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OK IJ V H E S
Dt:
E: V E R D Ë T
P i; Il L I K K s
PAU LKS SOINS DE SES ELEVES
TOME III
PAKIS,
VICTOR MASSOiN ET FILS, KOITELUS,
l'LVCK l)K I/K(:OI.K-l)K-MKnE(;l\K.
Driiils il(> lri'i<liir(ioii cl ili- ■'(■iiiinIik'IJiiii n'Si'ito.
COIRS
DE PHYSIOIE
PIIOPKSSK À l.*KC<ll,E IMH.ITKCUMQI K
K. VERDKT
l'AB M ÉMILK FKRNKT
TOME II
PARIS
itii'iiitiK ptn Ai'Tdnistrii»' de son kxi:. lk tiAnni': dhs m:kap
A l'imfrimeriiî: iMPi<:itULF;
M in;i:c i.xix
COURS DE PHYSIQUE
PROFESSA
A L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE.
ÉLASTICITÉ ET 4G0USTIQUE.
NOTIONS GÉNÉRALES.
298. De l'élasticUé en général. — On désigne sous le nom
de théorie de l'élaslicUé Tétude générale des relations que l'on peut
établir, pour les différents corps de la nature, entre les diverses
forces qui agissent sur eux, et leur forme, leur volume et leur état
intérieur.
Lorsque, aux forces agissant sur un corps, viennent s'ajouter des
forces nouvelles, ce corps est ordinairement modifié; mais, dans
certains cas, il arrive que ces modifications disparaissent et que le
corps revient à son état primitif dès que ces nouvelles forces cessent
d'agir. C'est ce qu'on observe , par exemple , sur un ressort qu'on a
fait fléchir par l'action d'une force extérieure, et qu'on soustrait en-
suite à l'action de cette force; sur une corde à laquelle on a donné
une certaine tension, inférieure à sa limite de résistance, /et qu'on
abandonne à elle-même en supprimant cette tension; sur un gaz
que l'on a comprimé , et qu'on laisse revenir à son volume primitif.
Cette propriété générale, qui se manifeste à des degrés divers dans
tous les corps, est désignée dans le langage ordinaire souô le nom
d'élasticité : elle constitue la manifestation la plus évidente de l'in-
fluence des forces extérieures sur la forme et le volume des corps;
dès lors, on a été naturellement conduit à étendre cette désignation
à la science qui a pour objet l'étude de cette influence.
Verdbt, II[. — Cours de pbys. II. i
2 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
On appelle fréqucmraent aussi élasticité, on mieux forces élastiques,
lo système des forces intc-rieures par lesquelles les divers éléments
d'un corps réafjissent les uns sur les autres, lorscpic des forces e\*ïé-
rieures tendent h modifier leurs situations relatives.
299. Des méthodes employées dans l'étude de l'éliuiti-
elté. — • On peut avoir recours, dans Tétnde de l'élasticité, n deux
systèmes d'expériences bien distinctes.
Les unes sont des expériences cpi'on peut appeler statiques : les
déterminations (pi'elles fournissent sont relalives à des élats d'équi-
libre. Elles consistent h soumettre un corps à Taclion de forces dé-
terminées, et à observer directemenl, lorsque son état est devenu
invariable, les modificalions qu'il a subies. — Pendant lonjjtemps, les
expériences de ce {jenre onl élé entreprises dans un bul exclusivemeni
|)ratique, o{ n'ont paru fournir à la science propreuient dile (pi'un
petil nombre de faits isolés, (/est seulement à une époque récente
qu'on a chercbé.dans ces faits d'observation, les fondements d'um»
doctrine générale, et c'est dans ce sens qu'ont élé dirigés les tra-
vaux de Navier, de Lamé et (ùlapeyron, de Poisson, de (lauchy.
Les principales difficultés que présentont ces recliercb(\s résultent,
en général, de la petitesse des efl'ets dont la détermination doit
fournir les éléments du phénomène.
Les autres sont des expériencos dynamiques : ellos ont pour objet
l'étude des mouvem(»nts vibratoires. Lorsqu'un corps, après avoir ét<''
modifié par l'action de certaines forces, revient à son état primitif
par la suppression de ces mém<»s forces, il ne s'arréto pas innni^
diatemenl à cet état primitif : il lo dépasse, de manière à éprouver
une modification inverse de la première, et la répétition de cette»
double alternative constitue un mouvement vibratoii'e (pii devrait
f>er8ister indéfiniment s'il ne se comnuiniipiait peu à peu aux cor|>s
voisins. L'élude de ces mouvements |)eul faire connaître les lois des
forces élastiques intérieures, et cei^ lois elles-mêmes conduisent
à déterminer l'action modificatrice des forces extérieures.
Lorsque les vibrations d'un cor|)s sont suflisamment rapides, et
qu'elles |>euvent se transmettre à notre organe auditif par l'inter-
* inédiaire de l'air ou de tout autre milieu pondérable, elles donnent
Dl! SON ET DE SES CARACTÈRES. .1
naissance à In sonsation spt^ciale qu'on d(5signe par los expressions
de sm el de hruit, expressions qui sont à peu près synonymes l'une
de l'autre. Or les caractères de cette sensation sont liés d'une manière
remarquable à ceux du mouvement vibratoire lui-même, et peuvent
servir à les déterminer. De là un moyen d'inveshjjation des effets de
l'élasticité, moyen souvent plus facile à appliquer que l'observation
directe des phénomènes d'équilibre.
300. Du but spécial qu'on »e proposera dans l'étude de
l'aeoustique en partieulier. — Les résultats du dernier fi;enre
d'evpériences qui vient d'Afre indirpu», considérés en eux-mêmes el
réunis à un certain nombre d'études qui appartiennent plutôt à la
physiologie qu'à la physique, ont formé pendant longtemps la
science connue sous le nom (ïncoustiqve; cette science, ainsi cons-
tituée, était considérée comme une des divisions primordiales de la
physi(pie, division comparable à \ optique, par exemple.
Il convient aujourd'hui de modifier un peu les délimilalions de
ces diverses sciences : de laisser à la physiologie l'étude spéciale des
sensations auditives, el de réunir simplement, aux expériences sta-
tiques sur les effets de l'élasticité, les expériences qui importent aii
physicien par les renseignements qu'elles lui fournissent sur les
forces intérieures des corps. On devra seulement emprunter à la
physiologie du sens de l'ouïe les notions qui sont indispensables
pour faire usage des sensations auditives comme d'un moven d'in-
vestigation physique.
DU SON ET DE SES CARACTERES.
301. Béilnitions. — On appelle non ou hrnii toute impression
|)roduite sur le sens de l'ouïe, et, par extension, tout phénomène
physique qui peut donner naissance à une telle impression.
L'oreille distingue dans ses sensations trois qualités différentes : ,
rintensité, la hautetir, k timbre. Les différences d'intensité el de hau-
teur des divers sons constituent des caractères nettement définis et
faciles à apprécier: il est inutile de les définir autrement que par les
modifications bien connues des sensations auditives. Dans le langage
scientificpie, l'expression timbre désigne, d'une manière générale,
1 .
V
Ix ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Tensemble des qualités par lesquelles deux sons de même hauteur
et de même intensité peuvent se distinguer l'un de l'autre.
On considère ordinairement comme constituant un hruxt toute im-
pression dans laquelle l'oreille n'apprécie qu'imparfaitement le carac-
tère de la hauteur. 11 n'y a cependant rien d'absolu dans cette défi-
nition, et, dans bien des circonstances, l'oreille la moins exercée sait
discerner les rapports de hauteurs de divers bruits successifs, qu'il
lui paraîtrait im|)ossible de classer dans l'échelle musicale si elle les
entendait séparément. C'est ainsi qu'une série de trois tuyaux métal-
liques, fermés à l'une de leurs extrémités et contenant des pistons,
peut être réglée de telle façon qu'en enlevant successivement les
pistons des trois tubes on produise une suite de bruits donnant la
sensation des notes d'un accord parfait. Un résultat semblable peut
être produit avec trois petites lames de bois qu'on laisse successive-
ment tomber sur le sol. — On reviendra d'ailleurs plus loin sur
les caractères particuliers des bruits.
302. Un «on e»t toujours produit par un mouvement
vibratoire. — Un son proprement dit est toujours produit par les
vthrntiom des corps, c'est-à-dire par des mouvements tels, (|ue les
positions relatives de points très-voisins les uns des autres diffèrent
constamment très-peu des positions relatives qui conviennent à l'état
de repos. — Pour constater le mouvement vibratoire dont est animée»
une corde tendue, quand on lui fait rendre un son, il suffit de re-
marquer le gonflement qu'elle semble éprouver, surtout vers son
milieu : à cause de la persistance des impressions lumineuses, la
corde nous apparaît alors comme occupant à la fois les diverses po-
sitions qu'elle prend successivement pendant son mouvement.
Un grand nombre d'autres expériences peuvent servir à manifester
les vibrations des corps sonores. — Si l'on fixe très-près de la paroi
d'une cloche de verre l'evtrémité d'une petite pointe métallique,
de façon cependant que la pointe ne touche pas la cloche quand elle
est au repos, et si l'on vient ensuite à faire rendre un son à cette
cloche, elle produit contre la pointe une série de petits chocs; en
posant la main sur la cloche, on sent un frémissement qui ne cesse
que lorsque le son vient à s'éteindre. — Si l'on place du mercure
DU SON ET DE SES CARACTÈRES. 5
dans rinlérieur d'un timbre sonore, il se produit, dès que le timbre
est choqué par un marteau ou frotté avec un archet, des ondula-
tions à la surface du liquide : ces ondulations se reproduisent d'une
manière continue, tant que dure le son rendu par le timbre. —
Enfin, on aura à revenir plus loin sur la disposition particulière
qu'affecte le sable répandu sur la surface d'une plaque vibrante, sur
les mouvements que manifeste le sable placé sur une membrane
mince qu'on descend dans l'intérieur d'un tuyau sonore, etc.
303. lie «on ne peut être perçu par l'oreille qu'autant
qu'il lui est transmis par une suite eontinue de milieux
pondérables. — Lorsqu'on place sous le récipient de la machine
pneumatique un timbre muni d'un petit marteau mis en mouvement
par un mécanisme d'horlogerie, on constate que, dès que le vide est
suffisamment parfait, le son du timbre frappé par le marteau cesse
d'être perceptible. De même, en faisant le vide dans un ballon de
verre au milieu duquel est placée une petite clochette suspendue
par un fil de lin, on peut constater, en agitant le ballon, que le son
de la clochette cesse d'arriver à l'oreille.
Au contraire, les divers milieux, solides, liquides ou gazeux, sont
aptes à la transmission des sons, pourvu qu'il y ait continuité entre
le corps sonore et l'oreille. (î'est ce que prouvent un grand nombre
de faits énumérés dans tous les ouvrages élémentaires.
30/i. Ii'intensité du son dépend de l'amplitude des vi-
brations. — Pour constater que l'intensité du son dépend de l'am-
plitude des vibrations qui le produisent, il suffit de faire vibrer une
corde et de l'abandonner ensuite à elle-même; le son, conservant
toujours la même hauteur, perd graduellement son intensité : en
observ.ant la corde avec attention, on voit diminuer en même temps
l'amplitude de ses vibrations. — Une observation semblable peut
d'ailleurs être réalisée avec tout autre corps sonore.
305. lia hauteur du son dépend du nombre des vibra-
tions exéeutées en un temps déterminé. — En observant les
vibrations d'une corde fixée piu* ses deux extrémités, ou d'une lame
fi ELASTlClTIi ET V<;OliSTIQl]E.
ûlaslique lixée par l'une de ses extrémités, et donnant à l'une ou à
l'autre une longueur suHisanle ]>our que l'œil en puisse suivre le
inouvenieni, on constiitu :
1* Que ces vibrations sont périodiques; qu elles soûl en outre i»o-
chrones, e'est-à-dire que leur durée est indépendante de l'amplitude;
•i° Que le nombre des vibrations e\écutées dans un temps donné
;iugnieiile à mesure qu'on diminue lu longueur de la corde ou de Ir
I;iinc vibrante;
3" Que, lorsque l'on diminue la longueur au dolà d'une rerlaine
limite, les vibrations, trop rapides pour être suivies par l'œil, pro-
duisent un Sun:
fi" One, si l'on ivduit au-dessous de cctle limite la longueur du
ht corde ou de U lame vibrante, la bauteur du son s'élète de plus
en plus.
Ces diverses observations conduisent à admettre que la perre|ilion
de la hauteur implique la périodicité du mouvement vibratoire, et que
la bauteur d'un son parlittulier dépend du nombre des vibrations de
même durée <|ui sont cirecluées en un temps donné.
Par suite, uii bruit qui ne paraît pas avoir de laractère musical
déterminé ne peut résulter que d'un mouvement vibratoîi'e non
périodique. — l'onr distinguer ncllenient les bitiiUi des wii», il bnit
reniarqtjer que, dans un grand nombre de cas, l'absence appaix'iile
DU SON ET DE SES CAKAGTERES. 7
de périodiciUî est due à la coexislence de plusieurs mouvements vi-
bratoires périodiques, de différentes hauteurs : il est quelquefois
possible d'isoler un ou plusieurs de ces éléments d'un bruit. —
D'autres fois, la faible durée d'un son ne permet pas, au premier
abord, d'en apprécier la hauteur, mais le caractère musical devient
sensible si l'on augmente la durée du son. C'est ce que montre l'ap-
pareil connu sous le nom de harre tournante de Savarl. — Une barre
de fer AB (fig. 281) tourne autour d'un axe M\ perpendiculaire à sa
longueur : on lui donne un mouvement de rotation plus ou moins
rapide, à l'aide d'une roue R dont le rayon est très-grand par rap-
port à celui de l'axe de rotation M\; à chaque demi-révolulion, la
barre traverse une ouverture rectangulaire CDEF, (pi'elle remplit
pres(|ue entièrement. A chaque passage de la barre dans cette ou-
verture, on entend un bruit intense, sans caractère nuisical bien dé-
lini; cependant, lors(|u'on accélère le mouvement et que la sensation
devient continue, on entend un son très-grave, dont la place sur
l'échelle musicale n'est pas douteuse pour une oreille exercée.
306. Vibrations complètes ou o»cillations double». —
J.orsque, aj)rès avoir exercé sur un corps une action qui dérange
ses molécules de leurs positions d'équilibre, on abandonne ce corps
à lui-même, les forces élasti([ues développées par de petits déplace-
ments étant sensiblement proportionnel es à ces déplacements eux-
mêmes, le mouvement des divers points est, dans la plupart des cas,
analogue à celui d'un pendule : chaque vibration est alors la succession
de deux oscillations égales et contraires, décomposables elles-mêmes
en deux moitiés symétriques par rapport à la position d'équilibre.
L'usage le plus ordinairement adopté par les physiciens qui se sont
occupés de l'étude de l'acoustique consiste à définir la hauteur d'un
son par le nombre des oscillations ou demi-vibrations effectuées en
un temps donné. On ne s'y conformera pas dans ce cours, et l'on
adoptera la convention faite en optique, c'est-à-dire qu'on défi-
nira toujours un mouvement vibratoire par le nombre de ses vibra-
tions complètes. — Les phénomènes offerts par les roues dentées de
Sa\arl, ou. par la sirène de Cagniard du Latour, prouvent d'adleurs,
comme on va le montrer, que les vibrations formées de deux oscil-
8 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
latioiiK égaies el contrairps ne sont pas seules aples à produire <le^
sons véritabies.
307. Roaea dentée» de SavArl. — Les luues dentées em-
ployées par Savart sonl en général au nombre (ie <|uatpe (fig. 982):
elies sonl montées sur un axe MN, auquei on peu! imprimer un
mouvement de rotation en le sub-
V À stituant à celui de la barre tour-
^p ^g^^- -.. nante, dans l'appareil représenté par
^ly A^H^^^^^^-'' la figure q8i. On place une carie
^^^^^B^E|^^^^^^ sur le support <|ui est fné en avani,
^^^B^T^^^^^^^^lT de façon que les dents de l'une
^^^B '~ des roues viennent successivement
I^H rencontrer celte carte. Ces chocs
MBg rHff répélés produisent un son, et
I Hh l'expérience, même quand on la
l'ait sans effectuer aucune mesure,
montre que le son est d autant plus
aigu que les dents sont plus nombreuses, ou <{ue le mouvement de
la roue est plus rapide. — On indiquera plus loin comment l'ap-
pareil permet de déterminer le nombre des impulsions imprimées à
la carte en un temps donné.
308. sirène de Cngnlard de Ii»(*ur. — L'appareil imstginé
par Cagniard de Lalour. et désigné par lui sous le nom de sirène, com-
prend, comme pièces e.ssentieltes , une caisse cylindrique de lailon (I,
danfe laquelle on comprime de l'air en montant le tube T (fig, a831
sur une soulHerle; dans le plateau MN, qui forme la base supérieure
de cette caisse, sont pratiquées des ouvertures également espacées sur
une circonférence ayant son centre sur l'axe même de la caisse. Au-
dessus de MN, et à une très-petite distance, est un plateau mobile PQ,
fixé à un axe d'acier qui peut tourner autour de 00' : ce plateau PQ
est lui-même percé d'ouvertures, en nombre égal à celui des ouver-
tures de MN, el situées sur une circonférence de même rayon. Deux
ouverlures rorrespondantes*r, s, pratiquées obliquement l'une el
l'auti'e par rapport au plan des plateaux, comme l'indique la coupe
DU SON ET DE SES CARACTÈRES. 9
représentée dans la figure a8S bis, ont d'ailleurs leurs axes inclinés
en sens contraire, dans un plan perpendiculaire au rajon du plateau.
L'air accumulé par la souHleric dans la caisse 0 ^'écoule seule-
ment quand il y a correspondance entre les trous du plateau mobile
e( ceux du plateau fivc; mais, le gaz arrivant par chacun des canaux '
I peu [irès normaiemcnt à la paroi opposée du tanai
lispondant s, il en résulte des pressions qui déter-
minent le ujouvement du plateau PQ autour de son ave, La cor-
respondance des ouvertures est alors supprimée, mais elle se rélahlît
rjuand le plateau supérieur a tourné d'une quantité égale à la distance
anj'ulaire de deu\ ouvertures consécutives, et ainsi de suite.
La vites.se de relation du plateau PQ. qui va d'abord en augmen-
tant, acquiert ensuite une valeur que l'on peut maintenir constante
pendant quelques instants, en exerçant sur le soufflet de la soutSerie
une pression convenable. Les chocs périodiques produits contre l'air
extérieur pur l'air qui s'échappe donnent naissance à un son dont la
hauteur est variable avec le nombre des ouvertures et avec la vitesse
de rotation Imprimée au plateau mobile. — On indiquera plus loin
comment ou peut déterminer le nombre des Impulsions communi-
quées à l'air en un temps donné.
10 ÉLASTICITÉ KT ACOUSTIQUE.
309. li^ |iéfi««llcité du mauvèmeiit est le seul élément
i^éeewiaîre m 1» pereeptipn île la hauteur. — Dans les deux
appareils que l'on vient de décrire, les mouvements communiqués
à Tair sont évidemment périodiques; mais on doit remarquer:
r Que l'air, chassé de sa position primitive par une impulsion
brusque, ne prend pas, pour revenir à cette position, un mouve-
ment égal et contraire à celui qui l'en a écarté;
9° Qu'enlre deux impulsions successives l'air est probablement
quelque temps en repos, et qu'assurément il n'accomplit pas, de
l'autre côté de sa position d'équilibre, une excursion égale 'à celle
qu'il avait accomplie sous l'influence de l'impulsion;
3" Qu'une sirène et une roue dentée, lorsque le nombre des chocs
périodiques qu'elles produisent en un temps donné est le même,
donnent des sons de même hauteur, bien que les mouvements de
l'air ne soient pas identiques dans les deux cas;
4° Que le son d'une sirène ou d'une roue dentée a même hauteur
(|ue le son d'un corps qui vibre en vertu de son élasticité, si le nombre
des chocs périodiques est égal au nombre de vibrations du corps élas-
tique, c'est-à-dire double du nombre des oscillations égales et con-
traires dont chaque vibration de ce dernier corps est composée^*^.
Le caractère musical des sons produits par ces deux appareils
n'étant pas d'ailleurs inoins accusé que celui des sons d'une corde ou
d'une verge, on voit que la périodicité du mouvement vibratoire est le
seul élément nécessaire à la perception de la hauteur. — Dès lors,
pour définir la hauteur, il est rationnel de donner la durée de la
période entière plutôt que celle d'un sous-multiple, c'est-à-dire le
nombre des vibrations complètes plutôt que le nombre des oscillations.
Les courbes ci-contre (fig. a 8 4) indiquent une représentation géo-
métrique du mouvement que l'on peut supposer communiqué à l'air
dans les divers cas qui [> récèdent. Dans la construction de ces courbes,
on a pris des abscisses proportionnelles aux temps, et des ordonnées
proportionnelles aux valeurs des déplacements qui leur correspon-
^') On peut, par exemple, constater (^uUine corde très-longue, dont ia vue peut suivre
Ie8 vibrations, exécute, en un temps donné, un nombre de vibrations qui varie en raison
Iliverse de sa loni'ucur. Au moyrn de cette loi , on peut évaluer le nombre des vibrations
(Piino rorde «pii fait etiteiidre un son, et le roiii|KinM* au nombre des cJiocs périoiliqucN
d'une sirène ou d'une roue dentée qui pi-oduil un sou de nièuie liaulcur.
i>ij soiv ET DK SES <;auactèkes. u
deal- La courbe A représente le iiioiiveineiit toiiiinu nique à l'air par
un corp (luiil le^ vibrations sunt semblables a celles d'un pendule.
pir une corde ou une verye par exemple. La courbe B re|)r<!sente
le mouvement tel qu'on peut l'imaginer dans le ciis de la roue
dentée ou de la sirène, en supposant que clia(|ue impulsion «oit
suivie d'un repos absolu. Les courbes (1 et I) représentent le mou-
vement dans le cas de la roue déniée el dans le cas de la sirène,
en supposant (jue chacjue tibralion soit formée de deu\ oscdlalions
inégales el de sens contraires, suivies d'une (lériode de repos.
On conç^roil. sans jtlus de détails et ît la .'liiniile inspection de ces
ligures, comment deux sons qui ont même période et qui apportent
à l'oreille, en un même temps, la même «piantité de forces vives,
peuvent cependant dilTérer entre eii\ d'une infinité de manières.
3t0. DétenulBstlsN du nambre Mbsalu dca vibratlona
effeMuéra en un temps déterminé. ■ — La figure -)83 indique
les détails priiK-i|iaLi\ d'un s\slt'ine d'enyrenajjes (|ni est joint à la
-sirène , et qui constitue un cumfitmi- des vibrations. Sur l'aw du pla-
la ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
teau mobile, on a pratiqué en EF un pas de vis qui engrène avec
une roue dentée R, en sorte que, à chaque tour du plateau PQ,
la roue H avance d'une dent; une aiguille fixée à l'axe de cette roue,
et mobile sur un cadran situé en arrière de la figure, avance alors
d'une division : cette aiguille marque donc les nombres de tours
elFectués par le plateau PQ. Une autre roue S est placée de l'autre
côté de la vis EF, mais elle n'engrène pas avec elle : cette roue est
destinée à marquer les nombres de tours de la roue R elle-même.
Pour cela, on a fixé à la roue R un appendice a qui est entraîné avec
elle; à chaque tour de R, cet appendice fait avancer d'une dent la
roue S, et fait marcher d'une division l'aiguille qui est fixée sur son
axe. Donc, en définitive, l'aiguille de la roue R compte les tours du
plateau; et si cette roue a cent dents, comme c'est le cas ordinaire,
l'aiguille de la roue S compte les centaines de tours.
La plaque verticale qui porte les axes des deux roues peut rece-
voir de petits mouvements latéraux, à droite ou à gauche, selon
({u'on appuie sur le bouton A ou sur le bouton B, Pendant que l'on
fait varier graduellement le son de la sirène, cette plaque doit être
|)oussée vers la gauche, de manière que la roue R n engrène pas
avec EF, et (|ue les aiguilles restent immobiles sur leurs cadrans.
A l'instant où le son atteint la hauteur qu'on veut lui donner, on
presse sur A , de manière à établir rengrenagc et à mettre ainsi en
mouvement les roues et les aiguilles. Enfin, quand on entend le son
perdre de sa constance, on presse sur B, de manière à supprimer
l'engrenage. Les indications des deux aiguilles fournissent les
nombres de tours effectués par PQ; le produit de ce nombre par le
nombre des ouvertures du plateau donne le nombre des vibrations
effectuées pendant la durée de rex[)érienc(». — Quaiit à cette durée
elle-même, on la détermine au moyen d'un chronomètre à pointage,
dont on prcîsse le bouton aux deux instants où l'engrenage est
établi ou supprimé.
A l'axe (les roues dentées de Savart (tig. m8îi) est adapté d'or-
dinaire un compteur analogue au précédent : il donne le nombre des
tours effectués par l'axe, et par suite le nombre des vibrations elfec-
tuées dans un tem|)s donné.
Enfin on peut déterminer directement le nombre des vibrations
DU SON ET DE SES CARACTERES. 13
elTectuées par un corps sonore quelconque, au moyen des compteurs
graphiques, dont la première réalisation est due à Duhamel. La fi-
gure "jSâ représente l'un de ces compteurs, disposé pour déterminer
le nombre des vibrations ext'-cutées par une corde qui vibre transver-
salement, — Ln tambour rvtindriquc TT' est animé d'un mouvement
de rotation uniforme uulour de sou ave : il est mû par un mécanisme
d'horlojrerie placé dans la botle H-. sa surface est couverte de noir
de fumt^e. Un diapason I) est rais en vibration , à l'aide d'une pédale
qui est adaptée à la partie inférieure de la tige PQ et qui forre la
pièce de bois a à passer entre les deux branches : la branche supé-
rieure de ce diapason porte un petit stylet qui oscille alors verti-
calepienl, et qui vient tracer une ligne sinueuse sur le noir de fumée
pendant que ic cylindre se déplace, La corde AB, qui est soumise à
l'expérience, est tendue dans une direction perpendiculaire à l'axe
du cylindre: on a fixé en son milieu un stylet qui vient tracer une
autre ligne sinueuse sur le noir de fumée, quand la corde est ébran-
lée en même temps que le diapason, — It suffît de prendre le rap-
port des nombres de sinnosités des deux courbes, dans l'inlervallc de
deux génératrices déterminées du cylindre, pour avoir le rapport des
nombres de vibrations exécutées par les deux corps sonores dans un
ih ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
même inlervalle de temps. Si donc on connaît le nombre absolu dos
vibrations exécutées par le diapason dans un temps déterminé, on
en conclura le nombre absolu des vibrations exécutées par la corde
dans le même temps ^^^
311. Détermlnatloii du rapport des nomlireii de iribra-
tioiis de deum ••us. — itoiianiètre* — L'expérience montre que
les nombres* de vibrations exécutées dans un même temps par une
corde flexible, dont la tension reste constante et dont on fait varier
la longueur, sont en raison inverse des longueurs des parties vi-
brantes. Dès lors, pour déterminer le rapport des nombres de vibra-
tions qui correspondent à deux sons déterminés, il suffît de prendre
une corde présentant une tension convenable, et de faire varier la
longueur de la partie vibrante de manière à la mettre successivement
à Tunisson de chacun d'eux; le rapport inverse des deux longueurs
donnera le rapport des nombres de vibrations.
On emploie ordinairement, pour cette détermination, un instru-
ment connu sous le nom de sonomètre (fig. Sai) : il se compose
d'une caisse sonore, en bois de sapin, sur laquelle sont tendues des
cordes métalliques dont on peut régler à volonté la tension. De petits
chevalets, mobiles dans le sens de la longueur des cordes et placés
sur des règles divisées, permettent de mesurer avec précision les
longueurs des parties vibrantes.
312. lilmltes des sons pereeptlMes. — Le nombre des vi-
brations exécutées par un corps doit, pour produire sur l'oreille la
sensation d'un son, ê(re compris entre deux limites que divers phy-
siciens ont cherché à déterminer.
Ces limites ne paraissent pas avoir une fixité absolue : elles sem-
blent varier un peu, soit avec Tintensilé du son, soit avec la sensi-
bilité j)ro[)re de Toreille de l'observateur. Il est cependant à peu près
impossible (h percevoir un son lorsque le nombre des vibrations
^•) Pour ohlenir lo nombrr nbsolii dos vibralions du diapason dans un temps donné, il
suflîtdo connaili'C la nlcsse angulaire du tainlmur cylindrique, el de rouipler le nombre
al>solu des sinuosités tracées par le diapason entre deux génératrices situées. Tune par
rapport à l'autre, A une distance angulaire déterminée. K. V.
INTERVALLES MUSICAUX. 15
est inf<^rieur à ifi par seconile, ou snpt^rieur à Syooo par se-
conde.
VALEURS MJMERIQIES DES PRINCIPAUX INTERVALLES MUSICAUX.
313.' Intenralles ntusleaux* — CoiMMinnaiiecfi et tflMM-
nances* — Vintervalle musical de deux sons est caractérisé, non
pas par les nombres absolus des vibrations qui les produisent, mais
par le rapport de ces deux nombres.
Le tableau suivant indique les valeurs assignées par Texpérienfe
aux principaux intervalles usités dans notre musique. — On peut
diviser ces intervalles en cotisonnances- ou dissonances, selon que la
production simultanée des deux sons qui constituent chacun d'eux
produit sur l'oreille une sensation agréable ou une sensation désa-
gréable.
INTKRVAIXES PRINCIPAUX.
C0>S0!\>'A\CFS.
RAPPORTS DRS KOURRRS
nr. VIRRtTIO\!«.
Unisson i
Oclnv«» 'i
Sixte majeure ~
Quinte juste
Qiiarte jnsto '
Tierce majeure y
Tierce mineure. . '
DISSONANCES.
RAPPORTS DRS '«OMBR»^
OB VIRRATIOXS.
Seconde majeure ou Ion nitijeur ^
Seconde mineure ou ton minenr —
9 .
Demi-Ion majeur —
Demi-ton mineur (dièse ou l>emol) —
(]omma (inlervalle regardé en général comme négli-
s-'»'") È
16 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
On peut remarquer que, si la valeur numérique de chaque in-
tervalle est ramenée à une fraction irréductible, comme cela a été fait
dans le tableau qui précède, les deux termes des fractions qui cor-
respondent à des consonnances sont toujours plus petits que ceux
des fractions qui correspondent à des dissonances ^^l
316. Ajecords parfaits* — On appelle en général accord parfait
une série de trois sons ou noies dont la succession ou la produc-
tion simultanée produit sur l'oreille une sensation particulièrement
agréable; on désigne ces notes, dans Tordre de hauteur croissante,
sous les noms de tonique, médianie et dominante.
Dans Raccord parfait majeur^ l'intervalle de la médiante à la to-
nique est une tierce majeure; l'intervalle de la dominante à la to-
nique est une quinte juste.
Dans r(icforrfj[;aiy«/fmfWur, l'intervalle de la médiante à la tonique
est une tierce mineure; l'intervalle de la dominante à la tonique est
encore une quinte juste.
On voit que les divers intervalles qu'offrent entre eux les sons
de chacun de ces deux accords parfaits sont les suivants :
RAPPOBTS DBS NOMBRES
DE YIBRATIOKS.
I Tonique i ) , „ 5 , .
} Intervalle - (tierce niaieure).
Médianie ^ )].
' { \~) 6
^ Dominante. .., ]\ Intervalle ^ = - (tierce mineure).
I' Tonique 1 ) g
Intervalle- (tierce mineure).
Médiante \\ %
r ( )
Dominante M Intervalle y— ^ ) (tierce majeui-e).
Chacune des deux espèces d'accords parfaits est donc formée d'une
^'^ La connaissance de ces divers inlenalles, et en particulier de ceux auxquels l'oreillo
est particulièrt^menl sensible, peut élre commode pour simpliBer la comparaison des
conditions de production des sons, dans diverses expériences d^acousliquc. Dans les re-
cherches précises, on doit faire usage exclusivement de VuniMoUy que loule oreille peut
apprendre à apprécier avec une exactitude complètement satisfaisante.
INTERVALLES MUSICAUX.
17
tierce majeure et d*une tierce mineure : l'ordre de succession de ces
tierces diffère seul de l'un à l'autre.
315. Qammeii. — On désigne sous le nom général de gamtne
la succession d'un certain nombre de sons, intermédiaires entre une
tonique déterminée et son octave aiguë, et dont les nombres de vi-
brations sont à celui de la tonique dans des rapports fixes. — Les
valeurs de ces rapports présentent, dans notre musique, deux séries
un peu différentes l'une de l'autre : ces deux séries constituent la
gamme majeure et la gamme mineure,
La série des rapports de nombres de vibrations qui constitue une
gamme majeure est la suivante. (On a pris comme exemple le cas où
la tonique est la note ut,)
GAMME MAJEURE.
%
m
mmam
OOTATI.
Rapports des nombres!
de vibrations à celui /
TOXIQCK.
8US-
TORIQDI.
uimtfnË.
3008-
OOMIHAHTR.
DOmifARTR.
808
DOMUfAHTI.
smiBLB.
(«')
(ré)
(mi)
(/«)
(,<,/)
(/«)
•
de la tonique.
Intervalles ....
9
8
5
l
h
3
3
1
5
3
9
8
10
9
i6
15
9
8
10
?
8
(t*^)
— 9
i6
t5
«5
8
On voit immédiatement que les diverses notes d'une pareille
gamme peuvent se répartir eUes-mémes en trois séries, formant cha-
cune un accord parfait majeur, savoir, dans l'exemple choisi :
ut mi sol
TinOI MAJIUM. TIHCB MIHRVRK
sol si
TinCI HAJRURR. T1RMB HimOBR.
fa la ut
re^ /
nRRCR MAJRURS.
TinOR HINIURR.
Le premier de ces trois accords a pour tonique celle de la gamme;
le second a pour tonique la dominante du premier; le troisième, a
Vbbdit, IIL — Cours de phys. IL a
18
ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
pour dominante Toctave de la tonique du premier. — -Les intervalles
de tierce majeure et de quinte juste, qui constituent l'accord parr-
fait majeur, suffisent donc, quand on les combine avec l'intervalle
d'oct«ve, pour reproduire toutes les notes de la gamme majeure ^*^
La série des rapports de nombres de vibrations qui constitue une
gamme mineure est la suivante. (On a pris comme exemple le cas
où la tonique est encore la note ut.)
GAMME MINBURE.
Rapports des nombres
de vibrations à celui
de la tonique
Intervalles
TOinQnc.
("0
SUf-
TORIQDI.
(ré)
9
8
MSDUIfTI.
(mi hém.)
MUS-
DOMINANTB.
(/«)
DOMINANTC
SD»-
DOMINANTI.
(sol) (/fiWra.)
SINSIBLI.
(«ibém.)
OCTATI.
(«ij
6
5
4
3
3
9
8
5
8
9
il
i5
10
9
?
8
i6
t5
9
8
io
Oq voit que les diverses notes d'une gamme mineure peuvent se
(') En prenant pour tonique Tune quelconque des notes de la gamine, et cberchant à
reproduire la série des intervalles de la gamme elle-même, on est conduit à Temploi des
(iièêeê et des bémols. — Les notes qui sont diésées ou bémolisée^ conservent alors leurs
noms primitifs; mais ces noms s^appliquent à des nombres de vibrations qui sont aug-
mentés dans le rapport ^, ou diminués dans le rapport ^.
Cesi ainsi qu*en prenant pour tonique d^une gamme majeure, non plus la note ut,
mais sa dominante iol, on trouve que les notes successives, telles qu'elles existaient dans
la gamme d'iif , c'est-à-dire
êol la xi «L ré^ m»„ fa^ »oL
ut^ ré^ mi^ fa^ ^.^
présentent entre elles les intervalles convenables pour former encore une gamme ma-
jeure, à la condition de diéser la note sensible /a^, c'est-à-dire de multiplier le nombre
des vibrations par —* La nouvelle série de sons ainsi obtenue forme alors une mélodie
dans laquelle les intervalles successifs sont, ou rigoureusement égaux à ceux qui ont servi
à déBnir la gamme d^uf, ou égaux à ceux de la gamme d'ut multipliés par g^, ce qui est
considéré comme équivalent pour Toreille. — De même, en prenant pour tonique d'une
gamme majeure la dominante re'de la précédente, on est conduit à diéser encore la note
sensible ut, et ainsi de suite.
Si maintenant on veut former une gamme majeure dont la dominante soit la tonique
de la gamme d'ti(, ou plutôt son octave, et si Ton prend les notes
fa toi la ii ut^ ré^ mi^ fa^^
on trouve que, pour avoir les intervalles qui caractérisent une gamme majeure, il faut
INTERVALLES iVfOSICAUX. 19
répartir en trois séries, formant chacune un accord parfait mineur,
savoir, dans l'exemple actuel :
ut mi bémol sol
Tuici miiniia. tiibci majbou.
«0/ si bémol ré
Tinoi MINBOBR. TIRKCI MAJIOM.
fa la bânol ut^
TIMCR MIRBDIB. TIBBCB MAJBUBB.
Ici encore, le premier de ces accords mineurs a pour tonique
celle de la gamme; le second a pour tonique la dominante du pre-
mier; le troisième a pour dominante l'octale de la tonique du pre-
mier. — Les intervalles de tierce mineure et de quinte juste, qui
constituent l'accord parfait mineur, sullisent donc, avec l'intervalle
d'octave, pour reproduire toutes les notes de la gamme mineure ^*l
Léinoliser la sous-dominaDle tt, c'est-à-dire en niultipiier le nombre des vibrations
par ^ ; la nouvelle série de sons ainsi obtenue forme encore une mélodie présentant des
intervalles égaux à ceux de la gamme d'ut, ou à ces mêmes intervalles multipliés par ^.
— . De même, en formant une gamme majeure dont la dominante soit la tonique /a de
la gamine qui précède, on est conduit à bémoliser encore la sous-dominante fm, et ainsi,
de suite.
Les dièses et les bémols servent également , comme on Tindique plus loin, à former les
gammes mineures sans employer de nouveaux noms pour les notes qui les constituent,
bien que plusieurs de leurs intervalles différent des intervalles qui leur correspondent
dans les gammes majeures. É. F.
(*) Les intervalles de la gamme mineure, tels qu^ils sont indiqués ici, sont ceux que les
musiciens emploient en effet quelquefois en exécutant la ganune mineure descendanle,
c'estrè-dire en allant de Toctave è la tonique : on voit que la gamme ainsi formée contient
toutes les notes qui entreraient dans la formation d'une gamme majeure dont la tonique
serait d^une tierce mineure au-dessus de la tonique actuelle, c'est-à-dire, pour l'exemple
qui a été choisi , dans la formation de la gamme de mt bémol majeur, — Lorsqu'on exécute
la gamme mineure oêcendêntef c'est4-dire lorsqu'on passe de la tonique è Toctave, il est
indispensable, pour satisfaire ToreiUe, d'élever la note sensible d'un demi-ton, c'est-à-
dire, dans le cas actuel, de substituer au «t hémol un ti naturel, — Les trois accords
parfaits dont la combinaison peut reproduire la gamme mineure ne sont donc plus trob
accords parfaits mineurs, mais seulement deux accords parfaits mineurs et un accord par^
fait majeur. É. F.
'2,
PROPAGATION ET PRODUCTION DU SON
DANS LES GAZ.
PROPAGATION DU MOUVEMENT VIBRATOIRE BANS LES GAZ.
316. On a déjà étudié précédemment les relations qui existent,
dans l'état d'équilibre > entre les volumes des gaz et les pressions
qu'ils supportent. On peut donc aborder immédiatement ici l'étude
des mouvements vibratoires dont les gaz sont le siège : ces mouve-
ments eux-mêmes devront s'expliquer au moyen des lois que les ex-
périences d'équilibre ont fait connaître.
D'ailleurs, si l'on connaît complètement l'effet produit par l'ébran-
lement d'une portion infiniment petite d'un corps, il sera facile
ensuite d'en conclure l'effet résultant d'un système quelconque
d'ébranlements communiqués à toutes les parties de sa masse; en
d'autres termes, si les phénomènes de la propagation du mouvement
vibratoire sont entièrement connus, on en pourra déduire les lois
de sa production. Il convient donc que Tétude de la propagation
précède celle de la production du son.
317. PropaffAtlon d'un ébranlemeiit unique dans un
tuyau cylindrique indèflnl de petit diamètre* '^ Veiïei
d'une impulsion de très-courte durée, produite à l'origine d'nn
tuyau, étant de comprimer la première tranche de l'air qu'il contient
et de lui communiquer une certaine vitesse, on peut assimiler la
réaction de cette première tranche, sur la série indéfinie de tranches
égales dont la colonne d'air peut être censée composée, à la réac-
tion qu'exerce une bille élastique en mouvement sur une série in-
définie de billes égales et placées h la suite l'une de l'autre, dans la
direction du mouvement de la première. — Quand on effectue
cette expérience avec des billes d'ivoire suspendues par des fils de
soie, comme on le fait dans tous les cours, on constate que la force
PflOPAGATION DU MOUVEMENT VIBRATOIRE DANS LES GAZ. 21
vive comiuunîquëe'par la première bille à ia série se transmet aux
billes successives, en sorte que la dernière, ayant même masse que la
première, acquiert une vitesse égale à celle que possédait la première
iiu moment du cboc. On peut donc admettre que, dans un tuyan
cylindrique, un ébranlement unique, dirigé de l'ouverture du tuyau
vers l'intérieur, c'est-à-dire ayant pour effet de comprimer la première
tranche d'air, se communique successivement et intégralement à
toutes les tranches de même masse dans lesquelles on peut décom-
poser la colonne gazeuse qui remplit le tuyau , chaque tranche ren-
trant eu repos après avoir transmis son mouvement à la suivante.
Par analogie, on est conduit à admettre que, dans le cas oij U
tranche d'air qui est à l'origine du tuyau est dilatée par aspiration
au lieu d'être comprimée par impulsion, la transmission de cette
dilatation se fait encore d'une manière semblable , d'une tranche à
l'autre, dans toute la longueur du tuyau.
Les consé<|uences de ces analogies sont d'ailleurs confirmées par
l'application d'une analyse rigoureuse à U question. — Si , dans une
région limitée AB (fig. a86 ) d'un tuyau indéfini dans les deun sens, OB
imagine que les diverses sections éprouvent, à un instant déterminé.
de très-petites condensations ou dilatations , variables d'une section à
l'autre suivant une loi donnée mais quelconque, et que, en même
temps, les diverses sections de celte région soient animées de très-
petites vitesses parallèles à l'axe et distribuées également suivant une
loi déterminée, cette perturbation se décompose en deux ébranlements
distincts, qui se propagent dans les deux sens opposés avec la même
vitesse, de telle façon qu'à une époque quelconque t les molécules
d'air ébranlées se trouvent contenues dans deux régions, A'B' , A'B'
égales en longueur à AB et ayant leurs niiheux 0' et 0" à la même
22 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
^listance ai du point 0, milieu de AB. Les condensations et les vi-
tesses sont distribuées de telle façon, dans ces deux ébranlements,
qu'aux divers points de A'B' le rapport de la vitesse à la conden$ation
soit constant et égal à la vitesse de propagation a y et qu'aux divers
points de A'^B'^ ce même rapport soit constant, mais*égai k—a,
c'est-à-dire à la vitesse de propagation prise en signe contraire ^^\
318. Pr«pasati«ii d'un ni^iiirenieiit vlliratoire quel-
••nque dans m tujau cyliiidrique indéfliii* — Des résul-
tats que l'on vient d'indiquer, on passe , suivant les procédés ordi-
naires de la méthode infinitésimale, au cas d'un mouvement vibra-
toire quelconque, en substituant à ce mouvement vibratoire une
série discontinue d'ébranlements de plus en plus rapprochés. — On
arrive ainsi aux conséquences suivantes :
1° Un mouvement vibratoire, entretenu par une cause quelconque
en une section donnée du tuvau, donne naissance à deux mouve-
tnents vibratoires qui se propagent en sens opposé et avec des vi-
tesses égales.
9* Si le mouvement vibratoire est périodique, les mouvements
propagés sont périodiques, et leur période a la même durée.
319. CTmi pmrUmuÊàmr d*uB mouvement vilimigige dans
leqpMl eliaqipg vibratiau peut se déeampaaeg eu deux
aertllatiaue eautrairea, STmétriqpMa l*uue de l*auii«. —
Lorsque l'on considère, en particulier, le cas où la tranche jd!aifjqui
est placée à l'origine d'un tuyau cylindrique indéfini est animée d'un
mouvement vibratoire tel que chaque vibration puisse se décomposer
«n deux oscillations contraires, symétriques l'une de l'autre, il est
facile de représenter graphiquement l'état de l'air aux divers points
du tuyau, à des époques déterminées : c'est ce qui arrive, par
^*) Ed employant les con? entions généralement adoptées sur les signes des vitesses, cette
règle peut s^exprimer en disant que le rapport de la vitesse absolue à la condensation ou
i la dilatation absolue est, dans les deux ébranlements A'B', A"B', égal à la vitesse de
propagation , et qu^il y a condensation dans les points où la vitesse est dirigée dans, le
sens de la propagation, tandis qu'il y a dilatation dans les points où ia vitesse est dirigée
en sens contraire.
Si, aux divers points deTespace AB primitivement ébranlé, ia vitesse est rtïpréseniér
PROPAGATION DU MOUVEMENT VIBBATOIRE DANS LES GAZ. S3
eiemple, quand l'air est mis en mouvement, à l'origine A d'un tuyau
^une grande longueur, par la branche d'un diapason vibrant. —
Pour représenter l'état de l'air dans chaque tranche, on prendra
Boe abscisse égale à la distance de cette tranche à l'ouverture, et
une ordonnée proportionnelle à la vitesse dont elle est animée : on
conviendra d'employer des ordonnées positives pour les vitesses
dirigées dans le sens de la propagation des ébranlements, et des
ordonnées négatives pour les vitesses dirigées en sens contraire.
Alors, si l'on suppose que la branche du diapason parte de l'ex-
trémité de son oscillation qui est la plus éloignée de l'ouverture
du tuyau, de manière à produire d'abord une compression sur
l'air intérieur, on voit immédiatement que, après ttn quart de vibra-
lion, c'est-à-dire à l'instant oti la branche passe par la position qui
serait sa position d'équilibre, les vitesses d'ébranlement dans la'
portion du tuyau mise en mouvement sont représentées par une
eonrbetelle que BM(âg. 987), l'ordonnée AB représentant la vitesse
maiimum, et le point M étant le. point de l'aie du tuyau auquel
arrive, à cet instant, la première impulsion communiquée par
la branche du diapason au commencement de son mouvement. —
Dans toute la partie AM du tuyau, l'air éprouve d'ailleurs, à ce
même instant, une condensation qui est décroissante de A en M.
par/(x), la condeosaliou par F(x), il eiisle évidemmnit loujoure deiii fonctioiu <p(x)
ei 1^ (i) telle», qoe I'od ait
«1 l'on peul regarder l'ébraidement initial comme la «iperpoàtion de deux autres, dan»
■(•quda les vilewea initiales seraient refpectiveiDen(9(x)el <^(£),el lea condenealioni
initiaiea ^-^ — - et — ^-^ — • Ce sont ces deux éhnmlementB drimenltires tpii m prô-
pagent en aens eppoac , avec la même viteme.
2fi ÉLASTIcrTÉ ET ACOUSTIQUE.
Après une tUmi-vibration , c'est-à-dire à l'instant où la branche du
diapason atteint l'extrémité droite de son oscillation, la longueur de
la partie ébranlée AM (fig. 988) est double de la précédente : les
Fie- >8«-
vitessefi d'ébranlcmunl suiit représentées par une lourbc telle i|uç
ABM, symétrique par rapport à l'ordonnée maximum NB. — Dans
toute cette partie du (uyau, l'air éprouve encore, à l'instant consi-
déré, une condensation qui est croissante de A en N. et décrois-
sante de N en M.
Après HiictibralloH, c'ust-à-<lirir à l'instant oii la branche du dia-
pason, revenant pour la première fois à son point de départ, a ac-
compli deux oscillations contraires et symétriques, la longueur do
la partie obranlée AM (Hg.
■J89) est quadruple de celle ([iii
éhiil
1
1
ébranlée après un quart de vibration : les vitesses d'ébranlement sont
représentées par une courbe telle que ACPB.M, dans laquelle le
point P est au milieu de AM; les deux ordonnées nia\ima NB et QG
sont égales et de signes contraires, et correspondent respectivement
aux milieux de AP et de PM; la branche de courbe PCA est symé-
trique de la branche PBM, par rapport au point P. — Dans la partie
PM du tuyau, l'air éprouve des condensations qui sont croissantes
de P en N, décroissantes de N en M; dans la partie AP, il éprouve
des dilatations qui sont croissantes de A en Q, décroissantes de Q
en P; enfin, la série des dilatations de A en P présente des v«-
PROPAGATION DU MOUVEMENT VIBRATOIRE DANS LES GAZ. 95
leurs égales et contraires à celles de la sërîe des condensations de
P en M.
Dès lors, il est aisé de voir que, pour représenter l'état de l'air
dans le tuyau à une époque quelconque, il suffira d'élever, au point
correspondant à l'ouverture A, une ordonnée AD (lîg. 390) repré-
sentant, pour sa grandeur cE pour son signe, la vitesse de la pre-
mière tranche d'airà cet instant; de construire, à partir du point D,
une branche de courbe DR égale à celle t^tie suivrait une ordonnée
égale et seiublablenient placée dans la courbe représentée par la
ligure aSg; enfin de reproduire, à la suite du point H, une suc-
■ cession de branches de courbes KCP, PBM, etc., alternativement
égales aux deux branches de cette raéme figure.
On appelle longueur d'ondulation, dans un mouvement vibratoire
de période déterminée, la distance AM (fig. 98g) à laquelle le mou-
vement se propage pendant la durée d'une vibration, ou, ce qui
revient au même, la dislance comprise entre deux points S et T
(fig. 990) correspondants à deux ordonnées consécutives SG, TH,
égales en grandeur el de même signe. — Une portion du tuyau cor-
respondante à une branche de courbe lelle que PBM constitue une
demi-onde condensante; une portion correspondante à une branche
telle que RCP constitue une demi-onde dilattinle.
Deux demi-ondes consécutives sont toujours de noms contraires :
leurs points de jonction , tels que R, P, M , dans lesquels la vitesse
d'ébranlement est nulle et oiî l'air n'est ni comprimé ni dilaté,
constituent des nccudt. — Les points tels que Q, N, qui corres-
pondent aux plus grandes valeurs absolues des ordonnées, et dans
lesquels la vitesse d'ébranlement est maxima, ainsi que la dilatation
ou la condensation, constituent des ventre». — Si l'on considère
divers instants successifs, on voit que ces nœuds et ces ventres se
^ ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
dépiacent dans la longueur du tuyau, avec une vitesse égalé à la
vitesse de propagation elle-même.
Il est important de remarquer quer, d'après les considérations qui
précèdent, Tintensité du son dans une colonne cylindrique de gaz
doit être indépendante de la distance à l'origine.
Un des exemples les plus simples et les plus fréquents de vibra-
tions décomposabies en oscillations contraires et symétriques est
celui où le mouvement peut se représenter par une formule telle que
r exprimant la vitesse à un instant quelconque l, A étnnt une cons-
tante, et T exprimant la durée d'une vibration complète.
Si la vitesse de la première trancbe d'un tuyau est représentée par
une pareille formule, il est facile de trouver une expression de la
vitesse d'une tranche située à une distance x de l'ouverture. — Soit
ah vitesse de propagation d'un ébranlement, dans le gaz qui
remplit le tuyau. Chaque ébranlement, après s'être produit à l'ou-^
verlure, met un temps- pour parvenir & la trancbe considérée;
donc la vitesse d'ébranlement de cette tranche à l'instant ( est celle
qui existait a l'ouverture au temps ^ ~ ~ • elle a pour valeur
X
I
A • ^
y = Asm ait ry
ou bien
v = Asin 97r f ;« — -iFpJ ;
or, si l'on^désigne par X la longueur d'une ondulation, on voit que le
produit oT n'est autre chose que X , en sorte qu'on a
«; = A sin 3 w f «; — ^- j
(I)
^') La vitesse de vibration d'une traiidie quelconque du tuyau étant, à Piiistaut t,
v^ \ sin ^^ ( mt"" 5" ) '
*t h ^itt*»»!; élaiil fjjalo a la déiivw -j- *^'*' rf>J«r*' parcouru m, on voit que lo déplace*
PROPAGATION DD MOUVEMENT VIBRATOIRE DANS LES GAZ. 17
3S0. PMpacaiiMi «MM VM mIHmi UéMAmI mi toMi MiM.
— L*ébranlenieiii primitif étant circonscrit dans une peûte sphère
de rayon e ^^\ on démontre qu'à Tépoque l les parties ébranlées du
gai sont toujours comprises entre deux sphères dont les rayons sont
mi — i et al+<» la vitesse de propagation a étant la même que
dans le cas d*un cylindre indéfini. — De là résulte évidemment que ,
dans ce cas, la forme des ondes est sphérique.
Lorsque le rayon des ondes est suffisamment grand « on démontre :
1* que les vitesses des molécules deviennent perpendiculaires è la
surface des ondes, quelle que puisse être leur direction originelle;
d* que, sur un rayon donné, les vitesses varient en raison inverse de
la distance au centre. — La seconde propriété est une conséquoBoe
èft ia pfffièro «t do fiûidpe de la cona^rvation des forées nnê,
pBpwpie la htùB vive «t proportionnelle au carré de la viteMê, et
qM la -mwn i|m reçoit le aaeuvemenl est proportionnelle au c«nré
maat u dct mMâiM de eetto tranche fiar rapport m le position d'équilibre est , è chaque
iottant,
^ AT /t x\
Soient « et « -4- ^m ies déplacements de deux tranches infiniment voisiner , dont les distances
è Tori^ne sont s eix-hdn: rintervalie de ces deux tranches, qui dans Tétat de repos
est dx, devient ix-him dant Pétat de naonvement; par suite, la densité de la coudiedlair
comprise entre elles diminue dans le rapport de i -f- -«- A Punité; en d^autres termes,
— j- est la eondentttion. Mais, de la valeur précédente de m , on tire
du AT . / < x\
•a hîen, m remplaçant A par «T,
rfu I . . / 1 x\ t^
dx a \T aJ a
Le rapport de i» vilesM i h eondensalion est donc eonataot et'égat k a » ainsi që'il est
^*) La forme spbériqoe, assignée i Pâiranlement, n'est une condition restrictive qu'en
apperenee, tant qtt*on laisse indéterminée la distribution des condensations et des vitesses
dbna Pinlérîeiir de la sphère. Quel que soit le système des points réeUcment ébranlés, on
peottoajoure concevoir une sphère qui les contienne tous, et prendre cette sphère entière
poor le Keu de fébrenlement primitif, en attribuant des vitesses et des condensations ini-
tiales nulles aux points où il n*y a , en réalité, aucune* perturbation de IVlat de repos.
28 ÉLASTICITÉ ET acoustique: '
du rayon de la coudie sphérique; celte propriété signifie d'ailleurs
que, dans un milieu Jndéfiili, l'intetuité du son varie en raiion invene
du carré de la dutanee à Corigine.
Onpasseensuile, comme précédemment , d'un ébranlement unique
à un mouvement vibratoire continu et périodique. — On voit alors
que, si l'on veut représenter par une courbe les vitesses d'ébranle-
ment à un instant donné, sur un rayon quelconque el à une grande
distance du centre d'ébranlement, on a, dans le cas où le mou-
vement vibratoire est du i^enre de ceux que l'on vient de considérer
en dernier lieu, une courbe telle que celle de la figure 291 '". Les
nœuds M', M, P, Q, R sont encore équidistants, mais tes ordonnées
maiima vont sans cesse en diminuant, de chaque demi-onde MAN
à la demi-onde suivante NBP, en raison inverse de la distance au
centre de vibration. — Dans ce cas, la formule de la vitesse à un
instant 1, pour un point situé à une distance :e, est ' '
■ " ' A . / 1 x\ '■ "
Enfin, il est aisé de voir que le principe général de la superposi-
tion des petits mouvements permet de passer du cas d'un très-petit
ébranlement sphérique au cas d'un système d'ébranlements quef-
Gonques. /
321.
••■ étatm !«• fm, — En partant de ce principe que la vitesse de
propagation a, dans uogaz, est égale à la racine carrée du rapport
de l'accroissement absolu de la pression à l'accroissement absolu de
''' II11 siipptMu, dan» ceUe figure, que le centre il'él)raiil«aKnl wlsiliié i rniv grainle
disUiice Mir la ligue MR, i (gauche.
VITESSE DU SON DANS LES GAZ. 29
la densité» et appliquant simplement la loi de Mariotte, on arrive
à la formule donnée par Newton
"'^s/^'k^' +'''')'
Dans cette formule, g désigne l'intensité de In pesanteur, dans le
lieu que l'on considère; m est la densité du mercure à la tempéra-
ture zéro; h est la hauteur barométrique actuelle, réduite à zéro;
Dq est la densité du gaz^ sous la pression barométrique actuelle
et à la température zéro; a est le coefficient de dilatation du gaz;
T est la tempérciture actuelle ^^K
Mais, en raison de la mauvaise conductibilité des gaz et de la
rapidité de la propagation du son , la chaleur qui est dégagée en
un point de la masse, au moment où il s'y produit une condensation,
ne peut se répandre immédiatement dans la masse tout entière; de
même, la chaleur qui est absorbée en un point, au moment oii il s'y
produit une dilatation , ne peut lui être immédiatement restituée par
le reste de la masse gazeuze. De là résulte que la pression dans
l'état vibratoire ne doit pas varier suivant la loi de Mariotte, mais
suivant la loi qu'exprime la relation
dans laquelle 6 désigne la variation de température qui est produite
par une variation relative S de la pression éprouvée par le gaz , cette
variation étant une condensation ou une dilatation, selon que S est
t') La formule de Newton peut se déduire de Tënôncé qui précède, de la manière sui-
vante. Puisque A est la colonne de mercure à zéro qui repr^nte la pression initiale du
gax, BÎ la preasion devient A (1-4-7'), ^ densité D du gai devient, en vertu de la loi de
Mariotte, 0(1 + 7). Donc le rapport de Paccroissomenl ahsolu de la pression à Taccroisse-
aemënt absolu de la densité est
Dy '
Mf) supprimant Je facteur y et remplaçant D par ^— 9 on obtieot
•V
E. F.
30 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE,
positif ou négatif. — D'autre pari, on a démontré ^^^ que, si fon idé-
signe par i H- y le rapport - de la chaleur spécifique sous pression
constante à la chaleur spécifique sous volume constant, on a
e _ y
\H-«T/
d'où l'on tire
Par conséquent, on a
ou, en remplaçant y par »
9
ou enfiji, en négligeant S^ qui est supposé très^petit.
Ainsi, quand la densité — î— augmente de — - — , la pression gmh
augmente de
ce qui conduit à la formule donnée par Laplace
"=V'^(*+«^)?
c . .
La valeur de-'« qui constitue l'un des éléments fondamentaux»
des gaz, se trouve ainsi liée, comme on le voit, à l'étude des vibra-^
lions sonores.
322. BéMiliAtA ffMirBi» |Mur rempérlcM^e. — Les anciennes
observations de Biot, faites au moyen des tuyaux destinés à con-
duire les eaux d'Arcueil, ont donné pour la vitesse de propa-
(*) Voir le cours de première année, tome I", p. i8o.
■ VITESSE DU SON DANS CES GAZ. 31
galion du soB dans l'air, à la température de 1 1 degrés, la valeur
3AA mètres par seconde : ce résultat est d'ailleurs indépendant de
la hauteur et dé l'intensité du son considéré. — Le nombre iàà
diffère, d'environ 5 mètres, du nombre qu'on aurait dû trouver à
la même température dans une atmosphère indéfinie; mais la lon-
gueur des tuyaux emplovés n'était que de (fSi mètres, et la durée
de propagation était inférieure à trois secondes : on ne saurait donc
regarder les expériences de Biol comme exactes à 5 mètres près.
On doit à M. Leroux <les expériences sur la propagation du son
dans l'air, exécutées également en opérant sur nn tuyau cylin-:
drique : on indiquera seulement ici le principe de ces expériences.
— Un long lube de zinc ACB, courbé eu forme d'U, et ayant une
longueur totale de -jïi mètres, était fermé à ses deux extrémités par
deux membranes de caoutchouc. Une petite tige métallique, voisine
de l'extrémité de la branche A, portail une capsule fulminante, en
sorte que, au moment oij cette tige venait choquer un obstacle,
l'explosion produisait deux ondes qui ébranlaient successivement les
membranes A et B. — Deux stylets enduits d'encre rouge, que ces
membranes menaient en mouvement, laissaient leurs marques sur
une règle verticale tombant librement, sous t'influence de la pe-;
santeur, d'un mouvement uniformément accéléré dont l'accélération
était connue : le temps néceitsaire à la transmission du son se trou-
vait ainsi mesuré '".
'." A ce mode d'earegUtrement des temps quj correspoodeiit au cummenceoient el à la
fia de l'eipériEDce, H. Leroux en a Hilwtitué ua aulre fduï précù (ilnnaju dt chaut rt
dt piynfiw, fi' «érie, l. XII). — DaDB l'ai^reil qui a é\i emplojé en dernier lieu.
32 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Les expériences exécutées en 1788 aux environs de Paris, pour
étudier la propagation du son dans une atmosphère indéfinie, et
surtout celles qui furent faites en 189s, par la méthode des coups
alternatifs, pour éliminer l'influence de la direction du vent, ont
fourni pour valeur de la vitesse de propagation, à la température de
1 6 degrés, le nombre 34o'",89 P*^ seconde. En divisant ce résultat
par v/i +aT, on trouve, pour la vitesse de propagation à la tempé-
rature zéro, une valeur sensiblement égale à 332 mètres.
Quant h la comparaison des résultats expérimentaux avec les in-
dications théoriques, on peut dire que les observations faites dans
les régions polaires ou équatoriales indiquent une influence de la
température qui s'accorde avec la formule théorique. — Les valeurs
C ♦
dû rapport — « déterminées par des expériences directes sur les effets
calorifiques de la compression et de la raréfaction de l'air ^'^ diffè-
rent sensiblement de celles qu^on déduirait de la formule de Laplace,
appliquée au nombre 339 mètres; mais la différence paraît expli-
cable par le défaut de précision des expériences directes ^*.
rébranlement donl on inesurail la vitesse de propagation ëlait produit par le choc d*iin mar-
teau sur la membrane qui fermait la branche A (fig. 999). Un petit pendule I, quifaîsMt
partie à\\n circuit électrique, était écarté de la verticale par Tébranlemenl lui-méroc, et
produisait ainsi une rupture du circuit, au moment du départ de Tonde solitaire qui se
propageait dans le tuyau; uu pendule semblable 1', placé contre la membrane qui fermait
la branche B, produisait un effet semblable au moment de Tarrivée de celte onde. Enfin,
une disposition convenable faisait éclater, à chacun de ces deux instants, une étincelle d^in-
duction qui laissait sa trace sur une couche de substance sensible comme celles qu^oQ
emploie dans la photographie. — M. Leroux a trouvé ainsi , pour valeur de la vitesse de
propagation dans Tair prc, privé diacide carbonique, et à la température zéro, le nombre
33o*,66. É. F.
^'^ Voir le cours de première année, tome 1", p. 180 et suiv.
(>) Des expériences de M. Regnault, terminées depuis plusieurs années, mais publiées
seulement en 1868 {Coinpten rendu» de V Académie de» »cience»y t. LXVI, p. s 09), ont
conduit à des résultats qui différent en plusieurs points de ceux qui avaient été obtent»
josque-l 1 sur la vitesse de propagation du son.
Diaprés la théorie , une onde plane devrait se propager indéfiniment dans un tuyau
cylindrique rectiligne, en conservant la même intensité. Les expériences de M. Regnault
démontrent, an contraire, que Vintentité de Vonde diminue »ucce»»ivement ^ et d^ autant plu»
vite que le tuyau a une phi» faible »ection. — Dans ces recherches, on produisait des ondes
d^intensité égale avec un même pistolet, chargé toujours de t gramme de poudre, à Tori-
fice de conduites de sections très-différentes, et on cherchait à reconnaître la longueur
dn parcours au bout duquel le coup ne s'entendait plus à Toreille. On cherchait, de phis.
INTERFÉRENCES DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 33
323. Interférences des meu ventent» vibrateires qui
produisent les sons. — Lorsque plusieurs mouvements vibra-
toires, capables chacun de produire un son, coexistent dans un
même milieu, il y a, en chaque point et à chaque instant, superpo-
sition des petits mouvements dus à chacun des mouvements vibra-
à délenniner le parcours, beaucoup plus loug, au bout duquel Tonde silencieuse ceséait
de produire une impression sur des membranes disposées de manière à présenter ane
très-grande sensibilité. — La yrineipaU cause d^affaiblissemenl de Ponde, dans son trajet,
est la perte de force vive qu^ellc éprouve par la réaction des parois élastiques du tuyau.
L'expression delà vitesse de propagation donnée par Lapiace ne contenait pas Texpres-
sion de Tinlensité de Tonde. D'après une formule générale donnée par M. Regnault, édite
vitesse doit être d'autant plus grande que Tintensité de Tonde est plus considérable. Or
puisque, dans un tuyau cylindrique, Tintensité de Tonde va successivement en décroissant,
la viteiH de propagation doit aller en diminuant, à mesure que Ton considère des points
plus éloignés de Torigine. C'est ce que confirme Texpérience; et on trouve, en outre,
que les vitesses moyennes /tmif f s, c'est-à-dire celles qui correspondent à Tonde assez affaiblie
pour ne pins marquer sur les membranes, ont une valeur qui diminue avec le diamètre
du tuyau. — Dans un tuyau ayant un diamètre de l'fio, la vitesse moyenne de propa-
gation, dans Tair sec et à zéro, pour une onde produite par un coup de pistolet et
comptée depub la boucbe dé Tarme jusqu'au point où elle est tellement affaiblie qu'elle
nMmpressionne plus les membranes les plus sensible, est de 33o"',6. Dans ce même
tuyau , la vitesse minima , celle que possède Tonde la plus affaiblie, est seulement de dSo'jdo.
Selon M. Regnault, Taflaiblissement de Tonde ne provient pas seulement d^ la perte de
force vive qui a lieu à travers la paroi du tUyau. La surface du tuyau elle-même parait exer-
cer sur Tair intérieur une autre action, diminuant notablement son élasticité sans chan-
ger sensiblement isa densité : diaprés cette action, la vitesse de propagation d'une onde
de même intensité dans' des tuyaux rectilignes serait d'autant plus faible que le tuyau aurait
une section moindirs.. — U est probable que la nature de la surface exerce une in-
fluence sur ce phénomène. C'est ce que confirme un fait signalé par Texpérience jour-
nalière. Dans les égouls de Paris qui offrent une grande section , on prévient les ouvriers
par le son de la trompette; or on a reconnu que les signaux portent incomparablement
plus loin dans les galeries dont les parois sont recouvertes d'un ciment bien lisse, que
dans celles qui sont formées par de la meulière brute.
Les expériences tendent à montrer, en outre, que la vitesse de propagation d'une onde
dans un gaz est kn même, quelle que toit la pression que le gaz supporte.
Enfin des tuyaux de diverses longueurs (667 mètres au plus) ayant été remplis de di-
vers gai, on a cherché si les vitesses de propagation sont, ainsi que la théorie l'indique-
rait, inversement proportionneUes aux racines carrées des densités. L'expérience a montré
que cette loi peut être admise, mais seulement comme une loi limite, à laquelle les gaz
satisferaient exactement si on les mettait dans les conditions où ils se comportent cotnme
des gax'parfait».
D'autres expériences faites à Tair libre , par la méthode dés coups de canon réciproques,
ont montré que la vitesse de propagation diminue encore , dans ce cas, à mesure que le
parcours augmente. — La correction de température, telle qu'on Tadmêt généralement,
parait suffisamment exacte. E. F.
ViBDBT, 111. — Cours de phys. II. 3
Si ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
toîres, ou interférence. — C'est ce qu'il est aisé de constater par l'ex-
périence, dans quelques cas particuliers.
Un tuyau bifurqu<' ABC (fig. 393) étant dloposé de façon que l'une
«seulement des ouverlures inférieures , B par eiemple, soit placée au-
dessus d'une plaque vibrante , on observe , si les
dimensions et la position du tuyau sont conve-
nables, un renforcement du son de la plaque;
si maintenant on place les deux ouvertures B,
C au-dessus de deux régions de la plaque qui
vibrent simultanément en sens opposé, le tuyau
ne produit plus aucun effet de renforcement.
Deux tuyaux T et T (fig. agi)- présentant des
ouvertures en A et A', communiquent ensemble
par leur autre extrémité B : ils ont été réglés
*'*'9S. de façon que chacun d'eux, placé séparément
au voisinage d'une mâme région d'une plaque vibrante P, renforce
le son qu'elle produit; on établit alors la communication en B,
et on place les ouvertures A et A' de part et d'autre de la plaque P
mise en vibration : on constate que le renforcement est nul.
HÉPLBXION ET REFRACTION DU SON.
32A. KéflexlaK «I'um ébMnlcBuni* m rextrteiHé ferMéc
d*un tmjtm, — Kn continuant, comme on l'a fait plus haut (31 7),
d'assimiler la propagation d'un ébranlement dans un gai aux réac-
tions successives exercées par une série de billes élastiques dont l'une
aurait reçu une certaine quantité de forces vives, on est conduit à
cette conclusion que, à l'extrémité fermée d'un tuyau, la réflexion
d'un ébranlement condensant doit être assimilée au choc d'une bille
RRFLEXiON DU SON. 35
élastique contre un obstacle fixe. Dès tors il doit y avoir, après la
réflexion , changement de signe dans la vitesse d'ébranlement elle-
même; mais l'ébranlement, qui se propage en sens inverse , demeure
toujours un ëbranlement condensant. — Dell, par analogie, ofl£st
conduit à admettre que, dans la r^xion d'us ébraolnD^it Jâa-
tant. Il doit y avoir aussi changeHMBt de signe dans ta vitesse
d'ébranlement, mais que l'ébraiilemefit réflédiî doit rester dïrtaat.
— Ces conclusions sont d'ailleurs coaénnées par une aiudyse ng/m-
reuse et par les vérifications expérimentales des conséquences qu'on
en peut déduire.
.H25. RéOcKlaB 4'UH ébranlemcKt m l'extrémlié ouverte
d'un tu7Mi. — L'analyse traite rigoureusement le problème de la
propagation du son dans deuK tuyaux de diamètres inégaux , AM , MB
(fig. 395), placés à la suite l'un de l'autre, en admettant que la
pression du gax n'éprouve pas de variation.s brusques au point de réu-
nion M. — La nécessité de celte continuité de la pression est d'ailleurs
évidente, car, si elle n'avait pas lieu, une tranche infiniment mince
de gaz, limitée d'une part en M et soumise sur ses deux laces à des
pressions différant entre elles d'une quantité finie, prendrait une
vitesse infinie en un temps fini. Il faut donc d'abord que la conden-
sation varie d'une manière continue au point M, comme dans toute
l'étendue des tuyaux , et que la variation discontinue des vitesses ne
soit pas incompatible avec cette condition.
Or, si l'on considère, dans les deux tuyaux , deux plans perpendi-
culaires» l'axe, PQ, FQ' (fig. 3^6), menés à des distances infiniment
petites du point M ; et si l'on appelle v et v', à un instant donné, les
vitesses des molécules qui se trouvent sur ces deux plans, o- et <t' les
sections des deux tuyaux, il est clair que vcrdt exprime le volume de
36 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIOOE-
gaz (]ui, pendant un lemps infiniment court dt, pénètre par le plan
PO dans l'esparc infiniment petit PQI*'Q'; de même, v'ir'dt ex-
prime le volume qui en sort par
le plan P'Q'. I^a masxp infiniment
petite FQP'O' reçoit donc, dans
le temps dt , un accroissement
proportionnel h
[v<r~-v'a-')dt.
Si l'on veut qu'il n'en résulte
'''ï- •s'^' qu'un accroissement infiniment
petit de densité, compatible avec la continuité de pression, il faut
que celte expression soit infiniment petite du second ordre, c'esl-à-
dire qu'en appelant v. et rÔ les limites vers lesquelles tendent t> et v', à
mesure que PQ et P'Q' se rapprochent indéfiniment du point M, on ait
En partant de ces conditions et des propriétés générales des gaz,
on démontre :
i" Qu'un ébranlement produit dans la partie AM (fig. a^S)
donne naissance, en arrivant au point M, à un ébranlement trans-
mis dans MB et à un ébranlement réfléchi dans la direction MA;
3' Que , si la section du second tuyau est très-grande par rapport
à celle du premier, l'ébranlement transmis est négligeable; alors»
dans l'ébranlement réfléchi, la vitesse est égale en grandeur et en
signe à celle de l'ébranlement incident , et la condensation est égale
et de signe contraire '" ;
3* Qu'il ne se produit au point M lui-même, dans la même hy-
pothèse, que des condensations ou dilatations négligeables. — Cette
troisième proposition est une conséquence de la seconde , puisqu'en M
à une condensation incidente se superpose toujours une dilatation
réfléchie , et vice venâ.
11 est naturel d'étendre ces conséquences au cas 01^ un tuyau de
petit diamètre débouche dans une atmosphère indéfinie. Toutefois,
W C'est-à^lire qup, si l'^hranlemenl iacid«nl était condeuMnl, r^rtnlenieQl réfléchi
«st dilatant, et réciproquenwnL
RÉFLEXION DU SON. 37
on ne doit les rejjarder, dans ce cas, que comme une première ap-
proximation de la vérité. — Le fait même de la réflexion d'un ébran-
lement à l'extrémité ouverte d'un tuyau a d'ailleurs été observé direc-
tement, dans les expériences de Biot sur la vitesse de propagation du
son dans les tuyaux de conduite des eaux d'Arcueil. Le bruit produit
par un coup de pistolet, à l'une des extrémités du tuyau, donnait
naissance à plusieurs sensations perceptibles, d'intensités décrois-
santes, après des intervalles de temps t, 3(, 5(,
326- EfTetri prsdulta, dans leit turitux, pitr 1» supcrp*-
•Ittsn 4e l'onde dlreete et de l'onde réfléchie. — Xœuda Ame*
et Tcntree flxea. — Il résulte de ce qui précède que, s'il se pro-
duit à l'ouverture d'un tuyau quelconque un mouvement vibratoire
continu , chacun des points du tuyau doit être animé , à chaque ins-
tant, d'une vitesse qui est la résultonle des vitesses dues aux diverses
ondes, directes ou réltécbies, qui s'y propagent. — On examinera
d'abord les effets produits, soit dans les tuyaux fermés, soit dans
les tuyaux ouverts, par la superposition de deux de ces ondes, sa-
voir : Tonde directe, <]ui est due au mouvement vibratoire existante
l'une des extrémités du tuyau, et l'onde qui a subi une réflexion à
l'extrémité opposée.
1° Tuyaux fermé». — Si la courbe MNPQ (fig. 297) représente, à
un instant donné, la distribution des vitesses dues à l'onde directe
(319), et si l'on représente par la courbe ponctuée RST le prolon-
gement de cette onde directe au delà du fond YY' du tuvau, il est
visible que la courbe R'S'T', symétrique de celle-ci par rapport à
YY', peut représenter l'onde réfléchie, à la condition de considérer
les vitesses dues à l'onde réfléchie comme étant, en chaque point,
38 - ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
égales et contraires aux ordonnées de cette courbe. — Quant aux
condensations, celles qui sont dues à Tonde directe étant propor-
tionnelles aux ordonnées de la courbe MNPQ, on voit que les con-
densations dues à l'onde réfléchie sont proportionnelles aux ordon-
nées de la courbe R'S'T'. et de même signe.
Or, aux points A,C,E,G,..., qui correspondent aux intersections
des deux courbes, la vitesse d'ébranlement résultante est nulle, puis-,
qu'elle est représentée par la somme de deux vitesses égales et de
signes contraires. — Au contraire, on démontrera facilement que,
en ces mêmes points, la condensation, d'ailleurs positive ou néga-
tive, est plus grande en valeur absolue que dans tous les autres points
du tuyau au même instant. — Il est aisé de voir enfin que ces points
occupent dans le tuyau une position fixe, indépendante de la posi-
tion particulière que l'on a donnée à la courbe MNPQ, c'est-à-dire
indépendante de l'instant considéré ; si l'on désigne par X la longueur
d'une ondulation, ils sont à des distances du fond A qui sont repré-
sentées par
A I ^ il
O, 27' IX - > Dt'
a a q
On donne à ces points le nom de nœiid^ fixes; ils sont, comme on
voit, à des distances successives du fond qui sont les multiples pairs
du quart de la longueur d'onde.
Aux points B, D, F, .. ., qui correspondent aux points des deux
courbes où les tangentes sont parallèles entre elles, il est au con-
traire facile de voir que la condensation est nulle, comme représentée
par la somme de deux ordonnées égales et de signes contraires, et
que la vitesse d'ébranlement est constamment maximum par rapport
à celle des autres points du tuyau au même instant. •— Ces points
œcupent encore une position fixe dans le tuyau , et leurs distances
au point A sont représentées par
V ^V ^4
On leur donne le nom de ventres fixes : ils sont à des distances suc-
cessives du fond qui sont les multiples impairs du quart de la longueur
d'onde.
RÉFLEXION DU SON. 89
On arrive aux mêmes conséquences en partant des formules
propres à représenter les deux ondes. — Si v=A sin aw ^ est la vi-
tesse imprimée au point A, à l'instant t, par l'onde directe, la vitesse
qu'apporte cette même onde directe en un point M situé à la distance x
du point A, au même instant t, est, d'après ce qu'on a vu (319),
tt= Asinair (x+ xJ'
celle qu'apporte au même point l'onde réfléchie est
u = —A sm 37r ( f ~" T ) î
la somme de ces deux vitesses est
M-).ei'= A sin 97r ( j + t) — sinaTr ff~5r) I
Cette somme exprime la valeur de la vilesse résultante U, en sorte
qu'on a, en effectuant le calcul indiqué,
U = !iA sin 971 Vcos aiir-p*
On voit immédiatement que cette vitesse est constamment nulle
pour les valeurs de x égales aux multiples pairs de t> c'est-à-dire
aux points qu'on a appelés les nœuds Jixes; et qu'elle est au contraire
maximum, en valeur absolue, pour les valeurs de x égales aux
multiples impairs de 7> c'est-à-dire auwentres Jixes.
De même la condensation produite par l'onde directe, en un
point du tuyau situé à une distance x du point A, et à l'instant t, a
pour valeur
^=^sina7r(| + f);
la condensation produite par Tonde réfléchie, en ce même point,
est
^=^sina,(~|);
&0 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE,
la somme est
Cette somme exprime la condensation A dans le mouvement résul-<
tant , en sorte qu'on a
. lk X . t
^=^ — cos 27r V sm aw ^ •
a A 1
On voit qu'elle est constamment nulle pour les valeurs de x qui dé-
finissent les ventres fixes, et qu'elle est maximum, en valeur absolue,
pour les valeurs de x qui définissent les nœuds fixes.
9° Tuyaux ouverts, — Pour passer des résultats qui précèdent à
ceux qui conviennent aux tuyaux ouverts, il suffit, pour ce qui con-
cerne l'onde réfléchie, d'appliquer à la condensation tout ce qui a
été dit de la vitesse, et réciproquement. — On est conduit alors à
conclure qu'il se forme des nœuds fixes à des distances du fond re-
présentées par
O T> 0 T' • • • '
\ f\ '\
et des ventres fixes à des distances du fond représentées par
Si
A » A ^ A
0 . 27^ 'i 7 ^ D 7 ^ • • • ;
\ '\ a
ces systèmes de points avant d'ailleurs exactement les mêmes carac-
tères que dans les tuyaux fermés ^^\
(') On doit remarquer que, dans les deux espèces de tuyaux, la vitewo d*ébr«nlerooql
aux ventres, qui est, à chaque instant, maxima en valeur absolue par rapporta celles dés
•autres points, varie avec la valeur de f , entre les limites qA et - 9 A. Elle devientpëriodi-
quement nulle à des intervalles.de temps représentes parles multiples impairs de — ; à ces
instants, la \itesse d^ébraulemcnt est nulle à la fois dans tous les points du tuyau.
Une remarque analogue est applicable à la condensation qui se produit aux nœuds: elle
est, à chaque instant, maxima en valeur absolue par rapport à celle des autres points du
tuvau , mais elle varie avec le temps ( entre les limites — et • Elle devient përio-
, . ^ " . T
diquement nulle à des intervalles de temps représentés par les multiples pairs de 7; à.cei
instants, la pression est uniforme on tous les points du tuyau, et égale à la pression
extérieure. E. F.
RÉFLEXION DU SON. SI
337.. ■Mtoxton ématm itn fp»«e IndéAMl. — L'examen que
l'on vient de faire de la réflexion des ^branlemenls dans les tuyaux
cylindriques permet de se rendre compte des phénomènes ofîeris
par la réflexion dans un espace indéfini. Les lois sont d'ailleurs
identiques à celtes de la réflexion de la lumière , en sorte que l'on
peut constater, par exemple, que si l'on place un corps sonore à l'un
des foyers d'un ellipsoïde de révolution à parois rij^des, on obtient
un foyer sonore à l'autre foyer de l'ellipsoïde; la réflexion des ondes
sonores se fail alors comme celle des ondes liquides que l'on peut
observer dans un bain de mercure contenu dans un vase elliptique,
quand on produit un ébranlement en l'un des foyers de l'ellipse qui
forme le contour du vase.
Le portMmœ et le cornet acoustique ne sont que des applications de
la réflexion du son sur les parois rifjides; il est facile d'en concevoir
refficacité, pour la produclion des effets particuliers que l'on se pro-
pose d'obtenir.
338. EffeM produlta pur I» ■uperpsattlan des ondes ril-
met*»» et des «nriM rélléchlee, «lana un eapaee IndéAnl. —
Puisque les vitesses correspondantes à un même ébranlement vont en
décroissant, dans chaque direction, en raison inverse de la distance
au centre d'ébranlement (320), il est clair
que les interfé'rences produites dans un milieu
indéfini doivent être moins complètes que dans
le cas d'un tuyau cylindrique. Les nœuds et
les ventres fixes, qui ne se distingueront alors
que par des caractères relatifs , occuperont d'ail-
leurs, sur la perpendiculaire menée du corps
sonore à la paroi réfléchissante, des positions
sensiblement correspondantes à celles qui ont
été définies pour les tuyaux.
''' *' ' Ces conséquences de la théorie ont été véri-
fiées par A. Seebeck, en employant une membrane verticale iwt
(fig. 998), tendue sur un cadre dont on a figuré la section en A et
B- et en appliquant sur cette membrane un petit pendule p. La mem-
brane étantiplacée aux divers points de l'espace dans lequel on se
i2 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
proposait de vérifier la distribution des nœuds et des ventres, la
grandeur des impulsions communiquées au pendule donnait une
idée des valeurs relatives de la vitesse d'ébranlement transmise par
l'air à te membrane.
Si maintenant, un corps sonore étant placé enS(fig. 999) et une
paroi réfléchissante en PQ, la membrane mn est tendue au fond
d'une sorte d'entonnoir ABCD, fixé iui-méme dans un vase AMNB
à parois très-solides, el si l'appareil est tourné de façon que l'une
des deux ondes, soit l'onde directe, soii l'onde réfléchie, doive le
contourner pour arriver à la membrane, on voit que les vitesses
apportées par cette onde sont , par cela même , changées de signe : les
nœuds paraissent alors occuper 'les positions dans lesquelles l'expé-
rience précédente avait constaté des ventres, et réciproquement. —
Les conditions dans lesquelles se trouve la membrane «n, duu l'ap-
pareil dont on vient d'indiquer l'usage, sont analogues à celles que
présente la membrane du tympan dans l'oreille humaine: c'est faute
d'avoir fait cette remarque que divers physiciens, et Savart ea par-
ticulier, ont commis plusieurs erreurs dans l'interprétation des phé-
nomènes observés.
Enfin cette expérience oflre, en outre, un moyen simple de séparer
les uns des autres plusieurs sons de hauteurs différentes, dont la co-
existence constitue un bruit dépourvu en apparence de tout carac-
tère musical; chacun des sons élémentaires donnant naissance k un
système particulier de nœuds et de ventres, on peut souvent, en
plaçant l'oreille à diverses distances , sur la perpendiculaire menée
TUYAUX SONORES. 43
du corps sonore à une paroi solide oii s'opère la réflexion, entendre
ces divers sons prédominer tour à tour.
On concevra sans peine la production de phénomènes analogues,
mais plus complexes, par l'interférence des ondes directes et des
ondé^ réfléchies, dans un espace limité de toutes parts.
329. Réfraction liu «on. — Lorsqu'un ébranlement se trans-
met d'un milieu dans un autre , il se produit une réfraction dont les
lois sont identiques à celles de la réfraction de la lumière, c'est-à-
dire que le rapport du sinus de l'angle d'incidence au sinus de
l'angle de réfraction est constant et égal au rapport de la vitesse de
propagation dans lepremier milieu à la vitesse de propagation dans
le second.
Les phénomènes de réfraction du son ont été constatés par Sond-
hauss; en mettant^ en présence d'un corps sonoi'e une sorte de len-
tille biconvexe, formée par deux membranes de collodion dont
l'intervalle est rempli par de l'acide carbonique, on obtient une véri-
table concentration du son et un foyer sonore. — Le même effet
peut être réalisé au moyen d'une lentille biconcave remplie d'hy-
drogène.
PRODUCTION DU SON 1»AR LES GAZ (tUÏAUX SONOREs).
330. Toutes les fois qu'une masse de gaz limitée, de forme quel-
conque, est ébranlée d'une manière quelconque, on peut considérer
chacun de ses points comme étant l'origine d'ondes qui se propagent
conformément aux lois qui viennent d'être indiquées : la propaga-
tion , la réflexion et la superposition de ces ondes donnent donc lieu
à un état de mouvement, variable avec le temps, qui peut être
entièrement déterminé à l'aide des notions qui précèdent. — On
considérera, en particulier, le cas où le gaz est renfermé dans un
tuyau cylindrique de petit diamètre, ouvert à une extrémité, ou-
vert ou fermé à l'autre.
331. Tuyaux sonores. — On peut employer deux procédés
difiérents pour faire vibrer ou parler un tuyau :
ai ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
1° Une impulsion ou aspiration unique, ou une succession d'as-
pirations ou d'impulsions'";
g" Une action continue, produisant à l'une des extrémités ou*
vertes des vibrations de période déterminée; telle est, par exemple,
dans les tuyaux à embouchure (/ej!tUe((ig. 3oo), l'arrivée conlinife de
l'air qui sort par la lumière a et vient se briser contre la lèvre supé-
rieure b; telle est aussi, dans le sifflet des locomotives (fig. 3oi),
l'arrivée de la vapeur qui sort par la fente circulaire aa et vient se
briser contre le bord tranchant bb du timbre T.
Quelle que soit celle de ces deux méthodes qu'on emploie pour
f3ire parler un tuyau , l'expérience montre qu'il rend les mêmes sons.
' — Il est facile de se rendre compte de celte concordance. Si l'on
place à l'extrémilé ouverte d'un luyau une embouchure qui vibre
d'accord Hvec le son que rendrait ce luyau sous l'iniluence d'un
ébranlement unique, l'effet du mouvement produit à l'embouchure
pendant la durée T d'une première vibration est de produire, au
bout du temps T, un état d'ébranlement déterminé dans l'air inté-
rieur, et, par suite de la forme et des dimensions du tuyau, cet
ébranlement lend à se reproduire de lui-m^me à l'époque sT; mais
'" Oii pameiitù obtenir uns succession rcf[ulivre d'aspirations ou d'impulsions, ji l'aidv
de miii'iiiiisnieB msgnélD-éleclri<|ues.
TUYAUX SONORES. 45
la succession des mouvements qui se sont produits à l'embouchure,
entre l'époque T et l'époque aT, a pour effet de reproduire une se-
conde série d'ébranlements qui est identique à la première, et qui, en
s'ajoutant à elle, double la valeur de la vitesse et de la condensation
en chaque point du tuyau, et ainsi de suite. La concordance ré-
pétée de ces diverses actions a donc pour conséquence un renfor-
cement des vibrations qui va en croissant avec le temps, et qui
n'aurait pas de limite s'il n'y avait pas sans cesse diffusion du mou-
vement dans le milieu exférieur. Si la période de l'embouchure et
celle du tuyau ne coïncident pas, il n'y a plus concordance des im-
pulsions successives, et le renforcement est moindre; mais, le son
d'intensité maximum étant celui qu'on s'attache à produire dans
toutes les expériences, on voit qu'il est indifférent d'employer l'un
ou l'autre des deux procédés. — 11 suffit également, à la rigueur,
de donner Ja théorie correspondante h un seul des deux modes de
vibration.
•
332. liOi» empérintentales relatlie* aux tuyaux sonores.
— Lorsqu'on opère sur des tuyaux dont la longueur est suffisam-
ment grande par rapport aux dimensions de la section . et dont les
parois ont une épaisseur suffisante, on constate que la forme ou les
dimensions de la section transversale sont sans influence sur la hau-
teur des sons produits; il en est de même de la nature ou de l'é-
paisseur des parois. — La longueur du tuyau et la nature du gaz
qu'il contient sont donc les seuls éléments dont on ait à déterminer
l'influence.
Une étude expérimentale, faite successivement sur des tuyaux
ouverts et sur des tuyaux fermés, conduit aux lois suivantes :
*
Tuyaux ouverts. — i" Pour des tuyaux de diverses longueurs,
les nombres de vibrations qui correspondent au son fondamental,
c'est-à-dire au son le plus grave que le tuyau puisse rendre, sont
en raison inverse des longueurs.
a* Pour un même tuyau ouvert, les nombres de vibrations qui
correspondent aux divers «ow« harmoniques, c'est-à-dire aux sons de
hauteurs croissantes que l'on peut faire rendre successivement au
46 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
tuvau, en faisant varier la vitesse d'arrivée de l'air, sont entre eux
comme les nombres entiers de la suite naturelle i, q, 3, &,....
Dans les expériences qui servent à établir ces lois, on peut d ail-
leurs déterminer les positions des nœuds fixes en opérant avec des
tuyaux prismatiques dont Tune des parois est formée par une lame
de verre, et faisant descendre dans ce tuyau, à l'aide d'un (il de
soie, une petite membrane tendue sur un anneau rigide et cou-
verte de sable fin; on voit le sable s'agiter en tous les points du
tuyau, sauf en certains points où la vitesse de vibration est cons-
tamment nulle : ce sont les nœuds fixes, — On constate alors que^ si
le tuyau rend le son fondamental, il y a un nœud au milieu, et. en
ce point seulement. Si le tuyau rond l'un quelconque des harmo-
niques, les nœuds sont équidistnnts entre eux, et la distance, du
premier ou du dernier nœud à l'extrémité du tuyau qui est la plus
voisine de lui est égale à la moitié de la distance de deux nœudé
consécutifs.
Pour constater la position des ventres fixes, et vérifier qu'ils sont
toujours situés à égale distance de deux nœuds consécutifs, on peut
employer, ou bien la membrane couverte de sable, en cherchant
les points où le sable présente l'agitation la plus vive, ou bien des
tuyaux présentant des ouvertures latérales que l'on pourra débou-
cher à volonté. Dans cette dernière manière d'opérer, les ventres se
distinguent alors par ce caractère que la condensation y est nulle,
et qu'ils peuvent être mis en communication avec l'atmosphère
sans que le son soit modifié.
Tuyaux fermés, — i ** Le son fondamental d'un tuyau fermé est
l'octave grave du son fondamental d'un tuyau ouvert de même loa-
gueur.
2** Pour des tuyaux fermés de diverses longueurs, les nombres
de vibrations qui correspondent au son fondamental sont en raiison
inverse des longueurs. — Cette loi est une conséquence de la pré-
cédente et de la première loi relative aux tuyaux ouverts.
3* Pour un même tuyau fermé, les nombres de vibrations qui
correspondent aux divers sons harmoniques sont entre eux comme la
série des nombres impairs t, 3. 5, 7, ... .
TUYAUX SONORES, 47
L'expérience montre que, dans le cas où un tuyau fermé rend le
son fondamental, il y a un nœud fixe à l'extrémité fermée et un
ventre fixe à l'extrémité ouverte. Quand il rend un harmonique
quelconque, les nœuds et les ventres alternent entre eux : ils sont
situés à égales distances les uns des autres, dans toute la longueur
du tuyau, de façon que l'ouverture du tuyau corresponde à un ventre
et le fond du tuyau à un nœud.
.333. Théorie ûem tuyaux «onore*. — Lorsqu'un mouve-
ment vibratoire se produit à l'ouverture d'un tuyau, l'onde partie de
cet'e extrémité A (fig. Soa) se réfléchit une première fois à l'extr^^-
Fig. 3o9.
mité B, soit^sur la paroi rigide si le tuyau est fermé, soit sur l'air
extérieur si le tuyau est ouvert (325). L'interférence du mouvement
direct avec le mouvement produit par cette réflexion tend alors à
produire le système de nœuds fixes et de ventres fixes qui a été étu-
dié précédemment (326). Mais l'onde qui a subi cette réflexion
en B vient se réfléchir de nouveau en A; elle peut donc être consi-
dérée alors comme une nouvelle onde directe, engendrant à son
tour une nouvelle onde réfléchie. Or, si l'état de l'onde qui a subi
ces deux réflexions successives, en B et en A, est identique avec celui
de l'onde directe primitive, elle produit, par son interférence avec
l'onde réfléchie qu'elle engendre, c'est-à-dire avec l'onde qui a subi
trois. réflexions successives, en B, en A et en B, un mouvement
identique avec celui qui résultait de l'interférence de l'onde directe
avec l'onde une seule fois réfléchie. On en pourra dire autant de
l'interférence de l'onde réfléchie quatre fois avec l'onde réfléchie
cinq fois, et ainsi de suite. Tous ces mouvements étant concordants,
leurs vitesses et leurs condensations s'ajouteront, et, si les ondes
réfléchies étaient réellement égales ^" intensité aux ondes directes,
l'accroissement du son n'aurait pas de limite. Mais la transmission
48 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
partielle des vibrations à Tatmosphère extérieure implique un affai-
blissement sensible, à chaque réflexion. La superposition d'un
nombre indéfini de mouvements concordants, mais d'amplitudes
indéfiniment décroissantes, donne ainsi naissance à un son dont
l'intensité ne peut croître au delà d'une certaine limite; on doit
regarder cette limite comme sensiblement atteinte au bout d'un
temps très-court, si la longueur du tuyau est peu considérable rela-
tivement à la vitesse de propagation du son. — Il est clair d'ailleurs
que, si les effets des ondes qui ont éprouvé un nombre pair de ré-
flexions ne concordent pas avec ceux de l'onde directe , l'intensité du
son doit être moindre.
Cette condition de concordance détermine donc la série de sons
qui est caractéristique d'un tuyau donné, soit dans le cas des tuyaux
ouverts, soit dans le cas des tuyaux fermés ^^^. — On va voir que cette
série s'en déduit très-simplement, dans chacun de ces deux cas.
Tuyaux ouverts. — Les deux réflexions successives en B et en A
ne changeant pas le signe de la vitesse, et les deux changements
de signe de la condensation se compensant l'un l'autre , l'état de
l'onde qui a subi deux réflexions est, au point A, le même que celui
d'une onde qui aurait parcouru , sans se réfléchir, un chemin égal au
double de la longueur du tuyau. Il sera donc identique à celui de
l'onde directe, si le double de la longueur / du tuyau est égal à un
nombre entier de fois la longueur d'ondulation X du son produit à
l'embouchure, c'est-à-dire si l'on a
Or, si a est la vitesse de propagation du son dans le gaz qui rem-
plit le tuyau, et si T est la durée d'une vibration complète, on a
X = ^T,
d'où l'on tire, en remplaçant X par cette valeur,
T=I^'.
n a
^'^ Voir, à la 6n de TAcoustique, la noil complémentaire A sur les effets des réflexions
multiples du son dans un tuyau.
TUYAUX SONORES. /i9
Ëntin . si l'on désigne par N le nombre des vibrations effectuées
en une seconde, nombre dont la valeur n'est autre chose que j*
on pourra mettre cette* formule sous la forme qui a été donnée par
Daniel Bernoulli,
Cette formule comprend, comme on le voit immédiatement, les
deux lois expérimentales indiquées plus haut (332) , c'est-à-dire : i° la
relation entre la longueur d'un tuyau ouvert et le nombre de vibra-
tions du son fondamental ( ce nombre étant donné par la valeur de N
qui correspond à w = i); a" la loi qui régit la série des harmoniques.
En outre, pour chaque valeur de n, c'est-à-dire pour chaque
harmonique en particulier, les ondes qui ont subi un nombre pair
de réflexions étant toutes concordantes, le mouvement de l'air en un
point quelconque du tuyau est proportionnel à celui qui résulterait
de l'interférence de l'onde directe avec l'onde qui a subi une seule
réflexion. On conclnt de là que, conformément à l'expérience, les
deux extrémités du tuyau sont des ventres, et que, si l'on divise la
longueur totale en quarts de longueur d'ondulation, les points de
division sont alternativement des nœuds et des ventres.
Tuyaux fermés, — Si le tuyau est fermé en B, la réflexion en B
change le signe de la vitesse; la réflexion en A change le signe de la
condensation. Au point A, l'état de l'onde réfléchie successivement en
B et en A est donc exactement contraire à l'état d'une onde qui aurait
parcouru deux fois la longueur du tuyau sans se réfléchir : par
suite, il est identique à celui d'une onde qui aurait parcouru, sans
se réfléchir, le double de la longueur du tuyau augmenté d'une
demi-longueur d'ondulation. La condition de concordance est donc
d'oii l'on conclut, en raisonnant comme plus haut, la formule de
Daniel Bernoulli ,
Verdet, m. — (lotira (le pliys. 11. k
50 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Cette formule comprend , comme celle des tuyaiix fermés : i** la loi
des longueurs; 9° la loi relative à la série des harmoniques.
En compa.rant les deux formules entre elles, on voit, en outre,
que le son fondamental d'un tuyau fermé doit être l'octave grave
du son fondamental d'un tuyau ouvert de même longueur.
Enfin on peut se rendre compte, absolument comme il a été dit
pour les tuyaux ouverts, de la distribution des nœuds fixes et des
ventres fixes.
334. Vitesse du son dans les ffaz» déduite des formules
relatives aux tuyaux sonores. — Les formules (|ui précèdent
permettent de calculer la valeur numérique de la vitesse du son a,
quand on a déterminé par l'expérience toutes les autres quantités
que ces formules contiennent.
Or, si l'on fait ce calcul pour l'air, en employant les données
fournies par un tuyau rendant le son fondamental, on trouve que
le résultat est en général inférieur, de près d'un sixième, à la
vitesse déterminée directement (322). — La raison de cette diffé-
rence est dans l'évidente inexactitude des hypothèses relatives à
l'état de l'air aux extrémités du tuyau. 11 est possible, en augmen-
tant suffisamment l'épaisseur de la paroi qui bouche l'extrémité
d'un tuyau fermé, d'obtenir l'immobilité presque complète de
la tranche d'air qui est en contact avec elle; mais, au voisinage
d'une extrémité ouverte et surtout au voisinage d'une embouchure,
il n'est pas possible que le mouvement de l'air soit exactement pa-
rallèle à l'axe, et il y a nécessairement une transition entte l'état de
l'air extérieur et celui de l'air intérieur.
Deux méthodes ont été employées pour éliminer l'influence de
cette perturbation. — La première, employée par M. Zamminer
consiste à mesurer, à l'aide d'un piston mobile, la distance de deux
nœuds successifs, pour un harmonique déterminé, et à en déduire
la valeur de la longueur d'ondulation. — La seconde, employée
par Wertheim, consiste à déterminer directement l'influence de la
perturbation elle-même, en opérant comme il suif.
Sur une embouchure donnée, on fixe successivement plusieurs
tuyaux ouverts, de même diamètre, mais de longueurs différentes :
TUYAUX ISONORES. 51
si les perturbations produites à Tembouchure et h l'extrémité ou-
verte des divers tuyaux sont indépendantes de leur longueur, on
pourra, au lieu d'admettre pour chacun d'eux, dans le cas du son
fondamental, la formule générale
poser
/+«+/s -v^;,.
^
/' + « + /3 ^-,V
•
1" i 1/2 ^" ^
d'oii l'on
conclura
•••••••• 1
N(/-h« + )8) = N'(/'+« + ^) = N"(r+a + j8)=...,
et chacune de ces équations devra donner la même valeur pour
a + 13, L'expérience confirme cette hypothèse. — Des expériences
janalogues, exécutées sur des tuyaux fermés, à fond très-résistant,
font connaître la perturbation a due à l'embouchure seule. — On
trouve d'ailleurs que a et /S sont toujours des quantités positives,
égales à des fractions assez petites de j^ mais d'autant plus grandes
que le diamètre du tuyau est plus grand.
Les détails qui précèdent suffisent pour faire concevoir la possi-
bilité d'obtenir une mesure exacte de la vitesse du son au moyen
des résultats de ces expériences : il convient de réduire autant que
possible la valeur des corrections, en opérant sur des tuyaux de petit
diamètre. — Le calcul des anciennes expériences de Dulong fournit
les valeurs suivantes pour les vitesses du son dans divers gaz :
Vitesse du son dans
'air 33îi"
oxygène 817
'hydrogène . . 1 969
'oxyd^de carbone 887
'acide carbonique 9.6 st
e protoxyde d'azote. ....... 269.
e gaz oléfiant 3 1 /i
h
52 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
335. Conséquences retotivee «u rapport des liciix
leurs spécifiques des sas, et oum quantités lie ehaleur qui
eorresponiient à île petites wariations lie volume* — Les
vitesses du son dans les gaz simples étant, à deux ou trois mètres
près, en raison inverse des racines carrées des densités, on a conclu
de ces expériences que, dans tous les gaz simples ^ le rapport des ifeti^
chaleurs spécifiques a sensiblement la mime valeur, et que cette valeur
est d'environ i,4i. — H convient, sans doute, de restreindre cet
énoncé aux gaz qui sont très-éloignés de leur point de liquéfaction.
— Pour les gaz composés, le rapport des deux chaleurs spéci-
fiques a des valeurs différentes.
Si maintenant on calcule, pour un gaz quelconque, au moyen
de la valeur de la vitesse du son fournie par les expériences que Ton
vient d'indiquer, la valeur de la chaleur spécifique à volume cons-
tant c, on trouve toujours un résultat qui satisfait approximativement
h la relation
qui est une conséquence nécessaire de la théorie mécanique de la
chaleur, pour les gaz où le travail intérieur est nuH' .
Si maintenant on désigne par D^ la densité du gaz, on peut
mettre la formule précédente sous la forme
Or CUo représente la quantité de chaleur absorbée par l'unité
de volume du gaz , lorsque sa température s'élève d'un degré sous
pression constante, et rD^est la quantité de chaleur absorbée lorsque
la température s'élève d'un degré sous volume constant; donc
(C — c) Do est la quantité de chaleur absorbée par l'unité de volume
du gaz lorsqu'elle se dilate, sans variation de température, d'une
quantité égale à la dilatation correspondante à un échauRement
d'un degré. La formule exprime donc un théorème que l'on peut
énoncer ainsi :
•'j Voir le cours de première ann«H*, loin»^ 1", p. saH.
TUYAUX SONORES. 53
De petites dilatations absorbent des quantités égales de chaleur dans
tous les gaz permanents, pris sous la même pression.
Cet énoncé est d'ailleurs évidemment applicable aux quantités do
chaleur dégagées par de petites compressions.
Dulong avait déduit de ses expériences cette conséquence impor-
tante, longtemps avant qu'on eût commencé à soupçonner le prin-
cipe de l'équivalence du travail mécanique et de la chaleur.
336. lioi relatiire aux sons rendus par les tujaux dont
les diverses dimensions sont des grandeurs de même ordre.
— Les diverses lois qui ont été énoncées précédemment (332) ne
sont applicables qu'aux tuyaux dont la longueur peut être regardée
comme très-grande par rapport aux dimensions de la section. On
doit à Savart plusieurs séries d'expériences sur l'influence de la
forme ou des dimensions des tuyaux qui ne satisfont pas à cette
condition. — Le résultat le plus important auquel aient conduit ces
recherches est le suivant :
Pour des tuyaux de formes semblables et semblablement embouchés,
les nombres de vibrations du son fondamental sont inversement propor-
tionnels aux dimensions homologues.
Cette loi, qui a été établie expérimentalement par Savart en
opérant sur des tuyaux de forme cubique, de forme cylindrique
ou de forme sphérique , avait d'ailleurs été entrevue par le P. Mer-
senne : elle s'applique également bien aux tuyaux ouverts et «ux
tuyaux fermés.
337. Tujaux m anélies. — On désigne sous le nom général
d^anche une lame élastique mise en vibration par le passage rapide
d'un gaz, et placée d'ordinaire entre un tuyau porte-^ent T (fig. 3o3
ou 3 0 & ) et une sorte de cornet C s'ouvrant dans l'air extérieur, et
appelé cornet d'harmonie.
Vanche battante est représentée à la partie supérieure de la
Bgure 3o3; quand l'air n'arrive pas par le porte-vent, elle vient
s'appliquer sur les bords d'une rigole demi-circulaire, fermée par
une plaque horizontale à sa partie inférieure. L'air comprimé dans
le porte-vent par la soufflerie ne peut s'échapper qu'en soulevant la
5i ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
lame élastique, qui est ensuite ramenée à sa positioB-prîiDiiive>par
son élasticité même, et ainsi de suite. De U une série de vibrationMi
dont on règle la hauteur en augmentant ou
diminuant la longueur de la languette : eH
emploie, pour cela, une ratette formée par un
fil de Ter courbé qui fait ressort et déter-
mine la longueur de la partie vibrante de la
iame. — Dans Vanche libre (fig. 3o/i), la lame
vibrante passe librement dans une ouverture
par laquelle s'échappe l'air : elle oscille de
part et d'autre du plan de cette ouverture,
et donne des sons généralement moins stri"
dents que l'anche battante.
Le son des tuyaux à anche résulte dortc^
comme celui de la sirène, des passages, et
des arrêts alternatifs éprouvés par l'air qui
tend à s'échapper du porte-vent. L'air -du
cornet d'harmonie est également mis en vi-
bration. Les dimensions du cornet ont pour
effet de modifier la hauteur du son dans cer-
taines limites, et surtout d'en adoucir aïngu-
• -T. ■ . lièrement le timbre.
L'organe de la voi\, chez l'homme, se rapproche probablement
iieaucoup d'un instrument à ancbc libre.
OOMPRKSSIBILITK DKS M (.K IDES.
338. InflaeMse de* varlatlsB» de velwaie des vaaee» djuia
l'«t«4e 4e I» «empreMlMItté dM liquide».. — L'ëtude de la
comprcssîbilité des liquides présente toujours de grandes difliiultës,
à cause de la nécessité où l'oa est de les placer dans des enveloppes
solides, (|ul sont toujours modifiées par les pressions auxquelles on
les Boumel. — Les variations de volume de l'enveloppe interviennent
d'ailleurs do deux manières différentes, selon que la pression s'exerce
seulement à l'intérieur ou qu'elle ajpt simultanément à l'intérieur et
à l'extérieur.
1° Si la pression s'exerce seulement à l'intérieur, l'enveloppe
éprouve un accroissement de volume: alors la diminution apparente
de volume du liquide est égale à la somme de la diminution de
■ volume réelle du liquide el de l'accroissement de
volume de la capacité interne de l'enveloppe. Gel
accroissement est assez considérable dans les pié-
lomètres en verre peu épfiis dont on se sert gé-
néralement, et qui se composent d'un réservoir R
(fig. 3o5) surmonté d'un tube lin T dont la gra-
duation indique les volumes apparents du liquide.
— L'influence de l'accroissement de volume du
vase deviendrait moindre si l'on donnait aux pa-
rois une épaisseur plus grande, mais elle ne de-
viendrait jamais assez petite pour être négligeable,
^■t- *»5. a' Si la pression agit à l'intérieur et à l'exté-
rieur, le volume de la matiire dupiézomi&e, sous l'influence d^e pres-
sion exercée sur la surface tant intérieure qu'extérieure, diminue évi-
demment d'une fraction qui peut être regardée , entre des limites plus
ou moins étendues, comme proporiionnelle à la pression. — Il est
facile de voir que , si cette matière est bien homogène , la capacité inlé-
rieun dans laquelle le liquide est contenu diminue précisément de
56 ELASTICITE ET ACOUSTIQUE.
la même fraction de sa valeur initiale; car, toutes les droites que Ton
peut concevoir à l'inlérieur de la matière de l'enveloppe jouissant
alors des mêmes propriétés physiques, leur longueur diminue dans
le même rapport, en sorte que l'enveloppe demeure géométriquement
semblable à elle-même, ce qui implique que la capacité intérieure
diminue comme on vient de l'indiquer. — Dès lors, si l'on mesu-
rait exactement la diminution d'une dimension linéaire de l'appareil,
comme cette diminution est toujours une fraction très-petite, il suf-
firait de la tripler pour obtenir une valeur suffisamment exacte de
la contraction de la capacité intérieure, et. en ajoutant le nombre
ainsi obtenu à ta compression apparente, on aurait la compression
réelle. Mais ce procédé direct serait d'une application très-difficile
et n'a jamais été employé.
Les méthodes indirectes par lesquelles on y a suppléé ont tou-
jours été insuffisantes, soit parce qu'elles impliquaient des formules
théoriques inexactes ou au moins douteuses, soit parce qu'on appli-
quait à une enveloppe donnée des coefficients déterminés sur des
tiges de verre dont la constitution physique différait de celle de
l'enveloppe, soit enfin par ces deux motifs à la fois. — On peut
dire que la compressibilité absolue d'aucun liquide n'est connue
exactement; on verra plus loin qu'il est seulement permis d'assigner
deux limites, entre lesquelles est comprise la compressibilité de
chacun des liquides qu'on a étudiés par la méthode de M. Regnault.
339. Expériences propres m e«iist»ier la eompreMrtMlité
des liquides, sans la mesurer. — On connaît l'expérience faite
anciennement par les académiciens de Florence : deux boules .\, B
(fig. 3o6), réunies par un tube recourbé T et remplies d'eau, comme
l'indique la figure, étaient plongées, l'une A dans l'eau bouillante,
l'autre B dans de la neige; la vapeur d'eau produite du côté A ve-
nait exercer sa pression sur le liquide contenu du côté B. Le niveau h
du liquide ne parut pas changer, d'où l'on conclut qu'il n'y avait
pas diminution du volume de Teau: mais on doit remarquer qu'il y
avait nécessairement condensation de la vapeur d'eau à la surface b,
en sorte que l'invariabilité même du niveau du liquide ét.iil réelle-
ment la preuve de la compressibilité de l'eau.
r.OMPRESSlBlLlTÉ DES LIQUIDES. S7
Une autre expérience, imaginée par Canton, peut être facilement
répétée comme ii suit : on construit un thermomètre à eau , avec les
pi^cautions nécessaires pour en expulser entièrement l'air; on le
place sous le récipient de la machine pneumatifjue, et l'on observe le
niveau du liquide. Lorsqu'on laisse rentrer l'air sous le récipient de
la machine et qu'on brise en même temps la pointe du thermo-
mètre, on voit le niveau du liquide descendre d'une petite quantité:
comme d'ailleurs la pression atmosphérique agil à la fois à l'inté-
rieur p| à rp,\térieur, la capacité interne de l'enveloppe a néuessai-
w'
rement diminué, en sorte que l'abaissement du niveau démontre
que le volume du liquide a diminué dans un plus grand rapport
que cette capacité interné.
Enfin on doit k Perkins l'expérience suivante : un vase niétat-
tique de bronze PP' (fig. Soy), offrant une résistance considérable et
exactement plein d'eau, contenait une tige mince de métal, passant
à frottement dur dans la boîte à cuir CC; la boîte à cuir était d'ail-
leurs pressée elle-même par un boulon à vis EE'. L'appareil étant
placé dans l'air, on avait assujetti h frottement doux, sur la tige AB,
une petite rondelle de cuir D. qu'on avait fait glisser jusqu'à ce
qu'elle vînl toucher le boulon fixe EE'. L'appareil fui alors drhcendu
5fi ÉLASTIcriÉ ET ACOUSTIQUE.
ilaDs U mer, jusqu'à une profondeur d'environ ^oo mètres, c'est-à-
dire soumis à une pression d'environ loo atmosphères. Au moment
où on le ramena à la surface, on constata que la rondelle s'ëlait
relevée sur la tige, à o*,30 environ de sa position primitive : la
ti^ s'était donc enfoncée dans le vase d'une quantité parfaitement
appréciable. — Malheureusement on n'a pas tenu compte, dans
cette eip>riencu, des v.iria(ions de température éprouvées par le
liquide.
'iliG. ExpérIencMi dniui leimuelles •■ m (enté de Èmtmtârmr
la «•■ipreaBiMUté de* UqMM««. — Dans la méthode employée
par OErsted , le liquide soumis à l'oxpérience est placé dans un pii-
:(irop/rf formé d'un résenoir de verre R, surmonté d'une tige gra-
duée T (lig. .lo^). Ce liquide est limité à sa parUe sirpërieure par
nue petite coloime de mercure m, ou uiieuic par une bulle d'air
surmontée d'un index de sulfure de carbone. Sur la plaque métal-
lique qui porte le piézomèlre, et à raté de lui, est un tube gradué
l'onlenant une colonne d'air limitée, qui fonctionne comme un ma-
noitintre à air comprimé. La plaque qui porte ces deux appareils est
introduite dans un grand cylindre de »erro plein d'eau, représenté
par lu figure 3oy à une échelle |>liis petite : on comprime le liijuide
iruiitenu dans le cylindre, au moyen du piston et du la vis <pii sur-
COMPHESSIBILITÉ DES LIQUIDES. 69
montent l'appareil. L'observation du piézomètre donne la variation de
voimne apparente du liquide qu'il contient: l'observalion du mano-
inèlre donne la pression correspondante. — GËrsted supposait à tort
t\ae, la pression s*e\erçant itimultanément à l'extérieur et k Tintée
rieur du piézomètre, sa capacité intérieure demeurait invaiiable..
341. Expériences de Ili. BcgMRuK. — La méthode em-
ployée par M. Regnault a pour but spécial de déterminer, sur l'en-r
veloppe même qui sert auï expériences, les coeUicients de compres-
sîbilité relalirs au verre, coeilicients qui doivent intervenir dans U
«calcul des résultats.
Le réservoir du piézomèlre C (fig. 3io) peut communiquer par iç
4nbe 8 avec l'atmosphère, ou par le tube T avec un récipient coate^
naiit de l'air comprimé; la pression
de cet air est d'ailleurs mesurée par
un manomètre. — L'inspection seule
de b ligure permet de comprendre
comment le jeu des robinets R. V,
S, U permet de transmettre à
volonté la pression de l'air du ré-
cipient, soit à l'intérieur du pié-
zomètre , soit à l'extérieur, soit
simultanément à l'intérieur et à
l'extérieur.
Soient V le nombre de divisions
de la tige du piézomètre auquel est
équivalente la capacité intérieure
du réservoir, jusqu'à l'origine 'de
agrai
iduiilioi
„ le nombre de di-
visions occupées par le liquide dans
la tige, lorsque la pression atmos-
Fig j„ phérique agit à l'intérieur et à l'ex-
térieur; ti|, %, «3 les nombres de
divisions occupées successivement par le liquide, d'abord lorsque les
pressions intérieure et extérieure augmentent de P atmosphères, puis
lorsque la pression extérieure seule éprouve cet accroissement, enfin
60 ÉLASTICITÉ ET ACOLSTIQUE.
lorsque la pression intérieure seule l'éprouve à son tour. Désignons
par S ie coefficient de compressibilité du liquide, cest-à-dire la frac-
tion dont son volume diminue lorsque la pression augmente d'une
atmosphère; par k le coefficient de compressibilité cubique de l'en-
veloppe, c'est-à-dire la fraction dont le volume de la matière de
cette enveloppe et sa capacité interne diminuent lorsque la pression
éprouve, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, un accroissement d'une
atmosphère; par li la fraction dont la capacité interne diminue lorsque
la pression extérieure, seule s'accroit d'une atmosphère, et par / la
fraction dont la capacité interne augmente lorsque la pression inté-
rieure seule s'accroît d'une atmosphère. (Les coefficients A et /dé-
pendent de l'épaisseur de l'enveloppe et de sa forme.) — En égalant,
pour chacune des trois expériences, le volume du liquide à celui de
la capacité de l'enveloppe, on a les trois équations
(v + «„)(i--<yp) = (v+«,)(i-fcP),
V + «.= (V4-n5)(i-AP),
(V + n„)(i ^^P)=(V + «5)(,+/P).
D'ailleurs, on peut regarder comme évident que le coefficient k est ^al
à li — l, en sorte que la troisième expérience n'est, au fond, qu*une
vérification des deux premières, destinée à s'assurer si les pressions
exercées sur le verre n'en ont pas altéré la constitution physique ^'\
^'' Si 1*011 augmente d*abord la pression extérieure de P atmosphères, la cipicité
interne de Tenveloppe diminue de la firaction AP; si Ton augmente alors k pression inlé-
ricurc de P atmosphères, il en résulte une dilatation qu*on peut représenter par XP, et
romme Peflct dëfinilif de ces deux accroissements de pression est la contraction irP, i
«st clair que
fe = /i -X.
Mais on peut prouver (|ue X ne diffère pas de /. En effet, /P exprime Teffel produit par
un accroissement P de la pression intérieure , lorsque la pression extérieure est d*une
atmosphère; XP exprime Teiïet produit par ce même accroissement, lorsque la pressioa
extérieure est de (P + i ) atmosphères. — Or, admettre que les compressions et dilatations
9ont proportionnelles aux accroissements de pression, c'est admettre implicitement
que, entre les limites où cette proportionnalité a lieu , Teffcl d'un accroissement de pression
est indépendant de la pression actuellement exeixée. Il résulte de là que
1*1 iNir Huit*'
k - /. /.
*
COMPRESSIBILITÉ DES LIQUIDES. 61
Il suffit donc d'avoir égard aux deux premières équations. — Or
ces deux équations peuvent se mettre sous la forme
V H- Wo V -4- «„
V -h n„ V -h n.
OU par approximation, en ayant égard à la petitesse des variations
de volume correspondantes aux diverses expériences,
Il suit de Ik que Ton a
V -h «..
. 1 /^o~/*,.
et, comme A* est plus petit que /i, on voit que Ton a, au contraire.
ou bien
On obtient donc ainsi deux limites, entre lesquelles est nécessai-
rement comprise la quantité cherchée S, Pour déterminer la valeur
précise de cette quantité, il faudrait qu'une théorie justifiée par
l'expérience établit une relation entre A- et A, et c'est ce qui n'a
encore été fait avec certitude pour aucun corps. — La quantité
5 ^ ■* est ce qu'on appelle la compressihilité apparente.
M. Regnault a étudié la compressihilité de l'eau dans des piézo-
mètres en cuivre rouge, en laiton et en verre; il a obtenu, pour les
compressibilités apparentes, les nombres suivants :
Piëzooièlre en cuivre rouge o,ooou&()39
en laiton o,oooo468o
PO verre o,oooo443o
62 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
La compresaihilité réelle étant plus grande que la compressibilitV^
apparente, on peut conclure de là, avec certitude, qu'elle est supé-
rieure au plus grand de ces trois nombres, c'est-à-dire à
o,oooo4685.
— On pourrait, en ajoutant les valeurs de h aux valeurs précédentes
de la compressibilité apparente, obtenir des nombres auxquels la
compressibîlîté réelle serait certainement inférieure; mais la faible
épaisseur des parois , dans les piézomètres employés parIVI. Reghauu,
a rendu h tellement grand, que cette détermination de la limite su-
périeure de la compressibilité serait sans intérêt. — On indiquera,
plus loin comment il est possible de calculer une limite supérieure
plus approchée.
M. Regnault a trouvé, de la même manière, pour la compressi-
bilité apparente du mercure dans une enveloppe de verre, le nombre
0,000001 o3^'\
(') Les valeurs des compressibiliiés absolues qui s* trouvent rapportées dans divers
traités de physique, comme résultant des expériences de M. Regnault on de ses élèves,
ont été calculées en admettant, entre les coefficients ^* et h, des relations déduites d^anc
théorie qu'on sait aujourd'hui être inexacte. (Voir, à la fin dp TAcoustique, la ^9l^
complémentaire B, sur la compressibilité des liquides.)
PROPAGATION KT PRODICTIOX
DU MOUVEMENT VIBRATOIRE DANS LES LIQUIDES.
3&2. Vatomp ilié^gl^iwe de la \Hemm^ de propagation du
daMi loa IHiuideo. — En partant, romme prëcëdemment
(321), de ce principe que ia vitesse du son a est égale à la racine
carrée du rapport de raccroissement absolu de la pression à J ac-
croissement absolu de la densité, on est conduit à la formule
-v^
dans laquelle g désigne l'intensité de la pesanteur, m est la densité
du mercure, D la densité du liquide, H est une hauteur baronn!-
trique arbitraire, et e désigne la diminution de volume qui correspond
à l'accroissement de pression mesuré par cette hauteur.
Les effets calorifiques de la compression d'un liquide étant d'ail-
leurs à peine sensibles, il n'y a pas lieu de tenir compte de la cha-
leur dégagée ou absorbée dans les mouvements vibratoires.
343. HéternUBatioB expérimentale de la viteooe ito pro-
pagatioa du son dans Teau. — Expérieneeo de M. Colla-
doM« — M. Colladon a mesuré, en 1897^ par des expériences faites
avec Sturm, sur le lac de Genève, ia vitesse de propagation du
son dans l'eau. La figure 3i 1 représente la disposition adoptée dans
ces expériences : une cloche (i, plongeant dans l'eau du lac^ était
ébranlée par le choc d'un battant B. qui était mis en mouvement
par un lerier extérieur L; le levier était d'ailleurs «disposé de façon
que, k l'instant où se produisait le choc du battant sur la cloche.
une mèche M fixée au levier vtnt enflammer un petit tas de
poudre P, placé à l'avant du bateau qui portait le système. A une
grande distance, une sorte de cornet acoustique OM» dont le pavil-
lon M était fermé par une membrane tendue, permettait à un obser-
6& ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
valeur, dont l'oreitlc! était placée en 0, H'enlenHpp le son i\o la
cloche transmis par le liquide.
D'après ces expériences, la vitesse de transmission du son danb
l'eau serait représentée par 1 435 mètres , à la température de
8 degrés. — La compressibilité de l'eau n'étant pas exactement
connue, on ne peut comparer cette valeur à la valeur théorique
que l'on vient d'indiquer (3â2).
3& à . Prml«ictl*n dn «•■! pnr les liquides. — ExpérlcBecs
de Cmcnterd d« liwtBwr «• ezpérteneca de Werthelai. —
Cagniard de Latour a montré qu'on peut faire rendre des sons i
une sirène complètement plongée dans l'eau , en amenant dans la
caisse de l'instrument un courant d'eau plus ou moins rapide : cette
expérience prouve que les liquides sont aptes, comme les gat;, à
produire et à propager les sons.
Les expériences de Wertheim sur les vibrations produites par
des tuyaUK sonores entièrement plongés dans l'eau ont permu
de calculer la vitesse du son dans ce liquide, par une méthode
analogue h celle r|ui a été indiquée pour les gaz. — Un tuyau ouvert
T (fig. Sia), à embouchure de flûte, est placé au milieu d'un
l'éservoir métallique MN qui contient de l'eau. Ce tuyau est mis en
communication ù sa partie inférieure, par l'intermédiaire du tube FC,
MOUVEMENT VIBRATOIRE DANS LES LIQUIDES. 65
avec une sphère mélallique contenant également de i'eau , et com-
muniquant par le robinet r avec un réservoir à air comprimé. Enfin
la série de tubes BDR, dans laquelle est interposée la pompe fou-
Fig. 3ts.
lante P, met en communication la même sphère A avec l'eau du
réservoir MN. Cette pompe permet donc de déterminer un courant
d'eau continu, qui est chassé de la boule A dans le tuyau sonore
par le lube CF, passe dans le réservoir MN, et revient à la boule par
le tube EDB.
Ces expériences conduisent à des lois semblables à celles qu'avaient
fournies les expériences analogues, faites sur les colonnes gazeuzes :
elles conduisent également à admettre des perturbations analogues
à celles qui ont été signalées plus haut (334), aux deux extrémités
du luyau sonore ^'l Ces perturbations ont été déterminées directe-
ment, parVVertheim, îi l'aide de la méthode dont on a indiqué le prin-
cipe, et il a pu alors calculer la valeur de la vitesse du son, déduite
des nombres de vibrations fournis par les expériences. — La valeur
(|ui résulte de ce calcul est supérieure de plus d'un sixième à celles
que fournissent les expériences directes. Cette différence constitue
<'^ Les tuyaux fermés ne peuvent être employés dans ces expériences, parce qu'il est
impossible de donner ù la paix)i qui en forme le fond une résistance suffisante : cette
paroi ne peut plus être considém» comme inéhrnnialilo, sous rinffuence des vilinitions du
liquide.
Vbrdet, 1H. — Cours de phys. 11.
o
66 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
une difficulté dont Tinteq^rétation théorique n'est pas complète-
ment connue.
3 /i5. Réfraetion du son à 1» surface de séparation d*uu
liquide et d'un saz. — La réfraction qu'éprouve le son en pas-
sant d'un liquide dans un gaz , ou réciproquement , peut être dé-
montrée sans peine par l'expérience qui consiste à concentrer les
ondes sonores au moyen d'une lentille biconcave pleine d'eau.
On remarquera, en outre, que les ondes produites dans l'eau peu-
vent toujours se transmettre de ce liquide à l'air : au contraire, les
ondes produites dans l'air et arrivant à la surface de l'eau éprouvent
la réflexion totale lorsque l'angle d'incidence est tel que son sinus soit
plus grand que le rapport de la vitesse du son dans l'air à la vitesse
du son dans l'eau ^^K
Enfin, dans le petit nombre des expériences qui ont été faites sur
ce sujet, on a toujours constaté que les sons transmis des gaz aux
liquides sont remarquables par leur faible intensité : c'est un ré-
sultat qu'il était facile de prévoir.
^'^ L'interprétation de cette loi, qui est analogue à celle que suivent les ondes lumi-
neuses dans les circonstances semblables, sera donnée plus loin.
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES.
3&6. Cmwmmièr^ distlBCtlfii de l'étet fluide et de l'étet
^, — Vital fuide, défini souvent d'une manière plus ou moins
vague et généralement insuffisante, peut être considéré comme
Yétat d'un corps dans Uquel l'équilibre m peut exister que si les pressions
sont partout normales aux éléments sur lesquels elles s'exercent. — Cet
énoncé revient évidemment à considérer l'état fluide comme celui
d'un corps dans lequel la résistance au glissement est nulle. De cette
définition il est d'ailleurs facile de déduire la démonstration des
deux principes fondamentaux de l'hydrostatique, le principe de Y^a-
Hti de pression en tous sens, et le principe de ïégale transmission des
pressions ^^K ^
Dès lors, l'étude de l'élasticité des fluides se réduit à l'étude de
leur compressibilité, et l'on a vu que cette étude, très-peu avancée
pour les liquides, a été au contraire poussée assez loin pour les gaz.
En eifet on a déterminé, pour quelques gaz, l'influence que la tem-
pérature elle-même exerce sur la relation qui existe entre la pression
et la densité ^^^
Vétat solide, au contraire, peut être considéré comme Vétat Jtun
corps dans lequel Véquilihre peut exister, quoique les pressions soient
oêKques aux élémetits sur lesquels elles s'exercent. — On voit, dès lors,
que les pressions sur les divers éléments peuvent avoir des compo-
santes tangentielles, équilibrées par la résistance au glissement :
l'énoncé qui précède n'est donc qu'une expression plus précise do
^') Voyci ]c Court de Mécanique de Stiinn, 9* ëJilion, tume II, pa^^cs 981 et suivantes.
^*) L'étude complète de Pélasticité ne peut être conçue sans une étude complèle des
effets de la chaleur sur les corps, et réciproquenicnl, car il est bien évident que Tétai
d*un corpa dépend à la fois des forcer qui agissent sur lui et de la condition interne (rela-
tive prolMblemeni aux mouveinenta des molécules) que l'expression numérique de la
température sert à définir. — Or, pour les liquides, de même que pour les solides, une
telle étude est i peine commencée. On ne connaît guère les effets de la chaleur que sous
des presaioDS voisines de la pression atmosphérique; on nr> connaît les effets des forres
méoiniques qu'à des températures voisines de léro.
o.
68 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
cette propriété, par laquelle on définit les corps solides dans l'en-
seignement élémentaire, d'avoir une forme et un arrangement mo-
léculaire déterminés ^^l
347. Caractères particuliers que présente l'étude de
l'élasticité dans les corps solides. — De la constitution spé-
ciale des corps solides il résulte que l'étude de l'élasticité doit pré-
senter, dans ces corps, une complication toute particulière. Il n'est
plus nécessaire, pour qu'il y ait équilibre dans un corps solide,
qu'il y ait uniformité, soit dans les pressions intérieures, soit dans
les pressions extérieures; de sorte qu'on peut, par exemple, atteindre
à un état d'équilibre, pour un cylindre, en le pressant seulement sur
ses deux bases; ou pour un ressort hélicoïde, en exerçant seulement
des pressions sur ses deux extrémités, etc. Il semble, dès lors, que
le nombre des expériences à faire sur ces corps soit illimité.
Une analyse exacte des conditions dans lesquelles peut se trouver
placé un corps, solide a montré qu'il suffirait d'exécuter, sur chaque
corps, un nombre limité d'expériences déterminant des constantes
caractéristiques, pour réduire à de simples problèmes de Mécanique
toutes les questions relatives à l'élasticité. — Cette analyse et le
développement des questions qu'elle conduit à poser constituent la
théorie mathànatt(jue de l'élasticité. Par elle-même, cette théorie ne
peut fournir la solution complète d'aucune question; mais elle in-
dique, d'une manière précise, les éléments que cette solution doit '
emprunter à l'expérience.
On se bornera, dans ce cours, à exposer les résultats fournis par
l'expérience dans quelques cas très-simples, indépendamment de
toute théorie, et à indiquer, d'une manière très-sommaire, les con-
séquences les plus générales de l'analyse théorique dont on vient de
faire connaître le but et la portée.
Il est essentiel de faire remarquer d'abord combien sont grandes
les forces quil faut appliquer aux corps solides en général, pour
(') Tous les degrés intermédiaires existent, entre In fluidité parfaite, qui n*apf>arlient
peut-être qu^aux gaz, et Tétat des corps tels que le verre, le marbre, les métaux, etc.,
auxquels Tusage a réservé le nom de corps solides. Les corps qui établissent la transition
sont désignés, suivant les cas, par les expressions mal définies de liquidée viêqueux, de
matière» pâteuiti, do matièi'ei moHê9, etc.
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 69
produire une déformation appréciable; cette grandeur «st telle,
que, dans la plupart des cas, on peut regarder comme négligeable
la pression atmospbérique qui agit sur la surface des corps à l'ori-
gine des expériences.
348. CoMippMMiMllM «uMque. — Aucune expérience directe
n'a été tentée jusqu'ici sur la compressibilité cubique des corps so-
lides. — On ne conçoit guère d'autre disposition expérimentale que
celle qui consisterait à comprimer uniformément la surface d'un so-
lide, par l'intermédiaire d'un liquide ou d'un gaz, et àniesurer la
contraction de ses dimensions linéaires. Il est à peine nécessaire de
faire remarquer combien il serait diflicile de réaliser une pareille
expérience, dans des conditions telles que les ré-
sultats obtenus fussent vraiment significatifs. '
3^9. Etude expérimentale des allange-
mentH ppoduàts sur les Bis par la traction.
— L'appareil représenté par la figure 3i3 a été
employé pour étudier les lois de l'allongement
qu'éprouvent tes fils métalliques, sous l'influence de
tractions considérables. Le fil soumis à l'expérience
est placé verticalement, et assujetti à sa partie su-
périeure dans un étau E fixé à un mur solide ; il est
.- serré k sa partie inférieure dans un étau semblable
p 6 P F, qui supporte une caisse CC, reposant d'abord
B|HH sur le sol par des vis calantes. C'est dans celte
fl^^H caisse que sont placés les poids P qui formeront la
fl|^^H^ cbai^e destinée à allonger le fd. — En donnant à
^^^^^^^ cette cbarge diverses valeurs, on mesure au catbé-
^^^^^^^^ tomètre les distances de deux points de repère m,
M, placés sur le lil , au voisinage de ses extrémités.
Pour assurer l'exactitude des résultats, on aura soin, avant cfaaque
expérience, de descendre d'abord les vis calantes de manière qu'elles
reposent sur le sol, et qu'elles soutiennent la caisse au moment oiî l'on
y place les poids : puis, la charge étant réglée, on fera tourner ces
vis de manière à les éloigner lentement du sol et a laisser agir la
70 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
charge saus donner de secousse au til. — On devra, en ou Ire, tenir
compte seulement des observations dans lesquelles la charge aara
été supérieure à celle qui est nécessaire pour redresser le fii : on
sera d'ailleurs certain qu'on a atteint la valeur de la charge qui
redresse complètement le (il, lorsque des valeurs plus grandes de
la charge elle-même produiront, entre les deux points de repère,
des accroissements de distance variant d'une manière régulière.
D après les résultats fournis par ces expériences, rallongement
éprouvé par une tige métallique bien tendue est : t" proportionnel
a la longueur ^^^; 3" inversement proportionnel à la section; 3° propor-
tionnel à la charge; 4° variable d'un solide à un autre.
Ces diverses lois expérimentales sont évidemment comprises dans
la formule générale
^-m7'
dans laquelle / est la longueur du til, s sa section; M est un coeffi-
cient particulier, caractéristique de la matière même du fil et de
son état physique; P est une surcharge déterminée; X est rallon-
gement correspondant.
Le coefficient M a reçu le nom de coefficient d'élasticité de traetim ,
ou de module d'élasticité. — Si l'on veut donner une interprétation
a cette quantité numérique, on voit qu'en faisant 5 = 1 et X=/daps
la formule qui précède, on obtient pour le poids P la valeur par-
ticulière P = M. On voit donc que le coefficient d'élasticité peut être
considéré comme exprimant le poids qui serait capable de doubler
la longueur d'une tige de même nature et ayant pour sectioil l'unité,
si les lois de l'allongement restaient les mêmes jusqu'à celte limite :
cette dernière hypothèse est certainement tout à fait en dehors de
la réalité.
350. Yalewni de* «•elllcieiits d'élasticité de traetl#A*
— Si l'on prend pour unité de longueur le mètre, pour unité de
section le millimètre carré, pour unité de poids le kilogramme, les
^') Oetie loi peut être regardée comme évidente a prinri |K>iir mi Ht homogène, et la
vérification expérimentale qu^on en peut faire n^est en rcaliié (|(riifi moyen de s^assurer
de cette homogénéité.
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 71
coefficients d'élasticité des principaux métaux ont, d'après Werlheim,
les valeurs suivantes, pour des températures comprises entre i5 et
2 0 degrés :
Plomb 17Q7 à i8o3
Or 5584 à 8i3i
Argent 71/io à 7857
Zinc 8734 à 903 1
Palladium . 9789 à 1 1759
Cuivre.. 10619 à 124/19
Platiae i55i8 à 17044
Acier ,. 17278 à 19661
Fer i86i3 à 20869
Les variations considérables que l'on observe dans les valeur^ du
coefficient d'élasticité d'un même métal dépendent principalement
de la manière dont il a été travaillé, et du recuit auquel il a pu être
soumis.
Entre i5 degrés au-dessous de zéro et a 00 degrés, l'expérience
a montré que le coefficient d'élasticité des métaux recuits augmente
à mesure que la température s'élève.
351 . liimite d*élastieité. — Lorsque la charge employée avec
un fil déterminé dépasse une certaine limite, variable d'ailleurs
d'un fil à un autre, il se produit un allongement permanent, c'est-à-
dire que ce fil ne reprend plus sa longueur primitive quand on vient
ensuite à supprimer la charge : on dit alors qu'on a dépassé la limite
d'élasticité. — Les lois exprimées par la formule qui précède sont
d'ailleurs encore applicables au fil ainsi modifié, pourvu que l'on
désigne par X l'excès de l'allongement temporaire sur l'allongement
permanent.
Le temps pendant lequel la traction se continue exerce, sur la
production de l'allongement permanent, une influence remarquable.
— M. Vicat a observé, sur des fils de fer, un allongement progressif
pendant près de trois ans; Wertheim, à l'aide de mesures très-
précises, a pu faire des observations analogues sur la plupart des
métaux , en laissant agir la charge pendant quelques jours. — Il est
probable qu'il n'existe pas, à proprement parler, pour les métaux.
72 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
de limite d'élasticité, et que les plus faibles charges produiraient un
allongement permanent, si on les laissait agir assez longtemps.
Enfin un accroissement suffisant de la charge a pour conséquence
la rupture. — Il n'existe pas de relation générale entre la résistance
à la rupture et le coefficient d'élasticité. L'expérience montre d'ail-
leurs que la rupture peut être produite par l'action prolongée d'une
charge que le métal était d'abord capable de soutenir.
On peut remarquer que le phénomène de la rupture accuse un
défaut d'homogénéité dans la structure moléculaire : un fil parfaite-
ment homogène devrait se réduire en poudre, au lieu de se séparer
en deux fragments. — Cette simple observation suffit pour expliquer
l'extrême variabilité de résistance à la rupture que présentent sou-
vent divers échantillons d'un même métal.
352. Contraeiion tranaYersale aeeompaurni^nt Talloii-
K^emeni produit par la traction. — Lorsqu'on opère sur les
matières très-extensibles, telles que le caoutchouc, on observe, sans
aucune difficulté, qu'un allongement produit par la traction est
accompagné d'une contraction transversale. — Sur les autres corps
solides , on a pu constater le même phénomène de deux manières
différentes.
i** Métlwde de Cagniard de Latour, — Dans l'intérieur d'un tube
cylindrique plein de liquide AB (fig. 3 1 à ), on place le fil à étudier;
on le scelle dans le fond M du tube, et on fait agir sur lili une trac-
lion, par l'intermédiaire d'un poids P et d'un système de poulies S,
S\ disposées à la partie supérieure. L'abaissement du niveau A du
liquide dans le tube indique que le volume de la portion immergée
du fil a diminué, et, par conséquent, que le diamètre transversal
s'est contracté. — On doit à Cagniard de Lntour une série de me-
sures destinées à évaluer numériquement les divers éléments du
phénomène : les conditions mêmes dans lesquelles il se produit
rendent à peu près impossible toute détermination précise.
a" Méthode de M. Regnault, appliquée par Wertlieim. — Un cylindre
creux PQ (fig. 3 1 5), formé par un tube métallique, par exemple, et
rempli d'eau, est soumis à une traction longitudinale; pour cela,
il est assujetti à ses extrémités dans des pièces métalliques a, b, qui
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 73
sont destinées, l'une à appliquer la charge, l'autre à pcrmetlre de
fixer le svNlèmfî dans l'appareil tic suspension. On mesure l'allon-
gement du cylindre, par la méthode indiquée plus haul{3i9); quant
4-
à l'abaissement du niveau de l'eau, pour plus d'exactitude on l'ob-
serve dans un tube de verre capillaire t qui surmonte le cylindre. La
seconde mesure fait connaître lo variation du volume intëiieur, et.
en lu combinant avec la m^ure de l'allongeinent, il est facile de
calculer ie changement du dranièire transversal interne; ce chan-
gement est toujours une contraction.
On a prétendu que ie rapport de la contraction transversale à
l'allongement avait la même valeur dans tous tes corps.: cette
assertion, très-improbable a priori, n'est pas justifiée par les expé-
riences connues.
353. CvmprcMdoM longltudinalct — L'étude expérimen-
tale de la compression longitudinale qui se produit dans les corps
"S KLASTIGITÉ ET ACOUSTIQUE,
solides, quand on les soumet à une pression dans le sens de leur
plus grande dimension, présente des dilTicultés particulières : il est
en effet presque impossible d'éviter la flexion qui résulte alors né-
cessairement du moindre défaut de symétrie ou d'homogénéité dans
le corps. — La proportionnalité de l'allongement à la charge, qui
s'observe dans les expériences de traction, entre certaines limites,
riutorisc à admettre que, entre ces m4mes limites, le racn>urcisse-
ment produit par la compression est égal et de signe contraire à
rallonfjemenl produit par une égale traction.
354. Flexion. — Pour ce qui cuneerne la fleiîoa, on se bor-
nera à l'indication sommaire de deui cas très-simples : l'étude dé-
taillée du phénomène constitue un des chapitres principaux de la
MtVa nique.
1° Ver^ piinitilrée par une de tes extrémtéi. — On dît qu'une
verge esl rncantrée par nne de ses extrémités, lorsque cette p\tré-
mile est assujettie de telle manière que la direction du premier
l'-lémenl libre de la verge soit invariable. — Si l'on assujettit de
• elle manière une verge AB (fig. 3i(>), à son extrémité A, de fa-
<;fiii (|ui> le premier l'ii'nieni qui suit le point A soil mainli-iiii iiiva-
rrablenienl dans une position hortîontalr. e| qu'on applique à l'autn*
eïirémilé B un |ioids P, re\p<''ri<>ncc tiionln< que le dépliicenienl de
l'exlréiniti' libre esl projutrlioHiirl m la rlrirgr et pmjmrt'tnnttfl un nihf
de In limijneur. — Si la section di* la vergi' esl recliingiilain'. le
déplacement est en ntiton invenif du produil de In «wIioh ^xir le ravrf
lie l'ffHi'iMCttr.
ÉLASTICITÉ DKS OOKPS SOLIDES. 75
a' Vei^e reposant tur deux appui» voisina de se» exirémitis. — Si
l'on place une verge sur deux arêtes vives, situées dans un même
plan horiiontai , de manière que les points d'appui A et A' ( (ij;. 3 1 7 )
soient voisins de ses extrémités, et si l'on applique en son milieu B
un poids P, l'expérience montre que la flèche de flexion varie sui-
veml les mêmes lots que le déplacement de l'eitrétnité libre dans le
cas précédent : pour les mêmes vuleurs de la charge, de la longueur
et de la section, la valeur numérique de la longueur de la flèche est
différente.
Lorsqu'une verge n'est soumise qu'à des forces perpendiculaires à
son axe, qui l'infléchissent très-peu, on peut admettre que les mo-
lécules qui se trouvaient, à l'état naturel, contenues dans une
même section perpendiculaire à l'axe , y demeurent contenues après
la flexion. Il suit de là que toutes les droites qui éiaient primitive-
ment parallèles à l'axe présentent le même système de courbure, et,
comme d'ailleurs l'action de forces perpendiculaires à l'axe ne saurait
produire un allongement ou un raccourcissement, il est nécessaire
que la longueur moyenne de ces diverses droites soit la même avant
cl après la flexion. Parmi les filets moléculaires dont on peut con-
cevoir que la vei^e est formée, il y en a donc qui augmentent
de longueur et d'autres qui diminuent : c'est la tendance de tous
ces filets à reprendre leur longueur primitive qui est lu cause de la
résistance à la flexion. — Cette remarque a permis à Euler de dé-
duire les lois de la flexion de celles de l'allongement, antérieurement
à toute expérience.
Les lois qu'on vient d'indiquer nionlmiit que, à mesure que la
76 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE,
section des verges diminue, la résistance à la flexion diminue aussi;
on comprend donc (|iie, |)ar une réduction indéfinie de ses dimen-
sions transversales, toute verge tend à se transformer en un fil ou en
une corde parfaitement flexible, qui n'a de forme déterminée qu'au-
tant que des tensions égales et opposées agissent sur ses extrémités.
— Le problème de l'équilibre d'une corde flexible appartient h l'étude
de U Mécanique; les lois des vibrations qu'elle exécute quand on
lecarte de cette position d'équilibre seront étudiées plus loin.
^{55. TorsloB. — E«yériw— «le C7««l*mb. — L'étude
ili','. lois i\i' la torsion a été faite d'abord par Coulomb : les expé-
riences ont été exécutées spécialement
sur àea^U mélailiqiies, par ia miOMie
den otciUalions.
Un Til AB (fig. 3i8), fixé par son
extrémité supérieure A, soutient une
sphère métallique G, dont, le poids est
très -considérable par rapport k relui
du fil ; à celle sphère est fixée une ai-
guille horizontale M, mobile sur un
cadran divisé MN. — Après avoir laissé
le fil prendre une position d'équilibre,
on déplace l'extrémité libre de lai-
fpiille, de manière k lui faire décrire
un arc plus ou moins considérable sur
le cercle. Le fil est ainsi tordu d'un
angle connu, et l'on abandonne alors
l'extrémité de l'aiguille à elle-m^me :
elle exécute, autour de sa position d'é-
quilibre, des oscillations dont on ob-
serve la durée.
L'expérience montre que la durée des
oscillations est indépendante de leur amplitude, et cela entre des
limites très-élendues. On en conclut c|ue la force de torsion est, à
chaque instant, proporltoHuelk à l'utile de. tonioii, de même que,
dans les oscillations infimmenl petites et isochrones d'au pendule
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 77
la composante elTicace de l'action de la pesanteur est, à chaque
instant, proportionnelle à l'angle d'écart. — Dès lors, si l'ondi^-
signe par T la durée d'une oscillation, par F le moment du couple
de torsion, par M le moment d'inertie du système oscillant, qui
se réduit sensiblement à celui de la sphère C, la formule
permet de calculer F.
En faisant varier les dimensions et la nature du fil, on recoimail
que le moment du couple de torsion varie «i raison inverse de la
langueur du fil, et proportionnellement à la quatrième puissance de son
diamètre. 11 augmente en même temps que le coeificient d'élasticité,
sans lui être proportionnel.
356. Expérience* de ÏVertheim.
bord, et à Wertheim ensuite, plusîeur
— On doit à Savarl d'a-
séries d'expériences dans
lesquelles on s'est proposé de vérifier les lois de la torsion, dans le
7« ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
cas des verges ayant une section transversale un peu grande, par
l'observation directe des valeurs du couple de torsion.
Dans l'appareil de Werlheim(lig. 3i ^), tes deux extrémités A et B
de la verge sont encastrées dans des pièces métalliques G, D : l'une
de ces pièces D est solidement fixée dans un élau massif, l'autre G
est rendue solidaire de l'axe d'une roue S : cette roue est sollicitée
. à tourner par l'action de deux poids égaux P, P', qui agissent en sens
contraire aux extrémités d'un même diamètre, par l'intermédiaire
de deux cordes dont l'une pas.se sur une poulie R. L'aiguille a, qui
est fixée sur la verge et dont l'extrémité se trouve sur le cadran fixe
mn, sert à constater que l'extrémité B n'éprouve ri5ciiement aucun
déplacement, pendant que l'effort de torsion a lieu. Une alidade, qui
est munie d'un vernier et Éixée invariablemenl au bâti qui supporte
l'appareil, sert , avec la division de la roue S , à mesurer l'angle dunt
a tourné l'extrémité A.
Des expériences exécutées avec cet appareil il résulte que les
lois Indiquées par Goulomb, pour les fils métalliques, sont appli-
cables au\ verge.s solides ayant une section transversale beaucoup
plus grande. — Weriheim m vérifié, en effet, que le moment du
couple de torsion, mesuré directement, est proportionnel à l'angle
de torsion, qu'il est inversement proportloiuiel à la longueur de la
MTge. el proporlionnel au cjirré de In section.
357. Can«ldénttl»BS «énérnlM. — CseMcêenU tmmûm •
mentaum dr 1» th««rie «e VéêMmUmUé. — Soit un parallélipi-
pède rectangle (fig. 3ao) soumis d'abord,
sur ses deux bases ABDG, EFHG, i'i l'ar-
lion de preasious nonnales, égales el op-
posées. Il résulte des lois de l'allonge-
ment que Iw ar4tes parallèles à AE se
raccourciront, tandis que les arêtes per-
pendiculaires s'allongeront , et que les
changements relatifs de longueur seront
proportionnels au quotient de la pression
normale par l'aire de ABGD, c'est-à-dire
a pression exercée sur l'unité de surface des bases.
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 79
En appelant a le raccourcissement relatif de l'arête AE, /S rallon-
gement relatif des arêtes AB et AC , et en désignant par P la pression
exercée sur l'unité de surface, on aura
a==.mP,
/3==nP,
m et w étant des coeflScienIs dont l'expérience seule peut donner la
valeur.
De même, si l'on conçoit qu'une pression Q agisse sur l'unité de
surface de chacune des faces ABFE, CDHG, l'arête AC éprouvera
un raccourcissement a', et les arêtes AB, AE un allongement ,6', et
l'on aura
Si une pression R agit sur l'unité de surface de chacune dos faces
ACGE, BDHF, l'arête AB éprouvera un raccourcissement a\ les
arêtes AE, Ad un allongement /3", et l'on aura
Enlin, si les trois couples de pressions P, 0, R agissent simulta*-
nément, leurs effets se superposeront ^^^ et, en appelant e, s\ s" les
variations relatives de longueur des trois arêtes AE, A(] . AB, on
aura
e = a -(/3'+^").
£' = «' -(/3 + /S").
c'esl-à-dir»'
£ =,„P_m(0 + R),
£' = mQ-n(P + R),
e" = »)R-n(P + 0).
t^) Dans les limites entre let^quelles les changements cie dimensions SoHt proportionnels
aui pressions ou aux tractions, il est clair que reflet d'une pression ou d'une traction est
indépendant de rexislentîe d'une traction on d'une pression antérieure. C'est re qu'on ex-
prime en disant que les eflets do plusieurs pressions ou de plusieurs tractions se super-
posent.
80 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Il est facile d'en conclure (|ue
P = He + K(e'+e"),
Q=He' + K (£ + /).
R = He''+K(e4-e'),
en faisant H = „^^J'1~"_^,^,, '^ =,«(„.-".; -a»-' " *^«"<^ '«»
pressions exercées sur les bases du parallélipipède, et par suite les
réactions élastiques du paralléiipipède lui-même, sont exprimables
en fonction linéaire des variations relatives de longueur des arêtes,
au moyen de deux coefficients constants.
Ces deux coefficients H et K sont les éléments fondamentaux de
la théorie de l'élasticité. L'expérience seule peut les déterminer, direc-
tement ou indirectement; mais, une fois qu'elle les a déterminés,
toutes les questions relatives aux petites déformations produites
par l'action d'un système de forces quelconques se réduisent à de
simples problèmes de Mécanique rationnelle, et n'offrent plus que
des difficultés de calcuU*^ En effet, l'analyse exacte des conditions
de l'équilibre intérieur d'un corps solide élastique démontre qu'en
chaque point de ce corps il existe trois directions rectangulaires,
variables d'ailleurs d'un point à l'autre, telles que les éléments per-
pendiculaires à ces directions supportent des pressions ou des trac-
tions normales. Un paralléiipipède infiniment petit, ayant ses arêtes
parallèles à ces trois directions , se trouve dans les conditions du pa-
ralléiipipède qu'on vient de considérer plus haut, et il suffit d'ex-
primer, d'une manière générale, les relations qui existent entre les
pressions qu'il supporte et les changements de longueur de ses
dimensions infiniment petites, pour obtenir les équations différen-
tielles du problème considéré.
La détermination des coefficients H et K n'a encore été faite avec
exactitude pour aucun corps ^'^^. — C'est pour cette raison qu'il est
(') La solution de ces divers problèmes est aujourd'hui restreinte entre les limites oà
s^observe la proportionnalité des déformations élastiques aui forces qui les produisent. En
dehors de ces limites, il serait nécessaire de connaître la loi suivant laquelle les roeffi>
cients H et K varient a\ec la pression. •
'') Les formules qui expriment, en fonction des changements de dimeiiHioiui ou JiUtlm»
ÉLASTICITÉ DES CORPS SOLIDES. 81
impossible de déterminer rigoureusement la correction qu'il faudrait
ajouter aux compressibilités apparentes des liquides, mesurées par
M. Regnault, pour en déduire les compressibilités absolues.
tioni Unéairei, les forces qui agissent sur runilé de surface des faces d'un parallélipipèdc
rectangle, peuvent s'écrire
P = (H-K)e+R(e + e'H-e"),
Q==(H-K)e'H-K(eH-e'-+-e"),
R = (H-K)e"4-R(e-He'H-e").
On convient, en général, de prendre positivement les valeurs de e, e', e" lorsqu'elles
représentent des accroissements de longueur, et les forces P, Q, R lorsqu'elles représen-
tent des tractions et non des pressions. — En appelant 6 la variation relative du volume
ou dilatation cubique du parallélipipède, on a, en raison de la petitesse des déformations
élastiques,
fl = £-+-€' -H e",
de sorte qu'en posant K = à, H — K = 9fA, pour se conformer aux notations des leçons
classiques de M. Lamé sur l'élasticité, on a
P = Afl-+-2|tze,
Chacune des tractions ou des pressions est donc la somme d'un terme proportionnel à
la dilatation cubique et d'un terme proportionnel à la dilatation linéaire parallèle à la
pression considérée.
Un parallélipipèdc liquide ne pourrait être en équilibre que si les pressions exercées sur
ses six faces étaient égales; et Ton sait, eu outre, que l'accroissement de densité ou l'ac-
croissement négatif de volume du liquide serait proporliôilnel à la pression. On aurait
donc
p = Q = R = X9.
Par conséquent, il est possible de comprendre dans une même théorie générale les solides
et les liquides, en admettant que, pour celte dernière classe de corps, le coefficient ùfi se
réduit à zéro. Il suit de là que, si dans certains corps le coefficient afx est très-petit sans
être nul, ces corps, qui seront en réalité des solides, se rapprocheront des liquides par
l'ensemble de leurs propriétés. — De tels corps existent : ce sont ceux que l'ou désigne,
dans le langage ordinaire, par les expressions vagues de matière» pâteuse» ^ matières molle» y
ou même de liquide» vi»queux. On peut même dire que la nature réalise tous les degrés
mtermédiaires entre des solides tels que le verre on le marbre et un liquide tel que
l'eau. — Il est donc impossible que les coefficients A et fx aient l'un avec Taùlre quelque
relation générale, indépendante de la nature des corps; les recherches expérimentales
entreprises à diverses époques, pour déterminer une telle relation, ne pouvaient donner
et n'ont ciïectivement donné aucun résultat.
Vbrdbt, \\\. — Cours de phys. H.
PROPAGATION ET PRODUCTION DU S0\
DANS LES SOLIDES.
PROPAGATION DU S0> DANS LES SOLIDES.
358. Pr«p«iraiioii du son dRits une tise de petit
mètre, ébranlée parallèlement à sa longeneiir. —
mule de Ijaplaee. — En ronsidénnnt une lige solide^ d'un dia-
mètre très-|)elil par rapport à sa longueur, Laplace a pu calculer la
vitesse de propagation d'un ébranlement imprimé à l'un de ses poinis
dans une direction parallèle à sa longueur.
En désignant par g Faccélération due à la pesanteur, par e l'al-
longement éprouvé par une tige de même nature et de longueur
' égale à Funité, sous Tinfluence d'une traction égale à son poids, il
a trouvé que la vitesse de propagation a de l'ébranlement, dans le
sens de la longueur, doit être •
"=Vf
Si Ton représente par E le coefficient d'élasticité du corps s
lide considéré, par D son poids spécifique, et si l'on remplace
l'allongement e par sa valeur en fonction du coefficient E, déduite
de la formule donnée précédemment (349), on met cette expression
sous une autre forme, savoir
formule que l'on peut chercher à vérifier par l'expérience ^*^
'*) Lor^ue. pour motlrp cette fonniilo on nombres, on ralciile E en appliquant à iin^
expérienre d^allongement la formule
il est essi^ntiel de prendre des unités de longueur et de stuTace corrélatives. Il faut bien se
garder, par exemple, de prendre le mèlrc pour unité de longueur, et le milKmèlre canv
pour uniléde section, connue on Ta fait dans ii^ ialileau des roclFirituls dVIaMîrilé nin a
été doniii' plus haul (.*(r>0).
PROPAGATION DU SON DANS LES SOLIDES. 83
359. EmpérieveMi relatives m im viteeee du Mm tUms les
tises eolidee d'une ffraiide tonsueur. — Il est manifeste que
la détermination directe de la vitesse de propagation du son , dans
des tiges solides d'pne faible section et d'une gi*ande longueur, doit
offrir des diflicultés pratiques considérables : aussi les essais tentés
jusqu'à ce jour dans cette direction présentent-ils une imperfection
extrême.
Biol a cherché à déterminer la vitesse de propagation du son
dans la fonte, en observant la propagation d'un ébranlement com-
muniqué à Tune des extrémités d'une conduite de tuyaux destinée
aux eaux d'Arcueil. La longueur parcourue était seulement de
g5i mètres, et la durée de la propagation dans toute cette longueur
était inférieure à trois dixièmes de seconde : les moindres erreurs
avaient donc une influence considérable. 11 faut remarquer, en
outre, qu'il n'y avait pas continuité absolue entre tous les tuyaux
consécutifs.
Wertheim et Bréguet reprirent la même question pour le fer, en
opérant sur une ligne de fils télégraphiques tendue entre Asnières
etPuteaux. La longueur parcourue excédait A kilomètres, et la durée
de propagation était supérieure à une seconde; mais la continuité
du corps solide n'était pas mieux assurée. Il s'est présenté d'ailleurs
quelques particularités inexplicables, qui ne permettent pas d'avoir
confiance dans les résultats obtenus : on a constaté, par exemple,
que le son était complètement intercepté par un tunnel dont les fils
ne touchaient pas les parois, c est-à-dire, en réalité, par le mont
Valérien. Il est donc probable que, ce que les observateurs enten-
daient réellement dans leurs expériences, c'était le son transmis par
le sol dans lequel s'enfonçaient les poteaux du télégraphe.
360. Pro|Niiratioii du son daus une niasse solide indé-
finie. — Lorsqu'on étudie théoriquement la propagation d'un
ébranlement dans une masse solide indéfinie , on trouve qu'il doit
se former deux ondes distinctes, l'une à vibrations normales à sa
surface ou vibrations longitudinales^ l'autre à vibrations transversales.
Si l'on désigne par 90 le rapport qui existe entre la contraction
transversale relative et l'allongement relatif, dans une tige soumise
(î.
RLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
■ii, i«.kU'i»« longitudinale, le râleur donne, pour la vitesse de
'•i»vli ^ v'h'«li»»"< longiludinales, la valeur
.M .-6>
6]
OM^ht }\ la vitesse de Tonde à vibrations longitudinales, on
UvUSiî
c
/^E i - 16
Viy
Auiîune expérience directe n'a vérifié ces résultats de la théorie.
— On doit seulement à Wertheim cette remarque, que les phéno-
mènes des tremblements de terre semblent accuser effectivement la
production de deux ondes.
PRODLCTION DU SON PAR LES CORPS SOLIDES.
361 . Yibrations lonsitiidinales des solides mjmwkt de pe-
tites dimensions transversales (vernies ou eordes.) — La
propagation et la combinaison des ébranlements produits dans une
verge solide, parallèlement à sa plus grande dimension, doivent
s'effectuer comme dans un tuyau de petit diamètre. De là résulte
que les lois relatives aux divers sons qui peuvent s'y produire par les
vibrations longitudinales doivent être analo;]ues aux lois des tuyaux
sonores (332). — Pour déterminer la position des nœuds fixes, on
cherchera la position des points de la verge que l'on prut toucher
sans que le mouvement vibratoire soit altéré.
Trois cas sont à distinguer, selon la manière dont la verge vi-
brante est assujettie.
1° Verge libre à ses deux extrémités. — L'expérience montre,
comme la tliéorie le faisait prévoir, que les lois sont celles des tuyaux
ouverts aux deux bouts. — Pour faire vibrer une verge en laissant
ses deux extrémités libres, on la saisira, dans chaque cas, par un
point situé de façon qu'il doive correspondre à un nœud, pour l'har-
monique que l'on veut produire.
2° Verge libre à une extrémité, fixée à Vautre, — Les lois sont
celles des tuyaux ouverts à un bout et fermés à l'autre.
PRODUCTION DU SON PAR LES SOLIDES. 85
3° Verge ou corde fixée à ses deux bouts. — La série des sons est
la même que celle d'une verge libre à ses deux extrémités, mais les
nœuds et les ventres occupent des positions inverses. — On voit en
effet, a priori, que Ton peut, en admettant d'abord que le milieu de
la verge corresponde à un ventre, regarder les deux moitiés de
cette verge comme constituant deux verges fixées à un bout, libres à
l'autre, et assemblées de façon que leurs mouvements aient toujouiis
lieu dans le même sens : on est ainsi conduit à la série des sons
• • • •
Mais on peut aussi , en admettant que le milieu de la verge cor-
responde à un nœud, regarder ses deux moitiés comme constituant
deux verges fixées aux deux bouts, et assemblées de manière queleujrs
vibrations aient toujours lieu en sens contraire, ce qui donne la série
des sons
3 4 6 8. . . .
L'ensemble de ces deux séries donne la suite entière des nombres
naturels, comme pour une verge dont les deux extrémités sont
libres.
Dans ces divers cas, on constate toujours que, pourvu que la lon-
gueur soit asse:9 grande par rapport aux dimensions transversales,
la valeur absolue des dimensions transversales elles-mêmes n'a pas
d'influence.
Enfin , lorsqu'on opère sur une corde et qu'on fait varier la gran-
deur du poids par lequel il est toujours indispensable de la tendre,
on constate également que la valeur de ce poids ejst sans influence
sur les vibrations longitudinales.
Ces diverses lois, dont il sufiira d'avoir donné ici Ténoncé, ont
été établies par Chiadni.
362. mesure de la vitesse dii son dans les aalides et du
eeeflleieiit d'élastieité, au moyen des iribrations lonsitu-
dinalea. — Les rapprochements que les lois précédentes établissent,
entre les vibrations longitudinales des verges ou des cordes et celles
des tuyaux sonores , fournissent immédiatement une méthode de dé-
86 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
terminalion de la vitesse du son dans les corps solides, et permet-
tent, par suile, de calculer également le coefficient d'élasticité.
Le tableau ci-dessous contient les résultats obtenus par Wer^
theim, en appliquant aux vibrations longitudinales des verges des
formules semblables à celles qui ont servi pour déterminer la vitesse
du son dans les gaz au moyen des tuyaux sonores. — Toutes ces
vitesses sont évaluées en prenant pour unifé la vitesse du son dans fair'.
Plomb 3,97a à 6,iao-*^
Or 5,6o3 à 6,6aà
Étain 7,338 à 7,680
PlaUne . 7,8tj3 à 8,667
Argent 7-9o3 à 8,087
Zinc (j,863 à 1 1,007
Laiton. . '. io\'2ùli
Cuivre 11,167 *
Acier 1Â.961 à 10,108
Fer i5.io8
Cristal 1 1,890 à iâ,âao
Verre 1 6,966 à 1 6.709
Bois de chêne 9*90*'^ ^ iîi,8ao
Bois de sapin 1^,690 a 17,360
Les coefficients d'élasticité qui ont été déduits de ces expériences
par ^^ertheim sont généralement un peu supérieurs à ceux que don-
nent les expériences de traction (350). — Ces différences peuvent
être dues d'abord à une certaine influence des effets calorifiques
produits par la compression ou parla dilatation. Mais il faut remar-
quer, en outre, que iorsqu*on soumet une tige solide à l'action d'an
poids, comme on le fait dans les expériences de traction, rallon-
gement maximum de celte tige ne se produit qu'au bout d'un cer-
tain temps, et l'on ne procède aux mesures que lorsque l'état définitif
jiaratt obtenu. Il est trlair que l'allongement ainsi mesuré doit être
s,upériear.a celui que produirait la même force, si son action ne
sVxerçait que pendant un temps très-court : or c'est précisément
■') Los variations qiio pré:»i'n(e la vitesse du ^>oll clans 1111 même corps tieiiiicnl eu gcué-
ml aui diflerences qu'il peut ofTrir dans son étal pliysiijue. En {rôncraU la vitesse du
son est moindre dans les métaux recuits que dans k*s métaux écrouis.
PRODUCTION DU SON PAU LES SOLIDES. 87
pendant un temps Irès-coùrt que doit s'exercer, dan§ le mouvement
vibratoire, l'action des forces produites par les condensations et les
dilatations successives. On conçoit donc que le coefficient d'élasticité
obtenu par la traction, c'est-à-dire le rapport de la force à l'allon-
gement que donnent les expériences directes, doive être moindre
que le rapport qu'il faudrait employer pour calculer la vitesse théo-
rique de propagation.
363. ITibratiOBS tourimittcs des wer^es et deseordes. —
Les lois des vibrations tournantes , découvertes également par Chladni ,
sont les mêmes que celles des vibrations transversales.
Toutes choses égales d'ailleurs, le son fondamental des vibrations
tournantes est seulement plus grave que celui des vibrations longi-
tudinales; le rapport du nombre de vibrations de l'un au nombre de
vibrations de l'autre dépend de la nature de ia verge et de*la forme
de sa section.
36â. ITibratioiis traiisweiniales. — Pour Tétude des vibra-
tions transversales, il devient nécessaire de considérer séparément
les cordes et les verges.
Les cordes se distinguent des verges en ce que, si l'on fait abs-
traction de l'action exercée sur elles par l'effet de la pesanteur,
action toujours très-faible , on peut les regarder comme n'ayant de
iigure déterminée qu'autant qu'elles sont tendues, en une ligne
sensiblement droite, par deux forces égales agissant en sens con-
traire sur leurs extrémités. Les verges élastiques, au contraire,
reviennent d'elles-mêmes à leur figure initiale toutes les fois qu'elles
en sont écartées.
Cette distinction n'a cependant rien d'absolu , car il n'existe pas
de corde parfaitement flexible, et, d'un autre côté, on peut toujours
ajouter à l'effet propre de l'élasticité d'une verge celui d'une tension
extérieure agissant sur ses extrémités. On peut remarquer d'ailleurs
que, en réduisant suffisamment la section d'une. verge donnée, on
peut toujours lui donner une flexibilité telle, que ses propriétés ne
diffèrent pas sensiblement de celles d'une corde idéale; inversement,
si l'on augmente suffisamment les dimensions transversales du corps
88 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
le plus flexible, on peut toujours rendre les effets de son élasticité
comparables à ceux de sa tension. — Enfin, à dimensions égales, les
cordes doivent être considérées comme ayanl des propriétés plus ou
moins voisines de celles des verges, selon l'élasticité de la matière qui
les constitue : c*est ainsi, par exemple, que les cordes métalliques
sont toujours, toutes choses égales d'ailleurs, beaucoup plus sem-
blables à de véritables verges que les cordes de nature organique.
L'étude des vibrations transversales des verges proprement dites,
qui contribue à faire connaître la résistance que ces corps opposent
à l'action de forces tendant à les déforn^er, importe à la théorie gé-
nérale de l'élasticité, au même titre que l'étude des vibrations lon-^
gitudinales et des vibrations tournantes. — Jj'étude des vibrations
transversales des cordes n'intéresse que l'acoustique pure; elle fait
connaître les lois du diouvement vibratoire auquel il convient de
comparer les autres.
On exposera d'abord les résultats relatifs aux vibrations transver-
sales des cordes.
365. Vibrations transwersales des cordes* — Le nombre
de vibrations qui correspond au son fondamental d'une corde qui
vibre transversalement est proportionnel à la racine carrée du poids ten^
seur; il est en raison inverse de là longtieur, de la racine carrée de la
section, et de la racine carrée de la densité.
Il est facile de voir que les lois indiquées par cet énoncé sonf
comprises dans la formule suivante, donnée par Taylor,
N
formule dans laquelle N est le nombre de vibrations du son fonda-
mental , g est l'intensité de la pesanteur, P est le poids tenseur, p est
le poids de la corde elle-même, et / est sa longueur ^^^
Ces lois ne se vérifient exactement que pour des cordes satisfaisant
à la définition qui en a été donnée plus haut (36â), c'est-à-dire
ayant h la fois un diamètre très-petit et une longueur suffisamment
grande. — Il faut, en outre, que les deux extrémités soient fixées
^') En eiïct, si Ton désigne par o la rcrticn do la corde, |Hir S so dcns'lé, et si Ton
PRODUCTION DV SON PAR LES SOLIDES. 89
de manière à rendre impossible toute communication du mouvement
vibratoire de la corde à ses supports. C'est cette dernière condition
qu'on a spécialement cherché à réaliser dans la construction de
l'instrument connu sous le nom de sonomètre, h l'aide duquel on
étudie en général les vibrations transversales des cordes.
La corde soumise à l'expérience, retenue à Tune de ses extrémi-
tés par une cheville p (fig. Sa i), vient s'appuyer sur deux chevalets
bd, ac, qui limitent la partie vibrante, et, après avoir passé sur une
Fig. 3s t.
poulie, elle reçoit à son autre extrémité un poids tenseur P. Les
chevalets reposent sur une caisse en bois de sapin, destinée à ren-
forcer les sons. — Pour vérifier, par exemple, l'influence de la
grandeur des poids tenseurs, on charge cette corde d'un certain
poids P et on la fait vibrer; au moyen de la clef A, on règle la
tension de la corde cd, qui est fixée parallèlement à la première,
de manière a la mettre à l'unisson. On remplace alors le poids P
remarque que sou poids n est autre chose que le produit de son volume al par son poids
spécifique ig, la formule de Taylor devient
-r,v/5
et, sous cette forme, on voit immédiatement qu'elle est Texprcssion analytique des lois
énoDcëes plus haut.
Enfin, si Ton veut introduire dans la formule, au lieu de la section <t de la corde, le
rayon r de cette section supposée circulaire, on remplacera a par nr', ce qui donnera
"-riV/^-
Il est essentiel de remarquer que, dans la formule de Taylor (eiic qu on vient de la
donner, N exprime le nombre des vibrations compUtct ou oicillatiom doublet , tel qu'il
a été défini plus haut (306 ). É. F.
90 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
par un autre poids P\ et, en comparant le nouveau son rendu à
celui de la corde cd, on constate que les nombres de vibrations sont
entre eux comme les racines carrées des poids P et P'.
Pour vérifier la loi des longtieursy on laisse invariable le poids
tenseur P de la première corde, et l'on fait varier seulement la ion->
gueur de la partie vibrante, en déplaçant le chevalet mobile m : on
compare le son obtenu à celui de la seconde corde, et Ton en dé-
duit le rapport des nombres de vibrations. — 11 est aisé de conce-
voir comment on peut vérifier de même la loi des sections et la loi
des densités.
Le sonomètre fournit encore le moyen de déterminer facilement
la loi des Imrmoniques que peut rendre une même corde , sous une
tension constante. — On trouve ainsi que les harmoniques succes-
sifs correspondent à des nombres de vibrations qui sont entre eux
comme la suite des nombres entiers i , â , 3 , . . . .
Pour déterminer, par l'expérience, la situation des nœuds fixes
qui se produisent lorsqu'on fait rendre à une corde l'un de ses har-
moniques, il suffit de distribuer dans toute sa longueur, de distance
en distance, de petits chevrons de papier. Ils sont immédiatement
renversés dans les points de la corde qui participent aux vibrations
transversales : ils restent au contraire immobiles dans les points qui
correspondent à des nœuds. — L'expérience ainsi faite montre que,
en rendant les harmoniques de rang â , 3 , â , . . . , la corde se di-
vise en a, 3, 4, . . . parties égales, séparées les unes des autres
par des nœuds fixes.
366. Relation entre les ^bratione tranewersalea et tmm
wibratione lon^ttiidlnalea d'une même eorde. — Lorsque
l'on compare, au nombre des vibrations transversales N donné par
la formule de Taylor, le nombre des vibrations longitudinales N' de
la même corde, rendant le son fondamental dans les deux cas, on
est conduit à la relation
N
PRODUCTION DU SON PAR LES SOLIDKS. 91
dans laquelle D désigne le poids spécifique de la corde. Or, si Ton
remarque que le poids spécifique de la corde est égal à son poids /;
divisé par son volume (tI, et qu'on remplace alors D par A^ la relation
devient
Jôï
N \ pi
v/?
ou enfin
Mais, si Ton représente par X rallongement qu'éprouve cette même
corde sous une charge égale à P, on a, d'après ce qui a été vu pré-
cédemment (349), ^ = g' —' c'est-à-dire E = -y; en remplaçant
E par cette valeur, il vient définitivement
N /Â
La quantité X étant toujours petite par rapport à l, on voit que
le son fondamental correspondant à la vibration transversale est
toujours, pour une même corde, beaucoup moins élevé que le son
fondamental correspondant à la vibration longitudinale.
367. ITibratioiis traiiswersalefi des werses. — Les lois des
vibrations longitudinales ont pu être déduites immédiatement des
lois de la propagation et de la réflexion d'un ébranlement longitu-
dinal. — Il en est autrement des lois des vibrations transversales ou
des vibrations tournantes. La théorie de ces phénomènes est fondée
sur des considérations du genre de celles ([ui ont été indiquées
plus haut, à propos de la flexion.
Les lois des vibrations transversales des verges ont été d'abord
établies théoriquement par Euler. Elles ont été ensuite vérifiées
expérimentalement par Chladni, Strehlke, et plus récemment par
M. Lissajous.
92 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Chacune des deux extrémités de la verge peut être placée dans
trois conditions différentes :
1° On dit qu'une extrémité d*une verge est encastrée, lorsque
celte extrémité est fixée de telle manière qu'elle ne puisse se déplacer,
et qu'en outre, dans toute flexion, l'axe de la verge demeure, à cette
extrémité, tangent à sa direction primitive. — On voit donc que,
si Ton représente par j/ le déplacement du point dont la distance à
l'extrémité encastrée est x, ce mode de fixation est défini analyti-
quement par ces deux conditions que, pour or = o, on ait à la fois
y=o
et
dx
On réalise ces conditions en serrant très-fortement l'extrémité de
la verge dans un étau.
9° On dit qu'une extrémité d'une verge est appuyée, lorsque cette
extrémité est assujettie de telle manière qu'elle ne puisse se dé-
placer, et que cependant l'axe de la verge puisse faire, à cette
extrémité, un angle quelconque avec sa direction primitive. — Ce
mode d'assujettissement exige donc que, pour j;=o, on ait encore
y=o;
la première dérivée -j^ peut avoir une valeur quelconque, mais on
démontre que Ton doit avoir
Cette condition est d'ailleurs extrêmement dillicile à réaliser d'une
manière satisfaisante.
3° Lorsqu'une extrémité d'une verge vibrant tran.sversalemenl est
entièrement libre, on démontre que, pendant la vibration, cette
extrémité est a.*jsujettie à ces deux conditions que, pour x = o, on
ait à la fois
d'y
et
d'Y ^
dx
PRODUCTION DU SON PAR LES SOLIDES. 93
La théorie et l'expérience montrent "qu'il n'y a pas de différence
essentielle entre une verge courbe et. une verge droite, en sorte que
les lois précédentes sont également applicables aux diapasons, avec
la forme qu'on leur donne ordinairement. — On trouve encore
d'autres applications des vibrations transversales des verges duns le
violon de fer, dans le elaquebois, et dans l'harmonica à lames de
verre.
368. Vibrations transversales des plaques* — Pour étu-
dier la forme des figures nodales que détermine le mouvement vibra-
toire dans les plaques , lorsqu'on fait varier la position des points
par lesquels elles sont assujetties et celle des points par lesquels
on les attaque, Chladni a encore employé le sable. — Voici quel-
ques-unes des lois générales auxquelles conduisent ces expériences:
Pour des plaques homogènes de même forme et de même nature,
Ips nombres de vibrations des sons qui correspondent à une même
figure nodale sont en raison inverse de la surface et eti raison directe
J(e l'épaisseur. — Il suit de là que, si deux-plaques sont des prismes
géométriquement semblables, les nombres de vibrations sont en
raison inverse des dimensions homologues.
Dans les plaques circulaires, les figures nodales sont des assem-
blages de diamètres et de cercles.
Dans les plaques carrées ^ les lignes nodales, qui ont des formes
très-variées, peuvent se ramener approximativement à des combi-
naisons de droites parallèles aux côtés, et de droites parallèles aux
diagonales.
Les vibrations des timbres et des cloches sont soumises h des lois
identiques à celles des plaques ^'l
369. ITibrations des membranes. — La difficulté de com-
muniquer à une membrane une tension uniforme et connue empêche
qu'on puisse soumettre à une étude expérimentale bien rigoureuse
les vibrations qui peuvent s'y produire. — L'expérience apprend
cependant que les harmoniques d'une même membrane forment,
(') Voir, à la fin de VAcouttiqitp, la noie compIi'menUure C, relative à une loi gén^^rale
àes mouvements vibratoires.
Wî ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Lorsqu'on veut étudier la position des nœuds , pour les vibrations
correspondantes aux divers harmoniques, on saupoudre de sable ia
face supérieure de la verge : on voit ce sable se rassembler, dès
(|ue la verge est mise en vibration, sur les points qui correspondent
à des nœuds. — On remarque en particulier que, dans le quatrième
cas, celui où la verge est appuyée par ses deux extrémités, les
nœuds sont tous équidistants entre eux : les nombres de vibrations
qui correspondent aux divers harmoniques sont en raison inverse
des carrés des longueurs des parties vibrantes. — Dans les autres
cas, les parties vibrantes dans les(pielles la verge se divise, en pro-
duisant un harmonique d'un ordre élevé, sont sensiblement égales
entre elles, à l'exception des deux parties les plus voisines des extré-
mités : les nombres de vibrations qui correspondent aux divers bar-
moni(|ues sont, comme Ta montré M. Lissajous, sensiblement en
raison inverse des carrés des longueurs des parties vibrantes éloi-
gnées des extrémités.
Dans chacun de ces six modes d'assujettissement, le son fonda-
mental rendu par une même verge et ses^rapports avec les harmo-
niques successifs ont des valeurs particulières. Mais si Ton considère
des verges diverses ayant leurs extrémités dans les mimes conditions,
et produisant chacune le son fondamental, ou un harmonique de
même ordre, on peut démontrer par Texpérience les lois suivantes,
(|ui sont d'ailleurs conformes à la théorie :
1 ° Le nombre des vibrations est en raison inverse du cnrrf de la
lonfrueur.
«i*" Dans les verges de section circulaire, le nombre des vibra-
lions est proportionnel au diamètre.
3° Dans les verges de section rectangulaire, le nombre des vibra-
tions est proportionnel à l'épaisseur, cVst-à-dire à la dimension paral-
lèle aux vibrations; il est indépendant de la largeur, c'est-à-dire de
la dimension de la section perpendiculaire à ia précédente. — Lors-
que la largeur est considérable relativement h l'épaisseur, les verges
reçoivent habituellement le nom de lames, mais cette différence
d'a|>|)ellation n'implique aucune différence de propriét<is.
/i° Le nombre des vibrations est projHirtiomiel à ht rnciuv cnrrée
(lu (juotleiU du coefficient délastirité par la densité.
96 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
comme ceux de tout autre corps sonore, une série discontinue; mais,
lorsqu'on s'élève dans la série, les termes successifs se rapprochent
tellement les uns des autres, que, dans la pratique, on peut regar-
der une membrane comme capable de vibrer à l'unisson d'un son
quelconque , à partir d'une limite inférieure déterminée.
La membrane du tympan paratt apte à vibrer à l'unisson d'un
son absolument quelconque; mais on doit remarquer que, grâce à
la chaîne des osselets, sa tension peut varier d'une manière continue
entre des limites très-étendues.
370. iribrations des corps eristallisés. — Tout ce qui a
été dit précédemment, soit de l'équilibre élastique, soit des mou-
vements vibratoires des corps solides, convient exclusivement aux
corps isotropes, c'esl-à-dire aux corps dans lesquels les propriétés
physiques sont indépendantes de la direclion. Les corps non cristal"
Usés et les corps cristallisés dans le système cubique sont donc les seuls
auxquels les résultats précédents soient applicables.
Dans les corps appartenant à des systèmes cristallins autres que U
système cubique, on doit considérer les propriétés élastiques comme
variables avec la direction. — De là résulte une complication
extrême, soit dans les phénomènes d'équilibre, soit dans les mou-
vements vibratoires : la théorie indique qu'il ne faudrait pas déter-
miner expérimentalement moins de si constantes distinctes, pour
chaque corps, avant d'être en état de résoudre à l'avance les divers
problèmes qu'on peut se poser.
On n'a abordé par l'expérience que le cas simple des plaques cir-
culaires, taillées dans des substances qui, comme le spath ou le
quartz, paraissent constituées symétriquement autour d'un axe déter-
miné; pour interpréter les phénomènes observés, on les a comparés
à ceux des plaques de bois taillées dans diverses directions relati-
vement aux fibres. — Ces recherches ont montré que certaines jS-
gures nodales qui, dans une plaque isotrope, peuvent affecter toutes
les positions, ne peuvent se produire sur une plaque non isotrope
que dans des positions déterminées. Ainsi, on ne peut obtenir la
figure composée de deux diamètres rectangulaires que si ces dia-
mètres sont dirigés, l'un parallèlement aux lignes de plus grande
PRODUCTION DU SON PAR LES SOLIDES. 97
résistance à la flexion, l'autre parallèlement aux lignes de moindre
résistance.
L'influence de l'inégalité d'élasticité peut encore être rendue sen-
sible par les vibrations d'une verge h section circulaire ou carrée;
les vibrations transversales planes ne sont alors possibles que sui-
vant deux directions rectangulaires qui ofl'rent, l'une un maximum
de résistance à la flexion, l'autre un minimum de résistance. Une
flexion initiale parallèle à tout autre plan a pour conséquence le
mouvement plus ou moins complexe qui résulte de la coexistence
de deux mouvements de période inégale, parallèles aux deux plans
rectangulaires qu'on vient de définir.
11 faut remarquer enfin que l'inégalité d'élasticité intervient en-
core, comme cause perturbatrice, dans laplupaii; des expériences qu'on
effectue sur des corps regardés comme isotropes. Le travail méca-
nique auquel les métaux ont été soumis, la trempe qu'a éprouvée
le verre en se refroidissant, sont autant d'influences qui produisent
presque toujours de légères variations d'élasticité, dans telle ou telle
direction.
Vbbdet, ÎIÎ. — Coiii*s (II» |iliys. H.
PHÉNOMÈNES
PBODl'ITS
PAR LA SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS VIRRATOIRES.
371. Du renforeenteiit des mmmm en séaiéral. — Le rai-
sonnement par lequel on a explique plus haut (331) le renforce-
ment du son d'une embouchure, par un tuyau susceptible de vibrer
à Tunisson avec elle, peut évidemment être étendu au cas plos
général oii un corps quelconque, capable d'entrer en vibration, se
trouve en présence d'un autre corps vibrant.
L'observation fournit d'ailleurs iin grand nombre d'exemples de
phénomènes analogues. — Ainsi, deux cordes réglées à l'unisson
étant placées au voisinage l'une de l'autre, il suffit d'ébranler Tune
d'elles pour que la seconde entre en vibration. Lorsqu'on chaote
auprès d'une harpe ou d'un piano, on observe que les cordes mises
à l'unisson de la note chantée se mettent à vibrer d'elles-mêmes. —
Lorsqu'il se produit simultanément, dans un même lieu, un grand
nombre de sons divers, et qu'on vient à approcher l'oreille d'un
tuyau placé dans ce lieu, s'il arrive que l'un des sons 'produits soit
à l'unisson du son fondamental de ce tuvau ou de l'un de ses bar-
moniques, on constate que ce son prend une intensité remarquable.
Ce dernier phénomène a été récemment appliqué par M. Helm^
holtz à l'étude de la voix humaine. En employant une série de tuyaui
de dimensions diverses, il a pu reconnaître que toute émission de
voix, chantée ou parlée, est toujours composée de plusieurs sons de
diverses hauteurs. Il est facile de constater, en outre, que si Ton
analvse ainsi diverses vovelles. émises sur la même note musicale, on
y reconnaît la coexistence de sons variables pour chaque voyelle eo
particulier '^K
Si le son fondamental d'un corps est très-grave, les harmoniques
d*un ordre élevé sont extrêmement rapprochés les uns des autres:
^*) Il («t commode de donner à ces tuyaux la forme d\me cavité sphérique S (fig. 3i3 ).
SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 99
alors, au-dessus d'une certaine limite, le corps devient, comme les
membranes, à peu près également propre à vibrer à l'unisson de tous
les sons possibles. — Ainsi s'explique l'utilité de la tabie d'harmonie
dans certains Instruments, comme le piano ou la harpe; celle de la
caiue, dans le violon ou le violoncelle. Il est d'ailleurs utile, ainsi
que l'a montn^ Savart , que le son fondamental de la caisse d'uo
violon présente un rapport déterminé avec le son fondamental des
diverses cordes '".
Lorsqu'un corps est mis en vibration, et que les ébranlements qui
lui ont été imprimés ne sont pas incessamment renouvelés, la
somme de forces vives qu'il possède doit se dépenser d'autant plus
rapidement que l'intensité des mouvements communiqués aux corps
extérieurs est plus grande. On voit donc que le renforcement d'un
son, produit par la communication du mouvement aux corps exté-
rieurs, lui fait perdre en durée tout ce qu'il lui fait gagner en in-
tensité. — Il peut arriver aussi que les appareils renforçants aient
pour effet de concentrer dans des directions déterminées la force
vive qui, sous la seule influence du corps sonore, se répandrait éga-
lement dans tous les sens. Cette répartition inégale peut être facile-
ment constatée, par exemple, en plaçant successivement l'oreille dans
diverses positions autour d'un timbre armé d'un tuyau renforçant.
372. Dea ImncBivBtB et du «•■ résultant. — Supposons
qu'en un même point de l'espace concourent, suivant des directions
sensiblement parallèles, deux mouvements vibratoires ayant des pé-
préientanl une ouYerlure AB, et, k l'opposé de cetle ouverture, ud petil appendice Oi-
niqa« creiu UN que l'on introduit dan» le conduit aiiditir eilerne. L'eipërience indique,
^ pour chaque grandeur de tujau, les dimensioUB les [dus
HtBoUgeuses de l'oLiverlure AB.
Pour Taire l'analyse d'un son parcelle méthode, A la-
^ quelle M. Uelmholli a donné un grand dé«ebpp»nent,
mploie une série de tuyaui semblables , qu'il désigne
le nom de réimnaUutÈ. L'observateur se place de
manière à bleu entendre le son qu'il se propose d'ana-
lyser, et il détermine, en plaçant successivement dans
pi. j,j l'oreille les divers résonnaleunt, quels sont ceux qui lui
donnent la sensation d'un renforcement considérable.
) Voir plua loin, i ta fin de VAeotulique.la note complémentaire D, relative au ren-
100 ÉLASTICITÉ KT ACOIJSTIQIE.
riodes différentes, T, T'. La vitesse de vibration de ce point, à un
instant détermine^ ^ sera sensiblement la somme algébrique des
deux vitesses que lui imprimeraient séparément ces deux mouve-
ments vibratoires. — Or, si Ton suppose, en particulier, que les
deux mouvements vibratoires qui concourent au point considén^
soient analogues à des mouvements pendulaires, les vitesses V, \\
imprimées par chacun d'eux à ce point, au même instant t, peuvent
se représenter par les formules
V = A sin fîTT ('p ~^" '^
r' = A'sin'îTT (îf-^ Ô' ]•
Mais l'expression de la seconde vitesse peut s'écrire
'==A'sin^7r(.| + l9 + .{- + 6'--.j~6)
ou bien
r' = A'sin*î^[;[,^l9-i-(ô'--i9 + ^rp^)]-
La vitesse résultante du point que l'on considère est donc la même
que si elle était produite par la combinaison de deux mouvements
vibratoires ayant la même période T. mais présentant entre eux
une différence de pha^e exprimée par
[t iT— T)"l
y — g-h 'rpp, :
et, dans cette façon d'envisager le phénomène, si l'on considère le
même point à divers instants successifs, la différence de phase des
deux mouvements qui s'y combinent serait variable avec le temp*.
Mais, si la durée des deux périodes T et T' est notablement supé-
rieure à leur différence T— T', le terme j^ varie notablement
moins vite que le ternie ^; il en résulte que, pendant la durée d'une
vibration ou d'un petit nombre de vibrations, l'effet produit diffère
peu de l'effet qui résulterait de la combinaison de deux mouvements
ayant même période et présentant une différence de phase cens-
SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 101
tante, égale à la valeur moyenne de l'expression précédente pendant
cet intervalle.
En particulier, si l'on considère une époque déterminée t, telle
que Ton ait
T/i' /s , tJ-Ti
on voit que, pendant les vibrations voisines de cette époque, les deux
vitesses s'ajouteront sensiblement l'une à l'autre, et le mouvement
résultant offrira le maximum d'intensité.
Au contraire, si l'on considère une autre époque l', telle que
Ton ait
2'
on voit que, pendant les vibrations voisines de cette époque, les deux
vitesses seront sensiblement opposées, et le mouvement résultant
présentera le minimum d'intensité.
Donc, en définitive, si l'oreille est placée au point que l'on consi-
dère, il se produira une succession de renforcements et d'affaiblisse-
ments dans l'impression perçue. Il est facile de voir d'ailleurs que
ces renforcements et ces affaiblissements doivent être périodiques et
alternatifs; car, d'après ce qu'on vient de voir, il y aura renforce-
ment aux époques successives
TT
TV
t.) — ( v - 7 -f- 1 ) 'r 3^' "
TV
t affaiblissement aux époques
102 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
On voit donc que Tintervaile d'un maximum au minimum qui le
suit inunédiatement est égal à - jZTr' — ^®**^ succession de maxktÊm
et de mimma alternatifs et ëquidistants constitue le phénomène des
battements.
Les époques absolues des maxima et des minima dépendent des
valeurs de d et de ff^ et, par suite, de la situation de robservateur
par rapport aux deux corps sonores; mais l'intervalle de deux maxima
TT
ou de deux minima consécutifs, rp_rp> est indépendant de la position
de l'obserxateur. — Donc, de quelque façon que Ton soit placé,
on doit toujours percevoir, dans l'unité de temps, un nombre de
battements égala r^, ou |;;-— j. Mais, d'autre part, ^p et ^ ne
sont autre chose que les nombres de vibrations N et N' des deux sons
dans l'unité de temps. Donc le nombre des battements perçus en mme
seconde est égal à la différence absolue des nombres de vibrations campUtes
des deux sons qui les produisent^^K
Le phénomène des battements peut s'observer en faisant résonner
à la fois deux corps sonores quelconques dont les nombres de vi-
brations soient entre eux dans un rapport voisin de l'unité ; par
exemple, en faisant parler simultanément deux tuyaux de grande
longueur, présentant entre les sons qu'ils produisent une différence
d'un ton ou d'un demi-ton.
Lorsque les battements produits par deux sons se succèdent à des
intervalles de temps très-rapprochés, l'oreille devient impuissante â
les distinguer; elle ne perçoit plus qu'un son résultant, dont la hau-
teur est donnée précisément par le nombre des battements prodoits
en une seconde. — Ce phénomène parait avoir été remarqué pour
la première fois par le musicien Tartini.
^'Ml n'est pas nécessaire à Texactitude des raisonnements que les mouvemeoli fibra-
toires combinés soient des mouvements semblables à ceux d'un pendule. Il solBt ffs%
chaque vibration complète soit la succession de deux oscillations égales et opposées.
On peut remarquer également que , si les nombres de vibrations des deux sons qui pro-
duisent les battements sont de la forme ^N et ib (N H- i), le nombre entior fc est à h fois
la différence et le plus grand commun diviseur des deux nombres. Cette remarque, ineiac-
iement généralisée, a conduit plusieurs auteurs à un énoncé tout à fait erroné de la loi des
battements. (Voyez, à la fin de VÀcotutiquê, la note complémentaire E, sur révaluatioo
nomérique des sons par les battements. )
SUPERPOSCTION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 103
373. WLmprémemUMmm graphique du phéBaméne dea
fe«««cmMit«, Ml m*reB du piMmùtosraphe. — On peut
rendre sensible à l'œil l'état vibratoire de l'air, dans les circonstances
oà il se produit des battements ou un son résultant, au moyen du
pfaonautographe de Scott (fîg. BsA).
L'appareil se compose d'un paraboloîde de révolution A, dont la
surface intérieure réfléchit en son foyer les ondulations sonores qui
viennent la rencontrer parallèlement à son axe ; une membrane MM',
tendue en ce foyer, vibre sous l'influence de ces ondulations, et on
stylet très-l^er, fixé à la membrane, trace sur un cylindre tour-
nant C une courbe ondulée, représentative de l'état vibratoire de
l'air. Gomme une membrane ne peut réellement vibrer qu'à l'unisson
104 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
de-certains suns dëtermiiirs, il est nécessaire, dans chaque eipérience»
de uiudifier un peu les conditions dans lesquelles elle se trouve; on
y parvient au moyen d'une pièce métallique disposée de manière
à pouvoir être appuyée à volonté sur divers points de la membrane.
— Lorsqu'on entend des battements, les sinuosités de la courbe
ondulée, en s'accusant plus ou moins, rendent manifestes les ren-
forcements et les affaiblissements alternatifs du mouvement vibratoire
itig. 3 2 5).
37/|. CoeiLÉsteiice de plmiicuM Bi^uveHieBto
même eorpe •en^re. — Tout corps sonore étant apte à produire
une série déterminée de sons, il résulte du principe général de la su-
perposition des petits mouvements qu'un même corps peut exécuter
une infinité de mouvements complexes, formés chacun par la super-
position de divers mouvements simples. — Si le nombre des mouve-
ments simultanés qui composent un mouvement complexe n'est pas
trop considérable, l'oreille peut les distinguer les uns des autres.
On peut citer, comme exemples de ce phénomène général :
La production simultfiuée du son fondamental et des premiers
harmoniques par un même cor[>s : par un tuyau sonore, par une
corde vibrante, par un diapason, un timbre, etc.
L existence simultanée du mouvement transversal et du mouve-
ment longitudinal dans une corde ou une verge. — 11 est à peu près
impossible de faire vibrer longitudinalement une verge de quelque
longueur, sans donner en même temps naissance à celui des har-
moniques transv(>rsau\ qui est le plus voisin du son longitudinal.
La coexistence, dans une verge de section rectangulaire, de deux
mouvements parallèles aux deux dimensions transversales. — (le
dernier cas présente assez d'intérêt pour mériter qu'on en fasse une
étude particulière.
375. C^eiKlstenee de dem m«uvemeBts
laires entre euiL, dans une Teripe de seetioB reetoi
laire. — i" Si Ton considèn» d'abord le cas où la verge est hieèi
honK^nc et de neclioii carrée, les deux mouvements vibratoires sont
exactement de même |>ériode T: alors, les |)rojeclions d'une mole-
SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 105
cule quelconque de la verge sur deux axes rectangulaires, menés par
la position d'équilibre de cette molécule parallèlement aux deux plans
de vibration, peuvent se représenter par
Ç= a COSaTTrp^
V = b COS 371 f ,ç, + 6] ^
ce qu'on peut écrire
? t
a 1
T-= cos37r j cosaTTo^ - smaTTj, smaTTft'.
On tire de là
— COS aTTÔ — r = •'^i" a'rô sin a-Tr »'
et
? . '
~ sin aTTÔ -= sin aTrô cos aw ,, ;
par sui(e, en élevant au carré ces deux dernières équations et les
ajoutant membre à membre,
?* , ^^ 2»;| ^ .... ^
"Y + iT T~cos a7r6/= sm-* awc/-
rt^ Ir ah
Donc, en général, un point quelconque d'une verge homogène, de
section carrée, décrit une ellipse.
Si, en particulier, la différence de phase 6 des deux mouvements
rectangulaires est telle que Ton ait cosaTrfl -— i, cette ellipse se
réduit à une droite ayant pour équation
I
»?
T-= 0.
a b
Si la différence est telle que l'on ait cosa7rS= - i, l'ellipse se
réduit à une autre droite ayant pour équation
— f- - = o.
a b
106 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
Si la différence de phase est telle que Ton ait cos37rô= o, l'équa-
tion précédente devient
? + F = "
c'est-à-dire qu'elle représente une ellipse ayant ses axes paralUles aux
phins des deux vibrations élémentaires.
Enfin si, avec la condition précédente, on a aussi a=A, l'équa-
lion devient
c'est-à-dire que l'ellipse devient un cercle,
2*" Lorsque la section de la verge n est pas exactement carrée, ou lors-
que, par suite d'une inégalité de structure, la résistance à lajlexion
nest pas la même dans les deux plans parallèles aux côtés de la section, les
durées des deux vibrations élémentaires ne sont plus les mêmes. —
Mais, au lieu de supposer que les deux mouvements vibratoires aient
des périodes différentes, il est aisé de montrer, comme on l'a déjà fait
pour une question analogue (372), qu'il est permis de les considérer
comme ayant la même période et une différence de phase variable avec
le temps. Tout se passe donc comme si, dans le premier cas que Ton
vient de considérer, on supposait que 0 fût variable avec le temps;
chaque molécule vibrante décrit donc une ellipse, dans laquellel'excen-
tricité et la position de la ligne des absides, varient sans cesse, la
somme des carrés des longueurs des axes demeurant constante.
3"" Lorsque les deux dimensions transversales de la verge sont entre
elles dans un rapport simple — > les expressions des projections d'une
molécule vibfante sur les deux axes menés par sa position d'équi-
libre deviennent
i = a cosaTT j >
icosaw / h 6
chaque point de la verge décrit donc une courbe représentée par
l'équation qu'on obtient en éliminant t entre ces deux équations. —
SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 107
La forme de cette courbe dépend, pour une même verge, de la valeur
particulière qu'on donne à la quantité 6.
4" Enfin, lorsque le rapport des deux dimensions de la verge diffère
peu du rapport simple — > le mouvement d'une molécule peut se repré-
senter en admettant que, dans l'équation de la courbe fournie par
l'élimination de t entre les deux équations précédentes, la quantité 6
soit variable avec le temps ^^l
Pour observer les diverses formes de la courbe décrite dans ces
différents cas , il suffit d'attacher, en l'un des points d'une verge élas-
tique fixée par une de ses extrémités, une sorte de perle brillante
formée par une petite sphère de verre pleine de mercure; en faisant
réfléchir sur cette perle la lumière du soleil ou d'une source lumi-
neuse quelconque, on distingue, sous la forme d'une courbe con-
tinue, la succession des positions qu'elle prend pendant le mouvement
vibratoire. — C'est l'instru^ient imaginé par M. Whealstone, et dé-
signé sous le nom de kaléidophone,
376. Etude optique des mouvemeiits iribratolres. — Eil-
périeiiees de HI.IjImMiJous. — Soit un faisceau lumineux, rendu
convergent par une lentille à long foyer, et réfléchi, avant d'atteindre
son point de convergence, sur un petit miroir attaché à un corps
sonore quelconque; supposons, en outre, que les vibrations de ce
corps soient parallèles au plan de réflexion. Si l'on fait vibrer le
corps sonore, le point de concours du faisceau lumineux oscillera,
sans sortir du pian de réflexion : il décrira donc une petite ligne
droite, de longueur proportionnelle à l'amplitude des vibrations.
Supposons maintenant que le faisceau lumineux soit encore réflé-
chi, avant d'atteindre son point de convergence, par un miroir
immobile, et que le plan de cette seconde réflexion soit perpendi-
culaire au plan de la première : lorsqu'on mettra en vibration le
corps sonore qui porte le premier miroir, le point de concours du
faisceau décrira alors une droite égale et parallèle à la précédente.
— Si maintenant le second miroir est lui-même porté par un corps
^•^ Voir, la fin de VÀcoustique, la note complémentaire F, sur la composition des mou-
vements vibratoires rectangulaires.
108 ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
soiiurc dont les vibralious soient parallèles au plan de la seconde
réflexion, le point de concours du faisceau lumineux exécutera si-
uiultanéinent deux systèmes de vibrations perpendiculaires Fun sur
l'autre. Les périodes des deux vibrations élémentaires du point lumi-
neux seront les mêmes cpie les périodes des deux vibrations sonores
correspondantes, et il y aura proportionnalité entre les amplitudes.
On pourra donc reproduire de la sorte, sur un écran, toutes les
courbes qu'on a définies dans le paragraphe précédent ^*^
11 suit de là que, si les deux corps sonores exécutent des vibra-
tions dont les périodes aient entre elles un rapport simple déter-
miné, le point lumineux décrira indéfiniment l'une des courbes
qui ont été indiquées. — En particulier, §i les deux corps sont exacte-
ment à Tunisson, le point lumineux décrira une droite ou une
ellipse immobile, suivant la valeur que présentera le retard ou
l'avance d'une des vibrations sur l'autre. — Si l'unisson, ou en
général le rapport simple des deux mouvements vibratoires, est
altéré d'une très-petite quantité, on en sera averti par le change-
ment de forme et le déplacement graduels de la courbe décrite.
— On a donc, dans ce phénomène, un moyen très-sensible de vé-
rifier l'accord de deux corps sonores quelconques.
'' On pourra l'aire les inëiiies (ibsenations Mir un faisceau divergent. L'oeil, anuéd^an
verre, s'il esl nécessain», n'inira i|ii*à regarder l'image réflérbie du poiiil d\iii le laiscein
est f'mané.
NOTES COMPLÉMEINTAÏRES
RFwLATIVKS A DIVKRSES Qï ESTIONS D ACOUSTIOUE
NOTK A.
SUR LF.S EFFETS DES RISfLKXIOXS MULTIPLlîS l»CI S0^ DANS UN TUYAC.
Lorsqu'il se produit, à l'une des extrémilés d'un tuyau, un mou-
vement vibratoire continu, il y a, au bout d'un certain temps, et en
chaque point du tuyau, superposition d'une multitude d'ondes qui
ont été successivement réfléchies à chacune des extrémités; les inten-
sités de ces ondes successives doivent d'ailleurs être considérées
comme décroissantes, à mesure que le nombre des réflexions qu'elles
ont éprouvées est plus considérable.
Admettons que, dans la réflexion de chaque onde sur une extré-
mité ouvertey la vitesse et la condensation soient multipliées respec-
tivement par des facteurs constants m et n, le facteur m difl*éranl
peu de + 1? et le facteur w différant peu de - i. Admettons de
même que, dans la réflexion sur une extrémité /mw^^, ces mêm&
grandeurs soient multipliées par d'autres facteurs constants m' et w',
respectivement peu différents de — t et de 4- i ^^K
Si l'on considère, en particulier, un tuyau ouvert à ses deux extré-
mités, et si l'on désigne par R son embouchure et par S l'extrémité
opposée, les ondes dont les mouvements se combineront, h l'ins-
^^) Celle hypotlii'sc osl la plus simple et la pitis probable qu^on puisse faire, dès qu'on
a égard h la transmission du son dans l'atmospbère eitéricurc, qui osl si évidemment
incompatible avec ré|;alité alisobie dos vibrations incidentes et des vibrations rénôcliios.
Il est vrai qu'en nngmenlant suflisnmmenl la résistance du fond d'un luyau on pont faire
en sorte que les valeurs absolues de m' et de n soient aussi voisines de l'unité qu'on Ip
le voudra; mais il n'en est pas ainsi dos valeurs de m et de n, (|ui paraissont loujoiirs son-
siblemenl inférieures à l'unilé, quoi que soit le diam^lro du luyau.
110 NOTES COMPLÉMENTAIRES.
tant ^ en un point du tuyau situé à une distance x de Tembou-
chure, comprendront :
1® Une onde directe, dont la vitesse de vibration sera
ro = Asin97r f ^ — r j;
9° Une onde réfléchie en S, dont la vitesse de vibration sera
t il — x
4 . (i il — x\
Vj = m\ sin 97r ( ^ j — 1 ;
3*" Une onde réfléchie successivement en S et en R, dont la vi-
tesse de vibration sera
i il-hx
.... f t 2i-hX\
V2=m^ A sm 97r ( j ^- — 1 ;
4° Une onde réfléchie successivement en S, K et S, dont la vi-
tesse de vibration sera
àl-x
r3 = m^Asin qtt Ij r — 1;
5^ Une onde réfléchie successivement en S, R, S et R, dont la
vitesse de vibration sera
4A • f^ àl±X\
etc. , etc.
En raison de la rapidité avec laquelle le son se propage, le
nombre des ondes réfléchies est bientôt très-grand, et comme le
aDelFicient m^, qui entre dans l'expression de la vitesse de l'onde qui a
subi p réflexions, décroît en progression géométrique d'une onde à
l'autre, la vitesse résultante au bout d'un temps assez court ne
diffère pas sensiblement de la somme de la série
cette série étant prolongée indéfiniment.
Pour trouver cette somme, on remanjue d'abord que la série V
est la somme de deux autres, savoir :
A siuQwf ^ — y j + m^ A sinQw (^ j^ — j
+ I»* AsmaTT Ij >r — 1 -f • • •
RÉFLEXIONS MULTIPLES DU SON DANS UN TUYAU. 111
et
mAsinair l^ t — j +m*A siiiaw f q; r— j + . • . .
Or, si Ton pose
ces deux séries parallèles peuvent s'(^crire, au moyen des exponen-
tielles imaginaires, sous la forme
r yVCTT 2 (y — 5)V— i , d (r — is) V— i
et
fflA
re(-^)^ + m'e(^-")^ + m*;^-3')^+ ..
Si Ton prend p termes dans chacune des deux lignes dont se
compose chaque série, les formules de sommation des progressions
géométriques réelles ou imaginaires conduisent aux expressions
et
av/=^L i-mV-'^~
'--yH'^e-(y-p')v^1
i —m é» J
mk f,('-OV^-roV,[»-«'-^')'l^^
1 —m «
(,_,)vC7_
,_;„«,'V^ j'
qui peuvent s'écrire, en effectuant les opérations,
A ( ■t.n,'P+')fly-(''-')*1^^-«.-tj'-<P-')'l^^P
112
NOTES COMPLÉMENTAIRES.
et
.(»-
_H(A_
■i\— 1
^ [z-(p+.)ilV^jl
i
i +m —m \e -he
)
En revenant aux lignes trigonoraétriques, on obtient
. sin y— m'sin(j-4-.v) — m*''sin(r — /)5)-hm*''"^*sin [.T— (p— i)*]
I 4- m' — 3 m' COS. V
el
. sin {z- s)-m*sïn 2 — m*''sin [r — (/)H-i)5]-+-m*'"*" sin(2 — p.ç)
m A 4 s »
1 H- m — umcos.v
el roinine m^^' el?n''^"^ * décroissent au-dessous de toute limite, h
mesure que ji^ augmente, il est clair que la somme de la série V,
indéfiniment prolongée, se réduit n
. . sin r -4- m sin (c -5) — m*sin (r-i-.v) — m'sin r
1 -+-m am cosi
ou, en remplaçant maintenant y, zei s par leurs valeurs.
sm 27r
(t-I)
+ W Sin QTT
'-)
\=^A^
- m'sm îiTrI yp H î- — j — m sin ^^ ( 'T + t 1
1 H-m^ — am*cos /itt
/
En développant les fondions trigonomélriques, cette expression
devient
A
\
• 1 -+- m — am COS 'iTT -r
a* . il
cos *^7r j + m cos 97r — >-
— nr cos97r — > —
— m^ cos *2ir V ) sm ^tt q^
a/ — a"
/ . X , . a/ .r , „ . a(-a"
- ( sm 37r r + m sm 9.n — v h m^ sm qtt — ^
% • ^> n
4- nr sm ^w y I cos qtt j
RÉFI.KXIONS MULTIPLES 1)1^ SON DANS UN TUYAU. 113
Mais, en {général, si Ton pose tan{}«î7rô = rji on a
MsinâTTrj, -^Ncosaw?p==i/M2+N2sin qtt (t — ^)
Donc, en posant
1 4- m^) sin 27r r + m ( i 4- m) sin qtt — r —
tang 27rô =- i ,
(i — m\l (OS air s- + m(i — mjcosair — r —
on obtient, après des transformations faciles à effectuer,
i , l — x
1 4- m 4- 2m cos /|7r
* ' 14- m — 27?r cos 4w
Aux deux extrémités du tuyau, c'est-à-dire pour a?= o et pour
X = /, les valeurs respectives du coefficient constant qui entre dans
la valeur de V^ se réduisent à
1 4- m'4- am cos47r ^
A2 ^
el a
1 4- m* — 2m* cos ^lt 5-
.2 (14-mT .
1 4- m* — 2m* cos t\Tt Y
el il est facile de voir que ces expressions sont l'une et l'autre
maxima toutes les fois que
cos 'ITT v= 1 .
c'esl-à-dire tontes les fois que
/ ^
D'ailleurs, c'est presque uniquement par les extrémités que le
mouvement vibratoire de l'air contenu dans un tuyau ouvert, à
parois suffisamment résistantes, se communique à l'atmosphère
Verdet, !!!. — fours de phys. H. 8
114 NOTES COMPLÉMENTAIRES.
extérieure. Les sons d'intensité maxima sont donc précisément ceux
qui satisfont à la condUion qui rend maxima l'intensité du mouve-
ment vibratoire aux deux extrémités.
Des calculs semblables pourraient être appliqués aux tuyaux
fermés, — Ils conduiraient encore à une conclusion conforme aux
lois de Bernoulli.
NOTE B.
SUR LA GOMPRESSIBILITE DES LIQUIDES.
Les compressibililés absolues des liquides qu'on trouve dans les
^[émoires de M. Régna ult ou de ses élèves, et qui ont passé de là
dans plusieurs Traités de physique, ont été calculées en admettant,
entre les coefficients h et k qui ont été défims plus haut (341), des
relations déterminées : ces relations elles-mêmes avaient été dé-
duites par M. Lamé d'une ancienne théorie de l'élasticité, dans
laquelle on faisait usage des formules générales qui ont été don-
nées en note à la page 81, en supposant, dans ces formules,
X = (À.
Il résultait de la même théorie que, lorsqu'un cylindre est soumis à
une traction dans le sens de son axe, la contraction linéaire trans-
versale doit être le quart de rallongement suivant l'axe.
Wertheim a fait voir que, dans le cas du verre et des principaux
métaux, la contraction transversale est inférieure à cette valeur, et
on en a conclu que, au moins pour cette classe de corps, on doit
avoir
A
Si l'on examine l'influence que l'hypothèse inexacte X = |ia a dû
exercer sur les formules de calcul adoptées de confiance par
M. Regnault, on reconnaît que ces formules conduisent à attribuer
à k une valeur trop grande, h étant donné immédiatement par l'ex-
périence. Par conséquent, les valeurs de J, ou de la compressibilité
absolue, ont été estimées trop haut et ne peuvent être considérées
que comme des limites supérieures.
SUR UNE LOI GÉNÉRALE DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 115
Or, on trouve dans le Mémoire de M. Regnauit trois valeurs dis-
tinctes de la compressibilité absolue de Teau, savoir :
Dans les expériences faites avec un piézomètre de cuivre rouge. . 0,0000/1771
laiton 0, 0000/1899
— verre 0,0000/1668
La valeur de la compressibilité absolue de l'eau est donc infé-
rieure à o,oooo&668. D'autre part, on a vu plus haut qu'elle doit
être supérieure ào,oooo&685.La conclusion à tirer de ces résultats,
en apparence contradictoires, c'est qu'on ne peut pas compter sur
l'exactitude du troisième chiffre significatif des nombres précédents,
et qu'on doit regarder la compressibilité de l'eau comme comprise
entre o,oooo&6 et 0,000047. — Si l'on admet qu'elle soit égale
à o,oooo465, on en conclut pour la vitesse de propagation du son
dans l'eau, à la température de 8 degrés, la valeur i46o mètres
par seconde. L'expérience directe avait donné, comme on l'a vu,
la valeur i435 mètres par seconde : la différence qui existe entre
ces deux résultats est entièrement explicable par l'incertitude de la
vraie valeur de la compressibilité.
NOTE C.
SUR UNE LOI G^N^RALE DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES.
Savart a découvert que des tuyaux de formes semblables, sem-
blablement embouchés, rendent des sons dont les nombres de vibra-
tions sont inversement proportionnels aux dimensions homologues.
La même loi s'applique à tous les mouvements vibratoires consi-
dérés en acoustique.
Ainsi, par exemple, le rapport des nombres de vibrations trans-
versales N et IN' de deux cordes rendant chacune le son fondamental
est donné, d'après la formule de Taylor (365), par la relation
or, si l'on désigne jwir a et q les sections des deux cordes, par à
s.
116 NOTES COMPLÉMENTAIRES.
elS^ les densités des matières qui les constituent, cette relation peut
s'écrire
Si maintenant on suppose que les cordes soient des cylindres de
même nature, géométriquement semblables, et que les tensions
rapportées à runité de section soient éfjales, ce rapport se réduit sim-
plement au rapport inverse des longueurs
^'~ i '
Si deux verges de section rectangulaire et de même nature vi-
brent parallèlement ù la même dimension, et dans des conditions
identiques quant à leurs extrémités, le rapport de leurs nombres de
vibrations (367) est donné par la relation
N _£^r
N' "" e' P '
si Ton suppose que ces deux verges soient géométriquement sem-
blables, c'est-à-dire qu'elles aient des dimensions transversales pro-
portionnelles à leurs longueurs, la valeur du second membre se
réduit encore au rapport inverse des dimensions homologues.
Si deux plaques sont des prismes semblables, leurs surfaces sont
proportionnelles aux carrés de leurs épaisseurs, et le rapport de
leurs nombres de vibrations se présente encore sous la même forme.
Cauchy a fait voir que la loi est tout à fait générale ^^^ : ce n'es!
qu'une conséquence très-simple de la forme linéaire des équations
du mouvement vibratoire des corps élastiques , et des équations par
lesquelles on représente les conditions relatives aux limites de ces
corps.
''' Mémoivex de V Académie dex sciences , t. IX, p. i i8.
SUR LE RENFORCEMENT DES SONS. 117
NOTE D.
SUA LE RKNFOBGEMENT DES SONS.
Soit un point mobile, sollicité par une force dirigée vers un
centre fixe et proportionnelle à la distance. — Si la vitesse initiale
est nulle, ou passe par le centre fixe, le mouvement du point aura
lieu sur la droite qui passe par la position initiale et par le centre
Hxe, et sera déterminé par l'équation différentielle
cPii ..
dont l'intégrale est
u==Acos/* (^4- 6),
les constantes A et 6 dépendant de l'état initial. Donc, dans ce cas,
le mouvement sera périodique, et la durée de la période sera
n
Faisons arriver sur ce même point, supposé en repos, une série
d'ondes sonores périodiques, dont la période diffère de T et puisse
se représenter par — Sous l'impulsion de ces ondes, le point mobile
se mettra en mouvement, et on pourra le regarder conmie sollicité
par une force qui sera, à chaque instant, proportionnelle à l'excès al-
gébrique de la vitesse de vibration des ondes sur sa vitesse propre.
L'équation différentielle de son mouvement sera donc de la forme
-^ + n^u+fàk \-^ — s\nm[t+0)\ =o,
si l'on admet que les vibrations sonores soient elles-mêmes repré-
sentées par une formule trigonométrique simple. La constante k est
nécessairement positive.
Pour l'intégration, on considérera d'abord Téquation plus simple
rf*u , 2 , j du
dont l'intégrale générale est
118 NOTES COMPLÉMENTAIRES.
en désignant par v le nombre, réel ou imaginaire, dont le carré est
égal à k'^ — V?. On trouvera ensuite, par la méthode de la variation
des constantes arbitraires , que l'intégrale de l'équation du mouve-
ment se déduit de la précédente en y faisant
. 1^ fcg^*""^'[(fc-i;)sinm(t-4-g)-mcosm(<-i-g)]
^ = ^"*"i; m»-h(fe~i')* '
j._j^_Ae<*-*-"^'[(ft-4-v)sinm(t4-Ô)-^mcosm(<-4-fl)l
V m* -t- ( /c 1- y
M et N étant deux constantes arbitraires qui doivent se déterminer
par la considération de l'état initial. Cette substitution donne, en
ayant égard à la relation v^^^k^ — rfi^
\|^-(*-v)i , ]v^-{4+v)» i(m*-n^)sinm(<4-g)-4-2mfccosm(<4-g)
ou , en faisant >_ > = tang m^,
V/(m*-fi*)*+4m*ft*
et il ne reste plus, pour obtenir les valeurs de M et de N, qu'à re-
marquer que, pour t = o, on a à la fois tt= o et ^ = o.
Si V est réel, on voit que le déplacement u ne difRre d'un dépla-
cement périodique, isochrone avec les ondes sonores incidentes, que
d'une quantité qui décrott indéfiniment à mesure que i augmente.
En effet, la réalité de v implique que v soit plus petit que k, et, par
conséquent, que les deux facteurs -- (A: — t?) et — (fc+w) soient tous
les deux négatifs.
Si V est imaginaire, les constantes M et N doivent être imaginaires
elles-mêmes : en tenant compte de cette condition , on obtient
u = c "(Pcospt+QsmpO , , , /,%
en faisant p^ = v? — 1^^ et en prenant pour P et Q deux constantes
réelles qui, pour <= o, réduisent à zéro la valeur précédente de u,
ainsi que celle de jr qui s'en déduit. Le déplacement u est alors la
somme de deux déplacements périodiques, dont l'un est isochrone
SUR LE RENFORCEMENT DES SONS. 119
avec les ondes sonores incidentes, et dont l'autre a pour période
37r
— » c'est-à-dire une durée toujours supérieure à la période propre
— du point mobile. L'intensité du second mouvement décrott indé-
finiment à mesure que t augmente, et, au bout d'un temps suffi-
samment long, le premier seul est sensible.
Ainsi, dans tous les cas, l'état final du point mobile est un mou-
vement périodique, de mime péinode que celui des ondes sonores inci--
dentés. Mais l'intensité de ce mouvement, pour une valeur donnée
de m, dépend de la valeur de n et atteint son maximum pour n=m^
c'est-à-dire quand la période des vibrations du point mobile, supposé
libre, est identique à la période des vibrations incidentes.
Ces calculs donnent l'explication du phénomène général de la
communication du mouvement vibratoire d'un corps sonore à un
autre. — Chaque molécule du corps primitivement immobile peut
être assimilée au point mobile qu'on vient de considérer. Par suite
de ses liaisons avec les molécules du corps sonore, toutes les fois qu'on
l'écarté de sa position d'équilibre, elle est sollicitée à y revenir par
une force proportionnelle à l'écart. Si la force qui la met en mou-
vement est l'impulsion périodique d'une série d'ondes émanées d'un
deuxième corps sonore, on pourra répéter tout ce qui vient d'être
dit d'un point libre, et on arrivera aux mêmes conclusions. — Un
système d'ondes sonores persistantes finit donc toujours par commu-
niquer un mouvement de même période aux corps élastiques qu'il ren-
contre; mais l'intensité de ce mouvement est maxima dans ceux des
corps qui , en vertu de leur élasticité ou de leur tension , peuvent
exécuter des vibrations isochrones avec les vibrations incidentes ^^\
^') Si l^on voulait envisager la question à un autre point de vue, et chercher quelle
est, pour un corps donné, Tonde sonore qui détermine le mouvement le plus intense, il
faudrait comparer, non plus les déplacements , qui ne sont proportionnels aux intensités
que pour des sons de même période, mais les forces vives, c^est-à-dire les carrés des
vitesses finales de vibration. — On aurait donc à chercher la valeur de m qui rend
maximum le coefficient indépendant du temps qui entre dans Texp^ession de ( ->- ] y
savoir
On trouverait ainsi de nouveau la condition m* = n^.
120 NOTES COMPLEMENTAIRES.
NOTE E.
SDR L'ivALCATION NUMERIQUE DBS SONS PAR LES BATTBMElfTS.
Sauveur a fait remarquer que, si Ton connait à la fois rintervalle
de deux sons et le nombre de leurs battements dans l'unité de temps,
il est facile d'en déduin? les nombres absolus de leurs vibrations
dans le même temps. — En effet, si Ton désigne par x et y ces
nombres absolus, par — la valeur numérique de Tintervalle des deux
sons et par b le nombre des battements, on a
.V m ,
Y n ^
Mais les évaluations ainsi obtenues n'offrent aucune exactitude; car,
pour obtenir des battements distincts les uns des autres, il faut
donner au rapport — une valeur assez peu différente de l'unité, et
l'oreille la plus exercée n'apprécie qu'avec une précision médiocre
les intervalles de ce genre.
Sclieibler a proposé une tout autre méthode, pour faire servir
les battements à la même détermination. — Soit une série d'insn
truments, de diapasons par exemple, t(*llement construits que le
deuxième, entendu avec le premier, donne naissance à quatre batte-
ments par seconde; (|uil en soit de même du troisième, entendu
avec le deuxième; du quatrième, entendu avec le troisième, etc.,
les nombres de vibrations de ces divers instrumentas seront, si l'on
appelle x le nombre de vibrations du premier.
La série étant suffisamment prolongée, on trouvera toujours den
COMPOSITlOxN DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES. 131
ternies, x+Up et x*+/i (/?+i), qui comprendront entre eux Toctave
du premier son, de telle fa<;on qu'on ait
ûx'^x+kp
et
ax<Z^ + à (p + \).
Le nombre x sera ainsi déterminé avec une erreur inférieure h quatre
vibrations. — On peut obtenir une précision plus grande en cons-
truisant un diapason qui donne exactement l'octave du son x^ et
déterminant le nombre des battements qu'il produit lorsqu'on le
fait entendre avec le son x + kp, — La sensibilité d'une oreille un
peu e\(»rcéo dans l'appréciation de l'intervalle d'octave permet
d'obtenir ainsi des résultats d'une grande exactitude.
La méthode est pratiquement inapplicable à Tétude d'une série
de sons, mais elle peut servir à évaluer le nombre absolu des vibra-
tions d'un son déterminé, auquel on rapporte tous les autres.
NOTE F.
SUR LA COMPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIRES RECTANGULAIRES.
M. Lissajous a donné un moyen simple de construire et de se
représenter toutes les courbes qui résultent de J a superposition d**
deux mouvements vibratoires rectangulaires, de périodes inégales.
Mettons les équations de ces deux mouvements sous les formels
X =^ a (OS t
et
y - 6cosm(/+d).
ce qui est toujours possibles pour des mouvements de la nalun' de
ceux que nous avons considérés jusqu'ici, en prenant une unité de
temps convenable. — Construisons, en prenant pour abscisses les
valeurs du temps et pour ordonnées les valeurs du déplacement, la
courbe MN(fig. Saft). représentée par la seconde de ces équations.
Prenons ensuite un cylindre droit à base circulaire (fig. Saô his)^
de diamètre égal à a«, et enroulons, sur une circonférenciî FG pa-
rallèle aux bases de ce cylindre, la ligne droite AX (|ui a .servi
INOTËS COMPLEMENTAIRES.
d'axe des abscisses pour construire la et
le poini A soit placé sur le point F. La c
irbe MN, de manière qae
urbe MN engendrera ainsi
une courbe dont ou »e représente t'acilement les sinuosités de part
el d'autre de la circonférence FHG. Soient P un point quelconque
de cette courbe, 0 sa projection or-
thogonale sur un plan BCDE , mené par
l'aie du cylindre et par le point F. Les
coordonnées du point Q, par raient'
k deux axes rectangulaires dont TaD
est t'a\e du cylindre et l'autre le dîa-
mètre FG du cercle FHG, seront OR rt
RQ. Mais OR est, dans le cerde de
rayon a, le cosinus de l'arc FK, èffi
à ( par définition; RQ est égal & KP,
c'est-à-dire à l'ordonnée y détenninét
par la seconde des équations pr^c^'
Fit- sictû. dentés; on a donc
OR = acos/,
R0 = 6cosin(t + ej.
Donc le tieu des points Q, dans le plan BCDE, sera précisément
la courbe cherchée. — On voit enfin que cette courbe représente
l'aspect sous lequel un observateur, placé à une très-f[rande dis-
tance sur la direction du rayon OH perpendiculaire à FG, aperce-
vrait la courbe MN qui est enroulée sur le cylindre.
Concevons maintenant que, l'observateur demeurant sur le pro-
longement de OH , on fasse tourner ta courbe MN tout entière , d'un
angle déterminé, autour de l'axe du cylindre. L'ordonnée corres-
COMPOSITION DES MOUVEMENTS VIBRATOIBES. 1S3
pondante au point F changera de valeur, et ce qui apparattra alors
1 Tobsenrateur, ce sera la nouvelle courbe résultant d'un changement
déterminé de la valeur de 6. — Mais on peut obtenir ie même ré-
sultat, soit en faisant tourner la courbe MN d'un certain angje ,
soit en hisant tourner du même angle, en sens contraire, le rayon
OH sur le prolongement duquel on suppose que l'observateur est
placé. U suffira donc d'enrouler sur le cylindre, une fois pour toutes,
la ciHirbe correspondante à la valeur 0=0, et de supposer qu'un
obeervaleur Irès-éloigné contemple celte courbe en faisant le tour
du cylindre; les divers aspects sous lesquels il l'apercevra succes-
sivement seront les formes diverses que peut prendre la courbe
engendrée parla combinaison des deux mouvements rectangulaires.
Les courbes qui se trouvent dans chacune des rangées horison-
lales de la figure $97 présentent des exemples des transformations
■Dccessives qui résultent de la combinaison de deux mouvements
rectangulaires, quand on fait varier successivement la différence de
phase de ces deux mouvements. — La première ligne horizontale
est relative an cas où les deux mouvements ont même période ; la
seconde, au cas ob le rapport des périodes est |; la troisième, au
cas oii ce rapport est |; la quatrième, au cas ou il est égal à l-
OPTIQUE.
PROPAGATION RKCTFLIGNE DK LA LUMIERE.
377. Défliiitioiis. — \] optique esl la partie de ia science qui
traite dès conditioiys dans lesquelles les corps sont aptes à produire
en nous les sensations lumineuses. — Quant à ces sensations elles-
mêmes, elles ne peuvent pas plus être définies que les sensations
acoustiques ou calorifiques.
Les corps qui peuvent impressionner notre œil se distinguent en
corps lumineux par eux-mêmes, et corps visibles par éclamment.
378. FrofMiff atioB rectillinne île la liimlère. — Lorsque
l'œil et les corps qui Tenvironnent sont placés dans un même milieu
homogène et transparent, l'un quelconque de ces corps est visible
en totalité si lés droites menées de ses divers points à l'ouverture de
la pupille sont tout entières contenues dans ce milieu. Un corps est
totalement ou partiellement invisible lorsque toutes ces droites,
ou quelques-unes d'entre elles, rencontrent certains corps appelés
opaques.
Les conditions nécessaires pour qu'un corps non lumineux par
lui-même, placé dans le même milieu homogène et transparent
qu'une source de lumière, soit éclairé par elle, sont exactement
semblables. Un point déterminé du corps reçoit la lumière d'un
point déterminé de ia source, si la droite menée entre ces deux
paints est tout enlière contenue dans le milieu qui les sépare : il
cesse d'être éclairé par ce point de la source, si la droite que l'on
vient de définir rencontre un corps opaque.
L'expression de ces faits expérimentaux est ce qu'on appelle In
loi de ia propagation rectiligtie de la lumière; le développement des
136 OPTIQUE.
conséquences qu'on en déduit constitue la théorie géométrique Jm
ombre*. — Quant à la constatation eipérimentale des résultats divers
auxquels conduit cette théorie, on i^marquera que. dès que la
source lumineuse a des dimensions sensibles, comme c'est le cas
ordinaire, l'existence de la pénombrt rend impossible toute véri-
fication précise de la loi de propagation rectilîgne. L'eipérience
vulgaire suffit d'ailleurs à prouver que cette loi est l'eipression
approchée de la réalité '".
379. Cfc— >lire afcawM-e. — Lorsqu'on pratique, dans l'une
des parois MN d'un espace complètement clos, une petite ouverture
nm (fig. SaS), il résulte de ce qui précède qu'un point lumineux A,
placé en dehors de cet espace, éclaire les points situés dans no
cAne ayant pour sommet le point A et pour base la petite ouverture.
— Si donc on considère un objet extérieur AB, lumineux ou
éclairé, et un écran PQ placé dans la chambre obicure derrière l'ou-
verture, chaque point de AB donne naissance sur l'écran à une
petite surface éclairée, limitée par l'intersection de l'écran avec ie
cdne qui a pour sommet ce point et pour base ta petite ouverture.
L'ensemble de ces petites surfaces donne naissance à une image
grossière A'B'des objets extérieurs; l'inspection de la fifritre 3^8 fait
comprendre que cette image est renversée.
"' On iHudieri plui loin Jea ph^nainèncs ijui monlrent 'jh'cIIb n'en rsl pas l'eipr»»-
uon rigonreuwroenl etacte.
PROPAGATION REGTILIGNE DE LA LUMIÈRE. 127
380. Vitemie île la luinièrc* — L'observation attentive de
certains phénomènes astronomiques a montré que Téclairement d'un
corps commence, en réalité, quelque temps après qu'il est sorti de
l'ombre portée par un corps opaque : de même, l'éclairement finit
quelque temps après qu'il est entré dans cette ombre.
Des procédés expérimentaux très-délicats ont permis de constater
et même de mesurer la durée de ce temps, soit par l'observation de
ces phénomènes astronomiques, soit par des expériences de labora-
toire. — On a reconnu qu'elle est proportionnelle à la distance
qui sépare le corps éclairé du corps opaque, et on a appelé vitesse
de la lumière le quotient constant de cette distance par la durée
dont il s'agit.
La valeur la plus probable de cette vitesse, lorsqu'on prend la
seconde pour unité de temps, est de Sooooo kilomètres environ.
C'est dire qu'on peut se dispenser d'y avoir égard, dans toutes les
expériences qui n'ont pas pour but spécial la mesure des plus petits
intervalles de temps.
381. CmwkéÊuaêmmm ^éWÊèrmlmm. — D'après les faits qui pré-
cèdent, il est impossible d'attribuer la lumière à l'action d'une force
qui se ferait sentir instantanément à toute distance : les physiciens
l'ont considérée, tantôt comme produite par l'émission de molécules
matérielles, animées d'une vitesse finie, tantôt comme consistant en
une modification de l'état des corps, modification qui se propage*
rait graduellement autour des corps lumineux ou éclairés. — La
première hypothèse, celle de Yénission, est aujourd'hui à peu près
abandonnée; la seconde, celle des ondulations, paratt seule admis-
sible.
Les lignes suivant lesquelles se propage la lumière reçoivent le
nom de rayons lumineux; les lois précédentes permettent de les re-
garder comme rectilignes dans un milieu homogène. — Ces rayons
ne sont point de pures abstractions géométriques; car, lorsque cer-
taines conditions sont satisfaites, nous verrons qu'on doit leur attri-
buer des propriétés physiques déterminées.
128 OPTIQUE.
HIOTOMKTRIE.
382. Comparaison des inteiuiitéa lumineiMes. — L*œîl
distingue, dans ses sensations, la couleur et Yintensité. — - Bien qu'on
puisse reconnattre des différences d'intensité entre des couleurs di-
verses, le jugement qu'on porte sur les intensités des sources lumi-
neuses que l'on compare n'offre une certaine précision que si leur
couleur est la même. Enfin, même dans ce cas, l'œil n'apprécie bien
que Yégalité d intensité; il ne peut fournir directement aucune notion
d'un rapport numérique entre des intensités différentes.
Lorsque deux sources de lumière de mêmes dimensions éclairent
séparément deux surfaces de même nature, placées dans les mêmes
conditions de distance et d'inclinaison par rapport aux sources et à
l'œil , et que les impressions produites sur l'œil par les deux surfaces
éclairées sont égales, on doit considérer les deux sources comme
identiques. — Si deux, trois, quatre sources identiques et identique-
ment j)lacées éclairent simultanément une surface donnée, on est
convenu de dire que l'éclairement est doublé, triplé, quadruplé^
ou que la surface reçoit une quantité double, triple, quadruple
de lumière. Il n'est d'ailleurs pas certain que ces nombres exprî-
ment l'accroissement d'énergie de la sensation proprement dite.
383. liOi du cosinus* — On constate, par l'expérience, qu'un
corps lumineux de forme quelconque, dont tous les éléments supen-
ticiels offrent les mêmes conditions physiques, produit exactement la
même sensation qu'un plan lumineux, lorsque sa distance à l'œil
est assez grande pour que les droites menées de ses divers points
i\ l'ouverture de la pupille soient sensiblement parallèles. Par consé-
quent, les éléments que découpent, sur la surface de ce corps,
divers cylindres ayant j)our base l'ouverture de la pupille, envoient à
l'œil des quantités égales de lumière. Connue d'ailleurs les étendues
de ces éléments sont inversement proportionnelles, pour chacun
d'eux, au cosinus de Tangle formé par la normale à l'élément avec
les arêtes du cylindre, il en résulte que la quantité de lumière enmyêe
par un élément lumineux donné, dans diverses directions, est propor-
tionnelle (in cosinus de l inclinaison.
PHOTOMETRIE. 129
Il est d'ailleurs évident que la quantité de lumière envoyée par
un élément lumineux, sur une surface placée très-loin par rapport
aux dimensions de l'élément lui-même , estproporlionnelle au cosinus
de l'angle formé par la normale à la surface avec la direction des
rayons lumineux.
38â. lioi du carré des distances. — L'expérience montre que
Téclairement produit. par une source lumineuse, sur une surface de
nature déterminée et sous une inclinaison déterminée, est égal à l'é-
clairement que produisent, sur une surface de même nature et sous
la même inclinaison , quatre sources identiques placées à une dis-
tance double; il est encore égal à l'éclairement produit par neuf
sources identiques placées à une distance triple, et ainsi de suite.
On en conclut que les éclairements produits par l'une de ces sources,
à différentes distances de la surface éclairée, sont en raison inverse des
carrés des distances.
H est d'ailleurs facile de démontrer a priori qu'il en doit être
ainsi, soit dans la théorie de l'émission, soit dans la théorie des on-
dulations. — En effet, suivant qu'on accepte l'une ou l'autre de ces
deux théories, il faut admettre, ou bien que la source lumineuse émet
autour d'elle, dans un temps déterminé, une certaine quantité de
molécules matérielles, ou bien qu'elle produit dans le milieu qui
l'environne un mouvement correspondant à une certaine quantité
de force vive. On doit admettre aussi que l'éclairement d'une surface
de grandeur déterminée est proportionnel à la quantité de molécules
matérielles ou à la quantité de mouvement qu'elle reçoit dans un
temps déterminé, par exemple dans l'unité de temps. Or si l'on
décrit, autour de la source comme centre, une sphère de rayon D,
la surface de cette sphère liirl)^ recevra, dans l'unité de temps,
toutes les molécules émises dans l'unité de temps par U source, ou
toutes les quantités de forces vives produites dans l'unité de temps
par cette même source. De même, une sphère de rayon D', décrite
autour de la même source, recevrait la même quantité de molécules
matérielles, ou la même quantité de forces vives, sur une surface
47rD'^. Dès lors, comme les quantités de molécules matérielles ou les
quantités de forces vives reçues dans une même étendue de chacune
Vbrdkt, 111. — Cours de pliys. IL 9
130 OPTIQUE.
de ces deux surfaces sont inversement proportionnelles aux surfaces
totales, ces mêmes quantités doivent être dans le rapport -ïy t c^esî-
à-dire que les éclairements doivent être en raison inverse des carrés
des distances.
385. Ecla4 intrlnsèiiue et éelat total drime
neiuie. — Objet de la pliotamétrle. — Des deux lois précé-
dentes on déduit facilement une expression simple de la quantité
de lumière envoyée par une surface à une autre , lorsque la distance
de ces deux surfaces est très-grande par rapport aux dimensions de
chacune d'elles.
Soient S la projection de la surface lumineuse sur un plan per-
pendiculaire à la direction des rayons lumineux , S' la projection
de la surface éclairée sur le même plan, D la distance des deux
surfaces; enfin, soit E un coefficient particulier, qui caractérise la
source lumineuse considérée, et que nous nommerons éclat intrmsèqme
de la source. — On peut représenter la quantité, totale de lumière Q,
envoyée d'une surface à l'autre, par
^ ESS'
Si, dans cette expression, on fait S'= i, c'est-à-dire si l'on con-
sidère la quantité de lumière Q| envoyée par la source sur une sur-
face dont la projection sur la direction des rayons est égale à l'unité,
on obtient ce qu'on nomme Yéclat total de la source à la distance D : il
a pour expression
S
Enfin, on peut remarquer que jr; exprime la surface découpée,
dans une sphère de rayon égal à l'unité, par un cône ayant son
sommet sur la surface éclairée et circonscrit à la source, c'est-à-
dire la surface apparente de la source , vue de la surface éclairée :
par suite, si l'on fait rr;= i dans la valeur précédente de Q,, on
obtiendra une valeur qu'on peut appeler Yéclat total de la source par
PHOTOMÉTRIE. 131
untti de surface apparente : cette quantité n'est autre que le coeffi^
cient même qui représente Yéclat intrinsèque de la source ^^K
L'objet de h photomitrie est de comparer tantôt les éclats totaux ,
tantôt les éclats intrinsèques. Le principe de toutes les méthodes est
toujours de ramener cette comparaison à l'appréciation de l'égalité
d'éclairement de deux surfaces voisines.
Pour comparer l'éclat total d'une source à celui d'une autre, on
réduit dans un rapport connu la quantité de lumière envoyée par l'gne
des deux sources, jusqu'à ce que la comparaison des deux éclaire-^
ments conduise à en constater l'égalité. L'exposition des procédés
de ce genre ne pourra être faite qu'après une étude approfondie des
propriétés de la lumière. — Les procédés qui servent à la compa-r
raison des éclats intrinsèques peuvent au contraire. être exposés dès
maintenant. /
386. Méthmëm générale ém fparafa^M émm éelato in*
trliuiéques ém émuoL «siufii InantaMWMk - — Pour comparer
les éclats intrinsèques de deux sources, on fait tomber séparément
les rayons émis par Tune et par Pautresur deux surfaces identiques,
sous une inclinaison sensiblement normde;ion fait alors varier la
distance de l'une d'oies à la surface qu'elle éclaire». jusqu'à ce que
les deux éclairements paraissent égaux : on a alors '
ES E|St (2)
formule d'oii l'on déduit le rjipport des éclats intrinsèques.
Pour que cette méthode conduise à des résultats exacts, il faut :
(*) Lorsque la distance de la surface lumineuse à la surface éclairée n'est pas très-
granile.par rapport aux dimensions de ces surfaces, Texpression
pcPSd*S'cosi cosi'
E ^5
représente toujours Téclaircment produit sur un élément différenliol de la surface S' par
un élément diflerentiel de la surface S. L'éclai rement total de Télémcnt d*S' s'obtient par
une intégration : il peut être variable d'un élément à Tautre.
t*) Dans la pratique, on n'a souvent intérêt à connaître que le rapport des expressions
ES et E,S| , qu'on appelle quelquefois les éclat» totaux à l'unité de dùtance. — Cette déno-
mination n'est exacte qu'autant qu'on suppose l'unité de distance très-grande par rapport
aux dimensions de la surface éclairante et de la surface éclairée.
133 OPTIQUE.
1* qu'il y ait identité physique absolue entre les deux surfaces àoat
on compare l'éclairement ; 9° que ces deux surfaces soienten cod-
tact immédiat l'une avec l'autre, afm que la comparaison ne pré-
sente pour l'œil aucune incertitude.
387. rkvMmètre de Fourault. — Les deux conditions <|ite
l'on vient d'énoncer ont été réalisées surtout dans le photomètre qui
a été construit par Foucault pour la Compaf<nie parisienne d'ëcUi-
rage par le gaz : ce photomèLre est aujourd'hui universelleroeitt
adopté dans l'industrie.
Les deux sources que l'on compare .A, B (Hg. 33g) agissent sépu-
rément sur deux parties difTérenlcs d'une lame de porcelaine ver-
ticale PQ, assez mince pour être translucide'". L'écran opaque^rpr»
lical RS, qui sépare l'un de l'aulre les deux éclairements, peut ^
volonté élve approché ou éloigné de la lame PQ; on lui donne nw
position (elle, que les plans verticaux menés par AM et BN, qui
iimilent les régions éclairées sé[)aréinent par les sources A et B,
''! On emploie ((ucl<|U«roi9 aussi des lames Je (p^laline, nu des haiet de nire rnrwi-
lofli'i d'un dépAl uniforme el adhérent de grains de fécule mi d'aulres nialiùrcs. Le pa-
pier liiiilé, le verre di5poli , les membranes orffaniriiies, donlon s'eslsouvenlserri, tonlra
général dépourvus de l'hoinogénéiti! désirable. — On peut corrifpir les défauts d'homo-
{[énéité, pourvu qu'ils ne soient pas trop considérai il es, en chan^nt de cfilé In deui
?s et prenant la mojrenne de* n'BulInLi foiimin par In deui eipérienre*.
PHOTOMÉTRIE.
133
viennent se couper sur U lame de porcelaine : les deux régions PM,
QN , éclairées chacune par l'une des deux sources , sont alors séparées
par une bande plus éclairée MN, qu'on peut rendre aussi étroite
t|uc l'on veut.
388. PhMométre de Buarfsrd. — Le photomètre de Runi-
ford, bien antérieur à celui de Foucault, est loin de présenter la
même précision.
Entre les deux sources que l'on compare. A, B (fig. 33o),el un
l'cran Iransluride PQ, on place un cylindre opaque vertical C; on
Kig. a-.
fait varier la distance de l'une des sourees à l'écran jusqu'à ce que
les deux ombres portées MM', NN' paraissent de même valeur. —
Lorsque cette égalité est obtenue, il est évident que l'ombre NN',
relative à la source A , reçoit de la source B autant de lumière que
l'oîiibre MM', relative à la source B, en reçoit de la source A. On
peut donc, en appelant D et D, les distances Am et Bu, poser encore
l'équation ^= -nr' d'oïl Ton déduira le rapport des éclats intrin-
sèques.
RÉFLEXION DE LA LUMIÈRE,
389. liols delà réflexloit. — La réflexion d'un rayon lumi-
neux sur une surface polie est assujettie aux deux lois élémentaires
suivantes :
i" Le rayon réfléchi reste dans le plan normal d'incidence.
a® L'angle de réflexion, c'est-à-dire l'angle fonné par le rayon
réfléchi avec la normale, est égal à l'angle d'incidence, c est-a-dire
à l'angle formé par le rayon incident avec la normale.
Pour vérifier approximativement ces lois, on peut joindre par des
droites les divers points d'une source lumineuse aux divers points
d'une surface réfléchissante, et construire, en appliquant les lois elles-
mêmes^ les rayons réfléchis correspondants à ces rayons incidents;
on constate alors que les points de l'espace rencontrés par les droites
que l'on a obtenues, comme représentant les directions des rayons
réfléchis, sdnt tous édairés et sont seuls éclairés par la lumière que
renvoie la surface. — Il faut remarquer d'ailleurs que, les sources
lumineuses employées ayant en général des dimensions sensibles, il
se produit toujours, dans ces expériences, des effets comparables i
ceux de la pénombre, ce qui ne permet pas de donner à cette véri-
fication plus d'exactitude qu'à celle des lois de la propagation reç-
tîlîgne.
On vérifie au contraire très-exactement les lois de la réflexion en
comparant la distance zénithale d'un astre, mesurée directement,
avec la distance zénithale que l'on déduit de l'observation de son
image vue par réflexion à la surface d'un bain de mercure. —
1^ Un théodolite étant installé de manière que son axe soit bien
vertical, on vise d'abord une étoile; on fait ensuite tourner le limbe
de 180 degrés autour de l'axe de l'instrument , et l'on vise de nou-
veau la même étoile ; le déplacement angulaire qu'il faut donner i
la lunette est (abstraction faite de l'effet du mouvement diurne que
les formules de l'astronomie sphériquc |)erniellont de corriger) le
RÉFLEXION PAR LES SURFACES PLANES. 135
double de la distance zénithale. — a' Avec le même instrument, on
vise successivement l'étoile S (fig. 33 1) et l'image de cette étoile ré-
fléchie par un bain de mercure. L'angle SRI que comprennent entre
elles ces deux directions est, en vertu du parallélisme des droites S'I
et SR, supplémentaire de l'angle S'IR, qui est lui-même le double
de l'angle d'incidence, c'est^-dire lo double de la distance zénithale.
— L'égalité des deux valeurs de la distance zénithale qui sont
fournies par ces déterminations conduit à la vérification cherchée.
H^FLEXEON PAR LES SUHPAGBS PLANES.
390. AppUmtt^ 4m ■•!• de Im réflexton mx pkéBO-
■Bénes oBertm pmr ■•■ aalivlrs plABs. — Les lois de la réflexion
permettent de prévoir, à l'aide de constructions géoinétriques, les
divers phénomènes offerts par les miroirs plans. — 11 suffira d'é-
noncer ici les principaux résultats auxquels on parvient ainsi, les
figures qui mdiquent. le principe de chacune des constructions géo-
métriques correspondantes étant trop «impies pour exiger de plus
amples développements.
1° Un point lumineux A (fig. 333 ), placé devant un miroir plan
MN, fournit une image virtuelle A', symétrique de A; c'est-à-dire
(^uc les rayons rédëchig qui sont émanés de A se comportent comme
s'ils ûmanaicnt du point A', symélriquc de A par rapport au miroir.
— Un objet lumineux AB fournit une image A'B', symétnijue de AB
par rapport au miroir.
G° Lorsqu'un point lumineux t' est vu par rélloiiou daDB deux
. miroirs parallèles MM', NN' (fig. 333), la distance des deux ima^
P,, Pj, l'ontiées chacune pur une seule réilexiun sur l'un ou sur
l'autre des miroirs, est égale au double de la distance des deux mi-
roirs eux-mêmes.
Ce résultat, également applicable au cas où le point lumineux est
situé dans l'espace compris entre les plans des deux surfaces réfléchis^
RÉFLEXION PAR LES SURFACES PLANES. 137
santps, comme daiis la figure 333, et au cas où il est situé en dehors
de cet espace, comme dans la %ure 33û, permet de vérilier par
l'eipérience le parallélisme
des deui faces d'une lame
transparente. Il suffil, pour
cela, de faire reposer la lame
sur trois pointeti mousses, et
d'observer les deux images
d'une même étoile , fournies
rliacune par une réHexion sur
l'une des deux faces : l'objet
lumineux éisnt ici à une dis-
tance infinie, les deux inr.iges
doivent rester toujours con-
fondues en une seule, lors-
<|u'on fait tourner la lame
dans son plan, en la faisant
glisser doucement sur les
pointes qui la supportent. —
Si la lame ^tait opaque, en
^•t- 3"- sorte qu'on ne pât voir nue'"
l'image fomii^e par sa face supérieure, on pourrait encore vérifier
le parallélisme des deux faces en constatant que cette image unique
reste immobile |)endant la rotation.
3* Un point lumineux , placé entre deux miroirs parallèles, four-
nit deux séries indéfinies d'images , .situées chacune derrière l'un des
deux miroirs.
h* Lorsqu'un point lumineux est placé entre deux miroirs faisant
entre cm un certain angle, l'œil aperçoit, par les réflexions succes-
sives sur les deux surfaces, un nombre d'images qui dépend de l'angle
des miroirs. — Désignons par a> Tangle MAN formé par les deux
miroirs (fig. 335) : soit S un point lumineux, et désignons l'angle
NAS i>ar II. La figure montre comment on peut construire géométri-
quement l'image S', formée par une seule réflexion sur le miroir AM ;
l'image S*, formée par une première réflexion sur AM, suivie d'une
seconde réflexion sur AN ; l'image S', formée par une première ré-
138 OPTIQUE.
flexion SUT AM, suivie d'une seconde réflexion Kur AN, et d'une troi-
sième réflexion sur AM. etc. On obtiendrait de la même manière la
série d'image.s correspondantes aux rayons dont la première réflexion
aurait eu lieu sur le miroir AN. — ■ Or, si l'on évalue, eo foodfon
de » et de a, les angles tels que NAS', NAS", etc., qui sont formés
par la ligne AN et les droites menées aux diverses images, on yerri
que ces angles repassent périodiquement par les mêmes valeui^
si &> est une partie aliquole de la circonférence ou un nondire com-
mensurable de parties aliquotes de la circonférence; il en résuite
que, dans ce cas, le nombre des images est limité et facile k dé-
terminer a priori. — Si l'on considère, en particulier, le cas oji
&■ >= tio degrés, on verra que le nombre des images est égal ù cinq ;
si donc l'œil est placé de façon à voir en même temps l'objet lui-
même et les cinq Images, il aura en réalité six fois la sensation de
r«t objet. — C'est le principe du kaléidoieope.
5' Si un miroir M reçoit un rayon lumineux SI (fig. 336) (tant>
une direction constante, el si le miroir tourne d'un angle a autour
d'un axe passant par le point I, le déplacement angulaire RIR' du
rayon lumineux réfléchi est égal è aa. — Ce principe a été appliqué
à la mesure de la durée de certains phénomènes lumineux, quand
RÉFLEXION PAR LES SURFACES PLANES. 139
cette durée est très-courte. Ainsi, en recevant sur un miroir animé
d'un mouvement de rotation rapide la lumière d'une étincelle élec-
tritjue, on obtient comme image une bande lumineuse : la lon-
gueur de cette bande permet de calculer la durée do l'élincelle,
pourvu que l'on connaisse la vitesse de rotation du miroir.
391. ]IICOTn« Acs aBcles dlédiwa de* cplataiix. — C'est
Mieore sur les lois de la réflexion qu'est fondé l'usage des goniomètres',
qui servent à mesurer les angles
dièdres que forment entre elles
tes faces réfléchissantes des cris-
taux. — On indiquera simple-
ment ici l'usage du goniomètre
de Wollaston : le principe des
autres goniomètres est d'ailleurs
absolument semblable.
Le cristal est placé (fig. 337)
en G, sur un support ai^iculé 5,
: à l'extrémité de la tige VR qui
est munie en V d'un bouton fi-
leté. La tige VR est environnée
d'une sorte de manchon métal-
lique PQ, dans lequel elle peut tourner à frottement doui, et qui
porte perpendiculairement à son axe un disque circulaire DD',
Kig. 337.
lAO OPTIQUE.
gradué sur sa tranche; à Tautrc extrémité de ce manchon est un petit
disque Gleté T, qui permet de faire tourner le manchon lui-mémo
autour de son axe; une alidade fixe A, munie d'un vernier, mesure
les angles dont a tourné le disque gradué DD'. Lorsqu'on agit sur
le disque T, on entratne à la fois le manchon PQ et la tige VR
qu'il contient; lorsqu'on agit sur la tête V, on foit simplement tour-
ner la tige VR dans le manchon , qui demeure immobile. — M est
une glace noire auxiliaire, dont on va indiquer Tusage.
On dispose d'abord l'appareil de manière que le limbe gradué
soit perpendiculaire à une arête horizontale d'un édifice éloigné, et
|ue le miroir M soit parallèle à cette même arête : le parallélisnae
lu miroir se reconnaît au parallélisme de l'image et de l'objet. Cet
objet et son image constituent alors deux mires horizontales, paral-
lèles et très-éloigné( s du goniomètre. — Le cristal étant fixé avec de
la cire a l'extrémité du support articulé S, on lui donne, par tâton-
nements, une position telle, qu'il soit possible, en faisant tourner
la tige VR, de faire coïncider l'image de la mire, donnée par le
miroir M, avec l'image produite par une des faces de l'angle dièdre;
on est alors certain que cette face de l'angle dièdre est pàrallâs à
la mire, et par suite perpendiculaire au limbe gradué; on opère dcr
même relativement à la seconde face du dièdre, et, par des tâton-
nements, on parvient à rendre les deux faces simultanément paral-
lèles à la jnirc.
Pour mesurer l'angle de ces deux faces, on fait tourner le limbe»
à l'aide du disque T, de manière à établir successivement là coïn-
cidence entre les imagos de la mire produites par les deux faces et
l'image rélléchio par le miroir M. Les figures 338 et 339 font
comprendre comment on peut obsener celte coïncidence, en pla-
çant Tcril de manière à recevoir les deux systèmes de ravons par
deux moitiés différentes de la pupille 00'. Elles montrent,:^
outre, que l'angle dont le limbe doit tourner entre les deux obscrr
vations est le supplément de l'angle cherché ACB. — En efiet, la
direction des ravons incidents est sensiblement la nuhne dans les
deux observations, parce (ju'ilssont assujettis a passer constanmient
par une mire très-éloignée M et par un cristal de tros-petites-
dimensions. Il en est de même, pour une raison send)lable, des.
RÉFLEXION PAR LES SURFACES COURBES. U1
■rayons réfléchis, lorsque la coïncidence des images est établie. Il
rst donc nécessaire que les deux faces réfléchissantes occupent suc-
cessivement la même position, et par conséquent nue le cristal
(oarne d'un ao^e égal au supplément de l'angle de ses deux faces.
R^nsXION t>All L8S SDRFAGB8 COVBBBS.
393. RMcxlVB dtm r»r*»* «m»Mé« d*HB point liuni-
Mcux, pmr lea ■airolm — iirW» de fentea quelconque*. —
Lorsqu'un miroir courbe de forme quelconque reçoit les rayons
émanés d'un point Inmineux , trois cas se peuvent présenter, selon '
la forme particolière du miroir et la position du point par rapport
à lui :
1° Les rayons émanés du point lumineux prennent, après la ré-
flexion, des directions telles, qu'ils vont tous se couper en un même
point appelé yôyfr conjugué réel. — Il est évident, d'après les lors de
la réflexion, que si le point lumineux venait occuper la position pri-
142 OPTIQUE.
mitive àa foyer, le nouveau foyer prendrait la place du point tumi-
Deux primitif.
9° Les rayons réSécfais ne se coupent pas, mais leurs prolonge-
ments se rencontrent derrière la surface du miroir, en un point
appelé ^<r vû-tue/.
3* 11 n'y a pas de foyer r^el ou virtud, mais les rayons rîfiéehîs
ou leurs prolongements déterminent, par leurs intersections succes-
sives, une surface & laquelle ils sont tous tangents et qui prend le
nom de imfaee eaustiqae.
Les deux premiers cas sont des cas exceptionnels. — Un ellipsoïde
de révolution fait converger en l'un de ses foyers les rayons lamioeui
«émanés d'un point placé en son autre foyer; en particulier, on pa-
raboloîde de révolution concentre en son foyer les rayons incidents
parallèles à son axe. De mjme, les rayons partis dn foyer d'an
hyperiioloide de révolution à deux nappes sont réfléchis dans des
directions telles, que leurs prolongements aillent se couper en l'antre
foyer. — Mais, en dehors de ces deux conditions, il n'y a janmîa, à
paHer rigoureusement, de foyer lumineux : on peut toujours cons-
tater IVxistence d'une caustique, en étudiant la marche des rayons
réfléchis. Lors({UP la lumière n une intensité suffisante, l'arcumu-
lalion des rayons i^tanl plus grande an voisinage de la surface à
MIROIRS SPHÉRIQUES. US
laquelle ils sont taogenls qu'en toute autre région de l'espace , l'illu-
mination des poussières suspendues dans l'air suffit pour manifester
la forme de la surface caustique. On peut aussi couper la surface
par un écran blanc et observer la forme de l'intersection. — La
figure 3^0 représente, par exemple, l'intersection de la surface
caustique d'un miroir cylindrique par un plan perpendiculaire k
l'axe, le point lumineux étant supposé à une distance infinie "^
Cependant, lorsque le miroir est une portion de surface sphérîque
correipondante â un angle au centre peu comidêrable, on peut, avec une
approximation assez grande, le considérer comme donnant naissance
à des foyers réels ou virtuels, et, par suite, à des images; c'est ce
que l'on va maintenant démontrer.
393. HUrvlM riiihériqHni ««iinivca. — Soît P (fig. 3&i) un
point lumineux, placé sur l'axe d'un miroir sphérique concave de
petite ouverture angulaire; soit MM' l'Intersection de ce miroir par
un plan passant par cet axe, plan qui n'est autre que celui de tu
figure; soient PI un rayon lumineuic incident, contenu tlan's t('
même plan. Cl le rayon du miroir qui est la normale au point 1.
IP' le rayon lumineux réfiéchi. La droite Cl étant bissectrice de
l'angle en 1 , le triante PIF donne
<'' Le» propositiona «onlenue» dans ce paragraphe wronl Hi'monln^ p\m loin O'iii
DMalère générale, lorsqu'on Iniitiv^ flr la réfracUon.
144 OPTIQUE.
el comme, en vertu de la petite ouverture angulaire du miroir, les
longueurs IP' et IP diderent peu de AP' et de AP, on a sensiblemeol
CFAP;
cesl-a-dire, en posant AP=/i, \P'=p\ AC = R,
R-p p
d*où Ton lire
, 1,12
Don^, pour un m^me miroir, la position du point P' ne dépend que
de la position du point lumineux P: elle est indépendante de la
position du point d'incidence I sur le miroir. En d'autres termes,
tous les ravons émanés de P vont sensiblement se réunir en un point
unique F, qui peut recevoir le nom de foyer conjugué d\^ point P, à
cause de la symétrie de Téquàtion précédente par rapport h p et p\
Si , dans la formule ( i ) , on fait p = oo , c'est-à-dire si Ton sup-
pose que les rayons lumineux incidents soient parallèles i Taie du
miroir, on en déduit la valeur particulière />' = t. Donc, dans ce
cas, les rayons réfléchis vont passer par un point situé à égale dis-
tance du centre et de la surface réfléchissante; ce point prend le
nom defager fnineipaL — Si Ton désigne par/ la distance du foyer
principal à la surface réfléchissante, la formule devient
P P f
La discussion de cette formule conduit immédiatement aux ré-
sultats contenus dans le tableau suivant :
p^of, p <C 9/ mais Z>f' • (foyer r^l).
P = ^f' P = ^f ^
^<C a/mais^y. . . />'> t»/. »
p =f. p =^ 00 (foyer réel h Tinfini).
p </. p <C û ^foyer virtuel).
0 = 0 !>' =^ 0 »
p<^o P^^ ^ mais<c;y. . (foyer nfei).
MIROIRS SPHÉRIQUES. 145
Le résultat contenu dans la dernière ligne de ce tableau peut
s'énoncer en disant que si l'on fait tomber, sur un miroir sphérique
concave, un faisceau de rayons lumineux qui convergent vers un point
situé derrière le miroir, point que Ton peut appeler point lumineux
mrtuel, les rayons réfléchis vont converger vers un f^yer rid, situé
entre la surface réfléchissante et le foyer principal.
39&. Hirelm «pliérliiucfi coiivexcs. — La formule (i),
établie plus haut pour les miroirs concaves , convient également aux
miroirs convexes, à la condition de regarder comme négatif le rayon
R, qui est dirigé vers le cAté opposé à celui d'où vient la lumière.
Si Ton met en évidence le signe négatif de R , on obtient
En faisant dans cette formule /?= oo, on a jt>' = » c'est-à-dire
que le foyer principal est ici virtuel : en désignant par— /la distance
de ce foyer à la surface du miroir, on obtient la formule analogue à
celle des miroirs concaves
V • ;; — 7*
P P j
La discussion de cette formule conduit aux résultats suivants :
p ;> o P'^ ^ '"*''® "^ ~f' • (f<^y®r virtuel).
p = 0 jt>' = 0. . (foyer virtuel).
^< 0 inais>— y. . . />'> o (foyer réel).
p = —f. p' "^ °^ (foyer réel à Tinfini).
p <I — /. p' <C 0 (foyer virtuel).
395. Cas où le point lumineux est situé hors de Taxe
du miroir, à une petite distanee. — Dans ce qui précède, on
a toujours considéré le point lumineux comme situé sur l'axe du
miroir : si l'on prend maintenant un point Q (fig. 3&q), situé hors
de l'axe, mais de façon que la ligne GQ ne fasse avec l'axe qu'un
petit angle, on peut évidemment étendre à cette ligne» pour les
rayons émanés de ses divers points, tout ce qui a été dit précédem-
Verdet, in. — Cours de phys. U. lo
146 OPTIOUK.
ment de l'axe AP lui-iiH^mc pour \of, ruyons l'-inanés d<s |)oints de cet
aie. Les droilps telles (^im CQ prennent le nom d'ff;iT« lecm^airt». —
Uès lors, pour tous les points lumineuii dont les axes secondaires ne
s'écarteront pas trop de l'axe AP du miroir, la Tormute (i) fera con-
naître la position du Toyer.
De là résulte (ju'un objet lumineux ayant lii forme d'un petit arc
de cercle terminé à l'ave, tel qup PQ (fi^. Sis), a pour image un
autre petit are de cercle PQ', r(;iilenient terminé à l'axe. Les dru\
arcs |)euvont d'ailleurs être regardés comme se confondant sensible-
ment avec les tnnn;enles en P et P' : on peut donc dire qu'une petite
droite perpendiculaire à l'axe principal d'un miroir sphérique a pour
image une droite également perpendiculaire ii cet axe, ce qui mAGI
pour permettre de déterminer l'image d'un objet quelcoaque,
pourvu que sen divers pointât aient des axes secondaires peu încliDés
sur l'axe principal.
Quant à la grandeur de l'image par rapport à l'objet . on la d^
terminera en éliminant p' entre les deux équations
Dans la position particulière de l'objet qui est représentée par la
ligure 3^3 , l'image est renven^e par rapport » l'objet : il en est ainsi
toutes les fois que p et p' sont de même signe. — Au contraire.
- MIKOIKS SPHÉB1QUR5. 1A7
l'image «st droite par rapport à l'objet' lorsque p et p' sont dft signes
contraires.
396. AberrKtlaii IvncHwdiMUe el abemtlaB latérde.
— Od appelle diemifion longitudinale la distance du foyu des rayons
qui tombent sur le bord du miroir, ou rayons marginaux, au foyer
des rayons qui tombent au voisinage du sommet A, ou rayon» ten-
traux : le foyer des rayons centraux est d'ailleurs , comme on voit,
celai que détermine la théorie 'précédente.
On appelle dterration latérale le rayon du cercle déterminé par
l'intènedion du cAne des rayons mai^naux réfléchis, avec un plan
mené par le foyer des rayons centraux, perpendiculairement à l'axe
du miroir.
Les valeurs de chacune de ces aberrations dépendent de la posi-
tion du point qui émet teti rayons lumineux : les deux valeurs
liarticulières qui sont relatives au ras où les rayons incidents sont
parallèles à l'axe du miroir prennent le nom d'aberration» principalet.
— Il est facile d'en obtenir l'expression, en fonction de l'ouverture
du miroir.
Soient a la demi-ouverture angulaire ACM du miroir (fig. 3â3),
F le foyer principal des rayons centraux, F[ ie foyer des rayons
marginauv parallèles ii l'axe. Le triangle CFjM étant isocèle, oh n
148 OPTIQUE. .
d'où l'on tire la valeur de Yabeiraùan longitudinale principale,
i — cos a
FF, =/
COS a
D'autre part , Yaberration latérale principale FH s'obtient en mul-
tipliant FF| par la tangente de l'angle FFiH, ou par tangaa, ce
qui donne
397. mesure du rayon de eourkure d*un MUroIr apliè-
rique. — Les résultats qui précèdent fournissent une méthode
sim|)lc pour dét(»rminer, par l'expérience, le rayon de courbure d'un
miroir sphérique quelconque, et par suite le foyer principal des
rayons centraux.
i"" Pour un miroir sphérique concave, on oriente ce miroir de façon
que son axe principal soit dirigé vers le soleil, et Ton détermine
par tâtonnements quelle est la position qu'il faut donner à un petit
écran pour que les rayons réfléchis, en venant le rencontrer, pro-
duisent l'image circulaire la plus petite et la plus brillante. Cette
image est celle du soleil ; elle peut être considérée comme formée
par des rayons qui, à l'incidence, étaient parallèles entre eux. On
mesure «alors la distance de la position actuelle de l'écran au sommet
du miroir : cette distance est sensiblement égale à la distance focale
principale des rayons centraux. En prenant le double de cette dis-
tance, on obtient le rayon de courbure du miroir.
s* Pour un miroir sphérique convexe, on dirige encore Taxe
de ce miroir vers le soleil et l'on place en avant de la surface réflé-
chissante un écran opaque HK, percé de deux petites ouvertures P,
P' (fig. 3&&) : ces deux ouvertures laissent passer deux faisceaux
cylindriques de rayons solaires, PM, P'M', qui tombent sur le mi-
roir et produisent deux faisceaux réfléchis. Mm, MW. Ces deux
derniers faisceaux viennent former sur IVcran Hk deux petites
surfaces éclairées, m, m' : on écarte ou Ton rapproche l'écran du
miroir, jusqu'à ce que la distance des centres de ces petites surfaces
soit double de la distance des centres des deux ouvertures P et P'.
MIKOIRS SPHÉRIQUBS. 149
Lorsque ce résutlat esl altoint, on voil, sur la figure, que l'on a
sensiblement
FA = F'A=/,
pourvu que la distance PP' soit peu considérable. — Il suffit donc
de mesurer la distance F'A de l'ëcran au miroir, pour avoir la dis-
tance focale principale. En prenant le double de celte distance, on
obtient le rayon de courbure.
RÉFRACTION DE LA Ll MIÈRE.
398. FliéiiMnéBe 4e la réflractioii. — On désigne sous le
nom de r^irëcùm le changement de direction qu'épronrént, en gé-
nérai, les rayons lumineut en passant d'un milieu datas un autre.
Ce changement de direction peut être constaté pat i\)hservation
vulgaire du déplacement que paraissent éprouver, (M)ûr l'œil placé
dans i'air, les objets placés dans Teau. — C'est ainsi i|tt'un bâton,
dont une partie est plongée obliquement dans Teau, paraît brisé
au niveau de la surface du liquide. C'est ainsi encore que le fond
d'un vase contenant un liquide transparent paratt relevé.
399. ibi» Ée BMeulMes. — La réfraction par tes corps trans-
parents autres que les substances cristallisées est assujettie aux deux
lois' suivantes, qui sont connues sous le nom de lots 3£T)escartes :
1 ** Le rayon incident et le rayon réfracté sont contenus dans un
même. plan, normal à la surface réfringente.
2*" Le rapport du sinus de l'angle d'incidence au sinus de l'angle
de réfraction est constant. — La valeur de ce rapport est Yîndice de
réfraction du milieu dans lequel pénètre la lumière, par rapport au
milieu d*où elle sort : selon que l'indice est plus grand ou plus petit
que l'unité, le second milieu est dit plus réfringent ou moins réfrin-
gent que le premier.
400. Principe des proeédés employés pour irérlfler les
loto de la réflraetioii» — Les procédés qui ont été employés
pour vérifier les lois de la réfraction sont assez nombreux. Ils of-
frent ce caractère commun, qu'on s'est proposé de mesurer la dé-
viation de rayons qui passent de l'air dans un milieu transparent,
et repassent ensuite de ce milieu dans Tair; mais, pour se rendre in-
dépendant de Tune des deux réfractions, on a fait on sorte que l'un
ries deux changements de milieu s'eiTectuât sous l'incidence normale.
RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE. loi
c'est-à-dire sans déviation. On n'a alors h. mesurer que la déviation
produite à l'autre changement de milieu.
401 . Procédé ^Al-Hazm. — Un cercle métallii|ue MN (fig. 3i5).
portant deux alidades mobiles OA, OB, munies de pinnules, est
plongé dans un vase plein d'eau :
la surface PQ du liquide passe par
le centre 0 du cercle. On cherche
à donner aux deux alidades des po-
sitionR telles, qu'un rayon solaire
transmis par les pinnules de la pre-
mière alidade OA soit, après ré-
fraction, transmis par les pinnules
de la seconde OB. — Dans chaque
système de positions, on mesure
les angles VOA, V'OB, formés par
la verticale VV et chacui^ des deux
alidades, et l'on vcl-ific que le rap-
poA éet àfUM de cee deux angles est constant.
lis. fnddé ie KifUr. — On expose aux rayons du soleil une
parti !niltietf« opcque liVPQ(fig. 3&6),.eiron a,pflique sur cotte
paroi, dans une partie de sa longueur et du côté opposé au soleil, un
f)aniltéli|)i|ièd« Ac verre XYIJVST, qui a même hauteur. On obtient
152 OPTIQUE.
ainsi, sur le plan horizontal qui supporte le prisme de verre, jleuc
ombres portées par la paroi verticale. Ces deux ombres ont des lar-
geurs différentes : l'une, limitée par les rayons qui ont traversé le
prisme de verre, a pour largeur TZ; l'autre, limitée par les rayons
qui n'ont pas traversé le verre, a pour largeur NB. Il est fadle de
voir que la mesure de ces deux largeurs suffit pour qu'on poisse
calculer le rapport du sinus de l'angle d'incidence au BÏnoB de
l'ange de réfraction dans te verre, pour les rayons qui rasent Taihe
supérieure de la paroi MP.
403. Pneèié tU Detearie». — Un faisceau lumineux très-dâié,
transmis par deux ouvertures étroites M, N, situées & la même dis-
tance du plan PQ (fig. Zk']), arrive normalement sur la première
surface d'un prisme de verre ABC, de façon qu'il pénètre dans le
verre sans déviation : il éprouve au contraire, en repassant du verre
dans l'air, une déviation qui le ramène vers le plan PQ , et il vient
former sur ce plan une petite surface éclairée VR. — Cette expé-
rience peut évidemment fournir les mesures nécessaires à la Aé\et-
minalion de l'angle d'incidence et de l'angle de réfraction , pour le
I travers de la face AC du prisme.-
i04. Procédé de Newton. — Un faisceau délié de rayons solaires
SI (fig. 3i8) tombe sur la surface d'un vase rectangulaire contenant
de l'eau H. Ce vase est 6xé à l'extrémité d'une règle AB, mobile
Autour d'un ate 0 qui est situé à la partie supérieure de la coloQoe
verticale C : un quart de cercle MN permet de mesurer les angles
RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE. IBS
que fait la règle AB avec la verticale. — On fait tourner la régie
autour de son ane jusqu'à ce que la partie mnyenae EJ du fais-
ceau lumineux émergent lui soit parallèle : dans cette' position, ce
faisceau est perpendiculaire à la face d'émergence PQ, en sorte
que les rayons lummeux n'éprouvent de déviation qu'au point I.
Une lecture mr le quart de cercle MN fournit la valeur de l'angle
de réfraction; quant & la valeur de l'angle d'incidence, elle peut
être obtenue en répétant la mâme f^érîence après avoir supprimé
le liquide.
â05. Remarque gitéraU lurlei proaSdé» priBédmtê. ~ — Les divers
appareils dont on vient d'indiquer rapidement la construction sont
trop imparfaits pour donner des mesures précises; maïs, d'après la
nature même du phénomène, il n'y a pas lieu de chercher à leur
donner une précision plus grande. — Dans toutes ces expériences*
la réfraction d'un faisceau lumineux de lumière blanche est accom-
pagnée d'une dilatation du faisceau émergent, dont les diverses
parties se colorent de dilTérenles couleurs. Donc, à choque rajion
incident, tel que MN(frg. 347)ou SI (fig. 348), correspondent plu-
sieurs rayons réfractés, produisant sur l'écran les couleurs .diverses
154 OPTIQUE.
dn spectre , depuis le violet V jusqu'au rouge R : le jaune J forme Ji
peu près la partie moyenne.
Ce phénomioe, désigné tout le nom de ^î^ptrMOH, tera étudié
plus loin. On verra «lors comment on peut démontrer, par des expé-
riences suK^tiblet d'une grande prëcisioD, qae chacun des rayons
de diverse! conleurt sait let loît de Detcaftes, et que ducun d'eux
possède uD mdice de réfraction ^écial pour une substance détei^
minée.
i06.
Princlp* ^tm w«tmmr Inverae 4c« r«f— ta^dBaax.— L'ob-
servation montre que la position apparente d'un objet très-^loigné,
d'une étofle par exemple, n'est pas changée lorsqu'on place sur le
trajet des rayuns lumini>u.\ une lame de verre à faces parallèles :
on en conclut que chaque rayon émei^ent, tel que l'S' {fig. Sàg),
est parallèle au rayon incident SI dont il provient. L'angle ' d'inci-
dence NIS est donc égal à l'angle d'émei^ence N'I'S' : si l'on repr^
sente par.i la valeur commune de ces deu\ angles, par r la valeur
commune des deux angles PU' et P't'l. par » l'indice de réfraction
du vern; par ittppml à l'air. l'I p«r «' l'indice de l'air par rapport
RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE. 155
au verre, la première réfraction <h>nne
sini = nsinr;
la seconde réfràttbil ëonftê
De ces deux Aplattoïkà bli tire
I
c esi-à-dire ifàe FmUee ie r^heùon ie tàir fat foffa^t au verre est
rinver$e de i'tJMfe» Al vtrrepar ràffùri à tàtr.
Ce résultat è*«st ^'mUmî* «{o^nii ce» plriiéuUer d'une loi générale
qui est conink^ aoua ie nom de pntMpe du rO&ur nwéne des rayons,
— Cette ioiviJHdieiUè k lèiâ lès phénomènes optiques, peut s'é-
noncer de la manière suivante : si, en traversant successivement certains
miUeux, un rayon de lumière suit une route déterminée, il suivra exacte-
ment la mime route lorsqu'il se propagera en sens inverse.
&07. Bèftf U^ii jHMr ptasieww iMnes p«rallèlcfi consé-
•irtiTMu — Le parallélisme dés rayons émergents et des rayons
incidents , que Ton vient de signaler dans le cas oiî la lumière tra-
verse une lame à faces parallèles, a lieu encore lorsque la lumière
traverse un nombre quelconque de lames parallèles consécutives.
Dans le cas particulier où l'on considère deux lames parallèles
successives, ce résultat expérimental itronduit à un* principe qu'il est
essentiel de signalet*. — Soient n et n' les indices de réfraction de
chacune des deux lames A, A'(fig. 35o) par rapport à l'air, et soit (i
l'indice de réfraction de la première lame A par rapport à la se-
conde A'. Les trois réfractions successives du rayon Si donnent les
relations
sin I = n sin r,
sin r'= (i sin r,
sin i — n' sin r'.
De ces trois équations on tire
n
^ n
En Qéttérsi, l'indice de réfraction d'une substanceA, par rapport
à une autre A', est égal au quotient de l'indice de la première par
l'indice de la seconde, ces deux derniers indices étant pris par rap-
port à un même milieu quelconque.
L'indice de réfraction, d'une substance par rapport aa vide prend
le nom d'tWtce abêolu de cette substance : l'expérience montre que,
pour les corps solides ou liquides, il diffère peu de l'indice par rm-
port à l'air.
' . : iQ&. Iléfriieflon par lu prlrune. — Dans l'étude des jlké-
nomènes lumineux^ on désigne sous le nom de priême une niasse
'd'une substance réfringente quelconque, présentant un an^e dièdre
dont les deux faces sont rencontrées par les rayons lumineux.
Lorsque la lurnivre traverse les deux faces d'un prisme , on observe
ique.les rayons émergents éprouvent, |>ar rapport aux rayons inri-
dents, une déviation vers la base du prisme, c'est-ii-dire vers la région
de l'espace «ù est dirigée l'ouverture de l'angle dièdre.
Si l'on se borne au cas oij le rayon incident est contenu dans une
section principale dn prisme, c'est-à-dire dans un plan perpendicu-
laire à l'arélc de l'angle dièdre, il résulte de la première loi de Des-
cartes que le ra^on lumineux doit rester dans ce plan pendant tout
son trajet. En iigurani alors la marche successive d'un pareil rayon
RÉFRACTION PAR UN PRISME. 167
lumineiu SI ail travers d'ue prisme A (fig. 35 1), on obtient immé-
diatement les relations
r + ,' = A.
Ces quatre ëqaatîons, contenant six angles et l'indice de rétrac-
tion n, permettent de déterminer, par exemple, la valeur de l'indico
de réfraction n, lorsqu'on connaît trois des six angles. — Ainsi,
pour déterminer l'indice de réfraction d'une substance, on pourrait
employer une méUiode générale consistant à mesurer, par exemple,
l'angle réfringent A d'un prisme qui serait formé de cette substance,
l'angle d'incidence t d'un rayon lumineux sur l'une des faces de cet
angle, et la déviation D éprouvée par ce même rayon lumineux dans
son passage au travers du prisme considéré.
Mais, en vertu du principe du retour inverse des rayons lumi-
neux, la déviation produite serait la même si l'on donnait à' l'angle
d'incidence la valeur i' : on voit donc que, si l'on fait varier l'inci-
dence d'une manière continue, la déviation doit reprendre la même
valeur pour deux valeurs différentes de l'ange d'incidence; par
suite , la déviation D doit passer par un maximum ou par un mini-
mum, lequel doit précisément correspondre à une valeur de t telle
158 OPTIQUE.
que l'on ait t ' = ?. — Pour vérifier anaiytiquement qu'il en est ainsi ,
ii suffit d'égaler à zéro la dérivée de D par rapport à t, ce qui donné,
en vertu de la dorniôrc équation,
D'autre part» des deux premières équations on tire
j. ncosr 1
dt= ^ . ar,
cosi
IV n cosr' ] ,
m = — - — T- ar ;
COSI '
enfin la ifffi^m^ équatiop donn«
La con^it^W précédente se réduit donc è
cosr cûs/^
c
'est-à-dîmp, f& 44finitiye,
co0i coêT
ou
. D4-A
a
Le calcul de la seconde dérivée de D par rapport à t montre d ail-
leurs que, pour cette valeur de i, la déviation D est un minimum si
l'indice de réfraction u du prisme par rapport au milieu extérieur
est plus grand que Tunité, comme c'est le cas le plus ordinaire;
et un maximum, si cet indice de réfraction est plus petit que Tunité.
Ces résultats sont confirmés par l'expérience.
L'^alité i==i' entraine r==-r : donc, dans ce cas, le rayon II'
réfracté à l'intérieur du prisme est également incliné sur les deux
faces, c'est-à-dire normal au plan bissecteur de l'angle réfringent, —
Quant aux relations précédentes, elles se réduisent alors aux trois
suivantes :
sin t»ii sinr^
Â
a
. D-hA
i.^, :
RKPLEMON TOTAI.K. là»
ces trois équations ne contiennent plus que quati*» angles et l'indice
(te n^fractioD n. l)e là résulte que, en plaçant l'angle réfringent
dans cette position particulière, on n'a plus à dcteriuinei' eipérimen-
talement que deux angles, A et D par exemple, pour en pouvoir
déduire la valeur de l'indice de réfraction ».
&09. RéM«slvM t«tole. — Lorsque des rayons Inmineui se
présentent pour passer d'un milieu plui réfringent dans dq militu
moins ré&mgent, l'indice de réfraction h est une quantité pUis
petite que l'unité; par suite, la formule sinr=-^ conduirait, pour
toute valeur de l'incidence telle que sini fât plus grand que », à
une valeur de sin r supérieure à l'unité : l'expérience montre qu'il
y a alors réfexùm totale, c'est-à-dire que tout rayon lumineux pour
lequel on a sin t^n reste dans le premier milieu, et !4uit, par
rapport à la surface d» séparation, les lois de la réflexion.
Si, par exemple, un point lumineux 0 (fig. 35^) est placé dans
un milieu plus réfringent que le milieu extérieur, et si la surface
de séparation des deux milieux est plane, les seuls rayons émanés
de 0 qui puissent émerger sont ceux qui sont émis dans l'intérieur
d'un cAoe circulaire droit MON . ayant son axe perpendiculaire â la
surface de séparation , et pour angle générateur celui dont le sinus
est égai k n : cet angle est ce qu'on nomme Vangle limite. Tout rayon
tel que OD, qui est émis à l'extérieur du cône MON, éprouve la ré-
flexion totale suivant DF. — Réciproquement . si l'œil est placé en 0 ,
il voit tous les objets evtérieui's dans le cône MON : en dehori;
160 OPTIQUE.
di> (-<' cùne, il ni? reçoit de lumière que celle qui lui est envoyée
par des objets ronlemis dans le même milieu réfringent.
On peut observer, par exemple, le phénomène de la réflexion
totale, au moyen d'un prisme de verre rectangulaire BAC , ma la-
face hypoténuse duqad tMH-
bent des rayons lumineux di-
versement inclinés. Les fius:-
ceaux tels que SI (fig. 3-53),.
dont l'incidence est sufiBsun-
ment petite, traversent le
prisme : les faisceaux ids
que S'I', dont l'incidence est
supérieure à la valeur de
l'angle limite du verre par
rapport à l'air, sont réfléchis
totalement et peuvent être reçus dans l'œii placé au-dessus de BC.
C'est à la réflexion totale qu'on d<iit attribuer le phénomène bien
connu que l'on désigne sous le nom de miragt : ce phénomène,
décrit dans tous tes ouvrages élémentaires, se produit toutes les
fois qu'une cause quelconque fait varier rapidement et f une ma-
nière continue la densité et le pouvoir réfringent des couches suc-
cessives de l'atmosphère.
REFRACTION PAR LUS SURFACRS COHUES.
410. RMHMtlMi par ■■« awAMe m^UtrUgmB. — Pour
t''ludier la réfraction t'pniuvi^e par les ravons émanés d'un point
lumineux, tjuand ils passent du milieu qui contient ce point dans
un »utre milieu séparé du premier par une surface sphérique, on
raisonnera sur le cas particulier où la concavité de la surface de
séparation esl tournée du côté du point lumineux lui-même. Les
conséquences auxquelles on arrivera seront générales, h la condition
de faire les mêni<-s conventions que dans l'élude des miroirs spfaé-
riques. relativement auv sifi^nes du ravnn do courbure B, de la dis-
tancent de la surfarn au point lumineux, et de ta distance^ de cette
surfaci- au point d'interseclion des ravons réfractés avec l'axe.
RÉFRACTION PAR UNE SURFACE SPHERIOUE. 161
Soient MN la surface réfringente (fig. 35£i), G son centre de
coni^ure, P un point lumineux situé sur l'axe AC, PH un rayon
émis par ce point, HR le rayon réfracté, et II le point OÙ le pro-
loo^meot de ce rayon rencontre Va\e. Désignons par R le rayon de
couri)are. par ;> et « les dbtances AP et ATT. On a
surf. CHP^^R.HPsini,
surf. CHn=^R.Hn8inr.
D'autre part, ces deux triangles ayant même hauteur sont entre eux
e leurs bases CP et Cil, c'est-à-dire comme /t — R etor— R,
p-R HPsini
w-R'^Hnsin»'
Or, si la surface réfringente n'a qu'une ti-ès-petile étendue angu-
laire, le rapport rnî ne diffère pas sensiblement du rapport y=< ou
de £ ; on peut donc écrire
d'où l'on tire
ni, ,1
ï-f-("-')ir
VupiT. III -^ Coiir.< iIp pljsv. II. 1 1
162 OPTIQUE.
Formule qui peiit être discutée de la même manière que celle des
miroirs. Comme la formule des miroirs, elle conduit à reconnaître
l'existence de foyers réels ou de foyers virtuels, selon les cas; elle
permet aussi d'obtenir l'expression de l'aberration longitudinale et
de Taberration latérale, 'pour les rayons matinaux, quand on
connaît l'ouverture angulaire de la surface réfringente.
411. Réfr»c«l*B pfcr lOM l«aUlle. — On donne le nom de
lentUk iphérique à une uiasse réfringente comprise entre deui sur-
faces sphériques ayant chacune une très-petite ouverture angulaire
et centrées sur le même axe. — On considérera seulement ici le cas
où l'épaisseur de la lentille est négligeable.
Soient MN (Sg. 355) la première surface sphérique, dont le rayon
est R et dont le centre est en C ; M'N' la seconde surface , dont le
rayon est R' et dont le centre est en C; soit P le point lumineux.
situé sur l'axe, à une distance p de la lentille. Par suite de la réfrac-
tion due à la première surface, les rayons tels que PH, qui sont
émis par le point P, prennent une direction HK telle, que le pro-
longement du rayon réfracté aille passer par un point II, dont la
dislance à la lentille est donnée par la formule
(') ï-J-("-')r
D'autre part, les rayons qui rencontrent la serond*- surfnre M'\'
LENTILLES SPHÉRIQUES. 163
.peuvent être considérés comme émanée du point II ; les prolonge-
ments des rayons réfractés vont donc rencontrer Taxe en un point P'
4ont la .distance f^ à la lentille est définie, en considérant l'épais-
seur AB comme négligeable, par l'équation analogue
équatbn qui peut s'écrire
(*) \>-\ — («-*)w'
Ea coûtant ces équations (i) et (a) membre à membre, on ob-
tient la formule générale des lentilles
On appelle ySiy^ j^nc^/^ comme pour les miroirs, le point de
•€OBeours des rayons réfractés qui correspondent à des rayons inci-
dents' parallèles à Taxe. La distance focale principale s'obtient donc
-en faisant |i » oo- dans la formule qui précède , et en cherchant la
ifdêpr correspondante de/i'. Si l'on désigne par/ cette distance » on
trouve
/^(''-^(r-r^)
»
. k\% Dmi diverses espèees de leMttllee. — Les lentilles sont
dites etmvm^fentes, lorsque le foyer principal est situé du côté opposé
à celui d^oii viennent les rayons parallèles à l'axe, c'est-à-dire lors-
que/est négatif. — Elles sont dites divergentes, lorsque le foyer
principal est situé du côté même d'où viennent les rayons , c'est-à-
dire lorsque /est positif.
Si l'on considère le cas où la matière qui forme les lentilles a un
indice de réfraction plus grand que l'unité, ce qui est d'ailleurs le
cas ordinaire, l'expérience et la théorie montrent que les lentilles
convergentes sont celles dont la section, faite par un plan passant
par l'axe, a l'une des formes Gi,G2,Cs(fig. 356) : on comprend ce»
trois formes sous le nom général de lentilles à bords minces.
11 .
164 OPTIQUE.
Les lentilles divergentes onl l'une des formes D, , D,, Dj , qui sont
comprises sous le nom de lentilles à bords épais.
Au contraire, lorsque la mati^ro qui forme les lentilles a, par
rapport au milieu extérieur, ua Indice de réfraction plus petit que
l'unité, les lentilles à bords minces sont divergrales et les lentilles
ù bords épais sont converf^entes.
^13. IieMUUes «Miv^cenM*. — Les lentilles convergentes
étant caractérisées par une valeur négative de la distance focale prin-
cipale, si l'on met en évidence le signe de y dans la formule gé-
nérale, on obtient la formule particulière aux lentilles convei^
génies
La discussion de cette formule conduit, pour les positions rela-
tives du point lumineux et du foyer qui lui correspond, aux résultats
qui sont contenus dans le tableau suivant :
p = oo P'= — /• (foyer réel).
p>3/ — y<:-./m«i»>./. (foyerréel).
P = ^f p' = — a/ (foyer réd).
p <C a/"inais > f. . — p' > a/. . , (foyer réd).
p ^ J". p' ^ —oo (foyer réel, k l'iafiDJ).
|) > y. p' > 0 (foyer virtuel).
, p = 0 ff •= 0 (foyer virtuel).
p <C 0 — p' <C /• (foyer tM).
&\>
LE.NÏILLES Sl'HERIQUES. 165
. Ij««Mlle« dlTvrKCBte*. — Les lentilles divergentes étant
caraetérisées par une valeur positive de la distance Focale princi-
pale, la formule qui convient à ces lentilles n'est autre que l'équa-
tion
P'~P~J'
dans laquelle on doit supposer que le signe de la quantité/ est mis
en évidence.
La discussion de cette rorniulc conduit aiiii résultats contenus
dans le tableau suivant :
^ = 00. .
f>o
p-o....
p<Co nuis
f.~-f..
K-f-
-= J. (foyer virtuel).
>o meis<!/.-- {foyer virtufll).
=^ o {foyer virtuel).
<:» (foyer rfel).
= — X. (foyerr^l.i )'inrmi).
> 0. (foyer virluet).
AI 5. CfliMa des IcMtlIle* aur lea rarvns tamw^mtm d'un
palnt amiA iMra «■• l'axe* — Si, par un point Q (fig. SS^) situé
hors de l'axe, mais très-voisin de l'axe, et par le centre C de la
première surface réfringente, on mène une droite QD, et qu'on la
regarde comme un axe tecoiidaire relatif an pomt Q , on voit que les
ptilongenients des rayons réfractés par la première surface MN
16S OPTIQUE.
doivent aller se couper en un point Q' de cet aie serondaire. — Par
une raison semblable, les prolongements des rayons réfractés par
la,. seconde surface iront se rencontrer en un point Q*, sitlié sor la^
droite CE qui joint le point Q' au centre de courbure C de la deuxième
auriice.
L'existence d'un foyer se trouve ainsi démontrée, et, pour en
détermiiter la situation avec le degré d'approximalioD que com-
porte une tbéorie où Ton uég%e les aberrations et l'influfloce de.
l'épaisseur, il. suffit de chercher le point d'intersection de deux
rayons quelconques.
& 1 6. CJeatre «ytl^w. — Soîl, sur l'axe d'une lentille, on pwntO
((ig. 358) tel, que ses distances aux centres de courbure des doii
surfaces soient dans le mérae rapport que les rayons AC, A'C. Ilmt
facile de démontrer qu'une droite quelconque OD', puaaat par ce
point, fait des an^es égaux avec les normales menées aux deux sur-
faces réfringentes par les points D et D', oii elle les rencontre"'.
Il en résulte que, »i DD' est la direction que suit i l'iotMear de la
lentille an rayon .réfracté, le rayon incident et le rayon Anergent
seront parallèles.
<" En efTel. n l'on meiuit U normale CD', el si pir le point C on manait iiiw pMaUNe 1
cette dr«il« juiqu'i l« ranroDlre de li lurfaee UN ea un point D,. on aanil. en joigHol
Munitu ce point D, au point C , un trianj^le CD,0 'lui wrail semUable i C'D'O romiie
•janl un angle égal rcMoprû entre eHii proportion nela ; donc Ira angfM en 0 d« ce» devi
trUBgle«fefiienlég*u(,el{«rMile lei Iroû pointa 0,D„D'aeriienl en ligne droite.
LENTILLES SPHÉBIQUES. 167
En général, toutes tes fois que le rayon incident a une direction
telle , que le rayon réfracté ou son prolongement passe par le point 0,
ce rayon sort de la lentille parallèlement à sa direction primitive et
peut recevoir le nom de rayon gam dhiatim. — Le [)oint 0 lui-même
se nomme centre optique.
il7. Bé»g«lB»tl»» Jw fayer bmtbbp— <■»> à wm pmimt
tamlBa«x tsIsIb de r«x«. — Il est maintenant facile de déter-
miner, d'une manière approchée , la positioD du foyer correspondant
à un point lumineux voisin de l'axe, en choisissant, pour l'un des
deux rayons (font on cherche l'intersection, le rayon sans déviation
qui est émis par ce point; l'autre rayon pourra être un rayon quel-
conque, compris dans le plan qui passe par le point lumineux e(
par l'axe.
Soit 0 (fig. 359) le centre optique d'une lentille divergente con-
cave-convexe, comme celles que représentent les figures SSy el 358,
et dont on supposera l'épaisseur négligeable; soient OX son axe,
M un point lumineux voisin de l'axe ; la droite MO , qui joint le point
lumineux au centre optique, peut être confondue avec le rayon sans
déviation, puisqu'on suppose l'épaisseur de la lentille négligeable'";
il suffira donc de chercher l'intersection de cette droite avec te rayon
réfracté provenant d'un rayon incident quelconque MH, contenu
'') Soient C el C {fig. 36o) les cenires de courbure des deuxaarfare» rëfringenteB (tes
turfices ellet-siéniet n'ont pMél^ reprësenlëes ici, atiii de simplifier la figure); A et A'
dans le plan de la figure. Prenons pour axes coordonnés l'aïe OX
de la lentille et la perpendiculaire OY menée par le centre optique 0 ,
les deux wmnicb , 0 le cenire optique ; MI le rayon incident qui donne un raynn émer-
gent l'H' parallèle è sa direction : ce rayon peut être conaidëré com sue émané du point I,
au.'ai bien que du point M. Comme le rayon réfroclë daiu l'intérienr de la lentille eil
dirigé de manière que son prolongement aille [usser jiar le point 0 , ou pvut regarder 0
comme le foyer de I, relativement ila première snrTiire réfringente; pnrwtite, en repré-
sentant la longueur Al par a, et AO par rf, on » (il I)
Par une raison semblable, on peut regarda- le puiil V, où le nyon émergent pirallèk
k MI rencontre l'aie, commsle foyer de 0 relaliteraenl i la xerondi «uriaredela ImliHe.
r'cHt-à-dire que, «n r^ré*entanl AT par n', et AA' par t, on a
1 H _ Il I
H~dT'f Tîf~'
d'où l'on lire
,_ H' rf+.-
Or. le centre optique étant déterminé par la rondilion -^-^ -. j^- , c'esl-à-dir*
l\—l iV—H + e)
K IV
n— H
Or, les quaiiUlcadclii+c, et par iwitc n eta*, wiit dn même ordre de grandeur >|iie
LENTILLES SPHÉRIQUES. 169
dans ie plan qui vient d'être défini. Représentons OP par/?, et PM
par h; l'équation du rayon sans déviation MO est alors
h
y p
Soit A le point où le rayon iMH (ou son prolongement) rencontre
Taxe de la lentille; représentons OA par a : ce rayon coupe Taxe
des y à une hauteur OH, égale à
ah
a^p'
Mais, l'épaisseur de la lentille étant négligeable, le point H ne
diffère que très-peu du point d'incidence du rayon que l'on con-
sidère, oii du point d'émergence du rayon correspondant. Le rayon
émergent passe donc par le point H; sa direction passe aussi par le
point B, foyer conjugué de A, puisqu'on peut considérer indifférem-
ment ie rayon incident comme venant de M ou de A. Soit HS ce
rayon émergent : son équation est, en représentant la longueur OB
par 6,
y ah
X — h (a — Pi b
D'ailleurs, en désignant par /la distance focal<* principale de celle
lentille, la quantité h est lice à a par la relation
I II
Il en résulte que l'abscisse 00 du point d'intersi.'ction cherché N
e^t donnée par l'équation *
-x-\-', Ax — 6)==o.
En supprimant le facteur commun /i, chassant les dénominateurs,
Pépaisseur e, c'est-à-dire Irès-petites. Les cinq points 0, A , A', i , T sont donc très- voisins
les uns des autres, et )a direction de Mû prolongée ne diffère pas sensiblement de celle du
véritable rayon sans déviation MT. 11 n^y a d'exception que si R' — R est Irès-petit par
rapport à R et à R' ; mais, dans ce cas, la leiitille ne diflere que très- peu d*unc lame sphé-
rique très-mince à faces parallèles, dont Teffet sur les rayons lumineux psI tout à fait
inappréciable.
170 OPTIQUE.
ei'divisant tous les termeï» par abpx, on met aisément cette, équation
sous la forme
X p ha"*
d'où Ton tire enfin
11 i
I
Le point N est donc complètement déterminé.
& 1 8. IntA^es des «l^et» émmt les pAtetH wmwkt peu dtatonta
ém l'Axe. — L'équation qui vient d'être obtenue en dernier lieu
montre que l'abscisse x du foyer N (fig. SBg) dépend uniquement
de l'abscisse/' du point lumineux. De là il résulte que les images de
tous les points d'une petite droite MP, perpendiculaire à l'axe de
la lentille, sont sur une autre droite NQ également perpendiculaire
à l'axe, passant par le foyer conjugué du point P et se terminant
à* l'axe secondaire passant par le point M. — De là la construction
de l'image d'un objet quelconque, pourvu que tous les points de
cet objet soient peu distants de Taxe de la lentille.
De ce qui précède il résulte encore que, pour une dimension
linéaire déterminée de l'objet, située à une distance /? du centre
optique, l'image offre une dimension linéaire correspondante. qui
est située à une distance p' du centre optique , et dont la grandeur
est à la première dans le rapport ^ •
Enfin, si ff est de même signe que f, l'image, se trouvant du
même côté du centre optique que l'objet, est droite par rapport à
l'objet; si;^' a un signe contraire à celui de f, l'image, étant du
cAté opposé à l'objet par rapport au centre optique, est rmvenk
par rapport à l'objet. — Ainsi, si Ton convient, pour la généralité
de l'énoncé, d'appeler objet virtuel un système de points lumineux
virtuels peu éloignés de la lentille, on peut dire que :
L'image virtuelle d'un objet réel | , .
L'ima([e réelle d un objet virtuel )
L'image réelle d'un objet réel ) ^,
i image virtuelle d un objet virtuel
LEMILLES Sl'HÉRigtlK.S. 171
Qa voit enlîn que la discussion des valeurs de p\ faite plus haut
(113 et àlà), comprend implicitement toute la discussion relative
aut grandeurs et auï situations d^s images des lentilles. — Le cas
particulier oh p= a/, la lentille étant convergente (it3), mérite
d'ttre remarqué : on a alors p' = — ùJ; il en résulte que l'image est
ré^e, reoYCTsëe et égale en grandeur à l'objet.
àl9. mtmmn 4mm «UMwmm f*Ml
<lll—i — i" Pour les lentilles convergente», lorsqu'on veut mesurer
expérimentalement la distance focale principale, an. peut se borner
i mesurer la distance de la lentille à la petite image dans laquelle
^e concentre les rayons solaires. — Mais on peut aussi faire
usage de la propriété qu'on vient d'indiquer en dernier Heu, et
chercher la position qu'il faut donner à un objet pour que son image
lui soit égale : la distance de l'objet à la lentille est alors le double
de la distance focale principale.
[In appareil construit par M. Silbermann (fig. 36i) permet d'ob-
lenir une assec grande précision dans l'application de ce procédé.
La lentille soumise à l'expérience étant placée en L au milieu d'une
règle divisée, on pose, de part et d'aulre du support' qui la porte,
d'qutres supports auxquels sont fixées de petites lames translucides
ayant la forme de deux demi-cercles inversement placés : l'unde ces
\n OPTIQUE.
demi-Gercles est éclairé par une lampe dont la lumière est con-
centrée sur lui par une lentille A; on regarde l'autre à travers la
loupe B. Une vis à double crémaillère, qui n'est pas visible dans
la figure ci-contre, fait mouvoir simultanément ces deux supports,
de manière qu'ils occupent toujours des positions symétriques par
rapport à L. — Pour mesurer la dblance focale principale d'une
lentille, on foi! varier la distance commune des plaques D et D' à la
lentille, jusqu'à ce que l'image renversée des traits de la plaque D'
vienne se placer exactement sur les traits de la plaque D. La dis-
tance LD, que la règle permet de mesurer exactement, est alors le
double de la distance focale principale.
9° Pour les lentilles divergentes MN (fig. 36;! ), on peut faire arri-
ver en deus points différenls deux faisceaux lumineux étroits AA',BB',
parallèles à l'axe, et chercher la distance à laquelle il faut placer un
^ran PQ pour que l'intervalle des points a, b, où les faisceaux
réfractés le rencontrent, soit double de l'intervalle des points d'inci-
dence A', B' sur la lentille. La figure montre que cette distance HK
est alors égale à la distance focale principale KF'".
"> Il cal a\»ê de \o\r qu'une méthodi- «einhltible pt^ <ftrc aiipliiiuée i !• détcnniMlion
de la diiUiice focale priiKi|Mle dei leiillllcs oonvtrgmileK.
LENTILLES SlMlEIlKjliES. 173
420. AbcpnMkM*M Ûtu leMtlIle». — I«bMII«« m écli«l«wk—
Lorsque l'ëtendue angulaire des surfaces réfringentes des lentilles
n'êat pas négligeable , tes rayons marginaux (^nianrs d'un poinl lumi-
neux font leur foyer en un point seuMblcnicnt <)iiï(-r0nt du foyer des
rayons rentrant, f^a Bgure 363 montre que, pour une lentille conver-
gente, le foyer des rayons marginaux parallèles à l'axe est plus rap-
proché de la lentille que le foyer des rayons centraux '". — On peut
considérer d'ailleurs ici, comme pour les miroirs, deux espèces
à'aberratiotu qui seront délînies exactement de la même manière.
Réciproquement, lorsqu'on emploie des lentilles convergentes
dont tes surfaces réfringentes ont une étendue angulaire assez consi-
dérable, il est impossible de donner à un point lumineux une posi-
tion telle, que les rayons réfractés par la lentille en sortent tous
parallèlement à l'axe. — On doit à Fresnel un système de lentilles,
dites lentilkt à échelon», qui permettent de recueillir la lumière émise
par une source dans un espace d'une étendue angulaire très-grande.
et d'obtenir è l'émergence des rayons sensiblement parallèles.
Une lentille à échelons se compose, en général, comme l'in-
dique le figure 366, d'une lentille plan-convexe L, dont le foyer
principal est en F, par exemple, et qui n'a qu'une ouverture angu-
laire assez petite : cette lentille est environnée d'une série d'anneaut
m', hh', ce'. M, dont les surfaces convexes sont calculées de façon
<'' Voir, pour \e tracé At* ravons liiininciix rérrerlt'*, l« noie de la page ^ciy.
174
OPTIQUE.
([lie le foyer principal de chaque anneau se Irouve au point. F. II
en résulte que les rayons émanés d'une source lumineuse placée
en F, et tombant sur toute la surface lenUculaïre, donnent nais-
sance à un faisceau émergent qui est sensiblement parallèle à l'axée,
et dont l'intensilé reste sensiblement constante jusqu'à des distances
Irès-considérables : c'est là la question qu'il s'agiasait de résoudre
pour l'éclairage des phares , et c'est cette solution qui est aujourd'hui
universellement utilisée.
THÉORIE GÉNÉRALE DES CAUSTIQUES.
mire, — Soit un faisceau de rayoos
tuaimeuxCA,DR(6g. 365), parallèles entre eux et conséquemment
oonnaux à un plan donné AM : supposons que ces rayons tombent
sur un plan rérringent AB. Les rayons réfractés AE, BF constituant
«ncore un faisceau parallèle, on peut les considérer comme nor-
maux à un troisième plan AM', mené par t'interseclîon A des deux
premiers. .D'un point P de la surface réfringente, abaissoi)s les
perpendiculaires PR et PR' sur les deux plans AM et AM'. Le
plan mené par ces deux perpendiculaires sera perpendiculaire à
l'intersection commune A, et, si on le prend pour plan de la figure,
il suffit de considérer les triangles APR et APR' pour apercevoir
qu'on a la relation
PR' sinPAR' I
W sinPAlf";»'
R étant l'indice de réfraction. Mais si, du point P comme centre, on
décrit des' sphères avec les rayons PR et PR', elles seront tangentes
aux plans AM et AM' en R et en R'. Par conséquent, si de tous les
176 OPTIQUE.
uoints Ju plan rétringeat on décrit d'abord des sphères tangentes
au plnn AM, puis d'uiitres sphères dont les rayons soient respecti-
vement égaux à ceux des précédents divisés par l'indice de réfrac-
. lion, ces dernières sphères auront pour plan tangent commun, ou
pour enveloppe, du cAté de AM, un plan normal aux rayons réfrac-
lés. On peut donc énoncer le lemme suivant :
.SV un fnitceau de rayon» normaux à wi plan donné titt rifraeU par
une surface plane , el qu'aulour de ckaeun ila point» du plan réjrwgenl
comme ceuire on décrive ifabord une xpiiire tangente au plan normal tur
le» rayon» incident», pui» une nphère dont h rayon toit à celui de In pré-
cédente comme l'unité est à l'indice de réfraction, l'envdôppe de (oiitM le»
sphère» du tecond »y»lème, du cAté du plan norinalaux rayons iiici-
dents, «etïi un plan normal il In direction des rayon» r^tvctés.
&'23. TkéM-èMti feMlMiMBltf Je I» Ikéwto 4e 1» réfipM-
tkmm el fie ■• rM^itoHU (Tfcéfèie île «erjiawf.l — Soient
maintenant (fig. 366) des rayons normaux à une surface quel-
conque S, qui rencontrent unesurface réfringente quelconques. Pre-
nons sur la surface S un élément m infiniment petit, et considérons
THÉORIE GÉNÉRALE DES CAUSTIQUES. 177
le faisceau mince qui lui est normal : ce faisceau découpera sur S un
élément |u; et comme, en vertu de leurs dimensions infiniment petites,
on peut confondre ces éléments avec les plans tangents, le lemme
précédent sera applicable. Donc, en décrivant autour des points de
l'élément |u , comme centres, des sphères tangentes à l'élément ni, et
ensuite d'autres sphères dont les rayons soient égaux à ceux des
précédentes, divisés par l'indice de réfraction, on déterminera, par
les intersections successives de ces dernières sphères, un élément
plan m' normal aux rayons réfractés par l'élément (x. La même cons-
truction , répétée pour tous les éléments de la surface 2 , engendrera
une infinité d'éléments tels que m\ dont l'ensemble constituera une
surface S' normale aux rayons réfractés. De là le théorème général
suivant :
Des rayons normaux à une surface quelconque étant réfractés par une
surface quekonque, on obtient une surface nornmle aux rayons réfractés
en construisant autour de chaque point de la surface réfringente, considéré
comme centre, d'abord une sphère tangente à la surface normale sur les
rayons incidents, puis une sphère dont le rayon soit égal à celui de la sphère
précédente divisé par l'indice de réfraction, et en cherchant la portion de la
surface enveloppe des sphères du second système qui est située du même côté
de la surface réfringente que la surface normale aux rayons incidents ^^K
Il n'est pas inutile de faire remarquer que, si l'on connaît une
surface normale aux rayons réfractés , on en peut obtenir une infinité
d'autres, en portant des longueurs égales sur les rayons réfractés
eux-mêmes, à partir des points où leurs directions rencontrent cette
surface.
Les sphères du premier système ont pour enveloppe, d'un côté
delà surface réfringente, la surface normale aux rayons incidents.
Mais «lies ont encore une autre enveloppe, de l'autre côté de la sur-
face réfringente, et il est facile de démontrer que cette deuxièmf
enveloppe est normale aux rayons réfléchis. — On peut donc réunir
dans un énoncé unique les deux théorèmes relatifs à la réfraction et
''') Celhéorèine, (jui compreiicl el résume loiito la ihëorie de la réfraclion, a été dé-
montré analytiqnement, pour la prcmièrp fois , par Gergonne; mais il a été le résultat défi-
nitif d^un ensemble étendu de rccliercbes, dû tant à Gergonnequ'ù Malus et à MM. Charles
Dupin et Sturm. La démonstration géométrique qu'on vient de lire est empruntée à un
pt-ofeasear belge , M. Timmermans.
Verdct, ni. — Coiu's de pliys. 11. ta
ITS OPTIOL'E.
n la réflexion, en considérant la réflexion conDine une réfraction
dont l'indice serait égal à ^i .
/i23. Censéquences du tltéoréine précédent* — D'impor-
tantes conséquences se déduisent du théorème qui précède :
1° Des rayons primitivement normaux à une surface (et par con-
séquent des rayons émanés d'un point unique, qu'on peut toujours
regarder comme normaux à une sphère) sont encore normaux à une
surface, après un nombre quelconque de réflexions ou de réfrac-
tions. — Le calcul nécessaire à la détermination (Je cette dernièrq
surface n'exige que des difl'érentiations et des éliminations.
â"* Etant données les surfaces auxquelles les rayons lumineux
sont normaux, avant et après un système quelconque de réfractions
et de réflexions, on peut toujours trouver une surface réfringente
(ou réfléchissante) unique, d'indice de réfraction donné, qui pro-
duise le même efl'et que le système entier des réflexions et des ré-
fractions. Il suflit de chercher une surface 2 telle , que deux sphères
ayant leurs centres en un même point de cette surface et tangentes
respectivement aux surfaces S et S' aient leurs rayons dans le rap-
port de l'indice de réfraction à l'unité.
S*" Après un nombre quelconque de réfractions et de réflexions,
les rayons émanés d'un point forment deux systèmes de surfaces
développables, qui se coupent à angle droit. L'ensemble des arêtes
de rebroussement de toutes les surfaces développables d'un système
est une nappe de la surface caustique. Cette surface est donc, en
général , à deux nappes. — Lorsque les surfaces réfringentes sont
toutes de révolution autour d'une droite passant par le point lu-
mineux, l'une des nappes de la surface caustique se réduit à
l'axe de révolution; l'autre est une surface de révolution autour de
cet axe.
■ •
&° Tous les rayons qui constituent un faisceau réfracté [ou réfléchi)
infiniment délié vont rencontrer deux droites infiniment f élites, contenues
dans deux plans rectangulaires, (Théorème de Sturm.)
Ce dernier théorème, dont la démonstration analytique et la véri-
fication expérimentale sont dues à Sturm, peut se déduire aisément
du théorème fondamental de Gergonne. — Soit ACBD (fig. 367)
THÉORIE GÉNÉHALE D£S CAUSTIQUES. «79
uoe portioD de surface infiniment petite, à laquelle sont normanx
les raj^oos lumioeux d'un faisceau inâniment étroit. Par le centre
de gravité, ou par un point quelconque 0 de cette surface, nie-
noDs les deux lignes de courbure orthogonales AB, CD; par an
point M de la ligne AB menons la ligne de courbure M'MM' per-
pendiculaire sur AB. On pourra , en négligeant des infiniment pe-
tits d'ordres supérieurs , considérer toutes les normales à la surface ,
menées par les divers points de M'MM*, comme rencontrant en an
même point F la normale menée par le point M. On en dira autant
de toutes les normales menées par les points d'une autre ligne de
courbure perpendiculaire sur AB, et l'on établira ainsi que tous les
rayons vont rencontrer le lieu des points F, c'est-à-dire une droite
infiniment petite, contenue dans la surface développable qui a pour
génératrices les normales menées par les divers points de AB. —
On établira de même que ces normales vont rencontrer une autre
droite infiniment petite contenue dans une surface développable,
orthogonale sur la précédente , puisqu'elle a pour génératrices les
nonnales menées par les divers points de CD. D'ailleurs, deux-sur-
faces développaUes orthogonales et infiniment petites se réduisent à
deux plans rectangulaires.
â3â. WmamgKm par réfir«ctt«M «v p^ réiB«»lwfc — Le théo-
rème de Sturm montre qu'il n'y a pas, à proprement parier, dans
le cas général , d'images par réfraction ou par réflexion. — Cepen-
dant, lorsque l'intervalle des deux droites focales est une petite frac-
tion de la distance qui s^are chacune d'eUea du diaphragme par
lequel le faisceau est limité, les droites focales sont tris-petites toutes
1180 optique;
les deux, et le faisceau rëfracté est très-resserrë sur lui-même, dans
la région intermédiaire à ces deux droites, et même un peii au delà ,
des deux côtés. 11 y a donc un espace de quelque étendue dans
lequel il est possible d'obtenir sur un écran une image passabli^
d'un objet lumineux.
Si cet objet est une droite parallèle à Tune des lignes focales,
l'image offrira la plus grande netteté possible, lorsqu'on la recevra
sur un écran passant par cette ligne focale.
Dans le cas générai, le maximum de netteté aura lieu lorsque
l'intersection du faisceau par l'écran différera le moins possible d'un
cercle.
Enfin, si les deux droites focales se coupent, tous les rayons ré-
fractés doivent passer par le point d'intersection, qui mérite alors
complètement le nom àe foyer,
ii25. AppllMitleii à 1» Miéorie de 1» Yisien «u truvers
d*iiii milieu réliriitir^iit terminé pur une surfiiee plane. —
Les considérations qui précèdent s'appliquent évidemment aux images
virtuelles, aussi bien qu'aux images réelles,^ et font disparaître les
difficultés qu'on rencontre dans la théorie ordinaire de la vision au
travers d'un ou plusieurs milieux réfringents.
En effet, lorsqu'on veut déterminer ce qu'on appelle le foyer vir-
tuel d'un point lumineux par rapport à un plan réfringent, en cher-
chant le point d'intersection des prolongements de deux rayons ré-
fractés infiniment voisins, nous allons montrer qu'on trouve pour ce
foyer deux positions très-différentes, suivant qu'on emploie, pour
le déterminer, des rayons voisins également inclinés sur la normale à
la surface réfringente, ou des rayons voisins contenus dans un même
plan normal à cette surface.
i*" Soit un point lumineux S (fig. 368), placé dans l'eau, par
exemple, et émettant des rayons qui tendent à passer dans l'air
extérieur; nous ne considérerons d'ailleurs que les rayons dont l'in-
cidence est telle qu'ils puissent émerger. Il est évident que tous les
rayons incidents partis de S , dans des directions également inclinées
sur là normale SN, tels que Si, SI, Sa, prennent, après la réfrac-
tion, des directions telles que leurs prolongements aillent se couper
THÉORIE (iÉNÉRALE UKS CAUSTIQUES. 181
en rm même point F, situ^ sur cette normale : an a alors, en dé-
signant [lar ( l'angle fornii' par l'un des rayons émergents et la nor-
male, et par r l'angle fornié par l'un des ravons incid<>nls el la nor-
male,
l^ = IKsin.^=ISsinf,
H'oii l'on tire, en daignant par n l'indice de réfntelton de l'eau.
(.) IK-lSi;
on a d'ailleniv, en même temps.
e qui d
FN-SN-
et ces relations (i) et (4) déterminent ta position du point F.
9* Si maintenant, pour le même point lumineux S, on considère
te point d'intersection P des prolongements des rayons réfractés qui
correspondent à deut rayons incidents infiniment voisins SI, SI'
(fig. 369), contenus dans un même plan normal à la surface ré-
fringente, les deux triangles infinitésimaux SU', PII' donnent
1R2 OfTIQLK.
d'où l'on tire, en éliimrianl M' (filtre ce» équations.
uu i;n\u\, en remarquant que la r«latiàn sioi^iisinr doniin, par
différent iatioii , cos idi = n cosrrfr,
(I Ar>) [l»=IS;-~::
on n d'dillciirs, un inèmc temps.
PH^IPcosi
SPi IScosr'
ce qui donne „
\ ' n cos' r
et ces rrifilions (i èi's) et (a i«) déterniiiii'nl lu po-silion dii point P.
absolument diffi'rcnle, comme on voil,<lc celle du piiiiil K((i([, 30^*.
— Il semble d'ailleurs qu'il n'j nit pa>i de raison d'adopter l'uiio
des solutions plutôt que l'autre.
Mais, en réalité, les points F et I* ne sont pas des foyers; ils. dé-
linîssent les positions des doux droites focales, relatives au'faisceau
étroit que limite l'oiivertiii-e de la pupille. — En effet, en. consi-
dérant les rayons de ce faisceau comme distribués suivant des sur-
faces coniques, ayant S piiur sommet el SN pour axe, on voit qu';i-
pi'ès la réfraction les sominels des cônes réfractés sont distribués
THÉORIE GÉNÉRALE DES CALSTIQIJES. 183
suivant une petite longueur de la normale NS, au voisinage de F.
De méme^ en prenant les rayons situés dans divers plans normaux,
on obtient pour le point P une série de positions distribuées sur
une petite droite perpendiculaire au plan normal moyen. Il nV a
donc pas de foyer véritable , mais un simple étranglement du fais-
ceau réfracté, entre les points P et F et dans leur voisinage; par con-
séquent, Tcnl ne peut apercevoir qu'une image très-imparfaite d'un
objet situé deitière le plan réfringent.
Cependant, si Tobjet est un fil de petit diamètre, normal au plan
réfringent, l'ensemble des droites focales situées sur la normale
pourra être considéré comme une image nette, excepté aux extré-
mités. — An contraire, si l'objet est un fil de petit diamètre, per-
pendiculaire an plan moyen de réfraction, c'est l'ensemble des droites
focales horizontales qui constituera une image nette, sauf aux extré-
mités.
•V Enfin,' si l'incidence est voisine de l'incidence normale, ne
' ' cosr
différant pas sensiblement de l'unité, les droites focciles seronl très-
près de se confondre, et on pourra, par approximation, admettre
l'existence d'un véritable foyer et d'une véritable image virtïielle,
quelle que soit la forme de l'objet.
ii26. ¥l0ieii au truYcrs d*un prisme. — La position des
droites focales peut encore être déterminée facilement dans le cas
d'un prisme, lorsque le plan moyen de réfraction est perpendiculaire
H l'arête. — Cette détermination conduit d'ailleurs, comme on va
le voir, à une conséquence importante lorsque, le prisme étant dans
la position du minimum de déviation , le faisceau lumineux est très-
voisin de l'arête réfringente.
• Soient MIN (fig. 870) l'angle réfringent, S le point lumineux. Soit
SI le rayon lumineux, qui forme l'axe du faisceau incident que l'on
considère : on supposera ce rayon contenu dans un plan peipendi-
culaireè l'arête réfringente, et tombant sur l'arête elle-même; soient
alors IH le prolongement du rayon lumineux après la première ré-
fraction, IK le prolongement du rayon lumineux après sa sortie du
prisme. — Si l'on .considère d'abord , avec le rayon SI , les rayons
ialinimciit voisins qui sont contenus dans te même plan perpendi-
culaire à l'arête du prisme , ils seront réfractt>s par la première sur-
face de manière que leurs prolongements aillent se couper sur IH.
en un point F défini par la condition
après la seconde réfraction, ces mêmes rayons auront des directiou
telles, que leurs prolongements aillenl se couper sur IK, en UD point
S' dé6ni par la condition
ou bien
is'==is-);^;;^!.;
or, dans l'hypothèse du niininiuiu de déviation, cette condition st
réduit à IS' = 1S; donc déjà l'une des droites focales passe par le
point S', situé sur le prolongement du rayon émergent, à la même
distance de l'aréle réfringente que le point lumineux. Si l'on consi-
dère maintenant, avec le rayon SI , les rd}ons infiniment voisins qui
sont contenus dans le plan mené par SI et par l'arête réfringente, on
peut remarquer que ce plan se confond avec un élément de la sur-
face conique qui aurait pour sommet le point S, pour a\c la normale
THÉORIE CJÉNÉRALE DES CAUSTIQUES. 185
menée du point S à la surface MI et qui passerait par le point I.
Les prolongements des rayons réfractés correspondants iront donc
se couper sur IH en un point F, défini par la condition
IF, = ISxw.
De même, après la seconde réfraction, ces rayons iront se coUper
sur IK en un point Sj , qui serait défini par la condition
ou bien
is;==is:
ainsi le point S' et le point S[ se confondent, et les deux droites
focales coïncident.
Donc, lorsque le prisme est, par rapport à l'axe du faisceau lumi-
neux, dans la position du minimum de déviation, il donne une
image virtuelle d*un objet , égale en grandeur à Tobjet et située S
la même distance de l'arête réfringente. Cette image se verrait net-
tement en mettant l'œil très-près de l'arête du prisme , si le phéno-
mène de la dispersion n'existait pas. .
DE L'ŒIL ET DE LA VISION.
427. V^ «vers HilHciix rélktmtsemâm ëm TmÊâ. — La des^
cription complète de TopiL appartient à laiiatoinie descriptive : on
rappellera seulement ici la disposition relative des divers mUieux ré-
fringents qui concourent à la formation des images.
LVnveloppc externe de Tœil est formée, comme on sait, en avant
par la cornée transparetite , en arrière et latéralement par la scléro-
tique ou cornée opaque. La sclérotique est tapissée intérieurement
par la choroïde, qui se réfléchit de manière à former les procès ci^
liaires ; ceux-ci maintiennent le cristallin dans une position perpen-
diculaire à l'axe horizontal du globe oculaire. En avant du cristallin,
et immédiatement en contact avec lui et avec les procès ciliâires, est
une cloison constituée par la membrane de l'iris, dans laquelle se
trouve l'ouverture de la pupille.
Vhumeur aqueuse remplit l'intervalle compris entre la cornée
transparente et la membrane de l'iris, c'est-à-dire la cavité désignée
S3US le nom de chambre antérieure ^*^ — Le corps vitré remplit la
cavité contenue entre les procès ciliaires, le cristallin et le fond de
l'œil.
En6n la partie postérieure de cette cavité est tapissée par la
membrane sensible qui a été désignée sous le nom de rétine, et qui
n'est qu'un épanouissement du nerf optique auquel la sclérotique
donne passage.
Les conditions desquelles dépend la formation des images, par
cette succession de divers milieux, sont, d'une part, les rayons de
courbure de leurs surfaces de séparation et les distances qui existent
entre ces surfaces: d'autre part, les indices de réfraction de ces mi-
lieux eux-mêmes.
^'^ On a cm ioiigiom|)s qiril existe itn es|>«ice entru l'iris et le cristallin : c'est ce qu'on
ii\ait noBimé la rliambre |XMléneure; elle coniniuniquiiilavec la cliainhre antérieur*; par
Tninerture di* la piipillo. Il parait aiijoiinrhni liien établi que Tiris pst immérlialetneiil
itppliqiié sur It- crislalliii, <l ipi'il nV\»sle |>as, eu réalih'*, île cliambre |M»sIérieiirc.
DE L'OEIL KT DE LA VISION. 187
L observation a fourni, pour l'œil de Thomme, les; valeurs
movennes suivantes :
OlMElfSlOHS MOYENNES MESURÉES 80R L'ŒIL DE L'HOMME.
Diamètre antéro-postérieur du globe oculaire s 5 millimètres.
Distance de la comëe transparente au cristallin '^
Épaisseur du cristallin I\
Dîstimce du cristallin au fond de l'œil 40
Épaisseur de la rëtine o""",i ii o"",-!
Rayon de courbure de la coruëe ti*aiispai*ente 8 millimètres.
Rayon de courbure de la pramière surface du cristallin. 10
Rayon de courbure de la seconde surface du cristallin '\ 0 -
l>mCES MOYENS DE RÉFRACTION.
Cornée h*anspai*ente i,35o7
Humeur aqueuse 1 ,34-jo
Cristallin, coucbe externe. i,/ioo3
.Cristallin, couche movenne i.ltaqli
Cristallin , noyau central . . 1 M^^ 1
Corps vitré 1 ,3485
^28. Hé la théorie physique de 1» visien. — Les deux sur
faces de la cornée étant partout sensiblement équidistantes, on peut
négliger leur action sur les rayons lumineux et raisonner -comme
si ces rayons passaient immédiatement de Tair dans l'humeur
aqueuse.
Un faisceau conique émané d'un point lumineux éprouve alors
trois réfractions successives,. en passant : i"" de l'air dans l'humeur
aqueuse; 9** de l'humeur aqueuse dans le cristallin; 3** du cristallin
dans le corps vitré. II est facile de voir que ces réfractions tendent;
toutes les trois, à le transformer en un faisceau convergent. En
effet, les deux premières surfaces réfringentes sont convexes, du côté
d'où vient la lumière, qui est aussi le côté du milieu le moins ré-
fringent; la troisième surface est concave du côté d'où vient, la lu-
mière, mais comme ce côté est celui du milieu le plus réfringent,
cfctte troisième réfraction a encore pour effet d'augmenter la con-
^'^ La fornie de la rornéc est ù peu près» sphériqut^. La f'urnie réelle de la première sur-
face du rrislallin esl celle d'un ellipsoïde de révolution ; la forme réelle de la seconde sur-
face est celle d'un paraboloïde de révolution.
!88 OPTIQUE.
vergence déterminée, par Jes deux premières ^^l — H doit donc se
former, au delà de ces trois surfaces, une image réelle et renversée
des objets extérieurs, tant que la distance de ces objets à l'œil n'est
pas inférieure à une limite déterminée.
Si celte imago est dépourvue d'aberrations et se forme sur la ré-
tine, les impressions produites par les rayons émanés des divers
points d'un objet extérieur affectent des points différents de lasor-
face nerveuse sensible, et, dès lors, elles peuvent être distinguées les
unes des autres. Si Ton supposait, au contraire, que, l'appareil ré-
fringent étant supprimé, la rétine fût directement exposée à l'action
de la lumière, il ne pourrait y avoir qu'une sensation uniforme, ré-
sultant de la superposition de tous les faisceaux lumineu.)^ envoyés
par les objets extérieurs, et tout à fait impropre à nous révéler l'exis-
tence distincte de ces objets et l'ordre dans lequel ils sont disposés.
Si l'image se forme en avant ou en arrière de la rétine , ou si elle
est affectée d'aberrations notables, les impressions diverses empiè-
tent plus ou moins les unes sur les autres, et la séparation. des sen-
sations correspondantes est imparfaite. — On conçoit, par ces con-
sidérations succinctes, comment la possibilité de la vision est liée à
la formation d'une image sur- la rétine, et comment la netteté de Iji
vision dépend de la, netteté de cette image elle-même.
ha théorie physique de la vision doit comprendre exclusivenieiti
l'examen de l'image réelle qui se forme dans l'œil et de l'appareil ré-,
fringent qui la produit. — Les phénomènes consécutifs appartiennent
à la physiologie. L'étude de ces phénomènes, qui doit toujours finir
par s'arrêter devant un fait primitif et inexplicable, savoir, la iranfr!-
formation de l'impression niatérielle en {sensation, r^e donne guère
de résultats qu'il importe au physicien de connattre. Il lui suffit dé
savoir que la nature des sensations visuelles ne dépend pas .dé
l'agent qui les produit, mais uniquement des propriétés vitales du
nerf optique : qu'une inflammation morbide de la rétine, un coup
''^ 1,6 foyer principal d*une surface concave réfringente étant délemiiné par Inéquation
- ^= — = — , si n est plus petit (pie riinitê, n f^i négatif, et par conséquent le foyer est
réel. L'çfTct de la burfacc réfringente, cbt dune de ixMidre convergent un faisceau paral-
lèle.
DK L'OEIL ET DE LA V1S10^. 18«
sur l'œil, une opération cbirurgicale sur le nerf optique déterminent
In sensation des couleurs, tout aussi bien que la lumière, et n'en
déterminent pas d'autre. De tous ces faits d'expérience on ne doit
pas conclure que la nature de la sensation soit indépendante de la
nature de la lumière, ce qui serait contradictoire à l'expérience,
mais simplement que la dépendance des deux ordres de phénomènes
ne peut âlre établie que d'une manière empirique, et que toute
théorie a priori serait vaine en cette matière.
i29. Ifrenve eKpérim«Bt»le d« 1» forma Mon d'une ianase
W9wwmmmtit wmm I» ré*ln«etd« rexlstenced'un «entre optique
AMMi r«il. — La disposition suivante, qui est due h Volltmann,
pennet de démontrer que les objets placés devant l'œil, h une dis-
tance convenable, donnent sur la rétine une image réelle renversée,
et que, dans le système réfringent complexe qui constitue l'œil, il
se trouve un point qui jouit des propriétés du centre optique des len-
tilles.
Oo trace sur un caKon plan une série de lignes droites AA', BB',
ce, qui se coupent en un même point 1 (fig- Byi); aux points A,
¥i,,3-,,-
B, C, situés à la même distance du point d'intersection, on fixe des
fentes verticales étroites, derrière lesquelles on place des lumières;
190 OPTIQUE.
en \'y B'. (Yj de l'autre côté du point 1, on fixe d'autres fentes
verticales. On prend alors un œil de bœuf, que fon a préparé de
manière à bien l'isoler extérieurement à sa partie postérieure» et
dont on a aminci la sclérotique de façon à la rendre transparente.
On pose cet œil au-dessus du point I , de manière que la cornée soit
tournée du côté des fentes lumineuses A, B, C, et on le déplace jos-
(|u'à ce que les deux images a, b des fentes A et B, qui se fonnent
sur la rétine et que l'on aperçoit au travers de la sclérotique amincie*
soient bien en ligne droite avec les fentes elles-mêmes, pour on obser-
vateur placé successivement derrière les fentes A' et B'. Lorsque cette
condition est satisfaite, il se trouve qu'elle l'est également pour toutes
les autres fentes, telles que C, quel qu'en soit le nombre. Les droites
qui joignent l'image d'un point lumineux sur la rétine à ce point
lui-même se coupent donc toutes en wi mime point, c'est-à-dire que
ce point se comporte, par rapport au système réfringent qui. cons-
titue l'œil, i;omme le centre optique par rapporta une lentiHe. il
en résulte que' les grandeurs des images formées dans Tosil seront
liées à celles des objets par les relations qui ont été établies pour
les lentilles convergentes.
La position de ce point remarquable parait être à Tintérieur du
cristallin , à un ou deux dixièmes, de moUimàtre de 1^ s^fiOûàt agay
face; il est donc situé à peu près à i5 millimètres en aviuit d%l»
rétue, pour un œil moyen.
&30. FrcTcemple jmj ■irtti »;Ui
la Mctteté «e llBMise ce la Bettolé «e la ^trta». — Un ffni
nombre d'expériences démontrent le fait^ qui a été admis plus haot
(A28), de la liaison qui existe entre la netteté de Timage et h nel*
teté de la vision. On citera seulement ici Texpérience suivante, qui
est due à Scbeiner.
On place devant Tœil une carte percée de deux trous d'^ingle,
situés sur une même ligne verticale et séparés par un intenraHe
moindre que le diamètre de la pupille; on regarde au travers de
ces ouvertures un objet délié très-voism, tel que la pointe d'une
«iguille placée horizontalement; on constate que Fobjet apparaît
double, si sa distance à l'œil est suffisamment petite; si Ton retire
DK l/OKIL ET DE \A VISION. IWl
ntors la cartn, on ne voit plus que très - Cj^nfuaéraent l'objet, nu
inénie on ne l'apprçoit plus du tout. — Si mûinlenaiil on n-plarc b
carte et qu'on /loigne successivement l'objet de l'œil, on consliile
que les deux images se rapprochent l'une do l'autre; loi^qu'elles
arrivent à se confondre exactement, on reconnaît qu'on peut retirer
l:i carte sans que les contours de l'objet perdent leur netteté. ^
La figure Z'jù fait immédialement concevoir ces divers [i^éno-
mènes. Lorsque la pointe de l'aiguille P est très-voisine de la carte, k*
foyer conjugué du point P par rapport à l'œil est situé en un point V\
au delà de la rétine, dont la position est indiquée ici par un trait
discontinu; par suite, les deux faisceaux étroits PA et PB-qui pas-
sent par les (rous de la carte viennent rencontrer la rétine en deux
régions différentes et donnent naissance à deux impressions dis-
liflctes. Lorsqu'on retire la carte, la rétine est éclairée suivant la
section du cône qui a pour sommet le point F', et il en résulte une
impression confuse, qui peut n'avoir aucun rapport précis avec la
forme de l'objet lui-même. Ënlin, quand on éloigne progressive-
ment le point P, le foyer conjugué P' se rapproche de la rétine,
el les deux impressions se réduisent îi une seule au moment où le
|iO!nt P' se trouve sur la rétine : on conçoit donc que , à cet instant ,
on puisse enlever la carte sans que la sensation cesse de rester par-
faitement nette'".
'" Un myopa obsene une duplication de l'iin^ij^e «iiMi Lion lorMjiic l'obji'l ni Irop <^lui-
(jn# de t'œil que lorsqu'il en ml Irnp voisin.
192 OPTIQUE.
431 . Restrieti«B à im géuémMté mMèmmlum de te lUii0«B
précédente. — La théorie de la liaison entre la netteté de l'imagé
et la netteté de la vision, lorsqu'on la prend dans un sens absolu,
semble indiquer que, si l'image d'un objet se forme exactement sur
la rétine, l'œil doit toujours apercevoir jusqu'aux plus petits détails
de cet objet. — Elle semble indiquer, d'autre part, que si l'image ne
se forme pas rigoureusement sur la rétine, elle doit toujours offrir
des contours plus ou moins confus.
Or l'expérience apprend, au contraire, que la vision distincte,
c'est-à:-dire la vision oii les contours des objets sont nettement
tranchés, n'a pas toujours pour conséquence la vision des derniers
détails; c'est ainsi que nous voyons nettement le contour de la
lune ou d'une chaîne de montagnes éloignée, sans pouvoir discer-
ner les détails que présentent ces objets. — D'un autre c6té, il est
impossible que l'œil, conojue tous les autres organes, ne tolère pas
certaines déviations des conditions idéales qui 9ont nécessaires à
l'exercice parfait de saT fonction propre.
La solution de ces deux difficultés doit être demandé^ ^ l'expé-
rience : elle répose sur le fait fondamental suivant.
Â32. tiB «l^et B*est «ewilMe m Mm vue que mk les dinkettr
el«iui de eoB tauice eur te rétine exeèdent itae llaUte dé-
temilnée« — Les expériences de Volkmann, sur des cheveux placés
devant un fond blanc ou sur des fils d'araignée placés devant un
fond noir, montrent que l'impression produite par ces objets est
insensible : il est impossible de les distinguer du fond sur lequel ils
se projettent, lorsque les plans menés par leurs bords et le centre
optique de l'œil ne forment pas un angle supérieur à une limite
déterminée. Pour les vues ordinaires, cette limite est d'environ
1 5 secondes ; pour certains yeux, elle s'abaisse à lo secondes; pour
d'autres, elle s'élève à ao secondes. La largeur correspondante de
l'intiage formée sur la rétine est d'environ ^ de millimètre ^''.
''^ Ces nombres ne conviennent qu*à la partie centrale de la rétine: la neoiâbiliU^ d'ap*
précialion de» parties périphériques est beaucoup moindre. Ils dépendent aussi de i*in-
tensité lumineuse; iU diminuent beaucoup lorsqu^on op^re, non plus sur un 61 d^araignée
tendu devant un fond noir, mais sur un fil de platine porté â rincandesceuce.
DE L'OEIL ET DE LA VISION. 19;i
Ce phénomène offre une nnalogie manifeste avec une loi générale
(le la sensibilité tactile, qui a été démontrée par M. Ernest Weber.
Le sens du toucher ne peut apprécier l'intervalle de deux points
qu'autant que cet intervalle est supérieur à une certaine limite. C'est
ainsi, par exemple, qu'en appuyant simultanément les deux pointes
d*un compas sur la main on ne perçoit deux impressions distinctes
que si la distance de ces deux pointes entre elles n'est pas trop faible.
— La limite de distance à partir de laquelle l'intervalle qui sépare len
deux impressions devient perceptible est d'ailleurs variable pour les
diverses régions du corps. Elle n'est que de s ù & millimètres sur
la face palmaire des doigts; elle est d'environ 3o millimètres sur le
dos de la main; enfin elle atteint 55 à 65 millimètres sur la peau
qui couvre la colonne vertébrale.
L'anatomiste doit chercher à expliquer, par la structure de la
rétine et par les dimensions de ses derniers éléments organisés, le
fait qui est énoncé au commencement de ce paragraphe , et qui est
fondamental pour toute cette partie de la théorie de la vision. Le
physicien peut se borner à en déduire les conséquences suivantes :
1* La netteté de la vision n'a aucun rapport avec la visibilité des
détails plus ou moins délicats; à netteté égale, les dimensions ab-
solues du plus petit détail visible varient en raison inverse de la
distance des objets à l'œil.
â"" Toute déviation des conditions idéales de la vision parfaite,
qui ne donne pas à l'image d'un point lumineux des dimensions
égales à celles de la plus petite image perceptible, est tolérée par
l'œil et n'altère pas la netteté de la vision. Il résulte en effet de
ces déviations que le contour de l'image d'un objet est bordé d'une
zone à teintes dégradées, qui a précisément pour largeur le dia-
mètre du cercle d'aberration d'un point lumineux unique; si cette
largeur n'atteint pas la limite nécessaire à la perception des images
rétiniennes, la zone à teintes dégradées est pour Tœil comme si elle
n'existait pas.
433. Des ékifmrmem espèces de vues. — On peut distinguer
quatre espèces de vues, différant entre elles par les limites des dis-
tances auxquelles elles distinguent les objets.
VcwiT, ll[< — Courfi de |iliys. H. i.'{
194 OPTIQUE.
i" Vno. nonntih, — Un œil normal voit distinctement les objets
situés à une distance très-grande, comme la lune, les montagnes ou
les édifices éloignés : les contours de tous ces objets lui apparais-
sent nettement tranchés, sans que les détails en soient sensibles. Il
voit encore distinctement, et sans avoir conscience d'un effort sen-
sible, des objets situés l\ une distance beaucoup moins considérable.
Enfin, il voit également d'une manière distincte, mais avec la con-
science d'un effort intérieur, les objets très-voisins, jusqu'à une dis-
tance minima qui est d'environ 1 5 centimètres en moyenne. —
Au-dessous de cette dernière limite, toute vision dis(incte est im-
possible.
1° Vue presbyte. — L'œil presbyte ne diffère de l'œil normal que
par la grandeur de la limite inférieure de la vision distincte. Il voit
encore distinctement les objets situés à une distance très-grande,
mais la vue ne reste distincte que jusqu'à une distance notablement
supérieure à 1 5 centimètres '^^
S** Vue myope. — L'œil myope ne voit distinctement qu'entre
deux limites fuies ^ variables d'un individu à l'autre; la limite infé-
rieure est généralemont moins éloignée que pour l'œil normal ; la
limite supérieure, excepté dans des cas très-rares, n'atteint pas 6 à
8 mètres, et n'est souvent que de quelques centimètres ^^^.
4° Vuehypennétrope. — L'œil hypermétro()e est caractérisé par la
faculté de faire converger exactement sur la rétine des faisceaux déjà
convergents. — Il arrive quelquefois qu'il jieut également faire con-
verger sur la réline des faisceaux parallèles ou faiblement diver-
gents; il voit alors distinctement les objets situés à une grande dis-
tance. D'autres fois, il ne peut faire converger sur la réline que des
faisceaux déjà convergents, et nr^ voit alors nettement à aucune
distance.
(-' Au point i\o vue physique, il n'y n aucune dilFK^rence eJMentielle entn» Vm\ presbyl.*
ot Tœil normal ; au point de vue pratique, il y on n ixno forl imporlanto Jor^ue la distance
minima de la vision distincte excMe beaucoup i.*) centimètres.
(') En raison de l.'i petite distance de la rétine au centre optique de Tœil, si TapparAÎl
réfringent est constitué de manière A donner sur la rétine Tirnagc des objets éloignés de
6 à 8 mètres, il donne également, sur la même surface, une image presque aussi nette
des objets les plus éloignés. L*œii ne peut donc plus alors, ^ proprement parier, passer
\)Ouv myopp.
DE L OKIL ET DE LA VISION. 195
4 3 A. AcM«iiii€Hl»tion de r«ell pour to vision m ékwewmmm
MmimwÈmmm. — De rensemble des faits qui précèdent il résulte
qu'il y a pour l'œil, en général, non pas une distance unique de
vision distincte, mais une infinité de distances, comprises entre
deux limites déterminées^^'.
On a quelquefois expliqué cette remarquable propriété de l'or-
gane de la vue, en l'assimilant simplement à une lentille de très-
court foyer. En effet, dans la formule dçs lentilles convergentes,
I 1 I
on peut alors considérer f comme représentant la distance des ob-
jets au centre optique de l'œil, et f^ comme représentant la distance
du centre optique à l'image. Cette formule donne
' p-j
Or, si l'on suppose que /soit très-petit, cette valeur de p' peut être
considérée comme sensiblement égale à /, en valeur absolue , tant
que la distance p est égale à un multiple considérable de /. Cette
considération fait bien comprendre comment l'œil peut voir dis-
tinctement ù une distance infinie, et voir encore distinctement à une
distance de i o mètres ; mais elle n'explique pas comment la vision
peut être distincte à la fois pour une distance de i o mètres et pour
une distance de 1 5 centimètres ^^K
( ^ Il est question, dans certains traïUs de physique, d'une dislancc unique de la vi-
sion distincte, qu'on dit ôlro en moyenne de 3o centimètres. C^ n'est guère autre chose *
que la dislance à laqueilejl est commode de lire un livre imprimé avec des caractères de
dimensions moyennes : il est ù peine besoin d'ajouter qu'une distance ainsi défioie n'a
a!icune importance au point de vue scientifique.
(*) On peut supposer les milieux n;lrin(vent8 de l'œil remplacés par une lentille sans
épaisseur, ayant son centre optique au centre optique de l'œil et son foyer principal sur
la rétme, c'ost-à-dire ù i .'i niillimèlrcs dedistance environ. La formule des lentilles doqnc
alors, on supposant p é|;al ù i o mèlres,
P -— I .) ,090 ;
et on supposant p égal A 1.5 ronlinièlres,
p'=i 6""",666.
Stumi avait essayé de donner une base plus solide à la théorie qui nie l'existence
d'une accommodation de l'œil , en tenant compte de la figure réelle des surfaces réfrin-
196 OPTIQUE.
D'ailleurs, la conscience de i'efibrt intérieur qu'il faut faire pour
ïoïr nettement à de petites distance», el l'influence que les habi-
tudes exercent sur la portée de la vue, prouvent surabondamment
que l'œil s'accommode d'une façon particulière à la vision des objets
rapproche;:. — Quant au mécanisme de l'accommodation, il ne peut
consister que dans un changement de courbure des surfaces réfrin-
gentes ou dans un déplacement du cristallin. Des expériences di-
rectes de Cramer el de M. .Helmhoitz ont résolu la question d'une
manière décisive.
Le chirurgien français Sanson a, le premier, observé les trois
images d'un corps lumineux qui se forment par la réflexion des
rayons sur la surface de la cornée et sur les deux surfaces du cri»<
tallin : il a fait servir celte observation au diagnostic des cataractes.
Or)e.s po.sitions de ces troi> images sont déterminées, pour un état
particulier de l'œil, par la situation relative des trois surfaces ré-
' fiéchissantes et par leur courbure : il doit donc suflîre, pour être
témoin des modifications qui peuvent se produire dans un œil, par
le fait même de l'accommodation, d'observer les changements de
fjrandeur el de position qu'éprouvent ces images lorsque cet œil n?-
"de tour à tour un objet très-éloigné et un objet très-voisin. —
On dispose l'expérience
à peu près comme le re-
présente la ligure S^S.
Un tube T, noirci inté-
rieurement, est appliqué
sur l'œil 0 de la personne
qui se soumet à l'expé-
rience, de manière îk faire
tomber obliquement sur
lui les rayons d'une bou-
gie voisine B, en écar-
^'<t- ^1^- tant toute lumière étran-
gère ; les rayons réfléchis sont reçus dans l'œil A de l'observateur,
|>enleaderœil,fif[urequiD'«lpaii]phà'ique, eldi*!* roraw(|Ui«ii réwille pourlt! raJK(«ii
l'éfntié. Haia, lorsqu'on fait le calcul eiaclement, on «ojl que celle eoiuidëntioQ UiiM
«ibiisler la nëcewilé d'une accomnioclatioi) pour l«» petite* dùtaotM.
DE L'OEIL ET DE LA VISION. 197
armé d*un microscope M faiblement grossissant. Lorsque l'œil 0 est
dans son état naturel , les trois images de la bougie présentent une
situation déterminée. Si alors l'œil 0 vient à regarder un réticule P
placé très-près de lui, l'image donnée par la cornée ne se déplace
pas^ mais l'image donnée par la première surface du cristallin
éprouve un déplacement considérable , accusant un notable accrois-
sement de courbure de cette surface; enfin l'image donnée par la
deuxième surface éprouve un très-faible déplacement, accusant une
petite diminution de courbure. La masse même du cristallin ne pa-
rait pas avancer ou reculer d'une quantité appréciable.
L'agent de ces déformations n'est pas encore connu d'une manière
absolument certaine. 11 suffit d'ailleurs à l'objet de ce cours de faire
remarquer que le cristallin est en contact, par sa périphérie, avec
ies procès ciliaires , par sa surface antérieure avec la membrane de
Fins, et que ces deux organes contiennent des fibres musculaires,
animées par des filets nerveux que l'on sait être soumis à l'empire
de la volonté.
435. IM râle de diverses parties aeeessoires de rorn^ne
de te vue* — Les notions précédenles suffisent pour faire conce-
voir la formation des images sur la rétine!, dans les diverses circons-
taillces : aux parties essentielles de l'organe de la vue sont adjointes
diverses parties accessoires qui sont destinées à rendre la vision
plus parfaite , et dont le r6le peut être indiqué en quelques mots.
L'ouverture de la pupille, pratiquée dans la membrane de l'iris.
a pour objet de limiter la largeur du faisceau lumineux admis dans
Tœil, et de diminuer ainsi les aberrations de sphéricité. — Sous l'ar-
tibn d'une vive lumière, il se |)roduit d'ailleurs une contraction in-
volontaire delà pupille, et, par suite, une élimination plus parfaite
des aberrations ; c'est précisément dans ces circonstances que l'in-
fluence des aberrations serait le plus nuisible à la netteté de la vision.
La chorùiie, avec la matière pigmentaire noire qu'elle contient,
sert à empêcher les rayons lumineux qui ont frappé la rétine de se
réfléchir sur la paroi du globe oculaire, et d'apporter ainsi un
trouble dans la vision, en venant rencontrer la membrane sensible
en plusieurs points. — Dans l'infirmité (|ui est connue sous le nom
198 OPTIQUE.
^albinisme, la choroïde n'ayant pas une teinte suffisaiument foncée,
la vision n*est possible que si la lumière arrivant dans Toeil offre très-
peu d'intensité.
La succession des diverses couches du cristallin, douées de pouvoin
réfringents inégaux , a évidemment pour effet de rapprocher le foy^
des rayons marginaux du foyer des rayons centraux.
â 36. Difllculté apparente réaultant de la mUuaSUmm
vmrmém des imafes qui se forment mit to wéUmm» — On a cru
50uvent rencontrer une difficulté à la théorie de la vision dans ce
fait, que les images peintes sur la rétine sont renversées par rapport
aux objets. Pour lever cette difficulté apparente, il suffit de remar^
quer que ces images ne doivent pas être assimilées à une sorte de
tableau que contemplerait un observateur. En réalité, la formation
des images sur la rétine n*est que la condition même de la vision,
et c'est par suite d'une propriété spéciale de notre organisation que
nous rapportons toute impression , produite sur un point de cette
membrane sensible, à une région directement opposée.
Sans pouvoir expliquer cette propriété, on peut se convaincre de
son existence par un grand nombre de faits fournis par l'observation.
— C'est ainsi, par exemple, qu'une pression exercée sur la partie
supérieure de l'œil fait apparaître un phosphène inférieur, et récipro-
quement; une pression sur l'angle externe fait apparaître un phos-
phène situé sur l'angle interne, etc. 11 en est de même des apparences
lue détermine une lésion morbide de la choroïde ou de la rétine.
437. Inégale seiuiilillité des di versée parties de te
Sine» — Pimetiiiii eseum. — L'expérience montre que la sensi-
bilité, et surtout la faculté de discerner deux impressions produites
en des points très-rapprochés, est assez différente aux différents points
de la rétine : elle est maxima au centre, c'est-à-dire au point où le
prolongement de l'axe de l'œil vient rencontrer la rétine, et décroît
rapidement h mesure qu'on s'éloigne de ce point.
En outre, la rétine présente un point absolument insensible, dans
la région qui répond à l'origine du nerf opti(|ue. Ce point a reçu le
nom de putwlum cœcum. — Pour en constater l'existence, on dispose
DE LUEiL ET DE LA VIS10,\. IWtl
deux petits cercles blancs sur un fond noir, comme l'indique la
tîgure Zjh. On ferme l'œil droit, par exemple, et l'on place l'œil
gauche en face du cercle placé à droite; on fi\e alors le regard sur
ce cercle, et l'on-s'en éloigne ou l'on s'en rapproche graduellement:
tofsque la distance de l'œil est un peu supérieure au quadruple de
fintervalle des deux cercles, le cercle de gauche disparaît.
A38. PeralBt»n«e des iBipraMt^na- liunlncmef nir I»
réMse. — Les impressions lumineuses produites dans l'œil présen-
tent toujours une durée appréciable, après que les rayons lumineux
ont cessé d'arriver sur la rétine. L'ejipérience montre que cette durée
est variable avec l'intensité de la lumière et avec la sensibilité propre
de cbaque œil. — Pour constater ce phénomène et en obtenir une
mesure approximative, on emploie l'artilice suivant.
Un disque partagé 'en secteurs alternativement blancs et noir-i
(fig. 375) est animé d'un mouvement de rotation autour d'un axe
^ — ^^^ passant par son centre et perpendi-
^^L ^^V^\ culaire à son plan. Ce disque étant
y^^^^ ^V ^ éclairé par la lumière dilTuse du jour,
/ ^^^^ V ^^^^ft on constate qu'il suffît de lui imprimer
^^^^^^^^^H^^H une vitesse telle, qu'il s'écoule au plus
^^^^^^À ^^^^ / un dixième de seconde pendant la subs-
^^^ ^H ^^^^/ titution d'un secteur noir à un secteur
\. ^^Ê ^^^ blanc, pour que le disque paraisse d'une
^^^B___---^ teinle grise uniforme : la durée de l'im-
''*■ ^'i'- pression lumineuse produite par chaque
point est donc, pour celle intensité de lumière et pour une vue
ordinaire, d'environ un dixième de seconde.
C'est de la persistance des impressions luiuineuses sur la rétine
200 OPTIQUE.
f]ue résulte la perrejition des courbes continues dans les eipéricncn
de M. Whcatstone (375) et dans celles de M. Lissajous (376).
C'est également sur ce pht^nomène qu'est fondé l'appareil coddq
sous le nom de ihaumatrope. — Un carton circulaire, tournant autour
de l'un de ses diamètres, [lortc sur l'une de ses faces un dessin in-
complet, et sur l'autre face les parties qui manquent \ ce dessin.
Pendant la rotation, tes impressions produites suecessivenUDl par
|(^s deux faces se superposent, & caose de leur dorée, et F«d mil
alors le dessin complet.
C'est encore sur le même principe qu'est fond^J \b fhénakMofi.
— Deux disques do carton sont montés sur un même axe horianlit
Oig. 376). L'un A <>st un disque noir, percé d'un certain ngalm
1 de petites fenêtres m niÎB-
^IPX nagedeso„conU,.r;P«.te
^ ^^ H présente une suite de fi-
^ I gures, en nombre ^yd m
V I nombre des fenêtres de A et
. ; disposées en face d'elles. On
place l'œil à le hauteur de
l'une des fenêtres, et l'on im-
prinir un mouvement de ro-
tation rapide à l'axe qui porte
les deux distiucs, en laissant
l'n-il immobile. (Jhaque Foi»
que l'une des fenêtres passe
devant l'cril, il r<>çoit, pen-
dant un in-slant assez court.
l'impression pniduile par Tiinage correspondante; à cette impression
succèdent ensuite relies des autres figures, à mesure que le noD-
vemeni continue : de là résulte que, si les diverses li(pires repré-
sentent une série de transformations d'un même objet, comme les
mouvements d'un danseur de corde ou v«\i\ d'un cheval franchissant
une barrière, on a l'illusion de ces mouvements eu\-m<^mes'''.
li rt>un'>i>nk lei Iruri-ttoniNilniiin il'iin i-nrlciiiii >'a|ilaljrail
tf.Tlk*! «I ilaii!' Il- :■■■■* liiiriiuatal, ilc iMuiirc h w rliiiii;
DE LOËIL ET DE LA VISION.
20 1
439. EspéFl*nc« de FarMl»r. — La persistance des impret-
BÏons lumineuses pennet d'interpréter les particularités diverses
d'une expérience remarquable qui est due à Faraday.
On a deux roues de même diamètre, présentant un mâme nom-
bre de rayons et montées sur un même aie perpendiculaire à leur
plan : lorsque ces deux roues
tournent en sens contraire,
avec des vitesses exactement
égales, un observateur placé
sur le prolongement de l'axe
de ruiation aperçoit une seule
roue, ayant un nombre de
rayons double do celui de
chacune d'elles, — Pour se
rendre compte de cette illu-
sion, on peut concevoir d'a-
bord qu'une barre brillante
*''S' 377' -AB (fig. 377) tourne autour
d'un axe passant par son milieu (), devant un fond obscur. Si le mou-
vement est suffisamment rapide, l'observateur placé sur le prolou-
gement de l'axe de rotation
croit voir un cercle présen-
tant un éclairement assez
Taible, mais uniforme. — ^Si
iiiainlenaut , autour du même
a\c, on faittourneren même
temps une autre barre A'B'
(li(f. 378) avec une vitesse
égale et contraire, le cercle
|inraît deux fois plus éclairé,
excepté dans le» points où les
deux ra^oiis se recouvrent mu-
^'«- ^;*'' tuellement ; car , pour ces
points, la quantité de lumière envoyée à l'œil est la même, en un
pelile lipne horiionlalo 1
tiquai iiilcnné<iiuiree.
une pi'lite li([rie vcrlicale, vu passaiil par lea rurmes ellip-
202 OPTIQUE.
lemps donné, que s'il n'y avait qu'une seule barre tournante. Or,
si les vitesses de rotation sont exactement égales, il y a, dans le
cercle décrit par chacune des barres, deux bandes A*B^ A'^B*.
suivant lesquelles les deux barres arrivent toujours à se recouvrir;
ces deux bandes sont d'ailleurs perpendiculaires entre elles. On
voit donc alors, sur le fond circulaire relativement brillant, éeni
bandes immobiles qui sont relativement obscures et qui sont
perpendiculaires Tune à l'autre. Ce raisonnement étant évièem-
ment applicable à chacun des raybns des roues de rexpërience de
Faraday, le résultat qu'on observe dans celte expérience est ainsi
expliqué ^^K
Si les vitesses de rotation des deux roues ne sont pas exactement
égales, le système de secteurs que l'on aperçoit se déplace, en sens
inverse du mouvement le plus rapide, avec une vitesse égale k la
demi-différence des vitesses de rotation des deux systèmes.
ààO. MrrmdkmUowk» — On a désigné sous le nom A^irradiatkm,
dans les divers ouvrages de physique ou de physiologie, des phéno-
mènes qui paraissent assez divers et qui doivent être rapportés à
des causes différentes :
i"" Lorsque l'œil n'est pas accommodé pour la dislance qui le sé-
pare d'un objet brillant placé devant dn Fond obscur, l'image de
l'objet sur la rétine est dilatée ; son (liamètre apparent peut même
être considérablement augmenté, pour un œil myope ou pour un œil
hypermétrope.
9° L'expérience montre (|ue , lorsi|tt'on regarde lin objet brillant,
on est porté à lui attribuer des dimensions plus grandes qu*& un
objet obscur, bien que ces deux ol^ets soient égaux et placés i la
m^me distance : rV.st là une errettl* de jugement qui est rectifiée par
la mesure directe du diamètre apparent.
li*" On a |)rétendu ([u'une inipr^s»ion produite en un \mni de la
rétiup s'étend d'elle-nM^nie aux points voisins, et qu'en conséquence
|p diamètre apparent d'un objet est d'autant plus (jrand que IVclat
' l.i* |iiii''iionu'>iir |H.*iil ô|rjili'iiiviit <>e |ii-iii|tiir> .i\/^ d- ii\ st'iivs ili.* mm lcur> oliMurs.
iiiiihili> nii ilna:il «iNiii fiMiil hrillaiil.
DE L'OKIL ET DE LA VISION. 203
de cet objet est plus considérable. C'est dans ce sens que le mot
irradiation a été employé par M. Plateau et par les auteurs qui
ont rapporté les expériences de ce physicien. — Il est au moins
douteux que ce phénomène existe : la propagation d'une impression,
eoiré des fibres nerveuses contiguës, serait contraire aux lois géné-
rales de Tôrganisation. Les faits observés par M. Plateau paraissent
pouvoir s'expliquer par une imperfection de Taccommodation de
rœii.
Ail. WlatoM binoculaire. — Pour que les impressions pro-
duites par un point lumineux sur les deux yeux se combinent en une
seule, il faut : i" que les deux axes visuels convergent vers ce point;
9* que les images produites sur les deux rétines occupent à leur
surface des points correspondants, c'est-à-dire des points semblable-
ment situés par rapport à l'axe visuel , et par rapport à Taxe vertical
et à- Taxe horizontal qu'on peut concevoir menés par le centre de
l'œil.
En dehors de ces conditions, la vision est double. — Ainsi un
objet situé dans le plan de symétrie du corps, au delà ou en deçà
du point vers lequel convergent actuellement les axes visuels , pa-
raît double. — LfOrsque, par une pression exercée sur un œil, on
dérange l'axe visuel de cet œil , tous les objets paraissent doubles.
— Lorsque, dans les cas de strabisme très-marqués, les axes vi-
suels sont devenus divergents ou convergents vers un point situé
en deçà de la limite inférieure de la vision distincte, on s'habitue
à ne. plus faire attention qu'aux impressions produites sur l'un
des yeux : c'est seulement alors que l'impression peut n'être pas
doublée.
Lorsque les deux yeux sont dirigés vers un même point, le sen-
timent du degré de convergence des deux axes visuels permet d'es-
timer, au moins approximativement , la distance à laquelle ce point
est placé.
Enfin, lorsqu'un corps solide à trois dimensions est situé à une
distance qui n'est pas trop considérable , les images qu'il produit sur
les deux rétines ne sont pas identiques; ce défaut d'identité est,
comme l'a fait remarquer M. Wheatstunc, la condition essentielle
204 OPTIQUE.
de la perception du relief. — C'est ce que montrent nettement lei
résultats obtenus à l'aide du stéréoscope.
Aâ2. Mtérémmtmpe* — Les diverses espèces de stéréoscopet
sont fondées sur ce principe que , ni l'on place simaltanëiiMDt derâirt
les deux yeux deux dessins différents , reproduisant pr^daérnent les
deux images qut représenteraient un même objet en relief, tel 4|a'ii
serait vu par chacun d'eux ; si, en outre, par un artifice eoDTenaUe,
on donne aui rayons lumineux émis par ces dessins vers les deni
yeux les mêmes directions que s'ils venaient de l'objet, alort on a la
perception de l'objet en relief lui-même.
La ligure ^"jf^ indique la disposition du stérioicefe ré/ecUwr de
M. Wliealstone : Alt et A'It' Ront.des dessins placés parallMement l'un
à l'autre .sur des pliincho(Ii>> (|mi' l'on peut faire mouvoir a t'aide de
vis, de manière à le» rappntcher ou à les éloigner ù volonté; M etM'
sont deux miroirs plans, peqH'ndirulaires entre eux; 0 et 0' sont
des ouvertures auxquelles on place le.s deux yeux , en regardant dans
les ntiroirs. Si les distanres sont convenablement réglées, les images
vues dans les deu:t miroirs se superposent en ab, el produisent l'im-
pression du relief.
Le ligure 38o représente une coupe du ntfrimcopt réfrarleur de
Brewster : AB et A'B' sont les doux dessins satisfaisant uux con-
ditions lndi(|ui>cs: ils sont ici sur un même plan. Doux lonlillcs
convergentes L o| 1/ donnent, pour les \cm (pii sont placés au delà.
DE L'OEIL ET DE LA VISION.
des images virtuelles silui^es à la distance delà vision dislincle; deux
|)rismes, placés en sens inverse derrière ces lentilles, dévient les
ravons incidente, de telle façon ([iie les deux images uilu-llos se
superposent en nh.
On traitera plus loin de la vision des t-ouleui's et du déi'uut d'a-
l'hronialisme de l'œil.
INSTRl MENTS D'OPTIOl'E.
443. Od comprend sous la déDomioatioD gAiënde tàutmwÊemti
à'optiqve des systèmes Irès-variés de surfaces réftiogeiitcs ou r^é-
rhhsantes, qui donnent une image des objets dans un fïtuatïoa ou
avec des dimensions Favorables & certaines obserratioiM nfétàaàea.
Dans tous ceux de ces ioslruments qui sont fondés sur les Ims de
la réfraction , le phénomène de la dispersion ïntervi«nt comme cause
perturiiatrice. On fera d'abord abstraction de cette particularité es-
sentielle, pour y revenir plus tard, lorsqu'on aura exposé les lois de
la décomposition et de la recomposition de la lumière.
ISSTSLHEIITS Sh\S OCULtlRB.
h^'l. CftMMhve daire. — On appelle cAmnAra dmtt tout sys-
tème de surfaces réfléchissantes propre à donner des objets exté-
rieurs une jmnjje virliiellefiupropil peut vnir se projeter sur un papier.
CHAMBRE CLAIRK. 207
et dont il surtit de suivre les contours avec un crayon pour obtenir
un dessin exact de ces objets.
La forme la plus simple que l'on emploie pour obtenir ce résultat
consiste en ui)^l|iiiie de verre MN (fig. 38 1), inclinée à /j5 degré-i
sur riiorizon et étamée sur celle de ses faces qui regarde le sol ; le
tain en a été enlevé sur une petite partie ab de son étendue. L'œil
étant placé à une petite distance au-dessus de ab, la pupille PP'
reçoit h la fpis les rayons venus de points tels que A et réfléchis sur
le miroir, et, les rayons venus de points tels que A', au travers de la
solution de continuité du tain. Le point A lui paratt donc en A',
et il peut vç^ en même temps la pointe d'un crayon, qui est réel-
lement placée, en A^ : le crayon peut donc suivre les contours de
l'image virtuelle des objets voisins de A, image qui est ici projetée
sur une feuille de papier placée en PQ. — Il faut remarquer cepen-
dant que, si l'objet qu'on se propose de copier n'est pas à la même
distance du inirpir que le papier sur lequel se meut le crayon, l'œil
ne peut voir à la Cois distinctement le crayon et l'image de cet objet.
On fait disparfl^tfans cette. diflSculté, soit en plaçant du côté des objets
une lentille divf^rgente qui rapproche leur image virtuelle du miroir,
soit en plaçant du côté du dessin une lentille convergente qui éloigne
l'image virtuelle du crayorl.
La chambre claire de Wollaston (fig. 3 Sa) se compose d'un prisme
quadrangulaire de verre, dont deux faces, KM, KN, sont perpen-
diculaires entre elles, les deux autres faces MH, HN faisant entre
elles un angle de i35 degrés. Les rayons venus des points éloignés
tels que A sont d'abord reçus sur une lentille divergente Z, qui
donne une image virtuelle a de ces points, plus près de l'appareil
que ne sont les points eux-mêmes; au sortir de cette lentille, les
rayons pénètrent dans le prisme presque normalement i\ la face
d'entrée, c'est-îi-dire sans déviation sensible, et viennent éprouver
deux réflexions totales successives, sur les faces NH et HM; la figure
montre comment on peut construire les images virtuelles a, a", que
ces deux réflexions substituent successivement ;i l'image //. Enfin ,
comme les rayons arrivent sur la surface KM du prisme dans une
direction à peu près normale à cette face, ils n'éprouvent pas de nou-
velle déviation, et produisent dans l'œil la perception d'une image
virtuelle silure en a". L'œil élanl placé de far on que ta pupille reçoive
à la fois res rayons <|ui émergent du prisme et les rayons qui vionnent
directement de lit pointe du crayon située en a", on peut diriger le
iTiivon (le manti^rc à îiuivre les contours de l'image virluelle.
&â5. C^luunbre «bMcwre. — On nomme c/iamire ohicure un es-
pace limité par des parois opaques, et dans lequel pénètrent, au
travers d'une lentille convergente, les rayons venus de rextérieur :
ces rayons produisent une image réelle cl renversée des objets qui
sont placés en face de la lentille.
La chambre noire employée pour la photographie (fig. 383) se
compose d'une caisse rectangulaire, formée de deux pièces M, N
qui peuvent glisser l'une dans l'autre. Dans a lace antérieure de la
première est fixé un système convergent , formé d'une ou de plusieurs
lentilles L. Dans la face postérieure de ia seconde est enchâssée
une glace de verre dépoli yq, sur laquelle viennent se peindre le»
MICROSCOPK SOLAIRE. 309
images ab des objets extérieurs tels que AB ; on règle lu posilion de
cette glace en faisant avancer ou reculer la pièce N dans la pièce M,
de manière que l'image offre une nettett- parfaite. On enlève alors
la glace dépolie, pour lui substituer une surface préparée avec une
su^lance impressionnable, sur laquelle ta lumière doit agir.
Dans le migampe, la di^ositioo est analogue; seulement, les ob-
jets étant plates i une petite distance au delà du foyer de la lentille
convergente, Timage réelle que l'on reçoit sur un écran, de l'autre
c6té de la lentille, est plus grande que l'objet lui-même. — Enfin,
la lanterne magique n'est qu'un mégascope dans lequel les objets
sont des dessins coloriés sur verre et fortement éclairés par trans-
parence.
ààG. Wlwaapg aôlalrc. — Dans le microscope solaire, la
ptke essentielle est une lentille convergente G, à très-court foyer
(fig. 38&), devant laquelle on place, à une dislance un peu supé-
rieure h sa distance focale, des objets très-petits et Iransparenls, en
AB: cette lentille donne une image réelle très-agrandie A'B'"'. —
O Dam cette fignra et dtnt loutca cdin dH apptrdla oi'i inleniennenl àex lentilles, on
n'a ptt indiqué In don d^tiitkin* éprouvé» pir chacun dm rajron* lumineux qui Iraver-
Mnt Ulealillo, i l'oilrée dans le milieu réfringenlet à la norlie: on ■ timpliriélElracéen
iadiquint Ht» nub Jéviatùm, crile qui aurait lieu « la lentille, coaacrtanL toujoun la
taitm puiiUDce, était rédnilp A un plan réfringent pasunl par %ps bords. La trace de ce
plan aur le plan de la |jf[uree»t reprràenlée, dBTiBloulFsce«fif;urci, pur une ligne ponctuée
qui pariage en deux la lentille, et le long de laquelle sont indiquées tes dériilioni d«s
njM* réfndéa. É. P.
VmiT, m. — Cours de plivs. If. lU
210 OPTrQUb.
A cause de cet agrandissemenl considérable, il est nécessaire d'éclairer
très-fortement l'objel, afin d'obtenir dans Timage an ëdst safitsant.
Pig. ui.
Cet édaîrage est obtenu au moyen des rayons solaires, que l'on i«-
çoit sur an miroir MM' convenablement incliné, et que l'on coo-
OPHTIIALMOSCOPK â1 1
cénti^ au moyen d'une ou plusieurs lentilles convergenlcs H : c'est
Tappareil illuminateur. Le sysfème convergent H rassemble les rayons
solaires 6n $, de sorte que, si Ton interposait un écran en ce point,
on aurait une image réelle du disque solaire; c'est un peu au delà
du plÉp. 9 q« Fon place l'objet AB qu^il s'agit d'éclairer. Les rayons
traninds ou dîffbsés par cet objet fournissent , au delà de la len-
tille 6y me image réelle A'B\ que Ton peut recevoir sur un écran
hlaniÉ^^
Pôar augmenter le grossissement» sans être obligé d'employer
des iMtflles convergentes de trop court foyer, on fait souvent usage
de là diqpodtîon représentée par la figure 385. Une lentille diver-
gente 0 est placée au delà de k lentille convergente G ; on obtient
alors ^ non plus l'Image réeUe A|Bi que donnerait la lentille G, mais
une autre image réelle A'B', qui est placée plus loin et dont les di-
mensions sont bien plus considérables.
A. défaut de la lumière solaire, on peut employer, pour éclairer
les objets, soit la lumière d'diM lémpe électrique, soit la lumière de
Druqmiond, c^dstrà-dire celte ^ At produite par un bâton de chaux
vive siirTequel oh prbj'elVe uii dard de gaz à éclairage alimenté par
de l'oxygène. L'appareil, dont le système grossissant est d'ailleurs
exactement le même, prend alors le nom de microscope électrique ou
de microscope à gaz.
kkl. OyIitiMilie— pe» — On peut comprendre parmi les
instruments sans oculaire l'ingénieux appareil qui a été inventé par
M. Helmholtz, et dont l'usage a fait faire, depuis dix ans, tant de
progrès à la physiologie et à la pathologie de la vision.
Sous sa forme la plus simple , Yophthalmoscope se réduit à un mi-
roir métallique concave M (fig. 386), percé d'une petite ouverture
à son sommet. L'observateur place ce miroir au devant de l'un de
ses yeux 0 (fig. 887), la face réfléchissante tournée vers l'extérieur;
il donne alors à cette face une direction telle qu'elle réfléchisse, sur
Touverture pupillaire de l'œil 0' qu'il soumet à son examen, les
rayons d'une lampe L placée latéralement. Le trou pratiqué au
sommet de M lui permet de regarder le fond de l'œil 0' ainsi illu-
miné; au contraire, dans les conditions ordinaires, toutes les fois
lit.
qu'une personne veut ex^noioer l'intérieur de l'œil d'une autre, l'œil
observe n'est éclairé que par la liimîère qu'il peut recevoir de l'œil
obsfirvaleuE, et tout examen est impossible. — 11 est quelquefois
commode de regarder avec l'ophthalmoscope , non pas l'intérieur de
l'œil lui-même, mais l'image réelle qu'en donne une lentille conver-
gente qu'on tient à la main : c'est cette lentille qui est représentée
en lignes ponctuées dans la figure ci^dessus.
INSTRUHBNTS X OCULAIRES.
hiS. MmaiÊimm. — On appelle Aenc/n, ou vulgairement luiieUti,
des lentilles divei^ntes ou convergentes, que l'on place devant les
yeux myopes, presbytes ou hypermétropes, pour rendre les conditions
de la vision aussi voisines que possible de celles de l'œil oonnal.
i' Considérons un œil myope, chez lequel la vision est distincte
pour des distances inférieures à a et supérieures à b; et supposons
que l'on plade, en avant de cet œil, un verre divergent ayant pour
distance focale la longueur a. Il résulte de ce qui a été dit précédem-
BESICLES. âl3
ment qae cet œil pourra voir distinctement tous les objets compris
entre l'infini et une distance d déterminée par la formule
1 1 1
b d a
Si la distancp i est voisine de i5 centimètres, Tœil myope devient
ainsi comparable h un œil normal ; il deviendrait semblable à un œil
presbyte» si i était beaucoup plus grand que 1 5 centimètres.
L*asage d'un verre dont la distance focale serait supérieure à a
diminaerait simplement la myopie , sans la faire disparaître. — Un
verre dont la distance focale serait moindre que a remplacerait la
myopie par Thypermëtropie.
9*. L'oBil hypermétrope, dans son état naturel, fait converger sur
la fAina des faisceaux qui , à l'incidence , sont convergents vers un
point situé derrière l'œil à une distance déterminée; il peut, en
ootfo, en s*accommodant , faire converger sur la rétine des rayons
moins eonvergents et souvent même des rayons parallèles, ou di-
vergents k partir d*an point éloigné de l'œil. On peut donc dire
qae fane des limites de la vision distincte est, pour un osil hyper^
métroporitoujoan négative, et que l'autre peut être négative, infinie
on positive. — LNisage d'an verre cmwergmUi dont la distance focale
est égale i la limite négative la plus petite en valeur absolue, per-
met de voir nettement les objets situés depuis l'infini, jusqu'il une
distance positive i, déterminée par l'équation
. T) d a* :
L*œil devient ainsi semblable à un œil normal ou à un œil presr
byte.
Un verre convergent qui aurait une distance focale plus grande
ne ferait que diminuer ITiypemiétropie. — Un verre ayant une dis-
tance focale plus courte changerait ITiypermétropie en myopie.
3* Les presbytes dont la limite inférieure de vision distincte est
trop éloignée de l'œil font usage de verres convergents : ces verres
leur permettent de voir nettement les objets situés à une distance
qui n'est définie par aucun caractère spécial, mais qu'on choisit ordi^
nairement de aS à 3o centimètres. Ln presbyte peut alors ordinai-
2lû OPTIQUE.
rement voir les objets situés entre cette distance iaférieure et U
distance focale principale de ses besicles. Sa vue prend donc li
caractère de celle des myopes.
ilBTMMpe riMpic. — On donne le Dom de
Uupe k une lentille convergente, placée au devant de rail, et des^
(inée à observer des objets situés au deU , k une distance moindre
que sa dislance focale.
Un objet AB(fig. 388) étant placé entre la lentille convergente G
et son foyer principal F, les rayons émanés des divers points de cet
objet donnent h l'œil, en arrivant dans l'ouverture de la pupille RR',
la. perception d'une image virtuelle A'B', droite e( plus grande que
l'objet. — Si la distance de cette image à l'œil est comprise eotra
les limites de la vision distincte, la contemplation de l'image peol
être substituée à la contemplation de l'objet ; elle peut tdors faire
voir des détails qui seraient inappréciables h la vue simple.
450. CrMwlaseaaeBfl ém ta l««|w. — On appelle, en géné-
ral, grottiumtnt d'un instrument d'optique le rapport entre le dia-
mètre apparent de l'image et celui de l'objet, l'objet étant supposé
placé dans les conditions ordinaires de lu contemplation directe.
LOUPE. 215
Or les objets qu*on examine à la loupe sont du nombre de ceux
dont on peut faire varier à volonté la distance à Toeil. Aussi» lors*
qu'on veut les regarder directement, on les place à une distance
compatible avec la vision distincte, et généralement, afin d'en mieux
voir les détails, à la limite inférieure de la vision distincte. Pour
la même raison, quand on regarde ces objets à la loupe, on leur
donne une position telle, que leur image soit éloignée de Tœil d'une
quantité égale à cette limite inférieure.
L'image vue à la loupe étant ainsi à la même distance de l'œil
que l'objet vu directement, le rapport de leurs diamètres apparents
d^ns ces deux conditions est égal au rapport de leurs dimensions
linéaires A'B', AB, ou au rapport Qp • On a donc, en représentant
là distance OP par p, et la distance OP' par p\
m
P
en. outre, en. représentant par/ la valeur absolue de la distance fo-
cale principale de la loupe , on a
1 i 1
Mais, si l'on désigne par A la distance minima de la vision dis-
tincte, et par z la distance de l'œil à la loupe, on a
p'^A-z.
En éliminant/?' eip entre ces trois équations, il vient
A-2
G=i +
/
Si z est peu considérable relativement à A, c'est-à-dire si l'œil
est placé très-près de la loupe , cette expression se réduit à
Enfin, si/ est également très-petit par rapport à A, c'est-à-dire si la
loupe est à très-court foyer, on a sensiblement
216 OPTIQUE.
Dans tous les cas, on voit que ie grossissement augmente quand
la distance focale <le la loupe diminue, et quand la distance de la
vue distincte augmente.
/i51 . PulMMiice de la Itiupe. — Le grossissement n'est pas la
quantité la plus propre à faire juger du degré d'dtilitë d'une loupe.
Ce qui importe pour l'usage de cet instrument, c'est d'apercevoir dans
l'objet qu'on étudie les plus petits détails possibles. Dès lors, une
loupe sera d'autant plus avantageuse, pour un observateur déter-
miné, qu'elle lui fera voir sous un plus grand angle un objet de
grandeur déterminée, quel que soit d'ailleurs l'angle sous lequel
son œil aperçoit cet objet lorsqu'il le regarde sans loupé.
La puissance d'une loupe peut donc être définie par le diamètre
apparent sous lequel elle fait voir le millimètre. Or, si l'on prend le
millimètre pour unité de longueur, on voit qu'une longueur d'un
millimètre, prise dans l'objet, acquiert dans l'image virtuelle une
grahdeur'précisément. égale à G, en sorte que son diamètre appa«
rent peut se mesurer par l'expression j • Donc l'expression de la
'puissance P de la loupe devient alors
2
A^ /
Si l'on néglige z par rapport à A, cette expression se réduit à
On voit donc (|ue les vues myopes sont les plus avantageuses
pour les observalions à la loupe. — L'avantage qu'elles ont sur les
autres vues ne devient insensible que si /est très-petit, c'est-à-dire
si la loupe est très-grossissante.
Il faut ajouter enfin qu'une vue myope n'est réellement bonne
pour les observations à la loupe que si la myopie n'est pas trop forte ;
cela tient à ce que les cas de myopie extrême sont généralement
accompagnés d'une diminution de la sensibilité de la rétine qui,
habituée à contempler des objets très-rapprochés , devient moins
propre à apercevoir des détails ayant un diamètre apparent très-petit.
LOUPE. 217
/i52. darté de la laupe. — On entend, en général, par
clarté y dans les instruments d*optique, le rapport entre les éclats in-
trinsèques de l'image et de l'objet. — Il est facile de voir que,
pour la loupe, ce rapport a sensiblement pour valeur l'unité, quel
que soit le grossissement.
En effet, z étant toujours supposé négligeable, la surface de
l'image est à celle de l'objet dans le rapport de A' à p^. Mais, d'autre
part, la quantité de lumière qui concourt à la formation de l'image,
étant fournie par l'objet placé à la distance p, est aussi à la quantité
de lumière qu'envoyait l'objet, placé à la distance A, dans le rapport
de à^ h p^; en sorte que les éclats intrinsèques de l'image et de
l'objet peuvent être considérés comme égaux.
Néanmoins, comme l'œil voit des détails d'autant plus petits que
U lumière est plus vive, au moins jusqu'à la limite où commence
Téblouissement, il est toujours avantageux d'éclairer fortement les
objets qu'on examine à la loupe. Gela est même tout i fait nécessaire
si la loupe est à foyer très -court; car, l'objet devant être placé
très-près de la loupe, et celle-ci très-près de l'œil, la tête de l'ob-
servateur arrête la plus grande partie des rayons lumineux qui lui
parviendraient de ce cAté.
â53. C^lMMMp ëe la iMipe. — Le champ de la loupe est l'espace
angulaire que l'œil placé près de la loupe peut embrasser, sans que
ta vision soit altérée par les aberrations de sphéricité. — L'expé-
rience prouve que le champ ne peut guère dépasser 9 à i o degrés
autour de l'axe principal.
àbH. lioupcs ëestinèes aux tuwtm iri*oMilMieHie»t« t le»-
tlllea dlaplirasaiéefl, iMipes eeaipfMiéee. — Lorsqu'on veut
accroître le grossissement de la loupe, on diminue la distance focale
en donnant aux rayons de courbure des valeurs de plus en plus pe-
tites; mais alors on voit, par cela même, les aberrations augmenter
rapidement. — Lorsque la loupe n'est pas très-grossiswsante, on ap-
plique simplement sur l'une de ses faces un diaphragme circulaire
qui arrête les rayons marginaux; mais ce diaphragme a toujours l'in-
convénient de diminuer le champ.
218 OPTIQUE.
Pour conserver au champ une valeur suffisante et éviter les aber-
rations, on a recours soit aux lentilles diaphragmées deWollasten,
soit aux loupes composées.
1° Dans tes lentiilet diaphragmées de Wotlaston (fig. 389), le dia-
phragme est placé dans la masse même de la lentille, qui se trouve
ainsi divisée en deux. On peut même, dans ce cas, donner i la len"
tille la forme d'une sphère partagée en deux hémisphères, ainsi que
le montre la figure^ La lentille n'est toujours traversée que par des
rayons voisins dii centre optique 0, et le champ reste consîdérable;
3* Soit une loupe composée de deux lentilles convergentes G, G'
(fig. Sgo). Si l'on désigne par^la distance focale de la lentille G
qui est la plus voisine de l'ohjet, par p la distance OP, et par v la
distance OlI du centre optique de celte lentille à l'image virtuelle a§
qu'elle donnerait, on a
De même, si l'on désigne par/' la dùtance focale de la seconde len-'
tille G', par D l'intervalle 00' des centres optiques des deai len-
tilles, par A la distance de la vision distincte, et si l'on né^ge la
s de l'œil à la lentille G', on a '
h)
LOUPE COMPOSÉE. 219
et le grossissement -jg-» qui peut s'écrire —g- X ^. a pour valeur
Mtis l'équation (3) donne '
r^uatioD (1) donne de même
OQ, en remplaçant encore «r, dans ce second membre, par w va-
leur déduite de l'équation (a), savoir -r^- — D, il vient
«=('+7)('-/-^-7)-
ca qne 1*00 peut écrire
L'expérience et la théorie ont montré qu'il est avantageux de
construire une loupe à deux verres avec deux lentilles plan-convexes.
230 OPTIQUE.
tournant Tune vers l'autre leurs faces courbes, comme l'indique la
figure 3 90.
Lorsque ces leulilles ont même distance focale/et que l'intervalle
qui les sépare D est égal aux deux tiers de cette distance focale, la
loupe reçoit le nom d'oculaire de Rajiuden. Le grossissement est alors
et, si/est petit par rapport à A, on a sensiblement
Dans \edoiJ>letde Wolhuton, les distances focales ^y et lad
D sont réglées de manière qu'on ait/'— 3/ et D — ^,flt par mite
le grossissement est
G-
et, si/ est petit par rapport à A, la valeur du grossissemeiit est BOi'-
siblement
Les deux lentilles d'un doublet sont ordinairement réunies par
une monture h vis (fîg. 891) qui permet
de faire varier un peu la distance de
l'une à l'autre. On règle ainsi la valeur
de la distance D, de faron i obtenir l'a-
justement le plus convenable pour les dif-
férentes vues.
On donne quelquefois le nom de mi^
croicojie timple à une loupe montée sur un
pied, auquel on joint un porte-objet et
un appari-il «'clairnnt semblables à ceux
<pii .seront décrits plus loin à l'occasion
'''' ■''■'' dii microscope composé. — Oet appareil,
dont le grossissement <-st ordinairement moindre que celui des mi-
croscope.s composés, est souvent employé par les naturalistes pour
la dissection des petits objets.
MICKOSCOPE COMPOSÉ. 221
455. Mlw— wpfi ■■■»p— é. — Le microscope composé com-
pnùd esseatiellement : i". un système convergent appelé objectif, et
formé d'une ou plusieurs lentilles G (ûg. 3^3), donnant une
image réelle, agrandie et renversée «jS.de l'objet AB; 3* un second
■ystème convergent, appelé oculaire, et formé également d'une ou
piosieurs lentilles D , qui fonctionne par rapport à cette image réelle
comme une loupe, et ta grossit encore en la reportant à la distance
«MÛMi de la vision distincte en A'B'.
Si la distance de l'oculaire D à l'objectif G est variable, on pourra
toujours amener l'oculaire dans une position telle , que l'image A'B' se
forme à la distance de la vision distincte, quelle que soit la position
de l'image réelle a/3, et, par suite, pour des positions lrè»-diverses
de l'objet AB par rapport à la lentille G. Mais il est visible que le
grossissement, qui dépend du rapport de A'B' à AB, dépendra alors
de la position de l'oculaire par rapport à l'objectif. — Si l'on veut
que le grossissement demeure constant pour un même observateur,
dans l'étude de divers objets, et en particulier dans l'examen des
divers plans d'un objet transparent , il faut maintenir invariable la
distance de l'oculaire à l'objectif, et faire varier alors la distance de
l'objectif k l'objet. On satisfait à cette condition par la mobilité du
tube qui porte les verres du microscope.
:iii OFTIQLh:.
A 5 6. Qf— 1— MCMit et puiwnMCc #u Migwgi»pc> — On
voit, par des considérations semblables à celles qui ont été déveiep*
pées à propos de la loupe, que le grossissement du microscope,
c'est-à-dire le rapport des diamètres apparents de l'image et de l'objet
placés à la distance mmima de la vision distincte , est égal au rap-
A'R'
port -7^ (fig. 3^9 ). — D'autre. part, cette expression peut ^éerire
-^ X T^; le second rapport est le grossissement de Tobjeetif, qne
l'on peut désigner par g; le premier est le grossissement de IVw-
laire, qui, dans le cas où l'œil est placé très-près de la lemSk,
peut s'exprimer, comme on Ta vu (A 50)» par i-f-âi.^ DwMi le
grossissement G du microscope a pour expression approdiét
G=y(,+^)
On mesure ordinairement le grossissement du microsfope par
une expérience directe, au moyen d'une chambre claire adaptée
contre l'oculaire; on fait en sorte qu'elle projette, sur une rè^e di-
visée placée à la distance do la vision distincte, en dehors de l'ins-
trument, l'image virtuelle d'un micromètre tracé sur une lame de
verre et installé sur le porte-objet.
Si l'on veut maintenant évaluer séparément le grossissement de
l'objectif et celui de l'oculaire , on mesure directement le grossisse-
ment de l'objectif. Pour cela, on cherche quel est le nombre de divi-
sions d'un micromètre placé sur le porte-objet, dont l'image réelle se
projette sur un diaphragme de grandeur connue, placé dans le plan
de cette image. — Le quotient du grossissement total par le gros-
sissement de l'objectif fait connaître le grossissement de l'oculaire.
— 11 est utile de faire ces déterminations pour les divers objectifs
et les divers oculaires que l'on peut monter sur le tube d'un même
microscope.
L'avantage réel d'un microscope, comme celui d'une loupe, est
moins bien représenté par son grossissement que par sa puistanct,
c'est-à-dire par le quotient du grossissement par la distance de la
vue distincte (451).
MICROSCÛfB COMPOSÉ. in
i57. K^pl>l du dl»plUN»sa*e 4«h« le M>i«r>«««pe* —
'Pour limiler le champ de l'instrument aux points dont les faisceaux
Inmirteux arrivent à l'oculaire rous une faible obliquité, on emploie
Tia diaphragme percé d'une ouverture centrale.
Ce diaphragme doit être placé exactement en MM' (fig. 3^3),
dlUB le plan focal de l'image réelle donnée par l'objectif. — La fi-
gore montre en effet qile, dans cette position, l'ouverture laisse pas-
ser eaentier le faisceau lumineux émis par les points tels que A sur
l'objectif, et réunis par cette lentille au point a; tous les rayons de
-ce faisceau concourent donc à former l'image virluclie A' de ce point,
et il en est de même pour tous les points du champ. Au contraire,
te diaphragme arrête complètement le faisceau émis par les points
tels que E.
Si le diaphragme était placé plus près de l'oculaire, en M,M| par
exemple, il ne laisserait passer qu'une partie du faisceau émis par
"UD point tel que A, situé vers la limite du champ. — S'il était placé
•plus loin, en M^Ma, il laisserait passer en partie le faisceau émis
-par le point E, qui pourrait alors se trouver dans le champ, mais
dont l'image ne serait formée que par un petitnombre de rayons. —
DoDC, dans les deux derniers cas, les bords du champ laisseraient à
iénrer à la feis pour la netteté et pour l'éclat.
i58. 1
wIpmi du Bil«>«BC«pe> •
Le grossisse-
ment du microscope ayant pour effet de diminuer beaucoup l'ëclBl
intrinsèque de l'image, il est nécessaire d'y adjoindre un tyslime
éclairant, donnant à l'objet un éclat considérable. — Pour Tob-
servation des objets trsnq»-
rents qui sont aaMijettis entre
des lames de verre « on k
sert d'un miroir conave M
(fig. 394),<{niwt|jM»-
desKus du ^ffi ifftt A,, fl
dont on règle fincKiiiiioo ài
manière i r<fl<dA> diBS le
tube de l'instntnMBt» m tv^
vers des objets, la Imièn <ki
nuées ou cdie iTiim l^tmt
— Pour édainr kt «kjMt
opaques , on emjJoîa UM ko-
tUle convei^ente, qm Too
place au-desBUB de h i^aque
porte -objet A, et que Ton
oriente de manière à concen-
trer sur les objets la lumière
qu'ils diffusent ensuite. —
Le collier B, qui soutient le
tube du microscope, est fixé
à la colonne métallique creuse (î : une vis V, placée dans l'axe de
cette colonne, permet delà faire monter ou descendre, de maniérée
foire mouvoir le tube du microscope tout entier.
La constitution des oculaires va être indiquée, dans le paragra-
phe suivant, aver quelques détails. — Comme objectif, on emploie
d'ordinaire, au lieu d'une lentille unique, un système de lentilles
qui permet d'avoir un grossissement considérable avec de faiMec
aberrations de sphéricité.
A 59. Bl*m« »r— *— *• s
mrt»r*» Ai»* ■•• ■
e>«a«a>ea. — L'oculaire du microscope est tanlAt un oculaire de
Ramsden, semblable à celui qui a été décrit plus haut (&5&), et
MICROSCOPE COMPOSÉ. 225
d»îsîgné alors sous lo nom A'octtlnirf jwsitif; lanlôt un oculaire «^gtilif,
rormé de deux verres dont le premier es( [)lacé entre l'objoctif et
riiitiige réelle que cet objectif tend à former.
La figure SgS indique la marche des rayons dans l'orulfiire
néfpttil. Les rayons rencontrent la première lentille C de l'oculuire
avnni d'avoir formé l'imuge réelle a/S qui serait produite par l'ob-
jectif; celte image fonctionne alors , par rapportais lentille C. comme
un objet lumineux virtuel, et il se forme une image réelle a'^' entre
l'image a^ et la lentille C, C'est celte image réelle qu'on observe au
travers de la seconde lentille 0', et dont on voit l'image virtuelle à la
diytuice de la vision distincte, en A'B'. — Si l'on désigne par p et «r
les valeurs absolues des distances Oa Oa, par/ la valeur absolue de
la distance focale de la première lentille, il est facile de voir qu'or
aura
•(■) ■ ^-i--r
De méote, en appelaut D la distnnre 00' des deux lentilles, et/' la
valeur absolue de la distance focale de la seconde lentille , on aura le
V-^} A D—sr /'
grossissemeot —s-, qui peut s'écrire -737-—^. nuru pour expression
«=('+j-)0-7)-
VuHT, III. — (Viurfl lie pli]!). II. I -I
226 OPTIQUE.
En remplaçant w [>nr iia valeur iirée de IMquation (a), c'esl-à-dire
par D— A.L/'' •' ^Kol déHnitivnntenl
«=(-f)(-7I^-7)-
Il est digne de reman|ue que cette expreiision est identique ù celle
qu'on a tronv<!e dans le cas de Toculaire positif (ASA),
L'oculaire négatif a été inventé par Huyghens, pour corriger, au
moins en partie, l'ciTet nuisible de la dispersion. — H est souvent
construit de énanière que l'on aitf=5fel h-=af'; ce sont dn
moins les conditions qui ont paru les plus avantageuses i l'opticien
iinglats Dollond. La valeur du grossissement est alors
et si y est petit par rapport & à, cette expression se ré<luit à
r i
G-aj-
h&O. Iiunvtte iMtraitMntque. — La lunette astronomique
comprend essentiellement : i* un objectif convei^nt , qut donne en
son foyer principal une image renversée des objets très-éloign^s'";
•j' un oculaire convergent, aif travers duquel l'oeil reganle cotte
image, et qui la grossit sans la redresser.
<'' |j lunelIsMtMUvenl employer A ohierv»r dM olijcti duni lu ilifUnre, bien (|iwmi>
LUNETTE ASTRONOMIQUE. 227
La figure 896 représente la marche des rayons au travers
(l*une lunette astronomique formée d'un objectif M et d'un oculaire
simple M'; OA, OB sont les droites menées du centre de l'objectif
aux extrémités de l'objet, qui n'a pu être indiqué sur la figure;
les lignes pleines représentent les rayons qui sont émis par l'objet
près des bords de l'objeclif , et le trajet de ces rayons dans l'instru-
ment : les lignes ponctuées sont des lignes de construction dont
on verra facilement le rôle, avec un peu d'attention.
A61. QroMtlsseBieiit de 1» liineUe astronomique. —
Le grossissement de la lunette astronomique est le rapport du dia-
mètre apparent de l'image au diamètre apparent de l'objet. Il faut
d'ailleurs remarquer que le diamètre apparent de l'objet ne peut
varier ici au gré de l'observateur, puisque la distance de l'objet à
l'œil est déterminée.
Or, si l'on néglige la distance de l'œil h l'oculaire, le rapport des
diamètres apparents est égal h celui des angles A'O'B' et AOB, et
par conséquent à celui des angles aO'/S et aOjS, c'est-à-dire au
rapport des angles sous lesquels l'image réelle ajS est vue du centre
optique de l'oculaire et du centre optique de l'objectif. Si ces angles
sont peu considérables, leur rapport est sensiblement égal au rapport
inverse des distances de ajS à ces deux centres optiques, c'est-à-dire
que l'on a
F désignant la distance focale principale de l'objectif, et (p la dis-
tance qui doit exister entre l'image réelle et l'oculaire, pour que
l'image virtuelle se forme à la distance de la vision distincte.
Pour un œil normal ou pour un œil myope, la dislance (^ est tou-
jours plus petite que la distance focale principale /de l'oculaire, et
par conséquent on a alors
F
G>}.
périeure à la distance ordinaire des objets microscopiques, n^est cependant pas très-grande :
c^est le cas, par e&emple, de la lunette du cathétomètre. ^instrument est alors intermi-
diaire entre un microscope proprement dit et une lunette appliquée à la vision des objets
très-distants.
1.)
228 OPTIQUE.
— Pour un œil hypermétrope, la distance (f peut être plus grande
que/, et Ton aurait alors
Enfin l'expression
Il = -7'
J
conviendrait au cas idéal oîi Tœil, en regardant dans une lunette,
deviendrait infiniment presbyte^ c'est-à-dire serait accommodé pour
voir nettement les objets situés à l'infini.
Bien (|ue cette dernière condition ne soit probablement jamais
réalisée d'une manière rigoureuse, l'expression précédente sert a
caractériser le pouvoir amplifiant d'une lunette , indépendamment de
F . .
l'observateur, et la valeur du rapport -j est ordinairement considérée
comme servant de mesure au grossissement de la lunette.
Â62. Oculaire* de 1» limeUe astranamlque. — L'ocu-
laire de la lunette devant toujours être placé, par rapport à l'image
réelle formée au foyer de l'objectif, de manière que l'image virtuelle
soit reportée à la distance de la vision distincte, il est indispensable
qu'il soit assujetti dans un tube auxiliaire avec un (ira^^ facultatif :
chaque observateur peut alors lui donner une position convenable
pour sa vue.
•
A l'oculaire simple on substitue ordinairement un oculaire double,
positif ou négatif. — Dans ce cas, pour obtenir l'expression du
grossissement , on peut remarquer que , si l'œil était accommodé de
manière à voir nettement à la distance A, et s'il contemplait directe-
ment l'image réelle I , formée au foyer de l'objectif, il verrait cette
image sous un angle ayant sensiblement pour mesure -r • Lorsqu'il
la regarde à l'aide d'un oculaire dont le grossissement est g, il la
voit sous l'angle g-^* — D'autre part, le diamètre apparent de l'objet
est égal, comme il a été dit plus haut, au diamètre apparent de
l'image vue du centre de l'objectif, c'est-à-dire ù p; le grossisse-
LUNETTK ASTRONOMIQUE. 229
ment G de la lunette est donc
G
I
i
I"
n
(r)
OU bien
Si A est suffisamment grand par rapport aux distances focales des
deux verres de Toculaire, on a, pour l'oculaire négatif comme pour
roculaire positif (45 & et 459),
A A AD
et par suite
., _ F ^ F FI)
&63. WHmpÊÊmgnàe de 1» limette astronomique. —
On peut répéter ici, sur l'utilité d'un diaphragme et la position qu'il
convient de lui donner, tout ce qui a été dit à l'occasion du micros-
cope.
Le diaphragme est toujours porté par le tube de l'oculaire; il est
placé en dehors de l'intervalle compris entre les deux lentilles ou
dans cet intervalle lui-même, suivant que l'oculaire est positif ou
négatif. Lorsque l'oculaire est positif, il est monté de façon qu'on
puisse à volonté le rapprocher ou l'éloigner du diaphragme. Lors-
que Toculaire est négatif, c'est au contraire le diaphragme qu'on
peut à volonté faire avancer ou reculer dans l'intervalle des deux
verres.— Pour régler expérimentalement la position du diaphragme,
on prend à part le tube oculaire, et l'on donne au diaphragme, dans
ce tube, une position telle, que l'œil placé à l'oculaire en voie nette-
ment le contour ^^K Lorsqu'on dirigera la lunette sur un objet éloi-
gné, et qu'on fera mouvoir le tube oculaire jusqu'au point oii la
vision de cet objet deviendra parfaitement distincte, il est clair qu'on
^') On peut se dispenser, pour effectuer ce réglage, d'enlever le tube oculaire de la lo-
nette : il suffit de diriger l'instrument vers une surface lumineuse uniforme, présentant
une grande étendue, comme la surface du ciel pendant le jour.
Î30 OPTIQUE.
nmf>n(>ru ainsi le diaphragme dans le plan où se forme rimd(][e
nielle.
/|64. Rétieiile de 1» lunette astronomique. — Toutes les
fois que la lunette doit servira des mesures angulaires, le diaphragme
porte un réticule, qui est généralement formé de deux fils très-fins se
croisant à angle droit.
Si le point de croisement des deux fils est suffisamment voisin de
Taxe commun des deux surfaces de la lentille objective, Timagc
d'un point lumineux ne pourra se former en ce point de croise-
ment lui-même que si le point lumineux, le centre optique de Tob-
jectif et le point de croisement se trouvent en ligne droite. — La
lignç droite , qui est ainsi définie par le contre optique de l'objectif
et par la croisée des fils du réticule, est Vaxe optique de la lu-
nette : c'est en amenant cette ligne à passer successivement par
divers points qu'on peut mesurer les distances angulaires de ces
points entre eux ^^K
Il n'est pas toujours indispensable , mais il est toujours avanta-
geux , que Taxe optique d'une lunette coïncide avec son axe géomé-
trique. — Pour satisfaire à cette condition, on dirige la ligne de
visée de la lunette vers un point très -éloigné. On fait tourner la
lunette autour de son axe géométrique, et l'on constate si la ligne
de visée passe toujours par ce même point; s'il n'en est pas ainsi,
on déplace le réticule dans son plan, jusqu'à ce que cette condition
soit rigoureusement satisfaite.
Pour les observations micrométriques , on fait usage de réticules
à fils mobiles, qui présentent des systèmes de fils parallèles disposés
de façon que l'on puisse mesurer les distances qui les sépatent
entre eux. — Le quotient de l'intervalle de deux fils parallèles par
leur distance au centre optique de l'objectif est égal à la tangente de
la distance angulaire des deux points dont les fils recouvrent les
images , au moins lorsque cette distance est très-petite. — Un sem-
blable réticule ne peut étrovemployé qu'avec un oculaire positif; en
<*) Une tunetlp munie d*un réticule peut également servir à mcBorer les dislances ab-
solues des points sur lesquels elle est suooessivemeot dirigée. H suffit pour cela qu*elle
soit disposée comme la luneUe du catbélomètre ( 16) ou des instrameiils analogues.
LUNETTE ASTRONOMIQUE. 231
eflct, si l'on faisdit usage d'un oo^ilaire négatif, la distance du réti-
culé à l'objectif gérait variable d'un observateur à un autre.
Il est essentiel, dans tous les cas, de placer exactement le réti-
cule dans le phn de l'image réelle. On reconnaît qu'il en est ainsi
lonque, en déplaçant l'œil à droite ou k gauche de l'oculaire, on ne
constate aacnne parallaxe. — Si un mouvement vers la droite porte
]es fik vers la gauche du tableau focal, c'est que le réticule est entre
TocdUttrè et l'image réelle ; il est entre l'objectif et l'image réelle , si
reSst nbservé est inverse.
i65. AmÊÊmmm mmmÊmiwe de 1» taitetSe — tyqiowMyie ,
Si4lttdctir de TiNiTerture du diaphragme et waléiir du
eiiamp» — On donne le nom (ïnnneau oculaire à l'image de la sur-
face de l'objectif formée par l'oculaire. — Lorsque l'oculaire est
simple, cette image est évidemment réelle et extérieure à la lunette.
Il en est encore de même lorsque l'oculaire est composé, puisque
Teffet d'un oculaire composé est le même que celui d'un oculaire
simple, de distance focale convenable, qui occuperait la position de
son dernier verre.
Or, tout rayon qui pénètre dans la lunette va passer, après l'émer-
gence, au point de l'anneau oculaire qui est l'image du point où ce
rayon a rencontré l'objectif. On voit donc que, quand la lunette est
dirigée vers une région du ciel , chaque point de l'anneau oculaire
reçoit de la lumière de tous les points de l'espace dont les rayons
traversent l'objectif et arrivent jusqu'à l'oculaire, c'est-à-dire de
tous les points qui peuvent être vus à l'aide de la lunette , dans sa
position actuelle. L'œil embrassera donc le champ entier de l'instru-
ment, si le centre de la pupille coïncide avec le centre de l'anneau
oculaire, ou s'il en est très-peu distant.
Le champ est évidemment l'angle du cône qui aurait pour sommet
le centre optique de l'objectif, et pour base la circonférence du dia-
phragme, si tous les rayons des faisceaux réfractés qui ne sont pus
arrêtés par le diaphragme vont rencontrer la surface de l'oculaire.
— D'autre part, si la lunette est ajustée pour un œil infiniment pres-
byte, c'est-à-dire si la distance des lentilles est égale à F+/, il est
facile de déterminer la grandeur de l'ouverture du diaphragme, de
iiijinièri' (\ne te nooii l'XtriiuK.- passant |»i))- un |>nint i\ du bord de Im
|)orlioii lil>re He l'nltjci-lir MN (fif;. ^f}"/) ^t par le point opposé B'
(lu boni (lu diuplinifjiiic nille ronconlrt
il faudra pour rcla <|U(' ton ail
e bord de l'ocnlaire M'N' :
Or, la diMaiirp 00' des dt'ux lenlîllcs nV^I Jiulrc chose ipie It-^f:
donr, si l'on désigne [lar fi le rayon do la porlion libre de Tob-
jeclif, |>ar a eebiî de la porlion libre de IVulaire. la relation pn^
cédenle devicnl
Vj
Oy.
Kii éliminiinl Otf cl A'y eiilre les Iroin deriiiêres rctalioiis, un nU-
lienl dclinilivpuii'iil la talciir du ra>i>n dt; l'ouvorlure du diaphragme
Kn. - fa
AB'-
LUNETTE ASTRONOMIQUE. 233
' Si maintenant on divise cette expression par F, on obtient la li-
mite supérieure que ne peut dépasser la tangente du demi-angle
au sommet du cône par lequel le champ est circonscrit, savoir :
Fûj-fQ
OU, en divisant les deux termes de la fraction par F^ et remarquant
ijue le grossissement G est évalué par le rapport y.)
Gh- 1
On peut, sans erreur sensible, prendre le double de cette expres-
sion pour valeur de l'angle au sommet du cône qui limite le champ
de l'instrument.
Enfin, quant à la grandeur de l'anneau oculaire, si l'on suppose
toujours la lunette ajustée pour un œil infiniment presbyte, et si l'on
désigne par a le demi-diamètre de cet anneau et par d la valeur
absolue de sa dislance au centre de l'oculaire, on a les relations
iy F-4-/
a (I
l_i 1 [
d^F + f-f
En éliminant rf entre ces deux équations, il vient
li V
et l'on voit que le rapport du diamètre de l'objectif au diamètre de
l'anneau oculaire est égal au grossissement de la lunette.
466. Déterminatioii euLpérlmeiitele du f^rcMMiIssenient
«M moyen de l*«nne«ii tieulalre. — Djnamétre de Ramsdeii.
— D'après ce que l'on vient de voir, il sulïit, pour obtenir le grossis-
sement d'une lunette astronomique, de mesurer avec autant d'exac-
titude que possible le diamètre de l'anneau oculaire et ct^lui de
l'objectif. C'est pour cet usage qu'est construit le dynamètre de
Ramsden.
iU OPTIQUE.
Une plaque translucide «A, montée dans un tubeT(fig. 898), est
placée au delà de l'oculaire, de manière que le cercle lumineux qui
constitue l'image de l'objectif éclairé par la lumière diffuse vienne
^ s'y peindre nettement : sur cette plaque
a été^marquée une division en demi-mil-
limètres, qui permet de mesurer exacte-
ment le diamètre du cercle brillant. Pour
rendre l'évaluation plus précise, on ob-
Fig. 398. serve la plaque au moyen d'une loupe
composée, montée dans un tube t qui entre dans le tube T et dont
l'observateur règle le tirage d'après la portée de sa vue. — Eh ap-
pliquant sur la surface de l'objectif les deux pointes d'un compas,
et en rapprochant ou éloignant les pointes l'une de l'autre, jusqu'à
ce qu'on voie les images de leurs bords tomber exactement sur les
extrémités d'un diamètre de l'anneau oculaire, on mesure le diamètre
de la partie réellement efficace de l'objectif.
467. Estimatioii de la clarté d*une lunette astr«B«-
mlque. — En désignant par p le demi-diamètre de la pupille, par
S la surface d'un objet éloigné, par I l'éclat intrinsèque de cet objet
et par D sa distance, la quantité de lumière qu'il envoie directement
dans l'œil peut s'exprimer (385) par
SI 2
La quantité de lumière que ce même objet envoie sur l'objectif s'ex-
prime de même par
Donc, lorsque Vouveriurc de hi pupille est supérieure à celle de Panneau
oculaire, on peut dire que la quantité de lumière arrivant à l'œil est
augmentée par la lunette dans un rapport égal à
à la condition de considérer comme négligeable l'effet des absorptions
qui sont dues aux verres de la lunette.
LUNETTE ASTRONOMIQUK. 235
Si Vouverture de la pupille est plus petite que Vanneau oculaire, la
quantité de lumière qui pénètre dans Tœil, après le passage au
travers de la lunette , est égale seulement à
J5î7ri2 -,,
et le rapport de cette quantité à la quantité de lumière qui serait
reçue directement par TobII est
Quant à la clarté de Timage qui se forme dans l'œil placé à la
lunette, il faut remarquer que l'image rétinienne, sur laquelle est
distribuée la quantité dn lumière qui arrive dans l'œil, a une
surface proportionnelle au carré du grossissement linéaire : de
sorte que l'intensité de cette image est à l'intensité de l'image de
Tobjet vu directement dans un rapport qui s'obtient en divisant les
expressions précédentes par le carré du grossissement linéaire. Si
Ton remarque d'ailleurs que le grossissement linéaire G est toujours
égal à -1 on voit que, avec des grossissements très-forts, c'est-à-dire
avec des grossissements donnant à a une valeur assez petite pour
que le diamètre p de la pupille soit supérieur à celui de l'anneau
oculaire, la clarté est diminuée dans le rapport
(7) a'
ou -, •
P
(S)
Pour des grossissements moindres, c'est-à-dire pour des gros-
sissements donnant au diamètre de l'anneau oculaire une valeur a
assez grande pour que le diamètre p de la pupille lui soit égal ou
inférieur, le rapport des clartés de l'objet vu dans la lunette et à
l'œil nu est
m
ou 1,
(?)
en sorte qu'alors la clarté nest pas modifiée par la lunette.
rd6 OPTIQUE.
^6S. Pouvoir éelairant de la luMCtte
dans le eas où le diamètre apiparent des oli|eia
petit. — Les raisonnements précédents cessent d'être exacts lorsque
le diamètre apparent des objets descend au-dessous d'une certaine
limite , qu'on ne peut définir avec précision , mais dont il est facile de
faire concevoir Texistence. — En effet, Timage d'un point lumineux
sur la rétine n'est pas un point mathématique : c'est une surface
d'étendue sensible, variable avec les aberrations propres à Fceil de
l'observateur, et variable aussi avec les aberrations de la lunette,
lorsque la vision s'opi»re à l'aide de cet instrument ^'^ La surface
de l'image d'un objet lumineux ne peut donc être regardée comme
proportionnelle au carré du grossissement que si elle est suffi-
samment grande par rapport à ce qu'on peut appeler l'étendue du
cercle d'aberration; si elle est du même ordre de grandeur que ce
cercle, tout ce qu'on vient de dire se trouve en défaut.
CependanI on peut encore arriver à des conclusions précises,
lorsque le diamètre apparent de l'objet est très-inférieur à la limite
qu'on vient d'indiquer. — La distance des centres des cercles d'iaber-
ration correspondants à deux points quelconques de l'objet étant
alors très-petite par rapport au diamètre d'un cercle d'aberration»
la grandeur de l'image ne diffère pas sensiblement de celle d'an
cercle d'aberration : par suite, elle est indépendante du diamètre
apparent de l'objet, vu directement ou grossi par la lunette. U résulte
de là que l'intensité de l'image est proportionnelle au quotient de
la quantité totale de lumière par la surface du cercle d'aberration.
Par conséquent, si l'on appelle r le rayon du cercle d'aberration
pour la vision directe, R le rayon du cercle d'aberration pour la
vision à travers la lunette, le pouvoir éclairant de la. lunette sera,
dans le cas où p est plus grand que a,
dans le cas où p est égal ou supérieur à a, le pouvoir éclairant de
la lunette sera
a' \V '
' Irulépoiuliiiiiiiieiil des abetralion» de «pliéricilé ou de i*efniiigibiliic, une propriété
LUNETTE TERRKSTKK. 237
Lorsque ta JuneUf est bim conNiriiilc, R pst du inémo ordrp de
grandeur que r, et il est très-grand par rapport à ;) ou à a. Par con-
séquent, la visibilité des objets qui n'ont qu'un diamètre apparent
intsensible est augmentée. — Ce qui contribue d'ailleurs encore à
rendre ces objets plus visibles, c'est que la clarti< du fond sur lequel
ils se projettent, fond que l'on peut regarder comme un objet de
diamètre apparent égal au champ de la lunette, est diminuée dans
le cas des Forts grossissements, et demeure constante dans le ras dr-s
faibles grossissements. C'est ainsi qu'une lunette dont l'objeclif a une
grande surface permet de voir aisément, en plein jour, les étoiles
qui ont un certain éclat.
469. I<unell« terrestre. — La ItiiieUe terrestre diifère de lu
lunette astronomique en ce qu'elle présente, outre l'objectif et
l'oculaire proprement dit, deux lentilles convergentes, destinées à
produire le rod ressèment de l'image virtuelle qui doit êiré contem-
plée par l'œil.
Ces deux lentilles L, L' (fig. Stjf)) «ni même disduK^i' focale
principale : elles sont séparées par un intervalle qu.'lcoiique. La
première L est placée au delà de l'ininije réelle a^ qui est formée
par l'objectif, et à une distance de celte image qui est égale à sa
distance focale principale : la ligure montre suffisamment qu'il
if. la iiimière , iloiil il sein ijut^Iioii ^liis lard à Twi-ssioii ih h diiïnirlion , ilurinc loujniirs
mil.' Klendiif iieiisihle li l'imiigi; il'iiri point lumiiii<Lii.
238 OPTIQUE.
se forme alors, au delà de la seconde lentille L\ une image réelle
ajS' ëgale en grandeur à a/S, mais redressée. — La distance entre
les deuï images réelles a/3 et a^' peut ainsi être rendue de très-pea
supérieure au double de cette distance focale principale, tandis cpie»
si l'on employait une lentille pour produire cet effet de redresse-
ment, la distance entre ces deux images serait au moins qoadropk
de la distance focale principale ^'-K
Les dcuï. verres auxiliaires L, L' sont montés dans le même lobe
que TocuLiire proprement dit C, qui est ordinairement an ocuhai?
composé, du genre des oculairei négatif»; la première lentille Ln'a
donc exactement la position qu'on vient d'indiquer que si Tceilde
l'observateur est a rommodé pour une distance infinie.
â70. liunette de Galilée. — La lunette de GaliUe se distingue
de celles que l'on vient d'étudier en ce que Toculaire est formé d'une
lentille divergente D (fig. Aoo), placée entre l'objectif C et Pimage
réelle ajS que formerait l'objectif: il en résulte que cette image ne
se forme pas, et que l'œil placé derrière l'oculaire voit une image
virtuelle A'B', agrandie et redressée par rapport à ojS.
Si Ton désigne par (p la distance 0 a de l'oculaire à l'image réelle
ajS que formerait l'objectif, le grossissement est, pour les mêmes
F
raisons que dans le cas de la lunette astronomique, égal à ^^ —
('} Ed effet, dans le ras «les» leDlilles couvei^olet, la dislaDoe d*uii objet à soo image
Cil
011
si p (*sl positif cl pliiH |^ra:ul (|iie/, le niiniinum de celle expression est doouê par la coo-
dilioii
dWi ToD lire
et, par suite, b distance d^un objet à son image, on, dans le ras actuel, la distance de
riina|;e sS à riuia;;e a'jS*, a |>our valeur minimum
LUNETTR IIK GALILÉK. 239
Celle eiLpre.s8ioii se réduit, comme dans la lunette astrononii(|ue, à
la valeur -? lorsque l'œil est accommodé pour une distance infinie.
Mais la limite ainsi obtenue est une limite supérieure; en c.Tcl, si
l'on désigne par A la distance de la vue distincte, et si l'on re-
marqne qm l'image o/S joue, par rapport à la lentille divergente.
le ràU d^u (^jet virtuel, la formule des leutilles donne
d'où l'on tire
ce que l'on peut écrire
On voit donc que ^ csl plus grand que y] et (|ue, par suite, â est
plus petit que j.
Cette formule montre, en outre, que <p augmente à mesure que A
diminue, ou, en d'anlres termes, qu'il faut d'autant plus rapprocher
l'ocutatre de l'objectif que la distance de la vision distincte est plus
courte.
On peut appeler anneau oculaire, dans la lunette de Galilée
comme dans ta lunette astronomique, l'image Je la surface de
i>4U OPTIQUE.
rohjprlif (loniit'o par l'orulnire: mais, cette image 4l«nt virtuelle, ïl
n'y a pluti de position pour l'œil qui garanlifhse la vision de tous les
poinis dont les rajons arriveat » l'oculaire après avoir traversa
l'objectif. -^ Le eh/imp de la lunette est donc indëtenniné, et d^nd
de t ouverture de la pupille de l'observateur.
Les rnisonnements qui ont été faits plus faaid, i pn^XM de la
clarté dans la lunette astronomique, ne sont pas dod pliua|q[dic^ln
à la lunette de Galilée.
àl 1 . CslUMMtcMi*. — Lorsqu'un objet est placé à une diilite
d'une lentille convergente égale i la distance f(M»ie principale, les
cônes de rayons émanés de ses divers points se transformoil, perb
ri'rraclion, en cylindres de rayons parallèles. — La (ijjureioi montre
([ue ces divers rayons sortent alors de la lentille avec les mêmes
(lin-t-tions <)ue s'ils émanaient d'un objet infiniment éloigné, dont
le diamètre apparent serait égal à l'angle AOB que sous-tend l'objet
AB. vu du centre opti(|ue de la lentille.
Lno lentille convergente ainsi instalii'-p prend le nom de coMimti-
leiir ■ un pareil système peut, dans beaucoup de cas, être substitué
aver avanlag'- à nue mire tn' .s- éloignée.
On place ordinairement au fover du collimateur une fente lumi-
neuse étroite, ou une rrnisée de (ils portée pur un oculaire positif.
— 1.1- collinialeur devient, dans ce ilernier cas. une véritable lu-
nette. Pour le régler, il suHtI de faire varier la dislance de la fente
ou de la croihée de (ils à l'objectif, justju'à ce qu'on en voie une
TKI.KSCOI'KS. ûM
ima{[c iinlle <Iaiis iirif iiiitro luiiplk-, n''j[Ii'i' siii- îles objets inliniitit'nl
ilistiiiils.
Â72. Tél»ac«ye de Herachel. — Les iiislruiiicnls i|i)i sotil
daigné» sous le nom <lc féleacope» iliiïèronl i\cs liinettPK on ce ijue la
leiilille olijeclive flst remplace [lar un miroir poiiravc, — lies clivers
télescopes se distinguent entre euv |>ar la maiiii^re dont on ranièni'
ensuite l'image réelle, formée par ce miroir, dans unn |iositîon |>lus
ou moins commode pour l'observation.
Diinsle tik*€ope de Herscliel, le miroir rë(li.'cbissantMM'(ng. ^ini),
dont le rentre est en ('., esf légèrement incliné sur l'axe du tube TT'
<|ni Ift porte, de manière (pie l'image d'un objet eitérieur i^iorjfné
vienne se former au voisinage dri i'ojer priiiiipal/dn miroir, près
du bord inférieur de l'ouverture du tube. — On observe relie image
à l'aitle d'un oculaire, et, si la surface lUi miroir est très-grande,
la perle de lumière qui résulte de rinter|)osilion de la télé de l'ob-
serviileur, au-dessus du bord du lidte, n'entraîne pas une tropgrtmde
diminution d'éclat.
àl'i. T«leac»pe de New«»n. — Dans le téletcopede Newton, le
miroir concave MM' {lig. /io3)a son centre (^ sur l'ave du lube TT' :
les ravouK lumineux <pii viennent des objets sur lesquels est dirigé
l'inslrument, aprcVs .s'être réllécliis sur ce ratroir, viendritjenl former
une imaf[e réelle ajS dans le plan fora) principal. Aviint d'arriver
à ce plan, ils .'«ont réflcVliis de nouveau par un mirr>ir ])lan au\i-
XtMM, m. — (:..>iisi].'|iii)H. 11. ,ri
■2'ii nPTIQI K.
liîiiii- l'Q iiicliin'- ;'i h't defjrés sur \'a\f ciii lube (ou, re qui revient
au iiièniF', |i;tr la face hy|)nl«^n<ise il'tiii prisme reclangle^ : il m-
roriiii' alors une iinaf;e réelle a'^\ s\iiïi''lri'[iie de a)S p«r raj»|»orl à
i'IJ. (iulli' iiiiii){<- x'jâ' •'!■[ •iUi'ft\î-e iiii travers irtiiic loiipt- |, |au il'i
inicruscojii'K eu sorlc i|iii^ l'o-il [ilati- derrière ri'lli' lou|»c cal
riiiiiifje \irliii>ll(- A'B'. ipii l'sl plus {grande ipn- a'jâ'.
^^^. Ttl»»»»»» «« ttrémmry Dans le l^kte^ ih Gr^fttif
(lig. Wi). un miroir ooiicave MM', pincé rninirie dans le IJl^sfÀipe
(le Newton, vieiil former une image réelle el renversée a,5 dans sod
pliui l'oral principal. Au délit de relie imaf^e réelle esl placé un pelil
TIÎLESGOPËS. '2k?,
miroir concave NN', ayant son centre (7 placé tlf telle manière que
l'image a/3 soil entre le point (/ et Ip plnn focal principal <ie a-
même miroir : il se Tonne alors une antre image réelle a'/S', ren-
versée par rapport à a0, et, par suite, droite par rapport à l'objet.
L'image a'^' est vue au travers ile In lonpo L, de soile que l'œil
coDsidère, en délînilive, l'imajje vîtiuelle A'B', ijiii est a[;randie par
rapport à ix'jS'.
â75. Télcsrope de Cassegiralii. — Le télescope île Ciissegriiiit
(fig. 4o5) diffère du télescope de Grégory en ce que le petit miroir
concave de celui-ci est remplacé par un petit miroir convexe, ce
qui permet de diminuer la longueur totale de l'instrument. — La
figure lioù indique d'ailleurs suflisamment la marche des rayons
lumineux dans cet appareil. Le petit miroir concave NN' étant plané
entre le grand miroir MM' et l'image réelle ajS que donnerait ce
miroir, cette image ne se forme pas : elle est remplacée par l'image
réelle a'/3', qlti est vue à la lon|)e L, L'feil considère donc, en défi-
nitive, l'image virtuelle A'B'. plus grande que a'^'.
Dans ce télescoj):'. aussi bien que dans le télescope de (iré-
gorv. les aberrations du petit miroir auxiliaire ^^' s'ajoutent à
celles du miroir principal et nuisent beaucoup à la netteté de
la vision: aussi ces deux instruments sont-ils depuis longtemps
2ii/i OPTIQUE.
abandonnés el n'onl-ils, en réalité, qu'une importance purement
hislori(|ue.
/|7G. Iffiroirs mrgentém de Foucault» — Les miroirs df^
bronze, qui ont été longtem|)s les seuls employés pour la construr^
lion dos télescopes, ont l'inconvénient d'être très-lourds^ difliciles^
à travailler, et coûleu.v à réparer quand leur surface vient à se ternir.
A ces miroirs Léon Foucault a substitué des miroirs de verre argentés
sur leur première surface,
C'est particulièrement au télescope de Newton que les miroirs de
Foucault ont été appli([ués. On leur donne, non plus une forme
s|)hérique, mais une forme exactement ])arabolique« au moyen de
la série suivante d'opérations :
i" Le miroir reçoit d'abord approxiinativement la forme d^me
surface spbérique concave, par les procédés ordinaires de la taille
des lentilles, c'est-à-dire par un frottement prolongé sur une sur-
face» métallique convexe, couverte successivement d'un émeri de
plus en plus fin, et finalement de colcothar.
-r On fait tomber, sur la surface ainsi préparée, un faisceau lu-
mineux émané d'une source très-étroite, très-voisine du centre du
n)iroir, mais située un peu en deliors de l'axe. Si le miroir était par-
faitement spbérique, la totalité des ra\ons réfléchis irait former une
tn\s-|)elite ima{[e réelle, symétrique de la source par rapport à Taxe.
Alors. (Ml installant en ce |)oint un écran 0|)aque très-petit, et en
plaçant l'œil derrière cet écran, aussi près de son boni qu'on le vou-
drait, <ni ne recevrait de lumière d'aucun point de la surface du
nn'roir, et l'on n'éprouverait, en regardant cette surface, (|ue la
sensation de l'obscurité complète. — Au contraire, si la surface est
inqiarfaitement spbérique, les aberrations amenant un peu de lu-
mière* en debors de l'image, certains points de la surface du miroir
paraissent illuminés: les variations qu'éprouve cette illumination,
lorsque l'œil se déplace, font connaître à un obsenaleur exerce les
régions de la surface du miroir qui s'écartent sensiblement de la
forme spliéri<|ue. — On corrige les défauts ainsi constatés, k l'aide
de reloncbes locales qui s'exécutent a la main, avec un polissoir
('Ou\erl de colc(»lliar.
DE LA VISION DANS LES INSTHU VIENTS D'OPTIQIE. :2'i5
3" On rapproche lu source lumineuse du miroir. L'imajje con-
juguée qui se produit ne serait parfaite que si la surface du nnroir
était changée en celle d'un ellipsoïde de révolution dont les deux
foyers occuperaient respectivement les positions de la source et de
son image. Si l'on cache celte image par un écran o|)a(|ue, l'a^il
voisin du bord de l'écran a|)er(;oit encore, en regardant vers le mi-
roir, une illumination variable, dont l'étude peut lui révéler (|uelles
sont les zones du miroir qui font, en quelque sorte, saillie en avant
de cet ellipsoïde de révolution, et quelles sont celles qui restent en
arrière. Par la méthode des relouches locales, on arrive à faire dis-
paraître entièrement l'illumination, et l'on est assuré, par ce carac-
tère, que la forme ellipsoïdale est obtenue.
4" Par une série d'opérations de ce genre, on transforme gra-
duellement un miroir sphérique en un ellipsoïde de plus en plus
allongé. Lorsqu'on est arrêté, dans cette transformation, parles di-
mensions de l'atelier ou du laboratoire où l'on o|)ère, on fait arriver
sur le miroir un faisceau de rayons que l'on a rendus aussi exacte-
ment parallèles que possible à l'aide d'un collimateur (471) au
foyer duquel est placée la source lumineuse : on soumet aux mêmes
épreuves l'image formée par les rayons réfléchis sur le miroir. On
a ainsi le moyen de reconnaître quels sont les points qu'on doit at-
taquer pour arriver à la forme exactement parabolique, et la dis-
parition de toute illumination latérale avertit du moment oii cette
forme est exactement réalisée.
Lorsque le travail de la surface est terminé, on l'argenté par un
procédé particulier, dans lequel l'argent est mis en liberté par la
réaction d'une matière organique ^^^ sur une solution convenablement
étendue de nitrate d'argent.
an. IBe la Tislon distincte dans les instruments d'op-
en géÊkéapmàm — Lorsqu'on fait usage d'un instrument un
peu puissant, microscope, lunette ou télescope, on ne peut faire
varier l'ajustement nécessaire à la vision nette des images ({u'entre
des limites très-peu sensibles: l'œil send)le avoir prescjue entièrement
perdu sa faculté d'accommodatioïi. — (l'fvst de celte circonstance
*'• 1^1 matière rpron omploi**. le plus ordiii<iin:meiil ».'sl le sucre Ho ^^i^iIl inlcnMli.
\
2/i(> OPTIQUE.
uial inlerprélce (ju'est venu, sans doute, l'usage de parler, dans la
théorie des instruments d'optique, d'une distance de la visùm dUtincie,
unique pour rhaque observateur, dont on tixe arbitrairement la vateor
movenne à 3o centimètres.
En réalité, lorsqu'un observateur doué d'une vue normale, c'est-
à-dire capable de voir distinctement à toute distance comprise entre
l'indni et une limite inférieure déterminée A, jdace un verre con-
vergent au devant de son œiL il ne peut plus voir nettement que le^
objets dont l'image virtuelle se forme à une distance comprise entre
A et l'infini. — Or, pour que Timage virtuelle d'un objet soit inli-
niment éloignée, il faut que Tobjet soit au foyer principal de la len-
tille. Pour qu'elle soit à la distance A, il faut que l'objet se trouve
a une distance S donnée par l'équation
c'est-à-dire que Ton ait
I
l
's
rrzr.
' II)
s-
1
•
L'amplitude a[)parente de Tacconnnodation est donc, dans ces cir-
constances, réduite à la différence entre y et la valeur précédente
de ^ (|ue Ton vient de trouver, c'est-à-dire à
p
OU enfin à
r
Si, |»ar exemple, la distance A est, pour la vue de l'observateur,
de i5 centimètres, et si la distance focale de la lentille est de
îî centimètres, on trouve, en effectuant le calcul indiqué, que
ranq)litude de l'accommodation est simplement de îi"*,35.
Si maintenant, en avant de l'oculaire et à une distance 1), se
trouve une lentille objective, de manière à constituer un microscope
<' On suppose négligeable la dislance de la loupe à TobU, pour simplifier les formules.
DE LA VISION DANS LES INSTRUMENTS D'OPTIQUE. '2t\l
composé, on no verra nettement (|ue les objets situés de façon que
l'image réelle formée par l'objectif soit à une distance de la loupe
comprise entre S ei f. Il faudra donc que cette image réelle se tmuve
à une distance de l'objectif plus grande que D —/et plus petite que
D ~ S. — Alors, si l'on désigne par ^ la distance focale principale
de l'objectif, les distances limites y;, ety^^ ^^ l'objet à l'objectif.seront
définies par les conditions
el
1
. —
-/
I
1
-+-■
i
n-
~S
1
L'amplitude apparente d'accommodation sera réduite, dans l'instru-
ment ainsi constitué, à la dillerence y^j ~ P-y* — ^^ ''^^^* cojiserve les
hypothèses précédentes sur A et y;, et si l'on suppose, eji outre,
que la distance D des deux lentilles soit de ao centimètres et que
la dislance focale ^ de l'objectif soit de 5 millimètres, on trouve
que pi —jKt est inférieur à un centième de millimètre.
Dans la lunette astronomique et dans le télescope, l'oculaire
composé est l'équivalent d'une loupe à foyer très-court, et par suite
sa distance à l'image réelle donnée par l'objectif fie peut varier
qu'entre des limites très-resserrées.
D'ailleurs, il parait assez évident ([ue l'œil, lorsqu'il regarde un
objet à l'aide d'une loupe, doit tendre à s'accommoder pour la limite
inférieure de la vision distincte, afin d'apercevoir l'image virtuelle
de l'objet à une moindre distance, et d'y discerner des détails aussi
petits que possible. Il en est sans doute de même lorsqu'on fait usage
de la lunette astronomique, de la lunette terrestre ou du télescope.
La distance miinnui de la \ision distincte est donc toujours celle
qu'on doit considérer dans la théorie de ces instruments. — Si , dans
la théorie de la lunette et du télescope, on considère ordinairement
un œil accommodé pour voir nettement à l'infini, c'est en vertu
d'une convention arbitraire. (|ui Ji'a d'autre objet (|ue de simplifier
les formules.
Ces conclusions sont confirmées par l'influence bien connue (pie
la pratique fréquente et prolongée des observations microscopiques
i>!iH ornoiiK.
ou cislronoinicjiirs cvchm» sur la vue (l(»s obsonaleurs, en fI«5velop-
|>(inl chez cu\ la [nyopir, ou eu la reudaul plus conipirle.
La luuet((» (Ir (jaliire n»sl(» eu doliors des roiisidéraiioiis pré-
céd(*n(e.s, rarcouuuodaliou dr Tceil poin* la iiun'le inrérieure (\v la
\ision dislinch* olaul di'»savaula{jeuse lorsipi'ou fail usajje <le rr[
iiis(ruu)ent.
/|78. .Tlemire e^périitieiitwle du irromiiiiiieiiieiit de» Iti —
netteii et de» téleneopeii. — Pour déhTUiiner par IV\pérîenri^
le {[rossissemeut d'une lunellc ou d'un léleseope, on dirige rîiisirii—
ment sur une mire éloijpuM*. dont la grandeur et la dislance sont
connues; puis, au moven (Fune chambre claire placée devant focn—
laire. on projelte Timage virtuelle de la mire sur une éclielle gra-
luée, située à une distance convenable pour être vue dislincteiiienl ,
t l'on observe le nombn* de divisions de l'échelle qui paraissent
couvertes par Tiniage de la mir*. — l)i» ces données on déduit
immédiatement le ra|)port des diamètres apparents de l'image et de
l'objet.
Lorstpi'il s'agit d'une lunette à faible pouvoir amplilianU d*nne
lunette de spectacle, par e\eniph>, on peut obtenir une estimatioli
approximative du grossissement en plaçant la lun(*tlc devant un opIK
sans fermer l'autre, et en comparant la grandeur apparente de cer-
tains objets a celle de leur image. Il convient de choisir^ pour celle
ap|)réciation , des objets (pii présentent des divisions équidistantes.
par exemple une construction à assises régulières; on voit alors
eoud)ien de divisions, vues directement par l'œil nu, paraissent
correspon<lre à l'image d'une seule division, vue par l'autre œil an
travers de la lunette.
DISPERSIOjN.
DECOMPOSITION ET «ECOMPOStTION DE LA LlMIEnE,
/|79. DIIMatlon et coloration d*iin faiifeeaii de liiitiiére
blanche 9 par le pansage au travem d'un prinnie. — Lors-
qu'un faisceau de lumière solaire est Iransuns par un prisme, il
éprouve non-seulement une dévialion (408), nuiis une dilatation
et une coloration; en sorte que, si la section du faisceau incident
est circulaire, et si l'on reçoit le faisceau émergent sur un écran
perpendiculaire à la direction moyenne des rayons, on obtient, non
plus une image blanche et circulaire, mais une image oblongue et
colorée. — Quand le prisme est dans la position du minimum de
déviation, le faisceau émergent est encore dilaté et coloré. Or, il ré-
sulte de ce qui a été démontré plus haut qu'un cône lumineux
étroit, rencontrant le prisme au voisinage de son arête, donnerait
naissance, si la réfrangibilité de tous les rayons était la même, à
un cône émergent de même ouverture angulaire (426). On doit
donc admettre que la lumière blanche est composée de rayoms de
cotdewrs diverses, qui diffèrent entre eux à la fois par leurs indices
de réfraction et par leurs actions sur l'organe de la vue.
On donne le nom de dispersion à la séparation d'un faisceau de
lumière J)hincbe en faisceaux de diverses couleurs, par le passage
au travers d'un milieu réfringent. — Si l'on revient à l'expérience
qoi.préeède, ou voit que la séparation des cônes lumineux de di*
verses couleurs doit être d'autant plus complète qu'on s'éloigne da-
vantage ilu prisme. L'expérience constate en effet que, si l'écran est
place près du prisme , Timage qui s'y forme est peu allongée ^ et co-
lorée seuienefii aux extrémités de sa plus grande dmênsion; à
jDeiure qiioa éloigne l'écran, l'image s'aiioage , les coioratioas appa-
nMent dans imsie son ^iidue, et les couleurs deviennent de
plus en j)lus disstinctes les unes des autres.
lignage que l'on obtient en opérant avec la lumière dn soleil a
5850 OPTIQUE.
reçu le nom de spectre solaire. Newlon y a dibliiigué sept couleurs,
qui sont, dans l'ordre de réfrang^ibilHé croissanle .\
Rouge f orangé , jaune y vert, bleu, indigo, violet.
(ic partage est d'ailleurs assez arbitraire, et le spectre offre, de
cliocpie couleur à la couleur suivante, la transition insensible par
toutes les nuances intermédiaires.
480. ¥ériflciitft#ii expérlmenUile 4e remplIcAtlMi *t
phéii^ntéiic précédent. — On doit à Newton un gi*and nombre
d'expériences destinées à vérilier que la véritable cause de la dis-
persion est bien l'inégale réfrangibililé des rayons lumineux de di-
verses couleurs qui conq)osent la lumière blanche. — On indiquera
seulement ici quelques-unes de ces expériences.
i" Comparaison des spectres fournis par des prismes de natures difé-
rentes. — L'expérience montre que les spectres Tonnés par la lu-
mière solaire, réfractée au travers de prismes de natures diverses,
offrent toujours les mêmes couleurs et dans le même ordre : il n'y
a de différence que dans la grandeur absolue de la déviation de
chaque couleur en particulier.
»j'* Expérience des prismes croisés. — Soit un faisceau horizontal de
lumière blanche, qui irait former, dans une chambre obscure, une
image circulaire D sur un écran vertical MiN ((ig. &o6). Si Ton place
d'abord sur le trajet de ce faisceau un prisme P ayant ses arêtes
horizontales, il dévie et disperse le faisceau lumineux dans un plan
vertical, et produit un spectre vertical RV. Si maintenant on inter-
pose encore , sur le trajet du faisceau dévié par le prisme P, un
second prisme P ayant ses arêtes verticales, il donne un spectre
incliné R'V; et, si les deux prismes ont le même angle et sont
fonués de la même substance, ce second :^)ectre est incliné a
45 degrés sur la verticale^' . — Ce résultat montre que les rayons
'^' La figure 6o6 montre roiiniM*flil on peul disposer reipêrience poiir oU«nâr a ia (bb
sur récran : i* Pimage circulaire ei blancbe D , qui est fbmiêe par use poriioa du fimeau
n*a\aut subi aucune rèinrtion ; :i* le spectre vertical R\\ formé par la réfraction an travers
du prisme P seul; T le spotlre incliné, formé par les réfractions succcwàves au traders
énêémjL
DÉCOMPOSITION DE LA LUMIÈRE. 251
violels, |»Hr evenipie, onl é|iro«vé de la part du scruud prisiut; V
une déviation, dans le sens horizontt)!, exaclemcitl égale à celte
qu'ils avaient éprouvée du la jmrl du [H'cniier dans le sens vL-rtical;
de même, la déviation horizontale produite sur les rayons rouges
par le second prisme est égale à la déviation verticale produite sur
ces mêmes rayons par le premier; enfin, il en est de même pour Ie>
rayonti des couleurs intermédiaires. L'expérience ainsi faite prouve
donc directement l'inégale réfrangibililé des rayons de diverses cou-
leurs.
3° Inéj^altté des iiiigles liinttes cori-expomUmlx à lu réjlexioii totale, pour
le» diverges tiouhum. — Un faisceau de lumière blanche tombe sur
l'une des faces AB de l'angle droit d'un prisme rectanjjle isocèle AB(I
(fig. 407) et donne nai.ssance, en émergeant par la l'ace hypoténuse,
à un spectre VR,. Une portion des rayons qui tombent sur la face 6(1
se réiléchil intérieurement, et vient rencontrer la face AC sous des
a»gle.s égaux aux angles de réfraction en AB. H suit de le que les
rayous de diverses couleurs qui émergent par la face A(i sont paral-
lèles entre eu\, et donnent, sur un écran placé à distance, une pro-
jection incolore S'SJ. — Si maintenant on augmente graduellement
l'inclinaison de la face liypofénuse BC sur les rayons qui la rencon-
trent, lu réilexion devient successivement totale pour les diverses cou-.
I(!tir>., du ïiolcl
il tuirr (liiiis le s|>c('lr(- \ U,. Kii riii'i
:ti roi](;e. et l'on tuil
'uuletirs diNpaniilre loar
Icriips, riiiiago ini'olorc ilonncV
[lar les rj\on.s i|iii l'nicrtjeiil eu M'. ?e colore d'abord en violet, piili
}iu<;ci-ssiu>ri]cnt de diverNCS nuaiirc!*, cl elle revient enfin au blaor
Iors(|iie le spectre VR, a entJèrcniejil disparu.
On |iciit modifier celte exjiéricnce, en retevanl sur iin prisme auvi-
liaire m les ravons <pu émergent de AC. On obtient ainsi un second
sjiccirc R'V, dont les diverses couleurs au{;nienleiit successivement
d'éclat à mesure que les couleur» correspondantes disparaissent dans
le spectre VR,,
■'i° IhffierfioH lo}ifptu<liiiale ilen fot/em il'tiiic leiittlle. — Il résitlle de
ta fonniile établie précédem nient pour les lentilles à surfaces sphé*
ri(|nes .
7-i"-'){,i-F)-
que la valeur absolue de la distance focale [inncipale d'une lentille
décroit à mesure que l'indice de réfraction augmente; on en conclut
inim^lialement que, dans le cas des lentilles conver^ntes, le foyer
réft conjugué d'un point luniineii\ esl d'autant moins éloigné de ta
lenlille que la lumière émise par ce point esl plus réCraiigiblc.
DÉCOMPOSITION DE LA LUMIÈKK. 25;^
Pour vérifier cettp conclusion. Newton faisait arriver, sur une
page imprimée, les rayons rouges du spectre solaire; il plaçait alors
à quelque distance une lentille convergenle, et déterminait le point
où.ron devait placer un écran, pour obtenir une reproduction, nette
et lisible de la page ainsi éclairée. Ensuite, à mesure que le mouve-
ment diurne du soleil déplaçait le spectre et en amenait successive-
melDt les diverses parties sur cette même page, il observait qu'il
fallait graduellement rapprocher l'écran de la lentille.
Cette expérience ne peut être Unie que dans une chambre obscure,
d*oà Ton a éliminé toute lumière accidentelle avec le plus grand
soio. — Mais on peut constater la dispersion des foyers d'une len-
tille, en promenant un écran dans la portion resserrée d'un faisceau
solaire réfracté par la lentille ; l'image circulaire blanche qu'on o1)tien(
ainsi est bordée de rouge en deçà du foyer des rayons moyens; au
delà de ce point, elle est bordée de violet : au foyer même, son
éclat est trop vif pour qu'on puisse discerner si elle offre quelque
coloration. — En projetant une poussière fine dans la partie de l'es-
pace qui est traversée par les rayons lumineux, ojj voit de même
apparaître un double cône éclairé, dont la première nappe paraît
l'ougc, la seconde violette.
^|8]. ]fIéthoclc de Mewton pour ohtenir un npectre pur.
— Lorsqu'on produit le spectre solaire en recevant simplement sur
un prisme un faisceau de lumière transmis dans une chambre obscure
par une petite ouverture, les cônes lumineux de diverses couleurs
dans lesquels le j)risnie décompose ce faisceau viennent rencontrer,
chacun suivant une ellipse, l'écran sur lequel on observe le Sj)ectre :
ces ellipses empiètent d'autant plus les unes sur les autres qu'on est
plus rapproché du prisme, et ne peuvent se séparer complètement
à aucune distance. L'angle au sommet des cônes qui correspondent
à chacune des couleurs simples est, dans la position du minimum
de déviation, égal au diamètre apparent du soleil, et il est évident
que le spectre ainsi obtenu ne peut offrir aucune pureté.
Pour obtenir un spectre d'une pureté bien supérieure. Newton
employait la méthode suivante, dont il est facile de concevoir l'effî-
cacilé. — Les rayons solaires transmis par l'ouverture étroite du
254 OPTIOUK.
votel (l'une rhiinibre obscure toiiibeiil sur un |irisiiif P (fig. loS).
[lu minimum de déviation pour l'indice de ré-
tins solaires : cliaqut
plaré dans In posili
frorEion niovcn des
' IncideDt de lumière
blanriir qui a pour sotnnicl un poinl S de l'ouvcrlurc el pour basé
le disque snlnire esl .linsi (ransfornié, par l'aclion du prisme, en
une série de cônes de réfranjibililés diverses, avanf leurs sommets
S,,. . ., Sr à la nif^nie distance de l'arête réfringente. Lne lenlille
convergente acbromalique I., placée au delà du prisme, reçoit le
système de ces cônes divergents, el donne sur un écran MX, situé à
distance convenable, une inia<;e réelle des|ioiiil.sS, S,. Le même
raison nenieiil poutaiil se ivpéler pour chaque poinl de l'ouverture
de la chambre obscure, un doit en définitive obtenir sur l'iVran au-
tant tïimiiges de loiicerliire qu'il > a d'espèces de ravans diversement
réfrangihles dans la lumière incidente, (les images empiéteront plus
nu moins les unes sur les autres: mais, en réduisant la dimension de
l'ouverture dans le sens pei'jjendiculaire auv arêtes dn prisme, on
diminuera indéfininicnl t'enipiéli'inenl des images : s'il v a des solu-
tions de continuité dans les indices de réfraclion successifs, elles
apparaîtront d'autant plus facilement que celle dimension de l'ou-
verture aura élé plus rédnil<>.
Si, dans un spectre ainsi épuré, on isole un faisceau lumineux au
DÉCOMPOSITION DE \A LUMIÈRE. 255
moyen d'une fente étroite, perpendiculaire à la longueur du speclrc,
ce Taisceau n'éprouve plus qu'une dispersion très-faible dans un se-
cond prisme et se comporte presque romme s'il était rigoureuseraenl
homogène. — L'analyse de la lumière par le premier prisme <^taîl
donc absolue; en d'autres termes, les éléments dans lesquels la Lu-
mière blanche est décomposée par l'action d'un prisme ne sont pas
susceptibles d'une décomposition ultérieure.
^82. Il«lea 4e Frauenhafer. — Lorsqu'on produit un spectre
pur au moyen de la lumière solaire, on constate que ce spectre pré-
sente des espaces obscurs très-élrolls et très-nombreux, distribués
sans aucune loi régulière dans les diverses régions du spectre, et qui
ont rcPU le nom de mies lie Fruuenhoftr. — La figure iot) repré-
I
m
1
sente seulement les sept groupes principaux, qiji ont été désignés
par les lettres B, C, D, E, F, fi. H, pX trois groupes accessoires A,
a, h.
Ces espaces obscui'S, dont les principaux groupes peuvent être
aperçus très-aisément avec les instruments dont nous disposons au-
jourd'hui, n'avaient point été constatés par Newton : il est pro-
bable qu'il faut l'attribuer au défaut d'homogénéité des prismes dont
il était réduit ^ se servir.
A83. Prlnelpr dii B|>eclr*Bc«|»e. — Le procédé de Neivton
pour l'observation du spectre solaire {â8l)peut è\re avantageuse-
ment modifié , en supprimant l'écran MN et en regardant directement
l'image aérienne du spectre au travers d'une loujie. — Celte loupe
forme alors, avec la lentille qui intervenait dans la méthode de
Newton (fig, /io8), une véritable lunelle astronomique. Le procédé
25C Ol'TigUK.
actuel revient donc, fa {I^finitîve, à |)lacer rlerrière le |»risiiie. sur
In (lirfirlion des rayons t^merfjenls, une lunetle ajus(<^e pour voir dis-
tinetenient des objets jiliirés à la distante des images virtuelles
Sp, . . ., S,. Le grossissement tju'on obtient ainsi permet de distin-
guer un plus grand nombre de raies. — Enfîn on peut remplacer
la Tente pratiquée dans le volet de la chambre obscure par la Tente
d'un collimateur, deTaçon que les rayons lumineux paraissent venir
d'un objet intiniment éloigné et de très-petit diamètre apparent.
Le système composé d'un collimaleur L (fig. /iio), d'un prisme
ou d'un système de prismes, d'une lunette astronomique FG et d'un
support convenable est ce qu'on nomme un npfctrojiropp. On di:^
pose souvent plusieurs prismes P, P', 1'".... à la suile les uns des
autres sur une même plaque rirculaire , comme l'indique la li-
l'ure ^110, et on leur donne d'avance approximativement la posi-
tion correspondante à la déviation minima pour les rayons moyens
du spectre; mais, lorsqu'on veut profiter de toute In puissimre de
l'inslrumenl, on règle sucressiveuienl la position de chaque prisme
pour la région môme du spectre que l'on observe actuellement"'.
"I l.'iiujju ilii collioNtleur aiiijliairi' CI), iiij r»t ivftêaenli- siir In lij;iire hxo. sna
npliqiip plim liiin (I>03).
KECOMPOSiTlOlN UE LA LUMIEKE. i257
Lorsqu'on veut simplement apercevoir les principales d'entre les
raies du spectre, on peut se contenter de placer l'œil immédiate-
ment derrière l'arête du prisme, les milieux réfringents de l'œil et
la cétine se comportant comme la lentille L et l'écran iMN de la
figure lioS. On aperçoit alors, en général, un spectre suffisamment
net pour laisser discerner les principaux groupes de raies : les obser-
vateurs myopes ou presbytes peuvent d'ailleurs placer devant leurs
yeux des verres divergents ou convergents, comme pour la vision
des objets réels. — C'est par ce procédé- simple que WoHaston a
observé les raies du spectre, plusieurs années avant Frauenhofer.
/|8&. Recentposltl^ii de la lumière blaneliey au ntayen
de ses élénteiits séparés. — Pour achever de démontrer la cons-
titulion complexe de la lumière blanche. Newton a vérifié, par di-
verses expériences, qu'en superposant les éléments de cette lumière
tels que les fournit le prisme on reconstitue la lumière blanche
elle-même. — Ce résultat peut être facilement réalisé :
i"* Au moyen d'un système de petits miroirs plans, sur lesquels
on reçoit les parties successives d'un même spectre, et qu'on incline
de manière qu'ils réfléchissent vers une même région d'un écran
blanc les rayons des diverses couleurs;
*r En faisant tourner rapidement sur lui-même un prisme for-
mant un spectre sur un écran : les oscillations rapides du spectre
produisent, grâce à la persistance des impressions lumineuses, la
sensation de la lumière blanche;
3** En faisant tourner rapidement autour de son centre un disque
de carton sur lequel sont appliqués des secteurs offrant les diverses
couleurs du spectre, dans l'ordre et avec les rapports d'étendue qu'ils
présentent dans le spectre solaire; ou en faisant tourner autour de
son axe un cylindre dont la surface convexe porte des bandes co-
lorées satisfaisant aux mêmes conditions;
4"* Au moyen d'une lentille convergente, placée au delà d'un
prisme, sur le trajet du faisceau émergent, h une distance |)lus
grande que sa distance focale principale (fig. Aii). — Derrière
cette lentille on obtient d'abord, en PQ, les images réelles des
points virtuels S^, . . ., S^ et par conséquent un spectre pur. Plus
Vrrdrt, ÎII. — Coïirs de pliys. ft. 17
â58 OPTlQUK.
luin on trouve l'image «Je la neconcle surface du prisine : cette image
esl blanche, mais bordée de deui franges colorées; car si RR, et W,
représentent, sur celle seconde face, les longueurs du faisceau rouge
et du faisceau violet à l'émergence , Ghar|ue point compris enti'e R et
V, est le point d'émergence de rayons de toutes les couleurs, et par
conséipient chai]ue point de la région B'V,' doit paraître blanc; au
contraire, les bandes R'iV,', R'V sont colorées. En supprimant, par
des écrans opaques, les bandes rolorées \ R, V,R, de la seconde sur-
face dti prisme, l'image obtenue sur l'écran devïenl enlîèremenl
blanche, et Ut netteté de l'expérience est plus complète.
Â85. C*iMbiiMliMii d'nii Membre limité 4e «•wlcura Ai
•pecire. — Ceuleura cemplémentolres. — En supprimant, à
l'aide d'un écran de grandeur convenabb' placé dans le plan 1*0
(fig. Al i). telle ou telle partie des niyons igui forment le spectre
dans ce plan, on peut étudier sur l'écran MN les effets de la combi-
naison d'un nombre limité de couleurs du spectre , prises dans telles
positions que l'on veut. Le tableau suivant, emprunté à M, Heliii-
h(dtz, fait connaître les principaux résultats (pie donne la combi-
naison de deuv couleurs seuiemcnl.
I^es riiKj couleurs élémentaires mentionnées dans ce tableau sont
censées (.orrcsiioiidre cliaciiiii' lui milieu de la portion du spectre
SFKCTUK SOLAIUE.
259
(|ue désigne le nom correspondant. — Le résultai de la combi-
naison du bleu et du jaune, c'est-à-dire la production du blmic, est
tout à fait contraire à l'opinion commune -et à la pratique des pein-
tres. On reviendra plus loin sur ce paradoxe apparent (A96).
•
Rouoi.
Jaum.
Vert.
•
Bled.
Violet.
Rouge.
Orangé.
Jaune Lernc.
Rose.
Pourpre.
; '"liinii.
Orangé.
Jfluno.
Vcrljannâlre.
Blancx
Rose.
';■¥««.
.Jaune Icrnc.
Vorijau nuire.
Veil.
Verlbleuâlre.
Bleu pâle.
1 • •
1 > •
Rose.
Blanc.
Vcrl bleiiûlre.
Bleu.
Indigo.
■ VioUT.
Pourpre.
Rose.
Bleu pâle.
Indigo.
Violet.
Il n'est pas inutile d'insisler sur ce fait que, contrairement à une
assertion de Newton, assertion reproduite dans la plupart des Traités
df physique , la superposition de deux couleurs simples peut suffire
pour former du blanc. Le résultat de la combinaison du bleu et
du jaune n'est qu'un cas particulier d'une loi générale que l'on
peut formuler comme il suit :
• A tout rayon moins réfrangible que le jaune moyen répond un
autre rayon, plus réfrangible que le jaune moyen, qui peut former
du blanc avec le premier. — Ces deux rayons sont dits complémen-
taires l'un de l'autre.
ÉTIRE SPÉCIALE Dl SPECTRE SOLAIRE.
/|8G. Wajriatl^ns d'éclat dans les diverseii parties du
■prêtre salaire. — L'œil apprécie diflicilement, ainsi qu'il a été
dit plus haut, les rajipofts d'intensité qui peuvent exister enire les
éclairemenls produits |)ar des rayons lumineux de couleurs dille-
renles (382). (le|)endant la simple inspection du sj)eclre solaire
montre qu'il offre un éclat très-variable dans les diverses parties de
son étendue : on reconnaît immédiatement ipie l'éclal maximum
260 OPtIQUÈ.
correspond à la région comprise entre les raies D et F(fig. ^09),
et qu'il y a un décroissement dans l'intensité lumineuse, depuis
cette région jusqu'à chacune des extrémités.
487. Actièiis CAloriflques des diverses parties du speetre.
— On peut comparer entre elles les actions calorifiques des di-
verses régions du spectre solaire, soit à l'aide d'un thermomètre
sensible, soit à l'aide d'une pile thermo-électrique dont les éléments
auront été disposés sur une même rangée et occuperont toute la
largeur du spectre.
On constate ainsi que l'action calorifique est sensible, non-seule-
ment dans toute l'étendue du spectre visible, mais encore dans une
région assez considérable en deçà du rouge; de là on conclut que
la radiation solaire contient, outre les rayons calorifiques corres-
pondants aux parties visibles du spectre, des rayons calorifiques
obscurs, moins réfrangibles que les rayons rouges; c'est ce qu'on
nomme les rayons injra-rouges.
La région qui correspond à l'effet calorifique maximum occupe
une position un peu variable avec la nature du prisme. C'est là un
résultat qui est dû à ce que les verres des différents prismes n'exer-
cent pas tous la même absorption sur chacun des éléments de la
radiation solaire. — Avec un prisme de sel gemme ou de cristal de
roche, qui absorbe à peu près de la même manière tous les rayons
lumineux, le maximum se trouve dans les rayons infra-rouges, à
peu de distance de l'extrême rouge visible; le décroissement de l'in-
tensité calorifique est plus rapide du côté de la pgfrlie visible du
spectre que du côté opposé. — La première observation de ces
divers phénomènes est due à John Herschel.
488. Aetions eliintiques* — La lumière a, comme on sait,
la propriété de décomposer certaines substances facilement altéra-
bles, et en particulier les sels d'argent. Lorsqu'on fait tomber le
spectre solaire sur une surface couverte de l'une de ces substances,
on observe que l'altération ne se produit pas dans toute l'étendue du
spectre, mais seulement entre deux limites déterminées. — Bien que
ces limites elles-mêmes soient un peu variables d'une substance à
SPECTRE SOLAIBE.
261
une autre, ou peut dire cependant que, du côté des rayons les inoinii
réfrangibles, l'altération ne parait jamais atteindre le rouge; du
côté des rayons les plus réfrangibles , elle dépasse presque toujours
le violet. Ainsi se trouve accusée l'existence de rayons ultra-violeh'^'\
insensibles à l'œd, incapables de produire un effet iherinoni étriqué
appréciable, mais rendus manifestes par tes phénomènes chimiques
auxquels ils donnent naissance.
Il est facile d'obtenir, sur une plaque daguerriennc ou sur un
papier photographique, une impression permanente, produite par
un spectre qu'on aura fait agir sur cette surface. Cette impression
commence en général, comme on vient de le dire, à une distance
plus ou moins grande en deçà du rouge extrême, et s'étend jusqu'à
une région située bien au delà du violet. Dans la partie de cette
impression qui correspond au spectre visible, on aperçoit les raies
de Frauenhofer, en nombre plus ou moins grand suivant la perfec-
tion qu'on a su/ donner à l'expérience; dans la partie qui correspond
au spectre ultra-violet, on aperçoit d'autres groupes de raies, éga-
lement caractéristiques. M. Edmond Becquerel et M. Stokes ont dé-
signé par des lettres les principaux de ces groupes. On a reproduit
[
]
les dénominations de M. Becquerel sur la Bgure hi s, qui doit être
regardée comme un prolongement du spectre lumineux représenté
par la figure Uo^. La position et l'aspect de ces raies ne dépendent
pas de la nature de la substance qui a servi à obtenir l'image.
A89. Inteppré«««l»n des réaultikta préeMent». — Les
phénomènes dont on vient d'indiquer les points les plus saiUants ont
conduit d'abord les physiciens à distinguer, dans le faisceau émis
<') La Hc(Ou*pr[e do lajons ullra-violels €sl due à Bitter.
26i OPTIQUE.
par le soiril ot rc^fraclé par un prisme, trois spectres diffc^rents. Ip
spectre cnlovifiquc , le spectre lumineux et le spectre chimique, rcs trois
spectres empiétant plus ou moins l'un sur l'autre. — Mais, d'après
re que l'on vient de voir, cette hypothèse ne pourrait se con-
server (pi'à la condition d'admettre autant de spectres chimiques
particuliers qu'il y a de substances impressionnables à la lumière,
ou même de modilications spéciales de chacune de ces substances,
ce qui n'a évidemment aucune probabilité.
L'interprétation la plus directe et en m()me temps la plus simple
des phénomènes consiste à refjarder les divers éléments de la radia-
tion solaire comme possédant, à des degrés divers, les propriétés
caractéristiques de cette radiation. Les rayons moins réfrangibles
que le violet sont alors les seuls qui exercent une action calorifique
sensible. Les rayons dont la réfranjjibilité est comprise entre celle
du rouge extrême et celle du violet extrême sont seuls aptes à agir
sur l'organe de la vue, et développent les sensations des diverses
couleurs. Les rayons plus réfrangibles que le violet sont principa-
lement aptes à déterminer l'altération chimique d'un certain nombre
de substances, mais cette propriété appartient aussi à «les rayons
capables d'agir sur l'œil. — On trouve une preuve de l'exactitude
de cette interprétation dans l'invariabilité de [position et d'aspect
que présentent les raies du spectre lumineux, soit qu'on les observe
directement, soit qu'on les examine dans la partie du spectre plio-
tographique (|ui répond aux rayons visibles.
•
/i90. Actions phosphorofféiilqiies. — Certaines substances,
(piand on les expose aux rayons solaires, acquièrent, sans s'échauffer
sensiblement, la faculté d'émettre pendant quelque temps une lu-
mière dont l'éclat est sensible dans l'obscurité. — On donne h ce phé-
nomène le nom de phosphorescence , et les substances qui peuvent lui
donner naissance ont été souvent désignées sous le nom général de
phosphores. Au nond)re des plus sensibles se trouvent : le phosphore de
liolorpie, (pii est le sulfure de baryum obtenu en calcinant, avec une
matière organique, une variété de sulfate de baryte qui se trouve
aux finirons (h» Bologne: le phosphore Je CantOft, qui est le sulfure
(h* calcium préparé par Canton ^n calcinant un mélange de soufre
SPKCTBE SOLAIKE. 263
et H'ëcailles d'huîlies pulvérisées; enfin, un certain nombre de iiii-
nëraus; i|ui peuvent être également employés pour i-es expénenie».
Lorsqu'on fait tomber un speiire sur une couche de substance
phosphorescente, on constate que Ih propriété phosphorof^éninue se
manifeste seulement dans une portion limitée du spectre: l'étendue
de celle portion est d'ailleurs variable d'une substance à une autre.
— Les rayons uilni-violets sont en général les plus aptes à déve-
lopper la phosphorescence '".
On remarquera enfin que, si l'on voulait expliquer les phénu-
Bièncs de phos[)horesccnce par une radiation spécialement phospho-
rogénique, on serait conduit h des conséquentes aussi compliquées
que par l'hypothèse d'une radiation spécialement chimique.
491. Durée 4e h> phospliaraiveNce. -
4e m. Gdmonri Becquerel. — La durée de la phosphorescence
offre des différences très-considérables, d'une substance à une autre.
On doit il M. Edmond Becquerel un instrument destiné à apprécier
ces différences et à rendre sensible la phos|)horescence des corps
qui n'émettent la lumière que pendant un temps très-court.
L'appareil, qui est connu sous le nom de phospkoroscope, se com-
pose de deux disques évidés, comprenant chacun un système de
secteurs opaques, égaux et équidistants. Ces deux disques M, N
(fig. il 3) sont montés sur un même axe de rotation 00', et placés
''' Les prismes el \e» lenlilles de >err<' arn^luiil i
ifitra-tîoicts. Il runvjetit dqoc. daiih loiitcs les ei|K'i'i<:
e [larlie cunsidérable des rayops
PS rrl'ilivcs aui eOel» Tliimii|uiu
âO/i OPTIQUE.
de munière que les secleurs opaques de l'uu rëpoiident aux intervaiies
qui existent entre les secteurs de l'autre ^'^ Le corps à étudier est fixé
en A , entre M et N , et reste immobile pendant que les deux disques
tournent autour de l'axe 00'. L'appareil est placé devant un héiiostat,
qui réfléchit les rayons solaires dans une direction horizontale, de
manière que, pendant la rotation, le disque N intercepte périodi*
quement les rayons qui arrivent au corps A. L'œil étant placé de
l'autre côté du disque M, les rayons solaires ne lui arrivent jamais
directement; mais il reçoit, quand les parties évidées du disque M
se présentent à lui, les rayons que peut émettre le corps A après
avoir été éclairé. — Donc, si le corps est phosphorescent, il devient
visible par le mouvement de rotation, et, en accélérant le mouve-
ment, on peut rendre sensible une phosphorescence de très-courte
durée; en eiïet, il suflit que l'émission lumineuse d'un corps per-
siste pendant la durée du passage d'un secteur opaque du disque .\,
pour que la |)hosphorescence soit absolument continue.
492. Fluoreacenee. — On a donné le nom da Jluorescencc à
un phénomène de phosphorescence présentant une durée tellement
courte (jue, dans le mode d'observation ordinaire, l'émission de lu-
mière par le corps semble cesser en même temps que l'arrivée des
rayons solaires sur lui.
Ce phénomène est infiniment plus commun (|ue celui de la phos-
phorescence de longue durée. Il se produit avec la plupart des ma-
tières organiques : l'escuHne. le sulfate de quinine, la chh)rophylle
sont remarquables sous ce rapport. On l'observe également avec un
grand nombre de matières minérales , parmi les({uelles le spath-fluor
de Derby, le verre dWane donnent surtout de très-beaux résultats.
Au contraire, les métaux, la porcelaine, le charbon n'en offrent
aucune trace.
M. Stokes, (pii a beaucoup étudié ces phénomènes, et qui les
avait d'abord considérés comme entièrement distincts de ceux de la
ou pho^phorogéniques de la lumière solaire, de fiire usage do prismes el de leDlillea de
quartz pour obtenir les spectres aveciesqueb on \eul opérer.
' Cebi (0 qiriuiliqiir l.i ligure h 1 3 fti«, qui représeulc le disque antérieur >u de face;
ou a imliqué par *lts tiiiits [rmuIum^ la pocùtiou des ouverlureî» de Pautit^ di»qup, qui «»st
placH en arrière.
ABSORPTION ET DIFFUSION. 265
phosphorescence, a remarqué que les corps fluorescents, lorsqu'ils
sont illuminés par des rayons simples, émettent toujours des rayons
d'une réfrangibililé moindre. Ainsi, en recevant sur du papier
imprégné de sulfate de quinine les rayons ultra-violets d'un spectre
pur, on obtient une fluorescence présentant une couleur bleii^violel.
— Dans cette expérience on constate que certains points de la fouille
de papier, situés au milieu de la région fluorescente, ne manifes-
tent pas de fluorescence, ce qui confirme l'existence de raies dans
la partie invisible du spectre.
On peut encore faire passer les rayons solaires au travers d'un
verre violet assez foncé pour ne transmettre qu'une très-faible pro-
portion de rayons visibles, et recevoir sur une substance fluorescente
le faisceau transmis : les rayons invisibles que le verre violet laisse
passer font encore apparaître la fluorescence ^'^ — On observe que le
corps fluorescent parait émettre, même d'une certaine profondeur
.au-dessous de sa surface, des rayons de lumière d'une remarquable
intensité : la couleur de cette lumière est variable avec la nature du
corps lui-même.
ABSORPTION ET DIFFUSION.
ii93. AbfMirptioii de la lumière par le* eorps transpa-
reiito. — La coloration qui se manifeste dans la lumière transmise
par un grand nombre de corps transparents suflit pour montrer que
ces corps absorbent d'une manière inégale les divers rayons qui for-
ment la lumière blanche. — Lorsqu'on analyse la lumière qui a
traversé ces corps, on observe d'ailleurs que certaines couleurs du
spectre éprouvent une diminution relative considérable dans leur
éclat, ou même disparaissent d'une manière complète. — Le résultat
est le même si l'on regarde un spectre produit dans les conditions
normales, en plaçant devant l'œil une lame d'un corps coloré et
transparent.
On peut admettre comme évident que refl*et exercé par une couche
absorbante, d'épaisseur infiniment petite, sur un rayon simple, est
^*^ C*esl ainsi, |Hir exemple, qiren recevaiil la partie ullra-violetle du spectre sur un
papier où Von a Iraci? des caractères avec une solution de sulfate de quinine , on rend
immédia lemeql visibles ces caractères.
ififi OPTIQUE.
d'arrêter une rraction de ce rayon qui est proportionnelle à l'épais-
seur de la couche : alors, en désignant pan l'intensité da rayon.
et par - Hi la diminution d'intensité qui résulte du passage au tra-
vers d'une couche d'épaisseur dx, on aura
ce qui donne
— = adx.
flUT
L'intensité d'un faisceau hofiiogéne doit donc décroître en progres-
sion géométrique, lorsque l'épaisseur du milieu absorbant augmente
en j)rogression arithmétique. — La raison de cette progression n'étant
pas la même pour les divers rayons du spectre, les proportions de
ces rayons changent à mesure que l'épaisseur augmente, et par con-
séquent la teinte générale du faisceau transmis est elle-même va-
riable.
/l9A. AlHierlMintfli m^n^clir^Biiitiqiies et dlelu^auai-
quea. — Deux variétés de corj)s lraus|)arents sont particulièrement
remarquables, au point de vue de la constitution de la lumière
(puis transmettent :
1° Dans les corps (|u'on peut appeler absorbants numochromabques,
le coellicient d'absorption présente un minimum très-marqué pour
les rayons d'une région peu étendue du s|)ectre : il suit de là que,
dans un faisceau de lumière primitivement blanche qui traverse les
couches successives d'un pareil corps, ces rayons ne tardent pas à
devenir dominants; ils subsistent presque ^euls, dès que l'épaisseur
p.st un [)eu plus grande. On utilise cette |)ropriélé, dans certaines
expériences optiques, pour obtenir facilement de la lumière à peu
pi'ès homogène. — Le verre qui est chloré en rouge par le protoxyde
de cuivre, la liqueur de couleur indigo qu'on obtient en précipitant
un sel de bioxyde de cuivre par le carbonate d'ammoniaque et redis-
solvant le préci|)ité dans un excès de carbonate, sont des exemples
remarquables d'absorbants monochromatiques.
3** Les absorbants dichromatiques sont ceux (jui donnent une couleur
ou une autre au faisceau qu'ils transmettent, selon l'épaisseur du
corps fpic cp faisceau a traversé. — On conçoit eu effet que, les in-
ABSORPTION ET DIFFUSION. 267
lensilés des diverses couleurs dans le spectre solaire normal étant
très-inégales entre elles, il peut résulter de l'inégalité des coellicients
d'absorption d'un corps pour les rayons de diverses couleurs qu il y
ail prédominance de teintes très-difFérentes dans les faisceaux trans-
mis, selon que l'épaisseur traversée est petite ou qu'elle est con-
sidérable. — Les solutions des sels de chrome jouissent de cette
propriété à un degré remarquable : elles offrent, par transparence,
une teinte verte sous une faible épaisseur, et une teinte rouge sous
une épaisseur un peu grande. Un verre à pied conique, rempli de
l'une de ces solutions, présente, au voisinage du fond et au voisi-
nage de la surface, des colorations absolument différentes.
On peut citer encore, comme exemple de l'absorption sp«M;iale
exercée sur certains rayons du spectre par certains milieux transpa-
rents, les bandes larges et équidistantes qui apparaissent dans le
spectre solaire, lorsque le faisceau est transmis au travers d'une
couche d'acide hypoazotique gazeux ou d'iode en vapeur.
495. Actions des milieux Absorbants sur les rayons
invisibles. — L'effet des milieux absorbants s'étend aux rayons
invisibles, infra-rouges ou ultra-violets, aussi bien qu'aux rayons
lumineux.
Lorsque, après avoir affaibli, par le passage au travers d'un ab-
sorbant, l'éclat d'un faisceau de rayons pris dans la partie lumi-
neuse du spectre, on étudie ses diverses propriétés, on trouve tou-
jours qu'on a affaibli en même temps son intensité calorifique, sa
puissance chimique et sa puissance phosphorogénique. On constate
même qpe, si l'on mesure la variation de l'intensité lumineuse par
une épreuve photométri(pie, et celle de l'intensité calorifique par
un des procédés qui seront exposés plus loin, ces intensités ont
diminué dans le même rapport que l'intensité lumineuse, lorsqiie le
faisceau est homogène.
Cette remarquable coïncidence a été directement vérifiée, dans
des circonstances nombreuses, par MM. Jamin et Masson. On y
trouve la preuve incontestable de l'interprétation qui a été donnée
plus haut des effets variés que peut exercer le spectre solaire ( /|89 V
H est manifeste qu'il n'existe, en chaque point d'un spectre pur,
268 OPTIQUE.
qu'une seule espèce de rayons, possédant à des degrés différents
des propriétés diverses; lorsque l'intensité des rayons vient à varier
dans telle ou telle région , toutes ces propriétés varient dans le même
rapport. — A l'absorption exercée par les milieux plus ou moins
transparents correspondent, comme conséquences générales, réchauf-
fement de ces milieux eux-mêmes , les altérations chimiques, la j>hos-
phorescence, etc.
/i 9 6 . Coloration de la lumière diffusée par le* eorps im-
parfaitement polis. — La lumière qui est irrégulièrement réfléchie
par les corps dont la surface n'offre pas un poli parfait est générale-
ment colorée, lors même que la lumière incidente est parfaitement
blanche. — C'est la diversité de coloration des lumières diffusées
par les divers corps qui nous rend visibles ces corps eux-mêmes.
Pour les métaux, cette coloration appartient à la lumière réflé-
chie régulièrement, conmie à la lumière diffusée; elle prouve sim-
plement que les divers éléments de la lumière blanche se réfléchis-
sent en proportions inégales. — Pour les substances non métalliques,
qui ne sont jamais absolument opaques, une partie de la lumière
diffusée traverse les aspérités que présente la surface, et prend, par
absorption, la teinte qu'offrirait le milieu vu par transmission sous
une petite épaisseur; les inégalités de structure interne qui s'ob-
servent souvent au voisinage de la surface contribuent également à
la diffusion et donnent naissance à la même coloration.
Il est à peine besoin de faire remarquer la liaison qui existe entre
la coloration des corj)s et la composition de la lumière qui les éclaire :
en particulier, dans une lumière homogène, tous les corps prennent
la teinte de cette lumière, ou paraissent noirs.
Quant à l'effet produit sur la lumière blanche par un mélange de
deux matières colorantes, il faut remarquer que la lumière diffusée
par ce mélange prend la teinte (|ui résulte des absorptions exercées
simultanément par l'une, et par l'autre; cette t^îinte peut être très-
différente de celle qu'on obtiendrait en mélangeant deux faisceaux
homogènes, ayant chacun la teinte des rayons diffusés par l'une des
matières colorantes prinntives. (j'est ainsi, |»ar e\em[)le, (pi'en mé-
langeant une couleur jaune à une couleur bleue les peintres ob-
SPECTRES DE, DIVERSES ORIGINES. 269
tiennent du vert, bien que le résultat de la combinaison d'un rayon
bleu et d'un rayon jaune soit en réalité du blanc (/i85).
Pour les corps qui possèdent une fluorescence très-marquée, la
fluorescence contribue, pour une part sensible, à la coloration elle-
même. Mais cet eff'el est limité à la première surface des corps, à
celle que rencontre directement la lumière incidente, puisque la
lumière qui parvient à la seconde surface ne contient plus les rayons
aptes à développer la fluorescence, dès que le corps a une épaisseur
sensible.
ETUDE DES SPECTRES DE DIVERSES ORIGINES.
Ii91. Caractères i^ènéraum du spectre solaire. — Le ca-
ractère essentiel du spectre solaire, lorsqu'on l'observe dans des
conditions telles que l'empiétement réciproque des rayons de réfran-
gibilités diverses soit minimum, est la présence d'un très-grand
nombre de raies obscures, ayant des largeurs très-inégales et dis-
tribuées de la façon la plus irrégulière.
Les procédés photographiques constatent, ainsi qu'on l'a vu plus
haut (A 88), qu'il existe de semblables raies dans la partie du spectre
qui est plus réfrangible que le violet, dans cette partie qui n'afl*ecte
pas notre œil parce qu'elle est, suivant toute apparence, absorbée
dans les milieux réfringents avant d'arriver à la rétine.
On doit présumer qu'il existe également des raies dans la partie
du spectre qui est moins réfrangible que le rouge, dans cotte autre
partie qui n'affecte pas non plus notre œil, pour une raison .semblable
à celle qui nous empêche de percevoir les rayons ultra-violets; mais
la délicatesse des appareils thermoscopiques, au moyen desquels on
peut tenter l'étude de cette partie du spectre, ne paraît pas suflisante
pour permettre d'y apprécier de petites solutions de continuité.
498. caractères des spectres des corps solides ou li-
i|uldes« — Le spectre lumineux des corps solides ou liquides in-
candescents est continu; la partie visible de ce spectre s'étend d'autant
plus, du rouge Vers le violet, que la température est plus élevée.
Aux températures les plus hautes, l'expérience montre que ce même
s|H»etre oontienl une partie ultra-vioietle invisible : elle est continue,
connue la partie visible. La partie infra-rouge, constituée par des rayon-
nements calorifiques obscurs, est donc aussi probablement continue.
En rapprochant entre eux les divers faits fournis par l'expérience,
en peut fornuiler par les propositions suivantes la loi générale du
rayonnement des corps solides et liquides :
i'' A de basses températures , ce rayonnement ne contient que les
rayons de réfrangibilité minima, insensibles pour notre vue, mais
doués de la faculté calorifique.
î^ A mesure que la température s'élève, il s'ajoute à ce premier
rayonnement des rayons de plus en plus réfrangibles
S'' La température du rouge est celle à laquelle le rayonnement
commence à contenir une proportion sensible de rayons assez réfran-
gibles pour être perçus par l'œil.
4° La température du rouge blanc est celle à laquelle l'accroisse-
ment de réfrangibilité des rayons émis atteint l'extrémité violette du
spectre solaire visible.
5° Au-dessus de cette température, le rayonnement contient des
rayons ultra-violets, invisibles pour notre œil, mais propres à mo-
difier l'état de certains composés chiii\iques peu stables, ou à déve-
lopper dans divers corps le phénomène de la fluorescence.
/i99. CaraetéreB des spectres des eorps s<^^um« — Les
spectres des gaz incandescents, c'est-à-dire des flammes gazeuscvs qui
ne contiennent aucune particule solide en suspension, sont rfwcow-
timis: ils sont formés, en général, d'un petit nombre de bandes lumi-
neuses, séparées par de larges intervalles obscurs. — Le nombre de
ces bandes lumineuses augmente générah^menl à mesure (jue la
température s'élève, mais sans aucune loi régulière.
La flamme du gaz à éclairage, celle de l'huile, de la cire, de la
stéarine, et, en général, des matières organiques riches en carbone,
donnent un spectre continu : ce spectre n'est autre que celui du
charbon incandescent, qui est en suspension dans ces flammes. Lors-
(|ue, par un excès d'air ou d'oxygène, on détermine une combustion
assez rapide |)our qu'il n'y ail point décom|)ositiou préalable du gaz
uu de la vajteur combustible, le s|)e<'tre continu disparait: il fait
SPECTRES DE DlVEllSES ORIGINES. â71
place à un spectre discontinu, dont l'éclat est incomparablement
moindre. La partie inférieure de la flamme des bougies ou des
becs de gaz donne un spectre de ce genre.
L'étincelle d'induction produite dans un gaz très-raréfié, entre
des électrodes peu volatiles, donne un spectre discontinu qui paraît
être celui du gaz lui-même, amené à l'incandescence.
500. Speetre de l'arc voltalqiie. — L'arc voltaïque donne
un spectre constitué par un grand nombre de bandes brillantes,
souvent très-fines, irrégulièrement réparties du rouge au violet.
Le nombre et la disposition de ces bandes dépendent principale-
ment de la nature de l'électrode positive. Si cette électrode est un
alliage, on retrouve dans le spectre les raies brillantes caractéris-
tiques des métaux qui la constituent. — Comme d'ailleurs l'observa-
tion directe montre que l'électrode positive ne cesse de se fondre et
de se volatiliser, on doit admettre que l'arc voltaïque n'est qu'un
courant de vapeur incandescente : le spectre qu'il fournit est le
spectre du métal de l'électrode positive à l'état de vapeur.
Lorsque l'électrode positive est une baguette de charbon, la na-
ture des vapeurs qui constituent l'arc voltaïque n'est pas déterminée
avec certitude. — Pour observer le spectre de l'arc lui-même, avec
des électrodes de charbon , il faut écarter les deux charbons le plus
possible l'un de Tautre. Si les électrodes étaient à une faible distance,
la plus grande partie de la lumière émise serait fournie par leur
surface incandescente : le spectre que l'on observerait ne serait alors
que le résultat de la superposition du spectre continu donné par les
charbons, comme par tous les corps solides amenés à l'incandes-
cence, avec le spectre formé de bandes brillantes qui est dû i\ l'arc
voltaïque. Enfin, lorsque les électrodes sont très-rapj)rochées, ces
bandes ne sont même plus perceptibles, à cause de Térlat relatif
considérable du spectre continu qui leur est superposé.
501. Observations de Foueault et de m. Swann. — On
remarque fréquemn>ent, dans le spectre de l'arc voltaïque (*t dans
celui des lumières artificielles, une bande jaune (pii paraît occuper
la place de la raie D du spectre solaire.
ûr2 OPTIQUE.
Léon Foucault, en employant pour produire ie spectre une fente
très--étroite, et éclairant Tune des moitiés de cette fente par la lo-
mière du soleil et l'autre moitié par la lumière de Tare voitaîqoe,
a montré que cette coïncidence est absolue : la bande brillante s'est
montrée à lui comme formée de deux bandes très-fines et très-rap-
prochées , exactement placées sur le prolongement des deux traits
obscurs qui constituent la raie D de Frauenhofer. — De plus, en
faisant passer la lumière solaire à travers un arc voltaîque.dont le
spectre présentait la double bande jaune dont il s'agit, il a rendu
la raie obscure D du spectre incomparablement plus accusée que
dans le spectre de la lumière solaire directe. — Il fut dès lors établi
que, toutes les fois que l'arc voltaîque a la propriété d'émettre avec
une grande intensité la lumière caractérisée par la réArangibîlité de
la raie D de Frauenhofer, il a aussi la propriété d'absorber cette
même lumière avec une grande énergie.
M. Swann expliqua, de son côté, la fréquente production de la
double bande jaune, en montrant qu'elle ne diffère pas de celle qui
constitue, à eUe seule, le spectre de la flamme monocbromatique
de l'alcool chargé de sel marin. On peut produire à volonté cette
double bande, en introduisant dans une flamme une quantité minime
d'un sel de soude quelconque. Ainsi , une lame de platine de quelques
centimètres carrés de surface, plongée dans une solution ne contenant
que 3^ (le son poids de sel marin, et portée ensuite dans la flamme
d'un bec de gaz, suffit pour développer cette raie brillante dans le
spectre de la flamme. Si, dans un laboratoire contenant 60 mètres
cubes d'air, on fait détoner 3 milligrammes de chlorate de soude
mélangés de sucre de lait, on fait apparaître la raie brillante dans
le spectre d'une 9amme placée à l'autre extrémité du laboratoire.
et on la distingue d'une manière persistante pendant di\ à quinze
minutes. — L'apparition fréquente de cette raie dans les diverses
observations indique donc simplement combien les composés du
sodium, et en particulier le sel marin, sont abondamment répandus
dans la nature. Le moyen le plus délicat de déceler, dans une ma-
lièrn, la présence de ces composés est d'introduire cette matière dans
une flamme aussi chaude et aussi peu brillante par elle-même que
possible, et d'observer si la raie jaune apparatt dans le spectre.
SPECTRES DE biVÈRSES ORIGINES. âW
502. Expérieiicea de min. Mirchlioff et Biuiaeii. — Les
découvertes de M. Swann et de Léon Foucault ont été généralisées
par MM. Kirchhoff et Bunsen. En introduisant , dans la flamme à
peine visible que donne le gaz à éclairage lorsque sa combustion
est complète, de faibles quantités de divers sels métalliques, ils ont
vu la flamme se colorer diversement et donner naissance à un
spectre formé de bandes brillantes étroites, plus ou moins nom-
breuses, identiques pour les divers sels d'un même métal, mais
variables avec la nature de V élément métallique. — Dans le cas oii le
métal du sel employé est de nature à être pris comme électrode
de l'arc voitaïque, le spectre produit par l'introduction de ce sel
dans la flamme du gaz ne se distingue de celui de l'arc auquel le
métal donne naissance que par une moindre intensité ^^\ Cette
identité justifie complètement l'opinion qui consiste à ne voir dans
la lumière de l'arc que la lumière d'une vapeur métallique incan-
descente, et à ne considérer l'électricité que comme la cause indi^
recte de ce qu'on nomme la lumière électrique.
En second lieu, toutes les flammes constituées comme on vient
de l'indiquer absorbent les rayons de même réfrangibilité que ceux
quelles émettent. L'interposition d'une de ces flammes sur le trajet
d'un faisceau de lumière solaire, ou sur le trajet du faisceau émis
par les charbons incandescents qui transmettent l'arc voitaïque, fait
apparaître dans le spectre des bandes obscures, exactement corres-
pondantes aux bandes brillantes du spectre de la flamme. — Dans
celte expérience, on ne fait, en réalité, que substituer la lumière de
la flamme à la lumière de même réfrangibilité qui est émise par le
soleil ou par les charbons incandescents; l'obscurité des bandes est
un efl'et de contraste analogue à celui qui nous fait voir des taches
noires à la surface du soleil. Cet efl'et disparait lorsqu'on vient
^'^ L^ëclat des raies brillanles qui se manifestent dans le spectre d'une flamme déler-
minëe dtant d'autant plus vif que la température de la flamme est plus élevée, il arrive
souvent qu'en se servant de la flamme de Palcool ou du gaz on voit seulement une partie
des raies brillantes que le mêlai est apte à produire; on en voit un plus (^rand nombre
avec la flamme du gaz mélangé d'oxygène, et un plus grand nombre encore avec la
flamme du chalumeau à gaz hydrogène et oxygène. Ces deux dernières flammes donnent,
en général, assez d'éclat aux spectres pour qu'on puisse les projeter sur un Uibleau et les
rendre visibles à un nombreux auditoire.
Verdit, III. — Cours de phys. II. 1 8
27A OPTIQUE.
à supprimer, au moyen d'écrans convenablement disposés, les parties
du spectre solaire ou du spectre électrique qui sont voisines d'une
bande en particulier. — Quand on cherche à réaliser l'expérience
avec diverses flammes et divers corps incandescents donnant par
eux-mêmes des spectres continus, on n'obtient ce renversement des
raies de la flanune qu'autant que la température du corps incandes-
cent est suffisamment supérieure à celle de la flamme elle-même.
Une expérience qui est due à M. Fizeau réalise, sous une forme
intéressante, le renversement des raies dans le cas du sodium. On
place un fragment de ce métal sur l'électrode positive de l'arc vol-
tnïque; la chaleur que dégage le courant détermine la formation
d'une atmosphère abondante de vapeurs de sodium autour du
charbon incandescent, et le pouvoir absorbant de ces vapeurs fait
apparaître dans le spectre la double raie obscure D. Au bout de
quelques instants, cette atmosphère se dissipe : il ne reste plus de
vapeur de sodium que dans l'arc voltaîque , et la raie obscure est
alors remplacée par la double bande brillante caractéristique de
cette vapeur incandescente.
503. Coiuiéqueiiees de* lois de mm. Mireltlioif et Bua-
■eii. — Analyse speeirale. — Une importante série de consé-
quences découle de chacune des deux lois générales qui ont été
établies par MM. Kirchhoff et Bunsen.
L'observation du spectre des flammes constitue, pour l'analyse
chimique qualitative, un procédé d'une sensibilité extraordinaire.
Ce procédé a conduit à la découverte de trois métaux alcalins nou-
veaux, le césium, le rubidium et le thallium, qui possèdent tous
trois des propriétés chimiques extrêmement remarquables.
Le spectroscopc est ainsi devenu un instrument précieux d'ana-
lyse chimique. Pour permettre aux observateurs de définir les raies
qu'ils aperçoivent, sans mesurer leurs indices de réfraction, on a
ajouté à cet instrument un collimateur auxiliaire CD (fig. A i o), qui
porte au foyer de son objectif une échelle tracée sur verre. L'image
de cette échelle, réfléchie dans la lunette Ffi par la seconde surface
du dernier prisme P, est vue en coïncidence avec le spectn*; ses di-
visions servent à définir les raies qqi paraissent les recouvrir.
SPECTRES DE DIVERSES OKKilNES. il5
Des expériences récento ont inonlré que les raies caracléristiques
<Ies métaux n'appartiennent qu'à la vapeur de ces métaux eux-
raf*mes, et que la présence des sels non décomposés au milieu de la
flamme produit dans le spectre des effets tout différents.
504. Interprétation des raies liu speetre solaire. —
Hypothèse sur la eonstitution du soleil. — L'expérience
du renversement des raies a permis de donner une explication de
l'origine des raies obscures du spectre solaire. — Il suffit, pour s'en
rendre compte, d'admettre une hypothèse qui paratt évidente par
son seul énoncé, savoir : que le globe solaire est entouré d'une
atmosphère dont la température est moins élevée que celle du globe
lui-même; cette atmosphère serait cependant assez chaude pour
contenir, à l'état de vapeurs, des substances de natures très-diverses
Le pouvoir absorbant de ces vapeurs, s'exerçant sur la lumière émise
[)ar le globe qu elles environnent, transforme le spectre que donne-
rail cette lumière, et qui serait probablement un spectre continu,
en un spectre sillonné d'une multitude de raies obscures.
On comprend que, si un certain nombre de ces raies obscures
coïncide avec les raies brillantes des spectres de diverses vapeurs in-
candescentes, on en pourra conclure, avec une certaine probabilité,
la présence de ces vapeurs dans l'atmosphère solaire, — La proba-
bilité s'élèvera à la certitude si, comme cela a lieu dans le cas du
fer, on observe jusqu'à 70 coïncidences dans l'espace compris entre
les raies E et F de Frauenhofer^^^.
Les expériences faites jusqu'ici par M. Kirchhoff indiquent, dans
l'atmosphère solaire, la présence des métaux suivants :
PotaHsiuni. Zinc.
Sodium. Fer.
(llirome.
Calcium. (]oball.
Baryum. Mickel.
Magnésium.
Cuivre.
'^'^ Pliisifiii's raies lUi spcdrp solaire varionl iH^auioiip d'inlensili* aux ilivc rses liciiies
de la journée : elles onl proltahl'iiienl li»nr ori^im» dans la longueur de la roiirlie d'air
18.
i% OPTIQUE.
Les int^taux suivants paraissent au contraire y manquer :
Lithium. Etain.
Strontium. Cadmium.
Mercure.
Aluminium.
Argent.
Arsenic. Or.
Antimoine.
Plomb. Silicium.
505. Spectres des étoiles. — On comprend l'intérêt que ce
point de vue nouveau donne à l'étude du spectre des étoiles. Celte
étude, abordée par Frauenliofer, a été reprise depuis par divers phy*
siciens : les résultats ne présentent pas encore assez de concordance
j)our qu'il soit possible d'en tirer des conclusions certaines.
L'observation a cependant appris que les raies principales de ces
spectres ne sont pas les mêmes que celles du spectre solaire. L'ob-
servation exige généralement un ciel très-pur : lorsque le spectre a
peu d'intensité, on en augmente quelquefois l'éclat en concentrant
un large faisceau de lumière sur la fente étroite des appareils, au
moyen d'une lentille de grande surface ^^\
Iraversée par les rayons solaires, et surtout dans la vapeur d'eau que cet air contient. —
Ce sont les raies dites telluriques. É. F.
(') La lumière des pUmètei présente, ainsi qu'on devait s'y attendre, les caractères de
la lumière solaire. Les spectres de Jupiter et de Saturne présentent en outre, quand ces
astres sont bien au-dessus de notre horizon , des bandes obscures analogues aux raies tel-
luriques ; la production de ces raies conduit à admettre, comme d'autres observations
l'avaient déjà fait penser, que ces planètes sont entourées d'une atmosphère gazeuse, et
méuic qu'il existe à leur surface de grandes nappes d'eau, entretenant leur atmosphère
dans un étal continuel d'humidité.
Les étoilei dont l'éclat est suffisant pour donner un sceptre facilement ol>scrvable pro-
duisent, comme le soleil,. des spectres lumineux, sillonnés seulement de raies obscures.
Les nébuleuies résolubla donnent des spectres semblables h ceux des étoiles. — I^es né-
buleuses non réioîuei fournissent, pour la plupart, un spectre formé de quelques raieK
brillantes, se détachant sur un fond obscur : cette apparence est celle qui caractérise les
gaz lumineux, et ces raies semblent appartenir à l'hydrogène et à l'azote. — Enfin, parmi
ces mêmes nébuleuses non résolues, il en est qui fournissent à la fois un spectre lumineux
continu très-faible et quelques bandes plus brillantes. Cette apparence semble indiquer,
conformément aux idées de Herschel, un état intermédiaire entre l'état gazeux des nébu-
leuses proprement dites et l'état de condensation de la matière cosmique qui a donné
naissance aux étoiles. É. F.
ACHROMATISME.
506. Condition d'aeltroniotiBnie d'un mjmtéwne de deum
lentilles. — Soient deux lentilles sphériques, placées Tune à la suite
de l'autre, infiniment minces et infiniment rapprochées. Soient^ la
distance d'un point lumineux à la première lentille, n l'indice de
réfraction de la matière qui la constitue , R et R' les rayons de cour-
bure de ses deux surfaces. Si l'on désigne par p' la distance de la
lentille au point de concours des rayons émergents, on aura (41 1)
^-b^(»-0(r-r^)
De même, si i/est l'indice de réfraction de la seconde lentille, p etp'
les rayons de courbure, et-cr la distance de cette seconde lentille au
point de concours des rayons lumineux qui ont traversé le système
des deux lentilles , on aura , en considérant la distance des lentilles
entre elles comme négligeable ,
^ p \ f\p p)
En éliminant p' entre ces deux équations, il vient
i-r("-')(k-ff)+(-o(^-^.)-
Cette équation ne convient, en réalité, qu'à un système particu-
lier de rayons homogènes. Pour un autre système de rayons homo-
gènes, dont l'indice de réfraction serait n -f- An dans la première
lentille et t; + At/ dans la seconde, on aurait
_L__l = („ + A„-0(^-,9+(.-HA.-0(-;-^.)-
Pour que A-cr soit nul-, ou pour que les deux foyers coïncident, il
^78 OPTIQUE,
faul H il Miliit que Ton ait
ou bien, en désignant par/el (p les distances focales principales de^
deux icnlilles,
A/i 1 . Ai; i
Si la lumière «Hait réduite aux deux systèmes de rayons qu'on
vicMit de définir, les deux lentilles réunies donneraient des images
parfaitement achromatiques des objets placés à une distance quel-
ron(|ue. — Dans la réalité, si la condition qu'on vient d'établir est
satisfaite pour les deux rayons extrêmes du spectre, les foyers de^
autres couleurs sont les uns en avant, les autres en arrière de ce
foyer commun, mais beaucoup plus rapprochés que dans le cas
d'une lentille unique. L'irisation marginale des images est donc
beaucoup réduite, et le système est sensiblement achromatique.
Les expressions 1 constituent alors ce qu'on nomme les
pouvoirs dispersifs des substances qui forment les deux lentilles. La
condition exprimée par la formule précédente peut donc s'exprimer
par l'énoncé suivant :
Dans un système achromatique de deux lentilles, le rapport des jfou-
roirs dispersifs est égal et de signe contraire au rapport des distances
focales principales des deux lentilles elles-mêmes»
Le signe du pouvoir dispersif étant le même dans tous les solides
transparents, il est nécessaire que les distances focales soient de
signes contraires, c'est-à-dire que Tune des lentilles soit convergente
f»( l'autre divergente. En général, on applique les deux lentilles l'une
contre l'autre, et l'on donne aux deux surfaces qui se touchent le
même ravon de courbure.
«
307. Déterminatioii du rap|K»rt des coefllcleiits de dis-
persion. — Les quantités Aw et àv portent le nom de roejicitnts
de dispersion. On arrive lrès-simplem(*nt à mesurer le rapport — '
ACHROMATISME. 279
pour une coiiibiiiaiMin de deux ttubstances déteniiiiiéc!' , en opérant
connue il suit :
Deux [irismps d'yii^les riTriiijfenls très-iiigus n, h (lig. 'ii^i)
étant placés l'un derrière l'autre, de manière (|ue leurs aréles soient
piirallèles et leurs angles tournés en sens inverse l'un de l'autre, il
est facile de montrer que la condition pour qu'oii voie sans irisa-
tion, au travers du système, les objets dont les rayons tombent sur
le premier prisme sous de petites incidences, est
En effet, en vertu de la petitesse des angles, on aura pour le pre-
mier prisme, en considérant un système de rayons en particulier.
par suite, la déviation imprimée par le premier prisme est
D=(n-i)fl.
De même, la déviation qu'imprime, en sens contraire, le second
prisme au faisceau de ces mêmes rayons est
280 OPTIQUE.
La déviation totale produite par le système des deux prismes a donc
pour expression
D_D'=(n-i)a-(n'-i)a'.
Il est clair, d'après cela , que cette expression aura là même valeur
pour les rayons extrêmes du spectre si l'on a
ffAn — a'An' = jo.
Cela posé, pour déterminer le rapport des coefficients de disper-
sion de deux substances , d'un flint et d'un crown par exemple , on
prendra d'abord un prisme de flint ayant un angle réfringent a : on
l'achromatisera, par des tâtonnements successifs, au moyen d'un
prisme à angk variable , formé d'une subjstanee ^oelcon^e. Si A est
l'angle qu'on aura été cQnditil à donner à ce prisme,, et si l'on dé-
signe par AN le coefficient de dispersion de* la substance dont il est
formé, et par An celui du flint employé, on aura
AN "" a '
On prendra ensuite un prisme de crown ayant un angle a, et on
l'achromati€era avec le même prisme à angle variable : si A' est
l'angle qu'on aura été conduit à donner à ce prisme , et si Av est le
coeflicient de dispersion du crown, on aura
Ai; A'
Ces deux déterminations donneront le rapport des coefficients de dis-
persion du flint et du crown, puisqu'on aura, en divisant ces deux
équations membre à membre,
A« A a
Tel est le principe de l'emploi des diasporamèires , qui sont précisé-
ment des instruments destinés à fournir des angles variables dont
on ait immédiatement la mesure.
ACHROMATISME. 281
508- BtowpWKmétrw. — Dans le diasportimclre de Boscovicit,
on obtient un prisme à angle variable au moyen d'un demi-cylindre
de cristal, représenté dans la ligure 4i5 par sa section ABC, ca
1 demi-cylindre pouvant tourner dans une ca-
vité qui est pratiquée dans une niasse de la
même matière DEF et qui se moule exacte-
ment sur sa surface convexe : cette masse est
I d'ailleurs terminée extérieurement par une
surface plane EF. Dans une position relative
quelconque du demi-cylindre, les plansAB et
EF peuvent être considérés comme consti-
tuant les deux faces d'un |)rismc dont l'ardte
idéale est toujours perpendiculaire au plan de la figure.
Le diaspornmètrc de Rochon se compose de deux prismes à angles
égaux ACD, DCB{fig. 4i6), juxtaposés par une de leurs faces CD ':
ils peuvent tourner, l'un par rapport A l'autre, autour de la per-
pendiculaire à la face commune, de manière que l'angle compris
entre les faces externes AC et BC prenne toutes les valeurs comprises
entre zéro et le double de l'angle de l'un des prismes. — Quand on
connaît l'ange dont on a fait tourner l'un des prismes par rapport à
l'autre, en partant de la position oii les faces externes étaient paral-
lèles, le calcul de l'angle de ces deux faces est un problème très-
simple de trigonométrie sphénque.
38a OPTIQUE.
Pour employer le diiispuruinèlre à IVtude d'un prisme délerniin^ ,
cointiie il a été dit dans le paragraphe précédent, on place le dias-
poranièlre derrière ce prisme, et, en regardant au travers de ce sys-
tème une ligne noire tracée sur un fond blanc, on cherche à Taire
disparaître les irisations qui se manifestent sur les bords de ntle
ligne. Lorsque l'achromatisme est ainsi obtenu, les deux arêtes ré-
fringentes ne sont pas parallèles, et, quand on les amène auparsUë-
lisnic, l'achromatisme disparait; on rétablit l'achromatisme en agis-
sant de nouveau sur le diasporautctre, el , au bout de quelques
tâtonnements, on obtient des image!> entièrement dépourvoes ifiri-
salions, lesaréles réfrinf;entcs étant (larallèlefi.
509. Emploi <■•• «culMlrra e«nipoBés, |i«ur fip glatir
vm iMrtte le «léfant <l'«chpanutl«ni« dc« «Itlcctlfik — Un
objectif non achromatique M, dirigé vers un objet émettant de la lu-
mière blanche, donne un système d'images réelles colorées, dans
chacun des plans focaux correspondants aux rayons de diverses cou-
leurs : la Itgure ^t^ indifjue la disposition de ces diverses itn^es.
situées dans l'angle rOr', depuis l'image violette rr' jusqu'à l'image
rougerr'. Cette figure montre également que. si l'on regarde ce sys-
tème d'images avec un oculaire simple M', les images virtu^les pa-
raissent se déborder les unes les autres, depuis l'image violette VV"
jusqu'à l'image rouge RR', en sorte que la superposition de ces
imagvs donne lieu à une irisation sur les bords.
Au contraire, avec un oculaire composé, on peut faire en sorte que
^:OMPLÉME^Ï A LA iHÉOillK DK LA VISION. 383
lii ilifréreiiuc des disluaces ili;s liiiugcs réelles au |)r(>niier vcire du
['oculaire compense assnz 1.) difrércme de rél'ranjjibiiité iiour nue
les images donni^eH par ce premier verre soieiil viics, dit centre op-
li(|ue du second verre, sous le même angle. Alors toute Irisalion
tlisparatL — La ligure à 1 8 explique sulFisamment le m^anisnie de
cette cuiiipcnsatiuii , [tour l'oculaire négatif. — La ligure li i g montre
comment elje; peut également être effectuée par l'oculaire posllir,
' COMPLEMENT h. LA THÉORIE DE LA VlSIOIt.
5 1 0. défont il'aMirviiiftUsine 4m l'œil. — Toutes les réfrac-
tions qui s'opèrent dans l'intérieur de l'œil étant de même sens,
l'œil ne saurait êlrc achromatique.
Cette conclusion, i|ui se déduit immédiatement de la théorie, est
conlirmce par les expériences suivantes.
^, OPTIOOE-
, LiuNqiH-, au nioyoïi de IVxlrail du belladone ou de l'atropine,
(Kl iir-nddil «oc dJIalatïon lemporaire de la pupille, les objets vive-
(iH>iil édain.'s paraissent b^rdi^s d'irisations. Si de telles irisations
„'^HnMr«tssviit pas lorsque la pupille, à l'état normal, se dilate dans
m ^ècvi Itou éclairé, cela tient à la faible intensité de la lumière qui
ftf^re dans l'œil.
** Si l'on observe les diverses raies du spectre solaire dans une
Qutt*>ltt', il faut, lorsqu'on passe du rouge au violet, déplacer l'ocu-
\my d'une quantité très-notable, et l'on constate sans peine que
^v4lo quantité est su[iérieure au déplacement qui résulterait unîque-
iiit'ut de ce quo les diverses couleurs n'ont [>as leur foyer dans un
iiit^nic plan focal. De cette remarque il résullc donc que la distance
de lu vision distincte n'est pas la même pour toutes les couleurs.
3" Si l'on arrête, au moyen d'un écran , la portion inférieure des
rayons envoyés à la pupille par une ligne blanche tracée sur un
fond noir, cette ligne parait colorée en -rouge à la partie inférieure,
en violet à la partie supérieure. La Ogure à^o montre que, dans ces
conditions, l'intersection du faisceau réfracté rouge et de la rétine
est au-dessus de l'intersection du faisceau violet. — Lorsque la pu-
pille est entièrement libre, les deux intersections se recouvrent
presque entièrement, et il ne se produit qu'une irisation insen-
sible'".
''' Si récruii est placé à la |)arlie sup'rieure, l'eOel esl renvetsv. Il se rvcitcrsc encore
lursi|iro]i regarde une ligne nuire sur un fond éclaire : par eiemplr, l'un ites IhitmiuIl
liui'iiunlaux d'une Tenélre, — Celle expérience cat duc bu pliinicien allemand Mollweidv.
COMPLÉMENT A LA THÉORIE DE LA VISION. 285
511. Du rôle défi milieux de l'œil, eomme eor|>8 ab«or-
I»aut0. — L'absorption exercée sur les rayons de diverses natures
par les milieux absorbants de l'œil suffit pour expliquer comment le
spectre visible est, en réalité, restreint entre des limites moins éloi-
gnées l'une de l'autre que celles du spectre calorifique et celles du
spectre chimique.
Des expériences directes de M. Brûcke et de M. Janssen ont en
effet démontré que, si l'on interpose sur le trajet des rayons solaires
l'œil d'un animal récemment tué, le spectre qu'on obtient en re-
cevant les rayons émergents sur un prisme n'offre plus ni rayons
infra-rouges, ni rayons ultra-violets. — Ces deux groupes de rayons
n'arrivent donc jamais à la rétine. — C'est là encore une nouvelle
preuve du peu d'importance qu'il convient d'attacher à la distinction
entre les radiations visibles et les radiations invisibles (489). ^
512. Sensations diverses produites par des rayons ho-
mosènes d'intensités différentes. — Une observation attentive
montre que la teinte d'une portion déterminée du spectre n'est pas
indépendante de son intensité. C'est ainsi, par exemple, que si l'on
contemple directement un spectre bien pur, produit par la lumière
solairo, toutes les couleurs paraissent lavées de blanc; on remarque
aussi que le bleu s'étend singulièrement du côté des rayons les plus
réfrangibles; le jaune, du côté des rayons les moins réfrangibles.
Au contraire, dans le spectre peu intense qui est produit par la lu-
mière des nuées, le jaune disparait presque entièrement, et sa place
est occupée par une extension du vert et de l'orangé. — On donne
naissance à des effets analogues en affaiblissant, par l'interposition
de milieux absorbants, la lumière de certaines parties du spectre ou
dq spectre tout entier.
De nombreuses observations de ce genre, mal interprétées, avaient
conduit Brewster à l'hypothèse de trois spectres distincts, un spectre
rouge, un spectre jaune et un specire bleu, dont la superposition
produisait les couleurs variées du spectre ordinaire.
DE LA MESURE DES INDICES DE RÉFRACTION.
513. Ifléthode s^nérale poiir mesurer les indlees de
réfraeilon des eorps solides. — La méthode générale pour
mesurer l'indire de réfraction d'un corps solide consiste h faire
tomber, sur un prisme de ce corps, la lumière qui a traversi^ une
fente étroite, parallèle à l'arête réfringente; à amener le prisme dans
la position de la déviation minimal et à mesurer celte déviation, ainsi
que l'angle du prisme.
On a vu plus haut (/|fl8) que, dans le cas du minimum de dé-
viation, l'angle d'incidence et l'angle d'émergence sont égaux entre
eux, ainsi que les deux angles de réfraction. On a donc
D + A=-fiî\
A= 9r,
d'où résulte que l'indice de réfraction w est alors donné par la for-
mule simple
. D + A
sin - —
a
H = ^ ;
sin -
on a donc, au moyen de deux mesures seulement, la valeur de
rindice «le réfraction chen^hé.
Si Ton opère sans amener le prisme dans la position du minimum
de déviation, il faut en outre mesurer l'angle d'incidence, ce qui
n'offre d*uilleurs aucune dilliculté, puisipiecet angle est la moitié du
supplément de l'angle compris entre le pndongemeni du rayon in-
citlent et le rayon réfléchi.
5 M . Appareil de Fmiielilioffer* — L*ap|»aivil de Frauenhofer,
qui pennet d'effectuer a\tH* une grande pré<*i>ion les nu^ures qui
viennent «rèlre inditpHW. se ciuiipiise es>entiellement d'un linil>i*ho-
MESURK 1)KS l?iUICES DE REFRACTION. 287
riionlal (iC {Hf,. li-a) et d'une lunetle horrzontal<> mobile L, (ionl
l'axe npli(|ue [lasse logjoiirs |iar !e centre du limbe: une plafiiie AB.
supporli^e par trois vis calantes, soutient le prisme P qui est soumis
à l'expérience. Voici comment on dirige les opérations :
1° L'arête réfringente du prisme étant placée sur le prolonge-
ment de l'axe de l'instrument, on vise d'abord, en plaçant successi-
vement la lunette dans la position- L et dans la position L', les images
d'une mire éloignée qui sont données par réflexion sur Tune et sur
l'autre face de cet angle. Il est facile de montrer que l'angle lui-
même est mesuré par la moitié du déplacement angulaire de la )u-
nellp. — En effet, si l'on considère le rayon SI, ijuï tombe sur
l'arête du prisme AlB (fig. 6q9^ et dont le prolongement ser.iil IX,
288 OPTIQUE.
ics deux rayons IR et IR', qui sont formés par la réflexion sur les
deux faces de cette arête, ont des directions telles que Ton ait
d'où l'on lire
RIA=AIX,
R'IB = BIX,
RIA + AIB + R'IB = 2AIB.
Donc ie déplacement angulaire de la lunette, qui n'est autre chose
que la somme des trois angles qui forme le premier membre, est le
double de langle du prisme.
3° Le prisme étant amené dans la position de la déviation mi-
nima , par rapport aux rayons qui lui viennent de la mire et qui le
traversent, on vise une raie du spectre solaire et Ton note la position
do la lunette sur le limbe; on retourne le prisme, on Tamène de
nouveau à la position de la déviation minima et l'on vise encore la
même raie. IjO déplacement angulaire éprouvé par la lunette, entre
ces deux visées, est le double de la déviation corre^ndante au
rayon dont l'absence se manifeste dans le spectre solaire par l'exis-
tence de la raie considérée. — En répétant l'observation pour les
principales raies du spectre, on obtient des indices qui corres-
pondent à des rayons physiquement définis d'une manière précise.
515. EMptoi dM iMttruMMits à
mètre de H. BaMitet. — Dans la méthode qui vient d'être dé-
crite, on peut faire usage d'une mire peu éloignée, car il suffit que
les rayons menés de la mire à des points très-voisins de l'arête du
prisme puissent être regardés comme parallèles. Mais l'indépendance
de la mire et de l'appareil est un inconvénient grave : elle oblige à
vérifier fréquemment si l'ajustement rigoureux de l'appareil, relati-
vement à la mire, se conserve pendant la durée des expériences.
Cet inconvénient n'existe plus dans les instruments à collimateur,
dont le gomomètre de M. Bahinet ( fig. A a 3 ) peut être considéré comme
le type. — La mire, constituée par une fente F placée au foyer
principal d'une lentille convergente située dans le tube qui la porte,
est alors fixée invariablement à l'appareil de mesure; les dérange*-
MESURE DES INUICKS DR RÉFRACTION. 28i)
monts accidentels qui peiivcnl survenir dans la silunlion de l'apiinrell
n'onl donc plus nurune inflnencp, — En oulre, en raison du
liarnlUlisme des rayons incidents, il n'est plus nécessaire (|up les
n-tlevions e( les réfractions s'npnrent à une petite dislance de l'aréle
(lu prisme.
La marche de l'opération est d'ailleurs celle qu'on vient d'exposer
en traitant de l'appareil de Frauenhofer. — Pour la mesure de rangle
de réfraction, il peut être avantageux d'emplover comme mire une
croisée de fils. Pour la mesure de la dispersion, il faut toujours un<>
fente lumineuse'".
''' Le> bander brillanles des ipeclrei caraclérÎ!tti(|ues dea mùUux peuvent servir, diissi
bien que les raie« olHun» du speclr« suiaire, i définir arec pn'cision des rayons de lii'
mière.dans les <?ludes relatiteaà la dispersion. — t.orsqu'onne veul di^lerniiner que l'in-
dice moyeu de rÉrrartion, pour j Irouier par exemple un mujen simple de caraclérisor
uiie suhslance Iransporente détentiinée, on peul éclairer la fente qui sert de mire par
une source de luinière arliCcielle ou pur la lumière difluic du jour, el donner au prisme
un an|;lo rofringenl TniMe. On aperçoit alors un spectre éirnit ,. rt l'on viss la jiaitie la
plus inlenne, qui répond à peu près aux myons jaunes.
Viaorr, III. — Coun d« phyn. II. i{,
i^ii
OPTIQUE.
j|(>. Mesure des indlees de réfraetioii des esrps li-
Pour mesurer les indices de réfraction des corps liquides,
kMk fiiil usage de méthodes et d'appareils identiques à ceux qui ont
1^*^ décrits pour les corps solides. Les liquides sur lesquels on opère
sont renfermés dans des prismes creux, construits avec des lames de
verre; mais les deux faces de chacune des lames qui limitent l'angle
réfringent" n'étant jamais exactement parallèles entre elles, il est
toujours nécessaire de retrancher, de la déviation observée avec le
liquide soumis à l'expérience, la petite déviation que produit le
prisme vide de liquide.
Comme il est impossible d'amener exactement sur l'axe de l'ap-
pareil l'arête du prisme liquide, dont les faces ne sont souvent pas
prolongées jusqu'il leur intersection, il est indispensable de se servir
d'appareils fondés sut le principe du go-
niomètre de M. Babinet (515).
517. Indiees de réfraetioit des
eorps ssseux. — Expérleitees de Blot
et Arsso. — Les expériences de Biot et
Arago sur les indices de réfraction des gaz
ont été faites au moyen d'un grand prisme P
(fig. AaA), formé par un tube de verre
coupé a chacune de ses extrémités suivant
(les plans très-obliques par rap|M)rt à son
axe; sur chacune de ces sections étaient
appliquées des lames de verre à faces pa-
rallèles. Ces lames constituaient les doux
faces du prisme: elles faisaient entre elles
im anjfle d'environ i35 degrés, — La
capacité intérieure du prisme communi-
(piait avec une éprouvette barométrique E,
destinée h faire connaître la force élastique
des gaz : le robinet R permettait d^'nlro-
duii*e dans l'appareil de l'air ou tout antre
gaz, (»t d'amener successivement la pression, pendant les expé-
riences, i\ telle valeur que l'on voulait.
Kijf. 'nA.
MESURE DES INDICES DE ItéFRA^.TIO^. 291
Pour mesurer l'angle du prisme, on donnait à un tliéodolile trois
positions successives T, T'. T" (tig. 'i95) permettant de déterminer :
i" L'an^'le STI, que forment les rayons émis directement vers le
point T par une mire très-éloignée S, avec les rayons venus de ia
mire et réflërfais sur la face AB vers le même point T;
■ï" L'angle S'Ti', que forment les rayons émis directement veis
le point T' par une autre mire très-éloignée S', avec les rayons
venus de la mire et réfléchis sur la face AC vers T';
3* L'angle ST'S', formé par les rayons venus dîreclement des
deux mires au point T",
Ces trois mesures étant faites, on voit que, si par le point T" on
mène des droites T"B' et T'C respectivement parallèles à AB el à
AC, l'angle cherché n'est autre que B'T'C. et l'on a
B'T'C = ST''S' - ( ST"B'+ STC).
D'autre part, on voit que
ST''B'=SIB=90°-^'.
STC' = STC=9o''-^:
enGn, si l'on remarque que StT n'est autre chose que i 80° ■— STI,
•«ni OPTIQUE.
wv .(«o. Je même, S'IT est égal à i8o' -S'TT, il vient
SrB'=— .
a
Par suite, l'angle du prisme, qu'il s'agissait d'évaluer, a poui» mesure
crptfo^ ^^^ -4- ij I 1
a
expression qui contient précisément les trois déplacements angu-
laires donnés à la lunette du théodolite, daAs chacune des positions
de l'instrument*
L'angle réfringent étant ainsi connu , on mesurait :
1° La déviation très-faible que produisait le systèm&.i]es deux
glaces de verre, l'intérieur du prisme étant mis en libre communi-
cation avec l'extérieur;
*i° La déviation produite par le prisme contenant le gaz sur
lequel on voulait opérer, sous une pression et à une. température
déterminées ;
3° La déviation produite par le prisme vide.
La deuxième observation, corrigée au moyen de la première,
donnait le rapport - de l'indice de réfraction m du gaz à l'indice fs,
de l'air extérieur. — La troisième, corrigée également au moyen
de la première, donnait -» c'est-ti-dire l'inverse de l'indice de l'air
extérieur par rapport au vide. — La valeur de m était donc facile
à calculer.
(lliacune de ces trois déviations se mesurait en donnant au prismie
deux positions inverses l'une de l'autre, et en prenant la moitié du
déplacement angulaire de l'image réfractée. —- Le prisme recevait
d'avance une position telle, que les rayons directs fussent normaux
au plan bissecteur de l'angle réfringent : les réfractions étant tou-
jours très-petites, la direction des rayons réfractés était toujours
presque normale à ce plan bissecteur, et Ton pouvait, sans erreur
MESURE DES INDICES DE REFRACTION. 293
sensible, appliquer les formules qui conviennent au cas de la dévia-
lion nùninia"'.
Les expériences de Biot et Arago ont été dirigées, en particulier,
de manière à soumettre à un grand nombre de vérifications expéri-
mentales une loi qui avait été déduite
par Newton de la théorie de l'émission,
oîr que, pour les gaz, la quantité
n'^i ou la puissance réfraclive est pro-
portionnelle à la densité. — Les résultats
obtenus furent, en effet, d'accord avec
celte loi : mais il faut remarquer que,
l'indice de réfraction des gaz étant très-
peu supérieur à l'unité, la formule théo-
rique de Newton ne reçoit de cette véri-
fication que le caractère d'uae loi empi-
rique.
518. Expérlencea de Dulong. —
La proportionnalité de la puissance ré-
fractive à la densité étant regardée comme
démontrée par les expériences de Biot et
Arago, qui avaient été effectuées .■■ur l'air
atmosphérique sous différentes pressions ,
Dulong a fondé sur celte loi empirique
un procédé commode de détermination
des indices des gaz.
L'appareil qui est représenté par la figure isG se composait d'un
prisme P semblable à celui de Biot et Arago : un manomètre h. air
libre !HN permettait de faire varier la pression du gaz intérieur entre
certaines limites et d'obtenir une mesure exacte de cette pression.
— Le rôle des robinets et des tubes adaptés à l'appareil est facile
à concevoir.
Le prisme étant d'abord en communication avec l'atmosphère, on
l'i Lorsque le prisme conlîenl de l'i
rieure, la dévialioii dv; rajoiis a lieu v
eu et' lia minimum.
Mua une pression moindre que la preeaion eiLé
s le soumel et non vtrs la base, et prëscule u
29'i OPTIQUE.
visait avec une lunette une mire éloignée, vue à travers le prisme,
et l'on fixait la lunette dans une position invariable. — On intro-
duisait alors le gaz, et oh lui donnait Une pression telle que la mire
parât de nouveau en coïncidence avec la croisée des fils de la lu-
nette. L'indice de réfraction du gaz était alors égal à l'indice de Tair
extérieur, lequel pouvait aisément se calculer au moyen des don-
nées fournies par les expériences de Biot et Arago. La loi des puis-
sances réfractives permettait ensuite d'obtenir, par le calcul, l'indice
du gaz à une température et à une pression quelconques.
(l'est ainsi ([u'ont été calculés les indices de réfraction des prin-
cipaux gaz par rapport au vide, à la température zéro et sous lu
pression de 760 millimètres :
Air atmospiiérique 1,000^96
Oxygène 1 ,000374
Azote '. . 1 ,ooo3oo
Hydrogène : 1,0001 38 .
Gaz ammoniac 1 ,ooo385
Acide carbonique 1 ,ooo&/Î9
Oxyde de carbone i,ooo3âo
Chlore 1 ,00077a
Cyanogène 1 ,ooo836
Gaz 1 ,000678
Acide sulfureux i,ooo665 ^''
La puissance réfractive d'un mélange de gaz est la somme des
puissances réfractives des divers gaz, considérés avec les densités
qu'ils j)ossèdent respectivement dans le mélange.
('' D'après de» expériences faites par M. Le Roux, la vapeur d'iode présenterait une
dispersion tout à fait nnormale, le rouge étant plus fortement réfracté que lé violet, dans
son passage au travers de celte vapeur.
DE L'AHC-EN-CIEL ET DES HALOS.
519. Arcs-en-ciel. — Le phénomène de l'arc-en-ciel ne peut
être observé, dans les conditions ordinaires, que s'il se trouve un
nuage se résolvant en pluie dans la partie du ciel qui est opposée au
soleil par rapport à l'observateur, et si, en outre, le soleil est suUi-*
samment voisin de l'horizon. Il arrive alors, le plus souvent, qu'on
aperçoit à la fois deux arcs concentriques, dans lesquels les couleurs
du spectre sont disposées en ordre inverse; l'espace qui est compris
entre les deux arcs présente, par rapport au reste de la voûte cé-
leste, une obscurité relative.
D'après la position du nuage par rapport au soleil et à l'obser-
vateur, il est manifeste que la lumière à laquelle est dû l'arc-en-
ciel a été réfléchie par les gouttes de pluie : la coloration de cette
lumière indique qu'elle a été, en outre, réfractée et dispersée, (i'est
donc dans la considération des rayons lumineux qui pénètrent dans
les gouttes de pluie et en sorlent après avoir subi des réflexions inté-
rieures qu'il faut chercher l'explication du phénomène.
5âU. IVottoBi des rayon» effleaces. — Si l'on considère tous
les rayons émis par le soleil (|ui, après avoir pénétré dans une goutte
d'eau, s'v réfléchissent un même nombre de fois, on voit immé-
diatement que le changement de direction éprouvé par chacun d'eux
est variable avec son point d'incidence primitif. Or si, parmi. tous
ces points d'incidence, il en est un qui jouisse de la propriété de
rendre maximum ou minimum le changement de direction du rayon
émergent, il est clair que les rayons dont les points d'incidence
seront voisins de celui-là subiront des changements de direction
presque égaux : par suite, tous ces rayons seront, en sortant de la
goutte, sensiblement parallèles les uns aux autres. Au contraire,
les rayons dont les points d'incidence seront à des distances de plus
en plus grandes du point en question éprouveront un changement
296 OPTIQUE.
de direction de plus en plus variable, c'est-à-dire que Fenseiiible
de ces rayons parallèles à rincidence sera transformé, par raciion
de la goutte, en un système de plus en plus divergent. . — Donc,
dans la région de l'espace qui est occupée par les rayons émergents,
il y aura accumulation relative de lumière dans le voisinage du rayon
qui aura subi un changement de direction maximum ou miiiimum,
et ce rayon pourra être considéré comme apportant- avêe lui une il-
lumination plus grande que tout rayon émergent doni la direction
fait avec la sienne un angle de grandeur finie De Ui le nom de
raynns ejtcaces, donné aux rayons émergents qui corresplondent è
un changement de direction maximum ou minimum.
De ce qui précède il résulte que , parmi les gouttes de pluie, celles
qui seront dans une position telle que leurs rayons efficaces par-
viennent à l'œil paraîtront plus brillantes que les autres. Ces gouttes
formeront donc, à la surface des nuages, une zone plus éclatante
que les régions voisines; si la position de cette zone dépend de l'in-
dice de réfraction de la lumière considérée, on apercevra un système
de zones diversement colorées. — L'explication du phénomène sera
donc complète si l'on démontre l'existence des rayons efficaces^ et si
l'on trouve le moyen d'en déterminer la position.
5!2 1 . Calcul de la p^altloii des rayons encacea. — Soient
une goutte d'eau sphérique A (fig. 4*37), et un rayon lumineui
homogène SI tombant sur cette goutte ^^^ — Ce rayon, dans tous
les changements de direction qu'il peut successivement éprouver,
demeure toujours contenu dans le plan mené par sa direction pri-
mitive et par le centre de la goutte : c'est ce plan qui a été pris ici
pour plan de la figure.
Par la réfraction au point 1, le rayon s'éloigne d'abord de sa di-
rection primitive d'un angle 1 — r; par une réflexion intérieure en H ,
il s'écarte de sa nouvelle direction d'un angle égal à n — ar, et toutes
les réflexions ultérieures produisent un effet identique à celui de
la première: enfin, l'émergence en un point tel que R détermine
un drplareuKMil angulaire égal à i -r. Tous ces déplacements suc-
'^ La loniie spliérique. étaiil celle que preiiil crelle-méme uiiepetile masse liquide en
repos , duil être llé€e^6airement la tbrme inoyeuoe des gouUes.
ARGS-EN-CIEL.
ifs ayant lieu dans le niénic sens, on voit i|ue, en dëtinilive, »n
m qui aura étë réilëclii k fois rliins l'intérieur de la i,'(iulle [leut
considéré comme ayant éprouvé, à partir de sa direction primi-
prolongée SB, une rotation p qui est exprimée par la formule
?-»('■-••)+'{'-")•
)r, \es rayons incidents étant tous parallèles entre eux, la posi-
du point d'incidence par rapport à la goutte peut être caracté-
î par la valeur de l'angle d'incidence i : en d'autres termes, la
tion p est une fonction de i, et, pour que p soit maximum ou
imum, il faut que l'on ail
dp
if = "'
>à-dire, en supprimant le facteur a ,
angles t et r étant liés entre eux pfir la relation sint^nsinr,
dr __ cos i
di ficosf'
ar suite la relation à laquelle doit satisfaire l'incidence des rayons
-■aces, pour un nombre déterminé /' de. réQe.ùons intérieures,
â98 OPTIQUE,
devient
V ' n cos r
De là on déduit, par des transformations faeiles à effioctaer,
(i+ i)*(t — 8in*i)«?;ii* — ain^i
ou enfin
Or, le nombre des réflexions intérieures k étant toujours au moins
égal à l'unité, cette expression est toujours réelle lorsque l'indice
de réfraction n est plus petit que ti; c'est ce qui arrive, en particu-
lier, pour Teau, dont l'indice de réfraction a sensiblement pour
valeur ô — Donc v quand les rayons solaires tombent sur une goutte
d'eau y il y a des rayons efficaces pour ions les nombres possibles de ri^
Jlexions intérieures.
Pour savoir maintenant si la rotation correspondante à la valeur
de i (|ue l'on vient de déterminer est maximum ou minimum, il faut
connaître le signe de la seconde dérivée de p par rapport à i. Or
on a
.dr
dt
^ -u{k+i) ..,_,,.
n' cos /•
sin r cos* i — n cos' /* siii i
'--•j(A+.)'--
/* COS /
SlU '
OU enfin
uni , . - ., / sur i\ .
— (i — siiri) -n I . - sin
«* COS* r
dr ^ w'cosV
(ielle expression étant toujours positive, la rotation du rayon effiairt
est toujours un minimum.
ARCS-EN.CIEL. 299
Enfin, la valeur de la rotation dépend de Tindice de réfraction
du rayon lumineux, c'est-à-dire de sa couleur. Or, supposons que,
dans la formule générale de la rotation
p^ 3 [i—r) + k{'rr — ar),
les angles t et r aient les valeurs qui conviennent au\ rayons effi-
caces, c'est-à-dire que p désigne la rotation minimum pour k ré-
flexions ; alors la quantité p n'est plus fonction que de la variable /( :
si Ton veut voir comment varie la rotation minimum quand on passe
des rayons rouges aux rayons violets, il suffit de chercher le signe
de la dérivée -r • Or on a
dn
dp di ,, X dr
D'autre part, de la relation (i) on déduit
ii n
** V'(w*-i)[(fc-n)'-ii']'
sini
enfin, sinr étant égal à — * on a également
1 /(fc+i)*-^'
d'oïl l'on tire
rfr k-i- i
Donc, en définitive, on a
-.1 • > •
dp _ 2[(fc4-il^-V]
ou enfin «
dp 2 v/(A* + i)*— n-
dn n y^/i*^^
expression toujours positive. — Donc la rotation des rayons efficaces
est toujours croissante du rouge au violet.
âflO OPTIQUE.
522. Premier nrc. — Si l'on prend comme valeur de l'indice
de réfraction de l'eau pour les rayons rouges le nombre 5' ou -g—»
el comme valeur de l'indice relatif aux rayons violets le nombre
-jT-=-< on trouve, en substituant ces valeurs dans la formule générale
de la rotation et faisant ^ = 1 , que la rotation des rayons ellicaces
va en croissant du rouge au violet, pour les rayons qui n'ont éprouvé
qu'une rélle\ion intérieure, depuis
jusqu'à
py= 189° 43'9o".
Il résulte de là que, si l'on représente par SG (fig. ia8) la direc-
tion des rayons qui tombent sur une goutte dont le centre est en G,
et par GK et GV le rayon efficace rouge et le rayon efficace violet
qui proviennent de rayons incidents contenus dans le plan de la fi-
gure, on peut affirmer que tous les rayons efficaces qui émergent de
cette goutte, et qui correspondent à une seule réflexion intérieure,
sont répartis entre les deux surfaces coniques i^u'on obtiendrait en
faisant tourner Gît et GV autour de GS' comme axe. Un observateur
ayant le centre de l'œil placé en 0, sur le prolongement de la droite GR .
recevra île la goutte G une lumière rouge plus intense (pie celle qu'il
reçoit des autres gouttes conlenuen dans le pliiii de la ligure; mais
ARC3-EN.G1EL. 301
il recevra encore des rayons efficaces rouges de toutes les gouttes
qui seront à l'intersection de la surface du nuage avec la surface co-
nique qu'engendrerait la droite OG en tournant autour du prolon-
gement OS' de la direction des rayons solaires, considéré comme axe.
11 verra donc un arc de cercle rouge, appartenant à un cône qui
aurait pour axe la direction des rayons solaires prolongée, et pour
demi-angle au sommet le supplément de la rotation p^^, c'est-à-dire
ce qu'on nomme ordinairement Li déviation, ou l'angle .
Pour une raison semblable, l'observateur placé en 0 verra les
diverses couleurs du spectre distribuées suivant des arcs de cercle
appartenant à des cônes intérieurs au précédent, puisque le demi-
angle au sommet de ces cônes est le supplément d'un angle qui va
en croissant du rouge au violet. Pour les rayons violets « en parti*
culier, la demi-ouverture angulaire du cône sera la déviation mesurée
par l'angle VOS', dont la valeur est
4o'i6'4o".
Le raisonnement précédent pouvant s'appliquer, pour une cou--
leur en particulier, à tous les rayons parallèles de cette couleur qui
émanent des divers points du soleil, on voit qu'à une couleur homo-'
gène déterminée doit répondre, sur la surface du nuage, non pas
une ligne mathématique, mais une bande colorée ayant une lar-
geur apparente égale au diamètre apparent du soleil. Les couleurs
de l'arc-en-ciel ne sont donc ni plus ni moins pures que celles du
spectre qu'on obtient lorsqu'on fait tomber sur un prisme les rayons
solaires introduits dans une chambre obscure par une ouverture
étroite, et qu'on contemple ce spectre sans faire suivre le prisme
d'une lentille.
On remarquera enfin que, la rotation des rayons efficaces étant
un minimum, le supplément de cet angle est un maximum. Par con-
séquent, les gouttes d'eau situées en dehors du cône qui contient,
pour un observateur occupant une certaine position, les rayons effi-
caces rouges, n'enverront à son œil aucun rayon ayant éprouvé une
seule réflexion mtérîeure.
■m
OPTIOUE.
533. DcMxIèake «r«. • — En adoptant les mêmes vdenrs que
précMeroinAnt , pour les indices de rt^frartion de l'eau relatifs aux
rnyons rouge» f«l aux rayons vJolels, on trouve pour valeurs des
rotations des rayons efficaces rouges el violets, correspondants à
deu<L réflexions intérieures,
'et
p, = 935° ()' 9o",
Os valeurs étani supt'-rieures à 180 degrés, les- rayons eflicores
Eougrsou violet-s, (pii onl subi deux réflexions Intérieurr^s, et qui. au
sortir dp la goultp, sont dirigés vers le bas, proviennent nécessaire-
ment de rayons incidents qui ont rencontré la moitié inférieure de
la goutte, ainsi que l'indique la ligure &3o. L'inverse a lieu pour
les rayons qui n'ont subi qu'unr seule réflexion intérieure, comme
le montre la flgure h^i).
De ces remni'que^ il résulte que le rayon rouge eOicaee de la
goutte G (fig. 63 1), qui est contenu dans le plan de la figure, s'ob-
tiendra en supposant que la droite GS' tourne, dans le sens indiqué
[lar la flt>che/, d'un angle égal à -iHo" 58' ôo". La droite GR ainsi dé-
terminée viendra rencontrer l'œîl d'un observateur placé en 0, si
l'angle de OG avec la direction OS' des rayons solaires prolongés
ARCS-EN-ClËL â03
ésl f'^al à ^So'SB'.So" diininiif^ de 180 degn^s,- c'estwi-^ire à
5o'58'5o".
Tidlc <>st la derni-ouverlitrp niigulairB du cûne dont I» siiifac^ poiit
contenir tes goattes envoyant ù Tobservateur des rayons efBcac^
rouges deux fais réfléchis dam leur intérieur.
;.: PiMtr drâ raittons semblables, les gouttes qui enverront h l'œil
'deR tiayaas ellïraces violets seront situées sur ua r6ne ayant pour
iiR OS' ei pour demi-nuveKure angulaire ■aSA'g'ïO* — 1 80", c'est-
-2-ilire
L'ouvertore angulaire de pe cAne étant supérieure à relU des rayons
rouges, on voit <]ue, dans le deuxième arc, le violet es! à l'extérieur
et te rouge à l'intérieur.
Enfin, la rotation des rayons ellicaces étant toujours un mini-
mum, les gouttes situées dans l'intérieur du rAne qui rontïent les
gouttes à rayons ellicaces rouges n'enverront A l'observateur aucun
rayon ayant éprouvé deux réflexions intérieures. — Ainsi, de l'es-
pace compris entre les deux arcs, il n'arrivera à l'œil ([ue des rayons
réfléchis plus de deux fois dans l'intérieur des gouttes. De là l'obs-
^uriu'' relative de celle région.
534. ArcB 4'ardre* siipérleura. — Des calculs semblables
aux précédents montrent que le trotsii''me el le quatrième arc ne
â04 OPtlQUE.
seraient visibles que sur un nuage placé entre l'observateur et le
soleil : l'éclat des rayons solaires directs n'a jamais permis do les
apercevoir. Le cinquième arc se trouverait, au contraire, sur un
nuage opposé au soleil : il n'a jamais été vu non plus, à cause du
grand aiïaiblissement que la lumière éprouve après cinq réflexions
consécutives. i)n affirme cependant que ce dernier arc a été observé
sur le nuage de gouttes d'eau qui se produit au voisinage de cer-
taines cascades.
En faisant tomber les rayons solaires sur un jet d*eau abondant .
produit à l'intérieur d'une chambre obscure, on a pu observer jus-
qu'au dix-septième arc, et vérifier que tous les arcs de divers ordres
ont la position indiquée par la théorie.
525. Halo». — On désigne sous le nom de halos des cercles
colorés qui entourent le soleil, et quelquefois la lune, à une dis-
tance angulaire de 22 degrés et de 46 degrés ; dans ces cercles, le
rouge est à l'intérieur et le violet à l'extérieur.
Les halos sont produits par des cristaux de glace flottant dans
l'atmosphère : ils sont, par conséquent, plus rares et moins brillants
dans nos climats que dans les régions polaires. Les rayons qui sont
réfractés par ces prismes de manière h éprouver la déviation mini^
mum possèdent toutes les propriétés des rayons efficaces de la théo-
rie de l'arc-en-cieH^^ Ils donnent donc naissance, pour chaque es-
pèce de couleur, à un cercle brillant, concentrique au soleil, dont
le demi-diamètre angulaire est précisément égal à la déviation mi-
nima. La valeur de cette déviation étant croissante avec l'indice de
réfraction, le violet doit être en dehors et le rouge en dedans,
comme le montre l'observation.
Les cristaux de glace sont des prismes hexagonaux réguliei*s, ter-
minés tantôt par des bases planes, tantôt par des pyramides hexa-
gonales diversement inclinées. Deux faces latérales non adjacentes
forment ensemble un angle réfringent de fio degrés, et donnent
naissance au halo dont le dinmètre est de 2*î degrés. — Une face
•^^ L'indice de réfraction de la j^lace difljère à peine de celui de Teaii, el la \aleiir -
peut tîlre employé.o dans les .calculs relatifs aux lialos, comme dans les calculs relatifs à
Tarc-en-ciol.
HALOS. 305
latérale et la base forment l'une avec l'autre un angle de 90 degrés
et donnent naissance au halo de li& degrés.
Deux faces latérales adjacentes, qui forment l'une avec l'autre un
ang^e dièdre de 1 fio degrés, ne donnent pas de halo, car un rayon
lumineux qui pénètre par l'une de ces faces et tombe sur la seconde
s'y réfléchit totalement.
Les faces des pyramides terminales forment des angles dont la
valeur parait n'être pas constante : ils donnent naissance à des halos
extraordinaires, de diamètres variés.
Verdct, m. — Cour» de pliys. II. ao
OPTIQUE THÉORIQUE.
INTERFÉREIVCES.
I. l>HK\01HÈNES D-IMERFÉBENCES.
526. Expérience faBdamentale d'Vaiuw. — C'csl à Th.
Yoiing que revieni l'honneur d'avoir appliqué aux phénomènes
optiques le principe des interférences. Parmi les expériences peu
nombreuses qu'il a faites pour démontrer la légitimité de celle ap-
plication, la .«uivantf doit Hre ronsidérée comme la plus impor-
tsDte.
Un trou Irf's-itroit S (fig. iân). pratiqué dans le volet d'une
chambre obscure, laisse passer les rayons solaires: on fait tomber
308 OPTIQUE THÉORIQUE.
ces rayons sur un écran percé de deux petites ouvertures circulaires
0, 0' très-rapprochées, et l'on observe la distribution de la lumière
sur un écran blanc MN placé au delà. — Si l'on commence par
masquer l'ouverture 0', pour laisser passer les rayons à travers Tou-
verture 0 seule, on remarque que la lumière s'étend, sur l'écran
MN, à une distance très- sensible en dehors de l'intersection AB de
l'écran avec le cône de rayons incidents circonscrit à Touverture; il
y a illumination par diffraction ^^^ en dehors de la projection conique
de l'ouverture 0. Le même effet s'observe, en dehors de A'B', si Ton
masque l'ouverture 0 pour découvrir l'ouverture 0'. — Si mainte-
nant on découvre à la fois les deux ouvertures , l'effet produit n-est
pas une simple superposition des deux effets précédents. Dans la
région éclairée à la fois par la diffraction des deux ouvertures , on
aperçoit un système de bandes colorées, rectilignes, perpendicu-
laires à la droite qui joint les centres des deux ouvertures. — Avec
un peu d'attention , on distingue dans ce système une bande blanche
centrale, occupant le lieu des points situés à égale distance des deux
ouvertures; puis, de part et d'autre, deux bandes noires; ensuite,
des bandes colorées, dans lesquelles on peut apercevoir encore des
maxima et des minima lumineux équidistants. L'addition d'une lu-
mière à une autre n'a donc pas pour effet constant une augmenta-
tion de l'éclairement ; la formation des bandes noires prouve même
que, dans certaines conditions, en ajoutant de la lumière à de la lu-
mière, on peut produire de V obscurité,
A cette expérience d'Young on peut cependant faire une objec-
tion : les rayons que l'on fait interférer sont des rayons diffractés par
leur passage au travers d'ouvertures étroites ; il est donc nécessaire
de démontrer que la propriété d'interférer ne résulte pas de quelque
modification spéciale, que la lumière subirait en se diffractant. —
Les expériences que l'on va maintenant décrire, et qui sont dues à
Fresnel, ont eu pour but de répondre à cette objection.
527. Expérleitee du Mprisnte. — Les rayons d'une sourc<*
lumineuse de très-petites dimensions sont reçus sur deux prismes,
d'angles réfringents très-faibles, accolés par leur base, ou plutôt sur
(^) Ce phénomène sera tHudië plus loin.
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 309
une Unie de verre BAC (fig. 633), taillée de façon à imiter un pareil
système. En vertu de la petitesse des angles réfringents, et de l'inci-
dence presque normale des rayons, on peut regarder ces prismes
coiimie substituant n un point lumineux S le système de ses deux
foyers virtuels S' et S" (426). On obtient donc ainsi deux faisceaux
lumineux de même origine, très-voisins l'un de l'autre, sans que la
lumière qui les constitue ait éprouvé d'autre modilication que celle
qui peut résulter de deux réfractions opérées sous l'incidence presque
normale. — Des bandes ou Jranges d'interférence , tout à fait' sem-
blables aux précédentes, apparaissent dans la partie commune tfux
deux faisceaux, et disparaissent lorsque l'un des faisceaux est sup-
primé. La frange blanche centrale est toujours comprise entre deux
franges noires, et occupe le lieu des points qui sont situés, 'dans
l'espace commun aux deux faisceaux réfractés, à égale distance des
points lumineux virtuels S' et S*. Toutes les franges sont d'ailleurs
parallèles entre elles , et perpendiculaires à la droite S'S". — Si l'on
substitue au point lumineux S. une ligne lumineuse, parallèle aux
arêtes réfringentes, le phénomène augmente d'éclat, par la super-
position des divers systèmes de franges qui correspondent aux divers
points de cette ligne.
Ce procédé expérimental est le plus simple et le plus commode
qu'on puisse employer pour la manifestation des phénomènes d'in-
terférence*, mais il ne convient pas à la recherche des lois de ces
phénomènes, à cause de la complication qui résulte des deux réfrac-
tions, et de la diversité des milieux que traverse successivement la
lumière. .
310 OPTIQUE THÉORIQUE.
528. Expérience des ailrelp* de Fresael. — Un point
lumineux S envoie ses rayons sur deux miroirs plans MN, MQ
(fig. 636), qui font l'un avec l'autre un angle très-voisin de i8o de-
grés. Les deux faisceaux réfléchis sont constitués comme s'ils avaient
pour origines les deux inia^e!> S', S" du point S, images qui soQt
très-voisines l'une de l'autre. Dans la partie commune aux deui
faisceaux on apenjoit, sur un écran AB, des frnnges perpeadicu-
Uires à la droite S'S" qui réunit les deux images.
Les deux miroirs doivent être opaques, afin d'éviter ta compli-
cation que produirait la réflexion sur la seconde surface, si l'on fai-
sait usage d'une substance transparente ; ils sont généraleineat
formés par des plaques de verre noir. — L'un d'eux M est lise
parallèlement à la plaque P (Sg. 635); la vis a permet de l'appro-
cher ou de l'éloigner de P. L'autre miroir, placé sur RN , est porté par
une autre plaque Q, à laquelle sont fixées trois vis calantes, dont
deux sont visibles en 6 et c, et qui permettent de rendre la plaque Q
^rallèle à telle direction que l'on veut : un ressort maintient la
plaque Q éloignée de P. Le miroir N peut tourner lentement autour
d'un axe K parallèle à l'un de ses bords , par l'uclion d'une vis H sur
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 311
un long ressort pbcé entre le^ plaques Q et N. Pour régler les mi-
roirs, on rend d'aboi^d la charnière R parallèle au bord du miroir N;
puis, on amène les plans des deux miroirs en prolongement Tun
de l'autre, ce dont on s-assure en constatant que le système ne
donne qu'une seule image d'un point éloigné; enfin on fait tourner
le miroir mobile d'un très-petit angle autour de la charnière R.
On peut prendre comme source de lumière une petite ouverture
circulaire» transmettant les rayons solaires ou ceux d'une très-forte
lumière artificielle , comme la lampe de Drummond , ou mieux en^
core la lampe électrique. — On donne plus d'éclat aux phénomènes,
en prenant comme source le foyer principal d'une lentille conver-
gente ayant une faible distance focale et éclairée par des rayons
parallèles. — D'autres fois , on emploie une fente étroite , parallèle
à l'intersection commune des deux miroirs. A chaque point de la
fente répond alors un système particulier de franges; mais, à cause
•de la position particulière de la fente, il est facile de voir que ces
divers j^ystèmes coïncident et se renforcent réciproquement.
529. Vwmn^P^ produite» ^i^mw les soiirce» iiloa#clu*o]
tiques ou par lo fumièiro Mo,iDiclie« ^ — Si l'oti place sur le
trajet de la lumière un absorbant monochromatique, ou si l'on fait
arriver sur l'ouverture servant de source lumineuse des rayons ho-
mogènesf pris dans un spectre, les franges de diverses couleurs
que donnait la lumière blanche sont remplacées par un système de
franges d'une seule couleur, qui sont alternativement brillantes et
obscures, et qui paraissent à l'œil exactement équidistantes. — Le
piiiieu du système est toujours occupé par une frange brillante, qui
est placée à égale distance des deux images S' et S^' du point lu-
m\tieu%.
Les distances des franges latérales à la frange centrale, leurs
largeurs f augm^mtent à mesure qu'on éloigne l'écran sur lequel elles
se projettent, et à mesure que l'angle des deux miroirs approche
d'être égal à 180 degrés.
Enfin, si l'on examine successivement les franges produites par
des lumières de couleurs diverses, on reconnaît que, toutes choses
^ale^ 4'aijleurs, la largeur des franges dimique du rouge au violet.
312 OI'TIQUK THEORIQUE.
L'apparence complexe que l'on avait obtenue en eniployani h
Itimière blanche r^ulle simplement de la superposition dés dirers
systèmes de franges , alternativement ol^cures et brillantes, ^e don-
nent s<!parément les diverses couleurs, et qui ont des largeurs ini^
gales. Le milieu de tous ces systèmes ^lant occupé pâr'aiie Traiige
brillante, la frange centrale doit être . blanche ; les déni frâDgés
noires dont cette frange centrHle est bordée résidtent-de ee qàe les
deux premières franges obscures de tous les systèmes oat dôe putie
commune, d'une largeur sensible. ' ' '
530. HcMire expérlHienCAle de la larsm
— Pour établir les lois du phénomène par des mesons prffeiwt,
on substitue, k la projection des franges sur un écran, rdMnrvirtMO
par vision directe. Si l'on supprime l'écran sur lequel on obeemîlles
franges et qu'on reçoive les deux faisceaux réflécliis sur nde leope,
l'œil placé derrière la loupe aperçoit une image des frax^oi. Ott
franges, dont on voit alors l'image grossie, sont celles qntse fomenl
dans le plan où devrait être placé on
objet pour être m distinetement afer
cette loupe.
Si la loupe est montée dans un Uibê
portant un réticule, on devra, pour fsâre
coïncider successivement le (il vertical
avec les milieux des diverses Iranges.
déplacer la loupe d'une quantité égale aux intervalles de ces fraises
entre elles. Pour obtenir des mesures précises, il suffira donc qucla
loupe soit mobile par l'action d'une vis micrométrique, comme-le
montre la figure ^36.
Lorsque le système des deux miroirs et le support de la loupe
sont indépendants l'un de l'autre, on peutfaire-réfléchir les rayons
interférents sous des incidences aussi peu obliques qu'on le voûdr*.
On peut aussi , en éloignant la loupe, s'arranger de manière que
les rayons qui viennent produire les franges par leur concours aient
été réfléchis à une grande dislance des bords des miroirs, ainsi que
la figure ÂSy le fait suffisamment comprendre. — On peut donc
obtenir des franges avec des rîayons qui n'ont éprouvé k aûcon
l'Hli.NOHRNIÎS D'INTKnFÉBENCKS. 313
degré la inodilicalion s|)éciale appelle dîffracûm, qui résulte du pas-
sage de la lumière au voisinage des limites d'une ouverture ou d'un
miroir.
Le plus souvent, oii répète l'cxpérieuce de Krosnel en employant
ijn système de miroirs et uni- loupe mirroinëlrique montés sur un
ntënio banc i-ectili{^nc. Les rayons émanéti do la stiua'O sont alors
rfn^cliis prestjui' j>iirallMcment à la .siirlace des miroirs, requi
donne aux faisceaux lumineux une plus grande intensité. Cette dis-
position particulière des expériences est donc avantageuse sous un
rapport, mais elle n'est uullemcnl nécessaire.
531. Evaluntloa 4c la différence 4e> etaeiMlnB p«rc*u-
wmm p»r deux rmjonm qui •« c«upeii< en un point d'une
franse déterminée. — Il résulte des lois de la réflexion, non-
.seuleinent que les rayons réfléchis ont ta même direction -que s'ils
provenaient de l'image du point lumineux, mais que la distance de
cette image à un point quelconque du rayon réfléchi est égale au
chemin réellement parcouru par la lumière, depuis le point lumi-
neux jusqu'au point particulier que l'on considère. On peut donc
substituer idéalement, dans l'expérience des miroirs dé Fresnet] au
point lumineux et aux deux miroirs, les deux images S' et S" du
point lumineux S. — Si, à une dislance quelconque de ces points,
on mesure la distance de la frange centrale ï, (fig. 'i38)à un point P
d'une frange latérale, contenue dans le plan mené par le point K
ilh OPTIQUE THÉORIQUE-
perpeadiculâlremenl à RE, on a, pour eipressioos des
parcoui'us par les deux rayons S'P, ST,
S'P=\/keV(BS'-EP)*' S'P=V^RE*+(RS'+EP)^ :
ou. en représentant la distance RE par d, US' rt RS' pvé,B
par/. . I
En raison tJc rL'îiln'iiii' iiriitenH- iIh h i-\ di- /, iplnlivement à d.
on peut se borner aux deux premiers termes du dévetoppeipent dw
radicaux en série, et poser
ST^. + 'î;/.
d'où l'on déduit la valeur S de la différence des chemins parcourus,
Mais -T ne dilTcre pas sensiblement de la tangente de l'angle S'ES'.
Donc, en représentant cet angle par i, il vient
^=a8ngt.
Or, / étant meNuré par le micromètre comme il a été dit (Ô30), il
ne resie plus, |>our évaluer S, (|u'à mesurer l'angle t.
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 315
Pour effectuer cette mesure. Fresnel plaçait en E un très-petit
cylindre opaque, perpeadiculalre au plan S'ES" (fig. '^3^), et il
détemnoait, à l'aide de son micromètre, l'ialervallc O'O' des-uii^
liegx dw deiu ombres portées, h une lUstance connue ME. Le rap-
port de O'O' à ME ne différait pas sensiblement de la tangente de
l'angle chercha.
-'â3'2- i«*> MriuM«riWi*> *>>i phéBMnéBie. — Une série de
mesures, effectuées comme on vient de l'indiquer, conduit aux lois
sitiwQtes :
: i' I^a différence de marche des rayons qui viennent se croiser
au milieu d'une frange quelconque est constante et caractéristique
de la frange considérée, de quelque manière qu'on fasse varier les
conditions de l'eipérience.
3° Au milieu d'une frange brillante, cette différence est nulle
ou égale à un multiple pair d'une très-petite longueur -■
3° Au milieu d'une frange obscure, cette différence est égale à
un multiple impair de la même longueur-.
!i' La longueur- va en décroissant du rouge au violet; dans la
région moyenne du spectre, elle est sensiblement égale à ^ de
millimètre.
On voit donc que l'intensité lumineutie, due au concours dv
deux rayons qui sont émanés de la même source et qui ont par-
couru des chemins différents, est maiima ou minime suivant que
la différence de ces chemins est égale à un multiple pair ou à un
multiple impair d'une longueur déterminée; entre ces deux cas ex-
trêmes, l'inteniiité varie d'uno manière continue. L'obscurité parait
316 OPTIQUK THÉORIQUE.
d'ailleurii complète , dans les points où l'intensité est minima , lorsque
les deux rayons înlerrérents sont égaux en intensité.
53tS'. CxpérICBce avec iim «mU . BÉirslr. — i'Ob peut,, Al
employant un seol miroir MN , sur lequel on fait lomber ii ïunq^
de lii soiin-p S sous ime mcidoncc prusijui^ rasaiitr; (fig. 'l'jo), faire
""v.
rif. iio.
interférer les rayons directs avec les rayons réfléchis, et constater
le phénomène en plaçant, !ioit un écran, soit une louj>e en un peint
tel que P.
On obtient alors des franges semhlahles aux précédentes, avec
cette différence que la frange centrale est ohscure et que les condi-
tions de maximum et de minimum sont renversées. En d'autres
termes, on peut dire que tout se passe comme si la rélleiiott avait
augmenté de - le chemin parcouru par le rayon réfléchi. — On re-
viendra plus loin sur les conséquences que l'on peut tirer de la com-
paraison de CCS résultats avec ceux qui précèdent.
11. — EXPLICATION DliS PHÉNOMÈNES D'IKTBBiréBENCES
DANS LE SYSTÈME DES ONDULATIONS.
53â. On a essayé, à l'origine, de rendre le phénomène des
interférences compatible avec l'hypothèse de l'émission, en attribuant
des propriétés spéciales à la rétine. — Toute explication de ce genre
est réfutée par une expérience d'Arago, dans laquelle, en recevknt
les franges sur un papier imprégné de chlorure d'argent, on obtient
une altération maxiina au milieu des franges brillantes, et une 'al-
tération nulle au milieu des franges obscures.
Rien ne se conçoit au contraire plus facilement que l'accord ou
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 317
la discordance de deux mouvements ondulatoires, dont la superpo-
sition en un même point produit des effets analogues à ceux des
ondes sonores étudiées en Acoustique, ou des systèmes d'ondes. qui
se propagent simultanément à la surface d'un liquide.
535. Première notion du •ystéme dee ondiilotione. —
Dans le système des ondulations, on conçoit les corps lumineux, ou
plus généralement les corps rayonnants, comme étant le siège de
vibrations incessantes qui se communiquent aux milieux voisins, et
qui s'y propagent avec une égale vitesse dans tous les sens, si ces
milieux sont isotropes.
On ne fera , pour le moment , aucune hypothèse sur la nature des
ondulations lumineuses. On admettra seulement, comme un fait
établi par l'expérience, qu'elles se propagçnt sphériquement et avec
une énorme vitesse dans les gaz, dans les liquides, dans les solides
non cristallisés et dans les espaces interplanétaires; il est impossible
d'ailleurs de rendre ces ondulations manifestes par les moyens qui
servent à démontrer l'existence des vibrations sonores. — Ces pror
priétés ne permettent pas de regarder les vibrations lumineuses
eonune différant simplement des vibrations sonores par l'amplitude
et par la durée. Elles ont certainement leur siège , soit dans les derr
niers éléments constitutifs des corps, soit plutôt dans un milieu
spécial, Yéther, qui pénètre tous les corps de la nature et remplit
les espaces planétaires.
Les lois de la propagation d'un mouvement vibratoire se dé-
duisent, comme en Acoustique, des lois de la propagation d'un
ébranlement unique , en décomposant le mouvement vibratoire cen-
tral en une infinité d'ébranlements successifs. On peut donc regarder
comme évident :
i** Que si le mouvement central est périodique, le mouvement
propagé par les ondes sphériques l'est également, et que la période
des vibrations est la même à une distance quelconque du centre
d'ébranlement;
d° Que si les vibrations centrales sont telles qu'à deux époques
séparées par la durée d'une demi-vibration les vitesses soient égales.
318 OPTlOHE THÉORIOIIE,
parnllèles et de signes contraire?, les vibrations propagées jouissent
de la m^me propric^té.
En outre, bien que la direction et l'amplitude des vibrations
propagées puisse varier d'un point à un autre d'une même onde
sphérique, la continuité des phénomènes autorise à admettre que,
sur une portion peu étendue d'une même onde spbérique, Tétat de
mouvement de tous les points du milieu est sensiblement le même
à chaque instant.
En passant d'une onde spbérique à une autre, de rayon plus
grand, la force vive du mouvement vibratoire répandu sur une
même surface diminue en raison inverse du carré de la distance;
mais, si l'on considère deux ondes sphériques dont les rayons ne
présentent qu'une différence peu considérable relativement à leur
valeur absolue, on peut faire abstraction de la variation d'intensiié
produite par le passage d'une onde à l'autre, et établir les deux
principes suivants : •
i° Si l'on considère, sur deux ondes sphériques peu distantes,
divers points situés sur un même rayon vecteur ou sur deux rayons
peu inclinés l'un sur l'autre, et si la différence des rayons de ces
deux ondes est égale à un nombre pair de demi-longueurs d'on^
dulation , l'état vibratoire de ces deux points sera le même à chaque
instant. — En effet, en appelant R et R' les rayons des deux ondes,
et en admettant que l'on ait
on voit quo le mouvement du point situé sur Tonde de rayon R,-à
l'époque arbitraire /, a pour origine l'ébranlement qui existait au
centre h Tépoque
V étant la vitesse de propagation des ondes. De même, le meuve*
ment du point situé sur l'onde de rayon R' a poor origine l'ébran-
R'
lement qui existait au centre à l'époque / — -r-' ^"^ ^'^^ P^^^ écrire
R X \
^_^^Q^_. ^t, en remarquant que la quantité y est égale k la
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 319
dur^p T d'une vibration entière, cette expression devient
, H T
V 2
, & d^s éjpoques qui diffèrent entre elles d'un nombre pair de
i-dttréès dé vibrations, les ébranlements centraux sont iden-
vHi|tfie$; et, quelles que soient lefs transfortanâtions qu'ils éprouvent en
se propageant, celles de ces transformations qui ont lieu suivant
deux rayons peu inclinés l'un sur l'autre, et sur des longueurs peu
fiiîfférenles , sont sensiblement identiques. Donc l'état vibratoire doit
être le même, à l'instant i\ pour les deux points considérés.
a" Si la différence des rayons des deux ondes sphériques est
^aie à un nombre impair de demi-longueurs d'ondulation ,, les vi-
tesses xte vibration de deux points situés sur un même rayon ou sur
des rayons très-voisins sont à chaque instant sensiblement égaler,
parallèles et de sens contraires. — On peut faire voir, en effet, que
ies mouvements de ces deux points ont pour origine , à une époque
quelconque t, les ébranlements qui existaient au centre de vibration
aux époques
V
et
s R /l'
Or, à des époques qui diffèrent entre elles d'un nombre impair de
demi-durées de vibrations, les ébranlements centraux sont égaux et
opposés. Donc, à un même instant t, les mouvements vibratoires
'sont égaux, parallèles et de sens rontrairos pour les deux points
considérés.
Si maintenant on combine ces deux princi|)es avec le principe de
la superposition des petits moumments , le phénomène des interfé-
rences devient une conséquence nécessaire de la théorie des ondes.
— En effet, si deux centres vibratoires identiques coexistent dans
un même milieu, on pourra répeter, sur les mouvements envoyés
par ces deux centres suivant deux rayons parallèles ou peu inclinés
l'un sur l'autre, tout ce qu'on a dit des mouvements envoyés par un
320 OPTIQUE THÉORIQUE.
centre unique. Or, les droites qui joignent, aux deux centres 0, 0',
un point M dont la distance est considérable par rapport à Tinter-
valle 00' des deux centres (fig. ^lii), sont peu inclinées Tune sur
Fig. AAi,
l'autre. Donc, suivant que la différence MO'— MO sera égale à un
nombre pair ou à un nombre impair de demi-longueurs d'ondu-
lation , il y aura au point M addition de deux vitesses sensiblement
égales, parallèles et de même sens, ou destruction réciproque de
deux vitesses sensiblement égales, parallèles et de sens contraire.
Dans toute autre condition, la vitesse résultante ne sera ni constam-
ihent double de la vitesse envoyée par un centre unique, ni constam-
ment nulle. — En d'autres termes, si un point lumineux émettant
une lumière homogène n'est autre chose qu'un centre de vibration
jouissant des propriétés définies plus haut , on voit qu'il devra se
prçduire des maxima et des minima de lumière, aux points où l'ob-
servation indique qu'il s'en produit réellement dans les diverses ex-
périences d'interférences.
On est amené ainsi à conclure qu'une lumière homogène, de ré-
frangibilité déterminée, est constituée par des vibrations périodiques:
ces vibrations sont telles que, à deux instants séparés par la durée
d'une demi-vibration, les vitesses de vibration soient égales, paral-
lèles et de sens contraires. La réfrangibililé et la couleur varient avec
la durée de la période, ou, ce qui revient au même, avec la longueur
d'ondulation ^^^ : la réfrangibilité augmente, et la couleur passe du
rDuge aii violet, à mesure que la longueur d'ondulation diminue.
— Quant à la forme et à la situation des trajectoires parcourues
par les molécules vibrantes, elles ne peuvent être déterminées par la
considération du phénomène des interférences.
(') Les vitesses de propagation de la lumière étant, soit dans le vide, soit d«in8 Tair,
très-sensiblement égales pour les'rayons de toutes les couleurs, la longueur d^ondulation
■ et la période des vibrations sont proportionnelles Tune à Pautre.
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 321
536. Kéaul ^ retotifti à to loncueur
^•■^■totioM et à to vitcii i v oire. — L'expc^rience
Jonne» pour valeur moyenne de longueur d'ondulation X, la
]uaniitë o", ooooooS. 11 en résulte que, la vitesse de propagation
iê la lumière V étant à peu près 3oo ooo kilomètres par seconde,
b durée moyenne T d'une vibration lumineuse est environ
m O^^OPOOGOS ^
Soooooooo"''
le nombre moyen N des vibrations exécutées en une seconde par un
:orps lumineux est donc
N3oooooooo /.
= r"= bOO 000 000 000 000.
o,oooooo5
Dans tout raisonnement tbéorique, il est donc permis de consi-
dérer comme immense le nombre des vibrations qui s'accomplissent
en un temps extrêmement court.
Le tableau suivant indique les longueurs d'ondulation des rayons
dont la réfrangibilité est caractérisée par la position des sept raies
principales de Frauenhofer (â82), de la raie A et de la raie b^^^ :
mm
A 0,0007606
B 0,0006878
C o.ooo6556
D o,ooo5888
E 0, 0005968
b o,ooo5i66
F. .* 0,000/1869
G 0.0006996
H 0,000^963
On est naturellement conduit à étendre les notions précédentes
aux rayons infra-rouges et aux rayons ultra-violets; cette extension
est d'ailleurs confirmée, en ce qui concerne les rayons ultra-violets,
par la reproduction photographique des franges.
(') Ces nombres ont été déterminés par une méthode spéciale , entièrement difTérenle
Je eeBe de Fresnel. D'autres méthodes encore, qui ne peuvent être exposées ici, ont
HMNiIré que la relation entre la longueur d'onde et la réfrangibilité s'applique aux rayons
infra-fiRiges et aux rayons ultra-violets, comme aux rayons visibles.
Via»iT, m. — Cours de phys. 11. 9 1
322 OPTIQUE THÉORIQUE.
537. Traduction aiuiljtâfiiie du yriurtpe «les interfé-
rences. — Si deux vibrations parallèles, de même période, mais
de phases et d'intensités différentes, qui se combinent en un' même
point, ont à chaque instant leurs vitesses représentées par
r= a sinsïTT (^+^
v'r=a's\t\Q'!r
on voit sans peine que la vitesse de la vibration résultante peut être
représentée par
V=A sin27r (f "T^j'
en posant
- asin27r(p + a'sin !27r9'
lanff î27r<P = ■k ; §:• *
o a cos 'nrip -h a cos iirCp
Or, le carré de la vitesse étant la mesure de l'intensité du mou-
vement vibraloire^^^ on voit que cette intensité est maxima ou mi-
^'^ Tout eiïet mécanique ayant pour cause un mouvement vibratoire ne peut étiv
(|u'une production de travail ou de force vive; par conséquent, la grandeur de cet efTet
est déterminée par la force vive, c'est-à-dire par le carré de la vitesse. Celle vitesse varie
d'un instant t\ Tautre, mais il est facile de voir que reflet mécanique du mouvement
vibratoire, pendant Tunité de temps, est proportionnel ù A^. — En eflet on a, pendant la
durée T d'une vibration,
f \'flt-\'Ç f//sin*27r(,| + *)^
ce que Ton peul écrire
W/-A^ ( (U - - V ^-,
ou enOn
pT T
et comme il s'accomplit ;s^ vibrations pendant Punilé de temps, rinlégrele étendue
A"
celle unilé de temps tout entière a pour valeur — •
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 323
nima suivant que l'on a
Q7r(^' — ^)= awTT
ou bien
*?7r ((p' — (p) = (an + 1 ) TT.
Si les mouvements vibratoires sont deux mouvements de même
origine, qui, partis d'un même centre de vibration suivant des
directions rapprochées, viennent se superposer en un même point
après avoir parcouru des chemins différents x et x\ les vitesses de
vibration pourront s'exprimer par
, . /t x'\
V =a SmQTT (f ~~TJ '
et le carré du coefficient constant qui entre dans l'expression de la
vitesse résultante sera
X "~* x'
M^=a^+a'^+ arï^'cosâTT — ^ —
Dans ce cas, l'intensité résultante sera donc maxima ou minima,
suivant qu'on aura
%) ~n sin aw
ou bien
X — X ^^in-
X — X =^\^n-\- x)-'^
et si les intensités des deux mouvements composants sont les mêmes,
c'est-à-dire si l'on a a = n', le minimum sera nul. — On retrouve
ainsi les deux lois fondamentales de l'interférence.
On voit, en outre, que si la différence de marche x—x^ n'est égale
ni à un multiple pair, ni à un multiple impair de la demi-longueur
d'onde, l'intensité résultante a une valeur intermédiaire entre le
maximum et le minimum; en particulier, elle est égale à la somme
des deux intensités élémentaires, si l'on a
X — x' , \ TT
ai .
324 OPTIQUE THÉORIQUE,
c'est-à-dire si la diffc^rence de maiThe a pour valeur
538. NTéeeMiité d'employer eomnie sourees lumineuses
les deuiK images d'une même souree. — Deux sources de
lumière réellement différentes ne produisent jamais de franges d'in-
terférence : elles donnent lieu simplement à un éclairement uni-
forme, plus intense que celui qu'on obtient d'une seule source. —
Ce phénomène, en apparence contraire à la théorie des ondes., s'ex-
plique de la manière suivante :
Deux points lumineux qui émettent des rayons homogènes de
même couleur donnent naissance à des vibrations de même pé-
riode, mais ces vibrations ne sont pas généralement concordantes au
même instant dans les deux molécules vibrantes; de sorte que les
vitesses de vibration envoyées, à l'époque t, en un point dont les dis-
tances aux deux sources sont x et x', ont pour expressions
t? = fl sin27r f ^ — v + 6) '
v' =«' sin 97r ( f "~ x "^ ^) '
Le carré du coefficient constant de la vitesse produite par les deux
sources , au point considéré , est donc
A2= a2+ a'2+ fî/ia'cosQTT (^^ + Ô'- ô) ;
cette expression dépend donc de ff — 6^ aussi bien que de '—r —
Or, si l'état des deux sources demeurait invariable, il résulterait
simplement de là que les franges d'interférence n'auraient pas, à un
instant donné, les positions indiquées par la théorie précédente :
en particulier, le lieu de la frange centrale serait défini par la con-
dition
î^ + Ô'-Ô=o.
Mais, en réalité, chaque source lumineuse éprouve, en un temps
PHÉNOMÈNES D'INTERFÉRENCES. 325
très-court, un nombre immense de perturbations dont il est facile
de concevoir Texistence. Dans un corps porté à Tincandescence par
une vive action chimique, les molécules qui constituent la surface
rayonnante changent d'un instant à l'autre, et, comme les vibra-
tions des diverses molécules ne sont pas concordantes, la valeur
de 6 éprouve, en un point déterminé de la source, les variations les
plus rapides et les plus irrégulières. Les mêmes variations doivent
se retrouver dans l'état des molécules d'un corps porté à l'incandes-
cence par une chaleur ayant sa source dans une pareille action chi-
mique, ou bien encore, ce qui revient au même, par un courant
électrique; enfin, ces variations doivent également exister à la sur-
face du soleil, dont l'état d'agitation incessante ne peut être révo-
qué en doute. — De là résulte que les quantités 0 et ff et leur
différence 6 — ff doivent présenter, en un temps très-court, un très-
grand nombre de valeurs, différentes les unes des autres. Donc le
carré A^ du coefficient constant de la vitesse résultante doit, en un
temps très-court, prendre une série très- nombreuse de valeurs
comprises entre le maximum
(a + a'f
et le minimum
(« - «?.
En conséquence , l'œil doit être impressionné comme si A^ demeurait
constamment égal à sa valeur moyenne
En d'autres termes, l'intensité de la lumière résultante doit être
indépendante de x — x' et égale à la somme des intensités des deux
lumières qu'on fait agir simultanément. — On voit donc que le
principe fondamental de la photométrie n'est pas en contradiction
avec le système des ondes.
539. EiKtension du principe des interférenees au mmu
où les rayons ont trairersé des miliewK de natures diffé-
rentes. — Soient x^, j?!, ^2, . . . , 0?' , x'i, ^2, . . . les chemins parcou-
rus par deux rayons interférents, partis de la même source, dans
326 OPTIQUE THEORIQUE.
des milieux où ies vitesses de prap«^gation de la lumière sont res-
pectivement Vo, V^, V.2, .... Les durées nécessaires à la prop^i^tion
de ces deux ra;yons seront
j?p j;, g;^
'o »! '»
Si ces durées sont égales, ou diffèrent entre elles d'un nombre pair
de demi-périodes de vibration, les mouvements vibratoires apportés
au point de concours par les deux rayons seront concordants à
chaque instant, et il y aura maximum de lumière. Les deux vitesses
de vibration seront au contraire toujours opposées, et il y aura mini-
mum de lumière, si la différence des durées qu'on vient de définir
est égale à un nombre impair de demi-périodes de vibration. La
condition du maximum peut donc s'exprimer par
et celle du minimum par
5/iO. Application à la meinare de la vitesse de la lu-
mière dans lei( eorpn trajuiparents. — En interposant une
lame mince transparente, à faces parallèles, sur le trajet d'un des
faisceaux réfléchis par les miroirs de Fresnel, on détermine un
déplacement des franges ; le système entier s'avance du côté de la
lan^e transparente, et la position primitive delà frange centrale est
occupée par une frange d'un ordre supérieur. — Supposons que le
milieu de la frange brillante de rang p vienne se placer exactement
au point qu'occupait d'abord le milieu de la frange centrale; dési-
gnons par / la distance de ce point aux deux images du point lumi-
neux, par e l'épaisseur de la lame transjfarente, par V et V les vi-
tesses de propagation de U lumière dans l'air et dans la lame. On
aura, en appliquant le principe qui vient d'être démootré,
l-e o. l T
PHÉNOMÈNES D'INTERFERENCES. 337
c'est-à-dire
ce T
ou, eh multipliant tout par V et remarquant que VT = X,
1-,)-
ay?
L'expérience permettra dcrnc de trouver le rapport ^, ou l'inverse y •
V
Fresael a reconnu, par cette expérience, que y> est toujours égal
à Vindice de réfraction de la substance transparente, — Cette relation
remarquable, qui sera démontrée plus loin par la théorie, permet
de donner une autre forme aux équations qui expriment les condi-
tions de l'accord ou de la discordance complète de deux rayons in-
terférents. En supposant que ¥„ se rapporte à l'air, et en multipliant
tous les termes de ces équations par V^, on aura, dans le cas du
maximum de lumière,
^o + WiOîi + Woa?2 H (^1 + «1 J^i + fh^i H ) =" 2/> â'
et dans le cas du minimum,
^0 + «1 ^1 + n.2X.2 H {xl-\- n^x'i + n.^xi H ) = ( 2/) + i ) --
Wj, M2,. . . étant les indices de réfraction des divers milieux par
rapport à l'air. Les produits des chemins otj, a?2, . . . par les in-
dices de réfraction qui leur correspondent s'appellent quelquefois
les chemins rapportés à l'air.
5/1 1 . Effet produit par une lame transparente épaisse.
— A mesure que l'épaisseur d'une lame augmente, la valeur de
c(n— 1) augmente aussi et le système des franges se déplace de
plus en plus. Lorsque le produit e[n — i) devient égal à un nombre
très-grand de longueurs d'ondulation, il n'y a plus, dans l'espace
commun aux deux faisceaux interférents, que des franges d'un ordre
très-élevé. Or, on sait qu'en opérant avec la lumière blanche les
franges visibles sont très-peu nombreuses, et que la superposition
328 OPTIQUE THEORIQUE.
des maxima et des minima, correspondants à des lumières de lon-
gueurs d'ondulation diiïërentes, donne naissance à un éclairement
uniforme, dès qu'on s'éloigne notablement de la frange centrale.
L'interposition d'une lame de verre qui n'est pas très-mince sur le
trajet d'un des faisceaux interférents fait donc disparaître les franges
de la lumière blanche, comme le ferait l'interposition d'une lame
opaque. — Cette expérience paradoxale est due à Arago; l'explica-
tion en a été donnée par Fresnel.
On doit ajouter que , comme aucune lumière n'est absolument
homogène, on peut toujours, par l'interposition d'une lame trans-
parente suffisamment épaisse, faire disparaître les franges, de
quelque manière qu'elles soient produites.
ANNEAUX COLORES.
5Â2. Anneaux réfléelilB. — Lorsqu'on place, sur iine lame
de verre plane MN (fîg. â^a), une lentille de verre LL' à très-lonf;
foyer, reposant sur le plan de verre par une surface convexe, l'œil
placé en 0, de manière à recevoir les rayons réfléchis par le système
sous une incidence presque normale, aperçoit autour du point de
contact de ta lentille et du plan un système d'anneaux circulaires,
diversement colorés, dont le centre est occupé par une tache noire
suivie d'un anneau hianc'".
— Si l'on écarte successive-
ment l'œil de lu normale, de
manière à recevoir des rayons
réfléchis sous des incidences
de plus en plus obliques, les
.-innenux s'élargissent , sans
que la distribution des cou-
leurs soit chanfjée. Comme la
Fij. id. variation d'obliquité n'est pas
la même en tous les pfiinls, la Tonne ovale succède bientôt à la
forme circulaire; cependant, lorsque l'œit est assez éloigné pour
que tous les rayons qu'il reçoit puissent être rej^ardés comme sen-
siblement parallèles, les anneaux demeurent circulaires, en aug-
mentant de diamètre.
bh'i. Annmux tranrmlB. — La lumière transmise par le
même appareil fait apercevoir des anneaux dont les couleurs sont
beaucoup moins vives que celles des anneaux réfléchis, et dont le
rentre est occupé par une tache blanche.
") Il eïlindilKreulque la lentille soit ronvergenle ou divcr^Gule : il suffit qu'elle ail
une face roiiteie cl que in rajons de courl)urc de !ies deux faces «oient Irè^grands; le
plus souvenl, on emploie uue lentille plan-convexe, comneon l'a indiqué surit figure-
330 OPTIQUE THÉORIQUE.
Si l'appareil esL illuminé des deux côtés par des lumières dr
même intensilé, et (|ue l'œi! soit placé de manière à recevoir à la
fois la lumière réiléchic et la lumière transmise ffig. i 4 3), toute
Fi|. ut.
coloration disparaît. — On en doit coDciure ^œ les csdMlt #s
anneaux réilécliis et celles des anneaux traoïmii wst eufllMiVlt
complémentaires pour un même point.
De là résulte enfin qu'il suffira d'étudier las lois lie fw av je
l'autre système d'anneaux : os clunsit générdsaiaot laa «MMI^
rédéchis. qui se prélent mieux à t'observatwa, m tWM^ 4/i W^t
plus grand de leirrs couleurs'".
5âA. Em«inple« de cvISMitla
mince* «■ sénérsl. — Les résultats obtenus dans les expériences
que l'on vient d'indi(|uer ne sont que des cas particuliers d'un phé-
nomène général , que tout le monde a pu observer. Chacun sait que
la lumière blanche donne, par réHcxion ou par transmission au Ira-
vers de lames transparentes suffisamment minces, des phénomènes
de coloration qui sont variables avec l'épaisseur de ces laines et avec
la position de l'œil de l'observateur. Ces phénomènes sont partïculiè-
>'' L'Bp|)ai-cil repi-csecilé par la figure 443 » été employé pue Ar*({0 comiBe pbolo-
mèlre. On peiil ci> effet reconnaître q»e les deux moittës MP et PN d'une surface MN sonl
^ilemanl éclairées, a ce rai'actère igue le» anneaux dtiparaiiueiit alors coniplélenieDt.
pour l'ieil pJnn' un O ; ce piiiràlG esl h la fois plus iÙT el pliu délicul i|iie ra|ipréeialk)il
tlirwle de; l'i^ialilé d'érlairemcui.
ANNEAUX COLORÉS. 331
rement observables dans les bulles de savon, dani> les lames rainres
de verre qu'on obtient par le soufflage, dans les couches minces
d'buile répandues à la surface de l'eau, dans les lamelles d'oxyde
qui se forment sur les nélaui:, dans les tissures (jui se produisent
souvent dans l'intérieur des cristaux naturels, etc.
L'apparence d'anneaux, dans les colorations produites par la laïue
mince d'air qui est comprise entre un plun de verre et une surface*
sphërique, est due simplement à ce (|ue l'épaisseur de cette lame
est la même dans tous les points (pii son! à égale distance du point
de contact des deux surfaces.
5à5. Épalaaeur de la lavie mince, dans le phénamèue
4c« aBBeaux, à une dietanee délcrmlBéc du centre. — Si
l'on considère une section faite, dans le système des deux surfaces
comprenant entre elles la lame
mince, par un plan mené sui-
vant la nornule Oy au poiul
de contact (fig. 4ââ),et sil'un
désigne par j; le ntyon OB de
l'un de CC6 anneaux, par tj
l'épaisseur AB de la lame mince
qui le produit, et par B le
rayon de courbure de la sur-
face de lu lentille, on obtient
une équation entre ces trois
cjuautilés en écrivant l'équalion
du cercle OA rapporté aux deux axes Ox et Oy. savoir
•f'+y
-%=-
équation que l'on peut écrire
or, si l'on considère seulement des valeurs de l'épaisseur y qui
soient trè&-petites par rapport au rayon correspondant x de l'anneau ,
.132 OPTIQUE THÉORIQUE,
celle expression se réduira à
c'esl-à-dire que l'épaisseur de la lame mince est égale au carré de
son rayon , divisé par le diamèlre de ta sphère à laquelle apparlient
la surface de la lenlille. — La comparaison des épaisseurs des
lames minces est donc ramenée à la comparaison des diamèlres des
anneaux qui leur correspondent.
5â6. mesure expérlntcntMledra 4l»inétreB de* ftiuie»iix.
— Le procédé le plus exact, pour mesurer les diamètres des an-
neaux colorés, consiste à placer le système producteur des anneaux
\W. snr une plaque hnri/nntale de enivre 1*0 {f'S- ^^5)< ^"'o l'on
Fig. «5.
pourra déplacer horiznntalenienl au moyeu d'une vis micromé-
Irique V; puis, à mesurer le déplacement de la vis qui amènera
successivement les deu<i extrémités du diamètre d'un même anneau
sur le prolongement de l'axe d'uni? lunplte LL' mobile sur un limbe
gradué, dans un plan vertical perpendiculaire à la vis. — C'est la
méthode qui a été employée par MM. dp la Provoslaye et Dessins.
Pour rendre possibles les mesures relatives aux anneaux qui cor-
respondent à des rayons réfléchis sous l'incidence exactement nor-
niaJc , on interpose entre la lunette et l'appareil producteur des an-
ANNEAUX COLORÉS. 333
neaux une glace transparente inclinée, qui réfléchit vers l'appareil
la lumière d'une source placée sur le côté, et qui laisse cette lumière
revenir à la lunette après qu'elle s'est colorée ou modifiée en inten-
sité, en se réfléchissant sur la lame mince.
5 M. Résultats empérinientaum. — On peut, par ces moyens,
vérifier les lois suivantes, que Newton avait déduites de procédés'
moins exacts :
1° Dans la lumière homogène, les anneaux sont alternativement
brillants et obscurs; ils sont beaucoup plus nombreux que dans la
lumière blanche.
â° Les épaisseurs de la lame mince qui correspondent aux mih'eux
des anneaux brillants, sous l'incidence normale, sont les multiples
impairs du quart de la longueur d'ondulation.
S** Les épaisseurs de la lame mince qui correspondent aux mi-
lieux des anneaux obscurs, sous l'incidence normale, sont les mul-
tiples pairs du quart de la longueur d'ondulation : la série com-
mence par l'épaisseur zéro, qui correspond au point de contact de
la lentille et de la lame de verre.
4* 11 résulte de ces deux lois que le diamètre des anneaux di-
minue du rouge au violet : la coloration des anneaux produits par la
lumière blanche se trouve donc ainsi expliquée.
5* Si l'on introduit un liquide à la place de l'air, entre la lame
de verre et la lentille, les épaisseurs qui correspondent aux divers
anneaux varient en raison inverse de l'indice de réfraction. En
d'autres termes, comme l'indice de réfraction est égal au rapport
des vitesses de propagation, et par suite au rapport des longueurs
d'ondulation, les longueurs d'ondulation qu'il faut considérer dans
la deuxième et dans la troisième loi sont les longueurs relatives au
milieu par lequel la lame mince est constituée.
6** Lorsqu'on observe les anneaux réfléchis sous diverses inci-
dences, l'épaisseur qui correspond à un anneau déterminé augmente
proportionnellement à la sécante de l'angle que fait le rayon réfracté
dans son intérieur avec la normale à la lame mince.
334 OPTIQUE THÉORIQCE.
5&8. Théarte d'TMtnc. — €m «m >
. M«M une iMcMence aaraMilv «a prc««iM ■armale. — Voung
il montré que Ips divers phi^nomènex offerts par les anneaux coloris
peuvent être expliqués Iri^-eimptement à l'aide du principe des in-
terférences. Les anneaux réfléchis sont produits par l'interférence
des rayons réfléchis sur les deux surfaces de la lame; les anneaux
transmis sont dus à l'interférence des rayons transmis directement
avec les rayons réfléchis deuï fois dans l'intérieur de la lame.
Considérons d'abord les anneaux réfléchis sous l'incidenGe nor-
male ou preM)rie normale, et remarquons que, dans le voisinage
du point de contact, la lame mince
I peut être considérée comme ayant
ses faces parallèles. Soit (fig. 446)
I IR un rayon réfléchi sur la pr^
I mière suri'ace MN de la lame mince
I et provenant d'un rayon ïneidenl
I SI ; dans celle même direclimi IR
se propagera un autre rayon, pro-
venant d'un rayon incident 1^ que
S'I', lequel aura été d'abord n^
, puis réfléchi en I' sur la seconde surface PQ de la
iame mince, et enfin réfracté de nouveau en I.
Il semble que l'interférence de ces deux rayons presque égaui
en intensité doive produire un maximum de lumière ou une obsru>
rite presque complète, suivant que la différence des chemins par-
courus est égale à un nombre pair ou à un nombre impair de d«ni-
longueurs d'onde. Cette différence étant sensiblement égale an
double de l'épaisseur e de l.i lame, il semble donc que l'on doit
avoir, pour les anneaux brillants.
fracté en 1',
r'esl-à-dire
et pour les anneaux obscurs.
-■jf-.
■"~{-'F+<n
ANNEAUX COLORÉS. 335
c'est-à-dire
or, ces deux résultats sont précisément inverses de ceux que fournit
l'observation (547). — Mais si Ton se reporte h l'expérience de
Fresnel (533) dans laquelle on observe une frange noire au centre
des franges produites par l'interférence de la lumière directe et de
la lumière réfléchie par le verre, on voit que, d'après ce résultat,
on est autorisé à admettre que la réflexion à la surface du verre
équivaut, pour un rayon se propageant dans l'air, à un change-
ment de signe de la vitesse de vibration, ou à un acck*oissemént
de chemin parcouru égal à une demi-longueur d'ondulation. Si
maintenant on admet, avec Young, que la réflexion opérée dans des
circonstances inverses, c'est-à-dire à la surface de l'air, pour un
rayon se propageant dans le verre, ne modifie pas le signe.de la
vitesse de vibration, la difficulté sera résolue. En effet, la condition
du maximum de lumière devient alors
c'est-a~-dire
et celle du minimum
— »
2
(:^p-')7.
2f + --^ (•j;;+i)->
c'est-à-dire
X
5&9. C^nfiruMitioBS diverse» de l'IiypoUièse d'¥«iilBs. —
A l'appui de l'hypothèse d'Young que l'on vient d'indiquer, on peut
citer les faits suivants :
1° On sait que la vitesse de vibration des ondes sonores se pro-
pageant dans un gaz change de signe par la réflexion, quand la ré-
flexion a lieu à la surface d'une paroi solide, et que la vitesse de
vibration conserve au contraire son signe, lorsque la réflexion
s'opère à l'extrémité d'un tuyau étroit débouchant dans l'atmosphère.
336 OPTIQUE THÉORIQUE.
9° Si, dans l'expérience des anneaux colorés vus par réflexion,
la lentille a un indice de réfraction plus grand que celui de la lame
plané, et qu'on interpose entre elles un liquide dont l'indice de ré-
fraction ait une valeur intermédiaire , les deux réflexions s'opèrent
alors à la surface d'un milieu moins réfringent que celui qui le pré-
cède, et, d'après l'hypothèse d'Young, il ne doit y avoir aucun chan-
gement de signe de la vitesse de vibration : par suite, la condition
du maximum doit être
X
et la condition du minimum
or, l'expérience montre précisément que, dans ce cas, les anneaux
sont à centre blanc. — Il en est d'ailleurs exactement de même
quand la lentille a un indice de réfraction plus petit que celui de la
lame, le liquide ayant toujours un indice intermédiaire : dans ce
cas, la réflexion produisant un changement de signe sur la vitesse
de chacun des deux rayons qui interfèrent, le résultat est le même
que si ces changements de signe n'avaient pas eu lieu.
L'expérience peut se faire avec une lentille de crown et une lame
de flint, entre lesquelles on interpose, soit de l'essence de sassafras,
soit un mélange en proportions convenables d'essence de laurier et
d'essence de girofle. — On emploie quelquefois une lame plane
dont l'une des moitiés est en crown et l'autre en flint. Alors, si le
point de contact de la lentille est sur la ligne de séparation du flint
et du crown, on aperçoit la moitié d'un système d'anneaux à centre
noir et la moitié d'un système d'anneaux à centre blanc; les an-
neaux brillants de l'un des systèmes sont sur le prolongement des
anneaux obscurs de l'autre ^^K
^') Dans les diverses expériences sur les anneaux colorés, on peut substituer à la vision
directe le procédé suivant L^appareil producteur des anneaux étant placé dans une
rliambre obscure, et cet appareil étant fortement éclairé d^uue manière quelconque, on
dispose sur le trajet des rayons réfléchis une lai tille convergente, à une distance telle que
les divers rayons réfléchis vers cette lentille par un point de la lame mince soient très-peu
inclinés les uns sur les autres. Ces rayons ont alors à peu près la même intensité, si la lu-
■ANNEAUX- COLORÉS. 837
550. CwB dea «BiiMux réCécfcla «ou* l'iMcldciiee «bllque.
- Si )a lumière qui arrive à la lame mince comprise entre les
lurfaces MN et PQ (fig. fttà-]) est
issue d'un point très-éloigné, on
voit que les deux rayons incidents
SI , S'I', dont les rayons réfléchis IR
et ri'IR auront finalement la même
direction , arrivent en même temps
sur la droite l'K perpendiculaire à
I leur direction commune. Donc, en
désignant par n l'indice de réfrac-
tion du verre par rapport à l'air, il
y aura, en vertu du principe démontré (540), maximum ou mini-
mum de lumière suivant qu'on aura
air + ^-nlK = 2;>^
ou bien
Mais si l'on représente par i l'angle ITL sous lequel la lumière
rencontre la seconde surface de la lame mince, et par r l'angle de
réfraction correspondant dans le verre; si l'on désigne enfin par e
répaisseur l'L de la lame mince, on a
1'!" = ^
et
IK = II'sinr= setangt sinr,
et les conditions préct^dentes deviennent, pour le maximum,
^,~a»etangisinr = ('ip-i)-.
mière incidenle est homogène, ou la même roiileur, si la lumière incidente est Manclii^.
Il suit de \i que, sur im ^ran occupant par rapport à la lentille la position conjuguée de
celle de i'«pp3reil producteur des anneaui, on aura une image nette du système des an-
neaux eux-mêmes. Un raisonnement analogue fait voir que, pour la liaion dlrette des
anneaux, rnil doit être accommodé de faron j voir nettement les objets silu^ à la dis-
tance de la lame mince.
ViiiicT, ITI. — Cours de phys. II. •■
338 OPTIQUE THÉORIQUE,
et, pour le minimum,
. — 9?ïetane:îsinr=9»-»
cosi o r 2
ou, en remplaçant sinr par — et effectuant les réductions»
ecosi = (^ùp— i)j et ecosi = fàp-r-
Sous l'incidence normale, ces conditions se réduiraient aux condi-
tions déjà exprimées, savoir, pour le maximum de lumière,
et, pour le minimum ,
X
Par conséquent, si l'on désijjne par f et e les épaisseurs correspon-
dantes à un même anneau sous l'incidence normale et sous rihei-
dence oblique, on a
ecost = ^,
c'est-à-dire
e = csécf;
c'est en effet le résultat que donne l'observation ^*J.
551. AnneauiL transmis* — On voit immédiatement sur la
figure 448 que le rayon transmis directement SITR et le rayon trans-
mis aprf^s deux réflexions intérieures S'rF'lTR suivent la même route
à partir du point I; en outre, les deux changements de signe pro-
duits par les deux réflexions se compensent. La condition du maxi-
mum de lumière est donc, pour une incidence quelconque i,
X
2f C0Sl--= ùp-
^'^ lA>rsqiie Tincidence est trèsH)bliqup, le premier rayon réfléchi devient beaucoup
plus intense que le second et la théorie précédente ne suffit plus. Mais, en tenant
compte des réfleiions multiples opén^es dans l'intérieur de la lame mince, on retrouve les
mêmes lois.
ANNEAUX COLORÉS.
uu bien
et celte du minimum ,
ou bien
:.-=(./>+.);-
».cos.=(9;.+ i)j,
ce qui est conforme ù l'observation. — L'exlréme faiblesse du rayon
qui a ^té r^tlëchi deux fois explique
le peu dVclat de ces anneaux.
EnHn, comme toute la lumière
qui n'est pas réfléchie en un point
est transmise , il est évident que
les intensités des deux systèmes
-sont romplémenlaires; en particu-
lier, dans l'expérience d'Voung, oii
les anneaux réfléchis sont à centre
blanc (549, a"), les anneaux trans-
mis sont il centre noir, ce qui s'ac-
corde également avec la théorie,
puisqu'il n'y a, danscecas, qu'une
seule des deux réflexions intérieures
qui change le signe de la vitesse de vibration.
PROPAGATION DE LA LLMIÈRE
ET
DIFFRACTION.
552. Considéraiioiis sénérales sur les loUi de r«|itl^pM
géométrique. — Lu théorie des ondulations est tenue de rendre
compte des trois lois fondamentales dont les conséquences consti-
tuent ce qu'on a appelé Voptique géométrique, savoir : la loi de la
propagation rectiligne de la lumière, la loi de la réflexion et la loi
de la réfraction.
La première de ces lois, celle de la propagation rectiligne de la
lumière, n'est pas expliquée lorsqu'on a fait remarquer que la pro-
pagation sphérique des ondulations peut être considérée comme une
propagation rectiligne du mouvement vibratoire, qui a lieu simul-
tanément sur la direction de toutes les droites passant par le centre
de vibration. Le fait expérimental désigné par l'expression de^m^po-
galian rectilifpie de la lumière n'est autre chose que la formation des
ombres, et il faut (|ue la théorie fasse concevoir : i * comment l'in-
terposition d'un écran opaque sur le trajet des ondes sphériques a
pour effet la destruction du mouvement vibratoire dans l'intérieur
du cône circonscrit à l'écran et ayant pour sommet le centre lumi-
neux ; Q° comment des ondes sphériques , reçues sur une ouverture
limitée, ne communiquent leur mouvement qu'à l'éther contenu
dans l'intérieur du cône qui a son sommet au centre lumineux,
et qui est circonscrit à l'ouverture. — L'exemple des ondes sonores,
qui paraissent contourner les obstacles sans difficulté et se répandre
a peu près également dans toutes les directions autour de l'ouver-
ture par laquelle elles pénètrent dans un espace clos, semble même
une objection grave à l'existence des ombres lumineuses.
Mais il n'est pas rigoureusement vrai que la distribution de l'ombre
et de la lumière se fasse suivant les lois qu'on a l'habitude d'énon-
cer au début de l'étude de l'Optique. Il y a toujours de petites dé-
PROPAGATION DE LA LUMIERE. Ml
vîatîons de la ])ropagalioii rectiligne, déviations qui sont iiiNeiisibIvs
dans les circonstances ordinaires , mais <|u'on peut rendre très-consi-
dérables dans des conditions particulières, et ijui donnent naissance
aux phénomènes désignés par l'expression générale de diffraclion.
L'eiplication de ces perturbations apparentes, qu'éprouve l'une des
lois fondamentales de l'Optique, est aussi l'explication de celte loi
elie-méme et en fait comprendre la signification véritable.
553. Prlnelp* de nu7(lieiiB. — Fresnel, auquel est dû cet
important développement de la théorie de la lumière, a montré qu»
tous les phénomènes de diffraction sont des conséquences du prin-
cipe des interférences, combiné avec le principe suivant, qu'il a apr
pelé principe de Huy^em parce que Huyghens en a fait un fréquent
nsage, sans jamais peut-être l'énoncer explicitement dans toute sa
généralité :
Le moueemeat vibratoire envoyé far un point lumineux 0 en un point
fuehm^Me P (lîg. AAg) ett, à chaque inttant, la rétultnnte de tout le*
wtowvemenU vibratoiret qui tont envoyù au point P par Ut diven élémenlt
£iMé onde antécédente quelconque BAC, chacun de ces éléments étant
eoniidéré comme un centre particulier de vibration».
La vérité de ce principe est évidente, car il n'exprime, au fond,
que la propagation successive du mouvement vibratoire. Chacun des
ébranlements successifs dans lesquels on peut imaginer que l'on
décompose le mouvement continu du centre de vibration 0 ne se
transmet au delà de l'onde BAC que par l'intermédiaire de celte onde
elle-même, en sorte que, si l'on supprimait le ceotte lumineux et
3/ia OPTIQUE THEORIQUE.
qu'on communiquât, d'une manière quelconque, aux points de
l'onde BAC la série d'impulsions successives qu'ils reçoivent par l'in-
fluence de ce centre, il ne pourrait rien y avoir de changé dans
l'état d'un point P situé au delà de l'onde sphërique. Le mouvement
du point P est donc bien le mouvement résultant de tous tes mou-
vements envoyés par les divers éléments de Tonde BAC.
En considérant ainsi les mouvements des divers points d'une onde
sphérique , au lieu du mouvement du centre vibratoire qui produit
cette onde^ il semble d'abord qu'on introduit dans les théories une
complication inutile. Mais on voit, avec un peu d'attention « que si
un écran opaque est placé entre le centre 0 et le point P, de manière
à éteindre les vibrations d'une partie déterminée de l'onde sphérique ,
l'effet de cette extinction pourra être déduit du principe de Huyghens;
il en sera de même si on limite, par une ouverture, la portion effi-
cace de l'onde; de sorte que, en définitive, toute la théorie des
ombres et de la diffraction ne sera qu'une application constante de
ce principe.
L'effet d'une onde sphérique, libre dans sa propagation « étant
comme le terme de comparaison auquel on doit rapporter les effets
d'une onde arrêtée ou limitée par des obstacles quelconques » c'est le
cas d'une onde sphérique libre qu'il convient d'étudier d'abord. —
Pour faciliter cette étude, on fera d'abord abstraction d'une dimen-
sion , et l'on cherchera l'effet produit par une onde circidaire sur un
point situé dans son plan.
554. Effet 4*MMe mwÊâm dmlaire mit mm pMlMt emIértoMr
•ItMé dmmm mmm pMmwk. — Soient BAC (fig. Ado) une onde circu-
laire, et P un point extérieur situé dans son plan. Menons la droite
OP, ({ui rencontre l'onde en A; la longueur PA sera évidemment la
plus courte distance du point P à Tonde. Si maintenant on considère
un point quelconque M de cette onde , et si Ton désigne par u la
distance PM, et par z la distance AM. comptée sur Tare de cen*le.
on pourra évidemment poser
Or la distance PA qui correspond k z=^o est la plus petite des
PROPAGATION DE LA LIIMIÈRE. 3â3
valeurs de it : donc, si l'on considère spécialement les positions du
point M qui sont voisines de A, on aura sensiblement, en vertu de
la propriété connue des minima et des maxima,
»-/{») +ï>(«)-
Concevons maintenant qu'on divise l'onde par une série de
points Ml, M2, Mj, . , . tels, que les valeurs de u correspondantes
à deuï points consécutifs. PMj — PA, PMi — PM|,..., présentent
entre ell«s une dtiTérence constante et égale à -• ou, en d'autres
termes, qu« l'on ait
PM,-PA=^.
PM2-PA=!»^,
PM,-PA=3^
On pourra, en vertu de l'eitréme petitesse de -• obtenir un grand
nombre de points de division , même en ne s'<^loignant que très-peu du
ZUk OPTIQUE THEORIQUE.
point A. Dès lors, la relation approchée entre u et z étant applicable
à chacun de ces points, on aura, en désignant par Z|, Z29 '^s>*** ^^^
valeurs particulières de z, comptées toujours sur l'arc de cercle AB,
qui correspondent aux points Mj, M2, M.^, . . . ,
3^ = f/"(o),
De ces relations il est facile de conclure les longueurs des arcs AMi,
M1M2, M2M3,..., qui sont compris entre deux points de division
consécutifs , savoir :
AMi=^i=V^
MiM2=z2-'^i=y7>j(^^-0»
M2M3 = Z3-Z2=yj^(v^-V^)»
Les longueurs de ces arcs successifs, que nous comprendrons sbu«
la dénomination d'arcs élémentaires ^ sont donc rapidement décrpiv
santés à mesure que Ton considère des arcs de plus en plus distants
du point A. Il est même facile de voir que, si l'on arrive sur AB
à une distance du point A qui soit trop grande pour autoriser
l'application de la formule approchée dont on a fait usage jusqu'ici,
les longueurs des arcs élémentaires deviennent tout à fait négli-
geables par rapport à la longueur du premier arc élémentaire voisin
du point A; en effet, la longueur d'ondulation X étant toujours une
quantité très-petite, si Ton désigne par a la longueur d'un arc élé-
mentaire, on aura, pour toute valeur un peu considérable de :,
PROPAGATION DE LA LUMIÈRE. 345
si l'on élève celle relation au carre, el qu'on la divise par le carré de
celle qui a donné précédeoiment la valeur du premier arc élémen-
taire z, . on obtient
Le quotient -p est doue du même ordre de grandeur que -; dès lors,
la longueur a d'un arc élémentaire tant soit peu éloigné du point A
est extrêmement petite , par rapport à celle du premier arc élémen-
taire Z| ou des arcs voisins.
Les vitesses envoyées au point P par les diverses molécules vi-
brantes qui se trouvent sur le premier arc élémentaire AM| ne sont
pas exactement concordantes entre elles; mais elles se combinent en
une vitesse résultante, de grandeur sensible, que l'on peut prendre
pour unité. Le deuxième arc élémentaire M1M2 ayant une longueur
moindre que le premier, la vitesse qui résulte de l'action de ses divers
points sur le point P doit avoir une valeur absolue moindre que
l'unité ; de plus , elle doit être de signe contraire à la vitesse envoyée
par le premier arc, puisque la différence des chemins PM2 et PMi
est égale à une demi-longueur d'onde. En poursuivant ce raison-
nement, on voit que la série des vitesses envoyées au point P par
les arcs élémentaires successifs peut se représenter par
1 — m-f-m — m +1» — •••»
m, m', m" y... désignant une suite de fractions dont les valeurs sont
rapidement décroissantes. Il suit de lé'i que la vitesse résultante de
faction d'un nombre d'arcs élémentaires un peu considérable est
sensiblement indépendante du nombre de ces arcs, et qu'elle est
comprise entre 1 — m et Tunité. — On peut donc regarder l'action
djs la demi-onde circulaire AB, ou de toute portion un peu consi-
dérable de cette demi-onde commençant au point A, comme une
fraction déterminée de l'action du premier arc élémentaire. — Les
mêmes raisonnements sont évidemment applicables à la demi-onde
AC: on arrive donc ainsi à ce théorème :
La vitesse de vibration envoyée par une onde circulaire en un point P
346 OPTIQUE THÉORIQUE.
est idenbqne à la vitesse envoyée par un très-petit are, ayant son mi^euau
point A de l'onde cireiJaire ^ est le plus voisin du point P.
555. ElTcl d'une •nde sphirique mit un point extérieur.
— Un raisonnement analogue au précédent conduit à un Ihëorème
semblable, pour l'iiction d'une onde sphériquesurun point extérieur.
Si 0 eslle centre de l'onde sphérique (fig. âSi), P le point exté-
rieur sur lequel on se propose de considérer l'action de cette onde,
et A le point oJi la droite OP rencontre la surface de l'onde, on fera
passer un grand cercle AD par le point A, et l'on décomposera
ensuite la surface de l'onde en fuseaux excessivement étroits, par
des grands cercles perpendiculaires au plan de AD; le cercle AD
peut alors être appelé Véijuateur de l'onde. Chaque fuseau pourra
être traité comme l'onde circulaire BAC (fig. ^5o], et l'on en con-
clura que son effet sur le point P se réduit à celui d'une très-petite
partie de son étendue, ayant son milieu au point du fuseau qui est
le plus voisin de P'". c'est-à-dire sur l'équateur AD luHménie.
"* Le raisuiinemeiU qui » élé Tait pojr l'iiclioii d'uue oode circulaire sur on pcnot riM
dans son plan (554) s'ëlend ici sans difficulté i l'action d'une ande ciTCUlaire(oa d'un
fuseau sphériquf^) aur un puint situd en dehors de soa plan, piiiaque ce rtiaouiMmeiit dc
re{Mwe que Bur lea propnélët générales dis matioia et des oiinima.
PROPAGATION DE LA LUMIÈRE. 347
L'ensemble de ces petites étendues constitue donc une bande très-
étroite, prise sur la surface de Tonde sphérique, et ayant Téquateur
AD pour ligne médiane; on peut encore appliquer à cette bande
le théorème démontré pour une onde circulaire, et réduire ainsi son
action à celle d'une très-petite région, voisine du point A. Donc,
en définitive :
La vitesse de vibration envoyée à chaque instant par une onde sphérique
en un point V est la résultante des vitesses de vibration envoyées par les di-
vers points d'une étendue très-petite, ayant son centre au point A de l'onde
qui est le plus voisin du point P.
556. C^iMiéqtteiiees du principe préeMeMi* — Le point A
se trouvant, avec le centre lumineux Oet le point éclairé P, sur une
même ligne droite, on voit qu'il est permis de dire, dans un sens
tout à fait précis, que la lunUire se propage en ligne droite dans un
milieu indéfini.
De plus, si Ton considère une série de points Pi, P2, P3,..,
situés à la même distance de l'onde sphérique que le point l\ les
vitesses de vibration seront, à chaque instant, concordantes en ces di-
vers points, puisque chacune d'elles sera la résultante des vitesses
envoyées par une étendue très-petite et de surface constante, prise
autour du point le plus voisin d'une même onde. L'ensemble des
points P, Pi, P2,..., c'est-à-dire la surface sphérique de rayon OP,
sera donc une nouvelle surface de l'onde. Ainsi le développement
des conséquences du principe de Huyghens et les lois de la propaga-
tion des ondes sphériques conduisent, comme on devait s'y attendre,
au même résultat.
Enfin, l'onde de rayon OP est évidemment l'enveloppe de toutes
les ondes sphériques, de rayon égal à AP, qui ont leurs centres aux
divers points de l'onde de rayon OA.
557. EiLiensl^ii au cas d'une ande de forme queleouque.
— Ces diverses propositions peuvent se généraliser et s'étendre au
cas où, pour des raisons quelconques, telles que l'inégalité des che-
mins parcourus par les divers rayons lumineux ou la transmission
de ces rayons à travers des milieux transparents de diverses natures.
ZUS OPTIQUE THEORIQUE.
la surface primitive de l'onde ne serait pas sphérîque,bien f\ue le
milieu fût isotrope.
Si l'ou veut déterminer la vitesse de vibration envoyée par une
onde non spliérique BAC en un point eïténeur P, oo (Perchera
d'abord le point A de la surface de l'onde qui est le plus voistn
du point P (fig. âÔs): on mènera par la droite AP un plan qaj
coupe la surface de l'onde suivant la ligne AD . et Ton décomposera
l'onde entière en bandes infiniment étroites, par une série de plans
perpendiculaires au précédent. Il suffira ensuite de répéter les rai-
sonnements relatifs à une onde spbérique, raisoimenients qui ne
sont fondés que sur les propriétés générales des maiima et des mi-
nima, pour en conclure que la vitesse totale de vibration envoyée
au point P est, à chaque instant, la résultante des vitesses de vi-
bration envoyées par le point A et par les points compris dans une
(rès-petite étendue voisine.
On verra, de mt^nio, que la surface GPH, qui contient tous le$
points extérieurs dont la distance nûnima à l'onde BAC est constante
et égale à AP, est une nouvelle surface de Tonde dérivée de la pre-
mière; et il ne sera pas difficile de prouver que cette deuxième onde
est l'enveloppe de toutes les ondes spbériques élémentaires, de rayon
égal à AP, (|ui ont leurs contres aux divers points de l'onde B.AC. —
En eflet , soit un |>oial P' pris sur la surface GPH et infiniment voi-
sin de P: soit A' le paiiil de l'onde BAC inlînimeni voisin de A.
DIFFRACTION. 3A9
tel que la distance AT' soit un minimum. On aura AP'>A'P';
et comme, par hypothèse, AP = A'P', il s'ensuit que AP ;>AP.
Donc le point P' sera extérieur à la sphère , de rayon AP, décrite autour
du point A comme centre; en d'autres termes, l'onde GPH sera tan-
gente à celte sphère > et elle sera également tangente à toutes les
sphères de même rayon qui ont leurs centres aux divers points de
BAC ^'l
Donc, en général, pour obtenir l'onde dérivée d'une onde donnée,
sphériqueou non sphérique, au bout d'un temps (, il faut, de tous les points
de la première onde pris pour centres^ décrire des sphères avec un même
rayon égal à Yt, V étant la vitesse de propagation de la lumière ^ et chercher
leur enveloppe commune.
Pour se rendre compte de la formation des ombres, il suffira
d'examiner, sur quelques exemples, comment sont modifiées les con-
séquences qu'on vient de développer, lorsque les ondes sphériques
sont limitées par des corps opaques. Le même examen fera connaître
les causes de la diffraction et indiquera les caractères généraux des
principaux phénomènes auxquels elle donne naissance.
558. Premier eiLemple de diffraeiloii. — Cas d'une lar^e
•UTerture pratiquée dans un éeran opaque indéfini. —
Considérons d'abord le cas d'une ouverture large dans tous les sens :
en d'autres termes, supposons que la lumière doive, pour pénétrer
dans un espace complètement clos, traverser une ouverture présen-
tant une forme telle, que deux points de son contour ne puissent
être très-voisins qu'à la condition de rom|)rendre entre eux un très-
petit arc du contour.
La portion de l'onde sphérique comprise dans l'ouverture GH
(fig. 453) sera seule efficace; mais si l'on considère un point exté-
rieur P, assez éloigné des limites du cône MON circonscrit à l'ou-
verture pour que sa distance à un point quelconque du contour
excède d'un nombre considérable de longueurs d'onde sa distance
minima AP à l'onde sphérique, on n'aura rien à changer aux rai-
sonnements relatifs au cas de l'onde illimitée, et l'on verra que la
(*) On fait abdlraclion des cas où Ponde primitive offrirait des points saillants on ren-
trants, ou d^autres singularités géométriques.
350 OPTIQUE THÉORIQUE.
vitesse de vibration envoyée h ce point est la résultante des viteaset
envoyées par une pelile porlion de la surface de l'onde, voisine da
point A: rette petite portion aura d'ailleurs une même étendue pour
tous les points qui seront situés à la même distance de la surface de
l'onde (]ue le point P. A rinlérieur du c6ne MON circonscrit à l'oii-
verlure, il y aura donc, jusqu'à une certaine distance de la surface
même de ce cône, une intensité lumineuse constante, ce qui est
conforme au résultat fourni par l'expérience.
Si l'on considère, au contrairt*. un point Q voisin des limites du
cône circonscrit à l'ouverture, en sorte que. en joignant ce point
au point 0, on détermine sur l'onde un point B dont la distance
au\ limites de la partie efficace de l'onde ne soit plus très-grande
dans tous les sens, relativement à la longueur d'un arc élémentaire,
les raisonnements qui établissent la constance de l'intensité lumi-
neuse dans te cas d'une onde illimitée ne seront plus applicables :
l'intensité deviendra donc une fonction de la position du point 0-
Or il est facile de voir que cette intensité offrira des maxima et des roi-
uîma alternatifs: car. si l'on prend successivement diverses positions
DIFFRACTION. 351
du point Q, inégalement distantes des limites du cône circonscrit à
l'ouverture, le voisinage de l'écran opaque supprimera , dans la vi-
tesse résultante envoyée à ces points , tantôt des éléments qui affai-
blissent les vitesses de vibration envoyées par les points voisins de B,
tantôt des éléments qui tendent à les renforcer. Si Ton considère,
en particulier, Tonde circulaire GAH, la partie BH produira le même
effet qu'une demi-onde indéfinie , pourvu qu'elle contienne un nombre
un peu grand d'arcs élémentaires; mais la partie BG produira un
effet plus grand, si Q est placé de façon que BG comprenne, par
exemple, un seul arc élémentaire; elle produira un effet plus petit,
si Q est placé de façon que BG comprenne deux arcs élémentaires.
L'onde circulaire limitée GH enverra donc, dans le premier cas,
plus de lumière au point Q qu'une onde illimitée; dans le second
cas, elle en enverra moins. On comprend donc que, au voisinage
des limites du cône circonscrit h l'ouverture, il existe une série de
maxima et de minima alternatifs. Quant à la position exacte de ces
maxima et de ces minima , elle ne peut être obtenue qu'au moyen
d'un calcul assez long, que l'on ne reproduira pas ici. — 11 est
d'ailleurs évident que ces positions dépendront de la grandeur
absolue des arcs élémentaires, c'est-à-dire de la longueur d'onde
correspondante à la nature de la lumière qui intervient dans le
)hénomène; par suite, dans le cas où la lumière incidente sera
)lanche, il se produira des franges de diffraction, teintes de di-
verses couleurs.
Enfin, les divers éléments de la partie efficace de l'onde donnant
naissance à des ondes sphériques qui se répandent dans tous les sens,
il ne peut y avoir, à proprement parler, d'obscurité absolue dans
l'espace extérieur au cône circonscrit à l'ouverture. Mais il est aisé de
voir que la vitesse de vibration envoyée en un point R de cet espace
décroît rapidement, à mesure qu'on s'éloigne des limites du cône cir-
conscrit. — En effet, la vitesse de vibration envoyée au point R par
une onde circulaire telle que GH se réduit à une portion de la vi-^
tesse envoyée par l'arc élémentaire qui commence en G , et cela pour
des raisons analogues à celles qui ont été développées plus haut ;
mais cet arc élémentaire décroît lui-même rapidement à mesure qu^
l'on considère des positions du point R telles, que les droites OR
352 OPTIQUE TtfÉOKIQUE.
rencontrent l'onde en des points ('. de plus en plus éloignés de G.
Donc, quant le point R s'éloigne des limites du c6ne circonscrit à
l'ouverture, la vitesse de vibration qui lui est envoyée devient bien-
tôt négligeable, par rapport à la vitesse envoyée à un point pris, à
l'intérieur du cdne, à une distance où les franges de dilTraction sont
insensibles. De là la formation d'une ombre.
559. DcwKièiiie exemple de dtfCnteU*!!. — CTaaiTHa torse
écmtn 0p»4ue. — Lorsqu'une onde sphérique ayant son centre
en 0 rencontre un large écran opaque GH (fig. Û54), on doit re-
garder comme efficace toute la portion de l'onde sphérique extérieure'
à la calotte supprimée par l'écran. Or, si l'on prend, à l'extérieur du
cône d'ombre théorique MON, un point P suffisamment éloigné,
on prouve, comme dans le cas précédent, que l'intensité lumineuse
doit y être la même que si l'écran n'existait pas. Si, au contraire,-
on considère un point Q, dans une situation telle que la diffé-
rence QG — OB soit d'un petit nombre de longueurs d'ondttlalion,
l'intensité devient variable avec la position du point Q; en d'autres
termes, le cûne d'ombre théorique est entouré de franges de diffrac-
tion. — Enfin l'obscurité de l'espace intérieur au cône MON s'ex-
plique comme dans le cas précédent.
DIFFRACTION. 353
560. YérlflMitioiui expérinteiitoles. — Dans les cas que
l'on vient d'examiner succinctement, Texpf^rience confirme entière-
ment les conclusions de la théorie.
Lorsque les dimensions de la source lumineuse sont très-petites
par rapport à sa distance aux écrans opaques, le passage de la lu-
mière à Tombre s'effectue par une série de maxima et de minima
alternatifs y suivis d'une région oîi la lumière est rapidement mais gra-
duellement décroissante. — Si l'expérience commune ne paratt rien
indiquer de semblable, lorsque la source de lumière a des dimensions
angulaires un peu sensibles, cela résulte de la superposition confuse
des phénomènes de diffraction relatifs aux divers points de la source.
Cette superposition concourt d'ailleurs à la formation de la pénombre.
Ainsi la théorie géométrique des ombres, telle que la déve-
loppent ordinairement les traités de perspective, donne des résultats
conformes à l'expérience, dans les conditions habituelles d'éclaire-
ment dont le peintre, l'architecte et l'ingénieur ont à se préoccuper;
mais, le mécanisme vrai de la formation des ombres est tout différent
de celui que suppose cette théorie.
561. Troisième exemple de dllffraetion. — Cas d'ime
ouverture étroite. — Lorsqu'une onde sphérique rencontre une
ouverture étroite, pratiquée dans un écran, les raisonnements rela-
tifs à Tonde indéfinie ne sont afpplicables à aucun point de Tespace
situé au delà de cet écran : il n'y a plus d'éclairement constant dans
l'intérieur du cône circonscrit à l'ouverture, mais des maxima et des
minima, dont la détermination est un problème de calcul intégral,
plus ou moins difficile suivant les cas. — Il n'y a pas de raison non
plus pour que l'intensité de la lumière décroisse rapidement et
d'une manière continue en dehors du cône circonscrit à l'ouverture.
On peut ajouter même que, si la largeur de l'ouverture devient suffi-
samment petite , chaque onde circulaire interceptée par cette ouver-
ture n'étant plus décomposable qu'en un petit nombre d'arcs élé-
mentaires, il y a diffusion d'un mouvement vibratoire sensible dans
toutes les directions.
L'accord de l'expérience avec ces conclusions fait disparaître une
objection qu'on a fréquemment opposée à la théorie des ondes, sa-
Verdet, in. — Cours Ae pliys. ÎI. a3
354 OPTIQUE THÉORIQUE,
voir, la lîmîtalion de In luioière |)ar les ouvertures t)u'elle traverse.
La tbëorte n'a pas à expli<fuer comment un filet de lumière m limile
par une ouverture étroite : en fait, ce filet ne se limite qu'autant
que l'ouverture a une certaine largeur, et un rétrécissement excessif
de l'ouverUire a pour conséquence une difTusion à peu près égale
de la lumière dans tous les sens.
Les oncles sonores admises dans un espace clos, par une ouverture
limitée, doivent se comporter comme les ondes lumineuses, c'est-
i-dire se répandre dans tous les sens, toutes les fois que la différence
des distances d'un point donné de l'espace à deux points quel-
conques du contour de l'ouverture est d'un petit nombre de longueurs
d'ondulation. Si l'on réfléchit que les longueurs d'ondes des sons
perceptibles sont à peu près comprises entre 30 mètres et 1 centi-
mètre, tandis que les longueurs des ondes lumineuses sont c(ho-
prisea entre ,-^^et j^^^ de millimètre, la raison de la différence ap-
parente que fournit l'expérience, entre les propriétés du son et celles
de la lumière, devient immédiatement évidente.
562. Quatrième «x»napl« de dlffractlsn. — C^a d^M
farpB «paquc étroit. — Quand une onde sphérique rencontre
un corps opaque étroit GH (Hg. ^55), un point quelconque P', pris
dans l'intérieur du cône d'ombre théorique MON, reçoit des vitesses
de vibration de grandeurs comparables, qui ont pour origines W
DIFFRACTION. 355
bords oppos^3 du corps étroit. De l'interférenre de ces mouvements
vibratoires résultent des Franges intérieures, dont les positions
sont faciles à déterminer lorsque le corps opaque a l'une de ses
dimensions très-grande par rapport aux autres : lorsqu'il s'agit, par
exemple, d'un fil très-long et de très-petit diamètre.
Les mouvements vibratoires qui pénètrent dans l'ombre, des deux
cAtés de cet écran, sont évidemment concordants en tout point tel
que P, situé à la même distance de ces deux côtés, et, par suite,
le iniKeu de l'ombre géométrique est occupé par une frange bril-
lante. — En un point P', tel que P'H — P'G =-. on a une frange
obscure; vient ensuite une frange brillante, et ainsi de suite. Comme
la dîlTérence P'H— P'G crott d'autant plus vite avec la distance PP'
que le diamètre du fil GH esl plus grand , les franges deviennent
de plus en plus lai^s à mesure que le diamètre du fil diminue.
De là l'explication dé la forme particulière des franges de dilîrac-
tion qui s'observent dans l'ombre d'une aiguille, au voisinage de If
pointe.
563. Pr«BS«i produltM par drax mn-wmwtur^ étrvltCf»
és«le« eatre ellea et tréa-v«l*liieB. — Les conditions de
l'interférence n'éprouvent aucune modification essentielle lorsqu'on
substitue à l'onde indéfinie interrompue par un écran opaque étroit
deux portions d'ondes limitées par deux ouvertures étroites, égales
entre elles et très-voisines. L'ombre géométrique de l'intervalle des
356 OPTIQllR THÉORIQUE.
deux ouvertures est sillonnée de franges, dues ù rinlerfi^rence des
mouvements vibratoires qui ont ces deux ouvertures pour origines.
— Oh sait que ce mode d'expérience est le seul par lequel Young
ait tenté de justifier son principe des interférences.
L'appareil simple, formé de deux fentes étroites et très-rappro-
cliées, se prête plus commodément que l'appareil des miroirs de
Fresnel, ou même que le biprisme, à l'exécution de l'expérience
importante qui est relative à l'effet exercé sur les franges d'interfé*
rence par l'interposition d'une lame mince transparente (540). Il
suffit de placer la lame devant l'une des fentes de l'appareil qu'on
vient de décrire, ainsi que le montre la figure 456, pour voir le
système entier des franges d'interférence se déplacer du côté de la
lame. .
Si la lame transparente a une épaisseur" telle que l'expression
e[H— i ) soit égale à un grand nombre de longueurs d'ondulation .
les franges d'interférence disparaissent. Mais si , dans cet espace d'où
les franges ont disparu, on place une fente étroite, et qu'à l'aide
d'un prisme et d'une lentille on décompose la lumière qui éclaire
cette fente, on aperçoit dans le spectre qu'on obtient, outre les raies
de Frauenhofer, un nombre considérable de bandes obscures : le
milieu de ces bandes correspond aux rayons pour lesquels l'expres-
sion e(n — i) est exactement égale à un multiple impair de la demi*
longueur d'onde. — Cette dernière expérience est due à MM. Fixeau
et Foucault.
Les développements qu'on vient de donner suffisent pour faire
concevoir par quels principes on peut se rendre compte des phéno-
mènes de diffraction produits par tel système d'ouvertures que l'on
voudra. — On ajoutera simplement que, dans tous les ca^ auxquels
le calcul a été appliqué jusqu'ici , l'accord de l'observation et de lu
théorie s'est soutenu jusque dans les détails les plus minutieux.
REFLEXION ET RÉFRACTION.
564. Considératioiis séiién»le«. — Soit une surface iucié-
finie, séparant deux milieux dans lesquels la vitesse de propagation
des vibrations lumineuses n'est pas la même. Cette diiïérencc impli-
que, soit l'inégalité des masses que ces vibrations mettent en mouve-
ment, soit l'inégalité des forces par lesquelles le mouvement est déter-
miné, soit l'existence simultanée de ces deux inégalités; en d'autres
termes, elle suppose que Téther possède, dans les deux milieux,
des densités ou des élasticités différentes, ou même que ces de.ux
genres de différences existent à la fois. — Quoi qu'il en soit, lors-
qu'un ébranlement produit dans l'un des milieux arrive à la surface
de séparation, ces différences de constitution ne permettent pas que
la couche d'éther ébranlée dans le premier milieu communique la
totalité de sa force vive à la couche adjacente du second nn'Iieu. et
revienne au repos en vertu de cette communication. Une partie de
cette force vive reste dans le premier milieu; par conséqucat, si
l'on conçoit une série d'ébranlements successifs, constituant un
svstème de vibrations incidentes, leur effet sera de transformer cha-
run des points de la couche d'élher qui est, dans le premier milieu,
adjacente à la surface de séparation, (mi un centre de vibration qui
envoie du mouvement dans ce premier milieu suivant toutes les
directions, en même temps que tous les points de la couche qui est
adjacente à la même surface dans le second milieu deviennent,
pour ce second milieu, des centres de vibration. Les lois de la ré-
flexion et de la réfraction doivent être des conséquences de la com-
binaison des effets des deux systèmes d'ondes ainsi produits.
565. Réflexion sur une surface plane. — (Considérons
d'abord le phénomène de la réflexion, et admettons que la surface
réfléchissante soit un plan MNPQ (fig. '157), indéfiniment étendu.
Soient S le point lumineux et R un point quelconque du premier mi-
358
OPTIQUE THEORIQUE.
lieu , sur loquel les vitesses réfléchies produisent un effet qae novs
nous proposons de déterminer.
Il arrive simultanément au point R une infinité dé mouTOMMb
vibratoires, qui ont pour origines les divers points A, A',. ..et
plan réfléchissant, et qui ont parcouru, du point S au point R, éK
chemins respectivement égaux à
SA + AR.
SA'+A'R,
Supposons le point A tellement choisi que ce chemin ait i» ^m
petite valeur possible. It sera facile de démontrer, par des raisoiH
nements semblables îi ceui qui ont été déveIop|iés dans la théorie
de la difiraclion , que la vitesse de vibration envoyée au' point R se
réduit à la vitesse renvoyée par le point A et par une étendue voi-
sine , très-petite , de la surface réfléchissante '". 11 est donc pcmib de
') On Diinm , par pipinplc. pur le point A une ciroile <| jelconqiM TV (tig. &S8), d
a avant égard >ui pmpri^lés générales dcfmujnia et des itnoiaii
qu'aui lois de l*iiilerréc«iKe des vibrattoni, que le nxwvenieiit eBTojé an poiai R p
RÉFLEXION ET RÉFRACTION. 359
dire que la lumière se rend du point S au point K en suivant le
plus court chemin, dans le cas de la réfleiion comme dans le cas
de la propagation directe, et
la recherche des lois de la
réfleiion revient à la déter-
mination M ce plus court
chemini
Celd posé, rapportons le
système à trois oxè» rectan-
gulaires, et prenons pour
plan xOy (llg. ^139) te plan
^11*^9' ri^néchissant, pour |)laii xOz
le plan normal qui contient à la fois le point lumineux S et le point
éclairé R, et faisons passer l'axe des z par le point S lui-même.
Désignons par h ta hauteur du point S au-dessus du plan xy; par k
celle du point R, et par /sa distance DO au plan yz; nous aurons,
pour expression du chemin parcouru par la lumière réfléchie au
point A dont les coordonnées sont x el y,
u = \/li^-i-x'-+ y'^ + \/li- + (/ - x)- -hf-
Pour que cette expression soit uiinima. il faut que l'on ait à la fois
da_
La premièro condition se réduit à
droite iud^Gnie «e rnluil au iiiuj>cujt!Til «ntojc par une lrè»-|ielile kniginiir, voiane du
point A. On mènera eaBuiU une inGnité de dnntM (wrailèlM i TV, kaqndlM dleom-
poKront le plan réBéchiuaat en bandes infininienl étniles ; pour chicaDe de cet budet ,
on démontrera que le moavenieiil qu'elle envoie an point R k réduit aD monrenient
qn'enYoieé ce même point une très-petite éteadoe, Toinne ia point B pour leqad la
aoinine SB + BR est un minimum rtlatif. On ramènera aiuM raction da plitl t celle
d'une bande étroite, dont la forme est définie par celle de la courbe qui est le lieu géo-
mélrique des points B. Enfin, ou n'duira l'actioii de cette bande elle-même à l'aclion
d'une très-pclile partie, voisine du point A.
3«0
il faut don'.-
OPTIQlt THEORIQLE.
le le raton inriHeiil (•( le rayon léfléirbi soient contenu.'
d^n^ un iiiéroe plan Donnai
au plan réfléchissant.
Prenons donr maînienani
le |K>int A dans le plan pas-
sant par les normales abais-
sées de S el de R sur le plan
ri'llérhissanl , c'est-à-dire sur
l3lif;ne0xelle même, comme
l'indique la figure &6o. Alors
p. j^ la K<>ronde rondition pourqne
SAR soit le plus court chemin
devient, en faisant y=^ o dans la dérivée de u par ra|>port à x.
\'ft'-
v'JtV'/-
or le premier membre représeute le cosinus de l'angle SAO : le second
membre, le cosinus de l'angle HAU: il faut donc que l'angle dlnci-
denre soit égal à l'angle de réflexion.
.566. néfl«xl«ii anr une «urlkce quelcsM^w». — Il est fa-
rilt; d'étendre les résultats qui précèdent au cas où la sufracc r^8^
'hissante est «juelconque.
Soient S llijr. /i 6 1 ) un |M>inl lumi-
iK'ux, 2 uir' surface réfléchissante
de forme quelconque, et R nn
point d- l'espai-e: soil A un point
de la surface tel. que l'expression
I SA + Alt soit un luininnuii. Si Ton
prouve que ci>tte expression est en-
I rore un minimum par rajipori an
[ilan tangent à ta suHare au point
A, on aura prouva que le plan S.AR
est un plan normal el que les droites
Ki(. Ml, SA et AR sont également inclinées
I normale. Or, supposons que, relativement au plan tangent.
r la
RBKLEX10,\ ET KEKRACTluN.
l'expression SA + AR ni; soît [liis un tniniitiuni :
361
1 |iourfa; tou-
jours trouver sur ce plan un poyU A' infiniinent voisin de A <?( tel,
(pi'dii ait ; . '
SA"+A-K<:tîA-t-AH,
la dillércnce di' ces deu\ <ju<inlités tétant iuliiiiiiieiit \rA\\c du pre-
mier ordre. Mais .si l'on (:ori>idère le point A' où ta droite SA" ren-
contre la surface réfl(!chissaiilis il résulte des propriétés connues du
plan lan{rent que la lonjrucur A'A" e.st infiniuienl petite du second
ordre. D'ailleurs, la différence entre A'B et A'R est moindre que A'A".
Donc l'expression SA' + A'R ne diffère de SA"-|- A'K que d'un in-
finiment petit du second ordre, et, par suite, l'inégalité ci-dessus
aurait pour conséquence que SA' + A'R fût inférieur à SA + AR
d'un inliniinenl petit du premier ordre; ce qui est impossible, puis-
que SA + AR est supposé un minimum,
567. Burfoce <l« ■'•ndc réfléchie. — l.c lieu des points ti>ls
que le plus couri chemin de la lumière rélléchie entre ces points. et
1 le point lumineux ait une valeur
constante est évidemment la sur-
I face de l'onde réfléchie.
Etant donnés un point lumi-
neux S (lig. 663) et une surface
réfléchissante MN , pour cons-
I Iruire la surface de l'onde réflé-
I chie il suffira , d'après ce qui
vient d'être dit, d'o|iérer nomme
il suit. On décrira , autour du
point S comme centre , une sphère
de rayon arbitraire SB; on mè-
nera un rayon incident quel-
coîiqirr," rencontrant la 'sirrfaCe
réfléchissante en un point A; on
prendra alors, sur la direction
de la droite définie j)<ir les lois de la réflexion, une longueur AR
égale à SB— SA ou à AR, et l'on répétera cette construction pour
362 OPTIQUE THÉORIQUE,
tous les points de la surface réfléchissante . — On prouvera faci-
lement f|ue la surface de l'onde est tangente à la ^hère de rayon
AR = AB, décrite autour du point A. Il suflira, pour cela, de re-
marquer que, si l'on prend un point R' infiniment voisin de R sur
la surface de l'onde , et si A' est le point de la surface de l'onde qui
a servi à déterminer R', on a
SA-hAR'>SA'+A'R';
par suite, [ii)isi|ue la somme SA + AR est égale à SA'+ A'R', on
aura
AR'>AR.
j — L'onde réfléchie est donc l'enveloppe de toutes les ondes sphé"
riqucM décrites des points de la surface réfléchissante, avec des rayons
égaux à une grandeur constante diminuée de la distance de ces
points au point lumineux.
Si maintenant on remarfjue que la sphère de rayon AR est une
surface normale aux rayons incidents, on verra que cette construc-
tion de la surface de l'onde n'est autre que la oonstrucUou d'une sur-
face normale aux rayons réfléchis, qui se déduit delà Azérie géné-
rale des caustiques (&33.) — On pourra généraliser cette reDiui|ae,
en supposant que l'onde incidente ne soit pas sphérîque, ^êt Ws
raisonnements inalogDdt&aMx
qu'on a faite dans le eil él la
propagation de la Iq&mN ii
travers un milieu bomofèiM.
568.
VMW «MM» sotAm* glMÉk
— Les dévelc^wmenta «liés
lesquels on vient d*eatr«^, tfu
sujet de la r^fleiion^ yatÈÊt-
"'' *" lent de réduire h tbterift de
la réfraction à la recherche du chemin de plus prompte arrivée
entre un point lumineux et un point éclairé, la surface réfriogente-
étant supposée plane.
REFLEXIO^ ET REFRACTION.
m
Rapportons encore le sysljiine à trois axes rectangulaires ; prenons
le plan réfringent PN (fig. 463) pour plan xOy, et te plan normal
qui contient le point lumineux S et le point éi-lairë R pour plan xOz;
enfin, faisons passer l'axe Oz par le point S. Désignons par h la dis-
tance du point S au plan réfringent, par k celle du point R au
même plan, par f la distance OD du point R au plan y;, enfin par j:
et y les coordonnées du point I auquel a lieu la réfraction. Soient V
la vitesse de propagation de la lumière dans le premier milieu , et U
la vitesse de propagation dans le second : le temps nécessaire pour
qa'HQ mouvement vibratoire parti de S arrive en R, en suivant lé
chemin SIR, aura pour expression
_\/k'-hx' +
y-V-t-W-.!
Pbnr que ce temps S soit un minimum, il faut qu'on ait simultané-
La première condition donne
c'est-à-dire que le nijon rclVacli; et le rayon incident doivent être
dans un même plan normal au
plan réfringent.
Prenons donc maintenant le
point I dans le plan passant
par les normales abaissées dé
S et de R sur le plan réfrin-
gent, c'est-à-dire sur Taxe Oit
lui-même, comme l'indique la
ligure ft&à. Alors la seconde
'"' "'" condition pour que le temps B
Boit 00 minimum devient , en faisant y = o dans la valeur de .la dé*
364 OPTIQUE THÉORIQUE,
rivée de B par rapport ^ x,
■
1 .!• 1 / — X
r'cst-à-dire
Donc le rapport du sinus d'incidence au sinus de réfraction est
ronstanl, et égal au rapport des vitesses de propagation : concltinon
conforme à la théorie des anneaux colorés sous rincidencc obliqye
(550), et à Texpénence de Fresnel sur le déplacement des frangin
d'interférence dû à Taclion d'une mince lame transparente (540V
568. Surfnce de ■'•ndc réfradée. — La recherche de l'onde
réfractée revient encore, comme dans le cas de la réflexion, a la re-
cherche d'une surface en\eloppe, qui est précisément une des sur-
faces normales aux rayons réfractés données par la théorie générale
des caustiques (422).
11 est intéressant de remarquer que, lorsque la surface de sépa-
ration des deux milieux est un plan, l'onde réfléchie est unes|ibèrf
ayant pour centre l'image du point lumineux; mais, dans ce ras« il
n'en est pas ainsi de l'onde réfractée. Seulement, lorsque le point
lumineux est à une assez grande distance pour que Tonde incidente
puisse être regarder» connue plane, l'onde réfractée devient plane,
comnif* Tonde réfléchie.
56U. PhéMonièMca de dliTmeitoM aetisipagaat la ré*
flemion au la réfraetian |par des avriiMaa ItaUtéaa. — On
peut démontrer, pour des surfares réfléchissantes ou réfringentef
limitées, une série de théorèmes analogues i ceux qui ont été éta-
blis pour des ouvertures limitées, dans le cas de la propagation daBs
un même milieu. — Les lois géométriques de la réflexion et de la
réfraction ne doivent donc être vérifiées par l'expérience qu avec le
même degré d'approximation et dans les mêmes conditions que le^
lois géométri(|ues de la fonnation des ombres. Toutes les fois qne
l'étendue de la surface réfléchissante ou réfringente devient trop
petite, ou que Ton considère des |Hiints trop voisins des limites da
RÉFLEXION ET RÉFRACTION. 305
faisceau réfléchi ou réfracté, ces lois doivent souffrir des perturba-
tions analogues ù ceile.s qui constituent les phénomènes de diffrac-
tion. En un mot, il doit y avoir une diffraction par réflexion ou par
réfraction, comme une diffraction par propagation directe.
L'expérience suivante, qui est due à Fresncl, est une preuve de
l'exactitude de ces conséquences. On recouvre de noir de fumée
l'une des faces d'une lame de verre; on enlève ensuite cet enduit sur
toute l'étendue d'un triangle très- allongé (fig. 403), et l'on fait
Fig. A6r».
tomber sur la lame le faisceau lumineux émané d'un corps de très-
petites dimensions. Dans les parties où le triangle est suffisamment
large, le faisceau réfléchi ou réfracté est sensiblement tel qu'il ré-
sulterait des lois géométriques de la réflexion ou de la réfraction;
il est seulement bordé de franges, pareilles aux franges de diffraction ,
et un peu plus large qu'il ne résulterait de ces lois. A mesure que
l'on considère des régions correspondantes à des parties plus rétrécies
du triangle, l'importance des franges devient plus sensible, la lar-
geur du faisceau augmente, et, dans le voisinage du sommet, là
lumière se réfléchit ou se réfracte à peu près avec la m^me intensité
dans tous les sens.
570. Remarques relatives aux eiLpérienees par les-
quellea oneonaidére ordiuairentent les lais séantétriquea
de la réfleiLian ou de la réfraetlon eantme vériflées. — Le
caractère approximatif que la théorie des ondes assigne aux lois de
la réflexion et de la réfraction ne paratt guère d'accord avec la pré-
cision des expériences que l'on considère ordinairement comme ser-
vant à vérifier ces lois elles-mêmes. Mais il faut remarquer que toutes
ces expériences reviennent à observer la coïncidence de l'image réelle
d'un point avec la croisée des fils d'un réticule, ou avec tout autre
objet semblable, et que, dans les conditions où la théorie ordinaire
366 OPTIQUE THÉORIQUE.
des lentilles et des miroirs indique la formation d'une mage par-
faite, la théorie des ondes conduit à une conclusion analogue.
Les surfaces des ondes réfléchies ou réfractées étant précisément
les surfaces normales aux rayons lumineux de la théorie générale
des caustiques , s'il arrive que , à la suite d'un nombre quelconque
de réfractions ou de réflexions , les rayons émanés d'un point lumi-
neux soient rendus convergents vers un foyer, la surface de Vonde,
considérée après la dernière réflexion ou réfraction, ne pourra être
qu'une surface sphérique concave, ayant ce foyer pour centre. Tous
les élément! d'une pareille surfacç enverront évidemment en ce foyer
des vitesses de vibrations concordantes, puisqu'ils en sont tous à la
même distaijuee, tandi9 qu'en un point voisin les diSSérences de
marche auront pour conséquence une destruction partielle des mou-
vements vibratoires qui y concourent. L'intensité lumineuse sera
doue plus grande au foyer qu'en tout autre point, et, si Ton ap-
}4iqu9 le calcul à la recherche de cette intensité, on trouve que l'ef*
l#t produit dans le plan focal consiste dans la formation d'un disque
luipiineuic, de très-petite étendue, environné d'un petit nombre de
frgnge^ alternativement brillantes et obscures, dont l'éclat moyen
ei<t très-f|iibie relativement à celui du disque central. — Les dimen-
^ÎQm dii disque et des franges sont d'autant moindres que le rap-
port entre la largeur efiicace de la dernière surface réfléchissante
ou réfringente et la distance du foyer a une valeur plus sensible.
ÇoflajDte, en vue de l'intensité lumineuse, on cherche à donner à
ce rapport la plus grande valeur possible, eu égard aux aberra-
tions dont la valeur est également fonction de ce rapport, il arrive
toujours que les dimensions du disque lumineux et des franges qui
l'environnent sont du même ordre de grandeur que les dimensioiis
des plus petits objets visibles.
Ainsi , bien qu'en réalité l'image d'un point lumineux difl<ère beau-
coiAp d'un point mathématique, la difi'érence échappe d'ordinaire à
l'observation , et tout parait se passer comme si les conséquences des
loi^ géométriques de la réflexion et de la réfraction étaient rigou-
reusement vraies. — Mais si Ton rétrécit, par un diaphragme suf-
fisamment étroit, l'étendue des surfaces réfringentes ou réfléchis-
santes, toutes les perturbations dont on vient de parier se manifestent.
RÉFLEXION ET RÉFRACTION. 387
et l'image d'une étoile, par exemple, se montre alors confine un
disqiu) lumineux, de dimensions sensibles, environné d'une sort^ de
couronne dont la grandeur et la forme dépendent de celles du dia-
phragme que l'on a employé ^^\
571. C^MMies géuéwmâem dm lu dlffiisloii. — La diffusion,
qiii accompagne toujours, à un degré plus ou moins sensible, la ré-
flexion ou la réfraction , est prod^ite par les inégalités superficitUes
nue laisse nécessairement subsister l'opération mécanique du poli, ou
par les poussières ténues que l'atu^osphère dépose à la surface d«s
corps. Tant que les saillies formées par ces inégalité^ ou par OÊê
poussières sont peu considérables relativement à la longueur d'onde ,
{eur influence perturbatrice est insensible; mais, aussitôt que cette
Umite e$t dépassée , la réflexion et la réfraction foni place à la diffu-
sion. - — H n^y a donc pas à chercher une théorie particulière pour
ce phénomène.
$72. IHIIIlMiltés offertes par le pMéneniéiie de la dta-
persion, dans la théorie dc# ondulation»* — L'existence de la
dispersion prouve que le rapport des vitesses de propagation de la
lumière daps deuic milieux différents dépend, en général, de la du-
rée des vibraiioB^ ou de la longueur d'onde, — De là résulte uue
dîfficolté, que ies partisans du système de l'émission ont longtemps
opposée à la théorie dés ondes comme une objection insurmon-
t^le, et qui n'est pas encore entièrement résolue aujourd'hui.
La théorie mathématique de la propagation des mouvements vi-
br^ire$ semblait en effet conduire nécessai|*ement à des équatiou^
dîQérentielles du second ordre, qui n'admettaient comme .solutions
que des ondes planes ou sphériques ayant toutes I9 u^éipe vitesse de
propagation, quelle que fût la durée de leurs vibrations. Fresnel a
fait remarquer, le premier, que la forme généraleju^^ ailtribuée aux
équatioi^s différentielles de la propagation des ondes tenait à ce qu'un
(') Ou n^a considéré, daos le raisonnement, que des miroirs ou des lentiUes sans ob^r-
ration; mais, tant que les aberrations sont petites, les mêmes conséquences subsistent à
très-peu près. Les rayons lumineux devant tous passer à une très-petite distance d'un
(k>int déterminé, la surface de Tonde diflî^re en effet très-peu de celle d^une spBère ayant
son centre en ce point.
368 OPTIQUE THÉORIQUE.
supposait les distances auxquelles les forces moléculaires se font
sentir incomparablement plus petites que la longueur d'ondulation;
or cette hypothèse pourrait bien n'être pas aussi légitime dans le cas
des ondes lumineuses que dans le cas des ondes sonores. — En dér
veloppant cet aperçu par l'analyse, Cauchy a montré que, darïis un
milieu formé de molécules disjointes, la vitesse de propagation des
ondes est généralement une fonction de la longueur d'ondulation.
Cette fonction tend vers une limite constante, lorsque la longueur
d'ondulation devient très-grande par rapport au rayon de la sphère
qui contient toutes les molécules capables d'exercer une action senr
sible sur une molécule déterminée.
La possibilité théorique de la dispersion ne peut donc plus être
révoquée en doute, mais il reste à expliquer comment l'éther peut
être constitué dans le vide, de manière que toutes les ondulations
lumineuses s'y propagent avec la même vitesse, ainsi que cela pa-
raît résulter du phénomène astronomique de l'aberration; tandis
que, dans les corps pondérables, il est constitué de façon à trans-
mettre les diverses ondulations avec une vitesse d'autant moindre
que ces ondulations sont plus courtes.
573. FkéiioiitéiiMi d*alMM»rptioii. — Les phénomènes de
l'absorption, interprétés conformément au système des ondes, si-
gnifient que la force vive d'une série d'ébranlements transmis par
un milieu élastique est moindre, dans certains cas, que la force vive
de la série correspondante d'ébranlements incidents. Cette perte de
force vive implique, soit la production simultanée de certains travaux
moléculaires, travaux dont on trouve des exemples dans la décompo-
sition chimique des sels d'argent ou de diverses matières organiques:
soit la communication d'une partie du mouvement aux molécules
pondérables des corps, communication qui se manifeste en particu-
lier par réchauffement de ces corps; soit enfin une émission simul-
tanée de lumière, phénomène qui se produit surtout dans les corps
phosphorescents. La vraie nature du phénomène général, ainsi que
la cause qu'on doit lui attribuer, ne laissent place à aucun doute:
mais on n'a pas même essayé jusqu'ici d'en rechercher les lois par
la théorie.
RÉFLEXION ET RÉFRACTION. 369
On peut seulement, à l'exemple d'un éminent physicien , M. Stokes,
faire sentir par une analogie frappante la raison de la liaison que
les expériences de MM. Kirchhoff et Bunsen ont établie entre l'ab-
sorption et l'émission d'une même espèce de rayons. — Lorsque
plusieurs cordes vibrantes , identiques et également tendues, sont
placées dans le voisinage les unes des autres, le son que produit le
système, quand on le met en vibration d'une manière quelconque,
dépend des dimensions, de la nature et de la tension des cordes.
Or^ si l'on fait naître successivement divers sons au voisinage du
système, leur mouvement vibratoire se communique aux cordes par
l'intermédiaire de l'air; mais, ainsi qu'on l'a vu en Acoustique, cette
communication est d'autant plus facile que la hauteur du son pro-
duit approche davantage de celle du son propre des ondes. D'autre
part^ toute communication de mouvement, de l'air aux cordes, im-
plique une diminution dans la force vive des ondes aériennes : le sys-
tème absorbe donc avec la plus grande énergie précisément les on-
dulations qu'il est lui-même apte à produire en vertu de sa nature
propre. C'est par un mécanisme de ce genre que tous les corps
absorbent, dans la plus grande proportion, précisément les rayons
qu'ils émettent eux-mêmes en plus grande quantité lorsqu'ils de-
viennent lumineux par incandescence.
ViBDiT, in. — Cours dephys. II. iiiï
DOUBLE RÉFRACTION.
57&. Hlst^rl^iue. — Érasme Bartholin découvrit, en 1670» la
propriété que possède le spath d'Islande, c'est-à-dire le carbonate
de chaux en cristaux transparents rhomboédriques, de donner deux
rayons réfractés pour chaque rayon incident. Cette propriété attira
bientôt l'attention de Huyghens, qui chercha à s'en rendre compte
dans le système des ondes. — Les lois auxquelles Huyghens fut con-
duit par ses hypothèses ont été vérifiées, dans les premières années
de ce siècle, par les observations de Wollaston et de Malus : ces lois
peuvent être envisagées aujourd'hui comme de simples résultats
d'expérience.
575. RéfiractâoB au travers d*uiie laaie die apatli «Tla-
lande à fi»ee« parallèles. — Un rayon lumineux, en pénétrant
dans un cristal de spath d'Islande, donne naissance à deux rayons
réfractés, distincts l'un de l'autre, lors même que le cristal est limité
par deux faces parallèles. En opérant ainsi avec un cristal de spath à
faces parallèles , on constate facilement les deux faits suivants :
1° Si le rayon incident est normal, une rotation du cristal au-
tour de ce rayon ne déplace qu'un seul des rayons réfractés.
â"" Les deux rayons émergents sont toujours parallèles au rayon
incident; en conséquence, un objet assez éloigné pour que les rayons
arrivant d'un de ses points sur le cristal soient sensiblement paral-
lèles entre eux est toujours vu simple au travers de ce cristal; les
objets plus rapprochés éprouvent une duplication plus ou moins
complète, suivant leurs dimensions apparentes.
Il résulte du premier fait que l'un des deux rayons fournis par
la réfraction d'un rayon incident normal est dirigé suivant le pro-
longement du rayon incident lui-même.
Il résulte du second fait que l'on peut étendre à la double réfraction
la règle qui, dans l'étude de la réfraction simple, a reçu le nom de
DOUBLE RÉFRACTION. 371
prine^ du retoitr nwene dei rayons (Â06). En d'autres termes, si l'on
représente par SI ((îg. &66) un rayon lumineux tombant sur un
cristal de spath PQ , et si IR est l'un des rayons réfractée dans l'in-
térieur de ce cristal, la ligne IS sera également la direction d'émer-
gence correspondante à un rayon venu de l'intérieur du cristal sui-
vant RI.
576. Ax0 du spath «Uliknde. — deetlana prisalpalM.
— Le spath d'Islande, tel qu'on le trouve dans la nature, aSecte
le plus ordinairement la forme d'un parallélîpipède limité par des
parallélogrammes d'angles égaux, assemblés de telle façon que deux
sommets opposés du parallélipipède soient les sommets d'anges
trièd^s réguliers. Les angles plans de ces angles solides réguliers
sont obtus, et égaux à i o t'SV; les angles dièdres sont pareillement
obtus,' et égaux à io5°5'.
L'axe des an^es Irièdres réguliers, c'est-à-dire la droite qui est éga-
lement inclinée sur leurs trois arêtes, jouitde la propriété qu'en tout
point du cristal toutes les propriétés physiques sont distribuées sy-
métriquement autour d'une parallèle à cette droite. Elle peut donc
recevoir le nom d'axe du cristal. — Il faut seulement remarquer que.
l'axe du cristal n'est pas un axe matériel; que ce n'est point, par
exemple , l'ensemble des molécules situées sur une droite déterminée,
mais une simple direction, que l'on doit toujours supposer menée
par le point autour duquel on étudie la réfraction ou tout autre
phénomène.
372 OPTIQUE THÉORIQUE.
La longueur des arêtes des parallélipipèdes de spath est complè-
tement indéterminée, puisqu'on peut la faire varier à volonté par
la taille ou par le clivage ^^l Mais il est commode, en cristallogra-
phie , de considérer particulièrement le cas où toutes les arêtes de-
viennent égales : le cristal , limité alors par six rhombes égaux ,
prend le nom de rhomboèdre. Dans un cristal qui présente cette forme,
la direction de Taxe est celle de la diagonale qui joint les deux som-
mets réguliers, et la symétrie de la forme cristalline autour de cette
droite est évidente.
On est convenu d'appeler section principak le plan normal d'inci-
dence , lorsque la direction de Taxe est contenue dans ce plan.
577. Réfraction au travers des prisntefl taillés ûmmm le
•patli. — Rajoiui ordinaires. — Rayons extraordinaires.
— I«ois expérintentales. — Lorsqu'on taille , dans des morceaux
de spath, des prismes ayant des angles réfringents différents et ayant
leurs arêtes dans des directions différentes par rapport à l'axe, on
reconnaît, en déterminant la position des raies de Frauenhofer dans
les deux spectres auxquels ces prismes donnent généralement lieu ,
les divers faits suivants :
i"" L'un des spectres est toujours composé de rayons qui sont ré-
fractés conformément aux deux lois de Descartes (399) : ces rayons
peuvent recevoir, pour cette raison , le nom de rayons ordinaires.
s^ Les rayons extraordinaires, qui produisent l'autre spectre,
s'écartent des lois de Descartes : en général , ils ne demeurent même
pas compris dans le plan normal d'incidence.
S"" Lorsque le plan d'incidence contient l'axe, c'est-à-dire lorsque
ce plan constitue une section principale du cristal , les rayons extra-
ordinaires demeurent contenus dans ce plan, comme les rayons ordi-
naires; mais le rapport du sinus d'incidence au sinus de réfraction
ne reste pas constant quand on fait varier Tande d'incidence.
k"* Si les arêtes du prisme ont été taillées parallèlement à l'axe,
et si le plan d'incidence est perpendiculaire à ces arêtes, les deux
(*) On appelle clivage la rupture du cristal suivant des plans dëterminës, sous Tin-
fluence d'un choc. Les faces de clivage du spath sont toujours parall^es aux faces des cris-
taux naturels.
DOUBLE RÉFRACTION. 373
rayons réfractés suivent les lois de Descartes, mais avec des indices
différents.
On appelle indice extraordinaire l'indice de réfraction constant que
présente, dans ce dernier cas, le rayon qui, dans toute autre con-
dition, s'écarte complètement des lois de Descartes; ce rayon con-
serve d'ailleurs encore, pour cette raison, le nom de rayon extraor-
dinaire. — Vindice ordinaire est l'indice de réfraction du rayon qui
suit, dans tous les cas, les lois de Descartes; il a toujours la même
valeur numérique, de quelque manière que le prisme ait été taillé.
Le tableau suivant indique les valeurs de l'indice ordinaire et de
l'indice extraordinaire , pour les sept raies principales de Frauenhofer,
d'après les expériences du physicien suédois Rûdberg.
B G D E F G H
Indice extraordinaire. . it&SSg i,/i8/i6 i,/i86/i i^/iSSy if/igoS i,â9&5 it&gyS
Indice ordinaire i,653i i,65/i5 i,6585 i,6636 1,6680 1,676a i,6933
578. Empérienees ém UTolUMifoii. — Empérlenees de
IlaUui.— Gonune le rayon extraordinaire sort , en général, du plan
normal d'incidence, les cercles destinés à mesurer les indices de
réfraction dans le cas de la réfraction simple ne peuvent servir à
l'étude des propriétés de ce rayon. On a construit récemment des
appareils plus compliqués > au moyen desquels on peut mesurer à
la fois la déviation du rayon extraordinaire et son inclinaison sur le
plan normal d'incidence ; mais ces appareils ont été rarement mis en
usage jusqu'ici, et c'est par de tout autres moyens que les lois
de Huyghens ont été vérifiées.
WoUaston observait la réflexion totale du rayon extraordinaire à
l'intérieur du cristal. Il faisait varier, soit la direction de la face ré-
fléchissante, soit la position du plan d'incidence, et il déterminait
ainsi , dans des conditions diverses , la direction du rayon extraor-
dinaire correspondante à un rayon extérieur parallèle h la surface
réfringente. Afin de donner plus d'étendue à ses expériences, il met-
tait successivement le cristal en contact avec des milieux très-diver-
sement réfringents.
374 OPTIQUE THÉOBIQUE.
Malm avait fait graver, sur uae planche de caivre , un triangle rec-
tanglp (rcs-aUongé ABC (11g. /167) dont l'hypoténuse AC et le grand
cM^ de l'angle droit AB étaient divisés en pnriies égales, de lon-
gueurs connues. Sur ce triangle il posait un cristal de spath à faces
parallèles, ce qui donnait, pour un observateur regardant la face
supérieure du cristal, deux images, l'une ordinaire abc, l'autre ex-
traordinaire a'h'c. Alors, à l'aide d'une lunette LH, mobile sur un
cercle vertical (fig. A68), il visait le point où l'image ordinaire
abc et l'image extraordinaire a'b'c' du triangle lui paraissaient se
couper. Supposons que ce point appartienne dans l'image ordinaire
au grand côté de l'angle droit, et dans l'image extraordinaire à
l'hypoténuse. L'expérience ainsi Faite montre que le rayon ordi-
naire parti d'un point déterminé E du grand côté de l'angle droit et
DOUBLE RÉFRACTION. 375
le rayon extraordinaire parti d'un point déterminé F de Fhypoté-)
nuse ^') se confondent à l'émergence en un seul rayon GH , dirigé
suivant l'axe de la lunette. Par conséquent, en vertu du principe du
retour inverse des rayons, on connaît les deux points de la face in-
férieure du cristd où fraient aboutir le rayon ordinaire et le rayon
extraordinaire provenant d'un rayon incident dirigé suivant Taxe de
la lunette. — Pour que les données de l'expérience soient com-
plètes, il ne réfute qu'à mesurer l'épaisseur du cristal et à définir la
situation de la section principale par rapport au plan d'incidence ,
qui n'est autre que le plan dans lequel se meut la lunette. En fai-
sant varier l'épaisseur du cristal , la direction des faces naturelles ou
artificielles par lesquelles il est limité, et la position de la section
principale, on pourra faire autant d'expériences qu'il sera néces-
saire pour arriver à une connaissance complète des lois de la réfrac-
tion extraordinaire.
Ces lois peuvent être représentées assez simplement au moyen
d'une construction géométrique due h Huyghens , dont il ne sera pas
inutile de préparer d'abord la description par l'exposé d'une cons-
truction analogue, propre h représenter les lois de Descartes dans
le cas de la réfraction par les substances uniréfringentes.
579. CoiuitructioB séométrique defl rmjomm pasMiiit
d'un milieu unirélriiiseiit dans un autre milieu uniréfirin-
sent. ~ Soit un rayon incident SI (fig. ^69), tombant sur la surface
de séparation MM' de deux milieux uniréfringents, l'air et l'eau par
exemple. Autour du point I décrivons une sphère avec un rayon lA
égal à la vitesse de propagation de la lumière dans le premier mi-*
lieu, la vitesse de propagation dans le vide étant prise pour unité;
puis« par le point A, où le prolongement du rayon incident ren-
contie cette sphère, menons un plan tangent; par l'intersection de
ce plan avec la surface réfringente MM', menons un plan tangent à
une sphère dont le rayon IR est égal à la vitesse de la lumière dans
le second milieu. La droite IR, qui joint le point d'incidence au
point de contact R, étant perpendiculaire au plan tangent, sera per-
pendiculaire à l'intersection du plan tangent avec la surface réfrin-
0) Le point Ees^ évidemment tel qu*on ait AE = a^.
376 OPTIQUE THÉORIQUE.
gente, et, par consë<]uent, contenue dam le |dan perpendico-
laire à cette intersection, qui n'est autre qne le plan noimal d'in-
cidence qu'on a pris pour plan de la (îgnre. D'aîileurs, en désignant
par V et U les vitesses de la lumière dans l'air et dans l'eaa, c'est-
à-dire les rayons des deux sphères, on a, par la considération des
triantes BIA et BIR,
_ V
IB'
V
5inIBA =
sinIBR= _^
d'où l'on tire
stnlBA^^sinlBR.
Comme IBA est égal à l'angle d'incidence, et que IBR est égal à
l'ange de réfraction, IR est le rayon réfracté déterminé par les lois
de Descartes.
580. fTaBatmcHsii de Ifiijaliii»!, pavr l« nk)r«B «rdl-
m»tre e* le wmjma extnterdlBWlre denaia fmr vm criMal 4e
•paA. — Supposons maintenant que le plan MNM'N' (6g. 670) sé-
pare un milieu isotrope, où la lumière se meut avec la vitesse V, d'un
cristal de spath. En prolongeant le rayon incident SI jusqu'à sa ren-
contre en A avec la sphère de rayon V qui a son centre au point I ,
menant par le point A un plan tangent à cette sphère, et détermi-
nant l'intersection BB' de ce plan et de la face réùingente; enfin, en
DOUBLE RÉFRACTION. 377
menant, parla droite BB', un plan tangent à une sphère de rayon
éai & l'inverse de l'indice ordinaire , et déterminant le point de
contact R, on obtiendra le rayon ordinaire IR (579). — On cons-
truira alors un ellipsoïde de rëvolulion autour de l'aie du cristal IP.
cet ellipsoïde ayant pour demi-axe polaire l'inverse de l'indice ordi-
naire et pour demi-diamètre équatorial l'inverse de l'indice extraor-
dinaire; par la droite BB' on lui mènera un plan tangent, et, en
joignant le point de contact R' au point d'incidence I , on aura la
direction du rayoliextraordinaire IR'.
La traduction algébrique de cette construction est un problème .
de géométrie analytique à trois dimensions , qui n'offre pas de diffi-
cultés , mais qui n'a d'intérêt que si l'on compare numériquement
les résultats du calcul avec les données de l'observation. — Il nous
reste à indiquer les cas où cette construction peut devenir plane.
581. Cmi partlcoUer* ibiBa leaquel* !•• deux r»T«BB
La construction géométrique que l'on vient d'indiquer peut être ef-
fectuée dans un plan , aussi bien pour le rayon extraordinaire que
pour te rayon ordinaire, dans les deux cas particuliers suivants :
i' Lorsque le plan ^ineidaiee est une lectionprmctpale, c'est-à-dire
contient la direction de Taxe. — En effet, dans ce cas, tout plan per-
pendiculaire i cette section, mené par une tangente à l'ellipse méri-
dienne qui y est contenue, est tangent à l'ellipsoïde des rayons
extraordinaires. La fîgure &71 indique la construction telle qu'on
peut alors l'effectuer. Le rayon incident étant représenté par SI, le
378 OPTIQUE THÉORIQUE.
rayon ordinaire IR est construit comme il a été dit (579). L'axe
étant supposé dirigé suivant PP', la tigure montre (Comment l'ellipse
méridienne de l'ellipsoïde de Huygfaens a servi à construire le rayon
extraordinaire IR'.
3° Lorsque Vaxe du crisUd est parallèle à la face réfringente el per-
peadiciUaire mi plan d'incidence. — L'ellipsoïde de Huyghens est alors
coupé par le plan d'incidence suivant son équateur, et les plans
menés par les tangentes à l'équatcur, perpendiculairement au plan-
DOUBLE REFBACTION. 379
d'incidence, sonl langenls à l'ellipsoïde. La figure 472 indique
alors la construction à effectuer, étant donné le rayon incident SI,
pour obtenir le rayon ordinaire IR et le rayon extraordinaire IR'.
Le rayon eitraordinaire suit d'ailleurs, dans ce ras, les deux lois de
Descàrles, comme il a été dit plus haut ( 577, A°).
582. Ij'nxe du vatk ae comporte, par rapport »ii rayas
«Craonlliinirc, camme répulsif. — Soit 1' = - l'inverse Ae
l'indice ordinaire, et soit « = -- l'inverse de l'indice extraordinaire;
b est à la fois le rayon de la sphère des rayons ordinaires et le demi-
axe polaire de l'ellipsoïde des rayons extraordinaires. L'ellipsoïde est
donc langent à la sphère à l'extrémité de l'axe de révolution. En
outre, comme m est plus petit que 11, la longueur a est plus grande
que b, et l'ellipsoïde est extérieur à la sphère.
Cette propriété géométrique a pour conséquence un caractère
optique remarquable , qui s'aperçoit facilement dans le cas particuliei;
01^ la réfraction s'opère par une face parallèle à l'axe, dans un plan
d'incidence également parallèle à l'axe. — La recherche des deux
rayons dépend alors de la construction suivante , eiïcctuéedansle plan
d'incidence. Autour du point d'incidence I(fîg. /173) on décrit un
cercle de rayon V, un cercle de rayon b et une ellipse dont l'axe égal
380 OPTIQUE THÉORIQUE.
à b est parallèle à l'intersection du plan d'incidence avec la face ré-
fringente, l'axe égal à a étant perpendiculaire à cette intersection.
On prolonge le rayon incident jusqu'à sa rencontre en A avec ie cerde
de rayon V, on mène la tangente AB, et, par le point B, on mené
des tangentes BR et BR' au cercle de rayon 6 et à Tellipse. Il ré-
sulte des propriétés de l'ellipse que les points de contact R et R'
sont sur une même ordonnée QK perpendiculaire à Taxe éf^ a b ^'\
Le rayon extraordinaire IR' est donc plus éloigné de la surface réfirin-
gente et, par conséquent , de l'axe ^ que le rayon ordinaire.
Cette remarque, qui peut se faire également dans le cas où la face
réfringente est perpendiculaire à l'axe, s'interpréterait dans la théo-
rie de rémission en disant que les molécules du rayon extraordinaire
sont soumises à l'action de forces répulsives émanées de l'axe, qui
modifient l'action habituelle des forces réfringentes. — De là la
qualification de répulsive, qu'on a donnée à la double réfraction àa
spath. Cette expression a été conservée, comme faisant image, bien
que les idées sur la cause du phénomène aient totalement changé.
583. FawHice de la liunlère du spaA ûmmm
HsIréfriBseiit. — Pour être en état de prévoir complètement Peffet
du passage de la lumière au travers d'un cristal de spath, il faut en-
core connaître les lois de sa réfraction à l'émergence.
Si le rayon qui se propage à l'intérieur du cristal est un rayon
ordinaire, on applique simplement les lois de Descaites, ou la cons-
truction équivalente.
Si c'est un rayon extraordinaire, on doit, en vertu du principe
<*) Représentons les équations
du cercle et de fellipse par
xVy'=*«
et
CD déduit de la premièrp
et de la seconde
y^^b^-s\
^ ïï 5
b
Les ordonnées de Tellipse et du cercle correspondantes à une même abadsse soot donc
DOUBLE RÉFRACTION. 381
du retour inverse des rayons, chercher la direction du rayon inci-
dent venu de l'extérieur, qui donnerait à l'intérieur du cristal le
rayon extraordinaire qu'on a à considérer. — Soit SI ce rayon ex-
traordinaire (fig. ^7^); prolongeons sa direction jusqu'au point A
oà il rencontre l'ellipsoïde de Huygheos ; menons par ce point un plan
tangent à l'ellipsoïde , qui rencontrera la face réfringente suivant BB'.
Le rayon émergent devra être tel , que si , par le point où il rencontre
la sphère de rayon égal à V, on mène à cette sphère un plan tangent ,
il aille couper la surface réfringente suivant BB'. Il suffira donc de
chercher le point de contact R^ du plan tangent mené par BB' à la
sphère de rayon V ; la droite IR, sera le rayon émergent.
Cette construction n'étant pas toujours possible, si la sphère de
rayon V est , en partie ou en totalité , extérieure à l'ellipsoïde de Huy-
ghens, le rayon extraordinaire peut être réfléchi totalement, aussi
bien que le rayon ordinaire. Mais une conséquence remarquable
résulte de la situation relative de la sphère des rayons ordinaires et
de l'ellipsoide des rayons extraordinaires : c'est qu'il peut se faire que,
sous une incidence donnée, le rayon ordinaire se réfléchisse totale-
ment, tandis que le rayon extraordinaire donne naissance à un rayon
émergent. En efi'et , la droite déterminée par l'intersection du plan
«abn «Um dint UD rapport i»iutant,i%tl i -r- Ilenràullequflà.aprèaavDirioeDéeiiR
(Gg. h'}5) )s droite RB, Ungeate au cercle, on comlrait une nouvelle droite dont le* onloD'
nées aient, avec celle* de HB, ce même rapport eonetant t • celle nouvdie droite, qui
paaten ëridemment par le point B. sera tangente à l'ellipse au point R' eilué Bar le pnf
ImigeaMat de rordmnfe^QB.
382 OPTIQUE THÉORIQUE.
tangent à la sphère de rayon h avec la surface réfringente pent ren*
contrer la sphère de rayon V, tandis que la droite analogue déter-
minée par l'intersection de la face réfringente avec le plan tangent à
un ellipsoïde extérieur à la sphère de rayon b serait tout entière en
dehors de la sphère de rayon V. — On verra plus loin une appli-
cation importante de cette propriété.
5 H à. ]>• rmjômm qui suâveiit la dircefloB die l*ame dans
rintérieuF d'im prisme blréfriiiseiit ne mm dÉvIsent |mmi à
la sortie. — Si le plan tangent qui détermine le rayon ordinaire
touche la sphère de rayon b k l'extrémité de l'axe, il touche aussi
l'ellipsoïde de Huyghens au même point; par conséquent, dans ce
cas , le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire doivent être con-
sidérés comme confondus, ou, en d'autres termes, il n'y a pas double
réfraction. — Semblablement, il est indifférent de considérer comme
ordinaire ou comme extraordinaire un rayon qui se présente à fé-
mergence en suivant la direction de l'axe : l'une et l'autre hypothèse
conduisent au même rayon réfracté.
Il suit de là que si, au travers d'un prisme biréfringent, le rayon
ordinaire suit la direction de l'axe, le rayon extraordinaire la suit éga-
lement, et que la lumière ne se divise pas. — Cette propriété appar-
tient exclusivement à l'axe. Suivant toute autre direction , il peut bien
arriver que le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire provenant
d'un même rayon incident ne soient pas séparés à l'intérieur du
cristal ; mais la construction précédente fait voir qu'ils se sépareront
à l'émergence, à moins que la face de sortie ne soit parallèle à la
face d'entrée.
585. Vision des objets au travers d*uB paraUéUpipède
de spatli. — Lorsqu'on regarde un objet au travers d'un parallé-^
lipipède de spath et qu'on essaye de cacher l'une des deux images
produites, en introduisant lentement une carte entre l'objet et le
parallélipipède, on remarque que l'image qui disparaît la première
est celle qui semble la plus éloignée de la carte.
La raison de cette sorte de paradoxe est facile à apercevoir. —
Supposons, pour plus de simplicité, que le plan normal aux feces
DOUBLE RÉFRACTION. 383
réfringentes, mené par IVil 0 et par l'objet A , soit une section prin-
cipale du rristal MN (fi^. i^S). Soit AI un rayon incident tel, <|ueie
rayon ordinaire lit auijuel II donne naissance sorte du cristal de
façon à passer par le centre optique de l'œil 0: l'image ordinaire
du point A sera reportée en un point B, sur la direction OR pro-
longée. Admettons que l'image extraordinaire soit reportée en un
point B', situé sur la droite OR' qui passe au-dessous de R. Le rayon
incident, dont R'O est le rayon émergent, s'obtiendra, d'après un
principe connu, en menant par A une parallèle AI' à OR'; la direc-
tion du rayon extraordinaire à l'intérieur du cristal s'obtiendra en
joignant l'R'. On voit que cette direction croise celle du rayon ex-
traordinaire, ce qui rend immédiatement compte de l'effet produit
par le mouvement de la carte. — Ce phénomène a été signalé par
586. Exlenslon de* loi* de Hujcheiui nus dlvera cria-
tMiz. — Ij»la de Vrcmicl. — Les lois de Huyghens ne conviennent
pas seulement au spath d'Islande; elles s'appliquent encore, avec
des modifications secondaires, à un grand nombre de cristaux, mais
elles ne sont au fond qu'un cas particulier de lois plus générales,
qui ont été découvertes par Fresnet. — En tenant compte du travail
à la fois théorique et expérimenlat de ce grand physicien, ainsi que
des observations optiques et cristaltographîques de Haûy, de Malus,
384 OPTIQUE THÉORIQUE.
de Biot, de Brewster, on peut résumer les lois de la réfraction dans
la série suivante de propositions :
1*" Tous les fluides, tous les solides non cristallisés, et ceux qui
sont cristallisés dans le système cubique, sont unirifringents; ils réfrac-
tent la lumière conformément aux lois de Descartes (Haûy).
fà"* Tous les cristaux qui sont constitués symétriquement autour
d'un axe cristallographique principal (prisme droit à base carrée,
rhomboèdre, prisme hexagonal et formes dérivées) sont biréfrin-
gents; ils réfractent la lumière conformément aux lois de Huyghens.
En conséquence, on les réunit sous la dénomination commune de
cristatix à un axe (Brewster). — Mais on doit distinguer ces cristaux
en deux catégories, suivant que l'indice ordinaire est plus grand ou
plus petit que l'indice extraordinaire. Dans les premiers, qui ont
pour type le spath, l'ellipsoïde de Huyghens est extérieur à la sphère,
et le rayon extraordinaire tend à s'écarter de Taxe plus que le rayon
ordinaire. Ce sont les cristaux répulsifs ou négatifs. Dans les autres,
qui ont pour type le quartz ou plutôt le zircon ^^\ l'ellipsoïde est in-
térieur à la sphère, et le rayon extraordinaire tend à se rapprocher
de l'axe. Ce sont les cristaux attractifs ou positifs. — Il n'y a d'ail-
leurs aucune liaison entre la forme cristalline et la nature attractive
ou répulsive de la double réfraction.
S"" Tous les autres cristaux (prismes droits à base rectangle, pris-
mes obliques et formes dérivées) sont encore biréfringents; mais ils
réfractent la lumière suivant des lois toutes différentes des lois
de Huyghens. On leur donne le nom de cristaux à deux axes, h cause
d'une propriété qui ne pourra être clairement expliquée qu'à l'occa-
sion de la polarisation chromatique (Brewster).
Dans ces derniers cristaux, il n'y a pas, à proprement parler» de
rayon ordinaire; mais il existe toujours trois plans rectangulaires dans
lesquels Tun des rayons réfractés suit les lois de Descartes, l'autre
rayon demeurant contenu dans le plan normal, et suivant une loi
analogue à celle du rayon extraordinaire dans les cristaux à un axe.
Ces trois plans remarquables reçoivent le nom de sections principales;
dans les cristaux dérivés du prisme droit à base rectangle, ils sont
(0 Les lois de Huyghens éprouvent, dans le quarti, de très-légères perturbatîoas qui
seront indiquées plus loin.
DOUBLE REFRACTION. 383
parallèles aux trois systèmes de faces du prisme. — Si l'on désigne
par a, b, c \es inverses des indices de réfraction qui correspondent
aux trois sections principales, et que l'on construise la surface donl
l'équation rapportée aux plans des trois sections principales est
-y{a^ + b^)z^+aHh^=o,
les axes des x, des y et des z étant respectivement perpendiculaires
aux sections principales où les indices de réfraction sont -» r» -»
on pourra déterminer les deux rayons réfractés par une construction
semblable à celle de Huyghens. On prolongera le rayon incident
jusqu'à sa rencontre avec la sphère dont le rayon est égal à la vi-
tesse de propagation de la lumière dans le milieu extérieur, et l'on
déterminera l'intersection de la face réfringente avec le plan tan-
gent à la sphère mené par ce point de rencontre. On mènera
ensuite, par cette droite, les deux plans tangents à la surface que
définit l'équation précédente : les droites qui joignent le point d'in-
cidence aux deux points de contact seront les directions des deux
rayons réfractés. (Fresnel.)
Yerdet, m. — Cours de pbys. II. tib
POLARISATION.
POLARISATION PAR LES CRISTAUX BIREFRINGENTS.
587. PolarlMitloii des rayons transmis par un
tal biréfringent à un aiLe, sous i'ineidenee normale. —
Définitions* — Pour définir expérimentalemenl la lumière pola-
risée, il sulFil de se reporter à une ancienne observation de Huyghens.
observation qui a été renouvelée par Malus.
On a vu précédemment que, quand on considère les deux fais-
ceaux dans lesquels un cristal biréfringent comme le spath d'Islande
décompose un faisceau lumineux, venu directement du soleil ou
d'une source de lumière artificielle, ou diffusé par les nuées atmos-
phériques, ces deux faisceaux paraissent à Toeil d'une égalité ab-
solue, au moins tant que l'incidence diffère peu de l'incidence nor-
male. — Si, au contraire, les deux faisceaux issus d'une première
double réfraction sont reçus ensuite sur un second cristal biréfrin-
gent, les quatre faisceaux qu'on obtient alors présentent générale-
ment des inégalités d'intensité qui dépendent de la position relative
des deux cristaux. L'inégahté d'intensité peut, dans certains cas par-
ticuliers, aller jusqu'à l'extinction absolue de certains de ces fais-
ceaux : on observe alors qu'il disparaît toujours deux faisceaux à la
fois, sur les quatre faisceaux qu'on obtenait dans le cas général.
Considérons d'abord ce qui arrive au rayon ordinaire sorti du
premier cristal, et supposons qu'il rencontre toutes les faces réfrin-
gentes du premier et du second cristal sous des incidences peu
éloignées de la no^male. — L'expérience montre que le^s deux rayons
auxquels il donne naissance, par son passage dans le second cristal,
éprouvent la série de variations représentée par le tableau suivant,
dans lequel on a désigné par 00' le rayon ordinaire émergent du
second cristal, par OE' le rayon extraordinaire, para l'angle des sec-
tions principales des deux cristaux; on a supposé l'inten^'té du rayon,
avant son passage dans le second cristal, représentée par l'unité.
POLARISATION.
387
INTENSITÉ DB 00'.
a=o 1
«>o <IA;rois8ante
I
2
fit > AS" décroissante
a = go" zëro
a ^ 45".
IKTEBISITÉ DE OE'.
zéro
croissanle
1
2
croissante
1
Malus a fait remarquer que, dans ces diverses positions relatives,
les intensités des rayons émergents paraissent pouvoir être assez
exactement représentées par les formules
00=cos^a,
OF;=sin^a.
Les phénomènes de la polarisation chromatique, qui seront étudiés
plus loin, montrent que ces formules représentent la loi exacte du
phénomène.
Si l'on observe de même les variations d'intensité des deux rayons
dans lesquels le second cristal divise le rayon extraordinaire venu du
premier, on trouvera que les intensités de ces rayons EO' et EE'
prennent successivement les valeurs représentées dans le tableau
suivant :
INTENSITÉ DE EO'. INTENSITÉ DE EE'.
a = o zéro i
a > o croissante décroissante
« = 45"
flt> 45"
ot-^90"
1
2
croissante
1
1
2
décroissante
zéro
On est d'ailleurs conduit à admettre, avec Malus, les formules sui-
vantes comme représentant les intensités de ces deux rayons émer-
gents :
E0'=
EE' =
sin^a.
cos^a.
Le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire transmis par le
premier cristal ont donc une propriété commune. L'un ou l'autre,
a5.
388 OPTIQUE THÉORIQUE.
reçu sur un second cristal biréfringent, se divise en deux rayons
d'intensités variables, et deux positions rectangulaires de la section
principale du second cristal éteignent successivement le rayon
ordinaire et le rayon extraordinaire émergents. — On est convenu
d'appeler rayon polarisé tout rayon doué de cette propriété remar-
quable, et plan de polarisation le plan auquel est parallèle la section
principale du cristal sur lequel on reçoit le rayon polarisé, lorsque
le rayon extraordinaire émergent s'éteint ^^K
Il résulte de ces définitions que, dans l'expérience qui précède,
pour le rayon ordinaire fourni par le premier cristal, le plan de
polarisation est la section principale de ce cristal; pour le rayon
extraordinaire, c'est le plan perpendiculaire h la section principale.
588. PolarlMitioii par les cristaux blréfiptos^iita eo sé-
néral. — Quelle que soit l'incidence sous laquelle s'opère la double
réfraction par les cristaux h un axe, le rayon ordinaire et le rayon
extraordinaire sont toujours polarisés, mais leurs plans de polarisa-
tion n'ont pas, en général, les situations qu'on vient de définir : ce
qui précède ne s'applique rigoureusement qu'au cas où l'incidence
est normale. Seulement, ces deux plans sont toujours à peu pi^
perpendiculaires l'un sur l'autre, et ils approchent d'autant plus de
l'être exactement que la double réfraction est plus faible.
Dans les cristaux à deux axes, où il n'y a plus, en général, de
section principale, les deux rayons sont encore polarisés, et leurs
plans de polarisation sont encore sensiblement à angle droit l'un
avec l'autre.
Enfin , si l'incidence sur le second cristal est notablement diffé-
rente de l'incidence normale, les lois de variation des deux rayons
réfractés s'écartent plus ou moins de la simplicité des lois précé-
dentes, mais il existe toujours deux positions du cristal, à peu près
perpendiculaires Tune à l'autre, pour lesquelles le rayon ordinaire
et le rayon extraordinaire s'éteignent successivement.
^'^ Ces expressions, empruntées au système de IVmission, rappellent que le rayon dt*
lumière auquel elles s'appliquent n^est pas constitué de la même façon par rapport à tom
les plans qu'on peut mener par sa direction, et que ses propriétés dépendent de forienta-
lion d'un certain plan, de même que les actions d*un aimant sur un point eitéri**iir dé-
pendent de Torientation de la ligne des pôiea.
POLARISATION. 389
589. Iiumiére naturelle. — On appelle lumière naturelle la
lumière qui donne toujours dans un cristal biréfringent deux rayons
d'égale intensité, quelle que soit la position de la section principale
de ce cristal.
La lumière du soleil ou des étoiles, la lumière des gaz incandes-
cents, la lumière diffusée par les nuées atmosphériques, jouissent,
comme on l'a dit plus haut, de cette propriété. Elle appartient éga-
lement au faisceau lumineux que l'on compose en réunissant les
deux faisceaux égaux et polarisés à angle droit dans lesquels un
cristal biréfringent a divisé un faisceau naturel; de là résulte que,
indépendamment de toute théorie, il est permis de considérer un
faisceau de lumière naturelle comme équivalent au système de deux
faisceaux d'égale intensité, polarisés dans des plans rectangulaires,
590. Iiumtére partlellemeiit polarisée. — Si l'on super-
pose un faisceau de lumière naturelle à un faisceau de lumière
polarisée, et si on reçoit le faisceau résultant sur un cristal biréfrin-
gent, il se partage en deux faisceaux, d'intensités généralement iné-
gales, mais dont aucun ne se réduit à zéro, pour aucune position du
cristal. Cette propriété caractérise l'état de polarisation partielle, —
Le plan de polarisation partielle est parallèle à la position de la
section principale du cristal qui donne au faisceau ordinaire son in-
tensité maxima, et au faisceau extraordinaire son intensité minima.
On obtient aussi de la lumière partiellement polarisée par la su-
perposition de deux faisceaux polarisés à angle droit, d'intensités
inégales.
591. Analyse d'un ffalseeaii partiellement polarisé 9 au
mojen des eristauiL biréfringents. — Il résulte des définitions
précédentes que l'on peut toujours, à l'aide d'un cristal biréfringent,
déterminer si un faisceau lumineux est naturel, complètement pola-
risé ou partiellement polarisé.
Lorsqu'il s'agit d'un faisceau partiellement polarisé, il suffit de
mesurer l'intensité du faisceau ordinaire et celle du faisceau extra-
ordinaire, dans la position du cristal qui rend la première maxima
et la seconde minima, pour obtenir aisément les proportions de lu-
390 OPTIQUE THÉORIQUE.
mière naturelle et de lumière polarisée qui entrent dans la composi-
tion du faisceau. — En effet, si l'on désigne par a et 6 ces propor-
tions, et si l'on représente par a l'angle de la section principale du
cristal avec le plan de polarisation primitif, dans une orientation
quelconque du cristal , le rayon ordinaire émergent sera formé de la
moitié de la lumière incidente naturelle et d'une fraction de la lu-
mière polarisée exprimée, en vertu de la loi de Malus, par cos^a; son
intensité sera donc
- + 6cos^a.
2
I/intensité du rayon extraordinaire émer^jent sera, de même,
- + 6sin'*a.
Ces deux intensités sont égales entre elles lorsqu'on a, en particulier.
a=^ 65 degrés. — La première est maxima et la seconde miniroa,
lorsque a = o; leurs valeurs se réduisent alors à - + A et à -•
Les opérations qu'on vient d'indiquer constituent VaHaly$e du
rayon lumineux. Le cristal biréfringent qui sert à les effectuer reçoit
le nom de cristal analyseur, — L'expression de cristal polariêeur n'a
pas besoin d'être définie.
592. Prismea biréfriB|(eiit««— Un cristal biréfringent k faces
parallèles ne peut être employé comme analyseur ou comme pela-
riseur qu'à la condition de séparer complètement le faisceau ordi-
naire et le faisceau extraordinaire qui proviennent du faisceau inci-
dent. Or, on trouve rarement des fragments de spath assez épais et
assez purs pour opérer cette séparation d'une manière complète,
lorsque le faisceau incident est un peu large; le quartz « qu'on trouve
plus facilement en cristaux de grandes dimensions, est si peu biré-
fringent que le passage au travers d'une lame à faces parallèles ne
peut séparer que des faisceaux très-déliés; les autres matières cris-
tallines ne conviennent guère mieux pour cette expérience. — De
là la nécessité d'avoir recours aux prismes biréfringents: il suflBt
d'ailleurs de leur donner un angle assez petit, ce qui a l'avantage
POLAKISATION. 391
de permettre d'avoir, pour tous les rayons, des incidences voisines
de l'incidence normale. Mais il est nécessaire d'acbromatiser ces
prismes^, ce que l'on ne peut réaliser à la fois d'une manière
exacte pour le rayon ordinaire et pour le rayon extraordinaire.
593. Prisme de IVleol. — lHodlfleatloii de Foueault. —
On préfère , dans la plupart des cas , à un prisme biréfringent achro-
matisé, l'appareil connu sous le nom de prismcde Nicol. — C'est un
parallélipipède de spath , qui est limité par des faces parallèles aux
faces naturelles, et qui a été scié en deux, suivant un pian perpendi-
culaire à la section principale; on a ensuite réuni les deux moitiés,
en plaçant entre elles une couche mince de baume du Canada.
L'indice de réfraction de cette substance étant intermédiaire entre
rindice ordinaire et l'indice extraordinaire du spath, il peut arriver
que» à partir d'une incidence convenable, les rayons ordinaires se
réfléchissent totalement, les rayons extraordinaires étant librement
transmis. On donne à la coupe faite dans le cristal une direction telle,
que cette condition soit satisfaite pour les rayons qui tombent sur
ses bases sous des incidences voisines de la normale , et l'on noircit
les faces latérales pour éviter les réflexions intérieures. En même
temps, afin de ne pas augmenter inutilement la longueur du paral-
lélipipède, on s'arrange de manière que la coupe passe par les deux
sommets réguliers opposés : les rapports de longueur des arêtes du
parallélipipède sont alors déterminés.
D'après ce qu'on a vu plus haut (583), l'interposition du baume
du Canada entre les deux moitiés du cristal que l'on rapproche
Tune de l'autre n'est pas nécessaire : à la surface d'une lame d'air,
rincidence peut être telle , que le rayon ordinaire se réfléchisse tota-
lement, le rayon extraordinaire étant transmis. Il arrive même que
la valeur de l'angle d'incidence pour laquelle ce phénomène se pro-
duit est moindre quand les rayons arrivent sur une lame d'air que
lorsqu'ils tombent sur une couche de baume du Canada, ce qui
pennet de donner au prisme une longueur moindre par rapport à sa
largeur. — On obtient donc ainsi plus aisément des appareils pro-
pres à polariser de larges faisceaux de lumière naturelle ; mais les
incidences sous lesquelles la réflexion du rayon ordinaire est
392 OPTIQUE THÉORIQUE.
totale sont resserrées entre des limites beaucoup plus étroites que
lorsqu'on conserve la couche interposée de baume du Canada.
Les deux espèces de prismes ne peuvent donc pas, dans toutes les
expériences de polarisation , être indifféremment substituées Tune à
l'autre. — Cette modification intéressante du prisme de Nicol est due
à Léon Foucault.
59â. Propriétés de la tourmaline et deo eristaux ai
losues. — On trouve dans la nature un certain nombre de cristaux
dont la tourmaline est le type, et qui polarisent la lumière comme
un prisme de Nicoi, parce que, sous une épaisseur suffisante, ils
arrêtent totalement l'un des rayons produits par ia double réfraction,
en laissant passer l'autre.
Si, dans une tourmaline un peu fortement colorée en vert ou en
brun , on taille une plaque parallèle à l'axe, ayant une épaisseur
d'un ou deux millimètres , et qu'on la fasse traverser par un faisceau
lumineux qui en couvre toute l'étendue, le faisceau émergent est
polarisé dans un plan perpendiculaire à l'axe et est formé unique-
ment de rayons extraordinaires. — Réciproquement, un faisceau
qui est primitivement polarisé dans un plan parallèle à l'axe de la
tourmaline, et qui, dans le cristal, donne naissance uniquement à
des rayons ordinaires, est entièrement arrêté par cette plaque.
De là résulte que deux plaques semblables, mises à la suite l'une
de l'autre, transmettent en partie ou arrêtent en totalité la lumière
incidente suivant que leurs axes sont parallèles ou croisés à angle
droit. — Un pareil système de deux plaques de tourmaline, mobiles
dans des anneaux placés aux deux extrémités d'une pince métallique,
constitue la pince à tourmaline, dont les minéralogistes font un fré-
quent usage, ainsi qu'il sera expliqué plus loin.
595. Prisme de Roeiioii* — Soient deux prismes rectangles
égaux, ABC, ADC (fig. ^76), taillés dans un cristal de quartz de
façon que l'axe soit, dans l'un, perpendiculaire à la face Afi; dans
l'autre , parallèle aux arêtes réfringentes. Réunissons ces deux prismes
par leurs faces hypoténuses, et faisons tomber sur le premier un
rayon de lumière SH, normalement à la face AB. Comme ce rayon
POLARISATION.
arrive suivant la direction de Taxe, il pénétrera dans le cristal sans
se diviser; mais, en rencontrant te second prisme au point I, il se
partagera en deux autres rayons rjui suivront à l'entrée et à la sortie
les lois de Descartes, puisque l'axe du second prisme est perpendi-
culaire au plan d'Incidence. D'ailleurs, le rayon incident SI, qui se
propage dans le premier prisme suivant l'axe, doit ^tre considéré
comme un rayon ordinaire ayant pour indice de réfraction ». Soit
maintenant m l'indice extraordinaire du quartz; en pénétrant dans le
second prisme, le rayon SI se décomposera en deux autres, savoir :
un rayon ordinaire qui, d'après un principe connu (â07), aura
alors pour indice de réfraction -, c'est-à-dire i'unité, et un rayon
extraordinaire qui aura pour indice de réfraction -> quantité qui.
pour le quartz, est plus grande que l'unité.
On voit donc que le rayon ordinaire fourni par le second prisme
suivra la direction primitive SI, et (|ue, rencontrant normalement la
face CD, il émergera lînalement sans avoir changé de direction. Le
rayon extraordinaire, pénétrant en I, se rapprochera de la normale;
en émergeant en R, il s'écartera de la normale à la face d'émer-
gence; et si l'on désigne par a l'angle BAC ou CAD, par r l'angle du
rayon IR avec la normale à la face AC, et par S l'angle du rayon
émergent RP avec la normale à la face CD, c'est-à-dire avec le
rayon IN, on aura, en remarquant que l'angle a est égal à l'angle
d'incidence au point 1 ,
sin «= -sinr,
sin^=msin (a — r).
39A OPTIQUE THEORIQUE.
Or, pour le quartz , le rapport — de l'indice de réfraction ordinaire
à rindicc de réfraction extraordinaire est très-voisin de l'unité :
les valeurs numériques des quantités m et n sont sensiblement
m= 1,55 et n== i,5&. Dès lors. Faille r diftre très-peu de a. et
la différence a — r esl très-petite; par suite» «10(01— r) peut se rem-
placer par (a — r), et sini par S : alors la seconde équation se
réduit à la relation approchée
Quant à la première, on peut la mettre sous la forme
n sin a = m sin [a — (a — r)J,
ou bien , en développant le sinus de la différence a — (a — r) et se
bornant à la même approximation que plus haut, c*est-à*dire rem-
plaçant cos (a - r) par Tunité et sin (a — r) par a — r.
Il sin a = m sin « — m (a — r) cos a,
ce qui donne
«-r = -^tanga.
En substituant maintenant cette valeur de a - r dans la valeur
de S. il vient
S^ ini — ni tang «,
ou, ce qui revient uu même,
tang S = (m — h) tang a.
On donne au svstème de ces deux prismes le nom de /nrùme Je
RockoH. — Les rayons qui tombent sur un pareil s}stèine« sou>
des incidences peu inclinées, doivent se comporter à très-peu près
comme si leur incidence était normale ' .
'- Au pmiti«r ^bonl, il peut setnbknr i|iie« À fiiKideiio* u'esi pas «uilraienl oonnale.
il doit y a%oir deti\ mom rvfrarW» <Ua» It ptviiw prisiue «4 i|iialr« «iaos le ««vroni.
tiuis. ctumne t^ >«*cliMi»^ imncipaUr» «U« iieu% prwtn*^ mniI retiaii|;iibiiv>, c«» atulrr
POLARISATION.
596. kineMe de ■•cli»ii. — Il résulte de l'i^tude qui pré-
cède que, si l'on place un prisme de Bochon C (fig. It-jj) entre
l'objectif 0 d'une lunette et le foyer principal de cet objectif, un
objet extérieur donnera dans le plan focal deux images, l'une ordi-
naire AgBg, l'autre extraordinaire A«Bg. Kn déplaçant le prisme, on
pourra amener ces deux images à se toucher par leurs bords oppo-
sés. As, By. Si alors on désigne par 1 la grandeur de l'image, par h
sa distance au prisme, on aura, en vertu de la petitesse de l'angle S
et de l'égaillé approximative des longueurs CBo, GB,,
I = Il tang S.
D'ailleurs, en désignant par 0 la grandeur de l'objef , [lar D sa dis-
tance à l'objet-tif et par F la distance focale, on » loujours
,-*
tang^
expression qui pourra servir à déterminer, par une mesure de h,
celle des deux quantités 0 et D qu'on ne connaîtra pas, ou leur
rapport, c'est-à-dire le diamètre apparent de l'objet. Pour cela. Il
suflira que — ^ soit connu une fois pour toutes, et c'est à quoi l'on
parviendra aisément par une observation faite sur un objet de gran-
deur connue, placé à une distance connue.
C'est ainsi qu'on peut déterminer, par une obsenation unique el
rapide, et avec une approximatioii sullisanle, la distance à laquelle
396 OPTIQUE THÉORIQUE.
se trouve un corps de troupes ou une pièce d'artillerie. — On a re-
noncé à se servir du prisme de Rochon dans les observations astro-
nomiques, à cause des irisations dont Timage extraordinaire est
toujours bordée. Quant à l'image ordinaire , il résulte de la marche
des réfractions successives qu'elle est exactement achromatique.
POLARISATION PAR RI^FLEXION ET PAR REFRACTION SIMPLE.
597. Polarisation par réllexioii. — ExpérleiiMa de
malus. — A la suite d'une observation fortuite sur la lumière du
soleil couchant, réfléchie par les vitres des fenêtres d'un édifice
éloigné, Malus a découvert la série des faits suivants :
i"* Sous une incidence convenable, toutes les substances non
métalliques polarisent la lumière qu'elles réfléchissent.
a° Le plan de polarisation de la lumière réfléchie est le plan de
réflexion lui-même.
3° Sous toute autre incidence, la lumière réfléchie est partiel-
lement polarisée dans le plan de réflexion.
!i'' Les métaux, et ceux de leurs composés qui sont doués de
l'éclat métallique, n'impriment à la lumière réfléchie, sous toutes les
incidences, qu'une polarisation partielle, souvent même assez peu
sensible.
598. liOl de Brewster* — Ansle de polarisation* —
Brewster a reconnu que rinctdence sous laqtÂelk la polarisation par ré-
Jlexion est complète a pour tangente Vindice de réfraction de la substance
réJUcliissante.
Il résulte de là que, pour cette incidence, le rayon réfracté qui
pénètre dans la substance et le rayon réfléchi sont perpendiculaires
l'un à l'autre; en effet, lorsque l'angle d'incidence t a la valeur pour
laquelle la polarisation est complète, la loi de Brewster donne
smi
cosi '
d'ailleurs, d'après la loi de Descartes, on a toujours
sin I
- — = n:
smr *
POLARISATION. 397
on a donc, dans ce cas, cost = sinr, c'est-à-dire
;4-r=90°.
Or l'angle formé par le rayon réfléchi avec le rayon réfracté est
égal à(9o"— 1)4-(90"— r) ou bien à iSo**— (t + r); donc, sous l'in-
cidence de la polarisation complète , cet angle est égal à 90 degrés.
On est convenu d'appeler angle de polariMtion le complément de
l'incidence qui polarise complètement la lumière réfléchie, ou l'angle
du rayon incident avec la surface. Si l'on désigne cet angle par A ,
il résulte de la loi de Brewster qu'il est donné, pour chaque subs-
tance en particulier, par la relation
cot k = n
ou bien
langA = ^^-
L'expérience montre que, sous des incidences très-voisines de
zéro ou de 90 degrés, la polarisation partielle de la lumière réflé-
chie est à peine sensible : on en doit conclure que, s'il était possible
d'observer le rayon réfléchi dans une direction rigoureusement nor-
male ou parallèle à la surface, on n'y trouverait aucune trace de
polarisation.
599. Polarisatloii par réirmmiiowk simple. — La réfrac-
tion simple polarise partiellement la lumière, dans un plan perpen-
diculaire au plan d'incidence. — La proportion de lumière polarisée
que contient le faisceau réfracté est nulle sous l'incidence normale,
et croissante avec l'incidence; mais elle ne représente jamais l'inten-
sité entière du faisceau.
L'absence de toute polarisation dans la lumière réfractée sous
l'incidence normale peut être facilement vérifiée par l'expérience,
en employant une lame à faces parallèles.
Quant aux lois de la polarisation partielle, sous diverses inci-
dences, on peut les constater en faisant usage d'une série de prismes
d'angles divers, dans lesquels on fait passer la lumière de manière
que la seconde ou la première réfraction s'opère sous l'incidence
398 OPTIQUE THËORIQUE.
normale (fig. 478), r'pst-ù-dire de manière qup l'une des deux
['/'friid ions n'aif nuruné inllnence. On reconnaît ainsi que la réfrac-
tion agit dp la même manière, quel que soil l'ordre dans lequel les
deux milieux ri^friiigents sont placés l'un par rapport à l'autre.
600. Polarlmtlsn par r«a«Llsii Intérieure. — Si l'on fait
tomber un rayoji lumineux normalement sur l'une des faces AB d'un
prisme isocèle (fig. ^79)1 le
rayon réfléchi sur la base BG du
prisme traversera encore nor^
malement la face d'émergence
AC ; on pourra donc, par cette
disposition, étudier l'efl'et pro-
duit par la réfleiioo intérieure
au point D, sana avoir à crain-
dre que cet eiïet soit troublé par
les deux réfractions successives.
— C'est par des observations de ce genre que Malus a obtenu les
résultats suivants :
r La réflexion intérieure, comme la réflexion extérieure, pola-
rise en général partiellement la lumière, e( le plan de polarisation
est le plan d'incidence.
q" La polarisation est nulle sous l'incidence normale et sous les
incidences pour lesquelles la réflexion est totale.
3° La polarisation est complète sous une incidence R, qui est
liée avec l'incidence 1, sous laquelle la polarisation serait complète
POLARISATION. 39y
(latiii le ras de la péllexion extérieure, par la relation
sin I = nsin R.
Cette dernière loi est une consé(|uence immédiate de la loi dp
Brewsler (598). En elTet, si la loi convient également à la réflexion
intérieure e( à la réflexion extérieure, on aura, pour la réflexion
intérieure,
tangl = (i;
on a d'ailleurs, pour \n réflexion exlérieurc,
I.TngR=^-'
rp (|ui donne
tangl tangR= i.
f'est-à-dire
I + R-go-:
enlin . en remplaça
ni ros 1 par sin R , dans la relation
sini
cosl~"'
Il en résulte que, si l'on taille, sur le bord d'une lame épaisse à
lares parallèles ABCD (fig. '180), une face AC inriinée de façon
qu'elle soit normale au rayon RN qui aura pénétré en 1 sous l'angle
de polarisation et qui se sera réfléchi en R .sur la seconde surfare,
ce rayon RN sera entièrement polarisé dans lo plan d'incidence.
400 OPTIOUB THÉORIQUE.
601. Réflemtoii et réfraction de la Imniére
— Lh lijiiii(!n* |)olariH/*e ne diffère pas seulement de la lumière na-
turidle par In manière dont elle se partage entre le faisceau ordi-
naire et le faisceau extraordinaire, lorsqu'elle traverse un cristal bi-
r/^fringent. Lors(|u'eile rencontre la surface de séparation de deui
milieux uniréfringcnts, elle se partage entre le faisceau réfléchi et
le faisceau réfracté dans une proportion qui dépend de la sitoatioD
relative du plan d'incidence et du plan de polarisation primitif. —
Les observations de Malus ont conduit aux résultats suivants :
i" Sous une incidence quelconque, la proportion de lumière*
réflécbie est niaxinia lorsque le plan de polarisation est parallèle auL
plan d'incidence ; elle est minima lorsqu'il lui est perpendiculaire =.
elle décrott régulièrement entre le maximum et le minimum.
!i" Sous l'incidence de la polarisation complète, la proportion d&
lumière réfléchie est nulle lorsque le plan de polarisation est per-
pendiculaire au plan d'incidence; en général, sous cette incidence.
si et est l'angle que ces deux plans font l'un avec l'autre, la propor^
tion de lumière réfléchie varie comme les valeurs de cos^a.
y Lu prt)portion do lumière réfractée est toujours complément
laire de la prt)portion de lumière réfléchie; par conséquent, elle est
minima quand la lumière réfléchie est maxima, et réciproquement,
mais le minimum d'intensité de la lumière réfractée est toujours
très-différent de léro. On constate en effet que, quelle que soit Fin-
cidence et quel que soit le plan de polarisation primitif, aussi long-
temps qu*un rayon réfracté est possible en vertu de la loi de Des-
cartes « le faisceau n^fl<^hi n*e$t qu*ane fraction du faisceau incident.
Relativement aux m^ies phénomènes, on doit en outre k Fresnel
d'avoir signalé tes faits suivants :
I * l«a lumière primitivement polarisée demeure polarisée après la
réflexion ou la n^fradion. pouna que la réfleiioii se soit pas totale.
«^ Le plan de {H^larisation de la lumière réfléchie on réfractée
>e c\inf\%nd a\ec le plan de |Mi>lari$ation primitif, lorsque celui-ri e4
l^rallèle ou {H^r^H^ndioulairv au plan dTincidence.
S^ Oans tout autrv ca:^, le plan de polarisation de la luniènr
n^fl^^hie tend ^ se ra|«(mKHer du plan «Tincklence: le pbu de piJa-
POLARISATION. 401
risation de la lumière réfractée tend à se rapprocher d'un plan
perpendiculaire au plan d'incidence ^'^
Â* La réflexion totale ne modifie pas les propriétés de la lumière
polarisée incidente, lorsque le pian de polarisation est parallèle ou
perpendiculaire au plan d'incidence; mais, dans tout autre cas, elle
lui communique les propriétés de la lumière partiellement polarisée,
ou même de la lumière naturelle.
Enfin, Brewster a observé que les métaux impriment à la lumière
polarisée qui vient se réfléchir à leur surface des modifications ana-
logues aux modifications qui résultent de la réflexion totale.
$02. P^lariseurs et anmljAciirs fondés mr la réflemiaM
•H mr to réfractiaii slBiple. — Il résulte des propriétés pré-
cédentes qu'une glace noire recevant les rayons sous l'angle de
polarisation peut servir Ôl analyseur pour la lumière polarisée, au
même titre qu'un prisme biréfringent achromatique pour les rayons
ordinaires, puisque les variations d'intensité du rayon réfléchi,
lorsque la lumière incidente est polarisée, se font suivant les mêmes
lois que les variations d'intensité du rayon ordinaire réfracté par un
prisme biréfringent dont la section principale serait parallèle au
plan de réflexion. Seulement, la lumière réfléchie, alors même
qu'elle atteint le maximum d'intensité, n'est toujours qu'une fraction
assez faible de la lumière incidente; il en résulte que la sensibilité
d'un analyseur fondé sur la réflexion est inférieure à celle d'un
prisme biréfringent ou d'un prisme de Nicol. Elle est généralement
supérieure à celle d'une tounnaline ^^l
La réfraction, au contraire, ne détermine jamais l'extinction com-
plète de la lumière, mais seulement des variations d'intensité assez
peu marquées ; dès lors , il paraît diflicile de faire servir ce phéno-
^') 11 est à peine utile de faire remarquer que, dans la réflexion sous Tincidence de la
polaristtion complète, le rapprochement du plan de polarisation et du plan d'inddence
arrive an parallélisme.
^) L*usage d^une glace noire comme analyseur a encore Tinconvénient d*offnr à Tob-
servaleur un rayon réfléchi dont la direction varie sans cesse à mesure qu'on fait tourner
le plan de réflexion. On y remédie en faisant réfléchir deux fois la lumière par des miroirs
parallèles, et , afin de ne perdre que le moins possible de lumière par la seconde réflexion ,
00 prend pour miroir auxiliaire une glace étamée ou un miroir métallique.
ViaftgT, IIL — Cours de phys. II. s 6
402 OPTIQUE THÉORIQUE.
mèoe h l'analyse de la lainière polarisée. Cependant, en maltîplianl
le nombre des réfractions, on est panrenu à construire des appareik
qui peuvent, dans certains cas, être utilement employés comme
polariseurs ou comme analyseurs. — Si Ton fait tomber un faisceau
de lumière naturelle sur une série de glaces à faces parallèles, on
peut aisément prévoir ce qui arrivera, en considérant, au lieu do
faisceau incident, le système écrivaient de deux faisceaux égaux
polarisés à ang^e droit, Tnn dans le plan de réfraction, l'autre dans
le plan perpendiculaire. L'intensité de chacun de ces faisceaux di-
minuera dans un rapport constant àchacpie réfraction; mais, d'après
ce qu'on vient de voir, ce rapport sera plus grand pour le faisceau
polarisé dans le plan d'incidence que pour le faisceau polarisé dans
le plan perpendiculaire. 11 pourra donc arriver, si le nombre des
réfractions est suffisant , que l'intensité du premier faisceau soit ré-
duite à une valeur inappréciable, celle du second demeurant
encore très-sensible. La fnle de glaces aura ainsi polarisé à peu près
complètement la lumière, dans un plan perpendiculaire au plan
d'incidence. — Le nombre.de glaces nécessaire pour obtenir ce
résultat sera minimum et l'intensité du faisceau polarisé transmis
sera maxima, si l'incidence est ceUe de la polarisation complète.
On sait en effet que, dans ce cas, le faisceau polarisé dans un pian
perpendiculaire au plan d'incidence n'éprouve aucun affaiblissement
par la réfraction, puisqu'il ne donne naissance à aucun rayon ré-
fléchi. L'intensité de la lumière transmise et polarisée par la pile
doit donc être estimée à la moitié de l'intensité de la lumière inci-
dente, si l'on fait abstraction des effets de la diffusion et de l'ab-
sorption.
Les mêmes principes expliquent comment une pile de glaces peut
servir d^analyseur, puisque Fintensité de la lumière transmise peut
y être insensible lorsque le plan de polarisation est le plan d'inci-
dence, et égale à celle de la lumière incidente lorsque le plan de
polarisation est perpendiculaire au plan d'incidence et que la lu-
mière tombe sous l'incidence de la polarisation complète.
Les piles de glaces offrent de grands avantages lorsqu'il s'agit de
polariser ou d'analyser un faisceau de lumière large, sans en changer
la direction. Malheureusement, les effets perturbateurs de la diffusion .
POLARISATION. 403
aux diverses surfaces réfringentes, sont ordinairement si grands, que
les appareils de ce genre ne conviennent pas aux expériences précises.
Fresnel n'a obtenu de bons résultats qu'en substituant aux lames
de verre des lames cristallines obtenues par clivage, assez minces
pour n'absorber qu'une faible proportion de lumière, et possédant,
en vertu de l'opération du clivage, un poli naturel incomparable-
ment supérieur à tout poli artificiel.
INTERFÉRENCES DE LA LUMIERE POLARISEE.
603. Deux rmjmwÈm polarlités daiM des plaiM rectansu-
lAlres ne peuvent Interférer. — Expérlenees de Fresnel et
Arago. — Dans un travail exécuté en commun , Fresnel et Arago
ont démontré, par les procédés les plus variés, que deux rayons lu-
mineux polarisés dans des plans rectangulaires ne peuvent interférer,
c'est-à-dire que la combinaison de ces deux rayons a une intensité
lumineuse qui est indépendante de leur différence de marche. —
On rapportera seulement ici deux de leurs expériences.
Première expérience. — La lumière émanée d'une source de
très-petites dimensions étant reçue sur deux fentes étroites et voi-
sines, on place derrière les deux fentes deux piles de lames de mica
(602), qu'on a obtenues en sciant par le milieu une pile unique, et
qui offrent ainsi rigoureusement la même épaisseur. On les incline
sur la lumière incidente, de manière que cette lomière les rencontre
sous l'angle de polarisation, et, en les faisant tourner, on donne
successivement aux deux plans d'incidence diverses positions.
Si les deux plans d^incidence sont parallèles entre eux , les plans
de polarisation des deux faisceaux émergents sont également paral-
lèles : on distingue alors des franges d'interférence, aussi nettement
accusées et occupant les mêmes positions que si les deux piles
n'existaient pas. — Si les deux plans de polarisation sont à angle
droit, les franges d'interférence disparaissent complètement.
Deuxième expérience. — Derrière les deux fentes employées dans
l'expérience qui précède on place une lame cristallisée biréfrin-
96.
AOÛ OPTIQUE THÉORIQUE.
gente, de faible épaisseur, une lame de gypse par exemple. En péné-
trant dans cette lame, chacun des faisceaux interférents se décompose
en deux ; par conséquent, si les rayons polarisés à angle droit avaient
la propriété d'interférer, on devrait observer les systèmes de franges
suivants :
t* Un système résultant de l'interférence des deux faisceaux or-
dinaires : ce système ne différerait pas sensiblement de celui qu'on
observe en l'absence de la lame cristallisée, parce que les rayons
ordinaires venant des deux ouvertures parcourent dans la lame des
chemins égaux avec des vitesses égales;
2" Un système résultant de l'interférence des deux faisceaux ex-
traordinaires : ce système devrait, en raison de l'égalité des chemins
parcourus et des vitesses de propagation , se superposer exactement
au précédent;
3"" Un système résultant de l'interférence des rayons ordinaires
de l'une des ouvertures avec les rayons extraordinaires de i'aotre :
comme ces deux groupes de rayons parcourent dans ia iame des
chemins inégaux avec des vitesses inégales , ils n'apportent pas des
vitesses de vibration concordantes ail milieu de l'ombre géométrique
de l'intervalle des deux ouvertures , en sorte que la firange centrale
qui leur correspond devrait être déplacée du côté des rayons qui ont
mis le plus de temps à traverser la lame cristallisée;
II"* Un système résultant de l'interférence des rayons extraordi-
naires de la première ouverture avec les rayons ordinaires de la
seconde : ce système devrait évidenunent occuper une position sy-
métrique du précédent, par rapport au milieu de l'ombre géom«^-
trique de l'intervalle des deux ouvertures.
Or l'expérience ne montre que le système unique formé par la
superposition des systèmes centraux (1* et a*), et n'accuse aucune
trace de l'existence des systèmes latéraux (3* et &*). Au contraire, si
l'on coupe en deux la lame biréfringente, et si l'on fait tourner dt
90 degrés l'une de ses moitiés, de façon que les rayons de wuèait
espèce, issus des deux ouvertures, soient polarisés à angle droit, et
que les rayons d'espèces différentes soient polarisés dans le même
plan, le système centrai disparaît, et les deux systèmes latéraux
de%i'ennent visibles.
POLARISATION. 405
60 A. CoiMiéqueiiceM des expériences i|iii préeèdent. -r-
Prlnelpe des iribrafions transversales. — Le principe établi
par les expériences qui précèdent, principe qui est l'énoncé de la
propriété fondamentale de la lumière polarisée, serait inconcevable
si les vibrations des ondes lumineuses étaient longitudinales, comme
celles des ondes sonores. Les vitesses vibratoires de deux rayons peu
inclinés Tun sur l'autre se trouveraient alors toujours sensiblement
parallèles, et, suivant qu'elles seraient dirigées dans le même sens
ou en sens contraire, elles devraient se détruire ou se fortifier réci-
proquement.
Au contraire, cette constance de l'intensité résultant du concours
de deux rayons polarisés à angle droit s'explique sans difficulté, en
admettant que les vibrations de la lumière polarisée sont des vibra-
tions rectilignes, dirigées de façon que, lorsque les plans de polari-
sation de deux rayons concourants sont perpendiculaires entre eux,
les directions des vibrations le soient également. — En effet, repré-
sentons deux vitesses de vibration, dirigées suivant deux droites 'rec-
tangulaires, par les deux expressions
M = flsin27r (f ~~r)'
v = b s\nfiTr(j — ^j;
la résultante V de ces deux vitesses sera déterminée, à chaque ins-
tant, par l'équation
Or on devra regarder l'intensité de la lumière comme proportion-
nelle à la somme des valeurs successives de V^ pendant l'unité de
temps , c'est-à-dire à l'expression
dans laquelle! désigne la durée d'une vibration; car il est mani-
feste que tous les effets de la lumière en un point donné ne peuvent
être que l'équivalent mécanique de la somme des forces vives qui ,
^06 OPTIQUE THÉORIQUE.
pn un temps donné , sont successivement développées en ce point par
les rayons qui y concourent. Mais on a
i i -vos'4v(^.-{) l I - cos 4ir ( = - f J
. = a^ ^-^—^ dt+l^ I ^î-^ M
fl"-+- ^" rr.
'J
el par suite
4. r V*'rf/==
rt ■ -h 6"
Cette expression étant indépendante de ^ et de;^» l'intensité résul-
tante est toujours la même, quelle que soit la diiïérence de phase
des deux vibrations rectangulaires.
Donc il suffit, pour se rendre compte des expériences de Fresnel
et Arago, d'admettre que, dans un rayon polarisé, les vibrations
sont rectilignes, perpendiculaires au rayon, et inclinées d'un angle
constant sur le plan de polarisation. D'autre part, cet angle cons-
tant ne peut être que nul ou égal à 90 degrés, car la symétrie ab-
solue des propriétés d'un rayon polarisé, par rapport à son plan de
polarisation . exige que ses vibrations soient symétriques par rapport
à ce même plan. De là l'important théorème physique qui est connu
sous le nom de principe des vibratioM transversales -
Dans la lumière polarisée, les vibrations sont perpendiculaires aux rayon*
lumineux y et parallèles ou perpendiculaires au plan de polarisaiian.
Il en résulte immédiatement que, dans la lumière naturelle, le^
vibrations sont pareillement transversales, puisqu'on reproduit un
faisceau naturel en superposant les deux faisceaux, égaux et polarisés
à angle droit, dans lesquels un faisceau naturel a été décomposé par
un cristal biréfringent.
Aucune expérience ni aucune théorie n'a résolu jusqu'ici, avec
une certitude parfaite, la question de savoir si les vibrations de
POLARISATION. 407
la lumière polarisée sont parallèles ou perpendiculaires au plan de
polarisation. On admettra dans ce Cours, avec Fresnel , quelles sont
perpendiculaires à ce plan; mais les explications qu'on donnera
de divers phénomènes seront, en réalité, indépendantes de cette
hypothèse.
CAUSES MÉCANIQUES DE LA DOUBLE REFRACTION.
605. Constlfutlon de réther. — La direction transversale
des vibrations lumineuses, et l'absence de tout phénomène quon
puisse raisonnablement attribuer aux vibrations longitudinales de
l'éther, indiquent dans ce milieu une constitution toute spéciale :
c'est, pour ainsi dire, l'opposé de la constitution des fluides.
Dans les fluides, la pression étant toujours normale à l'élément
sur lequel elle s'exerce, il n'y a de résistance qu'au rapprochement
ou à l'éloignement réciproque des couches moléaulaires successives,
mais il n'y a aucune résistance à leur glissement relatif; de là
l'existence exclusive des vibrations longitudinales. — Dans les solides,
la résistance au rapprochement ou à l'éloignement est du même
ordre de grandeur que la résistance au glissement. — Dans l'éther,
il semble que la résistance au glissement existe seule, puisque les
vibrations transversales paraissent seules susceptibles de s'y propa-
ger. L'éther est, en quelque sorte, le terme extrême d'une série
qui commencerait aux fluides et qui aurait les divers corps solides
pour termes intermédiaires ^^K
Dans le vide et dans les milieux isotropes, l'éther est constitué
d'une manière uniforme en tous sens, autour d'un point quelconqaç,
en sorte que les forces élastiques auxquelles est due ia propagatiojn
des mouvements vibratoires ne dépendent, ni de la direction des
t^) Il serait peut-être difficile de concevoir un miliea où des changements arbitraires de
densité pourraient se produire sans rencontrer aucune résistance. Mais il n*y a rien de
contradictoire â supposer que ia réôstance aux changements de densité est.très^tileiar
rapport à la résistance au glissement, et qu*eile peut être në^gée lorsque Vita consid^
des vibrations de très-petite amplitude. Au reste, il n*eiiste probablement pas non plus de
fluides parfaits; mais, dans Tétude des vibrations de très-petite amplitude, on peut con-
sidérer comme tels tous les milieux pour lesquels la composante tangentiellede la pression
supportée par un élément est très-petite par rapport à la composante normale.
A08 OPTIQUE THÉORIQUE.
rayons lumineux , ni de la direction des vibrations. Les ondes énao^
d'un centre de vibration sont alocs sphëriques, et leurs vibrations
s'eiécutent parallèlement à leur surface, mais suivant des directints
indéterminées. — On a vu comment la forme sphérique des ondes
avait pour conséquence la loi de Descartes; l'indétermioalion de la
direction des vibrations permet à des rayons polarisés d'une manière
quelconque de se propager également bien dans tous les sens.
On doit donc présumer que les propriétés caractéristiques des mi>
lieux biréjringenu tiennent h quelque inégalité des forces élastiques
qui peuvent y être développées par les déplacements molécalaires
de directions diverses. On doit présumer, par exemple, que si l'on
pouvait imprimer à un milieu isotrope une modïlicatioD telle que la
résistance au glissement relatif de deux tranches consécutives d'étber
ne râ( plus indépendante de la direction de ces tranches, on trans-
formerait ce milieu en un milieu biréfringent. — Celte conjecture
a été confirmée par l'expérience suivante, qui est due à Fresnel.
606. Expéi^ence *• Fresnel mmr to pr«prlé«é htrltktm-
s«n«e 4m verre cmnprlmé. — Presne) , dans la remarquable ex-
périence qu'il nous reste i indiquer, a montré qu'en réalisant, dans
une substance isotrope comme le verre, nne modification du genre
de celles qui viennent d'être indiquées, on transforme cette subs-
tance, qui était d'abord uniréfringentc , en un corps doué de la
double réfraction.
Soit un pri-smc de vern' ABC {fig. 48i) ayant pour base un
riangle équilatéral. Si l'on exerce sur les deux bases de ce prisme,
perpendiculairement au plan de
la figure, une compression éner-
gique, on déterminera le rap-
procberaent des molécules du
verre parallèlement aux arêtes,
et leur écartement suivant toute
direction rectangulaire. Celte mo-
rif. it<. dificalion profonde de l'étal du
milieu pondérable aura nécessairement pour cooséqaencr quelque
modification du même genre dans Tëlat de l'éther : des vibration»
POLARISATION. 409
parallèles à la compression ne donneront plus naissance aux mêmes
forces élastiques que des vibrations perpendiculaires. Il est donc à
croire que le prisme de verre sera devenu biréfringent; et même,
comme tout est évidemment symétrique autour de la direction de la
compression, il est probable qu'il aura acquis des propriétés analogues
& celles d'un cristal à un axe : un rayon incident, compris dans un
plan perpendiculaire aux arêtes du prisme , devra donc s'y divit^er
en deui rayons polarisés à angle droit, qui suivront tous les deux
la loi de Descartes, mais avec des indices de réfraction différents. —
Mais, si la double réfraction est très-petite, l'effet en pourrait être
entièrement masqué par celui de la dispersion : pour constater la
double réfractiop , il sera alors nécessaire d'achromatiser le prisme
comprimé, au moyen de deux prismes ABD, ACE, formés de la
même substance et ayant un angle réfringent de 3o degrés, disposés
comme l'indique la figure ^8 1 . Le rayon incident étant normal à la
face d'entrée, les deux rayons émergents sont presque normaux à ta
face de sortie et ne présentent aucune dispersion appréciable.
En réunissant plusieurs systèmes de ce genre, et employant pour
produire l'achromatisme, au lieu de deux prismes de 3o degrés en
contact l'un avec l'autre, un seul prisme de 60 degrés, on obtient
l'appareil dont Fresnel s'est servi (fig. iSa). Cet appareil est formé
de quatre prismes égaux , à base de triangle équilatéral , P,, P.^, P3, P^,
placés k la suite les uns des autres ; dans les intervalles de ces prismes
se trouvent trois prismes pareils Qi, Qj, Qj, dont les arêtes sont
an peu moins longues; enftn, aux extrémités, deux prismes ^1, q^,
présentant des angles de 3o degrés et ayant leurs arêtes de même
longueur que celles des prismes Qi, Qj, Q3. Si le système entier est
soumis à l'action d'une presse, parallèlement aux arêtes des prismes,
la compression ne se fait sentir que sur les bases des quatre prismes
410 OPTIQUE THÉORIQUE.
qui dépassent un peu le niveau des autres. Ces prismes deviennent
alors biréfringents; les autres contribuent simplement a l'achroma-
tisme des rayons réfractés : en regardant au travers du système, on
aperçoit une double image d'un objet très-délié, tel que l'extrémité
d'une fine aiguille. Bien que la double réfraction soit répétée quatre
fois, on n'aperçoit que deux images, à cause du parallélisme de toutes
les sections principales.
607. ConeliuiloiMi sénérales «•ncemaiit 1» tliéorle dies
phénomènes lumineux. — H existe donc réellement une liaison
nécessaire entre la double réfraction et l'inégalité des forces élas-,
tiques développées par des déplacements de directions diverses. Pour
déduire de ce principe une théorie complète de la double réfraction,
on devra d'abord étudier, d'une manière tout à fait générale, la
propagation du mouvement vibratoire dans un milieu où, autour
d'un point donné, l'élasticité varie suivant une loi quelconque. Les
lois de cette propagation étant connues, on en conclura, par des
raisonnements analogues à ceux qu'on fait dans le cas des milieux
isotropes, les lois de la réfraction du mouvement au passage d'un
milieu dans un autre.
Si, par des hypothèses [larticulières et conformes aux principes
de la mécanique, on parvient à réduire ces lois à la loi générale que
Fresnel a déduite d'une théorie imparfaite, mais qu'on peut re-
garder comme la loi de la nature, en raison de la vérification cons-
tante de SCS conséquences les plus minutieuses, on aura trouvé une
constitution de l'éther qui peut être sa constitution véritable. —
Si enfin on démontre que le système d'hypothèses par kquel relie
réduction aura été opérée est seul admissible, ou bien si, par l'étude
d'autres |)hénomènes, on arrive à faire un choix entre des hypo-
thèses qui semblent également légitimes tant qu'on ne considère
que les phénomènes de la double réfraction, l'établissement d'une
théorie rigoureuse sera achevé.
La science ne s'est pas encore élevée à ce degré de perfection.
Elle ne possède jusqu'ici que des théories qui peuvent expliquer les
phénomènes , mais dont aucune n'a encore le droit d'être regardtn;
comme l'expression absolue et unique de la réalité. Ces diverses
POLARISATION. 411
théories ne se prêtant pas d'ailleurs à un exposé élémenlaire, on se
bornera ici à ces indications sommaires. — On n'essayera même pas
de donner une idée des essais théoriques de Fresnel. L'exposition
qu'on en pourrait faire serait aussi utile qu'intéressante, si, tout en
montrant les imperfections qui se trouvent en plusieurs points des
raisonnements de Fresnel, on faisait ressortir la nouveauté et la
fécondité des aperçus qui font du Mémoire sur la double réfraction
une des œuvres capitales de la science moderne; mais un tel dévelop-
pement excéderait les limites nécessaires de ce Cours.
POLARISATION CHROMATIQUE.
608. F*rMMles retaMlTC* mh «mu rayaB* f«TMl« pw'
WJB vftyoB luHBlneiix priMiltlvcHaent pslartaè, tma^iMa «■
tr»Teni d'iu ertotal blréfrlHcvat. — Supposons qu'un rayon
lumineux polarisé tombe normalement sur un cristal bir^liiDgenl
ayant uneépais»>ur (lélerminde,et que la section principale du cristal
fasse un angle i avec te plan de polarisation primitif. Décomposons
chacune des vibrations incidentes «n
deux autres vibrations, dont l'une
sera polarisée dans la section prin-
cipale, et l'autre dans le plan per-
pendiculaire. En vertu du principe
(le la superposition des petits mou-
vements , la combinaison des effets
des deux systèmes ainsi obtenus sera
identicfue à l'effet des vibrations
" réelles. Admettons que, dans les
vibrations réelles, le déplacement d'une molécule d'éther suivant une
droite OM (frg. ^83) per|)endiculaire au plan de polarisation soit
représenté, au point d'incidence, par la formule
p^lt cos aw j ■
Le déplacement d'une molécule, dans les vibrations qui s'eséculenl
suivant la droite 0\ perpendiculaire à ta section principale du cris-
tal, c'esl-à-dire dans les vibrations dont le plan de polarisation
n'est autre que celui de celle section principale elle-même, aura
pour expression
(i) 5=/icosicvs-jir^-
De niènii', 1<< {lé|daremenl d'une molécule, dans les ubralions ijiit
s'exécutent suivant la droite 0\ , c'est-à-dire dans les vibrations dont
POLARISATION CHROMATIQUE. M3
le plan de polarisation est perpendiculaire à la section principale ,
aura pour expression
(9) fj = h sin t cos îin ^ •
Or, en vertu d'une loi connue, les vibrations polarisées dans la sec-
tion principale ne donnent naissance qu'à un rayon ordinaire, et les
vibrations polarisées perpendiculairement à cette section ne donnent
naissance qu'à un rayon extraordinaire ^^K Le rayon ordinaire sera
dçnc, à cause de la réflexion d'une partie de la lumière incidente,
une fraction déterminée du rayon représenté par la formule (1); de
même, le rayon extraordinaire sera une fraction du rayon représenté
par la formule (9). A moins que le cristal ne soit très-fortement bi-
réfringent, on peut regarder la perte de lumière par réflexion comme
sensiblement la même pour les deux rayons ^^^; les amplitudes de
vibration du rayon ordinaire et du rayon extraordinaire seront donc
respectivement proportionnelles à A cos t et à Asint; par suite, leurs
intensités seront proportionnelles à cos^ t et h sin^ t. — Les formules
de Malus se trouvent ainsi justifiées.
609. ComMBaUi^ii des deux rmj^nmj lorsque le erletel
Mréipiuffeiit eet une lame mlnee à faees parallèles. — Si
le cristal biréfringent se réduit à une lame mince, h faces parallèles,
la séparation des rayons ordinaires et des rayons extraordinaires
(*) Dans le cas où la face d'incidence est parallèle à Taxe, la raison mécanique de ce
fait d^eipérience est évidente. Les plans de polarisation des deux rayons dans lesquels on
a déccmipoflé le rayon incident sont alors, par rapport au cristal, des plans de symétrie,
et il n*y a pas de raison pour que des vibrations parallèles ou perpendiculaires à ces plans
éprouvent un changement de direction en se communiquant à Téther contenu dans le
cristal.
^) La manière dont la lumière se partage entre le rayon réfléchi et le rayon réfracté
dépend de la densité relative des couches d'éther adjacentes à la surface réfringente , et
des forces élastiques développées par Tébranlement de ces couches , c'est-à-dire précisé-
ment des circonstances qui déterminent la vitesse de propagation des ondes. On conçoit
donc que, dans un cristal où la double réfraction est faible, il soit à peu près indiflërent,
poar rintensité de la réflexion, que Ponde réfractée soit ordinaire ou extraordinaire. Il
peut en être autrement dans un cristal très-fortement biréfringent : des expériences déli-
cates ont eflectivement montré que, pour ce genre de cristaux, les formules de Malus ne
sent pes rigoureusement vraies.
à\à OPTIQUE THÉORIQUE.
n'étant pas sensible, le mouvement d*une molécule «Tëlher, placée
sur le trajet de la lumière émergente, est le mouvement résultant
(le la combinaison des deux vibrations rectangulaires que produirait
séparément chacun de ces rayons, s'il existait seul. Mais, en vertu
de l'inégalité des chemins parcourus et de l'inégalité des vitesses,
le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire traversent la lame en
des temps différents; si l'on représente par 0 la différence de ces
durées de propagation, et qu'on exprime toujours, au point d'émer-
gence, les vibrations ordinaires par
Ç=/*C0StC0SQ7rns^
les vibrations extraordinaires devront être exprimées, au même
point, par
n==n sm i cos a w -rp- •
La combinaison de ces deux mouvements donnera naissance,
ainsi qu'on Ta démontré en acoustique (375), à des vibrations qui
sont généralement elliptiques.
Ces vibrations deviendront rectilignes si Ton a
* -4-
COS97rr-p = ± 1.
Elles deviendront circulaires si l'on a a la fois
6 . ...
cos«i7rrp=o et cosi = smi.
En appelant S le chemin parcouru par la lumière dans l'air, eu
un temps égal à 0, on a
S 0
et, en substituant cette valeur dans l'équation des vibrations extraor-
dinaires, on la met sous la forme
)? = /i sin I cos fiit f r-jn — y] »
ce qui permet de considérer les deux rayons comme ayant, l'un par
POLARISATION CHROMATIQUE. 415
rapport h l'autre, une différence de marche égale à S ^^K En ayant
égard à cette convention , les résultats de la combinaison du rayon
ordinaire avec le rayon extraordinaire s'énoncent de la manière sui-
vante :
1** Toutes les fois que la lame cristalline établit entre les deux
rayons une différence de marche d'un nombre entier de demi-lon-
gueurs d'onde, la lumière émergente est polarisée dans le plan
primitif ou dans un plan symétrique par rapport à la section prin-
cipale.
9* Toutes les fois que la lame cristalline établit entre les deux
rayons une différence de marche d'un nombre impair de quarts de
longueur d'onde, et qu'en même temps l'angle t du plan primitif de
polarisation avec la lumière incidente est égal à 45 degrés, les vi-
brations de la lumière émergente sont circulaires.
3" Dans tout autre cas, les vibrations émergentes sont ellip-
tiques ^^\
610. Caraetéres de la lumière palarlsée eireulaire-
ineiit. — Des vibrations circulaires ne sont orientées par rapport
à aucun plan, et, de quelque manière qu'on choisisse deux plans
rectangulaires menés par la direction du rayon, les projections de
ces vibrations sur les deux plans sont égales. — En appliquant aux
vibrations circulaires le raisonnement qu'on a fait plus haut sur la
décomposition des vibrations reclilignes, on trouvera donc qu'elles
doivent donner, dans un cristal biréfringent, deux images égales,
quelle que soit l'orientation de la section principale dans l'espace.
C'est ce que l'expérience confirme : la lumière polarisée circulairement
se confond , sous ce rapport , avec la lumière naturelle.
D autre part, la lumière polarisée circulairement se distingue de
la lumière naturelle par un caractère essentiel. Puisqu'elle résulte
de la combinaison de deux rayons polarisés à angle droit, dont
la différence de marche est d'un nombre impair de quarts de lon-
^'^ Pour la gënéralitë des laisonnemenls, on doit regarter Q et 3 comme pouvant être,
suivant les cas, positifs ou négatifs.
^'^ Ces conclusions s^appliqiient à une lume mince taillée dans un cristal à deux axes,
pourvu que Ton considère, au lieu de la section principale, le plan de polarisation de
Tun des deux rayons polarisés à angle droit qui se propagent à travers la lame.
/i16 OPTIQUE THÉORIQUE.
gueur d'onde, si l'on fait passer cette lumière à travers une seconde
lame cristalline, identique à la première, de manière à doubler cette
différence de marche et à la rendre égale à un nombre entier de
demi-longueurs d'onde, les vibrations deviennent rectilignes, et la
lumière reprend l'état de lumière polarisée. — Rien de pareil ne
s'observe avec la lumière naturelle.
611. caractères de la lumière polarisée elliptiqiie-
meiit. — La lumière dont les vibrations sont elliptiques se rap-
proche, par ses propriétés, de la lumière partiellement polarisée.
— En effet, des vibrations elliptiques sont orientées d'une manière
déterminée dans l'espace , et ne peuvent donner, dans un prisme bi-
réfringent, deux rayons égaux pour toutes les positions de la section
principale. Mais la projection des vibrations ne peut être nulle sur
aucun plan mené par la direction du rayon lumineux : par suite, ni
le rayon ordinaire ni le rayon extraordinaire ne peuvent jamais se
réduire à zéro.
612. De la luinière naturelle en sénéral* — Si l'on con-
çoit que les vibrations d'un rayon soient elliptiques, mais que le
rapport des grandeurs des axes de l'ellipse et leur orientation varient
brusquement et à des intervalles rapprochés, par l'effet d'un grand
nombre de causes absolument indépendantes les unes des autres,
on aura un système de vibrations qui, dans toute expérience d'une
durée appréciable , paraîtra posséder les mêmes propriétés relative-
ment à tous les plans menés par la direction du rayon. — Telle est
l'idée la plus générale que l'on doit se faire d'un rayon de lumière
naturelle.
La production de ces changements brusques et très- rapprochés,
survenant dans l'état des vibrations, est démontrée par l'impossibi-
lité d'obtenir des franges d'interférences avec des rayons émanés de
deux sources physiquement distinctes. — Quant aux causes de ces
changements, il est aisé d'en concevoir la nature, si l'on réfléchit k
la nature même des phénomènes moléculaires, plus ou moins ana-
logues à ceux de la combustion, par lesquels les vibrations lumi-
neuses sont excitées.
POLARISATION CHROMATIQUE. 417
6 1 3. A«U*M d'UM •■«lyMcur UréTrlBcent mit «m wmfmn
ne prlmlMvcmcBt polnrlsé et tmnsmla à tmwetil
■iBce MréfMncente. — Nous cherctierons mainte-
nant à déterminer, d'une manière générale, les intensités des deu\
rayons dans lesquels un analyseur biréfringent décompose un rayon
de lumière homogène, primitivement polarisé dans un plan PP'
(fîg. &8&), et transmis à travers une lame mince cristallisée dont
la section principale II' fait un angle quelconque i avec le plan PP'.
.Nous savons que les vibrations incidentes, dirigées suivant OA, se
décomposent, dans la lame mince cristallisée, en vibrations ordi-
naires dirigées perpendiculairement à la section principale 11', sui-
Pic m.
vant OB, el en vibrations extraordinaires parallèles It la section
principale, suivant OC; on sait, en outre, que les intensités de ces
vibrations sont respectivement proportionnelles à cos' i el ù sin' i. On
sait enfin que les deux rayons nnrrespondanls sortent de la lame
avec une ditTérence de marche égale à la quantité f (609). — Soit
maintenant SS' la section principale de l'analyseur biréfringent, et
soit » l'angle que fait SS' avec le j>tan de polarisation primitif PP'.
En arrivant sur cet analyseur, les vibrations parallèles à OB se
décomposent en vibrations perpendiculaires à SS' et en vibrations
parallèles à SS'. Les premières sont représentées sur la figure
par CD : si l'on remarque qu'on a BOD= i — », on voit que leur
intensité est représentée par
cos*icos'(i -s).
V'iiMT, 111. — Coitr» de phja. Il, «7
U8 OPTIQUK THÉORIQUE.
De même les secondes, reprf^sentées par OE, ont leur intensité re-
présentée par
ros^Ksin^f» — «).
Semblaklement, les vibrations parallèles à OC se décomposent eu
vibrations perpendiculaires a SS', représentées sur la figure par OF,
et ayant pour intensité
sin^isin^(» — «).
et en vibrations parallèles à SS'. représentées sur la figure par OG,
et ayant pour intensité
sin^î cos^(/ — «).
Enfin, les vibrations OD et OF, perpendiculaires sur SS', formeront
par leur combinaison le rayon ordinaire de l'analyseur, tandis que le
rayon extraordinaire résultera de la combinaison des vibrations OE
et Ofi , parallèles à SS'.
L(» rayon orditiaîre aura donc l'intensité déterminée par l'interfé-
rence de deux rayons dont les intensités sont proportionnelles à
cos'^/cos'(/ — «) et à sin^t sin^(i — «), et qui présentent l'un par
ra[)port à l'autre une différence de marche égale h S. Cette quan-
tité ^ est proportionnelle à l'épaisseur: par conséquent, si l'on fait
varier d'une manière continue l'épaisseur de la lame, le rayon or-
dinaire éprouvera une série de variations comprises entre des
maxima et des minima alternatifs. La différence d'intensité d'un
maximum et d'un minimum dépendra d'ailleurs de la différence
d'inl(»nsité des deux rayons interférents, c'est-à-dire de la valeur
des expressions cos'^icos-(i — 5) et sin^tsin^f/ — .t).
Quant au rayon extraordinaire, son intensité sera déterminée par
l'interférence de deux rayons ayant des intensités jiroportionnelles
à cos^t sin-(t — «) et à sin^i cos^(i — «). Mais, pour se faire une
idée exacte des conditions d'interférence de ces deux rayons, il faut
remarquer que, si la différence de marche était nulle, les vibrations
OE et OG, dirigées en sens contraire, s'affaibliraient réciproquement
au lieu de se renforcer, et qu'en conséquence tout doit se passer
comme si la différence de marche était S -\ Le ravon extraor-
POLAftiSATiON CHROMATIQUE. àl9
dinaire sera donc minimum quand le rayon ordinaire sera maxi-
mum , et réciproquement.
61 A. Poterisatton diromatlque. — Supposons maintenant
que, en conservant la disposition que l'on vient d'employer, c'est-
à-dire en faisant tomber sur une lame mince biréfringente de la
lumière primitivement polarisée, et recevant le faisceau émergent
sur un analyseur biréfringent, on emploie, comme faisceau incident,
un faisceau formé de lumière blanclie. On voit que, pour chacun des
rayons de couleur simple qui forment ce faisceau , le rapport de la
différence de marche à la longueur d'ondulation aura, au sortir de
la lame mince, une valeur particulière : les intensités de ces divers
rayons élémentaires seront donc modifiées dans des rapports iné-
gaux; par suite, il y aura coloration. Les interférences ayant lieu
en sens opposé dans le faisceau ordinaire et dans le faisceau extra-
ordinaire fournis par l'analyseur, chaque couleur en particulier
éprouvera, dans ces deux faisceaux, des modifications inverses : les
deux colorations résultantes seront donc complémentaires l'une de
l'autre î>^
Telle est la théorie fort simple par laquelle Fresnel a expliqué,
en i8âi, le phénomène fondamental de la polarisation chromatique,
découvert dix ans auparavant par Arago.
Si l'on supposait la section principale de l'analyseur dirigée per-
pendiculairement à SS', suivant OD (fig. /i8&), tout ce qu'on a dit
^*) La teinte complémentaire des deux images résulte nécessairement du partage de
chaque espèce de rayons lumineux entre le faisceau ordinaire et le faisceau extraordinaire
de Tanalyseur. — On peut d^ailleurs remarquer que le maximum d^intensilé d'une cou-
leur dans le faisceau ordinaire est proportionnel au carré de la somme des amplitudes des
vibrations interférentes, c'est-à-dire à
[cosi cos(i — .v)-hsinisin (« — «)]* = cos*«;
que le minimum correspondant, dans le faisceau extraordinaire, est représenté par
[sintcos(i — .î) — cosisin f/ — 5)]' = sin*«,
et que la somme de ces deux expressions est égale à Tunité. — Une remarque semblable
peut être faite sur les minima du rayon ordinaire, comparés aux maxima du rayon extraor-
dinaire. — On voit ainsi que la production d'un minimum dans l'un des faisceaux peut
élre envisagée comme résultant de ce qu'une portion de la lumière est transportée de ce
faisceau dans le second , où elle produit un maximum , et réciproquement.
420 OPTIQUE THÉORIQUE.
du rayon ordinaire fourni par Tanalysear serait vrai du rayon extra-
ordinaire, et réciproquement. Il suit de là que, par un déplacement
angulaire de 90 degrés, imprimé à l'analyseur, on doit faire passer
la teinte de chacune des images à la teinte complémentaire.
Un déplacement de 90 degrés , imprimé au plan de polarisation pri-
mitif, doit produire le même effet; car, si l'on refait la constnirtion
de la figure précédente en supposant les vibrations initiales dirigées
suivant PP', on reconnaît que les interférences des deux rayons qui
constituent le rayon ordinaire de l'analyseur dépendent de ^ + -^
et que celles des deux rayons qui constituent le rayon extraordinaire
dépendent de S.
Le passage d*une teinte déterminée à la teinte complémentaire doit
avoir lieu par l'intermédiaire d'une teinte blanche (qui peut, dans
certains cas, se réduire à l'obscurité absolue) toutes les fois que Tud
des deux rayons interférents vient à être supprimé, c'est-à-dire toutes
les fois que l'une des quantités sin », rosi, sin (i — «j, cos(i — «) est
nulle. — Il est facile de se rendre compte de l'absence de colora-
tion dans chacun de ces quatre cas particuliers :
i"" Si Ton a sin t =0, la section principale de la lame mince
étant parallèle au plan primitif de polarisation, il n'y a au sortir de
cette lame qu'un seul rayon, le rayon ordinaire; par conséquent,
il ne peut se produire d'interférences.
ù"* Si l'on a cost = o, la section principale de la lame mince étant
perpendiculaire au plan primitif de polarisation, il n'y a au sortir de
la lame qu'un rayon extraordinaire, et la conséquence est la même.
3" Si l'on a sin (1 — «) = o, les sections principales de l'analy-
seur et de la lame étant parallèles, le rayon ordinaire de la lame
contribue seul à la formation du rayon ordinaire de l'analyseur, et
la même relation existe entre les rayons extraordinaires.
4" Si Ton a cos (t — «)= o, le rayon ordinaire de la lame con-
tribue seul à la formation du rayon ordinaire de l'analyseur, et ré-
ciproquement.
Toutes ces conséquences sont conformes à l'observation. Tout
système formé d'un polariseur et d'un analyseur quelconque peut
servir à les vérifier.
POLARISATION CHROMATIQUE. 421
Entre les divers arrangements qu'on peut donner à ces deux pièces ,
un des plus simples et des plus commodes se trouve réalisé dans
['appareil de Norremberg. Une glace Iransparenle GG' (fig. i85), mo-
bile autour d'un axe horizontal que
soutiennent deux montants verti-
caux, reçoit une inclinaison telle,
que l'angle de sa surface avec la
verticale soit égal à l'angle de po-
larisation du verre. Les rayons que
cette glace réHéchit verticalement,
par l'une ou par l'autre de ses
deux faces, sont donc complète-
ment polarisés. On fait ordinaire-
ment usage de ceux qu'elle réflé-
chit par sa face inférieure et qui
tombent sur un miroir horizontal
étamé HH'. Ils se réfléchissent sur
ce miroir, sans éprouver un trop
grand affaiblissement , traversent
la g^ace sans que leur état de po-
[ larisalion soit modifié , puisqu'ils
sont polarisés dans le plan d'inci-
dence, et parviennent enfin à l'a-
nalyseur A, placé h la partie su-
périeure de l'appareil. Une lame mince est placée sur le trajet de
ces rayons, par exemple entre la glace GG' et l'analyseur A, au centre
d'un support percé d'une ouverture circulaire qui ne laisse passer
que lès rayons sensiblement verticaux. Ce support et celui de l'ana-
lyseur peuvent tourner autour de la verticale , de façon qu'il est pos-
sible de donner aux angles i et g telle valeur que l'on veut.
'^i^^-
615. PhéH»niéB4
— Si l'on incline la lame ciistallisée sur la direction des rayons
lumineux, la différence de marche ^.change de valeur, et les cou-
leurs observées à l'aide de l'analyseur se modifient d'une manière qui
dépend de la loi des variations de S. Par conséquent, si l'on fait
422 OPTIQUE THÉORIQUE.
arriver sur la lame plusieurs faisceaux parallèles, dÎTerseineiil in-
clines et contenus dans des plans d'incidence diffârents. il se dëfe-
loppe autant de couleurs distinctes que de faisceaox.
Sur un tableau suffisamment éloigné de Tanalyseiir, ces fakceaui
peuvent donner des images distinctes les unes des autres « s'ils sont
en nombre limité; mais si leur inclinaison varie d'une manière con-
tinue, et que, par suite, on doive les considérer comme étant en
nombre infini , on ne pourra obtenir une séparation nette des cou-
leurs qu'à la condition de disposer, à la suite de l'analyseur, une
lentille convergente qui réunisse en un point déterminé de son
plan focal tous les rayons parallèles à la droite menée de ce point
au centre optique. Sur un plan perpendiculaire à l'axe de la len-
tille, passant par le foyer principal, on peut obtenir ainsi des appa-
rences très-variées, dont l'observation sera d'un grand secours pour
faciliter l'étude des lois de la double réfraction, puisque le dessin
et la coloration de ces apparences doivent être des conséquences
nécessaires de la loi des variations de S^^\
Si l'on veut simplement constater les phénomènes, on peut se
servir de la pince à tourmalines (594). Lies milieux réfringents de
l'œil font alors ToHice de la lentille convergente dont il vient d'être
parlé, et. si leur ajustement est tel que la \îsion soit distincte pour
des objets infiniment éloignés, ils font converger en un point ^édal
de la rétine chacun des faisceaux parallèles qui tombent sor la pince
à tourmalines dans une infinité de directions diverses. Delà Fappa-
rence d'un dessin coloré, placé devant l'œil à une grande distance.
Un myope, pour apercevoir ce dessin avec netteté, doit mettre an
devant de son œil un verre divergent.
Si l'on veut, au contraire, montrer simultanément ces phéno-
mènes à plusieurs personnes, on peut employer des appareils de
formes variées, qui sont toujours construits de manière à concentrer
d'abord, sur la lauie cristalline, des faisceaux parallèles de largeur
finie et de directions diverses, et k séparer ensuite les colorations
'*' Pour calculer la valeur de ^, lorsque Pincidence est oblique, il ne suffit plus dTavoir
<^ard à Tinégalité des chemins parcoonis dans la lame et à la différence des vitesse», il
faut encore tenir compte de rinégalité d<% chemins parcourus dans Pair par tes deai rayons
dont on considère Pinterférence.
POLARISATION CHROMATIQUE. ù23
propres à ces faisceaux, en faisaiT converger chacun d'eux en un
point déterminé d'un tableau plan. — A considérer la lumière dans
Aon ensemble , on peut dire indifféremment (ju'elle converge vers la
lame cristalline ou qu'elle diverge à partir de cette lame. De là les
deux dénominations opposées par lesquelles on désire indifférem"
ment ces phénomènes.
Il n'est nullement nécessaire, comme on fa supposé pour plus
de simplicité, que le polariseur, la lame cristalline et l'analyseur
se suivent immédiatement, et que les appareils réfringents, destinés
à concentrer la lumière sur la lame et a produire sur un tableau une
image nette . soient placés des deux côtés de ce système. Il suffit que
le polariseur, la lame cristiiiline et l'analyseur soient successivement
traversés par la totalité des rayons lumineux, la position des len-
tilles auxiliaires étant d'ailleurs quelconque. De là des dispositions
Ires-variées, parmi lesquelles on indiquera, à titre d'exemple, celle
que M. Duboscq a adoptée depuis quelques années pour les expé-
riences de projection. — Un large faisceau lumineux, fourni par
le soleil, la lampe électrique ou même la lampe de Drummond, est
polarisé d'abord par un prisme de Foucault F (fijj. i86), et rej-u
ensuite sur une |>remière lentille convergente L, qui donne dans un
plan déterminé une image I de la source de lumière : il en résulte
que. derrière cette lentille, la lumière peut être considérée comme
formée d'une infinité de faisceaux cyHndnques, circonscrits à I et
parallèles à diverses directions : on a représenté sur la figure les
deux faisceaux extrêmes. La lame cristaHine G est voisine de cette
image: il n'est donc pas nécessaire qu'elle ait de grandes dimensions
pour qu'elle soit traversée par l'ensemble de ces faisceaux. Vient
4âA OPTIQUE THEORIQUE.
eu8uite une deuxième lentille convergente L', qui donnerait dans
w)u plan focal principal, en T, l'apparence colorée qu'on veut
observer, si les rayons traversaient l'analyseur avant d'arriver dans
00 plan. Enfin, au delà de T, est une troisième lentille L'', à foyer
ttssex court, qui produirait sur un tableau éloigné une image très-
•grandie I" de celte apparence lumineuse. Il suffit de placer derrière
lu lentille L" un prisme de Nicol N, pour que cette image se forme
réellement.
616. Des potorlscopeii. — Dans toutes les expériences que l'on
vient de décrire, il n'est pas nécessaire que la lumière reçue sur la
lame cristalline soit complètement polarisée. L'état de polarisation
partielle n'a d'autre influence que d'affaiblir la coloration des images,
en les superposant aux images blanches que donne toujours la lu-
mière naturelle. L'œil est d'ailleurs tellement sensible à la différence
de couleurs de deux images voisines l'une de l'autre, ou aux colo-
rations diverses des points d'une seule image formée par la lumière
convergente, qu'on peut aiosi reconnaître les plus faibles traces de
polarisation. De là la construction des polariscopes.
On donne le nom de polariscope à tout système composé d'une
lame cristallisée biréfringente et d'un analyseur. Un faisceau de lu-
mière, assez faiblement polarisé pour qu'il soit impossible d*ap-
précier la différence d'éelat des deux faisceaux entre lesquels il se
partage dans un cristal biréfringent, peut donner naissance dans
ces appareils à des colorations très-sensibles; l'observation des posi-
tions pour lesquelles toute coloration disparaît dans le faisceau
transmis peut faire apprécier avec assez d'exactitude la situation du
plan de polarisation.
L'un des polariscopes les plus usités est le polariscope de Savart.
Il comprend : i°deux lames d'un cristal à un axe, inclinées de
lib degrés sur l'axe, et croisées de manière que leurs sections prin-
cipales soient à angle droit; q'' une tourmaline, dont l'axe est paral-
lèle à la bissectrice de l'angle de ces deux sections. La lumière po-
larisée, lorsqu'on la reçoit sur cet appareil, donne naissance à des
bandes colorées, parallèles à l'axe de la tourmaline: ces bandes dis-
paraissent entièrement, lorsque la section principale de l'une des
POLARISATION CHROMATIQUE. â25
lames est parallèle, et l'autre {>er|ienclicu]aire au plan de polari-
sation.
On peut, en constatant l'ëtat d'un faisceau lumineux au moyeii
d'un poiariscope, reconnàflre s'il doit son origine à la réflexion oii
à la rëfraction. C'est' ainsi (jue l'on constate, par exemple, (|ue la lu-
mière de la lune ou des planètes est polarisée par réflexion; que la
lumière de l'arc-en-ciel est aussi polarisée par réflexion , et qu'il en
est de même de la lumière bleue d'un ciel sans nuages: qu'au con-
traire la lumière des halos est polarisée par réfraction , etc.
617. DlatlHeUon «le* crUtaHX a un nxe et«
m deux «xe*. — Lorsque l'on taille, dans un cristal à un axe, une
lame perpendiculaire à l'axe, les lignes mchromatiques auxquelles
cette lame donne naissance ne peuvent être que des anneaux circu-
laires, ayant pour centre le point de la figure colorée oiî vont con-
Vei^er les rayons qui ont traversé là lame parallèlement à son axe.
Comme ces rayons n'ont pas éprouvé de double réfraction, le point
dont il s'agit est toujours incolore; il est d'ailleurs noir ou blanc,
suivant les circonstances (frg. !iSj et 488). II est, en outre, le point
de croisement des branches d'une ou deux croix incolores, qui sont
parallèles et perpendiculaires au plan primitif de polarisation et à la
section principale de l'analyseur. Si ces deux derniers plans coïnci-
dent, les deux croix se réduisent à une seule : cette croix unique
paraît noire dans l'une des images de l'analyseur (fig. ^87), et
426 OPTIOUK THÉORIQUE,
blanche dans l'autre (lîg. i88). — Cette propriété de l'axe est évi-
demment générale : dans toute expérience de polarisation chroma-
tique oiî il arrivera qu'un des faisceaux lumineux se réfracte à
travers la iame cristalline parallèlement à son aie, ce faisceau sera
dépourvu de coloration.
Dans les cristaux à deux axe», il existe deux directions jouissant
d'une propriété analogue , sinon identique. Sï , dans l'intérieur d'une
lame à faces parallèles, la lumière se meut suivant une de ces di-
rections, elle sort de la lame, quelle qu'en soit l'épaisseur, sans que
son état de polarisation ait changé: tout parait donc se passer comme
s'il n'y avait pas double réfraction. En réalité, la double réfraction
subsiste : elle présente même des caractères spéciaux fort remar-
quables; mais elle n'a pas pour conséquence la production d'une
différence de phase. On peut donc conserver à ces deux directions la
dénomination d'axe» optique», qui leur a été primitivement donnée.
Elles n'ont pas en général la même position pour toutes les couleurs
du spectre; mais, lorsque leurs positions diverses diffèrent peu, un
observe que les faisceaux qui leur sont parallèles ne développent
pas plus de couleurs que les fais-
ceaui parallèles à l'axe dans une
plaque de spath.
Une plaque dont les faces pa-
rallèles sont perpendiculaires i la
bissectrice de l'ange des axes op-
tiques donne naissance à uo sys-
tème de lemniscates (fig. Â89) qui
ont pour foyers les deax points dn
tableau oîr viennent convergM* les
deux faisceaux parallèles aux axes.
Ce sistème osl traversé par quatre branches d'hyperboles incolores,
qui passent par les foyers des lemniscates.
POUVOIRS ROTATOIRES.
618. Cttraetéres •fférts pmr I» lumière polarisée 9 trane*
mise normalement au travers d'une lame de quartz
taillée perpendieulairement k l*axe. — En général , une lame
perpendiculaire à Taxe, taillée dans un cristal à un axe, ne déve-
loppe pas de couleurs lorsqu'elle est placée sur le trajet d'un fais-
ceau normal polarisé, et que ce faisceau est ensuite reçu sur un
analyseur. — Le quartz ou cristal de roche fait exception à cette
règle; les lames taillées perpendiculairement à l'axe donnent nais-
sance, dans ces conditions, à des teintes qui se distinguent de celles
de la polarisation chromatique par les caractères suivants :
1° Elles ne varient pas quand on fait tourner la lame, d'un angle
quelconque, dans son plan.
a" Elles varient au contraire, d'une manière continue, lorsqu'on
déplace l'analyseur ou le plan de polarisation primitif ; par un dépla-^
cernent de 90 degrés, la teinte de chacune des images passe à la teinte
complémentaire, mais en traversant une série de nuances intermé-
diaires de coloration , au lieu de passer par le blanc.
L'image ordinaire et l'image extraordinaire de l'analyseur sont
d'ailleurs toujours complémentaires l'une de l'autre. — C'est à
Arago que sont dues ces remarquables observations.
Si l'on substitue à la lumière blanche incidente une lumière
homogène, on constate, comme Biot l'a montré le premier, les divers
résultats suivants :
t" La lumière émergente est polarisée, comme la lumière inci-
dente, mais dans un autre plan.
9" L'angle du nouveau plan de polarisation et du plan primitif
est exactement proportionnel à l'épaisseur de la plaque; il est à peu
près inversement proportionnel au carré de la longueur tl'onde.
3° Deux plaques de quartz, d'épaisseurs égales, impriment
toujours des rotations égales au plan de polarisation; mais ces ro-
4i8 OPTIQUE THEORIQUE.
talions peuvent s'effectuer, tantôt vers la droite, tantôt vers la
gauche ^^K
Celle troisième loi montre simplement l'existence de deux variétés
minéralogiques distinctes de quartz : on a constaté que ces variétés
différaient l'une de l'autre par d'importants caractères cristallogra-
phiques.
Les deux premières lois rendent compte des faits observés par
Arago. — En effet, si l'on désigne par oj la rotation du plan de
polarisation d'un rayon d'espèce déterminée, et par s l'angle de
la section principale de l'analyseur avec le plan primitif de polarisa*
tion , l'intensité de ce rayon aura pour expression , dans l'image or-
dinaire,
cos^ (&> — «),
et, dans l'image extraordinaire,
sin^(&> —s).
Ces deux valeurs étant variables d'une manière continue avec la
longueur d'onde, les deux images doivent être colorées; les teintes
qu'elles présentent doivent d'ailleurs être complémentaires, puisque
l'on a
sin^ (cii — «) = 1 — cos^ (&> — «).
On voit aussi qu'une variation continue de l'angle s a pour con-
séquence une modificalion continue des proportions dans lesquelles
chacun des éléments de la lumière blanche entre dans les deux
images, c'est-à-dire un changement continu de couleurs; enfin ^ une
variation de s égale à 90 degrés détermine le passage d'une teinte
à la teinte complémentaire.
619. Teinie «eiuiible. — On sait que l'intensité lumineuse du
spectre solaire présente dans le jaune, entre les raies D et E^ un
^'^ Il est bon de rem«rquer que le signe de toute rotation supérieure à 90 degrés est
ambigu , tant que Ton considère cette rotation isolément ; mais Tambiguïté disparaît lors-
qu'on examine 1^ suite des rotations produites par une série de plaques d^épaisseun gra-
dueliement croissantes , â partir d^une épaisseur très-petite.
POUVOIRS ROTATOIRES. i29
maximum très-marqué, et que, des deux côtés de ce maximum,
l'iuleasité est très-rapidement décroissante jusqu'aux extrémités.
— Supposons que la section principale de Tanaljseur placé derrière
une lame de quartz soit parallèle au plan de polarisation des rayons
les plus intenses. L'image extraordinaire ne contiendra aucune trace
de ces rayons : elle présentera donc une teinte complémentaire du
jaune, c'est-à-dire violacée; en même temps, elle sera réduite à son
minimum d'intensité. — Si maintenant on imprime un petit dépla-
cement à l'analysour, ce déplacement aura pour efTet d'introduii'e
dans cette image une petite fraction des rayons les plus brillants de
la lumière solaire; et, pour une même valeur du déplacement, le
changement de teinte produit sera évidemment plus sensible que dans
toute autre situation de l'analyseur. — Enfm, suivant que le dépla-
cement aura pour eiïct d'augmenter ou de diminuer l'angle formé
par la section principale de l'analyseur avec le pian ])riniilif de
polarisation, on aiïalbllra dans l'image extraordinaire les rayons les
moins réfranglbles ou les rayons les plus réfranglbles de la lu-
mière blanche : dans le premier cas, on verra l'image virer au bleu ;
dans le second cas, on la verra vîrer au rouge.
Ces propriétés remarquables de la teinte violacée l'ont fait dési-
gner par Biot sous le nom de teinte lenàble ou de teinte de passage.
630. iBterprétAMoB des phén«MènM précédenta, d»Mi
K théorie d«i<mde>. — Soit un système de vibrations, polarisées
dans le plan YY'{{ig. igo); le dé-
placement d'une molécule d'éther
sera parallèle à l'axe OX et pourra
être représenté, au point d'inci-
dence sur une lame de quartz,
par
Or il est évident que ce déplace-
ment peut ^tre considéré comme
équivalent au système de deux
les à l'axe OX, et de deux déplace-
't30 OPTIQUE THÉOBIQUE.
inents ti et )i' parallèles à Taxe OV, pourvu qu*oa ait à chaque ins-
tant
Donc , en vertu du principe de la superposition des petits mouve-
ments , les effets des vibrations rectilignes qui constituent le rayon
considéré seront les mêmes que les effets de la combinaison de
deux groupes de vibrations dont le premier sera défini par le sys-
tème des deux équations
f; a t
1 1
a . /
Yf^- sm 9.^77,-
et le second par le système des deux équations
r/ a /
2 I
, a . /
Comme on a évidemment ?+i;*-- $'*+>; '^ =-.» les vibrations
représentées par cbacun de ces deux systèmes sont circulaires; d'ail-
leurs, si Ton examine le sens dans lequel chacune d'elles s'effectue,
on reconnaît que, dans les premières, la molécule d'étber parcourt
sa trajectoire circulaire de droite à gauche; dans les secondes, le
mouvement sur la trajectoire a lieu de gauche à droite. On peut
donc énoncer ce théorème :
L n rayon polarisé peut être remplacé par le nyMl^e de deux rayons
égaux, polarisés circulairettieni et en seM contraire.
Supposons maintenant que, tandis qu'un rayon polarisé rectili-
gnement ne peut se propager sans altération suivant Taxe du quartz,
un rayon polarisé circulairement s'y propage sans éprouver d'autre
modification que le changement de phase qui résulte de la propaga-
tion même. Supposons, en outre, que la vitesse de propagation ne
POUVOIRS ROTATOIRIîS. kAl
soit pas la même pour les deux espèces opposées de rayons polarisés
circulairement ; désignons par I) la vitesse de propagation des rayons
polarisés de gauche à droite, par G la vitesse de propagation des
rayons polarisés de droite h gauche. Après avoir traversé une lame
de quartz, d'épaisseur e, le premier système de vibrations circulaires
sera représenté, au point d'émergence, par les équations
'-r
ij tf G
Ç, = - rOS QTT "Y" '
a . u
nj =-sm ^ir — t^—:
le second système sera représenté, au même point, par les équa-
tions
Ç] ==-COS9W-7p— •'
i?i = — - sm 2w — TjT- •
Le mouvement résultant de la combinaison des deux systèmes aura
pour projections sur les axes coordonnés
ce mouvement sera rectiligne et s'exécutera dans un plan faisant,
avec le plan des vibrations primitives, un angle égal à
^ [îïï ~ iVlj '
Le plan de polarisation, perpendiculaire au plan de vibration, aura
donc tourné d'un angle proportionnel à l'épaisseur; il est facile de
voir que cette rotation aura lieu vers la droite si l'on a
D G ^-
432 OPTIQUE THÉORIQUE,
il aura lieu vers la gauchfi si l'on a
El) d'aulros lermes, lit plan de polarisation aura tourné vers la
droite ou vrrs la gaurhe, selon que la vitesse de propagation D sera
supérieure ou inférieure à la vitesse G.
Telle est l'inteqirëlation que Fresnel a tlonn<Se, dans la ibéorie
(Irs ondes, de l'action exercée sur la lumière polarisée parles plaques
de quartz perjiendiculaires î'i l'axe.
Fresnei a vérifié directement son hypotlièse par l'expérience sui-
vante : Un prisme très-obtus ABC (fig. ûgi) a été taillé <lans un
cristal de quartz, do nianii-re que sa base AO fût parallèle à t'aie.
Fi», ig..
Dans un cristal d'espèce contraire, on a ensuite taillé deux prismes
rectangles ABI) et CEE, de telle façon que dans chacun d'eut l'auf
fût parallèle au grand cblé de l'angle droit, et qu'en les arcolant
au prisme AB(' on obtint un parallélipipède rectangle. Si les hy-
pothèses de Kresnel étaient exactes, un rayon polarisé SI, tombant
sur AD, devait se décomposer en deux rayons polarisés cirrulaire-
ment, d'espèces contraires, se propageant avec des vitesses inégales,
et comme l'ordre des vitesses de propagation se trouvait renversé
dans le second prisme ABC , ces deux rayons devaient éprouver, en
y pénétrant, des réfractions inégales, et par conséquent se séparer
l'un de l'autre. L'effet du troisième prisme était d'augmenter encore
cette divergence et d'achromatiser les deux rayons. On peut , avec un
appareil de ce genre, voir une double image d'un objet de petites
dimensions, et reconnaître que les deux systèmes de rayons corres-
pondants [tossèdent la polari.sation circulaire.
POUVOIRS ROTATOIRES. i33
621 . AetloB du quarts sur II» lumière, dama une direc-
tion iucllnée «ur l'axe. — L'inteqirétation que nous venons de
donner, d'après Fresnel, des propriétés des laines de quartz perpen-
diculaires à l'axe, implique, comme nous l'avions pressenti, que les
lois générales de Huyghens éprouvent des perturbations sensibles,
quand la lumière traverse des cristaux de quarU dans des directions
voisines de l'axe. — Au contraire, dans une direction perpendicu-
laire à l'axe, il ne paraît pas y avoir de différence appréciable entre
les propriétés du quartz et celles d'un cristal quelconque à un axe.
Il est naturel de supposer que le passage des vibrations circu-
laires aux vibrations rectilignes a lieu par l'intermédiaire des vibra-
tions elliptiques, et que, suivant
une direction inclinée sur l'axe; le
quartz ne peut transmettre sans
altération que les rayons polarisés
elliptiquement-, la vitesse de pro-
pagation dépendrait d'ailleurs du
sens de la polarisation elliptique,
et les axes des ellipses de vibration
seraient symétriquement placés par
rapport à la section principale. —
^"^' '"''''' Les conséquences de ces hypo-
thèses, développées par M, Airy, so sont trouvées conformes à l'expé-
rience. Ainsi, le calcul a montré, et l'observation a confirmé, que
deux plaques de quartz égales et d'espèces contraires donnent un
système assez complexe de lignes isochromatiqoes, traversé par
quatre spirales Formant au centre une sorte de croix noire (fig. iga).
622. eénérallMktlan des loi» précédentes.— Subatanec*
acMYcs. — Des propriétés toutes semblables à celles du quartz
ont été découvertes par M. Descloizeaux dans le cinabre et le sulfate
de strycbnine, etparM. Marbach dans le chlorate de soude et quel-
ques sels analogues. Ces derniers sels étant cristallisés dans le système
cubique, toutes les directions qu'on y peut considérer jouissent de
propriétés identiques : la rotation du plan de polarisation s'observe
toujours également, dans quelque sens que la lumière les traverse.
ViibiT, lU. — Coun de ph;». II. ■,»
&3Â OPTIQUE THÉORIQUE.
Longtemps avant ces observations, Biot avait recoonu qu*iiD
grand nombre de liquides organiques, et les solutions de corps so-
lides assez nombreux, également d'origine organique, ont la pro-
priété de faire tourner le plan de polarisation de la lumière qui les
traverse. — Gomme il ne peut y avoir dans un liquide aucune di-
rection jouissant de propriétés particulières, cette rotation est tou-
joui*s de même grandeur, quelle que soit la direction du rayon in-
cident. Elle est d'ailleurs proportionnelle à Tépaissenr traversée, à
peu près en raison inverse du carré de la longueur d'onde ^'^ —
Lorsqu'il s'agit d'une solution, la rotation est proportionnelle au
poids de la substance acUi^^^^ contenue dans l'unité de volume.
623. Applleati«iis« — Saceliarimètre de H. S«lcU. —
La dernière loi que l'on vient d'énoncer est devenue le fondement
d'une série de procédés d'analyse chimique qui ont permis, par
exemple, de déterminer par une simple observation optique le titre
exact d'une liqueur sucrée. Elle a permis également de reconnaître,
par l'observation des propriétés des combinaisons d'une substance
active, si la structure moléculaire manifestée par le pouvoir rotatoire
s'était conservée ou détruite dans l'acte de la combinaison.
En raison de l'importance de ces applications, il convient de dire
quelques mots des dispositions expérimentales particulières que
M. Soleil a imaginées pour les faciliter. — Les rayons polarisés
d'une manière quelconque sont reçus sur une plaque dont les deux
moitiés sont formées de deux quartz d'espèce contraire et d'égale
épaisseur, imprimant l'un et l'autre une rotation de 90 degrés au
plan de polarisation des rayons jaunes moyens; de cette façon, la
lumière transmise par les deux moitiés de la plaque, reçue ensuite
sur un prisme de Nicol, développe la teinte de passage, aussi
bien dans l'une des moitiés de l'image que dans l'autre, lorsque
la section princi|)ale du prisme est perpendiculaire au plan primitif
de polarisation. — Si maintenant, entre la double plaque et l'a-
nalyseur, on place une colonne liquide douée du pouvoir rota-
''^ L^acide larlrique ot leslartrales font excepUon à cette loi.
'•*' C'est rexpreasion abrégée par laquelle on désigne fréquemment les siilistances doii«^
de la faculté de dévier le plan de polarisation des rayons qui les traversent.
POUVOIRS hOTATOIRES. 435
loire, par exemple une colonne d'essence de térébenthine, l'effet du
liquide s'ajoute à l'effet d'une des nioîtlés de la plaque et se re-
tranche de celui de l'autre moitié : il en résulte que l'uniformité des ,
teintes des deui moitiés de l'image dispandl. On rétablit l'unifor-
mité de teinte au moyen de deux prisuies de c|uarlz à base rectangle
A. B (fi({. '193), dont te prand côté Je l'angle droit est perpendi-
culaire à l'axe : ces deux prismes , en glis&ant l'un sur l'autre, cons-
tituent une lame perpendiculaire à l'axe, dont l'i^paisseur est va-
riable à volonté. L'épaisseur nécessaire au rélablissemenl d'une teinte
uniforme produit évidemment une rotation -égale et contraire à
celle de l'essence, et peut lui servir de mesure. — Deux appareils
compensateurs de ce genre, construits avec des quartz d'espkes
contraires, permettent d'appliquer la méthode à tous les liquides
dans lesquels les rotations du plan de polarisation approchent d'^Ire
inversement proportionnelles aux carrés des longueurs d'onde.
624. AatioM du HissméttMiie mmr lj> lumière painrtoé*.
— Faraday a découvert, en 1 8^5 , que tout liquide ou solide trans-
parent, lorsqu'on le soumet à l'action d'un puissant appareil magné-
tique, acquiert, aussi longtemps que dure cette action, la propriété
de faire tourner le plan de polarisation de la lumière qui le traverse.
— L'appareil suivant , construit par M. Ruhuikorff, est généralement
employé pour répéter celte importante expérience. Deux fortes bo-
bines de fil de cuivre B et B'(fig. & 9/1) sont enroulées autour de deux
cylindres de fer doux, percés suivant leurs axes. Les deux cylindres
sont réunis par une série de pièces de fer doux, disposées de telle
façon que les deux cavités qui les traversent se trouvent sur le pro-
longement l'une de l'autre. Aux deux extrémités de l'appareil, sont
des prismes de Nicol N el N'. servant de polariseur el d'analyseur.
usa OPTIQUE THÉORIQUE.
],a substance transparenli; A esl placf^e sur un support, enlre les
branches de l'électro-ainiant, au point où l'action magnéti(]u« est le
. plus puissante. — Avant de déterminer Tnimantation dans les pièces
(le IVr douv, on éteint entièn-iiienl la lumière qui traversait l'appa-
reil suivant son axe, en croisant les sections principales des deui
prismes de Nirol; on met ensuite en jeu la puissance magnétique
de l'appareil, en faisant passer le courant, et l'on voit la lumière
>reparaître, — L'<^tude du phénomène fait reconnaître que ce retour
de la lumière est dil à une rotation du plan de polarisation, variable
avec la longueur d'onde de ta lumière employée.
Les inHnences qu'exercent les diverses conditions de l'expérience,
sur la (candeur ou le sens de la rotation, sont comprises dans les
lois suivantes :
1° La rotation est proportionnelle à l'action que l'électro-aimant
exercerait sur une molécule de fluide magnétique, pincée dans l'in-
térieur de la substance transparente.
'(" Lorsqu'on incline la direction du rayon lumineux sur l'axe de
IVIertro-aiinant '", la rotation varie ])ro|iorlionnellenienl au cosinus
de cette inclinaison. Va\ particulier, elle devient nulle quand l<- rayon
et l'axe de l'électro-aimant font entre eux un ang^e de ^a degrés:
elle change de signe quand on fait tourner le ravon de t8o degrés,
c'est-à-dire quand on renverse sa direction,
<'' OUe loieugp, pour m vMBntioo, lir* iippiiviU lout aiitivineiil dUponétigiif rHiii
<iui esl dii'iil cl tîj'iin' iri.
POUVOIRS ROTATOIRES. 437
3" La rotation est, dans tous les cas, à peu près en raison in-
verse du carr^ de la longueur d'onde.
k" Le sens de la rotation dépend de h nature de la substance
transparente. — Si l'on substitue un morceau de l'er doux à cette
substance, et si l'on considère les courants moléculaires qui, selon
les idées d'Ampère, s'y développent par l'aimantation, on peut ap-
peler positive la rotation ([ui s'eiïectue dans le sens du mouvement
de l'électricité positive de ces courants, et nêgalivc celle q^ui a lieu
dans le sens du mouvement de l'électricité négative. En adoptant
ces dénominations, on peut dire que tous les corps dans la compo-
sition desquels il n'entre aucun métal magnétique, el les composés
d'un petit nombre de métaux magnétiques (nickel et cobalt], pro-
duisent des rotations positives : la plupart des composés des métaux
magnétiques (fer, chrome, manganèse, titane, cériiim , uranium,
lanthane) produisent des rotations négatives.
Enfin , la grandeur absolue de la rotation dépend de la nature de
la substance, e( ne parait pas avoir de rapport étroit avec quelque
autre propriété physique.
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
RAYONNEMENT.
6*25. DistliiCtiOB du rayonnement et de la eonduetibi-
lité. — L*expérience nous révèle l'existence de deux modes dis-
tincts de propagation de la chaleur :
i" Une source de chaleur peut élever la température d'un corpà
éloigné, en déterminant préalablement une élévation successive de
température dans tous les corps intermédiaires : c'est la propagation
par conductibilité,
a" Une source de chaleur peut élever la température d'un corp^
éloigné sans élever la température des corps intermédiaires , ou du
moins sans que cette élévation soit la condition essentielle de l'ac-
tion à distance : c'est la propagation par rayonnement.
L'existence du premier mode de propagation est trop évidente
pour qu'il soit nécessaire de la démontrer par des expériences spé-
ciales.— L'existence du second mode n'est guère moins évidente, du
moins lorsque Ton considère l'action du soleil ou celle des corps in-
candescents. La basse température qui a été constatée dans les régions
supérieures de l'atmosphère prouve bien, par exemple, que ce n'est
pas en échauffant les milieux intermédiaires que le soleil agit sur la
surface terrestre. De même, selon l'observation de Scheele, lors-
qu'un foyer de combustion est en activité, et que l'on considère les
corps qui sont placés dans le courant d'air froid par lequel la com-
bustion est entretenue , il est bien évident que ces corps ne peuvent
kliO
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
recevoir aucune chaleur du foyer par voie de conductibilité : cha-
cun sait cependant (|ue la température de ces corps peut, dans cer-
tains cas. devenir très-élevée.
6!26. Chaleur rayaimaiite olMicwre. — Les expériences sui-
vantes montrent que l'incandescence n*est pas une condition néces-
saire du rayonnement, et qu'il existe une cbideur rayonnante obê-
cure qui peut traverser les milieux les plus divers , sans que celte
transmission dépende d'un échauffement graduel des couches suc-
cessives de ces milieux eux-mêmes.
On construit, comme Ta fait Rumford, un baromètre terminé à
sa partie supérieure par un ballon B; dans la partie latérale de ce
ballon pénètre la tige d'un thermomètre (fig. AgS). En dirigeant
le dard d'un chalumeau sur l'étranglement E,
on sépare le l)allon du baromètre, et Ton t)b-
/T>;. tient. ainsi l'appareil représenté à droite de la fi-
\^^ gure : il ne contient dans son intérieur d'autre
matière pondérable qu'une quantité h peu près
insensible de vapeur de mercure. Dès qu'on
plonge la partie inférieure du ballon dans l'eau
bouillante, on voit le thermomètre accuser une
élévation de température: l'effet ne peut être
attribué ici qu'au rayonnement direct de la
partie vitreuse échauffée.
On peut citer encore l'expérience suivante,
qui est due à Bénédict Prévost. Deux miroirs
métalliques concaves étant disposés en face Tun
de l'autre de manière que leurs axes coïncident,
^<^^^^f^^^^ et un corps chaud étant placé au foyer de l'un,
Fig. &95. l'une des boules d'un thermomètre différentiel
étant placée au foyer de l'autre, le thermomètre accuse une élévation
de température, due à l'action des rayons calorifiques concentrés sur
la boule. — On constate que celte élévation de température subsiste,
bien qu'elle devienne un peu moindre, lorsqu'on fait tomber, entre
le thermomètre et le corps chaud, une nappe d'eau qui se renou-
velle d'ime manière continue. Le même effet se produit encore si
M
RAYOiSNEMENT. Ulii
Ton interpose, entre le corps chaud et le thermomètre, un écran
de verre animé d'un mouvement rapide de rotation, comme le pla-
teau d'une machine électrique.
627. OlMiervatioiui générales sur len radlAtioiis ealori-
miues compArées aum rMllatioiis lumineuiies. — En rap-
prochant des divers faits qui précèdent ceux qui ont établi l'exis-
tence des rayons calorifiques infra-rouges (487), on est conduit
à considérer la partie de la science qui est désignée sous le nom
d'étude de la clialeur rayonnante comme n'étant qu'un complément
ou plutôt un nouvel aspect de l'Optique.
La faculté que possèdent les radiations dites lumineuses, d'agir
sur notre œil, permet de reconnaître avec exactitude la direction de
ces radiations, et, par conséquent, de déterminer les lois desquelles
peuvent dépendre les diverses modifications que cette direction peut
subir; mais l'œil ne peut faire la comparaison des intensités que d'une
manière très-imparfaite. — Au contraire , les propriétés calorijiquss
d'une radiation, qui ne pourraient servir à en déterminer la direc-
tion que d'une manière grossière, peuvent être mesurées dans leur
intensité, d'une manière à la fois commode et précise.
Ainsi , tandis que l'œil est spécialement approprié à l'étude des lois
qui règlent la direction des radiations , les instruments thermomé-
triques conviennent plus particulièrement à la recherche des lois
relatives aux variations d'intensité, de sorte que les deux genres
d'étude se complètent réciproquement. Seulement, afin de ne laisser
aucun doute sur l'identité des sujets étudiés séparément .par les deux
méthodes, on ne doit pas plus négliger les expériences destinées à
la détermination approximative des lois de propagation des rayons
calorifiques obscurs, qu'on ne doit négliger les expériences photo-
métriques proprement dites.
628. Appareils pour l'étude de la eltaleiur rayonnanie.
— Tout appareil sensible à l'action de la chaleur peut être employé
à l'étude du rayonnement. Les physiciens se sont principalement
servis des thermomètres différentiels de Leslie ou de Rumford (54)
et de l'appareil thermo-électrique de JNobili et iMelloni.
'iâ2
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
Lorsqu'on fait usage d'un thermomètre différentiel , on place or-
dinairement Pun de ses réservoirs devant un miroir métallique con-
cave qui concentre sur lui les rayons d'une source calorifique, et Ton
protège l'autre réser\oir contre l'action du rayonnement. On subs-
titue quelquefois au thermomètre différentiel un thermomètre à
mercure ordinaire. — Toutes ces dispositions sont bien inférieures.
pour Pexactitude des résultats, à l'emploi de Tappareil thermo-élec-
trique.
*
629. ApiMireil tlieriii»-éleetrii|iie. — Les parties essentielles
de l'appareil thermo-électrique de Nobili et Melloni sont : une pile
thermo-électrique à éléments bismuth-antimoine, et un galvano>
mètre à double aiguille astatique.
La pile P (fig. ^96) est fixée à un support mobile le long d'une
règle métallique AB , qui soutient également les pièces accessoires
Fig. A96.
de l'appareil. Ces pièces sont : des écrans doubles et mobiles, sem-
blables à l'écran D . qui arrêtent ou laissent passer les faisceaux calo-
rifiques vers la pile, selon qu'on les relève ou qu'on les abaisse; des
diaphragmes tels que E, qui limitent ces faisceaux à des dimensions
convenables; enfin des supports qui servent à placer les sources de
chaleur ou les substances destinées à agir sur les rayons calorifiques.
Le galvanomètre (fig. i5o) est placé aussi loin que possible de
l'appareil , et soigneusement préservé contre toute action calorifique
qui pourrait déterminer dans Pintérieur de la cloche des courants
d'air capables d'agir sur l'aiguille.
RAYONNEMENT.
^u:^
Lorsqu'on veut étudier la réflexion ou la réfraction de la chaleur,
on fixe le support de la pile sur une règle auxiliaire qui tourne
autour du support K (fig. igy); c'est sur ce support qu'on place,
soit le miroir réfléchissant, soit le corps réfringent. Les deux extré-
mités de la pile CD (fig. 4()7) sont ordinairement engagées dans
des tubes cylindriques tels que T, munis chacun d'un opercule S
Fig. 497.
qu'on peut élever ou abaisser à volonté. Quand on a besoin de donner
à l'appareil une grande sensibilité, on remplace celui de ces tubes
qui est placé du côté destiné à recevoir la chaleur par un cône réflec-
teur de large ouverture T', qui, lorsque son opercule est enlevé,
concentre sur la pile tous les rayons calorifiques qui tombent sur
sa surface interne.
o30. C^raduation de l'appareil tltermo-éleetrique. — La
graduation de l'appareil est fondée sur le principe suivant : Lorsque
le» deux faces de la pile reçoivent en des temps égaux des quantités égales
de chaleur^ le courant thermo-électrique est nul.
Si l'on ne regardait pas ce principe comme une conséquence- évi-
dente des lois des courants thermo-électriques, on en trouverait une
justification directe dans une expérience de Biot. — Une pile
thermo-électrique est placée entre deux sources rayonnantes, et l'on
fait varier les distances de ces sources à la pile, jusqu'à ce que l'ai-
guille du galvanomètre soit en repos sur le zéro de la graduation.
On remplace alors la pile par un thermomètre difTérentiel dont les
réservoirs sont de petits parallélipipèdes métalliques, enduits de
noir de fumée et ayant exactement les mêmes dimensions transver-
hbU PROPAGATIOiN DE LA CHALEUR.
sales que les faces terminales de la pile : on constate que la colonne
liquide reste immobile, ce qui prouve Tégalité des quantités de
chaleur incidentes.
Pour appliquer ce principe, on place, des deux côtés de la pile,
deux sources de chaleur aussi constantes que possible, par exemple
deux lampes de Locateili ^^\ et deux écrans ({ui permettent d'inter-
cepter à volonté l'un ou l'autre des deux rayonnements. Sous l'action
de la première lampe seule, l'aiguille du galvanomètre se met en
équilibre à une distance a du zéro de la graduation; sous l'action
de la deuxième lampe seule, l'aiguille se fixe à la distance a , du
côté opposé; enfin, sous l'action simultanée des deux lampes, elle
se fixe, par exemple, à la distance jS, du même côté que dans la
première expérience. Si q et q' sont les quantités de chaleur en-
voyées à la pile en un temps donné, dans la première et dans la
deuxième expérience . la quantité q peut être considérée comme la
somme des deux quantités q' et q—q*\ alors il est évident que, dans
la troisième expérience, on a, d'une part, des quantités de chaleur
égales à ^\ tombant simultanément sur les deux faces de la pilé et
se faisant équilibre; d'autre part, la quantité 9 — 9' qiii tombe sur
l'une des deux faces, et qui produit seule la déviation j8. Donc, si
Ton regarde la quantité de chaleur incidente comme une fonction de
la déviation, on pourra poser
q -<p{a).
f-.(p(a'),
d'où l'on tire
(p(/3)- <p{a) <p{a).
En effectuant ainsi plusieurs séries d'expériences, formées de
trois expériences chacune, on obtiendra autant d'équations de ce
genre qu'on voudra :
^'^ Les lampes de Lofatelli sont de petites lampes A mMie compacte, sans cfaeniiiH^ de
verre ( fig. /îgS , A ) , et dont la combustion est leute et assez routière.
RAYONNEMENT. 446
el Toft pourra déterminer, à un facteur constant près, une formule
empirique équivalente à la fonction ^.
Le plus souvent on remarque que, tant que les déviations n'excè-
dent pas une certaine limite, variable d'un galvanomètre à un autre,
mais généralement voisine de 20 degrés, on a
de sorte que la fonction ^ jouit, jusqu'à cette limite, de la propriété
exprimée par l'équation
9 («-a') = (?(«)-(? (a').
Il en résulte que, jusqu'à la limite indiquée, la fonction ^ est de la
forme
c'est-à-dire que les déviations sont proportionnelles aux quantités
de chaleur incidentes. — On peut donc, jusqu'à la limite fournie
par l'expérience même, prendre les déviations de l'aiguille pour
expressions des quantités de chaleur qui tombent sur la pile.
Il est facile ensuite de construire une table qui donne les expres-
sions des quantités de chaleur correspondantes à des déviations
pour lesquelles la proportionnalité précédente ne subsiste plus. —
Admettons, par exemple, que la proportionnalité ait lieu jusqu'à
9 0 degrés, et supposons que deux sources de chaleur, qui produisent
séparément des déviations de 26 degrés et de 1 5 degrés, donnent
naissance, quand elles agissent simultanément, à une déviation
de 11°. 5. On aura, en conservant les notations précédentes,
y'-= 1 5 ,
q— q' = 11,5,
ce qui donne immédiatement
(p(Q5)^-y' + y~ r/^96,5.
Des expériences de ce genre, en nombre suffisant, permettront
de construire une table relative au galvanomètre dont on aura
U6
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
fait usage. — Il ne conviendra pas d'étendre cette grtdaaiion au
delà de 5 o ou 60 degrés, la sensibilité des galvanomtees diaiî-
nuant très-rapidement lorsque cette limite est dépassée.
On a supposé , dans ce qui précède , qu'on observait les déviatums
stables de l'aiguille galvanométrique, lorsqu'elle s'arrête successive-
ment dans ses diverses positions d'équilibre. — On peut tout aussi
bien observer les excursions initiales de l'aiguille, et déterminer,
par la même méthode, les relations qui existent entre les quantités
de chaleur incidente et les arcs d'impulsim. — On trouve même,
dans l'usage des arcs d'impulsion , l'avantage d'abréger la durée des
expériences.
631. Diverses ■•mpeg» de elu^leur eipMsyées dbMM Wé*
UmÊm de to dMileur niy^MaaMte. — Afin de donner à ses expé-
riences une diversité de conditions qui pût en faire considérer les
conclusions comme générales, Melloni a fait usage de sources de
chaleur très-variées. On a consené fhabitude de joindre a son ap-
pareil les quatre sources de chaleur suivantes :
1*" L ne lampe à mèche com|>acte A (6g. ^98) dont la flamme est
peu brillante, mais très-constante: c'est la lampe connue sous le
nom de lam|)e de Locatelli;
*i* Ine spirale de platine B. portée a Fincandescence par la
flamme d^une lampe à alcool ou plutôt par les gai qui font suite à
la flamme elle-même:
3* I ne lame de cuivre C« couverte de noir de fumée et portée à
la tem|it''niture dVniiron &00 degn^ |Mir If contact de la flamme
d'une lampe à alcool:
RAYONNEMENT. UUl
fi"* Un cube métallique D, rempli d'eau maintenue à Tébullition,
et ayant ses faces verticales couvertes de diverses substances.
On a fréquemment employé aussi les lampes à double courant
d'air et à cheminée de verre, ou lampes d'Argand ; la flamme du cha-
lumeau à gaz oxygène et hydrogène; la lampe de Drummond, etc.
LOIS RELATIVES Ad MODE DE PROPAGATION DE LA CHALEUR
RAYONNANTE.
632. ProiM^sation rectilisne de la ebaleur flans un mi-
lieu bamaséne. — L'expression de propagation rectiligne, appliquée
à la chaleur, doit être entendue comme dans le cas de la lumière :
elle signifie, en réalité, qu'il existe des corps tels, que, si on les met
en présence d'une source calorifique , la source n'envoie pas de cha-
leur sensible (abstraction faite de la diffraction) dans le cône d'ombre
qu'on déterminerait en considérant la source calorifique comme une
source lumineuse; ces corps sont caractérisés par la dénomination
de corps athermanes,
633. Witeaee de propagation de la elialeur. — La vitesse
de propagation de la chaleur est égale h la vitesse de propagation
de la lumière.
Pour constater d'abord que cette vitesse est très-grande, il suftît
d'observer que, à mesure que la sensibilité d'un appareil thermo-
métrique augmente, le moment où il commence à accuser une élé-
vation de température se rapproche indéfiniment du moment où une
source de chaleur commence à n'être plus séparée de lui par aucun
corps opaque. — C'est ce qu'on peut manifester dans l'expérience des
miroirs conjugués^ où, deux miroirs sphériques étant disposés de ma-
nière que leursaxes coïncident, un corps chaud, placé au foyer de l'un,
envoie de la chaleur à un thermomètre placé au foyer de l'autre. On
peut, comme le faisait Mariolle, placer les deux miroirs à plus de
cent mètres l'un de l'autre, sans qu'il soit possible d'apprécier un
intervalle de temps sensible entre le moment où la suppression d'un
écran athermane permet aux rayons calorifiques de se propager, et
le moment où le liquide du thermomètre commence à se mouvoir.
'4bS
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
Le phénomène de Yaberration démontre que ia chaleur se pro-
page, dans le vide et dans Talr, avec la même vitesse que la lumière;.
Ce phénomène consiste en ce que la direction apparente des rayons
lumineux est modifiée par le mouvement de la terre : la grandeur
de cette modiGcation dépend du rapport qui existe entre la vitesse
de la lumière et la vitesse de translation de la terre. Si la vitesse des
rayons calorifiques obscurs qui font partie de la radiation solaire
différait sensiblement de la vitesse des rayons lumineux, Timage du
soleil, formée au foyer d'un appareil optique par les rayons calori-
fiques, no coïnciderait pas avec l'image formée par les rayons lumi-
neux : on serait averti de ce défaut de coïncidence dans les expé-
riences 011 l'on chercherait à étudier la distribution de la chaleur
aux divers points de l'image solaire. Rien de pareil ne s'est manifesté,
dans les observations assez nombreuses que les astronomes ont faites
sur ce sujet depuis quelques années.
63Â. RéfleiU^n de la ebaleur. — Les lois de la réflexion de
la chaleur sur les surfaces polies sont identiques aux lois de la ré-
flexion de la lumière.
En disposant la pile de l'appareil de Melloni, comme l'indique
la figure ^99. sur une règle supplémentaire IH, et installant une
f «g. 499-
petite plaque métallique polie F sur la plaque graduée que porte le
support k autour duquel cette règle est mobile, on constate que la
pile reçoit la chaleur de la source, un peu amoindrie par la réflexion,
dans la direction indiquée par les lois de la réflexion : pour toute
HAYONNEMEM. W9
autre position de la règle mobile, la pile n'accuse pas d'élevalion de
température sensible.
L'expérience des miroirs conjugués (626) permet de vérifier direc-
tement que les lois de la réflexion de la lumière sont aussi celles de la
réflexion de la chaleur. Il sufiit, pour cela, de placer d'abord au loyer
de l'un des miroirs un corps émettant à la fois de la chaleur et de
la lumière, comme la flamme d'une bougie, et de déterminer, avec
un petit écran blanc, le foyer lumineux fourni par l'autre miroir.
Oh constate alors que c'est en ce point qu'on doit placer un thermo-
mètre, pour qu'il accuse une élévation de température. — On peut
d'ailleurs remplacer ensuite la bougie par un corps émettant seu-
lement dé la chaleur obscure, comme un vase contenant de l'eau
chaude; c'est toujours au même point qu'on doit placer le thermo-
mètre, pour obtenir l'efi'et maximum.
Quant à la difliision, ou réflexion irrégulière, elle a lieu sur les
surfaces dépolies , pour la chaleur aussi bien que pour la lumière.
— En substituant à la plaque polie F (fig. ^99) une plaque d'une
substance mate, et garnissant la pile de son réflecteur conique
(fig. ^97) pour lui donner plus de sensibilité, on constate qu'il y a
de la chaleur difi'usée par la surface mate, dans toute la région de
l'espace qui est en avant de cette surface.
635. Réfraction de la clialeur. — Dispersion. — Les lois
de. la réfraction de la chaleur sont encore identiques à celles de la
réfraction de la lumière. C'est ce que l'on constate, soit au moyen
d'expériences directes, faites avec un prisme de sel gemme, soit en
concentrant les rayons d'une source de chaleur au foyer fourni
par une lentille de sel gemme, soit enfin en observant les effets
calorifiques si intenses qui se produisent au foyer principal d'une
lentille convergente qu'on expose aux rayons solaires, phénomènes
qui acquièrent une intensité plus grande encore lorsqu'on fait usage
de lentilles à échelons^''.
^*) Melloni a pu, au moyen d^une lenlille à échelons et d^in appreil Ujcrmo-élcclriqucî
sensible, constater la faculté calorifique des rayons lunaires. L^expérienco est très-délicate;
il faut attendre que la pile et la lentille soient exactement en équilibre de température avec
Tatmosphère, et, seulement alors, retirer Técran qui proiégeait la lentille contre les
Verokt, m. — Cours do pbys. IF. 39
450 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
La dispersion produite par le passage d'un faisceau calorifique au
travers d'un prisme peut également être constatée par l'expérience.
— Si le faisceau calorifique, avant de rencontrer le prLsme, a tra-
versé successivement deux fentes étroites, parallèles aux arêtes du
prisme et assez éloignées l'une de l'autre, on peut le considérer
comme formé de rayons presque parallèles; en recevant le faisceau,
après le passage au travers du prisme, sur une pile formée d'une série
unique d'éléments et placée derrière une fente étroite, on recon-
naît que le faisceau réfracté est toujours plus large que le faisceau
incident. La grandeur do cette dilatation du faisceau et la valeur de
sa déviation moyenne dépendent de la nature de la source calori-
fique, et augmentent k mesure que cette source approche de devenir
lumineuse, ou que sa lumière approche d'être parfaitement blanche.
— Ces divers phénomènes s'expliquent, comme les phénomènes an<n-
logues qui ont été étudiés dans l'Optique, par l'hétérogénéité des
radiations calorifiques et l'inégale réfrangibilité de leurs divers élé-
ments. A mesure que les sources calorifiques approchent de devenir
lumineuses, et que leur lumière devient de plus en plus blanche,
la radiation primitive se complique successivement d'éléments nou-
veaux, de réfrangibilité croissante.
Ces conclusions s'accordent entièrement avec celles (|u'on a déjii
tirées de l'étude de la portion infra -rouge du spectre (498). — 1^
chaleur obscure que fournissent les sources artificielles est d'ailleurs
hétérogène, comme la chaleur obscure qui est émise par le soleil.
636. Interférences ém la elmleur. — Des phénomènes dus
à l'interférence des rayons calorifiques ont été signalés dans des cir-
constances semblables à celles pour lesquelles il y a interférence des
rayons lumineux.
Lorsque MM. Fizeau et Foucault ont exécuté leurs expériences
destinées à manifester l'interférence des rayons lumineux qui pré-
sentent de grandes différences de marche, ils ont reconnu que, dans
les bandes obscures dont le spectre était sillonné (563), la chaleur
était toujours moindre que dans les parties voisines. En transportant
rayons de la lune : In dtWiation de l^aiguiilf gaKanomélriqiii» indique une ar lion ralori-
fiquc tnVfaihIe.
RAYONNEMENT. ftiA
ensuite dans les rayons infra-rouges la pile ihernio-électrique qui
servait à leurs observations, ils ont trouvé que celte partie de l'espace
offrait des alternatives de minima et de maxima d'intensité, faisant
suite aux bandes alternativement obscures et brillantes du spectre
lumineux.
637. Polarisation de la clialeur. — Les expériences de Bé-
rard ont montré que l'intensité des rayons calorifiques réfléchis deux
fois sur deux glaces noires, sous l'angle de polarisation, est maxima
quand les deux plans de réflexion sont parallèles, nulle quand ces
deux plans sont perpendiculaires entre eux. — D'après les expé-
riences de Melloni, l'intensité des rayons calorifiques transmis par
deux piles de lames de mica , sous l'angle de polarisation, est maxima
quand les deux plans de réfraction sont parallèles, minima lorsqu'ils
sont croisés à angle droit.
L'ensemble de tous ces faits tend évidemment à confirmer l'iden-
tité de la lumière et de la chaleur rayonnante, identité rendue déjà
manifeste par tant d'autres résultats.
LOIS RELATIVES AUX VARIATIONS D'INTENSITE DE LA CHALEUR
RAYONNANTE.
638. liOi du carré des distances. — La variation de l'in-
tensité calorifique en raison inverse du carré de la distance, dans
un milieu homogène, résulte immédiatement du raisonnement qui
a été fait plus haut pour l'intensité lumineuse (38/i), sans qu'il y
ait à modifier en rien ce raisonnement.
Quant à la vérification expérimentale, elle s'effectuera sans peine
en employant une spirale de platine ïju'on portera à l'incandes-
cence, soit au moyen d'une flamme d'alcool B (fig. igS), soit par
le passage d'un courant électrique : on limitera le faisceau calori-
fique au moyen d'une ouverture étroite, pratiquée dans un écran.
639. Pouvoirs réflecteurs. — Pouvoirs dilfusifs. — Dans
un faisceau de rayons calorifiques parallèles, on peut appeler iVi/en-
sité du faisceau la quantité de chaleur qui, pendant l'unité de temps,
«9-
A5i> IMU)PA(i\TION J)E J.A CHALEUR.
traverse l'unité de surface prise dans la section droite de ce faisceau.
Lorsqu'un pareil faisceau tombe sur un corps poli, on nomme pou-
voir réflecteur de ce corps le rapport de Tinlensité du faisceau réfléchi
h l'intensité du faisceau incident ^'^
La fifrwre /i()() indi(|ue la disposition que Ton peut donner à l'ap-
pareil de Melloni pour mesurer directement les pouvoirs réflecteurs
des divers corps. — Ces expériences conduisent aux résultats géné-
raux suivants :
1** Le pouvoir réflecteur des corps diathermanes, ainsi que celui
des corps athermanes non métalliques , varie très-peu avec la nature
de la source calorifique, et beaucoup avec l'angle d'incidence. Il
augmente h mesure que l'incidence s'éloigne de l'incidence nor-
male, conformément à une formule qui a été déduite par Fresnel
de la théorie des ondes , savoir :
u^l 8in'(t~r) 1 Ung|(i~r) (2)
Q sin' ( i -h r) Q tang*(i-+-r)
3° Le pouvoir réflecteur des métaux, ainsi que celui des subs-
tances athermanes qui ont l'aspect métallique, varie très-peu avec
l'inclinaison : il éprouve, au contraire, de grandes variations avec la
Jiature de la chaleur incidente, — L'argent et le métal des miroirs
sont les seuls qui réfléchissent dans une proportion à peu près in-
variable les rayons calorifiques de toutes les origines. Cette propor-
tion est de 0,97 pour l'argent; de o,85 pour le métal des miroirs.
Le f)omH)ir diffmif, défini comme le pouvoir réflecteur, varie avec
l'incidence, avec la direction des rayons difl'usés, et avec la nature
de la chaleur incidente.
Les expériences peuvent encore c^lre eflectuées avec l'appareil de
Melloni en employant la disposition indiquée par la figun* /i9(),
(') si le pouvoir réflecteur ainsi défini est connu pour toutes le« incidences, il est faciio
de pn>voir ce ()ui arrivera k un faisceau incident quelctHique, en décomposant ce faisciviu
en faiiireaux coniques infiniment déliés, qu^on assimile à des faisceaux cylindriques.
^^^ L'un^'lc de réfraction r étant une fonction de Pindice de réfraction, le pouvoir réflec-
teur dépond réellement de la réfraugibiKté ou de la longueur d'onde de la cbaletir inci
donle; mai» do pareilles variations sont trop faibles pour <*tre arrus«'»es dans losexpérienn
tliPmioîiirfri«|iio8.
plaçant en V un corps mal, et garnissant la pile de son cône réflec-
teur (fig. A 97). — Il y a» dans ces expériences où les effets calori-
fiques produits sont toujours peu intenses, une dilliculté qui résulte
de ce qu'on est exposé à prendre pour de la chaleur diffusée celle
qui est, en réalité, rayonnée par la plaque F en verlu de réchauffe-
ment que lui communique l'absorption d'une partie de la chaleur
incidente; on échappe à cette cause d'erreur en n'observant, dans
chaque expérience, que l'effet presque instantané qui suit la pre-
mière arrivée de la lumière incidente. — La possibilité d'une fluores-
cence thermique est une autre cause d'erreurs, dont on ne s'est
pas suffisamment préoccupé jusqu'ici.
I^es lois qui précèdent, relatives aux variations d'intensité de la
chaleur réfléchie ou diffusée, présentent une analogie manifeste avec
les faits suivants , constatés dans l'étude de la lumière :
i"" Les images réfléchies régulièrement par les corps non métal-
liques et par quelques métaux présentent des colorations identiques
à celles des objets. Cette remarque prouve que la réflexion des
rayons lumineux de diverses couleurs s'opère sur ces corps avec
une même intensité.
2*" L'influence de l'incidence sur le pouvoir réflecteur de ces
mêmes corps est évidente à l'observation la moins attentive; d'ail-
leurs des mesures photomélriques ont vérifié directement, pour les
phénomènes lumineux , la formule théorique de Fresnel.
S"" La plupart des métaux donnent une coloration particulière,
e( caractéristique pour chacun d'eux, à la lumière qu'ils réfléchissent
régulièrement.
li*" La diffusion colore généralement la lumière , co s'exerçant iné-
galement sur les divers éléments simples qui la constituent; c'est
ainsi que les corps nous sont rendus visibles.
6A0. P«uv«lr0 alMi^rtottBtd des mmwpm atliCTian— > — La
partie de la chaleur incidente qui n'est ni réfléchie régulièrement,
ni diffusée par les corps qu'elle rencontre, pénètre dans l'intérieur
de ces corps. Dans les corps athermânes, la chaleur s'arrête tout
entière dans les premières couches qu'elle traverse, et y produit une
A54 PKOPAGATION DE LA CHALEUR.
élévation de température qui se communique ensuite au reste dil
corps, par voie de conductibilité. Le rapport de cette quantité de
chaleur à la quantité de chaleur incidente est ce qu'on nomme le
pouvoir absorbant.
Si l'on convient d'appeler pouvoir difusif total le rapport de la
somme des quantités de chaleur diffusées dans tous les sens à la
quantité de chaleur incidente, on peut dire que la somme du pou-
voir réflecteur, du pouvoir diiïusif total et du pouvoir absorbant est
égaie à l'unité; ou encore que le pouvoir absorbant est complémen-
taire de la somme du pouvoir réflecteur et du pouvoir diffusif total.
Il suit de là que les lois du pouvoir absorbant sont connues lorsqu'on
connaît celles du pouvoir réflecteur et du pouvoir diffusif. — Dès
lors, d'après les résultats qui précèdent et sans avoir recours à des
expériences directes, on peut énoncer, par exemple, les deux lois
suivantes :
i"" Le pouvoir absorbant diminue h mesure que Tinclinaison
augmente.
«j*" Le pouvoir absorbant des corps qui ont un pouvoir diffusif
sensible et des corps ayant l'aspect métallique dépend de la nature
de la chaleur incidente.
■ufcatance» atlieriiiaBes, — Le noir de fumée, lorsqu'il est bien
préparé, ne réfléchit et ne diffuse qu'une portion négligeable de la
chaleur incidente; par conséquent, il possède un pouvoir absorbant
qui ne diffère pas sensiblement de l'unité, pour toute es|)èce de
chaleur incidente. — C'est à cause de cette propriété que, lorsque
les deux faces d'une pile thermo- électrique sont enduites de noir
de fumée, deux quantités de chaleur égales, tombant sur les deux
faces de la pile, se font équilibre l'une à l'autre.
Il n'en est plus ainsi lorsque les deux faces de la pile sont in-
duites de substances différentes, et ce défaut d'équilibre peut alors
senir à démontrer, non-seulement que les pouvoirs absorbants des
diverses substances sont inégaux • mais encore qu'ils varient avec la
nature de la chaleur incidente. — Ainsi, »i l'on place deux cube>
noirris, remplis d'eau en éhullition, des deux cotés d'une pile dont
KAYONNEMKNT. 455
les faces sont recouvertes de noir de fumée, à des distances telles
que leurs rayonnements se fassent équilibre, on constate que l'équi-
libre subsiste lorsqu'on vient à enduire l'une des faces de la pile de
blanc de céruse. Au contraire, la substitution de la céruse au noir
de fumée détruit l'équilibre , lorsqu'on l'a établi en employant , comme
sources de chaleur, deux lampes de Locatelli ou deux lampes d'Ar-
gand. Donc la céruse absorbe, comme le noir de fumée, à peu près
la totalité du rayonnement émis par le noir de fumée qui couvre
les cubes à la température de loo degrés; au contraire, elle n'ab-
soil)e dans le rayonnement des lampes qu'une fraction beaucoup
moindre que l'unité.
Si maintenant, entre une source de chaleur et une pile thermo-
électrique, on interpose successivement divers écrans métalliques
minces, couverts de diverses substances sur la face qui regarde la
source, et de noir de fumée sur la face qui regarde la pile, l'eflet
produit sur la pile est évidemment d'autant plus grand que la tem-
pérature communiquée par la source ù l'écran est plus élevée; comme
d'ailleurs l'élévation de température est elle-même d'autant plus
considérable que la face tournée vers la source absorbe plus de
chaleur, cette expérience permet de ranger, par ordre de grandeurs,
les pouvoirs absorbants des diverses substances athermanes; mais elle
ùe permettrait pas d'en obtenir de mesures. — L'ordre dans lecjuel
on est ainsi conduit à classer les diverses substances est variable avec
isr nature de la source dont on a fait usage pour ces expériences.
64 â. P«iiv«ir« alMi«rlNiBt(i des c«r|Mi diatliermaiies*
— Relatton entre l'intensité dn faiseean transmis et
répaissenr traversée, dans le eas an le faisceau est
fcsmsiféne» — On peut continuer d'appeler lionvoir absorhant d'un
corps diathermane Texcès de l'unité sur la somme du pouvoir ré-
lecteur et du pouvoir diffusif total (6Â0); mais la connaissance de
cet élément ne définirait en aucune manière l'absorption qui s'opère
à mesure que la radiation traverse des épaisseurs croissantes du
corps diathermane.
On établit facilement, comme dans le cas de la lumière (493),
que l'absorption exercée par un pareil corps est soumise à la loi
/id6
PROPAGATION DE LA CHALEUB.
suivajite. Si l'on désigne par t^ l'intensité primitive d'un faiisceaa
calorifique homogène, par t l'intensité à laquelle le faisceau est réduit
après avoir traversé une épaisseur j; de la substance en question,
par k un coefficient qui dépend à la fois de la nature de ia subs-
tance et de la longueur d'ondulation du faisceau, on a
«o«
,-A*
Cette formule a été vérifiée par MM. Jamin et Masson , en isolant,
dans un spectre pur, des faisceaux de diverses réfrangibilités, au
moyen d'une fente étroite. — Lorsque ces faisceaux appartenaient
à la partie visible du spectre, les expériences tfaermoscopiques et
les expériences photométriques assignaient la même valeur au coeffi-
cient d'extinction k. Lorsqu'ils appartenaient à la partie invisible,
le coefficient k avait une valeur qu'il était impossible de prévoir
d'après l'action exercée par la substance sur les rayons visibles. Le
tableau suivant, qui contient les valeurs du rapport -pour divers
rayons, transmis à travers des épaisseurs égales de diverses subs-
tances, donne une idée de ces résultats.
POSITION DU FAISCKAU
DANS Ll SPECTItK.
Vert
Jaune
Ronge
lnfra-i*oiige n" i
Il'' a
n' 3
Il' A
VALEURS DE -r APRÈS LE PASSAGE
dans
Ll SEL eiii».
0,93
0,99
0,9a
0,92
0,92
0,91
0,()0
ilaDS
Ll TKBKI.
0,91
0,93
0,85
0,87
0,5/i
0,39
0,00
daos
L*ALra.
0,92
0,94
0,84
0,61
0,29
0,00
0,00
On voit, par ces exemples, que les substances bien transparentes
transmettent à peu près dans la même proportion les diverses radia-
tions de la partie visible du spectre, mais qu'elles transmettent dans
les proportions les plus inégales les radiations de la partie invisible.
RAYONNEMENT. A57
Dans le tableau ci^rontre, le sel gemme se fait remarquer par
l'uniformité de l'action qu'il exerce sur les radiations les plus di-
verses. — Cette uniformité se maintient lorsqu'on examine l'action
du sel gemme sur le rayonnement complexe des diverses sources
artificielles. En outre, tant que l'épaisseur du sel gemme n'est que
de quelques centimètres, la proportion de chaleur transmise est
sensiblement indépendante de l'épaisseur.
11 suit de là que, dans le sel gemme, l'absorption proprement
dite est insensible sous de faibles épaisseurs, et que l'affaiblissement
des rayons calorifiques est entièrement dû aux réflexions qui
s'opèrent à l'entrée et à la sortie de ces rayons. — En effet, si
l'on désigne par R et R' les proportions de chaleur qui sont ré-
. fléchies à l'entrée et à la sortie, la formule qui exprime l'intensité
d'un faisceau homogène, transmis par une plaque d'épaisseur égale
à X, est
.■=t;(i-R)(i-R')e
,— »»
ou plutôt, comme la théorie des ondulations démontre que R est
égal à R',
. t = ,;(i-R)2e-'^
et, lorsque e""** ne diffère pas sensiblement de l'unité, la valeur de
l'intensité t se réduit à
,-=i.(i-R)2.
'6 A 3. TranunissiOB d'un faisceau bétéroséne à iravera
«M cariNi diatlieraiane. — Si maintenant on considère le cas
ordinaire, oii le faisceau incident est hétérogène , l'intensité totale du
faisceau transmis est la somme d'un nombre plus ou moins considé-
rable de termes, de la forme
.;(i-R)2e-'-
comme le pouvoir réflecteur est sensiblement indépendant de la
nature de la radiation (639), le facteur (i — R) est sensiblement le
même pour tous les termes de la somme, et la somme elle-même
peut s'écrire
(i-R)22i.e
.— ix
A58 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
L'intensité primitive totale étant représentée par St^, îi est évident
que le rapport de l'intensité du faisceau transmis h l'intensité du
faisceau incident n'est pas liée à l'épaisseur par une loi simple.
Toutefois, les expériences relatives à la transmission des radiations
hétérogènes mettent en évidence quelques faits généraux , qu'il est
ntéressant de connaître.
D'abord , à mesure qu'un faisceau hétérogène traverse des épais-
seurs croissantes d'une substance déterminée, la proportion relative
des éléments les plus absorbables va en décroissant, et celle des
éléments les moins absorbables va en croissant. — Par conséquent,
si l'on considère une suite d'épaisseurs égales entre elles, on peut
dire qu'elles donnent lieu à des pertes relatives de plus en plus
faibles. Le décroissement des pertes n'est pas indéfini, mais il tend
vers une limite qui est atteinte lorsque le faisceau ne contient plus,
en proportion sensible , que les éléments pour lesquels le coefficient
d'extinction A a la plus petite valeur. — On peut citer, comme exem-
ples, les expériences de Meiloni sur la chaleur transmise à travers
une suite de lames de verre de a millimètres d'épaisseur. Voici quel-
ques-uns des résultats de ces expériences :
LAMPE DE LOCATELLl. CUIVBK À ^OO*.
Pro|M)rtion de chaleur trausmise par une lame. . . 0,689 0,087
deuxièmes. . o,63& 0,066
trois lames. . 0,609 o,o53
_. quatre lames. 0,699 0,066
De ces résultats on conclut aisément le tableau suivant, d'après lequel
la loi devient manifeste d'elle-même :
LAMPB DE LOCATELLl. CtJlfllB À 6 00 DBGBBS.
Perle absolue. Perte relative. Perte absolue. Perte relative.
Première lame .. . o,3i8 o,3i8 0,913 0,913
Deuxième lame. . . 0,068 0.070 o,03i 0,9/11
Troisième lame. . . o,095 0,039 0,01 3 ^'^^91
Quatrième lame . . 0,017 0,099 0,007 0,1 36
(îette loi de décroissement des pertes successives produites par
des épaisseurs égales n'est qu'un cas particulier d'un phénomène
RAYONNEMENT. 459
général. La composition d'un faisceau hétérogène étant modifiée par
son passage à travers une lame diathermane, son aptitude relative à
traverser une lame quelconque est, par là même, modifiée. — Le
tableau suivant donne un exemple de ces modifications; il contient
ies proportions, qu'une lame d'alun a transmises, du rayonnement
direct de la lampe de Locatelli, et du même rayonnement modifié
par le passage à travers diverses substances.
PROPORTION DU RATONNEMBriT
mCIBBFIT TRANSMISE PAR L^ALUK.
Rayonneinent direct de la lampe de Locatelli 0,09
Sel gemme 0,09
Verre noir opaque 0,0 1
Mica noir opaque o,ot2
n . y-nj I Verre vert foncé o,o3
navouiiement modiiie par !.. ^ , . .
: , . '^, / Verre vert clair 0,00
le passacre a travers le 1 .r ,. .
■^ " ' Verre ordmaire 0,27
Acide citrique 0,88
Alun 0,90
Sel gemme enfumé 0,00
6 à à, li» éUatlieriiiAnéité d'un mmr^jm pour les rayons
#taouro peut être entièrement difTérente de mm tronspa-
renee pour les rayons visibles. — L'eiïet d'une lame sur les
radiations obscures n'a généralement pas de rapport avec l'effet
qu'elle produit sur les radiations visibles; en d'autres termes, on ne
peut pas conclure de la transparence d'une lame à sa diatherma-
néité pour la chaleur des sources obscures. — On ne peut méuie
rien conclure de la transparence, quant à l'action que la lame doit
exercer sur le rayonnement hétérogène d'une source lumineuse,
car le ravonnement de toutes les sources artificielles contient tou-
jours une part plus ou moins considérable de rayons obscurs.
Le tableau suivant donne des exemples d'une opposition presque
complète, chez certains corps, entre le degré de transparence et la
faculté de transmettre les rayons de diverses sources de ciialeur. Il
montre, par exemple, que l'alun et la glace sont athermanes pour la
chaleur des sources obscures; la chaleur obscure traverse, au con-
traire, en proportions trùs-sensiides , une couche de noir de fumée
ÛGO
PHOPAGATIOI^ DE LA CHALEUR.
qu'on a appliquée à la surface du sel gemme et dont l'opacité est
suffisante pour arrêter entièrement la partie visible du spectre solaire.
SUBSTANCES
DUTBBIMASIBK.
éPAISSBUB COMMUNIE DE û""^,6.
Sei gemme
Spath fluor
Crislal de roche limpide
Cristal de roche enfumé
Alun
Glace
ÉPAISSBinS DlfBRSBS.
Verre noir opaque (épaisseur, i™").
Mica noir opaque (épaisseur, o""",6).
Sel gemme enfumé, encore diaphane.
Sei gemme , diaphane pour une
flamme vive
Sel gemme, diaphane pour le soleil.
Sel gemme opaque
Sel gemme opaque
Sel gemme opaque
Sel gemme opaque
PROPORTIOlfS DE CHALBUR TRANSMISES.
BiMinOIS
PMffUAlTM
Liainpe
Localelli.
0,99
0,78
0,3 8
0,37
0,09
0,06
0,t26
0,^9
0,/48
0,3 1
0,09
0,08
o,oo5
0,00
0,00
Platine
iacuidaoent.
«»9«
0,69
0,38
0,38
0,03
0,00
0,3.)
0,38
0,55
0,30
0,1&
0,10
0,019
0,00
0,00
CnÎTre
k 4oo devras.
0,93
o,oC
0,06
0,00
0,00
0,19
o,i3
0,66
0,33
0,95
0,18
o,o65
o,oo3
0,016
CoiTre
è too àegri».
0,93
0,33
0,00
0,00
0,00
0,00
0,00
u,oo
0,67
0,35
0,97
0,93
0,09
0,06
o,o35
On peut encore remarquer, sur ce tableau , que les corps trao^-
rents incolores transmettent les rayonnements hétérogènes en [mn
portion d'autant plus grande que ces rayonnements sont fournis par
des sources plus lumineuses, ou plus voisines de Tétre: c*esl ce qu'il
était naturel de penser à priori. — L'accroissement de la facaltë
lumineuse coïncide d'ailleurs, dans la plupart des cas, avec l'ëlëva-
tion de température : ce n'est cependant pas là une règle générale:
ainsi la flamme du chalumeau à gaz hydrogène et oxygène est beau-
coup moins lumineuse que celle d'une lampe ordinaire, bien que sa
température soit incomparablement plus élevée.
DES POliVOIRS EMISSIFS
DE L'KQllILIBRK MOBILE DRS TEMPÉRATURES.
6A5. pouvoir énaÉMikr. — InOMence 4« l'lnclliHil««n et
^^m to tempéFKture mip le ymivstr énlMlf «lu nalr de fiunée.
— On |)eul donner le nom général de pouvoir émissifh, la propriétti
que possèdent les corps de rayonner de la chaleur, lorsque leur lem-
|>ërature est plus élevée que celle des corps qui les environnent.
On étudiera d'aboni l'induence exercée par les conditions des-
quelles semble pouvoir dépendre la grandeur du pouvoir émissif
dans le noir ^e fumer , c'est-à-dire dans le seul coqis qui paraisse
ne posséder qu'un pouvoir réflecteur et un pouvoir diffusif insen-
sibles. — Ces conditions sont : l'inclinaison des rayons Kur la sur-
face, et la température de cette surface elle-ml^me.
1° La quantité de chaleur rayonnée Ham une direction déterminée,
par une surface plane de noir de fumée, d'étendue constante, est
proportionnelle au cosinus de l'angle compris entre la direction des
rayoas et la normale. — Pour le démontrer, ou fait agir sur In
pile P (fig. 5oo), au travers do deux ouvertures égales pratiquées
dans des écrans M , N placés à une distance sullisAnle, celle des faces
462 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
du cube à eau bouillante D (fîg. 4 98) qui est couverte de ooir de
fumée. Si l'on donne n cette face diverses orientations AB, A'B\ la
déviation produite sur l'appareil thermo-électrique resle constante.
Or, la portion de la surface du cube qui rayonne au travers des
deux ouvertures est inversement proportionnelle au cosinus de
l'angle a, que forme la direction des rayons avec la normale à cette
surface elle-même : donc la quantité de chaleur émise par l'unité
de surface est directement proportionnelle à ce cosinus.
Si maintenant on appelle toujours intensité d'un faisceau de rayons
parallèles la quantité de chaleur qui, pendant l'unité de temps,
traverse l'unité de surface de la section droite, on exprimera encore
le résultat qui précède en disant que l'intensité de la chaleur émise
est la même dans toutes les directions. — Si l'on convient d'appeler
spécialement pouvoir émissif dans une direction déterminée l'intensité
de la chaleur émise dans cette direction, on peut dire que le pouvoir
émissif du noir de fumée est indépendant de rinclinaison.
9** La loi précédente se vérifiant également bien lorsque le cube
rayonnant contient de l'eau bouillante ou lorsqu'il contient de l'huile
|)ortée à une température quelconque, on peut, pour étudier l'in-
fluence de la température, se borner h considérer la chaleur émise
normalement à la surface.
Il est à peine besoin d'une expérience spéciale pour établir que
la quantité de chaleur émise augmente à mesure que la température
s'élève; mais cet accroissement de quantité est accompagné d'une mo-
dification de qualité, qu'il est au moins aussi important de considérer.
— En décomposant le faisceau calorifique au moyen d'an prisme de
sel gemme, et étudiant le faisceau émergent; ou bien encore en dé-
terminant l'absorption que le faisceau émis éprouve dans son passage
au travers de divers corps, on constate le changement de propriétés
(|ui résulte d'une élévation de température de la surface rayon-
nante. On arrive ainsi aux résultats suivants :
1° A de basses températures, la chaleur émise par le noir de
fumée, sans être absolument homogène, ne contient que des rayons
difl*érant très-peu les uns des autres par leurs propriétés.
fî** A mosiiro que la température s'élève, la constitution de la
POUVOIRS EMISSIFS. /ifiS
chaleur émise se complique graduellement, par Taddilion incessante
de rayons de plus en plus réfrangibles.
Lorsque la température a atteint le rouge sombre, les apparences
lumineuses qui se succèdent, à mesure que la température continue
à s'élever, suffisent pour constater le changement graduel qui s'opère
dans la constitution du rayonnement.
646. Comparaison des pouvoirs émissifs des divers
corps 9 sous rineidenee normole et à une même tenipéro-
ture. — 11 résulte des faits observés dans l'étude du noir de fumée
que, pour comparer les pouvoirs émissifs des divers corps entre eux,
et pour obtenir des résultats ayant un sens déterminé, il est indis-
pensable de définir avec précision les conditions d'inclinaison et de
température dans lesquelles les expériences sont instituées. En
outre, pour que la comparaison fût complète, il faudrait, non-seu-
lement mesurer le rapport des quantités totales de chaleur émises
par deux corps différents, à la même température et dans des di-
rections également inclinées sur les surfaces, mais déterminer en
même temps la composition qualitative des deux rayonnements.
Les expériences effectuées jusqu'ici sont loin d'avoir été amenées
à ce degré de perfection. On s'est généralement borné à comparer les
quantités totales de chaleur émises normalement par divers corps, à
une même température. — A la température de i oo degrés, MM. de
la Provostaye et P. Desains ont obtenu les nombres compris dans le
tableau ci-dessous, en prenant pour unité le pouvoir émissif du noir
de fumée :
Cénise i
Verre 0,90
Gomaje iaque 0,7a
Fer o,a3
Zinc 0,19
Acier poli 0,18
Platine laminé 0,1 1
Platine bruni 0,09
Laiton poli 0,07
Or en feailles 0,0/1
Argent laminé o,o3
Argent bruni 0,09
'i(i6
PROPA(.ATIO\ DE LA CHALBUR.
Les résultats numériques contenus dans ce tableau peuvent
donner lieu ;iu\ remarques suivantes :
i"* La céruse, dont le pouvoir émissif à loo d^prés est, comme
on le voit, égal à celui du noir de fumée, n'a pas de pouvoir réflec-
teur sensible. Sous l'incidence normale, elle diffuse k peine la chaleur
obscure rayonnée par le noir de fumée à loo degrés, bien qu'elle
diffuse très-abondamment la chaleur lumineuse rayonnée par un
corps à haute température.
ù^ Si l'on ajoute, au nombre exprimant le pouvoir émissif du
verre ou d'un métal , le nombre qui exprime son pouvoir réflecteur
sous l'incidence normale ^*^ on obtient une somme sensiblement
constante et égale à l'unité.
647. Influence de l'inelin»i0on sur les p^uv^irs émis-
mitm de divers e^rps. — Lorsqu'on s'écarte de la direction nor-
male, la quantité de chaleur rayonnée par une surface d'étendue
constante diminue, en général, plus rapidement que le cosinus de
l'inclinaison; en d'autres termes, le fouvoir émimf diminue à mesure
que l'inclinaison augmente. — Le tableau suivant fait connaître la loi
de cette diminution, pour un petit nombre de substances autres
que le noir de fumée.
INCL1>A1S0\
sur
SURFACES RAY0?1NANTBS.
•
%oitL Ds rmÉB
XOll DB FDlICt
cnrsB ■
ocat 10C6K
LA 50IMALE.
applique
direclemeot.
appliqué
à r«s9ence.
appliquée
i l'essence.
appliqua
à resaeoœ.
TUU.
o"
1,00
1,00
1,00
1,00
0,90
(io"
1,00
;/
0,95
/'
0,8 i
a
7'»
1,00
0
0,8 '1
0,91
0,75
80"
1,00
0,75
0,66
0,8 a
o,5â
Comme on sait d'ailleurs que la proportion de chaleur réfléchie
ou diffusée augmente en m<?me temps que l'incidence, ces résultats
^'^ Los |H)ii>oirs réflocleiirs onl v{6 «lélerminés également par MM. de la l*rovostaye A
P. Df^sain^i.
POUVOIRS ÉMISSIFS. 466
prouvent que les variations du pouvoir réflecteur sont inverses de
celles du pouvoir émissif. — On a même mesuré les pouvoirs réflec-
teurs du verre sous diverses incidences, et Ton a reconnu ainsi
directement que la somme du pouvoir réflecteur et du pouvoir
émissif est, pour toute inclinaison, constante et égale à l'unité.
En rapprochant cette observation des remarques que Ton a faites
sur le tableau des pouvoirs émissifs sous l'incidence normale (6A6),
on est conduit h énoncer la loi générale suivante :
Jusqu'à la température de loo degrés, la somme du pouvoir émissif,
du pouvoir réflecteur et du pouvoir diffusif (s'il existe) est, pour tous les
corps et sous toutes les inclinaisons, constante et égale à F unité.
On entend, dans cet énoncé, par pouvoir émissif, le rapport de
l'intensité du faisceau de chaleur rayonné par un corps, sous une
certaine inclinaison et à une certaine température, à l'intensité du
faisceau rayonné par le noir de fumée, sous la même inclinaison et
à la même température ; par pouvoir réflecteur, le rapport de l'inten-
sité du faisceau réfléchi h l'intensité du faisceau incident; par pouvoir
diffusif, le rapport de la quantité totale de chaleur diffusée en tous
sens à la quantité de chaleur incidente.
6â8. És»lité du pouvoir émissif et du pouirdir absor-^
hmwkt. — Il résulte de la définition même du pouvoir absorbant
(640) que ce nombre est égal à l'unité diminuée de la somme du
pouvoir réflecteur et du pouvoir diff*usif. On voit donc que, au
moins jusqu'à la température de lOO degrés, le pouvoir absorbant
est égal au pouvoir émissif c'est-à-dire qu'il est représenté par le
même nombre, si l'on rapporte toujours le pouvoir émissif, pour
chaque corps en particulier, à celui d'un corps tel que le noir de
fumée, qui absorbe la totalité de la chaleur incidente, c*est-à-dire
qui possède un pouvoir absorbant égal à l'unité.
Cette conclusion est d'accord avec une ancienne expérience de
Ritchie, bien antérieure à l'étude que Melloni et MM. de la Pro-
vostaye et P. Desains ont faite des pouvoirs émissifs et des pouvoirs
réflecteurs. — Ritchie avait fait construire un thermomètre diffé-
rentiel à air, dont les boules étaient remplacées par des cylindres de
Vbbdkt, III. — Cours de phys. II. 3o
&t>C PROPAGATION DK LA CHALEUR.
inélal A et B (fig, 5ot), ayant leurs axes placés horùontalemenl
dans le prolongement l'un de l'autre : entre ces deux cylindres, on
en plaçait un troisième C, ayant son axe dans la même direction
(|U<> les deux autres, et contenant de l'eau chaude. Chacun des trois
cylindres A, <), B avait l'une de ses bases enduite de noir de fumée
et l'autre couverte d'une feuille métallique : dans la 6gure ci-contre.
ce sont les faces de droite n, n', n" qui sont couvertes de noir de
fumée, et les faces de gauche m, m', m' qui sont métalliques. Le
cylindre C pouvait ^'ilpp^ocher de A ou de B , et tourner sur lui-
même autour de la verticale. — Ritchic reconnut par l'expérience que ,
si la face métallique m' du cylindre (1 «-tait , comme l'indique la
fîgure, en regard de la face noircie m' du cylindre B, etsa face noir-
cie H en regiinl de la face métallique m du cylindre A, on n'arri-
vait à maintenir la colonne liquide du ihermouièlre différentiel dan^
la position caractérisant l'égalité de température des deux côtés.
qu'à la condition de placer le cylindre V. euictement h égale dis-
tance des cylindres A et B. — Or, lorsque cet équilibre était
atteint, chacun de ces cylindres éprouvait, dans le même temps, le
même gain de chaleur de la part du cylindre inlermédiaire 1^. Dé»
lors, en désignant par E. le pouvoir émissif du métal qui forme li>:i
A ce
PROPAGATION DK LA CHALEUR.
mêla! A et B (fig. ^oi), ayant leurs axes placés horizontalemeot
dans \p. prolongement l'un de l'autre : entre rcs deui cylindres, on
en plaçait un troisième G, ayant son axe dans la même direction
i|UP les deux autres, et contenant de l'eau chaude. Chacun des trois
cvlindres A , ( ! , B avait l'une de ses bases enduite de noir de fumée
et l'autre couverte d'une feuille métallique : dans la figure ci-contre.
ce sont les faces de droite r, n', n' qui sont couvertes de noir de
fumée, et les faces de gauche m, m', m" qui sont métalliques. Le
cylindre C pouvait s'approcher de A ou de B, et tourner sur lui-
même autour de la verticale. — Ritchic reconnut par l'expérience que ,
si la face métallique m' du cylindre 0 était , comme l'indique la
(îgure , en regard de la face noircie n' du cylindre B , et sa face noir-
cie u en regiinl de la face métallique m du cylindre A, on n'arri-
vait à maintenir la colonne liquide du thermomètre dilTérentiel dans
la position caractérisant l'égalité de température des deux cAlt'-s,
qu'à la condition de placer te cylindre V. exactement & égale dis-
tance des cylindres A et B. — Or, lorsque cet é<|uilibre élail
atteint, chacun de ces cylindres éprouvait, dans le même temps, le
même gain de chaleur de la part du cylindre inlermédiaire (î. D^s
lors, en désignant par E. le pouvoir émissifdu métal qui forme les
POUVOIRS KMISSIFS. 467
bases non noircies des cylindres, par E„ le pouvoir émissif du noir
de furaée, par A„, et A„ les pouvoirs absorbants de ces deux mêmes
corps, on devait avoir
fi A„=^^E.A
PI n ^« m
ou
^r» _^ ^ni
^:„ A.
Mais puisque le noir de fumée absorbe la totalité des rayons inci-
dents, on a A„= 1. Si l'on convient alors de prendre le pouvoir
émissif E,. du noir de fumée comme unité de pouvoir émissif, il vient
E.. = A..
m "m
c'est-à-dire que le pouvoir émissif du métal est égal à son pouvoir
absorbant.
6^9. Remarques sur la généralité du prineipe précé-
dent. — La proposition générale de l'égalité du pouvoir émissif et
du pouvoir absorbant, ainsi que les lois particulières desquelles cette
proposition est déduite, ont un sens précis tant qu'on peut faire
abstraction de l'hétérogénéité de la chaleur rayonnante, c'est-à-dire
tant que l'on considère les pouvoirs émissifs mesurés à de basses
températures, et les pouvoirs absorbants ou réflecteurs relatifs à des
rayonnements qui ont eux-mêmes pour origines des sources dont la
température est basse. Mais elles semblent perdre toute signification
dès que, ces restrictions étant écartées, les pouvoirs absorbants ou
réflecteurs doivent être regardés comme dépendant de la nature de
la chaleur incidente, tandis que les pouvoirs émissifs ne dépendent
que de la nature du corps, de sa température et de l'inclinaison des
rayons sur sa surface.
Quelques faits expérimentaux bien constatés indiquent cependant,
d'une manière assez claire, comment, dans le cas le plus général,
on doit entendre la loi dont il s'agit. — Ainsi on sait que, à la
température de loo degrés, un certain nombre de corps parfaite-
ment blancs, tels que la céruse ou le borate de plomb, ont un pou-
voir émissif à peu près égal à celui du noir de fumée; on sait aussi
3o.
468 PROPAGATION DE LÀ CHALEUR.
que ces corps absorbent à peu près en totalité la chaleur émise
par le noir de fumée à la température de loo degrés. — D'un
autre côté, la blancheur de ces corps suffit pour prouver qu'ils dif-
fusent en abondance tous les rayons dont la réfrangibilité est com-
prise entre les limites du spectre visible, et l'on peut reconnaître
directement qu'ils diffusent une proportion considérable de la cha-
leur émise par les sources à température élevée. D'ailleurs, si l'on
vient à les porter eux-mêmes à des températures élevées, ils cessent
d'émettre des quantités de chaleur égales à celles qu'émet le noir
de fumée aux mêmes températures. — La comparaison de ces divers
résultats montre que, pour ces corps, le pouvoir émissif diminue en
même temps que le pouvoir absorbant ^*l
Il semble donc qu'on échappera à toute difficulté, et qu'on se
rendra compte de tous les faits observés, si l'on admet la loi géné-
rale d'après laquelle, en désignant par E;^ et e^ les intensités de^
faisceaux calorifiques de longueur d'ondulation X, qu'émettent à
une même température t et sous une même inclinaison t un corps
dont le pouvoir absorbant est absolu (le noir de fumée) et un corps
quelconque; par a^ le pouvoir absorbant du second corps à la tem-
pérature t, pour des rayons de longueur d'ondulation X, rencontrant
sa surface sous l'incidence i, on aurait toujours
^ (2)
«. = — '
— Si cette loi générale n'a pas encore été tout à fait rigoureusement
(') MM.de la l^rovoslaye et P. Desainsont fait cette observation importante en plaçant,
entre deux piles thermo-électriques semblables entre elles, une lame de platine enduite
de noir de fumée sur Tune de ses faces et de borate de plomb sur Tautre, et en élevant la
température de cette lame par le passage d'un courant. A des températures peu élevées,
les deux rayonnements étaient sensiblement égaux; au rouge naissant, le rayonnement du
borate de plomb n*était plus que les trois quarts de celui du noir de fumée.
(^^ Si la température ( est trop basse pour que le noir de fumée émette des rayons
d'une longueur d'ondulation égale à A, la quantité E^ est nulle, et la quantité a^ est au
plus égale à Tunité : il faut donc que e^ soit également nul. La formule devient alors indé-
terminée et nous rappelle simplement que l'étude du pouvoir émissif d'un corps, faite à
de basses températures, n'autorise aucune conclusion relative à la manière dont ce corps
se comporte à l'éganl de la chaleur fournie par des sources dont la températun» est plus
élevée.
POUVOIRS ÉMISSIFS. /i69
déinontrëe par rexpérience, elle apparaît, au point de vue de la
théorie des ondes, comme une conséquence nécessaire de considé-
rations mécaniques toutes semblables à celles qu'on a présentées au
sujet de l'absorption de la lumière (573). Les mouvements vibra-
toires qui doivent se communiquer le plus facilement aux molécules
d'un corps, c'est-à-dire qui doivent être absorbés par elles dans la
proportion la plus grande , sont précisément ceux que ces molécules
elles-mêmes sont disposées à produire, en vertu de leur structure
et de leur élasticité, lorsque ce corps est amené à une température
convenable et se comporte comme une source calorifique.
On voit ainsi q]ue l'absorption exercée dans les corps alher-
manes par une couche superficielle infiniment mince, et l'ab-
sorption graduelle qui se produit dans toute l'épaisseur d'un corps
diathermane, sont des phénomènes de môme ordre; ils sont dé-
terminés par une même cause, agissant avec des énergies diverses.
11 est donc probable que, dans les deux cas, la même relation doit
subsister entre l'émission et l'absorption de la chaleur. -. — Dès
lors, en représentant par E;^ et e^ les intensités des faisceaux ca-
lorifiques de longueur d'ondulation X, qu'émettent, à une même
température t et sous une même inclinaison i, un corps dont le
pouvoir absorbant est absolu et un corps diathermane quelconque,
par a^ la proportion d'un faisceau calorifique de même longueur
d'onde qui est arrêtée dans le corps diathermane, lorsqu'il y pénètre
en tombant sous l'incidence i et à la température (, on peut dire
que l'on aurait
— — a ^1^
(I) Dans le cas des corps athern]anes,e^ et a^ sont deux coeffideiits caraclérisliques
de la nature du corps, mais indépendants de ses dimensions et de sa forme; on peut les
désigner, comme on Ta fait, sous le nom de pouvoir émissifei de pouvoir abiorkont relatifs
à une inclinaison , a une température et à une longueur d'ondulation déterminées. — H n'en
est plus de même dans le cas des corps diathermanes. Dans ce cas, a^ dépend évidemment
de Tépaisseur du corps considéré , et même de sa forme ; car l'absorption ne s'exerce pas
seulement dans le trajet direct de la première à la seconde surface, elle agit aussi sur la
portion des rayons qui se réfléchit vers l'intérieur en rencontrant la seconde surface, sur la
portion de ceux-ci qui est réfléchie de nouveau vers l'intérieur, et ainsi de suite. Quant à e^ ,
c'est aussi une fonction des dimensions el de la forme du corps, puisque l'épaisseur de
MO PROPAGATION UE LA CHALEUR.
650. conséquences relatives aum eandifians eu renver-
sement des raies 9 dans les empérienees de Hlil. MireMiafr
et Bunsen. — Les découvertes de MM. Kirchhoff et Bunsen sont
une confirmation remarquable de cette loi. C'est même seulement en
ayant égard à cette loi elle-même qu'on peut se rendre bien compte
des conditions nécessaires au succès de l'expérience du renversement
(les raies (502).
Soit «; l'intensité du faisceau de rayons, de longueur d'ondula-
tion X, (ju'émet la flamme chargée de vapeurs métalliques avec la-
quelle on fait l'expérience ; soit a;^ la fraction d'un faisceau incident ,
de même longueur d'ondulation , que cette flamme est capable d'ar-
rêter; soit enfin e^ l'intensité du faisceau de cette même longueur
d'ondulation qui est émis vers la flamme par la source lumineuse
dont on fait usage. La flamme agissant à la fois par absorption et
par émission, on aura, dans la région du spectre qui correspond à
l'espèccî particulière d'ondulation que l'on considère, une intensité
lumineuse totale qui pourra être représentée par
et, suivant que, pour la qualité de lumière correspondante à un
point déterminé du spectre, cette expression sera plus petite ou plus
grande que e-^^ la présence de la flamme aflaiblira ou augmentera
l'intensité lumineuse qui était fournie par la source dans la région
correspondante du spectre, c'est-à-dire qu'elle fera apparaître, dans
cette région, une bande plus obscure ou plus brillante que n'était
la partie du spectre de la source dont cette bande occupe la place.
— Soit E;^ l'intensité du faisceau de même espèce qu'émettrait une
vsurface douée d'un pouvoir absorbant absolu, ayant même tempéra-
ture que la flamme; on aura, en vertu de la relation générale qui
précède ,
h «A ''A-
s^ ûti K
laquelle dépend le rayonnement, dans un corps diaUieniiane, ne peut plus être re;gardêe
connue très-}>etile , dès que la tempérahire est tant soit peu élevée. — C'est sous le bénéBee
«lo ces remarques qu'on peut dire que le principe de réédité du pouvoir émwsif et du
pou\oir tbaorKant osi \rai des corps dialbermanes comme des corps athennaiies.
A72 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
naître les phénomènes du rayonnement , mais que ces phénomènes
se produisent encore dans le cas où ces corps sont à des températures
égales. L'invariabilité de la température, dans un système de corps
mis en présence les uns des autres, serait alors la conséquence d'une
égalité qui existerait, pour chaque corps, entre la quantité de cha-
leur gagnée et la quantité de chaleur perdue.
On a beaucoup discuté sur l'exactitude de cette hypothèse, qui
est connue sous le nom d'hypothèse de Véquilibre mobile des tempéra--
turcs. On se bornera ici à faire remarquer qu'elle fournit au moins
un moyen très-simple de réunir, sous une même formule, des faits
qui semblent d'abord très-différents, et que, au point de vue de la
théorie des ondulations, ce n'est qu'une expression du théorème de
mécanique connu sous le nom de principe de la superposition des petits
mouvements.
11 ne suffit pas que lés températures de tous les points d'un sys-
tème soient invariables, pour qu'on puisse affirmer l'égalité de toutes
ces températures entre elles. 11 faut encore qu'il n'y ait, en aucun
point du système, de cause de production de chaleur; qu'il n'y ait,
par exemple, ni action chimique, ni frottement, ni courant élec-
trique, etc. — Si une pareille cause productrice de chaleur existe
pour certains points, et si d'autres causes tendent à enlever de la
chaleur au système, il se produit un état défmitif , dans lequel les
températures ne sont pas égales, mais stationnaires. Alors la connais-
sance exacte de l'état initial, celle de la source de chaleur et des
lois du rayonnement sont nécessaires et suffisantes pour prévoir
l'état défmitif. Il parait assez évident que cet état doit dépendre des
situations relatives des divers corps du système, et que si, après
qu'il est étabh*, on déplace un ou plusieurs de ces coq)s, il doit se
produire une nouvelle distribution des températures. C'est ce que
l'observation la |)lus grossière suffit à montrer.
Au contraire, Tétat d'équilibre ou d'égalité des températures a
la propriété d'être un état unique, et par conséquent de n'être pas
altéré par une modification quelconque des situations relatives des
corps qui sont, les uns avec les autres, en échange de rayonnement.
C'est ainsi que, dans une enceinte ayiint une température uniforme,
lin thermomètre accuse toujours Ja même température, en quelque
ÉQUILIBRE MOBILE DES TEMPÉRATURES. 473
point de l'enceinte qu'il soit placé; c'est ainsi encore que Ton peut,
sans troubler l'équilibre, modifier comme on le voudra la forme
d'une telle enceinte et l'arrangement des corps qu'elle renferme. Or,
il faut remarquer que l'invariabilité des indications du thermo-
mètre, attestée ici par l'expérience, ne résulte pas évidemment du
principe de l'équilibre mobile des températures : il y a lieu d'exa-
miner si elle n'implique pas des relations particulières entre les
divers éléments desquels dépendent les échanges de chaleur effectués
par rayonnement, c'est-à-dire entre les pouvoirs émissifs, absor-
bants et réflecteurs, les propriétés de la chaleur réfléchie, etc.
L'examen de cette question importante a été fait une première
fois par Fourier, il y a cinquante ans, d'une manière qu'on a crue
complète tant qu'on n'a pas connu la composition hétérogène des
rayonnements calorifiques. Fourier était ainsi parvenu à démontrer
la nécessité de la loi du cosinus, et de l'égalité du pouvoir émissif
et du pouvoir absorbant. — Plus récemment, M. Kirchhoff a repris
£ette étude, en ayant égard à l'ensemble des propriétés de la chaleur
qui ont été découvertes depuis Fourier : il en a déduit le principe
exact de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant, tel
qu'on l'a formulé plus haut (6A9), comme un résultat indiqué, sinoii
démontré par l'expérience, ainsi qu'un certain nombre d'autres
principes également remarquables.
On n'entreprendra pas d'exposer ici le développement de ces
théories délicates. — On se contentera de montrer, dans quelques
cas particuliers, comment les lois générales du rayonnement, de la
réflexion et de l'absorption rendent compte de l'invariabilité de l'état
d'équilibre; on donnera ensuite un exemple des faits nouveaux que
la théorie peut faire prévoir.
652. €a« ov rencelnte et tous les e«rp» qu'elle e^ntlent
ont lin pouvoir absorlNint absolu. — Soit une enceinte fer-
mée AB {fig. 5o3), de forme quelconque , entièrement dépourvue de
pouvoir réflecteur et de pouvoir diffusif, c'est-à-dire ayant, en tous
les points de sa surface intérieure, un pouvoir absorbant absolu :
supposons qu'il y ait égalité de température entre tous ces points.
Prenons, sur la surface intérieure de l'enceinte, un élément inli-
ÉQUILIBRE MOBILE DES TEMPERATURES. ^73
point de l'enceinte qu'il soit placé; c'est ainsi encore que l'on peut,
sans troubler l'équilibre, modifier comme on le voudra la forme
d'une telle enceinte et l'arrangement des corps qu'elle renferme. Or,
il faut remarquer que l'invariabilité des indications du thermo-
mètre, attestée ici par l'expérience, ne résulte pas évidemment du
principe de l'équilibre mobile des températures : il y a lieu d'exa-
miner si elle n'implique pas des relations particulières entre les
divers éléments desquels dépendent les échanges de chaleur effectués
par rayonnement, c'est-à-dire entre les pouvoirs émissifs, absor-
bants et réflecteurs, les propriétés de la chaleur réfléchie, etc.
L'examen de cette question importante a été fait une première
fois par Fourier, il y a cinquante ans, d'une manière qu'on a crue
complète tant qu on n'a pas connu la composition hétérogène des
rayonnements calorifiques. Fourier était ainsi parvenu à démontrer
la nécessité de la loi du cosinus, et de l'égalité du pouvoir émissif
et du pouvoir absorbant. — Plus récemment, M. Kirchhoff a repris
£ette étude , en ayant égard à l'ensemble des propriétés de la chaleur
qui ont été découvertes depuis Fourier : il en a déduit le principe
exact de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant, tel
qu'on l'a formulé plus haut (6A9), comme un résultat indiqué, sinoii
démontré par l'expérience, ainsi qu'un certain nombre d'autres
principes également remarquables.
On n'entreprendra pas d'exposer ici le développement de ces
théories délicates. — On se contentera de montrer, dans quelques
cas particuliers, comment les lois générales du rayonnement, de la
réflexion et de l'absorption rendent compte de l'invariabilité de l'état
d'équilibre; on donnera ensuite un exemple des faits nouveaux que
la théorie peut faire prévoir.
652. Cas ov rencelnte et tous les e«rps qu'elle contient
ont nn pouvoir aboorlNint absolu. — Soit une enceinte fer-
mée AB {fig. 5o9), de forme quelconque , entièrement dépourvue de
pouvoir réflecteur et de pouvoir diffusif, c'est-à-dire ayant, en tous
les points de sa surface intérieure, un pouvoir absorbant absolu :
supposons qu'il y ait égalité de température entre tous ces points.
Prenons, sur la surface intérieure de l'enceinte, «n élément infi-
ÉQLILIBHE MUBILK DES TEMPÉRATURES. 475
tininient; elle ne doit ntètiie |>aï être troubli^e par un changement
de forme de l'enceinte, puisque, après ce changement de Tonne,
quel qu'il soit, il y aura toujours équilibre d'élément à élémenl, et
pour chaque espèce de rayons calorifiques d'une longueur d'ondu-
lation dëlerminëc.
Si l'on i^uppose que t'enceintG contienne- nn cor|>s à la même
tenipénilure et pareillement dépourvu de pouvoir réflecteur et de
pouvoir diffusif, on pourra dire, de chaque élément de la surface
de ce corps, ce qu'on a dit des éléments de l'enceinte : on verra ainsi
que le corpB doit conserver sa température, en quelque point qu'il
soit placé. Au contraire , s'il est plus froid ou plus chaud que l'en-
ceinte, ses divers éléments recevront, des éléments de l'enceinte,
une quantité de chaleur supérieure ou inférieure à celle qu'ils leur
enverront ; par conséquent , si la température de l'enceinte est main-
tenue invariable, la température du corps finira toujours par lui
devenir égale.
653. CiM OH un earp» esnteBU dans l'encelnM f—èJt
MB p«uv*lr ré>e«i«iir. — Donnons maintenant, à un élément
p^ d'un corps contenu dans l'enceinte (%. 5o3 ), un pouvoir réflec-
teur déterminé : désignons par r la valeur de ce pouvoir réflecteur
qui est relative à l'inridencr i et .^i la longueur d'ondulation X ; soit <t
la surface de cet élément. Soit mn l'élément découpé, sur la paroi
Iil6 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
interne de l'enceinte, par un cylindre ayant pour base^i^ et dont les
génératrices sont inclinées d'un angle i sur la normale à pq : la sur-
face de cet élément mn envoie à l'élément pq un faisceau cylindrique
de chaleur, de longueur d'ondulation X, tombant sur pq sous l'in-
cidence t : la section droite de ce cylindre étant égale à o-cosi, la
quantité de chaleur qu'il apporte sur pq, dans l'unité de temps,
peut s'exprimer par
eacosi:
la quantité que l'élément pq absorbe est alors
(i — r) eacosi.
Mais, en vertu de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absor-
bant, l'élément j)q lui-même émet, suivant toute direction inclinée
d'un angle t sur la normale, une quantité de chaleur, de la longueur
d'ondulation considérée, qui est exprimée par
(i — r) eacosi;
donc l'élément pq envoie à l'élément mn précisément autant de cha-
leur qu'il en reçoit lui-même de cet élément, et il ne doit résulter,
de cet échange entre les divers éléments, aucune modification dans
la température du corps.
Il n'en doit résulter non plus aucune modification dans la tem-
pérature de l'enceinte; car, si l'élément mn envoie à l'élément j)q la
quantité de chaleur
eacost,
et s'il ne reçoit, par suite du rayonnement de pq, que la quantité
de chaleur
(i — r)co'cost,
il reçoit encore, à cause du pouvoir réflecteur de py , une certaine
partie du faisceau qui est envoyé à pq par un élément mn\ dont
la position et la grandeur sont faciles à déterminer; cette quantité
de chaleur, réfléchie par pq vers mn, peut s'exprimer par
rracosf.
ÉQUILIBRE MOBILE DES TEMPÉRATURES. /i77
et Ton voit que la somme des quantités de chaleur reçues par mn
dans celte direction est encore égale à la quantité de chaleur émise.
— Il en est évidemment de môme dans une direction quelconque.
65â. PolarlMitloii des rayon» émis dan» des dlreetloii»
oMIques par les eorps doués de pouvoirs réfleeieurs. — Si
la surface du corps (|ue Ton vient de considérer est convexe, de
manière que les réflexions multiples soient impossibles, et si l'on
attribue successivement à lous les éléments de ce corps des pouvoirs
réflecteurs quelconques, le raisonnement précédent montre que le
principe de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant
suflit pour assurer le maintien indéfini de l'équilibre. Mais il n'en
est plus de même si la surface du corps est concave, ou si les divers
éléments de l'enceinte prennent, à leur tour, des pouvoirs réflec-
teurs. La chaleur contenue dans le faisceau qui chemine de pq vers
mn est bien, en définitive, égale à eacosi; mais la quantité de cha-
leur réfléchie recr cos i, qui est contenue dans ce faisceau, est pola-
risée dans le plan d'incidence; donc, si l'élément mn a un pouvoir
féflecteur, la proportion de cette chaleur qu'il absorbe doit dépendre
de la position relative dès plans d'incidence sur mn et sur pq. On ne
peut donc plus dire qu'il n'y ait rien de changé dans les conditions
qui assurent le maintien de Téquilibre.
Cette difficulté disparait si l'on admet (|ue la quantité de chaleur
polarisée dans le plan d'incidence, qui est contenue dans le faisceau
réfléchi par/?^, c'est-à-dire dans le faisceau ayant pour intensité
reacosi, est compensée par une égale quantité de chaleur, polarisée
peq)endiculai rement au plan d'incidence, et contenue dans le fais-
ceau émis directement [mtpq, c'est-à-dire dans le faisceau ayant
pour intensité (i — r) ecrcosù — On est donc conduit à énoncer la
loi suivante :
Tout faisceau de chaleur émis obliquement, par un coqis doué
de pouvoir réflecteur, est polarisé perpendiculairement au plan mené
par le faisceau et par la normale; la quantité absolue de chaleur pola-
risée qu'il contient est égale à la quantité absolue de chaleur pola-
risée dans le plan d'incidence que contiendrait un faisceau de miW?
longueur d'onde, qui aurait été émis à la même température ])ar une
ÉQUILIBRE MOBILE DES TEMPERATURES. UTj
et l'on voit que la somme des quantités de chaleur reçues par mn
dans cette direction est encore égaie à la quantité de chaleur émise.
— Il en est évidemment de même dans une direction quelconque.
65 Â. PolariMition de» rayon* émis dan» de» direction»
obliqnes par les eorp» doué» de pouvoir» réflecteur». — Si
la surface du corps que Ton vient de considérer est convexe, de
manière que les réflexions multiples soient impossibles, et si l'on
attribue successivement à tous les éléments de ce corps des pouvoirs
réflecteurs quelconques, le raisonnement précédent montre que le
principe de l'égalité du pouvoir émissif et du pouvoir absorbant
suffit pour assurer le maintien indéfini de l'équilibre. Mais il n'en
est plus de même si la surface du corps est concave, ou si les divers
éléments de l'enceinte prennent, à leur tour, des pouvoirs réflec-
teurs. La chaleur contenue dans le faisceau qui chemine de pq vers
mn est bien, en définitive, égale à eacost; mais la quantité de cha-
leur réfléchie re<T cos t, qui est contenue dans ce faisceau, est pola-
risée dans le plan d'incidence; donc, si l'élément mn a un pouvoir
réflecteur, la proportion de cette chaleur qu'il absorbe doit dépendre
de la position relative des plans d'incidence sur mn et sur pq. On ne
peut donc plus dire qu'il n'y ait rien de changé dans les conditions
qui assurent le maintien de l'équilibre.
Cette difficulté disparaît si l'on admet que la quantité de chaleur
polarisée dans le plan d'incidence, qui est contenue dans le faisceau
réfléchi par pq , c'est-à-dire dans le faisceau ayant pour intensité
reacosi, est compensée par une égale quantité de chaleur, polarisée
perpendiculairement au plan d'incidence, et contenue dans le fais-
ceau émis directement furpq, c'est-à-dire dans le faisceau ayant
pour intensité (i — ^) eacosi. — On est donc conduit à énoncer la
loi suivante :
Tout faisceau de chaleur émis obliquement , par un corps doué
de pouvoir réflecteur, est polarisé perpendiculairement au plan mené
par le faisceau et par la normale; la quantité absolue de chaleur pola-
risée qu'il contient est égale à la quantité absolue de chaleur pola-
risée dans le plan d'incidence que contiendrait un faisceau de même
longueur d'onde, qui aurait été émis à la même température par une
HKFLEXION AI>t»AHKNTE DU KBOID. MU
Lorsque, dans une eiireinle AB ayant une l^mpérature uniforme
et ronlenant, entm aulrfi» rorps, un lhf>rmonit>tre T (fig. Soi), on
vient à introduire un corps plus froid D , on Kail que le thcniioniMrc
arruse un abaissement de température : c'cnI là un résultai dans
lequel on ne trouve rien que de très-naturel , puisque l'introdur-
lion du corps froid a substitué, aun rayons de rhaleur envoyés au
thennouièlre par la partie pq de l'enceinte , les rayons moins intenses
qui lui sont envoyés par la purtion min du corps froid. — Mais il
paraît singulier que. si l'on vient à augmenter In quantité des rayons
que le corps froid envoie au ihernionièirc. au moyen d'un ou deux
miroirs réflecteurs convenablement placés, l'abaissement de tem-
pérature soit rendu plus sensible, absolument comme si ces rayons
tendaient par eux-mêmes à produire du froid.
L'explication de ce nouvel elTet 4>st cependant toujours la même.
— Soit E l'intensité des rayons de chaleur qui sont émis |>ar l'en-
ceinte, et supposons, pour simplifier rex|ilicntion , que tous les
points de cette enceinte soient doués d'un pouvoir absorbant absolu :
soit E' l'intensité des rayons que cette même enceinte émettrait, si
elle avait la même température que le corps froid D; désignons
par r le pouvoir réflecteur d'un miroir s|)hérique roncave MN
(tig. 5o5), dont le llirrmoinètre T el le cnr|>s froid D occupent les
foyers conjugués; par p, le pouvoir réflecteur du corps froîd.
Dans les conditions où il est maintenant placé, le tliermomèlrc
reçoit, suivant toutes les directions qui joignent les divers points
de sa surface aux points de ia surface du miroir MN. au lieu du
480 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
rayonnement direct de l'enceinte dont l'intensité est E, d'une part
les rayons émis directement par le miroir MN, et dont l'intensité
peut se représenter par (i — r)E, d'autre part la chaleur réfléchie
par ce miroir lui-même. Or cette chaleur réfléchie est une fraction r
de la chaleur qui arrive du corps froid D au miroir, et qui se com-
pose elle-même de deux parties, savoir: le rayonnement propre du
corps froid, exprimé par ( i — p)E', et la chaleur qui est venue de
l'enceinte se réfléchir sur le corps froid et dont l'intensité est
exprimée par pE. Ainsi, en définitive, dans toute l'étendue du cône
circonscrit au réservoir du thermomètre et au miroir, les rayons
émis par l'enceinte et dont l'intensité est E sont remplacés par des
rayons dont la somme des intensités est
(.-r)E + r[(.-p)E' + pE]
ou bien
E~r(i-p)(E-E').
11 est évident que cette expression est moindre que E : on devra
donc observer un refroidissement d'autant plus sensible que l'ouver-
ture angulaire du cône dans lequel cette substitution a lieu sera plus
grande, c'est-à-dire que l'étendue de la surface réfléchissante sera
plus considérable. Ce refroidissement sera encore d'autant plus
marqué que le miroir aura un plus grand .pouvoir réflecteur r, et
le corps froid un plus grand pouvoir émissif i — p. — Ainsi s'ex-
plique l'avantage que l'on trouve, quand on veut rendre les résultats
de cette expérience un peu saillants, à opérer avec un corps froid
couvert de noir de fumée.
656. Théorie de UTells mir la produetloii de Im
D'après la théorie émise et développée par Wells, le dépôt de la
rosée est dû au refroidissement nocturne des corps, situés à lu sur-
face de la terre : ce dépôt se produit toutes les fois que le refroidis-
sement est sullisant pour amener à saturation l'air qui est au contact
de ces corps; quant à la cause même du refroidissement, c'est le .
rayonnement des corps placés à ciel ouvert, rayonnement qui n'est
compensé, |)endant la nuit, que par le rayonnement des couches
supérieures et froides de l'atmosphère et par le rayonnement des
THÉORIE DE LA ROSÉE. 481
étoiles. La radiation des couches supérieures de l'atmosphère et des
étoiles est d'ailleurs équivalente à celle d'une enceinte dont la tem-
pérature serait extrêmement basse; en eiïet, les températures obser-
vées durant les longues nuits des régions polaires, bien qu'elles soient
déjà très-basses, sont cependant plutôt supérieures qu'inférieures
aux températures que la terre atteindrait si l'action solaire était sup-
primée et que notre globe ne reçût plus de chaleur que des étoiles.
L'observation montre que toutes les circonstances favorables au
dépôt de la rosée sont précisément celles qui sont favorables au
refroidissement des corps. Ainsi , Wells a remarqué que la rosée est
d'autant plus fréquente et qu'elle se dépose avec d'autant plus
d'abondance : i"* que les corps ont un plus grand pouvoir émis-
sîf et une moindre conductibilité : c'est ce que montre la com-
paraison des quantités de rosée déposées, dans une même nuit, sur
des matières végétales et sur des corps métalliques polis, placés
dans le voisinage; q^ que ces corps sont en échange de rayonnement
avec une plus grande étendue du ciel : c'est ce que prouve l'influence
préservatrice des édifices voisins et des abris de toute' nature; 3"^ que
le ciel est plus pur et plus serein : la présence d'un nuage, en subs-
tituant au rayonnement d'une portion de la voûte céleste celui d'un
corps dont la température est la même que celle de couches atmos-
phériques médiocrement' élevées, tend à diminuer le refroidissement
des corps placés ù la surface de la terre, et par suite la quantité de
rosée qui se dépose à la surface de ces corps.
Des expérience^ directes de Wells établissent d'ailleurs, d'une ma-
nière manifeste, l'influence du rayonnement nocturne sur les varia-
tions de température des corps placés à la surface du sol. — Il a
constaté, par exemple, que la température d'un thermomètre posé
sur un sol rayonnant, ou plongé dans l'herbe, ou recouvert de fila-
ments végétaux ou animaux, s'abaisse, pendant les nuits claires et
sereines, de plusieurs degrés au-dessous de la température indiquée
par un thermomètre placé dans l'air à une certaine distance du sol.
— Lorsque la voûte céleste est masquée par des nuages, cet abais-
sement de température est moins sensible, et peut même dispa-
raître entièrement. — Lorsque la température des corps placés h la
Vbbdit, ÎIÎ. — Cours de phys. II. ' 3i
483 PROPAGATION DE I,A CHALEUR.
siirfare du sot descem) au-dessous de ?.éTn, In rosée est remplacée
par la gelée blanche.
Enfin , le refroidissement d'un tliermomètre placé au voisinage
(lu sol s'e\agère lorsqu'on place le réservoir de ce thermomètre T
(lifj. 5o(»^ au-dessus d'un miroir métallique poli MN; les rayons
émis par la partie AB de la surface du sol sont en elTet remplacés
alors par les rayons venus de la voiUe réleste et réfléchis sur le
miroir, — L'effet est plus grand encore lorsqu'on emploie un ther-
momètre différentiel et qu'on place les deu\ réservoirs R, R' de re
thermomètre aux foyers de deux miroirs concaves MN , M'N' {fig. 607).
en tournant ces miroirs de façon que te résenoir supérieur B soit
protégé contre le rayonnement du sol , et que le résenoir inférieur R'
soit protégé contre le rayonnement des espaces célestes.
CONDUCTIBILITÉ.
657. Ii»7«niieineiit particulaire. — Il est manifeste que
> la forme et les dimensions des corps exercent une influence sur la
propagation de la chaleur dans ces corps, par conductibilité. —
Dès lors, une étude purement expérimentale de la question, envi-
sagée au point de vue le plus général, présenterait une complication
•itréme.
. L'étude analytique du phénomène , telle qu'elle a été faite par
Fourier, repose sur les deux considérations suivantes : i^ la trans-
mission graduelle de la chaleur indique que l'état thermique d'un
point n'a d'influence que sur l'état des points très-voisins; ^^ les
points les plus chauds tendent à élever la température des points
les plus froids, et réciproquement. — Ces deux faits d'expérience,
dont l'énoncé constitue ce qu'on a appelé à tort Vkypothife du rayon-
nement particulatre, peuvent s'exprimer analytiquement en admettant
qu'un élément quelconque du corps envoie aUx éléments dont la
température est plus basse et dont la distance n'excède pas une
certaine limite, très-petite d'ailleurs, une quantité de chaleur
qui est fonction de la difl'érence des températures; ou, ce qui
revient au même, que cet élément reçoit des éléments voisins une
quantité négative de chaleur, qui est fonction de l'excès de sa tem-
pérature sur celle de ces éléments. Les différences de température
que présentent des éléments capables de s'influencer réciproquement
est toujours très-petite , è cause de la petitesse des distances qui les
séparent : dès lors, on peut, au moins dans une première approxi*
mation. considérer les quantités de chaleur ainsi envoyées comme
proportionnelles aux excès de températures; le coefficient par lequel
s'exprime cette proportionnalité sera variable avec la nature du
corps, et même avec la direction, dans le cas le plus général. —
Cependant, dans les fluides, dans les corps solides non cristallisés,
et dans les corps cristallisés qui appartiennent au système cubique,
l'expérience montre que la transmission de la chaleur se fait de la
.3i.
&u
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
même manière en lous sens : les phénomènes de conductibilité ca-
]orifi<]ue ne dépendent donc alors, pour chaque corps, que d'un
coeflicienl caractéristique de ce coq)s lui-même, et des lois suivant
lesquelles sa surface rayonne de la chaleur vers les corps qui sont
placés à une certaine distance, nu en communique aui corps qui
sont en contact avoc pIIp,
658. Prap«g«ti«n de 1» chitlMir dama ■■■ tyl !■<■■! d^Mt
I» Mirfikce canvexe est Impermétthle k la duUcwr. — Con-.
sidérons le cas idéal d'un cylindre droit dont chacune des bases est
entretenue à des températures uniformes et constantes, dont la sur-
face convexe est uhsolument imperméable à la chaleur, et dont la
température initiale ne dépend . en chaque point . que de la distance
à Tune des hases,
Pht une section droite M\ du cylindre (lig. 5o8). il passe, en
un temps Inlliilmont court df, une quantité de chaleur qui est la
somme des quantités de chaleur émises
par les éléments situés d'un côté de MN
vers les éléments situés de l'autre côté,
à une distance moindre qn*une limite
di-tcrminée et très-petite. Considérons,
en |iarliculier, la quantité de chaleur
qu'un élément déterminé m envole à
un autre élément m': si l'on désigne
par i( In température du plan MN situé
à une distance : de la hase A, et par e
et s tes distances de m et de m' au plan
MN, on pourra, en vertu de la petitesse
iiter les températures des éléinenls m et m'
de e et de e, repi
pur les expressions
du
La quanlilé <le rjialeur envoyée par l'élémeDl m à l'élét
CONDUCTIBILITE. /i85
proportionnelle à l'excès de la première température sur la seconde ,
c'csl-à-dire à
-'(' + ')d-:'
Lorsqu'on fera la somme de toutes les expressions de ce genre, on
pourra mettre — 77 en facteur commun; comme d'ailleurs la quan-
tité totale de chaleur qui traverse la seclion MN, en un temps infi-
niment court (II, est «évidemment proportionnelle au temps (tl et
à l'aire s de la section, eile pourra se représenter par
— ksj-(lt,
k étant un coedicicnt (jui dépend de la nature du cylindre. Si l'on
suppose que ce coeflTicient soit indépendant de la température, la
quantité de chaleur qui, dans le môme temps dt, traverse une sec-
tion M'N\ infiniment voisine de MN , sera exprimée par
L'excès de la première expression sur la seconde représenterai Ja
quantité de chaleur qui, en un temps e/^ s'accumule dans la tranche
infiniment mince MNM'N', et qui y produit la variation infiniment
petite de température -rr dt. — En désignant par C la chaleur spé-
cifique de la matière du cylindre et par D sa densité, il est facile de
voir qu'on aura
c'est-à-dire, toutes réductions faites,
da k^ d*u
dL~^CÎ>dz''
L'état des températures sera donc stationnaire , si l'on a
d*u
et réciproquement. — En désignant par n et 6 les températures in*
486 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
variables des bases A et B , on conclut de là que la loi des tempéra-
tures stationnaires est représentée par la formule
a- h
u-=a : — Z y
e étant la hauteur totale du cylindre. Ainsi les températures des
diverses tranches parallèles aux bases décroissent en progression
arithmétique, lorsque leur distance à la base la plus chaude croit
en progression arithmétique.
Lorsque l'état stationnaire est établi, le flux de chaleur devient
uniforme, et la quantité de chaleur qui, pendant l'unité de temps,
traverse un plan quelconque parallèle aux bases du cylindre, est
exprimée par
I du
c'est-à-dire par
, a — 6
ks •
e
659. Coefllcleiit de c«iiductlblllté intérieiire. — Eaaata
de détermliiatioii directe. — Si Ton suppose que, dans l'expres-
sion précédente, la surface de la section s du cylindre soit égale à
l'unité, et si l'on suppose, en outre, que le cylindre ait une hauteurs
égale à l'unité, et présente entre ses deux bases une différence de
température a — h égale à l'unité, on voit que l'expression précé-
dente donne la valeur de la quantité k elle-même. De là cette dé-
finition précise du coefficient de conductibilité intérieure : le coefficient
de conductibilité intérieure est la quantité de chaleur qui , pendant
l'unité de temps, traverse l'unité de surface de la section droite d'un
cylindre de hauteur égale à Tunilé, dont la périphérie est imper-
méable à la chaleur, et dont les bases sont entretenues à des tem-
pératures constantes, difl*érant l'une de l'autre d'un degré.
Pour déterminer directement le coefficient de conductibilité,
Dulong a proposé une méthode qui consiste essentiellement dans
l'étude de la propagation de la chaleur à travers une enveloppe sphé-
rique mince, remplie de glace et plongeant dans de l'eau en ébul-
lition. Si Ton désigne par p le poids de la glace fondue en un
GONDUCTIBILITK. 487
temps T, par* ia surface de la sphère et par e son épaisseur, on dé-
termine k par l'équation
I OO A.ST r
m
En effet, l'épaisseur de la couche sphérique étant assez faihie pour
qu'on puisse négliger la différence d'étendue de sa surface exté-
rieure et de sa surface intérieure, et la propagation de la chaleur
n'étant possible que dans la direction normale à ces deux surfaces,
on peut appliquer les formules du problème précédent. — Cette
expérience , qui présenterait tous les inconvénients attachés à l'em-
ploi du calorimètre de glace pour la détermination des chaleurs spé-
cifiques (94), n'a jamais été réalisée.
Péclel a essayé de résoudre cette même question en opérant sur
deux masses d'eau séparées l'une de l'autre, soit par une lame
mince conductrice de grande étendue, soit par une enveloppe
cylindrique ou sphérique d'épaisseur uniforme. L'une des masses
était entretenue à une température constante T, et Ton observait
les variations de température de l'autre. — Si l'on représente par m
le poids de la masse d'eau à température variable, par 0^ sa tempé-
rature initiale, par 0^ sa température finale, par t la durée de l'ex-
périence, enfin par «et c la surface et l'épaisseur de l'enveloppe, on
a approximativement . pourvu que d„ et d^ ne diffèrent pas trop l'un
de l'autre ,
'^(T-*-^)=m(d.-e„).
Dans celte manière d'opérer, Péclet a rencontré une difficulté résul-
tant de ce qu'il reste toujours une couche d'eau adhérente à chacune
des deux surfaces de la lame : ces deux couches opposent une telle
résistance au passage de la chaleur, que la quantité de chaleur trans-
mise devient très-petite et est à peu près indépendante de la nature
et de l'épaisseur de la lame conductrice. On cherche à éviter cet
inconvénient au moyen d'une disposition mécanique, consistant dans
l'emploi de brosses qui sont mises en mouvement de manière à venir
frotter incessamment les deux surfaces de la lame.
CONDUCTIBILITÉ. 487
teihps T, par « la surface de ia sphère et par e son épaisseur, on dé-
termine A' par l'équation
I OC) ^.VT r
•
En effet, l'épaisseur de la couche sphériquc étant assez faible pour
qu'on puisse négliger la différence d'étendue de sa surface exté-
rieure et de sa surface intérieure, et la propagation de la chaleur
n'étant possible que dans la direction normale à ces deux surfaces,
on peut appliquer les formules du problème précédent. — Cette
expérience, qui présenterait tous les inconvénients attachés à l'em-
ploi du calorimètre de glace pour la détermination des chaleurs spé-
cifiques (94), n'a jamais été réalisée.
Péclet a essayé de résoudre cette même question en opérant sur
deux masses d'eau séparées l'une de l'autre, soit par une lame
mince conductrice de grande étendue, soit par une enveloppe
cylindrique ou sphérique d'épaisseur uniforme. L'une des masses
était entretenue à une température constante T, et l'on observait
les variations de température de l'autre. — Si l'on représente par m
le poids de la masse d'eau à température variable, par 0^ sa tempé-
rature initiale, par 0^ sa température finale, par t la durée de l'ex-
périence, enfin par s et c la surface et l'épaisseur de l'enveloppe, on
a approximativement , pourvu que 6„ et 9i ne diffèrent pas trop l'un
de l'autre ,
Dans cette manière d'opérer, Péclet a rencontré une difficulté résul-
tant de ce qu'il reste toujours une couche d'eau adhérente à chacune
des deux surfaces de la lame : ces deux couches opposent une telle
résistance au passage de la chaleur, que la quantité de chaleur trans-
mise devient très-petite et est à peu près indépendante de la nature
et de l'épaisseur de la lame conductrice. On cherche à éviter cet
inconvénient au moyen d'une disposition mécanique , consistant dans
l'emploi de brosses qui sont mises en mouvement de manière à venir
frotter incessamment les deux surfaces de la lame.
CONDUCTIBILITÉ. A89
représenter par
La quantilë de chaleur qui, dans le même temps dt, traverse la sec-
tion infiniment voisine M'N', aura pour expression
Enfin, la quantité de chaleur qui, dans le même temps, se dissipe
par la surface convexe du cylindre infînitésimal MNM'lN' sera, en
Kiç. 509.
désignant par p le périmètre de la section de la barre et par h le
coefTicient constant qui entre dans l'expression de la loi de Newton ,
ou coefficient de conductibilité extérieure,
hpdxudt.
Le cylindre MNM'N' ne devant éprouver aucun gain ni aucune
perte de chaleur, lorsque Tétat de la barre tout entière est devenu
stationnaire , on a
- ks-j-dt + ks (jr4- j-i dx\dt — hpudxdt= o,
d'où Téquation différentielle
dx^ ks ~"
Cette équation a pour intégrale générale
en posant a^ = 1^1 et en désignant par M et N deux constantes qui
dépendent des conditions relatives aux extrémités. De là on conclut
que, si Ton représente par i#, , U2, M| les excès de température de
490 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
trois points équidistaiits , situés aux distances x — I, x et X'\- i de
l'extrémité A , le quotient
a, -4- u^
ne dépend que de l'intervalle /, car on reconnaît facilement que ce
quotient n'est autre chose que
Donc, si l'on pose-' -= aw, il vient
e"' + €'"' = fin.
De là on tire
ou bien
ce qui donne pour a. c'est-à-dire pour l'expression l/jp^ la valeur
V'b'-ÎK.+V^)-
Si maintenant on considère une barre d'une autre nature, ayant
même périmètre et même section , et qu'on donne aux deux barres
la même conductibilité extérieure en recouvrant les deux surfaces
d'un enduit convenable, on aura
^»8_4i(„.+s/„---;).
Dès lors, on voit que si l'on parvient à déterminer expérimentale-
ment les valeurs des quantités n et n\ on en pourra conclure la va-
leur du rapport ^ • — C'est par cette méthode qu'on a évalué les
rapports des conductibilités des principaux métaux.
661. Détermination indirecte des eoeflleients de eon-
duetiliilité. — Expérienees de Desprets* — Pour appliquer la
méthode dont on vient d'indiquer le principe, Despreti employait
CONDUqr|IBILITÉ. i91
des barres métalliques de diverses natures, chauffées à Tune de
Ifiurs extrémités A par uneiampe (fi^. 5io), et percées de petite!^ ca-
vités équidistaiites qui contenaient du mercure et dans lesquelles
plongeaient les réservoirs de thermomètres (, (', f, etc. Sur la sur-
face de toutes les barres, on avait appliqué un enduit de noir de
fumée qui leur donnait à toutes le mime coefficient de conductibi-
lité extérieure.
Pour chaque barre en particulier, l'observation des thermomètres
permettait de constater la constance du rapport -^ ^< en prenant
dans la longueur de la barre un groupe quelconque de trois ther-
momètres consécutifs. — La comparaison des valeurs de ce même
rapport pour des barres de diverses natures donnait, comme il a été
dit (660), les rapports des coefTicients <le conductibilité des corps qui
les constituaient.
662. Expériencea de nn. Wledcin»nii et Franst —
Uans les expériences de MM. Wiedeinann et Franz, fondées sur le
même principe que celles de Despretit. les barres métalliques avaient
été argentées par la fjaivanoplaslie et polies : on admettait alors
qu'elles avaient même conductibilité extérieure. Dans chaque expé-
rience, la barre, placée en AB (fig. ôi i), était enfermée dans une
cloche de verre vide d'air CC; la cloche était elle-même placée
dans un bain à température constante. L'une des' extrémités de la
barre était chauffée dans une [letitc éinve MIN, parcourue par un
Sn PROPAGATION UË LA CHALEUR,
courant de vapeur d'eau qui arrivait par le tube T et s'échappait
par le tube S. Enfin, une pince thermométrique P, fixée à l'extré-
mité d'un tube de verre V mobile dans une botte à étoupee E, pou-
Fij.S.,.
vall être amenée successivement au contact des divers points de la
barre, de manière à donner les températures de ces points au moyen
des déviations d'un galvanomètre placé dans le circuit.
Le tableau suivant contient les résultats de ces expërient-es. —
On a représenté par loo le coefficient de conductibitilé de l'argent,
qui est le métal le plus conducteur.
Argeul 100
Cuivre ■jh
Or. 63
ÉUÎR i5
Fer t%
Plomb 9
Platine 8
PaUBdiuiii 6
Bismuth a
Pour les divers métaux , les conductibilités caloriiiques se classent
ainsi dans le même ordre que les conductibilités électriques : îl est
probable que les rapports de ces deui sortes de conductibilité seraient
absolument constants, si les échantillons d'un même métal sur les-
quels on les détermine étaient absolument identiques.
CONDUCTIBILITÉ. 493
663. Détermination des constantes M et N de la formule
théorique. — Si Ton se reporte à la formule qui a été établie plus
haut (660),
on voit que, dans les expériences qui ont été décrites en dernier
lieu, celle des deux extrémités de la barre qui est chauffée possède,
par rapport au milieu ambiant, un excès de température qui est
constant, et égal à une valeur donnée u^ : donc, pour J7= o, on a
— A la seconde extrémité de la même barre, il est nécessaire que le
flux intérieur de chaleur soit égal ù la quantité de chaleur qui se
dissipe par la conductibilité extérieure de la base du cylindre : donc ,
pour .r = /, on a
ks^^ + hsu=o,
c'est-à-dire
k(M^'''-Ne-"') + /4(Me«' + Ne-«')-=o.
De ces deux relations on déduit
r
,, -(li-ak)u^e-"'
M = : -: -: 1" T.r
N
(h-^ak)e"^-[h-ak)e-'"
(h-hak)uy'
(li-\-ak)e'''-(h-ak]e-"'
et il est évident que, si e"' est très-grand, ces valeurs se réduisent
sensiblement à
iM=o, N = w,,.
On aura donc
c'est-à-dire que les excès de température iront en décroissant en
progression géométrique, toutes les fois que la barre sera très-
longue, ou d'un très-petit diamètre, ou très-peu conductrice, car
ces diverses conditions tendent à augmenter la valeur de l'expression
e"^' — Cette loi simple s'était manifestée dans des expériences de
kU PROPAGATION DE LA CHALEUR.
Biot, antérieures à celles de DespreU, et effectu(^s sur des barres
de grande longueur.
66^. Appllcatloa à r«pp»rell iI'ImkcmIésub. — Dans l'ap-
pareil d'Ingenbouz, des tiges formées de diverses substances et cou-
vertes de cire étant fixées par une de leurs extrémités dans la paroi
d'une botle pleine d'eau chaude (fij;. 5 i a), on observe que la cire
tond, sur les diverses tiges, jusqu'à des distances variables de l'extré-
mité chaulfée. Or, si ces tiges ont un diamètre suffisamment petit,
les excès de température, en des points situés à des dislances de la
botle croissant en progression arithmétique, formeront, sur chacune
d'elles, une progression géométrique décroissante; et , en désignant
par X, x' , x", etc.. les longueurs dans lesquelles la cire sera fondue
sur les liges successives, on aura
= e —e
Les sections des tiges étant égales entre elles, et leurs surfaces
étant toutes recouvertes de cire fondue, ce qui assure l'identité des
conductibilités extérieures, on aura, en élevant toutes ces équations
au carré et tenant compte de la relation générale "' = r^'
.r' x" ^"_
c'est-i^-dire que les conductibilités des diverses substances soumises
à l'expérience sont proportionnelles aux carrés des longueurs sur les-
quelles la cire aura été fondue.
CONDUCTIBILITÉ.
&95
665. ConduetlMlit« 4e* tmrpm malMeu trtmUMtmém. —
Pour étudier la conductibîiité que présentent , dans diverses di-
rections, les corps solides cristallisés, de Senarmonl employait des
plaques tnillées parallèlement aux deux directions sur lesquelles
devait porter l'expérience. Une petite ouverture, pratiquée au centre
de la plaque AB (fig. 5i3),
et dans laquelle on introdui-
sait une pointe métallique
placée à l'exlréniité d'une tige
ST que l'on chauffait en C,
permettait de produire en ce
point une élévation de tem-
pérature : la chaleur se com-
muniquait progressivement aux régions voisines et faisait Tondre la
cire sur la plaque, dans un espace de forme et d'étendue variables
selon la nature de la plaque elle-même et selon la direction de ses
faces.
Lorsque le bourrelet circonscrivant l'espace oii la cire était fondue
avait une forme circulaire (lig. 5ii, A), on en pouvait conclure
que la conductibilité était la mâme-dans toutes les directions. Une
forme fUiplique du bourrelet (fîg. 5 1 ^i, G) accusait au contraire une
variation de conductibilité dans les diveriies directions, autour de
l'ouverture. — En opérant avec une plaque mi-partie des deux
substances (fig. 5iâ, B), on observait une discontinuité dans la
courbe formée par le bourrelet , aux points mêmes où il y avait dis-
continuité dans la substance de la plaque.
Les lois fournies par ces expériences peuvent se résumer comme
il suit :
1° Hans les corps non cristallisés, ou dans les cristaux apparte-
nant au système cubique, la conductibilité est la même en tous
sens.
496 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
a" Dans les cristaux des autres systèmes, la conduclihilité est
variable avec ia direction.
3° En outre, dans les cristaux à un axe optique, la conductibilité
est la même suivant des directions également inclinées sur l'axe.
666. VonducUblllté des «wp« "«wl<lM. — L'étude de la
conductibilité des corps liquides présente des difficultés particulières,
à cause de l'influence qu'exercent toujours les courants moléculaires
sur la communication de la chaleur dans les divers points de la
masse. Cependant la conductibilité propre des liquides peut être
mise hors de doute en échauffant par la partie supérieure !e liquide
soumis à l'expérience.
Despretz opérait sur une cuve cylindrique de bois B (fig. 5i&),
contenant de l'eau : la paroi de la cuve recevait, par des ouvertures
ll^^^^H
qui y avaient été pratiquées, des thermomMros dont les réservoirs
plongeaient dans des couches horizontales équidistantes; à la partie
supérieure, se trouvait un vase métallique A plonjjeant dans l'eau
de la cuve; dans ce vase A, on amenait un courant d'eau chaude,
incessamment renouvelé par le système des tubes S el T. — L'élé-
vation de température des thermomètres successifs accusa la propa-
gation de la chaleur dans la masse liquide. Lorsque l'élat slalionnaire
CONDUCTIBILITE.
497
fui établi, ce qui n'eut lieu qu'au bout de plusieurs heures, les
excès de températures des thermomètres successifs sur la température
ambiante formèrent une propression fjéométricpic décroissante.
667. Conductibilité des saz* — Dans les gaz, c'est presque
uniquement par les courants moléculaires que la chaleur commu-
niquée à certains points se transmet dans la masse. — Néanmoins
l'expérience suivante, qui est due à M. Magnus, prouve que, parmi
les divers gaz, l'hydrogène au moins
a une conductibilité propre qui est
parfaitement appréciable.
Un vase de verre AB (fig. 5 16)
était chauffé par sa partie supé-
rieure, au moyen d'une masse
d'eau dans laquelle on amenait un
courant de vapeur d'eau bouillante
par le tube PC; dans ce vase était
placé le réservoir g d'un thermo-
mètre^, protégé par un écran 00
contre le rayonnement direct de la
paroi échauffée; enfin le vase com-
muniquait par sa partie inférieure
avec une machine paeumdtique.
L'appareil était installé dans un
laboratoire maintenu à la température de 1 5 degrés, de façon que
l'on pût compter sur l'identité des températures ambiantes, pendant
toute la série des expériences. — Le vase AB étant vide de gaz, la
conductibilité des parois et le rayonnement communiquaient au
thermomètre une certaine élévation de température, que l'on déter-
minait avec soin. On introduisait ensuite divers gaz dans ce vase,
sous diverses pressions, et Ton effectuait les mêmes déterminations,
en écartant scrupuleusement toutes les causes accidentelles de va-
riations de température. Les résultats obtenus par M. Magnus peu-
vent être résumés de la manière suivante ^'^ :
^^ (ie résumé est extrait do l'analyse du travail de M. Magnus, donnée par VoiiIpI
dans les Annale» de Chimie et de Phjnifjve (t 861 , 3' série, I. LXl , p. 38o).
Vkrdet, ni. — Cours de phys. H. . 3-»
Fig. 5i6.
A98 PROPAGATION DE LA CHALEUR.
1° L'élévation de température du thermomètre au-dessus du mi-
lieu ambiant est plus grande quand le vase contient de l'hydrogène
que lorsqu'il est vide; elle est d'autant plus considérable que le gaz
est amené à une densité plus grande.
î2° Au contraire, l'élévation de température est constamment
moindre dans les autres gai que dans le vide; elle est d'ailleurs
décroissante quand la pression du gaz augmente.
3° De ce dernier résultat, on ne doit pas conclure que les gaz
autres que l'hydrogène sont dépourvus de toute conductibilité, mais
simplement que l'effet de leur pouvoir absorbant est supérieur à
celui de leur conductibilité.
A"* La remarquable conductibilité de l'hydrogène, qui rapproche
ce gaz dos métaux, se manifeste aussi bien quand le gaz est gêné
dans ses mouvements, par de l'édredon ou par d'autres substances
filamenleuses, que lorsqu'il est libre.
iS
TABLE DES MATIERES.
ÉLASTICITÉ ET ACOUSTIQUE.
NOTIONS GÉNÉRALES.
Pages.
De rëlaslicité en général i
Des mélhodes employées dans Tétude de rëlaslicité a
Du but spécial qu'on se proposera dans Tétude de T Acoustique en particulier 3
DU soif ET DE SES CARAClèRKS.
Définitions 3
Un son est toujours produit par un mouvement vibratoire A
Le son ne peut être perçu par Toreille qu'autant qu'il lui est transmis par une suite
continue de milieux pondérables 5
L'intensité du son dépend de l'amplitude des vibrations 5
La hauteur du son dépend du nombre des vibrations exécutées en un temps déter-
• t
mme 5
Vibrations complètes ou oscillations doubles 7
Roues dentées de Savart 8
Sirène de Cagniard de Latour 8
La périodicité du mouvement est le seul élément nécessaire à la perception de la
hauteur 10
Détermination du nombre absolu des vibrations effectuées en un temps déterminé . 1 1
Détermination du rapport des nombres de vibrations de deux sons. — Sonomètre. . 1 h
Limites des sons perceptibles 1 6
VALEURS NUMERIQUES DBS PRINCIPAUX INTERVALLES MUSICAUX.
Intervalles musicaux. — Gonsonnances et dissonances 1 5
Accords parfaits - 16
Gammes 17
39.
500 TABLE DES MATIERES.
PROPAGATION ET PRODUCTION DU SON DANS LES GAZ.
PROPAGATION DU MOI fEMEM VIBRATOIRE DANS LES GAZ.
Pages.
Propagation d^un ébranlement unique dans un tuyau cylindrique indéfini de petit
diamètre «j o
Propagation d'un mouvement \ibratoire quelconque dans un tuyau cylindrique
indéfini ai
Cas particulier d'un mouvement vibratoire dans lequel chaque vibration peut se
décomposer en deux oscillations contraires, symétriques Tune de l'autre a a
Propagation dans un milieu indéfini en tous sens 97
Valeur théorique de la vitesse de propagation du son dans les gaz 38
Résultais fournis par l'expérience 3o
Interférences des mouvements vibratoires qui produisent les sons 33
RÉFLEXION ET RÉFRACTION DU SON.
Réflexion d'un ébranlement à l'extrémité fermée d'un tuyau 3/i
Réflexion d'un ébranlement à l'extrémité ouverte d'un tuyau 35
Efiels produits, dans les tuyaux, par la superposition de Tonde directe et de l'onde
réfléchie. — Nœuds fixes et ventres fixes 37
Réflexion dans un espace indéfini hi
Effets produits par la superposition des ondes directes et des ondes réfléchies, dans
un espace indéfini Ui
Réfraction du son U3
PRODUCTION DU SON PAR LES GAZ.
Tuyaux sonores /i 3
Lois expérimentales relatives aux tuyaux sonores /i5
Théorie des tuyaux sonores. . /17
Vitesse du son dans les gaz, déduite des formules relatives aux tuyaux sonores. ... 5o
Conséquences relatives au rapport des deux chaleurs spécifiques des gaz et aux quan-
tités de chaleur qui correspondent à do petites variations de volume 5a
Loi relative aux sons rendus par les tuyaux dont les diverses dimensions sont des
grandeurs de même ordre 53
Tuyaux à anches 53
COMPRESSIBILITÉ DES LIQUIDES.
Influence des variations de volume des vases dans l'étude de la compressibilité des
liquides 55
Expériences propres à constater la compressibilité des liquides, sans la mesurer. . . 56
Expériences dans lesquelles on a tenté de mesurer la compressibilité des liquides. . 58
Expériences de M. Regnault 5^
TABLE DES MATIÈRES. 501
PROPAGATION ET PRODUCTION DU MOUVEMENT VIBRATOIRE
DANS LES LIQUIDES.
Valeur théorique de la vitesse de propagation du son dans les liquides. 63
Détermination expérimentale de la vitesse de propagation du son dans fcau. —
Expériences de M. Golladon 63
Production du son par les liquides. — Expériences de Cagniard de Lalour et expé-
riences de Wertheim , 66
Réfraction du son à la surface de séparation d'un liquide et d'un gaz 66
ELASTICITE DES CORPS SOLIDES.
Caractères distinctifs de Tétat fluide et de Tétat solide 67
Caractères particuliers que présente Tétude de Télaslicité dans les corps solides. ... 68
Compressibilité cubique 69
Etude expéiimentale des allongements produits sur les fils par la traction 69
Valeurs des coeflicients d'élasticité de traction 70
Limite d'élasticité 71
Contraction transversale accompagnant l'allongement produit par la traction 73
Compression longitudinale 73
Flexion 7Û
Torsion. — Expériences de Coulomb 76
Expériences de Wertheim 77
Considérations générales. — Coeflicients fondamentaux de la théorie de Télasticilé. 78
PROPAGATION ET PRODUCTION DU SON DANS LES SOLIDES.
PROPAGATIONS DU SON DANS LES SOLIDES.
Propagation du son dans une tige de petit diamètre, ébranlée parallèlement à sa
longueur. — Formule de Laplace 8îi
Expériences relatives à la vitesse du son dans les tiges solides d'une grande longueur. 83
Propagation du son dans une masse solide indéfinie 83
PRODUCTION DU SON PAR LES CORPS SOLIDES.
Vibrations longitudinales des solides ayant de petites dimensions transversales
( verges ou cordes) 84
Mesure de la vitesse du son dans les solides et du coeflicient d'élasticité , au moyen
des vibrations longitudinales 85
Vibrations tournantes des verges et des cordes 87
Vibrations transversales 87
Vibrations transversales des cordes 88
Relation entre les vibrations transversales et les vibrations longitudinales d'une même
corde 90
Vibrations transversales des verges 91
502 TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
VibralioDS transversales des plaques 96
Vibrations des membranes q5
Vibrations des corps cristallisés 96
PHÉNOMÈNES PRODUITS PAR LA SUPERPOSITION DES MOUVEMENTS
VIBRATOIRES.
Du renforcement des sons en général . . 98
Des battements et du son résultant 99
Représentation graphique du phénomène des battements , au moyen du phonanto-
graplie io3
Coexistence de plusieurs mouvements dans un même corps sonore 106
Coexistence de deux mouvements perpendiculaires entre eux, dans une verge de
section rectangulaire 1 0/1
Etude optique des mouvements vibratoires. — Expériences de M. Lissajous 107
NOTES COMPLÉMENTAIRES
RELATIVES À DIVERSES QUESTIONS D'ACOUSTIQUE.
NOTE A.
Sur les olTets des réflexions multiples du son dans un tuyau 109
NOTE D.
Sur la compressibilité des liquides 1 1 /i
NOTE G.
Sur uni* loi générale des mouvemenUs vibratoires 1 1 5
WOTE D.
Sur II» renrorcement des sons 1 1 7
>OTE E.
Sur révalualion numéri(|uc des sons par les battements i*jo
NOTE r.
Sur la (nnip(»ilion di»> niouvcmonls vibratoires rorlangulairoî» ' 1 9 1
TABLK DKS MATIÈRES. f.03
OPTIQUE.
PItOPAUATION RECTILIGNË DE LA LUMIERE.
Page».
Détiiiilions taô
Propagation reclilignc de la lumière 1 35
Chambre obscure 126
Vitesse de la lumière 137
Conclusions générales 137
PHOTOMÉTRIË.
Comparaison des intensités lumineuses 1 38
Loi du cosinus 1 s8
Loi du carré des distances 139
Eclat intrinsèque et éclat total d^une source lumineuse. — Objet de la photométrie. 1 3o
Méthode générale de comparaison des éclats intrinsèques de deux sources lumi-
neuses 1 3 f
Photomètre de Foucault 1 33
Photomètre de Runiford ... 1 33
RÉFLEXION DE LA LUMIERE.
Lois de la réflexion 1 36
niPLBXIOlf PAR LES SURPACBS PLAIIBS.
Application des lois de la réflexion aux phénomènes ofleris par les miroirs plans. ... i35
Mesure des angles dièdres des cristaux 1 39
R^PLBXION PAR LBS SURFACES COVRBBS.
Réflexion des rayons émanés d^un point lumineux par les miroirs courbes de formes
quelconques 1 /i 1
Miroirs sphériques concaves 1 /i3
Miroirs sphériques convexes 1 65
Cas où le point lumineux est situé hors de Taxe du miroir, à une petite distance. ... 1 45
Aberration longitudinale et aberration latérale 167
Mesure du rayon de courbure d^un miroir sphérique * 168
RÉFRACTION DE LA LUMIÈRE.
Phénomène de la rétraction 1 5o
Lois de Descartes 1 5o
Principe des procédés employés pour vérifier les lois de la rétraction 1 5o
504 TABLE. DES MATIÈRES.
Pages.
Procédé crAl-llazen i 5 1
Procédé de Kepler i îm
Proci'dé de Descaries 162
Procédé de Xewloii 1 52
Remarque générale sur les procédés précédents i5^^
Réfraction par une lame à faces parallèles. — Principe du retour inverse des rayons
lumineux 1 5/1
Réfraction par plusieurs lames parallèles consécutives i55
Réfraction par un prisme 1 56
Réflexion totale 1 59
HÉFBACTION PAR LES SURFACES COI RBES.
Réfiaclion par une surface sphérique 160
Réfraction par une lentille 162
Des diverses espèces de lentilles 1 63
Lentilles convergentes 1 6/i
Lentilles divergentes 1 65
Eflets des lentilles sur les rayons émanés d'un point situé hors de Taxe i65
Centre optique 1 66
Détermination du foyer correspondant à un point lumineux voisin de Taxe 167
Images des objets dont les points sont peu distants de Taxe 1 70
Mesure des distances focales principales des lentilles 171
Aberration des lentilles. — Lentilles à échelons 178
r r
THEORIE GENERALE DES CAUSTIQUES.
Lemme préliminaire 175
Théorème fondamental de la théorie de la réfraction et de la réflexion (théorème de
Gergonne) 176
Conséquences du théorème précédent 1 78
Images par réfraction ou par réflexion 179
Application à la théorie de la vision au travers d'un milieu réfringent terminé par
une surface plane 1 8(»
Vision au travers d'un prisme 1 83
DE L'OEIL ET DE LA VISION.
Des divers milieux rélringcnts de l'œil 1 86
De la théorie physique de la vision 187
Preuve expérimentale de la formation d'une image renversée sur la rétine et de l'exis-
tence d'un centre optique dans l'œil 1 89
Preuve expérimentale de la liaison qui existe entre la netteté de l'image et In netteté
de la vision 1 90
Restriction à la généraUté absolue de la liaison précédente 19a
Un objet n'est sensible à la vue que si les dimensions de son image sur la rétine excè-
dent une limite déterminée « 9a
Des diverses espèces de vues 198
TABLE DES MATIÈRES. 505
Pages.
Accommodation de Tœil pour la vision à diverses dislances igS
Du rôle de diverses parties accessoires de Torgane de la vue 197
DifEculté apparente résultant de la situation renversée des images qui se forment
sur la rétine 198
Inégale sensibilité des diverses parties de la rétine. — Punctum cœcum 1 98
Persistance des impressions lumineuses sur la rétine 1 99
Expérience de Faraday 901
Irradiation aoa
Vision binoculaire ao3
Stéréoscope aoft
INSTRUMENTS D'OPTIQUE.
IIISTBUMBNTS SANS OCULAIRE.
Chambre claire 3o6
Chambre obscure ao8
Microscope solaire 209
Ophthalmoscope ... 211
INSTRUMB?(TS À OCULAIRES.
Besicles a 1 a
Loupe ou microscope simple ai/i
Grossissement de la loupe aiA
Puissance de la loupe ai6
Clarté de la loupe 917
Champ de la loupe 917
Loupes destinées aux forts grossissements : lentilles diaphragmées , loupes com-
posées 917
Microscope composé 9 91
Grossissement et puissance du microscope 399
Emploi du diaphragme dans le microscope 993
Pièces accessoires du microscope 9 93
Divers systèmes oculaires employés dans les microscopes 99/i
Lunette astronomique 996
Grossissement de la lunette astronomique 997
Oculaires de la lunette astronomique 998
Diaphragme de la lunette astronomique 399
Réticule de la lunette astronomique aSo
Anneau oculaire de la lunette astronomique, grandeur de Pouverture du diaphrn'pne
et valeur du champ 93i
Dctemiinalion expérimentale du grossissement au moyen de lanneau oculaiic. —
Dvnamètre de Ramsden 933
Estimation de la clarté d'une lunette astronomique 93A
Pouvoir éclairant de la lunette astronomique , dans le cas où lo diamètre apparent
des objets est très-petit 336
Lunette terrestre 937
506 TABLE DES MATIERES.
Page».
Luneile de Galilée 9i38
Collimateur sâo
Télescope de Herschel s/i t
Télescope de Newton 9A1
Télescope de Grégory 96s
Télescope de Cassegrain 963
Miroirs argentés de Foucault 96A
De la vision distincte dans les instruments d*optique en général 965
Mesure expérimentale du grossissement des lunettes et des télescopes 968
DISPERSION.
DÉCOMPOSITION BT BBCOMPOSITIOU DE LA LUMlÀlIB.
Dilatation et coloration d'un faisceau de lumière blanche, par le passage au travers
d'un prisme 969
Vérification expérimentale de l'explication du phénomène précédent 960
Méthode de Newton pour obtenir un spectre pur 953
Raies de Frauenhofer 955
Principe du spectroscope 955
Recomposition de la lumière blanche, au moyen de ses éléments séparés 957
Combinaison d'un nombre limité de couleurs du spectre.^— Couleurs complémentaires. 958
ÉTCDB SPéciALB DC SPBCTRE SOLAIRB.
Variations d'éclat dans les diverses parties du spectre solaire 999
Actions calorifiques des diverses parties du spectre 960
Actions chimiques 960
Interprétation des résultais précédents 961
Actions phosphorogéniques 969
Durée de la phosphorescence. — Phosphoroscope de M. Edmond Becquerel 963
Fluorescence 96^
ABSORPTION ET DIPPUSION.
Absorption de la lumière par les corps transparents 965
Absorbants monochromatiques et dichromatiques 966
\ction des milieux absorbants sur les rayons invisibles 967
Coloration di> la lumière diffusée par les corps imparfaitement polis *j68
érUDE DBS SPECTRES DE DIVERSES ORIGINES.
Caractères généraux du spectre solaire 969
Caractères des spectres des corps solides ou liquides 969
(iaractèrcs des spectres des corps gazeux 970
Spectre de l'arc voltaïque «7 1
Observations de Foucault et de M. Swann 971
ExpiTicnces de MM. Kirchhoff et Bunsen 97^
Consé<|uences des lois de MM. Kirchhoiïet Bunsen. — Analyse s|)ectrale 97^
liitrrpnHatioii d<'> raios du s|»ectre solaire. — Hypothèse sur la constitution du soleil. 97.'»
Sptrtross d<*s ôloih.»s 976
TABLE DES MATIERES. 507
ACHROMATISME.
Pagw.
Coudilioii d^achromatisme d^un système de deux lentilles 377
Détermination du rapport des coefficients de dispersion 378
Diasporamètres a8 1
Emploi des oculaires composés, pour compenser en partie le défaut d'achromatisme
des objectifs aSa
COMPLÉMENT À LA THÉORIE DB LA VISIOK.
Défaut d'achromatisme de Pœil ùS'6
Du rôle des milieux de Tœil , comme corps absorbants a85
Sensations diverses produites par des rayons homogènes d'intensités différentes 985
DE LA MESURE DES INDICES DE RÉFRACTION.
Méthode générale pour mesurer les indices de réfraction des corps solides a86
Appareil de Frauenhofer a86
Emploi des instruments à collimateurs. — Goniomètre de M. Rabinet a 88
Mesure des indices de réfraction des corps liquides apo
Indices de réfraction des corps gazeux. — Expériences de Riot et Arago ago
Expériences de Dulong agS
DE L'ARC-EN-CIEL ET DES HALOS.
Arcs-en-ciel 396
Notion des rayons efficaces 396
Calcul de la position des rayons efficaces 396
Premier arc 3oo
Deuxième arc s 3oa
Arcs d'ordres supérieurs 3o3
Halos 3o/i
OPTIQUE THÉORIQUE.
INTERFÉRENCES.
I. PHENOMENES D'INTERFEREKCK.
Expérience fondamcnlale d'Young 307
Expérienre du hiprismo 3nK
508 TABLE DES MATIÈRES.
Expéricucc des miroirs de Fresnel 3 1 o
Franges produites par les sources roonocbroinatiques ou par la lumière blanche. ... 3 1 1
Mesure expérimentale de la largeur des franges 3i a
Evaluation de la différence des chemins parcourus par deux rayons qui se coupent
en un point d'une frange déterminée 3 1 3
Lois numériques du phénomène 3 1 5
Expérience avec un seul miroir 3 1 6
II. EXPLICATION DES PuéROIlàFiES D'IIITKRPéRBKCE DANS LE SYSTÀIIE DBS OKDCLATIONS.
Première notion du système des ondulations 817
Résultais numériques relatifs à la longueur d'ondulation et h la vitesse vibratoire. . . 39 1
Traduction analytique du principe des interférences 39 «j
Nécessité d'employer comme sources lumineuses les deux images d'une même
source 3a4
Extension du principe des interférences au cas où les rayons ont traversé des milieux
de natures différentes 3ûb
Application à la mesure de la vitesse de la lumière dans les corps transparents 896
Effet produit par une lame transparente épaisse 397
ANNEAUX COLORÉS.
.\nneaiix réfléchis 3jo
Anneaux transmis 399
Exemples de colorations produites par des lames minces en général 33o
Epaisseur de la lame mince, dans le phénomène des anneaux, à une dislance déter-
minée du centre 33 1
Mesure expérimentale des diamètres des anneaux 339
Résultats expérimentiiux 333
Théorie d'Young. — Cas des anneaux réfléchis sous une incidence normale ou
presque nonnale 334
(Confirmations diverses de l'hypothèse d'Young 33.5
Cas des anneaux réfléchis sous l'incidence oblique 337
Anneaux transmis 338
PROPAGATION DE LA LUMIÈRE ET DIFFRACTION.
Considérations générales sur les lois de l'optique géométrique 34o
Principe de Huyghens 36 1
Effet d'une onde circulaire sur un point extérieur situé dans son plan 3&9
Effet d'une onde sphéri(|ue sur un point extérieur 366
Conséquences du principe précédent 367
Extension au c^s d'une onde de forme quelconque 367
Premier exemple de diffraction. — Cas d'une large ouverture pratiquée dans un
écran opaque indéfini 369
Deuxième exemple de diiTraclion. — Cas d'un largo écran opaque 359
Vériûrations cxpiTinienlales 353
TABLE DES MATIÈRES. 50»
Pages.
Troisième pxemple de diiïraclion. — Cas d'une ouverture étroite 353
Quatrième exemple de diffraction. — Cas d*un corps opaque ëtroit 354
Franges produites par deux ouvertures étroites, égales entre elles et très -voi-
sines. . . 355
RÉFLEXION ET RÉFRACTION.
Considérations générales '. 357
Réflexion sur une surface plane 357
Réflexion sur une surface quelconque 36o
Surface de Tonde réfléchie 36 1
Réfraction au travers d'une surface piano 36a
Surface de Tonde réfractée » 36A
Phénomènes de diflraction accompagnant la réflexion ou la réfraction par des sur-
faces limitées 364
Remarques relatives aux expériences par lesquelles on considère ordinaircinent les
lois géométriques de la réflexion ou de la réfraction rx)mme vérifiées 365
Cau.ses générales de la difl'usion 367
Diflicultés oflertes par le phénomène de la dispersion, dans la ihéone dos ondula-
tions 367
f^hénomènes d'absorption 368
nOURLE RÉFRACTION.
Historique 370
Réfraction au travers d'une lame de spath d'Islande à faces parallèles 370
Axe du spath d'Islande. — Sections principales 37 1
Réfraction an travers des prismes taillés dans le spath. — Rayons ordinaires. —
Rayons extraordinaires. — Lois expérimentales 37 st
Expériences de Wollaston. — Expériences de Malus 373
Construction géométrique des rayons passant d'un milieu uniréfringent dans un
autre milieu uniréfringent 375
Construction de Huyghcns, pour le rayon ordinaire et ie rayon extraordinaire donnés
par un cristal de spath 376
Cas particuliers dans lesquels les deux rayons peuvent être obtenus par une construc-
tion plane 877
L'axe du spath se comporte, par rapport au rayon extraordinaire, comme répulsif. . 379
Passage de la lumière du spath dans un milieu uniréfringent 38o
Les rayons qui suivent la direction de Taxe dans l'intérieur d'un prisme biréfringent
ne se divisent pas à la sortie 382
Vision des objets au travers d'un parallélipipède de spath 38a
Extension des lois de Huyghens aux divers cristaux. — Lois de Fresnel 383
h\0 TABLE DES MATIÈRES.
POLAKISATION.
POLAHISATION par les cristaux BinéFRINGB^TS.
Polaiisation des rayons transmis par un cristal biréfringent ù un axe, m)us l'inri-
(lence normale. — Définitions 386
Polarisation par les cristaux biréfringents en général 38«
Lumière naturelle 389
Lumière partiellement polarisée 389
Analyse d^un faisceau partiellement polarisé, au moyen des cristaux bircfringenl5 . . . 38c)
Prismes biréfringents 390
Prisme de Nicol. — Modification de Foucault 391
Propriétés de la tourmaline et des cristaux analogues 399
Prisme de Rochon 399
Lunette de Rochon .39.'!
polarisation par RÉrLEXION ET PAR REFRACTIOX SIMPLK.
Polarisation par réflexion. — Expériences de Malus 396
Loi de Brewsler. — Angle de polarisation 396
Polarisation par réfraction simple 397
Polarisation par réflexion intérieure 398
Réflexion et réfraction de la lumière polarisée /loô
Polnriseurs et analyseurs fondés sur la réflexion ou sur la réfraction simple '10 1
l^iTRarÉBEKCBS DE LA LUMlàRE POLARISEE.
Deux rayons polarisés dans des plans rectangulaires ne peuvent interférer. — Expé-
riences de Fresnel et Arago 4o3
('iOnséquences des expériences qui précèdent. — Principe des vibrations transver-
sales A o5
<:AI:SES mécaniques de la DOIIRLE RéPRACTIOX.
Constitution de Téthcr ^07
Expérience de Fresnel sur la propriété biréfringente du verre comprimé A 08
Conclusions générales, concernant la théorie des phénomènes lumineux A 10
POLARISATION CFIROMATIQUE.
Formules relatives aux deux rayons fournis par un rayon lumineux primitivement
polarisé , transmis au travers d^un cristal biréfringent .^ f 9
Combinaison des deux rayons, lorsque le cristal biréfringent est une lame mince à
faces parallèles A 1 3
Caractères de la lumière polarisée circulairemcnt h\o
Caractères de la lumière polarisée elliptiquement 6 1(>
De la lumière naturelle en générai Htd
Action d'un analyseur biréfringent sur un ra\on homogène. primitivement polarisé
et transmis ù travers une lame mince biréfringente 417
Polarisation chromatique '119
Pln'nomènes produits par la lumière convergente 'mi
TABLE DES MATIÈRES. 511
Pages.
Des polariscopes 4sA
DiMinction des cristaux à un axe et des cristaux à deux axes 'iaT)
POUVOIRS ROTATOIRES.
C.ai^clères offerts par la lumière polarisée transmise normalement au travers d*une
lame de quartz taillée perpendiculairement à Taxe ^37
Teinte sensible 4a8
Interprétation des phénomènes précédents, dans la théorie des ondes hn^
Action du quartz sur la lumière, dans une direction inclinée sur Taxe h3*^
Généralisation des lois précédentes. — Substances actives 633
Applications. — Saccharimètre de M. Soleil /i3/i
Action du magnétisme sur la lumière polarisée 635
PROPAGATION DE LA CHALEUR.
RAYONNEMENT.
Distinction du ravoimement et de la conductibilité 63q
Chaleur rayonnante obscure A 60
Observations générales sur les radialions calorifiques, cximparées aux radiations
lumineuses AA i
Appareils pour Télude de la chaleur rayonnant*.* AA t
Appareil thermo-électriquo AAa
(rraduation de l'appareil thermo-électrique A A3
Diverses sources de chaleur employées dans Téludc de la chaleur rayonnante AA6
LOIS RELATIVES AU MODE DE PROPAGATION DE LA CHALEUR RAYONNAKTK.
Propagation rectiligne de la chaleur dans un milieu homogène AA7
Vitesse de propagation de la chaleur AA7
Réflexion de la chaleur AA8
Réfraction de la chaleur. — Dispersion *. . AA9
Interférences de la chaleur A5o
Polarisation de la chaleur 'i5ï
LOIS RELATIVES AUX VARIATIONS D'INTENSITR DR LA CHALRUR RAYONNANTE.
Loi du carré des dislances. A5 1
Pouvoirs réflecteiu'S. — Pouvoirs diiïusifs AT)!
Pouvoirs absorbants des corps athermanes 'i53
tlomparaisou des pouvoirs absorbants de diverses substances athermanes 'i5A
àl« TABLK DES MATIÈBES.
IVm\oirs itlist»rl»aitls Jt^« ivqis dialliemianes. — Relation entre Tii^ensilé du faÎMiNiu
• IriiiiMiiis t't IV(Miss<^Hir ti-aterftie, dans \e cas où le faisceau est homogèiie h7iît
Transniix^ion d'un l'aiscoau hétcro|;ènp à travers un corps dialherniane ^ . . . . ASy
l.a diuihomunôite d'un corps pour les rayons obscurs peut être entièreificnt diflo-
tx'utt' dt' la transpui-enr<> pour les rayons visibles h'n)
DES POUVOIRS EMISSIFS
ET DE L'ÉQUILIBRE MOBILE DES TEMPÉRATURES.
Pouvoir cmissif. — Influoncr^ de Tinclinnison et de la température sur le pouvoir
éiuissil du noir do fuuiôe ^ /ifii
(lompjiraison des iH)uvoirs émissifs des divers coq)s,.sous Tincidence normale et à
une mc^me temp«''rature , 4d
lnniit*iirr> de Tinclinaison sur les pouvoirs émissifs de divers corps /i()/i
E(;alit(* du pouvoir ('>niissif el du pouvoir absorl>ant . . . . ' 'i6r>
Rc'uianpies siu' la généralité du principe précédent /iG-y
('.onsé(juenccs*relatives aux contlitions du renversement des raies, dans les expé-
riences de MM. Kirdihoiï et Bunsen A70
Équilibre mobile des lemp'ratures h-ji
(las où IVncf'inle ol tous les corps (pi'elle contient ont un pouvoir absorbant absolu. A73
(las où un corps c-ontenu dans Ttînceinte |M)ssède un pouvoir n'flecleur fi~h
Polarisation df>s rnyons émis dans dos directions obliques par les corps domis de pou-
voirs r«'ifli»cteurs 477
Réflexion apparente du froid ^78
Théorie di» Wolls sur la pro<luction de la rosoo 48ci
CONDUCTIBILITE.
Rayonnement particulaire 'i8.'i
Propagation de la rlialeur dans un cylindre dont la surface convexe «'st imperm^^able
à la chaleur /j8 '1
(loeHiri<>nt de conductibilité intérieure. — Essais de détermination dinH'b' /i8<)
Distribution d(*s tem|)éralun>s dans une barre conductrice de petit diamètre '188
Détermination indirecte des coelFicieuts de conductibilité. — Expériences do Despretz. fuja
Expériences «b» MM. Wiedemann el Franz fiç^\
Délerminalion des constantes M et N do la formule lh<'>orique ft()3
Application à Tappreil d'Ingenhouz Aij'i
Conductibilité d(.>s cor[)s solides crislallisos /ipfi
Conductibilité d<>s cor|»s liquidi's fii}(\
Condurtibilité dtv gaz '197
¥l\ nK I.A TAIU.K DKS MITIKKKS.