401*, 402, 403, 429, 456*,
457*, 461, 462, 521*, 522*; (voir Arcs cycloïdaux du pendule, Centre d'à f dilution, Force centri-
fuge, Horloge, Ifochronifine de la cycloi'de, Polémique avec l'' 'Abbé de Catelan, Quadrature de fur-
faces courbes: conoïdes).
Nouvelles Expériences du vuide avec la defeription des machines qui fervent à les faire, (en col-
laboration avec Papin). (voir Confervation des fruits etc. à Paide du vide).
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES. 65^
Lettre touchant une nouvelle invention d'horloges très jtt/les et part, /tires (voir Horloge: horloges
et montres de Huygens à balancier équilibre réglé par un reiïbrt).
Notnelle invention d'un niveau à lunette. 96*. 114*; (voir Niveau).
Extrait truite lettre de M. Huguens touchant une nouvelle manière de microfcope qu'il a apporté
de Hollande (voir Microfcopes à boulettes fphériqties).
Démonftration de lajuftejfe du niveau dont il efi parlé dans le II. .1 mimai. 96*; (voir Niveau).
Extrait d'une lettre de Mr. llugens avec fa réponfe à une remarque faite par Mr. (Abbé de
Catelan contre fa proposition 4 du Traité des centres de balancement. 80*, 81*, 462, 463*; (voir
Polémique avec l'abbé de Catelan).
Aftrofcopia compendiaria. 10*, 31*, 51* — 54*, 77*, 88*, 90*, 94*, 99*, 101*, 103*, m*,
125, 174, 208*, 210*, 354*, 469, 480, 545*; (voir Lunettes fans tuyaux).
Extrait d'une lettre de Mr. Hugens, écrite de la Haye le 8 Juin 1684, a F 'Auteur du Journal,
contenant fa réponfe à la réplique de Mr. F Abbé de Catelan, touchant les centres d'agitation. 8 1* —
83*, 224*, 403, 404, 462, 463*; (voir Polémique avec l'abbé de Catelan).
Solution du Problème propofé par M. L. dans les Nouvelles de la République des Lettres du Mois
de Septembre 1687. 224* — 229*, 257* — 259*. 321*, 366*, 497.
Traité de la lumière. 129*, 133*, 163*, 164*, 167*, 168, 259, 276*, 299, 313*, 319*,
35o*, 353, 356*— 359*, 360—362, 366—374, 375*, 377, 379*, 381*, 382*, 388, 390— 398,
400, 402. 407, 408, 414—416, 417*, 419, 420, 422—424, 426, 428, 438*, 443, 444,447, 45o*,
454, 465, 469, 4"1*, 4,"=, 4&o*, 481, 482, 483*, 489, 498, 499*, 511*, 513*, 514—516, 521*,
522*, 536, 539*, 550, 559* — 561*; (voir Caufliques, Cou/lruâiou générale de la féconde fur face
d'une lentille ramenant tous les rayons dans un feul point, quand la première efl donnée, Polar 7 'fat ion
de la lumière, Réfraction atntofphérique, Réfraction double, Théorie de la lumière.
Difcours de la caufe de la pe fauteur. 95*, 96*, 130*, 167*, i6y*, 190*, 267*, 276*, 313*,
319*, 320,339*, 340*, 353*, 356*— 359*, 360—362, 366*, 367*, 369-374, 377*, 379*-
381*, 383*, 388*— 392*, 393—398, 400, 401*, 407-409, 410*; 411,414—417,419,420,
422—424,426,428, 429*, 431*, 447,465, 472, 4^3*, 4^5, 489, 490, 498*, 499*, 522,523*,
525*, 533*— 535*, 538*, 539, 55o, 55', 559, 5^3*» 57* h (voir Gravité, Mouvement reâiligne
et curviligne tous l'influence de la réftftance du milieu, Remarques critiques fur les „Principia"
de Newton, Variation de la longueur du pendule à fécondes avec la latitude, Vitefj'e de la matière
qui caufe la gravité d'après la théorie de Huygens).
Remarques de Mr. Huygens fur la Lettre précédente, et fur le récit de Mr. Bernoulli dont on y
fait mention. 82*, 83*, 402*— 406*, 417*, 438*— 443*, 445*, 446*, 453*— 463*, 470.
Chrijliani Hugenii, Dynaftae in Zulechem, folutio ejttfdem Problematis. 497*, 498*, 500*
510*, 518*, 532, 537*, 538*, 551; (voir pour plus de particularités l'article Chaînette).
Démonftration de P équilibre de la balance. 95*, 96*, 123*, 140, 167*, 569*.
De potentiis fila funefque trahentibus. 95*, 96*, 167*, J78, 183*, 195.
Nouvelle force mouvante par le moyen de la poudre à canon. 95*, 96*, 167*, 235*, 249*, 465*;
(voir Machines, Machines à poudre à canon).
Conflruùio loci ad Hyper bolam per . ifymptotas. 95*, 96*, 167*.
Démonftratio regulae de maximis et mini mis. 95*, 1^7*; (voir Maxima et mi ni ma).
654 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Régula ad inveniendas tangentes curvanim. 95*, 158, 167*, 169*, 179, 190*, 475*, 5(19*;
(voir Tangentes").
Conftruâion d'un problème d'optique. 95*, 96* ; (voir Problème d' Alhazen).
Dioptrica. 7*, 129, 133, 163, 164, 466; (voir Optique*).
De coron is et parheliis. 8.
Comment arii de formandis polienc/ifqae vitris ad lelefcopia. 6*, 25, 590* — 592*; (voir Len-
tilles: fabrication de lentilles, Lentilles et lunettes fabriquées par les frères Huygens).
Defcriptio automati planetarii. 31*, 99*, 262* — 264*, 376*, 400*, 423*.
Notes marginales dans l'exemplaire de Huygens des Aâa eruditnrum (inédit). 321*.
Traité de l'aimant (inédit). 129*, 130, 133*, 164*, 299, 533, 538* (voir Magnétifme).
Dernière manière pour expliquer les effets d'un aimant (inédit). 538* (voir Œuvres: Traité de
Faimant).
Conftruâion des problèmes folides (inédit). 95*.
Théorème des points d'interfeâion de deux coniques (inédit). 96*.
Dimentio Paraboloïdum et Llyperboloulum (inédit). 95*.
Démonflration de ce qui arrive dans l'expérience de Mr. Mariotte du tonneau avec un tuyau par
dejj'us (inédit). 96*.
liai fonne ment fur la coagulation (inédit). 96*.
Théorie des points d'interfeâion de deux coniques (inédit). 96*.
De la force mouvante de l'eau et de Pair (inédit). 96*.
Nen'toni errores (inédit). 321*, 322*.
Optique. 1 10*, 1 1 1*, 146, 147, 375, 515, 522; (voir Aberration fphérique, Caufiques, Chroma-
tifme des lentilles, Conformation de F oeil, Conflruàion générale de la féconde fur face d'une len-
tille ramenant tous les rayons dans un feu/ point, quand la première eft donnée, Couleurs, Démon-
flration par de Fermât de la loi de Snellius, Diffraâion de la lumière, Emploi des lunettes comme
inflruments de vifèc, Ether cofmique, Lentilles, Lentilles et lunettes fabriquées par les frères
Huygens, Lunettes, Micromètre, Microfcopes, Miroirs, Œuvres: Aftrofcopia compendiaria,
Traité de la lumière, Dioptrica, De Coronis et Parheliis, Commentarii de formandis polien-
difque vitris ad telefcopia, Perfpeâive, Phares, Phofphorefcence, Polarifation de la lumière,
Problème d' Alhazen, Réfraâion, Réfraâion double, Théorie de la lumière, Théorie de la
vifion).
Parabole cubique. <ry2 = x3(voir Œuvres: Solution du Problème propofé par M. L. dans les
nouvelles de la République des Lettres du Mois de Septembre 1687).
Parallaxe. De la lune. 317. Du Soleil 357*, 379*.
Pendule (voir Arcs cycloïdaux du pendule, Centre d'ofcillation, Horloge, Machine pour a ffurer
le mouvement des pendules fur mer, Variation de la longueur du pendule à fécondes avec la
latitude).
Percussion. Lois du choc des corps imparfaitement élaftiques. 387*; (voir Centre de percujfion,
Œuvres: Regulae de motu corporum ex mutuo impulfu).
Perspective. Théorie de la perfpeftive. 380.
Pesanteur (voir Gravité').
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES. 655
Phares. 247.
Philosophie, ii, 15, 89, 429*; (voir Conftitutim delà matière, Et her cof inique, Logique, Philo-
fophie Cartéjienne, Philofophie de Baco, Philofophie de Leibniz, Philofophie de Locke, Philo-
fophie de van Tfchirnhaus, P/n'/o fuphie expérimentale).
Philosophie cartésienne. 148, 149, 168*, 190*, 351, 352, 366*, 402*, 4-2, 481, 482, 484*,
4^5*, 5'9*, 53^*, 561*, 562*; (voir Tourbillons Cartéjiens).
Philosophie de baco. 124*, 146.
Philosophie de leibniz. 518*, 519*.
Philosophie de locke. 392, 393*.
Philosophie de voiN ts-chirnhaus. 122* — 125*, 135* — 140*, 146* — 149*, 171* — i73*->5ip*.
Philosophie expérimentale. 124*.
Phosphorescence. Par échauffement. 496.
Physiologie. 103; (voir Coagulation, Conformation de l 'œil, Confervation des fruits, etc. à P aide
du vide, Générât ion des animaux et des plantes).
Physique. 91, 123, 124*, 138, 146 — 148, 168*, 265, 448, 482, 522*, 533; (voir Attraction
univerfelle, Baromètre, Caufe de la rondeur des gouttes d'eau, Chaleur, Conjlitutiou de la mu
tiére, Elajlicité, Eleâricité, Ether cofmique, Expériences de phy/tque, Gravité, Machines, Mag-
uétifme, Neige, Optique, Principe de la confervation de /' 'énergie, Vide).
Planètes. 148. Mouvement des planètes. 366, 367*, 368*, 377*, 415*, 472, 523, 524*, 532,
540, 552; (voir Jupiter, Mars, Œuvres: Defcriptio automati planetarii, Parallaxe, Saturne,
Tables agronomiques, Tourbillons Cartéjiens).
Poids et mesures. 297, 375.
Points d'inflexion. Conchoïde (voir Œuvres: Illuftrium qiiorundam proMematnni conftruc-
tiones).
Polarisation de la lumière. 561*.
Polémioue avec l'abbé catelan (voir Œuvres: Extrait d'une lettre de Mr. Hugens avec fa
réponfe à une remarque faite par Mr. l'Abbé de Catelan contre fa propofition 4 du Traité dus
centres de balancement; Extrait d'une lettre de Mr. Hugens écrite de la Haye le 8 juin 1684
à l'Auteur du Journal, contenant fa réponfe à la réplique de Mr. l'Abbé de Catelan, touchant
les centres d'agitation; Remarques de Mr. Huygens fur la Lettre précédente et fur le récit de
M. Bernoulli).
Polémique entre von tsciiirnhaus et fatio de duillier sur la construction des tangen-
tes AUX COURBES DE VON TSCH1RNHAUS à PROPRIÉTÉS FOCALES. I44*, I53*— 162*, 174*
189*, I9I*, I94*— 196*, 214*— 22 1*, 499, 513*, 519*, 520*, 538, 551*, 552.
Polémique sur la vraie mesure, mv ou mv", de la force vive. 224*, 225*, 331*, 332*,
402*, 431*, 456*, 463*, 525*.
Polysection de l'angle (voir Divifiou d'un angle dans un rapport donné").
Pompe marine. 170, 191*.
Principe de la conservation de l'énergie. 332*, 455*; (voir Impojfibilitè du mouvement pro-
pétnel comme principe de la mécanique, l'rincipe que le centre de gravité commun d'un fyfième de
poids ne peut pas monter par l'effet de la gravité).
656 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Principe que le centre de gravité commun d'un système de poids ne peut pas monter
par l'effet de la gravité. 83, 403*, 430*, 43 1 *, 434*— 437*, 439* — 441*, 443* — 447*'.
455*, 456*, 462*, 463*, 487*.
Principes du calcul différentiel et intégral (y compris les problèmes inverfes des tan-
gentes). 229*, 450*, 451*, 471*, 472*, 497*, 499, 516*, 517*, 533*, 536*, 549*, 550*,
55^*, 558*1 569*, 571*; (voir Différentiation des expreffions tranfcendantes, Différentiation
directe des irrationelles, Différentielles de divers ordres. Equations différentielles, Intégrales
diverfes, Méthode de Fatio pour F intégration des équations différentielles').
Problème d'alhazen (voir Œuvres: Conftruftion d'un problème d'optique).
Problème déliaque (voir Duplication du cube').
Problèmes divers (voir Chaînette, Courbe ifochrone, Polyfeâion de F angle, Problème d' '/llhazen,
Problème Déliaque).
Propriétés d'un faisceau de coniques contenant un cercle (voir Œuvres: Théorème des
points d'interfeftidn de deux coniques).
Quadratrice de dinostrate. 200, 517.
Quadrature approximative d'une aire plane. 510*.
Quadrature arithmétique de leibniz. 534*, 550*, 551*.
Quadrature de surfaces courbes. Conoïdes elliptique et hyperbolique. 95*. Conoïde para-
bolique. 95*, 583).
Quadrature de surfaces planes. 499*, 518*, 558*, 583*. Cercle. 142, 191, 534*, 539*,
551*; cycloïde. 92*; elliple. 534*, 539; epicycloïdes. 515*; hyperbole. 533*— 535*. 539*»
546*, 548, 550*, 551*, 571*, 572*, 582; (voir Courbes direrfes, Principes du calcul diffé-
rentiel et intégral, Quadrature approximative d'une aire plane, Quadrature arithmétique
de Leibniz).
Rectification. 124*, 138, 139, 144* — 146*. Catacauftique du cercle pour le cas de rayons
parallèles. 145; catacauitiques en général. 145*.
Réfraction. Loi de la réfraction. 358*, 359*, 360, 417*. 422, 423*; (voir Démonjlration
par de Fermât de la loi de Snellius, Diacauftiques, Réfraâion atmofphérique, Réfraâion double,
Théorie ondulatoire de la lumière).
Réfraction atmosphérique. 62* — 64*, 68, 69, 206, 208, 210, 489*, 560*.
Réfraction double. 164*, 259, 358*, 360, 381*, 382*, 388, 417*, 450, 489*, 522*, 523*,
560*.
règlements de l'académie des sciences ou des assemblées qui l'ont précédée. 96*.
règles pour déterminer le diamètre de l'ouverture de l'objectif d'une lunette, la
distance focale de l'oculaire et le grossissement. 6*, 7*, 8, 13, l8*, i io*, i i i*, 305*.
Remarques critiques sur les „principia"de newton. 168*, 169*, 190*, 267*, 305*, 321* —
332*, 357- 358*, 359. 3^6. 367*, 368*, 410*. 4i5*, 490*, 523*,524*. 526*, 533*. 534*.
538*. 539*, 582,- (voir Œuvres: Newtoni errores).
RÉSOLUTION PAR CONSTRUCTION DES ÉQUATIONS ALGÉBRIQUES. 92, 97*., I79, 199*; (.VOIT
Œuvres: Conftruction des problèmes lblides).
RÉSISTANCE CONTRE UNE SURFACE SPHÉRIQUE SE MOUVANT DANS UN FLUIDE. l68*, 169*, I90*.
V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES. 657
Résistance de l'air et des LIQUIDES à LA chute des corps. 546*; (voir Mouvement reâi 'ligne
et curviligne fous l'influence de la rififtance du milieu, Réfiftance contre une fur face fphérique fe
mouvant dans un fluide*).
Roues à dents épicycloïdales et autres, i 17*, 1 18*.
Satellites (voit Jupiter, Saturne').
Saturne. 45, 50, 51, 53. Satellites de Saturne en général. 92*, 99*, ni*. 114*, 128*, 265*,
275*; latellites de Caflîni. 6*, 10*, 84*, 85*. 88, 94*, 99*. 101, 103. 1 1 1*. 1 14, 305, 415*;
(voir Diamètre, inclinai fon et pofltion des noeuds de /' 'anneau de Saturne, Œuvres: De Saturai
luna obf'ervatio nova, Syltema Saturnium).
Soleil. 1 48 ; (voir Equation du temps. Para/taxe).
Sommation de divers séries numériques. 572*.
Statique. 204, 231, 232; (voir Centre de gravité, Chaînette, Confidérations flatiques à pro-
pos du problème des tangentes aux courbes de von Tfchirnhaus à propriétés focales, //y-
droflatique, Œuvres: Démonltration de L'équilibre de la balance, De potentiis fila funefque
tralientibus).
Tables astronomiques. 63, 376*, 415*; (voir Jupiter : Satellites de Jupiter, Lune : Théorie du
mouvement de la lune, Saturne; Satellites de Saturne en général ; Satellites de Caflîni).
Tangentes. 92, 158*, 169*, 179*, 190, 203, 218, 260*, 451*, 471*. Courbes de von Tfchirn-
haus à propriétés focales. 124*, 143*, 144*, 160*, 161*, 181* — 183*, 22i*,497, (voir Polé-
mique entre von Tfchirnhaus et Fat in de Ditillier fur la conftrutlion des tangentes aux courbes de
von Tfchirnhaus à propriétés focales, Confidérations fla tiques à propos du problème des tangentes
aux courbes de von Tfchirnhaus à propriétés focales); Courbes 2 — = —* 497*; Cycloïde.
45 1 *, 45 2*; Problèmes inverfes des tangentes (voir Principes du calcul différentiel et intégral);
(voir Courbes cliver fes, Œuvres: Régula ad inveniendas tangentes curvarum).
Théorie de fatio de duillier sur la cause de la gravité. 384* — 389*, 391*, 392*
408* — 412*.
Théorie de la lumière. 123*, 1 24*, 1 36; (voir Théorie de la lumière et des couleurs de Newton,
Théorie ondulatoire de la lumière).
Théorie de la lumière et des couleurs de newton. 168*, 190*, 357*. 471*, 523*.
Théorie de la vision (voir Conformation de TOeil).
Théorie ondulatoire de la lumière. 164*, 358*, 382*, 522*, 523*, 559*— 561*; (voir
Œuvres: Traité de la lumière).
Tourbillons cartésiens. 368*, 523* — 526*.
Travaux publics. 10*; (voir Amélioration des fleuves, Mefure d'un arc de méridien, Nivelle-
ment, Phares).
Trisection de l'angle. 141, 218, 219.
Vaisseaux sousmarins. 564*.
Variation de la longeur du pendule à secondes avec la latitude. 130*, 131*, 162*,
163*, 265*, 267*, 268*, 273*, 275* — 282*, 284*— 286*, 292*, 293*, 320, 339.340*—
343*, 431, 432*, 452*, 483*.
Œuvres T. IX. 83
658 V. MATIÈRES TRAITÉES DANS LES LETTRES.
Variations du magnétisme terrestre. 127, 128, 131, 165*, 166, 213*, 259, 533*, 539*,
552*.
Vide. Expériences fur le vide. 533, 538*, 540*, 551*, 552*, 564*. Emploi du vide pour le lan-
cement des projectiles. 430*, 431, 436, 486*; (voir Confervation des fruits etc. à Paille
du vide).
Vitesse de la matière qui cause la gravité d'après la théorie de huygens. 431*, 483*,
485*, 563*.
Zoologie. 10,30, 103, 105, 148, 264, 310, 481; (voir Génération des animaux et des plantes,
Obfervations microfcopiques).
ADDITIONS et CORRECTIONS.
AU TOME IL
Page Au lieu de lisez
286 en-tête du N°. 553 Ajoutez: Chr. Huygens y répondit par le N°. 562*? (voir le Supplément
du Tome VIII).
288 „ du N°. 554 565 562./
313 „ du N°. 565 Nos. 554 et 561 N°.56i
318 „ du N°. 568 à une lettre du 9
janvier 1659 au N°. 562^ ')
et ajoutez la note :
') Voir le Supplément du Tome VIII.
„ note \ Biffez cette note
AU TOME V.
32 note N°. 1226 N°. 1216
AU TOME VI.
482 „ 7 1691 i^^o
66o
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
AU TOME VIII.
Page Au lieu de
3 i uote 2 ligne 5 tiés
32 ligne 6 fperavi
jj ligue 12 diligentiflimi
147 note 4
2 2 7
»
6 Geertruid Hooff
228
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13
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2 dernière ligne juillet
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15 inluero
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335
»
19 tanto
lisez
tirés
fperari
deligentiflîme
Peut-être Gerrit van Ileemfkerk. Voir la
Lettre N°. 2430, note 3.
Margaretha van Beresteyn
voir la Lettre N°. 2430, note 3.
juin.
1680.
16
voir la Lettre N°. 2430, note 3.
voluero.
loco
Fautor
eu m tanto
407 „ 9 exemplar exempter*) et ajoutez la note:
4) Voir la pièce N°. 2288c* au Supplément du Tome IX.
409 note lignes 3 et 4 droit langues anciennes.
506 en-tête du N°. 2347 2357 235^-
AU TOME IX.
5 en-tète du N°. 2383 Ajoutez: La lettre fait suite au N°. 2382c/ ').
et ajoutez la note :
') Voir le Supplément de ce Volume.
6 „ du N°. 2384 Lisez: Elle est la réponse aux Nos. 2382*? et 2383.
et biffez la note 1 .
16 „ du N°. 2391 Lisez: La lettre fait suite au N°. 2390^7.
et remplacez la note 1 par la suivante :
') Voir la Lettre N°. 2390c/ au Supplément de ce Volume.
17 „ du N°. 2392 Lisez: La lettre est la réponse au N°. 2390*7 ')
et ajoutez la note :
') Voir le Supplément de ce Volume.
20 „ du N°. 2394 Lisez: La lettre est la réponse aux N°. 2391, 2393 et 2393c/1)
et ajoutez hi note :
') Voir le Supplément de ce Volume.
41 ligne 5 euille feuille
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
66 I
lisez
N°. 2228.
1689
note 1
1686
Society.
22,-4.
Page Au lieu de
45 noie 2 ligne 4 N°. 2238
46 „ 1 du N°. 2414 i68rt
7- „ 1 note 2
97 en-tête de la page 1684
105 iw/g 5 Société
108 „ 2 2374
109 en-tète du N°. 2445 Lisez: La lettre se trouve à Berlin, coll. A Darmstaedtcr. La minute
et la copie se trouvent à Leidcn, coll. Iluygens.
130 „ du N°. 2422 2460 2462.
157 note 8 ligne 7 par pas
184 „ N°. 2466 N°. 2467
188 ligne 12 IG IG+)
190 en-tète Ajoutez: Elle a été publiée par Uylenbroek : Exercitationes. Fasc. II, p. 102.
„ note 1 note 5 note 6
212 en-tète du N°. 2484 Ajoutez: De la Chapelle y répondit par le N°. 2514.
213 note 5 Ajoutez: Voir la Lettre N°. 2526, note 2.
217 „ 4 N°. 2418 N°. 2468
210 „ 12 N°. 2475 N°. 2457
225 ligne 15 II.D.Z. HDZ")
et ajoutez la note :
ri) Ici finit l'article des Nouvelles mentionné dans la note 2. Ce qui va
suivre est emprunté au livre F des Adversaria.
1 Biffez cette note.
3 Cromvliet Cromvliet2)
et ajoutez la note :
:) Maison de campagne, située prés du Geestbrug à Rijswijk, et bâtie par
Bernard Cromvliet qui, depuis 1606 jusqu'à sa mort, en 1627, fut membre
de la Cour des comptes.
N°. 2520.
N°. 2423
le
1914 N°. 1919
et
page 276
i/i 5
1716
361 en-tète du N°. 2459 2566 2565
373 „ du N°. 2567 Biffez: Const. Huygens y répondit par le N°. 2569.
3_y „ du N°. 2569 Ajoutez: Clir. Iluygens y répondit par le N°. 2573.
398 note 4 1635 1735
230 note
256 ligne
276 note
287 »
3oi „
3-' ,,
337 Hg'ie
340 note
347 »
7 N°. 2526
13 N°. 2425
1 ligne 5 ce
1 „ 9 N°.
9 en
3 page 266
1 1717
'i L715
66i
ADDITIONS ET CORRECTIONS.
Page Au lieu de lisez
413 note 3 1656 1756
423 automaton automaton1)
et ajoutez la note :
') A Chronologïcal automaton; or, self-moving Ephemeris of the Celestial
Motions, «Sec. Invented and made by Samuel Watson of Coventry, Watch
Maker. London, Printed for the Author. 1689.
Page in-folio se trouvant parmi les pièces imprimées de la collection Huy-
gens de Leiden.
461 en-tête de la Lettre N°. 2602 N. Basnage H. Basnage.
462 note 3 ligne 3 a" en bas Globus, ille Globus ille
494 en-tête pas2) pas1)
5 1 1 note 6 AC BC
521 en-tête N°. 1627 N°. 2627
534 note 10 chute chute
10 lignes juin juin 1680
8 1670 1700
5 précisé précisé
4 ligne 3 de la de
3 II résulte du II résulte
10 ligne 8 l'admiffion l'hypothèse
„ „ „ par pas
1 „ 1 de de
13 ligne 1 à a
3 représentée représentée
„ „ indéterminés indéterminés
574 „ 8 ligne 5 pu pu
5.i°
n
545
note
547
n
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563
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5.-0
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573
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SOMMAIRE.
Correspondance. Lettres N°. 2083 — 2378 1
Supplément 589
Tables.
I. Lettres 597
II. Liste alphabétique de la correspondance 607
III. Personnes mentionnées dans les lettres 614
IV. Ouvrages cités dans les lettres 632
V. Matières traitées dans les lettres 643
Additions et corrections 659
IIOFWIJCK, Maison de campagne de Constantyn Huygens, père, habitée par Chiustiaan Huygens depuis le 19 avril 1688 jusqu'à la fin de sa vie.
Bibliothèques
Université d'Ottawa
Echéance
Libraries
University of Ottawa
Date Due
■
a39003 006 1 i* 5 2 7 9 b
Université d'Ottawa, University o) Ottawa
INI II II I INI il IMIIIil II lilllllll ill
COLL ROW MODULE SHELF BOX POS C
333 15 10 05 11 09 9