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Full text of "Oeuvres de Nicolas Boileau Despréaux"

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TPIN CH 
Die 





Pope Oxon, 


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TAYLOR INSTITUTION. 


BEQUEATHED 
lO THE UNIVERSITY 
, BY . 
ROBERT FINCH, M. A. 
OF BALLIOL COLLEGE. 


—. 


ss. 








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La 





BE | 
DEUVRE: 
CO LAS BOILEAU 
ÉDESPRE AU X. 

: AVEC DES 
LAIRCISSEMENS 
HISTORIQUES, 
NNEZ PAR LUIMEME 
lle Edition reuuë, corrigée Êÿ augmentées 
Enrichie de FrGumus gravées 
Byanarvo Picany le Romain, 


OME PREMIER. 













" À LA HAYE, 
SAAC VAILLANT, 
P1ERRE Gosse, 
PIERRE DE Honpr. 
MDCCXXIL 
re de KO, Lu Lay de Hollande & ds Wref-Erifee 


. 





LS 


Le 





| 
> 


‘ PRIVILEGIE 


NE Staten van Hollandt ende:Weft-Vricflandt, doen re wes 
| ET ten, Alfoo. Ons verrpont is by David Mortier, Burger ex 
.@# Bockverkooper binnen Amfterdam ; dat.hy Supplianr,, ‘ep 


| den 19, Juoy 1714 van Sufanse Peit > Weduwe:van Henärick Schelré 
: ladde gekogt, alle de Exemplaeren en Copie, Regt, ende Pri- 
tlegi Ecker Bock, genacmt Les Oesures de Nicolas Boileas 
réeux, avec des Eclairciffimens Hifloriques donnez par lui-même) 
chende by de verklaring aan Ons geexhibeert , en hy. Suppit: 
Yu roernemens was, het feive te herdrucken, ”t welck fwaere an- 
| ‘lalen vereyfchten, dog alfoo de voornoemde Privilégie van da- 
to den 12. April, 1713. waer van de Copie merde aan Ons ge- 
thibeert, de boete maer tot drie.hondert guldens was gefteit, 
eus de nadrackers &c. en den Supplt:. kennifle hadde beko- 
Men dat Fi mio werk van Les Oeuvres de Nicolas Boileau Def- 
Péuax, auea des Eclairciffemens Hifforiques donnez par lni-méme buy- 
t’sLands wierd gedrukt, ’twelck hier dan ingevoert werden - 
&hem Suppl: groote fchade foude toebrengen, Rocdenen waer- 
pme den Supplt: hem.was keerende tot Ons, onderdaenigiyck. 
riockende, FE wy: gcliefden te verleenen .Ons O&roy op her 
pen: Werck in foodaanigen formaat als hy Suppl: foude goed- 
Maden,, voor den tyd van:vyftien-eerft agter een volgende Jaa- 
Xa, op een pœne van.drie duyfent Guldens tot meerder af- 
| fbrick tee ens de nadruckers &c.  SOO IST: dat Wy de fake; 
fade tv voorfz. overgemerkt hebbende , ende geneegen 


} F3 . - 


O0 
an 






wlende rer bede van den $upplt: uyt Onfe regte wetenfchap . 
bnéraine Magt Pende AuthoRteyr, den felven + Suppit: Gécon 
| » Geaccordeert, ende Gev&royeert hebben, Confentee- 
ta, Accordeëren en O&royeren hem mits defen, dat hy geduu- 
ttnde den tyd van vyftien eerft agter een volgende Jaaren, het 
Yoorfz. Zpcck genaemt Les Oeuvres de Nicolas Boileaw Defhréaux, 

. @vec des Éclairciffemens Hifioriques donner. par lui-même, binnen den 
| morfz. Onfen Lande alleen fal mogen drucken, doen drucken, 
Mtgeves cade velkdopeni} velhiedende daarom allen ende een 
, pclyken, het felve Boeck in ’t geheel ofte ten declen te druk- 
» Of doen naardrucken, ofte serhandelen » Cnde verkopes, 

efte clders naar gedrükr binnéh der felÿen Onfen Lande te bren- 
fa, uyt te geven ofte verhandelen ende verkopen, op verbeur- 
hs w e de nasrgrdmukte; ingebrigte, verhandelde , ofte 
à e Exemplaren, ende een Bocte van drie duyfend gul- 
ss, daar en boven te verbeuren, te appliceeren een derde part 
L'or den Officier die de Calangie doen fal, een derde part voos 
‘den Armen der Plaatfe, daar het Cafus voorvalien fal, ende 
Met refieerende derde part voor den Supplt: ende dit t’elckens 
ameenigmacl als delelve fullen werden achterhaelt, alles in 
, dat Wy den Supplt: met defen Onfen O&troye 
\ alleen 






-PRIVILEGIE 


alleen willende gratificeren tot verhoedinge van fyne fchade 
door het naardrackén van het voorfr. Bock, daar door in geni- 
gen decle verftzan den inheuden van dieu te aathorifeeren, ofte 
se Qovousnens ende veel min defcive osder OsE prote&ie ende 
cherminge cenig ecerder credit, aanfñicn reputatie te 
ven, necn maar den Suppit: in cas daas inné ycrs ombehoorlsks 
foude influëren, alle het felve tot fynen infien fal gehouden we- 
fen te rerantwocrden, tut dien eynde wel expreficiyk begéren- 
de, dat by aldien hy defen Onfeu Oftroye voer het feive , 
{ai willen fiellen, van ga geabrevieerde ofte gecontra- 
heerde mentie fai mogen A, mon Maâr - wefen 
het felve O&troye in °t gehoel, ende fonder eenrpge Omiffie daat 
voor te drucken, ofte tt doen drucken, en éet ày gehonden {al 
fn een Exemplaar van het voorfz. Boeck, os 
conditioncert te breagen in de Bibliocheecq van Onfe Univesi< 
teyt tot Leyden, ende daar van bohooriyk te doen blyken, al: 
Les op pϾnce van het efftft van dien te verlicfen. Ende ten cyn- 
._ de den Suppit: defen 1 db y lan end ce JEUN genie- 


LI 


fn ex Zagrie hier ondee aan docs humgen : den fever 
da T jar 0. Hecten ca makers Scventicn 


. | + 
To" 
A HEINSIUS 
Ter Ordonnantie us de Stars 
SIMON WMITAUMONT. 


. | ÿ s 


AVER- 


AVIS 
‘UR LES EDITIONS, in 
“Füio & in Quarto, & fur 


celle-ci in 12. 


2m Oicr une Edition des 
AVE Oeuvres de Mr. Des, 
AA PREAUX qui fera, fans 
Te doute, très-bien retüë du 
Public. La plus exaéte de tou- 
tes les Editions précédentes , c’eft 
celle que publia à Geneve en 1716. 
‘un celèbre Avocat de Lion, Ami 
de Mr. Despréaux. Elle eît enri. 
chie d’an ample Commentaire, qui 
contient , outre lès Remarques de 
l'Editeur, celles que Mr. Déspréaux 
avoit mifes dans les dernieres Edi- 
tions de fes Ouvrages; & plufieurs 
Éclairciffemens qu'il avoit commu- 
tiquez à cet Ami, tant en Conver- 


ie PEN ROUEN PI RENE eu 
‘+ Elle fut. régprimée én° 1717. à Amfterdam 
Dans | Es Li ; “en 4 “oil, in 12. & 4YCG 


Pipes Addions, . ne à 
0N9. L. ue où pu 








ei 


Ü- 9 
S 
& PRES « 
, 


22 


rt 


. 


SUR CETTE EDITION. rrr 
de plufieurs nouvelles Remarques, 
que l’Imprimeur 4’ diftinguées des 
autres en les renférmant éhtre deux 
crochets ; avec ces mots à la fin, 
Addition de l'Edition d'Amfierdam. 
En parcourant les Notes de l’Edi- 
tion de Geneve on s’eft aperçu que 
le Commentatetir h'avoit pas jugé à 
propos d’expliquer les endroits où 
Mr. Despréaux défigne certains 
Dogmes de Motäle, que Mr. Pas.” 

- Gal a reprochez aux Jéfuités dans 
fes Proitretaless On a même tfou- 
vé qu’il deguifoit quelquefois la 
pesfée dé notre Poëte, lotsqu’il s’a- 
gir dé ce qu’on apélle le 7enfénifre. 
On l’a rélevé fur cé dernier Arti- 
cle ? : 6c dans le$ autres endroits, 
on à éclairéi & commenté les ex: 

‘ptéflions de Mr. Despréaux, qui é- 
toient auparavant inimtelligibles à 
hplüpurt des Lééteurs :: Ces Re. 

AT à Diese, 1:  . Bar- 
“of ÉAIRE MÉIE: vért 16h; 23; 280; 487, 285; 290, 

: 191) 2933 2947296) 298, dr ss | 


| 


4V A VIS 


marques font purement hiftoriques. 

On n’y époufe aucun parti : -on fe 
contente de fixer le véritable fens de 
Mr. Despréaux, & de marquer les 
pañlages citez par Mr. Pascal , qu’il 
avoit-en vuë. On a fait d’autres 
Remarques hiftoriques , qui fervent 
à éclaircir divers endroits des Ou- 
vrages de Mr. Despréaux +. 

On a aufli ajouté des Remarques 
critiques. Dans quelques-unes on 
releve Mr. Despréaux : : liberté que 
fon Commentateur ne s’eft pas tou- 
jours refufée. Dans d’autres on cri- 
tique le Commentateur : foit qu’il 
. paroifle avoir mal pris la penfée de 
Mr. Despréaux ‘ : foit qu’il ne ra- 
porte pas certains faits avec aflez 
d'exattitude 7. On a quelquefois 

in- 
ét LE. vers 80. Chant IV en 36. Lutin 


ers 36. 
Chant IV. vers 188. Epigrammes XXX. XLIX. 
Fe Satire XII. vers 64, 150, 158. Epître V. vers 
28 
-6 Art poëtique Chant III, vers 91, Lettre à Mr. 
Anauld, Notez L | | 


SUR CETTE EDITION. + 
ndiqué les fources d’où il'a tiré les 
particularitez qu’il raporte’. On 
eût pù y ajoûter les Remarques fui- 
vantes * . . 

Dans une des Notes fur la [V.E- 
pitre °, le Commentateur dit que 
les Hollandoïs avoïent fait fraper u: 
ne Medaille en 1668, dans laquelle‘ils 
prenoient les titres faflueux d'Ars 1- 
TRES DES Roïrs, d& REroRr- 
MATEURS DE LA RELIGION, 
d PROTECFEURS DES Loix,. 
&c. Pour le prouver, 1l -ajoute 
qu'as revers de cètte Medaille o# 
bt cette Inftription qui contient tous: 
ces titres ambitieux : AÂASSERTIS 
LEeGisus;s EmEewpaATis SA- 
CRIS; ADJUTIS; DEFENSIS, 
CONCILIATIS REGIBUS, &c. 

. / Mais . 
* On les a ajofitées dans cette Edition in 12: 


1 Préface de Mr. Despréaux, Not. 1. Art poë- 
tique, Chant III. vers 39. Lettre I. à Mr. de Vi. 
vonne, Note 6. Réponfe de Mr. de Maucroix à 
Mr. Despréaux, Note 1. 

8 Art. poëtique Chant L: vers 1. 

9 Epitre LV.-vess Bo. 

| x 3 





SUR CETTE EDITION. vrr 


Le Commentateur , dans une de 
fes Notes fur la premiere Reffexion 
fer Longin ‘ ; remarque que Mr. 
d'Orbay. mourut en 1689. Cepene- 
dant Mr. Despréaux, dans l'endroit 
même auquel cette Note fe rapor- 
te, parle de cet Archite‘te comme 
d’un homme plein de vie en 1693. 

. Dans une Remarque fur la Pre- 
face de la Tradu@tion de Longin'?, 
le Commentateur de Mr. Despréaux 
dit r. que Gerard Langbainc a tra- 
duit en Latin le Traité du Sublime de 
Longin , avec. des Notes fort eft- 
gées : 2. que cet Ouvrage fut impri= 
mé a Oxford en 1638: & 3. que 
Langhaine mourut en 1657. Mais 
4. Lasgbaine n’a point traduit Lon- 
ge 41 a feulement fait réimprimer 

(T raduétion de Gabriel de Petra. 
3. Les. Notes.de Langbaine fur 
Longin n'ont pas été imprimées en 
. 1638. pour la premiere fois; com- 
és | me 


ê a. 
"ra Ibid, pagé 8. Notes. 





vin A VIS 
me il paroit que le Commentate 
l'a crü, par la maniere dont il s’e 
prime. La premiere Edition eft 
1636. 3. Langbaine ne mourut f 
en 1657: mais en 1658. Pour è! 
exat, il falloit dire, que Langb 
ne mourut le 10. de Février 163 
fuivant notre maniere de compte 
& 1657. felon la maniere de com 
ter établie en Angleterre , où la 
née commence le 25. de Mars. 
III. On trouvera dans cette E 
tion quelques Pièces qui ne {6 
pas dans celle de Geneve ; qu 
qu’elles ayent une liaifon néceffa: 
avec les Ouvrages de Mr. D: 
préaux. On ne fauroit bien ente 
dre fa Differtation fur les ÿocom 
de Bouillon & de la Fontaine, fa 
avoir, pour ainfi dire ,ces deux P 
ces devant les yeux. Cependant 
Joconde de Bouillon n’étoit conn 
: que d’un très-petit nombre de ger 
On la cherchoit en vain chez 
Libraires. On la trouvera ici av 
| | CE 


SUR CETTE EDITION. 1x 
cle de la Fontaine. L'une & l’au- 
te auroient dû être placées avant 
Ja Diflertation de Mr. Despréaux, 
dont elles-font le fujet : : mais cette 
Differtation étoit. déja imprimée 
lorsque le Libraire a reçu la Jocon. 
de de-Bouillon *. On ajoutera ici, . 
puisque l’occafton s’en préfente, que 
le Commentateur n’a pas tout-à-fait . 
bien raporté l’hiftoire de la Con 
teftation qui arriva au fujet de Îa 
Joconde de Bouillon , & de-cete 
de la Fontaine. Il dit que Mr. 
PAbbé le Vayer & Mr. de St. Gil- 
les ayant fait une gageure confide- 
able fur la préference de.ces deux 
Pièces, s'en raporteréut-a Mobere qui 
toit leur: Ami commun, &: le prirent 
pour Fuge : mais :qu'il'refu[a de dire 
fon fentiment.. Cepéndant il paroit, 
par:la Diflertation mème ; que cs 

+ Ceci ne reæarde que les Ed. is Fo & ii & 
Cir.ces Pieces font placées dans leur rang dans - 


22 Tome LL p Je 2 


_ 
# $ 
CEA & 


3. 


past 
TT CNE 
whose À 47 


Meffieurs avoient choifi trois.per- 
fonnes pour Juges.  Perfet.il donc, 
dit Mr. Despréaux parlant de.Mr. 
de St. Gilles ‘+, que trois des plus ga- 
dans Hommes de France , ællent de 
- Sayeté de cœur fe perdre d'éftime dans 
L'esprit des habiles gens pour lui faire 
gagner cent piffoles ? Æt depuis Mi- 
das, d'impertinente memoire, S’eft -5l 
__ #rouvé per[onne qui ait rewdu un ju- 
 gement. auf. abfurde que celui qu'il 
éttend d'eux? | 
. . On encore ajouté ici la Rpon- 
_ fe: de Mr. de la Motte à la XL 
Rejlexion de Mr. Despréaux fur Lon- 
go: Mr. de la Motte, dans fon 
feours fur l'Ode, voi troavé 
trop hyperbolique & trop affecté ce 
Vers dé le Pladre "de Racine, 6ù 
Theramene partant du Monfire qui 
2 caufé la mort d'Hippolyte ; dit : 

= Le flot qui l'apporte recule épouvanté. 
Mr. Déipréaux à défendu Racine. 
fon ‘À HE dans ‘13 Reflexion qu'on 
_. é£ 1 sc fine 

14 Tome Il. ji 348, 


SUR CETTE EDITION. xr 


vient de marquer ; & Mr. de la Mot 
tt a répondu. Le Leëteur fera fans 
doute, bien dife de pouvoir compa- 

rer cette Réponfe avec la Reflexion 
de Mr. Despréaux fans être obligé 
de recourir au Livre même de Mr: 
de la Motte. Si Mr. Despréaux vi 
voit encore, & qu'il eût quelque 
peine à convenir de la force des rai- 
fons de fon Adverfaire ; il y à appa- 
rence qu'il fe rendroit à l'autorité 
de feu Mr. lPArchevêque de Cam- 
brai. : ;, Rien n’eft moins naturel, 
» dit cet illuftre Ecrivain , que la 
» narration de la Mort d'Hippolyte 
» à la fin de 1a T ragediede Phedre, 
ÿ qui a d'ailleurs de grandes beats 
x tez. Therzmene, qui vient poûr 
à apprendre à Thefée la mort fux 
3, nefte de fon fils; devroit ne dire 
» que ces deux mots, & manquer 
« même de force gour les pronon- 
nie CT CR ne , | U 2° »'Cer 
PE 


xIl A VIS 

» cer diftinétement. Hippobte 
» M07t. Un Monfire envoyé du fo 
» de la Mer par la colere des Dieux 
> fait perir, 7e l'ai vé. Un tel ho: 
» me faifi, éperdu, fans haleine pet 
»» 11 S’'amufer à faire la defcripti 
» la plus pompeufe, & la plus fle 
» tie de la figure du Dragon? 


> L'œil morne maintenant © la !: 


baifée | 
» a te Je conformer à [a triffe p 
CS . | | 


ss La terre s'en émeut, l'air en ef} infeë 
> Le flot qui apporta recule époavanté 


On 2 fait entrer dans cette Ex 
tion quelques autres Pièces .q 
n’ont à la verité aucun rapport 
"vec les Ecrits de Mr. Despréau 
mais qui font neceffairement: li 
| ay 

16 Reflexions für la Grammaire, la Rhetoric 
‘la Poëtique & l’Hiftoire , pes 100. de Ed, de 


ris 1710. & pag. 51. de l'Ed mfi. 1717. 
. 27. Elles fe trouvent -auffi dans l'Edition in 


en 1737. Tom, IV. p. 20, 0 Juim 


Ar 





SUR CETTE EDITION. x11x3 
ayec d’autres Ouvrages qu’il a plà 
au Commentateur d’inferer dans 
l'Edition de Geneve. Ainfi on 3 
joint à la Leïtre de Mr. Racine. con- 
tre Mr. Nicole, les deux. Réon/es 
17 qui y furent faites *. Et l’on re. 
marquera en pafñfant que les Notes 
qui fe raporcent à.ces Réponfes, & 
cinq ou fix autres placées ailleurs, 
ne font pas de la même main que 
celles dont on vient de parler. On 
a aufli joint au Sonnet de Mr. de 
Nantes contre la Satire fur l’Equi- 
voque, deux autres Pièces du mé- 
me Auteur; & dans une Remarque 
on.a fait l’hiftoire de ces trois Ou. 
vrages. Le Commentateur n'a pu- 
bé dans l’Édition de Geneve que 
la feconde Piece, qui eft contre Mr. 
_ | +  Des- 
-18 Satire'TEL v£ 107. Satire VIE vf. 40. Satire 
vf. 428. &c. 


- ‘:Onù trouvera de plus dans cette Edition in #2. 


_: la feconde Lettre de M. Raciw, qui eft une Re- 


Nique à ces deux Reponjes. Cette Lettre étoit exe 


 KIV AVIS 
Despréaux: nous avons crà devoir 
C'accompagner dé la premiere, qui 
contient fen éloge. : C’eft dans le 
même esprit d'équité & de desinté- 
reflement qu’on a mis à la fuite des 
Remarques fur l’Epigramme LA. un 
Extrait de la Défenfe du Grand Cor. 
neille contre le Commentateur de Mr. 
. Despréaux | par. Meflieurs les Jour- 
naliftes de Trevoux.- 
_ Le Commentateur 2: divifé les 
Notes en trois parties. La-premie- 
re contient les Changemens que Mr. 
Despréaux a faits dans les differeni- 
tes Éditions de fes Ouvrages: la fe- 
conde les Remarques qui expliquent 
es faits dont la connoiffance eït né.- 
ceflaite pour l'intelligence du Tex- 
te: & la troifième Îles Zmstations, 
c’eft-à-dire, les paflages que notre 
Poëte a imitez des Anciens. On 
trouvera ici la même divéfion. Mais 
au lieu que dans l'Edition de Gene- 
RES ns 


SUR CETTE EDITION. xv 


ve, on a fait des Articles feparés 
de chacune de ces parties, &-parlà 
interrompu très-fbüvent la fuite na. 
turelle des Notes ; on a placé dans 
celle-ci? chaque Note fuivant l'or. 
dre & ld fuite des Vers: mettantau 
commencement en grofle lettre les 
termes diftin@ifsde CHANGEMENT, 
ou d’'IniTarTion. Si cette diftinc- 
tion ne fe trouve pas par tout où 
cile devroit être, c'eft parce qu'on 
à fuivi fcrupüleufement "Edition de 
Geaneve, où elle n'eft pas toujours 
obfervée ‘Le Commentateur seit 
éloigné . ici de fes propres regles. 
Son plan lobligooit à comptendre 
fous k Titre de CHANGEMENT ; 
tous les Vers que Mr. Despréanx à 
itianchez dans les Éditions boîte. 
noures de fes Ouvyrages: il les pro 

 nédaoins très-fouvent fous.le 
ttre de k SAR QUE ES À. 


tes h SEA es : * “AVER: 


CR A 
de ooimgiez: Latin San : w f8, 5 FPE 
Ron ivsaese $x Soniie Le nl 6j vb 192, 8 


| AVERTISSEMENT 
DE EFEDITEUR 
DE GENEVE. 


A Déni publiant un Commentaire fr 
NOR les Oeuvres de Monfiéur Bôi- 
Ù RO leau- Despréaux, j'ai en defein 
de donner une édition du Textes 
plus parfaite que toutes celles qui ont para. 
Pour la rexdre telle ,, j'ai rafemblé avec 
Join tout ce qui eff forti de la plume de cet 
sllifire Ecrivain. %e donne des Pièces en- 
riores qui n'avoient pas encore vh le jour; jé 
conferve les endroits qu'il avoit retranchex 
de quelques éditions : ‘enfin, jusqu'aux moirr 
dres fragmens, tout fe:trouve ici, revx. plus 
exatlement que jamais. a 
F'agoûte des Eclaircifemens bifloriques sn 
Téxte' de l'Añteur; © je n'impole point 
quand j'annonce dans mon titre, qu'ils m'ont 
été donnez par l'Auteur lui-même: car j 
n'avance presque rien. qui ne fit tirés on 
des converjarsons que j'ai euês avec lui, on 
des Lertres qu'il m'a écrites. La bamte sdée 
que j'auois de: fès Ouvrages. m'aiant fais 
fonhaiter de..le connoitre, jee srenven 





+ 


AVERTISSEMENT. zxvu 


Jus ni cette fanffe emodeflie, ns cette vaine 
oflentation | f ordinaires aux perfinnes. qui 
ent acquis une réputation éclatante: ©, bien 
different de ces Auteurs renemmés qui per- 
dent à être vhs de près, il me parut encore 
plus grand dans fa Converfation que dans fes 
ÆEcrsts. È 

Cette premiere entrevué donna naiflance à 
sn commerce intime qui a: duré plus de dou- 
ze années. La grande inégalité de fon age 
C du mien, ne l'empécha point de prendre 
sonfiance en moi : .5l m'ouvrit entierement 
fon cœur; À quand je donne ce Commentai- 
re, Je ne fais proprement que rendre an Pu- 
dlic le dépot que cet illnfire Ami nr'avoit 
sonfie. ts , | : 
. S'il. eut la complaifance de m'apprendre 
tomtes-bes pargieulorisez de fes Ouvrages ;.je 
pis dire qua de mes côté je ne négligeai 
rien de ce qui powvoit we. denner d'aslleurs 
ane connoifflance exaile de certains faitss. 
qu'il touche légerement ,| C dont il m'a- 
momois qu'il ne [avoit pas trop bien le détail, 
Bies recherches ne: lus déplaifiiens pas; de 
forte qu'un jour , comme je lus rendoïs compte 
ge mes découvertes : À l'air dont vous y 
allez, we dis-sl, vous faurez mieux votre 
Boileau, que moi-même. 
. Ce.u'eff donc pas ici un tifu de conjettu- 


du... res». 


xvit AVERTISSEMENT 


res; harardées par nn Commentateur qui de- 
vine : c'eff le fimple récit d'un Hifiorsen qui 
raconte fidellemens, © fénvent dans les mé 
_ mestermes, ce qu'ol a apris de la bouche de 
l’Anteur original. ÆEn sn mot, c'eff l'Hise 
toire fecrerte des Onvrages de Mr. Des- 
réaux. Mais c'eff arf, en quelque façon, 
l'Hifloire de fon Siècle. Car comme sl y a 
en pen d’Ecrivains de ce tems-la qu'il n'ait 
nommez., en bien ou en mal; peu d'évenee 
mens de quelque importance | qu'il n'ait sue 
diquex ; mon Commentaire embraffe le détail 
de ces diverfes marieres. Ainf, l'on 7 trou 
vera quantité d'anecdotes litteraires © hiffo- 
riques, peur-Ctre offer curieufes d'elles-mée 
mes pour attacher les Leüleurs, © pour fin 
pléer à ves graces inereffèmies que: je Jerois 
pes capable de répandre fer min Ouvrage. 
:_ Bien loin de m'abandenner «# rene aveu 
àle prévention tant à shape aux Comments. 
teurs, J as raporté dffex exablement les Cri- 
tiques qu'on a faites de man Antèur, pour 
pen qu'elles m'aiers parm fenfien : ai crk, 
qu'à l'égard de mes Letleurs, je devois 
moins me regarder comme l'Amsi de fe Per- 
fènne, que comme l'interprète © l'Hifiorien 
de fes Ecrits. - tee 
En parlant des ‘perfonnes qui y [ont nom- 
nées, je me fhis attèché particulierement 4 
oo faire 


DE L'EDITEUR DE GENEVE. xx 


faire conneître celles qui fint.plus obfinres, 
GS dont les noms feroient peut-être ignorez 
fans les Satires de netre Anseur, Dans le 
tems auquel il les publia , telle Perfonne é- 
soit fort cannué à le Conur-on à la Ville, qui 
ne l'ef plus maintenant : comme l'Angéli, 
de Savoiard, G mn tas de mauvais Ecri- 
vains qui font nommer dans les Satires. Tel 
Evenement faifoit alors l'entretien de teur 
Paris, qui peu de sems apres fut entierement 
onblié : comme le Siège fosrenu por les An- 
guflins, dont 1l eff fait mention dans le pre- 
wier Chant du Lutrin. Voila principale- 
ment quels font les fujets abandonnez 4 la 
prévoiance d'un Commentoteur contemporain, 
dont.la fonilio .ef. de fixer de horme beure 
ds conneiffence des chofés qui vrai-femblable- 
euens ue paferdient pas jusqu'a le Pofiersté. 

… . Cette réflexion s'adreffe fur tout à ceux 
qui féroient see. de rejetter quelquer.nnes 
de mes Remarques, parce qu'elles Iqur pa- 
*_ teitroient moins importantes que le plépart 
we celles: qui entrent dans ce Commehtaïre. 
‘Faien deffein d'écrire pour tour le monde; 
pour les Etrangers auffi bien que pour les 
François pour la Poflerité encore plus que - 
peur motre Siecle. Dans cette vhé, ne de- 
veis-je pas-exphiquer ce qui regarde nos #f&= 
ges, nos modes C'.nos costumes ? Un Franc 
ne COS y 


La 


xx AVERTISSEMENT 
sois qui lira: aujourd’hui mon Commentaire, 
ne fentira pas le befoin de certe explication ÿ 
mais nos Neveux fans doute m'en fanront 
gré: ©'les Notes qui peuvent maintenanr pa- 
roitre inutiles, on qui femblent n'avoir: été 
écrites que pour la fimple curiofité, devien- 
dront toéjours plus néceffaires, à mefure que 
l'en s'éloignera du Pais © du Siècle 04: nous 
AVÉVONS, D ; 
*_ Quelle fatisfatlion S quel avantage ne-[e- 
voit se pes pour nous, ff les Anciens avoient 
daiffé des Ecluirciflemens de certe forte, fer 
“Horace, fur Perfe, fur Fuvenal ! S'ils nous 
avoient snfiruits fur ne infinité de faits, d'u= 
fages, de portraits, d'allufions ; que nous 
$gngrons aujourd'hui, que l'on ignorera to#= 
jours y © dont néanmoins: l'explication don- 
neroit un grand jour & ces: Auteurs !- Au: dé- 
aus de ces connoiffances | les Commentateurs 
qui font venus après, ont éré. obligex de. fé 
renfermer dans la critique des mots, criti- 
que [èche,rebutante,pes-utiles © quand sls 
ont tenté d'éclaircir les endroits obfturs . & 
peine ont-ils p# s'éleuer ou deffus dis doutes 
Sd des coneilures. . oo 
L'obfcurité que l'éloignemens des tems ne 
manque jamais de. jetter fur. les ouvrages- de 
mœurs C de caraîlères, refemble.# la ponf- 
fière qui. s'attache aux tableaux, © qui en 
rernie. 


t ° è Ed 


PPT Lond 


JE L'EDITEUR DE GENEVE. xxr 


rats les conleurs, fans les détruire entieré= 
en. ‘Un œil habile ‘peut quelquefois percer 
trevèrs ce voile, «C découvrir les beantez 
ea Peinture: il en voit l'ordonnance € le 
effein , quoiqne le coloris -en paroife presque 
facé. -Un Commentateur tâche, pour ainf 
ÿre, d'enlever la poufliere qui couvroit fon: 
4uesur, © de faire revivre les couleurs du 
sblean. Mais celui qui prépare un Commen- 
sire fovs les yeux de l'Auteur même, © de 
oncert avec lui, prévient toute obfèurité & 
mféroe Juiques aux. moindres ‘iraits | ‘tes 
raiss délicats presque imperceptibles qui 
Peffacent fi ailément , © qu'il eff impolfi- 
Ne. de rapeller quand nue fois ils font ef- 
F'ai donc quelque fujet d'eferer que ce 
Commentaire [era utile © agréable an Pu= 
bic: On peut dire de ce genre d'Onvrage, 
ce qu'un Ancien a dit de l'Hifloire | qu’elle 
plat, de quelque maniere qu’elle foit é- 
crite *. La pesnture qu'elle Lo des vertus 
S des vices, des guerres, des changemens 
d'Etats, des révolutions mémorables, lui don 
me ce privilège. On .ne verra ici que tres- 
pes de ces faiss éclatans, maïs on y trouve 
Door cran te tp 
gere qurgueade ina dates, Pl, Le 5° 


xxx AVERTISSEMENT  . 


ra des particularitex fécrettes, fonvens plus 
sntereffantes par leur fingularié © par Leur 
nouveauté, C'’eff double fatisfaikion,. quand, 
à la connoiffance génerale des faits, on ajok- 
te celle des motifs © des. canfes qui les ont. 
oduits, Un Letleur s’applandit de devenir, 
en quelque manière, le Confident d'un Ecris, 
_ vain célèbre, © d'être admis dans le fecres. 
de fes penfces. . Il enire dans soste espèce de: 
confidence, nu air de myfière qui flatie éga- 
lement la curiofité C l'amour propres : 
Mes Notes font difiinquées par les tir: 
tres de Changemens; Kenraiques, € Imi-. 
tations. . io oo T oc 
Dans le premier erdre. de Notes, j'éi ré= 
porté les Changemens qwe Auteur a faits 
dans les diverfès éditions de fes Ouvrages, 
É quand je l'ai cré nécefaires j'ai explis 
qué les raifons qui lent obligé à faire ces. 
Changemens. Il ne Je contenueis pas dé dire 
bien : sl voulos que l'en ne put pas dite 
mieux. Souvent il & changé des endroits gui 
auroient paÿé par acheuez, s'il n'en: avoit 
pas fais apéreeveir les défokts; où La foibtefs 
fs par fes cerreilions. . Rien. fénrétre: ne 
pewveit mieux faire conneîire fan génie que 
de rapprocher ainfi [es differentes manières 
de penfer © de P'exprimer fer un même fa- 
ét > quoique moins beurèufes les dns que Les 
| ai- 





DE L’EDITEUR DE GENEVE. xxnr 


dutres. C'ef, À j'ofé. fer de ce terme, 
la fucceffien généalogique de fes penfées. On 
7 vois, par des exemples. frêquens. € bien 
marques. ; des accroifemens de l'Esprit bn 
moin, ©: les progres d'ane Critique auf [ex 
vère qu'éclairée.. Qu'y a-3-il d'ailleurs de 
plus propre # former le goût, que la compax 
raifèn qui À. pout faire # tout momens, des 
endroits changez de sal on bien, on de bien 
ON MÉENK À 5 | 

Les Remarques fsvem les Changemens, 
font l'eféniiel de mon Commentaire. El: 
les contiennéne l'explication de tons les faits 
qui ont report #nx Ouvrages de lAmeur ;É 
dons La connoiffance cf néceffaire pour Le pare 


. fone intelligence du Texte. Une matière 


abondante É f} riche n'avost pas befsin d'or= 
némens étrangers. Anfi n'ai-je rien sant res 
cherche qu'un flile fimple, tourné uniquemeris 
an‘ profit des Leflenrs, C° débarraffé do tou 
jes ces valnes fhperfisisrà qui un lien d'ée 


“aires Le Texte:ne fus die déguner. de La 


"Enfin, après Les Remarques visnnens les 
Imitations , c’eft-a-dire, les pafages qu 
Mr: Désprieux # mir des ncitni . Bien 
lie ge honte d'avwer :ves ihgéniente. 
Hans, il Les propefit, par forme de déf, 
à fes Adverfaires qui Levifosent de. Jes, ins 

re= 


xxiv AVERTISSEMENT 

reprocher : © c'eff lus qui m'a indiqué, dans 
la leilure fuivie de tous fes Ouvrages; les 
fources les plus détournées où il avoir pus= 
SE, Anffi n'imitoit-sl pas d'une manière 
férvile. ‘Les Poètes médiocres ne font que 
raporter des paffages, fans y rien mettre 
du ieur que la fiwple Tradutlion , n'aïant 


ni afez d'adreffe ni afez de feu pour fon. 
dre la matière, fclon la penfée d'un de res 


eneillèurs Ecrivains #, ils fé contentent de 
la fonder groffierement, © la fondure pa- 
roit. On difiingue l'Or des Anciens, du 
Cuivre des Modernes. Mr. Despréaux au 


consrasre s’aprepréoit les penfées des bens. 


Auteurs 4 sl s'en rendoit, pour ainf dire, 
le maitre, © ne manghot jamais de les 
embellir en les emploient. On ne doit pas 
cependant mettre [ur fon compte tous les paf= 
fages que J'ai raportez : car il yen a plu- 
feurs qu'il n’a jamais ves, on qu'il n’a vés 
qu'après-coup. Mais je ne laife pas de les 
citer ÿ parce qu'il eff tokjowrs agréable de 
voir comment deux esprits fé rencontrent, © 
des differens teurs qu'ils donnent à la même 

€] CO ARS 
C'efl l'envie d'être clair à qui m'a affx- 
jetti à l'ordre que. je. viens d'expliquer ps 


à SR 


LS 


€ . 1e, pl "4 e 


# D'Ablancourt; Lett, La Pat °°" 


€ 


DE L'EDITEUR DE GENEVE. xxÿ 
chant le‘partage de mes Notes; © il m'a 
paru qu'en prenant {ur mos le foin de faire 
cette difiribution, j'épergnois de la fatigue à 
mes Leëleurs, Car les uni pèut-être'ne s'em- 
barrafferont pas des Imitations , d'astres mé. 
priféront les Changemens , la plépart s’en 
tiendront aux Remarques ‘hilloriques. % Si 
J'avois tout confondu ; il auroit fallu lire 
tout y pour tronver ce qw'on cherchoit : au 
lien que de la manière dons les chofes fons 
difpofèes, chacun peut en nn coup d'œil choi- 
fr ce qui et de fon goût, © laiffer le refle. 
Te finis par une réflexion importante, © 
ent-être. ln plus:nécefaire de toutes | puis 
qu’elle contient _Apologie de mon Commen- 
taire. Qwoique j'y fefe mention d'une in. 
finité de perfonnes, on ne doit pas: craindre 
d'y trouver de ces veritez. offenfantes, ns de 
ces faits purement injurieux, qui ne férvent . 
qu'à flater la. malignité, © qui deshonorens 
encore plus celui qui les publie, que ceux 
contre qui ils font publiez. Il eff de le pren 
dence d'un Ecrivain qui met an jour des 
faits cachez © des perfonalitez , de difiin- 
guer ce que le Public doit favoir, d'avec ce 
qu'il . 
* On n'a pas fuivi cette diftinétion dans cet- 
te Edition, non plus que dans celle de 1717. en 4. 
vol. in 12. On en verra les raifons dans l'Auis 
fer cette Nouvelle Edition, pag. A ‘ 


Tom. I. 


sv AVERTISSEMENT &c 
Qu'il eff bou qu'il ignore. Suivant cene rè- 

&les je n'ai pas dis toutes les veriex ÿ mais 
fout ce que j'ai dit ef veritable ,ou du moins 
Je l'ai reçh comme tel. Enfin, je me fois 
défendu féveremens iout ce qui n'awroit pi 
macquerir la gloire de Commentateur exaët, 
qu'eux dipens de Le probité GC de la relie 





PRE- 


_ xx 


PREFACE 
DE: L'AUTEUR 


: Our Ce: ici vraifrahlable: 
A - ment la. derniere; Ediion:: de 
Ines Quvrages. que, j fÈverrars 
| qu'i ny a pe sl d'appardnse ) 
qu’âgé, comme EM, : plus de foixan- 
te-& trois anÿs & accablé Dre 

*; ’illa 


“was » rave B © 


t Dr. bus de foin ñ à trois ans. sas dire: 
de plus ds flan: Ya am: Cf Mt. Péipitits 
étant: né le :1, dé. Novetibre ,:-7636: il côufoit fà 
65, année en 1704:quand il compola : cette Préfa: 
ce. Le Roi lui aïant d çmandé an dour, en qu 
terhs H'étoitné, Mi, réaux Re Main que 
le terits dé fiaifence étoit fa -ei cé H4 plob 
Borieufe de fa vice; Je fuis venu au monde, dit-il, 
“ne année avant Votre Majeflé,pour annoncer les mer- 
weilles. de jen Règne: Le Roïr futstouché; deïceite ré. . 

à, 65-les-Gpartifans-nermanquerens pas d'y 2p+ 
plaudir.- Mr Despréaux ; qui ne. fit peut-être pas 
alors réflexion: fur l'année de fa vaiffance, s’eft crû 
depuis engagé d'honneur à à foûtenir un motqu'il 
avoit dit en préfenee de toute la Cour, &c qui 4- 

ait $ bien réüfli. . C'efl. ce qui l'a ‘obligé, toutes 
Ex gi a ru oceafion de. parler dé fa naiffan- 
e la mettre en 1637. | & € ’eft ce quia aaufé | 

êr- 





xx  PREFACE 
le, cette replique $ fameufe de Louis 
Dourième à ceux :de- fes Minifires qui lui 
ganfillerent de faire punir :plufeurs per 
fennes; gui, fous’ k regne préocdent ; &c 
lois qu'il n'était encame que: Duc: d'Ore 
leans, avaient pris à tâche de: le deflorvir, 
Un Roi de France, : leur ‘répondit-il. uk 
qanée point. lex injures: dun Dac:DOr hais 
D'où vient que ce:mot:franpe d'aburd à 
N'eft-il pes ai dé; voir :que c’eft :pareo 
_œ'i préfente aux youx:une vérité que tomi 
monde fent 8 qu'ifidit mieux queraus 
ks plus beaux difçoars de Morale, n'as 
grand Drive, lors qu'il ef une fais fur D 
Trône, ne doit plus agir'par ‘des ivevemens 
particuliers ; n5 avoir d'autre vhé que la giét 
ve SG Je bien géneral de: fon: Etat?‘ Veut:on 
voir au contraire combien urie penfée fauf- 
feed froide Sc puerile? Je ne faurois Fes 
porter un éremplo qui le:fafe mieux fen: 
go mods Vers du Poëte Théophile, 
dans: &: Eragodic: intitulée. . Pyrame . EX 
Tbkabé; lorsque cette malheureufe Amante 
dant .ramaflé le poignard encore tout fan- 
gent dont Pyréme s'était tué,. elle querel- 
ainfi ce poignard ; ST 


Ab! voi le paiguärds qui ds fans de [on 
| Maître ie Dose à : % 
- “ ot S'ef 


DE L'AUTEUR. XXXT 
S’ef fouillé lächemens. EL en rongit ) de 
T1 raître. 


l'outes les glaces da Nord enfemble ne 
ont pas, à mon fans, plus froides que cet" 
Quelle extravagance ; bon: 
Dieu ! ! de vouloir que la rougeur du fang,” 
dont. cit teint' le poignard Sun Homme! 
qui vient de $’en tuer lüi-même , {oit: un: 
fet de la honte qu'a ce poignard de l’a-' 
roir té? Voici encore une penféé qui 
n'eft pas moins fauffe, hi par conféquent: 
moins froide: Elle # de Benferade, dans 
fs Métamorphofées en Rondeaux, où par- 
lent du Déluge envoié par les Dieux, pour 
châtier l'infolence de l'Homme > US Cxprie 
rpe ain : 


| Dieu Java bien la tête à fon Image. 


Pent-on, à propos d’une auf grande cho- 
fe que le Déluge:, dire rien de plus petit, 
mi de ‘plus ridicule’ que ce quolibet, dont 
h' peniée eft d'autant: ples Eure en toites 
manieres ; que le Dieu dônt il's’agit'en cet 
aidroit, c’eft Jupiter, qui n’a jamais paflé 
chez les Païens pour avoir fait l’ Hotnme à à 
fon image : l'Homme dans la Fable étant, 


cômine tout le monde fait Fonrage de. 
Promethée, ”: 


CHe4 Puis 


zx . PRE FACE 

Puis qu’une penfée n’eit belle qu’en ce 
quete eft vraie; & que l'effet infaillible 

u Vrai, quand il eft bien énoncé, c’eft 
de fraper les Hommes; il s'enfuit que ce 
qui ne frape point les Hommes, n’eft ni 
beau ni vrai, ou qu'il eft mal'énoncé : & 
que par conféquent un Ouvrage qui n’eft: 
point goûté du Public, eft un très- mé- 
chant Ouvrage. Le gros des Hommes 
peut bien, durant quelque tems, prendre 
Je faux pour le vrai, & admirer de méchan- 
tes chofes : mais il n’eft pas poñlible qu’à. 
la longue une bonne chofe ne lui plaïfe; & 
je déle tous les Auteurs les plus mécon-. 
tens du Public, de me citer un bon Livre 
que le Public ait jamais rebuté : à moins: 
qu'il ne mettent en ce rang leurs: Ecrits, 

e la bonté desquels eux feuls font perfua- 
dez. J'avoue némmoins, & on ne Îe fau- 
roit nier, que quelquefois, lors. que. d'ex- 
cellens Ouvrages vientient à paroïtre, la: 
Cabale &. l'Envie trouvent moïen de .les: 
rabaifler, : & d’en rendrgren. apparence: le: 
fuccès douteux :. mais cela ne dure guères;: 
REMARQUES. 


‘a Et d'en rendre . .... Le fus douteux. Mrs 
Despréaux citoit pour éxemples, l'École des Femmes. 
de Moliere, & la Phèdre de Mr. Racine, 


. 
Li 


DE L'AUTEUR. xrxié 
&rien:arrive de . ces: Ouvrages conime 
d'un-moroeau de:bois qu’on enfonce'dañs 
lu avec la main :: il demeure aw fond 
tar. qu'on J'y retient, mais: bierxtôt: la 
main venant à fe lafler,. il fe relève:&t.ga- 
gpe'le defluss. Je‘pourrois dire un'nonibre 
hifini de parcilles chofes fur ce fujet, &ice 
féroit la matiere d'un gros Livire:imais et 
voik affez.,, cc'e femble,. pour marque» 
au Public ma reconnoiffance, &: la bonne 
D ga ed 
-; Parlons, maintenant * de mon Edition 
nouvelle: . Ceft la plus correéte qui ait en 
core paru; & non'feulement jé fai rovué 
avec beaucoup défoin, mais j’y.ai retou« 
ché de nauveat plufieurs “endroits de mes 
Ouvrages. Car je ne füis point de ces Au< 
teurs. fuians: ka ptine, :quiné fe croient plis 
obligez:-de rien. raccommoder à leurs E2 
crits, .dès qu’ils lesiont une fois: dofinez au 
Public Es-alleguent .pour.:excufer leur 
péefle,: qu’is-auroient peur, en les trop 
remaniant J:.de. leur-ôter: cet air‘ libre pu 
se J'HT CL» 


RA&MARQURSY 
.3. De on Edition nouvelle. | Celle de j701, pout 
MA ue PRE REA à 2 PTE 
J eti0 4 


DT 919 £ HUGSD y cinsiseib 
Lib LUE 2 


vas PREFACE : = 
€: qui fait, difnt-ils un des plus grand 
chasrocs du difcours : “mais lourexcute, À 
mo8 ais, ch très-mauvaile. Ce. bot ie 
Quenges faits à la hâre, &, comme on 
dit, au cousent de ke plume, qui font: or: 
dimicement fs, durs, êc forces. Un Ou 
vrage pe dit paint trav 
pois ne: faurot ee op unies € M | 
cs fosvom le trévail même .. qi. en ï 
porent Jui donne certe facilité tant vag: 
i charme le Leéteur. ILy a béen de 
Le difference entre des Vers faciles, & des 
Vers facitement faits: Les Ecrits de Vir- 
quet: qu'extraotdiciwement. travail 
“fe fédt bicn plus naturels. ‘que EYEx ide 
Luoun, qui écnvoit, dit-on, ei one 


FAIRE 
LT Per Eos Es 


differente de cel té PU à ER mie don 


E L' AUTEUR. #ky 


3 même difficilement, de fort bon- 
n eh trouve très-pet.. : 
n'ai donc point de regret d'avoir ch 
emploié quelquesunes de mes veilles 
ifier mes Mers dans cette nouvelle 
ion, qui eft; pour ainfi dire, mon E+ 
n fvorite. Au ÿ aîtje mis mon nom,’ 
je m'évois äbltena de-mettre à toutes 
iitres. ‘J'en avois aitifi ufé’ par pure 
léftie : mais’aujoutd’hui que mes Ou 
es Tont ebtre les iains ‘de rèut k mon- 
| il ma par que tre rhôdeftié pour 
avoir quelque de chofe de €... D'ail- 
rs, j'ai été bi *méttant à fx 
e dé mon Livre: ss RE Re voir par ÿ 
ds font précilément fes /Ouvrages que 
mué, &'darréter, #1] tft pofhble | le 
sa d’un nombré "inf de réchantés 
ot répand pér tott fois :fnont 
NE “Péincipalemiens Grns'les Provirices 
dans Vos Pis étripers.” 'afthéiné pour 
tit préveiiif ceb i inconvémient, fait fhets 
da éôrmencement dé cd volume, *uné 
r'éxalte ge déraillée de tbuis mes ie Be 


if fout n DJhiiia ht; ce) 
HE ÿ . ù +. ie; ss ; Ji, h eus 0) 


REMAR avr: Pos 


>n de 1713. & don on à paré dans la Re 
1. fur certe Préfdée, ‘' RE 


“+ 6 


xxx . PRÉFACE  :: 
& on la trouvera immédiatement après, 
cette Préface... Voilà de quoi il.eft bon. 
que le Leéteur foit inftruit. a 
_ Il ne refte plus préfentement qu’à lui, 
dire quels font les Ouvrages dont j'ai-aug- 
menté ce volume. Le plus confiderable 
eft une onzième Satire, que j'ai tout ré-, 
cemment compofée, & qu'on trouvera à, 
la fuite des dix précedentes. . Elle eft adref- . 
fée à Monfieur de Valincour,. mon illuf-, 
tre Aflocié à l'Hiftoire. J'y traite du vrai 
& du faux Honnœær, & je lai compofée 
avec le même foin que tous mes. autres E-. 
crits. Je ne faurois pourtant dire fi elle ef: 
bonne ou mauvaife: car. je ne l'ai encore 
communiquée, qu’à deux ou trois de mes 
intimes Amis, à qui même je n'ai fait que 
la réciter fort vite, dans la peur qu’il ne 
lui arrivât ce qui eft arrivé à quelques au- 
tres de mes Pièces, que j'ai vü devenir pus 
bliques avant même que je les.cufle mifes 
fur le papier: plufieursperfopnes, à qui je 
les avais dites plus d’une fois, les aïant re- 
tenués: par.cœur, &'en aiant donné des 
copies. C’eft donc au Public à m’appren- 
dre ce que je dois penfer de cet Ouvrage, 
ainfi que de-pluficurs autres petites Pièces 
de Poëfie qu’on trouvera dans cette nau- 
velle Edition ; & qu’on y a mêlées parrni 
_ cs 





DE L'AUTEUR. xxx 
les Epigrammes qui. y -étoient déja: : Cé 
font toutes bagatelles, qué:j'ai la plüpart 
compofées dans ma plus. tendre jeunefte; 
mais que j'ai un peu rajufkées.. pour.les 
rendre plus fupportables au Leéteur. . Fy 
ai fait aufli ajoüter deux nouvelles Lettres, 
June qe j'écris à Monfiéur Perrault, & 
où 4. agine avec. lui :für notre. démélé 
Poëtique,; presque auf: tôr.éteint.qu’allu- 
mé. L'autre eft un Reémerciment à Mr, 
le Comte d’Ériceyra, au fujet de la Tru 
du“ion de rapn Art Poétique faite. par lui 
en Vers Portugais, qu'il a eüla bonté de 
m’envoiïér de Lisbone, avec une Lettre & 
des Vers François de fa: compofition, où 
il me donne des louanges trés-délicates, :& 
ausquelles il ne-manque que d’être applis 
quées à un meilleur :fujet. . J’âurois bien 
voulu pouvoir m'acquitter dé la parole que 
je Jui donne à la fm, de €é Remercimenty 
de faire inpriner jette excellente Traduc: 
tion à la -fpite :de mes Poëfies;, mais mali 
heureufement un de mes Amis, à qui je 
J'avois prétée, m'en à. égaré le premier 

| ns. de. Lali u et "ii 3€ 

Cipouos ele GO Lacis HE TT 

oi RE MAR Gui A; & in: 
5 Le dues Anti Mr l'Abbé Regnier Désmid: 
ni, Secretaire de l'Académie, Fonçaife," 2° =: 

“+ 
| - 7 


à 


pm PRÉFACE. ! 
Chant; & j'ai cu la mavaife honte de n'es # 
fr récrire à Lisbone pour eü avoir üe aus 
tre copie. Ce font-là à peu près tous les 
Ouvrages de ma façon, boñs ou méchans, \ 
ont o8 trouvera ici mon Livre augmenté. 
Mais uhe chofe qui fera fürement agréable ù 
a Public, c'eft ke préfent que je ui fais ! 
dans ce même Eivre.' dé la c fe 
célèbre: Monfieur Arnaud'a écrite ca À L 
fieur Perrault à propos de mai ditiètne Sa ! 
tire, & où, commeje l'ai dit dns TER 
tré à mes Vers, ‘il it'en quelque forte 
| NE Je ne doute poitt Le De 
de gens ne ne m'äccufént de témerté! 
air flocier à mes: Ecrins Îes Oûvrai 
| ges d'on fi éxcellent Hémme, & j'avoué 
que Jeur accufation eft biéri' fondée. Mais 
le moïen de réfifter à ta ‘tentation de mon! | 
trer à toute la Terre,’ comme jé fe ion: 
tre en:effet par linprefoh de éétre Jleri 
te, querce drand Peñfohtiage mé faoft 
l'honneur de m'efhimet '&av0it la"bünté 
eës:ef aliquid purare nuÿas 2" 
‘Au trefle; ‘copie falgré ’üne apologic 
& æihentique, & malgré les bonnes rai- 
fons que j'ai re À fois alleguées en Vers 
& en Prof, ÿ'a er SAP Sens qui trai- 
Lent de mécfances les raillenies qué j'ai fai- 
tes de quanné d'Aueais thodernes, êc: qui 


$ ** pu- 





LEE 
+ 


|" DE L'AUTEUR rx 
publient W'en atraquañt:les défauts de ces 
Auteugs YA n'ai pas. rendü juitics à leurs 
bonnes qualitez à je veux:bten; ‘phur lez 
Se ia sine du, contrairé,: répeter escosc 
ici Les mêmes.paroles que j'ai dites fur cela 
dns Préface S de: mes deux. ‘Editions 
edentes.. Les-voisi. Æ7f bas suc Lo 
Lagaurx foi averti d'une chofes: caf en 
attaquant dans mes Quvreges, les : de 
| pufreurs Ecrivains de notrè fècl;je sai pas 
prétendu pour cels ter à cs ‘Ecrivains le 
mérite ÉS les kowmes qualitez qu'ils peuvent 
exair. Ærilleurs. 6 sai pa grétemde , dise 
des nier ge: Chapelgin, pan cumple, quoi 

. qu Poe te dei, n'ait foeit autrefois, je 
ne foi somnicit; sue: affect beiié Qi; ES er 
27 st banc For da Li Oerage 

re Fame ha 
| La pr in Frgilé: | F'asoéterai muy 
…. fn où: dernier; que: dans de ven où j'écrioh 
œstreiui,aons éfions tous drax: fort Jésus EÀ 
a Mavis pas fait :slern:hsauconp d'On: 
vrages, qui lui ont. dani la: faite acquis pe 
jufie réputation. ‘Je veux bien auff avouer 
qu'il y & du génie dans les Écrits de Saint 
Amand, 
REMARQUES. 


6 De mes deux Editions précedentes.] De 1683. & 


"+ ç 
‘ 
KV té, de | 





ee. PREFACE DE L'AUTEUR 
Amand! de Brébluf;de Sruderis UX 
méme s CT: de:pllfeurs autres que j'as: 
quez:: En eu mbtzuvec là méme fncerfà 
j'ai raillé dece guüils ont'de blémable ; À 
prét à comventr veice :gW'ils péuvenr À 
d'excellent: Voilà: ce me femble Nr 
dre jaflicé,: €). faire vie doir. que be 
point dr esprit d'envie LS\de: médi)ant 
sa fait Écrire contre ee. 2". NN 
. Après cela ,.fi on m'’accufe encot 
médifance, je:ne fai point de Lecteu 
n’en doive aufh être accufé; puisqu'il 
en a. point quirne:dife Jibrementfon 
des Ecrits qu’onifait. imprimer; & qt 
& croie en’pléin\droit:de le faire, :du 
fentement mére de’ ceux: qui les:me 
au jour. Eù effet; qu’eft-ce que m 
un Ouvrage au jour? N’eft-ce pas en « 
que forte dire au Public, Jagez-moi? P 
quoi: donc: trouver mauvais qu'on ‘nou: 
> ?, Mais j'ai mis tout ce raifonnemer 
_Funeë dans ma neuvième Satire ;: & if: 
d'y renyoier mes Genfeurs. : 1: .: 
au NS ee gars N° ts . 
oi la Là LA ne he, 5 0 : 
ec WE 
%LAVUOSRMRIAXSZ 


Re LT ones a GA ut om 
- % 


EI 


s®- 


_E L OO GE 
ie CDE 2 


Mr. D E SPRE AUX, 


Jiré du Difcours que Monfieur De VaA- 
LINCOUR, Secretaire du Cakinet du 
Roi, Chancelier de D Academie, prononça 
- à la reception de Monfieur l'Abbé D'Es-. 
 TREES, à pre/ènt Archevêque de Cam 

bray *, Oc... | | 


ME ne crains point ici, Mes 
A ES SIEURS, que l'amitue ine reñdé 
Wa fufpect fur le fujet de Monfieur 
à Despréaux. Elle me fourniroit plû- 
| "— tôt des larmes hors de faifon, que: 
des louanges éxagerées. Ami dès mon enfan- 
ce, & ami intime de deux des plus grands Per 
fonnages, qui jamais aïent été parmi vous, je 
les ai perdus tous deux f dans un petit nombre 
d'années. Vos füffrages. m'ont élevé à la pla-. 
ce du premier, que j’aurois voulu ne voir ja 
mais vaçante. Par quelle fatalité faut-il que je: 
fois encore defliné à retevoir aujourd’hui en' 
votre nom l’Homme illuftre qui va remplir la 
* place de l’autre; & que dans -deux "occaftons, : 


| | : Où 
+ Mr. Abbé d'Efirées moumyt.lo à. Mans 1314: déns fé 52e 

2 une ADD. de VEd, d’Amit, i : : n L « ! . . . . s 
Mr. Racine, ‘mort en 1699. Ar “Dépréanx , voort ‘en 

yat, " * . OT " ï:. .. Yi ‘: . >: «, _ * LE 





L 


xt  ELOGE DE 


où ma douleur ne demandoit que le filence & 
la folitude, pour pleurer des Amis d’un fi ra- 
re mérite, je me fois trouvé engagé à paroître 
devant vous pour faire leur éloge ! 

Mais quel éloge puis-je faire ici de Monfieur 
Despréaux, que vous n'aïez déja prévenu? J'o-, 
fe attefter, MeEssiEURS, le jugement que * 
tant de fais vous en avez. parté vous-mémes.. 
J'attefte celui de tous les Peuples de l'Enrppe, 
ai font de fes Vers l’objet de eur sdniration. | 

Is les favent par cœur; ils les traduiferit en teur 
Eangue; ils apprennent la nôtre pour les mieux 

tr, & pour en mieux fentir toutes les beau- 

tez. Approbation univerfelle, qui eft le plus 
grand éloge que les hommes puiflent donner à, 

SR Écrivains & en même tems ls marque le 

. plus certaine de la perfeétion d’un Ouvrage. ! 

Par quel heureux fecret peut-on acquerir cet= 

. te approbation fi généralement recherchée, & &: 
rarernent obtenue ? Monfieur Despréaur nous 
l'a appris lui-même; c’eft par l’amour du Vrai. 

… En effet, ce n’efk que dans le Vrai feulement 
que tous les hommes fe réüniffent. . Differens 

ailleurs dans leurs mœurs, dans leurs préju- 
_ gez, dans leir manière de penfer, d'écrire, & 
de jüger de. cenx quiécrivent, dès que le Vrai. 
paroic clairement à leurs yeux , il enleve toû- 
Joërs leur confençement & léur admiration. - - 

, Comme il ne fe trouve que dans la Nature,, 
mme il n'eft autre cho». 
fe que la Nature même, Monfieur Despréaux' 
en avoit fait fa principale étude. Il avoit puifé 
dans fon fein ces graces qu’elle feule peut don- 
ner, que l’Art emploïe toûjours avec fuccès, 
& que jamais il ne fauroit contrefaire. Il y.a- 

voit 


Où pour mieux djre , çO 


rl 





Mr DESPREAUX. rm 


voit contemplé à loifr ces grands modèles de 
beauté & de perfeétion, qu’on ne peut voir qu’en 
elle, mais qu’elle ne laifle voir qu'à fes Favo- 
ns. Il l'admuoit fur sout dans les Ouyrages 
S'Homere, où elle s'eft conferwés avec toute In 
icté, Gr. pour sin dire, avec toute l'in- 
‘ence das PRE tems; & où elle eft d'au- 
pu cn qu'elle affoie. moins .de le par 


| point id de senonvellee la fameu- 
ke sas me gs Anciens & des: Modernes, où 


Mages. Derréansc Compas av vec tant. .de 
$ £a foxeur de, cegrand Poë ee. 


hs esprer;que.cens qui fe é font fait une 
| de var aux traits du défenfeur 
ie nouvelle. T: 


de ceder aux. 
ion *, qui le faiin 
re à ceux même à qui fa Langue cif inr 
ts po fon € que tout. ce qu'on 
enfe. Chef-d'œurre 
Pl nent que. d'être loué. dans le Sance 
| cnvedes Aluées, & honoré de i'aprobation de 
33 A 7 io 








nt aflis.. 
efl.en vain qu’un. Auteur choifit ie 
pe pour: modèle. Il eft voûjours fujet à s’é- 
garer, wine nd aufi la. Raifon pour guide. 
Mon réaux ne .la perdit jamais de 
sé: & To0ë que pans Ia “venger de tant de mauc 
M pores où elle était cruellement nialtrais 
téré 31 eatréprit de faire des Satires, elle lui ap= 
£ sérides des racès de oœux qui em avoient 
nt ini: 
venal, & quelquefois Horace même, (a 
, Le M Lane re vouons" 


“HD do idà Madame Dar: 
PP 





xuiw …  ELOG'E DE | 
vouons-le de bonne-foi ) 'avoient attaqué'tes vi’ 
ces de leur tems avec des armes .qui fañfoient 


sougir la Vertu. ©: - : es 

.… Kegnier, :peut-Ëtre en cela feul, fidèle Difti: 
ple de ces dangereux Maîtres ; devoit à cette 
honteufe licence une partie de fa réputation; & 
il fembloit alors. que l’ébfcenité fût un fer ab- 
{olument neceflaire à la Satire; coinme on sefl 
imaginé depuis, que l’amour devoit être lé fon“ 
dement ,'& pour ainfi dire, l’arie de toutes les 
Pièces de Théatre. : ©. :": 
.…Monfieur Despréaux fut méprifes de‘ff'mau- 
vais exernples dans les mêrnes Ouvräges qu'il 
admiroit d’ailleurs. 11 ofa le premier fairé voir 
aux hommes une Satire fagë & modefté:" Il 
ne l’orna que de ces grates auftères,; qui font 
celles de la: Vertu même; travaillant fans cet 
£e à rendre fa vie encore plus :puré :que fes 
Æcrits, il fit: voir que: l'amour du Wraïj/éons 
duit par ‘la Raifon, ne faitipas: moins l'Hort- 
me de bien que l’excellént Poëte.  ::7 7" *":: 
. Incapable de déguifemént dans. Tes mœurs, 
comme d’affeétation dans fes Ouvrages, ‘il s’eft 
toijours montré tel quil étoit ; aimant mieux 
difoit-il, laifler voir de véritables défauts; que 
de_les eouvrir par.de fauflés vertus: + .":.") 
. TFout.ce qui choquoit la Raifon:où la 'Vé- 
rité,. excitoit en lui un ‘chagrin , dont f wé- 
toit pas maître, & auquel peut-être fomimes- 
nous redevables. de. fes plus .ingenieufes :com- 
ofitions. Mais en attaquant les défauts des: 
crivains , il a toûjours épargné ileuts ’'pér= 

Sons... 7 5 70 1.42 7H 
: ÀL croïoit qu'il eft permis à tout homme, 
qui fait parler ou écrites .de.-senfurer.: pnbti- 
que- 


Mr. DES.PRE' AUX. xré | 
quement un mauvais: Livre, que: for: Auteur 
y'a pas craint ‘de. rendre .public# ‘thais ne ré- 
gadoir .qu’avec::horteur..ces-dangereix énhes 
mis du Genre humain, qui fans: refpett ni 
pour ;l'amitié ,; ni pour la; Vérité mêrne ;" dé- 
chirent indifferemmient tout ce qui s'offre À 
l'imagination de ces fortes de gens, & qui 
da fond des ténèbres , qui les: derobent à la 

des Loix ; fe font. un jeu cruél: de pu- 

Der les fautes les plus cachées, & de néiefr 
les aétions les plus innocentes. | 

‘Ces fentimens de probité & d'humanité n’é- 

toient pas dans Moniieur Despréaux des ver- 
tus purement civiles. Îls avoient leur princi- 
pe dans un amour fincère pour la Religion, 
qui + toutes. fes: aétions, & dans 
és Le mais Hu proie, core 















genie. ik 
C’eft ah a contre 


AUS FF de. Poète : où Religion 

Jui N: AMONT EME to 
qu , difoit-il mis , des maximes, 
qui féroient horreur dans le langage ordinai- 
re, fe produifent impunément dès qu'elles 
font mifes en Vers! Elles montent fur le 
Theatre à la faveur de la Mufique, & y par- 
- lent plus haut que nos Loix. C'eft peu d’y 
étaler ces Exemples qui inftruifent à pécher, 
__ & qui ont été déteftez par les Païens mêine. 
. On en fait aujourd’hui des confeils, & mé-. 
me des préceptes : & loin de fonger à ren- 
| de utiles les divertiflemens publics, on af- 
CAE feéte 


/ 









avi ELOGE DE Mk. DESPRE AUX. 


fee de les rendre ciminels. Voilà :deque 
il étoit continuellement occupé ,: & dent: i 
eût voulu pouroir faire l'enique: objet de tou 
tes fes Satires. . : 

Heureux d’avoir pâ d’une même tmain : int 
primer un opprobre éternel à des Ouvrages £ 
contraires aux bonnes mœurs: & donsiet à 

Vertu, en la perfonne de notte:süguitt 
era -des iomanges qui ‘ne périrütit ja 











DES P I ECES 
 Contenués dans cé Premier Fome - 


Iscours AURor ‘ ‘ Pa. 1 
SATIRE I. Sur le retraise €S les 
tes d'un Poëte, qui ne pouvant plus vivre À 
Paris va chercher ailleurs ane deffinée plus 
bezreufc. ï 
}JATIRE Il. à Mr. de Moliere fur Ja dificnb 
té de jromuer La Rime &ÿ de la faire sr 
avec os. 
SATIRE IT. Deféription d'in Ft ridieak À rh 
SAT5RE IV. à M. l’Abbé Le Vayer', où l'or 
prouve que tèns les hommes [ont fous, quoi 
que chacun Ne être fage tout fenl. 73 
sÂra 1RE V. à Mr. VS PP dé Dän u, 
nà l'on fait voir que le veritable Noble cow- 
t fiffe dans la vérin. 
SATIRE NL Deeripsiow.des Enbérrai dé Ps. 


sat À H RE VII, Se re inèchuenièns qu'il j à ,2 


110 
Le L'à Me. “Morer. Dé PEothrhè 110 
SATIRE IX. A fon Esprit, posr répondre. à 
fes adverfaires &ÿ pour fairé cxinênée tes [os 


NPC jar der Ta Sabre X. n 1 
$a ATIRE . Contre les Ftimes. 176 


. . . | SA 


TABLE DES PIÈCES. 


“SAT RE XI. à Mr. de Valincour : Du sé af 

: ÈS da faux Honneur. 236: 
: ISCOURS de l'Atenr pour férüir Z'Apo 
a la, Satire XII. . 244 
SATiRE XIL Swr PE uivdque. _ 2 sd 
 EpPîitre I. AuRoïi: Üx Por fait voir qu'ux 
: Roi p'eft wi mins grand ni moins glorieux ” 








* dans le Paix que dans la Guerre. 281 
EpPîtrre Il. :à Mr. l'Abbé des Roches, co- 
are l'ardeur de plaider.‘ 300 


Fe Her ÎTRE II. à Mr. Arnauld » Jr la Mau Vai- 
e H 
EPirRi E Tv. Au Roi; 5 fer le pafage du sb 


Æpîrre V. à Mr. de Guilleragues , fr p: 
Connosffance de [os-même. 
ÉPÎTRE VI. à Mr. de Lämoignon, Ad R 
: General, f#r les douceur dont il jouit 4 l&ÿ à 
R 1 Campagne ÈS les Chagrins qui l'attendent à ie 
5 slle Li D 
Æpirke VII. à Mr. Racine » Jur “rar CRE 
non pent retirer de la jaloufie de fes ennemis, 
£ en.particulier des bonnes Ê des manvaifes 
' ritiques. ! ED 
“Erîrre VIIL Au Roi, pour le, térériier de 
v fes bienfaits... 
ŒEPTTRE I IX. à M. le Viurqur de side 
© fur l'Amour de la Verité,, > ] É 
PREFACE w les trois Epitres furvdures. 397 1 
ÉPÎTRE à fes Vers. Pour répare a fr ; 
Cenfeurs. - 403 4 
EpiTRE XI. à fon  Jardier , A Ar. Patilie Rs 4 
.… Travail peer & étre heureux, 
‘Épirre XII à Mr: l'Abbé Re Le 
l l'Amour de Die. . Cu An M a De 


‘ 
ide 4 e 








ISCOURS 


AU ROI 

Eunx & vaillant Heros, dont la 
AN nN'eft point le fruit tardif d’unelen- 
% te vicilleffe, : 
D Et quifeul, fans Miniftre, à l'exem- 


ple des Dieux, &ou- 







REMARQUES. 


me cette Piéce foit que ‘avant toutes les autres, 
{a'a pourtant pas été faire la premiere.  L’Auteur 
vefa au commencement de l’année 1665. & il avoit. 
t cinq Satires. La même année ce Discowrs fut infe- 
un Recueil de Poëfes , avant que l'Auteur eût eule 
le corriger. 1] le fc imprimer lui-même, l’année 


Satires. 

Nix # mis à la tête des fiennes une Epitre envers 
*à Henri 1V. fous le même titre de Discours au Roi. 
3. Er qui fond, fans Minifre, Kt.) Après la MOT 
linal , arrivée en 1661. le Roi, âgé feule- 
e vingt-deux ans & demi, ne voulut plus avoir de 
* Miniftre, & commença à gouverner par lurméme. 

A . My 


e 


r æ : DISCOURS AUR©TI. 
«  Soutienstotit par Toi-même; & vois tout par tes ye 
5 GranD Roi, fi jusqu'ici, par un trait de pruden 
….* J'ai demeuré pour Tai dans un humble filence, 
‘Ce n'eft pas que mon-cœnr vaisement fuspendu 
Balance pour t'offrir un encens qui t'eft dû. 
Mais je fai peu louër, & ma Mufe tremblante 
30 Fuit d'un fi grand fardeau k charge trop pefante, 
Et dans ce haut éclat où Tute viens offiir, 
T'ouchant à tes lauriers, craindroit de les flétrir. 


Ai 
REMARQUES. 


JmitarTions. Vers 4 Sobisens tot par Toi-meème, 

Horace, L. IL. Ep. L 1. | 
Cém tot fufiineas Ô tenta negotia folus. 

On _obferver ici; & dans la Rpart des endroits 
notre rene a imitez des Anciens. u’il enchérit fur” 
ginal, foit en rettifiant la penfée, foit en la plaçant pl 

qu’elle r’étoit.; tanrôt en jai donnant plus de f 
par des expreffions plus vives & plus énergiques , tantô 
+ ajoûtant des images nouvelles qui l’embelliffent. 1] d; 

elquefois, en parlant de ces fortes d’imitations : Ce 
appelle pas imiter; c’eff joûter contre fon Original. 

VERS 6. Ÿ’ai demenré pour Toi dans un humble filence.! 
vers fait connoître que Auteur avoit compofé d’autres 
vaugés avant cela. . _ n 

. VEñs 10. Fit d'an.f grand fardean la charge trop pefa 

‘Quelques Critiques ont condamné ce vers, piétonne 
l’on ne peut pas dire , As change d’un fardeau. n: 
dit fort bien , le poids d'un fardeus 3 ce fardedh of dun, 
top grand, Cts expicfhons n°ont ET peer & 1 
herbe en a employé une toute fémblable à celle de à 
A f 

Mais fi La pefanteur d’une charge fi grande 

Réffie à min dudice. | | 

| ‘Sonnet à la Princefle de Conti, 
C: 


+ 


DISCOURS AUROIÏ. 3 
f, fans m'aveugler d'une vaine manie, 
ure mon vol à nion füible génie: . 
ge en mo refpèt, que ces hardis Morteis 
‘un indigne ericens profanent tes autels; 
ans ce champ d'horineur où le gain les ameirie, 
chanter ton:hom fans force & fans haleine ; 
| vont tous les jours, d'une importune voir, 
juyet du nétit de-tes-propres exploits: 
Ja en file poreux habillant une Eglogue, 

| nn De 


REMARQUES 
ANSEMERS. Vers ri. Ær dans ce bal éclat cé]: Ce 
fous de create dansiasæremie: 


32 “4 


dits. L] 


mia ve plome mi pra. 4 proie ds Gris, L "" e \ 


dr 


Uk Lies chauges if dans l'édition de 1674 


‘de f bages ohpielss pofigrepre À diffomhir, : 
nchant à Ts lawriors proittreis decdes SRITS 


lans les Editions fuivantes, il corrigea encore le pres 
2 ces deux vegs,: come hi icis 5° 


dés te hadie éclat où Ti te viens offrir, &c 


ke. Vers 13. LAinf, fans m’aveusier.] Dans. les pre- 

éditions il:y avoit : ‘4infs fans mer fater. 
4. L'Unes fie pompes babillant en Flirçue,} Cut 
Jaxoi Hé:en 1665, un. Dislogue.en Ycre-fors 
ARE ob à Ktloque Roïale. Coste Piète étais 
leunages da oi, &: de celles Le 


À 






14 U_… h .| 
tas ; Le ii 


Az tu 


7, Tè 


LA 


é DISCOURS'AU'ROT. 
De fes rares vertus Te fait un long prologue, 
Æt méle, en fe vantant foi-même à tout propos, 
Les louanges d'un Fat à celles d’un: Heros. 

&5 L'Autre en vain fe laffant à polir-une rime, 
Et-reprenant vingt fois le rabot & la lime, 
Grand & nouvel effort d’un esprit fans pareil! | 
Dapsdk-fin d'un Sennet Te compare-au Soleil: . 

Sur le haut Hélicon leur veine méprifée; © 
no Fut toûjours des neuf Sœurs la fable & la rifée, 
Câliope jamais ne daigna leur parler, 
Et Pégafe pour eux refufe. de voler. 
Cependant à Jes voir enflez de tant d'audace, 
"Fepromettre en leur nom les faveurs du Parnañfe, 
35 On diroit, qu'ils ont feuls l'oreille d'Apollon, 

Qu'ils dispofent de tout dans le facré Vallon. 

C'eft à leurs doctes mains, fi l’on veut les en croire, 

Que Phébus a commis tout‘le foin de ta gloire; 

Et ton nom, du Midi jusqn'à l'Ourfe vanté, 
go Ne devta qu'à leurs vers fon immortalité, ‘ 





Al ” M 
À 





D. | + Mais 
REMARQUES. 

Vers 25. L’_Autreen vain Ji laffan.] C’eft CH APELAIX, 

i avoit fäit un Sonnet , à la fin duquel il comparoif le 
Koi au Soleil. eee Ut 
VERS 54. Parmi les Pelletiers.] PIÈRRE DU PELLETIER, 
arien, étoit un miferable Rimeur, dont la ‘principale 
occupation étoit de compofer des Sennets à la louange de 
toutes fortes de gens. Dés qu’il faveit qu’on imprimoit ug 
Livre, il ne manquoit pas d’aller porter un Sonnet à l’Au- 
teur, pour avoir un exemplaire de l’ouvrage. 11 gagnoït 
fa vie à aller en ville enfcigner la Langue Françoife aux 
Ætraègers, 2 1bid. 


| 


\ 


_ 


DISCOURS AU°R Of. g 
MÔt fans ce nom, dont 4 vive lumiere 
un lufire éclatant à leur veine grofficre, : 
>ient leurs Ecrits, honte de l'Univers, 
dans la ppuffière à la merci des vers 
bre de ton nom ils trouvent leur afile:. 
e on voit dans les champs un atbriffeau-débile 
ins l'heureux appuï qui le tient attaché, 
roi triftement fur la teire couché, 
"eft pas que ma plume, ‘injufte & téméraire ., 
blâmer en eux lé deffein de Te plaire: 
ni tant d'Auteurs, je veux bien l'avouër, 
n en connoit qui Te peuvent louër. 
> fai qu'entre ceux qui t’adreffent leurs veilles, 
es Pelletiers on compte des Corneilles: 
ne puis fouffrir, qu'un Esprit de travers, 
ur rimer des- mots penfe faire des-vers,. 
scen Telouant une gêne inutile. 
ranter un Augufte, il faut être un Virgiles 
rouve les foins du Monarqueguerrier, 

| 7 Qui 

REMARQUES. 





One te des Corneilles.] Pira ne COR 
5, an de nos plus grands Poëtes, eft mis en oppo- 
vec Pelletier, * Quoique le grand Corneille doive: 
lement fa réputation aux excellentes Tragédies 
faites, il eft connu auffi par de très-beaux Poëmes 
sompofés à la louange du Roi: c’eft à quoi on fait 
en cet endroit. 
9." Et j'appronte les foins du Monarque guerrier.] Aléx: 
: Grand r’avoit permis qu’à APEzLr de le pein- 
+s1rP% de faire fon image en bronze, & à Pyru 
A3 69e 


6 DISCOURSAUROL 


éo. Qui ne-pouvoit fouffrir qu'un Artifan groffier. 


65 


19 


_Je confie au papier les fecréts de mon cœur. 


Entreprît de tracer, d’une main criminelle, 
Un portrait réfervé pour le pinceau d'Apelle. 

Moi donc, qui connoïs peu Phébus & fes douceurs, . 
Qui fuis nouveau fevré fur le mont des neuf Sœurs: 
Attendant que pour Toi l’âge ait müûri ma Mufe, 
Sur de moindres fujets je l'exerce & l'amufe : 

Et tandis que ton bras, des peuples redouté, . 

Va, la foudre à la main, rétablir l'équité, 

Et retient les Méchans par la peur des fupplices: 
Moi, la plume à la main, je gourmande les vices; 
Et gardant pour moi-même une jufte rigueur, . | 


Ainf, . 
‘ REMARQUES. 

coseLe.de la graver fur des pierres précienfes: il étoit 
défendu à tout aurre de faire le portrait ou l'effigie d’Alez- 
andre. Plis. nar. Hifl. VII. 38. L'Empereur Auguite fit aver- 
tir les Magiffrats de ne pas fouffrir que fon nom für avili, 
en le faifant fervir de matière aux disputes pour les prix de : 
profe & de vers, Suer. ç. 29. | 

EMITATIONS. Vers 60. Qui ne pouvait feuffrir &c.] Ho. 
xace II. Ep. L. vf. 239. - 

Edido vetuit, ne quis fe, preter Apellem, 

Pingeret ; ant alins Lyfippe duceret #ra 
Fortis Alexandri vulturzs fimulantis. 


Vers 67. Et tandis quetonbras. ... Va,la foudre a lamain.] 
Le Bras eft employé ici pour la Perfonne même: la :Partic 
our le Tout. Ainfi, c’eft mal-à-propos que l’on a con- 
damné cette expreflion. Mass il fani tre Poëte, difoit l’Au- 
teur, 6 fentir les beautés de la Poëfie, peur jufifier cette {se 
gui n’en ef pas mn, 1 la juftifioit par ce beau vers ne 
| | re +a” 


DISCOURS AU R OI. # 
Ainf,-dès qu'une fois ma verve {e réveille, 
Comme on voit au printems k diligente abeille, . 
5. Qui du butin des fleurs va compofér fon nuel,. 
Des fottifes du tems je compofe nzon fiel. 
Je vais de toutes parts où me guide ma veine, . 
Sans tenir en marchant une route cœrtaine, 
Et, fans gêner ma plume en ce libre inétier,. 
Je la life au hazard coutir fur le papier. 

Le mal ef, qu'en rigwant, ma Muife un peu gère: 
Nomme tout par fon nom; & ne fauroit rien taive. - 
C'eft à ce qui fair peur aux Esprits de ce tems, 

Qui tout blancs au dehors, font tout noirs au dedans. 
5. listremblent-qu'un Cenfeur, que {à verve eaconnges | 
REMARQUES. 
Racine, dans la dernière Scène de Mithridate: 
Et mes derniers regards onf vi fuir les Romains. | 


Mes regards ont vé, eft la même chofe que, Je res qui va lé: 
fondre à la main, 


AMITAT los. Vers 72. e confie an papier È &c.] Horace, ; 
. palant du Poëte 

Ille, velus fidis arcans fodalibus , .obm : Les, 
Credebat libris. Li IL. Sat. ]. v£3e. 


— 


CUANGEMENT. Vers 75. ni de buis des fleurs v6 : 
br M fon miel.) C’eft ainfi P'Auteur a corrigé dans - 
n de 1674. Dans les pr Cedentes éditions on lifoit :- 


:; Qui des Jours qu elle pille en compefé fon sel. 


8z: M ' 
Le ci tem par Jan sen] L, Auteur fait alufon : 


3e se puis vieu nemener.f ce v'8 pe fo CPE | 
VERS 


bris _n adine. S 


5. : 
. f i LV 
PARUS Fri 





$ DISCOURS AUROR 
Ne vienne en fes Ecrits démasquer leur vifage. 
Et fouillant dans leurs mœurs en toute liberté, 
N'aille du-fond du Puits tirer la Vérité. 

Tous ces gens éperdus, au feul nom de Satire.. 

90 Font d’abord le procès à quiconque ofe rire. 

Ce font eux que l’on voit, d'un discours infen{é, 
Publier dans Paris que tout eff renverfé, 

Au moindre bruit qui court, qu'un Auteur les menace 
De jouër des Bigots la trompeufe grimace. 

95 Paur eux un tel ouvrage eft un monftre odieux ; 
C'eft offenfer les Loix, c'eft s'attaquer aux Cieux. 
Mais bien que d’an fauxzeleils masquent leur foiblef, 
Chacun voit qu'en effét la Vérité les bleffès 
En vain d’un che orgueil leur esprit revétu 

x00 Se couvre du manteau d'une auftere vertu: 
Leur cœur qui fe connoit, &e qui fuit la lumiere, 
S'il fe moque de Dieu, craint Tartuffe & Moliere. 
Mais pourquoi fur ce point fans raifon m'écarter ?- 
Gr anD Ror,ceft mon défaut, je ne faurois flatter . 
405 Je-ne fai point au. Ciel placer un Ridicule, D 
un 
REMARQUES | 
Vens tt. N'aille du fond du Puits tirer Le Vérité] Démo- 
crite difoit que la Vérité étoit au fond d’un. Puits, & qua: 
perfonne ne l’en avoit encore pü tirer. 
VERS 93. gen Anteur les menace , cc. En 1664. 
MoLtrerRe compofa fon Tartufes mais la Cabale des faux 
Bevots porta le Roi à défendre la repréfentatign de cette. 


Comédie: & cette défenfe fubffta jusqu’en l’année 1669, 
Vans 121. Esler aux pieds Pergueil &r du Tage dy Tire] 
. . e. 


+ 


DISCOURS AURONT -$ 
a Nain faire un Atlas, ou d'un Lâche un Herculé 
ans ceffe en esclave à la fuite des Grands; 
es Dieux fans vertu prodiguer mon encens . 
ne me verra point d'une veine forcée. 
ne pour Te louër, déguifer ma penfée 
uclque grand que foit ton pouvoir fouverain;. 
on cœur en ces vers ne parloit-par ma main. 
ft espoir de biens, niraifon,-ni nraxime, 
pût en tæ faveur nyarracher uné rime. 
ais Jorsque je T'e voi, d’une fnoble ardeurs  : 
pliquer fans relâche aux foins de ta grandeur, 
honte à ces Rois que le travail étonne, 
i font aecablés du faix de leur Couronne... 
ds voi ta fagoife, en fes juftes projets, : 
* heureufe abondance enrichirtes Sujetsg.. :  : 
r aux pieds l'orgueil & da Tage.& du Tibrez 
faire de la mer une campagne libres 
braves Guerriers fecondant ton grand cœurs. : 
re à-l’Aigje éperdu fa première vigueur: : 4 
anceoustes-Loix mattrifer lz Fortune; : 


* ST - 
R'E MAR ŒU ES, | 
| fe fit faire fatisfaétion des deux infültes faités à fes 
fadeurs: à Londres, par: l’Ambaffadeur d’Espagne, 
r.. & à Rome, par des Corfes de la Garde du Pape, 
2. 


$ 1223, Nous faire de Le mer une campagne libre.] La mer 
gée de Pirates par la vidoirerempontéeen 1665. fur 
rfaires de Thunis & d'Alger, aux Côtes d'Afrique. 
pa24, Rendre à P Aigle prés &c.] En 1664. les Trou- 

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Lvéna Ê nf ET 7 # £ fn É 
V 


ÿe- DISCOURS AUROI. 
Et nos vaifleaux domtant l'un & l'autre Neptune, . 
Nous aller chercher l'or, malgré l'onde &x le vent, 
Aux lieux où le Soleil le forme en fe levant. . 
Alors, fans confülter fi Phébus l'en avoué, 
339 Ma Mufe toute en feu me prévient & Te louë, . 
Mais bien-tôt la Raifon arrivant au fecours, 
Vient d'un fi beau projet interrompre-le cours, 
Et me fait concevoir, quelque ardeur qui m'emporte,…. 
Que je n'ai ai le ton, ni la voix affez forte, 
#35 Auffi-tôt je m'effraye,. & mon esprit troublé : 
Laiffe A le fardeau dont 1] eft accablé ;-. 
Et fans pañlér plus.loin, fisidant mon ouvrage ; . 
Comme un Pilote en mer,.qu'épouvante l'orages., 
Dès que. le bord paroît, fans fonger où je fuis., 
140 Je me fauve à la nage, & j'aborde où je pis. 


ct REMARQUES. 
es-que le Roi envoya au fecours de l’Empereur, défirent-: 
| tes fur les bords du Raab 


Vers 128. Aux lieux ou le Soleil le forme en [e levant.] Ka . 
Pannée 1669, le Roi établit la Compagniedes 1ndes Orierre 
gales, à laquelle $a Majefté accorda de grands privilèges, . 
fournit des fomures conliderables, & prêta des vaifleaux. 
Pour le premier embarquement. 7 : 

"Où le Soleil le forme &cc.3 Dans l'édition der674. on avoit 
gmis: On le Soleil fe forme en .fe levant. Cette faute d’impref-- 
Son cf remarquable. 

IMITATIONS. Vers 138: "Comes mn Pilote 25 mer, Et. 
ec Bebe a dit dans une Lettre à Hercule Strokzi: Eqw> 
dem in his concludendis Elegis, feci idem quod Naute fol, qui 
sepmpéffate coatli, non ours portuns capiont quon paiait, fed ad 
Dâe.gei proton, di n 2, Bepibus, Sp. L. 3. 


SATIRES: 





= 


SATIRE L 
Awon ce grand Auteur, dont la Mufe fertile 
Arufa fiJong-tems & la Cour & la Ville: 


Mais 
REMARQUE S. 


CEtre Satire a été commencée vers l’année 1660., &cc’eft 
le premier ouvrage confidérable que notre Auteur ait 
compofé. Il y décrit la retraice &c. les plaintes d’un Poëte, 
qi pouvant plus vivre à Paris, va chercher ailleurs une 
ée plus heureufe, | 
C’eft une imitation de la troifième $atire de Juvenaz,. 
dans laquelle eft auffi décrite la retraite d’un Philofophe 
i abandonne :le féjour de Rome, à caufe des vices af- 
i y regnoient. Jrvénal y décrit encore les embar- 
za de la même ville; &,à fon exemple, Mr. Despréaux, 
dans cette premiere Satire, avoit fait la defeription esem- 
barras de Paris;.mais il s’aperçut g° cette defcription é- 
toit comac hors d’œuvre, & qu’elle faifoit. un double fu- 
jet. C’eft ce qui l’obligea à l’en détacher, &.il en fit une 
Satire particuliere, qui-eft la fixième.. 
1l ne faifoit pas grand cas.de cette Pièce. A peine avoit- 
11 pû fe réfoudre à Ja lire à quelques amis particuliers ; lors 
un jour J’Abbé FuRETIERE, qui avoit été reçu depuis peu 
à l’Académie Françoife, rendit une vifite au Frere * de Mr, 
Despréaux, qui étoit fon Ami, & fon Confrère. Comme 
ML Boileau PAcadémicien étoit forti, Furetiere.s’arrête 
avec.Mr. Despréaux, & lût cette Satire. 1l en fut fort con- 
tent; & quoi qu’elle fût aflez éloignée de la perfe&tion à 
uelle l’Auteur l’a portée depuis, il convint de boane foi 
qu'elle valoit beaucoup mieux que toutes celles qu’il avoit 
fhires lui-même j. 1f encouragez ce jeune Poëte à conti- 
nuer; & jai demanda même une copie de la nouvelle Sati- 
re, qui devint bientôt ique par les autres copies qu’on 
en ée Cette Satire ébit alors Fans un état. bien different 
de celui auquel l’Auteur la mit avant que de la faire impri- 
mer: Car, de 212. vers qu’elle contenoit, il n'en a con- 
frvé qu'environ foixante, Tout le refte a été ou fupprinsé 
m changé, | 
Fyrss 1. Dames, ce grand Autsur, Ec.] Dames: Fnawr 
$o1s. 


à 





. # G1iizzs BoILEAU, 
8: Lg a.s. Satire de Furetisre imprimées \ 
7. | 


14 S'A T IR E: TI: \ 


Mais qui n'étant vétu que de fimiple büreatt . t 
Paffe l'été fans linge, & l'hiver fans manteau: + à 
g.. Et de qui le corpsfec, & la mine affamée, À 


N'en font pas mieux refaits pour tant de renommée: ci 
Las de perdre-enrimant & fa peine 8s fon bien,.  ‘ 
B'emprunter en tous lieux, & de ne gagner rien, 
Sans habits, fans argent, ne.fachant piles que faire 4 


gors CassAnDRrs, Auteur celèbre de ce tems-là.: H:, 
étoit farant en Grec & en Læin, & faifoit afler bien des, 
vers François; mais fon humeur beurruë &. farouche, , 
ke rendoit incapable de route focieré , lui fit perdre tous Îes-., 
avant que la. fortune pât lui préfenter: de forte qu'il 
vêcut d’une manière très-obscure Et très-miferable. ,, #. 
»-Mmount tel qui avoit vécu ;c'ef-à-dire,très-mifanthreé | 
» pe, & non feulement haïffent les hommes, mais atant : 
»- même aflez de peine à fe réconcilier avec Dieu, à qui, 
» difoit-il en mourant , il n’avoit aucune obligation * . 
Le Confeffenr qui l’AMfto à la mort, voulant exciter à . 
l'amour de Dieu, par le fouvenir des graces que Dieu It 
avoit faites: 4h! ou, dit Cafandre, dun ton chagrin &. 
ironique, je {ui 45 de grandes obligations; 5l m°a fait jouer ici 
das nn joli perfonnage ? Et comme fon Confeffenr infiftoit à : 
lui faixe reconnoitre les graces du Seignçur : Yoes favrez, - 
dit-il, en redowblant l'amertame de fes reproches, & men: 
tant le grabat fur lequel il étort couché :. Voss fevez comme 
. Pm’a fart vivre; vorez corme fl me fist monrir. | 
-_ Caffiandre a traduit en Françoïs les derniers volumes de- 
SHifoire de Mr. de Thou, que Da Ryer avoit laïfier à - 
traduire, X1a fait auffi /es Paralièles hifloriques, & {a Tre- 
duGtion de le Rhetorique d'EArifivte. Cette Traduétion ft fort: 
eftiméez 8c Mr: Despréaux, pour engager le Libraire à fa- 
æe qacique gratificætron à l’Auteur, en paria très-avante- : 
eufement à la fin de la Préface fur le Sublime de Longar, 
s IXdition de 1675: D tt 


Te Vsas 
Ÿ Lettre de Dir. Despréaux, dent POriginal cf entre les mains: 
de PL Antenr. de ces NE, . L La . 4 





S ATIR E L ï4 
: Vient de s'enfuir chargé de fa:feule mifere;. 
Etbien Join des Sergens,. des Clercs, & du Palais, 
Va chercher un repos qu'il netrouva jamais: . . 
Sans attendre qu'ici la Juftice ennemie . 

| L’enferme en un cachot le refte de fa vie: 
14: Ou que d’un bonnet vert le falutaire affront : 
Héiffe: les lauriers. qui Jui couvrent le. front, . 






Mais 


REMARQUE S&.. 


Vens 4. Paffe Pété fans linge, 6 Phiver fans manteau] Quoi- 
Caflandre, fous le nom de Daemwss, foit le héros de : 
cette Satire, l’Auteur n’a pas laiflé de charger ce caraëère . 
de plufieurs traits qu’il à empruntez d’autres Originaux.. 
Ainfi Ceft TRISTAN L'HERMITE qu’ilavoitenvüé dans . 
ce vers, & nen pas Caffandre; car celui-ci portoit un man- - 
| eau en tout tems, & l’autre n’en avoit point du tout : . 
| témoin cette Epigrame de Mx Dx Mawrmon,. Maf-. 
ue des Requêtes: . | | 


Elie, ainf qu'il ef écrit, 
De fon Mésstean comme de fon Esprit: 
Récempenfs [os Serviteur fidèle. 
oc Triflan ct fuivi ce modiles : 
ais Trifian, qu'on mit dutombess 4 
Plus porvre que eff nn Propbnte, 
D laifant à Quinaut fon esprit de Potte, . 
Ne pt lui lnifèr un Manteau. ‘ 
sCRAUSEMENT, Vers to, View de s’éinfuirs]. Dans 10e. 
smières éditions il y avoit e S°ên ef enfier. -. à 
/ Vas 15. On que d’hh bonnet vert le falntaire affrent.] Ce. 
vers exprime figurément la'Cofion de brens; © tre, Y'à- 
nnenten que fait nn depiseurs de tous fes biens à fes 
gséapciers, pour éviter la prifon, ou pour en fortir. Le bé- 
achfo de la Ceflion avoit été iatgoduit chez les Bons. 


25 


6  SATIRE ft 

Mais le jour qu'il partit, plus défait 8 plus blêine” 
Que n'eft un Pénitent fur la fin d'un Carême, 
La colere dans l'ame, & le feu dans les yeux; 
Il diftila fa rage en ces triftes adieux: 


." Puisqu'erce lieu, jadis aux-Mufes fi commode; - 


Le Merite & l'Esprit ne font plus à la mode, 
Qu'un Poëte, dit-il, s’y voit maudit de Dieu. 
Et qu'ici la Vertu n'a plus ni feu ni lieu; 
Allons du moins chercher quelque antre ou quelque 
| roche 2: ° | . 
B'où:jamais ni l'Huiffier; ni-le Sergent n'aproche:- 
Et fans laffer le Ciel par des vœux.impuiffans, . 
Mettons-nous à l'abri des injures du tems,; . 
‘(RE M A RQLUE S.- 

par une Loi particulière *, pour tempérèr la rigueur de 1à 
Loi des douze Tables, qui rendoit les créanciers maîtres 
de la liberté, & de la vie même de leurs débiteurs. Les 
Ceflions de biens devinrent fi fréquentes, que l’on.crût de- 
voir en arrêter la trop grande facilité par la crainte de ]a 
honte publique; & l’on s’avifa en quelques endroits d’ita- 
Ke d’obliger tout Ceflionaire de biens de porter un bonnet 
ou chapeau orangé ; & à Rome, un bonnet fert: pour 
marquer, dit Pasquier {, que celui qui fait Ceffion de biens 
eft devenu pauvre par fa folie. Cette peine ne s’eft intro- 
duite en France que depuis la fin du feizième Siècle, fui- 
vant les Arrêts rapottez par nos Jarisconfultes; mais elle 
eft comme abolie depuis quelque tems. parmi nous. 
&E ITATI ons, rs 21. Page ce lien, jadis aux Mu- 

| commode. ] C’ef ici particuliérement que commence 
Pimitation de Juvénal, Sat. 1IL 25. 1 


. Pemesmnenses quasdo astibus , snguit y bonefiis 


* Nullus in Urbe lacns, nulla emolumenta laborum; &cc, 
» | 1x» 
S MLe Lei fulies À Recherches; lv, 4,6 100 ‘ 


à 


S ATIRE E F, 
Fandis que libre encor, malgré les deftinées, 
3 Mon corps n'eft peint courbé fous le faix des années: 
| Qu'on ne voit point mes-pas fousilâge chanceler, 
Et qu'il refte à la Parque encor dequoi filer. 
C'eft-Bà dans mon malheur le feul confeil à faivre: 
Que Gearge vive ici, puisque George yfait vivre, 
35 Qu'un million comptant , par fes fourbes aquis,. 
De Clerc, jadis Laquais, a fait Comte & Marquis, 
Que Jaquin vive ici, dont l’adreffe funefte 
À plus caufé de maux que la guerre &r la pefte, 
| Qui de fes revenus écrits par alphabet, 
# Peut fournir aifément un Calépin complet. 
Qu'il regne dans ces lieux; il a droit de s’y hair : | 
ait 





REMARQUES | 
ImITATIONS. Vers 29. Tandis que libre encor 8tc.] Juvé- 
al a même endroit: | 
Dès nova canities, dim primes Ô" rella fenedus,. 
Dès fuperef Lechef quod torquent, © pedibus me 
Prcte mueis 3 nulle dextram fubeunte baciile. 


VEns 34. Que George vive ici, te. Vers 57. Que Jaquie 
ke] Sous x noms-là P'Auteur défigne les Pie, en 


géneral. 
_ Lmrrarrons. Ibid, Que George vive ici.] Juvénal au 
endroit : 
Et Catulus : mansant qui nigruns.in candida vertunt. 
Vers 40. momvsm… ‘Un. Calépin complet] Le DiGionaire de 


Carurin cit en deux. gros volumes. ques 


45 


# SATIRE L 


Mais moi, vivre à Paris! Eh, qu'y voudrois-je faire ?- 
Je ne fai ni tromper, ni feindre, ni mentir, | 
Et quand je le pourrois, je n'y puis confentir. _ 

Je ne fai paint en lâche efuier les outrages 

D'un Faquin orgucilleux qui voustient à fes gages, . 
De mes Sonnets flateurs lfler tout l'Univers, 


Et vendre an plus offrant mon encens &.mes ven 
. out: 


RE MARQUES. 


ImMirarrons, Vers 42. Mais moi, vivre à Paris! &c]. 
Juvéaal, là-même, LA 41e 


Quid Roma faciam ? mentiri nefcie, 


Imirarions. Vers 4s. Ÿe ne fai point.en lâche &tc,] Té- 
rence das l’Eumuque, | 


Af-ege infelix, neque ridiculus effe, naque plages pati 
Poffum. A&. IL SC. IL V. T4 


Vars 47. De mes Sonnets flateurs.] Allüfion aux Sonnets.. 
que Pelletier faifoit à la louange de toutes fortes de gens.. 
Voyez. la Remarque fur le vers 54. du Discours au Ror. 

VERS 50. Ÿe fuis ruffique à fier, &cc.] Carattère du Sieur-. 
Caffandre, qui étoit farouche & grofber jusqu’à larufticité. . 

VERS $1. Ÿe ne puis rièn nommer, fi ce n’eff par [ou-nems.] 
L’Auteur fait 21lufion à la belle réponfe que Philippe Roi 
de Macedoine $£t à Lafthène Olynthieu, qui s’étoit retiré . 
à Ja Cour de ce Prince après lui avoir vendu par trahifon 


" Ja ville d’Olynthe fa patrie. Lafthène alla fe plaindre à 


Philippe, de quelques Courtifans Macédoniens qui la- 


‘voient apelé Traitre; & demanda Juftice de cette injure. . 


Ce Roi lui répondit froidement : Les Macédoniens [ent fi 
groffiers, qu’ils ne [avent nommer les shoes que par leur nom... 
Plut. dans les Apopht. des Rois & des Capitaines.. 
VERS 52. Y’appelle un chat nn chat; Bec.] Ce vers a pañlé 
en proverbe parmi nous, à caufe de fa fimplicité, & du. 
fons naïf qu’il renferme. Les Grecs avoient aufli un pro- 
vecbe, dont le fens répond à celui-ci: Tai eüux eüna, Tir. 
: Fa. 









SA TIRE L. ‘9 
Pour un fi bas emploi ma Muft eft trop altiere, | 


o Je fuis ruftique & fier, & j'ai l'ame groffiere.. 


Je ne puis rien nommer ,. ff ce n'eft par fon nom | 
Fappelle un chat un chat, &c Rolet unfiipon.. 
De fervir un Atmant,.je n'en ai pas l'adreffe, 


|. J'ignore ce grand art qui gagne une maîtrefle,. 
#{ Et je fuis à Paris, trife, pauvre & reclus, 


REMARQUES, 


eudqur cadgar Ayur, Il pelle les figues des fiques, & un batess - 


il l'apelle ns bateau. Erasme, dans fes Adages, Chil.2. Cent. . 
à. nu re on ce proverbe en vûe quand il a dits. 
ons fonsmes es gens, puisqu'il plait & Dieu, pelous 
les fzmes figues Bic. L. IV. NE £ 74 

Ibid. —"w». Et Rolst nn fripon.] CHARLES ROLET;, 
Procureur au Parlement, éteit_ fort-décrié, & on l’ap 
Joit communément au Palais, l’eme damsée, Mr. le Premier 
Préfident de Lamoignon emploioit le nom de Re, pour 
fignifier un Exipon isfigne: C°4f mn ‘Role, difait-il ordi- 
nairement. voir le caraétère de ce Proctiseur', fous 
le nom de Velliches, dans le Roman Bourgeois de Furetié+ 
re pages 24. & 27. Ed. d’Amft. 1714. 1l avoit été cons 
vainen d'avoiz fait revivre use.obligation de cinq cens fi-. 
vses, dont il avoit déja reçu Le payement ; il fut condanm- 
né par Arrêt, an banniflement pour neuf ans, .en 4000... 
livres de réparation civile, en diverfes amendes, & aux 
dépens, La minute & la grofe de cette obligation furese. 
déclarées nulles, & il fut ordonné qu'elles feroient lacée 
tées par le Greffer en la préfence de-Rolet. Cet Arrèt eft 
du 12. Août 1681. Rolet fut énfuite déchargé de la peine . 
du banniffement , & obtint yne place de Garde au Château. 
de Vincennes, où il mourut, Dans la feconde Edition des. 
Suires, l’Auteur mit cette note à côté du nom de Kolet:. 
Hôtelier du Païs Blaifess ; afin de dépaïfer les Leteurs: mais . 
par malheur il {e trouva en ce pais-là un Hôtglier de mê- 
me nom, qui lui en fit faire de grandes plaintes . Dans . 
we première Edicion qui fut faite en 1665. à Rouen, fans 
la participation de l’Auteur, on avait mis un antré nom . 

- MI: - 


10 SATIRE Tr 

Ainfi qu'un corps fans ame, ou devenu perclus. | 
Mais, pourquoi, dira-t-on, cette Vertu fauvage,- 

Qui court à l'hôpital, & n'eft.plus en ufage ? 

La Richefle permet une jafte fierté. 

Mais il faut être fouple avec la Pauvreté. 

| REMARQUES. 


. EMiTATIONS, Vers 56. LA4inf qu'un corps fans ame, 08 
dévens percius.] Juvénal, dans la même Satire troifième, - 


me nus comme Tamqnam : 
Marcus, E exinlla corpus nen utile dextræs: 


* Jmirarrons. Vers 63. Et.que-le Sen burlesque Bcc.X 
Juvénal Sat. VIL v. 197. 


ST-Fôrtune volet, fes dé Rhetere Conful: 
S5 volet bac cadem , fies de Coufule Rhetor. 


Pline le Jeune a dit à peu près la même chofe: Qyos tibis 
Fortuna, ludes facis ? facis ensns ex. Profefforibus Senatores, ex° 
Senatoribns Prefeffères: | 
- En ce fiècle de fer.] M.le Duc de Montau- 
er condamnoit hautement les Satires de notre Auteur, & 
fix tout ces deux vers, qu’il difoit être extrémement inju- 
sieux à la perfonne du Roi à caufe de ces mots: En ce fié- 
cle de fer. Mais cette accufation ne rendit point le Poëte 
coupable aux yeux de Sa Majefté. | 
Vers 64. D'un Pédant...,.. fait faire un Duc À Pair.] 
En 1655. l’Abbé Dr LA RiviERe, Louïs BARBIER, 
fut fais Evêque de Langres, Duc & Pair de France. 1l 
avoit été Régent au College du Pleflis, & enfuite Aumô- 
nier de M. Habert, Evêque de Cahors, Premier Aumônier 
de:Gafton Duc d'Orleans, qui le mit auprès de ce Prince. 
L’Abbé de 1a Rivière entra fi habilement dans toutes les 
inclinations.de fon Maître, qu’il devint lui-même le mai- 
se abfolu de fon cœur & de fon esprit; mais il ne fe fet- 
vit. de ta confiance du Prince, que pour le trahir, en dé- 
couvrant tous fes fecrets au Cardinal Mazarin, Four ré 
- L Ç ge 





t 
Y 


SATIRET «x 
‘ft par-là qu'un‘Auteur, que preffe l'indigence, 
mt des ‘Aftres malins corriger l'influence, 
t que le Sort burlesque, en ce fiècle de fer, | 
J'un Pédant, quand il veut, fait faire un Duc &Pair, 
Ainfi de Ja Vertu, la Fortune fe jouë. 
REMARQUES. 


compenfe il obtint fucceffivement plufieurs Abbaïes , & 


enfin l’Evêéché de Langres: 11 mourut à Paris, en 1670. Jl 
avoit été nommé au Cardinalat, 


Vers 65. Ainfi de la Vertu.] Avant ce vers il y en Avoit 
vingt-quatre autres, que l’Auteur retrancha dans lédition 
de 1674. ne les trouvant pas dignes du refte. Les voici: 

Fe fai bien que fonvent , un cœur lâche r fervile 
A trogué cher. :les Grands su exlavage utile: 
Et qu'un Riche pourroit, dans la fuite dutems, 
D'un flateur affumé payer les foins ardents. 
Maïs svamt que pour vous il parle, on qu'il ile, 
11 fans de [es Forfaits devenir le Coreplice ; 

Es fechant de [a uie & l'horreur, & le cours, 
Le tenir en état de vous craindre toñjesrs : 
Detrembler qu à tonte heure, we remvrs Mitines 
Nevens force à le perdre, en découvrant [en crime, 
Car en attendez, rien, fi fon egprit discret 

. Ne veus a confié.qwun honnête fecret. 
Peur de fi bauts projets je me fenstrep timide: . 
L'incefle me fait peur, © je haïs l’hensicide : 

… L'aduitere &r le vol allarment mes esprits, 

. Jens veux point d'un bien qu’on achete à ce prix. 
Non, nn, of vainement qu'au mépris du Parme, … 

À. - Fire 


22 $ ATIRE LH 
Tel aujourd'hui triomphe au plus haut de G rouë, 
Qu'on verroit, de couleurs bizarrement orné, 
Conduire le carroffe où l'on le voit trafné, 
Si dans les droits du Roi fa funefte fcience 
70 Par deux ou trois avis n'eût ravagé la France. 
Je fai qu'un jufte effroi l'éloignant de ces lieux, 
L’a fait pour quelques mois disparoître à nos on 


REMARQUES. 
Pivois de porte en perte étaler ma désgrace. 
Hi n°eA plus honnête homme, 6 Diotise, en bain, 
Iroit, peur. en chercher, Le lanterne # La maïs. F4 
Le chemin anjourd’hui par où chacun s'élevé, 
Fat le chemin jadis qui rwensit À Le Grove : 
Et Monléron ne doit qu’à fes crimes deverss 
Ses fuperbes lambris, fes Fardins toisjours verts. 


Ainfi de la Verte &c. 
MoxLrre=, dens le penvkeiètie: ve, eff un frtneux 
Partifan, dont le nom étoit tout au Jon Que dans la ié- 
re compofition de cétté Satire. Îl avoit fait ans la 


Ruë St. Augûftin, de la ponerde Aichehow, hé bel- 

le maifon, qui eft à préfent l’hôrel de Grament. 
ImMiTatTions. Vers 76. Er Jour du Ciel mime srrité con 

tre lui.] Juvénal, San EL v. 47. 

——— sims Daiéths nant 

Fndieio (quid ein faluïs infamia nimmis?) 

Exful ab o%avé Marins bb LÀ frasiar Dis 

Iratis. 





Dans Sénèque, Hère, Fur. A@. L. Sc, L v. 33. Junon parle 
ainfi d'Hescales CT 


Le 


S ATIRE LL + 
‘Mais en vain pour un teins une taxe l'exike: 
On le verra bientôt pompeux en cette Ville, 


75 Marcher encor chargé des dépoulles d’autrus, 


Etjouïr du Ciel même irrité contre lui, 
Tandis que Colletet, crotté jusqu’à Réchine, 
S'en va ckerther fon pain de cuifine en caifine: 
Savant. en ce métier cher aux beaux Esprits, 
| Doté 
REMARQUES. 
.  Fräque noffré fruitur. | 
Vers 77. Tandis que Qlle.1 11 ÿ avoit ainfi dans la pre- 
mière édition; mais depuis, à là ptièré de Mr. Ogier , ami 
de Colletet, on mit PELLETIER pour CoLLETET.. Fe 
mais pérfenne ne fut moins Parafite, dit Richelct *, que le bem 
bnie dus Pelletier: hers qw’il alloit rsentrer en ville, Pétoit sx 
véritable Reclus. Cdt pourquoi PAuteur ingenieux t de la 
Querre dés Autents, à fait parler aiñf@ du Pelletier, dans un 
Sonmet :; _ 
On sr traite de Parafite, 
Déoi, qui plus raclus qu'un Hermits, 
Ne npangéai jamais chez, atriii. 
O fatalité fans foconde ! 
Faat-il qw°où déchire aujourd’hhi ; 
Crlus qui lons tout le visu ? | 
Ce s'eft que dans les dernières éditions des Satires, que 
Nr Desprésux a remis le nom de Collet; B CR Fran: 
015 CocLzsTer, fils de Guillaume, qu’il a voulu dé 
. Lis ont été Poëtes tous kes deux. Guriraum 
Corzxrar étoit mort dès l’année 1659. & fa place à 
l'Académie Frimcoife avoit été remplie pur Gilles Boileau, 
free de môtre Auteur, | 
L . Vzné 
# Traité de La verfification Françoile, par, 146. - 
Î GusrET, Avocat, qui « fait ani le Parnaife réformé, 





| % 


—_ 


24 SATIRE LE 
Dont Monmaur autrefois fit leçon dans Paris, 

Il eft vrai que du Roi la bonté fecourable 
Jette enfin {ur la Mufe un regard favorable, 
Et réparant du Sort l'aveuglément fatal, 
Va tirer desormais Phébus de l'hôpital 
On doit tout espérer d’un Monarque fi jufte. 
Mais fans un Mécénas, à quoi fert un Augufte ? 
Et fait comme je fuis, au fiècle d'aujourd'hui, Qu 


/ 


REMARQUES. 


Vers fo. Dont Monmaur autrefois fit leçon dans Paris.] 
Monmaux étoit un Profefleur en Grec, fameux Paraf- 
te, "qui afloit chercher‘fa vie de table en table; & qui, a- 
avoir bien bûü, & bien mangé, fe mettoit à médire 
des Savans, tant vivans que morts. Tous les beaux Esprits 
de fon tems fe déchainérent contre lui, à l’envi les uns des 
autres: @ c’eft l’Abbé Ménage qui fur l’Auteur de cette 
célèbre vonfpiration. En 1636. il écrivit en Latin la Viede 
Monmanr, Yous le nom de Gargilius Mamurra: à la fin de 
cette Pièce Satirique, il exhorta tous les Savans à prendre 
les armes contre cet Ennemi commun; & l’on peut dire 
que Monmaur fur accablé des traits de leurs Satires. Dans 
la même Pièce, Ménage lui donne ie furnom de Parafite- 
Pédant, Parafite-padagogus : ]1 feint même que Menrmsasr 
donnoit des leçons fur le métier de Parafite, & lui attri- 
buë plufieurs écrits imaginaires fur ce fujet. C’eft à quoi 
Mr. Despréaux fait allufion: Savant on ce métier... Dent 
Monmaur autrefois fit leçon dans Paris. | 
Pierre Monmaur logeoit au Collége des Cholets, fur 1a 
Montagne de Ste. Geneviève. 11 étoit né dans la Marche, 
& avoit été Avocat: Enïüite il eut ume Ghaïîre de Profefs 
feur Royal en L Grecque au Collège de Cambrai; 
C’eft pourquoi on le furnommoit Monmaur le Grec. 11 ap- 
pliquoit tout fon esprit à faire des allufions ou jeux-de- 
mots fur les noms propres: ces allufions étoient toûjouss 
tirées du Grec ou du Latin; & on les appela des Monmaw- 
rismes, du nom de leur Inventeur, [Mr. de Sallengre a 
publié en 1716. à la Haye, PHiffoire de Pierre de Montmaur 
ca z voll, in 6. où il a raflemblé toutes les Pièces compo 


SATIRE L 2% 
Qui voudra s'abbaiffer à me fervir d'appui ? 


Etpui$, cotnment percer cette foule effroyable 
De Rimeurs affamez dont le nombre l’accable, 
Qui, dès que fa main s'ouvre, ÿ courent les premiers, 
Et raviffent un bien qu’on devoit aux derniers ? 
Comme on voit les Frêlons, troupe lâche & ftérile, 
Aller piller le miel que l’Abeille diftile. -.. 
Ceflons donc d'aspirer à ce prix tant vanté, : 
oo Dee eee Que 

REMARQUES, . 
fées pour tournes en ridicule ce fameux Parafite, ADD. de 
PEd. d Amf.] * 

Vers 81. Ds "Roi la bonté fecourable.] En Ce tems- 
là le Roi, à la follicitation de Mr. Colbert, donnà plu= 
fieurs penfions aux Gens de Lettres dans le Royaume, & 
dans les Païs étrangers. Ces gratifications commencerent 
ca 2663. ° ù | 

Vers.94. Aller piller le miel que l_Abeille diffile.] Après ce 
vers, il y en avoit huit qui font remarquables: cependant 
Auteur les a faprimez dans l’édition de 1674. &t dans tou+ 
tes celles qui ont été faites depuis. 





Enfin je ne faurois, pour faire nn jufie gain,” 
Aller bas & rampant fléchir fous Chapelain. 
Cependant, pour flater ce Rimeur tutélaire, 
Le frere, en nn befoin, ua renier fon freres. 
Et Pbébus en pexfonne, J faifant La leçon , 
Gagneroit moins ici, qu'au métier de maAfon ÿ \ 
Os, pour être couché fur la life nouvelle, s 
Sen iroit chez, Bilaine admirer la Pelle. | 
-Cefons donc d’afpirer Etc... 
Quand le Roi ént réfolu de faire des gratifications aux 
Gens de Lettres, Mr. Colbért chargea CHaPELaIN, de fai 
} ri ile de ceux que leur mére fendoir dignes des bien” 


_ 


faits 


CS 
l 


| 


26 SA TIRE LE 
Que donne la faveur à l'importunité. 
Saint-Amand n'eut du Ciel que fa veine en partage: 
L'habit, qu’il eut fur lui, fut fon feul héritage: 
Un lit & deux placets compofoient tout fon bien; 
100 Ou, pour en mieux parler, Saint-Amand n'avoit tien. 
Mais quoi, las de traîner une vie importune, . 
Il engagea ce rien pour chercher la Fortune, 
Et tout chargé de vers qu'il devoit mettre au jour, 
Conduit d’un vain efpoir , il parut à la Cour. 
. rot Lu 7 oc EL Qu'ar- 
REMARQUES 
faits de sa Majefté, Cette commiffion ft beaucoup d’hon- 
neur à Chapelain, & lui attira les refpelts intérefiez d'une 
infinité d’Auteurs de coute efpèce, qui briguoient fa faveur, 
en donnant des louanges à fon Poëme de la Pucelle d’Orv 
leans: C’eft pourquor il'eft ici appélé , ‘Rémewr. ravéluisei 
Mr. Defpreaux étoit brouillé avec fon aîné: Giizes 
Botzrau, lPAcadémicien; La caufe de cetre?brouitierie 
ft expliquée dans cette.Epigramme de Liniere: +: : 
Vous demandez pour quelle affaire. . 
Boileau le Rentier aujourd’hui, 
En veut 4 Defpréaux [en frere, 
C'eff qu'il fait des vers mieux que lui. : 


Gilles Boileau faifoit fa Cour à Chapelaïin aux dépens de 
fon Cadet, & c’eft à quoi fe rapporte le quatrième vers: 
Le frere en sn Lejoin va renier fon frere. Dans Îa fuite notre 
Auteur voulut effacer jufqu’aux moindres veftiges de ce dé- 
mêlé : & c’eft la principale raifon pour laquelle il a retran- 
ché ces huit vers. 

Dans la première édition, l’Auteur n’avoit défigné Cha- 
pclain que par la première lettre de fon nom à la fin du 
cond vers. Dans les éditions fuivantes il mit, Pwcelais. 
.. Vans 97. Suini-.Amand n'eus du Ciel &c.] M anc Ax- 

, 1 TOINE 


F 
. 


S'A TIRE L 27. 
‘Qu'arriva-t-il enfin de fa Mufe abufée? 
Il'en revint couvert dé honte & de rifées 
Et la Fièvré au retour terminant fon deftin ; 
Fit par avance én lui ce qu'auroit: fait la Faim: 
Un Poëte à la Cour fut jadis à la mode: 
Mais des Fous aujourd’hui c’eft le plus incommodes: : 
Et l'Efprit le plus beau, l'Auteur le plus poli, 
N'y parviendra jamais au fort de l'Angeli, 
Faut-il donc deformais jouer-uh' nouveau rôle ? 
. oo ne 7 Dois 
REMARQUES. 


TOINE GERARD DE SAINT-AMAND, né à Rouen, . 
fils d’un Gentilhomme Verrier. Il étoir de PAcadémie 
Françoife, & mourut en 1660. où 1661. On 2 plufieurs 
de lui, où il y a beaucoup de génie, 11 ne favoit 

pas le Latin, & étoit fort pauvte, 
IMITATIONS. Ibid, Saint Amand n’eut du Ciel.] Juvé- 


nai, Sat. IL. w 208. L | To 


Nil babuit Codrus, quis enim negat ?' 6 tamen illud 
Perdidit infelix totum nihil, L 


Vas 103. Et tow vhargé de vers.] 11 avoit fait entre aus 
tres, un Poëme de la Lune, dans lequel il louoit le Roi, 
furtout de favoir bien nager; car le Roï, dans fa jeuneffe, 
étant à Saint Germain’, s’exerçoit quelquefois. à nager dans 
la Seine. Le_Roi ne put fouffrix la lefture du Poëme de 
Sa Amand &.l’Auteur ue fuxvèeut pas long-tems à cet 

VRrs 112. N'y parviendra jamais an [fort de Angeli. 1 
LVAxeELi-étoit un: fou, qui avoit fuivi en Flandres Mrs 
ke Prince de Condé, en qualité de valet d’éçurie, Ce Prin 
ce l'ayant ramené en France, le donna au Roi. L’Angeli, : 
quoique fou, avoit de ’efprit. 11 trouva le fecret de plaire 
su uns, & de fe:faire craindre des. autres ; & tous ui 
dopnoient de Pargent ; de forte.qu’il amefla environ. vint> 
cing mille écus. Mais fes railleries piquantes le firent cu 

B à 


28 SATIRE I. 
Dois-je, las d'Apollon, recourir à Bartole, 
ms Et feuilletant Louet allongé par Brodeau, 
D'une robbe à longs plis balayer le Barreau > 
Mais À ce-feul penfer, je fens que je m'égare. 
Moi? que j'aille crier dans ce païs barbare, 
Où l'on voit tous les jours l’Innocence aux abois 
120 Errer dans les détours d'un Dédale de Lois, 
‘ : k ° ‘ re. L Et 
REMARQUES. 
fin chaffer de la Cour. On raconte que Manrowt étant un 
jour au diner du Roi, dit à quelcun, en voïant l’Angeli, 
qui faifoit rire le Roi par fes folies: De tous nous autres fous 
Fu avons fuiv: M, le Prince, il ny à que l'LAngeli qui ait fais 
ortnne, ‘ | : 
“Venus 114 Dois-je, las dApellon , recourir & Bartole?] 
C'eft-à-dire, dois-je quitter la Poëfe pour ia Jurispruden- 
ce? BARTOLE étoit un célèbre Jurisconfulte d’italie, qui a 
fait d’amples Commentaires fur le Droit, Notre Auteur fe 
défigne ici lui-même. Il avoit été reçü Avocat au Parlc- 
ment, le 4. de Decembre 1656. étant âgé de 20. .aris, & 
il fuivit le Barreau pendant quelque tems; mais il préfera 
les douceurs de la Poëfe, au tumulte des affaires; & les 
occupations que fa réputation naïffante lui donna, acheve- 
rent de l’arracher à la Jurisprudence. | 
Versi11s. Et feuilletant Louer allongé par Brodeau.] GEor- | 
&z LouesT, Confeiller au Parlement de Paris, a faitun. 
Recueil d’Arrêts, quieft fort eftimé , & Jurien Bro- 
DEAU, Avocat au même Parlement, y a ajoûté un favant | 
Commentaire. oi 
ImiratTiows. Vers 122. Ce qui fut blanc au fond, rene 
du noir par les formes.] C’eft une manière de proverbe." . : 
| 


Candida de nigris, ®° de candentibus atra. 


Ovid. Metam. XI. v. 315., & Juvénal, Sat. III. 30. en ces 
mots que notre Auteur a eus en VAE : 


_—— Mancant qui nigrum in candida vertunt. 


VRRS 123. Où Patrs gagne moins qw” Huot dr le Mazier.] 
OLrvien Parau, Avocat au Parlement, & l’un des 





à . s 






S A T IR E L #6 

Et dans l'amas confas des chicanes énormes‘ ” © 

Ce qui fut blanc au fond rendu noir par les formes 

Où Patra gagne moins qu'Huot-& le Mazier,,  ‘ « 

E dont les Cicérons fe font chez Pé-Fournier? - : ” 

Avant qu'un tel deffein-m'entie dans-la penfés; : 

Di pourra voir la Seine à la Saint Jean glacée, | 

: Amauld à Charenton dévêni Hüguendt, 

 . _.. D Lt o UV 1:74? Sairkt 
REMARQUES 


gun de l’Académie Françoife , étoir de Paris, fils 
mn Procureur de la Cour. 1] nâquir-en 1664. L’amour 
" qu'il avoit pour les Belles Lettres, ruina fa fortune, com-. 
. milen convenoit lui-même *, & fut caufe qu'il ne s’at- 
tcha pas aflez à fa profeflion, quoi qu'il fût-très-habile: 
_ 4rocat. Ses Plaidoiïez imprimez font des preuves immor«" 
. téles de fon efprit, & de fon éloquence, Nous auçons neï 
de parler de lui dans La fuite.  :4 -.—- .i ‘1 
“Ruor, & 15 MAzien: Ces denx.Avocss. étoienf 
d'un merite fort médiocre ; mais ils ne laifloient pas d’êtrel 
fort'emploïez; parce qu’ils fe-chargevient detoutes fertex 
de caufes ,-bonnes & .mauvaifes. &.les -défindoisnt. are 
up de bruit. | 
Vens 124. Et dont les Cicerons'fe font chez Pé-Féurofer ? ] 
PTIRRRE FOURNIER, Procureur au Parlement , fignoit 
P. Fournier, pour fe diftinguer de quelques-uns de fes’ ron- 
qui pottoient aufli le. nom de Fosrmer: C’eft-pour- 
quoi on l’appeloit ordinairement PE-FourNIEr. -Tous 
les Procureurs, qui ont des confiétès dt 'mêrne nom qu'eux, 
k diftinguent ainfi par la premibro-lcttre de:leur né de 
Batème. Dans la Comédie Italienne d’_Arlequin Procureur, 
Arlequin, pour imiter ce vérs, {6 nommoit Pé-_ Arlequin. 
CHANGEMENT. Vers 127..: <#rnasld æ:.Charentorr Bic. ] 
_ Au lieu de ce Vers & de celui qui fuit, il y avoit dans l& 
_ emière compofition, avant J’impreffion: - : D 


Le Pape devenir nn zelé Huguenot, . 
Sainte Bewve Jéfuite, à" Sains Pévis dévrr. © 
ER ° Bz:1.7..:.:. "Mr 


+ 


* Latre à Mr. de Montant, 


90 $S AT IR E. IL. 
Saint-Sorlin Janféniste, & Sainit-Pavin bigot. 
Quittons donc pour jamais une Ville importune, 
#30 Où l'Honneur a toûjours guerre avec la Fortune: 
Où le Vice orgueilleux s'érige en Souverain, 


Et va la mitre en tête & la croffe à la main: où 


| “REMARQUES. 
Mode Sarur s BEvuve étoit un célèbre Doéteur de Sor- 
nne. 

Ibid. _4rnanlds Chaventén devenir Hagtenft,) Meflire A »- 
ToiwE AnNAULD, Dôëteur de Sorbonne. Les Ouvrages 
que ce favant Doéteur a publiez côntre les Calviniftes, 

ouvent aflez combien il étoit éloigné d’embraffer léurs 


Vens128. Saint-Sorlin Fanfenifle.] Jr AN DESMARETS 
DE SAINT-SorLin, après avoir Céflé d'écrire pour Île 
Fhéatre, publia un écrit en 1665. contre les Religicufes de 
Pont Royal, qui éroieñt accufées de Janfénismé. | 

Ibid. Et Saim: Pauin bigot.] SANGUIN DE ST. 
PAvIn, "étoit ün fameux Libertin, disciple de Théophi- 
le, aufli bien que Des-Barreaux, Bardouviile, & quelques 
entres. Saint Pavia « fait lui-même la peinture de fes fenti- 
mens, & de fes mœurs, dans les vers fuivans: * 


Fe n'ai Prsprit embarralé 

De Pavenir ni du palfé, 

Ce qu'en dis de noi pou ie choque. 

De force chofes je me moquez 

Et fans contraindre its dfir:, 

Je me donne entier aux plaïfirs, 

Lo jeu, Pameur, la benne there, Bic. | 
Cependant, St. Pavin ne püût foufftir que l’on eût mis fa 
converfion au rang des impoñlibilitez morales On verra 
ci-après, dans les Rernarques fur les Epigrammes, ce qu’il 


fit pour s’en vanger, & ce que lui repliqua notre Auteur. 
| Adrien 





+ #' Portrait de S, Pavs, fait par lui-même, 


S ATIRE EL 31 


Où la Science triste, affreufe, délaiffée, 

ER par tout des bons lieux comme infame chaffée:; 
35 Où le feul Art ‘en vogue eft l'Art de bien voler: 

Où tout me choque : enfin, où... -Je n’ofe patlér. 

Et quel Homme fi froid ne feroit plein de bile, 


REMARQUES. 
Adrien de Valois s’eft trompé * en difant St. Pavis 
s'étoit converti, à caufe d’une voix terrible qu’il ouit au 
moment de la mort de Theophile, qui mourut en 1626. : : 
Gui Patin nous aprend la mort de St. Pavin, dans une 
Letre du 11. d'Avril 1670., & il ajoute, que le Curé de 
St. Nicolas l’obligea d’emploïer en legs pieux le bien qui 
hi reftoit. . ee NN 
Vrns 132. Er va la mitre entète ér la croffe à la main. ] 
Après ce vers il y en"avoit quatre autres. que l’Auteur & 
fipprimés depuis l’édition de 1674. |. 


(4 


Où l'argent feul tient lien d'efprit @ de noblefez . 
Où la Verts Je pefé au poids de la Richeffe:. 
Où Pons emporte a peine, à fuivre les neuf Sœurs, 
‘Un laurier chimérique, Ù° de maigres honneurs, 
“ImiTaTIONs. Veis 133. Où le Science trifle, &cc.] Ces 
deux vers font imitez de Regnier, Satire IL 
Si La Science pauvre, affreufe, & méprifée, 
Serr an Peuple de fable, aux piles grands de rifie. | 
VsnS 136 Où teut me choque : Enfin, 0ù.... Ÿe n'ole 
perler. 3 Dans les premières éditions, la pon@tuation du 
dernier hémifliche étoit «inf: Enfin, e% je "a parler. M. 
Racine confailla à l’Auteur de marquer une fuspenfion a+ 
la particule «%.... ce qui rend le fens bien plus fort, 
Pezprefhion plus vive, É 
_ B4 JMr- 
# Valefans pe 32017. 


+ 


32 S ATIRE. I. 
A l'aspeët odieux des mœurs de cette Ville? . 
Qui pourroit les fouffrir ? & qui, pour les blâmer, 
#40 Malgré Mufe & Phébus, n'apprendroit à rimer 2 
Non, non, fur ce fujet pour écrire avec grace, 
I ne faut point monter au fommet du Parnañe, 
Et fans aller réver dans le double Vallon, 
La colère fuffit, & vaut un Apollon. 
F45 Tout beau, dira quelqu'un, vous entrez en furie, 


A quoi bon ces grands mots * Doucementje vous prie: 
Ou bien montez en Chaire, & là, comme un Doéteur, 


Allez de vos Sermons endormir l’Auditeur, 
C'eft-A que bien ou mal on à droit de tout dire. 


REMARQUES. 


lumirarrons. Vers 144 La colère fuffit,  vast m À 


pellen.] Juvénal'en ce vers célèbre, Sat. L v. 79. : 
Si natura negat, facit sxdignatio verfuns. 
Regnier l’avoit ainf traduit, Satire IL 
Puis fouvent la colère engendre de bons vers. - 


Mais on voit combien l’expreffion de Mr. Despréaux ef 
phus noble & plus animée. | 
CHANGEMENT. Vers 145. Tout beau, dira quelqu'un] 
Dans les premières éditions il y avoit : Mass quoi, dira 
quelqu'un. , { n 2e . 4 0 ‘ D 
VERS 254. .#tsend pour creire en Din, que la fieure le 
preffe.] Ce vers défigne particulierement le fameux Des- 
BARREAUX, qi, Élos le langage de Bourfant dans fes 
Lettres, ne croyoit co. Dién que quand il éteit malade. Pendant 
une maladie qu’il eut, il ft un Sonnet de piété, qui ef 
connu de tout le monde, & qui eft très-beau; mais quand 
{a fanté fut revenuëé, il defavoua fortement ce Sonnet. il 
commence par Ce vers: | 


Grand Dies, tes jigemens font remplis d'équité, &c. 
Vaïez la remarque fur le vers 660. de 1æ Sarire X. - 


D 2 ff. me 


Vzas 





S ATIRE TI. Ca 
»  Ainf parle un Efpritqu'igite la Satire, , _ 
Qui centre fes-défauts éroit être en füreté; . © 
En raillant d’un Cenfeur la triste austerité : 
Qui fait l'homme intrépide; & tremiblant de fotblefe, 
Attend pour croire en Dieu que la fièvre le prefle ; 
$ Et toûjours dans l'orage au Ciel levant les Mains _, 
Dès que l'air eft caliné, rit des foibles Humaïns.. 
Car dé penfer alors qu'un Dieu tourne ke Monde; L 
Et règle les refforts de la Mathine ronde. © . 
Où qu'il eft urie' vie au délà du trépas,. ot 
> CeR-l , fout Haut di moins, ce qu'il n'avoïüta pas: L | 
… Pour moi qu'etifanté même ün autte Monde étonne? 
Qui crois l'ameimmortelle, & que c’eft Dieu quitonne, 
H vaut mieux pour jämais mebañnir d£ ce Lieu, 
Je me retire. donc. Adieu, -Paris,: Adieu. . - - , 
__ REMARQUES. L 
Vers 155. Et toéjowrs dans l’orage éc.] Au lien dé- ces 
vers, & du fuivanr, il y avoit. ceux-ci dans les premieres. 
éditions: LE ? 
Et riant-bors dela du fontimens commun: 
Préche-que Trois font Trois, 67 ne font jamais Un: 


Maïs ces vers parurent'trophardis, & mêmeun peu liber-- 
fins ; aufli bien que ceux-ci qui venoient-un ‘peu après: | 


Céff-la ce-qu'il fan: crèire, € ce qu'il ne croit Pas 
Pour moi. qui fuisplus fimple,. à: que l'Enfer étenne.. 


Mr. Arnauld les fit-changer.. Otex.tout cela, lui dit:il, vous 

rez trois on quatre Libertins À qui cela: plaira, Ÿ voss per- 

érez, je ne [ai combien d’honnêtes-gens , qui liroient ves Ouvraues.. 

- GHANSEMENT, Vers 157, Car de penfer alers.] Dans:les 
éditions, il:y avoit: Car enfin, 


5 _ Bs, CPÉRT TRE. 


Ca à 


/ 


4 


SATIRE IL 


A M.DE MOLIERE. . 


Ana & fameux Esprit, dont la fertile veine 
à Ignore en écrivant le travail & la peine; 
Pour qui tient Apollon tous {es tréfors ouverts, 
Et qui fais à quel coin fe marquent les bons vers ; 
Dans les combats d'esprit favant Maître d'escrime. 
Enfeigne- moi , Moz1sus, où tu trouves la rime. 


On diroit,, quand tu veux, qu’elle te vient chercher. 
Jafrais 


REMARQUES 


L£ fijet dé cette Satire ft; la difficuire dé troirver la Rime, 
dr de la faire accarder avec la Raifon. Maïs l’Autour s’eft 
appliqué à les concilier toutes deux, en n’emploïant dans 
ectte Pièce, que des Rimes extrèmement exattes. 
Cette Satire n’a été compofée qu’après la feptième: inf: 
elle eft la quatrième dans l’ordre du tems. Elle fut faite: 
en 1664. Lo | 
La même année, l’Auteur étant chez Mr. Du Brouflin,. 
avec Mr. le Duc de Vitri, & Moliere;, ce dernier y. devoit 
Jire-une Traduétion de Lucrèce en vers François, qu’il a- 
voit faite dans fa jicunefle: En‘attendant le diner, on pria 
Mr. Despréaux de réciter la Satire adreffée à Moliere;. 
mais apres ce récit, Moliere ne-voulut plus lire fa Traduc- 
tion, craignant qu’elle-ne-fût pas-aflez betie pour foutenir. 
les louanges qu’il venoit de recevoir. 11 fe contenta de lire- 
ke premier Aëte du Mifanthrope,. auquel il travailkoit en 
ée tems-là: difant, qu’on ne devoit pas s’attendre à des- 
vers auffi parfaits & auffi achévez que ceux de Mr. Des-. 
préaux ;. parce qu’il lui faudroit un tems infini, s’il vouloier 
travailler fes Ouvrages comme lui. | : 
“Vers 17, 99 je veux d'hn.Galänt &K,] Ces déux vers É 
ETS D.  * . a . U  È 





SATIRE II. 35. 
Jamais au bout du vets on nie te: voit bronctier; 
Et fans qu'un long détour t'arrête, ou t'embatrafle, 
A peine as-tu parlé, qu'elle-même s’y place. 
Mais moi, -qu'àti Vain capiice ;' une bizarre humeur ,. 
Pour mes péèhez, je croi, fit devenir Rimeur: 
Dans ce rude métier, où mon:esprit fe tuë, 
En vain, pour la trouver, je travaille & je fuë. 
Souvent j'ai béau réver du matiñ jusqu'au foir :: 
Quand je veux dire élane , la quinteufe dit noir. 
Si je veux d’an Gahnt dépeindre la figure , 
Ma plume pour timer trouve l'Abbé de Pure :. 
Sije penfe exprimer un Auteur fans defaut, - - La 


UUREMARQUES 
S5 je penfe parler d'un Galant de notre âge. 
Ja plume pour rimer rencontrera Ménage. 


Mais heureufement pour PAbbé Ménage, l'Abbé de Pure. 
fit en ce tems-là Vers contre notre Auteur. C’éroit! 
une Parodie de. la Scène de Corneille, dans laquelle Au 
gufte confond Cinna après 14 découverte de fa.conjura+ 
uonz & dans cette. Parodie, Mr. Colbert convainquoit: 
Mr. Despréaux d’être l'Auteuride quelques Libelles:qui p4t 
twifloient alors. Mr.:Despréaux- n'évoit pas affaré que dé’ 
Pure ‘eût: fait cette Parodie maligne; mais il favoit bien que: 
œt Abbc.la distribuoit. .Pour:tpnte vengeance d’une fi noi 
te calomnie, notre Auteur fe contenta de mettre le nom: 
de l’Abbé dé Purè dans cette Satire, où il le traite irüni- 
gement de Galant, parce que cet Abbé affe&oit:un air de: 
propreté & de galanterie, quoi qu’il ne fût ni propre ni: 


Mrcnsz DE Pure étoit:de Lyon, où fon Pere avoit: 
été Prevôt des Müichands, en 1634 & fon Aïenl, Eche- 
vinen 596: . H avoit publid:en.1663. une ‘fort mauvaifc: 
ion-de Qyintilien,. Dans-la fuite il tradnifit. encore: 

B: €: 


PHis=- 


LA 
. 


36. SATIRE Dr 

20 La Raïfon dit Virgile, & laRime Qainaut, 
Enfin quoique je fafle, ou.que je veuille faire, 
La bizarre toûjours vient m'offrir le contraire. 
De rage quelquefois, ne pouvant la trouver,. 
Triste, las, & confus, je cefle d'y réver: 

25 Et maudiffant vingt fois le Démon qui m'inspire 
Je fais mille fermens de ne jamais écrire, 
Mais quand j'ai bien maudit & Mufes & Phébus, 

Je la voi qui paroît, quand je-n’y penfe plus. | 

Aufli-tôt,, malgré moi,. tout mon feu fe rallume : :. 
3° Je reprens fur le champ le papier & la plume, 

Et de mes vains fermens perdant le fouvenir,, 

Fattens de vers en vers qu’elle daigne venir. 

Encor fi pour timer, dans fa verve.indiscrete, 


‘REMARQUES 


PhHistoire dès Indes | écrite en Latin par le P. Maffée ; & 
PHistoire Africaine, éctite- en Italien pax Ÿ. 8, Birago. 
a auffi traduit le Vie de Leon X. du Latin de Pasl Foves & 
de plus il a fait un Roman, qui a pouf‘ titre, Las Préciew 
fes: la Vis du. Maréchal de Gaffion, &c. ; : Qu 

. VERS 20. La Raïifon dit Virgile , dr la Rime. Quinant.] 
PHiriere QuIN Durs Auteur do Des Tra des 
imprimées. en deux volumes, mais qui font abfolament 
tombées dansl’oubli. Ia depuis compofé des Opéra. IE 
fat reçû à l’Académie Françoife, en l’année 1670. & mour 
uit er 1688: à 

- VERS 35. Ÿe ferois comme nnautra] GILLES MEN ar 
er, dont les Poëfies font remplies d’expreffions femblar 
Mles à celles que notre Auteur reprend dans les vers füi- 
vans: ce qui marque un génie froid & ftérile, tel qu’étoit 
celui de l’Abbé Ménage, qui avait point de naturel 4 [4 
Poëfie, & qui ne faifoit des vers qu’en dépit des. Mufess, con 
me: ik La dit lui-même, dans la Préface de [es Oblérvatiens 
Jar Malbihe, se . LL 


Gilles: 


SATIRE IF XT 

Ma Mufe au moins fauffroit une froide épithete : 
à Je ferois comme un antre,. & fans chercher fi loin, 
J'aurois toûjours des mots pour les coudre au befoin., 
Sije louis Philis, En miracles féconde.;, 
Je trouverois bien-têt » À nulle autre feconde. 
Sije woulois vanter un objet Nompareil ; 
L 40 Je mettrois à l'inftant, Plus bsau que le Soleil. 
Enfin parlant toûjours d'Astres & de Merusilles,, 
De Chef. d'œuvres des Cieux,de Beastez. fans pareilles ;: 
| Avec tous ces beaux mots fanvent mis au hazard, 
Je pourrois aifément, fans génie & fans art, 

4 Et transpofant cent fois &c le nom & le veibe, 

Dans mes vers recoufus mettre en pieces Malherbe: 


Mais mon Esprit, tremblant fur le choix. de fes mots 
| N'en. 







 REMAQUES. 

Gilles Boileau, frere dè notre Auteur, avoit dëja repris. 
FAbbé Ménage de fon affe&ation.à-emploïer ces. fortes de- 
Phrafes Poëtiques: En charmes fi féconde, A nulle autre pa-- 
veille, A nulle autre fecondé: Ce chef-d'œuvre des Cieux, Ce mi= 
racle d’ameur, &tc. on peut voir lAuis & Mr. Ménage, fur. 
fon Eglogue intitulée Griffine, p. 16. Ft. 

VERS 46. Dans nes Vers recoufus mettre en pièces Malherbe] 
H étoit diffitile de: faire um vers qui rifnät avèc-celui-ci, 
Cela parut même impoflible à la Fontaine, à Moliere, & 
à tous les amis. que notre Poëte confulta.. Cependant il. 
trouva le vers qu’il cherchoït,  :  : oo" 

L Er transpofant cent-fois dx le.none. &x le. uerbe.. | 
d il le dit à La Fontaine: _4h! le voila, s’écris ce- 
lni-ci, en l’interrompant : -Vess.êtes bien-beureux.. Te donne- 
sois le plus beau de re, Contes ponr avoir trosué cela, 

Mr. Despréaux faifoit osdinairement lefecond vers avant 
D premier. C’eft un des plus.grands fecrets de la Poëfie, 
po donner aux vers beauçgoup de fens & de force. Li con- 

la à Mr. Racine de fuivre cette méthode; & il difoit.à 
mpropas: Le lai ai prie À rimer difficilement. 
. | ER 7 VERS. 


D 


33 


C2 S ATIRE IE 

N'en dira jamais un, s'il ne tombe à propos. 

Et ne fauroit fouffir, qu'une phrafe infipide :. 
Vienné à là fin d'un vers remplir la place vuide:. 
Ainfi recomnsençant un ouvrage vingt füis | 
Si j'écris quatre mots, j'en éffacerai.trois. 

Maudit foit le premier, dont à verve infenfée: 
Dans les bornes d'unvers renferma fa penfée, 
Et donnant à fes mots une étroite prifon, _ 
‘REMARQUES 


Vens $3. Maudit [oit le premier ; dont la verve infenfte., 
&cc.] Mr. Arnaud d’Andilly entendant réciter cette Satire,, 
fnt extrèmement touché de ces quatre vers ;. il en admira. 
la beauté, & les compara à ceux-ci de BREBEUF, qui 
font. fi fameux: Pharf. L. HI - be ee 


CèA de lui que nous vient cet Art ingénieux 
De peindre la parafe & de parler aux yeux Fe 
Et par les traits divers des figures trasées 
Donner de la couleur dr du corps.aux peñfées. 
Mr, D’Andillÿ fe fit.récitér cette Satire trois fois de füites. 
par l’Auteur. | | ‘ 


Vers 57. Sans ce ggétier fatal au repos de ma vie, ci), 
Première maniere: | ns 


7 $ans'ce métier, helas! fi contraire à ma joie; . 


Mes jours aurosent été filez d’or dr de foie, 


“L’Anteur corrigea ces deux.vers; parce que Mr. D’Andillÿ: 
lui fit remarquer. qu’il tomboit dans le defaut qu’il atra- 
quoit: Vous blämez., lui dit Mr. D’Andilly, ceux qui dans: 


leurs vers mettent en pièces Malherbes à voilà nñe expreffion qui” 


‘eff de‘ce Poëte. En effèt, MALRERBE a cmplôïé trois: fois: 
‘éètte expreflion. ra D ne ee 


L Dans l’Ode à la Reine Muric de. Medicis, ‘1660, - 


7" + 
0 


Les 


SA TIRE.IIT. Se 
Voulut avec la Rime enaliainer la Raïifon. . 
Sans ce métier , fatal au-répos de ma vie, . . 

Mes jours pleins de loifir:couleroient fans envie. . 

© Jen'aurais qu'à chanter, rire, boire d'autant ;. 

& Et comme un gras Chanoine,à mon aife,.8t content, 
Pafler tranquillement, fans fouci, fans affaire, 

La nuit à bien dormir, & le jour à rien faire, 

Mon cœur exemt de foins ; - bibre: de pañlion,. 7 





cRÉMARQUES Lo 


Les Pafques d'ime même foie’: 
Ne devidens pas tons nos jours. 


IL. Dans lPOde au Duc de Bellegarde, 1608. 


«Ain de IQ Ur € A fe. À 
Ton âge devide fon. SANTE, , &c | 
NL Et dans ui fragrielt au Cardinat dé échelons 


Noï' jours filez: dé tontés Jies 
Ont des emiss consme den joies, &c . LL ne 


Vans 62.Ls' nait à bien: denmir € Le j jour à rien faire. 


H auroés-bien:pû mettre la négativé,.en difant ;. Le nuit 4: 
bien dormir: Le joñt & hr rien fairè ; Comme LA: EOows AIME: 


Pi mis depuis:dâns fon: Bpitaphe:. ie 


; CE , uw. ‘s : _ 
| Jean. sème. abla > scawree-iliétoit vas, 


Manges Le fonds avec.le rquepue. : 

Br les. tréfers chèfe pes mécefaire.. 

Que à fon tenss, bien Le fér dispenfer : | | 
Ds parts € &fit, dont él fonlois paffèr : 


» Fr do ami. . 2 cg 


&. SATERR TEA 
Sait donner une borne à fbn'ambitiot: >": .. 

65 Et fuïant des:grandenrsla piéfente importine,, .. - 
Je ne vais point au Louvre adorér la Fortune. ” 
Et je ferois heureux. fi,. pour me confümer, . 

Un destin envieux ne m'avoit fait rimers :." 
Mais depuis le moiment que cette frénéfie: - 

70 De fes noires vapeurs troubla ma fantaifie,. . 
Et qu'un Démon, jaloux.de mon contentement,. . : 
M'inspira le deffein d'écrire poliment :. 

Tous les jours malgté ‘moi ,cloué fur:un ouvrage, 
Retouchant un endroit, effaçant une page, , 

45 Enfin pañfant ma vie en ce triste métier, 

de . envie 


RE M ARQBES . ... 


Mr. Despréaux demanda à l'Académie, laqtéHle dè ces: 
deux. manieres valoit mieux , la fienne , ou celle de.La. 
Fontaine, fl paffa tout d’une voix, que la fiénné éroit'la. 
meilleure, parce qu’en ôtant la négative, Rien faire deve- 
noit une espèce d’occupation. | 
VERS 76. Ÿf’envie ,em:écrivant ,. le forn de Pelletier. ]. Boëte- 
‘du dernier ordre, qui faifoit tous les jours un Sonnet. Pet- 
ltier prit ce vers pour une-louange ;: & dans’ cette penfée, 
À fit imprimer cette Satire dans un Recuel de: Poëes, où 
d y:avoit quelques-uns -de fes vers.. Mr. Despréaux:s'érant. 
laint au Libraire de ce:qu’il avoit imprimé cette. Satire 
ans fon aveu, le Libraire lui répondit, que c’étoit Pelle- 
fier qui l’avoit donnée à imprimer, parce qu’ellé étois’ à fe 
ohange. | | 
Richelet s’eft trompé, quand it a dît que Peliètier mou- 
* futen 1660. Let. Choifies Tom. 1, Qn a parlé de ce.Poëte, 
fur le vers 54: du Discours au Roï, &. fur le.vers 47. de 
VERS 77. Bienhewreux Senderi, 80] GRORGE.DE Scu- 
pEnr de l'Académie Françoife, a compofé plufieurs Ro-- 
mans L'Ulufiré Bafa; le Caloandre fidille,:Érs, outse le Poë- 
“7 me 


SATIRE IL 4r 
vie en écrivant le fort de Pelletier. 
icoheureux Scuderi, dont la fertile plume . 


tous. lés mois fans peine enfanter un volume, . : - 


Ecrits, il eft vrai, fans art & languiflans, : 

lent être formez en dépit du'bon fens : 

ik. trouvent pourtant , quoi qu’on en puifle dire, 
Marchand pour les vendre, & des Sots pour leslire. 
sand la Rime enfin fe trouve au hout des vers, 
nporte que le refte-y foit mis de travers ? 
eureux mille fois celui dont la manie 

aux règles de l'ait affervir fon génie ! 
ot en écrivant fait tout avec plaifir : | 


REMARQUES - 


‘flarie, 8e un grind nombre de Pièces de théatre, 
jue‘le Romande Grsr, & celui de ciélie, aïent été 
nez fous fon nom; ils font néanmoïns de illustré 
DELRINE DE SCUDERT fa Sœur.  ”* _ 
zAC avoit fait le même‘jugement-de la facilité à écri- 
cet Auteur. O bsenheureux Ecrivains, s’écrie-t-il, A4 
wnaife en Latin, @ Mr. De Scuderi en Franpois! F’ad- 
otre facilité, © j’admire votre abondance. Vous pouvez, 
ses de Ealepine, que moi d'Almanachs. 11 dit enèore: 
sreux font ces Ecrivains qui [e contengent fi facilement; qus 
aillent que de la mémoire &' des doigts; qui, fans choifr, 

ts tont ce qu’ils favent.- Lctt: XIE Li 'XAILIE - - :! 
ANGEMENT. VGIS 79. mm, Sans art 7 lançuif- 
Dans les premières éditions il y avoit: Sans force 

MANS. ° L Lt, Lo 
vr 87. ‘Un Sot en écrivant fait tout avec plaifir:] Un 
ogien François donne une affèz plaifante raïfon‘de 
e complaifance avec-laquelle les Autours médiocres 
ent leurs propres Ouvrages, ,, Selon la justice, dit- 
out travail honnère doit être recompenfé de louen- 
«-de fatisfaétion, : Quand iles bons Esprits :fonr :un. 
rage excellent, ils font justement compenfoz pr 
>» 465. 





— 


42 S ATIRE I. 

Il n’a point en fes vers l'embarras de choifir, 

Et toûjours amoureux de ce qu'il vient d'écrire, 
ge Ravi d'étonnement en foi-même il s'admire. 

Mais un Efprit fublime. en vain veut s'élever 

A ce degré parfait qu'il tâche de trouver : 

Et toûjours mécontent de ce qu'il vient de faire, 


‘ : : REMARQUES. 


n» les applaudiffemens du Public; Quand un payvre Esp 
»> travaille peancobp pour faire un mauvais Oüvrage, 
» n’eft pas'juste ni raïlonnable qu’il attende des louang 
> publiques ; Car clles ne lui font pas dûës: Mais afin 
» Îes travaux ne demeurent: pas- récompenfe, Di 
#. lui donne une fatisfaétion perfonnelle, que perfonne 
» Jai peut envier fans une injustice plus que barbare. To 
» ainfi que Dieu, qui eft juste, donne de la fatisfa@i 
», aux Grenouilles, de téur chant: autrement , le blä: 
arpublic .: joint à leur mécontentement , :feroit fuffifa 
à-Pour les réduire au defespoir. Le. P. FRANÇOIS G 
AASSE» Somme Théolog, L. 11. p. 419... 

IMITATIONS. Ibid. Un Set en écrivant, &c.] Hora 
L, IL Ep. IL 106. & feqq. 125. 


Ridentur, mals qui componunt Carmina : -verins 

. Gaudent fcribentes, dr fe venerantur; € sitre 
5 taceas, laudant ; ghidquid féripfère béati, BC 
Pratulerim fériptor delirus , inerfque vidéris 

| Dum mes dilettenf mal me, vel denique fall 
Quèm féperes & ring 

“VERS 94 1! plais à tout le monde, dr ne fanrois fe plai 

En cet endroit, Moliere dit à notre Auteur, en lui ferr 

ka main: Voila la plus belle vérité que vous ayez jamais 4 

Fe ne fuis pas du nombre de ces Esprits fwhlimys, dent vous } 

lex ;-moais tel que je fuis,, jé n'ai rien feit en ma vie, den 

Lois véritablement <onteut:: :: : ein çi Je 


2 


cis-- : u ei 


SATIRE II 43 

phit à tout le monde, .& ne {auroit fe plaire, 
E Tel, dont en tous lieux chécun vante l'esprif 
Voudroit pour fon repos n'avoir jamais écrit, 

Toi donc, qui vois les maux oùma Mufe s'aBîme, 
De grace, enfeigne-moi l'art de trouver la Rime 
06, puisqu'enfin tes foins y feraient fuperfus, 
Motisms, cnfeigne-moi l'art de ne rimer plus. 


REMARQUES" 


céèbre ein penfoit bien autrement de fes Poëfiesz 
us chez Thierri, à Mr. Desprédux, 
Pr Fes êtes je lle feul Homme extraordinaire qui aie 
es content de fes Ouvrages. Alors Santeul, 
Re titre d'Homme emtabrdinais, & voulant faire 
se Le aioit pas indigne de cet Eloge, revine - 
ML Despréaux, & convint qu'il n’avoit 
 finisfait des Ouvrages al avais 














SATIRE IL 


A. UE L fujet inconnu vous trouble & vous altère 
D'où vous vient aujourd’hui cet air fombre, 
fevère, | ot 
ce ni ° | 
.RÉMARQUES... 
Cie Satire a été faite Fe Pannée 1665. Elle contie 
e recit d’un Festin, donné par un Homme d’un go 
faux & extravagant, qui fe pi É néanmoïhs de rafineé Î 
la bonne chère. Ce cara@èrs. ch femblable à celui qu'H 
race donne à Nafdiénus, dans la Satire VIS. du Livre. 
où ce Poëte a fait le récit d’un repas ridicule,  Unden 
plus célèbres Ecrivains, favant Traduéteur & Comment 
teur d’Horace, ne paroit pas être bien entré dans le fe 
de fon Auteur, quand il a dit, qu’Horace avoit peint le 
‘raûlère d'un Homme fort avare, qui fait une fotte offentation 
és richeffes. 11 femble au contraire, que c’eft plutôt le « 
raétère d’un Homme qui’ne manque pas de générofit 
mais qui manque de goût: d’un Sot magnifique. * C’ét: 
Ha penfée de Mr. Despréaut. Regnier a fait auffila descr 
tion d’un Soupé ridicule, auquel il fut retenu malgré li 
C’eft dans fa dixième Satire. 

_ Bien des gens ont crû fauflement, que Mr. Despréau 
dans cette Satire, avoit voulu fe dépeindre fous le perfc 
nage de celui qui fait le recit: & fur celæ, ils l‘ont reg 
dé comme un Homme d’une délicateffe exceflive en fait 
bonne chère. Mais ils n’ont pas pris garde que, bien Ic 
au fe repre ici Jui-même, il fe moque d'un & , 

pepe nggodér que des repas.exquis ; e 
raïiherie Se sombe de moins fx ar délicærefle odafé 
eclui qui fait le-récit du #estin, que fur le Éestie mên 
1l a voulu repréfenter Mr: DuBaoussiN, qi, fe 
le langage de notre Auteur, fraiteff | Léufemens les rep 
Quand il fur que Mr. Despréaux travailbit fur cèfte mat 
re, il tâcha de [’en ‘detourner : difæht que ce fétait } 
À un fujet fur lequel il falût plaifanter: Cheëffez plétôs 

Hypecrites, lui difoit-il férieufemeñit, vous sérez pour v 
tows les honnêtes gens ; mais poir la bonne chère, croyez.-mei, 
bedinez point |a-deffus. 11 fe raonnut bien dans cette pein 
sé; maïs il Wen fut aucune Ais gré à l’Auteur. 

Au refie, il ÿ a fept Perfonnes que l’on fait parler d 

. ( 


S A TIR E IIlL 45 
Et ce vifage enfin plus pâle qu'un Rentier, 
l__Alafpeét d'un Arrêt qni retranche un quartier ? : 
_$ Qu'eft devenu ce teint, dont la couleur fleurie . 
Sembloit d'ortolans feuls, 8 de bisqués nourrie, o 






REMARQUES. 


cette Satire: l’Auditeur, ou celui qui interroge au com- 
mencement ; & fix Conviyes, qui font, le Perfonnage qui 
fait le récit du Repas, PHôte, deux Nobles Campagnards, 
celui qui eft défigné par le Hableur, & enfin un Poëte. -” 
Vers 1. 4.) Cette lettre, qui eft au commencement 
du premier vers, fignifie l’Auditeur, -ou celui qui'interro- 
ge; & la lettre P. qui eft devant le quatorzième vers dé- 
note le Poëte. L’Auteur avoit deflein d’y mettre un B. 
pour marquer le Brouffin: mais il craignit que fon inten- 
| tion ne fût trop marquée. 
ImMIrTATIONS. Ibid. Quel fujet inconnu Sc. ] Juvénal 
| commence aïinfs fa neuvième Satire: 


.… Scirevelim, quars toties mihi, Naevole, trifiis 





9 : ; : e 
; Occurras, fronte chduda? = ——— 
| és n' éibins ns mmmmm« #ffide repente , 
Toy rat 


_Vens 4. A4 Paspelt d'un Arrêt qui retranche un quartier? ] 
En 1664. le Koi fuprima un quartier des rentes conftituées 
fur Hôtel de Ville: Le Chevalier de Carzz:1 fit alors 
éerte Epigramme, dont Mr. Despréaux faifoit cas: . 
+ © Divnes Roker, pour nel péchers |. 
: ; aSé-des ghartiers font retranchez, 
L Piwrquei Vin mouvoir labile? 
Nous n'awrons qua changer de lien: 
Néss allions à |’ Hôtel-de-Ville, 
ÆEt.sens irons à P Hôtel- Dieu. 


Vers 6. Er de bisques nourrie, ] En ce tems-là, 
les Risques étoicat.gn mets fortestimés  .  -: * 





. Vars 





46. S ATIRE III. 
Où la joie en fon lustre attiroit les repards;, 
Et le vin en rubis brilloit de‘ toutes parts? 
Qui vous a pû plonger dans cette hutneur chagrine? 
Ie A-t-on par quelque Edit réformé la cuifine ? 
Ou quelque longue pluïe, inondant vos vallons, 
A-t-elle fait couler vos vins & vos melons ? 
Répondez donc enfin, ou.bien je me retire. 
P.Ah! de grace, un moment, fouffrez que je respire, 
15 Je fors de chez un Fat, qui, pour mempoifonner, 
Je penfe, exprès chez lui m'a forcé de dîner. 
Je l'avois bien prévû. Depuis près d'une année, 
J'éludois tous les jours fa pourfuite obstinée. | 
| L | Mais 
REMARQUES. 
VERS 10, LA-t-on par quelque Edit reformé la cuifine? ] OR 
publia alors divers-Edits de reformation 
CHANGEMENT, Vers.123, Woszuns &r.vas melons. } Dans 
la première Edition il y avoit Vos vins om vos melons. 
CHANGEMENT. Vers 13. Répendez donc enfin. ] Il y «- 
voit ici: Répondez donc du moins. 2 Lo 
VERS 15. Ÿe fors de chez un Fat.] C’eft celui qui avoit 
donné le diner; mais c’eft un Perfonnage feint. 
_ CHANGEMENT. Vers 19. Maïs hier. ] 1] y avoit dans 
les premières Editions: Qwand hier. : 
VERS 22. Boncingo n’en a. point de pareilles.] Bou- 





CE 


CINGO, fameux Marchänd de vin. | 

VERS 23. Chez ‘le: Comsmandenr:) TJAQUES DE 
Souvre, Commandeur de St. Jean de Latran, & enfuite 
Grand Prieur de France. Il aimoit la bonne chère , & te- 
noit ordinairement ume table fomptueüfe, à laquelle affis- 
toient fouvent Mr. du Broufin, & Mr. de Villandri, qui 
eft nommé dans le vers fuivant. Les Repas du Comrmandeur 
étoient renommez en ce tems-là, & Saint-Evremond en 
fait mention dans fes Ecrits *, Le Commandeur de Er 
. RE EL 

# Converf. du Duc de Candale, avec Mr. de Sr, Evribiond. 
4 





SATIRE IIL ai 
Mais hier il m'aborde, & me ferrant la main : 

o Ah! Monfieur, m'a-t-il dit, je vous attens demain, 
N'y manquez pas au moins. J'ai quatorze bouteilles 
D'un vin vieux...Boucingo n'en à point de pareilles: 
Etje gagerois bien que chez le Commandeur, 
Villandri priferoit fa fève, & fa verdeur. 

:; Moliere avec Tartuffe y doit jouër fon tôle : 

Et Lambert, qui pluseft, m'a donné fa parole. 
Ceft tout dire en un mot, & vous le connoiffez. 
Quoi Lambeït ? Oui, Lambert. A demain. C'eftaffez, 
Ce: matin donc, féduit par fa vaine promefe, 
jJy cours, midi fonnant, au fortir de la Meffe, 


REMARQUES. 


vré étoit fils du Maréchal de Souvré, Gouverneur de 
Louïs XII1I. & Oncle de Madame de’Louvois. 

VERS 24. Villandri priferoit.] Mr. de ViLLANDRI é- 
toit fils de BAzTAz AR Le BRETON, Seigneût dé V11- 
LANDAtT,; Confeiller d'Etat, Gentilhomme de la Cham: 
bre du Roi TT 
- Vans 25. Moliere avec Tartuffe.] La Comédie du Tar- 
mfe avoit été defenduë en ce tems-là, & tout le monde 
voaloit avoir Moliére pour:la lui entendre reciter, ° 
.-Vrns 26. Et Lamben:, qui plus eff, &c 7] Mieñrt 
LamsrarT, fâmeux Mufcien, étoit fouhaité pat tout. . 
C'étoit un fort bon homme, qui promettoit à tout lemon- 
de, & manquoit presque toûjôurs de parole. Cela eft bien 

né dahs:ce vers & dans les deux fuivans. C’étoit 
Phormme de France qui chantoit le mieux, & on le regar- 
| doit comme {’imventeur du beau chant. 11 mourut à Paris, 

sh mois de Juin 1696. âgé de 87. ans. Son corps a été mis 
dans le tombeau de Jean Baptifte Lulli fon Gendre. 

Vas 23. Quoi Lambert? Oui, Lambert. LA demain, Cf 
fix} Ce vers eft en Dialogue. Que; Lambert r c’eft leCon-. 
vié qui dit ceci. L’'Hôte repond: Oui, Lambert. LA demain. 
Et le Convié promet d’y aller, en difants C%# Je ; 

‘ ERS 





P:1 S A TIRE TIIL 
A peine étois-je entré, que ravi de me voir, 


7 + 


Et montrant à mes yeux une allégrefle entiere , 
Nous n'avons, m'a-t-il dit, ni Lambert ni Moliere: 
35 Mais puisque je vous voi, je me tiens trop content, : 
Vous êtes un brave homme: Entrez. On vous attend. 
A ces mots, mais trop tard, reconnoiflant ma faute, 
Je le fuis en tremblant dans une chambre haute, .” 
Où malgré les volets le Soleil irrité _: . 
40 Formoit un poële ardent au milieu de l'Eté. 
Le couvert étoit mis dans ce Lieu de plaifance; 
Où j'ai trouvé d'abord, pour toute connoiffance, - 
Deux nobles Campagnards, grands leteurs de Romans, 


Quim'ont dit tout Cyrus dans leurs longs Does = 
À | "Jen 


L 


REMARQUES 


VERS 43. Deux nobles Campagnards &tc.] De ces deux 
Campagnards il n’y en a qu’un qui foit un perfonnageréeL 
Voiez la Remarque fur le vers 173. de cette Satire.. - 

VERS 44. Qus m'ont dit tout Cyrus dans leurs longs compli- 
mens,] LArtamene Ou le Grand Cyrus, Roman de Mademoi- 
felle de Scuderi, en dix volumes. 11 eft rempli de longues 
converfations, & fur tout de grans Complimens fort en- 

. nuïeux. C’eft pourquoi Furctiere a dit dans Histoire des 
troubles arrivés an Royaume d'Eloquence, Que les Bourgeois de 
cette Place (le Roman de Cyrus) afefoient [ur tout d’itre 
fort civils, ©: de fort bou entretien. La plüpart des gens de 
Prèvince, qui s’imaginoient que le ftile de ces Romans 
étoit le ftile de la Cour, & un modèle de politeffe , for- - 
moient leur langage & leurs complimens fur le Cyrus & 
fur la Ciélie, dont ils retenoient les façons de parler. Ces 
Romans, dont le goût s’étoit répandu daûs toute la Fran- 
ce, avoient aufli produit les Précieufes : caraétère que Mo- 
liere à fi bien joüé, Les premiers Volurnes du Roman ‘de 
Cyrus commenfgèrent.à paroître en 1649... 


°.. 


VERS 


SA TIRE IL 
j'enrageois. Cependant on apporte un potage. 
Un coq y paroifloit en pompeux équipage, _ 
Qui changeant fur. ce plat & d'état & de nom, 
Par tous les Conviez s'eft appelé chapon. 
Deux affiettes fuivoient, dont l’une étoit omée 
D'une langue en ragoût de perfil couronnée: 
L'autre d’un godiveau tout brûlé par dehors, 
Dont un beurre gluant inondoit tous les bords. 
On s’'affied : mais d'abord, notre Troupe ferrée 
Tenoit à peine.autour d'une table quarrée : 

Où chacun, malgré foi, l'an fur l'autre porté, 
Faifoit un tour à gauche, 8e mangeoit de côté, 
jagez. en cet état fi je pouvois me plaire, : | 
Hoi qui pesompre rien ni le vis ni à chère 


+ 
+ À 


“REMARQUES S. os, 

Vas 45: Opens oh orte sn potage Etc.) Mi. FouR- 

_tror, célèbre Avocat, eme de donner-un :re- 

pes e en tout à celui qui-eft décrit dans-cette Sati- 

Re, à M. de Lamoignon, Avocat General: à M. de Me- 

rs; Maîere des Requêtes, enifuite Préfident à Mortiers, 

tie Despréaux; & à à quelques autres. : Mais fa plaifarre- 

et vai point aux Convier; & l’on ditialors, que ces 

repas font bons à décrire &' non pas à douner. . 

Vas 48. Moi qui ne compte rien:ni le vin ni la ‘chève;] ul 

mroit pû nrcttre: JMei gui compte pour rien à" le vis Ü 4 

ae. Mais.il a crû Pautre- manière plos conforme à lufa- 

ge L Lun sue Pantre fe peuvent dire, Cependant il femble 

qe P me à du mis cette difference, qu’aprèes Ne: ‘comtpter 

Der rie» il une négation ; & pes, Craprer peer: riens 
i faue une affirmation: 

14 

3e ne compte peur rien ni 16 vis ni La db. 8 


+ Doi qui compte.pour ritn &7 Le vin 6 la chère, 
Tue T, . C  ,: ‘Ymas 


— 37 


58 S ATIRE ÏIIL 
Si l'on n'eft plus au large affis en un feftin, 
60 Qu'aux Sermons de Cafagne, ou de l'Abbé Cotin. 
Notre Hôte, tépendant, s’adréffant à la Troupe 
Que vous femble, a-t-il dit, du goût de cette foupe? 
Sentez-vous le citron, dont on a.mis le jus, 
Avec 
‘ REMARQUES. 


INans$o. Owaux Sermens de Caffagne, eu de P_ Abbé Cotin,] 
-Ce fut 1’ Abbé Furetiere qui indiqua à notre Auteur, les 
deux mauvais Prédicateurs qui font ici nommés : l’Ab- 
bé Caffagne & FAbbE Cotis, tous deux de l’Academie 
Françoife, JAQU Es CassAGNE, de la Ville de Nismes, 
étoit Doûteur en Théologie, & Prieur de S. Etienne. Il 
fut reçu à l’Academie Françoife en l’année 1661. à la plie: 
æe de St. Amant,& mourut au mois de Mai 1679. Il a fait 
la Préface des Oeuvres de Balzac, qui eft estimée: il a 
æncore traduit Salufle, &c. 1leur aflez de bon fens ps 
‘me témoigner aucun reffentiment contre f’ Auteur des 
xes. Mais l’Abbé Cotin ne fit pas de même. Fier & 
Æomptueux comme il étoit, il ne put fouffrir que fon ts- 
ent pot la Chaïre lui fût contefté. Pour s’en venger il ft 
ane mauvaife Satire contre Mr. 5 dans laquelle 
il lui reprochoit, comme un crime, d’avois imi 
æ6 Horace, & Juvénal. Cotin nes’en tint pes là: il pue 
bla un Libelle en profe, intitulé: Le Critique desinterefie 
Por les Sarires du tem; dans lequel i geoit notre Auteur 
es injures les plus groflieres, & lui imputoit des crimes 


: inaires. 1l #’avifa encore mall E pour Jui, 
de faire entrer Moliere dans.certe dispute, ‘&c.ne l'épasgas 
bas plus que Mr. Despréaux, «Celui-ci ne den. qe 
Jar de nouvelles railleries, Comme ‘on:le verra dans ie 
«$atites fuivantes; mais Moliere acheva de le ruiner de se 
purarion, en l’immolant fur le Théatre à la rifée publi: 
ue, dans la Comédie des Femmes favantes, fous ic nom 
@e Frisstin, qu’il changea dans la fuite en celüi de Trigx 
tin. CHARLES CoTIN, Parifien,: fut à PAcademi 
Ærançoife en 1656. & mourut au mois de Janvier 1682. l 
Æ fait plufieurs Quyrages tant en vers qu’en profe, * 
VERS 63. Sentez-vous le citron, dont on « mis le jus &tc.] 
“Ces fortes de foupes étoient ators à la mode, &'on lès a- 
Pied des Soupes de Désy d'argent. C’étoit l'Enfeigne de 


SATÉRE IL 5. 


des jaunes d'œufs mêlez dans du verjus ? . 

y vive-Mignot, éc tout ce qu'il apprête ! 
eveux cependant mme drefloient à la tête : 
gnot, c'eft tout dire, & dans le Monde entier; 
erapoifenneur ae fut mieux fon métier. : 
REMARQUES, . 


c qui demeuroit dans le quartier de l’Univerfité. Dé 
it inventé Ja manière de.les faire. D 
s 65. Ma foi, vive Mignot, Bc.] Jaqurs Mre 
Patifier-Traïttenr , demeuroit dans la Ruë de 
vis-à-vis la Koë percée. 1 avoit la charge de Mai- 
-ux de la Maifon du Roi, & celle d’Ecuïer de 1e 


BR: “esperez de fatisfaétion par la voie de le 
» L'ééfobne de fe faire justice lui-même. Pour cet 
 $'avifa d’un expedient tout nouveau. Mignot avoit 
hais de:faire d’excelleus Biscuits, & tout Paris ex 
x querir chez lui. U'int que F Abbé Cotin avoit fait 
tire sante: M. téaux eur Ennemi commué. 
L de 4 impemner à {es dépens ; 8 quand on venoit 
des biscuits, il.les envelopait dans la fenille qyi 
oit la Sarire imprimée» afin de la répandre dans le 

affgcianc ainfi fes talens à ceux de Abbé Cotin, 


Mr Despréaux voulait fe réjouir avec fes amis, il 
de acheter des biscuits chez Mignot, pour avoir l&, 


£ Cotin. Cependant la coïère de Mignot s’appailés 
vit que la Satis de Mr. Despréaux, bien loïîn de 
ler, comme il le craignoit, l’avoit rendu extrènie- 
élèbre, Ex effet, depuis ce tems-là row ie monde 
‘aller chez li. Mignot a gagné du bien dans fa 
en, êc il fait gloire d'avouër qu’il doit fa fortune à 


C2 VERS 


r ‘à 


ï 
+ à 


52 S A TIRE ïzILl 


J'approuvois tout pourtant de k mine & du grite, 
Penfant qu'au moins Je vin dût reparer le refte, 
Pour m'en éclaircir donc, j'en demande, Et d'abord, 


, Un laquais effronté m'apporte un rouge-bord, 


D'un Auvernat fumeux, qui mêlé de Lignage, 
Se vendoit chez Crenet, pour vin de l'Hermitage; 
Et qui rouge & vermeil, mais fâde & doucereux, 
N'avoit rien qu'un goût-pht, 8 qu'un déboire affreux 
A peine ai-je fenti cette liqueur traîtrefle, 
Que de ces vins mêlez j'ai reconnu l'adreffe, | 
| oo 7 T'oute- 
REMARQUES 
 Vzns 73. D'un Auvernat fomeux, qui mélé de Liguas. 
2 uvens » OÙ Lines ,“eft un a fort rou se) 
meux, qui n’eft bon à boire que dans Parrière-fashon, : Ce 
#in croit aux environs d’Orleans. 1l eft fait de raifins noirs 
qu’on-appèle du-même nom, parce que le plant en eft ve- 
au d’Awwergne. : 7 MU st 
- 1 Le'Lignage eft ua vin moins fort en couleur, qui eft fait 


vec toutesforres de raïfins. Les Cabaretiers mêlent ces 


deux fortes de vins pour faire leurs vins clairets &c rofez de 


pluficurs couleurs, ; 


VExs 74. Sevendeit cher, Crenst.] Fameux Marchand de 


Vin, es tenoit le Cabaret de:la Pomme du Pin, vis-à-vis 
J’Eglie 


de ia Magdelaine, près du pont-Notre-Dame. Ce 
C étoit déja renommé du tems de Kegaier qui en 


parle ainfi dans fe dixième Satire, 


Où maints Rabis balays tous rougiffans de vis, 
Montraient un hâc itur à Le Pomme de Pin. 


" Et même du tems de Rabelais, qui dit: Puis camponifous 5 
. Tabernes meritaires de La Pomme de Pin, du Cafiel, de la M de. 
. Saine, 6 de la Mule, Pantagr. L 2. ch. € 


. CRENET ne fit pas comme Mignôt, càr il né fit ( e 
ire du mélange de vins qu’on lui reprochoie dans certe Sa 
sise, Et ce reproche n’étoit pas auili fans fondement, ri 


_ 


S A TIRE IIr si 

Toutefois avec l'eau que j'y mets à foifon, 

J'efperois adoucir la force du poifon. | 

Mais qui l'auroit penfé ? pour comble de disgrace; 

Par le chaud qu'il Fäifoit nous n'avions point de glace 

Point de glace, bon Dieu! dans le fort de l'Eté ! 

Au mois de Juin ! Pour moi, j'étois fi transporté, 
85 Que donnant dé füreur teut lefeftin au Diable, 

Je me füis vû@ vingt fois prêt à quitter la table, 

Et dût-on m'appeller & fantasque & bouru, 


Jaïllois fortir enfin; quand le: Rôta paru. 
REMARQUES : ° 
M du Brouffin avoit fait acheter à M. d'Herbaut, ches 
Crmw; un muid de vin de l’Hermitage, qu’on reconnut 
enfaité être de ce vin coupé & mêlangé: ce qui mit-le 
Brouffin une furieute colère contre Crms, qu’il ne 
menagoit pas de moins que de le perdre. C’efl à cette 
aysatuse que FAuteur fait ailufion. . . . : : 
- Ibid, mms Pour vin de PHermitage.] 11 crois far un cô- 
au fitué dans le Dauphiné. proche la ville de Thain, fus 
russe du Rhône, vis-à-vis de Tournon. Sur ce côtears 
y a un Hermitage qui a donné fon nom awterritoire, 8 
sn via qui y vient. à : 
.. CHANGEMENT. Vers 75. Er qui rouge 6 vermeil.] Il Y 
aroits: Et gai rouge en couleur, dans les premières. éditions. 
. Vans 83; Point de glace, bon Dieu!] Dans le temis que 
cette Satire fut faite , l’ufage de la glace n’étoit pas fi 
commun ea Krance quil pe à pren PA avoit que 
peux qui fo-piqaoiens.de déhicatefle &c. de xafinement, qui 
buffent à la glace. _ Ainfi la plainte que fait ici le Perfon- 
rage qui pare lei on car ère. En France on 
ne eiécle encé à boire à la glace: vers la udix-icp- 
ne Siécle; mais cet ufage étois onnu des anciens ROr 
sing.qui en faifoient leurs délices. 
ss ——7— Quant le Rôt,s paru. ] Quand l’Auteur 
loi à cette Satire, il demanda à Mr. du Brouflin, 
dise le Rér, on le Rér. 11 sépondit qu’on pour 
C3 vois 





S 
LJ 





pm SATÉRRE IN. 
” Sur un lièvre flanqué de fix poulets étiques,. 
80  S'élevoient trois lapins, animaux domeftiques,, 
Qui dès leur tendre enfance élevez dans Paris, 
Sentoient encor le chou dont ils furent nourris. 
‘Autour de cet amas de viandes entaflées, 
Regnoit un long cordon d’alouetes prefées,, 
es Et fur Jes bords du plat, fix pigeons étalez 
Eréfentoient pour renfort leurs fquelètes brûlez, 


REMARQUES. 
voit dire l’un & l’autre, mais que Ré étois plus noble. 
Servir le Rôt.. OT Se TT 
VERS 92. Sentoient encor le chou. ] Uné petite avanture 
domefiique a fourni à l’Auteut l’idée de ce vers & dés 
deux précedens, Un foir il y avoit du monde à fouperehez 
Mr. Boileau fon pere. En entrant dans la Salle à manger;. 
On fentit une odeur femblable à celle- de la foupe aux 
” Choux, dont tout le monde fut frapé. Mr. Boileau an- 
da à la Cuifinierg, fi elle étoit folle de vouloir leur don- 
mer une foupe aux choux, à louper? La Cuifiniere répon- 
dit que ce n’étoit pas. fon deflein ;. cependant on fentoif. 
toûjours la même odeur: mais à peine eut-on fervi le Rôt, 
e l’on découvrit au fond du baffin an Lapin nourri aux. 
choux, qui étoit caché fous le refte de la viande: car on. 
Ya fervoic alors en Pyramide. Dès que l’on vit le Lapin, 
on ne chercha plus d’où venoir cette odeur. On'le fit d'a 
bord emporter;, mais il avoit répandu par tout une odeur 
de chou qui dura tout le refié du repas. L 
© VERS 94. ‘Regnoit un long cordon d'atvuetes prafées. ] Com- 
me ce Repas fe donnoit en Eté, aû mois de Jhin , les 
Critiques ont prétendu qu'en cetems-là on ne m à 
gs d’Alouetes. C’eft Bourfaut qui a fait cetre objection 
s une petite Pièee de Théatre, imtittiéc les S'aire des Sa- 
fires, imprimée en 1669. à 
Notre Auteur répondoit, qu’if men raifon de faire fer- 
“sir des Aloïüetes dans ce repas, pârce que c'eft un repas. 
donné par un homme d'en goût bizarré &c extravagant, 
ai cherche des êts extraordinaires. Qu'ainf, l’on peut. 
2, LA j pre: 


S À TIRE FL 3 

l côté de ce plat paroiffoient deux falades, 

june de pourpier jaune, & l’autre d'herbes fides,, 
Dont l’huile de fort loin faififfoit l'odorat, 
Et nageoit dans des flots de vinaigre rofat. 
Tous mes-Sots à l’inftant changeant de contenance: 
Ont loüé du feftin la fuperbe ordonnance, 
Tandis que mon Faquin,. qui fe voïoit prifer ; 
Avec un ris moqueur les prioit d'excufer. 
Sur tout certain Hableur, à la gueule affamée ; 


REMARQUES 


Le u’il a donné dés Aloüetes quoi que mauvaifes, 
sune fifon où il n’eft pas impoflible d’en avoir, puis 
‘en a cn tout tems: les Aloïüetes n’étant pas des oi- 
D’ailleurs , cette faute tombe {ur Mignoë 
réparé le repas, & non fux le Poëre qui en 

n. Mais au fond, j’Auteur auroit peut-êtr 


pr endroit, fi fés ennemis ne s’étoient pas fi f 





ï$ de cette critique. 
&, Ibid. Un cordon d'Alenctese] Les Latins difoicné 
HE ‘ñême fens, | 
ve ceuronne d'Alesetes, de Grives, &c: 
_Texta Rofis fortaffe tibs, vel divite Narde,. 
; J 7 # mibi de Toute fatla Corons place. 
' * Martial. XIIL Epig. LL 
] 
luir, Vers 56. Leur: Jqslères brûlez.] Horace , dau 


fn récit d'ün feftin ridicale,. applique aux Mesles, ce té 
notre Auteur dit ici des Pigeons : 


"4 


mes mom Tune petfore aduffo 
Vidimus 6: Merulés pri, L. JL, Sat, VIIL 90. 
Vsré 105$. Sur tout certain Hableur.] Celui dont Je ezé 


eft fi vivement exprimé dans ces dix vers, 5’ ape 
C â: ° "4 


; ,T “u. 


3 S ATIRE IIL 
Qui vint à ce feftin conduit par la fumée, 


REMARQUES. 


Joit B. D. L. Coufin iflu de Germain de notre Auteur. 1k | 
étoit neveu de M.'de L...... Grand Audiancier de 
France, qui lui avoit acheté une charge de Préfident à la 
Cour des Monoies; mais il diffipa tout fon bien; & fon 
Oncle l’arant abandonné , il fut réduit à vivre: chez fes 
amis. Il alloit fouvent chez Mr. Boileau le Greffer, frérs 
aîné de Mr. Despréaux. Ce fut là que fe paffa eatre ce 
même Mr. D. L...... & lajComreffle de Crisskr', cette 
Scène plaifante & vive qui a été décrite par Mr. Racine 
dans fes Plaideurs, fous les noms de Chicaneau & 1a Com- 
teffle de Pimbêche, La Comrefile de Criflé éroit une Plai- 
‘deufe de profeflien, qui a paflé toute fa vie dans les pro-. 
cès, & qui a diflipé de grans biens dans cette occupation 
ruineufe. Le Parlement fatigué de fon obftination à plai- 
der, lui defendit d’intenter aucun procès, fans Pavis par 
écrit de deux Avocats que la Cour lui nomma. Cette in- 
terdiétion de plaider là mit dans une fureur: inconcevable, 
Après avoir fatigüé dé fon defefpoir, les Juges, les Avos 
gats, & fon Procureur; elle alla encore, porter fes plain- 
tes à Mr. Boileau Ie Greffier, chèz qui fe trouva par he- 
zard Mr. de L. . .... dont il s’agit. Cet Homme qni 
vouloit fe rendre neceffaire par tout, s’avifa de donner 
confeils à cetre Plaideufe. Elle les écouta d’abord avec 
avidité; mais par un mal-entendu qui furvint entre eux, 
elle crut qu’il vouloit l’infülter, & lPaccabla d’injures, Mr. 
Despréaux, qui étoit prefent à cette Seène, en fit le récit 
à Mr. Racine qui l’accommoda au Théatre, & l’infera 
dans la Comédie dés Plaideurs. 11 n°2 prefque fait que la 
rimer. La première fois que l’on joüa cette Comédie, on 
donna à l’A&rice qui reprefentoit la Comtefle de Pimbè- 
€he, un habit de couleur de Rofe-feche, &c un masque fur 
Porcille ; qui étoit. l’ajuftement ordinaire de la Comteflé 
de Criflé. 

VERS 107. Dans POrdre des Coteaux.] Les Côreaux : ce nom 
fut donné 2 trois grans Seigneurs tenant table, qui éteient 
partagez fur Peftime quon deroit faire des vins des Cô- 
teaux qui font aux environs de’Rheims. Ils avoient cha- 
cun leurs partifans :Ÿe ne puis m'ôter de l'efbrit [dit le P. Bou- 
hôurs]; gw°on n’entendra pas un jeur l’Anteur des Satires, daui 
de defcriptim de fon Fefiins | s 
+ C4 





&gATIRE TI. RE 
s'eft dit Profès, dans l'Ordre des Côteaux , £ 


REMARQUES, 

Sr tent cértain Hableur, ce. | | 
e füis même mis en tête (continuë le P. Bouhours} 
les Commentateurs fe tourmenteront fort pour ex 
er ce Profés dans POrdre des Côteaux, & qu’on por” 
en le cerriger en lifant, Prefes dans POrdre de Cis= 
» par la rain que POrdre des Coteaux ne fe trouveræ 
En l’Hifioire Ecclefiaffique, & que les gens de 
ms-JA ne fauront pas que cet Ordre n’étoit qu'une 
sé dé fins Débauchez , qui votloient que Île vin 
F] &dient: fût d’un certain côteau; & qu’on les 


pôbr cela les Côteaix, oi 
P vs fameux Côteaux qui produifent fe vin de 
igne, font Rheïms , Pérignon,. Silleri, Haut-Vil= 
M, :Taiffÿ, Vertenai, S. Thierri Notre Auteur 
qe ce trois Sefgifeuts qu’on nômmioit les Côteaux ÿ 

Commandeur de Souvar, le Duc de Mons 
À 8c le Marquis de SrELERE 
g done une autre origine à ce nom-IS ,, CE 
Emil, fei Mr. dé LavanrDin,.Évèque du Mans, 
iemape de ce Meflieurs qui difoient que for$ 
étoit pas bon, dir que c’étoient des délicats gui 
üloient du vin que d’un certain Côteaw, & à-deflug 
p appella es Coteaux, Ces Meflieurs éroient le Mars 
le Bors-Daurin, du nom'de Laval; Le Eomte 
oxsk, du nom de la Trimosille; L’Abbé-de V r1< 
EAU x, du nom de Mornai 3 & le Comne de 
s#S in dh nom de Brûlart:. DiG.-éymol. É 


agent d'une Lettre di Mt, D'Es MAIZEAUE 
ee a NX N fur ce fhjer, V 
sue je priai Mr. de St. EVREMOND de m’aprens 
origine du nom de Côreaux, je lui fis voir cæ 
fénage a écrit là-deflus dans fon Difienaire étyme= 
'»> OÙ EE ra à EME Ps du Many 
engnt dé quelques grandi Sciçnèurs qui difoient que [em 
'étéis Re Be Mt. de Sr. évremond affüra 
* Auteur fe ttornpoit = car r. ceux à qui on donns 
œ dé Coreaux.n’éroient pas de erands Seigneurs. 2. I18 
st pQins que de Vin de l'Evêque dà Mans”s’#e 
F5 « À ++. ‘Css ‘ss pse 


PF SATIRE [IE 
A fait, en bien mangeat ; Wloge des morétaur:: * 
Ÿ€ riois de le voir, avec fa mine’étique, 
110 Son rabat jadis blanc , -& fa Perraque #atique, 
En: lapins de garenne ériger nos clapiers, : ” 
: , | | | ee 
REMARQUES 


>> pas bon, 3. Ce Prelat ne fe plaigneit point d’éhx, 4. 1t 
» Le parloit pas d’us certain rene LFAbbé de Villayceuu 
+ n’en étoit pas, lui qui ne s’entendoit nullement en âé-- 
» licatefle: ni du Brouffin,.-qti n’efl venu que dix ans sa: 
» près. Mr. de St, Evrémoïd ajouta qu'il étoit fui-niêine 
» à la table de l’Evêque du Mans, lofsque ce Prelat éori- 
» 04, pour ainfi dire, naiffänce au ix nom de Cé- 
#» TEAUX. J1 m’aprit enfuite la veritable origine de œæ 
? nom-R, que j’Ai rapportée dans la V1x de M. de ft, 
» Evremond. | at EU 
Voici l’endroit de la Pie de Sr. Evremsnd, bù ML De 
Maizeaus parle des Côteaux. ,, La beane chèré dont on fe 
5 piquoit à la Cour, dit-il, fe’ diflinguoit tioins Fe 27 
» fomptuofité & la magnificenct, que par la’ déll & 
» la proprerée Tels étoient les repas du Commandeur’ dé 
» Souvré , du Comte d'Olonne , & de quelques autres 
a Seigneurs qui tenoienc table. 11 y avoit entr'eux une es- 
e poce d’émulation , à qui fexoit paroitre un goût plus 
» fin, & plus délicat. Mr. de Lavardin,, Evêque du Mars 
w à Cc -bleu, s’étoit aufli mis fur lés rangs. Un jout 
x que Mr. de St. Évremond mangeoit eliez lui, cet Evês 
" que fe prit à le railler fur fa Délicatefle, & fur cellé dé 
» Comte d'Olonne, & du Marquis de Bois-Dauphin, Gr 
>» Méffieurs, die ce Prélat , outrent teut à forcé de vouloir raff- 
ss ner fier tout. Ils ne fanroient manger que du Veau de riviere: 
> 5 faut que leurs Perdrix viennent d'Auvergne : que leurs La- 
nm pins foient de la Roche-Guyon ou de Verfine. Ils ne font peï 
n moins difficiles fur le Fruit: & pour le Vin, ils n’en fan 
æ voient boire que des trois Côteaux, d'A, d'Haut-Villiers, 
» © d’Avensy. Mr. de St. Evtemond rie manque paé dé 
n faire part à fes Amis de cette converfätion ;.&c ils rèpes 
.» t@rent fi fouvent ce qu’il dvoit dit des Céreaux, ‘8e et 
# pPlaifanterent en tant d’océafions, qu’on leé apella Lx 
w TROIS CÔTEAUX … | LS 


; . Mr Dés Maizenux sémiacque dns If mime endioits rs 





S'A TRE ‘IT. 
Ét aos pigeons Eumehois-en faperbes Remiers: + _: 
Et pour flater notre Hôte, ob'ervant fon vifage |: 


Compofer fur fes yeex fon gefie 8e fon-langage. - 
Quand notre Hôte charmes m'avifant Ga ce pot, 
| Que Su 
REMARQUES. .,, 


qi tee soon Mr, Ménage & Mr. Despréanx fé 
nt trompes fur l' grigine du du non de Cüreanux ; È il ren- 
qu de Lam “ot dans les Be five An: Res 
mblique des 65 . 17 185. Va ADD. 
Phdss. d’AmÎ. m4 me. # 
On eroit- ne Je Vin de Ch e doit fa 
M qu pe à refus Colber & le Teilier, Mare dE d'E- 
Vignobles dans la Province 
ot ne On ER nésamoins remonter beaucoup 
dla seprtatiori dé ce vins car On fus 
æÆ, pus “que le” Pape Leon X., Charles-Quiat , François . 
& VIiL Roi d’Angleterre, voulurent tofjours ufe 
du Vian d'Aï, conmme le Bla excellent, & le plus épuré 
pe fenreur de terroit. Jls avoient tous leur propre 
y ‘danÿ Aï, on che d’Aï, pour y faire : cu- 
Mmient leurs ons, Voilà fans dome vitres 
peres Ordre des Coteaux, 
JF. 2 ir. En lapins de Garenve RE nes chain. 
éordinairement Caprers, les Lapin a 
M'ea voit jamais fur les tables bien Rrvien - D 
mvri de Mr. Racine, :Chicanean dit à foi takes 


" ° 
ut me den ce Clin vois Lapin de Gare .. * 








| 6 chez, men Procureur porte-les.es matin. Lure 
. Wians 1ra. Es nes pigeons Cauchois em Jperbes a TX DE 
piques -Canchei: font dé gros Pigeons:-& ce moe de ce 


Gi done Pins gros que ds: à canfè que “les dE aé 
Céutéont gros que its autxes Caschois né au 
Pis de Caux. Menses, Diffc. Etyrmel, ” De 


semer : Sone de Pigeon fau: eh fi Les b 
dès ares ce que les Fiéeous domeltq s us 


86 Bert, Lars à dr, Le Éæ" E'Olopet Fed: " 


\ 


6 SA TER FE HiL: 
Qu'avez-vous donc, dit-il,qne vous ne mangez point} 
Je vous trouve aujourd'hui l'ame tenta inquiette,. 
Etles morceaux enticrsreftent fur votre affieite,…  : 
Aimez-vous la mufcade? Onexa mis par tout... 
320 Ah! Monfieur, ces poulets font d'un merveilleux goft: 
Ces pigeons font dodus, mangez fur ms parole, 
J'aime: à voir aux lapins cette chair blanche & molle, 
Ma foi, tout eff pañable, il le faut confeffer;. 
Et Mignot aujourd'hui s'eft voulu furpañler. 
325 Quand'on parle de fauce il-faut qu'on y raffine. 
Pour moi j'aime fur tout.que le poire y domine, 


en fuis fourni, Dieu Gt, &i fa tout Peñetier 
! .. Rouk£ 


= 4 


REMARQUES _ 


. VSRS TIR «Aime ons la mafiade? On où 4 mis tout] 
Hi demande fi l’on aime la-Mufcade ; perte 


ailleurs, c’étoit un hors de mode 
ré on ne vouloir Be qe la mufcade Eth ds Lg 


s. 
VERS 122 aime a voir. aux lapins.cette chaîr. blanchi $ 
molle. 1 Ce Perfo 'nnage donne encore ici une preuve dé fs 
mauvais goût: car les Lapins, pour être bons, doive 
avoir la fair ferme & de couleur un peu bize., ‘I n'y L 
que les Clapiers qui aient la: chair blanche & molle. : 
V&ns 126. aime [ur tout que le poivre y domine. ] Le 
ndèur de Souvré avoit le goûr ufé par le hosne 
œhète”, &' dirhoit beaucoup le poivre; la la mufcade £e les 
épices es plus fortes. 
“Vars LE. < F’ai tout Polotier 8cc.] Cette raillcrie 8 es 
tèmement. fine &-délicke;, ‘parce aeie ‘ft indise@e.2 On 
é de Péltitier dans Îes : ves fur le vers ses du 
Dhcours. -au Koï:, & fur-le vers-77. de la Satire Précedensà 
 Vsnrs 130. Ou come la Sratuë eff an Feftin de Pierre.) & 
‘ein de Pierre efk une Pièce de Théatre dont le fujet nous 


# té apporté on France par. Jes Couiédians- icalients rt 








8 A TIRE IH Gé 
: dass mon office en-conets de papier. : ‘fr. 
1 cés beaux difcours, j'étois comme:une pierre: 
omme la Statuë efl-au Feflin de Piene:. … , 
dire un feul mot. j'avalois. au hazard 
que aîle de poulet dont j'arrachois le lard. 
pendant moh Hableur, avec une voix haute, . 
à mes: Campagnards la fanté de notre Hôte ; 
ous deux pleins de joie, en jettant un grand cri, 
un rouge-bord acceptent fon deffi. | 
| galant-exploit revaillant tout le monde. 
porté par tout des verres à la-ronde,. 
s doigts des Laquais, dans la craffe tracez, T 


REMARQUES 
imitée des : ol. TrRSo: Ds MoLtwa; Air 


le Feffin de Pierre: car ces paroles f 
UT le convié de pierre: cefl-à-dire, le SE 
< ui peut y avoir < onné Heu £'ef que 
ques Carmandene nommé Dem Pedro. De à 4 


PHôtel de Bourgogn e. Moliere la t paroître en 
fur le Théatre du Falis Roïal, avec beaucoup plus 
niazité & d’agrémens. Elle n’avoir encore été jouée 
s que par les. italiens, dans le tems que Mr. Des- 
r compeia cette Sæire. . Dorimond ft enfüite le Fes- 

+ Sc le mit en vers. Rofimond en fit encore 
re, qui fut reprefenté fur le Théatre du Marais, en 

Corneille le Jeune a tourné en vers la Pièce 
diore , en y faifant quelques legers changemens dans 


sérion. El c commença à parole an os de Je 


& IS A TIRE TK 
140 Témoignoiént par écrit-adonies avoit rincez: : 
Quand'an des conviez, d'ux tof mélancholique;. : 
Lamentant ttiflement une Ækanfon bachiques. -… 
Tous mes Sots à Iæ fois, ravis de l'écouter, . 
Détonnant de concert, fe-mettent à chanter. 
145. Le Mufiqne fans doute étoit rare'&e charmiante :- 
L'uu traîne en longs fredôns use voix-ghpifnte;. 
Et l’autre l'appuïant de fon aigre fauflet, 
Semble un violon faux qui jure fous l’archet, 
Sur ce point un jambon, d'aflez rhaigre apparence, 
350 Arrive fous le Ronde  jarnborrde Malrncé, - | 
RE M . R av: E &. 
vier, 1677. & C'eft centc-demiere qu’on joué Préfetenner 
en France. 
Vrxs 141: Quand un des convier,, d'én ten mélaucheli 


&ec.] Mr. de la C. ... Nortu de notre.Auteur,. pi 
voix aflez belle ; 3: mais il chantoit toutes fortes- d'a 


d’ün Noble C F1 3e des Guns Mis des 
ke Recueil des Aïrs- vu Savoïard , fameux Ch Chantre fn Poe 
n 


V ES ISO. sm Sons Lo nous de jambon ‘de Maÿence.) Les: 
jambons de Msience font AT d’üne façon particulière. . 
"ls viennent de Wefiphalies « on les le jambons de 
-Maïence, parce qu’ avoit une foire de-ces 
unbons es Maïence : cette # % tient mainrenans à 

rancfort fur le Mein. 

.. IMrr. Vers 151. ‘Un valet le pertoit ; ‘marchant À pas 
comptez, ête. ] Horace s’êft suffi de la gravité avec 
Jaquelle un-Valer APOR QE des devis: fox fù rè- 





Ed 


SAT ER KE “If > 
Eh Valet le portoits patch pe compte 
Comme un Re@eur fuWi des quart Facultez.. - : 
Deux Marmitons crafféux; rowéeus tie SJ 


Lui fervoient deMafliers; êt portoient deux afficttes,, …. 


5; L'une derchampiguons,.dvec des ris dé veau: 7 / 
Eïi l'autre-de pois verds, qai fe noïfbient. dans l'eau. 
Un fpedäcle-f:besu furprenant l'afémblée , :_ :: : : 
Etla troupe à l'inftant, ceffant de fredonner, 

#0 D'un ton graterirert fou s’eft Mifé à:raifonner, 
Le vin 2 a pla muet founiffint. nos 

, a. ARMARQUES LE | 


PC LTÉE mm Ve Atticn Virge. 
Ov facris Cereriss prcudit fufeus Hydafpes 
Cacnba vins ferens. L, U. Sat VAL. 135. 


© 








ie Aus mur Faultez, à Jont les As, la Modes 
Ja nrspmdence. $ .& la ie. Le Reéteur cf 
Officier éleaif e pr tés. & la Proceflion 


ds ir fe fait is l’ännée. 

. Vans 154 Lai im de Mafiers.] Quand le Relteus 
vs en ef coûjours accompagné de deux Maf- 
Péà: A à den x Bedeaux qui porrent devant lui 
L, où Bhots: À 


tête, gent, tels qu’on 
devant le Roi : "# devant le 


Air. Le jen Le vis au plus œué fournilins des pare 
drbpiecs LL Ep V2 si 


é SA F LR FE M 
. Chacun a débité fon marines fivokess: . ‘ j 
Kègié les interêts de chaque Potentat,.:.. 
Corrigéla Police, Srséformé T'Etat ; ‘| 
165 Puis de-lB s'emberquant dans la nouvelle guene:- 
A vaincu la Hollande! oubattu l'Angicterre. 
Enén, laiant en paix tous ces Peuples divers, 
De propos eh pregos'om a parlé de Vous. : ©. 
Là ,_tous:mes Sois, enfex d'une nouvelle:andece, | 
EL ET È ce 
REMARQUES. 


… Faces cili6el quete mon fécere dif? ©" "1". 

"+ ®RRs 166. LA vaincu le Heltedr KA battu P Angleterre, Y: 

L’Angleterre &.la-Hollande.étoiept alor guerre. Les: 

Hollaadois perdirerit ne ine branle bataille fur mer 

æoiitre les. Anglois.: Le Roi fe détlara eufuite contre:l'Ane 

, en favenc der Hollandais ; &c cette guerre fie tes 

minée par le Traité de Breda, au mois de Janvies:1667.. 

Imir. Vers 170. On jugé des Auteurs KG. ] Perle, Satie 
sc L 30, Lai 5 


L ; 
2 as + Lt “4: 
ns 4 € , PU ads, . 


_ ‘ets ER + um: = toi 4 


—— mms Écce FH067 poclA QUATUNE 
Romulide faruri quid dia ptits nérrent. 
EPRR STORE pou Le juge PEN, LOL EF ohéee 
phile & Ronfard 3 Le Poëte Ta Pare ai : lmagie 
mation vivé & brillantes; mais pour li-réeäriré-&o Ja jus 
jffe, cé n’efl pas dans fes’ vers qu’il la fautéherchèr. Roc 
SARD avoit le génie élevé, & de grands:talens pou là 
Poëflez maisl femble que l’art n°ait fefvi qu’à corrompté 
.©n lui la nature, au lieu de la pérfe&ionner. En'éffer, fes 
vers font pleins e licences outrées; & l’affeétarion qu’il 
eg ge les char et Rte FR to 4e |: MÉNE- 
Béc:, lès 4 rndb peû inrelligiblés, Cet re Qui fit. piét 
1 t'déchôit ce: POELE, de 14 hadte TO dER ob f s'atoi 
| ace dans fon‘fiècter 8 dépuis long-téms on Fa à ie 
s Poches, Vajez la Remarque CES 126, pre 
Vie Cha de Art Fbbtique, ve + TR AE PÈRE 
RES …Ÿ , À N DOS PES 


2 +: ..9. 





ST 





SS ATIRE III. 1 
Ont jugé des Auteurs en maîtres du Parnañle, 
Mais notre Hôte fur tout, pour h juftefle & l'art, - 
Elevoit jufqu’au ciel Théophile & Ronfard. 
Quand un des Campagnards relevant fa mouftache, . 
Et{on feutre à-grans poils ombragé d'un panache, 
Impofe à tous filence, & d’un ton de Doëteur, 
Morbleu! dit-il, la Serre eft un charmant Auteur ! 
Ses vers font d'un beau file, . & fa profe eft. oulantes 


RE MAŒQUE:S. 

VERS 173. Quand un des Campagerds &cc.] Mt. De BYFY, 
Gentilhomme de Chälons, Coufin de notre Poëte, Il pose 
toit efféivement une grande mouftache, qu’il relevoit or- 
dinairement avant que de parler; & fon chapeau fembla- 
ble à un feutre, étoit un chapeau à grands poils, couvers 
d'un pauache ou gros bouquet de-plumes. 1l vint à Paris 

uelque tems après.la reception de Gilles Boileau à l’Aca- 
mie: 4h, 4h, Confin, lui dit-il, vous êtes donc parnei ces 
Meffieurs de Académie Françoife! Combien cela vaut-il de res 
ven par année ?- … 

VEns 174 Et [on feutre 4grans poils; ] Anciennement on 

ifoit , ms chapeas ds feautre; témoin VILLON, dans ung 
louble Ballade : 
<Abafi m'a, 6 fais entendre 
Toûjours de ung, que eff nng autre: 
De farine, que ce fuff cendre; 
D'uns mortier, #1 chapeau de feuutre L 


Et dans le Ormbalum Mundi, de BONAVENTURE DES 
Penaimas,. Dial. 11]. Mass a Diable Pune g" die: Tien, 
Mreure, -veila pour avoir un feutre de chapens. lag. 106. 1074 
bd. d'Amfi. 1717. . 
Vas 176: = La Serreoff nn charmant Auteur! ] Pu: 
RE DE LA SERRE, miferable Ecrivain, qui a prolie 
jpuautité d’ en profe &c en vers. 1ls ne laiflaient 
ns d'être débirez à mefurc qu’ils paraifloient ; mais J’Au- 


@ SA TIRER MEL | 
5a Pucelle eft encore une Oeuvre bien galante,-. 4 
Et je ne fai pourquoi je bäille en ladifant, 


| Le 
REMARQUES 


tear les aïant fait irhprimer en un corps, perfohne ne vou- 
lut plus les acheter. 11 convenoit lui-même que fes Ecrits 
étoiéat un Galimathias continuel, &:il fe glonifioit de cela- 
même, difant qu’il aroit trouvé un fecret inconnu aux a . 
tres Auteurs: C’éf#, difoit-il, d'avoir f& tirer de Pargent de 
mes Onvrages-tout masvais qWils font ,tandis que les dutres mew 
rent de fais avec de bons Owvrages.. Un jour il eut La curiofité’ 
allier entendte les Conférences que RICHES OUR CE fais 
foit fur l’Eloquence, dans une maifon de ia Place Dauphi- 
ne. Après que celui-ci eut débité toutes fes extravagances. 
La Serre, en mangean long & en rabat, fe leva de fa pla- 
ce, & allant embrafler Kichelource: 4h: Monfienr, lui. 
dit-il, je vous avou? qmélipuis vingt ans j'ai bien dibiré du Ga- 
lfmathias; mais vous venez. d’èn dire plus en-une beure, que je 
don as écrit en toute ma vie. US 
Vers 178. La Pacelle eff ehcore- une Oeuvre bien galante.] 
Ba Pucelle ; ou la France délivrée, Poëme hérorque dé JE AN 
CnarrzaAin dél’Académie Françoife, 11 derhenta trente” 
ans à compofer ou à promettre cet Ouvrage, .qui parue eue. 
fin en 1655. ‘Toute la France l’attendoit avec be: car 
Æimpatience, fur ta réputation que Chapelain s’étoir far 
gr fon Ode au Gardinal de Richelieu; mais l’impreffion en 
Me l’écueil. 1H feroit difficile detrouver rien de plus enntièax" 
la teture de /« Pacelte, dont les vers font extrèmemèernt 
forcez, &: pleins detranspofitions monstruéufes. ‘ ” 
VERS 199: Je ne fai pourque: je bäille en la lifant.] Un 
jour Chapelain hHfoit fon Roëme chez Mr. le Prince. On ÿ 
applaudifloit , &: chacuu s’efforçoit de le trouver beaz. 
Mais Madame de Longueville,-àa qui un des Admirateuss 
‘demanda fi elle n’étoit pas touchée dé la beauté de cet 
Ouvrage, répondit: Owr, cela ef parfaitement ben, mais il 
ef bien ennuyeux. Cette penféc cft l’originai de celle de Mt. 
Despréaux. | ‘ 
. Vers 180, Le Païs, fans mentir, ef un bouffon plaifant: ] 
Rens’ Le Raïs étoit de la ville de Nantes en Breta- 
gne. 11 s’apliqua: aux affaires qui regardent les droits dù 
Roï, & comme il Les entendoit bien. on lui donna ls 
Biréétion générale des Gabelles de Dauphiné & de Pro- 
vence. I avoit lespritaifé, vif & agréable, &c il compo 
foit en vers &c.en paode, avec:facilité. En 1664. il pu rl 





SATLERE IIL 6 
;» fans mentir , eft.un bouffon plaifant;- - 
* ne trouve rien de beau dans ce Voiture. . 


REMARQUES 


tres &c des Poëies', fons le titre d’_#miréex, céstien, 
wreties.. Les Railleurs l’a appelèrent le Simge ds Voitun 
ce que Le Païs fe flatoit d’miter l’enjouëment & le 
efle de cet. Auteur, C?eft ce que Mr. Despreaux inf- 
cet endroit, par.la contre-verité qu’il met dans Ia 
+ fon Campagnard, qui préfere Le Ras à Voisnre.. 
rit.cette sai ie en galant homme; & il écrivit 
nd , Où it : étoit alors, une Lettse badine fur ‘ce’ 
un de fes amis qui étoit à Paris, On la peut vois. 
s. Nonvelles Oeuvres, qui font la fuite du premier. vo- 
LE fit plus :: étans-iné-même à Paris, il alla voir Mr. 
aux, êc foutint toûjours fon cara@ère enjoué. Mr. 
aux fut d’abord}: é dela vifite. d’un pomme 
voit mis en droit de fe e plaindres mais il dit 
xoufe à Mr. Le ais» wi ne l’avoit nommé us 
parce qe avoit cs gens qui le préie- 
ca Pa Me, Le ras affa facifemgnt condemna-- 
Æ, in ne réference, & ils fe féparèrent bons amis. 
moit plus la Prpfe de D Pars ué fes. vers. 
Pire, Sieur du Bis Vilmenve, mourut aris dan£é: 
‘Bouloi, le dernier jour d'Avril 1690., &c fut enr 
fe Eufscie, où le. célèbre VINCENT Yoiruss 
é auffentenré. . 
3911 Mois je me-trouve rien-di bean dans ce Voiture. 1 
à Fontaine avoit rmené Mts. Despréaux & Raci 
À Aceaur Thierri , qui étoir le lieu de fa naiffauce. Un . 
seiga çiers de cette Ville invita un jour à diner 
bréaux sout feul ; &c' laifla es deux Amis qui é+ 
pognpez ailleurs. Pendant le repas, la converfation. 
me iérement far les belles Lettres. _L’Officier de- 
de j sq en maître: I] dit qu'il n’aimoit point. 
k 5, qu la'vérité, le Cornsille lui faifoit plaifir quel 
}» M qüe. fur tout il'étoit pafionné pour le 
e , Et puis il difoit, en s Re ge de fon bon. 
ja Melun gui le jugement [ert bien dans la 
jer a fait dire quel que 2e chofe de femblable à 
‘introduit dans fa di me. Satires. 


_e. final, Térence in pes je ; >. , [ 
Wie fhr:sont il eflinte un léngege pèlis… | 1! € 


0 


Ma. 









Vs: 


185 


æœ SATIRE II 
Ma foi; le-jagement fert bien dans la k@ure.: 
A mon gré, le Corneille eft joli quelquefois 
En verité pour moi,.j'aime le beau François. 
Je ae fai pas pouruoi l'on vante l'Aléxandre, : 

Ce n’eft qu'un glorieux, qui ne dit rien de tendre. 
Les Heros chez Quinaut parlent bien autrement, . 
Et jufqu'à Je veus hais, tout s'y dit tendrement. 
On dit qu'on l'a drapé dans certaine Satire,. 


REMARQUES 


VERS 183. —— Le Corneille ef joli quelquefess.] L'Epi- 
thete de jol; convient aufff peu au grand Craeile, que 
Je convenoit à Mr. dé Turenne, quand uh jeune Homme. 
de la -Cour s’avifa de dire, que Mi. de Turenne étbit un 
Joli Homme. C’ft en ce fens-que l’on dit de ce qui a un 
caractère de grandeur: Cela palfe lé joli. Mais notfe Auteut 
fait parler ainfi un Campagnatd, pour lé rendre ridicule. 

VERS 385. Ve ne fai pas pourquot l’on vante l°_Aléxandre. 
Aléxandte le Grand, Tragédie de Mr. RACINE, qui ls 
donna ad public en 1665. Qu'md'il Peut faite, l'Abbé de 
Bsaway, chez qui il demeuroit, fouhaitz qu’elle fut re” 


préfenrée par les Comédiens dt 1’Hôtel de Bourgogne, & 


. Racine vouloit que ce fût par [a Troupe de Moliere. 
Comme ils étoient en grande conteftation lä-deffus, 46 
Despréaux intervint, & décida par une plaifanterier 11 
fant, qu’il n'y avoit plus de bons Alteurs à Hôtel de Bentgt= 
ge: qu'à la vérité il y avoit encere le plus babile Moncheux & 
chandelles qui fut am monde, & que cela pourroit bien cétiri 
au fuccés d’une Pièce, Cette platfanterie feule fit reveuir 
bé‘de Bernay; qui étoit d’ailleurs très“obftiné ; & ‘la Piè- 
ce fut donnée à la Troupe de Maoliere. 
Vans 188. Er jufqu’a Je vous hais, tous s’y dit tendre 
ment.] Dans les Tragédies de Quinaut tous tes fentimens 
font tournez à la tendreffe ; jusques dans les endroits où 
Pon ne devroit exprimer-que de la haine du de.la douleur’ 
C’eft pourquoi on l’avoit furnommé, Le deucereux Quinant. 
Mr. Despréaux avoit vûjouër Srratenice, Tragédie de ce 
Poëte, où.Eloridos faifoit Le zôle d’Antiochus ÿ a ef 
En | ami 











S ATIRE ML & 


Qu'un jeune. Homme. Ah; je fai ce que vous VOU- . 
Là 


A répondu notre Hôte. Un Auveur fans défaut, .. 
La Raifou dit Virgile, œ le Rime Quinaut. 
Juftement. À mon gré, la pièce eft affez plate. 
Et puis blâmer Quinaut....Avez-vous vû l'Aftrate? 
5 C'eft-A ce qu'on appèle un ouvrage achevé. 
Sur tout LAsnass. Rois, me femble bien trouvé. … 


ki 


‘Son 
RE MAR ques 


PAmant; & la Barone celui de Stratopi 
| Maftrefle.  Antiohus ifoit bien As pont ce, qui tratg= 
pÿ Vous mes ba dm ? A quoi Stratonice répondait auf 
un aie for pal fort pal F'y mets toute ma gloire. 


luicars fa ons les mots "de tree À 
LÉ SS neue Es 


des, crohex-toñjeurs que 104 hainersf extrêmes 
Prince, à f je vous ‘hais, baïf{ezx-mei de mére. 


c'e perticulièrement cet endroit que Mr. Despréaux 4 
men vuë. 44, 1. Scène 6. &T, den £ 
Yzas 189. .0n dit qw’on Pa certaine gare 
pu 1 fus mé Pres airelfée à Mot liere ; & 3 
cette railor Di décomine PAuteur à glacer ces deux 
ines dans fon. Livre, immédiatement l'une après Faut, 
quéit ch ss n'aient gas été compolécs dans le même gç- 
a me. Aprés La feconde Satire, l’Auteur avoit fait la quatrie- 
cle Discours au Roi, avant la Satiretroifième, 
nr 193. Fuferment. A mon gré.] C’eft le Noble. Cam- 
qui reprend ici le discours. .. 


DS * 








ERS 194 3 Pme vos der ’ 

3 % RS 1 Le te Annean ‘Roïal Ec.] Affrate, 
AE be Quinaut , fut repréfentée au Lt 
ment de TA 1665. és. L'Aureus du Journal des Sa- 
has Maine | l'éloge de P Afrase *, “ds que cette Hièce, Reg 


772 di sig 


ia). . 





76 SA TIRE IL 

Son fojet eft conduit d'une belle manière, 
Et chaque Aëte en fa Pièce eft une Pièce entière : 
Je ne puis plus fouffrir ce’qué les autres font. 


200 Îleft vraique Quinaut eft ua Esprit profond, 


A repris certain Fat, qu'à fa mine difcrete * 

Et fon maintien jaloux j'ai reconnu Poëte : 

Maïs il en'êft pourtant qui le pourroient valoir. 

Ma foi, ce n'eft pas vous qui nous le ferez voir,  ‘ 


205 A dit mon Campagnard avec une voix claire, 


Et déja tout bétillänt de vin & dé colète. 

Peut-être, a dit F'Auteur pliant de cearroux: - : 
Mais vous, pour en parier, vous y connoills-vou? 
Mieux que rous mile fois, à dit le Noble en furie. 


| Voui 
REMARQUES 


de la tendrelfe par tout, & de cette téndreffe détcute 
ee u qriedière à à Nr. uinaut, L’.Auneas Reïal 
rer A6 14 Stène 3. &3. de l’Ate troifième. ! ie 
zitière du Roïaume de Tyr, donne à Lfyémor on parent, 
meteo la nat atque de la di gnitéKéiae > 
ke remettre are, Qué aimege da Wee, 2 Be quete 
Veur faire Roi eh lé point. Mas Agénor, pes re 
nommé pui ke la Reïne pour RULES 
voue Doit r de d,Añnran Raal: Bt 
À fan CAF b front fogveratne que Ai do ce eco 
Anneau, poux faire rêver fori K dat, PA Hit e je 
‘én-ptifon par’ ordre de la Reine. .: 
- Vans 198. Et chague CA6Ee n fa Pièce ff une Pic air) 
ane des remidres règles du Théatre, eft qu'il ne faut 
“ne Aûion : que le fujet d'une pièce Dramatique; & 
A&ion c8 non-feukement çomplette, mais 
“Hontinuéé jusqu à Dh fans aucune interruption. Of 
otre‘ Auteur p à qué dans 1” tfrar, V'A@ion théatrs- 
eft interrompuë à la fin de chaque Ace: ce qui fai a 
tant d'Ations, qu’il y a: KES Vans 14° Pièce Cene cri- 


tique 





| SA TIRE IL. y: 
ko Vous? Mon Dieu, mêlez-vous de boire, je vous prie: 
À l'Auteurfur le champ aigrement reparti, 
Je fuis donc un Sot ? Moi? vous en avez menti: 
Reptend le Campagnard, & fans plus de langage, | 
Lui jette, pour deffi, fon affiette au vifage. : L 
$ L'antre esquive le coup, & l'affiette volant 
S'en va frapper le mur, & revient en roulant, * 
À cet affront, Ÿ’ Auteur fe levant de la table, 
Lance à rhon Campagnard un regard effroïable: 
Et chacunvainement fe ruant entre-deux, 
) Nos Braves s’accrochant fe prennent aux cheveux, - 
Auffi-tôt fous leurs piez les tables renverfées 
Font voir un long débris de bouteilles cafées.: * 
REMARQUES. 


, Fée que con y ait été fait exprès en dpi du bon . 
» fns.. A Ia fin, on dit à Aftratc, que fa Maïtreffe eft 


‘ëmpoilènnée: cela-fe dit devant elle; & il répond poux 
chofe, Madame. Cela n'eft-il pas bien touchant} 
difions autrefois, qu’il valoir bien mieux mettre; 


sy su 


Vans 201. LA repris certain Far.] Cet endroit ne défigne 
en particulier. _. Le 
+ Vans 216. S'en va fraper le mur, ©" revient em roulant. ] 
L’ Auteur a cherché à imiter, par le fon des mots, le bruit 
fait une afliette en roulant. 11 y a d’ailleurs beauco 
de grace dans cette imitation de la Poëfe héroïque, abai 
fée à un fujet plaïifant. La beauté de la Poëfe confifte 
incipalement dans les images, & dans les peintures fen- 
ot £c cet ca quoi Homère a furpailé tous les autres 





Joëtes 


CHANE, 


/ 


A S AT IRE III. | 
En vain à lever tout les Valets font fort promts, j ; 
Et les ruifleaux de vin coulent aux environs. 


225 Enfin, pour arrêter cette lutte barbare; 


230 J'ai gagné doucement la porte fans rien dire, 


235 Qu'à Paris le gibier manque tous fes hivers, 


De nouveau l'on s'efforce, on crie, on les fépare; 

Et leur premiere ardeur pañlant en un moment, 

On a parlé de:paix &r d'accommodement, 4 
Mais, tandis qu'à lenvi tout le monde y confpire, 


Avec un bon.ferment, que fi pour l'avenir, 

En pareille cohuë on me.peut retenir, 

‘Je canfens de ban cœur, .pour. punir ma-folie, 
Que tous les vins pour moi deviennent-vins de Brie, 


Et qu'à peine au mois d' Août lon mange des pois vers, 


RÉMARQUES. 


Cane. Ven 233. Je confins de bon cœur.) 11 avoit , des 
des cœur, dans les éditions de 1674. & de 1675. mais C'é- 
toit une faire. L’Auteur a toûjours mis. dsbes cœur, 
les auties éditions. -. 

“Vers 234 Deviennent vins de Brie.] Les vins de la Pro- 
vince de Brie font fi mauvais qu'ils On paf en provesb : 
Aufli a-t-on dit en chanfon : 


| Mais tout vin À vin de Brie, 
€. Lu en boit avec mm Fa. 





SATIRE 


A T IR E IV. 


A M. L'ABBE' LE VAYER. 


)'°i vient, cher La V AYER, que l'Homme le 


moins fage | | 
it toûjours feul avoir la Sagefle en partage: 
ru’il n'eft point de Fou, qui par belles raifons 
loge fon voifin aux Petites-Maifons ? | 


L 


REMARQUES. 


\ Satire IV. a été faite en l’année 1664. immédiate- 
ment après la feconde Satire, & avant le Discouts au 


r. Abbé 1e Vayæn, à qui elle eft adreffée; étoit 
nique de z1A MorTHE LE VAY®€R, Confciller d'E- 
Précepteur de Mowsreur Philippe de France, Frere 
ue du Roi. En 1656. l'Abbé le:Vayer-publia une Tra- 
ion Françoife de Florus, qu’il dit avoir été faite par ce 
» Prince, & il accompagna cette Verfion d’un Com- 
taire. favant & curieux. On croit qu’il a aufli compofé 
pmen de Tarfs & Zelie qui. eft fort bien écrit. | 
t Abbé avoit un attachement fingulier pour Moliere, 
Al.étoit le Partifan & l’admirateur. 1]l mourut âgé 
rigon 35. ans, au mois de Septembre 1664 peu de 
après que cette Satire eut été compofée. Mr. Des- 
ax. en' congut l’idée daus une converfation qu’il eut 
PAbbé le Vayet & Moliere, dans laquelle on prouva 
livers exemples que tous les hommes font fous, que cha- 
reit néanmoins être fage tout feul, Cette propoñition fair 
jet de cette Satire,. Moliere avoit réfolu de faire une 
kédie-fur le même fujer, Il trouvoir que Desmarais n’a- 
pas bien rempli ce deffcin dans Ja Comédie des J5fion= 
ERS de = Anx Prtites-Maifons.] Hôpital de Pa- 
où l’on enferme les Fous dans de petites chambres, 
æfois on l’appeloit l'Hôpital de Saint: Germain des 
LA L ‘ D ? ICZ» 





Un 


74 S A TIRE I. 
$ Un Pédant enivré de fa vaine fcience, : 

Tout hériflé de Grec, tout beuffi d'&rogance, 
Et qui de mille Auteurs retenus mot pour mot, 
Dans fa tête entaflez, n'a fouvent fait qu'un Set, 
Croit qu'un Livre fait tout, & que fans Ariftote 

40 La Raïifon ne voit goute, & le Bon Sens radote. 

D'autre part un Galant, de qui tout le métier 

Ef de courir le jour de quartier en quartier, 
Et d'aller, à l'abri d'une perruque blonde, 
De fes froides douceurs fatiguer tout le monde, 

15 Condamne la Science, & blämant tout Ecrit, 
Croit qu'en lui l'Ignorance eft un titre d'esprit : 
Que c'eft des gens de Cour le plus beau privilège, 
Et renvoie un Savant dans Je fond d'un Collège, ui 
| | ee | à 


REMARQUES. 


Prez, parce qu’il dépendoit de l’Abbdie de St. Gerrauin; 
&c c'étoit une Maladerie deftinée à retirer les Ladres qui y 
alloïent coucher. Maïs en rs44. cet Hôpital n’aïant point 
de revenus, la Cour de Parlement le fit démokhr, &c le 
Cardinal de Tournon, Abbé dé Saint Gerimaïin, en vésdh 
Ja place en 1557. aux Echevins de Paris, qui y firestb&ti ‘ 
l'Hôpital des petites-Maifons. co! 
Vers s. Un Pédand enivré,] L Autour fuit ici les careft 
æes d'ün Pédant, d'un Galant, dun faux Dévor, & d’un 
Libertin. Ce font des caraétères gérieraux qui n'ont point ‘ 
æ'ebjet particulier. Pradon a vouit infinuer que le portrait 
du Pédant étoit fait fax Mr. OCharpontiér de l’Académie 
Françoife; mais fa conjééthie étoir fañis fondement. Fa: 
BON, Préfs des neuvèlles Rem. fur les Oworages dé Mr. Deiprêum, 
VERS 10 La Raïfon ne voit goute.] L’Auteur aureit : 
Mettre: La'Raifèn ff avengie ; ä ce changement ne lui dé 
phil i{oit pas. LL | 
"Vans so Dire fous los Haine ; de. [h pleine puiffüren ml 


< 





_ 


S A TIRE I. 15 
Bigot orgucilleux, qui dans fa vanité 
uper jusqu'à Dieupar:fon zèle affecté, 
nt tous fes défauts d'une fainte apparence, 
:tous:les Humains, de fa pleine puiffance, 
äberiin d'aflleurs, qui, fans ame ê& fans foi, 
de fon paîfit une foprême loi, L 
qe ces vienx propos, de Démons & de flammess 
ms pour étonner des enfans &t des femmes ; 
st s'embarraffer de foucis fuperflus, 
nfin tout Dévot a le cerveau perclus. 
mmot, qui voudroit épuifer ces matières, 
it de tant d'esprits les diverfes manières, 
steroît plétôt, combien, dans un Printems, 
ad‘& Pantimoïne ont fait mourir de gens, _ 


REMARQUES. 


» A imité cette pentée» dans fon Kefin de Pserres 
Scène 2. où it fait'diré à. Don-Juan: Je far; dj- 
sentre. mes: @rnemii des xèler, indiscrets. ‘qui [ans con 
: de Caufe crieront contre eux, qui. les axçablorent d'inju- 
dos damnerens boutement de leur antorité privée. Moliere 
à Le Fefin de Pierre à la fin de r664, peu de tems 
me cette Satire eut été faite. 

TaTrous Vers 31. Il comptereir plésot, Bcc. ] Ces 
ers font imités de Juvénal, Satire X. vers 220. 


onntiéss ecpcdian quet amaveris Hippis marches y 

pe Themi[en agros autumne scciderit se. 

:# 32 Guemaud dr Pantimoine.] Dans le tems que 
atrre fat compofée, la dispute des Medesins au fu 
Fmeine étoit dans fa plus vive chaleur. Gusz- 


> Medecin de la Reine, étoit à la tête de ceux qui 
rogvdient lufage : -& le Sélèbre Gui Patin étoit in 
2 


76 S ATI RE IV. 
Et combien la Neyeu, devant fon mariage, 
A de fois au public vendu fon * **. | 
35 Mais, fans errer en vain dans-ces vagues prepos, 
Et pour rimer ici ma penfée eu deux mots; 
N'en déplaife à ces Fous nommez Sages de Grece; 
En ce monde il n’eft point de parfaite Sageffe ; 
Tous les. hommes font fous, & malgré tous leurs foins, 
40 Ne different entre eux que du plus ou du moins. 
__ Comme onvoit qu'en yn bois, que cent routes féparent, 
Les voïageurs fans guide affez fouvent s'égarent, 
L'un à droit, l’autre à gauche, & courant vainement, % 
La même erreur les fait errer diverfement: 
45 Chacun fuit dans le monde une route incertaine, 
Selon que fon erreur le jouë & le promène ; 








Et 
REMARQUES. | 
des plus grans ennemis de ce mineral. Voyez le 23. ÿowrnal 
des Savans 1666. 

Guenaud mourut le 16. de Mai 1667. Pendant fa vie on 
déguifa fon nom dans les premières éditions, fous celui 
de Desnaud, Apoticaire. ‘ 

+ VERS. 33. Er combien la Neveu, devant fon mariage] LA |] 
Neveu fameufe Gourtifane, extrèmement décriée par les 
débauches éclatantes & fcandaleufes que quelques-uns des | 

principaux Seigneurs de la Cour faifoient chez elle. Elle ! 
étoit morte avant la compofition de cette Satire. 

Devant fon mariage.] Devant & < Avant, font deux Prépoli- 
tions que l’on emploïoit autrefois indifferemment : mais 
Pufage en a déterminé plus particuliérement le fens: De 
vant, fert à marquer le lieu: & Ave, défigne le tems. 
Ainf il auroit été plus regulier de mettre ici: _ Aves. fes 

. “mariage; & l’Auteur l’auroit fait, fi le mot précedent n’2- 
.  *’woit pas fini par une voïelle. 11 pouvoit aifément mettre 
> ” Quelque autre nom, que celui de la Neveu, fans rompre 
=" ‘4a mefure du Vers: & ce n’eft pas La difette des noms g 


6. 


S ATIRE Iv. 77 
Ettel y.fait l’habile &c nous traite de fous, oo 
Qui fous le nom de fage eft le plus fou de tous,  ‘ 
Mais quoi que fur ce point la Satire publie, : 
Chacun veut.en fagefñle ériger fa folie, + 
Et fe laiflant regler à fon esprit tortu , 
De fes propres défauts fe fäit:une vertu. 
Ainfi, cela foit dit pour qui veut fe connoître, . 
Le plus fage eft celui qui ne penfe point l'être; 
Qui toûjours pour un autre enclin vers la douceur, 
Se regarde foi-mêmre en févere Cenfeur, :. : 
Rend à tous fes défauts une exacte juftice, 
Et fait, fans fe flatter, le procès à fon vice. . A . 
Mais chacun pour foi-même eft toûjours indulgent. | 
Ua Avareidolitre, & fou de fon argent, 


| CD 
Pa empêché de faire ce changement. | 
CHANGRMENT. Vers 41. Comme on voit qu’en nn bois 
&c.] Première manière, avant l’impreflon; 
Comme lors qu’en un bois tout rempli de traverfes, 
Souvent chacuy s’égare en [es rentes diverfes, &c. 


ImiT. Ibid. Consme on voit qu’en mn bois &tc.] Horace, 
L. IL Sat. IIL 48. 





— Velut Syluis, ubi paline 
Palantes errer certo de tramite pellit. 
Ille finifirerfum, hic dextrorfuns abit : unus trique 
Error, fed variis iliudit partibus. 
- Im. Vers 60. Un .Auars idolätre.] Les fix vers qui ex- 


iment ici le caraétère de PAvare, font imités d’Hoxace, 
, LL Sat. LL, 108, UT 
D 3 | gi 


28 SATIFRE 1v. 

Rencontrant la difette au fein de l'Abondance, 
 Appèle fa foie une rare pradence, 
Et met toute fa gloise, & fon fouverain bien, 
À groffir un tréfor qui ne lui fest de rien. 


REMARQUES. 

ER RMS Same qi discrepat fie, 
Qsi ummos surmmgue rrconilt, nefins mi 
.… Sempoftis; metnensque volt etingere Saermes: 


LS e e e e e [2 e Li e« e. e e. LD +. 


Nimirum infanus pancis videstur. 


CHaxc. Vers 61. Rencontrant la dijette au [sin de P.; 


dence,] Dans les premières éditions il y avoit ainf: 
* Aw-milien de [es biens rencontrant l'indigence. 


VERS 64. LA groffir un tréfor qui ne lui fert de vien.) À 
2e vets il y en avoit treize autres que l’Auteur à retran 


dans les dernières édirions, 


Dites-moi, pauvre esprit, ame baffe & vénale, 
Ne vous fouuict-il peint du tourmens de Tantais ; 
Qui dans le trifle état où le Ciel Pa réduit, 
Meurt de foif an milien d'sn fleuve qui le fuit ? 
Vous rirz. : avez-vous que ’eff votre peinture, 
Et que C’eff vons par la que la fable figure? 
Chargé d'or & d'argent, loin de vous en fervir, 
Vous brélez d'une [oif qu’on ne peut affonvir. 
Vous nager, dans les biens, mais votre ame alterce: 
Se fais de fa richelfe une chofe facrées | 
Et tous ces vains tréfors que vous allez, cacher, 
Sont peur vous in dépit que vous n’0{6z toncher. 
© Quoi donc? de votre argent ignorez-vous l’ufage ? 


SATIRE IV. 79 
lus il le voit accrà, æains.il en fit l'ufage, 
jans mentir, l'Avariseofk une éthange rage, 
Dira cet autre Fou, non moiss privé de ons, 
Quijente, furicus, fon han à tous venant, 


REMARQUES 
Cœ vers font Fa traduétion de ceux-ci d’Hotace, Liv. L 
Sat. L 68. &c fuir Ci 
Tansahas à abris Migus fékibnt is capté 
Flynsion. Qui rides! motsts femine, de te 
Fabuls narratur. Congefiis uxtliqus faccii 
Indormis inhians | 6" tanquarms parcere facris 
Cogeris, aut piéfis tanquam gauderc tabellis. 
Nefcis quid vsleat names, quem prabest slim ? 


+. + 


L’Auteur ne trouva pas que fa tradution fôt aflez ferrée, 
ni qu’elle fût digne de fon Original. 

VERS 67. Dirs tet autre Fon.] L’Abbé de 3. ... MN. ... 
Confeiller Clerc au Parlement : 11 avoit eu quarante mille 
bivres de rente, tant en Bénéfices, qu’en biens de Pabri- 
moine. Mais il diffipa tout fon pattimoine , -& fut réduit 
wi revenu de fes Bénéfices, qui étoit ensore très-confidere- 
le. 11 avoit une table fomptueufe, où il recevoit toutes 
fostes de gens, &t on y faifois une diffipation ewtréc. C’ef 
e que figaife ce vers : . 

Qui jate, furieux, fon bien à tous venans, 
1 avoit l’esprit inquiet, chagrin , inégal ,ne pouvant quefs 
nefoi fkir Mi-Mmêtme: jasque quo Pa vâ fou- 
ent fouhaiter, eu fe-couchant, d’être trouvé mort 1e len- 
lemain dans fon lit. ÆEr den l'ame inquierte à [oi-mime in 
hérisnne., - . : 

11 étoit auffi embarraflé de fes richefles , difant qu’il étoié 
mal-heureux d’avoir tant de bien: & qu’il auroit vêct 
beaucoup plus conceat fi fa fortune avoit été bomée à un 
revenu meédioere: Se fuir sn embarras de fa borms fortune. 

Cuaxe. Ibid. ——— Nes moine Privé de fèns », &e. 2 
Dans les premières éditivas il y avoit, | u 

: D 4 Ré 


80 S ATIRE IV. 

Et dont l'ame inquiette, à foi-même impottune, 
70 Se fait un embarras de fa bonne fortune, 

Qui des deux en effet ef le plus aveuglé? : 

L'un & l'autre à mon fens ont le cerveau troublé, : 
Répondra chez Fredoc, ce Marquis fage & prude, 
Et qui fans cefle au jeu, dont il fait fon étude, 

73 Attendant fon deftin, d’un quatorze ou d’un fept, 
Voit fa vie ou fa mort fortir de fon cornet. 
Que fi d'un fort fâcheux la maligne inconftance 
Vient par un coup fatal faire tourner Ja chance: 
Vous le verrez bien-tôt, les cheveux heriffez, 


\ 


REMARQUES. 


Qui prodigue du en 
.… . Æ trois fois en dix ans deuoré tout fon bien. 


- Vers 73. Répondre chez, Fredoc.] FREDOC tenoit une 

Académie de jeu très-frequentée en ce tems-là. 11 logenit 
dans la place du Palais Roïal. 1l en eft fait mention dans 
la Fille Capitaine de MONTFLEURI. AÛte I. 

: Ibid. — Ce Marquis [age 6" prude.] 11 y avoit ce Gref- 
fier fage à prude; & c’étoit Jérôme Boileau, Greffier av 
Parlement, frere aîné de notre Auteur. 11 étoit fort em- 
porté dans le jeu, mais par tout ailleurs c’étoit un homme 
très-affable. | 

VERS 90, Chapclain vent rimer.] JEAN CHAPKELAIY 
de l’Académie Françoife. Cet Auteur, avant que fon Poë- 
me de la Pucelle fût imprimé, pañloit pour le premier 
Poëte du Siècle, L’impreflion gâta tout. Il mourut en 
1674. Il y avoit .#riffe, au lieu de Chapelain, dans les édi- 
tions faites pendant fa vie. 

Vans 91. Maïs bien que fes durs vers,] Notre Auteur don- 
ne l'exemple avec le précepte: car il a affeété d’exprimer 
daus cet hémiftiche qui eft fort rude, la dureté qu’on erou- 
ve dans les vers de Chapelain Cette dureté de-vers étoit 

à pour 





SA TIRE IV. T4 
> Et les yeux vers le Ciel de fureur élancez, 
Ain qu'un Poffedé que le Pr£tre exorcife, 
Fêter dans fes fèrmens tous les Saints de l'Eglife. ‘ : 
Qu'on le lie; ou je crains, à foh air furieux, 
Que ce nouveau Titan n'efcalade les Cieux. 
$ Mais laiffons-le plâtôt en proie à fon caprice, 
Sa folie, aufli-bien, lui tient lieu de fupplice. 
Hi eft d’autres erreurs, dont l’aimable poifon 
D'un charme bien plus doux enivre la Raifon =: 
L'efprit dans ce ne@ar heureufement s'oublie, 
) Chapelain veut rimer, & c'eft-là fa folie, 
Mais bien que fes durs vers, d'épithètes enflez, 
Soient 
REMARQUES. 
pour Mr, Despréaux un fond inépuifable de plaifanteries, 
U fit les vers fuivans à l’imitation de Chapelain : 
Droits € roides rochers, dent peu tendre £ le Cimes 
De men flamboyant Cœur l’äpre état vous [avez. 
| Save. auf, durs bois, par Les hivers lavez , 
Qn’helecanfie eff mon Cœur pour un frent magnanime, 
ls font extraits de divers endroits du Poëme de la Pecellee 
Notre Auteur, pour faire mieux fentir la dureté de ces 


vers, les chantoït fur l’air d’une chanfon fort tendre, du 
Ballet de 12 naiffance de Venus: ; 


ù h . . 1 À 
. Rechers, vous êtes fourds, vous n’avex rien de tendre, &C. 


Mr. de PurmMonin, frere de: Mr. Despréaux, fe moquoie 
æffi dn Poëême de la Pwcelle. Chapelain ne pouvant fouf- 
frir les railleries qu’il en faifoits Ce/ bien à vous à en juger; 
hi dit-il en colère, vows, qui n’êtes qu'un ignorant C7 qui ne 
fevex pas même lire. Mr. de Puimotin répondit; qu’il n°a« 
voit que trop f@ lire, depuis que Chapelain s’étoit avifé 
éfüreimptimers, Sa repartie pra té trouvée plaifime 
Lo ; PA ee -$ . . De sus 


.) 


&. SA TIRE I. 

Soient des moindres Grimauds chez Mémage fifiez: ‘ 

Lui-même il s'apphaudit, 8c-d'an esprit tranquile , 

Prend le pas au Parnaffe au deffus de Virgile. 
93 Que feroi-il, helas! fi quelque Audacieux 

Alloit pour fon malheur lui deflitier les yeux, Lui 
REMARQUES. 


&c vive, il ent envie de la tourner en Epigramme, & ft 
ainfi les deux dernic vers : F Po 


Halas ! pour mes péchez., je n'ai [à que tvep lire, 
Dœuis que tu fais imprimer. 


Maïs comme Mr. de Puimorin n’étoit pas Poëte,. il ne pes 
jamais faire le commencement de l’Epigramme. Quelque 
sms après il fe trouva avec Mr. Despréaux, Mr. Racine, 
& Moliere, qui tous enfemble firent les-deux fuivans. 


| Froid, fee, dur, vnde Ameur, digue objet de Satiré, 
De ne [avoir pas lire ofes-tu me klémer? - 
+5 _ Hedes! pour mespécher,,. EC. 


Mr. Racine ponloir que l'os ps au fecond vers: De mom 
en de re &t non pas, De ne favoir pas lira; parce Ͼ 
dernie mot fait une rime vicieufe dans l'hémiftiches avec 
Ya fin du vers précedent: mais Moliere voulut qu’on laif- 
Sr: Dr ne fevoir pas lire; préferant La juficfle de = 
n, à la régularité ferupuleufe du vers. Ji dit alors fert 
judicieufement, qu’il faloit quelquefois s’affranchir de la 
gontrainte des règles, quand elles nous seflerroient tiops 
La Raifon & l'Art même, ajouta-t-il, demandent Gr anteri- 
font ces fortes de libertés. C’efl un précépte que Mr. Des- 
ptéaux sinfcré dans fon Art Poërique, Chant IV. 

- Abid, = D’épithétes esflez. ] Dans tout le long Poë- 
me de Ia Puclle il n’y à presque aueun vers dans lequel on 
me trouve deux où trois épithètes, qui, le plus fouvent, 
ae font employées que pour reraplir la meface du vess. 

. Vras 92. Soient des mesndres Grimauds cher, éme fre] 
T'eus les Mécredisa, P Abbé Ménage tenoit chez lui une 
fumblée, oùralloient besucoup de petits esprits, 11 app 


SATIIRE 1% Sx 

Luï faifant vois les vets, &c fins force 8t fans prates,. : 
Montesz fur deusgtuns mots;comméfer deuxéchà fbs;: 
Ses termes fade raifbn l'an de l'autre écartes; 
co Et fes froids-orsemens à la ligne plante? 
Qu'il meudiroir le jour, où fon ame infenfée ré 
REMARQUES 


loit ces Affemblées, Mercersales ; mais Ü ne trouva pas Boit: 
e notre Auteur les eût ainif décriées: 11 ef trés-fanxs 
dit-il dans fon Diéionafre Etymologique, au mot Grimaud} 
+ que Les Affemblées, qui fe Fons thez moi, lent ren 
# plies de Grimauds. Elles font remplies de gens de grand: 
. +» merite dans les Lettres, de’ perfonnes de naiffance, & 
» de perfonnes. eonfticuées en digsitd; @ ces vers n’ont 
» pas di êrre écrits par Mr. Despréaux. | 
| VERS px Prend le pas au Parnaffà an dejfus dé Virtil.] 
Cenx qui vouloient flater Chapelain, avaient 1 dencs 
de Ini dire, que fon Poëme étoit au deflus de l’Encida: &s 
Chapelain ne sea défendoit que très-fsiblement. 
- VERS 96. Montez kr dene gran mots comme fur deux 
dbaffrs. ] Dans. le PoËme de:Chapelaia on trouve plufieus 
vers compofez de deux grands mots, :dent .eha- 
eun ren it la moitié u vers. Notre Auteur, Roc | 
pour fe moquer de ces mots gi » éüdis. À 
@rdinairement ce vers de Chapelain > ae | 


… … Derce fourcilleux Rec l'inébranlable cime, ., 
Er it dispofoit ce vets, comme ïl eft ici à côté. 
Dans cette dispoñition 11 femble quete mor de ‘Rec 
foit mônté fur deux échaffès, qui font ; fowrcrlleux, 
8t snébranlable. +7. ! 

Li y a dans té POËmée plufieurs attres vers pareils, 


D’infwportables maux wne fuite emchainée. Liv. L : 
\ Da Jourcillenfes tours fapper le fondement. Liv, IL. &c. 


Vans 99 Ses termes fans raifon l’un de l'astreécertes.] Les 
M£as roo. Et Jes froids ornemens à la ligne plantez..] Ce 
oui les Corpaïäifons fréquentes- que Chapélais a eni- 
: , D € , ….ploïéess 


ce fourçitlen 
“AUD PETUEIQU 


. De 


t 


NH? S ATIRE IV. 


Perdit l'heureufe erreur qui charmoit fa penfée ! 
. Jadis certain Bigot, d'ailleurs homme fenfé, 
D'un mal aflez bizarre eut Je cerveau bleffé : 


105 S'imaginant fans cefle, en fa douee manie, 


Des Esprits bien-heureux entendre l'harmonie, 
Enfin un Médecin, fort expert en fon Aït, 
Le guérit par adreffe, ou plûtôt par.hazard. 
Mais voulant de fes foins exiger le falaire, 


110 Moi? vous païer ? lui dit le Bigot en colère, 


Vous, dont l'Art infernal, par des fecrets maudis, 


LE 


REMARQUES. . 


: lb . : : 
ploïées, & qui ne manquent jamais de venir réguliérement 
après un certain nombre de vers. Elles commencent pa 
tes mots: 4inf, quand; &cc. Ainfi, lorsque Be. &c elles 
font toûjours enfermées en quatre ou huit vers... D 

Le Poëte Lucile allégué par Ciceron, /. 3. de Orar. com- 
pare ces ornemens ez, à un Echiquier, &c à des Pa 
vez en compartiment : | 


SQuar lepide lexeis cempofs, nt teffernle omnes, 
| Arte pavimento , aîque emblemate vermiculate ! 
“EmMir. Vers 103, Fadis certain Big: ] Horace décrit !s 
folie d’un Citoïen d’Argos, lequel étant feul affis fur le 
théatre, Où il ne paroifloit ni Ateurs ni Speétateurs , s’ima- 
ginoit entendre les plus belles Tragedies du monde, 
| —— —… Fait hand ignobilis Argiss 
Qui fe credebat miros andire Traçgados. 
In vacuo Létus feffor plauforque theatre. &cc. 
: | “Horat. L. II. Ep. LI. 129. & feqq: 


‘- Ariflote raconte la même chofe d’un homme d’Abyde 
2, 6. de reb. mir. Elien, dans fes Hiftoires diverfes, rappor- 


té un germe de folie presque femblable, Un Athénien, 


S A TIR E IV. 8g 

En me tirant d'erreur, m'ête du Paradise. ! 

 J'approuve fon courroux. Car, puisqu'il fautledire, 

Souvent de tous nos maux la Raïifon eft le pire, : : 

| C'eft Elle qui farouche, au milieu des plaifirs, 
D'un remords importun vient brider nos defirs. 

La Fâcheufe a pour nous'des rigueurs fâns pareilless » ‘ 

C'eft un Pédant qu'on a fans cefle à fes oreilles, 


Qui Fe nous gourmande » & loin de nous tou- 
cr 9 ° 


Souvent, comme Joïi, perd fon tems à précher. 


ve 


REMARQUES. 


nommé THrRASYLLE, s’en alloit au port de Pirée, où 
fines inant que tous les Vaiffeaux qui étoient dans ce port 

artenoient, il en tenait un compte exaét ; il don- 
li ap ordres pur leur départ, & fe réjouifloit de leur 
retour, comme fi effeétivement ces vaifieaux euflent été à 
lui. <Ælian, !, 4 ch. 25. 

Galien dit qu'un Médecin, nommé Tu E'OPHILE, Étant 
malade, s’imaginoit voir dans un coin de fa Chambre, 
des Muficiens, & des Joueurs d’inftrumens, dont il en-. 
tendoit la voix & l’harmonie, Galien. lib, de Srmptomaiuse 
differentiis. c. 3. | 


Imzur. Vers-117. La Fächenfe d side & rigueurs [ans 
buis Auteur applique Î la Rai & ce que Mal- 
Mort : " 


” Là Mer 4. des riqueurs à nulle autre poil 3 

e a beau la prier : | L 
La Crueit qu'elle ef fe bouche les oreilles, . : 
— “- Et ss laiffe crier. 


Vins 720. Souvent, comme oli.] Prédicateuf fameux ;' 
qui étoit extrèmement pouehaue & athétique. Les Liber 
tias, qui avoient interêét du le déérier, cam t jes 

de Mt. Jori avec EE de Molierez mis ils di- 
foient que More étoit tncill gradins, & que M: 
(1 


# SATIRE IV 

En vain certains Rôveurs nous l’habillent. en Reise, 
Youlent far tous mes Sens la rendre Souveraine, 
Et s'en formant en terre une Divinité, 

Penfent alles par Elle à la Félicité, 

325 C'eft Elle, difent-ils, qui nous montre à bien vivre: 
Ces discours, il eft vrai, font fort beaux dans un Livre 
Je les eftime fort : mais je trouve en effet, 

Que le plus fou fouvent eft le plus fatisfait. 


REMARQUES 


Joli étoit plus grand Comédien. 1L étoit alors Cüré- de 
Nicolas des Champs Il fut enfgite nommé à l’Evêché d 
$ Foi de Léon en Bretagne, & a de tent ès il obtin 
VEvêché d'Agen. On a imprimé ph fes Prônes 
gi font eftimez. Il étoit né en 1610. à Buzi fur l’Orne 
ans le Diocèfe de Verdun en Lorraine, & il mou e 
RTS 








#} 
SATIRE V. ; 


AM. LE MARQUIS 


DE D'ANGE A U. 


À Noblefe, Dan GEAU,n'eft pas ue chimère, 
Quand fous l'étraite loi d'une vertu févère, 
Un homme iffu d'un. fang fécond en Demi-Dieux, 
Suit, comme toi, la trace où marchoiïent fes Aïeux. 
$ Maïisiene puis foufitir qu'un Fat, dont la mollefle 
N'a rien pour s'appuïer qu'une vaine Nobleñe, 
$e pare infolemment du mérite d'autrui, 
Et me vante un honneur qui ne vient pas de lui. 
Je veux que la valeur de fes Aïeux antiques 
10 Ait. fonrni dé matière aux plus vieilles Chroniques, 
prau Par des Capcts, pour honorer leur nom, 





F 








Ride [REMARQUES | 
5 puce « été faire en Pannée 1665. L'Auteur y fai 
ME que 12 veritable Nobleffe confffe dans là Vertu, 
dâcament de la Naiffance. Juvénal a traité la mê- 
re dans fa Satire VIIL 8e Séneque dans la que- 
ième de fes Epitres. 
yes #. E+ me vante ws bonne qui ne vient pas 


Fe mets oi gens jBe far, 
«Abis lamda genes, Hexcal, Fur AG, IL 5e LL 34m 
| Vans IE. Ÿ & que l'a ete * Ait da trois faux 
A ETES 


de bis &c. ] L'Lüftre M Eflaing porte les armes de 
France, 





58 IS ATIRR VV. 
Ait de trois fleurs de lis doté Jeur écuffon. 
Que fert ce vain amas d'une inutile gloire ? 
Si de tant de Heros célèbres dans l'Hiftoire, 
15 Il ne peut rien offir aux yenx.de l'Univers, 
Que de vieux parchemins qu'ont épargnez les vers : 
Si tout forti qu’il eft d'une fource divine, | 
Son cœur dément en lui fa fuperbe origine, 
Et n’aïant-rien de grand qu’une fotte fierté, 
20 S'endort dans une lâche 8&r: molle oifiveté ? 
Cependant, à le voir avec tant d'arrogance 
"5 . . ! Vanter 


REMARQUES. 


France, par conceffion du Roi Philippe Augufte, qui étoit 
un des Descendans de Hwgues Caps, Chef de la troifième 
Race de nos Rois. Philippe Augufte aïant été renverfé de 
deffus fün Cheval à Ja Bataille de Botines, Deodar,. ou 
Dieu-donné d’Eftaing , l’un des vingt-quatre Chevaliers 
commis à la garde de la Perfonine Roïalè, aïda à tirer œ 
Prince du peril où il étoit, & fauva aufli l’Ecu du Roi, 
fur‘lequel étoient peintes fes Armes: En récompenfe d’un : 
fervice fi important, le Roi lui permit ‘de porter Les Ar- 
mes de France, avec un Chef d’or ponr brifure. | 
_ Dans le tems que l’Auteur compofa cette Satire, Fo 4- 
cuimM Comte ŸE STAiNG travailloit à rechercher les 
Antiquitez de fa Maiïfon, dont il a dreflé des Mémoires. 
Cgtte recherche, qu’il faifoit avec beaucoup d’affeétiom, 
Pengageoit à parler fouvent de 12 conceflion des Fleurs de 
lis: & l’on trouva qu’il en parloit avec un peu trop de 
complaifance, C’eft ce que notre Poëte a voulu marquer 
en cet endroit. Le, 
.- VERS 12. sm. Doté leur écuffon.] Dans quelques édi- 
tions, on lit Doré leur écuffon; mais c’eft une faute. 

VERS 29. Dites-moi, grand Heros, &c.] Les quatre vers 
qui précédent celui-ci ont été ajoûtés par l’Auteur. dans 
l'édition de 1713. commencée à 1a fin de fa vie. Il les 
sjoûta, pour empêcher que l’on ne crût que l’Apoftrophe 
contenué dans ce vers, s’adrefle à Mr. de Dangeau lui- 
‘méme, Bicn des gens y avoient été trompés, Mais, com- 
Lo. Mouse La. PE hooirna = ue . hi. [4 . mn 


RE à 


$S ATIRE V. | # 
Vanter le faux éclat de fa haute naiffañice; 
On diroit que le Ciel eft foûmis à fa: loi, 
Et que Dieu l'a paîtri d’attre Hmon que moi, ‘: ‘: 
$ Enivré de lui-même, il-croit dans fa folie, 
Qu'il faut que devant lui d’abord tout s’huinilie, 
Aujounl'hui toutefois, fans trop le ménager, 
Sur ce ton un peuhaut je vais l'interroger, : : - 
Dites-moi, grand Heros, Esprit rare & fublime, 
Entre tant d'Animäux, “qui font ceux qu'on eftime ? 
On fait cas d'un Courfier, qui fier & plein de cœur . 
| Fait 
REMARQUES. 


me cette erreur eft vifible, il auroit pû fe dispenfer d’ajoû- 
ter ici ces quatre vers, qui ne répondent point à Ha beauté 
de la Pièce. | 
IM1T. Ibid. Dites-moi, grand Heroes, &tc;] Ce vers & les 
neuf fuivans, font une imitation de ceux-ci de Juvénal, 
Satire VAL. 56. & feqq. 
Die mihi, Tencrerum proles ; animalis muta 
Quis generee putet, nifi fortia? nempe velucrem 
Sie landamus Eqummn , facil: cui plurima palm 
Fervet, © exfultat rauco vifloria Circe. 
Nobilis bit, quecumque venit ds gramine, cujus 
Clara fuga aste alios, 67 primus in aquere pnluis. 
Sed venale pecus, Corytha pofteritas, & 
| Hirpini, fi rara jugo victoria fèdit, 
Nil ibi Majorum refpeitus, gratis nulle 
Umbrarum , dominos pretiis mutare jubentur 
Exiguis, tritoque trabunt epirhedis celle 
Sqgnipedes, dignique melam verfare Nepotite » 
| UT Vsns 


e 


æ%  SATILRE V. 

Fait paroître en courant fa bouillante vigueur : 
Qui jamais ne fe laffe, &c qui dans la carriere 
-S'eft couvert mille fais d’une noble poufierc : 

35 Maisla pofterité d'Alfane & de Bayanl, 
Quand ce n’ef qu'une rofle, .cft veuduë au haxmr 
Sans resped des Aïeux dont elle eft defcomduë, 
Et va porter la malle, on tirer la charuë, o 

| 0 
REMARQUES. 


Vers 35. Mais la pofferité dAlfane & de Beyard. ] A. 
me  Buyand, fuivant notre Auteur, fone les-nonts de d 
Ghetaux , très- renommés dans nos- vieux Romanci 
Alfane étoit la monture du Géant Gradafle, qui vint 
fond de la Séricane, gonr conquerir l'épée de Renaud 
Montauban. Voiïez le Poëme de Roland ameurensx , 
Boiardo. L’Arioite, daus le 2. Chant de fon Onlande 

-riefo, dit: | 


" . : Gradefo avos-uns Alfans Le pi belle 
‘= © la miglior, che mai portaffà ftilu. 


Surquoi l’on a obfervé, qu’.4/fana eft un nom généri 
de Cavale, & non pas le nom propre d’une Eavale: = 
Pon prétend que notre Auxeur s’eft trompé, & qu’or 
peut non plus dire, la pofferité d’_Alfane que la poteril 
Barbe, ou dè Genér. | 
*, Bayard eft le nova du Cheval de Renaud de Moatauk 
qui étoit l’aîné , & le plus. vaillant des quatre Fils Air 
Le Roman dit, que ce Cheval n'eut ongnes fon pareil; 
pour avoir cour dix lents, il n’éteit pains las, 1 rondi 
rans fervices à fon Maître en plufeurs rencontres px 
fes: fur tout quand les quatre Fils Aimon furent z 
gez dans Montauban par Charlemagne, Aufli Rena 
ma mieux fouffrir une faim extrème pendant ce Su 
avec Dame Claire fa femme, fes enfans, & fes freres, 
de permettre qu’on tut fon tane valeuroux. Cheval, | 
eur fervir de nourriture, Ceux qui font dans 1 goû 
anciens Romans ne feront pas fÂchez de favoir quelle fü 
deftinée de ce fameux Cheval. Charlemagne aïant fa 
paix avec Renaud de Montauban, Renaud lui envoia 
. ( 


$ A TI RE Y. 07 
Pourquei danc voulez-vons que par nn fot abus 
F © Chacun respeéke en vous un honneut qui n'eft plus? 
On ne m'éblouït point d'ute apptsence vaine. . | 
La Verts. d'un cout noble st la mauiqué certaine, : - 
Si vous êtes forti de ces Herts famest, 
Montrez-nqus cette ardeur: qu’on vit briller en eux, : 
45 Ce zèle pour l'hounent, cette horteur pour Rue | 






REMARQUES 


Cheval Bayard, & s’en alla outre-mer, c’ef-2-dire dane _ 


la Terre e. ;, Quand le Roi fut fur le Pont de Meufe, 
» dit le Romans *, il commanda qu'on lui amenaft Bayard 
» le bon Cheval de Renaud. Quand il le vit, il lui dit: 
xs Ab: Bayard, tu mm nminsefoss courreuce ; mais je fais ve 
n #9 & point powr m'en vangem. Lors lui fit liexg une > grande 
» pierre au Gol, & Te fit jetter du pont à bas dedans la 
» Riviese de Menfe, 8e Bayard alla an fond. Quand le: 


» Roi vit ce, il eut grand” joie, & dit: 4h! Bayard, au 


n» rairje ce que je demande. Vous ces mort-fi vous ne posver, 
» toute la riviere boire, Bayard frapa tant des pieds fur ladi-, 
» te pierre, qu'it 12 frosfa toute, & revint deflus. Et 
» Quand il fut fur l’eau, il pafla à nage de l’autre part de 
» la riviere. Et quand il fat fur.Ja rive. ilfe mit à hennir 
» hautement, & puis fé s#mt à toutit  raidement, qu’il 
5 fblox que la foudre le chaflañt; 8s cirtrd dedans: Ar- 
» deane ka grande Forcf. Charlemagne voyantque Bayard 


» Sefteëc échappé, il en cut grand deuil, miais tous le 


. ss Berons en fusent bien joyeux, Les gens difemt en celui 
5 qu Bayard cf cocoxs en vie dedans le bois d’Ar- 
A: 3 mais quand il void:hommse ou kame, à fax 
"aui he t approcher. ” Bourd à té miafi 
nl à sauf de: Ecoute Baye-qui di un rouge-bms, 
ou couleur de Chataigne. 
.1mir. Vers 42. La Vers d'un cuur noble'ef la marque cer- 
ae] Ce vers explique Le fujet de cette Satire. Juveaal & 


Nobilitas fola ef atque sic Virus, Sat, VILL 20. 

La vertu foule eff la Nobleffe. . _ 
ML LS eme ... Chivée 
Ÿ Los quatre fils Ainsen, chap. 10, 





{ 


"02 :S ATIRE V. 
Respectez-vous les Loix? Fuïez-vous l'injuftice ? 
Savez-vous pour la gloire oublier le repos, 

Et dormir en plein champ le harnois fur le dos? 

Je vous connois pour Noble à ces illuftres marques, 

30 Alors foïez iffu des plus fameux Monarques; 

Venez de mille Aïeux; & fi ce n'eft aflez, 

Feuilletez à loifir tous les fiècles pañlez, 

Voïez de quel Guerrier il vous plaît de defcendre; 
Choififfez de Céfar, d'Achille, ou d'Alexandre, 

5 En vain un faux Cenfeur voudroit vous démentir, 

Et fi vous n’en fortez, vous en devez {ortir. : 
Mais fufliez-vous iffu d'Hercule en droite ligne. 

Si vous ne faites vair qu'une baffeffe indigne, 

Ce long amas d'Aïeux, que vous diffamez tous, 

€o Sont autant de témoins, qui parlent contre vous; 

Et tout ce grand éclat de Jeur gloire ternie Ne 
| | . e 
REMARQUES | 

- CHana. Vers 47. Savez-vous pour la gloire oublier le ve- 

pos? ] Ce vers étoit ainfi: Savez-vous fur un nur repoulfer 
. des affauts ? Mais l’Auteur le changea dans l’édition de 1701. 
gui et la dernière qu’il ait donn e. Il trouoit < ue AFauts 
s.ne rimoient pas aux yeux; & le vers qu’il a fubfli- 

tué contient un fens plus beau, 


mir, Vers 50. Alors foyer, iffu des plus fameux Monare 
ques, &cc.] Juvénal dans la même Satire VIIL r3r. & fuiv. 


Tunc licet à Pice numeres £enus » alaquefite 
Nomins deleflant, onsnem Titanida pugnam | 
Inter majors, fpfsmque Promethes ponas : 
De-quecumque voles prosvums tibi fumite libro. 


Jacrr, Vers fa. Saut awrant de témoins, &cc.] Juvénal ax 
: . U mênm 


S A TIRE V CE: 
Ne fert plus que de jour à votre ignominie,  :  : 
En vain toût filet d'un fang que. vous deshonorez, - : 
Vous dormez à l'abri de‘ces noms réverez. 
65 En vain vous vous couvrez des vertus de vos Peres : 
Ce ne font à mes yeux que de vaines chimeres. 
Jene voïrien en vous qu'un lâche, un impofteur, ‘:. 
Un traître, un fcelerat, un perfide, un menteur; .: 
| Un Fou, dont les accès vont jusqu'à la furie, ..: - 
0 Et d’un tronc fort illaftre une branche pourrie. 
Je m’emporte peut-être ; & ma Mufe en fureur 
Verfe dans fes difcours trop de fiet & d'aigreur, 
Il faut avec lés Grands un peu de retenuë, 
Hé bien, jé m'Adoucis. : Votte race éft conhuë.. ? .- 
15 Depuis quand ? Répondez. - Dépuis mille ans entiers 
Et vous pouvez fournir deux fois feize quattiers, -! 
C'eft beaucoup. Mais enfin les preuves en lont ces: 
ous 


p 
| 


oo REMARQUES. 

même endroit, vers 138. & füiv. 
Incipit ipforum contra te ffare parentuns | oo 

_: Nobilitas, claramque facem Freferre pndendis, . , 


IMIT. Vers 75. mm Depuis mille ans entiers. ] Perle 
Sat. ALL ve. 28. Si . . où 


- Stemmate quod Tuto ramum millefine ducs, 


CHANG. Vers 76. = Deux fois feize quartiers. 
Première manière: Du moins trente maniere L'Aden con 
tigea ainfi: Plws de trente quartiers. Mais il s’aperçut que 
lPune & l’autre de ces expreffions étoïent peu éxadés;s 
parce que les-prenves de Noblefle fe comptent par quar- 
tiers, en progrèffon géométrique : quatre, huit, feize, 
trenre-deux Quartiers, &c. La plus haute preuve que l’on 
fatfe ordinairement eft de 32, quartiers, 





Vsns 


34 8 A T'IRE y. 
Tous les Livres font pleins des titres de vos Peres : 
Leurs noms font échappez du naufrage des tems. 
So Mais qui m'affurera, qu'en ce Jong cercle d'ans, 
A leurs fameus Epoux vos Aïeules fidelles, 
Aux douceurs des Galass funent toûjours rehelles? 
Et comment: favez. vous, r& quelque Audatioux 
N'a point intermompu le cours de tos Aïeux; 
85 Et fi leur fang tout pur, ainf que leut nobleffe, 
ER pañlé jnsqu'à vous de-Lucrèce en Lncrèce à 
Que maudit foit le jour, où cette vanité 
Vint ici de nos mœurs fouiller la paré 
Dans les tems bisahenoux du: Monde en fes enfance; 
go Chacun mettait & gloire-en fa feule:sinocence, . : : 
Chacun vivelt content; fous d'égaleshoix, + | 
Le Mérite y faifoir la Noblsfle &xles Rois: . 
Et fans chercher l'appui d'une naïfwre illufire, 
Un Heros de foi-même empruntoit tout fon luftre, 
95 Mais enfin paï le tems te Mérite avili  . . 
Vit l'Honneur en roture, & le Vice annobli ; 
Et l'Orgueil,. d'un faux titre appuïant fa foiblege, . 
Al- 


æ 


| REMARQUES... 


VERS 86. mms» De Lucrice en Lurcréce. ] La Chafteté 
deLucrr'es, Dame Romaine, eft fi célèbre qu’elle a 
‘pailé en proveïbe. L’Auteur m’a dit qu’un homme, qui 
Pourtant fe:piquoit d’esprit, s'imeginoit bonnement qu'il 
parloit du Poëte Lucrèce. nan 
= VERS 106. Et tout ce que Segoing deus Jon Mercure entaÿz.] 
Dans les premières éditions l’Auteur savoit mis Wa//en, au 
‘Liou de Segoing ; parce qu’il avoit-canfendu ces deux Auteurs, 
dont le premier, qui «& Vursowpz34 CeLOMSIER ES, 

— con 


SATIRE V + 
Matîtrifa les Hurhains fous le nom de Nobleffé, 
De là vinrent en foule & Marquis & Barons. 
© Chacun pour fes vertus n'offrit plus que des noms, 
Aufli-tôt maint Esprit, fécond en réveries, 
Inventa le blafon avec les armoiries ; 
De fes termes obfcurs fit un langage à part, 
Compofa tous:ces-mats de: Csier, 8é d'Ecars, | 
y; De Pal, de Consrepal, de Lambel, 8: de Face, 
Et tout ce que Segoing dans fon: Mercure etttaflé, 
Une vaine folie enivrant la Raïfon, 
L'’Honneur trifte & honteux ne fut plus de faifon. 
Alors, pour foûtenir fon reng & fa naifance, 
10 I] fallnt étaler le luse &x la dépenfe; 
H fallut habiter un fuperbe palais, 

. Faire par les couleurs diftisigaer fes valéts: 
Et traînant en tous lieux de pompeux équipages, 
Le Duc &x le Marquis fe reconnut aux Pages. 

15 Bientôt pour fubffter, la Nobleffe fans bien 
TFrouva l'art d'emprunter, & de ne rendre rien ; H 

REMARQUES. | 
coMpofé La Sefence héroïque, traitant de la Nebleffe, 6 de l'orie 
jme des armes, de leurs Blazons 6 [ymboles, &c, en 1644. 
’aûtge a fait le Mercure LArmorial, qui et le Livre défigné 
par ntte potes . Cependant au lieu de Segoing, il mit Se- 
ge PEdition de 1674. & cette faute a été répetée 
Toutes les éditions. Dans celle dé 1713. on a mis Se 
_ sé, L'Auteur du Tréfor Héraldique, Où Mercure Armorial, 
Libres en 1657. à Paris, fe nommoit CHARLES Se 
cotes, Avocat, &c. 

PA x14 Le Duc & le Marquis fe reconnut aux Pages. ] 


ce terns- là tous’ lés Gentils-hommes avoient des Pages. 
ses Care, 


96 $S ATIRE 7. 

Et bravant des Sergens la timide cohorte, 

Laifla le Créancier fe morfondre à fa porte. 

Mais pour comble, à la fin le Marquis en prifon 
120 Sous le faix des procès vit tomber fa maifon. 

Alors le Noble altier, preffé de l'indigence, 

Humblement du, Faquin fechercha l'alliance, 

Avec lui trafiquant d'un nom fi précieux, 

Par un lâche contraét vendit tous fes Aïeux ; 
125 Et corrigeant ainf la fortune ennemie, 

Rétablit fon honneur à force d'infamie. 

Car fi l'éclat de l'or ne releve le fang, 
En vain l'on fait briller la fplendeur de fon rang, 
L'amour de vos Aïeux pañle en vous pour “anis, 


REMARQUES... 





CRANG. Vers 122. Rechercha l'alliance. ] L'A 
teur avoit d’abord mis: Erwprunte Pallianée, L 
VERS 123... Avec lui trafiquant.] Avänt l’édition dex7ot, 
il y avoit: Et trafiquant d’un nom jadis f précieux. - -: 
VERS 12$. Et cprrigeant Ainfi.la orne ennemies &cc.] He 
Poërce aïant befoin de deux vers ‘fémimns, fit ceux-ci pai 
néceflité. Le fens étoit fini au vers précedent : Par sn lache 
contraif vendit tous fes Aïeux. 11 étoit bien difficile de trou 
ver une penfée qui senéherît Aurrce \qui précedoit, & plus 
difficile encore de renfermer cette penfée en deux ve; 
c’eft pourtant ce qu’il à fait heuteufement. Dre 
"VERS 132. La mandille à Paris.] Mandille, & 
une espèce de cafaque ou de manteau que les Laquaïs p 
toient autrefois, & même encore dans le tems que 
Satire fut compofée, La Mandille étoit particulière à 
Laquais, & les faifoit diftinguer des autres Valets, ‘. 
tort compofée de trois pièces, dont l’une leur pohddff 
fur le dos, & les deux autres fur tes épaules. Fwrerivre, | 
. VERS 134 D’Hozier lui trowuera 8tC. ] PIERRE D'Ho 
zira, Généalogifte de la Maifon du Roi, Juge gén se. 
, v 









. : ‘ 





l SATIRE v. 


je Et chacun pour parent vous fuit & vous renie. 


Mas nd un homme eff riche, il vaut toûjours fon 


Etleüt-on vû porter la mandille à Paris, 
Neût-il de fon vrai nom ni titre ni mémoire, 
D'Hozier lui trouvera cent Aïeux dans l'Hiftoire. 
j Toi donc, qui de mérite & d'honneurs revêtu, 
. Desécueils de la Cour as fauvé ta vertu, 
DaxGEau, qui dans le rang où notre Roi t'appelle ,” 
Le vois toûjours orné d’une gloire nouvelle, - 
Etplus brillant par foi que par l'éclat des is, 
F Dédigner tous ces Rois dans Ja pourpre amollis; 
Für d'un honteux loifir la doucear importune ; 


97 


REMARQUES. 


des Armes & Blazens de France, Jlalaiflé Chances 

dHozr£n fon fils, qui a les mêmes titres. L’Abbé de 

ce oser Tr parlant de la faveur dont le. Cardinal de 
Thonoroit, a dit dans une Epitre: 


ñ Le m'aderoit, é: des plus apparens 
| Paysiens d'Horir } pour-étre mel parenss 










* L'Estex: “avoit fni fa Pièce à ce vers: mais Mr. de. D'Aw- 
LL y à qui elle eft adreflée ; lui confeilla d’y mettre 
. Géiqhee, vers: à la louange du Roi, afin que la Pièce fut 
mia tetié à :la Cour; & il ajoûta les quatorze vers füui- 
i va Le donc jai de mérite &C. Avant ‘que. cette Satire 
iapsiméc, M4, de Dangeau la lut à quelques Seigneurs, 
ea en & Sale :où- 1e Roi toit à joüep. Le Roi qui le re- 
so ; Noülüt favoif'ce que c’éroit , & quitra le jeu pour 
a Fürs-lre.. C’eft la première Pièce de l’Auteur qui aît 
pers dévrant {à Maijcilé : quelque tems après on lui lu le 
Dour: ve Roi; qui étoit déja compofé. 

GCaRane Vers 137. | Darsgés , Le dans le rang où notre 

Met le] s 
7 E Yexs 





# BATIRE %. 
A fes fages tonfils affervir Ja Fotranie; 
Æt de tout foh bonibeur rte ‘devent'fen qu'à foi, 
Montrer à l'Univers ce que c'eft qu'être Roi : 

45 Si tu veux te touvrir d'un éclat légitime, 
Va par tüille beatx faits mériter fon eftime + 
Sers'an hi noble Marre; ‘& fais voir qu'aujourd'hui 
ÆToû Prince a ds ‘Sujets qui font dignes de ui. 


REMABQVE S. 


ATERS 198. Ton PA cds LS gta ONE Lips le lai 
Dans les anses éditions le vers 137. fniffoit ainf: à 
BC 'déts le derdier vers il ya 








” 
SATIRE VL. 


Us Sage durs bon Dieu! à ces nice 
cris! 

f-ce donc pour veiller gen fe couche à Paris? 
? quel fâcheux Démon, dant les nuits entiques 
affemble i ici les chats de toutes. les goutieres? 
ai beau fauter Auditpleip, ie trouble & d'effois 
: penfe qu'avec.sux.tqut l'Enfer sit chez mai. 
‘un miaule en grondant comine un tigre “en -furies 
autre roule fa voix.comme un enfant qui crie, 
e n’eft pas tout-encor. Las fouris & Jes.rats 
mblent, pour. m'éveiller, s entendre a avec les.chats, 











 “ 


Rjamais, “en phin:jour, ne fat l'Abbé de Pure, 

ne ‘rm pire à lafois à ‘troubler mon repos: 
A ni Et 

REMARQUES. 


! s ù ï, 7e éntient la defcription des embarras de Pa- 
3m dans le même tems que 1e 
Hoir attie, coname ça, l’a expliqué 


‘ Pr : æ ” DO 
Ro . 
gs UT êe 
er LE 
DE: - une 
de 






ns - imitation de ‘la Satire Ji. de Juvé- 
Bi dérrit les incommodités de la ville de Rome, de- : 
Lasz. jusqu’à la fin. Martial 2 fait une Epi- 

le même fujet. L, XII. Epig. 57. 

2. Eff-te dencposr-veiller qu'en fe couche & Par 
J'Henal JIL 232. 

Plorimus bi: ager wonitur uisilnde. 

Fais s «2. * éanmigfene L° Abe de Pure, ] Bnnuieux célèbre, 
Mèz D rafitrtie fc'ke-vers- F8. de ‘la Satire JL. 


Pa 


JMITe. 





tp  SATIRE VI 

Et je me plains ici du maindre de mes maux. 
#5 Car à peine les cogs, commençant leur ramage; 
Auront de cris aigus frappé le voifinage : 

Qu'un affreux Serrurier, laborieux Vulcain, 
Qu'éveillera bientôt l'ardente foif du gain, 
Aveë un fer maudit, qu’à grand bruit il apprête, 


20 De cent coups de marteau me va fendre la tête, 


J'entens déja par tout les charrettes courir, 
Les maçons travailler, les boutiques s'ouvrir: 
Tandis que dans les airs mille cloches émuës, 
D'un funèbre concert font retentir les nuës, 


_ 25 Et fe mêlant au bruit de la grêle & des vents, 


Pour honorer les morts, font mourir les vivans. 
‘ Æncor je benirois la bonté fouveraine, 


REMARQUES. 


1m 1T. Vers 15. Car à peine les cogs &c. ] Martial L. D 
Epig. LXIX. | 


Nondums criflati rupére filentia galli ; 
Murmure jam [evo verberibusqne tone. 
Tam grave percul]is incudibus are refultant, &c. 


CHanc. Vers 17. Qu'un affreux Serrurier, &cc.] Di 
toutes les éditions qui ont paru pendant Îa vie de l'A 
"feur, il y ayoits 


Qu'un affreux Serrurier, que le Ciel en courronx 


A fait pour mes pechez trop voifin de chex. nous. 
11 changea ces deux vers dans l'édition qui fut comm 
cée avant fa mort, & qui parut en 1713. . 

IMiT. Vers 31. En quelque endroit que j'aille, &cc.) ! 

vers & les trois fuivans font imitez de Juvénal , AL 447 


- 





$ A TIRE VE I0E 
$ile Ciel à ces maux avoit borné ma peine. 
Maïs fi feul en mon lit je pefte avec raifon, 
0 C'eft encor pis vingt fois en quittant la niaifon, 

En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la preffé 
Din peuple d'importuns qui fourmillent fans ceffe, 
L'n me heurte d'un ais, dont je fuis tout froiffé, 
Je vois d’un autre coup mon chapeau renverfé, 
3; Là d'un enterrement la funèbre ordonnance 
D'un pas lugubre & let vers l'Eglife s'avance : . 
Et plos loin des Laquais , l’uñ l'autre s'agaçans , 
Font aboïer les chiens, & jurer les pañfans. 

Des Paveurs en ce lieu nie bouchent le paflage, 
LA je trouve une croix de funefte préfage : 


REMARQUES 
—— = Nobis properantibus obffat 
Vnde prior, magne populus premit agminy lumbos 
Qui foquitur : ferit hic cubite, ferit affére duro 
Alter : at bic tignuns capiti incutit , ille metretarm. 


Hérr, Vers 35. Là d’un enterrement &cc.] Horace, Live 
39, IL v. 74 . 
© Triffia vobuffis InElantur funera plauffris. 


ERS 40. memmems ‘Une croix de funefie préfage. ] C’eft 
ane de ces croix, compofées de deux lattes attachées au 
büat ‘d’une corde, que les Maçons & les Couvreurs fons 
cbligez de laspendre devant les maifons fur lesquelles ils 
Wavaillent ; d’avertir les paffans de n’en pas appro- 
der, Ce figne ou cette croix s’appèle LAverrifment où Dé- 
pe 11 y a des Villes où les Convreurs ne fuspendent 
&un fimple bâton, ou une tuile, pour fervir d’_4verrife- 


Su: Ce vers aïant befoin d’être éclairci, j'en écrivis à 
” E 3 V'Aw 


%oz S ATIRE VE 

Et des Couvieurs., gimpez an. joit d‘ane maifon, 

En font pleuvair l'ardoie & la tuile. à faifon.. 

Là fur une charrette une poutre branlante 

Vient racnaçant de loin ki: foule: qu'elle augmente 
45 Six chevaux, attelez à ce fans pefant,, 

Ont peine à l'émouvoir fur le:pavéglifant. 

D'un carofe en tournant i'accrocie que rouË; 

Et du choc le wnwerfe es un graud-vx de bout : 

Quand un autre à linffant, s'efforçant de pallier, 
go Dans le nênse eutbarras fe vient embarraler. 

Vingt carroffes bien-tôt amivant à le file, 

Y font exsmoins de rien fuivis: de‘pluu de mélle : 

Et pour furcruis de:rmaux,. wi fort mralencontreux 

Æanduit en cet endroit un grand troupeau de boeufs. 


REMARQUES 


F'Anteur, qui me répondir ainff par fa Lettre du $, de Maÿ 
3709. . . . . # Je ne fai pas pousquei veus êtes en 
» du fens de ce vess: La je trouve una croix &c.. puisque c’ef 
»» une chofe qüé dans. tout Paris € pweri féiumt, que les 
:s Couvrenss, ils fonc fur Le voir d’une mæfbn., laif- 
» fent pendre Shan de certe raaifon une croix de je 
” went paffans #- ( Ver ‘@œ 

M Paffer vite ; Qu’il L en a ps dé chu ouif r'iduoi 


» une même rué ;.&e que cela il n'y? ait 
» fouvent des gens bleffez: Cet ourquot j'ai dit: Yw 
« noix de fumeffé préfire. . 

"LAIT, Vers 48 Là ferme hener Be] Juvéral, 
des 1H v. 254 


Z° 


Sbhéntttttenté chématéttens Mdr copfeat, H 
S'arraco ueniente, abier, aique sitexs pjunes, 
Blair. uohent ; ntm AE ; popatiquémitantnr, ©: 
Less d . * 

| | Et 





S AT LR B VE My: 
cun prétend per : Lun mg, lautxs jrs: 
mulets en fonnant augaestent le marque, 
i-tôt cent chevaux dans la foule-appellez, 
l'embarras qui croît ferment les défilez,. 
ar tout des Paffans enchaînant les brigades, 
milieu de la paix font woir les.barricades. 
n'entend que des cris poufez confuément. 

u, pour $ Y faire ouïr, tonncroit vainement. | 


donc, Qué dois fouvent en, certain lieu me read‘ 


jour déja baiffant , & qui fuis las d'attendre. 
fachant plus tantôt à quel Saint me voier | 

ne mets au hazard de me faire roüer. 

iute vingt ryjffeaux, j'esquive, je me pour . 


nâud fur fon cheval en n paffant nm ‘éclboule, : “ | 


3 RAMARQUES. CRE 


lorace, parlant des mêmes embarras, L. IL. Ep. IL. 732 
Torquet nunc spires, sunc ingens machine tignum , 8cc. 


LES $4 mn Un grand Po pra 4 ei 
use de: quelques Riomiata, où | A 9 PAR 

el. commé on le prononce au lingukex, 

mtir que ce mot fe prononce, Bewss ainfi il. rime us 
wontreux Qué le voss paécedent.. On pronon- 
M des Ge, De qu’on éqive: Oamfs. 

ERS 57». /#n st vera chouqer SEC} Ce neue 4 Les mais 
nl n'étaisus pas daus ka prediars édition, faire en 


tas 60... Font voir les barricades. ] L’Auteur dé 
e ici celles qui fe firent à Paris os mois d'Août, 1645. 
la guerre de la Fronde. 
ERS:6S, Gerard’ fur fon cheval &c. } QUEN AUD; fa- 
1x Medecin, dont i} à été parlé. den le Satise 1V.: vers 
On le voïoit fouvent à cheval, fur le pavé-de Paris, 
Fon difait. eidiàairement :. Guerswh à" fes cheval, |” 





E 4. VERS: 


vw 








104 S ATIRE VI. 
Et n'ofant plus paroître en l'état où je fuis, 
ño Sans fonger où je vais, je me fauve où je puis. 
T'andis que dans ün coin en grondant je m'efluie, 
Souvent, pour m'achever, il furvient une pluie. 
- On dirôit que le Ciel, qui fe fond tout en eau, 
Veuille inônder ces lieux d’un déluge nouveau. 
5 Pour traverfer la ruë, au milieu de l'orage, 
Un ais fur deux pavez formé un éfroit pañfage. 
Le plus hardi Laquais n'y marche qu'en tremblant 
Il faut pourtant pañfer fur ce pont chancelant, 
Et les nombreux torrens qui tombent des goutieres, 
80 Groffiffant les ruiffeaux, en ont fait des rivieres. 
J'y pañe en trébuchant; mais malgré l'embarras, 
La fraieur de la nuit précipite mes pas. ‘ 
Car fi-tôt que du foir les ombres pacifiques 
| , D'un 
REMARQUES. 
€e ver a de la cobfoimiré aves celui, qui ef le 1h 


da Diféours au Rors 
"Fe me fauve à La nage, & j’aberde où je puis: : c'e 
v TRS 73 On dde gens de Che, .. -"Vesille mdr 








Nam qui fpeliet te | - . 
Non deerit : clawfis demibus, poffquam omnis shique .. 
Fixa catenata filuit cobpago taberne. ° 


| Inter déni é fers Jhbitn graffatar, agit ro . . ñ 


S A TIRE IL roÿ 
louble cadenas font fermer les boutiques: 
tiré chez lui, le paifible Matchand | 
roir fes billets, & cordipter fon-argent; ee 
ins le Marché-heuf tout eft came &ctranquille, 
leurs à Finftänt s’ernpatent.de la Ville, 
is le plus funefte, &c le moins.fréquenté,. .. 
a prié de Paris, un lieu. de fâroté. 1: 
dr donc'à celui qu'une affaire ibprérue : 
: un peu trop tard au détour d'uñie rue.” . 
it quatre Bandits, lui ferrant les côtez : 
arf : il faut fe rendre; ou bien non, réhftezz 
ie votre mort, de tragique mémoire, 
tffacres fameux aille-groffir l'Hifhoire, 
0Ïs fermant ma porte, & cedant au fommeil, 
es jours je me couche avedque le Soleil. 


REMARQUES. 


5-97. : Que dans le Marché-neuf Bic. ] Place de Pariw 
À teni le Marché, entre le pont St, Michel, & 
pqut de PHôtel-Dieu. . : 
3:89. Les Voleurs à l’infant s'emparent. de la ville] Les 
js que les-Vofeuss commertoiens dans Paris, & le. 
qwil.y avoit de fe trouver dans les ruës pendant la. 
at ioi décrits fort naïvemenr, En 1667. lé Roi pour+ 
fureté publique , par Pétabliflement des Lanternes,, 
doublement du Guet, & de la Garde: par un re- 
fur le port d'armes, & contre les gens fans aveu ;. 
plufieurs autres fages Ordonnances, dont l’éxécu- 
confiée à Mr. Ds LA REYNIE, Lieutenant Ge- 
Police: Rucpét de teins La Türeté fur rétablie dans 
RE PAR TR CR NE EC RS 
F 96. Des maffacres fameux aille groffir l'HiMoire:.] : 1f 
Lives itituhé à 1’Hifos des Lerrens-y Où fon décris: 
siseusther:06 dinars. UV EU sc ee 


E $ ‘ sas 


m6 S.& FT ILR Æ NL 

Mais en ma chambre à prine:atje éteint-la Igmieres 
200 Qu'il ne m'eft plus péri dR fesmer la: paupiere. 

Des Filous offrontez, dur coug de piftoler,.. …. 

, _ Ebränlent ma fenêtse, & percent mon volet. 
J'entens crie par tout, au meurtre; on m'aflafime;s 
Ou, le feu. vieat de prondte. à Ja:rmaifpn voifine,. - 

205 Tremblant, & demi mort, je:me leve à ce bruit,” 
Et fouvest fans pourpolat-je cours toute la nuis..:, 
Car le feu, dont la flâme en ondes fe déploie, - 
Fait de notre quartier une feconde Troie; | 
Où mat Grec siné, maint axide Agen, 


LIMURQUES, 


© Ntis tof. El Sonvent féns Pourpoint &ce. ] Tout R to 
en ce tenis-là potteit des wrpoints. 

InciT. Vers 116. Ce n°’eff qu'a prix Partout qui ém 
cûte Ville.] Juvénal, Satire IIL. vers 235. 


———— Magtis pires dortiiter in ‘Urbe.. : 


Notre Poe a Ké le Poëte Latin. S'il avoit: vot 
fa piethent let ;s H-œutoit dits Er ce #8 qu'à pr 
frais qw'on dort en cette Ville, Maïs, à prix d'érgenrj 4 
nd de forée & d’énergic : C’eft comme f l'on difoi 
EE l'os “&ért tiieut à pro pétition -de ce que Pon don 
achetër fon pes Fes en coûte, & mieux on do 
Matril, Livre Hier. 57. : 


Ar cotframis fParñen , me qe , us 
Je Unbe docus 4 paper. : 17. 3 


Msutiat & fait: plafeurs Zpigummes chatre le Fed 

- teurs du fommerl : Liv..IX. EP. ss Liv. Z Ep. 74 db 

JUL Ep. 57..& 67. ire 197 » is ing 2 À 
Mans Le 1. 7h mme (Un Pat de. me 

S où. à les-habitans riveps don: Ent: —* 





S'A TIRE VE 10 
revers des charhons va nilcs:le Troien. er il 
fous mille crypte lé-maifon ahiméo 
ne auffi k fat qui fe perd en fumée: 
me retire done, encor pile d'efiol: 
le jour eft venu quand je rentre chez mot. 
s pour repofer un effort inutile: 
eft qu'à-piix d'argent qu’on doït ‘én cette vie: 
droit ;: dans l'enchas d' un vañe logement, | 
r loin de ke tué un autre apartement. 
ris eR pour un RIRE LR RAR de COCRRE 7 
fortir de la ville, il trouve la campagnes À 


_— 


REMABQUES. 


rien fain On ef incest ain for l'arigins d£ se noms 
iere dit que dans le Haut- Languedoc on sapèle Coste 


1 paix pain de Rañlel :. A ane comme le Paie] ef une: 


Le ag guois que dans des tuer estiment. 
É 6 DaUrld: 40 Rai de Large "| 
Malie.. dr yet a . Laretss, il 7 8, dite 
DMBR EHEATAA » . dant le’ 
Das rsAo le, Ml ns à rt metre: mac . 
ê à Vos mushés 


ma ln Paït de Pre qe 

DELA MESNONE 2 hassdémie Fise mes 

pris la-peiug de avais ces Remarques, ef pe 
ds parles virat du femeuxs. MERALIN Go- 
L aW. tort au suamenounses de (à première Mur 
svp invoqué Togne, Podrals, d, Mefdites [2 
es Burlesques , désrit Jes . Qù elles 
ent » Conune un féjour de fau ss L de potages, de: 
#8 de: 132 de MEN de seflawans 5: où lan. voit couler 
vin, & A ruifleaux de lait 11 y a bien de- 
rence, qu’un tel païis a tiré fon nom de celui de: {be 
men & que de A re on en aura fait Cocagna.. Cet-- 
pale n’ef pas ansicnne déns-nerer Langue :: 
Fa uoue ai dans Räbelais ne dans Macot, ni mè+ 
me: 





18: S A TIRE VE 

1l peut dans:fon jâïdin,. tout peugié: d'æbres verds, 
Receler le printems au milieu dés hivers, . | 
Et foulant le parfum de fes plantes fléuries., 

Aller entretenir fes douces réveries, 


REMARQUES 


me € dans Kegniet Elle s’eft étäblie un peu tard en Fran- 
ec, parce que Merlin Cocaïe, dont le Jargon n’eft pas 
fort aifé à entendre, ÿ a trouvé peu de Leéteurs; & © 
Ja traduétion qu’on en a faite en-‘profe Françoife, p’a été 
imprimée qu’en 1606. Enfin, le favant Mr. HUET, né 
eicn Evêque d’Avranches, : æ bien voulu enrioitit-esère 
marque de fes conjetures. 11 croit que Cocagne vient 4 ‘ 
%aille: Païs de Gogaille, & par corruption Païs de Cove 
Selon lui, Gogaille, vient de Gague, qui ef une espèc 
Saupiquet, ou de Farce, Quoi qu’il en foit, cette ivesk- 
té d'opinions fur le mot de Cocegne fert du moins à f# 
woir que l’on n’ctr fair pas le veritable origine, RES 
pen 2 rien dit. : DE 
t'VERS 125. Maïs moi, ..... quin'ài ri RUE 
Quand PAuteur compola cette Satire, H étois Mis 
la Cour du Palais, chez fon Frere ainé, Jérônic! is 
Sa chambre étoit au deflus dif grenier, dans nef 
Guérite, au cinquième étage. Gilles potes +. 
logeoit auffi dans la même maifon, & quand ie PF. 
on donna fa chambre à notre Auteur. Cette chattes 
pratiquée à côté d’un grenier au quatrième éragei Un 
 Despréaux sapplau t de fon 1 ogement | OMR 
foit plaifamment: Fe fwis defcendw au nier. 6 
-. Au refte, l’Aureur vouloit mettre àu nombre cb ia 
moditez de Paris, la grande affluence de Peuple , qu fi 
que l’on La toûjours extrèmement ferré > Be à pars) ter. 
mir fa cription par ce VErss SU 


ii 















| Chérchons ans are Ville où movepuifiens fers c 
eu bien , . . Ni ice n° 


à Up joe a 
Es heréhons né Fil à Pen pue tenir: RE 
Lund d 


SATIRE VE to) 
ï Maïs moi sgracc au Defin, qui 
Je ne loge où je puis, & comme 


REMARQUES, : 









as émploïér vers, à canfe de l'équie 
ren dontre tem dans ane Ville Agua pr 
EE défie conne des ennemis qui Pa 





a 
' n 
ts 


_ | f : 
LCI c$ 
SATIRE VI 
Us, chañgeont de file, && quittons Ix Satire. | 
C'eft un méchant métier que celui de médire.- 
À l'Auteur qui l'embraffe il ef toûjours fatal. 
Le mal, qu'on dit d'autrui , ne produit que du mal, 
& Maint Poëte, ay dune telle manie, 
{En Courant à thon; trouve ligaomihie, 
Ettel mot, pour avoir réjoui le Ledteur, ”* 
Æ coûté bien fouvent des larmes à l'Auteur. 
Un Eloge ennuïeux, un froid Pañégyrique,. 
© Peut pourrir à fon aife au fond d’une boutiqhé 
Ne craint point du Public les ; jugemens divers. 
Etn'a pour ennémis que la poudre & les vs. : 
Müis un Auteur malin, qui rit, Bcqui fait Hré, El 
Qu'onblime en le lifant, & pourtant âu'on ven Ée 
735 Dans fes plaifans accds: qui fe croit tquf permis LG 


| 








cÉrtr te, OT “ 
——— RE 4X &u R:& 


Crre Satire ent le, immédiatement S , 

première & la lixième, à la fin de l’année r&g3, L’Au- 
teur Félibère avec fa Mufe, s’il doit continuer à compofer 
des Satires. 11 envifage d’abord tous les inconvéniens qu’il 
y a de s’appliquer à ce genre d’écrires mais comme fon 
génie l’entraîne de ce côté-là, il fe détermine enfin à füi- 
wre fon inclination. Horace Jui a fourni cette idée, danr 
Ja Satire I. du Livre IL’ 


, ar. Vers 1. Mufe augpns de le, Ke] Martial, 
AA Ves 1 af dé fi 5 ] qi 





SiÆ Til RE! VIL. 583 
cpurs trop: finéère aifément sous outrage: : 
1 dans ccrmiroir pénfe voir fôn vifâge: - 
en-vous-lifant j. admire chèque trait. | 
ns le foad:de l'ame:& vous craint 8 vous hait] 
cet done en vain quels minin:vous déthangé: 
t rimer ici, rimons quelque louange ,. 
rchons un Heros, pari cet Univers, 
dernoge exicens, &t digne depos vor ot 
Fe. grénd effoif en vain je vous aninne : | 
wa pbtt louét réficontrer une rime. 
10 jy veux réver, ma veine eft aux abois. 
à fotresmon-front sj'aibeaumordremes dbiges: 
puis arracher du creux de ma cervelle. 
es vois plus forcez qué ceux. de la Pucelle 
fe étre vi péhes ge pour un tel deffein,. . 3 
ime-& Je papier ! réâiftent à ma nain. L 
quand il faut raïller, j'ai ce que je fouhaite.. . 
À Sas je me connois Poëtes, 


NN 


3, éèsque is paile, pré a méshucer: 
ue MIO 1. _ “Qiz LE Me 
e LL. xs Louis 19 ST: ot sue 


ts CREmAR Rue & | 
lo) VAE & Phèbe, novemque, Srnst 


w!: £ ii 
CEces macss Vati Mufe jf, ue. | 
180.3 lé ie eginoi 2 Uni : 

RS: UT ds au plus rade que cet de dar rulbiX, 
mec ed de Chapoldhr,. dons: tous ‘les :vére fme 





Îes ca pi ide Minerve :Moics:les Remarques fu 
Hypide ia ds À: use vis ser dqcia Sa 
e Lien DA HU A ROUE 2 CT 22 


Vss$ 


LA 


2e S.& TI RE. VIÉ 
Mes mots viennent fans peinc; ‘8r:courent fe-placer, 
Faut-il peindre wefripon, fameux dans cette, Ville ? 
Ma main, fans que j'y rêve, écrira Ranmavillkes. 
Faut-il d’un Sot parfait montrer l'original ? | 
40 Ma plume au bout du vers d'abord trouve Sofal. 


un À EM AR QUE Se - 


e Ti 


VERS 40 wma D'abord trouve Sefal, ]' C'elt Sat 


EX: 


VALLE, Auteur d’une Hiftoire manusgçrite des Antiquite 
de Paris. : ‘avoit travaillé fur'd’afloz bons mémbo# 
mais il gâta tout par fon ftile chargé d’expreffions-em 
poulées & de figures extravagantes. Il avoit mis dans cel 
te Hiftoire, un Chapitre des lieux de débanche qui étoier 
autrefois dans Paris. Mr, Despréaux fe fouvenoit d’un p: 
e dé ce Chapitre, qui pet fervir à juger du filé d 
auvalle, Ces fales Impudiques, ces infames. Débauchées, all, 
rent chercher wn arile ‘dahsila ‘ruè Brife-miche; de la: dl 
contemplèrent en [ureté les tempêtes. dr. les enees qe s’élrvoia 
continuellement dans la rue Chiapon: ‘Tout le refle”étoit à pe 
près du même file. …» Cependant # l’Ouvrage; tel- qu 
» Étoit, auroit và le jour, fi Mr. Colbert avoit voulu fai 
» te donner à l’Auteur une penfñon de mille étus, & 
#n ne fai quelle charge honoraire feulement dans la Mai 
» de Ville: .... Comme il étoit d’un: haturel 
» il ne put fupporter ce. 3. & ce qui augmentoit. 
» chagrin , SR he TA où avoir rendu à M£ 
». bert.un.- rviçe, Sont.il erojoit. miggnir pas 
» bien ES Le Moines de $Sainf German & 
»5 Prez demandoient au Roi de groffes fommes d’ 
> pour de certaines places ui étoient à eux. M. Co 
» leur avoit fait offrir ane fomme confiderable qu’ils refu 
» fèrent d’accepter. Sagväalle, qui avoit vû dans le Trefc 
» des Chartres une:Pièce en-très-bonne forme, qui sont 
#n noit le paiement qu’on avoit fait pour cela aus Moi 
| +: + ne 
* Ce qui fuit eff tiré des Lettres choifies dé M. RiCHAnD Si 
‘Brôk, Spies à Ÿ Rutierdanss chez Reirier Léers, ToseTNES Ka 
tra demiere de Pannés 1699) [M Ces Letides n’ont jamais été a 
primées à Roftordamr quoi quel tt le poste: Elles où 
été ihptimées à Trévonx & à Lbuon: Las douniere Eukto 
sk de 1704 8 1705. AD D, de Ed, d'Amf,] NE 


S ATI RE VIR 133 
lens que mon esprit travaille de génie, 
t-il d'un froid Rimeur dépeîndre la manie? 
s vers, Comme un:torrent, coulent fur le papier: 
encontre-à la fois Pesrisi, :& Pelletier, | 
mecotie,: Rradon, Golletet, Tireville, 


La 


.RÉMARQUES, 
#3 alla lui-même en donner.avis à Mr. Colberr...,.. 
f plaignoït que Mr. Colbert ne lui âvoit envoté pour” 
i Avis de cette importance, que cent Louïs, qu’il n°’a- 
it point voukt recevoir. : . .. Vous voiez par tout 
: que je vous ai raporté , qu’un bomme moins chagrin, 
moins intercflé que Mr. Sawvalle, auroit donné au 
bliccet Ouvrage qui faifoit honneur à Auteur: 1l en 
woit néanmoins fallu retrancher le Traité des Bordels, 
i-méritoit d’être enfoui fous le fable, afin qu’on n’en 
téndit jamais parler, 


, L 


ERS 44 Ÿe rencontre 4 La fois Perrin & Pelletier.] L’Ab- 
#xgrac avoit été Introduëteur des Ambafladeurs de’ 
ox : dé France, Duc d’Orleans. 11 a traduit en vers 
gois l'Eneide de Virgile, & il a fair plufieurs autres 
és. qui forent imprimées en 1661. Cet Abbé fut le 
der ‘qui obtint en 1669. le privilège d'établir en Frane 
# O! à l’imitation de Venife; mais en 1672. il fut. 
tué le ceder au célèbre Lulli. Pierre Perrin étoit né 
Pi MS 
Naïer : Voïez les Remarques fur le vers 54 du Discowrs 
ES 45. Besnecorfe, Praden,. Collet, Titreville.) . Ad 
des deux premiers noms, il y avoit ceux de Bardss 
Ne Door fa dans les premieres éditions. Mais Mau. 
Bs.Besrfaut devinrent amis de notre Poëte, & en mê- 
temns Bennecorfe & Pradon firent paroître contre lui des 
ages remplis d’injures. Cela fut caufe qu'il êta les 
18 des premiers, pour faire placé à ceux-ci; & c’eft à 
pos de ce changement de noms qu’il fit PEpigramme 
guee:. : | | : " - Uo. 
. Venez, Pradon 6 Bonnecerfe, UT 
_. Grans Krivains de méme forie PS | 







y 


D. 





114 S A TIKR E VIE 

Et pour un que je veus, j'enstwoure ples de mille, 
Auffi-tôt je tiomphe, 8e ra Déufe. en fecret 
S'eftime &t:s'applandit du, benn coup qu'elle a fait. 
C'eft en vain qu'as milieu de mai fureus extrême, 


50 Je me fais quelquefois des: leçons. à moi-même. 


En vain je veux au moins faire grace à quelcun, 
Ma plume auroit regret d'en épargner aucun ; 
_ Er fi-tôt qu'une fish verve me‘domine, 


REMARQUES . 


Dovos vers recevoir le prix; 
Pausx prendre dant her écrits 


Laplace que ves noms demandent : 
… Liniere, @ Perrin vous ait endsmh. 


La cafe de ces démèkez avec. Pradon, fe cntiquée de 
le dernier vess de PEpitre KEL, & à égast de Homescee 
fo, fes le vers 64. de l'Epitre 1X. 

Banpouw: mauvais Poëte de cs tom Be, qui avoir für 
inferes qaciques pete Ouvrages dass Les ils de: Bei; 
fres qu’on impsimoit aloss 

Amy: Jsan TusTUu ne Mawnar, dem le. On: 
vrages paroifloient aufi dans les Recueils de Poëfics: Kæ 
été enfüise de: P Æcadémrie Framçoife. I énoie Abbé: dekes- 
taine- Jean, & de S. Chéron de Chartres, Prieur de S.. ue 
de Déupruartin , 6 Aumenies de Madnané La: 
d'Ostesns. 1 mourue le 1d d'Avail, ref. âgé de sue! 
Mocté Auweur. avoit auf faie Lee doux vos qu'i ss 
jamais fais irapeimer : . Coctt 


| Tow 


| Que ne boit point tes vers ridicnls Maurey, Cr 
… Peurroit bien pour [a peine aimer ceux de Fowrcrays, 
c'e une traduétion du fameux vers de Virgile, Egle 
gue III. . 
Qui Bavium non edit , r amet tua carmina ; Mari. 
BoursauT: Dans le tems que notre Poëte compofi 


NS 


SATIRE VIL rry 
qui s'offre à moi pafle par l'éramine. 
€ pourtant m'eft Loûjouss pségious: © 
Fat me: déplait, 8 me blefle-les yeux, 
rfhis par teuk, comme un chien-frit A proie, 
fes jamais, qu'aufitôtje m'abaie. : 
ins perdre:tems, cn de fi: vains, prono, 


udre une. rime au bout de quelques mots 
REMARQUES. 
re, Bourfaur avoit un démélé avec Mokere, con- 
fit une petite Comédie, intitulée, Le Portrait du 
ns La Contre-critique de lEcole des Femmes; qui fut 
ée au mois d& KCovembre 1647. par les Comé- 
PHôtel de Bourgogne. Moliere ne regarda pas, 
comme un ennemi digne de fon ‘reflemiment 3. 
re Auteur le plaça dans cette Satire pour faise plai- 
iere. ‘Boucfaut s’en vengea par une-autre Comé- 
fit contre. Mr. Despséaux., intitulée, La Sarire 
:ÿ & cetre Pièce devait étre joüée par les mêmes 
os, mais-Mr. Despréant ébtinr un Arrèt du Par- 
ui leur fit défendre de la repréfenter. Bourfaut ne 
as perdre Le fruie de fa vengeance, fit imprimer, 
de. Llie ft nésnmoiis f peu de bruit que notre: 
fûreit qu’il ne l’avoit vuë que trois ou quatre ans: 
*lle eut été imprimée, La querelle n’aila pas 
+ tee deux eusenis qui ne f conaoifloient 
s l’un l’autre, Mais Mr. Despiéaqux étans allé aux 
Bourbon en 1685., Bourfaut, qui étoit alors Re- 
À à Monthagon, mn te nul lui of fa 
es fervices; & vou Et ç le ségaler. Depuis 
pnciliation ils AR em ons amis ;. & nôtre Au- 
le-£es Satises le nom de Bowrss. ED Mr Bour- 
toit de Bar-fur-Seine, &. mourut. à: Paris en 2708. 
il ne fût pas le Latin, il n’a pas läiffé de faise des 
sen vers & en profe, qi font eftimez. 
, Voica Ja note fs le ivess 77. dé Lx Sacire: 1 1: 
Kv LLLE:.Boëse sièm0 haut, s dont il: y: a queir 
dans les. Recueits de Poëfies, :: 


Vers 6a, Je fai comfréi rima bé: } Hostce LL: 





6. SATIRE VIL 

C'eft par que je vaux, fi je vaux quelque chôfe, 
Ainf, foit que bien-têt, par une dure loi, | 
La Moït d'un vol affreux vienne fondre fur moi: 

65 Soit que le Cikme garde on couts féng'&e trahuille 
A Rome ow dans Paris, aux champs ou dahs la Vilk 
Dût ma Mufe par à choquer toût T'Ünivèrs, ” 

- Riche, guéux, trifté ou gai je veux fäire: des vers. 
Pauvre Esprit, :dira-t-6fi, tie je plains ta folie? 

10 Modère ces bouillons de ta mélancholie ; É 
Et garde qu'un de ceux que ta: penfes biimer Né 

e 


REMAR QU E& 
sie, IV.4r.&feqq 
_. ne mme Niqus amine concluderé verfions . 
 Dixeris effe fatis: neque, fi quis Seribat y CTI T TERRES 
: Sermoni propiora, putes bunc ge Pois. | 


| Vras 63. A pe dt me bien-tét, p ar sné dure Lei , & 
Ce vers, & les dix- Aivans font foitez d’Horace, Li 
# Sat, 1. s7. & five 


Ne longum facian: [eu me à sranquille Smëw . 

Exfpeñlat, fem mers atris ciremmuelat alis; on . 4 
. Dives, inops3 Roma, feu fers ita juferits exfals |: 

Quisquis erit vite, fcribam, color. | is 


Crane. Vers 68. Riche > ENeUX ;, trifle C3 gai , Je 
faire dis vers.] 1 y avoit däns les premières éditions : 
° “Riche, gueux , on content, &cc. | 19 


Mr. Désmarêts, dans lu critiqué qu’il fit en 1674. des! 
tices de notre Poëéte, condamna cet éndroit', parce 
content demandoit un mot qui lui fût oppoié, comme #4 
& d lui propofa de mettre ainfi: % 


S À T IR E VII. 117 

: dans ton fang cette ardeur de rimer, 

oi ! lors-qu'autrefois Horace, après Lucilei 

en bons mots les vapeurs de fa bile, 

uit la Vertu par des traits éclatans ,: 

r Je mafque aux. Vices de fon tems : 

quand Juvénal, de fa mordante plume. . : 

puler des flots de fiel & d'amertume, 

idoit en courroux tout le Peuple Latin, 

l'autre fit-il une tragique fin ? | 

raindre, après tout, d’une fureur fi vaine? 
Per- 

REMARQUES. 1 


on gueux, triffe ow gai, je veux faire des vers. 

teur a fagement profité de cette correttion : Ce 
il a dit aïlleurs, en parlant de fes Ennemis, Epic 
! fr leurs auis corriger mes erreurs. | 
Vers. 69. Panvre Esprit, dira-t-on, ‘cc. ] Horace 
endroit : 
0 ms tm © Puer s fes 

ls metuo; Ô" MAjorHm ne His AMICHS 

re te fersat. 

79. Hé quoi! lors qw'amrefois, Horace après Lucilts 
‘ace au même endroit : : 
Quid, cèm ef Lucilins aufus 

ws £n bunc operis componers carmins morems, 
shere > pellem, nitidus que quisque per ora 

et, éntrorfum turpiss num Lelius, aut qui 





ît ab eppreffä meritum Carthagine nomen, 


we offenff, ant lefo doinere Mercello ? 
, VERS 


418 . $S AT TIRE Vi. 
Perfonne ne connoit mi mon nom ni ma veige, 
Onne voitpointanes vers, à l'envi de Montreuil 
Groflir impunément:les feuillets d'un Rocusil. 
85 À peine quelquefois je mre forse à les lire, , 
Pour plaire à quelque Ami, guedhermela Satire 
Qui me flatte peutéme, 8 d'un air impofiéur, 
Rit tout haut:de l'Ou , x rinat bas de d'Aut: 
Enfin cief mon plaïfr: qe ENC-HOUX fatisiaire; 


REMAROTES 


Vsns 121. Perfonne ne connoit ni mon nom ni ma veine, 
vers fait connaître:que certe Saireæft sn es premiers 
vrages de l’Auteur; car il n’auroit pas pà dire, que pe 
me ne conneiffoit ni fon nom ni {4 veine, “Après avoir 
autres Satires à diverfes ; \ | 

‘+ NERS 83. : A: Bei de. Monveuil.]) Munrrs 
DE MonTREUIL, fils d’un Avocat de Paris, nônu 
1620. 11 a toûjeurs porté lhabit Eccléfiaftique fans 
lié aux Ordres. I avoit He Pesprit, & fes Poëlies lui 
-nèrent de la'réputation.,, .mais:il affefha un:pes vrap sie 
re mettre fes vers dans les Recueils de :PoSfos@hni 
que les Libraires faifoient imprimer : C’eft à quoi : 
Auteur fait allufion. Mentteul -ue.{e.fà oéat 
petite raillerie; au contraire, il atoûjours été des am 
Mr. Despréaux, qui avoit foin de‘lui envoier un exem 

. se de fes Oeuvres toutes les fois qu’onlesimprinmait. L 
bé de Montreuil mourut à Valence, au mois de Jui 
-3692. étant logé chez Mr..tle Gdsnac, fon ami, :alo: 
vêque de Valence, & enfuite Ar d'Aix. Œn 
Montreuil fit imprimer à Paris toutes fes Oeuvres, qui 
fiftent en vers, &en deslættres. 

1mir. Ibid. On ne voit point mes vers, &c.] Horace, 
L. Satire IV. 71. 





Nalla tabsrna meos babeat , neque pila libellos, 
Queis mass infudet vulgi, Hermogenisque Tigelli, 


fi 


S AT IR E VIL. 179 

0 Je ne puis bien parler, & ne faurois me taire; 

Et-dès qu'un mot phifant vient luire à mon tsprit, 

Je n'ai point de repos qu'ib ne foit en écrit: 

Jene réfifte point au torrent-qui m'entraîne. 

Maïs‘c'eft affez parlé. Prenons‘an peu d'haleine, 

Ma main, pour cette fois, commence à fe laffer, 
Fimiflons. Mais demain, Mrufe, à recommencer. 


REMARQUES 


ler. Vers &s. 4 perse quslquéfois. je nee :forse à des bre» , 
kc.] Horace au même endroit : - 


Nes recito chiquam ; nifi amicis, idque coalfus : 
Non sbivis ; coramue quibuslibet. 


Vzxs 848. Res haut de POuvrage, & teut bas de PF. 4 
msr.:} Quand Mr Despréaux lut fa première Satire à PAb- 
bé Furetiere, comme on Pa dit ci-devant, il s’aperçut qu’à 
éhaque trait cet ‘Abbé fourioit amèrement, & laifloit en- 
irevoic. une joie maligne , prévoïant que PAuteur alloit 
Patiipes bien des Ennemis: Voilà qui ejt bon, difoit-il d’un 
sit raïifleur: Mais cela fera du bruit. Ge trait n’échapa pas à 
notre Poëte, & c’eft à quoi il fait allufion dans ce vers, & 
dens.les'trois précedens. 


. SATIRE 


139 


SATIRE VII 


A MONSIEUR M###, 
DOCTEUR DE SGRBONR 


E tous les Animaux qui s'élèvent dans l'air 


| Qui marchent fur la terre,. ou nagent da 
oo mer 9, 


De Paris au Perou, du Japon jusqu’à Rome, 
Le plus fot animal, à mon avis, c'eft l'Homme 
$ Quoi? dira-t-on d'abord, un ver, une fourm 


REMARQUES. 


LE: fept Satiresbrécedentes aiïant été publiées en : 
la plüpart de Ceux qui y avoient été maltraitez, f 
* Chainèrent contre l’Auteur. Il ne daigna pas répondre 
moins fur le ton ferieux , à leurs Libelles ni à leurs inj 
mais il compofa la Satire adreflée à fon Esprit, qui « 
neuvième, & dans laquelle, fous prétexte de fe faire 
même fon procès, il {€ juftifie de tous les crimes qu 
Ennemis lui avoientimputez. Le Poëte , après avoir fai 
Apologie dans cette Satire , entreprit de traiter un füujet 
général, & qui fût au goût de tout le monde. Dass: 
vué il fit la Satire de Homme *. Ces deux Pièces, 
voient été compolées en l’année 1667. furent publiée 
parément en 1668. La Satire de l’Homme parut la pre 
re, & on en fit en même tems plufieurs éditions, qe 
rent débitées avec une rapidité prodigieufe, C’eft de 
fes Ouvrages, celui qui a êu le plus de cours en partict 
Cette Satire eft rout-à-fait dans le gpût de Perfe, & 1 
que un Philofophe chagrin qui ne peut fouffrir les vices 
Hommes. Elle eft adreffée à Mr. Mor EL Doéteur de 
bone. Ce Doéteur étoit furnommé /4 Machoire d _Ane, 
ce qu’il avoit la machoire fort graade & fort avan 


_ * Ceff ainfi que lAuteur la nommeit, © nes pas la S 
core Homme. 


} 


| | \ 
SA TIRE VII. tit: 

1infeéte rampant qui ne vit qu'à demi, 

ifaureau-qui rumine, une chevre qui broute, 


it l'esprit mieux tourné que n'a l'Homme ? Oui 
doute. 


‘sliscours te furprend, Doëteur, je l'apperçoi. 

Homme dela Nature ft le Chef & le Roi. | 

is,prez , champs, animaux, tout eft pour fon ufagee 

lui feul a, dis-tu, la Raifon en partage. 

eft vrai, de tout tems }—a Raifon fut fon lot : 

ais de À je conclus que l'Homme eft le plus fot, 

Ces propos, diras-tu, font bons dans la Satire, 

nr égaïer d'abord un Leéteur qui veut rire: | 
| oo Mais 

REMARQUES. 
‘À pour cette raifon que nogre Poëte lui adreffa cette Sæ- 


t, à la fin de laquelle il met l'Homme au deflous de 
\ne même; & ce fut Mr. Boirzeau, Doéteur de Sor-r 


ane, frere du Poëte, qui lui confeilla de dedier fa Satire. 


Mr, Morel. 11 étoit grand ennemi des Janfeniftes, con- 
‘lesquels il a compofé divers Ouvrages, mais tous aflez. 
vais, Cependant le Poëte Santeul fit des vers Latins, 
a. jesquels 11 affeéta de louër ce Doéteur; de ce que par 
\dscours & par fes écrits il avoit confondu les Disciples, 
JanSnius: comme Samfon défit les Philiftins armé d’u-. 
machoire d’Ane. CLaune More étoit de Châlons 
Champagne d’une bonne famille de Robe. 11 mourut à 
ts le 30. d’Avril 1679. étant Doiïen de la Faculté de 
Kologie & Chanoine Théologal de Paris. 1l avoit refu- 
l'&véché de Lombez. Le | | 
lurr, Vers 1. De tous les Animaux &tc.] Homère, Ilia- 
L, XVIL a éxageré la misère de l'Homme par une fem- 
comparaifon: De tous les animaux qui refpirent, €" qui 
mpeut fur La terre, il ny en a point de plus malheureux que 


bcours. Comme cette Satise cft en Dialogue entzæ le 
Tim, LI, E : Poëte 


Vans 13. IL eff vrai] C’eft le Poëte qu reprend ici le 


m2 S A TIRE VIII. 
Mais il faut les prouver. En forme. J'y confers, 
Répons-moi donc, Doétear, & mets-toi fur les bancs 

_. Qu'eft-oe que la Sagefle? Une égalité d'ame, 

20 Que rien ne peut troubler, qu'aucun défir n'enflame; 
Qui marche en fes confeils à pas plus mefurez, 
Qu'un Doïen au Palais ne monte les degrez. 

Or cette égalité, dont fe forme le Sage, 
Qui jamais moins que l'Homme en a connu l’ufage 

25 La Foutmi tous les ans traverfant les guérèts, 
Groffit fes magafins des tréfors de Cérès; 

Et dès que l'Aquilon, ramenant k froidure, 
Vient de fes noirs frimats attrifter la Nature, 
Cet animal, tapi dans fon obicurité, 
| Joui 
REMARQUES. 

Poëte & le Dofteur, il faut prendre garde aux discours d 

l'un & de l’autre. 

Vans 17. Maïs il fam les prowver. En forme. y confess 
Ces derniers mots, Ÿy confens, font du Poëte. Le refte « 
du Doëteur. En form: ce mot, détaché de ce qui pré« 
de, eft an trait qui caraétèrife bien le perfonnage & ma 

mieux le Dialogne, que % l’Autcut avoir mis rout d 
e: Mais il fant les prouver en forme. Cela feroit froid. 


“Imrr. Vers 25. La Fourmi tons les ans traverfant les gui 
rés &cc.] Hor. L. L Sat. I. 33. & feqq. - 


© Parvala (nam exemplo eff) nagni Formica Laberis 
Ore trabit quodemmque pote, atque addit acerve 
Quem fruit, haud ignara, ac non incamta futur. 
. * Que, fans iaverfumcontrifles. Aquarins anus. 
Non usquam prorpit , dr üllis stitur ante 
Sueairis Jai, 


* Ysas 


S ATIRE  VIIL 133 
uit l'hiver des bieas conquis durant L'été. 
ais on ne la voit point d'ane hymenr inconfiante,. 
arcfleufe au printems, gn-hiver diligents, 
fronter en plein chamn les fureurs de Janvier, 
Ju demeurgr oifive au retour du Bélier. 
Mais l'Homme, fans arsêt dans {a consfe infeniée, 
Vokige inceflammont de penfée en penfée: 
Son cœur, todjeurs fottast entre axille amsbarres ; 
Ne fait ni ce qu'il veut, ni ce qu'il ne meut pas, 
Ce qu'un jour il abhome, en l'autre à le éouhañte, 
p Moi ? j'irois époufer une Femme coquette ? 
 Jirois, par ma conftance aux affronts endurci, 
Ms mettre au rang-des Saints qu'a célébrez Bail a 


REMARQUES. 


VERS 34 ——…—… As retour du Bélier. ] C’eft-à-dire, aù 
ketour du Printèms, car le Printems commence quand le 
Soleil entre dans Le figac du Réligr. 

fuir, Vers 35. Mais l'Homme, fans arrit, &c.] Horace, 
Lir, L Epitre I. 97. &c füiv. l 


ans Qgid mes ère pugnat frntentis Row? 
Red paist, Jherns : rquiit, quod nmper amifits 
 Æffuets E vite disconunit erdins lots. | 


Vins 39. Ce gwgn jawr il abhorre, en laure {l le fouhaite,) 
L'Aeut autoit pu mettre, Ce qw”un jour il abhorre, sn autre 
(ll fonpaite. 

VERS 42e. Des Saints qu'a célébrez Bulfi.] Le Come 
EdeBussxR ABUTIN avoit fait un perit Livre, relié pro= 
pement <n manière d'Heures, où, an lieu des Images qué 
on met dans les Livres de prières, étaient les portraits 
ta mignature de quelques Hommes de La Cour, dont lés 
tumes étojent f çonnéss de galanterie. Er,.çe que 
Los la füire Ü à’ 1ti-même condamné tout le premier, il 

F 3 | avoit 


14. S A TIRE WI 
Affez de Sotsfans moi feront-parler la Ville, ! 
Difoit, le mois pafñlé, ce Marquis indocile, 
45 Qui depuis quinze jours dans le piège arrêté, 
Entre les bons Maris pour exemple cité 
Croit que Dieu, tout exprès, d’une côte nouvelle 
A tiré pour lui feul une Femme fidelle, 
Voilà l'Homme en effet. HE va du blanc au noir. 
$0 Il cogdamne au matin fes fentimens du foir.. 
Importun à tout autre, à foi-même incommode, 


J change à tous momens d'esprit comme de mode u 


è 


REMARQUES 


avoit mis au bas de chaque portrait, un petit diseouss en. 
forme d’Oraïfon ou de Prière, accommodée au füujet. 
avoit auffi compofé PHiffoire amourenfe des Gaules, où il 
décrivoit d’une manière très-fatirique, les galanteries des 

rincipales perfonnes de la Cour. Ce Livre fut la caufe de 


a disgrace. Les Lettres fuivantes fervent encore à l’expli- 
cation de ce vers. | 


Latre de Madame de Scunsnta Mr, le Comte d Buss1, 
eo du Août, 1674. . 


» Aimez-vous, Monfeur, que Despréaux ait nommé vo- 
» tre nom dans une de fes Satires ? J’ai oui dire que le Roi 
» avoit demandé ce que cC’étoit qu’il vouloit dire à l’es- 
n droit où il parle de vous; & qu’on lui répondit d’une 
» manière qui vous auroit fâché, fi vous la faviez, , .., 


Répenfe du Comte de Bull, du 8. Art. >». 


_ 5» L'endroit où Despréaux ni'a nommé dans fes Satires, 
» fait plus contre lui que contre moi. I a dit, Les Saints 
» qu'a célébrez. Bulfi, pour dire, les Cocus. La Méta hore cf | 
» ridicule. Pour moi je ne voi pas que cela m’ait fait ni 
>» bien ni mal, ni que la réponfe qu’on auroit pu faire au 
5 Roï, ait dû me éplaire. D'ailleurs Despréaux eft ua 
r, Garçon d'esprit & de mérite que jaime fort. 





$ À TIRE VII rx 
Étourne au moindre vent, iltombe au moindre choc ? 
Aujourd’hui dans un casque 8 demain dans un frocs 
Cependant à le voir plein de vapeurs légères; | 
oi-même fe bercer de fes propres chimères,, :. : :? 
ai feal de:læ Nature eft l-baze & l'appnis  :: 
t le dixième Ciel ne-toutne que pour luf:-  ‘ 
Je tous les Animaux il eft, dit-it, le Maître, 
Jui pourroit le nier ? -pourfüis-tu. Moi peut-être; - 
fais fans examiner, fi, vers les-Antres fourds; © -: 


KÉMARQUES 
Lattre de Madame de Senderi, dm 19. Août, à. 7 2 


HE 
+5 Pour Despréaux, je ne trouve wun homme cortif 
; me vous, quoique vous en puifilies dire, doive être cité’ 
» fi légérement que vous l’avez été. Le Roi, à ct’ qu’on 
ÿ m'a dit, demanda ce que c’étoit que {es Saints que.vous 
, aviez célébrez ? & l’on lui répondit , que c’etoit une 
> badinerie ua peu impio que-vous aviez faite. Je ne trou- 
5 ve pas céla plaifant. °c t{ 
_- Cette Dame étoit la veuve du fameux Gouverneur de 
Notie-Dâme de Ja Garde, Meflire GroneEz De SCU:s+? 
R1, peu mènagé en divers ‘endroits des Qeuvres de notre 
Satirique, contre lequel, pour venger la mémoire de {or 
Epoux, elle auroit bien voulu animer Mr. le Comte de 
Bufi. Elle mourut À Paris au commencement de l’année” 
17it. Les Lettres dont on vient-de rapportér Les fragmens, - 

n’ont pas été impriméess : .. os 
Vaxs + Croit que Dies tout coprès ; d'une côte noutlle. ] : 
Voïez là Remarque für.le vers 103. de la Satire X. 
Vans $3: Il rouërne ai moindre vent, sl tembe au mésndre' 
ebes : &tc.] L’Auteur faifoit cas de ce vers & dufuivaat; tant - 
leur beauté, que pour la fingularité de la rime. | 
Vans 61. Mais fans examiner, fi, vers les _Antres [ourds , ] 
Va Critique habile’ * çroit-quetles L4nsres feurds, donnent‘ 


: %e Mn, Di la Mosneyer 


E- 3 





326 S A TIRE VIE 
L'Oùrs à peur du Paffant, du le Paffant de l'Ours: 
Et fi, fur uni Edit des Paftres de Nubic ; 

Les Lions de Barca vuideroièent à Libye: 

65 Ce Maître prétendu, qui leur dénne dei loi, 
Ce Roi des animiäu£, cutmbien a-t:il de Rois ? 
L'Ambition, l'Amour, l'Avatice, la Haine, 
T'iennent coins un Forçat fon Esprit À la-chaînic, 
Le fommeil fur {és yeux commence à s'épancher, 


40 Debout, dit l’Avarite, il eft terhs de marcher. 


Héflez-moi. Debout. Un moment. Tu repliques À 


REMARQUES. 


une idée trop vague, & ne font là que la rime: L 
poudroit que le Foûte eût mis1 | T FOR 
| Dais fans examiner par nn trop long discours, 
S5 l’Owrs craint Le Paffant ; fi le Paffènt craint Onrs. 
Vuns 63. Er fi, far mn Edit des Puffres de Nubie, Bt.) 
La Nubic € eft un grand Païs de au Midi du 


Hoïsame de Baiva, 1 y a béanconp de Dious dans es des 
Sert. de Barca. 


Int. Vers 6, Le fommeil or Ji Jers commette 8e] 
Pace, Satire V. vêrs 132. € 
Mine piger ffértts : Serge, ie der: ds, 
d'arge. Negas y, inflat: Surge inquis. den. jen Serge. 
"es quid apue r Rotfner? Sapirdes mise Poe, 
Caffèreum, Papas, chensss, thus, lubuica Con 3 
Totie vocens prénoms piper À firnte Came 
: Verte aliquid,. Jar én | 


Vrns 76. Rapporter de Goé.] Capitale des Etats que les: 
Portugais ste dans les Indes Quiemtales. Getts Der 


$S ATIRE VIIR f27 
, peine le Soleil fait ouvrir les boutiques. 
importe, leve-toi. Pourquoi faire après tout ? 
our courir l'Ocean de l'un à l'autre bout, 
Chercher jusqu'au Japor la porcelaine & l'ammbre, 
Raporter de Goa le poivre & Le gingembre. 
Mais j'ai des biens en foule, & je puis m'en pañer. 
On n'en peut trop avoir; & pour en amafææe, 
H ne fant épargner ni crime ni parjure : . 
I faut foufhir la faim, & coucher fur la dure : 
Eût-on plus de tréfors que n'en perdit Galet, 
N'avois 
REMARQUES. 
dt célèbre par fon Port de mer, & par le grand commer- 
ce qui s’y fait. | 
Vers 81. Eñt-en plus de tréfors que n’ez perdit Cain. ] Fa- 
meux Joüeur qui avoit gagné au jeu des fommes immen- 
fes, qu’il reperdit dans la fuite. 11 avoit fait bâtir à Paris 
PHôtel de Sulli, dans la ruë St. Antoine; mais il le joua 
ea an coup de dez. Après avoir tout {on bien, il al- 
lit egcose jouer, dit-on, avec es Laquais dans Les ruës, 
k même fur les degrez de la maifon qui lui avoit aparte- 
me Rcgnier a fé mention de ce JoBeur dans fa quads 
xième Satire. | | 
| Galles a fe rails; Gr qui croire fin dires _ ° | 
Le bonaré pour le usins lui promet ns: Empire, 
Toutefois es contraire étant leger One, 
N'araes que F'operencs trois dez. an corntt 
Cowense fr sn bers fond de rente &7 de recodtes, 
Deus jops on quaterze il affighe fs dobees. 
Uwy a pss long-tercs, dis Ménage, quil y avoit à Chie 


une famille du nom de Gale: Gaczr le joüeur écoie 
ke cette famille, & VLaicn ou HUaLI GALET, Mai- 


E 4. tie 





M3 SATIRE VIIE - 
N'avoir en fa maïfon ni meubles ni valet: 
Parmi les tas de blé vivre de feigle & d'orge, 
De peur de perdre-un liard, fouffrir qu'on vous égorge. 
85 Et pourquoi cette épargne enfin? L'ignores-tu à 
Afin qu'un Héritier bien nourri, bieh vétu,. 
Profitant d'un tréfor en tes mains inutile, 
De fon train quelque jour embarraflé la Ville, 
Que faire ? il faut partir: Les Matelots font prêts. 
90 Ou, fi:pour l'entraîner l'argent manque d'attraits,. 
Bien-tôt l'Ambition , & toute fon escorte, | 
Dans le fein du Repos, vient le prendre à main forte, 
L'envoie en furieux au milieu des hazæds, 
Se faire eftropier fur les pas des Céfars,. 
- #5 Et cherchant fur la brêche une mort indiscrète, 
De fa folle valeur embellir la Gazette. : 
Tout 
| REMARQUES. : 
jre des Requêtes de Grandgowfr,.en.étoit auffi *. Menage 
po ouï dire à. Galet le joüeur. Di. Etymol. an mt 
cts: .. _ 
VERS 84. De peur de perdre un liard, fouffrir qu'on veut 
égorge.] Ce vers & les fix précodens font allufion à l’avari- 
ce outrée du Lientenant Criminel Tardieu, &c de fa fem- 
me, qui avoient été aflafimez dans: KRèur maifôn, fur le 
Quai des Orfèvres. Leur avanture eft décrite dans 1a-Sati- 
xe X. Voiez les Remarques aw même endroit. | 
CHanc. Vers gt. Bien-tôt Ambition, © tente fen-escer- 
te.] Dans les premières éditions il y avoit;. duec menllewre 
‘éfcorte. | | 
VERS 191. Ce.fongueux PAngéls.] Le Perse Bpunouns,. 
dans fon quatrième Dialogue de {a Manière de bien penfer. : 
parhant de certains faits-hiftoriques qui deviennent. obscurs 
par lctems:., Fes dis awrans du Nom: que porte: Aléranére 
.…. X Rabelais, IL, 39e. | L . 





SA TIRE VIE y 
beau, dira quelqu'un, raillez plus à propos :: L 
e fubtoûjours la vertu des Heros:: 
lonc ? à votré avis, fut-ce un fou qu'Alexandio?” 
cet écervelé, quimitl'Afe:en cendre >: I 
gueux l'Ahgéli, qui de’fang alteré 
du Monde entier, s'y trouvoit trop ferré?” 
ré qu’il étoit, né Roi d'une province; 
ouvoit gouverner en be &'fage Prince, : 
a follement, & penfant être Dieu, : 
comme un Bandit qui n'a ni feu ni lieu: : 
ant avec foi les horreurs de la guerre, - 
afte-folie emplir toute la Terre. 
x! ftde fon tems,-pour cent bonnes raifogs 
sédoine eût eudés Petites-Maifons, . 
nfage Tutéur leût,. en cette demeure, : 


+4 


REMARQUES: 
s'Satire contre l'Homme: Ce fouguenx P fngéli , Sci 
eft cläir maintenant, parce que nous favons que 
éli étoit un Fou de-la Eour, que le Prince de Con- - 
it amené de Flandres. Et ff cela devient obscu : 
e tems, il ne fâut pas s’en prendre’à l’Auteur, *? 
. vers 112. de: la Satire I. & la Remarque fut ce 
rs, Où il eft-parlé de l’_Angés. | 
_ Vers 102. Maitre du Monde-entier, y troNvois trop” 
uvenal Sät. X. vere 168: ‘ | 
; Pelleo Fuveni non fufficit Orbis® ‘ | 
wat infélix angu/fo limite mundi. 


rôit Sénèqde, de Benef. L. I, c. 13.7 
110.: Da Macsdoine ehsen des Prtites-Mh:bnl:3 LY' 
sifens font un Hôpital de Paris, où l’on esferme 
Voiez la Remarque fur le vers 4. de la Satire IV. - 
F-s - Yrxs” 





m6 SATIRE VIIL 
Par avis de Parens, enfermé de bonne heure. 
Mais fans nous égarer dans ces digrefions; 

‘Traiter, comme Senaut ;. toutes les paflions ;: 
“15 Et les diftribuant par claffes.&x par titres, 

Dogmatizer en vers, & rimer par chapitres: 

Laiffüns-en disconrir à Chambre, ou Coëfisteau :- 

Et voïons l'Homme-enfn per l'endroit le plus beau... 

Lui feul vivant, dit-on, dans l'enceinte des Välles, 
‘#20 Fait voir d'honnêâtes mous, des Coûtames cities 


REMARQUES 


Vans r14 Traiter, comme Senaut, toutes les pires. ] Le 
2, Jéan Fraaxkois SExaur,, Général de 1a 
_gation de l’Oratoire, a fait un Traité de Pufage des Paflions... 
VERS 117. Laiffons-en discoursr.la Chambre, on € . 
Marin CUREAU DE LA CGhaAMBre, Médecin ordi- 
naire du Roi, a fait le Caraëlère des Païlions, vutre pluficeurs. 
watres Ouvrages. 11 étoit de l’Académie Françoife , & mou- 
ut à Paris au mois de Novembre 1649. âgé de 76. ans. 
picoras CoxrrerTe au, Religieux. de l'Ordre de St. 
aminique, nommé à l'Evédhé de Marfeille, a eompoté: 
A Tables des Palions humaines, leurs caues, © leurs 
. VERS +19. Lui feul vivant, dit-on, dans l'enceinte des Vil- 
Les, &c:] Ce vezs, & les trois fuivans ,. font d’une faall- 
se # d’une doneour admirables :. Cependant l’Auteur di- 
Z de sous les vers qu’il avoir faits, C’étoicnt.ceux- 
“Lt qu'i avoit le plus sravail » & quilui avoient coté le 
plus de tenus & | 
1MiT. Vers 125. Vaitren les Loups brigans, Ke Horae), 
Epode VAL 11, 12. 


Neque bic Impis ne mos, nes fuit leonibus 
Unique, vif i in dispar , feris. 


perénal a nai is même poufée , def XV, suit 
Hf@ 


ia . . ' ' Jo er 
, .: . sa. 









S'A: TIRE VTIE 13£ 
Se fit des Gouvernents,. des Magifirats, ds Robe 

| Oblerve ua polices. ohétt à des lois. 

| Det vrai, Mais poririènt, dans lois Be fois police, | 

Sins craindre Arshers, Pirée, oi Sappit de Juftice,.… 
Voit-on les Loupe arigans, comme nous inhrumaine 
m: | Pourdétroufièr les Longs, couiries graps chemins? 
cu À limispour s'agrasdir, vit-Qn dans fi manie 

es, Ê Un Tigre en fa@hiens partagei l'Hyrcanied 

= S Ones 3-til dans-Los bois la guerre avec les Gurse 


REMARQUES. 


Sed'jamfivrpentum majer concerdis , parcit 
épais maonlis fmilis fera. quunde leons 
Fortier eripois vitae les? qua nemore nue: 


L Bafpsravis apr majors dentibus apei? 
. Bediceaigris &git robids cu tigride pacte 
L Ferpetsat: “Faviséter fesemvenk fs it 
| 48 Lemni Ge 
He parfaitement Bien made k Lan 
PE & y 4 joint s ie éxei Ua a g 
be. de-Bne le N Nätwdifie : D enigwe LSETETA _ 


mag 57 probe dust : con trf v 4 1j 
entre Er rS Labrne feritas inter fe fi 0% ire Les ep 
fun Lg non petit ferpentes: ne maris quidem belléa ac pis-- 
es, nifi in dFver CE Jeunt. At Hercules A Rp ‘ 
plurima ex hemine fins mal. lin, L. VIT in prink, eut: 
voir les réflexions que Mi. 8 ay L= 2 faites Eu oét en roit: 
de notre Poëte, dans fon Difiionaire biflorique > critique , 
ge etiel . Partager PE 2 de 1 
 Nans SE, =” prenne rovince s 
Porfe as Midi de ès Mer C 1 
GwaueiKess 109: L’Oure acte. dame des Les Lac guest 
avec les: on ce Yes s koi : sntrement dans: les premières 


- C7 
EG: + | L'ows 


x $S A TIRE VAil: 
289 Le Vautour dans les airs fond-il far les Vautours2? 
- A-t-on vû quelquefois dans les plaines d'Afrique, ‘: 
Déchirantà l'envi leur propre République, . 
Zsons contre Luns, 'Parens contre Parens,. 
Combattre follsment pour le choix des Tyrans} : 
* 385 L'animalle plus fer.qu'enfante à Nature, . 
Dans un autre animal refpecte fa figure, : 
De fa rage avec lui modère les accès, 
Vit fans bruit, fans débats, fans noife ,.fans proie 


f 
, 


l REMARQUES 
L'Onrs fait-il dans les boss la guarre AU, des Ours &: - 


Tous les amis de l'Auteur, particulièrement Mr. de Brien-- 
ae *, La Fontaine, & Racine, remarquèrent que lon ne: 
difoit pas: Faïre la guerre avec quelqu'iün, mais ‘à ‘quelqh'un; , 
& qu’ainfi il faloit dire: L'Ours fait-il Le guerre aux Ours? 

* Chacun s’efforça de corriger ce vers, mais perfonne n’y 
put réuffit, & ilrfut'imprimé avec cette négligence Il 
ayoit même efluié plufeurs éditions , lors-qu’enfin l’Au-- 
teur trouva le moïen de le rectifier, par le changement: 
d'un feul mot. L’Ours a-t-5l dans les bois La guerre avec les. 
Onrs? Ce changement fut. fait dans l’édition de 1674. dy 
fut étonné qu'une corre&ion f facile eût été fi difficile à 
trouver-paï de fi habiles gens. "°°  -* 

Imir. Vers 133. Lions contré Lions, &ct.1] Ces deux ve. 
Font parodiez de Cinns, Tragédie de Corneille : .A@ë E. 
Ssène 3. E _ | RE 

‘Remains.centre Rormaiss, Pérens contre Pèrenss. 
Combettoient. feulensent pour le chaix des Tyranse 

Vzns-139, ‘Un Aigle fur un champ prétendant Droit d'iA# - 
&èine, }: Le Droit d'Etnbeine eft-le‘dioit de prendre la fuc- 
ceflion d’un Etranger qui:meurt en France. Ge Drois: #f 
partiens au Roi feul, dans fon Roïaume.-Ainf, çe ni" 

EE PT OS |, E 

qui entra dans la Congreqatren de L'Oratis: 


%. Secretaire D Etat 
dei" 2n 1664. 





nd 


S A TIRE: VIIE  r33- 

Us Aigle, fur un champ prétendant droit d'Aubaine; 7 
Ne fait point appeler un Aigle à la Huitaine, . 

Jamais contre un Renard chicarant un poulet, 

Un Renard de fon fac n'alla charger Rolet. 

Jamais la Biche.en rat n'a. pour fait d'irnpuiffance- 
Traîné:du fond des bois un Cerf à l'Audiance, 

Et jamais Juge, :entr'eux. ordonnant:le Congrès, 

De ce burlesque: mot n'a fali fes arrêts. 
On ne connoît chez.eux niPlacejs, ni Requêtes, . 


"+4 
< - 3 


_ ‘WE M A'RQUE S: | 
ge am hazard que le Poëte attribuë à l’Aigle le Droitd’ As - 
ne, qui ci un Droit Roial : car l’Aigle eft le Roi des . 


Oifeaux. L 
Ven S140/- Un Rod ddefon fac n’all charger Rolet.] Pro- - 
cureur au Parlement, dont il d'été parlé dans la Satire L . 
vers 2; L'éxeiplé du ‘Renard .eft d’autant plus jufte; que 
Rozer avoit la phyfonomie &.les.inclinations d’un Ke-. 
j AT. Le ! . n: are . 


{ 


Vens)yas. Es jemais Juge entr'éux erdonnunt le Congres, . 
ds. Le Congrès cft une Preuve honteufe qui fe filon eh : 
rééce de Chirurgiens & de Matrones, par ordonnance 

Jages Ecclefaftiques, quand une femme demandoit 1a 
diflolution du matage à caufe de l’impuiffance du mari. . 
Cés deux-vers qui. frapèrent. Mr. le Premier Préfident de - 
Lémoignoh ; awaontaibuèrent pas peu à faire Abolis l’ufa- . 
re du Congrés. En effet, depuis la publication de cette Sæ. 
ire, toutes les fois qu’il fe préfenta au Parlement quelque 
’enteftation au fujer .du.Cengrés,. ce fage Magiftrat fe dé- 
dara contre cette épreuve:: Mr. de Lamoignon fon fils, . 
Avocat. Général, portant la parole-en 1674: dans-une cau- 
€ de cette espèce, rémoigna la jufte horreur que l’on de- 
roit avoir'dé-cet üfige-odieux; qui offenfè , ‘dit-il, 1es-bon- 
es mœurs, la Religion, la Juftice, & la Nature même. 
:afin, en 1677 Ms..le.P. Préfidenr .de Lamoignon pro- 
æonça un Arrêt en forme de Règlement, qui abolit pour 
sûjours 12 preuve inuäle '& infime dû Congrès. Ford) 
fs Palass ; Tomdll Le 366. ê Ter. LA P. Le - | 
1: … 7 . ; 


E] 


IMité. 





w34 S AT IR E  VFIE 
* Ni haut ni bes Confeil, ni Chambre des: FRE 
Chacun l’un avec l’autre ontoute fisesé 
SO Vit fous les pures lois de la fimgle Equité. 
L'Homme foul, l'Homenc feui, en fa fureur enine 
Met un brutal honmeur à. égorger éoi-même, 
C'étoit peuque-fa main, conduite par l'Enéer.. 
Eût paîtri le falpètre ,. oût aiguifé le fer. 
»es Ufalloit que fa rage, à l'Univers faite. 
Allit encor de lois embrouiller un Digcfe;: 
Cherchît pour l'obfcurcir des glofes, des Doéteurs;. 
Accablär l'Equité fous des moncaux d'Auteurs,. 
Et pour oomkle de maurappantit dans la Kane | 
260 Des'harangueurs du temslennuïeufe doquencæ.. ., 
Doucement, dira-ta, Que fert de fomponer x. 
L'Homme FY fes pañions; “on nca faaroit doutes ;. | 
Hi a comme la mer fes flots & fes caprices: - 
Mais fes moindres vertus frahncent tous fee Fee 


Lemingues. 


- Jmrr. Ver LIFE Fées joe fe maitid.] Eoréadi 
bre XV. r65. en 
AR howini forrum Ftkalt imondi. shmis + 
© Produit pars 48. 
- Joesx Vers 166. Dans ne F3 Gomes 4 w 
ŒQonx.] Vugile, Egiog. HL v. 41. mir 
Defcripft radio tetum qui-Gentibus Orbenx, 
Et:Horace, Tir. L Ode KXVAIL 5. a 
| fôrias tentale demes , animequèraunduns 










SATIRE WVIIT. 135 

f; N'eft-ce pas l'Homme enfin, dont l'art audacieux 
Dans le tour d'un compas à mefuré les Cieux ? 
Dont la valfte Science, embraflant toutes chofes,. : 
À fouillé la Nature. en a percé les caufes ? | 
Les Animaux ont-ils des Univerfitez? 

0 Voit-en flearir chez eux des quatre Facuîtez 2 

Y voit-on des Savans en Droit, en Médecine, . 

Endoffer l'écarlate,. & fe fourrer d'hermine ? 

Non fans doute,. & jamais chez eux un Médecin: 

M5 Jamais Do@teur, àrmé d'un ‘argument frivole, 

Ne s'enroua chez euxfur les bancs d'une Ecole, 

Mais fans chercher au fond, fi-notre Esprit deçä: 

. Sait rien de ce qu'il fait. s'il a-jamais rien fû, 

__  Toi-même, répons-moi. Dans le fiècle où nous foms- 

- mes. 

pe Ef-ce-au pié du favoir qu'on mefure lès hommes ?- 

! Veux-tu. voir tous les Grans à ta porte courir? 
. { 

REMARQUES 
Pércurriffe polum. . 


turr.. Vers 181: Vous-1s voir tous Tés Oress a ta pprie co 
rir?] Horace, Art Poëtique, VOIS 325. | 


Remani pueri longis rationibus alive: 
Discount inpartes centum didmem: dicat 
 Péfus Sfibini ff de quineunce remita ef 
| asie, Bail foporas ? .poirnes dixife, Triens. Hous. 
arret oiiéns Rod nocts: Le | 
RS | 


Vire: 





’ 


336 S A TIRE VIE 
Dit un Pere à fon Fils, -dont le poil va fleurir; 
Pren-moi le bon parti  Laifle-là tous les livres. 
Cenpfancs au denier cinq combien font-ils ?. Vingt- 
vres.- 
285 C'eft bien dit, Va, tu fais tout ce qu'il faut favoir, 
Que debiess que-d'honneurs fur toi s'en vont pleu-- 
voir ! | 
Exerce-toi, mon Fils, dans ces hautes Sciences. 
Prens, au lieu d'ün Platon, le Güidon des Finances: : 
Sache quelle Province enrichit les Traitans ; | 
190 Combien le fel au Roi peut fournir tous les ans... 
Endurci:toïle cœur, Sois Arabe; Corfaire,. 
Injufte; violent, fans foi, double; fauffaire.: 
Ne va point fottement faire le génereux.' | 
Engraiffe-toi, mon Fils, du fuc des malheureux; 
…., | Et: 


KE MARQUE S 


VERS 184. Conf francs 4 denier ing, combien font-ill? 
Wôhgt Livres]  C’eft un Ufurier qui parle, & qui, au lieu- 
d’interroger fom-fits für le pig du denier vingt, qui eft l’ia- 
terêt légitime, l’interroge fur le pié du denier-ciaq,. qui 
eft fon interêt ordinaire. TT | 

VERS. 188. Le Guidos des Finances. }. Livré qui: 
traite des droits & revenus du Roi, & de tout ce qui con- 
cerne les Finances: 1l étoit d’un grand ufage autre- 
fois mais l’habileté, de. nos-Financiers d’a rendu fort inu- 
tie. 

VERS 195. Et trompant de Colbert &tc. ] Miniftre 8e Secre- 
taire d'Etat, Controlleur Général des Finances. &c. | 

VERS 200 Detes titres pompenx enfler leurs dédicaces.] Il 
a vouk parler du grand GorRNEILtE, qui rétut une fom- 
me conhderable, pour dédier fon Ciuss à Monroxon, 
riche Partifan. Depuis ce tems-[à on a apelé les Epittés dé- 

maires de cette espèce-là, des Epitres à le Monseren: 





n 
LS 


LA 





S À T I R E VIIP. 137 

; Estrompant de Colbert la prudence importune, 

Va par tes cruautez mériter la:fortune. 

Auffi-tôt tu verras Poëtes,. Orateurs, 

Rhéteurs, Grammairiens, Aftronomes, Doéteurs;. 
Désrader les Heros pour te mettre en leurs places, | 

De tes titres pompeux-enfler leurs dédicaces,  . 
Te prouver à toi-même en Grec, Hébreu, Latin,, . - 
Que tu fais de leur Art & le fort & le fin. 
Quiconque eft riche eft tout. Sans fagefle il eft fage.. 
N'a, fans rien favoir, la Science.en.partage. 
ar esprit, k cœur, Je mérite, le rang, . 

La vertu, h Valeur, la dignité, le fang.. 

Il eft aimé des Grans, il eft cheri des Belles, | 
Kemais Sur-Intendant ne trouva de Cruclles. | 

REMARQUES: 
Cu que Marequin perds 
Que les Livres que l’on dédie, 
© Depuis que Montoren mandie, Mc. SCARRON. 

 Tnir. Vers 203: Quiconque eff. Rôche ef tout, Etc] How 
œ, L. I. Ep. VI. v. 36. 


Scilicet nxorens cum de, flemue &. amices 
Es genus, © féimam Regina pecunia donaf, 
Ac bene nummatum decorat Suadela, Venusque. 
Y ne S 208. Famais Sur-Intendant ne trouva de Cruelles. j? 


LICOLAS Fouquer Procureur Général au Parles 
de Paris, a és Le dernier Sur-Intendant des Finans 


ME. 


L.] 


Vans: 


‘ € 


138 S ATIRE VIIL 

L'or même à la Laideur donne un teint de beauté: 
aro Mais tout devient affreux avec:la paurreté 

C'eft ainfi qu'à {on fils un Ufurier habile. :. 

Trace vers la Richefle une route facile: . 

Et fouvent tel y vient, qui fait:ppur tout fécrét,.… : 

. Cinq &c quatre font neuf, Ôtez.deux, refle fept. 

ats Ammès cel, Doëéteur, va plir fur la Bible; 

Va marquer les écucils de cette ner terrible: 


+ l 


REMARQUES. 


VEns 209 L'or même à la Laideur.] Ce vers étoit de 
ectte manière: ! | 





L'or même à Péliffen donne un teint de beauté. 


Mr. Pz’L1ss0n étoit d’une laideur fi étonnante, 
Dame lui dit un jour, qu’il abufoit de la permiflion que 
les hommes ont d’être laids. Son nom venoit là d’autaat 
plu à propos, qu’il avoit été Premier Commis de ML. 
ouquet, défigne dans le vers précedent. Mais dans lim- 
preflion l’Auteur fupprima le nom de Mr. Péliffon, ne 
voulant pas lui reprocher un défaut corporel dont il n’é- 
toit point coupable, Cependant, cet adouciffement ne 
contenta point Mr. Péliflon, qui conferva toûjours du 
fotimenr'opars notre Foëre. , Dans ke pre de Baba 
mont & la Chapelle, on fait dire à des gens du peuple, qu'ils 
Wsotoi jent. Mr. de Seuderi::. CT è Le “9 
Un homme de fort bonne-mine,. | 
_ Vaillant, riche &r toijours bien mis 
Ga Jœur une beauté divine. 
Et Pelifen us LAdonis. 


T'eft de lui que la Bruyere a. dit, qu'és howmws qui à bar 
cop de mirite © d'isprit, &' qui cf connu pour tel, n°f 
laid, mème avec des traits qui font difformes ;. on s’il a de la 
dur, elle ne. fait pas [es impreffion.. LA BRUXERE, Ch. 

° - : 4 


S ATIRE. VIIL 139 
Perce la fainte horreur de te Livre divin: : | 
Confons dans un Ouvrage: &c Luther 8x Calvi : 
Débrouille des. vieux tems les querelles célèbres: 
Eclairci des Rabins les favantes ténèbres: ‘ °° 
Afin qu'en ta vieilleffe,. un livre en maroquin” 
Aile offrir ton travail À quelque heureux Faquin, 
Qui, paur digne loïer de la Bible éclaircie, - 
Fe païe en l'a acceptant dun. _Je vous remercie, 
Ou, 
REMARQUES 
ss Fugemens , p.426. Ed.. de Bruxelles 1697. 
Jus PE ÉissoN FONTANIER, nauf de Cañtres en. 
anguedoc, était Maître des Requêtes. Il avoit été reçu 
PAcadémie Françoife en 1652. en confidération de ce 
n’il avait écrit l'Hfoiss de l'Académie, il mourut à Ps- 
is en 1692. 
Lac1r. Ibid. L'er même à la Leïdeur donne sn teint de ben 
+] Corncille dans fa Comédie de Mile, AËte L 50 1. 
L'argent dans le ménage « certaine [ptendeur > 
Qui donne uutoint d'éclat 4 le méme Laideur. 
gs 214 COnq © quatre font Re ter, deux RACE 
vers eft fort ferré: à contient les premières r 
é PArmetque; PAddñion, & d Su Bi, Dans Fe 
‘ y avoit: lg Di G" quatre font neufs. Et: 
ins nn autre vers qui a été retranc Ja Satire L Pré 
M que trois fons trois, Mais F faut 60 jours dire ;, (ing à 
marre fous nenf.. Dix Ü cinq font quinze. &c. | 
lactr. Vers 215. Aprés cela, Daëleur, va pâlir fur 14 Bi. 
Re, &e] Ge vers. eft imité. de. Regnier,. Satire IV.. 
Or, va. romps-toi la tête, ©" de jour & de nuit 
Baflis deffus nn livre, a Pappait dun bruit, 
ni nons hrevre près Le Li w Jones fous terre, 


Vans; 


me SA TIR-E VIIr 
225 Ou, fi ton cœur aspire à des honneurs plus granss 
Quitte-A.le bonnet, la Sorbone &r les bancs; 
Et prenant desormais-un emploi falutaire, 
Mets-toi chez un Banquier, ou bien chez un Notaire 
Laifle-1X faint Thomas s'attorder avec Scot: 

330 Et conclus avec moi, qu'un-Doétéur n'eft qu'un fot: 
Un Doéteur, diras-tu > Pärlez de vous, Poëte, 
C'eft pouffer un peu loin votre Mufe indiscrete, : 
Mais fans perdre en discours le tems hors de faifon,. 
L'Homme, venez au fait, n'a-t-ik pas Ja Raïlon? 

335 N'eft-ce pas fon flambeau, fon pilote fidèle? 
Oui : Mais dequoi lui fert que fa voix le rappèle, . 
Si fur la foi des vents tout prêt à s'émbarquer, 

I] ne voit point d’écueil qu'il ne Faille choquer 2. 
Et que fert à Cotin la Raifon qui luj crie; 
z4e N'écri plus, guéri-tei d'une vaine furie ; 





| | . S 
REMARQUES  » 


Vans 229. Laïffé-là Saint Thomas s’accerder avec Scot,] Les 
Disputes des Tliomiftes & des Scotiftes font fameufes dans 
lé Ecoles. JEAN Duxns vulgairement “appelé #Scot , PAICe 
qu’il étoit Ecoffois, fut furnommié ie Doéteur Subril , {0 

- opihions fout fouvent opofées à celles de St. THoMaAs. 

YKrÂs 238. Il ne voit point d’écueil qu’il ne Paille choquer] 

gens ce vers, lé Poëte avoit defféin dé’timer cette pen 

€. Que dirois-tu, Dolteur, d'un homme qui feroit a smilies 
d'un bois pendant l’ébiiurité de la nuit; 6° qui ayant un fla | 
pour s’éclairer, se laifferoit pas de s’écarter du chemin, pour 4° 
der jetter däns des précipices ? sl eff 2 plaindre; direïs-tu> : 


Il « perdu l'ésprit,. @* demain dès Päureres: 


Il prendre s'il m°en croit, deyxs grains d'Élétere cd 


$ A TIRE VAIL tat 
Sitous ces vains confeils, loin de la-reprimer, 
Ne font qu'accroître en lui la fureur de rimer ? 
Tous les:jours de fes vers, qu'à grand bruit il recites 
Il met chez lui Voifins, Parens, Amis-en fuite, 
Car lors que fon Démon commence à l’agiter, 
Tout, jusqu'à fa Servante, eft prêt à deferter. 
Un Ane, pourlle moins inftruit par la Nature, 
A l'inftinét qui le guide obéït fans murmure: 
Ne va point follement de fa bizarre voix 
Défier aux chanfons les oifeaux dans les bois, 
Sans avoir la Raïfon, il marche fur fa route. 
L'Homme feul, qu'elle éclaire, en plein jour ne voit 
goute ; 

Reglé par fes avis, fait tout à contre-tems, 
Et dans tout ce qu'il fait, n’aniraïfon nifens, 
Tout Jui plaît & déplaît, tout le choque &r l'oblige, 
Sans raifon il eft gai, fans raifon il s'afflige, 6 | 

où 


REMARQUES. 
Cf bien dit: le Confeil eff fagement donné, | 
Er Guenaud chez, Cetin n’ciût pas mieux erdouné,. 


L'Auteur ne voulut point emploïer ces vers, & fe conten- . 
ta de mettre ce qui fuit. Er que fert-à Cotin Ge. Voiez les 
Remarques fur le vers 60. de 1a Sat. LIL | 
IMmMiT. Vers 244 1! met chez lui Voifins, Parens, Amis en 
fsite.] Horace, Art Poëtique, vers 474. 
IndoGum, dollumque fugat recitator acerbus. 

Vuns 246, Tout, jusqw à fa Servante, eff pret à deferter.] 
L'Abbé Cotin avoit cffeétivement une Servante, & n’avoit 
point de Vale | : 

. CHANGE 


142 S A T IR E VAIL 
Son esprit au havard aime, évie, pouriuit, 
Défait, refait, Augmentc » ête , éieve, détruit, 


Et veit-on, comme lui, les Ours ni lés Panthères, 


260 S'effraïer fottement de leurs propres Chimères, 


Plus de douze attroupés craindre k nombre impair, 


Ou croire qu'un Corhea Jes menace dans l'air? 
Jamais l'Homme, dis-mai, vit-il da Bête folle 
Sacrifier à l'Hermme, adorer fon idole, 


26s Lui venir, comme au Dieu des-faifons Sr des vents, 


Demander à genoux la pluie, ou Le beau temss ? 


REMARQUES. 


Nos, 


CHANG. Vers.258. Défeit s refait, augnsntty SC. ]. Le 


mière manière: 
Fait, défait & refaits ête, augmente 6 détrait. 


lui. Aid. Défais, refait, AbENMEN EE » &tc.] Horace, L 


Ep. L. 100, | 
- Diruit, edificat, mutat quadrata rotundis, &c. 


CHaAnc, Vers 261. Plus de douxe attreupés craindre le ur 


dre impair, _ Le | 

On croire qu’un Corbeau les menace dans l'air, ] 
1] y avoit dans les premières éditions : 

De Fantômes en Pair comkatre leurs defirs, 

Et de vaiss argumens chiceuer hurs pleifirs. 


» 


. Le fèns de tes deux vers étoit ua peu libestins; & Mt 
Arnaud Doëteur de Serbegne, sonfeilla à l’Auteur de les 
Changer. 11 fubftitua ceux-ci qui ne tombent que fur des 


fuperititions frivoles & populaires, En effet, bien des 


£roicnt que lors que l’on fe trouve treise à table, ilys 
toûjours dans l’année sn des treine qui meurt ; '& sa 


Corbeau aperçu dans l’air, préfage quelque 


- Vsas 


S A TIRE VIE  r4 
Non, Mais cent fois la Bête a vû l'Homme hypo- 
chondre Ce | —— 
Adorer le metal que lui-même il ft fondre: 
À vâ dans un pas les timides Mortels 
Trembler aux piés d'un Singe aflis fur leurs Autel; 
Et fur les bords du Nil les peuples imbéciles, 
L'encenfoir à la main, chercher les Crocodiles. 
Mais pourquoi, diras-tu, .cet exemple odieux ? 
Que peut fervir ici l'Egypte .& £es faux Dieux >. 
Juoi? me prouverez-vous. par ce discours profane ;: 


jue l'Homme, qu'un Doéteur eft au deffous d'un Ane ? 
n 


REMARQUES. L 


VERS 267. L’Honsme hypochondre.] Quelques Cri- 
ques * ont prétendu qu’il faloit dire Hypochondriaque ; mais 
n ne fe fe de ce mot, qu’au fens propre, pour fignifier 
ne perfonne malade des hypochondres, & c'eft un terme 
e Médecine. Hypechondre, au fens figuré, fguife un Fou 
iélancholique, un Atrabilaire: & nos meilleurs Ecrivains 
emploïent eu.ce £ens. LA Fontaine L. IL Fable XVIIL 
on hypochondre de mari. LA BRUYERE daus {es Carafe 
Se &C. ‘ 

1mir. Vess 270. Trembler aux piés d'un Singe Bic. ] Juvé- 
al commence ainfi la XV. Satire, | 





Quis nefcit, Voluf Bithynice, qualis demens 

<Ægyptus portenta celat ? Crecodilen adorat 

Pers bac, ille pauet faturams Serpemibus Ibis, 

Effigies Sacri nitet aurea Cercopithecs, EC. 
-Yuns 276. Qw'un Doleur eff au deffeus d'un 
Aue) Dans la Tdble des Oeuvres de PAuteur, édition de 


tég4, on avoit mis au mot, Dodewr, Voïez .Ane. Le Gar-. 
son de Thierri le Libraire fit cètte plaifameric, | 


| Vsse 
# Prâdor, dans Jes Remarques, : 








14 S A TIRE VIITL 
Un Ane, le joüet de tous les animaux, 

Un ftupide animal, fujet à mille maux; 

Dont le nom feul en foi comprend une fatire ? 

280 Oui d'un Ane: & qu'a-t-il qui nous excite à rire? 
Nous nous moquons de lui; mais s'il pouvoit unjour, ‘{ 
Docteur, fur nos défauts s'exprimer à fon tour: 

Si, pour nous réformer, le Ciel prudent & fage, 
De h parole enfin lui permettoit l'ufage: 

285 Qu'il pât dire tout haut ce qu'il fe dit tout bas, 
Ah! Doéteur, entre nous, que ne diroit-il pas ? 
Et que peut-il penfer, lorsque dans une ruë 
Au milieu de Paris il promène fa vuë : 

Qu'il voit de toutes parts les Hommes bigarrez, 

290 Les uns gris, les uns noirs, les autres chamarrez ? 
Que dit-il quand il voit, avec la Mort en troufle, 
Courir chez un Malade un Affaffin en houffe : 

Qu'il trouve de Pédans un escadron fouré, 4 
Suivi par un Recteur de Bedeaux entouré : 
_295 Ou qu'il voit la Juftice, en groffe compagnie, 


REMARQUES. 


VERS 294. Suivi par un Relleur &oc.] L’Univerfité dePs : 
is fait fes Proceflions quatre fois l’année. Le Reëteur y 
aflifte avec fes Supôts. Les quatre Facultés, de Théologie, 
de Droit, de Médecine, & des Arts, marchent auffi àlen : 
rang & avec les habits qui leur font propres, | 

ERS 304 Powvoit trowver la MR ent autems DE 





pe.] Dans le Cymbalum mundi, Mercwionne à un Cherd 
Pufage de la parole, & ce Cheval adre ce discours àfon 
Maître: L à effé un temps que les befies parloïent, mass file 

| 2er 


‘SA TIRE VHL .ug 
Mener tuer un horame avec cérémonie ? 
Que penfe-t-il de nous, lors que fur le Midi 
Un hazard au Palais le conduit un Jeudi ; | 
Lers qu'il entend de loin, d’une guculcinfernale, 
a Chicane en fureur mugir dans la Grand’ Sale? 
Que dit-il quand il voit les Juges, les Huiffiers, 
ks Clercs, les Procureurs, les Sergens, les Greffiers? 
)! que fi l'Ane alors, à bon droit mifanthrope, 
ouvoit trouver la voix qu'il eut au tems d'Efope! - 
Je tous côtéz, Doëéteur, voïant les Hommes fous, 
u’il diroit de bon cœuf; fans en être jaloux, 
‘üntent de fes chardons, & fecotiant la tête; 

Ï t Y en ‘UNE : 

fa foi, non pis PARUS, "Hop n'eft qu'une 


REMARQUES. 


crler ne nous euff point éffé offé, non plus qua vous, vous ue 
sus tronuerier. pas fi beffes que vous faites. 
ImirT. Vers 307. Content de fes chardons, &cc.] KRegniet 
nit fa Satire neuvième par ces vers: | 
Si Virgile, le Tale, & Ronfard font des LAnes, 
Sans perdre en ces discours le tems que nous perdons, 
Allons pomme eux Agx champs, À mangsons des Chardense 


CES 


ml G.. SATIRE 


145 


SATIRE IX 


"Es z à vous, mon Esprit, à qui je veux pale 
3 Vous avez des défauts que je ne puis celer. . 


Affez & trop long-tems ma lâche complaifance, L 
De vôs jeux criminels a nourri l'infolence. 


REMARQUES . 


LL 'Ameu edrelfe cotte Satis 4 fon Et. GTRT 


pl cation des fepr premières Satires , il fut 
ule d’AÆnteuts , avoit pate poue-ête W 
franchife, Ce fur pour leur LE 
même tems fon Apolopie, du leumçnr idee de de cette de Pi 
ce. Mais fon embarras fi de faroir conament il éæéc 
oit te defféin: car il #oufoit éviter ’écueit dans 1 
Ennemis avoient donné ; c’eft-à-dire , la chafedr, Te 
portement, & par conféquent les injures groffieres. 1lj 
gea donc qu'il a’avoit pas d’autre ton à prendre que cd 
de la Plaiantérie, pour Eoüner fes Énnemis en ridicul 
fans leur donner aucune prie fur lui C’eft ce qu’il exég 
xa d’une mauière inimitable dans cette Satire, qui eff: 
ticrement dans le goût d'Horace. Là, fous prétexte 
cenfurer fes propres défauts, ou ceux de fon it, 
juftifie de tous les crinies ge uë fes Adverlaires lui impact 
les couvre eux-mêmes d’une nouvelle confufon. 
fait fon procès à foï-Mème, pour lé faire à tous les at 
Cette Sutire ct fans comnredit le plu belle detoués, 
æelle où il y a le plus den, d'invention: & de fineh 
Eh un mot, on pe t hafdiment Poppoler , & peut-& 
même Ja préferer à tour ce que l'Antiquité nous a fo 
de plus parfait en ce genre. 
M. Despréaux. la compofa en 1667. mais il ne la ft is 
primer que l’année fuivante, après avoir compofé & 
lié la Satire de Homme. Ceite derniere Satire , À 
Ja huitième , Cut un fuccès extraordinaire. Le Roi lui- 


.me, à qui on en fit la leéture, en parla plufieurs fois am 


sie gransgloges. Le Sr. de SAINT-MaAUR Is *, 


de: 


# Jl, avoit Phonneur d’aprocher de la perfiune du Roi, h 
ll rmbmbroit à tirer en volet, 7. Dal 


$S A TIRE IX. 147 
puisque vous pouf ‘ma patience À bout, 
fois en ma viciifaut vous dire tout. 


a-croisoit À vo4k voir, dans vos Hbres caprices, 
ourir en Caton des vertus &c:des vices, | 
der du mérite & du prix des Auteurs, 
rire impunément la leçon aux Doéteurs, 
ait Seul à couvert des traits s de ja Satire, | 
Vous 
R E M 4 2 av ES 


du: Roi, Qui en fut témoin, lui dit: que 
au av it une autre Satire qui étoit encore plus bel- 
1e robe dans laquelle paroit de Sa ea 
Oi lui remet ,.mnais avec quelque fur 1: 
. de moi dtes-vons ? Oui , Sirés répondit $. Mauris; 
sl cage que Row, de rage gui vf ef dé À Votre, Mad. 
s le'Koi témoigna de la curiolité pour la voir; & St. 
ris lui promit de la demander à P Auteur, qui étoit de 
mis. Mr. Despréaux lui remit en effet une copie de 1a 
c« Jen Esprit, en lui faifant promettre qu’il ne la mon- 
it qu’au Rod. Le Roi l’aïant lié la ft voir à quelques 
mnes de fa Cour. Madame la Maréchale de la Mothe, 
nantè-dle Monfcigneur, en fit faire une copie qui en 
niBt Wieneée quantité d'aatres. Ainfi, c’eft en quel- 
>: h vhr le. main du_Roi mère que certe Pièce-a 
star cesignanr qu'on Ge Pin —: Er ddne cè- 
E oùn-ac l’imprimât ugelque 
M trmot fe. ééemin. à la-faire imprimer mime 
& Facpompagna d it Discours en profe, où 
Îe Spas Pas oué des 1e POÈTES anciens & nodefnes , Ja 
œé qu'il seit donnée dans les Satires, de nommer lès 
Es. Fous OVÉ Loa crte a | 
ass 7 Om vire à vens voir, &cc.] Cevers & les trois 
ang, nt les Satires scedentes, atticulie- 
rl he uitibife, farent aoëtés par P'Aumeur Ha: sai 
euvidme, quand'À donlut la fairé inrprimet; car eñle 
s'dbé faisé avant la huitième. 11 ÿ avoif aup Fins à 
embne. 198 à house des 1 traits dé le «Satire Re 


l Ga viat 


348 S ATIRE IX. 
Vous avez tout pouvoir, de-parler & d'écuire. 
Mais moi, qui dans le fond fais bien ce que j'en croi, 
Qui compte tous les jours vos défauts par mesdoigts; 

xs Je ris, quand je vous vois, fi foible & fi ftérile, : 
Prendre fur vous le foin de réformer la Ville, 

Dans vos discours chagrins plus aigre, & plus mordant, 

”.Qu'une Femme eu furie, où Gautier en plaidant, 
Mais répondez un peu. Quelle verve indiscrete, 

20 Sans l'aveu des neuf Sœurs, vous a rendu Poëte ? 
Sentiez-vous, ‘dites-moi, tes violens transports, 
Qui d’un esprit divin font mouvoir les reflorts? 
Qui vous a pû fouffler une f folle audace? 
Phébus a-t-il pour vous applani le Parnaffe ? 

25 Et ne favez-vous pas, que fur ce Mont facré, 


Qu 
REMARQUES. 


VERS 14. Qui compte teus les jours vos défauts par m 
doigts, ] Cette expreflion proverbiale, compter par [es doigts 
toit déja en ufage parmi les Latins: Swpputare articulis, 

VERS 18.. On Gautier en plaidant.1 ÆCLAUD 
_GaAUTIER, Avocat fameux, &c très-mordant : C’eft pour 
_quoi on le furnomma, Gastier la Gueule. Quand un Pis 

eur vouloit intimider fa partie, il la menaçoit de./xi d 
æher Gautier, Son éloquence p’étoit point règlée; C’étoie 
des faillies & des impétuofitez fort inégales.. Son feu s 

teignoit même dans le repos, & il avoit befoin d’être as 
mé par l’aétion: de là vient que fes Plaidoïez imprime 
. für lesquels il avoit réfléchi, ne font que de foibles copi 
. de fes originaux; 11 logeoit dans la Cour du Palais, : 
. mourut le 16. de Septembre 1666. âgé de.76. ans. : 
. VERS 21. Sentiez-vous. ] Dans les dernières éditions 
l'an 17or. faites £n qwario, &t in deuxe,. l'Amprimeur a mi 
Lentez- vous; mais c'eft une faute. 





11 


+ 


S A TIRE IX.  r4 
Qui ne vôle au fommet tombe au plus bas degré: 


Et qu'à moins d'être au rang d'Hérace, ou de Voi- 


Onrampe dans la fange avec l'Abbé de Pure: > 
Que fi tous mes efforts ne peuvent réprimer 
Cet afcendant malin, qui vous force à rimef; 
Sans perdre en vains discours tout le fruit de vos veik | 
les : 
Ofez chanter du Roi les auguftes merveilles, 
Là, mettant à profit vos caprices diveïs , 
Vous verriez tous les ans fruétifier vos vers: 
it par l'espoir du gain votre Mufe animée, 
Jendroit au poids de l’or une once de fumée: 
Mais en vain, direz-vous, je penfe vous tenter 
ar l'éclat d'un fardeau trop pefant à porter. 
| | - Tout 
REMARQUES, 
Turr. Vers 26. Qui ne vole au fommet tombe an plus Las 
egré.] Horace, Art Poërique, vers 378. 

Si paulim à re difceffir, vergit ad imum. 
Œuns 28. On rampe dans la fange avec PAU de Pare, ] 
foiez ja Remarqu ur le vers r7. de la Satire 11. | 

Imir. Vers 30. Cet afcendant malin, &xc.] Horace; Live 
& Sat. L. 10. & füiv. | 

Ant fi tantus amer féribendi te rapit, aude 

Caferis invi&i res dicerez multa laborum 

Pramis laturus. Cupidum, Pater optime, vires 
© Defeïnnt : neque enim quivis horrentia pilis 

Agmina, nec frafä pereuntes cufbide Galles, 


{ut labentis que defcribat vuiners Parthi, | 
G 3 Vixs 





50 S-A TIRE 1IX. 

Tout Chante ne peut pas, fur le ton d'un Orphée, 
4 Entonner en grans vers, Le Difcerde étouffée, 

Peindre Bellons on few tonnans de toutes parts, 

Et le Belge effraïé faiant [ur [es remparts. 

Sur un ton fi hardi, fans être téméraire, 

Racan pourroit chanter au défaut d'un Homère, 
45 Mais pour Cotin & moi, qui rimons au hazard, 

Que l'amour de blâmer fit Poëtes par art ; | 

Quoi qu'un tas de Grimauds vante notre éloquence, 

Le plus fûr eft pour nous de garder le filence, 

Un Poëme infpide, & fottement flatteur , 
$0: Deshonore à La fois le Heros & l’Auteur, 

Enfin de tels projets paflent notre foibleffe.. 

Ainf parle un Esprit languiffant de malleffe . 

Qui, fous l'humble dehors d'un respect affedté, 

Cache le noir venin de fa malignité. 





Mais 
REMARQUES. 


Vers 42. Et le Relge effraïé &cc.] Cette Satire a été faite 
dans lé rèmis que le Roi prit Lille, au mois: d'Aëât, 1667. 
Dans la même Campagne il fe rendit nraître &e -piafñeurs 
autres villes de Flandses, - -. : 

Vers 44 Racan pourroit chanter, &&} -HonèrxrDt 
BeuiL, Marquis de RACAN, Poëte eftimé. Il étoit de 
l'Académie Françotle, & meurut en r67®. 

VERS 45. Maïs panr Cotin é moi, &c.] Allufion ax 
Satires que l’Abbé Cotin avoit faites contre notre Auteur, 
& dont on a parlé fur ke vers 60. de ] Satire HE 

1M1T. Ibid. Mais pour Cotin é mai, &c. ] Juvénal, Sat. 
L 79. 

É nétuna negat,. facit indignatio uexfum,. Que 


SA TIRE IX ECS à 
JS Mais dûffiez-vous en L'air voir vos:aäes fenduës, 
 Nevaloit.il-pas mieux vous perdné.dags bes riaësz 
"Que d'aller fans raifop.. d'n.ftile peu Chrétien , 
Faire infulte en rimank à qui ne voué dit ren, 
Ft du bruit dangereux d’un Livre témgraire, 
© A vos propres perils, emsichirle Libraire ? 

Vous vous.flatez peut-ême en votre: vanñé 
D'aller comneé un Hermce à l'inmortalité : | 
Et déja vous. croïez dans vos rimes obfcures,, ‘ : 
Aux Sapmails futurs prépares des tortures, | 

$ Mais combien d'Ecrivains, d'abord f bien reçus, 
Sont de ce fol espoir honteufement deçus ; 
Combien , pour quelques mois, ont vû fleurir leur Li: 
." VIe» : LU | 
Dont les vers en paquet fe vendent à la livre ? 
Vous pourrez voir un tems vos. Ecrits eftimez, 


- 


‘ ,. 
OT Sd 7 


Gous 
: REMARQUES 


… Qualemcumque poteff, quales eço, vel Cluvienus. 


VERS 64 Aux Saurmailes futurs préparer des tortures. Ÿ 
CLrauDe SAUMAISE, favant Critique &: Commentas 
teur, a éclairci une infinité d’endroits obscurs & difficiles. 
des Auteurs anciens. 11 mourut ca 1653. C’eftce vers qui 
m’a infpiré la première penfée de faire un Commentaire: 
hiftorique fur les Oeuvres de Mr. db fe afin de don< 


ner une entiere connoiffance des endiaits fur lesquels l’és 
loignement des tems ne mänqueroit pas de jetter de l’obs- 
curité. 


(Vans 69. ‘Vous pourrez. voir un tems vos. Ecrits effimez 
&c.] Nous avons parlé. oi-devant * de la jaleufie que Gil- 


les Boileau PAcademicien avoit contre fon-frere,.à eue 


LÆ Sun Le vers 94. de la Satire L 


r À 


HZ S ATIRE IX 
%o Courir de main en-main par la Ville femez: : 
Puis de R tout poudreux, ignorez- fur la terre, 
Suivre chez l'Epicier Neuf-Germain & la Serre; : 
Ou de trente feuillets reduits peut-êtré à neuf, 
Parer demi-rongez les rebords du Pont-neuf. 
75 Le bel honneur pour vous, en voïant vos Ouvrages 
Occuperile loifir des Laquais & des Pages, 
Et fouvent dans un coin renvoïez à l'écart, 
Servir de fecond Tome aux airs du Savoïard ! 
Mais je veux que le Sort, par un heureux caprice; 
80 Fañe de vos. Ecrits prosperer la malice, a 
REMARQUES. 


du grand fuccès des nouvelles Satires: On Les lira pendant 
quelque tens, difoit-il d’ün air méprifant, mais & la fin elles 
tomberent dans l'oubli, comme font la plépart de ces petits Ouvre 
ges: © le tems leur ütera les charmes que la nouveauté leur & 
donnez. Notre Poëte fe fervit à prepos des mêmes termes 
contre fon frere lui-même, en les appliquant à deux petits 
Ouvrages que ce frere avoit publiez, l'un contre Coftar, 
& l’autre contre. l’Abhé Ménage. Il avois mis en cet en- 
droit : 


Voñs pourrez. voir un tems vos Ecrits cfimez. 
! : Œourir de main en main par la Ville femez : 
Puis fuivre avec. … ce rebut de notre äge;. 


Et la Lettre à Ceffar, E l'Auis a Ménage. | 


Mais quand il donna. au Public'cette Satire, il changea ces 
deux derniers vers, & mit ainfi: 


Puis de la tout poudreux, ignorez, fur la terre, 
Susure chez, l'Epicier Newf-Germain 6". la Serre. 


Louis pe NaveGzrrMain, étoit un Poëté sidicu 





s 


SATIRÉ IX +53 
l'enfin votre Livre aille, au gré de vos vœux, 
filer Cotin chez nas derniers Neveux. 
vous fert-il qu’un jour l'Avenir vous eftime , 
s vers aujourd’hui vous tiennent lieu de crime, 
produifent rien pour fruit de leurs bons mots, 
‘effroi du Püblic, & la haine des Sots ? 
Démon vousirrite, 8 vous porte * médire > 
ivre vous déplaît. Qui vous force à le lire? 
z mourir un Fat dans fon obfcurité, 
uteur ne peut-il pourrir en fureté ? 


nas inconnu feche dans la pouffiere, Le 


REMARQUES. | 
xtravagant , qui vivoit fous le Règne de Louïs XIII 
t le Joüet de la Cour, & des beaux Esprits de ce 
i. Sa méthode favorite étoit de faire des vers qui 
ent par les fyllabes du nom de ceux qu’il vouloir: 

On en peut voir des exemples dans fes Oeuvres im- 
s à Paris en 1637. & des imitations Satiriques em 
es-uns de nos Poëtes. On a parlé de La Serre, fug 
176. de la Satire' HI: - L 
S 74. Les rebords: dy: Pent-neuf.] Où d’ordi- 
n étale les livres de rebur. | 
s 78. Servir de fecond Tome aux airs du Savoïrard.] Fa 
Chantre du Pont-neuf, dont on vante encore les- 
ms. Elles font imprimées en un petit volume, fous- 
»2 Recueil nowvean des Chanfons du Savoiard, par lui 
stées æ Paris. 11 les-chantoit fur le Pont-neuf, aidé 
iques jettnes-Garçons qu’il avoit inftruits à chanter’ 
i ; & il accompagnoit fes Chanfons de plufieurs: 
Aeries qui attiroient le‘peuple. 11 fe nommoit'Pu r-: : 
+, autrement LE SAvVoïiARD. Son Pete avoit fait. 
lé métier que lui, & chantoit en fon tems-tes Chan- 
Gus proON, & du vieux BorssEr. 
$ or. Le Jonas inconnm EC. . Le David imprimé &ec: 
r &c.) Poëmies héroïques, qui n’ont:pas réüffi. Le’ 
de Jonas, on Ninive pénitenté, PAIUE CD.1667 JA 
Gs ps 





354 S ATIRE IX 
Le David imprimé n'a point y4.la Inmiere. 
Le Moïfe commence à ntoifr par Jes bords, 
Quel mal cela fait-il? Cenbe qui font morts font morts. 

95 Le tombeau cohtre vous ne peut-il les défendre? 
Et qu'ont fait tant d'Auteurs pour. remuer leur cendre? 
Que vous ont fait Perrin , Bardin, Pradon, Hainaut, 
Colletet; Pelletier, Titreville, Quinaut, 


Dont les noms. en cent lieux, placez comme en leurs 
niches, | | 


10Q Vont de vos vers malins remplir les hémifliches ? 
Ce qu'ils font vous ennuïe, Ole plaifant détour! 
Hs ont bien ennuïé le Roi, toute la Cour. 
Sans que le moindre Edit ait, pour punir leur crime, 
Retranché les Auteurs, ou füpprimé la-rime. 
os Ecrite qui voudra, Chacun à ce mêtier 





Pent 


REMARQUES. 


ques Dæ Conas en étoit l’Auteur; 11 en avoit fait un 
aigre ftitdlié, David, on La Verts couronnée, qu’il: publia en 
1665. Mais ce n’eft pas celui-ci que notre Satirique a.eu en. 
vâé: c'efl un autre Poëme de Dauid, compofé par le Siear 
Less-Ÿ Ançeurs, Touloufain, Moïfe fanvé, Idylle-héroi- 
que, divifée en douze parties, par le Sieur de St. AmAu». 

. Vers 97. Que vons ont fait Perrin, &c.] Ce vers. & le 
fivant font sllufioh aux 44. & 45. de la Satire VIL_ où l& 
plépart des mêmes noms font placer. Dans les premières 
éditions il y avoit: Que vous ont fait Perrin, Bardjn, Mas 
roy, Bowrfont? À la place de ces deux derniers, l’Auten a. 
rois Praden & Hainast. Nous parkerons de Pradon ci-apiès 
fur le Jernier vers de l’Epitre VIL A l’égard du feçohd, 
c’'eft Her naur, Poëte de ce.rems:là, connu pas k : 
æeux Sonnet de l’Avorton, dont il étoit l’Auteur 5: fe: par 
quelqties autres Pièces tant en vers qu’en profe, qui fageat 
inpriméee à. Paris en 5670, JL mourus en l’année Fax 


01 


l 


SATIRE IX rtÿ 
cut perdre impunément de l'encre & du papier. 
]n Romas , fans bleffer es Loir ri la coûtume,. 
eut conduire un Heros au dixième volume. 
Del vient: que Raris voit chez lui de tont tems- 
Les Auteurs à grans flats déborder tous les ans: 
Etp'a point de portail, eù jusques aux corniches, 
Tous les piliers ne faient enveloppez d'affiches. 
Vous feul plus dégoûté, fans pouvoir, & fans nom» 
Viendrez règler les droits & l'Etat d’Apollon. 
! Mais vous, qui raffinez fur les Ecrits des-autres, ” 
De quel œil penfez-vous qu'on regarde les votres à 
In'eft rien en ce tems à couvert de vos coups; 
Mais favez-vous aufi comme on parle de vous ? 
Gardez-vous, dira l'Un, de cet Espricritique 7: 
| On ne fait bien fouvent quelle mouche le pique 


REMARQUES 


Mr. Despréaux le trouvoit affez bon Poëte, & difoit que 
fa meilleure pièce, non pas pour le füujet, mais pour la: 
compofition , étoit un Sonnet contxe Mr. Colbert , qui. 
commençoit par ee vers: Miniffre avare & lâche, Esclave 
malheureux. Mr. Colbert. fit là-deffus une aftion pleine de: 
sadeur.. On lui parta de ce Sonnet: 11 demanda sil n’y 
é&oi rien contre le Roi; on lui dit non. Cela étant, 
répondit-il, je n'en veux point de mal à F Auteur. 
“VEens 103. Sans que le moindre Edit &c.] En cetems-]à;: 
Ga avoie publié des Edites de réformation & de fuppreffion. 
- Cirane. Vers 169. A dixième volume.) Dans: 
hé preimiètes éditions il 4 avoit: L4n déuzieme volume. No= 
tb i ne {e fouvenoit pas; que les Romans de Cyrus 
de êtélie, de Pharamond, & de Cléopatre, font chacun de dix 
volumes, & non pas de douze, 





“Lait. Vers TD. Gardz-vous, … de ce Esprit critique.) 
Hozace, Liv. 1, Sat, IV: vs 335 TS 
= G Omrs 





| 


r56. SA TIRE IX | 

Mais c'eft un jeune Fou, qui fe croit tout permis; : 

Et qui pour un bon mot va perdre vingt’Amis.. 

I] ne pardonne pas aux vers de la Pucelle,. 

Et croit règler le Monde au gré de fa cervelle: 
Lr3 Jamais.dans le Barreau trouva-t-il rien. de bon? . 

Peut-en fi bien prêcher qu'il ne dorme au Sermon? 

Mais lui, qui fait ici le Régent du Pamañe, 


N'eft qu'un gueux revêtu des dépouilles d'Horace. 
| Avant. 





REMARQUES 
._Onenes bi metuunt verfis, odere Poëtas. 
Fanum babet in corns, longé fuge: dummodo rifuns 
Excatiat fibi, non hic cniquars parcet amico.. 


Cet endroit d’Horace: avait aufli été: imité par Regnier,, . 
Sat. XL | 


Fuyez ce Médifant : 
Eaftheufe eff fon bumeur, fon parler eff. cuifant. …. 








- 


Quoi, Monfeur, neff-ce pas cet Homme a la Satire,, | 
Qui perdroit fon. Ami plufloft qu'un met pour rire? 


Quintil. L. VI. ©. 3, Ledére numquam velimus, lengéqnue abfs 
propofitum sllud: Potins amicum quam diffum perdidi... 

7 Vers 12$. Yamais dans le Barreas &c.] Notre. Auteur. 
poffedoit dans un grand degré de perfe&ion. le talent de 
contrefaire toutes fortes de gens. 11 favoit fi bien prendre. 

Je ton de voixs l'air, le gefte, & toutes les manières des . 
gerfonnes qu’il vouloit copier, qu’on s’imaginoit. les voir. , 

les entendre. Etant jeune Avocat, il n’alloit au Palais 
que pour obferver les manières. de plaider des autres Aro- 
cats, & pour les contrefaire quand il étoit avec fes amis. 
Hi en faifoit autant à l’égard des Prédicateurs, & des Co- 
médiens. 
VERS 128. N°e/f qu’un gueux reuëtu des dépouilles d Horace. 
&tc.] SAINT PAvViN, dans un Soennet: qu’il avoit. fait 
con- 


SA TIRE IX. rsT 
lui Juvénal avoit dit en Latin, 
f8 affis à l'aife aux Sermons de Cotin. 
x l'Autre avant lui s'étoient plaints de la rime; 
auf fur eux qu'il rejette fon crime: 
che à fe couvrir de ces noms glorieux, 
Hû.ces Auteurs : mais tout n'iroït que mieux, 
deces Médifans l'Engeance toute entière 


tête en has rimer dans Jarivière. 


REMARQUES 


P'Auteur, lui reprochoit qu’il n’étoit riche que des- 
les d’Horace, de Juvénaf, & de Regnier *, L’Abbé 
appuioit fortement ce reproche, foit dans /4 Sarire 
:contre Mr. Despréaux j, foit dans fa Critique dés 
efur les Satires dn tems. Mais notre Auteur le rend 
nent ridicule, en lui faifant dire, que Fwvéne! avoit 
CLIS 2er eff affis à l'aile aux Sermons de Cotin. 11 fe 
e une objeétion impertinente, qui retombe fur ce- 
la fair. Ce cour cft très-ingenieux, _ 

S 136. Zroit la tète en bas rimer dans lariviere.] L’aus- 
ru dont M. le Duc de Montauzier faifoit profef- 
ii fit regarder les précedentes Satires de l’Auteur, 
des médifances affreufes qu’on ne devoit pas auto- 
e forte qu’un jour il dit dans un mouvement de co- 
u’il faudroit envoier Boileau & tous les Satiriques 
ans la rivière. Cependant on fait que ce Duc, qui 
mêlé de: Poëfie dans fa Jeunefle, avoit lui-même 
é des Satires, qui pafloient pour vives & piquan- 
Aarot a dit dans fon Epitre à François I. 


de ce faut m'envoier à l'envers 


ner fons terre, @ y faire des vers. 

\ IMI1rT, 
ex. la Note fier le vers 128. de la Sat, I. 
rx, La Remarque fur le vers 6o. de la Satire III, 
les vivida ille atque acres Satire qua noebile Ë" generofum 
vs quodums modo pra fe ferunt . . .….. Tefles mira rotun- 
ve Alesis ns ad: 
pigransmats, cc, Mx'n AGE, dans PEpitre dédicæ 
: fes Poëfies. s 

G 7 





#58 SATIRE IX ; 
Voilà comme où vous traite :: 8e le Monde offié 

Vous regarde déja: comme un komaie noïé. 

En vain quelque Rieur,. prenant votre défent 

140 Veut faire au moins de grace adoucir la-fentence, 
Rien n’appaife un Leéteur toûjourstremblant d'efkoi, 
Qui voit peindre en autrui ce qu'il remarque en foi 
Vous ferez-vous toûjours des affaires nouvelles ? 

Et faudra.t-il fans cefle efluier des querelles ? 

45 N'entendrai-je qu'’Auteurs fe plaindre & murmurer ? 
Jusqu'à quand vos fureurs doivent-elles durer ? 
Répondez, mon Esprit, ce n’eft plus raillerie 7 
Dites... Mais, direz-vous, pourquoi cette furie? 
Quoi ? pour un maigre Auteur que je glozeen paflant, 

Ef- 





Û 


REMARQUES. 


Larir. Vers 159. Si Pon vient à chercher. pour ‘quel fers 
myfiére, &c.] Horace, Liv. L Sat. 1V.:93. & L'uv 


mm laut io fi qua 

De Capitelini furtis injella Petilii 

Te ceram fuerit 3 defendas, ut tuus off mes, 
dé Capitolinus conviétore ufus amicor 

que à puero eff Érc. 


Vers 160. LAlidor 4 fes frais bâtit un Monafiire.] Ce vers 
& les quatre fuivans défignent deux Perfonnes, Lapre- 
ière eft un riche Partifan qui £ retira à Reme pour fe 
mettre à couvert des recherches que le Roi ft faireeontre 
les gens-d’affaices pas ar la Chambre de Juitice, ésblicà Pr Pa 
ris A 1661. L’Abbé FuR&TIER E avoit fait une Epigrau- 
ac contic.çe Patifan fous.le même nom dAlider 


SA TIRE IX fs» 
ce un cime, après tout, & #-noir & ff grand? 
qui voïant un Fat s'apphaudir d'un Ouvrage, 

l droite Raifon trébuche à chaque page. 

s'écrie aufir-tôt : L'npertinaus. Auteur ! _- 

mieux Ecrvvain ! le maudit Traduétiur ! 

soi bon mettre au jour tous ces difcours frivoles. 

es Riens enfermer, dans de grandes paroles? 

ift-ce donc là médire, on parler franchement ? 

n, non, la Medifance y va plus doucement, 

‘on- vient à chercher ,» pour quel fecret myftère 

dorà fes frais bâtit un Monaftère: 

dor, dit un Fourbe, il eff de mes Amis. 

l'ài conns Laquais avant qu'il fr Commis. 
REMARQUES, 

Tandis qw”.Alider fut Laquass;. 

B fin fowris, humble dr décile 3: 

Mais quand. il out fait force acquets». 

H fut rogie, altir, difficile. 

On Peûs pris pour un Roïtelet ;. 

Tant Porgneil le fr Mécennoitre.. 

Fi vois bien que d'in bon Valet 

On #6 fanroit faire mn ben Marre. 


teens Rauziw, Chaneclièr de Bourgogne , décrié 
es eoncuffions, avoit fondé un Hôpital : furquoi Louis. 

«4 e ee bon Mot 3 Que aulin apr fais sine infinité de pau- 

es, il étoit bien jufte qw°il les loge 

Gé n'éroit pis à étlni-là qte riotte AuWétr En vOnloit à 

moit-dés Exemples plus etes, 

UT Vi ré 





Ko ©‘ S ATIRE IX 

C'eff un Homme d'honneur , de pieté prefonde, 

Et qui veut rendre à Dies ce qu'il a pris au mondx 
F65 Voilà jouer d'adrefle, & médire avec art> 

Et c'eft avec respect enfoncer le poignard. 

Un Esprit né fans fard, fans baffle complaifance, 4 

Fuit ce ton radouci que prend la Médifance. 

Mais de blâmer des vers ou durs, ou languiffans; | 

-x70 De choquer-un Auteur, qui choque le bon fens: De 





| REMARQUES. 


VERS 165. Et médire avec art. ] 11 y a auf un 
art à médire, & la médifance même a fes règles. Ejf «rs 
ctiam maledisndi. Scaligerana 2, p, 10. 

VERS 173. Un Sot de qualité, Etc. ] Un homme 
de qualité fit un jour ce beau jugement en préfence de no- 
tre Poëte; & foûtint fon avis avec beaucoup de hauteur, 
Mt. Despréaux ne voulant pas lui répondre d’une manière 
qui pût l’offenfer : Vows favez, bien que j'ai raifon, Ai dit-il; 
Or, dites-vous à vous-même ce que vous me diriez. ff vous ctier. 
a ma place. 

VERS 176. Et le clinquent du Taffe.] Poëte Italien très- 
célèbre qui a vêcu dans le XVI. fiècle. Pluficurs Auteurs, 
& particulierement des Italiens, n’ont point fait de difi- 
culté de mettre sEe“F ass: en parallèle avec Virgile. Bal- 
zac même à dit que {« Yérufalem délivrée eft l’Ouvrage le 

lus riche & le plus achevé que l’on eût encore vû depuis 
e fiècle d’Augufte; & qu’en ce genre d'écrire, Virgile eft 
caufe que /e Taffe n’eft pas le premier: 8e Tefe, que Vir- 
ile n’eft pas le feul. On avoit déja donné le même éloge 

Ciceron, comparé à Demofthène *, | 

Un Auteur Italien { qui a entrepris la défenfe du Tafé 
& des autres Ecrivains de fon pais, contre les reproches 
qni lour ont été faits par le P. Bouhours, dans fa Mensere 

de : 

# Demoffhenes.tibipreripuit ne. elfes primus Orator ; tu slli,ne 
folus. D. Hieron. Epiff, ad Nopotian. de vita Cieric.. _ 

. t Le Marquis Ors1 :. Cnfiderazioni fopra un famofe Litre . 
rancefe, intitolato, la Manière érc. Cioe,la Maniera di be 
penfare ne’ componimenti, smprimé à Bologne. 1703. 








_ S A TIRE IX. r6r 
— Derailler d'un Plaifant, qui ne fait pas nous plaire; 
C'eft ce qué tout Ledteüt euttoûjouts droit de fdire: 
Tous les jours à }a Cour un Sot de qualité 
Peut juger de travers.avec impunité : a 
ÿ À Malherbe, à Racan, préferer Théophile, +: 
Et le clinquant du Tafle, à tout l'or de Virgile. 
Un Clerc, pour quinze fous, fans craindre le holæ, 


t 


REMARQUES. 


de fie penlir 3 effaïe aufli de juftifier le Tafle du Jugemens 
que Mr. Despréaux en a fait, en oppôfant fon clinquant à 
l'or de Viagile, Ed appunte non 6 nn férie gindizie, ditril,. 
ms nus fcherzsvole licenza poctica fn quella ch” egli uso contra il 
Taffe. ,, Ce n’eft pas un Jugement férieux, mais une plais - 
» fanterie, & une licence poëtique. 

Ce même Auteur ajoûte * que cette plaifanterie de Mr. 
Despréaux contre /e Taffe, n’a été dite qu’après un Auteur 
Italien t, à qui il eft échappé, d’écrire que {a Férufalem 
délivrée n’eft précifément que du clinquant ou de l’oripeau, 
en com on d’un autre Poëme Italien qu’il nomme: 
Che la Gierufalemme liberata parcagli appunto un’ orpello allato 
alÿ Ore del LAvarchide, Ce Poëme eft de LuiGr ALAMANNT. 

Vans 177. Un Clerc, pour quinze fous , [ans craindre le 
bola, &tc. ] Mr. Despréaux étant, en 3666. à la première 
repréfentation d’_A4géfilas, qui eft une des dernières Tragé- ” 

ies du grand Corneille, fentit que cette Pièce étoit bien 
au deffous de celles qui l’avoient précedée, & que l’Auteur 
commençoit à baïfler. Sur cela il fit l’'Epigramme füivan- 
te; qui eft peut-être la plus courte des Epigrammes Etan- 
çoifss. 
Fai va l'Agiflas,. ‘ 
" . Helast | 


E’année fuivante Corneille donna la Tragédie d”_#rrsle,. 
| | | _. | où 


4 + Dial. VI. pag. $05. - : | 
t Le Cavalier Salviati: Znfarinats fecondo, pag. 385, 


+ 





162 SATIRE IX 
Peut aller au Parterre attaquer Ati; _ 
Et fj le Roi des Huns pelui chumeil'oxeille, 


180 Traiter de Vifigots tous |ss-vers de Carnaille,. 


Il n'eft Valet d'Aweur, ni Cepifie à Paris, | 
Qui, la balance en main, ne pèfess Ecrits 
Dès que l'imprefion fait éclorre un Poëte, 

H eft efclave né de quiconque l'achète : 


185 H fe foûmet lui-même aux caprices d’ autrui, 


Et fes Ecrits tous feuls doivent parler pour lui. 

Un Auteur à genoux, dans une humble Préface 
Æn Leéteur, qu'ilennuie, a beau demander grace 
H ne gagnera rien fur ce Juge irrité , . 


90 Qui lui fait fon procès de pleine autorité. 


REMARQUES. 


où la décadence de fon génie fe faifait encore mieux.fer 
Mir. Despréaux doubla ainfi la même Epigranume. 


cApres PAgéfilas 
Hodss ! 
Maïs ares lAitila 
e ® - 

C'eft à cela que: notre Aureus æ fâie silafon dans 
vers, que Mr. Corneille grnoi pour un éloge, quoi & 
puifent être interprêtez d’une maniere bien differente ;£ 
’Autcur y avoit mis à deflein un peu d’ambiguité. 

IM1rT. Vers 185. Il fe foèmet lui-même aux caprices d 
trui,] Qui [cribit, malres [umit Fudices: alius in alterins 
ac graftur ingenissm. D. Hieron. Epift..29. ad Rrafg 
Diaconum. 

VERS 187. ‘Un Auteur & genoux. dans sne humble Préf, 
Ces quatre vers font remarquables par leur beauté. IIS 
été caufe qu’une Dame exuikmemenc fpiitueile ne voi 


S A TIRE IX. 163 
* ferai Je feul qui ne pourrai rien dire ? 
a ridicule, & je n'oferai rire ? 
ont produit mes vers de fi pernicieur, 
wmer contre moi tant d'Auteurs furieux à 
de les décrier, je les ai fait paroître; : 
vent, fans ces vers qui les ont fait connoître,, 
talent dans l'oubli demeureroit caché: 
i fauroit-fans moi que Cotin a prêché2 
tire ne fert qu’à rendre un Fat illuftre;,. . : . 
ane ombre au tableau, qui lui donne du Juftre.… 
sblämant enfin, j'ai dit ce quej'en croi, 
» qui m'en reprend, en penfe autant que moi. 
rt, dira l'Un, Pourquoi fant-il qu'il nèmimer 

oo | Atte: 


REMARQUES. 


cune Préface, de peur de fe laifler prévenir Elle: 
t juger des Ouvrages par {es feules lumièses, &t elle- 
eoit bien. 

tr. Ibid. Un LAstesr à goneux, 8to.] CERVANTES- 
a Préface de fon Don Quichotte. No gsiero Trme com 
leate del ufo, ni fupplicarte cafi con las lagriuas en los ojes,. 
res hazim, Letor mio, que perdenes à dj es les faitas. 
she ni bijo-uieres.. , | 
RS'198. Et qui fanreis fans moi que Cote a préthé ?] Ab 
à ce vers de la Satire LIL. Qsw’sive Sermons de Cafanes 
Abbé Coiin. Qpeique sem après la publication dé 1a- 
me Satire, l’Abbé Caflagse prècha dans PEgh@ dei 
oit. La curiofté attira à fon Sermon beaucoup plusi 
mde qu’il n’en avoit ordinairement ; cé que notre: 
: Aïant appris : Il m°8f redevable de et honneur, dit-ïl,. 
ve je l'ai fait connoïtre,. Sans mat l’as:ve fasroit pas qu: 


Caffegne sùs priché, H'appliqua cafe à l'Abbé Co: 
“AT vois di de ADD Cage a eme 
18.203. 2 a tert, dira us, Pourquai font-il qu’il mom: 
Wa jous l'A 2x LAN. Lororss dise à FA 


teur <. 


164 SATIRE IX 
Attaquer Chapelain! ab1 c'eff un fs bon Homme. 
205 Balzac en fait l'éloge en cent endroits divers, 
Il eff vrai, s'il m'eût cr, qu'il n'eñt point fait de veri. 
Il fe tuë à rimer. Que n'écrit-il en profe ? 
Voilà ce que l'on dit. Et que dis-jé autre chofe? 
En blâmant fes Ecrits, ai-je d’un ftile affreux 
210 Diftilé fur fa vie um venin dangereux ? 
Ma Mufe en l'attaquant, charitable & difcrète, 
Sait de l'Homme d'honneur diftinguer le Poëte. 
Qu'on vante en lui la fi, l'honneur, la probité ; / 
Qu'on prife fà candeur & fa civilité : 
215 Qu'il foit doux, complaifant, officieux, fincèré = 
On le veut; j'y fouscris, & fuis prêt de me taire, 





KÉMARQUES, 


tetir: Chapelain 0? de mes amiss C7 je fais fache que ven: Pay: 
nommé dans ves Saiires. Il eff vrai, que s’il m'en avoit crà, il 
n’auroit jamais fait de ver. La Profe lui sonvenoit mieux. Vail& 
ce que Pon dit, s’écrie ici notre Poëte, & que dir je amtre 
chofe? 11 ajoûtoir encore, Que peut-on me reprocher, fi ce n'if 
d'avoir dit en vers, ce que tout le monde dit en profe? Fe fais le 
Secretaire du public. Li oo L 
Vers 205. Balzac.en fait Péloge, ] Voïez les Lettres de 
Balzac à Chapelain: ‘il y'en a fix Livres entiers, depuis'le 
17. jusqu’au 22. inclufivement. | 
. Vers 218. Qsil foit le mieux renté detouslesteaux Esprits.) 
Le Roi donnoit une penfion de mille écus à Chapelain. 
Mr. le Duc dé Longueville lui en donnoit une de 4000. 
francs à caufe du Poëme de /4 Pmcelle d'Orleans. | 
VERS 222. Ÿrrai creufer la terre , 7 eomme ce Barbier, 
&e.] Minas, Roi de Phrygie,pofledoit de grans tréfors: 
ce qui avoit donné lieu aux Poëtes de feindre que ce Prin- 
ce changeoïit en or, tour ce qu’il touchoit. Mais il avoit 
. tsès-pe d’ésprit, Apollon & Pan s’étant défiés à chanter, 
peiuent Midas pour juge. Celui-ci ajugea la préférence + 
7 ant 


$S A TIRE 1x. . 165 
ais que pour un modèle on montre fes Ecrits, 
Ju'il foit le mieux renté de tous les beaux Esprits: 
omme Roi des Auteurs, qu’on l'élève à l'Empire; 
fa bile alors s’échauffe, & je brûle d'écrire: 
t s'il pe m'’eft permis de le dire au papier; 
irai creufer latterre, & comme ce Barbier, 
aire dire aux rofeaux par un nouvel organe, 
fidas, le Roi Midas à des oreilles d'Ape, : 
uel tort lui fais-je enfin ? ai-je par un écrit 
étrifié fa veine, .& glacé fon esprit à 
luand un Livre au Palais fe vend &t fe débite, 
jué chacun par fes yeux juge de fon mérite : 
jue Billaine l£étale au deuxième Pilier : 
| - Le 
REMARQUES. 
an; & Apollon, pour s’en .venger,. douna à Midas des 
reilles d’Ane, Ce Prince cachoit fa .disgrace avec foin; 
‘ais comme il ne pur empêcher que fon Barbier ne s’en 
tçut, il lui défendit fur peine de la vie den parler. Le 
sie De ouvant fe raire, fit.dans la terre un creux, où 
dit tout bas: Midas 4 des oreilles PAne, 11 crut avoir en- 
ré for fecret; mais la terre produifit des Rofeaux qui 
cage agit par le vent, redifoient tout haut: Midas 4 des 
d'Ane. | ; 


Imir. Ibid, F'irai creufer la terre, &c.] Perle, Satire L 
e 1 LEA . . n - : 
PF. Men’ mutirenefas ,uec clans ,nec cum [crebe ? À. Nusquam, 
P. Hictamen infodiam, uidi, vidi ipfe,“lsbelles 
Auriculas afini Midas Rex‘babet ? 

VEns 229. Que Billaïne P'étale. ] Louïs BILLAIN&, 
ameux Libraire, dont la boutique étoit contre le deuxiè- 
ne Pilier de la grand” Salle du Palais. 11 mourut en 1684. 
*f lui qui vendoit le Poëme de la Pucelle, :- v: . 
K ; VERS 





106 S AT IRE IX. 
230 Le dégoût d'un Cenfeur peut-il le décrier ? 
En vain contre le Cid Minñftre fe ligue; 
Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue 5 
L'Académie en corps 4 béau le cenfarer : : 
Le Public revolté s’obftine à l'admicer. 
235 Mais lors-que Chapelxim met nç œuvre en lumière, 
Chaque Ledeor d'abord ini: devient un Länière. 
En vain il à reçû Fencoss de mille Atceurs: 
Son Livre en paroifaat déinent tous-les Flateurs. : 
Ainf, fans m'aécufer, quandfout Paris le joué, 
240 Quils s'en pans es” vers. PRE 


_— 





REMARQUES ot 


VERS 231. En zac re id re fe ligne.] Avec 
‘  MAcadémie. Mr. Com dr  piéures fa fameu- 
fe Pièce du Cid, la gloire se en re jl Jui attira bien 
Envieux, Leur: patti fe trouva” ontifié 
grand Cardinal de RICHELIEU, qui To utot Bien 
ter ce Poëte de fa Faloulie. 11 obligea l'Acadéhie Fat 
goife de faire la Critiqne du Cid: & certe Critique fut. ju 
primée en 1637. fous ie titre de Senrimens de. LP Ac 
Franpoif Rerle Cid: Voiez “P'ANoire de P Académie à 
NRRS 236. m— En Avion un Linibre,] AGE 
Æéerit contre le Poëme de 44 FuceWe de ° Chapeiie 4 
Epigramme cf de Jui. | | | 


Nous attendons d Calais, 
Ce rare & fameux Ecrivain, UT OT, 
Vue werveilleufr Pucilie. ; 
La Cabale en dit fonce bien: . 

… Depuis vingt ans on parle £Elle, : Lou, 
Duns fin mois 0 s'en da riene : Lui co 


Ko parlerons.anatre de Loncx an cie wep mare : 


S A TIRE IX... 167 
il s'en prenne à fa Mufe Allemande en François, 
is laifons Ghapeñain pour la dernière fois, 
La Satire, dit-on, "eft un métier fimefte, 
ui plaît à quelques gens 8 choque tout le refte. 
a fuite en ft à crtindre. En ce hardi métier 
A peur plus d'une:fais ft repentir Regnier. 
Quittez ces vairis plaffirs, dont l'appas vous 2buie: : 
À de plus-deur implois‘occupez votre Mufe: | 
Et lifez à’ Fetifiet refornret l'Univers. © 
»Et fur quoi donc'faut-il que s’'exercent mer vers ? 
_ drai 


R E:M'4 RQLUE 6. 


pire L ‘6c Euriie veus my threacième Cham del AR 
Poëtique. . I EE 
Ve S 246. La peur plis Pme fois fe repenir Rignter. ke 
mul auf: difoit quelquefois l’Auteur. MaArTauniIN RE- 
éxier, natif de Chartres, Poëte fatirique, & le premier 
qui ait fait des Satires ea France. H étoit Neveu de l’ Abbé 
Des Portes. La tradition à Chartres eft que Regnier, 
@s fa première Jeunefle, aient fait pacoître beancoup de 
out la Satire, les vers qu’il faifoit contre diver- 
es fai attirèrent bien ‘des Emnemis, & obligè- 
tent fon Père à l’en châtier plus dune fois. 11 lui tecom- 
mandéit , ‘ou d’immiter fon Oncie, @& de-fair I médifänce, 
vu de ne point écrire. Kegñiet'néquir à Chartres, le 27, 
de Décerhbre 1573. & monrur à Koutn;‘tc:z2. d’Oftobre, 
1613. .. . | | 
Vaxs 240. Er loÿfez à Frewilet refermer l'Univers] N “a 
COLAS FEUILLET, Chamoine de St. Cloud , 'étoir' 
Prédicateur fort vutré dans fes Sermons, & ‘d‘ime Morale 
extaèthèmentfevère. ‘Al: s’étoit, gponr ain dire, acquis 
Éroït ‘&e-'pañiér'avec une entièré hberté aux prémièrés Per- 
fines Ma Cour &e de Fes-tepremdre”de henrs HET HIC. 


ibehs. Cf t'on lui-a' Fait l'application de ce 
RP Rate CAVE Lou are ryfem ais in CMP 


Regwm , C7 non confundsbar. 11 mourut à Paris le 7. de Sep- 
sy tembre, 











168 S A T 1 R E 1X. 
frai-je dans une Ode, en phrafes de Malherbe, 
Troubler dans [es rofeaux le Danube fuperbe : 
Délivrer de Sion le Peuple gémiffant : 

Faire trembler Memphis, ou pâlir le Croiffant: 

55 Et paflant du Jourdain les ondes alarmées, 
Cueillir, mal-à-propos, ks Palmes Idumées? 
Viendrai-je, en une Eglogue, entouré de troupeaux 
Au milieu de Paris enfler mes chalumeaux, 
Et dans mon cabinet ailis au pied des hêtres, 

60 Faire dire aux Echos des fottifes champêtres ? . 
_Faudra-t-il de fens froid, & fans être amoureux, 
Pour quelque Iris en l'air, faire le langoureux; 

Lui prodiguer les noms de Soleil &' d'Aurore, 
Et toñjours bien mangeasit mourir par métaphore? 

65 Je laiffe aux Doucereux ce langage affeté, 


Y 





REMARQUES. 


tembre, 1693. âgé de 71. ans. Son Portrait 2. été grave 
par Edelinck. et | 
_ VERS 254 Zrai-je dans sye Ode ,.en phrafes de Malbrrbt 
&c.] CHARLES Du P£&'RIER, Poëte qui vivoit alot, 
faifoit des Odes Françoifes , dans lesquelles il añe&o 
d’imiter Malherbe, & même d'en copier les expreffion 
‘H avoit abandonné la Poëfe Latine dans. laquelle. 1 a 
‘Gfloit fort bien. 
VERS 256, =" Les Palmes Idumées.] L’Idumés ef 
une Province voifine de la Judée, abondante en Palmier 
Vins 262. Pour quelque Iris en Pair faire le langoureux.] 
CHARLES PERRAULT, de l’Académie Françoife, 
PIERRE Penn AuLT-fon frere, .étoient du nambre 
Ceux qui blâämoient notre Auteur. Les principaux Ok 
_BSs ausquels s’occupoient alors ces deux Poëtes éroierdg | 
Fr amoureufes, des Églogues tendres, des Elégis-à, 
» BG  : ; à": : : 
n … Cuare 


ss cse ÊL à he 


SA TIRE IX. 169 
dort un esprit de molleffe hébeté, 
atire, en leçons, en nouveautez fertile, 
le affaifonner le Plaifant & l'Utile, 
vers, qu'elle épure aux raïons du Bon Sens, 
1per les Esprits des erreurs de leur tems. 
le, bravant l'Orgueil & l'Injuftice, 
jues fous le dais faire pâlir le Vice; 
ent fans rien craindre, à l'aide d’un bon mot, 
iger la Raïfon des attentats d'un Sot, 
nfi que Lucile, appuïé de Lélie, 
ice en fon tems des Cotins d'Italie, 
Jorace, jettant Île fel à pleines mains, 
it aux dépens des Pelletiers Romains. 
le, qui m'ouvrant le chemin qu'il faut fuivre, 
ira dès quinze ans la haine d’un fot Livre, 
Et 


REMARQUES. 


NG. Vers 276. : Détromper les Esprits, ] On lit, Dé- 
dans toutes les éditions qui ont été faites avant 
n poftume, de 1713. 

S 275. Ce ainfi que Lucile appuïé de Lélie &c. ] Lu- 
s étroit un Poëte Satirique de Rome, & le premier 
écrit des Satires. 1] étoit fort aimé de Scip ION) 
 E‘LIUS, deux 1liuftres Romains. 

r. Ibid. C'ef ainfi que Lucile, &c.] Perfe, Sat. L 
+ & füiv. | 


Secuit Lucilius Vrbem, 

Lupe, te , € genuinum fregit in illis. 

me vafer vitium ridenti Flaceus amico 

ngit, © admiffs, circum pracordia ludit, 

‘Z .. _H Juin 





« 


t70 S ATIRE IX. 
Æt fur ce Mont fameux, où j'ofai la chercher, 
Fortifia mes pas, & m'apprit à marcher. 
C'eft pour elle, en un mot,que j'ai fait vœu d'éc 
Toutefois, si le faut, je veux bien m'en dedi 
285 Et pour calmer enfin tous ces flots d'Ennemis, 
Réparer en mes vers les maux qu'ils Ont commis, 
Puisque vous ke voulez, je vais changer de file. 
Je le déclare donc. Quinaut ft un Virgile. 
Pradon comme un Soleil ‘en nos ans a paru. 
290 Pelletier écrit mieux qu'Ablancourt ni Patru, 
Cotin, à fes Sermons traîrrant toute la Terre, 
Fend les flots d'Auditeurs pour alter à fa chaire: , 


REMARQUES. 


TmM1T. Vers 284. Toutefois, s’il le faut, je veux biem 
Midire: &c.] Perfe, Satire L 110. & fuiv. 


——— Per n6t.298idem fint emnia pretimus alba : 
Nil moror: Enge, Omnes, omnes bene mira eritis res, 
Heoc juvat ? 


Vans 286. Réparer en mes vers les mas ‘qu’ils ent een 
Dans la dernière édirion que Mr. Despréaux fit fai 
37ot. il y a, les maux que j'ai commis; mais C’eft ane 
A’impreflion , dont l’Auteur m’a fait a où, à 
Da point été corrigée dans l'édition poffume de 1754 

VERS 289. nv Quinaut cfus Virgile.) 
fion au vers 20. de Ja Satire IL. La Raifon dit Virgile, 
Rime Quinaur. 

VERS 289. Pradon comme nn Soleil &cc.] I] 7 avoit, 
fast dans lés premières éditions; mais il l'ôta aprè: 
geconciliation. 

VERS 290. Pelletier écrit mieux qu’.Ablancourt ni Ps 
Pelletier: voïez le vers 54. du Discours au Roi, 

sAblancourt : NICOLAS PERROT D'ABLANCE: 





S A TIRE IX. 17£ 
ft le Phénix des Esprits relevez. 
. Bon, mon Esprit, courage, pourfuiver. 
» vOÏez-vous pas, que leur troupe en furie 
1dre encor ces vers pour une raillerie ? 
u fait, auffi-tôt ,que d'Auteurs en courroux, 
Rimeurs bleffez s'en vont fondre fur vous ! 
s verrez bientôt, féconds en impoñtures, 
T contre vous des volumes d’injures, 
‘en vos Ecrits chaque vers d’attentat, 
| mot nocent faire un crime d'Etat. 
urez beau vanter le Roi dans vos Ouvrages, 
e nom facré fanétifier vos pages. 


Qui 
REMARQUES. 


par les Traduétions qu’il a données. 11 étoit de 
mie Françoife, & mourut en 1664. 

: OLIVIER PATRU, de l’Académie Françoife, a 
les plus célèbres Avocats du Parlement de Paris. No- 
Le a joint ici ces deux Lluftres Ecrivains, Ablancourt 
L; parc qu'ils étoient unis d’une étroite amitie. 

s 291. Cotin & fes Sermens &c.] Voïez le vers 6o. de 
e LI … 
s 293. Saufal eff le Phénix &c.] C'eft SAUVALLE. 
e vers 40. de la Satire VII. | : 

s 294. Perrin. . . . . . . &c.] Voïez le vers 44. de 
: VIL 

s 302. Er d’un mot innocent faire ancrime d’Erar.] Mr. 
de Montauzier avoit voulu faire un crime d'Etat à 
atirique, de ce qu’il avoit traté ce Siècle, de Sis- 
r,- dans la Satire I. Mr. Peliflon, piqué contre l’Au- 
ouloit infinuer que, dans le vers 224. de cette Sati- 
ième, Midas, le'Roi Midas &c. Mr. Despréaux avoit" 
gard du Roi, le même deflein, que Perfe avoit eu 
Neron dans ce vers: Auriculas afini Mida Rex habet : 
extrèmement éloigné de la penfée de notre Aneur: 

H 2 £ERS 


772 S ATIRE IX, 
3os Qui méprife Cotin, n'eflime point fon Roi, 
Et n'a, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, niloi. 
Mais quoi ? répondrez-vous: Cotin nous peut-il nuire? 
Et par fes cris enfin que fauroit-il produire ? 
Interdire à mes vers, dont peut-être il fait cas, 
3ro L'entrée aux penfions, où je ne prétens pas? 
Non, pour louer un Roi, que tout l'Univers louë, 
Ma langue n'attend point que l'argent la dénoué; 
Et fans esperer rien de mes foibles Ecrits, 
-L’honneur de le louer m'eft un trop digne prix. 
15 Onme verra toûjours, fage dans mes caprices, 
De ce même pinceau, dont j'ai noirci les Vices, : 
Et peint, du nom d’Auteur tant de Sots revêtus, 
Lui marquer mon respeét, & tracer fes vertus. 


Je vous croi, mais pourtant on crie,on vous men 
| 6 
s \ : 
REMARQUES. 


Vers 306. Et n4, felon Cotin, ni Dieu, ni foi, ns Loi. 
Ce font les mêmes injures que Cotin avoit publiées contre 
notre Auteur, dans fa Critique défintereffce fir les Satires du 

| sems, Où il l’accufoit d’être criminel de lèze-Majefté Div 
ne & Humaine. 

VERS 307. Cotin nous peut-il nuire?] Voicilane 
gième fois que le mot de Grin.fe préfente dans cette Sarire. 
Les Amis de notre Auteur craignirent que le fréquent re- 
tour du même nom, ne parût affeété, & ne déplût aux 
Leéteurs. 1! faut voix, dit-il: Ÿe confens d’ôter tout ce qui fers 
de trop, On s’aflembla, on dut la Satire entière; mais on 
trouva par tout le nom de Cotin fi bien placé, qu’on ne 
-Ærut pas qu’il y eût aucun de ces endroits qui dût être re- 
tranché. : . 

Ners 310. L'entrée aux penfions où je ne prétens pas.] Le 

: Roi donnoit des Penfions aux Gens de Lettres; & Cotin 
£toit ug des Renfionnaires. 





Vsas 





S À TIRE IX ‘ #73 
oJecrains peu, direz-vous, les Braves du Parnañe. 
Hé, mon Dieu ; craignez tout d’un Auteur en cour- 


TOUX ; 
Qui peut... Quoi? Je m'entens. Mais encor? Tai- 
fez-vous, 
\ 
REMARQUES. oi 


Vers 322. Quipeut. . . . . Quoi? Fe m’entens. Maïs en 
or? Taifez-vous. ] 1 faut diftinguer le Dialogue dans ce- 
&rnier vers. 

Imir. Ibid Qss peut. . . . Quoi? Btc:] Ce Dialogue eff 
femblable à celui que fai MerRLIN Cocaïe * avec fon: 


Esprit, ou avec foi-même, au commencement de la feptiè-." 
ne Macaronique. | 


Siffe Labrum, Quare? Cupies tacuilfe. Tacendum efè 
Quod nocet, Ime nocet Vatem nimis elfe loquacem. 


# Sos véritable nom ff THKOPHILO FOLENGIO dÿ 








574 


AVERTISSEMENT 


et SUR. 
LA X. SATIRE. 


RDS CIC EF exfre la Satire qu'on me de- 
DORE mande depuis fi long-tems. Si j'ai 
YA tant tardé à Lx mettre an jour , C’eft 
CARE, que j'ai été bien aile qu’elle we par 
ES résqu'avec la nouvelle Edition qu'on 
Jesfoit de mon Livre *, où je vonlois quelle f# 





snferde. Plufieurs de mes Amis, à qui je l'ai 


luë, en ont parlé dans le monde avec de grans é: 
loges, 9 owt publié que Cétars La mciliexre de 
nes Satires. Ils we m'ont pas en cela fort plai- 
fir. Te connois le Public. fe fai que naturelle- 
sent il fe revolte contre les louanges outrées qu'on 
donne aux Ouvrages avant qu'ils aient par; 9 
que la plâpart des Lecteurs ne lifent ce qu’on leur 
a élevé fi haut, qu'avec un deffesn formé de le 
rabailer. - 

Je déclare donc que je ne veux point prefiter 
de ces discours avantageux : ÊS non feulement je 
hiffe au Public fon jugement libre, maïs je donne 
plein goevir à tous ceux qui ont tant critiqué 
mon Ode fur Namur, d'exercer auf contre ma 
Satire toute la rigueur de leur Critique. . J'espère 
gite le feront avec le même fuccès : ÈS je puis 
es af[arer que tous leurs discours ne m’obligeront 
point à rompre l'espèce de vœu que j'ai fait de ne 
jamais défendre mes Ouvrages ,; quand on n’en 

die 


* En 1694. 


+. 


| 


AVERTISSEMENT. 17$ 
quera que les mots ËS les fyllabes. ‘Fe [aurai 
ben foftenir contre ces Cenfeurs, Homère, 
ace, Virgile, ÊS tous ces autres grans Per. 
ages dont j'admire les Écrits : maïs pour mes 
its que je admire point, c’eff à ceux qui ls 
oMveront à trouver des raifons gr les dé 
ee C’eff tout l'avis que j'as à donuer its ae 
eur. 
& bienfdence néanmoins voudroit, ce me fem= 

que je file quelque cxcufe. au Beaux. Sexe, de 
berté que je me Juis dasnde de peindre fes vi- 
Mais au fond, toutes les peintures que je 
dans me Satire font À générales , que biex 
T'apprébender que les Fonmes s’en offenfeut, 
: far leur approbation &S fur leur curivfité que 
mde la plus grande esperance du fuccès de mor 
rage. Une chofe ax moins, dont je fuis cer= 
: qu'elles me loueromt ; s’eff d'aucir trouvé 
en, dans une waisére ag reate qu'eft celle 
fy true, de ne ges aiffer échaper nn [en 
* qrs pât le moins du monde bleffer la pudeur. 
spère duc que j'abireudrat asféimert ma grace, 
qu'elles we feront pas plus chognées des prédire 
ons que je fais contre leurs défauts dans cette 
ire, que des Satires que les Prédisaieurs font 
« les jours en chaire comre ces moèmees défauts. 


- H 4 SÆTIRE- 


mS 
SATIRE X 


Nr1in bornant le cours detes galanteries, 
Âlcippe, il eft donc vrai, dans peu tu te maries 
Sur l'argent, c'eft tout dire, on eft déja d'accord. 
Ton Beaupere futur vuide fon coffre fort: | 
s Et déja le Notaire a, d'un ftile énergique, 
Griffonné de ton joug l'Inftrument authentique. 
C'eft bien fait. Il eft tems de fixer tes defirs. 
Sinf que fes chagrins l'Hymen a fes plaifirs, Qu 
| _ Qu 


REMARQUES. 


E’auteur avoit formé le deffèin de faire une Satire: centre 

les Femmes, long-tems avant que de l’exécuter. Sesoc 
cupations Poëtiques avoient été interrompuës par le ge 
rieux emploi d’Hiftoriographe du Roi. 11 fe rengagea dans 
Ja Poëfe, pour venger l’honneur des Anciens , que Me 
PERRAULT avoit outrages dans un petit Poëme, intitu- 
lé, Le Siècle de Louïs le Grand, &t dans fes Dialogues fur te 
Parallèle des Anciens & des Modernes. 

Notre Auteur fit d’abord une Ode à la manière de Pin- 
dare, pour juftifier ce Poëte du faux jugement que Mr. Per- 
zault avoit porté contre lui en particulier *. Mr. Despréaus 
lui-même fut maltraité dans la fuite des mêmes Dialogues; 
mais il ne voulut pas répondre à fon Adverfaire par un Ou- 
vrage cxprès : étant convaincu , difoit-il , que les Ecrits 
qui ne roulent que fur des disputes particulières ou perfon< 
nclles, ne font pas de longue durée; & qu’autant qu'on. 
le peut, il faut choifir des fujets généraux pour plaire au 
Public, & fur tout pour aller à la Pofterité. 

Ce fut à cette occafion qu’il reprit fon premier defleio, 
& qu’il compofa cette Satire dixième, dans Jæquelle il fe 

-contenta de toucher, en,pañfant, les Dialogues de Mr. Per- 
æault contre les Anciens, comme on le verra dans Ja fais 

Elle- 
ñ WeParallele des Anciens @7 des Modernes. Dial. I. p. 27. & 
CHA 





| SA TIRE X. rPy 
Quelle joie en effet, quelle douceur extrême ! | 
0 De fe voir careffé d'une Epoufe qu'on aime: 
De s'entendre appèler paris Cœwr, ou mon Bon: 
De voir autour de foi-creître dans fa maïifon, 
Sous les paifibles loix d’une agréable Mere, 
De petits Citoïens dont on'croit être Pere ! 
Quel charme,au moindre mal qui nous vient menaseri. 
De la voir auffi-tôt accourir, s'empreflenr, 
F'effraïer d'un péril qui n’a point d'apparence, 
Et fouvent de.douleur fe pâmer par avance ! 


car tu ne feras point de ces Jaloux affreux, e 
on oo Hé 


REMARQUES: 


ile fut achevée en 1693. & publiée l'année füivante, 

Vas 1. Enfin,bornant le cours de tes galanreries, &tc.] Mrÿ 
LacIWE n’étoit pas content de ces deux vers : la conftruétiorr. 
ic lui en paroiffoit pas aflez nette. 11 le manda à Mr. de 
MAuUCRO1Ix, Chanoine de Rheims,, leur Ami communes, 
k Mr. de Maucroix les tourna de cette manière: 


Alcippe, il eff donc vrai qu’enfin l’inte marie. 
Et que tu prens congé dé la galantérie. . 


Mais Mr. Despréaux ne s’en accommoda point, les 2ïane 
rouvez foibles & profaiques. Alcippe cft un Berfonnage : 
aventé.. , 

VERS 6. L’Inffrument authentique.}:Inffrument , en. 
bile de Pratique, fignifie un Contrat, un Aëte public. 

VERS II. Petit Cœur, Où mon Bon.] Madame- 
Celbert appeloit aînfi fon Mari. 

VERS 13. Et jomvent de douleur fe pämer par avance, ] Ce 
‘araétère convient à la plupart des femmes. Cependant le: 
Poëte a eu particulierement en vûé Madame B. . . . qui 
émoignoit. des fraïeurs.exceflives au moindre mal dont 
on mari étoit menacé; elle fe pâmoit : il lui faloit jetter: 
le l’eau fus le vifage, 








H.£ -  Vras 





y S ATIRE X, 

30 Habiles à fe rendre inquiets, malheweux, 
Qui tandis qu'une Epoule à leurs eux fe défole, 
Penfent toüjouxs qu'un. Autre en fecret la confole. . 

Mais quoi, je voi déja que ce discours t'aigrit 

Charmé de Juvénal, &r plein de fon esprit 

25 Venez-vous, diras-tu, dans une pièce outrée, 
Comme lui nous chanter: Que dès le tems de Rhus, 
La Chafieté déja, hs rongenr fer le front, | 
Avoit chex les Hamaïre resh plus d'un affrent : 
Qu'on vit avec le fer næitre les Injuffsces, 

30 L'Impieté, l'Orgaul,, © touxles autres Vies, 
Maïs que la Bonne Foi dans l'amour conjugal 
N'alla point jusqu'au sers du troifième Métal? 
Ces mots ont dans fa bouche une emphaze admirable: 
Mais je vous dirai, moi, fans alléguer la fable, 

35 Que fi fous Adam même, & loin avant Noé, 
Le Vice audacieux, des Hommes avoué, 


REMARQUES. 


Vrxs 24 Charmé de Puoénal, Etc: } fivénat à fair use 
Satire contre les femmes , qui ef fon glus bel Ouwv 
Cette Note eft de l’Auteur même, qui l’avoit mife à ls 
marge de cetté Satire dixième. | 

VERS 26. mm One dés le tems de Rbée, &ec.] A côté 
“de ce vers & des fix fuivans, l’Aureur avoit mis cette No-, 
te: Paroles du commencement de Le Satire de Fuuénal.. Ceper- 
dant Juvénal s'exprime d’une manière un peu differente: 
Oni, Je venx croire, dit il ,que la Pudicité, [ous le règue de S 
Surne, à habité [ur la terre, 7 qu'on l'y à vi: même es long- 
tens: C’eft-à-dire, pendant l’âge d'os, qui étoir du tens 
dE Sarumne & de Rirée, 





= 


SA TIRE X.. 15 
A h tite Inngcence en tous lieux fit laguerre, : 
U demeura pourtant de l'honneur fur la Terre: 
Qu'aux tems les plus féconds en Phrynés,. en Laïs,. 
Plus d'une Pénélope honora fon païs; 

Et que même aujourd'hui, fur ce fameux modèle,, 
On peut trouver encor quelque Femme fidèle. 

Sans doute; & dans Paris, fi je fai bien compter, 

H en eft jusqu'à Trois, que je pourrais citer. 

Ton Epoufe dans peu fera la quatrième. | 
Je le veux croire ainf, Mais la Chafteté même, 
Sous ce beau nom d'Epoufe, entrât-elle chez toit: 
De retour d'un voïage en arrivant, croi moi, 

Fais toëjours du logis avertir la Maîtrefle. 

‘Tel partit tout baigné des pleurs de fa Lucrèce ;: 
Qui, faute d'avoir pris ce foin judicieux, 
Trouva. Tu fais... Jo fais que d'un conte odieux: 
Vous avez comme moi fali votre mémoire, 


REMARQUES 
Credoe Pudnstians Saturne vege moratane: 
In terris, vifamque din. | 
Vans 29. . En Phrynés,-en Laïs:] FRRYNL & 
Laïs, étoient deux-fameufes Courtifanes de la Grèce, 
Vsas 44. Ilen ef jusqu’à Trois, &c.} A Le rigueur on «rs: 
tromueveit peut-être davantage, difoit l’ Auteur en plaifantant. 
Vans 52. Trouve. Tu fais. . . .] Tout le monde faim 
l'Hiffoire de Fesonde mife envers par le célèbre La Fontai- 
be; mais cout le monde ne fait pas la Differtation fer 
Frcondr, imprimée parmi les. Contes de cet ‘Auteur, eft da 
Xz De ux. BouiILLian, * méchant Poëte, avoir 


. au 
Ÿ Li one 5 166u € Les Pouf fareus iorimigt CAL F4 








180 . S ATIRE KX. | 
Mais laïflons-là , dis-tu, Joconde & fon Hiftoire: 
$5 Du projet d'un Hymen déja fort avancé, 
Devant vous aujourd’hui criminel dénoncé, 
Et mis fur la fellette aux piés de la Critique, 
Je voï bien tout de bon qu'il faut que je m'explique, 
Jeune autrefois par vous dans le monde conduit,. 
69 J'ai trop bien profité, pour n'être pas inftruit 
À quels difcours malins le Mariage expofe. 
Je fai, que c’eft un texte où chacun fait fa glofe, 
Que de Maris trompez tout rit dans l'Univers, 
Epigrammes, Chanfons, Rondeaux, Fables en vers 
és Satire, Comédie: & fur cetie matiere, 
J'ai vû tout ce qu'ont fait La Fontaine & Moliere:- 
7 J'ailû tout ce qu'ont dit Villon & Saint Gelais ;. 
Ariofte, Marot, Bocace, Rabelais, 
Et tous ces vieux Recueils de Satires naïves, 
_ Jo Des malices du Sexe immortelles archives. 
Mais tout bien balancé, j'ai pourtant reconnu, 
5. .__. . 
RÆAMARQUES. 
auffi mis en vers François la même Avanture de Joconde, 
tirée de l’ArRrosTE. 11 y eût une gageure confiderable fur 
Ja préference de ces deux Ouvrages ,entrel’Abbé LE V AY ER; 
& un nommé Sr: Grizes, Homme d’un caraëtère fort 
pariculier. ls s’en raportèrent à MoLiER#x, qui ne vou- 
pas dire fon fentiment de peur de faïre perdre 1a gageure. 
à St, Gilles; mais Mr. Despréaux décida le differen par | 
cette Diflértation. Il étoit fort jeune alors: & dans Ia fui- 
te il témoignoit à fes Amus un grand regret d’avoir em- 
ploïé fa plame à défendre un Ouvrage du caraétère de Jo- 


gonde. | . | 
Yuhs 59. Faune autrefois par veus &c.] Ce vers &t le fhi- 
| vaat 


SATIRE X 18t 
Que dé ces contes vains le Monde entretenu | 
fên a pas de l'Hymen moins và fleurir l’ufage; 
lue fous ce joug moqué, tout à la fin s'engage : 
d'à ce commun filet les Raileurs mêmes pris, 
nt été très-fouvent de commodes Maris:. 
que pour être heureux fous ce joug falütaire, 
pat dépend, en un mot, du bon choix qu'on fait 

re, ; | 
Enfin, il faut ici parler de bonne foi. ” 
vicillis, & ne puis regarder fans effroi,. 
s Neveux affamez, dont l'importun vifage 
:mon bien à mes yeux fait déja le partage. 
croi déja les voir, au moment annoncé . 
l'à la fin, fans retour, leur cher Oncle eft pañlé, 
: quelques pleurs forcez, qu'is-auront foin qu'on 
vole, Le 
faire confoler du fujet de leur joie. 
me fais un pläifir, à ne vous rien celer, 
De 


REMARQUES 

r n’étoient pas ainfi. Mr. le Prince de Conti, à qu 
teur récita cette Satire, n’aprouvoit pas que l’un des 
r Interlocuteurs de ce Dialogue tutoïât l’autre. ‘Gette 
ktion obligez nome Poëte de faire dire à celui qui fe 
narier, qu’il à été autrefois fous la conduite de l’autre: ce 
autorife ce dernier à le traiter plus familièrement. 

ERS G9. Et tous ces vieux Recueils de Satires naïves, ] Les 
tes de la Reine de Navarre: &c. 

ERS 75. Qu’a ce commun filet les Railleurs mêmes pris] 
FONTAINE ;' après avoir plaifanté en mille endroits de 
Poëlies, fur la galanterie, & l’infidélité des femmes, 


1ifa pas de fe maries, 
H 7 VEns 


18z SATIRE X 
De pouvoir, moi vivant, dans peu les défoler; 
Et trompant un espoir pour eux fi plein de charmes, 
90 Ârracher de leurs yeux de veritables larmes. 
Vous dirai-je encor plus? Soit foiblefle, ou raifon» 
Je fuis las de me voir le foir en ma maifon 
Seul 'avec des Valets, fouvent voleurs & traîtres, 
Et toûjours, à coup für ennemis de leurs Maîtres, 
93 Je ne me couche point, qu'auffi-tôt dans mon lit. 
Un fouvenir fâcheux n'apporte à mon esprit | 
Ces Hiftoires de morts lamentables, tragiques, 
Dont Paris tous les ans peut groflir fes Chroniques, 
Dépouillons-nous ici d’ane vaine fierté. 
100 Nous naiflons, nous vivons pour la Société. 
À nous-mêmes livrez dans une folitude , 
Notre bonheur bien-tôt fait notre inquiétude: 
Et fi, durant un jour ,. notre premier Aïeul,. 
Plus riche d'une côte, avoit vêcu tout feul, ; 
7. > 
REMARQUES. 


VERS 97. Ces Hifloires de morts, &c.] BLANDIN & D 
RossET ont Compolé ler Hifloires tragiques de notre terms , où 
font com emës les morts funeftes € lamentables de plufieurs per 


» &c. 
V sa s 103. Et f, dwrant un jour; notre premier Aïeul,. 
Plas riche d'une côte, avoit vécm tort Sen, ] 


L’Auteur comparoit ces s deux vers avec ceux-ci de la. Satire 
VII. 


YŸ 
Le 


Croit que Dies tout exprès d'ane côte nowvelle, 
4 tiré pour lui fu we femme ft. 


SATIRE X 18x 


$ Ke doute, en fa demeure alors fi fortunée, 


) 


S'il n'eût point prié Dieu d'abréger la journée. 
N'allons donc point ici réformer l'Univers, 
Ni par de vains difeours, & de frivoles Vers». 
Etalant au Public notre mifanthropie, 
Cenfurer le lien le plus doux de Ja vie. 
Laiflons-là, croïez-moi, le monde tel qu'il eft, 
L'Hymenée eft un joug, & c'efl ce qui m'en plaît, 
L'Homme en fes paflions toûjours errant fans guide, 
A befoin qu'on Ini mette & le mords.& la bride, 
Son pouvoir malheureux ne fert qu'à le gêner, 
Et pour le rendre libre, il le faut enchaîner. 
C'eft ainfi que fouvent la main de Dieu l'afifte.. 
Ha bon E voilà parler en: dotte fanfénifie, 
Alappe, & fur ce point fi favamment touché, 
Desmâres,dans Saint Roch, n'auroit pas mieux prêché. 
Mais c'eft trop t'infalter, quittons la raillerie 
Pat- 
__ RÆAMARQUES 
& il donnoit 14 préference à ceux de la Satire X. 
EmiT. Vers 116. Er peur le rendre libre,. sl le faut enchai= 
ner.] Horace I. Epift. Il. v. 62. 
——— LANINIUNS rege, qui nifi paret,. 
| Imperst bunc frenis, banc in compelce catené. 
Sns ces deux vers Mr. Despréaux difoit qu'Herace ét 
- Vas ao. Desméres, dins Gains Rorb, } Le Pere Tous 


SAINT: Dr ARES, Prèsre de FOraroire, 
diciseut, Ai ft. dépaé à Rome, ex16594. ac quenes 








+ af SATIRE x 
Parlons fans hyperbole & fans plaifanterie. 
Tu viens de mettre ici l'Hymen en fon beau jour: 
Enten donc : & permets que je prêche à mon tour: 
25  L’Epoufe que tu prens, fans tache en fa conduite, 
Aux vertus, m’a-t-on dit, dans Port-Roïal inftruite,. 
Aux loix de fon devoir règle tous fes defirs. 
Mais qui peut t'affûrer, qu'invincible aux plaifirs- 
Chez toi, dans une vie ouverte à la licence; 
130 Elle confervera fa première innocence ? 
Par toi-même bien-têt conduite à J'Operas 
De quel air penfes-tu que ta Sainte-verra 
D'un fpeétacle enchanteur là pompe harmonieuff; 
Ces danfes, ces Heros à voix luxurieufe : 
‘535 Entendra ces difcours.füur l'Amour feul roulans, 





REMARQUES 

Doë&teurs de Sorbone, au fujet des fameufes disputes für 1e 
Livre de Janfenius; & il prononça devant le Pape un Dis- 
cours Latin fur cette matiere. Voiez le foswrnal de S. A- 
MoUuRr, Part. VI. ch. 15.8. 22, Après la Paix de l’Eglife 
Gallicane, faite en 1668. le P. Desmäres prêcha un Caré- 
me dans l’Eglife Paroifliale de S. Roch à Paris-avec fuecès, 
mais il étoit effacé par le P. BourDALOUE qui préchoit 
en même tems dans une autre Eglife. Le P. Desmäâres 
uitta la Prédication à caufe d’un Polype qui lui vint dans 
e nez, & qui l’empéchoit de prononcer avec grace. ]la 
été Curé de Liancour, & n’a jamais voulu quitter ce,Bé- 

néfice pour un meilleur qu’on lui offroit. 
.. VERS 126. — Dans Port-Roïal inffruite.] Port-Roeïdl, 
_SMonatère de Religieufes, avec le titre d’Abbaïe où ls 
plupart des Filles de Comdition étoient élevées ; mais. ces 
Relgieufes aiant été.acoufées de Janfénisme, on leur vdé- 
#endit de recevoir des Penfionnaires .&:. des Novices. ‘ 
: Vans 137. Saura d'eux qu'a l'Amour, cc. ] Mess 
.. (11 4 





S ATIRE X. 185 
Ces doucereux Renauds, ces infenfez Rolands ; 
Saura d'eux qu'à l'Amour , comme au feul Dieu fus 
- prême, : | 
On doit immoler tout , jusqu’à la Vertu même. 
Qu'on ne fauroit trop tôt fe laiffer enflamer : 
> Qu'on n'a reçû du Ciel un cœur que pour aimer ; 
Ettous-ces Lieux communs de Morale lubrique, 
Que Lulli réchauffa des fons de fa Mufique?: 
Mais de quels mouvemens, dans fon cœur excitez, 
_ Sentira-t-elle alors tous fes fens agitez ? 
YJene te répons pas, qu'au retour, moins timide ; 
Dime Ecoliere enfin d'Angélique & d'Armide, 
Elk n’aille à l'inftant , pleine de ces doux fons, 
êtec quelque Médor pratiquer ces leçans, 


REMARQUES. 


fort ordinaires dans les Opera de Quinaut. Notre Auteur 
citoit encore cette belle maxime de l'Opera d’Atis : 


Il faut fonsvent peur devenir heureux, 
AQwil en coûte nn pen d’innacence, 


U raportoit plufieurs autres traïts de la Morale des Operaz 
sontre laquelle il fe récrioit toûjours vivement. | 

IMIiT. Vers 138. On doit immoler tout , jusqu'à le Vert 
vime,.] Racine, Phédre, Ale III. Scene 3. 


Il faut inomoicr tout, C7 même la Vertn. . 


VERS 142. Que Lulli réchauffa &c,] Tran BaApristTe 
»E LuLrzi, célébre Mufeien, qui a fait nos plus beaux 
>pera. | 

VERS 146. d’Angélique 6" d''Armide.] Voïez les- 
Ppera de Quinaur, intitulez, Roland, & Armide.. 





VERS 


. 186 SATIRE X 
Suppofons toutefois, qu’encor fidèle & pure, l 

350 Sa vertu de ce choc revienne fans blefure. 
Bien-tôt dans ce grand Monde, où tu vas l'entraïner» 
Au miliew des écusils qui vont l'envisanner., 
Crois-tu que toûjours ferme aux bords du précipice, 
Ele pourra marcher fans que le pié lui glifle ? 

255 Que toûjours infenfible aux difcours enchanteurs. 
D'un idolatre amas de jeunes Sédnéieurs,, 
Sa fageffe jemais ne deviendra folie ? 
D'abord tu la verras, ainfi que dans Clélie, 
Recevant Les Aimans fous le doux nom d'Amnis, 





S'en. 
REMARQUES 


_ Vsrs 159. Recevant [es <Amans fous le doux nom dAm:] 
Dans le Roman de Ciélie, Part. I. Liv. I. page 389, Celère 
raconte que Clélie, ,, cette admirable Fille, vivoit de fi- 
#» çon qu’elle n’avoïs pas un Ansant ai ne fût obligé de 
» 1e cacher fous le nom d’Ami, & d’appeler fon amour, 
» Amitié, car autrement, dit-it, ils. cu été chz à 
» Chez elle ”. On fait faircenfuite à Clélieclle-même certe 
jolie diftinétion des divers genres d’Amis. %, 11 ne faut pas 
>» Conclure de là, dit-elle, que tous ceux j'appèle mes 
» Amis, foient de mes tendres Amis; car j’en ai de toutes 
» les façons dont on en peut avoir. En effet, j’ai de ces 
» demi-Amis, s’il eft permis de parler ainfi, qwon appt- 
n# le d’agréables connoiffances. J’en ai qui font un. pe 
» Plus avancez, que je nomme mes nouveaux Amis: 
» di d’autres que je nomme fimplement mes Amis: [’en 
» ai auffi que je puis appeler des Amis d’habitude: 
>» ai quelques-uns .que je nomme de folides Amis, & quel- . 
» ques autres que j’appèle mes Amis particuliers. Mais 
>» pour ceux que je mets au rang de mes tendres Amis, is 
» ont en fort petit nombre, & ils font fi avant dans mon 
_» Cœur, qu’on ne peut jamais faire plus de progrès. ©Ce 
» pendant, ajoûte Clélie, je diftingue f bien, toutes ces 
» fortes d’amitiez que je ne les confonds point du rot. 
ER 


SATIRE X. 387 
ir avec eux aux petits foins permis : 
en-tôt en grande eau fur le fleuve de Tendre 
: à fouhait, tout dire, & tout entendre, 
réfume pas que Vénus, ou Satan, 
qu'elle en demeure aux termes du Roman. 
: crime il fuffit qu’une fois on débute. 
râte toûjours attire une autre châte, 
neur eft comme une Ifleescarpée & fans bords, 
r peut plus rentrer dès qu'on en eft dehors, 
re, avant deux ans ardente à te déplaire, 
d'un Cadet, ivre d'un Moufquetaire, 
Nous 


REMARQUES 


RS TET. mms Swr-le fienve de Tendre, Bec. ] Dans 
aière partie du Roman de Clélie, on a figuré la 
a Païs de Tendre, dont le deffein eft allégorique, 
tarquer les divers genres de Tendrefle. On peut 
le {a tendrefle par trois caufes differentes: L’Efti- 
. Reconnoiffanc, & Pinçlination :: c’eft pourquoi 
arte repréfente trois Rivieres qui portent ces trois 
&. for desquelles font firuces trois Villes nommées 
favoir Tendre fur Inclination , Tendre fur Efiime, &. 
ur Reconnoiffance, Paits-[oiss ef un des Villages 
aez z für ceite Cartes C’eé à quoi fait alledon le 


s 170. Eprife d'un Cadn, iure d'in Mousguetaire.] Can 
nifie ici un jeune-Homme ,un jeune Officier de guer- 
l’année 1482. le Roï établit cn plufieurs Places de 
iaume, des Compagnies de jeunes-Gens, à qui l’on 
le nom de Cadrts: ils étoient inftruits dans tous les. 
es militaires; & quand en Les trouvait capables de 
nder, on les mettoit dans les Troupes. 

quetaire. Les Mousquetaires du Roi, font deux. 
gnies de gens à cheval, compofées de.jeunes Gens 
té, ou de bonne Maifon. Ce 


Vers 


18$ S ATIRE X. 

Nous la vertons hanter les plus honteux brelans, 
Donner chez la Cornu rendez-vous aux Galans; 
De Phèdre dédaignant la pudeur enfantine, 
Suivre à front découvert Z ... & Mefaline ; 

375 Compter pour grans exploits vingt Hommes ruïnez, 
Bleflez, battus pour Elle, & quatre affaffinez ; 
Trop heureux! fi toujours Femme désordonnée,. 
Sans mefure & fans rëgle au vice abandonnée, 

Par cent traits d'impudence aifés à ramaffer, 

180 Elle t'écquiert au moins un droit pour la chaffer. 

Mais que deviendras-tu ? fi, folle en fon caprice, 
N'aimant que le fcandale & l'éclat dans le vice, 
Bien moins pour fon plaifir, que pour t'inquiete 
Au fond peu vicieufe, elle aime à coqueter2è . : 

185 Entre nous, verras-tu d'un esprit bien tranquille, 

| es Chu 
REMARQUES 

VERS 172. Denner chez la Cornu &tc. ] Une infame, don 

Je nom étoit alors connu de tout le monde. | 
__. Vans 173. De Phedre dédaignant la pudeur enfantine.] C't 
cette pudeur. fi rare aujourdhui, que nos Coquettes trai 


tent d’enfantine, Le caraëtère de Phèdre a-été heureufe 
ment cxprimé par Mr. Racine dans ces Vers: 


= Ÿe ne fuis point de ces femmes hardies, 
Qui goutant dans le crime une tranquile paix, 
Ont [ü fe faire un frent qui ne rougit jamais. 
Pueprs, A@. IIL Sc 3, 
MIT, Ibid. mm La pudeur enfantine. ] C’eft unetri 


du&ion de l’infans samque puder , d'Horace, Liv. L Sa 
VL v. 57° r 
Vs 


S ATIRE X. aBg 
Chez ta Femme aborder & la Cour & la Ville? 
Tout, hormis toi, chez toi rencontre un doux accueil, 
sun eft païé d'un mot, & l'autre d'un coup d'œil. : 
Je n'eft que pour toi feul qu'elle eft fière & chagrine, 
lux autres elle eft douce, agréable, badine: 
’eft pour eux qu'elle étale & l'or & le brocard; 
ue chez toi fe prodigue & le rouge & le fard, 
t qu'une mairi favante, avec tant d'artifice, 
âtit de fes cheveux le galant édifice. 
ans fa chambre ,croi-moi, n'entre point tout le jour, 
tu veux poffeder ta Lucrèce à ton tour; 
tten, discret Mari, que la Belle en comette 
€ foir ait étalé fon teint fur la toilette: 
t dans quatre mouchoirs, de fa beauté falis, 
nvaie au Blanchiffeur fes rofes & fes lis. 

| | CS Alors 


| REMARQUES. 


VrEns 174 Suivre à front découvert Z. . . & Meffaline.] 
ette lettre initiale Z. n’eft mife ici que pour dépaifer les 
eéteurs. Cependant malgré cette précaution, on ne laiffa 
ts dans les Provinces ‘d’en faire l’application à deux ou 
ois femmes dont par malheur les noms commençoient 
tr.certe lettre. Meffaline, Femme de l'Empereur Claude, 
meufe pas fes débordemens. ‘ 

VERS 175$. Compter pour grans exploits &c. ] Dans Ie vers 
‘écédent notre Poëte a exprimé le caratère d’une femme 
ai n’eft fimplement que debauchée dans fes plaïfirs. Ici il 
oûte à ce caratère, celui de ces femmes hardies & dan- 
reufes, qui n’aiment leurs débauches que par l’éclat & 
bruit qu’elles font; Telle étoit une autre Femme de la 
our, que Moliere a repréfentée dans fon Mifanthrope, 
us le nom de Célimene. | 


CHANS. 


ft _SATIRE X. 

Alors tu peux entrer: mais fage en {a préfence, 

Ne va pas murmurer de fa folle dépenie. | 

D'abord, l'argent en main, paie & vite & comptant. 

Mais non, fais mine un peu d'en être méconteut, 
20$ Pour la voir aufli-tôt, de douleur oppreffée, 

Débplorer {a vertu fi mal récompenfée. 

Un Mari ne veut pas fournir à fes befoins ! 

Jamais Femme, après tout, a-t-elle coûté moins? 

A cinq cens Louis d'or, tout au plus, chaque année, 
210 Sa dépenfe-en habits n’eft-clle pas bornée ? 

Que répondre? Je voi, qu'à de fi juftes cuis, 

Toi-même convaincu déja tu t'attendris, 

Tout prêt à la-lmfler, pourvû qu'elle s'appaife, 

Dans ton coffre à pleins facs puifer tout à fon aïe. : 
215 À quoi bon en cffèt t'allarmer de fi pen? 

Hé que feroit-ce donc, fi le Démon du jeu, 

Verfant dans fon esprit fa ruineufe rage, 

Tous les jours mis par elle à deux doigts du naufrage, 

Tu 
REMARQUES. 


Cuans. Vers 205. Pour la voir anffi-tot, de douleur g- 
preffée.] Avant l’édition poftume de 1713. en iifoit: Pesr 
da voir auffi-t0t féor fes doux pieds hauffée. 

CHAN&. Vers 214. Dans ton coffre 4 pleïns facs.] 1 Y 
avoit: En pleins facs; dans Les éditions qui ont été faits 
avant celle de 1713. 

VFRS 216. $i le Démon du jeu, &c.] Le caraûè- 
re de la Joüceufe a été fait far Mad. . . . Sa pañlion pour 
le jeu étoit fi grande, qu'elle sogardoit comme perdu eout 
le tems qu’elle pafloit hors du jeu. Elle donnoit à 4efer 
chez elle; & parmi les Joüeurs qui y alloïent, M. B. 





étoit 


S ATIRE x. 191 
oyois tous tes’biens au fort abandonnez 
nir je butin d’un Pique ou d’un Sonnez ! 
ux Charme pour toi ! de voir chaque journée, 
Jbtes Champions ta Femme environnée, 
ne table longue, & façonnée exprès, 
Tournoi de Baffette ordonner les apprêts : 
fi par un Arrêt la groflière Police 
jeu fi néceffaire interdit l'exercice, 
ir fur cette table un champ au Lançquenet, 
romener trois dez chaflez de fon cornet : 
ur une autre table, avec un air plus fombre, 
aller méditer une vole au jeu d'Hombre; 
er fur un As mal à propos jetté; 
aindre d'un Gäno qu'on n’a point écouté ; 
querellant tout bas le Ciel qu'elle regarde, 
Bête gémir d’un Roi venu fans garde. 
, lle en ces emplois l’Aube du lendemain 
ent la trouve encor les cartes à la main. 

Alors 


REMARQUES. 


un des plus aflidus. Elle avoit ordonné que ceux qui 
inciperoient en paroles , paieroient un écu chaque 
que cela leur arriveroit. M.B. ..... fe trouvant 
gêné par cette Loi, aima mieux, un jour qu’il étoit 
ère, acheter la liberté de jurer tout à fon aife, par 
soffe poignée d’écus qu'il jetta d'avance. 

RS 220. D'un Pique on d’un Sonnez,] Pi- 
rerme du jeu de Piquet. Samez, terme du jeu de Tric- 





Rs 232. Se plaindre d’un Gano &cc. ] Terme du jeu 
mbre. , 
Vsxs 


792 SATIRE X 
Alors, pour fe coucher, les quittant, non fans peine, 
Elle plaint le malheur de la Nature humaine, 
Qui veut qu'en un fommeil, où tout s'enfevelit, 
240 Tant d'heures, fans joüer, fe confument au lit. 
Toutefois en partant la Troupe la confole. 
Et d’un prochain retour chacun donne parole, 
C'eft ainf qu'une femme en doux amufemens 
Sait du tems qui s'envole emploïer les momens; 
245 C'eft ainfi que fouvent par une Forcenée 
Une trifte Famille à l'hôpital traînée, 
Voit fes biens en decret fur tous les murs écrits, 
De fa déronte illuftre effraïer tout Paris. 
Mais que plûtôt fon jeu mille fois te ruïne; ‘ 
St Qu 
REMARQUES. 


VERS 244. Sait du tems qui s'envole emploïer les momens.] 
Une Dévote fe confefloit du trop grand attachement qu- 
le avoit pour le jeu. Son Confefleur lui remontra, qu’elle 
devoit en premier lieu confiderer la perte du rems. ..... 
Hélas! oui mon Pere, dit la Pénitente, en l’interrompant: 
On perd tant de tems & meler les cartes! | 

VERS 245. C’eff ainfi que fouvent par une Forcenée, &c.] 
Parmi le grand nombre de gens que la pañfion du jeu a pré- 
cipitez dans les malheurs qui font ici décrits, le Poëtea 
regardé une Parente de l’Illuftre & pieufe Madame de Mt- 
RAMION, qui a fondé la Communauté des Filles de Ste. 
Geneviève, Cette Joüeufe aïant diflipé des biens confide- 
rables, fut obligée de fe retirer en Angleterre, ÆEHe por 
toit aufli le nom de Miramion. 

. VERS 253. Comme ce Matiffrat de hideufe mémoire, &c.] 

Jaques Tarprxu, Lieutenant Criminel de Paris, & 

MARIE.FERRIER {a femme, aufli'fameux par leur for- 

dide avarice, que par leur mort funefte. Notre Auteur les 

<onnoifloit particulierement tous les deux, tanr pare 
q 





S ATIRE x. 193 
la famélique & hônteufe Lézine, 
t mal à propos la faifir au côllet, - 
réduifoit à vivre fâns valet, 6 
e ce Magiftrat de hideufe mémoire, 
e veux bien ici-te craïonner l'hiftoire. 
s la Robe on.vantoit fon illuftre Maifon. 
: plein d'esprit, de fens, & de raifon. 
1ent pour l'argent un peu trop de foibleffe 
; vertus en lui rava'oit la nobleffe, 
e toutefois, fans fuperfluité, 
it rien que-d'honnête en fa frugalité. 
lui deux bons Chevaux, de pareille encolute, : : 
joient dans l'Ecufie une pleine pâture, 
REMARQUES 
logeoient * dans fon voifi age ; que parce que Mr. 
u avoit tenu fur les fonts Mr. JAQUES BoïiLEaAu, 
kr de Sorbone , & Chanoine de la Ste. Chapelle, 
u Poëte. Le de 
ts 255. Dans la Robe on vantoit [on illuffre Maifon.] 
ardieu étoit d’une bonne Famille de la Robe, & ne- 
Jaques GiziLror, Confeiller-clerc au Parlement, 
anoine de la Sainte Chapelle. Mr. Gillot étoit un 
ncipanx Auteurs de la Sarre Ménippée, connuë fous 
n du Catholisen d'Efpagne, & c’étoit dans la maifori 


:Chanoïne f que cette ingénieufe Satire avoit été 
fée. 11 mourut l’an 1619. 3 


VERS 


ans la maï{on qui fait le coin du Quai des Orfevres, &* 
sde Hériai. Mr.-Desprétux demeuroit dans la Cour dm 


“dogeoït dans la petite rt, qui vient du Quai des Orfêvres 
el du P. Préfident: Mr, Despréaux, € Mr. l'Abbé Boi- 
n frere, font nez dans le même Chambre où la Satire de 
con aucsr êté Faite, - + 

» À 1 


294 SATIRE X 
Et du foin que leur bauche au ratelier laifloit,. 
De furcroit une male encor fe nourrifloit. 

265 Mais cette foif de l'or, qui le brûloit dans l'ame, 
Le fit enfin fonger à chaifir ané Femme ; 
Et l'honneur dans ce cheix ne fut point regardé. 
Vers fo trifte penchant fon naturel guidé, 
Le fit dans une avgre & fordide famille 

#70 Chercher un mobfise affreux fous l'habit d’une file 
Et fans trop s'enqueir d’où la Laide venait, 
Il fut, ce fut aflez, l'argent qu'on lui donnait. 
Rien ne le rebuta; ni fa vûtéraillée, 
Ni fa mafle de chaïr bgariement taillée; 

275 Et trois cons mille francs, avec elle obtenue, 
La firent à fes yeux plus belle que Vénus. 

 Hrépoufe; & bien-tôt fon Hôtefle nouvelle, 

Le préchant, lui fit voir qu'il était, au prix d'elk 
Un vrai diffipateur, un parfait débauché, 

280 Lui-même le fentit, reconnut fon péché, 


REMARQUES. 


TE RS 264. De fireoi ane mule. ] Le Lieutenant Qi 
cft obligé de uivre les ciimindls condamnez à las 
re il eft monté fur une Mule, qui étoit l'ancienne 4 
sure des Magiftrats, avant lufage des Caxrofles. . 
Vers 266. Le fit enfin fonger & chercher une Fensme, ] 
étoit fille de JaREMIE FERRIER, Qui avoit été 
aiftre à Nismes, & qui abjura enfüite le Calvrinisme. 
VERS 270. Chercher un menfre ne afrens fous habit d'un 
&3 Elk étoit extrèmement laide & malfaite. On dit | 
tant qu’eMe avoit été belle dans fa jeunefle, mais laÿ 
gerole Parais “defigurée. 
Vexs 280. Lui-même le fentit, 8 ] Dans ce rem 


> 


efla prodigue, & plein de repentance, 

w fes avis de règler fa dépenfe, 

x de cher eux tout rôti disparut. 

| bis-renfermé d’une moitié décrut. 

x chevaux, Ja mule, au marché s'envolèrent: 

rans Laquais, à jeun, fur le foir s'en allèrent, 

Coquins , déja l'on fe trouvoit laffé, 

r n’en plus revoir le refle fut chaffé, 

ervantes déja, largement foufietées, 

t à coups de pié descendu les montées, 

Sant enfin hors de ce trifte lieu, 

| ruë en avoient rendu graces à Dieu. 

ux Valet reftoit, feul chéri de fon Maître, 

fjours il fervit, & qu'il avoit vû naître, 

de quelque fomme, amaffée au bon tems, 

encor chez eux, partie à fes dépens, 

embarrafoit; il falut s'en défaire; 

cela maifon chaffé comme un Corfaire, 
| | 7 Voi- 

REMARQUES. 

ivans lPAuteur a exprimé toutes les parties de Ja 

O2. US 

S 286. = 4# marche s’envolcrent.] Comme ce 

avare n’avoit ni valets ni fervantes, les Plaideurs 

soient folliciter, étoient obligez de panfer les che- 

& de les mener à l’abbreuvoir; mais cela ne durz 

gtems. On vendit premièrement les Chevaux, & 

Mule, & quand le Lieutenant Criminel en avoit 

ik en empruntoit une. | 

s 293. Un viesix Valet reffoit. } X1 fe nommoit Des- - 

8, & portoit vrdinairement une méchante cafaque 


12 | YEns 


296 $S A TIR E .Xx. 

Voilà nos deux Epoux fans valets, fans enfans, 
300 Tous feuls dans leur logis libres & triomphans. 

Alors on ne mit plus de borne à la lézine. 

On condamna la cave, on ferma la cuifine, , 

Pour ne s’en point fervir aux plus rigoureux mois, 

Dans le fond d'un grenier on fequeftra le bois, 
305 L'un & l'autre dès lors vécut à l'aventure 

Des préfens, qu'à l'abri de la Magiftrature, 

Le Mari quelquefois des Plaideurs extorquoit, 

Ou de ce que la Femme aux voifins excroquoit. 


Mais, pour bien mettre ici leur crafle en tout fon 
Juftre, | 


310 1] faut voir du Logis fortir ce Couple illuftre: 
Il fant voir le Mari tout poudreux, tout fouillé, 
Couvert d'un vieux chapeau de cordon dépouillé, 
Et de fa robe, en vain de pièces rajeunie, , 


REMARQUES. 


VERS 308. On de ce que la Femme aux Voifins excroqueit.] 
Elle n’entroit jamais dans une maifon, qu’elle n'excroqué 
quelque chofe, & quand elle n’y pouvoit rien e, 
celle empruntoit fans rendre jamais rien. C’eft d'Elle.qu 
Mr. Racine a dit dans fes Plaideurs, AËte I. Scène 1V. 


û 


Elle eut du Büvetier emporté les ferviettes, « 
Plurot que de rentrer au logis les mains nettes. .. 


vetier du Palais, mn”. 
Dans une maifon voifine de la leur, il y avoit un Jieu-ét 
débauche où elle alloit tous les jours pour y attraper fe 
diner, & elle ne manquoit jamais d’enavoier à fon mé 
mac partie de ce qu’il ÿ avoit für la table, En échangsil 


Elle avoit effe&ivement pris quelques ferviettes chez let 


S ATIRE x. 197 
ans les ruiffeaux traînant l'ignominie. 
i pourroit compter le nombre de haillons, 
es, de lambeaux, de fales guenillons, 
fons ramaflés dans la plus noire ordure’, 
Femme aux bons jours compofoit fa parure ? 
i-je fes bas en trente endroits percez, 
liers grimaffans vingt fois rapetaffez , 
ffes, d'où pendoit au bout d’une ficelle 
1x masque pelé, presqu'aufli hideux qu'Elle? 
ï-je fon juppon bigarré de Latin, | 
-mble compofoient trois Thèfes de fatin ; 
qu'en un procès fur certain privilège 
r fon Mari les Régens d’un Collège; 
far cette juppe à maint Rieur encor 
e elle faifoit dire, Ærgsmentabor r' 
peut-être j'invente une fable frivole. 
ue Dé- 
< - 
REMARQUES. 
it fa proteétion à ce lieu d’honneur; mais Mr. le 
“réfllent le fit’ dénicher: de fon voifinage. Dans 
e quartier il y avoit un Pâitiffier, où la Lieutenante 
lle alloit fouvent prendre des Biscuits fans païer. 
fier las de cette pratique, fit des biscuits purgatifs, 
x donna. : do | 
s 309. Mais pour bien mettre ic leur craffe &te.] Me 
obligea l’Autens de retrancher ces vingt vers, par- 
s contiennent un détail qui ne lui plailoit pas tout- 
Lis ne parurent point en effet dans la première édi- 
cette Satire ; mais l’Auteur voulut les rétablir dans 
ions fuivantes. : oi, 5 
8 222. Un vieux masque pelé,] La plüpart des fem- 
raient alors ün rhasque de velours noir, quand eï- 
pient, | D . 
13 VELS 


. 298 SATIRE X 
330 Déments donc tout Paris, qui prenant le parole; 
Sur ce fujet encor de bons témoins pourvû, 

Tout prêt à le prouver, te dira: Jel'aiva 
Vingt ans j'ai vû ce Couple uni d'un même vice, 
À tous mes habitans montrer que l'Avarice 
335 Peut faire dans les biens trouver la Pauvreté, 
Et nous réduire à pis que la mendicité. | 
Des Vokeurs qui chez eux pleins d'espérance entrèret, _: 
De cette trifte vie enfin les.délivrèrent. ‘ 
Digne & funefte fruit du nœud le plus affreux, 
po Dont l'Hymen ait jamais uni deux Malheureux : 
Ce recit pañfe un peu l'ordinaire mefure; 
Mais un exemple enfa, fi digne de cenfure, 
Peut-il dans la Satire eccuper moins de mots: ? 
Chacun fait fon métier ; faivons notre [MOpos. 





“Not 
RE MARQUES | 


Vans 337. Des Voleurs qui chez eux, Be. Lo Lieutenant 
Criminel & fa femme furent affaffinez dans leur maifos | 
dr le Quai des Orfètres, le jour dé Ga ue Ra É 

. S'Août 1665. für bea dix heures’ du matin, per Res 
Ænauçors Toucuf£tr, Frert, natif dé | 
Cran en Anjou Get deux. Voleurs “ae DE CLR 
porte pour » Daée qu'il y avoit Pror ns babe dure 
ze, furent pris dans la maifon méme; ét trois jourt 
conudamnes à être foMmpus vifs fit un échafaur, à | 
de Ll’isie du Palais, devant le ae de Broge : Se 
fut éxécuté ie 27. du mêmé mois, SL Paie 
«tt affaflinat, le Roi aroit erlonné à Mr. 
deat dè Lamoiguoh de faire informer contre ke 
Criminel, à caufe de fes malverfations. .‘:1! 75: Kerr 

VERS 346 dm Sage de Brprdalrnr:} Le Pere LV Te 
Bouaraiour, Jéfüte, a été ie plus grand 
ai: ait paru en France pendaos le XVIL Siècle: : es | 


. - 


SATIREX tog 
"au Prédicxteux mjourd'he, je l'avouë , | 
r, ou phärôt finge de Bourdilone, . 
.phais à remphx mes Sermons de poitraits, . : : 
Ha déje trois, peints d'affez heureux traits, 
‘mme fans honneur, la Coquette, &FArare 
ty joindre encor k revêche Birarre,, 
ans cefle d’un ton par la colètéaigri, 
de, coque, dément, contredit un Mai: 
ft point de repos ni de paix-avec elle, L 
mariage n’eft qu'une longue querelle. ‘= - - 
e-t-clle un moment respirer fon Epoug °° :.: «:: 
alets font d'abord: l’objet de fon courroux, - : 
r le ton grondeur,. lorsqu'elle les harangue, 
t voir de quels mots elle enriçhit la Langue, 
lume i ici, tragant cé mots par afbaber, 

. &* 
RAM A agrée. .- 


e prernier. ait mis des porrekis ou dès. catsôères 
ÉP'Senmens. 1 étoit done” ‘faraille confiderable de: 
æ, où il nâqui ke ao. d’Août 1632. 1lmMourüt à Pa- 

ps ns la maifon -Profefle des Jéfitres le 15.-de Ma’, 

iâpuès avoir exercé 1e Minifière dela Prédicaion à 

ext dans Paris, ver an fccès méevellonx ; pendäie 

Cas ane: 

MS 350 mes La rot Size. ] La Belle: Scie: 

moon ,: Femme de Jr'a me BoiLnau, [on Frée 


RS 355$. IN faut voir de quels mots elle enrsthit Le Lanque,} 
femme avoit un talent oqut panieulier pour inventec. 
oms ridicules, & des injures pophlaites : comme uh 
Frolampie ; un Epstier, Pour Un Hemsme d'Epée; une: 

Bacouke;-une Pimbefche, une grande Drbéfihe; &c. 1k: 

ematquer que ces deux dornices noms font les Origt- 
des quaibirez de Coege des Fiaidenrs. 46 RaGe: : 
4: on 


N 


300  S ATIRE X 

360 Pourroit d’un nouveau Tome augmenter Richeket, 
Tu crains pen d'efluier cette étrange furie : 

En trop bon lieu, dis-tu, ton Epoufe nourrie, | 
Jamaÿs de tels discours ne te rendra martyr. 
Mais eût-elle fucé la Raifon dans Saint Cyr, 

365 Crois-tu que-d'une fille humble, honnête, charmante, 
L'Hymen n'ait jamais fait de Femme extravagante? 
Combien n’a-t-on point vû de Belles aux doux yeux, 
Avant le mariage, Anges fi gracieux, CU 
Tout à coup fe changeant en Bourgeoifes fauvages, : 

379 Vrais Démons, apporter l'Enfer dans leurs ménages, 
Et déçouvrant l'argueil de leurs rudes esprits, 

en fe re Sous | 





Contifi de Pimbefthe, Orbelthe, dr ctera, Notre Poëte, qi 


ls VERS 360. ——  AMgmignter jchelet.] Le. Did&insiie 


AE 
VERS 364 = Dans Saint (yr:] En l’année 1886 
Je Roi fic bâtir à St. Cyr, près de Verfailles. une megmih 
que Maifon, à laquelle’il a attaché de très-grans: rotemt 
.-bour l’entretien, où pour l’établiflement de -cenb.sie 
:quante jeunes Demoifelles, qui n’ont pas ua bien paper 
tionné à leur naiflance. Elles font irftruites.£e hou 

jusqu’à l'âge de vingt ans, aux fxcreices d'ane:réchatiedr 
+ & U | 0 ° 












+ 4 


_ 





S° A TIRE Xx, 201 
x#-fontange altière affervir leurs Maris ? : 

» quelque douceur dont brille ton Epoule, 
u, fi jamais elle devient jaloufe, 

1 ame livrée à fes trifes foupçons, 

Aifon encor écoute les leçons? 

Alcippe, alors tu verras de fes œuvres. 

oi, pauvre Epoux, à vivre de couleuvres: 
ir tous les jours, dans fes fougueux accès, 
efte, à ton rire intenter un procès : 

de ta maifon gardant les avenuës, 

veux hériffez, t’attendre au coin des ruës: 


ver en des lieux de vingt portes fermez, 
« ce | Est 


REMARQUES. 


té. On leur enfeigne auffi tout ce qui peut come 
leur qualité & à leur fexe; afin qu’en fortant de 
ifon, ou pour s'établir dans le monde, ou pour 
: la vie Religieufe, elles portent dans tout le 
:, des éxemples de modeftie & de vertu. Eet éta- 
t.eft dû aux foins, & à la pieté de Madame de 
Jr. | ue ot 
372. Sous ler Fontange ahière.} Fontange, nœud de 
les Dames portent fur le devant de Îa tête, pour 
leur coëffure. Ce nom eft venu de Madame la 
‘de FONTANGE, très-belle perfonne, qui porta 
re un ruban ainfi noué.  - Ce 

374 Si jamais elle devient jaloufe.] Ce po 
1 femme jaloufe, eft iei un caraétère général, 
378. LA vivre de Coulenvres.] . Avaler des Couleuvres, 
xpreffion proverbiale, qui fignifie, fouffair bien 
“ fâtheufés que l’on nous'dit, ou que l’on nous 
ÿ que nous en ofons témoigner notre déplaifir, 
r d&-Couleuvres, C’éft être expolé tous les jouxs à 
de chägrins, 





+ 


Hg Ya 


"285 T'offir, non pas d'Ifis la tranquille Euiténide,. 


20% S ATIR E.X, 
Et par tout où tu vas, dans fes veut ctfitiiers. 


Mais la vraie Âleéto peinté dans l'Enéide, . 
Un tifon à.la main chez le Roi Latinus, 
Souflant fa rage au féih d’Amate &c de Turnus, 
Mais quoi ? je chauffe ici le cothume Tragique.. 
3ç0 Reprenons au plûtôt le brodequin Comique, 
Et d'objets moins affreux fongeons à te parler. 
Di-moi donc, laiffant-R cette Folle heurler, 
T'accommedes-tu mieux de ces douces Ménades,. 
Qui, das leurs vains chagrins, fans mel toûjours ma | 
ess _ 
395 So font des mois entiers fur un lit.cffronté. | 
Traiter d'une vifible & parfaite fanté; 
- Et douze fois par jour, dans leur molle indolence,, 
Aux yeux de leurs Maris tombent en défaillance? 





RAMARQUES, 
VERS 385 —— dif lé tranquille Eumiénide.] Fait 
mans l'Opera d’If5, qui demeure presque toûjours fans 4 
tion. Mr. Despréaux étant à uge repréfentatian de go 
pera, rerarqua que l’Aëteur, qui faifoit le rôle de la Fu- 
‘ie, s’ennuïant d’être long-tems fans rien faire für 1e Thés 
tre, bâilloit de tems en rems; qu’à châque bâillement il 
#Faifoit de grans fgnes de croix fur fa bouche, comme fott 
les bonnes gens Mr. Despréaux dit à ceux avef- qhi il 
toit: Vorex, veïez la Furie, qui fair des fignes de Croix. 
-_ Tranguille Euménide: L'union de ces deux mots 68 hgg- | 
œufe en cet endroit:;.car Ewmémides eft names j Le 
--dans fon feus primitif, figaific Trengwsile: CES j- 
‘tiphrafe. que l’on y a attaché un fens contraire, en doñsa 
ce nom-là aux Furies, à caufe de leur cruauté.” _ .. 
VERS 396. Mais la vraie Aleëte &c.] Une s Fuñét,. 
‘Hoïéz le Livre VIL del’Enéide de Virgile, | 


8 


fus | 


FATIRE XX 27 


ijet dira l'un, peut donc f fréquénitubnt 
ainfi cette Belle aux bords du monument > ë- 
que, raviffant où fon fils ou fa file, 

: moiffbnné l'espoir de fa: famille > 

d'eft queftion de réduire un Mari 

fer un: Valet dans lz maifon chéri, 

, parce qu'il plaîf, a trop fu lui déplaires 
rompre un:Yoïage utile & nécefläire; ‘" 
ui la priveroit huit jours de fes plaifirs,. | 
Join d'un Galant, objet de fes defirs.. ,:. 

1e pour la punir de cette Comédie. 

voi-je une vraie 8&ctrifte maladie ! 


le nous fichons point. Peut-être ayant. dns 
jours, 


ris Ge Denyau, mander à fon fecoms 
ouvrage de l'Art dont Hippocrate uaite; 


? 


Eu 


» 


REMARQUES. . 


IS 3933 em De ces douces Menades,] Bacchantest 
nt des Femmes qui célèbroient les. Orgies de Bac 
ca consant:comme des Kuries ét des i 
\S 394: : _ Sans mal tohjours sualades; ] L'Aw 
ERCGTC ce casaétère d’après - da :Bélle-Sœur!,. 
m'a paré y Ppaes so. 8 35€. Quand fi fon marine 
lui donner tout ce qu’elle avoit envie d’avak, 
oit lamalade, &c fe mettoir au i&,-jusqu'à- 
: da fataific ft pailée, ou qu'elle eût obtenu ce 
doi rfél{oit.. Mi. Perrault qui & fon:Medecin, la: 
it effeétivement malade: Un jour Mr. Boileau en fe: 
É an autre: C’étoit Mr. Kaiafant ; maic:il gâta teut,. 
ae qu’elle: fi" pour soitre malade, jé” 
L ae püt trouver qu’elle La-für. | 
ag 4t2. Courier € Peyon. ] Deux Médecins de ke 
ré de Fais, : si 


Le Te 





204: S A T 1 R. E. x. 

Lui fauront bien ôter cette fanté d'âthlète: 
415 Pour confumer l'humeur qui fair fom embonpoint; : 

Lui donner fagement le-rual qu'elle n'a point; 

Et fuïant de Fagon les maximes.énormes, . 

Au tombeau merité la mettre dans les formes. 

Dieu veuille avoir fon ame, & nous délivre d'eux. 
420 Pour moi, grand ennemi de leur Art hazardeux, 

Je ne puis cette fois que je ne les excufe. | 

Mais à quels vains discours eff-ce que je m 'aniufe? 

1 faut fur des fujets plus grans, plus curieux , 





At- 
REMARQUES. 
Vers 414. Cette fanté LAtilète. ] Allufion à V'Aphoris- 
me troifième d’Hippocrate. Les Athlètes fe nournifloient 
d’une manière particulière, pour acquerir beauceup de for 
ce & de vigueur, mais cette même nourriture devenoit en- 
fn nuifible à leur fanté. | 
" VERS 417. Er fuïant de Fagon. ] Gur CRESCENT Fa- 
&eon, Premier Médecin du Roi, nommé en 1693. dansie 
tems que notre Poëte compofa cette Satire. | 
VERS 426. Ou’effime Roberval, &r que Sauveur fréquente] 
oberväl: GILLE PERSONNE, Sr DE RoOBSavaL, 
Géomètre &'Profefleur Roïal en Mathématiques. . Il étoit 
de l’Académie des Sciences, & mourut en 1675. Jossrm 
Sauveur : autre Savant Mathématicien , Profefleur au | 
Collège Roïal, & de l’Académie Roïale des 6cignces. 1 
a eu l’honneur d’enfeigner les Mathématiques au Roi d'Es | 
pagne Philippe V. & aux deux Princes fes Freres. [L-mou- 
xut le 9. let 1716. eù fa 64. année. Voïez fon pet 
ge dans l’Hiffoire de lAcademie Royale des Scienses x. 
1716. pag. 97. & fiv. de PEd. d'Amf. ADD. de vu 
VERS 428. Cef que fur ke Caleut, .. rule NW 
Dominique Cassini, Célèbre, Afron - 
démie Roïtke des Sciences. ]l croit né dans ja As 
Gênes; & avant qu'il eût été ap cn France, 
premier Profefleur d'Aftronomie aus l'Univesiré 
{. + { 2: 





S'ATIRE X 20$ 
r de ce pas ton:esprit & tes yeux... , 
s’offrira d'abord? Bon, c'eft:cetto Savante, : 
ne Roberval, & que Sauveur fréquente, 
(ent qu'elle a l'œil trouble, . &.le teint ft terni ? 
ie fur le calcul, dit-on, de‘Cafini, 
rolabe en main, elle a dans fa goutière 
e-Jupiter paflé la “nuit entière. : _ 
s de la troubler. Sa Science, je croi, 
ur s'occuper ce jour plus d'un emploi, 
uveau microscope on doit en fa préfence  : 


REMAR AUE S. 


1 étoit encore Maître des Fortifications du Grand 
Florence; & Arbitre des differens entre les Prin- 
lie, au fujet des limites de leurs Etats. [11 mourut 
septembre 1712; âgé de 87:ans. Voiïez fon éloge 
iffoire de lAcademie 'R. des Sciences de l’Ann, 1712. 
& fuiv. Ed. d’'Amft. App. de PEd. d’'Amf.] . 

, 429. Un Affrolabe en main. ] L’Aftrolabe eft un 
nt de Mathématique en forme de Planisphère, qui 
endre les hauteurs des Aftres, & à faire quelques 
fervations d’Aftronomie. Madame de LA S 4- 
&-avoit, xepris notre: Poëte d’avoir dit dans fon 
e VOIS 28... ne, e 


P Afrolabe sn main us autre aille chercher 
+ Soltil ef fée en tourne fur fon axe: 1. 
asnree À nos yeux pet faire sn parallaxe. 


L 


ime difoit, que l’Aftrolabe n’étoit pas un infiru- 
pre à faire ces fortes d’obfervations; & les Enne- 
otre Auteur firent bien valoir cette critique. C’eft 
vanger qu'il a dépeint ici Madame de La Sabliere 
ide SaLAnEe sidiçule ; & qu'il lui a mis ws A4/ffralabe 
_pour: aller faire.des-obfervations fur la Planète de 
(Voies la Remarque fur le vers cité elEp VI , 


6 : SATIRE ZX 
T'antôt chez Dalencé faire l'expérience; 
435 Puis dune fèmme morte avec fon embryon 
Il faut chez Du Verney voir la difé@iorr. 
Rien n'échape aux regards de notre Curien! 
Mais qui vient fur {es pas ? C'eft une Pn 
Refte de ces Esprits jadis frrenommez, 
440 Que d'un coup de fon Art Moliere a dif 
_De tous leurs fentimens cette noble héritièn 
. Maintient encore ici leur. fe@te façonnière, 
C'eft cher-elle toûjours que les fades Auteu 
S'en vont fe confoler du mépris des Lecter 
445 Elle y reçoit leur plainte ,. & fa do@e dem: 
Aux Perrins, aux-Coras eft ouverte à tout 


REMARQUES. 


Vins 434. Tantôt che Dalenté.] 11 étoit f 
jus habiles Chirurgiens de Paris, qui avei 
as confiderables, mais fon fils s’étoit ruisié 
erpériencs de Phyfique; &t 11 fe retira en Fla 
LRS 436. Il fast cher Dn Verney.] OSEP: 
var, Médecm du Roi, &c favant An 
binet rempli de curiofitez , particulièrement : 
fquelettes d'animaux, dont 1l a fait la diffeé 
de l’Académie Roïale des Sciences, où Pere « 
decin de la petite ville de Fegxs an Forez, qui 
principalement à la connoiffance des. Plantes ; 
VERS 440. Que d'un coup de fon Art Motiere 
Voïez la Comédie des Précienfes ridicales, 
VERS 450 Plant Predon eppriné des 
FrADON mauvais Auteur de Tragédies. : 
VERS 452. Dans la balance met Arifiete € 
Dans ce vers & ïes hnit fuivans, il ne hs 
‘dame D.'L’Auteur défigne PERRAULT 
des Anciens Ÿ" des Modernes, Tom. IL Où il fa 


Les mûmes jugemens que Fo loi fét’hése-ini, 


ÆATIRE X. 207 
Li du faux-bel esprit fé tiennent les bureaux: 
Làtous les Vets font bons, -pourvû quil foïent nous - 
veaux... 
Au mauvais goût poblic la Belle y fait la. guerre : 3. 
Plaint Pradon.opprimé des fiflets du Parterre: . 
Rit des vains amateurs du Grec & du Latin;. 
Dans la-balance met Ariftote & Cotin;. 
Puis d'une main encor pkis fine & plus habile. 
Pèfe fans pafion Chapelain & Virgile; 
Remarque en Ͼ dernier beaucoup de pauvretez:. 
Mais pourtant confeflant qu'il à quelques beautez, . 
Ne trouve en Chapelain, quoi qu'ait dit la Satire,,. 
Autre défaut, finon, qu'on ne le fauroit lire ;. 
. _ Et 
REMAR AUE S. 
dx me vel Fe a paies < on Chapelain ë Pirgile] Ju. 
_Lasds Virgiliun a pritura ignofcit Elife, 
Committit Vates,. 4 comparat inde Marenem ; 
| Aique alia-parts à in trutine Suspendis Hemerwm,. 
VERS 45%. fete dant, fine, qu'en ne , de fauroët lire] 7 
Dans la première édition, après ce vers, il y avoit les qua- 
terse fuivans ge PAuou, . pesant, is Dialogues, a la. 
fer de Ghapelain, Tom. II. pag. 255. # 
_Et-<roit qu Yon powrrs rhènse enfin de lire. 10 Jour: 
. Rsand la Lémgue-vévillie Aans changé de teurs 
: Es ne fentire plus la barbare firutfure 


L Des pri mis à etre, un ne 
S'en — 





208 SA TIRE X. 
Et pour faire goûter fon Livre à l'Univers, 

460 Croit qu'il faudroit en profe y mettre tous les Vers, 

A quoi bon m'étaler cette bizarre Ecole, 

Du mauvais fens, dis-tu, prêché par une Folle ? 
De Livres & d’Ecrits bourgeois Admirateur 
Vai-je époufer ici quelque aprentive Auteur ? 

465 Savez-vous que l'Epoufe avec qui je me lie 
Compte entre fes parens des Princes d'Italie ? 
Sort d'Aïeux dont les noms... Je tentens, & je voi 
D'où vient que tu t'ès fait Secretaire du Roi, 


REMARQUES 


S’étonne cependant d’où vient que chez, Coignard, 

Le Saint Paulin Ÿ écrit avec sn fi grand art, 

Et d'une plume donce, aifée & naturelle, 

Pourrit, vingt-fois encor moins lu que La Pucelle. 

Elle en accufe alors notre fiècle infetté 

Du pédantesque got qu'ont pour P Amiquité 
Magiffrats, Princes, Ducs, & même Fils de Francet, 
Qui lifent fans r mzir © Virgile & Terence; 

Et toujeswrs pour Ferranlt pleins d’un dégokt malin, 
To Ne favent pas s’il eff am mende nn Saint Paulin. 


:Mr. Perrauk doit la fuppreffion de ces vers à fa séconcilis 
tion avec Mr. Despréaux. Au lieu de ces quatorze vess il 
a mis ces deux-ci : se Ve oi . 
Er pour faÿre goüter fon Livre, &e. . 

. | Chance, 

# Poëme dé Perrault imprimé chez Coignard. ‘ 

f Monfeïgneur le Duc de Chartres, enfuite Duc d’Or. 
Jéans, neveu de Louïs XIV. & Regent du Roïaume depuis 
la mort de cRoi : | ou ee à 


“+ 


a 


L 


S ATIRE %x,. 109 
t de ce titre appuïer ta naiffance. 
lant , t'avoûrai-je ici mon infolence ? 
que objet -pareïl chez moi, deçà lés Monts, 
l'époufer entroit avec tous ces grans noms, 
rcil rehauflé d'orgueilleufes chimeres,. 
irois bien-tôt : Je connois tous vos Peres: 
u'ils ont:brillé dans ce fameux combat 
IS l’un des Valois Enguien fauva l'Etat. 


er.n'en convient pas: mais, quoi qu'il en 
uifle être, | | 
Je 


REMARQUES. 


NG. Vers 464. memes Onelque “Aprentive _Au- 
Dans toutes les éditions qui ont précedé celle de 
ÿ avoit LA4prenrie, au lieu d’_A4prentive. 

5.468; D'où vient que tu 1e: fait Secretaire du Ror.] 
D. s’étant enrichi dans la Recepte Générale des 
€: Paris, époufa une Demwifelle de condition; 8e 
anoblir il acheta ue Charge de Secretaire du Roi, 
t qu’il eft dans les Caraëtères de la Bruyère, fous 
de Sylvain, Chap. "des biens de fertume. * °°: 
Vers 473. Le fourcil rehanffé d’orgucillenfes chimé- 
rénal, Satire VL 167, & fuiv. 


Lo Venafarkt, guèsm 14. Cros, Maftr 
ieçhorams + cuns mAgnis virtmtibns adfers . 
wrde faperciliums , &r vwmeras is dote trinimphos,. 

le tauns, precor; Hannibalem, &c. | 


5 475. Fe fes qu’ils ont lrillé dans ce fomeux combat. ] 
1bat de Gerizoles gagné par le Duc d’Enguien, en 
le x4. d'Avril, 1544 fous le règne de François I. 

à 477. D’Hozier n’en convient pas. ] De cette Généa- 
? Auteur avoit mis dans les deux éditions de 1694. 
n’en dit rien; Mais cela faifoit une équivoque, cat 
loit que Mt. Desprédux eût voulu taxer V aa! Le 


J'admire, pourfuistu, votre noble courroux 
435 Souvenez-vous pourtant que ma: famille illof 
7 De l'afiftance au Sceau ne tire point fon Wfu 
Et que né dans Paris de Magiftrats connus, 
Je ne füuis point ici de ces nouveaux venus, 
De ces Nobles fans nom, que par plus d’une 
490 La Province fouvent en guêtres nous envoie 
Mais cuffai-je comme eux des Meûniers pou 
Mon Epoufe vint-elle encor d’Aïeux plus ga 
On ne la verroit point, vantant fon origine, 
A. fon trifte Mari reprocher Ja farine. 
495 Son cœur todjours aourti dans la dévotion, 


REMARQUES. 


&as de n'avoir rien dit de cette Bataille de 
quoi qu’il en ait parlé fort au long dans fon . 
François I. Varillas Mi-même y fut trompe, & 
gait ; ; mais notre Auteur pour lever toute juivog 
ee es Pare QE cntlogie, à 
fout ie mon UXx un 

mais écrit d'hifair .  . 4 





$ A TIRE KX. £lt 

> bonne heure apprit l’humiliatiôn : 
r vous détromper de là penfée étrange, 
yen atjourd'hui la corromgpe &c là change,. 
qu'én notre accord elle 2, pour prembier point, 

qu'un Epoux ne la contraindroit point 
Ler après elle un pampeux équipage, 
tout de foufirir, par un profane ufage, 
Eglifcjamais devant le Dieu jaloux, 
tmetux Carreau foit vû fous fes genoux. 
ft l'humble vertu qui dans fon ame emprainte.…. 
oi bien ,. tu vas époufèr une Sainte : 
S tout ce grand rèle il n’eft rien d'affedté.. 
Ken:cependant fous cette humilité, 
eil que quéiquefuis nous cache une Bigote;. 
e,-& comiois-ti la nation devote? | 
ut de ce pas en tracer quelques traits, 
aris,. à la Cour on trouve, je l'arouë, 


REMARQUES 

Quarts ? Uxori nubrre note mea. 

ir a eu deffein de rendre-ici la même beauté de Laï- 
\traduifant par ces mots: Epowfer mon maitre, CEUX- 
artial: Uxors nwbers nole mes. Car la phrafe Latine 
re marito, pOur les femmes; 8 Ducere nxorem, pour 
ames : &c c’eft en quoi confifte route la finefle du 
t de Martial. ; 
s 486. De PAfffance an Sroun Bec.] Une des prince 
mnétions des Sécretaires. du Roi, eft d’affifter an 
dans les Chancéleries.. Ædis dé Leurs XI. Novemb. . 


V£LnSs: 


22%  SATIRE X. 

Des Femmes dont le zèle eft digne qu'on le loué, 
s15 Qui s'occupent du bien en tout tems, en tout lieu, 

J'en fais Une, cherie & du Monde &c de Dieu, 

Humble dans les grandeurs, fage dans la fortune; 


} 
4 


Qui gémit, comme Efther, de fa gloire importune: 


Que le Vice lui-même eft contraint d'eftimer, 

520 Et que fur ce tableau d’abord tu vas nommer. 
Mais pour quelques vertus fi pures, fi fincères, 
Combien y trouve-t-on d'impudentes Fauffaires, 
Qui fous un vain dehors d'auftère pieté, 

De leurs crimes fecrets cherchent l'impumté, 

__$25 Et couvrent de Dieu même empraint fur leur vifige 
De leurs honteux plaifirs l’affreux libertinage ? 
N'atten pas qu'à tes. yeux j'aille ici l'étaler. 

Il vaut mieux le fouffrir que de le dévoiler. , 
De leurs galans exploits les Buflis, les Branitômes 

530 Pourroïent avec plaifir te compiler des T'ômes : 
Mais pour moi dont le front trop aïfément rougit, 
Ma bouche à déja peur de tea avoir trop dit. 
Rien n'égale en fureur, en monftrueux caprices, 

© Une fauffe Vertu qui s’abandonne aux vices. De 

REMARQUE S.. 


. VERS. $20. Es que fur ce tableau. d’abord tn vas nemter. ] 
Madame de MAINTENON, FRANÇOISE D’Ausiens, 
VERS 529. …— Les Buflis, les Brantèmes, ], Le. Gomit 
de Bussi RABuTIN, Auteur de l’Hiffoire ansenresfs de 
Gaules. BRANTâ Me a fait les Vies des Dames Gslasts 
de fon tems. Afémeires de Brantome; &c. ÿ ni 
Là | ER 





SATIRE x. 213 
es Femmes pourtant l'hypocrite noirceur 
ns pour un Mari garde quelque douceur. 
time encor mieux qu’une Bigotte altière, : 
ins fon fol orgueil, aveugle, & fans. lumière, , 
1e fur le feuil de la devotion, 
itteindre au fommet de la perfedion: 
1 foin qu'elle prend de me gêner fans cefle, 
atre fois par mois fe vanter à confefle; 
yeux vers le Ciel pour fe le faire ouvrir, 
à Dieu les tourmens qu'elle me fait fouffrir. 
cent pieux devoirs aux Saints elle eft égale. 
: Rodriguez, fait l'oraifon mentale, 
ur les malheureux quêter dans les maifons, 
: les hôpitaux , vifite les prifons, 
les jours à l'Eglife entend jusqu'à fix Mefes. 
le combattre en elle, & dompter fes foibleffes, 
fard, fur le jeu vaincre fa pañion, 
e un frein à fon luxe, à fon ambition, 
imettre l’orgueil de fon esprit rebelle : 
ce qu'en vain le Ciel voudroit éxiger d'elle. 
ut-il, dira-t-elle, en effet l'exiger? 

|. |  . Elle 

. REMARQUES. 


8 83T7.. Mais pour moi, dont le front trop aifément r rou= 
a le furnommoit, Le chaffe Despréaux : La pureté de 
turs:8c de’fes écrits, lai a valu éet éloge. 

8 546, Elle tit Sfeur es LeP.-ALPHONSE R o- 
127; Jéfuite, a fait un excelient Traité de la Perfec- 
étienne. ; 

VERS 


214 .. S ATIRE X. 

Elle à fon Direéteur, c'eft à lui d'en juger. 

Il faut, fans differer, favoir ce qu'il en penfe. 

Bon ! vers nous à propos je le voi qui s'avance. 
Qu'il paroit bien nowri! Quet verillon, quel teint! 

560 Le Printems dans fa fleur fur fon vifage eft peint. 

Cependant, à l'entendre, il fe foûtient à peine. 

Il ent encore hier Ja fève & la migraine : 

Et fans les promats facous qu'on prit foin d'apporter, 
I feroit fur.fon lit peut-être à tremblotier. 

565 Mais de tous les Montcls, grace aux derotes Ares, 
Nul n'eft fi bien foigné qu'un Diredijeur de Femme. î 
Quelque léger dégoût vieut-il le wavailler? | 
Une froide vapeur le fait-elle bâjer ? 

Un Escadron coëfé d'ahond court à fon aide . 

570 L'une dhaufie un bouillon, Fautre appiète ubnérmèdé. 
Chez lui fyrops exquis, ratafias vantez,  *. : "1 
Confitures fur tout volent de tous côtes: 

Car de tous mets fucrez, fecs,. en pâte, ou liquides, 
Les eftomachs dévots toujours furent avides: LL 





REMARQUES. 


VERS SS8. mm Ÿe le voi qui s’avance. ] De tous les 
caraétères qui font dans cette Satire, Ceft à celui du Di 
reéteur que notre Roëte donnait La préference. Quoi & 
ce portrait foit aflez général, lAuteur n’a pas laiffé 
+oir un objet particulier. C’étoit M. H. ... : | 
sefeur ur de femmes. de Re et à repr ns 1 | 

ais, vermeil, plein an signa 
tobjours de de quelque  GPospoRton. ul Pots sn ss 

adame B. . nitgnfe, qu s 
lais dans le voifinage de notre Poëtc, Cette Dame ant « 


S ATIR E x. 21ç 
Le premier mafle-pain pour eux, je croi, fe fit, 
Et le premier citron à Rouen fat confit. | » 
Notre Docteur bien-tôt va lever tous fes doutes, 
Du Paradis poureile il apphanit les routes; 
Et loin fur:fes défants.de la mortifier, 
Lui-même prend le foin de la juftifier. 
Pourquoi vous alarmer d'une vaine cenfare ? 
Du reuge:qu'on vous voit on s'étonne on murmure. 
Mais a-t-on, dia-t-il, fujet de s'étonner ? 
Eft-ce qu'à faire peur on veut vous condamner ? 
" Aux ufages reçus il faut qu'on s'accommode. 
Une femme fur tout doit tribut à ls Mode. 
L'orgueil brilé, dit-on, fur vos pornpeux habits, 
L'œil à peine foutient l'éclat de vos rnbis 
Dice veut-il qu'oacétele un luse fi prafine ? 
» Oui, lorequ'à l'étaler notre rang nous candâne. 
Mais ce grand jeu chez vous comment l'autorifet ? 
Le jeu fut de tout tams permis poux s'amuler, 
On ne peut pas teûjoiws travaïller, prier, lire: 
Il vaut mieux s'occuper à jouer qu'à médire. 


- REMARQUES. 


& fa fille, recevoient leur cher Diretteur avec un respe& 
infini, & lui rendoient les foins les plus empreffez. 
"Mans 576 Er le premier citron &c.] Les plus exquis ci- 
tsoûs confits , fe font à Rouen. 
-YuRs 594. I vaur mieux s'occuper à jouer 4x à médiré, 
Les deux Dévotes dont on vient de par, aimoient Peau, 
comp le jeu. Notre Poëte y trouvoit à redire; & Mademoi- 
fie:B. . . . lui difoit, pour fe vanger de fes railleries, 
Ql'Aoulois mieux jener que médire, v 
É ERS 





216  SATIRE.X 
595 Le plus grand jeu joué dans cette intention, 
Peut même devenir une bonne action. 
Tout eft fanétifié par une ame pienfe. 
Vous êtes, pourfuit-on , avide, ambitieufe, 
Sans ceffe vous brûlez de voir tous vos parens 
600 Engloutir à la Cour Charges, Dignités, Rangs. . 
Votre bon naturel en cela pour eux brille. 
Dieu ne nous défend point d'aimer notre famille. 
D'ailleurs tous vos parens {ont fages, vertueux. 
Il eft bon d'empêcher ces Emplois faftueux . 
” 605 D'être donnez peut-être à des Ames mondäines, 
Epritès du néant des vanitez humaines. 
Laiflez-là, croïez-moi, gronder les Indévots,, 
_Et fur votre fat demeurez en repos. 
Sur tous ces points douteux c’eftainf qu'il prono? 
610 Alors croyant d'un Ange entendre la réponfe, 
. Sa Dévotes'incline, & calmaht fon esprit, 
A cet ordre d'enhaut fans replique fouscrit. 
Ainfi pleine d'erreurs; qu'elle croit légitimes, Le 
Sa tranquille vertu conferve tous fes crimes: 
615 Dans un cœur tous les jours nourri du Sacrement 


REMARQUES. 


VERS 622. rs An vrai Molinozisme.] Le Qui 
me fut introduit à Rome, par Mrcnez MoLiINos, 
tre Espagnol, & célèbre Direfteur qui avoit aquis 1: 
putation d’un homme dévot. Il enfeignoit une méti 
pour élever l’ame à la contemplation parl’oraifon deC 
tude, & cette Oraifon confiftoit felon Jui à fe mettre 
Préfence de Dieu par un aéte de foi, qui nous fafle ce 





À 


S ATIRE X. 217: 

nt vanité, l'orgneil, l'entêtement ; - 
: que derant Dieu fes fréquens facrilèges 
ur entrer au Ciel d'affurez privilèges, - 
digne fruit des foins de fon Doëteur. 
æft-ce beaucoup, fi ce Guide impofteur, 
chemins fleuris d’un charmant Quiétisme 

coup l'amenant au-vrai Molinozisme, 
â fait bien-tôt, aidé de Lucifer, -  -: 
en Paradis les plaifirs de l'Enfer. 
ÿ dans ce doux état molle, délicieufe, 
s-tu plus, di-moi, que cette Bilieufe, 
Ilement outrée en fa févérité, 
it fon chagrin du nom de piété, 
a Charité fauffe; où l'amout propre abonde, 
jue c'eft aimer Dieu que haïr tout le monde? 
rien où d'abord fon foupçon attaché 
fume du crime , 8&e ne trouve un péché, 
ne Fille hônnête & pleine d'innocence, ‘ 
cle en fes valets voir quelque complaifance ? 
és criminels les voilà tous chañlez, 
2 elle à Finfiant par d’autres remplacez. - 

REMARQUES. 

ieu préfent en nous-mêmes ; après quoi il difoit 
sut bannir toutes fortes de penfées, d’affe&ions, & 
re le refte de Dieu. Ce faux Direéteur âgé de 60. 
: déferé. à FInquifition, & fit abjuration de fà doc- 
| Rome, en 1687. & l’Inquifition le condamna à 
ifon perpétuelle, dans laquelle il mourut quelques 


ds: © 
ra | ° & Vzxus 


a18. S'A:T IR E K. 

Son Mari, qu'une affairç'appelle dabs la Ville, 

Et qui chez lui, fortant,; a tout Wiffé tranquille, : 

Setrouve allez fyrpriss tataut dns le maifon, . 
4649 De voir que le Portier:lui deipaede fontmom : 

Et que parmi fes: Gens changez cn fon abfenée, 

A cherche vainement.quelqu'ut de connoifante, 

Fort bien : Le trait pft han. Danses Ecinmes, dis: 

Enfin vous n'appronvez of vite, ni Fete ©": 
445 Voilà le Sexe peint d'uns-moble ménibse! -- . 

Et Théophrañie même, aidé -de h'@ruyere, 

‘Ne m'en pourtoit pas faire: un plus tiche tableau. 

«C'eft aflez: Il cf temos er pcs L 
. KG 

RE M: 2 ve ii 

er TT à _. g 


vent de Domeftiques. Un jour fon mari fut fort furpris 
we tentrant :Chez ui:;des gôns qui. me le Couneuté 


En  * gi lui demandoisat fon nom. Régnier, Sÿ 
la 


ÿe cours à men Logis » je beïrté > je sépefles | 

Et croyez, à frapper que je bois’ pertes 

On m'ssvte ; "ms vilerheiinf técéisése plus © |. 
+ Monfieur n'eff pas ici: que Diable! 4 fi bonne heure! 
Vous frapez. come yn fond. Quelquotems je demeure, 


"DRANe Vers (GT. Et que porrei fes Gens”chungez. a 
(péfènce.] Dans Les deux premières éditions il J'avais 


 Æt que dans fon:logis fais neuf en fan abfons 


Mais on lui, $s ae) 25QUEL ». ques que Pen dites 1 
. palin MENU OÙ ménage ROM VEAH ) pour fignifieg,, cor 


zi 


S ATIRE x. 209: 
Vous avez déformais épuifé la Satire. 
Epuifé, cher Aldppe! Ab! tu me ferais rirei . 
Sur ce vafte fujet fi j'allois tout tracer, 
Tu verrois fous mamain des Tomes s'amañer, 
Dans le Sexe j'ai peint la pieté cauftique. - 
Et que feroit-ce donc, fi Cenfeur plus tragique, 
allois t'y faire voir l'Athéisme établi, : 
Etnon moins que l'Honneur, le Ciel mis en oubli£ : 
ji j'allois t'y monter plus d'une Capanée 
?our fouveraine Loi mettant la Deftinée, 
Du tonnerre dans l'air bravant les vains carreaux 
Et nous parlant de Dieu du tan de Des-Basreanxe " 


REMARQUES. 


es Demeffiques; on ne difoit pas , Faire un logis neuf, 2 
me fens. :- - . | 

VERS 646. Et Théophrafle même, aidé de la Bruyere.] LA 
Bayvanxza tiaduit du Grec les Canséferes de Théophraffe 
a donné dans.le mème volume, les Ceraffères, on les mœurs 
de ce Siede. JEAx DELA BRuvEREe, Gentiihommie de 
Mr. le Priose, étoit de l’Academie Françoife, & mourut 
le 20. de Mai,: 1696. âgé de 57. ans. | 

VERS #57. Si j'allois y mouteer plus d'une Capanée.] C’éfte 
à-dire, une .Ath£c: car Cupanée étoit un Capitaine Grec, 
Eumeux par fes. Impietez, qui. étant allé au fiége de The- 
bes. avec Palinice , fut: ié par Jupiter, parce qu'il 
méprifoit les Dieux. 
. Mxxs 660.. vx Ds ton de Des-Barreaux. ] TJ AQUES 
DE VALL='E, Seigneur Es BARREAUX,-nâquit à Pæ 
ris en 1602. & fut reçu Confeiller au .Parlement.en 1628 
mais il fe défi bien-s6t de fa Charge, parce que fon pen- 
chant. invincible pour les plaifirs le resdoir incapable de 
Devoirs de la Magifirature. 11 a fait de fon jolies Chan- 
fons, & quantité de vers François & Latins-qui n’ont pas 
étéimptimnez. Le faméèux Sonnet de pieté qui commence 
ps. ce vers: Grand Dieu, .tes Jrgermens fans remplis g'éguités 

: 2 





240 S À T 1 R E x. l 
Mais fans aller chercher cette Femmeinfernde,  ! 
T'ai-je encor peint, di-moi, la Fantasque inégale, | 
Qui m'aimant le matin, fouvent me-hait le foir? 
T'ai-je peint la Maligne aux yeux faux, au cœur noir? 
665 T'ai-je encore exprimé la Brusque impertinente? 
T'ai-je tracé la Vieille à morgue dominante, 
Qui veut vingt ans encore après le Sacrement, , 
ÆExiger d'un Mari les respeds d'un Amant? , ( 
T'ai-je fait voir de joie une Belle animée, 
#70 Qui fouvent d’un repas fortant toute enfumée, 
Fait même à fes Amans trop foibles d'eftomae, 


Redouter fes baifers pleins d'ail & de tabac ? | r 
T'ai:je encore décrit la Dame Brelandière, L 
| | | | d 


REMARQUES. 


4 tobjours paflé pour être l’ouvrage de Des-Barreaux. Ce 
pendant il fe fâchoit tout de bon quand on lui eà parlot: 

11 fit même d’aflez mauvais vers François pour le defs- 
voüer, quoi que d’ailleurs ce Sonnet foit fort bean. 
ques années avant fa mort qui arriva en 1674. il s”étot 
retiré à Châlons fur Saône, où il mourut d’une manière 
plus édifiante qu’il n’avoit vécu. C’eft à Mr. de Mau 
PEOU, Evèque de Châlons, qu’il fut redevable de fa con 
xerfion; & il difoit ordinairement que ce Prélat l’auest au. 
péché d’être vacillant. 


Vans 668. Exiger d'un Mari les respelts d'un Amen. le 
dame de T. .... Madame De la F. . . . . Madame à 
Freg. . ... & tant.d’autres. Ù 


" 


VERS 672. Redeuter fes baifers pleins d'ail, & de tabar, 
Quelques femmes de la Cour, dans ces derniers.tems, est 
porté les excès de la table aufli loin que. les Hommes les 
plus débauchez auroient pu faire. 

VERS 673. =» L4 Dames Brelandière.] C'eft encore 
Mad . .... Après avoir fait de fa Mail a une Acsdé 
ON mu 


S ATIRE x. 223 
des Joüeurs chez foi fe fait Cabaretière, 

uffre des affronts que ne fouffriroit pas 

tefle d'une Auberge à dix fous par repas? 

* offert à tes yeux ces triftes Tifiphones, 
monftres pleins d'un fiel , que n'ont point les 
Lignes, . | 
prenant en dégoût les fruits nez de leur flanc, 

tent fans raifon contre leur propre fang : 

jours en des fureurs que les plaintes aigriffent, 

ent dans leurs enfans l'Epoux qu'elles haïffent » 

ont de leur maïfon digne de Phalaris, 

féjour de douleurs, de larmes & de cris? 

n t'ai-je dépeint la Superfitieufe, 

Pédante au ton fier, la Bourgeoife ennuïeufe ; 


REMAÆRQUES, 

dé jen, elle en faifoit encore un Cabdret pout 1eÿ 
1rs qui païoient leur écot en entrant, & qui après ce- 
_faifoient fervir avec la même liberté, & les mêmes 
surs que l’on prend dans les moindres Cabarets. 11 y 
s femmes qui donnent à fouper aux Joüeurs, de peus 
e les plus revoir, s'ils fortoient de leur maifon. 

CAS 677. Ces trifles Tifiphones &c.] La prenrièe 
mme de Mr. BoiLzkau, Pere de notre Poëte, avois 
en averfion une de fes Filles, & ne cefloit point de la 
saiter. Elle ne voulut jamais permettre qu’on la miît 
enfion dans un Couvent, pour avoir le plaifir dela 
e. Elle s’en aquifta fi bien, qu’a la fin cette jeune 
en mourut, & la mere elle-même mourut de regret. 
ERS 682. Baitent dans leurs Enfans l'Epoux qu’elles haïf> 
} U faut remarquer la nobleffe avec laquelle le châti- 
: le plus ordinaire des Enfans, eft exprimé dans ce 


ERS 683. mm Digue de Phalaris.] Tyran de Sicile, 
czucl 
K3 Vas 





212 S A TIRE X. 
€clle qui de fon chat fait fon feul entretien. 
Celle qui toûjours parle, & ne dit jamais rien > 
Il en eft des milliers: mais nta bouche enfin lafle, 

690 Des trois-quarts, pour le moins, veut bien te faire grace. 
” J'entens. C'eft poufler loin 4 moderation.. 
Ah! finiflez, dis-tu, la-déclamation. 
Penfez-vous qu'éblouï.de vos vaines paroles. 
F'ignore qu’en effet tous ces discours frivoles 

695 Ne Tont qu'un badinage ,. un fimple jeu d'esprit 
D'ün Cenfeur, dans le fond, qui folâtre & qui rit... 
Plein du même projet qui vous vint dans la tête, | 
Quand vous plaçates l'Hommé au deffous de la Bête: 
Mais enfin vous & moi c'eft affez badiner. 

700 Il eft tems de conclurre;. & pour tout terminer, 

Je ne dirai qu'un mot. La Fille qui m'enchante, 

Noble, fage, modefte, humble “honnéte, touchante,. 
N'a pas un des défauts que vous m'ævei fait voir, | 





D REMARQUES. 


- Vans 627, Celle qui de fon chat far fon fout oraien.} 
G'eft une fœur de l’Auteur, laquelle fe recoûnut d’aborc 
dans cette peinture, & s’en fch4 bien férienférhent. 
V&RsS 695. Ne font qu'im badinage, nh fimple jen despri: 
&c.] L’Auteur à mis eeci pour faire comprendre quil ne 
faut pas expliquer à la rigueur tout ce qu’il a dit contre fes 
Femmes dans cette Satire, ni ce qu'il 4 dit-conitre les Mont 
mes dans la Satire huitième, Il m’écrivit ainfi dans tne 
Lettre du 5. Juillet 1706: ,, Quoi que j’äie-compofé enimi 
# gratiä ane Satire contre les méchantes Femmes, je fais. 
s> pourtant du fentiment d’Alcippe, & je tiens comme hi, 
95 Que ponrêtre. heureux fows ce jo hularaire, Tont dépend, en 
2-05 mot >-dn bon choix qu’in Tir faire 11 ne faut pbint prent 
#7 ("° 


>à : 


S.A.T IK_E- X trÿ 
ir ju fort.pourtant qu'on ne.pent CONGO QI  — 
elle tout à coup renduéinfociable, : 
nge; de: font vos mots, ose en Dia 
£ me veriez bien-tôt. fans mie défespérer 
dire:.Hé bien, Mad#mo, il faut nous Rare 
s ne-fommes pas faits, je le voi, l'un pour l’autre 
bien fe monte, à tant: Tenez, voilà le vôtre | 


2 se 


pp ÿtù crois dôhé qu'éi fe fépare inf? 

: tir de chez toi, ; fut cetté offre offenfantes 

u dode”oublié qu'il faut qu ‘elle y confentez 

rois-tu -qu'aifément elle puiffe quitter . 

avoureux blaifir de t'y perfécuter ? 

-tôt fon Procureur, pour elle ufant fa plume 

es prétentions:và t'offfir im ‘volume. 

, grace au Dtoit:reçu chez les Parifiens, 

s de douce nature: 86 Maris-bons Chrétiens ;- 
oct | Dans 


REMARQUES 


ces Poëtes à la lettre: Aujourd'hai c’eft chez etix 12 

Wu Célibat; Déraain c'eft la fête du Mariage: Aus 

i l’Homme-efà le plus for de tous les Antirhaux 3; 

eraix ‘c'eft le feul Animæk capable” de juftice, & ea 
la feniblable à Dieu, 

TERS 908. mp 1] faut nous [éperer Bcc.] Ce vers 8c- 
aivans contiennent la formule du Libélle de Divorce ,: 
toit en ufàge anciennement. ‘Res fwas ribi habeto: Tuas” 
bi agite. &x. Loi 2 ft. au Digefle de divortiis @" re- 
Se ‘ 

ÉRS VÂ9: “mms “Chei, les Parifiens, &t: ; Ce r’eft pas” 

emiere fois queeg reproche leur a été fair: C0 RNEIL? 

dans-la fuite du Mentenr ; Ac Sc 1, 1 
# 


224 $SATIRE x 
Dans fes prétenfions une Femme eft fans borne: 
Alcippe, à ce discours je te trouve un peu morne, 
Des Arbitres, dis-tu, pourront nous accorder. 
Des Axbitres.… Tu crois l'empêcher de plaider ? 
725 Sur ton chagrin déja contente d'elle-même, 
| Ce n'eft point tous fes droits, c'eft le procès qu'ele 
aime, 
Pour elle un bout d'arpent, qu'il faudra disputer, 
Vaut mieux qu'un Fief entier acquis fans contefier. 
Avec elle il n'eft point de droit qui s’éclaircifle, 
30 Point de procès fi vieux qui ne fe rajeunifle: 
Et fur l’art de former un nouvel embarras, 
Devant elle Rolet mettroit pavillon bas. 





| | Coi- 
[REMARQUES 
11 ef viche, 6 de plus il demeure à Parts 
Où des Damss, dit-on, eff le vrai Paradis: 


Et ce qui vant bien mieux que toutes ces richel[es» 
Les Maris y font bons, © les Femmes maitreffes. 


VERS 921. Dans fes prétenfions une femme Ke Jans bye. ] 
La Coûtume de Paris eft extrèmement favorable aux Fem- 
mes. , Parmi nous, dit PaArRU, Plaid, 9. les Femmes ont 
» des Douaires & des préciputs; elles partagent la com- 
» munauté, où pourtant elles n'aportent presque rien que 
» le bonheur de leur fexe, & la faveur de nos Coûtumes. 
n Enfin à bien parler, elles font les principales héritières 

» de leurs Maris. | 
VERS 726. —"«+ (ef le Procès qu'elle aime, ] Ce por- 
trait de la Femme plaideuie, a été formé fur Ia Comtefie 
de Crisse’, dont on a parlé ci-devant fur le vers 104. 
de la Satire troifième. L’Antiquité a _auffi. produit des 
Monftres de cette espèce-là: témoin la fimeute Afranis: 
Femme d’un Sénateur Romain. Elle fut la plus grande 
: . Chi 


t 


SATIRE X 
noi, pour la fléchir trouve enfin quelque voie: 
fe répons pas dans peu qu'on ne te voie 
: faix des procès abbatu, confterné, 
, à pié, fans Laquais, maigre, fec; ruiné, 
fois dans ton malheur réfolu dete pendre, 
ur comble de maux, réduit à la reprendre. 


REMARQUES 


fe que l’on vit jamais: on n’entendoit qu’elle 
us les Tribunaux, &-par fon impudence elle merita 
res les Femmes plaideufes fuffent appellées de fon 
‘aler. Max. |. 9. c. 3,9. 2. 

s dernier. Et pour comble de maux, réduit à la repren= 
Auteur s’applaudifloit beaucoup d’avoir f finir par 
de plaifgterie, comme il avoit commencé. 

a une remarque importante à faire fur le total de 
ge: C’eft la varieré & la finefle des tranftions, 
 mènagées avec beaucoup d'art. C’eft ce que l’Au- 
rardoït comme le Chef-d’œuvre de l’Art d’écrire, 
ui 4 fait dire au fujet des Ceraferes de LA BRUYERK, 
e qu’il eftimoit d’ailleurs infiniment ; que cet Ecri- 
‘oit liberé des tranfitions, qui étoient ce qu'il y avoit de 
pile dans les Ouvrages d'esprit. Au refie, on trouvera. 
gie de cette Satire, & de fon Auteur, dans une 
scrite par Mr. ARNAUD, Doéteur de Sorbonne, 
fe dans le 1V, Volume de qette Edition des Ouvraæ 
otre Poëte. 


SATIRE XI 
A M. DE VALINCOUR,. 


GONSEILLER DU’ ROI EN-SES: CONSEILS, 


Secretaire Général de la Marine, © des Commandemes: | 
de Monfrigneur le Comte de Toulouse. . 


FUI; l'Honneur, Varincouk, et Chéri dans 


Je Monde: 
Ghacun pour l'éxalter en paroles #bonde; - 

À sen voirrevétu chacun met fon bonheur; . 

| RE Mf.4 RQU E S: 


E fujet- de cette Satire eft le vrai &c le faux Honnest. 

+ Elle fut co à l’occafion d’ün Procès que le Com 
inis à la recherche des Ufurpateuts du titre de Nobleñe, 
avoit intenté. à Mt. Giires BeiILkAU, Paicur des ren 
tes de l'Hôtel de Ville de Païis; en éxécution de la Décli-- 
xation du Roi du 4. de Seprembré 1696. Mr. l’Abbé Bel- 
zrxau Doë&teur de Sorbone; Chanoine de la Sainte Chi- 
pelle, & Mr. Boileau Despréaux fon Frere ,. intervinrent 
ans ce Procès, auquel ils avoient le même interêt que: 
Mr. Gilles Boileau leur Coufin. Ils produifirent des titres: 
inconteftables , par lesquels ils prouvèrent leur Nobleffé 
depuis J5Ax BorzeaAU Secretaire du Roi, anobli avec: 
Jrax fon fils; en l’ännée 1371. & ils furent maintenus 
ea la qualité de Nobles & d’Ecuiers par Arrêt du 10. d’A- 

vril 1699. | 

Ce Procès excita la mauvaife humeur de Mr. Despréaus, 
qui ne pouvoit fouffrir l’injuftice ni les vexations des Par 
tifans, Il en vouloit fur-tout à B. . .. fameux Traitant, 
a étoit un des principaux:Intereflez à la recherche des: 
x-Nobles: & ce fut presque uniquement pour fe vanget 
‘me lui que Mr. Despréaux entreprit cette Satire, . Il com- 
Han" 





SA TAIRE É ÿ 
it crie ici bas, “YHommeut! vive L'Honneurt. 
dons-disconrir fur tes barics-dés Gaères,… , 
nçat abhorré"miême de fes Confrères; 
nt, par un Atrétinjnftenrènt dénné, 
nneur en fa perfonne À ramer condrmné” 

1 mot, parcourons & la Met êt la Terre: 
ogeons Marchands; Financiers, Gens de guerré 
fans , Magifrats; chez Eux, f je-les croi, 

:rêt ne peut rieh, l'Hônneur fol fait la loi. | 
pendant, lors qu'aux yeux leur portantialanteme,. ° 
nine au grand jour l'esprit-qui les gouverne, 
ipperçoi par tout que folle Ambition, - 


CA 


| 1: For 
REMARQUES : + 


sin sompofer au mois de Novembre 1698. ‘ dans 1g- 
ur des pourfuités de ce Procès: :&äl avoit deflein de’ 
re l’Auteur de cette injufte recherche ayec-de terribles” 
urs Maïs quand il eut ‘obtenu un Arrêt favorable, - 

ne de fe vidoire, jl: oblig {à yesgesnces. cts nid 

e deveit pas relever {a nobleffe de fon Ori ine, après” 
roir paré fi modéfioment ca d'autre oits dcifes” 


es. 

ee $* Entendon: discourir r. les bancs des Gars Sc. 1: 

io à une a@ion mémorà Ted fac v'Dsesowr, Vi-: 

de Sicile & de Naples. Ce Seigneur étant un jour à* 

es,-& vifitant les Galères-du Port, eut la curiofité 

errog er les Fosçal 7 mais ils (ç trouvèrent tous innee 
Lexception d’ün feul, qui avoüa ‘de porne Foi 

ji avoit fait juftice, il ausoit été pendu. - Le: ; 

ce coquin-la, dit le Duc, en Jui donnant Jd Jbert. Bi 

nttons ces ponnétesgens. 


FRS 13e œetmmas Lors qu’âux jeux ler portant KL ci 
Dioër nr le C ni de ‘portoit une Fantczne en 
.& difon qu'il cherçhoit un Homme, 
Çi # FT - 
Dans l'Epitre V. v, {ir © dans la à X, vi >e: 


En 


a18 $S ATIRKE x 
Foiblefe, Iniquité, Fourbe, Corruption; . 
Que ridicule Orgueil de foi-même idolâtre. | 
Le Monde, à mon avis, eft commeun grand Theätr, 
Où chacun en public l’un par l’autre abufé, 
20 Souvent à ce qu'il eft, jouë un rôle oppoié, 
Tous les jours on y voit, orné d'un faux vifage, 
Impudemment le Fou repréfenter le Sage ; 
L'Tgnorant s'ériger en Savant faftueux, 
Et le plus vil Faquin trancher du Vertueux. 
25 Mais » quelque fol espoir dont leur orgueil les berce, 
Bien-tôt on les connoît, & la Vetité perce. 
On à beau fe farder aux yeux de l'Univers; 
A la fin fur quelcun de nos vices couverts 
Le Public malin jette un œil inévitable; 
"Bo Et bien-tôt la Cenfure, au regard formidable, 
Sait, le craïon en main, marquer nos endroits faur, , 
Et nous déveloper avec tous nos défauts. 
Du Menfonge toûjours le Vrai demeure maître, 
Pour paroître honnête Homme, en un mot, il faut 
tre: . 






45 Et jamais, quoi qu'il fafe, un Mortel ici-bas 


REMARQUES. 


Cnaxne, Vers 30. La Cenfure, 45 regard finite 
Ae.] Première manière: La Cenfure, Epagnenle admirablè, 
Seconde manière: _ 45 regard admirable. 

_Vens 37. En vain ce Mifanthrepe, RE L’Auteur sen ré- 

t, difoie toûjours :. En varn ce faux Caron. 
MIT. Vers 43. Le Naturel toñjours fort, &e.] Horace, 





L Rp. X, Va 2% 


i 


 # 


$& ATIRE XI 129 
Ne peut aux yeux du Monde-être ce qu'il n'eft pas. 
En vin ce Mifanthrope , aux yeux triftes & fome 
res, 
Veat par un air riant en éclaircir les ombres: 
Le Ris fur fon vifage eft en mauvaife humeur: 
© L'igrément fuit.fes traits, fes carelfes font peur: 
Ses mots les plus Aateurs paroifent des rudeffes, 
Etla Vanité brille en toutes fes bafleiles. 
Le Naturel toûjours fort, &c fait fe montrer. 
Vainement on l'arrête, on le force à-rentrer, | 
F L'rompt tout, perce tout, & trouve enfin pañlage. | 
Mais loin de mon projet je fens que je m'engage. 
Revenons de ce pas à mon texte égaré. | 
 L'Honneur par tout, difois-je, eft du Monde admiré, 
Mais l'Honneur en effet qu’il faut que l’on admire, 
Quel eft-il, VazrnCounx? pourras-tu me le dire? 
L’Ambitieux le met fouvent à tout brûfer; 
L'Avare à voir chez lui le Paétole rouler; 
Un faux Brave à vanter fa proüelfle frivole ; 
Un vrai Fourbe à jamais ne garder fa parole; 
| | 


REMARQUES. 


Natura expellas furcs ; tansen msque recurrits 
Et mals perrumpet furtim faffidia vidrix. 


Le célèbre La Fontaine a paraphrafé ces vers dans la Fable 


18. Liv. 2. 

Vars 52. L’Avare à voir chez lui le Paëlele muler. ] Le 
Paëole cft une Riviere fameufe qui roule de l’or parmi fon 
gravier. Elle eft dans l’Afe mineure, D 

ee " _K7 | Cuire 


&30. S A T'I-K E xt 
55 Ce Poëte à noïrcir d'infipides papiers; 

Ce Marquis à favoir frander fes créaciers;’ : 

Un Libertin à rompre*@& Jeûnes 8&-Carême; 

Un Fou perdu d'honneur à braver l'Honneur même: 
L'un d’Eux at-il raifon? Qui powroit le penfer? 
Go Qu'eft-ce donc que l'Horineur que tout doit embraffer?: 

Eft-ce de voir, -dis-moi, vanter notre éloquence,- 

D'excellet en courage, en adreffe, .én prudence, 

De voir à notre aspeét tout trembler fous les Cieux; 

De poffeder enfin fille dons précieux? 
65 Mais avec tous ces dons dé l'esprit & de l'ame; 

Un Roi même fouvent peut n'être qu’un infame, 

Qu'un Herode, an Tibere cffroïable à nommer. 


la 4: . . 4 





CHaAN«s, Vers sg. Çe Poëte & noircir d'infipides papier::] 
Notre Auteur difoit quelquefois en recitate LE ;4 
barbouiller d'infipides pafisrs. ‘à: Ut TT, | 

VERS 70. Aujourd’hui j’en croirai Sénèque avant Petrôn.] 
L’Auteur éppofe la Morale aufière de Sr"wz' que à la 
Morale licentieufe de P&xTRÔN E, pons condamner an Leg- 
timent déraifonnable de Sr. EVREMOND, dans fon 7 

‘£ement fur Sénèque, Plutarque & Pctrône, où il débute ainf: 
Fe commencera, dit-il, par Sénèque, © vous diraë auec la der-' 
nière impudence, que j'ifiime heanconÿ plis Ts Perfnne que fes 
Ouvrages. J’eflime le. Précepreur de Néron, Ê [Amant d° [Agrippi- 
ne, un Ambition :qué prétendait à L'Ermpire: de Philofiphe € 
de PEcrivain ; je-n’en fais pas grand cas. ‘Au contraire les: 
létianges que St. Evremond donne aux fentimens délicats, 

_au luxe poli, & aux. voluptez étudiées de Petrône, qui 

* appèle sn des plus honnêtes hommes du monde, font bién juger | 
qe St. Evremond 4 regardé ce fameux Epicurien comme 

on Héros en fait de Moralé. - Voïez fes Réf für le ddr. 
 d'Epicura Notre Auteur regatdoi Mr. de SY, € | 
comme, un homme qui avoit toûjours fair profefion "$ 

. _ Louta ? , 


S À TI RE’ XI. 231 
Gù donc ef cet Honneur qui feul doit nous charmer? 


Quot qu'en fes beaux discours Saint. Eyremond nous‘ 
prône, | 


D Aujourd'hui j'em croirti Sénèqne-rant Pectiône, 

.… Dans le Mode il n'eft rien de beau que l'Equités 

Sans elle la. Väleut ,.la Force; la Bonté, . 

Ettoutes les Viertus, .dont s'éblouït à Terre, 

Ne font que faux brillans, 8e que merceaux de verre, . 
F-Un injufte Guerrier, terréur de l'Univers, . 

Qui fans fujet courant chez cent Peuples divers, . 

S'en va tout ravager jusqu'aux rives du Gange, 
Nef qe plus grand Voleur que Du Terte.& Saint: 


Du: | 
WE MARQUE Se. : 


Mäifofophie profane & voluptueufe, dont fes maximes ne- 
feroieñt antorifées qu’à peine dans la licence du Paganis- 
me. Sa Morale éteit une Morale de Cour, autant plis 
dangereufe- qu’il avoit l’art de la faire paffer pour une in-- 
génieufe délicateffe: | 

_ Jr. Vers:74. Ne font que fhux brillans, & que morceaux: 
deverre.] Fortuna vitres eff,tum cuns fplendet, frangitur. Pub. . 
‘Sytus. | | 

Tyx RS:75. Un injnffednerrier, &c.] Alexandre le Grand, - 
après avoir foumis une partie de l’Afie, voulut’ affüjettir le : 
tefte de l'Orient, & porter fes conquêtes au delà du Gan- 
ge; mais fes Soldats refusèrent de Îe fuivre. Plutarque ra- 
‘porte ainfi le fait, fuivant ja tradu@ion d’Amiot : 1/5 desdÿ= 
vent fort © ferme Alexandre, quand il les cuide a toute force 
faire encor palfer la Réviere de Ganges entendant dire aux gens : 
du pars quelle avoit deux lieuts de larges gr cent traffes de pre- 
ni » © que la rive de dela étoit toute couverte d'armes, de che 
su, © délephans, dc. | | 
CT Vens 73. N°ef qu'un plus grand Voleur &ec:] Ce vers Be: 
les-crois précédens contiennent le fens de 14 réponfe ge 
St va ”Pirate 20 même Aicrandre; qui fui reptochoit a : 


con 


332 $S ATIRE.X£ 
Du premier des Céfars on vante les exploits: 

$0 Mais dans quel Tribunal, jugé fuivant les Loix, 
Eût-il pû disculper fon injufte manie ? 
Qu'on livre fon pareil en France à La Reynie, 
Das trois jours nous verrons le Phénix des Guerres 
Laiffer fur l'échaffaut fa tête &x fes lauriers. 

85 C'eft d'un Roi que l'on tient cette maxime augufte, 
Que jarnais on n'efl grand qu'autant que l'on eff jufe. 


Raffemblez à la fois Mithridate 8c Sylla; : 
Die 


REMARQUES 


‘éondition: Ÿe fais um Pirate, dit-il, parce que je n'ai qu'us 
vaiffean ; fi j’avois nne armée navale je [erois ‘un Cohquérant. 
Apophth. des Anciens. Sénèque appèle ees fortes de Con- 
guerans injuftes, wagnos C7 furiofos latrones; & St. Auguftin 

it encore avec plus d’énergic: quid enins funt regna, remoté 
Jjaffitiä, nifi magna la:rocinis ? 

. Ibid, Que Da Terte & Saint Ange] Deux fameux 
Voleurs de grand chemin. Du TERT= étoit un Joüeur dè 

_profeflion, qui étoit reçu dans.la plûpart des maiïfons dis- 
tinguées de Paris. 1l fit un vol au milieu du Conrs-la-Kçi- 
ne: on le prit, & il fut condamné au dernier fuplice ot- 

. donné contre les Voleurs de grand-chemin. Ce qui rendit 

_fon füplice remarquable, c’ett que fon corps demeura ex- 
polé fur la rouë pendant plus d’un mois à la porte du Cours, 
SAIwT ANG, autre Voleur, eut 1a même deftinée. 1] 
tot, dit-on, fils d’un Maître d’armes qui avoit eû l’hon- 
neur de monter au Roi; & il avoit. été Capitaine dans:le 

Régiment de Languedoc des Troupes de Gafton de Fian- 
ce, Duc d’Orleans. Notre Auteur avoit connu Saïns A 

CHane. Vers 82, Qs’on livre fon pareil &e.] Dans l’édi- 

. &ion poflume de 1713. on lit: Qw’os trewvs fon pareil. 

1bid. A la Rene] GABRIEL NICOLAS D£ 

. LA Rzeynie, Confeiller d'Etat ordinaire, & Lieutenast 
General de Police, étoit né à Limoges, en 1625. Il fut 

- pourvû de la Charge de Maître des Requêtes en 1661. 

[ais le Roi voulant établir un bon ordre dans la. Ville de 


| Paxis, fépara Le Police de la Chuge de Lieutenant ce 








S'ATIRE XL 233 
Joignez-y T'amerlan, Genferic, Atlas . 
Tous ces fers Conquerans, Rois, Princes, Capitaines, 


30 Sont moins grans à mes yeux que ce Bourgeois d’A- 
ÿ thènes, Ci 


Qui fut, pour tous exploits, doux, modèré, frugal » 
Toûjours vers Ia Juftice aller d’un pas égal. 
Oui, là Juftice en nous eft la Vertu qui brille. 
Il faut de fes couleurs qu'ici bas tout s'habille, 
95 Dans un Mortel chéri, tout injuite qu'il eff, 
REMARQUES, . 


& créa une Charge de Lieutenant de Police, dont Mr. de 
la Reynie fut pourvû le premier jour de l’année 1667. 1l l’a 
exercée avec une fermeté & une vigilance qu’on ne peut 
affez loüer. En l’année 1680, Sa Majefté l’honora d’un 
Brevet de Confeiller d'Etat. 11 mourut le 14 de Juin, 
3309, dgé de 84 ans. 11 avoit été un des Commiffaires de 
Ja Chambre ardente, établie à l’Arfenal pour la rechesche 
des perfonnes accufées de Sortilège, ou de Poifon. . 
. MERS 84 ms 04 tété À fes lauriers. ] Juies Céfar 
étoit chauve, & il cachoit ce défaut autant. qu'il pouvoit, . 
C’eft pourquoi, parmi les honneurs que le Sénat & le Peu- 
lui déférèrent ;:il reçut & conferva plus volontiers le 
poivilège de porter toûjours une Couronne de Lauriers, 
C’eft à quoi ce vers fait allufñion. 
- Vans 85. C'off d’us Roi &e.] Acx's1L As Roi de Spare 
te, felon Plutarque, traduit -par Amiot, avoit teñjonrs ac 
couftnmé de dire en [es privez deuïs ,que Fufiice effoit La premiére 
de toutes les Vertusz pour autant, difoit-ib, que. La Proielfe ne 
vant-rien , fi elle n’eR.conjointe avec la Fuflice, dr que fi tous les 
bommes efloient jufies, alors on n’auroit que faire de la Preeffe. 
Et à ceux qui difoient : le Grand Roi * Ar se 
en quoi, difoit-il, eff-il plus grand que moi, s’il n’eft plus juffes 
Le même Agéfilas étant Srefté de tenir une promefle in- 
jufte: £ La chefe nef pas jnffe, dit-il, je ne Pai pas premife. 
. VERS 90. mm (4 Bourgeois d'Athènes.) So CR ATE. 


Vzxs 
. # Le Roi de Pafé Dee on te 


* 





534 sS A T 1! R E XF 
C'eft quelque air d'équité qui fedait 8e qui plaît: 
A cet unique appas l'amé'eft vraiment fenfible; 
Même aux yeux de l'Injufte, un Injufteeft horribke; 
Et tel qui.n'admet point la Probité chez lui... 
roo Souvent à la rigueur l'éxige,chez autrui. 
Difons plus: Nn 'eft point d'ame livrée au vice, 
Où l'on ne trouve encor des traces de juftice. 
Chacun de l' Eguité n ne fait pas fon flambeau, . 
Tout n eh pas Caumartin, Bignon; ni ‘Daguefeaus me 
Jos: Maïs ; jusqu'en ces Païs, où tout vit de pillage, 
* Chez l'Arabe 8e le: Sepihe Elle dit dé quelque PEU 





J 


REMARQUE s 


‘ L Virs T4. “Towt eh pe CouTa#tsn. »- Bi 
fau.) L’Anteur Jouë ici équité de Vap Phrp rss il 
ques les vertus méxitont. bien. d être données ROUE EF 
P” Ce 

:: My, De Caumartim: URBAIN Lovis LE. F £' VAR Di 
C CAUMARTIN, Confciller d'Etat, AIntendant. des. Figas 


: Mr. PAbbé Big non : LE AN Rav ÉSioxon.- Abbé dé 
St. Quentin, Doïen de l’Eglife Coliégiale de St. Germain 
VAuxerrois; Confeiller d'Etat ordinaire, l’un des-Quaraus 
tæ de P'Académie Françpile ; & Ancieu' Préfident dedeur 

| Académies Roïales des Sciences &c. des 1nécriptiqns. |: 

“Mr. Déguefean: HENRI FRANÇOIS DÉRUS A6 AU 
Avocat Éeneral aù Parlement de Paris, & £nfuite Procæ 
sur General. [H.aété fait Chancelier de France lez de 
Février 1717... À D D. de P Ed, d’ Ami. ] . 

lir. Ibid, Tour n’eff pas Coumarrin, Bignens &e.) Tso 
»110 FOLÉNS10; dans fon-Orlamine » cap. 4 é. #k AR 


. Non tutts Sammauxari dr Arisfisr FULL : it 
Non ti fon? Boiardi', & alé elmtis:- "© | 


Latar..Vers-108..C:f elle entre eux qui fait le partage € gb 
bei]: 


SATITRE XE 235: 
tin acquis en violänt lé-loix,, . 
: entte eux qui fait le partage &Je choix. 
dons voinké Vrai jusqu'en {2 fourceniême. . 
ot aux yeux Cuz, & d'abftinence blême.. 
oint le cœur jhfte; € affreux devant Dieu. 
ile au Chrétien ne dit en aucun lieu ; 
ot:. Elle dit, Sois doux, fimple, équitable; 
, Dérot-fouvent su Chrétien véritable 
ace eft. deux fois plus longue, à mon avis, 
Pôk Antarétiqueu Détroit de Davis, 


Diceron dans fon admirable Traité des Offices, Hi 
«it Faffithe tahta vis 673 ut nec illi quidem, qui 
 ficlere pafimgur, pelle fre elle paritnis jdfitis: 
ram qui eorum cuipiam, qui una latrocinantur, furatur 
ant eripits ss fibi ne-in latrocinio quidem relinquit lo 
auten gui. Archipiratg diçitur, nifi aquabiliter pra 
rtiat, ait dècideisr 2 Joctis, ant relifquerur. Quinetiam 
num eff dicuntur, quibus pargant, quas obfervent ;. Etc. . 
"Eh €, far le-ch: 4 de l’Epitre aux. 

18:.It@s Er Afsad Sec. Larroner,.fi in dividendis re- 
tripra Fufitia non fervent, neque partitronem ex «que 
videbis &r ipfos inter [e Lelkis ac preliis implicari. 

aycal ,. dans. fes: Penfées diverfes , ch. 31. », C’ef: 
laifante chofe à confidérer, dit-11, de ce quil y à. 
ras dans le mionde qui diant renoncé À toutes ieg.. 
le Dieu & de la Nature ,s’èn font fait eux-mêmes, . 
elles ils obéiffint éxatement: comme par éxèm- 
es Voleurs, &eé. - ° 

S 113. —…— Elle dit, &cc.] L’Auteur fait ici le: 
ngile, du genre féminin, quoi que ce mot foit or- 
ent de l’äutre genre ;. il lui auroit été facile de 
cet endroit en mettant : Soss dfvet : Il nous dit; 
le Elle dit. . 

116, Que du Pôle : AntarËfique an Détroit de Davis. ] 
kre, .d’un fôle:à l’autre, où d’anc.extrémité 4 





236 $S ATIRE Xfr 
Encor par ce Dévot ne croi pas que j'entende 
Tartuffe, ou Molinos, & fa myftique Bande, 
J'entens un faux Chrétien mal inftruit, mal guidé, 
rio Et qui de l'Evangile en vain perfuadé, 
N'en a jamais conçû l'esprit ni la juftice; 
Un Chrétien qui s’en fert pour disculper le vices 
Qui toujours près des Grans, qu’il prend foin d'abuftr, E 
Sur leurs foibles honteux fait les autorifer , | 
125 Et croit pouvoir au Ciél, par fes folles maximes, 
, Avecle Sacrement faire entrer tous les. crimes. 
Des faux Dévots pour moi voilà le vrai Heros, 
Mais, pour borner enfin tout ce vague propos, 
Concluons qu'ici-bas le feul Honneur folide, 
330 C'eft de prendre toujours la Vérité pour guide; 


De regarder en tout la Raifon.& la Loi; 
D'êue 






REMARQUES. 


Ja Terre à l’autre; car le Détroit de Davis eft presque fous 
le Pôle Arétique, près de la nouvelle Zemble, dans cette 

artie de la Groeniande qui fut découverte en 1585. pat 
Fran DAVis, né - 


2 


Vers 118. Tartuffe, ow Molinos, 6 fa nyfique Bank.) 
Les Hypocrites, délignez par Tarruffs ; & les Quiétifies, 
defignez par Michel Molinos leur Chef. Voiez la Remasget 
für le vers 622. de la Satire X. | | 

. VERS 134. = (e Mot fi» veut tent dire.) Dans l'édi- 
tion ;n douzs faite en 1701. il y a ici: Ce foul met ve 1 
dire,. C’eft une faute. rU L E 
7 VERS 145. La Vortu n’étoit point fine à POfracisms.) LE 
chez les Athéniens, qui permettoi de bannir les 

dont la FO grande autorité étoit fuspeéte au Peuple, & 
faifoit craindre qu’elle ne dégénerât en tyrannie. Ce be 
niflement n’étoit pas.infamant, parce qu’il n’étoit panor- 
donné pour la punition d'un crime. L'Ofrecisme duroi.esr 
h. « 


S A TIRE Xl 237 
l'être doux pour tout autre, & rigoureux pour foi: 
accomplir tout le bien que le Ciel nous infpire, 

t d'être jufte enfin : Ce mot feul veut tout dire, 
: doute que le flot des vulgaires Humains 

ce discours pourtant donne aifément les mains, 
t pour t'en dire ici la raïfon hiftorique, 
ouffre que je l’habille en Fable allégorique. 

Sous le bon Roi Saturne , ami de la douceur, 
‘Honneur, cher Varincour, & l'Equité fa Sœur , 
Je leurs fages confeïls éclairant tout le Monde, © 
egnoient, chéris du-Ciel, dans une paix profonde, 
l'out vivoit en commun fous ce Couple adoré, 

\ucun n'avoit d’enclos, ni de champ féparé. - 

A Vertu n'étoit point fujette à l'Oftracisme, 

Ni ne s'appeloit point alorsun* ® °° * ' 
. | | L'Hor- 


REMARQUES. 


linairement dix ans, & cependant le Banni jouïfloit de 
es biens. 

Imiur. Ibid. La vertu n’étoit peint fujette à POffracisme. ] 
jénèque, dans fes Controverfes: Suns quedam tempers ini- 
ica virtutibus. | 

VErs 146. N' ne s’apeloit point alors nn * * * #,] Tanfe- 
wsale. Les perfonnes peu inftruites confondent ordinaire- 
nent avec les véritables Janféniftes, ceux qui font pro- 
fon d’une vertu auftère, & d’une régularité au deflus 
le commun. On voit dans une Lettré écrite au Roi par 
Mr. Gonrau Evêque de Vence, pendant les grans trou- 
Mes dy Janfénisme, que ce Prélat fe plaignoir à Sa Majeñté, 
les maux que le Janfénisme faifoit à l’Eglife, en ce que’ 
Ms Ecciéfiaitiques les plus favans & les plus vertueux étant’ 
rxpofez à être foupçonnez de Janfénisme , ‘fe trouvoient 
ue R éloignez des Emplois où ils auroient fait beaucoup 

fruit. Un Evêque reprenant un Abbé de condition de cé’ 
3 à que 


æ 





238 S. A T 1 R E Xx1 
L'Honneur beau par foi-même, &c fans vains-ome 
mens, . 
N'étaloit point aux yeux l'or ni les diamans, 
Etjamais ne fortant de fes devoirs auftères, | 
æso Maintenoit de fa Sœur les règles falutaires, 
Mais. une fois au Ciel par les Dieux appelé, 
11 demeura long-tems au Séjour étoilé, 
Un Fourbe cependant, affez haut de corfge, 
Et qui lui reffembloit de gefie.& de village, . 
335 Prend fan tems, & par tout £e hardi. Suborgeur 
S'en va chez les Humains crier.qu'il eft l'Honneur: 
Qu'ilarrive du Ciel, À que voulant lui-même 
Seul porter deformais le faix du.Diadèéme, ‘. 
De lui feul il prétend qu'on reçoive la loi 
460 A ces discours trompeurs le, Monde ajnûte foi. 
L'innoéente Equité honteufement bannie 
Trouve à peine un defert où fuir l'gnpminie, 





| | Anf- 
REMARQUES : 


que fa conduite métoit pas aflez règlée: Que vaulez-um 
que Len faffe, icpondit l’Abbéi Si uows.étions plus -règlhx sen 
nous prendroit peur des. Fanfénifes… [Cette .Remasque #û 
qu'un tiflu d’équivoques &. de dégiifemens, M. D 
<enfure ici les Jéfuites, qui ont fait proscrise & me 
erfonnages d’une grande Vertu, fous prétexte qu’ils étoiess 
anfénifies. Les Janfniftes fe font toûjours. dAtinguez pat 
laufterité de Leurs mœurs .& par La regularité de leur .com 
duite: de forte que les Fefuites ne pouvant pas leur. 
ce mérite, ont tâché de rendre leur Vertu odieufe, en li 
donnant le nom de Janfénisme, & traitant de Fenfénifes 
<eux qui n’étanç pas devonez à. la Societé fe piquoient d’éss 
amoralc rigide,8ç Tevene, \A.n pu de Ed, d'hpf. y cn 


$ A TIRE XI 299 
fur un Trône éclatant de rubis, 
teur monte orné de fuperbes habits. 
eur, le Dédain, l'Audace l'environnent, . 
me & l'Orgueil de leurs.mains le courorment. 
r il montre alors un front plus fourcilleus, 
jen & le Tien, deux'Freres ppintilleux, : 
ordre amenant Jes Prosès,&r Ii Gene,’ : : 
dieux de cé pas vont partager la Tetres : 
lieux , fous les nom£ de Bon Droit & de Tort, : 
Lez, cle-établir le feu] droit Qu plus Fort,‘ : 
reau Roi triomphe, & fur:ce Drait iniqne 
vaines loix mr Cade fastaftique: US 
out aux Mottels prescit de fe vanÿess:: -: 
utre au moindre affront les force à s'égorger, 
leur ame en vain de remords combattuë , 
n lettres de fang ces deux mots, Mewrs, ou 


Alors, 
REMARQUES. 


147. L’Honrewr beau par [oi-mime, &c.] Les Ro- 

Préfentoient P Honneur fous la figure d’un jeune 
qui portoit d’üne main la Hafe de 14 Divinité;s & 
tre La Corne. d’Abondance: .Ce qui prouve qu’a- 
mme aujourd’hui, Fon faifoit entrer lPAbondanee 
ée de PHonneur, & que les Richeffes ont toûjours 
rsped On voit des Médailles fx lesquelles 
ir eft ainfi repréfenté, 

178. mms Ces deux mets: Meurs, on TRE.) I1s 
z de la Scène cinquième du premier Afte du (57, 
Diègue dit à Rodrigué fon fils, pour animer à la 
Æ3 © ou É 


i 


V ‘ Ye 





240 SATIRE XL 
Alors, ce fut alors, fous ce vrai Jupiter, 
180 Qu'on vit naître ici-bas le noir Siècle de Fer. 
Le Frere au même inftant s'arma contre le Frere: 
Le Fils trempa fes mains dans le fang de fon Pere: 
La foif de commander enfanta les Tyrans, 
Du T'anaïs au Nil porta les Conquerans: 
. $#8s L'Ambition pafla pour la Vertu fublime: 
Le Crime heureux fat jufte, & ceffa d'être Criine. 
On ne vit plus que hainé & que divifion, , 
- Qu'envie, effrôi, tumulte, horreür, confufoù. 
Le véritable Honnéèur fur la voute célefte 
90 Eft enfin averti de ce trouble funefte, 
Il pet fans diférer, © &x descendu des Cieux. -. 
| EE À 
RÉMARQUÉS | 


Va contre un Arrogant éprouver ton conrafé, 
"Ce nef que dans le fanz qu’on lave un tel *Hrrage. 
Meurs, on Tuë. 


"* { 7 LAS “ , re X 
ImirT. Vers 180. Qu on‘vit naître ici bas le noir Siéele de 
Frr.] Ovide, Metamorph. Lib. 1. v 128; te + 


L. 


A 


 Protinss irrupit vene Péjoris in «uw , D 
Omne nefas: fugére pador ; verumqué, Gérrpes 
In quorum Subière locum fraudesque, dolique, « 
Infidiaque, & vis, & amor jccleratus habendi, Be 
— Fratrum quoque gratis rara ef, . | ….. 


, 
Filins ante diem patrios mgnirie in annes, 4 
VERS 184 Du Tanaïs an Nil port les Conquerans. ] Josh 
raporte que les premiers Conquerans fortirent de laser 


S ATIRE XI 241 

| par tout fe montrer dans les terreftres lieux : 
is il n'y fait:plus voir qu'un vifage incommode, 
| n'y peut plus foüffrir {es Vertus hors de mode, 
lui-même traité de Fourbe & d'Impofteur 
contraint de ramper aux piés du Séduéteur. - 
fin las d'effuïer outrage fur outrage, 
ivre les Humains à leur trifte esclavage, 
n va trouver fa Sœur, & dès ce même jour 
ec elle s'envole. au. célèfle Séjour. 
puis, toujours ici, riche dé leur ruïne, 
: les triftes Murtels le faux Honneur domine, 
uverne tout, fait tout dans ce bas Univers, 
peut-être eft-ce lui qui m'a diété ces vers, 

ua . | Mais 


REMARQUES. 


fée par le Tanaïs, & chaffèrent Véxoris, ou Séfoftris, . 
i d'Egypte, qui les vouloit foûmettre à fa domination. 
in, L.2c, 3. Cambyfe, fils de Cyrus, avoit déja con- 
s l'Egypte. Id. L. 1. c. 9. 
Mit. VO@rs 204. Et peut-être efi-ce lui qui m'a diflé ces 
r} Regnier a fait une Satire contre À Honneur: c’eft 1& 
Mais, mon Dies, que ce Träitre eff d'une étrange fortet 
Tandis qw°a le blämer la Raifon me transporte, | 
Que de lui je médis, il me flatte, 6 me dit, 
Que je veux par ces vers acquerir fon crédit, 
#ft tout ce que Mr. Despreaux a imité de cette Satire de 
gnier. ° 
Mr. Pascal a dit aufli-dans fes Penfées, ch. 24. Ceux qui 
went contre La gloire , veulent avoir la gloire d’avoir bien écrits 


venx qui le lifent, venlent avoir la gloire de l'avoir lë: 6° 
Term, À L “Mt 





aie SATIRE XL 
&o5 Mais en-fdt-il l'Awaur, je conclus de fa Fable, 
Que ce n'eft qu'en Dion. nl qu'eft l'Honncur sé 


i 


REMARQUES. 


mére dipicit e Prébee U%s 
. Ge. are. Aohia Pelte. Vdiez les Taunie 
axime L. 8.c Dé Be de 





DT: 
:_ DISCOURS 
DE L'AUTEUR, 


Pour fervir d’Apologie à la Satire fuivante. | 


EPS Uclque beureux [nccès qu'aient en 
EMA VW mes Ouvrages, j'avuis réfoln * de 
DR pass leur dérnière Edition de ne plus 

D rien donner au Public; ÊS quoi qu'à 





El di jomas vi Le jen. A âme 


NO + 
LE. 0 


Jai , à jus infirmitez près, d'une affez 





Fo REMARQUES. 


x Depass Leur dernière édition.] En 1701. 
z Il y à environ cinq ams.] Ce Discours fut compofé em 
3 Et entr'autres yne Picce an vers, ] 1/ Ouvrage dont il s’a 
git ici, étoit une Epître d'environ foixante vers. Mr. Des- 
préanx fut très-mortifié d’apprendre qu’on len croioig 
Auteur. Voici dans quels térmes il en marqua fa penfée 
à un Jjéfuïte du Collège de Louïs le Grand. ÿe déclare qu’il ! 
me s’eff jamais rien fais de plus mauvais, ni de plus foriement De 
furieux que cette greffière made de quelque Gmsftre de Glège La 
2 





244. DISCOURS DE L'AUTEUR 


Pièce en vers contre les Féfustes , également odies- 
Je Eo infipide, ÊS où Pon me ff en Mon pro” 
pre nom dire a toute leur Societé les snjures les 
plus atroces Êo' les plus groffières: F’avoñe que ce- 
le m'a donné un-très-grand chagrin: Car bien que 
tous les gens Jenfez aient connu fans peine que la 
Pièce n'étoit point de nos, ÈS qu'il n'y ait en que 
de très-petits esprits qui aient Prume que j'en 
pouvois être l'Auteur; lé vérité ef pourtant que 
je n'ài pas regardé comme un médiocre afront, de 
me voir foupçonné, même par des ridicules, d'a 
voir fait un Vuvrage fi ridicule. ot 
ai donc cherché les moïens les plus propres 
pour me laver de cette infamie: £S tout bien cou- 
fidéré, je n'ai point trouvé de meilleur expédent, 
ue de faire imprimer ma Satire contre l'E QUI. 
ÿ0 QUE; parce qu’en la lifant, les moins éclai- 
rez mème de ces petits esprits onvriroient peñtr. 
être les yeux, &S verroient manifeflement le pes 
de raport qu'il y a de mon ftile, même en l'age 
oh jefuis, au ‘Âe bas £S rampant de PAntenr 
de ce pitoïable Ecrit, Ajoâtez à cela, que je po 
vois mettre à la tête de ma Satire, en la donnait. 
au Public, un Avertifflement en manière de Pré 
face, où je me juffifierois pleinement, £S tirer 
souê.le monde d'erreur. C'eff ce que je fais at- 
jourd'bui: ÊS j'espère que le peu que je viens & 
dire, produira Pe que je me fuis propofé, Ils 
me refte donc plus. maintenant qu'a parler ns 
1° é 


L 





, | REMARQUES. 


P'Univerfité ; & que fi je Paveis faite, je me mettroïs moi-mimi 
bien au deffous des Coras , des Pellétiers ,& des Cotins. 11 ajoltait 

dans une autre Lettre au mème: Ÿe ne perdrai jamais la mé . 
pooire du féruice confiderable que vous m'aver rendu en ct : 


. + 
ik st LU 


SUR LA XILSATIRE Xe 
Dour laquelle eff fait ce Discours. - 
ai compofée par le caprice du monde le plus 
, S par une espèce de dépit Es de colère 
e, s’1 faut ainfi dire, qui me Jaifit a Poc= 
de ce que je vais raroñter. Ÿe me prome: 
#5 mon jardin à Auteuil ÈS révois en mar 
a un Poërme que je voulois faire contre les 
is Critiques de notre fiècle, F'en avois mé 
3 compofé quelques vers, dont j'étois affez 
t.. Mais voulant continnër je ape, us 
avoit duns ces vers ane équivoque ans 
og m'étant fur le champ miss en devoir de l& 
Trje n'en pus. janrais venir à bout. Celæ 
ta de telle manière, qu'au lieu de m'aplis 
lavantage à réformer cette équivoque, £s? 
trfuivre mon Poëwre contre les faux Critis 
la folle penfée me vint de fasre contre l’E« 
se mème, une Sattre, qu pât me venger 
s les: chagrins qu'elle m'a canfez depuis que 
méle d'écrire. Je vis bien que je ne rencon: 
‘pas de médiocres diffcultes 4 mettre er 
n fujet fifec. Et mémeil s'en Rréensa d'a 
me. qui m'arrétatont court. C'e fut de [as 
quel dès deux genres, masculin on femiz 
e ferois le mot d'Equivoque, beaucoup d'hau 
Ecrivains, ainfi que le remarque Vaugelas, 
st masculin. ‘Je me.déterminat pourtant 
vite au féminin, comme au plus ufité des 
Et bien loin que cela:empéchét l'éxecution 
| | _ dr: 
(RAMARQUES 
bien à détremper Les bemmes de l'herrible affront que low 
fée faire, en m’attribuant le plus plat, &r le plus mons= 


ibeile qui ait jeniaistéré fair. Oes Lèttres font chtié- 
ns de l’Auteux de ces Remarques. 
+ 


244 DISCOURS DE L'AUTEUR . 
de mon projet, je crus que ce me feroit pas mie À 
méchante planer e commencer ma Satire 
par cette difficulté mémez C'eff aim que je mes 
gageai dans la compoñtion de cet Ouvrage. ‘Je 
éroiois d’abord faire tous an plus chequante on fer 
œante vers; mais enfuife les penfées me vewasi 
eu foule, ES les chofes que j'avois à reprocher à 
nsvoque, [Je nuliiphaut à mes jeux, ji 
ponl]E ces vers jusqu'à près de tross cews conquis | 
’eft an Public maintenant &voir fi j'ai bi | 
ou mal réf. Te n'emploierot potut ici, om plus 
gue dans les Préfaces de mes autres. Ecrits, m8 
süreft ES ms rhétorique à le préuemir en ma fé: 
veur. Tout ce que je lus puis dre, s’eft que j'ai 
#ravaillé cette Pièce auec le même foin que toutes 
nes autres Poëfies. Une chofe pourtant dont il fi 
Don que les Jefnites fuieut anertis, ef qu'en #Æ: 
saquant l'Eguivoque , je n'as js ce m0 AN 
tonte l'étroite rigueur de [a Honheation £ramriée 
#icale; le mot D Eguivoque en ce fens-le, mec 
dent dire qu'une anibiguiid de paroles, mais qu 
3e lai pris, comme le prend ordinesrememt: 
- commun des bonmmes, pour toutes fortes d'amthie 
Mitez de [ess ,. de ess dexprelhons , Eg en 
8 pour tous ces abus Éd. toutes ces méprifes & 
esprit bumain qui font qu'il preud fowvens ae 
abofe pour nue autre. Et c'ejf dews ce few ue 
Jai dit ,que l'Idolatrie avois pris naiflance de l'E 
uoque <. les bomuses, à weon avis, no pouvant 
Êss s'équsvoquer plus lourdement, que de prendre 
es pierres , de V’or €$ du cusvre, pour Dies. 
F'aoûterai à cols, que la Providence divise, 
ainfi que je l'établis clairement dans ma Sarre, | 
 w'aiant permis chez eux cet horrible avenglemett, 
gu'én punition de ce que leur premier Pere evoñ 





SUR LA XIL SATIRE.- Z#f 
oreille aux promeffes 4 Dénron, j'ai ph 
re infaiMiblemenr que: l'Idolarrie eff sw 
ox pour micnx dire , nn véritable enfant 
quivoyte. Te ie voi dés pas qi éme puif= 
e fur cela anche binte cri s Jar to#f: 
wire dont ni phr jen d'esprit, où'1l Jeroit 
rége une précsfson géométrique de pes 
Ç obes, 

#9 11 y @ wné andre obfellioÿ plus importante 
ne comfidéroble: qu'on re Ré pan étre Cr 
des Propoñitiont de Morale relächle, que 
#t dans ls dernière partie de mon Oxvrage.: 
rs Propoñtions aïant td, à ce qu'on prés 
avancées par gæawtité de Thiologiens, mé 
êbres, la moquerie que j'en fais peut, dira 
diffamer ew quelque forte ces Théologiens y 
fér ainfi nue espèce de fcandale dans Egli- 
ela je répons premièrement, Qu'il n’y à 
e des Propofitions que j'aftaque, qui n'ait 
es d'une fois condamnée par tonte l'Eglfe, 
#-rcceimiens cneore pur derx des plus grans 
qui aïens depuis long-tems remph le S. Sièa 
fe dis enfécond licæ, qu'a l'exemple de ces 
es Vicæires de FESUS: CHRIST, je n'ai 
nommé les Auteurs dè ces Propofitions, #E 
‘dr ces Théobgiens dot on dit que je puis 
la diffamation |; ES contre lesquels même 
é que je ne puis rien décider, puisque je 
vint 14, ni ne fuis d'humeur à lire leurs 
re ce qui féroir pourtant abfolament nécef[ai 
r prononcer fur les accufations que Pon for+ 
nér'ess., leurs accufateurs pouvant les avoir 
mtendus , S s'être trompez dans l'intelli< 
des paflages où Hs prétendent qhe font ces 
es dont ils les acculent. Te foñtiens en trois 
L 4 fième . 


248 DISCOURS DE L'AUTEUR 
ième lieu , qu'il eff contre La droite Raifon de per 
Jer que je puiffe exciter quel ue fcaudale deus 
PEglfe, en traitant de ridicules des Propofitions À. 
rejettées de toute l'Eglife, ËS plus dignes.encire, 
par leur abfurdité, d'être fifiées de tous Les fidèles, 
que refutées [ériexfement. C’efi ce que je me cr 
obligé de dire pour me juflfier. Que fi aprèscele À 
il fe trouve encore quelques Théologiens quifefr 
_ garent qu'en décriant ces Propofitions , j'aseues À 
vée de les décrier eux-mêmes, je déclare que cé 
te fanlle idée qu’ils ont de mos, ne faurost vesir 
que des mauvais artifices de lPEquivoque, qu, 
pour Je vanger des injures que je lui dis dansus 

Pièce, s'éforce d'intéref[er dans [a saufe ces Thé- 
dogiens, en me faifant peufer ce que je n'ai pas 
penfé, ES dire ce que je n'ai posut dit. 

otLi, ce me femble, bien des paroles, ÊS peut: 
être trop de paroles emploiées pour juftifier ss 
auf peu confidérable Ouvrage qu’eft la Sasste. 
qu'on va voir. Avant wéaumoins que de finirpens 
croi pas me pouvoir dispenfer d'aprendreaux Lie 
teurs, qu'en attaquant, comme je fass dass la 

Satire, ces erreurs, je ne me [uss pont fid à. mia 

fenles lumières àmais qu'ainfi que.je l'ai pratiil, : 

il y a environ dix ans, à l'égard de mon E 

De l’Amour de Dieu, j'ai non feulement comfol- 

té fur mon Ouvrage tont ce que je connois de plus 
 babiles Docteurs, mais que je bai donné à xs 

miner au Prélat de l'Eeh e qui, par l'étenduë de 

{es connoiflances £g par l'Eminence de [a dignité, 

eff le plus capable Er lus en droit de me pres- 

crire ce que je dois pen Jur ces matières. Je 
veux dire à M. le Cardinal de NOAILLES., we 
| drebevéque. J'ajoñterai, que ce pieux ÈS fevass 
Cardinal à eu trois femaines ma Satire entre les 
, | MAIN, 





SÛR LA XII SATIRE EF TS 
w, Éd.gu"à mes inflextés prières, après’ Far 
Bee relus plu d'une Ps] mé la enfin. 
uë, en me comblant d'éloges, £ÿ m'a afnré 
y avt trouvé à redie qu'un feul more 
ai corrigé fur le champ à “fur lequel je luë 
lnnd'ane entière fatisfaééok. po he fate 
qu'avec ure aprobation fi ‘authentique, Ê 
,.E9 figlorieufe, je puis marcher la tête 
‘EP dire hardiment des Critiques qu'on QE 
tiré deformais contre la docfiine de mir Ou= 
2, que ce ne:fanrriens être.que:de vaines fab 
d'u tas de raiférables. Sophifles formes 
PEcole du Menfonge, ES. anff afdez amis 
Equivoque, qu'obintatres ennethis de Dies 
tom Sens ES de la Vérisé. 








2. oo : 
SATIRE XIE | 

| S U.R | 
L'EQUIVOQUE. 


PNEU langage François bizarre Hermaphrodite, 

EZ De quel genre te faire, Eqyivoqus maudite. 
Ou maudit? car fans peine aux Rimeurs hazardeux 
E’üufige encor, je croi, laifle le choix des deux. 

# Tu ne me répons rien? Sors d'ici,. Fourbe ie 


REMARQUES. 


YEtteSatire a été compofée en l’Année 1705. l’Antex 
étant âgé de 69. ans. Lemploïa onze mois à la faire, 
& trois ans. a la corriger. Péndant colong intervale fes 
amis l’engageoient fouvent à en réciter des lambeaux; & 
fur lès raports peu fidèles qu'ils en faifoient dans'le mon- 
de, on s’imagiaæ que fa:prinoipale vâë éroit d’bfféfer es 
Jéfuites par cé Ouvrage: Mais outre qu’ataquer les Jéfi- 
tes, & attaquer l’Equivoque, font deux. chofes très-éifér 
æntés, la fameufe opinion de l’Equivoque n’étant pas œ 
feignée par tous les Jéfuites, & fe trouvant en beancotp- 
d’Auteurs qui ne font pas Jéfuites ;on per dire en qi 
_ façon'que cette Satire n’attaque pas même les -Cafi ex 
nérak (Quoi-qu’en difé le Commentateur, dn ne fauroi 
uter que La principale vie de Mr. Despréaux; n'ait été 
d'offenfer les Jéire par cet Ouvrage, C'eft-à-dire,: dérfaririfer 
leur Morale, & d’atraquer leurs Cafuiffes es général. La preu- 
ve en eft claire: ML. .Despréaux. n’a fait Que répeter deu» 
cette Satire les accufations que M. Pascal a faites contre 
kes pires en général dans fes Lettres Previnciales ; comme 
on le fera voir dans les Remarques fur le vers 265. & fx 
Jes flivans An 2. de PEA d'Arf) lux 
uivoque: fe prend ici par Mr. D , tons 
ds abus & sawtes Le meprifés a P Espri pu > qui Lu 
rendre fouvent nne chefé pour une autre. C’eft ainfi qu’il s'ezr 
Büme dans.le Discours précédent, Au lieu que les Cafas- : 
st ot N | tes 


\ 


EATIRKEÉE 2 + 
uffi: dangereux que femelle maligne; : 
ois rendre innocens les discours impofteürs; 
nent des Ecrivains, jufte effroi des Lecteurs: 
i de motsconfus fans cefle embaraflée 
ume, en écrivant, cherche en vain ma pen{és, 
-moi, va charmer de tes vains agrémens,. 
eux faux 8e gâtez de teslouches amans;- 
‘viens point ici de ton ombre groflière 
oper mon flile-ami de lumière, 


is bien que jamais chez toi, dans-mes discoursy 
i d'un faux brillant empranté le fécoume. 


æœ 


REMARQUES 


füivane. le P. Daniel, appèlent EQUIVOQUE tente 
tion qi arplufours fin; © qui Pen. fah Len’ po in que: 
feune qui neus-écoute,. le prendra dansrun fens- dires de de . - 
que noës y dénnons däns noïreteprits | 
tte Satire = regarde denc nullanentéka dont 
Ât dans lés Ecoles. Mr. Dèspréaux dit'iui-mênfe que 
np Pre dEmpriti- Aldh <uf{tren US ct CS 
ait prétendu PEmour de foit dans cet Ouvtage, foit- 
fon Epitre « P er de dpi 3- L'n'époufoit érieufe- 
: nul parti, à qéi ne font oint 
S décidé nm en se mes par cenendroit-d'une 
géiiegeie sd cmt ox: Re dog Paper 
contefkation. 1ens- de- 
ce. qui regarde aude é fix la:Graços c'e 
oi 3e n'ai int pris ut -étanrtamôt dun fentis 
ent ,, êc-tanr po e de frite de! m'étaat. quel 


iefbis couché: ‘ fanfénifte tirant au » je fuié 
at mnéqe jo me réveille-Molinifée appsochant du: 
Hagicn. fans Se Fan ur ni-les coreni ler a 
gs, fe m'étrie avec Se. apisie ! Mai 
ès avoir quefquefois en S MOtRS Ces pasoles 
ke; Oque- Dies e4 Je! Val a ne em même terne :: 
Se , Le Les ne lin que vous -cn- 


22  SATIRE -XIL 


Fui donc. Mais non ,Semeure; un Démon qui.misse 
pire 


Veut qu'encore une utile & dernière Satire, ,. 
De-ce pas en mon Livre, exprimant tes noirceurs, 
20 Se vienne, en nombre pair, joindre à fes Onze Sœurs, 
Et je fens que ta vûë échauffé mon audace, | 
Viens, proche: Voyons, ma maloré ] ‘âge & fa glace, 
Si ma Mufe aujourd'hui fottant de fa langueur, 
Pourra trouver encore un refte de vigueur. 
25 Mais oùtend, dira-t-on, ce projet fantaftique? 


Ne vaudroit-il pas mieux dans mes vers, moins CAUY 
‘tique, 


Képandre de tes jeux. Je fel divertiffant. 

Que d'aller contre toi für ce top menaçant 
Poulfer jusqu'à l'excès ma critique boutade?. 
30 Je ferois mieux, j'entens, d'imiter Benferade. | 
C'eft par lui qu’autrefois, mife en ton plus beau jour, 
Tu fus,. trompant. les yeux du Peuple & de la. er 





REMARQUES. Livret 


Vers 20. Se vienne , en nombre Pair ; is à à fi one 
Sœurs] Cette expieffion eft beuteufe, pour marquér le 
nombre: de douze. La pläpart dé ?A mis: dk “PAuteur’ loi 

‘ avoient. demandé- une douzièmeSatire pour figurer avéé 
fes douze Epitres. En récitant ce vérs', fl mettôit 1 
ton au mot, enze, ne l’uniffant pas. avec ls qui-eft à | £a 
du met précédent.- : Dot 

VERS 27. Répandre de tes jeux le [el diverrifent. JA: 
tantôt le fél'divertiffant, & tantôt le fel réeuTant: JE 
même-préferé çe dernier; s’il-ne Pavoit ra, “emiploïé rl 
MEpitre X. à fes Vers. 5 4 

Vers 30. Ÿe ferois mieux: . . ;.. Errtte) Binfréde pue 
rticie dans fon fecond Fa@ür l'nfte PAéaléthie Près 
golfe», dk: LUE BENSERADE Pack (URs RE Galièé: . 

DA. 


Ù 


SATIRE XIE = 
Leur faire À la fateur de tes:bluèttes:foiles; “:": 
Goûter comme bons mots tes quolibets frivoles.. | 
Mais ce n'eftplus le-teins Le Public détrompé, 
D'un pareil'erjoñment ne fe fent plüs Fappé: 
Tes bons mots, autrefois délices des ruelles, 
Aprouvez chez les Grans, applaudis chez les Belles ,. 
Hors de mode aujourd'hui cher nos plusftéids badins, 


Sont des’ ‘ébilèts-montez & dés’ vertugadins.- ‘© 
Le Lecteur ne fäit plus admirer daris Voiture | 

De ton froid ; jeu de mots riMipide figure. : 

Zeft à regret qu'on voit cet Auteur fi charmant 
it pour mille beaux traits-vanté fi juftement, | 
Chez toi todjours cherchant quelque finèfe aiguë RE 


.e 
Fr a #4. 
ù 


>réfenter au Letteur Hppentée ambigué, of: 
ît fouvent dti’ fens'd'intproérbé agé 


raire de foï'éiscobrs à Giquanté: béauté£ : 
Mais Hons WI ‘le tort qu ces bilans ue 


€ 9j! , . Le: . à 


RrBUMEd RUE S 
, dans asie JA RDAE obpax des Chanfonnètten%.des, rw 


. de Ballet , qui lui avoient acquis quelque réputation pen- 
| dan BS ac anis. ëbe, de Ejbrveghes © des : : 
| Pointes qui fubfifte encor chez lui. ” Furetiere répète en- . 
or la même raillerie dans fon troifième Faëtum. 

VERS 40. Son des RMS 3 © des Kertmgadins.] Les. 
ollets-montez & 1es étadins de étoient anciennement des: 


* de habillement de femmes. 
Ex 49. Mais, laifans-la le. LL med. “Première mas 


"+ " . LA GUN cr a 7" TS _ 
u = 
ni 


à Me if ke mal qw 2. & fels dhogs jaintes ee 


LC si à {le emdréfts ons Le bed node Pointe, ! HO : 
La LR ns ol im tirs #7 ‘P : “€! ‘ge PS Li de 5 oc Vixs 






. = # 
eœ:4 





4 SA TTITKE x" 
__ #0 Fit le plat agrément de tes vains'badinages. 
Parlons des nraux fans fin que ton fens de travers, 
Source de toute erreur. fema. dans l'Univers: 
Et pour les contempler jusques-dans leur naiflance, 
Dès le tems nouveau-né, quand l.-Toute-Puiffance 
ss D'un mot forma le Ciel, l'Air, la: Terre & les Fltss ! 
N'eft-ce pas toi,. voïant le Monde à peine éclos, 
Qui » pat l'éclat trompeur d'une funefte pomme, | 
Et tes mots ambigus, fis croire au-premier homme; 
_ Qu'il alloit,.en goûtant de ce morceau fatal, 
6o Comblé de tout favoir,.à Dieu fe-rendre égale, 
Il en fit fur le champ h: folle experience. 
Mais: istopt coqu'il aquit. pl 
Fat que trifte &.honteuxde voir.fa nudité. . 
11 fut qu'il n'étoit plus, grace à fnvanisé;s 
65 Qu'un chétif animal pétri d'un peu detere, - 
À quila faim ;. la: foif,. par-tont faifoient la guerre: 
Efqui courant toûjours de malheur en malheur, 
A la mort arriveitenfifpat 1x douleurs: 
Otf,- de-toy metre complotsi Ge dotutiAbriget | 
T° Le Ge bunai perdafüt lp remous 





Ne or é 


DS REM2REVES. | 53 


Vans C4 um Grace” à: fé Vaniré.] L’Avtent conrventé 

qu'il avoïr'été un-nrôis F'trouvec æ -dèmtivers: : [Nbre 

auez cette cacophonie, Gra-ra-fa-va. Ann, de PEd. LS 
VEnSs 80. Chez. les Mortels refans, encor. tout gt Er 

lieu de Mrreli; il" avoie Him. : Après : 

la Céfure,. l'AÆutyus,.en-sécitaut .ce. vers, 

pos, pour bien faire. featir que reffens nc pps pas 





SA TIRE XI ëS 
Etbien que l'Homme alors parût & rabaiffé - 
Par toi contte le Ciel un orgucit-infenfé, 
Armant de fes neveux la gigantesque:engeuncés. 
Dieu rélolut euifin.. tertible errfa-vengeaties,. 
D'abîmer fous les‘ eaux tous ces audacieux. 
Mais avant qu’il ch les éclufes des Cieux ;. 
Bar un fils de Noé fatalement fuvée,. : 
Tu fus,. comme ferpent,. dans l'Arche confervéts:. 
Et d'abord pourfuivant tes projets füsperides - | 
Chez les Mortels rcfans,. cor tour épardi,. 
De nouvean tu femus tes captieaxtihenfonges,. 
Et rémplis-leurs esprits desfables &:de:fongee. 
Tes voiles offusquanvleun:yetx dé toutes parts, _. 
Dieu déparatdui-mêma:à leur troubles: regards. 
Alors:touf ef plus que-fiupide ignorincs,, 
Qu'impieté fassborne:et fortiextrawagaticés. 
Puis de-ceat:dogmes-faux la Superftition,. 
Répasdant l'idolètre & folle ilufion,. | 
Sur la terre entoutlieu dispofée À les fuivres.  -- - - : 
) L'Art fe tailla des Dieux d'or, d'argent & de cuivre;. 
Et l'Artifan lui-némt bemblomat Phoherné 
REMAR Que Se. 


dée sec ce qui fuir: emcer rem: éperdus, 

Vsas hi Alors, tous ne fus plnes] C'Et ainf:qu'il fans 
Je, & non: pas, © ne fe pins y comme on: l'a is dant 
soutes:les copies tant i es que manusrites. 

VERS 59. Sur La serre) en tout Gen] 1 fut ainf, &se2 
nirutititin) | 

Yras. 


. : + 


66 S'ATIRE XIr 
Aux pieds du vain métal par fa main façonné; 
Lui demanda les biens, la fanté, la fageffe: . 
Le Monde fut rempli-de Dieux de toute espèce - | 
‘os On vit le Peuple fou, qui du Nil boit les eaux, | 
__ ‘ Adorer les Serpens, les Poiffons, les Oifeaux,. 
Aux Chiens, aux Chats ,aux Boucs, offrir des facrificet, 
Conjurer l'Ail, l'Oignon, d'être à fes vœux propices 
Et croire follement maîtres de fes defins- 
roo Ces Dieux.nez du.fumier porté dans fes jardins .. 
Bien-tôt te fignalant par mille faux miracles, 
Ce fut toi qui par tout fis parler. les Oracles. 
C’eft par ton double fens,. dans leurs discours jeté 
Qu'ils furent.en-mentant dire la vérité: 
ros Et fangerainte reridant Jeurs réponfes Normandes 
Des Peuples êt: des Rois englontir les:offrandes.… 
Ainfi loja du: yrai- jour. partoi tofjours:condait: 
L'Homme ne fortit plus de:fon épaifle uit." 
Pôur mieux tromper fes yeux; ton adroit axifice” : _ 
rIO Hi à chaque: Ver proudre.le Romane Vice: | 
aug ghoilosegin eut Ses cite 
DE M LRGUES. : 


Tyins 97. Aux Chiens, aux Chats, aux Bonucs.'] Dans l1:- 
plûpart des Copies qn lit; asx ep4 » x Chats, aux Rats. 
C’eft une faute groffière,-qui  d t ètre fr peu fur le compte" 
de PAuteur, que toutes les fois qu’il récitoit cetee Satire, : 
il il appuñoie extrèmemont fur le mot'de Bocs; pour en 

Ja fosce & l'énergie. Dans 14 Sarire VIII. il 4 ericôre 
déctit l’idolatrie ‘groffière des EByP tiens. Jl'difoit à‘ 
propos, Fa. dis dense: se foi la mére! chofe é ne me LU id 


Vins 105. ss “Leurs réonfes Nernranäch 3 Les: Nou 
| mans 


€. 


S A TIRE XIL zs7 
toi de fplendeur ‘fauffement revêtu 
e Vice emprunta le nom d'une Vertw : -: 
i l'Hurmilité devint ane baffeffe; . . 
sédeur fe nomma-Grofiiereté, Rudeflez - 
ntrairé, l'aveugle &c:foite Ambition. - 

la des grans cœurs la belle paffion: 

»m de Fierté noble on orña l’Impudence; 
tourbe paffa pour exquife Prudence : 

lace brilla feule aux yeux de l'Univers; 

1 vraiment heros, chez les hommes pervers; 
-reconnüt plus qu'Ufurpateurs iniques, 
yranniques Rois cenfez grans Politiques, 

rames foélérats à la gloire aspirans, 

leurs revêtus du nom de Conquerans. 

is à quoi s'attacha ta favante malice 2 

 fur-tout à faire ignorer la. Juftice. 

es plus claires Loix ton ambiguité 

dant fon adroite & fine obscurité, 

‘eux embarrafléz des Juges les plus fages, 


REMARQUES 
dnt accufez de de fincérité ;. & , Répondre en. Nor= 
eft une expreflion qui eft devenuëé provesbiale, pour 
que l’on répond d'uné manière équivoque. Parler en Nor- 
Voies le vers 120. de l’Epitre IX. 
ts 110. Fit à chaque Vertu prendre le nom d’un Vice. ] 
sAUT avoit dit, en parlant de la Cou; L. L 
53° : 


rs Vertus palent pour des Vices,. ‘ FL 
! des. Vices poux des Verius. 


à 


tas 


Eh 


x58 S A TIRE. XL 
230 Tout fens devint douteux, tout mot eut deuxvifiges 
Plus on crat péñotrer;. moiss on: fut échairci; : 
Le texte fut fouvent par la glofé obscarci : 
Et pour comble de mau#, àtes raïfons frivobs: 
L'Eloquence prétant Forhément des paroles, 
335 Tous les jours accablé fous leur commun effort, 
Le Vrai paflt pout faux, 8e lé bon: Droit euttott: 
Voilà comment déchu de fa grandeur prernière, . 
Concluons,. l'Homme enfin perdit toute luinière; . 
Et par tes yeux troinpeurs fe figuraat tout voir; 
#40 Ne vit, ne füt plusrion, ne put plus rièu fuvoir: 
De la Raifon pourtant, parle vrai Dieu gnidée, 
11 refta quelque-trace encor dan le Judée, 





Ce | 
.REMAÆRGUES,. i 
Vans 135. Tous ‘les: jours accablé, ] I1cawoit miss Chugee 
jour accablez ; &c'ce dérhiér mot fe-réppôrtolt dû Vrai S M 
ben Droit, qui fônt ddns-le vers fitivaht, .. | : 
Vans 141. De la Raifon peurtam.] Dans la'p 
eompofition l’Auteur avoit niis: Ds l'EgNRé pinfWañi 
H changea ce mot; pasce qu’il s’agir ici dela Raïfon, & 
- non pas de PEquité ct 
Vmrs 148. Qu'un Mortel par lui-même au [eul mal entraï- 
né, ] Au lieu. de ce vers l’Auteur avoit mis celui-ci: ss 
Mortel, comme ui atrs; dt Mal'désériminé. - Et C’cft ce vers 
que. Mr le Cardinal de NoarLzss lui fit changer. [Ce 
Hangement eft fondé fur l’hypothèfe que fans'une Grèté 
pitticulière &-efficace par.elle-même l’Hoirhe ne peur pas 
ne point péthier:: An D]. | | 
VERs 15@ Tréséguivegue ml dé joie Al OTRdE: ) 1 Ë 
elair que Mi, Dèspréaux fe borne ici au simple foupgob 
&: it faut convenir que'la vertu de: Socrate n’a pas été à 
eouvert de la calomnie. Les mœurs des Grecs Étoiese #à 
eorrompues en ce tems-là, guils ne purent voir l’amitié 
de Socrate pour Alcibiade, fans y attather un foupjon de 
Gzime.. Mais Platon fa disciple le-jufife pleinement dans 


Li] 
‘PA 
e 
} 


« 


$S A TIRE XIE … # 
Chez les hommes ailleurs fous ton joug gémifans, 
Vainemient on chercha la Vertu, le droit fens: 
Zar qu’eft-ce loin de Dieu que l'humaine Sagefle ? 
ët Socrate, l'honneur de la profane Grèce, 
Ju'étoit-il en effet, de près examiné, 
qu’un Mortel, par lui-même au feul mal entraînés 
: malgré là vettu dont il faifoit parade, 
Très-équivoque ami du jeune Alcibiade ? 
Jui, j'ofe hardiment l'aflirmer contre toi, 
Jans le Monde idolâtre, affervi fous ta Loi, 
ar l'hurmaine Raifon de clarté dépourvûë, : 
shumble &c vraie Equité fut à peine entrovuë 
:t par un Sage altier, au feul futé attaché, Le 


f 


REMARQUES 
uesuns de fes Dialogues, fur tour dans celui qui e& 
le Banquet, où Alcibiade lui-même prend les Dicux. 
“émoin ‘que l’amous de Socrate pour lmi n’avoit jamais. 
ièn én de cine. { Puis que Platon 4 js#ifié pleinement 
ocrate, il s’enfüuit que M. Despréaux a garnie 
sent. fi vertu fus & doutenfe : & c'eft ce que 
sonMéntaseuE devoir remarquer. AD 


Vans 155. Eï per de, ani asaché, Otc.], 
se dune Se 15 Que: Sage: ; fa fefte | tx] 
La Bin nés accompli ; fomvent fut: an posés. 
voient éeé füits de deux auses:mantètes, dérit 12 prentidd- 
était :.. 
2e f'ohe sos ns cœur an [ol fafte stabi. 
Le bonne ation même an fond fue-sn péché. 
4 fetônde raanière: | 
D fais. ave :cuvr du font fhfis arraché, 


La Bien:méême,. le Bien an fond fus on pédhés. ; 
oo | Vus: 


260 S ATIRE  XIf. 
Le'Bien même accompli fouvent fut un péché. | 
Pour tirer l'Homme enfñn de ce desordre exttme, 
11 falut qu'ici-bas Dieu, fait homme lui-même, 
Vint du fein lumineux de l'éternel féjour, 
60 De tes dogmes trompeurs diffiper le faux jour.. 
A Paspe® de ce Dieu les Démons disparurent , 
Dans Delphe, dans Delos, les Oracles fe tûrent 
Tout marqua, tout fentit fa venuë en’ces lieux, 
L'eftropié marcha, l'aveugle ouvrit les yeux. 
265 Mais bien-tôt contre lui ton audace rebelle, 
Chez la Nation mêine à fon culte-fidèle, ‘ 
De tous côtez arma tes nombreux fetateurs, 
Prêtres, Pharifiens, Rois, Pontifes, Doëteurs; 
C'eft par eux que l'on vit. la Vérité fuprême 
. . CU D 


CR 
ve - =. 


| D: 
REMARQUES 





| r 
Vens 158. J/ falut qu'ici-bas Dieu, fait homme lui-mime,] 
Le Deflein de l’Auteur eft de faire voir, qu’il-n’y-a de vév 
. Hitable vertu que dans-la véritable Religion. Et:la print- 
pale preuve qu’il en donne, eft l’exemple de Socrate, 19 
plus fage des Humains, fuivant le témoignage de Oracle 
Car Socrate n’a pas laiffé d’être foupçônné de crime, & | 
cé:foupçon a terni l'éclat de fa vertu Mn Despréaux dé 

foit à ce propos, qu’il ne pouvoit trouver dans le Pagani 

me de plus grande Vié&time à immoler à] ESUsS-CHIST» 

que Sacrate. [On prétend ici que le foupçon qu’on.a 

que Socrate étoit criminel 4 £erni l’eclat de [a vertu: .cette 

prétenfion eft injufte. La vertu d’üne perfonne ne dépené- 

point des faux jugemens qu’on en fait, mais de ce qu'elle 

eft verirablement en elle-même. Les foupçons & les çæ 

lomnies des Juifs contre 1a Vierge Marie & contre Jesus 

- _ €urisT même, ne diminuent rien de leur fainteté ni de 
L'éclas de leur verts. À D D.1: CT 


t.': V:3:9 


DS 


S A TIRE xil. 26c 
fonge & d'erreur accufée elle-même; 
bunal humain le Diey du Ciel traîné, 
teur de la Vie à mourir condamné, _ 
“ur toutefois à ce coup fut deçûë, r. 
r toi ton audace eut une trifte iffuë, 
\ nuit du tombeau ce Dieu précipité 
va foudain tout brillant de clarté. 
tout fa dodtrine en peu de tems portés 
Gange & du Nil & du Tage écoutée, 
perbes Autels,. à leur gloire dreffez,, 
licules Dieux tombèrent renverfez. 
t en mille endroits leurs honteufes flatués 
e plus bas ufage utilement fonduës, 
nir vainement, Mars, Jupiter, Venus, 

| | Ur- 

REMARQUES. 


.8 164. L’effropié marcha.] Le mot d’efropié, eft un 
générique qui convient également à ceux qui n’ont 
age de leurs bras, ou de leurs mains, & à ceux qui 
rclus des Jantbes. On en fit apercevoir notre Poëte, 
’cfforça de corriger cet endroit: 11 mit Le foible de- 
7. 1] mit aufh: Le muët discourut: maïs ces change- 
ne l’aïant pas contenté, il s’en tint à la premiere 
ion. s 
ts 168. Prètres, Pharifiens, Rois, Pontifes, Dolfeurs,] 
oit d’abord Scribes, au lieu de Pretres. On fit remar- 
Mr. Despréaux que Seribes & Doiteurs n’étoient que 
ne chofe. 
ts 178. Fat du Gange, © du Nil, Ÿ du Tagé écoutée. ] 
ois Fleuves font les plus fameux des trois Parties du 
e, l’Afe, l'Afrique, & l’Europe : car l’Amerique 
: pas encore connué alors. 
LS 182, Per leplus bas nfage 0 

Vs5xs 


262 S ATIRE XIL 
- Unes, Vafes, Trépiés, vils meubles devensæ. 


«85 Sans fuccember pourtant tu foûtins cet orage; 


Et fur l'idolatrie-enfin perdant courage, 

Pour embarafler l'homme en des nœuds plus fobtk, 

Tu courus chez Satan brouiller de nouveaux fk, 
Alors, pour feconder ta trifie frénéfie, 


290 Arriva de l'Enfer ta fille l'Héréfie, 


Ce Monftre, dès l'enfance à ton école inftruit, 
De tes leçons bien-tôt te fit goûter le fruit. 

Par lui l'Erreur , toujours finement apprêtée, 
Sortant pleine d'attraits de {à bouche empeñtée, 


«95 De fon mortel poifon tout courat s'abreuver, 


Et l'Eglife elle-même eut peine à s’en fauver. 
Elle-même deux fois presque toute Arienne, 
Sentit chez {oi trembler la Vérité Chrétienne; 
| Len 
REMARQUES. 
Vans 184 Urnes, Vafes, Trépifs, vils meables depui.) 
L’Auteur avoit mis au premier vers: Peur Le plus uil 


& au feçond: vains meubles deveuns. Mais Ce mot vaiss N# 


voit presque pas de fens, & il emprunta de Pautge. vers ke 
mot de vs Éuquel il fabfitua celui de bar. 


VERS 188. — Bropiller de ponvigux fils. ] ERRTUNR 
proverbiale, pour dire: Cawfer de nowveaux troubles. 


VERS. 199. Lars qw'attaquent La Verbe &r [a Divinité, D'un 
fa e smpie Bcc, Et Îes deus füivaps.] Le fecond vess étoh 


D'une adroite fyllabe ny faint 008 sugarmté, 
Mais P ute a! oi | iè . e. | sde 
<ette manièe 1 fait ces q " 


Lu 





S ATIRE XIL 163 
attaquant le Verbe & fa Divinité, 
ÿllabe impite un faint mot augmenté 
: tous les espaits d'aigreurs fi meurtrières, 
: fang Ghrétion couler tant de rivières, 
e au milieu de ces troubles confus, 
e.tems égaré, ne fe reconnut plus: 
plus d'un aveugle 8r cépébreux Concile 
fonge parut vainqueur de l'Evangile, 
à quoi bon ici du profond des Enfers, 
Hiftorien de tant de maux foufrets, 
er Arius, Valentin &Pélge, 
ces fiers Démons que toujours d'âge en âge, 
pour faire éclaircir à fond fes weriter, 
is qu'aux Chrétiens l'Enfer ait fuscitez? 
s heurler Jà-bas tous ces damnez antiques, me 


REMARQUES. 
sque chez. fes Sujets l'un contre l’autre armex., 
ter un Disu fuit homme an combat animez., 
fis dans que.guerre © fi trifle à fi longue, 
ir tant de Chrétiens, Martyrs d’uns diphthenges. 


ens nioignt la Confubflantiatté du Verbe, & Écn 
» mot éuobcios qui fignifie confubffantiel. 1ls difoient_ 
fils étoit ouosovesoe rœ eærpi; C'eft-à-dire, de [abs 
sblable & celle du Peres mais non pas ouoûrios, ou 
émodoioc, c’eft-à-dire de même [ub/fance que le Pere. 
héréfie des Ariens confiftoit en une diphthongue, 
au mot éuoÿoio, auquel ils fubftituoient le ‘mot 
. Cette Diphthongue eff {a Diphrhongue os, que 
1odoxes rejettoient, aimant mieux foufftir le mar- 
d’admettre certe addition, qui , toute Jégere qu’elle 
tuit la Divinité du Verbe. . ° + 
LAS 


# 


264 S À TI R' E XI. 
Et bornons nos regatüs aux troubles fanatiques, 

215 Que ton horrible fille ici fut-émouvoir,. 

Quand Luther &. Calvin remplis de ton favoir, 
Et foi difans choifis pour réformer l'Eglife,. : L 
Vinrent du célibat affranchir la Préüife; ‘+ 
Et des vœux les plus faints blâmant l'aufterité,'  ! Æ 

220 Aux Moines las-du joug, rendre ladiberté, * . - ‘ne 
Alors, n'admettant plos d'autorité vifible, ‘x ! 
Chacun fut de la Foi ceñfé Juge infaillible, =: % 
Et fans être aprouvé par le Clergé:Romain, . : -” % 
Tout Proteftant fut Pape.une Bible à la main. 

225 De cette erreur dans pen nâquirent plus de Seéies 
Qu'en Automne et de voit de bourdonnans nids 
Fondre {ur les raifins nouvellement meuris; 

Ou qu'en toutes faifohs-fur les mutsà Paris," : & 

On ne voit affichez de Recueils d'amourettes, | 
230 De Vers, de Contes-bleus, de frivoles-fornettes, 

Souvent peu recherchez du Public nonchalant, : 

Mais vantez à coup.fûr du Mercure Galant. - : 

Ce ne fut plus par-tout que fous’ Atiabaptiftes, 

Qu'orgueilleux Puritains, qu'éxécrables Détités, 
235 Le plus vil Artifan eüt fes dogmes à foi, 





re, . .. ns 
REMARQUE Se 

(VERS 228. Sur les murs à Paris. ] Quelqu'un ropols À 
l'Auteur de mettre f&r les murs de Pie Si L ee fr: lu 

murs de Paris, dit-il, cela fignifieroit les murailles de le Vi 
VERS 249. 44 f ignal tout à coup. donné pour le. 
Le maflacre des Huguenots. fait cn Érance > CA ATEN 
Jour de faint Baithelemi, , ,,; : ......0 12. be | 


n 


S A TIRE XII. 26$ 
que Chrétien fut de differente loi. 
corde, au milieu de ces Sectes altières, 
1 lieux cependant déploiïa fes bannières; 
ile, au fecours des vains raifonnemens 
int le ravage & les embrafemens, 
plus d’un païs, aux Villes défolées, 
‘herbe en vain chercher leurs Eglifes brûlées. 
ope, fut un champ de maffacre & d'horreur : 
irthodoxe même, aveugle en fa fureur, 
; dogmes trompeurs noutriffant fon idée, 
a la douceur aux Chrétiens commandée; . 
t, pour vanger Dieu de fes fiers ennenks, 
ce que Dieu défend, légitime & permis, 
gnal tout à coup donné pour le carnage, 
les Villes, par-tout, théatres de leur rage, 
mille faux zélez, .le fer en main caurans, 
nt attaquer leurs amis, leurs paréns, 
uns diftinétion. dans tout fein hérétique, 
de joie, eufoncer un poignard Catholique. 
uel Lion, quel Tigre, égale en cruauté 
njufte fureur qu’arme la Pieté ? | | 
s fureurs, jusqu'ici du vain peuple admirées, 
OS | Etoient 
REMARQUES. 
RS 256. ‘Une fnjufle fureur qu’arme la Prété.] On aen- 
quelquefois réciter à l’Auteur: Une iniu/fe furenr qui 
pité. Cette expreffion étoit plus hardie. | 
RS 257. Ces fureurs jusqu'ici du vain pape admirées, ] 
nt eu deffein de mettre aderées, mais il a préferé le 
a’ a mis; quoi que Pautre smét plus échemens 


À 


266 S A TIRE XII 
Ætoient pourtant toujours de l'Eglie abhorrées; 
Æt.dans ton grand crédit pour fe'bién conferyer, 

#60 I] falloit que le Cie} pat. les apronver. | 
Ce chef-d'œuvre devoir touréhner ton adreffe, 
Pour y parvenir donc, ton aétive foupleffe, 
Dans l'Ecole abufant tes graffiers Ecrivains, 
Fit croire à leurs esprits ridiculement vaîns, 

_à65 Qu'un fentiment impie, injufte, abominable, 
Par deux ou trois d’entr'eux réputé foûtenable, 
Prenoit chez eux un fceau de probabilité, 

Qui même contre Dieu lui donnoit füreté; 
Et qu'un Chrétien pouvait, rempli de confiance, 
L M 


: REMARQUES. 


VEns 265. Owen fontirémit impie Bec. ] IN. Després 
cenfüure dans ce vers & dans les fuivans le Dogme de 
PROBABILITÉ Yeütenu par les Jefüites, & qui eft co 
me le fondemont de touteleur Morale. Voiez M. Pasci 
Lettres Provinciales, Lett. V. p. m. $9. & fuiv. ADD.) 

[VERS 265. 267. Par deux ou trois d'ours pété, 
sable, Prenoit chez eux nn fceas de probabilité, ] 11. n° 
befoin de drwx on trois Dotteurs: pour ren&te wne-Opi 

obable. ‘Un feu! Gift pour lui donner cette qualité . F 
demanderex peut-être, dit SANCHEZ, Ji l'autorité d'un 'Jeul D 
teur-bon 67 Jauant rond sne Opinion probdble. LA ques ja ti 
oui, Et eff ce qw’affurent Angelus, Sylv. Navarre, £ 
manuel Sà, &cc. Er voici comme on le preuve, ‘Une opinion ) 
habile ejt celle qui # nn Fendemen cenfiderable. ‘ Or l'autorité 4 
dsmme favant à pieux Weff pas de petite confideration, Cers 
démoignage d'un tel honsme eff de grand poids paur naus af 
gf'une chofe Le foit paffce , par exemple, a Rare serge me .ft 
vet-sl pas de même dans un doute de Morale? Et Ma 3 

jeuwte-t-il, qu'y apportent certains Auteurs ne me plait { 
D amorisé év tel Doéteur eff Juffifante dans les TX 

demain, mais non pas dans celles de Droit divin, * Car elle @ 





&"! 


$ A T IR E XII. 267 
lême.en le condamnant, de fuivre en confcience, 
C'eft fur ce beau principe, admis:fi follement, 
v'aufli-tôt tu pofas l'énorme fondement : 
cl plus dangereufe & terrible Morale, 
ue Lucifer, aflis dans la Chaire infernale, 
omiflant contre Dieu fes monftrueux Sermons, 
lt jamais enfeignée aux Novices Démons. 
udain, au grand honneur de l'Ecole Païenne, 

n entendit prêcher dans l'Eglife Chrétienne, 
1e foué le joug du Vice un pécheur abbatu 
uvoit, fan aimer Dieu, ni même la Verty, 
r Ja foule fraïeur au Sactement unie, 
Ad- 


REMARQUE 6. 
1d paids days Les ones & deus lesautres. PaRcal; Latt. Vs Pi 59e 


v. ADD.] 

VERS 269. a7o.. Et qw'un Chrétien pouyeit, rempli de con» 
ces Môme en de condamnant, le fuivre en confciençe. ] EF 1e 
stivs dit qu'il ef permis de [usure l'opinion la moins pro 
€» quei que da moins [ére. Le P. BAUNI foutient que 
md le Penisent Juÿt.sne Opinion probable, le Confeffeur le doës 
#dre, quoi que fon Opivion foit contraire a celle du Penitent : 
que ref/er labfelusion à un Penitent qui agit Jtlon une Opi- 
» probable gf nu péché qui de fe nature aff mortel. Et il cites 
x sonfrner cc fenrimenr, trois des plus fameux Jéfui- 
, Ft Vasquez, & Sanchez. Pascal, Let. V, p. 6% 
A PD. | | 

Vans 273. De la plus dangereuls & terrible Morale que Lu 
x &c.] La Morale qu'on a tant reprochée aux Jéfuites, 
gout M. Despréaux va rapporter les principaux traits. 
VD. . | 
Vus 280. Renvoir, fans aimer Dieu Btc.] Dans ce Vess 
dans les sinq qui fuivent M. Despréaux en veut.aux Jé- 
€$, qui:ont dit qu’on n'Aoif pas obligé d'aimer Die pour 
c fawé x. que Padripien sonçuc par. la fenie craint 
i : à 8 





#85 


‘confere , confidere , ©’ attende loss comme 
Le Pete Tannerus aufli J 


248 S A TIRE XIL 
Admis au Ciel jouïr de la gloire infinie; 
Et que les Clefs en main, fur ce feul.pañleport, 


Saint Pierre à tous venans devoit ouvrir d'abord, 


Ainf pour éviter l'éternelle misère, 

Le vrai zèle au Chrétien n'étant plus néceflaire, 
Tu fus, dirigeant bien en eux l'intention, 
De tout crime laver Ja coupable action, | 

oc a  Bien- 

RÉMARQUES. 

des peines.de l’Enfer fuffifoit avec le Sacrement. Voyez les 
preuves qu’en donne M. Pasçal dans {es Provinciales, Lettre 


X. p. 143. © fuiv. C’eft pour. combatre ce Dogme horrible 
que M. Despréaux a compofé fa XIL. Satire. A D D.] 


[VERS 287. Dirigeant bien en eux Pintentien.] Filiutius dit 


qu£.c’eft l'intention qui règle le qualité de Paëtion. Pascal, 
Len. 1X. p. 127. Voyez aufñli la Lettre VII. où cette mai 
re eft traitée à fond. AD p.]. | 

[VERS 289. Se parjurer ceffa d'être sn parjure.] On peut ju- 
ver, dit SANCHEZ, gwen n’a pas fait nne chofe, quei gwen 
Pait faite effeitivement, en entendant en foi-mème, qu'en ne lé 
pas faite sn certain jour, ou avant qW'en fut né, om em feus-e- 
tendant quelque ahtre circonffance pareille , fans que les paroles 
dont on  fert, ayent aucun fens.qus le puiffe faire connoître. Et 
cela, ajoute ce eux Cafuifte, # fort commode en beaucenp 
de rencontres, & eff toujours juffe, quand cela ef néceffaire en 
stile pour La fanté, honneur en le bien. Pasc. Lat, IX. p.126, 
127. AD D.] ee 

[VERS 290. L'argent à 1e denier [e prèta [ans pfire, 3 Les 
Peres Bauni & Sanc 


teur à leconferer, ce nef point fimonie, encore qe celui qui k 


füite. dit la même chofe 
Per 








SATIRE XL. #5 
st fe parjurer ceffa d'être un parjure. 
ent à tout denier fe prêta fans-ufure. . 
iimonie,: on put contre un'bien temporef 
ment échianget un bien fpirituel. | 
in d'aider le pauvre. on dispenfa l'avare ; 
me chez les Rois le fuperfla fat rare. 


alors qu'on wouva,. pour fortir d'embaïas ; 
pis ’ L'Ars 


REMARQUES 

L Lettre VI. p. 73. 74. © fuiv. & Leatre XII. p. 179% 
v. Voyez aff là Défenfe de la‘XIL Lettre AD D.] 

LRS 293; Du foin d'aider le pasvre en dispenfa l’avare.]: 
"que les-rithes, dit ESCOBAR, ne péchent point mor< 
mé > quand: ils ne- donnent point laumôêne de leur fuperfiss 
rs grandes nécel]itez des pauvres. Pascal, Lettre IX. p. 123. 
XIE p. 173.6 fhiv.- &: la Défenfe de le XIL. Lettres 


ERS 294. Er méme-chex les Rois le fuperflu' fut rare: } 
QUE dit que’ ce que les perfonnes du monde gardent pour 

r leur condition 6: cellé de leurs gares » n’eff pas apellé 
#. Et Cefl pourquor,-ajouteit-il, 4 peine trouvera-t-09 
y ait jémaïs de fuperfiu dans les gens du monde ,  & non 
éme dans les Rois. DiANA, intime ami des Jéfuites 
and Partifan de leurs Opinions, après avoir rapporté 
iroles de-Vasquez, en conclut, Que dans la queffion : 

riches font obligez. de donner l'aumêne de leur fuperfis ; en 
ne Paffirmative für véritable, il n'arrivera jamais, 01 
e jamais, qW'elle oblige dans là pratique. Pascal, Lettre 
. 67. Lettre XH. p. 172.-6 Juiv. &c la Défenfe de la 
Lettre. A DD.] 7. ‘ 

ERS 295. 296. Cf alors qu'on tremva . .:. L’.Art dé 
* tout haut en: difant vrai tém'bas. ] Filiutius donne ce 
n d’éviter le menfonge, ,, C’eft qu'après avoir dit. 
t haut, Ÿs jure que je. n° ai point fait cela, on ajoute tont: 
}, asjowrd’bus : ou qu'après avoir dit tout haut, je jwre; 

dife tout bas, que je dis, & que l’on continue enfuite’ 
Æ haut, que je n'ai poins fait cela. *” Pascal, Lettre IX: . 
7e jorez auff la Remarque füur-le vers 289: de ‘ectte- 

° ADD, ]. . 


M3 a CVsxg 





279 SÆTIRE XIL 
L'Art de mentir tout haut er difant vrai tout bar. 
C'eft alors qu'on apprit qu'avec un peu d'adrefe, À 
Sans crime un Prêtre peut vendre trois fais fa Mefles 
Pourvû que, laiflant-là {on falut à l'écart, 
300 Lui-même en:là difant d'y prenne aucune paït. 
C'eft alors que l'on fut qu'on peut-pour une pomme, 
Sans blefler la Juftice, affafiner un homme: 


REMARQUES 


CVEnRe 298. Sans crime un Prétre peut vendre trois fit 
er.) Un Prétre qui à reçu de l'argent pour dire. nes Mt 
pent-il recevoir de nouvel argent fur la même Maffer C'el une 
queltion propofée par les Jéfuites, & voici la réposéé 
qu’ils y font. Ow, dit Biliutius, ew ap/iquans Le partie du fr 
erifice qu Lui apartient conese Prêtre, à celui qu le paye de me 
vesn, pourvi qu'il n’en reçoive pas autant que pour we fi 
ontiere ÿ MAS {lslomment pour en partir, consme- pour metiers 
Mife. Vôyez Mr. Pascal, Lettre V. p. 74. A DD.] 

[VERS ser. & fuiv. C’ef aiors que lou fes qu’on peut pen 
gese porme , Sans bleffer la Fufice, Afafiner sn. honsms Ka] 
L'Exede, dit L&ssius, défond de tuer les ueleurs dé jour qui 
me fe défendent pas avec des LArmes; © on punit en juilice cat 
gui tusroïent de caite forte. Mais néanmeins , pousfüit-il, # 

— w’en feroit pas coupable en comfcience, lors qu’on n’eff pas certain. 
de pouvoir recouvrer ce qu'on'nas déroke, € qu'on eff en dent, 
somme dit Sotss ; parce qu’on w'<f pas elisé de s’expoler an pr 
gel de perdre quelque chefs paur fanver às voleur. Er sous cela df 
encore permis aux Ecclefièftiques mivses.. Il n'4f pas permis, dit 
encore Leïlius, de tuer pour conferver une chefs de petite valeur, 
cansue pour sn. Eee, on por nue Pomme, f ce n'of qu'il sons 
fs honteux, de ls gerdre.. Car alors on-pert Le roprondre,. 6 mé- 
se tuer, s’il eff néceffaire, pour.le ravoir ;: parce que ce nef} pas 
saut défendre fon bien-que fonhenneur.. P » Let. XIV. Re 227. 
& 232. ADD.] : F 30.1 Ces regande 
. VERS 309, Veux-je d'in Pape slluftre,, i se 
es Propofñrions ondamaes pat le Pape InwocexT XL 
feu que je vais ajeûtes fera voir qu'il n’en veut point aux 
e 

e 





uites en particulier. Voici dans quels termes il m’écæitt 


z. Août 1707. ;, J’ai mis ma Satire contre P'Equivoque 
. . ». 


\ 


S A TIRE, XIR 3 
faffiner! Ab non, je parle improprement:: 
fais que prêt à la perdre. on peut innocemment, 
atout ne la pouvant fauver d'une autre forte, 
laffacrer le voleux,. qui fuit & qui l'emporte: 
afin ce fut alors que, fans fe corriger, 
‘out pécheur..… Mais où vais-je aujourd'hui m'eng 

gager? | 

feux-je d'un Pape illuftre, armé:contre tes crimes, 


- 


4 


REMARQUES. 
| sreffée À't'Equivoque même, cn état de pasoîtte” au 
, yeux même des Jéluires , fans. qu’ils s’en. uiffent le 
, moins. du monde offenfer. Et pour vous en donner pas 
, avance une preuve ;. Je vous dirai, qu’äprès y avoir arta= 
, qué affez fouameont les plus affceufes propoñrions des’ 
, mauvais Cafuiftes, & celles fur tout qui fonr condam-- 
, nées-pas le Pape Innoccnt-XL. Veici comme je me 1e 
 pPrens.-- ui baodte et 0 : . Te 
Enfins. on fat niors que, fans fo'errieer, - 
Tom Picheur.. … Mais où vads-je agjourd'bni mnt arf 
Veux-je ici, raffemblant un corps de res maximes,. 
Donner Sete, Banner, Diane mis en rimes; | 
Exprimer tes détours burlesquemsent pieux, : 
Pour disculpor lhnpur,. le Gourmand, lEnviensg. 
Tes fuboitls fans-fsians pour foiver là Moltife,. 
_ Le Larcin, dé Dusl, le Last, La Pare: 4 
Eu mut,-faire voir à fond déubpe 
. Tous ces Dogmes affreux d'Anathène freres: 
Qw’èn chaire tons les jaurs combattant ten audacs 
Blément plus haut que moi Les vrais enfans d’Iqnacs 8 
Foici une partie de ce que je lui répondis fur çes article-Fèg- 
Ea cepalant L 


fus vos dergiers vers, j'ai remarqué-ceux-Gis: 
M4 Veux 


372 S ATIRE XIL 
310 À tes yeux mettre ici toute la Balle en rimes; 
Exprimer tes détours burlesquement pieux, : 
REMARQUES. 
Weux-je ici réfemblant sn corps de tes maximes,. 
Donner Soto, Bannex, Diana, mis en vinises ? 
%s Perniettez-moi de vous demander fi L’on peut dire: 
ss ner un Auteur mis en rimes; Où bien, par éxemplc 


. ss veux donner ici la Bible mife en rimes? Ce n’eft qu 
» une extrème timidité que je vous propofe ce fcru 
n mais fappoñé qu’il ‘ae vols paroi pes déraifon 

_» VOïez, Monfieur, fi l’expreffion fuivante conviendi 
». votre penfée, ue 
Veux-je donc, raffemblant un corps.détes maximes,. | 
DMattre.ics Diane, Sote,. Bannex, en vinees ? 
Mr. Despréaux n’eut point d'égard à ces deux vets, 
äl changea les fiens, en mettant ceux-ci à la place. . 
Voux-je d'un Pape-ilinfi ». Ath contre.tes nimes 
A.tes yeux mettre ici toute La Balle en rimes ? 
M changea aufli les deux derniers, 
Qu’en chaire tous les jours combattant ton audace,. 
Blément plus haut que moi les vrais enfans d’ Ignace, 
en ceux-ci, où il ne loue point: lès Jéfiites, mai 
défigne clairement-qu’il.ne s’adsefle point à eux. 
Que tous les jours ; vémpii de tes-vifians folles > 
Plus d'un Moine à long ffot préche dañs tes Ecoles. 
Mais il les crangea encorc de cette manière: 
Que fins peur débitant tes diflinéfions folles, 
+ L’Erreur encer pourtant maintient dans tes’ Ecoles, 
ECes chängemens font voir que Mr. Despréaux'# 
effeétivement aux Féfwites, & qu’il fe faifoit de La pe 


S A TIRE XIE 273: 
Four disculper l'impur, le.gourmand, l'envieux; 
Tes fubtils faax-fuïans, pour fauver:la moilefle, Le 


REMARQUES M 
grévariquer dans une chofe auffi claire que celle-là. A D 27° 
[VERS 312. Pour disculper Rimpur.] Le Pere Bauni décla- 
m que les filles’ont le droit de dispofer de leur virginité 
fans leurs parens. Qsand cela fe fair, dit-il, du confentement 
dela fille, quoi que le Pere ait fujet de Penfléndres ‘ce-n’eff pas” 
Wanmoins que ladite-fille, os célus à qus elle ef ppinées lui 
gyent fait ancun tort, om violé pour [on égard la jufiicé: car l4: 
flle ef en poffeflion de: fa virginité, auffi. bien que da Jon crpss 
Nle en peut faire ce que ben bi femble, à lexclufion de la mort 
ne du retranchement de fes membres. Escobar aflure qu’uns-mé= 
hante intention ,-comme de regarder-des-femmes avec nn defir im= 
mr, jointe-à celle d'ouïr La Meffe comme:lil- faut, n’empéèche pas 
pwon n’y fetisfaff. Pascal, Lettre LX.p, 129. 8 131. Le Per 
R Bauni demande ce gwon doit. faire entre les Maitres & les’  - 
Servantes, Coufines Ÿ Confins qui demeurent enfrmble,: © qui Le 
wrtent matncllement à pécher par cetté eccafñion r Il répond qu’il 
aut les feparer f-les rechutes font frequentes: mais que s'ils 
Poffenfent que rarement par enfémble,-comme .fsroit uxe-on deux 
ois le mois, &r qw'ils ne-puiffent fe feparer fans grande: incommo= 
bté & mt Pt pourrs les abfoudre &te. Le même Jéfüuite’ 
ffure qu’! ef permis à toutes fortes. de perfonnes d'entrer dans 
les lieux de débauche: pour y convertir des femmes-perduës, quoi 
sl foit bien vraifemblable qu'on y péchera: .comms ff on 4. déja 
prosvé fouvent qu'on s'eff laiffé aller an péché gs la vie & les’ 
ajollerierde ces fenrmes &xc. Pascal, .Leitre- X.. D, 142. 143. 
Loop.) . ce D D TT _. 
{Le gourmand: Eff-:l fs, deriandent les. Jéfuites, de’ 
vire À" nounger topt fon jaout fans néceffité & pour la feule ve=. 
wpté?.: Oni certainement , felen Sanchez, répondent-ils ; pouruë 
me cela ne nuife point & la fanté, parce qu’il «f-permis à l’appe= 
naturel de joutr des altions qui lui font propres. Pascal, Larr. 
X. P- 1255-ADD.]' ee : L | 
[L’envienx;3 Le Pere Bauni dit que l'envie du bien fpirituel” 
# prochain eff mortelle, maïs que l'envie du bien temporel n'ef8 | 
me veniellé : car ; ajoute-t-il; le bien -qui. fe tyouue és chofes 
pwperelles eff fi mince, &r dé fipen de-confequence pour le Ciel, 
w°s1 ef de nulle confideration devant Dieu Gr. fes Sasvts. Pascal, . 
#ttre IX, p. 124 ADD]. , à: 
LVénasi333 Tes furils faux-futans apour fanver le:melleffe. 1: 
-$ C=- 


0) 


æ 


’ 





274 SATIRE KXIL 
Le lercin, le du, le luxe, Ja parede : 

35 En un mot, faire vair à fand dévelapez. 
"Tous ces dogmes affreux d'anathème frappez,, 
Que fans peur débitant tes diftinétions folles, 
L'Erreur-encor pourtant maintient dans tes Ecoles > 

… Mais fur ce feul projet foudain puis-je ignorer. 


RE MARQUE & 
it bawqueregts, demande Bscobar {les fret 
de Sn retensr de [ès biens autant neceffaire pour 
faire fuir Je frite avec botmeur ?- D fnsiens qu'oni, ps 
Lefiss, repond-il,. dr ame snesre qu’il des. eut £éguex per des 
Vnjwffrces , © des crimes comes de tont le sonde : quoi qu'un « 
das he puifle pas retenir nnr hui granile quantité qu'eutre- 
vert, Pascal, Letree WIIT, p.106, Veyez auf la Remarque 
durite vers 294 ADDF 
CV ÊRS 314 Le lercim 1 Lolus: affure qu’il permis de 
dérvbrr non Jenlinewns dans se eotYebs necefidé ; mais anore dns 


FAT. .. 1084 ne Pr Que guend-en vèst nd gode pre 





desdits 1 gages 4 À leur À ie pone Ils le peuvent en es rescetrets 
po topsqé'ile Jeni fi paisvres ti 
Frôns pa que oblitex, d'accipter l'offre qu’on leur # fus, 
pe leticbres Vaters de leur Jorre gagnent devautige ailours 
“Bettie- VS p. 78: AoD.} 

(Le dat} Si un Soldat à l'armée, dit ie Pere Lasmas, 
_en.un Gentilhomme à la Cour, fe trouve en éas de perdre jen bex- 
Été Er meE per #" lite ing dm 

FF condamner ropoit pour fe défeudec.… Hu 
dé dévire que ne bnère end Pas dundee: cnlese fs 
bien, s' n°y a. re Dom de L.confervers parce que shot 
le dhoit dé difendre fenbien ,. € mémrperle mort de fes euh. 
Bascal, . Lettre VII. p. 88:. ADD.] 
FC her à dvans dt Etes, fans memsif e 
508 


{ 


$S ÆA TRE XIE TS 
5 Aqueli-romseus combats il BHt me préparer 2 
J'entens déja d'ici ses Daéteurs frénétiques 
Hautement a çopapter au rang des hérétiques: 
M'appèler fcélérar, traite, fourbe, impoñteur 
Froid plaïfant, faux boufon, vrai calompiateur :: 
: De Pascal, de Wendrock, copifte miferable,. 
D TT 2 Le 
RE MARQUES | 
tion ;-mais feslemens pour fatisfaire linplinetion astuelle,. gs” ot, 
a à la vanié: ou ce n'eft qu'un péché veuiel, og ce nef post | 
péché du tout. Le Pere Bauni déclare que bien qwe-l | 
eÂs cenneifance dy manvais effes que fa diligence à fe parer opere= 
toit Wa corps G en l'âme de ceux qui Le consemplexeïent ornée” 
de riches Gr prociows habits, qu'elle ne péchereës néanmoins en en: 
fervant. Escobar aflure qu’#ne femme peut jonër, & prendre 
per Fe # fete 4 on Mari. Pasça}, Less. EX -p, 1294 
158. D D. 
ere La para] » dit Escobar,.ef ne trifefe de ce: 
que Les chajes Jisituelles Jens Srituelles, enpupe rois de s’afli- 
ger de ce que des Sasrguens Jout La fours de la gras. Et fs 
Pontinue-til ».#n péchy mortel, Mais me perfonne p£° 
#eft-aparcmmont jamais ayifé-d’êrre pareileux de cette ma-- 
pigrc : ce Pere aveuÿ quil hf bien rare que perfonse tombe j@ 
sais dans le péché de parle. Pascal, Lesire IX.-p. 1351 ADD.] 
Vas 323: 324 M'opp4ler [céléras ; traître, fourbe, im 
pan: eg y phaifaut,-fenx boufan, vrai calommiateur.] Mr. 
doyaigme Lettre, s#x Revqrends Peres Féfuites 
f+ plains à ces-Peres de ce qu’ils l'avaient pale wie, Bou 
fes: res Forces Tmpofeur, Calspniaiqur, Fowrbe, Dar 
réiqut » Cominiis déuifés Discigle de. Ds ” Minis Pafréé 
pus Laine YA Lee XIL p 17% AD2.] | 
[Vuas 2325. De Paic W: copife -mwiferable, ] : 
Men A D ié ici les. ftiens que Me 
4-faies contre tes ss s Lertes Pre 
Puel op pa vipRt de le von, Mi. NicoLe, us le” 
46. WEnvRoCx 4 3 téaduis cps Lotties, ex: 
pa W-8t ds ne a tra y Commentaire qui sx: 


ame pins épduE- dc plat setodèque EE 
iatisalés fer M ÉE HSa mEro Rdue kw dé 





276 S A TI RE xXIr 

Et, pour tout dite enfin, Fänfénifle éxéciable: 
J'aurai beau condamner, en tous fens expliquer; 
Les cinq dogmes fimeüx par ta’tmairi fabriquez;. 
Blâmer de tes Dédtéurs la Morale'rifible: 


39 C'eft, felon eux, prêcher un Calvinisme horriblé: 
| | AC 


/ 


REMARQUE & 


vres imprimez, auèc Là permiffion @" Paprobation des Superieurs de’ 
deur Compagnie: par mn Dotteur de Sorbonne. Cet Ouvrage pa- 
fut en 1667. in 4. On l’a depuis imprime pis d'ène is 
en s, Volumes in 12. 11 a été traduit & publié-en Anglois 
vn fie. AD D.] | 
: VERS 32%. Les cinq dègmes fèmenx par ta maïn fabri ] 
On s’eft imaginé; en difant ce vers’, de Mr. Despréaux 16° 
gardoit les cinq Propofitions de Janfénius comme des Pro- 
pofitions équivoques, qui peuvent fe prendre-dans un ben, 
ou dans un mauvais fens. Mais il cft clair que ce sf 
point là fa penfée, 1l veut dire que les cinq 'dégmes fs- 
meux: ont ‘été fabriquez par l’Equivoque, Comme il dit 
plus haut que l’Arianisme; le Luthéranisme, &c les autres 
Héréfies viennent -de-l’Equivoque. Ainfi, bien loin que ce 
vers rende fa religion fuspeëte à l’égard du Janfénisme; 
œ’eft une preuve évidente qu’il croïoit le Janfénisme une 
Hétéfie aufi véritable que lArianisme, & toutes les auttes;. 
Puis qu’il en parle dans les mêmes termes. [Le Cômmen 
tateurne repréfente pas fidélement la penfée: de Mr. Des- 
Préaux: Pour s’en former une jufte idée, il faut fe foures 
air qu'environ Pan 1652. quelques Doëteurs de Sorbonne 
pouffez & fourenus par les Jéfüites-drefferent cinq Propek- 
tions qu’ifs prétendirent être hérétiques & tirées ‘d'un On: 
vrage de‘Janse’nius Evêque d’Ipres., intitulé 48), 
parce que-cet Evêque yexpliquoit la Doétrine de St, hsque 
tin fùr laGrace, Les Partifans de Janfénius, que l’ôr n08 
ma Fanfénifles fe phaignirent que ces Propofitions avoienrété: 
fabriquies à plaifir , & compoftes de termes ambiqus à dE pgh ser 
qui les rendoient en même rems fusceptibies du fers de 

vin, condamné par le-Concile de Trente comme cute 


_& du féns de-la Grace efficace par elle-même ; enféigéé 
‘&t. Auguftin ; par St. Thomas & par Janfenius. Erle bté 
‘Jéfiites étant, en effer, d’établir la Grace füffifarire:de Mekiha 
Ailes -ruines-de La Gracç sflesce de St; Argnfio ile nette 


S ATIRE XII 217 
“hier qu'iéi bas! par l'amour-ppelé, {© 
pour-tous les humains voulut être immolé. 
évenons tout ce bruit, trop tätd-dans le naufrage: 
us on fe repent d'avoir bravé l'orage: - : - 
à done, ma Plame: Et toi, fors de ces lieux, 


KEMARQUES. 


nt qu’à enveloper dans la condamnation du fens de- 
n, la Doétrine de St. Auguftin expliquée par Janfé- 
Ces ropoñitions ont été condaminéés par les Papes ;. 
Janféniftes après plufieurs conteftations fur la ques- 
i-elles étoient ou n’étoient pas-heretiques & par-cen- 
nt. condamnées dans /e.fens de Fanfénius, ont enfin de- 
qu'ils .les:condamanoient dans tess les fens que‘les Pa- 
s avaient condamnées, & qu’ils n’avoient fur-ia Gra- 
icace d’autre fenrtiment que celui de St; Auguftin & de 
homas. Cette déclaration n’a pas empêché que les 
es n’ayent continué à les traiter d’hérériques, & de 
ufles; & à foutenir que le Fanfénisme eft une See 0 

à lEglife,. une noswvelle Héréfie, un Caluinisme horrible, 
Jespréaux, qui regardoit ces accufations comme fauf- 

calomnieunfes, les cenfure-ici, 8 craint qu’on ne le 
avec la même-injuftice-que l’on a traité les Janfé- 
. Comment le Commentateur a-t-il donc ofé lui fai- 
e qu’/ croyoit le Fänfenisme une Héréfie auffi verirable 
enisme &cc.?N’à-t-il pas redouté le Public & les Amis 
r Despréaux? A D2.] a 
Rs 330. Cf, felon eux, précher un Calvinisme horrible.] 
ues copies portent sn Yanfenisme: &: C'eft ainf-que 
ur avoit mis d'âbord 
RS 332. Dies pour tons les bnnsaïns voulait être smmolé.] 
é de ce vers il y avoit écrit: Propofition de St, Paul, 
ft dans la feconde Epître aux Corinthiens, chap. V. 
6 15. Pro omnibns mortuus eff Chriffus. (Mr. Despréaux 
#1 awra beas condamner les cinq Propolitions dans tous 
18 hérétiques qu'on y pourra découvrir, 6 Llêmer de 
télâéhéé des Jéfüites dont it vient de parler; qu'on 
ffein pas de le-traiter d’hérerique; 8e: de prétendse 
croit avec. Cakvih ‘que Jasus-Cuaisr #cft pes 
>Oùz tous les Horhmes &c: ADD} --:: :. 

M7 Vsas 





279 SA TIRE XIE 

Monitre, à qui + par Un trait des plus capricieux: 

Aujoprd'hni terminant ma coude fatirique,. 

J'ai puêté. dans nues vers uncame alégorique. 

Fui,. va chercher ailleurs tes patrons bien-aimez, 
34o Dans cpaïs par toi rendus fitepommez. 

Où l'Orne épand fes eaux, & que la:Sarthe arrofe:: 

Ou, fi plus fûrement tu-veux- gagner ta cauje, 

Forte-h dans Trevoux, à ce beau Tribunal .. 





RE MARQUE Se 


Yen: 3417. Où POrns épand [es eaux, ér ‘que La Sarthe are 
PA. L’Orns cf uneRivière de la baffe Normandie. La Sarté 
eft une Rivière du Mans. Les Bas-Nermans font grans 
amis de l'Equiveque ; mais on dit en:Proverbe, qu’ss 
Mansens vass nn Nesnand C7 dems.. L A Fourainx femble 

| soir aneberi fax culs dans un de fes Gomes LE 





LE Paire des | QNgSs qui ap ! 


DA * taque di 
nm PMis HQE AFCOM 
m Qi Qu QuATF endroits pese Ter 
on lenx die, np x aides PLo 
$e d'ailleurs PCA TES en ruse 
En D bffon que fes: doilgsn q ge 
PAR: eu 14 MÊMES Cire &ipn à. pag LR | 
[VERS 343 Sss Pere Je den ion, à. Rd Le 






‘ 





SATIRE XIL 279. 
Oùde nouveaux Midas un Sénat monachal, : 
Toules mois,. apuïé-de-ta fœur l'Ignorance. 

Pour juger: Apollon tient. dit-on , fa féance. 


REMARQUES, 


vaue Midäs un Sénat Monachal, Tous ler mois, appayé dé ta 
fr lgurance; Peur jar All Be 1 Les Jéfites de Par 


ae.] 11 y avoit: 
Tous les mois fous Pppui 8ec. 


Énane Vers 345. Tous les mois appañé de ta faur Pine 





EPITRES 


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de Er 
 PITRE L 


‘7 


MER ax D Roi , C'eft vainement qu'abju- 
PRAE rant la Satire, 
SA Pour Toifeul deformais j'avois fait vœu 
FE d'écrire. 

: Dès que. je pres la plume, Apollon 
éperdu | 

de me dire:. Arrête ,. infenfé,. que fais-tu ? 
cu-dans quels périls aujourd'hui tu t'engages? c 


n 






ae 
. 


REMARQUES 


rès le Traité d’Aix-la-Chapelle, conclu au mois dé 
Mai, 1668. la France jouïfloit d’une heureufe paix, 
la précedente guerre. n’aïant duré qu’un peu plus 
: année, la valeur de la Nation n’étoit point fatisfais 
€ la plüpart des François ne refpiroient que. la guerre, 
olbert feul en détournoit le Roi: difant que la Paix 
Punique moïen de faire fleurir les Arts & les Scien- 
&t. de maintenir l’abondance dans le Roïaume. Ce 
our feconder.les intentions de ce grand Miniftre,.que 
Auteur compofa cette Pièce, dans laquelle il entre 
le louër le Roi comme-un Heros paifible, en faifane 
’un Roi n’eft ni moins grand, ni moins glorieux 
fa paix, que dans la guerre. no 
tte Epitre fut faite en 1669. & ce fut Madame de 
ANG= qui la préfenta au Roi. 
17. Vers 3, Dés que je prens le plume, Apollo éerdu,. 
Virgil. Eclog. VL 3. 


Dew.cansrem veges © pralis,.Cynthins aux . 
Yellit, & admonsit. 


LANG, Vers 5: Saissiw dans quels périls anjewrd'hui te 
| les 


® 





28» EPITRE TI 
Cette mer où tu cours eft célèbre en naufrages. 
Ce v'eft pas qu'aifément ,comme un autre, Tos dur 
Je ne pâfe attacher Aléxandre & Céfar ; 
Qu'aifément je ne pûffe, en quelque Ode infipide, 
ro T'éxalter aux dépens & de Mars & d'Alidè: ” 
Te livrer Le Bosphore, & d'un vers incivil 
Propofer au Sulsan de Te ceder le Ni, 
Mais pour Te bien louer, une raïfon févère: 
Me: dit qu'il faut fortir de Ja route vulgaire: 
5 Qu'après avoir joué tant d'Auteurs différens, 
Phébus même auroit peur, s'il entroit fur les rangs 
Que par des vers tout neufs, avouez du Parnañle, 


REMARQUES 


s’ngages ? ] Dans toutes les éditions qui ont précodé « celle 
de zou. ily avoit: | 


_ Oùvaste r'onbarquer? ‘regagne les rivages, 
L'Auteur avoir même mis-dans la premièse conapaéiion 


pre mme Regegnr be: rivage : ” 
Cette men 0% t1 cours eff célchre en nenfrege... 


Mais pote Amis lui eonfeilièrent de mettre Ro tres célé 
en rages, Êt ne les rivage. Ce comm 
cene doraière e aprefion n'èft pas tout-à-fait “jette, il Pà 
sonigée on chan geunt le VR a be.] C'e8 dus 
: WANG. Vers 7. Con ment 1 

l'édition de 1701. qu’il a A y A Den , Daas toutes ks- éd 
tions précédentes il ÿ avoits. 





Q n'èff pas que ma main, comme nantre, à Lan her, 
Grand Roi, ne pus lier Aléxanäre Er Céfar. 
Ne pût, fens-fà peiner, dans quelque Odt infipide, Be, 


V&nS 16. Phébus même auroit peur , sil entroit fr Les ranfi.] 
Prsmanrresdans fa Défenfe dé Poëme béreïque ,. Dial. + 





TT EPITRE L 28% 

ut de mes dégoûts juftifier l'audace;: 
fi ma Mufe enfin n'eft égale à mon Roi, 

e je prête aux Cotins des armes contre mis 
ce-R cet Auteur, l'effoi de la Pucelle, 
i devoit des bons vers nous tracer le modelle, 
Cenfeur,, diront-ils,. qui nous réformoit tous? 
oi?ce Critique affreux n'en fait pas plus que nous ?: 
vons-nous pas cent fois, en faveur de la France, 
mme lui, dans nos vers, pris Memphis & Byxancs; 
les bords de l'Enphrate abbatu le Turbas, 
coupé, pour rimer, les Cèdres du Libent 
quel front aujourd'hui vient-il fur nos brifées, 


REMARQUES. 


Feété de donner un faux fèns à ce vers & au précedent. 
apofe qne lPAuteur a voulu dire, qu’! fait trembler _Apol- 
le Diem des Poëtes. Sur quoi il a aecufé Mr. Despréaus. 
il & de préfomption: Muis bien loin qu'il y ait ici 
la vanité, on ne gout donner une plus grande marque 
modeftie, que le fait notre Poëte, en difant, qw'i/ dois 
fr de La route vulgaire peur bien louer lo Rois 8e. QUe.f.Apol= 
Ini-mème entroit fur les rangs pour louer ce Prince; :! feroir 
sré d’une fi grande entreprife. : Voilà le vérirable fens de 
ateur. 
'ERS 21, L’effroi dé la Pucelle,] Poëme de Cha- 
ain,. dont ileft parlé en divers.endraits des Satires. 
'ERS 28, Et coupé, pour rimer, les Cedres du Liban] Dans. 
rers & Îes deux précedens, l’Auseur fe moque des man 
; Imitateurs de MALHERSE, il fair allufion à cetse- 
ace d’une Qde de.ce fameux Poëtc:. 


© cembien lors aura de veuves. 
La Gent qui porte le Turban 
… Que de Jang rougira les fleuves | 
Qui lavent des pieds du Liban! a \ 
| Un ee Let Que 








868%  EPITRE KL 
30 Se revêtir encor de nos phrafes ufées ? | 
Que répohdrois-je alors? Honteux ê&c rebuté 
J'aurois-beau me complaire en ma propre beauté. 
Et de mes triftes vers admirateur unique, 
Plaindre, en les relifant, l'ignorance publique. | 
35 Quelque orgueil en fecret dont s’aveugle on AU, 






REMARQUES. 
Que le Bosphore en fes ‘deux rives; 
Anra dè Suitanes captives 1" 
Et que de meris à Monpbis, 
- En ‘gleurant s diront la vaillance 
U De fon courage C de fa lance, _ 
| Aux funerailles de leurs fit 
+ ax'oPuiLe set auffi moqué. de- certains . Poëter dé 
fon tems, qui eroioient avoir-bien imité Malberbe, quand 
ils avoient -emploié-ces fortes de rimes extraordinaires. - 
! 1ls travaillent un mois à chercher corse à Eis 
. Pourrs s’apparier la rime de Memphis ;- 
Ce Liban, ce Turban, & ces rivieres mornes, 
.… Ont fouvent de La peine à retrouver leurs bornes, 
he : -.. + Le + 
VEns 38. Habillèr chez Fräncœur le fucre 6 la canelli.] 
 CrauDe JULIENNE, dit FRANCOEUR, fameux Epi- 
cier, qui demeuroit dans la Ruë St. Honoré , devant là 
Gioix-da Tiroir, à Penfeigne du Franc-cœur. L’Auteür4 
préferé le nom de cet Epicier, parce qu’il fournifloit là 
Maifon du Roi, & qu’il étoit connu de Sa Majefté. On 
dit que le furnom de Francæur lui eft venu de ce que l’un 
de fes Ancètres étant Fxaitier: d'Henri 11L . ce Roi fut f 
content de l’affetion & de la franchife avec laquelle cet 
Officier le fervoit, qu’än jour il dit obligeamment, qu 
Fhlienne étoit un franc cœur. Ce farnom demeure à-Julienne,- 
&-fes Descendans en ont hérité, Mr. Despréaux ignore 


; E PIT RE T 285 
ft fâcheux, GranD Rozr, de fe voir fans 

Lecteur, | CS . 
d'aller du récit de Ta gloire immortelle, | 
biller chez Francœur le fucre êt la canelle, ! 
af, craignant toûjours un funefte accident, 


nite de Conrart le filence prudent: j 
e 


REMARQUE S. | ._ 


te particularité touchant le-nom de Francæwr. C'eftà. 
pos de ce fait & de quelques autres femblables, qu’il 


: dit un jour: LA Pair dont vous y allez, vous [aurez mieux : - 


re Boileau que moi-même. : 

VERS 40. F’imite de Conrart le filence prudent.] VALEN- 
N CONRART, Académicien célèbre, qui n’a jamais 
n écrit, 11 étoit né à Paris en 1603. & il fut nommé V«- 
in, parce que fon Pere:£C'fes Aïeuls étoient de Valen- 
une en Flandres: Ses Parens, en lui donnant ce nom, 
durent conferver le fouvenir du lieu de leur origine, 
rart étoit Secretaire du Roi; & c’eft chez lui que com- 


LI 


ncèrent les Affemblées qui donnèrent naïiflance à l’Acae - 


nie Françoife. Quoi qu'il ne fut pas la Langue Latine, | 


1e laifloit- pas d’avoir acquis toutes tes connoiffances 
un Homme de Lettres peut avoir. Il étoit même con- 
é fur les Ouvrages d'esprit, comme un Homme qui 
oit acquis le droit de juger & de décider. 11 mourut le 
de Septembre 1675. & ce ne fut qu’après fa mort que 
re Amteur le nomma dans ce vers; car dans toutes les 


tions précedentes il avoit mis: Ÿobferue fier Ton nom sy 


ce prudent. Ce dernier mot eft une loiüange équivoque, 
ait alufion à. cette Epigramme de LINIERE; 
| Conrart, comment as-tu ph faire | 

Pour acquerir tant de renom ? 
©" Toi qui n'as, pauvre Secretaire *, 

Famais imprimé que ton nom, | . 
?s fa mort on a publié un Recueil de fes Lettres, &cil 
it fait des Satires qui n’ont pas vû le jour. | 
dl éteit suffi Secretaire de P Academie Françoifn 


Vu 


_ VsnaS 





286 E PITRE KL 

Je laifle aux.plus hardis l'honneur de la caxrière, 

Et regardele champ, aflis fur la barrière, 
Malgré moi toutefois, un mouvement fecret 

Vient flatter mon esprit qui fe taît à regret. 

45 Quoi, dis-je tout chagrin, dans ma verve infertik, 
Des vertus de mon Roi fpeétateur inutile, 
Faudra-t-il fur fa gloire attendre à m'éxercer, 

Que ma tremblante voig @mmence à fe glacer? 
Dans un fi beau projet. .fi ma Mufe rebelle 

so N'efe le fuivre aux champs de Lille &x de Bruxelle, 
Sans le chercher aux bords de l'Eseaut & du Rhein, 
La Paix l'offre à mes yeux plus calme & plus ferein. 
Oui, Grawn Ro: laiflens-là les fièges , les be- 





Qu'un autre aille en rimant renverfer des murailles; 
85 Etfouvent fur Tes pas marchant fans Ton avey, 
S'aille couvrir de fang, de poulfière & de feu. ; 


| REMARQUES, 


 NÆnsS 50, mm De Lrile &" de Brunetie.] La-campagnt 
de Flandres, faite par le Roi, en l’année 1867. 

VERS 61. Pourquoi ces Elephans, Bic, ] Ce Dialogue ee 
tre Pyrrhus & Cynéas, eft tiré de Piurarqau…r, dans ds 
pie de Pyrrhus, & il à été imité par RABELAIS, L.L 


. 33. 
VERS 64 Confeiller rrév-(enfe &c.] Pyrhus convenoi, 
vil avoit conquis moins de villes par fes armes, que pat 
coduence de Cynéas., oo 
me vers. un ei tres. Fappradent,] PyrrhEs 
Pétoit en effet: c’eft poutques Antigonus le Com paroi è 
fn Joüeur do der. | | e 
VERS 67. Æs digne felnuent d'Akjusnére on de ver. 116 
dote compare Pyxchus à Alézandre, parce que Flatarge 





| E PITRE L 287 
d-bon d'une Mufe au carnage animée, ‘: — 
fer Ta valeur déja trop allumée? 
ns à loifir du fruit de Tes bienfaits, oi 
nous fflons poitit des douceuts de H Pair, - 
rquoi cés Elephans, ces armes, ce‘bagage, 

vaiffeaux tout prêts à quitter le rivage? 
au Roi Pyrthus un fige Confident, 
iler très-fenifé d'un Roï très-imprudent. 
5, lui dit ce Prince, à Rome où l'on m'appèle; 
faire? L'affièger, L'entreprife eft fort belle, 
ne feulement d'Alexandre ou de vous: | 
Rome prifé enfin , Seigneur, où courons-nous ? 
fte des Latins ta conquête eft facile. | 
toute on tes peut vaincre: Fft-ce tout ? La Sicile 
nous tend les bras, 8x bien-tôt fans effort : 
afe reçoit nos vaiffeaux dans fon port, 
. . Bor- 
REMARQUES. | 
» que ceux qui voïoient l’ardeur de Pyrrhus dans les 
ts, difoient qu’il faifoit revivre Aléxandre ; & qu’au 
ie les autres Rois n’imitoient ce Conquerant que par 
its de pourpre, par los gardes, par Île panchement 
:, & par un haut ton-de voix; Pyrrhus le repréfen- 
r fa valeur 6c par {es belles aËtionis. Vie de Pyrrbus. 
ANe. Vers 68. Mais Rome prife enfin, Seigneur , 
-mons? ] Dans les premières éditions, il y avoit: 
Les quand nas: l’aurens prie, bé bies que ferens-nous? 
Axe. Vers 7o. Sans doute on les peut vaincre: ] I] y #° 


1: Fort bien, ils font & neus. Dans la feconde édition 
se donti ils fers & vons, Et enGn il 1e changea com- 


CHaANe 


— 





288 EPITREL L 
Bornez-vous là vos pas? Dès que nous l'aurons prife, 
Ilne faut qu’un bon vent, & Carthage ft conquife, 
75 Les chemins font ouverts :- qui peut nous arrêter? 
Je vous entens, Seigneur, nous allons tout dompter. : 
Nous allons traverfer les fables de Libye, 
Aflervir en pañlant l'Egypte, l'Arabie, 
Courir delà le Gange en de nouveaux pais, 
80 Faire trembler le Scythe aux bords du Tanaifs 
Et ranger fous nos Loix tout:ce vafte Hémisphère. 
Mais de retour.enfin, que prétender-vous faire? 
Alors, cher Cyneas, viétorieux, contens, : | 
Nous pourrons rire à l'aife, 8 prendre du bon tems 
85 Hé, Scigneur, dès ce jour, fans fortir de FEpire, | 
Du matin'jusqu'au foir qui vous défend de rire? 4 
Le confeil étoit fage, &-facile à goûter. 
Pyrrhus vivoit heureux, s’il eût pû l'écouter: 
Mais à l'Ambition d'oppofer la Prudence, 
90 C'eft aux Prélats de Cour prêcher la réfidence. : 
Ce: n'eft pas que mon cœur da travail ennemi, { 
1 bo Ap- 





REMARQUES 


CHanc. Vers 73. Bornet-vons là vs pas?) ‘al avoit sis 
dans la première édition: Nows y voilé, fuïvens. Dans la 
feconde: Vous arrétez-veys Li 7 & dans celle de 1674. il mit: 
En demeurez-vous la ? 

CHana, Vers 84 Nows powrrens rire à Pair, ] Psimir 
édition: Nous pourrons chanter, rire. 

VERS 101. On a vi mille fois des fanges Méctides de]. Le 
Palus ou Marais Méorids ,ommé maintenant Ja Mer dZ# 
Vaccbe; cit fitué entie l'Europe & l'Afie, dâns la res 1e 





EPITRE I 289 
Approuve un Faineant fur le Trône endormi. 
Mais quelques vains lauriers que promette la Guerre, 
On peut être Heros fans ravager la Terre. 

; D'eft plus d’une gloire. En vain aux Conquerans 
L'Erreur parmi les Rois donne les premiers rangs. 
Entre les grans Heros ce font les plus vulgaires. 
Chaque fiècle eft fécond en heureux Teméraires. 
Chaque climat produit des Favoris de Mars. 

> La Seine a des Bourbons, le Tibre a des Céfars. 

On a vû mille fois des fanges Méotides | 
Sortir des Conquerans, Goths, Vandales, Gépides. 

| Mais un Roi vraiment Roi; qui, fage en fes projets, 

| Sache en un calme heureux maintenir fes Sujets, 

; Qui du bonheur public ait cimenté fa gloire, 

I faut, pour le trouvér, courir toute l'Hiftoire. 

La Terre compte peu de ces Rois bien-faifans, 

Le Ciel à les former fe prépare long-tems. 

Tel fat cet Empereur! fous qui Rome adorée 
o Vit renaître les jours de Saturne & de Rhée: 


: Qui 
__ ::REMAR QUES. 


tarie, au Nord de ia Mer-Noire, avec laquelle il com- 
munique, C’eft des environs de cette contrée que font for- 
tis autrefois les Geths & les Gépides, A l’égatd des Vandales, 
c’étoient des Peuples plus Septentrionaux, venus du côté 
de la Mer Baltique, vers l’embouchure de l’Oder. C Lu- 
VER. Germ. ant. L. 3. . . 
Vans 109. Tel fut cet Empereur, &c.] Titus; furnom- 
mé, l'amour & les délices du Genre humain. es 


Ld 


, Tom, Z DT ee ! NN:  . | “ Vzuas 





299 € PITRE L 
Qui rendit de fon joug FUnivers amoureux: 
Qu'on n'alla jamais voir fans revenir heureux: . 
Qui foupiroit le foir, ff fa main fortunée 
N'avoit par fes bienfaits fignak la journée, 
&15 Le cours ne fut pas long d'un empire fi dou. 
_ Mais où cherchai- je ailleurs ce qu’on trouve che 
nous? |  . 
 Gnawp Ro, fans recourir aux Hiftoires antiques, 
Ne t’avons-nous pas vü dans les Plaines Belgiques, 
Quand l'Ennemi vaincu, defertant fes remparts, 
420 Au devant de ton joug couroit:de toutes parts, 
Toi-msême Te borner au fort de Ta viétoire, 








! 


| E 
REMARQUES. 


Vans 114. N’avait par [es bienfaits figualé Le jeuruée.] Ye» 
Æonne n'ignore j parole menotile de cer Em : Ms 
Amis, t-i , jai tte ee #Imic , ess perdid: ff 
#e reflouvenant un foir, qu’il n’avoit fait du bien à perfos- 
ne ce jour-Fà. A la première le&ture que Pon fr au Roi, 
de cette Epitre, quand il fut arrivé à ces fx vers, quies . 
riment le cara@tère de Tirus, il en fut frapé mi 
k f les fit relire jusqu’à trois fois. Alfon£e Roi d’Ams 
on, entendant parler du regret que fentoit Titus, quand 
f avoit pañlé un jour fans faire du bien à quelcun, témoi 
que, graces au Ciel , il d’avoir jamais eu lien de & 
ire un pareil reproche. 
- Vans 115. Le cours ne fat pas long Bic. } H ne dure qæ 
deux aus, deux mois, &c vingt jouss, Avsoux a dis & 
#01 Empestut : ver 


Fin imperie, felix trevitate regends; - 
| Expers civilis fanguinis, Orbis amor. | 


Vans 118. Ne s'avons-nous pas vi dans les Plaines bé 
gues,] La Campagne de 1667, en Flandres, où le Ref 


EPITRE L 20€ 
ercher dans là Paix ue plus jufte gloire ? 
nt là les ‘exploits que Tu dois avouër. 
eft par ,GxanD Res, que je Te veux louër. 
d'autres fins moi, d'un ftile moins timide, 
ront aux champs de Mars Fon courage rapide: 
t de Ta valeur effraïer Univers, _ * 
amper devant Dole au milieu des hivers, 
: moi, loin des combats, far un ton moins terrible, 
irai les exploits de Ton Règne paifible. 
cindrai les Plaifirs en foule renaiffans: 
Opprefeurs du peuple à leur tour gémiffens, 

_ On 


A «M ÆARQUES. 


it’ avattse de villes. Cette guerre fur hien-t6e 
nés par Je T'rai rité fait à Aix-la-Chapelle, l’année fi 


hs rat. 5 camper devant Dole an milien des hivers. } 
R la première campagne de le Franche-Comté. En 1655. 
oi it de St. Germain en Laie, le 2. de Fevrier, & 
€ 25. après avoir, en moins de huit jours, conquis 
Le Ge Je dus Les empeis de fé. 1 Les 
‘ERS 130. exploits de Ton Règne pai ] 
ou 30. vers fuivans rappèlent les principales aûi aûions du 
, depuis qu’il commenge à regner par lui-même et 


rss TST. F9n. Je pores ler? les Phesfire en foule renaiffans. ] Les 
de Pan 1662., les Ballets, 
Courtes de bague, 8 les Fêtes données par le RoÏà 
failles, fous le nom des Plaifrs de Ps enchantée , au MOÏS 
1664. 

TERS 732. Les Oppreffenrs du p le à leur tour gémilans. ] 
Chambre de Fuftice érablie [3 mois de Decembre, 1651. 
1e seconnoître les malverfations connmifes par les Trai- 
s, dans lé récouvrement & dans Padminifiracion des 
ces publics. 


Na | Vans 





292 E P ITR E TI. 
On verra par quels foins ta fage prévoïance 
‘ Au fort de la famine entretint l'abondance. 
325 On verra les abus par Ta main réformez; 
La licence & l'orgueil en tous lieux réprimez; 
Du débris des Traitans Ton Epargne groflie; 
Des fubfides affreux la rigueur adoucie ; 






.Le 


REMARQUES. 


Wans 134. 44 fort de la famine entretint Pabendeuce.] Eù 
2662. le Roïaume, & particulièrement la ville de Paris, 
étoient menacez d’une grande famine, caufée par une flé- 
rilité de deux années. Le Roi fit venir de Prufle & de Po- 
Jogne, une grande quantité de Blé. On fit conftruire des 

7 fours dans le Louvre, & le pain fut diftribué au Peuple à 
un prix modique, de foxté qu’o4.ne s’aperçüt presque point 
de la néceflité publique, ”” 

… VERS 135. On verra les abus par. Te main réfermer.] Le 
duels abolis. Les Edits contre le luxe, L’établiflement de 
la Police en 1667. La fûreté publique rétablie dans Paris, 
ar un Règlement fur le port des armes, & contre les Gens 
ans aveu, le redoublement du Guet & de la Garde; 
par Pécabliffement des Lanternes, &c : | 

VERS 136. La licence & l’orgueil en teus lieux réprimer] 
L'établifflement des Grans jours, fait à Clermont en Au 
vergne, par une Déclaration du Roi en 1665. Elle com- 
mence par ges mots:.La licence des guerres étrangeres & civi- 
des, &c. Dee .….  ? 
Et Porgueil.] Ce mot défigne lès Edits contre le luxe, 

Vras 138. Des fubfides affreux. La rigueur adoucie: ] Le Roi 
diminua la Taille, de fix millions. On drefla, en 1664. & 
3667. des Tarifs pour ies machandifes; par ces Tarifs le 
Roi diminua fes droits; & il fupprima la plüpart de ceux 
‘qu’on éxigeoit fur les Rivières du Roïaume. , 

1 VERS 139. Le Soldat dans la Paix. fase 6" laborieux. ].Li 
discipline militaire établie & maintenue parmi les Troupes 
‘Le Roi faifoit des revûës fréquentes, &.obligenit les Of 
ciers de tenir les Soldats dans l’ordre & dans 1a discipline 
“Les Soldats furent auffi emploïez aux Travayx publics. 
7 Vans 140. Nos Artifans groffiers rendus indufirienx.) L' 


n £ 


E P'IT RE TI. 293 

Le Soldat dans la Paix fage & laborieux; 
Nos Artifans grofliers rendus induftrieux : | 
Et nos Voifins fruftrez de ces tributs ferviles É 
Que païoit à leur art le luxe de nos Villes. 
Tantôt je tracerai T'es pompeux. Bâtimens, 
Du loifir d'un Heros nobles amufemens, 

. REMARQUES: 


bliffement de plufieurs Manufattures, particulièrement des 
Tapifleries aux Gobelins, dés Points de Erance, en 1665. 
& des Glaces de mitoirs en 1666. Le prix des Points de 
Gènes & de Venife éroit fi exceflif, qüu’on en a vu vendre 
une garniture fept mille livres. C’eft à quoi le vers fuivant 
fait allufion. | 

Vers 141. Et nos Voifins fruffrex de ces tributs feruiles &c.1 
On verra ci-après *, dans une Lettre de l’Auteur à Mr. de 
Maucao1x, que LA FONTAINE faifoit un cas fingu- 
lier de ce vers & du fuivant, dans lesquels l’Auteur loue 
le Koi d’avoir établi la Manufaéture des Points de France, 
Aa place des Points de Venife. Mr. de Maucroix préten- 
éoit avoir porté ce jugement fur ces deux vers, avant La 
Fontaine: comme on le verra dans la Réponfe de Mr. de 
Maucroix à ML Despréaux. Après ces deux vers il y eu 
avoit quatre autres, que l’Auteur a retranchez dans les det= 
nières éditions: | 


O que j'aime à les voir, de Ta gloire troublez, ! 

Se priver follement du feconrs de nos blez ! | 
Tandis quenos vaifftaux par tout maîtres des ondes 
Vont enlever pour nous les tréfors des deux Mondes. 


VERS 143. Tes pompewx Bäâtimens.] Le Roi faifoit 
aloss bâtir le Louvre, avec cette belle Façade que l’on ad- 
mire, comme un des plus beaux morceaux d’Archite&ure 
qu’il y ait au Monde. Mais le Roi abandonna cette entre- 
pie, pour faire bâtir à Verfailles, & ch plufeurs autres 

oits. 


+ Tous. IV. 


4 





N3 ETS 





4 E PILT RE L 
345 J'entens déja fremir les deux Mers étonnées, 

De voir leurs flots unis au pié des Pirenées, 

Déja de tous côtez la Chicane aux abois ce 


REMARQUES 


VIRS T45. = Les deux Mers étonnses, Btc.] C’eft la 
epmmunication de la Mer Méditerranée avec l'Océan, 
Je Canal de Languedoc. Cette entreprife eft d’autant plus 
merveilleufe , qu’os en avait coûjeurs regardé le fuccès 
gomme impoflible. Le deffeiñn dé ce Canal fut propofé en 
1664., par le Sr. Pauz Riquer,de Beziers, & lon 
éommença à y travailler en 1665. | 
: VERS 148. D’enfuit au Jeul aspelf de tes nouvelles Lois.) DC 
toutes les Ordonnances du Roi, ii n’ÿ en a pojat de plus 
gtiles à l'Etat, que celles qu’il a faites pour réformer la 

uftice, & pour abréger les procédures. Sa Majefté fit af- 

bler les principaux Magiftrats de fon Confeil & du Par 

lement , qui tinrent plufiurs conférences chez ML le 
Chancelier Seguier, 4u commencement de l’année 1667. 
pour éxamiser & arrêter les Articles dé POrdonnänce æ 
vile, qui fat pubhée au Mais d'Avril de la même année 
L’'Ordonnance fur les matières criminelles, fut dreffée & 
€xrminée de la même manière, & enfuite publiée au mais 
d'Août 1670, | CT TT 

Vens 150. Que de favans. Flaidours deéformais. inutiles! 
Après ce vers il y en avoir trente-deux: qui faifoient la con- 
dufion de cette Epiître, maîs que l’Aureur retrancha dans 
la feconde édition , y fubftituant ceux que lon voit id. 
On peut aflurer que cette Epiître n’a rien perdu dans c 
changement. Volëi les vers qui ont été Jupprimez:' 


Mufe ; abaifé te voix: je veux les confoler, 
Er d'un contes. en. pafent ». il font les. rageler.. 
Un jour, dit un Auteurs. 6. 





‘Les doure vers qui routiennent ja Fubie de l’Huite, fat 

à ia fn de L'Epitre IL L'Auteur contigué ainfi: - 7” 
«Mais gui, j'antens déja quelque aiflire Critique, . 
Lai trenve en cet endreit de Fable mu.veu comique. 
2e 


4 


EPITRE KL 2$ 
Fenfüit au feul aspe& de T'es nouvelles Lois, 
3 que tà main par À va fauver de Pupillest | 
Que de favans Plaideurs deformais inutiles & Qu 


REMARQUES 


Que vont-ilt Col sinf qu'Horace dans fes vers 
Souvent deleffs Aaguffe on cent fiiles divers'; 
Et, fèlon qéus ban ari [0e caprice Pentreine, 
Fastôt perce les Deux, tautèt rafe La plaine. 
Revenons toutefois. Maïs par où revenir ? 
Grand Roi, je m'aperçois qu'il eff tenss de faire 
Cef affer.: il fuit, que ma plume fidèle 
T'ait fait voir en ces vers quelque fai de mes élan 
En vain je prétendrois contenter un Lefteur, 
Qui redoute fier tout le nons d'admiraieurz 
Et fouvent peur raifen , eppofe à Le Scies, 
Livviscihle degshe d'iine injufle ignorance: 
Pret à juger de tout, anwme nu jauns Margai:; 
Si plein d'un grand fovoir chez, es Dames moquies 
Dedaignant le Public, que lui feul il attaque, 

Va pleurer an Tartuffe, & rire à l''Andremaque. 


É’Auteur expliqua: les raifons de ce changement, dans ur 
Auertiffement qu'il mit à la fconde édition de fon Epitres 
n Je m’étois perfuadé , dit-il , que la Fable de l’Huître 
»- que j’avois mife à la fin de cette Epitre au Roï, pour- 
» F0it y délafler agréablement lesprit des Leûeurs, qu’un 
» fublime trop férieux peut enfin fatiguer : joint que la 
>» Corre@ion que J'y avois mife, fembloft me mettre à cou 


æ Vert d’une faute dont je faifois voir que je m’apercevois- 
» le premier. Muis j’aroué qu’il y a eu des per de: 
»» bon fens qui ne l'ont pas uvée. J'ai néanmoins- 


» balancé 1ong-rems fi je l'ôterois, parce qu’il y en avoit 
» pluficurs qui la loboicas-avec autant -d’excès que les ae, 
L ° 4 or À 


d 





296 EPITRE I. 
Qui ne fent point l'effet de Tes foins généreux? 
L'Univers fous Ton Règne a-t-il des Malheureux ? 
Ef-il quelque vertu dans les glaces de l'Ourfe, 
Ni dans ces lieux brûlez où le jour prend fa fource, 
155 Dont ia trifte Indigence ofe encore approcher, 
Et qu'en foule T'es dons d'abord n'’aillent chercher? 
C'eft par Toi qu'on va voir les Mufes enrichies, 
De leur longue difette à jamais affranchies. 
GranDRot, pourfui toujours, affûre leur repos, 
160 Sans Elles un Heros n’eft pas long-tems Heros. 
Bien-tôt, quoi qu'il ait fait, la Mort d’une ombre 
noire | | 
Enveloppe avec lui fon nom & fon hiftoire, 
En vain, pout s'exempter de l'oubli du cercueil, 
Achille mit vingt fois tout Ilion en.deuil, 
165 En vain, malgré les vents, aux-bords de l'Hesperie 
Enée enfin porta fes Dieux & fa Patrie. 
Sans le fecours des Vers, leurs noms tant publiez 
Seroient depuis mille ans avec eux oubliez. 





Non 


REMARQUES. 


x tres la blâmoïient. Mais enfin, je me füis rendu à l’yn 
3» torité d’un Prince, non moïns confidérable par les kr 
» mières de fon esprit, que par le nombre de fes viéoires. 
y (Cétoit le Grand Prince de Cons.) Comme il m’a dé- 
x» Claré franchement que cette Fable, quoi que très-bien 
» contée, ne Jui fembloit pas digne du refte de l’Ouvragc; 
x je n’ai point refifté ,'j’ai mis une autre fin à ma Pièce, 
» & je n'ai pas crû, pouf une vingtaine de vers, devoir 
a Mebrouiller avec le premier Capitaine de notre siècle, Bee. 
É  … Le on 


. EE PI T:R'E EL %Ÿ 
Nos, de quelques Mauts aies que Ton An te 


> Sans le fecours foigneux d'une Mufe fidèle, , 
Pourt'immortalifer Tu fais de vains efforts, 
Apollon T'e la doit : ouvre-lui Ts tréfôrs. 
En Poëtes fameux rens nos climats fertiles, 
.Un Augufte aifément peut faire des Virgile 

$ Que d'’illuftres témoins de Ta vañte boé . 
_Vont pour Toi dépofer à là Pofterité} . 

Pour moi, qui fur Ton nom déja brôlant d'écrire, 

Sens au bout de ma plume « expirer la Satire, : 
Je n’ofe de mes Vers vanter ici leprix. . 

9 Toutefois, fi quelcan de mes foibles Ecrits 
Des ans injurieux peut éviter l'outrage, : 
Peut-être | pour Ta gloire aura-t-il fon ufge 
Et commé T'es'exploits, étonnantles Ledteurs, 
Seront à peine crâs fur la foi des Auteurs; . 

5 Si quelque Esprit malin les veut traiter de fblés; 
On dira quelque jour pour les rendre croïables; 
D Mi 7 . | : Bo 
CUUUUREMARQUES 
| Vars 156. Et qw en ‘foule tes dons &c. ] En 1663. Ie Roi 
donna des penfions aux. Gens de Lettres, dans toute l’Eu= 
rope. 
pe Ne ar pti 

n donne ici À Ha Aëgufe. | 


Sim Mean ,. 108 deerunt ; Flarse , Maroner. Liv. VI 
_ Æpig. 56. ', à ., | | 
N $ ° Ys x $ 





. Vivonne:. 1 


25 E ITR R Æ& 
Bezzasv, qui, dansés Vors ploss de fncérié, 
Jadis à tout fon fiècle a dit vérité; Qu 


REMARQUES 
Vins 107, Boiloas ,. qui den geri &cc.] Cet-endioit s 
été comparé avec un autre de l'Epitre huitième. Voïez le 
Remarque fhe Le Vers 8e. de cote dernière Eplre. ? 
Wzxs. dernier. 4 pesrient de ce Roi parlé comms PHifoire] 
Dans Le tems qpe notre Auteur compofn cette Epitre, il 
travailloit. au Poëme du Eatrir. our Joüer le Roi d’une 
manière nouvelle il fit l’admirable Récit ‘de la Moleñt,, 
qu-cf Lis £n du fond Chant de ce Peëme. Cet ingé- 
nicnfe fi&ion eut un fuccès extrèmement heureux, Le Roi, 
qui ne connoïffoit Boileau que par fes Satises, voulut waic 
le Poëre qui le favoir un bien sie pa à Mr Cole 
€ faire venir à la Cour. ues s après; : | 
pe) réanx parué dersan le Re Re étant paélcmé par Mc de , 
(vo récita à Sa. Majciié une partie du Latrin, Qui 
Roi RE Le a Maiefté 1 denands, ri 
& Roi fur très-fati A 14 fin, Sa Maijefté. lui 
ltadroit de Rs Poëlies sta 1 


jel éto 


À Lpria Le Roi de Rice a Mapa 
| ment: f éfobtant pe hu Aer étoit 


R:- jufie-prix à fes. prepes Dee 
n'en pes cafe les fiens, pour les mettre Se re 
mporte, dit %e-Rai, Ye: vw Rise 
De e fonimest” Mz.. Despréaux aux obGit, €p 
dtoit donc il étoït le plis content. étoi ‘1 
qu'il avoit pris la liberté d’adreffer à Sa é ; 
récita Ne ete D par lesquels finit cette d: dE 
Roi n’avoit pas A açce eur | 
2e dtpuis peu 3 enfers Ft de la. Eable de 
LHuitre & L des ia. Ces: dernier vers gogchèrent fe 
Sblement le Roi, fon émotion arut dans Jour, & 
fon vifage: U fe 1eva de fon È ours 
hisfait.. Cependant: comme il eft 








EPITREE æ 
Qüi mit à tout blâmer fon-étude 8fa gloire, : 
A pourtant de cœ Roi parlé comme l'Hiftoires 


REMARQUES 


à deux mille livres: J'erdammerai à Colbert de vons Là parer de 
vues 6 je LE rie Le privilège peur are ETadl Cri 

ts. Ce - propres pales LA peut 
atoire que l’Auteur ue les a bis 


ibm. Cependant A a dit plufieucs Er la iè— 
à Réfesion on que je due a if Emo ele fonte Aa ts le 


ie mé Pi or nt due: 


fnenr de 





EPIT RE. IL 
A M. L'ABBE DES ROCHES. 


A Quor bon réveiller mes Mufes endormies, 

£ À Pour tracer aux Auteurs des Règles ennemies ? 
Penfes-tu qu'aucun d'eux veuille fubir mes loix, 
Ni fuivre une Raïfon qui parle par ma voix? 

$ Ole plaifant Docteur, qui, fur les pas d'Horace, 
Vient prêcher, diront-ils, la réforme au Parnañel 
Nos Ecrits font mauvais, les fiens valent-ils mieux?’ 
J'entens déja d'ici Liniere furieux, | 
Qui m'appèle au combat, fans prendre un plus long 


. terme, | 
4 3% . è , De 
[CEE ee. æ .. au . 5e tr -.s 


€ 





£ 


à 


REMARQUES  . 


’ CE DE . _& 

| LA principale raifon , pour Jaquelle J’Auteur cotipoñs 
cette Epître, fut pour conferver la avis l’Huître & 
des Plaideurs, qu’il avoit retranchée de‘l£pître précéden- 
te. L’Abbé DEs RocHes à qui l’Epitre Il. eft adreflée, 

fe nommoit J&AN-FRANÇOIS ARMAND Fume, 
de François Fumé#s, Seigneur Des Rocuwts.' ll 
descendoit d’ADam Fume'r,Prentier Medecïn de Char 
les VII. L’Abbé Des Roches'mourut en 17ir: âgé d’envi- 
zon 75. ans, & c’eft à ce mêfne Abbé qu’eft dédié le Par- 
* safe Réformé de GABRIEL GUERET. ee 
Vers r. LA quoi bomréveiller &c.] Les lix premiers vers 
font connoître que l’Auteur travailloit alors à fonart Poë- 

tique. TS ca Ti. 

% ERS $& #entens dés d'ici Liniere furieux.T Le Poëûte Lr- 
NIrRE avoit beaucoup de facilité à faire deiméchans vers, 
Notre Auteur l’avoit pourtant nommé honorablement dans 
Ja Satire IX. vers 236. Mais Liniere s’avifa de faire une 
Critique très-offenfante de l’Epitre IV. qui avoit été faite 
Avant celle:ci, Poue toute vengeance, notre Autcus le re 


EPITRE If doi 


Aura plûtôt rempli la page-& le revers?  ‘-- :* 

Moi donc qui fuis peu fait à ce genre d'escrime; : 

Je le laiffe tout feul verfer rime fur rime, ‘ 
; Et fouvent de dépit contre moi s’éxerçant, 

Punir de mes défauts le papier innocent, 

Mais toi qui ne crains point qu'un Rimeur tenoirciffe; 

Que fais-tu cépendant feul en ton Bénéfice ? 

Attens-tu qu'un Fermier payant, quoiqu'un peu tard $ 
> De ton bien- pour le moins daigne te faire part? - 

Vas-tu, grand défenfeur des droits de ton.Eglife, 

De tes Moines mutins réprimer l'entreprife ? 

Croi-moi, dût Auzanet t'affurer du furcès, 

| Cr TES 
REMARQUES. 

ça ici » & en quelques autres endroits de fes Ouvrages, 
Voïez l’Epiître VII. vers 89. & l’Art poëtique, Chant IL 
VCIS 194. " 5 
Enrr. Ibid. Pentens déja d'ici Liniere fartenx Bcc. ] Hora- 
ce; L. I. Sat. 1V. v. 14 eo LS 


Crispinus minimo me provocaæ: accipe, ff viss 
<Accipe jam tabulas, detur nebis locus, boré, 
Cuflodes: videsms nter plus fcribere pofit. 


. Vans 23. mms Düt Auzanet s’affurer du fucces.] B A2= 
THELEMI AUZANRT, Célèbre Avocat au Parlement de 
Paris. Il étoit extrèmement verfé d#fà la connoiffance du 
Droit François; & les principales affaires fe règloient or- 
- dinairément par fes confeils , ou par fon arbitrage, 11 mou- 
rut le 17. d'Avril, 1693. âgé de 82. ans, aïant été hono- 
sé par le Roi d’un brevet de Confeiller d'Etat, quelques 
annces avant fa Mort. | UT 4 
L N 7 Yzns 


+ 
“ 








x E PIT KE. IE 
Abbé, -n'entreprea point ‘même un jufte procès 
35 N'imite paint cos Fous, dont h fotte. avarice 
Va de fes revenus engraifier la Juftico; | 
Qui toujours affignans,- &t toujours aligner; 
Souvent demeurent gueux de vingt procès gagne 
Soûtenons bien nos droits :- Sot-eft celui qui dont 
30: C'eft.ainfi devers Caen que tout Normand raifor 
Ce font là les leçons, donk un-pere Manceau- 
Inftruit fon fils novice au {ortir du-berceau. 
Mais pour toi, qui nourri bienen deça de l'Oïfe, 
As fucé la vertu Picarde & Champenoife, 
.__ Rañe #98 7 tu n'iras point. ardent Bénéfcier, 


(REMARQUES _ 


“+ E2S goe(Ceff ainf devers Caen que tom Normand rai) 
L’Auteur auroit pô dire: wers Caen. ainfi que ver: 
pas Normand raifonnes mais:-il a a pr éré Devers-Can 

espèce de Nermaussau. D'ailleurs, un Nor 
que de Caen même, dira toijous: Ÿe Mess devers 
ne dira pas, Ÿe fuss de Caen. 

VERS 39. ——. Bien en deçe de D Rivière, 
À fource dans la Pi la Picardie, vers les Lis du Hain 
de la Champagne. 

VERS 34 4 fucé da verts Picard & Champeucifs, ] 
vertu eft la franchife. 

VERS 36. ‘Faire enrolter toi Corbin ni lé Maxier.] 
Avocats criards,-qué $ -fousvent de ma 
eaufes. JaAQues ConBin plaida. fa première a 
patprze ans, Êc ne plsids pas mel pous. fon âge: 1 
SIMEN célèbre Arocmt, ft-aless cette Eegramec 


+ éléuraitrabe pue paris Brestn. 
= ‘Bis pari; pueram qui fiapucre Sénes- | 
Von ee koir-anff_Arotür, &: fe. intlais de Roëfe, L 


— 





Faire gproier poux toi Gorbin,pi le Marie. : 
Toutefois, fi jamais quelque ardexy bileue  ; 
Allamoit dans-ton cœur l'humeur litigieufe, . . 
Confulte-moi d'abord, & pour la réprimer, : . 
> Retien bien la leçon que je te vais rimes. 
Un jour, dit un Auteur, n'importe en quel chapitre. 
Deux Voïageurs à jéun rencontrèrentune huître. 
Tous deux la conteoïient.. lorsque dans leur chemin, 
La Juftice paffa la balance à la main. Ut 
5 Devant elle à grand bruit ïls expliquent la chofe. 
Tous deux avec dépens veulent gagner leur caufe. 


æ * 


| _ REMARQUES 


an tableau votifà Notre-Dame, pour obtenir à fon flfs Un. 
peneus accès dans fa plailoirie;. &- mit ces deux. vers au. 
bas du tableau: | Lee 


4 


Vierge au Vifège benin 
Faites grace au prtit Corbin 


Voïer. la Remarque fur le vers 36. dû quatrième Chant de: 
PArt poëtique, Lx Mazixr: voiez le vers 123; de la: 
dre L | 


VERS 41. Un jour, dit un Auteur, &cc.] Mr. Despréaux: 
avoit appris cette Fabie de fon pere, auquel il l’avoit our 
conter dans fa jeunefle. Elle eft tirée d’hne ancienne Co- 
médie Italienne. Cette même Fable à été mife en vers par: 
LA FonNTAïnNe; mais au lieu de fa fuffice, il a mis un- 
Juge, fous le nom de Perrin Dandin, qui avale l’huître :: 
on quoi notre Auteur difoit.que La Fontaine a manqué de: 
jafteffe ;. car ce ne font pas les Juges feuls qui caufent dés. 
frais aux Plaideurs: ce font tous les Officiers de la Juftice. 

CHanc. Vers 45. Devant elle 4 grand bruit.] Dans les: 
jpcmières éditions il y avoit: Devant elle auffi-tôt, 

à + 


“Ra 
&  * 


EMITe 


“3 
1 


304 EPITRE IL 
Demande l'Haître, Yédvrés 80 lavaléaileurs yeux; 
Et par ce bel Arrétterminänt là batañflek 
so Tenez; voïà, dit-elle; chacun une écallle, | 
Des fottifes d'autrui nous vivons au Palais: | 
Mefieurs, l'huître étoit bonne: Adieu. Vivez en pis 


ur REMARQUES 
CAT, Vers 51. Dvi fatifes D'autres noNs V.vons an Palais.) 
Jean Owen L. I. Epigram. 15. 
Srultitié noffra, Fufliniane, fapis. 


L s: . 
Vzns dernier. + Adieu, vivez en paix.] Le Peuple 
Romain tendit un femblable jugement fur uneconteftation, 
entre les Ariciens & les Ardéates. Ces deux Peuples étant 
en guerre pour la poffeffion de certain Païs; en remirent 
la décifion au Peuple Romain. La Caufe fe plaida folem- 
nellement devant le Peuple; & quand on fut fur le point 
de recueillir les fuffrages un certain homme nommé Scur- 
Tius , âgé de quatre-vingt trois ans, remOntra que les ter- 
es dont il #’agifloit, étoient de la dépendance de Çorio- 








4 à. % 


es, Ville qui aparenoit aû Peuple Romain.’ $ans éxami- 
ner autrement la vérité de cette propofition , le Peuple 
s’adjugea ces terres par droit de bienféance , & renvoïa le 
Ardéates, & les Anciens. Tite-Live, Livre 3. & la fr, l'a 
307. de Rome. | 


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EPITRE ll. 
AM ARNAULD, 
DOCTEUR DE SORBONNE. 


UI , fans peine, au travers des fophismes de 


.AxNauLz D, des Novateurs tu découvres la fraude, 


- 


REMARQUES. _ 


C Ette Epitre eft adreffée à Mr. ArnwauLD, Doëéteur de: 

Sorbone, célèbre par fa Doétrine & par fes Ecrits. Les 
troubles de l’Eglife Gallicane aïant été pacifiez en 1668. 
par le Pape Clement 1X. & par le Roi; Mr. Arnauld eut 
non feulement Ia liberté de paroître, maïs il fut reçu par 
le Nonce du Pape, & par le Roi même avec toutes les 
marques poflibles d’eftime. Mr. le Premier Préfident de 
Lamoignon fut un de ceux qui lui témoignérent le plus 
d'empreflement. Ce Magiftrat avoit un apartement dans la 
maifon que les Chanoines Réguliers de Sainte Genevieve 
ont à Auteuil, où il alloit quelquefois fe délaffer des fati- 
gues de la Magifirature, & donner à la retraite les mo- 
mens qu’il pouvoit dérober à fes pénibles fonétions. Un 
jour il afflembla dans cette maifon, Mr. ARNAuLD, Mr 
Nicore, Mr. DEsPR& AUX, & quelques autres perfon- 
nes choifies à qui. il donna à diner. Ii arriva entre Mr. Ar- 
nauld & Mr. Despréaux,. ce qui arrive ordinairement entre 
deux hommes d’un mérite diftingué, & d’une réputation 
éclatante, lors qu’ils fe voient pour la première fois: Ils 
furent d’abord liez d’une étroite amitié, cette amitié dont 
ils firent gloire pendant leur vie, a duré jusqu’à leur morts 
nonobftant une féparation de-plufieurs années, 

Le fujet de cette Epitre Cft la mauvaile Honte, PLUTARS 
QUE 4 fait un Traité fur le même fujet; mais notre Auteur 
ne l’a point imité. Elle fut compolée en 1673. après l’Epi- 
tre IV. au Roi. Ainfi elle eft la cinquième felon l’ordre du 
tems. | 

VERS 1 mms A4 travers dès fèphismes de Claude, Re] 
Le 


36 E PIT RE IT, 
Et romps de leurs erreurs les filets captieux, 
"Mais que fert que ta main jeur défille les yeux, 

g Si toujours dans leur ame une pudeur rebelle, 
Prêts d'embrafler l'Eglife, au Prêche les rappelle ? 
Non, ne croi pas que Claude habile à fe tromper, 
Soit infenfible aux traits dont tu le fais frapper: 
Mais un Démon l'arrête, & quand ta voix l'attire, 

30 Lui dit: Situte rends, fais-tu ce qu'on va dire? 
Dans fon heureux retour lui montre un faux malheur, % 
Lui peint de Charenton l’hérétique douleur ; 

Et balançant Dieu même es fon ame flottante, 
Fait mourir dans fon cœur la Vérité naifante, 

y Des fuperbes Mortels le plus affreux en, 

N'en doutons point, Annauzp, C'eft la Honte 
*‘ du bien. | | 


Des plus nobles vertus cette adroite ennemie Pé 
.. eint 


REMARQUES 


M. Arssuld étoit alors é à écrire contre M. C Lau 
px, Miniftre de Charenton ; fur la foi de lEgilife touchant 
PEachariftie. 


-:Vrus ra. Lai point de Chartes.) Village à doux finis 
amdcflus de Paris, où les Reformés avaient un Temple 
our l'éxercio de leur Religion, avant ia révocation de 
Edit de Nantes. Mr. Claude étoi Minifire de cette gi. 
- Vans 16. C'ef la Honts du bien. ] Ce demi-ves 
ie fijet de oetre e. | " 
IMIT. Ibid. -—.… (26 ds Honte du bien.) Horace, L.E 
Ep. XVL v. 24 : | | 
Stabvrum ficarats pader malins ulcers celat. 
Vers 27. C'eft-la de tous nos maux le fatal fondemem.] HO : 
pre. Hiade Liv, XXIV. v, 44.5 45 dit. que Ja honte 













E PITRK E El L 77 
| _ Fent l'Honneur à nos yeux des traits de l'Infamie; 
Afervit nos esprits fous un joug rigoureux, 

© Etnous rend l’un de l'autre esclaves malheureux, 

Par elle la Vertu devient Biche & timide. 

© Voistu ce Libertin en public intrépide, 


Qui prèche contre un, Dieu que das fon ame à 
croit? -: 


Îliroit embraffer la Vérité qu “il xoit; 
Rs Mais de fes faux amis il craint la raillerie » 
Et ne brave ainfi Dieu que par poltronnerie, 
C'eft-là de tous nos maux le fatal fondement, 
Des jugemens d'autrui nous tremblons follement: 
Et Chacun l’un de l’autre adorant les caprices, 
3x Nous cherchons hors dé nous nes vertus & nos vices. 
Mufrrables jouets de motre mnité, + : © 
Faifons au moins l'aveu de nôtre infitmité. L 
“REMARQUES 
a des plus grans maux, &un des plus grens biens. En: 
effet, cile eft un grand mal aux ho nes Piors ors qu’elle Je 
empêche d’ofer faire 1e bien; ak en bién 1drs. 
qu ’elle les empêche de faire le mal 
IMIT. Vers 30. Nous cherchons hors de nous. nes vertus 
mes vices, ] Ce vers exprime le véritable fens de celui-ci de 
Berfe, Satire I. Necte quefiveris extra. Cette expreflien de: 


Perfe eft fort ferrée, & c’eft une de celles que notre Auteur 
aroit en vüé, . qand. il a dt dans J’At poctique : 


Perfe en fes vers obscurs, mais ferez, & preffans, 
_., 4#f fee enfermer ; moins de mots que dé fo 
Yaicz l vers 36, de Egloc V. 
Ci | ImMIR 





308. EPITRE 1IIT 
À quoi bon, quand la fièvre en nos artêres brûle, 
Faire de notre mal un fecret ridicule ? 
35 Le feu fort de vos yeux petillans & troublez; 
Votre pouls inégal marche à pas redoublez; 
Quelle fauffe pudeur à feindre vous oblige? 


Qu'avez-vous? Je n'ai rien. Mais.... Je n'ai ii, 
vous dis-je, 


Répondra ce Malade à fe taire obftiné. | 
40 Mais cependant voilà tout fon corps gangrené; 
Et la fièvre demain fe rendant la plus forte, - 
Un Bénitier aux piés, va l'étendre à la porte. 
a - Pb 
REMARQUES. 


1M1T. Vers 33. 04 quoi boh, quénd-la fivre dr nes Due 
bréle, &cc.] Horace, Liv. L ER XVL Ale, 





!. Neuf te populus fanum reifique valentem 
…_Diditet, occultam febrem, [uk tempus edendi, 
Diffimules, donec manibus tremor incidat snélis, 
Stultorurs incurats pudor malus ulcers celat, | 


© mar. Vers 38. Aeavervoust Je dar be] Perte, se 





tire IIL 94. u es 
| Heu, bons, tu pélles. Nibil ef, Videss tamen 22 

Quidquid id ef. Ti 

IM1T. Vers 42. Va Pérendre à la à pres] Pedé, 
Sat. JIL 105. . 


In portaus rigides calces extendit. 


IMiT. Vers 44 Le jour fatal eff proche g v Vient comme M 
voleur. ] Cette comparaifon de Fa Mort avec-ur voleur, 
tirée des Livres Saints. Vigilate ergo, dit Jesus-Cuni no 


.- 





EPITRE IL 309 
Prévenons fagement un fi jufte malheur...  : 
Le jour fatal eft proche, & vient comme un vole, 
Avant qu’à nos erreurs le Ciel nous.abandonne, 
Profitons de l'inftant que de grace il nous donne, 
Hâtons-nous; le Tems fuit, & nous traine avec foi, 
Le moment où je parle eft déja loin de moi. 

Mais quoi? toujours la Honte en esclaves nous le, 
Oui, c'eft toi qui nous perds, ridicule Folie: - 
C'eft toi qui fis tomber le premier Malheureuz; 
Le jour que d'un faux bien fortement amoureux, 
Et n’ofant foupçonner fa femme d'impofture, 

REMARQUES 
quia nescitis qnà bor& Deminus vefier ventures fe. , . Si fie 
ret paterfamilias quà hor4 Fur venturus effet, vigilarer ntique. 
Matth. XXIV. 42. Lué XIL 39. Seitis quia dies Demini ficut 
Far in noële, ita veniet, 1. ad Theffal. V. 2. Si erge non vigi- 
daveris, veniam ad te tanquam Fur, C7 nescies quä herä veniam 
adte. Apocal. IIL 3. | 

VERS 48. Le moment où je parle eff déja loin de moi.) L’Au- 
teur qui fe levoit ordinairement fort tard, étoit encore au 
lit La première fois qu’il récita cette Epitre à Mr. Arnauld, 
qui Pétoit venu voir dès le matin. Quand il'em fur à ce 
vers, il le récita d’un ton léger & rapide, comme il doit 
être récité, pour exprimer la rapidité du tems qui s’enfuit. 
Mr. Arnauld , frappé de la légèreté de ce vers, fe leva 
brusquement de fon fiège ; & marchant fort vite par la 
Chambre, comme un homme qui fuit, il redit plufieurs 
fois: Le moment où je parle eff déja loin de moi. Celui de Per- 
fe qui fera cité tout à l’heure, n’eft pas moins léger non 
plus que celui-ci de Malherbe: La nuis ef déja proche à qui 
? 1M1T. Jbid. Le moment où. je parie Exec. ] Perfe, Satire V. 


VW, 1$3. 
mm Exit bersj bec qued loquer, inde ef, | 
vu ' IMITe 


310 ÉPITRE 1IIL 
Au Démon par pudeur il vendit là Nature. 
55 Has! avant cé jour qui perdit fes Neveux, 
Tous:les Plaifrrs couroient au devant de fes vœux. 
La Faim aux Animaux ne faifoit point la guerte: 
Le BK pour fe donner , fans peine ouvrant la terre, 
N'attendoit point qu'un bœuf, preffé de l'éguillon, 
0 Fraçät à pas tardifs un pénible fon. 
La Vigne offoit par tout des grappes toujours pleines, 
Et des raiffeaux de lait ferpeutoient dans les plaines, 
Mais dès c ce jour Adam déchit de fon état, 





D'e 
REMARQUES. | 


Im. Vers 56 Tous les Plaife cperviens. devant de |e 
vaux, Gic.] Virgile, “Eclerue IV. à ® f 


DMolli panlatim flavescet campus ar:fs, 
ncaltisque ruens pendebit Léntibus #va; 
Es durs quercus fidabist rostids melle,. 
"Neon raffros paictur bumus, non vines falcer, 
* Robofus queque jais tanris jngs foives avater, 
Le même Poëte, Gesrg I. 9.127 
has mines mien Ipfaque:tellue ' 
Omnia Kberiès, nulle potcmte, fèrchat. 
Ilie malus virus [apoutites addidit avis .- 
Pradarique Lupes jefie, ponnmgque meveri.: 
Mcllique decuffs faliis, igemque rewmeviss 
Bt paffre ribts corventia vins repreffit. .. 
vers 150. 
+" Men 6 frometis Labor adlitus, se male cubes * 
| Effet rubige, fegnisque herreret in aruis 


EPITRE IL 31£ 
Y'un tribut de douleurs païa fon attentat. | 
fallut. qu'au travail fon eorps rendu docile, 
‘orçât la Ferre avare à devenir fertile. 
Æ Chardon importun hériffa les guérets: 
Æ ferpent venimeux rampa dans les forêts: 
a Canicule en feu défola les campagnes: 
s'Aquilon en fureur gronda fur les montagnes, 
Alors, pour fe couvrir durant l'âpre faifon, 


1 fallut aux brebis dérober leur toïfon. 
Aa Pefte en même ieras, la Guerre & la Famine, 


REMARQUES 
Dvide, Mutamerph. L y. 100, 


Malta fecurs peragebant ts ments. 
Ipfa quequi inmunis, rafiroque imalfa, nee nilis 
Sancis vemeribus, per fe dabes unnia Tilus....sy  ‘ ‘’ 
Mox datiam fyuges tollus inarata fèrebat : 
… Nec renovatus ager gravidis canebat arifiis, 
Flumina jam laitis, jam flumina nellaris ibant, 
Flavaque de viridi fisllabant ilice mella, 
Pofiquam Saturne Ëte. 
£t Horace, Eped. XVI. 43. 
Reddit nbi Cererem tellus inarats quetannis ; 
Et sroputata foret meque vimen. 8c. 
Vans 6o. Traçät 4 pas tardifs un pénible fillen.] Ce vers 
marque bien la démarche pefante d’un bœuf. ‘Un pénible 


fllen : Cette e à Phérétique donionr ; du 
Aolème ver de ù ruse a Sue ven ns. | 


Vans 





312 EPIT RE III 
Des malheureux Humains jnrèrent la ruine; 

75 Mais aucun de ces maux n'égala les rigueurs 
Que la mauvaife Honte exerça dans les.cœurs, 
De ce nid à l'inftant fortirent tous les Vices, 
L'Avare des premiers en proie à fes caprices, 
Dans un infame gain mettant l'honnêteté, 

80 Pour toute honte alors compta la pauvreté, 
L'Honneur & la Vertu n'ofèrent plus paroûre, 
La Piété chercha les Deferts & le Cloître. 
Depuis on »'a point vû de cœur fi détaché, 

Qui par quelque lien ne tint à ce péché. | 

85 Trifte & funefte effet du premier de nos crimes! 
Moi-même, ArNAuLD, ici, qui te prèche en ces 

_ rimes, er tie | 
Plus qu'aucun des Mortels par la Honte abattu, 
En vain j'arme contre elle une foible vertu. 
Ain£ toujours douteux, chancelant & volage, 
90 À peine du limon, où le Vice m'engage, 





REMARQUES, . 

Vsns So. Pour toute honte alors compta Le pamvreté.] Un 
Prélat, qui d’ailleurs avoit du mérite, avoit pris le carat- 
tère exprimé dans ce vers. Il né fañfoit cas d’un homme 
qu’à proportion du bien qu’il avoit: faifant confifter tot 
le mérite & tout l’honnèeur dans les richefles. 

IMI1T. Vers 90, A peine du .limon &tc.] Horace, Livre Il, 
satire VIL vers 27. 


\ 


| Nequicquam cœns cupiens evellere planter. : 
VERS 92. Que lame my reporte, 6 s'embenrbe à l'infax.] 
L’Auteur avoit ainfi exprime fa penfée: : } 


7 


EPITRE IX az 
J'arrache un pié timide, & fors en m'agitant, 
Que l'autre m'y reporte, & s’embowbe à l'inftant, 
Car fi, comme aujourd'hui, quelque raïon de zèle 
Allume dans mon cœur une clarté nouvelle, 
Soudain aux yeux d'autrui s’il faut la confirmer, 
D'un gefte, d'un regard je me fens alarmer ; 
Et même fur ces Vers que je te viens d'écrire, 
Je tremble en ce moment de,<e que l'on va dire, 


REMARQUES 


A peine de Limen où Le Vice m'engage, 
Farrache un piétimide, ue 
Que laure m'y rporte, 6 S'embourbe à Pinfant, 
La difficulté étoit d'achever le fcond vers, 11 confalte 
Mr. RACINE, qui trouva la chofe très-difficile, Cepen- 
dant Mr. Despréaux lui dit le lendemain la fin du verse 
& Jors en m°agitans. Cette fin eft d'autant plus belle, qu'el- 
Je fait une image qui n’eft pas dans le vers d'Horaces 
Negnicquam cuns cæpiens evellere plantams 











Tem, 1.” . © EPITRE 


ent. 


Dans l’édition de 1683. 


314 . _ 
E PIT R E IV. 
AU ROKR. 
N vain, pour Te:louer,ma Mufe toujours prête, 


Vingt fois de la Hollande a tenté la conquête: 
Ce païs, où cent murs n'ont pû T'e réfifter, 


GaaxD Ros, n'eft pas en. Vers fi facile à dompter. 


REMARQUES, 


Es marques de bonté & de difin@ion que le Roi don- 
na à Mr. Despréaux, la première fois qu’il eut l’hon< 
neur de paroître devane Sa Majefté, * lui avoient infpiré 


une vive çconnoiffance. Les conquêtes de ce Grand Roi 
 Fournirent bien-tôt au Poête une occafion de figna 
.æèle. En 1672. Sa Majcfé fit en Perfonne la Campagne de 
Hollande, Pune des plus grorieufés de fon règne, Dans 
,€ette aquRe ot ; ne 


a qu'environ deux mois, le 
Roi conquit trois Provinces, & prit plus de quarante Vi 
les: fon Armée pañla le Rhin à la vûëé des Ennemis qui 
gardoient le sivage OPPOÉÉS Amfterdam, cette riche K kr 
perbe ville, fut fur le point de fe foumettre à la domint- 


‘tion du Roi; & s’en fallut qu’il ne fe rendit le maitre 


de tout le refte de la Hollande. Parmi de f grans évene- 


. mens, notre Poëte choifit la: paffage du Rhin, comme le 


fujet le plus brillant, & par conféquent le plus 


des ornemens de la Poëfie. Cette a&ion fe pañla le r2, de 
. Juin r672. L’EÉpitre fut compofée au mois de Juillet füi- 
‘want, & imprimée au mois d’Août. Elle eft la feconde k- 


1on l’erdre du tems. 
Cuanc. Vers 7. Et Poreille effraïée, &cc.] Dans les pK 


.mières éditions il y avoit : 


Pour trouver nn beas mot, des rives de l'Iffel, 
IL fant toéjours bronchant, courir jusqu’au Teffel. 


% Forex Le note fur le dernier vers de P Epitre L 





E PI TRE IV. 315 
Des Villes, que Tu prens, les noms durs & barbares 
W'offrent de toutes parts que fyllabes bizares; . | 
ît, l'oreille effraïée, il faut depuis l'Iffei, | 
our trouver un beau mot, courir jusqu'au TefeL 
Jui, par tout de fon nom chaque Place munie, 
lient bon contre le Vers, en détruit harmonie, 
2t qui peut, fans frémir, aborder Woërden? . 
Quel Vers ne tomberoit au feu nom de Heusden? 


Quel : 
REMAR QUE 8. 
Posr trouver sn beaw met ; il faut depuis PIfel, 
Sans pewuoir s'arrèter, courir jusqu'a Feffel, … 
Dans celte de 1694. . | un oo ' 
| On a boan-s'oncaiter © iè faut depuis DIF , | L F. 


Pour trouver nn heas: met, EC: 


Enfin dans La decnière de 1707. 
Er, Poreille effraïée, il faut &c. 


ail. mme 11 faut depuis PIffel, êcc.] Rivière des Faïs- 

: qi fe jette dans le Zuider-zée, ou la Mer de Sud, 

Gene ivièse reçois les eaux du Rhin per un canal qui ft 

depuis Asa ne Doesbourg, par Drufus, Pere 

de L'Espee Claude, & de Genmanicus. Le Prince d'Or 

range, Qui commandoit as Tseupes des Hollandois, aban- 
donna Pt, Le 13. de Juin, 1672. 

VERS $. mme CoHrir jusqu” au Teffel,] 1fle de la Hel- 
lande, dans l’Ocean Germanique , à Pentrée du Gelphe 
nomme le Zuider-2ée. 

VERS II. = _Æbordér Woërden?1. Ville du côté de 
Holtande, fituée fur le Rhin. 

CHane, Vers 12. An fisl nom de Housdes?] 
Dans les premières éditions on Hifoit Nerdem. 

Ibid. uen An feuk nom de: Hesse ? ] äAutse ville de La 
même Psovinge près de la Met é. 





Vzas 





316 E PI TRE ïv. 
Quelle Mufe à rimer en tous lieux dispofée, 
Oferoit approcher des bords du Zuiderzée ? 

25 Comment en Vers heureux affiéger Doësbourg, 
Zatphen, Wageningen, Harderwic, Knotzembourg; 
1] n'eft.Fort entre ceux que T'u prens par centaines, 
Qui ne puiffe arrêter un Rimeur fix femaines: 
Et par tout fur le Whal, ainfi que fur le Leck, 

20 Le Vers cften déroute, & le Poëte à fec. 

ÆEacor fi Tes exploits, moins grans & moins rapides, 

Laifloient prendre courage à nos Mufes timides, 


| | Pent- 
REMARQUES. 


VERS 14 mmmem Des bords du Zuider-xée. ] Le Zuidr- 
ae eft un grand Golphe entre les Provinces de Frife, dO- 
wer-lflel, de Gueldre, & de Hollande. Anciennement c’é- 
+oit un Lac, & des Marais, formez par la branche Septen- 
ærionale du Rhin jointe à l’iffel; & les anciens Gé 
phes le nommoïent Eleuss, Où Flevilacus, Les eaux de la 
Mer -ont dans la fuite couvert & inondé tous.ces marais, 
&c il s’en eft formé le Zuider-zée: Mare _Anffrinux, Sims 
Asffrinus. En Flamand, Zuid ,fignifie le Sud ; &c Zee ,1a Mer. 

Vans 15. Affiéger Detsbourg.] Les Hollandois 

noncent Dosshesrg : Ville du Comté de Zutphen, fituée 

Pendroit où les eaux du Rhin fe joignent à l’iffel, par le 
canal de Drufüus: Drufiburgum. Cette Ville fut prife de 52. 
de Juin, 1672. par Monsieur, Frere du Roi. 

ERS 16. Zsiphen, Wageningen , Harderwic , 
bourg.] Zmphen : Ville Capitale du Comté de Zurphen, pri- 
#e Monsreur, le 26. de Juin. Wageningen, Harderwic : 
Villes du Duché de Gueldre, qui fe rendirent au Roi, le 
22. & 23. de Juin. Knerzembourg, eft un Fort, fitué fur le 
“Wahal, vis-à-vis de Nimègue: il eft auffi nommé /e Feon 
. de Nimègue. 1] fut afliégé le 15. de Juin, & pris le 17. per 
Me de Turenne. P f 
ERS J9. Et par tout fur le Wbhal, ainfi que fur le Lak.] 
Le Wahal & le Leck, font deux branches fu Rhin qui fe 
mêlent avec la Meufe, 
- NERS 24. Par guise coup de Art nous pourrions nous [es- 
ger,] L’Auteur donne ici l’éxemple avec le précepte; ct 
CCt- 





! 


E PET RE IV. #7? 

» avec le tems,. à force d'y rêver, ° 
que coup de l'Art nous pourrions nousfauven 
; qu'on veut tenter cette vafte carrière, 
’effarouche & recule en arrière, 
ollon s'étonne: 8& Nimègue eft à Toi, 

Mufe eft: encore au camp devant Orfoi. 
‘hui toutefois mon zèle m'encourage ; 
u moins du Rüin tenter l'heureux pañages 
jufte devoir veut que nous l'effaions. 
poar:le tracer. cherchez tous vos craïons. 


\ 


» 
REMARQUES. 
tre eft un jeu d'esprit, pat lequel il fe fauve de læ 
en la montrant. 
27. —" Et Nimègue «ff à Toi.] Ville confidéra- 
Provinces-Unies, Capitale du Duché de Gueldre,- 
prife le-s. de Juillet, r67z: par Mr. de Turenne, 
jours de fiège. Cette Ville 'eft fameufe par la Paix 
ui y fut concluë en 1678: entre la Fräncer, l’£s- 
le les Provinces-Unies; & en 15679, entte la’ Frank 
mpire. 
28. As Camp devant Orfoi.] Ville & Place fortè: 
e gauche du Rhin, dans le Duché de Clèves. Au 
sement de fe Campagne, le Roi fit afliéger Orfoi;. 
Juin, & le prit en deux jours: Sa Majefté tint 
1s fon Camp devant cette Place après qu’elle eut 
» de forte que les Gazettes & les: Lettres particu- 
atoient tofjours , du Camp dévant Orfor, C’ef Z 
teur fait allufion- oc | 
1e. Vers 31. Un trop juffe devoir &tc:] Prenrières. 


malheur fers grand, .fi nous nous y noïons. : 
le 1694: | 
ft beas s’y noïer, fi nous nous y noïons, 
de 1707. 


rop jufie devoir &cc, 
O3 Visas 





318 E PITRE IV. 
Car, puisqu’en cet exploit ‘tout paroît incroïable, 
Que la Vérité pure y reflemble à la Fable, 

35 De tous vos ornemens vous pouvez l'égaïer. 
Venez donc, & fur tout gardez bien d’ennuïer. 
Vous.favez des grans Vers les disgraces tragiques, 
Et fouvent on enauye en termes magnifiques. 

Au pié du mont Adulle, entre mille rofeaux, 

40 Le Rhin tranquille, & fier du progrès de fes eaux, 
Appuyé d'une main fur fon urme penchante, 
Dormoit au bruit flatteur de fon onde naiflante; 

. Lors qu'un cri tout à coup fuivi de mille cris, 
‘Vient d'un calme fi doux rétirer fes esprits. 





REMA R AU ES, 

. VEns 39. An pié du ment .Adulls,] Montagne, d'où le 
Æhin prend {a fource: .4wls fclon Froloméé, & Strabon, 
On l’appèle maintenant le Mons de St. Godart, Le Poëtes 
emploie le nom ancien, foit parce qu’il eft plus beas & 

lus poétique, foit auf parce que roulant pacle du Die 
du Rhin & des Naïades, il aucoit, fait un anachresiame 
poëtique s’il en avoit ufé autrement. Le lieu pasticulier.où 
£it la principale Source du Rhin (car il y en a deus) cf 
pac montagac qui fait pastie du Mont St. Godart, #& ‘es 
eft appelée Vogel-berg , où Mamte d'Uculle: le mont .de PO 
feau: LAviculs, Co dernier mot a été peut-être farsné d,4 
du! ‘. 


Æ« : - "u 
VExs so. LA de fes bords fameux flétri l'antique. gloin.} 
MoLIERE n’aprouva pas Ce vers, parce qu'il Égnific que 
la préfence du Roi a deshonoré le Fieuve du Rhin. 1L’Au 
teur lui repréfenta que ce font les Naïades de ce Fieëve 
qui parlent du Héros de la France comme d’un Ennemi 
qui veut foumettre à fon joug leur Empire: qu’ainf il dt 
naturel qu’elles difent que Louïs a flétri l’ancienne gloire 
du Rhin. Mais Moliere ne fe rendit pas. oi 
Vans s1. Que Rhimberg © Wefilterralfez en deux Jerrsl 
| ë 


EPITRE I. 31$ 
# fe trouble, il regarde, & par tout fur fes rives 
Il voit fuir à grans pas fes Naïades craintives, 
Qui toutes accourant vers leur humide Roi, 
Par un récit affreux redoublent fon effroi. 
Il apprend qu'un Héros conduit par la Viétoire; 
> À de fes bords fameux flétri l'antique gloire; 
Que Rhimberg & Wefel, terrafles en deux jours 
D'un joug déja prochain menacent tout fon cours 
Nous l'avons vû, dit l'Une, affronter la tempête 
De cent foudres d’airain tournez contre fa tête, 
5 11 marche vers Tholus,. & tes flots en courroux 
Au prix de fa fureur font tranquilles & doux, 


L a de Jupiter la taille & le vifage; . 


REMARQUES 


Ces deux Villes font fituées {ur le Rhin: l’une {x ja rive 
ganche du Fleuve, & l’autre fur la rive droite. Wei cf 
aæ Ville du Daché de Cleves, qui sppénenon aux Hol- 
landois depuis l’an 1629. & le Prince de Condé- La prit 
4. de Juin 1672. après deux jours de Siège, Réémberg étoit 
auffi fous la domination des Hollandois, & fut pris le 64 
du même mois. . ou ee: 
. Vers $s. ll! marche vers Tholus. ] Village für la-rive gau= 
£he du Rhin au-deflue du Fort de Skink, à la pointe di 
Bétauw. Tolbuis, ep Langaga:Flamand, figaific #» Bureau 
où lon repoit les péazes. C’eft en cet cadroit que les François 
paflèrent ie Rhin à la nage, ce 

Vans 57. LI 4 de fupier la taille dr le vifags,} Louis XIVe 
eft ici comparé à Jupiter, mais c’eft à Jupiter foudroïant 
& cxterminateur. Aiaf cette comparaifon cf bien plus 
gloricufe que fi le Poëte avoit dit que le Roi reffembloit 
ah Dieu Mars comme quel ues Critiques le vouloient : cac 
Mars n’eft qu’un Dieu ubalrerne, Homère donne au RoË _ 
Agamemnon, la tête & les yeux de Jupiter quand il lance 
Ja foudie. Lligde II, v. 4768. : 
_ © # . . VERS 


. 





320 E PITRE IV. 
Et depuis ce Romain, dont l'infolent paffige- 
Sur un pont en deux jours trompa tous tes efforts, 
6o Jamais rien de fi grand n’a paru fur tes bords. 
Le Rhin tremble & frémit à ces triftes nouvelles; 
Le feu fort à travers fes humides prunelles. 
C'eft donc:trop peu, dit-il, que l'Escaut en deux mois 


Ait appris à couler fous de nouvelles loix; Et 
| _ 





REMARQUES. 

Vans 59. Er depuis ce Romain; dont l’infelent PATsee Sur 
Sn pont en deux jours &cc.)] JUL1ESs C£'sAR faifant la guer- 
re dans les Gaules, paÏla deux fois le Rhin pour aller ch- 
tier les Peybles d'Allemagne, qui avoient envoié du fe- 
cours aux Gaulois. La première fois fon armée pafla fur 
an pont, pour la conftruétion duquel il emploïa dix jours 
de tems, * & non pas deux jours comme le dit ici notre 
Poëte. Je lui fis faire cette obfervation, dans une Lettre 

‘que je lui écrivis le 4 d'Avril, 1703. ,, Au fonds cette 
à» Circonftance eft aflez indifferente, lui difois-je, mais il 
7 femble que vous auriez dû marquer un peu plus d’éxaûi- 
‘ss tude dans le fait hiftorique. Elle tourne même à la glo® 
s, re du Roi, qui a fait en un moment, ce que le plus 
__ 9 grand Capitaine de l’Empire Romain n’a pu faire qu'en 
:, » dix jours, & avec le fecours d’un pont: 
. Mr. Despréaux me fit cette réponfe le 8. du même mois. 
y» Je-n’ai jamais voulu dire-que Jales Céfar n’ait mis que 
n deux jours à ramañler & à lier enfemble les matériaux 
>» dont il fit conftruire le pont fur lequel il pañla le Rhin. 
» 11 n’eft queftion. dans mes vers que du tems qu’il mit à 
»> faire pañler fes troupes fur ce: pont, & je ne fai même 
os» J'il y emplaïa deux jours. Le-Roi, quand il pañla le 
> Rhin, fit amener un très-grand: nombre de Bateaux de 
y" Cuivre, qu’on avoit été plus de deux mois à conftruire, 
s> © fur un desquels même Mr. le Prince-& Mr, le Duc 
» paférent. Maïs qu’eft-ce que cela fait à la rapidité avec 
» aquelle toutes fes troupes traversèrent le Fleuves puis 
» qu'il eft certain que toute fon armée. pañla comme celle 
» de Jules Céfar, avec tour fon bagage, en moins de deux 
. nu | | ’,5s jours? 
# Comment. de Céfar, L. 4. ch..2, # L. 6 Plutarg: Vie à 
«Jules Céfer, ch. 0 


+ 


EPITRE IV. RE 
5 Et de mille remparts mon onde environnée- 
De ces Fleuves fans nom fuivra la deftinée ? | 
Ab! périflent mes eaux, ou par d'illuftres coups  ‘ 
Montrens qui doit céder des Mortels ou de Nouss 
A ces mots cffuyant fa barbe limoneule, 
> 11 prend d'un vieux Guerrier la figure poudreufe... 


Son front cicatricé rend fon air:furieux, . 
| REMARQUES oo 
s; jours? Voïa ce que veut dire le vers: Sur sn pont en deux 
>> jours trompa tous tes efforts. En effet, quel fens autrement: 
», pourroit-on donner à ces-mots: Trempa tous tes efforts? 
» Le Rhin pouvoit-il s’efforcer à détruire le pont que fai- 
»7{oit conftruire Jules Céfar, lors quelles bateaux étoiere 
» encore fur le chantier? Il faudroit pour cela qu’il fe fût dé 
»5 bordé: encore auroit-il été pris pour dupe, fi Céfar-avoie. 
» mis fes atteliers fixr une hauteur.. Vous xoïez donc bien, 
» Monfieur, qu’il faut laifler, deux jours; parce que fi je 
>» mettois-dix jours, -cela feroit-fort ridicule; &-je donne- 
n» 10is-aux Lebteurs une idée fort abfurde de Céfar, eh di 
» fant comme une grande chofe, qu’il avoit emploïé dix 
»" jours à faife pafler une armée de trente mille hommes = { 
»» donnant par là aux .Allemans tout le tems qu’il leur fal- 
+ loit pour s’oppefer à {on pañlage.. Ajoftez, que ces far 
+ çons de parler; en deux jours, en trois jours, ne veulent 
n» dire que rrès-promptement , en moins de rien. Voila, je 
» croi, Monfieur, dequoi contenter votre critique. Vous 
» me ferez plaifir de m’en faire beaucoup de pareilless. 
»s parce que cela donne occañon, comme vous voiez, à 
Nn Ccrire des Diflertations aflez curicufes, ; 
Venxs 64: Ait appris 4 couler fous de nouvelles loix. ] En. 
Pannée 1667: le Roi avoit conquis une patio de la Flag 
-dre qui eft arrofée pas PEscaur. | re 
IM1T. Vers 69% Effutant [a barbe limonsafe.] C’'t 
de Rheni luteum caput, d'Horace, Livre I. Satire X. 37. - 
VERS 71. Son front cicatrice. | Quelques-uns ont préten= 
da qu’il auroit fallu dire, -cicatrizs. Mais ils n’ont pas pris: 
e que cicatrizé fe dit d'une plaie qui commence à {e 
ner, au lieu Que:cicarricé fignific , convert de. cicatrices ; 
“gamufisen divers endroits: : ; | 





Os. - ras 





32  EPITRE IV 
Et l'ardeur du combat étincelle en fes yeux. 
En ce moment il part, & couvert d’une nué, 
Du fameux Fort de Skink prend k route connut. 
75 Là contemplant fon cours, il voit de toutes parts 
Ses pâles Défenfeurs par la frayeur épais. > 
Ïl voit cent bataillons, qui loin de fe défendre, 
Attendent fur des murs l'Ennemi pour fe rendre, 
Confus, il les aborde, & renforçant fa voix: 
30 Grands Arbitres, dit-il, des querelles des Rois, 
Ef-ce ainfi que votre ame aux périls aguerrie, 
Soûtient fur ces rerparts l'honneur & la patrie ? 


Votre Ennemi fuperbe, en cet inftant fameux, Do 


REMARQUES. 


Vans 74 Ds fameux Fort de Skÿnk. ] Le Fort de Skink, 
“ou de Schonk, (SchenkesSchanefé cft confderable, tant pas 
£es fomifications que par fa fituation avantagenfe, 1] cf 
fitué à Ja pointe de l'ifle de Bétaw, ou Bétuwc, qui À 
l'endroit où le Rhin fe divife: Les Etats de Hellande fr 
bâtir ce Fort par le Colonel Marin Scuxux, la 
1586 Voïez La note fur le uers 149. de cette Epitre. . 
CHANG. Vers 60. Grends Lérbitres, dis-5l, des qu 
des Rois.] Dans la première édition, il y avoit, Papiers 
de deux Rois. 
:. Jbid, <Awbitres, diteil, des. querelles des Roë, ] f 
vers contient une irenie très-amère. Les Nollandoïs s 
toient. vantez d’avoir obligé le Roi de Fragee à fire Ja 
“Paix avec pRsegnes par ke Traité d’Aix ka 
avoient même fait frapper une pile en 1668, dr 
le ile preñoient Îes titres faflueux d’_4rbitres des Ris, 
Réforme Éeurs de la Religion, de Protebleurs des Lois, & 
rs autres. Cette Medaille repréfente d’yn côté Je Li- 
é Batavique avec fes Symboles, & au revers on lis e8- 
#e Inseription qui contient tous ces titres ambitieux. At 
. SBRTIS Lsreraus. EMRNDATIS SACRIS . ADjv- 
315, Dsxsnsis, :GONÇILIATES Ruoiaus, A 
$ CaT: 


ÉPIT KE IV. 31T 
thin, près de Tholus, fend les flots écumeux, 
noins en vous montrant fur la rive oppofée,. 
erier-vous faifir une viétoire aifée ?: 

L, vils combattans,. inutiles Soldats, 

ez-là ces mousquets trop pefans pour vos brass- 

à faux à la main parmi vos marécages,. 

z couper vos joncs, & preffer vos laitages; 
gardant les feuis bords qui vous peuvetit couvrif. 
c moi de ce pas,. venez vaincre ou mourir. . 

e discours d’un Guerrier que la colère enflamme,, 
[uscite l’'Honrnieur déja mort en leur âme; 

eurs cœurs s’allumant d’un-refte de chaleur, 


*A MariuM LipgrrTare Pacx EGreeta 
(TUTE ARMORUM PaRTA SrTAsiLitTa OnB1s8. 
ROPAÆI QUIETE. mms NUMISMA HOC S$. K.. 
3. F. cro. toc. cxviir, Le Roi fat fort indigné de: 
lerté de.ces Républicains, qui par ces éloges faftueux. 
joient fe donner la gloire des éveénemens de ce cems-13.. 
Commentateur n’auroit pas maltraité tes Hollandois à: 
cafion de cette Médaille, s’il avoit pis arde que ces. 
reffions veulent feulement dire que les Frs des Pro- 
es-Unies avoient affuré leurs Loix; vefornsé les L Abus de 
Rogers ae » défendm > reconcilié des Rois, &E ADD. 
Ed, © Amf.] 


ERS 92. L’homenr 67 la Patrie. } 11 y avoit füt les Dr 
1x des Hollandois, Pro honore £ patris. 7‘: 
‘ERS #9. Et la faux à la main, &c] Ces des Vosé di- 
rbien noblement une chofe bien prtite, & bicû bañe: 
la le fort de la Poëfie. Cependant la phrafe n’eft pas. 
t-à-fait régulière, car La faux à la main fert bien à cou- 
les joncs, mais non pas à preffer les laïtages. L’Auteur 
voit bien pris garde, & avoit eflaïé plufieurs fois de le- 
nger. 1h difoit à ce propos: Non féxlement je n'ai pu venir: 
we dé br dite mieux, mais je rai pu x dite auirément. 
0-6 Vsus. 





324 EPITRE IV. 
La Honte fait en eux l'effet de la Valeur. | 
Ils marchent droit au Fleuve, où Lo uïs en perfonne- 
Déja prêt à pañfer, inftruit, dispofe, ordonne, 
Par fon ordre Grammont le premier dans les flots. 
400 S'avance foûtenu des regards du Héros. 
Son courfier écumant fous fon Maître intrépide, 
Nage tout orgucilleux de la main qui le guide, 
Revel le fuit de près: fous ce Chef redouté 


REMARQUES. 


Vs 99. Par fon ordre Gramrment, Bic. ] Mr. le Comte 
de Guicues, fils aîné du Maréchal de Gr AMMonwT, 
fut le premier qui tenta le paflage. Il étoit Lieutenant Gé- 
améral de l’Armée de Mr. le Prince; & le Roi lui commar- 
da de voir s’il trouveroit un gué dans le Rhin, pour alles 
aux Ennemis qui paroifloient de l’autre côté. 1l vint rap- 
poner au Roi qu’il avoit trouvé un gué facile vers Tolhurs, 

promit,de pafler à la rête de la Cavalerie. La vérité 
étoit pourtant. qu'il n’y avoit point, de gué:.de forte que 
Parmée fut obligée de traverfer une bonne partie du Rhi 
à la nage, mais le Comte de Gujiche qui avoit fervi en Po 
logne, s’y étoit accoutumé à pañler anf les, plus profoa- 
des Rivières, à l’exemple, des Polonois. 

VExs.103, Revel le fais de près.] Le Marquis de Rxyst 
Colonel des Cuirafiers, frere de Mr, le Comte de Broglio. 
21 fut bleffé de trois coups d’épéc, dans l’aétion qui fuivit 
Je paffage du Rhin. 

ERS 106. Le,bouillant Lesdiguiere.] Mr. le Com- 
. ‘te de Saux. FRANÇOISEMANUELDEBLANCHEFORT 
pe Bonwns De CReQuI,. Duc de LespieuiIr' RES, 





DE RoÇaEcRo“AnT, DE 


} 





, | 
EX PIT RE IKY. 32% 


Marche des Cuüiraffiers l’escadron indomté. | - 
5 Mais déja devant eux une chaleur guerrière: 

Emporte loin du bord le bouillant Lesdiguière,. 

Vivonne, Nantouillet,. & Coiflin,. & Salart:. : 

Chacun d'eux au peril veut la première part. 

Vendôme, que foûtient l'orgueil de fa naiflance,. 
> Au même inffant dans l'onde impatient s'élance. _ : 


La Salle, Beringhen, Nogent, d'Ambre,. Cavois,. 
CDe- 


REMARQUES. 


de MornTEeMmMaRr & de Vivonnex, &c. alors Général 
des Galères de France; depuis l’ân 1669. & enfüuite Maré- 
chal de France, en-1675. 11 mourut au mois de Septembre 
2688. Nantouillet: le Chevalier de NANTOUILLET, ami 
particulier de notre Auteur, aufli bien que Mr. de Vivon- 
ne. .Co’flin, ARMaAND DU CaAMBouT, Duc de Coiflin. 
11 reçut plufieurs coups-après avoir pañlé le Rhin. 11 eft 
mort:le r6. de Septembre, 1702. âgé de 67. ans. Il‘étoir 
Pair de France, & Chevalier de l’Ordre du St. Esprit. 
VERS 109. Vendôme, que foutient lorgueil de [a naiffance, ] 
Mr. le Chevalier de VENDÔ ME. Quoi qu’il n’êût pas en- 
core dix-fept ans, il ne laiffa pas de traverfer le Khin à 
cheval; il gagna même un Drapeau & un Etendart, qu’il 
apporta au Roi. | 
VeEns 111. La Salle, Beringhen, Nogent, Caveis. ] La Sal- 
Le: Le Marquis de 1 A SALLE fut des premiers à pañler le 
Rhin. Muis les Guiraffiers aiant eu ordre de fe jetter à 
Peau, & de pañler., ils-le firent fi brusquement qu’aiant 
rencontré Mr. de la Salle devant eux, ils le blefsèrent de 
cinq coups, croïant qu’il étoir Holkandois, quoi qu’il fût: 
habillé à la Françoife, & qu’il eût l’écharpe blanche. Be- 
‘inghen: Le Marquis deBenIN@enEn; Premier Ecuier du. 
Roi, .&. Colonel du Régiment Dauphin. Son chevalne 
voulant point pañer, il fe jetta dans le Bateau de Mr. le 
Prince. Après le pañlage il fe battit vigoureufement, & re- 
ge un coup. .de mousquet dans la mamelle droite, & plu 
eurs coups dans fes habits. Nogent: ARNAULD DE Baue 
:æRu, Comte de NocenT, Capitaine des Gardes de Is 
Bouc,-Licutenant Général au G avecnement d'Auvergne, 
. O 7. Maie 





339 Le Rhin à leur aspeét d'épouvante friflonne. 


135 


y8 EPITRE IŸ. 






Quand pour nouvelle alarme à fes-esprits glacez,. 
Un bruit s'épand qu'Enguien &: Condé font pañlez: 
Condé, dont le feul nom fait tomber les murailles. 
Force les escadrons, &t: gagne les batailles : 
Enguien de fon hymen le feul-&: digne fruit,. 

Par lui dès-fon enfance à:Ja viétoire inftruit; 
L'Ennemi renverfé fuit &.gagne la plaine, 


REMARQUES. 


Rhin combat à la tête dés Hollandois, contre les Troupes: 
Françoifes, Dans cette fuppoñtion, ce feroit pécher con- 
tre 12 vrai-femblance, que de faire vaincre un Dieu par de 
fimples mortels. Le Poëte feint donc que Mars & Bello- 


ne, qui font des Divinités. fuperieures au Dieu du-Rhin, 


fe joignent au Comte de Guiche, pour combatre ce Dieu 


_Avecun tel fecours, il:eft de la règle que_les François 


aient l’avantage. C’eft ainf qu'Homère relève la valeur de 
fes Heros, .en intereflant presque toûjours quelque Divini- 
té däns Jeurs combats. Dans celui de Diomède contre Mas 
& Vénus, Diomède eft foutenu par Minerve. Jlsade liv. F. 
Ailleurs ce Poëte donne à Heétor, Neptune pour antage- 
nifte; & à Ajax, il oppofe Heétor foûtenu par Apollon, 


.& enfüite par Jupiter: Maïs 4jet avec toute [a valeur, dit: 
Homère, ne: pouvoit repouffer Helter. qui étoit fecendé par ne 


Dien. 1liade, L. XV. Dans tous ces combats. Homère gar- 


«de une éxa@e-fubordination entre ces mêrnes Dieux; quoi 


gu'oppotés Îes uns aux autres: mettant toûjours la viétoire' 
côté des Dieux fupérieurs en puiflance. 

Vras 132. Qu’Enguien © :Condé font paffez.] Condé: Mi. le' 
Prince de Cowpx, LouïsIl. De BourBon, l'un des 
plus grans Capitaines de J’Europe. 11 mourut le 11. de Dé- 
cembre, 1686, Enguien: Mr. 1e Dacd’Encurexn fn fils 
Hexnar Jure DE BouRBon., ll mourut le 1: d'Avril, 1709 | 
VERS 133. Condé, dont Le [eul nom fait tombér les munie 
der.] Notre Auteur, en-attribuant au féul nons dun Prinée : 
de Condé, le pouvoir de renverfer les murailles , dose 


“ane idée fublime de la réputation que ce Grand. Prince 


 #étoit-aquife par fa valcbr, ‘ 1 fais 


«- 





E PTIRE IV. pe 
ieu lui-même cède au torrent qui l'entraîne, 
il, défespéré, pleurant fes vains efforts, 
donne à Louïs. la victoire & fes bords. 
leuve ainfñi domté la déroute éclatante 
urts jusqu’en fon camp va porter l'épouvante:: 
s, l'espoir du païs, & l'appui de fes murs, 


s... ah quelnom,GaaAN DR o1 quel Hector 
que ce Wurtsi 


REMARQUES. 


ieufe dont Dieu voulut que la ville de Jérico fit. 
ar Jofué ;, car les murailles de cette Ville tombèrent 
-mêmes, au feul bruit des trompettes. Fo/we VI. 

17. 1bid.. Cendf, dént. le feul nom fait tomber les muraile 
” Auteur a eu en vué ces deux vers du T AssoN1:. 


Lmsagnanimo cer di Salinguerra, 
be fa del nome [uo trersar la terra. 
La Secchia rapiia, Cant. V. 34 


is. le tems auquel il fit cette Epître, il travailloit à 
rême du Lutrin: ainfi il étoit rempli de la leture de 
es meilleurs Poëmes Epiques, tant Grecs, Latins; 
liens. C’eft aufli la raifon pour laquelle cette Epitre 
ent beaucoup de la nature du Poëme Epique. 
RS 142. LA Wurts jusqu'en fon camp &tc.]. WURTS» 
hal de Camp des Holandois, commandoit.le camp 
£ à s’oppofer au paflage du Rhin, mais le Régiment 
tirafliers aïant pañlé, les troupes de -Wurts lâchèrent 
, fi tôt qu’elles eurent fait la première décharge: &c 
sès aïant donné courage à ceux qui étoient encore 
eau, ils fe hâtèrent de joindre les Cuirafhers, qi 
avoir ainfi chaflé les Ennemis, s’étoient arrêtez. 
d pour les attendre. Wwrts étoit- du Holfiein, d’une 
ice médiocre. 11 avoit aquis beaucoup de réputation. 
‘endant Cracovie pour les Suédois contre les Impé- 
Li eft mort à Hambourg, y ‘ 
ERS 





330 E P I TR E tv. 

145 Sans ce terrible nom, mal né pour les oreilles. 
Que j'allois à tes yeux étaler de merveilles! 
Bien-tôt on eût vû Skink dans mes Vers emporté, 
De fes fameux remparts démentir h fierté. - 
Bien-tôt..., mais Wutts s’oppofe à l’ardeur qui m'ani- 

me.. | 

250 Finiflons, il eft tems: auffi-bien fi la rime 
Alloit mal à propos m'engager dans Amheim, 

Je ne fai pour fortir de porte qu'Hildesheim. 
O! que le Ciel foigneux de notre Poëfie, 
GRAND Rot, ne nousfit-il plus voifins de l'Afek 
255 Bien-tôt viétorieux de cent Peuples altiers.. 
Tu nous aurois fourni. des rimes à milliers. 
11 n'eft plaine en ces lieux fi fèche & fi ftérile, 
Qui ne foit en beaux mots par tout riche & fertile, 


REMARQUES 


” Vaxs 148, De fes fürmeux remparts démentir La faerté.] Lt 
Fort de Skink'fut affiegé par nos Troupes le 18. de Juis, 
& pris le 21. Les habitans du Païs difoient que ce Fort 
étoit imprenable. Il avoit été furpris en 163 2 les Es- 
pagnols qui s’en rendirent maîtres; & les Hollagdois ae 
purent le reprendre qu'après ua fiège fameux qui dura huit 
mois. Il n’y ceftoit plus que doure hommes qui £e défeu- 
doient encore, : 
. VERS 151. —…——… Afengager dans LArnbeim.] Ville. con 
dérable des Provinces-Unies, dans le Duché de Gaek 
Elie fut prife par nos troupes fous le commandemet « 
Mr. de Turenne le 14. de Juin, 1672. tee 
VERS 152. . De perte qu'Hildesheïim. ] Petite sile 
de l’Elcéorat de Trèves. 4 
VERS 154. Plus voifins de lAfe.] De la Gaèc 
Afiatique dans laquelle étoit fituée la fameufe Ville de 
Troie, ou d’Ilion.. | 








Vas 


EPITRE IV sx 
d'un Bourg fameux par fon antique nom 
offrir à l'oreille un agréable fon. 
aifir de Te fuivte aux rives du Scamandre! 
uver d'Ilion la poëtique cendre: 
1er fi les Grecs, qui brifèrent fes. Tours, 
plus en dix ans que L'ouïs.en dix jours! 
ourquoi fans ratfon défespérer ma veine ? 
ans l'Univers de plage f lointaine, 
valeur, GzanD Roz, ne Te puiffe porter, 
m'offre bien-tôt des exploits à chanter ? 
non, ne faifons plus de plaintes inutiles; 
fainfi dans deux mois tu prens quarante Villes, 
des bons Vers dont Ton bras me répond, 
tends dans deux ans aux bords de l'Hellefpont.. 


_R E M ARQUES. 


LS 158, Ms ne foit en beaux mots par tom riche Ü ferts- 
,} Selon Quiwrizrex, ka Langac Grecque étoit 

ent au deflus. de la Latine, pour la douceur de la 
Kiation, que les Poëtes Latins emploïoient plus vo- 
8 les noms Grecs, quand ils vouloient rendre leurs. 
pux &c faciles. Tanrd eff Serme Gracus Latine jucundiors. 
i Poëre quoties dulce curmen.tffe voinerunt, illorums id ne 
s'exernent, Quintilien, Inffit, L. XL ©, 10. "a 

RS ICT, = L##x rives du Séamandre. ] Dans l’E- 
de 1701. en petit volume, il y a: de Scamandre,, 
veft une faute d’impreflion, ôc il faut lire dw Scemar- 
omme il. y a dans toutes les autres éditions. Voïerz 
narque fur le vers 285. du Chant III. de l'Art poë- 


RS dernier. Yet*attens dans deux ans aux bords de lHel- 
.] Après la publication de cette Epitre, il revint à: 
ur que le Comte de Bussi-R ABUTIN en avoit fait. 
itique fanglante. Mr. Despréaux réfolu de s’en van- 

ECLe 





an EPEFTRE IV 


» & il dit. fon deflein à quelques perfonnes, le 
Moien desquelles Mr. de Buffi ën A Ne dans En de: 
fes terres où il étoit relégué. Ce Comee prit adroitement 
les devans pour prévenir la Satire. Dans cette vuë., le 20 
d'Avril, 1673. il écrivit féparément au P. Rapin, & a 
Comte de Limoges , tous deux amis. de: Mr. Despréaur, 
pour les prier de voir ce Poëte, & de le détourner de fon 
entreprife. Les Lettres fuivantes dirout: ce qu'il en arriva. 


Ÿ Réponfe du Comte de LimoGxs 4n Comre de BUSssL. 
A Paris.le 26, Avril, 1673. 


» Auffi-tôt que j’ai-eu reçu votre Lettre, Monfiem; jai 
ss été trouver D aux, qui m'a dit qu’il m’étoit obligé 
5: de l’Avis que je lui donnoïs; Qu’il étoit votre férviteur, 
» qu’il lavoit toûjours été, &-qu’il le ferow toute fa vie 
» Qu'il étoit vrai que pendant ces vacations iF"étoit à Bi- 
_» Ville avec:le P. Rapin ; Qu'il le pria de vous envoier fr 
» Epitre de fa part avec un compliment. Que le.P. Rapin 
% Jui avoit dit que vous. lhi aviez'fait une réponfe fort hon- 
. » nête à ce:compliment ; qu'à fonrretour à Paris mille gens 
» lai étoient venus dire que vous. aviez écrit une Lettre 
»- fanglante contre Jui, pleine de plaifanteries contre foû 
» Epitre, & que cette Lettre couroit le monde. Qw’il ré- 
» Pondit à cela qu’on la lui montrât, & que fi elle étoit 
» telle, il y répondroir,. non feulemenr pour juflifier fon. 
» Ouvrage,. mais encore: pour avoir Rhonneur d’entrer en 
» lice avec un tek combattant. que perfonne ne la lui 
# aiant montrée, il.n’y avoit pas fongé depuis: fon fil 
» deffèin étant de répondre par un Ouvrage d’esprit jufifie 
» Catif, à un autre Ouvrage qui avoit critiqué le fien, mais 
» fans y mêler les perfonnes. Que quand vous auriez 
» Pis que pendre de lui, il étoit trop.-jufie, &. trop hon- 
» nètehomme, pour ne vous pas-toüjours-eftimer, & 
»< Conféquent, pour en dire quelque chofe qui püt vous dé- 
» plaire. Que les chofes d'esprit que vous aviez faites, 
» fans compter vos. autres-faits,,étoient dignes de l’efime 
».de tout le monde & dureroit: même à la pofterité. . . «. 
» Là-deflus il me montra une pièce-manuserite qe Lies 
» re avoit faite contre fon Epitre, dans. 1aq »-2p0èt 
» avoir dit cent chofes: off es, il-ajoûte que MK de 
» Bufñfi en dit bien d’autres plus fortes, dans une Leftte 
». qu'il a écrite à un de fes amis. .-. . . Despréaux me dit 
#”.enfuite, qu’on lui avoit dit encore, que dans.votre Let 
ss Le 
.. % Cate. Lattre n'a point été imprimée. 





E PITRE I. 333 
il y avoit des chofes un pe contre le Roi, comme 
c éxemple » fur ce qu’il difoit que le Roi prendroit 
it de Villes qu’il ne je pourroit fuivre , & qu’il Palloit 
‘endre aux bords de PHcllespont ; vous mettiez au bout, 
rare pon por. , . . . 11 ajoûta, en fortant, qu'il vous 
oit un compliment, s’il croïoit que fa Lertre fut ‘bien 
pué, parce qu’il favoit bien qu’il n'y avoit point d’a- 
nces qu’il ne dût faire pour mériter Phonneur de vos 
nnes grâces. 


Lettre de Mr, DEsprRE® aux à Mr. de Buss1, 
du 25. Mai 1673. 


Monfieur, J’avouë que jai été inquiet du bruit qui « 
uru, que vous aviez écrit une Lettre par laquelle vous 
8 déchiriez moi & l’Epître que j’ai écrite au ‘Roi fur 
Campagne de Hollande ; car outre le jufte chagrin 
e j’avois de me voir maltraiter par l’homme du mon- 
‘que j’eftime & que j’admire le plus, j’avois de la 
ine à digérer le plailir que cela alloit faire à mes en- 
mis. Je.n'en ai pourtant jamais été bien perfuadé. Et 
moïen de penfer que l’homme de la Cour qui a le 
as d’esprit, pûr entrer dans les interêts de l'Abbé Co- 
1, & fe réfoudre à avoir raifon même avec lui? La Let- 
> que vous avez écrite à Mr. le Comte de Limoges, a 
hevé de me desabufer, & je voi bien que tout ce bruit 
a été qu’un artifice très-ridicule de mes très-ridicules 


inemis. . Mais quelque mauvais deflein qu’ils aient eu 
atre mai, je leur en ai de l’obligation, puisque c’ef- 


qui n’a attiré les paroles obligeantes que vous avez 
rites fur mon fujes. Je vous fuplie de croire que je fens 
É honneur comme je dois, & que je fuis, cc. |. 


+2 


Cette Lettre «à été imprimée dans la première partie des Nos 

Lettres du Comte de Bulfi, in 12. lan 1709, pag. 288. 
quelques changemens que lon a faits dans le tour ©" dans les 
5. [Ces Nouvelles Lettres ont été inferées dans l’Edision des 
rs du Comte de Buffi faite à .Amflerdam en 1715. sw toutes 
êtres font rangées felon Pordre Chronologique. La Lettre citée 
trouve 4 la page 3933. du Tom, IL. de cette Edition. ADBe 
Ed, d’'AmdJ- 


. _— 


3% EPITRE IV. 


# Répoufe du Cemte de BUSSL 
eee 30. Mai, 1873 

Je ne fausois affez dignement répondre à votre Lettre, 
aie Elle ef À plème d'honuéeetés & de Tousag, 
D que Pen fuis confus. Je vous dirai feulement, que 
À Bai rien vô de votre façon, que je n'aie trouvé tu 
5 beau & très-naturel; Se que jai remarqué dans vos On 
» vrages un air d'honnète homme que gg encore eflimé 
» plus que tour le refle.. C’ef ce qui ma fair foghaiter 
% d’avoir commerce avec vous: & paisque l’occafion s'en 
>; préfente aujourd’hui, je vous en demande la continus 
% tion, & votre amitié, vous alürant de la mienne. Pour 
% mon aflime, vous n'en dever pas douter, puisque vos 
» ennemis mêmes vous l’accordemt dans leus Cœur ais ne 
à font pas les plus foires gens du monde. 





# Carre Lattre n'a pas été imprimée. LOw fr trempa On tre 
vers cette Lattre à La page 385. du Tom. 1. de lEdicen d Anh 
ee mens venons de cer. Ave. de PES. SAmft] 


- 


EPITRE 


4 


EPITRE V. 
AM. DE GUILLERAGUES, 
SECRETAIRE DU CABINET. 


SRaIT né peur 4 Cour, 8 Maître en l'art de. 
| . plaire, Lo 


GuILLERAGUES, qui Gais & parler & te taire, 


l Ap- 
REMARQUES. | 
LE fujet de cette Epitre eft le Connoiffance de fi-même. 
*"— L’Auteur fait voir que cette connoiffance cft la fource 
de notre félicité: ce n’eft ni l’ambition, ni les richefles ; 
ni les Sciences, ni enfin les biens extérieurs, qui peuvent 
nous rendre heureux dans le monde : notre bonheur dépend 
uniquement de nous; &c c’eft dans nous-mêmes que nous 
.exons le chercher. Cette réfléxion a été faite par un Ecri- 
-Yaïh célèbre. # Mous cherchons, dit-il, notre bonheur hors de 
mêmes, © dans l'opinion des hommes que nous connoiffons 
flatéurs, peu fincères, [ns quité, pleins d'envie, de caprices, 
É de préventions : quelle bizarrerie! Cette Epitre fut compo- 
œica 1674. & publiée l’année fuivante. - Mr. de Guit- 
eus, à qui elle ef adreffte, étroit de Bourdeaux, 
Hi avoit été Premier Préfident de la Cour des Aides. En 
Fséms- là il fe fit connoître à Mr. le Prince de Conti, 
‘Gfüverneur de Languedoc, qui le fit Secrctaire.de fescom- 
siädemens, & l’obligea de quitter la Province. Il eut 
Mgément du Roi, pour la-chatge de Secretaire de 1a Cham- 
. 1H dû Cabinet dé Sa Majefté ; & pendant quelque tems 
ES Ya dire&tion ce SH n aveit perfonne à le 
lus de Polieffe, qui parlât plus a ë- 
eAtAA it majeux la fine raillérie, a qui fàt plus 












Le des nc É \ L es apres. Li a L Lo 
CLMIT. Vois à. Lu Qui fais 6 parler &r te toire] Pèx- 
Lex Satire IV. vs ; 

CT Düiconds tacendaque calles, 


e* 


| _. Inmix 
% Caraëlires de LA BRUYE' RE, Chap. del Homme pag. 395 


236 EPITRE %Y. 
Appren-moi, fi je dois ou me taire, ou parles, 
Faut-il dans la Satire encor me fignaler, 

$ Et dans ce champ fécond en plaifantes malices, 
Faire encore aux Auteurs redouter mes caprices? 
Jadis, non fans tumulte, on m'y vit éclater: 
Quand mon esprit plus jeune, & prompt à s’irriter, 
Aspiroit moins au nom de discret & de fage: 

10 Que mes cheveux plus noirsombrageoïent mon vifage, 
Maintenant que le tems a meuri mes defirs, 
Que mon âge, amoureux de plus fages plaifirs, 
Bien-tôt s'en va frapper à fon neuvième luftre ; 
J'aime mieux mon repos qu'u embarras illuftre, 

15 Que d’une égale ardeur mille Anteurs #himez 





Ai 
REMARQUES . | 


Tmir. Vers 3. _Appren-mei, fi je dois on me taire 05 par 
_ der.] Scaliger Le pere Commence ainfi une Satire : 


At melins fuerat non [cribereÿ namque tacsre 
Tutum femper erit. | 


Vans 10. Que mes cheveux plus noirs ombragevient men vi 
[ares] 1? Auteur portoit alors fes cheveux qui commençoient 
anc 


__ Vans 13. Bren-tôt s’en va Jrapper 4 Jin nenvieme lufire.) 
Un luftre eft l’espace de cinq ans: ainft le huitième 
comprend les années qui font depuis trente-cinq ju 
quarante. L’Auteur compofa cette Epitre à 38. ans: il ta 
avoït environ quarante quand il la donna au poblies 2 
<onféquent il approchoit de fon neuvième s ci 
dire de fa 4r. année, 

VERS 17. Que tout jusqu’à Pinchene, &tc. ] Voïez la Rè 
marque fur le vers 163. du cinquième Chant du Lutrin, où 
à cf parié de Pincuzns À avoit écrit quelque chok 
; con 


E PITRE VV. 337 
t contre moi leurs traits envenimez : 
t,jusqu'à Pinchêne ,& m'infulte & m'accable, 
hui vieux Lion je fuis doux & traitable: 

e point contre eux mes ongles émouflez. 

e mes beaux jours, mes chagrins font pañlez. 

1 plus l’aigreur de ma bile première, 

aux froids Rimears une librécarrière, 

donc Philofophe à.la Raifon foûmis, 

auts deformais font mes feuls ennemis. 

rreur que je fuis; c'eft la Vertu que j'aime. 

} à me connoître, & me cherche en moi-même, 

l'unique étude où je veux m'attacher. 

Aftrolabe en main, un autre aille chercher S 

| L 
REMARQUES. 

otre Auteur, mais il ne fentit point la force de 

ire: aiant crû au contraire que Mr. Despréaux lui 

it grace en cet endroit, & il en tiroit vanité. 
Ves 26. ÿe free ame connoitre y é me cherche en 

,] Voilà le fujet de cette Epitre. Le texte s’en 

uns ces deux mots du fententieux Perle: Tecum ha- 


1V. à la fin. Et dans celui-ci: Ne te quafiveris ex= 
1. v. 7. Et cafin dans ce vers, qui eft le :5. de 14 


; 


me ÿh. fe fe tentaï descendere, neme. 


24. Quel Afrolage en main, &tc.] Voiez ce qu’on. 
le vers 429. de la Satire X. [Mr. Despréaux a fait 
rers & dans les fuivans deux ou trois fautes très- 
bles. r. L’Aftrolabe n’eft pas un Inftrument pro- 
frver fi le Soleil ef fre, ou s’il rowrne fur fon axe. 

de LA SABLIERE avoit raifon d’en reprendre 
préaux, qui eût beancoup mieux fait de profiter de 
we de cètte Dame, que s'en vanger en la dépei- 





338" EPITRE V. 
Si le Soleil'eft fxe, ca tourne fur fon axe; 


30 Si Saturne à nos:yeux peut faire un parallaxe: 


Qué Rohaut vainement fèche pour concevoir 
Comment. tout'étant plein, tout x pû fe mouveir: 
Où que Bernier campofe &s le fec & l'humide 


REMARQUES 


gnant comme une favante ridicule dans fa X. Satire. 2. Etre 
fixe par rapport au Soleil, 8x toner fur: fèn axe, ne fon 
pas deux chofes oppofées; car le Soleil.eft fixe, & il.tomrn 
cn mrême tems /hr-/on axe: il n’y a donc point'1f daiterm- 


de, 3, Le moe de Parallare feminin, & non pas mas 
; comme l’a fait Mr. Despréaux, qui n’en fävui apa- 
remment pas le genre. Cela. cf bien Pos. vraifemblale y 
que de dire, comme fait le Commentateur dans la Remar 
que füuivante, que Mr. Despréaux «+: préfèré le: thasculin 
comme plus portique. Les Poëtes ne fe font jamais donné la 
liberté de changer les genres à leur fantaifie; & Mr. Des- 
préaux étoit trop-judicieux en 1 exa@ paur donner dans 
ce defaut. Voyez la Refnarque füi le or. vers du IV. Chant 
de l”,A4rt Poëtique, où l’on raporte l’extrait d’une de fes Let- 
tres. ADD. de l'Edit. d’_Am/ft.] | 

VEns 3o. Si Saturne 4 nes yeux pet faire un parallaxe,] 
Les Aftronomes appèlent Parallaxe , la différence qui eft 
éntre le lies véritable d’un Aftre, &c fon lien apparent; Ceit- 
à-dite entre le lieu du Firmamerit auquel l’A ï 
s’il étoit vü du centre de la Terre; le lieu.aüuel cet 
Aftre répond étant vû de la furface de Jà Terre" Gèrre 
différente où ParaHaxe eft d’autant plüs grande, : Altec 
eft plus près de l’Horizon, & qu’il eft moins éloigné" de 
la Terre. Ainf, iln’y a point de*Paral/jexe quand. 
eft fur notre tête; & la grande diftance qu’il y a entre Sa- 
mate: So la Torre’, fais.que La Pusdilate de certe Bisite 
m'eft ques pas fcaibleù nenre égard. Tous-les:i 
pes L mot de:Pursllaxe, du genre fénsinin: Moue 
fameur:auroit: pu dire: Si Sararne 2 nos jeux fais sime- Bavok 
lame, Mais il à préferé l’autre manièec-domnme: plés poë- 


: Msxs 31. Qu Robe vices Be. D it 

- Vans 22 On guedrourcompefa: 800.1 :Sil:y 2: 

guide dans la nature, ou fi:tout eft abfolumeat Au 
une 





es = “A 5° 


EP LTRE ŸV. 339 
orps ronds & crochuserrans parmi le vüide, 
moi fur cette mer, qu'icisbas nous courons, 
fées à mé pourvoir d'esquif & d'avirons; 
ler mes defirs, à préveñir l'orage, 
over, s'ife peut, ma Raïfon du naufrage, 


1 SRÉMARQUES 


pucftion qui a partagé les Philofophes anciens & mo- 
s, & pattitulièroment les deux pins célèbres Philofd- 
du dernier fiègle, DEsCcARTiS, & GASSENDI.. 
e Auttut les défigne’ en citant leurs plus déclarés Par- 
s  Robaus dig avec Dessartes, que tout espace étant. 
s, ce qu’on appèle vuide feroit espace, & corps par 
iquent; & gai nôn feulement il ny a point de 
er, mais qu'il my en peut même point avoir. Bernie 
crie Ve Dre Ga Qué cout va compofé 
ladivifibled,: qui srieur dans un cépace vuidé inifi= 
"que ces atomes ne peuvent fe mouvoir fans laifler 
ffairement entr’eux de petits espaces vuides. Car, di- 
les Gaffendiftes comment les corps peuvent-ils fe de- 
er, & occupêr LA place de divers s corps , fi le 
e ne leur donne la liberté néceffaire à ce mouvement? 
soi les Cartefens répondent, qu’il fuffit pour cela, que 
: le même tems qu’an cérps fe meut, les corps conti- 
fe déplacent l’un l’autre, de telle manière que, par un 
ivement qui revient a Ciroulairé; |  É e la 
e du premier, à mefure qu’il la cède, Et comme la 
irente configuration des corps femble s’oppofer à ce 
ivement , ces Philofophes ajoütent , que la miatiète étant 
fible à l'infini, elle fe brila en-des parties fi petites, &c 
iferentes dans leurs figures, lors que la néceflité du 
mwement le demgnde, qu’il s’an trouve toûjours: qui peu 
: s’ajuffer de manière qu’il ne refle:ancun vuide. Voilà, 
D CUX, Comment , tous étant plein, tou arpu [e-mouvoir. 
aques RonauT, d'Amiens en.Picatdie., niourut à 
s en 1675. Ll eft enterré à Sainte Geneviève, où l’on 
: fon Epitaphe à côté de celle du fameux -Descartes. 
ANÇOIS BERNIER, Doëteur en Médecine de la Fa- 
€ dé Montpétiier, après avoir fait de longs voïages, 
éjeurné orgtteme das Je Môgol, revint à Paris où il 
mont. 1] a fait l’Abregé de Gañlendi 
| P 2 L 1MITe 


340 EPITRE V. 
’'eft au repos d'esprit que nous aspirons tous: 


ao Maïs ce repos heureux fe doit chercher en nous. 


Un Fou rempli d'erreurs, que le trouble accompagne, 
Et malade à la ville, ainfi qu'à la campagne, 

En vain monte à cheval pour tromper fon ennui, 
Le Chagrin monte en croupe, & galoppe avec lui. 


45 Que crois-tu qu'Aléxandre, en ravageant la Terre, 


Cherche parmi l'horreur, le tumulte & la guerre? 
Poffodé d'un ennui, qu'il ne fauroit domter, 
El-craint d'être à foi-même, & fonge à s'éviter. 
C'et À ce qui l'emporte aux lieux: où naît Aurore, 


50 Où le Perfe eft brûlé de l’Aftre qu'il adore. 


De nos propres malheurs Auteurs infortunez, 
Nous fommes loin de nous à toute heure entraînez. 


REMARQUES, 


. Mir. Vers Le Chagrin monte ve | srempe & galeppe ave 
Le:.] Horace, Ode 1. du Livre IL 3 £a 
| S'ed timer Ü mins 
Scandunt eidens quo deminus, neqne 
Decedit aratatriremi, © 
Pof equitem fedet atra cure. 





Notre Poëte 4 rencheri fur la penfée d’Horace, en ajoû- 
tant: 6 galoppe avec lni, 

Imir. Vers 54 Le bonheur tant cherché &e. ] Horace, Epi- 
tre XI. du Liv. L. 28. 





ne RS mime Navibns atque 
Quedrigis petimns bene vivere, Que petis, bic cf: 

Ef Visbris sions fi te non doit 7m. | 
Nuns 


| CÉPBITRE V ja 
A.quoi bon ravir l'or au fein du Nouveau Monde? 
Le bonheur tant cherché fur la Terre & fur l'Onde, 
; EÉft ici, comme aux lieux où meurit le Coco, 
Et fe trouve à Paris, de même qu'à Cusc. 
On ne letire point des veines du Potofe, 
Qui vit content de rien, poffède.toute chofe. 
Mais fans cefle ignoran® de nos propres beloins, 
o Nous demandons au Ciel ce qu'il nous faut le moins, 
O! quefi:cet Hiver un rhume falutaire, | 
Guérifflant de tous maux mon avare Beau-pere, : 
Pouvoit. bien confefié ; l'étendre en un cercuenl, 
Et remplir fa majifon d'un agréable deuil!" - 
5 Que mon ame, en ce jour de joie & d'opulence, 
D'un fuperbe convoi plaindroit peu la dépenfet . 
U[_REMARQUES. | 
Y £2S (TE — Comme aus lieux où meurit le Coco. ] Dans 
les Indes Orientales, & dans l’Afrique. 
VERS 56. ww“ De mime qu'à Cmco, ] Ville Capitale 
du Perou dans l’Amérique. 
VERS 57. Des veines du Potofe.] Le Potof}, ou 
Potof, Montagne où font les mines d'Argent, dans le Pe- 
rou. 1l y avoit, de Potofe, dans la première édition. L 


IM1T. Vers 61. O! que fi cet Hiver un rhume [alutaire &c.] 
Perfe, Sat. IL Y. 9 rc ‘ 





mme mme ms 0 f 

,  Ebullit patrui praclarem funus ! é, of 
Sub raffro crepet argenti mibi [eria, dextre . 
Hercule! pupillumue'utinam, quem proximus beres 
Jmpelle, expungam ! 





P 3 Ju: 


342 EE PITRE . 
Difoit le mois paf, doux, honeîte & foûmis, 
L'héritier affamé de çe riche:ÇComtpis, 

Qui, pour lui préparer ceite douce journée, 

70 Tourmenta quarante ans farvitinfostunée. : . 
La Mort vient de faifit le Nicillaidicatherseus.. . 
Voilà fon Gendeaiche, ‘En cftil plis heureux? 
IT'out fiet du fanx éclat de faeraine richéfle, 

Déja nouveau Seigneur il vante &-nobifle, 

75 Quoique £bs:de Sednier encor-blañc du Moalin, 
Jl eft prêt À fournir fes titres en:vélin. -:. : 
En mile vains:projets à toute hotel ségare. 
Le voilà fou, fuperbe, inpætinent, &izare, 

Réyeur ; fombre, inquièt, à fomême ennuyeux, 
80 Il vivnoit-phis .cantent ;: fi, comme fosapenx, : 
Bass un habit conforme à fà vraie origine, 
Sur le Mulet encore il Shargcoit la farine. 
Mais < ce discours net pas Boür | Je péuple Fou 





xrMARQUES 


O Cives, Cives, qééreidé pecuñis s prison CES 


Virtns poff numinos. 


vante © veto en = 


Et dans la Satire première du Livre L ér. 
At bons pars bemrium decepta cupidine faifs, 
Nil fatis eff. inquit, quis tanti, quantum babeas, he. 
Cu Ane Vers 97. F'effime autant Patru BC. ] Au lieu des 
eux 


CS 


ve — : 


E PIT'R E V. _ 343 
Que Le fafte éblouït d’un bonheur apparent. 
L’Argent, l'Argent, dit-on; fans lui tout ef fitriles 
La Vertu fans l'Argent n'eft qu'un meuble inutile. 
L Argent en honnête homme érige un fcélérat. 
L’Argent feulau Palais peut faire-un Magiftrat. 
Qu'importe qu'en tous lieux on metraite d'infame, 
Dit ce Fourbe fans foi, fans-honneur, & fans ame; 
Dans mon coffre , tont plein de rares qualitez, 
J'ai cent mille vertus en Louis bien comptez. 
Eñ-il quelque talent que l'Argent ne me donne? 
C'eft ainfi qu'en fan cœur ce Financier raifonne. 
® Mais pour moi, que l'éclat ne fauraît:decevoir, . 
Qui mets.au rang des biens l'Esprit-êtie Savair, 
J'eftime autant Pau, même dans dindigonce, 
Qu'un Commis engraiflé des malheurs de la tn, 
Non que je fois du goût de ce Sage infenfé, 
Qui d'un argent commode esclave emibarrañlé, 
}t- 
REMARQUES. 
deux vers qui font ici, il y avoit dans les premièreséditisns 
Fe Jei que, dass ss ane sû notnque ln Sans Û 
Le bonheur nef jamais sn fruit de Ja Richeffe. 
Maïs après la mort de Mr. Patru, qui arriva au mois de 


vier 1681. l’Autçur fupprima ces derniers vers, &,mis 
‘les deux autres à la place. 
1bid. ŸPeffime autant Patru 8c.] OL1VI ER PATRU, fa 
meux Avocat, & le meilleur Grammairien de notre Siècle. 
Voiïez la Remarque fur le vers 123. de 1a Satire I. 
.. VERS 99, = D6 6e Sage safe. JCRATES, dote 


TK 
N 


344 EPITRE VV. 
Jetta tout dans la mer, pour crier, Je fuis libre, 
De la droite Raïfon je fens mieux l’équilibre : 
Mais je tiens qu'ici-bas, fans faire tant d’apprêts, 
La Vertu fe contente, & vit à peu de frais. 
105 Pourquoi donc s'égarer en des projets fi vagues? 
Ce que j'avance ici, croi-moi, cher GuiLLBRAGUESS, 
Ton Ami dès l'enfance ainfi l'a pratiqué. 
Mon Pere, foixante ans au travail appliqué, 
En mourant me laiffa, pour rouler & pour vivre, 
110 Un revenu léger, & fon exemple à fuivre. 
| Mais bien-tôt amoureux d’un plus noble métier, 
Fils, frere, oncle, coufin, beau-frere de Greffier, 
Pouvant charger mon bras d'une utile liaffe; 
J'allai loin du Palais errer fur le Parnañfe. 
t13 La Famille en pâlit, & vit en fremiflant, 





REMARQUES. 


ophe Cynique. Horace dit a peu près la même chofe du 
Philofophe Axifippe , qui voïageant dans la Libye, ordon- 
na à fes Esclaves de jetter fon Argent qu’ils portaient ; 
d’aller plus vite. Voiez la Note fuivante. 
IMi1T. Ibid, De ce Sage infenfé &c.] Horace, L. IL Sat. 
‘IL 10e: e 


Gracus Ariflippus, qui ferves prejicere aurume 
In medià juifit Libya 3 quis tardins irent ? 
Propter onus [egnes. 


 Vaxs 108. Mon Pere] G1irs BorrzEeAU, Grefiier 
du Confeil de la Grand” Chambre: également recomman- 
dable par fa probité, & par fon expérience dans les affai- 

"ses. 1] mourut en 1657. âgé de 73. ans. 
__ Vans 109. En mourant me laiffa &cc.] Environ douze mil- 
Le Equs de Patrimoine, dont notre Aüteur mit environ le 
L tits 


ÉPITREV 36 
Dans La poudre du Greffe un Poëte naïflant. 
On vit avec horreur une Mu'e effrénée * : 
Dormir chez ui Greffier la graffe matinée, 
Dès-lors à la richeffe il fallut rénoncer. :  :  :-! 
o Ne pouvant l'acquerir, j'appris à tn'en pa@s 
Et fur tout redoutant la bafle fervitude, | 
La libre Vérité fut toute mon étude, 
Dans ce métier fanefte à qui veut s'enrichir, 
Qui l'eût œû, que pour moi le Sort dût fe Récit? 
g Mais du plus grand des Rois la bonté fans limite, 
Toujours prête à courir au devant du Mérite, 
Crut voir. dans ma franchife un mérite inconau, 
Et d’abord de fes dons enfla mon revenu 
La brigue, ni l'envie à mon bonheur contraires, 
> Miles cris douloureux de mes vains Adverfaires,- 


tiers à fond-perdu fur l’Hôtel de Ville de Lyon, qui lui ft 
une rente de quinze cens livres pendant fa vie. Mais fop 
bien s’augmenta confiderablement dans la fuite, par des 
fucceflions, & par des penfons que le Roi lui donna. 
VRRS 112. emomm— Frepe, Oncle, Coufin, Beau-frere de 
Greffier.] Frere: dJrsoms BorcL£sau fon ainé, qui a& 
poflèdé la Charge dx Pere. 1 mourut au mois de juillet, 
1679. ir 
Oncle: de Mr. Donco1rs, Greflier de l’Audiencæ à le 
‘Grand’ Chambre; fils d’une Sœur de l’Auteur. 
Confin: du même Mr. Doneors,qui 4 époufé ane cog= 
fine germaine de notre Poëte. ; 
Beas-frere: de Mr. SirMon®D qui 2 el la même Char- 
ge de Greffer du Confeil de la Grand” Chambre. " 
V&RS 118. La graffe matinée] 1] étoit un grand dormeur, 
amticulièrement dans fa jeunefle: car il fe ‘levoit ordinai- 
sement fort eard, & dormoit encor Paprès-dinée. . 
Xsus 130, Ni les cris denlenrenx de mes vains aduerfaires } 
ne : $ Le 


346 EPITRE. TX. 
Ne pûrent dans leur cogrfe alter fes bienfaits. 
C'en eft trop: mou boghepr à paffé mes foubaits. 
Qu'à fon gré deformaisla Forupe.pqioné, 
On me verra dormir 28 .branie idefs 1ou&, : 
335 Si quelque foin epgpe agile on repos, 
C'eft l'ardeur de lonér su fi Bmeux Hoœes. 
Ce foin ambitieux me tirant par l'orgille, , _ 
La nuit, lorsque je dars, cn Géant me réroile ; 
Me dit que ces bisnfas; dont jofeme venter, 
349 Par des Vers immoctéls ont 44 f mériter. : 
C'eft là le feul chagrin qui tsouble encor mon aise, 
Mais, fi dans le beœu feu du rôle qui m'enfame, . 
Par un Ouvrage enfin des Critiques vainsueur, 
_ Je puis far ce fujet fitisfaire mon -ecœur ; : 
_ 345 GurzzaraGüsEs, plain:toi de mon huinéur kg, 
Si jamais entraîné d’une ardeur étrangère, 
Ou d’un vilinterêt reconnoïffant la lof, 
%e cherche mon bonheur autre e par que chez moi. 





4e. 


Le, Roi. sésmé dopné me puis mille Xivses à 
“T'Auteur, un Seigneur de {a Cour, qui n’éimoit pas My. 

_ Peæpréeus, s'avifa de dire, que bien-rôt le Rai dongeroit 
des penfions aux valeurs de grand Chemin. Le Roi. fut cet- 
sesoponfe, &c en fut fort tué. Celui qui l’avoit faite fut 
obligé de La defavoüer. , db le 
-— Tir, Vers 135. Qu'à fon gré sonais la Fortuns me jols:) 
CoansILLés 1llufion Comique, Ace Y. Scene y, Je 


- sdinfi de etre espoir la Fortune f jour : 
Test Pélève 0 bai an branle de Je rene. 
- ÉPITRE 


EPITREÉE VI 
A M DELAMOÏGNON, 
AVOCAT GENERAL 


UI, Lanoicwon, je fais les chagins dela 
O Ville, oi 


Et contre eux la Cimpagne eft mon uriique azile. ” ! 
Du Lieu qui m’y retient veux-tu voir le Tableau? 
C'eft un petit Village, ofplûtôt un Hämeau, 
3 Bâti fur le penchant d'un long rang de collines, 
| ot, D'où 
REMARQUES. '. L i 


Erte Epitre a été compnfee en Pannér nf77. après l'E: 
ître VIL. l’Auteur étant allé pañler quelque tems à 
Maile, petite Seigneurie près de la Roche-Guion, qui 
apartenoit à Mr, Dongois fon Neveu. Mr. de Lamoi- 
enxox le Fils, Avecat Générak, lu écrivit une Lettre par 
Haquelle il lui seprochoit fon long féjour à la Campagne & 
A'oxhortoit de sevenir à Pass, Mr. Despréaus. lyi. enpoïæ 
çate Epitre, dans laquelle il décrit les fus il 
jouït à la Campagne , & les chagrins qu Pattendent à ]æ 
Ville. On peut lire la Satire fixième d’'Horace, Livre {e- 
cond , qui eft fur le même fujet. Mr.C na pre RANS 
gous D£ L'AMOIGNON, À qui4ftie ERH4CE secte , 
était né Le 26 de Juin, 1648 & il F de 7. d'A, 
_27a9, 4près s'être fait aduainer fuccefbroment dansles Chax- 
ges d’Avocat Général, &.dePrelident à .Maxtier. 
Vase + Cofunpait Ville, Ke] Hantile, près de Ie 
srprgimens LE du gère de Mae à gene lens sle Sans: 
ans soutes des éditions il y erpi.à le mage: Haptile, ue 
delle Rode-Ginier. Je fs remaçquez à l’Atbeur pete son 
fonance vicieufe, proche la "Roche, & il la corrigea days.fz 
dernière édition de 1701. La description qu’il a faite de ce 
Village &c des eavirons, créera & d’après mature. 
= 6 


Vas 


10 


RL 


15 


348 É PITRE VI 

D'où l'œë s'égare au loin dans les plaines voifines. 
La Seine au pié dés monts, qüe foñ flot vient aver, 
Voit du fein de fes eaux vingt Lies s'élever, 

Qui partageant fon cours en diverfes manières, 
D'une Rivière feule y forme vingt Rivières, 

Tous fes bords font couverts de Saules non plantez, 
Et de Noïers fouvent du Pafant infultez. 

Le Village au deflus forme un amphithéatre, 
L’Habitant ne connoît ni la chaux ni le plâtre. 

Et dans le roc, qui cède & fe coupe aifément, 
Chacun fait de fa main créer fon logemént. 


La Maifon du Seigneur, feule un peu plus ornée, 


20 


Se préfente au dehors de murs environnée, 

Le Soleil en naiffant la regarde d’abord ; 

Et lé mont la défend des outrages du Nord, 
| l | Ces. 

REMARQUES, 


Vens 25. Tantôt,nn Livre en main 8tc.] I] lifoit alors les 
Effais ds MonTAGNE, dont il marque le caraétère par ce 


" CIS: 


P’occupe ma Raïifon d’utiles réveries. 


: En effet, Montagne donne lui-même à fes Ecrits le nom 
. de Rèveries: LAnffi moi, dit-il ; je vois mieux que tout antri 


ce fons ici des resveries d’hemme qui n’a gouffé des Sciences que 
croufle premiere. L. I. ch. XXV. _ . 
Vins 29, Quelquefois aux appas. ] On Croit que l’Auteur 


. suroit dû mettre 4 lapit ee dernier mot ne fe mettant au 
ens 


- pluriel, que dans le 
. 5e 


#2 


guré: les appas d’une Belle, 
Hair, Ibid. Quelquefois aux appas-Eic.} Martial, Il. Epige 


Es piseers tremulé falienter ducere fé, # … ; 
: | Vas 


ÉPITREÆ VL 349 
Ceft-A, cher LamoïrGmon, que mOn esprit 
tranquile Le ue. L 
Met à profit les jours que la Parque mefile 
[ci dans un vallon bornant tous mes defirs, 
Fachète à peu de frais de felides plaifirs. 
Tantôt, un Livre en main errant dans les prairies ; 
l'occupe ma Raïfon d'utiles rêveries. - 
Tantôt cherchant le fin d’un Vers que je conftrui, 
fe trouve au coin d’an Bois le mot qui m'avoit fui, 
Quelquefois aux appas d'un hameçon perfide, 
J'amorce, en badinant, le poiflon trop avide; 
Du d’un plomb qui fuit l'œil, & part avec l'éclair, 
fe vais faire là guerre aux habitans de Fair, 
Une table, au.retour, propre & non magnifique - 
Nous préfente un repas agréable & ruftique. 
LA, (@p s'aflujettir aux dogmes du Brouffain, 
| Tout 
REMARQUES. 


Vus 31. On d’un plomb qui fuit l'œil, &r part avec l'éclair} 
U faut lire, [wit l'ail, & non pas, fuit, comme quelques- 
ans l'ont crû. La légéreté & le fon de ce vers, expriment 
pien l’éclat & le promt effer d’un coup de fufil. … 

LIMIT, Vers 33. Vnetakhleauretour &e.] Martial ,1. Epigr. 
LVL 


Pinguis inaqnales oneras cui Vitiica menfaes 
Et fus nen emptus praparai ous cinis. 


VERS 35. mm Aux dogs du Brouffais. ] RENE Baus 
LART, Comte du Baoussin, fils de Louis BruLanr, 
Seigneux du Baoussin & du Rancex; 8& de Ma- 
DELAINE COLBEnrT. Voiez la Remarque qui eft au 
commencement de la Satire sroifième, + 

7 | LL 


350 EPITRE VL 
{Tout se qu'on boit ef bon, tout. ce qu'on aan ef 


La mue ke fournit, la Formxière J'ardonne, 
Et mieux que Bergerat l'appétit l'afaifôppe. 
O fortuné Séjour! à Champs aimez des Cieuxt 
40 Que pour jamais foulant vos prez déiciens, 
Ne puis-je ici fixer macourfe vagabonde, | 
Et daapus de vous feuls anblier aont.le 560pd£! 
Mais à peine du fin de vos vallons-chéris 
Arraché snalgré moi, je rentse dans Paris, 
45 Qu'en tous lieux les Chagrins iv'attendent RE 


REMARQTES 


Vsns 98. Ex mieux-que Bererat, ] Famonx Traisour &ai 
demeuroie à À la Ruë des Bons-E » à P'Raligne des 
ns € 
1MIT Vers 36. 0 forsent fGour! 6 dut: &ce.] Hocne; 
- Livre IL Satire VI. v. 222. 


O rss, quando ge se aiciage? quadoque Licebit 


Nunc Veterum libris ; riunc fonsne 6 inertibus beris 
Daurs fallicite juenuds sblivis vita? 


Vans 66 Ur Conf «dnfans &c,] Ce Coufn fe aommois 
BALTAZAR BoILkAU. Jlevoit cu des biens confidés- 
“bles, friontre autres, trois chaiges de Raïqur des Rentes; 
mais ces Charges ajant été fipprimées ; il étoir obligé de 
, folliciter.le renhourfeens de fa finance: & il avoir eng 

angprès de 





é notre Auteur dans fes fpllicisasions, Gi tout 
r. Colbert. 
IM1T. Vers so. L’un demeure an Maraïs , Cr Pautre «x 
Jnwrables.] Horace, Eptire JE du Livre IL 68. | 


ms ms Cuba hic in Colle Quirivi, 


| … Hicextremwo in Avestino: wifendus Nergne, 


. esrvalle vides homent: uma vus 
53 


…_ EPITRE.VL 352 
“Un Coufn, abufot d'an ficheux parcntage, 
Veut qu'encor taut poudreur , .& {ans me débotiers 
Chez vingt Juges pour Ini j'aille folliciter. 
1 faut voir de.c6 pas les pk cpnfdérables, 
oL'un demexe au Marais, & l'autre aux Jacurbleg: 
Je reçoi vingt avis qui me glacent d'effroi. 
Hier, dit-on, de vous on parla chez le Roi, 
Et attentat horrible on traita la Satire. 
Et le Roi, que dit-il? Le Roi {e prit à rire. 
5 Contre vos derniers Vers on eft fort en courroux : 
Pradon à mis au jour un Livre contre vous, - 


Et 
REMARQUES. 


-_ Vars % qe Le : à fe prit à rére,] M. ke Duc de 
MoxTAUSIER ne & Jlaffoit poisæ de blâmer les Satires 
45 noëse. RoËts., Un jour le Roi, peu touché des cenfures 
ce Seigneur'en faifoic, de prit à rise, & lui tousna le 

os, Quand l’Auseur réçita au Roi cefte Pièce, Sa Majefté 
rem ua cet endroit fur cous les autres, & fe mit encore 
ménqire. Horace (II. Sat AL 82.) comptoit auffi 

âx “ie fige ’Augufe, en:parcil cas. 


Si mas condikerit in que quis ormins, jus ff, 
Judiciurque. Efo, fi quis mala : Sed bons fi quis 
|“ Pudise condiderit landatur Cafers ? S5 quis 
| | Opprobriis dignum latraverit, integer iple? 
4, | Solveitur rifutébuls, 10° wife @ibis. 


VERS 55. Contre ves derniers Vers ke. ], C’ef VEpitre VIL. 
à Mr Racine, qui avoit été fée depuis peu. Com- . 
. mc or sontient plufeurs «traits ues, Pelle avoit exsi- 

sé de nouvelles rumeurs fur le P Pan. Pradon fur tent. 

ui y étoit nommé en mal, prblis une Critique des Poë- 
Ë de Me Derpiéaux sinulée Je Trismple de fradan c'e 


“aa EPITRE VL 
Et chez le Chapelier du coin dé notre Place, 
Autour d'un Caudebec j'en ai là la Préface. 
L'autre jour fur un mot la Cour vous condamra. 
6o Le bruit court qu'avant-kier on vous affafina. 
Un Ecrit fcandaleux fous votre nom fe donne. 


D'un Pasquin , qu'on a fait,au Louvre on vous foup- 
çonne, | 






Moi? 
REMARQUES 


à quoi fait allufon le vers fuivant : Pradon # mis au jeur 
Livre contre vous. 

CHaxns. Vers 58. _Asiour d'un Candebec. ] Notre Auteur 
avoit mis dans toutes les éditions ; LA lenteur d’un cafer; 
mais ce mot, 4 lenteur, n’a aucun régime, & fe dit abfo- 
lament. 11 eft Adverbe, & mon pas Prépofition. GC’ef 
pourquoi l’Auteur a fait mettre dans la dernière édition de 

‘1707. Autour d'un Candebec. C’eft une forte de Chapean fs- 
briqué dans la Vitle de Cusdebec eh Normandie. 
. Ibid, Pen 45 là la Préface. ] C’eft celle que Pr s- 
Don avoit fait imprimer à la tête de fa Tragédie de Phè- 
- dre, au mois de Mars, 1677. car cette Pré cf tonte 
. Contre Mr. Despréaux & Mr. Racine. Fo | 
- Vans 60, Le bruit court qu'avant-hier on vous affaffins.] 
L’Abbé TALLEMANT l’ainé avoit fait conrir ce faux 
bruit. Voïez le vers 90. de lEpitre qui fuit. Pradon étant 
à la table de Mr. Pilot, Premier Préfident à Roiïien, avoit 
dit que Mr. Despréaux avoit reçu des coups de bâron. .4- 
vant-bier : dans ce mot compofé, notre Poëte ne donne 
que fyllabe à Hier; quoi qu’il l’ait fait de deux fyllabes 
s le vers s2. Hier, de vous, dit-on, &c. C’eft, difpit- 
il, parce que le mot Hier, ne feroit pas afflez foutenu, f 
on ne le faifoit que d’une fyllabe quand il eft fenl: an ligÿ 
qu’il eft affez foutenu quand il eft joiat à un autre mot 
comme _Avant-hier. Ch | 

VERS 61. Un Ecrit fcandaleux [eus votre ne [6 donne}. On 

attribuoit fauflement à notre Auteur, un Sonnet fi 
. contre Mr. le Duc de Nevers, Voiez les-Remarques fürie 





* dernier vers de l’Epitce fuivante se 
NsaS 63, mg O5 nos 4 dit dans je Palais Roi] 


# 


EPITRE VI. 353 
Moi? Vous. On nous:l'a dit dans le Palais Roïal, 
Douze ans font écoulez depuis le-jour fatal, 

Ss Qu'un Libraire imprimant les effais de ma plume, 
Donna pour mon malheur; nn trop heureux volume. 
Toujours, déptis ce terhs, en proie aux-fots discours, 
Contre eux la Vérité m'éft un foible fecours. 

+ Vient-il de Ja Province une Satire fade, 
; D'on 


REMARQUES. 


La plupart des Nouvelliftes s’affemblent dans le jardin du 
Palais Roïal; & l’on appèle ordinairement les nouvelles 
faufles ou fuspeétes, des nowvelles du Palais Roïal. 

"IMir. Vers @4 Douze ans font écoulez Etc, ] Horace, L. 
LL. Sat. VL. 40. 


Septimus oave prepior jar fugtrit annus. 
Ex quo Mocenas me capit habere fuerure 
In numero... ..,.. | 
Per toturs bec tempus fnbjellior in diem € boramæ 
| Anvidie 


Ibid. Dose ans font écoulez &cc ] La première édition des 
Sstires fut faite au mois de Mars, 1666. Ainfi, la douziè- 
me année couroit en 1677. quand l’Auteur compofoit cet- 
te Pièce. Horace fe plaignoit auffi de ce que l’amitié dont 
Mécene l’honoroit depuis près de huit ans, l’avoir expofé 
aux traits d=s Envieux. Voiez la Note précedente. 

VERS 69. Vient-il de la. Prouince une Satire fade, &c.] 
Dans les éditions contrefaites des Oeuvres de Mr. Des- 

fpréaux, les Libraires ont inferé quantité de mechantes Sa- 
tires dont il n’eft point l’Auteur, & qui font indignes de 
lui. Telles. font les Satires contre le Mariage contre les mal- 
tôtes Eccléfiaffiques ; contre les Direéfeurs; contre les _Abbez.: 
& plufieurs autres Pièces de la même force. Quelque re- 
marquable que foit la différence qu’il y a entre ces Satires 
_& celles de notre Auteur, bien des gens qui n’ont pas le 
discernement aflez jufte, ou qui n’en ont point du tout, 
- ne 


ES 


354 EPITRE VL 
70 D'un Plaifant. du païs infipide boutade:; 
Pour la faire courir, on dit qu'elle ft de moi: 
Et le fot Campagnard le croit de bonne foi. . 
J'ai beau prendre à témoin & la Cour &c la Ville, 
Non; à d'antres, dit-il, on connaît votre file, 
75 Combien de tems ces Vers vous ont-ils bien coûté? 
Ils ne font point de mai, Mondieur, en vérité. 
Peut-on m'attribuër ces fottifes étranges ? 
Ah! Monfieur, vos mépris vous fervent de loïanges, 
Ainf de cent chagrins dans Paris accablé, 





jo. 


REMARQUES. 


ne laiffent pas de lui attribuër ces miferables Pièces. Ila 
même été plus d’une fois expofé au déplaïfir, #enfi- 
ble à un Auteur, de s’entendre loïüer principalement fur 
ces Ouvrages fuppofez, & par des gens qui ne lui difoient 
pas un mot de fes véritables Ouvrages. -Un Capnacin entre 
autres, étant à Bowubon dans le tems que notre Peëte 
senoiït les eaux, voulut lui faire voir qu’il avoit bien 
es Poëfies, & crut lui faire beaucoup d’honneur -en Îe fc- 
licitant fur la Satire sontre le Mariage, dont il fe mit à ré- 
citer les premiers vers. En vain Mr. Despréaux s’efforça de 
lui perfuader qu’il n’étoit point l’Auteur de cette pitotable 
Pièce: le bon Capucin n’en voulut rien croïre; & trouvs 
même un nouveau fujet de le loïer fur fa modeftie, que 
qu’il refufoit l'honneur qui lui revenoit fi juftenrent ée ee 
bel Ouvrage. Une autre fois la même chofe hi arriva en 
ma préfence. Un Provincial qui fe difoit Neven de feu'My. 
“Fourcroi, célèbre Avocat, vint voir Mr. Despréms te 
prétexte de le confulter fur une petite dificuité de Grii- 
maire, Cet homme s’avifa enfuite de parler des Eiaue D 
vrages de Mr. Despréaux, fur tout de ka Satire quil avoit 
faite, difoit-il, contre les Gens Eglife. Il fe réci: Le à 
. Coup fr ces Gens de Mitres 8° de Croffes, qui font rouler CE .2 
pertes Cars; & il alloit continuêr, quand Mr. Desprését 
indigné d’un jugement fi faux: Ÿe vois bien, lui die 


EPITRE VL 355 
Oo Juge, fi toujours trifte, interrompu, troublé, 
Lamo1G Non, j'ai le tems.de coutifer.les Mufes: 
Le monde cependant fe rit de mes excufes, 
Croit- que peur m'in{pirer fur chaque évenement, 
Apollon doit venir au prenrier.mandement. … : 
B; Un bruit court que le Roi vatoutréduire enpoudre, 
Et dans Valkenciénne eft-entré comme un foudre; 
Que Carmibrai, des François l'épouvantable.écueil, : 
A vû totnber enfin fes murs & fon orgueil: 
Que dévant Saïit-Orner, Naflau, par fà défaite, 


REMARQUES. 


. 1 rt La 
foûriant malignement, ue voss ne conniffez pas. encore mes 
Ouyrass à mais je veux vous apprendre à les cennoïître, far ces 
was que j’ai faits contre ceux qui en jngent aulfi mal que vous : 


Vient-il de à Phoëinc ur Saint fais, À 
> Pan Pléers di pets fnipide bentades 
| Powr (à far souxir on dit qu'elle ef demo: 

Et le fet Cambagnard Le croit de bonne foi, 


£t difant ce dernier vers Mr. Despréaux jetta un regard fier 
Æ méprifant fur fon homme, £ le congédia. L | 

4Yans 86 Er dans Valencienne.] Le Roi aïant fait inveftir 

Rae ds varane au sommencement de pa 1677: 

 &stte Ville, après quelques jonrs de fiège , fut emportée 
d'afaur d mains dan dent heure. .Lts François Entrée 
gedt pêle-mêle avec les Afbiègez, & fc rendirent maîtres 
.dg la:flace. Le Roi faiva cette Ville du pillage. 

_ Vans 87. Que Cambrai, des François l’épauvantable écueil.] 
Sans lés règnes précedens, Gambrai avoit été affiègé inu- 
âilement par les François ; mais API vingt jours de fiège, 
Je Roi fe rendit maitre de la Ville & de la Citadelle, je 
47. d'Avril, 1677. | | | 

Vars 


356 EPITRE VI. 

90 De Philippe vainqueur rend la gloire complète. 
Dieu fait comme les Vers chez vous s’en vont couler, 
Dit d’abord un ami qui veut me cageoler, 

Et dans ce tems guerrier, & fécond en Achilles, | 
Croit que l'on fait les Vers comme l'on prend ls À 







95 Mais moi, dont le génie eft mort en ce moment, 

Je ne fai que répondre à ce vain compliment: 
Et juftement confus de mon peu d’zbondance, 
Je me fais un chagrin du bonheur de la France. 
Qu'heureux eft le Mortel, qui du monde ignoré, 

xoo Vit content de foi-même en un coin retiré! 
Que l'amour de ce rien, qu'on nomme Renommée, 
N'a jamais enivré d’une vaine fumée ; qi 


REMARQUES * 


Vzns 90. De Philippe vainqueur &c.] Puirrprs de 
France, Duc d'OnL&s'ans; fit le fiège de St. Omer, pez- 
dant que le Roi affiègeoit Cambrai. GUILLAUME DS 
Nassau, Prince d’O ANG €, défespérant de fauver k 
brai, marcha avec trente mille hommes pour fecourir Saint- 
Omer, & vint fe pofter fur les hauteurs de Caffel. Au bruit 
de, fa marche, le Duc d’Orléans laiffa des Troupes devant 
la Place; & quoi qu’inferieur en nombre, if aïla au detam 
de lui pour le combattre. Malgré le défavantage du nom |, 
bre & du lieu, ce Prince remporta une viéoiss complet- 
te, * & mit en fuite le Prince d'Orange avec fes tros 
Après la vidtoire de Caflel, le Duc d’Orléans rentza : 
les Lignes pour continuër le fiège de Saint-Omer qui espi- 
tula le 20. d'Avril, 1677. L’Auteur m'a fait remarquer 
que dans les quatre vers précedens, où il parle des coe- 
quêtes du Roi, il avoit emploïé tout ce que la Poëfie a & 
Plus grand & de plus magnifique. Mais que voulant enfüi- 

Fe te a 


# Le Dimanche des Rameaux, 11, d'Avril, 1677. 





EPITRE VL 357. 


Qui de fa liberté forme toutfon phfir, 
Et ne rend qu'à lui feul compte de fon loifir{ 
Il n’a point à fouffrir d’affronts ni d'injuftices; 
Et du peuple inconftant il brave les caprices. 
Mais nous autres faifeurs de Livres & d'Ecrits, 
Sur les bords du Permeffe aux loïanges nourris, 
Nous ne. faurions brifer nos fers & nos entraves; 
Du Lecteur dédaigneux honorables esclaves. 
Du rang où notre esprit une fois s’eft fait voir, 
Sans un fâcheux éclat nous ne faurions déchoir, 
Le Public, enrichi du tribut de nos veilles, 
Croit qu'on doit ajoûter merveilles fur merveilles. 
Au comble parvenus il veut que nous croiffions. 
[l veut en vieilliffant que nou rajeuniffions, 

Du Ce- 


REMARQUES. 


e parler, dans ces deux derniers vers, de la double vi&oi- 


re remportée par Monfieur, il aÿoit pris un ton moins haut, 
Be avoit choifi des termes moins élevez : ne voulant pas 
mettre ce Prince en parallèle avec le Roi. 
Imir. Vers 99. RE besreux ef. le Mortel.] Un autre Poë- 
te a fait le même fouhaif: | | | 
Feli lle animi, Divisque fimillimus ipfs, 
Quers non mendaci refplendens £loris face 
Sollicires, non faflefi male gasdia luxus : 
+ Led tacites finit ire dies, € paspere cultn . 
ÆExigit innocna tranquilla filentia vite. 
Angel. Politianus, is Rafice v. 17» 


VERS 316 2! veut em vicillifant, que nous rérmeifiens. 


a 


38  EPITRE VI 
Cependant tout.décroit, & moimémeà:qui lag 
D'aucune ride encor n'æflétrile vifagé ,  : | 
Déja moins plein de feu, pour aninÿer ma voi 
. 120 J'ai befoin du filence-ê&r de l'ombre des Bois. 

Ma Mufe qui fe plaît dans leurs rontes perduës, 

Ne fauroit plus marcher fur le pavé des ruës, 

Ce n'eft que dans-oes bois propres à m'esciter, 

Qu’Apollon quelquefois daigrie encor: m'écouter, 
125 Ne demande donc plus :par quelle humeur fauvage, 

Tout l'Eté loin de toi demeurant au village, 

J'y paffe obftinément les ardours du Lion. 

Et montre pour Paris fi:peu-de pafñons. 

C'eft à toi, Lamorcnon;que le rang, la naiffncs | 
30 Le mérite éclatant. & lachante.élogience Mori 

Appèlent dans Paris aux fublimes emplois, 

Qu'il fied bien d'y veiller pour le maintien des Lois. 

Tu dois là tous tes foins-ad bien de ta patrie. 

Tu ne t'en’ peux bammir que l'Orphélisr ne crie: 





REMARQUES 
C’eft pour fe plaindre de cette injuftice, qu'il 4 campolé 


l'Epitre X. à fes Wtrss. . 
VERS 117. v# Et moi-x06108 4.qu6 l'âge Be.) Al étoit 
dans fa quarante-unième année. | 
._ VERS 127. Fy paffe obffinémnr les avddurs di Lion. ] Le 
mois de Juillet pendant lequel le Seleil c@ dame le- Signe 
LMIT, Ibid. mets Les ardiurs dù Lion, 1 Horaet Livre 
JL Epitre X. 18,4... : 2. * 


Ce nr pomme Di Si ég Aarer, : "©. Le 
" JD Û 


EPITRE VI 39 


ue l'Opprefleur ne montre un front audacieux ; 
t Thémis pour voir chair a befoin de tes yeux. 
[ais pour moï, de Paris Citoïen imhabile, 
af ne lui puis fournir qu'un rêveur inutile, 

me faut du repos, des prez & des forêts. 
aifle-moi donc ici, fous leurs ombrages frais, 
tendre que Septembre ait ramené l'Automne, 
t que Cerès contente ait fait place à Pomone. 
uand Bacchus comblera de fes nouveaux bienfaits 
Æ Vendangeur' ravi de ploïer fous le faix, 
\uffi-tôt ton Æmi, redoutant moins ka Ville, 
ira joindre à Paris, pour s'enfuir à Bâville, 
À, dans le feul loifir que Thémis t'a laiffé, 
l'u me verras fouvent à te fuivre empreflé, 
>our monter à cheval rappelant mon audace, 
Apprentif Cavalier galopper fur tatrace. 
l'antôt fur l'herbe aflis a pié de-cesvôteaux, 
Dù Polycrène épand fes liberales eaux, 


REMARQUES. 
Leniat & rabiem Canis, © momenià Lienisy 
Cum femel accopit Robes furibundue-sentums - 


Vans 132. Qu'il fied bien d'y veiller pour le maïntien des 
Loix. &c.] Ce vers & les quatre fuivass: expriment les 
principales fonétions de la Charge d’Avocat Général. 





VERS 146. Pour s'enfuir 4 Bäville.] Seigneu- 
rie confidérable qui apariens: à Mr. de:Lamoignon. Elle 
ef Aineuf licdés de Paris, du côté d’Etampes & de Châtres. 


VERS: 152, Où Pabonine fi es) Lierales eaux] Fontaine 
à une demi-lieuë de Bâville, ainfi nommée par Mr. le 
Prc- 


x 


36 . EPIT RE VI. , 
LaAmoIGNonN, nous irons, libres d'inquiétude, 
Discourir des Vertus dont tu fais ton étude: 

155 Chércher quels font les biens véritables ou faux: 
Si l'honnêke homme en foi doit fouffrir des défaur: 
Quel chemin le plus droit à la gloire nous guide, 
Ou la vafte Science, ou la Vertu folide. 
C'eft ainfi que chez toi: tu fauras m'attacher. 

360 Heureux! files Fâcheux, promts à nous y chercher, 
N'y viennent point femer l'ennuïeufe trifteffe. 
Car dans ce grand concoursd'Horimesde toute espèce, 
Que fans ceffe à Bâville attire le devoir ; 
Au lieu de quatre Amis qu'on attendoit le foir, 

165 Quelquefois de Fâcheux arrivent trois volées, 
Qui da pare à l'inftant affiègent les allées. 
Alors fauve qui peut, & quatre fois heureux, 
Qui fait pour s'échapper quelque antye ignoré d'euf. 


REMARQUES. 


- Premier Préfident de Lamorcnon. Ce nom defigne la 
bondance de fes eaux. Cette Fontaine a été chantée par 
nos plus grands Poëtes *, & elle eft devenuë presque 
célèbre que PHippocrènc.- 

IM1T. Vers 155. Chercher quels fins les bieris &cc.] Horkt, 

Livre IL Satire VL 72. 
ts mms mme | Qued magis ad nes 
Pertinet, & nescire malnm cf, agitamus: utrumne . 
Divitiis hensines, an fint uirtute beats : 

… Quidue ad amicitias, nfus, reflumne, trabat LUTIOERS 


Et qua fit natura boni , fenrumqe quid ejss, | 
EPI TRE 
# LP,  Répin, Le P. Commire Mr. Despréaux; &e. 


Là 


/ 


ST 361 
EPITRE VIL 
A M RACINE. 


Us tufais bien, RACINE, à l'aide d'un Acteur, 
Emouvoir, étonner, ravir un Speétateur! 

Ja- 

REMARQUES. 


Cette Epître fut compofée à l’occafion de la Tragédie de 
Phèdre & Hippolyte, que Mr. RACINE fit repréfenter 
our la première fois le premier Jour de l’année 1677. fur 
A Théatre de l’Hôtel de Bourgogne. Quelques perfonnes 
dela première diftinétion, unies de goût & de fentimens, 
aiant appris que Mr. Racine travailldit à fa Phédre, pouf- 
fèrent PRADON à faire une Tragédie fur le même fujet, 
pour mortifier Mr. Racine, & pour faire tomber fa Pièce 
quand elle paroïtroit. Pradon, fier d’un certain fuccès que 
la Cabale avoit attiré à fes premières Tragédies *, fut af- 
fez vain pour ofer joûter contre cet illuftre Poëte: il com- 
ofa donc fa Phedre par émulation, & la fit joüer deux 
jours après celle de Mr. Racine, par les Comédiens du 
Roi. Quelque mauvaife que fut la Pièce de Pradon, elle 
ne laiffa pas de paroitre d’abord avec éclat, & même de 
fe foûgenir pendant quelque tems. Deux chofes principa- 
‘lement contribuèrent à ce fuccès : la concurrence des deux 
Tragédies , & les applaudifflemens exceflifs que les pro- 
te&eurs de Pradon donnèrent à fa Pièce, D'ailleurs, tous 
ceux qui ne pouvoient pas entrer à la Phedre de Racine, (&c 
c'étoif le plus grand nombre) alloient à celle de Pradon. 
Mais le Public fut bien tôt fixé: la Tragédie de Pradon 
fut entièrement oubliée; & celle de Racine eft regardée 
encore aujourd’hui comme la plus parfaite de fes Pièces, 
& le chef-d'œuvre du Théatre. Le fujet de cette Epître 
VIL: eft l'utilité qu’on peut retirer de la jaloufie de fes en- 
nemis, & en particulier des bonnes & des mauvaifes Criti- 
ques. Plutarque a fait un Traité fur le même fujer. Cette 
Épitre a été faite avant la fixième, au commencement de 
-Pannée 1677. Au mois d’Oftobre fuivant, Mr. Despréaux 
& Mr. Racine furent choifis pour écrire l’hiftoire du Roi. 


VERS 1. Quets fais bien, Racine, à Paide d’un Alteur, 


&c.] 
# Psrame & Thishbe: Tamerlan. 
Tom. Z | : 


362 E PI TR E VIl. 
Jamais Iphigénie, en Aulide immolée, 
N'a coûté tant de pleurs à la Grèce affemblée, 

& Que dans l’heureux fpeétaclé à nos yeux étalé, 
En a fait fous fon nom verfer la Chanmeslé. 
Ne croi pas toutefois, par tes favans Ouvrages, 
Æntraînant tous les cœurs, gagner tous les fuffrages. 
Si-tôt que d’'Apollon un Génie infpiré, 

30 Trouve loin du Vulgaire un chemin ignoré, 
En cent lieux contre lui les cabales s'amaffent . 





REMARQUES. 


&cc.] Les Ennemis mêmes de Mr. Racine ont été oblige 
de convenir du grand fuccès de fes Tragédies; mais ils ont 
_crâ dimiæuer la réputation de cet illuftre Poëte, en difant 
qu’une partie de {a gloire étoir duë aux Aë@eurs qui Les 
Joüoient. Les Afeurs d’aujourd’h ont bien fait évanouit 
ce reproche. 11 eft vrai que Mr. Racine en avoit trou 
d’escellens, Monurrieunt: ft.de fi grans efons pe 
zepéfenter ke pesfonnage d'Orxfte dans J’_4uar qu'il 
en mourut, La Marianne de TRISTAN avoit caufé le mé- 
me fort à Monpor: Comédien. 
ŒuAnc, Vers 6. En à fait.] Première éditions N'#4 


fait. 
d Hbid. Ex 4 fait [ous for nem verfer La Chanmeslé. ] Célèbt 
Adaice, Mr. Racine qui recitoit admirablement bien, avoit 
pris foin de la former. Elle mourut au mois de Juilket 
1698. à Auteuil, près de Paris, où elle étoit allé prendre 
l'air. Pendant fa dernière maladie elle renonça qu The 
zre en préfence du Cure de St. Sulpice, $c avant fa mor 
gile rénouvella cette abjuration entre les mains du Cué 
d'Auteuil Elle a été enterrée à SL Sulpice, qui étoit {8 
. baroifle. CHawmMesLiz fon mari, qui étoit auff Comé , 
djen, mourut fubitement en 1701. fprtant du Cabaret. 
1MirT. Vers 15. La Mors femde ici bas, Btc. ] Horace l'a 


dit en plus d’un endroit, 


© Fértutem incolumen odimus : 


Sublatam ex oculis quarimus invidi. L, UL Ode XXIV. Le 


EPITRE VIL 363. 
Ses Rivaux obscurcis autour de lui croaffent ; 
Et fon trop de lumière importunant.les yeux, 
Do fes propres Amis jui fait des Envieux. 
La Mort feule ici-bas, en terminant fa vie, 
Peut calmer fur fon nom l'Injuftice & l'Envie; 
Faire au poids du Bon Sens pefer tous fes Ecrits, 
Et donner à fes vers leur légitime prix. | 
Avant qu'un peu de terre, obtenu par priere, . 
Pour jamais fous la tombe eût enfermé Moliere,. 
ME 
REMARQUES. 
Le même dans l’Epltre ptemière da Livre fecond, vers 124 
Cormperis invsdiam fupremo fine demari. 
Urit enim fuigere fuo qui pragriroat artes . 
Jnfra fe pofitas: Extinélus amabitur idun. 
Properce, Livre III. ÉlegieL zz, 
| At meihi quad vive detraxerie invida turbs, 
‘Poff obitunt duplici Fœnere réddrt henos. 
Et Martial, dans plufienrs Epigrimmess cc: 
"-CnHaxe. ets Le. Faire . posds du Sen S'ens.] Pretnières 
éditrôns: Ds droit féns. 5 
* Ibid, Faire éd perds du bon fens &éc.] Première manière ; 
| Et réprimer, . .. 0 
… Des Sors de qualité Pignorante hauteur. 


, 


Mais l’Auteur füpprioa ces deux vers pour ne pas déplaire : | 


aux Perfonnes qui prorégeorént la Pièce de Pradon. 

VERS 19. , Avant. qw'un pes de terre obtens par priore Gic.] 
MoLiere étant mort, les Comédiens fe dispofoient à 
lui faire un Coavoi magiques mais Mr. de H ARLAI» 
Ascherèque de Paris, nc youlüt pas permettre qu'on fi 

. # a 


# 


L: ” A f 
* 


3% EPIT RE VIL 
Mille de ces beaux traits, aujourd’hui fi vantez, 
Furent des fots Esprits à nos yeux rebutez. 
L'Ignorance &t l'Erreur à fes naïffantes Pièces, 
En habits de Marquis, en robes de Comteffes, 

25 Venoieht-pour diffamer fon chef-d'œuvre nouveau, 
Et fecoüoient la tête à l'endroit le plus beau. 
Le Commandeur voüloit la Scène plus éxatte, 
Le Vicomte indigné fortoit au fecond Aëte. . 
L'un défenfeur zélé des Bigots mis en jeu, 

“30 Pour prix de fes bpns mots, le condamnoit au feu. 

— Lay- 





humât. La femme.de Moliere alla: fur le champ à Verfail- 
les fe jetter aux piés du Roi pour fe plaindre de l’injure que 
l’on faifoit à la mémoire de fon mari, en lui refufant la 
fépulture. Mais-le Roi la renvoïa en'lui difant, que cette 
ire dépendoit du Miniftère de Mr. l’Archevêque, & que 
c’étoit à lui qu’il falloit s’adreffer. Cependant Sa Maj 
fit dire à ce Prélat, qu’il fit en forte d'éviter l’éclat & le 
fcandale. Mr. l’Archevèque révoqua donc fa défenfe, à 
. condition que l’enterrement feroit dit fans pompe & fans 
bruit. 11 fut fait par deux Prêtres qui accompagnèrent le 
Corps, fans chanter ; & on l’enterra dans le Cimetière qu 
sit derrière la Chapelle de se. Jofeph ,» dans la Ruë Mont- 
' tartre. Tous fes amis y afliftèrent aiant chacun un 
beau à la main. La Moliere s’écrioit par tout: Qmei, le 
vefufera la fepulture à nn homme qui mérite des _Antels ! 
VERS 23. A4 fes naïffantes Pieces.) L'Ecole des Fou, 
ui eft une des premières Comédies de Moliere, fut fort 
fuivie, & encore plus critiquée; mais PApologie qu’il ft 
. de la Pièce, fous le nom de Critique, fit taire les Envieux, 
:: Imir. Vers 26. Et fecouoient la tête à l'endroit Le plus beon.] 
L’Auteur avoit en vûë ce verfet du Pfeaume XXVIIL Om 
.videntes me, deriferunt me : locuti funt labiis, ©". meverunt t4- 
lt. V. 8. . . | | 
? VERS 27. Le Conmandenr voslrit la Scène plus éxae:] Le 
Commandeur de. Souvax n’approuvoit pas 1a Com 
".. + ° 


sh 


- | é 


E PIT RE VIH 365 
L'autre, fougueux Marquis, lui déclarant la guerre, 
Vouloit vangèr la Cour immolée au Parterre, 
Mais fi-tôt que d’un trait de fes fatales mains 
La Parque l'eut raïé du nombre des Humains, 
On reconnut le prix de fa Mufe éclipfée, 
L'aimable Comédie avec lui terraffée, 
En vain d’un coup fi rude espera revenir, 
Et fur fes brodequins ne put plus fe tenir. | r 
Tel fut chez nous lefort du Théatre Comique. - - 
Toï donc, qui t'élevant fur la Scène Tragique, 


‘ 


de l'Ecole des Femmes. | 
VEns 28. Le Vicomte indigné fortoit au fecond LAîte.] Le 
Comte-pu Broussin, pour faire fa Cour au Commar- 
deÿr, fortit un jour au fecond Aëéte de la Comédie, difant 
tout haut qu’il ne favoit pas comment on avoit la patience 
d’écouter une Pièce où l’on violoit ainf les règles. 
VERS 29. ——" Des Bifors mis en jeu.T Dans la Comé- 
die du Tartuffe. | . 
Vins 31. L’antre, fouzuenx Marquis.] Les Marquis ridicu= 
Jes de la: Cour, ausquels ont fuccede les Perits-Maitres, 
étoient extrèmement irritez contre Moliere , parce qu’il 
les joïoit, & qu’il mettoit leurs propres mots aufli-bien 
que leurs manières, dans fes Comédies. | 
VERS 32. Vonloit vanger la Cour immolée au Parterre,] Al- 
Jufion à un endroit de Ia Critique de P Ecole des Femmes, {cè- 
ne Cinquième; où Moliere fc moque de ce Speltateur ridi- 
cule, qui étoit fur le Théatre nant la repréfentation de 
cette Comédie, & qui à tots les éclats de rifée que le Par- 
terre faifoit, haufloit les épaules, & regardoit le Parterre 
-en pitié; & quelquefois auff le regardiat avec dépit, lui 
difoit:tout haut : ’R5 donc, Parterre, ‘R£ donc. 11 fe nommoie 
‘PLapisson, & paffoit pour un grand Philofophe. 
IMIT, Vers-38. Er fr [es brodequins ne put plus fe tenir.] 
Quintilien, L. X. c. 1. 
.… In Comadiä maxime claudicamus, 
Qs Vsas 





366 E PITRE VIL. 

Suis les pas de Sophocie, & feul de tant d'Esprits, 
De Comeille vieilli fais confoler Paris ; 

Ceffe de t'étonner, fi l'Envie animée, 
Attacirant à ton nom fa rouille envenimée, 

45 La Calomnie en main, quelquefois te pourfuit, 
En cela, comme en tout, .le Ciel qui nous conduit, 
Racine, fait briller fa profonde fageffe: 

Le Mérite en repos s'endort dans la pareffe: 
Mais par les Envieux un Génie excité 
50 Au comble de fon. Art eft mille fois monté: 

Plus on veut l'affoiblir, plus il croît & s'élance: 

Au Cid perfécuté Cmna doit fa naiffanee; 

Et peut-être ta plume aux Cenfeurs de Pyrrhns 

Doit les plus nobles traits dont tu peignis Burrhus. 


| CRFMARQUES. 


VERS 45. La Colemnie emmain, quelquefois te pourfuit.] Mir 
dame Des Houris'azs avoit fait un Sonnet. Satiriq 
ponts la Ph:dre de: Mr. Racine. Ce Sannet fus £ 
es mêmes rimes contre M. le Duc. de NE vans que l'on 
foupçonnoit d’être l’Auteur du premier. Sonnet ;-&c l’on sc- 
eufa fauflement Mr. Racine d’avoir fait le fecond, Vois 

1a remarque fur le dernier vers de cette Epitse, 
Vers 52 Au Cid perficmé. ] Voïiez la: Remarque fur.le 
vers 231. de la Satire IX. Lt Us 
__ VERS 53. Et peut-être ta plume.aux Cenfeurs de Pyrrhus Doit 
Les plus nobles traits dont tu peignis Burrbus.] Ges deux vers dé- 
 fignent !_Andro » & Britannicus, Tragédies de Racine. 
1 avoit fait repréfenter l’_Andromaque, en 1668, Sur. cette 
Pièce l’on jugea que fan Auteur, qui étoit encose fort jeu- 
ne *, égaleroit un jour, & peut-être furpañferoit Le grand 

Gorricille. Néanmoins l’Andromaque trouva des ( 

On condamna fur tout le caraétère de Pyrrhus, qu’on ro 
. . yoit. 





7% I n'avoit que 27.405. 


EPTTRE VIL 36 
-- Moi-même, dont la gloire ici moins répanduë 
Des pâles Envieux ne bleffë point la vûé; 
Mais qu'une humeur trop libre, un esprit peu-fournis,- 
De bonne heure a pourvu d'atiles Bnnemis: 
Je dois plus à leur haine, ‘il faut que je l'avoué, 
© Qu'’au foible & vain talent dont la France me loué: 
Leur venin’, qui fur moibrûle de s'épancher, 
Tous les jours en marchant m'empêche de bronchex: 
Je fonge à chaque trait que m4 plume hararde, 
. Que d’un œil dangereux lenr troupe me regatda. 
ïs Je fai fur leurs avis corriger mes erreurs, 
Et je mets à profit leurs malignes fureurs. 
Si-tôt que fur un vice ils penfent me confondre; 
C'eft en me guériffant que je fai leur répondre $ 


REMARQUES 

voit trop violent, trop emporté, trop farouche, Ce füt le 
jugemenc qu’en portèrent quelques donnes judicieufes ,- 
particulierement le grand Prince de Cons. On fis alors: 
une Critique de l’_4ndromaque en forme de Comédie {., dans: 
laquelle on accufoit encoré Pyrrhus de brutalité, & même 
d’être un msal-honnète-homme, parce gi mauquoit de: 
.paxole à Hermione, Mr. Racine compofa enfuitc Arienni= 
eus; & dans cette Pièce il s’attacha à donner dans le per- 
fonnage de Burrhus, le Caraëtère d’un parfaitement hon- 

néte-homme. | 
7 Vans 65. ÿe fai fur leurs auis corriger mes erreurs. ] L’ Au 
teur a rendu le mot de Puicirpre de Macédoine, qui di- 
foit, qu’il avoit obligation aux Orateurs d'Athènes de J’a- 
voir corrigé de fes défauts, à force de les publier. _4ppth- | 

des «Anciens. = 
. VERS 
t Intitulée, la folle queretle, ou la-Critique-d’Androma- 
que: par le Jr déunuenr 

4 


368 EPITRE VIL 
… Et plus en criminel ils penfent m'ériger, 

70 Plus croiffant en vertu je fonge à me vanger. 
Imite mon exemple; & lors qu’une Cabale, 
Un flot de vains Auteurs follement te ravale, 
Profite de leur haine, & de leur mauvais fens: 
Ris du bruit pañfager de leurs cris impuiffans. 

75 Que peut contre tes Vers une ignorance vaine ? 
Le Parnafle François, enhobli par ta veine, 
Contre tous ces complots faura te maintenir, 
Et foûlever pour toi l'équitable Avenir. 





Et 
REMARQUÉS. 


Vans 70. Plus croiffant en verts je fonge à me vanger.] Les 
Amis de notre Auteur voulant un jour le détourner de k 
-Satire, lui repréfentoient qu’il s’attireroit beaucoup d’en- 
nemis, qui ne manqueroient pas de le décrier, & de noir- 
cir fa réputation: Ÿe fai sn bon moïen de-m’en vanzer, répon- 
dit-il froidement ; C°eff que fé féraï honñéte homme. 11 difoit 
@ncore cette maxime de PLUTARQUE: 1! fast avoir de 
amis, G des ennemis: des amis, pour no#s apprendre notre dt- 
voirsz Ÿ des ennemis pour nous obliger à le faire. Plut, Com- 
ment on pourra recevoir utilité de fes ennemis. 
CHANG. Vers 72. Un flot de vains <Autenrs, ] Prentièr 
édition: Un tas de vains Auteurs. os 
Vers 80. De Phédre malgré foi perfide, incefinenfe.] Mal- 
gré foi: un Héros tragique ne peut exciter Îa Pitié & ja 
‘Terreur, à moins qu’il ne foit un peu criminel, Se beau- 
coup malheureux. C’eft le Caractère d’Ocdipe dans So- 
PHOCLE, & de Phèdre dans Racine. 

. Vrxs 87. Et qu'importe à nes vers que‘ Perrin les admire?] 
PrerRRE PERRIN, mauvais Poëte dont il a été parlé fix 
le vers 44. de la Satire VII. | 

Imir. Ibid. Er qgwimporte à nes vers &tc.] Horace, Liv.L 
Sat, X. 78. ‘ ‘ 


LA 
Men” moveat cimex Pantiliws ? aut crucier quid: - 


‘ Vellicet abfentem Demetrius ? ut quid inèptus u 
dis 


EPITRE VIL 369 
Et qui, voyant un jour la douleut vertueufe 
De Phèdre malgré foi perfide, inceftuçufe, 
D'un fi noble travail juftement étonné, 
Ne benira d'abord le fiècle fortuné, 
Qui rendu plus fameux par tes illuftres veilles, 
Vit naître fous ta main ces pompeufes merveilles? . 
Cependant laifle ici gronder quelques Cenfeurs, 
Qu'aigriflent de tes Vers les charmantes douceurs. 
Et qu'importe à nos vers que Perrin les admire? 
Que l’Auteur du Jonas s'emprefle pour les lire ? 
| Qu'ils 


RE MAR QU E 8, 
Fansins, Hermogenis ledat conviva Tigelli? rc. 


" Vers 88. Que l’Anteur du Fonas.] Voïez la Remarque 
fur le vers or. de la Satire IX. M. D..... Confeiller au 
Parlement, foûtint un jeur à table, que quoique beaux 
que foient les vers de Mr. Despréaux, on connoifloit néan- 
moins qu’il ne les faifeit pas aifément. Quelqu'un répon- 
dit, que, fans éxaminer fi l’Auteur avoir, ou n’avoit pas 
beaucoup de peine à compofer, fes produétions étoient ai- 
fées & naturelles ; & que cela füuffifoit. Comme il n’yavoie 
rien d’injurieux pour Mr. Despréaux dans cette dispute, : 
on Ha lui redit; mais il ne laiffa pas d’y être fenfible dans 
le moment ? & pour fe vanger du jugement qu’avoit porté 
M....... il réfolut de mettre le nom de ce Magiftrar à la 
place que tient ici l”_A4wtewr du Jonas, Pour cet effet, it chan- 
gea ainfi le vers: Que. .... an Palais s’empreffe pour les lire. 
Et pour ne faïfler aucun doute, il mit cette Note à côté : 
Confeiller au Parlement, qui fait pen de cas de mes Ouvrages. 
Cela fur imprimé ainfi dans l’édirion de r?or. que l’Au- 
teur préparoit alors ; mais en revoïant les épreuves , äf 
changea d’avis, & remit l’ancien vers: aiant penfé qu’il 
ne devoit pas faire un crime à ce.Magififat, d’una chofe 
w’il avoit dite çn paflant, dans une convexfation à table, 


fans aucun deffein formé de lattaquer, 


Qs Vins 


3  EPFITRE VIL 
Qu'ils charment de Senlis le Poëte idiot, _: 


ge: Ou le fec Traduéteur du Frengois d'Amyot : 


æ 


Pourvû qu'avec éclat leurs rimes débitées | 
Soient du Peuple, des Grands ,. des Provinces got- 


Pourvû qu'ils paient plaire au.plus puiffat des RÉ 
oo v'à. 
‘REMARŒUES. 


VYx RS $9: mm. De Senlis de Poëte idiot.] LINIFRE? 


_ vit laSphyfionomie d’an Idios 14 ne: réafHfloit qu’à faut 


des.chanfons impies; c’eft pourquoi notre Auteur lui re- 
procha un jour, qu’il n’avoit de l’esprit que contre Dieu. 
On Pappeloit PLAthée de Senlis, Voïez la Note für le vers 
194..du Chant H. de PL#rs pertigw. Mr. Despréaux citoit 
quelquefois les rimes d’/dier 8. d’4myor , dans ces deux 
Vers, coumhe des rimes riches & extraordinaires, Ge vers 
39. &c les trois fuivans n’ont été imprimés qu’en 1701. quoi 
-qu'ils euflent été faits aves le refle de FEpître. 

V£ns 90, On Le [ec Traduileur du François d’Amyet.] Ja 
QUES AMYyo7, Auteur célèbre, qui a traduit en Fras- 
-gois: routes les. Oeuvres de Plut . L’Abbé TaLLr- 
-MANT l'aîné entreprit en 1665. d'en faire une nouvelle 
.Tradaétion , dans laquelle on prétend qu’il n’a fait que re-- 
guer cclle d'Amyot, & la mettre en meilleur langage, 
Sans confulter Poriginal Grec. L’Abbé Tallemant s’atira 


_eettc fâcheufe critique par une faufle avanture qu’il débits: 
en pleine Académie coatré Phonneur de Mr. Despréaux. 1 


-y: hat une Lestre, par laquelle on lui mandoit que Le jour. 


-précedent Mr. Despréaux étant dans un lieu de débauche, 


détrière: l’Hôtel de Condé , & avoir été fort maltraïté. 
Ceux qui ont comdu ce Poëte d’üne manière plus intime, 


: favent.-que jamais calomnie ne fut plus mal- fondée que 
._elle-1à. 


Cnana.Vers or. Ponrté gw'äves éclat leurs rimes dibitées 


dtc:} Prenrières éditions : 


Poorvi q#'avec beumeur leurs rimes débitées. 
‘Du Public dédaïgneux:ve ficht point rébicles: 
… GuaANG Verts 93: Powryë qu'ils puilfémt plaire, On ii 
_ FenPr 


25 


Et plôt au Ciel. encor, pour couronner l'Ouvrage, 


. Sär. le Duc de La ROCH EFOUCAUT.; 


EÉPITRE VIE sf 
Qu’à Chantilli Condé les fouffre quelquefois: 


Qu'Enguien en foit touché, que Colbert & Vivone, 


Que la Rochefoucaut, Marfillac 8e Ponipone, 
Ét mille autres qu'ici je ne puis faire entrer, 
À: leurs traits délicats fe laïffent pénétrer. 


Que 
REMARQUES. 

Pourvi gril fachent , dans toutes. les Edisions qui ont pré-” 

cédé ce 


tout. 
+ Imir. Ibid. Pourué qu’ils puilfent plaire an plus puiffant des” 
Rois, &tc.] Horace, L, L Sar. X. 81. 
Pletins & Varins, Macenas, Virgilinsque, 
Vaigins , © probet bac Olfavins optimns, atque 7 
Fusciss Üc oos. ‘ | 


- 


VEns 94. Qw a Chatilli Condé. Le grand Prince de Con” 


_dé à les dernières années de fa vie dans fà belle Mai-” 


fon de Chantilli, Mr. le Duc-d’Enguien fon £ls eft norn- 
mé dans le vers fuivaat. on, 
Vers 96. Que La Rochefoncant ; Marfillac , & Perposz]: 
ufi- célèbre. par ‘ 
la beauté-de fon esprit, que par la nobleffe de fa naiflanæ. - 
C’eft l’Auteur du Livre des Maximes mbrales. Après fa: 
mort, Mr. le Prince de Maer/illac fon fils, Grand-Maiître de’ 
la Garde-robe, prit le nom de la "Rochefoucant. 11] mourut à: 
Verfailles le rr. Knvier, 1714: âgé de 80. ans. Pompone: 
StMon ARNAUD, Marquis de PomMronz, Miniftre d'Etat. 
Vers 99. Er plût an Ciel encor, &c.] Horace, à l’endroit” 
cité ci-deffus: Et hec mtinam Viscorum landes urerque.. Dans: 
ce paffage d’Horace, notre Auteur fuppofoit une beauté & 
une finelfe dont perfonne ne s’eft aperçh. ,, Ï1 y a appa- 
» tence, difüit-if, que les deux Wiscus éroient ordinaice- 


23 Ent oppofez dans leurs fenrimens ; C’eft-2-dire, que‘ 


3 lün érôit d’un goût raifonnable, & l’äntre d’un goûe 
"5 bizarre & partitufier;ainfi Horace en foahaitant de plai-” 


35,1€ à ces denx Mommes, donne une marque ‘de fon esprit, - 
| | @&6 | y PAL 


e de 1713, qui n’a paru qu'après la mors de l’Au" 


372 E PIT RE VA, 
100 Que Montauzier voulàt lui donner fon fuffragef 

C'eft à de tels Lecteurs que j'offre mes Ecrits: 

Mais pour un tas groffier de frivoles Esprits, 


REMARQUES. 


,» puis u’il n’y a jamais que les chofes qui font d’une bon- 
» té folide, & immuable, qui foient approuvées par tou- 


» tes fortes de gens. 


Vars 100. we Montauzier vontlüt lui donner [on fuffrage.] 
Le fouhait obligeant & flateur qui eft exprimé dans ce 
vers, produifit fur le cœur de Mr. le Duc de Monraw 
Z1xr tout l'effet que l’Auteur s’en étoit promis. Ce Dut 
commença dès-lors à s’adoucir en fa faveur. Quelque tems 
après il da Mr. Despréaux dans la grande Gallerie de 
Verfailles, & lui fit un compliment fur la mort de Mr. 
Boileau de Puimorin fon frere, arrivée depuis peu, lui di- 
fant qu’il aimoit beaucoup feu Mr. de Puimotin. + fai 
qu’il faifoit grand cas de amitié dont veus l'avez honoré, reprit 
Mr. Despréaux, mais il en faifeit encore plus de votre verts; 
© il m’a dit plufieurs fois, qu’il éteit trés-fâché que-je n’euffe 
Pas pour ami le plus hennète bemme de la Cour. Mr. de Mon 
fauzier fut extrêmement touché dé cette Joüange: ce fut 
‘le moment de fa réconciliation. 11 changea dès Îors Pefti- 
-me qu’il avoit-pour notre Auteur, en une véritable amitié, 
qui a duré tonte fa vie, & fur le champ il emmena dinér 


favec lui. 


- “IMrr. Vers 101. Cf à detels Lefleurs que j’offre mu 


- Æcrirs.] Horace, dans la même Satire, v. 87. - 


eo 


Complures alies, doltes ege quos à amicos 
Prudens pratereo x quibus hac, fint qualiacumque 
Arridere velim: doliturus, ff placeant [pe 

. Deterius neffra. ee 


Vans 104 Que nor loin de la Place où Brieché préfide.] 
BRriocHe’, fameux doñcur de Marionettes ,lagé. près des 
| t repréfenter fa Pièce par les Comé- 

diens du Roi, dont le Théatre étoit alors dans la Ruë Ma- 
_zarine, au bout de la Ruë Guénégaud. Le lieu où l’on fä- 
fois jober les Marioneties écoit vers l'autre extrémité ni 


Comédiens. Pradon 


. 
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Ads 


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, EPITRE VIL 373 
fdmirateurs zelez de toute Oeuvre infipide, 
Que non loin de la Place où Brioché préfide, 

ÿ Sans chercher dans les Vers ni cadence ni for, 
Il s’en aille admirer le favoir de Pradon. 


REMARQUES. 


_ cette dernière Ruë, * du côté du Pont-neuf. C’eff par la 
circonftance de ce Voifinage, que notre Auteur defigne 
finement, maïs malicieufement , les Comédiens qui joüoient 
Ha Phédre de Pradon: voulant infinuer que cewe Tragédie 
eft d’un caraétère à ne mériter d’être jouée que parles Ma- 
rionettes. FANCHON, ou FRANÇoïs BRIoOCHE’,étoit 
fils de Jean BrRiocuez’, Arracheur de dents, qui eft re- 
garde comme l’Inventeur des Marionettes, quoi qu’il n’aît 

it que les perfeétionner. De fon tems un Anglois avoit 
trouvé le fecrer de les faire mouvoir pas des reflorts, & 
fans cordes ; mais l’on preferoit celles de Brieché, à caufe 
des plaifanteries qu’il leur faifoit dire. FANCHoON Br1o- 
cus’ fon fils l’a encore furpañlé dans ce noble éxercice. 
1min Vers ios. Sans chercher dans les vers ni cadence ni 
Jen.] C’eft ce qu'Hoxace appeloit: /mmodyulata poëmats. De 
Arte poët. v. 263. | | 
Vsxs 106. /{ s’en aille admirer le [avoir de Praden. ] Pra- 
don étoit fort ignorant. Un jour au fortir d’nnesde fes Tra- 
gédies, M. le Prince de Conti l'aîné lui aiant dit, qu’il 
ayait transporté en Europe une Ville qui eft dans l’Afc: 
Fe prie voire Alteffe de m’excufer, repondit Pradon; car je ne 
Jes pas trop bien la Chronologie. 
Nous avons dit que la Phédre de Mr. Racine aiant éte re- 
gréfentée par les Comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, ceux 
e la Troupe du Roi lui oppofèrent deux jourg après, celle 
de Pradon. Ce Poëte contultoit ordinairement fur fes Oen- 
vres Madame Des HouLienes: ainfi, l’interêt qu’elle 
prenoit à la Tragédie de Pradon, fit qu’elle voulut voir la 
remière repréfentation de celle de Racine, Elle revint 
ouper chez elle avec cinq ou fix perfonnes, du nombre 
desquelles étoit Pradon. Pendant tout le repas on ne parla 
que de la Tragédie nouvelle: chacun en dit fon fenriment 
‘avec beaucoup de liberté, & l’on fe trouva plus dispofé à 
. . .u . le 
- # Dans un endroit nommé Châteaw-gaillard, preghe PAbreur 
oir du Pent-nenfs ou | ee 
| or Q 7 


374 EPIT RE VIt. 
la critique qu'à La loiange, Ce fut pendant ce même foupé 
que Madame Des Houlieres fit ce fameux Sonnet. 

Dans un fautenil deré, Phedre trynsblante dr lime: 

Dit des vers où d’abord perfonne:n’entend rien. : 

Sn Nourrice ni fait un Sermon fert chrétien, . 


Contre l’affreux delfein d'âttenter fur fei-tuime. 


Hippolyte la haït préiqué dutant qu'elle l'aime : 
Rien ne change fon cœur, ni fon chaffe maintien. 
La Nourrice P'accufe ; elle s’en punit bien, 
Théfée à pour fon fils ane riguenr extrème. - 


Une greffe Aricie, Ÿ an teint route, aux crins blonds. 
N'ef là que pour montrer deux énormes tetons, . 


Que, malgré Ja froideur, Hippolyte idelatre. 


A meurt enfin, traïné pay [ès cowrfiers ingrats ; 
_ Æt Phédre, ayrès avoir pris de la Mort-aux-rats, 
Vrent, .m Re confeffant ; mourir fur le théatre. 


Ge Sonnet fe répandit bien-tôt dans Paris. Dès le lende- 
main m&in PAbbé TALLEmMANT l’ainé en apporta une 
copie à Madame des Houlieres, qui la reçnt fans rien té- 
moigner de Fa part qu’elle avoit au Sonnet; & elle fat ea- 
fuite ha prermière à le montrer, comme le tenant de lAbbé 
Tallemant. Les amis de Mr. Racine crurent que ce Soonet- 
‘étoïit l’Ouvrage de M. le Duc de Navzns, lun des Pro- 
.: teteurs de Pradon ; car pour Pradon Ir même ils ne lni 
firent pas Phonneur de le foupçonnér d’eni être l’Auter, 
- Dahs cette penfée ils rournèrent ainff ce Sonñet contre M. 
: le Düc de Nevers fur lés mêmes Rimres. | a 


Dans un Paleis dort, Damon jetoux € blème 
Fait des Vers où jamais perfouxe n'entend rien. 
HE n'eff ni Cotifen, ni Guerrier, ni Gréiers 
Et fouvent pour rimer il s'énferme lui-même, 


X° C'étois la Des-@illets pe jolie, mais etwitnit APT: 





E PFITRE VIL 375 
Lo Mafi, par malheur le bait assant qu'il Paime.. 
1l.a d'un franc Roïte O l'air Ÿ Le maintien, . 
Il veut juger de teut & n’en juge pas bien 
Il a pour le Phébus nne.tendreffe extrème 


Une Sœur vagabonde, aux crins plus noirs que blonds; - 
Va par tout l'Univers promener deux tétons, 
Dont, malgré fon païs,. Damon eff idolatre... 


ZE [o tuë. à rimer pour des Leflenre ingrats, 

L’Enéêrde, à fon gout, cf de la Mort-aux-rats.. - 

Et, felon lui, Pradon eff le Roi du Théatre. 
On attéibua cette réponfe à Racine &-à Despéaux; mais. 
ils la défavoïüoient. Ils ont aflüré depuis qu’elle avoit été 
faite par le Chevalier de Nantouillet, avet le Comte de 
Fiesque, le Marquis d’Effiat, Mr. de Guiileragues , & Mr. 
de Manicamp C’étoit en éffèe l’Onvrage d’eux tous en- 
femble. Celui contre qui le fecond Sonnet.avoit été fait, . 
spliqua par un autre, toûjours fur les mêmes Rimes. 


Racine & Desjréanx , Phir-trilé &: le teint blême,.… 
Viennent demander grace, > ne confef[ent rien. 

IL.faut leur pardonner, parce.qu'on ef Chréties; 

Mais on fait ce qu’èn doit sn Public, à foi-méme. . 
Demon, pour l'imerit de cette fœur qu'il aime, . 

Doit de ces feélerars châtier be maintien : 

Car il Jeroit blimé par tous les gens de bien, . 

S'il supuniffoit pas leur infoience extrême. 


Ce fut sme Esrie, aux crins plus soirs que blonds, : 
Ori leur preffe du pus de [es affreux tetes, + 
Ce Sennet qu’en fecret leur Cabale idelätre. 


Vous en ferez punis, Satiriques ingrats, . 
Nes pas en trahifèn d'un fou de Mortraux-ratss.. 
Mis de conps-de bâton dènne, en plein théttre. 


Cetre querclie-fue terminée par des peafonnes du premier: 
sang... | EP Le 


36 CT 
 EPITRE VII 
A U KR O I. 


= Ranp Rot, cefle de vaincre, ou je cefle 
d'écrire. . | 
Tu fais bien que mon ftile eft né pour la Satire, 
Mais mon Esprit, contraint de la désavouer, 
Sous Ton Regne étonnant ne veut plus que louer. 
s T'antôt dans les ardeurs de ce zèle incommode, 
Je fonge à mefurer les fyllabes d’une Ode : 
. Tantôt d'une Encide Auteur ambitieux, 
| | je 
REMARQUES. 


Uoi que l’Epitre quatrième, fur la Campagne de Hol-. 
landé; eût été faite peu de tems après que le Roi eut 
gratifié.l’Auteur d’une Penfion, & qu’il l’eût compofée 
pour marquer fa reconnoiflance envers Sa Majefté; il ne 
aiffa pas de lui adrefler certe Epitre VIII. pour le remer- 
cier plus particulièrement de fes bienfaits: c’eft quoi 
l’Auteur appeloit cette Epître, fon Remerciment. 11 la récita 
au Roi. Elle fut compofée en 1675. mais il ne la fi paroi- 
tre que l’année fuivante, pour les raifons qu’on va raporter. 
Vens 1. Grand Roi, ceffe de vaincre, ou je ceffe d'écrire. ] 
En 167$. la fin de a Campagne ne fut pas heureufe pour 
la France, Mr. de Turenne fut tué d’an coup de Canon, le 
27. de Juillet; après quoi nos Troupes furent obligées de 
repañler le Rhin, & de revenir en Alface. Le Maréchal de 
Créqui perdit enfuite la bataille de Saverne; & s’étant fau- 
vé dans la Ville de ‘Trèves qui étoit aègée, la ville fut 
renduë malgré lui par capitulation, & il fut fait prifonnier 
de guerre, Tous ces revers obligèrent notre Auteur à n€ 
point faire paroitre alors fon Epître, de peur que fes En- 
- Rens ne pañler se premier vers poux un saillent 


« 


E PIT RE VII. 377 
Je m'en forme déja le plan audacieux... 
Ainfi toujours flaté d'une douce manie, 
; Je fens de jour en jour dépérir mon génie: 
Et mes Vers,en ce ftile ennuïeux, fans appas, 
Deshonorent maplume; & ne T'honorent pas: 
Encor fi Ta valeur, à tout vaincre obftinée , 
| Nous laiffoit, pourle moins, respirer une année, 
Peut-être mon Esprit, prompt à reffusciter,. 
Du tems qu’il a perdu fauroit fe r’acquiter, | 
Sur ces nombreux défauts, merveilleux à décrire. 
Le Siècle m'offre encor plus d’un bon mot à dire, 
Mais à peine Dinan & Limbourg font forcez, 
Qu'il faut chanter Bouchain & Condé terraffez, 
| Lie ee . Ton 
REMARQUES. 
1 L’avoit bien changé ainfi: Grand Roi, fois moins lohable, 
on je ceffe d'écrire. Mais ce dernier vers n’avoit pas la beau- 
té du premier; & l’Auteur aima mieux attendre lPheureux 
fuccès de la Campagne fuivanre, que de fupprimer un des 
plus beaux vers qu’il eut faits. . 
CHanc. Vers 17. Swr ces nombreux défauts &c ] Au lieu 


de ce vers & du. foivant, il y avoit ceux-ci dans toutes les 
éditions qui ont paru avant celle de 1713. 


Le Parnaffe François non éxemt de tous crimes 


Offre encore à mes vers des [ujets & des rimes. 


7, CHANG. Vers 19. Mais à peine Dinan © Limbourg font 
forcez,] Dans la première compolition il y avoit: 


Maïs a peine Salins, & Dole font forcez,, 
Qw il faut chanter Dinan, &' Limbourg terraffèz. 


Salins & Dois, avoient été conquis en 1674. avec le fefie 


378 E PI TR E Vi. 
Ton courage affamé de péril & de gloire; 
Court d’exploits en exploits, de viétoire en vidoire, 
Souvent ce qu'un feul jour Te voit éxécuter, 
Nous laiffe pour un an d’aétions à conter. 
xs Que fi quelquefois las de forcer des murailles 
Le foin de tes Sujets T'e rappèle à Verfailles, 
Tu viens m'embarraffer de mille autres Vertus ;- 
"Te voyant de plus près, je T’admire encor plus 
Dans les nobles douceurs d’un féjour plein de charmes, 
30 Tun'ès pas moins Heros qu'au milieu des alarmes, 
De ton Thrône agrandi portant feul tout le faix, 
Tu cultives les Arts: Tu répans les bienfaits; | 
Tu fais récompenfer jusqu'aux Mules critiques, 
Ah! croi-moi, c'en eft trop: Nous autres Satiriquess 
35 Propres à relever les fottifes du téms s- 
Nous fommies un peu nez pour être mécontens. , 
Notre Mufe fouvent pareffeule & ftérile, ‘ 
A befoin, pour marcher, de colère & de bite, 
Notre ftile languit dans un remerciment: 


40 Mais, GranD. Ro, nous favons nous plaindre 
élégamment. | Le. 





| O:! 
REMARQUES. 


_de la Franche-Comté. Dinan & Limbourg furent pris l'an- 
née fuivante , au commencement de la Campagne, Ces 
quatre villès étant les dernières conquêtes du Koï en 1675. 
L’Auteur les avoit nommées dans fon Epitre; mais quand 
il la publia en r676. il Ôta les deux premières, & leur fubs- 
. titua Bouchain &t Condé, qui avoient été pris en Avril & cn 
Mai, de la même année. - 


- Vans-4i. De ces Rois nor ualets de leurs propres Mini 


E PIT RE VI. 37% 
)! que fi je vivois.fous les règhes finiftes 
ces Rois nez.valets de leurs propres Miniftres,.… 
jui jamais en main ne prenant le timon, . 
c exploits de leurs tems ne prêtoient qte leur nom. 
“, fans les fatiguer d’une louange vaine, 
‘ment les bons mots coulercient de ma veine:. 
is toujours fous Fan Regne il faut fe récrier.. 
jours, les yeux au Ciel, ïl faut remercier. 
is ceffe à T'admirer ma Critique forcée 
| plus,’ en écrivant, de maligne penfée; 
mes chagrins fans fie], &c presque évanouis, 
at.grace à tout le fiècle en faveur de Louis 
tous.heux. cependant la Pharfale approuvée, . 
1s-crainte de mes Vers, vala.téte levée. . 
Licence par tout règne dans les Ecrits: 
ja le mauvais Sens reprenant fes esprits, 
ige à nous Sdbnnef des Poëmer Fpiques,. 
mpare dés Discours, mêmes Académiques, | | 
tin a. de fes Vers obtenu le pardon; 


| | Et 
REMARQUES. 


derniers Rois de la prermière race laiffoient toute l’ad- 
tiftration des affaires aux Maires du Palais. Henri Ill. 

aufli dévoüé entierement à fes Mignons: C’eft pourquoi 
zerai a dit, qu’on pourroit appeler fon règne le règne des 





E A s 53 La Pharfale apprenvée. } La Pharfale de 
EBOEUF. : 
‘ERS 59. Perrin 4 de fes Kers &ec. ]' Voiïez le vers 44: de 


atixe VAL 7 
. VERS. 


380 EPITRE VII. 
60 Et la Scène Françoife eft en proie à Pradon. 
Et moi, fur ce fujet, loin d'exercer ma plume- 
J'amañfe de ‘Tes Faits le pénible volume; 
Et ma Mufe occupée à cet unique emploi, - 
Ne regarde, n'entend, ne connoît plus que Toi 
65 Tu le fais bien pourtant, cette ardeur empreflée: 
N'eft point en moi l'effet d'une ame intéreffée. 
Avant .que ‘T'es bienfaits couruffent me chercher, ‘ 
Mon zèle impatient ne fe pouvoit cacher. 
Je n'admirois que Toi. Le plaifir de le dire 
70 Vint m'apprendre à louer au fein de la Satire. 
Et depuis que Tes dons font venus m'accabler, . 
Loin de fentir mes Vers avec eux redoubler, . 
L Quelquefois, le diraje, un remords légitime, 
-_ Au fort de mon ardeur, vient refroidir marime, : 





REMARQUES. 

Vers 60. Et la ScéneFrarçoife eff en proies Pradon.] Mat 
vais Auteur de Tragédies. Voiez le dernier vers de l’Epi- 
tre précédente. ; ns Lo 
. VERS 62. Ÿ’amaffe de tes faits le pénible volume. ] Ce ver 
&c les deux fuivans pourroient faire croire que Mr. Des 
préaux étoit déja nommé pour écrire PHiftoire du Roi; 
mais il ne le fut qu’en 1677. . | 

VERS 80. N’ait moins de poids pour Toi dans la Poefferité.] 
Notre Auteur étant un jour en converfation avec Mr. k 
Marquis de Dangeau & Mr. du Charmel,. ces deux Mef 
fieurs firent le parallèle de l’Eloge du Roi, exprimé à la 
fin de l’Epitre I. & de l’Eloge. qui eft contenu ce der- 
nier vers, & les cinq précédens de PEpitre VIIL On con- 
tefta long-tems fur-la préférence de:ces deux endroits. Mr. 
du Charmel étoit pour le premier; & Mr. de Dangeu 
déclara pour le fecond : dans l’un , on trouvoit plus de force; 
& dans l’autre plus de délicatefle. Enfin, Mix, de Dangesn 


E P I TR E VIII. 381 
H me femble, GranD Ror, dans mesnouveaux Ecrits, 
Que mon.encens païé n’eft plus du même prix. 
J'ai peur que l'Univers, qui fait ma récompenfe, 
N'impute mes transports à ma reconnoiffance ; 
Et que par T'es préfens mon Vers décredité 
 N'ait moins de poids pour Toi dans'la Poftérité, 
Toutefois je fai vaincre un remords qui Te bleffe. : 
Si tout ce qui reçoit des fruits de Ta largefe, 
A peindre T'es exploits ne doit point s'engager, 
Qui d’un ff jufte foin fe pourra donc charger? 
: Ah! plûtôt de nos {ons redoublons Yharmonie, 
Le zèleà mon Esprit tiendra lieu de génie. 
Horace tant de fois dans mes Vers imité, 
De vapeurs en fon tems, comme moi, tourmenté, 
Pour amortir le feu de fa rate indocile, | 
‘Dans . 
REMARQUES. 


termina la difficulté en difant que la penfée de lEpitre 
remière faifoit plus d’honneur au Roi, & que celle de 
»Epitre VIII. en faifoit plus au Foëte. ,, En effet, difoit 
>» Mr. Despréaux, la penfée de ma première Epiître fait 
» plus d'honneur au Roi; parce que je dis que fes a@&tions 
» font fi extraordinaires, que pour les re croïables à 
» la Poftérité , il faudra confirmer le récit de l’Hiftoire 
5 par le témoignage irréprochable d’un Satirique. Mais 
>> Ja penfée de PEpitre VIII. me fait plus d’honneur, a-t- 
>» il ajoûté, parce que j’y fais l'éloge de ma générofité, 
>» & du défintereflement avec lequel je voudrois louer le 
5» Roi, dé peur que mes louanges ne foient fuspeîtes de 
ss flaterie, ee 
* - Vars 88. De vapeurs] Ce mot fe doit prendre au fens 
figuré & fignifie hremeur chagrine Ÿ" fatirique. Dans le tems 
auquel notre Auteuï compola cette Epitre, on ne côn- 
noifloit de Vapeurs qu'aux femthes; êt les hommes ne s’é- 
toicat 


382 EPITRE VI. 
90 Dans l'encre quelquefois fût égaïer fa-bile. | 
Mais de la même main qui peigait Tullius, 
Qui d'affronts immortels couvrit Tigellius, 
H fût fléchir Glycère, À fit vanter Augufte, 
Et marquer fur la Lyre une cadence jufte. 
95 Suivons les pas fameux d'un 6 noble Ecrivain. 
A ces mots quelquefois prenant la L.yre en main, 
Au récit que pour Toi je fuis prêt d'entreprendre, 
Je croi voir les Rochers accourir pour m'entendre, 
Et déja mon Vers coule à flots précipitez ; 
100 Quand j'entends le Leéteur qui me crie, Arrèter, 
Horace eut cent talens: mais la Nature avare 
Ne vous a rien donné qu'un peu d'humeur bizare, 
Vous pañfez en audace & Perfe & Juvénal: 
Mais fur le ton flatteur Pinchêne eft votre égal 
10$ A ce difcours, Gran» Roï, que pourroisje té. 
pondre ? | | 
a Je 





REMARQUES 


toient pas encore avifez d’être attaqués de cette iadispoñ- 
tion. : 
VERS 91,. — Qui peignit Tulkus.] Sénateur Romain. 
. Céfar l’exclit du Sénar; mais il y rehtra épzès le mort de 
cet Empereur. Voïez Horace, Livre.l. Satiré VL. 
VERS 92. mms (ouvrit Tigellius. ] Farnèux Muficien, 
Je plus eflimé de fon tems, fort chéri d’Augufte. Voies lé 
commencement de la Satire IÏf. Livre 1. d’Horace 
Vins 93. Il füt féchir Glycére.] Sa Maïtrefle, Ode XL 
du LivreL.. Mais fs ” _#, : aa) | 
VERS 104. Mais fur le ton flateur Pichène cÆ vesre til] 
ETIENNE MarTin,Sr. de PINCHENE, Neves de Vois 





E PIT RE VIL 388 
Je me fens fur ce point trop facile à confondre, 
Et fans trop relever des reproches fi vrais, : 
Je m'arrête à l'inftant, j'admire, & je me tais. 


REMARQUES. 


ture, 11 avoit fait imprimer un gros Recueil de mauvaifes 

Poëfies, contenant {es éloges du Roÿ, des Princes & Princefes 
de [on fang, 6r de toute fa Cour: C’eft à quoi ce vers fait al- 
duon Noiez la Na fu Le res 163. du cinquième Chant 
-du Lut 





EPITRE 


EPITRE IX. 
À M. LE MARQUIS@E SEIGNELAI, 
SECRETAIRE B'ETAT. 





ANGEREUXx Ennemi de tout mauvais Flat. 
teur, 


SE1GNBLAt, c'eft en vain qu'un ridicule Auteur, 
- Prêt à porter ton nom de l'Ebre jusqu’au Gange, 
Croit te prendre aux filets d’une futte louange, 
$ Auffi-tôt ton Esprit, prompt à fe revolter, 
S'échappe, & rompt le piège où l'on veut l'arrêter. 
Iln'en eft pas ainfi de ces Espritsfrivoles, 

| Le -Qu 


REMARQUES. 
[Auteur aiant attaqué fortement l’Erreur & le Menfon- 
ge dans fes précédens Ouvrages, il ne lui reftoit plus 
que d’infpirer l’Amour de la Vérité, en la repréfentant 
avec tous fes avantiges. - C’eft ce qu’il a fait dans cette 
Epître qui contient lElége du Vrai, & daris laquelle il fait 
voir que Rien n’eff beau que le Vräf, & que le Vrai fenl ef. ai- 
mable *, Ce Poëte a fait briller ici totit fap génie, en trai- 
tant une matière:fi confoime. à fes fentinièns ; &c il a fà 
réünir en cétte Pièce, toùt le fublime de la Morale avec 
toute la douceur de 1a Poëfié. Ellé a ‘été compofée au com- 
mencement de l’année 1673. avant l'Epître précédente. 
Elle eft adreflée à Mr. JEAN BAPTISTE CoLBenart, 
Marquis de SEIGNELAY, Secretaire d'Etat, fils aîné de 
Mr. Colbert. Lot ue u 
VERS 3. De P Ebre jusqu'au Gange. ] Expreffion 
commune & ufitée parmi %es Poëtes médiocres. L’Ebr, 
Rivière d'Espagne, Le Gange, Rivière des Indes. 
Vers 11. Et fiers du hant étage ou La Serre les lg] La 
. pa 





ON Vers 43. 


+ en test en = 


- = 


| EPITRE IX. 385 
Que tout Flatieur endort au fon de fes paroles; 
Qui dans un vain Sonnet placez au rang.des Dieux, 
Se plaifent à fouler l'Olympe radieux; 
Et fiers du haut étage où La Serre les loge, 
Avalent fans dégoût ke plus groifier éloge. 
Tu ne te repais point d’encens à fi bas prix, 
Non que tu fois pourtant de ces rudes Esprits 
Qui regimbent toujours, quelque main qui les fate. 
Tu foufftes la louange adroite & délicate, 
Dont l trop forte odeur n'ébranle point les fens. 
Mais un Auteur, novice à répandre l'encens,. , 
Souvent. à {on Heros, dans un bizarre Ouvrage, 
Donne de l'encenfoir au travers du vifage: . 
: Le à nu ot ee |, . . Va 
Srnne, fade Panégyrifte, qui fe flatoit d'être fort capa- 
ble de compofer des Eloges , fuivant l’ufage où l’on étoit 
en ce tems-là de faire des Poitraits en Vers ou én Profe. 
Mr. de la Serre, dit un Auteur *-peu célèbre, sef trouvé: 
tres-propre a'ces fortes d'Ouvrages, © il à un génie particulier 
pour cèla, foit qu’il leur laiffe la Forme d Eloges, on qu’il les in= 
fére dans les Epitres dédicatoires de fes Livres. Le mème Auteur 
reconnoît néanmoins qu’il en faut retrancher les penfées trop 
hardies , ou trop irrégulières, © les paroles pen convenables 3 
ceft-à-dire, que La Serre auroit été un Ecrivain pañfable, 
s’il n’avoit pas péché contre la juftefle de la Penfée, & côn- 
tre la régularité de L’Expreffion. " 
1MmI1T. Vers 15. Qui regimbent toujours, quelque main qui 
les flate.] Horace, L. Il. Sat. L. 20. T 
Cui male f palpère, revalcitras andique tutus. . oo 
VERS 20. Donne de, l’encenfoir an travers du vifage.] Ce 
vers eft devenu Proverbe. f ee D 
VERS. 
# Son£z, Bibliothèque Franpoie, pag. 157 
Tom, LA KR 


356 E PI T R E ‘IX. 
Va louer Monterey d'Oudenarde forcé, 
On vante aix EkeGeurs Fürenne repoufK. : 
Tout éloge impofteut bieffe uné Ame fincère, 
Si, pour faire fa cour à ton ilmftre Pere, . 
25 SEIGNELAI, quelque Auteur d'un faux zèle emporté, 
Au lieu de peindse.ch li la noble adivité, . 
La folide vertu, la vafte intelligence, 
Le-sète pour fon Roi, l'andeur, la vigilance, 
La conftante équité, amont pour les beiux Arts: 
30 Lui doanoit les vertus d'Alexandre ou de Mars; 
Et, pouvant juftement l’égaler à Mecène, 
Le comparoit au fs de Pélée ou d'Alémène, 
Ses yeux d'un tel difburs feiblenrént éblouïs, 
Fién-tôt dans ce Tableau reconnoîtroient Louts:; 
——. | | Et, 
RE M 4 R au E $, 
Y: . Val Mo d'Ondenard 4 l 
Bataille de Senef ga gag. née par Le Prince de el AP 
voulurent effacer fa honte de leur défaite par la prife de 
qu’une de nos villes. Le Comte de Monterey; Go 
verneur des Païs-Bas pour PEspagne, & Général de PAr- 
méc Espagnole, aflègea Oudenarde. Mais le Pfines de 
Condé maïrcha contre lpi , & Fobligea de leves le Siège 
avec beaucoup de précipitation, le 12. de Septermbék, t@4- 
Jsax Dominique Ds MonrTrrey gtos fils de 
Dom Louis MrNDEZz DE HARO, premier. de. 
Roi d’Espagne, & fon. Rlénipotentiaire aux. Conféracs 
de la Paix dés Pyrénées. 


VERS 22. On vante aux Elebteurs Turenne, ve eff.) Ce Ce 
vers , aufli bien Que le précédent, èft uné Cénére te Ce- 
laihci défigne la bataille de Türkeirt en Alface, fret de) 
Mr. de TurenNnNs« contre les Allemans lé 5. 
AR 
IMirT. Vers 24 S9 108 faire cour à a tex ilnhre Pen 





E P I TR E IX.: 36% 
Et, glaçant d'an regard k Mufe &t loPoëte, °:- : 
Impoferoient filence à fa verve indisctete. 
Un cœur noble eft content de’ce qu'iltroree en lui, 
Et ne s'applaudit point des qualitez d'autrui, *. 
Que me fert en effet, qu'un Adinirateur fade © + 
Vante mon émbonpoint, fi je me fens made; =: 
Si dans cet inffant mémeün feu féditieux *: ” 70 
Fait bouillonner mon fang,  pctiller mes yeux à ? 
Rien n'eft béau que le Vrai.’ Le Vrai feul eft aimable; 
d doit regner par tout & même dans la Fable : 
De toute fition l'adroite faufeté : 
Ne tend qu'à faire aux yeux briller la Vérité: 
:- Sais-tu pourquoi n mes Vers font lûs dans les Pros 
h vincess 1. 
. . lac. 7 Sont 
N7 E M AR av is 8. | 


Ce vers, & | fes dix fuivans Cor in imitez d'Horace, Épitse | 
XYL du Livre L 25. 
Si quis. bella t5bi terra pwgnats, marique . 
| Dicat ë bis verbis vacuas permulceat ayress d'éi 
Rares Augufii landes agneiere ‘polis. 
D paterie fepiens emendainsqne vocari. 

.Auertr. Vers +9. LE me fers en effet &c.] Horace . dans 1 
même Epitre XVI. , 
| Né, Ji te poules Janum , relléque valentens 

° Diflie, eccultans fbren, fub tempus dent, 
ft Piffules: donec manibus tremor incidat nnËtis, 

- Yan ns 43. Rien n°eff bean que le Vrai, Le Fra il ain 
ble.] G'of le fja de: ceere  Épitre, | 
R 2 Vs2$ 


38 E PIT RE, IX. 

Sont recherchez du Peuple, & reçûs chez les Princes? 

Ce n'eft pas que leurs {ons agréables, nombreux, 
$o Soient toujours à l'oreille également heureux: _. 

Qu'en plus d'un lieu le fens n’y gêne la mefure, 

Et qu'un mot quelquefois n'y brave la céfure. 

Mais c'eft qu'en eux le Vrai, du Menfonge vainqueur, 

Pat tout fe montre aux yeux, & va faifir le cœur: 
$5 Quele Bien 8 le Mal y font priféz au jufte; 

Que jamais un Faquin n'y tint un rang augufte > 


+ 


| Et 
REMARQUES 


Vans 62. Cuft lé se que n’ont paint Jonas, ni Childerand.] 
Poëmes héroïques. Voiez le vers 91. de la Satire LX. & le 
vers 242. du C troifième de l'Art poëtique, | 

Vers 64 Montre.] La Montre, petit Ouvrage mêlé de 
Vers & de Profe, par le Sr. de Bonrconse, de Marfeil- 
le, qui a éxercé la Charge de Conful de La Nation Fran- 
çoife au Grand-Caire. Il envoïa cet Ouvrage à Mr. de Scu- 
deri qui le fit imprimer à Paris en 1666. Quelques années 
après, Mt. Despréaux plaça {a Montre parmi les Livres qui 

erv 


ent au combat des Chahoiïnes dans le cinquième Chant 
du Lutrin: | | 


L'un tient PEdit d’amenr, l'autre en faifit La Montres. 
Bonccorfe étant à Paris, lui en fit parler par BenNren *, 
mais Mr, Defpréaux ne Jui aiant pas fait une réponfe fais 
faifante, Bonecorfe pour s’en vanger compofa Île Lerriger, 
qui eft un Poëme fatirique contre notre Auteur. Il fut m- 

imé-à Marfeille; & Bonecorfe en envoiïa le er Ex- 
emplaire à Mr. de Vivonne. C’eft l'extrait d’une Lette 
que Mr. Bonecorle m’écrivit de Marleille le r9. de Février, 
1700. Je la communiquai à Mr. Despréaux qui me ft la 
réponfe fuivante. ,, Je n’ai aucun mal talent contre Mr. 
»» de Bonecarfe du bedu Poëme qu’il a imaginé contremoi 
» 11 femble qu’il aît pris à tâche dans ce Poëme d’æts- 
s Quer tous les traits les plus vifs de mes Ouvrages; & le 





# Dent il ef} fait mention fur le Vers 33. de PEpitre F 


EPITRE IX 389 
man cœur toujours conduffant mon esprit, | 


Ne dit rien aux Ledteurs, qu’à foi 
urs, - il n'ait dit: 
Ma peniée au praus juus a à foi-métne il n'ait dit, 


Ex une 


, . suut s'oi Le S: 
Et mon Vers, bien ou un, fre & s'expofe: 


chofe.  . se 7 *-Aianre quelque 
C'eft par À quelquefois que ma Rime furprend. 
C'eft-là ce que n’ont point Jonas ni Childebrand; 
Ni tous ces vains amas de frivoles fornettes, 
Montre, Miroir d'Amours, Amitiez, Amourettes; 
REMARQUES … . . 
M: Pisifaut de l'affaire eft, que fans montrer en quoi ecè 


? 


* 


«s 


n traits pèchent , il fe figure qu’il füuffit de les raporter, 


n Pour en dégoûter les hommes. 11 m’accufe fur tout d’a- 
n” Voir, dans le-Lutrin, éxageré en grans moss de petites 
#» Chofes pour les rendre ridicules ; &.il fait lui-même, 
>» Pour me rendre ridicule, là chofe dont ik m'accufe - HN 
>éine voit pas que, par une conféquence infailibte, ff le 
» Lutrin eît une impertinente imagination, le Latriger eft 
>» Cncore plus imperi puisque. centeft que la même 
» Cchofe plus mal éxécutée. Du reffe, on ne fauroit m’éle- 
%.-vex plus haut qu’il fait, puisqu'il me donne‘pour frivans 
n» & pour admirateurs paflionnez, .les deux plus beaux:esr 


» prits de notre fiècle: je veux dire Mr. Racine &s Mrs 


=» Chapelle. Il n’a pas trop bien profité de la leture. de 
» ma première Préface  & de l'avis que.jÿ’y donne aux 
» Auteurs attaquez dans mon Livre, d’attendre pour écri- 
#» rè.contre moi, que leur colère -foit pañlée: : S'il avoit 
» laillé pañler la fienine , il auroit vû que,-traiter de haut 
» €n.bas un Auteur approuvé dy Pubiie, c’eft triiter de 
» haut: en bas le Publié même; &e que mametrre à cal$- 
n fourchôn für un Lutrin, c’eft y mettre tour ce qu’il £ a 
# de gens fenfez, & Mr. Broflette lui-même, Qui me fair 
» l'honneur meas effe aliquid putare nugas, :]e he me foié- 
» Viens point d’avoir jamais parlé de Mr. de Bonecorfe à 
»n Mr. Bernier, & je ne connoiflois point le rom de Bohe- 
» Corfe quand j’ai parlé de /# Montre, dans l'Epiître z Ma 
». de Scignelai Je puis dire même que jg ne cannoiflois 

h R 3 >» POlnE 


35e EPITRE"IX 
65 Dont le titre fouvent eft l'unique foûtien , 


Et qui parlant beaucoup ne difent jamais rien- 


es vapeurs de ma Mae, :: 
Muis peut-être aire —s SEIGNELAI, je m'abuie, 


Moi-méme Rs'Eitter. Il n'eft Esprit fi droit 
70 Qui né foit impofteur, & faux par quelque endipit. 
Sans ceffe on prend le masque, & quittant la Natsre, 
On craint de fe montrer fous fa propre figure. 
Par là le plus fihcère affez fouvent déplaîr. 
Rarement un Esprit ofe être ce qu'ileft. . 
75 Vois-tu cet Inspéktuh que tout'le monde évite; 
Ccthomme à, toujours fuir, qui jamais. ne-vousqaitieà 
ZI n'eft pas fans esprit: mafs né tiifé & pelant, 
A] veut être folitre, évapoté; pe To 


Le 





| déni nier rer L 
« lui 23.1 oi DA. (EC RTE due ef LR 

a Ù N DL Le Jai 24ifi SUD. 19h: Lit lle ae. 
£: à 950 Si QP- ailk. Sie or. 
Dee JR RM Lo ar ge Fu &5). N: NOTE | 


3 point. he Dfuste D'UXMoNP Fe Frbis LCétohihé enbre: 
» :vVéé cliez cbéa y & doër'ie titré A VORE PEL the fe 
# vole, auf bien que ects de taat: Pauéres Où: 
s» galanterie moderne, dont je ne lis jäniais que le 
w» Mier feuillet. Mais void affez pariet de Mr: de Bne 
». conf: venoss à Mr. -Bouifknt!: qui ef; à mon eus, de 
» ee uen que Paie sv, Su à & 


>. Jbid, = Mine à? Abers ro > hbb 
f fi 


ne: D 
Déérbir à Déahrez 5 Lair Fa Eee 
Amie, Hbblftti : “Li Odmié de RE ht Li 
font intitulées: Heiriez, cÂmours, LAhotir dires. 
1a note fur le vets 180, de Ja Satire LI... 
VERS 75. Vois cet Emiporthn Rèc.] Ce fo rait À été Fa 
£ir un horame fort obseur, dont l’Auteux a port le nm. 
_Jurr. Vess 34. Suit dur air innvsens begaïer fa pare) 


é 






* 


Ê PIiTRE 1XÀ 39T 
_Etne déplaît enfin que pour vouloir trop plairé, 
La Simplicité plaît fans étude .& fans art. 
Tout charme en un Enfant, -dotit là jangrié fans à éd, 
A peine du”flet encor débérrafiée, 
 Sait d’un' di ipadcent bégater fa pénfée. 

: Le Faux eft toujours fe ; entinyeux, fanguiffant : 
Mais la-Nature eft vraie, & &abord on lafent, 
C'eft Elle foule en tout qu'on admire, 8e qu'on tue: 
Un Espoit né chagrin plaît par fon chagrin miêthe. 
Chacan pris dans fon air eft agréable enfoi. | 

» Ce n'eft que l'air d'autrui qui peût déplaîre en mot: 

Ce Marquis étoit né doux, commode, agréablé, 
On vantoit en tous lieux fon {gnorance 2imable, 
Mais depuis quelques mois devenu grand Doûteur, : 
Al a pris un faux dir, ne fore hauteur. ti 3 


REMARQUES 


Pere, Satire L 35e 
— Tenere fupplantat verbs paigie: 


Nes 88 Un esprit në chagrin plait par [on chagrin CAS | 

#5 ie Duc de Monrausisa. JH ne laiffoit pas d’avoir 
beaucoup d'amis, & d’être fort eftimé, à caufe de fa pro- 
bité & de fa vestu.: Le ET Mifänthrope de Mo- 
liere, tout Mifanthrope qu’il nc laifle pas de plaire 
aff, 5 de faire aimer, pésec «ft HoneËte hromine, 
Eda fair mème que Pan 2'Eftere us ‘Soruine;: dads 
faa:icatincns , & dans ja niheuseufé:condrdffé qu'il a pou 
4e coquette. 
Vers 91. Ce Marquis &c.] M. L.C.DÆ AE avoit aue 
trefois une ignorance fort aimable, & difoit agréablemens 
des incongruités ; mais il perdit ia moitié de fon mérite, 
dès qu’il voulut être favant, & fe piquez d'avoir ds l’es- 
prit, 





kB «4 Ve 


‘392 EPITRE IX 
95 Il ne veut plus parler. que de rime & de profe. . 
Des Auteurs décriez il prend en main la çaufe. 
Il rit du mauvais goût de tant d'Hommes divers, 
Et va voir l'Opera feulement pour les Vers.. … 
Voulant fe redrefler, foi-même on s'eftropie, 
300 Et d’un original on fait une copie. 
 L'Ignorance vaut mieux qu'un Savoir fem, 
Rien n'eft beau. je reviens, que par la Vérité. 
Cet par elle qu'on plaît, ê& qu'on peut long-tems 
plaire. 
L'esprit laffe aifément , fi le cœur nef fincere. 
305 En vain, par fa grimace, un Bouffon odieux 
A table nous fait rire, & divertit nos yeux. 
Ses bons mots ont befoin de farine & de plâtre, 
Prenez-le tête-à-tête, Gtez-lui fon Théâtre, 
Ce n’eft plus qu'un cœur bas, un Coquin ténébreux. 
x1o Son vifage effuié n'a plus riep que d’affreux. 
F'aime un Esprit aifé qui fe montre, qui s'ouvre, 
Et qui plaît d'autant plus, que plus il fe découvre, 
Maïs la feule Vertu u peut fouffir Ja clarté, Le 
REMARQU ES. 


Vers mo. L Normand même alors ignoreit là parjure.] Ÿe 
dute ds loin, difoit l’Auteur: Cétoit deux cons ans auant le Dé- 
ze. . Ce n’eft pas d’aujourd’hui que l’on reproche aux 
Normauds leur pe de fincérité : témoin le Romaes de La Re” 
&s, fol. 25. de l'édition de 1531. 


Mais bouche que Dieu maudie, 
* Eu fouléoyers de Normandie, 





ÊÉ PITRE 1X: 
Le Vice teujours fombre aime l'obscurité: 
{ÿ Pour paroître au grand jour , il faut qu'il fe dépit 
C'eft lui qui de nos mœurs à banni la franchife. 
Jadis l'Homme vivoit au travail ocçqupés: … - 
Et ne trompant jamais, n'étoit janraïs trompé. … 
On ne conniffoit point la-Rufe & l'Impoñure … - : 

© Le Normand même alors ignoroit loparjure.… + 
Aucun Rhéteur encore, arrangeant le discours, 
N'avoit d'un Aït menteur enfrigné les détours 
Mais fi-tôt qu'aux Humäins, faciles à féduires 
L’Abondance eut dènrié:l& loifir dé Maure, : 

ç La Molleffe amena la fauffe Vanités © © € 
Chacun chercha, pour plaire, un vise émpruté 
Pour éblouir les yeux, lx Fortune aogARS . 
Affedta d'étaler une pompe infolenté: ” CUS 
. L'Or éclata par tout fur les riches häbitss © :! N - 

> On polit l'Eméraudé; on taillé KE Rübiss 7!" 1 
Et la Laine & là Soie en’ cent none 2 
Appriert à LS jours couleur riturele Ti 


L3 , se 
22 E+ 


LV 


A] 


R tEMARQUE Ca 
Kes Romains faiient in pareil pioche dx Grecs  , 
QU rs = Gniéis noBlérs jurare Pérasis “ HT TT 


” # 
s tout + ut ion 


Por cpu diem. Juvénal Sat. VI 16 
‘tam, Vers Fa Es La Laine & a Soie ke] Laiçaiots 
de "Virgile, Eclogye WW. 42. 
Mec varies discet mentiri lana cohorte . Le Ga se 
«7 L # Va Là 


< 


294 EPITRE 1X 
La trop courte Bexuté monta fur des patins. 
La Coquette tendit fes lacs toub Tes mratinss - : "  !:: 


#35 Et mettant ke cértfé & fe:pltte envies, -! : 


Compofña de fa inain:RY BUS de for mime: !: : 1 ‘| 
L'ardeur de s'éhriéhif ch la Bimnei fois: 27" 27 7" 
Le Conitifan:f'enttlus de ire à loi: 
“Tout ne-fut ph qe fab < guest x ae dm 
pere: » dus Lis 
#40 On vit par sou signer Le he fo Fiarteries 
Le Pargañe fur enr par are 
Diffima Je papien par fes propos pentes : 
De à vint cet amas d'Onvrages me ecemaits…  « 
Stansess. Os, Sonners,. Epires liminaires, _ 
145 Où toujours le Heros-padepour fans pareil, © | 
Et, fût-il louche &:borgne.. fipéputé Soleil, ;: ; _n 
Ne crois pas-toutgfois,; fur: ce-difcours ps … 
Que d'un frivole'emcens maliguement Ayare, 
Y'en veuille-Guni paifop fuftrer-tout l'Univers. . 
#50 La louange agréable c& l'ame des beaux Ven. | 
Mais je tiens, comme toi, qu'il faut qu'elle foit vraie; 
Et 


TEUCE 62 


e—  =- LS DS b. Le ct si 


. -R À EM MAR LE. Sr: TH 


Vans 146. Er,fnr- Jencée, tes pére Sur] 
de SERVIEN Sur-Inten te aût SE Rue n'avoit < 
œil; & onne laiffoit-püs 46 de: de Sin gr 
gpire dé dédicatoires, &c les autres er oges qu’on lui adref- 
Poëte a eu particulièrement en°v0Ë ot. endroit 
de P'Eglogue intitulée Crifine , que l 
la Reine de Suéde, ch:1659e.V@R8 Ale sua 2 + 


LOArTT t JL Le 


E Pt TRE IX . 
Et que fon tour adroit n'aït rien qui nous frais 
Alors, comme jai dit, ta la fais écoutér,, | 
Et fans crainte à tes yeux on poutroit 'éxalter. ._, 
55 Mais fans t'âller chercher dei vertus dans les nuës,, 
Il faudroit peindre-en tei des vétitez-cannuësr 
Décrire ton Esprit ami-de la Raïfon, 
* Ton ardeur pour ton Roi puifée en ta Maïfüirs 
À fervir fes deffeins ta vigilance heureule ; 
Jo T'a probité fincère ; utile, officieuæ 1 : : 
Tel, qui hait à fe voir peint en .de faux portraits, 
Sans chagrin voit tracer fes véritables traits, 
 €ondé même, Condé, ce Heros formidibie.. | 
Et pou ji moins qu'aux Famans aux Fiatèurs redouk 


Cr 
$5 Ne s’'offenferoit pas ff quelque adtoit Pinces . 

Traçoit de fes Explois de fidelle Tabiera: 

Et dans Seneff en feu-contemplant fa peintres, 

Ne défavotroit pas Malherbe ni Voiture. 

Mais, malheur au Poëte infpide, odicux, 
70-Qui vicadroit le glacer d'un éloge ennuieux.. æ 
REMARQUES 

Le Grand, Pillufire Abel, cé Esprit fans pareil, 
_Plus clair, plus:pénétrans que les traits du Soleil 
Vans 167. Er à dans Semef. en feu.] La Bataille de Senefft 
en Flandre gagn pari e Prince de Condé, le 11: d’Aoûk,. 
x674. Contre 


ans , les Espagnols, & les Hollan- 
dois, au nombre de plus de foixante mille hommes cons 
a par le Prinçc d'Oran gs 


Vsxg 


396 EPITRE IX 

À auroit beau crier: Premier Prince du Monde, 
Courage fans pareil, Lumière [ans feconde : 

Ses Vers jettez d'abord, fans tourner le feuillet, 
Lroient dans l’anticliambre amufer Pacolet, 


REMARQUES. # 


VERS 171. = Premier Prince du monde, &cc.] Com- | 
du gorment du Poëme de Charlemagne adreflé au Prince. 
ndé, | ; | 


.… Premier Prince di [ang du plus-grand Roi du Monde, 
 Crorage fans pareil. Laamière. fans feconds :. 
Et dom PEsptit égal en diverfe Saifens 
Sait tréompher de tout, 6" cède à la Raifen. Be. 


Louis cz basowunraun, Tréforier de France, & Bailli 
du Duché de Montmorenci, Auteur de ce Poëme, le 
blia en 1664. Dans l'édition de 1666. il changea ainf le 
cond vers: — a 
Prince d'une valeur en vilbire féconde. - 

La même année 1665. il parut un autre Poëme de Chure- 
magne, par Mr. CourTiw, Profeffleur en Khétorique. 

Vans dernier. mm #%#94/r Pacolst. ] Fameux Valet 
de pié du Grand Prince de Condé. Quand Mr. le Labou- 
reur eut prefenté à ce Prince fon Poëme de Charlemagne, 
il en lût quelque choft; après-quoi il donna le Livre à Pa- 
eelct, à qui il renvoioit Ordinaisement tous les Livres. qui 
d'étauioient. 


PRE: 


LE. 
pa 


| | T 
: p 391 
PRÉFACE, 
| Sur les trois Epiîtres fuivantes. \u, 
RUE ve [as fi les trois souvelles Epitres 
y que je donne ic3 an Pablic, aurour 
WE beaucoup d'Approbateurs : mais je. 
KA Jai bien que mes Cenfeurs y trouve 
"7 — ront abondemment dequoi exercer 
leur critique. Car tout y ef} extrèmement bazer- 
dé... Dans le premier de ces trois Ouvrages, [ous 
prétexte de Hire le procès à mes derniers Vers. 
Je fass moi-même mon éloge, ËS r'oublie rien.de 
6e qui peut être dit à mon avantage. Dans le fe 
cond je m'entretieus avec mon ardinier de chefes 
vrés-balfes, ÊS très-petites; 9 dans le troifième 
je décide hautement du plus grand ES. du plus im 
portant posut de la Religion, je veux dire de PA 
monr de Dieu. F'ouvre donc un beau champ a:6es 
Cenfeurs, pour attaquer en moi, &9 le Poëte or2 
ueillenx, ÉD le Villageois greffier, &S le. Théo. 
ien témeraire. Quelque fortes poarrans se 
foient leurs attaques, je doute qu'elles ébranlens 
la ferme réfolut:ion que j'ai prife il } a long-teus , 
de ne rien répondre. au moins fur le ton férieux, 
a tout ce qu'ils écriront contre mois. . ou, 
. A quoi bon eneffet perdreinutilement du papier? 
“ S5 mes Epitres font manvaies, tout ce que je 





._ REMARQUES. 
Y. S5 mes Epitres fent mauvaifes.] Joan. Own, Epigr 
ad Le&torem, pag. M. 122 ©: . Le 
Nofira pasrocininss non poscunt cATMIÈA Square r 
Si bons font, bons Junt : fi mais Sent, male Jint, 


398 PRE FACE. 
dirai j*e les fera pas rever doses: ÊŸ $ elles 
font bentes, tant ce qu’ils ferom ne,les fera 
éro#ver mauvaifes. Palle A un are 
qu'on paille corforepres M3.qui je règhe par les 
Palions d'autrui. ‘Tout ce bruit, tous ces Ecrits 
qu (fe ferst ordivaireineut contre des Ouvraeres 

OM COUT! » me Jervert qu'à y faire ne pu 
courir, (J 4er BieM ChAr QUE Le mépise. eu. 
de l'efence d'uu bon Livre d'avoir des Crmfi 
és le plus. gravée disgracs qe pre. spa 28 
Ecru qu'ox inct au. jour, ce nef pas que been 
asp gene eA difeut du mal, c'eft que. Peso 
peu dife rien. ue. 

. Re me xer der ai dans es à érvurr. sara 
go aitaque mes trois. Epitres... Ce qu'il y.a da 
acrtaie ,c’eft que je les.si fart travaillées, | prie 
etpélemeus celle de l'Amour de Diex, que j'ai ren 
sb plus mr où J'aTONE que j'ai sim 
pe mn sant. avoir d'esprit ÉS. de 

put lei d'abrrd ue. es domuer 
me fonde à les, deux awires: me parviQon “2 
ft. , Pour. dire préfentées as. gr 


prefios Ouvrez YA 
de Pen a je comen pes 
pro a gtue dem Le où il m'étoit pes 


safiqné me de ver vertweux.s qu'asnf ant liées avec. 
em dois de lus unirc, elles pourrotest 
DE mne.diverfité agréble ; Ês que d'ail: 
deurs beaucoup d’honnêtes gens Jonbaitant de les 
auoir r omtes HPoïS CHERE je Me ponucss pas avec 
nt deu 
R E M À R au E & 

U ajoûte dans nue autre Epigramme ; 
Nemepeteff vrrfus (nec tanta prientia Raw) 
£ Véferion males vel jegére 77e | te 
af 


PRÉF À CE. 30% 
bienféanre me dispenfer de leur donner une fi légè: 
re fatisfoition.… ke me [ais rendu à ce fentiment,, 
Eo-on Ls-trouvera raffemblées ici dans un mémè 
cabier: Crpendant comme il y à des Gens de pie: . 
té ;yai pexssétre me fà foncieront gneres de birè-tes 
entretiens, que je puis &boi avec: mon ‘Fardinier 
Es avet'mes Vers, 11 ft bon de'les avertir qu'il y 
a# ordre de leur difiribuér à part la dernière, [a< 
voir selle qui traite de l'Amour de Den; ts que 
mon fenlement je me tronverai pas étrange qu'ils 
ne lifent que céboclè; mis que je me fens quel: 

mefots mobhéme eù, ès dilpofirions d'esprit, où 
je vomdroit dv'kow cœur »’avoir de ma vie compo: 
Fqme.cr fenl Qwvrage ; qi eraifemblablement fe: 
ra ka dernière Pièce dé Poife qu'on aura dè moi: 
mon génie pour les Vers commençant à s’épuifer ,Èg 
mes Enphois bifiors és re melarffantguères letems 
de m'avpliguer à chercher {® à ramaller des rimes: | 
«Wilà ch que j'avois Adireanx Lecteurs: Néan- 
atoins avant que de finir cetté Préface il ne 
fers pas hors de prèpos, ce mie fèmible, de raffñrer 
des péfonnes-Simides ; qui Wagant pas ne fort 
grade idle de ma capacité en matière de Théolo- 
gie, donteront peut-être que tout ce &: J'avance. 
en mon Epitre fon fort infaillible: CS appreben- 
deront, qu’en voulant les conduire, je me les éga= 
re. fin den: qu'elles natchent ffremènt, je leur 
dirai, vanité a part que j'ai 8 Dixhenrs 055 cet= 
fe Efitre à hf fvrt gréng Bombre de Docteurs de: 
Serhoye,. dé Prres de FOratoire Ëg de * Féfnites 
Jl roue" re CEE pe … 1 Pr “vs 
LU Toro REA M d R QUE CORRE 
TRS are dos famees Prédieel, 
r dé Rôti Xe P. GariLino, fameux P dr» 
Rues no VO SALE June Le ie 
Si Plat nd ane a EE 


400 PRÉFACE 
très-célèbres, qui tous y out applaudi, ES em ont 
trouvé la doctrine très-faine eo très-pure, Que 
beaucoup de Prélats iuftres, à qui je Pai récs 
de, en ont jugé comme eux. Que 3 Moufeigueur 
* l'Evèque d Meaux | c'eft:a-àire une des plus 
randes Lumieres., qui ayent éclairé PEglife dass 
Les derniers Siècles, à e% loug-tems mom Onvrage 
entre les mains; ES qu'après lavoir 1& ES relk 
plufieurs fois, il m'a mon feulement donsé [on ap- 
probation , mais a troxué bon que je pure ‘ 
tout le monde qu'il me le douyoit. . Enfin, que 
pour mettre le comble a 144 gloire, * ce [aint Ar- 
chevéque, dans le Diocèfe duquel j'ai le bonbeur 
de me trouver, ce grand Prélat, dis-je, aff 
éminent en. doétrine ES en vertus, qu’en dignité 
és en naïilance, que le plus grand Ko de PUÜni- 
vers, par un chosx Mhlemess sufpiré du Ciel, « 
donné à la Ville Capitale de fon Rosaume, pour 
affñrer lInnocence, &S pour détruire l'Errexr; 
. Moufeigneur l'Archevéque de Paris, en nn mt, 
a bien daigné auffi examiner foignenfement mo 
Epitre,, Êg a eh même la bonté de me donner Jun 


- REMARQUES 
à Mn PEvuéque de Moaux.] Ja QU Es BENIONT Eos 
SUET. Le Vue dat EAU 
4 Ce faint Archevèque.] Labis ANTOINE DE N'OkIL- 
Lrs, Archevédue de Paris, enfuit Cardisal. ‘© 
: $ Dont jé fais éjalnhem ravi 6 confus: 3 Din la premiere 
édition de cette Préface, qui parut en 1696. l’Auteur ls 
finifloit par ce petit Article, qu’il fupprima dans l'édition 
fuivante, & queje sapèrte ici pons ac rien dérobes à l& 
Fo Te ec ce que nous quon dde Ur, 
> Je croïois n’avoir plus'rien à di Leone Mais - 
5 dans le tems même que cette Préface écoit fous prefe, : 
» On m'a aporté-unc ni ble Eplie ça Ycus,. que et 
« . . »>»- 


* A 
* CR - 


P R EF A CE. 401 
plus d'un endroit des. confeils que j'ai fuivss; ES 
m'a enfin ascordé auff} fon approbation avec des 
éloges $ dont je fuis également ravi &S confus. _ 

Au refle, comme sl y a des Gens qui ont pu- 
blié ,\que mon Epiître n’étoit qu'une vaine déclama- 
tiom | qui n'attaquoit rien de réel, ni qu'ansms 
Homme eut jamais avancé, je veux bien pur 


ni] 


d'interét de Es Vérité, mire ict la Propoñition. 


que j'y combats, dans la Langue, 5 dans les 
termes qu’on la foñtient en plus d’une Ecole, La 
voici: Âttritio ex gehennæ metu füufhcit, etiam 


fine ulla Dei dileétione, & fine ullo ad Deum . 
offenfum respeëtu; quia talis honefta & fuper- 


naturalis eft. C’ef cette Propofition que j'atta- 
que, € que je foñtiens PA ’ sbomgable € 
plus contraire 4 la vraie Religion, que de Luthe- 
ranisme ni le Calvinisme. Cependant je ne crot 
pas qu'on puifle nier qu'on ne l'ait encore foñtenuë, 
depuis peu, ES qu'on ne l'ait même inferée T dans 
quelques Catéchismes en des mots fort approchans 
des termes Latins, que je viens de rapporter. ; 


REMARQUES. 


n que Impertinent a fait imprimer, & qu’on veut fairé 
» Pañler pour mon Ouvrage fur Amour de: Dieu. ” Je füis 
» donc obligé d’ajoûter cet article, afin d’avertir le Pu- 
» blic, que je n’ai fait d’Epitre fur Amour de Dieu, que 
» Celle qu'on trouvera ici: l’autre étant une Pièce €; 
ss & incomplète ,‘sompofée de quelques vers qu’on m’à 
n dérobez, & de plufieurs qu’on m’a ridiculement prêtez, 
n» auf bien que les notes temeraires qui y font...  ‘” 
6 An refle, &c.] L’Autenr ajoûta cet article dans lédi- 
tion de 1701. COUR TE nn 
7 Dans quelques Catéchismes,] Voïez 1€ Catéchisme de Mr. 
Jozr, & quelques autres. | 


: 


EPITRE 


402 : À L 
E PIT RE X. 
- A MES VERS. 


A ï- bèau vous arrêter » ma temontrance a: vaine, 


Allez, partez, mes Vers, dernier fruit de m 
veine; 


C'eft trop languir chez moi dans un. obfcar féjour. 
La prifon vous déplaît, vous cherchez le grand jour; 
5 Et déja chez Barbin, ambitieux Libelles, 
Vous brülez d'étaler vos feuilles criminelles, 
| | Vains 
REMARQUES, 
A siant été nomme par leR 1677: écri- 
| L se fon Hifoire, femblott avoir atitremnee Fenoncé à 


la Poëñe. Néanmoins, feize années après, il com of fe 
| Ode für ia fe de : Namur: en 1693. Pantée 


ut pour leur SE il ET cette E ps Eue à ef 


e. cr dl safe ke & 14 compañfion des 
Fa otxe Auteur avoit qne pré bio: pour 

te ièce, Be, il l'appeloit rte ee 
w 45. commeécnment de l’année 595: 6c l’'aiée 
&a CE prile d’une Dane Rpltie d'pEES» qui ef larvingditine dé 
peser Livre. | | ro 

CTMIT, Vers !. fai beas voi arrêter, &c.] Horacé nd 
monce ain PEpitse qu'on vient dé citer, 


Vertumnum, Janumque, Liber, [beare videris : 
Scilicet nt profes. Sociorum pumice mindus. 
T ; | Ô- 


ms 4 1 À K ‘E X: 403 
Vains & foibles Enfans dans ma vieilleff nez, . . 
Vous croïiez fur les pas de vos heurcux Aînez, 
Voir bien-46t vos.bani mots, paffänt da Pen ai 
Princes. _ 
> Charmer également Ja Ville Be Jes Provinces; ii. 
Et par le promt effet d' nn. fel réjouiïffant, : Lu di) 
Devenir quelquefois Proverbes en naiffant. 
Mais perdez cette erreur, dont l'appas vous amorce. 
Le terns p'eft plus,mes Vers, où ma Mufe en fa force, 
5 Du Pamañe. François formant Les Nouniflons, 
Def riches coujenes habilloit fes Eos | à 
2 oi: _—_. Quand 


REMARQUES 


Où eleves, 7 guins figilla pudice.: 
Se Paucis offends semis, © cemmunia landas. EC. 
Vrns s. Ædéa hf: Bébin 8e Éibraire de Paris. 
Vans 12. Devenir quelquefois Proverbes en naif[ant.] 11 y & 
dei éxpreffoùs heurouées qui renferment un us grand fens : d- 
peu de paroles: elles font ordinairement adoptées par 
Public, êc deviennent bién-tôé Proterbes. Tels font la Pod 


part des vers de notre Auteur. 
Sapelis 100 Chat om Chst , de. Sat: 1 2. 
La Raifon dit Virgile, 67 la Rime Quinaut, Sat. IL 20. 
Des Sosifes d'autrui nous vivins nu Palais. Ep. LE s5 
=" Un Sos tronve tebjonrs nn plus Sos s qui Padmire, Axt oût, 
Le + Rant L vess dernier..." .: 


2 Un: Far quelquefois -owvre sé ‘dvie Inperiakt: Âré robe: 
dé Chant IV. $ D 


Vaxs 16. De fi riches enleurs babilloit L Lens. L’ 
Poêrtique. . À: ‘4m 


-. ® 


Vus 


À LT 






44 EPITRE %X 
Quand mon Esprit pouffé d’un courroux légitime, 
Vint devant la Raïfon plaider contre la Rime; 
A tont le Genre Humain fat faire le procès, - 
20 Ets'attaqua foi-même avec tant de fuccès. 
Alors il i'étoit point de Leéteur fi fauvage, 
Qui ne fe déridât en Kfant mon Ouvrage; 
Et qui, pour s'égaïer, fouvent dans fes Discours, 
D'un mot pris en mes Vers n'empruntât le fecours. 
25. Mais aujourd’hui, qu'enfin la Vicilleffe venuë, 
Sous mes faux cheveux blonds déja toute chenué, 
A jetté fur ma tête, avec fes doigts pefans, 
‘Onze luftres complets, furchargez de trois ans, 
Ceflez de préfamer dans vos folles penfées, 
30 Mes Vers, de voir en foule à vas rimes glacées 


* 


REMARQUES. .. 
Vans 18. Vint devant Le Raifen plaider cmtre. la Rime »] ss 


tire deuxième. Li | 

VERS 19. A tout le Genre Humaïn. fut faire Le procès. ] Sas 
tire huitième, . . | 

VERs 20. Et s'attaque foi-mime &ic.] Satire neuvième. 

Vans 25. Mais aujourd’hui qu'enfin &c0.] Le jugesiént de 
PAuteur fur ce vers & les trois fuivans, eft contenu dans 
une Lettre qu’il écrivit à Mr. de MAUCRO1IX, 4H MOIS 
d’Août 1695. Elle eft inferée ci-après, Tom, UL 

VERS 28. Onze luffres complets fircharger. de trois «ns. ] 
Cinquante-huit ans. , | 

IM1T. Vers 32. Nes beaux jours [ont fints, nes-henneurs font 
pallez. ] Ce vers reflemble un peu à celui-ci de l’Epitæ cin- 
quième : ° - | 
Ainfi que mes beaux jours, mes ins font pallez. 


Et à, ce autre de Racine, dans Mithridate , Ac I 
e V. | 
Mu 


A " 
en 


e- 
. 


EPITRE x 405 
Courir, l'argent en main, les Leéteurs empteffez. 
Nos beaux jours font finis, nos honneurs font pañez. 
Dans peu vous akez voir vos froides rêveries : 
Exciter du Public les juftes moqueries ; 
Et leur Auteur, jadis à Regnier préferé,  * 
A Pinchêne, à Liniere, à Perrin comparé, 

Vous aurez beau crier : O Vicilleff@ ennemie ! | 

N'a-t-il donc tant vlc que pour cette infamie? 

Vous n'entendrez par tout qu'injurieux brocards 
») Et fur vous & fur lui fondre de toutes parts. 

Que veut-il, dira-t-on > Quelle fougue indiscrette 
Ramene fur les rangs encor ce vain Athlète? | 
Quels pitoïables Vers! Quel ftile languiffant! 
Malheureux, laiffe en paix ton cheval vieilliflant, 

De 
REMARQUES. 
Mes ans fe font accrus : mes honneurs font détrusss, 
Cuanc. Vers 34 Exciter du Public les juffes moqueries. ] 
L’Auteur avoit mis dans routes les édtions: Da Public ex- 
ester, Gtc. mais je lui propofai œ Changement, & il Pa 
approuvé. : : | 
CHaAnc. Vers 36. LA Pinchène, & Liniere, & Perrin com- 
paré.] Dans la première compoftion il:y avoit: L4 Sanlec- 
que, 4 Renard, a Bellocq comparé, Ces troïs Poëtes ont com- 
fé des Satires, & ils avoient écrit contre la Satire X, 
e notre Auteur ; mais il ne voulut pas faire imprimer leurs 
noms, & il mit ces trois autres Poëtes qui n’étoient plus 
vivans. RENARD s’étoit réconcilié avec lui, & B£er- 
LocqQ lui avoit fait faire des excufes, 
IMIiT.. Vers 37. O Vieilleffe ennemie: &c.] Vers 
du Cid, A@e 1. Sc. IV. , | à 
VERS 41. Que veut-il, dira-t-on? Bec. ] Ce font les pro- 
pres termes des Cenfeurs de notre Poëte.. 
VERS 44, Malheurenx, lailfe sn paix &c.] C'eft la fre 
ue 





406 EPITRE:Xx. 

45 De peur que tout à coup cfflanqué, fans saines 
Il ne laiffe, -en tombant, fon Maître fur l'arene. 
Ainfi s’expliqueront nos Cenfeurs fowçilleux 3 
Et bien-tôt vous verrez mille Auteurs pointilleux 
Pièce à pièce épluchant vos fons & vos paroles, 

$0 Interdire chez vous l'entrée aux Hyperholes; 
Traiter tout noble mot de-tesme hazardeux,. . 
Et dans tous vos-Discows, comme monftres hideus, 
Huer la Méaphor fe Mons L . 

(Grars 
REMARQUE Se 

du&tion de ces deux vers d'Hprace L. LÉe. L s. . 


Solve fmercentem matur} fargs aqua ne es 
 Peccet «À etre ridendus, € ilia ducat. 


Pradon avoit fait l’applicatian de ces deux-.vers à Mr. Des- 
preaux, & les avoit niis à 1x ft d’üne Cfitique intitulée 
Reponfe a la Satire X, du Sieur D..... °. Mais notre Auteur 
montre ici à Pradon comment il faut traduire Horäcé. 

Vxns 54 Grans mots que Pradon croit, des: termes di Chy- 
mic, ] Allufon à un faméus trait d’'igsoeance de pus 

ne favoit pas fair La différence dé la: Chren 

e la Géographie. Ce trait eft raporté ci-devant fr Er 
nier vers de Epitte VIL . h 

VExSs 55. mes Qu'un lit we pan être e rex} Perrin, 
Pradon, $& qaciquer nutfes., s'étaient ges cer 
cxpcefion, qui tisée du ver 345i de La Satted x" "0 


Se font des:misis entiers fur un. be Front 
Traiter Pyne vifible &w parfaite Santé LE à 


Rien n’eft- 2 plas côrhtan que'c&fte Figüré di la joie 
Horace, O € XXEVIL du Livre I. 6... . 


,——— ms Bi (67272 . CAT 


\ { 


- , eo" 
“À t- . 
.) CORRE * L ke 


EPITRE X. 469: 
Grans mots que Pradon croit des termies de Clymie:) * 
Vous foûtenir qu'un Lit ne peut être:effonté;. :  : 
Que nommer Ja Luxure eft une impurété, : 
En vais contre cé flot d'averfion pabliqué 
Vous tiendrez quelqut téms ferme fur la Boutique; ? 
Vous irez à.h fin, konteufgment exdas,. :. 
Trouver au Magarih Pyrathe, & Régulas, .: : 
Ou couvrir chez Thierri, d’une feuille encor neuve, 
Les Méditations de Buzée & d'Hayneuve; 

| | L | Puis, 
REMARQUES. 

Regina dementep rbinas- <= parabat. 


La Reine Clébpatre préparoit de folles ruines au Capitole; pottx 
dire, Le folle Reine préparoit &cc. Mr. le Prince de Eonti né 
blâmoit pas l’Epithète d’effronté, mais il trouvoit qu’elle 
préfentoît un autre fens, &.qu’elle difoit plus que PAuteur 
n’avoit voulu dire. Mr. Despréaux convenoit que c’étoit 
la feule bonne critique qui lui eût été faite fut cet endroit. 
VERS 56. Que nommer La Luxure eff une impureté.] Mr. 
Perrault fit la Critique de la Satire X. dans la Préface qu’il 
mit à {on _Apologie des Femmes, Cet Ecrivain blâmoit Mr. 
Despréaux d’avoir parlé des Héros à voix luxurienfe, & de 
la Morale Inbrique des Opera ; & condamnoit ces expref- 
frons , comme contraires à la pudeur. Mais notre Autéur 
fut pleinement jaftifié de cette accufation par Mr. Arriauld, 
dans une Lettre que ce célèbre Docteur écrivit à Mr. Pet- 
rault lui-même, & qui eft inférée ci-après au Tom. 11. 
VERS 60. “=. Pyreme é Régulus. ] Pièces de Théas 
tre de Pradôn. , 
Vxs 62. Les Méditations de Buzée & d'Hayneve.] Notté 
Auteur étant un jour dans la Boutique de Thierri fon Li 
braire, s’apperçgût qu’on avoit emploïé les Trigédres dé 
Pradon à envelopper les Méditatrons dé F. JuriËN HaAŸ- 
NEUVE, Jéfuite. Ee P. Buzzer, autre féfüuite , a fait 
aff dés Méditations autrefois eflimées, . … 


VERS 


408 EPITRE X. - 
Pais, en trifies lambeaux femez dans les Marcher, 
Souffrir tous les affronts au Jonas reprocher. 

6$ Mais quoi, de ces discours .bravant la vaine attaque, 
Déja comme les Vers de Cinna, d’Andromaque, 
Vous croyez à grans pas chez la Pofterité 
Courir, marquer au coin de l’Immortalité. 
_ Hébien, contenter donc l’orgueil qui vous enivre, 
70 Montrez-vous , j'y confens: mais, du moins , dans 
mon Livre 
Commencez par vous joindre à mes premiers Ecrits. 
C'eft là qu’à la faveur de vos Freres chéris, 
Peut-être enfin foufferts, comme Enfans de ma plume, 
Vous pourrez vous fauver, épars dans le Volume. 
75 Que fi mêmes un jour le Lecteur gracieux , 
Amorcé par mon nom, fur vous tourne les yeux; 
Pour m'en récorhpenfer, mes Vers, avec ufure, 


De votre Auteur alors faites-lui la peinture: . 
| Ê 


REMARQUES. 


. Vans. 64 Tous les affronts an Jonas reprocbez.) Je 
nas, Poëme héroïque, non vendu. ee le vers gr. dela 
Satire1X. ; , 
VERS 66. De Cinna, d’Andremaque.] Cinna, Trè- 
gédie de Corneille: .dndromaque, Tragedie de Racine. 
VERS 74. Vous pourrez vous fawver, épars dans le Volume. ] 
L’Auteur fe repentoir d’avoir publié la Satire X. en un vo- 
lume féparé, les Critiques la voïant ainf feule, l’avoient 
aquée avec plus de hardiefle, & cela lui fit prendre la 
réfolution de ne plus donner aucun Ouvrage qu’il ne Pin- 
ferûât en même tems dans le Volume de fes Oeuvres. 
VERS 81. Dépofez hardiment, &cc.] L’Auteur a fait met- 
tre ces vers au bas de fon Portrait, en les dispofant ainf: 
- Tu 








: | 
EPITRE X. 45 

Et, fur tout, prenez foin d'effacer bien les traits 

Dont tant de Peintres faux ont flétri mes portraits, 


le 

Ce Cenfeur qu’ils ont peint f noir & fi terrible, 

Fat un Esprit doux, fimple, ami de l'Equité, 

Qui cherchant dans fes Vers la feule Vérité, 

Fit, fans être malin, fes plus grandes malices, 

Et qu'enfin fa candeur feule a fait tous fes vices. 

Dites, que harcelé par les plus vils Rimeurs, 

Jamais, bleffant Jeurs Vers, il n'effleura leurs mœurs: 

Libre dans fes discours, mais pourtant toujours fages 
) Affez foible de corps, affez doux de vifage, | 

Ni petit, ni trop grand, très-peu voluptueux, 

Ami de la Vertu platôt que vertueux. 

_ Que fi quelcun, mes Vers, alors vous importune, 

Pour favoir mes parens, ma vie & ma fortune, 


Dépoer hardiment: qu'au fond cet Homme hors 
3 


Con- 
REMARQUES. 


© Ta peux voir dans ces traits ,qu’au fond cet Horemeherritle, . 


| € Cenfeur qw'en a cri fi noir G fi terrible, 
Fos un Esprit doux, fimple, ami de l'Equité, 
Qui cherchant dans fes vers Le fenle Vérité, 
F#, fans étre malin, fes plus grandes maliees : 
Et fe candeur fit tous fes vices. | 
A4 ERS 9e. Ami de la Verts plését que vertueux.] Ce verts 
au jugement de l’Auteur même, eft un des plus beaux, & 
des plus fenfez qu’il ait faits, 


Tom le s Vase 


À 


419. EFPITRE x. 
®5 Conter-lui, qu'allié d'affez hauts Magiftrats, 
Fils-d'un Pere Greffier, né d'Aïeux Avocats: 
Dès le berceau _perdarit une fort jeune Mere, 
Réduit, feïze ans après, à pleurer mon vieux Pere: 
J'allai d'un pas hardi, par moi-même guidé, 
100 Et de mon feul Genie en marchant fecondé, 
 Studieux amateur & de Perfe, & d'Horace, 
Affez près de Regmier m'afleoir fur le Parnafle. 
- Que par un coup du Sott au grand jour amené, 


RÉMARQUES. 


VERS 95. mms Allié de bauts M. frats.] Mrs, de 
BRAGELONNE; AMEtLoT Préfident à la Cour des Ai 
des; Giissrt Préfident aux Enquêtes, Gendre -de Mc 
Doncôrs; De Lionwne, Gräñd-A sntier dé Frañct; 

& plufieurs autres Maifons illuftres dans la Rôbe. 

VERS 96. Fils d'un Pere Crdier, &c.] Gies Bor 
Lœav, Grefficr du Cénfeil dela Gtand-Chambte, né le 
28. de Juin, 1584 

Ibid, sum Né d Aïeux Avocats.) Îl tire fon origine de 
Fran Borzrau, Notaire & Secretaire du Roi, qui ob- 

tint des Lettres de Noblefle pour lui & pour fa énité, 
au mois de Septembre 1371. Le Boiless fix un des quatre 
nommez pour éxercer fä thar Age près près. du A 5 s & 
Henx: BoiLEau fon Petit- eçè en 1408. Av0- 
éat du Roi en la méme Cour. Quelques ns de leurs Des- 
cendans ont été de télèbres Avocats. 

VExs 97: Des le LRercou perdant ne fort jeune Mors.] Ü 
n’avoit q onze mois quand ANNE D ENIELLE fa Mer 
mourut âgée dex3.'ans, en 1637. 

VERS 98..Réduir, feixe ans après, pleurer men vieux Pere] 
1] mont en 1657. ge de LE ’ 

ERS 102. LA s de ier m'affhir fur le Pernafs.] 
Cela eft bien mo Re 11 a parlé plus hardiment quandil 
x°a fait que rapporter les fentirtiens du Public : E$ loir Ar 
renr jadis à Regaier préféré. Vers 35. 

Vzrs 108. Craÿonnét } s béptoits. } 4 ft norsmné 
pour écrire l’Hiftoire du Roi avec Mi. Racine, a mais 








EPITRE X. at 
Et des bords du Permefle à la Cour entraîné, 
Je fâs, prenant l'eflor par des routes nouvelles, : 
Elever aflez haut mes Poëtiques aîless . | 
Que ce Roi, dont le nom fait trembler tant de Rois, 
Voulut bien que ma main craïonnât fes exploits: 
Que plus d'un Grand m'aima jusques à là tendrede, | 
Que ma vûë à Colkiett isfpiroit l'allégrefe: | 
Qu'aujourd'hui même encor de deux fens foibi, 
Retiré de la Cour, & non mis en oubli: 
| | Lo . Es 
REMARQUES, | 
Ogre ue Grni & ma … … | 
V&RSs 109. plus d'un. Qi 8e. ]. Madgme la Du- 
cheffe POrléars , première Femme de Monfieur. Le Grand 
Prince de Condé, & Mr. le Prince fon Fils. Mr. te Prin- 
ce de Conti. Mr. le Premier Préfident de Lamoignon; Mr, 
le Maréchal de Vivonne; & Mesdames de Montefpan & 
de Thiange, {es Sœurs : enfin toute la Qour, excepté Mr. 
le ‘Duc de Montauzier: Prater atrocem qgnimum .Catonis, . ÇQ 
Duc lui donna même fon amitié dans la fuite, : 
. Vaxs 110. Que ma vi à Colbert &c.] Mr. Calbert me- 
na un jour dans fa belle majfon de Seaux, Mr. Despréaux, 
& Mr. Racibe. H ésoit feul avec eux , prenant ün extrême 
phaif à les entendre; quand on vint lui dire que Mr. l’E- 
vêque de. ..... demandoit à le voir: Qwon lui falle 
voir tout, hormis moi. dit-Mx, Golbert.. .- 
VERS III. = “De deux Jens aïfoibli.) De la vûË, & 
de l’oyie, - 
- Vans 112, Retiré de la Cour, &c.] Il n’y alloit plus des 
pris l’année 1690. & il s’en étoit retiré pour jouir de 1 
iberté & du repos. Après la mort de Mr. Racine, il alle 
voir:le: Koï pour lui apprendre cette mort, & recevoir {eg 
ordres par raport à fon Hiftoire dont il fe trouvoit-feul 
chargé. : Sa “Majetté fe reçut avec bonté, & quand il voy- 
Jat fe retirer; le Roi en faifant voir fa montre qu’il tenoit 
par hazard à la main, lui dit obligeamiment : Sowvenez- 
mg "Ai toijpsri à vons donner sne Lure par Jemaine , qu4n8 
L 1 chdrét vehirs tt s L ‘ y | 
DE 2 ES 





#25 Allez jusqu'où l'Aufore en naïflant voit THy 


AZ EPITRE %x. 

Plus d'un Heros épris des fruits de mon étude, 

Vient quelquefois chez moi goûter la folitude, 
Mais des heureux regards de mon Aftre étonnant 

Marquez bien cet effet encor plus furprenant, 

Qui dans mon fouvenir aura toujours fa place: 

Que de tant d'Ecrivains de l'Ecole d’Ignace, 

Etant, comme je fuis, ami f déclaré, 


_ fo Ce Doëteur toutefois fi craint, fi réveré, 


Qui contre Eux de fa plume épuifa l'énergie, 
Arnauld, le grand Arnauld fit mon apologie, 

Sur mon tombeau futur, mes Vers, pour l'énoticer, 
Courez en lettres d'or dé ce pas vous placer. . . 





Chercher, pour l'y graver, le plus pécen Jape 
Surtout, à mes Rivaux fachez bien l’étaler,.… :.. : 
… Maïs je vous retiens trop. C'ef afez vous paie 
Déja, plein du beau fu qui pour vous kr 
porte, 


#39 Babin impatient de moi fape la porte. 


(REMARQUES LD 


Vans 113. Plus d'un Heroes &cc.] Mr. le Marquis de Ter 

mes, Mr. de Cavois, Mi., de Pontchartrain, Mr Ds 

eau, & plufeurs antrés ; mais particulierement Mr. k 

uc, & Mr. le Prince de Conti qui Phonoroient fouvent 
de leurs vifites à Auteuil. 

VERS 118. Que de tant d’Ecrivains de PEcele d'Iguacs. ] 
Les Pcres, RaApPin,; BOURDALOUE, Boumouns 
GAILLARD, THOULIER, &tc. 

! Vans 122. Le ‘grand son ile men apolotis. ] 
“ML Arnauid a fait une Diflertation où i] le 


1 = 0 ”… + 





€ cout 
juftifi rs 


>. RS ex 


PET ©: 


EPITRE X 413 
M vient pour vous chercher. C'eft lui: j'entens fa 
voix. 
Adieu, mes Vers, adieu pour la derniere fois. 


REMARQUES. 


fes Cenfeurs; & c’eft fon dernier Ouvrage, Onle trouve . 
ra dans le Tom. IL de cette Edition. 
Vers 125. 
Indes, 





En naïf voit PHydaype] Fleuve 








S3 EPITRE 


4 
EPITRE XI 
A MON JARDINIER. 


Asorteux Valet du plus commode Maître, 


« Qui, pour te rendre heureux ici-bas , pouvoit 
naître ; | te 


ANToiINs, Gouverneur de mon Jardin d'Auteuil, 
Qui diriges chez moi l'If & le Chevre-feuil, 
5 Et fur mes Espaliers, induftrieux Génie a] 
Sais fi bien exercer l'Art de la Quintinie; | 
O! que de mon esprit trifte & mal ordonné, 


REMARQUES 


IN Otre Poëte travaillant à fon Ode fur la prife de Namur, 
fe promenoit dans les Allées de fon Jardin d’Auteuil 
Là il tächoit d’exciter fon feu, &is’abandannoit à l'En- 
thoufiasme. . Un jour il s’aperçut que fon Jardinier l’écou- 
toit, & l’obfervoit au travers dé eullages Le Jardinier 
furpris ne favoit à quoi attribuer les transports de fon Mai- 
tre, & peu s’en falut qu’il ne le foupçonnät d’avoir pérda 
Pesprit. Les poftures que le Jardinier faifoit de fon côté, 
& qui marquoient fon étonnement, parurent fort plaifan- 
tes au Maitre: de forte qu’ils;fe donnèrent ‘quelque tèms 
la Comédie l’un à l’autre, fans s’en apercevOir: “Cela lui 
fit naître l’envie de côthpofer gette Epitre, gens laque 
il s’entretient avec fon drdiniér » 8; par des discours pro- 
portionnez aux connoiffances d'uh Villageoïis’, il lui expli- 
que les difficultez de la Poëfe, &. la péine qu’il y a fur 
tout d’exprimer noblement &. avec élégance, les chofes les 
plus communes & les plus fèches. De là il prend occafon 
c lui démontrer que le Travail eft néceflaire à l'Homme 
pour être heureux. 
Cette Epître fut compofée en 1695. Horace a aufli adreffé 
une Epitre à fon Fermier :, ceft la quatorzième du premier 
_ Livre, Mais çes deux Poëres Ont fuivi des routes différentes 
Y 





ERS 


E PIT RE XI 413$ 
Ainfi que de ce champ par toi f bien orné, 
Ne puis-je faire ôter les Ionces, Jes épines, 


» Et des défauts fans nombre arracher les racines ? 


Mais parle: Raïfonnons, Quand du matin au fair, 
Chez moi pouffant la bêche, ou portant l'arrofoir, . 
Tu fais d'un fable aride une terre fertile, 

Et rends tout mon Jardin à tes loix fi docile; 


+ Que dis-tu, de m'y voir rêveur, capricieux, 


T'antôt baifflant le front, tantôt levant les yeux, 
De paroles dis l'air par élans envolées, 

Effrayer les Offeaux perchez dans mes allées ? 
Ne foupçonnes-tu point, qu'agité du Démon, 


REMARQUE. 


VERS 3. Aniteine, Gouverneur de mon fardin d'Auteuil] 
AuToine Riquis', né à Paris. ML Despréaux l'avoir 
srouvé dans cette Masifan lors qu’il l’acbets on 2685., & 
Va toûjours gardé à fon fezvice. Après ls ofition de 
ectte Epitre, la plüpart des perfonnes qui alloient voit 
l’Auteur, félicitoient Maitre . Antoine de l'honneur que f 
Maitre lui avoit fait; &c tous lui envioient une difinidioæ 
f glorieufe. Le P, Bouhours Jéfuïte lui cn fir compliment 
gomme les autres : N’ef-sl pas vrai , Mastve «Aimoine , ]ui 
dit-il d’un aix railleut, que l'Epitre que votre Maïtte vous & 
adreffée, eff la plus belle de toutes [es Pièces ? Nenni-ds, em 
Pere, répondit Maître Antoine 3 Cf celle de P.Amour de 
Dieu. Fo …. TE 

VERS 6. L'Art de la mme. | FAN DE LÆ 
QuinTinre, Directeur des Jardins frultièis & potagers 
du Roi. Ll a réduit en Art la culture des Arbres fruitiers. 

1MI1T. Vers 7. O0! que de mon esprit &c.] Horace daus 
PEpiître que l’on vient de citer, vers 4 : 





Certemus , fpinas animens ego fortins , an tn 
. Ævellas agro. © melior fit Horatius, an res 


end à + sa 


46 EPITRE XL 
20 Ainfi que ce Coufin des quatre Fils Aimon, 
Dont tu lis quelquefois là merveilleufe hiftoire, 
Je rumine , en matchant , quelque endroit du Grimoire 
Mais non: ‘Fute fouviens qu’au Village-on t'a dit, 
Que ton Maître eft nommé, pour coucher par écrit 
23 Les faits d'un Roi plus grand en fagefle, en vaillance, 
Que Charlemagne aidé des douze Pairs de France. 
Tu crois qu'il-y travaille, & qu'au long de ce raur 
Peut-être en ce moment il prend Mons & Namur, 
Que penferois-tu donc, fi l'on t'alloit apprendre, 
30 Que ce grand Chroniqueur des geftes d'Alexandre, 
| | Ate 


REMARQUES. 


Vans 20. LAinff que ce Coufin des quatre Fils LAiman.] 
Mauscrs, furnommé l“Enchanteur, vaillant 6" preux Chevs- 
dier, lequel an monde n’avoit [on pareil en l'art de Négremancia 
L’Hiftoire que nous avons des quatre Fils Aimon, eft fon 
ancienne. Élle avoit été inventée dans ces tems où la bar 
barie & l’ignorance avoient introduit le goût de la Cheva- 
lerie. Ces fortes de Romans font fort aimez du peuple 

offier; parce qu’ils contiennent des avantures merveil- 
fautes, & des prodiges inouïs, 

Cane. Vers 24 Que ton Maitre ef nommé , Bic. ] Ce 
vers &.les deux fuivans étoient ainfi dans la première com 

Uoa : 

Que ton Maitre eff gagé pour mettre par écrit 

Les faits de ce grand Roi vanté pour fa uaillance 
Elus qu'Ogier le Danois, ni Pierre de Prouence.. 

VERrs 26. Que Char! e aidé: des douxs Pairs, de Franc] 
Kotre Auteur s’accommode au goût & aux lumières de fon 
pasdinier, grand Leéteur d’anciens Romans. Ici il fait al- 

on à un Ouvrage de cette espèce, intitulé: La Conguete 
de Charlemagne, grand Roi de France Cr des Espagnes ; ne" 
: ne 





ÉPITRE XI At? 
Aujourd’hui méditant' un projet tout houveat,, 
S'agite, fe démène, & s’ufe le cerveau, 
Pour te faire à toi-même-en:rimes infenfées 
Un bizarre portrait de fes folles penfées? 
> Mon Maître, dirois-tu, pañle por un Doéteur;, 
Et parle quelquefois mieux qu’un Prédicateur, 
Sous ces arbres pourtant, de fi vaines fornettes: 
11 n’iroit point troubler. la -paix-de ces Fauvettess; 
S'i lui-falloit toujours, comme moi, s'exercer, 
40 Labourer, couper, tondre, applanir, palier,  -: 
Et dans l'eau de ces puits fans relâche tirée, + 
. p | . . De 


REMARQUES 


faits dr les gefles des douze Pairs de France, &c, Voïez les Rex 
Cuanc. Vers 30. Qwece grand Chroniquenr des geffes d Aer. 
xandre,] Première manière: 
Que ce grand Ecrivain des etploits-dAlisandrh 
VERS 36. Et parle quelquefois mieux qu'un Prédisatiur. Ÿ 
Voici l’original de cette penfée. Un jour Mr. Despréaux &. 
Mr. Racine venant de faire leur Cour à Verfailles, fe mi- 
rent dans un Carofle public, avec deux bons Bourgeois qu£ 
s’en retournoient à Paris. Ces deux Meffictirs étoient con 
tens de lèur Cour: ils-furent extrèmement enjaïez pendant 
tout le:chemin, & leur converfation fut læ plus vive, 1e: 
plus brillante, & la plus fpirituelle du monde. Les denx. 
Bourgeois étoient enchantez, & ne pouvoient fe lafler de- 
marquer leur admiration. Enfin, à la descente du Carofle,. 
tandis que l’un d’eux faifoit fon compliment à Mr. Raci- 
2e, l’autre s'arrêta avec Mr. Despréaux, & l’afant embrafé- 
bien tendrement : Pas été en verage,, lui dit-il, aves des Doce 
teurs de Sorbene, ér même avec des Religieux , :mais. Je: n'ai jan 
mais ouf dire de fi belles chefés. En vérité, vos parlez, cent fois: 
mieux qu'un Prédicaténr, 


SE _ fne 


+ 


CR 


#8 EPITRE %L: 
De ce fable étancher H foif démefinée. 
ANTOINE, de nous deux tu crois donc, je Le voi. 
Que le plus occupé dans ce Jardin, c'eft toi. 
45; O! que tu changerois d'amis, & de langage, 
Si deux jours feukement libre du Jardinage, 
T'out à coup devenu Poëte &c bel Esprit, 
Tu t'allois engager à polir un Earit, . 
Qui dit, fans s'avilir, les plus petites chofes,: 
‘0 Fiît, des plus fecs Chardons, des Oiliéts 8: des Roles: 
Et fût même au discours de à Ruftiché : 
Donner de l'élégance 8: de la dignité; - 
Un Ouvrage, en un mot, qui, jufte en tous fes termes, 
Sût plaire à Daguclicau, fût fatisfaire Termes; 
gs Sût, dis-je, contenter, en paroiffant au jour, 
Ce qu'ont d'Esprits plus fins 8 la Vile & la Cour: 
Bien-tôt de ce travail revenu fec &c pâle, 
Et le teint plus jauni que de vingt ans de häle: 
Tudiroi, reprenant tæ pelle & ton râtcau | 
.. Jai 
2EMARAUES. : 
(Crane. Vers 46. 5ÿ deux jours :feulement libre du Sardi- 
ue À &s.] D y avoit dans la première compektion : 
$i denn-jowrs frobsment chargé de s mon Ouvrage; 
T:te faloit fonger, EC: | 
Craus Vers sr. Et fus même au discours, Qc. 1 au ie 
de ce vers & des cinq fiixans ; Pauster a'aveis d'abosé 
fait que céum-ei: - 
EE qui pi enter, en 7 pareifast air. A « 
Dagseion: dans la Villes d Termes à la. Cture 


= 
Lu Lu bd A dé 





EE PITRE Xt atŸ 

J'aime mieux mettre encor cent arpens au nivéaè, 

Que d'aller foflement, égaré dans les nuës, 

Me laffer à éhercher des-vifions comuës : _ 

Et pour lier des mots fi mal s’entr'accordans, | - 

Prendre dans ce Jardin la Lune avec les dens. 
$ Approche donc,& vien; qu'anParefleux t'appremme,, 

ANTOINE, ce que c'eft que fatigue, &" qe peines 

L'Homme ici-bas toujours inquiet & gêné, L° Ê E 
- Eft, dans le repos même, 40 travail condahnée - 

La fatigue l'y fuit. C'eft en vain qu'aux Poëtes. 
© Lesneuf trompeufes Sœurs, dans leurs douces retraitess 

Promettent du repos fous leurs ombrages frais: 

. Dans ces tranquilles Bois pour Eux plantez exprès, © 

La Cadence auffitôt, la Rime, le Céftre, : 

La riche Expreffion, la nombreufe Méfüre, -. 
LS Sorcieres, dont l'amour fait d'abord les charmer, 

De fatigues fans fin viepnent les cogfumer: 

Sans cefle  pontfivant ces fagrives Fin 


> ,, ee 
. , . . . 
L] € à " \ _ 
- - n 
. 
LL 


REMARQUES. 


dos: 


Mais dans la fuite il ajoûta les quatre précéiens, à ces 
gea ces doux derniers. 

VERS 54 Sir plaire à Dagneffoun , Bic.) Hana rEn aus 
gois DacurssæaAu, alors Avocat Général au Parle- 
ment de Paris, enfuiteProcnseur Générat ;. fé eujousd’hui: 
(en 1717.) Chancelier de France: 

Ibid. Sée fatisfaire Termes] ROGER DE PARDAILLAN! 
DE GonwDrin, Marquis de F5AM Es,iL mourut au. Pal 
de Mars 1704; 


VERS 77, mms (4: figitives Fées.) Lis Miles, 


- 


: « 


3 « Fury 


æ° B PI T'RE XI. 
On wait fous les Lauriers haleter les Orphées. 
Leur Esprit toutefois fe plaît dans fon tourment ; 

80 Et fe fait de fa peine un. noble amufement. 

Mais je ne trouve point de fatigue fi rude. 
Que l'ennuyeux loifir d'un Mortel fans étude, 
Qui jamais ne fortant de fa fupidité, 
Soûtient, dans les langueurs de fon oifiveté, 

85 D'une lâche Indolence esclave volontaire, 
Le pénible fardeau de n'avoir rien à faire. 
Vainement offusqué de fes penfers épais, 

Loin du trouble & du bruit il croit trouver la paix. 
Dans le calme odieux de fx fombre parefe,, 

90 Tous Jes honteux Plaifirs, Enfans dela Mollefe,, 
Ufüurpant fur fon Ame un abfolu pouvoir, . 
De monftrueux. defirs le viennent émouvair, 

Irri 


REMARQUES. 


 Axur. Vers‘#2. Que Peunuteux loifir d'un Mortel fans Hy 
Qi} Otium fins Lireris , mers cf, ©" heminis vivi jépaiturs. 
Seneca. Ep. LXXXI 

VEns 90 Tods ps honteux Plaifkri, Enfass de la Mollee.] 
A duos parler avec plus de circonfpeétion, ni plus 

4 
Lai, Vers 91. Ufurpant fur [on Ame: abfolu ponvoir.] 
ere, : Satixe cinquième, vers 129. 


mme 5 intits, À iwjecers 2e 
Nascantur Dermini,. 


L @nanc. Vers 97. La Pire lé: cit 6 les Gen 
fruclles, 1 Première compofitio On: er | 


À 


& 


« ‘ à v … 





SE PFITRE XI 4 
Irritent de fes. Sens la fureur endormie, 
Et le font le jotiet de leur trifte infamie, 

$ Puis fur leurs. pas foudain arrivent les Remords: 
Et bien-tôt avec Eux tous les Fléaux du corps, 

La Pierre, la Colique, & les Goutes cruelles,, 
Guenaud, Rainflant, Brayer,.presqu'auff triftes qu’Ellesÿ 
Chez l'indigne Mortel courent tous s'afflembler,, 

> De travaux douloureux Je viennent accabler; 

Sur le duvet d’un. Lit, théatre de fes gènes, 


Lui font fcier des Rocs, lui font fendre des Chênes, 


Et le mettent au point d'envier ton emploi. 
Reconnois donc, À x Tornz,éêt conclus avec moi,. 


ÿ Que la Pauvreté mâle adive & vigilante, 


Ef, parmi les travaux, moins lafle, & plus contente. | 


Que la Richefe oïîfive 4u fein des Vblüptez. 

[REMARQUES 

i. La Gupte aux doigs.mbe, la Pierre, la Gravelle,. 
D’ignorans Médecins encer plus fâcheux qu'elle, : 


Vans 98. Guenaud , Raïnffänt , Brayer , &tc.] Trois fa 
meux Médecins de Paris; mais ils étoient morts plufieuxs 
années avant la compoftion de cette Epitre: 

Lmir. Vers 101, Swr le duuet d'un Lit, théatre de [es gi— 
æts.] Pfeaume XL. v. 3. Super letlum doloris cjus. 

VEns 102. Lai fons fcier des Rocs, lui font fendre des Che 
nes.] L’Auteur aiant récité fa Pièce à Mr. Daguefleau, A- 
vocat Général , qui l’étoit allé voir à Auteuil ,ce Magiftrat: 
condamna ce vers : 11 trouvoit la Métaphore qu’il con- 
sient, trop hardie & trop violente. Mr. Despréaux lui re- 
pondit , que fi. çe vers n’étoit pas bon, il falois brûler rou- 
se la Pisces - 
US: &2 Cuaxe, 


vs le à :- 


. +. …. Je 


Das 


art -E PI TR E' XFr 
Je te vai fur cela prouver deux wéritez. 
L'une, que le travail aux Homntes néceffire 
210 Fait leur fékicité, : plâtôt que leur mifête;: 
Et l’autre, qu'il n’eit point de Coupabie en repos. 
C'eft ce qu'il faut ici montrer en peu dé mots. 
Sui-moi donc. Mais je voi, fur ce début de prône, 
Que ta bouche déja s’onvre Tree d'urie aune; 
15 Et que les ‘yeux fermez td baïffes Le rheton: | 
Ma foi, le plus für eft de finir ce fermbir. 
Auifi-bieri 'apperçoi: ces Meloris qni f'attendent , D 
Et ces Fleurs. qui à-baë'entre êfles fe demandent >” 
S'il eff fête at Village ÿ &‘pour quel Saint nouveau 
520 On les life aujom hi f lobes migher deu 


crinontnDn ni, fi st 2HIQIT QUI SUBI TE ii. Los. 
+R EE; 26 ÆR QUE Ll Li 
e.7 ° 
TCHANG. VOIS III, mm Oil nef point de Ceupsble 
on repos.] Première manière avant l’impreflion: 
——— y'en Diew foid en trewvé fon repos. 


VERS 114 Que ta bouche deja s'ouvre, large dune pure; 
&cc.] LiAërèur Fäoit tclarquer cire Séine naire dis 
Homme qui s’endort 


LU Loto te ss TA Vi: tn 
I 1 Vu atroce 3 6 
tt ei Po it déorat e U n, D otea M 
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isaitd Ji: Î: AU El 30: as «131 -. ad: Jo salae 
anis". 


s EPITRE 


oo 4 
EPITRE XII 

L SUR L'AMOUR DE DIEU, 

A M. L'ABBE RENAUDOT: . 


Ocrs Abbé, tu dis vrai, l'Homme au crime 
attaché, 
V oi quelle ogcañon cette Epitre a été faite L’Au- 
teur lui-même s’en explique dans une Lettre qu’il m’é« 
erivit au mois de Novembre, 1709. ;, Long tems avant la. 
n Compofition de cette Pièce, dit-:1, j’étois fameux par 
»r les fréquentes VA PEN Tavois foûtenuëês en plufieuts: 
,, endroits, pour la déf à du vrai Amour de Dieu, con- 
» tre beapcoup de mauvais Theologiens. De forte que me: 


8 
ee: ! 
f 


» tréuvéat de loïGr: in Carêntc, je ne crâs pas pouvoir. . : 
» mieux emploïer ce loifir, qu’à exprimer par .écrit les. 
» bonnes penféés que j’avois là-deflus,  C'étoit le Carè- 
me de l’année 169s, Lutte ea ee 
Mr. BaAyLe, dans fon Di@tionaire; à l’article LAntoïse 
ARNAULD, raporte ua fait que l’on a oui reciter à Mr. 
Despréaux. 11 dit, que Mr. Arnauld aiant fait L’Apologie- 
de la Satire X. contre les Femmes, quelques-uns de fes. 
Amis trouvèrent mauvais que ce grave Daéteur, âgé de s4 
ans, eût entrepris la defenfè d’un Ouvrige où il n’étoit 
ucftion, difoient-ils, que de.Femmes, de Vers, & de 
omans. lis regardoient 12 Poëfie comme un amufement 
frivole qui n’avoit pas 4à arrêter un moment ce profon 
Génie, Mr. Despréaux compofa l’Epître Jf&r lLAmowr ds 
Dies, pour montrer à ces Cenfeurs fauflement délicats, 
que la Poëfie, dont ils avoient fi mauvaife opiniôn, peut 
traiter les fujets les plus relevez. 
“La fonêion que je fais ici de Commientäteur, ne deman- 
de pas que je m’érige en Théologien , pour appuie ou: 
£ combattre les propoñirions de mon Auteur.” Laiflant 
dont tout ce qui voncerne le Dogme, je me boïnerai ay 
peu de Remargtes hiftoriques qu'il y a occafon de faire: 
ar réport à cette Épitre. D 
Vrns ft Dotie vit, ] Où ne douteta pas que cette 
° | tam 


44 E PTIT RE  XIf . 
En vain, fans aimer Dieu, croit fortir du-péché,. 
Toutefois, n’en déplaife aux transports frénétiques 
Du fougueux Moine auteur des troubles Germaniques, 
& Des tourmens de l'Enfer la falutaire Peur 
. N'eft pas toujours l'effet d'une noire vapeur, 
Qui de remords fans fruit agitant le Coupable,. 
Aux yeux de Dieu le rende encor plus haïffable: 
Gette utile frayeur, propre à nous pénétrer, 

30 Vient fouvent de la Grace en nous prête d'entrer; 
Qui veut dans notre cϾurfe rendre la plus forte; 

Et, pour fe fâire ouvrir, déja frappe à la porte. 
‘ Si le Pécheur, pouflé de ce faint mouvement, 
Reconnoiffant fon crime, aspire au Sacrement, 

35 Souvent.Dieu tout à coup d’un vrai zèle l'enflame.. 
Le Saint Esprit revient habiter dans fon ame, 
Y convertit enfin les ténèbres en jour;- 

Et Ja crainte fervile en filil Amour. 
ue CT ce 
___.: (REMARQUES. 
thère ne foit duë à Mr. l'Abbé RewauDor,. de l’Acadé 
mic Françoife. Les preuves de fa profonde. érudition fe 
voient dans les deux Volumes qu’il.a publiez fur Le Perpé- 
tuité de La Foi ,en forme d’Addition à l’Ouvrage de Mi. Ar- 

. sauKd. Le Privilège du quatrième Volumeimprimé en 1711. 

aprend que ce doéte Abbé eft prêt à mettre fous la prefle 
beaucoup d’autres Livres fur des matières é 

antes. 

_Vrxs 4, Du fomgueux Moine &c.] LUTUER éioit d'A 
Jemagne. 11 condamnoit toute Pénitence faité pas uo mo“ 
tif de crainte, pañce que la crainte, felon lui, ne pouvait 


faire que des hypocrites. 11 difoit encore, .que.la peur des 
peines de l'Enft @ slminle, & ee oué a bonté 
Lo... | 


Led 


EPITRE XIL 4zs 
C'eft ainfi que fouvent la Sageffe fuprême, 
Pour chafier. le Démon, fe fert du Démon même; 
Mais lorsqu'en fa malice un Pécheur obftiné, 
Des horreurs.de l'Enfer vainement étonné, 
Loin d'aimer,. humble Fils, fon véritable Pere, 
Craint & regarde Dieu comnre un Tyran févère ;: 

‘ Au bien qu'il nous promet ne trouve aucun 2ppas, 
Et fouhaite en fon cœur, que ce Dieu ne foit pas. 
En vain la Peur fur lui remportant la viétoire, 

Aux piez d'un Prêtre il court décharger fa mémoire: 
Vil Escdave toujours.fous le joug du péché, 

) Au Démon qu'il redoute il demeure attaché, 
L'Amour effentiel à notre pénitence 

-Doit être l'heureux fruit de notre repentance: 

Non, quoi que l'Ignorance enfeigne fur ce point. 
Dieu ne fait jamais grace à qui ne l’aime point, 
: À le:chercher la Peur nous dispofe & nous aide: . 
REMARQUES. 


de Dieu, Voïez fon fecond Sermon fur la Pénitence, & fa 
Dispute de Leipfik contre Eckius. oo to 

VERS 10. Vient fonvent de la Grace en nous prête d’entrer:] 
Concile de Trente, Seflion XIV. e. 4. Verim dïam denum 
“Dei fe, & Spirités Sani impulfum, nen adhuc quidem inha- 
bitantis, [ed tantim moventis, que panitens adjutus, viam fibi 
ad juftitiam parat. 

VEnRs 26. Et fomhaite en fon cœur, que te Diem ne foit pas. ] 
Pfeaume XIIL v. r. Dixit Infipiens in corde fuo, non eff Deus. 

VERS 35. LA le chercher la Peur nous dispofs E nous aider] 
Concile de Trente, Sefl. IV. c. 4 Es (Peécatorem) ad Déi 
gatiam in:Sacraments Paniteutis irepetrandam dispenit, 


VERS 


416 E PIT RE XIE 

Mais il ne vient jamais, que l'Amour ne fuccède. 

Ceflez de m'oppofer vos discours impoñteurs, 

Confeffeurs infenfez, ignorans Seduéteurs ,* 

Qui pleins des vains propos, que PErreur vous débite, 

4© Vous figurez qu'en vous, un pouvoir fans Hmite 

Juftife à coup für tout Pécheur alarmé, 

Et que fans aimer Dieu, l'on peut en être aimé. 

: Quoi donc, cher Renaudot ,un Chrétien effroïable, 
" Qui jamais, fervant Dieu , n'eut d'objet que le Diable; 

45 Poiwra, marchant toujours dans des fentiers maudits, 
Par des formalitez gagner le Paradis; 

Et parmi les Elûs, dans la Gloire éternèle, 
Pour quelques Sacremens recûs fans aucun zèle, 
Dieu fera voir aux yeux des Saints épouvantes. 

30 Son ennemi mortel affis à fes côtez? ©. 
Peut-on fe figurer de fi folles éhithères? °° ‘ 
On voit pourtant, on voit des Doéteuréiménréstitères, | 
Quiles femant par tout, s’en vont pieufement 
De toute piété fapper le fondement ; . 

gs Qui, le cœur infeté d'erreurs fi criminèles, , 
Se difent hautement les purs, les wrais Fiddles: m7. 
Traftant.d abord dimpie, & SHréique. de | 

at , ever DURE ls 


REMARQUES" 


Vrns 72. Ne vaut pas des Platons l'éctairé Pains] 
L’Auteur difoit encore, que cette do@risie-étoir: nom féêle- 
ment. faufle, mais abominable, & plus.conriäire à-lx vrk 
Religion que le Lutheranisme, Gr ie Caivinieaie rt": 

Vans 78. Ces transports pleins de joie & de ravira } 
ri Ÿ 


E P I T R E XIE 47 
Quiconque ofe pour Dieu fe déclarer contre Eux, 
De leur audace en vain les vrais Chrétiens gémiflent : 
o Prêts à la repouffer les plus hardis molliffent : 
Et voyant contre Dieu le Diable accrédité, 
N' ofent qu’en bégaïant prêcher la Vérité, 
Mollirons-nous auf? Non, fans peur, fur ta trace, 
Doéte Abbé, de ce pas j'irai leur dire en face: 
5 Ouvrez les yeux enfin, Aveugles dangereux. 
Oui, je vous le foûtiéns; il' ferait moins affreux, 
De ne point reconnoître un Dieu Maître du Monde , 
Et qui règle. à fon gré ke Ciel, la Terre & l'Onde; 
Qu'en avoüant qu'il eft, & qu'il fut tout former, 
to D'ofer dire qu'on peut lui plaire fans l'aimer. 
Un fibas, fi honteux, fi faux Chriftianisme 
Ne vaut pas des Plitons l'éclairé Pagamisme: 
Et chétirles vrais Biots; fans en favoir l'Antèui,: ‘: ! 
Vaut-micox, que fans l'aimer, connoître a Créée, L 
25 Expliquons-nous pourtant, Par cette ardeur fi fainte.. 
Que je veux qu'en un cœur amène enfin la Crainte, 
Je n’entens pas ici ce doux faififfement, 
- Ces transports pleins de joie &'de‘raviffement, * 
Qui font des Bienheureux la jufte récompenfe, 
, À 4 
& E MAR QUES 
Concile de Trente, Scion IV." 3 Rocesci auto +8 com Dre). 
ivterdum in viris piis ; 3 © cum devorione hoc Savramentum 


percipientibus , conscientie pes ac ferenisass com vehementi Spirie 
ris snfrlaiene ess Tete. 


Y LAS, 


428 E PIT KE XIE 
80 Et qu'un cœur rarement goûte ici par avance. 
Dans nous l'Amour ‘de Dieu fécond en faints defirs, 
N'y produit pas toujours de fenfibles plaïfirs, 
Souvent le cœur qui l’x, ne le fait pas lui-même, 
Tel craint de n'aimer pas, qui fmcèrement aime, 
85 Er tel croit au contraire être brûlant d’ardeur, ‘ 
Qui n'eut jamais pour Dieu que glace & que-fror 
deur. 
C'eft-ainfi quelquefois qu’un. indolent Myftique, 
Au milieu des péchez tranquille Fanatique, ‘4 
Du plus parfait Amour penfe avoir l'heureux dons 
90 Et croit poffeder Dieu dans les bras du Démon. 
Voulez-vous donc favoir, fi la Foi dans votre ame 
Allume les ardeurs d’une fincère flame ? 
Confultez-vous vous-même, A fes règles foûmis, 
Pardonnez-vous fans peine à tous vos Ennemis? 
5 Combatez-vous vos fens 2? Domptez-vous vos fo 
blefles ? 
Dieu dans le Pauvre eft-il l'objet de vos largees à 
Enfin dans tous fes points pratiquez-vous fa Loi? 
Oui, dites-vous. Allez, vous l'aimez, croyez-moi, 


REMARQUES. 


Vsns 87. Un sndolent Myique. ] Les Quiétifies, 
dont les erreurs ont été condamnées par les Papes Iuxo” 
cer XL & INnocenTXIL Voïez la Remarque fur le 
vers 622. de la Satire X. 

VERS 99. Qui fait écallement Si ditigitis. me, mt 
dus mea fervate: dit Cie ‘dus habet mandats 





j 
à 





E PITRE XIL 49 
Qui fais éxaltement ce que ma Loi commande, 
A pour moi, dit ce Dieu, l'Amour que je demande. 
Faites-le donc; &t für, qu'il nous veut fauver tous, 
Ne vous allarmez point pour quelques vains dégoûts, 
Qu'en fa ferveur fouvent la plus fainte ame éprouve: 
Marchez, courez à lui. Qui le cherche, le trouve; 
Et plus de votre cœur il paroit s'écarter, 
Plus par vos a@ions fongez à l'arrêter, 
Mais ne foûtenéz point cet horrible ‘blasphème, 
Qu'un Sacrement reçñ, qu'un Prêtre, que Dieu 
même, .  . - . 
Quoique vos faux Doéteurs ofent vous avancer, 
, De l'Amour qu'on ki doit:puiffent vous dispenfer: * 
Mais s'il faut, qu'avant tout, dans une ame Chré- 
tienne, 2 D 
Diront ces grans Doéteurs, l'Amour de Dieu furvienne; 
Puisque ce feul_Amour fuffit pour nous fauver, 
De quoi le Sacrement viendra-t-il nous laver ? 
, Sa'vertu n'eft donc plus qu'une vertu frivole? 
© Le bel argument digne de leur Ecole! 
Quoi, dans l'Amour divin, en nos cœuts allumé, 
REMARQUES 
+ pr gd PRE 
ve] Petñe  dabitur vobis: quarite, © inueniatÿs : pulfate, 
é aperietsÿ vobis, Omnis M md etit, accipit; Ÿ qui quarits 
éavenit : Q paifenti aperitur. ch, VE. 7. Luc, LS 


VzExs 


430 E PIT RE XIL 
Le vœu du Sacrement n’eft-il pas renfermé ? 
Un Païen convetti, qui croit un Dieu fuprème, 


120 Peut-il être Chrétien qu'il n'aspire au Baptême; 


Ni le Chrétien en pleurs être vraiment touthé, 
Qu'il ne veuille à l'Eglife avouër fon péché? : 

Du funefte esclavage, où le Démon vous traîne, 
C'eft le Sacrement feul, qui peut rompre la chaîne. 


125 Aufli l'Amour d’abord y court:avidement : 


Mais lui-même des. qft l'ame, :8t:le fondement. | 
Lors qu' un Pécheu éû d'une hnmble repentance, 
Par les degrez prescrits court à la Pénitence, 

S'i n'y peut. parvenir, Dien fait les füppofer. 


130 Le feul Amour mangiant;ne peut point S'eméafer. 


C'eft par lui que dans nous la Grace frudifie, - 
C'eft lui qui nous ranime, &. qui nous vivifie. : 
Poyr.nous rejoindrerà Dei; lui foél eft:le Tiens 


Et fans ui, Fois Vas, Sacs, ion 
rien. 


À ces Disous peflns que fareit-an réponse}. 
Mais aprochez,; ; Je-veux.euçor mieux vouscoifündié; 


Doëeyrs, Dites-moi donc :: Quand tous ame 
.. abfous, 
Le Saint Esprit eft-il, ou v'eft-il pas cn nous ? 


+ LS 
. 9 - ), 2% 
mn à 


Si 


L 


“: | CRÉMARQUE s.. ne: 


Virs 118. Leves dy Sacremant ; n fées refemé?} Le 
Concile de Trente, Seff, XIV. Ge 4. Dose pretrres 5m fi Contre 


téonens banc alighando ‘charitate porftam ‘efle contingat, Homi- 
nn 
"7 





E PI TRE. XIL sr 

S'ileft en nous; peut-il, n'étant qu'Amour lui-même 
> Ne nous échauffer point de fon amour fuprême ? | 

Et s’il n'eft pas en nous, Satan toujours vainqueur ! 

Ne demeure:t-il pas maîtré de notre cœur? 

Avoüez donc qu'il faut qu'en nous l'Amour renaifle, 

Et n'allez point, pour fuir là Raïfon qui vous preffe » 
Donner le nom d'Amour au trouble inanimé, 

Qu'au ecœur d'un Criminel la Peur-feule a formé. 

L'ardeur qui juftifie, & que Dieu nous envoie, 

Quoi qu'ici bas fouvent inquiète, & fans joie, 

Eft pourtant cette ardeur, ce même feu d'amour, 
jo Dont brûle un Bienheureux en l'éternel Séjour. 
Dans le fatal infiant qui borne notie vie,, 

I] faut que de ce ‘feu notre ame foit remplie; 
Et Dieu fourd à nos cris, s'il ne l'y trouve pas US 
Ne l'y ralume plus après notre trépass 
:5 Rendez-vous donc enfin à ces clairs fyllogismes; 
Et ne prétendez plus par vos confus fophismes, 
Pouvoir encore aux yeux du Fidèle éclairé. 
Cacher l'Amour de Dieu dans l'Etole égaré. M 
Apprenez que la Gloire, où le Ciel nousappèle,  . 
o Un jour des vrais Enfans doit couronner le zèle, 
Et non les froids remords d'un Esclave craintif, > 
| | . Où 
REMARQUES. | ; 
sep Denon pins Gén de 


Sacramenti vete, qwok à OL ille nclmditur y * n07 ee «Are. 
‘Vars 


— 


432 E PRET RE xXIL. 
Où.crut voir Abelli quelque Amour négatif. 
Mais quoi ? J'entens déja plus d'un fier Schohiflique, 
Quime voyant ici fur ceton dogmatique, 
165 En vers audacieux traiter ces points facrez, 
Curieux, me demande, où j'ai pris mes dégrez: 
Et&, pour m'éclairer fur ces fombres matières, 
. Deux cens Auteurs extraits m'ont prêté. leurslumières, 


Non. Mais pour décider, que l'Homme ; qu'un Chré. 
. tien 


s7o Eft obligé d'aimer Tunique Auieui äu bien, . 
Le Dièu qui le nowttit, le Diëu: qui le fit naître, 
Qui nous vint par fa mort donner t un fecond être, 
Faut-ilavoir reçû le bonnet Doûtoril; 

Avoir extrait ‘Gimaché, Hambeit, & Di Val? 


#75 Dieu dâns fon Lifié Sa it! ‘fans chercher dare 
Ouvrage, st: ÉRIECES 


Ne! at-il pas écrit à tique ae 





À US LL, D 


ee REMARQUER 


il 2 ONDES CPE IPC 

VExs 16, Où cri “voir D i tuslque Ex sai. 

Louis Az LL, Aer de ii le: ne à 

oùtint a Attritiqn par les raifo es dans te 
te Epitre *. LE Artrition AIR, D Mu pa 


Crainte féruile,. eff benne : heuict copyiep 
de l’aimour propre bien RE AT quidens à Æ 





Sd bene,prdinato. Et quoi qu'ellé n° pis: ch:f08 di 
garfait Amour de Dieu, néanmoins elle. ge ph 

ne lui eft pas contraire. Medulla Theol. de Sacram. ee 
e. 5. Seét. 10. n. s. Mt. Abbé BorLe AU, Doétenr de Sor- 
bonne, Frere de notté _Autenrs, a péfaté cAbelli, dans un 
aire pour « sr wr rauir 


| Jivre intitulé ; 3 De la Coffrition 


CS 





| EPITRE XIL Xi 
De vains Doëéteurs encore, 6 prodige honteux!. 


Oferont nous en faire un Problème douteux, ! Lo 


Viendront traiter d'erreur, digne de l'anathème, 
So L'indispènfable Loi.d’aimer Dieu pour lui-même CE 


Et par un Dogme faux dans nos jours enfanté, : 


Des devoirs du Chrétien raïer la Charité ! à 

Si j'allois confuiter chez Eux le moins févère, . 

Et lui difois: Un fils doit-il aimer fon Pere? 7‘: . 
83.Ah ! peut-on en douter, diroit-il brusquement r 

Et quand je leur demande en ce même moment: 


L'Honime ouvrage d’un Dieu feul bon, & feul ai- : 


mable, : CL 
Doit-il aimer ce Dieu fon Pere véritable? _. :, 
Leur plus rigide Auteur n'ofe le décider, . : . __. 


oo Et craint en l'affirmant de fe trop hazarder. | _ 


Je ne m'en puis défendre; il faut que je t'écrive » 

REMARQUES 7 
LIPPE GAMACHE, NICOLAS ISAMBERT, & Au- 
pre’. Du Vaz, trois célèbres Doëteurs de Sorbone, & 
Profefleurs en Théologie, dont les Ouvrages font impri- 
mev. ‘ Ils vivoient dans lé XVII. Siècle. 
« Vers 189. Lenr plus rigide Antenr &t.] Mr. Burtu- 
Guay, Doëteur de Sorbone, & Curé des Troux près de 
Port-Roïal des Champs, n’6fu un jour répondre précifé- 
ment: à Mr. Despréaux qui lui demandoit, fi l’on étoit 
obligé d’aimer Dieu: & n’héfita point quand on lui de- 
manda enfüite, fi un fils devoit aimer fon Pere. La peine 
que ce Doëteux ent à répondre he venait point de fon 


ignorance; maïs de la crainte dé s’embarrafler. Il a fait 


le Bréviaire de Sens , qui pañle pour le plus beau du 
Roïayme, , Co + 
2 “Vers 191. Ye ne m'en puis défendre; &e.] Notre Auteur 
avoit eu efedivement avec un Théologien, la converfi- 
> Tem, I T tien 


434 BPITRE XIL 

La Figue bitacre, & pourtant afer vive, 

Que je fàs l'autre jour employer dans fou lieu, 

Et qui déconcerta ces Ennemis de Dicu, - 
195 Au luet d'un Ecait, qu'on nous venoit dekre, 

Un d'estreux m'infulita, fur ce que j'ofai dire, 

Qu'il faut, pour être ablous d'un crime confefé, 

Avoir pour Dieu du moins un Amour commencé. 

Ce Dogme, me dit-#, ft un pur Caivirffime. 
220 O Cid me voi donc dns l'Erreur dans le Schifme, 

Et partant réprouvé. Mais, pourfaivis-je alors, 

Quand Dieu viendra jager les Vivans, & les Morts, 

Et des humbles Agneaux, objet de fa tendreffe, 

Séparera des Bouts la troupe pécherefe, 
205 A tous il novs dira févère, ou gracieux, 

Ce qui nous fit impars ou juftes à fes yeux. 

Selon sous donc, À moi réprouvé, bouc infame, 

Va brûler, dira-t-il, en l'éternelle fâme, 

Malheuteux, qui foûtiss, que l'Homme dut m'aimer; 
_ Y10o Et qui fur ce fujet, trop promt à déclamer, 
Préteudis, qu'il fahoit, pour échir ma Juftice, 
Quele Pécheur,. touché de l'horreur de fon vicæ, 
De quelque ardeur pour moi fentit les mouvemens, 
Et gardit le premier de mes Commandemens, 

: Dieu, . 





REMARQUES, 


tion qui eft décrite dans les vers fuivans. 
Des 220 — D‘ ds th Pin al 3 Le Cosrile 


ges 


EPITRE XIL 43e 
ÿ Dieu, $ je vous en œoi, me tiendra ce langage. 
Maisà vous, tendre Agneau, fon plus cher héritage, 
Orthodoxe Ennemi d'un Dogme f biimé, | 
Venez; vous dirat-, Venez, mon Bien-aimé: 
Vous, qui dans les détours de vos raifons fubtiles 
© Embarraffant les mots d’un des plus faints Conciles, 

Avez délivré l'Homme, O létile Doéteur ! 

De l'importun fardeau d'aimer fon Créateur, 

_ Entrez au Ciel, Venez, comblé de mes loüanges, 
Du befoin d'aimer Dieu desabufer les Anges. 
.ÿ A de tels mots, fi Dieu pouvoit les prononcer, 

Pour moi je répondrois, je croi, fans l'offenfer : 

O : que} pour vous mon cœur moins dur, & moins 

farouche, 

Seigneur, n'a-t-il, helas! parlé comme ma bouche à 

:xCe feroit nra réponse hr en | 
or Mais vous, de fit TRIER 
# Joe fai pas comment ; ferme. Ca are Dore, 
€ Des ironiques. mqts de:fa bouche divine. 

* Vous pourriez fstéugeur, &. fans confufén, 3 
 Soûtenir l amertuñe} & la défie. EU 
35, L'audace du. Doétsurs #4 Fédgconrs f 

. cPemeura fans rique mé 









REMARQUES. | 


Vers 227. O ! que, pour veus men cœur &cc.] Pourquoi n€ 
vous ai-je pas aimé de cœur, 6 mon Dieu, comme j'ai 
dit de bouclie qu’il falloit vous simer! 

T 3 Vas 


436 EPITRE XfI. 

11 fortit tout à coup, & murmurant tout bas . 

Quelques termes d'aigreur que je n'entendis pas, 

S'en alla chez Binsfeld, ou chez Bafile Ponce, 
240 Sur l'heure à mesraifons chercher une-répopfe, 





REMARQUES. 

Vers 239. Sem alla chex Binifild , on chez, Bafile Pencn] 
Deux Défenfeurs de Ia fauffe Attrition. Prenne Birus- 
FaLD étoit Suffraganr de Trèves, & Doëteur en Théolo= 
gié, Basite Poncx évoit de l'Ordre de Saint Aw 


Fin des Epitres @ du Tome L. 














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