LIBRARY OF
WELLESLEY COLLEGE
Préservation photocopied
with funds from the
Barbara Lubin Goldsmith
Library Préservation Fund
5n>-:
ŒUVRES •
DE FERMAT.
PARIS. - IMPRIMERIE GAUTIIIER-VUXARS ET EII.S,
Quai lies Granils-A«î;iistins, S.î.
ŒUVRES
DE FERMAT
PL'BLlKliS l'AR I.ICS SOINS KK
MM. PAUL TANNEUY et CHARLKS HKNKY
sous I.KS AUSPICES
nu MINISTERE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
TOME DEUXIEME.
CORRESPONDANCE.
PARIS,
GAUTIHKR-VILLARS ET FILS, IMPRIMKUUS-LIHKAIKLS
nu BlîlVEAll DKS LONGITUDES. DE L'ÉCOLE P O L V T E C 11 N 1 O l E
(Jiiai fies (jrai)ds-.\iigustins, j'>.
M DCCC XCIV
RDOnq? çULan
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TABLE DES MATIÈRES
DU DEUXIÈME VOLUME (■).
Avertissement.
IX
CORRESPONDANCE DE FERMAT.
I.
•aC avril
i636.
II.
mai?
))
Ha.
III.
3 juin
lllll-
IV.
■24 juin »
IVa.
IV„.
V.
y.ijuin? I)
VI.
1 5 juillet »
vil.
août »
VllI.
if) août »
IX.
9,3 août 11
X.
9, septembre »
XI.
iC) .septembre »
XII.
septembre? »
XIII.
■i-i septembre u
Ferma! à Mersenne
Proposilio Geostatica Dnmini de Fermai.
Premier extrait de \' HamiDiiic itnU'cracUc
de Mersenne
Fermât ;i Mersenne
Deuxième extrait do Y Harmonie univer-
selle de Mersenne
Extrait des Cn^iuita l'Ii/sico-mallicmalica
de Mersenne
Fermât à Mersenne
Troisième extrait de l'Harmonie univer-
selle do Mersenne
Quatrième extrait de {'Harmonie univer-
selle de Mersenne
Nova in Mcxlianieis tiieoremata Duinini
de Format
Fermai l\ Mersenne V.M
Fermât à ftobcrval
Etienne Pascal et Roberval à Fermât
Fermât à Etienne Pase il et Uolierval. . . .
Fermât à Mersenne
Format à Roberval
Fermât à Mersenne (pour S'^-Croix) ....
Fermât à Roberval
M
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.M
G3
V
71
(') Les lettres majuscules placées devant les renvois iniliquent ([ue la pièce a ét^ imprimée :
V dans les Varia Opéra, VV dans lo Commercium epiitoliciim de Wallis, D dans les Lettres île
Descartes, P dans les OEufres Je Pascal, II dans la Currespondancc ilc Hiiyi^ens; pnlin M qu'elle
est tirée de sources manuscrites.
Kliiuat.
II.
VI
XIV.
XV.
XVI.
XVII.
XVIII.
XIX.
XX.
X\l.
WII.
XXIII.
XXIV.
x.w.
XXV Ins
XXVI.
XXVII.
XXVlll.
XXIX.
XXX.
XXXI.
TAHL
1 1 octobre
ilViCi
4 novembre
»
décembre?
»
7 décembre
»
i6 décembre
»
février?
KiS;
i avril
»
2o avril
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octobre?
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1 8 janvier? i
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février?
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2o avril
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3 mai
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juin:
juin-i
XXXII.
27 juillet
1)
XXXIII.
10 août
i>
XXXIV.
1 1 octobre?
II
XXXV.
22 octobre
1)
XXXVI.
2G décembre
II
XXXVII.
■>.o février
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XXWIII.
mars ?
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XX\VIII%.v.
1 avril
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XXXIX.
mai ?
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XL.
juin?
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XLI.
\ août
l>
XLII.
août?
H
XLIII.
août?
»
XLIV.
18 octobre
»
XLV.
•>.5 décembre
)>
XLVI.
■iG mars
1G41.
XLVII.
i5 juin
»
XLVI II.
i5 juin?
»
XLIX.
2 août
1)
L.
(') septembre
»
LI.
10 novembre
r(.',2.
LU.
1? janvier
iGi3.
E DES MATIERES.
Pages
Robcrval à Fermai t V 75
Fermât ù Uoberval V 8'5
Objecta a Domino de Fermai adversus
propositionem mecbanicam Domini de
Uoberval V 87
Fermât à Roberval V H<)
Fermai à Roberval V y>.
Fermât à Roberval V 100
Roberval à l^'ermat V io>
Fermai à Roberval V 104
Fermât à .Mersenne D loG
Doscarles à Mersenne ( (ion r Fermai ).. . D ii>
Fermai à Mer:ienne I) 1 1 ('>
Descartes à Mersenne I) i2ii
Fermai à Mersenne M 1 32
Fermai à .Mersenne DM i35
Descaries i't Mersenne D i38
Billet ajouté à la lettre précédente D i4G
Roberval à Format V 147
Fermai à Mersenne M i '12
Méthode de maximis et minimis expli-
quée cl envoyée par M. Fermât à
M. Descartes M 1 54
Descaries à Fermai I) i63
Fermai à Mersenne M 1(14
Descartes à Fermât. l) 1(17
Fermai à Mersenne M iGi)
Fermât à Mersenne M 1 7G
Fercnal à Mersenne M 17g
Frcnielo à Merseime M 1 8>
Format à Mersenne VM 1 S()
Post-scriptum qui parait appartenir à une
lettre antérieure de Fermai a Mer-
senne V I (j I
Fcrjnat à Mersenne (fragment) M i<)4
Format à Mersenne V i <) i
Roberval à Format V 1 90
Fermai à Roberval V 202
Fermai à bVcnicle (fragment) .... M 20 5
Fermai à Frcnicle V 20(1
F'ermal à .Mersenne AI 212
Fermai à Mersenne M 218
Fermât à Mersenne M 220
Fermai à Frcnicle (extrait ) M 221
Frcnicle à Fermai V 22()
Frcnicle à Fermai V 232
Format à Mersenne M 2.13
Fermai à Mersenne .M 24 i
TAULE DES M AT i EUES.
LUI.
-/
iG4J,
1,1V.
27 janvier?
»
LV.
16 février
»
LVI.
7 avril
»
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»
LVlll.
3i mai
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LIX.
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»
LX.
1 seplemliro
»
LXI.
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LXII.
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4 juin
i(i48
LXIV.
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»
LXV.
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»
LXVl.
» »
»
lAVil.
I.XVIII.
■/o aoûl
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LXIX.
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LXX.
2() juillet
»
LXXl.
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»
lAXIl.
2.'i aoûl
II
LXXIII.
■29 aoûl
11
LXXIV.
•i5 soptombro
1)
LXXV.
■1- oclobrc
1)
LXXVI.
?
1630
LXXVll.
juin
t)
LXXVll bis.
G juillet
..
LXXVllI.
28 septembre
»
LXXIX.
3 janvier
165;
LXXX.
février?
„
LXXXl.
février?
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LXXXI fus.
mars
»
LXXXIl.
20 avril
..
LXXXllI.
G juin
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LXXXIV.
1 ") août
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LXXXV.
1» n
»
LXXXVl.
août
„
LXXXVII.
■■) décembre
1)
LXXXVIII.
12 décembre
.,
LXXXIX.
1 i février
l65^
xc.
3 mars
»
XC /hx.
M) mars
1,
Fermai à Carcavi V 24 7
Fermai à iMcrsenno M 2ii)
^'ermal à Merscnnc M 261
Fermai à Merscnne M 253
Fragment d'une lellre de Fermât à Alor-
sennc ou à Frcnicle M 2 )(i
Fermai à Saint-Martin (?); fragment.. . . M 2').s
Fermai à Merscnne M 2(1"
Fermai à Merscnne M 2()2
Fermât à ("arcavi V 2G >
Fermai à Gassendi V 2G7
Fermai à Merscnne; fragmcni M 277
Fermai à Séguicr M 27.S
Fermai à C.ureau de la Chambre M 27(1
Note de Fermai jointe à la lettre précé-
dente M 'So
Fermai à Merscnne ou Auzout {'!); fi'ag-
mcnt 1) 'Si
Fermai à Carcavi M 2S4
Fermai à Pascal 1' 2SS
Pascal à Fermât V 2S1)
Format à Carcavi P xjij
Pascal à Fermât V 3()<)
Fermai à Pascal P io7
Fermai à Pascal P 3 10
Pascal à l'ermat P 3 1 4
Fermai à Carcavi (traduction d'une lettre
latine) M ji'i
Format à Carcavi (e.\lrail) Il 320
lluygcns à Carcavi (extrait) Il 322
Carcavi à Huygens (cxlrail) 11 328
Premier défi de Fermai aux Miatliémati-
ciens V 33 '
Fermai à Frcnicle; fragment W 33 >
Second défi de Fermai aux malliémati-
cicns V 33 i
Boulliau à Format M 33G
Fermai à nigby V 337
Fermai à Digby V 34 1
Fermai à Digby V 3 j >
Itemarques sur Y Aritlimétiquc dc.t infinis
du S. J. Wallis (Fermai à Digby). ... V 347
Format à Cureau de la Chambre 1) 3.0;
Digby à P'ermal V i»)
Digby à Fermai V 3(i 1
Digby à Fermai V 3G3
Fermât à Clerselior D 36,ï
Format à Clerselior D 3G7
VIII TABLE DES MATIERES.
PaRca
XCI. 7 avril i658. Fermai à Di^by W 37/4
XCII. 1 5 mai » Digby à Fermât V 379
XCIII. 1 5 mai » Clerselier à Format D 38a
XCIV. lii mai » Réflexions ou projet de réponse à la lettre
de M. de Fermai qui conlietit ses ob-
jcclions sur la Dioplriquo de M. Dcs-
carles, par M. Rohaull H Sgi
XCV. 2 juin » Fermai à Clerselier 1> 3i)7
XCVl. juin? » Fermai à Digby W 4')-'.
XCVll. iGjuin » Fermai à Clerselier D /|o8
XCVllI. 21 juillet « Lalouvcre à Fermai IW-dicacc l^x'i
XCIX. -i\ août )> Clerselier à Fermai 1) 1 1 4
C. !(> février iGJg. Fermât à Carcavi P 43o
CI. août » Rclalion des nouvelles découvertes en la
science des nombres (Fermai à Car-
cavi) H 43i
Cil. aG août » Fermai à Billy M 436
cm. août"? » Fermai à Carcavi (extrait) Il 438
CIV. septembre? » Fermai à Carcavi (exUail) 11 44 >
CV. février iGGo. Format à Carcavi (extrait) Il 445
CVI. juin? » Fermai à Carcavi (extrait) H 4'iG
CVII. '5 juillet » Fermai à Pascal P 4 Jo
CVllI. 10 août 11 Pascal à Fermai V 4''o
CIX. décembre « Fermai à Huygens II 452
CX. ? ifV'ii. Format à Carcavi (extrait) H 454
CXI. 1 3 décembre » Fermât à Séguier M 455
CXII. i janvier iG(i2. Fermai à Cureau de la Cliauibre I) 457
CXIII. G mai » Clerselier à Format ; . . D 4G4
CXIV. i3 mai » Clerselier à Fermai 1) 47-'-
CXV. aimai » Fermai à Clerselier D 482
CXVI. ? 1GG4. Fermai à M. de*** V 485
CXVll. ? » Démonstration dont il est parlé dans la
lettre précédente V 489
CXVIII. ? » Saporta à Format Dcclicace ^if^
Variantes et notes critiques 5oi
Errata 5i4
FIN DE LA TABLE DES MATlÈnES DU TOME DEIXIESIE.
AVERTISSEMENT.
Dans le premier Volume de celle édilion {Ai'erlisxcment, p. xxxiii), nous
en avions annoncé deux suivants pour la Correspondance de Fermât, landis
que nous avons réuni en un seul Tome toutes les pièces connues de celle
correspondance, en dehors de celles que leur caractère nous avait déjà fait
publiei" dans les Œùn^res dicerses ou dans leur Appendice; il a en ciïel été
jugé préférable, contrairement à notre i)lan primitif, de laisser en dehors,
ou plutôt de réserver pour les Volumes du Complément en préparation, les
diverses lettres adressées par exemple à Mersenne par Dcscarles, ou à Digby
par Wallis ou lîrouricker, et qui ont dû être communifpiées à Fermât sur le
désir formel ou sous l'aveu tacite de leurs auteurs. Nous n'avons donc admis,
en principe, que les lettres écrites par Fermai ou directement adressées à
lui; nous n'avons fait d'exception que : i" pour les deux lettres de Descartes
à Mersenne (n"' 23 et 27) qu'il est indispensable d'avoir sous les yeux afin
de comprendre les polémiques relatives à la dioptrique et à la méthode des
tangentes; 2° pour une lettre de Frenicle à Mersenne (n" 38) qui était iné-
dite et a été l'origine des relations entre Fermai et Fre"nicle; 3" pour deux
lettres échangées entre Carcavi et Huygens (n"" 77 bis et 78), qui comblent
en partie de regrettables lacunes de la correspondance entre Pascal et Fermât
sur les probabilités. Enfin, comme indications relatives aux nombreuses
lettres perdues de Fermai, nous nous sommes, dans le présent Volume,
bornés à quelques notes et à quatre Extraits de X Harmonie universelle de
Mersenne annexés aux lettres n°* 2, 3 et h.
N'ayant pas à revenir sur les questions relatives aux sources utilisées
pour notre publication, nous pouvons nous borner aujourd'hui à quelques
remarques louchant les dispositions iy[)ographiques cl l'orthographe que
nous avons adoptées.
Dans le but de faciliter les renvois pour les trois index (des noms propres,
de la langue mathématique de Fermai, des matières) qui seront insérés dans
le Complément , après la traduction des Œuvres latines, nous avons sub-
X AVERTISSEMENT.
divisé les lettres, d'après les sujets traités, en paragraphes numérotés par
des chid'res gras (égyptiens), que leur forme distingue nettement de ceux
qui sont empruntés aux sources.
Ue même que dans le premier Volume, nous avons clicrché avant tout la
commodité de la lecture; nous avons donc, sans aucun scrupule, multiplié
les alinéas et conformé la ponctuation aux habitudes modernes.
Pour l'orthographe française {'), nous avons en principe adopté celle du
xvni" siècle, sauf à conserver les formes constamment usitées du temps de
Fermai pour les mots technitjues, comme méchanique, quarré; en deiiors
de la question de commodité, nous étions forcément conduits à cette solu-
tion, par suite de l'impossibilité absolue où l'on se trouve de reconstituer la
véritable orthographe de Fermât.
On possède de Descartes, par exemple, assez de lettres autographes pour
(|u'il soit possilile aujourd'hui de publier son énorme correspondance avec
un texte conforme à l'orthographe rationnelle {^) qu'il adopta vers l'âge de
quarante ans et qui est plus ou moins défigurée dans l'édition de Clerselier;
mais pour Fermât, il fallait renoncer à toute tentative analogue. 11 nous reste
en tout de lui huit autographes en français (la dédicace à Carcavi, publiée dans
l'Avertissement du premier Volume, pages xix-xx, les n"" 04, 65, 60, 100, 102,
109, 111 do la Corres[)ondance); deux seulement, 60 et 102, dépassent la pro-
portion de simples billets, et leur ensemble nous permet tout au plus de
conjecturer que Fermât avait une orthographe personnelle dont ou pourrait
marquer quelques traits ('), sans pouvoir affirmer f|u'elle fût constante (*),
même en dehors des lapsus de plume, auxquels il semble avoir été quelque
peu sujet.
Nous avons, en tout cas, reproduit, sans les modifier, les autographes à
(') En ce qui concerne les textes latins, nous avons suivi les mêmes principes que
|)our le premier Volume (voir l'Avertissement, page xxx).
(2) Nous pouvons ajouter « très réformatrice », d'aulanl (jue nombre de simplifications
<]a'il avait Introduites sont encore à réaliser, quoiqu'elles soient également réclamées par
l'ctymologie et la prononciation. On peut prendre comme exemple l'ortliographc usuelle
du mot même auquel se rapporte cette note.
(^) Aucun z final; le l final conservé au pluriel; la forme drincuder.
{*) On trouve hnncnr et honneur, avance et ndvancc dans dos lettres difTércntes; dans
la même, commis, mais comissiou et coinissaire : il ne faut pas faire entrer en ligne de
compte dans une autre lettre, esgalitc et égal (page 437)- Bans le second mot, l'acccnl
peut avoir échappé à la plume; or, à cette époque, où on principe on accentuait seule-
ment les finales non muettes, é, dans le corps des mots et surtout pour un texte manu-
scrit, n'est pas une forme orthographique réellement dillérente de cs\ c'est une simple
abréviation dont l'usage est arbitraire.
AVERTISSEMENT. x,
noire disposilion ('); quant au\ pièces f|ui ne sont connues que par des
copies ou par l'édition des Varia, l'orlliographc des sources ne présente
certainement aucune auliicnticilé. Nous avons déjà dit, dans rAverlisscmeni
du premier Volume, (|ue ceux qui ont copié au xvir siècle les écrits de
Fermât, ne se sont fait aucun scrupule d'y introduire les notations algé-
l)ii(iues cartésiennes; on ne peut supposer qu'ils aient respecté l'ortho-
j;rai)lie; Arbogast a également introduit la sienne dans les copies qu'il a
faites, de première ou de seconde main. Le texte des l'aria piésente enliu
des formes spéciales (^), systémaliqueniciit adoptées et qu'on doit attribuer
à l'imprimeur beaucou]) plutôt (lu'à Samuel Fermât.
Dans ces conditions, nous avons jugé que la reproduction des différences
purement ortliographiqucs entre les sources et notre édition serait sans
intérêt véritable pour le texte français (') et qu'elle aurait au contraire le
grave inconvénient de rendre excessivement pénible l'étude des variantes
f[ui concernent soit le sens soit la forme littéraire. Nous nous sommes donc
limités à ces dernières, que nous avons relevées aussi scrupuleusement que
possible.
De nous deux, M. Paul Tannery s'est plus spécialement chargé de soigner
(') Dans le n" 109, déjà publié avec l'orlhospaphe de Fermât dans la Correspondance
lie Hiir^viix, el dont nous n'avons pu collalionner nous-mêmes l'original, nous avons
inlroduil les formes modernes; d'autre part, dans les lettres d'un intérêt scientifique,
pour ne pas compliquer inutilement la lecture, nous avons distingué Vi et le y, Vu et le i'.
11 suffit de rappeler ([ue, dans l'orllingraphe ancienne, les différences de figure pour ces
lettres ne correspondent à aucune distinction entre la voyelle et la consonne. La fornicy
sert couramment pour les majuscules manuscrites, arbitrairement i)Our les minuscules
finales; Fermât ne parait pas avoir eu l'habitude de l'emiiloycr dans ce dernier cas. La
forme c est régulièremeul usitée, dans les textes manuscrits et imprimes, pour les majus-
cules et les initiales minuscules, la forme « pour les médianes el finales minuscules; dans
l'écriture de F'crmat, ces deux formes se distinguent très difficilement.
(-) Dans cette édition, la reforme de l'orthographe est déjà très avancée; Vi et le y, ' "
el le i' sont dislingues; l'*' muette est remplacée par un accent, sauf dans In verbe t'irc et
dans quelques autres mots particuliers; on doit noter oint pour oient, dans les finales des
verbes.
(■^) Nous avions entrepris une élude spéciale des- formes orii}ograpliiqucs des Varin.
dans l'espérance que les dillorcnces qui existent d'une lettre à l'autre pourraient jier-
mcltre de distinguer diverses provenances entre les copies utilisées par Samuel Fermai:
par exemple, si les lettres de Fermât à Mersenne formaient deux groupes d'orthographe
distincte, on devrait en conclure qu'elles proviennent de deux collections différentes. Nos
recherches n'ont pas abouti; les formes que l'on peut considérer comme propres aux
sources des f'aria sont relativement rares; l'édition est trop incorrecte cl les différences
orthographiques trop fréquentes dans une mémo lettre pour que l'on puisse déduire des
conclusions certaines.
XII AVERTISSEMENT.
l'édition tles lellres des années i636 ;i i645; M. Charles Henry de celles des
années i64G à 1664.
Il nous reste à signaler les quelques dilTérences que présente le classement
des pièces de la correspondance contenue dans ce Volume avec la liste chro-
nologique publiée dans le Bulletin des Sciences malhémaliqnes de juin 1890
et encartée dans le Tome premier :
1° L'ordre des lettres 24 et 25 de la Liste a été interverti; la seconde
lettre de Fermât à Mersenne sur la Dioptrique a été en effet écrite avant
la première lettre de Descartes sur la méthode des tangentes {voir ci-après
page 1 16, note).
2° La lettre 28 de la Liste, reconnue comme antérieure à la lettre 26, a
pris le n° 25 bis, et a été remplacée par le Hillet publié par (]lerselier comme
annexe à la lettre 27. Il j' a des motifs pour croire, que ce Billet n'a pas été
réellement envoyé à Mersenne avec la lettre en question.
3° La pièce 38 de la Liste a pris le n" 38 bis, pour faire place à la lettre
inédite de Frenicle à Mersenne que nous avons trouvée dans un Volume de
la Correspondance de Mersenne, faisant partie du fonds Libri-Asliburnbam;
celle découverte nous a induits à penser que le Posl-scriplum de la lettre 38 bis
est en réalité d'une date antérieure à cette Lettre; mais celle conjecture ne
nous a pas paru suffisamment établie pour que nous détachions ce Fost-
scriptum et en fassions une pièce à part.
4° La lettre de Iluygens à Carcavi du G juillet i656, publiée dans la Corres-
pondance de Huygens, a été introduite sous le n" 77 bis.
5" La lettre inédite de Boulliau à Fermât a été introduite sous le n° 81 bis.
Nous adressons tous nos remerciements à M. Lucien Auvray, de la Biblio-
thèque nationale, qui a bien voulu nous la signaler.
6° Les deux lettres de Fermai renfermées dans la pièce 90 de la Liste ont
été désignées sous les n°* 90 et 90 bis.
En résumé, depuis la publication du Tome premier de celte édition, notre
recueil de la Correspondance de Fermai a été augmenté de deux pièces iné-
dites; nous renouvellerons, avec le ferme espoir d'être entendus, l'appel que
nous avons déjà fait aux savants et aux amis de la Science qui pourraient
nous fournir de nouveaux documents à utiliser dans le Complément de celle
édition.
CORRESPONDANCE DE FERMAT.
l't.HMAT. — II.
COKKESPONDANCË DE FERMAT.
ANNÉE 1636.
I.
FERMAT A iMERSENiNE.
SANRDI 2G AVRIL 1636.
(A t" lo-ii; B f" l'y-ifi.)
Mon Rkvéuenu Pfue,
1- Je vous reste beaucoup obligé de la faveur que vous me laites
espérer de conférer par lettres ('), et n'est pas une des moindres ol)ii-
gations que j'aie à M. de Carcavi qui me l'a procurée. Je suis marri de
ce (|ue sans doute ma réponse aux points de votre Lettre ne vous satis-
fera pas, mais j'aime mieux paroitre ignorant en vous répondant mai,
qu'indiscret en ne vous répondant point du tout.
2. J'ai toujours cru qu'il étoit bien malaisé de secouer et détruire
les principes des Sciences, car, étant fondés sur l'expérience labo-
rieuse de ceux qui les ont recherchés, il semble qu'il est bien malaisé
d'en faire de plus précises, et il est encore plus inutile d'appeler la
raison au secours des sens, puisque, dans ses opérations, elle présup-
pose toujours celles des sens exactes et véritables.
(') Il est clair que celle Lellre esl la première que Fermai ail écrilc à .Mcrsenne, en
répondant d'ailleurs à une Lellre de ce dernier, qui esl perdue.
)
h (EUVIIES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
3. De sorte que, par mon sontimoiit cl par ces raisons, j'eslime qu'il
seroit hion malaisé de trouver une proportion différente de la double
([ui fit l'octave plus exactement que celle-là. Je vous avoue bien qu'il
y en a infinies, qui effectivement feront des accords différents et d(>s-
quels néanmoins la différence ne sera pas comprise par l'ouïe la plus
délicate qui puisse être; et de là on pourroit conclure que peut-être
la vraie octave ne consiste pas précisément en la proportion double.
.Mais, puisque, en ce principe que les Anciens nous ont baillé, nous
n'avons juscjuesà présent su découvrir d'erreur sensible, rendons-leur
ce respect de le croire véritable, jusques à ce que le contraire nous ait
apparu.
4. Peut-être que, comme on a trouvé des lunettes qui rendent vi-
sibles les choses qui ne l'étoientpas auparavant, et qui nous font con-
noitre les différences les plus menues et les plus subtiles, on trouvera
([uelque instrument qui fera tomber les sons les plus procbes sous des
différences remarquables et sensibles à l'ouïe.
5. Or, de chercher par raison pourquoi l'octave est en proportion
double, c'est, ce me semble, traiter des choses hétérogènes : le son de
l'octave est l'accident et la qualité de la proportion double qui consiste
en quantité. La proportion se comprend par la vue ; l'accord (ju'clh^
fait, par l'ouïe; et ainsi il semble qu'on ne sauroit assigner une raison
nécessaire pourquoi est-ce que l'un convient à l'autre. Car, comme
vous savez, les raisons démonstratives s'arrêtent toujours entre des su-
jets homogènes. De sorte qu'il vaut mieux laisser décider aux sens
toutes les questions de votre Lettre, que d'altérer des maximes reçues
et qu'on ne sauroit convaincre de faux.
6. Il y a bien quelque chose sur quoi peut-être je pourrois vous
donner des raisons plus précises, mais ce sera une autre fois. Je me
contenterai cependant de vous avoir fait voir les effets de mon obéis-
sance, bien qu'ils me soient désavantageux.
1- Vous m'obligerez beaucoup de me faire savoir si M. de Beau-
grand est à Paris. C'est un homme duquel je fais une estime très sin-
I. — 2G AVRIL 1G3G. a
gulière ; il a l'osprit morvi-illeuseinent inventif, ot, je crois que sa
Géostaliquc (') sera quelque chose de fort excellent. Je lui écrirai dî's
((ue vous m'aurez donné de ses nouvelles.
8. Je serai aussi bien aise d'apprendre par votre moyen tous les
Traités ou Livres nouveaux de Mathématiques qui ont paru depuis
cinq ou six ans.
9. Je vous cnvoierai Vhélice (-) que vous me demandez, par la pre-
mière commodité.
10. Va vous dirai cependant ([ue j'ai rétabli enlièriMuent le Traité
d'Apollonius : De locis planis (^). il y a six ans que je donnai à IM. Pra-
des, que peut-être vous connoissez, la seule copie que j'en avois,
écrite de ma main. Il est vrai que la queslion la plus dilTicile et la plus
belle, (jut; je n'avois pas encore trouvée, y manquoit. Maintenant le
Traité est de tous points accompli, et je vous puis assurer qu'en toute
la Géométrie, il n'y a rien d(! comparable à ces propositions. J'en ai
fait voir quelqu'une à .M. de Beaugrand.
11. J'ai trouvé aussi beaucoup de sortes d'analyses pour divers pro-
blèmes tant numériques (|ue géométri(jues, à la solution desquels
l'analyse de Viète n'eut su suffire.
De tout cela, je vous en ferai part quand vous voudrez, et ce sans
nulle ambition, de laquelle je suis plus exempt et plus éloigné que
tous les hommes du monde.
12. Je voudrois pourtant qu'il vous plût, sans me nommer, proposer
aux plus habiles de delà les deux questions suivantes à soudre, pour
(') .lonnnis | do Beaugrand | Rcgi Francia; Doniui | Ilcgnoquo ac irrario [ sancliori a
consiliis secrclisque | Geostalice | scu | de vario pondère graviiim | sccundum varia w
lerraî < cenlro > | inlervalla | DisserUlio maUicmalica | . — Apud Tussanum Du Bra\ ,
via I Jacobœa, sub Spicis maluris | M. DC. XXX. VI. — (Bibl. Nat., V 122, f°). — I^ dé-
dicace, à Ricliclicu, est datée du 20 avril iGjC.
(2) Voir ci-après Lettre III, 3.
(') Voir Tome I, pages 3 à 5i. — Il semble que la proposition que Fermât n'a trouvée
qu'en dernier lieu soit la septième du Livre I (T. I, p. 24); il avait en ciTet achevé le
Livre II dès 1G29. Voir ci-après Lettre X.Kl, 3.
« (EUVllES ])E FERMAT. - COHUESPONDANCE.
i-c qiK' leur solution dépend d'une méthode particulière que j'ai trou-
vée, de laquelle je ne ferai plus tant d'état, si vous trouvez quelqu'un
(|ui les puisse soudrc géométriquement (').
Pi;i>i.\. — Data' sphœrœ inscrihere conum rectum onmitun inscribcndo-
nim anihitu maximum.
Secunda idem proponit de cylindro quod superior de cono.
Je ne prétends pas par là vous exclure du nombre de ceux qui cher-
cheront la solution de ces deux questions.
.l'attends de vos nouvelles et suis, mon Révérend Pitre, votre très
humble serviteur,
Fehmat.
A Toulouse, ce 26 avril iC3(i.
II.
PROPOSITIO GEOSTATICA
P0.MIM DE FEHMAT ("-).
< MU 1C3G >
(/■«., p. i'|.i-i^',.)
1. Sil rentrum Tcrrœ B (fig. i), semidiameler BA, porlio allcrius semi-
(liainrtri BC, et fiât
lit AU ad I5<", ila pondus appensttrn in C ad pondus appensuni in A :
G — O
Mo potidcra \, (^ non moveri, sed fieri œquilihrium.
(I) T'oir Tome I : la solution analytique de la première de ces deux questions,
pages l'i'i et sulv ; la solution géométrique de la seconde, envoyée à Mersenne le 10 no-
vemlirc ili'i:*, pages 107 et suiv.
{-) Celte proposition a été envoyée par Fermât à Carcavi ( !'oi> ci-après Lettre VI, 2)
II. — MAI IC3C. 7
Haec autem propositio probatu est facillima, vcstigiis Archimcdis (')
insistendo, et, si ncgelur, stalim domonsirahilur.
2. Hoc supposito, propositionem sanc mirabilem indc dcduciimis :
Ponalur grave in punclo N (tig. 2) intcr puncta A et B, el fiai
iil AB ad BN, ita pondus N ad polentiam K :
Aio pondus N, junclo axe AN, a potcntia R i/i punclo A coilocala dcti-
Fig 2.
B 0 A_^,
M
r?e/j e/, si minimum augeatur polentia R, sursum lulli, idcoque quù pro-
pius pondus accedit ad ccntruni Terra', minorem polentiam ad tollendum
illud requin.
Hœc est, ni fallor, propositio quam Beaugrandus (^) in sua Geosta-
(ica demonstrât; nos eam hac ratione, quae sequitur, demonstramiis.
dans une Icllrc perdue, où il le priait sans doute de la communiquer à Mersenno. Fermai
l'avait composée avant d'avoir pris connaissance de la Gcostatique de Beaugrand, par con-
séquent avant la lettre suivante, du 3 juin i636 (voir ci-après III, 5).
Mersenno en a inséré dans son Harmonie universelle une traduction assez fidèle, que
nous reproduisons ci-après (lU)- Elle permet de constater une confusion dans les T'orw,
où les trois premiers articles sont rattachés à la pièce V ci-après, et où le titre du mor-
ceau est inséré après l'énoncé même de la proposition, c'est-à-dire avant l'article 3 : Siip-
positi.i et coiiccssis etc.
(') Si l'on compare la marche que suit Archimède (De plnnonim (rqailibriis, I) pour
démontrer le principe d'équilibre de la balance, on reconnaît que Fermai admet eu fait
comme postulats :
1° Que la direction de la gravité passe constamment par un point déterminé hors du corps
pesant, à savoir par le centre de la Terre;
v." Que le point d'application de la gravité (au moins pour un corps sphcrique homo-
gène) est un point déterminé de la figure du corps pesant;
3° Que l'effel statique de la gravité, pour un corps déterminé, dépend uniquement de la
distance de son centre de gravite au centre de la Terre.
Fermât ne suppose pas d'ailleurs que la gravité s'exerce eu dehors de la sphère ter-
restre; dans ces limites, ses postulats concordent avec l'hypothèse ncvvtonienne, si l'on
considère la gravité comme la résultante de l'attraction d'une sphère composée de couches
concentriques et homogènes sur un point matériel situé à son intérieur.
(») Voir la Lettre I, 7. La Gcostatique de Beaugrand a pour objet de démontrer que la
gravité (supposée seulement à l'intérieur de la sphère terrestre) varie, pour un mémo
8 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
3. Suppositis et concessis quihus iii demoiislralionc uliniur, ex
praeccdontc propositionc et ex communibus notionibus desuinptis, sit
centrum Terra3 C {fig. 3), semidiameter CiV in qua sumatur punctum
Fi-. 3.
■? — ' — e ^
-»-R
|{. In pnncfo autoni B sit quodvis grave appensum; fiât autem
ul rccla CA ad reclam CR,
ita pondus in R appensum ad polonliain aliquain, ul R.
Aio grave B a potenlia R in pnncio Asiistineri et, si angealnr (|uantum-
libet potenlia R, pondns lî ab liujusmodi aueta potenlia in pnneto A
collocala snrsum movcri.
Producatur enim AC in D, et sit (]D «qualis CB, et in D eollocetur
pondns ponderi B jequale. Corporis igitnr e\ dnobus gravibus B et D
«•onipositi centrum gravilatis est (1, ideoqiie, si a puncto A anferafnr
corps, |)roportionnellemciU à la distance de son centre de gravité au centre de la Terre.
(Vcst donc, en fait, la môme thèse que celle do Fermât, quoi(pie ce dernier établisse une
distinction assez subtile {voir ci-aprcs Lettre IV, 1). Mais la démonstration de lieaui;ranil
est absolument manquce comme fond et comme forme, et elle donnera lieu, dans la cor-
rcsponilancc entre Mersenne et Descartes, à de fréquentes railleries de ce dernier contre
le gct>stntlcicn.
(lettc démonstration revient en fait à admettre que, si un corps pesant est suspendu
par un fd sans gravite à l'extrémité d'un levier parallèle à l'horizon et maintenu d'ailleurs
en équilibre, cet équilibre ne sera jamais détruit, quand même on allongerait, autant ([ue
l'on \oudra, le fil de suspension supposé dirigé vers le centre de la Terre.
L'erreur d'une pareille thèse est aisée à reconnaître; mais il convient d'observer ([u'à la
date où nous sommes, les principes do la Staticpic no sont nullement établis; on est môme
à peine d'accord sur les conditions d'étpiilibre du levier actionné |iar des forces parallèles,
car la question qin s'agite est précisément do savoir si les postulats d'origine expérimen-
tale sur lesquels repose la théorie d'Archimède sont vrais en prenant les forces do gra-
vité concourantes, ainsi qu'elles le sont en réalité, ou en les supposant parallèles, avec le
géomètre do Syracuse. Beaugrand admet la première alternative jus(]ue dans ses consé-
quences évidemment erronées; Fermât suit la même voie, mais avec une pruticnce très
caractéristique. Kobcrval défendra l'hypothèse d'Archimède (ci-aprèx Lettres VIU, XIV) ;
mais Galilée et Caslelli, quoique déjà en possession, comme Uoberval, du principe do
l'équilibre du levier actionne par des forces concourantes, n'en ont pas moins pris en sé-
rieuse considération les conclusions de Beaugrand et les propositions de Fermât {vnii- ci-
après, Pièce V, note G).
n. - M AI 1G3G. !)
|K)l('nlia H, qiuiiii iccla \l\ iiiliil |)(>ii(l(M-('t, cninl ixmdcia 15 cl I) in
a'(|iiilil)rio o( inaiichuiil.
Si aulciii iii A collocoliir pondus dcorsum Icndcns, ]M)l(>nlia' W sur-
smii movcnti ,TqiiaI(', idem es! ac si a punc(o A dcmaliir potcnlia II;
iiaiM, (inanliini pntcnlia lollil, lanluindc-m pondus dcpriniil. Cnlloccini-
i;,'iliir liiijusmodi pondus in A : corpus ii^ilur coniposiluni ex |)(»lcn(ia
H collorata in A cl sursuni Muivcnlc, ex poiulcre A deorsuni Irndcnic
et ex gravions ]{ o( I), nil in lequilibrio aul, si niavis, non inovc-
l)ilnr.
Ouuni au(em gravo I) si( a-fjualo gravi 15, o( ivcla C.D rocla^ CM, cril
cl.
Ml AC ail CI), iia AC yil Ci!,
iil poiulds 1! ad polfiiliain I! jii A colloialani,
lia pondus I) ad pondus in A deorsuni Icndcns.
(|(iiiil ipsi |{ polcnlia" a'cjualc jiosuinius. ICsl aulcui, ex liypollicsi,
m roda AC ad CI5, ila pondns I! ad pnicnliam lî in \ ((dliicalani :
oril igilur
ut AC ad C!), ila pondns I) ad pondn^ in A dcni-sinu Icndcns.
Ouuni ii;ilur dislaulnc pondcribiis siul rcciprocc propo^li()llalc^,
pondus iu A dcorsuui Icndcns |»oudcri D anfuipondoraliil ; si vcro al)
aM|uip()iulcranlilius a'i|uipon(|iTaiilia aufcranliii', rciiqua a'(|uip(tn(lc-
raliunl : crgo, si ali a'ijuilihiin ex polcnlia II iu A collocala cl siir>uni
luovcnlc, ex poudcrc in A dcoisuni liMidcnlc cl poiulcrihus I? cl I) ((uu-
posilo, aufcralur a'(fuililiriuin ex pnndcrihus A cl I) coniposiluni. rcli-
(]iia aM|iiip(iii(lcraliuiil au! poliiis iinii inovciuinlur.
Auicraiilur igiliir [loiidus A cl pondus I); rcinaïudiil polcnlia W. in A
collocala, cl pondus I?, ([iiod proiiulc polcnlia H dclincliil. idco([iic. si
ruiniuià augcalur vi. siirsiiiu hdlil. Oiiod oral dciuoiislraiidiiin.
l'inMAi. — II.
10 (KUVUKS 1)1-: FEUMAT. - COllHESPONDAiNCi:.
IIa.
MiaiSliNNli, Sciimde PiirlU: de riliii-iiioiiic' lliiU'crsclIc (iCi'ij), \\\\t\ Vlll :
De l'iUililc ilo ril.ii'moaic, (iro|). wiii, |):igos (li cX siiiv. ( ' ).
. . . Oi', |)iiis(|iie Monsieur Fcrriinl, Conseiller au l*arleuient de Tliohjse el
liès-excclleul (iéoniètre, m'a donué le raisoiineuicut qu'il a l'ail sur les dilTé-
rcuiles pesaiileurs des poids, suivant (|u'ils approclnMil davantage du cenlre....
Je veux l'aire |)arl au pnhlie de ses pensées sur ee siijel.
Soil donc le cenlre de la T(Mrc dans la lii,'rie droile VC (//.;'■. i), an poini 15;
Fi;;. ..
G — ' O
le deuii-diauièlre |{\; el !?(", soil une poi'liou île l'antre denii-ilianiélre. Ht
<|ue le poids allaclié au point (] soil an |)oids attaché au point A comuie AI5
à lî(] : je dis (|ne les poids A, (] seront eu éi|nilil)re. Ceci étant posé, il eu
ih'Mlnil la conclusion précédente, à savoir (|ne la pesanteiu- d'un eoi'ps est
d'anlaiit moindre c|n'il s'approche davantage du centre de la 'l'ei-re le
mets ici le raisonuemenl entier de Monsieur Fermai.
Soil donc mis U^ poids entre A el I! an poiiil N (//,:,■. a); el connue A<lî>
l'i.'. ■!.
jrx-
A
K
esl à l$N, ainsi soil le poids iN à la puissaïuc II : je dis ipu- le poids \, i(jiirl
à A |)ar la li:;ne NA (-), esl délenu par la puissance U mise au point A, el
(pie si l'on anp;meule laiil soil peu la puissance lî, elle l'euléveia; par consé-
quent, il l'anl luie puissance d'aïUaid moindre pour l'enlever, (]u'il approclic
davantage du centre ilc la Terre.
Ce (|u'il démonlre eu celle façon : Oue C (/'o'- >) soil le cenlre de la 'l'ei re,
l''i^'. :;.
G — ^ — e (--^^
le demi-diamélre (".A, au(|nel soil pris le puinl 1!, dans leipud le poiils attaché
soil à la [uiissance \\ comme AC à CH : je dis (pie le poids H esl soiilonii |)ai"
I ' ) l'oir la note ■?, de la |)a.£;(3 (i, .soeoiid aliiicu.
I - ) joiiU à I5A pur lu ligue HA Alcrscnnc.
m. - n JUIN i(;3G. ii
I;i (uiissance II mise en \, laqticllo l'iMilèvera, ytonv peu (|ii'oii l'aiiiimcntc.
C.nr soil |irol()iip:L> AC jus(|tics à I), cl que CD soil égal à (",15, t-i (|iie l'on iiielir
un |iipi(ls en I> égal an poids H, C sera le centre de pesanteur du corps com-
posé des deux poids H et 1); c'est ponr(pioi, si du point A l'on ôlc la puis-
sance r>, les poids n cl I) demeureront en écpiilibrc, puisfpie la ligne liA ne
l)ésc point. Kl si l'on niei le poids en A (pii tende en lias, égal à la jiuis-
sance 11 rpii lend en liant, l'on l'ail la même cliose que si du point A l'on ôloil
la puissance li, puisque le ]K)i(ls abaisse anlanl comme la puissance» enlève.
Oue ce [loids soit donc mis en .\ ; donc le corps composé de la puissanre li
posée eu A et tendant en haut, du poids .\ tendant en has, cl des poids I!
ei I), demeni'era en é(piilil)re. Or puisijue le poids J) est égal au poiils lî, ci
que la ligne (;i) est égale à la ligue CH, AC est à CM comme A(^ à (M) ; et comme
le poids lî est à la puissance H mise en A, ainsi le poids I) au poids mis en .\
i|ui lend en has (lequel ou suppose égal à la puissance U). Or, connue A(] esl
à (;i$, ainsi le poids 15 à la puissance l\ posée en A; donc, comme AT, ;i ('.[),
ainsi le poids 1) an poids mis en A. El par conséquent le [loids mis eu A sera
eu équililire avec le ])oids 1), puisque les distances sont en proporti<ni réci-
pro(|ue des poids. Mais si l'on ôle des poids qui sont é(iuilil)r(!s, d'aulres
poids (pii sont aussi en équilibre, ceux (|ni resteront demeureront aussi en
l'quililjre; donc si, de l'éfpiilihre l'ait de la puissance U mise imi A cl lendani
en liaul, du poiils mis eu A tendant en bas, et des poids 15 et I), l'on ôle
l'équilibie lait des poids ,\ et I), les [)oidsf|ui resteront demeurcroni en écpii-
libre.
Soient ilonc ùlés les poids A et 1), la puissance II mise en A el le poids {*>
demeureront en équilibre, el parlant, pour peu que l'on augmente la puis-
sance II, elle enlèvera le poids il : ce qu'il falloil démontrer.
II).
FERMAT A MKRSENNI-:.
MVHDI 3 JL'IN l636.
( f'tt, p. I Jl-129.)
.Mon Hi;vKr.i.M> PÈiii:,
1- .ï'ai reçu voire lellrc avec salist'actioii , piiisqu'cllo conticnl des
reinarqucs el des cKfiéricnccs 1res singulières : j'en ferai l'esliiiie (|iie
je dois et de (ou( ce ([iii me viendra de voire pari.
12 «KUVUES l)K lEIlMAT. - COUHESPONDANCE.
2. ,li' ii'iii |)oiiil vil lie livre de iiiiisi(nic plus nouveau de vous (|ue
celui ([ue vous appelé/ Qiics/io/ts /lanno/iif/iies, (|ue j'ai, relié avec uu
aulre recueil <le (Jacslio/is et les Merh'i/iif/iics de (jalila'i ( ').
3. Si la déiuousIralioM de la [iroposilion de l'iiéliee (-) n'éloil pas
de graud discours el d(; grande rcclierclie, je vous l'euvoierois préseu-
( I ) Il a paru, en i()3.i, dons. Voliiincs difrérents do Questions du P. Mersonnc, Ions deux
|)clit in-oelavo.
Lo premier — A Paris, riiez laques Villery, rue Clopin à l'Escu de France, et au coin
de la rut"- Daupliine aux trois Perruques, M.DC.XXXUIl. Avec Privilcf^c du lioj. —
Sans nom d'auteur (le privilèt;e, du t4 août 1(129, est délivré au U. P. M. R. M. ; l'aclievo
(l'imprimer est du i'' dccoiribre 1033) — contient (Bibl. Nal. Imprimés V .>.iii, Inven-
taire V i9'>.9-l/5) : 4 A
<i) Questions inouyes, ou Récréation des scavans. Qui contiennent beaucoup de choses
concernantes la Tlicorie (Tliéoloi;ic"?), la Philosophie, et les Mathématiques (180 pages);
/^) Questions harmoniques. Dans lesquelles so:it contenues plusieurs choses remar-
quables pour la Physique, pour la Morale, et pour les autres Sciences (276 pages).
Le second — A Paris, chez Henry Guenon, rue Sainct lacques, prés les lacohins, à
l'image Sainct Bernard M. DC.X XXIV. Avec Privilège et Approbation. — (Privilège
d'aoiit i(>34, épitres dédicaloires signées do Mersonnc) — renferme (Bibl. Nat. Imprimés
V ■'.(>7'5, Inventaire V 251Î0/1/2) :
(■) Les Questions Thcologiqucs, Physiques, Morales et Mathématiques. Où chacun trou-
vera du contentement ou de l'exercice, Composées par L. P. M. (ajo pages);
d) Les Mcchaniques de Galilée Malhomaticion et Ingénieur du Duc de Florence, Avec
Plusieurs Additions rares et nouvelles, utiles aux Architectes, Ingénieurs, Fonteniers,
Philosophes et Artisans. Traduites do l'Italien par L. P. M. M. (&8 pages);
e) Les Préludes de l'Harmonie Universelle, ou Questions Curieuses, Utiles aux Prédi-
cateurs, aux Théologiens, aux Astrologues, aux Médecins et aux Philosophes. Composées
par L. P. M. M. {i->.t\ pages).
C'est évidemment ce second volume que possède Fermai et c'est le dernier recueil ic)
ipi'il désigne improprement sous le titro de Questions harmoniques.
(2) Foir Lettre I, 9. — L'envoi promis ici par Fermât ne se retrouve pas dans ses
Lettres à Mersenne, mais il fut fait avant le 4 novembre iG3() {voir Lettre XV, 6), et
d'autre part, en rapprochant les extraits ci-après IIU et Illu des CEuvre» do Mersenne.
on reconnaît aisément que ce dernier nous a conservé, dans le second de ces extraits,
une partie du travail de Format, sulTisanle |ioiir que l'on puisse en apprécier toute l'im-
portance. On peut constater également que l'hélice dont parle Fermât dans ses Lettres I, 9.
et III, 3 n'est autre que celle qu'il désigne sous lo nom û' hélix Galilci (et non Jlaliani,
fausse leçon de Bossut) dans la Solution du problème proposé par Etienne Pascal (Tome I .
pages 73-74), pièce dont la date semble devoir être assignée en janvier ou février 1(137.
(lelte .tpirale de Galilée, nom probablement donné par Mersenne, peut être définie la
courbe décrite, relativement à la Terre supposée animée du mouvement de rotation
diurne, par un point matériel pesant tombant librement suivant la loi do Galilée. Le pro-
blème de cette trajectoire préoccupait particulièrement le savant Minime et, dès sa pre-
mière lettre à Fermât, il avait dû lui demander ses lumières sur cette question. — Il ne
parait pas douteux ijuc l'écrit perdu ait été rédigé en latin.
111. - ;} .JUIN 103G. 1:5
Iciiu'iil; mais elle coiilioïKlra aillant (|uc deux des |)liis j^raiids Tiailcs
d'Arcliiiurdc, de sorte que je vous deniandc un peu de loisir |)o(ir cela
et eepi'udaul vous la pouvez tenir pour tri-s vérilahle.
4. .l'en dresserai un Traité exprès, on je vous ferai voir de nouvelles
lieliees aussi admirables qu'on en puisse imajj;iner; pour vous en
donner ravant-i^oùl, en voiei une, qui est peul-èlr'e celle lii^nc (|iii'
.Ménélans appelle, admirable dans le Pappus t^' ).
listo hclix AMB (fig. 4) iji circula C.NH, ciijas ca sit iiropriclcis iil .
(laclà (ntalihcl rcctà, verhi i;ra/ia AMN, /o(a circidi circumfcrcnlia si/
ad cjiisdcm circamfcrcnliœ jmrlioncm NCB /// AU (luadratum ad qua-
dralum AM.
In hoc anlein lave hctiv diffcrt ah Jiclicc Arcliinu-dis ijuod, in liclicc
Arc/nmedis, si/ a/ circum/ercn/ia ad porlionem NCB, i/a AB ad AM.
Proniinciarntis : primo, spa/iitm sub hélice e/ rccla AB comprehensimi
esse dimidium /o/ius circtdi; dcinde {f/iiœ es/ proprie/as mirabilis), spa-
/iitin c.v prtmti remln/inne or/um (/pind hîc si/ N) ((iii;. "i) rsse dimidium
apa/n .M ex secu/ida iwolu/iuiie orti; spa/ium vero (\ ex /eiiia levolu/ione
(') l'i(ppu<:, IV, id, otJillon IIiiUscli, page 270, aO. -- La siipposlllon do Keiinat csl très
peu prohablc.
t4 (KUVHKS l)K KKIIMAT. - COUr.ESl'ONDANCi:.
nrhiin esse irfj utile spalio M, et omitia ornriuio drinccps spnlia c.r (/i/ii'i/'."/
/■(■i-n/iilio/ic or/a i/ic/o spalio M sirnililcr esse a-ipialia, idrotpie cl inicr se.
.Il' ci'dis (|U(' vous iirjivdui'ri'Z (juc ces rcclicrclics sdiil Itcllcs, mais
j'ai si |»('U (le coiiimiiililc d'en (''ci'irc les (U'inoiislralioiis (|ui s(HiI des
|)liis iiialaist'cs cl des [iliis ciiiliarrassri's de la (ItMmu'd'ic, (jtic je nie
conlciilc d'avoir dccouvci't la vérilt- cl de savoir le moyen de la prouver
liii'S(Hic j'aurai le loisir de le faire. Si je |)uis li'ouvei- ([U(d([ue occasion
d'allci' passeï' Irois (ui (|ualre iiM)is ii l'aris, je les cm|)loicrai ii iiu'llrc
par ccril loutes mes uouvidlcs pensées en ces ai'ls, \\ (juoi je ptuirrai
sans d{Mile èlre beaucoup aide de vos soins.
5. .l'ai vu la (jéoslatitpic de M. de 15eaui;rand (^' ) cl me sins donné
d'ahord d'avoir trouvé ma ])cnsée dill'éreute de la sienne; j'cslimc (|uc
vous l'aurez déjà remar([né. .le lui envoie rranchcuH'ul mon avis sur
son livre, vous assurant (|uc j'cslimc si fort sou es])ril cl ([u'il m'en a
donné de si i;randes pr(Hives. (|ue j'ai peine ii me persuader (|u'ayanl
entrepris nue opinion contraire ii la sienne, je ne nie sois éloi|j;iie de la
véi'ité; je consens pourtant ([u'il soit mon ju!<e et ne vous récuse pas
non plus. Et pai'ce (pie j'ai écrit ii la liàte la démonstration (|uc ji' vous
envovai cl l'écrit (|ue je lui envoie ( - ). je meltrai tout au net ii loisir et
làidicrai même de trouver de iiouv(dles raisons pour soutenir mon opi-
nion, à la(juollc pourtant je ne m'attacliorai jamais [lar opiniâtreté dès
(|ii'il me fera counoitrc le contraire.
.le suis etc.
C) J'oir Lollros I, 7. Il, 2.
I-) Écrit de Fermai perdu, eoinme loulc sa correspondance avec BeaLiirrand. — l.n
dcmonslralion envoyée ù Mcrsenno n'est autre que la pièce précédente, 11, ou peut-être
la rédaction en fraocjais de la môme i)ièce, IIa- Cependant on no [leut conclure du lan^'a^;!'
lift Fermai que l'envoi a été fait direclenieiit à Mersennc el que, jiar suite, il v aurait eu
une lettre perdue inlermédiaire entre I et lit {vnir Pièce II, note i de la ]>age G).
iii,v i:t iii„. - :î iiiN i(;:ui. i.i
niv
MKii.-iiCNXi:, Scco/i(f<- Partie de riliiniiniiic (fiti\'iT.ic!!c (Hiij), Nouvelles OliSerNalioiiH
l'liysi(|iics et Malhéiiiali(|iics. Première Ohs. paj^e >. :
La seconde chose ([ii'il est à propos de rcinaii|uer apparlieiil à la demie
cireoiiréi'eiue dont je parle an même lieu (') : car, outre ce (pie j'ai mojilré
de la ligne hélice, par hupudle les poids deseendenl snivani rimai,'inalion de
(lalilée, nn excelleni (iéomèlre a dcmoniré les propriélés de celle liéliic,
laquelle lui pourra servir d'occasion pour i(^sliUier le livre de Démclrins,
Ttiçî •fcxij.'j.v/M-j iTTiiîTaTEcov, doni l'appus (-) a parlé dans le /|. I. de ses Collec-
lions. Je dirai senlenieni (pi'il y remar(|ue (') une raison |ierpéluelle de i ■")
à S : ceux <pii en voudroiU savoir un plus j^rand nombre de pailicularilés, lc>
peu\ent espérer de cel excellent personnaj^'C. Il a trouvé plusieurs anlre--
miuvcdles hélices, dont l'iiiie est peut-être l'admiraide du iMénélaiis ('•), de
laipielle le premier es|)ace l'ait par la première rêvolniion est sous donhie de
cidni de la secondi^; et néanmoins Ions les autres espaces suivans produit-
par les autres révolutions sont é!,MUX à celui de la secontle révolution cl par
conséquent éf^aux entre eux. Je laisse les autres propriétés, dont il doiineia
la dénionstralion i|uand il lui plaiia.
m,;.
Mkhsicnni;. Cogiti/lu I'li\ sii(t-iniiilicin:ilt<(i i Mi.'i i i — liallislica, page Ij.
1. ('.uni (ialiheus exislimare viderelnr lapidcm (posilà lenà nud^ili t'I solis
niMiiiiu supplentc) usqiie ad terra- cenirum descendentem moveri per semi-
circiMuleienliani . . . . de (pià siqierius {') diclnm est, dcmonsiravit acnlis-
simus (leometia h. I'"ermalius non esse des(;ensum illum scniicircularcm ,
s(Mi helicein descriliere pecnliareni, qu:c sit sccunda iiiler setpienlcs, quem-
ailmoduni piinia est Archimedea.
( ' ) Livr:' Il du .\liiii\eiiicMl des Ciirps. prop. ni, pai;cs <j3 cl suiv. — Ijalilcc a\.ill dit
( MiiiMJiii S:\ti-iiii, il'i'yj., p. lit) suiv.) ipi'il éUiil. prubable (pi'iiii corps, loiiiliant sans ciii-
pOelieincnl jiis<praii eoiilre de lu lerro, décrirail, en tciiaiU coinplc du niiiuvemciU de la
terre, une denii-eireoiifcrcnce. Mcrsciiuc roluLail cette o|iiiiion.
( - ) Paim'Is, IV, H\, édition Ilidlscli, pa.Lje ■>7i>, -ii».
( ') f'oir ci-après la pièce lllii, 2.
( '•) /■<«/■ Leltic III, 4.
I ■"' ) l'a.^e ôo des J'uiUiMicit de .Mcrseiiac.
10
ŒUVIIKS DE FEIIMAT. - CORRESPONDANCE
1. Sit igiliii- lielix AFR ( Aa'. 6) ii'lra circuluni B(".\ descripl;!, ila ul scmpcr
sil eadem ratio circunilereiil'up RCX ail arcuni RC, quse est linc;c AR ad F(^
\ol quadiati AH ad qiiadraluin FC, vel cubi AR ad cubiim FC, vel ciijiis-
(■iMiHiiie allciius potcslatis (') AR ad similcm poleslalem FC, régula gcneralis
Kis. fi.
datiir, qiià ralio ciiculi RCX ad spaliiirn lineà AH ot helicil)us AF'R comiiro-
lic'iisiim rcpeiialui- (-).
IIîc apiioiio ocio hélices qiiariim majores numeri circiiltim, minores lielirem
rel'eriml :
1.
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49
l'iS
:]. Ouilnis placcl addere demonslralioiiem amici (^), ipii demoiisiravii
iiiinam desccnsùs tJjraviiiiii non esse circiilarem , siiriiciat annulasse
( ' ) Piilcntia' Mersciiiic.
(-) Mei'scniio a f;iil ici quelque confusion; les spirales qu'il vicnl de définir (int
l'qiialion polaire
celles auxquelles se rapporlenl les nombres qui suivenl cl dans lesquelles doit li'uil
figurer comme seconde in = 'D la Irajecloire étudiée i)ar Format, ont. au contraire;
cqualion
leurs
pour
W — o
II
Fermât a sans doute considéré les deux classes: pour la seconde, le rappciri de :
. , fP '" f/(0 , , . <JH2 ■,,1-'-
de la spn-alc I 0- — , au secteur de cercle correspondanl , est
formule dans Itiquelle rentrent les nombres donnés par Merseniie.
( ■■>> I.a démonstration qui siiil 1 en partie seulement) dans le texte de .Merscnne no
èire attribuée à Kerniat.
Ill-Ul
IV. - 24 JUIN 1C3C. 17
lincam iï-lani ilesccnsùs graviiim rcclani suh polis fiiiuram; planam heliceiu
sub iiHiualore; el in omni alio loco solidam lielieein super coni isoscelis
suiicrflcie descripiam, cujus basis est paralleliis, à quo desceiisiis incipit, et
verlex ipsuin tornp contrum.
k. Oiiain ilemonslrationcm libciilcr postulanlibus communicabo, (piemad-
inodiim aliam elegantissiinani à I). Fermalio iuvenlam et ad ipsnm missani
«lalihcuni (•), qiià demonstral spatiuin al) isia comprcbensuni belice esse,
vel ad circuli seclorem, vol ad loltim circuliim quibus comprehendilur, ut 8
ad i5; quœ proportio ropcrilur siiiiilitcr iiilra spalium à spirali circa coni
supeiTiciem descriptum et ipsam coni superficicm.
IV.
FERMAT A MERSENNK.
MAltllI 24 Jll.N l636.
( fa, p. 122-1^3.)
Mon Rkvicrkm) Pki'.r,
1- Je suis marri de n'avoir pu vous faire juc-eisément comprendre
mes sontimens (oucliant ma Proposition Gèostatique (-); il est pourtant
vrai que je n'avois garde de la prendre au sens que vous avez cru, car
la seule raison que j'ai em[)loyée contre l'opinion de 31. de Beaugrand,
c'a été celle-là même que j'ai (rouvce dans voire Ledre, de sorte que je
(1) Galilée répondit à cet envoi par une lettre du i5 juin ilViS à Mersenne dont une
traduction française se trouve dans le MS. do la Hibl. Nat. fr. nouv. acq. (V.>,o4 ; dans cette
lettre, Fermât se trouve simplement désigne sous les termes : <> votre amy ». Dans les
manuscrits de Galilée, on ne retrouve aucune autre trace de rapports entre lui et Fermât
que ce passage d'une lettre d'Elia Deodati du 14 juillet 1637 :
n Al Signer Carcavi essendo tornato di fuora, lio dalo la leltcra di V. S-, délia quale è
" restalo sodisfattissinio per la soluzione délie objezzioni fatte avanli dal suc amico, il
« quale anco lui dovrû rcstare appagato quando lo vcdrà. 11 nome suo ô M' l'crmal, C.on-
» sigliere dcl Parlamento di Tolosa, dove resiede. « (Bibliotliéiiue Nationale Centrale de
Florence. — AIM. Galiléens, P. V., T. vi, f" 79".)
Nous devons ce renseignement à l'obligeance de M. V. Favaro.
(-) Ci-devant, Pièce II.
Fermât. — \\. 3
18 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
n'avois garilo de toinlicr dans un inconvénient que j'avois prévu et
coudaniné.
J'estime dune (|ue fout grave, en quel lieu du inonde qu'il suit,
lu)rniis dans le centre, pris en soi et absolument, pèse toujours éga-
lement, et c'est une proposition que j'aurois aisément prise pour prin-
cipe, si je ne la voyois contestée. Je tàclmrai donc à la prouver; mais,
(|u'elle soit vraie ou non, (;ela n'empêche |)as la vérité de ma Proposi-
tion, qui ne considère jamais le grave en soi, mais toujours par relation
au levier, et ainsi je \w. un>(s rien dans la conclusion qui ne se trouve
dans les prémisses.
Or réquivo(|ue, sans donle, est venue de ce que je ne vous ai pas
assez expli(|ué les nouvelles pensées que j'ai sur le sujet des Mécha-
ni([iics et les(jiH'lles vous verrez grossièrement crayonnées sur le pa[>ier
([lie je vous envoie (' ); c'est pourtant ii la cluirge que vous m'obligerez
de ne les communi([uer à [tersonne et que vous me donnerez le loisir
pour en l'aire les démonstrations exactes on plulùt pour les mettre au
nel, cai' (dies sont déjà l'ailes.
L'erreur d'Arcliimi'de, si pourtant nous la pouvons nommer ainsi,
provient de ce ({u'il a pris pour fondement que les bras de la balance
arréteroienl, ([uoi(|u'ils ne Cùsscnt pas parallèles à l'horizon, de quoi
j'ai démou(ré le contraire.
Si vous examinez de nouveau la G""^ et la 7'"" des Equipondérans (^^ ),
vuns Iruuverez que je ne me trompe pas et (jue sa démonstration est
tonte l'ondée sur cette su[)pusition.
(lar soit le levier EDB {Jig. 7), duquel le centre A, celui de la
terre (',. Archimèdc, pour démontrer la proportion réciproque des
poids, les divise en parties égales, comme \l, et les attache en dis-
lances égales le long du levier. Or, il su[)|)ose ([ne le centre de gi'avilé
de deux poids est au point qui divise leur intervalle également, et cela
( ' ) Ci-api'os, l'iècc V.
(2) Ancm.MKDH, De pUtnoriiiit rc<jiiililirii\ 1 : Les propositions (> et 7 domoulrenl la réci-
procité (les rapports entre les poids suspendus à un levier en cquilil)re et les longueurs
lies bras do levier; la première dans le cas de la commensurabilité, la seconde dans le cas
do rinconimensiirabilité des rapports.
IV. - 2't Jl I\ 1C3G. I!)
ost hicii vrai aux doux poids qui sont autour du point A, parce qiio la
ligno AC étant perpendiculaire au levier, les poids E autour du point A
se trouvent également éloignés et du centre du levier et de celui de la
terre et, par conséquent, ils se trouvent d'égale inclination.
Fig. 7.
.Mais si, dans le même levier, vous prenez le poini D qui divise l'in-
lervalle des deux graves E également, en ce cas le point plus éloigné
du ceiilre du levier est aussi le |>lus éloigné du centre de la (erre, et
ainsi le point D avec les deux poids E représente une balance, de
laquelle les bras ne sont pas paralli'les à l'horizon.
Mais si la descente des graves se laisoii par lignes parallèles, comme
en cette figure {fig. 8) par les lignes AC cl DN, en ce cas, la proposi-
Fi;;. S.
o I Q — e : o B
lion d'Arcliimcde scroit vraie : ce n'est pas que dans l'usage elle
man(|ue sensiblement, mais il y a plaisir de clicrclier les vérités les
plus menues et les plus subtiles et d'ôter (ouïes les ambiguïtés (|ui
pourroient survenir. C'est ce que j'ai fait très exactement et je vous
puis assurer que, quoique la recherche en soit bien malaisée, j'en pos-
sède toutes les démonstrations parfaitement.
•20 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Soit lo ccnlre de lii terre A i^fig- 9), le grave E au point E, e( le
point N dans la superficie ou ailleurs, plus éloigné du centre que
le point E. ,1e ne dis pas que le point E pèse moins étant en E (|ue
s'il étoit en N, mais je dis que, si le point R est suspendu du point N
F'g- !!■
N
par l(^ filet NE, la force étant au point N le retiendra jdus aisément (|ne
s'il étoit plus proche de la dite force, et ce, en la proportion (jne je
vous ai assignée.
.le crois vous avoir suffisammeni expli(|ué ma pensée sur ce sujet.
2. Pour la ([uestion ( ' ) des nombres dont vous me parlez, si vous
m'en faites part, je tâcherai de la résoudre.
3. .renvoyai, il y a déjii longtemps, la proposition di's parties ali-
quotcs (-) à M. do lieaugrand, avec la construction pour trouver infinis
nombres de même nature. S'il ne l'a pas pei'dne, il vous en fera pari.
4. Je vous prie de relire ma proposition des graves et de m'en dire
votre avis.
.!(> suis etc.
.MicHSKN.NE, Haniiiiiiic Unk'cmdlr (lOid), Prérace t;ciicrale (page 9 nnn numérotée).
.... Or, si je voulois pailcr des iionuiics do grande naissance 011 (|iialil(',
qui se plaisent lellemenl on celle pai-lio des Matliomali(iues qu'on ne saiiroit
peiil-cU-c leur rien eiiseij^ner, je rôpélerois le nom de celui à qui le livre de
(1) ^o/> ci-après, Lettre VI, 7.
(-) Foir ci-après, IVa et IVn, deux extraits des Uuvraires de Mcrsennc, probableiiu'iit
r-inprimlés à cet écrit perd» (pie Fermât avait envoyé à Beaugrand.
IVn. - 24. JUIN 1G3G. 21
l'Orgue est dédié (') cl ajoiilerois Monsieur Fermât, Conseiller au Parlenieni
de Tlioulouze, auquel je dois la remarque qu'il a faite des deux nombres ly^iç)*)
et i84i(), dont les parties aliquotes se rcl'onl mutuellement, comme l'onl
celles des deux nombres 220 et aS.'); et du nombre 672, le(|uel est sous
double de ses parties aliquotes, comme est le no[iibre 120; et il sait les
régies infaillibles et l'analyse pour en trouver une infinité d'autres s(mii-
blables.
IV„.
Mersense, Seconde Partie de l'Harnuiiiic Uiiwcrselle (ilV!;), Nouvelles OI>servalioil>
Plivsiinies el MiUhcni;ili(]ucs, [wgcs ■>.() cl siiiv.
XUI. OBSERVATION.
Dex parlicx alùjitoCes de no, cl des noinhrcx amiables.
Il faut ajouter à ce que j'ai dit des parties aliquotes des nombres dans la
dixième remarque de la première l'rèl'ace générale, la méthode de trouver
le nomjjre semblable à 120 dont je jiarle au lieu sustlil. Il faut donc melire
tant de nombres de suite qu'on voudra en raison double en commençant par
■'., comme sont les nombres A, B, C, U, E, F :
(i, II, I, K, L, M,
I, 3, 7, i5, 3i, 63.
A, B, C, I), E, F,
2, 4, S, i<i, 32, r..',.
N, 0, P, O. R, S,
3, 5, g, 17, 33, 65,
desf]uels l'unité étant ôtée, l'on fasse les nombres (1, II, I, k, L, Al, cl aux-
quels l'unité étant ajoutée l'on fasse les autres nombres N, 0, P, O, H, S.
Lorsriue l'un des nombres G, II, I, K, L, M, par exemple K, divisé par le
jionibre N du dernier ordre, éloigné de (piaire rangs à main gauche, i)roduira
un nombre premier, le Iriple de ce nombre premier, multiplié par le iiondirc
du rang du milieu qui précède K immédiatement, donnera le nombre re(iuis :
comme l'on voit en i5 divisé par 3 d'oij vient 5 nombre premier, dont le
tiiple !■">, multiplié par 8, fait 120 qui est le nombre (|ue nous avons donne
dans la Préface susdite.
( ' ) tlieiiiic l'ascal.
22 OEUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
L'uulre exemple se voit en 63, lequel, tlivisé par 9, produit le nombre pre-
mier 7 dont le triple 21, multiplié par 32, fait 672, qui est l'autre nombre
l'equis.
Quant aux deux nombres dont les parties aliquoles se refont mutnelle-
mcnl, il faut aussi mettre les nombres qui se suivent depuis 2 en progres-
sion géométiifjuc :
2, 4, 8, 16, etc.
et puis il faut écrire des nombres triples dessous
6, 12, 24, 48,
des()uels l'unité étant ùtée, restent
5, II, 23, 47,
qu'il faut melire dessus. Il faut enfin multiplier 6 par 12 en ôtant l'unité pour
avoir 71; et 12 par 24, moins l'unité, pour |trodnire 287; et if] pour /(S, moins
i'uiiilé, poui' avoir ii5i, (ju'ii faut disposer comme on les voit ici, Jusipi'à
riiiliiii
^.
> > 1
2.3,
''.7.
2,
-1.
8.
16,
6,
!•?,
24,
48,
7'.
287,
1 I 5i .
I.,orsque l'un des nombres du dernier ordre avec son opposé et le précé-
dent du premier ordre seront nombres premiers, l'on trouvera des nombres
semblables à ceux dont il est question. Par exemple, le nombre du dernier
rang 71, et 1 1 du premier ordre, et 5 qui le précède sont nombres premiers.
(;eci posé, si l'on multiplie 71 par 4, et semblablement 5 et 1 1 par le même 4,
l'on aura les deux nombres 284 et 220, dont les parties aliquotes se refont
mutuellement. De rechef, le nombre du dernier ordre ii5i est nombre pre-
mier, aussi bien que son opposé dans le premier rang 47 et le précédent 23.
il faut donc multiplier 16 par i i5i, et puis 47 et 23 par le même 16 pour avoir
les deux nombres requis : 184 iC et 17296; et ainsi des autres jusques à l'in-
iini.
•2'* JUIN 1G36. î)3
V.
NOVA IN MECHANICIS THEORRMATA
Do.MiM m: Ki:nM\T.
<C Pièce jmii le à In lettre précédente ini sreDiide rédiicliim eiti'Djee à Carcaci. >
(l'a, p. i'r.-'\ô.)
1- Fuiulanienta .Mochaniccs non satis accurata trailidissc Archimo-
(Icm lïiei'aiii diuluiii siispicatus : supposuissc oiiiin motus gravium dos-
(■(Mulciiluini iiitcr so parallelos patot, iiec vcro abs(|iio liac livpotliosi
constare possuut ipsiiis deinoiistratiouos. Non iiitilior quidciu Iiv|)o-
tlicsiii liane ad sonsuin proxiiiie accommoda l'i ; ((iiippo, proptci' ma-
i,Miam a conlro terra* distaiitiam |)ossunt desccnsus gravium suppoiii
[taralleli non sccus ae radii solares. Sed, veritatom intimam et aceura-
lain qmercntibns, luec non satislaciuiit.
(jcncralis nempe vectiuin nalura in quolibet mundi loco videturcon-
sid(M'anda etastruenda, ideoque nova in Mcclianicis fundamonta e veris
l't proximis piinci[)iis aceersenda. llnjus novaj Scientiic proposiliones
lanlnni exhibenius, demonstiationes quum libuerit tradituri.
2. Duplex igitur vectium genus fingimus aul potins considcrainus :
iinnm cujus motus rectus tanlum est, non circularis; aiterum cujus
extrenia dcscribunt circnlos. De secundo hoc qu;esi(um tantuni apud
vetiM'es; priinnm, ([uod longe videtur simplicius, ne agnoverunt qui-
deni.
Singula exemplis illustramus, et prioris quidem eenlrum idem est
enm centro terra', [)osterioris eenlrum extra eenlrum lerric necessario
débet collocari.
3. Sit igitur, in sequenti ligura (/ig. lo), ccntrum tcrrae punctum
A, et intelligatur recta CB Iransire per punctum A; imo et ipsa Cli in-
24 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
tclliiçaUir esse vcclis, cl in piinclis B et C collocciilur gravia H cl (], sil-
(|IU'
pondus lî ad pondus C ul recla CA ad rectani AB :
m .
Aio vccicni V,\i iiiansuruni et a-quilibrium in hoc casii constituturu
Si voro dcniimiatiir tanlispcr grave B, iiiovchitiir vcctis in rcctim
])cr contruni A ad partes B, douer pondéra dislanliis a centro sint reei
proce proporlionalia.
l'ig. 10.
G — ^ O
B C
Haec vii prima proposilio (') enjns res|)eeln terra ipsa inagnns veetis
dici polest, ad imitationem Gilberli ([ui eam inai^niini magneleni vocal.
4. Hoc posilo, mirabilius qiiiddam proponinuis (-), gravia neinpe
eo facilius tolli a polcntia in superficie terr;v ant alibi constituta, (|uo
propiora f'nerint ceniro terno.
Sit centrnni lerr;e A (//i;'. 1 1), pundum (", exlra centruni. Jungatur
recla CA, in qua sunipto puncio B, collocelnr grave in B. Si intelli-
ganius grave B per lilum aiit axem (IB snspensum, (b-tinebilnr a po-
lcntia, in (\ collocatà, cnjns |iroportio sil ad pondus B ul recla x\B ad
rectam AC.
Indeque facillinic dedncitur et denionsiratur gravia in centro non
ponderare; cujus rci demonstrationeni haclenus qua^sitam jam novi-
nins.
Fig. II.
A__^ ^-
."). Secunduiu vectiuin genns Archimedcuin dici polest; sed reci-
proca distantiarum cum ponderibus proportio, quam in vecte simplici
demonstravimus, in hoc liabere b)cuni non potest, née idoo subsistcre
sexla et septinia Arcliimedis propositio (').
t ') Comparez Pii'CC H, 1.
('■!) Comparez Pii'CC U, 2.
(') F(H> paye i8, nute :>..
V. ~ SV JL'IX lf)3C. 25
Ita igitur coiitidonlcr proiuiiitiaiiiiis cl vcclcm ijicncralUcr sivc Ijia-
cliia, siv(> in diroctuin, sivc |)arall('l;i liorizonli, sivc cliaiii aniçnltiiii
conslidiaiil, considoraimis.
lîna (juippo dcmonstralioiic loluiii cvinciiims : Sil vcciis cxlra ccii-
Inuii (crrœ DBC (^Jîg. 12), ciijiis ccn(riim B, hrachia BDot HC, conlnini
i''i.'. 12.
Icriu' A. Jun^raiiliii- recta» DA, HA, CA, et in puiiclis 1} et C colloeentiir
i^ravia sil(|iie priipoilin içravis C. ad i,Mave D coniposita ex proportione
recta- DA ad reclam CA et reeiproce ex angulo CAB ad angulmn BAD :
Aid veclein BDC, a |)iinclo B siispcnsuiii , niaiisiirimi et a'(|iiilil)riuiii
cdiisliliitiiriini.
liane proposiiioncni, sicnl ci rcliquas, verissimam asscveramus (')
cl. (juum lil)iieri[, dein()n>lrali()nil)ns ex puriore Ccometria et Pliysica
licrivatis conlirniabimus.
6. Indi' palet cornière (ininino Velcruin de centris gravitaliun defini-
I innés; nniinin (jnippc corpus pra'li'r spluerani potesl reperiri in quo
puuctnni reperiatnr a quo grave, exti'a centrniii terra- suspcnsuin,
scrvel eain (|iiaiii in [)rincipio Iialniciit pcisitionein.
Dcfmictnr ergo deincops centrnni gravitatisciijusqiie corporis, pnnc-
Inm inira corpus posiliiin, (|uod si c(di;creat cenlro terra', corpus oain
(,') On voit que I''ltiiuiI suppose pour liHHiilibrc tics forces coucou luulcs npiiliepiécs i\
un levier un principe qui dillère csscnticllemeiil de celui (pii ;i éié depuis nniversellemeiii
udoplé.
lM.i:.MAr.
u.
26 OEUVRES DE FERMAT. - COURES FONDA NCE.
scrvabit qiiam in principio liabuorit positionem; co ciiim soliim casii
habcnt locuni centra gravitatis (').
7. Dcmonstrabitiir otiain ot rcfollctiir crror UbaUli (^) et aliorum,
qui oxistimant libr* bracbia, licet non sint parallela horizonti, sequili-
iM-iinn tamcn constitutura.
( ' ) Nous rc|)ro(luisoiis ici une Iclire relative à ce sujcl cl imprimée page 2o5 des l'aria :
Il Leitcra dct Sii^iior IScncdclto ('ddelli, Abbiitc dl J'cronn, at Sigiii>r di ****.
» llo IcUi i [icnsieri soUillissimi del Si^' (H FcriiuU iiUorno al centre di i^ravilà, 0 con-
» fesso liheramenle clio mi sono parsi belli e de^ni di qnello sublime intelletto, che mi fn
■1 celobrato con alla Iode dal Signor di Beaugrand, quando passo pcr Roma, e vnglio eredere
" che ne liabbia assohita dimostralione; c perche il Sig" di Beaugrand mi disse di havcre
u dimostrata una similc proposilionc, cioc che il mcdcsimo grave, poslo in diverse loiita-
u iianze dal conlro doUa Icrra, pcsava inognalmeuLe, o che il peso al peso cra como la
Il distanza alla disLanza dal cenlro dclla Icrra, io nii applicai a pensare a quesla materia v.
•I prelcsi allhora ili haverc rilrovala la dimostralione, ma dopo, cssendo mi slate promesse
n alcuiie difficollà, mi ralTieddai in (piesta specolatione. RIi ricordo pero clio ancor io nn
>i dcduccvo la inedesima conscguenza che deduce ancora il Signer di Fermât, cioè che il
11 grave che haverà il suo ccutro di gravita col cenlro dclla terra non haverà peso alcuno:
» c di piii, c!ic la terra lutta non ha peso; e in ollre ne cavai che, dcscendendo un grave
« verso il cenlro dclla terra, non solo va mulando peso di momcnto in momcnto, ma (cosa
u che puo parère più maravigliosa) il suo cenlro di gravita si va conlinuamentc movendo
» nella mole di csso grave; di |)iii, che un grave di qualsivoglia figura, che si mova in se
« mcdcsimo circolarmciile, pure va conlinuamentc uiulando il suo centre di gravita; e |)cr
■> tanto facilmcutc concorro con il Sig' di Kcriuat, che il centre di gravita non sia in natura
» laie quale l'Iianuo dcscrillo conuincmcutc i Mcchanici. E se io credessi che le mie debo-
u lezze polcsscro essor care al Siguor di Format, gli ne maudarci una copia, non solo per
>i riceverc documenti da S. Sig''° 111""', ma pcr farc acquisto di un taie e tanto padrone, al
u quale prego V. S. I. dedicarmi servitore di singulari devolione, e li bacio le mani. «
(2) GVIDIVBALDI E MARCIIIONIBUS MONTIS MECIIANICOUVM LIBER. — Pisauri.
Apud llicrouymum C.oucordiam, M.D.LXXVII. Cum Liccutia Supcriorum. — Fermai vise
la Proposition III De lihrd de Guidobaido dol Monte; ce dernier cite, comme ayant sou-
tenu une opinion contraire à la sienne, lordanus de pondcribu.t, Hjcrornniti.f Cordanas
de <:ubliltlalc, TSicaluwi Tarlalca de quœiills- et inveiitioitibits.
VI. — 15 JUILLET 1636. 27
VL
FERMAT A MKRSENNE.
.< MARDI 15 JUll.LKT 1636 > (')
{lu. p. l'|j.)
Mon Hi.vKur.M) l'iiu;,
1- Puisquo j'ai été assez heureux pour vous oler l'opiiiiou que vous
aviez eue, que j'eusse suivi eu ma Proposition (-) le même raisoune-
uuMil que M. de Heau^raïul, j'espcTe (|u'avec la même f'aeilité je vous
oterai tous les autres scrupules.
2. Vous avez eru (|ue ma proposiliou (Moil la uiême que celle de
M. de Beaugraiid, et ce, par deux raisons : l'une, que je l'avois écrit
lorsque je l'envoyai à ■\i. île (larcavi; l'aulrc, (|u'(dle semble conclure
la même chose.
Pour la ]iremii're, je vous réponds (|ne, lorsque j'envoyai la dite
proposition, je n'avois pas vu encore le livre de M. de lieaugrand et
n'avois su si ce u'est qu'il écrivoit du divers poids des graves sccun-
(liiin varia a terra' centra i/iteryalla, si hien ([ue l;i-dcssns j'imaginai la
|)ropositioii que vous avez vue, et crus (jue peu(-c(rc ce scroil la incmc
(jue celle de M. de Heaugrand, et l'écrivis ainsi ii moiidil siciii' de Car-
cavi. Mais depuis, ayant vu le Livre de M. de IJeaugrand, j'ai liouvé
(|U(> son opinion estdillérente de la mienne en ce (|u"il suppose (|iic le
grave en soi se rend ou plus pesant ou [)lus léger scdon l'éloignemcnt
ou l'approche du centre.
3. Et moi je soutiens (en quoi je répondrai ii votre sccdudc raison i
(') Nous avons réuni à une fin de leUre, dalée, des manuscrits A, B, une icUre liés
courte, non datée, des Varia, évidcninienl écrite sur le vu de la réponse de Mersenne à
la LcUre IV.
(2) ruir la Pièce II.
28
ŒUVRES \)K FEHMAT. - C0UI5ESP0M) AN(,K.
(|ii'('ii soi il ne cliMiigc |)i)ii)t de poiils, mais qu'il csl lirt' avec |)liis on
moins de foret', ce qui csL hit-ii diflV'i'ciil du rcslc.
Soit \v ('('lUrc de la Terre V. {fiL^. i3), le grave i? au poiiil H el le
|ioinl D dans la siipertieie. ^1. de Beaiigrand (ieiil (|m', si on pi'se le
Fis
()■
gi'ave B dans le [)oinl B, on le (rouvera plus léger (|ue si un le pesé an
point D. Et moi je dis (|ne, si on pèse le grave B dans le |)oint |}, on le
trouvera de mènn' |)oids (jue s'il étoit pesé au point !), el (|u"en loul
eas, quand liien e(da ne sei'oit pas (ear ma proposition ne dépend nul-
lement de la sienne), que le grave 1} sera soutenu plus aisénu-nl pai-
une puissanee (|ui sera au point I) que par une autre puissance (|ui en
sera plus proche, el en la [M'oportioii que j'ai assignée.
4- A (»us ne devez pas douter (jiH' ma démonstration ne ciMudue par-
railenienl, bien <|n'il semhle (|ue M. de Boherval ne l'a pas liouvéc pré-
cise.
.le vous puis donc assurer ([ue loules les propositions (|uc j'ai mises
dans UH)!! écrit (' ) sont parfaitement vraies, et de cela je n'en veux
jtas être cru (|ue lors(|ue j'aurai mis |)ar écrit tontes les demonirations
sur cette matière. .le suis si peu amititieux (|ne, si j'av(tis trouve
erreur en ce que je vous ai écrit, je ue terois nulle dillicnllé de
l'avouer.
(A IVb. !! !■" 2'>'°- !li'».)
5. l'oui' les lieux |)lans (-) et la |)roposilion des n(unl)res ( ' ), je
vous les envoierai, si .M. de Bcangi'and ne vous les baille |)as.
(' ) (;'(>sL-à-ilirc la l^ii-cu V.
(M r,nr IxUi-o I, 10.
I ' 1 /"()/;■ I^ftlrc IV. 3.
VI. 15 JUILLET IC3G. -i!»
6. Je n'ai pas cncort^ pu cxainiiUT les propositions (') de la Iriser-
lion (le l'angle, ni de l'invention dos deux moyennes proportionnelles.
(!e seia au |)lus lot.
7- A la (|uestion numéri(|ue (^), je réponds qu'elle )'eeoi( intinies
solnlions, et mènu' plusieurs manières difl'éronies de la résoudre. Voici
la meilleure et la [>lus aisée (|iie j'ai imaginée :
Soient li'ouvés deux quarrés des(|uels la somme soit (juairée, cduime
I) et iG; ce (|ue je n'enseigne |»as, pour être trop trivial. Soil chacun
d'eux mulli|dié par un même nombnr composé de trois <|nari'és senle-
nu'ul, comme 1 1. (les deux [troduits seront 99 et 17G qui satisrer(ui( ii
la (|in'stion. car chacun d'eux et leur somme sont eom|)osés de (rois
(juarrés seulement (^ ).
Va ainsi, par la même voie, vous eu trouverez infinis, car, au lieu de
9 et i(j, vous pouvez prendre ttds autres deux quarrés (jue vous vou-
drez, (les(|uels la somme soit quarrée, et au lieu de 11, lid au(re
nombre (|ue vous voudrez couiposé de trois quarrés seuiemen(.
Si vous |»rencz, au lieu île 1 1, un nombre composé de (jua(re quarro
i ' 1 On ne roUuin c plus Iraco, dans lu Correspondance de l'ermaL, do rus l)roposilion^.
On pcnl croire (pi'il s'agit des eonslrnelions données par Dcscartes dans sa C,co/iiclnc
(éd. llermann, p. 7">-70') pour les dcu\ célèbres problèmes de la Gc'oinélrie anti(ini!. Mer-
senne, à ipii elles avaieiiL été eoMiiniini([iiécs avant la publication, les imra eavoy('es ^'1
t'erinal sans démonsi ration et snns révéler le nom de leur anteiir.
(-) C'est 1.1 qiiatricMne des cinq (pn^stions nniiv/rirpics proposées par Sainte-Croix
(André .Ininean, pri(Mir de) à Descartes en avril itJjS (»'«//■ Lellres (l(^ Dcscartes. éd.
Clerselier, III, 74). tille était ainsi con(;ne (pour Deseartes ) :
Il Trouver deux nombres, eliaciin iles(piels. comme aussi la somme de leur agt;réj;al. ne
eonstc que de trois tétragonos. J'ai donné 3, 11, 14. J'alteinls que (pielqn'un \ satisfasse
par d'autres nombres ou qu'il montre cpio la chose est impossible. »
La première solution donnée par cet énoncé ne parait avoir été indiquée à l'"crniat ipic
dans la réponse do .Mersenne à la Lettre V(. f'^oir Lettre X, i.
(') B ajoute en marge les ticcomposilions suivantes :
1 i'.)
i'J
',)
144
1 l'.l
■>.')
!)
iG
'.) '
•>.5
81
ili
1 O'.l
'.)'J
'.)'.)
17''
30 ŒUVRES DE FEUMAT. - CORRESPONDANCE.
sciileiiicnt, comme 7, cliaciin dos deux produils, ciisomhli' leur somme,
seront composés de quatre quarrés seulement.
Oue si vous voulez non seulement deux noml)res, mais trois ou tel
nombre que vous voudrez, desquels un chacun, ensemble la somme de
tous, soient composés de trois ou de quatre quarrés seulement, il ne
faudra que trouver autant de quarrés que vous voudrez de nombres,
desquels la somme soit quarrée, et les multiplier, chacun d'eux ut
supra.
J'ajou(erois la démonstralion, mais le temps ne me le permel pas.
Va\ lon( cas, vous pourrez l'aire l'essai sur la consiruclion ((ue je vous
envoie.
8. l-ll vous (lirai (|ue j'ai trouvé de fort belles |)ropositions sur ce
sujel, comme :
.SV, (le deux plans sernblahlcs ('), l'un est compose de trois <piarrés seu-
lement, l'autre le sera aussi;
el plusieurs autres.
9. .le désirerois (|ue .M. de Koberval travaillai aux queslioiis ({iie je
vous ai |)roposées (-).
10. .l'ai achevé tout le Trailé De loris planis ('), oii il y a trente ou
([uaranle propositions toutes tri's belles.
.le suis, mon Révérend Père, voire Iri's alTeelioiiné servileui',
Feumat.
A Toulouse, ce 1 j j(jillul lIJiij.
( ' ) Nojiibrcs (|iii sont cuire eux clans le rapport de deux earrés.
(2) /■(«'/■ la Lettre 1, 12.
(3) Fuir la Lettre 1, 10.
VII. - AOUT 1636. 31
VII.
FERMAT A ROBERVAL (').
< AOUT 1636 >
(l'a, p. 133-13/,.)
MONSIELR,
1. Après vous avoir rcmercit'^ do la faveur que vous m'avez faite el
fie la peine que vous avez prise, je répondrai en peu de mots aux objec-
tions que j'ai trouvées dans votre Lettre, et ce, sans aucun esprit de
dispute et pour vous faire seulement approuver la vérité de mes propo-
sitions.
2. La première objection {-) consiste en ce que vous ne voulez pas
accorder que le mitau d'une ligne qui conjoint deux poids égaux des-
cendant librement, s'aille unir au centre du monde. En quoi certes il
me semble que vous faites tort à la lumière naturelle et aux premiers
principes : car, puisque ces deux poids sont égaux et qu'ils ont tous
doux mémo inclination pour s'unir au centre du monde, s'ils n'ctoionl
pas empêchés, il est clair qu'ils y approcheront tous deux également.
Autrement, ayant supposé les poids égaux et les inclinations au centre
égales, vous admettriez néanmoins plus de résistance d'un coté, ce <|ui
seroit absurde.
Et n'importe d'alléguer un levier horizontal, lequel, étant pressé par
doux forces égales aux deux bouts horizontalement, demeure néan-
moins en l'état qu'il est, quoique l'appui qui est au dessous le divise
en parties inégales. Car, au cas de ma proposition, la vérité de mon
principe dépend de ce que les deux poids (ou puissances) ont naturel-
lement inclination au centre de la terre ettendentlii; etc'est pourquoi.
('> Première lellrc do Fermai à Roberval, répondant à une leUre perdue où ce dernier
criliquail les propositions de la Pièce V, ijui lui avait été conimuiiiquéc par Carcavi.
(î) Foir Pièce V, 2.
32
ŒUVRES DK FERMAT.
CORRESPONDANCE
n'avaiil poiiil d'avaiilagc riiii sur l'aulrc, ils s'y a|)|)r()cli('iil Ions deux
('■galomcnt. .Mais en r('s|»!'("c dti Irvicr liorizoïilal, les deux puissances
des cxlréniilrs n'oni anciiiic iiirlinalion nadiiidic ii l'apiiiii, mais ii
s'approrlier soiilcinrni ; cl ainsi l'appni ne doit èlre non pins considéré
(|iie s'il n'éloit poinl.
Onli'c ([ne jamais personne n'a doulé qne le cenire d'nn tjrav*' ne
s'unit an centre de la tei're, s'il n'éloit empéclié; or, deux graves, joints
par nne ligne qui conjoint leurs contres de gravité, ne sont censés con-
>lilncr ([u'nn seul grave, dn([uel le centre de gravité est au milan de la
ligne qui les conjoint : quelle raison donc de croire (|n"il s'arrête ailleurs
(]Uo lorsquo son contre sera uni à celui do la torro?
Soient les doux poids égaux A et IJ {Jig. 1 4) joints pai' la ligne AR,
(t)B
le ccnire d(> la lerre C. Qu'on laisse clioir librement les poids A et li;
lorsque le |)oids B sera au centre C, ou ne peut pas dire (|u'il s'arrête,
parce (|ne le poids A gravitai super B et deslniit a'rjinlihniirn. Où com-
mencera donc le levier AB de s'arrêter? Vous ne sauriez tronvei- le
comnionccment de son repos en un poinl j)lutôl qu'en l'auti'e, si ce
n'est au niitan, parce qu'il se ti'onve pour lors également eontrchaiancé
de Ions côtés.
Je ne sais si ces raisons seront capables de vous l'aire <dianger d'avis,
mais vous me permettrez bien do vous dire que vous Ironverez peu de
gens ([ni suiv(>nt votre opinion cl qui no m'accordent ce principe : c'est
|)ourquoi je vous conjure de nn^ dire nettement ce qu'il vous en
semble.
3. J.a deuxième objection ('") est contre la nouv(dle |)roportion des
■ ) J'uir rièco V, 5. — llobcrval a, ccUc fuis, raison coiilrc Fermai.
VII. - AOUT iG3G.
■.ii
aiii^li's que j'ai découvortp, contre laquelle pourlanl vous n'avez rien
(lit (le précis, mais seulement que vous avez démontré que la propoi-
lioi) réciproque des poids doit être expliquée non pas par les angles,
mais par les sinus de ces angles.
Voici la démonstration de ma proposition, de laquelle vous veire/.
aisément par conséquent celle de toutes celles que vous avez vues dans
l'écrit que j'envoyai ii M. de Carcavi.
Su cenlriim Urne A (fig. i ^), vcclis (INïi porlio circiili centra A iitlcr-
vtillo AN dcscripd, CN, NB œquales circumfcrcnliœ, el in punctis (',, H
(Cfjiia/id pu/ide/a. Siippoin/nus vectein VW a puitclu % siispcitsiiin inancrc.
idcnufue accidcrc si i^raaa œqiialia i/i (pdbiislihel punctis hrachioram (IN,
N!} colloccntur, modo liiijtismodi punctci ex utriuptc parte a'qitaliter d
piinclo X dislenl : /icqiie e/iitn deslnient a'qtdlibrium pondéra a'qualia a
rentra terrœ et a centra rectis si^'c /ihrœ œqtiu/iter distantia.
Sit centra/// tc/'/œ A ( fig. i()), verlis si\r lih/'d VAWCA), iit sapra, cen-
lru//i sive inedii//)i lil/iœ piincta/ii B. Collocetur pa/idas B in puncto B aat .
l'LRM.vr. — II.
3'i (EUVHES m: FERMAT. - CORRESPONDANCE.
divisa pondère B in partes œquales K, F, 15, (!, D, collocenlur eœ parles in
piinclisVj, V, 15, (1, D, et sinl inlerval/aEV, FB, BC, CD œqua/ia. Si/ppo-
niiniis pondus B, i/i piincto B collocatum et a puiicto B suspenstim , idem
pondefare ac parles lî, F, B. C, D siiniil siirnpta\ in vecte collocata' et ah
eodeni puncto B suspensa'.
iKiid iiempe accidit quia, propter cireulum EI"B(]I), partes ponderis B
camdem semper servant distantiarn a rentra terra- ac po/idus ipsuni inte-
^ruin \\ : quod non animadvertisse et descensus gravium parallèles suppo-
siiisse errorein peperil Arelnmedeum.
llis suppasilis, propositianem nastram demonstramus, et ecee lanlùai
rasuiii m quo luin redis cenlnun. liun e.vtrema a-qualiler a rentra terra-
dislant, quia lue rasus verilalcm priaris rectis geostalici non supporiil . de
qua rideris a/nhigere.
Sil réélis FIIN (tig. i- K euj'us centrum H, extrerna F et N, in eadern,
ipia puneluin \\, a lerrq- rentra distantia. Centra A. inlena/lo AH, deseri-
halur partio eirculi FHN, rectis exlrema committens, et sil grave in F ad
l^rave in N /// proporlione reciproca circuinferentiœ HF ad circumferen-
liain UN : Aio vecleni FHN a punclo H suspensum mansurum et œquili-
hrium en/istilulurum.
liane aulem proportionein earndem esse qiur angulorurn ad eentrum A.
patel : ex conslructione et duobus axiomalibus pra-cedentihus facillinie
theorema concludes.
4. La hâte du courrier nio fait finir là, parce que je ne doute pas f[ue
vous lie puissiez voir la conclusion avec un peu de méditation.
vin. - i(i A OIT ig:](;. :i:i
Au roslo, je vous puis assurer que le l-ivre (') (|u'il vous ;i pin
ui'eiivoyer est ce que j'ai vu de plus ingénieux sur celte uialii're ; mais,
si mes propositions sont vraies, de quoi peut-être vous ne doulerez pas
toujours, vous m'accorderez que ce mouvement sur les [)lans inclim'-s
se peut prouver encore plus précisément.
(]e n'est pas que je n'estime autant que je dois votre invention ; mais
ce (|ue le chancelier Bacon a dit est bien vrai : " Mnlti pjitransihiml cl
aiigebilur scient ia ('- ). »
Je suis etc.
Mil.
KTIENNlî PASCAI. KT ROBERVAL A FERMAI.
SAMKDl 1(5 AOUT 1 GISG (').
( 'n, p. ij4-i3(>. )
Monsieur ( ').
1. Le principe (juc vous demandez pour la (jéostatique est que, si
deux poids égaux sont joints par une ligne droite ferme et[ de soi] sans
( ' ) Il s'a.Ljil ùvidoiiiiiiciil du Traite tic Mcc/uiiiitiiec. I>c\ /Kiiclx \oiistciuts- pur dc\ puis-
sance: sur les plans inclinez à l'Horizon. Dci puissances qui siiusticnncnt un poiih sut-
pendu à deux c/iordcs. l'nr G. Vers, de liolien'al, Professeur Itoj'al es MntJicmatiijues
nu CoUè<^c de Maiitrc Cerwiis et en cliaire île Jiannts nu Collège de France, inséré, avec
une pa.ïiiuition spéciale ( ilc i à 36), dans ia Seconde Partie de l'Hin-nionic unn^crsellr du
I*. Mersennc ( iGS;).
(-) CcUc pensée, tirée d'un lexle du prnpliélc Daniel (\ii, 4 )i ^e trouve dans le iVoiv/;//
organuin (I, a|)lior. 93) sous la forme : Multi pertrnnsibunt et multiplex crit scientia, cl
dans le Traite J)c dignitate et augmenta scientiaruni (I, cap. x, 3), sous la suivante :
Plurinii pcrtraiisibunt et aiigchitur scieniiii. Mais Fermât a Icxtucllctncnt reproduit la
léii;ende d'une vignette au frontispice de la première édilion du IVoi'um Organum (i6.>o),
vi;,'nctle qui représente un vaisseau francliissant à pleines voiles les Colonnes d'Hercule.
(') Réponse à lu Lettre VU. Fermât y a répli((ué par la l,etlre IX, |iuis à nouveau par
la Lettre XI.
(*) Le le.xte de cette Lettre a été restitué d'après le manuscrit de la liibliotliè(|ue natio-
nale, latin ~i>A f" 4o suiv. Les mots entre crochets [ ] sont des additions empruntées à
l'édition des l'aria. Quant aux autres leçons de cette édilion, (jui représentent tme rédac-
36 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
|)oi<ls el, qu'c'Caiil ainsi disposés, ils puissent descendre librement, ils
ne reposeront jamais jusques à ce que le milieu de la ligne (qui est le
rentre de pesanteur des aneiens ) s'unisse au centre commun des choses
pesantes.
2. Ce principe, que nous avons considéré il y a longtemps, ainsi
([u'il vous a été mandé, paroit d'abord fort plausible; mais, quand il
est question de principe, vous savez quelles conditions lui sont requises
pour être reçu : desquelles conditions, cette principale manque au
principe dont il s'agit ici, savoir que nous ignorons quelle est la cause
radicale qui fait que les corps pesants descendent et d'où vient l'origine
de cette pesanteur. Ainsi nous n'avons rien de connu assurément de ce
qui arriveroit au centre où les choses pesantes aspirent, ni aux autres
lieux hors la surface de la terre, de laquelle, pour ce que nous y habi-
tons, nous avons quelques expériences sur lesquelles nous fondons nos
principes.
3. Car il se peut faire que la pesanteur est une qualité qui réside
dans le corps même qui' tombe; peut-être qu'elle est dans un autre, qui
attire celui qui descend, comme dans la terre. Il se peut faire aussi et
est fort vraisemblable que c'est une attraction mutuelle ou un désir
naturel que les corps ont de s'unir ens(mible, comme il est clair au fer
et à l'aimant, lesquels sont tels que, si l'aimant est arrêté, le fer, n'é-
tant point empêché, l'ira trouver, [et| si le fer est arrête, l'aimant ira
vers lui et, si tous deux sont libres, ils s'approcheront réciproque-
ment [l'un de l'autre], en sorte toutefois que le plus fort des deux fera
le moins de chemin.
Or, de ces trois causes possibles de la pesanteur [ou des centres des
corps], les conséquences seront fort différentes, ce que nous ferons
eonnoitre en les examinant ici l'une apri's l'autre.
lion nouvelle de Hohei-val faite en vue de l'impression de la Correspondance de Fermât,
elles sont reproduites ci-après dans les Fanantes. Bossul a compris cette Pièce dans son
édition des OEuvre.i de Blaiic Pascal, 1779; il a suivi en général le texte des Varia, à
part les changements d'orthographe cl quelques modifications de détail.
VllI. - IG AOUT 1G36. :}7
4. Va\ premier lieu, si la première est vraie, selon l'opinion com-
mune, nous ne voyons point que votre principe puisse subsister : car,
sur ce sujet, le sens commun nous dit qu'en quelque lieu que soit un
poids [pri's ou loin du centre de la terrej, il pèse toujours également,
avant toujours [en soi | la même qualité qui le t'ait peser el | en même
degré. Le sens commun nous dicle aussi, posée celle même opinion
première] qu'alors un corps reposera au centre commun des choses
pesantes, quand les parties du corps qui seront de part et d'autre du
même centre, serontd'égale pesanleurpour conlrepeser l'une à l'autre,
sans avoir égard si elles sont peu ou heaucoup légalement ou inéga-
lement] éloignées du centre [commun].
Soient donc les deux poids égaux A, B {//g- i8), joints ensemble par
la ligne [droite] ferme et [de soi] sans poids A15; et soit C le point du
l'i-. >8.
0 ^ "—^ o
A B
milieu de la même ligne AB, et [soient] D, E, des autres points tels
quels dans ladite ligne entre les poids A, B. [Vous demandez ([u'on
vous accorde que les poids A, B, tombant librement avec leur ligne,
ne reposeront point jusqu'à ce que le point du milieu C s'unisse au
centre commun des choses pesantes.]
Nous accordons que, si le composé des poids A, B est mis de sorte
([ue le pointe convienne avec le centre commun des choses pesantes,
alors le tout demeurera en équilibre. Mais il nous semble aussi (jui' si
II' point!) ou E convient au même centre commun, en sorte cjue l'un
des poids en soit plus proche, pourvu que l'un soit entii'rement d'une
part du centre et l'autre de l'autre, ils contrepèseront encore et demeu-
reront eu équilibre, comme par le [)oint i), puis(]ue ( pour nous servii-
de vos paroles mômes) ces deux poids sont égaux et ont tous deux
même inclination pour s'unir au [même] centre commun [des choses
pesantes], ctl'un n'a aucun avantage pardessus l'autre pour le déplacer
de son lieu.
38 (EUVKES DE FEKMAT. - COllRESPONDANCE.
Oiic si rire plus proclio (Hi plus éloigné du cciitro pouvoil élrc
(|U('l(|uc avantago, ce que nous uc croyons pas, supposé que la pesan-
leur l'éside au corps même, vous trouvère/, plus de gens qui croir(»n(
(|U(> l'avantage est de la part de celui (|ui est plus proclie du eeulie
eomnuin que l'autre : ce qui loulefois est directement contre votre sup-
position.
I<]| ne sert de rien d'alléguer le centre de pesanteur du corps AB,
lc([U(d centre, selon les anciens, est au milieu (' : car ce ceutrc n'a été
démontré que (jiiand la descente des poids se fait par des lignes paral-
lèles, ce qui n'est ])as; et, quand il y auroit un lid point, ce (|ui ne
peut être aux corps (|ui tiennent à un même centre commun, il n'a pas
été démontré et ne prouveroit aucunement que ce seroit ce point là
par le(juel le corps s'uniroit au centre commun. Même cela, jiour les
raisons précédentes, répugne ii notre commune connoissance en plu-
sieurs ligures.
Imi tout cas, nous ne voyons point que ce centre commun des anciens
doive être considéré autre part qu'aux poids qui sont pendus ou sou-
tenus hors du lieu auquel ils aspirent.
5. Ouant ;i la conqtaraisou qui vous a été l'aile du levier horizontal,
le<)uel, étant jiressé horizontalement aux deux houts par deux forces
ou |)uissances égales, demeure en même état qu'il est, (die nous
semble entièrement semblable au levier [précédent] AU pressé aux
t\('n\ houts par les deux poids égaux A, B, puisque ces poids ne pres-
sent le levier (jue par la (force ou | puissance (ju'ils ont de se porlei-
vers leur centre commun i], 1) ou E.
(lonime si le levier horizontal est AB (Jïg. i;)) et les forces ou puis-
-G-^- 0«
sauces égales A jet] B, pressanthorizontalement h^ levier pour le porter
à un certain point commun C, auquid elles aspirent et lequel est posé
également ou inégalement entre les mêmes puissances dans la ligne AB;
VlU.
IG AOUT ig;)g.
:v.)
ics forces, pressant également le levier, se résislcront rime à l'andc,
selon notre sens, encore même que l'une, comme A, lui plus près ([uc
l'autre du poinl commun C ainjucl toutes deux aspirent, l-'l quand le
levier ne scroil point horizontal, mais en telle autre position (|ue l'on
voudra, étant considéré [de soi] sans poids et tontes les autres choses
comme auparavant, le môme elfet s'ensuivra sehui noire jugement et
la comparaison sera enlii'rement semhlahle ii celle des poids (|ui sont
à l'cntour du centre commun des choses [)esantes.
6. Nous ajouterons ici ce que nous pensons en ce cas diïs poids (|ni
seroient inégaux joints comme dessus ii une ligne droite ferme et | de
soi] sans poids, pour mieux faire paroitre notre sentiment.
Soient deux poids inégaux A, B(//^-. 20), desquels A soit le moindre,
¥h'. 20.
e \c
<>
e-
et soit AB la ligne ferme qui les joint, dans laquelle le centre de pesan
(eur des anciens soit le point C. lequel ne sera pas au milieu de 1;
ligne AB. Si donc on pose le composé des poids A, B de sorte (|n
point C convienne au centre commun des choses pesantes, nous 1
pouvons croire qu'il demeurera en cet étal, le poids A étant entii'i
ment d'une part du centre (des choses pesantes | et [le poids | B j entii--
rement] de l'autre part. Mais il nous semble que le plus grand poids B
doit s'approcher du même centre [des choses pesantes, jus(ju";i ce
(ju'une partie du dit poids B soit au delii du dit centre | vers A, comme
la j)artie D, en sorte que cette partie D avec [tout le poids] A, étant
d'une même part, contrepèsent avec la partie | !*] | restante île l'autre
part.
1- Outre ce, nous avons encore une instance en ce cas qui seml)l(>
conclure que la figure et le volume et encore la disposition des poids
vo
ŒUVRES DE FERMAT.- CO liUESPONI) ANGE.
doit être conskléré, d'aulant qu'un corps pesant semble devoir peser
d'autant moins qu'il occupera une plus grande portion de la circonfé-
rence l'ernie passant par le corps et décrite alentour du centre commun
des choses ])esantes, ce que nous expliquerons plus amplement ci
après sur votre second principe du levier. Or vous savez qu'un même
corps, sous diffén^ites ligures, positions ou volumes, peut occuper
|)lus ou moins de cette circonférence et, s'il y a cause pour laquelle un
même corps doive moins peser proche du centre qu'élant plus éloigné,
celle-ci en est peut-être une, étant clair (|ue, quoi(iu'il fût toujours de
même figure, position et volume, néanmoins, étant plus proche du
centre, il occupera une plus grande portion de la circonférence susdite
qu'étant plus éloigné. Mais, quand cela seroil, nous croyons qu'à
peine scroit-il possible à l'esprit humain d'assigner les proportions de
cetle augmentation ou diminution selon les dillerents éloignements
du centre.
8. Si la seconde ou la troisième cause possible de la pesanteur des
corps est vraie, il nous semble que l'on en peut tirer des [mêmes] con-
clusions.
Soit le corps attirant ABCD {fig- 21) [sphériqne |, ilu(|ucl le centre
Kift. 31.
soit H, et que la vertu d'attraction soit également épandue par loules
les parties du corps attirant, et soit le corps attiré L, considéré pre-
mièrement hors le corps attirant en A.
Soit menée la ligne droite AH, à laquelle soit un plan perpendicu-
VIIl. - IG AOUT 1636- 41
lairc EHD, coupant lo corps ABCD en doux parties [égales et pailaiilj
d'égale vertu. Soient aussi, dans la ligne AH, niartfués tant de points
(|ue l'on voudra, comme K, I, par lesquels soient menés des plans
I Fie, GKB] parallèles au plan EHD, coupant le corps [attirant] ABCU
en parties inégales, et partant d'inégale vertu.
I Alors] le corps [L] étant en A sera attiré vers H par la puissance de
tout le corps ABCD et, le chemin étant libre, il viendra en K, là où il
sera attiré vers H jiar la plus [grande et] forte partie BDEG [et conlre-
liré vers A par la plus petite et plus foihle partie BAG]; il en sera de
même (|uaiid il sera venu en I, où il sera moins attiré (jue quand il était
en K ou en A; toutefois il sera contraint de s'approcher toujours du
centre H, tant qu'il y soit venu, et, la partie (|ui attire diminuant tou-
jours et celle qui retire s'augmentant [toujours], il sera continucdle-
ment attiré avec moins de force jusqucs h ce qu'étant arrivé en H, il
sera également attiré de toutes parts et demeurera en cet état.
Si cette position est vraie, il est facile de voir ([ue le corps L pései'a
d'autant moins (]n'il sera [plus] proche du centre H; mais son poids
ne diminuera pas en la proportion des lignes HI, HK, HA, ce que vous
connoitrez assez en le considérant, sans que nous vous l'expliquions
davantage.
9- Puis donc que de ces trois causes possibles de la pesanteur, nous
ne savons quelle est la vraie, et que même nous ne sommes pas assurés
(|ne ce soit l'une d'icelles, se pouvant faire [que la vraie cause soit com-
posée des deux autres ou] que ce [en] soit une [tout] autre, de laquelle
on tireroit des conclusions toutes différentes, il nous semble que nous
ne pouvons pas poser d'autres principes [pour raisonner] en cette ma-
lii're (|ne ceux desquels nous sommes assurés par une expérience con-
tinuelle assistée d'un bon jugement.
Quant i( nous, nous appelons des corps également ou inégalement
pesants, ceux (jui ont une égale ou inégale puissance de se porter vers
le centre commun [des choses pesantes], et un même corps est dit
avoir un même poids, quand il a Icuijours cette même puissan('e : que
FfnMAT. — n. 6
V2
ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
si coHe puissance augmctilr ou diininup, alors, quoique ce soil le
même corps, nous ne le considérons plus comme le même poids. Or,
que cela arrive aux corps qui s'éloignent ou s'approchent du centre
I commun des choses pesantes], c'est ce que nous désirerions bien de
savoir; mais, ne trouvant rien qui nous contente sur ce sujet, nous
laissons cette question indécise et nous raisonnons seulement sur ce
que l(!s Anciens et nous en avons pu découvrir de vrai jusques à main-
tenant. I Voilà ce que nous avons à vous dire pour le présent touchant
votre principe de la Géostatique, laissant à part beaucoup d'autres
doutes pour éviter prolixité de discours.]
10. Pour la nouvelle proportion des angles que vous mettez en
avant, afin de la démontrer, vous supposez deux principes, desquels le
premier est vrai et l'autre si éloigné d'être vrai, (|u'il y a des cas où il
arrive tout le contraire de ce que vous demandez [qu'on vous accorde
pour vrai].
Le premier est tel : soit A (yfig. 22) le centre commun des choses
pesantes, l'appui du levier N, et du centre A, intervalle AN, soit décrite
Kig. 11.
N
une portion de circonférence telle quelle CNB, pourvu que l'arc CN
soit égal à J'arc NB; et soit considéré cet an; CN [B] comme uni; ba-
lance ou un levier [de soi] sans poids, qui se mène librement à l'entour
de l'appui N; soient aussi des poids égaux posés en C [et] B.
Vous supposez que ces poids contrepèseront l'un ii l'autre et feront
équilibre, étant balancés sur le point N; et [il] semble que tacitement
vous supposez encore l'équilibre, quand les bras du levier NC et NB
seront des lignes droites, pourvu que les points C [et] B soient égale-
ment éloignés du centre A, et les lignes NC et NB soustendantes ou
cordes, en effet ou en puissance, d'arcs égaux NC, NB.
VIII. - 16 AOUT 1636. W
Toutes ces choses sont vraies en général, mais nous ne les erovons
telles que pour ce que nous les avons démontrées en conséquence
d'autres j)rinçi])ês (|ui nous sont plus familiers, plus clairs et plus
connus.
Toutefois, en particulier, il y a une distinction qui doit être bien
consi<lérée et est ti'lle : Quand les arcs NC et NB sont chacun moindres
(|n'uii (|uart de circonférence, le levier [CNB chargé des poids C et B]
pi'se sur l'appui N, poussant vers le centre A pour s'en approcher;
(|uand les arcs CN, NB {Jlg. l'i) sont chacun d'un (juart de circonfé-
Fig. 23.
rence, le levier CNB chargé des poids (J, B ne pèse nullement sur
l'appui N, d'autant que les poids sont diamétralement opposés, et par-
lant le levier demeurera de même sans appui [qu'avec un appui];
iMitin, (juand les arcs égaux NC, NB sont chacun plus grands qu'un
quart de circonférence, le levier CNB, chargé des poids égaux C, B,
|»i'se sur l'appui N poussant vers N pour s'éloigner du centre A.
H- Si ces particularités sont bonnes, il s'ensuit que votre second
[irincipc ne peut subsister, ce qui paroitra fort clair quand nous l'au-
rons examiné plus particulièrement, comme il s'ensuit :
Soit donc A {Jig. i(J) le centre commun des choses pesantes, la
balance ou le levier EFBCD, dont l'appui est B. Soit posé un poids
comme B, tout entier au point B, [)esant de toute sa force sur l'appui B ;
ou bien soit divisé le poids B en parties égales K, V, B, C, D, lesquelles
soient posées sur le levier aux points E, F, B, C, D, étant les arcs EF,
FB, BC, CD égaux et tout l'arc EFBCD décrit alentour du centre A.
Vous supposez que le poids [B], posé tout entier au point B, pèsera
U ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
(le niôinc sur l'appui B qu'étant posé par parties [égales] aux points H,
K, B, (], D. Cela est tellement éloigné du vrai qu(^ quelquefois | le
poids B, ainsi posé par parties sur le levier, ne pèsera plus du tout
sur l'appui B; ((uelqucfoisj, en lieu de peser sur l'appui B [pour tirer
le levier] vers A, il pèsera [tout] au contraire sur le même appui [B]
pour s'éloigner de A; et fontt'lbis, étant ramassé tout entier au point B
il pèsera toujours de toute sa force sur l'appui B pour emporter le
levier vers A et, en général, étant [divisé et] étendu, il pi'sera toujours
moins sur l'appui qu'étant ramassé au point B [et vous supposez qu'en-
tier et divisé, il pèse toujours de même].
Toutes ces choses, quoique contraires à votre supposition, sont dé-
montrées en suite d(^ nos principes, et nous vous en pouvons expliquer
les principaux cas par vos principes mêmes.
12. Soit derechef A (Jig. 24) le centre commun des choses i)esanles,
Kig. 2/,.
alentour duquel soit décrit le levier GBl) qui soit, de soi, sans poids et
prolongé tant que de hesoin : et soit B le point de l'appui, auquel si
un poids est posé, nous demeurerons d'accord avec vous (fu'il pi-sera
VIII. - 16 AOUT lG3f).
4H
lie loiilc sa force sur l'appui B, U'([U('I ap[)ui, s'il n'est assez fort, rom-
pra et le poids s'en ira avee son levier jus(|ues au centre A.
13. Maintenant, soit divisé le poids, premièrement en deux |iarlie>
égales et, ayant pris les arcs lHl et (]D, chacun d'un <|uarl de circonfé-
rence, afin ([ue tout l'arc CBD soit une demie circonférence, soit posée
une moitié du poids en 1), l'autre en il. Lors ces deux poids C. |et| l).
pesant vers A, ne feront, point d'autre elfet sur le levier (".BD, sinon
qu'ils le presseront également par les [deux] bouts V. [et| D [tour le
courber. Supposant donc qu'il est assez roide pour ne pas plier, ils
demeureront [sur le levier] de même que s'ils étoient attachés aux bnuls
du diamètre DAC, sans (ju'il soit besoin de l'appui B, sur le(|U(d le
levier, chargé de ses doux poids, ne fait aucun effort : quand cet a[»pui
n'v sera pas, le tout demeurera de même (jue quand il y sera, ce (|ui
est assez claii'.
Que si le poids est divisé en plus de deux parties égales et, (|u'élanl
étendu sur des portions égales du levier, deux d'iccdies parties se ren-
contrent aux points (', D, [et] les autres dans l'espace CBD, celles qui
seront en C. | et | D, ne chargeront point l'appui B; quant aux iwitres.
(dies le chargeront, mais d'autant moins (|ue plus elles approcheront
des points C, D, aux(juels tinit la charge. Ainsi, il s'en faudra beaucoup
(|ue toutes ensemble étendues chargent autant l'appui que si elles
étoient amassées en B; [idles ne pèsent donc pas de mèmej.
14. Davantage, soient pris les arcs égaux BC | et] BD {//.iT- ^5 ), plu<
FiK. 25.
grands chacun (|\i'un ([uart de circonférence, et soit imaginée la ligiK
ÏG ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
droite DC. Puis, étant divisé le poids en deux parties égales seuicmeni,
soit attachée l'une en C, [et] l'autre en D. [Alors] il est clair (pie le
levier, chargé des poids C, D, pèsera sur l'appui H; mais ce sera tout
au contraire que si les deux poids étoienl amassés en B. Car, si l'appui
n'est pas assez fort, il rompra, et les poids, emportant leur levier, que
nous supposons être de soi sans poids, ne cesseront de mouvoir tant
que la ligne droite CD soit venue au point A, le levier étant monté en
partie au-dessus de B, au lieu de s'abaisser vers A, ce qui seroit arrivé
si les poids, étant amassés en B, avoient rompu l'appui. [Vove/ quelle
difrérencelj
15. Enfin, soit le levier comme auparavant {/ig. 2G), auquel soient
les quarts de circonférence BC, BO el, de part et d'autre du point C,
soieni pris des arcs égaux CG, CE, chacun moindre qu'un quart. De
même, de part et d'autre du point D, soient pris les arcs égaux, entre
eux el aux précédents, DH, DF, tous commensurables au (juarl. Soit
aussi divisé tout l'arc EBF en tant de parties égales qu'on voudra, en
sorte (]ue les jioints E, C, G, B, H, D, F soient du nombre de ceux qui
font la division; et soit divisé le poids en autant de parties égales que
l'arc EBF, lesquelles parties de poids soient posées aux points de la
division du levier.
Alors, les poids qui se trouveront posés sur les arcs EC el FD, dé-
chargeront autant l'appui B qu'il étoit chargé par ceux des arcs CG,
[)H. Ainsi, (U)nsidérant tous ceux qui sont sur les arcs EG et FH, ils ne
chargent point ra|)pui [BJ, lequel, par ce moyen, ne sera chargé que
VIII.
16 AOUT 1G36.
W
par cpux qui seront sur les ares GB, BH; el, si entre BG et BH il u'v a
aucun poids (ce qui arrivera quand ces arcs BG et BH ne feront chacun
qu'une partie de la [susdite] division fdn levier]), alors l'appui [B]
sera entièrement déchargé.
Vovez donc combien il v aura de diiTcrence entre les poids amassés
en B et étendus [par parties] sur le levier EBF. Voyez aussi qu'un
même poids [divisé par parties et étendu sur le levier] pèse d'autant
moins sur l'appui B que plus [grande est la portion qn'] il oc('n[)e de la
nu'ine circonférence décrite alentour du point A | centre commun des
choses pesantes].
16. .Maintcnaiil, pour venir ii votre démonstration, soit le levier GIH
{Jîg- ■!'])■, |du(|uel I l'appui soit I et que les extrémités G, R et l'appui I
soient également éloignés du centre commun [des choses pesantes] A,
alcntonr duquel soit imaginée la portion de circonférence GIR, el soit
l'ait (jue
coiunie l'arc 01 ;i l'arc IR, ainsi le poids \\ soil au poids G.
Vous dites que le levier chargé des poids G, R demeurera en équi-
libre sur son appui I; quant ;i la démonstration, vous suppose/ (pi'elle
est assez facile en conséquence des deux principes précédents et, de
fait, si les principes étoient vrais, il ne restcroit pent-("tre pas beaucoup
de diniculté et la chose se pourroit à peu près conclure ainsi, la con-
clusion étant faite selon la méthode d'Archimède, en sorte ((ue les arcs
RE, RM soient égaux, tant entre eux qu'à l'arc IG, et les arcs GB, GM
égaux, tant entre eux qu'il l'arc IR.
I Et ] soit étendu le poids R également depuis E jnsques en M et le
48
ŒUVHKS DE FERMAT.
CORRESPONhANCE.
poids G aussi également depuis M jiisqiies en B; ainsi les deux })oids
G, R seront également étendus sur loul l'arc BGIMRE, duquel arc les
porlions IB, lE étant égales, le levier BGIMRE demeurera en équilibre
sur ra})|)ui I par le premier principe.
iVlais le poids G, étendu depuis B jusques en M, [)èse de même
qu'étant ramassé au point G, par le second principe, et, parle même
])rincipe, le poids R pi-se de même, étant étendu depuis M jusques en
E, (|u'étant ramassé au point R. Car tous ces poids, étant ramassés en
G cl en R, pèseront de même sur le levier qu'élanl élendus; puis donc
(pi'élant étendus, ils l'aisoient équilibre sur le même levier, ils feront
encore équilibre, étant ramassés en G et eu R.
Mu (;elte démonstration, tout ce qui est fondé sur le second principe
l'eroit les mêmes difficultés que le principe même et, parlant, la con-
clusion ne s'ensuit pas que les poids G, R fassent équilibre sur le levier
GIR.
Nous pouvions nous contenter de ce (jtie dessus, croyant que vous
serez salisfail; mais nous vous prions de considérer encore deux in-
stances qui sont telles :
n. Ea première, qu'an levier GIR (y?^. 2(S), l'angle GIR étant droit
et |parlanl| l'arc GIR une demie circonférence [décrite aiilour de A
Fis. 2.S.
cenire commun des clioses j)esanfes|, si [1'] on pose l'arc GI moindre
<pie l'arc IR, par exemple que GI soit le tiers de IR et le poids R de
20 livres, il faudroit donc en G Go livres, selon vous, pour faire équi-
libre sur le levier GIR appuyé au |)oint I. VA toutefois, si vous mette/
des |)oids égaux en G et en R, ils seront diaméiralemeni opposés et
VIII.
IG AOUT 1G3G.
*9
[partant par le principe de la Géostaliquc, au cas du dit principe ac-
cordé par vous et par nous, les dits poids égaux] feront encore équi-
libre comme s'ils pesoient sur les extrémités du diamètre GR vers le
centre A; et, quand il y a une fois équilibre, pour peu que l'on aug-
mente ou diminue l'un des poids, l'équilibre se perd. Voyez comme
cela se peut accorder avec votre position.
18. La seconde instance est telle : soit le centre [commun des choses
pesantes] A {fig- 29), alentour duquel soit la circonférence GIR, l'appui
du levier I, et les bras IG, IR, desquels GI soit le moindre; et soit pro-
longée la ligne droite lA tant qu'elle rencontre la circonférence en B.
Partant, selon vous, il faudra en G un plus grand poids qu'en R et, si
l'on prend l'arc IG plus grand que IR, faisant le bras du levier IC et
mémo poids en G qui étoit en R, il faudra en G un plus grand poids
qu'auparavant [pour faire l'équilibre]. De même, prenant l'arc ID
encore plus grand (|ue IC et faisant le bras du levier ID et le poids D
de même que le poids G, il faudra encore augmenter le poids G. Ainsi,
plus le bras du levier qui est en la circonférence IRB aboutira près du
point B, étant chargé du même poids, plus il faudra à IG un grand
poids pour contrepcser, et, selon le sens commun, raisonnant h l'ordi-
naire, le bras du levier étant [la ligne droite] IB [chargé comme des-
sus], il faudroit en G le plus grand poids. Et toutefois, alors le poids
qui seroit en B, pesant vers A, feroit tout son effort sur la roideur du
bras BI; et le moindre poids qui seroit en G feroit balancer le bras IB
vers D; et pour peu que le poids qui sera sur le bras IG fait balancer le
KK.nMAT. — n. 7
oo (E u V i; i<: S 1) !•: r \i is m \ i'. - c < > i« h k s i* o n d a n v. e.
hras IB avoc son poids vers I) (ce ((ui semble ne se pouvoir nier), alors,
encore que tant G (pie H sortent de la circonférence, on conclura une
absurdité manifeste contre votre position.
19. Enfin, !\Ionsieiir, |)our ce que l'expérience de tout ce que dessus
ru' se peut faire des poids naturels, si vous voulez prendre la peine de
la faire avec des artifici(ds, supposant [pour levier] un petit cercle arti-
ficiel, au lieu du i^rand cercle natund, et des puissances qui agissent
|ou aspirent] vers le centre du petit cercle, au lieu dos poids qui agi-
roient vers le centre du grand, vous trouverez que l'expérience est du
tout contraire ii votre raisonnement.
Si nous eussions eu du temps davantage, nous vous aurions envoyé
c(> (jU(; nous avons établi sur ce sujet et les démonstrations, mais ce
sera au premier ordinaire.
.20. Si vous avez agréables les communications sur le sujet de la Géo-
métrie, en hupielle nous savons que vous excellez entre tous ceux du
temps, nous vous ferons voir de notre part des choses que peut-être
vous ne mépriserez pas. Or ce que nous vous proposerons ne sera point
par forme de (juestions, mais nous vous envolerons les démonstrations
en même temps pour en avoir votre jugement.
[Vous nous obligerez aussi de nous faire de vos pensées. Nous
sommes, etc.]
IX.
FERMAT A ETIENNE PASCAL KT i\()Hf:HVAI..
SAMKIH 23 AOUT 1636 (').
( fa, p. i3o-i32.)
MKSsu:iJr.s,
1- .l'ai lu avec grand soin le jugemcMit qu'il vous a plu me donner
des propositions que j'avois envoyées à M. de Gai'cavi et, comme j'ai
(' ) Prciiiièi'c n''|ili(]uc à ki Lcltrc Vlll; voir purliciilii'rcmciU 10 el 11.
I\. - 23 AOUT 1C3G. 51
reconnu la Ccrmoté de voire raisonnemenl jointe avec une grande ef
profonde connoissance de cette matière, j'ai aussi cru que vous ne
trouveriez pas mauvaise ma réplique que je ferai en peu de mots, et
que peut-être je tirerai à ce coup de vous le consentement (|ue vous
n'avez pas voulu m'accorder d'abord. Et je ne pense pas avoir l)esoin
de m'excuser des erreurs qu'il vous a semhlr (juc j'avois commises, à
(|uoi, quand je ne répondrois que par la hàlc que j'eus d'écrire à
!\1. de Roberval (M, lequel j'avois prié de suppléer ce qui ne seroit pas
expliqué assez au long, j'aurois peut-être suffisamment satisfait.
2. .Mais pourtant je vous déclare (|ue je n'ai jamais cru parler que du
levier moindre que le demi-cercle et, si j'ai omis de l'écrire, ma ligure,
(jui n'en rcprésentoit que celui-là, réparoit assez ce manquement,
puisque je n'avois pas seulement eu le temps d'écrire la démonstration
de ma proposition sur ma dite iigure. Que si le levier est plus grand
(jue le demi-cercle, j'ajouterai ii la tin de ce discours la proportion
qu'il doit garder; il me semble que j'en ai assez dit pour répondre à la
plus forte des objections que vous faites contre mon second levier.
3. L'autre qui combat mon second principe a été prévue par moi, et
je vous avouerai que, quoique ce second principe soit manifestement
faux et qu'il choque mon sentiment sur le fait du premier levier, je
l'avois pourtant industrieusement et à dessein mis dans ma Lettre, atin
de vous faire accorder qu'un grave pèse moins, plus il approche du
centre de la Terre, ou, en me niant cette vérité, vous obliger d'accorder
celle de mon second levier. M. de (^arcavi, à qui je l'avois écrit quelque
temps auparavant que de recevoir vos Lettres, vous le témoignera sans
doute, et j'en ai tiré du moins le profit que vous m'avez accordé qu'un
grave pèse moins, plus il approche du centre, quoiqu'il soit malaisé de
déterminer la |)roportion de la différence de ces poids.
4. Je me contente d'avoir dit ce peu de mots par avance et viens à la
démonstration de mon second levier, après vous avoir assuré que
(') Voir LcUrc VII.
52 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
jamais homme du monde ne se portera avec plus de bonne foi et d'in-
génuité que moi à avouer les vérités que j'aurai reconnues, et que je
crois ma proposition tellement vraie que, l'ayant souvent considérée
de divers biais et à diverses reprises, je n'ai jamais pu en douter.
Voici les vrais principes de ma démonstration :
AxiOMA I . — Si grave quiescens ab aliqno jnincto saspendatur, gravi-
labit super lineam rectam punctum suspensiunis el ccntrum terrœ conjun-
gentem. — Palet axiomaùs veritas quia aliter grave non quicsceret.
AxiOMA II. — in vecle circulari, ci/Jus dimidium punctum suspensionis,
si ex utraque parte in punctis œqualium sectionum gravia œqualia collo-
centur, corpus ex omnibus illis gravibus compositum et a medio illo puncto
suspensum quiescet.
AxioM.v III. — In vecte circulari semicircu la minori, cujus centrum est
centrum terrœ. (^hoc enim in nostro vecte semper intelligendum), si punc-
tum. suspensionis inœqualiter vectem dividat et ex utraque parte in punctis
œqualium sectionum gravia œqualia colloccntur, non manebit corpus ex
omnibus illis gravibus compositum, sed inclinabilur vectis ex parte majoris
pnrtionis. — Hoc patet etiam ex vcstris positionibus : quum enim lotus
vectis sit semicirculo minor, si/ius minoris porlionis erit minor sinu majoris
portionis. ideoque non ne gabitis inclinationem fieri ex parte majoris por-
lionis.
His suppositis, exponatur figura continens vectem DEG (fi g. 3o) et per-
ficiantur reliqua juxta prœparationcm Archimedeam. Grave in D, dispo-
situm per partes œquales in porlioncs BC, CD, DE, EF, gravitât super
rectam DN : nam, suspensum a puncto D , per secundum axioma quiescit ;
ergo, per primum, gravitât super DN. Igitur. sive totum sit in D, sive dis-
IX. - 23 AOUT 1G36. 53
posilitm per partes œquales in porliones BC, CD, DE, EF, semper super
eamdein reclam DN gravitât. Similiter grave in G, sive totum sit in G, sive
per parles œquales FG, G II disponalur, semper super eamdcm rcctam GN
gravilabit. Quum autem gravia per partes œquales BC, CD, DE, EF, FG,
GH disposila sint œqualia, gravilabit aggregaturn totius gravis super rec-
lam EN : ergo patet conclusio aut, per deduclionem ad absurdum, inde
facillime derivatur ope lertii axiomalis.
Eadem certe cral Archimedis (' ) ratiocinatio : nam reclœ BD (fig. 3i )
centrum gravitatis, verbi gratia, in C constituit, ut probet gravia œqualia
Kig. 3i.
B C n K F
in punctis B, D super reclam CN gravUare, quod ille supponit, quum m
libra tanlum DEF hoc xterum sit, quœ ad reclam EN esl perpendicularis,
in rcliquis falsum, quia ad angulos mœquales a redis à centro terrœ
secanlur. In nostro autem vecle hœc difficultns non occurrit, quum semper
et in quocumque piinclo rectœ a centro terrœ eum normnliter secent.
Sit libra DCB (tîg. Sa), centrum terrœ A, centrum lihrœ C; complealur
circulas centro C, intcrvallo CB descriptus et DEA, BA, CFA jungantur.
Jungatur et CE; ponantur in punctis B et \) pondéra œqualia et sit an-
guliis ACD major angulo ACB : Aio libram a puncto C suspensam ad
partes B inclinari, idquc per supposita ah Archimcdc.
Pondus a puncto D ad punctum E transférât ur; ex Archimede , idem est
ac si pondus esset in puncto D, quia ponitur in recta punctum D et centrum
terrœ conjungenle : si igitur intelligatur recta CE pondus in E retinere.
nianebunt , ex Archimede, brachia Cl*] et CB, quum ponantur manere CB
et CD. Igitur anguli ECF, FCB erunl œquales : Iriangulum enun œqui-
(') Cp. AnciliMÈDE, De pltiiwrum (vquUibriis, I, 6.
54
ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
rritrr, in cii/iis extremis œqualia pondéra coUoeanlur, ?novetur semper
donec perpendicalaris horizond. Iioc est recta rerticem ei cenlrnm terra-
conjungens. angulum ad verticem hisccet, quod experientia tcstatur. An-
giilus autem lîCB duplits est anguH ad D : ergo angulus FC.B angulo I)
Fis. 33.
rsl a'</ii<t/is. l'arallelœ igititr erii/it CA et DA, quod est absurdum : non
ergo qtiieseil lihra. sed ad partes Winclinatur, quia angulus BCI<" major
est angulo E(iF, ut patet.
NOilii, en [xmi do mots, ma réplique pour le second levier. liKinelle
j'eusse plus élendiie si le temps me le permcttoit.
5. Que si le levier est plus grand que le demi-cercle comme CAH
{fig. 3'V) duquel le point de suspension est k, les extrémités (',, B,
alors le levier ne soutiendra |)lus, mais sera pressé en haut par ces
deux poids, de sorte qu'il faut prendre la proportion réciproque des
1\. ~ 23 AOUT 1636. 55
deux angl(;s CND, DNB, apri's avoir prolongé la ligne AN. I.a ilénion-
stration en ost aussi aisée tjue celle du premier cas.
6. Pour le premier levier, soit le centre de la terre B (iig. 34), les
poids égaux .\ et C, et la ligne IJC plus grande que BA. Si vous m'ac-
cordez ([ue ce |)oids en C pi'se plus qu'en A ((|uoi(|ue vous csliniiez
Fig. 34.
C^nr
-e
(|u'il soit malaisé d'en déterminer la proportion), mes all'aires sont
laites : car il descendra donc, et la même raison avant toujours lieu
jusques ii ce (|ui' la ligne (",B soit égale ;i BA, il ne s'arrêtera pas
plus tôt.
El que cela se lasse par attraction ou autrement, la chose est iiidillé-
rente. Toutefois je vous puis assurer que je puis prouver cette même
proposition par des expériences que vous ne sauriez contester et que
je vous envolerai au long, di's que la commodité me le permettra.
7- Cependant voici une de mes propositions géométriques, puis(|u"il
semble que vous ayez désiré d'en voir :
Si/ parabole AB (tig. 35), cujiis rerlc.v A, cl circa reclam DA stahilcm
figura DAB circuniverlatitr. dcscrihctur conoides paraholicum Arrhimc-
FiR. 35.
(le II m, ciijns propnriio ad roniirn ejiisdcin l>asis el vcrlicis eril scsqniallera.
(Ji/od si circa slahilcm \)\\ figura DAB circumverlalur, Jicl novurn conoides
cujus proporlio ad co/iu/n ejusdem hasis el verlicis quœrebalur.
Earn nos esse ul 8 ad j derno/islrai'imus, nec res vacahal difjicullale.
Imo el cenlnun giinilalis ejusdem conoidis imenimus.
56 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
8. J'ai trouvé beaucoup d'autres propositions géométriques, comme
la restitution de toutes les propositions de lacis plants (' ) et autres;
mais ce que j'estime plus que tout le reste est une méthode pour
déterminer toutes sortes de problèmes plans ou solides, par le moven
de laquelle je trouve l'invention (^) maximœ et minimœ in omnibus
omnino prohlematibtts, et ce, par une équation aussi simple et aisée
que celles de l'Analyse ordinaire.
9. Il y a infinies questions que je n'aurois jamais pu résoudre sans
cela, comme les deux suivantes, que vous pouvez essayer si vous
voulez (') :
Datœ sphœrœ inscribere conum omnium inscribendorum ambitu maxi-
mum.
Dalœ sp/iœrœ inscribere cylindrum omnium inscribendorum ambitu
maximum.
J'entends par ambitum, non seulement superficies conicas et cylin-
dricas, mais le circuit entier composé, au cône, du cercle de la base et
de la superficie conique, et au cylindre, des deux cercles des bases
et de la superficie cylindrique.
Il semble que ces deux questions sont nécessaires pour une plus
grande connoissance des figures isopérimètres ('').
10. Cette méthode ne sert pas seulement à ces questions, mais à
beaucoup d'autres et pour les nombres et pour les quantités.
Vous m'obligerez infiniment de me faire part des productions de
votre esprit et de me croire etc.
( ') roir Lettres I, 10 et VI, 10.
(2) To/r Tome I, p. i33.
(3) roir Lettres I, 12, et VI, 9.
(') Sujet dont s'occupait RobervaL Foir Lettre XIV, 11.
X. — 2 SEPTEMBRE 1C3G. 57
X.
FERMAT A .MEHSENNE.
MAIIDI 2 SEI'TF.JIBRK l636.
C». 11. I23-1-J,',.)
Mon RÉvr.REM) Pkhk,
1. La loKro dont vous mo,parlcz dansvotre ck'rnii'rc s'ost sans doulii
•'•i,'ai'f('. car celle que je viens de recevoir est la seule (|ui m'es! venue
de|)uis cinq ou six semaines de voire part.
2. Sui' le sujet de la(|uelle {') je vous dirai (lUc, (|uand nous parlons
d'un nombre composé de trois quarrés seulement, nous enlendons un
nombre (|ui n'est ni (|uarré, ni composé de deux quarrés; et c'est ainsi
(jue Oiopliante et tous ses interprètes l'entcMidenl, lorsqu'ils disent
qu'un nombre, composé de trois quarrés seulement en nombres en-
licrs, ne peut jamais être divisé en deux quarrés, non [)as même en
tVaclions. Autrement et au sens que vous semble/, donner ;i votre pro-
position, il n'y auroit que le seul nombre de 3 qui fût composé de trois
(|narrés seulement en nombres entiers; car :
PremièremenI, tout nombre est composé d'autant de (|uarrcs entiers
qu'il a d'uni (es;
Secondemenl, vos intuibres de 1 1 et 1 1 se trouvent composés chacun
de cinc] (|uai'rés; le premier de 1, 1, i, i, r ; le second de 4, 4' 1. '- '•
Oue si vous entendez (|ue le nombre (jue vous demandez soit com-
posé de trois quarrés seulement et non pas de quali'e, en ce cas la
(jueslion tient plus du hasard (jue d'une conduite assurée el, si vous
m'en envoyez la consiruclion, peut-être vous le ferai-je avouer.
(') f'i)tr Letlre VI, 7. — D'apii's Oescarles (LcUres, éd. Clcrsclior, III, (i(Ji, raulcur
(le la question, .Saiiitc-droix, ileniaiitlail (jiie les deux noiubrcs à trouver et leur somme
lussent eoiuposcs de trois carrés à l'exclusion de (|uatre. Il n'\ aurait dès lors, suivant
Uescartes, (juc trois solutions : i, 3, G; 3, ii, i4; 3. «i, ^j.
l'tRMAr. — n. 8
58 ŒUVRES DE FEI'.MAT. - f.O lili ES TON I) ANCE.
Do sorto (jiic j'jivois satisfait ;i votre j)r()[t(isiti(m an sens de ninpliaiilc,
(|ui sciiihlc ('IrT le seul adiiiissiMc en (•clic sorte de (|iiesti()iis.
Or, qu'un nombre, composé de trois ([narrés s(nil(Mnent en nomlires
eulicrs, ne puisse jamais être divisé en dinw (|narrés, non jias même
en IVacitions, personne ne l'a jamais encnre démontré et c'est ii cpioi je
li"ivaille et crois (|nc j'en viendrai ii l)ont. Cette connoissanre est de
içrandissimc usage et il semide (|ue nous ii'avoas pas assez de prin-
cipes pour en V(?nir;i I)i)ut; M. de lieaugrand est en cela de mon avis.
Si je puis élendiM; en ce point les hnrncs de r.Vritlim"li([ue, vous ne
sauriez croire les propositions inerveillenses que nous en tirentns.
3. i'our la Proposition s^costatiqiic. (die c-;( (onle l'ondée sur ce prin-
(•![)(' seul, (]ue deux graves égaux, joints par une ligne Cerme et laissés
en liberté, se joindront an centre de la terre par le point (|ui divise
égaltunenl la ligne (jui les unit, c'est-ii-dire (|ne ce point de division
s'unira au centre de la terre. .Messieurs Pascal et de {{(dx'i'val (').
apri's avoir ro(-ouuu (jue tout mon raisonnement est fondé lii-dessus
et, (ju'accordant ce ])rincipe, ma proposition est sans dillicidtc, m'ont
nié ce principe, (|ne je prenois pour un axiome, le plus ( lair et le
plus évident (|n'on jtent demander; ol)ligez-moi de me dire si vous
êtes de leur sentiment. Je l'ai |)Ourtant démontré depuis peu par de
nouveaux [)rinci|)es, tirés des expérieni'cs, (|n'oii ne me sauroit con-
tester, et je le leur envoierai au |)lns t(')t.
Je suis etc.
(<) loir LcUre Vltl, 1 cl suiv.
\l. — SI'PTKMHIU' 1G3C. o!)
XI.
KKKMAT A HOHEHVAI. (').
MVUDI l(i PECTKMttllK id'Ui.
IMo.Nsir.i 11.
1. ic me li'duvai ces jours |)assrs ii la caiapagno l(iis(|U(' je icpondis
il volix" écril, (|iir j'avdis pniiilaiil luissr cii cctli' villr. I)('|)iiis mon
iiioiir, je l'ai coiisidt'rc plus cxactcmciil cl vous oiivoii' la r(''[»oiisc
plus |H('iisi' il (oiis SCS poiiils çoiiccniaiil le premier levier. Si vous ne
goùlc/ pas mes raisons sur le secoiid, vous iirohlij^erez Iteaueoup de
m'eiivovcr la démoiisdalioii de voire proposition suivaiil l'opinion oii
vous cics, (jiie les 1,'raves ganlenl la proporlioii réciproque des jter-
peiidiculaires lirées du cenlre du levier sur les pendants, el de huiuidlc
je douterai tmijoiirs jusques à ce que je l'aurai vue. Je vous puis poiir-
lanl assurer ((ue je lu^ saurois démordre encore de la mienne el qiril
me semble que vous ne sauriez démuiilrer la voire, au moins par les
principes (|iie nous connoissons.
2. Le principe (|iie je vous ai demandé pour rélahlissemenl de mes
propositions i;éoslali(|iies est (|ue, si deux poids égaux sont joints par
une ligne droite ferme el de soi sans poids et, (|irélanl ainsi disposés,
ils puissent descendre lilircnicnl, ils ne re[ioseroiit jamais jus(|ues ii
ce (|iie le milieu de la ligne s'unisse au centre (•omniuii des clioses
pesantes. Ce principe, qui vous a semblé plansilili' d'abord, a eiitin
e,liO(|iié voire opinion sur ce principalement (|iie nous ignorons la
cause radicale (|ui fait (jiie les corjts graves desceiideiit, sur (|Uoi vous
dites ([n'il y a trois opinions dillerenles et que, de toutes les irois, les
coiise(|ueiices semblent dilierciitcs.
(' I Sullc à lii LcUro I.\. et secoiido réponse ii la Lettre VIII. Duns les Paria, l'iu-licle 7
suit iinmédialeiTieiU le n° I. — La réplique de Robcrval est |)crduc.
GO
ŒUVKES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
3. Je ne rt'-pi'lc point vos mois ni vos raisons; je inc conhNitc d'y
irpondiT i'[ /irifuo m la prcmièi'i' opinion.
En votro tigur(> (Jiff. iS), vous dilcs ([u'il vous snnidc (juc. si le
point I) ou \i convient avoc 1<' contre commun des clioses pesantes.
Vvr. ,S.
o
■O
combien ([ue l'un des poids en soit plus proche ([ue l'autre, ils contre-
pèseront encore et demeureront en équilibre. Puis(|ue, dites- vous
(pour me servir de vos propres termes), ces deux poids sont égaux
et ont tous deux même inclination de s'unir au centre commun des
( lioses pesantes, l'un n'a aucun avantage sur l'autre pour le déplacer
de son lieu.
Or, si ce raisonnement est bon, voyez-le dans la figure suivante
(fig. 30), dans laquelle j'emploierai les mêmes mots.
Fig. 30.
c
Soit le centre de la terre D, un point dans sa surface ou ailleurs (!;
soit jointe la ligne (-D, et soit au point (] attaché le levier ]5(1A,
duquel les bras BC, (]A soient égaux et les poids H et A aussi égaux,
l'angle B(]A ferme. S'il n'y avoit point le poids en H, la ligne C\
s'uniroit à la ligne (^D, c'est-;j-dire que le poids A s'approcberoil du
centr(> D autant qu'il pourroit; et tout d(! même de la ligne Bd.
Soit fait l'angh' B('d) moindre que D(l\; parle précédent raisonne-
ment, le levier s'arrêtera (ce qui est contre l'expérience), puisqui^ les
deux poids A et B sont égaux et ont tous deux même inclination de
s'unir au centre D sà'e à la ligne C-D, et l'un n'a aucun avantage sur
\1. 10 SEPTEMinîR lf):]G. Gl
l'autre pour le (Icplaccr de sou lieu. Or, de môme qu'en ce cas l'cx-
périt'ucc nous l'ail voir (|uc ces deux poids approi^heront également
du centre 1) et de la ligue CD, il ue faut [)as douter ([u'au premier cas
ils n'approcheul également du centre de la terre, et la raison de toutes
ces deux propositions est, qu'ayant même inclination au centre et ue
pouvant tous deux y descendre, à cause qu'ils s'entr'empê(dient, ils v
approchent du moins également : autrement la force de celui (jui v
approchcroit davantage seroit plus grande.
4. L'exemple du levier horizontal (Jig- 37) ue fait rien à la ques-
tion : car, pour marijuer que les poids 1} et A n'ont pas leur inclina-
FiK.
C
lion au point C, il ne faut qu'oler la ligue CD, sur laquelle le levier
s'appuie, et le levier ne restera pas de demeurer, s'il est pressé par les
poids A et l\ horizontalement, de sorte que le point (1 n'est non plus
considérable que tel autre de la ligne BA que vous prendrez. Et, cela
étant, l'exemple est inutile, parce (|uc la principale raison de mon
principe dépend de l'inclination. des graves au (;entre de la terre.
5. Ce que vous ajoutez, de deux poids qui seroicnt inégaux, joints
comme dessus à une ligne droite ferme et de soi sans poids, n'est non
plus recevable : car, vous accordant que, lorsque vous menez un plan
perpendiculaire n la ligne qui joint les deux poids, comme vous faites
en votre figure ('), il est certain qu'en ce cas il y a de chaqu(> coté du
centre une grandeur égale; il arrive pourtant cent cas auxquels, si
vous coupez les deux poids par un autre plan passant par le centre, les
(1) fmrjr-r. w. LeUlC VIII. 6.
(52 (KUVUES DE FEHMAT. - CO U HKS 1>()M) \N CK.
;4i';iii(l(Miis (|ni seront de cliaqiir cùlé siM'oiil iiiéiçalcs, cl ainsi un nirnic
(•(>i'|)s (Ml rnéinc Icmps arrrlcra et n'ai'i'êlcra pas.
Va n'ini|MMl(' de iliic (|n(' ce plan dnil ('Ire hinjoiirs |)i'rpcntlii'Mlaii'c
il la lii,nic (|iii joint les deux graves, (lar vous savez (|M'au((Mir du ccnlrc
liMis cniliMils siiiil indillÏTiMis ci or/u/td intclligiuititr siirsum . omnui
(leorsiini.
Il l'anl donc ncccssaii'cniciil iircndrr le repos des poids, non pas de
celle Cacoii. mais de la pinpoilion ré<i|ii()(|ue siiivanl jiion seiilinienl.
\(iil;i, en peu de mois, la réponse ii votre preinii're opinion, (|ue
j'eusse pu éleiidre ilavanlage et tirer nièuie la dénionslration de nioii
princi|ie de rexpérieuce (|ue je vous ai donnée, comiiie il viuis sera
aisé de voir.
6. Si la seronde opinion est vraie, mon piiiicipe est inCaillilile. Car
en ce cas vous dites ([ne le coijis pi'sera (rautanl moins (|n'il sera
proche du centre, mais cette (liiiiinuti(m ne sera pas en la raison des
éloi;i;iieiiiens. Or, puis(|u'nii corps pi-se moins en ce cas ;i mesure
(lu'il est plus proidie du centre, diuic il sera I(M1J(HI['s pressé par le
plus éloigné, jus(|ues à ce ([u'ils soient également éloignés du ceulre.
\'\\\ la Iroisii'ine opinion les mêmes raisons sont lionnes.
Je serai liieii aise ((lie .M. Pascal voie ma Lettre, si vous ragrée/..
7. l'ermellez-moi de cliaiiger de malii're et de vous demander la
(léinonstralion de celte proposition ([ue j'avoue rrancliement (|ue je
n'ai enciu'c su trouver, (|uiii(|ue je suis assuré (in'elle est vraie (') :
Siiiiimd (iiKtdrdtorimt a diuihiis récits ralionalihiis /(>fiL;i/ii(/inc comiiwii-
I ' I l^a propD.silion ([uc Feniiiil ('iioiiec (Jaiis le laii^;ii;c ciiclidicn [)cmiI s'expriinci- c-.oiiimi;
siiil :
Si ti cl h scinl rationnels cl ipio l'ciii ail,
II- + h- = j. ( « -!- /) ).r H- ./■-,
.r ('l .(•- secDiil irralioniiels.
\.'tip(>l(>nie est pioprcmiiiil la clillërcnce de deux grandeurs iiicoiuinonsiiraljlcs ciilrc elles,
mais doiU les carrijs sont ralioiiriels ( Km'lide. X. 7't ) ; .f = /( « + /; 1- -i- tt- -+- Ij- — ( r; -t- /; )
sera dès lors une apotoine, si le ladieal csl incomnionsiirable avec a ■+■ b. — Voir plus
liiiii Lettre XIII. 8.
siiralnlihits, si (i:l dupltini siimnta- latcriuit (inplicclur cxccdciis fii^tirà qua-
(Iralà. Idhtiido c.iccssùs cnl iipoloinc.
Nous ne sawriiv. cioirc combien la si-ioncp du dixii'inc Livre d'Iùi-
elide es( <léiectiieiise : je veux dire ([ii(^ cette eonnoissance n'a |ias
eiirore l'ait de grands progri's et qu'elle est pourtant de i^raudis^iiue
usai;e. .l'y ai découvert l)eaui'ou[» de uouv(dles lumières, mais eneni-e
la moindre chose m'arrête, comme le lliéorème que je viens de vnns
écrire, qui semble d'al)ord plus aisé i» démontrer qu'il n'est pas.
J'attends de vos nouvelles et suis etc.
FERMAT A MERSENNK.
< skptembue oi; octoiihf. 1():>(j. >
(.V f"' G-g, 14 1- 12"-. /■,".)
Rr.vrr.i.MiK I'ati i\,
1. (Juamvis id ai^^am ut pro Olulipo Davum (^ ' ) restituam, cl li-
benlissime protilear quicslioncm Domini de Sainte-Croix ad meam
notitiam {") non [)ervenisse, liceat tamen numéros ah ipso exhihi-
(' ") .Vllusioii iui \prs igi do \ Aiidria de Tcrcncc :
\on lierciR inIaHe;,-o. — Non r hem. — Ilavns suul. non OF.ilipuî.
(-) Il csl malaisé de délormincr .si la (iiioslioa dont il s'ai;il ici csl bien celle doiil il est
parlé I.eUres VI, 1. et .\, 2. ainsi (jne plus loin, XII, 5, ou une autre des ciiu| ipicslions
iiiiiiiériiiues proposées par .S" Croix à Descartes en avril iGj8, à savoir ;
I. TroiiK'cr un Ingonc qui, p'u< un tri^onc. Irtruf^onc. jassc un lctr<igi>nc, cl de rcclwj .
et que de lu somme des cotes des tctrii^oues résulte le premier des tri^ones cl de In mulli-
pliealion d'elle par son milieu le secoiul. J'ai donné i5 et r20. J 'attends que quelqu'un >
stittsjassc par d'autres nonihres ou qu'il montre que In chose est inipossdilc.
II. Trnin'cr un Irirerta/iglc dont chacun des eûtes soit l'aire d'un trirccta/iglc. J'ai
donne 'iio, yio, yjo. J'attends etc.
III. 'J'rom-cr un ùarlong ou te'irago/ie plus sa pleure et tel que l'aggfc'gat du dit tétrii-
Oi ŒUVHES DE FERMAT.- COHRESPONDANCE.
(os ( ' ) solutioiio prohlcmatis abs te propositi compcnsarc, et qusestio-
iies aliquot àpiotpaîaç subjicere, quaruni enodationem ad nos scrius
^oiir (■/ de son double tciragoiic fusse ii/i tetrir^oiie dont la pleure soit le bnrloiij^ ou te-
trnifotie plus sa pleure. J'ai donne >S. J'attends etc.
IV. (l'oir ci-avaiil, Lettre VI, 7, note.)
V. Ou tleiiiande aussi un nombre dont les parties aliijuoles fassent le doidde et, pour ce
(ju'ou eu a déjà trois qui sont 120, ()■]■?. et 5^3776, il est question de trouver le ipia-
Irièiuc.
Les l'cnseii^nements tiré.s do la coircspoiulancc de De.scartcs sont eontrailietoircs; dans
une lollrc à Morscnnc du 22 juin i638, il dit (éd. CIcrsclier, H, 88) :
n Je serai bien aisc_ de savoir si les réponses de M. Format ont satisfait davanta.ïo
ip .\L de Sainte-Croix que les miennes; mais pour moi, je trouve |)!aisant ipic. de quatre
•> questions, n'y en ay<iut iju'une qu'il résout à peine en dunnant un nombre qui y satis-
•• l'ait, il ne laisse pas de faire des bravades sur ce sujet, disant (pi'il ne se contenic |>as
■> de résoudre ces questions à la mode de M. de Sainte-Croix, etc., et en ])roposc uik^
:i autre toute semblable cl même qui est bien plus aisée. »
Le 'io juin iG3S (éd. Clerselier, 111, ()2), il écrit d'antre part à iMcrscnnc :
" .le lui ai aussi proposé (à Gillol) la cpiatrièmc^ ipiestion de M. de Sainte-Croix qui est
I de trouver deux nombres chacun desquels, comme aussi la sonmie de leur agrégat, ne
II soil (|uc de trois tétragones, à cause (juc vous me mandez (pic c'est celle qui et semble
)i à M. de Fermât la plus dipicilc. »
On doit remarquer que la (|uestion II de Sainte-Croix à Uoscartes a d'abord été (>roposée
par Fermât à .Sainte-Croix qui la résolut (ci-après, Lettre XVIll, 3), (pie dos (pialre
autres, la (jucslion V avait été ])osée par Mcnscnno dans l'Épitrc dédicatoire de ses Pré-
ludes de l'Harmonie universelle en i634 {voir Lettre III, 2), avec l'indication du nond)rc
lao. Fermât trouva le nombre 672 (Lettres XII, 4, et XIII, 4). Le troisième nombre
j»377('), ipie ne donne pas la métliode de Fermai (lVn), parait avoir été trouvé par Sainle-
Croix à \Lnc date postérieure à l'impression de la Seconde Ptirtic de l'Harmonie univer-
selfe de Merscnnc (10:17).
La ipicslion III, qui se traduit par ré([uation
.r2-4-2(.r2)5= (.c2-i-.r)2,
est très ai.sée à ré.soudrc, et il est improbable que ce .soit celle devant latpielle Fermât dé-
clarait n'être jias un Œdipe. Il n'en est pas tout à fait de même pour la ipiestion I, dont
l'énoncé, passablement obscur, semble devoir s'exprimer par les trois équations
r(.r-Hi) „ „
^"+p^ = .
( IH- .-)(.)• -I- r. -I- 1)
2
.rf.r-;- i")
Il ( // -I- I )
avec les conditions que x, j, z soient entiers et p- un entier de la forme
I ' ) Peut-être comme solution de la question II, proposée par Fermât à Sainte-Croix.
l'oir noie précédente.
XII. - SEPTEMT.RE 163G. 65
provcnturam auguramur, quidquid poUiccatur acutissimi vir ingonii.
2. Diim igitur diiricilioribus numoris tcntationcm honostamus, ut
ipse loqiiitur, ita proponimus (') :
1 *' huTnire Iriangulum rcclangidum numéro, rujas arca (vqnclur qua-
drnlo.
2" Dalci siirnmà solidi suh tnhus laterihiis triansitli rcctnnsuH numéro
et ipsuis liypolenascv, invenire terminos intra quos area eonsistil.
Noc moveat additio solidi et longitiulinis; in proldcmatis cnini im-
inoriris. quanlilatos omncs sont homogenoa', ut omnos sciiint.
.J"' //ive/iire duo quadratoquadratos quorum summa œquelur quadra/o-
quadralo, aul duos cubos quorum summa sit euhus.
4" Invenire très quadratos in proportione arithmetica, ea conditione ul
differentia progressionis sit numerus quadratus.
3. Quatuor problomatis duo fhoorcmata (-) adjunginius, qu;v, a
nobis invenla, a I)oni°. de Sainte-Croix demonstrafionem exspectant
aut, si frustra speraverimus, a nobis ipsis nanciscentur. Sunt autem
puleherrima :
i" Omnis numerus cvquatur uni, duohus aut tribus triangulis,
uni, 2, 3 aul 4 qiiadralis.
uni, 2, 3, 4 uut 5 pctilagoiiis,
uni, 2, 3, 4, ■'> aut 6 hcxagonis,
uni, a, 3, 4, •'J, 6 aut 7 Iieptagonix,
et eo eonlinuo in i n finit um progrcssu.
Videtur supponcre Dio|)liantus sccundam partem theorematis, cam-
(|ue Bachctus experientià conatus est conlîrmarc, sed dcraonstratio-
( ' ) Dos (jiiatrc prnl)l(>mcs proposés ici par Fermai, trois sonl insohiijk's. f^oir au Tome 1
les Ohrrrffrliofix sur Diapliaitlc : pour (i) el {4 ), YO/'X. XLV; pour (3), VOtix. II.
1 - ) Tour le premier de ces deux lliéorèmes, voir Tome 1, l'Observation XVIII sur Dio-
pliante. : pour le secoiul, cuinpeirrr l'OI's. XXVII.
Fermât. — 11. 9
60 ŒUVRES DE FEIUIAT. - CORRESPONDANTE.
iicm non attiilit. Nos propositinnoni goneralissimam ot pulchcrrimam
priini, iiisi fallor, dcteximus ot pro jure synallagmatis admitti, nescio
an jure, posliilaimis.
li" Octuplum cii/us/ihr/ niimcri unitatc dcmimilum rnmponitiir ex qua-
tuor quadralis taiilum, non so/um in intcgris, quod potucrunt alii vi-
dissi', scd ctiam in fractis, (juod nos demonstraturos polliccmur.
Et ox hac propositione mira sanc dt'dncinius, qua", si in proinptu
f'iKM-int Dom". do Sainte-(]roix, saltoin Hachoti ingcnium ot oporani vi-
donfur inutilitor sollicitasso.
4. Priusquam propositionom lU^ cubis a to propositaiii constrnamus,
ad qusesitum (') do numoro {\-j-i rospondoo me uniouni illiim non oro-
doro proposito salisfaciontom, sod hic unus post 120 in nosira mo-
Ihodo ocourril.
In hujusmodi antom quaîstionibus nihil impodit (|Uominus alius
alià molhodo alios numcros ([lui'stioni satist'aciontcîs nanciscalur : hoc
si contigorit Ooni". do Saintc-Ooix, libontissinio ab 00 accipionius una
cum mothodo (|na usas ost. Sunt onim hnjiisinodi qua'Slionos pulclior-
rimaj ot diiriciilimaî ot a noniino, qiiod sciam, hactonus sohitaî; infini-
tas autom similos peculiari noiiis molhodo jam constriiximus.
5. Quod ad qusstiononi (^) do numoris '\ ot 1 1 spoclat, fatoinur dif-
fioilliniani nobis visam ot adhuc, post multa tontanionta, ignorari. Et
crodidorim, donoc contrarium apparoat, ojiis solntionom sorti potins
(|uam arti d(d)ori; sod maiim falli mo quam Dom. do Sainto-tiroix. I^ljns
solulionoin si dignotur importiri, viam constriictionis rogo adjnngat.
6. Tnani (h' oubis (jua*stionom ita eoncipimus :
Dalis quollihcl numeris in proporlinnc quavis arilhmctica. ru/us dijfc-
renlia progrcssionis et iniments lerminorutn dcliir. imcnire su/nninm eu-
horum ahs omnibus.
(') J'oir plus luuit, paire 0], noie.
{'-) l'oir Lcltrcs VI, 7 cl X, 2.
\II. ~ SEPTEMBRE 1630. 67
1- Pi'iimis casiis est (|uum prirnus terminus est imitas et diiïereiitia
progressionis etiam imitas.
Exhibeandir lumieri iii hac progressione qiiollilx't :
quadratum trianguli numerorum îBcjuaturcubis abs omnibus. IHiii hoc
exemple, iii quo siint ç) luimeri, triangulus numerorum est 4^ cujus
quadratus 202.5 anjuatur summ;e cuborum a singulis.
Haic autem propositio in hoc casu a Baeheto (' ) et aiiis est demon-
strata; sequentes easus nos invenimus.
8. Sit primus terminus unitas et dilTercntia progressionis numerus
quivis, ut in hoc exempht in quo 4 l'^t differentia progressionis :
I .5.9. 13.17,
sumo trianguluni nitimi numeri dilTerentia progressionis unitatedemi-
nuta aucti.
Est autem 210, et ejus quadratum
44100.
Ab eo detraho sequentes numéros :
i" Summam totidem cuborum ab unitate in [trogressione naturaii
ducentium exordium, quot sunl unitates in dillerentia progressi(tnis
unitate deminuta, eamque. summam ductam in numerum terminorum.
Numerus autem, qui in hoc exempio inde eruetur et quem diximus
subtrahendum, est
180.
2" Detraho tri|)luni suiunue totidem (|uadratorum al) unitate in pro-
gressione naturaii ducentium exordium, (|Uot sunl unitates in diffe-
rentia [)rogressionis unitate deminuta, ilhui(|ue ductum in summam
numerorum progressionis datse.
Numerus, ([ui in hoc exempht inde crncinr et ([uein diximus subtra-
hendum, est
1890.
(' ) .Viippndix ;id liliriim de minicris polygonis, 11. iini|i. Si.
68 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
3° Dotralio triplum summa; totid(Mn luimcrorum ab unitatc in pro-
grossioiic naturali diiconlium cxordiuin, quot sunt unitates in difTe-
rcntia prognissionis unitatc dcminuta, illudquc ducluni in summam
((uadratorum abs numcris progressionis data?.
Numoriis, qui in lioc oxcmplo indo ornctur et quom diximus snbtra-
hcndiim, est
10170.
Snmnia numororuin auf'iM'ondorum a numoro 44'*»" f^l 122/10. rcli-
quuni 3i8Go : quod si dividas por 4. dlircrcntiam progrossionis, habc-
bis summam cuborum abs numoris
1 .5.(). i3. 17,
7965, et unilormi in infinitum methodo.
9. Sed nondum constat qua rationo invcniafur summa numororum :
I . 5.9. 1 3. 17,
ncquo quomodo summa quadratorum ab ipsis invonialur : quod ta-
nion ad sccundam et tt'rtiam operationom pcrficicndum est lu'cossa-
rium.
Primum illud praistitit Bachctus (') in liboilo /Je numcris niultangu-
lis : sccunduin ita cxpodiolur.
Sumatur summa lot (|uadratorum ab unitatc in progrcssiouc natu-
rali, quot sunt unitatos in majore progressionis numéro dilFerentia
progressionis unitate dcminuta aucto.
Hoc autcm est facile et ab Archimode (-) in libro De Spirnlibus
traditum.
Ab ea summa :
1° Detrabe summam totidem quadratorum in progrcssiouc naturali
(') Coimncnlairc ilc Bachcl siii' les propositions IV cl V Dinp/uruli .tlc.iandrini de
inultaii'^uUs numcris.
( ') Arcliiiiiùdc, De iuicls spirtdihus, prop. 10, donne eOrcclivcmenl la sommation
n( Il -(- I )
XII. - SEPTEMIUIE 1G3C. G9
al) iinitalc iiicipuMite, qiiot sunt uiiitatcs in difloreiUia progressionis
unitate demiiuita, oainquo suminam ductain in nunicrum tormiiiorum.
?." Dolrahc diiplum siiinma^ totidem numcrorum ab unilafo, quot
sunt unilales in dilî'erentia progressionis unitatc dominula, illiidcnic
ductnm in summani niimerorum progressionis datio.
llis ablatis, reliquuni, pcr diirerenliam |)rogressionis divisuni, dal)it
suinniani (juadratoruni al) omnibus.
Ex his duobus casibus rcliqui oinncs nullo aul mininio ncgolio eli-
cicntur jnxta pneccpta.
10. Sed hic luiTcre noluinuis, verùni p.robleina totius lortasse
Arithmelicos pulchorrimuni construximus, quo non soluin in (juavis
progressionc sanimain quadratorum et cuboruni venamur, sed omnium
omnino potestalum in infinilum mclhodo gencralissima, quadrafo((ua-
dratoruni, ([uadralocuborum, cubocubornni, etc.
il. Ut aulcin innolescat Dom". de Sainte-(]roix sphingem me aiit
OEdipum non exspectare, en prol)lema in (juadratoquadratorum pro-
grcssu, ([uod ita potcst theorematicc enuntiari :
Exponantur (juollihi'l numeri in progressionc nalurali ah (inila/c ; si a
quadritplo iillimi, binario auclu <] cl ^ in quadratum tria/iguli niimc-
rorum diiclo, dcmas summam quadratorum a singulis. fiel quinlupltmi
quadratoquadralorum a singulis.
Exemplum : Expositis numcris
1.2.3.4,
quadruplum ultimi binario auctum est 18, quod duci débet in 100,
quadratum trianguli numerorum : fit
1800.
Ab 00 producto dôme summam quadratorum a singulis, qua- est
3o.
Supcrcst 1770, cujus quinta pars, 3j4, a'quatur quadratoquadratis a
singulis.
70 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
In (|ualibet progrossione siinilitor prohiema construcmus imitando
coiistructionem pra'cedcntcm.
Mothodum gciicralcni in ([nihuslibot in infinilum poteslatibus tradc-
iniis, si visum fiicrit aut (il)i aiit Dom". de Sainte-Croix.
12. Intérim addiniiis propositionom pulcherrimam a nobis inven-
tant (pKO nobis hicem (ledit ad hujusmodi propositioncs iiiviMiien-
dasC):
In progressione naturali ultimus niirnerus
in proximc majnrcni facil daplutn trianguli collaterahs,
in triangidum niimeri proximc mnjoris facit triplum pyramidis coUalerahs,
in pyrainidcin nurnen proximc majoris facil (juadruphim Inangitlolnan-
giili collalcrabs,
cl câ in infinilum iiniformi mclltodo.
(1) yoir Tome I, VOhfermtinn XLVI xur Diophniite. — Il est 1res rcmarqiialilc (juc
celle proposition capilalc, qui donne, de fail, la composition des coefficients du l)inônie,
après avoir clé ainsi commiuiiqiice en if)36 à Mcrsennc, à Sainte-Croix et à Roherval
(ci-nprcs Lcllrc XV, 3), soit restée assez ii;nor6c poarcpio dix-luiit ans après, l'ascal, en
la retrouvant sous une autre fcirnie, n'ait eu aucun soupçon de la très grande antériorité
de la découverte de l'^erniat.
On lit dans le Traité det ordre- iiiiincriquex ((JEuvrcs de Biaise l'ascal, édition de 1779,
t. V, pp. G5-GC), après la proposition XJ :
« Les manières de tourner une même chose sont infinies : en voici ini illustre exemple
» et bien glorieux pour moi. Cette même proposition que je viens do rouler en ]>lusieurs
>) sortes, est tombée dans la pensée do notre célèbre conseiller de Toulouse, M. de Fer-
" mat; cl, ce qui est admirable, sans qu'il m'en eût donné la moindre lumière, ni moi à
» lui, il écrivoit dans sa province ce que j'invcnlois à Paris, heure pour heure, comme
.1 nos lettres écrites et reçues en même temps le témoignent. Heureux d'a\oir concouru
u en celte occasion, comme j'ai fait encore en d'autres d'une manière tout à fail étrange,
'> avec un homme si grand et si admirable, et qui, dans toutes les recherches de la plus
» sublime géométrie, est dans le plus haut degré d'excellence, comme ses ouvrages, que
" nos longues prières ont enfin obtenus de lui, le feront bientôt voir à tous les géomètres
» de l'Europe, qui les attendent! La manière dont il a jiris cette mèiue proposition est
» telle : »
» Eli la progression iifiture/le rjin ronimc/ire par l'unitc, un iionihrc (juelco/irpie ciniit
i> mené danx le procluiinement plus grand produit le double de son triangle. »
I) Le même nombre, étant mené dans le triangle du prochainement plus granil. pro-
« duit le triple de sa p\ rainide. »
" Le même nombre, mené dans la pyramide du prochainement plus grand, produit le
11 quadruple de son triangulotriangulaire. »
)) Et ainsi à l'in/iid, par une méthode générale et uniforme. »
» Voilà comment on peut varier les énoncialions. «
XIII. - 22 SEPTEMBRE 1G3G. 71
13. [)(■ triangulis roclangulis (') |)ropositio non salis pcrspicuo, ut
opinor, in tua cpistola est conccpta : solvctur a nio fortassc, si clarins
proposucris.
Addictissimus tibi,
Ferm.U'.
XIII.
FEMIAT A ROBERVAL.
LUNDI 22 SEPTEMURF, 1C3G.
( f''a., p. i.ifi- 107.)
Monsieur,
1. Je surs(M)irai avec votro permission à vous écrire sur le sujet des
propositions de Méchani(|ue, jusques à ce que vous m'aurez fait la
laveur de m'eiivoyer la démonstration des vôtres, ce que j'attends au
plus tôt sur la promesse (jue vous m'en laites (-).
2. Sur le sujet de la méthode Ç') de rnaxirnis cl minimis, vous savez
que, puisque vous avez vu celle que M. Despagnet vous a donnée, vous
avez vu la mienne que je lui baillai, il y a environ sept ans, étant à
Bordeaux.
Et en ce temps-là je me ressouviens (jue M. Philou avant reçu une de
vos lettres, dans laqu(dle vous lui proposiez de trouver le plus grand
cône de tous ceux qui auront la superficie conique égale à un cercle donne,
il nie l'envoya et j'en donnai la solution à M. Prades pour vous la
rendre. Si vous rappelez votre mémoire, vous vous en souviendrez
[)eut-ètre, et que vous proposiez cette ([uesfion comme dillicilc et ne
(' I Aucune uiilrc ullusioii, il;ins la Corrospunilance ijui nmis reste de Feiiiuil, n'esl laite
à cette (iropositiiHi. Poul-être .s'ai;il-il do la (|iie.slion I de Sainte-Croix à Uoscartes ( voir
plus luiuL i)agcs 03-04, noie), dont l'énoncé éni,i,'niatiipio prétail faciicmcnl ù confusion.
(*) Dans une réponse perdue à la Ictlrc XI, Iloberval annonçait sa lettre suivante, .\IV.
(') ro/r Lettre IX. 8.
72 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
l'ayant pas oncoro tronvcc. Si jo rcnrontro parmi mos papi(M's votro
Icifrc, (lue je gardai pour lors, jo vous l'onvoicrai.
3. Si M. Dospagnet no vous a proposé ma inéthodo (') que comme
je la hii baillai pour lors, vous n'avez pas vu ses plus beaux usages; car
je la lais servir, eu diversifiant un peu :
i" Pour l'invenlion des propositions pareilles à celles du conoïde
que je vous envoyai par ma dernière C) ;
•2" Pour l'invention des tangentes des lignes courbes, sur lequel
sujet je vous propose ce problème : Ad datuin punctum in cnnchoidc
Nicomedis i/nrnirc langcntcm (') ;
■j" Pour l'invention des centres de gravité de tonte sorte de figures,
anx figures même différentes des ordinaires, comme en mou conoïde et
autres infinies, de quoi je ferai voir des exemples quand vous vou-
drez!*).
/(" Aux problèmes numéri(jues auxquels il est (piestion de j)arties
aliquotes (^) et qui sont tous très difficiles.
4. tresl par ce moyen (|ue je trouvai (')-)■?. duquel les parties sont
doubles aussi bien que celles de 120 le sont de iiîo.
("/est aussi par là que j'ai trouvé des nombres infinis qui font la même
cbose ([OC 220 et 284, c'est-à-dire (jue les parties du premier égalent le
second et celles du second le premier. De quoi si vous voulez voir un
exemple pour tàter la question, ces deux y satisfont :
17296 cl 1841 G.
.le m'assure que vous m'avouerez (|ue cette question et celles de sa
sorte sont très malaisées; j'en envoyai il y a quelque temps la solution
à M. de Beaugrand.
( ') I<'oi-mal paraît ici entendre, par sa niétliodc, le procédé de siibsliliior A + E a J
dans une relation en .-/.
(î) f'oir Lettre IX, 7, et plus loin XUI. 6.
(3) f'oir Tome I, p. iGr.
(*) Foir Tome I, p. i30, note 3.
(5) Folr LeUre IV, 3, et l'ièces IVa. IVu.
XIII. - 22 SEPTEMBRE 1630. 73
J'ai aussi (rouvé des nombres en proportion donnée on (pii surpas-
sent t\'ui\ noMiiiri' donné leurs parties aliquotes; et plusieurs autres.
5. Voilà ([uatre sortes de propositions que ma méthode embrasse et
(|in' |ieu(-èlre vous n'avez pas sues.
Sur le sujet du i", j'ai quarré infinies figures eomprises de lignes
courbes ('); comme, par exemple, si vous imaginez une ligure commis
la |)arabole, en telle sorte que les cubes des appli((uées soient en pro-
portion des lignes (|n'elles coupeut du diamètre. (]ette ligure ajipro-
chera de la parabole et ne difl'ére qu'en ce ([u'au lieu (|u'en la parabole
on preinl la proportion des quarrés, je prends en celle-ci celle des
cubes; et c'est pour cela que M. de Beaugrand, ii (|ui j'en lis la propo-
sition, l'appelle /var«/>o/c solide.
Or j'ai démontré ((ue cette ligure est au triangle de même base et
hauteur en proportion sesquialtèrc. Vous trouverez, en la sondant,
(|u'il m'a fallu suivre une autre voie que celle d'Archiminle en la (|ua-
drature de la parabole et que je n'y tusse jamais venu par lit.
6. Puisque vous avez trouvé ma proposition du conoïde excellente,
la voici plus générale {fig- 38) :
Fis. 38.
Si circa rcclam DA parabole, cujus ver/ex B el axis BK e/ appheata
AF, circumducalur, fiel eonoides novœ specici, quo secto hifariam, piano
ad axcm recto, dimidiuin ipsius ad conurn cjusdeni hasis el allitadinis esl
ut <S ad .) .
(') yoir Tome J, pages a5j à 'iGG.
Fermât. . — II.
10
7V (EU VUES DE FEI5M \T. - (.0 RH ESl'ONDANCE.
Si vcrô plaiH) sccclur ml axcin rccio iii(V(jiinlitei\ puUi jxt piiitcliini !•],
segment mn comndis AHdl'] ad roimiii cjusdem hasts cl (dliliidi/us est
ul i|iiiiilii|iliim (|iinilinli El) (iiki ciiih i-c(I;hij,'ii1() AEI) bis
el r('cliU);;iil() siil) DE iii AE
ad qiiadi'.iti El) i|iiiii(ii{iliiiM,
el ricissi/n scq//ir/iftifii conoidis \)(\Vj est ad roriiun e/usf/em hasts et altitii-
(h/iis
ul (|uiiiln|iliiiii i|iiailiali AE iiiià ciiin r(nlaiiL;ulo AEI) bis
et rc'ctaii;;iilo siil) DE iii DE
ad r|iKidrali \.Vj i|iiiiiliipliiui.
l'oiir la (IciiKHisIralioii, (Uilri' 1rs aides (|ii(' j'ai lirccs de ma iiif-
llioilc, je inc suis servi des cvlindi'es inscrits (^t circoiiscrils.
1- .l'avdis omis le |)rinei|)al usaiic de ma mélliode (|ui esl poiii' l'iii-
veiilioii des lieux plans et solides; (die m'a servi partie.ulièremenl ii
trouver ce lien plan ([lie j'avois auparavant trouve si diUleile (' ) :
Si a f/tiotcn//if/iie datts pttiictis ad paiirtnin itiitun injlcctaitliir rectic et
si/tt spccies ipar ah oiniithtis fliml dtilo spatio (Cfftiales. piuictuin voiiti/iiiet
positio/ie datant ctrrinnferenttain.
Tout ce (pie je viens de vons dire ne sont (pi'exemples, car je vous
puis assurer ({ne, siir(diaenn des [xiiiits pr(''ei'dents, j'ai tronv('' nn ti'(''s
grand noinhre de tri's Indles propositions. Je vous envoierai la denum-
stralion de celles ([ue vous voudrez : permettez-moi n(''anmoins de
vous priei' de les essayer j)lut(')( et de m'en donnei' votre jugement.
8. An reste, depuis la dernii're Lettre ([lie je vons t-crivis, j'ai Ironvi-
la (liMiionstralion de la |)ro|)osili(Mi (|ue je vous i'aisois (-). Klle m'a
doniK- grandissime [xdne et ne se [iiTsente [las d'abord.
.le vons conjure de me l'aire [lart de ([uelqu'une de vos pens(!'es el de
me croire, etc.
C) Voir Tome F, |iasc 3; { Lieit.v plans d'.-lpolloiiiiii, il, V>}.
( -) Foir LcUrc XI, 7.
XIV. - Il OCTOnRE 1C3G. 75
XIV.
H015ERVAL A FERMAT {').
sa.iii:di 11 ocToiiBE 1G3C.
(/■«, |i. i3S-i'|i-)
MOXSIF.UR,
1- Je VOUS envoie la (leiiionslcatioii de la proposilidii i'(iii(laiiieu(ale
(le iioirc Mérliaiii(|iie, ainsi ([lie je vous l'ai [ironiise. Kn ([uoi je suivrai
l'iirdre eomiiiiiii (re\|tli(niei' auparavant les délinitions el |)rincipes
des(niels nous nous servons.
2. Nous a|i|)(dons en général um' pi/issa/icc relie (jiialilé par le
moyen de hupielle (pi(d(|iie eliose (|iie ce soil (end ou aspire en un
aiilre lieu que celui oii (die esl, soiî en bas, en liaul ou ii (•("ilé, soil ipie
celle (pialilé convienne naliiridleinenl à la chose ou ipTidle lui soil
coinniiini(|uée d'ailleurs. De la(|U(dle détinilion il s'ensiiil (|iie linil
poids est une espi'ce de puissance, piiisijue c'est une ((iialilé par le
moyiMi de la(|U(dle les corps aspirent, vers les [)arlies inrerieiires.
Souvent nous appidons aussi du nom de puissance la même (diose à
la(|uelle la puissance convient (commo un corps pesant est appcdé un
poids), mais avec cette pré(;aution (|iie ce soit à l'égaril de la vraie
|)uissance, laquelle, augmentant ou diminuant, sera appelée plus
grande ou moindre puissance, (|iioi(pie la chose ;i (jiioi (die convieiil
demeure toujours la inéine.
Si une puissance est pendue ou arrêtée à une ligne llexilde el sans
poids, la(|ii(dle ligne soil attaché(> par un hoiit à (piid(|iie arrêt, en
sorte ([u'cdle soutienne la puissance tirant sans empéchemonl contre
celle ligne, la puissance el la ligne prendroni qu(d(|iie position, en
(') liopoiisc à l:i LoUrc XIII. — I.c lexlc do la présente a iHlS connue ccini tlu l.i
I.cUic VIII. icsllliiù d'iipii'S lo niaïuiscril lii' lii liil)liotlièqiie Nationale, hiiiti n" 7^:20, f" 3i
cl .siii\ .
76 ŒUVRES DR FERMAT.- CORRESPONDANCE.
laquelle elles domeiireront en repos, et la ligne sera droite par forée.
Soit icelle ligne appelée le pendant ou la ligne de direction de la puis-
sanee; e( le point, par letpiel la ligne est attachée à l'arrêt, soit appelé
U\ point d'appension, lequel pourra être quelquefois au bras d'un levier
ou d'une balance; et lors la ligne droite, menée du centre de l'appui
du levier ou de la balance jusques au point d'appension, soit appelée
h distance ou le bras de la puissance, laquelle dislance ou bras nous
supposons être un(^ ligne ferme considérée de soi sans poids. Davan-
tage, l'angle, compris du bras de la puissance et de la ligne de direc-
tion, soit appelé Vangle de direction de la puissance.
Premier axiome. —Après ces définitions, nous posons pour principe
qu'au levier 'et ii la balance, les puissances égales, tirant par des bras
égaux et des angles de direction égaux, tireront également; et, si en
cet état elles tirent l'une contre l'autre, elles feront équilibre; que si
elles tirent ensemble ou de même pari, l'elTet sera doublé.
Si, les puissances étant égales et les angles de direction égaux, les
bras sont inégaux, la puissance qui sera sur plus grand bras fera plus
d'effet.
Comme en cette première ligure {fig- Sg), le centre de la balance
ou du levier étant A, si les bras AB et AC sont égaux et les angles AIJD,
ACli égaux, les puissances égales D, E tireront également et feront
équilibre. De même, le bras AF étant égal à AB, l'angle AFG à l'angle
ABD, et la puissance G à la puissance D, ces deux puissances G, D
tireront également et, pour ce qu'elles tirent de même part, l'effet sera
XIV. - H OCTOBRE 1G3C. 77
doublé. Au contraire, la puissance G ot la puissance E feront é((ui-
librc. Par le même principe, les puissances I, LcontrepèseronI si, ctaiil
éiïaies, les bras AK, AH sont égaux et les angles AHI, AKL aussi égaux.
Il eu sera de même des puissances P et R, si le tout est disposé de
niétiie.
Et en ce cas nous ne mettons point d'autre dilTérence entre les poids
et les autres puissances, sinon (jue les poids tendent et aspirent tous
vers le centre des choses pesantes, elles puissances peuvent être en-
tendues aspirer vers toutes les parties de l'univers avec autant, plus ou
moins de force (|ue les poids. Ainsi les poids et leurs parties tirent par
des lignes de direction ([ui toutes concourent à un même point, et les
puissances et leurs parties peuvent être entendues tirer de telle sorte
que toutes les lignes de direction soient parallèles entre elles.
Deuxième axiome. — En second lieu, nous supposons qu'une puis-
sance et sa ligne de direction demeurant toujours en même position et
le centre de la balance ou du levier de même, quel (]ue puisse être le
bras mené du centre de la balance à la ligne de direction, la puissance,
tirant de soi toujours de même sorte, fera toujours même elTel.
Comme en cette seconde figure {fig. 4<>), le centre de la balance
étant A, la puissance B et sa ligne de direction BF, prolongée tant que
Fig. \q.
de besoin, à laquelle aboutissent les bras AG, AC, AF. En cet état, soit
que la ligne BF soit liée au bras AF ou AC [ou AG] ou à un autre bras
mené du centre à la ligne de direction AF, nous supposons que cette
puissance B fera toujours un même effet sur la balance; et si, tirant
par le bras AC, elle fait équilibre avec la puissance D tirant par le bras
78 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
AE, lors([irclli' (ircra parle liras AF ou AO, clic fera oiicore ('■([iiilibrc
avec la imissaïu'c I) liraiil par le liras Alv
Ce principe, ([iioi([iril ne soit pas (•xprcssémciU dans les auteurs, il
est néanmoins nsiirpé tacitement [tar Ions ceux qui en ont eu all'aire,
et l'expérience le confirme constamment.
Troisicnic axiome. — lin troisième lieu, nous posons que, si les bras
(l'une balance on d'nn levier sont directement posés l'un à l'autre cl,
(ju'étant é^anx, ils soutiennent des puissances égales desqu(dles les
angles de dircclion soient droits, ces pnissances pèseront égalemcnl
sur le cenirc de la balance, soit (jn'ellcs soieiil procbc iln même centre,
soil ((u'clles en soient fort éloignées, soi! ()uc loiilcsdcux soient ramas-
sées an même ccnire.
(domine en la (roisième figure ( //i;-. '|i\ la balance étant VA), le
centre A, les bras égaux AD, AE soutenant des puissances égales M, I,
Fis- \^-
CAR
G- F H
(les(jn(dlcs les angles de direction ADII, AE! soient droits; nous suppo-
sons (|ue ces |iuissaiu-es I, H pi'seront i\[' même sur le centre A (|nc si
(dles étoicnl plus prl's du même centre sur les distances égales A15, Ad,
et encore de inèmc([ue si ces mêmes puissances éloienl ensemble pi'ii-
dnes en A, ces angles tle direction étant toujours droits.
l'rerniêrc proposition. — Ces princi[)es posés, nous démontrerons
lacilemeni, imilan! Archimède ('), (iiic sur une balance droite, les
puissances, desquelles et de tontes leurs |)artics les lignes de direction
sont parallèles entre (dles et perpendiculaires à la balance, conlre-
pi'seront et feront é([nilibre, quand les mêmes puissances seront entre
(dles en proportion récipro((ue de leurs bras. Ce que nous pensons
vous être aussi facile qu'à nous.
I ' ) Ancm.MKDK, De plniwriini (e{/iii/i//riis, I, G cl 7.
\1V. - 11 OCTOIUIE 1G3G. 79
Kn suite ilr (iimi ikiiis (lémonlrcroiis (•('(((' proposition univcrsrilc, ii
la(|iii'li(' nous butons.
Deuxième proposition. — \in toute iKihincc ou levier, si la pro|)(U'-
tioii (les puissanees est réciproque à celle des lignes perpendiculaires
menées du centre ou point de l'appui sur les lignes <le direction des
puissances, ces puissances, tirant l'une contre l'autre, l'eront équilibre
et, tirant d'une même pari, elles feront un pareil ellet, c'est-ii-din-
(|u'elles auront autant de force l'une (]ue l'autre pour mouvoir la ba-
lance.
Soit eu la (|uatriéme ligure {^fig- V-) 'i' centre de la balance A, le
bras AB plus grantl (|ue le bras AC, et soient |ireniii'rement les lignes
HE
l'ig- i!
lie direction 151), CE perpendiculaires aux bras AH, Ati. par lesquelles
lignes tirent les puissances D, K, lesquelles seront des poids, si on
veut, et (|u'il V ait même raison île la puissance I) ii la puissance E que
du bras AC au bras A15, les puissances tirant l'une conire l'autre, .le dis
qu'elles feront é(|uilil)re sur la balance (]AI5.
('ar, soit prolongé le bras CA jusques en T, en sorte (jue AF soit
égale il \\\, et soit considérée CAF comme une balance droite de
la(|uelle le centre soit A. Soient aussi entendues deux puissances (i et
H, des([uellcs et de toutes leurs parties les lignes de direction soient
parallt'Ies ii la ligne VAi; et ([ue la |)uissance (1 soit égale ii la puis-
sance I) et la puissance H égale à la puissance E, l'une, savoir G, tirant
sur le bras Al" et l'autre, savoir 11, tirant sur le bras AC.
Lors, |)ar la premlè're proposition, les puissances G et H feront équi-
libre sur la balance CAF; mais, par le premier principe, la puissance D
sur le bras AB fait le même cfi'et que la puissance G sur le bras AF :
80 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
parlant la puissance D sur le bras Wi fait (''quilibre avec la puissanco H
sur le bras AC cl, la puissance II tiraul ilc même sorlc sur le bras Ad
(|ue la puissance E, par le uicmo premier axiome, la puissance I) sur le
bras AI} fera é(|uilibrc avec la puissance 1*] sur le bras AC.
Maintenant eu la cinquième ligure (Jig. ^j), soit le centre de la
balance A, les bras AB, A(^ les lignes de direction BD, CE nui n(i
soient pas perpendiculaires aux mêmes bras, et les puissances D, E
tirant par les mêmes lignes de direction; sur lesquelles lignes soient
menées des perpendiculaires du centre A, savoir AF sur BD et AG sur
El]; et que, comme la ligne AF est à AG, ainsi soit la puissance E à la
puissance D, lesquelles puissances tirent l'une contre l'autre. Je dis
qu'elles feront équilibre sur la balance CAB.
Car, soient entendues les lignes AF, AG comme les deux bras d'une
balance GAF, sur lesquels tirent les puissances D, E |)ar les lignes de
direction FD, GE, ces puissances feront équilibre, [)ar la première
partie de cette seconde proposition; mais, par le second axiome, la
puissance D sur le bras AF fait le même elTet que sur le bras AB, et la
puissance E sur le bras AG fait le même elfet que sur le bras AC; par-
tant, la puissance D sur le bras AB fait équilibre avec la puissance E
sur le bras AC.
Il y a plusieurs cas suivant les chutes des perpendiculaires, mais il
vous sera lacile de voir que tous n'ont ([u'unc même démonstration. Il
est aussi facile de démontrer que, si les puissances tirent de même
part, elles feront même elfet l'une que l'autre, et l'elTet des deux
ensemble sera double de celui d'une seule.
J'attends votre jugement sur celte démonstration et, si vous l'ap-
\IV. — Il Or/rOHHK 1G3G. 81
prouvez, nous conununi([uorons eiisuilc des conséqiioiices (|ui on ilé-
|>cn(l(Mi!.
3. J'ai trouvé la démonslralion (') de la somnio des qnarrés de denx
côlés ralionaux, eommensurables en longueur, appliquée au double de
la somme des eolés. excédant d'une iigure quarrée. Mais, puisque
vous l'avez aussi trouvée, je ne vous dirai ici que mon principal fon-
dement qui est que, de deux nombres (|uelcon(|ues, la somme de deux
t'ois le quarré du premier, deux fois le quarré du second et deux fois
le produit des deux nombres, n'est pas un nombre quarré, d'autant
que, j)renant les moindres nombres de leur raison, un nombre simple-
ment pris n'est pas quarré. Si nous avons Ions deux un même moyen,
ceci sul'til; si vous en avez un autre, ee que vous reconnoitrez parce
discours, vous me ferez faveur de me l'apprendre, et moi je vous écri-
l'ai le mien tout au lon^, si vous le désirez.
4. .l'ai aussi trouvé la tlénnuislralion (- ) de votre conoule e( celle de
votre parabide solide et, en conséquence, C(dles d'une infinité d'autres
pareilles, quarréquarrées, quarrésolides etc.
5. .l'ai trouvé les tangentes de toutes ces ligures : [)ar exemple, en
la parabole solide, la portion de Taxe, prise entre la tangente et le
sommet, est double de la portion du nn-me axe. prise entre le soMimct
cl la ligne appli({uée de l'attoucliement ii l'axe.
6- .l'ai, par le même moyen, quarré la parabole géométri(|utMnent,
autrement qu'ArcliiniiMJc.
1- \'A je me trompe fort si je n'ai rencontré le même moyen (juc
vous, me servant des lignes parallèles à l'axe et des portions de ces
lignes prises entre les paraboles et la ligne (jui touclie les nu'mes para-
boles [)ar le sommet, lesquelles portions se suivent en la raison de
l'ordre nalurcd des nombres quarrés on des nombres cubes etc. Or, la
somme des ijuarrés est toujours plus (|ue le tiers du cube (|ui a j)0ur
(I) loir LeUrc XI, 7.
^2) f'oir LcUrcs IX, 7; XIII, 3 cl 6.
I'kHM VT. — n. Il
82 ŒUVUES DE FERMAT.- COURESPONOANCE.
(•(■)(('■ lo cot('' (In [)liis grand ((narrr, et la mémo somme des quarrés, le
plus grand étant ùlr, est moindre que le tiers du môme euhe; la somme
des cubes plus (jue le (|uarl du quarréquarré et, le plus grand cui)e
été, moins qu(^ le quart; etc. Si par ce discours vous reconnoissez ((ue
ee n'est pas votre moven, j'en serai d'autant plus réjoui pour ce (|ue
nous eu aurons deux, et vous me ferez la faveur de m'envoyer le votre,
faisant le même de ma part.
8. Pour les tangentes de la conclioïde, je les ai considérées il y a
longtemps, comme étant déterminations d'équations (juarréquarrées.
Sur ce sujet, il y a doux points en la conchoïde par les(|uels ou ne peut
mener des tangentes : je vous prie de les considérer et vous trouverez
une admirable propriété d'angles au sommet l'un de l'autre à la sec-
tion d'une ligne droite et de la conchoïde (').
9. .l'estime vos propositions (-) des nombres et celle du lieu plan
fort difticilos; ce que je saurai mieux quand j'aurai eu le loisir de l(>s
considérer, comme aussi les centres de gravité des ligures susdites
tant planes que solides, n'étant pas résolu pourtant de m'obstiner
après; car j'aimerai mieux tenir de vous ce que vous en aurez, si vous
l'avez agréable.
10. .le vous prie pourtant de me mander si le centre de gravité de
votre demi-conoide n'est pas ce point où l'axe est divisé de sorte (|iie
l'un des segments est à l'autre comme i r à 4, pour ce qu'un léger rai-
sonnement et non encore bien considéré m'a semblé me mener à cette
raison ('' ).
H. Une autre fois je vous pourrai mander de nos propositions ainsi
(|ue vous le désirez. Pour celte heure, que je n'emploie à écrire ceci
qu'un temps dérobé, je vous envolerai seulement celle-ci :
De deux cônes droils égaux cl isopérimclrcs étant données les bases iné-
gales ou les hauteurs inégales, trouver les cônes.
( I ) f'oir Lclli'c XIII, 3 — Knlierviil parln ici des points d'inflexion de la tonclioïdc.
("-) t'olr Lettres XIII. i et 7.
(^) loir ei-après l-cttre W. 5.
\V. - k NOVEMBRE 1G3C. 83
Quand je dis isopérimêlres, j'entends les hases y comprises ou excep-
tées, comme vous voudrez.
Vous en aurez la solution quand il vous plaira, si vous ne voulez
prendre la peine de la trouver vous-même, et je vous l'aurois envoyée
dès maintenant, n'éloit que je crois que vous désirerez avoir le plaisir
d'y penser.
Attendant que vous me fassiez la laveur de m'écrire. je demeu-
rerai etc.
\V.
FERMAT A ROBERVAL.
MARDI k NOVKMIIRE 1C3C.
(la, 1,. ,1fi-,47;l!f"2'».)
Monsieur,
1- Me réservant à vous écrire une antre l'ois les tlélanls (|ue j'ai
trouvés dans votre démonstration (') et dans votre Livre imprimé (-),
(|iie j'espi're vous l'aire avouer [)ar vos propres maximes, je me con-
leiilcrai (le répondre présenlement aux autres points de votre Lettre.
2. Va |)remit'rement vous saurez que nous av(»ns concouru au même
rncditun sur le sujet de la somme des deux quarrés rationaux, com-
mensurahles en loni<ueur, ap[)liquée au double de la somme des côtés,
excédant d'une tii^Mire (|uarrée (^).
3- Vous vous êtes servi aussi d'un même mcdium (^^) (|uc moi en la
(juadrature lies |)araboles solides, quarréquarrécs etc. ii l'infini; mais
vous supposez une chose [vraie] de la({uelle vous n'avez possible
( ' ) Lcltrc XiV. 2. — Kerniiil annonce les objeclioiis conlemies d;m.s lu Pièce XVI, ci-
après.
(2) Voir LcUrc VII, 4, noie i.
(') ^0(>LeUre XIV, 3.
(*) Voir LctlrcXIV, 7,
84 ŒUVRKS \)\l FEIUIAT. - CORRESPONDANCE.
[las la (léinonsiralion pn-cisc, qui osl ([iic la soinmo dos (juarrés est
plus içrando (|uo le liiM's du cube (|ui a pour cùlV' lo côté du plus grand
(liiarrc-; la sonimc des cuhos plus ((uo le quart du quarréquarn''; la
soinuio des (juarréquarrés plus qu'un cinquièmo du quarrécuho; etc.
Or, pour démontror cela plus généraicmont, il faut, (''(ant donné un
\wm\\ri' in progrcssioiif mil iirali. trouver la somme, non seulement de
Ions les ((uarrés et cubes, ce que les auteurs ((ui ont éci-il ont déjà
l'ail ('), mais encore la somme des quarréquarrés, ((uarrécubes etc.,
ce (|ue personne ([ue je saidu' n"a encore trouvé; et pourtant cette eon-
noissance est l)(dle et de grand usage et n'est pas des plus aisées.
.l'en suis venu à bout avec beaucoup de peine. JMi voici un exemple :
Si quadnipliini tnaiiini iiitineri biiutrio aurliint dacas i/i (juadraluni
Iriangtili luimcroriini, cl a pnxliirio dcmns siinunarn quadralorum a sm-
gidis, fiel siinuiKi (fiKidraloqiuidrnlnnun (jiiuiliiplii.
Il semble (|ue Racliet, dans son Traité De /itiincris miiltangu/is (-),
n'a pas voulu tàter ces (|ueslions apri's avoir l'ait C(dle des ([narrés et
(jes cubes; je serai bien aise ([ue vous vous cKcrciez pour trouver la
méthode générale, pour voir si nous rencontrerons. Kn tout cas, je
vous olFre tout ce que j'y ai l'ait, qui est tout ce qu'on peut dire sur
cette matière.
Voici cependant une Iri's Ixdie proposition, qui peut-être vous y ser-
vira; au moins c'est par son moyen que j'en suis venu à bout, (rcstune
ri'gle qu(^ j'ai trouvée pour donner la somme, non seulement des
triangles, ce qui a été fait par Bachel et les autres ('), mais encore
des pvramides, Iriangulolrianguloriim etc. à l'infini. Voici la propo-
sition (■') :
UUimum lattis in laliis pruxime majiis facil duplum triangtili.
(') roir LeUrc XII, 10 cl 11.
(2) Voir LcUrc XII, 7, nolo i.
C) Bachel [Appcndix ad libruni de itutncrU poljgniii.i, I, prop. 18) donne la somma-
lion, non seulement des iriangles, mais en général des polygones de même genre ayant
pour cotés les nombres consécutifs à partir de l'unité.
(■•) Foir Lettre XII, 12.
XV. - i NOVEMIÎRE 163G. 85
Ullimurn laliis In Iriangulum hitcris proxime majoris farit Iripliini pv-
ramidis.
Ullanimi lalas in pyramtdem latcris prn.vime majoris facit /piadriipluni
triangulotrian guli.
El eo m i/tfinilnm progressa.
Toiitos ces propositions, (juoiqiie holios do soi, m'oiil servi à lioiivcr
la (]uad rat lire ([uo jo suis bien aise ([uc vous oslimioz.
4. Je voiulrois avoir assez de loisir pour vous envovei' les proposi-
(ioiis des iiomlires (') ([ue vous trouvez si diriieiles; elles le soiU en
ellet : nièuie Tartaglia (-') avoiteru ([u'elles u'éloient point trouvaltles
|)ar art. J'en ai envoyé la construction au Père Mersenne; il vous la
communiquera si vous la lui demandez.
5. Je vous onvoierai aussi une autre fois le centre de gravité ( ') de
toutes ces nouvelles figures, avec la méthode générale pour le trouver.
Vous savez eependant que celui du demi-conoïd(> divise l'axe en pr(»-
portion de i [ à >, non pas de i i ;i f\, comme vous aviez cru, et (jiie
celui des nouvelles paraboles divise l'axe en proportion pareille ii celle
du parallélogramme, qui a pour hauteur l'axe et |)(iur hase celle de la
figure, il la figure : ou, pour mieux dire, le diamètre de toute parabole
est divisé en tel point [de son diamètre ) par le centre de gravité, jeu
sorte] que le segment d'en bas est ;i celui d'en haut comme la figure au
parallélogramme de même base et de uiéme hauteur.
6. Puisque vous avez trouvé la démonstration de toutes mes propo-
sitions, vous m'obligerez beaucou|) de prier le Père Mersenne de voii'<
donner mes iiouv(dles hélices ('), desquelles les démonstrations vous
seront aussi aisées que ci'lles du conoide et des paraboles. 11 m'écrit
([n'oii doute de didii de leur vérité; vous la lui confirmerez, s'il vous
(') Voir LcUre XIV, 9 cL Pièces IVa, IVu.
(-) Comparer La sccD/ida parte dcl General Tratlato Ui nuincri cl ntistire de Nicoln
Tartaglia (Venise, i5JG), lilj. I, cap. IV.
(') Foir Tome I, p. i36. — Cp. Leltre XIV, 10.
(*) ^oi> Pièces IIIa, IIIb.
m ŒUVIIES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
|)lail, ('( (U'sahusorez Monsieur ilp ... ('), qui semble iic les avoir pas
crues.
7. Mais il n'en faut pas demeurer là. ear, pour suppléer tout ce (jui
semble manquer dans l'Arebimède :
E.vponalur parabole ACDF (fig. 44). cujus axis DE, hasis AF, CB pa-
rallcla DE et ideo perpcndicnlans ipsi AF. Circa reclam DM fixam figura
l^ig. 4'l-
ADE cufH'crsa cunstiluit conoides Archimedcum ; circa AEfixam comli-
litil nostrum conoides.
Sed, si figura ACB circa Alî fixam corwerlalur, cons/iluiliir porlm
noslri conoidis; si autem circa (]\i fixam fiai conversio, t/uœrilurproporlio
/lovi islius conoidis ad conum ejusdem hasis cl alliludinis.
Hoc (iiilem etiamper/ecimus; imo mirahilius quiddam im-enimus, ellip-
sdidcs ciii si conum œr/ua/em inveneris, dabimus circtili (juadrationem. ~
Sed Ikvc allas.
8. Votre question des eones (-) est si aisée qu'il seroil inulile de
vous en écrire la solution.
9. Pour les tangentes de la concboide (M, j'ai peur que vous aurez
é(|uivo([ué; car voici ma proposition qui n'exclut aucun point, laquelle
j'ai copié sans la vérifier sur mon manuscrit; peut-être que c'esl moi
(|ui aurai failli, je vous l'écrirai la premii're fois.
( 1 ) Bcaugrand? f'oir Lettre XVIII, 4.
C-) Voir Leure XIV, 11.
( ^) Voir LeUie XIV, 8. — Cp. Tome I, p. lOi.
\VI. - DKCEMBRE 1G36. 87
Eslo conchois ABC (tîg. /i5), ru/us po/tis F. inlervalliim HA, rf m eu
tlaluin punclum B.
Primiim asscrimus carn in inlcriora convexarn repra'sciitanddfn. lied
contrarium Pappo cl Eitlocio visum fueril (').
A
Fig. ',S.
/
B ^~^--~,
H
/
f
\l
Deinde langenlcm i/a (lucimus : Jnngatur FIB et perpendicularis BD
i/e/nil/atur; rcclangiilum BFI, unà curn quadralo BD, ad rcriani BD (tp-
pltccnliiret facianl laliludinem DN;/ial
lit II) ad J)N, ita BD arf 1)^ .
■Iiincla YB langet conchoidem.
J'atlcmls votre réponse et suis etc.
XVI.
OBJFXTA A DOMINO DF. FERMAT
AnVKtlSUS PROPOSITIONEM MliCUANlCAM DOMIxNt DI-: ItOBERVAL {■').
< DÉCF.MBRE l636 >
{l'a, p. i^T-i'|2.)
Si vera essel propositio mcelianica Doinini de lîohervai, in rcclc ipio-
lihcl pondéra perpendiculis a ecntro veclis in lineas direclioiuirn deniissis
( ' ) Pappus. IV, 22 ( éd. IIiiUscli, pp. 2^2 cl 24O), lîiitociiis (Coiniii. iii lib. Il de s|iliirru
ol cylindro : Arcliinicdc. éd. Heiljci'g, vol. III, pp. 117, 119, 120, 12'.) n'iiidiipicnl rien sur
le sens de la coiicavilé do la conclioïde : l'observation do Fcnnal no porlc donc c|iio sur les
figures fautives des manuscrits reproduites dans le Pa|)pus do ('omniandin ol Aaw^ 1rs an-
ciennes éditions d'Arcliimcde (p. ox., celle de llivault, Paris, i(ii j).
(-) Celte Pièce parait avoir clé envoyée à t>arcavi, au cominencenienl de déconilirc iii Ui
I îKi//' Lettre WII, 1 ) comme réplique à la Lettre XIV de Uobcrval.
88 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
esse rcciproce proportionalia (t(l aslnicndarn qiiictcm, non posscl sul)sis-
Ici'o |»r()|)oi'li() i^rîivis ad potcntiain in piano inclinato, quam in Libello
siio (' ) Irailidit. Hoc pcrspicuo dcnionslramus :
In prima ligiira (fig. 4<>K <?slo punclum in suporticic telliiris N,
ccnlrnin (cri-a' H. .Innclà NH, dncatur ANGF porpcndicularis ipsi HN,
(|iiani ([iiidcni ANGF ii qui stint in pnnclo N vocanl parallelam hori-
/.oiili. Kx|)onanliirs]»luera' ([iiaruni ccnlra 15, ('., D, qu;e tangant rectani,
sivc planiini pcr ANGF, in pnnclisN, G, F.
Palet priinum sphicram B a inininia polcnlia tnovori. idqiio Dominns
de IloIxM'val non diflilotur, et in |)nneto N eollocatani nianere, sed in
nnllo alio totius plani puncto idem aecidil.
Pei'lieiatnr figura, ut hie, vides. Ue(-la IIG, conncctens punctum con-
laelùs G et centrum ternv H, ad reelam (>G facit anguluni obtusum,
ideoqu(' splia>ra C ad partes GN movehitur. Idem de sphicra D. Sit igitnr
potentia in Z retinens splia'ram G per motum recta* ANGF parallelum,
aul, (juod idem est, per rectam 7A\. Inteliigalur vectis ciijus centrum
tixnm G ; duealnr in HC pcrpendicularis G!.
Spli;cra) C motus naturalis est pcr rectani GH; motus retinens per
GZ. ad (|uam pcrpendicularis est GG : ergo, ex suppositis Doniini de
Kditerval, est [rcciproce]
Ml recta CI ad reclaiii CC, ila potentia retinens in Z ad sphaîram (].
Qiiod erat demonstrandum.
C) 11 s'agil du Traite de Mcchaiiique do llobeival. l'nir Leitrc Vil, 4, noie i.
Wll.
7 DÉCEMIJHK 1G3G.
S!l
In sphii'i'a autt'iii I) major rcquirotiir polcnliaad iiiinciuliiin (i.(|ii(i
inagis (lislalii( a piinclo N, r<> majore potonlia opns cril, (|iio(l es! mira-
I)il('. K\ siippositionc aii(('iii Domini de liohcival, iiiin(|iiaiii in codcm
piano variai proi»orli(>; quod qnàiii lonptc altcat a vcrilalc, ipscvidoril.
Sil con (rum terra' li[ Jig. /17), plan u m inclinalum AdDIv In |)iinclis A
(i"(", eamilem potenliam relinere, poleral forlasse non incon^rnum
¥>■■
d/
\
videri Domino de lloherval. Sed, dnclo perpendiculo HU, ([uum in
[(nnclo 1) sit quies et minima potentia relineat, (|uâ ralione eonstabil
ipsins proposilio?
In qnolilx'l autem piano lialict locnm nostra deinonstralio. Omne
qni|)pe planum alicui liorizonti invenietur parallekim.
Hae proposition!' evertitur dcmonstratio Domini de lioherval et l»re-
vissimà via ad ipsins hypothèses nova [)roporlio detei^itnr.
Secundam tiguram addideramus, ([uà jndicium noslrnm de ipsins
nltima [iro|)ositione prodere s[ieral»amus. Sed non suppetil lempiis.
Wll.
l'Kn.MAT A UOHKKVAL.
iiiMA.Nciii; 7 ni'iCKMRiii; iii.jii.
(r-„, |.. i'i7-i'|.s.)
.MoNSIICI II,
1- Apri's vons avoir assnré (|ne je n'ai jamais songé de sonli'nir uni'
npini(Hi contre mon senlimenl l't (|ne je serois ra\ i (jue votre propo-
h'i.ii.MAT. — n. ' "^
90 ŒUVRES DE FERMAT.- CORHESPOND/VNCE.
sition niécliani(|iio (') tut vraie, afin que nous ne i'ussions plus en
])oine de sonder la nature par cet endroit, je m'en remettrai du sur-
plus à la lettre (jue j'écris à M. de Carcavi, à laquelle j'ajouterai seu-
lement que le dernier des principes dont vous vous servez pour l'éta-
hiisscmcnt de votre proposition ne me semble du tout point admissible
et que, sans aucun esprit do contradiction, j'estime que, pour établir
la proportion des poids qui se meuvent librement, on ne doit pas
avoir recours aux forces mouvantes, et qu'au contraire les poids libres
doivent servir de règle à tous les autres mouvemens violents; et c'est
en quoi je trouve que votre principe est défectueux, outre qu'il est
apparemment faux, puisque celui dont je me sers en sa place ne |)eut,
ce me semble, être contredit, et de cela j'en fais juge qui que ce soit.
Sil redis BD(J (fi g. 48), ciijus médium D, cenlrum lerrœ A.; sit. auteni
recla DA vecti perpendicularis et sint œqualia pondéra B et C, ad centrum
lerrw per reclus BA, CA naturaliter annucntia ; suspendatur aittem redis
n piincto D cl a qiMvis potentia retineatiir : Aio idem ponderare B cl C,
corpora ila constilitla ar si amho in ptinclo D ah eadem pnlcnlia dcti-
ncanlur.
Car, puisque la ligne BC est sans |)oids et que la puissan(;e (|ui est
en D abslraliit a cciilro, où au contraire les poids B et (\, snc sinl m
piinclis B cl {], sive in punclo D, tiergunt ad centrum motu opposilo.
il s'ensuit clairement que la puissance qui retiendra les poids aux
points B et V. les retiendra aussi en D, et vice versa.
; ' ) roir LeUre XIV, 2, cl Pièce XVI.
WII. - 7 DÉCEMBRE 1636. 91
Et n'importe d'alléguer qu'il semble que le mouvement qui se fait
par des puissances parallèles à la ligne DA est aussi bien contraire au
mouvement qui se fait sursum par la puissance qui retient en D : car,
1° Il n'est pas si probable de dire qu'un mouvement violent est con-
traire à un autre mouvement violent, comme de dire qu'un mouvement
violent est contraire au mouvement naturel.
2° Le mouvement qui se fait sur les lignes parallèles à DA se fera
sur des plans incl.inés à l'iiorizon et desquels la proportion sera plus
inconnue que le principe; de sorte que ou il vous faut avouer la vérité
de mon principe ou démontrer le voire. Au premicrcas, je vous démon-
trerai ma proposition de mon second levier, par vos propres maximes;
j'estime que vous aurez grande difficulté au second.
Vous pouvez encore répondre qu'il n'est pas ici question des mou-
vemcns qui se font sur des plans inclinés à l'horizon, parce que vous
supposez, et je l'accorde aussi, qu'en tout mouvement, si la force qui
retient tire à l'oppositc, l'équilibre se fera lorsqu'elle sera égale h la
force qui tire au contraire, et qu'ainsi, la puissance en D tirant à l'op-
positc, l'effet de votre principe s'en ensuivra.
Mais je réponds que votre réponse seroit bonne, si la puissance qui
est en D étoit divisée et placée aux points B et G, et qu'elle tirât au
contraire par les mêmes lignes que les forces, que vous supposez en
C et B, meuvent. Mais cela n'étant pas, excusez mon incrédulité si elle
ne se rend pas à vos raisons, lesquelles je soubaiterois plus fortes
pour pouvoir librement me dédire de tout ce que j'ai fait sur ce sujet,
vous protestant que jamais homme n'a été plus docile que moi et que,
lorsque je reconnoitrai mes taules, je les publierai le premier avec
toute franchise.
2. J'ai été bien aise de voir votre remarque sur la conchoïde ('),
et vous prie de m'en donner la démonstration et vous souvenir que,
lorsque je vous écrivis sur ce sujet, je le fis en doutant et sans exa-
miner l'écrit que je transcrivis d'un livre où je l'avois mis il y avoit
(>) To/r LcUre XIV, 8.
92 Œ(IVI{i:S 1)1' l'KlîMAT. - CORRESPONDANCE.
qualrc ans. La (•(iiisiriiclion pourtant convient au prohli'nic et an
point nirinc de voiro proposition, si ollc est vraie, l'c que j'attends
(|iie vous nie (■(uitiriniez.
.le vous prie aussi me l'aire savoir votre senliuKMit sur les autres pro-
positions ((lie je vous ai envoyées et votre réponse sur les autres points
(|(^ ma (lei'nil're Leil re ( ' ) et me croire toujours etc.
Wlll.
FERMAT A UOBERYAI..
>UHIII 1<) DfiCEMBRi; lG36.
( / it, p. ] '|S-i jl.)
MONSIEUU,
1. Je viens (le recevoi r votre J.eltre tlu 29 novembre (-), pour réponse
il laquelle je vous dirai que, de la méthode que vous ave/, trouvée pour
donner la somme des ({uarrécubes et ((uarréquarrés, je ne vois point
(|u'on en puisse tirer une règle générale pour l'invention de la somme
omnium poteslalam in infinitum. ce qui est requis à la solution de mon
problème (^). (lar vous dites seulement qu'il sera aisé de trouver les
autres, après avoir vu celles dont vous baillez les exemples: mais je
demande une méthode générale qui serv(\ ad omncs potcslales, comme
Vii'te a trouvé celles des sections angulaires (*). Vous y songerez, s'il
vous plaît, et j'en écrirai cependant l'invention et démonstration (|ue
vous verrez lors([u'il vous plaira.
(!) Lettre XV.
("-) Celle Lettre, île lioherval ;i Fcniial, est perdue.
(») Foir Lettre XV. 3.
('•) tM'ancisci VioUn ail an^iilares secliones llieoreiiinta zaOoXr/.ojT:f.a demonstrala (ler
.\le\aiuiruin AiuJersDiiiiin. — l'iiges; ■>87 à îo', de l'édilion dos lil/evirs.
XVÏII. - 16 «ÉCKMIÎRE IG3C. 93
2. Pour co qui est dos nombres et de leurs parties aliquot(>s ('), j'ai
trouvé nue niétliode générale pour soudre toutes les questions par
algèltre, do quoi j'ai fait dessein d'écrire un petit Traité, .le erois ((ue
vous aurez maintenant vu la construction des deux ([uc j'ai envoyés
au Père Morsenne; car il m'écrit qu'il vous les baillera. Toutes ces
(]uestions sont Iri-s difticilos, comme vous savez, el n'ont été traitées
par personne.
3. ,1'ai été bien aise d'être confirmé par votre lettre en ro[»inion (|uo
j'avois déjà conçue de .M. de ■< Sainte-Croix >. Il est pourtant vrai
(ju'il doit avoir grande expérience dans les nombres, car, lui ayant
par reutromiso du Père Morsenne proposé une question que personne
do ceux à qui je l'avois proposée n'avoit encore pu soudro, il m'a
envoyé d'abord les nombres qui satisfont à la question, sans pourtant
expliquer sa construction. La question est (^) :
Jincnirc tria trlangula rectangula numéro, quorum arciv consliluanl
Iria latcra triait guli rec/angu/i numéro, singuke nempe arca: singulis
lalerihus sint œqualcs.
Je vous avouerai ([ne ce problème me donne beaucoup plus tic [)eino
(|u';i M. do <^ Sainte-Croix >. Il esl vrai que les nombres (juo j'ai
trouvés sont dilférenls des siens et que peut-être ai-je tenu un cbemin
|tlns diflicilo. comme vous savez que ces questions ont infinies solu-
tions. Peut-être serez-vous de mon avis, si vous essavez de satisfaire à
la proposition.
4. Vous verrez aussi mes spirales (^), desquelles la démonstration
vous sera connue tout aussitôt (car elle est pareille ii celle dos nou-
velles figures ( ' ) que j'ai (juarrées ou auxquelles j'ai trouvé des cônes
(' ) l'oir Lellrc XV, 4. — Les deux nombres oiivoycs au Père ML'rscuiie sont les <iiniablc.\
f~>Sfi Cl l84l(j (voir IV,v et IVii).
{-) f'oir OhscrviUion XXIX ?iir Didiilianli- fToine I, p. Z-fA).
(') T'oir I.oUre XV, 6.
( ♦) f'oir LcUre XIV. 4.
94 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
égaux), et vous m'avouerez que ces propositions n'illustrent pas peu
la Géométrie.
Si M. de Beaugrand n'a pas eneoro trouvé la démonstration de ces
qiieslions, vous m'obligerez de lui en l'aire part.
5. .le lui ai écrit rinvention du centre de gravité de toutes ces
nouvelles tigures(') par une méthode particulière», qui ne suppose
point la connoissance de la quadrature, ce qui vous semblera merveil-
leuK jusques ii ce que vous l'aurez vu. Il est vrai que je lui ai envoyé
l'analvse seulement et non pas la composition que je vous éclaircirai
une aulre l'ois, parce qu'elle a ses dillicultés et ne paroit pas d'abord
pai' celte voie.
.l'ai trouvé le centre de gravité de la parabole sans présupposer la
(|uadrature, comme a fait Archimèdc, et ainsi on en peut lircr la qua-
(li'alurc par un simple corollaire.
6. Toutes ces propositions, ensemble celles des lieux plans, solides
("1 ad supcrfîciem, (jue j'ai achevées, et celles encore des j)arties ali-
((iioles des nombres, dépendent de la méthode (^) dont M. Despagnel
ne vous a |)u l'aire voir qu'un seul cas, parce que, depuis que je n'ai
eu l'honneur de le voir, je l'ai Ijcaucoup étendue et changée.
7- Les tangentes des lignes courbes dépendent aussi de là, sur
lequel sujet je vous proposerai de trouver une tangente ii un point
donné en la seconde conchoïde de Nicomi-de (^).
8. An reste, je suis bien aise de ce que vous ayez trouvé la démoii-
(•) Foir I.eUro XV, 5.
(2) T'oir LoUro XIII, 3.
(') Foir LcUrc XVll, 2. — La seconde conclioïdo de Nicomèdo (Poppiv:, éd. llultseli.
|i. 2(4, '• '9) !)arait correspondre à l'équalion en coordonnées polaires : p = — — — /•', en
supposant b<ia. (La Iroisièmo et la quatriénic répondraient rcspeclivcment aux cas :
/> — ti; h > n). Mais Fermai entend proljablemenl ici la conclioïïie du cercle. {Comparez
Viélc, Supplciiicntuin Gcometriœ, édition des El/.cvirs, page î.4o.)
XVm. IG DÉCEMBRE 1636. 95
slration, comme vous dites, de ce que, supposé qu'aux paraboles les
scgmens (') de l'axe sont entre <nix comme les parallélogrammes aux
mêmes paraboles, il sera vrai aussi qu'étant tournées sur leurs axes,
les centres des solides seront où l'axe est divisé en raison comme les
cylindres aux solides (- ).
Car, |»ar la voie dont j'ai envoyé un exemple à M. de Beaugrand, et
que je mettrai au long une autre fois, j'ai trouvé la démonstration de
l'antécédent cl, de celle du conséquent, que vous m'envoierez, s'il
vous phiil, j'en tirerai la proportion des solides paraboliques à leurs
cônes, qu'il seroit malaisé de trouver autrement (''). Car vous trou-
verez bien la proportion de ceux qui viennent^o*/ quadrala aller natim,
comme quarréquarrés, cubocubes etc., de quoi vous baillez l'exemple
au premier; mais in paraholis cubicis, ijuadratocubicis cl sic altcniis in
inji/iilum, melhodus qiia usi sumus non dat proportioncm conoideôn ad
conos; ex nostra aulein methodo, in omnibus omnino conoidibus imr-
nunus centrum gravitalis : ergo, ex tua propositiunc, dabilur proporlio
eorum ad conos.
Je l'allends donc avec impatience, puisqu'elle doit servir à cet
usage; si ce n'est que vous ayez trouvé la proportion des conoïdes
cubiques, quadratocubiques, etc. à leurs cônes, ce que votre Lettre
semble marquer, auquel cas je vous supplie m'envoyer lesdites pro-
portions.
Ce n'est pas que je doute de la vérité de votre proposition; mais
permettez-moi de vous dire que; je me suis délié que vous en eussiez
trouvé la démonstration et que j'ai cru seulement que vous en avez
fait l'expérience aux conoïdes paraboliques des quarréquarrés, cubo-
(') C'esl-à-dirc que le cenu-e de gravité de l'aire ni y dx de la parabole j'" = p.r
divise l'abscisse x dans le rapport m-\- \ ix m.
(, '-) C'esl-à-dirc que le centre de gravité du solide tc / y'^Ux engendré par la parabole
■)•" = px divise l'abscisse x dans le rap|iort m -i- 2 à m.
. . f-
(')D après ce passage, Fermât n aurait alors possédé la quadrature J x-"' tU- (pie dans le
cas où m est pair.
96 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
riihcs de. altcrnis. IMais hi coniioissancc quo j'ai clo votre savoir fait
(|U(' j'ospèro (|iic vous me détromperez.
9. Pour ce (jui est de la proportion (' ) du solide qui se fait sur un
diamètre de la parabole parallèle à l'axe, ma construction est diiïcrenic
<lr la votre : il seroit inutile de l'ajouter, puisqu'elles concluent toul(^s
i\v\\\.
10. Je me trouve obligé d'ajouter un mot touchant votre proposi-
lion méchanique (-), parce que le Père Mersenne m'écrit qu'enfin j'ai
acquiescé ;i votre opinion, ce que pourtant je ne saurois faire par les
raisons que vous allez voir, et vous puis assurer que jamais je ne fus
mieux confirmé en la proposition de mon second levier (^) que je le
suis maintenant, car, pour celle du premier, il la faut établir par
de nouveaux principes, puis()ue vous avez nié ceux que j'estimois si
(dairs.
Si votre pi'incipe, duquel je vous ai déjii écrit par ma dernière
Lettre (''). est vrai, il s'ensuit manifestement qu'un même corps appro-
chant du centre de la terre changera son poids.
/// secunda figura (tig. 49) *'' vectis CAB, ciijits incdiiim A curn cc/ilro
Icrrœ N pcr reclain AN, ad vcclcin pcrpendiculai'cni . iungaliir. In
piinctis V. et ^pondéra C. et B cvqaalia rnnsliliiaiititr cl sunilia . (jiuv ad
rcnlriim pcr reclas CN, BN anmiant.
I ' ) l*ro|)orlinn au cvliiiclrc ou ;ui coiic île niôiiio Inisp cl iiiêiuc luiiiU'iir, c'osl-;i-diri' cii-
( -) loir Pu'-ce \VI.
(') rmr Pièce V, 2 el 5.
(■• ) loir LcUre XVII, 1.
Wlll. - 10 DKCKMIîP.E 1(130. i)"
■SV rcrLœ NC, NB csscnt ad vccicrn perpendicularcs, polcntta in iV, (Vifua-
lis duobiis pondcribitsW et (!, ex tuo principio deliiicrel l'cclcm. Sed, (puuii
aagidos m\k, ^MS. aciilos efjîcinnt, aat eadem aiil tninor aul majorpo-
lentia requiretur in A ad airpàlibrinm.
Si eadem polcn lia facil œr/udd/nti/n, ventni erit prificipiiiin qito in pne-
cedenli ad te epistola usi siunus : (piod si falearis, slatim vcctcm iiostruru
dcrnoiistrabimiis .
Si major aul nnnor polcnlia a'qudibiiiim coiislitttil, er^o. in primo
casa, qitô niiniic/ilur magis angidi rectarum CN, BN rum ix'clc, rô major
reqiiireliir ad œquilibrium potenlia ; in secundo casa, minor. Supra pun<-
Itini A idem redis, in eadem direclio/iis liriea, simililer ponalur, lU in
figura; minuentur {^) anguli lincarum CN, BN, al palet : tririabil igiliir
potenlia a'quilibrii in A couslilula, ideoque pondus ex gravibus B el (",
compositum, pro dii'ersa a terrœ cenlro dislanlia, erit eliam diversitm.
Primam parlem dilemmalis quominus fatcaris, impedil tua proposilio :
(juippe, hoc dalo, corruerel. Falearis igitur ncccsseest, aul paient iam i/i A
rariare pro diversilatc angub)rum, aul eamdem semper esse in omni an^u-
lorum acutorum posilioiie, sed lamen inœqualem polenliœ qua- delincl
potenlias ad vectem perpendicularcs.
Utrum libcl coacesseris. manifestissimii demonstratione delegilur para-
/ogis/niis. quem tu;r dcmttnslralioni irrcpsisse nec renias quam qaœnmiis
palitiu- dissimidare, nec lu ipse poleris forlasse difjiteri.
11. In prima jigura (lig. .k)), quœ est quarta luœ proposilio/iis {- ),
/lis verbis ila construis.
« Soit 1(! cciilrc de la Ijalaacc A etc. (^voir page 79, ligac 1 o à page <S(),
ligne '1 ). . . . éijuililtrc avec la puissance K sur le bras A(]. »
Hic rertilur cardo tuw demonstratioids.
El prim), si direns m omni angulorum aculorum /Kisilione eamdem
(') Ia' loxlo semble corrompu, iiiuis ne [icul êlre r6tai)li sûrement, la fiijure originale
faisant délaut. Si la droite CU est Iracco au-dessus du point A (mpra), les angles C cl U
augmentent (iiiii^cbunliir) au lieu de diminuer. Avec nu/ineiitur, il faudrait infro, cpii esl
la leçon la plus probaljlo au lieu de supra, à moins que la figure ne fût retournée.
(2) Comparez en effet la. Ai'. '12, qui est la (pialriôme do la Lettre XIV.
l''i;nM.vT. ^ H. l3
98 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
sernper potenliam requiri ad œquUibrium, slalirn demonstraho mearn de
vecte propositionem; falearis igitur necesse est, variare potenliam proiil
an guli variant.
Fig. 5o.
A
Uis posilis, esto, siplacet, in cxposila figura centrum tcrrœ^ inquod
rectœ CE, BD dirigantur, et sint in punctis E ef D pondéra seii gravia in
proportione data, qiiod quidem liherum esse tua mnuit constructio.
Imo hue tantum ahs te tendilur ut, pcr potentias imaginarias ah omni-
bus omnino parlibus izixpot.Xki^tjiç moventes, inveniatur proportio ponde-
rum in vecte quiescente : aliter quippe, quum hujusmodi poicnliœ nulhbi
in rerum natura reperiantur, inutiles prorsus essent.
In punctis II et G construis potentias pondcribus E et D œqualcs, quœ ah
nmnibus ipsarum partihus -ûapaXXYjXw; moveant. Potenliam deinde H
polentiœ E œqualiter movere, concludis pcr primuni tuoruni axiomatum.
quia nempc trahct H potentia per punctum C et rectam HC perpendicula-
rem vecti; traliet etiam pondus E per eamdem rectam vecti pcrpendicula-
rrm : quum igitur œquales potcntiœ per eamdem rectam et eumdem angu-
lum moveant et circa eamdem a vectis cenlro distantiam, pondus K et
* imaginaria H potentia œqualiter trahunt.
Id, verisimile quum sit, veritatem intimam quœrentibus non potest non
viderifalsissimum. Pondus in M sit sphœricum, verbi gratia; omnes om-
nino ipsius partes ad centrum N tendant per rectas in eodeni N ccntro con-
currentes et veclem AC, si continuentur, ad angulos acutos sécantes : ergo
potentia', abs C ulrimque œqualiter remotœ, intelligentur veclem ad angu-
los aculos suis motibus sécantes. Contra, quum partes omnes polentiœ H
-apaXAïiXwç moveant, intelligentur polentiœ, ahs C ulrimque œqualiter
remotœ, ad angulos rectos vectem suis motibus sécantes.
XVIll. - FEVIUEU lG3(i. 99
Quiun igilur partes omnes potentiœ H simid sumptœ œquenlur partibus
omnibus polentiœ seii ponderis E sirnul sumptis {iota cnim potcntia \\ loti
ponderi E œquatur), palet, exjam traditis, potentiariim H, E /« punctis H
et E inœqualem esse motiim; quod igitur de potenlia H eoncludit demon-
st ratio, perperarn ad pondus K porrigtt.
12. S'il me rcstoit du temps ou du papier, j'ajoutcrois, suivant vodT
ilt'sir, la démonstration des concs isopérimètres ('). (]e sera une autre
lois, me réservant encore de vous écrire quelques chose de plus re-
cherché sur les Méchaniques, à la charge que vous m'obligerez de
croire que je n'aurois garde de m'opiniàtrer après une proposition, si
je ne la croyois véritable, et que je la quitterai un moment après que
de nouvelles raisons l'emporteront sur les miennes.
Je suis. etc.
(') r,nr Letlrcs XIV, 11 cl XV, 8.
100
ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
ANNEE 1G37,
xi\.
FERMAT A ROBHUVAL.
< FÉvnii-u 10:37 >
( f'a, p. iSi-iJi. )
MONSIF.UI! ,
i- Je (rotivc assez do loisir pour vous envoyer encore la conslruc-
lion (lu lieu plan : Si a cjunlcumquc de. ('), que je liens une des plus
belles propositions de la Géométrie, et je crois que vous serez de mou
avis.
Sinl data quollihct paiicla, qidiujuc rcrbi qraUa, A, G, l'\ 11, li (tij<. > i )
Fis. ■')'•
N
( iiam pro|W)sitio est generalis), quœrilur circultis ad cujus circuDifcrcii-
liani in quolibet piinclo iiijleclcndo rectas a datis piinciis. qiiadiala om-
nium sint œqualia spatio dato.
( ') T'o/r Tome I, p. 3;, la proposition V du Livre II des Lieux pUaii il'JpoUo/iiics. —
C.p. Lettre XIII, 7. — La présente semble n'être qu'un frai,'mcnl d'une Lettre perdue.
XI\. - FKVIUEU 1637. 101
.Ilinganlur puncta qiucvis A cL K pcr rectam Af'^, in qiiani ali aliis
[junotis datis cadant perpcndiculares GB, HD, FC. Omnium rcclaruin,
punctis datis vcl occursu pcrpendicnlarium etpuncto A forminatarum,
sumatur pars conditionaria, quintans, verhi gralia, in liac specic ;
quintans ergo rcctarum AB, AC, AD, AE simul suniptarum csto AO, cl
a piincto 0 exciletui" porpendicularis inlinita ON, a qua l'cst'cc^lui' 01
pars conditionaria (quintans nompe pro numéro punctorum datoruin )
perpendicularinin GB, FC, HD, cl intclligantur jungi rcctio Al, t;i. FI,
111, Kl. Ouadrata islarum quinquc crunt minora spalio dato : dcnian-
tur igitur a spalio dato et supersit, vcrhi gratia, Z planum, cujns ([uiii-
tans (parsnempc conditionaria) sumalur clin quadratumM rcdigatui-.
('irculiis, ccntro I, intervallo M dcscripUis satisfacicl proposilo : hoc
t^st, quodcumque punclum sumpseris in ipsius circumfcrentia, rccta-
rum a datis punctis ad illud punclum duclarum (jnadrala cruni aM[na-
lia spalio dalo.
Addcrcm domonstrationcm, scd longa sano esl, cl maliiu vcslruni
amhorum sollicilare senium ad cam invcniendam.
2. Non soluni aulcm lias propositioncs, sed omncs omnino de loris
p/a/iis absolvi, imo locos quaniplurimos adinveni, de quibus niliil
scripscrat A|)ollonius, qui lamen sunt pnicherrimi, vcrbi gratia (') :
/Jalis Irihits jninrtis in rccla A, B, G (tig. J2), iiiveniiT circiili ci/ciim-
ferc/itiam, in qua siimcndo fjuodlibct punclitm. ut "S, quadrata A.\, NB
supcrcnl qaadraUun NC spalio dalo.
(') Voir Tome I, p. Il, la seconde addition de Format à la proposition 1 du Livre 11 de»
Lieux plans:.
lOi (EUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Do lacis solidis et ad supcrficiem multa quoque jam sunt détecta.
(lasus loci plani superioris, non adilo, nam patobunt statini. — Si
piincla data sinl lantwn tria et constituant triangulum, centruni circidi
localis erit centruni gravitatis illius trianguli. et haec propositio singu-
laris satis est mira.
3. Scd hic non moror. Propositioncm universalissimam ita consti-
(iio et jam construxi (') :
Si a datis quotlibel punctis injlectantur rectœ, et exponantur omnium
species in data proportione crescentes aut déficientes, erunt species ita
aucicf aut deminutœ dato spatio œquales.
Kxemplum : Sint data tria puncta in superiori tigura A, B, C, et
([na-rendus circulus in cujus circumferentia sumendo quodiibet punc-
tum. ut N, quadrati NA dimidium, vcrbi gratia, quadrati RN duplum
et quadrati CN triplum simul juncta conficiunt spatium datum, et de-
monstratio ad quamlibet proportionem et quotlibet puncta porrigcnda.
Hanc propositioncm, pulcherrimam sanc, vidctur non vidisse Apol-
lonius.
XX.
KOBERVAL A FERMAT.
SAMEDI h AVRIL 1637.
(fa, p. i52-:j3.)
MoNSiEun,
1. Quoique j'eusse reçu dès lundi dernier votre démonstration du
lieu plan (-), néanmoins mes occupations, tant publiques que parti-
Ci) Généralisation do la proposition V du Livre II dos Lieux plans.
(-) J'nir Lettre XIX, 1. — Roberval, dans une Lettre perdue, avait demandé la démon-
stration de l'énoncé donné par Fermât.
XX. — 4 AVRIL 1637. 103
culièrcs, no me permirent point de la considérer jusques îi jeudi i\\ir
je la présentai de votre part à l'assemblée de nos mathématiciens, (jiii
étoit, ce jour-là, chez M. de Montholon, conseiller, où elle fut reçue,
considérée, admirée avec étonnement des esprits, et votre nom élevé
jusques au ciel, avec charge particulière à moi de vous remercier au
nom de la Compagnie et vous prier de m'envoyer tout d'une main la
composition du lieu solide (') avec une brève démonstration, alin de
faire imprimer les deux ou sous votre nom ou sans nom, comme vous
le voudrez; en quoi nous aurons le soin d'étendre plus au long ce qui
semblera trop concis pour le public.
Cependant, il y eut débat à qui auroit votre écrit pour en tirer copie,
chacun m'enviant le bonheur de la communication que j'ai avec vous;
mais M. le président Pascal, h qui le premier je l'avois mis entre les
mains et qui l'avoit lu à la Compagnie, donna arrêt en sa faveur, se
fondant sur la maxime : qui tenet, tencal, et pour faire droit aux parties
intéressées, se chargea lui-même de leur en fournir copie, ordonnant
que puis après l'original me scroit remis entre les mains.
Je leur avois dès auparavant communiqué la construction et un
nommé M. Le Pailleur avoit trouvé la démonstration particulière pour
trois et pour quatre points, si différente de la vôtre que c'est une chose
étrange. Il y avoit apparence qu'avec le temps il eût trouvé une démon-
stration générale; mais il confesse que cette recherche le tuoit et qu'il
vous a une particulière obligation de l'avoir délivré d'une peine presque
insupportable.
2. Pour moi, je ne me puis promettre aucun loisir que trois mois ne
soient passés, pour être délivré de mes leçons publiques et, quan<l
j'aurois ce loisir, je ne serois pas assuré de trouver le lieu solide, le-
quel je prévois très dillicilc. C'est pourquoi, dès maintenant, je vous
ferai, si vous voulez, une ample déclaration de mon impuissance, afin
(|ue, sans me tenter plus longtemps, et qu'ayant égard aux prières
d'une telle Compagnie que celle dont je vous parle, vous nous fassiez
( ' ) Le lieu solide ad très et quatuor liiicaf. f'oir LcUre XXI, 2.
Kl'. (EUVUES DE FERMAT. - GUlUlESPONDANCE.
|iarl (le votre invention, qui est telle que le grand géonii'tre (') des
sii'cles passés se glorifioit particulièrement d'y avoir ajouté la [x-rlce-
lioii, en ayant reçu l'invention de ceux (|ui l'avoient précédé, .luge/
combien vous avez occasion de vous glorifier de l'avoir trouvée en i\\\
temps auquel elle étoit en même état que si elle n'avoit jamais été
(•(umue.
3. Il m'est enfin paru quelque Inmii're pour le centre de gravité des
pai'aholes, en considérant les centres des parallélogrammes circonscrits
ciiiiime s'ils étoient tous posés sur une même hase, différant si'ulciucnl
m liauleur. Mais, comme ces lumières me viennent au malin en me
levant et qu'il faut du loisir pour les éclaircir, je ne me puis pas pro-
mettre tVvn venir à bout si tôt. Si vous me délivrez de cette peine, je
vous en aurai l'obligation entière.
.le suis etc.
X\l.
FERMAT A IIOBERYAL(-).
IXNDI 20 AVIIIL !C37.
(/n, p. i.J3-l.'i'|.)
Mo.NSU".i:i!,
1. .le ne pus pas vous écrire [)ar le dernier courrier, à cause îles
oi'cupations auxquelles je me trouvai engagé; je prends maintenant la
jdume |)our vous témoigner que je suis beaucoup obligé à ces Messieurs
a (|ui vous avez l'ail voir ma proposition, auxquels vous assurerez, s'il
vous plait, (jue j'estime beaucoup plus leur approbation (|ue mon ou-
vrage, [.eur savoir est si connu que je ne puis m'empéclier d'être glo-
( ' ) AiiuUonius, préface du IJvre I dos Coniques (pa.sc 8 de l'édilinn llalicy).
( -) Koponse à la LcUre ])rccédcnte.
XXI. 20 AVRH, 1637. 105
riciix (l'avoir écrit et invoiilé quelque eliosc qui leur plaise. Je ne
prétends pas par là vous exclure du nombre; au contraire, les marques
de votre savoir m'étant plus particulièremeut connues, je juge par là
quels doivent être ceux qui confèrent avec vous.
2. Au reste, je vous eusse envoyé les lieux solides ad très et quatuor
lineas, n'étoit que j'ai cru que M. de Beaugrand ne fera pas difficulté
de hailler à M. de Carcavi le lieu ad très lineas, que je lui envoyai, il v
a longtemps, avec la démonstration ('). Dès que vous aurez celui-là, je
vous envolerai l'autre. Si j'avois retenu copie de celui ad 1res lineas,
je n'eusse pas fait difllculté de vous l'envoyer; mais, ne l'ayant plus,
j'ai voulu ménager la peine qu'il m'eût fallu prendre à le refaire, à la-
<}uclle je me porterai pourtant, si M. de Beaugrand ne le baille pas.
3. Vous verrez entre les mains d(! M. de Carcavi les deux Livres De
locis planis (-), que j'avois promis depuis longtemps à M. de Beaugrand
et que j'ai à dessein envoyé un courrier plus tôt que je ne lui avois fait
espérer, afin que vous puissiez cependant les voir. Vous m'obligerez
de m'en écrire avec franchise votre sentiment; je ne doute pas que la
chose n'eût pu se polir davantage, mais je suis le plus paresseux de
tous les hommes.
Je serai bien aise que vous m'écriviez aussi quelles de ces proposi-
tions vous étoient connues et quelles non, et en cas que vous en ayez
vu quelqu'une, principalement du deuxième Livre, si elles étoient pa-
reilles à celles que vous verrez. Car il y a huit ans que le deuxième
Livre est écrit et en ce temps j'en baillai deux copies, l'une à M. Des-
pagnet, conseiller au parlement de Bordeaux, et l'autre à M. de si
bien que peut-être quelqu'une de ces propositions aura été divulguée.
Peut-être vous-même ou quelqu'autre de ceux de votre Compagnie en
ont fait une partie.
Eclaircisscz-moi de tout au vrai et vous m'obligerez beaucoup et sur-
(') C'e.st la Pièce publiée Tome I. pages 87-89. I,a démnnslralion du lieu nd quiiiuor
lliien.t est perdue.
(') l^oir Tome I, pages 3 ù ji.
Klumat. — II. M
106 ŒUVRES DE FERM/VT. - CORRESPONDANCE.
lout que votre jugement suive toutes ces propositions, s'il vous plait:
je l'attends pour réponse à celle-ci.
4. Au reste, quoi qu'on juge digne d'impression de moi, je no veux
pas que mon nom y paroisse.
Je me réserve à vous entretenir plus amplement une autre fois; ce-
pendant vous saurez qu'outre les lieux plans et solides qui sont dans
Pappus, j'en ai trouvé grande quantité de très beaux et dignes do re-
marque, que je n'ai pourtant osé mêler avec ceux d'Apollonius. J'en ai
plus de cent propositions tri's belles et particuliiîrement des lieux so-
lides et ad superficiem, mais le loisir me manque.
Je n'ai pas voulu faire le grammairien en expliquant au menu le
texte de Pappus; il suflil que j'aie pris son sens, comme je crois que
vous m'avouerez.
J'attends votre réponscet suis etc.
XXII.
FERMAT A MERSENNE.
< SEPTEMBRE 1637 >
(D, 111,37.)
Mon Révérend Pèrf.,
1. Vous me demandez mon jugement sur le Traité de I)ioplri((iie de
M. Descartes ( ' ); il est vrai que le peu de temps que M. de Reaugrainl
(' ) Lo prcmiui' Volume publié par Dcspiirles : — Discours \ de la Metlindc | pntir bien
conduire sa rnison, et clicrclwr \ la -vcrilc tliiiis les sciences. \ Plus \ Ut DiojXriqiie | les
Météores | et \ Iti Ceomctrie \ qui sont des essais de cette Méthode. — .-/ Leyde \ De
l'Imprimerie de laii Maire \ CI'J.I'J.CXXXVIl. Aaec Priuile'^e. — no parvint en France
ol ne fui dlslribuc (jiar Merscnne) (pio vers la fin de 1637. Mais, avanl l'achèvement de
l'impression et à l'appui do la demande du privilège, qui fut accorde le !\ mai. Descaries
avait envoyé un exemplaire au Minime, qui le communiqua jiar (larlies à diiïérentes per-
sonnes. (;'csl ainsi (]u'il prit l'avis de Fermât sur la Dioptriijuc, qui parait cependant avoir
XXII. - SEPTEMBRE 1637. 107
m'a donné pour le parcourir semble me dispenser de l'obligation de
vous satisfaire exactement et par le menu, outre que, la matière étant
de soi très subtile et très épineuse, je n'ose pas espérer que des pen-
sées informes et non encore bien digérées poissent vous donner une
grande satisfaction. Mais d'ailleurs, quand je considère que la recherche
de la vérité est toujours louable, et que nous trouvons souvent à tâtons
et parmi les ténèbres ce que nous cherchons, j'ai cru que vous ne trou-
veriez pas mauvais que je tâchasse à vous débrouiller une mienne
imagination sur ce sujet, laquelle, étant encore obscure et embarras-
sée, j'éclaircirai peut-être davantage une autre fois, si mes fondemens
sont approuvés, ou si je ne change pas moi-même d'avis.
2. La connoissance des réfractions a toujours été recherchée, mais
inutilement. Alhascn et Vitellion ( ' ) y ont travaillé sans avancer beau-
coup; et ceux qui sont venus depuis ont très bien remanjué que tout
se réduisoit à établir une certaine proportion, parle moyen de laquelle,
une réIVaction étant connue, on put aisément trouver toutes les autres;
de sorte que tous les fondemens de la Dioptrique doivent consister en
ce point, c'est-à-dire en la convenance et au rapport qu'une réfraction
connue a à toutes les autres.
Cela supposé, il a été nécessaire que ceux qui ont voulu établir les
jtrincipesdela Dioptrique aient cherché cette convenance et ce rapport.
clé envoyée à Toulouse par Bcuugrand sans son aveu. En tout cas. Il ressort tic la fin de la
présente Lettre que les autres parties ne furent pas dès lors communiquées à Fermai, et
qu'il ignorait même qu'elles dussent être réunies en un seul Ouvrage.
La date réelle de celle Lettre est très incertaine; nous l'avons supposée du mois de sep-
tembre, la réplique de Descarlcs (Lettre XXIII ci-après) étant ccrlainement de la pre-
mière quinzaine d'octobre. Mais il se peut très bien que Mcrsenne ait gardé, même plu-
sieurs mois, la Lettre de Fermai.
Au reste, ce dernier n'avait pas été prévenu que sa critique serait communiquée à l'au-
teur de la Dioptrique et il se plaignit à .Mcrsenne quand il cul connaissance de l'indiscrélion
de celui-ci {Lettres de Descartes, éd. Clcrselier, III, ij, p. '.îijS).
(') 0PT10.E THESAvnvs. — Alliazeni Arabis libri septcm, nunc priinùm editi. Ejusdem
liber de crepusculis et nubium ascensionibus. Hem Vitellionis Thuringopoloni libri X. —
Oranes instaurali, figuris illuslrali et aucti, adjcclis etiam in Alliazenum commenlariis a
Federico Hisnero. — Cum prixilegio Cœsareo et Kegis GalliiE ad sexennium. Basileae, per
lipiscopios, M.D.LXXU.
108 ŒUVRES DE FERMAT. - CORHESPONDANCE.
Maurolic, abbé de Mossinc, en son Traité posthume De lumine et iirn-
hra ('), a soutenu que les angles qu'on appelle d'incidence sont pro-
portionaux à ceux qu'on nomme de réfraction. Si cette proposition étoit
vraie, elle sulfiroit pour "nous marquer les vraies figures que doivent
avoir les corps diaphanes qui produisent tant de merveilles; mais,
pour ce qu'elle n'a pas été bien démontrée par Maurolic, et que l'expé-
rience môme semble la convaincre de faux, il en est resté assez à
M. Descartes pour exercer son esprit, et pour nous découvrir de nou-
velles lumières dans ces corps, qui, pour en être seuls capables, n'ont
pas laissé de produire jusques à présent de grandes obscurités.
Son Traité de la Dioptrique est divisé en plusieurs discours, des-
f(uels les principaux sont, ce me semble, les deux premiers, qui par-
lent de la lumière et de la réfraction, pourcc qu'ils contiennent les
l'ondemens de la Science, dont on voit ensuite les belles conclusions el
conséquences qu'il en tire.
3. Voici à peu près son raisonnement (-) : La lumière n'est autre
chose ([ue l'inclination que les corps lumineux ont à se mouvoir; or,
celte inclination au mouvement doit probablement suivre les mêmes
lois que le mouvement même; et partant, nous pouvons régler les
ellcis (le la lumière par la connoissancc que nous pouvons avoir de
ceux du mouvement.
11 considère ensuite le mouvement d'une balle dans la réflexion el
dans la réfraction, et pour ce (|u'il seroit inutile et ennuyeux de copier
ici tout son discours, je me contenterai de vous marquer simplemeni
les observations que j'y ai faites.
4- Je doute premièrement, et avec raison, ce me semble, si rin<di-
iialion au mouvement doit suivre les lois du mouvement même, puis-
( ' ) Abbalis Francisci Maurolyci Messanensis. IMiolismi do luniinc, eL iimbra ad pcrspec-
livam, et radiorum incidentiam facieiUes. — Diaphanoruiii parles, seu Libri très : in quo-
rum primo de perspicuis eor[)oril)u.s, iti secundo de Iride, iti tertio de organi visualis struc-
tura, et eonspiciliorum formis agitur. — l'roblemata ad perspectivam, et Iridem perliiicntia.
■ — Omnia nuiic priuuim in iuccm édita. — Ncapoli, ex Typographia Tarquinii l.ongi.
M.DC.XI. Superiorum permissu.
(*) Page 8 de l'édition originale du Traite de Descartes.
XXII. - SEPTEMBRE 1637. 109
(|iril y a autant do difTércnco de l'un à l'autre que de la puissance à
l'acte; outre qu'eu ce sujet, il semble qu'il y a une particulière discou-
veuance, eu ce que le mouvement d'une balle est plus ou moins vio-
lent, il mesure qu'elle est poussée par des forces différentes, lii où la
lumière pénètre en un instant les corps diaphanes et semble n'avoir
rien de successif. Mais la Géométrie ne se mêle point d'approfondir
davantage les matières de la Physi(|ue.
5. En la figure {fig- 53) par laquelle il explique la raison de la ré-
flexion, page i5 de la Dioptrique ('), il dit que la détermination à se
FiK. 53.
mouvoir vers quelque côté peut, aussi bien que le mouvement et gé-
néralement que toute autre quantité, être divisée en toutes les partii's
desquelles on peut imaginer qu'elle est composée, et qu'on peut aisé-
ment imaginer (|ue celle de la balle (jui se meut d'A vers B, est compo-
sée de deux autres, dont l'une la fait descendre de la ligne AF vers la
ligne CE et l'autre en même temps la fait aller de la gauche AC vers la
droite FE, eu sorte que ces deux, jointes ensemble, la conduisent jus-
(|ucs à B, suivant la ligne droite AB.
Cela posé, il eu tire la conséquence de l'égalité des angles d'inci-
dence et de réfh^xioii, ([ui est le fondement de la Catoptriqne.
Pour moi, je ne saurois admettre son raisonnement pour uiu' preuve
et démonstration légitime, (^ar, par exemple, en la figure ci-jointe
<^Jig- 54), en laquelle AF n'est plus parallèle à CB, et oii l'angle (\kV
(') Nous reproduisons lu figure donnée par Clersclier dans son édition des l.ctircs de
Descartes, tome III, page 171. Dans l'édilion originale de la Dioptrique, les lignes B(i,
GDK, \)g ne sont pas tracées.
110
ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
est obtus, pourquoi ne pouvons-nous pas imaginer que la détermina-
tion de la balle qui se meut d'A vers B est composée de deux autres,
dont l'une la fait descendre de la ligne AF vers la ligne CE, et l'autre la
fait avancer vers AF? Car il est vrai de dire qu'à mesure que la balle
descend dans la ligne AB, elle s'avance vers AF, et que cet avancement
Kig. 54.
doit être mesuré par les perpendiculaires tirées, des divers points qui
peuvent être pris entre A et B, sur la ligne AF. Et ceci pourtant se doit
entendre lorsque AF fait un angle aigu avec AB; autrement, s'il éloit
droit ou obtus, la balle n'avanceroit pas vers AF, comme il est aisé de
coni|)rendre.
(À'Ia supposé, par le même raisonnement de l'auteur, nous conclu-
rons que le corps poli CE n'empêche que le premier mouvement, ne lui
étant opposé qu'en ce sens-là; de sorte que, ne donnant point d'em-
pêchement au second, la perpendiculaire BH étant tirée, et HF faite
égale à HA, il s'ensuit que la balle doit réfléchir au point F, et ainsi
l'angle FBE sera plus grand que ABC.
Il est donc évident (jue, de toutes les divisions de la détermination
au mouvement, qui sont infinies, l'auteur n'a pris que celle qui lui
peut servir pour sa conclusion; et partant il a accommodé son médium
à sa conclusion, et nous en savons aussi peu qu'auparavant. Et certes,
il semble qu'une division imaginaire, qu'on peut diversifier en une in-
finité de façons, ne peut jamais être la cause d'un effet réel.
Nous pouvons, par un môme raisonnement, réfuter la preuve de ses
fondemens de Dioptrique, puisqu'ils sont établis sur un pareil dis-
cours.
XXII. - SEPTEMBRE 1637. 111
6. Voilà mon sentiment sur ces nouvelles propositions, dont les con-
séquences qu'il en tire, lorsqu'il traite de la figure que doivent avoir
les lunettes, sont si belles, que je souliaiterois que les fondenieiis sur
lesquels elles sont établies fussent mieux prouvés qu'ils ne sont pas ;
mais j'appréhende que la vérité leur manque aussi bien que la preuve.
J'avois fait dessein do vous discourir ensuite de mes pensées sur ci-
sujet; mais, outre que je ne puis encore me satisfaire moi-même exac-
tement, j'attendrai toutes les expériences que vous ave/ faites ou que
vous ferez ii ma prière, sur les diverses proportions des angles d'incli-
nation et ceuK de réfraction. Vous m'obligerez beaucoup de m'en faire
part au plus tôt, et je vous promets, en revanche, de vous dire de nou-
velles choses sur cette matière.
Tout ce que je viens de vous dire n'einpèche pas que je n'estime
beaucoup l'esprit et l'invention de l'auteur; mais il faut de commune
main chercher la vérité, que je crois nous être encore cachée sur ce
sujet.
7. Vous m'avez encore envoyé deux Discours ('), l'un contre M. de
Beaugrand, et l'autre de M. Desargues. J'avois vu déjà le second, qui
est agréable et fait de bon esprit. Pour le premier, il ne peut pas être
mauvais, si nous en retranchons les paroles d'aigreur; car la cause de
M. de lîeaugrand est tout-à-fait déplorée, .le lui écrivis les mêmes rai-
sons de votre imprimé à lui-même, di-s qu'il m'eut envoyé son Livre.
(') Le Discours do Dosarguos doit t'Lre son premier opuscule sur lu perspeclivc :
E ceniplc de l'wic dex innnièrcs universelles du S. G. D. L., touchant la pratù/ur de la
perspective sans cninhner a'tcuii tiers poiiit, de dislanc} ny d'autre nature qui soit hors
du champ de l'oiivra;^e. A Paris, eu May iGJG, avec Privilège (Bilii. Nat. imprimés
Viaa, Inventaire Vi5».7), reproduit, sons un titre inexact, pages 53-84 du premier Vo-
lume des OEuvrcs de Desargues (éd. Poudra, Paris, Leiber, 1864 ).
Le Discours contre Beaugrand est l'Ouvrage : Rsclaircisscment d'une partie des Parn-
logis'iies on fautes contre les loix du raisonnement et de la démonstration que Monsieur
de Beaugrand a commis en sa prétendue Démonstration de la première partie de la
quatriesme proposition dç son Liure intitule' Geostatique. Adresse' au mesine Monsieur de
Beaugrand. Par Guy de la Brosse, Escuier Conseiller et Médecin ordinaire du Jioy, et
Intendant du lardin Royal des Plantes Medecinales de Paris. — A Parii. Chez Jac-
ques Dugast, r:ie .9. Jean de Beauuais. à l'Olivier de Robert Estienne et en sa hnntiqnr
dans la court du Palais, place du Change. M. DC. XXXVII (Bibl. Kat. imprimés V 'j^, In-
ventaire V i538).
112 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
.raltends la faveur (jue vous me laites espérer de voir par voire
moyen les autres Livres de M. Descartes et le Livre de Galilée De
mot a (' ).
Je suis, mon Révérend Père, votre très humble serviteur,
Fermât.
XXIH.
DESCARTES A MERSENNE POUR FERMAT (^).
< OCTOBRE 1687 >
(D, III, 39.)
Mon RiivÉnENi) Pèue,
1- Vous me mandez ([u'uu de vos amis, (|ui a vu la Dioplriqne, y
(') Il s'agit de l'Ouvrage : Dkcor.ri e dimostrazioni malcnuiùche inlorno a duc nuovc
scicitze nttenenti alla Mecanica e i inovinicntait locali, del Slgiior Galileo Gcdilei, fîlo-
snfo c mateinatico prbnnrio dcl serenissiino Grand Dura di Totcaiin. — ■ Co/i iina Ap-
pendice del ccntro di grnvità di alciuii snlidi. — qui clait alors sous ])resse ù Lcvde, clioz
l(îs Elzcvii's, et qui ne parut ([ue l'annce suivante, en i6j8.
(-) Réponse à la Lettre précédente. La date indi(]uéo dans les annotations manu-
snrilos de l'exemplaire des Lettres de Descaries de la Bihliotlièqne de l'Institut, qui a été
utilisé |)ar Cousin pour son édition, est celle du 3 décembre 1637. Mais celte réponse de
Di'seartcs fut adressée par lui ù Mersenne en mémo temps que sa Leitre (CIcrselior, III.
18), qui cunmicncc ainsi :
■I Mon Révérend l'ère, j'ai été l)ien aise de voir la lettre de M. de Fermai et je vous
» en remercie; mais le défaut qu'il trouve en ma démonstration n'est qu'imaginaire et
11 montre assez qu'il n'a regardé mon Traité que de travers. Je réponds à son objection
» dans un papier séparé, afin que vous lui puissiez envoyer, si bon vous semble, et si
■> vous avez envie par charité de le délivrer de la peine qu'il prend do rêver encore sur
:•> celte matière .... »
Or, dans la même Lettre, Descartos dit avoir reçu « ces jours passés » quelques ob-
jections de Froniondiis, auxquelles il a répondu dès le lendemain. Comme la lettre de
Lil)ert Kroidmont est datée du i3 septembre 1C37 et qu'elle fut transmise à Descartes le
i5 septcmlMC par Plcmpius (Domela Nieuwenlmis, CommcnUilio de R. Caric.sii corn-
nicrcin cwn plnloxnpliis hclgicis, Louvain, 1828, p. gS), il faut adopter pour les réponses
de Descartes à Plcnijjius et à Kromondus (éd. Clerselier, II, 7 cl 8) la date du 3 octobre
donnée par l'édition latine d'Amsterdam des Lettres de Dcscarles, et non pas celle du
>7 no\cmbre supposée [lar ranuotateur anonyme de l'exemplaire de l'Institul.
Dès lors, notre Lettre XXIII doit avoir été écrite du 5 au 12 octobre iGSt.
XXIII. - OCTOBRE 1C37. 113
trouve quelque chose à objccler, et premièrement qu'il doute si l'incli-
nalion au moiivcmenl doit suivre les mêmes lois que le mouvement, puis-
quil y a autant de différence de l'un à l'autre que de la puissance à
l'acte (').
Mais je me persuade qu'il a formé ce doute sur ce qu'il s'est imaginé
que j'en doutois moi-même, et qu'à cause que j'ai mis ces mots en la
page 8, ligne 24 : « car il est bien aise à croire que l'inclination (^) à se
mouvoir doit suivre en ceci les mêmes lois que le mouvement », il a pensé
(jue, disant qu'une chose est aisée à croire, je vonlois dire qu'elle
n'est que probable. En quoi il s'est fort éloigné de mon sentiment; car
je répute presque pour faux tout ce qui n'est que vraisemblable,
et quand je dis qu'une chose est aisée à croire, je no veux pas dire
qu'elle est probable seulement, mais qu'elle est si claire et si évidente,
(\u\\ n'est pas besoin que je m'arrête à la démontrer; comme en elTet
on ne peut douter avec raison que les lois que suit le mouvement, (|ui
est l'acte, comme il dit lui-même, ne s'observent aussi par l'inclina-
tion à se mouvoir, qui est la puissance de cet acte. Car, bien qu'il ne
soit pas toujours vrai que ce qui a été en la puissance soit en l'acte, il
(;st néanmoins du tout impossible qu'il y ait quelque chose en l'acte
qui n'ait pas été en la puissance.
2. Pour ce qu'il dit ensuite {'■'), qu'il semble y avoir ici une particu-
lière disconvenance, en ce que le mouvement d'une balle est plus ou moins
riaient, à mesure quelle est poussée par des forces différentes, là où lu
lumière pénètre en un instant les corps diaphanes, et semble n'avoir rien
de successif , je ne comprends point son raisonnement.
Car il ne peut mettre cette disconvenance en ce que le mouvement
d'une balle peut être plus ou moins violent, vu que l'action que j(>
prends pour la lumière peut aussi être plus ou moins forte; ni non
plus en ce que l'un est successif et l'autre non, car je pense avoir assez
(') Folr Lettre XXII, 4.
(') Le texte de \,\ Dioptrique |)orte : l'aclion ou inclination.
(5) Fnir Lettre XXII, 4.
Fermât. — II. l5
114 ŒUVRES I)l<: FERMAT.- CORRESPONDANCE.
l'ait (Mitoiulro, parla comparaison tlu l)àtoii d'un aveugle, et par celle
(lu vin qui descend dans une cuve, que, bien que l'inclination à se
mouvoir se communique d'un lieu à l'autre en un instant, elle ne
laisse pas de suivre le même chemin par où le mouvement successif
se doit l'aire, (jui (>st tout ce dont il est ici question.
3- Il ajoute après cela un discours qui me semble n'être rien moins
(ju'une démonstration ('). Je ne veux pas répéter ici ses mots, pour
ce que je ne doute point que vous n'en ayez gardé l'original; mais je
dirai seulement que, de ce que j'ai écrit que la détermination à se
mouvoir peut être divisée (j'entends divisée réellement, et non point
par imagination) en toutes les parties dont on peut imaginer qu'elle
est composée, il n'a eu aucune raison de conclure que la division de
cette détermination, qui est faite parla superlicie CBE(y/^. 54), qui est
i\n(' superficie réelle, à savoir celle du corps poli CBE, ne soit (|u'ima-
ginaire. Et il a fait un paralogisme très manifeste en ce que, supposant
la ligne AV n'être pas parallèle à la superficie CBE, il a voulu qu'on put.
nonobstant cela, imaginer que cette ligne désignoit le coté auqu(d cette
superticie n'est point du tout opposée, sans considérer que, comme il
n"v a ({uc les seules perpendiculaires, non sur cette AF tirée de travers
par son imagination, mais sur CBE, qui marquent on quel sens cette
superficie CBE est opposée au mouvement de la balle, aussi n'y a-t-il
que les parallides à cette même CBE qui marquent U' sens auquel elle
ne lui est point du tout opposée.
4. Mais, afin qu'on voie mieux la différence qui est entre nos deux
raisonnemens, je les veux appliquer à une autre matière. J'argumente
en cette sorte :
Premicrcmcnt, le triangle ABC (Jïg. 55) peut être divisé en toutes
les parties dont on peut imaginer qu'il est composé. Secondement . or
on peut aisément imaginer qu'il a été composé des quatre triangles
égaux ADE, FED, EFB, D(>F. Troisièmement, et ensuite il est aisé ;i
(') /'()//• LcUio XXII, 5.
XXIII. - OCÏOFmE 1G37.
113
cntondro (|iio los trois lignes DE, EF, FD marquent les endroits où ces
(juatre triangles doivent se joindre pour le composer. Donc, si on (ire
ces trois lignes, il sera réellement et véritablement divisé par elles en
quatre triangles égaux.
Voici maintenant la façon dont il argumente, on dn moins dont il
veut que j'aie argumenté :
Le triangle ABC peut être divisé en toutes les parties dont on peut
imaginer (ju'il est composé. Or on peut imaginer qu'il est composé des
quatre triangles inégaux AHG, IGH, HCI, IBG. Donc, si on lire les trois
lignes DE, EF et FD, elles diviseront ce triangle en quatre autres qui
seront inégaux.
Je m'assure que quiconque voudra entendre raison ne dira point
(|ue ces deux argumcns soient semblables.
5. Mais, de quelque qualité que soient les objections qu'on voudra
l'aire contre mes écrits, vous m'obligerez, s'il vous plait, de me les
envoyer toutes, et je ne manquerai pas d'y répondre, au moins si elles
ou leurs auteurs en valent tant soit peu la peine, et s'ils trouvent bon
que je les fasse imprimer lorsque j'en aurai ramassé pour remplir un
juste volume. Car je n'aurois jamais fait si j'entreprenois de satisfaire
en particulier à un cbacun.
Je suis, etc.
116 (EUVRES DE FEKMAÏ. — CORRESPONDANCE.
XXIV.
FERMAT A MERSENNE (').
< DÉCEMBRE 1687 >
(n. III, /,o).
Mon Rkvkrem) Pkuk,
1. J'ai vu dans la Letlrc de M. Descartes, que vous avez pris la peine
(le ni'envoyer, des réponses succinctes qu'il fait aux objections que
i'avois formées contre sa Dioptrique, auxquelles j'eusse plus tôt ré-
pondu si mes occupations nécessaires ne m'eussent empêché de le
faire, de quoi M. de Garcavi sera mon garant. Je vous proteste d'abord
(|ue ce n'est point par envie ni par émulation que je continue celte
petite dispute, mais seulement pour découvrir la vérité; de quoi j'es-
lime que M. Descartes ne me saura pas mauvais gré, d'autant plus que
je connois son mérite très émincnt, et (|ue je vous en fais ici une dé-
claration très expresse. J'ajouterai, auparavant que d'entrer en niatiî're,
{|ue je ne désire pas (jue mon écrit soit exposé à un plus grand jour
(') Le Icxlc de celle Lellrc a clé révisé sur la copie faile à Vienne par Despeyrous
d'après les originaux de Clersclier (Bibl. Nal. MS. français nouv. acq. 3?.8o, fol. 29 à 34)-
Elle répond à la Lcllre XXIII qui précède.
Sa date est fixée au 25 janvier i638 par l'annotalour de l'exemplaire des Lettres de
Descnrtes de la Bibliothèque de l'Institut (OEiivres de D., éd. Cousin, VI, p. 38i), et de
fait Mcrsenne ne l'adressa à Descartes que le 12 février i638. Mais il la lui avait annoncée
dès la fin de décembre lOSy, en même temps qu'il lui envoyait des écrits mathématiques
de Fermai (voir ci-après Lettre XXV, %' note). C'est, eu eiïet, à la présente Pièce XXIV
que se rapporte le passage suivant d'une Lettre de Descartes à Mersenne (éd. Clersclier.
III, p. 429) à dater de janvier i(')38 :
« .le n'ai pas tant de désir de voir la démonsiration de M. do Fermai contre ce que j'ai
écrit de la réfraction, que je vous veuille prier de me l'envoyer par la poste, mais, lors-
qu'il se présentera commodité de me l'adresser par mer, avec quelques balles de mar-
chandise, je ne serai pas marri de la voir, avec la Géoslaliquc et le Livre de la Lumière
do M. de la Chambre cl tout ce qui sera de i)areille éloffe; non que je ne fusse bien ai.sc
de voir promptement ce qu'écrivent les autres pour ou contre mes opinions ou de leur
invention, mais les ports de lettres sont excessifs. »
WIV. - DECEMBRE 1637. 117
que celui que peut soulTrir un entretien familier, de quoi je me contie
à vous.
2. Je tranche en quatre mots notre dispute sur la réflexion, laquelle
pourtant je pourrois faire durer davantage, et prouver (juc l'auteur a
accommodé son médium à sa conclusion, delà vérité de laquelle il étoil
auparavant certain; car, quand je lui nierois que sa division des déter-
minations au mouvement n'est pas celle qu'il faut prendre, puis<|U('
nous en avons d'infinies, je le réduirois à la preuve d'une proposition
t|ui lui seroit très malaisée. Mais, puisque nous ne doutons pas que les
réflexions ne se fassent à angles égaux, il est superflu de dis])uler de la
preuve, puisque nous connoissons la vérité; et j'estime que je ferai
mieux, sans marchander, de venir à la réfraction, qui sert de but ii la
Dioptrique.
3. Je reconnois, avec M. Descartes, que la force ou puissance mou-
vante est difTérenle de la détermination, et, par conséquent, que la dé-
termination peut changer sans que la force change, et au contraire.
L'exemple du premier cas se voit en la figure de la i5^ page de la
Dioptrique, où la halle poussée du point A au point B {Jig. ^3) se dé-
Fi". .i3.
lourne au point F, de sorte que la détermination à se mouvoir dans la
ligne AB change, sans que la force qui continue son mouvement soil
(liininuée ou changée.
Nous pouvons nous servir de la ligure de la page 17 pour le second
cas {fig. jG). (lar, si nous imaginons que la halle soit poussée du
point H jus(|ues au point B, puis (ju'elle tombe perpendiculairement
lis ŒUVRES DE FEIIMAT. — CORRESPONDANCE.
sur la Idile C15E, il est (''vident qu'elle la traversera dans la ligne BG,
e( ainsi sa force mouvante s'alToihlira, et son mouvement sera retardé
sans que la délermination change, puisqu'elle continue son mouve-
ment dans la même ligne HBG.
I-is. 5r,.
4. Je reviens maintenant à la démonstration de la réf'raclion sur la
mémo figure de la page 17.
« Considérons (') », dit l'auteur, « que des deiijc parties, dont on peut
imaginer que cette détermination est composée, il n'y a que celle qui fai-
soit tendre la halle de haut en bas qui puisse être changée en quelque
façon par la rencontre de la toile, et que, pour celle qui la faisoit tendre
vers la main droite, elle doit toujours demeurer la même qu'elle a été, à
cause que cette toile ne lui est aucunement opposée en ce sens-là. »
5. Je remarque d'abord que l'auteur no s'est pas souvenu do la dif-
l'éroncc qu'il avoit établie entre la détermination (>t la force mouvante
ou la vitesse du mouvement. Car il est bien vrai que la toile (IME alFoi-
blit le mouvement do la balle, mais elle n'empêche pas qu'elle no con-
tinue sa détermination do haut en bas, et, quoique ce soit plus lente-
ment qu'auparavant, on ne peut pas dire que, parce que le mouvement
de la balle est affoibli, la détermination qui la fait aller de haut en bas
soit changée. Au contraire, sa détermination ii so mouvoir dans la
ligne Bl est aussi bien composée, au sens de l'auteur, do celle qui la
fait aller do haut en bas et de colle qui la fait aller de la gaucho ;i la
(') Texte fie la Dioplriquc : Jit considérons aussi (juc etc.
XXIV. - DECEMBRE 1037. 119
(Iroilo, comme I;i prcmii'ro tlétcrminatioii à se mouvoir dans la
lii-'iic A13.
6. Mais donnons que la détermination vers BG, ou de liaut en has,
pour parler comme l'auteur, soit changée; nous en pouvons conclure
(jue la détermination vers BE, ou de gauche à droite, est aussi chan-
gée. (]ar, si la détermination vers BG est changée, c'est pource qn'ii
comparaison du premier mouvement, la halle qui maintenant se dé-
tourne et prend le chemin de Bl, avanc(^ moins à proportion vers B(J
que vers BE qu'elle ne faisoit auparavant; or, par ce que nous suppo-
sons qu'elle avance à proportion moins vers BG que vers BE qu'elle
ne iaisoit auparavant, nous pouvons aussi dire qu'elle avance à pro-
portion ilavantage vers BE que vers BG qu'elle faisoit auparavant; si
le premier nous fait comprendre ([uc la détermination vers BG est
changée, le second nous peut bien faire concevoir (jue la détermina-
tion vers BE est aussi changée, puisque le changement est aussi hieii
causé par l'augmentation (jue par la diminution.
7. Mais donnons encore que la détermination de haut en bas soit
changée, et non pas celle de gauche à droite, et examinons la conclu-
sion de l'auteur, duquel voici les mots :
« Puisque la halle ne perd rien ( ' ) du tout de la détermination quelle
avoU à 's'avancer vers le côté droit, en deux fois autant de temps qu'elle
en a mis à passer depuis la ligne ACjusques à HB, elle doit faire deux
fois autant de chemin i^ers ce même côté. »
8. Voyez comme il retombe dans sa première faute, ne distinguant
pas la détermination di' la force du mouvement; et pour mieux vous le
faire entendre, applitjuons son raisonnement à un autre cas.
Supposons, en la même figure, que la halle soit poussée du point H
au point B. Il est certain qu'elle continuera son mouvement dans la
ligne BG et que sa détermination ne change point; mais aussi son
mouvement est plus lent dans la ligne BG qu'il n'éfoit auparavant, et
(' ) Tcxlo de la Dioptriqiic, page 17 : Et puisqu'elle ne perd rien etc.
120 ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
néanmoins, si le raisonnement de l'anteiir étoit vrai, nous pourrions
(lire :
Puisque la halle ne perd rien du tout de la détermination qu'elle
avoit à s'avancer vers HBG (car c'est toute la même), donc, en aulan(
(le temps qu'auparavant, elle fera autant de chemin.
Vous voyez que cette conclusion est ahsurde, et que, pour rendre
l'argument hon, il faudroit que la halle ne perdit rien de sa détermi-
nation ni de sa force, et partant, voilà un paralogisme très manifeste.
9. Mais, pour délruire pleinement la proposition, il faut examiner
deux sortes de mouvements composés qui se font sur deux ligues
droites.
(Considérons, par exemple {/ig. Sj), les deux lignes DA et AO, (|ui
comprennent l'angle DAO de quelque grandeur que vous voudrez, et
l'i-. 57.
imaginons un grave au point A, qui descende dans la ligne ACD en
même temps que la ligne s'avance vers AN, à telle condition qu'elle
fasse toujours un même angle avec AO, et que le point A de la même
ligne ACD soit toujours dans la ligne AN. Si les deux mouvements, de
la ligne ACD vers AO et du même grave dans la ligne .\CD, sont uni-
formes comme nous les pouvons supposer, il est certain qu(! ce mou-
vement composé conduira toujours le grave dans une ligne droite,
comme AB, dans laquelle si vous prenez un point, comme B, duquel
vous tiriez les lignes BN et BC parallèles aux lignes DA et AO, lorsque
le grave sera au point B, en un temps égal, s'il n'y eût eu que le mou-
vement sur ACD, il eût été au point C, et s'il n'y eût eu que l'autre
mouvement tout seul, il eût été au point N; et la proportion de la force
qui le conduit sur AD à la force qui le conduit vers AO sera comme
AC à AN, c'est-à-dire comme BN à BC.
XXIV.- DÉCKMHRE 1C37. 121
("/est (If ccltp sorlo ilc iiKtiiVftiHMils composas ([uo so sorvoiU Arclii-
tiii'dc cl les aiilrcs anciens en la composition de leurs hélices, des-
(|uelles la principale propriélé est (|ue les deux forces mouvantes ne
s'empêchent point mutuellement, ains demeurent toujours les mêmes.
.Mais, pource que ce mouvement composé ne vient pas si bien dans
l'usage, il le faut considérer d'une autre fa«;on et en faire une spécula-
lion parliculièrc.
10. Supposons en la même figure un grave au point A, le(|uel en
même temps est poussé par deux ftjrces, dont l'une le pousse vers .\()
et l'autre vers AD, si bien que la ligne de direction du premier mouve-
ment est .AO, et celle du second est AD. S'il n'y avait que la premii're
force toute seule, le grave se trouveroit toujours sur A(). et sur .\D s'il
n'y avoit que la seconde; mais, puisqiu' ces deux forces s'empêchent
et se résistent mutuidlement, supposons (et il faut se souvenir (|U('
nous supposons aussi tous ces mouvements uniformes, car aulreiuenl
le mouvement composé ne se feroit pas sur des lignes droites) que
dans une minute d'heure, par exemple, la seconde force fai( ((ue le
grave s'éloigne de sa direction AO selon la longueur NB, qu'il faut dé-
crire parallèle à AD; car le grave qui est emporté sur AD parla seconde
force, se trouvant empêché par la première, se portera toujours et s'a-
vancera d'Avers D par des parallèles à AD. Supposons aussi que, dans
la même minute d'heure, la première force fait que le grave s'éloigne
de sa direction AD selon la longueur (Ai parallèle, par la précédenle
raison, ;i la ligne AO. il est (oui certain (jue dans une miiiule d'heure
le grave se trouvera au point U, qui est le concours des deux lignes HN
et !}(]. r^e mouvement comj)osé se fera donc sur la ligne AB, et nous
|)ourrons dire que le grave {tarconrra la ligne AB dans une minute.
11- Supposons niainlenanl ( //f^. "iiS) que l'angle DAO soit changé et
soit, par exemple, plus grand. En la ligure suivante, les mêmes choses
étant posées comme auparavant, je dis que, dans une minute d'heure,
le grave s'éloignera de sa direction AO selon la ligne BN égale à celle
(|ue nous avons ajqtelée de niéme en la précédente figure. Car, puisque
Fkhsiat. — H. l6
122 ŒUVRES DE FERMAT.- C(^RRESPONDANCE.
les forces sont les mêmes, I;i seconde diminuera également la détermi-
nation de la première, et fera, en temps égal, éloigner le grave de sa
direction autant comme auparavant, pource que c'est toujours la même
résistance. Nous conclurons la même chose de la ligne lîC.
FiK. 58.
Le mouvement composé se fera donc ici surla ligne AH, et la ligne AU
sera parcourue comme devant en une minute d'heure; mais, pource
(juc, dans les deux triangles ANB de la premii-re et seconde figure, les
cotés AN et NB de la première ligure sont égaux à ceux de la seconde,
et (]ne les angles ANB qu'ils comprennent sont inégaux, il s'ensuit
(|ue les bases AB seront inégales (et par conséquent le mouvemeni
composé sera moins vite en la seconde qu'en la première), et <|u'il y
aura telle proportion de la vitesse du mouvement composé en la pre-
mii're figure à la vitesse du mouvement composé en la seconde, que de
la longueur de la ligne AB en la première ii la longueur de la ligne AB
en la seconde.
12. Je prends maintenant un point ii discrétion dans la ligne AB,
comme F, duquel je tire les lignes FE, FG parallèles à AO et à AD.
FE est à CR comme FA à AR, c'osl-à-dire VCi à RN,
comme la construction nous marque : donc
FE esl à FG comme CI5 à RN.
WIV. — DÉCEMBUE 1037. 12;!
Or, (Ml la précédente figure, les lignes BN et BC sont égales, clia-
l'iine à la sienne, aux lignes BN et BC de cette seconde figure, et nous
j)OUvons, par un même raisonnement, prendre un point ii discrétion
dans la ligne AB de la premit/re ligure, pour en tirer une pareille
i-onclusion îi la précédente. Donc, quelque point que vous preniez
dans la ligne AB, soit de la première, soit de la seconde figure, les
parallèles seront entre elles comme t^B à BN, c'est-ii-dire toujours en
même proportion.
Du i)oint F tirons les [lerpcndiculaires FH, FI sur les lign(>s A()
et AD. Au parallélogramme GAlîlF, les angles AGF, AEF seront égaux
comme étant opposés : donc les triangles GFH et EFI sont écjuiangles,
et par conséquence,
comme EF esl à VG, ainsi FI esl à Fil.
Or
FI esl à l'H comme le siiuis île ruiii;lc DAF est au sinus de rany,lc OAF,
cl [)ar conséquent, faisant, si vous vduIcz, une même construction cii
la premii're figure, vous conclurez, pour éviter prolixité, que le sinus
de l'angle DAB esl au sinus de l'angle OAB en la premii're figure,
comme le sinus de l'au'de DAF au sinus de l'ani^le OAF en la seconde
figure (').
13. (>ela ainsi sup[)osé et démimtré, considérons la figure de la
page 2() de la Dioptri(jue (fig. h)), en laquelle l'auteur suppose que
la Italie, avant été premièrement [)oussée d'A vers B, est poussée de
reeliet', étant au pciint B, par la raiiuette GBF], (|ui sans doute, au sens
de l'auteur, ])(Uisse vers BG ; de sorte que de ces deux niduveinents,
dont l'un pousse vers BD et l'autre vers BG, il s'en l'ait un troisième
qui conduit la balle dans la ligne Bl.
14. Imaginons ensuite une seconde figure pareille à celle-lii, en
(') Ou voil que (lijsormais Fcnnut rcjoiuiail |)lcuiemciil, pour la composiliou des forces
eoncouranles, le principe du pardllélograuimc qu'il avait mis eu doute dans sa discussion
avec Iloborval sur la Gcostaliquc ( voir notamment Pièce XVI).
1-2Ï
ŒUVRES DE FERMAT.
COl'.RESPONDANCE.
I;i(|ii('ll(' la foire do la l)al!o oL celle de la ra(|iiellc soient les mêmes,
et (|iie l'angle D15G soit senlement pins grand en eetle seconde figur(>.
Il est certain, par les démonstrations (|ne nous venons de faire, qn'il y
aiiia (elle proporlion dn sinns de l'angle Glil au sinus de l'angle 1151),
en la Hgni'c de l'anhuir, (|ne du sinus de l'angle G15I au sinus de
l'angle IRD, en cette seconde figure que nous imaginons èlre décrile
Fi-. :„,.
A
/" , 7
K,
/
A-
K
C B
\
y
__.---^
'
e( (|ne nous omellons pour éviter la longueur, là où, si les proposi-
lions <le l'anleur éloient vraies, il y auroi( ((die proportion du sinus de
l'angle GBI) au sinns île l'angle GBI, en la ligure de l'auteur, que du
sinns de l'angle GBI) au sinus de l'angle GBI, en code seconde figure
(|ne nous avons imaginée. Or, puisque cette proportion est différente
de l'antre, il s'ensuit qu'(dle ne peut pas suhsister (').
15. D'ailleurs la principale raison de la démonstration de raulcur
est fondée sur ce qu'il croit que l(! mouvement composé sur Bl est tou-
jours également vite, quoique l'angle GBI), compris sous les lignes de
direction des deux for(;es mouvantes, vienne à changer : ce qui est
faux, comme nous avons déjà pleinement démontré.
16. (À- n'est pas que je veuille assurer qu'en l'application ([u'il fai(
C) .\iiisi Kerrnal conclut (pie, si l'on doil, avec Dcscarlcs, consiLlt-rcr le niouvemciil
.siiivanl le rayon r(;fract(i comme rcsiillaiil du moiiveniunl suivanl le rayon incident cl
d'une action suivant la normale, la |)roporlionalit(3 doil exister non pas entre les sinus des
ani^les d'incidence et de réfraction, sin; et sinr, mais entre sin(/ — r) et sinr. A cet
cllct, il su|)poso iMi|)licilcmcnt l'action normale iiid(;pendanlç de l'incidence. L'iivpollii'se
de Doscartes est au contraire que la composante parallèle à la surface d'incidence ijarde
la môme valeur avant et après la rjfraction. 11 est clair (jn'a priori on ne peut décider
entre ces deux suppositions.
WIV. — DKCEMHHE IG37. lio
(If la figure (le la page un ii la réfrar-tiDii, il faillo garder ma |ir(i|)iirlioii
el non pas la sienne; car je ne suis pas assuré si ce inouvenu'ut ediu-
pose (luit sei'vir de règle à la réfrai^lion, sur la([in'Ile je vous tlirai une
autre lois plus au long mes sputimenls.
n. J'ai tendrai la réponse (^ ') ;i cette Lettre, [)uis(|ue vous me la faites
espérer, et serai toujours, mon Uévérend Pi-re, voire Iri-s liumMe ser-
viteur.
l/excusc (|ue vous avez vue au commencement de ma lettre me ser-
vira encore sur ce que je ne vous ai point écril de ma main.
(') Dcscartos, n'iiy.iiil Tcru la Ixllre XXIV i]ii';ui laomeiU où il avait à ilérciidre coiiUc
({(ihorval sa propre crilic]iic de la iiiclliodc des tangentes do Fermai iroir ci-après
l.oUi-ft XXV, r" noie), ajoiila le iiK^nie jaur {t^. février if)38) à son courrier jioiir .Mcr-
scniie une I,ellre S|)éeiale sur la I)ioplri<|ue, adressée à Mydori;e (éd. C.lerselicr, 111. 4'^)-
.Mais celle réplique, qu'on Irouvcra dans le Supplcinent à la pré.senle édition, ne fui com-
muniquée ù Kcrnial que vers le mois de juin iGjS, alors que s'arran^eail le diUéreiid soi'
lu niclliodc des tan^'cnles. Descarlcs ne se montraiil pas dispose à satisfaire davantage
Fermai sur la queslion de la réfraction, la discussion en fut é|,'alemenl susiiendue |ionr
n'être reprise c|uo \in^t ans après, cnlrc Fermai el Clorselier. La présente I.ellre X\l\'
lil alors l'objet il'unc rofulation spéciale {ci-aprcs l'iècc Xt^IV) composée par Holiaull.
1-20 «EUVUES DE FEKMAT. - CORRESPONDANCE.
ANNÉE 1638,
XXV.
DESCARTES A MERSENNE (' ).
< LUM)I 18 JANVIER 1CG8 >
(D, 111, 5G.)
Mon Rkvkukm) Pkue,
i Jo scrois Itioii aise de no rien dire de FI^cmmI ([ne vous m'avez
eiivové ("), pouree (|ne j(^ n'en saurois dire aueiine cliose (|ni soil ii
l'avanlaiie de e(dni qni l'a composé. Mais à cause que je rcconnois (pie
e'e>( celui nK'ine (|ui avoit ci-devant tàclR' de rtd'uler ma Dioptri([ue,
(1) LuUre dosliii(ic ;i Formai cl (>nvoycc à iMcrseiiiK! cii iiiônio temps que colle (|iii l,i
piôcodc (111, 5j) dans l'édition CIcrsclier. Au lieu de l'adresser à Toulouse, le correspon-
dant de Descaries la montra à Robcrval et Étienno Pascal qui, prenant la défense de la
.Mclliodo attaquée, rédigèrent une Réplique (perdue). Elle fut envoyée, le 8 février iG3H,
par Mcrseunc à Dcseartes, qui répondit vers le t.i février (éd. Clerselicr, III, 4i, à Mim'-
.senne; III, .5-, à Mydorge) on faisant appel à Mydorge et Hardy comme juges. Le 2G mais.
-Mcrsenne fit part ù Ocscartcs (([ui répliqua le 3 mai par la Lettre XXVll ci-apros) de
nouvelles objections do Roberval et, probablement au commencement d'avril, ce dernier
composa une seconde Défense de la Méthode de Fermât (éd. Clerselier, III, 58). Ainsi fut
(ingagé ce procèi matlicmntique, auquel Fermât resta de fait étranger pendant toute cette
phase {vuir ci-après Lettre XXVI) et dont les pièces seront réunies dans le Supplcmcut
lie la présente édition.
Le texte de cette Lettre XXV a été revisé d'après une copie ancienne dans le MS. Bibl.
N'ai. fr. n. a. 'iifio, f"» 53 à 56.
(-) L'envoi fait jiar Mcrsenne vers la fin de décembre 1G37 comprenait, outre l'ccrii
dont il est ici question {Melhodus ad disquirendain iiiaxiiiKint et iniiiiinam. — De l<iii-
f;eiili/>iix linearum cun'arum. Tome I, pages (33 à iSO), Vlso'^oge nd locns pianos et
xolidos (Tome I, pages 91 et suiv.), qui, formant un paquet séparé, ne parvint à Descartes
qu'un peu plus tard. Ces pièces avaient été remises à Mersenne par Carcavi.
XXV. - 18 JANVIER 1G38.
127
(i que vous me mandez qu'il a envoyé ceci après avoir lu ma Géo-
métrie; et s'étonnant de ce que je u'avois point trouvé la même chose,
c'est-ii-dirc, comme j'ai sujet de l'interpréter, à dessein d'entrer en
concurrence et de montrer qu'il sait en cela plus que moi; puis aussi
à cause que j'apprends par vos lettres qu'il a la réputation d'être l'orl
savant en Géométrie, je crois être obligé de lui répondre.
2. Premièrement donc, je trouve manifestement de l'erreur en sa
ri'gle, et encore plus en l'exemple qu'il en donne pour trouver les
contingentes de la parabole : ce que je trouve en cette sorte.
Soit (fig- Go) BDN la parabole donnée dont DC est le diamètre, e(
(jue dn point donné H il t'aille tirer la ligne droite BK qui rencontre
Fis. 6o.
DC au point E et qui soit la plus grande qu'on puisse tirer du même
point E jusques à la parabole : sic enim proponitur quœrenda maxima.
Sa règle dit : statiialur quilibel quœstionis terminus esse A ; je prends
donc EC pour .1, ainsi qu'il a fait : el invenialar maxima (à savoir BE)
in icrrninis sub A gradu, ut libel, involutis; ce qui ne se peut faire mieux
qu'en cette façon : Que BC soit //, le ([uarré de BE sera Aq.+ lUj., à
cause de l'angle droit BCE.
Ponatur rursum idem terminus qui prias esse A -+- E; à savoir je fais
que EC est .4 + E (ou bien, suivant son exemple, A — E, car l'un
revient h l'autre) : iterumque im'cniatur maxima (à savoir BE) in ter-
minis sub A et E gradibus ut libet cocfficientibus ; ce qui ne se peut mieux
faire qu'en cette sorte : Posons que CD ait été ci-devant I), lorsque
BC étoit/?, le coté droit de la parabole sera ^'pi à cause qu'il est ii BC,
128 aiuvuKS 1)1-: feiîmat. - (.oiuU'Spondanci:.
la ligne appliquée par ordre, comme BC est. à VA) le segment du dia-
ini'd-e au(|uel elle est appliquée, ('/est jtoiirqiioi, maintenant (|ue Œ
est A + A", DC est J) + /•;, et le (piarre de B(, est —^ j^ — '- ,
([iii étant ajouté au quarré de Œ, qui est Ar/. -+- A in /s bis + Et/., il
fait le ([uarré de BK.
Ada'qiientiir duo houiogciica ninxùnœ œqitalia ; e'esl-à-dire que
Af/.-hli'/. soit posé égal à
/!>/. -I h - 1 q. + ( m /: lus + h q. :
cl dcrnplis cnniinunihus, il reste
Bn.m hJ , . ,, , . „
— '-— h I iM /; lus -4- A'/, cj;;!
non.
Applicen/iir ad II etc. ; il vient
E/idaltir K. il reste
Bq. . .
—— -+- yl l)is c'j;nl a iii'ii.
Ce qui ne donne point la valeur de la ligne A, comme assure l'au-
teur, et par conséquent sa ri'gle est fausse.
3. Mais il se mécompte encore bien [)lus en l'exemple de la uiéme
parabole, dont il tâche de trouver la contingente. Car, outre (|u'il ne
suit nullement sa ri'gle, comme il paroit assez de ce que son calcul
ne se rapporte point à celui ((ue je viens de faire, il use d'un raison-
nement qui est tel que, si seulement, au lieu do parabole viparaholcn,
on met partout en son discours Jiyperbole et hypcrholen ou le nom de
quelque autre ligne courbe, telle que ce puisse être, sans y changer
au reste un seul mot, le tout suivra en même façon qu'il fait touchant
la parabole jusques à ces mots : ergo ÇAl prohavimns duplain ipsiiis (10,
quod quidem ita se hahct. Nec unqitam fallit methodus; au lieu desquels
on peut mettre : non ideo seqtiiuir (Ai dnplam esse ipsius CD, nec unquam
\\V. - 18 JANN IRll l(i38. 1-2!)
ila se liabel alibi qitain in parabole, iihi casii ci. non ex ri prœmissarum
rcrnm ronchtdiliir : sernpeninc failli isia mcthodtis.
4. Si (•('( aiilrur s'est ('loniu' de (■(> (|iic je n'ai |ioiiit mis de t(dles
rèi,des en ma Géométrie, j'ai beaucoup plus de raison de m'étonner de
ce qu'il a voulu t'ulrer eu liée avec de si mauvaises armes. .Mais je lai
veux bien encore doniu'i" le temps de remonter à cheval, et de prendre
toutes les meilleures qu'il eut pu choisir pour ce combat, qui sont (jue,
si on chani^'c (juel(|ues mots de la rciçle (|u'il propose pour Irouver
nia.riuutnt et niinimain, on la peut rendre viaie et est assez bonne.
(le (|ue je ne pourrois néanmoins ici tlire, si je ne l'avois su di's
auparavant (|ue de voir son l'écrit : car, étant tid (ju'il est, il m'eùl
plutôt enipéelié de la Irouver ([u'il ne m'y eut aidé. Mais encore (|ue
je l'aurois iijnoree et (|ue lui l'auroil parfaitenn'iit sue, il ne nu' semble
[las (]u"il eùl pour cela aucune l'aison de la conqiarer avec celle ([ni es(
en ma (léometrie loiu'hant le même sujet.
5. {\iv premii'renuMit la sienne ( c'est-à-dire celle (|u'il a eu envie de
Irouver) est telle (|ue, sans industrie cl [)ar hasard, on [leut aisément
tomber dans le chemin qu'il faut tenir pour la rencontrer, lequel n'est
autre chose qu'une fausse position fondée sur la façon de démontrer
([ui réduit ;i rimj)ossible et ([ui est la moins estimée et la moins inj^'é-
nieusc tic toutes celles dont on se sert en mathématique. Au lieu que
la mienne est tirée d'une connoissancc de la nature des équations, qui
n'a jamais été, «(ue je sache, assez cxpli({uéc ailleurs (jue clans le troi-
sii'me Livre de ma Géométrie; d(^ sorte ([u'clle n'eût su être invcnlée
par uiH' personne qui auroit ignoré le fonds de l'algèbre, et (die suit la
plus noble façon de démontrer (|ui [misse être, ii savoir celle (|u'on
nomme a pi ion.
6- l'ois, outre cida, sa régie [U'étcnduc n'est pas univcrstdle comme
il lui semble, et elle ne se [)eut étendre à aucune des (ineslions t|ui
sont un [leu dilticiles, mais seulement aux plus aisées, ainsi qu'il
pourra éprouver si, a[»rés l'avoir mieux digérée, il lâche de s'en servir
pour Irouver les conlingcntes, [tar exemple, de la ligne courbe Bl)\
Ikum \t. — U. 1/
i:jo
ŒUVRES DE FEUMAT. — CORHESPONDANCE.
{fig- (Ji)' 11"^ j*' suppose t'Irc (elle qu'en (jiiel(|ue lieu de sa eireouré-
roncc qu'on prenne le point 15, ayant lire la perpendiculaire 1J(", les
deux eul)es des deux lignes B(] et (]!) soient ensemble égaux au paral-
lélépipède des deux niènies lignes BC, CO et de la ligne donnée P.
Fis. 'H.
(A savoir, si P est 9 et que CD soit 1, BC sera f\, pource que les
cubes de 2 et de '\, (jui sont 8 et G'\, font 72, et que le parallélépipède
composé de 9, 2 et 4 est aussi 72.)
Car elle ne se peut appli(juer ni ii cet exemple, ni aux autres (]ui
sont plus (liltieiles, au lieu que la mienni! s'étend généralement ii (ous
ceux qui peuvent tomber sous l'examen de la géoinétrie, non seule-
ment en ce qui regarde les contingentes des lignes courbes, mais il
est aussi fort aisé de l'applicjucu" à trouver maxirnas et ininimas en
toute autre sorte de problèmes; de façon que, s'il l'avoit assez bien
comprise, il n'auroit jyas dit, après l'avoir lue, que j'ai omis celte
matière en ma Géométrie.
7. 11 est vrai toutefois que je n'y ai point mis ces termes de niaximis
et minùnix, dont la raison est qu'ils ne sont connus que parce qu'Apol-
lonius en a fait l'argument de son cincjuième Livre, et que uion des-
sein n'a point été de m'arréter à expliquer aucune chose de ce que
((uelques autrcis ont déjà su, ni de réparer les livres perdus d'Apollo-
nius, comme Vièle, Saellius, Maritius Glietaldus ('), etc., mais seu-
biment de passer au delà de tous cotés, comme j'ai assez fait voir en
commençant par une question que Pappus témoigne n'avoir pu être
trouvée [)ar aucun des Anciens; et par même moyen, en composant et
(') loir Tome I, p. 3, nolo 3.
XXV. - 18 JANVIER 1638. 131
(Irtcrm'mant (mis les lieux solides, ce qu'Apollonius chcrcli(»il encore;
puis en réduisnut p;ir ordre toutes les lignes courbes, la plupart des-
(]uclles n'avoient i)as même été imaginées, et donnant des exemples
de la (açon dont on peut trouver toutes leurs propriétés; puis enfin,
en construisant non seulement tous les problèmes solides, mais aussi
tous ceux qui vont au sursolide ou au quarré de cube; et par méni(^
moven, enseignant à les construire en une infinité de diverses façons.
D'où l'on peut aussi apprendre à déguiser en mille sortes la règle
(|iie j'ai donnée pour trouver les contingentes, comme si c'étoient
aulanl de règles dilTérentes. IMais j'ose dire qu'on n'en peut trouver
aucune, si bonne et si générale que la mienne, qui soit tirée d'un
autre fondement.
8. Au reste, encore que j'aie écrit (') que ce problème pour trouver
les contingentes fût le plus beau et le plus utile que je susse, il faul
reniar({uer que je n'ai pas dit pour cela (|u'il fût le plus difficile,
comme il est manifeste que ceux (jue j'ai mis ensuite touchant les
ligures des verres brùlans, lesquels le présupposent, le sont davan-
tage. De façon (|ue ceux (jui ont envie de faire paroitre qu'ils savent
autant de géométrie ((uc j'en ai écrit, ne doivent pas se contenter de
cbercher ce probli-me par d'autres moyens que je n'ai fait, mais ils
devroient plutôt s'exercer à composer tous les lieux sursolides, ainsi
(juc j'ai composé les solides, et à expliquer la figure; des verres brù-
lans, lors(jue l'une de leurs superficies est une partie de sphère ou de
conoïde donnée, ainsi que j'ai expliqué la façon d'en faire (jui aient
l'une de leurs superficies autant concave ou convexe qu'on veut, et
enfin à construire tous les probli-mes qui montent au quarré de (juarrè
de ([narré ou au cube de cube, comme j'ai construit tons ceux (jiii
montent au ((uarré de cube.
9. I-lt après (ju'ils auront trouvé tout cela, je prétends encore qu'ils
m'en devront savoir gré, au moins s'ils se sont servis à cet elfet de ma
(') Gcoinctric lie Dacitrtcf, ccl. lleniiaiiii. Paiis;. i8H(), p. 35.
13-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
GéoiiK'trio, à cause (jircllo contient le chemin qu'il faut tenir pour y
parvenir, et (jue. si même ils ne s'en sont point servis, ils ne doivenl
pas pour cela prétendre aucun avantaj^e par dessus moi, d'aulanl (|u'il
n'v a aucune de ces choses que je ne trouve autant (|u'elle esl trou-
vaille, lorsque je voudrai prendre la peine d'en l'aire le calenl. Afais je
l'rois pouvoir employer mon tem|)s ])lus utilement à (l'aulres choses.
Je suis elc.
XXV bis (').
FRRM.\T A MERSENNE.
< FfiVItlFU 1G38 >
(A, f" .Tj-.iH, I!. I" Ji"- ■!.>-.)
Mon lÎKVKr.KM) Vi-wr.,
1. J'ai appris par votre lettre que ma répli([ue (-) à î\[. Descarte^
n'éloil pas goûtée, que même il avoit trouvé à dire à mes méthodes de
inaximix cl ini/iimis cl de tangenttims (■'), en ([uoi pourtant il avoit
trouvé W^ de Pascal et de Roherval de contraire sentiment. De ces
deux choses, la première ne m'a point surpris, pourcc (|ue les choses
(le physique peuv(Mil toujours nous fournir de doutes et enlrelenir les
disputes; mais je suis étonné de la dernii-re, puisque c'est une vérité
géométrique, et (|ue je soutiens (JUiî mes méthodes sont aussi certaines
que la construction de la i"^ proposition des Eléments. Peut-être (|ue
les ayant proposées nuement et sans démonstration, elles n'ont pas été
(') IVéponse incdilc à une lettre par laquelle Mcrscnnc, sans comiiuiniquer ù Fermai
la critique de Dcscarles relative à la Mclliiido de inariniix cl t)iin!inis, c'est-à-dire la
l'iceo XX.V, liiiformait ([uo cette critique avait donné lieu à une répliciuc (perdue) de
Iloberval et de Pascal, envoyée à De-icartos le 8 février iG3S.
(-) Lettre XXIV. Mersennc avait parle de l'impression produite dans son cercle, à Paris,
par cette Lettre, non pas de la réplique de Dcscarles. qu'il n'avait pas encore reçue.
(^■j Tome I, pages i33 à i3G.
\\V his. — FEVRIER 1G38. 1:5:5
{'iilciidiics ou ([u'cUcs oii( paru litip aisées ii M. Dcscark's. qui a l'ail
tant (le cliciiiin et a piis nue V(»io si péiiiblo, pour ces laiigoutos dans sa
(M'onii'lric.
2. (Juoi (|M"il on soit, je nv nie pi(jU(' pas irôtro cru (juc [tar ceux (|ui
le voudront, et vous prolcslo (juo j'ainicrois mieux [U'ononcer :
.liimjiiin clficari do nianiis sciuiUiiP ('), .
([ue de soulfi'ir (|iie lien de ce (|ue je vous ai onvové soit imprimé sous
mon nom, ce (|ue je vous piie d'empéelier par le pouvoir (|ue vous
avez sur tous ees Messieurs qui se mêlent de cette élude. Je ne vous
l'nvoierai donc [)Ius rien pour M. Deseartes, puisqu'il met des loix si
sévi'res à un commerce innoceni, et me contente de vous ilire que
je n'ai trouvé encore juM'soune ici (|ui ne soit de mon avis, (|ue sa
Diopfri(|ue n'est [las prouvée. Je voudrois seulement savoir si dans
Paris on croit qu'il ait démontré cKaclemenl les l'ondements et les
[irincipes de la réfraction, et particulii'rement (|u'il vous plùl me l'aire
pari des s(Milimenls de M. 3Iydorge sur ce sujet, et de ^l. Desargues.
3. Voilà [)our ce sujet, l'our les manuscrits de Vii'te (-), il n'y a (|ue
fort peu de chose que nous n'eussions pas dans les imprimés : ce sont
seulement des exemples plus élendus et (|U(dques pro[)ositions de
//ombres ///idta//gt/laircs, (|ui se trouvent en d'autres livres, de sorte
(|ue l'impression de ses (euvres w'qw proliteroit gui'res. Outre que je
les ai reçus de M. Despagnet, à la charge de no les hailler à personne
([ue par son aveu.
4. Pnis(|ue M. de Rohcrval a soutenu ma méthode, je lui veux faire
encore part d'un di- ses plus beaux usages touchant Vinvc/itio/i descc/il/cs
(le gravilc, puisque M. de Reaugrand no les lui a pas haillés, comme je
l'en avois prié. Et no serai pas marri (ju'on propose ii M. Descartes l'in-
(') Vers d'IIoraco, Epodex, XVII, i.
\^-) On voil (juc Mcrseniic s'occupait déjà do l'odiiiort des Œuvres de Vièlc, imprimùc
à Lcyde par les Elzevirs eu 1G46 et à Ia(|ucllc il apporta un concours efficace.
i:3ï ŒUVRES DK FERMAT.- CORRESPONDANCE.
vcnlion de qiiolquos-uns de ces centres de gravité. Vous iii'(d)ligere/, de
donner eet écrit (') à M. do Roberval et de m'envoyer son sentiment iii-
dessus, et s'il croit que nons soyons obligés d'envoyer à Levde, pour
avoir la solution des probli'nies géométriques.
Mon Révérend Pi're, votre (res humble et 1res affectionné serviteur,
FriiMAT.
5. Je (-) serai bien aise de savoir le jugement de M" de Roberval et
de Pascal sur mon Isagoge topique et sur VAppencUx (^), s'ils ont vu
l'un et l'autre.
6. Et, pour leur faire envie de quelque chose d'excellent, il l'aul
étendre les lieux d'un point à plusieurs in injinitum : comme par
exemple, au lieu qu'on dit d'ordinaire :
Trouver une parabole en laquelle, prenant tel point qu'on voudra, il
produise toujours un même effet,
je veux proposer :
Trouver une parabole en laquelle prenant tels deux , trois , quatre .
finq, ete. points que vous votulrez, ils produisent toujours un même effet,
et ainsi à l'infini.
(l'est chose que j'ai trouvée et plusieurs au! res par l'aide de ces
misérables méthodes qui passent pour sophistiques. Bien [)lus, je |)uis
encore donner la résolution de celle question :
Trouver autant de lignes courbes qu'on demandera, en chacune des-
( ' ) 11 s'agil du fragincnl imprime Tome I, pages i3G à i3ç), cl pour lequel (page i36,
noie 3) le lo avril if)38 a été indiqué à tort comuic date de la lettre d'envoi.
Pour la communication antérieure à Bcaugrand, i>oir Lettre XVIII, 5.
{-) Le post-scriptum qui suit se retrouve im|)rimé, sauf le dernier alinéa, dans les
Lettres de Descartex (éd. Ciersolicr, 111, page 383) comme Extrait d'une lettre de Fermât,
inséré dans un envoi de Mcrscnne à Descaries (du 28 avril ou du 1"' mai i038). 11 s'y
trouve précédé, dans le môme Extrait, du premier alinéa de l'ccril Centnim gravitaiù
l>nraholici conoidis (Tome I, pages 130 à i3()), qui, comme on l'a vu dans la note précé-
dente, fut envoyé par Fermât pour Rol)erval, dans la présente lettre à Mcrscnne. Il est
clair que lo post-scriplum était également destiné à Roberval.
(') Tome 1, pages 91 à 110. Ce passage prouve que \' Appciidix est, comme Xlsoi^d^c,
antérieur à la pulilication de la Géométrie de Doscarles.
XWI. — -20 AVIUL 1G38. 135
quelles prenant tel nombre de points qu'on voudra, tous ces points ensemble
produisent un même effet.
1- J'()ul)liois (le vous tlirc, sur le siijt'l de hi roulette (' ) de M. de Wu-
bcrval, (|iie je crois (|u'il n'aura pas persisté en rdpniion (|u'il avoit.
de lui avoir donné un cercle égal. Je vous prie de le savoir d(.' lui.
XWI.
FI<:U.MAT A iMERSENNK.
MARDI 20 AVRIL 1G38 {-).
(D. III, 3fi.)
.Mo.N Rlvkuknd Pi:i!I".,
1. Je vous suis extrêmement obligé du soin que yous prenez pour
satisfaire ma curiosité, m'ayant bien voulu taire part d'une Lettre (jue
je trouve très-excellente, soit pour la matière qu'elli' contient, soi!
pour les paroles dont on s'est servi ; c'est celle qui est signée Petit {^),
qui est un nom inconnu [)our moi, mais qui m'a donné un très grand
désir d'être connu de lui ; je serai ravi qu'il vous [ilaise de m'en donner
le moyen, et j'ai cru que ni vous ni lui ne désapprouveriez pas la
(') Mcrscnno avait parle à Format de la quadrature de la cycloïdc, obtenue par
Rolierval.
C ) L'aniiotaleur anonyme de rcxcmiiluirc des Lcllrc.t de Dcacartcs de la BiblioLliè(|iU!
de riiislitiil prétend que la date ne s'applique qu'au post-scri[)lnm et i|uo le corps de la
lettre remonte au 26 novembre 1637. Victor Cousin, dans son édition des OEuvrei de Dcx-
carlc.1 (t. VI, p. 365), adopte la niônic opinion qui nous paraît insoulcnalile, car si ('.lers(>-
lier a commis des confusions dans les lettres qu'il a publiées ti après les minutes non
datées de Descartes, ces confusions ont résulté uniipicmcnt du désordre dans lequel se
sont trouvées ces minutes à la suite d'un accident où elles ont failli être détruites. Mais
la présente lettre était évidemment écrite (en coi)ic par Mersennc) sur un seul feuillet et
n'a pu souffrir aucun dérangement.
(') Mcrseime avait annoncé à Dcscarics cet écrit do IV'tit dans une lettre du \2 lé-
vrier i(">38 {Lettres de Descarics, 111, p. IQ"). 11 le lui envoya le 12 mais (111, p. 38ijl.
l:j(i (HLVUES DE FEUMAT. - C()[lRESPOM>ANCE.
lilx'ilc ([lie j'ai prise d'effacer sur la lin (|uelqiies paroles qui niar-
(|ti()ien( que ses ohjeclions eonlre la Diopiriquc de M. Descaries éloienl
plus fortes et inoins sujettes à répli(|ne que les miennes. Ce n'est pas
(|ue j'en doute, puis(|ne j'ai conçu une tri'S grande opinion de son
e>prit; mais je désire, si vous l'agréez, d'être un peu mis ii l'écart, et
de voir tontes ces helles disputes plutôt comme témoin (|ne comme
partie.
2. 'S'oiis ajoutei'cz une très grande obligation à toutes celles que je
vous ai déjà, si vous me procurez la vue de ce Discours que l'auteur
de cette helle Lettre promet touchant laréfrartion. Et si j'osois espérer
la communication des expériences qu'il a faites, peut-être y nuderois-
je de la géométrie, si je les trouvois conformes ii mon sentiment. J'at-
tendrai cette satisfaction avec impatience, et vous renvoierai par le
premier courriel' son éerit, (|ue je retiens pour en tirer copie.
3- .l'attends aussi par votre faveur les réponses (') (|ne M. Descartes
a faites aux dilllcullésque je vous ai proposées sur sa Dioplrique, et ses
i'emar(|ues (■) sur mon Ti'aité de maxitnis cl inininiis cl de tangenlihiis.
S'il y a qnelcjue petite aigreur, connue il est malaisé (|u'il n'y en ail,
vu la contrariété (|ni est entre nos sentiments, cela ne vous doit point
détourner de me les l'aire voir; car je vous [troteste que cela ne fera
aucun eil'et en mon espril, (|ui est si éloigné de vanité, ([ue M. Des-
i-artes ue sauroit m'estimer si peu qu(; je ne m'estime encoi'e moins.
Ce n'est |)as (ju(! la complaisance me puisse obliger de mi; dédire d'une
vérité que j'aurai connue, mais je vous fais par lii connoilre n\(M\ liu-
nuMir. Obligez-moi, s'il vous plait, de ue différer plus à m'envoyer ses
écrits, auxquels par avance j(! vous promets de no faire point de ré-
pli(|ue.
4. .l'ai fort vu ces jours passés M. Despagnet, avec qui je vis de
1^') /,t//rf.v?/(; Z)eir«/'/c'i, éd. CIcrsclipr : Dosciirles il J\Iy(lori;c, III, 4'î'.'iii de la Icllix'lll,
Hy (p. 3i>.) à Mydorgc,
(-) Fdir ci-aviiiit LcUrc XXV. Mcrscnnc aurait i>u communkiucr aussi dos lors à Fer-
mai les autres lettres écrites à ce sujet ])ar Descartes {Lettres de J)cscfirlc\-, éd. C.lerse-
lier : à Merscnno, lit, 4'; à Mydorgc, III. ^i->; à Mydorgc, lit, '>y).
WVI. - 20 AVIÎIL ir.:?8. 137
longue main coininc un ami intinii"; s'il va ;i Paris, coniinc il cspt'rf, il
vous (lira (|n"il est de mon avis en tons les |)i>li(s Discnni's qnc j'ai l'ails,
sans en cxclnrc la l)io|)tri(|n(^.
J'adcncis (le vos nonvcllcs, cl suis, elr.
A Toulouse, ce 'o avril iG'JS.
5. Ouand vous voudrc/ ([uc ma politc guerre conire ^I. Descaries
eesse, je n'en serai pas marri et, si vous me procurez l'honneur de sa
connoissance, je ne vous en soi'ai pas peu ohligé.
6. Onti'e le pa|iier (-) envoyé à U( olierval) et P(ascar), |)our sup-
pléer il ce qu'il y a de trop concis, il l'aut ([ue AI. Descartes sache, ((u'a-
pri s avoii' tiré la paralli'le (|ui concourt avec la tangente et avec l'axe
ou diami'tre des lignes courites, je lui donne [)reiuii'rement le nom
(|n'(dle doit avoir comme avant un de ses points dans la tangente, ce
(|ui se lait par la règle des proi)ortions qui se tire des deux triangles
semhlaldes. A[)r('s avoir donné le nom, tant ii notre parallèle qu'il tous
les antres termes de la question, tout do mémo qu'on la parabole, je
considi're derocliorcetio parallèle, comme si le point qa'(dlo a dans la
tangente étoit en elTet en la ligne courho, et suivant la [)ropriélé spéci-
li(|ue de la ligne courho, je compare cette parallèle par adeiid/i/é avec
l'autre parallèle tirée du point donné à l'axe ou diamètre de la ligne
courho.
Celte comparaison |»ar adêgalitè [)roduit deux termes inégaux (|ni
enlin produisent l'égalité (selon nui méthode'), (|ui nous donne la
S(dulion do la (juostion.
l'-t ce (|u'il V a do merveilleux, est ((uo ro|)ération iu)ns indique si la
(') Nous avons ranaclic à la IcUrc du ut aviii i(i3S le l'i'ai;in('iU suivaul iloiil les copirs
pur Arbo^asl poiicnl sur lo brouillon le tilrc : ])c iiuLvitnis cl iiii/tiiiiix, pur M. rerinat i-X
lu sousei'iplion : Fin; sur la mise au net, le liO'n : Sur lu iitclhude des laiigc/iliw, par
Fcriniil. 11 a déjà clc publié par M. (lliurles Henry (Ilcclicrclivs. pp. iSj-i8'i) d'après le
brouillon dArboijasl (lîibl. Nal. Ir. n. a. 3iS0, 1° 187), le(piel n'a d'ailleurs eu entre les
mains (pi'une copie de Mersenue en partie indécliiiïruble.
(- ) l'iobablcMirnt la |>ièce insérée Tome 1, payes riG-i'ig. /'o//- lA'tIre XW I>l\\ 4.
Kkiimat. — II. I S
138 ŒL'VUES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
ligne courbe est convexe ou concave, si la tangente est parallèle à l'axe
ou diamètre, et de quel coté elle (ait son concours lorsqu'elle n'est pas
parallèle; ce qui serait trop long à décrire parle menu ('), et suffit de
dire que nous trouvons des équations impossibles pour avoir pris lo
concours du mauvais côté, etc., de sorte qu'il paroît, même sans faire
im plus grand discours, que l'équation se soudra aisément si le con-
cours peut exister et en aussi peu de temps qu'on puisse imaginer.
\XVI1.
DESCARÏES A MERSENNK (-).
LL>DI 3 MAI 1G3H.
(U, m, 60.)
Mon Hkvkrkm) Pékk,
1. Il V a déjà quelques jours que j'ai reçu votre dernière du -26 mars,
où vous me mandez les exceptions (') de ceux qui soutiennent l'Ecrit
(') A parlir ries mois c/ suffit, le lexle csl conjcclural. Le liroiiillon d'Arboyusl pcirle
(les mois en italique sont ceux pour lesquels il a particulicrcnicnt hcsilé) :
Il El suffil lors que nous trouvons des cqualions impossibles, nous ayons pris le con-
cours du mauvais côlé etc. de sorte qu'il pareil même sans faire un plus £;rand retour.
que l'équation .wit toujours aussi .v( le concours |)eul exister et en aussi peu de temps
qu on puisse imaginer. »
Arbogasl a ajoute on note : « 11 me pareil que celle leçon esl véritable, nous n'eu avons
pas mis la fin dans la copie au net, par ce que nous craignions de nous lrom|)er. »
(-) Le texte de celle lettre a été corrigé sur l'original, actuellement conservé à la
Bibiiollièquc Victor Cousin.
(^) Ces exceptions se retrouvent développées dans YEscrit de rjuclcjucs amis de Mon-
sieur de Fermât, imprimé Lettres de Descartes, éd. Clersclier, III, 58. Mais Descartes ne
l'avait jias encore reçu (voir ci-après, Lettre XXl.K, 3); c'est donc à tort que la noie de
l'exemplaire de l'Inslilut, reproduite i)ar Cousin {OEuvres de Descartes, l. VII, p. 23).
assigne à cet ficrit la date du i5 mars i638. Il ne doit avoir été envoyé ipi'en avril; Des-
cartcs répondit seulement à Mersenne par la lettre 111, 5g do l'édition Clersclier; la date
du i4 avril i638, indiquée pour cette lellre par l'annotateur anonyme (OEtuTes de Des-
cartes, éd. Cousin, t. VII, p. 35) est également trop reculée, Roberval n'ayanl pas encore
eu connaissance de celte réponse le i" juin i638.
XWII. - 3 MAI 1638. 139
(le M. Format de maxirnis etc. Mais elles ont si peu de couleur que
je n'ai pas cru qu'elles valussent la peine que j'y répondisse. Toute-
fois, pource que je n'ai point eu depuis de vos nouvelles et que je
crains que ce ne soit l'attente de ma réponse qui vous fasse dilïérer de
m'écrire, j'aime mieux mettre ici pour une fois tout ce que j'en pense,
atiii de n'avoir jamais plus besoin d'en parler.
2. Premièrement, lorsqu'ils disent qu'il n'y a point de inaxima
dans la parabole ('), et que M. F. trouve les tangentes par une règle
du tout séparée de celle dont il use pour trouver maximam, ils lui font
tort en ce qu'ils veulent faire croire qu'il ait ignoré que la règle qui
enseigne ii trouver les plus grandes sert aussi ii trouver les tangentes
des lignes courbes : ce qui seroit une ignorance très grossière, à cause
(jue c'est principalement à cela qu'elle doit servir; et ils démenlent
son Écrit où, après avoir expliqué sa méthode pour trouver les plus
grandes, il met expressément : Ad stiperiorem mcthodum imcntionent
langentium ad data puncta in lineis quibuscumque curvis reditcimas (-).
H est vrai (ju'il ne l'a pas suivie en l'exemple qu'il en a donné lou-
chant la parabole, mais la cause en est manifeste, (^ar, étant défec-
lueuse pour ce cas-là et ses semblables (au moins en la façon qu'il
la propose), il n'aura pu trouver son compte en la voulant suivre, et
cela l'aura obligé ii prendre un autre chemin, par lequel rencontrant
d'abord la conclusion qu'il savoit d'ailleurs être vraie, il a pensé avoir
bien opéré et n'a pas pris garde à ce qui manquoit en son raison-
nement.
3. Outre cela, lorsqu'ils disent que la ligne EP, tirée au dedans de
la parabole ('), est, absolument parlant, plus grande que la ligne EB,
(') Voir LeUrc XXV, lii:. (m). L'objcclion de Descartes contre lu rèi,'le de Fermai était
que pour trouver lu luni;eiUc BE au point B de la parabole, il fallait clierclicr le inaxiinuni
de BE. considéré comme droite à mener du |)oint K à la parabole. Roberval et Pascal
rc[)oiissaienl à bon droit ce raisonnement.
(-) Foir Tome I, page i34, les deux dernières lignes.
(') Voir fig. Co, page 127. Il faut supposer la droite EP menée de E ù un point de la
parubole plus éloigné que B par rup|iorl à E.
l'tO
GÎLVHKS Dl' F i: KM AT.
COUHRSPONDANCE.
ils ne (lisent rien (|ui scrvo à leur cniisc. (Inr il n'est |)as rof|iiis (in'cllc
soil la plus i,M'aiiili' al)S()liinicii( |)rii'lini(, mais seulcincnt (|ii'cllc sdil la
plus i^randc sous ccrlainos condilicuis, (^onime ils (Uil LMix-uiriiies (Iriini
au comuicncfmenl do riirril ( ' ) (|u'ils ui'oiit cuvoyé, i»ii ils discul (|ui'
colle inveutinu de M. F. esl toKcluuil /es p/us ^ra/u/es cl les moindres
lignes ou les plus ffra/rls cl les moindres espaces r/iir l'on puisse mener on
faire sons certaines conditions proposées.
Va ils ne sauroieul nier que la ligne 1{I{ ne soit la plus içraudo (|u'oti
puisse mener du poini K jusques ii la [)araI)ole sous les condilinns (|ue
j'ai |)r()posées, ii savoir qu'<!lle n'aille ([lu- jusques à (die sans la tra-
verser, eomnie ils oui assez dû eulendre d(''s le premier' coup. .Mais pour
l'aire mieux voir (|ue leur excuse n'esl aucunement valable, je (l(uinerai
ici un autre exem|)le où je ne |)arlerai ni d(> tanj^cnte ni de parabole,
et où toutefois la r(''if|e de M. F(>r. manquera en nuMne iacon (|u'an
pr(''C(''denl. Aussi bien vous vous plaignez quand je vous envoie du
papier vide, et vous ne m'avez point donn('' d'autre malii're pour rem-
plir celt(^ l'euille.
Soil donn('' le cer(de 1M)N {J'g- ()'-i), y\V que le point I'] (|ni en esl
deliors soit aussi (lonn('' el qu'il t'aille tirer (bï ex\ point \\ vers ce cercle
nue ligne droite, eu sorte (|ue la partie de cette ligne ([ui sera bors de
ce cer(de entre sa circoni'(''rence et le point donn('' E soit la plus grande.
Voici coinment la r(''gle doiin(''e par .M. Fer. enseigne (|u'il y faut [)ro-
ce'der.
Ayant meut'; la ligne HDN |tar le centre du cercde et sa partie lOl)
étani nommcM' H, et sa partie ON (jui est le diam(';tre (''tant C, siatualiir
I ' 1 Kci'il, |ii'r(hi, cinoyi'' |iiu- iMci'sciiiic ^'i Desr;ii-U'S li; M iï'\ ri(;|- iliis.
XWII. - 3 MAI IG38. lil
(jidlihcl quœstùmis terminus esse A ('), ce qui iio se peut mieux l'aire
<[u'eii uieuaut, IJd perpendiculaire sur DN et prenant A pour (]|).
/:/ irn-eniâ maxirnâ de. Pour trouver donc cette inaxunai)}. \\ savoir
IJK. puis(|ue \)V, est A et DN est C, le (juarré de BC est
( ill C — .1 qiiad.,
e( piiis(|ui' r)(] est .1 et DH est //, le ([uarré de ('R es!
Afj. -+- 11(1.-+- A in /.' bis,
le(|uel joint au quarré de W. lait le quarré de la plus i;rande 151-]. (|ui
est
t ill C + /?r/.+ 4 iii^bis.
l'onalKr rursits idem (jui pritts lerminus esse A + /s, Ueriimiiiie iiive-
iiiaiur niaxima, ce (|ui ne se peut faire autrement, en suite de ce qui a
précède. (|u'en posant .1 -+- E pour DC. Et lors le (juarré de IJC, est
6' in . / + C in H — A q. — lin K liis — A''/. ;
puis le (|uarré de i\\ es!
\q. + A\w E bis H- /w/. + Ufj. 4- .( in B bis + /-.' in // bis,
lecpiel. elanl joint à l'autre, tait
,1 in il -(- E in 6'+ lUj. + t in //bis + A' in A* bis
])our le (|uarré de la plus grande BE.
A(hr(iiienlur. c*est-ii-(lire ((u'il l'aul poser
I in C'h- A'y.+ .l in A'bis cL'al i'i t in C' + A'in €+ /lq.+ A in A' bis -t- A'in A bj>.
Et (Icmplis œqualilnis (-). il reste
/f in C -+- A' in A' bis i'v:i\\ ;i rien,
ce (|ui montre manifestemenl l'erreur de la ri'gle.
5. I*;t atin ()u'il ne [)uisse plus y avoir personne si aveugli' qu'il ne
('; Dcscartos l'cpi'ciid siicccssivciiicnl, l'ummc dans !;i Lt'Uic WV. les liilléiciili'.-
phrases (bi U-xlc de lii rc.i,do dunnco pur t'cniiiiL (Tome 1, page i33).
(-) l'VniKil iiv.iit dit coiniwiniliiiK (Tome I, p. i33, lj>:in; { on remoiilaiil ).
\Ï2 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
la voie, je dirai ici en quelle sorte on la peut corriger. Car, hieii que
j'en aie touché un mot en ce que j'ai écrit à M. Mydorge ('), il y est
néanmoins en telle façon que je ne désirois pas encore que tout le
monde le put entendre.
Premièrement donc à ces mots el inventa maximâ, il est bon d'ajouter
rel aliâ quâlihet cnjus ope possit postea maxima inveniri. Car souvent, en
cherchant ainsi la plus grande, on s'engage en beaucoup de calculs
superflus.
Toutefois cela n'est pas un point essentiel; mais le principal et celui
(jui est le fondement de toute la règle est omis en l'endroit où sont
ces mots : Adœguentur duo homogenea maximœ aiit minimœ œqualia.
lesquels ne signifient autre chose sinon que la somme (|ui explique
maximani in lerminis suh A gradu ut lihet involutis, doit être supposée
égale à celle qui rexpli<|ue in terminis sub A et E gradihus ut libct coef-
ficientd)us.
Ht vous demanderez, s'il vous plaît, à ceux qui la soutiennent, si ce
n'est pas ainsi qu'ils l'entendent, avant que de les avertir de ce qui doit
V être ajouté : à savoir, au lieu de dire simplement adœquentur, il falloil
dire : adœquentur tali modo, ut quantitas per istam œquationem inve-
nienda sit quideni una , cùin ad maximarn aut minimam referlur, sed
una cmcrgens ex duahus quœ per eamdem œquationem possent inveniri
essentque inœquales , si ad minorem maximâ rel ad majorem mimmâ
referrentur (-).
6. Ainsi, en l'exemple (jue je viens de donner, ce n'est pas assez de
chercher le (juarré de la plus grande en deux façons; mais outre cela,
il faut (lii'c :
comme ce quarré, lorsqu'il est A iii C -f- liq. + A in li l)is,
est au même quarré, lorsqu'il osl.t iii 6' + Cin 6'-t- /?</.+ ^1 in/ibis + ^iii/?bis,
ainsi C in yl — Aq., (|ui est le quarré de RC,
osl à C iti A -)- C \\\ /s' — A q.— A in E bis — Eq., qui esl aussi le même quarré.
C) Lettres de Descnrtes, éd. Clersclicr, IH, 57, page 3oG.
(2) Descartes essaye de ramener la mélliode de Fermât à la sienne propre, c'csl-à-dirn
à la recherche de la condition sous laquelle deux racines d'une équation deviennent égales.
XXVll. - 3 MAI 1638.
IW
Puis multipliant le premier de ces quarrés par le quatrifime.on le doit
supposer égal au second multiplié par le troisième, et après, en démê-
lant cette équation suivant la règle, on trouve son compte, ii savoir {|ne
CD est -rrr-- Ti' comme il doit être.
B bis + C
1- Tout de même, en l'exemple de la parabole qui avoit été pris par
M. F., et que j'avois suivi en mon premier Écrit ('), voici comme il
faut opérer :
Soit BDN {Jig. Go) la parabole donnée, dont DC est le diamètre, et
(|uc du point donné B il faille tirer la ligne droite BE, qui rencontre
Fit;. Oo.
DC au point E et qui soit la plus grande qu'on puisse tirer du même
point E jusques à la parabole : — à savoir au dehors de cette parabole,
comme ceux qui ne sont point sourds volontaires entendent assez, de
ce que je la nomme la plus grande.
Je prends B pour BC et D pour DC, d'où il suit que le côté droit est
-y-^> et sans m'arréter à chercher la plus grande, je cherche seulement
l(^ quarré de BC en d'autres termes que ceux qui sont connus, en pre-
nant .4 pour la ligne CE, et par après en prenant A -h E pour la mémo :
il .savoir, je la cherche premièrement par le triangle BCE, car
, ,. „ . • é r. _ ^ Ain B -h E\n 7J
comme A est ii B, ainsi A -h E esta -, >
A
(\n\ par conséquent représente BC, et son quarré est
-4<7.in Bq.-h t \n E in Bc/. h'is -+- Eq.\n Bq.
A g.
(') Lcurc XXV.
lU (KUVHKS DE l'EUM AT. - CO 1', IÎES1M)NJ)A NCi:.
puis je la clici'clii' par la |)araljol(', rar, qiunid KC est A -+- E, \W. csl
I) -+- t'J, cl le ([iiairé de 15(1 l'st
J!'/. \n f> -{- /Iq. iii /',"
T) '
ijiii (lui! (''Ire égal au pi't'rédcut, à savoir
.( in /'J in /la. Iiis -\- l-'ii. in ll/i. . , , llii. in E
- ^^- - ..,ala ' ^y- .
D'où l'on Irouvr, en suivant la règle, (jue.l, e'est-à-dire (IK, est douhie
de />, e'est-à-dire (H), eoiiinie elle doit être.
Or il est ii reMiai'(|uer que eette eoudilioii (|ui eloit omise, est la
iiièiue (|ue j'ai e\pli(|uée ( ') en la page ')/|('), eoiiinie le l'oiideiiienl de
la méthode dont je me suis servi j)0ur trouver les tangentes, et (|u"(dle
est aussi tout le fondement sur le(|U(d la ri'gle de iM. !•'. doit être
a|)puyée; en sorte ([ue, l'ayant omise, il fait paroiti-e ((u'il n'a trouvé
sa règle (|u'îi làtons, ou du moins ([u'il n'en a pas eoneu elairemenl
les principes.
Kl ce n'est point merveille qu'il l'ait pu former sans eela, car (die
réussit en plusieurs cas, nonobstant qu'on ne pens(^ point ii observer
cett<' condition, à savoir en ceux oii l'on ne peut venir à l'équation
(|u'eu l'observant, et la plu|)art sont de ce genre.
8. Pour ce qui est de l'autre article, où j'ai re|)ris la façon dont se
sert M. F. pour trouver la tangente de la [)arabole, vous dites qu'ils
assurent tous (ju'il faut prendre une propriété s|)écitique de l'Iiyper-
bole ou de l'ellijjse pour en trouver les tangentes. Kn quoi nous
sommes d'accord, car j'assure aussi la même chose et j'ai apporté
expressément les exemples de l'tdlipse et de l'hyperbole, (jui eon-
eluenl très mal, [xmi' montrer (|ne ;M. Fermât conclut mal aussi tou-
chant la [)aral)ole dont il ne donne point de propriété spéciti([ue.
Car d(ï dire (-) qu'il y a plus grande proportion de CD ii Dl <|ue du
(') (ic'oinc'tric lii' IJusuiirU's, cd. llorriwiiiii, paires iO cl 07.
(2) f'oir ïonic I, iwgo i3), lignes 4 à 'J-
XWII. - 3 MAI 1G38. US
quarrc de BC au quarré de 01, ce n'est nullement une propriété spé-
cifique de la parabole, vu qu'elle convient à toutes les ellipses et à une
infinité d'autres lignes courbes, au moins lorsqu'on prend le point 0
entre les points B et E comme il a fait, et s'il l'eut pris au delà, elle eût
convenu aux hyperboles. De façon que, pour la rendre spécifique, il
ne fiiUoit pas simplement dire sumcndo quodlihel punclum in rccla BE,
mais il y falloit ajouter sivc sumatur illud intra puncta B et E, sivc ultra
punclum B in lineâ EB productâ. Et cela ne peut être sous-entendu en
son discours, à cause qu'il y décrit la ligne BE comme terminée des
deux cotés, à savoir, d'un coté par le point B qui est donné, et do l'autre
par la rencontre du diamètre CD.
Outre cela il falloit faire deux équations et montrer qu'on trouve la
même chose en supposant El être A -\- E, que lorsqu'on le suppose
être A ~ E. Car sans cela le raisonnement de cette opération est im-
parfait et ne conclut rien.
9. Voilà sérieusement la vérité de cette affaire. Au reste, pour ce
que vous ajoutez, que ces Messieurs qui ont pris connoissance de notre
entretien ont envie de nous rendre amis, M. Fermât et moi, vous les
assurerez, s'il vous plaît, qu'il n'y a personne au monde qui recherche
ni qui chérisse l'amitié des honnêtes gens plus que je fais, et que je
ne crois pas qu'il me puisse savoir mauvais gré de ce que j'ai dit fran-
chement mon opinion de son Ecrit, vu qu'il m'y avoit provoqué. C'est
un exercice entièrement contraire à mon humeur (jue de reprendre les
autres, et je ne sache point l'avoir encore jamais tant prati(jué (ju'eii
cette occasion; mais je ne la pouvois éviter après son défi, sinon en le
méprisant, ce qui l'eût sans doute plus offensé que ma réponse.
Je suis, mon Révérend Père,
Votre très humble et très alTectionné serviteur,
Descautes.
Du 3 mai i638.
Fermât. — M.
140
ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
XXVIII.
BILLET AJOUTÉ A LA LETTRE PRÉCÉDENTE (').
Pour entendre parfaitement la troisième (-) page de ma lettre, et
par même moyen le défaut de la règle de M. de Fermât, il faut con-
sidérer ces trois figures (fig. G3) et penser que lorsqu'il dit : Sta-
tualtir idem </m priiis Icrminus esse A -h E, cela signifie qu'ayant posé
EC pour A et El pour .1 4- E, il imagine El être égal à EC, comme on
le voit en la troisième figure, et que néanmoins il en fait le calcul tout
de même que si elles étoient inégales, comme on le voit en la pre-
mière et seconde ligure, eu cherchant premièrement EB par VA] (|u'ii
nomme .1, puis EO par El qu'il nomme .1 + E.
Fi-. 63.
Et cela va fort bien, mais la faute est en ce qu'après les avoir ainsi
calculées, il dit simplement : Adœquenlur. Et on la peut voir claire-
ment par la première figure où si l'on suppose la ligne EO (') être
égale à EB, il n'y a rien qui détermine les deux points B et 0 à s'as-
sembler en un endroit de la circonférence du cercle plutôt qu'en
l'autre, sinon que toute cette circonférence no fut qu'un seul point,
d'où vient que toutes les quantités qui demeurent en l'équation se
trouvent égales à rien.
Mais pour faire que ces deux points B et 0 ne se puissent assembler
( ' ) L'original de la Lettre précédente a fait partie de la collection des autograplics do
Oescartes anciennement conservée à rAcadomie des Sciences et volée par Libri. Celui du
fragment que nous colons XXVIIl n'y figurait pas; il n'est donc connu que par Clcrselicr.
('; P'oir plus haut XXVH, 5.
(') Addition en marge : « Notez que je suppose ici que c'est le point E qui est donné
cl non le point B. »
XXIX. - l" JUIN 1638. 147
qu'en un seul endroit, à savoir en celui où EB est la plus grande <|u'elle
puisse être sous la condition proposée, il faut considérer la seconde
figure et, à cause des deux triangles semhiables ECB et EIO, il faut
dire :
coinme EC ou IJC esta EB, ainsi El ou 01 est à EO;
au moyen de quoi ou fait qu'à mesure que la quantité EB est supposée
plus grande, la quantité EO est supposée plus petite, ;i cause que les
points E, B, 0 sont toujours là en même ligne droite. Et ainsi lorsque
KB est supposée égale à EO, elle est supposée la plus grande qu'elle
puisse être : c'est pourquoi on y trouve son compte.
Et c'est là le fondement de la règle qui est omis. Mais je crois que ce
seroit pécher de l'enseigner à ceux qui pensent savoir tout cl qui
auroient honte d'apprendre d'un ignorant comme je suis; vous eu
ferez toutefois ce qu'il vous plaira.
XXIX.
ROBERVAL A FERMAT.
HARDI 1" JUIN 1C38.
{ l'a, p. i54-i.')5.)
MONSIELR,
1. Puisqu'il est vrai qu'il n'y a aucun contentement que je préfère
il celui que je reçois de vos lettres, vous devez penser que les occupa-
tions qui m'ont empêché de vous écrire depuis si longtemps, doivent
avoir été bien pressantes, ayant eu la force d'interrompre notre entre-
tien qui m'est si cher et si agréable.
2. Or, pour recommencer, je vous dirai que, si j'ai entrepris la dé-
fense de votre Traité [de minimis et maximis] contre les objections de
lis ŒUVRES J)E FERMAT.- CORRESPONDANCE.
M. Descartes ('), je m'y suis senti obligé ou plutôt nécessité par mon
génie, qui ne peut souiïrir que la vérité soit tant soit peu obscurcie,
(ant s'en faut qu'il endure qu'on la fasse passer pour ce qu'elle a de
plus contraire, j'entends pour une fausseté accompagnée de paralo-
gismes. C'est pourquoi j'ai grand besoin qu'au lieu de me remercier (-)
comme vous faites, vous m'excusiez, tant pource qu'étant foible, j'ai
osé entrer en lice contre un fort adversaire pour vous, que pource que
je l'ai fait sans vous en avertir, vu que vous scmblicz y avoir le prin-
cipal intérêt. Mais, en effet, c'est l'intérêt de la vérité et do tous ceux
([ui la chérissent : c'est pourquoi j'en ai fait le mien propre, et elle
m'a paru si claire qu'elle m'a fait passer par dessus les considérations
de ma foiblcsse, à laquelle j'ai pensé que son évidence pourroit sup-
pléer assez suffisamment. J'espère que vous recevrez cette excuse et
que vous me ferez l'honneur de croire que la connoissance que j'ai de
votre mérite, m'a tellement acquis à vous, qu'elle m'a fait témoigner
ce zèle, quoique mon insulfisance seule l'ait pu rendre en quelque
sorte indiscret.
3. M. Descartes n'ayant pas encore reçu mon Écrit (') le 3 mai, ce
qui est pourtant bien tard, a fait quelques objections nouvelles de peu
de conséquence. Vous les verrez dans sa Lettre {") que le Père Mer-
senne vous pourra envoyer.
Il veut trouver la tangente d'un cercle, persistant toujours que c'est
la plus grande, sinon qu'il y ajoute qu'elle n'est la plus grande que
sous certaines conditions : en quoi il s'enferre lui-même, voulant ré-
futer votre Ecrit (^), qui parle de la plus grande absolument, par
l'exemple d'une qui n'est la plus grande que conditionaircment.
Il est vrai que, voulant la trouver absolument ou la moindre, et,
pour ce faire, nommant le diamètre ND (Jig. 64) C, DE /?, et DC ou
( ' ) Foir Lctlre XXV.
C') Dans une Lettre i)erdiic.
(^) Lettres de Dexcartes, éd. Clersclicr, IIF, 58.
{<-) Lettre XXVII.
('') Mctiiodus ad disquircndain maximum et mmimam, Tome I, j). i33 et suiv.
XXIX. - 1" JUIN 1638. 149
EC A, on tombe dans uno ai)surclité que C -\- B his est égal à rien ; et,
si le point E étoit dans le cercle, C — B bis seroit égal à rien. Mais cette
absurdité montre qu'il ne faut pas chcrcber le point B dans la circon-
férence autre part ([ue dans la ligne DN, savoir au point N pour la
plus grande et au point D pour la moindre : en quoi il est rcmar(|uable
que C -h B lus est la somme de la plus grande et de la moindre, et
C — B bis est leur différence.
Mandez-moi quel est votre sentiment, car, n'ayant pas encore le
loisir de considérer bien particulièrement le fonds de votre méthode el
sa démonstration, il se peut être qu'elle ne contienne des mystères
(|ui me sont encore cachés.
4. J'ai trouvé admirable le moyen (') par lequel vous l'appliquez
aux paraboles et solides paraboliques pour en trouver les centres;
mais, le voulant éprouver en la vraie parabole, j'ai trouvé qu'il falloit
changer votre raisonnement qui n'est que particulier au conoïde pa-
( ' ) Centrum grca-ildlis paraliolici coiioidis, tome I, p. |3G et suiv. P'oir Lettre XXV lus, 4.
150 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
ralioliquo, car, ayant l'espèce de la ligne EO {Jîg. G5), vous pouvez
hien dire :
connue la diiïéreiice des qnarrcs lA cl AN esl au quarré de AN,
ainsi la ligne EO est à OM,
ce que vous ne pouvez pas en la parabole même ('), en laquelle, sui-
vant ce raisonnement, il faudroit dire :
comme la différence des cubes de lA el AN esl au cuhe de AN,
ainsi la dilTércnce des quarrés de EM et MO esl au quarré de MO,
et cependant vous n'avez pas l'espèce ni de l'un ni de l'autre de ces
(juarrés.
An lieu desquels j'ai dit ainsi :
il y a plus grande raison du cube lA au culie AN que du f|uarré El au quarré 01,
ce qui réussit, et en la parabole cubique j'ai dit :
il y a plus grande raison du quarréquarré lA au (piarréquarré AN
que du cube El au cube 01,
etc.
Mais le raisonnement est autant ou plus beau et plus facile par les
figures qui restent, ayant ùté le plan parabolique du parallélogramme
qui le comprend.
J'ai promis à M. Mydorge de l'entretenir sur cette invention que je
ne saurois assez admirer, et je m'assure que M. Pascal en fera ses ex-
clamations ordinaires, si je puis la lui faire voir, comme j'espère (^),
et à M. Desargues.
5. Il faut aussi que M. Descartes la voie, afin qu'il nous en fasse voir
les paralogismes et, puisque vous avez trouvé les tangentes de sa
( ') Hoberval n'avait pas compris toiiles les ressources de la mclhode de Format.
( -) Depuis quelque temps, Etienne Pascal avait attiré sur lui la colère de Kicliclieu et il
se cachait, pour éviter une arrestation.
\XX. - 1" JUIN 1638. lot
figure (' ), qui est une cspi'ce d'ovale, il sera bon que vous lui en-
voyez, ou nous, si vous le trouvez meilleur. Mais prenez garde {|ue,
par le même point donné, il peut y passer deux de ces ovales et par-
lant y avoir deux tangentes, ce que j'espère que l'équalion fera décou-
vrir.
6. J'v Iravaillerois, mais je suis assuré que vous y réussirez mieux
que moi, joint qu'il me faudroit être délivré de la roue à laquelle je
suis attaclié, ayant appelé du nom de roue le cercle qui roule avec les
conditions que vous savez (-); et ayant donné un nom à la ligne
courbe que décrit un point delà circonférence pendant une révolution
entière, je démontre (jue l'espace compris de cette ligne courbe <'t de
la droite qui lui sert de base, sur laquelle la roue se meut, est majiis
dalo quain in ralionc, c'est à savoir que, de cet espace en ayant olé
l'espace de la roue, il v aura même raison du reste ii la même roue (|ue
de la base de l'espace ii la moitié de la circonférence de la roue.
D'où il s'ensuit qu'en la roue ordinaire, de laquelle la base est esti-
mée égale à la circonférence, l'espace dont il s'agit est triple de la
roue; et si la base est double de la circonférence, l'espace sera quin-
tu[)le de la roue; si tri|)le, septuple : et ainsi en continuant |)ar les
nombres impairs.
De tout ceci je vous envolerai par le premier courrier une brève dé-
monstration, en attendant le Traité entier.
Je suis etc.
(') La courbe .r'H-.)'= a.ry. — l^'oir Lolti'c XXV, 6, el ci-après, pièce XXXI, 3. —
Il faut observer que, pour prendre à la leUre l'énoncé de Descarlcs et en l'absence do
convenlions précises sur l'interprétation des signes des coordonnées, Roberval dcvail
rejeter les branches infinies de la courbe, comme ne faisant pas partie du lieu, et, au con-
traire, y ajouter dans chaque angle autre que celui des coordonnées positives, un Jolitim
symétrique do celui q\ie forme la courbe dans ce dernier angle. La figure d'ensemlile du
lieu, figure admise au reste par Descurtcs lui-même, justifie dès lors le nom de yahuid
(nœud de ruban), que lui donna Roberval (voir, ci-après, Lettre XXXV). Dans la phrase
qui suit, ce dernier semble faire allusion au point double à l'origine.
(*) Conditions de génération des cycloïdcs. — f^oir IxttreXXV lus, 7.
152 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
XXX.
FERMAT A MERSENNE (').
< jLi> 1G38 >
(A, f" 27, 13, f 2fi.)
Mon Révéuend Père,
1- J'avois déjà fait un mot d'écrit pour m'cxpliquer plus clairement
à !M. Descartes, sur le sujet de ma méthode de maximis et minimis et de
invenlioiic tangentium, lorsque votre dernière m'a été rendue, (jui
contient copie de la réplique (-) de M. Descartes. Je ne reste pas de
lui envoyer ce que j'avois déjà fait ('), où il trouvera sans doute de
(|uoi se désabuser de la croyance qu'il semble avoir, que j'ai trouvé
cette méthode par hasard et que je n'en connois pas les vrais prin-
cipes.
2. Il a déjà franchi qu'elle est bonne pour les tangentes, en se ser-
vant d'une propriété spécifique des lignes courbes, ce qu'il dit << ne >
pouvoir être sous-entendu en mon écrit latin; en effet, je n'aurois ni
sens commun, ni logique naturelle, si je croyois d'une propriété géné-
rale en tirer des particulières. La méthode donc est bonne, au sens
auquel je l'emploie pour les tangentes.
Et n'importe de dire qu'il faut faire deux opérations, l'une par A+E,
l'autre par A — E, car une seule suiRt pour la construction, quoique
la démonstration que je n'ai pas encore donnée, tire son principal
fondement de ce que A 4- E fait la même chose que A — E.
(') LclUc inédite, envoyée à Mcrsennc avec la Pièce suivante XXXI. Mersenne adressa
le tout à Descai'tes le 20 juillet iC38. D'autre part, cette Lettre XXX fut écrite sur le vu
de celle de Ucscartes à Mersenne, du 3 mai (ci-mn/it XXVII), (]uc le Minime n'adressa à
Fermât ((u'après le 1°'' juin (voir Lettre XXIX, 3). Les deux Pièces XXX cl XXXI sont
donc de la lin do juin ou du commencement de juillet itJ38.
(2) Lettre XXVII.
(3) La Pièce XXXI.
\X\. - JUIN 1638. 153
3. Reste de dire un mot de la méthode sur le sujet de rinveiitioii
maxirncv et mini/)HV, laquelle il prétend être fautive et en allègue
l'exemple suivant :
Du point D {fig- 6G) il faut tirer DA sur le cercle, en telle sorte
(|u'elle soit la plus grande (|iii, du point U, puisse être menée au dit
cercle sans le franchir (ce qui, en effet, ne veut dire autre chose que
chercher la tangente AD).
Si nous prenons CN pour A, et DA pour la plus grande, selon la
méthode, nous trouverons une équation impossible, d'où il conclut
que la méthode est insuirisante.
Je réponds que je n'ai garde de prendre DA pour la plus grande
(bien (|ue la limitation de M. Descartes semble lui pouvoir donner ce
nom ), d'autant (|ue la méthode, n'agissant que par la propriété spéci-
rupie du cercle, en trouve toujours de plus grandes qui peuvent être
tirées au dit cercle jusques au point B. Mais la méthode satisfait d'ail-
leurs à cette question, qui y peut très facilement être réduite, comme
M. Descartes a reconnu, et voici comment :
Puisque DA touche le cercle, DA est à AC, perpendiculaire, en
moindre proportion qu'aucune autre ligne tirée du point D au cercle,
de l'un et de l'autre coté du point A, n'est à la perpendiculaire tirée,
du point auquel elle concourt avec le cercle, sur le diamètre; ce qui
paroi t d'abord.
Cherchons donc par la méthode un point au cercle, comme A, en
sorte que [)A ad AC /labeat minimam proportionem ; dahitur jntncliun A,
idcoquc tan gens.
Voilà la raison de l'opération de M. Descartes, qu'il n'a pas dite,
l'tnmT. — II. • ■•io
154. ŒUVUKS DE FERMAT. - COR HESPONDANM.E.
Ia(|iielle contirine la règle (oui à (ait. Hien loin d'y remarquer des
«léfauls, je crois qu'il y trouvera plus de facilité qu'à la sienne (' )
XXXI.
MÉTHODE DR MAXIMIS ET MINIMIS
EXPLIQUÉE ET ENVOYÉE l'AU M. FERMAT A M. DESCARTES ( = ).
(A, f- 60 à fi;.)
1- La méthode générale pour trouver les tangentes des lignes
courbes mérite d'être expliquée plus clairement qu'elle ne semble
l'avoir été.
Soi! la courbe donnée ZCA {fig. G7), de laquelle le diamètre soit
(,V>. Soit encore donné dans la courbe le point A, duquel soit menée
rappliijnée AH sur le diami'Ire. Il faut chercher la tangente AD, de
la(|uclle le concours avec le diami'tre prolongé se fait au iioinl [).
Les lignes Alî et W<, sont données; supposons que BA s'app(dlc //,
et (jue H(] s'appelle I). Supposons (jue la ligne BD, que nous cher-
chons, s'appidlc A. Prenons à discrétion un point, tel que E, sur la
tangente, du(|uel soit tirée EF parallèle à AB, et supposons ([ue la
lii:ne BF soit K.
(') La LeUrc osl évirlcmmcnl incomplète. D'après la réponse de Dcscarles à .Merscnne.
en date du 9.7 jiiilkH iG38 (f.ettrcs de Descartes, éd. Clersciicr, Ht, fifi, p. 374-375), Fcr-
Miat y aurait répondu à la (question V de Sainte-Croix {voir p. G'i. note), c'est-à-dire
donne le nombre i 47(') 3o4 H9G, comme quatrième connu dont le double soit éi;al ;i la
somme de ses parties aliquntcs. Dcscarles ajoute :
« ... il met un peu devant, louchant la quatrième question de M. de Sainte-Croix
{)'oir\\. ■)9, noie 2), que j'aurai peut-être l'ait la même équivocpie, qui lui arriva la pre-
mière fois qu'elle lui fui proposée, et que j'aurai cru ([u'il suflisoit que les nombres cher-
eliés no l'ussonl ni cpiarrés, ni composés de deux ([uarrés, bien qu'ils fussent conqio.sés de
quatre, ce (jui n'est pas pourtant selon le sens de l'auteur etc. »
{") Pièce jointe à la précédente {-voir page iSa, note 1). — Elle a été publiée par
-M. Charles Henry dans ses Recherches sur les manuscrits de Pierre de Fermai
( pa^es 184 à 189), d'après le brouillon d'.Vrbogast. Celui-ci ne l'a connue que par une
copie de Merscnne, aujourd'hui perdue.
XXXI. - JUIN 1638.
135
i\ m? T, r. j-r7 n \l\ A —- fi in E , , ,
Donc Lr sera D — E, rh sora -^ , et, do quelque ualure
(|U(! soil la courbe, nous douiierons toujours les njèuies nouis aux
lignes CF et Fii que nous venons de leur donner.
delà étant fait, il est certain que le point E de la li^ne EF, étant dans
la tangente, sera liors de la courbe, et, par conséquent, la ligue EF sera
|tlus grande ou plus petite que l'appliquée qui s'appuie à la courbe du
poinl F : — plus grande, lors([ue la courbe est convexe en debors,
comme en cet exemple, et jikis petite, lorsque la courbe est convexe
eu dedans; car la règle satisfait à toutes sortes de lignes et déler-
mine mémo, par la propriété de la courbe, de quel coté elle est con-
vexe. — Quoique la ligue FE soit inégale ii rappli([uée tirée du jioinl !•'
il la courbe, je la considi're néanmoins comme si en effet elle éloit égale
il rap|)liquée, et en suite la compare par adéquation avec la ligne FI,
suivant la propriété spécifique de la courbe.
2. Comme, en la parabole, par exemple, je fais
coiiiMic BC à CF, ainsi HA (jnarré à FEc|iiairé,
ou bien, pour éviter les fractions et la diversité des lignes,
comme lîC à (]F, ainsi DD (luarié à DF(|iiarré;
car c'est toujours la même cliose, ii cause des deux triangles sem-
blables DBA, DFE.
Ou bien encore je pourrois comparer \v. ((narré FE avec le rectangle
c()m[)ris sous le côté droit et la ligne CF, comme si ce quarré étoil égal
il ce rectangle, ((uoique en elfct il ne le soit pas, puisque ce sont seule-
156 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
mont les appliquées à la courbe qui oui la propriété que nous donnons
par adéquation à la ligne FE.
Ola étant fait, j'()te les choses communes et divise le reste par E.
.ren"ac(> tout ce qui reste mêlé avec E et égalise le surplus, de sorte que,
par cetle dernière équation, j(> connois la valeur de .1 et par consé-
quent la ligne BD et la tangente.
3. Et pour faire voir (jue la méthode est générale, et ([u'elle satis-
fait avec pareille facilité ii toutes sort(>s de questions, nous la pouvons
appliquer, pour servir d'un second exemple, à la ligne courbe pro-
posée par M. Descartes ( ' ).
Suit la courbe CA (11g. G8), de laquelle la propriélè est telle que, quelque
point qu'on prenne sur la dite courbe, comme A, tirant la perpendicu-
Fi". G8.
lairc AB, les deux cubes (^B cl BA soient égaux au parallélépipède com-
pris sous une ligne droite donnée, comme N, et sous les deux lignes (]B
et BA.
Supposons que la chose soit déjà faite, et une construction pareille
il la précédente, avec les noms des lignes BD, B(>, BA, (]F, PE. il faudra
comparer, par adéquation, les deux cubes (iF, FE avec le solide com-
pris, sous A'^, FC, FE.
Les deux cubes de (IF, FE sont en notes
Dcub. — licub.— Dq. in /i\3 -i- D iii fCq. 3
Bcuh. in Aciih.— licub. in EcuIj. — ficiib. in Aq. in /i'.S -f- Bciib. in A in lîq. 3
Acub. '
(1) f'oir LcLlrc XXV, 6.
XXXI. - JUIN 1638. 157
le solide do A^ CF, FE, en notes, est
NinD'm /i m A — Vin i) in /?iii ^ — /Vin/? in /l \nE -^- N\n BinEf/.
.Multipliant tout par Acub., il faut comparer
De. in Ac. — Ec. in le. — Dq. in E in Ac. 3 -t- Z> in Etj. in .le. 3
-h lie. in .1 c. — Be. in Ec. — Be. in A/j. \\\ E .o -\- De. in Aq. in Eq. i
avec
yVin D in />' in le. — Vin D in B in /? in Aq.
— Vin B in E in .Je. + Ain B in /T»/. in A q.
Otous les choses communes, savoir, du premier terme.
De. in .-le. + Bc. in Ac.,
et du second,
/Vin /> in /y in /le.,
(|ui sont égaux par la propriété de la ligne; — puisque les deux
t.'uhes De. et lie, répondant aux cubes des deux lignes B(] et Wk,
sont égaux au solide xVin A>in B, ([ni répond \\ celui de la ligne donnée
et des deux lignes BC et BA. — Divisons le reste par E et olons ensuite
tout ce qui se trouvera mêlé avec E; restera enfin
Dq. in A lei' -h B ciib. ter égal ù A' in D in B + .l'in B in A.
et ainsi nous aurons
/Vin D in Brrz B euh. 1er
Dq. 1er = .A' in B
égal ;i A,
ce qu'il falloit chercher.
Nous avons mis, suivant la méthode do Vièlc('), deux lignes = [tour
la marque du défaut, parce qu'il n'appert point, s'il n'a étédil d'ail-
(') Kicte, lu AiLem analylicen Isagoge, cap. iv, pruîc. m (lid. Sciiootcii, Le\(le. Kl/.c-
virs, 1640, page 5) :
n Cum autem non proponiuir uira magniludo sll major vel minor, cl lamcii subdiiclin
>> facionda esL, nola dilTercnliie csl = id est, minus incerlo : ui proposilis A (luadralo pt
1) 13 piano, dilTcrcnlia ei'it A ((uadratuin = li piano, vcl li phuiuni = .\ quadrulo. u
158 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
leurs, quelle est la proportion des deux lignes B et D, ou hien BA et
BC, données. Car il peut arriver que quelquefois, suivant la diversité
des proportions de B et de D, la ligne courbe sera convexe et d'autres
l'ois concave; quelquefois encore que la tangente sera parallèle au dia-
mètre BC; quelquefois enfin que le concours avec le diamètre se fera
de l'autre côté, ce qui se détermine aisément par la méthode même,
lorsqu'on nous donne la proportion des deux lignes données BAetBC,
comme il est très aisé de voir et de faire comprendre. Lorsque je parle
de la proportion des deux lignes données, j'entends leurs valeurs, en
nombres ou sourds ou ralionaux; car autrement on sait assez que, deux
lignes étant données, leur proportion est aussi donnée.
4. Il parait donc que ou je me suis mal expliqué ou que M. Descartes
a mal compris mon Ecrit latin ('); s'il veut (jue ce soit le premier, je
ne le lui contesterai gui're. II s'est aussi trompé en ce qu'il a cru que,
pour appliquer la méthode de maximis el minimis à l'invention des
tangentes, il l'alloit chercher une ligne, comme AD {fig- ("'9), menée.
lin point A donné, sur le diamètre, en telle sorte que AD soit la plus
grande qui puisse être tirée du point D ii la courbe. M. de Roberval (*)
lui a déjà fait voir la raison de son mécompte, duquel il a voulu tirer
celle conséquence, que la méthode de maximis et minimis étoit fautive
el avoit besoin d'être corrigée, en (|uoi il s'est aussi bien trompé qu'au
reste.
5. Mais pour lui marquer de quelle façon la méthode de maximis cl
minimis peut être appliquée à l'invention des tangentes, la voici :
(') Metliudiix ad disqnirciidain maxiniont et miriiniani. Tome I, I>age l'iS.
(2) Lcttref de Descartes, éd. Cicrselier, 111, 58.
\XX1. - JUIN 1638. 159
Lo point A étant donné, il faut avoir recours, non pas admaximani.
puisqu'on ne trouvcroit que l'infini, mni<, ad minimam. Cherchons
donc le point 0 dans le diamètre, de telle taçon que la ligne OA soit la
plus courte qui puisse être tirée du point 0 à la courbe. Le point 0
étant trouvé par la méthode, joignez les deux points 0 et A par la
ligne OA, et tirez la ligne AD perpendiculaire sur OA. Je dis ((ue
la ligne AD touchera la courb(!, ■< ce > dont la démonstration est
aisée.
Car si AD ne touchoit pas la courho, une autre droite la loncheroil
au point A, laquelle fera son concours au dessus ou au dessous de I),
et tous ses points seront hors de la courbe, et elle fera des angles iné-
gaux avec OA au point A. Si donc, sur cette touchante supposée, du
point 0 l'on tire une perpendiculaire, elle ne rencontrera pas la lou-
chante au [)oint A, mais au dessus ou au dessous, et elle coupera la
courbe plus tôt (jue d'arriver ;i la touchante. Donc la partie de cette
perpendiculaire comprise entre le point 0 et la courbe sera plus courte
(|ue la perpcndicuLaire, et la perpendiculaire étant plus courte (|ue OA,
à cause de l'angle droit, il s'ensuivra (|ue la ligne comprise entre la
courbe et le point 0, faisant partie de la perpendiculaire, sera plus
courte que OA, laquelle pourtant nous supposons la plus courte de
toutes celles qui du point 0 peuvent être menées à la courbe.
Que si la ligne (]A (/ig. 70) est convexe en dehors, soit la tan-
gente DA sur laquelle soit tirée la perpendiculaire AO. Il paroit par
la construction que M) est la plus courte de toutes celles (]ui du
point 0 sont menées à la courbe, de sorte qu'en cherchant le point 0,
le point A étant donné, on trouve aisément la tangente.
160 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
6. 11 reste donc de chercher le point 0 par la méthode.
Soit par exemple la parabole donnée CIA (fig. 67) sur laquelle le
point A soit donné. Je i^eux chercher le point 0, en sorte que OA soit la
plus courte de toutes celles qui du point 0 peuvent être menées à la para-
bole.
Fis. G-
BC, comme ci-devant, s'appellera D, et BA s'appellera/?, le coté droit
de la figure, Z, donné, puisque la parabole est donnée. Supposons que
()B soit A. Donc le quarré OA en notes sera Aq. -+- />q.
Prenons maintenant, au lieu de la ligne A ou OB, OF ou A + E. Si
du point F nous menons l'appliquée FI, son quarré sera en notes
Z \n D — Ziii /i',
lequel, ajouté ;iu quarré de OF, fera
A q. + Ef/. + A in E l)is + Z\i\ D — Z\\\ E,
et celle somme fera le quarré de 01, lequel doit être plus grand (jue
celui de OA, puisque son coté est supposé plus grand que OA. Compa-
rons donc en noies, par adéquation, les quarrés 01 et OA.
Nous aurons d'un côté
y\q.+ Bq.,
el de l'autre
yif/. -h Eq. -^- A in /i bis -\- Z \n D — Z\n E.
Otons les choses communes; la comparaison restera entre
Eq. -H A in E bis
d'un coté, et
if in É"
de l'autre; car Bq. est égal, par la propriété de la parabole, à Zin />.
XWI. - DE MAXIMIS ET MINIMIS. 161
Divisons le tout par E, et du reste olons le même E :
A l)is sera égal à Z,
et partant A ou OB sera égal à la moitié du côté droit de la parahole,
et la tangente est trouvée.
1- C'est ainsi que j'appliquois ma méthode pour trouver les tan-
gentes, mais je reconnus qu'elle avoit son manquement, à cause que
la ligne 01 ou son quarré sont d'ordinaire malaisés à trouver par cette
voie; la raison est prise des asymmétries qui s'y rencontrent aux ques-
tions tant soit ])eu dilficiles, et qu'on ne peut éviter, puisque, sur
/) — E en notes, il faut donner un nom à FI aussi en notes, ce qui est
souvent 1res malaisé.
La méthode de M. Descartes n'otc pas non [)lus tous les inconvé-
nients, car ohligeant à mettre \!s<; — ec-f- 2e>' — vy au lieu de x, et le
quarré de cette somme au lieu de xx, et son cube au lieu de x', et
ainsi des autres, — c'est ainsi qu'il parle (' ) page 3^\-2, — si on lui
propose de trouver la tangente à une courbe, en sorte que, faisant en
sa figure MA égal à v et CM à x, on ait l'équation suivantes qui expli(|Mi'
l(! rapport qui est entre .r et v.
Oy'' -i- Py + b-y-- -+. l,-y^ + h'' y JO .f'» — dx'> — J'.z'' — d'' X' — d' x' — dKr,
il me semble qu'il lui sera très malaisé de se desembarrasser des asym-
métries (jui se rencontrent en cette question et autres semblables et
plus difficiles encore, si on veut, à l'intini; ce que je serai bien aise
(|u'ii prenne la peine d'essayer.
8. Puisque donc ces deux méthodes paroissent insuffisantes, il en
falloit trouver une qui levât toutes ces difficultés.
Il me semble avec raison (]ue c'est la première que j'ai proposée, car
(-F restant toujours D — E, et FK, 1 > je ne vois ru'n (|ui
(') Géométrie de Dcscarles, éd. Ilcniiann. Paris, iSKG. page 33, au bas. — Dans la
figure, A esl le somincl iTiinc courbe, AxM l'abscisse, MC l'ordonnée couranlc; Fermai
noie d'ailleurs cxaclemcnl les coordonnées comme l'avait fait Dcscarles.
I'lrmat. — II. 21
IG2 (KUVUKS DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
nn|ircli(' (jii'dn ne [)uisse le coin paroi-, on prenant, si vons vonioz,
,, ,, , n\n -I -/?in/i ...
I) — h ponr V o( ponr x, sans roneonfror jamais nue
seule asyininoh'io, v\\ qnoi oonsislo la faeiiilé e( la porCedioii i\i' colle
niolliode.
9. On poiirrnil ensnile elierehor la converse do cotlc proposition
et, la [)ro[)riété de la tangente étant donnée, chorojii'r la coiirho ;i (|ni
ootio [iropriélé doit convenir : à laquelle queslion aboutissent eidlos
dos verres l)riilants proposées par M. Descartes. Jlais cela mérite un
discours ;i part et, s'il l'agrée, nous eu conférerons quand il lui plaira.
Je d(!siro seulement qu'il sache (juc nos questions de inaximis cl lui-
nimis et t/c laiigcnlibas lincarinn ci/n'aru/n sont parfaites depuis huit
ou dix ans et ({ue plusieurs personnes (jui les ont vues depuis ciiu] ou
six ans le peuvent témoigner.
S'il désire voir l'apiilication (') (jue je lais de cette inéihe méthode
pour trouver les centres de gravité des espaces compris des ligues
courbes et de leurs solides, je la lui ferai voir el lui proposerai cepou-
daiit, s'il l'agrée, (\(' trouver le centre de gravité du cnnoide (jut se feiit
lorsrjne l<i demie parabole (]BA est tournée sur son applujuée 15 A, el celui
aussi de tontes ses portions, comme aussi la proportion (pi'elles ont an.v
cônes de même hase et de mctne hauteur (-).
( ' ) Ccnlriiin paroljolici coitoiilis, Toino I, p. i3(i.
(M roir IaHIics IX, 7; XIII. 6: XV, 5.
\\\11. - 27 JUILLET 1638. 163
\X\II.
DESCARTF.S A FERMAT (').
MAllDI 27 JllLr.KT 1038.
(U. 111, (m.)
î\F().NSIKi:il,
,)(' n'iii [);is eu iiKiins de joie tic recevoir la I>e((re (') par l;!(|iielle
vous uie failes la faveur de nu' jM'onictlre votre amilié, que si clic me
veuoit de la part d'une niaitrcsse dont j'aurois passionnément désiré
les bonnes grâces : et vos autres écrits qui ont précédé me l'ont sou-
venir de la Hradamantc de nos poêles (M, laquelle ne vouloit recevoir
personne pour serviteur qui ne se IVit auparavant éprouvé contre elle
au comltat.
(]e n'est pas toutefois que je |)réten(l(> nu- comparer à ce Roger (jui
éloit seul au moiul(! capable de lui résister; mais, tel ({ue je suis, je
vous assurt; que j'honore extrêmement votre mérite. Kt voyant la der-
nière l'açon (*) dont vous usez pour trouver les tangentes des lignes
courbes, je n'ai autre chose à y répondre, sinon qu'elle est très bonne
l'I ([ue, si vous l'eussiez expliquée au commencement en celte façon,
je n'y eusse point du tout contredit.
(le n'est pas (|u'(ui ne juil [)roposer divers cas (jui obligeroient à
(dierclier derecluT d'autres biais pour les démêler, mais je ne doute
point (|ue vous ne les trouvassiez aussi bien que celui-là.
11 est vrai que ji' ne vois pas encore pour quelle raison vous voulez
(') l.eUi'o aiJrusscc par riiUcrinùdiairc de Mci'scnno, eu môme Icnips (|uo celle do Ucs-
cai'tes au .Minime de la nioniu date (Clersclicr, 111, GG), dont l'original (liibl. Nal. fr. n. a.
mGo, f° I )' V°) porlc en mari;c ces mois :
« .le vous umioyo ma IcUre pour iM. de Fermai toute ouuerle, mais vous la fermerez s il
vous plaisl auaiit ipie de lui eiiuoycr pour la Ijieiiscancc. u
(-) Lellrc perdue.
(') Expression quclipio jieu singulière, |)uisque Uradamantc cl llogcr apparlienncnl à
VOrlaïulo iiKiniiirotn do Bcrni cl à ÏOrlaiido Jiirio.sii de IWriosle.
{■') l'air Pièce XXXI.
16V ŒUVUES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
()uc votre première règle, pour clicrchcr les plus grandes et les moin-
dres, se puisse appliquer à l'invention de la tangente, en considérant
la ligne qui la coupe ii angles droits comme la plus courte, plutôt qu'en
considérant cette tangente comme la plus grande, sous les conditions
(|ui la rendent telle.
(]ar, pendant qu'on ne dit point la cause pourquoi elle réussit en
l'une de ces façons plutôt qu'en l'autre, il ne sert de rien de dire que
t(da arrive, sinon pour faire inférer de là que, même lorsqu'elle réus-
sit, elle est incertaine. Et, en effet, il est impossible de comprendre
tous les cas qui peuvent être proposés dans les termes d'une seule
règle, si on ne se réserve la liberté d'y changer quelque chose aux oc-
casions, ainsi que j'ai fait en ce que j'en ai écrit, où je ne me suis as-
sujetti aux ternies d'aucune règle, mais j'ai seulement expliqué le fon-
dement de mon procédé et en ai donné (juelques exemples, afin que
chacun l'appliquât après, selon son adresse, aux divers cas qui se pré-
senteroient.
(À'pendanl je m'écarte ici, sans y penser, du dessein de cette Lettre,
lc(juel n'est autre que de vous rendre grâces très humbles de l'olTre
(ju'il vous a plu me faire de votre amitié, laquelle je tâcherai de mé-
riter, en recherchant les occasions de vous témoigner que je suis pas-
sionnément, etc.
XWIil.
FERMAT A MERSENNE.
MARDI 10 AOUT 1638.
(A, ["" 21--J3, B, f 3-', v.)
Mon RicviinEM) Pèke,
1- Je ne vous écris h ce coup que pour vous remercier très humble-
ment de la peine que vous prenez à me faire part des curiosités cjui
(omhenl en vos mains.
WXIII. - 10 AOUT 1G38. Km
Je vous renvoie voire Kcrit Harmonique ('), duquel je vous dirai
une au(re fois pleineuienl mes sentiments.
Maintenant je me trouve sur le point d'aller à la eampagne, |>oiir
iiii(> commission de ma charge, d'où je n'aurai nulle commodité pour
vous écrire, de quoi je vous demande pardon par avance, vous conju-
rant de ne rester |)as pour cela de m'écrire par tous les courriers; car
j'ai baillé ordre pour l'aire (jue vos leKics me soient rendues, lesquelles
vous mettre/, au bureau en la forme ordinaire.
2. J'adends surtout avec impatience de voir rétracter M. Descartes
du jugement qu'il avoit fait de ma méthode, et de l'impossibilité ((u'il
s'étoit tiguré qu'elle avoit, j)Our résoudre la question de sa figure, de
laquelle, sans doute, il a maintenant vu les tangentes (-).
3. Vous direz, s'il vous plait, à M. de IloI)crval, que j'ai trouvé
celle ( ') qui lui manquoit pour les connoitre toutes, et que je satis-
ferai il ses autres ([uestions à mon retour.
4. i'our les nombres des parties aliquotes ('), si j'ai loisir, je met-
trai par écrit ma méthode analytique sur ce sujet et vous en ferai part,
.le trouve que M. Frenicle se tient fort caché et ne veut pas découvrir
son artifice, .le n'en fais pas de même, car vous savez assez avec quelle
liberté j'étale toutes mes pensées.
(,') Les LcUi'CS ([iii siiiveiil ne rciifcniic;il rien au sujet de col ÉcriL llarmoniiiiic, (|iii
dcviiil ôti'C, iioii pas de Morsciinc, mais d'un de ses currcspondaïUs, |ieiil-ùlrc Baunius,
de Harlem {Lettres âc De.icttricv, éd. Cicrsclior, lit, (j8, p. SgS), peul-ètre Gandais (ibid..
II, 07, p. 4 i8).
( -) /'(«> Pièce X.KXI, 3. — l'ernuil n'a pus encore regu la lellre de Descartes, XX.KIi.
^•■') roir Lettre XXX-V, 2.
( '• ) roir page i54, note i. — Dès le i^'inai if)38 (Lettres de Dexcfirtes, éd. Clcrso-
lier, 111, G8, |i. jy), Mcrscnne avait demandé à Descarlcs une règle pour trouver des
nombres ayant un rapport donné avec la somme de leurs [larties aliquotes. Le 1 3 juillet
(ilnd., II, 8i), p. 388), Doseurtos avait envové au Minime sept nombres satisfaisant à cette
condilion pour les rapports -J ou |. Frenicle fit faire à ce sujet une Communication à Des-
cartes (('/,'«/., Il, (ji, Lellre de Descartes à Mersenne du ij novembre i038, p. 408-409),
et lui adressa ensuite directement une Lettre, à la((uelle Descartes répondit {ibid.,
II. .j'i).
IGC G' UNI! !•: S 1) E F E H M AT. - C 0 It I! E S 1' 0 N D A N C E.
5. Je lirai le Galilui (') on mon voyage, ;i quoi je n'ai pu encore
vaquer, à cause des occupations de la tin du l'arlemenl. Souvenez-vous
(le in'écrire, bien que vous ne receviez pas de mes lellres, el croyez-
nidi, mon Révérend Père,
Voire (ri's luiml)le serviteur,
FlCIlJIAT.
A Toulouse, ce 10 unûl i(i3S.
< l'.-S. > 6. 1mi relisant une de vos Lettres, j'ai trouvé que vous
me demandiez ma pensée sur la ([uestion 25 des MécJianiqucs d'Aris-
lole (■). Si vous cherchez parmi vos papiers, vous Irouverez (jue je
vous l'ai envoyée, il y a longtemps, (oui au long.
7- Pour les centres de gravité, il y a plus de deux ans (|ue je les ai
envoyés ii M. de Roherval. des figures mêmes auxquelles .^I. Des-
ear(es(')(lit les avoir trouvés et desquelles on peu! dériver tous li's
autres.
(^ar celui de la parahole quarrée, <|ui est l'ordinaire, divise l'axe en
deux parties qui sont
comme 3 à ■?.;
la cubique,
comme 4 l\ 3;
( ' ) I.CS Diirorsi imprimés ù I.cydo en iG3S. l'oir |i;ii;o i la, noie i .
(-) i( On dcmanilc poun|uoi deux cercles, l'un plus grand, l'aulrc plus pelil. pliicés
1) concentriquement, parcourent des longueurs égales lorsqu'on les fail rouler ensemble,
)) tandis que les longueurs parcourues par les cercles roulant isolément sont dans le rap-
11 jiort de grandeur (des diamètres) des deux cercles; pounpioi, d'autre part, quand ils
11 sont adaptés concentriquement, la longueur i)arcouruo dans le roulement est égale
11 tantôt à celle que parcourrait le petit cercle roulant seul, tantôt à celle (]uc parcourrail
11 le grand cercle. »
Dans les explications qu'il donne à es sujet, Aristote admet que la longueur parcourue
par un cercle qui roule est, après un tour complet, égale à la circonférence de ce cercle :
mais il n'arrive pas à définir cinétiquement le glissement, et fait intervenir des considéra-
lions dynami(iues qui sont en réalité étrangères à la question.
(') Lettrex <lv Dcicnrte^, éd. Clenselier, II, 89, Lettre à Merscnne du i3 juillet i(i3s,
pages 38(1-387. — Fermât avait énoncé la règle générale, pour trouver le centre de gra-
vité d'une aire de parabole do degré quelconque, dans sa Lettre à Roberval du 4 novembre
jfi3G {voir XV, 5).
\\\1V. — Il OCTOlîRl' IG:î8. I(j-
l:i (|iiarr(''(|u;irréo,
comme .J à 4;
la siirsoliilc,
comme G à >,
cl ainsi il riiirmi.
I"]t ce (|U(' vous Irouvorcz de plus incrvoilloux, c'est que ces (|ues-
(ioiis se (rouvent par ma mélhode de mnxintis et minimis ('), comme
'1. lie lli)!)erval vous fera voir, et ii M. Descaries.
XXXI V.
DKSCARTES A FERMAT (-).
< li;m)i 11 ocToiiiii! 1(J3S >
(D, m, (i'i).
MoNSlELIl,
1- Je sais liieii (|iie mon approhation n'est point nécessaire pour
vous l'aire juger (juelle opinion vous devez avoir de vous-même, mais
si elle y peut contrihuer quelque chose, ainsi que vous me faites l'hon-
neur de m'écrire (■'), je pense être obligé de vous avouer ici franche-
ment (|ue je n'ai jamais connu personne (jui m'ait lail paroitre (|u'il
sù( (ant que vous en (Géométrie.
2. La tangente de la ligne courhe (|ue décrit le mouvement d'iiiie
roulette, (|ui est la derniiM-e chose que le Révérend Père Mersenne a
pris la peine de me communiquer de votre pari, en est une [)reuve
très assurée. Car, d'autant (ju'elle semhle dépendre du rapport (|ui esl
(') f'oir l'Kcril Ccnlruin ^ravilatu parabo'.ici coiioidi\, Tniuc 1, pago i3G.
(-) D.ms une LcUro à Mcrscnnc du i5 novembre iG'iS, Descarlcs (éd. Clerselicr, 11,".»',
j). 4o6-.'i07) dii lui avuir adrcssù une Lettre pour l'ermat cinq semaines auparavant, dans
un paquet qui devait arriver à Paris environ la mi-oetobrc. Il s'agit évidemment de celle-
ci, (|ui a donc élc mal datée du i.'> septembre par l'annotateur anonyme do l'exemplaire
de l'Institut.
(') Dans une Lettre perdue.
168 OEUVRES DE FERMAT.- COHUESPONDAN'CE.
cuire une ligne droite et une circulaire, il n'est pas aisé d'y a|)|(li(|iier
les ri'gles qui servent aux autres, et iM. de Roborval qui l'avoit propo-
sée, qui est sans doute aussi l'un des premiers géoinl^tres de notre
siècle, confessoit ne la savoir pas et mènie ne coiinoilre aucun nioy(M)
pour y parvenir (').
Il est vrai que depuis il a dit aussi qu'il l'avoit trouvée, mais c'a été
justement le lendemain, apri's avoir su (|ue v(»us cl moi < la > lui
envoyions, et une marque certaine qu'il se mécomploit est qu'il disoil
avoir trouvé en même temps que votre construction étoit fausse,
lorsque la hase de la courbe étoit plus ou moins grande que la circon-
férence du cercle : ce qu'il eut pu dire tout de même de la mienne,
sinon qu'il ne l'avoit pas encore vue, car elle s'accorde eniii'remcnt
avec la vôtre (-).
3. Au reste, Monsieur, je vous prie de croire (jiu-, si j'ai témoigné
ci-devant n'approuver pas tout-;i-fait cei'taines choses particulières ((ui
vonoient de vous, cela n'empcche point que la déclaration (|ue je viens
de faire ne soit très vraie. Mais comme on remarque plus soigneuse-
ment les petites pailles des diamans que les plus grandes taches des
pierres communes, ainsi j'ai cru devoir regarder de plus près ii ce qui
venoit de votre part que s'il fut venu d'une personne moins estimée.
Et je ne craindrai pas do vous dire que celte même raison me con-
sole, lorsque je vois que de bons esprits s'étudient à reprendre les
(dioses que j'ai écrites, en sorte qu'au lieu de leur eu savoir mauvais
gré, je pense être obligé de les en remercier, (le (|ui peut. c(> me
semble, servir à vous assurer que c'est vérilablemeul et sans liction
(|ue je suis, etc.
(1) Lettres- de De.tcnrtcx, cil. Clcrsdier, III, (ii, |i. 3Jo. — Dans celle Lelli'o à .Mcr-
sennc, du a3 août if>3S, Descarlos donne, ])oni' la langenle en nn poiiil donné d'une c; -
iduïde ordinaire, allongée ou raccourcie, la conslruction fondée sur la considéraiion du
eenirc instantané de rotation.
(2) Cp. Lettres de Descartes, II, gi, p. 4oo-ioi. — La construction de l'ernial. pour la
tangente a la cycloïde, fut envoyée par Mcrscnnc à Descartes le ii septembre i03S. —
rair, ])our celte conslruction, Tome 1, p. iG3.
XXXV. - 22 OCTOBRE 1G38. 1G9
XXXV.
FERMAT A MERSENNE.
VENDREDI 22 OCTOBIIE 1G38.
(A, f"39-4'r, B, f- io"-i2".)
1- Je reprends le style géométrique après vous avoir parlé d'af-
faires (').
Premièrement, je vous renvoie le sentiment de M. Descartes sur la
Géostatique (-), et vous conjure de me faire part de tout ce que vous
avez de lui.
2. Après cela, je satisferai ii la question de la tangente du galand
parallèle à l'axe ('), c'est-ii-dire qui fasse un angle de 45 degrés avec
la droite donnée par position.
Pour satisfaire à cette question, qui semble d'abord malaisée et qui
l'a paru ii M. de Roberval, car je n'ai pas encore vu la solution de
M. Descartes ('), je me suis servi de la méthode de mon Appendix ad
locos ('), de laquelle l'usage en plusieurs rencontres est miraculeux,
pour éviter les asymmétries et cette longueur d'équations qui sem-
blent ne devoir jamais prendre fiu.
Soit donné le galand NSQR (Jig- 71), la droite donnée par positiou
DNOP, et la ligne Z donnée de grandeur.
La propriété du galand est que, quel point que vous preniez, comme
( ' ) Le commcncemcnl de ccUc Letlre inédite est perdu.
(-) La LcUro do Descartes à Mcrscnne (éd. Clerselicr, l, yZ) du i3 juillet i(i38 : Exa-
men de la quesUon, savoir si un corps pèse plus ou moins, étant proche du centre de la
terre, qu'en étant éloigne.
(3 ) f'ucr Lettre XXXIII, 3. — C'était Roberval qui avait posé cette question, après avoir
donné le nom de galand (nœud de ruban) à la courbe proposée par Descartes et dont il
avait étudié lu forme.
(*) Cette solution se trouve dans la Letlre de Descartes à Mcrscnne du aS août i63s
(éd. Clersclier, III, C5, p. 354-357). Comparez la Lettre du lî novembre (Clcrselier, II,
92; Cousin, VIII, p. G).
(5) Tome I, page io3-i[o.
Fkrmat. — U. 22
170 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
S ou 11, le solide sous Z in NO in OS est égal aux deux cubes NO et OS ;
ou bien le solide sous Z in NO in OR est égal aux doux cubes NO et OR.
Il faut trouver la tangente SD, par exemple du coté d'en haut, qui tasse
l'angle SDO égal à la moitié d'un droit.
Fig. 71.
Soit fait. Par ma méthode des tangentes ('), si NO est appelée l), et
OS, /y, la ligne OD sera égale à
B ciib. bis — D cul).
Z\t] B — /Jq. lei- '
et si la tangente étoit du côté d'en bas, la ligne OD seroit égale à
Dcitb. — B cul), bis
Vq. ter — Z'in B
Mais nous n'avons besoin que de la première équation, puisque nous
ne travaillons qu'au premier cas.
Supposons que NO, inconnue, s'appelle A, et que OS s'appelle E,
nous aurons, pour la ligne OD,
E cub. bis — yl cul).
Z in E — Aq. 1er
Or, puisque l'angle D est demi-droit et que l'angle 0 est droit, les
lignes OD et OS seront égales; il faudra donc que
E cub. bis — A cub „
-^7-. — r-, j — ; soit égal a E,
Z m h — Aq. ter °
et, par conséquent,
E cub. bis — A cub. sera égal à Zin Eq. — Iq. in E 1er.
( • ) rnir Pièce XXXI, 3.
XXXV. - 22 OCTOBRE 1638. 171
Or, par la propriété de la ligne,
A cal/, esl égal à Z in .1 m E — E cub.
Nous aurons donc (')
E cub. — Z in A In E égala Z in Eq. — Aq. ]i\ E 1er.
Divisons le tout par E, nous aurons
Efj. — ZinA égala ZinE— iq.[c\\
et enfin
Eq.—ZinE égala Z in A — Aq. icr.
Et partant, nous avons un lieu elliptique, et le point S est ad cllipsin
posilione dalarn; sed esl eliam ad curvarn positione datam. Ergo dalur
par l'intersection de ces deux lieux et par ma méthode topique ( ■).
Par la même facilité on fera la résolution du second cas. Mais, pour
rendre la proposition générale, vous pourrez, par la morne méthode,
faire l'angle D égal à tel angle que vous voudrez, ou hien, ce qui est la
même chose, faire que la ligne DO soit à la ligne OS en proportion
donnée.
En voilà, à mon avis, assez pour vous témoigner que je ne tiens pas
caché ce que je sais.
3. Pour /a tangente de la roulette (^), bien loin d'en faire un invs-
tère, je vous veux faire comprendre qu'il n'y a point de question île
celte matière qui puisse m'échapper. Vous saurez donc que cette même
méthode dont je me sers pour les tangentes des lignes courbes, lorsque
leurs appliquées ou les portions de leur diamètre ont relation à des
(') Fermât commet ici une faute de calcul. Les premiers termes dos équations sui-
vantes devraient être E cub. ter; Ef/. ter; Eq. 1er. Le lieu est donc un cercle et non un
ellipse.
(2) Fb(> plus loin 9, une seconde solution, cgalomont imparfaite. Fermai n'a pas re-
connu, comme l'avait fait Descaries, que le iiroblème particulier est pian; il n'avait,
semble-t-il, cherché que des méthodes générales.
(5) Fuir Lettre XXXI V, 2.
172
ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
lignes droites, me sort aussi, avec un peu il(^ changement pris tie la
nature de la chose, à trouver les tangentes des courbes dont les appli-
quées ou les portions de leur diamètre ont relation à d'autres courbes.
4. Je vous en ai déjà l'ait voir l'exemple en la roulette. En voici un
autre en ioK'alc (') de laquelle le sphéroïde est au cylindre circonscrit
comme le double du diamètre à la circonférence du cercle, laquelle j'en-
voyai (lernii'rement à ]M. de Roberval.
Soit l'ovale GARD {fig. 72) et l'axe GD autour duquel se décrit le
Fig. 72.
sphéroïde. Soit le cercle NOIS, coupé à angles droits par les deux dia-
mètres OS et NU, duquel la circonférence soit double de l'axe GD, en
sorte que le quart OU soit égal au demi-axe FD. Soit le point R en l'o-
vale, duquel il faut tirer la tangente.
Tirons la perpendiculaire BE et faisons la portion du quart 01 égale
à FE; tirons au cercle la tangente IR qui coupe le diamètre NU au
point R. Faisons EC, en l'ovale, double de IR. La ligne BC touchera
l'ovale.
5. En voici un autre exemple :
Soit la parabole lïlDAG (y7^. 78), de laquelle l'axe AG et le sommet A.
Soit une autre courbe ABF de même axe et sommet, et que BG, appliquée,
soit égale à la portion de parabole DA, et l'appliquée FG égale à la por-
tion de parabole EA, etc., à l'infini. Il faut trouver, au point B de cette
nouvelle courbe, une tangente.
(') Cotlc courbe, évidemment imaginée par Fermât, a pour équation rapportée aux
axes FA, FD : y = a i/ cosy- > b étant le rayon du cercle auxiliaire NOIS.
XXXV. - 22 OCTOBRE 1C38. 173
Soif tirée l'appliquée BDC. SoitO \c/ociisàc la parabole. Faisons
comme OA + AC à AC, ainsi le (luarré BC au quarré CN.
La ligne BN touchera la courbe FBA.
6. Voilà deux exemples aisés, lesquels vous pourrez proposer i»
soudre, si vous voulez, avant que de faire voir les solutions. Mais,
pour le suivant, je le propose à M. de Roberval et encore, si j'osois,
à M. Descartes :
Soient autant de courbes que l'on voudra de même sommet B (fig. 74).
comme JiE, BD, BF, BA, données par position, et soit marquée une autre
F'S- 7^
courbe de même sommet, comme MB, en sorte que les appliquées de cette
dernière, comme MC, soient moyennes proportionnelles entre la somme
des portions des autres courbes, AB, BF, BD, BK, et la somme des appli-
quées AC, F'C, DC, EC. Il faut trouver une tangente à un point donné de
cette dernière courbe.
Si vous voulez que les quatre courbes de mon exemple soient un
cercle, une parabole, une hyperbole et une ellipse, j'y consens, ii la
charge que vous croyiez que je donnerai la solution en tout nombre et
en toute espèce de courbes données, et ce sans aucune asymmétric, ce
qui semble merveilleux.
7- Avant que de quitter la Géométrie, je vous donne encore une spé-
ilk ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
culation qui semble être excellente et qui allonge infiniment l'étrivièro
au Wen^hn: Si a quotcumquepunctis{'),hq^io\\e'fa\ trouvée en cher-
chant les lieux ad supcrjiciem (') :
(Vestque, après avoir trouvé un cercle qui satisfasse à la question
d'Apollonius in piano, comme par exemple : Soient (fig. 75) les points
Fis. l'r'.
donnés F, G, H, E, D et le cercle trouvé ABC en sorte que, quel point que
vous preniez en sa superficie, comme A, les quarrés FA, GA, HA, DA, EA
soient égaux à un espace donné, je dis que : 5/ autour du point 1 comme
centre, vous décrivez une spJiére de laquelle le cercle ABC soit un des
grands, quel point que vous preniez en la superficie de la sphère, d satis-
fera à la question du lieu.
.l'ai trouvé ensuite beaucoup de choses merveilleuses sur le sujet des
lieux ad superficicm, mais je ne puis pas vous dire tout ii la fois.
8. Le quadrilatère (") de M. de Roberval, que je n'ai pas cru si
pressé que la tangente du gahind, sera différé au premier voyage.
9. Il faut que je vous die encore qu'on peut trouver la tangente de
45 degrés au galand (^) par une voie qui semble plus géométrique.
Car, là où ma précédente solution a employé la ligne courbe du galand
pour trouver le point cherché par l'intersection du galand et d'une
ellipse, cette autre voie n'emploie que les sections coniques.
(') rojrLeUre XIX, 1.
(2) Comparer Tonw \, \^. ii3.
C) Problèmu proposé à Descartes par Morsennc, comme n'ayant pas été résolu par
Roljcrval {Lettres de Dacartc.i, éd. Clerselicr, 111, 05, du aï août i638; p. 357) :
« Los côtés AD et AE du quadrilatère ADCE étant donnés avec l'angle DAE et la lon-
» gucur de la diagonale AC, et enfin la proportion qui est entre les deux lignes AG et
1) AH, perpendiculaires sur les eûtes inconnus CD et CE, il faut chercher le reste. »
C") Foir plus haut, 2.
XXXV. - 22 OCTOBRE 1638. 175
Supposons que Z {/ig. 76), le côté droit du galand, est inconnu, et
que AD est une ligne donnée nommée li, que DB est inconnue, nom-
mée A. Donc le côté droit sera
A ciib. -t- B euh.
D\n A
Par ma méthode des tangentes, la ligne DN qui concourt avec la
tangente sera
B in A ci/b. l)is — Bqr/,
A euh. — B cub. bis
laquelle il faut faire égale à .4. Nous aurons donc
Aqq. — B cub.\nAh\s égala B in A cub. bis — Bqij.,
et eu tin
B \n A cub. hh -^ B eub. in A h\s — A qq. éf;al à Bqq.,
laquelle équation, pour trouver la valeur de A, se peut résoudre ou
|)ar ma méthode topique, ou par telle autre qu'on voudra.
Or, A étant connue, le coté droit Z sera connu, et si le galand donné
est différent de celui-ci, il faudra faire :
comme lo côté droit île celui-ci à la ligne AJ) ou B donnée,
ainsi le cùlé droit du galand donné à une autre ligne
qui déterminera un point semhlable au point D, et la question est
faite.
S'il y a manque en la supputation, vous la corrigerez, car je n'ai pas
seulement le loisir de relire ma lettre.
176 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
10. Pour Galilée ('), j'avois commencé de l'examiner par le menu,
et, si j'ai du loisir assez, je continuerai.
Lorsqu'il parle do la proportion de la vitesse en la descente qui se
f'ail en un même ou divers milieux par des corps difîérents, vous trou-
verez que son expérience qui précède contredit sa règle qui suit.
Je vous entretiendrai une autre fois plus à loisir, bien que l'oisiveté
de la campagne vous ait présentement fait voir une lettre plus longue
((ue je n'avois desseigné.
Je suis, mon Révérend Père, votre très humble serviteur,
Ff.hmat.
Ce 22 octobre iG38.
11. Puisque mes deux vers (-) ont eu votre approbation, en voici
deux autres de même main qu'on estime ici plus que les premiers et
desquels vous me direz, s'il vous plait, votre sentiment :
Optato palriani afflictam Delphine beavil
Ilcx Justus : niinqiiam jusLior illc fuit.
XXXVI.
FERMAT A MERSENNE (').
DIHANCilE 26 DÉCEMBRE 1638.
(A, l- 23-24; B, f° 2J V".)
1. Pour les nombres, je peux trouver par ma méthode foutes les
questions des parties aliquotes (''), mais la longueur des opérations
me rebute et la recherche des nombres premiers, h laquelle toutes ces
( ' ) roir Lettre XXXIH, 5.
(-) Ces vers de l'ermat ne sont pas connus.
(') Cette Pièce e.st un extrait d'une Lettre perdue, déjà publié par M. Charles Henry
{Kcclwrclws-, etc., p[). 177-178) d'après le brouillon d'Arbogast, qui d6ri\e d'une co]iic de
Mersennc.
C-) ro/r Lettre XXXm, 4.
XWVl. - 2G DECEMHRE 1G3S. 177
questions aboutissent. Sur lequel sujet je ne sais point de méthode
que la vulgaire, sinon qu'il suffît de faire la division jusques ;i la plus
petite racine quarrée du nombre donné, car si on n'a point trouvé de
diviseur jusque lii, on n'a garde d'en trouver de plus grands, pource
(|ue leur ((uolient scroit moindre que la racine quarrée, ce qui est
impossible, par l'expérience qu'on aura déjà faite.
2. Pour la (îéométrie, comme toutes les courbes et les tang(;ntes
qui sont de la juridiction de la méthode de M. Descartes le sont aussi
de la mienne, et particulièrement lorsque la comparaison des portions
du diamètre aux appliquées est mêlée de lignes courbes, je m'en
démêle aussi aisément que des simples tangentes. De quoi je vous ai
déjii donné quelques exemples, vous priant d'en proposer les (|ues-
tions et principalement le dernier exemple (' ), sur quoi vous ne m'a-
vez pas répondu. Obligez-moi donc de savoir si les messieurs de Paris
en peuvent donner la solution, et je vous envolerai tout aussitôt la
mienne.
3- nien plus, je donnerai inlinies tangentes de courbes dont la pro-
portion est pleine d'asymmétries.
Soit la courbe DNl^ {fig- 77), le diamètre NF, l'appliquée (|uel-
Fis. '.-..
con(|ue DF. Supposons (jue NF étant appelée A, l'appliquée DF soit
lat. (It,i. 4- À)/.) + lat. (D'i.— .1'/.) + lat. (/?in A - -ly.)
, icub. — fl in A (i.X
lat. ( j^ '-\ -+- lat.
Aqq. -t- l)(l. in Al/.
liq.+ A.,.
h', demande une tangente au [)oint I).
( I ) r„lr Lcttie XXXV. 6.
Ikrmat — n.
178 (EUVUES UE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Ma méthode les donnera, et infinies de pareille nature, etc., quand
hicii la ligne DF seroit composée de centinomies ou plus grand nombre
de ternies.
.le ne dis rien que je n'exécute dès qu'on m'aura témoigné qu'on ne
le sait pas.
4. .le proposerai le reste après que vous m'aurez envoyé les papiers
de M. Descartes ('). Cependant j'étends encore ce problème local ail
superficicm (^) qui enchérit sur le plan d'Apollonius, et le ciMicois
ainsi :
Si a quolcumque punclis dalis in quibuslibel planis ad piuirtiini iinttin
injlcctantur rectœ, et sint species, quœ ah omnibus, data spalio (vquales,
pitnctitm ad injlexinncm sphœricam superficiem positione datam con-
f in gel.
La construction se dérive aisément de celle que je donnai il y a long-
temps du lieu plan. Et M. de Roberval le pourra trouver d'abord et
avouera qu'il y a l'ort peu de propositions de Géométrie qui valent
celle-ci.
(') Probablenioiil les iinporlaïUes Lettres do Descartos à Mersennc, du 27 juillet iG3S
(Clci'sclier, Ill,6('i), du Vi août (111, G)) et du ij novendire (11. \]i).
{■') /-Vw Lettre XXXV, 7.
WXVII. - 20 FÉVRIER 1639. 179
ANNÉE 1639.
XXXVII.
FERMAT A IMERSENNE (').
DIHANCDE 20 FÉVRIER 1G39.
{B,i'2 v.)
1- Vous m'avez envoyé 36o duquel les parties aliquotes sont au
même nonvbrc comme 9 à 4. l't moi je vous envoie 2016 qui a la même
propriété.
2. Je viens maintenant au défi des plus grands géomètres du
monde (-).
Pour première question, proposé :
iC — 6N égala 4° et la valeur il'iN, 4.
et encore
iC -t- 4N égal à 80, où N est encore 4,
ils demandent la méthode pour trouver la racine en pareilles questions
sans aller à tâtons.
( ') Extrait inédit d'une Lettre perdue.
(-) Descartes, dans sa Lettre à Mersenne du 9 février iGSg (Glorselier, II, 97, p. 45o),
répond à ces mêmes questions. La seconde et la troisième lui avaient été adressées le
■25 janvier; il les désigne comme étant d'un M. Dounot. La première ne lui fut envoyée
que par le courrier suivant.
180 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
Je vous réponds avec Viète {' ) que ceux (|ui feront cotte recherche
sans employer les artifices déjà connus excruciahiint se frustra et honas
haras malhematices quam colent dispendio perdent .
3. Ils proposent ensuite
iC-SQ + igN éfçal à i4.
et après avoir déterminé que \c problème est ambigu et (binné trois
valeurs de la racine, savoir 2,3 — v'ii, 3 -+- \j'i, ils ajoutent : Qui dederit
quartam solulionem, portento erit simile.
En quoi, sans préjudice de la grammaire, ils pèchent autant contre
les Mathématiques, qui nous enseignent qu'il est impossible qu'en ce
cas et autres pareils, il y ait quatre solutions. Car il est très certain
qu'un problème ne peut recevoir pour le plus qu'autant de solutions
que son plus grand terme a de degrés, et ainsi ils ont fait eux-mêmes
ce porlentum d'avoir proposé une question impossible.
4. Mais la troisième proposition contient sans doute la plus forte
attaque, qui semble d'autant plus considérable que le moyen dont Viète
s'est servi pour soudre pareilles questions, lequel il appelle syncrisis
en son Traité De rccngnitione ccquationum ( - ), est défectueux et ne dit
pas tout.
Voici la dernii're question :
iC— 9Q-i-i3N Ki\. y/aSS — i5.
Quœritur i N. IIoc prohlema recipit très solutiones quarum cxhibimus pri-
niam, scilicct "i — \J-i, quœ satisfacit exacte.
Si rcliquas duas dcderim, ero illis magnus Apollo.
Hfe suiil : prima 3-i-y/i8,. secunda 3 — y/'S.
I ' ) ViKTK (éd. Sclloolcii, I.cvdo, Elzovirs. iGJC)), De cmendalinne œquationum. cliap. I,
|). i2() :
« ltai|uo OKcniciaruni se frustra et bonas horas .Matlicmatices quam colebanl dispendio
.) al)sum|)scrunl. »
(-) Ihul., jiagcs 11)4 cl suiv.
WWII. - 20 FÉVRIER 163Î). t8l
Si cela ne sulfit, je donnerai une méthode générale ( ' ) pour toutes
solutions pareilles, Lufuelle réussit sans nulle peine, et n'a pas les dé-
fauts de C(dle de Viète, qui (ist très fâcheuse à cause des divisions,
parficulii'renient aux exemples un peu malaisés, comme celui dont est
ques(ion, (|ue les analystes communs ne sauraient soudre par la
syncrise.
*
(') f'oir Lclli-o XXXVIIl hfi. 4.
182 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
ANNEE 1640.
XXXVIII.
FRENICLE A MERSENNE (')•
< MARS 16i0 >
( Fr. 11. a. (i2o4 , f° !29.)
Mon Révérend Père,
1. Puisque vous desirez que je vous rafraîchisse la mémoire de l'en-
tretien que nous eûmes dernièrement ensemble touchant les nombres
des tables magiques, je vous dirai que ce que M. Fermât vous en a
envoyé est fort peu de chose, car il n'y a presque rien hors de ce qu'il
peut avoir vu dans Stiphelius, Spinula et la vieille Clavicule (^), et
que la méthode qu'il dit avoir pour les construire n'est autre que celle
qu'ils enseignent, encore qu'elle ne soit pas d'eux : laquelle, pour ce
qui regarde les impairs, est la plus noble qui se sauroit trouver et est
si facile que ce n'est qu'un jeu d'enfant, et n'y a pas grand sujet de se
tant glorifier pour l'avoir apprise dans un livre.
(') Leltro inédite qui fut communiquée à Fermât et à laquelle il répondit par la sui-
vante, XXXVIII bis.
(-) Arillimctica intégra, authore Michacio Siife/io, cum pr.Tfatione Piiilippi Mchineh-
llionis. — Norimbcrgic apud Joli. Petrcjum. Anno Christi MDXLIII. Cum gratia et privi-
légie Cacsareo atque Uegio ad scxennium.
Franciscus Spiiiola est cité dans les Dcliciœ pliysicomatlicmatk-tv de Daniel Schw enter,
Nuremberg, 162C, comme s'ctant occupé des carrés magiques. Lo seul Ouvrage imprimé
qui soit connu avec ce nom d'auteur (P. Francisci Spinulœ Mediolaiiensi.s 0/)e/-rt, Venise,
i5G3) est un Volume de vers latins où ne se trouve aucune allusion <i ce sujet.
Nous n'avons pu déterminer non plus quel Ouvrage Frenicle désigne sous le nom de
vieille Clavicule; il s'agit peut-être d'un tirage sans lieu ni date de l'Écrit tliéosophiquc
Clm'icula Salomoiiis fllii David.
XXXVIII. - MARS 1640. 183
2. S'il savoit quelque chose de uouveau pour les pairs, il vousdcvroit
avoir envoyé une table du quarré de i8 ou 22 ou pour le moins de i/j,
qui a servi de borne ii Bachet ('), et, quand il l'aura fait, nous avoue-
rons qu'il y sait quelque chose.
3. Ce qu'il vous a envoyé n'est pas digne d'un honnête homme
comme lui, mais est plutôt l'occupation d'un écolier et, s'il veut s'em-
ployer il un exercice qui lui soit plus convenable, sans sortir de cette
matière, qu'il dispose les nombres d'un quarré en telle sorte que toutes
les lignes et diagonales soient égales et que, telles enceintes qu'on
voudra, et non plus, en étant ôtées, le quarré qui restera soit de
même nature (|ue le premier.
Par exemple, que 22 soit donné pour le côté du quarré magique;
on demande que, ce quarré ayant les conditions requises, on en puisse
ôter trois enceintes et que le quarré restant, qui aura iG cellules de
côté, soit encore magique; et qu'olant deux enceintes de celui-ci,
le quarré restant, qui aura 12 cellules de chaque côté, soit encore
magique; et que de celui-ci, en étant une enceinte, le quarré restant,
qui aura 10 de côté, soit encore magique; et que du premier quarré
de 22, tel autre nombre d'enceintes qu'on en veuille ôter, le quarré
restant ne soit plus magique.
4. Davantage, il se peut aussi étudier à taire de ces tables qui aient
une partie de leurs cellules vides et néanmoins que toutes les lignes,
colonnes et diagonales, soient égales tant en la quantité des nombres
qu'en la somme d'iceux.
Par exemple, s'il y a en la table quarrée i44 cellules, qu'il n'y en
ait que 60 ou autre nombre possible de remplies de nombres consécu-
tifs et qui commencent par tel qu'on voudra, et qu'en chaque colonne,
ligne et diagonale, il y ait 5 nombres, la somme desquels soit égale par
tout.
5. Mais s'il veut sortir des quarrés et s'appliquer aux solides, il
pourra considérer les nombres disposés en telle sorte qu'ils forment
(' ) Problèmes plaisans et délectables qui se font par les nombres. — A Lyon, MDCXXIV.
184. (EUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
les trois facos extérieures d'une pyramide triangulaire ou tétraèdre,
e( faire que les dits nombres, étant en [)rogression donnée, Cassenl
foules les enceintes égales entre elles.
Par exemple, que la somme des nombres représentés par /, ///, n, o,
[), (j, r, s, t soit égale à celle de c, /", g, h, i, X-. et à celle de r, />, d : et
que les lignes a, r, e, /; a, h, g, o e( a, d, i, r soient égales entre elles
en valeur comme elles le son( en longueur en (Géométrie; et que les
(rois lignes de chaque enceinte soient égales entr<' (dles, c'est-à-dire
l'une il l'antre, jusques à où il se peut; et déterminer à quelles
enceintes doit linir l'égalité susdite.
(le seront là des occupations qui méritent ancunemenl qu'il s'y
emploie et, quand il y aura satisfait, on lui découvrira des choses (|ui
sur|tasseront d'autant celles-ci que c(dlcs-ci surpassent ce qu'il vous
a envoyé.
6. .le vous dirai aussi que, s'il ne veut pas sortir des plans, je lui
|)ourrois demander un hexagone rempli de nombres consécutifs, (|ui
ait même somme eu chacun de ses côtés et des lignes (jui vont du
centre à la circonférence.
/
WXVIII. - iMAIlS IGVO. 185
Par exemple, que les nombres représentés par o, n, m; m, /, /■; X-,
/, //; //, /, s; s, r, q; </, p, o, comme aussi par a, b, o; a, c, m; a, d, /■;
a, e, h\ a, g, s et a, f, y, eussent chacun leur somme égale; e( en
onlre, qu'otant (juelques enceintes de ladite figure, sous les eoiidi-
fions déduites au quarré, la même égalité demeurât encore.
Vous remarquerez, s'il vous plaît, que la quantité de lettres qui sont
ici ne sert que d'exemple, et ne s'ensuit pas d'icelle qu'on puisse faire
ces choses sous la quantité qu'elles représentent, car elles ne servent
que pour les donner mieux à entendre.
7- Pour ce qui est des nombres dont il veut renouer la conl'érence,
on attend encore la solution de ceux qu'on lui a envoyés autrefois, et
de celui que vous avez encore envoyé depuis peu ('), duquel il doit
d'autant plus facilement venir à bout, qu'il a trouvé la démonstration
de tout ce qui concerne les parties aliquoles.
8. Et s'il trouve que ce soit peu de chose pour lui, qu'il vous envoie
un nombre /^rt/j/Jn'/ qui ait 20 lettres ou le prochainement suivant, atin
de ne point sortir de ce qu'il sait avec perfection, et j'estime qu'il en
viendra d'autant plus facilement à bout, qu'il pourra sur tout ce (jue
dessus consulter l'oracle de ce grand démon dont vous nous avez tant
fait de fête, lequel nous tiendrons pour bon ange et des plus blancs,
s'il y satisfait. Encore que, s'ils étoient versés en ces malières-là
comme le sont vos Sainte-Croix et Frcnicle, cela leur serviroit plutôt
d'ébattement que de travail, vu qu'il y a longtemps qu'ils ont trouvé
et considéré ces choses-lii.
Voilà, mon Père, si j'ai bonne mémoire, un raccourci de tout l'en-
tretien que nous eûmes ensemble avant-hier.
.le suis, mon Révérend Père,
Votre très humble et affectionné serviteur,
Frexicle.
(M Comparer les LcUres XXXVI, 1 et XXXVII, 1. Freniclc fuit allusion à une corrcs-
l)ou(]ance perdue, qui |iaraît avoir surtout coneerné les nomijres en relation donnée avec
la somme do leurs parties aliquotcs.
fehmat. — n. 24
I8(J ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
XXXVIII bis.
FERMAT A MERSENNE.
DIMANCHE 1 AVRIL ICiO.
{fa, p. l'jS-i'jfi.)
Mon Ri:viir,E>n Père,
1- Je vous dois deux réponses pour les deux dernières Lettres que
j'ai reçues de votre part et que j'ai trouvées toutes deux en môme
temps à mon retour de la eampagnc; le sujet de la première concerne
Monsieur Desargues et celui de la seconde Monsieur de Freniclc.
2. Je suspends la réponse aux questions de Monsieur Desargues,
jusques à ce que j'aurai vu par votre faveur le troisième Livre des
(ioniques de Monsieur Mydorge et les autres ('), s'il y en a d'im-
primés depuis les deux premiers qui sont les seuls que j'ai en mon
pouvoir. Je vous promets alors de m'étendrc sur tout ce qu'il semble
que vous desirez de moi, et cependant je suis obligé de vous dire que
j'estime beaucoup Monsieur Desargues et d'autant plus qu'il est lui
seul inventeur de ses Coniques; son livret, qui passe, dites-vous, pour
jargon, m'a paru très int(dligible et très ingénieux (^).
(') Les deux premiers Livres des Coniques de Mydorge avaient été publiés en i6ii
sous le litre :
Claudii Mydorgii palricii Parisini Prodromi Catoptriconim et Diopiriconim sive Coni-
coruui operis ad abdita radii rcdexi cl rcfracti mysteria pr.xvii et faceni prœfcrcnlis Libri
prinius cl secundus. D. A. L. G. — Parisiis, Ex typograpliia I. Dcdin, via Nucuin, sub
signo Irium Columbarum, M.DC.XXXI. Cum privilegio Régis (in-folio).
Les deux suivants furent ajoutés dans la réédition de if)3g :
Claudii Mydorgii.... Libri quatuor prioros. D. A. L. G. — Parisiis, Ex typograpliia
I. Dedin, via Nucuni, sub insigni parvi Sculi, M.DC.XXXIX. Cuni privilegio llegis.
(') 11 s'agit du Brouillon project d'une atteinte aux cucnemen.9 des rencontres d'un
cône avec un plan, par le S. G. D. L., dont rédilion originale, imprimée à Paris en ifiSg,
est introuvable (Œuvres de Desargues, éd. Poudra, I, pages 97 à 23o). — La correspon-
dance do Fermât ne contient aucune autre indication sur les questions que lui avait posées
Desargues.
XXXVIIl bis. — l- AVRIL 1640. 187
3. Pour Monsieur de Krcniclc, ses inventions en Aritliniéti(|ue me
ravissent et je vous déclare ingénument que j'admire ce génie qui,
sans aide d'Algèbre, pousse si avant dans la connoissancc des nombres
entiers, et ce que j'y trouve de plus excellent consiste en la vitesse
de ses opérations, de quoi font foi les nombres aliquotaires qu'il
manie avec tant d'aisance. S'il vouloit m'obliger de me mettre dans
quelqu'une de ses routes, je lui en aurois très grande obligation et ne
ferois jamais ditHculté de l'avouer, car les voies ordinaires me lassent
et, lorsque j'entreprends quelqu'une de ces questions, il me semble
(juc je vois devant moi
Magnum maris œquor arandum ( ' ).
à cause de ces fréquentes divisions qu'il faut faire pour trouver les
nombres premiers. Ce n'est pas que mon analyse soit défectueuse,
mais elle est lente et longue pour ce regard et j'ose dire sans vanité
(}ue, si je pouvois l'accompagner de cette facilité, je trouvcrois de fort
belles choses. Je voudrois avoir mérité par mes services la faveur que
je lui demande et ne désespère pas même de la payer par quelques
inventions qui peut-être seront nouvelles à Monsieur Frenicle.
(U, f 3r°) {').
4. Pour la méthode que j'oppose à la syncrise ('), ce n'est seuh'-
ment que pour éviter les divisions qui sont souvent très fâcheuses en
cette sorte de questions.
Soit, par exemple :
bda — ha"- — a' œq. •:'°'-.
(^etle équation peut avoir trois solutions, desquelles soit par exemple
Il l'une qui soit donnée. 11 faut trouver les autres deux.
(') Virgile, Enéide, II, 780 : Longa libi cxsilia cl vustum maris œciuor arandum.
(2) Le fragment qui suit est inédit; il est reproduit d'après l'extrait de la Lettre du
i" avril 1G40, que contient le manuscrit Vicq-d'Azyr-Boncompagni. U est très improbable
que les notations algébriques, dans lesquelles dominent les habitudes cartésiennes, soient
réellement celles de Fermât.
(3) Foir Tome I, page 147, note 3. — Comparer Lellrc XXXVll, 4.
188 ŒUVRRS DE FERMAT.- CO UU ESPONI) ANCE.
l'uiir V pai'VLMiir, il est lU'cossaii'o de haisser cette équation tl'un
degré, ce que Viète fait par division et M. Descartes aussi; voici
comme j<^ procî'de :
n est égal à a\ or il y a deux lignes égales à a, inégales à n. Posons
(|ue l'une de ces deux lignes soit n + r, et faisons maintenant IVMjua-
lion comme si // + c éloit a, nons aurons
bdn -(- bdc — Jte- — c^ — bii"- — 2 hnc — 3 ne"- — 11^ — 3 /(- e ;e(|. :*"'■.
Or, puisque a est égal à n, donc
bda — ba"- — à^ sera égal \\ bdn — bn'- — n"^ .
-Mais
bda — ba"-— a^ csl ét;n[ à ^'■°'-,
par la première équation; donc
bdn — bn" — «' csl égal à :;•'"'•.
Otez donc d'un côté de la seconde équation Ixln — hn- — «', et de
l'autre coté :;'"', il restera
bdf — bc"- — e'' — nbnc — Znc- — "in-e œq. o.
Va, le tout divisé par e, qui est une division simple et non composée
comme celle do Viète et des autres, restera
bd — be — e- — ■i.bn — "inc — 3/i- ;rf[. o
et ainsi l'équation ne sera que quarrée et, lors(|ue e sera connu, en y
ajoutant/?, vous aurez la ligne cherchée.
(]e n'est pas que j'estime beaucoup ceci, ni que j'aie tout dit en
vous donnant ce seul exemple, mais c'est seulement pour la facilité de
l'opération.
5. Je viens aux propositions des quarrés (') : sur quoi je vous puis
protester que je n'ai jamais vu ni Stiphelius ni cette C/ai'icule cl ne sais
(I) f'oir LcUro XXXVIII, 1 à 3. — Ici reprend le texle donné par les ï'aria. Le carré
magiipic e^t inédit.
XWVllI his. - l"' AVUIL IGVO.
189
ce que CCS livres conticnnciiL cl, pour faire voir (jnc j'ai vu peul-èlrc
plus loin qu'eux et satisfaire i> la semonce de 31. Freniclc, je vous
envoie le (|uarré de i/j aux conditions requises, du()uel, si vous otez
deux enceintes, le restant sera aussi quarré aux conditions requises
et, si vous ôtez encore deux enceintes de ce restant, ce qui restera sera
encore quarré aux mêmes conditions.
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Le premier (juarré fait eu ces lignes 1379; le deuxième fait 985 ; le
troisième Aut jqi.
6. Or, ne doutez point que je ne possède la méthode générale pour
faire toute sorte de quarrés en cette sorte et aux conditions (ju'ôtanl (el
nombre d'enceintes qu'on voudra, le restant soit encore quarré, etc.
1!)0 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
!Mais, à n'ôter qu'une seule enceinte, je crois la question impos-
sible : à quoi peut-être M. Fronicle ne prit pas garde ('), lorsqu'il me
proposa d'ôter trois enceintes de 22, et puis deux du restant, et puis
nue du restant. Car, aux deux premiers cas, la question est faisable
en beaucoup de manières, mais au troisiijmc je ne l'estime point pos-
sible : de quoi la raison dépend de ma règle, laquelle je n'ai pourtant
ni trouvée ni cherchée que lorsque j'ai reçu la Lettre de M. Freniclc,
cl c'est pour cela que je ne détermine pas absolument l'impossibilité
de ce cas, jusqu'à ce que j'aurai eu encore quelques jours pour y
songer de nouveau.
7. Mais ce que je trouve de plus beau en ma règle, et que je ne
crois pas avoir été touché ni par Stiplielius ni par aucun autre, est que
je puis déterminer en combien de façons, et non plus, chaque quarré
peut être disposé aux conditions requises, comme par exemple, s'il
m'est permis de demander à 31. Frenicle, en combien de sortes diffé-
rentes 22 peut être rangé.
8. Je passe bien plus outre, et passant aux solides qui le sont effec-
tivement, j'ai trouvé une règle générale pour ranger tous les cubes à
l'intini, en telle façon que toutes les lignes de leurs quarrés, tant dia-
gonales, de largeur, de longueur que de hauteur, fassent un même
nombre, et déterminer outre cela en combien de façons dilférentcs
chaque cube doit être rangé, ce qui, me semble, est une des plus
belles choses de l'Arithmétique.
Vous en trouverez un exemple (-) sur le cube G^, à coté du quarré
<le i/|.
Il faut ranger les quatre quarrés qui font la solidité du cube, en telle
façon que le premier soit dessous ; le deuxième soit mis sur le premier,
en telle façon que 53 soit sur 4 et 56 sur i; il faut ensuite mettre le
troisième sur le deuxième, en telle façon que On soit sur 53 et 57
( ' ) Foir LeUre XXXVIII, 3. — Comparer LcUre XL, 3.
(-) Les carres ci-après se trouvaient, ainsi que le carre magique reproduit plus haut (5),
transcrits sur une feuille détacliée; ils ne sont pas non plus donnés dans les Varia.
XXWIII bis. — 1" AVRIL IG'jO. 191
sur 5G; et enfin il faut mettre le quatrième sur le troisième, en sorte
que i3 soit sur Go et iG sur 57. Cela étant fait, vous aurez un cuhe
qui sera divisé en douze quarrés, lesquels se trouveront tous disposés
aux conditions requises; il y aura en tout 72 lignes dilférenles, cha-
cune desquelles fera une même somme, savoir i3o.
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9. Vous voyez combien ceci est au-dessus du tétraèdre et de l'hexa-
gone (') de M. Frenicle, desquels le premier n'est pas solide en effet,
mais par fiction seulement, quoique j(ï ne doute pas qu'il ne puisse
être haussé en solide; mais, dans ces deux propositions, il y a beau-
coup de nombres superflus dans les entre-deux des lignes qui abou-
tissent ou au sommet ou au centre, ce qui fait qu'elles ne sont pas si
parfaites que la mienne, en laquelle je puis encore ôter les enceintes
requises et faire que le restant demeure aussi cube, etc.
Je soumets pourtant le tout à mondit S'' de Frenicle et crois que, si
j'avois l'honneur d'être connu de lui, il auroit omis quelques paroles
qui sont dans sa Lettre. Je ne resterai pas de lui assurer l'estime que
je fais de lui et de le conjurer de me faire part de sa méthode.
10. Pour le solide de la roulette, je le réduirois bien à des solides
plus simples, mais à des sphères, cônes ou cylindres qui soient créés
par des lignes droites données, il me semble qu'il est impossible.
Excusez si le papier me manque, etc.
11- l'.-S. Depuis ma Lettre écrite (-), un de mes vieux papiers m'est
(') Voir LcUrc XXXVIII, 5 cl 6.
(^) Ce posl-scriptiirn parait appartenir à une Lettre antérieure et avoir élc l'occasion
(le la Lettre XXXVIU de Frenicle.
192 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
(ombr cil inain, lequel contient une observation sur le problème XXI
(lu Livre de Bachet, imprimé à Lyon en 1G24, et qui porte pour litre :
Prohlcmes plaisans et délectables qui se fonl par les nombres.
Voici l'endroit ('); il propose de ranger en quarré les nombres con-
sécutifs en progression arithmétique, en sorte que tous les rangs,
tant de liant, de bas que des cotés et ])ar les diami'tres, fassent une
même somme, de quoi il baille une règle générale pour les quarrés
impairs, et avoue n'en avoir pu trouver aucune pour les pairs, mais
avoir fait seulement plusieurs observations particulières, par le moyen
desquidles il a rangé les pairs jusques ;i if\^\.
Or, pour la règle des quarrés impairs, je dis premièrement (ju'idlc
n'est pas de son invention, car elle est dans l'Arithmétique de Car-
dan (-); mais d'ailleurs elle ne résout la question que d'une seule
façon, qui le jient être en plusieurs. Je dis donc :
1° Que ma méthode range les quarrés pairs et impairs à l'infini;
2" Qu'elle les range en toutes les façons possibles, lesquelles aug-
mentent comme les combinaisons, à mesure que les quarrés sont plus
grands;
3° Que la règle des pairemcnt impairs n'est pas dilTéronte de e(dle
des pairemeut pairs, mais bien la même, quoique Bachet ait cru
((u'olles dévoient être dilfércntcs.
Voici un exemple de ma méthode :
Il range le aj d'une seule façon, n'y sachant autre chose, et voici
romme il le range :
1 1 ■it\ 7 xo 3
4 i>. 7.5 8 16
17 5 i3 9A 9
10 iH I i/| 22
2? f> '9 2 i5
( ') IVigcs ()0 cl suivanlcs de l'cdilion originale.
(2) Praclica nrii/mieticn et mcnsuraiiJi siiigiilaris {}\\\an, rj39), réimprimcc dans le
quatrième lome de l'cdilion dos Œiuvrcs de Cardan en 10 volumes (Lyon, iCC3). — Car-
dan y donne, sans règle de eonslrucUon, sept carres magiques (de 3* à 9') qu'il attribue
aux sept |ilanctcs et appelle /5/«/(eïrt;>e.f. Il parait les avoir empruntes à Agrippa dcNcttes-
lieym {De occulta p/ii/nsnp/iia. Cologne, i533).
\\\'lllJ>is.
1" AVRIL lOiO.
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Km voici trois autres que j'ai choisis j)arini plusieurs que ma nié
lliode enseigne
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Il range le 3G ii tâtons d'une seule façon, comme s'ensuit :
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■l'y 29 10 9 'G 12
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Hn voici une autre parmi plusieurs que ma méthode fournit: si li
lenips ne me manquoit, je vous en envoierois demi-douzaine :
') 3 1 4 31 35
14 18 22 21 i3
2G 7 9 10 3o
Il ô 27 28 12
20 24 là iG 19
!> G 34 3 I
2!
■'•9
8
Mais, parce qu'on pourroit croire que la règle n'a qu'un seul
exemple, lorsque les diamélrauv demeurent les ménu-s, voici qui fait
voir le contraire : c'est un exemple de ma méthode du G4, différent de
ci'lui de IJachet, et (jui garde néanmoins les diamétraux :
I 7 G Go Gi 59 58
iG 10 5i 52 53 54 i5
17 4- 19 4> 4i 22 18
jo 3J 38 28 29 27 3i
3'. 'G 3o 3G 37 35 39
41 23 43 21 20 46 12
5G jo II i3 12 i4 55 49
57 G3 G2 5432 G4
j >
2)
■i
l'tRMVT.
I9i ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
En voilà assez pour donner de l'exercice à M. Frenicle, car je ne
sais guère rien de plus beau en l'Arithmétique que ces nombres que
quelques uns appellent/)/a/?<?/«rio^, et les autres magicos; et de fait j'ai
vu plusieurs talismans, où quelques uns de ces quarrés rangés de la
sorte sont décrits, et parmi plusieurs un grand, d'argent, qui contient
le /|9 rangé selon la méthode de Bachet, ce qui l'ait croire que personne
n'a encore connu la générale ni le nombre des solutions qui peuvent
arriver à chaque quarré.
Si la chose est sue à Paris, vous m'en éclaircircz; en tout cas, je ne la
dois qu'à moi seul.
Je suis etc.
XXXIX.
FKRMAT A MERSENNK (').
< MAI?.1CV0 >
(B, 1-6 V".)
1- Je trouve plusieurs abrégés pour trouver les nombres parfaits (-)
et je dis par avance qu'il n'y en a aucun de 20 ni de 21 caractères, ce
qui détruit l'opinion de ceux qui avoient cru qu'il y en avoit un dans
l'enceinte de chaque dixaine; comme un depuis i jusques à 10, un
autre depuis 10 jusques à 100, un autre depuis 100 jusques à 1000, etc.
Ce qui n'est pas vrai, comme il paraît par cet exemple; car depuis
10 000 000 000 000000000 jusques à la dixaine suivante, il n'y en a
pas un, ni depuis la suivante à la prochaine non plus.
2. Je passe à ma proposition (^) de ranger les quarrés. Vous pouvez
vous assurer que j'en possède absolument la méthode, aussi bien que
(') Ce fragmoiil inédit, de date incertaine, semble avoir fait partie d'une Lettre envoyée
à Mcrsenne par Fermât avant qu'il en eût reçu la réponse de Frenicle à la précédente.
(2) Foir Lettre XXXVIII, 8. — Comparer ci-après Lettre XL, 6.
(3) Comparer Lettres XXXVIII bis, 7, et XL, 2.
XL. - JUIN 16i0. 195
celle des cubes, et pour vous montrer jusques où va la connaissance
(jue j'en ai, le quarré de 8, qui est G4, se peut disposer en autant de
laçons (litl'érontes, et non plus, qu'il y a d'unités en ce nombre
I oo4 1 44 995 344,
ce qui sans doute vous effraiera, puisque Bachet et les autres que j'ai
vus n'en donnent qu'une seule.
Je rangerai de même tous les quarrés et cubes à l'infini et détermi-
nerai en combien de façons et non plus, avec la démonstration.
3. Pour savoir si M. Frenicle ne procède point par tables, proposez
lui(')de
Trouver un triangle rectangle duqueli aire soit un nombre quarré ;
Trouver deux quarréquarrés desquels la somme soit quarréquarréc ;
Trouver quatre quarrés en proportion arithmétique continue ;
Trouver deux cubes desquels la somme soit cube;
S'il vous répond que jusques à un certain nombre de cbillVes il a
éprouvé que ces questions ne trouvent point de solution, assurez-vous
qu'il procède par tables.
XL.
FKRMAT A MERSENNE.
< JLIN? IGVO. >
('■a, p. 176-, 78.)
Mon RiivÉuEND Pkiu:,
1. J'ai re(;u avec grande satisfaction votre lettre accompagnée de
(•(•Ile ('-) de M. Frenicle, qui me confirme en l'estime que je faisois de
(■) roir Lclti-c XII, 2, 011 Format proposait déjà à Sainlc-Croix trois de ces problèmes
impossibles, et un dernier analogue au troisième de la présente.
(-) En réponse à la Lettre XXXVIII liif.
I9G ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
lui. J'v réponds succinclomont ot pn'mii'romoiil, sur ce qu'il a doulé
([uc j'eusse une méthode générale pour ranger tous les quarrés pairs à
l'infini. Je vous prie de l'assurer du contraire, car il est très certain
(|u'il V a plus de dix ans que je la découvris et en donnai dî's lors des
exemples sur des quarrés plus hauts que ceux de Bacliet, comme
M. Despagnet vous pourroit témoigner.
2. 11 est vrai que je n'avois pas songé de déterminer exactement en
comhien de façons ces quarrés pouvoient être ordonnés, et j'avoue que
je n'avois pas vu toutes les manières qui y conduisent, puisque je dou-
(ois même que le quarré put demeurer magique en levant nue seule
enceinte ('); mais, ayant trouvé une ri'gle pour les ordonner eu beau-
coup de façons, je crus qu'elle les coutenoit toutes, ce qui me semble
excusable, puisque je vous envoyai ma Lettre aussitôt après la première
méditation que j'eus fait sur ce sujet.
3. Depuis (jue j'ai reçu la dernière de M. rrenicle, j'ai aussitôt dé-
couvert que la question du quarré de 22 éloit de ma portée e(, pource
((ue l'opération seroit trop longue qui consiste ;i ranger le quarré de
22 en telle sorte que, levant trois enceintes, il reste magique, et du
restant encore deux et qu'il demeure magique, et puis une seule du
reste ii la même condition, je me contenterai pour ce coup de vous en-
voyer le carré qui reste après les trois premiin-es et les deux secondes
enceintes ôtécs, duquel si vous levez une seule enceinte, le reste de-
meure magique, comme vous verrez.
Pource que le temps me manque, je diffère à vous envoyer les cinq
enceintes qui manquent pour parfaire le quarré entier de 22, jusques
au départ du prochain courrier (-).
Après cela vous devez croire que, dès que j'aurai loisir, j'irai aussi
avant sur ce sujet qu'il est possible. -
(') Comparer Lellros XXXVIII bis; 6 et 7, cl .XXXl.Y, 2.
(') La Lcllrc ainsi annoncée l'ait défaut.
XL. - JUIN 16?r0.
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3.1
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3 Go
12 1
123
122
121
1 ■>()
119
3G7
3GS
4. Pour co qui est des cubes ('), je n'en sais pas plus que M. Kre-
niclc, mais pourtant je puis les ranger tous à la charge que les diago-
nales seules des quarrés que nous pouvons supposer parallèles ;i l'ho-
rizon seront égales aux cotés des quarrés, ce qui n'est pas peu dr
chose, en attendant qu'une plus longue méditation découvre le reslc
Je dresserai celui de 8, 10 et 12 ii ces conditions, si M. ?>enich' nif
l'ordonne.
5. Pour les quarrés qui ont des cellules vides (-), j'y travaillerai au
plus tôt.
6. Ce que j'estime le plus est l'abrégé (^) pour l'invention dc^
nombres parfaits, à quoi je suis résolu de m'attacher, si M. Frenidc
ne me fait part de sa méthode.
(') Knir Lettre XXXVIII Ins. 8.
r-) Toi/- Lettre XXXVllI, 4.
(3) Tmr Lettre XXXIX, 1.
198 ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
Voici trois propositions que j'ai trouvées, sur lesquelles j'espère de
(aire un grand bâtiment :
Les nombres moindres de l'unité que ceux qui procèdent de la pro-
iiçression double, comme
1 2 3 i s 6 7 8 9 10 II U 13
I 3 7 i.j 3i 63 127 2J,") 5ii 1023 2047 ^oqS 8191 etc.,
soient appelés les radicaux des nombres parfoits, pource que, toutes
b's fois qu'ils sont premiers, ils les produisent. Mettez, au dessus de
(!es nombres, autant en progression naturelle : i, 2, 3, 4. 5, etc. qui
soient appelés leurs exposants.
(^ela supposé, je dis que :
1° Lorsque l'exposant d'un nombre radical est composé, son radical
est aussi composé. Comme, parce que G, exposant de G3, est composé,
je dis que G3 est aussi composé.
■2° Lorsque l'exposant est nombre premier, je dis que son radical
moins l'unité est mesuré par le double de l'exposant. Comme, parce
i\uo 7, exposant de 127, est nombre premier, je dis que 12G est mul-
tiple de i4-
3° Lorsque l'exposant est nombre premier, je dis que son radical ne
peut être mesuré par aucun nombre premier que par ceux qui sont
plus grands de l'unité qu'un multiple du double de l'exposant ou que
le double de l'exposant. Comme, parce que 1 1, exposant de 2047, est
nombre premier, je dis qu'il ne peut être mesuré que par un nombre
|)ius grand de l'unité que 22, comme 23, ou bien par un nombre plus
grand de l'unité qu'un multiple de 22 : en effet 2047 n'est mesuré que
par 23 ou par 89, duquel, si vous ôtez l'unité, reste 88, multiple
de 22.
Voilà trois fort belles propositions que j'ai trouvées et prouvées non
sans peine : je les puis appeler les fondements de l'invention des
nombres parfaits. Je ne doute pas que M. Frenicle ne soit allé plus
avant, mais je ne fais que commencer, et sans doute ces propositions
passeront pour très belles dans l'esprit de ceux qui n'ont pas beaucoup
XLI. - k AOUT 1640. 19!)
épluché ces matières, et je serai bien aise d'apprendre le senlimenl
de M. de Roberval.
1- An reste, vous on moi avons équivoque de quelques caractères
au nombre que j'avois cru parfait ('), ce que vous connoitrez aisé-
ment puisque je vous baillois 137438953/171 pour son radical, lequel
j'ai pourtant depuis trouvé, par l'abrégé tiré de ma troisième jjropo-
sition, être divisible par 223; ce que j'ai connu ii la seconde division
que j'ai faite, car, l'exposant dudit radical étant 37, duquel le double
est 74, j'ai commencé mes divisions par 149, plus grand de l'unité que
le double de 74; puis, continuant par 223, plus grand de l'unité que
le triple de 74, j'ai trouvé que ledit radical est multiple de 223.
De ces abrégés j'en vois déjà naître un grand nombre d'autres et mi
par di veder un gran lume.
Je vous entretiendrai un jour de mon progrès, si M. Frenicle me
vient au secours et m'abrège par ce moyen ma recherche des abrégés.
Kn tout cas, je vous conjure de faire en sorte que M. de Roberval joigne
son travail au mien, puisque je me trouve pressé de beaucoup d'occu-
pations qui ne me laissent que fort peu de temps ii vaquer ;i ces
choses.
Je suis etc.
XLI.
ROBERVAL A FERMAT.
SAMEDI h AOUT 164-0.
( /"rt, p. i65-i66.)
Monsieur,
1- Encore que depuis près de trois ans je n'aie eu llionneur d'a-
voir commerce avec vous, je n'ai pourtant pas été privé entièrement
(') Probablement dans la partie perdue de la Ixltre XXXIX -
■im ŒUVIIES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
• lu plaisir qiio je rerois de vos spéculations mathématiques, car le Père
.Mcrsenne m'a fait la faveur de me communiquer la plupart des lettres
(|ii'il a reçues de vous depuis ce temps là, dans lesquelles j'ai reconnu
nne augmentation continuelle et tri's sensible en la beauté et solidité
de vos pensées, auxquelles il n'y a rien que d'admirable, soit sur le
sujet de la Géométrie ou de l'Arithmétique.
2. Sur tout je suis ravi de votre invention de minimis et maximis e(
du moyen (') par lequel vous l'appliquez à la recherche des tou-
chantes des lignes courbes, et ne crois pas que jusques ici il se soit vu
rien sur ce sujet qui ne cédât de beaucoup à ce que vous nous en avez
donné. Car l'invention de M. Descartes, à laquelle j'assigne le premier
lieu après la votre, n'en approche que de bien loin, parce que, quoi-
<[u'elle puisse être rendue universelle, ce qu'il n'a pas fait et le pourra
maintenant à l'imitation de votre dernière addition, toutefois elle est
sans comparaison plus longue, plus embarrassée et plus difTicile.
3- Je vous dirai que j"ai d'autant plus admiré votre invention qu'à
peine croyois-je que, pour trouver les touchantes des lignes courbes
qui n'ont rapport qu'à d'autres courbes ou partie à des droites etpartie
à des courbes, on pût s'en servir, ce que M. Descartes avoue de la
sienne sur le sujet de la roule.lte et autres lignes pareilles, lesquelles
pour cette considération il rejette de la Géométrie (-) : sans raison,
puisqu'à l'imitation de votre dernière addition, sa méthode peut éîre
ren<lue universelle comme la votre, mais avec une difficulté, laquelle
bien souvent ne se pourroit presque surmonter par un esprit humain.
4. Cette opinion fut cause que, quand je vis que vous aviez trouvé
les touchantes de la roulette (')etque vous assuriez avoir la règle uni-
verselle pour toutes les lignes courbes, je crus qu'elle ne pouvoit être
autre que celle que j'avois inventée au temps même que j'inventai
cette roulette, laquelle règle ou méthode je n'avois encore commu-
(') Voir le Traite Doctrinam taiigeniiuni. Tome 1, paires i58 à 1C17.
( -) Gcoméirie de Deseartcs, éd. lleniianii, l'aris, 1886, page iG.
(3) roi> Lettre XXXIV, 2.
\L1. — 4 .\()LT IGVO. 201
iii(|ii('M' il pcrsoniu', iirélaiit coiilciitc d'en avoir (iéiiioiilrr Ic^; ('(h'Is ii
.M. l'asfal (Ml la taiii^'ciitc do la '/uiidralricc qui se (rouvoit des plus dil'li-
cilcs, V joii^'iianl la dt-iiioiistratioii géoiurtriqiio. comme a fait Arclii-
iiii'dc en celle de la spirale, la([iieile jtar ma mélliode s'expédie en deux
mois.
5. J'avois (ait la même chose en la cissnïdc et avois démonlré, de
plus, (jue ces deux liiçues courbes sont infinies de leur nature et (uil
des asymptotes parallèles entre elles ('), ee (|u'on m'a assuré avoir
été déjà démontré par un auteur dont on ne m'a pu dire le nom.
6. J'ai aussi démonlré I(>s tangentes des lignes eourlies qui se
décrivent avec un compas sur la superficie d'un cylindi'e, puis se
réduisent en plan, et en général celles de toutes les courbes qui on(
pu venir à ma connoissam^e; et cette métliode est lellement diU'érente
de la voire (contre ma première opinion) qu'elles ne se ressemblent
en l'icii ([n'en la conclusion.
7- Depuis, M. Mydorge faisant qu(dqiies difti('uUés sur la vôtre, je
lui en donnai la solution, et en même temps je lui ouvris les principes
de la mienne et lui en lis voir un essai en la cissoïde. Si je sais (|ne
vous l'ayez agréable, je vous en écrirai. Klle n'est pas inventée avec
ville si subtile et si profonde géométrie (jue la votre ou celle de M. Des-
earles et, parlant, (die pareil avec moins d'arlifice; en récompense,
elle me semble plus simple, plus naturelle et plus courte, de sorte
que, pour toutes les louchantes dont j'ai parlé, il ne m'a pas même
été besoin de inetlre la main ;i la plume.
8. Depuis celte invention, je me suis appliqué aux lieux solides ad
1res cl (id (luatuor liiieas, lesquels j'ai enlièrement restitués, quoique,
[tour n'y rien oublier, il ne faille guère moins de discours qu'aux six
{') Itolicrviil semble avoir ccinsidcio la cissoUle nummc coiii|irciuiiit la combe symé-
Lri(]iie ([lie l'on oblienl en cliangcaiiL lo signe de c dans l'équalioii ^■^(a — .r) = («-H x)'.
Il est probable que les aiicions cnlondaienl cgalcmcnL dans le môme sens leur définition
de ceUe courbe, mais, pas plus ipie pour la (piadralricc. ils n'a\ aienl considéré les brandies
en dehors du cercle .r--t- i - = «-.
Tkrsiat. — II. 26
•202 ŒUVUES 1)K FERMAT.— COH UESl'()M)AN(,i:.
Iircmicrs Kivros des Klémonts. C'osl do (nmi je vous oiilreliciidrai uik!
auh'o l'ois, parco qu'il va quchjue clioso qui nie semble le lurrilcr.
9- iMisuile j'ai considéré la percussion, le mouvement e( les andcs
cU'ets que cause quelque impression, soit violente ou naliirelle, en (|uoi
je ne crois pas avoir ma! employé le temps, puisqu'on une malii're si
épineuse, encore ai-je découvert quel(|ue chose de i^^rande utililé, ii ce
(|iie je pense, et laqu(dle je pourrai peu(-é(re augnienler avec le
(emps.
10. J'ouhliois pres(|ue à vous dire que les nombres, doiil vous ave/,
déjà découvert des pro[)riétés admirables, contienruMit de i^'rands niys-
((■res; mais, pour les mieux découvrir, il l'audroit être plusieurs
ensemble, d'accord et sans jalousie, et desqncds le génie iVil nalinvdle-
menl porté ;i cette spéculation, ce qui est très dilTicile à rencontrei'.
Si ce sujet vous plait, ou quel(|u'un de ceux dont j'ai parlé ci-dessus,
je prendrai aussi plaisir à le considérer plus particulii'rement, espé-
rant que vous me l'erez part de vos inventions, de quoi je vous sup|)lie
en qualité de etc.
XMI.
FKR.MAT A ROBRRVAI..
< AOUT KVlO >
( ya, p. i()i-i(i '.)
Mo.NSU 111,
1- Apri's vous avoir remercié de vos civilités (') et protesté que
je serai ravi d'avoir des occasions à vous plaire, je vous supplierai de
me faire part de votre invention sur le sujet des tangentes des lignes
courbes et encore de vos spéculations méchaniques sur la percussion,
(') Ilc()Oiisc à lu Lcllre précédente, XLI.
XLIl. ~ AOUT IG'iO. 20:i
|Miis(|ii(' vdiis me faih's c'sjx'rcr la coiiimiuiiration de vos pensées cii
(•(•Ile iiialii'i'o.
2. Après cela, je vous tlirai que iM. rrenicle m'a tloiiné depuis
(|uel(jue temps l'envie de découvrir les mysti-res des nombres, en quoi
il me semble qu'il est extrêmement versé. Je lui ai envoyé (') les belles
propositions sur les [)rogressions géomélri(|ues (|ui commencent ii
l'unité, les<[nelles j'ai non seulement trouvées, mais encore démon-
trées, bien (|ue la démonstration en soit assez cacliée, ce ([ue je vou>
prie d'essayer, puis(|ue vous les avez vues.
3. Mais voici ce (|iie j"ai découvert (-') depuis sur le suji'l de la pro-
posilidu 12 du cin(|uiéine Livre de Diopbante, en quoi j'ai suppléé ce
(|ue I5acbet avoue n'avoir pas su, et rétabli en même temps la corrup-
tion du texte de Diopbante, ce qui seroit trop long à vous déduire. Il
suffît «lueje vous tloune ma proposition etque je vous fasse plutôt sou-
venir (jue j'ai aulrelbis démontré (^) qn'///( nombre moindre de l'iinile
(jit'un multiple du (jualermdrc n'est niquarré, ni composé de deux quarrès,
ni en entiers ni en fractions. J'en demeurai pour lors là, bien (|u'il y ail
beaucoup de nombres plus grands de l'unité (ju'un multiple du quater-
naire, qui pourtant ne sont ni quarrés, ni composés de deux quarrés,
comme 21, 33, y-, etc., ce qui a fait dire à Bacliet sur la division pro-
posée de 21 en deux (|uarrés : (piod quidem impossibile est, ut reor, càm
is ncque quadratus sit, neque suaptc naturel compositus ex duohus qua-
dratis, où le mot de reor marque évidemment qu'il n'a point su la
démonstration de cette impossibilité, laquelle j'ai eutiu trouvée cl
comprise généralement dans la proposition suivante :
4. .SV un nombre donne est divisé par le plus grand quarrè qui le me-
sure, et que le quotient se trouve mesuré par un nombre premier moindre
( 1 ) / «(> I.cllrc .\L, 6.
(2) l'air Tome I, Ohsenfiliiiiif XXV et XXVI siir Dioiilianlc.
( •■) Celle proposition avait été, en môme temps que le second tliéoiénic énoncé Lettre XII,
3, envoyée par Mersennc à Descartes, le 'ii mars i638, comme démonlrcc par Fermât.
■n)\ ( j; i : \ Il K s I) !•: r k i« m a t. - (^ ( ) n u e s im ) n i) ,\ \ c !•..
(h' iu/iilc (]uun nuiltiple du (juaternairr, le nombre donné n'esl ni quanr.
ni composé de deux quarrés, ni en entiers, m en fracUons.
Exemple : Soit (Ioiiik'! S/i. Le plus grand quarré qui le mesure est 4-
le quotient 2r, le(juel est mesuré par 3 ou bien par 7, moindres de
l'unité qu'un multiple d(! !\. Je dis que iS'i n'est ni quarré, ni composé
de deux quarrés, ni en entiers, ni en fractions.
Soit donné 77. Le plus grand quarré qui le mesure est l'unité; le
(|Uotient77, qui est ici le même que le nombre donné, se trouve me-
suré par II ou par 7, moindres de l'unilé (ju'iin multi[)le du (]uater-
naire. .le dis que 77 n'est ni (|uarré, ni composé de deux quarrés, ni en
entiers ni en ('raclions. Etc.
Je vous avoue francbement que je n'ai ri(>n trouvé en nombres (jui
m'ait tant plu que la démonstration de cette proposition, et je serai
bien aise que vous tassiez etlort de la trouver, quand ce ne seroit que
])Our apprendre si j'(>s(ime plus mon invention qu'idie ne vaut.
5. J'ai démontré ensuite celte proposition, qui sert à l'invention des
nombres premiers :
Si un nombre est composé de deux quarrés premiers entre eux, je dis
(pi il ne peut être divisé par aucun nombre premier moindre de l'unité
<pi un multiple du quaternaire.
('omme, par exemple, ajoiilez l'unité, si vous voidez, à un ((uarré
pair, soil le quarré 10 oon oooooo, le({U(d avec 1 fait roooo 000 001 .
Je dis que looodoooooi ne peut être divisé |)ar aucun nombre pre-
mier moindre de l'unilé ((u'un multi|)le de '\, et ainsi, lorsque vous
voudrez éprouvei' s'il est nombre premier, il ne faudra point le diviser
ni par '5, ni |»ai' 7, ni par i i, et*;.
6. Si ne faul-il ])as oublier tout à l'ail la (iéouiéli'ie. Voici ce (|n'on
m'a proposé et (jiie j'ai trouvé tout aussitôt :
Pcr dalum extra vel intra parabolen punctum, rectum ducere qme
(d)scindat segmentum a parabole œquale dalo spatio. Et, si punctum sil
\LI1I. — AOl T 1C40. -iO.l
Hilnt paraholen, dclcriniiiarc nununu'ii (jitod a paniholc pcr dirhim piinc-
liini (ihscindi possil spaliiiin.
Si vous lie rciicDiilri'/ pas d'aljord la (■«iislriictioii, je vous IVrai ]iai-|
(le la iiiicnnc.
J'aKciids (11- vos iioiivcllos (■[ suis clc.
rKH.MAT A FHKNICLEC).
< AOUT? Kj'iO >
(A, f" :'■'.)
1. Soit par ox('ni|il(' la prorriM'ssiou tioiililc depuis le Miiairc avcr ses
exposants au-dessus :
1 2 n V .i 6 T 8 '-1 P* H li H IV !'■ I '■
■>. \ 8 iG ?-i'>. 6'| n8 2.")0 .")i2 \oi!\ v>'\^ 'i'i')'> Si<)>. HiJS'i .î-ijfiS (i.V).îi)
Je dis ([ue, si vous aui^mioutez les noiiihres de la |)roiri'essiou de
l'unité, et (|ue vous i'assie/ >, ^ (). i j, etc.. tous les dits nombres pro-
gressifs ainsi augmentés, qui se trouveront avoir pour exposants des
nombres (jiii ne sont pas de la tlile progression double, seront nondu'es
eomoosés.
(le
2. lîien qu'on puissi' faire une analomie partimlière (]ui e>l lro|
longue il déerire, il sulTit de vous l'aire ei)tn[)rendre, dans l'exeni
qui suit, la proposition ([ne j'y ai faite :
Soit le iiom!)re progressif augmenté de l'unité Hi;)). diiqiii'l l'expo-
sant est I '5 nombre premier. Je dis (jin', si vous divise/. Sii)) par !, le
(') Ki'iij^m.'nl |iiil)lic |)iu-.\l. Cil. \hn\f\ (licclicrilicn vif., p. ii)«-iç)J ) d'<ipi\"S li" liroiiillon
d'Arboi^isl. 11 poilo siii' la copio un ncl le litre : Sur les nombres proiiicrs dt- l'rriniil à
Frcniclc, cl la iiR'iiliou : D'uprcs In copie de Mcrsciiiic.
iOb (KUVIiES DK FKKMAT. - CO HUESl'ONDANCE.
(|iiu(ienl ne pourra ('Irc divisé que par un nombre (|ui surpasse de l'u-
uilé ou le double de l'i exposant susdit, ou uu uuilliplo dudit double
de I i, etc., à l'iutiui.
Que si l'exposant est un nombre composé, qui pourtant ne soit pas
un de ceux de la progression double, je puis trouver tous les diviseurs
fort aisément.
3. Mais voici ce que j'admire le plus : c'est que je suis (juasi pi'r-
snadé (') que tous les nombres progressifs augmentés de l'unité, des-
quels les exposants sont des nomltres de la progression double, sont
nombres premiers, comme
3 :. 17 ■>.:)7 6553; 4291967.197
et le suivant de 20 lettres
' *^ '1 V'> 7 '1 '1 073 709 .").") I G 1 7 ; cil'.
Je n'en ai pas la déuH)nstralion exacte, mais j'ai ex<-lu si grande
quantité de diviseurs par démonstrations inl'aillibles, et j'ai de si
grandes lumières, qui établissent ma pensée, (|ue j'aurois peine ii me
dédire.
XI.IV.
IT:U.\iAT A FHKNICIJ'.
Ji;i:iii 18 ocroiiiiK IGVO.
Mo.Nsnau,
1- i.es vacations, qui m'ont éloigné de Toulouse, m'ont en même
temps éloigne de mon devoir et empêché d(! vous écrire plus lot depuis
I ') C'csL là lo jiliis ancien énoncé donné par Formai de la célèlirc proposilion donl Hiilcr
Il reconnu la fausseté, l'oir Tome I, page i3r, note i. Le sixième nombre (-i^'-i-i) indiipu'
ici par Format comme premier est divisilile jiar (i.\\. Le septième (2"''^ 1) est divisible
par 'j.- i 1
I '77-
XLIV. - 18 OCTOIJUK IGiO. -mi
la dcrni(''re de vos leltros en date du 21 septembre ('). Je tacherai di-
réparer par celle-ci la longueur de l'altcntc et commencerai par la
liberté que je prends de vous dire que je n'ai point vu encore aucune
proposition de votre part que je n'eusse plus tôt trouvée et consi-
dérée; et afin de vous rendre vous-même juge de cette vérité, et vous
ôter en même temps le scrupule que vous pourriez avoir, que je n'en
use comme quelqu'un de ceux du lieu oii vous êtes, qui s'atlrihuc
impunément les inventions d'autrui, apri's qu'elles lui ont été com-
muniquées, je commencerai par la proposition ('-) de la ditTérencc de
deux quarrés, que vous trouverez dans Hachet sur le Diopliante, an
commentaire de la proposition 11 du deuxii'me Livre, en même façon
que vous me l'avez envoyée, vous avouant pourtant que l'application,
que j'estime beaucoup, est toute vôtre et que je l'ai apprise de vous.
2. Pour le sujet des progressions, je vous avois envoyé par avance ( ' )
les propositions qui servent ii déterminer les parties des puissances — 1 ,
et, par ma seconde Lettre ('), je vous avois fait comprendre que j'avois
considéré toutes les propositions qui servent aux puissances -f- 1, de
(juoi je m'étois contenté de vous donner deux exemples, dont l'un étoil
démontré par moi et par conséquent connu nécessairement, et l'autre
ne m'étoit point entièrement connu par raison démonstrative, bien
que je vous assurasse que je n'en doutais pas.
Or, pour venir ii la connoissancc de ce dernier, quoiqu'imparfaite
encore et non achevée, je ne le pouvois sans avoir plus tôt examiné
et prouvé par démonstrations toutes leurs propositions contenues en
votre dernière, ce que vous n'aurez nulle peine de croire, puisque le
seul exemple que je vous envoyai le marquoit assez, auquel j'ajoutois
(ju'en toutes progressions on pouvoit déterminer les diviseurs com-
muns et généraux avec pareille aisance.
Mais je vous avoue tout net (car par avance je vous avertis que,
(') Lcltrc perdue.
(-) Construction de deux carrés entiers ayant une difîérence donnée.
(3) Foir Lettre XL, 6.
('') Lettre XLIIL
208 (KUVHi:S \)\: FKUMAT. — COIîHIlSIMJNDANCI-:.
coiiiinc je ne suis pas capahlc tic m'allrihiior plus (|U('jc' no sais, je
(lis avec lurme IVancliisr ce <|U(' jo ne sais pas) que je n'ai pu encore
(léiuoiilrer l'exclusion de tous diviseurs en celte belle proposition (|ne
je vous avois envoyée et que vous m'avez coiitirniée, touchant les
nombres 3, j, 17, 2")-, (IjVJy, etc. (>ar, bieu (|ne je réduise l'exclu-
sion à la plupart des nomjjres et (|ue j'aie même des l'aisons probables
pour le reste, je n'ai pu encore démontrer nécessairement la vérité de
iM'ttc [)ropositiou , de laquelle ponrtant je ne doute non |)lus à cette
lieiire ([ih' je faisois anparavant. Si vous en avez la ])reuve assurée,
vous m'obliif(M'ez de me la communiqiUM'; car, après cela, lien ne
m'arrêtera eu ces matii'res.
3. Reste il vous parler de la pro|)osili(ni t'oudann'utale des parties
aliquotes, laquelle m'étoil t(dlemenl conuue (jue je vous l'avois eu-
voyée par la |)remière letti'e (jne je vous écrivis ('), laquelle on m'a
dit depuis s'être égarée. Pourtant, si le Pi're Mersenne veut prendre le
soin de la l'aire (du-rclier dans le bureau de la poste, elle se trouvera
dans un paquet que j'adressois à .'\i. ... (-' ).
Outre que cette pro|)osition est si naturelle, qu'il est impossible de
déterminer et de trouver la moindre chose sur ce sujet, qu'elle ne se
préseute d'abord; de sorte (juayant depuis fort longtemps trouvé et
envoyé les propositions des deux nombres i~ '2()(J et 18 '(iGet autres
pareilles ('), il falloitijar nécessité que j'eusse passé par la ilile pro-
position.
Pour votre application, il me semble qu'elle n'ote j)as la longueur
(jiieje trouvois en cette sorte de ({uestious, qui est la seule dilliculté
(juc j'y ai toujours rccounue; sinon que je ne l'aie pas bien comprise,
de quoi je vous prie m'avertir et me rendre certain.
4. 11 me semble après cela ([u'il m'importe de vous dire le fonde-
( ') LeUrc perdue, iiui doil avoir été éeiile eiilre les LeUres XL el XIJll.
I '^) Cai'cavi?
(3) f'oir l'iccc IVa-
XLIV. - 18 OCïOnUE IC'.O. 20!)
mont sur lo(jucl j';i|tpiiic los ilémoiisiradoiis de tntil rc (lui coiiccriic
les progressions gôomôlriqucs, qui est loi :
Tout nomhrc premier (') nipsiire inraillii»loinent une des puis-
sances — I de (juelque progression (jue ce soit, et l'exposant de la
dite puissance est sous-mniliple du nombre premier donné — i; (>(.
après qu'on a trouvé la première puissance qui satisfait ii la (|uestion,
toutes celles dont les exposants sont multiples de l'exposant de la pre-
mière satisfont tout de même à la question.
Exemple : soit la progression donnée
I • 3 V S 6
3 (j ■}.- 8i a/jo ^iij clc.
avec SCS exposants en dessus.
Prenez, par exemple, le nombre premier i3. Il mesure la troisième
puissance — i, de hufuelle 3, exposant, est sous-multiple de 12, qui
est moindre de l'unité que le nombre i3, et parce (|ue l'exposanl
di^ 7'2C), qui est (>, est multiple du premier exposant, qui est 3, il s'en-
suit que i3 mesure aussi la dite puissance 729 — i.
Et cette proposition est généralement vraie en toutes progressions
e-t en tous nombres premiers; de quoi je vous envoierois la démonstra-
tion, si je n'appréhcndois d'être trop long.
5. Mais il n'est pas vrai que tout nombre premier mesure une puis-
sance -f- I en toute sorte de progressions : car, si la j)remière puis-
sance — I, (jni est mesurée par le dit nombre premier, a j)our expo-
sant un nombre impair, en C(^ cas il n'y a aucune puissance -1- i dans
toute la progression qui soit mesurée par le dit nombre [iremier.
Exemple : parce ([n'en la progression double, 2'] mesure la puis-
sance — I (|iii a pour exposant 11. le dit nombre 23 ne mesurera
aucune puissance -1- 1 de la dite progression ii l'intini.
Que si la prcmii're puissance — 1 qui est mesurée par le nonibi'c
( ') C'est de cet énoncé qu'a été lircc hi proposilioii connue sous le nom ilc Tlicorciiiit
(If h'cnnal, ii savoir que si p est premier cl ne diviso [las i?, il divise «''-' — i.
Feiimat. — n. -^7
:>10 ŒUVRES DE FERMAT. - COURESPONDANCE.
premier donné :i ponr exposant nn noinl)i'c pair, en ce cas la puis-
sance + 1 qni a pour exposant la moitié tludit premier exposant sera
mesurée par le noml)re ])remier donné.
6. Toute la diCticulté consiste à trouver les nombres ])remiers qui
ne mesurent aucune puissance + i en une progression donnée : car
cela sert, par exemple, à trouver quels des nombres premiers mesurent
les radicaux des nombres parfaits et à mille autres clioses, comme, par
exemple, d'oii vient que la '^7^ puissance — i en la progression double
est mesurée par 22!). En un mol. il faut déterminei' ([uels nombres pre-
miers sont ceux qui mesurent leur premii're puissance — i en telle
sorte que l'exposant de la dite puissance soit nn nombre impair, ce
«|ue j'estime fort malaisé, en attendant un plus grand éclaircisscmenl
de votre part et qu'il vous plaise d'étendre cet endroit de votre lettre,
où vous dites qu'apri-s avoir trouvé que le diviseur doit être multiple
+ I de l'exposant, il y a aussi des règles pour trouver le quantii-me
des dits multiples + i de l'exposant doit être le diviseur.
7. Voici une mienne proposition ((juc ])eut-ètre vous aurez aussi
trouvée) que j'estime beaucoup, bien (ju'elle ne découvre pas tout r.v
que je cberclic, que sans doute j'acbèverai d'apprendre de vous :
En la progression double, si d'un nombre (juarré, généralement
parlant, vous ôlez 2 ou 8 ou 32 etc., les nombres premiers moindres
de l'unité (|u'un multiple du quaternaire, qui mesureront le reste,
feront l'efTet re([uis.
Comme de 2j, qui est un quarré, ôtez 2; le reste 2'> mesurera la
1 1" puissance — i.
Otez 2 de /jt), le reste 47 mesurera la l'i" puissance — i.
Olez 2 de 220, le reste 223 mesurera la 3^' puissance — 1 ; etc.
En la progression triple, si d'un nombre quarré itl supra vous ùtez
3 ou 27 ou 2'(3 etc., les nombres premiers moindres de l'unité qu'un
multiple du quaternaire, qui mesureront le reste, feront reiïet requis.
(]omme :
Otez 3 de ij, le reste 22 est divisé par 11, qui est premier et
\L1V. - 18 OCTOP.U !•: lO-iO. 211
iiioiiidrc (le l'unih'' furuii mtilliplc du (jualiM'iiairc; aussi it mesure
la ./ puissauco — i.
Ole/. 3 (le i2i; lo resie ii8 est mesuré par ji) mouulre de l'uiiilé
(ju'dii multiple du quateruaire; aussi .">() mesure la 2(f puissauco — i.
l'ji la |»rogressi()u (juadruplc, il faut olcr 4 ou G'i ou lo-^'i, ele. ;i
l'iuliiii eu toutes progressious, eu procédant de même façon.
8. J'ajouterai encore cette petite proposition.
Si d'un (juarré vous otcz 2, le reste ne peut être divisé par aucun
nombre premier (jui surpasse nu quarré de 2.
(lomme prenez pour qnarré 1 oooooo, duquel, été 2, reste ;);)<,) ;);)i^-
Je dis que le dit reste ne peut être divisé ni par 1 1, ni [)ar 8 ), ni par
227 etc.
Vous pouvez é[)rouver la même règle aux (|uarrés impairs et, si je
voulois, je vous la rendrois belle et générale; mais je me contente de
vous l'avoir indiquée seulement.
9- Avant que linir, vi)ici une autre [)roposition, hniuclle vous four-
nira peut-être quelque application, comme vous y êtes très heureux.
Si un nombre est mesuré par un autre et (]iu' le nombre divisé soit
(Micore divisé parmi autre nombre moindre (|ue le [)remier diviseur,
eu ce cas, si vous ùtez du (juotient de la seconde division, multiplié
par la différence des deux diviseurs, le reste de la seconde division, ce
(|ui restera sera mesuré par le premier diviseur ( ' ).
Exemple : 121 est mesuré par 1 1 . Divisez encore 121 par 7 ; b' ([uo-
tient sera 17 et le reste de la division 2.
.Multipliez le quotient 17 par 4, dilTêreuce du premier et du second
diviseur, et du produit (J8 (Mez-eu 2; reste GG qui sera aussi mesuré
par r i, premier diviseur.
10. Que si le second diviseur est plus grand que le premier, en ce
(') ("cst-ù-dire que .si l'on a
(I = tifj = A, y, -H r,
si l'on a i> hi'. b divise 71 (i — &,) — r. Si au contraire b < h^, b divise 71 (/'i — b) -!- r.
212 ŒUVRES DE FEUMAT. - CORRESPONDANCE.
cas, si vous ajoutez au quotient de la seconde division, multiplié par
la dilTérenco des deux diviseurs, le reste de la seconde division, ce
(|ui restera sera mesuré par le premier diviseur.
Kxemple : 1 77 est mesuré par ':). Divisez encore 1 17 par /j ; le quo-
tient sera 29 et le reste de la division i.
Ajoutez au quotient -29, multiplié par la dilTérencc des diviseurs
(qui ne change ici rien, jiarcc que c'est l'unité), le reste de la dite
division, qui est i; la somme 3o sera aussi mesurée par 3, premier
diviseur.
J'ai déjii trop écrit et il me semble qu'il est temps que vous parliez,
aj)rl's avoir cmplové si mal votre temps à lire cette longue lettre, qui
vous confirmera que je suis etc.
XLV.
FERMAT A ÎMERSENNE.
MAHDI 23 «finRMItlIE IGVO.
(A, f"' IL.-I3 iij, Li, f" iç).)
Mon Ri.viT.ENn Pi.r.K,
1- Je languissois dans l'attente de vos lettres et de M. de Frenicle.
Je suis bien aise (ju'il approuve ce<jiu^ j'ai fait ('); et afin qu'il ne soit
l)lus en doute de ce que je lui demande, voici trois questions que je
lui propose, pource que les spéculations que j'y ai faites ne me satis-
font pas pleinement :
1° La raison essentielle pourquoi 3, 5, 17, 257, etc. à l'infini, sont
toujours nombres premiers;
2° Qu'il me donne quelqu'un de ses autres moyens pour trouver
( ') Lu réponse de Frenicle à la LcUrc XLIV esl perdue.
\LV. — 25 DECKMltUI': IGiO. 213
il rintiiii dos nombres premiers de tels noml»res de figures qu'on
voudra.
Sur quoi je voudrois olre éclairci si nue de mes pensées est vraie,
qu'en la progression d'un noml)r(! pair, eomme G, toutes les puissances
-+- 1 de la progression qui ont |)our exposant : 1,2, 4, 8, iG, cte. sont
nombres premiers, si elles ne sont pas mesurées par un de eeux-ci : j,
5, 17, 267, ete.; laquelle proposition, si elle est vraie, est de tri's grand
usage.
Si je puis une fois tenir la raison fondamentale que 3, j, 17, ete.
sont nombres premiers, il me semble que je trouverai de Iri's belles
choses en cette matière, car déjà j'ai trouvé des choses merveilleuses
dont je vous ferai |)arl, après que j'aurai eu votre réponse et celle de
M. Frcnicle.
3° Je lui demande un moyen plus général que celui que j'ai inventé
|)our savoir quels sont les multiples de l'exposant utiles à la division.
Après cela, je travaillerai aux propositions que vous me demandez.
2. Sur le sujet des triangles rectangles ('), voici mes fonde-
ments :
i" Tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple du
quaternaire, est une seule fois la somme de deux quarrés, et une seule
fois l'hypoténuse d'un triangle rectangle.
2° Le môme nombre et son quarré sont chacun une fois la somme
de deux quarrés ;
Son cube et son quarréquarré sont chacun deux fois la somme de
deux quarrés;
Son carrécube et son cubecube sont chacun trois fois la somme de
deux quarrés;
Etc., à l'infini.
3" Ce même nombre étant une fois l'hypoténuse d'un triangle rec-
tangle, son quarré l'est deux fois, son cube trois, son quarréquarré
<juatrc, etc. à l'infini.
(') Comparer, Tome I, \ Oh-icrvation VU sur DlnphaïUc.
•21V
(EU VUES DE FERMAT.- CO U llESl'ONl) A NCE.
V Klaiit donné un nomI)i"(s pour savoir (■onil)i('n do lois il osl l'Iiv-
|»()léniisc d'un triangle rectangle, divisez-le |)ar tous les nombres pre-
miers, ])lns grands de l'unité qu'un multiple du quaternaire, qui le
mesurent. Puis rangez les exposants des puissances dos dits nombres
pi'omiers qui mesurent le nombre donné, en tel ordre ([uo bon vous
semblera, l'un apri's l'autre. Multipliez le premier par le second deux
l'ois, et à cela ajoutez la somme du premier et du second; puis multi-
pliez cette dernière somme doux fois par le troisième, et ajoutez au
produit tant la dite dernière somme que le troisii'ine, etc. ;i l'inlini.
[.a dernière sonune marquera ;i combien do triangles le nombi'o donné
peut servir d'hypoténuse.
Los noinl)i'es premiers qui sont moindres do l'unité (|u"nn multiple
du ([uaternaire, ni 2, non plus que leurs puissances, ne l'ont rien ii la
question, et n'augmentent ni ne diminuent b; nombre des dits trian-
gles rectangles.
Soit, par exemple, un nombre donné mesuré par ;'), par le ([narré de
l'î, par lo cube de 17, et par le cube aussi do 2().
Nous aurons quatre diviseurs dont les oxposanis de leurs puissances,
ijui mesurent lo nombre donné, sont :
.le multiplie le premier par lo second doux fois : viendra ] ; ajonlez-v
lo premier et le second : viendra 7. .le multiplie 7 par lo troisième 3
deux Ibis : viendra /|2, au(juel ajoutant 7 et 3, c'est "i 2. .le multiplie
")2 par lo quatrième (qui est 3) deux fois : viendra 3 12, auquel ajou-
tant ri et 3, viendra 3G7.
.le dis donc ([ue le nombre donné sera rbvi)oténuso de 3G7 triangles
rectangles et non plus.
j" Pour Irouver, par exemple, lo moindre nombre de tous ceux (jui
sont 3()7 fois seulement l'hypoténuse d'un triangle rectangle, je double
lo nombre donné et au dit double j'ajoute l'unité : viendra 735, du-
(juel je prends tous les diviseurs séparément. Quoiqu'un nondiro me-
sure et par soi cl par ses puissances, j'entends tous les diviseurs qui
\LV
•2:i DECKMIîRE IGiO.
■2lo
sont iioml)r('s premiers; le dit nombre se trouve donc divisé aux diles
conditions par 3, ."i, 7, 7. .l'ùto do chacun des dits diviseurs l'unilé e(
prends lu nioilié du reste : viendra i, 1, 3, 3.
Il i'aut donc prendre ([uatre nombres premiers plus grands do l'unité
(lu'un multi[)le du quaternaire, et [irendre leurs puissances exposées
|)arles.di(s quatre nombres. 1mi ([uoi faisant, vous satisferez à la question
généralement eu mulli[iliaut les dites (jualre puissances entre elles.
Que si vous voulez le moindre nombre satisfaisant à la ([uestion, il
faudi'a |)rendre les quatre plus petits nombres premiers de la (jualité
requise, (|ui sont : ">, i3, 17, 29, et pour leurs puissances, il faut (|ue
celle du plus petit ait le [dus grand ex[)osant, et ainsi des autres. Nous
prendrons donc le cube de ">, le cube de i3, le quarré de 17, et 29, et
multipliant tous les uns par les autres, nous aurons le moindre nombre
d(^ tous ceux (|ui servent d'hypoténuse à 3()7 triangles rectangles et
non plus.
3. 11 s'ensuit de là que si le double du nombre donné, plus i, est
nombre premier, en ce cas le nombre cherché ne peut être divisé (|ue
par un seul nombre premier [)lus grand de l'unité (ju'un multiple du
(|uaternaire.
Comme si vous demandez un nomltre (jui serve d'hypoténuse ii
20 triangles rectangles et non plus, pource que /jt est nombre pre-
mier, il faut prendre la 20'' puissance d'un nombre premier de la ([iia-
lilé requise.
Vous trouverez, par consé(juence aisée, un nombre qui ait autant di'
diviseurs dilférents que vous voudrez et ([ui puisse satisfaire à la ques-
tion, lors({n'elle est possible. J'entends des diviseurs de la (jualité
re([nisc, car vous y en pouvez mettre, (M)mme nous avons dit, autant
(|ui' vous voudrez de ceux qui sont moindres de l'unité qu'un multi[ile
de '|, ou bien 2 et telle de ses puissances que vous voudrez.
•le vous écris ceci si fort à la hâte (jue je ne prends pas garde si je
fais des fautes, et omets beaucoup de choses dont je vous dirai le
menu une autre fois.
21G ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
4. Pour la question des ellipses ('), elle se déduii'a fort aisément de
ce que vous venez de voir, car la queslion va lii à trouver an nombre
f/ui serve d'hypoténuse à 12 triangles et non plus, de telle qualité que la
dite hypoténuse ait plus grande proportion au plus grand des deux autres
eôtés que le dit plus grand au moindre : e'est-:i-dire que cliacun des dits
triangles soit comme, par exemple, 2;), 21, 20. Ce qui est aisé, et
ayant trouvé le dit nombre, son quarré sera le demi-diamè(r(> des
ellipses.
Il le faut ([uarrer, alin que la perpendiculaire sur le foyer soit un
nombre entier. J'en dis assez pour me Aure entendre à M. Frcnicle.
5. J'ajoute encore qu'une toute pareille règle à la précédente des
hypoténuses sert à celte question :
Etant donné un nombre, déterminer eombien de fois il est la différence
de deux nombres desquels le produit est un lunnbre quarré.
Et n'y a que cette différence, qu'en cette question tous les nombres
premiers hormis 2 sont utiles, ce qui n'est pas en la précédente des
hvpoténuses.
(lonime, si un nombre est mesuré par 3 et par le quarré de ">, les
e\|»()sants étant i et 2, multipliez le premier par le second deux fois,
il (juoi ajoutant leur somme, viendra 7. Vous pouvez donc assurer que
7 ) est 7 fois la différence de deux nombres desquels le produit fait un
(| narré.
l'our avoir le plus petit, vous userez de même voie.
Or, pour trouver tous les triangles et aussi les dits nombres en cette
(') l'oir sur colle queslion, anlérieurcineiil proposée par Frcnicle ii Dcscartes, les Let-
tres de ce dernier, du 20 décembre i638 (éd. Clersclier, II, i)5), du 9 février i63() (II, 97),
du 3o avril 1G39 (lit, Sj)- Frcniclo avait demandé de conslruire sur le môme grand axe
( ?.(z) un nombre délerminc d'ellipses telles que pour chacune la distance des foyers (2c)
lui supérieure au pclil axe (a^j cl qu'on pûl exprimer en nombres entiers le grand axe,
le petit axe, la distance (a — c) d'un foyer au sommet voisin, et l'excès ( )> sur
la distance des foyers, de la distance do l'un d'eux à l'exlrémité de l'ordonnée passant
par l'aulre.
XLV. - 2;j Diici: Miiiti-: ig\o. 217
(|ii('sli()n, la (■li(>s<' osl assfz aiscc, de (|ii()i je vous ('crirai srpart'rncnl,
si vous voulez.
De coite dcriiiiTe ((iioslioii, on peu! (ii-cr riiivoiilioii (i'liy|MTl)oles
au lieu (l'elli[ises, ('!<■.
Dès (]ue M. (le l'Vciiirle m'aura eeiit, je lui doiinei'ai des piojiosi-
lioiis (|ue je ju^c. sans me llaKer, ([u'il eslimeia im'oiii[)aialdeuieul
plus bidies (|ue ((uil ce doiil mous avous eucoïc paile.
Je suis.
Mou névéreiul l'cic,
Voire lii's liuiulde siuvileii
Fr.i;.M\T.
A Tdiiliiiisc, fc '^'i (l(''ci'iiiliio i(V|().
FLRaiAT. — IL
q8
•218 ŒUVRES DE FEUMAT. - COHUESPONDANCE
ANNÉE IGil.
XLVI.
fer:maï a mersenne (').
MAfll)! 2(j MARS Kiil.
(A, f" 34; B, f° 2\ w)
Mon Rkvkuum) Pkue,
1- Les occupations que les procès nous donmMit sur la (èlc iii'onl
ompèché de pouvoir lire à loisir les Traités (-) que vous m'avez l'ail la
faveur de in'envoyer. Je me réserve d'y vaquer avec soin aussitôt apri's
Pâques, et ce sera alors que je vous satisferai et vous marcjuerai avec
liberté mes sentiments.
2. Je suis toujours dans l'attente de la réponse de M. de Frcnicle (■'),
et en tout cas, vous m'obligerez de me renvoyer ma démonstration ( ' )
pource que je n'en ai point gardé de copie. Comme aussi je serai bien
aise qu'il vous plaise m'envoycr ma copie d(> mon Isagof;e ad locos, de
( ' ) I.eUrc iiuMlilc.
(') Mersciinc lïiisail alors notaiiinipiit clixiilcr {/.ellrct fie Dcscarlcs, cil. l^lersolier. Il,
4i, (lu 28 ocLoIm'c i(>40 à Mcrscunc; MS. B, f" 21) v"cl siiiv., lettre iiic-dilc do l'iijos à Mei'-
sennc du 9 mai iG^i), avec l'opuscule de Fermai Doctmmin tnngcittiuin (Tome I, p. 1 J8
et sulv.) : t" uu Traite des cercles qid se font dons l'eau; ■?" un autre piuir le moih'cniriii
jotiriuilicr de la terre; 3" la lettre de Ueaugrand contre Dcsargucs ( O/ùhtcs de Desar-
•^iies, éd. Poudra, II, p. 355 et sinv.).
( 3 ) Ucponsc à la Lettre XLV ?
(') Dcnioiistration perdue.
\I.V1. - -2(1 MAlîS ICil. 2Ji)
son Append'uv ot lie irncntione la/igciilluiu in ciirvis ( '), in'olaiil ciiga^r
envers M. Despagncl de les lui faire voir.
3. h]xciisez riinportunilc à la([iielle je me trouve eugai^é par ma ne-
jj;ligence. ^'oi^•i, eu revauclie (l(> la peiue (jik' je vous «loiiue, une Itelle
|)roposilion tirée de mes Lieux ad siipiTjiciem (-) et ([ui u'esl (|u'une
suite d'une des [)roposili(His du Traité entier :
Soil nue sphère donnée et en icellr dècril un solide rèffidier. Je dis //ne,
SI roits j>re/iez un point à discrétion dcins toute la sitperjieie de la spliére,
et (pie de ce point vous tiriez des lignes à tous les angles du solide régulier,
les (juarrès de toutes ces lignes pris e/ise/nhle seront égaux à un espace
donné.
Couiine, si vous ou désire/ un exemple, soit une s[)lu're donnée et
en icelle décrit un tétraèdre. Je dis que, si vous prenez un point ii dis-
crétion dans toute la surface de la splii-re, et que de ce point vous
tiriez quatre lignes aux quatre angles du tétraèdre, les quarrés de ces
([uatre lignes pris ensemble feront un espace qui sera double du
([uarré du diamètre de la sphère. Vie.
i-a démonstration n'est pas malaisée et se lire facilement de celle
d'une autre proposition que j'envoyai il y a longtemps à M. de Ro-
l)erval(^').
.le suis, mon Révérend Père,
Votre très humble et très alfectionné serviteur,
Fkiimat.
A TuiiliHisc, ce uG mars iGii.
(') /'(wrTomc I, pa;,'cs 91 cl siiiv.; io3 cL siiiv.; i iS et siiiv.; le (Icrnier tilre doil eu
effet designer l'écrit DoctriiKwi taitgciuiwn.
(2; Voir Tome I, pages 1 1 1 et suiv. L'énoncé qui suit est \\\\ cas particulier du tliéoréuie
général : .Si a tjuntcuinque puiictix. page 11 3.
(3) P'^oir Lettre XIX.
2-20 ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESI'ONDANCE.
XLVIl.
FKR.MAT A IMKRSENNR (').
SAMl'DI 13 JLIN IGVI.
(A, f' 1^; B, f» \j y.)
Mon Rr,vr.uF,Nn Piiu;,
1. Je tâche (le contenlor ass(»7, arnplemont la curiosité do M. i\v Trc-
niclc par la Lettre (}ue vous trouverez dans votre paquet {-). il m'a
pourtant demandé la solution d'une (juestion (^) que je diffère de lui
envoyer jusqu'à ce ([ue je serai de retour à Toulouse, me trouvant pré-
sentement à la campagne où j'aurois besoin de heauconp de temps
pour l'cfaire ce que j'ai écrit sur ce sujet et que j'ai laissé dans mon
cabinet.
Voici pourtant un échantillon de cette question générale, ([ue vous
lui pourrez faire voir par avance :
I^ln la progression de 5, tous les nombres |)remiers, qui sont dillé-
renls par l'unité d'un multiple de iii, mesurent seulement les puis-
sances — I. Tels sont : i i, i3, 23, 37, etc.
En la même progression, les nombres premiers, qui sont diirérents
par ) d'un multiple de 12, mesurent les puissances + 1. Tels sont : 5,
17, 19, etc.
En la progression de .'"), tous les nombres premiers, qui finissent par
I on par ç), mesurent seulement des puissances — i. Tels sont : 1 i,
19, etc.
Ceux qui finissent par 3 ou par 7 mesurent des puissances + 1 . T(ds
sont : 7, i3, 17, etc.
Vous aurez une autre fois la règle générale en toute sorte de pro-
gressions.
( ') Lcllre inédite.
(2) Foir Pièce XLVIII ci-après.
(3) f'oir I.cltrcs XLVIII, 12 et XLIX, 12.
XLVIll. — 15 JUIN 1C41. 221
2. .rallciuls aiainteiiant (|iril vous plaise ni'cnvovor la copie de mes
Traités (') que jo vous ai si souvent demandée pour M. Despagnet.
Je suis, mon Révérend Père,
Votre très humble et très aiïectionné serviteur,
Fkkjiat.
(^c i5 juin i(i Ji .
3. Depuis avoir écrit la lettre de .M. Frenicle, j'ai trouvé la dernière
(|ues(ion (|ue je lui lais (^) :
Eta/il donne un nombre, dctcnni/wr combien de fois il peut èlrc la
somme des deux pe/its côtes d'un triangle rectangle.
S'il la veut, je lui en ferai part, et serai cependant bien aise de voir
sa solution.
XLVIII.
FERMAT A FRENICLE (»).
< 15 jLiN IGVI >
(15, f- 26 v-'-aS r.j
1- La proposition fondamentale des triangles rectangles est (jue tout
nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple de '\, est com-
posé de deux quarrés C).
{') roirX.'Mra XLVI, 2.
(2) roir Lellic XLVIII, 11.
(') Celle pièce incdile, rcproduile d'après une copie qui ne porte ni adresse ni dalc, no
doii êlre eoiisidcrcc que comme un extrait d'une Lettre de Fermai. (Jette Lettre était évi-
dcmnient adressée à Frenicle, dont nous avons la réponse (ci-après XLl.X.), datée du
2 août 1041. Le post-scriptiun de la Lettre XLVII ci-avant, adressée à Mersennc le i5 juin
iG.'ii, prouve d'ailleurs que le présent extrait a luen été fait sur la Lettre pour F'reniclc,
mise par F'ermal dans le paquet envoyé à cette date au Minime. L'auteur de l'extrait n'a
copié que ce qui lui a paru avoir un i[itérét nialliématiqne et a négligé toutes les transi-
tions d'une question à l'autre.
(*) rnir Lettre XLV. 2.
■2-21 (EUVUES DE FKUMAT. - COH UESPOND ANCE.
2. La mélliodc pour trouver les Iriangles composés en conséquence
(les pi-iniilifs est dans les l.ivi'es {'), ou s'en jieul tirer aisément :
Soit le nom!)re donné (ij, le((uel je trouve être l'iiypoténuse de
(|uatre Iriangles, par la régie déjà envoyée (-). Les nombres premiers
de la (|nalilé re(|uise qui lo composent sont "i et i'>. Le lriangl(> ( M de
") est f), ^|, 3; celui de 1 3 est i3, 12, "i.
Je multiplie la hase 12 par la base \, vient 'iH; |)uis le petit <'oté "i par
l'autre '3, vient ij; et dercclicf 12 par 3, en croix, vient 3G; puis \
])ar j, vient :^o.
La somme des deux premiers produits et ladillérence des deux se-
conds l'ont les deux petits cotés d'un des triangles cherchés, qui sera
par conséquent : ()">, G3, id.
Kl dereidief la somme des deux derniers produits et la diiïérenci'
des deux premiers sont les deux petits côtés d'un autre des triangles
cherchés, qui sera partant : 0 "i, 5(), 33.
(Que si, au lieu de i3, i:^, .■), vous aviez pris le même 3, 4. n i'h
l'aisanl la même opération, vous n'eussiez trouvé qu'un seul triangle
(|ui est, en mon précédent cxcmjde : 2,'), i\, 7.)
Les deux autres triangles sont semblables aux deux premiers et se
Ibnl, l'un en multipliant les côtés du premier par l'hypoténuse du
second, et l'autre en multijjliant les côtés du second par l'hypoténuse
du premier; ils sont donc : Gj, .^2, 3(); G;"), Go, 2:").
3. Cette méthode est générale, de sorte que toute la difliculté con-
siste à trouver les triangles primitifs, lorsque le nombre premier (|ui
leur sert d'hypoténuse est donné, et cette question se réduit à la sui-
vante déjà proposée (') :
lùant donné un nomhre premier qui surpasse de l'unité un multiple
de 1, trouver les deux quarrés qui composent le dit nombre.
(') Fermai va simplemeiU eu cfTcl exposer la méthode de Dioplianlc, III, 22, pour con-
struire quatre triangles ayant une môme hypoténuse.
(2) Dans la Lettre XLV, 2, 4°-
(3) Le triangle ijui a J pour hypoténuse.
{') Probablement dans un passage non conservé de la présente Lettre.
\L\ III. - 15 JUIN IGil. 223
Car si l'on n'a ces deux quarrés, on ne sauroit trouver le triangle
priniilif. Mais ce problème, de trouver ces deux quarrés, est aussi mal-
aisé que de tâtonner, et l'ordre de la proposition précédente est gran-
dement didicile.
4. Soit un nombre impair donné, comme i5, les couples des nom-
bres sous lesquels il est produit sont i , t ,^ et 3, 5. Chacun de ces deux
couples le fait être un des petits cotés d'un triangle rectangle, car le
premier couple (') produit le triangle : 1 13, 1 12, i5; et le second
couple produit le triangle : 17, iT), 8 (j'entends des triangles non com-
posés).
Au premier de ces triangles, 10 est le plus petit coté, au second, le
moyen . On demande quelle est la proportion des deux côtés qui produisent
un nombre impair, au-dessus de laquelle le dit nombre impair soit le petit
côté, et au-dessous le jnoyen .
Je réponds qu'il est impossible de le déterminer exactement en
nombres entiers, parce que l'équation d'algèbre produit des nombres
irrationaux, quoiqu'on en puisse approcher ii l'infini de plus en plus
par nombres entiers.
Par exemple : si les deux côtés qui produisent l'impair sont entre
eux en proportion moindre que de i'\i[\ii'i à loooooo ou égale, le
nombre impair fera le moyen côté; que si les deux côtés qui produisent
l'impair sont en proportion plus grande que de i\if\ii^ à loooooo
ou égale, le nombre impair fera le petit côté.
On peut approcher ces deux proportions à l'infini, mais non en
termes précis; elle sera (-) en termes irrationaux, savoir de i à i -1- Rq.
de 2.
5. il y a des triangles qui se peuvent diviser en deux, et subdiviser
( ' ) En thèse générale, suivant le langaiic do Diopliante, nn triangle rectangle en noml)ix'
", II, c, est dit formé des deux nombres p cl <[, si l'on a
a = p--hq-, 1/ = p- — fj^, c = 2pf/,
relations qui entraînent l'égalité a- = Ii--t-c-. Mais ici. comme Format vent des nombres
premiers entre eux et que a, h, c seraient pairs, il prend leurs moitiés.
(-) Format renverse la proportion (ju'il a indiquée plus haut.
±lk (EU VUES DE FERMAT.- COHURSPONDANCE.
ni qiialrc, si'izc et ainsi (ant que l'on vcul, toiiles los lignos des divi-
sions demeurant commensurahles en nombres entiers (').
Si l'on entend que l'aire du triangle est double, comme C(dle de 17,
1"), <S, (jui est double de l'aire de i':>, 12. "i, cela est aisé et se peut
ainsi énoncer :
Eta/il donnés deux nombres entiers. Iroinrr deux triangles, dcsqiie/s
les aires soient en proportion de deux nombres donnés.
Il y a quatre ri'gles pour soudrc cette question en ce sens (-).
6. Il V a des triangles dont les moindres cotés ne dilTèrent jamais
que de l'unité, comme 3, /|, :"); 20, 21, 2(), les(|uels se forment sur
un des termes par règle infaillible à l'infini, ("ar il ne faut qu'ajoutei-
le double de l'hvpoténuse à la somme des deux autres côtés, et le
tout, ajouté au moindre coté, fait le côté moindre du triangle re(juis.
Ajoutez-y l'unité, vous aurez le moyen.
Exemple : le double de 29 est .58; ajoutez-y la somme des deux petits
côtés, savoir /(i, vient 99, auquel ajoutez 20, qui est le petit côté;
vient I H), auquel ajoutez l'unité, vous aurez 1 19 et 120 pour les deux
moindres côtés du triangle requis, qui sera : 119, 120, iCm).
L'bypoténuse s(^ fait du triple de l'iiypoténuse et du double de la
somme des deux autres côtés. Le triple de l'bypoténuse est Hy, le
double de la somme des autres côtés 82, lcqu(d, avec 87, fait 169, qui
est l'bypoténuse requise.
Nous avons donc tiré du triangle : 20, 2t, 29, celui-ci : 119, 120,
1G9; de celui-ci, nous en tirerons un autre i> l'infini.
Même métbode pour trouver un triangle, la diiïérence des moindres
côtés duquel soit un nombre donné. J'omets les règles et les limita-
tions pour trouver tous les possibles de la qualité requise, car la règle
est aisée, en supposant les fondements.
7. 11 y a des triangles auxquels le moindre côté est toujours diffé-
rent d'un quarré de cbacun des deux autres, comme 20, 21, 29.
( ' ) roir LcUrc XLIX, 4.
(2) f'oir rOb.servation XXIX sur Dioplianlo et ci-après, 10, la première de ces règles.
XLVIII. ~ lo JUIN 1641. 2-2.")
Trouvez, par la précédente, un triangle non composé, les cotés
nioiiifires duquel diderent par un (juarré, comme 20, 21, 29 ou tel
autre.
S'il a les qualités requises, il en laut tirer deux de celui-ci par la
méthode précédente, et le second qui viendra satisfera à la propo-
sition.
Va s'il n'a pas les conditions requises, le premier qui s'en tirera,
]iar la précédente, satisfera à la proposition.
Comme : 3, 4, j ne satisfait qu'à la précédente et non à celle-ci. Le
premier qui s'en tirera y satisfera, à savoir : 29, 21 , 20, et si de cettui-
ci vous en tirez un, viendra 119, 120, rGf), qui ne satisfait pas à cette
question; mais celui qui s'en tirera, à savoir : 98:"), G97, ()()G, et ainsi
à l'infini, alternativement, y satisfera.
8. 11 y eu a d'autres qui pris par couples ont leurs dilTérences rela-
tives (') comme 1 1, Go, Gi et 1 19, 120, 1G9.
Pour les former, il faut trouver trois quarrés en proportion arithmé.
lifjue, qui sont par exemple : i, 2^, /JO- Formez l'un des triangles de
la somme des côtés des premier et deuxième quarrés et du coté du
second, et formez l'autre triangle de la somme des deux côtés du
second et du troisième, et du côté du deuxième, vous aurez les deux
triangles requis.
Autre exemple (-) : Soient exposés les trois quarrés en proportion
arithmétique 49. >(J9. 289.
Les deux triangles se formeront de 20 et 7 et de 3o et 7, et seront
4/19, 35 1, 280; 1)49. ^^'' i^o-
9. Trouver un nombre qui soit autant de fois qu'on voudra polygone
et non plus (^).
(') C'esl-à-dirfi deux triangles reelangles en nombres (<7. />, r ) («11 '-'it C| ), lois que
l'on ail a — 6 = /y, — r, el /' — c = ai — /i^.
(-) Fermât commet dans cei exemple une erreur de plume. Car, d'après sa règle, ayant
les carrés 7-, l'i^, 172, il devait former les triangles, l'un de 7 -h i'3 = 20 et de i3, l'autre
de i3 -t- 17 = 3o cl do i3: il aurait ainsi trouvé les triangles 5^9, ''no, l'ii cl loGy, 780,
731, satisfaisant au problème propose, foir ci-après, XLIX, 6.
(') Question proposée par Fermai à Frenicle. /"o/r Lettre XLIX, 7.
Fermât. — U. 29
•2-2G ŒUVRES DE FERMAT. - COIIRESPON 1) ANGE.
10. Trouver deux triangles dont les aires soient en proportion
donnée (' ).
Voici la règle la plus élégante :
Soient les deux n(unbres qui expriment la proportion donnée, a et h.
I.es deux triangles se forment : le premier, de a bis + h et de a — h;
le second, de h bis -t- a et de a — h.
Vous aurez donc deux triangles qui seront par leurs aires en pro-
portion donnée, (^ar, si vous les demandez de 5 à 3, les deux triangles
se formeront, le premier de i3 et 2, le second de 1 1 et 2, et les deux
triangles seront : i~'\, iG5, 52 | i2j, 117, /j/|.
H. Etant donné un nombre, trouver combien de fois il peut être la
somme des deux petits cotés d'un triangle rectangle {'' ).
12. Règle pour déterminer les nombres premiers qui, eu foute pro-
gression, mesurent les puissances — i seulement, ou + i aussi (^).
XLIX.
FRENICLiî A FERMAT {').
VENDItFDI 2 A01:T IGVI.
(r„, p. i(;i-ir,s.)
Monsieur,
1. J'étois dans l'impatience de savoir votre retour à Toulouse, pour
me donner l'iiouneur et le contentement de continuer nos conférences,
lorsque le Révérend Père Mersenne m'en a donné avis; j'espère qu'elles
dureront plus longtemps que je ne pensois, parce qu'il est survenu
quelque cbose qui m'arrête ici.
( ') loir plus luml, 5.
(2) Qucslioii proposée pai' l'ermat à P'rcnicle. rwVLcUreXLVlI, 3, cl XIJ.K, 9.
1') Question proposée par Frcuiclc à Fermât, /'o/r Loltrc XLVII, 1, et XI-IX, 12.
(,') Hépoiise à la Lettre précédente, XLVIII.
\IA\. — 2 AOLlï \6!v\. 2-27
2. J'.ii millo remcrcicmcnls à vous faire do la lirnilation des côlés
([110 vous m'avoz envoyée ('), laquelle vérilablement je prise f'or(. J'a-
vois hien reconnu que la proportion étoit irrationelle et pour cola jo
ni't'lois contenté des raisons do lo à 2/1 et à 2"), mais vous l'entendez ici
il l'infini. J'avois cru, par la lecture de votre précédente (-), par
laquelle vous mandiez qu'il étoit aisé de la trouver, que vous préten-
dissiez de donner une raison ralionclle pour celte limitation; c'est ce
qui m'avoil l'ait dire que peul-èlro ne la trouveriez-vous pas si lacilo,
])arcc que jo la savoi,8 être impossible.
Jo sais que l'Algèbre do ce pays-ci n'est pas propre pour soudro ces
questions, ou pour le moins on n'a pas encore ici trouvé la manii'ro de
l'y appliquer : c'est ce qui me fait croire que vous vous êtes fabriqué
depuis i)eu quelque espèce d'Analyse particulière pour fouiller dans les
secrets les })lus cachés des nombres, ou que vous avez trouvé quelque
adresse pour vous servir à cet elfot do colle que vous aviez accoutumé
d'employer à d'autres usages.
Si la démonstration de cette limitation étoit courte, vous m'oblige-
riez beaucoup de me l'envoyer : car, si elle est trop longue, je ne vou-
drois |ias (juo vous vous détournassiez do vos études à cette occasion.
(lotte mémo raison, de i à 1 + v/2, se peut aussi appliquer ii la [)ro-
|)or(i(in dos cotés des quarrés qui composent l'hypoténuse, mais on un
sons contraire à C(dui dos parties plus prochaines du coté impair,
comme aussi elle se peut appliquer aux nombres qui composent la
moitié des côtés pairs, au moine sens qu'aux parties des impairs.
3. Je viens maiiilonant à ce qui regarde les triangles.
Lesiiiélhodes (■') que vous donnez, tantpourtrouver les quarrés ([ue
les côtés des triangles qui appartiennent aux hypoténuses composées,
sont véritablement fort belles, et vous avez la méthode de si bien dis-
poser vos règles, que cela leur donne une certaine grâce qui les fait
encore agréer davantage, mais elles ne suivent pas mon intention, car
(') nùrXLWn, 4.
( -) IxUrc iicrdiic.
(3) ^o(/-XI.VIII, 2.
2-28 ŒUVRES DE F EUM AT. — COR RESPOND ANGE.
je n'ai point entondn qu'on se servit des quarrés ni des triangles des
parties des hypoténuses composées, mais seulement des dites parties.
Par exemple, je demand(^ une manière de trouver que G) est com-
posé des quarrés 64, I et 49. iG, supposant seulemiMil qu'il a 5 et ilî
pdur les parties premières, sans employer à cet elTet les quarrés 4 et i .
ni les cotés 3 et 4. non plus que C(HI\ qui appartiennent ii i3.
4. Des quatre propriétés des triangles que je vous avois proposées,
vous avez fort bien trouvé la deuxième ('); pour les trois autres, vous
n'avez pas suivi mon intention. Partant, il faurque je m'éelaircisse
plus que je n'avois t'ait.
La première est facile (-) : Que le triangle rectangle soit AMV.
(Jig. 78); il le faut diviser en deux triangles ABD, ADC avec la per-
Fie. 78.
pendiiMiIaire AD; et derechef le triangle ADC en deux triangles EDC,
IvD.\ par la perpendirulairc DE et l'autre pareillement ABD en deux,
savoir ADF, BDF, par la perpendiculaire DF; et derechef les triangles
UDF, ADF, ADE, DEC par les autres perpendiculaires FO, FI, EL, EX;
et continuer ainsi tant qu'on voudra et faire que foutes les lignes et
sections d'icelles, comme AL, LI, ID, BO, OD, DN, NC, soient nombres
entiers.
5. Vous donnez par après (') les triangles dont le moindre côté est
différent d'un quarré de chacun des deux autres : je sais bien que la
(>) LeUre XI.VIII, 6.
(>) LeUreXLVIlI, 5.
(») Leilre XLVIII, 7.
\\A\. — 2 AOUT IGil. 229
moitié (le ceux qui ont i pour diHérencc do leurs petits cotés oui
aussi cette propriété, savoir ceux (jui commencent par un nombre
pair ('), mais je n'altcndois pas (juc vous dussiez vous servir de
ceux-lii, espérant que vous donneriez le moyen de les trouver t(»u>:
et, atiu d'exclure les susdits, on pourroit ainsi proposer le problènu- :
Donner toux les triangles qui ont un quarré pour différence de leur petit
côté à chacun des dciLV autres côtés, en sorte que l'une des différences ne
puisse pas mesurer l'autre.
6. Pour l'autre propriété des triangles (-), qui est d'avoir un auln-
triangle relalif en dillercuces, en sorte que la dilTérence des deux
grands cotés du premier soit celle des deux petits cotés du second,
et la différence des deux petits côtés du premier soit celle des den\
arrands côtés du second, comme on voit aux triani^les :
' 19
(9
1 1 Go
Gi
"9
'69,
VOUS n'avez pas considéré altentiveaient cette pro[)osition , car li
triangles que vous donnez :
449
98
i8o
949
98 43 1
8 J I 4>0,
n'ont pas cette propriété, mais en ont une autre, qui est que les grand>
côtés de chacun ont pareille différence, savoir 9.S, et en outre que Ic^
deux hypoténuses ont pareille différence que les deux grands côtés.
-Mais ce n'est pas ce que je demande, car aux triangles
1 1 Go
Gi
19
cl
"9
'<J9r
vous voyez que 120 et iGf) n'ont pas même différence que Go et ()i , ni
G[ et 1G9 même dllFérence que Go et 120. Il faudroit donc, pour satis-
faire à la question, qu'en vos triangles il y eût môme différence de .'( 'i<)
à 3ji que de 8")i à 120, et de 3 u à 280 que de 919 ii 8Ï1 .
( ' ) C'est-à-dire dont le plus petit côté est pair.
(2) Lettre XLVlll. 8. f'oir les notes.
2:50 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
7- Vous mo proposez par aprcs (') de trouver un nombre qui soil
polygone autant de foh qu'on rouclra et non plus.
.le vous (lirai qu'il y a quelques anuées que je m'étois mis à la
rcelierehe de cela, mais à peiuc cus-je commcucé. que je m'avisai
(|ue les fii,nires qui sout maintenaut en usage sont si extravagantes,
lorsqu'on les veut mettre en pratique, j'entends quand on les veut
représenter avec des jetons ou des points, qu'on les nommeroit plus à
propos chimères ou grotesques que figures, lesquelles, si elles ne sont
entièrement régulières, au moins doivent-elles en approcher le plus
(|ue faire se peut.
Cela l'ut cause que je quittai ce que j'avois commencé pour me
mettre à réformer ces figures, et Dieu m'a fait la grâce d'y réussir en
([uelque façon, car j'ai trouvé une manière de faire des ligures régu-
lières en nombres d'une infinité de sortes, et d'autres aussi qui n'ont
point iViin^\^is ingrcdiens, de tant de côtés qu'on voudra. J'ai ensuite
considéré quelques-unes de leurs propriétés et ce qui dépend d'icelles,
de sorte que je ne me suis pas beaucoup arrêté aux figures communes,
que je nommerois plutôt progressions de triangles que figures, à cause
de l'assemblage des triangles par lequel elles sont formées. Je crois
bien que ce n'est pas de ces nouvelles figures dont vous voulez parler,
car possible ne vous en étes-vous pas encore avisé; mais pour les com-
munes, on peut considérer votre question en deux manières :
8. La première, si le nombre demandé est plusieurs fois polygone,
de telle sorte qu'il enveloppe tous les polygones inférieurs, c'est-
ii-dire que, si ce nombre est, par exemple, heptagone, il doive aussi
être hexagone, pentagone, quarré et triangle. Et ainsi, pour avoir
un nombre qui fût sept t"ois polygone, il en faudroit donner un qui fût
figure de <), 8, 7, G, 5, \ et 3 côtés; ce qui seroità la vérité fortdillicile,
et il faudroit un nombre fort grand pour y satisfaire, car les nombres
(') fuir LcUre XLVllI, 9. CoUe question dérive de celle qui termine le Livre Des
nnml)rcs polygones de Diophaiite. I-'crmal ne parait pas être jamais arrivé à une solution
qui l'ait satisfait.
XLIX. - 2 AOUT IG'tl. 231
qui sont seulement triangles, quarrés et pentagones deviennent incon-
tinent fort grands, et c'est à cela que j'avois commencé à travailler.
jj'autrc considération est qu'un nombre soit polygone en plusieurs
façons, sans se soucier si les polygones sont de suite ou non. Je n'ai
pas encore recherché cela; si vous l'avez trouvé, vous m'obligerez ilc
me le communiquer.
9. L'autre (|uestion que vous me laites (') contient deux problt-mes :
L'un de choisir un nombre qui soit la somme des deux pelils côtés de
tant de triangles qu'on voudra et non plus;
L'autre est de déterminer à comhie.i de triangles un nombre donné est
la somme des deux petits côtés.
Pour soudre ces problèmes, il faut considérer que tout nombre pre-
mier, différent de l'unité d'un nombre divisible par 8, est la somme
des deux petits côtés d'un triangle, et tout nombre qui est la somme des
lieux petits côtés d'un triangle auquel les côtés sont premiers entre eux,
diffère de l'unité d'un nombre divisible par 8.
Sur ces fondements, il faut faire la même chose avec ces nombres
qu'on feroit sur les nombres premiers pairement pairs -t-i, pour
trouver ce qui est requis par les problèmes, si on demandoit des
hypoténuses au lieu de la somme des deux petits côtés. Il seroit
superflu de déduire cela plus au long : intelligenti loquor.
10. Si votre méthode est autre que celle-là, vous m'obligerez de
me la communiquer, et aussi de quelle façon se pourroit trouver le
triangle, ayant seulement la somme de ses petits côtés sans avoir les
quarrés et doubles quarrés dont elle est la différence. Car ces sommes
ont cette propriété d'être toujours deux fois la dillérence d'un quarré
et d'un double quarré; et, si cette somme est un nombre composé
d'autres de même nature, comme ii() composé de 17 et 7, il sera
({uatre fois la différence d'un quarré et d'un double quarré.
Il faudroit aussi trouver la même chose pour l'enceinte entière des
triangles que pour la somme des deux petits côtés.
(') f'oir LcUic XLVIll, 11.
■m ŒUVKES DE FEUMAT. — CORRESPONDANCE.
H. Sur le sujet des triangles, voici ce que je vous proposerai
encore :
[hie hypoténuse composée étant donnée avec les quarrés premiers entre
cii.r (pii la composent par leur addition , trouver ses parties.
(Jue 22 1 soit l'hypoténuse donnée avec les quarrés qui la composent,
savoir : loo, 121 et 19G, 2^, il faut trouver par le moyen d'iceux (|ue
22] a i3 et 17 pour parties.
12. .l'attends de vous la manière (') de trouver les nombres pre-
miers qui ne mesurent que les puissances — i en toute analogie, et
[irincipalement en celle de 2.
.le suis etc.
L.
FRENICLI^. .V FERMAT {-).
VE^DRED1 G SEI'TEMIIllE Ki'll.
(la, p. ir.y-|-;:j.)
MONSIFAIR,
1. Votre règle (■') pour trouver les triangles pareils ti i i, (Jo, Oi et
I i(), 120, iG(), est fort bonne; je m'étois seulement arrêté à l'exemple,
sans la considérer autrement.
2. .Mais celle que vous mettez ensuite, pour les triangles dont le
moindre coté dillere d'un qiiarré des deux autres ('), sert ii la vérité
pour trouver quelques-uns de ces triangles, mais non |)as pour les
trouver tous, ainsi que vous prétendez : car, prenant tous les nombres
qui sont en proportion comme le (juarré 4- i de quelque nombre an
I') AWrLcltre XLVII, 1.
(^) Kôponsc à unu Lollro pi-rdm", par lacjucllo l'Y'niiat avait rùpliiiuc ;'i la précOdeiilc,
XLIX.
( •■>) Voir Lclires XIA'Ill. 8 cl XLIX, 6.
(■•) Cp. LcUre XLIX, 5.
L. - G SEPTEMBRE IC'^1. 233
double — 2 du mônu' nombre, on ne Irouvera pas les triangles (|ni se
font par 29 et 12 ou par Go et 2f)3, et une infinité d'autres; mais on
les trouvera tous par la règle (jue vous mettez en l'écrit particulier (')
que vous avez envoyé, qui se fait mettant pour un des nombres consti-
tutifs du triangle un nombre composé de deux quarrés premiers entre
eux et de divers ordres.
Et cette dernii're méthode sert ii trouver tous les primitifs dont les
côtés des quarrés (-) sont comme d'un nombre impair à un autre
nombre. Par exemple, on trouvera par iceile qu'il y a deux triangles
oïl les cotés des quarrés sont comme de G5 ;i un autre nombre, et dont
le moindre côté est différent d'nn quarré des deux autres : savoir les
deux qui sont laits de Gj et il et de G5 et n\ et les autres qui sont en
même proportion.
Mais si on vouloit tous les triangles primitifs dont les racines des
quarrés sont comme d'un nombre pair à un impair, comme par
exemple de Go à cjuelque autre nombre, on n'y pourroit pas satisfaire
par cette seconde règle, sinon après un long tâtonnement ('), et la
première règle ne donne que la raison de Go à 18G1 ; mais il y a encore
trois autres proportions, outre cellc-lii, qui ont toutes Go pour un de
leurs termes.
.l'ai deux règles différentes dont chacune donne tous les triangles
( ') licril |)er(Jii. — La première règle de Fermai consiste à prendre pour les nombres
servant à former le triangle rectangle {voir page 2-^.3, note 1)
p = r-^ l, q = ir — 1.
La seconde règle à prendre, r et *■ étant premiers entre eux,
/< = r^ -4- .f 2 , q =: Oiir — ,f ) .v.
(^) Freniclc appelle ici aUcs ou racines des quarre's les nombres servant à former le
triangle rectangle, désignés par/; et q dans la note prcccdenlc.
C) Si l'on pose
/■2-+-I
P = —^ et ,; = /• — 1 ,
et que l'on fasse 7 = 60, on aura
/• = G I , y) = 1 80 r .
Les trois autres proportions sont
Oo, 29'i ; Go, aGg; Go, t'jj.
l'tnsiAT. — n. .3o
234 ŒUVHES DE FEHMAT. - COUUESPON D ANCE.
susdits, avec celte ilifTércncc que l'une regarde la proportion qui coni-
iiieiice par un pair et l'autre celle qui couiinence par un impair.
Va celle-ci n'est pas beaucoup din'érente de votre dernière ('), car,
ayant pris un triangle primitif, je me sers de son livpolénusc pour le
premier ternie, et pour l'autre, j'ote d'un des cotés du triangle la dif-
rci'eiice de l'autre côté à l'hypoténuse.
Kxemple : Que 20, 21, 29 soit le triangle, 29 le premier terme; pour
l'autre, j'ôte de 20 la dillérencc de 2t à 29, ou de 21 la diirércnce de 20
il 2(), e( restera 12. On aura donc 2() et 12 dont les quarrés compose-
ront le triangle cherché.
3. Vdlrc première règle (- ) pour trouver (rois quarrés en proportidu
arithmétique a le même défaut ([ue la précédente, car on ne les peut
|)as trouver tous par icidle. Par exem[)le, on ne trouvera pas les quar-
l'és de I, 2(), 1 1 , ou de 17, 53, -l'.i. .Mais, par la proposition que vous
mettez en l'écrit particulier, on les peut tous comprendre.
Vous [louviez aussi donner aisément par la première règle le troi-
sième <|uarré, sans obliger ;i prendre la diiïérencc des deux (juarrés
trouvés. (jOmme : en l'exemple que vous apportez, le q narré — 2 de "i
est 2'5; le quarré suivant +1 est 37 : si on veut avoir le troisii-me
nombre, il faut ajouter à 37 le double de ), et on aura /17.
Si on prenoit 4. son quarré — 2 est iZi ; le quarré suivant -i-i est 2(j,
au(|uel ajoutant 8, double de 4. <>'i aura 3'|. Les trois nombres, étant
réduits, sont 7, i3, 17.
La méthode dont je me sers pour trouver ces trois quarrés propor-
tionaux, est tout autre que celle-là (^), et voici comme on procède
pour les avoir tous :
( ' ) CeUe règle de l'ronicle revient en etîet à la seconde de Fermai.
(') Cf. LeUre XLVIil, 8. — La règle générale de Fermât, parait avoir consisté de fuit à
prendre pour les racines des trois carrés les noml)res r- — a.f-, /■- h- 2 r.f -1- 2 v^,
/■- t- irs -h 2.f2. La première règle revenait à su|)poser .f = i .
(•■') Cette règle de Frenicle, revenant à prendre ponr les racines des trois carrés en pro-
gression arithmétique les nombres /:>'— ■>.j>rj — (f-, />-+ 7-, p"- + 2/1(7 — tj^, concorde en
réalité avec la règle générale de Fermât (ixiir note précédente), si l'on a /> = /• + v cl
7 = ■■<■
L. - (i SEPTKMnni': ici. 235
l/liypotiMiuso (lo (oui triangle primilif sera le côté du movcii qiiarrr;
la (lid'érciu'c dos deux côtés du triangle sera le moindre (•ôfé, et leur
somme sera le plus grand.
Exemple : Que le triangle soit u8, 4 n -J>^- Le moyen côté sera l'iiv-
pofénusc, 53; la dilTérence de 28 à 4,'), qui est 17, sera le moindre, et
leur somme, 73, sera le plus grand. On aura donc 17, 53, 73 pour les
racines des quarrés clierchés.
Va si l'on prend tous les triangles, commençant par le premier: i,
'l, "), on aura fous les dits quarrés.
4. Apri's cette règle générale, j'en ai considéré deux parliciilii-res.
dont l'une est celle que vous proposez en l'écrit particulier, savoir que,
1(! moindre des trois quarrés demeurant toujours le même, on ait les
deux autres en une infinité de façons, et ii laquelle vous croyez que je
n'ai pas pris garde, quoiqu'il y ait déjii longtemps que je l'ai trouvée,
lorsque je travaillois aux triangles rectangles :
Car tout nombre et chacun d'iceux est la diiïérence des deux moin-
dres côtés d'une infinité de triangles;
Et tout nombre premier, dilTérentde l'unité d'un multiple de 8, ou
composé desdils nombres premiers seulement, est la diirércnce des
moindres côtés d'une infinité de triangles rectangles primitifs.
l'^l, y ayant des voies certaines pour trouver tous les triangles qui
ont une même dilTérence on leurs moindres côtés, on aura aisément
tous les quarrés susdits.
Sur quoi il faut remarquer que, si le nombre proposé, qui doit être
la racine du moindre quarré des trois et qui doit être la dillerencc des
deux petits côtés du triangle, n'est divisible que par un seul nombre
premier diiïérent de i d'un octonaire, comme sont 7, 49. 343; 17,
289, etc., le nombre sera la difierence des petits côtés de deux trian-
gles qu'on peut nommer surprimài/s, pourcc qu'ils sont primitifs des
primitifs, car d'iceux dépend l'infinité des autres triangles, et ces deux
triangles sont toujours les moindres dont l'un commence par un pair
et l'autre par un impair, et d'iceux se forme l'infinité des autres.
23G ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
Voici la manière dont je me sers : si je veux, par exemple, avoir
Ions les triangles (jui ont 7 de différence entre leurs moindres côtés,
je cherche les deux premiers triangles qui ont cette différence, et
trouve "), 12, i3 et 8, i j, 17. ,1e prends les racines des quarrés de
chaque triangle, savoir 3, 2 et 4. i. ot mets chaque couple en tête
d'une colonne. J'ai donc pour le premier : 3, 2. Pour avoir le triangle
suivant, je prends la plus grande racine du premier pour la moindre
du second, savoir 3, et pour la plus grande je prends le double de la
plus grande du premier, plus la moindre. Ainsi j'aurai 8, qui est
double de 3, -1- 2. Ce 8 sera la moindre racine du troisième triangle,
et la plus grande du dit troisième sera 19, qui est double de 8, -i-3. On
fera la même chose à l'autre couple 4. '. «"t on poursuivra aussi loin
(|u'on voudra.
3.
2.
Is.
I .
8.
3.
9-
f
•9-
8.
22.
9-
46.
'9-
53.
22 .
Ayant donc tous les triangles qui ont 7 pour différence de leurs
moindres côtés, il sera facile, par ce qui a été dit ci-devant, de trouver
tous les quarrés arithmétiquement proportionaux, dont le moindre
est 49-
Si le susdit moindre quarré étoit divisible par deux nombres pre-
miers de même nature que les susdits, il y auroit quatre souches dont
tous les triangles dépendroient.
S'il étoit divisible par trois nombres premiers, il y en auroit huit,
qui ne dépendroient point l'un de l'autre.
Etc.
Ainsi iGi, composé de 7 et 23, est la différence des petits côtés des
triangles surprimilifs :
19. 180. 181. I 60. 221. 229 I 279. 44o. '^2
et 4oo. 56 I. 68g,
et de chacun d'iceux on peut faire une infinité de triangles primitifs
qui auront le même iGi pour différence, et partant, le quarré de i(Ji
L. - G SEI'TEMimE 1G4I. 237
sera le moiiulrc qiiarré dos trois proportioiiaux en une infinité de
sortes.
Il faut excepter l'unité de ce qui a été dit, car elle sert bien de dilTé-
rertce à une infinité de triangles, mais elle n'a qu'une seule souche,
qui est le triangle 3, 4. J, d'où dépendent tous les autres.
On aura donc les quarrés proportionaux (') dont les racines sont
ici :
7. i3. 17.
7. 73. io3.
7 . 42.5. Goi .
35o3.
.477.
7. 17. 3^.
7 • 97 - 1 37 •
7. 5G.). 799.
7. 39.93. 46.57.
et on les peut continuer tant qu'on voudra en continuant les trian-
gles.
Voilà donc pour la première chose qui appartient aux dits quarrés.
5. La seconde est de trouver les dits trois quarrés en telle sorte
qu'ils soient comme enchaînés l'un à l'autre et que le dernier et plus
grand des trois soit le premier des trois suivans : comme on peut voir
en ces colonnes, la fabrique descjuelles je vous envoierai au premier
voyage; toutefois j'estime que par l'inspection vous la jugerez aisé-
ment.
I. 29. 4i
4i. 85. ii3.
I i3. 173. 217.
217. 293. 353.
353. 44'>- 5'^' •
ôai . G29. 721 .
I .
D.
7 •
y *
i3.
17.
'7-
25.
3i .
3i.
4..
49
49-
61.
71
/
85.
97-
97 •
ii3.
127
7-
'7
20.
23.
37
'.7-
47-
G 5
79-
79-
loi
119.
"9-
■ 45
1G7.
167.
'f)7
223.
11 y a aussi des voies pour avoir les différences égales desdits quar-
rés : car, en la première colonne, si on multiplie 2^ par les sommes de
tous les quarrés, lesquelles sommes sont i, 5, i], 3o, etc., on aura
(') Frciiiclo reprend la construction do trois carrés en progression arithmétique
d'après les séries de triangles commençant par 5, 12, i3; 8, i5, 17.
■im (KUVIÎES l)l<: FKUMAT. — COr.l'.KSPONDANCi:.
les (lifrércncps des quarrés, cl on la s('C(M1(1o cdIoiuic, il faudroil tnul-
liplior ■2^\ par les sommes des seuls quarrés impairs.
Il V a d'antres choses à considérer lii-dessiis, que je n'ai pas mainle-
nanl le loisir de déduire plus au long.
6. Me voici Miaiiilenant ii l'endroit de votre Lettre , au(|U(d vous
parlez des nombres ([ui sont la somme des deux petits colés d'un
I riaugle (')<'!, sur ce sujet, je vous dois oler de l'opinion (]ne vous avez
(|ne je ne susse pas que chacun de ces nouihres peut servir de dillé-
rence à une infinité de (jnarrés et de donides (|uarrés. Vous vous êtes
l'onde sur un avertissement que j(^ donnois, que les dits nombres sont
toujours deux l'ois la dilTérence d'un quarré et d'un double quarré;
mais je n'ai ])as dit (ju'ils fussent seulement deux f((is la dillérence
d'un quarré et d'un double quarré, comme vous croyez avoir In. Il
faudroit avoir bien peu de pratique aux nombres pour ne s'être pas
aperçu d'abord que 7 est quatre fois la dillérence entre de fort petits
nombres : savoir entre i et 8, 2 et 9, 18 et 2."), 2j et 32. K( je ne vous
ai pas coté cela pour une propriété des dits nombres; mais, vous ayant
demandé le moyen de trouver le triangle dont un nombre donné est la
somme des côtés, sans avoir les quarrés et doubles quarrés dont il est
la dillérence (-), il falloit vous avertir (]ue les dits nombres éloicnl
toujours deux fois la différence d'un quarré et d'un double quarré.
('ar il y a deux couples dont je me sers pour avoir le dit triangle,
l'ar exemple, pour avoir le triangle dont 7 est la somme des deux
(•ôtés, je me sers de i et iS, et de 2 et 9. Et, pource que j'étois pressé,
je n'eus pas le loisir de m'éclaircir davantage. Je n'entends pas que les
dits couples soient 2, 9 et iH, 2), comme vous avez cru, mais r, S cl
2, 9; et ce (jue j'observe en ceci est que les dites sommes sont deux
fois la différence d'un quarré et d'un double quarré, en chaque couple
desquels il y a un nombre moindre que la dilTérence donnée : savoir,
il un des couples le quarré est moindre, et à l'autre couple c'est le
( ' ) /'oir Lcllrcs XLVIII, 11, el XLIX, 9.
(2) roirLearc XLIX, 10.
L. - G SEPÏEMiniE IGVI. iJ'J
(Idiiltlc (juarrr. Cela s'ohservo loujours ainsi; ol aux noinbros (|ui smil
composés (lo deux n(>iiil)ros prciniors, coiiimc i k), il a quatre C()ii|tlcs,
dont nn des nombres est moindre que 119. El voilà la méthode dont
je me sers pour voir quels sont les couples utiles pour faire les Iriaii-.
gles, car ce sont ceux anx(|n(ds un des nombres est moindre (|ne la
dill'érence.
Ainsi, à i-j, les deux couples utiles sont i, i8 et 8, 2"), à cliaenn
des(jn(ds (îouples il y a un nombre nioimlre que 17, et, selon voire mé-
thode mémo, on se servira aussi bien de 1,18 que de ■?."•>, 8. (lar si ii
2"), 8, on prend 2 et la dillérence de 5 à 2, de même à 1, 18, on aura J
el la ilillerenee de i ii '3, et on aura, en l'une et l'autre sorte, les mêmes
nombres 2, 3.
De même, si on donnoit iGr, on anroit </ //a /rc couples, savoir :
I. iGa I 8. 1G9 I 81 . ixT. 1 128. 2S9,
à chacun desquels il v a un nombre moindre que iGi.
l'^t, pour trouver les triangles, je me sers des rarines des doubles
(|uarrés, car elles sont les racines des quarrcs qui composent l'hypii-
(énuse. Ainsi ii 17, on aura 2 et 3, racines des doubles quarrés 8, 18 ;
mais, quand il y en a (jualre, comme à iGi, je prends les extrêmes, sa-
voir 9, 8, et celles du milieu, 2, i r, qui donneront les triangles : 17,
1 W, I 'i>, et \\, 1 17, 12).
1 .
iG>.
I .
9
iGy.
8
i3.
2
81.
■2\l
9-
II
2S9.
128
'7-
8
l'dur avoir le coté pair du triangle, il faut prendre le double tlu
(luit des racines susdites des doubles quarrés : ainsi le double
[lar 8 est i 'l'i. et b' double de 2 par 1 1 est 4'i-
Mais pourlecr)té impair, on prend le produit des racines des({n
simples : ainsi i par 17 donne 17, et 9 par i3 donne i 17, le |)re
[xuir le triangle 17, l'i'i, l'i"), le second pour 1 '(• '17» i^^-
pro-
de 9
arrés
■mier
240 (EU VUES DE FEKMAT. - CORRESPONDANCE.
7- Vous voyez si j'ai eu raison de dire que les uomhres susdits sont
la dilTérence de deux couples quand ils sont premiers, et de quatre
couples lorsqu'ils sont divisibles par deux nombres premiers. Mais ce
(|ui le montrera encore mieux est la façon de trouver tous les couples
dont un des dits nombres est la différence : car, selon ma méthode,
il est nécessaire d'avoir ces deux couples qui font comme deux
souches.
hACmple : On me demande tous les quarrés et doubles quartes dont -j
est la différence. Je cherche les deux couples utiles à chacun desquels
il y a un nombre moindre que 7; j'aurai i, 8 et 9, 2. Je prends leurs
racines et en fais deux colonnes séparées comme on voit ici :
Quarrés. Doubles c|uarrés
Ouarrc's. Douli'.es quarrés.
1
2
3
1
5
3
5
4
1 1
8
i3
9
27
".»
3i
2>.
G5
4<i
7J
53
i5;
1 1 1
181
128
et mets en cha(|ue colonne les racines des (juarrés d'un coté et celles
des doubles quarrés de l'autre. J'ai donc d'un coté 1,2; pour avoir les
racines des couples suivans, je prends la somme de 1, 2, qui est .3,
pour la racine du double quarré, et la somme des racines des deux
doubles quarrés prochains pour la racine du quarré. Ainsi la somme
de 1 , 2 est 3, et celle de 3, 2 est .^ : j'ai donc .5 et 3. Pour le Iroisième
couple, la somme de 5, 3 est 8, celle de 8 et 3 est 11. On poursuit
ainsi autant qu'on veut, et l'autre colonne qui commence par 3, i, se
fait de môme.
A chaque colonne la rangée de main droite, dont les nombres sont
pairs et impairs alternativement, contient les racines des doubles quar-
rés, lesquels sont plus grands que les quarrés, lorsque la racine du
double quarré est paire, comme i, 2 et 1 1, 8; mais le double quarré est
moindre quand sa racine est impaire, ce qui a lieu lorsque le moindre
quarré des deux qui composent l'hypoténuse du triangle dont la dite
L. — 6 SEPTEMBRE IGil. 2il
dilÏÏTonco est la somino des cotés, csl impair, comme à 3, 4, 5; mais
c'est le rebours, quand le moindre quarré est pair, comme au triangle
.^ 12, i3.
8. Je laisse le reste pour le premier voyage, auquel je vous envolerai
aussi la méthode dont je me sers pour former les triangles relatifs en
différence ('), comme ii, (Jo, Gi et 1 19, 120, 109; car je ne me sers
pas des trois quarrés proportionaux.
Voici seulement ce que je vous proposerai :
I" Trouver le moindre nombre qui soit autant de fois qu'on voudra, et
non plus, la somme de deux quarrés (-).
1" Trouver un triangle auquel le double du quarré du petit côté étant
vlé du quarré de la différence des deux moindres côtés, il reste un quarré.
Par exemple, si le triangle cherché étoit 7, 2'|, 2j, il faudroit qu'ôtant
98 de 289, le reste 191 fût un quarré.
3" Trouver un nombre qui serve d' hypoténuse à tant de triangles qu'on
voudra, et non plus à chacun desquels le produit du moindre côté par
l'hypoténuse soit plus grand que le quarré du moyen côté.
/(" Trouver les bornes des proportions que les racines des quarrés consti-
tutifs des triangles doivent avoir l'une à l'autre, afin que les triangles
aient la propriété du troisième problème.
Pour ceci, il y a autant de danger que les racines pèchent en excès
qu'en défaut, mais elles ont un espace assez grand pour s'égayer, et
elles ne sont pas gênées comme à l'autre limitation que vous m'avez
envoyée. Si les racines sont en proportion double ou moindre, on si
elles sont en proportion triple ou plus grande, les triangles n'auront
pas la dite propriété. Entre ces deux proportions, il y a un grand espace
qui contient une infinité de proportions propres à ces triangles, lequel
pourtant n'est pas si grand que la dilTérence et intervalle des propor-
tions double et triple, mais est un peu plus rétréci.
(>) T'oir Lettres XLVIII, 8, et XLIX, 6.
(-) Foir l'Observation VII sur Diopliantc, t. I, p. 2<)C.
II. — FtRHAT. >>'
')'.•)
(K II via: s DE Fi:i{MAT.
COKUKSPONDANCE.
9. Vous n'avez pas pris içai'dc (|ue je vous avois proposé, par ma
précédente ('), de taire la niémecliosc de l'enceinte entière du triangle,
(|ue vous deinandie/ di' la sotnine des deux moindres cotés.
Je suis etc.
(I) l.ciiriî \I.I.\, 10.
L[. — 10 NOVEMlîIlK IGV-2. -2V3
ANNÉE 1(M2.
Ll.
FERMAT A MKKSENNR {').
LL.MIl 10 NOVHMUnK lGi2.
(A, f" 3..; lî, f' 17 r.)
Mon Ri;vi;i\em) PÈr.i;,
1. Bien que la coRto du refus do M. le Cliauetdier {-) me dure, je
iKï veux pas rester de vous obéir et chorelier (ouïes les occasions à
vous donner des preuves de mon alfection et de mou service.
2. .l'ai ie(.'U ces jours passés une lettre de .M. de Carcavi, par la(|U(dle
il me demande une question que ^F. de Robei'val a résolue et à laquelle
il a attaché cet éloge : Magni (juidem facicnda invcnlio, scd maxiini de-
monslratio gcometrica, ncc adeo facdis ah analysi ad synllicsin redressas,
tit quidam irnperiti, re non salis perspccta, exisliniarunt.
Cela m'a obligé d'y travailler et de l'envoyer par le précédent cour-
rier à M. de Carcavi ; mais, pource que peut-être il ne se souviendroit
pas de vous en faire part et ({ue même, en l'écrivant à la hâte, il m'a
semblé que j'y ai mis quelque chose de superllu, je vous l'envoie
comme elle doit être (^).
( ') LeUrc inédile.
(*) Il s'agil d'une nouiinaliun quaUcndail FcrinaL {l'oir Lcllic LU, 2), probablenicnl
pour sorlir des chambres des cn(iuélcs et entrer dans celle de l'édit.
(') La pièce dont il s'agit est imprimée dans le tome I, p. 1G7 et suiv. La (luestion ré-
solue par Robcrval et traitée par Ferniut est la construction du cylindre de surface raaxima
inscrit dans une spliére donnée.
2\\ (EUVUES DE FEUMAT. - CORRESPONDANCE.
3. J'alloiiils a[)rès cela le Livre nouveau de rAnglois(') et vous con-
jure de ne vous rel)uter pas de quoi je ne vous ai pas envoyé mon juge-
ment de l'autre. Vous savez mes raisons, que je vous ai déjà allé-
guées.
4. Vous m'obligerez de me dire pourquoi je n'ai pas eu réponse
de M. de ("hampbon, et de baiser les mains de ma part à MM. de My-
dorge et Desargues.
5. Souvenez-vous de la communication des écrits d(( ^\. Frenicle,
pour l'amour duquel j'ai travaillé après les nombres, et je m'assure
que je vous persuaderai quebjuc jour que mon travail n'a pas été
inutile.
6. Je ne sais pas en quelle posture je serai dans l'esprit de M. de La
CJiambre depuis que la commission de Castres a si mal réussi.
Je suis, mon Révérend Père,
Votre très humble et très affectionné serviteur.
Fermât.
(^e 10 novembre i64a.
Tournez pour le problème (').
(') Dans la correspondance de celle époque enlro Dcscarles et Aferscnnc, l'expression
de « l'Anglois » désigne Hobbes, qui a donné en 1642 la première édilion de son De cive;
on y Irouve également mentionne un autre auteur de la même nationalité, Thomas Wliile
( Fiius), qui publia, la même année, ses De muiido dinlo^i très, où Dcscarles était critiqué.
C'est peut-ôlre l'ouvrage sur lequel Fermât refusait de donner son jugement.
(2; Foir page précédente, note 3.
LU. - ANNEE 1G43. 2i5
AiNNÉE 1643.
\A\.
FERMAT A MERSENNE (').
MARDI 1:5 JA.\Vli;il I(jV3.
(A, f- i3-ifi.)
Mon RiivKiiENb Pi:uf.,
1- J'envoyai par le dernier courrier mon Isagoge ad locos ad supcr-
Jiciem (^) à M. de Carcavi, de laquelle il ne manquera pas de vous l'aire
part. Vous y trouverez des propositions aussi belles que laGéométrie en
puisse produire et, bien que mon discours soit concis, il m'a semblé
que je n'en devois pas dire davantage, s'agissant d'une méthode géné-
rale de laquelle les exemples et l'usage peuvent être iniinis.
Je m'imagine même que cette matière n'a pas été exactement comme
des anciens; car, qu'y a-t-il dit dans tous leurs Livres en fait de lieux,
qui vaille la propositÏDn suivante, par exemple?
Dalis quollihel punclis in uni) vel dwersis planis, inwnire sphœrarn, in
cujus superficie sumendo quollibel punclum et ah eo dncendo reclas ad
puncla omnia data, quadrala ductarani simid sumpla œquenlur spafio
dalo (').
Et toutefois la construction en est aisée par ma méthode, et non seu-
lement cette proposition a été par moi découverte, mais la voie géné-
( ') Lcllrc inédile.
(,') Tome I, p. III clsuiv. Celle Jsagogc est en eiïeldalce du G janvier iG43.
(■■) Cp. Tome I, p. 1 13 : Si a quotcuniqiie punctii etc.
■2\V, ŒUVRES DE FEllMAÏ. - CORRESPONDANCE.
raie pour en trouver infinies. Vous nie direz votre sentiment de mon
petit Traité, et celui de MM. les autres savants.
2. Cependant n'oubliez pas de ni'envoyer le livre que vous m'avez
promis ('), ni de me dire pourquoi je n'ai pas eu de réponse de M. de
(".hampbon.
Kn attendant que vous preniez votre temps de parler pour moi lors-
(jue l'occasion s'en offrira, je vous prie de savoir de J\[. de La Chambre
(ju'est-ce qui empêcha ma nomination l'année passée, et me donner
avis de la réponse qu'il vous fera là dessus, afin que je sache s'il a joué
de içalimatias, ou s'il a eu véritablement pensée de m'obliger.
3. La proposition dn plus grand cône en superficie qui peut èlre insrril
en la sphère, et que j'avois demandée à M. de Koberval par la voie de
iAI. de Carcavi en revanche de celle du cylindre qu'il m'avoit deman-
dée (-), ne m'a pas été encore envoyée. S'il me l'envoie, je vous en
ferai part; mais ce n'est pas à dire que je ne sois en état de vous la
faire tenir, s'il ne me relève pas de ce travail par sa construction.
4. La proporlion du cône, que le triangle cquilaléral faiL, à la sphère
(^st aisée, puisque les deux termes sont donnés en même espèce de
corps, car la sphère peut se réduire en un cône par les propositions
d'Archimède. Or, quand les deux termes sont donnés, vous ne doutez
pas (|ue la proportion ne soit donnée; vous n'ignorez pas la mélhode
de mettre toutes proportions, quoi(|ue irrationelles, en nombres entiers
et approchés si près qu'on voudra. Néanmoins, si vous voulez celle-ci
de moi, en tel nombre de figures de chiffre qu'il vous plaira, je vous
la dresserai.
5. Vous m'obligerez de m'envoyer les épitaphes de feu M. le Cardi-
nal que vous trouverez les meilleurs, à la réserve de celui qui finit :
Plaudenle corona. Valctc dixit,
que j'ai déjà vu.
(") Fuir Lettre LI, 3 et 4
C-) Voir LcUre LI, 2.
LUI. - ANNEE 1643. -IV?
Je suis (lo lout mon c(cur, mon Révérend Père,
Votre elc,
Feujiat.
A Toulouse, ce i3 janvier iCiî.
6. Je vous prie île presser M. de Carcavi pour le l'appus manuscrit,
e( pour les propositions que M. de Saint-Martin a de M. Frenicle (').
LUI.
FERMAT A CARCAVI (-).
< 1G43 >
(Trt, p. 178.)
MONSIEUU,
1. Vous m'obligez toujours et je connois, dans la continuation de
vos soins, celle de votre affection, de quoi je vous rends mille grâces.
Pour la Géométrie, je n'ose pas encore m'y attacher fortement
depuis mon incommodité : je n'aurai pourtant pas beaucoup de peine
il trouver les deux de vos propositions ('); pour celle de la parabole,
je ne l'ai pas examinée, ni tentée.
2. Je remets tout ceci à ma première commodité; mais, de peur que
vous ne m'accusiez de n'envoyer rien de mon invention, je vous envoie
trois nombres parmi plusieurs autres que j'ai trouvés, dont les parties
aFKjuotes font le multiple.
(') f'oir Lcllrc IJV, 3 el 4.
(2) Nous avons conservé à cette Lettre, dont la date est incertaine, le numéro qui lui
a élc assigné dans la Table du Tome I, page 43(j; mais, après nouvel examen, elle nous
parait avoir été écrite entre la Lettre LVIII du 3i mai 1643 et la Lettre LIX non datée;
elle peut donc n'être pas antérieure au mois d'août i6/|3.
(') Ces propositions paraissent bien différentes de celles dont il est parlé Lettre LIV, 1.
Nous n'avons pu trouver d'autres renseignements ni sur les unes, ni sur les autres.
2i8 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
I.c nombre suivant est sous-triple de ses parties aliquotes :
i4 9^2 123 276641 920.
Celui-ci est sous-quadruple :
I 802 582 780 370 364 661 760,
et celui-ci aussi :
87 934 476 737 668 o55 o4o.
Puisque je me trouve sur cette matière, en voici deux que j'ai clioisis
parmi mes sous-quinluples :
l.e premier se produit des nombres suivants multipliés entre eux :
8888608, 2801, 2401, 2197, 2187, i33i, 467, 307, 289, 241, 125, 61, 4', 3r,
cl l'autre se produit des nombres suivants multipliés entre eux :
134217728, 243, 169, 127, 120, ii3, 61, 43, 3i, 29, 19, II, 7.
Kn voici encore un sous-double de ses parties, de mon invention,
lequel, multiplié par 3, fait un sous-triple : le dit nombre est
5i 001 180 160.
3. (]'est parmi quantité d'autres que j'ai trouvés, que j'ai choisi
par avance ceux-ci pour vous en faire part, afin que vous en puissiez
juger par cet échantillon. J'ai trouvé la méthode générale pour trouver
(ous les possibles, de quoi je suis assuré que M. deRobervalsera étonné
cl le bon Pi're Merscnne aussi; car il n'y a certainement quoi que ce
soi( dans toutes les Mathématiques plus diincile que ceci, et hors
M. de Frcnicle et peut-être M. Descartes, je doute que personne en
connoisse le secret, qui pourtant ne le sera pas pour vous, non plus
que mille autres inventions, dont je pourrai vous entretenir une
autre fois.
4. Va pour exciter par mon exemple les savants du pays où vous
èles, je leur propose ( ' ) de trouver autant de triangles en nombre qu'on
(') /'oir l'Observation XXIFI sur Dioplianlc. — Cp. Lettre LVIII, 3.
LIV. - JANVIER 1643. 2W
l'oudra de même aire, ce que Diophante ni Viète n'ont trouvé que pour
(rois seulement.
Je suis, etc.
LIV.
FERMAT A MERSENNE (').
< iJ" JANVIER 1043 >
(A, f" 33; B, (° l'i v°.)
Mon RiivCT.END Pèue,
1 Je vous rends mille grâces de votre souvenir et des proposi-
tions (^) que vous m'avez fait la faveur de m'envoyer.
délies de la parabole, de l'hélice et du conoïde paraboli(jue son! si
visiblement fausses que ce seroit perdre le temps que de les réfuter.
.Néanmoins, si vous me l'ordonnez, je le ferai.
2. Je m'imagine que vous avez vu maintenant mes Lieux ad super-
Jiciem (' ). Pourvu qu'on ne m'écrive pas qu'on les savoit auparavant
(|ue d'avoir vu mon Discours, comme on a ci-devant fait de quehjues-
unes de mes pièces, je serai assez satisfait ; du reste, vous et ceux qui
les verront, en serez les juges.
Je dois maintenant répondre aux deux (juestions numéri([ucs de
•M. de Saint-Martin (').
3. La première est de tromper trois triangles reclangles desquels les
aires fassent les trois côtés d'un triangle rectangle (■").
(') Lolli'o incdilc, non dalcc, mais qui, iiiteriiiciliaire cnlrc la I^eltio IJI du i3 jansicr
cl la L(Htrc LV du iG février 164Î, doit ôlrc du 27 janvier ou du 3 février, jours de cour-
rier. Nous avons supposé la première de ces deux dates.
(2) Nous n'avons trouve aucune autre indication sur ces propositions.
(5) Foir Lettre LU, 1.
(*; Fuir Lettre LU, 6.
(5) rtiir rObservalioii XXIX sur Diophante, Tome I, p. 3-2 1.
FtnMAT. — 11. 32
tioO QiUVRES DP. F EIIMAT. - CO KUESl'ON I) ANCI^:.
I.cs trois triangles qu'on tlomando sont ccnx-ci :
2'lo5, 2897, 196. 22l3, 2205, 188. 23o5, 23o3, 9G.
S'il on vont d'antros qui satisfassent à la qnestion, je lui en puis
(bnrnir infinis et, s'il veut ma méthode pour les trouver, je lui eu ferai
part. (Cependant il pourra éprouver si les trois que je lui envoie satis-
font à ladite question.
4. La seconde question est celle-ci (') : Un nombre élanl donné,
délerrniner combien défais il csl la différence des côtés d'un triangle qui
ail un quarré pour différence de son petit côté aux deux autres côtés. Le
nombre qu'il donne est iSoitioi cSoo.
Je réponds qu'en l'exemple proposé, il va 2^3 triangles (jni satisfont
il la question, et qu'il n'y en peut pas avoir davantage.
La méthode universelle dont je lui ferai part, s'il me; l'ordonne, est
belle et digne de remarque, bien que je ne doute point que M. Frenielo
ne lui ait baillé tout ce qui concerne ces questions.
Je ne vous envoie ces deux solutions que pour vous faire voir que
les mystères numériques de I\L Frenicle me doivent être communiqués
aussi tôt qu'à tout autre, et que M. de Saint-Martin n'y doit pas faire
difficulté.
5. Je vous prie m'envoyer au plus (ot le livre que vous m'avez pro-
mis (-), et faire en sorte que .^I. de Carcavi me fasse copier la réponse
pour (|ue je la puisse voir.
Je prendrai la liberté d'écrire par la première commodité à M. d(>
Saint-Martin sur l'occasion de ces deux questions qu'il a voulu m'ètre
proposées.
Cependant je vous prie me croire toujours, Monsieur,
Votre très humble et très afTectionné serviteur.
Fermât.
( ' ) Cp. Lettre L, 2.
(') Cp. Lettres LI, 3 et LU, 2.
LV. - IG KÉVniKU 1G'»3. 231
6. Vous ne nréciivoz pas à quoi il a tenu que je n'aie pas eu de
l'épouse (le 3F. l'abbé de Champbon (') depuis si longtemps, ni si
vous avez j)arlé à M. de La Chambre, du(|uel je voudrois, avanl (|ue
rien lenter pour moi, que vous sussiez à (|uoi la eliiise tint l'année
j)assée.
LV.
FERMAT A .AIEUSliNMi ( = ).
i.iNDi 10 Ff;viiiEn ICÏ3.
(A, f'- .7-. S; B, f' :;:. \°.)
Mon Rkvkrenu Pi.iiK,
1- Je vous remercie de vos soins ;i reiidroil de .M. de La ('dianiltre, cl
il lui-même de ceux (lu'il [>rit ii Lyon pour moi. M. de Marmiesse, noii'e
avoeat-général, m'ayaiit confirmé ce que vous venez de in'écrire. lors-
([u'il sera temps, je ne doute point (pi'il n'ait assez de crédit pour l'aire
tenir celte vieille promesse que M. le Cdiancelier a l'aile depuis si long-
temps en ma faveur (^).
2. Je suis bien aise que mes solulions (*) aient [du ii .\l. de Sainl-
.Marlin; idles sont purement de mon invention, et M. de Krenicle le
pourra assurer que j'ai trouvé par ma méthode la solution de tout ce
({u'il m'avoit proposé sur pareil sujet. (]e n'est pas qu'il ne l'eut trouvé
sans doute longtemps auparavant, mais j'ai eu assez de bonheur [)oiir
découvrir par d'autres voies ou quelquefois par les mêmes ce qu'il me
proposoit, et je crois que les démonstrations de toutes ces proposi-
tions pourront malaisément Venir d'ailleurs que de moi, si je ne me
trompe.
(M Cp. I.eUres LI, 4.t 6: l.ll. 2.
C-) Lellro inédilc.
i') Cp. LcUrcs LI, 1; l.ll, 2: LIV. 6.
0) foir Letlic LIV. 3 el 4.
25-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
3. Si M. de Saint-Martin est exercé aux questions des nombres,
voici ce que je prends la liberté de lui proposer en revancbe de ses
deux questions :
Trouver deux triangles rectangles dont les aires soient en raison donnée,
m sorte que les deux petits côtés du plus grand triangle diffèrent par
l'unité.
Trouver deux triangles rectangles en sorte que le contenu sous le plus
grand côté de l'un et sous le plus petit du même soit en raison donnée au
contenu sous le plus grand et le plus petit côté de l'autre ( ' ).
Après qu'il aura résolu ces deux questions, je lui en fournirai de
plus dilRciles.
4. Que s'il croyoit que les solutions des deux que je lui ai données
ne soient pas de moi, il m'obligera de choisir des plus dilTiciles qui
sont résolues dans les écrits qu'il a de M. Frcnicle, et, si je n'en lais
pas la solution, je consens de ne voir point le dit travail de M. Frenicle,
que je désire plutôt voir pour apprendre quelles sont les questions,
que pour la solution qu'il en donne. Ce n'est pas que je ne l'estime
beaucoup, mais c'est que je m'imagine que je n'aurai pas beaucoup
de peine ;i la trouver.
Si je puis trouver du loisir pour satisfaire au désir de M. de Saint-
iMartin sur le sujet de ma méthode de maximis et minimis et sur celle
dont je me sers \\ la résolution de ses questions numériques, je serai
ravi de lui plaire et ;i vous qui me l'ordonnez.
5. Pour les lignes courbes auxquelles vous m'écrivez que M. de Ro-
berval a trouvé d'autres lignes égales, sur lequel sujet vous m'allé-
guez l'hélice (-), j'appréhende qu'il y aura de l'équivoque. 11 semble
d'abord, par la raison des inscrites et circonscrites, que l'hélice
(') Voir l'Observation XXX sur Diopliante.
i"^) Ce. passage donne une date pour la découverte par Roberval de l'égalité entre la lon-
gueur des arcs de la spirale d'Archimède et ceux d'une parabole, égalité démontrée plus
lard par Pascal. Voir Tome I, p. 206, note 1.
LVl. - 7 AVIUL 1(JV3. -20:5
(rArcJiiinède est ia moitié de la circoni'érencc du cercle (|iii sert ii
la décrire, et c'étoit une pensée que j'avois eue il y a fort loni^tenips.
mais je me détrompai d'abord. Si c'est celle de M. de Hoherval, je m'as-
sure qu'il ne sera pas longtemps de même avis, et qu'il n'aura besoin
que d'une seconde réflexion pour se dédire.
Je suis en peine de savoir des nouvelles de M. de (larcavi; vous
m'obligerez de m'en donner et de me croire, mon Révérend Père,
Votre très humble et très aflectionné serviteur,
Feumat.
A Toulouse, ce 16 février 1G43.
LVI.
FERMAT A MERSENNE (').
MARDI 7 AVRIL iGi3.
(A, f" 19-20; B, t" -12 v.)
Monsieur mon Revéuend Pèue,
1. Vous n'eûtes pas de mes lettres par le dernier courrier, à cause
d'une petite absence qui m'a tenu huit jours à la campagne pendant la
fête. Vous aurez maintenant la réponse que je fais k M. de Brulart ('•')
jointe à celle-ci; je l'ai écrite à la hâte, comme vous verrez, et c'est la
raison qui m'oblige à vous prier qu'il n'en soit pas fait de copie et
qu'elle ne sorte pas d'entre les mains de M. de Brulart.
(' ) Lcllre inédile.
(^) Le personnage désigné dans les Lettres LIV et LV sous le nom de Saint-Martin
s'appelait Pierre Bruslart de Saint-Martin et était collègue de Carcavi au Grand-Conseil.
Il semble qu'ici il s'agit encore de lui ( Cp. LV, 4).
La réponse dont parle Fermai est perdue; on voit qu'elle concernait sa méthode de
niaximis et mininns.
■loï Œ U V lî !•: s J) E F E II M AT. - C ( ) Il U E S P 0 N DA N C E.
{'a' n'est pas que ce que j'y ai mis ne puisse être expliqué assez aisé-
uienl. mais il v a ([uelque petit équivoque où on me pourroit accusée
lie négligence, comme lorsque j'ai dit que les deux derniers termes de
I'é(|ua(ion (|ui se trouvent mesurés par E sont en plus grande raison
(jw'aucuns autres qui leur soient relatifs dans les plus hautes puis-
sances. On pourrait dire (ju'ù le prendre corwerte/ulo , ils sont en
moindre raison qu'aucuns autres de leurs relatifs; mais c'est en ma
règle et en mon raisonnement toute la même chose, et les mêmes con-
sé(juences se déduisent de l'un et de l'autre.
Il V ])onrr(»it encore avoir équivoque en ce que j'ai dil : que non
seulement A — I^ doit donner la même équation que A-f-E, mais
encore (jU(\ si A + E donne moins que A, A — E doit aussi donner
moins (|ue A. Car il semble d'abord que, si A — E donne la même
é(nialion ([ue A + E, qu'il est infaillible que, l'un donnant moins (|ue
A, l'autre donnera de même moins que A; ce qui pourtant n'est pas
e[ (ju'il me semble avoir suirisamment explifiné par l'exemple que j'ai
ajouté.
Mais, pour ê>ter tout équivoque, lorsque j'ai dit que A — E doit
donner la même équation que A + E, j'entends que par la position
d(ï A — E. en suivant ma méthode, on doit trouver A égal à nue même
(jtiantilé que si nous employons A-f-E par la même méthode. .Mais,
lors(|ne j'ai ajouté, en la seconde condition, que si A-f-E donne
moins que A, A — E doit de même donner moins que A, j'entends
(jue si, par la position de A -h E, les homogènes qui représentent le
plus grand sont moindres que les homogènes qui représentent le plus
grand en la position de A seul, de même, en la position de A — E,
les homogènes qui représentent le plus grand doivent être moindres
(|ue les homogi'ues qui représentent le plus grand en la posilion de A
seul.
Voilà ce (juc j'ai cru vous devoir dire sur ce sujet, (^ar pour rendre
la chose entièrement claire et parfaitement démontrée, il faudroit un
Traité entier, que je ne refuirai pas de faire, dès que je pourrai
trouver du loisir assez pour cela.
LVI. — 7 AVRIL lG't3. S.m
2. J'îiKonds la solulion de quolquos-unos ilc mes qiipsliotis niiiiir-
riques ('), cl vous prie de m'apprcndre quand est-ce que i\I. Frenicle
sera de retour à Paris, et si M. de Sainle-Croix est en état de soiidre
des questions.
3. Pour les parties aliquotes, j'ai découvert des choses excellentes
et je puis vous envoyer quelques multiples de mon invention autres
(|ue ceux que vous avez mis dans la préface du petit Livre Des l'cnsccs
(le Galilée (-), et pour ne vous laisser plus en doute que je ne possi-de
la voie in(aillil)le de ces questions, j'ai relu ces jours passés une ques-
tion que vous me faisiez par ordre de ^I. Frenicle, dont je vous envoie
présentement la solution.
4. Vous me demandiez donc quelle proportion a le nombre, (|iii se
produit des nombres suivants, avec ses parties aliquotes :
2 1 4 7/18 3G4 8oo 000, II, 19, [\?t, 61, 83, iGg, 223, 33i, 879, Goi, j.'jj. ydi,
i2or, 7019, 823543, 61631817-, CTiGi, 100 S9J 598 1G9.
Vous me demandiez ensuite si ce dernier nombre est premier ou
non, et une méthode pour découvrir dans l'espace d'un jour s'il est
premier ou composé.
A la première question, je vous réponds que le nombre qui se lait
de tous les nombres précédents nuiUipliés entre eux, est sous-quin-
tuple de ses parties.
(') rnir Lettre LV, 3.
(-) Les nouvelles pensées de G.ililce, malliemalicion el ingénieur du duc de I''lorcn(<'.
où il est traité de la proportion des mouvemcnls naturels et violents el de tout ce qu'il y
a de plus subtil dans les Mcchaniques et dans la Physique. Où l'on verra d'admirables
inventions el demonslralions inconnues jusqu'à présent. Traduit d'Italien en François. —
A Paris, chez Henry Guenon, rue Sainl-lacqucs, à l'Image de S. Bernard, près des
lacobins, M.DC.XX.KIX. Avec Privilège du Iloy.
Dans la préface de ce volume, Mersennc ne donne d'après Fermai que les nombres déjà
insérés dans caWa às\' Harmonie univcrscUa do i63G [vnir Pièce IVa). U en a ajoulô divers
autres dus à Sainle-Croix, Descartes (un excellent Gcnmeire), Frenicle {un e.rcellcnt
etprii), au reste sans aucune désignation par nom propre.
•256 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
A I;i seconde question, je vous réponds que le dernier de ces
nombres est composé et se fait du produit de ces deux :
898423 et ii2 3o3,
qui sont premiers ( ' ).
Je suis toujours, mon Révérend Père,
Votre très humble et très affectionné serviteur.
Fermât.
A Toulouse, ce 7 avril i043.
LVII.
FRAGMENT D'UNE LETTRE DE FERMAT (^).
< IGW >
(A, f74.)
Tout nombre impair non quarré est différent d'un quarré par un
quarré, ou est la différence de deux quarrés, autant de fois qu'il est
(') Sur le problème ainsi pose, il était aisé de trouver la composition du dernier nombre.
\in effet, si, pour trouver le rapport du produit à la somme des parties aliquotes, on part
du premier nombre qui est 2'* x 3^, on remarque (|ue 2'" a, pour somme de ses parties
aliquotes, 223 X616318177. Le second de ces deux facteurs correspond de même à la
somme 2 x 7' x 898(23. Ce dernier facteur ne se retrouvant pas, comme les précédents,
parmi ceux ilu produit proposé, il est naturel d'essayer de diviser par lui le dernier
nombre donné, dès que l'on ignore si celui-ci est premier. Par conséquent, quelque mé-
thode que possédât Formai pour rechercher si un nombre est premier ou non {voir
Pièce LVII), il est improbable qu'il ait employé cette méthode et fait des calculs plus longs
que ceux que nous avons indiqués.
(") Le fragment qui suit a été publié par M. Charles Henry (RcclwrclicK etc., p. 191)
il'après le brouillon d'.Vrbogast, transcrit d'une co|)ie perdue de Mersenne. 11 ne renferme
(]ue l'exposé d'une méthode pour la recherche des diviseurs d'un nombre, en commençant
|)ar les plus grands, et répond ainsi à une question faite par Mersenne pour le compte de
Kronicle {C.p. LVI, 4) et sur laquelle les correspondants de Fermât ont dû revenir. Mais
la copie d'Arbogast porte le titre : Des noinhres des parties aliquotes, qui semble indiquer
(pie ce fragment faisait partie d'une communication beaucoup plus étendue, adressée soit à
Mersenne, soit à Frcnicle. Dans ce cas, la date en serait probablement postérieure à celle
que suppose le rang assigné à celte pièce pour la rapprocher de la Lettre LVI.
LVII. — lGi3. 237
composé de deux nombres, et, si les quarrés sont premiers entre eux,
les nombres compositeurs le sont aussi. Mais si les quarrés ont entre
eux un commun diviseur, le nombre en question sera aussi divisible
])ar le même commun diviseur, et les nombres compositeurs seroni
divisibles par le coté de ce commun diviseur.
Par exemple : 4^ (^"st composé de 5 et de f), de 3 et de ij, de i et d(>
Vj- Partant, il sera trois fois la difTérence de deux quarrés : savoir de
/\ et de /(9, qui sont premiers entre eux, comme aussi sont les compo-
siteurs correspondants 5 et 9; plus, de 3G et de 81, qui ont <) pour
commun diviseur, et les compositeurs correspondants, 3 et i j, ont le
coté de 9, savoir 3, pour commun diviseur; enfin 4 * o^l la différence
de 484 et 529, qui ont i et 45 pour compositeurs correspondants.
Il est fort aisé de trouver les quarrés satisfaisants, quand on a le
nombre et ses parties, et d'avoir les parties lorsqu'on a les quarrés.
Cette proposition se trouve quasi tout par tout. On en pourrait quasi
autant dire des paircments pairs, excepté 4. avec quelque petite mo-
dification.
(]ela posé, qu'un nombre me soit donné, par exemple 2027GJ1 281,
on demande s'il est premier ou composé, et de quels nombres il est
composé, au cas qu'il le soit.
J'extrais la racine, pour connoitre le moindre des dits nombres, e(
trouve 45029 avec 4o44o de reste, lequel j'ote du double plus i de la
racine trouvée, savoir de 90009 : reste 49(^19. lequel n'est pas quarré.
parce que aucun quarré ne finit par 19, et partant je lui ajoute 900G1,
savoir 2 plus que 900J9 qui est le double plus i de la racine 45 029.
Et parce que la somme 139680 n'est pas encore quarrée, comme on b>
voit par les finales, je lui ajoute encore le même nombre augmenté
de 2, savoir 90063, et je continue ainsi d'ajouter tant que la somme
soit un quarré, comme on peut voir ici ('). Ce qui n'arrive qu'à io4o4oo,
qui est quarré de 1020, et partant le nombre donné est composé; car
il est aisé, par l'inspection des dites sommes, de voir qu'il n'y u au-
(') Fermât avait dû elTectuer en marge les calculs indiqués, qui n'ont pas été repro-
duits snr la copie.
Fermât. — M. 33
238 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
cune qui soit nombre quarré que la dernière, car les quarrés ne
peuvent souffrir les finales qu'elles ont, si ce n'est 499944 qui néan-
moins n'est pas quarré.
Pour savoir maintenant les nombres qui composent 20276J1281,
j'ote le nombre que j'ai premièrement ajouté, savoir 90 oGi , du dernier
ajouté 90081. Il reste 20, à la moitié duquel plus 2, savoir à 12, j'a-
joute la racine prcmi(\remenl trouvée 45029. La somme est 4jo4i>
auquel nombre ajoutant et otant 1020, racine de la dernière somme
io4o4o<>, on aura 4Go(ji et 4^1021, qui sont les deux nombres plus
prochains qui composent 2 027()5i 281. Ce sont aussi les seuls, pourcc
que l'un et l'autre sont premiers.
Si l'on alloit par la voie ordinaire, pour trouver la composition d'un
tel nombre, au lieu de onze additions, il eut fallu diviser par tous les
nombres depuis 7 jusqu'à 41021.
Plusieurs abrégés se peuvent trouver, comme lorsqu'on ne fait
qu'une additiou au lieu de dix, aux endroits où les sommes ont leurs
finales quarrées, quand les compositeurs sont beaucoup éloignés l'un
de l'autre.
LVIIl.
FERMAT A < SAINT-MARTIN >(').
DIMANCHE 31 MAI lGfj3.
(C, f 9v".)
1. Donner le sixième triangle qui a i unilè pour différence de ses deux
petits côtés.
(') Fragment incdil d'uno lettre perdue. Il porte comme litre, dans le manuscrit :
« E.vlrnicl d'une Ira du îi ma/ iG'iî à M. DF. », co qui indiquerait Frcnicle comme le
destinataire. Mais, si l'on compare la Lettre L de Frenicle à Fermât, il est très impro-
bable que le premier ait proposé au second deux questions dont il lui avait auparavant
donné une solution. Il est établi d'autre part, par les lettres suivantes (LIX et LX), que
les questions énoncées par Fermai dans la présente (3) étaient projiosées à S'-Marlin et à
Frenicle. Le destinataire elTectif fut donc plutôt S'-Martin et la confusion s'explique d'ail-
leurs facilement.
LVIII. - 31 MAI 16V3. 250
Donner le second triangle qui a pour différence de ses deux petits
côtés 7.
Pour la première question, le premier triangle qui a pour cliiïércnce
de ses deux côtés l'unité, lequel est : 3, 4, 5, donne aisément tous les
autres par ordre, et voici comme je procède :
Du double de la somme de tous les trois côtés, ôtez-en séparément
les deux petits côtés, et ajoutez-y le plus grand côté, vous aurez le
second triangle, lequel par la même règle donnera le troisième, celui-
là le quatrième, etc. à l'intini.
Pour avoir donc le second, prenez le double de la somme des trois
côtés du premier, qui est i'\ ; ôtez-en séparément les deux petits côtés,
restera 20 et 21, et ajoutez à 24 le grand côté, viendra 29. Nous aurons
donc pour le second triangle : 20, 21, 29; le troisième sera : i k), 120.
i()Q, et le sixième : 2.3 GGo, 23GGi, 33 4Gi.
2. La seconde question a la pareille solution : il y a deux triangles
fondamentaux qui ont 7 pour différence de leurs petits côtés, savoir
.^, 12, i3, et8, ij, 17. De chacun de ceux-là se forment tous les autres
à l'inlini par la méthode précédente.
Par exemple, le double de 5, 12, i3 est Go; ôtez-en séparément les
deux petits côtés, 5 et 12, restera 48 et 55; ajoutez à Go le plus grand
côté, viendra 73. Donc nous aurons pour le premier triangle : ,48,
55, -3.
Do même 8, i5, 17 donnera G5, 72, 97. Etc. à l'infini.
Je sais bien qu'on pourroit réduire ces questions à trouver combien
de fois et l'unité et 7 sont la différence d'un quarré et d'un double
quarré; mais il faudroit en ce cas deux opérations, et il me semble
plus commode d'en user d'une seule.
3. Je vous propose (') :
I" Trouver un triangle rectangle duquel le plus grand côté soit un
quarré et la somme des deux ou trois autres soit quarrée.
(') f^oir pour CCS questions : i° l'Observation XLIV sur Diophanlc; 2" l'Observa-
tion XXIII; 3° les LeUres LIX, 2, cl LX, 2.
■H'A) ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
■2° T/oiaer qualre triangles de même aire.
.'>" Un triangle duquel l'aire, ajoutée au rjuarrc de la somme des deux
petits côtés, fasse un quarré.
LIX.
FERMAT A MERSENNE (').
< AOUT l()i3 >
(A, f' 3-;-3K; B, f- 22i>" r. )
.Mon RÉVKnnxi) Pkkk,
1. Vous m'écrivez que la proposition do mes questions impos-
sil)les(-) a fàclié et refroidi MM. de Saint-Martin et Frenicio, et que
(;'a été le sujet qui m'a rompu feur communication. J'ai pourtant it
leur représenter que tout ce qui paroft impossible d'abord ne l'est pas
pourtant, et qu'il y a beaucoup de proldi'mes desquels, comme a dit
autrefois Arcbimède, où/. îOaéOooa tw TtpcÔTw çav£\rra /povoj rr]v
Vous vous étonnerez bien davantage si je vous dis de plus que toutes'
les questions que je leur ai proposées sont possibte^s et que j'ai décou-
vert leur solution. Ce n'est pas qu'elles ne soient très malaisées et que,
pour les soudrc, il ne faille faire quelque démarche au delà du Dio-
phante et des Anciens et Modernes. Mais, comme toutes les inventions
n'arrivent pas et ne se produisent pas en même temps, celle-ci est du
nombre de celles dont la méthode n'est pas dans les Livres et que je
puis attribuer au bonheur de ma recherche.
2. Et, afin que je ne vous tienne pas plus longuement en suspens,
(') Lettre inédite, dont la date approximative est indiquée par celle de la suivante.
(2) Les questions de la Lettre LVIII, 3.
(3) Préaniijule du Traité De tincis spiralilnis. Fermât a cité de mémoire; dans le texte
d'Arcliimède, au lieu de t'λ npoiioi. on lit h àp/î.
MX. - VOUT lGi;î. 2CI
j'ai résolu toutes los (|uestions que j'ai proposées à ces Messieurs, doiil
je ne vouseotcrai maintenant qu'un exemple, pour leiiroler seulemenl
la mauvaise impression qu'ils avoient conçue contre moi, comme leur
ayant proposé un amusement et un travail inutile, h' choisirai pour
mon exemple une des plus belles propositions que je leur ai faites (' ) :
Trouver un triangle duquel le plus grand côté soit quarrc, et la soinnir
des deux autres soit aussi quarrée.
Voici le Iriani^le :
'1687298610289, .'1 565 .'186027 761, 1061 652 293 520.
3. S'ils veulent la solution de quelqu'une des autres questions, je la
leur envolerai dès qu'ils voudront; ils n'ont (|u'à me marquer celle on
celles qu'ils désirent.
Il iaut proposer les autres à soudre à (;eux qui disent (comme M. de
C.arcavi m'a écrit) que j'ai trouvé ma métliode de ma.rima et miitiniu
par hazard. Car peut-être ne croiront-ils pas que j'aie trouvé ces (|ues-
tions à tâtons et par rencontre. iM. Hardy est un de ccux-li».
Vous m'obligerez de saluer M. de Saint-.Martin de ma part. Peul-èlre
(jue, pour l'amour de lui, je mettrai par écrit mes inventions sur Dio-
pliante, où j'ai découvert plus queje ne m'étois jamais promis. La mé-
tliod(! pour soudre les questions que je lui ai proposées est un échan-
tillon de mon travail.
Je serai bien aise que M. de Freniclc souiïre le renoucment ^\v
notre commerce.
4. M. (le Carcavi vous fera part de quelques nombres sous-multiples
que je lui ai envoyés (-).
j'en ai trouvé quantité d'autres et la méthode générale pour trouver
tous les possibles.
5. N'oubliez pas de presser M. de La Chambre ( ') et de le faire agii'
(') Comparer l'Observalion XLIV sur Dioplianlc.
(2) rojVLeUrc LUI, 2.
(») Cp. Lettres LL 1 el 6; LU, 2; LIV, 6.
202 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
d(! la bonne façon. S'il me considère, comme il fait semblant, celte
petite affaire vaut faite.
Je suis, mon Révérend Père, votre etc.
Fermât.
6. Le théorème que vous m'avez proposé de la part du géomi^tre de
("hâlons ('), marque qu'il n'a pas fait grand progrès en l'Algèbre, car
les plus médiocres ne peuvent pas douter que ce théorème ne soit gé-
néralement vrai.
Si MM. de Saint-Martin et de Frenicle veulent renouer le commerce
des lettres, nous vous ferons voir des choses nouvelles et qu'il ne faut
pas chercher dans les Livres.
Si M. de La Chambre n'agit pas bientôt et avec affection, je songerai
à ne l'employer plus.
LX.
FERMAT A MERSENNE (').
MARDI !'•'■ SEPTEMBRK 1C4-3.
(A, f° 3i; B, t'27 ter.)
Mon Révérend Père,
i- J'ai vu, par la lettre de M. de Saint-Marlin, que mes questions
lui ont paru impossibles (') et à M. Frenicle aussi.
C'est une marque infaillible de la dilTiculté qu'ils y ont trouvée ;
pourtant, non seulement elles sont toutes faisables, mais j'en ai décou-
vert la solution et, afin qu'ils n'en doutent pas, j'ajouterai à la solution
(') Nous n'avons trouvé aucune indication sur ce géomètre, ni sur son problème.
(') Lettre inédite.
(') roir LeUres LVIU, 3, et LIX, 1.
L\. - 1" SEPTEMBRE 1G43. '203
de la question que je vous envoyai dernièrement ('), qui étoit :
Trouver un triangle dont le plus grand côté soit quatre, et la somme
des deux autres soit aussi quarrée,
celle de la suivante, qu'ils ont tout de môme jugée impossible :
2. Trouver un ttiangle duquel l'aire ajoutée au quarré de la somme
des deux petits côtés fasse un quarré.
Voici le triangle :
205769, 190 2S1, 783-20.
3. La troisième étoit :
Trouver quatre triangles de même aire.
Mais, pource que M. de Saint-Martin m'écrit qu'il espère de venir ii
bout de celle-là, je ne vous donnerai point la solution présentement,
seulement vous dirai-jc qu'après qu'il en aura trouvé quatre, je lui en
ferai voir cinq et, s'il m'invite, une méthode générale pour trouver
autant de triangles qu'on voudra de même aire; ce qui vous fera peut-
être étonner de ce que Diophantc et Viète (■) n'ont proposé ni fait la
question qu'en trois seulement.
Si M. de Saint-Martin ne m'écrivoit qu'il est allé faire un voyage, je
lui récrirois sans remise. Vous m'obligerez de m'apprendre quand il
sera de retour, afin que je satisfasse à mon devoir, et cependant je
vous prierai de lui faire voir cette lettre avec ma précédente ('), afin
qu'il connoisse que je ne lui ai rien proposé dont je ne sois venu à
bout.
Je serai bien aise que M. Freniclc voie ces miennes solutions, de
quoi je me confie à vous et suis toujours, mon Révérend Père,
votre etc.
Fermât.
A Toulouse, i septembre i643.
4. Je n'ai pas bien compris le théorème de Torricelli en votre
(') ;^ot> LeUre LIX, 2.
(') DiopliaïUo, Aritliméliqucs, V, 8; Viète, Zeletic, IV, 11.
(3) La Lettre LL\.
■26k (EOVKKS DE FEIIMAT. - COHUESPONDANCE.
l.cUrc ('); vous m'obligerez de l'étendre un pou plus cl de faire bien
la figun».
(') Torricclli nvail coinimini(|iié en i()13 au T. Niccroii un ecilain nombre de proposi-
lious (pi'il lit ijnpiimci' l'aiiiii'e suivanlo dans ses Opéra gcimielrUa. La plus remarquable
l'.oiiccrnail le volume de révolulioii eugendré par une hyperbole éipiilaliM'c lournanl autour
(le son asymptote; Torricolli énoueait que ce volume, à |)artir d'une ordonnée déterminée,
est fini. Dans une lettre adressée par Mcrsenne à Torricelli le 23 décembre i643 (Disce-
/loli di Cdiilco, t" XLI, 1° 9 r° ), et publiée dans le liullctiiiio Iloiicompngni, VIII, p. 420,
un lil :
r' (Marissimiis i;eometra Scnalor Tliolosanus Fermatius libi per me sequens problema
solvendum |)roponil, quod tuo de conoidc acuto infinité icquivaleat :
» Invoniro Iriangulum reclangulutn in numeris, cujus latus majus sit (|uadratum, summa-
que duorum aliorum etiam sit quadratum. denique summa majoris et medii lateris sit eliam
ipiadralum.
» E\enq)li gratia : in triangulo 3, 4, 5, oporlet j esse numeruni quadratum; deinde
summa 4 cl 3, lioe est 7, forci numenis cpiadratus; denique summa ■') et 4. Iioc est y, cssel
ipiadrata.... >'
L\I. - 1644. 26a
ANNÉE 1644.
L\l.
FERMAT A CAKCAVI (*).
< lOii >
('«• ['• ';^-"79-)
MoNsiF.ur.,
1. Je suis marri de la porte du paquet de M. de Saiul-Martin. Je lui
('•crivois sur le sujet des nombres et lui faisois part de quehjues propo-
sitions et surtout de la suivante, que .M. Freniclc m'avoit autrefois
proposée (-) et qu'il m'avoua tout net ne savoir point :
Traîner un triangle rectangle, auquel le quarrc de la différence des
deu:r moindres cotés surpasse le double du q narré du plus petit coté d' un
nombre (juarré.
Je lui avouai aussi pour lors (jue je n'en savois point lasululion el
que je ne voyois pas même de voie pour y venir, mais depuis je l'ai
trouvée avec autres infinies. Voici le triangle (') :
i.")6, loi 7, iSaô.
il sert à la suivante question, pour laquelle M. Freniclc se melloil
en peine de ce préalable :
Tromer un triangle rectangle, duquel le plus grand côté soit quarré et
le plus petit diffère d'un quarré de chacun des deux autres.
{ ' ) l-a (laie de ceUe Ixllrc est présumée d'après celle de l'édilioii dcTliéoii de Smyriie.
donnée par Boulliaii.
(-) Voir Lettre 1., 8. — On peut constater la perle de deux Lettres échangées entre
Fermai et Freniele à la suite de eette Lettre L.
(') Cp. l'Observation XLIV sur Diophante.
Ikrmvt. — U. 3i|
26G ŒCVHES \)K FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Si vous jugez à [)roj)Os de l'aire part de celle proposilion à mon dit
Sieur de Saint-Martin, je m'en remets à vous; je ne resterai pas de lui
récrir(> par la première voie.
2. J'ai donné à Monsieur l'Archevêque (') un petit mémoire de cor-
rections sur le Theon Sfnyr/ia'us, que je crois qu'il envolera à l'auteur
avec le manusci'it de l'Astronomie (- ). Je serai ravi que cette occasion
me serve à élr(> connu de ]\f. Boulliau, de qui le mérite, étant connu
il (ont le monde, m'a élé pleinement conlirmé par ce nouveau travail
sui' le Tliéon, où j'ai parliculii'rement admiré la correction du décret
de Timothée, qui ne pouvoit être due qu'à une main de cette im|)or-
larice.
.le suis etc.
I I) (Charles de MniiU-liiil, ni'cliovOi|iio lie Toulouse. — ['oui- les eorrcelious pro|)osocs
|ii\r l'"orinat au Icxto cililé par Boulliau, vnir Tome 1, Appondicp, VIII, paiics 373-37G.
(') Dans les prolégomènes de son J^trononila p/a'lolaka (ifi^ii), p. 20, Boulliau dit on
circt avoir entre les mains ce manuscrit do la seconde partie do l'ouvrage de Tliéon, que
.Monlclial avait mis à sa disposition; mais il ne le publia pas. Ce manuscrit, entré vers
1-1)0 à la Bibliotlièquc Itûyalo (fonds grec n" 1821), ne fut utilisé qu'en 1SI9 par Th. -II.
Martin : Theoni.i Sinyriiœi Pliiloiiici lilicr de .Istrunoiiiui.
LXIl. - IGVG. 207
ANNÉE 1646,
lAlI.
FERMAT A GASSENDI (').
< JGVC? >
( l'a, p. 501- 20 '|.)
1. l'romuUiavit Galiiciis niotum unifonuilor acceleralum ossc- ciiin
(' ) Celle pii-cc a été iinprimco cii premier lieu dons l'édi lion de Lyon (iG58) des Œuvres
de Gassendi, l. VI, ]ip. 54i-5.'i3, ainsi que le mcnlionnc an rcslc la noie snivanle des
Faria :
« Ila.'c epislola Ty|)is ediia fuil lonio G Opcnim Gassendi iiiler cpislolas ad eiim scri-
plas. 1)
Kllc porlc comme inlilulé dans les f'arin :
" Vire Clarissimo Dom. Gasseiido l'elrus de Fermai S. P. — Do proportiono ([iiâ graxi.i
decidcntia acceleranUir. »
Elle est snivic dans les f'arin, p. ao4, de la |)ièce suivante :
« Lcllrc lie Monsieur Gassendi à Mnusieur de""
1) Monsieur,
" Il y a déjà quelque temps que Monsieur le Président do DonneviUe, s'clanl donne la
» peine de me venir voir, me laissa un écrit de Monsieur de Format touchant l'accroissc-
u ment de vitesse qui esl en la eheulc des corjis, cl parce ipic je n"ay point eu l'iiouneui"
u de le revoir depuis, et que je ne sçay point son logis pour le luy jiouvoir rendre, etquo
'I d'ailleurs il me semble qu'il me dit en passant (pi'il avoil charge de vous le remettre
» après qu'il me l'auroit monstre, je me suis advisé de vous l'envoyer sans plus altondrc.
» avec les 1res humbles remerciemcns que je dois à mondil sieur do Format de la bonté
>• qu'il a elie de m'en donner la conmuinicalion. Il scroil superflu de vous dire combien
:2C8 ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
qui, a quieto rccodens, tcmporibus aequalibus a'qualia coleritatis mo-
iiiciita sihi supcraddit (').
Imiim vero qui jcqualiltus spatiis «qualia celeritatis momcnta silii
superaddil, adeo non convenire motui gravium descendcntium airir-
riiat iil, ex 00 supposito, mnUim iii iiistanli fiori doducat et, ut sihi
persuasit, facillime demonstret.
Sed concedatur, si placet, viro porspicaci et Lync«o indemoustrata
conclusio, dummodo sit vera. Dcmonstrationcm enim dum primo sta-
liin ohtulu
Aut videt, aiil vidisso piilnl per niibila {^),
uiiiil iiiirum si loctoribus minus utiquc LyiicaMs parum vidcalur satis-
fVcisse.
Ut igitur constet suus houor Galileo, neque amplius de ipsius illa-
(ione ambigatur, aut ralionibus tantiim probabilibus disputetur, pru-
posilionem ipsam more Archimedeo hic demoustratam babebis.
2. Si quotlibel rcclœ, ad unum punctum concurrentes, exponnntitr in
conlinua proportionc, carum inlermtla eriint in cadem ratione.
» j'en suis satisfait, puisque comme vous sçavcs mieux que tout autre rien ne peut partir
Il d'ime telle main (]ui ne soit parlait en tout point. Je suis, etc. u
D'autre part, les raria (page vi non numérotée) reproduisent la mention iionorifirpic
suivante ;
(I Samuel Sorl/erius in prœjatioiic Opcrum Gassendi.
» Potrum Fermatium lam longo intcrvallo Vietam, Diopliantum et Pylliagoreos omncs
u post se relinquentem. »
Cette mention se trouve effectivement page 3G (non numérotée) do la Notice de Sor-
liière.
La présente lettre n'est pas datée; mais on peut la rapporter vraisemblabicment ;'i
l'année 164G; c'est la date de l'ouvrage in-4 de Gassendi : De proportionc qua grt/fia diii-
dcntiii accdcranlur Epislolœ III quihiis respondetiir tid cpisto/as Pétri Cnzrœi ( OEinTes,
lome 111, p. 564 ). Fermât fera allusion dans les u"' LXXXIl et LXXXIIl à la même ques-
tion.
(') C'est la définition qu'on trouve commentée dans la Giornata tcrza des Discorsi <■
dimostrazioin malenialiche intorno a due nuovc Scicnze nttcitenli alla incccanica et ino-
viinenti loeali. Leyde, iG38, 4°i P- '58. (Cf. Opère di Galileo Galilei, éd. Albcri, tome ,XI1I,
p. i55.)
( -j Virgile, Enéide, VI, V)^.
LXII. - I6i6. -M)
Vorhi gralia, siiit rccla» {J^o- 79) AF, BF, CF, DF, EF, otc. in coiili-
Kig. 71).
n r n
lUKi proportione, eruni iiilervalla ipsarum, AB, BC, CD, DE, in cailcni
rationc.
Est enim
ni lola AF ad lotam BF,
ila al)lata BF a priore ad CF ablalaiii a poslerioro.
Ers!0
ila reliqna AB ail reliquam BC ul lola ad tolani, lioc csl, ut AF ad BF,
et sic de cœtcris.
Eailcni raliono dcmonstrabimus
Ul AF ad CF, ila esse AB ad Cl),
ni BF ad DF, ila esse I5C ad DF,
3. Si inlelligaliir motus a puncto F (fig. 8o) versus punriiim A eo/i-
tinue accelcralus sccundutn ralioncm dccursorwn spaliorum, et erpo-
V\'i. 8o.
B C D E
It M N 0 V X
Z
nanlur quollihct continue proporlionales ut AF, BF, <^ CF, DF, > \\V, de. ,
tcmpus in quo mobile percurrct spatium DIÎ erit œqualc tempon in quo ulciii
molnle percurrct spatium DC ; dcnique spatia omnia VS), D(^ CB codcm tcin-
pore singula percurrcntur .
4. Dcmonstrabimus /;/7>/îo spatia CB, BA coilcni tcmporc in siippd-
sito motii porcnrri.
Si oniin dwapus per AB non est œqualc lempori per BC, cril vd tna-
jns vol minus.
270 Œ U V I{ E S DE F E II M AT. - C 0 IU{ E S i> 0 N D A N C M.
Sil primum majus, si Hcri potest. Krgo
Icmptis pcr AB est ad tcmpus pcr \iC
ul aliqua rccla major ipsà BF ad ipsaiii BF.
Sit roda illa Z : orgo est
ul lciiii)us per AB ad lompiis pcr B(;, ila rccla Z ad rcclam BF.
Siiiiiaiidir intcr rodas AF, BF, lot niodia} iii continua proportiono,
ni RF, MF, NF, doncc minor ex ijisis, ut NF, sit minor quain rocta Z :
quod quidom nocessario cventurum, vel ex sola medi;e invonliono
ojusquc itorata, quoties opus fucrit, opcrationo, quis non vidcl?
lîrunt orgo continuio proporli(uiales roctse AV, RF, MF, NF, BF ;
cil ni autom sit
ut AF ad BF, ita l!F ad CF, cl ila AB ail lîC,
crgo potorit conlinnari proporti(t su!) eodcni nunicro Icnninoruni, ut
sint etiam proportionales BF, OF, VF, XF, CF, idcjuo in oadoin supo-
rionim rationo.
Mis ita [)0sitis et constructis, considcrcnlur et coniparciUnr singnla
s|)atia AR, RM, MN, NB singulis spaliis BO, 0\, VX, XC, singnla ncnipc
singulis, hoc est, spalium AR spatio BO.
Si igitur pcr spatium AR fuorit motus nniformis juxla graduni vclo-
cilalis in puncio R acquisitum, <[ et pcr spatium BO moins nniformis
juxla gradum volocitalis in puncto B acquisitum ]>,
lompus per AR ad lem[Mis pcr BO couipoiicrclur
e\ ralioiic spalii AU ad spalium 150
et (vicissim) ex ratiorie vclocilalis per B ad velocilalcm pcr H :
(]uod notissimnm est et Galilcus ipso dcmonsiravit, proposiliono quinlà
Trarlaliis de moin cpquahili (' ).
At
ut spalium AB ad spatium BO, ila,
( ' ) « Si duo mobilia opquabili motii fcranliir, sint larncn vclocilales inacqualcs cl iiuT-
(jiiiilia spBlia poracta, ratio tomporum cnniposita erit c\ ralionc spaliormn, et ex ralionc
vciocilaliim contrarie sumplaruni. o ( Dixcorsi e diinosirazioin malcmatirlic, Levde, i6!>8,
p. l'j^; Opère di Cati/co Cnlilci, éd. Allièri, t. Xlll, p. i52.)
LXII. - IG'jG. 271
por priinam proposilionein,
recta AF ad icclani 15F,
et
til velocilas pcr D ail volocilatern per It, ila,
ox supposUa iiiolùs accclerali juxia s|)alia docursa dcliiiitioiic,
roda I>F ad rcclain lU";
crgo tcmpus por AR, lioc casii, ad Icinpus pcr BO coniponorotnr
ex ratioiic AF atl lîF cl ex rationc I5F ad RF;
cssol igidir
leiiipiis pcr AH ad leinpiis pci" 150 ul recla AF ad icclam HF.
Dcindo, si per spatium RM fiorot moins uiiifoniiis jiixta gradniu
velocitalis <] iii puiiclo M acquisitiim, cl per spatium OV niodis iini-
formis jiixta gradiim velocilatis > iii <|punct()> 0 acquisiluni .
càdoin ralioiio prol)al)itiir
leiiiptis pcr Ml! ad Icmpiis per OV esse ul recla RF ad rcclam MF.
Simililor, coiisidorando voloci(alos puuclorum N et V, oril
lenipiis [icr MN ad lenii)ns per VX ul MF ad NF.
Dcuique, considerando veioeilales punctorum 13 et X in ullimis s|ia-
liis, erit
tcmpus pcr NO ad tcin]His pcr \C. ut NF ad l'.F.
Sed oniiies cjusmodi rationes, nempc AF ad RF, RF ad MF, MF ad
NF, NF ad RF, ex constructioiie sunt eiedem : ergo
tcmpus ouuiium inotuum pcr tolam AH
ad lempus oniuium motuum pcr totam Iî(]
in iilrisquo spatiis ita ut diximns considcratorum
est ut recta AF ad UF, sive NF ad BF.
Sed tcmpus moti^is accclerati [ter AR est minus tempore mollis pcr
AR uniformis juxla velocitatem in R : cîiiu enim a puncto R uscjiic ad
punctum A perpeluo, ex hypothesi, velocilas crcscat, ergo a punclo R
ad punctum A cilius per motuni accelcralum pervenitur quàm si v(d(i-
27-2 G2UVRES I)K FKUMAT. - CO KRESPONl) ANCI-:.
«•itas acquisita in R cail(Mii ot miil'ormis iisqiic ad punctum A porscvt'-
raii'l.
Kadcm rationo probahitur lempiis mcilùs accclcrati per RM ossc
inimis tomporc iiiolùs uiiiformis por RM, si vclocitas ipsiiis iiltiiiK»
ipsiiis spatii M pimclo rcspondeat.
Oeniquo constat nintiim por fotani AB acccloratum, ut tict liypo-
Ihcsis, minori tcniporo ficri quàm motum alinin ficlilium ox motilnis
iiniforniihus, jiixla vclocitaLes ultimis spaliorum AR, RM, MN, NR
punctis respondontcs, coiripositiini.
Af oontra tcmpiis motùs accclorati pcr BO est majiis tomporc niolùs
iiniformis per BO, considerali juxta volocitatom puncti B, quia vclo-
citas a puncto B ad 0 sempor croscit in niolu acccicralo, juxta liypo-
thosin, ot ininor scmper est velocitalo qu« rospondct pnnclo B.
Undc pari raliocinio concludetur motum pcr tolain BC acccloratum,
ut fict livpothcsis, majori tomporc fîcri qnàm nioluni illnm tictitium ox
niotibus uniformihus, juxta volocilalos primis spatiornni BO. OV, YX,
XC punctis rospondontos, compositum.
Ciim orgo tcmpiis motùs accclorati por AB sit minus tomporc motùs
illius tictitii poroamdom AB, et contra tcmpus motùs accelcrati por B(]
sit majus tomporc motùs illius fictitii per camdom BC, crgo
ininor est ratio temporis moins accelcrati pei- AB
ad tempos motùs accclorati per BC
quùm temporis molûs ficlilii per Alt
ad lenipus moliis lictilii per H(>;
sed,
m tempus motfis accelerali per AB ad lenipus moins uccelerali per \W,,
lia posuimus esse rectani Z ad rectam BF,
ot
ut tempus molùs ficlilii pcr AB ad tempos niolùs ficlilii pcr BC,
lia dcmonslravimus esse NF ad BF :
orgo
minor est ratio recla" Z atl rectam BF cpiàni recta; NF ad eanidcni BF,
(jucd est absurdum, cùm recta Z sit major rectà NF.
L\II. - IGVC. 273
Krgo lempus niotùs accclerati por AB non est majiis (cmpore motùs
accelerafi pcr BC.
Eàdom facililate prohabinuis lempus niolùs per AB accelerati non
esse minus temporc motùs accelerati per BC.
Sit enim minus, si fieri potest : erit igitur
m lempus molûs per AB accelerati ad lempus molùs accelerati pcr B(",
ila recla niinor ipsà BF ad ipsam I$F.
Ksto itaque recta iila, niinor quàm BF, G et sit
lempus molûs accelerati per AB ad lempus molûs accelerati per BC
ul G ad rectam BF,
et inter rectas BF, CF exponatur continue proportionalium séries
quarum maxima OF sit major quàm G. Eodem quo usi sumus, in
superiori demonslrationis parte, ratiocinio, conferendo spatia in ipsà
AB inter similes proportionales intercepta cum spatiis BO, OV, VX,
XC, mutemus solummodo velocitates uniformes et fingamus, verhi
gratia, motum per AR uniformcm iieri juxta gradurn velocitatis in
j)uncto A acquisitae; motum vero uniformem per BO tieri juxta velo-
citatem acquisitam in puncto 0; et sic in reliquis spatiis, in quil)us
patet omnes velocitates per AB uniformes augeri, velocitates vero per
BC uniformes minui, contra id quod in priore demonslrationis parle
fuerat usurpatum.
(^oncludelur, ut supra,
lempus molùs iuijusmodi uniformis por AU
ad lempus molûs uniformis per liO
esse ul recla BF ad reclam AF :
duin enim augentur velocitates, tempora motuum miniiunUir.
Siiuiliter
lempus molûs uniformis per BM ad lempus molûs uniformis per 0\
eril ul MF ad MB.
l'tnMAT. — 11. >*•*
■m ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Dcnique
tempus motùs fictilii illius per AR ex uniformilius composili
ad lempus molûs ficlilii per RC ex iiniformibus pariler compositi
cril ul UF ad AF,
cùm omnes rationes sintesedem, hoc est, ut OFad BF, per primam pro-
positionem.
Tempus aiilein motùs accélérât! per AB est majus temporc motùs
illius fîctitii ex uniformibus compositi, cùm supposucrimus iii nio-
tibus uniformibus auctas fuisse velocitatcs, quœ nimirum in hoc casu
primis spatiorum AR, RM, etc. punctis rcspondent; sed et tompus
motùs accelerali per BC est minus tempore motùs tîctitii ex unifor-
mibus compositi, quia hic velocitatcs minuuntur et ultimis spatiorum
BO, OV, etc. punctis rcspondent : ergo
major est ralio lemporis motùs accelerali per < AB
ad tempus motùs accelerati per > BC
qnàm lemporis motùs fictilii per AR
ad tempus motùs fictilii per RC.
Sed
ut tempus motùs accelerali [)er AR ad tempus molûs accelerati per RC,
ita est recta G ad rectam RF,
ex suppositionc; ut autem
tempus motùs fictilii per AR ad tempus motùs fictilii per WC.
ila recta OF ad RF,
ex demonstratione : ergo
recta G ad reclam RF majorem proporlionem liai)et
quùm recta OF ad rectam BF,
quod est absurdum, cùm recta G sit minor rectà OF, ex conslruc-
(ione.
Non ergo tompus motùs accelerati per AB est minus tempore motùs
accelerali per BC; sed nec majus, ut supra demonstratum est : erf^o
est œquale.
LXII. - 1646. 275
Ivulcm rationc patot tcrnpus motùs accélérai! per CD aoquari lempori
inolùs accelerati per AB, et tcmpori molùs accélérât! per BC, e(, con-
linuat!s, si placet, in intinitiim rationibus, omnia omnino spalia codcin
I empare percitrri.
5. Mis positis, tertiâ proposilionc inenlem Galilei revelamus aut pro-
positionis voritatcm astruimus.
Inteliigatur motus gravium descendenliuiii a quicle ex punclo A
{fig. 8i) usque ad piinctum H, verbi gralia, et stipponatur, si fier i
Fi^'. 8i.
G
polest, re/ucùatem gravis cadenlis accelerari Juxfa ralionem spationtin
(tecursorum. Ponalur motus jam factus ab A usquc ad H lempore unius
miiuili aut altero quovis tempore determinato, et siipponatur motus
contiiuiari usque ad punctum K : Aio molumpir HK//m //; inslanti.
Si eiiim uiotus per HK non (iat iu iustanti, fiet in tempore aliquo
determinato, quod, [ler ali([uem numerum multiplicatum, excedet
lem[)us in derursu spalii AH insumptum; ponalur numerus multi-
plicans "i, ila ut Icmpiis motùs per HK (jidnqaies sumplum excédai
lempus molùs per AH.
Redis KA, HA sumatur terlia proportionalis GA et loties conli-
nuelur proportionalium séries, donec spaliorunï iulcrccptorum nu-
merus excédât numerum 5; fiant crgo, ex proportionalibus conti-
nuatis, scx, verbi gralia, spatia ultra punctum H, ()u;e sint HG, GF,
Kli, KD, DC, CB.
Ergo lempus molùs per HG, per praeccdcnlem, est œqualc tcmpori
motùs per HK.
Similiter lempus molùs per GF est a,'quale lempori molùs per HK.
Uenique motus per totam HB fiet in tempore quod ad lempus per
HK eril sexluplum ; a( lempus temporis per HK quinluplum est majus
tempore motùs per AH : ergo a fortiori lempus motùs per HB tempore
molùs per totam HA est majus. Quod est absurdum.
276 ŒUVRES DE 1 EHMAT. - COIU{ESI>ON I) A NCE.
l'j'go vcra romanet Galilei illalio quainvis cam ipsc non dcmoM-
strai'it.
6. lla'c hrovitcr cL familiarilcr, Clarissimc Gasscndo, scripsiiniis,
no tihi in postcruin faccssat ncgolium aut Cazr.Tus aut quivis alins
Galilei adversariiis, ot in inimeiisum cxcrcsrani vohimina, qu;o unicà
denioiislralioiic, vcl l'alonlibus ipsis auclorii)us, aut dcstrucntnr aul
inutilia cl supcrdua oIRcicnlnr. Valc.
LXIII. - JEUDI h JUIN 1G48. 'IT,
ANNEE 1648.
LXIII.
FERMAT A MERSENNlî (').
JEiDi i jui.N lCi8.
(15„2V».)
\()i('i la construction de la question des trois triangles (/uoni/a <irc(f
constiliiuiit Iria /niera Iriangnli rccla/igiili /iii/zicro (-).
Trouvons un triangle do telle sorte (jue la somme de l'hypoténuse
(•( de l'un des cotés soit quadruple de l'autre coté.
{'a' qui est fait ainsi. Soit le dit triangle :.
K S T
17 i5 8
Foriuahuiitiutria lri(in<iula rectan"tila :
o et
priinuin abs It-t-4S et iW — 'iS,
sec II ud II m a Os GS et It — 2 S,
lertium abs 4S4-T et /| S — 2 T.
(') l'Yagmciil de IcUrc inédit.
(-) Cp. rOI)Scrvulion X.KIX sur Dio|iliaiilc.
■n» (J'IJVHES DE FEUMAT. - CORRESPONDANCE.
Hoc est : in hoc cremjdo in specie formabitur :
primuiit (i/is /(() cl 9.,
seciiiidiiDi abs !fi et i,
Icrliiini abs
F.XIV.
FKKMAT A SÉGUIKR (').
MARDI 9 JUIN 1G'|8.
(Bill. nal. fr. 1738H, f° 74 ,■».)
Monseigneur,
.le sçai que la vertu et le sçauoir sout les seules recommandaliuus
qui peuueut obtenir vostre protection, et que c'est sans cloute auec;
Irop de confiance que je prcns la liberté de vous demender une
içracc (■) (|ue i'aduoue n'auoir pas méritée. Mais ie sçai aussi, Mon-
seigneur, (|ue vous aués assés de bonté pour conter parmi les bonnes
(|uali(és l'inclination de les acquérir. C'est la seule qui ne m"a iamais
abandonné et mon ambition a tousiours esté assés bardic pour me faire
considérer les belles lettres comme une conqueste aisée en mesme
lemps que ie sentois bien et que l'expérience m'a faict cognoistre
qu'elle esloit au dessus de mes forces. C'est donc a des mouvements
imparfaicts et au désir seul de mériter quelqu'une de vos faneurs que
ie vous coniure. Monseigneur, d'accorder celle que M. do la Cbambrc
a voulu prendre le soin de vous demender de ma part. Si ie ne suis pas
(') Piililice par M. Cliarles Henry (Recherches, p. 63) d'après l'original doiU nous
roi)roduisons l'orthographe.
(') Lo «9 août 1648 Fermai fut député à Castres « pour tenir cl desservir séance do la
chambre de l'édit avec les présidents el conseillers de la religion prétendue réformée »
( Histoire fféiirrale du Lnns;iwdoc, tome XIV, Toulouse 1876, col. îoG); c'est peut-être
cette nomination qui faisait l'objet de la présente requête.
L\V. - MAHDI 18 AOUT 1018. 27!)
(•;i|)able de m'en rendre digne a l'aduenir, ie la recognois(rai du moins
par le respect aiiec lequel ie vous estrc toute ma nie,
.Monseigneur,
Vostre très humble, très obéissant
et très obligé seruiteur,
Ff.b,mat.
.V Tolose le 9 iuin \ù^S.
( Jdres.ie.)
A Monseigneur
Monseigneur le
Chancelier.
A Paris.
LXV.
FRR.MAT A LA CHAMBRE (Martln CUREAU de) (').
MARDI 18 AOUT 1648.
(Bib. Xal. fr. i73(jo, t" iij r°.)
MoNSiEi;n,
,Ie ne vous ai point entretenu iusqu'ici d'affaires publiques, mai>.
pourcc que les véritables mouvements d'un arrest que le parlement a
donné n'ont pas esté peust estre eognus chez Monseigneur, i'ai dressé
un mot d'escrit ou vous le treuueres, ie vous l'expose sur l'asseurânce
que i'ai et de vostre prudence et de l'honneur que vous me faictes de
m'aymer. Il ne verra qu'autant de iour que vous voudrcs, outre que ma
|)olilique est très f'oible et très bornée, ie ne prêtons par là vous faire
|)ar(dstre que mon zèle pour le seruice du roi et mon respect pour lc>
volontés de .Monseigneur. Si cest cscrit ne peut pas seruir a cela
(' ) Publicc par M. Charles Henry (Recherche.'!, p. G;) d'après l'autographe.
280 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
nifsmo, excusés du moins mes fautes et faictes moi la grâce de les
tenir cachées et de me croire tousiours,
Monsieur,
Vostic très humble et
très obéissant seruiteur.
Fermât.
A Tolose le i8 août 1648 (<).
( .1 dresse.)
A Monsieur
Monsieur de la Chambre
chez Monseigneur te
Chancelier.
A Paris.
LWI.
NOTK DE FERMAT
JOINTE A I.A LETTRK PRÉCÉDENTE {').
(Hil). Nat. fr. 17390, f° ii3.)
li'arrest que le parlement de Tolose a donné par lequel il est inhibé
de leuer les tailles a main armée et par logements efTectifs de gens de
guerre, a esté si nécessaire dans la conionture présente, qu'il n'y auoit
apparament que ce seul remède pour faire subsister le calme dans la
prouince de Guienne qui est dépendante de ce ressort.
Le bruit qui s'estoit espandu par toutes les villes que le roi alioit
quitter les arrérages des impositions et accorder une diminution con-
sidérable de la taille courante faisoit supporter au peuple aucc tant
(') Celle siiseriplioii est presque entièrement effacée : la date a clé inscrite an verso
par les commis de Sésnicr.
( -) Publiée par M. Charles Henry {Recherches, p. GS) d'après l'autographe.
LXVI. - MARDI 18 AOUT 1G4.8. 281
(rimpaliencc oos ordres seiicros de logements elTeclifs (ju'il se taisoil
de loiUs coslés des conspiralioiis et des attroupements contre les iiri-
gades, et des rebellions si notables qu'elles eussent sans doute tramé
de plus grands souslcvements si le parlement n'eust suspendu par son
arrest ces ordres violents qui sont contre les ordonnances et contre
riuimanité mesnie, s'il faut ainsi parler. Depuis ce temps là on n'a
point cessé de donner des arrests pour procurer en toute diligence le
payement des tailles, on a niesnie taché d'empescher diuers abbus pra-
tiqués par les commis qu'on a descouuerl (|ui faisoient faire des quit-
tances antidatées pour s'approprier {)ar ceste voye les deniers royaus
li les diui'rlir a leur profil ; le parlement en a faiet informer, a donné
arrest et comission là dessus, bref il n'a rien omis pour ce regard. J'ai
esté le premier qui ai eu quelque cognoissance des voyes obliques et
({ui ai suggéré à quelques uns de la Grande (Chambre l'arrest ([ui est
donné sur ce subject.
Je ne laisse pas de vous aduouer (|ui' ces remèdes sont lenis et ([ue
le pavement des tailles l'est encore d'advantage, depuis (|ue cesie
grande rudesse de l'exaction a cessé, la raison est claire, la pauureté
est si generalle et si grande, et les charges si liantes que des (|ue ceste
ciiiistrainte armée a cessé, rien ne |)aroist d'assés fort pour faire payer
les contribuables, les saisies qui estoient l'extrême dans les voyes
réglées commencent de n'elfrayer plus et sont plustost des menaces
(|ue des cou[)s.
11 faut pourtant haster les leuees et donner pr(un[)tement an roi un
secours si iuste et si nécessaire. Il me; semble que l'expédient le plus
plausible et le plus aisé seroit d'auoir une déclaration du roi qui por-
lasl permission a toutes les communautés d'em|)runter les sommes
nécessaires a concurrence des tailles courantes et (|ui declarast les
sommes empruntées audici elfect priuilegiees a tontes debtes desd.
communautés comme destinées au i)ayement des charges courantes.
Il est très probable (jne tout l'argent de la prouince abouliroit lii,
pource que la fréquence des banqueroutes est cause que ceux qui
ont de l'argent avmeni mieux le garder que le bazarder. (>s(e decla-
l'ERMAT. — n. ôi)
282 Œ U V R E S I) E F E R M AT. - (] 0 U II E S 1» 0 N J) A N C !•:.
ratii)!! signée du registre du parlement seroit une asseuranee eiitierc
|»our les créanciers et si le roi aeeordoit quelque remise pour l'auanee,
toutes les communautés aecourroient en foulle pour emprunter les
deniers nécessaires et les payer tout aussi lost aux receueurs. On
|)Ourroit mesme enjoindre au parlement d'enuoyer des comissaires
dans toutes les uilles pour laciliter lesd. [)ayements, et si sa maiesté
iugcoit qu'il fust important pour le bien de son estât de se scruir de
ce mesmo moyen pour faire approcher les deniers de l'an iG^jQ, l'exé-
cution n'en seroit pas apparamcnt malaisée.
lAVII.
FERMAT A iAIERSKNNi'] (?).
I'ltAGMENT(').
1G48.
( I), m, 83.)
Asymmctrias in Algebraïcis omnino tollere, opus arduum nec salis
liactenus ab Analystis tcntatum.
Dentur, vcrbi gratia, termini asymmetri plures quatuor et secundum
artis pnecepta proponantur asymmetria liberandi. Vix est ut ab hujus-
modi tricis expédiât se Analysta : dum crescet labor, angebitur dilli-
cultas et fiitigatus tandem, nibil, post rcpetitas sxqiius operationes,
aut profecisse se aut promovisse deprehendet. An itaquc ha'rebit Ana-
lysis et asymmetriis undique obruta conticcscet? Videant eruditi et
methodum huic negotio conducibilem inquirant.
(') Tiré (l'uiio I^ottre do Dcscartes à M***, dalc-c du i8 décembre i648, où ce fragmenl
est précédé des mots : Foici maiiUenwtl le billet de M. de Fermât, et suivi d'une
réponse do Descaries à la question posée. La parlic latine, qui dans l'édition Clerselier
est composée en italiques avec les lullres de l'équation en minuscules, est traduite en
français (édition Cousin, tome X, p. 1C9).
LWII. - IG'tS. 28:i
Fi'oponatiir iii cxempluni :
liiliis(|{ in A — A (|iia(].) -H 1;U.(Z quad. -t- Din A + A (juad.)
4- lai. (M iii A) + lal.(l) (|iiad.— A f|ua(l.),
— lat('re(H in A + A (luail.) icqnaii H -(- A.
()|)CTf(iir si'ciiiulurn praeccpta arlis Aiialysta et alj asymmctria pm-
|>()sila se cxix'diat, aiit arlis iiicfficaciain falcadir (').
Il me sciiililo (|U(' les illiislrt's cii cctlo Sciciuc ne sauroicnt prendre
un |)lus digne et plus nécessaire emploi que cidui d'aplanir ces dilli-
cuilés. Pour les y exciter, vous leur pourriez dire par avance que j'ai
fait ({uelque progrès en cette matière et qu'il y a beaucoup à décou-
vrir et il inventer; vous pourriez même en écrire en Italie et en Hol-
lande, afin que la prophétie du Chancelier d'Angleterre s'accomidisse :
Miilti pprtransibuiit et atigebiliir scieiitia (*).
( ' ) l'oir Tuiiic I, p. 181-188.
(-) /'()//• plus haut. p. 3">. unie '..
28i ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
ANNÉE 1G50.
LXVIll.
FERMAT A CARCAVI (').
SAMEDI 20 AOIIT 1650.
(Bilil. nal., lut. iit<)G, l"' ■>',-!>:) )
Monsieur,
1- Ma lettre par malheur fut envoyée trop tard la semaine dernière
au messager d'Aurillac; vous la recevrez seulement par celui-ci avec
la pénitence que je me suis enjoint à moi-mém*^ pour payer ce retar-
dement, c'est-à-dire que je n'ai point voulu différer à vous envoyer ma
méthode générale pour le débrouillcment des asymmctricsÇ-). l.es fêtes
m'ont (ont à propos donné le loisir nécessaire pour y vaquer; je vous
envoyé mon original par pure paresse et vous prie me le renvoyer au
plus lot ou bien un autre à votre choix. Vous ménagerez mes intérêts
comme vous l'entendez; ils consistent seulement à me laisser la satis-
faction (j'use à dessein d'un mot adouci) d'avoir dévoilé une malii-rc
(|ui n'étoit pas connue, ce que diverses questions, que je vous ai pro-
posées à diverses fois et dont pas une solution n'a jamais été donnée,
prouvent assez suffisamment.
2. Mais, si vous voulez avoir le plaisir tout entier, proposez hardi-
ment à trouver la tangente d'une courbe dont, par exemple, la pro-
( ') Publiée par M. Cliarlcs Henry {Recherches, p. igS).
(^) (^esl la mclhodc d'élimination des radicaux, exposée tome I, )>. 181-188.
LXVIII. — SAMEDI 20 AOUT 1G50. 285
priété soit, en prônant A pour l'appliquée et E pour la portion du dia-
mètre (|ui lui correspond :
Lalusciih. ('Atj.\ti\ — Ac.)-i-lat.qtnirl.qii(id.{'lij)l./>l.— \)q. in 15 in A -H A -77.)
-(- lat. ijiiad. (H in A — A7.) + lat. (juad. cub. {\qc. — B77. in A).
[lœc omnia quatuor hoinogenea, quœ, in hoc casu, su/H reclœ, œqucn-
lur
B + A - E.
Quœnlur langcns ad punctum daturn in carra cujus saperior œt/ua/ilas
proprielalem speci/icam reprœsentat .
Que fera en ce rencontre la méthode de M. Descartes que vous savez
être infiniment plus embarrassée que la mienne? mais que fera encore
la mienne, si les asymmétries ne sont otécs?
Pour les oter, la méthode que je vous envoyé en vient à bout sans
nulle dillicullé. car, qw donnant à chacune des lignes irrationelles le
nom d'une seconde racine, tierce, quarte etca?t., on vient toujours :i
des doubles égalités lesquelles se réitèrent jusques à ce que l'applica-
tion (ou la division) ùte la dernière de ces racines, puis la pénultième,
et ainsi en rétrogradant jusques à ce que toutes les nouvelles racines
inconnues que vous aurez jtriscs à discrétion aient entièrement dis-
paru, et pour lors il vous restera une équation sans asvmmétrie en
laquelle il n'y aura de racines inconnues que les deux premières A
et E, qui n'auront cjue changé de degré à cause des multiplications fré-
quentes et nécessaires à chaque opération, et cette équation exempte
d'asymmétrie représentera la propriété spécifique de la courbe.
Or, (jiiand nous avons la propriété spécifique de la courbe sans
asvmmétrie, ma méthode de langenlibus donne la tangente très sim-
plement et par la seule application à tous les cas généralement, soit
(|ue la propriété spécifique aie relation à des lignes droites seulement,
soit qu'elle l'aie aussi à des courbes. Et partant, en joignant les deux
méthodes, la tangente de la question proposée se trouve par l'applica-
tion simple, ce qui semble merveilleux.
•28G (J'. L V l« E S 1) K F E W M AT. — C O 11 H E S IM ) N I) A N C E.
.le n'ajouto pas l'opéralioii onlii're, pomro (]ii(' la longueur du (la-
vail me lasscroit, mais, on un mot, il sulFit que vous voyez 1res daire-
nieut le progrès el la fin de l'ouvrage; ce que je crois avoir é(é in-
connu jusques à présent, puis(|ue M. Descartes, que je nomme avec
tout le respect qui est dû à la mémoire d'un si merveilleux homme,
])roposoit comme une diinculté insiirnionlahlc la <|uestion suivante :
Jùa/il donnés r/itatre points et une ci)urhe, en Inquelle prenant un jxtint
à discrétion, les droites menées de ce point aux quatre donnés fassent
une somme donnée, trouver un:' tau^e/ite à {/ue/eonr/ue poi/it donné de
cette courbe.
ainsi (jue je puis faire voir par une de ses lettres ('). Pourtant, mes
méthodes jointes ensemhie en donnent la solution simple, et l'cqjéra-
tion < se fait > en se jouant.
Vous comprenez parla que le principal el plus considérahie ell'ef de
cette méthode paroit aux tangentes de toutes sortes de lignes courhes
il l'infini, puisque les tangentes s'y trouvent toujours |)ar application
simple, et après cela aux questions que j'appelle al/ondantes, qui se
résolvent aussi par la seule division, sans aucune extraction de racines
et ca't.
3. Mn voilà trop pour une seconde lettre, mais je suis d'humeur à
vous l'aire paroitre ce que peut notre ancienne amitié. Peut-être (|ue
ces petits éclaircissements serviront à ce ()u'il y aura de tro[» concis
dans mon écrit latin, quoique je ne doute point qu'après que vous el
messieurs à qui vous le communiquerez y auront un peu rêvé, ils n'en
trouvent l'intelligence et la pratique aisée.
.îe n'ai qu'à vous avertir que l'ordre des pages de mon petit Traité
i>sl marqué par chiffres, et qu'il y a un endroit, en la page septième,
qui semble défectueux, qui pourtant ne l'est pas, et il faut tout écrire
comme un sens continu, ainsi que vous comprendrez d'abord.
l') Celle lollre n'a pas clé conservée.
LWllI. ^ -10 AOUT IGoO. -287
Jo vous ri'itoi'c encore (lue je vous reiivoierai vos écrits de mes
Traités au |)lus tôt avec le Livre de M. Gaignières ('), sinon que vous
en trouviez à Paris un autre exemplaire, auqu(d cas vous m'obligerez
de le bailler à mondit S'' Gaignières, et j'en rembourserai le prix au
messager ([ni vous porte mes lettres.
Je suis, Monsieur, votre du tout acquis scrvit(>ur,
KF.r.MAT.
A Casi.i'os, l'c 20 iiDiU i(i)i)
( ' ; l.a siiilc (le la phrase luoutro qu'il s'agit d'un ouvrage j»r(jté par Gaignières. Celui-ci
n'est pas Kogcr de Gaignières dont les collections ont enrichi la Bil)liotlio(|uc du roi, puiscpie
ce célèbre colleclionueur est no vers 1G44, mais sans doute son père Aimé de Gaignières,
secrétaire du duc de Bcllcgarde, gouverneur de Bourgogne. (.Léopold Dclislc, Le cahiiict
(les tiit//iii\crih-, Tome 1, p. 33).)
2,S8 (EUVHES DE EEUMAT. - CO [UlESPOND A NC K.
ANNÉE 1654.
LXIX.
FERMAT A PASCAL (').
165 V.
{OEuffcs lie Pascal, 177*), I\', p. ^(^l'-^V--)
MossiF.un,
Si j'cnfrcpivnds île faire un j)niiit avec un seul dé eu liuil coups; si
uuiis couvenons, après que l'argent est dans le jeu, ([U(^ je ne joiu/rai
pas le premier coup, il faut, par mon j)rincipe, que je tire du jeu ,! du
total pour être désiulérossé, à raison dudit premier coup.
Oue si encore nous convenons après cela que je n(! jouerai pas le
s(M'ond coup, je dois, pour mon indemnité, tirer le G'"" du restant, tjui
est ^ du total.
i']! si a|)rès c(da nous convenons que je ne jouerai pas le Iroisil'me
coup, je dois, pour mon indemnité, tirer le (')""■ du restant, qui est f'^
du total.
Va si apri's cela nous convenons encore (|ue je ne jouerai pas le (|iia-
trii'me coup, je dois tirer le G""" du restant, qui est ;^',t du total, et je
conviens avec vous que c'est la valeur du ((uatrii'iue coup, supposé
(ju'on ait déjà traité des précédents.
i\Iais vous me proposez dans l'exemple dernier de votre lettre (je
(1) « Imprimée pour la promicrc fois. Cctlc Lcltrc; esl sans dalc dans la copie (pip j'en
ai; elle paroit répondre ù une Icllre de Pascal (]iie je n'ai pu recouvrer. » (Note de
Jins.iut.) — L'éditeur des OEuvrcs de Vancal a d'ailleurs placé celle LeUre entre celles
nnuiérnlées ci-après LXXIV cl LXXV.
L\X. - 29 JUILLET lGa4. 289
mets vos propres (ormes) que si j'entreprends de trouver le six en liiiil
coups et que j'en aie joué trois sans le rencontrer, si mon joueur me
propose de ne point jouer mon (|uatrième coup et qu'il veuille me
désintéresser à cause que je pourrois le rencontrer, il m'appartiendra
7^ de la somme entière de nos mises.
Ce qui pourtant n'est pas vrai, suivant mon principe, (^ar, en ce cas,
les trois premiers coups n'ayant rien acquis ii celui qui tient le dé, la
somme totale restant dans le jeu, celui qui tient le dé et qui convient
de ne |»as jouer son quatrième coup, doit prendre pour son indemnité
;, du total.
Va s'il avoit joué ([uatre coups sans trouver le point cherché et qu'on
convînt qu'il ne joueroit pas le cinquième, il auroit de même pour son
indemnité ^ du total. Car la somme entière restant dans le jeu, il ru-
suit pas seulement du principe, mais il est de même du sens naturel
que chaque coup doit donner un égal avantage.
Je vous prie donc que je sache si nous sommes conformes au prin-
cipe, ainsi que je crois, ou si nous dilTérons seulement en l'applica-
tion.
Je suis, de tout mon c(eur, etc.
Fi:ii.>iAT.
LX\.
PASCAL A FERMAT.
MERCREDI -Î'J JlILl.ET 1054.
.Mo^sIF.u^.,
1- L'impatience me prend aussi bien qu'à vous et, quoique je sois
encore au lit, je ne puis m'cmpècher de vous dire que je reçus liiei'
au soir, de la part de M. de Carcavi, votre lettre sur les partis, que
j'admire si fort que je ne puis vous le dire. Je n'ai pas le loisir de
11. - 1 iRM,\T. 37
•290 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
m'étcndrc, mais, en un mot, vous avez trouvé les deux partis (') des
dés et des parties dans la parfaite justesse : j'en suis tout satisfait, car
je ne doute plus maintenant que je ne sois dans la vérité, après la
rencontre admirable où je me trouve avec vous.
J'admire bien davantage la métbode des parties que celle des dés;
j'avois vu plusieurs personnes trouver celle des dés, comme M. le che-
valier de Méré, qui est celui qui m'a proposé ces questions, et aussi
.M. de Roberval : mais M. de Méré n'avoit jamais pu trouver la juste
valeur des parties ni de biais pour y arriver, de sorte que je me trou-
vois seul qui eusse connu cette proportion.
2. Votre méthode est très-sùrc et est celle qui m'est la première
venue à la pensée dans cette recherche; mais, parce que la peine des
combinaisons est excessive, j'en ai trouvé un abrégé et proprement une
autre méthode bien plus courte et plus nette, que je voudrois vous
pouvoir dire ici en peu de mots : car je voudrois désormais vous ouvrir
njon cœur, s'il se pouvoit, tant j'ai de joie de voir notre rencontre. Je
vois bien que la vérité est la même ii Toulouse et à Paris.
Voici à peu près comme je fais pour savoir la valeur de chacune des
parties, quand deux joueurs jouent, par exemple, en trois parties, et
chacun a mis 32 pisloles au jeu :
Posons que le premier en ait deux et l'antre une; ils jouent mainte-
nant une partie, dont le sort est tel que, si le premier la gagne, il
gagne tout l'argent (jui est au jeu, savoir G'\ pistoles; si l'autre la
gagne, ils sont deu,v parties à deux parties, et par conséquent, s'ils
veulent se séparer, il faut qu'ils retirent chacun b'ur mise, savoir cha-
cun 32 pistoles.
( I ) l'arii signifie ici réparlilioii eiUrc des joueurs, d'après leurs chances nilalives, de
la masse des enjeux, dans le cas où le jeu esl abandonné avant sa fin.
Le parti des de'i dont il s'agit ici parait avoir clé simplement demandé dans le cas oii
cckii (pii tient les dés a parié d'amener un point déterminé en un nombre de coups convenu
(i)0(> Lettre LXIX et ci-après, LXX, 7).
Quant au parti des parties, la question est clairement exposée ci-aprcs (2 à 6). Com-
parer, à la suite du Traité du triangle arithmétique de Pascal, l'application i]ui en est
faite à ce même problème (OEuitcs de Pascal, édition de 1779, V, p. ii).
LX\. - 20 JUILLET IGoi. 291
Considérez donc, Monsieur, que, si le premier gngne, il lui appar-
tient G/|; s'il perd, il lui appartient 32. Donc, s'ils veulent ne point
hasarder cette partie et se séparer sans la jouer, le premier doit dire :
« Je suis sûr d'avoir 32 pistoles, car la perte même me les donne; mais
» pour les 32 autres, peut-être je les aurai, peut-être vous les aurez, le
» hasard est égal. Partageons donc ces 32 pistoles par la moitié et me
» donnez, outre cela, mes 32 qui me sont sûres. » 11 aura donc 4^^ pis-
toles et l'autre lO.
Posons maintenant que le premier ait f/ewa; parties et Vautre poinl,
et ils commencent à jouer une partie. Le sort de cette partie est tel
que, si le premier la gagne, il tire tout l'argent, G4 pistoles; si l'autre
la gagne, les voilà revenus au cas précédent, auquel le premier aura
deii.v parties et l'autre une.
Or, nous avons déjii montré qu'en ce cas il appartient, à celui qui a
les deux parties, 48 pistoles : donc, s'ils veulent ne point jouer cette
])artie, il doit dire ainsi : « Si je la gagne, je gagnerai tout, ({ui est G^;
)) si je la perds, il m'appartiendra légitimement 4^ : donc donnez-moi
» les 48 qui me sont certaines, au cas même que je perde, et partageons
» les iG autres par la moitié, puisqu'il y a autant de hasard que vous
» les gagniez comme moi. » Ainsi il aura 48 et 8, (jui sont jG pistoles.
Posons enfin que le premier n'ait q\i une partie et l'autre />oi>?^ Vous
voyez. Monsieur, que, s'ils commencent une partie nouvelle, le sort en
est tel que, si le premier la gagne, il aura deux parties à point, et par-
tant, i)ar le cas précédent, il lui appartient 5G; s'il la perd, ils sont
partie à partie : donc il lui appartient 32 pistoles. Donc il doit dire :
« Si vous voulez ne la pas jouer, donnez-moi 32 pistoles qui me sont
» sûres, et partageons le reste de "ÏG par la moitié. De 5G ôtez 32,
» reste 24; partagez donc al par la moitié, prenez-en 12 et moi 12,
» qui, avec 32, font 44- "
Or, par ce moyen, vous voyez, par les simples soustractions, que,
pour la première partie, il appartient sur l'argent de l'autre 12 pis-
toles; pour la seconde, autres 12; et pour la dernière, 8.
Or, pour ne plus faire de mystère, puisque vous voyez aussi bien
•2!)2 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
tout à découvert ot que je n'en faisois que pour voir si je ne me troni-
|)ois j)as, la valeur (j'entends sa valeur sur l'argent île l'autre seule-
ment) de la dernière partie de deux est double de la < dernière >■
partie de trois et quadruple de la dernière partie de quatre et oetuple
de la dernière partie de cinq, etc.
3. Mais la proportion des premières parties n'est pas si aisée à
trouver : elle est donc ainsi, car je ne veux rien déguiser, et voici le
problème dont je faisois tant de cas, comme en effet il me plait fort :
Etant donné tel nombre de parties qu'on voudra, trouver la valeur de
la première.
Soit le nombre des parties donné, par exemple 8. Prenez les huit
premiers nombres pairs et les huit premiers nombres impairs, savoir :
2, 4, 6, 8, 10, 12, i4, i6
et
I, 3, 5, 7, 9, II, i3, i5.
.Mulli|)liez les nombres pairs en cetti^ sorte : le premier par le second,
le produit par le troisième, le produit par le quatrième, le produit
par le cinquième, etc.; multipliez les nombres impairs de la même
sorte : le premier par le second, le produit par le troisième, etc.
Le dernier produit des pairs est le dénominateur et le dernier pro-
duit des impairs est le numérateur Aq la fraction qui exprime la valeur
de la première partie de huit : c'est-à-dire que, si on joue cliacun le
nombre de pistoles exprimé par le produit des pairs, il en appartien-
droit sur l'argent de l'autre le nombre exprimé par le produit des
impairs.
Ce qui se démontre, mais avec beaucoup de peine, par les combi-
naisons telles que vous les avez imaginées, et je n'ai pu le démontrer
par cette autre voie que je viens de vous dire, mais seulement par
celle des combinaisons. Et voici les propositions qui y mènent, qui
sont proprement des propositions arithmétiques touchant les combi-
naisons, dont j'ai d'assez belles propriétés :
L\\. - 29 JUILLET IGS't. 293
4. Si (l'un iionihiT' (jiiolcoiiquc de loUres, par cxoinple do iS :
A, n, C, I), E, F, (i, II,
vous en prenez toutes les combinaisons possibles de 4 lettres et ensuite
toutes les combinaisons possibles de 5 lettres, et puis de G, de 7 cl
de 8, etc., et qu'ainsi vous preniez toutes les combinaisons possibles
depuis la multitude qui est la moitié de la toute jusqu'au (oui, je dis
(|ue, si vous joignez ensemble la moitié de la combinaison de 4 avec
chacune des combinaisons supérieures, la somme sera le nombre tan-
tième de la progression quaternaire à commencer par le binaire, qui
est la moitié de la multitude.
Par exemple, et je vous le dirai en latin, car le français n'y vaut
rien :
.SV quotlibet Utterarurn, verbi gratia octo :
A, n, c, I), E, F, G, H,
sumarUur ornnes combinaliones quafernani. quinqnenarii, senarii, etc. ,
iisquc ad oclonarium, dico, si jungas .dimidiurn combiiiationis qualer-
narii, neinpe 35 (^dimidiurn 70), ciim omnibus combinai ionibiis quin-
qnenarii, nempe 5G, plus omnibus combinationibus senarii, nempe 28,
plus omnibus combinationibus seplenarii, nempe 8, plus omnibus combi-
nationibus octonarii, nempe i , factum esse quartum numerum progres-
sionis quaternarii cujus origo est 1 : dico quartum numerum, quia 4 octo-
narii dimidium est.
Sunt enim numeri progressionis quaternarii, cujus origo est 2, isti :
2, 8, Sa, 128, 5i2, etc.,
quorum 1 primus est, 8 sccundus , Si tertius et 128 quartus : cui
1 28 œquantur
-+- 35 dimidium combinalionis \ lilleraruni
-t- 56 combinalionis 5 littcrarum
-h 28 combinalionis 6 lilleraruni
-f- 8 combinalionis 7 litlerarum
-+- I combinalionis 8 littcrarum.
294. OÎUVHES DE FERMAT. - COIIUESPONDANCE.
5. Voilà la première proposition qui est purement arithmétique;
l'aulre regarde la doelrinc des parties et est telle :
Il l'aul dire auparavant : si on a une partie de ^, par exemple, et
qu'ainsi il en manque '\, le jeu sera infailliblement décidé en 8, qui
est double de 4-
La valeur de la première partie de 5 sur l'argent de l'autre est la
fraction qui a pour numérateur la moitié de la combinaison de f\ sur H
(je prends /| parce qu'il est égal au nombre des parties qui manque,
et 8 parce qu'il est double de 4) et pour dénominateur ce même numé-
rateur plus toutes les combinaisons supérieures.
Ainsi, si j'ai une partie de 5, il m'appartient, sur l'argent de mon
joueur, -^ : c'est-à-dire que, s'il a mis 128 pistoles, j'en prends 35 et
lui laisse le reste, r)3.
Or cette fraction ^ est la même que celle-là : :j3v, laquelle est faite
120 ' 004 '
par la multiplication des pairs pour le dénominateur et la multiplica-
tion des impairs pour le numérateur.
Vous verrez bien sans doute tout cela, si vous vous en donnez tant
soit peu la peine : c'est pourquoi je trouve inutile de vous en entre-
tenir davantage.
6. Je vous envoie néanmoins une de mes vieilles Tables; je n'ai pas
le loisir de la copier, je la referai.
Vous y verrez comme toujours que la valeur de la première partie
est égale à celle de la seconde, ce qui se trouve aisément par les com-
binaisons.
Vous verrez de même que les nombres de la première ligne aug-
mentent toujours; ceux de la seconde de même; ceux de la troisième
de même.
Mais ensuite ceux de la quatrième diminuent; ceux de la cin-
quième, etc. Ce qui est étrange.
LXX.
29 JUILLET lGo4.
Si on jonc cliacim 206 en
295
(i
parties.
i™ p.Ti'iie .
■i' partie.
3'' partie.
•g ■"" 1 r parlie.
j" partie.
G' partie.
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parties.
r.3
70
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\>.
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0
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parties.
parties.
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8.)
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■>. ".G
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Si on juue l'id cliaciin en
e o ',
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« 1
G
parties.
la 1"=
GJ
les 2
premières parties
1 '(i
les 3
premières parties. . . .
i8-2
les 4
premières parties
22 i
les 5
|)romièrcs parties. . . .
2)8
les G
premières parties. . . .
2 5G
5
partie.s
I |0
).,o
2 JG
i
parties.
3
parties.
0
parties.
1
partie.
80
'.1<'
i',8
•>)G
iGo
192
2')G
224
2 )G
2 )(i
7. Je n'ai pas le temps de vous envoyer la démonstralioii d'une dilli-
culté qui étonnoit fort M. ■< de Méré >, car il a très bon esprit, mais
il n'est pas géomètre (c'est, comme vous savez, un grand défaut) et
296 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
iiK'im' il ne comprend pas qu'une ligne mathématique soit divisible à
l'intini et croit fort bien entendre qu'elle est composée de points en
nombre fini, et jamais je n'ai pu l'en lirer. Si vous le pouviez faire,
on le rendroit parfait.
Il me disoit donc (ju'il avoit trouve fausseté dans les nombres par
lelte raison :
Si ou entreprend de faire un six avec un dé, il y a avantage de l'en-
I reprendre en 4, comme de G71 à Ga').
Si ou entreprend de faire sonnés avec deux dés, il y a désavantage
de l'entreprendre en 2].
Va néanmoins 2^ est à 3G (qui est le nombre des faces de deux dés)
comme '1 à G (qui est le nombre des faces d'un dé).
Voilà quel étoit son grand scandale qui lui faisoit dire hautement
(]ne les propositions n'étoient pas constantes et que l'Arithmétique se
(lémentoit : mais vous en verrez bien aisément la raison par les prin-
cipes où vous êtes.
Je mettrai par ordre tout ce que j'en ai fait, quand j'aurai achevé
des Traités géométriques où je travaille il y a déjà quelque temps.
8. .t'en ai fait aussi d'arithmétiques, sur le sujet desquels je vous
supplie de me mander votre avis sur cette démonstration.
.le pose le lemme que tout le monde sait : que la somme de tant de
nombres qu'on voudra de la progression continue depuis l'unilé,
comme
I, 2, 3, 4,
étant prise deux fois, est égale au dernier, .], mené dans le prochaine-
ment plus grand, 5 : c'est-à-dire que la somme des nombres contenus
(|ans A, étant prise deux fois, est égale au produit
A in (A + i).
Maintenant je viens à ma proposition :
Duorum quorumlibet cuborum proximorum differenlia, unilale deinplù ,
sextupla est omnium numerorum in minoris radice contenlorum.
LX\. - 29 JUILLET 165i. 297
Si/i/ duœ radiées l{, S unitale dijferenles : dico
/f"— S^ — I œquari summœ numcroriim i/i S conlcnlorum sexies siimplœ.
Eleniin S rocctur A : ergu It est
A+i.
Igittir cubus radicis II, scu .4 + i , csl
Cuhus vcro S, seu A . est
A\
l'I Itornm differenlia esl
3. 1-+ 3.1-1-1%
id est Ji' — S^ ; igi/ur, si au/eratnr imitas,
3 4'- -h 3.1 av/. /,'3_si_,.
Scd dupluin sii/nmœ numerorum in A seu S conleitluniin av/iiattir, rx
Icmmale,
A in {A ■+- 1), lioc est ,(-4- A :
igUiir sexluplum summœ numerorum in A contentorum œquatur
3. P -h 3.-1.
Sed
3.42 -i- 3,1 œq. /?î— S'-,;
iisitur
o
IP — .S' — I œq. sexliiplo summœ nunieroruni in A scu S contentorum.
Quod erat demonslrandum .
On ne m'a pas fait de difficulté là-dessus, mais on m'a dit qu'un ne
m'en laisoit pas par cette raison (]uo tout le monde est accoutumé au-
jourd'hui à cette méthode; et moi je prétends que, sans me taire
i^râce, on doit admelde cette démonstration comme d'un genre excel-
lent : j'en attends néanmoins votre avis avec toute soumission.
Tout ce que j'ai démontré en Arithmétique est de cette nature.
Fermât. — U. 38
298 ŒUVKES DE FERMAT. — CORHESPOiNDANCE.
9. Voici ciicoro ilcux diiriciiltés :
J'ai démontré une propositinn plane en me servant du cube d'une
lii^ne comparé au cube d'une antre : je prétends que cela est purement
iîéométri(|uc cl dans la sévérité la plus grande.
De même j'ai résolu le prohli'me :
/Je quatre plans, quatre points et quatre sphères, quatre quelconques
étant donnés, trouver une sphère qui, touchant les sphères données, passe
par les points donnes et laisse sur les plans des portions de sphères ca-
pables d'angles donnés.
et celui-ci :
De trois cercles, trois points, trois lignes, <C trois > quelconques étant
donnés, trouver un cercle qui, louchant les cercles et les points, laisse sur
les lignes un arc capable d'angle donné.
J'ai résolu ces proldi-mes plainement, n'employant dans la construc-
tion que des cercles et des lignes droites; mais, dans la démonstration,
je me sers de lieux solides, de paraboles ou hyperboles : je prétends
néanmoins qu'attendu que la construction est plane, ma solution est
plane cl doit passer pour telle.
f/cst bien mal reconnaître riioiineur que vous me faites de sonfirir
mes entretiens que de vous importuner si longtemps; je ne pense
jamais vous dire que deux mots, et si je ne vous dis pas ce que j'ai le
plus sur le cœur, qui est que, plus je vous connois, plus je vous admire
et vous honore et que, si vous voyiez à quel point cela est, vous donne-
riez une place dans votre amitié à celui qui est. Monsieur, votre etc.
LXXI. - 9 AOUT 1654. 299
LXXI.
FERMAT A CARCAVI (').
DIUANCIIE 9 AOUT 105^.
(CEtmen de Pascal. IV, p. /|4^ - 4 i'>- )
MONSIF.liR,
1- J'ai été ravi d'avoir eu des scntiinenfs conformes ii ceux de
.M. Pascal, car j'estime infiniment son génie et je le crois très capable
do venir à bout de tout ce qu'il entreprendra. L'amitié qu'il m'olTre
m'est si chère et si considérable que je crois ne devoir j)oint faire dif-
ficulté d'en faire quelque usage en l'impression de mes Traités.
Si cela ne vous choquoit point, vous pourriez tous deux procurer
celle impression, de hujuclle je consens que vous sovez les maîtres;
vous pourriez éclaircir ou augmenter ce qui semble trop concis et me
décharger d'un soin que mes occupations m'empêclient de prendre. Je
désire même que cet Ouvrage paroisse sans mon nom, vous remettant,
à cela près, le choix de toutes les désignations qui pourront marquer
le nom de l'auteur que vous qualifierez votre ami.
2. Voici le biais que j'ai imaginé pour la seconde Partie qui con-
tiendra mes inventions pour les nombres. C'est un travail qui n'est
encore qu'une idée, et que je n'aurois pas le loisir de coucher au long
sur le papier; mais j'enverrai succinctement à M. Pascal tous mes
principes et mes premières démonstrations, de quoi je vous réponds à
l'avance qu'il tirera des choses non seulement nouvelles et jusqu'ici
inconnues, mais encore surprenantes.
Si vous joignez votre travail avec le sien, tout pourra succéder et
(') L'autographe de celte lettre a fait partie de la Collection Benjamin Fiilon et a passé
en vente le i6 février 1877 (Inventaire des autographes et des dncunwnls limioriques
composant la collection de M. Benjamin Fiilon, séries I et II. Paris, Etienne Cliarava\ ,
'^7/1 P- 9-'o)- On trouve reproduit dans ce catalogue le § i de cette lettre, et de plus,
facsimilés, la signature, la date et les mots « Voslre 1res humble et 1res obéissant servi-
teur », ces derniers supprimés dans l'édition.
300 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
s'achcvor dans pou de temps, et cependant on pourra mellrc au jour
la première Partie que vous avez en votre pouvoir.
Si y\. Pascal goûte mon ouverture, qui est principalement fond«''e
sur la grande estime que je fais de son génie, de son savoir et de son
esprit, je commencerai d'abord à vous faire part de mes inventions
numériques. Adieu.
.le suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Fkumat.
X Toulouse, ce <j août 1O54.
LXXIl.
PASCAL A FERMAT.
LUNDI 2V AOUT 1G5V.
(fa, p. iS'i-i.SS.)
MONSIEIIU,
1- Je ne pus vous ouvrir ma pensée entii'rc touchant les partis de
plusieurs joueurs par l'ordinaire passé, et même j'ai quelque répu-
gnance à le faire, de peur qu'en ceci cette admirable convenance, qui
étoit entre nous et qui m'étoit si chère, ne commence à se démentir,
car je crains que nous ne soyons de ditférents avis sur ce sujet. Je
vous veux ouvrir toutes mes raisons, et vous me ferez la grâce de me
redresser, si j'erre, ou de m'affermir, si j'ai bien rencontré. Je vous le
demande tout de bon et sincèrement, car je ne me tiendrai pour cer-
tain que quand vous serez de mon côté.
Quand il n'y a que deux joucuvs, votre méthode, qui procède pai-
les combinaisons, est très sûre; mais, quand il y en a trois, je (;rois
avoir démonstration qu'elle est mal juste, si ce n'est (|ue vous y procé-
diez de quelque autre manière (jue je n'entends pas. Mais la méthode
que je vous ai ouverte et dont je me sers partout est commune à
LXXII. - 24 AOUT 1G5'*. 301
(outcs les conditions imaginables do toutes sortes de partis, an Ii(Mi
(|iie celle des combinaisons (dont je ne me sers qu'aux rencontres
particulières où clic est plus' courte que la générale) n'est bonne ([n'en
ces seules occasions et non pas aux autres.
Je suis sûr que je me donnerai à entendre, mais il me faudra nn
[)pu de discours et à vous un peu de patience.
2. Voici comment vous procédez quand il y a </ej/j; joueurs :
Si deux joueurs, jouant en plusieurs parties, se trouvent en cet étal
([u'il manque deux parties au premier et Irais au second, pour trouver
le parli, il faut, dites-vous, voir en combien de parties le jeu sera dé-
cidé absolument.
Il est aisé de supputer que ce sera en quatre parties, d'où vous con-
cluez qu'il faut voir combien quatre parties se combinent entre deux
joueurs et voir combien il y a de combinaisons pour faire gagner le
premier et combien pour le second et partager l'argent suivant ocllr
proportion. J'eusse eu peine à entendre ce discours-lii, si je ne l'eusse
su de moi-même auparavant; aussi vous l'aviez écrit dans cette pen-
sée. Donc, pour voir combien quatre parties se combinent entre doux
Joueurs, il faut imaginer qu'ils jouent avec un dé à deux faces (puis-
(|u'ils ne sont que deux joueurs), comme à croix et pile, et qn'il>
jettent quatre de ces dés (parce qu'ils jouent en quatre parties); cl
maintenant il faut voir combien ces dés peuvent avoir d'assiettes dil-
férentes. ("ela est aisé à supputer : ils en peuvent avoir ^e?':^ qui es!
le second degré de quatre, c'est-à-dire le quarré. (]ar ligurons-nons
qu'une des faces est marquée a, favorable au premier joueur, cl
l'autre b, favorable au second; donc ces quatre dés peuvent s'asscoii'
sur une de ces seize assiettes :
a
a
a
a
a
(i
a
a
b
b
b
b
b
h
b
h
a
a
a
a
h
b
b
b
a
a
a
a
b
b
b
1,
fi
a
h
b
a
a
b
b
a
a
b
b
a
a
h
b
il
h
a
b
a
b
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b
a
b
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b
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b
II
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1
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■>,
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30-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
et, parce qu'il manque deux parties au premier joueur, toutes les faces
(]ni oui deux a le font gagner : donc il en a i i pour lui; et parce qu'il
y manque trois parties au second, toutes les faces où il y a trois h le
peuvent faire gagner : donc il y en a j. Donc il faut qu'ils partagent la
somme comme 1 1 à 5.
Voilà votre méthode quand il y a deux joueurs; sur quoi vous dites
que, s'il y en a davantage, il ne sera pas difficile de faire les partis
par la même méthode.
3. Sur cela, Monsieur, j'ai à vous dire que ce parti pour deux
joueurs, fondé sur les combinaisons, est très juste et très bon; mais
(jue, s'il y a plus de deux joueurs, il ne sera pas toujours juste et je
vous dirai la raison de cette dilTcrence.
Je communiquai votre méthode à nos Messieurs, sur quoi M. de Ro-
berval me fit cette objection :
Que c'est à tort que l'on prend l'art de faire le parti sur la supposi-
tion qu'on joue en quatre parties, vu que, quand il manque deux par-
lies à l'un et trois à l'autre, il n'est pas de nécessité que l'on joue
quatre parties, pouvant arriver qu'on n'en jouera que deux ou trois, ou
à la vérité peut-être quatre;
Et ainsi qu'il ne voyoitpas pourquoi on prétendoit de faire le parti
juste sur une condition feinte qu'on jouera quatre parties, vu que la
condition naturelle du jeu est qu'on ne jouera plus dès que l'un des
joueurs aura gagné, et (|u'au moins, si cela n'étoit faux, cela n'étoit
pas démontré, de sorte ^\n\\ avoit quelque soupçon que nous avions
fait un paralogisme.
Je lui répondis que je ne me fondois pas tant sur cette méthode des
combinaisons, laquelle véritablement n'est pas en son lieu en celte
occasion, comme sur mon autre méthode universelle, à qui rien
n'échappe et qui porte sa démonstration avec soi, qui trouve le même
parti précisément que celle des combinaisons; et de plus je lui dé-
montrai la vérité du parti entre deux joueurs par les combinaisons en
cette sorte :
N'est-il pas vrai que, si deux joueurs, se trouvant en cet état de
LXXII. — 2'i. AOUT ICoi. 30:?
l'hypotlièsc qu'il manque deux parties à l'uu et trois îi l'autro, con-
viennent maintenant de gré à gré qu'on joue quatre parties complètes,
c'est-à-dire qu'on jette les quatre dés à deux faces tous à la fois, n'est-
il pas vrai, dis-je, que, s'ils ont délibéré de jouer les (|uatre parties,
le parti doit être, tel que nous avons dit, suivant la multitude des as-
siettes favorables ii chacun?
Il en demeura d'accord et cela en eflet est démonstratif; mais il
nioit que la même chose subsistât en ne s'astreignant pas 'a jouer les
quatre parties. Je lui dis donc ainsi :
N'est-il pas clair que les mêmes joueurs, n'étant pas astreints ii
jouer < les > quatre parties, mais voulant quitter le jeu dès que l'un
auroit atteint son nombre, peuvent sans dommage ni avantage s'as-
treindre à jouer les quatre parties entières et que cette convention ne
change en aucune manière leur condition? Car, si le premier gagne
les deux premières parties de quatre et qu'ainsi il ait gagné, refusera-
t-il de jouer encore deux parties, vu que, s'il les gagne, il n'a pas
mieux gagné, et s'il les perd, il n'a pas moins gagné? car ces deux que
l'autre a gagné ne lui suffisent pas, puisqu'il lui en faut trois, et ainsi
il n'y a pas assez de quatre parties pour faire qu'ils puissent tous deux
atteindre le nombre qui leur manque.
Certainement il est aisé de considérer qu'il est absolument égal et
indifférent à l'un et à l'autre déjouer en la condition naturelle à leur
jeu, qui est de finir dès (ju'un aura son compte, ou déjouer les quatre
parties entières : donc, puisque ces deux conditions sont égales et in-
différentes, le parti doit être tout pareil en l'une et en l'autre. Or, il
est juste quand ils sont obligés de jouer quatre parties, comme je l'ai
montré : donc il est juste aussi en l'autre cas.
Voilà comment je le démontrai et, si vous y prenez garde, cette dé-
monstration est fondée sur l'égalité des deux conditions, vraie e(
feinte, à l'égard de deux joueurs, et qu'en l'une et eu l'autre un même
gagnera toujours et, si l'un gagne ou perd en l'une, il gagnera on
perdra en l'autre et jamais deux n'auront leur compte.
4. Suivons la même pointe pour /row joueurs et posons (ju'il manque
:50i ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
it/ic parlic au promicr, qu'il eu mauque deux au second cl deux au
Iroisièmc. Pour faire le parli, suivant la même méthode des combinai-
sons, il faut chercher d'abord en combien de parties le jeu sera dé-
i-idé, comme nous avons fait quand il y avoit deux joueurs : ce sera en
trois, car ils ne sauroient jouer trios parties sans que la décision soil
arrivée nécessairement.
Il faut voir maintenant combien trois parlies se combinent entre
Irois joueurs et combien il y en a de favorables à l'un, combien à
l'autre et combien au dernier et, suivant cette proportion, distribuer
l'argent de même qu'on a fait en l'hypothèse de deux joueurs.
Pour voir combien il y a de combinaisons en tout, cela est aisé :
c'est la troisième puissance de 3, c'est-à-dire son cube 27. Car, si on
jette trois dés à la fois (puisqu'il faut jouer trois parties), qui aient
chacun trois faces (puisqu'il y a trois joueurs), l'une marquée a favo-
rable au premier, l'autre b pour le second, l'autre c pour le troisième,
il est manifeste que ces trois dés jetés ensemble peuvent s'asseoir sur
27 assiettes différentes, savoir :
a
a
tt
1
a
a
h
1
a
a
c
i
a
b
a
a
b
h
1
a
b
c
a
c
(i
1
a
c
b
1
a
c
c
b
a
a
b
a
h
1
b
a
c
b
b
a
•i
b
b
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b
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c
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b
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b
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c
a
b
1
c
a
c
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c
b
a
1
c
b
b
c
b
c
3
c
c
a
1
3
c
c
b
3
c
c
c
3
Or, il ne manque qnunc partie au premier : donc toutes les as-
siettes où il y a un a sont pour lui : donc il y en a i().
Il manque deux parties au second : donc toutes les assiettes où il y
a deux b sont pour lui : donc il y en a 7.
Il manque deux parties au troisième; donc toutes les assiettes où il
y a deux c sont pour lui ; donc il y en a 7.
Si de lii on concUioit qu'il faudroit donner à chacun suivant la pro-
portion de 19, 7, 7, on se tromperoit trop grossièrement et je n'ai
garde de croire que vous le fassiez ainsi; car il y a quelques faces
LWII. — aV AOUT 1G5^. 305
favorables au prcmior cl au second (nul ensemble, comme abh, car le
premier v trouve un a qu'il lui faut, et le second deux b qui lui man-
quent; et ainsi ace est pour le premier et le troisième.
Donc il ne faut pas compter ces faces qui sont communes à deux
comme valant la somme entière ;i chacun, mais seulement la moitié,
('ar, s'il arrivoit l'assiette ace, le premier et le troisième auroienl
même droit ii la somme, ayant chacun leur com[»te, donc ils partage-
roient l'argent par la moitié; mais s'il arrive l'assiette aab, le premier
gagne seul. Il faut donc faire la supputation ainsi :
Il Y a i3 assiettes (|ui donnent l'entier au premier et G qui lui don-
nent la moitié et 8 (jui ne lui valent rien : donc, si la somme entière
est une pistole, il y a i'5 faces ([ui lui valent chacune une pistole, il y a
() faces qui lui valent chacune '; pistole et <S (jui ne valent rien.
Donc, en cas de parti, il faut multiplier
i3 par une pistole, f|ui font i3
6 par une denii, qui font 3
8 par zéro, qui font o
Somme... 27 Somme... iG
et diviser la somme des valeurs, iG, par la somme des assiettes, 27,
(jui fait la fraction ^^/l, qui est ce qui appartient au premier en cas de
parti, savoir iG pistoles de 27.
Le parti du second et du troisième joueur se trouvera de même :
Il y a 4 assiettes ipii lui valent 1 pistole : multipliez. . . t\
Il y a 3 assiettes ipji lui vaieiil .r pistole : multipliez. . . 1 ^
El io assieltes cjui ne lui vuIlmiI rien o
Somme... 27 Somme... ") ^
Donc il appartient au second joueur j pistoles et \ sur 27, et autant au
troisième, et ces trois sommes, ."i :,, 5 ^ et iG, étant jointes, font les 27.
5. Voilà, ce me semble, de quelle manière il faudroit faire les partis
par les combinaisons suivant votre méthode, si ce n'est que vous ayez
(juelque autre chose sur ce sujet que je ne puis savoir. Mais, si je ne
me trompe, ce parti est mal juste.
La raison en est qu'on suppose une chose fausse, qui est qu'on joue
ItnuAT. — 11. 3i)
30G ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
on trois parties infailliblement, au lieu que la condition naturelle do
ce jeu-là est qu'on ne joue que jusques à ce qu'un des joueurs ait
atteint le nombre de parties qui lui manque, auquel cas le jeu cesse.
Ce n'est pas qu'il ne puisse arriver qu'on joue trois parties, mais il
peut arriver aussi qu'on n'en jouera qu'une ou deux, et rien de nécessité.
Mais d'où vient, dira-t-on, qu'il n'est pas permis de faire en cette
rencontre la même supposition i'einte que quand il y avoit deux
joueurs? En voici la raison :
Dans la condition véritable de ces trois joueurs, il n'y en a qu'un
qui peut gagner, car la condition est (jue, dès qu'un a gagné, le jeu
cesse. Mais, en la condition feinte, deux peuvent atteindre le nombre
de leurs parties : savoir, si le premier en gagne une qui lui manque,
et un des autres, deux qui lui manquent; car ils n'auront joué que
trois parties, au lieu que, quand il n'y avoit que deux joueurs, la con-
dition feinte et la véritable convenoient pour les avantages des joueurs
en tout; et c'est ce qui met l'extrême différence entre la condition
feinte et la véritable.
Que si les joueurs, se trouvant en l'état de l'iiypotlièse, c'est-à-dire
s'il manque une partie au premier et deux au second et deux au troi-
sième, veulent maintenant de gré à gré et conviennent de celte condi-
tion qu'on jouera trois parties compli'les, et que ceux qui auront
atteint le nombre qui leur manque prendront la somme entière, s'ils
se trouvent seuls qui l'aient atteint, ou, s'il se trouve que deux l'aient
atteint, qu'ils la partageront également, en ce cas, le parti se doit faire
comme je viens de le donner, que le premier ait iG, le second 5^, le
troisième /vt» de 27 pistoles, et cela porte sa démonstration de soi-
même en supposant cette condition ainsi.
Mais s'ils jouent simplement à condition, non pas qu'on joue néces-
sairement trois parties, mais seulement jusques à ce que l'un d'entre
eux ait atteint ses parties, et qu'alors le jeu cesse sans donner moyen
à un autre d'y arriver, lors il appartient au premier 17 pistoles, au
second 5, au troisième 5, de 27.
Et cela se trouve par ma méthode générale qui détermine aussi
LXXllI. - 2S) AOUT 1034. 307
qu'cii la comlition prccédciUo. il en faut iG au premier, 5^^ au second,
et 5{r au troisième, sans se servir îles combinaisons, car elle va par-
tout seule et sans obstacle.
6. Voilii, ÎMonsicur, mes pensées sur ce sujet sur lequel je n'ai
d'autre avantage sur vous que celui d'y avoir beaucoup plus médité;
mais c'est peu de cliose à votre égard, puisque vos premières vues sont
plus pénétrantes que la longueur de mes cITorts.
Je no laisse pas de vous ouvrir mes raisons pour en attendre le jugi'-
mont de vous. Je crois vous avoir fait connoitrc par lit que la méthode
des combinaisons est bonne entre deux joueurs par accident, comme
elle l'est aussi quelquefois entre trois joueurs, comme (juand il
manque une partie à l'un, une \\ l'autre et deux ii l'autre, parce qu'en
ce cas le nombre des parties dans lesquelles le jeu sera aclievé ne
sulfit pas pour en faire gagner deux; mais elle n'est pas générale et
n'est bonne généralement qu'au cas seulement qu'on soit astreint ;i
jouer un certain nombre de parties exactement.
De sorte que, comme vous n'aviez pas ma méthode quand vous
m'avez proposé le parti de {)lusieurs joueurs, mais seulement celle
des combinaisons, je crains que nous soyons de sentimens différens
sur ce sujet.
Je vous supplie de me mander de quelle sorte vous procédez en la
recherche de ce parti. Je recevrai votre réponse avec respect et avec
joie, quand même votre sentiment me scroit contraire. Je suis etc.
LXXIII.
l'EUMAT A PASCAL (').
SAMEDI 29 AOUT 1G5V.
(OEiwc! de Pascal, l\\ p. !^3b-'^^■^.)
Monsieur,
1- Nos coups fourrés continuent toujours et je suis aussi bien que
(') CcUe lettre a été écrite par Fermai avant qu'il eût rcgu la précédente.
308
ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
vous dans r;ulniiration de quoi nos pensées s'njustcnt si oxacLcmcnl
qu'il seml)le qu'elles aient pris une même route et l'ait un même clie-
min. Vos derniers Traités du Triangle aràhmèliquc et de son applicalion
en sont une preuve authentique : et si mon calcul ne me trompe, votre
onzième conséquence (' ) couroit la poste de Paris à Toulouse, pendant
que ma proposition dos nombres figurés, qui on cfTet est la même,
alloit de Toulouse à Paris.
( ' ) La onzième conséquence du Traité du Irlaii^le nrù/nticlii/iic csL énoncée ainsi :
C/iaijue cellule de la dividcnte est diiublc de celle qui la précède dans sim rang paral-
lèle ou perpendiculaire.
Pascal appelle cellules de la dividente celles que la bissectrice de l'angle droit du
triant;Ie traverse diagonalonient : par exemple les cellules G, <\, G, P, p.
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1
I
I
1
1
I
I
I
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9
La proposition des nombres fip:urés de Fermât est celle de \' Observation X LTl sur Dio-
phante et de la lettre XII, 12 ( voir plus haut, page 70, note i). La onzième conséquence du
Traité du triangle aritlnnciique de Pascal ne correspond de fait qu'à la première partie
de la proposition de l'^ermat, à savoir que m{m -t- i) est le double du triangle de ciité m :
pour retrouver dans l'œuvre de Pascal le reste do cette proposition, il faut, à la onzième
conséquence, ajouter la douzième, etc., en mettant d'ailleurs celle-ci sous la forme de la
proposition XI du Tridlé des ordres numériques.
F.XXin. - -iO AOUT IGo/... 30!)
Je n'ai i^'anlc de faillir tandis (|ii(' je r(Mi(,'(»nlr(M'ai do code sorlc. cl
je suis persuadé (|ue le vrai moyeu pour s'enipèclier de faillir est relui
(le concourir avec vous. Alais, si j'en disois davantage, la chose lieu-
droit du couipliment, et nous avons hauui cet ennemi des conversa-
tions douces et aisées.
Ce seroit maintenant à mou tour ii vous débiter quehju'une de mes
inventions numériques; mais la fin du parlement augmente mes occu-
ltations, et j'ose espérer de votre bonté que vous m'accorderez un répit
juste et quasi nécessaire.
2. (À'pendaut je répontirai à votre question des trois joueurs (|ui
jouent en deux parties. Lorsque le premier en a une, et que les autres
n'en ont pas une, votre première solution est la vraie, et la division de
l'argent doit se faire en 17, ,") et '> : de quoi la raison est manifeste et
se prend toujours du même principe, les eomhinaisons faisant voir
d'abord que le premier a pour lui 17 hasards égaux, lorsque cliacun
des <:^deux > autres n'en a (jue ">.
3. Au reste, il n'est rien à l'avenir que je ne vous communique
avec toute franchise. Songez cependant, si vous le trouvez à propos, à
cette proposition :
Les j)uissances quarrées de 2, augmentées de l'unité, sont toujours
des nombres premiers.
Le quarré de 2, augmenté de l'unité, fait 5 qui est nombre premier.
Le quarré du ([uarré fait iG qui, augmenté de l'unité, fait 17,
nombre premier.
Le quarré de iG fait 2jG qui, augmenté de l'unité, fait 2J7, nombre
premier.
Le quarré de 2jG fait G5 53G qui, augmenté de l'unité, fait G5 537,
nombre premier.
Fit ainsi à l'intini.
C'est une [troitriété de la vérité de laquelle je vous réponds. La
démonstration en est tri's malaisée et je vous avoue que je n'ai pu
310 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
iMicdro la trouver pleinement; je ne vous la proposerois pas pour la
chercher, si j'en étois venu à bout (').
dette proposition sert à l'invention des nombres qui sont à leurs
parties aliquotes en raison donnée, sur quoi j'ai l'ail des découvertes
considérables. Nous en parlerons une autre fois.
.le suis, Monsieur, votre, etc.,
A Toulouse, le 99 août iGJi.
Ff-umat.
LXXIV.
FERMAT A PASCAL (-).
VENDREDI 25 SEPTEMBRE Hi'6k.
{OEurres île Pascal, IV, p. !t^~-'i'\i ■)
MoNsiEiin,
1- N'appréhendez pas que notre convenance se démente, vous l'avez
confirmée vous mémo en pensant la détruire, et il me semble qu'en
répondant à M. de Robcrval pour vous, vous avez aussi répondu pour
moi.
Je prends l'exemple des trois joueurs, au premier desquels il manque
une partie, et à chacun des deux autres deux, qui est le cas que vous
m'opposez.
Je n'y trouve que 17 combinaisons pour le premier et j pour chacun
des deux autres : car, quand vous dites que la combinaison ace est
])onne pour le premier et pour le troisième, il semble que vous ne
vous souveniez plus que tout ce qui se fait après que l'un des joueurs
a gagné, ne sert plus de rien. Or, cette combinaison ayant fait gagner
le premier dès la première partie, qu'importe que le troisième en
(') f'oir Tome I, j). i3i, et Tome 11, p. aoG.
(2) Ucponsc à la lettre LXXII.
LWIV. - 25 SEPTEMBRE IGaV. :5U
gagne deux ensuite, puisque, quand il en gagneroit (rente, tout (;ela
scroit superflu?
(^c qui vient do ce que, comme vous avez très bien remarqué, celle
fiction d'étendre le jeu à un certain nombre de parties ne sert qu'à
faciliter la règle et (suivant mon sentiment) h rendre tous les basards
égaux, ou bien, plus intelligiblement, à réduire toutes les fractions à
une même dénomination.
■ Et atin que vous n'en doutiez plus, si au lieu de trois parties, vous
étendez, au cas proposé, la feinte jusqu'à quatre, il v aura non seu-
lement 27 combinaisons, mais 81, et il faudra vdir combien de com-
binaisons feront gagner au premier une partie plus lot que deux à
cbacun des autres, et combien feront gagner à cbacun des deux autres
deux parties plus tôt qu'une au premier. Vous trouverez que les com-
binaisons pour le gain du premier seront 5i et celles de cbacun des
autres deux i.^ ce qui revient à la même raison.
Que si vous prenez cinq parties ou tel autre nombre qu'il vous
plaira, vous trouverez toujours trois nombres en proportion de 17,
5,5.
Et ainsi j'ai droit de dire que la combinaison ace n'est que pour le
premier et non pour le troisième, et que cca n'est que pour le troi-
sième et non pour 1(> premier, et que partant ma règle des combi-
naisons est la même en trois joueurs ({n'en deux, et généralement en
tous nombres.
2. Vous aviez déjà pu voir par ma précédente (') que je n'bésitois
point à la solution véritable de la question des trois joueurs dont je
vous avois envoyé les trois nombres décisifs, 17, 5, 5. iAIais parce (jue
31. < de > Roberval sera peut-être bien aise de voir une solution sans
rien feindre, et qu'elle peut quelquefois produire des abrégés en
beaucoup de cas, la voici en l'exemple proposé :
Le premier peut gagner, ou en une seule partie, ou en deux, ou en
trois.
(•) LeUrc LXXllI, 2.
312 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
S'il gagne en une seule partie, il faut (ju'avec un dé qui a trois
faces, il rencontre la favorable du premier coup. Un seul dé produit
trois hasards : ce joueur a donc pour lui ^ des hasards, lorsqu'on ne
joue qu'une partie.
Si on en joue deux, il peut gagner de deux façons, ou lorsque le
second joueur gagne la première et lui la seconde, ou lorsque le troi-
sième gagne la prcmii're et lui la seconde. Or, deux dés produisent
f) hasards : ce joueur a donc pour lui - des hasards, lorsqu'on joue
deux parties.
Si on en joue trois, il ne peut gagner que de deux façons, ou
lorsque le second gagne la première, le troisième la seconde et lui
la troisième, ou lorsque le troisième gagne la première, le second la
seconde et lui la troisième; car, si le second ou le troisième joueur
gagnoit les deux premières, il gagneroit le jeu, et non pas le premier
joueur. Or, trois dés ont 27 hasards : donc ce premier joueur a -^ des
hasards lorsqu'on joue trois parties.
La somme des hasards qui font gagner ce premier joueur est par
conséquent v» - ft — . ce qui fait en tout --•
1 o () 27 ' 27
Et la règle est bonne et générale en tous les cas, de sorte que, sans
recourir à la feinte, les combinaisons véritables en chaque nombre
des parties portent leur solution et font voir ce que j'ai dit au com-
mencement, que l'extension ii un certain nombre de parties n'est
autre chose que la réduction de diverses fractions à une même déno-
mination. Voilà en peu de mots fout b; mystère, qui nous remettra
sans doute en bonne intelligence, puisque nous ne cherchons l'un et
autre que la raison et la vérité.
3. J'espère vous envoyer à la Saint-Martin un Abrégé de tout ce
(jue j'ai inventé de considérable aux nombres. Vous me permettrez
d'être concis et de me faire entendre seulement à un homme qui com-
|)rend tout à demi-mot.
("-e que vous y trouverez de plus important regarde la proposition
LXXIV. — 23 SEPTEMBRE 1 C54. 313
<|ii(' tout nombre ost composé tl'iin, de deux ou de trois triangles;
d'un, de doux, do trois ou do quaire quarrés; d'un, de deux, de trois,
de quatre ou do cinq ])onlagonos; d'un, do doux, de trois, do quatre,
lie cinq ou de six hexagones, et à l'infini (').
Pour y parvenir, il faut démontrer que tout nombre premier, qui
surpasse de l'unité un multiple do ^\, est composé do deux quarrés,
comme .'), i3, 17, 29, 37, etc.
Étant donné un nombre premier de cette nature, comme 53, trouver,
par règle générale, les deux quarrés qui le composent.
Tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple de 3,
est composé d'un quarré et du triple d'un autre quarré, comme 7, i3,
19, 3i , 37, etc.
Tout nombre premier, qui surpasse de i ou de 3 un multiple de 8,
est composé d'un quarré et ilu double d'un autre quarré, comme i i.
17, 19, 4i, /|3, etc.
Il n'y a aucun triangle en nombres duquel l'aire soit égale ii un
nombre quarré (-).
(^-ela sera suivi d(! l'invention de beaucoup do propositions (jue Bachot
avoue avoir ignorées, et (|ui manquent dans le Diopbante.
Je suis persuadé que dos (|ue vous aurez connu ma l'aoon de démoii-
Irer en cette nature de propositions, elle vous paroitra belle et vous
donnera lieu de l'aire beaucoup de nouvelles découvertes; car il faul,
comme vous savez, que miilti pciiranscant ut atigcatitr scientia (').
S'il me reste du temps, nous parlerons ensuite des nombres ma-
gi(]ues, et je rappellerai mes vieilles espèces sur ce sujet.
Je suis de tout mon cœur, Monsieur, votre, etc.,
FK.nJlAT.
Ce 23 septembre.
Je souhaite la santé do M. do (larcavi comme la mienne et suis tout
il lui.
(') Foir IxUre XII, 3.
(') Foir LcUro XII, 2.
I ') Foir plus haut p. 35, noie 2.
l'EHBAT. — M. ' 40
31V ŒUVRES l)K l'RHMAT. — CORllESPONDANCE.
Je vous écris de la campagne, et c'est ce qui retardera par aventure
mes réponses pendant ces vacations.
LXW.
PASCAL A FER:\IAT (').
MARDI 27 OCTOBnE ICo'i-.
{OEmres de Pnscnl, IV, p. !^'^^.)
MONSH'.I I!,
Votre dernii're lettre m'a parfaitement satislail. J'admire votre mé-
thode pour les partis, d'autant mieux que je l'entends fort bien: elle
est entièrement votre, et n'a rien de commun avec la mienne, et arrive
au même but facilement. Voilà notre intelligence rétablie.
.Mais, Monsieur, si j'ai concouru avec vous eu cela, cherchez ailleurs
(|ni vous suive dans vos inventions numériques, dont vous m'avez l'ail
la grâce de m'envoyer les énoncialions. Pour moi, je vous cou l'esse
(]ue cela me passe de bien loin; je ne suis capable que de les admirei',
et vous supplie très humblement d'occuper votre premier loisir ii les
achever. Tous nos .Messieurs les virent samedi dernier et les esli-
mi-rent de tout leur cœur : on ne peut pas aisément support(M' l'al-
leu te de choses si belles et si souhaitables. Pensez-y donc, s'il vous
plail, et assurez-vous que je suis, etc.
Pascal.
l'aris, 27 octobre 10)4-
( ' ) Ré]ionsc ù la LcUie i)réc6dcntc.
F.XXVI. - 1C56. 3i:i
ANNÉE 1650.
lAXVI.
FERMAT A CARCAVI (' ).
1036.
(13iU. Nat. Ir. log'ib, X-Vll, p. 7S-S'|.)
< Monsieur >,
1. J'ai rerii un très graïul conlentemenl de vos Icllrcs du 19 du mois passr,
lesquelles m'onl été rendues il y a deux jours, el je me liens lorl obligé à la
civilité de M. Pascal, duquel, si l'eslime que j'en ai pouvoil être plus grande,
elle seroil augmentée par tant de démonstrations ([ue j'en ai rcrucs. Je vous
prie donc (vous qui m'avez fait l'honneur de me faire connoîlre une personne
si savante) de lui témoigner le respect et l'estime que j'ai pour lui, cl que, si
j(' ne puis pas correspondre avec les effets à tant de grâces qu'il lui a i)lu de
me faire, je ne manquerai pas au moins d'y satisfaire avec ma bonne volonté
que j'ai voulu vous faire connoître présentement par la réponse que je vous
envoie de ce (ju'on m'a proposé. Le temps est court; mais, n'espérant pas de
jiouvoir la semaine [irocliaine avoir la commodité de m'appliquer à de sem-
blables s[)éculalions, je suis contraint de vous en dire mon sentiment sur le
champ.
2. Il est bien vrai qu'il me déplaît que d'abord je ne suis pas du sentimenl
de M. Pascal touchant l'Analyse spcciose, de laquelle je fais plus grand cas
( ' ) Celle Ictue a été publiée pour la première fois par M. Charles Henry (Rcclterclu-s,
\i. 197-200) d'après une copie sans date, sans adresse et sans signature. La date de iG3G
a été attribuée à cette lettre à cause des allusions aux jansénistes el molinisles, el au
séjour de lluygens à Paris (|uc le savant holUuidais quitta le 3o novembre i655 (OEihtcs
compUten, \, p. 367). Le texte n'est qu'une traduction passablement incorrecte de l'ori-
ginal qui élail rédigé en latin, comme on peut le conclure d'après les nombreux mots di'
cette langue que le traducteur, parfois embarrassé, a transcrits dans l'interligne.
:î1G œuvres de FERMAT.- CORRESPONDANCE.
(lue lui, el .j'ose dire que les preuves que j'en ai sont si pjrandes que non seu-
lement elles me persuadeiil, mais elles m'obligent d'en faire une estime l)ien
grande. J'avoue que le retour en est bien souvent difficile; mais, parce que,
cpiand j'ai fait exactement l'analyse, je suis aussi sûr de la solulion du ])ro-
hlème comme si je l'eusse tiémontré par synllièse, je ne me soucie pas ([uel-
(piefois d'en chercher la construction la plus aisée, me persuadant ce qu'eu
tme autre occasion M. Pascal (') dit : non case par labori prœmiiun. Mais, en
cela comme en toutes autres choses, je laisse volontiers ([ue chacun suive sou
|)ropre scntinuMit.
3. Je viens au problème des < cercles > tangens dont on désire une plus
grande explication. Aussitôt que vous me l'envoyâtes, il me souvint que
j'avois songé à cette matière en cherchant le lieu que déciiroit le centre
d'un cercle qui touclieroit deux autres cercles donnés, ou un cercle donné el
une ligne donnée, etc., et que j'avois démontré que, quand deux cercles sont
égaux <et qu'>ils se doivent toucher avec un antre cercle qui les enferme ou
([ui les exclut tous deux, le lieu est la ligne droite qui les divise également et
(|u'elle est perpendiculaire à la ligne qui tmit les centres des cercles donnés;
mais, quand ils sont inégaux et qu'il faut qu'ils se touchent comme ici-dessus,
alors le lieu est hyperbole ou, pour mieux dire, il est les sections opposées,
les foyers desquelles sont les centres des cercles donnés el le cùté transveis
égal à la différence des semidiamètres des dits cercles.
Or, dans le cas dans lequel il faudra inclure l'un et exclure l'autre en le
touchant, les sections opposées ont les foyers comme auparavant, mais le
côté transvers est l'aggrcgé et non pas la différence des semidiamètres.
Je passe les autres problèmes que j'ai démontrés en celle matière, parce
qu'ils ne sont pas à propos pour nous; mais je dirai seulement en passant
(|ue, quand les donnés sont un cercle el une ligne droite qui le coupe, le lieu
est à deux paraboles qui ont toutes deux pour foyer le centre du cercle donné
lyX passent par les intersections du dit cercle el de la ligne donnée.
Ainsi, en recevant vos lettres, je m'aperçus (|u'cn laissant une détermina-
tion dans le problème de M. Pascal (^), il se feroit local, en la manière ici-
dessous :
Etant donné un cercle et une ligne, trouver un autre cercle qui, touchant
(') Dans les écrits connus de Pascal, on ne trouve guère qu'une expression analogue :
od illa, quœ plus affermit fruclus quant Inboris, verge/iles, mots qui terminent le De
rmmeririi nrdinibus trnctatus.
(2) Comp. Lettre LXX, 9.
LXXVI.
IGoG.
317
le tloiinc, soit coupa par la ligne en sorte que le sei^inent soit capable d'un
angle donne.
Soit, le cercle ABG {fig. 82) donné, la ligne < EF, le > centre I); soii hi
perpendicuhiirc DBII et (lu'on fasse l'angle IIDG égal à l'angle donne.
Menant GO perpendiculaire, (pie ci-aprés on coupe lîll en 1' dans la raison
Gl) à 1)0, et qu'on [irolonge la ligne 1)I[ en Q en sorte que la raison 1)0 à IIO
soit la même que celle du (juarré GO au quarré Gl) avec le rectangle IIDO.
FiR. S3.
Qu'après, par le point Q, on tire les angles IIQK, HQS égaux à l'angle
donné, et que par le point P, autour des asymptotes QS, QK, on décrive
l'hyperbole IPX.
Je dis qu'elle satisfera à la proposition, c'est-à-dire que le cercle quel-
(■on(pic qui, ayant son centre sur ladite liyperhole, touchera le cercle donné,
sera aussi coupé par la ligne donnée en sorte que son segment soit capable
de l'angle GDO. Mais cela, on ne le doit entendre qu'en cas que l'angle
donné soit aigu, puisque, s'il est droit, le lieu est la ligne droite <donnéc>,
comme il est clair, et que, s'il est obtus, le lieu est aussi une hy])erbole, mais
il y a alors quelque peu de mutation dans la construction. — Mais il n'est pas
nécessaire de dire tous les détails.
Cela étant supposé, on peut facilement résoudre le problème par les lieux
solides en cas quelcon(iue, c'est à dire en décrivant cette dernière hyperbole
et les autres sections opposées dont j'ai parlé ici-dessus, puisque leur inter-
section donnera toujours le centre du cercle qu'on cherche.
Mais, parce que le problème est plan et craignant le scrupule des géo-
mètres, je l'ai résolu alors par les lieux plans généralement; mais, parce qu(^
je m'aperçus que la construction en éloll beaucoup embrouillée, je choisis
;h8
a<:UV|{ES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
au plus facile les donnés et je les appliquai en nombres; el c'est tout ce que
je vous envoyai alors el je ne vous enverrai autre chose, parce que le susdit
Monsieur ne veut pas la solution simplement analytique, mais qu'il veut aussi
une construction gentille et facile, laquelle je n'ai pas pour à cette heure le
loisir (le la chercher.
4. Pour ce qui est de l'autre < problème > de cinq lignes données ('), je
ne sais pas qui lui a dit que je l'estime facile. Je ne crois pas vous avoir écrit
une telle chose, puisque je m'aperçus alors qu'on pouvoil venir difficilement
à l'équation et qu'après fpi'on l'auroit trouvée, la conslruclion en seroit
beaucoup embrouillée. Vous me ferez la faveur de le dire à M. Pascal el je
songerai à cela rpiand j'aurai plus de loisir.
5. .le viens au pioblème de miniinis avec lequel le dit Monsieur dit qu'il a
résolu plusieurs auli'es problèmes. C'est ce que je crois facilement, parce
(pie ma méthode s'étend aux mêmes et m'apprend que le plus souvent en
CCS pioblémes le (loiiil du minime est centre du cercle ou de la sphère f|iii
satisfait à ce qu'on propose. Je dis le plus soin'cnt, parce (pie je n'ai [las le
loisir de les examiner tous el je suis certain qu'en celui-ci, dont M. Pascal
ne parle point, bien (|u'il soil local ad circuliim, le [loiiit du minime n'est
pas le centre du cercle :
l'Jlaiit donnr qitclconqne nombre de points en une lii^ne droite, comme A,
(',, D, E, F, Cl, H ( At'- ^•^)> trouver un autre comme l, duquel menant les
liâmes lA, IC, 11), lE, IF, ICi, IR, l'assemblage des quarrés des dites lignes ait
au triangle AIR la raison minime de toutes les possibles.
l'ig. 83.
I
A C D E
C'est à quoi je voudrois prier M. Pascal de me faire la faveur d'appliquer
sa méthode.
6. Après, <pour> le lieu du problème duquel il dit que dépendent tous
les lieux plans proposés par lui, je n'ai pas voulu manquer de le chercher el
aussitôt j'ai trouvé que c'était un cercle, en la manière ci-dessous :
Soit donnée la ligne droite AR {fig- 84) coupée utcumque en C el qu'il
(•) Pout-êlre un problème ayant rapport à \ hcxagramme de Pascal.
LWV I.
1656.
31!)
faille Irotncr le lieu sni- Ic/i/el élanl pris le poiitl 1), et étant tirées les
li^'iies I)A, DH et les j>arallèles CE, CF, les rectangles ADE, UDF pris
citscnible soient égaux au quarré de la ligne donnée '/..
On'oii décrive sur la ligne AH le demi-cercle A(iB cl f|ii"après, élevanl la
|)eipeMdiculaire CG, on lire la ligne GlI égale à la ligne Z et terminée à la
ligne AH allongée s'il le faut. Je dis que, si du centre C, avec la distance ('.II,
on décrit le cercle III), il sera le lien rpi'on clierche.
Fi.'. 8',.
Nous pouvez proposer à M. Pascal, avec les mêmes données, de trouwr le
point 1), en sorte /[ue les deux rectangles DAE, DBF soient égaux au (juarré
de la < ligne > / donnée : c'est ce ijne j'ai trouvé en un même temps.
7. J'ai eherclié le lieu de cet antre : Etant donnés autant de cercles qu'on
voudra et une ligne droite, trouver un point duquel nirnaut des tangentes
aux cercles donnés et une perpendiculaire à la ligne donnée, les quarrés des
tangentes aient à la perpendiculaire une raison donnée, et j'ai trouvé (ju'il
peut être ellipse, parabole ou hyperbole selon la diversité des données. Mais
il seroit trop long d'écrire tout, car il f;Kidroit faire un livre et non pas nui'
lellre; je mettrai ici seulement pour essai la délerininalioii f|ui est i|ue,
toutes les f(jis (pie la raison donnée sera la même que la raison du nombre
•les cercles donnés à l'unité, le lieu sera parabole; si elle est pins petite, il
sera ellipse, et si elle est plus grande, il sera liy|)erbole.
8. \a' porisnie des anciens à la description des sections coniques me senihir
très joli, mais je n'ai pas le loisir- de les examiner jiour à cette heure; je
conserverai le tout pour un meilleur temps, comme aussi de vous parler
des quarrés qiu; ces Messieurs ap|)el!ent magiques, desrpu'ls M. Pascal l'ail
(piei(|U(> mention dans sa lettre.
9. J'y ajoute seulement t|ue vous dites le vrai (|uand vous dites (|u il viim>
souvient qtic je vous ai parlé autrefois des deux moyennes, parce (|u'il v
a longtemps ([ue j'ai trouvé la méthode de les trouver en ime infinité de
320 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
Tarons (j'cnlends par les lieux solides); mais, entre tous, ceux là m'ont plu
davantage qui résolvent le problème per circulum et cllipsim : c'est ce cpie
je vous prie de proposer à M. Pascal pour savoir s'il lui est peut-être arrivé
tout de même,
10. Je vous [)rio de me donner quchpics nouvelles des jansénistes et moli-
iiistcs, comme aussi quel(|ue objection qu'on fait à M. Descartes; et je vou-
drois savoir en quel estime M. Ilugenius, gentilliomme bollandois, est auprès
lie ces Messieurs. Il a imprimé plusieurs petits livres de Géométrie (') et il a
demeuré (|uelque temps à Paris.
LXXVII.
FERMAT A CARCAVI (-).
JUIN 1C5C.
[Corresp. Huyg., 11° 301.)
.... 1- Si A et B jouent avec deux dés eu sorte que, si A amèuc
G points en ses deux dés avant que B en amène 7, le joueur A gagne
el, si H amène 7 avant que A ait amené <G>>, le joueur B aura gagné,
et de plus le joueur A a la primauté, l'avantage de A à B est comme
( I ) Christiani Ilugcnii, Const. F., Tlicorcinala de quadraliira hyperboles, eilipsis el cir-
ciili, ex dato porlionum gravitatis centre, qiiibus subjiincta est 'EÇETaat; Cycloniclfiie CI.
\lii Gregorii a S. ViiiceiUio edil;c aiino CK) 13 CXLVII, Lui,'d. Hatavorum, iG5i, 4". — De
circuli magnitudine inventa : accedunt ejusdem Problemalum quorundam illustrium con-
struclioncs. Lugd. Balavorum, iG54, 4".
(') Cette pièce est un extrait adressé par Carcavi à Iluygcns. Dans la lettre d'envoi, du
■x'i juin iGjG, Carcavi écrivait (Cnrre.sp. Niif^., n" 300) :
« M. do Fermât m'a envoyé, il y a déjà quelques jours, la solution de ce que vous aviez
Il proposé touchant le parti des jeux, el vous verrez par l'extrait que je vous fais de sa
» lettre qu'il a la démonstration générale de ces sortes de questions, el conclurez certai-
» nement avec nous, non seulement pour la résolution de ce problème, mais aussi pour
» quantité de plusieurs autres très belles spéculations que nous avons vu de lui, tant
» en ce qui concerne les nombres que pour la géométrie, que c'est un des plus grands
» génies de notre siècle. Je tâche, il y a déjà longtemps, d'en tirer ce que je puis pour le
LWVll. - JUIN IGoG. 321
2. Si le joueur A a la prcniii-ri' lois la priiiiaiilr et onsuito le joueur 15
ail aussi la priuiauté la seeoude fois, et aiusi alhM'nalivemeut (au(|uel
cas A poussera le dé la preiuii're l'ois, et [)uis 13 deux t'ois de suite, et
puis A deux l'ois de suite, et aiusi jusques à la tin), eu cette espi'ce
le parti du joueur A est à ecdui du joueur 15 eouiuie u)3j ) à i-j.-i-G.
3. Oue si le joueur A joue prcmièremeut deux fois et le joueur U
trois fois, puis le joueur A deux (bis et ensuite le joueur B trois l'ois,
et aiusi ii l'inliui (|ue le joueur A qui eouiuience ne joue jamais (|ue
deux coups et, que le joueur B eu joue trois (supposant toujours
(jue A cherche à ramener G et B 7), le parti de A à B est comme -j-iMni
à «7^)1.
4. Ia's questions diversitient et la méthode change au jeu de caries.
Par exemple, je propose :
Si trois joueurs A, B, C parient avec J2 cartes (qui est le nomhre
d'un jeu complet) que celui qui aura plus tôt un cd'ur gagnera, en
supposant que A prend la i'" carte, B la 2* et C la y, et que ce même
ordre est toujours gardé jusques à ce que l'un ait gagné;
5. Si deux joueurs jouent ii prime (') avec 4i' cartes, l'un entre-
prend de ramener prime dans les quatre premières cartes qui lui
i> (lomior :ui ihiI)!!^ ol j'en iivdis fait la iirii|insiliuM a M. <lo Selioolpii jiour y ciiijiloyer les
» KIzovirs, mais les cliuscs ne so trouverenl |ias disposées pour nous procurer celle
» salisfaelioii. »
« Kn ce (lui concerne Messieurs Pascal el Desargues, .... le premier avoil déjà irouvé
kl solulion de votre proposition et me doit donner au premier jour celle de toutes les
autres qui sonl dans l'extrait de celle lettre de M. de Fermai. » ....
La question posée pur lluygcns est la dernière de son Trailé J)c rnliori/iiit in Itido
aleœ qu'il venait de terminer en brouillon el d'envoyer (le G mai iG)('ij à Scliooten pour
que ce dernier en aclicvàl la mise en latin. Elle est ainsi coneuc :
l'noPOSlTIo XIV. — .SV c^'ïj et alùis diuihus tesscris tillcnintini jnciiiinus liac coiid'uiniic
m ego vlncain shnul atque scpleiiarhiin jaciain, illc vcro (juaiii prtmuin sciiariiim jacial.
ita videlicct ut ip.ti priiiiwn Jactuin concedttin, iin'cnire rationcin mcœ ad ipsiiLi sorlem.
(Fr. a Schoolen, Excrcit/itionum mathcmnlicarum liber V, conlincns seclioncs triginta
miscellaneas. Lugd. Balavorum, 1G57, in-4°i P- 53:i.)
(') Voir ci-après, LX.WII bis. 6.
l'EnSUT. — II. 4'
Mi lEUVUKS l)h: FERMAT.- COUlt ES IM)M)ANCE.
seront baillées e( l'autre parie (jue le premier ne réussira pas, (juel
est leur parti ?
6. Toutes ees questions ont des niétliodes et des règles diiïérenti's.
Si on n'en |)ent venir ii hont, je vous les expli(|uei'ai tontes avec leurs
démonstrations; la plus subtile et la plus malaisée est celle du vrai
parti de l'cUii (jni lient le dé au jeu de la cliance contre les autres ( ' ).
7. Soit encore, si vous voulez, deux joueurs (jui jouent au pi(|uet;
le premier entreprend d'avoir trois as en ses douze premii'res caries;
(|U(d est le parti de celui-ci contre l'antre (|ui |>arie qu'il n'aura poini
l(N trois as?
LXWII hù.
HUYGENS A CAHdWI (').
JKllDl (J JIMLI-KT 1036.
(Concx/K (le Hny^cn.s, n' IIOS.)
.... 1. J'av veu par la solution ((ne Monsieur de Kermat a l'aile de
UKin Pr(d)leme ( ') qu'il a la nuMliode univers(dle pour lrouv(>r tout ce
(|ni a[)parlient à cette malicM'c, ce (|ue je desirois seulement de scavoir
en la proposant. J.a mesmo raison de 3() à 3i est dans le Irailé (jue j'ay
envové à Monsieur Sclioten il y a i> mois : dans le mesme il v a aussi
un Tlieoreme duquid je me sers dans toutes ces ([iieslions des partis
du jeu; et je le mellray icy, parce (|u'autreiiienL je ne pourrois pas
vous faire voir (|ue je suis venu à bout des Problèmes que !\fonsieur de
i-'ermat a pi'0|)osez, le calcul de (jnelques uns d'entic icenv eslani si
long(|neje n'ay j)as assez de patience pour en reclier(dier le dernier
(') Il s'agit probul)lomonl do la qucslion exposée I.uUre LXXVIII, 3.
(-) lîxlralt communiqué à l'crniat cl à l'ascal {voir ci-aprcs LXXVIII, 1) cl répoiiilaiil
à la pièce prccédcnic, I^XXVIl.
(•') Foir Vikcc LXXVII, 1.
LWVII Ins. — (i .IllLLKT Hi.ïG. 3-23
lU'iMliiil ; c'i'st |ioui(|ii(>y dans i-ciix la, après vous avciir oxpiicjiK' le (li(-
llii'orcinc, je me (■oulcnlci'ay do iiicKie la iiiclliodc par laqiudlc l'on v
pi'iil parvenir.
2. Le Tlieorenie esl eedui-cv :
Si le nombre des lia/ards qu'on a pour avoir h soi! p, et le nombre
lies ha/artls (|u'on a [lour avoir c soil y, eela vaut aiilanl (|iie si l'on
avail
!> + <!
Par exemple si j'avois 2 iia/.ards pour avoir r-, de ce (|ni est mis au
jeu (i "t liazards pour en avoir -> je mulliplie tt par 2 e( - par "i. Puis
j'adjduste ensemble les produils (|ui sont t. et -; la somme est -jr,
la(|uelle je divise par "i + a, c'est - ; tliuit j'ay ,-• Je dis (|u'il m'a|)par-
lient -r- de ee (ini esl mi> an jeu.
.12 ' •'
3. La [»reniiere des ([ueslions de .Monsieur de Fermât (' ) est t(dle :
A et 15 jouent à 2 de/,. A i,'aignera en amenant ("> points. 1{ i^aii^nera en
amenant 7 [)oints. A [)oussera le dé la [ircmière l'ois, et puis B deux lois
de suite ol puis A deux l'ois de suite, et ainsi jus(|ues à ee (|ne l'un ou
l'antre ait ii;aigné.
PdUi' taire les partis je nommeray (/ ee (|ui est mis au jeu, et je met-
Iray .v pour la pail (|ni en ap[)artient au joueur A.
Or il est évident (|ne, (|uand .V auia l'ail le premier coup et 1$ ses
deux coups de suile, et encore A l'un de ses deux t'oups, sans (|ue nv
l'un ny l'autre ail rencontré, (|ue aloi's A aura derecliel' la mesme
a[i|iarence pour gaigner (|u'il avoil des le commencement, et (|ne par
conséquent il luv appartiendra di'reidnd' la mesino part de ce «|ui est
mis au jeu, c'est à dire a".
Partant, lors(|iie .V vient à l'aire le premier de ses deux coups de suile,
il aura
■") iKizarils pour nvoir d,
ol 3i liazards pour avoir ,r,
C) Pièce LXXVII, 2.
32i
ŒUVllES DE FERMAT.- (^() l'JlESPOND ANCE.
car de 30 divers coups que produisent i dez, il y en a "> de (i poiiils,
c'est à dire qui luv donnent d ou ce qui est mis an jeu, et '5 1 (|ni luy
l'ont manquer les (1 |ioints, et ainsi luy donnent j-, le mellanl en estât
d'avoir encore un coup à l'aire devant (|ue le lonr de 1$ soit venu. .Mais
5 liazards pour avoir ^/ ) i , , , i ,i i ,
, , ,' valent autant par le llieoreme i)recedent (ine
el .-il iiazards ]ioin' avoo' .»• ) ' ' '
T„ ''^-- C^ecy es! donc la part de A lorsfjue A fait le premier de ses
deux coups de snile.
Le coup d'auparavant c'est quand 15 fait le dernici' de ses deux
conps, et parce ([u'il i^aigne en amenant 7 points lesquels se ren-
<;onlrcnt en (i façons diiïérenles et <|u'alors .\ perd, ilon(|ues ii ce
coup A aura
G liazards |H)or avoir o on rien,
• ■"'"'+ 3 i.c
el 3() Iiazards pour avoir
Mi
car son (our sera venu de l'aire deux coups de suite; lesqucds liazards
I • • I . .1 ■ • I . i.')0(/+ q3o./' ., , ,
nai' le précèdent tneoi'cmc valent i • (^ecy est donc la part
I I , .^p ^ I
lie A, lors(|ne 15 fait le dernier de ses 2 coups de suite.
Quand donc 15 l'ail le [ireinier de ses 2 coups, A anra
ce qui vaut
() lia/.ards pour avoir o,
3o liazards pour < avoir >
[\Mod -\- 27900./-
46(356
I 096
Quand donc A l'ait le premier coup de tous, A aura
.") liazards pour avoir el,
., , , . '4">oof/+ 27900. r
3i liazards iiour avoir ,,.,.,,. ' ;
' 4*>6ob
Ti-ji'iod -\- 864900. r
ce qni vaut
1 6796 I 0
,, , , , , , , 1 - 1 • io35.") . , .^
Lecy est donc égal a x, et partant x égal a .^-rrry < " >•
o3.5.ï
Le parti du joueur A est donc ^' ' de ce qui est mis au jeu, el le
LXXVIl bi.s. - G JUILLET 1G3C. 3-io
rcslc —rpr- est le parlv di\ 15, el l'un csl à l'autre comino '''■> (iiii soiii
li's mosiiios nonihros do Moiisioiir de Ivrinat.
4. Dans la sccoiulc question (') où il suppose qu(> le joueur A joue
preuiiereiiieiit deux fois, et puis le joueur b trois lois et ensuile le
joueur A <^ deux l'ois et puis le joueur 15 > trois l'ois, la méthode esl
(ont il l'ait seinhlalde, et j'y trouve aussi les uu'suies luunhres (|ue
Monsieur de l'"enual, mais (|u'il les faut transposer : c'est-ii-dire que
le party de A esl ;i eelui d{'. 15 comme H^l")! ii ■j2)(')0, au lieu (|u'il a
mis ■y'j'îdo ;i Sj.'j "> i .
5. La troisième esl (-) quand trois joueurs A, IJ et C parient avee
lonles les ")2 cartes que celuy qui aura plus tost un cœur gaignera, el
que l'on suppose ([ue A prend la première carte. 15 la seconde, (1 la
Iroisieme el ainsi consécutivement jusquos à ce (|ue l'un ait gaigné.
Il y a 1 3 cœurs parmy ces "i-j cartes, c'est pourquoy s'il arrivoil (|ue
lonles les autres 3() fussent prises selon ledit ordre sans (|ue personne
eust reuconiré un cœur, alors ce seroit le tour du joueur A (hi prendre
et il anroil gaigué asseurcment. Quand donc Vu prend la (renle-nen-
vieme carte, au cas que jusques là personne n'ait reuconiré, il esl
certain que A aura l'i hazards pour avoir perdu et i hazard pour avoir
lout ce (jui est mis au jeu, que j'appelleray </ comme devant. Or,
d'avoir
i3 liaziirds pour avoir o,
cl 1 iia/.artl pour avoir (/,
e(da vaut — par nostre théorème; d'iey je cognois que, quand 15 prend
la trente-huitième carte, A aura
i3 liazanls pour avoir o,
el •! hazards pour avoir — ; i/
'1
(') Piùco LXXVII, 3.
(2) IMècc LXXVII, 4.
3-2(i (EUVKF.S l)K FKI'.M AT. — COKllESPON J) ANCK.
( i''cs( (|ii;m<l 15 nian(|ii(' de roncontiMM- un cœur, car alors c'est ii C (l(<
iircndrc la Ircnlc-iicuvicmc ) ; lesciucls liazards valcul — zd.
1 .' ' 1 1,,.,
Ouand A |)rcnd la Ircutc-scplicmc, A aura donc
i3 li.iznrds poui' a\()ir d,
ol 3 hazards pour ;ivoii — r>
1(1.)
Cl' <|ui vaut -——({.
' I O.So
Ainsi en i'crulan( (oiisjours d'une carie l'on seaiira ii la tin la pari
de A, lorsqu'il prend la première de loules, cl de la mesnie nianiei'e
se trouvera le parly île 15. et le reste sera celiiy de (1.
6. I.a i|ualrienie est ( ' ) (|nanil deux join-urs jouent ii la prime avec
'|o earles et que le joueur A entreprend de ramener prime, et 15 parie
que A ne réussira pas dans les ([uatre [»remier(!s earles. L'on m'a dit
que d'avoir prime c'est avoir /| earles dillereutes, ii seavoir une de
rliasque sorte, .le t l'ouve donc que le parly de A est ii celui de H comme
inoi);i 8 I ')(), de sorte que Ton |)eut bien parier S contre i que (juel-
qu'iin n'amesnera pas |ii-irue.
1- La cin(|uieme et dernière question {') est (|iianil deux joueurs
jouent au piquet et que le premiei' entreprend d'avoii' '! as dans ses
diui/e premières cartes et (|ue l'autre parie (|u"il ne les aura pas. l*our
résoudre c(dle-cv, je supposeray (|u'il jirerul ses i ii earles une ;i une,
car il n'impoi'te aurunement. S'il arrive donc (|ue celiiy (jiii l'euli'e-
prenil avant pris i i cartes ail desja rencontré 2 as, il y aura parmi les
25 eartes (jui reslenl encore ■?. as, el partant il aura en ee cas 2 hazards
pour avoii' tçaigné, c'est j)Our avoir d, el 2'î hazards pour avoir o, i''esl
à dire pour perdre : ce qui vaut ^. d.
(1) t'ièco LXXVIl, 5.
y') l'ièco LXXVIL 7.
Î.WVII Ins. - G .ILILLKT ICoG. 327
(jii;ni(l il a pris lo caries, s'il a l'cnconlrt' 2 as, il aura donc
'. Ii:i/.;\r(ls ]i(iiir :ivi>ii' d,
i'\ '.'x liazards [loiir avoir -. cl, c'est |)()iir a\i)ir sciilcniciil ? as en 1 1 caries;
les(iiiels lia/.anls valent ^d.
• j'.j
.Mais (|iiaiiil il a pris 10 caries, s'il n'a encore (|ne 1 as, il v aura
[larniy les -A') restantes j as; c'est pomajuoy alors il anra
3 lia/ards iiour avoir —rd, c'esl iioni' avoir 2 as en 1 1 ciiiles,
2.)
et î?t luizarils pour avoii' o, c'est pour avoir 1 as en 11 caries,
car avec cecv il ne sçauroit i^a^ner; lesquels hazards valenl -^. d.
Quand il a pris 9 caries, s'il a 2 as, il aura
2 liazartls pour avoir d,
el 20 liazards pour avoir ~-. d, c'esl pour avoir senlcineiil >. as en 10 carte
les(|uels liazards valenl ^^~^d.
-Mais ayant pris ç) caries, s'il n'a encore qu'i as, il aura
3 luizaids pour avoir -r^d, c'est 1 as (mi 10 caries,
Ô2->
3
l't 24 liazards pour avoir Tr^d, c'esl 1 as en 10 caries,
02.)
ce (iiii vaut -r^.-d.
' .S77.J
Va eulin si parmi ses 9 cartes il n'a encore aucun as. il aura
4 liazards pour avoir -„— ^ d, c'esl 1 as <mi 10 cartes,
Si)
el 23 liazards pour avoir o, c'esl pas 1 as eu 10 caries,
car alors il ne sçauroil jraif;iier.
lesquels liazards valent [r-^f/.
\ 8770
Ainsi par celle méthode en reculant tousjours d'une cari/- je sc;ui-
:12S (KUVHKS I)K FEUMAT. — COlîUESl'ONDANCi:.
niv il la lin la part du joueur A, lors(ju'il n'a encore pris aucune carie
et ([ue par conséquent il n'a pas encore i as : laquelle ayant ostée
(le r/, le reste sera la part du joueur]}. C(> qu'il l'allnil trouver.
8. Si j'estois bien informé de l'eslal de la question au jeu de la chance
(|ue iMonsieur de Fermât dit cstrc la plus malaisée ('), j'essayerois
aussi de la résoudre. Pour celles (jue je viens de traiter, je vous prie,
.Monsieur, de me faire la faveur de les communi(|uer à iMonsieur JVIilon,
et (|ue je puisse seavoir si ce que Messieurs de Kcrniat et Pascal en
auront trouvé sera conforme à ce que j'en expli(|ue. Je desii'e aussi
fort de sçavoir s'ils ne se servent pas du mesme tlieoi'cnie (|ue nioy.
LXXVlll.
CARCAVl A HUYGENS (-).
.IKUm 28 SEPTEMCRK 10.50.
(Corm/i. Huyg., i\° XiCi.)
MONSU'.IU,
1- H y a déjii longtemps que j ai fait voir ;i Messieurs de Fermai cl
Pascal ce que vous aviez pris la peine d'envoyer ii M. Mylon et ii moi
(ouclianl les partis (^), mais je n'ai pu me donner l'honneur de vous
faire réponse, la chose n'ayant pas dépendu absolument de moi et la
commodité de ces Messieurs ne s'étant pas toujours rencontrée avec le
désir que j'avois de vous satisfaire.
M. Pascal se sert du même principe que vous et voici comme il
l'énonce :
S'il y a tel nombre de hasards qu'on voudra, comme par exemple 10
(') l'ièceLXXVII, 6.
(«) Publiée pour la première fois par M. Cliarlcs Henry (Pierre de Corctu'f. p. i8).
(S) Foir la LeUrc prccédenlc.
LXXVllI. - 28 SEPTEMBRE 1G5C. 329
(|ui donnent cliacun 3 pistoles et qu'il y en ait 2 qui donnent chacun
4 pistoles, et qu'il y en ait 3 qui ôtcnt chacun 3 pistoles, il faut ajou-
ter toutes les sommes ensemble et les hasards ensemble, et diviser l'un
par l'autre. Le quotient est le requis, ce (jui revient ii une même énon-
ciation que la votre.
2. Mais il ne voit pas comment cette règle peut s'appliquer ii
l'exemple suivant :
Si on joue en six parties, par cxeni[tle du piquet, une certaine
somme et qu'un des joueurs ait deux, trois ou ([uatre parties et que
l'on veuille ([uitter le jeu, ([uel parti il faut faire quand un a une
partie ;i point, ou deux ou trois etc. ;i point, ou bien (juand un a deux
j)arties et l'autre une, etc.?
\-J le dit S'' Pascal n'a trouvé la ri'i^le ijue lorscju'un des joiu'urs a
une partie h point ou ((uand il en a deux ;i point (lors(|ue l'on joue en
plusieurs parties), mais il n'a pas la règle générale. Voici son énoncia-
tion ( ') :
Il appartient à celui qui a la première partie de tant (|u'on voudra,
|)ar exemple de six, sur l'argent du perdant, le [iroduit d'autant dr
premiers nombres pairs que l'on joue de parties, excepté une, divisé
par le [troduit d'autant de premiers «ombres impairs. Le premier pro-
<luit sera la mise du perdant, le second produit sera la part (]ui en
appartient au gagnant.
Par exemple, si on joue en 1 parties, prenez les > premiers nom-
bres [tairs : 2, !\, G; multipliez l'un par l'autre, c'est /jS; prenez les
! premiers im[)airs : i, 3, "> ; le produit c'est i "> qui a[iparliendront au
gagnant sur l'argent du perdant, si on a mis chacun ]S |)istoles.
Cette règle sert pour la première et la seconde partie, celui (|ui en a
deux ayant le double de celui qui n'en a (ju'une. Il en a la démonstra-
tion, mais (ju'il croit très dillicilc.
(') Comp. l.cllrc LXX. 3. — L'cnoncc de Carcavi csl mal couru et en désaccord avec
l'exemple.
l'KnMAT. — II. ' 42
330 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
3. Voici une autre proposition qu'il a faite à M. de Fermât, laquelle
il juge sans comparaison plus (Jifficile que toutes les autres :
Deux joueurs jouent à cette condition que la chance du premier
soit 1 1 et celle du second i/|; un troisième jette les trois dés pour eux
deux et, quand il arrive 1 1, le premier marque un point et, quand il
arrive j/i. lo second de son côté en marque un. Ils jouent en 12 points,
mais à condition que, si celui qui jette le dé ramène 1 1 et qu'ainsi le
premier marque un point, s'il arrive que le dé fasse r4 le coup d'après,
le second ne marque point, mais en ote un au premier, et ainsi réci-
proquement, en sorte que, si le dé amène six fois 11 et le premier ail
marqué six points, si en après le dé amène trois fois de suite i/|, le
second ne marquera rien, mais otera trois points du premier. S'il ar-
rive aussi en après que le dé fasse six fois de suite i/j, il ne restera
rien au premier et le second aura trois points, et s'il amène encore
huit fois de suite i4 sans amener 11 entre deux, le second aura
II points et le premier rien; et s'il amène quatre fois de suite 11, le
second n'aura que sept points et l'autre rien; et s'il amène cinq fois
de suite i/|, il (') aura gagné.
La question parut si difficile à M. Pascal qu'il douta si M. de Fermât
en viendroit ii bout, mais il m'envoya incontinent cette solution :
Celui qui a la chance de 11, contre celui qui a la chance 1 4 , peut parier
1 1 5G contre i , mais non pas 1 1 57 contre i ;
et qu'ainsi la véritable raison de ce parti étoit entre les deux; par où
.VI. Pascal ayant connu que M. Fermât avoit fort bien résolu ce qui lui
avoitété proposé, il me donna les véritables nombres pour les lui en-
voyer et pour lui témoigner que de son coté il ne lui avoit pas proposé
une chose qu'il n'eût résolue auparavant. Les voici :
i5o 09 '1 635 2f)G 999 r> I
129 7/1G 337 890 62 j.
Mais ce que vous trouverez de plus considérable est que le dit S"" de
( ' ) Lisez : le second.
LXXVIII. - 28 SEPTEMBRE 1656. 331
Formai LMi a la démonstration, comme aussi M. Pascal de son cùlé, hicn
(|n'il y ait apparence qu'ils se soient servis d'une diflerente métiiodc.
4. J'ai envoyé voire livre (') à M. de Fermai, dont il rend 1res
humbles grâces et vous remercie Iri-s humblement de celui ([uc vous
ave/, eu la boulé de me donner
( ' ) 11 s'agil ici d'exemplaires clos |u'omiei's opuscules de Huygcns (luiir ci-dessus,
page 320, note i), adressés i)ar lui à Claude iMylon pour Carcavi et Fermai (Corrcsp.
Hiir^-, 11° 2il7, .'iOC, 308, .'(10) aux soins de François Henry, avocat au rarlemeni de
Paris.
Nous ne reproduisons pas, dans la lellre de Carcavi, qucUpies passages étrangers à .-ies
iclalions avec F'crmat et Pascal.
332 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
ANNEE 1657.
LXXIX.
PREMIER DÉFI AUX MATHÉMATICIENS (').
MEIICRKDI 3 JA>V1ER 1657.
A
f Connu, rp., n" 33.)
l'rohlcmala duo mathcinalica, lanqiiant indiasolttbilia Gallix, Anglis, Ilol-
landis, ncc non cœteris Eiiropœ !\lalltcmaticix propoxila a D"°. de Fernidt .
Régis Consiliario in Tolosano Parlanicnto,
Caslris Parisios ad D"'". Claudiuni Martinum Laiircndciiiini . Doctoreni
Medicum, transmissa 3 nonas Janttar. iGSj, accepta verd i?. Kal. Febr.
PliOlîl.KM.V Pr.iis.
1. Iiîvcnire cubiim qui, atlditiis omnibus suis parlibus aliquotis.
(uinticiat quadratum.
2. Ut numcrus 'i\'i est cubus a ialere 7. Omnos ejus partes aliquola'
sunt : I, 7, ^19, quœ, adjunct;e ipsi 3:'i3, conficiunt numorum 4"^'>. qui
est quadratus a laterc 20. Quteritur alius cubus cjusdcm natura;.
( ' ) Le titre qui précède la rédaction A du Défi semble avoir été composé par Willcin
Borecl, Ambassadeur de Hollande en France de iG5o à 1O68, lequel, le 2O janvier ifijj.
adressa la pièce à Golius pour Scliooton à Leyde.
Le titre de la rédaction B est do la main do Tliomas Wliite, qui servait d'interinédiairo
<Mitre Digliy et Brouneker; celui-ci rerut le défi le 4 mars 1657, et le transmit le Icnile-
iiiain à Wallis.
L'expression : Gallia Cellica, dans cette seconde rédaction, prouve que le défi avait été
également adressé à Frcnicle, probablement i)ar une lettre directe de Fermai à ce der-
nier.
LXXX. - FÉVRIER 1637. :m
Pl',OI!I.E.M\ PoSTr.lUUS.
3. QiKiM'iliu' etiaia iiimienis quadraius <|iii, addilus omnibus siiIn
|)arlil)iis aliquolis, conliciat luimoruiii cuttiiiit.
B
( /'«, p. i8S; Comrn. ej>., n** 1.)
-( cliaUciigc froin M. Fermât for D. M'alUs. ivilli llte hcarly cominendalioits
of Lhe messager, Tliomas Wkite.
Pr()l)ona[iir (si placoO Wallisio cL rcliqiiis Aiigliic MatIiomalici>
sc(jiu'ns (lUiPstio numorica :
I 11 V cuire etc. {ut supra 1).
Exempli gratia, luiincrus 34'3 est culnis a latcrc 7. Omiics ipsiu^
partes otc. {ut supra 2).
QuaM-ilur etc. (/// supra 3).
Has solutionos exspoctamus; qiias, si Anglia aiil Galliie IJcIgica cl
(A'Hica lion dcdcrint, dabil Gallia NarboïKMisis, casque in pignus nas-
centis aniiciliro D. Digby nlTcret et dicabit.
L\X\.
Fl-:ilMAT A FRKNICLE (').
< FftVRIKR 1G37 >
(Comm. rj/., n" 3-'); Correspondance de Ifuygeiis, n° 311.)
Tout nombre non quarré est d(^ telle nature qu'on peut trouver in-
linis (|uarrés par lesquels si vous multipliez le nombre donné et si
vous ajoutez l'unité au produit, vienne un quarré.
(') O.Uc pièce est un cxtrail envoyé d'abord par CI. Mylon à Iluygens à la suite d'une
lettre datée du ■> mars iGSy; Iluygens le renvoya le 9 mars à Scliootcn.
;{3'i ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
Kxcmplc : 3 est un nombre non qiiarré, lequel multiplié par i, qui
l'st quarré, fait 3 et, en prenant l'unité, fait 4t qui est quarré.
I.e même 3, multiplié par iG, qui est quarré, fait 48 et, en prenant
l'unilé, fait .]c), qui est quarré.
Il y en a infinis qui, multipliant 3, en prenant l'unilé, fontpareil-
h'mcnt un nombre quarré.
.le vous demande une règle générale pour, étant donné un nombre
non quarré, trouver dos quarrés qui, multipliés par le dit nombre
lionne, en ajoutant l'unité, fassent des nombres quarrés.
Quel est, par exemple, le plus petit quarré qui, multipliant Gr, en
prenant l'unité, fasse un quarré?
Item, quel est le plus petit quarré qui, multipliant 109 et prenant
l'unité, fasse un quarré?
Si vous ne m'envoyez pas la solution générale, envoyez-moi la par-
ticulière de ces deux nombres que j'ai choisis des plus petits, pour ne
vous donner pas trop de peine.
Après que j'aurai reçu votre réponse, je vous proposerai quelque
autre chose. Il paroit, sans le dire, que ma proposition n'est que pour
trouver des nombres entiers, qui satisfassent à la question, car, en cas
de fractions, le moindre arithméticien en vicndroit à bout.
LXXX[.
SECOND DÉFI DE FERMAT AUX MATHÉMATICIENS (').
FÉVRIER 1C57.
{ ^'rt, p. 190; Coinm. cp., n° 8.)
Qusestiones pure arithmeticas vix est qui proponaf, vix qui intel-
ligat. Annon quia Arithmetica fuit hactenus tractatageometricèpotius
( ' ) Celle pièce, qui pose le même problème que la Lellre précédenle LXXX à Fre-
iiicle, fut reçue par Brounckcr, de la part de Digby cl par l'inlcrmédiaire de Thomas
Wliile. en mars iGS-.
LXXXI. - FEVRIER 1G57. 335
quàm aritlimcticô? Id sane innuunt plcraquc et Vcterum cl Recon-
(ioriini voluinina; itiiiuit et ipso Diophantus ('). Qui licct à Geomelria
paulo niagis quàm cœtcri disccsscrit, dum Analyticen numcris tantuiii
ratioiialil)us adstringit, eam tamen partein Gcometrià non omninii
vacare probant satis superque Zetetica Vietaca, in quibus Diopbanli
methodus ad quantitatcin continuam, idcoque ad Geometriam porri-
gitur.
Doctrinam itaque do nunieris integris tanquam poculiare sibi ven-
dicat Arithinetica patrimonium; eam, apud Euclidcm leviter duntaxat
in Elementis adumbratani, ab iis auteni qui seculi sunt non satis
excultam (nisi forte in iis Diophanti libris, quos injuria temporis
abstulit, delitescat), aut promovcre studeant 'ApiOp.Y]-:ixàiv Twaroeç aul
renovare.
Quibus, ut prœviam luccm prœferamus, theorema scu problenia
scqucns aut demonstrandum aut construendum proponimus; boc
autcm si invcnerint, fatebuntur hujusmodi qujestiones nec subtili-
tatc, nec dilficultate, nec ratione demonstrandi, celebrioribus ex
Geometria esse inferiores :
Dalo quovis numéro non quadrato, dantur infcniti qiiadrati qui, in
datuni numerum ducli, adscilà unilalc conficianl quadralum.
Exemplum. — Datur 3, numerus non quadratus; ille, ductus in
quadratum i, adscità unitate couticit 4. qui est quadratus.
Item idem 3, ductus in quadratum iG, adscità unitate facit 49 qui
est quadratus.
Et, loco I et iG, possunt infiniti quadrati idem pra'stantcs inveniri;
sed canonem generalem, dalo quovis numéro non quadralo, inqui-
rimus.
Quœratur, verbi gratia, quadratus qui, ductus in 149. aut 109, aiil
433, etc., adscità unitate conficiat quadratum.
(') Voir lo Ti-dilc des nombres polygones. — l'ermat vise d'ailleurs Ic^fait que Oiu-
phanlc admel, pour ses proljlèmcs, les solutions en nomljros fraclioiinaires.
33G ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
LXXXI bh.
BOULLIAU A FERMAT (').
MARS 1657.
(Bib. Nat. fr. iSoîO, f° 5i.)
lUuslrissiino ac erudilhximo viro Domino de Fermât,
in suprema Ciiiia Tholosana consitiario, Matlicmatico
TÔJ Trivu
Ismael Bidlialdus S. P. D.
liane (le Porisinalibus scriptiuiiculam (-), Yir 111""", siinul cuin aliis
paiicis, circa (heorcmala aliquot gcometrica, mcis luciihralionibiis,
cum Mathcmaticis iioslra^ jptalis communicarc ot publici juris l'acMM'c
stafui; cam vcro roni cùni occasionc cnuliti simul ac sublilis opiisculi
lui do Porismatibus, quod aniio siip(M"iore (^) ad amicos (nos hue
(ransmisisti, aggrcssus sim, To antosignanum soqiior; qiiod mihi (b--
i-ori ac glori;c vcrlit. Til)i onini, Vir exiiiiie, qnàm studiosc io colani
aliquatciuis significarc, tain iiiibi gratiim ac jucuiiduin csl, ut occa-
sioncni, si nata opportune non fuissot, muUis curis studioque vehc-
nienti redemissein. Omnes equidem, ([uibus virtutcs (ua' nota" sunt,
ingonii judiciique aeunicn probatuni, nierito le suspiciunt ac eele-
l)rant : nec soli per Gallium qui vivunt, vcrùm per universain Europam
I ') Lettre inédite, dniil nous devons l'indication à M. Lucien Auvniy, de la Bihliotlièi|ne
iiationaic. liUc est publiée d'après la minute de lioullian.
(-) Il s'agit (le l'Ouvrage de Boullian, dont le titre est donné Tome I, page 77, note 2.
Comparer avec la présente Lettre l'extrait inséré dans la Note |irécitée.
(') IJans V Ex-crcitatio de Poriiiiialibu:! (voir Tome I, p. 77, note, ligne 10 en renion-
tanl), Uoulliau dit oiilc biciiiiiuin; mais celte expression, qui indique la fin de i()5i, semble
se rapporter à l'envoi à Paris par Fermât de |)ropositions détachées comme les Porismatu
duo (Tome 1, p. 73 à 76), retrouves dans les papiers do Pascal. L'opuscule Porumatum
Euclideorum sic. (Tome I, p. 76 à 84), ici désigné expressément, n'aurait clé commu-
niqué au contraire qu'en iG5G {anno superiorc). 11 y a donc lieu de corriger dans ce sens
ce que nous avons dit sur la date de cette communication Tome I, page 78, deuxième
alinéa de la note.
LXXXII. - 20 AVRir. 1657. 337
laudes tuas illi praedicant, quibus nomen luum innotuit; atque in Italia
dum cgi, Bonavcnturam Cavallcrium Bononiœ, et Evangi^lislam Torri-
celluni Florontiœ, summos hujus nostri stcculi Mathematicos, aiidivi
£Opï][xaTa tua sublimes mentis ta;c cirectiones, quarum copia ipsis
facta erat, mirantes summis(jue laudibus oxtollcntes. Inter iilos
itaque, qui Te toto animo colunt et venerantur, me recense; utque
officium, tenue quamvis, acceptum gratumque Tibi sit, hoc mihi
perfice. Et qute cum paucis hactenus communicasti, prtestantissimos
animi tui partus, omnium utilitati et commodo ut serviant, in pu-
blicum cmitte. illosque diutius comprimero uoli. Vale Vir 111'"''.
Scribcbam Lutetise Parisior. die Martii (GJ7.
LXXXII.
FERMAT A DIGBY.
VENDREDI 20 AVKK. 1057.
( IVi, p. iSg-iijo; Comni. ep., n° 'i. )
Monsieur,
1. Puisque vous voulez que les complimens cessent, soit fait; il me
sulfit de vous assurer une fois pour toutes que vous vous êtes très-
justementacquis un pouvoir absolu sur moi et que je ne perdrai point
d'occasion à vous le témoigner.
J'ai lu V Arithniclica in/ini(orum[' ) de Wallisius et j'en estime bcuiu-
foup l'auteur; et, bien que la quadrature tant des paraboles qu(^ des
hyperbqles infinies ait été faite par moi depuis fort longues années et
1 ' ) Johannis W'allisii SS. Tli. D. Geometrine l'rofessoris Saviliani in celeberriinâ Acade-
mia Oxoiiicnsi Arillimetica infinitonini sivc Nova methodiis ini]iiiren(li in (îui'vilinconini
i|iiadruluram aliaqiio difliciliora Matlieseos Prohicmata; Oxonii lypis Loon. Liclifield Aca-
domia; Ty|)Ogia|)lii. Impcnsis Tlio. Kobiiison, Aniio iGJG. ïid pages iii-j".
II. — FtBHAT. \i
338 ŒUVHES DE FE UM AT. - COUIIESPONDANCE.
que j'en aio autrefois entreteuu l'illustre Torricelli ('), je ne laisse pas
(l'estimer l'invention de Wallisius, qui sans doute n'a pas su que
j'eusse préoccupé son travail.
2. Voici une de mes jiropositions aux ternies où je la eoneus en
l'envoyant à Torricelli :
Soient les deux droites SKU et KOK^/Ti,'. 8j) et soient décrites les
courbes EdUQ d'un côté et DA13(] de l'autre, en forme d'hyperboles
B^
A
n
c
0
p
Ç_^'^
^^"--^
dont les asymptotes soient les droites premièrement données. Soient
encore tirées AG, 15H, [.arallides à SKU, et les droites HN. .V.M. f.L. III.
parallèles à KOF.
Vm l'hyperbole ordinaire, le rectangle NP est égal au rectangle .MAO;
mais supposons maintenant que le produit du quarré UN et de la
droite W soit égal au |)roduit du (jnarré MX et de la droite A() : en ce
cas, la courbe sera une nouv(dle hyperbole dont la propriété sera (|ue
('; Duiis une IcUre perdue, probablement de la fin de lOJG, et qui semble avoir été la
seule que [""crmat ait adressée à Torricelli. Elle dut répondre à une communication à la-
quelle Torricelli fait allusion dans la partie inédite de sa lettre à Hobcrval du 7 juillet i()4G.
dans celle à Mersennc du nièuic jbïir {Bullclli/io yio/ii-oiiipa^iii, VIII, paires 4oo-4o4) <:l
dans celle à Carcavi du H juillet lOlti {Mcmoric dclUt lîcale Accadeinia tlei Liiicci,
Vj, îo juin i88u). Dans la première de ces lettres ( Bibl. Nat. lai., iinjCi, f" lO v°i, on
lit :
n Ih'pcrbolaruni Tlicorcniala, i[u;b mitto ad III'". De Fermât, ut judiciuin subcaut, num
Il cnm parabolis salteui ali(|ua c\ parte conferri possint, viderc poteris. Si nuius liypcr-
i> boke primarix' (pjadralura tamdiu (pia;sita est, nos [)ro una inliuitas dauius. »
(".es tliéorèmes ont été do fait envoyés, avec la lettre du 8 juillet 1O4G, à Carcavi, (pii
avait conniiuni(|uc à Torricelli des propositions do l'^crmal sur les nombres. Le géomètre
italien connaissait d'ailleurs, au moins par les Ca^itata de Mcrseune (iG41): les travaux
de Fermât sur les paraboles de divers degrés {voir Tome I, page nji, note 1 ).
LXWll. - 20 AVRIF, 1G57. 339
le parallélogramme BI sera égal à l'espace compris sous la base 151! el
les deux courbes BAOF, FKGH, qui vout à l'infini du cùlé de F.
Que si le |)roduit du cube BN et de la droite HP est égal au produit
du cube XS] et de la droite AU, en co cas, ce sera une autre hyperbole
dont la propriété sera que le parallélogramme BI sera double de l'es-
pace compris dans la base BH et les deux courbes en montant, ///
supra.
Et par régie générale, si le produit d'une puissance de BN [)ar une
puissance de BP est égal au {)roduit d'une pareille puissance de .MA
par une pareille de A() (en supposant celles di" BN et MA [»areilles
entre elles, comme aussi celles de BP et de AO aussi pareilles), le
parallélogramme BI sera à la figure prolongée à l'infini ii/ siipni,
comme la différence de l'exposant de la j)uissancc de B.\ avec l'expo-
sant de la puissance de BP est à l'exposant de la puissance de BP.
De sorte qu'il suit de là qu'en l'hyperbole ordinaire l'espace de la
figure prolongée à l'infini n'est point égal à un espace donné, parce
que l'exposant des puissances, étant le même, ne donne aucune dif-
l'érence; et, pour faire <(ue l'espace de la dite figure prolongée à l'in-
fini soit égal à un espace donné, il faut que l'exposant de BN soit plus
grand que celui de BP, comme il est aisé d(^ remarquer.
3. Tout ceci, quoiqu'énoiicé un peu diversement, se peut tirer du
livre de Wallisius; mais il n'a pas fait une spéculation sur ces figures,
de laquelle il sera sans doute bien aise d'être averti et qui peut passer
pour un des miracles de la Géométrie. Je l'ai autrefois donnée à Tor-
rieelli aussi bien que la précédente; c'est :
Gomme il arrive que quelquefois l'espace prolongea l'infini, comnH>
BADFEGH, est aussi infini, comme en l'hyperbole ordinaire, et ({uel-
quefois fini, comme en celles dont les exposants de BN surmontent
ceux de BP, on demande si, lorscjue le dit espace prolongé à l'infini
est égal à un espace fini, il a un centre de gravité fixe et certain.
Or, il arrive une chose merveilleuse en cette recherche etlaquelhî
j'ai découverte et démontrée, c'est que quelquefois le dit espace.
340 OEUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
quoique fini, n'a point do centre de gravité fixe, et quelquefois il
en a.
Car, par exemple, lorsque le produit du quarré BN et de la droite
BP est égal aux produits semblablemcnt tirés, la figure BADFKGH pro-
longée il l'infini, qui en ce cas est égale au parallélogramme BI, n'a
pourtant aucun centre de gravité.
Mais, si le produit, par exemple, du cube BN et de la droite BP, est
égal aux produits semblables et semblablemcnt tirés, en ce cas, non
seulement l'espace de la figure prolongé à l'infini est égal à un espace
donné, qui est, comme nous avons dit, la moitié du parallélogramme
BI, mais encore cette figure prolongée à l'infini a un centre de gravité,
qui va en ce cas en la ligne PF coupée en telle sorte au point 0 ([ue la
ligne PO soit égale :i la ligne KP; et ce point 0 sera le dit centre de
gravité de cette figure prolongée;» l'infini.
Si Monsieur VVallisius veut avoir la démonstration de cette proposi-
tion et de la ri>gle générale pour trouver les dits centres de gravité, je
vous l'cnvoierai pour lui en faire part.
4. Pour ce qui regarde la quadrature du cercle dans son dit Traité,
je n'en suis pas pleinement persuadé, car ce qui se déduit par com-
])araison en Géométrie n'est pas toujours véritable.
5. Je ne vous parle ni de votre Livre ('), ni de celui de Tbomas
Anglus(^): ne sulor ultra crepidam. Vous êtes souverain en Physique et
je vous reconnois pour tel : j'espère pourtant au premier voyage vous
entretenir de la proportion que gardent les graves dans leur descente
(') Il s'agit sans doulft de : Two Trcaliscs in Lhe onc of wliicii Tiio Nature of bodics,
in iho olher lhe Nature of niau's soulc is look'ful intn in way of discovcry of tiic immor-
lality of rcasonabie soûles, ^fuyfj; ojaiv àÇ''(o; Xdyo'j ■/.a.-^maJfliL: oXv. SuvaTov £ivai av:u tt); toG
SXou çûoii.);; animœ naturam, absque totius nalura, sufficienter cognosci possc existimas':'
rialo in Phœd. At Paris, Printed by Gilles Blaizol. MDCXLIIII wiih Privilcdgc. C'est le
Cliapitrc X (p. 76-8O) qui est consacré à la pesanteur.
(2) Il s'agit de : Euclides pliysicus sive de principiis naturjc Stœclieidca E. Au-
thore Thoma Anglo Ex Albiis East-Saxonum. Londini prostant apud Joliannem Crook.
MDC.L.VII.
LXXXIII. - 6 JUIN 1G57. 34.1
naturelle, de quoi vous avez traité dans votre Livre que Monsieur Bo-
rd (') m'a fait la faveur de nie faire voir.
Je suis. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Fermât.
A r.aslrcs, le 20 avril 1057.
LXXXIII.
FERMAT A DIGBY.
MEIICRF.UI 6 JUIN 1G57.
{l'a, p. rij? ; Coinm. rp., r," 11.)
MOKSU'.LT,,
J'ai reçu votre dernière lettre la veille du départ de ^L Borel, qui
no me donne quasi pas le loisir de vous faire un mot de réponse.
Vos deux lettres anglaises (^) m'ont été traduites par un jeune .4//-
glois (\yn est eu cette ville et qui n'a point connoissance do ces matières,
de sorte que sa traduction s'est trouvée si peu intelligible que je n'y ai
pu découvrir aucun sens réglé, et ainsi je ne puis vous résoudre si ce
Mylord a satisfait à mes questions ou non. Il me semble pourtant, au
travers de l'obscurité de cotte traduction bourrue, que l'auteur des
lettres a trouvé mes questions un peu trop aisées, ce qui me fait croire
qu'il ne les a pas résolues.
Et parce qu'il pourroit équivoquer sur le sens de mes propositions,
j'ai demandé un nombre cube en nombres entiers, lequel, ajouté à
toutes ses parties aliquotes, fasse un nombre quarré.
J'ai donné par exejnplc 343, qui est cube et aussi nombril entier,
(') Probablement le médecin du Roi, Pierre BorcI, né à Castres vers 1C20 cl fiNÔ à
Paris depuis iG53.
{'^) Lettres de Brouncker écrites en mars i()'>7 et qui sont [)erdues. Elles répondaient
aux défis de Fermât (Pièces LXXIX et LXXXI); l'analyse s'en Iroiive dans la Lettre n° 9
du Coiniiwrciuin epistollcum.
:5.V2 (KUVRES DE FERMAT.- COUUESPON DANCE.
I('([iirl, ajouté ii (ouïes sos parties aliquotes, fait /ioo, (jiii est un
nombre (juarré; et, parce que cette question reçoit plusieurs autres
solutions, je demandi^ un autre nombre cube on entiers, qui, joint à
toutes ses parties ali(]Uotes, fasse un nombre quarré.
h]lsi le Mvlord lîrouncker répond qu'en entiers il n'y a que le seul
nomiire 313 qui satisfasse à la question, je vous promets et à lui aussi
de le désabuser en lui en exliibant un autre.
Je demandois encore un quarré en entiers (jui, joint à toutes ses
parties aliquotes, fasse un cube.
Pour la question proposée dans l'Hcrit latin (') que je vous envoyai,
elle est aussi en nombres entiers, et, |)artant, les résolutions en frac-
lions, lesquelles peuvent être d'abord fournies a quolibel de. tmio
aiilltmctico, ne me salisferoient pas.
Je suis avec respect. Monsieur, votre très luunbb^ et tri's obéissant
serviteur,
Fr.nsiAT.
A (^iisln.'S, le Cl juin iCiJj.
Je vous parlerai de la descente naturelle des corps pesants dès que
j'aurai un |)eu plus de loisir (-).
LXXXIV.
l'ERMAT A DIGBY.
iwKnniiKDi 15 AOiiT 1 6.^)7.
[CuTiim. ep.f II" l'2; f'a.j p. lyr-iy^.)
MONSTI'IK,
1. J'ai reçu avec joie et satisfaction votre dernier paquet et, quan<l
il ne contiendroit autre nouvelle que celle de votre convalescence et
( ') La pièce lAXXI.
('-) Ce post-s(Tipliim. cmpnmlô au Inmo II do l'édition des OKuvres do Wallis (Ox-
ford, i6<)>, in-f°), inaucpic dans l'cdiliiin du Cnmiiiercium deiG58. — Cf. Lollre LXXXII, 5.
LXXXIV. - 15 AOUT 1657. 343
(lu retour de votro sanlé, c'est un bien si grand et si considérable pour
tous ceux qui aiment les belles-lettres, (jn'ils ne peuvent en recevoir
un plaisir médiocre.
2. .l'ai reçu la co|)ie de la lettre de Monsieur Wallis ('), que j'es-
time comme je dois, et j'avoue (|ue ses fii^ures sont les mêmes que
les miennes et (|ue ses conclusions pour leur quadrature sont aussi
les mêmes; mais sa façon de démontrer, (|ui est fondée sur induction
plutôt ([ue sur un raisonnement à la mode d'Arcliiméde, fera quel([ue
peine aux novices, (jui veulent des syllogismes démonstralifs depuis
le commencenu'nt jus(ju':i la lin. (',e n'est pas que je ne l'approuve;
mais, toutes ses propositions pouvant être démontrées riâ orcUnariâ,
légitima et ArchiinedeA en beaucoup moins de [)aroles que n'en con-
tient sou livre, je ne sais pas pour([uoi il a préféré cette manii-re par
notes algébrifiues à rancienne, (|ui est et plus convaincante et plus
élégante, ainsi ([ue j'es[)ère lui faire voir à mon premier loisir.
Je voudrois (ju'ensuile il eût déterminé les centres de gravité de ces
hyperboles infinies, en distinguant celles qui en ont d'avec celles (jui
n'en ont pas (-); car, tandis qu'il dira (jue la chose lui est connue et
qu'il n'eu a [)as voulu charger son livre, il ne me persuadera pas, et
d'autant plus que la proposition générah; sans démonstration me suf-
lira de sa part. Kt je vous réponds, à l'avance, qu'idle ne sauroit con-
tenir plus de huit on dix lignes; dès (ju'il me l'aura envoyée, je lui
ferai part di^ ma spéculation sur ce sujet et de ma façon de démon-
trer.
3- Pour les questions des nombres, j'ose vous dire, avec respect et
sans rien rabattre de la haute opinion (jue j'ai île votre nation, (jue les
deux lettres de Mvlord IJrouncker (^^), (|Uoi(jue obscures à mou égard
et mal traduites, n'eu contiennent point aucune solution; ce n'est pas
(|uc je prétende par là renouveler les joutes et les anciens coups de
( ' ) Cf. rÉpilrc V du Conwicrciuin dalcc du G juin iG i; cl rcpondaut a la l.ctlrc L\X.X.II.
(-) Cf. ri';i)ilro XVI du Comnwrciuin, réponse do Wallis datéu du m novembre 1G57.
(■') P'oir iwgc Mt, noie 1.
:5i4 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
lances que les Anglois ont autrefois faits contre les François : mais, sans
sortir de la métaphore, j'ose vous soutenir, et à vous, 31onsicur, plus
justement qu'à fout autre, qui excellez aux deux métiers, que le ha-
sard et le bonheur se mêlent quelquefois aux combats de science aussi
bien qu'aux autres, et qu'en tous cas nous pouvons dire que non
omnis fert omnia telliis ( ' ).
Je serai pourtant ravi d'être détrompé par cet ingénieux et savant
seigneur et, pour lui témoigner que notre combat ne sera point à ou-
trance, je me relâche dans la question suivante, que je m'en vais lui
proposer, de la rigueur de mes premières questions qui ne vouloient
que des nombres entiers : il me suffira qu'ils soient rationaux à la
mode de Diophante. (Le nom de cet auteur me donne l'occasion de
vous faire souvenir de la promesse qu'il vous a plu me faire, de recou-
vrer quelque manuscrit de cet auteur, qui contienne tous les treize
livres, et de m'en faire part, s'il vous peut tomber en main.)
4. Voici la nouvelle question, ou pour Mylord Brouncker ou pour
Monsieur Wallis, que j'écris en latin suivant votre ordre (^-) :
Daliim numeriim ex duobus numeris ciihis composilum dividerc in duos
alios numéros cubas.
liane proposidonem in quadratis tanlum exsequutus est Diophanlus, in
cubis ne tenlavit quidern, in iis sallem libris qui ad nos de majore ipsius
opère pcrvenerunt.
Excmpli gralia, proponalur numcrus 28 ex duobus cubis i cl 27 coni-
posilus.
Oporlet dictum numerum 28 in duos alios cubos ralionales dividcre cl
propositionis solutionem generaliter prœslare.
Je consens que M. Frcnicle l'entreprenne; je suis persuadé qu'il ne
la trouvera pas si aisée que les autres, que je savois être de sa juridic-
tion. Je l'estime extraordinairement aussi bien que vous, mais pour-
(') Allusion à Virgile, Eclog. IV, 3i) : omnis fcrct omnia tellus.
(2) Cf. Observation IX sur Diopliante.
LXXXIV. - 13 AOUT 1G37. 3'*5
t.'inl ce que je vais ajouter l'étonncra. si vous prenez la peine de le lui
communiquer.
5. Je lui avois écrit qu'il n'y a qu'un seul nombre quarré en entiers
(|ui. joint au binaire, fasse un cube, et que ledit quarré est 2j, auquel
si vous ajoutez 2, il se fait 27, qui est cube (')• H a peine à croire cette
proposition négative et la trouve trop hardie et trop générale.
Mais, pour augmenter son étonnement, je dis que, si on cherche un
quarré qui, ajouté à 4, fasse un cube, il n'en trouvera jamais que
deux en nombres entiers, savoir 4 et 121. Car 4 ajouté à 4 fî'it 8 qui
est cube, et 121 ajouté à 4 f^'it i25 qui est aussi cube. l\Iais, après
cela, toute l'infinité des nombres n'en sauroit fournir un troisième qui
ait la même propriété.
Je ne sais ce que diront vos Anglois de ces propositions négatives
et s'ils les trouveront trop hardies : j'attends leur résolution et celle de
.M. Freuicle, qui n'a pas répondu à une longue lettre que M. Borcl lui
rendit de ma part. De quoi je suis surpris, car je lui répondois exac-
tement à tous ses doutes et lui faisois quelque question de mon chef,
dont j'attends la solution.
Je suis avec grand respect. Monsieur, votre très humble et tri's
obéissant serviteur,
Ff.kmat.
A Castres, le li août 1G57.
6. J'oubliois de vous dire que M. Borel a écrit à son père que
M. l'Ambassadeur de Hollande s'étonnoit de quoi je n'avois pas ré-
pondu à M. Schooten qui prétend avoir résolu mes questions et m'en
avoir proposé d'autres; mais je vous assure que je n'ai rien vu de sa
part et que, si vous m'en envoyez copie, j'y répondrai (^).
1- J'ai mis la proposition un peu plus générale dans la page sui-
(') Cf. Observation XLII sur Diophantc.
(') La ré[)onso de Seliooton au premier Défi (Pièce LXXIX) fut adrosséo par lui lo
17 février 1(07 à l'Ambassadeur do Hollande, Willem lloreol. Elle est insérée dans la
Lettre n° 33 du Commcrciuin epistolicum et dans la Correspondunrc de Hiifgcns, n°' 377
Cl 378.
FtniiÀT. — 11. 44
3VG (EUVllES DE FERMAT.- COUUESPONDANCE.
vanto où elle me somblo oLrc mieux; on la peut concevoir pour M. Fre-
niclp, qui aime les nombres entiers, en ces termes :
Trouver deux nombres cubes dont la somme soit cid)c,
et
Trouver deux nombres cubes dont la somme soit égale à deux autres
nombres cubes.
8. Proposuil Diophantus (' ) :
Datum numerum quadratum in duos quadratos dividerc;
item :
Datum numerum ex duobus quadratis compositutn in duns nlios qua-
dratos dividcre.
Quœstionem aulem ad cubos eveherc nec ipse nec Viela tentavit : quidni
igitur famosam propositionem et recentioribus réservât am Analystis expe-
dire aut dubitemus aul diffcrcmus ?
Proponatur itaque :
Datum numerum cubuni in duos cubos rationales dividere ;
item :
Datum numerum ex duobus cubis composilum in duos alios cubos ratio-
nales dividere,
et inquiratur quid eâ de re Anglia, quid Hollandia censeat.
(') 67'. Observations 11 et 111 sur Dioplianlc.
LXXXV. — 15 AOUT 1657. 347
LXXXV.
FERMAT A DIGBY (').
lîE.MARQUES SUIl L'AUITIIMÉTIQUE DES INFINIS DU S. J. WALLIS.
MERCREDI 15 AOUT l(i5~.
(Comm. ep.f n" 13; /""u., p. i()3-ii)G.)
I. En son Epitrc il déclare comment il s'est mis à la recherche de
la quadrature du cercle et dit que quelques vérités, qui ont été dé-
couvertes en Géométrie, lui ont donné l'espérance qu'elle se pourroil
trouver. Ces vérités sont :
Que la raison des cercles intinis du cône aux infinis du cylindre est
connue, savoir celle du cône au cylindre qui a même base et hauteur;
et pareillement la raison des diamètres desdi(s cercles, savoir celle du
triangle qui passe par l'axe du cône au parallélogramme qui passe par
l'axe du cylindre;
Comme aussi on a la raison du conoïde parabolique au cylindre cir-
conscrit, et celle de la parabole au parallélogramme qui passent par
leurs axes, qui sont comme l'assemblage des diamètres des cercles in-
finis qui composent Icsdits solides;
De plus, qu'on a aussi trouvé la raison des ordonnées (tant au
triangle qu'au conoïde paraboli(|ue ou parabole), qui sont les dia-
mètres desdits cercles.
D'où il conclut que, puisqu'on a trouvé aussi la raison de la sphère
au cylindre circonscrit, ou celle de l'infinité des cercles parallèles,
dont on peut concevoir que la sphère est composée, à pareille multi-
tude de ceux (|ui se peuvent feindre au cylindre, on [)ourra aussi
espérer de pouvoir découvrir la raison des ordonnées en la sphère
ou au cercle ii celles du cylindre ou quarré, savoir la raison des dia-
(') Pièce apporlcc par Wliilc à Broiincker en nràme temps que la |)réc6dento (premiers
jours d'octobre 1C57). Wallis répondit (à Digby) par la Lettre 16 du Commcrciuin.
34.8 ŒUVUES DE FEIIMAÏ. — CORUESI'ONDANCE.
mi-trcs des cercles infinis qui composent la sphî're aux diamèlres dos
cercles du cylindre. Ce qui scroit avoir la quadrature du cercle.
Mais, de même qu'on ne pourroit pas avoir la raison de tous les dia-
mètres pris ensemble des cercles qui composent le cône à ceux du
cylindre circonscrit, si on n'avoit la quadrature du triangle; non plus
(|ue la raison des diamètres des cercles qui composent le conoïde
parabolique h ceux (jui font le cylindre circonscrit, si on n'avoit
la quadrature de la parabole ; ainsi on ne pourra pas connoitre la
raison des diami^tres do tous les cercles qui composent la sphi're ii
ceux des cercles qui composent le cylindre circonscrit, si l'on n'a pas
la quadrature du cercle. Car, de demander la raison qu'il y a entre les
diainî'tros de tous les cercles parallèles qu'on peut concevoir en la
spbi're (lesquels diamètres, pris tous ensemble, no sont autre chose
qu'un cercle) et ceux dos cercles qu'on peut feindre au cylindre cir-
conscrit (lesquels font un quarré circonscrit audit cercle), cela n'est
autre chose que de demander la raison du cercle au quarré circon-
scrit.
II. En la même Epilro ('), après avoir posé une suite de nombres,
savoir :
I, 6, 3o, i4o, G3o,
il demande le terme moyen qui doit être mis entre i et G. Je réponds
que, si on a égard ii la suite entière des dits nombres, on ne peut poser
aucun terme moyen entre les dits i et G, pource qu'en cette suite les
(') Si, dans la suilc do Wallis, on considi-rc l'unitc comme élanl le Lcrme de rang <i. k-
Icrme de rang // sera
1 „ = ■ ; ; 2",
I .-2. . .(/( — l)/l
cl l'on peut aussi poser
■n
T„= — - — 22"-^'/ coi-".vd>-, ou ijien T„ =
1'
z^"^'ilz
d'où
LXXXV. - lo AOUT IC57. 349
nombres ne font pas une proportion continue, mais, en aillant de
façons que l'un est comparé à l'aulre, autant font-ils de proportions
difl'ércntcs; de sorte que ce sont plusieurs proportions ou progressions
disjointes et ainsi, quand on prendroit un terme moyen entre i et G,
il n'auroit rien de commun avec les autres nombres.
Toute la proportion ou suite, qu'on peut remarquer entre ces nom-
bres, consiste au rapport qu'ont entre eux les nombres dont ils pro-
viennent par multiplication, aux(juels on voit une espèce de progres-
sion arithmétique. Néanmoins il ne sçauroit passer aux nombres
susdits, en telle sorte que, par icelui, on puisse donner un terme
moyen cuire deux des nombres, qui ait correspondance à toute la
suite.
Au contraire, la propriété même de cette progression fait qu'il n'y
en peut avoir; voici comment :
Les nombres donnés
1, 6, 3o, i4o, 63o
sont produits par les suivants en multipliant :
ou les équivalents
'> 2 •>
q -> 4 -' M ïï^
1 2 o
G 10 l4 l8
1234
En ces nombres, qui servent à faire les donnés, il est facile de voir
où est le rapport. Il consiste, aux premiers, en la seule augmentation
du dénominateur de la fraction qui y est jointe, ce qui fait diminuer les
nombres d'autant plus qu'ils s'éloignent du premier terme, savoir
de i; et aux seconds
0 10
I, -) — ) etc.,
1 2
qui sont les mêmes en autres termes, les numérateurs des fractions
augmentent de 4 <^t l^s dénominateurs de l'unité, ce qui fait pareille-
ment diminuer les nombres tant plus la progression avance : en sorte
350 ŒUVRES DE FEIliMAT. - CORRESPONDANCE.
que celui qui est le plus proche du premier terme i, savoir l\- ou ->
qui vaut G, est le plus grand de tous.
Il faut aussi remarquer que le rapport des nombres de la dite pro-
gression n'arrive pas jusques au premier terme i, ou plutôt ne com-
mence pas dès le premier terme, mais au second seulement, qui est sa
borne. De sorte que, si on vouloit augmenter les termes de la dite
progression, en la changeant et mettant un nombre moyen entre le
premier et le second terme, savoir entre i et l\- ou -> il ne faudroil
pas avoir égard ii i, mais aux autres nombres
2 2
3' ^4'
2 2 2
4 - ) 4 - > 4 ^ ' 4 ■
ou à ces autres qui sont les mêmes :
6 ro i4 iS
-) — I ^5-) -1-',
13 3 4
car cette progression n'auroit pas de suite, si on la commcnçoit par i.
Puis donc : qu'il ne faut pas avoir égard au premier terme i, qui n'a
rien de commun avec les nombres de la dite progression, mais aux
autres seulement; et qu'ils augmentent à mesure qu'ils aj)prochent du
|)remier terme 1 : il s'ensuit que le nombre, qu'on prendroit entre i
el '\ - ou -I seroit plus grand (|ue h* dit - ou G, et il faudroit multiplier
le premier terme i par ce nombre moyen qui seroit plus grand que G,
pour avoir le moyen terme enire les deux premiers des nombres pre-
mièrement donnés, qui sont i et G (car les dits nombres donnés
I, G, 3o, i4i), 63o
n'ont point d'autre rapport ou liaison que celle qu'ils empruntent de
leurs multiplicateurs, autrement ils n'en ont aucune). Et ainsi on au-
riiit un nombre plus grand que G pour le moyen terme d'entre i et G ;
ce qui est absurde.
De là s'ensuit qu'on ne peut donner le moyen terme entre i et G, en
LXXXV. - 15 AOUT 1G57. 351
tant qu'ils sont compris en la suite ou progression des nombres : i , (S,
3o, i4o, Gjo.
On peut inférer de là que la ligne courbe VC {Jîg. 8G) (') n'est point
égale on elle-même et qu'elle ne peut provenir d'aucun mouvement
continu qui soit égal ou réglé, mais de plusieurs, dillerens suivant
ses parties; et que c'est une ligne composée de portions de plusieurs
courbes comprises entre les parallèles ;i l'axe YX de la figure. Car, en
l'i'-. SG.
icelle, il est bien nécessaire 'que la moyenne ligne tirée entre la jjrc-
mière et la seconde parallèle, savoir entre i et G, soit moindre que G.
Mais, outre que celte moyenne ligne seroit de différonlc longueur sui-
vant la nature et la propriété de cette portion de la courbe VC, (jui n'a
rien de commun avec les autres portions, comme a été dit, elle n'au-
roit rapport qu'avec les deux ternies i. G, et non pas avec les autres,
ni avec les moyennes qu'on auroit tirées entre deux, si on prenoit le
tout conjointement.
ni. En la première proposition le dit sienr Wallis propose une
suite de quantités commençant par o (qui représente le point) et qui
se suivent en progression aritbmétique, et chercbe quelle raison il y
a entre la somme des dites quantités et la somme d'autant de termes
égaux à la plus grande des données.
Le moyen qu'il donne pour trouver cette raison est de prendre
les sommes de diverses quantités de nombres commençant par les
moindres, puis comparer les raisons les unes aux aulres et inférer
de lit une proposition universelle.
On se pourroit servir de cette méthode, si la démonstration de ce
(') La figure ne se trouvant pas dans le Cowmercium, nous la rostiluons d'après
V Arit/inwtiia iiijînitorum de Wallis {Opéra inathematica, Oxford, ifigï, in-f°, tome I.
P- 477).
352 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
qui est proposé étoit bien cacliéc et, qu'auparavant de s'engager à la
ehercher, on se voulut assurer à peu près de la vérité; mais il ne s'y
faut fier que de bonne sorte et on doit y apporter les précautions
nécessaires. Car on pourroit proposer telle chose et prendre telle
règle pour la trouver qu'elle seroit bonne à plusieurs particuliers
et néanmoins seroit fausse en effet et non universelle. De sorte qu'il
faut être fort circonspect pour s'en servir, quoiqu'en y apportant la
diligence requise, elle puisse être fort utile, mais non pas pour
prendre, pour fondement de quelque science, ce qu'on en aura
déduit, comme fait le sieur Wallis : car, pour cela, on ne se doit
contenter de rien moins que d'une démonstration, et principalement
au sujet de la proposition dont il s'agit, dont la solution et démon-
stration est fort facile.
Voici comme on démontrera que les dites quantités proposées, étant
jointes ensemble, font la moitié d'autant de quantités égales à la plus
grande d'icellcs :
Soient exposées des quantités ou nombres qui commencent par le
point ou par o, et qui se suivent en progression arithmétique; et
soient celles de la première ligne
r Quantités données o n b c d
1° Quantités égales à la |)kis grande des données.. . . d d d d d
y Excès des plus grandes par dessus les données. . . d c h a o
Puisque les quantités données sont en progression arithmétique, le
troisième terme b surpassera le second de pareille quantité que le
second (savoir a) surpasse le premier qui est o; mais l'excès de a
par dessus o est a : et, partant, toutes ces quantités se surpasseront
l'une l'autre de proche en proche selon la quantité du second terme a.
Et si on prend les quantités de deux en deux, laissant une d'icelles
entre deux, comme sont a, c, ou h, d de la première ligne, leur diffé-
rence sera le troisième terme, comme il est évident. Et de même, si
on les prenoit de trois en trois, elles auroient le quatrième terme c
pour leur différence.
LXXXV. — 15 AOUT 1G57. 353
!)(! là il s'ciisui( ((uc, si on prend aiil.inl de (ornios éi,'aiix au plus
i^M'and ((M'iiic r/dos ([iiaiililés données, coiiinie en la seconde Iii:;ne, leur
excès par dessns les quantités données sera égal aux dites (|naiitilés
données, comme on [le] voit en la troisième ligne. Car l'excès de d
par dessus la plus grande des quantités données, savoir par dessus <•/,
est t), qui est le premier terme des quantités données; l'exci's du
même <l par dessns le terme précédent c est le second ferme a, comme
il a été montré, savoir pourcc que les deux quantités c et d sont pro-
l'iiaines; et ensuite l'excès de d par dessus h sera h, et ainsi des
autres, jusques à ce qu'entin, étant au premier terme o, l'excès de d
par dessus icelui sera le uième d.
Va ainsi la ligne des excès, qui est la troisième, sera égale ;i la pre-
mière (jui contient les quantités données; mais la première et la troi-
sième ligne étant jointes ensemble (savoir les quantités données étant
jointes aux excès des quantités de la seconde ligne par dessus celles
do la })rcmière, qui sont les données), font la dite seconde ligne, qui a
chacun de ses termes égal au plus grand de ceux de la premii're : par-
tant la seconde ligne, ou le plus grand terme des données pris autant
de fois qu'il y a de termes, sera douhic (1(^ la première ligne, c'est
à dire des quantités données. Ce qu'il falloit démontrer.
IV. En la seconde proposition, il requiert que le premier terme soil
o et le second i . Autrement il dit ([ue mudcratio est adlnhcndci.
A cela je dis (jue, si on commence par o, quelque nombre qu'on
n)ette pour le second terme, la somme d'autant de l'ois le plus grand
terme sera toujours double des quantités données. Car, si pour a, h,
c, d on prend (juelques nombres qu'on voudra, qui soient en progres-
sion arithmétique depuis le premier terme o, cela succédera toujours
en la même sorte, ainsi (ju'il a été ci-devant démontré.
l'iinMAT.
35.V ŒUVUl'S DE FEKMAT. - CORRESPONDANCE.
EXXXVI.
FERMAT A DK LA CHAMBRE.
AOUT 1657.
(D. III, 5o).
A Toulouse, le mois d'août iG')7.
Monsieur,
1- Jo n'avois garde de vous obéir lorsque vous m'ordonniez de rece-
voir votre Livre (') sans le lire. Le présent (jue vous m'en avez fait est
une marque trop précieuse de l'amitié dont vous m'honorez; mais sa
lecture m'a fait concevoir l'idée de cette amitié comme un bien qui mé-
rite d'être conservé avec soin, avec respect et avec estime. Et pour vous
le faire! voir, je ne vous parlerai point de vos autres spéculations de
Physique, quoiqu'elles soient pleines d'un raisonnement très solide et
1res subtil; il me suHira de vous entretenir un peu sur la matière de
la réllexion et de la réfraction, quand ce ne seroit qiie pour réparer
par (;ette lettre la perte d'un Discours que je vous avois adressé, il y a
<léjà quelques années, sur ce même sujet et que j'ai su n'être point
venu en vos mains. Ce qui m'y confirme est que j'entre par là dans
(|ucl(jue société d'cqunion avec vous, et j'ose même vous assurer par
avance que, si vous souffrez que je joigne un peu de ma géométrie
à votre physique, nous ferons un travail à frais communs qui nous
mettra d'abord en défense contre M. Descartes et tous ses amis.
2. Je rcconnois premièrement avec vous la vérité de ce principe,
que la nature agit toujours par les voies les plus courtes. Vous en
déduisez très bien l'égalité des angles de réflexion et d'incidence, et
l'objection de ceux qui disent que les deux lignes qui conduisent la
(M l.a l.iiniièro à Monsuii^iiour l'Kminontissimo Cardinal Mazann |)ar le sieur De La
Chambre, conseiller du Roy en ses Conseils et son .Médecin ordinaire. A Paris, clic/.
I'. Uocolet, Inip. et Lih. ord. du lloy; au Palais, on la gallerie des Prisonniers, aux Armes
(lu lîoy et do la Ville. MDCLVII, avec Privilège du Itoy (440 pages in-4°).
LXXXVl. - AOUT ICo-. 555
vue ou la lumière dans lo miroir concave sont très souvent les plus
longues, n'est point considérable, si vous supposez seulement, comme
un antre principe indisputable, que tout ce qui appuie on qui fait
terme sur une ligne courbe, de quelque nature qu'elle soit, est censé
appuyer ou faire ferme sur une droite qui touche la courbe au point
où la rencontre se fait: ce qui peut être prouvé par une raison (l<' pby-
sicjue aidée d'une autre de géométrie.
I^e principe de Physique est que la nature fait ses monvemenis |iar
les voies les [»lus simples. Or, la ligne droile étant plus simple (jue la
circulaire ni (jue pas une autre courbe, il faut croire (|ui' le mouve-
ment du rayon qui tombe sur la courbe se rapporte j)liil6l à la droile
qui louche la courbe (|u'ii la courbe même.
Premièrement, parce que cette droile de l'attouchemenl est plus
simple que la courbe; secondement (et c'est ce qui s'emprunte de la
(iéométrie), parce que aucune droite ne peut tomber entre la courbe
et la touchante, par un principe d'Euclide. De sorte ()uc le mouve-
ment est justement le même sur la droite (jui touche que sur la
courbe qui est touchée.
Va, cela supposé, on ne peut jamais dire (|ue les deux droites (|iii
conduisent la lumière ou le rayon soient quelquefois les plus longues
aux miroirs concaves, parce qu'en ce cas même elles se trouvent les
plus courtes de toutes celles (jui peuvent se réfléchir sur la droite qui
louche la courbe. Et, par conséquent, il ne faut ni supposer (pie la
nature agisse par contrainte en ce cas, ni conclure qu'elle suive nue
autre manière de mouvement que celle qu'elle pratique aux miroirs
plans et en toute autre espèce de miroirs. De sorte que voilà voire
principe pleinement établi pour la réflexion.
3. Mais, puis(|u'il a servi à la réflexion, pourrons-nous en tirer
quelqu'usage pour la réfraction? Il me semble que la chose est aisée
ti (]u'un peu de géométrie nous pourra tirer d'alTaire.
Je ne m'étendrai point sur la réfutation de la démonstration de
.M. Descaries. Je la lui ai autrefois contestée, à lui, dis-je, vivenli
35r> ŒUVRES DE EEUMAT. - COUUESPONDANCE.
(ilque seitlicnii, comme cliHoit Marlial ('), mais il ne inc satisfit jamais.
L'usage de ces mouvements composés est une matière bien délicate
et qui ne doit être traitée et employée (|u'avec une tri-s-grande |)ré-
caution. Je les compare à quelques-uns de vos remèdes, qui servent
de poison s'ils ne s(mt l»ien et dûment préparés. 11 me snlllt donc, de
dire en cet endroit ((ne M. Descartes n'a rien jtronvé, et que je suis de
votre sentiment en c(; que vous rejetez le sien.
Mais il faut [)asser plus outre et trouver la raison de la réfraction
<lans notre principe commun, qui est que la nature agit toujours par
les voies les [)lus courtes et les plus aisées. Il semble d'abord que la
cliose ne peut point réussir et que vous vous êtes fait vous-même une
objection qui [)aroit invincible. ÙAv{fig. 87) puisque, dans la page 3ir)
Fis. ^1-
de votre Livre, les deux lignes CB, BA qui contiennent l'angle d'inci-
dence et celui de réfraction, sont plus longues que la droite AD(] (|ui
leur sert de base dans le triangle ABl^, le rayon de (\ en A, qui con-
tient un chemin plus court que celui des deux lignes (]B, BA, devroit,
au sens de notre principe, être la seule et véritable route de la nature,
ce qui pourtant est contraint à l'expérience. Mais on peut se défaire
aisément de cette diiriculté en supposant, avec vous et avec tous ceux
(|ui ont traité de celte matière, que la résistance des milieux est dillé-
rente, et (ju'il y a toujours une raison ou proportion certaine entre
ces deux résislanc(;s, lorsque les deux milieux sont d'une consistance
certaine et qu'ils sont uniformes entre eux.
Ne vous étonnez })as de ce que je parle de résistance, après (|ue vous
(') MviiTiAL, Éju^r., I, II. '). — J'oir les Lcllrcs XXII et XXIV.
LXXWl. - AOUT 1G57. :l}7
avez décide'' (|iio le niouveiiu'iit do la liimièro se fait en un instant (M
(|uc la réfraction n'est causée que par l'antipathie naturelle qui est
entre la lumière et la matière. Car, soit (jue vous m'accordiez que le
mouvement de la lumière sans aucune succession peut être contesté cl
que votre preuve n'est pas entièrement démonstrative, soit (|u'il faille
passer par votre décision, à savoir que la lumière fuit l'ahondancc de
la matii-re (jui lui est ennemie, je trouve, mémo en ce dernier cas,
([ue, puisque la lumière fuit la matière et qu'on ne fuit que ce ((ui l'ail
peine et (jui résiste, on peut, sans s'éloigner de votre sentiment, éta-
lilir de la résistance où vous établissez de la fuite et de l'aversion.
Soit donc, par exemple, en votre figure le rayon (^15 qui change d(^
milieu au point B, où il se rompt pour se rendre an point A. Si ces
deux milieux étoicnt les mêmes, la résistance au passage, du rayon
par la ligne CM scroit à la résistance au passage du rayon par la
liiçne BA comme la lii'ne CB à la lii'ne BA. Car, les milieux étant les
mêmes, la résistance au passage seroit la même en chacun d'eux et,
par conséquent, elle garderoit la raison des espaces parcourus. D'où
il suit (jue, les milieux étant différents et la résistance par conséquent
différente, on ne peut plus dire que la résistance au passage du rayon
par la ligne CB soit à la résistance au passage du rayon par la ligne BA
comme la ligne; (^B ii la ligne BA; mais en ce cas la résistance par la
ligue CB sera à la résistance par la ligne 15A comme CH h une; autre
ligne dont la raison à la ligne BA exprimera celle des eleux résistances
didérentes.
Comme : si la résistance par le milieu A est double de la résistance
par le milieu C, la résistance, par CB sera ii la résistance par BA comme
la ligne (]B au double de la ligne BA; et si la résistance par le milieu t'-
est double de la résistance parle milieu A, la résistance par (^B sera
à la résistance par BA comme la ligne CB à la moitié de la ligne BA.
De sorte ([n'en ces deux cas, les deux résistances par CB et par BA,
étant jointes, pourront être exprimées : ou i)ar la ligne CB jointe à la
moitié ele la ligue BA, ou par la ligne CB jointe au double de BA.
Vous vovez déjà sans doute la conclusion de ce raisonnement : car.
.î.iS ŒUVRES Itl' FKKMAT. - COKHKSFONDANCE.
M)it'iit donnés, [)ar cxtuiiiilc, les deux points C et A en deux milieux
(lilTérenls séparés par la ligne IJD et qui soient de telle nature que la
résistance de l'un soit douhle de celle de l'aulre; il faut clicrcher le
point B auquel le rayon, qui va de (- en A ou d'A en C, soit coupé ou
rompu.
Si nous supposons (]ue la chose est déjà faite, et que la nature agit
loujours par les voies les ])liis courtes et les |)his aisées, la résistance
par eu, jointe à la résistance par BA, contiendra la somme des deux
résistances, et cette somme, pour satisfaire au principe, doit être la
moindre de toutes celles qui se peuvent rencontrer en quelqu'autre
point que ce soit de la ligne DB. Or ces deux résistances jointes sont
(>n ce cas, comme nous avons prouvé, représentées : ou par la ligne CJî
joinle à la moitié de BA, ou par la même ligne CB jointe au double
de BA.
\/,\ (|uestion se réduit donc à ce problctne di; Géométrie :
■ litaul donnés les <lcux points C el A et la droite DB, trouver un point
dii/is la droite DB aiif/iiel si vous conduisez les droites CB et BA, la somme
de (Ai et de la moitié de BA contienne la moindre de toutes les sommes
pareillement prises, ou bien <jue la somme de iWS et du double de BA con-
tienne la moindre de toutes les sommes pareillement prises;
et le point B qui sera trouvé par la construction d(! ce problème sera
le point où se fera la réfraction.
Vous voyez par là qu'il faut (|uc le rayon se coupe et se rompe
lorsque les milieux sont diflcrents. Car, bien que la somme des deux
lignes CB et BA soit toujours plus grande que la somme des deux
lignes CD et DA ou que la toute CA, néanmoins la ligne CB, joinle à
la moitié ou au double de BA, peut être plus courte que la ligne CD
jointe à la moitié ou au double de DA.
Je vous avoue que ce problème n'est pas des plus aisés; mais,
puisque la nature le fait en toutes les réfractions pour ne se départir
pas de sa façon d'agir ordinaire, pourquoi ne pourrons-nous pas l'en-
treprendre?
(II-
(• le
LXXXVli. - 5 DECKMBKt; 1057. :«!»
Je vous garantis j)ar avance que j'en ferai la soliilidn ([naïul il vdiis
plaira et qui' j'on (ircrai même des conséquences qui établiront s(
dément la vérité d(> notre opinion. J'en déduirai d'aljord : (jn
rayon perpendii'uiaire ne se rompt point; (|ue la lumière se rotupl
dès la première surface sans pins changer le liiais qu'elle a |)ris; (|U('
lo rayon rompu s'approche quelquefois de la perpendiculaire, et ([iTil
s'en éloigne quelque autre fois, il mesure qu'il passe d'un milieu laie
dans un plus dense ou au contraire; et en un mot, (|ue cette opinion
s'accorde exactement avec toutes les apparences. De sorte que, si elle
n'est pas vraie, on peut dire ce que disoit Galilée eu un sujet dille-
reiit, que la nature semhie nous l'avoir ini\V\ri'o. pcr pigliani s^iDro di
noslri i^hinbizzi ( ' ).
Mais j'ai tort de ne songer pas que le sujet de cette lettre ne devoil
être qu'un remerciment. Je vous conjure, .Monsieur, d'excuser sa lon-
gueur, quand ce ne seroit (|ue par l'intérêt que vous y avez, et de la
recevoir en tout cas conune un témoignage de l'estime ([iie j'ai pour
votre savoir et du resp(!et avec lequ(d je suis, Afonsieur,
Voire très luimhle et très afTectionué s(;rvileur.
Fkkmat. '
LXXXVli.
DIGBY A Fl^RMAf.
MEKCREDI 5 DfiCE.MBItU IG.'i/.
( la., p. 19G-197.)
Monsieur,
Je me donnai l'honneur de vous écrire le 19 du mois passé. Depuis
•e temps-lii, j'ai été en Normandie et ;i mon retour j'ai trouvé la Lettre
( I ) Nous n'uvons pu retrouver le lexlc auquel csl cniiiruiUoc ccUe eiUtioii.
360 G^.uvni:s dk fermât. - coiirespondanci:.
qno vous iii'jivc/ l'ail riionnour de m'écrirc du 17 du même mois ('),
doiil je vous ronds (rès-liumhles grâces et m'estime très-heureux de
vous servir dans le commerce qui est entre vous et Monsieur de Fre-
nicle, il qui je uionlrai aussi votre Lettre et, comme vous y parlez de
noire (lliancclier Bacon, cela me fil souvenir d'un autre Ix'au mot
(ju'il dit en ma présence une l'ois ;i l'eu ■\Ionsieur le Duc de Huc-
kingliam.
C'éloit au commencement de ses malheurs, ipiand l'assemhlée des
l']lats, (jue nous appelons le ParlemenI, enirepril de le ruiner, ce
(|n'elle fil ensuile : ce jourlii, il en eut la première alarme, .l'ètoisavec
le Duc, ayant diuè avec lui; le ('hancelier survint et l'entretint de
l'accusation qu'un de ceux de la (^liamhre Basse avoit présentée contre
lui, et il supfdia le Duc d'employer son crédit auprès du Uoi pour le
maintenir toujours dans son esprit. Le Duc lui répondit <{u'il étoitsi
l)ien avec le Roi leur maître, qu'il n'étoit pas hesoiii de lui rendre de
hons ofliciis auprès de Sa Majesté : ce ({u'il disoit, non pas pour hi
refuser, car il l'aimoit heaucoup, mais pour lui faire plus d'honneur.
Le (Chancelier lui répondit de Iri'S-honne grâce qu'en ellel il croyoit
être parfaitement hien dans l'esprit de sou ^hiitre, mais aussi qu'il
avoit toujours remar(|ué que, pour si grand que soit un feu et pour si
l'ortement qu'il hrùle de lui-même, il ne laissera pourtant pas de brûler
mieux et d'être plus beau et plus clair, si on le souffle comme il faut.
De même j'ai dit à Monsieur Frenicle que, pour si grand feu d'esprit
(|u'il ait et quelque merveilleux que soit son génie pour la science des
nombres, son feu scroit plus brillant, s'il le vouloit exciter ou aug-
menter par l'étude, par la lecture des anciens et par la conversation.
H vous honore infiniment et dit que jamais homme n'a approché de
votre fond de science; il m'a apporté ce matin un écrit pour vous l'en-
voyer. Je l'ai fait copier ])ar mon secrétaire, car vous ne l'auriez pu
lire; il écrit d'ordinaire sur des lambeaux de papier et si vite qu'il n'y
a que lui même qui puisse lire son écriture.
( ' ) Cctlc IcUre csl perdue.
LXXXVIIl. - 1-2 DÉCEMBRE 1657. 3(51
Vous aurez vu, par ma (lerniorc Irdrc, que j'ai roru celle (') (]ue
VDUS me fites riioiiiieui' de m'éerire lors(|uc vous é(iez à la campagne.
Au lieu lie vous laisser passer le litre do paresseux que vous vous
donnez injustement, j'admire infiniment la facilité et la présence avec
la([uelle, au milieu de vos ij;randes occupations, vous exprimez sur le
champ vos profondes et subtiles pensées. Je vous supplie de croire
(|ue j'honore vos rares talons et que je voudrois que mes actions vous
|)risscnt témoigner mieux que mes paroles à quel point je suis etc.
LXXXVIII.
DIGBY A FERMAT.
MERCREDI 12 DÉCEMBRE IG57.
(/-,<, p. 1,17.)
Moxsiiiuu,
Depuis {jue je me suis donné l'honneur de vous écrire une lelhc
du ") de ce mois (-), je reçus celle que vous m'avez l'ait la laveur de
m'éerire du 2") du passé (^), dont je vous rends Irès-hnmhles grâces.
l'allé me fut rendue comme j'élois ii table avec Monsieui' Kreni(de ii (|ni
je la montrai cl, y ayant papier et encre sur le bull'el, je le priai de
vous écrire ({uelquo petit mot sur ce (|ne vous y disiez sur son sujet; je
vous envoie son écrit.
il me fait souvenir fort souvent d'un aumônier, (ju'avoit le léu roi
d'Angleterre, qui étoit un des plus élo(juens prédicateurs de son temps
et Iri's-suhtil théologien; mais, depuis que la guerre fut commencée,
il n'y avoit plus moveu de h; faire prêcher ou parler de sa science : il
n'avoit d'autres idées eu son imagination que de machines do guerre
( ') Ces lettres tic Di.ï;by et do Fermât sont perdues.
(-) La lettre qui iiréeède.
(■') Lettre perdue.
l'tiuuT. — n. 4^
3()2 ŒUVRES DE FEUMAT. - COIIRESPON I) ANCE.
cl (les stratagèmes pour prendre des villes, en quoi il n'entendoil rien
du tout.
Ainsi Monsieur Freniele ne me veut entretenir d'autre ehose (|ue de
la théologie mystique et de ses pensées sur le franc-arbitre ou sur la
prédestination, quittant le rang qu'il pourroit posséder d'un des plus
grands mathématiciens du siècle pour un d(!s moindres théologiens.
Car c'est bien tard de commencer la physique et la théologie après
l'âge de cinquante ans : je dis la physique, parce qu'il est malaisé
d'être un grand théologien si on n'est un solide physicien et si on n'a
une véritable connoissance de la nature, dont le sommet sert de base ii
la grâce.
Mais je dois bien prendre garde de m'engager en ce que j'entends
aussi peu et encore moins que lui ; je reviens à ce que je sais de science
certaine, dont je vous ferai démonstration évidente toutes les l'ois (|ue
l'occasion s'en présentera, et c'est que je suis etc.
LXXXIX. - 13 FEVRIER 1638. ;5(i:{
ANNÉE 1058.
LXXXIX.
niGBY A FERMAT.
MKRnnKDi 13 hf.vniER 1058.
{fa, ],. i07-"jS-)
MONSIEUU,
Je suis sur le poinl d'iMilrcr eu carrosse pour aller à Rouen, dont je
ne crois pas revenir de ([uinze jours ou trois semaines. C'est pourquoi,
di's (|ue j'eus recuvotre paquet du -ir tlu passé ('). j'allai chez M. Cler-
sidier et, n'ayant pas moyen de lui faire faire des copies de vos écrits
avant mon départ, je crus que vous trouveriez bon que je les lui con-
tiasse sur la parole (pi'il me donna, de vous les rendre fidèlement di"s
(|u'il auroittiré copie de ce qu'il lui faut. C'est un fort honnête homme
et fort votre serviteur; il m'a dit qu'il se donneroit l'honneur de vous
écrire par cet ordinaire.
Au reste, Monsieur, quand bien je demcurerois ici, je ne serois pas
assez vain pour accepter la charge que vous voudriez m'imposer : elle
<'st Inqj pesante pour ma foibicsse. Je sais trop bien (-)
(|ui(l feiro récusent,
Oiiiii valciiiil lunneri
ixinr pouvoir être arbitre entre deux grands personnages; il faut aller
( ' ) Lclire perdue, i'i laquelle élaieiU jointes des copies demandées par Clersclier pour la
publication des Lettres de Descaites. Foir Lettre XC ci-après.
( ^ ) IIoRVCi;, ^rl poétique, 39-40.
361 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
•lu p;iir avec oux. C.rassiis s'acquiUa liion mal de cette fonction entre
César et Pompée, n'ayant pas les reins aussi forts qu'eux.
Il est vrai que ceux qui sont clans les vallées peuvent discerner la
hauteur des plus grandes montagnes pour en avoir de l'admiration;
mais, pour bien juger de ce qu'il y a au sommet de quel((u'une d'elles,
il faut être monté aussi haut sur une autre. Vous me permettrez donc
(le vous dire avec le grossier Pahcmon (') :
Non noslniiii intcr vos tanlas componcre lites.
Et, pour ce qui est de la chaleur avec laquelle vous, IMonsieur, et
M. Descartes avez soutenu vos sentimens, je ne serois pas d'avis d'eu
rien oter ou changer, pourvu qu'il n'y ait rien qui soit ollensanl, ce
(|u'on ne peut i)résumer de deux aussi grands hommes et ii quoi
M. Clerselier prendra garde. Car, de vouloir étouffer ce petit feu bril-
lant et étincelant, ce seroit oter beaucoup de la grâce et de la force à
une contestation d'esprit et de science, et c'est une des raisons pour-
quoi les disputes aux Universités des Suisses sont si peu agréables,
leur manière d'argumenter étant bien éloignée de la vivacité des ba-
cheliers de la Sorbonnc qui pressent avec véhémence et avec chaleur :
car cette chaleur provient d'un feu qui ne brùle pas, mais qui semble
donner la lumière et la vie comme c(dle du Soleil.
Je ne saurois m'empéchcr de vous envoyer (juelques vers que le
plus grand génie de notre ile pour les Muses ('-) écrivit au Chancelier
Bacon, (jui étoit son grand ami et que vous témoignez être fort le vôtre
en le citant souvent. Je vous dirai comment je les ai rappelés en ma mé-
moire : l'autre jour, m'entretenant avec une personne de grand mérite
de vos rares qualités, je lui récitai ces vers y mettant votre nom au
lieu de celui de Baco. 11 en voulut avoir une copie : je la lui fis tran-
scrire par mon secrétaire sur le brouillard que j'en fis à la hâte; il
(1) Virgile, J-iclos., lit, io8.
(-) Nous n'avons pu retrouver ces vers ni dans Shakespeare, ni dans aucun des grands
poêles contemporains. Au reste, il s'agit probablement d'une pièce latine.
XC. - 3 MARS 1658. 3«5
vous ou auroitfait aussi une copie s'il eût été chez moi, mais je viens
(le l'euvoyer chez M. l'Amhassadcur d'Angleterre (').
Je suis etc.
XC.
FFilRMAT A CLERSELIEU Ç').
DIMANCHE 3 MAIIS i(i38.
(Bill. nat. fi-. n. a. SîS», f» 35; D. HI, 43.)
MoxsiEiir.,
J'ai reçu votre lettre (^) avec les deux copies des écrits de M. Des-
caries sur le sujet de notre ancien démêlé.
Je voudrois hien, Monsieur, vous satisfaire ponctuellement en ce
(|ue vous semhlez souliailer que je refasse mes réponses d'alors (jui
se sont égarées ('); mais, comme je hais naturellement tout ce ((ui
choque tant soit peu la vérité, et qu'il me seroit aussi malaisé de
rajuster ce vieux ouvrage (|u';i un peintre de refaire mon portrail
(') Nous trouvons au vol. (il) de la Corrcspondaiico //iigtcterrc conservée aux Arcliivcs
(lu Miuislèrc (Jcs alfaircs ctraiigcrcs la preuve iiuc l'ambassadeur d'alors s'a|)pelail
Lokard.
(^) Le texte de cette lettre est établi principalement d'après une copie du tcniiis coll.i-
lioiinéo à Vienne par Despoyrous et qui présente plusieurs passai;es inédits publiés par
i.ibri {Journal des Siiiuails, i8i5, [ip. GSO-GSy ). — Ouoi(]ue datée du 3 mars, elle ne fut
envoyée, d'après le post-scri|)tum, (]ue le lo, avec la lettre suivanle.
(}) Lettre annoncée dans la |)récédentc de Digby, et qui est perdue. Les écrits de
Descartes sur la I)ioptri(iue qui l'accompagnaient étaient : la lettre à Merseune (ci-n>ui/it
XXIll) et la lettre à iMydorgc {Doc, III, 4')- f'""' plus haut, |)agc laj, note i.
(^) Ce langage parait l'ellèt d'un malentendu; Clerselicr ])ossédait bien les deux lettre.^
de Fermât à Mcrsenne sur la Dioptriquc {ci-avant XXII et XXIV), mais il aura cru à des
répliques postérieures de Fermât; celui-ci aura compris que les lettres perdues dont on
lui parlait étalent celles auxquelles Descartes avait réjwndu et que nous venons de men-
tionner. Il n'avait certainement pas rouvert la discussion; toutefois il nous manipie des
lettres de lui à Merseune en iG38, où il avait touché incidemment la question de la Diop-
triquc, comme dans les Pièces XXV hia, 1 et XXVI.
:5()(> ŒUVRES DE FEKMAT. - CORRESI»ONI)ANCE.
d'alors sur mon visage d'à présont, j'ai cru qu'il valoit mieux vous
(■'i-rire tout de nouveau une lettre (jui contiendra mes raisons d'op-
position et vieilles et nouvelles, et c'est à quoi je travaillerai pour la
huitaine (').
J'entre dans vos sentiments pour ce qui concerne l'impression ; il y
faudra changer les termes les plus choquants et les plus aigres, mais
n'y l'aire point autrement de grand changement, et de cela je m'en
remets à vous. Monsieur de Carcavi vous fournira sans doute mon
traité de maximis et minimis ; il l'a de toutes façons, c'est-à-dire avec
démonstration et sans démonstration, et, puisqu'il est question d'in-
struire ou de désahuser le puhlic, il sera hon de l'insérer dans votre
recueil avec une lettre de M. Milon ou de quelque autre de vos fameux
géomètres qui éclaircisse la chose et qui prépar(^ les lecteurs ii en-
tendre la dernii're lettre de M. Descartes (^), par laquelle il m'écrivit
(comme vous verrez) qu'il étoit satisfait de ma géométrie.
Pour la question de Diop(riqiie, je vous proteste, sans nulle feintise,
que je souhaite de m'être trompé; mais je ne saurois ohtenirsur moi,
en façon quelconque, que le raisonnement de M. Descartes soit une
iléinonstration, et même qu'il en approche, .le vous envoierai dans
huit jours la lettre (jui éciaircira mes doutes sur cette matière. VA je
suis de tout mon cœur. Monsieur, Votre très humhle et très ohéissant
serviteur,
Fkrmat.
A Toiiloii.«o, ce 3 mai's rOJS.
.l'ai retenu cette lettre, (|ui étoit prête à vous élre envoyée dès la
semaine passée, parce que j'ai cru que M. Dighy, parla voie duquel
j'ai pris la liberté de vous écrire, ne seroit pas encore de retour à
Paris. Vous recevrez donc les deux conjointement et, si la seconde
est un peu trop longue, assurez-vous. Monsieur, que j'ai mis peine ii
raccourcir, et que je pouvois dire beaucoup plus que je n'ai fait. Je
I ' ) Foir la Letlre suivante XC bis.
I - ) Foir Lettre X.\XII.
XC bis. - 10 M A II s IG08. :WT
rajoulrr;ii un jour, si les i^ôonK'trcs de Paris soulieiinciU la dt-uMMi-
slratioM (le M. DescarU'S.
Il ne sera pas malaisé par les r('pli(jiic's de ]M. Descartes de supposer
ce que j'aurois dit au contraire, et ma dernière < lettre >■ le ((oi-
tiendra à peu près.
Vous me renvoierez mes écrits (') ([uand vous voudrez; je n'en ai
point de hâte.
XC bU.
FERMAT A (:jj<:ksi<:likr.
LIMANCIIK 10 .MAKS 1038.
(D., m, 4'i.)
IMoNsiEun,
1- Les conclusions (jui se peuvent lirer de la proposition (|ui sert
de rondement à la Dioptrique de M. Descartes sont si belles et doivent
naturellement produire de si beaux effets dans tous les ouvrages de
l'art qui regardent la réfraction, qu'il seroit à souhaiter, non seule-
ment pour la gloire de notre défunt ami, mais l)ien plus pour l'aug-
mentation et embellissement des sciences, que cette proposition fut
véritable et qu'elle eût été légitimement démontrée, et d'autant plus
(ju'elle est de celles dont on peut dire que iniilla sunt fulsa probaln-
liora vcris. Je veux même passer plus outr(^ et la comparer à ce fameux
mensonge dont il est parlé dans le Tasse, et (jue ce poète assure être
|)lus beau que la vérité :
QiKiiido Siirii il vcro
Si licllo, elle si possa a li [ireporro? ('-)
Je commence par là. Monsieur, afin de vous faire eonnoitre tjueje
(' ) Il s'agit probablcniciU d'écrits niatliémaliques conserves d'ailleurs; mais mous ue
pouvons préciser lesquels.
(2) Jarusalem délàrde. II, 22 :
Magiiaiiiuia incnzugiiij. or quaiuio è il vero etc.
:î(iS ŒUVRES DE l< E fl M AT. - C 0 H II E S P 0 N 1) A N C E.
sd'ois ravi que le dilTérond que j'ai en autrcrois sur ce sujet avec.
AI. IJeseartes se lermiuâl :i sou avau(ai,^e. J'y Irnuverois mou coinple eu
toutes l'aeous : la i^'loire d'uu ami que j'ai iutiuiuient estimé et qui a
passé avec raisou [tour uu des grauds hommes de sou temps; l'étaldis-
semeut d'une véiilé pliysique des |)lus importantes; et l'exéculiou
aisée des eiïels uierveilleux ((ui s'en pourroicut infaillil)lemen( dé-
duire. Toutcida me vaudroit iucomparaldcment mieux (|u'un i^^aiii de
cause, (juaud mcuie je devi'ois compter pour rien le
Mccum certassc fei-cUii- ('),
doni les amis de M. Descartes peuvent toujours raisonnablement con-
soler ses adversaires. Je me mets donc, Monsieur, eu la posture d'un
homme qui veut être vaincu; je le déclare liautement :
Jninjnm cfficaci do nianus seicntiiT C^).
.Mais, parce que les démonstrations sont des raisons forcées cl, (|u';i
moins d'être convaincu [lar (dies, ou \\\'n sauroit être persuadé,
\(ivous, M(Hisieur, si le cousentement des lecteurs peut échap[)er i)
notre auteur, et si nous pourrons nous défaire aisément des objections
(|ui semhlent lui pouvoir être op[)osées. Il faut pour cela suivre sa dé-
nionstralion mot pour mol, et il sulfira d'eufermer par des parenthèses
ce ([ui ne sera point à lui et ([ue j'ajouterai du mien.
2. Voici doue comme il parle sur la tin de la page iG de sa Diop-
li'i(|ue IVançoisc (") :
Il Kl {tremièrcment, supposons qu'une halle, poussée d'A vers li
» (Jig- TiO), rencontre au point B, non plus la superficie de la (erre,
» mais une toile CIîE qui soit si foihie et si déliée <jue cette halle ait la
I 1 ) Ovide, Mciu/ii., XIII, io.
(■-) Horace, Epodcs, XVII, i.
r'') Discours do la mcLliode (loiir hien conduire sa raison cl clicrclior la vérité dans les
.•Sciences : idus la l)ioplri(iiie, les Météores et la Géométrie, qui sont des essais de cetle
.Métliode. A Loydc, de l'imprimerie de lan Maire, (M'J T.) C XXXVU : avec privilège, p. iG
', ','■ pagination de l'Ouvrage).
XC bis. — 10 MARS 1G58. 369
» force de la rompre et de passer tout au travers, en perdant seule-
» ment une partie de sa vitesse, à savoir, par exemple, la moitié. Or
» cela posé, afin de savoir quel chemin elle doit suivre, considérons
» de rechef que son mouvement diflëre entièrement de sa détcrmina-
» tion à se mouvoir plutôt vers un côté que vers un autre, d'où il suil
» que leur quantité doit être examinée séparément; et considérons.
Fis. 50.
» aussi que, des deux parties dont on peut imaginer que (^elte déter-
» ininalion est composée, il n'y a que celle qui faisoit tendre la balle
" de haut en bas qui puisse être changée en quelque façon par la rcn-
') contre de la toile, et que, pour celle qui la faisoit tendre vers la
» main droite, elle doit toujours demeurer la même qu'elle a été, à
» cause que cette toile ne lui est aucunement opposée en ce sens là. ■>
3. (^.Mais ce raisonnement n'esl-il pas un peu opposé au sens com-
num? L'extension qu'il en fait de la réflexion à la réfraction n'est-elle
pas aussi un peu forcée? En la page i3, il suppose que la balle va tou-
jours d'égale vitesse, tant en descendant qu'en remontant, qu'elle con-
tinue son mouvement dans un même milieu ('); il en déduit, en la
page I >, que la rencontre de la terre (-) peut bien empêcher la déter-
mination qui faisait descendre la balle d'A vers CE, à cause qu'elle
(') « Mais afin de ne nous embarrasser point en des nouvelles difficullcs. supposons
i|iic la lerre est i)arfailement plalle cl dure, et que la balle va lousjours d'csgalc vitesse,
tant en descendant qu'en remontant... »
(-) « El en suite il est aysé à enlondro que la rencontre de la terre no ]>cut empesciici'
que l'une de ces deux déterminations et non point l'autre en aucune façon. »
Fermât. — II. ^7
■MO
ŒUVRES DE FERMAT.— COU HES l'ONI) ANGE.
occupe tout l'espace qui est au dessous de Clî, mais qu'elle ne peu!
point empêcher l'autre qui la faisoit avancer vers la main droite, vu
(|u'clle ne lui est aucunement opposée en ce sens-là; d'où il infère
réi^alité des ansiles de réflexion et d'incidence.
A
/- H \
F
/
/
\
tr
C i;
\ E
]/
y^
D
K
Mais quand bien ce raisonnement seroit véritable en la réflexion,
((uelque sceptique scrupuleux n(( man()uera point d'alléguer (|u'il y a
trois circonstances en la réfraction qui doivent changer la consé-
(|uence, ou du moins servir d'empêchement à la recevoir sans nou-
v(dle preuve :
Premièrement, en la figure de la page 17 ou en c(dle de la page itJ ('),
la balle ne continue pas son mouvement d'une égalé vitesse, puisque,
par la supposition, elle perd, par exemple, la moitié de sa vitesse dès
le point B.
Secondement, elle ne passe pas toujours par un même milieu,
comme il paroit en la flgurc de la page 18.
Et enfin la détermination qui la faisoit aller de haut en bas n'est pas
loul à fait empêchée par la rencontre de la toile on de l'eau, mais
changée seulement ou diminuée.
Or, (jue la conséquence soit la même nonobstant la diversité de
ces trois circonstances, il sera malaisé qu'un médiocre logicien le
l)uissc accorder. Il alléguera pour excuse de sa logique scrupuleuse,
((u'il n'a pas cru se faire grande violence, lorsqu'en la flgure de la
page I j (y/g'. .')3) il a donné les mains que la détermination de la
(') A CCS figures correspond ccUo que nous avons rcproduile plus liaul sous le n" ."Kî.
d'ajjrès l'édition des Lettres de Descartes, de Clorselier.
XC //(.S-. — 10 MARS 1658. 371
g.iuchc il la droite restoit la même, puisque la balle allant toujours
(le même vitesse pouvoit conserver l'une de ses visées ou détermina-
tions lors(|ue l'autre seule étoit empêchée; que d'ailleurs le mouve-
ment se f'aisoit dans un même milieu; et qu'enfin, la détermination
de haut en bas étant enfii'rement empêchée, il n'y avoit pas grand mal
de consentir que celle de la gauche î» la droite restât tout entière :
eomme, quand on perd un œil, on dit que la vertu visive se conserve
entière en celui qui reste.
Mais, en la rélVaction, tout y est différent. Veut-on y obtenir le con-
sentement de notre sc('[)tique sans preuve? I>a détermination de la
gauche ;i la droite denieiirera-t-elli' la même, l()rs(|ue tontes les rai-
sons ([ui le lui avoieiil (lersuadé en la réflexion se sont évanouies?
Mais ce n'est i)as tout : il a sujet d'appréhender l'équivoque et, lors-
(|u'il aura accordé que cette détermination de gauche i» droite demeure!
la même, il a occasion de soupç,^onncr que l'auteur le chicanera sur
l'explication de ce terme. Car, quoiqu'il ait protesté que la détermina-
tion est différente de la puissance qui meut, et que leur quantité doit
être examinée séparément, si notre sceptique lui accorde en cet en-
droit que cette détermination de gauche h droite demeure la même en
la réfraction, c'est-à-dire qu'elle conserve la même visée ou direction,
il va apparence que l'auteur voudra l'obliger ensuite à lui accorder
([ue la balle, dont la détermination vers la droite n'est i)oint changée,
s'avance autant et aussi vite vers la droite qu'elle faisoit auparavant,
(juoique sa vitesse et le milieu par oii elle passe soient changés.
Mais parce qu'il ne paroit pas sitôt qu'on veuille lui faire une si
grande violence, il ne croit pas être encore temps de se départir du
respect qu'il doit au nom de M. Descartes, et il veut bien lui avouer,
sur sa seule parole, que cette détermination vers la droite demeurera
la même, pourvu qu'il ne se parle point du temps que la balle doit
emplover ii s'avancer de ce coté là : parce que M. Descartes même a
avoué que la force qui meut et la détermination sont deux quantités
(|ui n'ont rien de commun, et qu'elles doivent être séparément exa-
minées).
372 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
4. « Puis, ayant décrit du centre B le cercle AFD et tiré à ans^les
droits sur GBE les trois lignes droites AC, HB, FK, en telle sorte qu'il
V ait deux fois autant de distance entre FE et HB qu'entre HB et A(',
nous verrons que cette balle doit tendre vers le point I. Car, puis-
qu'elle perd la moitié de sa vitesse en traversant la toile CBE, elle
doit employer deux fois autant de temps à passer au-dessous, depuis
15 jusques à quelque point de la circonférence du cercle AFD, qu'elle
Fis. 56.
a fait au-dessus, à venir depuis A jusques à B. Et, puisqu'elle ne perd
rien du tout do la détermination qu'elle avoit à s'avancer vers le côté
droit, en deux fois autant de temps qu'elle en a mis à passer depuis
la ligne AC jusques à HB, elle doit faire deux fois autant de chemin
vers ce même côté ('). »
5. (C'est ici le guet-apens, et la trop grande crédulité de celui qui
avoit franchi tous ses scrupules sur le premier article, reçoit en cet
endroit une nouvelle attaque. L'auteur a sujet d'espérer que, puisque
notre sceptique lui a déjà accorde que la détermination vers la droite
resloit la même, il ne doit pas le dédire non plus, que cette détermi-
nation ou cette visée et direction vers le côté droit ne soit également
vite et n'avance toujours autant qu'elle faisoit auparavant.
Mais le sceptique commence à n'entendre plus raillerie et, s'il a con-
senti de bonne foi que la détermination vers la droite ne changeoit
(I) Discours de la méthode, etc. A Leyde, CIOIDCXXXVIII, p. i8 (a" pagination).
XC bis. - 10 MARS 1688. 37:î
pas, il proteste qu'il n'est point engage à consentir qu'en cliani^eanl dr
milieu elle fasse toujours un égal progrès, puisque l'auteur a si sou-
vent et si solennellement assuré que la détermination et la force mou-
vante sont tout à fait différentes et distinctes; et pour se confirmer en
son doute, il ajoute que si, dans la figure de la page 17, la balle étoil
poussée depuis H jus(jucs ii B, et qu'elle continuât son mouvement vers
BG, le raisonnement de celui qui diroit :
« La détermination de la balle sur la route HBG n'est point changée
au point B, car clic est la même, et le mouvement perpendiculaire se
continue dans la même ligne IIBG; donc cette balle avance autant et
aussi vile au dessous de B qu'elle faisoit auparavant. »
ce raisonnement, dis-jc, scroit ridicule, parce que la détermination ou
direction du mouvement diffère de sa vitesse.
Pourquoi donc notre sceptique sera-t-il obligé d'accorder gratuite-
ment et sans preuve que le mouvement qui se fait vers la droite dans
la figure de la page 18 avance également vers le dit coté droit, apri-s
qu'il a changé de milieu? Ce n'est pas que cette proposition ne puisse
être vraie, mais elle ne l'est qu'au cas que la conclusion que M. Des-
cartes en lire soit véritable, c'est-à-dire que la raison ou proportion
pour mesurer les réfractions ait été par lui légitimement et véritable-
ment assignée. Il ne l'a donc pas prouvée par une proposition si dou-
teuse et si peu admissible.
En un mot, (|uand toutes les oppositions qu'on peut faire à son r;ii-
sonnement seroient fautives, peut-il faire passer pour véritable ce qui-
n'est ni axiome, ni déduit par une conséquence légitime d'aucune pr(i-
mière vérité? Les démonstrations qui ne forcent pas de croire ne peu-
vent point porter ce nom.)
Va croiriez-vous. Monsieur, que si la proposition de M. Dcscarles
étoit démonstrativement prouvée, son évidence et sa clarté n'eussent
pas percé les ténèbres de mon entendement, pendant vingt années qui
se sont écoulées depuis notre ancien démêlé, puisque je vous ai pro-
testé, dès le commcncemenfdo ma lettre, que je travaille sincèrement
Mk (KUVUES DE FERMAT. — COR RESPON I) ANGE.
il ino lircr d'erreur, el que je ne cherelie qu'un lionnèle préLexle ii nie
rendre? Je serois même ravi d'établir l'honneur de M. Desearles aux
(li'pens du mien, et je voudrois, s'il m'étoit possible, en recoiinoissant
la vérité de sa preuve, ajouter avant que de finir :
Se cl.ii'a vidciidaiii
Oljtiilit et piira |icr noclem in liice rcfiilsil ( ').
Il en sera pourtant ce que M. le chevalier IVighy et vous. Monsieur,
trouverez bon. .Te vous soumets à tous deux ma logique et ma malbé-
niatique, et je consens ii ce que vous en Cassiez un sacritic(> ii la mé-
moire de cet illustre, qui n'est plus en état de se défendre; mais, jus-
([ues h ce que vous ayez prononcé, je prétends que la véritable raison
ou proportion des réfractions est encon^ inconnue et (|ue O^wv h
Yoûvaai xa-rat (^), en compagnie de tant d'autres vérités (|ue l'avenir
découvrira peut-être mieux que n'a pu faire le passé.
Excusez ma lonarueur et faites moi l'honneur de me croire, Mon-
sieur. Votre trJ's humble et très alTectionné serviteur.
•KUMAT,
XCI.
FERMAT A DlGin'.
DiMANcnKTAViiii. IG.'jS.
[Comm. en., 37.)
MoNsn:i;r,,
1- .l'ai reçu les nouvelles solulions de la proposition (') de .Mon-
sieur Wallisius, que Monsieur Frcnicle a ajoulées aux premières, .le
(■ ' ) Virgile, Éiiéidc. Il, 58()-Ji)o.
(-) Homcrc, Iliade. XVII, 5i4.
(3) II Trouver deux nombres entiers carrés lois que les somincs foniires \m\v chacun
d'oux cl par ses parties aliquoles soient ég.ile.s. u
luette question avait été proposée parWiillis dans sa Lettre à Digl)y du 21 luivcudnc idj;
(Comm. iG). Les solutions de Frenicle sont dans sa Lettre à Digliv {Comm. 3i) i]ue
KrouncWcr reçut le 5 avril iG58.
XCl. - 7 AVUIL 1G58. 375
suis ravi, aussi itirn (|iic vous, do raiiondaucc et fertilité do son cspril
et do lu grande facilité qu'il s'est ae(iuisc on. ces matières. Je ni'étois
contenté do donner doux solutions on nombres premiers onlro eux,
et avois soulemenl indiqué qu'on ponvoit, par ma méthode, étendre
la question à trois, quatre, cinq et plusieurs nombres de même nature.
Mais, i)nisquo Monsieur Frcniele m'a si avantageusement préoccupé, je
n'ajoute plus rien à son travail, et je consims que ma petite et maigre
solution demeure en vos mains.
2. Après avoir reçu la lettre de Monsieur Wallisius ('), je suis tou-
jours surpris de quoi il méprise constamment tout ce qu'il no sait pas.
Les questions en nombres entiers ne sont point de son goût. Il s'ima-
gine que je ne sais point les centres de gravité des hyperboles infi-
nies, et il semble promettre sur la fin la ([uadrature de l'hyperbole,
c'est-à-dire de celle d'Apollonius : car, pour toutes les autres, ni lui
ni moi no l'ignorons pas.
,1e lui réponds succinctement :
3. Promioromont à ce qu'il dit que je fais grand cas des proposi-
tions négatives, comme qu'il n'y a que le seul quarré 2j qui, ajouté
il 2, fasse un cube vn nombres entiers; et encore qu'il n'y a que les
deux (]uarrés '\ et 121 qui, ajoutés à 4. fassent des cubes, aussi on
entiers (-). Il dit (|uo ce sont dos propositions ordinaires et iieqitc
rnajiis quid aitl grandius insinuant qiiam si dicerem cuhicuhum milliini
in integris esse vel eliam qtiadraUim qui, numéro dijunclus, ejficial qua-
draUun, .... vel cliarn nullus in integris cubos esse qui ah invicem disteiil
numéro viccnario nec, prœler 8 et 27, qui distenl numéro 19, etc. ; . . . ,
cujusmodi in/iumeras delerminationes negatwas in promptu esset commi-
nisci.
Je réponds que je ne fais point cas de toute sorte de propositions
négatives; par exemple, celles qu'il rapporte et infinies de telle nature
ne sont que des amusements d'un arithméticien de trois jours, et leur
(') Lettre 16 (lu Conintercium epistolicuni. (f-'oir la note qui précède.)
(») roi> Lettre LXXXIV, 5.
3-r> ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
raison est d'abord connue cliam lippis cl tonsoribiis ('). De sorte que
d'en inférer de là qu'il faut faire peu de compte de toutes sortes de
propositions négatives, voyez, Monsieur, quelle logique! Mais je ne
veux point d'autre preuve que celles que je vous ai proposées sont du
liant étage et dignes d'être recherchées, c'est que ni lui, qui s'estime
(ant, ne les a pas encore démontrées, ni Monsieur Freniclc même, que
je mots au-dessus de lui, sans lui faire tort; et ce dernier, qui connoit
merveilleusement les mystères les plus cachés des nombres, ne les a
pas méprisées.
4. Mais, parce que les nombres entiers ne plaisent pas à Mon-
sieur Wallisius, en voici une autre, à laquelle il pourra s'occuper et
en laijuelle je n'exclus point les fractions (-) :
// n'y a aucun triangle rectangle en nombres dont l'aire soif quarrèe.
5. Et, pour lui faire voir qne le défaut de connoissance de celle
sorte de questions Ini fera quelquefois concevoir plus grande opi-
nion de ses forces qu'il n'en doit raisonnablement avoir, il dit qu'il
ne doute point que le Mylord Brouncker ne résolve les deux (|ues-
lions (•') :
Datum numcrum cuhum in duos cuhos rationales dividere,
et
Datum numcrum ex diiohus cuhis composilum in duos alios cuhos ratio-
nales dis'idere ;
je lui réponds (jn'il pourra, par aventure, ne se méconipter pas
en la seconde, quoiqu'elle soit assez difficile, mais que, pour la
première, c'est une de mes propositions négatives que ni lui ni le
Seigneur Rrouncker ne démontreront peut-être pas si aisément. (]ar je
soutiens qu'il ny a aucun cube en nombres qui puisse être divise en deux
cubes rationaux.
( ' ) Horace, Sat. I, vi, 3.
(') Problèmo impossible. — Observation XI.V sur Diopluinle.
( 3) Foir Lellrc LXXXIV, 4 cl 8. — Observations II et IX sur Dioplianle.
XCl. - 7 AVRIL 1058. 377
Pour la seconde question, elle n'est pas d'une extrême ditriculté et,
pour lui témoigner que je veux même la lui proposer en cas dos plus
aisés en prenant un petit nombre, je me contente que lui ou Mylord
Hrouncker divisent le nombre 9, qui est composé des deux cubes 8 et
I, en deux autres cubes rationaux. S'il rejette cette proposition, qui
n'est pas des plus dilTiciles, je n'oserai plus leur en proposer ni en
entiers ni en fractions.
6. Pour son canon ad iinmiendos quadratos qui, ducli in datiim
niuncrum non quadralum, adscila luiilatc, conficianl quadraluin, je ne
sais pas [)()urquoi il doute que celle invention nous paroisse malaisée,
puisqu'il n'est point d'algébriste novice qui ne trouve sa règle d'a-
bord. Mais ma question en entiers est si fort au dessus de ces petites
règles de irii'io, que iM. Frenicle l'a jugée digne de l'occuper, et c'est
tout dire, il a si exactement répondu à tout le reste qui regarde les
questions numériques que j'aurois tort d'ajouter (juelque chose du
mien à ses réponses ( ' ).
1- Pour ce qui regarde les centres de gravité des hyperboles inti-
nies et la ri'gle pour distinguer celles qui en ont de celles qui n'en ont
pas ■< je répondrai ]> que je l'avois résolu pleinement et envoyé tant
à Torricelli qu'aux géomètres de Paris dix ans avant l'impression du
livre Aritlimelica infinilontm ('-). S'il ne m'en veut pas croire, les
Hoberval <'l les Pascal, qui ont toutes mes propositions sur ce sujet
depuis plusieurs années, b^ pourront désabuser.
8. La promesse qu'il l'ait sur la quadrature de l'hyperbole s'exécu-
tera sans doute comme celle du cercle : la voie qu'il tient eu se ser-
vant tle certaines progressions, inter quorum lerminos uilerpolatwnern
(fu(vrii , est de ces méthodes qui aboutissent à trouver une chose aussi
ditlicile que celle (ju'ou a p(Uir but de chercher. Ohscurum autcrn
(') Disby avait tout d'abord comnmijiqiic à Frenicle la leUro de Wallis du '.i no-
vembre 1GJ7 et Frenicle avait rédigé en réponse une épitre latine à Di,i;by, datée dn
3 lévrier i())S (Camin. cp.. 22).
(2) Jmr Lettre LXXXII, 2.
FtnuAT. — 11. 48
378 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
cxplicare pcr ohscuriiis, malœolechnia est, comme a très bien dit notre
Viète (').
Mais pour lui faire voir que je ne manque pas de théorèmes effec-
tifs ettri's beaux en la véritable hyperboTe d'Apollonius, voici un pro-
blème dont je puis donner la construction.
Soit {fig. 88) l'hyperbole d'Apollonius ABC, ses asymptotes 31N0;
soient (irées les deux parallèles à NO, les droites MA, HH. Je propose
la figure AMHB contenue sous l'hyperbole et sous les droites AM, MH,
Hl$. Il la faut diviser < par > une parallèle aux bases comme Qll, en
sorte (juc le s(>gment RQHB soit au restant AMQR en raison donnée.
Ce problème sera construit par moi bien plus tôt que M. Wallisius
ne donnera la quadrature de l'hyperbole d'Apollonius.
Kn voilà de reste pour ce coup. Ce n'est pas pour faire un démêlé
formel avec M. Wallisius, mais c'est seulement pour me justificM' à
vous, consentant que vous ne lui envoyiez que ce qu'il vous plaira du
contenu en celte lettre. J(^ ne réponds pas aux dernières réponses,
parce (jue ce n'est pas moi qui lui avois fait les objections auxquelles
il répond.
.le suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur,
Ff.«m.\t.
A Toulouse, le - avril i (;'')«.
(') VliiTiî, Ad Adnaiii Romani pvohlcina rcxpoiisnni, Ca|i. V.
I.eydc, lO.jd, p. Jog. — Le mot outem w été ajouté |)ar Fermai.
— Édition Ëlzcvir
XCII. - 15 MAI 1658. 379
XCII.
DIGBY A FERMAT.
MËHCREDI 15 MAI 1G58.
{ A'rt, p. loS-'înn.)
Iii"" Sic. Pauuon r.oV",
Avroi tomulo (rinfastidirc troppo V. S. IlUistrissima cou luiova Ict-
tora, so la sua ultima delli 4 dol corroiitt^ non m'avosso rccata cagionc
(qnantiinquc in soggctto di poco riliovo) di rondcrio qiialchc picciola
sorvitii 0 piii presto ossoquio o conformità alli suoi commandi; avcndo
imparato dal savio clio, comc c'è tempo di parlare, vi lo è ancho del
silenzio; e dallo spiritoso Pot'ta Tosco ('), che
11 silcntio ancor siiole
Havcr pricglii o parole.
Ma Ici avcndomi fatto l'onore d'ordinarmi di mandaric un de' niiei
lil)i'i (lolla Physica in Ingicse (-), non i'iio voluto lasciar andare senza
acoompagnamento di questc poche righe, per ringraziarla délia sua
tanta compiacenza in dire che ha intento di (rascorrerlo, per avvez-
zarsi cosi alla nostra rozza favella; rozza in quant'al suono ed ingrata
air orecchia non avvezza ad essa, ma f'orse, quanto alla copia, pro-
]irielà, ed energia dclT espressioni, ed ail' eleganza e politezza in ogni
altrn génère, che non cède punto aile più eleganti e stiinate, ne délie
volgari, ne délie dotte, che ahhinn mai avuto prattica nel mondo, (!
che nelle poésie cli<^ ahhiamo, non solo va del pari, ma avvanza di
gran lunga li migliori o Toscani, o Latini, o Greci; eccettuando péri)
neir Kroica Omero c Virgilio, i qnali dui, senza contrasto, son t'uori
(') Nous n'avons pu retrouver l'aiilciir de ces beaux vers.
(-) Il s'agit sans doute du |)rcmior des T'iro trenthes cites ci-dessus, page )i'>,
note I. Digby parle plus loin d'une traduction (latine?) de ce Livre, faite à Paris, mais
clic ne parait pas avoir été inipriniéc. t'Uait-rlie entre les mains de Fermai, qui ne savait
pas l'anglais?
380 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
d'ogni comparaziono con tutti do i socoli dopo loro, o perô prudcntc-
mentc feco quel Grammatico ardito Giulio Scaligero (che niaggior opi-
teto non gli posso concodor io, quantunque i pedanti moderni gl'afTig-
gliino il titolo invidioso di divino Critico), chc in vece di far censura
dcir ultimo 0 forse il minore di essi, gl' crosse un altare. Onde vera-
mento aile volte lamento la sorte che ci ha fatti
l'ciiitus toto divisos orbe Britannos ( ' ).
poi che ahbiamo parecchie composizioni poctiche le quali meritareh-
bono la lucc cd il godimento universalc, e per le quali capire, ho
conosciuto quattro pcrsone di spiriti suhlimi ed ingegnosissimi (dui
Francesi, e dui Italiani), che per aver visto dellc grossière interpro-
tazioni in prosa di certi carmi Inglesi, si sono applicali con fervore a
studiare nostra lingua, per bcver alla schietta fonte delle noslro acque,
le ([uali hanno poi confcssato avergli più sedato la loro sete in simile
materia, chc qualsivoglia abondante hume di altra rcgione in terra
ferma. Per conformarmi dunque al voler di V. S. I., ho messo in
niano dcl messaggiero di Tolosa lunedi passato un involto contenendo
il mio detto libro, dcl quale vcramente non ne avcva più copia ap-
presso di me, avendo per cii) scritlo in Inghilterra, dovc è stato ris-
lampato questo trattalo tre o quattro volte in ambedue le Università
di Oxonio e Cantabrigia; e poi che Ici si vuole penare di dar un'
occhiata a questo mio componimento, mi rallcgro molto che cii) sia
nella lingua nella quale io l'ho conceputo, per csser che quantunqu(î
il traduttore sia slato uomo dottissimo, e la sua traduzione cssami-
nata per tutto il ("ollegio dei Dottori Inglesi di questa Cittài, tutti
valenti Teologi i quali la fecero fare per servir allô studio di tutti i
loro seminarii, nientedimeno egli è cosa certa, che ci è gran differenza
tra l'original ed il transcritto, in quanto al vigor deH'cspressione, e
credo che dopo aver vissuto sempre in nostra corte polita, e conver-
sato continuamentc co'l Bacone, il Seldeno c altri maggiori lumi délia
( ' ) VlUGII.ll Eclog. f, V. 67.
XCII. - 15 MAI 1658. 381
nostra Patria, non si stimarcbbc vanità in nie s'io mi attribuissi lo
scriver corrcttameiilc in Ingicsc. E (juando io Ceci il prinno discgno
di questo discorso, godevo di tranquillitii assai |)er spicgar con mag-
gior chiarczza cib chc volova dire, cssendo chc lo f'eci nelio spazio di
quelli quasi dui anni cli'io fui continuamentc su'l marc : durante il
([uale è bon vcro cbe quasi ogni giorno ebbi occasione di prepararmi
a combattere con la mia flotta (cssendo nel mar Mediterraneo circon-
data dalle forze Francesi e Spagnuolc ('), con chi avevamo allora
guerra, e anche dalle Vinoziane), nientcdimeno mi avvanzava tanto
tempo, ch(! se non fosse stato chc per evilar il tcdio (ancorchè il
comando del Rc fu il mio primo motivo), mi accingcvo ogni giorno
con premura a mctter qualche cosa in carta, di modo chc posso con
ragione dire corne quel più dotto e gentil cavagliero di tutta la nazion
Castigliana c prcncipc de' loro Poeli, Garcilasso de la Vcga (-) :
Entre las armas (ici sangrienlo Marie
lliirtè (ici liempo esla brève siima,
Tomando liora la spada, liora la pluma.
Ma poi che Ici si dcgna voler veder de i mcschini parti del mio sté-
rile ingcgno, ho volsuto farle parte ancnra d'un altro trattaticiuolo chc
ho composto intorno ail' infallibilità délia Rcligionc Catolica, per dar
soddislazionc a un' de' maggiori gcnii ch' io abbia mai conosciulo, e
che finalmente l'ha convinto ('). Perdit' lui non si contenlava di con-
siderar Iddio come un Legislatore, che volesse dimostrarc il suo potere
con dar prcmii o penc secondo una volontà imperiosa, senza niolivo
ragioncvole fondato in natura, c pcrb bisognb pcnctrar nella Hlosofia
(') Les croisières de Digl)y dans la Méditerranée avec deux hàlimouts armés en course
remonlaleiit à iC'.S.
(-) Ces vers se trouvent dans l'Kglogue HI. Digby suiiprimc entre le premier et le
second le vers suivant :
Ilo aprii-is li.i) i|uicii su furnr ciinlraslc
{Obra\ de Garcilciso de la Fc^a illiiscradrix cou notas-. En Madrid, Ml)('.(> LWXVIII.
P- 97-98)-
(') " A Discourse conccrning Infalliliility in lleligion, uriltcn by sirKcnelmc Digby
to tlie Lord George Oigby, eldest sonne of tlie Earle of Bristol n. l'uris, i(Oi>, .
in-ivt.
38-2 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
(Iclla Hcligionc, c perché ossa sia necessaria a gl' uomini. In una
parola, hisognb combaUere in lui tnUc lo maggiori forze de' più dotti
Sociniani (la piii terrihil' setta d'Eretici cho sia mai stata), nel che
l'arc ho qui impiegato (ntlo'l vigore dcl mio dcbhoie ingogno in una
strada non calcata d'altri, e tuttc lo |tiu squisitc cspressioni che so
délia lingua nostra, o non ne feci stampare so non 3o copie per dar
ad amici confident!. Gli mando ancora un altrn trattato Ingicse, cho
ha fatlo gran romoro in Inghiitcrra e che niolti vogliono attrihuire a
me, aiicor clie sia soUo il nome de! Signor Bianchi (conosciuto sotto
titoio di Thomas Anglus), por esser che i senlimenti deirAulor e li
miei siano precisamcnte gl'istessi ('). Dimando pordono do'l mio
lanto importunarla, e la riverisco, elc.
\cm.
CLERSELIER A FERMAT ( = ).
MF.ROREni 15 MAI 1G38.
(P., lir, 4:1; Bilil. Xat. fr. .'iaSo, 11. aci|., f- 43-50.)
MoNSIKUli,
1. .le ne veux pas m'arrèter i)oaucoup à vous faire des excuses
d'avoir tant tardé à faire réponse aux deux vôtres, l'une du 3*' et
l'autre du lo*' mars dernier, pource que je me persuade que vous
croirez aisément qu'il m'a fallu des obstacles invincibles pour m'em-
pêcher do satisfaire à temps à des témoignages si obligeans do votre
sulfisanco et de votre civilité. En efTot, une maladie qui m'a détenu
dans le lit presque tout ce temps-là, et qui m'a ôté le moyen de pou-
( ') Tliomas AA'liilc, en dehors de ses ouvrages latins, publiés sous le nom de 'l'honuis
.■Ini^liis. a composé un grand nombre de Traites en anglais. Uigby désignait peut-otrc
celui i|ui parut à Londres en iGV), sous le titre : The Crouinh of Obédience and Cn-
vernmenl .
i -\ Réponse à la Lettre XC liis.
XCllI. - 15 MAI 1058. 383
voir occuper mon esprit à des considérations si relevées, est la véri-
table cause qui m'a empêché de vous témoigner plus tôt ma recon-
noissancc.
Mais tout cela seroit peu, si je pouvois aujourd'hui répondre ii tous
les doutes de votre sceptique, et satisfaire pleinement aux diflicultés
(jue vous proposez dans votre dernière; car, comnic elles ne dépen-
dent point du temps, la réponse n'en seroit de rien moins meilleure et
convaincante, pour n'être pas venue à temps. Néanmoins, pourvu (|ne
ce soit à vous, IMonsieur, que j'aie affaire, et non point ii votre scep-
tique, dont l'humeur seroit trop diflicile à contenter, je me promets
de pouvoir éclaircir la plupart de ses doutes, et de faire voir, si je ne
me trompe, si clairement en quoi il s'est mépris dans ses raisonne-
mens, que, vous prenant vous-même pour l'arbitre de nos did'érens
et pour le juge de nos conclusions, j'espère que vous reconnoîtrez la
subtilité des siennes et la vérité des miennes, c'est-ii-dirc de celles de
M. Descartes.
2. Premièrement, je ne vois point que le raisonnement que fait
M. Descartes, à l'occasion de sa tigure (') de la page 17 de sa Diop-
trique, soit aucunement opposé au sens commun, ni que l'extension
qu'il en fait de la réflexion à la réfraction soit forcée. Car la même
raison qui lui a fait conclure en la page 1 j ({uc la terre CBK ('-) ne
pouvoit empêcher que la détermination de haut en bas, et non point
celle de gauche à droite, pource qu'elle est entièrement opposée à la
première et point du tout à la seconde, la même lui a dû faire con-
clure, dans la figure de la page 17 ou 18, que la détermination de haut
en bas pouvoit bien être changée en quelque façon par la rencontre de
la toile ou de l'eau, mais point du tout celle qui fait tendre la balle
vers la main droite, à cause que l'eau ou la toile est en quelque façon
opposée il l'une et point à l'autre.
Je vous prie de remarquer ici la façon de parler de M. Descartes (car
( ' ) Foir fig. ■)G. paire ifii).
(-) Foir lig. )3, i)agc i-o.
38V ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
c'est de là que dépend en partie la solution de tous les doutes de votre
sceptique) : il ne dit pas simplement que la détermination de haut en
bas peut être cliangée par la rencontre de la toile, mais seulement
qu'elle peut être changée en quelque façon (' ).
(lar en efl'et elle n'est pas tout-;i-fait changée, puisque la halle con-
tinue de descendre, mais elle est changée en quelque façon, en tant
(|ue c'est changer en quelque façon la détermination qu'un mobile
avoit à avancer vers un certain côté, que de fair(^ que dans le même
temps il n'avance pas tant vers ce cùté-lii qu'il faisoit auparavant : ce
^\\^\ change la (juanlifé de sa détermination.
3. De plus, les trois circonstances que remarque votre sceptique,
|)()ur l'empêcher d'admettre celle conséquence, ne la peuvent aucu-
neiiient inJirmer. Car, que la vitesse soit diminuée, que le milieu soit
changé, et que la détermination de haul en bas ne soit pas tout-à-fait
empêchée, mais que la balle continue de descendre, tout cela ne doit
point apporter de changement à la détermination de gauche à droite,
à la(|uellc pas une de ces circonstances ne s'oppose et ne met obstacle,
puisque celte détermination peut demeurer la même quoique la vi-
tesse soit changée, une même détermination pouvant être jointe à dif-
férentes vitesses.
Le milieu ne peut aussi apporter aucun changement à cette déter-
mination, puisqu'il lui est également facile de s'ouvrir et faire pas-
sage d'un côté que d'un autre dans le milieu qu'elle parcourt. Et bien
()ue la balle continue de descendre et qu'elle ne remonte pas comme
en la rétlexion, cette détermination vers la main droite se peut aussi
bien faire et maintenir en descendant qu'en remontant.
.lusques ici votre sceptique auroit, ce me semble, tort de ne vou-
loir pas accorder que la détermination de gauche à droite demeure; la
même en la réfraction, après en être demeuré d'accord sans diiïiculté
en la rétlexion. Et il ne doit point appréhender qu'on le chicane sur
l'explication de ce terme, (;t qu'on l'oblige; à rien avouer qu'on ne
( ' ) î^dir le Icxlo de Dcscurtes. page 3C9.
XCllI. - 15 MAI 1C58. 385
prouve et (|ui ne soit tiré, par une coiiséquoncc légitiiiic, de ce (in'oii
a avancé aiiparavant , M. Dcsoarics ayant troj) soli^nciiscnicnt lait
rcmanjiUT la tliflV'i'oncc qu'il y a entre la détermination et le nioii-
vemeiil, on, comme vons dites, la puissance (|ui ment, pour s'en
onidier.
4. Mais voici le point qui elFarouche votre sceptique, et (jui lui
l'ait perdre ce peu de respect qu'il semhloit encore porter au nom
de M. Doscartes. (l'est à ce coup ([u'il dit n'entendre plus raillerie, et
(jue,s'il a consenti de hnnne foi (jue la détermination vers la droite ne
ehani^'eoit pas, il proteste qu'il n'est point engagé à consentir (|iie la
halle, changeant de milieu, fasse toujours un égal progrès et. coinnu-
il dit un peu auparavant, aille aussi vite vers la droite, après qu'il a été
supposé que la halle au |)oint B perd la moitié île sa vitesse, et que
iM. Descartes a si solenncdiement assuré que la détermination et la
force mouvante sont tout-à-fait difTérentes et distinctes.
Mais ne voyez- vous [)as que ce ({iii empêche votre sceptique de
donner les mains à cela est qu'il ne distingue pas assez lui-même
la détermination d'avec la force mouvante ou la vitesse, et (|u'il les
confontl ensemhie, croyant (|ue la division ou la perte (jue l'une
soull're, à savoir la vitesse, se doive ressentir par l'autre, ii savoir
|)ar la détermination vers la main droite, (|uoi([ue rien ne se soit
op[»osé qui ait pu changer ou diminuer la quantité de la détermina-
lion (|ne la halle avoit ii avancer vers ce coté-là? Car, s'il avoit hien
pris garde ii ce (|ue dit M. Descartes, il n'auroit pas de peine à com-
prendre que, la vitesse étant diminuée de moitié [au point ]J], la
détermination de gauche à droite demeurant toujours la même [en ce
point-là I qu'(dlc a été [auparavant[, il est nécessaire, pour accorder
cette vitesse à cotte détermination, ([ue la halle suive la ligne HF.
Kt (juoi(jue, dans la route qu'elle prend, en des temps égaux, elle
fasse autant de chemin ou (ju'clle avance autant vers la droite qu'elle
faisoit au|)aravaut, et qu'ainsi elle conserve toujours la même déter-
mination ((u"(dle avoit à avancer vers [ce côté] là, il ne s'ensuit |)as
l'KnMi T. — [I. 'i9
380 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
(ju'ollc aille aussi vite qu'elle faisoit auparavant (ce que votre scep-
li(|ue semble avoir toujours appréhendé qu'on lui voulût faire ae-
corder), puisque M. Descartes avoue lui-même qu'il lui faut le double
de temps pour faire autant de chemin qu'auparavant. Mais comme,
dans la route qu'elle est obligée de prendre, elle incline plus qu'elle
ne faisoit vers la droite, elle ne laisse pas d'avancer autant vers ce
côté-là, quoiqu'elle aille deux fois moins vite.
Et c'est à mon avis ce qui fait la beauté et la force tout ensemble du
raisonnement de M. Descartes, de faire voir quelle doit être dans cède
rencontre la route véritabh* que doit prendre la ball(% qui ne peut
être autre que celle qu'il a expliquée en ce lieu-là, pour se rapporter à
la détermination vers la droite ([u'elle doit garder, et à la perte de la
vitesse qu'elle a souH'ertc en \i.
5. Mais ce qui le plus a abusé votre sceptique est un raisonnement
très spécieux à la vérité, et très capable de surprendre les autres et de
faire qu'on y soit surpris soi-même, si l'on n'y prend garde, niais qui
pourtant est faux et contre l'intention de M. Descartes. Ce raisonne-
ment est que, comme M. Descartes sur la figure de la page 17 dit que,
la détermination vers le côté droit étant la même, quoique le mouve-
ment de la balle soit diminué de moitié au point H, en deux fois autant
de temps elle doit avancer deux fois autant vers la droite ('), donc
a pari, dit votre sceptique, posé (|ue la balle soit poussée perpendicu-
lairement depuis H jusques à B et (ju'elle continue son mouvement
vers BG, la détermination de la balle sur la route BG n'étant point
changée au point B et demeurant la même, puisque le mouvement
perpendiculaire se continue dans la même ligne HBG, en deux fois
autant de temps elle doit avancer deux fois autant, et aussi vite au
dessous de B qu'elle avoit fait auparavant au dessus : ce qui est absurde,
puisque l'on suppose que la balle au point B a perdu la moitié de sa
vitesse.
Véritablement, si la conséquence qu'il infère étoit bien tirée de ce
(I) roir le texle do Dcscai'les, |i:igc 372.
XCIII. - 15 MAI IG08. 387
qu'a avancé M. Descartes, je conclurois comme lui ((lie !\I. Descartes
se seroit trompé dans son raisonnement, thi([uel il s'ensuivroi( une
telle absurdité.
Mais aussi M. Descartes dit tout autre chose que ce que votre scep-
tique lui veut faire dire : car, quand il a dit que la détermination
qu'avoit la halle ii avancer vers le coté droit demeuroit la même, et
(]ue par conséquent en ileux Ibis autant de temps elhî dcvoit taire
deux lois autant de chemin vers ce coté- là, il a conclu cela de ce
que, hien qu'on suppose (|ue la halle au point 15 perde la moitié d(^
sa vitesse, néanmoins elle ne |)erd rien dn tout de la quantité de la
détermination qu'elle avoit il s'avancer vers le coté droit, ii la(|uelle
la toile n'est aucunement opposée en ce sens-là. et à laquelle se doit
et se peut accommoder la vitesse qui reste en la halle (car autrement
la halle rejailliroit au lieu de pénétrer la toile), pour faire en sorte
que sans déroger à la perte qu'elle a soufferte et qu'allant moins vite,
elle ne laisse pas d'avancer autant vers le coté droit ((u'elle eût fait si
elle n'eût rien perdu de. sa vitesse.
Mais j)eut-()n dire la même chose de la détermination d'une halle
(|ne l'on suppose tomher perpendiculairement sur la même toile, à sa-
voir que la superficie sur laquelle (die tombe ne lui est aucunement
opposée en ce sens-là, et qu'en perdant la moitié de sa vitesse, elle ne
perd rien du tout de la quantité de la détermination qu'elle avoit à
s'avancer vers le c('ité où elle visoit, et que la vitesse ((ui lui reste se
doit et se [teiit accommoder avec cette détermination, pour la faire
avancer en un temps égal sur la même rout(; autant qu'elle eût fait
si (dl(> n'eût rien perdu de sa vitesse? (lertainement personne ne dira
(|ue ce cas soit semhlahle au premier, et par conséquent la conclusion
n'en peut être pareille.
6. Aussi tout le défaut [du raisonnement] de votre scepti(|ue ne
vient ([ue de ce qu'il n'a pas pris garde que la même superticie CdJE,
en laquelle la halle an point H perd la moitié de sa vitesse, est aussi
en même temps opposée îi la détermination de haut en has, soit (|ir(dle
388 (EUVRES DE FERMAT. - CO IIRESI'ONI) ANCE.
soit perpeiulicuhiirc ou non. En sorte que, quoique la halle continue
•le descendre et même qu'elle descende dans la même ligne quand
elle a été poussée perpendiculairement, on ne sauroit pas dire ([ue
cède (lelerniinalion vers le bas soit la même, mais elle est changée en
quelque façon, ainsi que dit M. Descartes. Car la halle ne descend
plus avec la même ([uantité de détermination, puisque dans un temps
égal elle ne va pas si loin qu'elle étoit déterminée d'aller avant qu'(dle
eût perdu la moitié de sa vitesse, ce qui est un changement en la
détermination qu'elle avoit à avancer v(^rs ce côté-là.
Va si vous y prenez garde, tous les changemens de détermination
qu(! -M. Descartes a dit s'ensuivre eu la halle du changement de sa
vitesse ou de la force qui la pousse ou qui l'arrête en B (selon les dit-
férentes suppositions qu'il l'ait), ont tous été en la détermination de
haut en bas, et non point en celle de gauche à droite, à cause, comme
il dit en la page 17, ligne i3 ('), que des deux parties dont on peut
imaginer qu(^ la détermination de la balle sur la route AB est com-
posée, il n'y a que celle qui faisoit tendre la balle de haut en bas qui
puisse être changée en quelque façon par la rencontre de la toile.
Mais, à plus forte raison, cette toile peut-elle faire changer la déter-
mination perpendiculaire à laquelle elle est entièrement opposée, qui
est simple et qu'on ne peut pas dire être composée de deux, ii l'une
desquelles elle ne soit point du tout opposée, ainsi qu'elle ne l'est
point à celle de gauche à droite, quand la balle est poussée de biais
suivant la ligne AB.
Or, quel changement peut-il arriver en cette détermination de haut
en bas, que celui qu'a expliqué M. Descartes? à savoir que cette balle,
en continuant de descendre, avance tantôt plus et tantôt moins vers le
bas qu'elle ne faisoit, selon le changement, c'est à dire l'augmentation
ou la diminution que sa vitesse a reçue en B, et selon le rapport que
cette vitesse a eu avec la détermination vers le côté droit, qui a dû
toujours demeurer la même, comme j'ai dit plusieurs fois, c'est à dire
I ' ) Foir le texte de Dcscarle.';, page 3G9.
XCIll. - 15 MAI lf)o8. 389
(jiii ;i ilii taire (|ii(' la halle ait toujours autant avancé de ce eoté-lii
(|n'elle avoit fait auparavant.
Et partant, tant s'en faut (|ue l'absurdité (ju'avoit voulu inférer
votre sceptique suive hien de ce (jii'a dit M. Descaries, (|u'au eon-
(rairl' il se trouve que c'est lui-même (jui, au lieu d'un bon argument,
s'est embarrassé dans un sophisme, en supposant que la détermina-
tion de la balle dans une chute perpendiculaire étoit la même, au
même sens que celle de gauche à droite est dite être la même ([uand
la halle tombe obliquement.
7- Que si, après cela, vous j)rencz la peine d'examiner la réponse
que M. Descartes a fait lui-même au rest(! des diiVicullés (jue voire
sceptique lui a autrefois proposées par l'entremise du Révérend Père
Mcrsennc, et auxquelles il satisfit alors par une lettre qu'il adressa ii
M. Mydorge ('), dont je vous ai uagui-re envoyé la copie, vous trou-
verez que ce (|u'il dit est véritable, à savoir que votre scepti(|ue s'esl
trompé, pour avoir parlé de la composition du mouvement en deux
divers sens, et inféré de l'un ce qu'il avoit seulement prouvé de
l'autre.
Je ne répète point ici ce qu'il en a dit; car, outre qu'il scroit inu-
tile, comme j'en étois là, un de mes amis, appelé M. Rohault, savani
mathématicien et des mieux versés (jue je connoisse en la philosophie
de M. Descartes, m'est venu apporter une réponse qu'il a faite à votre
lettre au Père Mcrsennc (-), pensant (jue M. Descartes n'y avoit [loinl
répondu (car je ne lui avois point montré cette lettre à M. Mydorge),
et que vous n'eussiez reçu d»; lui aucune réponse, voyant (|ue dans la
lettn^ ([ue vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, laquelle je lui avois
fait voir, vous continuez vos premières dilficultés, et que dans c(dle ii
M. de la (chambre vous dites avoir autrefois contesté à M. Descartes sa
démonstration touchant la réfraction, à lui, dites vous, và'enli a/t/i/r
sen/ienli, mais qu'il ne vous satisfit jamais (■').
(') f^oir la nolo de la page i?').
(2) Lettre XXIV. — Cette réponse de RoIkuiIi est \,i Pièce XCIV ci-aprc.-.
(' ) P'oir ci-dessus page jo-jjG.
390 (EUVKES DU FERMAT.- (:01{ l'.ESPONDANCR.
Et pourcc qu'il ontcnd boaucoiip mioiix quo moi toutes cos ma-
tiiïrps, et qu'il a répondu article par article à tous ceux de votre dite
lettre, je m'abstiendrai de vous ennuyer davantage par mon discours,
afin de vous laisser plus de temps pour examiner la réponse (|u'il a
l'aile à votre lettre. S'il me l'eût apportée plus lot, il nous auroit tous
deux soulagés : moi, d'écrire d'un sujet qui passe mes forces, et vous,
de lire une si mauvaise lettre. Mais, comme c'en étoit déjà fait, je n'ai
pas voulu perdn^ ma peine et j'ai pensé qu'il valoit mieux vous fati-
guer de cette lecture, et vous donner par même moyen des preuves
du soin où je m'étois mis de m'acquitter de ce (|ue je vous devois,
(|ue de vous laisser venir la pensée (|ue je m'en serois |»eul-éth'
oublié, et que j'aurois été bien aise qu'un antre m'en eut déchargé.
Au reste. Monsieur, je vous prie d'excuser ce (jui |)eut m'élre
écliap|)é de libre en rép(jndanl ii voire sceptique, .l'aurois agi ave(;
loiit aulre respect si mon discours se fût adressé à vous; mais, bien
loin de craindre (|ue pour c(da vous me refusiez justice, je [irends
tnérne l'assurance de vous demander (|U(dque grâce. H y a des ren-
ccuitres où un peu de faveur n'olfense point l'équilé et, si dans
celle-ci vous vous mettez de mon parti, je puis vous assurer (|u'en
toute aulre je serai entièrement ii vous, et (|ue vous pourrez (aire
élal d'avoir toujours j)rèt en moi. Monsieur,
Vn Iri's humble el Iri-s obéissant serviteur,
C.i.r.usF.MFj; .
l'yiis. co l 'i iiini il)"iS.
\C1V. - lo MAI 1058. :W1
\CIV.
REFLEXIONS OU PROJET DE RÉPONSE A LA LETTRE
DE M. DE FERMAT
QUI CONTlliNT SES OBJECTIONS SUK L\ DIOl'TUIQUE DE M. DESCARTES.
PAR M. ROIIAULT.
15 Mil 1658.
(D.. III. 4(i; r.il.l. u:it. fr. HÎSO, 11. an]., f- 5i-5r..)
Je ne sais si le Pi-re IMersenne, à qui cette lettre (') étoit a(.lrcssé<',
l'a eomnuiniquéc à ÎM. Deseartes, ou si, l'ayant reeiie, ses occupalions
l'ont empêché d'y faire réponse. Toutefois il paroit n'y avoir |)oint
réponilu, parce que M. de Fermât, qui l'avoit écrite il y a environ
vingt ans, répète encore à peu près les mêmes dilficultés dans une
lettre qu'il a écrite depuis peu à un de mes amis de cette ville (■'). Je
m'en vais essayer de suppléer quelques réponses tirées de l'intention
de .M. Descartes, et pour le faire plus commodément, je ne me propo-
serai aucun ordre que celui qui est dans les articles ou sections de la
lettre que j'examinerai séparément.
AuT. 1". — Le premier article ne contient qu'un compliment dont
l'humeur civile de iM. de Fermât honoroit M. Descartes, et dont sa
mémoire lui est encore red(>vable.
Ain. 2'. Je /ranc/ic, etc. — Quoique AL Descaries accommode son
incdium à sa conclusion, et qu'il divise son mouvement en certaines
déterminations plutôt qu'en d'autres, on ne le doit non plus trouver
étrange que si un géomètre se sert d'une construction plutôt (jue
d'une autre pour l'exécution d'un problème; et l'on ne conteste
jamais la voie qu'il choisit, pourvu qu'il vienne à bout de ce (ju'il
entreprend.
(') La Leltre XXIV ci-avanl : les articles dislingiiés par Roliaiill soiil i(lenliqiio.s avec
ceux du iuimérulat;e de noire cdiLion.
(2) La Lettre XC lus à Clerselier.
392 (EUVHKS DE FEUMAT. - COURESPON 1) ANGE.
Au rosto, M. Dt'scartos a dii divisor son mouvL'meiit on uno dctor-
niination perpendiculaire à la surface devers laquelle il étoil mu et
en une délerniinatinn parallèle à la même surface, parce que, eetl
dernière ne rencontrant aucune opposition, il étoit assuré (]u'elle
dcvoit demeurer la même; ce qui lui étoit un moyen de conclure une
vérité plus aisément qu'il n'eût pu faire en suivant une autre méthode.
Ar.T. 3'. Je rcco/inois, etc. — IM. de Fermât semble favorisera. Des-
eartes, en avouant qu'il est de son sentiment touchant la diirérencc
qu'il établit entre le mouvement et la détermination, et tâchant même
de le prouver. (Cependant il semble aussi qu'il y ait de l'adresse,
pource qu'il impute à M. Descartes une opinion ([u'il désavoueroit,
à dessein, comme on pourroit croire, de s'en servir dans la suite.
(]'est dans le second exemple, où il assure ([u'une balle, poussée du
point H au point \i perpendiculairement sur la surface CBE, ne perd
pas de sa détermination, à cause, dit-il. ([n'en pénétrant l'eau ou la
toile, elle continue à se mouvoir dans la même lii^ne droite.
.Mais il doit considérer (|ne la détermination d'un mobile doit être
réputée changer, non seulement quand il quitte la ligne dans laquelle
il se mouvoit auparavant, ou quand il se meut à contre-sens dans la
um'-uic ligne, mais encore en se mouvant du même sens dans la mém(^
ligne droite, pourvu que ce soit [plus ou] moins loin qu'il n'étoit dé-
terminé d'aller en ce sens-là. El c'est en cette troisième façon que la
quantité de la détermination de la balle est devenue moindre, autant
(|ue le mouvement : aussi la surface CAiK étoil autant op|)osée à la
première que la liaison des parties l'étoit à l'autre : c'est pourquoi il
faut réputer comme nul cet exemple qui n'étoit (|ue ])our prouver une
vérité (jue les deux parties ne contestent point.
.le ne daignerois d'observer que M. de Fermât appelle force ou puis-
sance mouvante ce que M. Descartes appelle le mouven)cnt, parce qu'il
ne paroît pas dans la suite de la lettre que cette différence soit d'au-
cune conséquence.
ApiT. 4''. Je reviens maintenant, etc. — (]el article ne contient (|ne
(juelques paroles de M. Descartes.
XCIV. - 15 MAI 1C58. 393
Art. 5'. Je remarque d'abord, etc. — Le manque de mémoire qui est
ici imputé à M. Descartes, est fondé sur la croyance que M. de Fermât
a, que la détermination de haut en bas [de l'exemple] de la page 17 de
la Dioptriquc n'est point changée, qui est une erreur semblable à celle
qui a été désavouée dans la remarque sur l'article 3^ Et il ne sert de
rien, pour prouver sa pensée, de dire que la détermination dans la
ligne BI est composée en partie de celle qui fait aller le mobile do
haut eu bas, comme [étoit] celle qui le faisoit auparavant mouvoir
vers le même côté dans la ligne A15. 11 y a [en cela] de l'équivoque,
et encore qu'on remarque toujours une détermination de haut en bas.
la seconde est autre que la première, de même que dix écus sont une
autre quantité d'écus que quinze écus, encore que ce soit toujours d(>s
écus.
Akt. 6"'. Mais donnons que, etc. — Après que M. de Fermât accorde,
comme par forme de passe-droit, une chose qui est de devoir, il s'ef-
force de prouver que M. Descartes ne s'est pas aperçu que la délermi-
nation de gauche à droite étoit aussi changée; ce qui véritablement
infirmerait sa démonstration. La raison, dit-il, est qu'on ne sauroit
dire que la détermination de haut en bas soit changée, sinon parce
<|ue, depuis que le mobile se meut dans la ligne 151, sa quantité n'a
plus la même raison avec celle de gauche à droite, qu'elle avoit quand
il étoit porté dans la ligne AB.
Je ne sais si M. de Fermât parle ici tout de bon, d'autant qu'il rai-
sonne comme une personne qui, après avoir porté quinze écus dans
l'une de ses pochettes et trente dans l'autre, et en ayant perdu, par
je ne sais quel accident, quelques-uns des quinze, reconuoilroit cette
perte par cela seulement que ce qui lui reste des quinze n'est plus la
moitié de la somme qu'il a de l'autre coté, après quoi il vient à croire,
pour se consoler, que celte dernière est augmentée, parce qu'elle fail,
en récompense, plus du double de celle d'où il trouvoit d'abord à
redire.
M. Descartes raisonne d'une autre façon, sans pourlanl le faire
autrement (|u'un jeune homme <jui n'auroit pas appris le cinquième
TtliMAT. — M. 5o
3% ŒUVRES DE FEUMAT. — CORRESPONDANCE.
l/ivre des Eléments d'EucIidc. Car, comme celui-ci jugeroit qu'il
auroit perdu quelques-uns des quinze écus, en comparant ce qui lui
resteroit avec ce qu'il avoit auparavant dans la même pochette, et ne
se soucieroit pas de les comparer avec les trente de l'autre, de même
M. Descartes juge du changement arrivé en la détermination de haut
en has, parce que sa quantité n'est plus la même, depuis que le mobile
est au dessous de la surface CBE, qu'elle étoit quand il étoit au dessus.
Et il a raison d'assurer que la détermination de gauche à droite n'est
pas changée, parce que sa quantité est la même, le mobile étant dans
la ligne BI, qu'elle étoit quand il étoit porté en AB.
AuT. ^^ Mais donnons encore, etc. — Outre que M. de Fermât
accorde encore ici gratuitement une chose qu'il auroit tort de con-
(estcr, comme il se voit dans la remarque précédente, cet article ne
contient que quelques paroles de M. Descartes.
Art. 8^ Voyez comme il retombe, etc. — ]M. Descartes est ici accusé
de retomber pour la seconde fois dans une même faute, manque de se
ressouvenir qu'il y a dilTérence entre la détermination et le mouve-
ment. Mais cette accusation n'est fondée que sur ce que M. de Fermât
prend un peu rigoureusement les paroles de M. Descartes : car, quand
il dit ces mots : elle doit faire deux fois autant de chemin vers le même
côté, cela ne signifie pas que la balle se meuve dans une ligne deux
fois plus grande qu'auparavant, mais que, quelle que soit cette ligne,
elle doit tellement être inclinée vers la droite que la balle avance de
ce côté-là deux fois plus qu'elle n'avoit fait. C'est le sens qu'il falloit
donner aux paroles de M. Descartes, au lieu de l'autre, par lequel on
prétend qu'il confond deux choses diverses; et son intention étoit
assez évidente parce que pendant qu'il dit que la quantité de la dé-
termination devient double dans le même temps, il suppose que le
mouvement n'est que simple, c'est ii dire que le mobile parcourt une
ligne égale ii celle qu'il avoit parcourue auparavant.
Ce qui suit de cet article, et l'absurdité que M. de Fermât y conclut,
n'est pas au désavantage de M. Descartes, qui nieroit que la détermi-
nation de haut en bas demeure la même, suivant ce qui a é(é dit dans
XCIV. - lo MAI IG08. 395
la remarque sur le 3"^ article, et ainsi tout cet appareil de raisonnement
s'en va en fumée.
Ai'.T. 9. 10, 11, 12. — Je passe pour vrai tout ce que contiennent ces
articles; mais je crains qu'ils ne fassent point du tout au sujet.
Anr. 13''. Cela ainsi suppose, etc. — M. de Fermât estime que, dans
la pai,'e 110 de la Dioptrique, la supposition de M. Descartes est que
l'accroissement d'un fiers de mouvement qui arrive à la balle soit sim-
plement de liant en bas ou selon la ligne BG, au lieu que c'est le
mesurer dans la ligne qu'elle a à décrire ou parcourir actuellement.
Kt cela est assez aisé à entendre, parce que, si cela étoit, M. Descartes
n'auroit pas supposé, comme il a fait, la force du mouvement de la
balle être augmentée d'un tiers, mais il auroit supposé la détermina-
tion de liant en bas être augmentée d'un tiers, et n'auroit rien supposé
du mouvement. Il ne faut donc pas dire qu'à son sens, la balle qui se
ment en Bl s'y meuve d'un mouvement composé de celui qu'elle avoit
vers BD et d'un autre vers BG dont on veuille qu'il suppose la quan-
tité être du tiers plus de ce qui étoit en AB, mais bien que le mou-
vement actuel de la balle soit d'un tiers plus vile qu'auparavant,
laissant au raisonnement à définir quel changement doit suivre de là
en la détermination de haut en bas.
Art. 14". Imaginons ensuite, etc. — Ce que M. de Fermât conclut
dans cet article est vrai dans sa supposition, laquelle, comme je viens
de remarquer, étant diirérenle de celle de M. Descaries, il ne faut pas
s'étonner s'ils établissent tous deux des proportions différentes des-
(|uelles par conséquent l'une ne sauroit détruire l'autre.
AuT. IS". D'ailleurs la principale raison, etc. — Il est vrai que
iM. Descartes entend que le mouvement d'un mobile accroît toujours
d'une pareille quantité en pénétrant un même milieu, quoiqu'il tombe
sur la surface avec des inclinaisons dilTérentes. Et cela est bien rai-
sonnable, puisque la facilité de se mouvoir dépend de la nature du
corps que l'on suppose tel qu'il se peut ouvrir pour faire passage
aussi facilement vers un coté que vers un autre, cl que de l'inclinaison
(lu rayon d'incidence dépend seulement la détermination à la quantité
30G ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
(le laquelle les diverses chutes pourront apporter do la variété selon le
rapport qu'auront entre elles la détermination et la vitesse. Ce que
M. de Fermât ajoute ensuite et qu'il dit avoir démontré être faux n'est
vrai que dans la supposition qu'il croyoit être celle de M. Descartes,
mais qui pourtant, comme j'ai montré, en est fort différente.
Art. 16". Ce n'es! pas que, etc. — M. de Fermât avoue qu'il n'est
])as certain s'il faut suivre sa proportion plutôt que celle qu'il tâche
de combattre. Mais je ne fais pas difficulté d'avouer qu'il faudroit
retenir la sienne, si l'accélération ou le ralentissement du mouvement
dépendoit de la seule surface commune aux deux corps dans lesquels
le mobile se meut : mais parce que cette surface ne saurolt que dé-
tourner le mouvement et que c'est le second corps qui le facilite ou
(|ui l'empêche, on doit retenir celle de M. Descartes.
Nous saurons, quand il plaira à M. de Fermât, les pensées qu'il a
touchant la réfraction; mais je puis déjà dire par avance que ce que
vous m'en avez fait voir d'ébauché dans sa lettre à M. de la Chambre
m'a paru fort ingénieux et digne de lui ( ' ).
Si vous lui faites voir ceci, je vous prie de lui taire mon nom, ou, si
vous trouvez à propos de le lui déclarer, je vous prie aussi qu'il sache
que ce n'est pas d'aujourd'hui que le bruit de son nom est venu
jusquesàmoi; que j'honore beaucoup son mérite, et que je tiendrai
à honneur s'il me daigne faire la grâce de me mettre au rang de ses
très humbles serviteurs.
(I) Lettre I.XXXVI.
XCV. - -2 JUIN 1638. 397
\C\.
FKR.MAT A CLKRSELIER (').
DIMANCHE 2 jL'ix KiaS.
(D., III, '17; lîib. nat. fr. 3380, n. acf[., f" 57-Gi.)
■MoNSiEun,
1- .le suis si passionné pour la gloire de 31. Descartes que vous ne
pouvez m'ohliger plus sensiblement qu'en combattant les opinions du
scc[)tique qui s'oppose à ses sentiments. Mais prenez garde, Monsieur,
i[u'il importe de conduire votre travail jusquesau bout, et de renverser
l'iilii'rcrnent sur leurs auteurs tout ce que vous appelez ou paralo-
gismes ou sophismes. Il ne sulTit pas de dire que le sens de !\F. Des-
cartes a été mal pris par ceux qui le reprennent; il faut prouver que
l'explication que vous lui donnez va tout droit et sans détour à sa
conclusion, et qu'entin sa preuve est démonstrative.
2. Nous avions cru que la balle qui conserve sa direction et sa route
ne perd point sa détermination, et nous l'avions avec (|uelque raison
inféré de la différence que M. Descartes établit entre le mouvement et
la détermination. Mais, sans nous empresser davantage à prouver la
conséquence que nous tirions de son raisonnement, nous nous tenons
pour sullisammcnt avertis de sa pensée et de la vôtre, qui veut « que la
détermination d'un mobile soit réputée changer, non seulement quand
il quitte la ligne dans laquelle il se mouvoit auparavant, ou quand il se
meut à contre-sens dans la même ligne, mais encore en se mouvant du
même sens dans la même ligne droite, pourvu que ce soit moins loin
(ju'il n'étoit déterminé d'aller en ce sens-là.
VA c'est en cette troisième façon », dites-vous (-), « que la quantité
de la détermination de la balle est devenue moindre autant que le
(') Réponse aux Lettres XCIII et XCIV.
C-} Lettre XCIV, 3.
398 (E U V R E S D E F E R M AT. - C 0 R R E S P 0 N 1) A N C E.
mouvement », lorsqu'elle se meut sur la ligne HBG de la page 17 de
la Dioptrique ('). Mais prenez garde que ce ne soit tomber dans la
pétition du principe.
Vous entendez donc, dans la page 17, que la toile n'étant aiicu/if-
mev// opposée à la détermination de gauche ii droite, ces paroles veulent
dire que cette détermination avance autant vers la droite qu'elle faisoit
auparavant. C'est ce que je nie et qu'il faut prouver : car, bien que la
toile n'empêche point que la balle n'avance toujours vers la droite,
elle ne laisse pas d'avancer vers la droite, soit que ce progrès soit
plus lent, soit qu'il soit plus vite qu'auparavant. Or, de cela seul que
la toile n'empêche pas le progrès vers la droite, vous en inférez que ce
progrès doit être justement le même, c'est à dire ni plus ni moins vite
(ju'auparavant. C'est donc aÎTïjtxa aîTf,[Aa':o?, et il faut de deux choses
l'une : ou que le incdium soit le même que la conclusion, ou que la
conclusion en soit mal tirée.
Peut-être direz-vous que le mot aucunement fait tout le mystère, et
qu'en disant que la toile ne lui est aucunemenl opposée en ce sens-lii,
tout le reste s'en déduit aisément. Mais il eu faut toujours revenir là :
si par le mot aucunemenl vous entendez que la toile n'empêche pas
que la balle ne continue sa marche vers la droite et que son progrès
ne se fasse également et en temps égal, je le nie et c'est ce ([u'il faut
prouver; si vous entendez que la toile ne lui est aucunement opposée,
c'est à dire qu'elle n'empêche pas que la balle ne continue d'avancer
vers la droite, sans assurer encore si sou progrès doit se faire en temps
égal, vous ne trouverez jamais votre compte dans la conclusion.
D'où il suit clairement que M. Descartes a voulu donner des paroles
pour des choses, et qu'en traitant deux propositions différentes sur le
sujet de la réflexion et de la réfraction, il a voulu accommoder son
raisonnement à la première qu'il savoit et à la seconde qu'il a peut-
être trop légèrement crue.
3. Ce n'est pas, comme je vous a i déjà souvent protesté, que sa pro-
( ' ) Voir fig. fid, page 1 1 8 ou 399.
XCV. - 2 JUIN 1658.
399
poilioii (les réfractions no puisse êlre viaic; mais j"ai du moins à vous
(lin- que je ne la liens du tout poinL [)r()uvée. et qu'en tout cas vous
avez trop de complaisance en faisant semblant d'approuver ma pensée
sur ce même sujet ('), puisque, si ce que j'ai écrit là dessus à i\r. de la
(Chambre est véritable, ce que M. Descartes croit avoir démontré est
nécessairement faux, ces deux opinions étant tout ii fait contradic-
toires et incompatibles.
]Mais supposons, si faire se peut, que la proposition de M. Descaries
soit véritable. Il faut du moins pourvoira ce que rien n(^ se démenfe
dans les suites, et c'est aux amis du défunt ii prévoir tous les cas qui
pourroienl faire peine à la vérité supposée de cette proposition. Kn
voici un, par exemple, ([u'il vous faudra tâcher de résoudre.
Supposez, dans la page 17, que la balle rencontre, au lieu de la
Fi''. 50.
toile ou de l'eau, un corps dur et impénétrable, et que, lorsque la
balle arrive au point B, elle ne laisse pas de perdre la moitié de sa
vitesse. Car cette supposition est possible cl, quoique le corps CHKne
contribue rien à la diminution de ladite vitesse (comme il fait en
l'exemple de M. Descarte^, lorsque c'est de la toile ou de l'eau), néan-
moins nous pouvons imaginer et supposer que, lorsque la balle arriviï
au point B, elle j)erd justement la moitié de sa vitesse, sans nous
mettre en peine d'où provient cette diminution, puisque le même
M. Descartes, en la page 20, suppose ou imagine au point B un(^
( ' ) Lettre XCIV, 16.
400 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
nouvelle puissance qui augmente le mouvement ou la vitesse de la
halle : de sorte que je ne crois pas que les amis de M. Descartes soient
assez injustes pour nier que cette supposition puisse être non seule-
ment imaginée, mais réduite en acte.
Cela supposé, il ne faut que transporter le raisonnement de M. Des-
cartes au dessus du plan, et on pourra dire avec lui que, pour savoir
le chemin que la halle doit prendre, il faut considérer que son mouve-
ment diffère entièrement de sa détermination à se mouvoir plutôt vers
un côté que vers un autre : d'où il suit que leur quantité doit être
examinée séparément.
Considérons aussi que, des deux parties dont on peut imaginer que
cette détermination est composée, il n'y a que celle qui faisoit tendre
la halle de haut en bas qui puisse être changée par la rencontre du
])lan CBE, et que, pour celle qui la faisoit tendre vers la main droite,
elle doit toujours demeurer la même qu'elle a été, à cause que ce plan
ne lui est aucunement opposé en ce sens-là.
Puis, ayant décrit du centre B le cercle AFD et tiré à angles droits
sur CBlî les trois lignes droites AC, IIB, FE, en telle sorte qu'il y ait
deux fois autant de distance entre FE et HB qu'entre HB et AC, nous
verrons que cette halle doit tendre vers le point du cercle où la
ligne FE coupe le cercle au dessus du plan; ce point peut être désigné
|)ar la lettre 0.
Car, puisque la halle perd la moitié de sa vitesse en rencontrant le
plan au point!} et qu'elle ne peut point le traverser par la supposition,
elle doit employer deux fois autant de temps à passer au dessus de-
puis B jusques à quelque point de la circonférence du cercle AFD,
(ju'elle a fait à venir depuis A jusques à B. Et, puisqu'elle ne perd
rien du tout de la détermination qu'elle avoit à s'avancer vers le côté
droit, en deux fois autant de temps qu'elle en a mis à passer depuis la
ligne AC jusques à HB, elle doit faire deux fois autant de chemin vers
ce même côté, et par conséquent arriver à quelque point de la ligne
droite FE au même instant qu'elle arrive aussi à quelque point de la
circonférence du cercle AFD. Ce qui seroit impossible si elle n'alloil
XCV. - -2 JUIN 1C58. 401
vers 0, d'autant que c'est le seul point au dessus du plan CBE oii le
cercle AFD et la ligne droite FE s'entrecoupent.
Si ce raisonnement, qui est justement le même que celui de M. Des-
cartes, on le transportant seulement, ne conclut pas, pourquoi, de
grâce, celui de M. Descartes conclura-t-il? Ce qui est démonstration
au dessous deviendra-t-il paralogisme au dessus? Je ne crois pas que
vous soyez do ce sentiment et que vous vouliez donner tout au seul
nom et à l'inspiration, s'il faut ainsi dire, de M. Descartes.
4. Cela étant, passons à la figure de la page 19, et supposons de même
que le plan CB est un corps dur et impénétrable, et que la balle, arri-
vant au point B, diminue de sa vitesse en telle sorte que la ligne FE,
étant tirée comme on l'exemple précédent, ne coupe point le cercle AD.
Otle balle, par la supposition, ne peut point pénétrer au dessous
du plan. Elle no peut non plus se réfléchir à angles égaux, car sa dé-
termination vers la droite ne seroit point la même. Enfin, quelque
angle que vous proniez pour sa réflexion au dessus du plan, son pro-
grès vers la droite sera toujours moindre (ju'auparavant. Voire même
quand vous la feriez rouler sur le diamètre GB en ligne droite, sa dé-
termination vers la droite changeroit encore, comme il se voit ii l'œil
et comme il se déduit clairement de la supposition : car il faudroit
qu'au même temps que la balle arrive à quelque point de la circon-
férence, elle arrivât ii quelque point de la droite FE, ce qui est impos-
sible.
Que deviendra donc cette balle? C'est à vous, Monsieur, et aux amis
Fermât. — 11. 31
4.02 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
de RI. Descartes, à lui fournir un passeport et à lui marquer sa route
en la faisant sortir de ce point fatal. J'en dirois davantage si je n'ap-
préhendois de passer dans votre esprit pour un homme qui auroit
envie de
Barbara vellero morUio Iconi (').
J'attends, Monsieur, votre réplique ou celle de M. Rohault, que j'es-
time comme je dois; et je vous assure à l'avance que je ne cherche
que la vérité sans chicane, et que je suis de tout mon cœur, Monsieur,
votre très humhle et très aiïectionné serviteur,
Ff.kmat.
XCVl.
FERMAT A KENELM DIGBY ( = ).
{Coiiim. ep., 11° XLVII.)
1. Illustrissimos Viros Vicecomitem Brouncker et Johannem Waili-
sium quaestionum numericarum a me propositarum solutioncs tandem
dédisse légitimas libens agnosco, imo et gaudeo. Noluerunt Viri Cla-
rissimi vel unico momento impares sese aut -i^TTovaç qua'slionibus
proposilis confiteri; mailem ipsos et quœstiones ipsas dignas iabori-
bus Anglicis statim agnovisse et, postquam adepti ipsarum solutiones
fuissent, triumphum eo illustriorem egissc quo certamen magis arduum
apparuisset. Contrarium ipsis visum est; id sane gloriœ illustrissima."
et ingeniosissima» nalionis condonandum. Vcrùm, ut deinceps ingénue
utrimque agamus, fatcntur Galli propositis quœslionibus salisfecisse
Anglos; sed fatcantur vicissim Angli qua'stiones ipsas dignas fuisse
quœ ipsis proponerentur, nec dedignentur in posterum numerorum
(') Martial, livre X, cpigr. go.
(-) Envoyée par Digby à Wallis, le 19 juin iG58.
XCVI. - JUIN 1658. Wi
integrorum iiaturam accuratius examinarc et introspiccre, imo et doc-
trinam istam, quà pollent ingenii vi et subtilitate, propagaro.
2. Quod ut ab illis libentius impetremus, Diophanlum ipsuin <>l
celebcrrimum illius interpretem Baclietum ad auctoritatcm rci pro-
ponimus.
Supponit Diophantus in picrisquc Libri IV cl V quœstionibus nunie-
riini omnem integrum. vel esse quadratum vel ex duohiis aiit tribus aiH
quatuor quadratis compositum. Id sibi Bachetus, in commcntariis ad
qasestioncm xxxi Libri IV, perfccta dcmonslratione assequi nonduni
licuisse fatetur. Id Renatus ipsc Descartes incognitum sibi ingénue
drclarat in epistola quadam, quam propedicm edendam acccpimus,
imo et viam, quahucpcrveniatur, dilRcillimam et abstrusissimam esse
non difîitetur ('). Car igitur de propositionis illius dignitate dubite-
nius, non video. Ejus tamen pcrfectam demonstrationem a me inven-
tam moneo Viros Clarissimos.
Possem et plerasquc adjungerc propositioncs non solum celebcrri-
mas, sed et firmissimis demonstrationibus probalas; exempli causa :
Omnis numerus primus qui unitate superat (juatcrnarii multipli-
ccm, est compositus ex duobus quadratis. Hujusmodi sunt 5, i3, 17,
29, 37, 41. etc.
Omnis numerus primus qui unitate superat Icrnarii multiplicem, est
compositus ex quadrato et triplo alterius quadrati. Taies sunt 7, i3,
19, 3i, 37, 43, etc.
Omnis numerus primus qui vel unitate vel tcrnario superat octo-
narii multiplicem, componitur ex quadrato et duplo alterius quadrali.
Taies sunt 3, 1 1, 17, 19, 4i. 4^. ^'l*^-
Sed et praicedentcm Baclieti propositionem generaiitcr olim Domino
( 1 ) Leurcs de M'' Descartes, éd. Clcrselicr, III, 66, p. 365 : « Mais pour ceThcorcmc, qui
est sans doulo l'un des plus beaux qu'on |)uissc trouver touclianl les nombres, je n'en
sçav point la démonstration, et je la juf;c si difficile (luo je n'ose cnlrcprcndrc de la clicr-
clier. » (Lettre à Merscnne, du ■.',; juillet i038.) Descartes parle du tlicorème général
énoncé dans la Lettre do Format pour Sainte-Croix (ci-dessus XII, 3) et rappelé ci-
après.
kOk ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
de Sainle-Croix proposuimus ('), cjusquo demonstrationcm non igno-
ramus.
Omnis numerus intcger : vel est triangulus vel ex duobus aiit tribus
triangulis compositus; est quadratiis vel ex duobus, tribus aut (|iia-
tuor quadratis compositus; est pentagonus vel ex duobus, tribus, (|ua-
luor aut quinque pentagonis compositus; esthexagonusvelex duobus,
tribus, quatuor, quinque vcl sex hexagonis compositus; et sic uni-
formi in infinitum enuntiatione.
3. Haîc omnia et alia infinita quœ ad numéros intcgros spectant,
quseque a nobis et inventa et generaliter dcmonstrata sunt, possemus
et proponere Viris Clarissimis et, proponendo, negotium saltem ali-
quod ipsis facessere. Sed ingenuitatem gallicam sapienl magis propo-
sitiones aliquot quarum demonstrationcm a nobis ignorari non diUi-
temur, licet de earum vcritate nobis constet.
Meminimus Arcbimedem non dedignatum propositionibus Cononis,
veris quidem, sed tamcn indemonstratis, ultimam manum imponere,
earumque veritatem demonstrationibus illis subtilissimis contirmare.
Cur igitur simile auxilium a Viris Clarissimis non exspectem, Conon
sciiicet Galiicus ab Archimedibus Anglis?
t" Potestates omnes numeri 2, quarum exponentes sunt termini
progressionis geometricse ejusdem numeri 2, unitate auctae, sunt nu-
meri primi (-).
Exponatur progressio geomctrica 2, cum suis exponentibus :
1. 2. 3. 4- 5. 6. 7. 8.
2. 4. 8. 16. 32. 64. 128. 2.56.
Primus terminus 2, auctus unitate, facit 3, qui est numerus pri-
mus.
Sccundus terminus 4, auctus unitate, facit j, qui est pariter nume-
rus primus.
(') roir Lenrc XII, 3.
(2) A-o/r Lettre XLIll, 3.
XCVI. - JUIN 1658. 405
Quartus terminus iG, auctus unitato, facit 17, numerum primiim.
Octavus terminus 256, auctus unitate, facit 257, numerum primnni.
Sume gencralitcr omnes potestates 2, quarum cxponentcs sunt nii-
meri progrcssionis, idem accidet. Nam, si sumas deinde decimum sox-
tuni terminum, qui est 65536, ilh; auctus faciet 65537, numerum
primum. Hoc pacto, potest dari et assignari nulio negotio numerus
primus dato quocumquc numéro major.
Quivritur demonstralio illius propositionis, pulchrœ sane, sed et
verissimie, cujus ope, ut jam diximus, problema alias diiïiciilimum
soivi statini potest : Dalo quovis numéro, invenire numerum primum dalo
numéro majorem. Hujus clavis beneficio reserabunt Portasse Viri (]la-
rissimi mysterium omne de numeris primis, hoc est : Dato numéro
t/uons, imenire via brevissima et facillima an sit primus vel composilus.
■2" Deinde : Duplum cujuslibet numeri primi unitate minoris <[uam
multiplex octonarii, componitur ex tribus quadratis.
Esto quilibct numerus primus, unitate minor quam octonarii multi-
plex ut sunt 7, 23, 3i, 47f etc.; eorum duplex est i/(, 46, 62, 94 : com-
ponitur ex tribus quadratis.
Propositioncm illam veram asserimus, sed Cononis modo, nondum
aut asserentc aut demonstrantc Archimede.
3° Si duo numeri primi, desinentes aut in 3 aut in 7, et quatcrnarii
multiplicem ternario superantes, inter se ducantur, productum com-
ponitur ex quadrato et quintuplo alterius quadrati.
Taies sunt numeri 3, 7, 23, 43, 47. (^7. ctc- Sume duos ex illis.
exempli gratia, 7 et 23; quod sub iis fit, 161, componctur ex quadrato
et quintuplo alterius quadrati. Nam 81, quadratus, et quintuplum 16
a>(|uantur 161.
Id verum asserimus generalitcr et demonstrationem tantum exspec-
tamus. Singulorum autem ex ipsis quadrati componuntur ex quadrato
et quintuplo alterius quadrati : quod et demonstrandum proponitur.
4. Sed ne demonstrationibus nimium fortassc dccsse videamur, se-
quentem propositioncm et asserimus et possumusdcmonstrare.
WG ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Nullus numcrus triangulus, practer unitatem, a^quatur numéro qua-
(Iratoquadrato.
Sint trianguli, ut norint omnes,
10.
21. 28. 36. /i5-
clc.
Nullus omnino, fiicta in infinitum progressione, praîter solam uni-
tatem, erit quailratoquadratus.
5. Ne autem ad numéros integros déficiente Geometria videamur con-
fugisse, en aliquot propositiones geometricas, qua' Angliam invisere
non crubcscent. Priores duas ex restituta a nobis Porismatum Eucli-
deorum Geometria excerpsimus.
p]sto semicirculus ANB {fig. 90) super diametro Alî. Bisecetur in N
Fig. 90.
semicircumferentia ANB et, junctis NA, NB, a punctis A et B exci-
tentur perpendiculares AD, BC, ipsis AN, NB œquales. Sumpto quo-
libet in semicircumferentia puncto, ut E, junctis rectis DE, EC occur-
rentibus diametro in punctis 0 et V, aio duo quadrata AV, BO simul
sumpta esse, in hoc casu, sequalia quadrato diametri AB.
Generalius in Tractatu nostro hoc prohlema aut Iheorema proponc-
bamus, sed in prœsens spéciale hoc sufTicit ( ' ).
Esto parabole quasvis AMC i^fig- 91), in qua sumantur duo qu?e-
libet puncta A et B et diameter qusevis MN. Sumatur quodcumque
aliud punctum in parabole, ut G, a quo ad puncta A et B jungantur
(') Voir Tome I, p. 8i : Porisma quintum.
XCVI. - JUIN IG08.
W7
rcctœ diametrum sécantes. In eadcm scmpcr rationc socahitnr dia-
meter. Nam, sumpto alio quovis pnncto D, erit
MO ad OV ui Ml ad IN,
et semper similes abscissa; a diametro in cadem crnnt rationc (' ).
Fia'- 9'-
Hsec a nobis et inventa sunt et demonstrata, quœ àixot[3ata); pro
theorcmate f'rusti conici ofTerimus (^).
6. Sed et quœ nondum ex omni parte compléta sunt, tentanda
Anglis proponerc non dubitamus.
Datis punctis, rectis aut circulis, invenire parabolen quae pcr data
puncta transeat et datas rectas aut circulos contingat.
Dari autem quatuor ex istis suHîcit. Exempli gratia : Datis duobus
punctis, recta et circulo, invenire parabolen qua; per data puncta
transeat e( rectam circulumque datos contingat. Unde emergunt
quindecim problomala.
In ellipsi aut hyperbole idem proponalur; sed eo casu debent dari
(|uinque aut puncta aut rectse autcirculi aut qutedam ex islis numéro
qninque, et inde emergunt 21 problcmata.
Nos olim in Tractatu De contactibus sphtcricis similia in spha-ra
expedivimus et tandem féliciter problema sequens construximus :
Datis quatuor spha;ris, invenire quartam qua^ quatuor datas con-
tingat (^). Tractatum integrum pênes Dominum de Carcavi invenies.
(') f^oir Tome I, p. 7'j : PorLsmn secuiidum.
(2) Cubatiire du troue de cône ol)liquc, dans la lettre XXIIl du Conimercium cpistnlicum
(de Wallis à Digby, le 4 mars iG58, v. s.)-
(') Voir Tome I, p. 69.
408 (KUVHES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
Moncinus tantiim Viros Clarissimos ut, sepositis tanlispcr speciebus
Analysées, prohiemata gcometrica via Euclidea et Apolloniana ex-
sequantur, ne pereat paulatim clegantia et consfruendi et demon-
strandi, cni pra;cipue operam dédisse vcteres innuunt salis et Data
Euclidis et alii a Pappo enuinerati Analyseos libri; quos omni ex
parle jam olim supplevimus dum opcribus Vietse, Ghetaldi, Snellii
Traetatus nostros De locis planis, De locis solidis et linearibus. De
Incis ad siiperiiciem, et De porismatibiis adjecimus (') : quos omnes
habet dictus Dominus de Carcavi.
XCVII.
FERMAT A CLERSELIER.
DIMANCHE IG JUIN 1658.
(D., Iir, 48; Bibl. nat. fr. 3280, nouv. acq., f"' Oi-GS.)
Monsieur,
1. Nous laissâmes dernièrement la balle de M. Descartes en belle
peine ("). C'est dans la figure de la page 19 de la Dioptrique, où elle
f'aisoit tous ses efforts pour sortir du point B à l'honneur de M. Des-
cartes; mais elle y trouva toutes les issues fermées en suivant le rai-
sonnement de cet auteur, et même nous ne pouvons lui donner pré-
sentement de secours, si nous ne faisons changer de biais à sa logique.
Reprenons la figure de la page ij {fig. 53) et supposons que la
balle qui va dans la droite AB diminue sa vitesse par moitié en arrivant
au point B.
Si elle continuoit dans le même milieu, et que le plan CBE ne lui fût
point opposé, elle iroit toujours en ligne droite vers D, avec cette dif-
férence pourtant qu'elle emploieroit depuis B jusques à D le double
( ' ) Foir Tome I, pages 3 ; 91 ; m ; 76.
(2) /^o(>- ci-dessus la fin do la lettre XCV.
\CVI1. — IG JUIN 1C5S. 409
dii Icmps qu'elle avoit mis depuis A jusques à B. Mais si, en suppo-
sant la mémo diminution de vitesse au point B, nous supposons que
le plan CBE impénétrable à la balle se trouve maintenant entre deux
et empêche que la balle ne passe au dessous, je dis qu'elle se réflé-
chira aussi bien à angles égaux que si la vitesse et le mouvement
dcmeuroit le même.
Fi-r. 53.
(^ar, puisque l'interposition du plan n'empêche que l'une des parties
dont la détermination est composée, et que celle de gauche à droite
reste la même, donc la balle avancera autant vers la droite qu'elle
eût fiiit au dessous, si le plan n'eut pas empêché sa route. Or, si le
plan CBE ne faisoit point d'obstacle, la balle, qui diminue sa vitesse
par moitié au point B, meltroit le double du temps depuis B jusques
à I) qu'elle avoit mis depuis A jusques à B, cl lorsqu'elle seroit au
point U, elle auroit avancé vers la droite jusques en E; elle mettroil
donc le double du temps à s'avancer depuis B jusques à E qu'elle avoit
fait à s'avancer depuis C jusques à B. Et il y a même raison de AB
à BC que de BD à BE, parce que les angles ABC, DBE, sur les deux
droites AD et CE, sont égaux, et par conséquent les triangles ABC.
DBE semblables.
Nous pouvons faire le même raisonnement au dessus, si du point E
nous élevons la perpendiculaire EF, et dire que, lorsque la balle sera
à un des points de la circonférence, comme F, elle y aura mis le
double du temps qu'elle avoit mis depuis A jusques à B. puisque b-
plan que nous supposons maintenant entre deux ne fait rien de nou-
veau qu'empêcher la détermination de haut en bas. Et partant, la
détermination de gauche à droite sera pour lors marquée par le même
Kemlit. — H. 52
MO ŒUVHES DE FEKMAT. - CORRESPONDANCE.
point E, et par conséquent, comme FB à KB, ainsi la droite AU
sera à BC. D'où il suit que les angles ABC, FBE seront toujours égaux
tic quelque manière et en quelque proportion que la vitesse ou le
mouvement changent.
2. Si M. Descartes eût pris garde qu'en quelque manière que lavitessc
change au point B, la réflexion ne laisse pas de se faire à angles égaux,
il n'eut pas été en peine, ni ses amis non plus, de tirer la halle du
point B, où ils l'ont [vue] malheureusement engagée dans l'exemple
de ma dernière lettre. Il n'eût pas soutenu que, la vitesse venant à
changer au point B, la halle ne reste pas d'avancer vers la droite
autant qu'elle faisoit auparavant. Il n'eût pas déduit d'un fondement
non seulement incertain, mais encore faux, sa proportion des réfrac-
tions, et enfin il n'eût pas esquivé, dans la figure (') de la page 19,
de déterminer sous quel angle la halle étant au point B se réfléchit
vers le point L.
Car, quoiqu'il paraisse, par son discours et par l'inspection même
de la figure, qu'il a entendu que cette réflexion se fait à angles égaux,
il a laissé un petit scrupule dans l'esprit des lecteurs, qui peuvent
raisonnahlement douter si, dans l'exemple de M. Descartes, la halle
diminue sa vitesse au point B ou non. Si elle la diminue, la réflexion
ne se pourroit pas faire à angles égaux, en suivant le raisonnement de
-M. Descartes. Que si la balle ne diminue point sa vitesse au point B, y
a-t-il rien de plus contraire aux lois inviolables de la pure Géométrie,
(|ui ne veut point qu'on puisse aller d'une extrême à l'autre sans
passer par tous les degrés du milieu?
3. Or, M. Descartes et ses amis soutiennent que la halle, qui est
poussée sur l'eau ou sur la toile, diminue sa vitesse également en
toutes les inclinations, lorsqu'elle la traverse, et que cette diminution
se fait dès le point B. Comment donc peut-on concevoir que, dès le
premier angle où elle se réfléchit, sa vitesse ne diminue point du tout,
(') i'oir fig. 89, p. 4o<-
\CVII. - IG JUIN 1C58. 411'
et qu'il n'en puisse pourtant être pris aucun plus grand auquel elle ne
(liniinue d'une certaine quantité qui soit toujours la môme? Ne scroit-il
pas {)lus géométrique et plus naturel de soutenir, dans le sentiment de
i\F. Descartes, que la diminution de la vitesse se fait inégalement, que
cette diminution est la plus grande de toutes en la chute perpendi-
culaire d'il vers B et qu'elle se rend toujours moindre à mesure que
les inclinations varient jusqu'à ce qu'elle devienne nulle? ce que
M. Descartes a peut-être cru arriver lorsqu'elle se réfléchit. Mais,
parce que nous venons de prouver que, soit que la vitesse augmente
ou qu'elle diminue au point B, la réflexion ne reste pas de se faire ii
angles égaux, nous ne devons pas nous mettre en peine de rechercher
plus soigneusement la conduite secrète dont se sert la nature en affoi-
blissant la vitesse de la balle ou également ou inégalement à mesure
que les inclinations viennent à changer.
4. Mais que deviendra le raisonnement qui se doit faire au dessous
du plan CBE, en la page 17, par exemple? Il sera le même que le précé-
Fi.'. 5G.
dent : car, que la vitesse diminue au point B ou par la rencontre de la
(oile, ou par quelque autre voie qui vienne d'ailleurs, c'est tout la
même chose. Et puisqu'en la ligure de la page 17 la balle perce la toile
et qu'au point B la vitesse diminue par moitié, elle ne peut jamais avoir
la détermination vers la droite pareille à celle qu'elle auroil, s'il n'y
avoit point de toile et que pourtant la vitesse diminuât par moitié au
point B, (|u'en continuant toujours sa route vers la droite ABD.
/d-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Vous répliquerez : Mais, à ce compte-là, la détermination de haut
on bas ne changeroit pas non plus par la rencontre de la toile. Je
l'avoue, et pour oler et éclaircir pleinement cette difficulté, il ne faut
(|ue dire que vous ne tirerez jamais autre chose du raisonnement des
mouvements et des déterminations composées de M. Descartes, sinon
(|ue la réflexion se fait toujours ii angles égaux et que la pénétration
(lu second milieu se doit toujours faire en ligne droite. A quoi même
se rapporte ce que vous dites dans votre dernier écrit ('), que la balle a
toujours une même aisance à pénétrer le second milieu en toutes sortes
d'inclinations; d'où il doit suivre, dans l'application du raisonnement
deiVl. Descartes, qu'en toute sorte de cas la réflexion se fera h angles
égaux, et que la pénétration se fera de même en tous les cas en ligne
droite, le mouvement du dessous en ligne droite suivant les mêmes
lois et répondant justement au mouvement du dessus à angles égaux.
.Mais il n'y aura donc point de réfraction? me direz-vous. Je réplique
que le mouvement de la balle et la réfraction ne se ressemblent que
par la comparaison imaginaire de M. Descartes, et qu'au pis aller, si
le détour de la balle en passant par le second milieu est véritable, il
eu faut chercher la raison ailleurs que dans la composition des mouve-
ments, qui ne produira jamais en ce rencontre qu'un cercle dialec-
tique.
De quelque biais que vous le preniez, il faudra examiner les prin-
cipes secrets dont se sert la nature en produisant la réfraction, et si
celui que j'ai touché dans ma lettre à M. de la (Chambre (-) ne vous
plaît pas, je souhaite qu'il vous en vienne de meilleurs dans l'esprit,
et que cette vieille dispute aboutisse enlin à la pleine et entière dé-
couverte de la vérité.
Je suis de tout mon cœur. Monsieur,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Fermât.
(•) Pièce xr.iv, 15.
(î) LelLre LXXXVI.
XCVIH. - -21 JUILLET ICiS. 4.13
XCVIII.
LALOUVÈRE A FERMAT (').
21 JUILLET 1G58.
ÀinpUsximn Doniinn de Fermât in Supreina Curia Toloaana
Scnatori inlegerrimo.
Doecin mine dics sunt (Sonator intcgorrime) cùm priniùm legi ii To
milii oblatam nohilissimi ot doctissimi Aiinnynii lypis cditain Epis-
(olaiii, (jiui' à prœstanlissiniis toto Orhe Geomelris postulat solutio/ictn
quanuidain proposilionitrn circa cycloidem ejusque centra qravitatis.
Ego liccl, nicai tciuiilatis inilii pruhè conscius, norim qiùiin longo
posl inagnos illos viros inlcrvallo iii Geomctrarum qiialiumcuinqiic
nuincro lociiiii toncaiii; quia (aiiu-ii quid de ([luesitis illis in niciitcni
niilii veiiircl promcrc à Te tune jussus sum, inalui tcmcritatis quàni
obsoquii Tibi non pronipti [)r;eslituli noniine accusari. En igitur quas
circa probleinata cjusmodi medilatus sum viginti omnino proposi-
tioncs. Tu qucin omnes Europai Mathcinatici uicriLo suspiciunt, si
quid poi'pcratn scriptum sit, aut si quid scriptis desit, cmonda vol
sup[)b>, modo tamen judiciorum })ublicorum occupationcs quibus
longé uLilius dislincris, id patiantur. Hâc cmendationc vol ctiam sup-
plcmcnto iidcns nostcr hic libclius prodibit in vnigus intrepidi', qua-
proplor Te luijus spei plenus adit, ab eo nempe missus qui pluribus
nominibus jamdiu Tibi est
Addictus ex animo servus
An'tonius Lalol'f.u.v Socielatis Jesu.
Tolosano in Collegio XII Kal. Aug. lOJS.
( ' ) Dédicace fie l'opuscule : De Cycloide GalUcci et TorriccUii l'mposuiones viginli
Autore Antonio Laloucra Sociclatii Jesu, imprimé à Toulouse eu i058 (rarissime, doul
un exemplaire esl conservé liibl. nat.; Imprimés, lléscrve V, 83 j A). — Reproduite en
tôle du premier livre de l'Ouvrage : Vetcruin Gcometria promula in scptcin de Cjctoidc
tibros, public par Lalouvére en iGCo.
klk ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
XCIX.
CLKRSELIER A FERMAT.
MERCREDI 21 AOUT 1G58.
(D, ni, /|9. DiM. Xat. fr. 3380, nnOv. ao<|., f- fifi-77.)
Monsieur,
1. Je mo trouve aujourd'hui plus empêché à répondre que je n'élois
la dernière fois : aussi avez-vous changé de condition et, de juge que
vous étiez, vous êtes devenu partie. Quand je n'avois qu'il défendre
devant vous \;\ cause de M. Descartes contre votre sceptique, je ne nn'
promcttois pas un succès moins favorable que celui que j'ai eu : j'avois
une bonne cause à défendre, des subtilités ii éclaircir, et un juge clair-
voyant pour m'cntcndre et prononcer. Mais, quand je vous considère
descendu de votre siège pour vous porter vous-même partie contn;
celui que je défends, le respect que je vous dois en quelque état que
vous paroissiez, la grande estime que j'ai toujours conçue de vous et
(|ui s'augmente en moi ii mesure que vous vous faites davantage con-
noitre, et le peu d'usage que j'ai dans la matière que nous agitons ii
(comparaison de celui que vous vous y êtes acquis, tout cela m'étonne
et fait que je ne sais encore quelle issue me promettre de tout ce dé-
mêlé.
.Te vous dirai pourtant d'abord que, si je voulois agir avec moins de
i'ranchise que ne m'oblige l'honnête procédé que vous gardez avec
moi, je pourrois user d'une exception qui paroîtroit peut-être légi-
time et reccvable, en vous accordant tout ce que vous dites et pré-
tendant que tout cela ne fait rien contre M. Descartes et ne combat en
aucune façon sa doctrine de la réflexion et des réfractions.
Car je veux que la balle de la figure de la page 19 de la Dioptrique,
selon la supposition que vous faites dans votre première lettre ('), se
i'j /'()//■ Lettre XCV, p. 40 >•
XCIX. - 21 AOUT 1658. 41o
trouve empêchée (comme vous dites sans doute agréablement) à trou-
ver quelque issue pour prendre sa route; et je veux même ([ue le pas-
seport que vous lui avez donné par avance dans votre seconde, de peur
([ue nous n'eussions pas assez de crédit pour lui en fournir un, et même
<|ue la route que vous avez eu la honte de lui marquer en cet en-
droit ('), lui fut si aisée et si commode qu'elle ne fil point difficulté de
la suivre, que pourroit-on conclure de lii contre M. Descartes? lequel
n'ayant apporté en ce lieu-là les exemples de la balle que pour expli-
(|uer certains efl'ets particuliers de la lumière, à savoir celui de la
réflexion qui se fait toujours à angles égaux, et celui de la réfraction
qui se fait toujours de même sorte dans un même milieu et qui
change selon la proportion qui est entre le milieu d'où elle sort cl
celui ou elle entre, ce qui fait que tantôt elle s'approche et tantôt elle
s'éloigne de la perpendiculaire : qui, dis-je, n'a eu aucune occasion
d'expliquer le cas que vous proposez, pource qu'il n'a aucun rapport à
son dessein.
2. Il n'y en avoit que trois qui y pussent servir, et il les a tous trois
expliqués et, ii mon avis, d'une manière si claire et si simple qu'il n'v
a que ceux qui veulent plus que lui qui y trouvent de la difficulté.
Le premier cas, qui explique la réflexion, est celui d'une balle qui,
étant poussée suivant la ligne AB, rencontre de biais dans son chemin
un corps dur, impénétrable et inébranlable. Qu'y a-t-il de plus simple
et de plus clair que cette balle, qui ne perd rien de sa vitesse, doit
rejaillir à angles égaux, c'est-ii-dire remonter aussi vite qu'elle est
descendue et avancer autant qu'elle faisoit vers le coté où ce corps dur
n'est point du tout opposé?
Le second, qui se rapporte à la réfraction lorsqu'elle s'éloigne de la
perpendiculaire, est celui de la même balle qui, étant poussée comme
dessus, rencontre aussi de biais un autre milieu, dans lequel elle
pénètre et qui lui fait perdre une partie de sa vitesse. Quoi de plus
clair et de plus simple que de dire que cette balle, ne pouvant plus
(') ^'<«>Lcllic XC.VII, 1, 2.
k\li ŒUVRES DK FERMAT.- CORRESPONDANCE.
aller si vite qu'elle faisoit, doit pourtant conserver la détermination
qu'elle avoit auparavant à avancer vers un certain coté, à laquelle ce
milieu n'est aucunement opposé, et à quoi la perte qu'elle a souflertc
en sa vitesse ne résiste point et se peut accommoder? Pourquoi vou-
loir (d)liger celte balle à taire plus qu'elle ne doit, puisque la nature
ne lait rien en vain?
Enfin le troisième cas, qui se rapporte à la réfraction lorsqu'elle
s'approche de la perpendiculaire, et le seul qui restoit à M. Descartes
à éclaircir, s'explique heureusement par la même halle qui, étant
poussée comme auparavant, rencontre aussi de biais dans son chemin
un autre milieu, dans lequel elle pénétre avec une égale facilité de
tous côtés et qui augmente sa vitesse d'une certaine quantité. Que
peut-on penser de plus simple et de plus naturel que de dire que celle
halle, devant aller plus vite (ju'elle ne faisoit selon (|U(dqu'une de ses
directions, n'avance pourtant ]ias davantage selon celle à laquelle ce
corps, par qui sa vitesse a été augmentée, n'est point du tout op[)Osé?
3. Le cas que vous proposez outre cela dans votre première lellre est
superflu et ne peut servir à expliquer aucun de ces phénomènes de la
lumii're. Et, par conséquent, il n'est ici d'aucune considération et,
quelque inconvénient qui en put suivre, cela ne pourroit préjudicier à
ce que M. Descartes a auparavant prouvé, et par quoi il a expliqué si
intelligiblement ces elTets merveilleux de la lumière (|ui ne laisse-
roient pas d'èlre vrais et tels qu'il les a démontrés, quand voire sup-
position seroit difficile à expliquer par ses principes, ce que je ne
déscspi-re pourtant pas de faire, et quand elle se devroit expliquer
suivant les vôtres, ce que je n'estime pas.
Mais, pource que c'est en ceci que consiste toute noire question, il
faut que j'éclaircisse une fois un point qui vous semble n'avoir pas
été prouvé par M. Descartes, à cause que sa preuve n'est |)as pure-
ment géométrique, mais qu'elle est en partie fondée sur quel(|ues
principes de la nature si clairs qu'ils ne demandent aucune expli-
cation.
XCTX. - 21 AOUT 1658. 417
4. Ces principes sont : i° que chaque chose demeure en l'état
qu'elle est pendant que rien ne la change; 2° que, lorsque deux corps
se rencontrent qui ont en eux des modes incompatibles, il se doit véri-
tablement faire quelque changement en ces modes pour les rendre
compatibles, mais que ce changement est toujours le moindre qui
puisse être; 3° qu'un corps ne peut résister ou causer du changement
dans un autre qu'en tant qu'il lui est opposé.
Ainsi donc, si une balle se meut d'A vers B, dans la figure (') de la
page i5, avec une certaine vitesse, elle continuera toujours d'aller
avec la même vitesse vers ce côté-l;i si rien ne la change. Mais si vous
lui opposez le corps dur, impénétrable et inébranlable CBE, pource que
les modes de ces deux corps, l'un qui veut conduire la balle vers D et
l'autre qui s'oppose à cette route, mais qui ne s'oppose point à sa vi-
tesse, sont incompatibles, il faut qu'il arrive du changement en un
de ces modes, mais le moindre qui puisse être. C'est pourquoi la balle
changera de détermination et gardera sa vitesse, et d'autant que le
corps CBE n'est opposé qu'à l'une des deux déterminations dont il est
vrai que celle de la balle est composée eu égard au corps CBE sur
lequel elle tombe, à savoir à celle qui la faisoit descendre et non point
à celle de gauche à droite; ce corps ne peut apporter de changement
qu'à celle-là et non point à l'autre, à laquelle il n'est point opposé.
C'est pourquoi il oblige la balle à remonter et la laisse continuer à
s'avancer vers la droite comme elle faisoit auparavant : à quoi il ne
change rien, le mode de son corps n'ayant rien d'incompatible et d'op-
posé à celui-là.
II ne faut plus ajouter à ce raisonnement que ce qui appartient à la
Géométrie, et la preuve sera achevée. Si vous n'appelez pas cela
preuve démonstrative, je ne sais plus de quelles raisons il se faudra
servir pour en composer une; mais, pour moi, je me contente de pa-
reilles démonstrations.
Or, le même raisonnement que je viens de faire se peut accommoder
(') /V^. 53, p. 409.
n. — Fermât. •*•*
U8 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
à la figure de la page 17 et à celle de la page 19 et à tous les cas qui se
peuvent proposer, et je n'y vois rien de différent que les différentes
suppositions : à savoir que le corps CEE tantôt est dur et tantôt liquide,
tantôt pénétrabic et tantôt impénétrable; que la vitesse tantôt diminue,
tantôt augmente et tantôt demeure la même; et que la balle tantôt
continue de descendre et tantôt est obligée do remonter, et même que
tantôt on peut opposer un corps au cours de la balle et tantôt non.
5. Examinons maintenant ces cas l'un après l'autre suivant ces prin-
cipes, et voyons ce qui en doit arriver; et je m'assure que l'on ne trou-
vera point que la chose doive aller comme vous dites, mais bien
comme dit M. Descartes, et cela répondra en même temps à toutes vos
nouvelles difficultés.
Premièrement, vous dites fort bien, au commencement de votre
seconde lettre ('), que si l'on suppose que la balle qui va dans la ligne
droite AB diminue sa vitesse par moitié en arrivant au point B, elle ira
toujours en ligne droite vers D, si elle continue d'aller dans le même
milieu et que le plan CBE ne lui soit point opposé : avec cette diffé-
rence seulement, qu'elle emploiera depuis B jusques ii D le double du
temps qu'elle avoit mis auparavant depuis A jusques à B, et cela à
cause qu'un corps doit toujours demeurer dans le même état où il est
ou auquel on suppose qu'il soit, si rien ne le change. Or, n'y ayant
rien qui change en la balle que la vitesse, ni rien par quoi la détermi-
nation doive être altérée plus d'un côté que d'un autre, tout cela fait
qu'elle doit continuer dans la même ligne, et aller seulement moins
vite selon cette détermination : de même que, lorsqu'un corps tombe
perpendiculairement de l'air dans l'eau, il continue d'aller suivant la
ligne perpendiculaire et va seulement d'autant moins vite que sa
vitesse est diminuée à la rencontre de l'eau.
Si pourtant j'eusse été d'humeur à vouloir chicaner (ce qui ne
m'arrivera jamais lorsque j'aurai affaire à une personne d'honneur et
de mérite comme vous), j'aurois pu nier que le cas que vous proposez
(1) LeUreXCVII.
XCIX. - 21 AOUT 1658. 419
fût concevable et admissible : à savoir qu'un mobile, sans changer de
milieu, puisse tout d'un coup passer d'une vitesse à une autre sans
passer par les degrés d'entre deux. Ce que vous dites vous-même
être contraire aux lois inviolables de la pure Géométrie et qui
même est contraire à cette loi de la nature, qui est que chaque corps
continue toujours de demeurer dans le même état autant qu'il se
peut, et que jamais il ne le change que par la rencontre des autres. Le
moyen donc de concevoir qu'un corps puisse tout d'un coup, étant
arrivé au point B, perdre la moitié de sa vitesse, lorsqu'il ne se ren-
contre rien qui la lui puisse faire perdre! Mais je veux bien vous
accorder toutes vos suppositions et ne vous rien nier, que ce qui ne
se pourra absolument admettre à moins de renverser toutes les lois de
la nature et toutes les notions claires et simples qui sont en nous.
6. Passons à votre seconde supposition, qui est à mon gré une des
plus adroites que l'on pût faire en ce genre et dont sans doute j'aurois
eu peine d'apercevoir la subtilité, n'étoit qu'étant accoutumé à suivre
des voies fort simples dans mes raisonnements, je me défie de tout ce
que je vois qui s'en écarte.
Vous supposez après cela que, la balle perdant comme auparavant
la moitié de sa vitesse au point B, le plan GBE impénétrable se trouve
entre deux et empêche que la balle ne passe au-dessous; et vous dites
que la balle réfléchira aussi bien à angles égaux que si la vitesse ou le
mouvement demeuroit le même. Et certainement je confesse que vous
le prouvez d'une manière la plus ingénieuse qu'il est possible; mais
permettez-moi aussi de vous dire qu'elle est captieuse et souffrez que
je vous fasse voir en quoi je pense que vous vous êtes mépris.
Quand en l'exemple ci-dessus je suis demeuré d'accord que la balle,
perdant au point B la moitié de sa vitesse, ne laissoit pas de continuer
son chemin suivant la ligne BD, avec cette seule différence qu'elle
alloit de moitié moins vite, c'a été pource que, ne changeant point de
milieu et aucun plan ne lui étant opposé, on ne pouvoit pas dire que
la détermination de la balle suivant la ligne AB fût composée de deux
420 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
déterminations, non plus que lorsqu'une balle tombe perpendiculai-
rement sur un plan. Mais ici, où vous supposez que le plan CBE lui est
opposé, il est certain qu'à son égard la détermination de la balle sur
la route AB est composée de deux déterminations, l'une qui la fait
descendre vers lui, et l'autre qui la fait avancer vers la droite ou
horizontalement, et que le plan s'oppose à celle-là et non point à
celle-ci.
7- Maintenant, de deux choses l'une : ou vous supposez qu'après que
la balle est venue avec deux degrés de vitesse, par exemple, depuis A
jusques à B, étant au point B elle rencontre le plan CBE qui lui fait
perdre la moitié de sa vitesse; ou bien vous supposez que, sans que ce
plan y contribue, ayant perdu la moitié de sa vitesse au point B, elle
rencontre le plan CBE. Et si j'ai bien compris le sens de votre seconde
lettre, c'est principalement à ce dernier cas qu'elle se rapporte; mais
remarquez encore ici en passant que je vous accorde plus que je ne
devrois : car le moyen de concevoir qu'une balle perde la moitié de
sa vitesse au point B, sans la rencontre d'aucun corps qui la lui puisse
faire perdre !
8. Au premier cas, il est aisé de voir qu'il ne faut, comme vous avez
fait dans votre première lettre ('), que transférer le raisonnement de
la figure de la page 17 au dessus du plan, et dire que, puisque la balle
ne perd rien du tout de la détermination qu'elle avoit à avancer vers
la droite, elle doit (toutes, les autres conditions étant gardées) arriver
au point 0, ainsi que vous avez fort bien remarqué. C'est pourquoi je
n'aurois garde de dire, comme vous faites : « Pourquoi de grâce le
raisonnement de M. Descartes conclura-t-il au-dessous, s'il ne conclut
pas au-dessus? Ce qui est démonstration en un cas deviendra -t- il
paralogisme en l'autre? » Non sans doute : l'un et l'autre conclut
également bien.
9- Au second cas, la balle peut suivre la route que vous avez mar-
(>) Lettre XGV, p. 400.
XCIX. - 21 AOUT 1638. 421
quée dans votre seconde lettre (' ), et réfléchir toujours à angles égaux,
de quelque manière et en quelque proportion que la vitesse ou le mou-
vement change au point B : mais non pas à la vérité par la raison que
vous dites. Car la même proportion ne doit pas être gardée par unt-
balle qui, rencontrant de biais un plan impénétrable, est obligé(î de
réfléchir, que celle qui est gardée par une autre balle que l'on sup-
pose nen point rencontrer, et qui doit suivre les mêmes lois quf
celle qui en rencontre perpendiculairement, à cause qu'une balle qui
ne rencontre aucun plan n'a qu'une seule détermination : elle ne va ni
à gauche ni à droite, au lieu qu'une balle qui tombe de biais sur un
plan Y va toujours avec deux déterminations, à l'une desquelles ce
plan est opposé et à l'autre non : et cette circonstance en doit changer
l'effet, selon les principes ci-devant posés.
Fig. 53.
A
/ H \
F
A
\
^
\
C B
\ B
//
D
K
Mais voici comme la balle peut suivre la route que vous avez mar-
quée, et réfléchir ii angles égaux : à savoir il faut supposer que la balle,
étant au point B et ayant perdu la moitié de sa vitesse (ou telle autre
quantité qu'il vous plaira), commence à ce point B ii suivre la route
qu'elle suivroit, si elle avoit commencé à se mouvoir à ce point-là avec
la vitesse qui lui reste. Or il est constant que si, sans avoir égard à la
ligne AB qu'elle a parcourue avec deux degrés de vitesse, ellecom-
mençoit à se mouvoir en B, avec la vitesse qu'on suppose qui lui reste
et [suivant] la direction qu'elle a véritablement au point B, elle iroit
vers D avec un degré de vitesse [et y arriveroit] en deux fois autant de
temps qu'il lui en a fallu pour venir d'A en B, si rien ne s'opposoit l\
(') To/r Lettre XCVII, 1.
422 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
son mouvement. Et si, au lieu do lui opposer le plan impénétrable et
inébranlable CBK au point B, on le lui opposoit au point D, il est évi-
dent, par ce que nous avons dit ci-dessus, que ce plan l'empêchant
seulement de passer outre et non point d'avancer vers la droite, et ne
diminuant ni n'augmentant la vitesse avec laquelle elle seroit venue
vers lui depuis B, elle rcjailliroit vers g et feroit un angle de réflexion
gDK égal il celui d'incidence BDG, lequel se trouveroit égal à celui
de la première incidence ABC. Or est-il qu'il doit arriver au point B le
même changement en la détermination de la balle que celui qui arrive-
roit au point D si le plan CBE lui étoit opposé en ce point-là, puisque
dès le point B la balle a toute la même vitesse et la même détermina-
tion qu'elle auroit au point D après avoir parcouru la ligne BD.
10. Et partant, la balle, selon votre supposition, doit, au point B,
rejaillir suivant un angle égal a celui d'incidence : non point, comme
j'ai dit, par la raison que vous dites, car il n'est pas vrai que, l'inter-
position du plan CBE n'empêchant que l'une des parties dont la dé-
termination est composée, celle de gauche à droite reste la même
qu'elle étoit quand la balle n'avoit aucun plan qui lui fût opposé;
car, en ce dernier cas, la balle n'avoit qu'une détermination, et l'on ne
])eut pas dire qu'elle avançoitvers la droite. C'est pourquoi la conclu-
sion que vous en tirez n'est pas non plus véritable.
Donc, dites-vous, la balle a dû avancer autant au-dessus vers la
droite qu'elle eût fait au-dessous si le plan n'eût pas empêché sa
route; et comme, lorsqu'elle seroit au point D au-dessous, elle auroit
avancé en deux moments vers la droite depuis B jusques en E, de même
aussi, pour avancer en deux moments autant au-dessus vers la droite,
elle doit aller au point F qui est autant avancé vers la droite que le
point D, et qui coupe le cercle au-dessus en même proportion que D
le coupe au-dessous, et fait un angle de réflexion égal ii celui d'inci-
dence. Car toute cette proportion de gauche ii droite que vous dites
devoir être gardée au-dessus comme elle eût été au-dessous, si le plan
CBP] n'eût pas empêché sa route, n'est qu'une proportion imaginaire,
XCIX. — 21 AOUT 1658. 4-23
puisqu'au-dossous, quand il n'y a aucun plan inlcrposé, la balle n'ti
aucune direction vers la droite, cette direction ou détermination vers
la droite étant toujours relative au plan qu'on lui interpose. Et par
exemple, si le plan CBE lui eût été opposé d'un autre sens comme en
cette figure, où seroit tout votre raisonnement vers la droite? Mais cela
doit arriver dans votre supposition même et dans toule autre, par la
Fig 92.
raison que j'ai dite, qui est conforme aux lois de la nature et aux prin-
cipes ci-devant établis.
11- Pour éclaircir encore ceci davantage, supposons pour troisième
cas, comme a fait M. Descartes à la fin de la page 19 de la Diopirique('),
que la balle, ayant été premièrement poussée d'A vers 13, rencontre au
point B le plan CBE qui augmente la force de son mouvement ou sa
vitesse d'un tiers, en sorte qu'elle puisse faire par après autant de
cbcmin en deux moments qu'elle en faisoit en trois auparavant. Et il
Fig. ç)3.
suit manifestement qu'elle doit rejaillir en F, puisque la déterminal
ion
(I) Mais faisons encore ici une auire supposilion et pensons que la balle ayanl été
premièrement jioussced'A vers B esl poussée de rechef étant au point B par la raquette
(".BE, qui augmente la force de son mouvement, par exemple, d'un tiers, en sorte qu'elle
l)uisse faire par après autant de chemin en deux moments qu'elle en faisait en trois aupa-
ravant. (La Dinptriqiw, p. 19-20).
424. ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Vers la droite ne peut être augmentée par le plan CBE à laquelle il n'est
aucunement opposé : et non pas en K, comme elle devroit faire, si
votre raisonnement étoit véritable, mais qui ne le peut être, puisqu'il
est contraire aux lois de la nature et même contre l'expérience, qui
nous montre que la réflexion d'une balle et celle des autres semblables
corps, qui ne sont pas parfaitement durs ou qui tombent sur d'autres
qui alToiblissent leur mouvement, ne se fait jamais à angles égaux.
Ainsi les balles les plus molles ne rebondissent pas si haut ni ne font
pas des angles [de réflexion | si grands que celles qui sont plus dures.
Et remarquez que, puisqu'il est naturellement aisé de concevoir
que, pour fain^ que la réflexion se fasse à angles égaux, le mouvement
ne doit en aucune façon être augmenté ni diminué par la rencontre du
plan, il semble que la raison nous doive aussi naturellement porter à
croire que, lorsque ce plan l'augmente ou la diminue, l'angle de ré-
flexion doit être à proportion ou plus grand ou plus petit que celui
d'incidence, et non pas qu'il doive toujours être égal, comme il suit
de votre raisonnement qui pour cela vous doit être suspect, quoiqu'il
soit très ingénieux.
12. Mais, me direz-vous, que deviendra donc la balle dans la suppo-
sition que j'ai faite à la fin de ma première lettre ('), à l'occasion de
la figure de la page 19? car c'est ici le point de la difficulté, et enfin il
Fig.
89.
H
A
\
F
(
\
: B
•..,
l
E
^--„_G
.
^
la faut tirer de ce point fatal où elle paroît malheureusement engagée.
C'est aussi ce que je prétends faire maintenant, à l'honneur de
(') Lettre XCV, 4.
XCIX. — 21 AOUT IG08. 125
M. Doscartesetsans faire changer de biais à sa logique, en me servant,
dans le cas que vous proposez ici, du même raisonnement dont je me
suis déjà servi quand j'ai passé à votre seconde supposition.
Si donc la balle, étant arrivée au point B, rencontre de biais le plan
dur, impénétrable et inébranlable [CBEJ, et qu'elle perde à ce point R
une telle partie de sa vitesse que la ligne FK, étant tirée comme aux
exemples précédents, soit hors du cercle AD, je dis que : ou vous en-
tendez que le plan CBE contribue à la perte de sa vitesse, ou vous en-
tendez qu'il n'y contribue rien.
S'il n'y contribue rien, on ne peut pas concevoir autre chose sinon
(|ue la balle, après avoir perdu les deux tiers, par exemple, de sa
vitesse, et ayant dans cet état une direction déterminée à aller vers D
en un certain temps, à proportion de la force ou de la vitesse qui lui
rest(\ et par conséquent d'avancer aussi suivant cette force d'une cer-
taine quantité vers la droite à l'égard du plan CBE qu'on lui oppose,
lequel pourtant n'est point opposé à cette direction vers la droite, elle
doit rejaillir étant au point B comme elle feroit au point n, ainsi (|ue
j'ai dit ci-dessus. Et voilà la route que je lui aurois marquée, qui se
trouve conforme ii la votre, mais par une autre raison qui ne m'oblige
[loinl à changer de logique.
î\Iais remarquez que cette sup[»osition même est impossible, qu'une
balle perde les deux tiers de sa vitesse sans la rencontre d'aucun corps
(jui la lui puisse faire j)erdre.
Que si niainlciiant le corps CBE contribue à la [lerte de la vitesse,
cela ne se peut faire en supposant le corps CBE parfaitement dur, im-
pénétrable et inébranlable. Car le mouvement de la balle ne peut être
diminué par la rencontre d'un corps, qu'en tant que la balle lui trans-
porte d(> son mouvement; et si elle lui en transporte, C(da ne se [)eul
faite (|ue du sens anqu(d le corps CBE lui est opposé et par consé{|nenl
elle ne lui peut transporter de son mouvement que selon cette partie
de sa direction qui la fait tendre vers lui, et jamais la lencotiire du
corps CBE (qne l'on doit supposer parfaitement uni ) ne peut diminuer
sa direction vers la droite ou parallèle. Or il est aisé de conclure que,
Iermat. — w. 54
WG ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
si la balle au poiiU B a transporté au corps CB1<] tout le mouvement qui
la faisoit tendre en bas, elle doit continuer son mouvement parallèle
et r(uiler sur lui eu avançant autant vers la droite qu'elle faisoit aupa-
ravanl.
13. Que si, nonobstant cela, vous voulez contre toute raison faire
cette supposition impossible, qu'elle perde une telle partie de sa vi-
tesse au point B qu'elle ne puisse plus avancer autant vers la droite
qu'elle faisoit auparavant, et par conséquent qu'elle ait aussi perdu
une partie du mouvement qui la faisoit avancer vers la droite, alors
je vous dirai qu'elle roulera sur le diamètre avec la vitesse qui lui
reste, tout de même que, lorsque vous supposez que sans rencontrer
aucun plan elle vient à perdre de sa vitesse, elle doit continuer son
cbemin dans la même ligne droite qu'elle avoit commencé à parcourir.
Va ainsi il arrivera le même à cette balle que si, ayant été mue avec
une certaine vitesse le long du j)lan CBE, il arrivoit qu'étant au point B
(par une supposition impossible et sans aucune cause), elle vînt à
jterdre une partie de sa vitesse : elle conlinueroit son cbemin sur le
même plan avec la vitesse qui lui resteroit.
Mais remarquez que, pour trouver quelque cbose de défectueux aux
raisonnements de M. Descartes, il eu faut venir à des suppositions
impossibles, et partant ce ne seroit pas merveille quand d'une impos-
sibilité posée il s'ensuivroit une absurdité.
14. Par tout ce que dessus, il paroit que tout ce que vous dites dans
votre seconde lettre (') tombe de soi-même et n'a pas besoin de ré-
[)onse : à savoir que, « si M. Descartes eût pris garde qu'en quelque
manière que la vitesse cbange », c'est-à-dire augmente ou diminue
» au point B, la réflexion ne laisse pas de se faire à angles égaux, il
n'eût pas été en peine, ni ses amis non plus, de tirer la balle du point B
où ils l'ont [vue] malheureusement engagée dans l'exemple de ma der-
nière lettre. Il n'eût pas soutenu que, la vitesse venant à changer au
(') KoiVLeUre XCVll, 2.
XCIX. - 21 AOUT IC58. 427
point B, la balle ne reste pas d'avancer vers la droite autant qu'elle
faisoit auparavant et n'eut pas déduit, d'un fondement non seulement
incertain, mais encore faux, sa proportion des réfractions ».
Tout cela, dis-je, n'étant plus appuyé d'aucunes raisons valables, se
détruit de soi-même, aussi bien que ce que vous ajoutez à la fin de la
même lettre ( ' ) : à savoir que, le second milieu se pouvant, comme j'ai
dit, ouvrir avec une égale facilité de tous cotés pour faire passage à la
balle, et que la balle ayant toujours une même aisance à pénétrer le
second milieu en toutes sortes d'inclinaisons, il doit suivre, dites-vous,
« dans l'application du raisonnement de M. Descaries, qu'en toute
sorte de cas la réflexion se fera ii angles égaux et que la pénétration se
fera de même en tous les cas en ligne droite, le mouvement de dessous
en ligne droite suivant les mêmes lois et répondant justement au mou-
vement de dessus ii angles égaux ».
15. Car, si je me suis assez bien fait entendre, vous devez maintenant
tirer d'autres conclusions que celles-là des principes de M. Descartes et
devez aussi, si je ne me trompe moi-même, avoir reconnu l'erreur du
raisonnement duquel vous les aviez tirées. Et partant ne dites plus que
le mouvement de la balle et la réfraction ne se ressemblent que par la
comparaison imaginaire de M. Descartes; car c'est peut-être la plus
juste et la plus claire que l'on puisse apporter pour l'expliquer. Mais,
pour cela, il faut considérer la balle sans pesanteur, sans grosseur, sans
figure et sans changement en sa vitesse dans toutes les lignes qu'elle
parcourt : toutes lesquelles choses peuvent causer une infinité de
variétés dans la réflexion et la réfraction d'une balle, mais, pourcc
qu'elles n'ont point de lieu en l'action de la lumière [à laquelle se
doit rapporter tout ce qu'il dit], M. Descartes ne les a point considérées
dans le mouvement de cette balle dont il parle.
Et principalement il n'a point considéré cette circonstance que je
vous prie de remarquer, qui est la plus commune et qui peut donner
le plus d'occasion de douter de ce qu'a dit M. Descartes : c'est ii savoir
(•) ro/r I^eUrc XCVII, 4.
V28 ŒUVRES DE FERMxVT. - CORRESPONDANCE.
(|U(>, il'autant quo le milieu que parcourt une balle lui ùte pour l'ordi-
naire à tous moments une partie de sa vitesse par le transport qu'elle
lui en fait, de là arrive qu'une balle peut avoir perdu au point de la
rédexioM la moitié (ou plus ou moins) de la vitesse qu'elle avoit au
commencement, et qu'elle ne laissera pas de réflécbir à angles égaux,
il cause (ju'aii monient qu'elle vient à toucher le plan, sa vitesse a déjà
été diminuée par le milieu qu'elle a parcouru, et que la direction
(|M'elle a abirs uc laisse pas de la déterminer d'aller suivant la même
ligne où sa première direction la portoit quand elle est sortie de la
main ou de dessus la raquette, pourvu que sa [lesanteur ou sa grosseur
nu sa figure n'aient rien changé en cela.
16. (le ([ue je dis de la vitesse, quand le milieu la diminue, se doit
aussi entendre quand elle est augmentée à tous moments par sa pesan-
teur : comme, lorsqu'une balle tombe le long d'un plan incliné, elle
rejaillira aussi alois à angles égaux, encore que sa vitesse se trnuve
augmentée au point de la réflexion : et cela par la même raison, à
savoir que cette augmentation ne lui vient pas du plan, mais qu'elle
l'avoit avant que de le rencontrer.
Ktainsi vous vovez combien les principes de M. Descartes sont fermes
et ses raisonnements bien suivis; ce qui montre que la véritable raison
des réfractions se doit tirer du mouvement et des déterminations com-
posées, en les examinant comme M. Descartes a fait. Et sans mentir,
M. Descartes étoit un homme de trop bon sens et ([ui prenoit garde
de trop près aux choses, pour tomber dans des fautes ou visibles ou
grossières ; et il me semble qu'il nous a donné sujet d'avoir assez bonne
opinion de lui pour croire plutôt que nous nous méprenons en ne
comprenant pas son sens et ses raisons que non pas de croire qu'il se
soit trompé, au moins quand l'erreur où nous croyons qu'il soit tombé
est apparente et grossière.
17. J'ajouterai seulement que, puisque les diverses expériences qu'a
faites ici M. Petit (que vous connoissez) en toutes sortes de corps
XCIX. — 21 AOUT 1658. V2!)
Iiiinspaivnts s'accordent loutes avec la jn'oportion que M. Descartes a
trouvée, il est aussi à croire que les raisons qui la lui ont fait trouver sont
véritables : car le moyen d'arriver en tant de dillérenls cas si justement
au vrai par un même raisonnement, si ce raisonnement étoit faux!
Que si, après tout cela, vous ne voulez pas admettre les conclusions
que j'ai tirées des principes (jue M. Descartes a établis, recevez au
moins pour vraies les conclusions de cette lettre et croyez que, si mes
raisonnements sont fautifs, les protestations de mon cœur sont sincères
(juand je v<uis assure que je veux être etc.
:$0 ŒUVUliS DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
ANNEE 1659.
c.
FERMAT A CARCAVI (').
DIMANCHE 1(j FÉVRIER 1C59.
(CEiii'res lie Pascal, IV, |i. '|'|f^. lîilil. nal., imprimiîs, Réserve V, SSg.)
MONSIKL'U MON CHKR MaITRF.,
.1(1 suis oinbarassc en affaires non géométriques; je vous envoyé
pourlant un pelil escrit que le Perc Lalouvcrc m'a fait porter ce
malin (-).
J'ai reçeu le Traitté de M. Pascal (^) depuis deux jours, et n'ai peu
(>neore m'ap|diquer sérieusement à le lire; j'en ai pourtant conçeu une
grande opinion, aussi bien que tout ce qui part de cet illustre.
Je suis tout à vous,
Feumat.
A Tulose, 1(1 iG février iGJg.
I ') L'iiiilo.^r.iplic (ie celte leUre esl colle en l(Me d'un rccncil des opnscnles im|iriniés
de Pascal conserve à la Bibliollicque nationale.
('-) 11 s'agit d'une réponse datée du i5 février cl faite par I^aloiivère an Poxi-srripiiini
du -il) janvier à la Sitilc <lc t'Iiixloire de la roulette. Celte réponse est insérée dans la
yclcruDi Ceonwlria proniotii in septcni de Cjcloidc lihrii.t, puliliée par Lalonvére en lOGo.
(') Lettres de A. Uettonville contenant qnelqiies-mies de ses inventions en Géoméliic.
— .\ Paris, elle/ Gnillannic Desprez, rue S'-Jucipies, à l'Imago S'-Prospcr. MIK'.I.IX.
CI. — AOUT 1C59. h-M
CI.
FERMAT A CARCAVI.
AOUT iCoi).
( Corrcsp. lliiyg., n° C51.)
UEUTION DES NOUVELLES DÉCOUVERTES EN LA SCIENCE DES NOMBRES (M.
... 1. Et pour re que les méthodes ordinaires, qui sont dans les
Livres, étoicnt insuiïisantes à démontrer des propositions si difficiles,
je trouvai enfin une route tout i» l'ail singulière pour y parvenir.
J'appelai celte manière de démontrer la descente infinie ou indé-
finie, etc.; je ne m'en servis au commencement que pour démontrer
les propositions négatives, comme, par exemple :
Qu'il n'y a aucun nombre, moindre de l' unilé qu un multiple de 3, (jui
soit compose d'un quand et du triple d'un autre quarré;
Qu'il n'y a aucun triangle rectangle en nombres dont l'aire soil un
nombre quarré (-).
La preuve se fait par à-ayojyrjV d^ àoûva-ov en cette manière :
S'il y avoit aucun triangle rectangle en nombres entiers qui eiil s(ui
aire égale ii un quarré, il y auroit un autre triangle moindre q(u;
celui-là qui auroit la mémo propriété. S'il y en avoit un second,
moindre que le premier, qui eût la même propriété, il y en auroit, par
un |>areil raisonnement, un (roisii'me, moindre que ce second, qui
auroit la même propriété, et enfin un (juatrième, un cinquième, etc.
à l'infini en descendant. Or est-il qu'étant donné un nombre, il n'y
en a [)oint infinis en descendant moindres que celui-là (j'entends
(') Piihliùe pour la première fois par M. Charles Henry (Her/icrc/ics, p. 9.i3-2i6),
d'après une copie do la main do Iluygens. CeUe pièce avait élé envoyée « depuis peu »
par Fermai à Carcavi, lors(|uo celui-ci la communiqua li lluygens, le i4 août iliSg.
(-) roir Observ. XLV sur Diophantc.
'i3-2 ŒLVllES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
parler toujours dos uombrcs entiers). D'où on eonclut qu'il est donc
impossible qu'il y ait aucun triangle rectangle dont l'aire soit quarrée.
On infère de là qu'il n'y en a non plus en fractions dont l'aire soit
quarrée; car, s'il y en avoit en fractions, il y en auroit en nombres en-
tiers, ce qui ne peut pas être, comme il se peut prouver par la descente.
Je n'ajoute pas la raison d'où j'infère que, s'il y avoit un triangle
rectande de cette nature, il v en auroit un autre de même nature
moindre que le premier, parce que le discours en seroit trop long et
(|ue c'est là tout le mystère de ma méthode. Je serai bien aise que les
Pascal et les Roberval et tant d'autres savans la cberchent sur mon
indication.
2. Je fus longtemps sans pouvoir appliquer ma méthode aux ques-
(ions affirmatives, parce que le tour et le biais pour y venir est beau-
coup plus malaisé que celui dont je me sers aux négatives. De sorte que,
lorsqu'il me fallut démontrer que tout nombre premier, qui surpasse de
l'unité un multiple de f\ , est composé de deux quarrés ( ' ), je me trouvai en
belle peine. Mais enfin une méditation diverses fois réitérée me donna
les lumières qui me manquoient, et les questions affirmatives pas-
sèrent par ma méthode, à l'aide de quelques nouveaux principes qu'il
v fallut joindre par nécessité. Ce progrès de mon raisonnement en ces
questions affirmatives est tel : si un nombre premier [)ris à discrétion,
qui surpasse de l'unité un multiple de 4. n'est point composé de deux
(juarrés, il y aura un nombre premier- de même nature, moindre que le
donné, et ensuite, un troisième encore moindre, etc. en descendant à
l'infini jusques à ce que vous arriviez au nombre 5, qui est le moindre
d(î tous ceux de cette nature, lequel il s'eusuivroit n'être pas composé
de deux quarrés, ce qu'il est pourtant. D'où on doit inférer, par la
<léduction à l'impossible, que tous ceux de cette nature sont par con-
séquent composés de deux quarrés.
3. 11 y a infinies questions de cette espèce, mais il y en a quelques
( ' ) /■«(> Observ. VU sur Dioplianto.
CI. — AOUT 1G59. W:j
autres qui demandent des nouveaux principes pour y appliquer la des-
cente, et la recherche en est quelquefois si malaisée qu'on n'y peut
venir qu'avec une peine extrême. Telle est la question suivante (|uc
Bachet sur Diophante avoue n'avoir jamais pu démontrer, sur le sujet
de laquelle M. Descartes fait dans une de ses lettres la même déclara-
tion, jusques là qu'il confesse qu'il la juge si (liffîcile qu'il ne voit
point de voie pour la résoudre (').
ToiU nombre est qnarrc ou composé de deior, de trois ou de quatre
quarrés.
Je l'ai enfin rangée sous ma méthode et je démontre que, si nu
nombre donné n'étoit point de cette nature, il y en auroit un moindre
qui ne le seroit pas non plus, puis un troisième moindre que le
second, etc. à l'infini; d'où l'on infère que tous les nombres sont de
cette nature.
4. Celle que j'avois proposée ii IM. Frenicle et autres (^) est d'aussi
grande ou même plus grande dilttculté : Tout nombre non quarré est de
telle nature qu'il y a injîrns quarrés qui, multipliant ledit nombre, font
un quarré moins i. Je la démontre par la descente appliquée d'une ma-
nière toute particulière.
J'avoue que M. Frenicle a donné diverses solutions particulières cl
M. Wallis aussi, mais la démonstration générale se trouvera par la
descente dûment et proprement appliquée : ce que je leur indique, afin
qu'ils ajoutent la démonstration et construction générale du théorème
et du problème aux solutions singulières qu'ils ont données.
5. J'ai ensuite considéré certaines questions qui, bien que négatives,
ne restent pas de recevoir très grande dillîculté, la méthode pour y
pratiquer la descente étant tout à fait diverse des précédentes, comme
il sera aisé d'éprouver. Telles sont les suivantes :
// n'y a aucun cube divisible en deux cubes (').
( ' ) f'oir la noie de la pasic 403.
(«) Foir Pièces LXXX cl LXXXI.
(') Foir Observ. II sur DiopliaïUe.
Kebmat. — II. 33
434 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
// n'y a qu'un seul quarré en entiers qui, augmenté du binaire, fasse
un cube. Le dit quarré est 25.
// n'y a que deux quarrcs en entiers, lesquels, augmentés de 4, fassent
un cube. Los dits quarrés sont 4 et 121 (').
Toutes les puissances quarrées de 2, augmentées de l'unité, sont
nombres premiers (^).
Cette dernière question est d'une très subtile et très ingénieuse
recherche et, bien qu'elle soit conçue aiïirmativement, elle est néga-
tive, puisque dire qu'un nombre est premier, c'est dire qu'il ne peut
être divisé par aucun nombre.
Je mets en cet endroit la question suivante dont j'ai envoyé la dé-
monstration à M. Frcnicle, après qu'il m'a avoué et qu'il a même
témoigné dans son Écrit imprimé (^) qu'il n'a pu la trouver :
Il n'y a que les deux nombres 1 et -j qui, étant moindres de l'urnté
qu'un double quarré, fassent un carré de même nature, c'est-à-dire qui
soit moindre de l'unité qu'un double quarré.
6. Après avoir couru toutes ces questions, la plupart de diverse na-
ture et de différente façon de démontrer, j'ai passé à l'invention des
règles générales pour résoudre les équations simples et doubles du
Diophante.
On propose, par exemple,
2Q + 7967 égaux à un quarré.
J'ai une règle générale pour résoudre cette équation, si elle est pos-
sible, ou découvrir son impossibilité, et ainsi en tous les cas et en tous
nombres tant des quarrés que des unités.
(') roir Lettre LKXXIV, 5. Cf. Observ. XLII sur Diophante.
(2) roir Lcllic XCVI, 3, 1°.
(') Cet Écrit, aujourd'liui introuvable, était intitulé Solulio duorum pmblcmalum de,
dédié à Kenelm Digby, et commençait comme suit : /i'ii libi, Vir Illustrissime, Luictia
prœhet.... Deux exemplaires en arrivèrent eu Hollande, pour Schooten et Ihiygens, le
■26 octobre 1657. lîn Angleterre, Brouncker en reçut un seulement en décembre.
CI. — AOUT 1659. W5
On propose cette équation double :
2N -<- 3 et 2!V + 5 égaux chacun à un quarré.
Bachet se glorifie, en ses Commentaires sur Diophante ('), d'avoir
trouvé une règle en deux cas particuliers; je la donne générale en
toute sorte de cas et détermine par règle si elle est possible ou non.
J'ai ensuite rétabli la plupart des propositions défectueuses de Dio-
phante et j'ai fait celles que Bachet avoue ne savoir pas et la plupart
de celles auxquelles il paroit que Diophante même a hésité, dont je
donnerai des preuves et des exemples à mon premier loisir.
7. J'avoue que mon invention pour découvrir si un nombre donné
est premier ou non n'est pas parfaite, mais j'ai beaucoup de voies et de
méthodes pour réduire le nombre des divisions et pour les diminuer
beaucoup en abrégeant le travail ordinaire. Si M. Frenicle baille ce
qu'il a médité là dessus, j'estime que ce sera un secours très consi-
dérable pour les savans.
8. La question qui m'a occupé sans que j'aie encore pu trouver
aucune solution est la suivante, qui est la dernière du Livre de Dio-
phante De mullangulis numeris.
Dalo numéro, invenire quoi modis mullangulus esse possit.
Le texte de Diophante étant corrompu, nous ne pouvons pas deviner
sa méthode; celle de Bachet ne m'agrée pas et elle est trop difficile
aux grands nombres. J'en ai bien trouvé une meilleure, mais elle ne
me satisfait pas encore.
9. Il faut chercher en suite de cette proposition la solution du pro-
blème suivant :
Trouver un nombre qui soil polygone autant de fois et non plus qu'un
voudra, et trouver le plus petit de ceux qui satisfont à la question.
( ' ) Fuir Observ. XLIV sur Diophante et VJppendii à cette Observation.
WG ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
10. Voilii sommairem(Mit le compte de mes rêveries sur le sujet des
nombres. Je ne l'ai écrit que parce que j'appréhende que le loisir
d'étendre et de mettre au long toutes ces démonstrations et ces mé-
thodes me manquera; en tout cas, cette indication servira aux savans
pour trouver d'eux-mêmes ce que je n'étends point, principalement si
.M.M. de Carcavi et Frenicle leur font part de quelques démonstrations
parla descente que je leur ai envoyées sur le sujet de quelques propo-
sitions négatives. Et peut-être la postérité me saura gré de lui avoir
fait connoître que les Anciens n'ont pas tout su, et cette relation pourra
passer dans l'esprit de ceux qui viendront après moi pour tradilio
lampadis adfdios, comme parle le grand Chancelier d'Angleterre ('),
suivant le sentiment et la devise duquel j'ajouterai ('-) :
Multi pertransibunt et augehitur scientia.
Cil.
FERMAT A BILLY(').
20 AOUT 1659.
(Biljliolhèi|ne nationale, latin 8Goo, fol. i3, autographe.)
Mon Révérend Père,
Je suis bien aise que mes solutions vous ayent pieu et je vous
remercie des éloges que vous me donnés, bien que je recognoisse do
bonne foi que vous en usés avec un peu trop de profusion. Peust-
estre serés vous plus surpris de ce que vous allés lire sur le subject de
vostre nouvelle question que vous énoncés en ces termes :
Treuver trois nombres dont le solide estant osté de chacun d'eux et de
( ') Bacon, De dignitate et angmcntis scienlinrum, L. VI, cap. i.
(') Voir page 35, note -2.
(») Publiée pour la première fois par Libri {Journal des Savants, iSSg, p. 548).
eu. — 2G AOUT lGû9. W"
chacune de leur différence, et du produicl du second par le premier ou
par le dernier, ou du quarré du milieu, il se fasse tousjours un (/uarrè.
3 5
Ces trois nombres sont 5> i, ^^
o o
Vous adjoustés cnsuittc, après avoir cstendu vostre méthode, que
vous ne croyés pas qu'il y aist au monde trois autres nomlires qui satis-
fassent il la question, et vous désirés estre esclairci par moi si vous
vous trompés en cette créance.
Je vous respons, mon Père, que cette question reçoit infinies solu-
tions et que la double esgalité à laquelle vous la réduisez :
lAA — A+i Cl lAA — 3A4-1,
chacun desquels termes doit estre faict égal ii un quarré, peut estre
résolue en infinies manières.
Je vous advouc que la méthode dont je me sers pour cela n'est pas
dans les livres, et que c'est une de mes inventions qui a quclquesf'ois
estonné les plus grands maistres et particulièrement Monsieur Frenicle,
que j'estime très profond dans la cognoissance des nombres. Mais,
puisqu'il semble que Diophante, Viete, Bachet et touts les autres
autheurs dont les ouvrages sont venus jusques à moi, n'ont sçu qu'une
seule solution en cette nature de questions, je ne suis point surpris
que vous, mon Père, quoyque d'ailleurs très habille par l'adveu de
touts les sçavants, n'ayés point tenté d'estendre vostre cognoissance au
dessus de celle que donnent les livres.
Vous changerés sans doute d'advis par mon indication, et vous ne
croirés pas cette nouvelle descouverte indigne de vostre recherche,
principallement lors que je vous asseurcrai, comme je fais à l'ad-
vance, que ma méthode est generalle et qu'elle sert à résoudre un
nombre infini de questions qui ont esté jusqu'ici entièrement aban-
données.
Voici trois nombres différents des vostres qui satisfont îi vostre ques-
tion et qui peust-estre vous donneront l'accès aux solutions infinies.
438 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
Le premier de ces trois nombres est ^ l-c' 'c second est i, le troi-
r 5i8b5
sieme est . „,.î:-
Je suis de tout mon cœur. Mon Révérend Père, vostre très humble
et très acquis serviteur.
Fermât.
A Tolose, le 26 A' iGSg.
(Adresse) : Au révérend père, le père liilly, de la compagnie de Jésus,
à Dijon.
cm.
FERMAT A CARCAVl (').
< AouT 1659. >
{Correspondance Huy^ens, n' 699.)
(Bihl. Nat. fr. i3o'|0, f° 130.)
... Si la ligne spirale n'est pas égale à la parabolique, elle sera ou
plus grande ou plus petite.
Soit premièrement plus grande, s'il est possible, et que l'excès de la
spirale sur la parabole soit égal à X, dont la moitié soit Z.
Soient inscrites et circonscrites h la parabole et à la spirale des
figures comme en la précédente (^), en sorte que la diflerence entre les
inscrites soit moindre que Z, et que la difTérence entre les circonscrites
soit aussi moindre que Z ; nous aurons cinq quantités qui vont toujours
(') Publiée pour la première fois par M. Charles Henry ( Rechcrclies , p. 174-176). — Co
fragment, envoyé par Carcavi à Huygens dans une lellrc datée du i3 septembre 1659, esi
le développement du dernier théorème de VEi^aliié entre lex lignes spirale et parabolique
démontrée à la manière des anciens, laquelle fait partie des Lettres de A. Detlonville
(Œuvres de Pascal, V, pp. 421 à 453). La démonstration de Pascal, beaucoup plus brève,
est faite également par l'absurde, mais sans hypothèse sur le sens de l'inégalité entre la
spirale et la parabole.
(*) Fig. 38 des Lettres de Dettonville; voir ci-après fig. gS.
cm. - AOUT 1G59. 439
en augmentant, savoir : l'inscrite en la parabole, la parabole, la circon-
scrite il la parabole, la spirale, et la circonscrite à la spirale.
Car il appert que la seconde, qui est la parabole, surpasse son
inscrite et que la circonscrite ii la parabole surpasse la parabole.
Or il paroit que la quatrit^me quantité, qui est la spirale, surpasse
aussi la circonscrite à la parabole : car, puisque (') l'inscrite en la para-
bole dilTere de la circonscrite îa la même parabole d'une ligne moindre
qup Z (ainsi que M. Dettonville l'a démontré), a /oriton la parabole
même diffère de la circonscrite de moins que Z. Or, par la supposition,
la parabole est moindre que la spirale et la diiïérence est 2Z. Donc,
puisque la différence entre la parabole et sa circonscrite est moindre
que la différence entre la môme parabole et la spirale, la circonscrite à
la parabole sera moindre que la spirale.
Laquelle spirale étant aussi moindre que sa circonscrite, il paroit
que ces cinq quantités, à commencer par l'inscrite en la parabole, vont
toujours en augmentant.
Mais puisque l'inscrite en la parabole diffère de la circonscrite d'une
ligne moindre que Z, et que, par la construction, la circonscrite sus-
dite il la parabole diffère aussi de la circonscrite à la spirale d'une ligne
moindre que Z, donc l'inscrite en la parabole diffère de la circonscrite
il la spirale d'une ligne moindre que 2Z.
Nous avons donc la première et la cinquième de ces cinq quantités,
qui sont la plus petite et la plus grande, qui diffèrent entre elles de
moins que de 2Z. Donc, a fortiori, la seconde et la quatrième, qui
sont la parabole et la spirale, diffèrent d'une ligne moindre que 2Z et
par conséquent moindre que X; ce qui est contre la supposition.
Donc la spirale n'est pas plus grande que la parabole.
Qu'elle soit, s'il est possible, moindre que la parabole, et que l'excès
soit X ou 2Z. Il faut faire les inscriptions et circonscriptions comme en
la précédente partie de la démonstration. Nous trouverons ici cinq
quantités qui vont toujours en diminuant : la circonscrite à la para-
(') D'après le corollaire qui, dans les Lettres de Dettonville, précède immédiatemeiit
le théorème repris par Fermât.
JW ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
i)ole, la parabole, l'inscrite en la parabole, la spirale, et l'inscrite en la
s|)irale.
La première paroit évidemment plus grande que la seconde et la
seconde que la troisième.
Or on voit aussi (jue la troisième, qui est l'inscrite en la parabole,
surpasse la spirale : car, puisque, par la démonstration de M. Detton-
ville, l'excès de la circonscrite ii la parabole sur l'inscrite en la para-
bole est moindre que Z, a fortiuriV oxchs de la parabole sur son inscrite
est moindre que Z.
Or, la parabole étant plus grande que la spirale, et son excès sur
la dite spirale étant, par la supposition, iZ, la parabole surpasse la spi-
rale d'une plus grande quantité que celle dont elle surpasse l'inscrite
en la parabole, et, partant, l'inscrite en la parabole est plus grande que
la spirale.
Nous avons donc cinq quantités qui vont toujours en diminuant,
savoir : la circonscrite ii la parabole, la parabole, l'inscrite en la para-
bole, la spirale", et l'inscrite en la spirale. Or la circonscrite à la para-
bole dilTère de son inscrite de moins que Z, et l'inscrite en la dite pa-
rabole diiïère aussi, par [la construction, de l'inscrite en la spirale de
moins que Z. Donc la circonscrite îi la parabole, qui est la première
(les cinq quantités et la plus grande, diffère de la dernière des dites
quantités, qui est la plus petite, d'une ligne moindre que aZ. Donc, o
fortiori, la seconde quantité diffère de la quatrième, c'est-k-dire la pa-
rabole de la spirale, de moins que de 2Z, c'est-à-dire de moins que
de X : ce qui est contre la supposition.
D'où il résulte que la spirale n'est pas plus petite que la parabole; et
partant, puisqu'elle n'est ni plus petite, ni plus grande, elle est
égale, ce qu'il etc.
CIV. - SEPTEMBRE 1C59. Ul
CIV.
FERMAT A CARCAVI (').
< SEPTEMBRE 1G59 >
{Corrcspont/unce Ilnyi^'ens, n" 700.)
(Uibl. nal. fr. i:lo'|0. f» LlO-liO.)
1- J'envoyai raiiiiée passée à M. Krenicle la démoiislration par la-
(|iielle je prouvuis qu'il n'y a aucun nombre que le seul 7 qui, étant le
double d'un quarré — i, soit la racine d'un quarré de la même nature,
car 'iç) est le double d'un quarré, 2.), — i.
2. Je veux même que !M. de Zulicliem voie que cette comparaison des
lignes spirales et paraboli([ues se peut rendre plus générale, et peut-
clre sera-t-il surpris de lire la proposition suivante, dont je lui garantis
la vérilé :
Vax la tigure 'i8 de M. Dettonville (fg- ^i), on ])eut considérer les
spirales quarrées, cubiques, quarréquarrées, etc., tout de même que
les paraboles cubiques, quarréquarrées, etc.
Si la s[)irale ordinaire, en laquelle comme toute la circonférence ii la
portion E813, ainsi la droite BA ii la droite AC, se compare avec la pa-
rabole ordinaire en laquelle comme la droite RA ii la droite GA, ainsi
le (juairé d(^ la droite RP est au (juarré de la droite ()Q, et le rapport
est tel :
Si AR est faite égale à j de la circonférence totale, et l'appliquée RP
au rayoïi AR, la ligne parabolicfue PQA sera égale à la s[)irale BCDA,
comme le démontre M. Dettonville.
Mais en prenant la spirale quarrée, (jui est celle du second genre,
en laquelle comme toute la circonférence est ii la portion E8B, ainsi
(') Piihlice pour la première fois par M. (Hiurlcs Ucnr){/{cc/icrc/ies, p. 17G-177). — Cet
(•\trail, envoyé par Curcavi ù Iluygous en mémo temps ipie lo précédent, provient d'une
lellre postérieure de Fermai.
FtnM.iT.— u. 56
Wî (ECJVRES DE FERMAT. - COUIIESPON DANCE.
le quarré du rayon AH est au (juari-é tlu rayon XC, ou prul la cdin-
parer avec la parabole cubique, qui esl la parabole du second genre,
Soit tait, en la parabole cubique, l'axe AU égal aux f de la eirconfé-
CIV. - SEPTEMBRE lGo9. VW
rciico lolalo, et r;i|t|)Ii([iiéc RP aussi égale au rayon AR; ia parabole Al'
(lu second genre sera égale à la spirale du second genre RCDA.
Si la spirale est cubique, il la faudra comparer avec la parabole
(|uarréquarrée, et faire les ^ de la circonférence totale égaux ii l'axe AU
de la parabole quarré(]uarrée, et l'appliquée RP toujours égale au
rayon AR.
La parabole quarréquarrée PQA, du troisième genre, sera égale ii la
spirale cubique du troisième genre en laquelle comme toute la circon-
férence à la portion K8R, ainsi le cube du rayon AR au cube du
rayon AC; et à l'intini, en augmentant toujours chaque numérateur cl
dénominateur de la fraction, de l'unité :
L'axe (le la paraliole ordinaire élant ... i de la circotiférciicc.
L'axe de la parabole cubique f de la iiiùuic circoniéronce,
L'axe de la ]>arabole quarréquarrée ... f
L'axe de la iiarabolc ([uarrécubique ... 4
l'uis I, etc.
D'où il est aisé de conclure qu'il y a des spirales dans celte progres-
sion (|ui s(uil plus grandes que la circonférence du cercle qui les pro-
duit, mais qu'elles sont toujours moindr(>s (jue la somme de ladite
circonférence et du rayon.
Voilii un paradoxe géométrique, sur lequel peut-être M. Dettonville
et M. de Zulichem n'ont pas encore rêvé. En tout cas, je les supplie de
croire que je ne l'ai point de personne, et que ma méthode dont vous
avez le chilfrc longtemps avant que le Livre de M. Dettonville parût,
est la source de beaucoup d'autres belles découvertes sur le sujet des
lignes courbes comparées, ou avec des droites, ou avec d'autres lignes
courbes de diverse nature. Je vous en dirai j)eul-étre un jour qui vous
surprendront.
3. -M. de Zulichem désire encore savoir si ma méthode s'étend à trou-
ver la dimension des surfaces courbes des conoides et des sphéroïdes.
Vous pouvez l'assurer que oui, et qu'elle va encore bien plus loin. Il
m'entendra assez lorsque je lui assurerai :
i" Que je n'ai point vu aucune de ses prcqiositions sur ce sujet;
U4. Œuvin:s ue fermât.- correspondance.
2" (Jue la surface du conoïdc parabolique autour de l'axe se trouve
|)ar la règle ot le compas et est un problème plan ;
Que les surfaces des conoïdes bypcrboliques et spliéroïdes su|tpitscnt
la quadrature de l'byperbole et quelques fois de l'ellijjse,
Kt qu'enfin le conoïde parabolique autour de rappliqué(> fait une
surface courbe qui suppose, pour être exactement mesurée, la (|uadra-
Inrc de l'iiyperbole.
Je puis même donner une ligne droite égale ii toute portion de para-
b(de donnée, en supposant la quadrature de l'byperbole, c'est-à-dire de
l'espace byperbolique.
.l'ajouterois tontes les constructions de mes j)ropositii>ns, mais le
loisir me manque.
CV. - FEVRIER 1660.
ANNÉE 1660.
CV.
FF.R.MAT A CARCAVI (').
< FÉVRIER 1600 >
(Corresp. Huyg., n" 7'2Î.)
... Oi» peut considérer les roulettes allongées ou raccourcies d'une
autre manière que n'a fait M. Dettonville :
Supposez qu'en la roulette ordinaire les seules appliquées soient
allongées ou raccourcies proportionnellement, c'est-à-dire que, l'axe
demeurant le même, chacune des appliquées est augmentée de la
moitié ou bien raccourcie de la moitié, auquel cas il se produit des
courbes nouvelles : celles des appliquées allongées sont au dehors de
la roulette et celles des appliquées raccourcies sont au dedans.
Je dis que toutes les roulettes allongées en ce sens sont égales à
la somme d'une ligne droite et d'une circulaire, et que toutes les
roulettes accourcies au même sens sont égales à des courbes para-
boliques.
Par exemple, soit une roulette allongée dont les appliquées soient
aux appliquées de la roulette naturelle comme le diamètre d'un
quarré à son coté, je dis que cette roulette allongée, prise tout
entière, c'est-ii-dire des deux cotés, et que par la construction vous
voyez être plus grande que la naturelle, est égale à la circonférence
(') Fragment envoyé par Carcavi à Hujgcns le G mars iG6o. — l'ublio i)our la pro-
niicre fois par M. Cli. Henry (Pierre de Carcnff, p. 3i).
>*\n ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
(lu ciM-cle généraleur de la roulctlc naUirelle et au doublo de sou dia-
iiii'lrc.
Je pùiiri'uis ajouter le théorème général pour tous ces cas, c'est-
;i-dire pour l'invention des paraboles égales aux roulettes accourcies
et pour l'invention de l'agrégé des droites et des circulaires égales
aux allongées. Mais ce sera pour une autre fois. Ma méthode générale
ne dépend que du chifi're que je vous envoyai l'année passée, avant
(|ue j'eusse vu le Livre de M. Deltonville. . . .
CVI.
fI':h.mat a carcavi (•).
<jiiN 1GG0>
... 1- Data quadralurà hyperboles, datur (•ir( iilus a'([ualis superti-
liei eurvie paraboles circa aj)plicatain rotatte.
Sit dala parabole AD { /li^- 9')), eujus axis \K, applicala seu sctni-
basis [)\i, rectum latus ABC. QuaM-itur circulus a;qualis superficie!
nirva' solidi quod ex rotalione figune ADE circa a[iplicatam 01'] (an-
(liiain imniobilem circumduc(;e conticilur.
(') Fragmeuts envoyés par Carcavi à Huygens le 25 juin 1G60. — Publics pour la pre-
mière fois par M. Cii. Henry (Pierre de Crircao , p. 33-34 )•
CVI. — JUIN 1G60.
U7
Bisccctur latus roctiim AC in 15 et axi AR pnnatiir in dircclnni
recla EF aeqiialis roctae AB sou diniidio roc(i laloris, cl jungalur l)K.
Kxponaliir soparatini rocta 10 ( fig. r)G) a-qualis axi AE, cnins
ilupla sil roda IH; tiat
m ri-: sive AH ;i(I I)F, ilii rctia 01 ad roctani Qll,
et a puncto H diicatiir HG perpendiciilaris ad HIR, et fiai HG a^pialis
rectai DE. Per piuulum I lanquam verliccm describaliir liyporbolc
iiijus Iransversum laliis sil recta IR, ccnlruiu O, et Iranseat hyperbole
per punetum G et sit IG.
DescribaUir item alla hyperbole separatim {fig. 9G), cujiis Iransver-
sum latus .MN sit a'quale quart* parti recli paraboles laleris, hoc esl
Fi-. 9(i.
9
(juartic parti recta' AC; centrum vcro sil V, l'cctuin laUis OVP
aH|uale Iransvcrso latcri. Sil auteni hyperbole i(a descripla .MK.
cnjns vertex M, axis ML qui continuelur donec recta ML sit a-qualis
axi paraboles AE, et ducalur perpendicularis seu applicala LK. A rec-
tangulo sub QH in HG deducantur duo spatia hyperbolica IGH, MKL,
(juoruni quadratura; supponuntur, et (juod su|)ererit a'quelur qua-
drato.
W8 ŒUVRES DE FERMAT.- COIIRESPON UANCE.
Diagoiiia istiiis quadrati crit radins circuli superficiel ciirv», cujus
dimensionem qiiaM'imus, seqiialis ( ' ).
2. Ks(o cvelois primaria ANIF {fig- 97), cujus axis Al), somi-
hasis 1)F, et ab cà formentur aliie curvte vel extra ipsani vel luira,
quarum applicat;e slut scinper lu eâdcm ratione data ad applicatas
j)rlinariai cycloidis.
••"ig- UT-
A
Exempli gratia, lu curva extoriori AMHG ducantur applicatu' GFI),
HIC, MNB; ratio autem (ID ad DF sit data et sit semper cadem qu;e HC
ad Cl et MB ad BN. lu curvà autem interiori AROE, ratio FI) ad I)K sit
data et sit seuiper eadem qua» IC ad CO et NB ad RB.
Dico oontingerc ut curvic exterlores, (jualls est AMHG, slut scnij)cr
;e(juales aggregato linea; clrcularis et linesc recta;; curva; autem iiite-
riorcs, (jualis est AROIÎ, slut semper ;equales parabcdis primariis sive
Arclilmedeis.
Theorematls geueralis eiumciatiouem , quaudo voiuei'is, exliilxdio,
iuio et deiuousli'alioiiem (-).
{Cnncspotnîtincv llinî^cfts, n" 7.j(i.)
• >. Pour me sauver un |>cn de l'aceusalion de }A. de Znlyelieni, (|ni
(lit ((ue mes spirales n'ont jias des propriétés qui soient anlremenl con-
sidérables (^), vous pourrez, si vous voulez, lui proposer celle (|ni suit :
( ' ) Cnmptircr la l'roiiosilinil II i'i Lali)iivi',re, l. l, p. 'loo.
f -) Comparer la proposilion IV à Laloiivèrc, I. I, p. ■t.o-x et suiv.
( ■' ) LcUi'c (le lliiviJîcns à Carcavi du i<j février iCiCo {Corr. Hiif^.. ii° 'l'i'i} : « La coiii-
paraison des aulnes sortes de spirales avec les lignes paraboloïdcs cpie donne .M. de
CVI. - JUIN ICGO. /.W
Soil le forolo HCDM {fig. 98), duquel le centre A et le ravoii AU, et
soit la spirale BOZA de laquelle la [)rni)riétc soit telle :
HA esl à OA comme le quaiTé tW loiile la circonrérciice lUJDMH
an (|iiarré de la porlion île la même eiiTonférence ('DMIÎ.
(]e(le spirale, par mon (liéorème général, est égale à une parabole en
laquelle les cubes des appliquées sont eu même raison (|ue les (juarrés
des portions de l'axe, laquelle parabole est égale à une ligne droite.
Fig. nS.
J'espère que cette propriété suffira pour me réconcilier avec M. Zuly-
ehem e(, puisque je lui ci'de tous mes droits sur les surfaces courbes
des sphéroïdes et conoides, j(> souhaiterois qu'en revanche il m'iudi-
(|uàt s'il sait aucune surface courbe égale à un quarré par voie pure-
ment géométrique et pareille ;i celle d(Uit je me suis servi en donnant
des droites égales à des courbes.
Koriiial est viM'ilahlc, mais non pas furt difficile à Irciiurr a|ircs i|ii(.' la prcmièiT esl
roiiinie, cl jt! m'étoiiiic qu'il prend plaisir à inventer des lignes nonvelles cpii n'ont pas
anlrcnienl des propriétés (lignes de eonsidéralion. » C-p. la Pièee CIV.
l'"tnMAT.
4S0 (EUVRES DE FEUMAT. - COllUESl'ONnANCE.
CVII.
FERMAT A PASCAL.
DIMANCIIK 25 JUILLET IGCO.
(OF.iwn-.s ,1c Poscii/, IV. p. '|'|). )
MoNSiEim,
Dès que j'ai su qui" nous sommos plus proclirs l'un de l'aufro que
nous n'étions auparavant, je n'ai pu résister à un dessein d'amitié dont
j'ai prié M. de Carcavi d'être le médiateur : en un mot je prétends vous
embrasser et eonverser ({uelques jours avee vous; mais, parée que ma
santé n'est guiu'e plus forte (jue la viMre, j'ose espérer qu'en eette con-
sidération vous me t'erez la grâce de la moitié du chemin, et (|ue vous
m'obligerez de me marquer un lieu eulre Clermont et Toulouse, lu'i je
ne manquerai pas de me rendre vers la fin de septembre ou le cimi-
mencement d'octobre.
Si vous ne prenez pas ce parti, vous courrez hasard de me voir chez
vous et d'v avoir deux malades («n même temps. J'attends de vos nou-
velles avec impatience et suis de tout mon co'ur.
Tout il vous.
Fkumat.
A ToiiloMSu, le "> J juillet iIKio.
CVIII.
PASCAL A FERMAT.
MAItlH 10 AOIIT 1060.
{OKiirres ilc Pascal, IV, p. Vl'i-'ll^-)
MoNsnajR,
Vous êtes le plus galant homme du monde et je suis assurément un
de ceux ({ui sais le mieux reconnoitro ces qualités-là cl les admirer
CVIII. - tO AOUT 1C60. /i51
intiniinent, surtout quand elles sont jointes aux talents qui se tiduvcnt
singulièrement en vous. Tout cela m'oblise à vous témoigner de ma
main ma reconnoissance pour l'offre que vous me laites, quelque
[»einc (|ue j'aie encore d'écrire et de lire moi-même; mais l'honneur
qu(i vous me faites m'est si cher que je ne puis trop me hâter d'y
répondre.
Je vous dirai donc, Monsieur, que si j'étois en santé, je serois V(dé ii
Toulouse et que je n'aurois pas souffert qu'un homme comme vous
eût l'ait un pas pour un homme i-omme moi. Je vous dirai aussi que,
quoique vous soyez celui de toute l'Europe que je tiens pour le plus
grand géomètre, ce ne seroil pas cette qualité-lii qui m'auroit attiré,
mais que je me figure tant d'esprit et d'honnêteté en votre conversa-
tion que c'est pour cela que je vous rechercherois.
(".ar, pour vous parler franchement de la Géométrie, je la trouve le
plus haut exercice de l'esprit : mais en même temps je la connois pour
si inutile que je fais peu de différence entre un homme qui n'est que
géomi'tre et un habile artisan. Aussi j(^ l'appelle le plus beau mélier
du monde, mais enfin ce n'est qu'un métier, et j'ai dit souvent qu'elle
est bonne pour faire l'essai, mais non pas l'emploi de notre force.
De sorte que je ne ferois pas deux pas pour la Géométrie et je m'as-
sure que vous êtes fort de mon humeur. Mais il y a maintenant ceci de
plus en moi que je suis dans des études si éloignées de cet esprit-là
qu'à peine me souviens-je qu'il y en ait. Je m'y étois mis, il y a un an
ou deux, par une raison tout à fait singulière, à laqutdle ayant satis-
fait, je suis au hasard de ne jamais plus y penser.
Outre que ma santé n'est pas encore assez forte, car je suis si foible
que je ne puis marcher sans bâton ni me tenir à cheval, je ne puis
même faire que trois ou quatre lieues au plus en carrosse. C'est ainsi
<]ue je suis venu de Paris ici en vingt-deux jours. Les médecins m'or-
donnent les eaux de Bourbon pour le mois de septembre, et je suis
engagé, autant que je puis l'être, depuis deux mois d'aller de lii en
Poitou par eau jusqu'à Saumur, pour demeurer jusqu'à Noèl avec
;M. le duc de Roannès, gouverneur de Poitou, qui a pour moi des
ia-2 ŒUVIIKS DE FERMAT.- CO URESPOND ANGE.
sentimcns que j(> ne vaux pas. Mais, comme je passerai par Orléans
en allant à Saumur par la rivière, si ma santé ne me permet pas de
passer outre, j'irai de là à Paris.
Voilà, Monsieur, tout l'état de ma vie présente, dont je suis obligé
(le vous rendre compte pour vous assurer de l'impossibilité où je suis
de recevoir l'bonneur que vous daignez m'offrir et (|ue je souhaite de
t(mt mou c(eur de pouvoir un jour reconnoitre, ou en vous, ou en
Messieurs vos enfants, auxquels je suis tout dévoué, ayant une véné-
ration particulière pour ceux qui porlent le nom du premier homme
du monde.
Je suis, etc. Pascal.
De Bicnassis, le lo août iGfio.
CIX.
FERMAT A HUYGENS(').
DÉCEMBRE 1000.
( (\)rrr.y>oilti(ltu-r tir H.iyi^riin^ II" 8"!^.)
MONSIEtT,,
J'ai appris avec joie, mais non sans quelque espèce de jalousie, que
mes amis de Paris ont l'honneur de vous posséder depuis quelque
temps. Je vous assure. Monsieur, que, si ma santé étoit assez forte
pour les voyages, j'irois avec grand plaisir prendre ma part de leur
bonheur. Ce n'est pas d'aujourd'hui, ni par la relation seule de M. de
Carcavi, que je suis persuadé de vos qualités tout extraordinaires. J'é-
tois à vous avant que vous fussiez en France et, lorsqu'on m'a demandé
mon sentiment de votre Saturne, j'ai répondu hardiment et sans même
( ' ) Publiée pour la première fois par M. Charles Ilenrj' {Reclicrchct, p. 77-7S). — Car-
cavi remit ccUc Ictlrc à Iliiygcns, alors à Taris, lo 27 dccciubrc iGGo. L'aiilographe csl
conserve à la Bibliothèque de l'Université de Lcyde, manuscrit Iluygens, 3o.
CIX. - DECEMBRE 1660. 433
l'avoir encore vu que, puisqu'il partoit de votre main, il ne pouvoit
manquer quoi que ce soit à sa perfection. Vos autres ouvrages que j'ai
vus et admirés m'ont obligé d'en parler de la sorte et j'ai en plus de
raison d'en user ainsi que celui
Oui iuiiu|uaiii visœ flagralial aiiinrc puella: (')•
Votre grande et juste réputation est le seul et véritable garant de
tous vos livres. Il me tarde de les voir et de me contirmer par leur lec-
ture au jugement que j'en ai fiiit par avance et en la passion que vos
autres écrits m'ont donnée, d'être toute ma vie avec grand respect,
Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Feumat.
(• ) Jiivéiial, SaL. IV, 1 13.
454.
ŒUVRES DE FEUMAÏ. - CORRESPONDANCE.
ANNÉE 1661.
ex.
"ERMAT A C ARC AVI ( ' ).
1061.
{Conrsp. Hiiyf;., irll'l!).)
... Soit la courbe de Diock' RCRG (Jlg. <)9) et BDF d(* l'autro coté dti
cercle, ([iii a cotte propriété comme qu'en prenant quelconque point
rig- 99-
Hi|G
au cercle, comme N ou Q, les quatre lignes AO, ON, OB, ()i\l sont con-
(') Ki'aiîiiiciil ciivoyù par Carcavi à lliiygens, le i"' janvier iGCd,, en môme temps que
le niorc.oa\i lai in De cistoiclc imprimé Tome I, p. ^SS-aSS. — Il a (Hé publié pour la pro-
inièrc l'ois par M. Cli. Henry {Pierre de Carcat'f, p. y.y).
C.W. - 13 DECEMHHE IG61. V55
liinu'iiKMit itroportioiincllcs cl de, mémo les ([iiatrc lii^ncs AP. PQ,
PB, PR.
• Or, cotte courbe s'étend des deux cotés à l'infini, et la droite HAE,
qui touche le cercle en A, est son asyin[)tote.
La proposition est que tout l'espace GRBDF, compris entre la courbe
et l'asymptote étendue à l'infini, est triple du cercle générateur AC.BD.
J'ai aussi la niesure des solides, des centres de gravité des portions,
et de tout b; reste. . . .
CXI.
FERMAT A SKGLIIER (').
MVRDl \'.\ DftClOIlllIK KiGI.
(IJilil. Xat. IV. .7.i(,S. f" ',Si.)
AIoNSl-.KINF.Ur.,
J'ai desia pris la liberté d'aller tout droit à v(uis sans me servir d'au-
cune recommandation estrangere pour vous demender grâce et iuslice
pour mon fils(-). Il a depuis peu trailléd'un office de con"''en la Chambre
des rcquestes de ce parlement que i'ai cy devant excercé. Il vous sera.
Monseigneur, iuslifié par actc^s qu'il a l'aage et le temps de la postula-
tion requis par les ordonnancc^s. Et quoique son traitté soit antérieur
au regicnu'nl de Sa Maiesté (|ue nous venons de recevoir, il ne restera
pas. Monseigneur, de vous |)roduire toutes les preuves ((u'il exige, et
d'y adiouster mesme la sousmissi(W) contenue dans ladite déclaration.
Je n'ai. Monseigneur, a vous demender que la dispense de la |)resenta-
tioii ([u'il vous doit taire en personne de touts ses actes aux termes de
ce règlement. Je n'implore pour cela que vostre cognoissance et vostre
(') Publiée pour la iiroiiiiére fois par M. Charles Henry d'après l'autographe ( He-
clierrlics, p. 70-7:*).
('-) ClémoiU-Samucl. fils aiiié de b'oniial. Son cadcl, Jcaii, rcrul les ordres et devint
archidiacre.
456 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
meinoiro, et io no doubto pas ([ucMonsiour do La Chaniliro no vittis fasse
souvonir, Monsoignour, quo mond. iils vous rondist ses respects on per-
sonne en l'année mil six cens cinquanlc sept, et que Monseigneur le
Duc de Sulli ne vous dise quelque parolle favorable pour une famille
qui vous est entièrement dévouée et qui vous est acquise avec toute
dépendance. J'attens cette seule grâce de voslre honte et suis avec très
grand respect
Monseigneur
Votre très humble et 1res
obéissant serviteur
Fkrmat.
A Tolosc. le i'5 (Icc. iGOi.
CXII. - 1 JANVIEH 1C62. i57
ANNÉE 1662.
CXII.
FERMAT A C. DE LA CHAMBUE.
DIUANCUE 1 JANVIEH 1662.
( D., III, 5c ; Cvrrespoitddnoc HiijgeuSy n" 990. )
Bibl. Nat. fr. n. a. 3280.
Monsieur,
1- Il est juste de vous obéir et de terminer entin par votre entremise
le vieux démêlé qui a été depuis si longtemps entre M. Descartes et moi
sur le sujet de la réfraction, et peut-être serai-je assez heureux pour
vous proposer une paix que vous trouverez avantageuse ti tous les
deux partis.
Je vous ai dit autrefois, dans ma pnimière lettre ( ' ), que M. D(!scarles
n'a jamais démontré son principe; car, outre que les comparaisons ne
servent guère à fonder des démonstrations, il emploie la sienne à
contre-sens et suppose même que le passage de la lumière est plus aisé
par les corps durs que par les rares, ce qui est apparemment faux. Je
ne vous redis rien du défaut de la démonstration en elle-même, quand
bien la comparaison dont il se sert seroit bonne et admissible en cette
matière, pource que j'ai traité tout cela bien au long dans mes lettres
à M. Descartes pendant sa vie, ou dans celles (jue j'ai écrites à M. Cler-
sclier depuis sa mort (-).
( ' ) Lcllrc LXXXVI.
(2) Les Lettres à Merseiinc XXII et XXIV, à Clerselicr XC, XC Ins, XCV, XCVII.
Fermât. — II. 5"
458 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
2. J'ajoute seulement qu'ayant vu le même principe de M. Dcseartes
dans plusieurs auteurs qui ont écrit après lui, leurs démonstrations,
non plus, ne me paroissent point recevables et ne méritent point de
porter ce nom : Hérigone (') se sert, pour le démontrer, deséquipondé-
rants et de la raison des poids sur les plans inclinés ; le Père Maignan (^)
y veut parvenir d'une autre manière. Mais il est aisé de voir qu'ils ne
démontrent ni l'un ni l'autre, et qu'après avoir lu et examiné avec
soin leurs démonstrations, nous sommes aussi incertains de la vérité
des principes qu'après avoir lu M. Descartes.
Pour sortir de cet embarras et tâcher de trouver la véritable raison
de la réfraction, je vous indiquai dans ma lettre que, si nous voulions
employer dans cette recherche ce principe si commun et si établi, que
la nature agit toujours par les voies les plus courtes, nous pourrions y
trouver facilement notre compte. Mais parce que vous doutâtes d'abord
que la nature, en conduisant la lumière par les deux cotés d'un triangle,
puisse jamais agir par une voie aussi courte que si elle la conduisoit
par la base ou par la soustendante, je m'en vais vous faire voir le con-
traire de votre sentiment ou plutôt de votre doute, par un exemple aisé.
3. Soit, en la figure à pari {fig- loo), le cercle ACBG, duquel le dia-
mètre soit AOB, le centre 0 et un autre diamètre GOC. Des points G
et G soient tirées les perpendiculaires sur le premier diamètre, GH,
CD. Supposons que le premier diamètre AOB sépare deux milieux dif-
férents, dont l'un qui est celui de dessous, AGB, soit le plus dense et
celui de dessus, AGB, soit le plus rare, en telle sorte, par exemple,
que le passage par le plus rare soit plus aisé que celui par le plus dense
en raison double.
(') Cursus malhcmalicvis lomus quinlus, Paris, chez Simeon Pigct, MDCXLIV, p. 17,9-
i3o. Axiome V : « Les puissances de pénétrer divers mediuins diaplianes, qu'ont les
rayons optiques, s'augmentent ou diminuent proportionnellement par la mutation des
médiums ; et il y a mesme proportion entre les puissances des rayons d'incidence et de
réfraction qu'entre les pressemens qu'ils recevroient des poids égaux s'ils en souste-
noient. u
(") Perspectiva horaria seu de liorographia gnomonica tum theoretica tum practica
libri quatuor. Rome, 1648; in-fol., pages 631-647.
CXII. - I JANVIER 1662. 459
Il suit de cette supposition que le temps qu'emploie le mobile ou la
lumière de C en 0 est moindre que celui qui les conduit de 0 en G, et
que le temps du mouvement de C en 0, qui se fait dans le milieu le
plus rare, n'est que la moitié du temps du mouvement de 0 en G. Et
par conséquent la mesure du mouvement entier par les deux droites CO
Fig. 100.
et OG peut être représentée par la somme de la moitié de CO et de la
totale OG; de même, si vous prenez un autre point, comme F, le temps
du mouvement par les deux droites CF et FG peut être représenté par
la somme de la moitié de CF et de la totale FG.
Supposons maintenant que le rayon CO soit lo, et par conséquent le
diamètre total COG sera 20; que la droite HO soit 8, la droite OD soit
aussi 8; et qu'enfin la droite OF ne soit que i. Je dis qu'en ce cas le
mouvement qui se fait par la droite COG se fera en un temps plus
long que celui qui se fait par les deux côtés du triangle CF, FG.
Car si nous prouvons que la moitié de CO, jointe à la totale OG, con-
tient plus que la moitié de CF jointe à la totale FG, la conclusion
sera manifeste, puisque ces deux sommes sont justement la mesure
du temps de ces deux mouvements. Or la somme de la moitié de CO
et de la totale OG fait justement i5, et il est évident par la construc-
tion que la droite CF est égale à la racine quarrée de 117 et que la
droite FG est égale à la racine quarrée de 85. I\Iais la moitié de la pre-
mière racine, jointe à la seconde, fait moins que — > et -^ sont encore
^ A 4
moindres que i5. Donc la somme de la moitié de CF et de la totale FG
4G0 ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE.
ost moindre que la somme de la moitié de CO et de la totale OG, et par-
tant le mouvement par les deux droites CF, FG se fait plus tôt et en
moins de temps que par la base ou soustendante COG.
4. Je suis venu jusqucs-là sans beaucoup de peine, mais il a fallu por-
ter la rechercbe plus loin et, parce que, pour satisfaire à mon principe,
il ne suffit pas d'avoir trouvé un point comme F, par où le mouvement
naturel se fait plus vite, plus aisément et en moins de temps que par la
droite COG, mais [quj'il faut encore trouver le point qui fait la con-
duite en moins de temps que quelque autre que ce soit, pris des deux
côtés, il m'a été nécessaire d'avoir en cette occasion recours à ma
méthode de maximis et minimis , qui expédie cette sorte de questions
avec assez de succès.
Dés que j'ai voulu entreprendre cette analyse, j'ai eu deux obstacles
à surmonter : le premier, que, bien que je fusse assuré de la vérité de
mon principe, qui est qu'il n'y ait rien de si probable ni de si apparent
que cette supposition, que la nature agit toujolirs par les moyens les
plus aisés, c'est-à-dire ou par les lignes les plus courtes, lorsqu'elles
n'emjjortent pas plus de temps, ou en tout cas par le temps le plus
court, afin d'accourcir son travail et de venir plus tôt ii bout de son
opération (ce que le précédent calcul confirme, d'autant plus qu'il
paroit que la lumière a plus de difficulté à traverser les milieux denses
que les rares, puisque vous voyez que la réfraction vise vers la perpen-
diculaire dans mon exemple, ainsi que l'expérience le confirme, ce qui
pourtant est contraire à la supposition de M. Descaries), néanmoins
j'ai été averti de tous côtés, et principalement par M. Petit, que j'estime
infiniment, que les expériences s'accordent exactement avec la propor-
lion que M. Descartes a donnée aux réfractions, et que, bien que sa
démonstration soit fautive, il est à craindre que je tenterai inutilement
d'introduire une proportion différente de la sienne, et que les expé-
riences qui se feront après que j'aurai publié mon invention la pour-
ront détruire sur l'heure.
Le second obstacle qui s'est opposé à ma recherche a été la longueur
CXII. - 1 JANVIER 16C2. /^61
et la (liffîculté du calcul, qui, dans la résolution du problème dont je
vous parlai dans ma lettre et que je vous témoignois n'être pas dos plus
aisés, présente d'abord quatre lignes par leurs racines quarrées et
engage par conséquent en des asymmétries qui aboutissent à une tri-s
grande longueur.
Je me suis défait du premier obstacle par la connoissance que j'ai
qu'il y a infinies proportions, différentes de la véritable, qui approchent
d'elle si insensiblement qu'elles peuvent tromper les plus habiles et
les plus exacts observateurs. Ainsi n'y ayant que le second obstacle à
vaincre, je m'étois résolu très souvent d'employer la bien-aimée (')
Géométrie (c'est ainsi que Plutarque l'appelle) pour vous satisfaire et
pour me satisfaire moi-même. Mais l'appréhension de trouver, après une
longue et pénible opération, quelque proportion irrégulière et fan-
tasque, et la pente naturelle que j'ai vers la paresse, ont laissé la
chose en cet état, jusqu'à la dernière semonce que M. le Président
[de ] Miremont vient de me faire de votre part, que je prends pour une
loi plus forte que ni mon appréhension ni ma paresse : si bien que je
me suis résolu de vous obéir sans autre retardement.
5. J'ai donc procédé sans remise en vertu de l'obédience, comme
parlent les moines, à l'exécution de vos ordres, et j'ai fait l'entière
analyse en forme, dans laquelle le désir passionné que j'ai eu de v(ins
satisfaire m'a inspiré une l'outc qui a abrégé la moitié de mon travail
et qui a réduit les quatre asymmétries que j'avois eu en vue la jire-
mière fois à deux tant seulement, ce qui m'a notablement soulagé.
IMais le prix de mon travail a été le plus extraordinaire, le [ilus
imprévu et le plus heureux qui fut jamais. Car, après avoir couru par
toutes les équations, multiplications, antithèses et autres opérations de
ma méthode, et avoir enfin contlu le problème (|ue vous verrez dans
un feuillet séparé (-), j'ai trouvé que mon [)i-incipe donnoit justi'ment
(') Plutarque, Marcellus, XIV, 5 : Tf,'/ yip àya::(i)[i£vr|V xaûtr//....
En fait, il s'agil dans ce passage, relatif à Arcliimcde, de Mécanique, non de Géométrie.
(*) Voir V Anal/sis ad refractioncs, t. I, p. 170 et siiiv.
462 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
et précisément la même proportion des réfractions que M. Descartes a
établie.
J'ai été si surpris d'un événement si peu attendu, que j'ai peine à
revenir de mon étonnement. J'ai réitéré mes opérations algébraiques
diverses fois et toujours le succès a été le même, quoique ma démon-
stration suppose que le passage de la lumière par les corps denses soit
plus malaisé que par les rares, ce que je crois très vrai et indispu-
table, et que néanmoins M. Descartes suppose le contraire.
Que devons-nous conclure de tout ceci? Ne sufiiroit-il pas. Monsieur,
aux amis de M. Doscartes que je lui laisse la possession libre de son
théorème? N'aura-l-il pas assez de gloire d'avoir connu les démarches
de la nature dans la première vue et sans l'aide d'aucune démon-
stration? Je lui cède donc la victoire et le champ de bataille, et je me
contente que M. Clerselier me laisse entrer du moins dans la société
de la preuve de cette vérité si importante, et qui doit produire des con-
séquences si admirables.
6. J'.ijoute même, en faveur de son ami, qu'il semble que cette grande
vérité naturelle n'a pas osé tenir devant ce grand génie, et qu'elle s'est
rendue et découverte à lui sans s'y laisser forcer par la démonstration,
il l'exemple de ces places qui, quoique bonnes d'ailleurs et de difiicilc
prise, ne laissent pas, sur la seule réputation de celui qui les attaque,
de se rendre sans attendre le canon.
Je vous annonce donc, Monsieur, j'annonce à M. Clerselier et à tous
les amis de M. Descartes qu'il ne tiendra plus à l'incrédulité des
géomètres qu'on ne doive attendre les merveilles que M. Descartes a fait
espérer avec raison de ses lunettes elliptiques et hyperboliques,
pourvu qu'on puisse trouver des ouvriers assez habiles pour les faire
et pour les ajuster.
Il resteroit encore une petite difficulté que la comparaison de M. Des-
cartes semble produire. C'est qu'il ne paroît pas encore pourquoi la
balle qui est poussée dans l'eau n'approche pas de la perpendiculaire,
ainsi que la lumière; mais, outre qu'on pourroit soupçonner que la
CXII. - 1 JANVIER 1C62. iG3
réflexion se mêle dans cet exemple à la réfraction, et que la figure ou
la gravité peuvent contribuer à la différence de ce mouvement, je n'ai
garde d'entrer dans une matière purement physique. Ce scroit entre-
prendre sur vous. Monsieur, qui en êtes le maître, et faire irruption
dans votre domaine.
Je finis donc après vous avoir déclaré que je consens, si vous le
trouvez à propos, que l'accommodement entre les Cartésiens et moi
soit publié dans les Académies, [et] après vous avoir conjuré de rece-
voir au moins l'effet de ma prompte obéissance pour une preuve cer-
taine et plus que démonstrative de la passion avec laquelle je suis.
Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Fermât.
A Toulouse, le i de l'an 1662.
P. S. Si vous persistez toujours à n'accorder pas un mouvement
successif à la lumière, et à soutenir qu'il se fait en un instant, vous
n'avez qu'à comparer ou la facilité ou la fuite et résistance plus ou
moins grande, à mesure que les milieux changent. Car cette facilité ou
cette résistance étant plus ou moins grande en différents milieux, et ce
en une proportion diverse à mesure que les milieux différent davan-
tage, elles pourront être considérées en une raison certaine et par con-
séquent tomber dans le calcul aussi bien que le temps du mouvement,
et ma démonstration y servira toujours d'une même manière.
Je n'ai pas étendu mon opération tout entière : et il n'a pas été
nécessaire, puisque ma méthode est imprimée tout au long dans le
sixième tome du Cours mathématique d'Hérigone et que j'en ai assez
dit pour être entendu. Si vous m'ordonnez de parcourir tous les
détours de l'analyse en forme, je le ferai et je n'aurai pas même beau-
coup de peine à faire la démonstration par la composition, c'est-à-dire
en parlant le langage d'Euclide.
4G4 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
CXIII.
CLERSELIER A FERMAT.
SAMEDI 6 MAI 1G62.
(D., III, 52.)
Monsieur,
No croyez pas que ce soit à dessein de troubler la paix que vous pré-
sentez à tous les Descartistes, que je prends aujourd'hui la plume à la
main. Los conditions sous lesquelles vous la leur offrez leur sont trop
avantageuses, et à moi en particulier trop honorables, pour ne la pas
accepter; et si tous ceuK qui ont jamais eu des démêlés avec leur
maître étoient aussi sincères que vous, vous la verriez bientôt établie
partout au contentement de tous les partis.
Il y avoit encore deux sortes d'esprits à satisfaire au sujet de la
réfraction :
Les uns, peu versés dans les Mathématiques, qui ne pouvoient com-
prtMidre une raison prise de la nature des mouvemcns composés, et
vous leur avez fait entendre raison, en leur proposant un autre prin-
cipe plus plausible en apparence et plus proportionné à leur portée, ;»
savoir qu(( la nature agit toujours par les voies les plus courtes et les
pins simples;
J^es autres qui y étoient trop adonnés et qui ne pouvoient se rendre
aux raisons pures et sim[)les de la métaphysique, qu'il faut pourtant
nécessairement joindre avec celles-là pour leur donner la force de la
conviction, et vous leur avez ôté cet obstacle en conduisant votre prin-
cipe par un raisonnement purement géométrique.
Et comme ces deux sortes de personnes étoient sans doute beaucoup
plus en nombre que les autres, vous méritez aussi sans difficulté une
plus grande part dans la gloire qui est due à une si belle et si impor-
tante découverte.
Je ne vous l'envie [loint, Monsieur, et vous promets de le publier
(.\ni. - 0 MAI IG62. 'iC5
pai((>ii( cf (le coiifosscM' liautement ([uc je n'ai rien vu de plus ingé-
nieux ni (le mieux (rouvé (|ne la (iéinnnsiration (|ue vous avez ajjpor-
{ée. Pormottez-moi seulement de vous dire ici les raisons (|u'un l)es-
cartiste un peu zélé pourroil alléguer pour maintenir l'iionneur et le
droit de son maître, et pour ne pas relâcher si tôt ;i un autre la posses-
sion 011 il est, ni lui céder le premier pas.
1- Le [)rineipe (jue vous prenez pour l'ondenienl de votre <lémon-
stration, à savoir que la nature agil (oujours par les voies les plus
courtes et les plus simples, n'est (|u'un principe moral i-l non point
physi(jue, qui n'es! point et (|ui ne peul élre la cause d'aucun ellet de
la nature.
Il ne l'est point, car ce n'est point ce principe (|iii la fait agir, mais
bien la force secrète et la vertu (jui est dans chaque chose, qui n'est
jamais détcrminét^ à un (el ou tel effet par ce principe, mais par la
force qui est dans toutes les causes qui concourent ensemble à une
même action, et par la disposition qui se trouve actuellement dans Ions
les corps sur lesquels cette force agit.
l^t il ne le peut être, autrement nous su|)[)oserions de la c(uinois-
sance dans la nature : et ici. par la nature, ncnis entendons seulement
cet ordre et cette loi établie dans le nnuide l(d qu'il est, laquelle agit
sans prévoyance, sans choix, et par une détermination nécessaire.
2. (^e même principe doit mettre la nature en irrésolution, ii ni'
savoir ;i quoi se déterminer, quand elle a ii faire passer un rayon de
lumière d'un corps rare dans un plus dense. (]ar je vous demande
s'il est vrai (|ue la nature doive toujours agir pai' les voies les plus
courtes et les plus sim[des. puis(|ue la ligne droite est sans doute el
plus c(uirte et plus siuiple (|ue pas une autre, (|uand un rayon de lu-
mière a à partir d'un point d'un corps rar-e pour se terminer dans un
|)(tint d'un corps dense, n'y a-t-il pas lien de l'aire hésiter la nature, si
vous voulez (|n'(dlo agisse parce [)rincipe à suivre la ligne droite aus-
sitôt ([lie la rom|)ue, puisque si celle-ci se trouve plus courte en temps,
Kmout. — II. ')()
466 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
l'autre se trouve plus courte et plus simple en mesure? Qui décidera
donc et qui prononcera là-dessus?
3. Comme le temps n'est point ce qui meut, il ne peut être non plus
ce qui détermine le mouvement, et quand une fois un corps est mù et
déterminé à aller quoique part, il n'y a nulle apparence de croire que
le temps plus ou moins bref puisse obliger ce corps à changer de déter-
mination, lui qui n'agit point et qui n'a nul pouvctir sur lui. Mais
comme toute la vitesse et toute la détermination du mouvement de ce
corps dépend de sa force et de la disposition de sa force, il est bien
plus naturel et c'est, ;i mon avis, parler plus en physicien de dire,
comme fait M. Descaries, que la vitesse et la détermination de ce corps
changent par le changement qui arrive en la force et en la disposition
de cette force, qui sont les véritables causes de son mouvement, (|ue
non pas de dire, comme vous faites, qu'elles changent par un dessein
que la nature a d'aller toujours par le chemin qu'elle peut parcourir
plus promptement, dessein qu'elle ne peut avoir, puis(ju'elle agit sans
connoissanee, et qui n'a nul elTet sur ce corj)s.
4. (]omme il n'y a que la lign(! droiti^ qui soit déterminée, il n'y a
aussi ({ue cette ligne-lii seule où la nature tende dans tous ses mouve-
mens et, bien (jue parfois un corps par son mouvement décrive actuel-
lement une autre ligne, néanmoins, ii considérer l'un après l'autre
tous les points qu'il a parcourus, ils sont plutôt les points d'autant de
lignes droites qu'il quitte successivement que ceux d'une ligne courbe
qu'il tende à décrire, et il les a plutôt parcourus comme tels qu'autre-
ment, puisque, sitôt que ce corps est laissé et abandonné à la force qui
le meut en chaque point, il se porte à suivre la ligne droite à laquelle ce
point appartient, et pointdutoutla ligne courbe qu'il a décrite (y/'^. loi).
Cela étant, s'il est question de porter un rayon de lumière du point M
au point H, il est certain que la nature l'envoiera tout droit par la
ligne MH, si cela se peut, et de fait, (juand le milieu est semblable et
égal, elle n'y manque jamais. Mais (juand le milieu par où la lumière
CXIII. - G MAI 16G-2. iG7
passc change do nature et oppose plus ou moins de résistance à son
passage et à son cours, qui fera changer sa direction à la rencontre de
ce milieu? Que peut-on soupçonner qui en soit la cause?
Fis- 101.
La brièveté du temps? Nullement. Car, quand le rayon MN est par-
venu au point N, il lui doit être indifférent, suivant ce principe, d'aller
à tous les points de la circonférence BHA, puisqu'il lui faut autant de
temps à parvenir aux uns qu'aux autres, et, cette raison de la brièveté
du temps ne le pouvant emporter alors vers un endroit plutôt que vers
un autre, il y auroit raison qu'il dût plutôt suivre la ligne droite. Car.
pour choisir le point H plutôt que tout autre, il faudroit supposer (jue
ce rayon MN. que la nature n'a pu envoyer vers là sans une tendance
indéfinie en ligne droite, se souvint qu'il est parti du point M avec
ortlre d'aller chercher, à la rencontre de cet autre milieu, le chemin
qu'il put parcourir en moins de temps pour de là arriver en H : ce
qui, à vrai dire, est imaginaire et nullement fondé en Physique.
Qui fera donc changer la direction du rayon MN (quand il est par-
venu au point N) à la rencontre d'un autre milieu? sinon celle qu'al-
lègue M. Descartes, qui est que la même force qui agit et qui meut
le rayon MN, trouvant une autre disposition à recevoir son action dans
ce. milieu que dans l'autre, ce qui change la sienne à son égard, con-
forme la direction de ce niyon à la disposilion (|u"elle a pour lors? Kl.
pource qu'au point de rencontre de cet autre milieu, c'est la seule
force qui porte le rayon en bas. qui se ressent de la diversité à recevoir
son action, qui est entre le milieu d'où il sort et celui où il entre (celle
qui le porte à droite ne s'en ressentant point, à cause que ce milieu ne
468 (EUVHES DR FERMAT. - COIi H ESPONI) ANGE.
lui csl aucunement opposé en ee sons-là), le changemeni qui arrive à
la faeon dont l'action de la force qui le porte en bas est rec^-ue dans ce
point de rencontre, change aussi la direction du rayon et le l'ait dé-
tourner du côté où il est attiré, s(don la proportion qui se trouve alors
entre l'action d(^ (;ctt(( force et celle de l'autre, lilt cela me semble si
clair qu'il ne doit j)lus rester aucune difficulté.
5. S'il semble apparemment plus raisonnable de croire que la lu-
mière trouve plus aisément passage dans les corps rares que dans les
denses, ainsi que vous le supposez, fondé sur l'expérience de tous les
(^orps sensibles qui l'ont sans doute plus libre dans ces sortes de mi-
lieux, il est aussi, ce me semble, plus raisonnable de croire que les
corps qui entrent dans des milieux qui font plus de résistance à leur
passage que ceux d'où ils sortent, comme vous suppose/ que les corps
denses font à la lumière, s'efforcent de s'en éloigner et ne s'y enfon-
cent que le moins qu'ils peuvent.
(^e que l'expérience confirme : ainsi, quand une balle est poussée de
biais de l'air dans l'eau, bien loin de continuer son mouvement en
ligne droite, et beaucoup plus de s'enfoncer davantage en approchant
de la perpendiculaire, elb^ s'en éloigne autant qu'elle peut en s'appro-
chant de la superficie. Et vous avez fort bi(Mi reconnu la force de cette
objection, que vous appelez pourtant légère, mais que vous ne sauriez
résoudre que par le principe de M. Descartes, qui ruine entièrement
le vôtre.
Car si, i)ar votre principe môme, la balle doit s'éloigner de la per-
])endiculaire, pourquoi la lumière s'en approcbe-t-elle? Et si la balle
n(^ suit pas votre principe, comme en effet elle ne le suit pas, pour(|uoi
la lumière le suivra-t-elle? Cela ne fait-il pas plutôt voir que, dans l'un
et dans l'autre exemple, la nature n'agit pas par votre principe?
6. Celte voie que vous estimez la plus courte parce qu'elle est la
plus prompte, n'est qu'une voie d'erreur et d'égarement que la nature
ne suit point, et ne peut avoir intention de suivre. Car, comme elle est
CXIII. — 6 M\I 16G2. 4C!)
déterminée en toiil ce (lu'elle fait, elle ne tend jamais (|u'à conduire
ses mouvemens en ligne droite.
Et ainsi, si vous voulez que d'abord elle tende d'M vers H, elle ne
peut s'aviser de dresser un rayon vers N, pource que ce rayon de soi
n'y tend nullement; mais elle dressera son rayon vers U et, ce ravon
étant là une fois parvenu, qui est le plus droit, le plus court et le plus
bref de tous ceux qui peuvent tendre à ce [)oint, pour aller mainte-
nant d'R en H, le plus droit encore, le plus court et le plus bref est
d'aller tout droit vers H. Et ainsi, si la nature agissoit par votre prin-
cipe même, elle d(^vroit aller directenienl d'iM vers H; car d'un coté
elle est nécessitée à diriger d'abord son rayon vers U, et de là votre
principe même la porte vers H.
1- Va, bien que vous ayez très clairement démontré, suivant votre
supposition, que le temps des deux rayons MN, NH, pris ensemble, est
plus bref que celui de deux autres, quels qu'ils soient, pris aussi en-
semble, ce n'est pourtant pas la raison de la brièveté du temps qui
porte ces deux rayons par ces deux lignes.
f.ar seroit-il bien possible qu'un rayon (]ui est déjà dans l'air, qui a
déjà sa direction toute droite et qui ne tend nullenienl ailleurs, silot
qu'on lui oppose de l'eau ou du verre, s'avisât de se détourner ainsi
(ju'il l'ait, pour le seul dessein d'aller justement chercber un point oii
son mouvement composé soit le plus bref de tous ceux qui y peuvent
aller du lieu de son départ? Cette raison seroit bien méta[iliysi(fue
pour un sujet purement matériel.
Ne doit-on pas plutôt croire, ainsi (|ue j'ai déjà dit, (|ue comme c'est
la force du mouvement et sa détermination qui ont conduit ce rayon
dans la première ligne qu'il a décrite, sans que le temps y ait rien con-
tribué, c'est le cbangement qui arrive dans celte force et dans cette
détermination qui lui fait prendre la route de l'autre qu'il a à décrire,
sans (|ue le temps y contribue, puisque le temps ne produit rien?
8. Enlin la dilTérence que je trouve entre M. Descartes et vous est
470 (EUVRES DE FERMAT.- COKRESPON OANCE.
que vous ne prouvez point, mais que vous supposez pour principe, que
la lumière passe plus aisément dans les corps rares que dans les
denses; au lieu que M. Descartes prouve, et ne suppose pas simple-
ment, ainsi que vous dites, que la lumière passe plus aisément dans
les corps denses que dans les rares.
Car, posé votre principe et posé encore que la nature agisse tou-
jours par les voies les plus courtes ou les plus promptes, vous con-
cluez fort bien que la lumière doit suivre le chemin qu'elle tient dans
la réfraction; lii où M. Uescartcs, sans rien supposer, se sert seule-
ment de l'expérience même pour conclure que la lumière passe plus
aisément dans les corps denses que dans les rares, et donne en même
temps le moyen de mesurer la proportion avec laquelle cela se fait.
Va, pource qu'il jugeoit bien que l'expérience journalière que nous
avons du contraire pourroit nous donner lieu de nous en étonner, il
en rend la raison physique dans la vingt-troisième page de sa Diop-
trique, h laquelle on peut avoir recours.
Mais, s'il est vrai que la lumière passe plus difTicilcment dans les
corps rares que dans les denses, comme la raison alléguée en ce lieu-lii
par M. Descartes semble le prouver, et s'il est vrai aussi que la nature
n'agisse pas toujours par les voies les plus promptes, comme l'exemple
de la balle qui passe de l'air dans l'eau le justifie, adieu toute voire
démonstration.
Et même, comme vous dites avoir autrefois proposé vos dilficultés ii
M. Descartes, à lui, dites-vous, viventi atque. senlienli('), sans que ni
lui ni ses amis vous aient jamais satisfait, ne pourroit-on pas aussi dire
qu'il vous a fait réponse de son vivant, et ses amis depuis sa mort?
tihi, inquam, viventi, et nisidicere ncfas esset, adderem : et non intrlli-
genti, puisqu'il y en a qui se persuadent de la bien entendre.
Ht entin, comme vous dites que la nature semble avoir eu cette défé-
rence et cette complaisance pour M. Descartes de s'être rendue ii
lui et lui avoir découvert ses vérités sans s'y laisser forcer par la
I ' I J'oir ci-dessus, pages JSi-'liG.
ex m. - 13 MAI ICG2. 471
ilémonsiration, ne peut-on pas dire que vous avez forcé la Géomélrie,
loule sévère qu'elle est, à vous en fournir une par le moyen de cette
double fausse position?
Après quoi je laisse aux plus sévères et plus clairvoyans natura-
listes à juger qui de vous deux a le mieux rencontré dans la cause
(|u'il a assignée à la réfraction. Cela n'empêche pas qu'à considérer
les choses d'une autre façon, je ne sois d'accord avec vous que la
nature agit toujours par les voies les plus courtes et les plus promptes.
(>ar, comme elle n'agit que par la force qui l'emporte nécessairement
et qu'elle est toujours déterminée dans son action, elle fait toujours
tout ce qu'elle peut faire; et ainsi, (juelqne route qu'elle prenne, c'est
toujours la plus courte et la plus prompte qui se pouvoit, eu égard à
toutes les causes qui l'ont fait agir et (jui l'ont déterminée.
Après vous avoir ainsi proposé ce ([ui me fait persister dans mes
premiers sentimens, je ne laisse pas de me sentir obligé de me rendre
et d'acquiescer en quelque façon aux vôtres; et, bien loin de vous dis-
[)uter la gloire d'entrer dans la société de la preuve d'une vérité si
importante, je pense avoir trouvé un moyen qui vous doit mettre tous
deux d'accord, en laissant à chacun la part qui lui appartient.
Il semble que, comme la lumière est la |)lus noble production de
la nature, elle la laisse aussi agir d'une manière la plus régulière
(!t la plus universelle, et qu'elle a lait (pie dans son action tout ce
qu'elle emploie de principes dans toutes les autres causes se rencon-
Irent tous ensemble dans C(dle-ci.
Ainsi, pourcc que les mouvemens des autres corps dépendent de
la force qui les meut et de la détermination de cette force, la lumièr(%
suivant ces lois, tantôt se continue en ligne droite et tantôt s'en écarte,
en s'approchant ou s'éloignant de la perpendiculaire. Mais pourc(! que
nous voyons aussi que la nature agit toujours par les voies les plus
courtes, il falloit que la lumière s'accommodât à cette loi.
M. Descartes a fait voir que la lumière suit dans la réfraction les lois
ordinaires du mouvement de tous les corps, et vous, Monsieur, avez
fait voir que, quoique la lumière semble dans la réfraction prendre un
W2 ŒUVRES DE F EU M AT. - CORRESPONDANCE.
détour et s'ouhlicr qu'elle doit agir par les voies les plus eourtes, elle
observe néanmoins ecttc loi avec une exactitude si grande qu'on n'y
sanroit rien désirer.
Va ainsi l'on peut dire que vous avez travaillé conjointement avec
M. Desearles à justifier en cela la nature et à rendre raison de son
procédé : lui, par des raisons naturelles et communes à tous les corps;
et vous, Monsieur, par des raisons mathématiques tirées de la plus
pure, et plus fine Géométrie.
VA même, comme cette preuve géométrique étoit la jdus dilHcile à
trouver et à démêler, je veux bien que vous l'emportiez par dessus
lui, et dès ii présent je signe et souscris à une éternelle paix avec
vous, et ne veux plus désormais contester sur l'inctricacité de votre
jirincipe cl sur la didérencc qui est entre le votre et le sien, puisqu'il
conclut une même chose et nous enseigne une même vérité.
.le suis, etc.
CXIV.
CLERSELIKR A FERMAT.
SAMEDI 13 MAI 16G2.
(11., m, r,:;.)
MoNSiKur.,
1. C'est par l'ordre d(^ l'Assemblée qui se tient toutes les semaines
chez M. de Montmort, que je vous écris aujourd'hui pour vous faire
une amende honorable d'un méchant mot latin que j'ai mis dans la
lettnî que je me donnai l'honneur do vous écrire il y a huit jours, dont
je lui fis la lecture mardi dernier. Ce fut la seule chose qu'tdle y (rouva
à redire, et je l'avois bien senti moi-même en l'écrivant : aussi avois-jc
tâché de l'adoucir par le correctif qui le précède. Cependant, nonob-
stant cela, j'en reçus une réprimande publique, et aussitôt je me pro-
posai de vous en faire mes excuses au premier ordinaire, ce que j(! fais
ex m. - 6 M\I lGG-2. 4.73
aujourd'hui d'autant i)liis volontiers qu'outre que par cette soumission
je vous ferai connoitre l'ingénuité de mon procédé, cela me donnera
aussi occasion de vous dire quelque chose que je fus obligé de répli-
quer il quelques objections qui me furent faites par quelques-uns de
l'Assemblée, afin de rendre la pensée de M. Descartes, touchant la
réfraction, plus claire par un exem])le familier et qui est tout-à-fait
propre au sujet.
Si je n'avois point été si impatient que de vous envoyer une chose
qui étoit prête il y avoit plus de quinze jours et que l'engagement
que j'avois m'avoit obligé de faire voir dès-lors ii M. de la ('.hambre,
j'aurois évité le reproche de la Compagnie et ne serois j)as tombé dans
cette faute. Mais j'eus pour qu'il me fallût encore dilTérer plus long-
temps d'en parler à l'Assemblée, qui avoit déjà remis par deux fois la
lecture que je lui en voulois faire, pource qu'elle vouloit aussi avoir
en même temps les sentimens de M. Petit, qui lui avoit fait con-
noitre, dès la première fois que votre lettre parut devant elle, qu'il
avoit plusieurs choses à dire et contre ce que vous écrivez à M. de
la (Chambre et contre ce que M. Descartes a écrit.
Pour moi, qui ne m'étois pas trouvé à l'Assemblée quand votre
lettre y fut lue la première fois, et qui me dispensois alors souvent
de m'y trouver, à cause de quelques affaires plus importantes que la
détention de M. de la Haye, mon gendre, me donnoit pour poursuivre;
à la cour sa liberté, je ne l'eus pas plus tôt vue que je crus être
obligé d'y faire réponse, comme étant une suite des petits démêlés
(|ue nous avions déjà eus autrefois ensemble sur la même matière, et
parce aussi que vous me faites l'honneur de me nommer i)ar trois fois
dans votre lettre et de sembler m'y convier.
J'avois donc préparé ma réponse le plus tôt que j'avois pu, et pen-
sois la faire voir à la Compagnie, mais elle ne le jugea pas à propos,
pour ne point prévenir M. Petit dans la repartie qu'il avoit promis de
vous faire. Mais, craignant que cela n'allât trop en longueur, je im>
résolus de moi-même samedi dernier de vous l'envoyer avant ([uc (b;
l'avoir fait voir à la Compagnie, de ()ni j'ai reçu les avis trop lard pour
Ikrmat. - 11. Co
Mh
ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
m'empécher de tomber dans cette faute, mais non pas pour vous en
faire mes excuses et vous en demander le pardon.
Et pour le mériter en quelque façon, souffrez que je m'explique un
peu plus au long que je ne fis la dernière fois, pour vous faire com-
prendre ce que je pense de la pensée qu'a eue M. Descartes touchant
la réfraction.
2. Il est certain qu'à considérer tout seul le rayon AB, en tant qu'il
est dans l'air, il ne va ni à gauche ni à droite, ni en haut ni en bas,
mais toute sa tendance est d'aller vers D et n'a (ju'uue seule direction.
Mais sitôt qu'on lui oppose un autre milieu, par exemple CBE, dans
lequel il soit obligé de passer, on peut dire et il est vrai qu'à l'égard
de ce milieu il a diverses tendances. Car si on le lui oppose direcle-
ment, sa chute est perpendiculaire et n'a qu'une direction à son égard ;
mais si on le lui oppose de biais, comme il est dans la page 17 de la
I)ioptrique(/7^. 102), alors ce rayon à son égard a une double direction :
Fis;. 102.
l'une qui le fait tendre vers lui, qui est de haut en bas; et l'autre qui le
porte de gauche à droite, à laquelle ce milieu n'est point du tout opposé.
Et si on le lui opposoit d'une autre façon, la même direction, qui
maintenant est de gauche à droite, pourroit être celle qui le porteroit
vers lui, et l'autre, celle à laquelle ce milieu ne seroit point opposé.
Et selon que ce milieu est plus ou moins incliné à ce rayon, les deux
tendances ou directions qu'il a à son égard sont diverses et j)euvcnt
avoir l'une à l'égard de l'autre diverses proportions.
CXIV. - 13 MAI 1CC2. 47.Ï
3. IMais quand je parle do tendance, de direction ou de détermination,
ne vous allez pas imaginer que j'entends parler d'une direction sans
force et sans mouvement, ce qui seroit chimérique et impossible, ne
pouvant y avoir de direction sans mouvement ou sans effort; mais j'en-
tends par ce mot de direction ou de détermination vers quelque en-
droit toute la partie du mouvement qui est déterminée à aller vers cet
endroit-là.
Donc, selon que le milieu est plus ou moins incliné au ravon, la
force qui à son égard le porte vers un certain endroit peut être plus
ou moins grande que celle qui le porte vers l'autre. Par exemple, si
l'angle ABC est égal à l'angle ABH, les deux parties du mouvement,
dont l'une le porte en bas et l'autre à droite, sont égales; s'il est
moindre, sa force est moindre; et s'il est plus grand, elle est plus
grande.
4. Mais, quelle que soit l'inclination du rayon sur le milieu, il y a tou-
jours une partie de la force de son mouvement à laquelle ce milieu est
opposé et une autre à laquelle il ne l'est point. Or, tandis que le rayon
est dans l'air, la proportion, quelle qu'elle soit, qui est entre ces deux
parties du mouvement que nous supposons uniforme, le porte dans la
ligne AB et, tandis que rien ne la change ou tandis qu'elles changent
en gardant toujours entre elles une même proportion, le rayon va tou-
jours en ligne droite.
Mais lorsque le rayon AB de la page 17 étant j)arvenu au pointB ren-
contre un autre milieu, si ce milieu ne présente pas au rayon la même
facilité à se laisser pénétrer qu'avoit l'air, il doit arriver du change-
ment au cours du rayon, à cause que ce milieu n'est opposé qu'à la dé-
termination ou à la partie du mouvement qui le porte vers lui, et non
point à l'autre, et s'il présente moins de facilité au passage du rayon
que ne fait l'air, la résistance qu'il apporte à la partie du mouvement
qui tend vers lui, et non point à l'autre, laquelle en ce point de ren-
contre demeure précisément la même, fait que, n'y ayant plus la mémo
proportion entre ces deux parties du mouvement qui toutes deux en-
klù ŒUVRES DE FEllMAT. - COKRESPOND ANGE.
semble portoient auparavant lo rayon dans la ligne AB, elles doivent
lui faire changer de détermination et le porter vers le point où tend la
direction qui s'ajuste avec la proportion qui se trouve alors entre elles,
et ainsi le faire éloigner de la perpendiculaire.
Que si, au contraire, le milieu qu'on oppose au rayon AB présente
plus de facilité à son passage que ne fiiisoit l'air, cette nouvelle facilité
qu'il apporte et qui n'est ressentie que par la partie du mouvement
([ui tend vers lui, et non point par l'autre, comme j'ai déjii dit, doit
changer sa direction, à cause que cela change la proportion qui est
entre les deux parties dont le mouvement entier de la halle est com-
posé, et le détourner par conséquent vers la perpendiculaire, ce qui
arrive quand un rayon de lumière passe de l'air dans de l'eau ou dans
du verre.
5. Et pour faciliter la compréhension de tout ceci par un exemple aisé,
représentez-vous un corps sphérique bien dur et bien poli, mis sur
une planche très dure aussi et très polie dont le bout s'appuie sur l'ex-
trémité d'une table, en sorte que la planche soit inclinée sur la tahh^
et fasse un angle aigu avec elle. Il est certain que ce mobile roulera sur
cette ])lanche, et ce d'autant plus ou moins vite que la planche sera
moins ou plus inclinée sur cette table. Mais, quel que soit le mouve-
ment du mobile sur cette planche, il est certain qu'à l'égard de la table
il a deux déterminations : l'une qui le j)orte vers elle, par laquelle il
descend; et l'autre qui le porte vers l'une des murailles de la chambre,
par laquelle il avance de ce côté-là.
Et il est si vrai qu'il a ces deux impressions, qu'il les garde encore
toutes deux lorsqu'il est en l'air hors de la planche; et s'il ne lui en
restoit qu'une quand il est hors de dessus la planche, il ne suivroit que
celle-là seule; par exemple, il tomberoit perpendiculairement à terre
sitôt qu'il a quitté la planche, s'il ne lui restoit que celle de sa chute.
Mais considérez ce qui arrive au mobile quand il est au point où il
quitte la planche, et vous verrez qu'il arrive la même chose à la lu-
mière quand elle passe de l'air dans l'eau. Et parce qu'alors la partie
CXIV. - 13 MAI 16C2. 477
(lu mouvement qui porte le mobile en bas trouve plus de facilité ou
moins de résistance à son action, quand il est hors de dessus la planche
et dans l'air, qu'elle n'avoit quand il étoit sur la planche; et que celle
qui le porte vers la muraille demeure la même (bien que ce soit encore
la même force totale qui pousse en ce point-là le mobile, et que la force
des deux parties de son mouvement prises séparément soit la même),
néanmoins, pource que la proportion qui étoit auparavant entre la
facilité ou la résistance que préscntoit le milieu a ces deux forces est
changée, et que dans ce point de sortie il trouve plus de facilité pour
descendre qu'auparavant, sans qu'il en trouve ni plus ni moins pour
aller vers la muraille, pour cela il arrive qu'il ne suit plus la direction
de la ligne qu'il avoit parcourue sur la planche, mais qu'il en prend
une autre, laquelle est proportionnée au plus de facilité qui se trouve
alors en l'une de ses forces plus qu'en l'autre. Ce qui fait que le mo-
bile, en quittant la planche, s'approche de la perpendiculaire, comme
fait aussi la lumière en entrant dans l'eau, pour la même raison.
Et c'est à mon sens une des choses des plus aisées à concevoir qu'il
est possible, et c'est aussi à mon avis tout ce qu'a voulu dire M. Des-
cartes au sujet de la réfraction. Je ne prétends pas néanmoins pour
cela vous avoir persuadé : il suilit que je me sois donné à entendre,
afin que vous ne croyiez pas que je suive aveuglément M. Descartes ou
que je vous contredise de gaieté de cœur. Je vous ressemble en ce
point que je n'aime et ne cherche que ia vérité, et cette conformité que
j'ai avec vous me fait espérer que vous ne me désavouerez pas, quand
je m'avouerai partout, etc.
/'. 5. Pour éclaircir davantage cette matière, j'apporterai encore ici
"un exemple qui résout à mon avis la plupart des difficultés que l'on
peut faire sur ce qu'a dit M. Descartes touchant la réfraction dans sa
Dioptrique.
II est constant par l'expérience que, de quelque façon que la boule A
soit poussée au point B par les boules C, D, E, F, G, et quelles que
478 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
soient les difTérontes déterminalions dont on peut supposer que celle
de leur route soit composée, elles la pousseront toujours vers H
{f'g- '03).
Premièrement, pour la houle K, il est clair qu'elle la doit pousser
vers II, puisque la houle A s'oppose totalement à sa détermination;
mais ce qui est clair pour la boule K doit pareillement être entendu
des autres, qui, bien qu'elles viennent de biais vers la boule A, ne la
Fi;;. io3.
touchent au point H et ne la poussent qu'en tant qu'elles descendent
vers H, et non point en tant qu'elles vont vers I (ou vers K). (l'est
pourquoi elles ne sauroient imprimer d'autre mouvement à ce(t('
boule, sinon de la faire aller vers H. Or, quoique les déterminations
des boules D et F soient opposées, en tant que l'une va à di'oite <'t
l'aud'c à gauche, elles ne le sont point en tant qu'elles descendent
et ainsi elles doivent produire sur la boule A un même efTel, qui est
de la pousser vers H.
Mais, si nous supposons que la boule A soit dure et immobile, (ouïes
ex IV. ~ 13 MAI 1GG2. W9
ces boules, après l'avoir rencontrée, seront contraintes de changer la
détermination qu'elles avoient d'aller vers H en celle d'aller ou de
réfléchir vers J., et de garder les autres si elles en avoient, auxquelles
elle ne peut apporter de changement, à cause qu'elle ne leur est point
opposée en ce sens-là : et ceci explique la réflexion à angles égaux.
Que si nous supposons que ces boules aient communi(|ué de leur
mouvement à la boule A, ce ne peut être qu'au sens qu'elle leur est
opposée, et partant ce ne peut être que le mouvement vers H qui
puisse recevoir de l'altération, et non point celui vers 1 (ou vers K),
lequel par conséquent doit demeurer le même et en son entier. Si bien
que ces boules perdant au point B de la force qui les détermine h aller
vers H et ne perdant rien de celle qui les détermine à aller vers I, elles
sont contraintes de se détourner et de prendre en ce moment une aulre
direction, laquelle elles gardent toujours, quelque résistance que le
milieu apporte après cela, qui peut bien les faire aller moins vite, mais
non pas changer leur direction, à cause qu'il peut bien être opposé à
leur vitesse, mais non point à la direction qu'elles ont prise, puisqne
nous supposons qu'il est également facile ou difficile à s'ouvrir on
pénétrer de tous côtés. Et cela explique la réfraction qui s'éloigne de
la perpendiculaire.
Que si au contraire nous supposons que, ces boules étant au |)oint li,
la boule A leur cède plus aisément et les entraine, pour ainsi dire, vers
H, cela fait que ces boules descendent plus vite, mais cela ne change
rien à leur mouvement vers la droite (ou vers la gauche) auquel elle
n'est point opposée. Et ainsi ces boules, au moment qu'elles sont au
point B, étant plus disposées à aller vers H qu'elles n'étoient aujia-
ravant, et n'étant ni plus ni moins disposées qu'elles éloient à aller
vers I, elles doivent changer de direction et la garder ajjrès l'avoir
prise. Et cela explique la réfraction vers la perpendiculaire.
Et pour faire voir que la résistance plus ou moins grande du (:orps
du milieu n'y fait rien et ne change point la détermination que la boule
prend au point B, considérons ce qui peut arriver à la boule A selon les
dilférens cas qu'on peut s'imaginer. Par exemple, si la boule E tombe
480 ŒUVHES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE.
perpendiculairement sur A et qu'elle lui communique la moitié de son
mouvement, où ira-t-elle? Sans doute qu'elle ira vers H, et la force
qu'elle reçoit en ce moment ne la peut déterminer à aller que vers là :
mais est-ce à dire qu'en allant vers H elle décrira en deux momens
une ligne aussi longue qu'a fait E en un moment? Oui sans doute, si
vous supposez que le milieu qu'elle parcourt lui donne passage aussi
facilement qu'avoit fait l'autre; mais si ce milieu lui résiste davantage,
elle en décrira une plus courte, comme aussi elle en peut décrire une
égale ou même une plus longue, si ce milieu résiste autant ou moins ii
la force qu'elle a reçue.
Que si nous supposons que c'est l'une des autres boules C, D, F, G,
qui rencontre A au point H, il s'ensuivra la même chose, ii savoir
qu'elle sera contrainte, par la force qu'elle recevra, de prendre sa
détermination vers II comme auparavant, au moment même qu'elle
en est touchée. Et la qualité du milieu ne changera point cette déter-
mination, sinon qu'ayant reçu moins de force, parce que n'étant tou-
chée que de biais elle n'est pas poussée par toute la force de la boule
qui la louche, elle ira moins vite.
Que si nous supposons que la boule A étoit déjà en mouvement et
se mouvoit vers I, la chute de l'une de ces boules sur elle n'apporte
aucun changement à la détermination qu'elle avoit à aller vers là,
c'est-à-dire à toute la force de son mouvement qui la déterminoit à
aller vers I, et partant elle doit continuer d'y aller comme elle faisoit
auparavant. Mais elle doit aussi aller en même temps vers le côté où la
détermine l'impression qu'elle a nouvellement reçue par la chute de
l'une de ces boules, si bien que dès ce moment elle doit prendre sa
direction.
.Alais si nous supposons que le milieu où elle se trouve après cela lui
résiste davantage que ne faisoit l'autre, cela ne change point la déter-
mination qu'elle a prise, mais fait seulement qu'elle le parcourt moins
vite qu'elle n'auroit fait. Car enfin la proportion qui étoit en ce moment
entre ses deux forces l'a déterminée à aller quelque part, et quelque
facilité ou dilficulté qu'apporte ensuite le corps du milieu qu'elle doit
ex IV. - 13 MAI 160-2. /^81
parcourir, comme ollo est égale en (ont sens, cela ne peut rien changer
à la déterminalion (ju'elle a prise en sa superficie, et ne la doit ni plus
ni moins détourner.
I']| la même proportion est ici gardée qu'entre de forts ou de foibles
mouvemens également proportionnes. Par exemple, que la boule A
soit poussée par deux forces égales vers B et vers C en mémo temps,
(|U(> doit-il arriver si elle est dans l'air? Il arrivera que ces deux forces,
ayant un grand eflet sur elle, la pousseront en un moment jusques
en D. JMais si elle étoit dans l'eau, alors ces deux forces, n'ayant pas
un si grand effet sur (die, ne la pousseront que jusques en K, mais
(die ne changera point pour cela de direction.
Fiff. lo^
\
E
Kt ce que je dis de la houle A, qui est poussée par des forces égales
dans deux milieux différens, se doit entendre tout de même de t(uile
autre sorte de [iroportion qui soit entre ces deux forces : savoir est que
la diversité du milieu ne change point la direction à laquelle les forces
(jii'clle a la déterminent au premier moment, mais peut seulement
changer sa vitesse.
Par exemple, que la boule A soit poussée en même temps par deux
forces dont l'une la pousse du double plus fort vers C que l'autre ne
fait vers B, qiu' doit-il arriver si elle est dans l'air? Il arrivera que
ces forces, ayant un grand effet sur elle, la pousseront en un moment
jusques en D. Mais si elle étoit dans l'eau, alors ces deux forces n'avanl
]»as un si grand ellet sur elle, mais ne laissant pas de l'avoir de tous
côtés proportionné à leur force, i)arce que l'eau s'ouvre également de
tons c(")lés, ne la pousseront (jue jusques en E; mais elle ne clian-
l'i IIJIAT. — II. 6l
i82 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
géra point pour cela de direction, laquelle elle prend dès le premier
moment.
Et ainsi, ayant égard aux premières suppositions que fait M. Des-
cartes, lorsqu'il se sert de l'exemple d'une balle pour expliquer la
réflexion et la réfraction dans le chapitre second do sa Dioptrique,
c'est-à-dire supposant que ni la pesanteur ou la légèreté de la balle,
ni sa grosseur, ni sa figure, ni aucune telle cause étrangère ne change
son cours, ce qu'il dit ensuite est véritable : c'est à savoir qu'il ne finit
considérer que la détermination que prend la balle au moment qu'elle
est au point B, sans se mettre en peine de ce qui peut arriver de chan-
gement en sa vitesse dans le milieu qu'elle parcourt par après, pource
que c'est seulement au point B qu'elle est contrainte de changer de
direction, à cause du changement qui arrive en ce point dans la pro-
portion qui est entre les deux forces qui composent tout son mouvo-
inont; et la direction qu'elle a une fois prise au point B, elle la garde
par après et la suit plus ou moins vite selon le plus ou moins de résis-
tance du milieu.
cxv.
FERMAT A CLERSELIER.
UIMANCHE 21 MAI 1CG2 (').
(D. m, 54.)
Monsieur,
Vos deux lettres des sixième et treizième de mai (') m'ont été ren-
dues en même temps. Elles me font plus d'honneur que je n'en devois
raisonnablement attendre, et, bien loin que vos mots latins m'aient
choqué, je suis persuadé que, dans la supposition de votre sentiment
(') L'cdilioii Clcrselier donne la date du 12 mai probablement fautive par suite d'une
interversion à l'impression.
(2) Lettres CXIII et CXIV.
CXV. - 21 MAI 1CG2. W;î
sur le sujet de la démonstration de M. Descartes, il n'y en a point de
l)lus véritables en aucun endroit de vos lettres.
Car si cette démonstration est dans les règles des démonstrations
certaines et infaillibles, il n'est rien de plus vrai sinon que ceux qui
n'en sont pas convaincus ne l'entendent point. La qualité essentielle
d'une démonstration est de forcer à croire, de sorte que ceux qui ne
sentent pas cette force, ne sentent pas la démonstration même, c'est
à dire qu'ils ne l'entendent pas.
Je n'attribue donc. Monsieur, qu'à un excès de courtoisie et de civi-
lité cet adoucissement que Messieurs de votre Assemblée vous ont in-
spiré, et je vous en rends très humbles grâces.
Pour la question principale, il me semble que j'ai dit souvent et à
M. de la Chambre et à vous que je ne prétends ni n'ai jamais prétendu
être de la confidence secrète de la Nature. Elle a des voies obscures et
cachées que je n'ai jamais entrepris de pénétrer; je lui avois seule-
ment offert un petit secours de géométrie au sujet de la réfraction, si
elle en eût eu besoin. Mais puisque vous m'assurez, Monsieur, qu'elle
peut faire ses affaires sans cela et qu'elle se contente de la marche
que M. Descartes lui a prescrite, je vous abandonne de bon cœur ma
l)rétendue conquête de physique, et il me sulRt que vous me laissiez
en possession de mon problème de géométrie tout pur et m abstraclo,
par le moyen duquel on peut trouver la route d'un mobile qui passe
par deux milieux différents et qui cherche d'achever son mouvement
le plus tôt qu'il pourra.
Et je ne sais pas même si la merveille ne sera point plus grande,
en supposant que j'ai mal deviné le raisonnement de la Nature; car
peut-on s'imaginer rien de plus surprenant que ce qui m'est arrivé?
J'écrivis, il y a plus de dix ans('), à M. de la Chambre que jccroyoisque
la réfraction se devoit réduire à ce problème de géométrie, et j'étois
pour lors tout-à-fait persuadé que l'analyse de ce problème me donnc-
roit une proportion différente de celle de M. Descartes. Et néanmoins,
(1) Fai)i-il lire « six ans »? La lettre LXXXVI n'est pas antérieure à 165;.
48V (KUVUEft 1)1-: FERMAT. - COUUESPONIUNCE.
en leiitant le problème, qui est assez difricilc, dix ans après, j'ai (rouvé
justement la même proportion que M. Descartes.
Si i*ai dit un mensonge, n'ai-je pas quelque raison de prétendre (jue
c'est un de ces mensonges fameux desquels il est dit dans le Tasse,
comme je vous ai déjà écrit (') :
yiumdo saià il vcro
Si l)ollo, clic si pi)ssa a li proporre?
Kn voilà de reste, je croise les armes. Permettez-moi seulement, s'il
vous plait, d'assurer ici M. Chanut et M. l'abbé d'Issoire, son tils, de
mon obéissance très humi)le : je n'ai pas l'bonneur d'être connu du
père, niais pourquoi serois-je le seul de toute l'Europe (|ui n'aurois
pas une entière vénération pour lui?
Je suis, Monsieur,
Votre (rcs luimble et (rès obéissant serviteur,
Fi:i!>lAT.
(') Foir ci-dessiis, page ^67.
CWI. - IGOV. iSÏ
ANNÉE 16G4.
cxvi.
FERMAT A M. DE ****.
IGOV.
( lu, p. i5li.)
3l0NSir.LT,,
Puisque M. de parle et que vous l'ordonnez, vous, Monsieur, de
(jui la réputation est si grande et si bien établie, je laisse éveiller ma
Géométrie, qui dormoit depuis longtemps dans un profond repos cl,
pour entrer d'abord en matière, je veux bien vous conter l'intrigue df
notre Dioptrique et de nos réfractions, en forme d'histoire, afin de
vous laisser le jugement libre et que vous puissiez prononcer sans pré-
occupation.
Dès que j'eus vu le Livre de feu M. Descartes et que j'eus examiné
avec quelque attention la proposition qui sert de fondement à sa Diop-
trique et qui établit la proportion des réfractions, je soup(;onnai sa
preuve; sa démonstration me sembla un véritable paralogisme :
Premièrement, parce qu'il la fonde sur une comparaison et que
vous savez que la Géométrie ne se pique guère de ces figures, les com-
paraisons y étant encore plus odieuses que dans le commerce du
monde;
Secondement, parce qu'il suppose que le mouvement de la lumière,
qui se fait dans l'air et dans les corps rares, est plus malaisé ou, si vous
l'aimez mieux ainsi, plus lent que celui qui se fait dans l'eau et les
autres corps denses; ce qui semble choquer le sens commun ;
480 ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
Et enfin, parce qu'il prétend que l'une des directions ou des déter-
minations du mouvement d'une balle subsiste tout entière après la
rencontre du second milieu.
.l'ajoutois même quelques autres raisons, qu'il seroit ou superflu ou
ennuyeux de vous déduire. Il vit mes écrits, il y répondit et, après
plusieurs réponses et répliques de part et d'autre, nous nous sépa-
râmes comme le prévenu et le témoin, l'un dans l'alfirmative, l'autre
dans la négative, ([uoique j'eus enfin des lettres de sa part pleines de
civilité.
Depuis sa mort, M. de la Cbambre, ayant publié son Traité de la lu-
mière et m'ayant fait l'honneur de me l'envoyer, je pris occasion de lui
écrire la lettre que vous avez vue ( ' ), dans laquelle je lui témoignai que,
pour nous garantir des paralogismes en une matière si obscure, je ne
voyois point de moyen plus assuré que de chercher les réfractions dans
cet unique principe, que la nature agit toujours par les voies les plus
courtes, sur le fondement duquel je lui indiquai qu'on pouvoit cher-
cher par géométrie le point de réfraction, en le réduisant au problème
ou théorème que vous savez. Mais, parce que j'en jugeai l'invention
très difficile et très embarrassée, puisque ces questions de maximis et
tninimis conduisent d'ordinaire à des opérations de longue haleine et
(jui se brouillent aisément par une infinité d'asymmétries qu'on trouve
sur son chemin, je laissai lii ma pensée pendant plusieurs années, en
attendant que quelque géomètre moins paresseux que moi en fit ou la
découverte ou la démonstration.
Personne ne voulut entreprendre ce travail; cependant je recevois
des lettres de M. de la Chambre de temps en temps, par lesquelles il
me pressoit d'ajouter la géométrie ii mon principe et de faire la démon-
stration en forme du véritable fondement des réfractions. Ce qui me
rebutoit à l'avance étoit l'assurance que M. Petit et autres m'avoient
donnée, que leurs expériences, qu'ils avoient souvent réitérées pour
mesurer les réfractions et dans l'eau et dans le cristal et dans le verre
( ' ) La lettre LXXXVI.
CXVI. - 166i. 487
et dans beaucoup d'autres liqueurs dilTérentes, s'accordoient très pré-
cisément avec la proportion de M. Descartes; de sorte qu'il me sem-
bloit inutile d'en aller chercher quelque autre par mon principe,
puisque la nature elle-même s'expliquoit si clairement en sa faveur.
L'objection que vous me faites dans votre Ecrit ne me faisoit nulle
peine et j'y avois déjà répondu dans ma lettre à M. de la Chambre par
cette raison, que tout ce qui appuie ou fait ferme sur quelque point
d'une ligne courbe est censé faire ferme ou appuyer sur la ligne droite
qui touche la courbe audit point; et ainsi, quoique la somme des
deux lignes de réflexion soit quelquefois la plus grande dans les mi-
roirs concaves, sphériques ou autres, elle est toujours la plus petite
de toutes celles qui peuvent tomber sur la ligne ou sur le plan qui
touchent les miroirs au point de la réflexion, et cela n'a pas besoin de
plus grande preuve, M. Descartes le supposant ainsi aussi bien que
moi.
Toute la dilficulté se réduisoit donc à ce qu'il me paroissoit que
j'avois à combattre, non seulement les hommes, mais encore la na-
ture. Néanmoins les dernières instances de M. de la Chambre furent
si pressantes que je résolus, il y peut avoir environ deux ou trois ans,
de tenter le secours de mon analyse, m'imaginant qu'il y a une infi-
nité de proportions différentes entre elles dont les sens ne sauroient
vérifier la diversité, et qu'ainsi j'en trouverois peut-être quelqu'une
qui approcheroit de celle de M. Descartes et qui pourtant ne seroit pas
la même.
Je fis mon analyse en forme par une méthode qui m'est particulière
et qu'llérigone a fait autrefois imprimer dans son Cours mathématique.
Je surmontai toutes les asymmétrics avec peine, et voilà que tout à
coup, à la fin de mon opération, tout se débrouille et il me vient une
équation très simple qui me donne justement la même proportion de
M. Descartes.
Je crus sur l'heure avoir équivoque, car je ne pouvois me figurer
qu'on aboutit à une même conclusion par des routes tout-à-fait oppo-
sées, M. Descartes supposant, pour un des moyens de sa démonstra-
/|.88 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
lion, que lo mouvement de la lumière trouve plus de résistance dans
l'air que dans l'eau, et moi supposant tout le contraire, comme vous
verrez dans la copie de ma démonstration, que j'ai tâché de refaire de
mémoire pour vous satisfaire pleinement, mon original ayant été en-
vové à M. de la Chambre, suivant ma paresse ordinaire.
Je refis donc pour lors la question à diverses reprises, en changeant
les positions, et je trouvai toujours la mémo conclusion, ce qui m<'
contirma deux choses : l'une, que l'opinion de !\I. Descartes sur la pro-
porlion des réfractions est très véritable; et l'autre, que sa démonstra-
tion est très fautive et pleine de paralogismes.
Messieurs les Cartésiens virent ensuite ma démonstration, qui leur
fut communiquée par M. de la Chambre; ils s'opiniàtrèrcnt d'abord à
la rejeter et, quoique je leur représentasse tout doucement : qu'il leur
devoit suffire que le champ de bataille demeurât à M. Descartes, puis-
(jue son opinion se trouvoit véritable et confirmée, quoique par des
raisons différentes des siennes; que les plus fameux conquérants ne
s'estimoient guère moins heureux, lorsque la victoire leur étoit pro-
curée par les troupes auxiliaires, que si c'étoit par les leurs; ils ne
voulurent point, dans les premiers mouvements, entendre raillerie : ils
vouloient que ma démonstration fut fautive, puisqu'elle ne pouvoit
pas subsister, sans détruire celle de M. Descartes, qu'ils entendoient
mettre toujours hors du pair. Mais, comme les plus habiles géomètres
(jui virent la mienne sembloient y donner leur approbation, ils me
firent enfin compliment par une lettre de M. Clersclier, qui est celui
(jui a procuré l'impression des lettres de M. Descartes. Us crièrent au
miracle de quoi une même vérité s'étoit rencontrée au bout de deux
chemins entièrement opposés et prononcèrent qu'ils vouloient bien
laisser la chose indécise et avouer qu'ils ne savoient à qui donner la
préférence, de M. Descartes ou de moi, sur ce sujet et que la postérité
en jugeroit.
C'est à vous, Monsieur, qui êtes sans doute destiné par votre mérite
extraordinaire à avoir grand commerce avec elle, à l'informer, si vous
le jugez il propos, de ce célèbre démêlé ou, si vous aimez mieux placer
CWII. - 16C4.
48!)
ce petit Écrif parmi vos papiers inutiles, j'y consens et tout m'est in-
différent.
Mais il n'en est pas de même de la très humble prière que je vous
fais de me croire, etc.
ex VII.
Démonstration dont il est parlé dans la lettre précédente.
Soit la droite AFM {fig. io5), qui représente la séparation de deux
différents milieux; que l'air soit du coté de B et l'eau du côté de H. Le
Fig. io5.
rayon de lumière, qui doit aller du point B, qui est en l'air, vers le
point F, où commence le milieu de l'eau, se rompt et va vers H, s'ap-
prochant de la perpendiculaire, suivant les expériences connues et
vulgaires.
M. Descartes détermine ce point H en telle sorte, qu'en tirant une
perpendiculaire du point B sur la ligne AFM, qui soit BA, il fait que la
ligne AF est à la ligne FM comme la résistance d'un des milieux à celle
de l'autre, bien qu'il entende, contre mon sens, que la résistance est
plus grande dans l'air qu'elle ne l'est dans l'eau.
Soit donc la plus grande résistance représentée par la ligne AF et la
moindre par celle de FM, et par conséquent la ligne AF plus grande
que FM. Soit élevée, du point M, la perpendiculaire MH qui soit cou-
Krrmat. — II. 62
490 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
pée en H par le cercle dont le centre est F et le rayon FB, si bien que
les droites BF et FH seront égales : Je dis que le rayon BF, venant à se
rompre par la rencontre de l'eau, ira vers H.
Car, puisque, par mon principe, la nature agit toujours par les voies
les plus courtes, si je prouve qu'en passant par les deux droites BF
et FH, elle y emploie moins de temps qu'en passant par aucun autre
point de la droite AM, j'aurai prouvé la vérité de la proposition.
Or, puisque je présuppose que le mouvement dans l'air est plus
aisé et par conséquent plus vite, le mouvement de B en F se fera en
moins de temps que celui de F à H et, pour régler la véritable propor-
tion, il faut faire
comme AF à FM (qui sont les mesures des résistances), ainsi BF à FD,
et les deux droites DF et FH seront les mesures du temps qui sera em-
ployé de B à F et de F à H : savoir, la droite DF sera la mesure du mou-
vement par BF, qui est plus vite, et la droite FH sera la mesure du
mouvement par FH, qui est plus lent, et ce, suivant la proportion de
BF il FD, ou de HF, qui est égale ii BF, ii la même FD.
Si je prouve donc que, quelque point que vous preniez des deux
côtés de DF, la somme des deux droites DF, FH est toujours plus petite
que deux droites prises au même sens, j'aurai ce que je chercbois.
Soit donc premièrement du côté vers M le point 0. En joignant les
droites BO et OH, et faisant
comme BF à DF, ainsi BO à CO,
je dois prouver que la somme des deux droites CO et OH est plus
grande que celle de DF et FH; et en prenant de même quelqu'autre
point, comme V, de l'autre côté vers A, je dois aussi prouver qu'en
joignant les deux droites BV et VH, et faisant
comme BF à DF, ainsi BV à YV,
la somme des deux droites YV et VH est plus grande que celle des
deux droites DF et FH.
CXVII. - 1G64. 491
Pour y parvenir, je fais
comme BF à AF, ainsi FO à FR,
(<(
comme la même 15F à FM, ainsi FO à FI.
Puisque BF est plus graude que AF, donc FO est plus grande que FR
et, puisque AF est plus grande que FM, FR est aussi plus grande
([ue Vï. et il parait même que
Vl\ est à FI comme AF à l'M;
car, puisque, parla construction,
comme AF est à FI$, ainsi FU à F"0,
Pt
comme Flî à l'M, ainsi FO à FI,
donc, ex ccquo,
comme AF à FM, ainsi FR est à FI.
Je dis donc que les deux droites CO et OH sont plus grandes que les
deux droites DF et FH. Car, par Euclide, au triangle amhlygone FHO,
la somme des deux quarrés HF et FO est égale à la somme du quarré
HO et du rectangle MFO pris deux fois; or, puisque nous avons fait
comme HF ou FH à FM, ainsi FO à FI,
donc le rectangle sous les extrêmes HFI est égal au rectangle sous les
moyennes MFO, et le rectangle HFI pris deux fois est égal au rec-
tangle MFO pris deux fois : nous avons donc la somme des deux
quarrés HF et FO égale à la somme du quarré HO et du rectangle HFI
pris deux fois. Mais le rectangle HFI pris deux fois est égal au rec-
tangle HIF pris deux fois et au double quarré de IF; et le quarré HF,
par le même Euclide, est égal au rectangle HIF pris deux fois et aux
deux quarrés HI et IF : nous avons donc, d'un côté, le quarré HI, le
quarré IF, le rectangle HIF deux fois pris et le quarré F"0 égaux au
quarré HO, au rectangle HIF deux fois pris et au quarré FI pris deux
fois. Otez de part et d'autre le rectangle HIF deux fois et le quarré FI :
reste, d'un côté, le quarré HI avec le quarré FO égaux aux deux quar-
W-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
rés HO et IF. Mais le quarré FO est plus grand que le quarré FI,
puisque, par la construction, FO est plus grande que FI : donc le
(|uarré HO est plus grand que le quarré HI, et partant la droite HO est
plus grande que la droite HI.
Si je prouve ensuite que la droite CO est plus grande que les deux
droites DF et FI, il restera prouvé que les deux CO et OH sont plus
grandes que les trois DF, FI et IH, ou que les deux DF et FH : je
prouve donc le requis.
Dans le triangle amblygone BFO, par Euclide, le quarré BO est égal
il la somme des quarrés BF et FO et au double rectangle AFO; mais,
puisque nous avons fait, par la construction,
comme RF ù FA, ainsi FO à FR,
donc le rectangle sous BF et FR est égal au rectangle AFO, et par con-
sé([uent le quarré BO est égal aux quarrés BF et FO et au rectangle
sous BF, FR deux fois pris. Mais le quarré FO est plus grand que celui
de FR, puisque la ligne FO a été prouvée plus grande que la ligne FR :
donc, si vous substituez le quarré de FR au lieu de celui de FO, le
quarré BO sera plus grand que les deux quarrés BF, FR et le rec-
tangle BFR deux fois pris. Mais ces dernières sommes sont égales,
par Euclide, au quarré des deux droites BF et FR prises comme une
seule : donc la droite BO est plus grande que la somme des deux
droites BF et FR. Mais nous avons prouvé que
|{F est à IF comme AF à FM, c'est à dire comme RF à FI),
qui est la mesure de la diversité des mouvements : donc,
comme la somme des deux anlécédents RF et Fl{
est à la somme des deux conséquents DF et FI,
ainsi RF à FD.
Or
donc
RO est à OC comme RF à FD :
comme RO est à OC,
ainsi la somme des deux droites RF et FR
est à la somme des deux droites DF et FI.
CXVII. - 1664. 493
Mais nous avons prouve que la droite BO est plus grande que la somme
des deux droites BF et FR : il est donc vrai que la droite CO est plus
grande que la somme des deux droites DF et FI, ce qu'il falloit prouver
en second lieu.
Il n'y a donc aucun point du coté de M par où le rayon puisse passer
sans y employer plus de temps que par le point F. Il reste h prouver la
même chose au point V.
Si l'on fait, comme ci-dessus,
comme BF à FA, ainsi FV à FN,
et
comme la même BF à FM, ainsi FV à FX,
NF sera à XF connue AF à FM, c'est à dire comme BF à FI),
par la preuve précédente, et chacune de ces deux droites NF et XF
sera plus petite que VF, par ce qui a précédé.
Il faut prouver que la somme des deux droites YV et VU est plus
grande que la somme des deux droites DF et FH.
Je considère premièrement que, par Euclide, dans le triangle ambly-
gone VFH, la somme des quarrés HF et FV et du rectangle MFV pris
deux fois est égale au quarré VII; mais, puisque, par la construction,
il a été fait
comme BF à FM, ainsi FV à FX,
donc le rectangle BFX ou le rectangle HFX (puisque BF et FH sont
égales) est égal au rectangle MFV : nous avons donc, d'un côté, la
somme des quarrés HF et FV et du rectangle HFX pris deux fois égale
au quarré HV. Mais le quarré FX est moindre que le quarré FV : donc
la somme des quarrés HF, FX et du rectangle HFX pris deux fois est
moindre que le quarré HV. Or cette somme est égale au quarré fait
des deux droites HF et FX comme d'une seule, par Euclide : donc la
somme des deux droites HF et FX est moindre que HV, et HV est plus
gl-ande que ces deux droites HF et FX.
Si je prouve donc que la droite YV est plus grande que la droite DX.
il restera prouvé que la somme des deux YV et HV est plus grande
que la somme des trois DX, XF, FH, c'est à dire que des deuxDF, FH.
kOh ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE.
Pour faire cette dernière preuve, je considère le triangle anii)ly-
gone BVF auquel, par Euclide, les deux quarrés BF et FV sont égaux
au quarré BV et au rectangle AFV pris deux fois; or, puisque, par la
construction, nous avons fait
comme DF à FA, ainsi VF à FN,
donc le rectangle BFN est égal au rectangle AFV, et partant la somme
des deux quarrés BF et FV est égale à la somme du quarré BV et du
rectangle BFN pris deux fois. Or le rectangle BFN pris deux fois est
égal au rectangle BNF pris deux fois et à deux fois le quarré FN :
donc la somme des deux quarrés BF et FV est égale à la somme du
quarré BV, du rectangle BNF pris deux fois et du quarré de FN pris
deux fois. Or le quarré BF est, par Euclide, égal au quarré BN, au
quarré NF et au rectangle BNF pris deux fois : nous avons donc la
somme des quarrés BN, NF, FV et du rectangle BNF pris deux fois
égale à la somme du quarré BV, du rectangle BNF pris deux fois et du
quarré de FN pris deux fois. Otez de chaque côté le rectangle BNF pris'
deux fois et le quarré NF : il restera donc que le quarré de BN et le
quarré FV seront égaux aux quarrés BVet FN. Or le quarré FVest plus
grand que le quarré de FN, par la construction : donc le quarré BV est
plus grand que celui de BN, et partant la droite BV est plus grande que
la droite BN.
Mais nous avons prouvé que
comme la droite RF est à FD, ainsi NF est à FX :
donc
comme la droite RF est à FN, ainsi sera DF à FX,
et, par la conversion des raisons, ^
comme RF à RN, ainsi sera DF à DX,
et
comme RF à DF, ainsi RN à DX.
Mais nous avons fait
comme RF à DF, ainsi RV à YV :
donc
comme RV à W, ainsi sera RN à DX.
s
CXVII. - 1CG4. 495
Mais nous avons prouvé que BV est plus grande que BN : donc YV le
sera plus que DX.
Or il a été déjà prouvé que VH est plus grande que les deux
droites HF et FX : donc il est pleinement prouvé que les deux
droites YV et VH sont plus grandes que les trois DX, XF et FH, ou
que les deux DF et FH, et ainsi la démonstration est complète.
Il suit de là qu'en posant mon principe, que la nature agit toujours
par les voies les plus courtes, la supposition de M. Descartes est
fausse, lorsqu'il dit que le mouvement de la lumière se fait plus aisé-
ment dans l'eau et les autres corps denses que dans l'air et les autres
corps rares.
Car, si cette supposition de M. Descartes étoit vraie et que vous
imaginiez qu'en ma figure l'air est du côté de H et l'eau du côté de B,
il s'ensuivroit, en transposant la démonstration, que le rayon qui par-
tiroit du point H et rcncontreroit l'eau au point F, se romproil vers B,
parce que, le mouvement par l'air étant plus lent selon la supposition
de M. Descartes, il seroit mesuré par la droite HF, et celui qui se fait
dans l'eau seroit mesuré par la droite FD, comme étant plus vile, de
sorte que, les deux droites HF, FD étant les plus petites, la réfraction
se fcroit vers B, c'est-à-dire que le rayon s'écarteroit de la perpendi-
culaire, ce qui est absurde et contre l'expérience.
Si la situation des deux points B et H change dans les deux lignes BF
et FH prolongées de part et d'autre autant que vous voudrez, la démon-
stration aura lieu et vous le verrez de vous-même.
•Te n'ajoute point l'analyse, car, outre qu'elle est longue et embar-
rassée, il vous doit sulTîre que le retour que vous venez de lire est
court et purement géométrique.
Il suit de tout cela que, lorsque les deux points B et F sont donnés,
ou bien H et F, on peut trouver aisément le problème par les plans;
mais, lorsqu'on donne deux points, comme B et H, et qu'on veut cher-
cher par eux le point de réfraction dans la ligne ou plan qui sépare les
deux milieux, en ce cas le problème est solide, et ne se peut construire;
qu'en y employant des paraboles, des hyperboles ou des ellipses. Mais,
WG ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE.
comme cette invention n'est guère malaisée à un géomètre médiocre,
en demeurant d'accord du fondement et de la proportion sur laquelle
il doit travailler et que je vous ai déjii expliquée, je n'ai garde de
douter que vous la trouviez d'abord, vous, Monsieur, qui êtes si fort
au-dessus du commun.
Outre que, ne s'agissant proprement, dans la question que vous me
faites, que d'apprendre quelles sont les voies de la nature, j'y ai déjà
satisfait, et que cette grande ouvrière n'a pas besoin de nos instru-
mens et de nos macbines pour faire ses opérations.
CXVIII.
SAPORTA A FERMAT (').
A MONSIEVR I FERMAT | CONSEILLER DV | ROY AV PARLEMENT |
DE TOLOSE. I
MoNSIEVR,
le vous rends ce qui est vostre : cette traduction que ie vous pré-
sente du Traicté de Torricelli du mouvement des eaux est à vous, parce
que vous m'avés fait l'bonncur de m'exhorter à y travailler, et que vous
m'avez fait cognoistrc, qu'elle ne pouvoit mieux paroistre en public,
qu'en suite du Traicté de la mesure des eaux courantes de Castelli,
(|u'il recognoist pour son Maistrc, et sur les démonstrations duquel
il appuve presque toutes ses propositions. Mais elle vous appar-
tient, MoNsiEvu, à un plus iuste tiltre, puisque cet ouvrage, qui
( ' ) Dédicace do l'ouvrage iiililulc :
Traiclc du | mouvement des | eaux d'Evangcliste | Torricelli Malliema | ticien du Grand
Duc I de Toscane. | Tiré du Traicté du mesme Autheur. | du mouvement des corps
pesans qui descendent | naturellement, et qui sont jetiez. A Castres, | Par Bernard Rar-
conda. Imprimeur | du Roy, de la Chambre de l'Edicl, de la dite | Ville et Diocèse. 1664.
Ce Traité est joint à celui de Benedctto Caslclli dans le volume publié jiar Saporla
( voir Tome I, p. 362) ; la dédicace adressée à Format occui)e les pages 59 à Gi du dit
volume.
C XVI 11. - IGGl. W7
a esté composé par vu des plus sçavans Mathématiciens d'Italie,
sur vnc matière tres-curieuse, et toute nouvelle, ne pouvoit mieux
estre exposé aux yeux du public, que soubs la faveur de celuy que
tous les plus grands Mathématiciens, ie ne dis pas de la France seule-
ment, mais aussi de toute l'Europe admirent, et révèrent d'vne façon
toute particulière. Lors qu'ils ont des difficultez dans ces sciences
abstruses, dont les inventions admirables font voir et l'excellence, et
la divinité de nostrc ame, ils recourent à vous, IMonsievu, comme à
l'Oracle qui dissipe en un moment les ténèbres qui les envelopoieni
auparavant. S'ils ont quelque dispute entre eux sur (|uelque point,
dont ils ne puissent pas s'accorder, ils vous choisissent pour l'Arbitre
de leurs dilferens, et ils se soumettent avec respect à la décision (|ue
vous en faites. Tous les sçavans en toute sorte de Literature vous con-
sultent sur les passages difficiles qu'ils rencontrent dans les livres,
le pourrois rapporter un grand nombre d'excellentes remarques que
vous avez faites sur Synesius, sur Frontin, sur Alhenéc et sur |)lu-
sieurs autres Auteurs et les esclaircissemens que vous avez donnez a
des lieux obscurs qui n'avoient pas esté entendus par les Scaligers, les
(lasaubons, les Petaus, et les Saumaises. Enfin il semble, Monsuvi!,
que vous estez né pour gouverner l'Empire des Lettres, et pour estre
le Souverain Législateur de tous les Sçavans. Si i'avois dessein de faire
votre Panégyrique, j'estalerois icy toutes les cognois'^ances que vous
avez, qui sont capables de rendre les hommes, et plus doctes, et plus
gens de bien. le parlerois de vostre iugement dans les affaires du
Palais, ou vous avez passé la plus grande partie de vostre vie, et
ou vous avez fait paroistre tant d'intégrité, et tant de suflisance en
l'administration de la Justice, qu'il y a de quoy s'estonner, qu'ayant
acquis toutes les qualitez d'un grand luge, vous ayez peu acquérir vne
parfaite intelligence de tant d'autres choses, qui sont si différentes de
cette sorte d'estude. le pourrois dire avec vérité que la force, et l'es-
tendué de vostre génie, a surmonté toutes les difficultez qui décou-
ragent, ou ([ui arrestent les autres : que vous comprenez comme en
vous iouaiit, ce (|ui occupe l'attention des plus subtils, et que vous
l'LnMAT. - II. 63
l'.is ( K u V 15 1: S I) I-: F k ii m at. - c o h lu: s i» o n d a n ci:.
pciicli'c's ilaiis ]»cu (le ioiirs, cl avoc pou do i)oiiio, les iiialiorcs les plus
(lillicilcs, qui travaillont les cspi'ils les plus vifs, et les plus solidos,
(losaMiK'Cs onliorcs. Mais i'ou dis trop, Monsievr, pourvoslrc inodostic,
quov que ie n'on die pas assoz pour voslro morito, n'y pour la passion
(|U(' i'av, do vous tosmoignor, coiuliion io suis.
\I0.\S1KVU,
Vosiro fros-huml)lo et
(ros-oboissant serviteur,
S.M'Or.TA.
VARIANTES KT NOTKS CIUTIOUIÎS.
LISTE DES SOURCES.
A = Manuscrit Arbogust-Boncomiiagiii (-voir ïuiiic 1, Avcrlisscincut, [i. xxil)-
A' = Brouillons J'Arbogast, ilans le MS. Bibl. n.it. fr. n. a. SsSo (1°* 91 à 98, 120 à 192).
B = Manuscrit Vicq-d'Azyr-Boncompagni [voir "ïomc I, Avei-tissemcut, p. xxvii).
C = Copie (les manuscrits <Ic Clerselicr, prise à Vienne par Dcspeyrous, dans le MS. Bibl. nat. fr.
n. a. 3280 (1'°' 25 à go).
1) = Édition des Lettres de M. Descartes par Clerselicr, Tome III. Paris, 1(1(17.
E = Commercium epistoliciim de Wallis, Oxford, i(i5H.
V = MS. Bibl. nat. fr. n. a. 6>oi
0 = Gassendi Opéra omnin^ édition de Lyon, i6')8.
Il = Correspondance de Hiiygeiis, publiée par la Société hollandaise des Sciences ( l,a Haye.
1888 etc.).
1 = MS. Bibl. nat. latin 8600.
K = MS. Bibl. nat. latin 11 196.
L = Lalouvère, yeterum Geometna proinola in seittem de Cyc/oide lihris, Toulouse, i(i(ii).
M = MS. Bibl. nat. fr. 17888.
N =MS. Bibl. n.it. fr. 17390.
0 =MS. Bibl. nat. fr. 17898.
I' = OF.ufres de Pascal, édition de 1779.
1" = Recueil d'opuscules de Pascal, Bibl. nat. inip. Rcser\e V, 8.)9.
U =MS. Bibl. nat. fr. 20945.
Il = MS. Bibl. nat. latin 722(1.
S = Traité de la mesure des eaux courantes de Castelli, Iraduclion Saporla, Castres, i(>(i.'|.
T = MS. Bibl. nat. fr. i3o26.
la— Kdition des f'aria Opéra de Fermât, 1679.
X = MS. Bibl. nat. fr. n a. 5i6o.
VARIANTES ET NOTES CRITIQUES
(•)
Lkttkiî I. 3. ligne I par ces B, pour ces A i feront B, feroicnl A 10 jusqu'à A 6, -1
sera] A tijonic pour 7, -2 une om. A 9, 1 envoicray B, enverrai A 10, 8 de oui. A
H, 3 sceu B, pu A i ce om. A.
\\(yo, p. i43). Les paragra|)lies 1 et 2 forment la fin des Nova in Mai/wnmiicis
theoremata (Pièce V). \\ 9, ;20 (/«, i',4) :2(i DjAD 28 Qnod erat demonstranduni |
GEL).
m {Fa, ii\). 4, 10 itajAB (Fa. it>.).
\V {Fa, ii-i). P. 18, 18 la]ie 2o(/rt, laS) 26 proportion] proposition P. 20.
5 la] que la
V (^«, i4-2). 3, 2ipsa CB]ipsaAB. P. 24, 0 8)0. P. 25, G et|in (^w, i43) 7CJI)
* D]C 7, 3 constitutura]. Le fragment continue, dans les Fiiria, par les paragraphes I
et 2 de noire Pièce II.
VI {Fa, ii3). 2]1. 2, 5 la première]le premier 4, 9 l'avouerj/rt njoiile ,lo
suis etc.
La suite se trouve intitulée dans A : F/nf^mrni d'une lettre à Mersenne {le comnwucc-
mciit maitt/ue); dans B : Fragment d'une lettre de M. Fermât du li juillet i63G. 5, 2
baille A, envoyé B 6, 2 proportionnelles om. A 7, 11 pouves B, pourrez A P. 30, .'>
trois ou deJ2 ou B. 8, 1 Et B, .le A. B omet la date.
Vil {Fa, i33). P. 32, i:i lelles P. 33, 9 NB]CB 11 gravia|;Equalia {Fa, \i\).
P. 34, 10 eccejcum li FI1N]F1I, in -k N].M {de même il). IG FllN JFIIM (rff;«e///f 18,i
17 I1F]MG 18 HN]11A.
VIII {Fa, 124)- Snacription : A Paris, le iG aoust i636. 2, 1 que]lequel 4/o des-
quelles conditions, au principe dont il s'agit, la principale manque, sçavoir G d'où vient]
quelle est 7 cette]leur *• Ainsi... les corps 3, 5] ce qui n'étant point en nôtre connois-
sancc (comme il faut librement avouer, et en cecy, et quasi en toutes les autres choses
physiques; il est évident qu'il nous est impossible de déterminer, co qui arriveroit au
centre où les choses pesantes aspirent, ny aux autres lieu.x hors la surface de la terre,
sur laquelle, parce que nous y habitons, nous avons quelques expériences assez con-
stantes, desquelles nous tirons ces principes en vertu desquels nous raisonnons en la Sle-
clianique.
(') Lt:s chilTrcs égyptiens (gras) dL-sijjucnt les paragraphes des lettres, à niuiiis qu'ils ne soient
précédés d'un 1'., au([ucl cas ils indii|ueDt la page; les lignes sont comptées à partir de la première
du paragraphe, si elle est dans la même page; autrement à partir de la première de la page.
.Ï02 VAKIANTES ET NOTES CRITIQUES.
La diversité (les o|)inions louchant l'origine do la posanteiir des corps, aucune des-
quelles n'a estéjusqucs icy ny démontrée ni convaincue de fausseté par démonstration est
un ample témoii^nage de l'ignorance humaine en ce point.
{l'a, 125). La commune opinion est, que la pesanteur est nne qualité qui réside dans
le corps même qui tombe.
D'autres sont d'avis que la descente des corps procède de l'attraction d'un autre qui
attire celuy qui descend, comme [le globe aj. P) de la terre [paroit attirer une pierre qui
tombe nj. P]. Il y a une troisième opinion qui n'est pas hors de vraysemblance; que c'est
une attraction mutuelle outre les cor[>s, causée par un désir naturel que ces corps...
3, îi clairjévidcnl 6/7 lo fer ne l'ctanl pas, l'ira trouver 12 seront... quelque lieu 4, 3]
sont fort ditrérenles, particulièrement de la première et des autres, comme nous fairons
voir en les examinant.
Car si la première est vrayc, le sens commun nous dicte qu'en quelque lieu...
4, ^ poids] corps ])esant * pèse] posera 10 avoir égard] considérer 11 centre com-
mun]. Jddiiioii : Si cette première opinion est véritable, nous ne voyons point que le
principe que vous demandez pour la Gcostatique puisse subsister. 12 Car soient deux
poids 15 A cl B 19 Nous... équilibre 21]. Suivant cette première opinion, nous accor-
dons que si le point C est uny au centre des choses pesantes, le composé des |>oids Ali
demeurera immobile véritablement. 22 au]avpele *• centre commun des choses pesantes,
combien que l'un des poids en soit plus proche que l'autre, ils contrepeseronl (24).
2r) comme par le point C omix. 2(i paroles mêmes] propres termes 27 pour]de 28 par
dessus] sur P. 38. Le premier alinéa est nmù. 8 car il n'a pas esté démontré que le
point C soit le centre de pesanteur du composé .\R, .sinon lorsque la descente des corps se
fait naturellement par des lignes parallèles: ce qui est contre vos suppositions et les
nôtres, et contre la vérité, et même nous ne voyons pas qu'aucun corps, horsmis la
Sphère, ail un centre de pesanteur, posée la définition de ce centre selon Pappus et les
autres .\utlieurs : et quand il y en auroil un en chaque corps, il ne paroit pas (et n'a
jamais esté démontré) que ce scroit (12). 13 commun]des choses pesantes 1.*» figures]
addition : comme en la seconde des deux figures suivantes. 16 commun] de pesanteur.
5, I du]d'un 3 méinc]r * uous]vous i semblable] pareille * AB|(/'rt, 12G)
(puisque vous le voulez appeler ainsi) d'autant que ces poids ne pressent (5/6) 7 C, D
mi E omis 9 le porter] se porter. P. 39, 2 près] proche 3 C omis. 6 jugement] /rt/T»
de l'alinéa est omise.
6, 1 en ce cas desjsuivanl cette première opinion, de 3 pour... sentiment omis.
i Soient donc deux * A et B 5 dans laquelle le point C soit le centre de pesanteur du
composé des corps AB, selon les anciens; ce point C ne sera pas (6) 7 pose] met
9 qu'iljque ce composé 13 contropèsenl avecjsoit de même pesanteur que
7, Paragraphe omis.
8, 1. Si la seconde opinion louchant la cause de la descente des poids est véritable,
voiey les conséquences qu'on en peut tirer, selon nôtre jugement. Soit (i) 6 les parties
du même corps, en sorte que chacune selon sa puissance, lire à soy le corps attiré, ainsi
ipie supposent les Auteurs de celle opinion.
Sur cette position, le sens commun nous dicte que les distances et autres conditions
estant pareilles, les parties égales du corps attirant attireront également, et les inégales,
inégalement.
VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 303
Soil donc le corps allirc L(6) 8 menée] mcme. P. 41, 2 marques] pris 6 puis-
sancojverlu entière 7 là oiijou étant 10 venujparvenu 11 toujours est place après
sera 12 eljmais 13 retire]contrctire li Torcc] vertu 17 mais celle diminulioii ne
sera pas en la raison des li!,'ncs HA, IIK, III, ce que vous connoitrez en le considérant
sans autre explication.
Si la troisième opinion de la descente des corps est véritable, les conclusions que l'on
(^rt, 127) en peut tirer sont les mômes, ou fort approchantes de celles que nous avons
tirées do la seconde opinion. Suit le paragraphe 9.
9, 3 d'icelles] d'elles 5 conclusions] conséquences 7 desquels l'expérience assistée
d'un bon jugement, nous a rendus certains.
Pour ces considérations, dans nos conférences de Mechanique nous appelions des poids
égaux ou inégaux ceux tpii ont égale (10) 11 un même corps est ditjnous entendons un
même corps P. 42, 3 arrive ou non i ce]cl)ose 5 contente] satisfasse 6 et nous rai-
sonnons] raisonnans 7 en omis.
10, 1 Pour]Ouant à 3 et l'autre] mais l'autre est 9 et soit considérée la circonférence
(;NB 10 méne]remue 12 contrepèseront l'un à l'autre et omis. 15 seront ]seroint *
poinlsjexlremitez 10 éloignées. P. 43, 2 pour les avoir démontrées par des principes
qui nous sont plus clairs et plus connus ( l) 5 distinctiou à faire, laquelle est de grande
considération. Sçavoir que quand ((j) 9 mais quand * d'un] un 13 enfin ]flnalement
13 vers N] vers P.
11, 1 Si eïc.jCelte distinction estant vraye comme elle est, vostre second principe ne
peut subsister, ce qui paroîlra assez par l'examen d'iceluy.
Vostre second principe est tel. Soit A (4). S est B] est D G force] puissance
8 D.K^'rt, 128) P. 44, 1 poséjmis 0 s'éloigner] éloigner le levier 8 en général] généra-
lement 11 quoique contraires à votre supposition omis. 12/13 et nous vous en expli-
querons les principaux cas que vous connoistrcz véritables sans aucune démonstration.
Suit le paragraphe 12.
12, 2 et omis. 4 demeurons P. 45, 1 force] puissance.
13, 6 bouls]extrémités 10/12 et quand cet appuy sera esté, le tout demeurera de même
qu'avec l'appuy, ce qui est assez clair. I.") alors est ajouté ai.'aiit celles. 19/20 que lors-
qu'elles sont ramassées en B.
14, 1/2 chacun plus graïKl P. 46, 1 DC]CD i ramassez (de même 9) 8 Bjvers P
ajoute, -k ce qui scroit arrive] comme il arriveroit
15, 2 les] des G qu'on] que l'on 9 aux points] sur les parties 13 (Fa, 129) it Ainsi,
considérant] Partant -k sont]seront * ils o//jj.v 14 chargentjcliargeront. P. 47, 1 sur
l'arc GBIl 5 aura] a -k ramassez 9 même omii. 10 Addition : Cette dernière consi-
dération pourroit bien estre cause qu'un même corps [leseroit moins, plus proche que
plus éloigné du centre commun des choses pesantes ; mais la proportion de ces pesan-
teurs ne seroil nullement pareille à celle des distances, et seroil peul-eslre ires difficile
à examiner.
16, 3 éloignés de .V centre commun G GI est à 9 assez omis • des] de vos 10 les]
ces lO/li restcroit aucune difficulté 1 1 à peu près o/?;w 11/12 ainsi. Soit faite la pré-
paration suivant la méthode d'Archimedo 13 E\Q (de même dni/s la suite du para-
graphe). P. 48, 2/3 duquel etc.] lequel arc sera quelquefois moindre que la circonfé-
rence entière, quelquefois égale à icelle, et quelquefois plus grand. El d'autant que les
oOl VAHIANTES ET NOTES CRITIQUES.
poriinns m, IQ sont Cigales, 3 BGIflQ 4 par le premier principe sur l'appuy 1. 7 pèse]
po^é 8 Car Ions ces] Partant, puisque ces deux 9 poseront] pèsent * puis donc jet
10 faisoioiU] font * môme omà-. I.'i feroit] reçoit lipas|point Ki pouvons 17/1!) in-
slances dont la proniicre est telle. Au levier GIR, soit l'angle GIR droit
18, 1 Soil A le cciitre 'i.komix. 3 GI | soit (/ «, l'in) 0 l'on] on 0/7 faisant. . .R |
mellanl en C le même poids qui estoit en R 9/10 faisant... CJfaisant ID estre le bras
du levier et mettant en D le même poids qui estoit en C 12 à IG]en G 13/li raison-
nant à l'ordinaire] par le raisonnement ordinaire 16 seroit]sert 18 fait] fasse P. 50,
1 (ce qui est facile à démontrer) 2 de]liors 2/3 on conclura quelque chose do cho-
(]uant de votre position.
19, 1 parce que * tout omis. 2 faire pir des hommes, des poids à l'égard do leur
centre naturel 3 la faire alentour d'un centre artificiel, supposant r;/6 agiroient] tendent
7 conforme à ce raisonnement 8/10 Alinéa omis.
20, l agréable decnntinuer nos communications sur ce sujet ou sur celuy de la (ïeo-
metrio 2/i ceux de ce temps, nous tâcherons ,\ vous donner contentement : et ce que
nous vous proposerons .t car nous vous en envoyorons
l.\.(/«,i3o) 3(/"W,i3i). P. 53, 18 ACn] ad CD 21 CD| . Igitur (/'«, i3' )• P- 54.
2 horizontis 6, 1 terre] lettre 7. 3 parabola i/M conois parabolicus archimcd.Tus
(■> novus conois 9, 0 composé )com|)ris.
\(l'(t, r>;5) 2, l."> quatre. I en (/^rt, i>.'i). 3. ."i de Pascal
Xl(rrt, i30. 1, 12 prin|cipes(ra, i3J) 3, I i BC.V]BC,CA 4, Glaomù. 7 | parce
que {Fa, i30) 5, 3 menez] niez
XII (B a comme titre : Epislola Dmi de l'"eriuat ad R. P. Morsennum.) 1, 1 Oavum]
damnum A P. 64, I te]se A 2, 2 ita]sic A 7 problemaiis B, problematibus A (dr
même 3, I) !» quadratoquadrata A 3, 3 ipsis rf'/jf'/t' B i pulcherrimi A P. 66, 2 ad-
mitti om. B. i dimiuiitum B (de même plus loin) 7 ex his propositionibus B {peut-être
mieu.r). 4, 1 abs te A * construimns A 7 contingerit A 7, 7 «oaîjiçjaj B (A « cor-
n^'ê e/i marne). 8, 10 exordium corrigé de origincm B. * B donne en marge le calcul
des nombres i8o et iSçjo. plus loin de 10170 (avec une erreur) et de 7</)>. P. 68, 10 abs]
corri:;é en à par A. 9, ()/7 De niultangulis numeris A it majori AB U 1" om. B
P. 69, 7 omnibus] numeris B. 9 prfECcpta J qu.-usita AB. 10. 1 nolumus B 2 Arithme-
tiirie A 3 \cnim\\r\ corrigé de invenimus A U, ■'> aucto|aucli AB 8 c.\emplum]B
ajoute : i.'î.3.4. 10 auclum]aucti AB 11 et fit B 13 et superesl B P. 70, 2 pnpce-
dentis A î«- B donne les calculs en marge. 12, 2 \\\L-(im]rorrigc de ansam B 9 eâ]sic A
13. B ajoute la souscription : Au Ucverond père .Mer.senne minime.
XIII {Ta, i3G) 3, -4 r] Premièrement 7 in|conchoide {fa, i3y) 4, 3 dcs]de
5. 3 r] premier P. 74, 9 in]et
XIV. (Texte d'après R; leçons de Fa, i38). 1, 2 promis 2, 2 en] vers 7 la partie
inférieure 8 chose mémo 12 quoijqui K boutlpoint P. 76, 10 de direction omis.
l.S doublé] double 19 cette] la 21) bras AB, AC 23 deux o/«(x. P. 77, 1 double 4 et
omù 10 forces * Ainsi] Aussi 12 être | entendues {Fa, 139) 14 supposons] posons
21 AC, AG P. 78, 20 demonstrons P. 79, 1 demonslrons t) menées omis. 19 enten-
dues] imaginées * cl omis. P. 80. 2 sorte sur le bras AC omis 3 E]sur|le bras AC
VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 505
tijoiilc (J'a, il») * nxioinc] principe 13 riUriKlucs] imaginées 10 axiome] princi|)e
2.") fin (lu texte lie II. 9 ( l'a. \\\)
XV (AV^ lifi). 3, 3 vous iU[i\ms,<i7.\roiiimencemeiit dans \i d'un Exlraict d'une lellic
(lu iiii"'' no''™ iG3G à M. Kobei'val pour la quadrature de la parabole. * vrayc Fn. oin.
B. * possible pas B, pas peut cstrc Fo. 1'. 84, 2 graiule om. l'a. f> plus "/". Fa.
l'J qui est tout ce qu'on peut B, qui comprend entièrement tout ec ipii se peut Fa.
P. 85, 7 la quadrature B (^MJ.v'nrrfVe à ce moO, les quadratures /'«. 5, i ct|que(^'V/.
147) 8/9 de son diamètre et en sorle partiisscnt des additions suspectes. 7, 5 conoidom
(de marne (i) 10/11 EUipsioidcm 1>. 87, 8 11)] 111) • nV]l)I
XVi (Fa. 141). 1'. 88, 10 Intelligitur 17 G1]UC 1'. 89, :i ACDE]ACDC 7 BU|KI)
10 (r«, i4v.)-
XVII (Fa, 147). P. 90, IJ CA|naluralitcr (Fa, i.\8) P. 91, 8 desqucls]duquel
XVIII (^fl, I j8). 1, 11 vous] verrez (/rt, I îs)) 3, ^ Le nom Sixïn[c-Croh est rei)ipt<icé
par des points. P. 95, 14 conoïdum 23 (^o, 1 Jo) P. 97, 20 (r«, i3i) P. 98, U11C]HA
21 eadem 22 AC]IC -k sccantes]stantcs.
XIX {Fn, i:3i). P. 101, 3 puncto| A (/«, \ji) 11 IM omis. P. 102, 11 BIX.
XX {Fa. i3?,)- !'• 103, li (fa, i53)
XXI {Fa, i5J). 3, 1 de omis après iM. {de même 2) 3 avec | franchise {Fa, \']\)
XXU (D). P. 108, 2 et 3 qu'on] qu'il
XXIV (Variantes de D; texte de G). 1, ii me sera garand. 2, 10 de venir sans mar-
chander 3. 7 qui continue]de 4. 1 Je viens 5, 7 sa détermination 6, 7/9 or. .. aupa-
ravant].Mais 10 (|u'elle ne faisoit auparavant; Et si 13 le]co 7, 3 à/.'e.vc.,dcC 7 ce
Desc.,\iiC 8, 3 entendre] comprendre 0 changera P. 120, 1 pourrions D, pouvions C
9, I la] sa 7 la] cette 19 c'csl-à-dirc]ou P. 121, S parce que 10, 13 le portera
17 tout omis. 11. Vi do même nom 12, 3 FA est à AB c'est à dire comme FG à BN
,3 CB est à BN P. 123, 4/."> conclusion pareille 7 CB]BGest 9 Maintenant <7/o«/e«i'««/
Du 10 égaux] cntr'cux ajouté. 12 conséquent 17 preinière] précédente 19 UAF|esl
ajouté. 14, 1 ligure] force P. 124, 0 cettcjla 12 (iu'elle]que cclle-ey 15, ."• pleine-
ment omis.
XXV (Variantes de D; texte de X). 1, 2 pourco que... soit] parce qne je n'en S(.au-
rois parler autant que je voudrois 4. celuy-là tncsme * tâche] entrepris. 2, 3 contin-
gentes] tangentes *• trouve] prouve Fig. Go. La ligne 01 n'est pas tracée dans X; les
lettres algéljriques qid suii'eitt j sont en minuscule. \"t iterumque. . . BE om. X 18 B. et
le costé P. 128, 0 maxime 10 X ajoute en note : 11 dit qu'il faut mettre viis a priori/nis
diversis ou per dii'crsum médium ou quelque choso de semblable pour rendre la règle
bonne. 3, 1 bien encore * môme omis. 2 tangente 7 autre omit. 9 ergo proba-
viinus CE P. 129, 1 se om. X. 4, 7 est omis. 10 encore que] quand 12 eût eu
13 même L), premier X. 6, 3 tangentes P. 130, 6 sont] font * font D, est aussy X.
Il tangentes 7, o autres] Aulheurs P. 131, 0 de] du 9 tangentes 10 n'en peut D.
n'eut peu X. 8. 2 tangentes 8 que j'ay fait 13 cube du cube 10 quarré du cube
XXV bis (A, B). 1. l MM. Pascal A 3 parce que A 0 des doutes A 9 construc-
tion] denionslration A 2, 12 i)lùl de me A 3, 3 propositions de A 4, 1/2 je veux en-
core lui faire part A 3 les]le A P. 134. 1 quelqu'un A 2 M. Uoberval A 5, 2 de
l'ERMAT. — II. ^ 64
506 VARIANTI'S ET NOTKS f.U ITI O U i: S.
nm. D 6, :2 Et par exemple 1), Coinmo par exemple U i parabole] par exemple nj. 1!
* tel] quelque D iO/ll C'est... sophistiques om. I) 10 ces H, mes A 13 que l'un A.
qu'on BD * demandera] voudra D P. 135. 1 tels nombre.^ I).
XXVI. 6, 7 le A, ce A' l.'i l'égalilc A, Ci,'alilé A' P. 138. 3 déduire par le menu \.
décrire pour le moment A'.
XXVIII (D). P. 146, 9 le.sjla
XXI.X {l'n, p. i54). 2. 2 de niiiiiniis et uiiiiiiiiis ciilrr pnrenllic.ira. 3, 7 lui-mè | me
{l'a. r>5) P. 149, I, 2, 0, 7 B bisjli'î. P. 150. .j pouvez J prouve/. 6, 8 dat()]dalà
XXX (A, B). 2, 9 son A. un B 3. G Iraucliir A, traverser B 10 comme B, ce que A
24 punctum] Dernier mot de B.
XXXI (A, A'). P. 155. 9 satisfait ]rrtmV,;-,/c s'étend A' 13 en suite A. de suite A'
2. 1 par exemple A, sini|ile .V P. 156, 4 avec] aux AV' 3, 2 pareille] fo/v7;'(' de
egalle A' iJ courbe] corrf^'c de convexe A' 10 soit A, est .\' * pareille A, cgalle A'
nde"aller
Il avec A, en conservant A' 12 par adéqualion A, pour , "" (.sic) A'. P. 157.
' ada-cpiare
9 Otant A' 13/li les deux cubes om. A 10 Divisant A' -k étant A' 17 avec]aux A'
19 nous aurons A, on aura .\' P. 158, 3 sera A, soit A' {de même -i) ,"> fera A, lasse A'
6 aisément A, ainsi A' 10 car autrement A. aux autres .\' 4, 7 de om. A' 5, 1 </<•]
des A' P. 159, G ligne («f. OA) A, droite A'. P. 160, 3 en sorte A, de sorte A' li fera
A', sera .V * OI]Oli! (de même IG) A.\' P. 161, ligne dernière, le dénominateur A est
omis.
XXXIII (A, B). 1. 2 prene/.lavez prise A. P. 165. 7 j'ai baillé]je lai.sse 3. 2 con-
noilre]ro/Tt^'e de trouver B. 5. 3/4 croyez-moi om. A ^\ humble serviteur] etc. A.
7. 6 parties B, portions A. P. 167. 8 de om. A.
XXXV (A, B). 1, 1 vous om. B 2. 8 cette longueur B. ces longueurs A 10 par li.
de A 12 que (après point) om. B. P. 170, 12 que (après et) om. B P. 171, 12 Ou
fera avec la môme facilité \. 3, 2 je veux vous A. 4, 1 en (après exemple) B, de A
2 eu) de A 5, 3 mêmes A S trouver B, mener A P. 173, 1 focus B, foyer A 6, 2 de)
d'en A 3 encore om. B G marquée B. imaginée A 7 sommet om. B * iMB].M.\ P. 174.
1 semble êlrejest A * l'estrivière B, l'affinité A 2 punclis]elc. ^7. A 7 superficie] /i/.ir(
a corrigé en périphérie. 10 que quel point que AB * preniez) prendrez A 9, 1 trou-
ver] mener A P. 175, ligne avant-dernière : S'il y a manque en B, Si j'ai mancjué ici A.
P. 176, il") trouvères B, trouvez .\ 9 Votre, etc. A 17»/ omet le rette de la lettre.
XXXVI (AB). 1. 2 les longueurs A, 3 rebutent A P. 177. .'i leur] le A G les expé-
riences A * faites A. 2, I comme] etc. A 3 particulièrement] en particulier .-V i aux]
«u B * dc]des(lites A 7 le dernier exemple] la dernière B * sur quoijquoique A
7/8 m'avez] m'ayez A 8 de me faire savoir A 3. l appelle A 6 ci suiv. lat.]latus B
P. 178, 2 oujen .\ 4, 1 proposerai A, réserve B 2 j'étends encore]jc cède à donner A
3 renchérit A * et]jc A 9 dérive ] déduit .\ 10 lrouvcr]savoir A 11 valent] vallût A.
XXXVII (B). 4. 7 /;^Jv^-28i
XXXVIII bis (/''«, 17.3). 6, 2 sorte] de (fa, 174) * tel) le B 3 encore om. B * etc.
om. B. P. 190, 2 à quoi... possible (5/G) om. B G/7 reigle que je n'ay trouvée que
lorsque B 9/10, de ce cas... nouveau om. B 7, 1/3 reigle, c'est que je puis B
VAHIANTES ET NOTES CRITIQUES. 507
•t/C comme... ranijé om. H. 8. 1 l)iin ont. U * et B. en f'tt. * sont f'n, font B
G ce qui est, ce me suniblo, une /'«. 8 cul)(^ do soixiiiiLc-iiuiilrc II 8/9 à coté du quane
de 1.1 om. B 11 le deuxième ] le a'"" B, et le second Fti. P. 191, 4 et il y aura f'n.
i/."> l'iiiicune dcsinielles H, desquelles cliacuiie /''«. * B oincl les paro^rojilws 9 et 10.
I'. 192, 2 en B. o)n. J'a. \) et (léleetid)les]etc. B * le.s om. B. -i Voicy B, Voycs Fa.
■k l'endroit où il fa. G de haut en lias qu'à coté fa. 9 avoir seulement fait Va. W je
dis o/«. B X- qu' om. B 13 mais T'a, et B * la | iiueslion (Fa, 175) 15 1° om. Fa.
21 clic devoit être dilTérente Va. 23 le 25 Fa, le qiiarré de JB * voicy B, voyez Fa.
I'. 193, 13 un a\ilro B Fa. I.'i/IG si le lem|is... dcnii-douzaiue om. B. 2G néan-
liidiiisj pourtant Fa. P. 194 {Fa, I7())-
XXXIX (B). 3, i (luarréquari'cs] (lu.irrcz * quarrcqnaiTce]quarréc.
XL (l'a. 170, B). P. 196. 3 -le vous prie etc.] B romincncc ici comme .luit : Asseurez
M' Kreniclc qu'il y a plus de dix ans que j'ay une méthode générale pour ranger tous les
(juarrés pairs à l'infiny, mais je n'avois |)as songé (2, 1 ). 2, TJ/G beaucoup de] plusieurs B
7/8 afirès ma 1" nicditalion sur ce suhjet B 3, 2 ([uarré ai B Fa. 10 Parce ([ue Fa.
* je diil'èrc à vous] je ne vous puis B 11 entier om. B U/H jusques. . . possible om. B
13 {Fa. 177). P. 197, 9 3oo]o()3 Fa 10 3V.9.J223 Fa 4, 3 de qnarré Fa 4/3 de
cliDsco///. U 3 qu'une. .. reste]|)lus do méditation B (/(/( ome/ /rt //// f/f /V</j//ea 6, 1 cet
abbregé Fa. P. 198, 7 radicaux des om. Fa. * parce que Fa. 9 Fa omet les
iiomhrcs \. ^>. 10 leurs o«;. B 21/22 ou que le double de l'exposant om. B 28/29 Voilà. . .
a|)pelerj Je |uiis a[)pclcr ces 3 propositions que j'ay dcnionstrccs B 29 de l'invention om.
B. 7. 13 et n'abbrege Fa. 13 je | me {fa, 178).
Xl.l {Fa, iG")). 2, 2 rappH(iucrcz 7, 8 me | me {Fa, iGG)
XI.U {J'a. iGi. B). 3, 1 B commr/icc ici : Voici ce ([ue cl oiiwl depuis. 5 que je vous
donnejcpie vous voyez f ((. 8 là pour lors Fa. S/9 ait beaucoup dejayc des B 10 ne
sont (piarrés B P. 204. i bien om. B 13 proposition] B omet le reste de l'alinéa.
5 .'J/i je dis (|u' om. B 7 (piairé | {IH, iGi) 6 Paragraphe omis dans B.
XLIII (AA'). 1, i/2 avec ses cxpositeurs au-dessus rejeté après les nombres de la pni-
ro
"rcs'iioii AA'. G fassiez A, faites A' ■* Iciushiue tous A' 7 (sic) A, trouvent
' ' trouvent
y 2, 3 la progr. que j'y ai fait A' P. 206. 3 de ceux] des termes A' 3, 3 le dernier!
est remplace par 2 1 A'.
.\MV {Fa, 1G2, B en partie). P. 207, Il deuxiôuic]3 Fa. 2 Commencement dans B
d'an Exlraict d'autre lettre du 18 octobre iGio à M' Fr. i/3 de quoi je m'étoisjm'étant B
3 vous en donner B G «/à'. .• demonstré, n'ayant cncor la demonstraon de l'autre, duquel
néaiilmoins je suis asseurc. Après cela je vous fliray le fondement sur lequel j'appuie les
progressions (P. 209, 2) B P. 208, 10 vous| m'obligerez (Fa, iG3) P. 209, 2 progres-
sions] [iroposilions P'a. 8 tout om. Fa. 12 scsjleurs B 13 nombre de i3 Fa. 16 ex-
[insaiit 3 Fa. 17 puissance de -x) Fa. 20 trop oiti. B 6, 3 quels des B, (jue les deux
ta. 7 et en telle Fa. ■ 10 d'étendre B, deffendre Fa. 12 -t-i] — iB * le quantièmejla
(juantité B 7, 1 mienne proposition B, de mes proposiliims Va. 1/2 B omet la paren-
llicsc et 3 l'incidente (pie .--ans doute... de vous. 3 quc|sans (Fa, l64) 10 la 23°]la
30" B 12 ut su|)ra]cominc dessus B 13 premiers et moindres Va. P. 2H, 1 du qua-
lernairejdc 4 ^ "- 3 est om. B. i qu'un multiple du quaternaire] etc. Fa. 5 ou
1024 ]om. Fa. 8, 2 aucun] un B 4 Fa donne les nombres loocoo et 99998 5 dit om. B
508 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES.
6 l'a cl B donnent le nombre 1117, li en niar^c 171. 9 sciilemonl om. U 9. Ij"! la-
quelle... licureux oni. B. 4 divisé] mesure B (divisé en mar^r) Ti secondclî"'" 1!
7 mesuré J divisé B 10 lejcc B 11 reste 06 quijle rcsle C6 ra. P. 212, ti cl om. B
f> diviseurs]divisions f'n 10 B omet le dernier alinéa.
XLV (AB). 1, 3 voici A, voyons B 4 que j'y ai faites A, que j'en ai fait B P. 213, l
tel nombre A 7 AB intercalent 7 entre 5 et 17. 2, 3 : B omet i". P. 214, 3 des (jua-
10 125 nr.G 766.',
ternaires A 10/17 Rédaction de B : Soit par exemple un nombre donné ■x'i 01 Ij3\ i ■>.'>.
Los nombres premiers plus grands de l'unité qu'un multiple du quaternaire qui le mesurent
sont 5. i3, 17, ^.g, en i>rcmier par 5, par le quarré do i3, par le cube de 17 et par le cube
de 29. (Eu note. Nota que, de ces doux nombres, le premier, savoir 10 12.') o56 76G5 sert
pour l'exemple où il dit qu'il faut diviser par 5, par le quarré de i3, par le cube de 17 et
par le cube de 9,9: et l'autre, savoir ?,3 oiG 3). i-.>,5 est le plus petit nombre servant au
même effet, mais il le faut diviser par 99, le quarré do 17, le cube de i3 et do 5). 2i qui
est o/«. A 28 par exemple om. B 30 j'ajoute] adjouxtanl B 32 et par soi om. B P. 215.
7 (m om. B. avant 3, B intercale ce qui suit :
3
3
■'.
1
5
i3
'7
■^9
'.5
■^'97
989
■-"-O
ï(3 016 32 1-25 est le nombre produit do la multiplication de ces 4 puissances l'une par
l'autre, qui est le moindre de tous ceux qui peuvent servir d'hypotlienusc à 367 triangles
rectangles. 3, 2 qu'en ce cas B. 5, 13 B a en marge : Le plus petit est /i5. 14 on] de A
P. 217. rJ de om. A, ijin cwant le dernier alinéa a la souscription sous celle forme : à
Tolose, ce 25 de. 1640 Mon Ucvercnd Porc, Votre etc. Fermât
XLVl(AB). 1, 1 tête A, fête B 2 à A, avec B 2. 2 ma B, une A P. 219, 1 son A.
mon B 3, 10 facilement A, aisément B 20 humble etc. A. 22 mars A. may U
XLVII (AB). 1, 9 pourrez lui A 19 les B, des A 21 toutes sortes A. 2, 4/.'> Votre etc.
Format A.
XLVIII (B). P. 222, II sera] seront P. 223. 20 et 22 B donne le nond/re 10000000.
P. 225, 8 parla précédente est placé après requises (7) 8, 4 Formes de l'un .'> du 1 et
2 quarré P. 226, i a et h\ K^a et h (sic).
5 s
XLIX ( Va, iGO). P. 227, 20 /^ signe y/' est omis. P. 228 (fa. 167) .''i les quarrés]
le quarré A, 8 EDA omis. 12 ID][0 P. 230, 1 i d'autres | aussi (f^a, iGH).
L ( Va, 169). P. 233, 8 des quarrésjdu quarré 10 des omis. 3. 3/4 le quarré P. 235.
4 (f'n, 170) 4, 7 Carjipie 10 racine moindre du quarré de 3 5, 2 l'un à|l'autre (f^a.
171) P. 239. i en rem. le | double ( ^^ff, 172) 8, 10 des trianglesjdu triangle 2 en rem.
pas I si (/''rt, 173)
LI (AB). 1, 2 chercher] saisir A 2, 7 parce que A 8 en écri\;ant A 9 ai om. .V 3,2
de ne pas vous rebuter A 4, i eu de réponse A 6, 4, Votre etc. Fermât A rjui omet la
dernière ligne.
LIV(AB). 2, 1 vous avez maintenant reçu A o scrozjsoient A P. 250, 0 la dite B.
la A 4, 9 ait A, aye B 5, 1 prie de m'envoyer A 4/.") par la première commodité rejeté
après Saint-Martin A 7 prie de me croire A 8/9 Votre etc. Fermât A.
VARIANTES ET NOTES CRiTIOUES. 509
LV (AB). 2, G par autres voies A 3, 9 cl. plus pntii B 4, 2 dos B, les A 3 (pi'il a
oin. A. 5, I (]c om. A P. 253, G M. Carcavi A 8/9 Voire clc. Fermât A.
LVI (AB). 1, 4 jointe à celle-ci B, comte de Cellcry A P. 254, G le] les A 7 aucun
autrcAB 8 en o/«. A 10 11 pourrait encore y avoir A 15 pourtant] toutefois A 2. 1 qucl-
qu'unes A
LVU (AA'). P. 257, 13 quasi tout A', presque utile A P. 258, ."i premièrement] pré-
cédemment
LIX (AB). 1, 1 B commence comme mit : Je vous dis que toutes les (piestions que j'av
proposées a Mess" de St-Martin et Kronicle sont possibles (9) 2 cl de Frenicle A 1 1 du"|
de B H livrcsjlieux corri^^c de livres B. P. 261, G Trouver wu. B, entre crochets A *
duquel A, auquel B 9 B « c// /««r-c .■ v^-aiG 5o 17 || 5 627 i38 3/i v.Si || v/a372i5(j 3, 10 je
om. B 13/14 Alinéa omis B.
LX (.\B). 1, 1 B commence comme suit : Non seulement les ipicstions que j'ai propo-
sées a M" de St-.\lartin et Frenicle sont toutes faisables (4) :i à om. B P. 263. 1/4 de
cette seconde ([ueslion a celle cpie je vous envoyai dernièrement qu'ils ont B 3, G invite
A, irrite B 10 B omet cet alinéa et le sidi'anl et rejette la date : De Tliolosc, i.S.iCîS,
après le paragraphe 4 4. 1 en A, sur B P. 264, 1 |>lus om. A * bien B, tirer A.
LXI (Ta, 178). 1, 2 le|sujet (Ta, 179) 11 Va donne le nombre 1G17. 2. 1 Bul-
liaud.
LXIl {J'a. 201). P. 268, 13 hicjlicic (G) P. 270, 3 ad | lompus ( /V7. 202) G AFjNK
iFa) 7 NF après utjAF (l'a). P. 271, 10 et 13 tonipus per] motus per (G), ad tciu-
pusjad motum (G) 17NF]MF(/V0 20XC]XE(ra) 21AF]AB(r«) P. 272, 9
et 17 respondentes]rcspondenlis(G) 29 ut tempus | motus (^w, 2o3) P. 273, 13 velo-
citates uniformes] vclocitatis uniformis (G) 5, 2 verita | tem (/7?. 204) 6, 1 brevi-
ter]succincte (G) 2 facessatjfacescat (G).
LXIll(B). P.277, li U4-4SJU-1-S.
LXVU (D). P. 282, 3 en rem. deprelicndct]de(ir,Tlicndet.
LXX {fa. 179). P. 291, .4 perte] même (fa, 180) 3, 18 de]des 22 le] les
4, 7 avec !(/'«, 181) 5, 13 le omis * et h]et de la P. 296, 13 (Va, 182). 8, 4
continue] continuée P. 297, 2 œquarijocq. 9, 13 leslignesjla ligne * Les deux tables
insérées à la fin du n" 6 sont composées page i83 des fa sous le titre suivant : Table
dont il est fait mentio/t dans la Ijcttre précédente.
I.XXI (P). 1, 4 ne devoir point] ne point devoir
LXXIl (fa, 184). 2, à la fin de la page. Le tableau est placé en manchette et disposé
verticalement; la i"" et la iG" des combinaisons sont reportées au milieu de la ligne ainsi :
aaaa „ „„_ „ , , ..
^^1^^ P. 302, G quand] il (Fa, i85) P. 304, 4 avons ] fait (l'a. 18G) P. 304, le
tableau est composé verticalement dans le texte. P. 305, 22 de même : ] [l'a. 1871
5, 2 que](iui 6, 8 trois [joueurs (/^rt, 188).
LXXIV (P). P. 312, 13 des] de.
LXXVI (0). 3, 6 avecjdans 11 et 14 foycrsjfeux P. 317, 8 qu'après parjaprcs
dans 13 et IG s'il estjétant IG le lienjil 19 les licnxjle lieu P. 318. 1 au plus
510 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES.
facile les donnésjle plus facile donné P. 319, ii icrmince ajlcrminéc dans 7, 1 J'ai
cherche pour le lieu 9 si elle est jilus polilejs'il est plus pclil 10 si elle esl plus
grande] s'il est plus grand P. 320, 1 les lieux solides] le lieu solide.
LXXVll (11). 4, 1 Lcs]le.
LXXVIII (II). 2, j »n]oii 3, 9 au]dn 28 I7.i]i22 erreur typn^^rapliiquc, corrigée
dtiiis les Additions.
lAXIX. 2, 3 cubus]culius numer'.is (/"rt).
LX.XX (II, E). P. 334, 9 nombres oinix (II); 13 des plus pclils (E), du plus
pelil (11).
LXXXII (lî, A «, i8g). 2, 1 où](iuc (li, / a) 3, 1 quoiqu'énoncc] quoique non si (E)
P. 840, ri I (''t;alo au {Fa, 190) 5, 1 i)arlc ni]parlc pas ni (E) 3 voyage vous] voyage de
vous (/VO P. 341, 1-2 liorcl] Bourcl (E).
l.XXXlll (E, fa. igi). l'a donne la dale du -lo juin 1G37. — Le posl-scripUim do
celle li'ltrc esl la seule différence qu'il y ail cnlrc l'édilion originale cl la réimpression
du Coiiiiiicrchiin dans le loinc 11 des (Jliuvres complèles de Wallls.
LXXXIV ( li, f'ti, r<ji). 2, 8 mais j (/«, 192) 3, ■! point (E) omis l'a 6, ! (l'a. 19'i 1
u (pii] qu'il (/"(() P. 346, Ln dernière ligne omise clans l'ti.
LXXXV (E,/«, 193). P 348, (; corn |)o I seul (/'«, 19,0 p. 349, Oenlre]cn(E, /"«j 9 il
iiiiiis (E, l'a) 21 de]à(E, l'a). P. 351, 1 sont I compris {l'a, igS) 1 en rem. pourroitj
(louvoil (E, Fa) P. 352, 20-22. Dans le tableau de E el des Fa, les Icllrcs algc-
bri(pies suivent les nuiucros d'ordre et précèdent le lexle qui e.\iilique leur signification.
P. 353, M) (l'a. 19G).
I.XXX\1I (t'a, p. 19G). p. 360, 30 si vile] qu'il [l'a, p. 197).
LXXXIX (Fa. p. 197). P. 363, \\\-\'i homme |el (Fa, p. 19S).
.XC (C, D). P. 366, 8 dc|)uis « .Monsieur de Carcaxi » jusqu'à l.'J « géométrie » inclu-
sivemeiil ojnis dans D. C pondue aiui^i 1,'i-lG : « ... de ma géoniélrie pour la question
de dioplriquc. Je . . . u 20 je omis dans C. P. 367, 'A-'i alinéas omis dans D.
XCZ-A- (C, 0). 3, 3 en] dans (D) 7A]AE.
XCI (E). P. 375, 3 premiers] premières P. 378, li formel] formé.
XCII (Fa, 19S). P. 379, 22 mai ha ] vulo (Fa, 199). P. 380, 24 tradullorej Iradollore
2G teologi ijllieologii P. 381, 1 allrihuissijallribuissé 12 di modo chc posso]demodo
clie poslo 17 spada, hora]si>ada horo P. 382, 3 ncl che j {Fa, aoo).
XCIll ( TcNle do C, variantes de D). 1, 3 pourco que] parce que P. 383, I occuper
mon esprit à des considérations] allachor mon esprit à des s()éculations 7 nieiliourejre-
<-evable 1 1 je ] il ((,'.) 12 mépris] luy-niesmo aj. 3, 13 dans le milieu (prdle parcourt omis. 15
.maino/H/'iP. 385. t diies, la t)uissance](litcs, entre la détermination el la |)uissancc 4, 3
raillerie] de raillerie 11/12 de donner les mains à cela] d'y consentir el d'y donner les mains
^ D) 12 ses mains (C). Il la division ou la porte]la perle 17 changer ou diminuer] rien
/liniinucr (C.) 20/23 Les mots entre eroeliels- sonl des ocldilions de \). * pour accorder. . .
ijélerminalion omis. * J/irès lil (ligne 23) D eontiniie : pour faire que la détermination
qu'elle di)il prendre se rapporte à la vitesse ou à la force qui luy reste cl qui la cnm-
VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 511
inence en B. 2i/23 elle fasse autant de clicmin ou qu' omis 20 clic conserve toujours
et môme omis 'il là] ne soit point cliangéc «y. 5, 1 ce (|ui le plus a]ce qui a le plus
I'. 387, i dit|a-t-il dit 11 à laquelle dcterniinalion 12/13 à laquelle se doit... la
\itcssc] laquelle se doit... à la vitesse la/li (car autrement. . . io\\c) omis U pour
faire mn/if/iic dniis C. 23/21 s'avancer vers le cote. . . détermination] s'avancer vers G
et que cette détcrminalion se doit et se peut accommoder avec la vitesse qui lui reste
6, 2 il n'a]il seinl)lc n'avoir * la môme] cette 3/4 aussi en même lc;nps] toujours 4
(lu'ellc I que la chute P. 388, 1 non ] qu'elle ne le soil pas 4 mais elle est] ayant clé 6
la môme quantité dc]une pareille 11 de]qni arrive en 12 de]en * la pousse ou qui
l'arrête] l'avaneo ou qui la relarde 21 de deux autres 28 c'est à dire selon ajouté 29/30
sa vitesse a rcruc en B et selon le rapport ipie ectle vitesse a eu avec] cette vitesse a
eue avec (C) 30 a eu]s'est trouvée avoir I'. 389, 4 suive bien]soit une suite .1 d'un
bon]de faire un bon 7, 12 mieux]plus P. 390, 2 à tous ceux do votre dite' lettre] à
votre dite lettre (D), à tous ceux de votre dernière lettre (C) 4/.^i qu'il a faite à voire
letlre]qu'il y a fuite 12 qu'un autre m'en eût décliart;é]dc m'en décharger sur un autre
ir; si mon discours se fut adressé à vous] si j'eusse eu alfairc à vous. 18 dans] en 19
vous vous mettez de mon] vous prenez mon 20 toute autre occasion. 21 prôt ] tout prôt.
XCIV (Texte de C, variantes de D). Itih'i.KxioNs. . . Rouwlt] RiiPONSiî dic .M. Iîoii.mi.t
A L\ LETTRE DE M. DE FeR.M \T PAGE 1 78 QUI CONTIENT SES ANCIENNES OBJECTIONS SUIl \.\
Dioi'TRiQUE DE MONSIEUR Descartes. P. 391, 9 OU... reçuo]et... vue 10 Toute-
foIsjMais 13 de celte ville omis 14/17 vais essayer... séparément] vas donc essayer
d'y répondre, |)iiisque vous le désirez. Et pour le faire plus commodément, je suivrai de
point en i)oint tous les articles de sa leltre (pic j'examinerai les uns après les autres.
18 Art. i""]Arl. i". J'ai vu, etc. 19 l'humeur civile de omis -k honoroitja voulu
honorer 20 est encore] sera toujours 21 Quoicpie] Quand * accommode] auroit accom-
modé 22 divisejauroit divise * son mouvement en certaines déterminations plulôl
qu'en d'autres] la détermination du mouvement d'une certaine manière |ilulôt que d'une
autre 23 doiijdcvroit 2i se scrtjs'étoit servi 26 choisitja choisie * vicnne]soil
venu 27 cnlrcprendjavoil cnlre|)ris. P. 392, 1 son mouvementjla détermination de
la balle qui se meut dans la ligne AB 1/2 détermination ](iui fût 2/3 surface... sur-
face] superficie CBIÎ et en une autre qui lui fût parallèle 3/i cette dcrnière]celle-ei
5 ce que lui... unejet cela lui a été un moyen de trouver la G [dus aisément] qu'il
cherchoit, ce -k n'eùt]auroit * en suivantjs'il eut suivi U pourcejparce * désa-
voueroitjn'a pas 12 comme on pourrait croirejce semble * s'en servir] contre lui
ajouté 13 pas] rien du tout * sa détermination] la détcrminalion qu'elle avoit à avancer
vers BG 16 à] de 21 [plus ou] addition de D comme les autres mots cuire crochets
dans la suite du tr.rte 2i aussi... conséquence (li.i^ne 31) omis 33 quelques pa-
roles] le texte. P. 393, 2/3 (pie... a] qu'a Monsieur de Fermât S désavouée dans
la remarijuc] remarquée H accorde] semble avoir accordé 15 (|ui est de devoir] qu'il
auroit eu tort de contester 17 aussi changécjaussi bien changée que celle de liaul en
bas 18 infirmeroitjrcndroil nulle * raiscuijciu'il en apporte c'est parce «•(/'««/e -ik- es\. omis
2i commejferoit ajouté * porléjmis 2S après quoi il vient à croircjet (pii après cela
20 que celte dernière] do sa perle, viendroit à croire que la somme qu'il avoit de l'aulre
côlô 30/31 celle d'où. . . redirejdo l'autre 32 sans pourtant. . . d'Euclide (P. 394, l)]el
à pou près comme pourroit faire un jeune homme qui sans avoir jamais appris ce que
c'est que proportion, sauroit simplement compter. P. 394, 2 ijuchpics uns des] une
partie de ses 3/4 et ne se soucieroit pasjsans se soucier 10 cnjdans la ligne.
11/12 outre que... ici]M. de Fermât semble encore accorder ici 12 auroit tortjauroil
312 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES.
aussi lorl 13 dans] par * Cet article... parolcsjce qu'il y a de plus dans cet article
n'est que le propre texte 10/17 manque de se ressouvenir qu'il y a]pour ne s'ôtre pas
souvenu de la 10 prend J ici (7/o«(e 20 dit ces mots : elle]dit que la balle 21 se
meuvejdoive se mouvoir 22 plus]aussi ■*• soit cette ligncjsoit la longueur de cette
ligne 23 elle doit tellement être inclinée vers la droitcjla détermination vers la droite
doit tellement s'accommoder avec la vitesse qui lui reste 24 plus qu'elle n'avoil] autant
qu'elle avoit *• C'est le sens J C'est là le sens 2") au lieu de l'autre] et non pas celui
26/28 et son intention. . . temps] cela étoit assez évident puisque là môme 29 n'est que
simple] total de la balle est diminué de moitié. Le rexte de l'alinéa manque. 32 n'est
pas au désavantage de] ne fait rien contre * nieroit]tout franc ajouté 33 a été dit dans
la remarque] a été remarqué P. 395, 1 le 3'-' article] l'article troisième 3 que contien-
nent]qui est contenu dans 4 je crains (ju'ils no... sujct]cela ne fait rien du tout au
sujet et n'a servi (pi'à tromper M. de Fermât qui y parle du mouvement composé en
un antre sens que n'a fait M. Descartes 8 le]à le 12 il omis 12/13 la détermination. . .
élre](iuc la. . . est 13 rien supposé]pas parlé li mouvement] total ajouté * à son
sens] au sens de M. Descaries 16 autre] nouveau 16/17 dont on veuille... du] qui augmente
d'un 17 plus de ce qui étoit en AB]la force qu'elle avoit déjà en ce sens là 18 soit]cst
2 i/2;i (lesquelles... l'une] l'une desquelles par conséquent 30 pu isipie la] puisque l'augmen-
tation de vitesse ou la * dc]à * mouvoirjque le mobile acquiert au point de rencontre
qui sépare les deux milieux ajoute * nature du... ajoute (,P- 396i ■^)] nature du second
milieu laquelle no change point mais est toujours la même dans toutes les inclinaisons.
Et la princi|(ale faute que commet ici Monsieur de Fermât est fondée sur ce qu'il croit
que le mouvement composé en Bl n'est pas toujours également viste, comme s'il déi)en-
iloit de la direction ou détermination des deux forces mouvantes, au lieu que c'est à elle
à s'accommoder à la force du mouvement, lequel est composé, et non pas la détermina-
tion, et c'est ce qui a tromi)é M. de Format et qui lui a fait faire tous ses faux raisonne-
ments : et c'est peut être encore ce qui rem|)ôchc à présent de recevoir la démonstration
de M. Descartes. Aussi ce qu'il ajoute... P. 396, 7 certain s'il fauljassuré qu'il faille
10 de la seule surface. . . retenir (i3)] ici de l'angle compris sous les lignes de direction
des deux forces mouvantes : mais parce qu'il dépend de la nature du second milieu que le
corps a à parcourir, de faciliter ou de retarder son mouvement, il est évident, ce me
semble, que l'on doit retenir 16 vous m'en... d'ébauchéjj'en ai vu 21 honore]estime
22 me daignejdaigne me
XCV (Texte de C, variantes de D). 2, 10 moinsjplus ou moins P. 399, 11 peinejde
la peine 13 balle] AB «/oKie (C) P. 400, !"> transporter] transférer 21/22 ce point... O]
c'est-à-dire au point 0 31 même côté] môme coté là P. 401, 4 transportant] transférant
* seulement] au-dessus du plan ajouté 3 démonstration] une démonstration 6 paralo--
gismojim i)aralogisme 4, 10 CB]CF (C); tes mots en ligne droite omis li arrivât]
aussi ajouté. P. 402, 7 à l'avance] par avance
XCVI (E). P. 404, 1 Sainte-Croix] Sainte-Croisé
XCVH (Texte de C, variantes de D). 1, 1 belle] grande 8 par] de P. 409, 7 inter-
position] interprétation 2, 6 reste] laisse 4, 6, 8par]de 9vers]dans P. 412, 13, 14du]de
XCIX (Texte do C, variantes de D). 1, 21 de la réflexion] touchant la reflexion
*• et des réfractions jet la réfraction P. 415, 4 fournir] obtenir 2, 3 veulent plus que
lui I veulent trop subtiliser D, voient plus que lui C * trouvent] puissent trouver Ti de]
du C P. 416. 2 un certain cùléjle coté 14/IS selon quelqu'une de ses directions] aupa-
ravant irj celle] celle détermination 3, 12 une fois] pour toutes ajouté 4, 10 vers
VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 513
ce cùlc làjdans la môme ligne 12 vciil conduire la balle vers DJtcnd de It vers 1)
* vers D] vers BD (C) 22 à remonter J de remonlcr 28 prcnve] une preuve 5, 2 en
omis 8 par] de 20 pcrpendicidairej de sa cluite P. 419, 3 d'enlrcjqui sont entre
6. 3 d'apercevoir] à apercevoir P. 420, -i déterminations] autres 7, 2 par exemple omis
10/11 puisse faire] fasse 8, 9 une démonstration 10 un paralogisme P. 421, 7/8 et...
pcrpendiculaiiemenl omi.i U voici] voyez (C) 17 à ce point lt]là P. 422, 1/2 impéné-
trable Cl inébranlable omis P. 424, 9 [de rénexion] addition de 1); de inàuc pour les
mots mis par ta suite entre cmclwts IG toujours étreJOlre toujours P. 425, 11 par
exemple omis 13 égard ] égal (C) 23 puisse fairejfasse 27/28 transporte] transfère
{deuxjoh) 30 transporter] transférer. P. 426, 1 transporté] transféré P. 428, 4 ou plus
ou moins] par exemple G sajia 16, 13 visibles] légères (C> P. 429, 2 aussi ow/,c
CI (II). P. 432, r; commejcar 2, 10 esl]étoit 4, 8 je omis P. 434, i un omis
6, (i iÇ)]i quarrcz 8 ou découvrir] ou de découvrir P. 435, 8, G elle omis.
<:il (1, fol 3.1). P. 437, 8 Pôrclque (f" 34 verso). 30 vous | donneront (f° 35)
cm (11). P. 439, 5 que] qui est, 8 l'a] a 9 de la] de sa P. 440, 10 et omis 21 de
la dernière] des dernières.
CIV (II). 1, 3 soitjayt com;^'ee/!«o;e. 2, 11 6Q]5Q IS le o»uV P. 443, 1 para-
bole] parabolique 9/10 du rayon] de la droite l."> quarrécubique] cubique.
t:vi (II). 1, 3 parabole] parabola.
ex (II). P. 455, 1 P(J]PO corrigé en note.
CXII (Texte de C, variantes de [)). 1, 7 carjqu' 10 dursjdenses (peut-cire mieux)
2, 3 non plus] que la sienne ryWc 9 des principes] du princijje 10 trouverjdécouvrir
P. 459, 2c;4 dcOjd'O 18 du temps o/wi- C. 4, o [qu'J w^. C. 8 cette sorte] ces
sortes 12 qui est] et 17 précédent] présent 18 paroit] par là nyouic P. 461, IG [de]
mq.C 5, 6 lantomi'i- P. 462, 1 des] aux 9 suiriroit]sullira 6, G rendrejà lui ^/yw/^c
0 géomètres] hommes (C) * les] ces
CXIII (D). 3, ri point omis P. 468, 5 celle de l'autre] au lieu de ces mots l'annota-
teur anonyme de Ve.vemploire de l'Institut a écrit ceux-ci : o le plus ou moins de facilité
à recevoir son action qui est entre les deux milieux ».
r.XlV (D). P. 480, 32 a] ont.
CXV (D). P. 484, C saràjil sarà
CXVI (Va. i3G). P. 486, 2G desjde P. 487, 3 aller | chercher (Va, iSy)
CXVII (Fa, i58). P. 491, 2'; et | aux (Fa, iSg) P. 494, 9 égal | au (Fa, i6o)
U liNFjUNX 18 KV]FN (la première fois) 19 FN]FV P. 495, 30 comme BjC.O.B.
Fermât. — II. 65
514 ERRATA.
ERRATA.
Tome I.
D'après les lectures définitives des éditeurs de la Correspondance de Huygens, \\° 947.
il faut :
Page 189, ligne 7 : Au lieu de suhvenlrc crpii, lire subvcreri cepi.
» 191, ligne i5 : Au lieu de hoc, lire «ov.
1) 193, ligne 3 : Au lieu de anafyticœ, lire analytico.
» 194, ligne 2 : Au lieu de primogenitam, lire primigcniam.
u 3-25, ligne 3 : Au lieu de — i, lire ■+- 1.
Tome II.
Page 8, ligne dernière de la note : Au lieu de /lotc G, lire 6, note; c'est-à-dire page 2O.
note I.
» Sg, litre courant : Lire 16 septembre i63C.
» 83, ligne 5 : Au lieu do avoir, lire d'avoir.
u 99, titre courant : Au lieu de février, lire ifi décembre.
» II 5, ligne I : Lire DE, EF et FD.
» 161, litre courant : Au lieu de De maximis et minimis, lire Juin i638.
» 282, note 1 : Après M***, ajouter : {prohahlemcnt Auzont).
» 3'52, ligne 3 : Au lieu de on doit y, lire on y doit.
» 335, (Corrigez le numéro de la page, marquée 555.
)) 308, ligne 8 : Au lieu dcye dcvrois, lireye ne dcvrois.
u 388, ligne i5 : Au lieu de il dit, lire il a dit.
» 435, ligne 2 : Au lieu de 9.N + 5, lire 3N + 5 (Hemarquer qu'avec ces coefficients
l'équation double est impossible).
» 43r>, Cil, ligne 3 : Au lieu de fol. i3, lire lettre i3.
» 438, note 2 : Au lieu do fîg. 93, lire fig. 94.
» 452, ligne 8 en rem. : Au lieu de non, lisez non pas.
» 47>, litre courant : Au lieu de i3 mai 1662, lire 6 mai 16C2.
>) 473, titre courant : Au lieu de CXIII. 6 mai )GC2, lire CXIV, i3 mai 1662.
FIN DU TOME DEUXIÈME.
16642 Paris. — Imprimerie Gauthier-Villars et fils, quai des Grands-Auguslins, 55.
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2003
(ôo)
DATE
DUE
GAYLORD
PRINTEOINUSA
WELLESLEV COLLEGE LIBRARY
3 5002 03395 7379
Science qQA 3 . F35 ISSla 2
Fermât, Pierre de, 1601-
1665.
OEuvres de Fermât