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Full text of "Oeuvres du comte de Lacépède : comprenant l'histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, des serpents, des poissons et des cétacés; accompanées du portrait de l'auteur et d'environ 400 figures, exécutés pour cette édition par les meilleurs artistes"

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OEUVRES 


DE LACÉPÈDE. 


POISSONS. 


LE. 


OEUVRES 


DU COMTE 


DE LACÉPÉÈDE. 


COMPRENANT 


L'HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 
DES SERPENTS, DES POISSONS ET DES CÉTACÉS:; 


ACCOMPAGNÉES 


DU PORTRAIT DE L'AUTEUR ET D'ENVIRON 4QO FIGURES, 
EXÉCUTÉS SUR ACIER POUR CETTE ÉDITION 
PAR LES MEILLEURS ARTISTES. 


QE eu 


Ne, 


À PARIS, 


CHEZ F.. D. PILLOT, ÉDITEUR, 
RUE DE SEINE-SAILNT-GERMAIN, N° 49. 


bopoge 


1831. 


POISSONS. 


II. 


FACÉPÈDE, Vi, 1 


HISTOIRE 


NATURELLE 


DES POISSONS. 


LE SQUALE BARBILLON! 


Squalus cirrhatus, Lacer., GMEL. 
es e——— 


M. Broussonner a le premier fait connoître cette 
espèce de cartilagineux qui se trouve dans la mer Pa- 
cifique , et que l’on voit quelquefois auprès de plu- 
sieurs rivages d'Amérique. Ce squale parvient au moins 
à la longueur de cinq pieds; il est d’une couleur 
rousse, comme la roussette; et, quand il est Jeune, il 
présente des taches noires : il a aussi, comme la rous- 
sette, les narines garnies d'un appendice allongé et 
vermiforme ; mais ce qui empêche de le confondre 
avec cet animal, c'est qu'il a sur son corps des écailles 
grandes, plates et luisantes. Nous n'avons encore 
examiné que des poissons couverts d'écailles pres- 


1. Chien de mer barbillon, Broussonnei, Mémoires de l'Académie 
des Sciences pour 1780. 

Chien de mer barbillon, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique. 


ô HISTOIRE NATURELLE 


que insensibles, ou de tubercules plus ou moins gros, 
ou d’aiguillons plus ou moins forts; et c'est la pre- 
mière fois que nous voyons la matière qui forme ces 
écailles presque invisibles, ces aiguillons et ces tu- 
bercules, s'étendre en lames larges et plates, et pro- 
duire de véritables écailles!. 

Le museau est court et un peu arrondi. Les dents 
sont nombreuses, allongées, aiguës, et élargies à leur 
base. Les deux dernières ouvertures branchiales de 
chaque côté sont assez rapprochées pour qu'on ait 
pu croire que l'animal n'en avoit que huit au lieu 
de dix. On voit la première nageoire dorsale au des- 
sus des ventrales , et la seconde plus près de la tête 
que celle de l’anus. La queue est courte , et la nageoïre 
qui la termine se divise en deux lobes. 


ces» 


LE SQUALE BAR BU: 


Squalus barbatus, Guer., Lacer. 
— 2e —— 


La description de ce squale de la mer Pacifique, 
dans les eaux de laquelle il a été vu par le capitaine 


1. Voyez, dans le Discours sur la nature des poissons, ce qui con- 
cerne la formation des écailles. 

2. Chien de mer barbu , Broussonnet , Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. 

Chien de mer moucheté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique. 


DÉS POISSONS. 9 
Cook, a été publiée pour la première fois par M. Brous- 
sonnet. Il est très aisé de distinguer ce cartilagineux 
des autres animaux de son genre, à cause des appen- 
dices vermiformes qui garnissent sa lèvre supérieure. 
Les plus grands de ces appendices ou barbillons ont 
communément de longueur le quatre-vinglième de 
la longueur totale. Ces prolongations membraneuses 
sont d’ailleurs divisées le plus souvent en trois petits 
raméaux ; et on les voit ordinairement au nombre de 
huit. 

La tête est large, courte et déprimée ; les dents, en 
forme de fer de lance, et sans dentelures, sont dispo- 
sées sur plusieurs rangs ; les évents sont grands, et la 
première nagecire dorsale est placée plus loin de la 
tête que les nageoires ventrales. 

Le corps recouvert de tubercules, ou, pour mieux 
dire, d’écailles très petites, dures, lisses et brillantes, 
présente, dans sa partie supérieure, des taches noires, 
rondes ou anguleuses , et renfermées dans un cercle 
blanc. 

C’est à cette espèce qu'il faut rapporter le squale 
décrit et figuré dans le Voyage du capitaine Philipp à 
Botany-Bay, chapitre xxir, et qui avoit été pris dans 
la crique de Sidney du port Jackson de la Nouvelle- 
Hollande, par le lieutenant Watts. 

En réunissant la description donnée par M. Brous- 
sonnet, avec celle que l’on trouve dans le Voyage du 
capitaine Philipp, on voit que la bouche du squale 
barbu esi située à lextrémité du museau, au lieu de 
l'être au dessous , comme dans le plus grand nombre 
des animaux de sa famille. L’entre-deux des yeux 
est large et concave. La nageoire de lanus touche 


10 HISTOIRE NATURELLE 


celle de la queue; et cette dernière , composée de 
deux lobes, dont l’antérieur est arrondi dans son con- 
tour, et plus étroit, ainsi que beaucoup plus long que 
le postérieur, ne garnit que le dessous de la queue, 
dont le bout est comme émoussé. 


LE SQUALE TIGRÉ!. 


Squalus longicaudus ettigrinus, GMEL. — Squalus 
fasciatus, Brocx. 


C’Esr dans l'océan Indien qu’habite ce squale re- 
marquable par sa grandeur et par la disposition des 
couleurs qu'il présente. On a vu, en effet, des indivi- 


1. Barbu. 

Chien de mer barbu. 

Wannan-polica, par les Chingulais. 

Squalus tigrinus , Zoologia indica selecta, auctore Joanne Reïnoldo 
Forster, fol. 24 , tab. 15, fig. 2. 

Bloch, Histoire naturelle des poissons étrangers, en allemand, 
part. 1, p. 19, n. 4. 

Chien de mer tigré, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des 
Sciences, 1780. 

Chien de mer barbu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. ? 

Gronov. mus. 1, n. 196, Zooph., n. 147. 

Seba, mus. 3, p. 105, tab. 54, fig. 1. 

Hermann, Tab. aflin. anim., p. 502. 


DES POISSONS. 11 
dus de cette espèce parvenus à une longueur de cinq 
mètres , ou de quinze pieds : de plus, le dessus de 
son corps et ses nageoires sont noirs, avec quelques 
taches blanches , et avec des bandes transversales de 
cette dernière couleur, placées comme celles que 
l'on voit sur le dos du tigre ; et de là vient le nom 
que nous lui avons conservé. 

D'ailleurs ce squale est épais; la tête est large et 
arrondie par devant; Pouverture de la bouche , pla- 
cée au dessous du museau et garnie de deux barbil- 
lons; et la lèvre supérieure proéminente. Les dents 
sont très petites, et les ouvertures des branchies au 
nombre de cinq : mais les deux dernières de chaque 
côlé sont si rapprochées qu’elles se confondent l’une 
dans l’autre , et que d’habiles naturalistes ont cru que 
le tigré n’en avoit que huit. L'on voit la première na- 
geoire du dos au dessus des ventrales, la seconde au 
dessus de celle de l’anus, et la caudale divisée en deux 
lobes, qui ne règnent communément que le long de 
la partie inférieure de la queue. 

On a éerit que le tigré yivoit le plus souvent de 
cancres et de coquillages. La petitesse de ses dents 
rend cette assertion vraisemblable; et ce fait curieux 
dans l’histoire de très grands squales pourroit con- 
firmer, sil étoit bien constaté, une des habitudes que 
l’on a attribuées à cette espèce, celle de vivre plusieurs 
individus ensemble sans chercher à se dévorer les uns 
les autres. Mais ne nous pressons pas d'admettre 
l'existence de mœurs si opposées à celles d'animaux 
carnivores , tourmentés par un appétit vorace, et ne 
pouvant J'apaiser que par une proie abondante. 


12 HISTOIRE NATURELLE 


LE SQUALE GALONNÉ:. 


Squalus Africanus, Guxr., Lace», 


LEs mers qui baignent les côtes d'Afrique, et par- 
ticulièrement celle qui avoisine le cap de Bonne-Es- 
pérance, sont l'habitation ordinaire de ce squale, dont 
M. Broussonnet est le premier qui ait publié la de- 
scription. Son caractère distinctif consiste dans sept 
grandes bandes noirâtres, parallèles entre elles, et 
qui s'étendent longitudinalement sur son dos. 

Il est d’ailleurs revêtu de petits tubercules ou d’é- 
cailles presque carrées. Sa tête est déprimée , et un 
peu plus large que le corps; ses yeux sont trois fois 
plus grands que les évents; et au travers de l’ouver- 
ture de sa bouche, qui est demi-circulaire, on voit 
des tubercules mous sur la langue et le palais, et plu- 
sieurs rangées, transversales dans la mâchoire supé- 
rieure et obliques dans l'inférieure, de dents longues, 
aiguës, et comprimées de dehors en dedans. 

Deux lobes inégaux servent à fermer les narines. 

Les ouvertures des branchies sont au nombre de 


1. Chien de mer galonné, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des 
Sciences de Paris, 1780. 

Chien de mer galonné, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 


DES POISSONS. 13 
11 A LA 
cinq de chaque côté, comme dans tous les squales 
dont nous écrivons l’histoire, excepté le perlon et le 
griset. 

La première nageoire dorsale est au delà du milieu 
de la longueur du corps ; la seconde est placée au 
dessus de la partie postérieure de la nageoire de l’a- 
nus; et celle de la queue est arrondie. 


sHOrCHELSPOPOOHOTEBHOBOSBOMNSOHEHOROTODORETETEE OS EE ELOLET ET EBOZEE 


LE SQUALE OŒiLLE! 


Squalus ocellatus, Guer., LAcer. 


DE chaque côté du cou de ce cartilagineux, on voit 
une grande tache ronde, noire , et entourée d’un cer- 
cle blanc , et qui, ressemblant à une prunelle noire 
placée au milieu d’un iris de couleur très claire, a été 
considérée comme l’image d’un œil, et a fait donner 
le nom d’OEillé au poisson que nous décrivons. C’est 
encore à l'ouvrage de M. Broussonnet que nous de- 
vons la connoiïssance de ce squale, que l’on a trouvé 
dans la mer Pacifique, auprès de la Nouvelle-Hol- 
lande. 

L'œillé est, dans sa partie supérieure , d’une cou- 
leur grise et tachetée, et, dans sa partie inférieure, 


1. Chien de mer œillé, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. 

Chien de mer œillé, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 


1/4 HISTOIRE NATURELLE 
d’un cendré verdâtre, qui, dans l’animal vivant, doit 
être plus clair que les nuances du dessus du corps. 

La tête est courte et sans taches. Les dents sont 
aiguës, comprimées de dehors en dedans, larges à 
leur base, mais petites. Les narines avoisinent le bout 

du museau; et, de chaque côté, les deux dernières: 
ouvertures des branchies sont très rapprochées. 

La place qu'occupentles nageoires ventrales estplus 
près de la tête que le milieu de la longueur du corps. 
Elles sont arrondies, noirâtres, et bordées de gris, 
comme Îles pectorales. 

On voit deux taches noires sur le bord antérieur 
de la première nageoire dorsale, qui est échancrée 
par derrière , et située plus loin de la tête que celle 
de l’anus. La seconde, un peu plus petite que la pre- 
mière , ressemble d’ailleurs à cette première dorsale ;° 
et la nageoire de l'anus touche presque celle de la 
queue, qui est échancrée. 


LE SQUALE ISABELLE. 


Squalus isabella, Guzr., Lacer. 


CE poisson vit auprès des côtes de la Nouvelle-Zé- 
lande. C’est un de ces squales que l’on n'a rencontrés 


1. Chien de mer isabelle, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Ecyclopédie méthodique. 


DES POISSONS. 15 
jusqu’à présent que dans la mer Pacifique, et qui pa- 
roissent en préférer le séjour à celui de toutes les au- 
tres mers. Quel contraste cependant présentent les 
idées de ravage et de destruction que réveille ce grand 
nombre d'êtres voraces et féroces, et les images dou- 
ces et riantes que font naître dans l'imagination le nom 
de cette mer fameuse , et tout ce que l’on raconte des 
îles qu’elle arrose, et où la nature semble avoir pro- 
digué ses plus chères faveurs! 

Le nom du squale dont nous traitons, vient de la 
couleur du dessus de son corps, qui est, en effet, 
isabelle , avec des taches noires; le dessous est blan- 
châtre. 

Ces taches, ces nuances, le rapprochent de la rous- 
sette , avec laquelle les principaux détails de sa con- 
formation lui donnent d’autres grands rapperts : mais 
il en diffère en ce que sa tête est plus déprimée, et 
surtout parce que la première nageoïre dorsale est 
placée au dessus des ventrales, au lieu d’être plus 
éloignée de la tête que ces dernières, comme sur la 
roussette. 

Le museau est arrondie; les dents sont comprimées 
de devant en arrière, courtes triangulaires, aiguës, 
garnies , aux deux bouts de leur base, d’un appendice 
ou grande pointe , et disposées ordinairement sur six 
rangées ; la langue est courte et épaisse , les évents 
sont assez grands ; les nageoires pectorales très éten- 
dues, et attachées au corps auprès de la troisième 
ouverture des branchies ; les ventrales séparées l’une 
de l’autre; et les lignes latérales suivent le contour 
du dos, dont elles sont voisines. « 


16 HISTOIRE NATURELLE 


LE SQUALE MARTEAU. 


Squalus Zygæna, Lacxr., GMEL. — Zygœna Malleus, 
VALENCIENNES. 


Iz est peu de poissons aussi connus des marins, et 
de tous ceux qui, sans oser se livrer aux hasards des 


1. « Poisson juif, pesce jouziou , » à Marseille (à cause de sa res- 
semblance avec l’ornement de tête que les juifs portoient autrefois en 
Provence). 

Pesce martello, dans plusieurs départements méridionaux. 

« Peis limo, limada, toilandolo, » en Espagne. 

Ciambetta, à Rome. 

Balista , dans plusieurs endroits d'Italie. 

Balance-fish, en Angleterre. 

Chien de mer marteau, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. 

Squalus corpore malleiformi , Bloch , Histoire des poissons étrangers, 
première partie, pl. 117. 

Cestracion fronte artus forma, Klein, miss. pisc. 5, p. 15, n. 1. 

Libella ciambetla, Salv. Aquat., p. 128, 129. 

Libella, balista, cagnolu, Belon , Aquat., p. 61. 

« Sq. capite latissimo transverso malleïformi, » Mus. ad. fri. 1, 
p. 52. 

« Squalus capite latissimo transverso malleï instar, » Art. gen. 67, 
syn. 96. 

Gronov. mus. 1, n. 199. Zooph., n. 146. 

Sphyræna Gillii, Mus. besler, p. 55, tab. 25. 


DES POISSONS. 17 
tempêtes, ou sans pouvoir s'abandonner à un courage 
qui les porteroit à les affronter, aiment à suivre par la 
pensée les hardis navigateurs dans lewrs courses loin- 
taines. Toutes les mers sont habitées par le marteau : 
sa conformation est frappante; elle le fait aisément 
distinguer de presque tous les autres poissons ; et son 
souvenir est d'autant plus durable, que sa voracité 
l’entraîne souvent autour des bâtiments, au milieu 
des rades, auprès des côtes, qu'il s’y montre fréquem- 
ment à.la surface de l’eau, et que sa vue est toujours 
accompagnée du danger d’être la victime de sa féro- 
cité. Aussi n'est-il presque aucune relation de voyage 
sur mer qui ne fasse mention de l'apparition de quel- 
que marteau, qui n'indique quelqu’une de ses habitu- 
des redoutables, n’expose, au moins imparfaitement, 
sa forme, ne soit ornée d'une figure plus ou moins 
exacte de cet animal; et depuis long-temps on ne voit 
presque aucune collection d'objets d'histoire natu- 


Arist. anim., Hb. 2, cap. 16. 

Ælian. an., lib. 9, cap. 49. 

Gesner, Aquat., p. 1050, Icon. an., p. 150. 

Aldrov. pisc., p. 408. 

Jonslon , pise., p. 29, tab. 7, fig. 8 et 9. 

« Marteau, poisson juif, zygæna, libella , » Rondelet, première 
partie, liv. 15, chap. 10. 

Zigène, Du Tertre, Ant. 2, p. 207. 

Requin, Fermin, Surin. 2, p. 248. 

Pantouflier, Labat. Amer. 4, p. 601. 

Willughby, Ichthyol., p. 55, tab. B, 1. 

Balance-fish, Ray., pisc., p. 20, n. 7. 

Marteau, Valmont-Bomare, Dict. d'histoire naturelle. 

Carleton, p. 128. 4 

Oppian., lib. 1, p. 14. 

Marteau, Duhamel, Traité des pêches, seconde partie, sect. g. 
p- 30%, pl. 21, fig. 3, 8. 


10 HISTOIRE NATURELLE 


relle, ni même de substances pharmaceutiques, qui 
ne présente quelque individu de cette espèce. 

Cette conformation singulière du marteau consiste 
principalement dans la très grande largeur de sa tête, 
qui s'étend de chaque côté, de manière à représenter 
un marteau, dont le corps seroit le manche ; et de là 
vient le nom que nous avons cru devoir lui conserver. 
Cette figure, considérée dans un autre sens, et vue 
dans les moments où le squale a la tête en bas, et 
l'extrémité de la queue en baut, ressemble: aussi à 
celle d’une balance où à celle d’un niveau; et voilà 
pourquoi les noms de niveau et de balance ont été 
donnés au poisson que nous décrivons. 

Le devant de cette tête, très étendue à droite et à 
gauche, est un peu festonné , mais assez légèrement 
et par portions assez grandes pour que cette partie, 
observée d’ün peu loin, paroisse terminée par une 
ligne presque droite; et le milieu de ce long marteau 
est un peu convexe par dessus et par dessous. 

Les yeux sont placés au bout de ce même marteau. 
Ils sont gros, saillants, et présentent dans leur iris 
une couleur d’or, que les appétits violents de l’animal 
changent souvent en rouge de sang. Pour peu que 
l’animal s'irrite, il tourne et anime d’une manière ef- 
frayante ces yeux qui s’enflamment. 

Au dessous de la tête, et près de l’endroit où le 
tronc commence, l’on voit une ouverture demi-cir- 
culaire : c’est celle de la bouche, qui est garnie, dans 
chaque mâchoire , de trois ou quatre rangs de dents 
larges, aiguës, et dentelées de deux côtés, et dans la 
cavité de laquelle on aperçoit une langue large, épaisse, 
et assez semblable à la langue humaine. 


DES POISSONS. 19 

Au devant de cette ouverture, et très près du bord 
antérieur de la tête, sont placées les narines, quiont 
une forme allongée, et qu’une membrane recouvre. 

Le corps est un peu étroit, ce qui rend la largeur 
de la tète plus sensible. Les nageoires sont grises, 
noires à leur base, et un peu en croissant dans leur 
bord postérieur. La première dorsale est grande et 
très près de la tête ; les ventralés sont séparées l’une 
de l’autre ; la nageoire de la queue est longue; et les 
tubercules qui revêtent la peau sont moins gros que 
sur plusieurs autres squales. 

Ce cartilagineux, dont la femelle donne ordinaire- 
ment le jour à dix ou douze petits à la fois, parvient 
communément à la longueur de sept où huit pieds 
(plus de deux mètres et demi), et au poids de cinq 
cents livres (plus de vingt-cinq myriagrammes); mais 
il peut attéindre à une dimension et à un poids plus 
considérables. Sa hardiesse, sa voracité, son ardeur 
pour le sang, sont cependant bien au dessus de sa 
taille; et si, malgré la faim dévorante qui l’excite, et 
l'énergie qui l’anime , il cède en puissance aux grands 
requins, il les égale, et peut-être Îles surpasse quel- 
quelois en fureur. 


20 HISTOIRE NATURELLE 


LeBo$o be 8 


LE SQUALE PANTOUFLIER*. 


Squalus Tiburo, Guer., Lac. — Zygœna tudes, 
VALENCIENNES. 


CE squale a de si grands rapports avec le marteau, 
qu'on les a très souvent confondus ensemble, et que 
la plupart des auteurs qui ont voulu distinguer l’un 
de l’autre, n’ont pas indiqué les véritables différences 
qui les séparent. Comme la collection conservée dans 
le Muséum d'histoire naturelle renferme plusieurs 
individus de cette espèce, nous avons pu saisir les 
caractères qui lui sont propres. Nous allons les indi- 
quer particulièrement d’après un pantouflier envoyé 
très récemment de Cayenne par M. Le Blond, et 


3. Demoiselle, dans la Guyane françoise. 

Chien de mer pantouflier, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. 

Id. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Cestracion capite cordis figura vel triangulari, » Klein, miss. 
pisc. 5, p. 15, n. 2, tab. 2, fig. 3 et 4. 

« Zygænæ affinis capite triangulo. » Willughby, Ichth., p. 55, tab. 
B, 0, fig. 4. 

Papana, Guill. Pison, Histoire naturelle et médicale des Indes oc- 
cidentales, liv. 3, sect. 1. 

« Tiburonis species minor. » Marcg., Brasil., p. 181. 


PL 64. Poissons 


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PSQOUALE PANTOUFTIER . 2 TÊTE DU MEME VUE EN DESSOUS.5. SQUALE MARTEAU 


DES POISSONS. 21 


dont nous avons fait graver la figure; et pour donner 
une bonne description de l'espèce qui nous occupe, 
nous avons d’ailleurs fait usage de notes très détail- 
lées que nous avons trouvées, au sujet de ce squale, 
dans les manuscrits de Commerson. 

Le trait principal qui empêche de regarder le pan- 
touflier comme un marteau, est la forme de sa tête. 
Cette partie est beaucoup moins courte à proportion 
de sa largeur, que la tête du marteau. Au lieu de re- 
présenter une sorte de traverse très allongée, placée 
au bout du tronc de l'animal, on peut comparer sa 
figure à celle d’un segment de cercle dont la corde 
seroit le derrière de la tête, et dont l’arc seroit dé- 
coupé en six larges festons. Il résulte de cette con- 
formation que le milieu du bout du museau répond 
à la sinuosité rentrante qui sépare les trois festons 
d’un côté, des trois festons de l’autre, et par consé- 
quent que ce milieu n'est pas la partie la plus avancée 
de la tête, comme dans le marteau. Ces six festons 
re sont pas tous égaux : les deux du milieu sont plus 
grands que ceux qui les avoisinent, mais plus petits 
que les deux extérieurs, qui par conséquent sont les 
plus larges des six. Et lorsque toute cette circonfé- 
rence est bien développée et que léchancrure du 
milieu est un peu profonde, ce qu’on voit dans quel- 
ques individus, l’ensemble de la tête, considéré sur- 
tout avec le devant du tronc, a dans sa forme quelque 
ressemblance avec un cœur, ainsi que l'ont écrit plu- 
sieurs naturalistes. 

On n’aperçoit aucune tache sur ce squale, dont la 
partie supérieure est grise, et l’inférieure blanchâtre. 
Sa peau est garnie de tubercules très petits, et qui 


LACÉPÈDE. VI, 2 


22 HISTOIRE NATURELLE 

sont placés de manière qu'on n’en sent bien la rudesse 
que lorsque la main qui les touche va de la queue 
vers la tête. 

Le dessus et le dessous du museau sont percés 
d’une quantité innoimnbrable de pores que leur peti- 
esse empêche de distinguer, mais qui, lorsqu'on les 
comprime, laissent échapper une humeur gélatimeuse 
et visqueuse. 

Les narines sont placées en partie sur la circonfé- 
rence du segment formé par la tête; et c’est aux deux 
bouts de la corde de ce segment que sont situés les 
yeux, plus propres par leur position à regarder les 
objets qui sont sur les côtés de l’animal, que ceux 
qu'il a en face. 

Suivant Commerson, l'iris est blanchâtre et en- 
touré d’un cercle blanc, et la prunelle d’un vert de 
mer. ; 

L'ouverture de la bouche est placée sous la tête, et 
à une assez grande distance du bout du museau. 

Les dents, un peu courbées en arrière, et non 
dentelées dans les jeunes pantoufliers, sont placées 
sur plusieurs rangs. 

La langue est cartilagineuse, rude, large, épaisse, 
courte, arrondie par devant, attachée par dessous, 
mais libre dans son contour. 

La ligne dorsale suit la courbure du dos, dont elle 
est un peu plus voisine que du dessous du ventre. 

La forme, la proportion et la position des nageoires 
sont à peu près les mêmes que dans le marteau !. 


1. Commerson a compté de vingt-cinq à trente rayons cartilagineux 
dans chaque nageoïre pectorale, et de quinze à dix-huit dans la pre- 


mière nageoïre du dos. 


DES POISSONS. 23 

L’extrémité du dos présente une fossette ou cavité, 
comme sur le requin et le squale glauque. 

Le cœur est très rouge, triangulaire, et assez grand 
ainsi que son oreiliette; l'estomac a une forme coni- 
que ; le canal intestinal est replié deux fois; le rectum 
assez long ; et le foie blanc, et divisé en deux lobes 
allongés, dont le gauche est le mnoins étendu { 


1. Principales dimensions d’un pantouflier mesuré , presque dés sa 
sortie de lu mer, par Commerson. 


pieds. poue. lign. 
Longueur depuis le bout du museau jusqu'à Fangle 
antérieur de la bouche. . . . 
aux narines. , . 
AUX YEUX. NME ER INR RENNES 
aux angles postérieurs de Ja tête. . . 
à la première ouverture des branchies. . . 
à la seconde ouverture des branchies. 
à la troisième ouverture des branchies. . 
à la quatrième ouverture des branchies. . . . 
à la cinquième ouverture des branchies. . . . . 
à l'extrémité antérieure de la base des nageoires 


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HR FH Ô1 O1 OI © 
121 


D AN # 


pectorales. 1.100 Re tele KO A 9 

à l'extrémité antérieure ïe V be de la pr ee 
nageoire dorsale. !.4.1.111.1.0t © 6 5 
à la base des nageoiïres ventrales. . . 50 9 o 
AARAR US EMA NERMEUnte . 0 9 6 
à l’origine de la nageoïre de l'anus. 0 11 9 
à la base de la seconde nageoire dorsale. . 4. 1 ro) o 

à l'extrémité antérieure de la base dela nageoïre 
detliqueuers open Éd DT A 2 6 
au/boutide tla/queue Ne PR. PR 1 8 0 
Distance d’une narine à l’autre. . . . . . . . . . . o 5 6 
d'anoœilallautre mem 5 8 
Plus grande largeur du corps. . . . . . . . . . . . o 2 0 
RER l'extrémité dun museau. . . . . . . .. o o 1 
au sommet de la mâchoire inférieure. . . . . o 0 8 
auprès des nageoires pectorales. . . . . . , . o 1 6 


24 HISTOIRE NATURELLE 

Les habitudes du pantouflier ressemblent beaucoup 
à celles du marteau : maïs il est beaucoup moins fé- 
roce que ce dernier squale; et d’ailleurs il pourroit 
moins satisfaire sa voracité, ne parvenant pas à une 
grandeur aussi considérable. M. Le Blond écrit de la 
Guiane françoise, qu'on ne voit pas d'individus de 
celte espèce qui aient plus d'un mètre, ou de trois 
pieds, de longueur. La proie de ce squale, ne devant 
pas être si copieuse que celle du marteau, peut être 
mieux choisie, et d'autant plus que l'animal est moins 
goulu. Aussi sa chair est-elle moins désagréable au 
goût que celle du marteau; elle a même quelquefois 
une saveur qui ne déplaît pas, et les nègres en man- 
gent sans peine. 

Les rivages de la Guiane et ceux du Brésil sont 
ceux que fréquente le pantouflier. On ne l’a point 
encore observé dans les mers des Indes orientales : 
mais non seulement Commerson la vu dans celles 
qui baignent l'Amérique méridionale, il l’a encore 
rencontré dès le mois de février ou de pluvivose, au- 
près des côtes de la Méditerranée. 


pieds. pouc.  lign. 


Épaisseur auprès de la première nageoiïre dorsale. . o 2 6 
auprèside l'anus. FOR ec "Alien 0 2 3 
auprès de la seconde nageoïre dorsale, . . . . o if d 10 
auprès de la nageoïre de la queue. . . . . . . © 1 0 


Poids de l'animal, une livre un quart (six hectogrammes). 


DES POISSONS. 25 


goporosoveBo$oropo oo TomHoPOOoToDaporoHodoo 


LE SQUALE RENARD: 


Squalus Vulpes, Guez., Lacer., Cuv. — Carcharias 
V'ulpes, Risso. 


Tous les squales ont recu le nom de chien de mer : 
mais cette dénomination a été particulièrement con- 
sacrée par plusieurs auteurs à ceux de ces poissons 
cartilagineux qui parviennent à la grandeur la plus 
considérable ; les petites espèces de squales ont été 
appelées chats marins, ou belettes de mer. Voici un 
animal de la même famille qui, présentant une queue 
très longue et très roide, a été nommé Renard marin. 
On le trouve non seulement dans la Méditerranée, 
mais encore dans l'Océan, et particulièrement dans 
la partie de cette mer qui baigne les côtes d'Écosse 


1. Peis spaso, dans plusieurs départements méridionaux, où l’on a 
comparé sa queue à une longue épée. 

Chien de mer, renard, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. | 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Squalus cauda longiore quam ipsum corpus, » Arted. syn, 06. 

Salv. Aquat. p. 130. 

V'ulpecula, Willughby, Ichth. p. 54, tab. B, 5, fig. 2. 

Renard, Rondelet, première partie, liv. 15, chap. 09. 

Sea-fox, Pennant, Zool. Brit. 5, p. 86, n. 6, tab. 4. 

Renard marin, Valmont-Bomare, Dictionn. d’hist. naturelle. 

V'ulpes marinus, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 45. 


26 HISTOIRE NATURELLE 

et celles d'Angleterre. Il est ordinairement long de 
sept à huit pieds (deux mètres et demi); sa peau, 
revêtue de très petits tubercules ou écailles, est d’un 
gris bleuâtre sur la partie supérieure de l’animal , et 
blanchâtre sur la partie inférieure. 

Il a le museau pointu, la tête courte et conique, 
les yeux grands, les mâchoires garnies de trois ou 
quatre rangs de dents triangulaires, comprimées de 
devant en arrière, aiguës, et non dentelées. 

La ligne latérale est droite. La première nageoire 
dorsale est placée au milieu de la longueur du dos, 
à peu près comune sur le marteau; Îles nageoires ven- 
trales sont très rapprochées ; et l’on voit une fossette 
triangulaire vers l’origine de la queue. 

Cette dernière partie est très longue; et, ce qui 
fait le caractère distinctif du squale renard , elle est 
garnie par dessous d’une fageoire divisée en deux 
lobes, dont l’inférieur est très court, et dont le su- 
périeur est en forme de faux, et plus long que le 
corps de l'animal. 

Cette nageoire , très étendue, est comme une rame 
puissante qui donne au squale renarû une nouvelle 
force pour atteindre ou éviter ses ennemis : et comme, 
indépendamment de sa grande vitesse, il paroît avoir 
lodorat des plus sensibles, il n’est pas surprenant 
qu’il soit très vorace, el que ses manœuvres au milieu 
des eaux aient quelque ressemblance avec les ruses 
du véritable renard sur terre !; ce qui a contribué à 
lui faire donner le nom que nous lui conservons ici. 


1. Pline a écrit que lorsque ce squale avoit mordu à l’hamecçon . il 


nl 


savoit l’avaler de manière à parvenir jusqu'à la ligne, qu'il coupoit 
avec ses dents. 


DES POISSONS. 27 
SUPPLÉMENT A L'ARTICLE DU $SQUALE RENARD. 


Il nous paroît utile, pour faire bien connoître cette 
espèce très remarquable de squale, de donner ici 
l'extrait d’une notice que nous avons reçue de M. Noël 
de Rouen. Cet observateur, dont les naturalistes esti- 
ment depuis long-temps le zèle éclairé et la sévère 
exactitude , a pu décrire, tant à l’intérieuf qu’à l’ex- 
térieur, un très grand individu œâle de cette espèce, 
qüi avoit échoué à Dieppe sur le sable, le premier 
frimaire de l’an 8 de l’ère françoise. La longueur to- 
tale de cet énorme poisson étoit de 48/4 centimètres, 
ou quinze pieds; et sa circonférence dans l'endroit 
le plus gros du corps, de 162 centimètres, ou cinq 
pieds. Un gris nuancé de bleuâtre distinguoit la partie 
supérieure de l’animal , de l'inférieure qui étoit blan- 
châtre. La tête étoit noirâtre ; la langue arrondie, 
grasse. ferme ; l'œil très mobile dans son orbite, et 
dénué non seulement de membrane clignotante, mais 
encore de voile formé par une continuation de la 
peau. Deux lobes composoient la nageoire caudale : 
le supérieur avoit 23/ centimètres de longueur, et 
32 centimètres de hauteur, ainsi que 8 centimètres 
d'épaisseur à l'endroit où il se séparoit du lobe de 
dessous. 

Le cœur, composé d’une oreillette et d’un ventri- 
cule, présentoit la forme d’un triangle allongé ; les 
cinq branchies de chaque côté étoient longues, atta- 
chées à sept cartilages très forts, et d’un rouge foncé 
après la mort de l'animal. 


28 HISTOIRE NATURELLE 

Un œsophage très extensible précédoit l'estomac, 
sur la tunique intérieure duquel on voyoit de petits 
globules blanchâtres. 

La figure du foie qui offroit deux lobes, ressem- 
bloit un peu à celle d’une fourche, ou d’un Y grec. 

Le diaphragme étoit triangulaire, et chacun des 
deux reins noirâtre. 

Les vaisseaux spermatiques régnoient le long de la 
région de l’épine du dos ; on apercevoit les testicules 
dans le fond de l'abdomen; et des deux lobes qui 
formoient la läite ,-le droit avoit 13 décimètres de 
longueur sur 3 décimètres de largeur, et pesoit 13 ki- 
logrammes; et le gauche, qui pesoit 9 kilogrammes , 
étoit long de 108 centimètres. 


Dimensions de plusieurs parties du squale renard, 
décrit par M. Noël. 


centimèt. 
Depuis Le bout du museau jusqu’à l’ouverture de la bouche. ï1 
jusqu'à Éœill AR enr MTS AS NO PAU La € DU 12 
jusqu'à la partie antérieure de la nageoiïre dorsale. . . 118 
jusqu’à l’une des deux pectorales. . . . . . . . . . . . 64 
De la partie postérieure de l’une des pectorales, à la ventrale 


correspondante:.5: .MIRIAGEMENIE NEO PARIS 67 
De la partie postérieure de l’une des ventrales, à origine du 

lobe inférieur de la première nageoire caudale. . . . 53 
Largeur de l’ouverture de la bouche.. . . . . . . . . OO 
Diamètre del œil: PES EN E EARe 5 
Longueur de l'ouverture des narines. . . . . . : . . . . . 1 à 
Hauteur de la première nageoïre dorsale. . . . . . . . . . 32 
Longueur de chacune des deux nageoires pectorales. . . . . 72 
Longueur de la nageoire de l'anus. . . . . . . . . . . . . 7 
Longueur du lobe inférieur de la nageoïre caudale. . . : . 21 
LongueuriducϾur:ti. {21 .. ASC CNRC DIRECT. TOR 18 


Larseur du cœur... . 27 PIRE SR ubte. tou CHE RRO 


DES POISSONS. ; 29 


centimèt. 
Longueur de l'œsôphage. . . .". . . . . . . MEME t" ES 27 
Pangueuxrde l'estomac, PAIN CRSPAANAMENENE OA CAPE 75 
Parseuridellestomac est PIRE ne eee 18 
Longueur du grand lobe du foie RP ER D MD ES NT DE 82 
Longueur du petitlobe du foig . .:. .;.1.,. . . OS AE a Of 
Pongueur de la vésicule du fiel. . . . . . . . . . . Mar iaile 16 
Bargeur de laivésicule"durfielté0 PAU EDEN EU 8 
Longueur de la rate. . . . . . .. AM QU TENUE hd A a RTE EG D 
Laspeursdelairates ee DO PEU HN D PIE ä 
Éonpueur dupreciUme ee eue colle Ces lee 200) 
eneueur de lun des réinss 4. ./ele cie ele 20e «1e 100 


Largeur du chacun des testicules, mesuré à sa base. . . . . . 31 


E SQUALE GRISET”. 


Squalus sriseus, GueL., Lacer. 


Ce cartilagineux, dont le nom indique la couleur, 
a de chaque côté six ouvertures branchiales, et ce 
nombre d'ouvertures suflit pour le distinguer de tous 
les autres squales compris dans le sous-genre dont il 
fait partie. 

Le museau est arrondi; l’ouverture de la bouche, 
grande et demi-circulaire. Les dents, dont la mâ- 
choire inférieure est hérissée, sont très grandes, très 


1. Chien de mer griset, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences, 1780. 


Chien de mer griset, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 


30 HISTOIRE NATURELLE 

minces, presque carrées, et dentelées; et celles qui 
garnissent la mâchoire supérieure sont allongées, 
aiguës, non dentelées, plus étroites, plus courtes, 
et plus pointues sur le devant de la gueule que sur 
les côtés. On voit les narines situées très près de l’ex- 
trémité du museau, dont cependant elles sont moins 
voisines que les yeux. Ces derniers sont grands, ovales, 
et assez éloignés des évents, qui sont très petits. Les 
six ouvertures branchiales de chaque côté sont très 
grandes et très rapprochées. Îl n’y a qu'une nageoire 
dorsale ; elle est placée plus près de la tête que celle 
de l’anus, à laquelle elle ressemble, mais qu’elle sur- 


passe en grandeur. 


LE SQUALE AIGUTLEAT:. 


Squalus Acanthias, Guxr., Lacer., BLainv. — 
Acanñthias vulgaris, Risso. 


Nous allons maintenant nous occuper du troisième 
sous-senre compris dans le genre des squales. Cette 


1. Chien de mer. 

Aguillat, dans plusieurs départements méridionaux. 
Aziot, auprès de Venise. 

Aguzeo, auprès de Gênes. 

Scazone, à Rome. 

Picked dog, en Angleterre. 

Hound-fish, ibid. 


DES POISSONS. « 


branche particulière de cette famille remarquable et 
nombreuse renferme les squales qui ont des évents 
auprès des yeux, et qui d’ailleurs sont dénués de na- 
veoire de l’anus; ce qui leur donne une nouvelle 
conformité avec les raies. 


Chien de mer aiguillat, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Broussonnel, Mémoires de l’Académie des Sciences, 1780. 

Bloch , Histoire naturelle des poissons , troisième partie, pl. 85. 

Chien de mer aiguillat, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 

Aiguillat, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'Histoire naturelle. 

Fauna suecica, 205. 

Mus. ad. fr., p. 53. 

lt. Wgoth. 174. 

« Squalus pinna ani nulla, corpore rotundo, » Art. gen. 66, syn. 
94, spec. 102. 

Muller, prodrom. Zool. dan., p. 57, n. 511. 

Gronov. mus. 1, n. 154, Zooph., n. 149. 

Browne, Jamaiï., p. 458, n. 5. (Browne a considéré les deux na- 
geoires ventrales comme deux nageoires de l’anus. ) 

Salvian. Aquat. p. 155, 6, f, p. 156. 

Mustelus spinax, Belon, Aquat. p. 65. 

Acanthias, etc., Arist., Hist. anim., lib. 6, cap. 10. 

Aiguillat, galeus acanthias, Rondelet, première partie, liv. 5, 
chap. 1. 

Klein, miss. pisc. 5, p. 8. n. 1, tab. 1, fig. 5 et6. 

Gesner, Aquat. Go7. 

Dorhundt, id. (Germ.) f, 77, a. 

Willughby, Ichthy. p. 56. tab. B, 4, fig. 1. 

Galeus acanthias , sive spinaæ , Ray. pisc. p. 21. 

Picked dog-fish, Pennant, Zool. brit. 5. p. 77, n. 2. 

Charleton, p. 128. 

Galeus acanthias, Jonston, lib. 1, tit. 1, cap. 3, a 2, punct. 5, 
tab. 8, fig. 5. 

Galeus acanthias, sive spinax , Aldrov., lib.3, cap. 40, p. 399. 

Canis acanthias , spinax, Schonev., p. 29. 

Musielus spinus, Scaliger. 


22 HISTOIRE NATURELLE 


Un des squales le plus Aheietneniont connus de ce 
sous-venre , est l’aiguillat, qui habite dans toutes les 
mers, et particulièrement dans la Méditerranée, où 
il a été observé par un très grand nombre de natura- 
listes depuis le temps d’Aristote jusqu’à nos jours. La 
tête de ce poisson est aplatie, façonnée en forme de 
coin, mince par devant, arrondie vers l'extrémité du 
museau, et plus transparente que celle de plusieurs 
autres squales. Chaque narine a deux ouvertures pe- 
tiles, presque rondes, et également éloignées du bout 
du museau et de l’ouverture de la bouche. On voit 
auprès des yeux huit rangs de pores destinés à laisser 
échapper une humeur wuqueuse. Les dents, qui 
forment ordinairement trois rangées, sont allongees, 
aiguës, et garnies, de chaque côté de leur base, 
d’une pointe assez grande ; elles ressemblent beau- 
coup à celles du squale roussette : mais il est aisé de 
les en distinguer, parce que celles de la roussette 
sont dentelées, et que si celles de l’aiguillat le sont, 
ce n’est que légèrement , et lorsque l'animal est déjà 
très développé. 

La ligne latérale est droite. La première nageoïre 
dorsale est presque aussi avancée vers la tête que les 
pectorales; la seconde l'est plus vers le bout de la 
queue que les ventrales : l’une et l’autre sont armées, 
dans la partie antérieure de leur base, d’un aiguillon 
ou premier rayon épineux très dur, très fort, blanc, et 
presque triangulaire. Cet aiguillon , dont chaque na- 
geoire dorsale est garnie, est formé dans le fœtus, de 
manière à être très sensible, quoique un peu mou. 
On a prétendu que ce dard étoit venimeux. Nous 


Per Pr 


DES POISSONS. 39 
avons vu que l’on avoit attribué la même qualité vé- 
néneuse aux piquants des raies aigle et pastenaque. 
L'aiguillat, non plus que ces raies, ne contient cepen- 
dant aucun poison ; mais ce sont des effets semblables 
à ceux qu'on éprouve lorsqu'on a été blessé par l’arme 
de la raie aigle ou de la pastenaque, qui ont fait pen- 
ser que celle de l’aiguillat étoit empoisonnée. 

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que 
des piquants semblables à ceux de ce dernier poisson 
sont placés auprès des nageoires dorsales du squale 
philipp. 

L'extrémité de la queue de l’aiguillat est comme 
engagée dans une nageoire divisée en deux lobes, 
dont le supérieur est le plus long. 

Au reste, toutes les nageoires sont noirâtres. Le 
dessus du corps est d’un noirâtre tirant sur le bleu, 
et relevé par des taches blanches plus nombreuses 
dans les jeunes individus : le dessous est blanc, et ies 
côtés sont blanchâtres avec quelques nuances de vio- 
let ; et des rides ou sillons dirigés obliquement vers la 
ligne latérale, les uns de haut en bas, et les autres 
de bas en haut, s’y réunissent de manière à y former 
des angles saillants tournés vers la tête. 

La chair de l’aiguillat est filamenteuse, dure, et 
peu agréable au goût; mais il est des pays du nord 
de l’Europe où ie jaune de ses œufs est très recher- 
ché. Sa peau est aussi employée dans les aris, et y 
sert aux mêmes usages que celles du requin et de la 
roussette, 

C'est évidemment à cette espèce qu'il faut rappor- 
ter le squale décrit sous le nom de T'ollo et de Squa- 
lus Fernandinus, dans l'Essai sur l'histoire naturelle 


3/ HISTOIRE NATURELLE 

du Chili, par Molina, et qui ne diffère de l’aiguillat 
par aucun caractère constant. Ce sont les piquants de 
ce squale que les habitants du Chili regardent comme 
un spécifique contre le mal de dents, pourvu qu’on 
en appuie la pointe contre la dent malade : il seroit 
superflu de faire observer combien leur confiance esi 
peu fondée. 


LE SQUALE SAGRE° 


Squalus Spinax, Guer., Lacer., BLAINv. — Acan- 
thias Spinax, Risso. 


CE poisson ressemble beaucoup à l’aiguillat, et a 
été souvent confondu avec ce dernier. Mais voici les 


1. « Squalus pinna anali nulla, dorsalibus spinosis, corpore tereti 
» acellato , » Mollina, etc., p. 208. 

Squale dit Tollo, au Chili. Note communiquée par le célèbre voya- 
geur Dombey, qui a péri victime de son zèle pour les progrès des 
sciences naturelles. 

2. Sagree, sur la côte de Gênes. 

Chien de mer sagre, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Chien de mer sagre, Bonuaterre, planches de l’Encyelopédie mé- 
thodique. 

Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie de: Sciences, 1780. 

« Squalus pinna ani carens, naribus in extremo rostro. » Arted. gen. 
67, syn. 95. 

Mus. ad. fr. 2, p. 49. 

Kauna suecica, 296. 


DES POISSONS. 95 
caractères qui font de ce cartilagineux une espèce 
distincte. Les narines sont placées presque à l’extré- 
mité du museau , au lieu d’être situées à une distance 
à peu près égale de cette extrémité et de l'ouverture 
de la bouche. Le dos est plus aplati que celui de l’ai- 
guillat. La couleur générale de lanimal est très brune ; 
et, ce qui paroîtra surtout remarquable à ceux qui 
se rappelleront ce que nous avons exposé sur les cou- 
leurs et les téguments des poissons dans notre pre- 
mier discours, la partie inférieure du corps présente 
des tubercules plus gros et une couleur plus foncée 
et plus noirâtre que la partie supérieure. Nous trou- 
verons, dans la classe entière des poissons, bien peu 
d'exemples de cette disposition extraordinaire et in- 
verse de couleur et de tubercules, qui, ainsi que 
nous l’avons dit, indique une distribution particu- 
lière dans les différents vaisseaux qui avoisinent la 
partie inférieure de l’animal, et suffit pour séparer 
une espèce de toutes celles qui ne montrent pas ce 
caractère. 

Le sagre vit dans la Méditerranée; il habite aussi 
l'Océan, même à des latitudes très septentrionales. 


Squalus niger, Gunner, Act. nidros. 2, p. 215, tab. 7 et 8. 

« Galeus acanthias, seu spinax fuscus, » Willughby, Ichthyol., 
p+ 97. 

Ray., pisc., p. 21. 

Mustelus seu spinax. Edw. Glan., tab. 289. 


36 HISTOIRE NATURELLE 


LE SQUALE HUMANTIN 


Squalus Centrina, Gumer., Lacer., BLarnv. 


Le humantin, qui habite l'Océan et la Méditerra- 
née, a, comme l’aiguillat et le sagre, un piquant très 


1. Bernadet, dans plusieurs départements méridionaux. 

Renard , ibid. 

Humanthin , ibid. 

Porc , ibid. 

Pesce porco, à Rome. 

Chien de mer humantin, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Chien de mer humantin , Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie 
méthodique. 

Id. Broussonnet, Mémoires de l’Académie des Seiences pour 1780. 


Humantin, Dessins sur vélin de la Bibliothèque du Muséum d’his- 
toire naturelle. 


Artedi, gen. 67, 5, syn, 95. 

Muller, prodr. Zool. dan., p. 67, n. 515. 

Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 115. 

Klein, miss. pisc. 5, p. 16, n. 7. 

V'ulpecula, Bel. Aquat., p. 62, 64. 

Elian., Animal., lib. 1, cap. 55 ; lib. 2, cap. 8. 

Gesn. Aquat. p. 609, ic. anim., p. 146; Thierb., p. 78, b. 
Salvian., Aquat., p. 156, b. 

Porc, et Centrina, Rondelet, première partie , liv. 15, chap. 8. 
Aldroy. pisc., p. 4o1. 

Jonston , pisc., p. 28, tab. 8, fig. 4 et 5. 

Centrica, Willughby, Ichth., p. 58, tab. B. et 2. 

Id. Ray. PiSC.p-210 

Porc marin, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 


PL GG 


HE SQUATE HUMANTIN 


ER SSQUALEURO CIRE 


DES POISSONS. 37 
dur et très fort à chacune de ses deux nageoires dor- 
sales. Ce piquant est néanmoins incliné vers la tête 
dans la première nageoire du dos, au lieu de l'être 
dans les deux vers la queue, ainsi que sur le sagre et 
l’aiguillat. Mais, indépendamment de cette disposi- 
üion des dards du hümantin, il est très aisé de le 
distinguer de tous les autres squales par la forme géné- 
rale de son corps, qui représente un prisme trian- 
culaire, dont le ventre forme une des faces. Le dos 
esl, par conséquent, élevé en carène; et comme 
cette dernière partie, exhaussée dans le milieu de sa 
longueur, s’abaisse vers la queue, et vers la tête qui 
est petite et aplatie, l'animal montre encore une sorte 
de pyramide triangulaire, très basse et irréguiière, 
à ceux qui le regardent par le côté. 

Le humantin est brun par dessus, et blanchâtre 
par dessous. Sa peau, qui recouvre une tunique épaisse 
et adipeuse, est revêtue de tuhercules gros, durs et 
saillants. Sa chair est si dure et si filamenteuse, 
qu'elle est constamment dédaignée : aussi pêche-t-on 
très peu le humantin, et va-t-on d'autant moins à sa 
poursuite qu'il ne fréquente guère les rivages, et qu'il 
aime à vivre dans la vase et dans la fange du fond des 
mers ; ce qui lui a fait donner le nom de cochon ma- 
rin, Sa peau sert néanmoins à polir les corps durs. 

Les individus de cette espèce ont un mètre et demi 
(un peu plus de quatre pieds) de longueur, lors- 
qu'ils paroissent avoir atteint la plus grande nartie de 
leur développement. La mâchoire supérieure est ar- 
mée de trois rangs, et l’inférieure d’un seul rang de 
dents aiguës. Les nageoires dorsales sont très rappro- 
chées de la tête ; la seconde est au dessus des ven- 

LACEPÉDE. VI. de) 


20 HISTOIRE NATURELLE 
trales ; la queue , et la nageoiïre qüi en garnit l’extré- 
mité, sont assez courtes à proportion de la longueur 


du corps. 


LE SQUALE LICHE" 


Squalus americanus, Guer., Lacer. — Scymnus 
nycæensis, Risso. 


C’EST auprès du cap Breton, dans l’Amérique sep- 
tentrionale, qu'a été vu ce poisson. Sa tête est 
grande ; son museau court et arrondi. Ses dents sont 
aplaties de devant en arrière, allongées , pointues et 
disposées sur plusieurs rangs : les plus grandes sont 
dentelées ; peut-être le sont-elles toutes dans les in- 
dividus plus âgés que ceux que l’on a observés , et qui 
n’avoient qu’un mètre, ou environ trois pieds, de 
longueur. L'on voit, sur les bords du bout du mu- 
seau , les ouvertures des narines, qui sont assez lar- 
es. Les deux dernières ouvertures branchiales de 
chaque côté sont tres rapprochées, et les évents éloi- 
gnés des yeux. Les nageoires dorsales ne présentent 
aucun aiguillon : la première, qui est moins grande 


1. Chien de mer liche, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Sciences de Paris pour 1756. 
Chien de mer liche, Bounaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 


dique. 


PLGZ. Poissons 


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LIBENS OUATEEIQUE 2 RL US QUALE CATGULTEEA 


DES POISSONS. 39 
que la seconde , est plus près de la tête que le milieu 
de la longueur du corps; la seconde en est un peu 
plus éloignée que celle de l’anus. Les nageoires ven- 
trales sont grandes et rapprochées de la queue, qui 
se termine par une nageoire dont la forme imite celle 
d’un fer de lance; et tout le corps est revêtu d’écailles 
ou tubercules petits et anguleux. 


V9 F00F EH 0 PS Ho LES POSTES 0 ETES H-MEGAPO D HbON-0 CH PE TO É < ” OO LPS PQ 


LE SQUALE GRONOVIEN". 


Squalus indicus, Guxr., Lacer. ( Espèce incertaine. ) 


Nous nommons ainsi un cartilagineux dont les na- 
turalistes doivent la connoissance à Gronovius. C’est 
dans ies mers de l'Inde qu’il a été pêché. Le carac- 
tère distinctif par lequel il est séparé des autres squa- 
les compris dans le même sous-genre, consiste dans 
la position de ses deux nageoires dorsales , dont la 
première est plus près du bout de la queue que les 
ventrales , et dont la seconde est très éloignée de la 
première vers cette même extrémité. Ces deux na- 
geoires sont d’ailleurs petites. Le museau est arrondi; 
chaque mâchoire présente sept rangs de dents ai- 
guës : les nageoires ventrales sont prochées l’une 
de l’autre ; celle de la queue n’a qu’un lobe; et des 


1.  Squalus dorso vario inermi, dentibus acutis. » Gronov. mus, 1, 
n. 199, Zoophy. 150. 


10 HISTOIRE NATURELLE 
taches noires relèvent la couleur grise de la tête ct 
du dos. 


3 


MEPEPETER-STODETESEPES CHERE ESELEHETOTEPAGET PET OEETeBPEFELSOBELETETOTETESETEHref Gérer Er 0% Eu 


LE SQUALE DENTELÉ. 


Squalus denticulatus, Lace. 


Nous donnons ce nom à un squale dont la descrip- 
tion n’a pas encore été publiée, et dont le dos, qui 
est très relevé, paroît en effet dentelé à cause d’une 
rangée de petits tubercules, qui s'étend presque de- 
puis l’entre-deux des yeux jusqu’à la première na- 
geoire dorsale. L’individu de cette espèce que nous 
avons observé fait partie de la collection cédée par 
la Hollande à la France, et déposée maintenant dans 
les galeries du Muséum d'histoire naturelle. Tout le 
dessus du corps et de la queue présente des taches 
rousses, assez grandes, et irrégulières ; et une couleur 
foncée règne sur la partie postérieure de toutes les 
nageoires, excepté de la caudale. 

Les dents sont triangulaires. Une membrane qui 
se termine en une sorte de barbilion, ferme l’ouver- 
ture de chaque narine; la lèvre supérieure est un peu 
échancrée dans A milieu ; les évents sont très près 
des yeux; on compte cinq ouvertures branchiales de 
chaque côté du corps. La première nageoire dorsale 
est plus éloignée de la tête que de l'anus; la seconde 


1OISSONS 


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PI 68 


ANG . 


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2. LI 


DENTELE 


I'M SQUALE 


SOI 


DES POISSONS. 43 

est voisine de la première ; la nageoire caudale est di- 

visée en deux lobes, qui sont séparés l’un de l’autre à 

l'extrémité de la queue, et dont l’inférieur, plus grand 

que le supérieur, est découpé de manière à être sous- 
divisé en trois petits lobes. 

Nous ignorons dans quelles mers habite ce poisson. 


LE SQUALE BOUCLE". 


Squalus spinosus, GMEL., LaAcEr. — Scymnus spinosus, 
Risso. 


Le caractère distinctif de cette espèce consiste 
dans des tubercules inégaux en grandeur, larges et 
ronds à leur base, garnis à leur sommet d’une ou 
deux pointes recourbées, à peu près conformés 
comme ceux que l’on voit sur la raie bouclée , et ré- 
pandus sur toute la surface du squale. M. Brousson- 
net a publié, le premier, et dès 1780, la description 
de ce poisson, qu'il avoit faite sur un individu de 
quatre pieds, conservé dans le Muséum d'histoire 
naturelle. 

Le museau du bouclé est avancé et conique ; l’ou- 


1. Chien de mer bouclé, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des 
Sciences pour 1780. 
Chien de mer bouclé, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie mé- 


thodique. 


He HISTOIRE NATURELLE 

verture de la bouche n’est pas très grande; les dents 
sont comprimées, presque carrées, découpées sur 
leurs bords, et disposées sur plusieurs rangs. La pré- 
mière nageoire du dos est aussi éloignée de la tète 
que les ventrales, qui cependant sont plus rappro- 
chées du bout de la queue que dans plusieurs autres 
espèces du même genre. Ces dernières sont d’ailleurs 
presque aussi grandes que les pectorales. 


L DE res HeSTEMeHAMEMMPOE SIT ENE BEBE ONE CA 


onoreBErTETETEHODOROHA-E ES 


LE SQUALE ÉCAILLEUX". 


Squalus squamosus, Guer., Lacrr. 


Nocs avons vu les tubercules qui revêtent le corps 
du requin et d’autres cartilagineux de la même fa- 
mille, se changer en écailles plus ou moins distinc- 
tes, et plus ou moins polies et luisantes, sur le barbu, 
sur le barbillon, et sur quelques autres squales : mais 
c'est surtout le poisson dont nous traitons dans cet 
article, qui présente, dans les parties dures dont sa 
peau est garnie , la forme véritablement écailleuse; 
et de là vient le nom que nous croyons devoir lui 
conserver. Les écailles qu’il montre sont assez gran- 


1. Chien de mer écailleux, Broussonnet, Mémoires de l’Académie 
des Sciences pour 1780. 

Chien de mer écailleux, Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique. : 


PL 65 Poissons. 


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I. LE SQUATE SCIE 2.1/2, SQUARD: ROUSSETMNE" 


DÉS POISSONS. 5 


—_* 


des, mais inégales en étendue, ovales et relevées par 
une arête longitudinale. 

Le museau est allongé et aplati de haut en bas; 
l'ouverture de la bouche, un peu petite et arquée; 
les dents sont presque carrées, découpées dans leurs 
bords à peu près comme celles du squale bouclé, et 
plus grandes dans la mâchoire inférieure que dans la 
supérieure. Les nageoires dorsales sont allongées, 
occupent une partie du dos assez étendue, et sont 
arméesc hacune d’un aiguillon, comme celles de Pai- 
guillat, du sagre et du humantin; et la seconde de 
ces nageoires est moins près de la tête que les ventra- 


les , qui cependant en sont assez éloignées. M. Brous- 
sonnet a parlé le premier, et dès 1760, de cette es- 
pèce, dont il a vu un individu d’un mètre, où environ 
trois pieds, de longueur, dans le Muséum d'histoire 
naturelle. 


cH94Popor <épo04p9 


LE SQUALE SCIE. 


Squalus pristis, Guer., Lacer. — Squalus rastrifer, 
Coumers, — Pristis antiquorum, Laru., BLainv. 
— Pristis pectinata. 


D — 


LE nom que les anciens et les modernes ont donné 
à cet anima! , indique l’arme terrible dont sa tête est 


1, Espadon. 


Epee de mer. 


4 HISTOIRE NATURÉÈLLE 


pourvue , et qui seule le sépareroit de toutes les es- 
pèces de poissons connues jusqu’à présent. Cette 
arme forte et redoutable consiste dans une prolonga- 


Sag-fisk, en Suède. 

Saw-fish, en Angleterre. 

Chien de mer scie, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Fauna suecica, 297. 

Mus. ad., fr. 1, p. 52. 

O. Fabric. Faun. groenl., p. 130, n. 91. 

Muller, prodrom. Zoo. dan., p. 58, n. 319. 

« Squalus rostro longo cuspidato osseo plano utrinque dentato, » 
Artedi, gen. 66, syn. 95. 

Gronov. mus. 1, n. 152, Zooph., n. 148. 

Browne, Jamaiïc., p. 458, n. 1. 

Bloch, pl. 120. 

Klein, miss. pise. 5, p.12, n. 11, tab. 8, fig. 1 ct 2. 

Squalus rastrifer, Commerson, manuscrits déjà cités. 

Araguagua, Marcgr. Brasil., p. 158. 

Id. Pis. Ind., p. 54. 

Serra, Plin. Hist. mundi, lib. 52, cap. 11. 

Clus. Exot., p. 155. 

Aldrov. Cet. p. 692. 

Olear. Kunstk., p. 41. tab. 26, fig. 1. 

Gesner, Aquat. p. 759, ic. anim., p. 171; Thierb., p. 101. 

Willughby, Ichth., p. 61, tab. B, 9, fig. 5. 

Ray. pisc., p. 25. 

Vivelle, Rondelet , première partie, liv. 16, chap. 11. 

Xiphias, vel Gladius, Jonstor, pise., p. 15, tab. 4, fig. v. 

Blas. Anat., p. 507, tab. 49, fig. 15. 

Spadon. Du Tertre, Antil., p. 207. 

« Serra marina, langue de serpent, » Belon, Aquat., p. 66. 

Chien de mer scie, Broussonnet, Mémoires de l’Académie des 
Scieaces pour 1780. 

Scie, Espadon, Épée de mer, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'his- 
toire naturelle, article des Baleines. 

Arist., Hist. animal., lib. 6, cap. 22. 

Athen., lib. 8, p. 553. 


DES POISSONS. HE 
tion du museau, qui, au lieu d’être arrondi, ou de 
finir en pointe, se termine par une extension très 
ferme , très longue, très aplatie de haut en bas, et 
très étroite. Cette extension est composée d’une ma- 
tière osseuse, ou, pour mieux dire , cartilagineuse et 
très dure. On peut la comparer à la lame d’une épée ; 
et elle est recouverte d’une peau dont la consistance 
est semblable à celle du cuir. Sa longueur est com- 
munément égale au tiers de la longueur totale de l’a- 
nimal ; sa largeur augmente en allant vers la tête, 
auprès de laquelle elle égale ordinairement le septième 
de la longueur de cette mème arme, pendant qu'elle 
n’en est qu’un douzième à l’autre extrémité. Le bout 
de cette prolongation du museau ne présente cepen- 
dant pas de pointe aiguë, mais un contour arrondi ; 
et les deux côtés de cette sorte de lame montrent un 
nombre plus ou moins considérable de dents, ou 
appendices dentiformes très forts, très durs, très 
grands et très allongés. Ils font partie du cartilage 
très endurci qui compose cette même prolongation; 
ils sont de mème nature que ce cartilage , dans lequel 
ils ne sont pas enchâssés comme de véritables dents, 
mais dont ils dérivent comme des branches sortent 
d’un tronc; et, perçant le cuir qui enveloppe cette 
lame , ils paroissent nus à l'extérieur. La longueur de 
ces sortes de dents, qui sont assez séparées Îles unes 
des autres , égale souvent la moitié de la largeur de la 
lame , à laquelle elle donne la forme d’un long peigne 
garni de pointes des deux côtés, ou, pour mieux 
dire , du râteau dont les jardiniers et tes agriculteurs 
se servent : aussi plusieurs naturalistes ont-ils nommé 


6 HISTOIRE NATURELLE 

le squale scie, Räteuu où Porte-râteau. Pendant que 
V’animal est encore renfermé dans son œuf, ou lors- 
qu'il n'en est sorti que depuis peu de temps, la lame 
cartilagineuse qui doit former son arme est molle, 
ainsi que les dents que produisent les découpures de 
cette lame , et qui sont, à cette époque de la vie du 
squale, cachées presque en entier sous le cuir. Au 
reste, le nembre des dents de cette scie varie dans 
les différents individus , et le plus souvent il y en a 
de vingt-cinq à trente de chaque côté. 

Nous allons voir l'usage que le poisson scie fait de 
cette longue épée ; mais achevons auparavant de faire 
connoître les particularités de la conformation de ce 
squale. 

La couleur de la partie supérieure de ce cartilagi- 
neux est grise et presque noire; celle des côtés est 
plus claire , et la partie inférieure est blanchâtre. On 
voit sur la peau de très petits tubercules, dont l’ex- 
trémité est tournée vers la queue, et qui par consé- 
quent ne rendent cette mème peau rude an toucher 
que pour la main qui en parcourt la surface en allant 
de la queue vers le museau. 

La tête et la partie antérieure du corps sont apla- 
ties. L'ouverture de la bouche est demi-circulaire, et 
placée dans ja partie inférieure de la tête, à une plus 
srande distance du bout du museau que les yeux. Les 
mâchoires sont garnies de dents aplaties de haut en 
bas , ou, pour mieux dire , un peu convexes, serrées 
les unes contre les autres, et formant une sorte de 
pavé. 

Les nageoires pectoriles présentent une grande 


DES POISSONS. 45 


étendue ; la première dorsale est située au dessus des 
ventrales , et celle de la queue est très courte Î. 

Les anciens naturalistes et quelques auteurs mo- 
dernes ont placé la scie parmi les cétacés, que l’on 
a st souvent confondus avec les poissons, parce qu'ils 
habitent les uns et les autres au inilieu des eaux. 
Cette première erreur a fait supposer par ces.mêmes 
auteurs, ainsi que par Pline, que la scie parvenoit à 
la très grande longueur attribuée aux baleines , et l’on 
a écrit et répété que, dans des mers éloignées, elle 
avoit quelquefois jusqu’à deux cents coudées de long. 


1. Principales dimensions d’un squale scie mesuré par Commerson, 
au moment où cet animal venoit de mourir. 
pieds. pouc. lign. 
Longueur depuis le bout du museau jusqu'aux pointes 
de la prolongation de cette partie, les plus 


voisines de la tête proprement dites Rép to 7 6 
au bord antérieur des narines. :. . . .4 . . . o NO 
aumilieu desyeux. Ale t li.) Li 0 8 6 
aux évents. . SR LUN RRMEANE o 9 9 
à la première ouverture branchiale. : . . . : . 0 6 
à la cinquième ouverture branchiale. . . . . . à 1 8 
au bout antérieur de la base des nageoires. pec- 

TOra les UN NE SEUL AE A ARS AS DL RE 0 6 
à l'origine des nageoires ventrales. . . . . . . 1 PR TO 
AA NS ne 2 LT EN REC ER ON RSA RS ENS CR Er 
à l’origine de la première nageoiïre dorsale. 1 8 
à l’origine de la seconde nageoire dorsale. 2 3 0 
à l'origine de la nageoïre de la queue.. . . . . » 6 8 
au bout de la nageoire de la queue, le plus éloi- 

Dnéadeta tête. 4. CET INR EL AIMER 11 6 

Largeur de la tête, auprès de l'ouverture de la bou- 

(OT eR A MSN NPA ANR ON IRC Re ER 2 $ 
du corps, auprès des nageoires pectorales, à 

l'endroit où elle est la plas grande. . . .. . o l 6 


du corps, auprès de la seconde nageoire du dos. © 1 a 


Â8 HISTOIRE NATURELLE 
Quelle distance entre cette dimension et celles que 
l'observation a montrées dans les squales scies les 
plus developpés ! On n’en a guère vu au delà de 
cinq mètres, ou de quinze pieds, de longueur; mais 
comme tous les squales ont des muscles très forts, 
et que d’ailleurs une scie de quinze pieds a une arme 
longue de près de deux mètres, nous ne devons pas 
être surpris de voir les grands individus de l’espèce 
que nous examinons, attaquer sans crainte et com- 
battre avec avantage des habitants de la mer des plus 
dangereux par leur puissance. La scie ose même se 
mesurer avec la baleine mysticète, ou baleine frar- 
che, ou grande baleine; et, ce qui prouve quel pou- 
voir lui donne sa longue et dure épée, son audace va 
jusqu’à une sorte de haine implacable. Tous les pè- 
cheurs qui fréquentent les mers du Nord assurent 
que toutes les fois que ce squale rencontre une ba- 
leine, il lui livre un combat opiniâtre. La baleine 
tâche en vain de frapper son ennemi de sa queue, 
dont un seul coup sufhroit pour le mettre à mort : 
le squale, réunissant l’agilité à la force, bondit, s’é- 
lance au dessus de l’eau, échappe au coup, et retom- 
bant sur le cétacé, lui enfonce dans le des sa lame 
dentelée. La baleine, irritée de sa blessure, redouble 
ses efforts : mais souvent, les dents de la lame du 
squale pénétrant très avant dans son corps, elle perd 
la vie avec son sang, avant d’avoir pu parvenir à frap- 
per morteilement un ennemi qui se dérobe trop ra- 
pidement à sa redoutable queue. 

Martens a été témoin d’un combat de cette nature 
derrière la Hitlande, entre une autre espèce de ba- 
leine nommée Nord caper et une grande scie. Il n’osa 


DES POISSONS. 4g 
pas s'approcher du champ de bataille; mais il les 
voyoit de loin s'agiter, s’élancer, s'éviler, se pour- 
suivre , et se heurter avec tant de force, que l’eau 
jaillissoit autour d'eux, et retomboit en forme de 
pluie. Le mauvais temps l’empêcha de savoir de quel 
côté demeura la victoire. Les matelots qui étoient 
avec ce voyageur, lui dirent qu'ils avoient souvent 
sous les yeux de ces spectacles imposants ; qu'ils se 
tenoient à l’écart jusqu’au moment où la baleine étoit 
vaincue par ia scie, qui se contentoit de lui dévorer 
la langue, et qui abandonnoit en quelque sorte aux 
marins le reste du cadavre de l’immense cétacé. 

Mais ce n’est pas seulement dans l'Océan septen- 
trional que la scie donne, pour ainsi dire, la chasse 
aux baleines ; elle habite en effet dans les deux hé- 
wisphères, et on Fly trouve dans presque toutes les 
mers. On la rencontre particulièrement auprès des 
côtes d'Afrique, où la forme, la grandeur et la force 
de ses armes ont frappé l'imagination de plusieurs 
nations nègres, qui l'ont, pour ainsi dire, divinisée, 
et conservent les plus petits fragments de son museau 
dentelé, comme un fétiche précieux. 

Quelquefois ce squale, jeté avec violence par la 
tempête contre la carène d’un vaisseau, ou précipité 
par sa rage contre le corps d'une baleine , y enfonce 
sa scie qui se brise; et une portion de celte grande 
lame dentelée reste attachée au doublage du bâtiment 
ou au corps du cétacé ; pendant que l’animal s'éloigne 
avec son museau tronqué et son arme raccourcie. On 
conserve , dans les galeries du Muséum d'histoire na- 
turelle, un fragment considérable d’une très grande 
lame de squale scie, qui y a été envoyé dans le temps 


50 HISTOIRE NATURELLE 


par M. de Capellis, capitaine de vaisseau, et qui a été 
trouvé implanté dans le côté d’une baleine. 


LE SQUALE ANISODON‘ 


Pristis cirrhatus, LATH. 


M. Jean Latham a décrit, dans les Actes de la So- 
cièté Linnéenne de Londres? , quatre squales auxquels 
il donne les noms de Pristis antiquorum , Pristis pec- 
tinatus, Pristis cuspidatus, et Pristis microdon, et 
que nous croyons devoir considérer comme des va- 
riétés produites par l’âge, ie sexe ou le pays, dans 
l’espèce de notre squale scie. Mais ce savant natura- 
liste a fait connoître , dans le même ouvrage, un cin- 
quième squale que nous regardons comme une es- 
pèce distincte de la scie et de tous les autres"squales, 
et que nous nous empressons d'inscrire dans notre 
catalogue des poissons cartilagineux. 

Ce squale que nous nommons Anisodon, a été pè- 
ché auprès des rivages de la Nouvelie-Hoilande. De 
chaque côté de son rauseau très long et très étroit, 
on voit une viugtaine de dents aiguës et un peu recour- 


1. Squalus anisodon. (Anisodon vient de deux mots grecs, odon, 
dent, et antsos, inégal.) 

Pristis cirrhatus, John Latham, Act. de la Soc. Linn. de Lond., 
vol. Il, p. 276. 

2. Vol. et pag. déjà cités. 


DES POISSONS. 51 
bées ; et auprès de chacune de ces grandes dents, on 
en compte depuis trois jusqu’à six qui sont beaucoup 
plus courtes. Les filaments flexibles qui pendent au 
dessous du museau, 6nt de longueur le quart ou en- 
viron de la longueur totale du poisson. Au reste , l’in- 
dividu décrit par M. Latham étoit mâle, et devoit 
ètre très Jeune. 


LE SQUALE ANGE*. 


Squalus Squatina, Guar., LacEr. — Squatina lœvis, 
Cuv. — Sauatine Angelus, Braïnv., Risso. 


—_——— © > — ——— 


DE tous les squales connus, l'ange est celui qui a le 
plus de rapports avec Îles raies et particulièrement 
avec la rhinobate. Non seulement il est, comme ces 


1. Créac de buse, auprès de Bordeaux. 

Squaqua, dans plusieurs pays d'Italie. 

Squala, ibid. 

Pesce angelo , à Gênes. 

The monk, or angel-fish, en Angleterre. 

Chien de mer ange, Daubenton, He clopélte méthodique, 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. ad. fr. 2, p. 40. 

« Squalus pinna ani carcns, ore in apice capitis, » Artcdi, gen. 67, 
n.6,syn. 95. 

Gronov. mus. 1, 197; Zooph. 151. 

Bloch, Histoire des poissons étrangers, ete., pl, 116. 

« Rhina sive squatina auctorum , » Klein, miss, pise. 5, p. 14, n. 1, 
tab, 2, fig. 5 et6. 


52 HISTOIRE NATURELLE 


dernières, dénué de nageoire de l’anus et pourvu 
d’évents, mais encore il s'en rapproche par la forme 
de sa queue, par l’aplatissement de son corps, et par 
la grande étendue des nageoires pectorales. Il s’en 
éloigne cependant par un autre caractère très sen- 
sible qui le lie au contraire avec le squale barbu, 
par la position de l'ouverture de la bouche, qui, au 
lieu d’être placée au dessous du museau, en occupe 
l'extrémité. Cette ouverture, qui est d’ailleurs assez 
grande , forme une partie de Îa circonférence de la 
iète, qui est arrondie, aplatie , et plus large que le 
corps. 

Les mâchoires sont garnies de dents pointues et 
recourbées , disposées sur des rangs dont le nombre 
angmente avec l’âge de lanimai, et est toujours plus 


Aristot., Hist. anim., lib. 2 , cap. 25; lib. 5, cap. 5, 10, 11; lib. 9, 
cap. 97. 

Squadro, Salvian. Aquat., p. 151. 

Squatina , Plin. Hist. mundi, lib. 9, Cap. 12, 24, 42, 51. 

L'ange, Rondelet, première partie, liv. 12, chap. 20. 

Gesn. Aquat. p. 899 , 902; icon. anim. p.69, 40; Thierb., p. 165, 
b, 166. 

Aldrovand. pisc. p. 472. 

Jonston, pise. p. 59, tab. 11, fig. 7. 

Belon, Aquat. p. 78. 

Squatina, Willughby, Ichth., p. 97, tab. D, 5. 

Ray., pisc., p. 26. 

Chien de mer ange, Broussonnet, Mémoires de l'Académie des 
Sciences pour 1760. 

Angel-fish, Pennant, Brit. Zool. 5, p. 74, n. 1. 

Oppian, lib. 1, cap. 15. 

Charleton, p. 151. 

Athen. lib. 7, pag. 519. 

Squatine, el Ange, Valmont de Bomare, Dictionnaire d'histoire 
naturelle. 


DES POISSONS. 535 


grand dans la mâchoire inférieure que dans la supé- 
rieure. 

Les narines sont situées, comme la bouche, sur 
le bord antérieur de la tête, et la membrane qui les 
recouvre se termine par deux barbillons. 

C’est sur la queue que l’on voit les deux nageoires 
dorsales; les ventrales sont grandes; la caudale est 
un peu en demi-cercle;.et les pectorales sont très 
étendues et assez profondément échancrées par de- 
vant. Àu reste, ce sont les dimensions ainsi que la 
forme de ces dernières qui les ont fait comparer à 
des ailes comme les pectorales des raies. et qui ont 
fait donner le nom d’Ange au squale que nous dé- 
crivons. 

Ce cartilagineux ressemble d’ailleurs à plusieurs 
raies par les aiguillons recourbés en arrière qu'il a 
auprès des yeux et des narines, sur les nageoires pec- 
torales et ventrales , et sur le dos et la queue. Il est 
gris par dessus , et blanc par dessous ; et les nageaires 
pectorales sont souvent bordées de brun par dessous, 
et blanches par dessus ; ce qui leur donne de l'éclat, 
les fait contraster avec la nuance cendrée du dos, et 
n'a pas peu contribué à les faire considérer comme 
des ailes. 

L'ange donne le jour à treize petits à la fois. Les 
grands individus de cette espèce ont communément 
sept ou huit pieds (près de trois mètres) de longueur; 
mais les appétits de ce squale ne doivent pas être très 
violents, puisqu'il va quelquefois par troupes, et qu'il 
ne se nourrit guère que de petits poissons. Il les prend 
souvent en se tenant en embuscade dans le fond de 
la mer, en s’y couvrant de vase, et en agitant ses bar- 


LACÉPEDE. VI, k 


54 HISTOIRE NATURELLE 

billons qui, passant au travers du limon , paroissent 
comme autant de vers aux petits poissons, et les 
attirent, pour ainsi dire , jusque dans la gueule de 
l'ange. 

Il habite dans l'Océan septentrional, aussi bien 
que dans la Méditerranée, sur plusieurs rivages de 
laquelle on emploie sa peau à polir des corps durs, 
à garnir des étuis, et à couvrir des fourreaux de sabre 
ou de cimeterre. 


DES POISSONS. 55 


Eobp pee pSNEHIPEDSHEH SEE" EE 6HEboirotEbe pee Es 
; 


QUATRIÈME GENRE. 


LES AODONS. 


Les mâchoires sans dents; cinq ouvertures branchiales 
de chaque côté du corps. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


1. AODON MAssASA. | Les nageoires pectorales très longues. 
{ Les nageoires pectorales courtes; quatre bar- 
| billons auprès de l’ouverture de la bou- 
che. 
{ee long appendice au dessous de chaque 
œil. 


2. AODON KUMAL, 


3. AODON CORNU. 


56 HISTOIRE NATURELLE 


poepetodededebt=tr 


a LL 


L'AODON MASSASA*. 


Aodon Massasa, Lacrr. — Squalus Massasa, 
Forsk., GMEL. 


ET 


L'AODON KUMAL?. 


Aodon Kumal, Lace. — Squalus Kumal, Forsx., Lacrr. 


——$e—— 


Ces deux espèces de cartilagineux ont été com- 
prises jusqu’à présent dans le genre des squales ; mais 
nous avons cru devoir séparer de cette famille des 
animaux qui en diffèrent par un caractère aussi re- 
marquable que le défaut total de dents, mis en op- 
position avec la présence de dents très grandes, très 
fortes et très nombreuses, telles que celles des squa- 
les. Nous en avons composé un genre particulier, que 
nous distinguons par le nom d’Æodon, qui veut dire 
sans dents, et qui exprime leur dissemblance avec 
les cartilagineux parmi lesquels on les a comptés. Au 


1. Squalus massasa, Forskael , Faun. arab., p. 10, n. 17. 

Chien de mer massasa, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 

2. Squalus kumal, Forskael, Faun. arab., p. 10, n. 19, 

Chien de mer kumal, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 


DES POISSONS. 57 


reste, le massasa et le kumal, qui habitent tous les 
deux dans la mer Rouge, ne sont encore connus que 
d'après de très courtes descriptions données par Fors- 
kael; et noùs n’avons en conséquence rien à ajouter 
à ce que nous venons d'en dire, dans le tableau mé- 
thodique du genre qu’ils forment. 


L’'AODON CORNU-. 


Aodon cornutus, Lacer. — Squalus edentulus, 
Guet. 


C’EsT aussi dans le genre de l’aodon que nous avons 
cru devoir placer l’animal sans dents, dont la tête 
a été décrite par Brunnich dans son Histoire natu- 
relle des poissons de Marseille, et qui a été compris 
parmi les squales par cet observateur, ainsi que par 
M. Bonnaterre. On ne connoît encore ce poisson que 
par Brunnich, qui n’en a vu qu'une tête desséchée 
dans la collection de l’académie de Pise : mais les ca- 
tactères que présente cette tête suffisent pour distin- 
guer l'animal non seulement des autres aodons, mais 
encore de tous les poissons dont on a publié jusqu’à 
présent la description ou la figure. Elle est plate, 


1. Squalus edentulus, Brunnich , Ichthyol. massiliens,, p. 6. 
Chien de mer sornu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
‘hodique. 


58 HISTOIRE NATURELLE 

large de trois palmes, dit Brunnich, et comme tron- 
quée vers le museau. Les deux mâchoires sont garnies 
d’une bande osseuse et large d’un pouce. Cette bande 
est lisse dans la mâchoire inférieure, et raboteuse 
dans la supérieure , qui est plus avancée que l’autre. 
Les yeux sont grands; et un peu au dessous de cha- 
cun de ces organes on voit s'élever un appendice cu- 
tané , long d’un palme et demi, et en forme de corne 
un peu contournée. 


DES POISSONS. 59 


STBemoPDeEIPOBEDOD BOB SH O D: 


BEBE BD D 6 SD AIX PE EE OP Op BD D Btp ED 


SECONDE DIVISION. 


Poissons cartilagineux qui ont une membrane des 
branchies sans opercule. 


—— 2 9— 


SIXIÈME ORDRE 
DÉ LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS 
SECOND ORDRE 


DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX À. 


Poissons jugulaires, où qui ont des nageoires situces 
sous la gorge. 


SIXIÈME GENRE. 


LES LOPHIES,. 


Un tres grand nombre de dents aiguës; une seule ou- 
verture branchiale de chaque côté du corps; les na- 
geoires pectorales attachées à des prolongations en 
forme de bras. 


1. On ne connoît encore aucune espèce de poisson dont on puisse 
former un premier ordre , ou un ordre d’apodes , dans la seconde di- 
vision des cartilagineux. 


60 HISTOIRE NATURELLE 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Le corps aplati de haut en bas. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


La tête très grosse et arrondie. 

Le corps tuberculeux ; le museau pointu. 
Le corps très déprimé, aïguillonné et en 
{ forme de disque. 


1. LOPHIE RAUDROIE. 
2. LOPHIE VESPERTILION. 


3. LOPHIE FAUJAS. 


SEGOND SOUS-GENRE. 


* Le corps comprimé latéralement. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Un long filament placé au dessus de la lèvre 

supérieure, et terminé par deux appen- 
dices charnus. 

: long filament placé au dessus de la lèvre 


4. LopnIE HISTRION. 


supérieure, et terminé par une très petite 
masse charnue; le corps rougeître, ei pré- 
sentaut quelques taches noires. 

C4 long filament placé au dessus de la lèvre 


5, LOPHIE CHIRONECTE, 


supérieure, et terminé par une très petite 
masse charnue ; le corps varié de noir et 
de gris. 

; Un iong filament placé au dessus de la lèvre 
supérieure, et terminé par une très petile 
masse charnue; le corps noir; un point 
blanc de chaque côté. 


6. LoPniE DOUBLE-BOSSE. 
7. LOPHIE COMMERSON. 


TROISIÈME SOUS-GENRE. 


Le corps de forme conique. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


Deux filaments situés àu dessus de la lèvre 
8. LoPxiE rERGUSON. ‘ supérieure; des protubérances anguleuses 
sur la partie supérieure de la tête. 


DES POISSONS. Gi 


LA LOPHIE BAUDROIE. 


Lophius piscatorius, Guez., Lacgr., Cuv., Rrsso. 


Les poissons que nous avons décrits jusqu'à pré- 
sent sont dénués d’opercule et de membrane parti- 


1. Rana piscatrix. 

Marino piscatore, en Italie. 

Martino piscatore, ibid. 

Diavolo di mare, ibid. 

Baudroie, dans plusieurs départements méridionaux. 
Pescheteau , ibid. 

Galanga, ibid. 

Toad-fish, en Angleterre. 

Frog-fish, ibid. 

Sea-devil , ibid. 

Baudroie (la grande), Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lophius piscatorius, Fauna suecica , 298. 

Müller, predrom. Zoolog. danic., p. 38, n. 321. 

It. scan. 527. 

Mus. ad. fr. 55. 

Lophius ore cirroso, Artedi, gen. 36, syn. 87. 

Gronov. mus. 1, p. 57, Zooph. p. 58. 

Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 87. 

Lophius, Strom. sondm. 271. 

.« Batrachus capite rictuque ranæ, » Klein, miss. pise. 3, p. 15. 
« Batrachus altero pinnarum pare ad exortum caudæ carens, » ibid. 
Charleton, Onom. 199. 

Olear. mus. 57, tab. 25, fig. 4. 


62 HISTOIRE NATURELLE 

culière destinés à fermer, à leur volonté, les ouvertu- 
res de l'organe de la respiration. Ceux qui composent la 
seconde division des cartilagineux, et dont nous allons 
exposer les habitudes et les formes, présentent dans 
cet organe une conformation différente : ils n'ontpas, 
à la vérité, d’opercule ; mais ils ontreçuune membrane 
propre à fermer l'ouverture des branchies. Le pre- 
mier genre que nous rencontrons sur le tableau mé- 
thodique des quatre ordres qui forment cette division 
pourvue d’une membrane branchiale sans opercule, 
est celui des lophies. Le nom de Lophie, en latin lo- 
phius, vient du mot grec lophia, qui signifie nageoire 


Baudroie (la grande), Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 

Cicer., de Natura Deorum, lib. 2. 

Belon, Aquat., p. 85. 

Rana marina, Jonston, pisc., p. 56, tab. 1, fig. 8. 

Rana, Plin. Hist. mundi, lib. 9, cap. 24. 

Fishing frog, Brit. Zool. 8, p. 95, 95, n. 1, 2, tab. 94. 

« Toad-fish, frog-fish, sea-devil, » Willughby, Ichth., p. 85, 
tab. E, 1. 

Baudroie, Camper, Mém. des savants étrangers, 6, p. 177. 

Galanga, Rondelet, première partie, liv. 12, chap. 19. 

Id. Valmont-Bomare, Dict. d'histoire naturelle. 

Arist., lib. 9, cap. 37; lib. 2, cap. 15; lib. 5, cap. 5. De partibus 
animalium , lib. 4, cap. 14. 

Ælian., lib. 9, cap. 24; et lib. 15, cap. 1 et 2. 

Athen., lib. 7, p. 286. 

Oppian., lib. 2, p. 55. 

Salv., fol. 139, b, 140, 141. 

Gesner, p. 815, 816. 

Ray., p. 29. 

Schonev., p. 59. 

Rana piscatrix vulgaris, Aldrovand., lib. 3, cap. 64. 

Baudroie, Dessins sur vélin déposés dans la bibliothèque du Mu- 
séum d'histoire naturelle, 


LES POISSONS. 63 
et élévation, et qui désigne la grande quantité d’émi- 
nences, de prolongements et de nageoires, que l’on 
voit en effet sur. ie dos de toutes les espèces compri- 
ses dans le genre que nous allons chercher à faire 
connoître. Nous examinerons ce caractère avec d’au- 
tant plus d'attention, que nous le voyons pour la pre- 
mière fois : mais les lophies en montrent d’autres 
que nous devons considérer auparavant. Et d’abord, 
jetons les yeux sur celui qui les a fait inserire dans le 
second ordre de la seconde division!, sur la manière 
dont sont placées les nageoires inférieures, celles que 
dans tous les poissons on a comparées à des pieds. 
Au lieu d’être très voisines de l’anus, comme dans 
les différentes espèces de raies et de squales , ces na- 
geoires sont situées très près de l’ouverture de la 
bouche, et, pour ainsi dire, sous la gorge : elles sont 
par là bien plus antérieures que les nageoires pectora- 
les, qui d’ailleurs sont plus reculées que dans plusieurs 
autres poissons; et voilà ce quia causé la méprise de 
plusieurs naturalistes, qui ont regardé les nageoires 
jugulaires comme des nageoires pectorales, et les na- 
geoires de la poitrine comme des nageoires ventrales. 

Cependant, pour mieux faire connoître ce qui ca- 
ractérise les lophies, décrivons-en l'espèce la plus re- 
marquable , en indiquant ce qui est particulier à ce 
cartilagineux, auquel nous conservons le nom de 
Baudroie, et ce qui est commun à tous les animaux 
qui composent sa famille. Les nageoires inférieures, 
placées sous la gorge, ainsi que nous venons de le 
dire, et de même que dans les autres lophies, sont 


z. Article intitulé : Nomenclature des Poissons. 


64 HISTOIRE NATURELLE 


courtes, fortes, et composées de rayons assez mobiles 
pour servir à la baudroie à s’attacher, et, pour ainsi 
dire, à s’accrocher au fond des mers. Ces rayons sont 
d’ailleurs au nombre de cinq, et réunispar une mem- 
brane assez lâche : aussi a-t-on cru voir dans cha- 
cune de ces deux nageoires ventrales, ou plutôt ju- 
gulaires, une sorte de main à cinq doigts et palmée. 
D'un autre côté, les nageoïres pectorales, au lieu de 
tenir immédiatement au corps de l'animal, sont si- 
tuées , ainsi que celles des autres lophies, à l’extré- 
mité d’une prolongation charnue et un peu coudée, 
que l’on a voulu comparer à un bras et un avant- 
bras, ou à une jambe et un pied. On a regardé en 
conséquence les rayons des nageoires pectorales 
comme autant de doigts d’une main ou d’un pied; 
et la baudroïie n’a plus paru qu'une sorte d’ani- 
mal marin à deux mains et à deux pieds, ou plutôt à 
quatre mains. On en a fait ün quadrumane ; on a dit 
qu'elle étoit, au milieu des eaux de la mer, le repré- 
sentant des singes, des mongous, et des autres ani- 
maux terrestres auxquels le nom de quadrumare a 
été aussi donné : et comme lorsque l'imagination ase- 
coué le joug d’uné saine analogie; et qu'elle a pris son 
essor, elle cède avec facilité au plaisir d’enfanter de 
faux rapports el de vaines ressemblances, on est allé 
jusqu’à supposer dans la baudroïie des traits de l’es- 
pèce humaine. On a surtout métamorphosé en maïs 
d'homme marin ses nageoires jugulairés; et, il faut 
en convenir, la forme de ces nageoires, ainsi que les 
attaches de celles de la poitrine, pouvoient non pas 
présenter à un naturaliste exact, mais rappeler à un 
observateur superficiel quelque partie de l’image de 


DES POISSONS. 65 


l'homme. Quel contraste néanmoins que celui de 
cette image auguste avec toutes celles que réveille en 
même temps la vue de la baudroie ! Cette forte anti- 
pathie qu’inspire la réunion monstrueuse de l’être le 
plus parfait que la nature ait créé, avec le plus hideux 
de ceux que sa main puissante a, pour ainsi dire, laissé 
échapper, ne doit-on pas l'éprouver en retrouvant 
dans la baudroie une espèce de copie, bien informe 
sans doute, mais cependant un peu reconnoissable, 
du plus noble des modèles, auprès d’une tête excessi- 
vement grosse, et d’une gueule énorme, presque en- 
tièrement semblable à celle d’une grenouille, ou 
plutôt d’un crapaud horrible et démesuré ? On croi- 
roit que cette tête disproportionnée qui a fait don- 
ner à la baudroie le nom de Grenouille de mer, placée 
au devant d’un corps terminé par une queue et doué 
en apparence de mains ou de pieds d'homme, sur- 
montée par de longs filaments qui imitent des cornes, 
et tout entourée d’appendices vermiculaires, a fait de 
la grande lophie qui nous occupe, le type de ces ima- 
ses ridicules de démons et de lutins par lesquels une 
pieuse crédulité ou une coupable fourberie a effrayé 
pendant tant de siècles l'ignorance superstitieuse et 
craintive, et de ces représeniations comiques avec 
lesquelles la riante poésie a su égayer même l’austère 
philosophie: Aussi la baudroie a-t-elle souvent fait 
naître une sorte de curiosité inquiète dans l’âme des 
observateurs peu instruits qui l’ont vue pour la pre- 
mière fois, surtout lorsqu'elle est parvenue à son en- 
tier développement, et qu’elle a atteint une longueur 
de plus de deux mètres, ou de près de sept pieds. Elle 
a été appelée Diable de mer ; et sa dépouille, préparée 


66 HISTOIRE NATURELLE 


de manière à être très transparente, et rendue lumi- 
neuse par une lampe allumée renfermée dans son in- 
térieur, a servi plusieurs fois à faire croire des esprits 
foibles à de fantastiques apparitions. 

L'intérieur de la bouche est garni d’un grand nom- 
bre de dents longues, crochues et aiguës, comme 
dans toutes les lophies. Maïs on en voit non seule- 
ment à la mâchoire supérieure, où elles forment 
trois rangées , et à la mâchoire inférieure, où elles 
sont disposées sur deux rangs, et où celles de der- 
rière peuvent se baisser en arrière, mais encore au 
palais, et sur deux cartilages très durs et allongés pla- 
cés auprès du gosier. La langue, qui est large, courte 
et épaisse, est hérissée de dents semblables ; et l’on 
aperçoit d’autant plus aisément cette multitude de 
dents plus où moins recourbées, cette distribution 
de ces crochets sur la langue , au gosier, sur le palais 
et aux mâchoires, et tout cet arrangement qui est 
soumis pour Ja première fois à notre examen, que 
l'ouverture de la bouche s'étend d'un côté de la tête 
à l’autre, presque dans l'endroit où cette dernière 
partie a le plus de largeur, et que cette même tête est 
très grande relativement au volume du corps qu'elle 
déborde des deux côtés. 

C’est cet excès de grandeur du diamètre transver- 
sal de la tête sur celui du corps, qui, réuni avec le 
contour arrondi du devant du museau , forme le’ca- 
ractère spécifique de la baudroie. 

L'ouverture de la bouche est d’ailleurs placée dans 
la partie supérieure du museau ; et, par conséquent, 
la mâchoire inférieure est la plus avancée. 

Derrière la lèvre supérieure, on voit les narines, 


DES POISSONS. 67 


Elles présentent dans la baudroie une conformation 
particulière. Les membranes qui composent l'organe 
de l’odorat , ou l’intérieur de ces narines , sont renfer- 
mées dans une espèce de calice à ouverture étroite, 
que soutient une sorte de pédoncule ; le nerf olfactif 
parcourt la partie interne de ces pédoncules pour al- 
ler se déployer sur la surface des membranes conte- 
nues dans le creux du calice; et cette coupe, un peu 
mobile sur sa tige, peut se tourner, à la volonté de 
l'animal, contre les courants odorants, et rendre plus 
forte l'impression des odeurs sur l'organe de ja bau- 
droie. 

L'organe de l’ouie de cette grande lophie a beau- 
coup plus de rapports avec celui des poissons osseux 
qu'avec celui dés raies et des squalest; la cavité qui 
le contient n'est pas séparée de celle du cerveau par 
une cloison cartilagineuse comme les squales et les 
raies, mais par une simple membrane. De plus, les 
trois canaux nommés demi-circulaires , qui compo- 
sent une des principales portions de cet organe, com- 
muniquent ensemble ; et, dans l'endroit où leur réu- 
nion s'opère, on voit un osselet particulier, que l’on 
retrouve dans le brochet, que Scarpa à découvert 
dans l’anguille, dans la morue, dans la truite , et qu’il 
soupçonne dans tous les poissons osseux ?. 

L'ouverture branchiale est unique de chaque côté ; 
el ce caractère, qui est Commun à toutes les lophies, 
est un de ceux qui servent à distinguer le genre de 
ces animaux de ceux des autres poissons, ainsi qu’on 
a pu le voir dans le tableau méthodique de cette fa- 


1. Discours sur la nature des poissons, 
2. Ouvrage de Scarpa, déjà cité. 


GS HISTOIRE NATURELLE 


mille, On a pu voir aussi, sur ce même tableau, que 
les lophies n’avoient pas d’opercule pour fermer leurs 
ouvertures branchiales, mais qu’elles étoient pour- 
vues d’une membrane des branchies. Dans la bau- 
droie, cette membrane est soutenue par six rayons 
qui servent à la plier ou à la déployer pour ouvrirou 
fermer l’orifice par lequel l’eau de la mer peut pénétrer 
jusqu’à l'organe respiratoire. Cet organe ne consiste 
de chaque côté que dans trois branchies engagées 
dans une membrane qui les fixe plus ou moins au 
corps de l'animal; et l’orifice en est situé très près 
de la nageoire pectorale, qui, dans certaines posi- 
tions , empêche de le distinguer avec facilité. 

Les yeux sont placés sur la partie supérieure de la 
tête, etitrès rapprochés lun de l’autre ; ce qui donne 
à l’animal la faculté de reconnoître très distinctement 
les objets qui passent au dessus de lui. 

-On aperçoit entre les seux une rangée longitudi- 
nale composée de trois longs filaments , dont ordinai- 
rement le plus antérieur a plus de longueur que les 
autres, s'élève à une hauteur égale au moins à la moï- 
tié de la plus grande largeur de la tête, et se termine 
par une membrane assez large et assez longue. Cette 
membrane se divise en deux lobes , et l’on voit une 
seconde membrane beaucoup plus petite, et un peu 
triangulaire , implantée vers sa base et sur sa partie 
postérieure. Les autres deux filaments offrent quel- 
ques fils le long de leur tige. 

Au delà de ces trois filaments très déliés, sont deux 
nageoires dorsales, dont la première a une membrane 
beaucoup plus courte que les rayons qui y sont atta- 
chés. La nageoire de la queue est très arrondie, ainsi 


DES POISSONS. 69 
que les pectorales !. Celle de l'anus est au dessous de 
la seconde dorsale. 

Des barbillons vermiformes garnissent les côtés du 
corps, de la queue et de la tête, au dessus de laquelle 
paroissent quelques tubercules ou aiguillons, parti- 
culièrement entre les yeux et la première nageoire 
du dos. 

Au reste , la bauaroïe est brune par dessus, et 
blanche par dessous , et la nageoire de la queue est 
noire, ainsi que le bord des nageoires pectorales. 

Nous avons déjà dit qu’elle parvenoit à la longueur 
de sept pieds ; Pontoppidan assure même qu’on en a 
pris qui avoient plus de douze pieds de long?. Cepen- 
dant la peau de la baudroïe est molle et flasque dans 
beaucoup d’endroits ; ses muscles paraissent foibles; 
sa queue, qui n’est ni très souple ni déliée, ne peut 
pas être agitée avec assez de vitesse pour imprimer 
une grande rapidité à ses mouvements. N'ayant donc 
ni armes très défensives dans ses téguments, ni force 
dans ses membres, ni célérité dans sa natation, la 
baudroie, malgré sa grandeur, est obligée d’em- 
ployer la ressource de ceux qui n’ont reçu qu’une 
puissance très limitée : elle est contrainte, pour ainsi 
dire, d’avoir recours à la ruse, et de réduire sa chasse 
à des embuscades, auxquelles d’ailleurs sa conforma- 
tion la rend très propre. Elle s'enfonce dans la vase, 


1. Communémenit la première nageoire dorsale a. . 3 rayons. 
Jaisecondess 00e en NON 
chaque pectorale. . .. . . . .. 24 
celle dellanus il Rens A 9 
celle dela queue..." 5 0RE us 


2. Histoire naturelle de Norwége, etc., par Ponloppidan. 
LAGÉPEDE. VI 5 


70 HISTOIRE NATURELLE | 
elle se couvre de plantes marines, elle se cache sous 
les pierres et les saillies des rochers. Se tenant avec 
patience dans son réduit, elle ne laisse apercevoir que 
ses filaments, qu’elle agite en différents sens, aux- 
quels elle donne toutes les fluctuations qui peuvent 
les faire ressembler davantage à des vers ou à d’autres 
appâts, et par le moyen desquels elle attire les pois- 
sons qui nagent au dessus d'elle, et que la position 
de ses yeux lui permet de. distinguer facilement. 
Lorsque sa proie est descendue assez près de son 
énorme gueule, qu’elle laisse presque toujours ou- 
verte, elle se jette sur ces animaux qu’elle veut dé- 
vorer, et les engloutit dans cette grande bouche, où 
une multitude de dents fortes et crochues les déchi- 
rent, et les empêchent de s'échapper. 

Cette manière adroite el constante de se procurer 
les aliments dont elle a besoin, et de pêcher en quel- 
que sorte les poissons à la ligne, lui a fait donner 
l’épithète de Pécheuse; et voilà pourquoi on l’a nom- 
née Grenouille pêcheuse et Martin pêcheur, en réu- 
nissant les idées que ses habitudes ont. fait naître, 
avec celles que réveille sa conformation. 

Cette espèce est peu féconde, et se trouve dans 
presque toutes les mers de l’Europe. 


el PR URLS $ 


DUR 


ia 


PI 60. Poissons. 


Lonssreas fils Sup! 


1.LOPHIE VESPERMIMON, 2LOP -HISTRION, 5 1O0P/-CHIRONECIE 


DES POISSONS. "1 


EopapemepebeheBoeMDo PAPE BMPPITOPOFEABHIHPEHSHOHDEDeS 


OBS eee :rtrofrOdEÿ Er BOL 


LA LOPHIE VESPERTILION". 


Lophius Vespertilio, Gm., Lac. — Malthe 
Vespertilio, Cuv. 


Cerredophie diffère de la baudroie, en ce que sa 
tête, au lieu d’être arrondie par devant , s’y termine 
par un museau très avancé, pointu, en forme de cône, 
et que l’on a comparé au soc d’une charrue. D'ail- 
leurs l’ouverture de la bouche est étroite à propor- 
tion de la grandeur de l'animal; et bien loin d’être pla- 
cée dans la partie supérieure de la tête, elle est située 


1. Baudroie chauve-souris, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bloch, Histoire naturelle des poissons, pl. 110. 

Mus. ad. fr. 1, p. 55. 

Lophius fronte unicornt, Artedi, syn. 88. 

Gronov., mus. 1, n. 129, Zocph., n. 209. 

« Batrachus capite vomerisinstar, cornuto,—batrachus capile scuto 
» osseo: » Klein, miss. pisc. 5, p. 16 et 17, n. 8 et 9. 

Rana piscatrix americara , Seba, mus. 1, p. 118, tab. 74, fig. ». 

Guacucuja , Marcgrav. Brasil., p. 145. 

Ray., pisc., p. 80, n. 5,f, 1, 6. 

Jonston, pisc. p. 207, lab. 29, fig. 2. 

American toad-fish, Willughby,. Ichth., p. 218, tab. E, 2, fig. 5. 

Sea-bat, Edw. Glanur., tab. 285, fig. 1. 

Guacucuja, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 

Browne , Jamaic. p. 457, tab. 48, fig. 5. 


2 HISTOIRE NATURELLE 

sous l'inférieure , et même très reculée au dessous du 
museau , Ce qui rapproche la vespertilion des raies et 
des squales. Au devant de cette ouverture sont les 
narines ; et auprès de cés organes on voit s'élever un 
appendice ou filament de substance dure et comme 
cornée, et qui est terminé par un tubercule. Cette 
extension, ainsi que la pointe que le museau pré- 
sente, a fait donner à la vespertilion le nom de petite 
licorne, de licorne marine. 

La tête et le corps vont en s’élargissant jusque vers 
l'insertion des nageoires pectorales, où Îa largeur du 
corps diminue tout d'un coup, à peu près de moitié ; 
et ensuite la diminution de cette même largeur s’o- 
père jusqu’au bout de la queue par des degrés insen- 
sibles, de telle sorte que l'ensemble de la vesperti- 
lion offre l’image d’un triangle isocèle, à côtés un peu 
curvilignes , et au milieu de la bäse duquel est atta- 
ché un long cône formé par la queue et le derrière 
du corps de l’animal. 

Les prolongations charnues auxquelles tiennent 
les nageoires pectoralés sont assez longues et assez 
coudées pourimiter , moins imparfaitement que dans 
plusieurs autres lophies, un bras et un avant-bras, ou 
une jambe et un pied! Cette dernière conformation, : 
considérée en même temps que le museau pointu, 
que la bouche placée sous la tète, que la grande lar- 
eur des côtés étendus comme des ailes, et que la 


1. La nagooïire du dos a communément. . . . . . . 9 rayons. 
Les pectorales en ont. : !. . 4 : . . . . es ro tro 
Les-ventrales. 247210042200 PO 0 rnb Re 6 
Celle de l'anus en a. : : . . SH OUGIEAX 4 6 


Et celle de la queue, qui ést arrondie, en a. : . . 11 


DÉS POISSONS. 73 
queue conique, a réveillé, pour plusieurs observa- 
teurs, l’idée d’une chauve-souris, et de là vient le 
nom de XZespertilion, que nous lui avons conservé. 

Les dents qui garnissent les mâchoires sont peli- 
tes, crochues, et disposées ordinairement surunrang. 

L'ouverture des branchies est un peu demi-circu- 
laire , et placée, de chaque côté , auprès de la pro- 
longation charnue qui soutient la nageoire pectorale. 

Tout le dessus de la lophie vespertilion présente 
un grand nombre de tubercules faits en forme de 
patelles, ou ‘de petites coupes renversées , rayonnés 
sur leur surface supérieure, et terminés par un som- 
met aigu ; le dessous de l'animal est hérissé de petits 
aiguillons , et, excepté les nageoires de la queue et 
de la poitrine, qui sont blanchâtres, et celles du dos 
et du ventre, qui sont brunes, la couleur de la ves- 
pertilion est rougeâtre sur presque toutes les parties 
du corps. 

C’est dans la mer qui baigne l'Amérique méri- 
dionale , que l’on pêche le plus souvent cette lophie, 
qui est peu mangeable, qui parvient à la longueur 
d'un pied et demi, ou de près d’un demi-mètre, et 
dont les habitudes sont analogues à celles de la bau- 
droie. 


HISTOIRE NATURELLE 


1 
CES 


LA LOPHIE FAUJAS. 


Lophius Faujas, Lacer. — Lephius stellatus.. 
Waur — Malthe stellatus, Cuv. 


Nous avons dit, en traitant de la raie thouin, pour- 
quoi nous avons désiré que les services rendus par 
notre collègue, M. Faujas, aux sciences naturelles, 
fussent rappelés par le nom de la lophie que nous 
allons décrire, qui faisoit partie de la belle collection 
de La Haye, et qui est encore inconnue aux natu- 
ralistes. 

La conformation de cette lophie est très remar- 
quable. Son corps est très aplati de haut en bas: il 
l'est plus que celui de la baudroiïe, et que celui de 
la vespertilion ; et si l’on retranchoiït la queue et les 
nageoires pectorales, il offriroit l’image d'un disque 
parfait. 

L'ouverture de la bouche est un peu au dessous 
de la partie antérieure de la tête. Au dessus du mu- 
seau, et presque à son extrémité, paroît une petite 
cavité, au milieu de laquelle s'élève une protubé- 
rance arrondie. Les narines sont très près de cette 
cavité ; et chacun de ces organes a deux ouvertures, 
dont la plus antérieure est la plus étroite, et placée 
au bout d’un petit tube. 


DES POISSONS. 79 

Les yeux, très peu gros et assez rapprochés l’un de 
l'autre , forment presque un carré avec les deux na- 
rines. 

Les ouvertures des branchies sont placées sur le 
disque, et plus près de l’origine de la queue que sur 
presque toutes les autres lophies, quoique, sur ces 
poissons , elles soient, en général, très éloignées du 
museau. Le canal qui va de chacune de ces ouver- 
tures à la cavité de la bouche, doit donc être assez 
long; mais nous n'avons pas pu connoître exactement 
ses dimensions, parce que nous n'avons pas voulu sa- 
crifier à des recherches anatomiques l'individu ap- 
porté de Hollande, et qui étoit unique et très entier. 

La membrane branchiale présente cinq rayons. 

Les nageoires inférieures ou jugulaires sont atta- 
chées à des prolongements charnus, composées de 
cinq rayons divisés à leurs extrémités , assez sembla- 
bles à des mains, ou au moins à des pattes, mais plus 
reculées que sous la baudroie et la vespertilion ; elies 
sont situées vers le milieu de la partie inférieure du 
disque, et à une distance à peu près égale de l’ou- 
verture de la bouche, et des nageoires pectorales. 

Ces dernières sont, en effet, très voisines de l’a- 
nus, et par là elles sont rapprochées des ouvertures 
des branchies, presque autant que dans la plupart 
des autres lophies. On voit au dessous de l'animal les 
prolongations charnues auxquelles elles tiennent, 

L'anus est situé à l'endroit où la queue touche le 
disque, c'est-à-dire le corps proprement dit. Cette 
ème queue représente un cône aplali par dessous, 
el dont la longueur égale à peine la moitié da diarnè- 
ire du disque. Elle se termine par une nageoire är- 


76 HISTOIRE NATURELLE 

rondie, et montre au dessus de son origine une petite 
nageoire dorsale, et une nageoire de l'anus vers le 
milieu de sa surface inférieure 1. 

Tout le dessus du corps et de la queue de la lophie 
faujas est semé de très petits tubercules , et de piquants 
dont la racine se divise en plusieurs branches : mais, 
indépendamment de ces tubercules et de ces aiguil- 
lons, on voit, dans la circonférence de la partie infé- 
rieure du disque, deux ou trois rangs d'espèces de 
mamelons garnis de filaments plus sensibles dans la 
rangée la plus extérieure; et on retrouve des éléva- 
tions de même nature le long de la lèvre de dessous. 

Nous avons cru devoir faire connoître un peu en 
détail cette curieuse espèce de lophie, que nous 
avons d’ailleurs fait représenter vue par dessus et par 
dessous, et dont l'individu que nous avons décrit 
avoit quatre pouces, ou plus d’un décimètre, de 
longueur. 


1. On trouve dans chaque nageoïre pectorale. . . 12 rayons. 
à la nageoïre dorsale. . . . . . .. 5 . 
à celle de l'anus. , 7.1... ARR RENNES 
et a celle dé Jarquede.i 11010, RM 


DES POISSONS. Cie] 


LA LOPHIE HISTRION. 


Lophius Histrio, Gmez., LacEr. — Antennarius 
Histrio, Cuv. 


CE poisson, comme tous ceux que renferme le 
sous-genre à la tête duquel nous le trouvons, pré- 
sente un corps très comprimé par les côtés, au lieu 
d’être aplati de haut en bas, ainsi que ceux de la 
baudroie, de la vespertilion, et de la lophie faujas. 
Sa tête est petite; sa mâchoire inférieure est plus avan- 


1. Baudroie tachée, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Lophius compressus, Van Braeïin Houckgrest, Act. Haarl. 15. 

Bloch, Hist. naturelle des poissons, pl. 111. 

Lophius pinnis dorsalibus tribus, Lagerstr. Chin. 21. 

Lophius tumidus, Osb. It. 305. 

Gronov. Zoopk. 210. 

Patrachus, etc., Kleïn, miss. pisc. 5, p. 16, n. 5, 7, tab. 5, fig. 4. 

Rana piscatrix minima, Plumier, dessins sur vélin déposés dans la 
bibliothèque du Muséum d'histoire naturelle. 

Mus. ad. fr. 1, p. 56. 

It. Wgoth. 157. tab. 5, fig. 5. 

Guaperva, Marcgrav. Brasil. 150. 

Willughby, Ichth., p. 50, tab. E. 2, fig, 2. 

Rana piscatrix americana, Seba , mus. 1, p. 318, n. 5, 7, tab. 54. 
fig 02 07e 

Piscis brasiliensts cornutus, Petiv. Gazoph., tab. 0, fig. 6. 

American toad-fish, Ray. pise., p. 29, n. 2. 


7ô HISTOIRE NATURELLE 
cée que la supérieure , et garnie , ainsi que celte der- 
nière, de dents très déliées. Des barbillons bordent 
les lèvres; et, immédiatement derrière l’ouverture de 
la bouche, on voit une prolongation, ou un filament 
cartilagineux et élastique, qui soutient deux appen- 
dices allongés et charnus. Derrière ce filament, parois- 
sent deux autres éminences charnues , élevées, un peu 
coniques, parsemées de barbillons, et dont la posté- 
rieure est la plus grosse et la plus exhaussée. Vient 
enfin une nageoire dorsale. Les nageoires de la poi- 
trine et les jugulaires sont conformées à peu près 
comme dans les autres lophies ; mais les jugulaires ont 
une ressemblance moins imparfaite avec une main 
humaine, ou plutôt avec un pied de quadrupède. On 
compte quatre branchies dans chacun des deux orga- 
nes de la respiration. Le corps est hrissé, en beau- 
coup d’endroits, de petits aiguillons crochus et de 
courts filaments ; il est d’ailleurs brun par dessous, et 
couleur d’or par dessus, avec des bandes, des raies et 
des taches irrégulières et brunes. 

Les habitudes de la lophie histrion sont semblables 
à celles de la baudroie. On lui a donné le nom qu'elle 
porte, à cause des mouvements prompts et variés 
qu’elle imprime à ses nageoires et à ses filaments, et 
desquels on a dit qu’ils avoient beaucoup de rapport 
avec des gestes comiques. Elle à d’ailleurs paru méri- 
ter ce nom par l’usage fréquent qu'elle fait, lors- 


1. 1l y a ordinairement à la nagcoiïre dorsale. . . . 12 rayons. 
à chaque nageoiïre pectorale. . . . . tes ARÉNTAT 
à chaque nageoiïre jugulaire. DAT NES LS TE 5 


à là nagevire de l'anus. #15" 4 metinine eme 7 


à celle de la queue, qui est arrondie. . . , 10: 


DES POISSONS. 79 
qu'elle nage, de la faculté qu’elle a d'étendre et de 
gonfler une portion considérable de la partie infé- 
rieure de son corps, d’arrondir ainsi son volume avec 
vitesse, et de changer rapidement sa figure. Nous 
nous sommes déjà occupés, dans notre Discours sur 
la nature des poissons, de cette faculté , que nous 
retrouverons dans plusieurs espèces de ces animaux 
à un degré plus ou moins élevé, sur laquelle nous 
reporterons plusieurs fois notre attention, et que 
nous examinerons particulièrement de nouveau en 
traitant du genre des tétrodons. 

La lophie histrion habite non seulement dans la 
mer du Brésil, mais encore dans celle qui baigne les 
côtes de la Chine, et elle y parvient à la longueur de 
neuf ou dix pouces. 

Nous avons trouvé, dans les manuscrits de Com- 
merson, la description d’une lophiet, dont nous 
avons fait graver la figure d’après un des dessins de 
ce célèbre voyageur. Ce cartilagineux a de trop grands 
rapports avec l’histrion, pour que nous n’ayons pas 
dû les rapporter l’un et l’autre à la même espèce. 
Voici, en effet, la seule différence qui les distingue, 
et qui, sielle est constante, ne peut constituer qu’une 
variété d'âge , où de sexe, ou de pays. Le (ilament 
élastique qui s'élève derrière l'ouverture de la bou- 
che, au lieu de porter un appendice chacun, divisé 
uniquement ea deux parties , en soutient un partagé 
en trois lobes, dont les deux extérieurs sont les plus 
épais 2. C’est dans la mer voisine des côtes orientales 


1. Antennarius antenna tricorni, Gommerson, manuscrits déposés 


dans le Muséum d'histoire naturelle. ‘ 


2. On ne distingue pas, dans la figure qui a du être scrupuleusement 


50 HISTOIRE NATURELLE 

de l'Afrique que Commerson a trouvé l'individu qu'il 
a décrit, el qui avoit près de cinq pouces de lang sur 
deux pouces, ou environ, de large. 


eporererserereporerepeeperenerepeprenepeperepeg eebainse 


LA LOPHIE CHIRONECTE". 


Lophius Chironcctes, Lacer. — Antennarius Chiro- 
nectes, CU. 


ET 


LA LOPHIE DOUBLE-BOSSE?. 
Lophius bigibbus, Lacxr. 
Se ——— 


Nous réunissons dans cet article ce que nous avons 
à dire de deux espèces de lophies dont la description 
n’a point encore été publiée , et dont nous devons la 
connoissance à Commerson, qui en a traité dans ses 
manuscrits. 

La première de ces deux espèces, à laquelle le voya- 
geur que nous venons de citer a donné le nom grec 
de Chironecte, qui signifie nageant avec des mains, 


copiée sur le dessin de Commerson. les petits barbillons et les aiguil- 
lons courts et crochus que l’on voit sur la tête et le corps de l’histrion; 
mais ces aiguillons et ces barbillons sont décrits dans la partie du texte 
de Commerson qui concerne son Antennarius antenna tricorni. 

1. « Antennarius chironectes, obscure rubens, maculis nigris raris 
» inspersus. » Commerson, manuscrits déja cités. 
. 2. « Antennarius bigibbus, nigro et griseo varicgalus. » Commer- 


san , manuscrits déjà cités. 


DES POISSONS. S1 
ou ayant des nagcaires faites en forme de mains, a 
le corps comprimé par les côtés comme l’histrion : 
mais le flament qui s'élève derrière l'ouverture de 
la bouche est beaucoup plus délié et plus long que 
sur cetle dernière lophie ; et, au lieu de soutenir un 
appendice chernu et divisé en deux ou trois lobes, il 
est surmonté d'un petit bouton ou d’une petite masse 
entièrement semblable à celle que l’on voit au bout 
des antennes de plusieurs genres d'insectes. Les deux 
prolengations charnues et filamenteuses qui sont pla- 
cées sur l’histrion derrière le filament élastique , sont 
remplacées, sur la chironecte , par deux bosses dé- 
nuées de barbillons, et dont la postérieure est la plus 
grande et la plus haute. La couleur générale de l’ani- 
mal est d’un rouge 6bscur avec des taches noires très 
clairsemées ! Au reste, on le trouvera représenté 
d’après un dessin de Commerson , sur la même plan- 
che que l’histrion. 

La lophie double-bosse est variée de noir et de gris. 
Voilà la seule dissemblance avec la lophie chironecte, 
que nous avons trauvée indiquée dans les manuscrits 
de Commerson , qui n'en a laissé d’ailleurs aucune 
figure. Mais Commerson étoit un trop habile natura- 
liste, et il a dit trop expressément que la double- 
bosse étoit d’une espèce différente de la chironecte 
et des autres lophies , pour que nous n’ayons pas dû 
la séparer de ces derniers cartilagineux. 


1. À la nageoire dorsale. ... . .:. . ie y +04 14 rayons. 
Achaque nageoire pectorale. . . .,..: . . . . 8 
À chaque nageoiïre jugulaire. . . . . . . . . . 5 ou 6 
Acelle/desliannes tt. "01: Mol. tant: 7 


A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . jo ou vu 


82 IISTOIRE NATURELLE 


LA LOPHIE COMMERSON-. 


Lophius Commersonii, Lacer. — Antennarius 
Commersonii, Guy. 


LE poisson a été vu dans les mêmes mers que les 
deux lophies précédentes, par le voyageur Commer- 
son, qui l’a décrit avec beaucoup de soin, et dont 
nous avons cru devoir lui donner le nom. Sa couleur 
est d’un noir sans mélange. On remarque seulement, 
sur chacun de ses côtés, une petite tache ronde et 
très blanche ; on en voit une moins sensible sur le 
bord supérieur de la nageoire de la queue; et les ex- 
trémités des rayons des nageoires jugulaires et des 
nageoires pectorales sont d’une nuance un peu pâle , 
et coloriées de manière qu'elles imitent des ongles 
au bout des mains ou des pieds représentés par ces 
nageoires de la poitrine et par les jugulaires. La com- 
merson ressemble d’ailleurs beaucoup, par sa confor- 
mation , à la chironecte et à la double-bosse, queique 
plus petite que la chironecte; elle présente cependant 
queiquestraits particuliers que nous ferons remarquer. 

Le corps très comprimé par les côtés, est, comme 
celui de presque toutes les lophies, et particulière- 


1 « Antennarius bivertex, totins ater, puncto mediorum laterum 
» albo. » Commerson, manuscrils déjà cités. 


DES POISSONS. 59 
ment des deux dernières dont nous venons de parler, 
revêtu d’une peau épaisse, grenue, et rude au toucher. 

L'ouverture de la bouche est située à l’extrémité , 
et un peu dans la partie supérieure du museau ; la mû- 
choire d'en haut, dont la lèvre peut s’allonger et se 
raccourcir à la volonté de l’animal, représente un 
orifice demi-circulaire, que Commerson trouve sem- 
blable à la bouche d’un petit four, et que la mâchoire 
inférieure vient fermer en se relevant. Ces deux mâ- 
choires sont hérissées de dents menues et serrées ; et 
l’on trouve des dents semblables sur la langue, sur le 
palais, et sur deux petits corps situés auprès du gosier. 

Deux bossés paroïssent derrière l'ouverture de la 
sueule. La postérieure est plus grande que l’anté- 
rieure, comme sur la chironecte : mais la seconde 
esl plus grosse à proportion, et plus arrondie que sur 
cette dernière lophie; et, quoiqu'elie soit penchée 
vers la queue , elle ne forme pas une sorte de cour- 
bure ou de crochet, comme la seconde bosse de la 
chironecte. Le filament:très long et très délié qui 
s'élève au devant de ces deux bosses, a été appelé 
antenne par Commerson, qui l’a trouvé conformé 
comme Îles antennes d’un grand nombre de papillons 
diurnes : il est en effet, comme ces dernières, et comme 
le filament de la chironecte , terminé par une petite 
masse. 

Les branchies sont très petites, maintenues par une 
membrane , au nombre de trois de chaque côté ; et 
c'est derrière chaque nageoire pectorale qu'il faut 
chercher une des deux ouvertures rondes, et à peine 
visibles , par lesquelles l’eau de la mer peut parvenir 
à ces organes. En examinant attentivement ia mem- 


S4 HISTOIRE NATURELLE 


brane destinée à fermer de chaque côté l'ouverture 
branchiale, où s'aperçoit qu'elle est soutenue par cinq 
rayons. 

Commerson a écrit que les nageoires jugulaires , 
qu'il nomme ventrales, rappellent assez bien l’image 
des pattes de devant d'une taupe. 

Les derniers rayons de la nageoire dorsale sont plus 
courts que ceux qui ies avoisinent, au lieu d’être plus 
longs, comme sur la chironecte 

Cette lophie a été disséquée par Gommerson, qui 
a trouvé que l'estomac étoit très grand , le péritoine 
noirâtre , et la vessie à air très blanche, en forme 
d'œuf, et adhérente au dos. 


LA LOPHIE FERGUSON 


Lophius Fergusson , Lacrr. — Lophius cornubicus, 
SHAw. (Espèce factice.) 


M. James Ferguson* a fait connoître cette grande 
espèce de lophie, dont un individu de quatre pieds 


ï. Ilyaà la nageoïre dorsale. . . ... . . .. ... . 13 rayons. 
à chaque nageoire pectorale . . . . . . .. 10 
ä'chaque jugubaire. CT 501 0 HER A à 6 
à la mageoïireïde l'anus: js . aise 14 7 
ascelleide la queue. "2-5 9 ou 10 
2. Baudrote a cinq doigts, nee planches de l'Encyclopédie 
méthodique. 


5. Transact. philosoph., vol. 55, p. 15 


DES POISSONS. 85 
neuf pouces, ou de plus d’un mètre et demi ,.de lon- 
gueur, fut-pris dans la rade de Bristol en 1765. Le 
corps de ce cartilagineux. n’est point très aplati de 
haut en bas, ou comprimé par les côtés, mais en quel- 
que sorte cylindrique et terminé par une forme un 
peu conique. L'ouverture de la bouche, placée au 
bout du museau, au lieu d’être située dans la partie 
supérieure de la tête comme sur la baudroie, fait voir 
trois rangées de dents pointues. Le dessus de la tête 
présente des protubérances noirâtres et aiguës; et, 
derrière la lèvre supérieure , sont implantés, l’un à la 
suite de l’autre, deux filaments durs, élastiques, et 
très longs, mais dénués de membrane à leur extré- 
mité. On a représenté Tles rayons des nageoires jugu- 
laires comme finissant par un ongle ; nous n'avons pas 
besoin d’avertir que c’est une inexactitude. La cou- 
leur générale de la lophie ferguson est d’un brun foncé 
avec des teintes noirâtres ?. 


1. Planche des Transactions philosophiques, déjà citée. 


2. Les nageoires jugulaires ont chacune. . . . . . 5 rayons. 
Ghaque pectoraleien a: 0 8 
La dorsale , qui est unique, en présente. . . . . 10 
Gelletde anus 2e re aile A ESA 
Etrcolerde queue ti his 2 AQU ven 10 


LAGÉPÉDE, VI, 6 


66 HISTOIRE NATURELLE 


TOO DEPOSEZ EE 


SPF SDEHa Bobo eee ETEREBEPERDEL 


SEPTIEME ORDRE 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
OU 
jé # 


TROISIÈME ORDRE 


DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX. 


Poissons thoracins , ou qui ont une ou deux nageoires 
situées sous le corps, au dessous ou presque au dessous 
des nageoires pectorales. 


SEPTIÈME GENRE. 
LES BALISTES. 


La tête et le corps comprimes latéralement ; huit dents 
au moins à chaque mâchoire; l'ouverture des bran- 
chies très étroite; les écailles ou tubercules qui revé- 
tent la peau, réunis par une forte membrane. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Plus d’un rayon à l& nageotre inférieure ou thorachique, et à la premiére 
le] 
nageotre dorsale. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
: Douze rayons, ou plus, à la nageoiïre dite 
ventrale; point d’aiguillons sur les côtés 


1. BALISTE VIEILLE. l 
de la queue. 


DES POISSONS. 07 

ESPÈCES. CARACTÈRES. 
De très petiles taches semées sur la partie 
supérieure du corps; huit ou dix rayons 

2. BALISTE ÉTOILE. coutcnus par une membrane épaisse à la 
nageoire dite ventrale; point d’aiguillons 

sur les côtés de la queuc. 

Une large bande noiïre, étendue oblique- 
ment depuis les yeux jusqu'à la nageoïre 
de l’anus; huit ou dix rayons contenus 
par une membrane épaisse à la nageoire 

“ dite ventraie; qualre rangs d’aiguillons 

sur les côtés de la queue. 
. Trois rayons aïguillonnés à la première na- 

\ geoire du dos; septrayons à chaque ven- 


. BALISTE ÉCHARPE. 


O1 


LA : r 
£ 2 1ÉSRRLS FAR Ee l trale; la caudale rectiligne ct sans échan- 
crure. 
5. BaLisTE DOU8LE- Quatre rayons à la première nageoire dor- 
AIGUILLON. { sale, deux grands rayons à la thorachique. 


SECOND SOUS-GENRE. 


Plus d'un rayon à la nageotre thorachique ou inférieure; un seul à la 
premiére nageotre dorsale. 


ESPÈCE. GARACTÈRES. 
ER En (Per rayons, ou plus, à la nageoïire dite 
ventrale. 


TROISIÈME SOUS.-GENRE. 


Un seul rayon à la nageotre thorachique ou inférieure ; plus d’un rayon 
à la premiére nagevire dorsale. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
(penx rayons à la première negeoire dorsale; 
trente rayons à la seconde; la queue hé- 
{ rissée de piquanls. 
{ Deux rayons à la première nagcoiïre du dos; 
Voile corps garni de papilles. 
: Deux rayons à la première nageoire dn dos; 
9. Basisre TACHETÉ. l un grand nombre de taches sur toul le 
corps. 


7. BALISTE VELU. 


8. BALISTE MAMELONNÉ. 


10. 


11. 


12. 


13. 


16. 


ISTOÏIRE NATURELLE 


ESPÈCES. 


BALISTE PRALIN. 


BATISTE KLEINIEN. 


ALISTE CURASSAVIEN. 
B TE CURASSAVIEN 


BALISTE ÉPINEUX. 


DALISTE SILLONNÉ. 


BALISTE CAPRISQUE. 


BALISTE QUEUE- 


FOURCHRUE. 


DBALISTE BOURSE. 


BALISTE AMÉRICAIN. 


BALISTE VERPATRE. 


DaLISTE GHANLE- 


CARACTÈRES. 

(Deux rayons à la première nagecire du dos; 
vingt-cinqàla seconde; la tête très grande: 
trois ou quatre rangs d’aiguillons sur cha- 
que côté de la queue; plusieurs raies sur 
le devant du corps; une grande tache 

uoire de chaque côlé. 

Deux rayons à la première nageoïre du dos; 
le museau avancé ; l'ouverture de la bou- 
che, très petite, et garnie de barbillons: 

quaranle- cinq rayons au moins à la se- 
sd nageoire du dos et à celle de l’anus. 

Deux rayons à la première nageoire du dos; 

| le museau arrondi; Ja nageaire de la 

queue, terminée par une ligne droite. 

{Trois rayons à la première nageoire du dos; 

| depuis deux jusqu'à six rangs d’aiguillons 

) de chaque côté de la queue; le rayon de 

Î la nageoire ventrale fort, dentelé, et 

placé au devant d’une rangée d'aiguillons. 

( Trois rayons à la première nageoïre dorsale; 
la queue sillonnée; la nageoire caudale 

‘ en croissant. 

Trois rayons à la première an dorsale; 
poiutde grands aiguillons auprès durayon 
de la nageoïre ventrale; la nageoïre de la 
queue, at les Cons du corps 

\ brillantes et variées. 

( Trois rayons à la première nageoïre du dos; 
des taches sur la seconde ; la nageoïre de 

{ la queue. fourchue. 

fe rayons à la première nageoiïre du des; 

! 

\ 


EE me re 


celle de la queue, terminée par une ligne 
droite ; une tache noïre en ferme de crois- 
sant, entre les yeux et les nageoires pec- 
orales, 
- Trois rayons à la première nageoïre dorsale; 
celle de la queue, arrondie; de grandes 
; taches blanches sur la partie inférieure 
“du corps. 
: Trois rayons à [a première nageoire dorsale: 
qualre rangs d'aiguiilons de chaque côté 
Ÿ dela queue , dont la uageoire esl légère- 
ment arrondie; de très pelites laches noï- 
res sur le corps. 
Trois rayons à la première nagcoire dorsale; 
six rangs de verrues de chaque côlé de la 
{  tètce; la queue sans aïguillons: la nageoire 
(ee caudale en forme de croissant; une grande 
ache blanche de chaque cêté du corrs 


DES POISSONS. 89 
ESPÈCES. CARACTÈRES. 


/Trois rayons à la première nageoire du dos; 
\ op plus de trente rayons à la seconde, et à 
celle de l'anus; la nageoire caudale en 
21. BALISTE NOIR. Re L t d’aeuill 
orme de croïssant; point d’aiguillons sur 
| la queue ; tout le corps d’une couleur 
\ noire. 
Trois rayons à la première nagcoire dorsale 
celle de la queue en forme de croissant; 
\ point d’aiguillons sur la queue; un anneau 
de couleur très claire autour du museau ; 
| un demi-anneau de la même teinte au des- 
\ sous de l'ouverture de la bouche, et une 
raie longitudinale de chaque côté. 
“Trois rayons à lapr emière nagcoire du dos; 
celle de la queue un peu en for me de crois- 
sant, et bordée de blanc; six rangées d’ai- 
guillons de chaque côté de la queue. 
Où rayons à la première nageoiïre du 
des ; trois bandes bleues, Étoiles etcour- 
bes, sur la queue. 


(rt rayons à Ja première dorsale; vingt- 
\ 
( 
( 


BALISTE BRIDE. 


Le 
CA 


29. BALISTE ARMÉE. 


24. BALISTE CENDRÉ. 


sept à la seconde; sept rangées d’aiguil- 
lons petits et recourbés de chaque côté 
de la queue ; le corps garni de papilles: 
caudale à peine échancrée; couleur noire. 
Trois rayons à la première dorsale; vingt- 
six à la seconde ; des piquauts très forts de. 
chaque côté de la queue; des tubercules 
au devant de ces piquants; caudale à peine 
échancrée ; couleur générale noire, onze 
ou douze raies longitudinales ondées et 
rouges. 

Plusieurs rangs de verrues sur le corps, et 
trois rangs de verrues sur la queue. 


25. BALISTE MUNGO-PARK. 


26. BALISTE ONDULE. 


27. BALISTE ASsASI. 


QUATRIÈME SOUS-GENRE. 


Un seul rayon a la nageoire inférieure ou thorachique , et à l& première 
dorsaie. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
Cinquante rayons, ou à peu près, à la na- 
geoire de l'anus. 
- Une trentaine de rayons, au plus, à la na- 
29. BALISTE uénissé. geoire de l’anus; cent petits aiguilllons 
( de chaque côté de la queue, 


28. BALISTE MONOCÉROS. { 


90 HISTOIRE NATURELLE 


LE BALISTE VIEILLE. 


Balistes Vetula, Guxr., Lacer., Cuv. 


La nombreuse famille des squales et celle des raies 
nous ont présenté la grandeur, la force, des armes 


1. Bourse, à la Martinique. 

Old wife, en anglois. 

Baliste vieille, Dauberton, Encylopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encylopédie méthodique. 

« Balistes acaleis dorsi tribus, cauda bifurea, » Art. gen. 55, 
syn. 82. 

Balistes vetula, Osb. It. 294. 

Bloch, pl. 150. 

Gronov.. Zooph., n. 195. 

Browne, Jamaic., p. 456, n. 1. 

Turdus oculo radiato. Gatesb. Carol. 2, p. 22, tab. 22. 

Seb: mus. 5, p. 62, n. 144 tab. 24, fig. 14. 

« Capriscus, extrema eauda et pinna dorsali in tenuissima et lon- 
» gissima fila productis, etc., et capriscus rubro iride, ele. » Klein, 
miss. pisc. 8, p. 25, n. 4 ct 11. 

Guaperva peisce-porco, Maregr. Rras., p. 161. 

Pis. Ind., p. 57. 

Jonston, pise., p. 188, tab. 54, fig. 2. 

Guaperva maæime caudata, Willughby. Ichth. app.. p. 21, tab. 
Evo: 

Ray. pise., p.49, n: 4. 

Sultan ternate, Valent. Ind. 3, p. 410, n. 202, f, 202. 

File-fish, Grew. mus. p. 115. 

« Capriscus variegalus, cauda faseinulata. » Plumier, dessins sur 


vélin déjà cité. 


Pl.-o Poissons 


RS 
Here frire F 


1 BATLISTE VIENLE. 2 BAL. BUNIVA -5 BAT: ECHARPE 4 BAT. ÉTOI F. 


N 
Ni) 


2 
LAS 


DES POISSONS. O1 
terribles, des mouvements rapides, tous les attributs 
de la puissance. Le genre des lephies nous a montré 
ensuite les ressources de la ruse qui supplée au pou- 
voir. Toutes ces finesses d’un instinct assez étendu, 
et ces armes redoutables d'énormes espèces , nous les 
avous vues également employées pour altaquer de 
nombreux ennemis, pour saisir une proie abondante, 
pour vaincre des résistances violentes. Le genre des ba- 
listes va maintenant déployer devant nous des moyens 
multipliés de défense : mais nous chercherons en vain 
dans cette famille tranquille cette conformation in- 
térieure qui donne le besoin d’assaillir des adversaires 
dangereux, et ces formes extérieures qui assurent le 
succès. En répandant dans le sein des mers les lophies 
el les squales, la nature y a semé et des périls cachés, 
et des dangers évidents, souvent inévitables : on di- 
roit que, suspendant son souffle créateur, et réagis- 
sant en quelque sorte contre elle-même , elle a eu la 
destruction pour but, lorsqu'elle à produit les squales 
et les lophies. En plaçant au contraire les balistes au 
milieu de ces mêmes mers, elle paroît avoir repris 
plus que jamais l'exercice de sa puissance viviliante, 
et ne l'avoir dirigée que vers la conservation. Ce ne 
sont pas des animaux impétueux qu'elle a arinés pour 
les combats, mais des êtres paisibles qu'elle a munis 
pour leur sûreté. Aussi, lorsque nous retirens nos 
regards de dessus les genres que nous venons d’exa- 
miner, lorsque nous cessons d'observer et leurs di- 
verses embuscades et leurs attaques à force ouverte, 
lorsque surtout, nous dégageant du milieu des re- 
quins et des autres squales très grands et très voraces, 
nous ne voyons plus les flots de la mer rougis par le 


02 HISTOIRE NATURELLE 

sang de nombreuses victimes , ou des gouffres animés 
et insatiable engloutissant à chaque instant une nou- 
velle proie, et que nous arrêtons notre vue sur cette 
famille des balistes, que la nature a si favorablement 
traitée, puisqu'elle a été destinée à ne faire ni rece- 
voir aucune offense , à n’inspirer ni éprouver aucune 
crainte, nous resseutons une affection un peu voisine 
du sentiment auquel se livrent avec tant d’attraits ceux 
qui. parcourant l’histoire des actes de l'espèce humaine, 
soulagent par la douce contemplation des époques de 
vertu et de bonheur leur cœur tourmenté par le spec- 
tacle des temps d’infortunes et de crimes. 

Le contraste offert par les genres que nous venons 
d'examiner, et par celui qui se présente à nous, est 
d'autant plus marqué , et la sensation qu'il fait naître 
est d'autant plus vive, que rien ne répugne ni à l'œil 
ni à l'esprit dans la considération de cette intéressante 
famille des balistes. Si elle ne recherche pas les com- 
bats, elle ne fuit pas lâchement , inême devant des 
ennemis très supérieurs en force; elle se défend avec 
courage; elle use de toutes ses ressources avec adresse: 
et elle a reçu la plus brillante des parures. Nous fe- 
rons voir, en décrivant les différentes espèces qui la 
composent, qu'elle présente les couleurs les plus vi- 
ves, les plus agréables, et les mieux opposées. En 
observant même les balistes les mieux traités à cet 
égard , ou diroit que la distribution, la nuance et l’op- 
position de leurs couleurs ont souvent servi de mo- 
dèle au goût délicat, préparant pour la beauté les 
ornements les plus propres à augmenter le don de 
plaire. 

Et que l’on ne soit pas étonné de celle empreinte 


DES POISSONS. 03 
de la magnificence de la nature, que l’on voit sur les 
différentes espèces de balistes : c’est dans les climats 
les plus chauds qu'elles habitent. Excepté une seule de 
ces espèces, que l’on trouve dans le bassin de la Médi- 
terranée, elles n’ont élé encore vues que dans ces 
contrées équatoriales, où des flots de lumière et toutes 
les influences d’une chaleur productive, pénètrent, 
pour ainsi dire , et l'air, et la terre, el les eaux; où 
volent dans l’atmosphère les oiseaux-mouclies, ceux 
de paradis, les colibris, les perroquets et tant d’autres 
oiseaux richement décorés ; où bourdonnent au mi- 
lieu des plus belles fleurs tant d'insectes resplendis- 
sants d’or, de vert et d'azur: où les teintes de l’arc-en- 
ciel se déploient avec tant d'éclat sur les écailles Jui- 
santes des serpents et des quadrupèdes ovipares, et 
où , jusqu'au sein de la terre, se forment ces diamants 
et ces pierres précieuses, que l’art sait faire briller de 
tant de feux diversement colorés. Les balistes ont aussi 
reçu une part distinguée des dons de la chaleur et de 
la lumière répandues dans les mers équatoriales, aussi 
bien que sur les continents dont ces mers arrosent 
les bords. Ils ajoutent d'autant plus, sur ces plages 
échauffées par un soleil toujours voisin, à la pompe du 
spectacie qu'y présentent Îles eaux et tout ce qu’elles 
recèlent, qu’ils forment des troupes très nombreuses. 
Chaque espèce.de baliste renferme en effet beaucoup 
d'individus ; et le genre entier de ces beaux poissons 
contient tant d'espèces, qu’un des naturalistes les plus 
habiles eties plusexercés à ordonner avec convenance 
et à observer avec fruit des légions d'animaux, le cé- 
lèbre Commerson, s’écrie dans son ouvrage!, en trai- 


1. Manuscrits déjà cités. 


(or HISTOIRE NATURELLE 

taut des balistes : Quelle vie pourroit suffire pour dé- 
crire, pour comparer, pour bien connoître tous ceux que 
l’on u déj vus? 

Mais sachons quelles sont les formes sur lesquelles 
la nature a disposé les couleurs diversifiées dont nous 
venons de parler. Examinons en quoi consistent les 
moyens de défense dont les balistes sont pourwms. 

Leur corps est très comprimé par les côtés, et se 
termine le plus souvent, le long du dos et sous le 
ventre, par un bord aigu que l’on a comparé à une 
carène. Il est tout couvert de petits tubercules, ou 
d'écailles très dures, réunis par groupes, distribués 
par compartiments plus ou moins réguliers, et forte- 
ment attachés à un cuir épais. Ce tégument particu- 
lier revêt non seulement le corps proprement dit des 
balistes, mais encore leur tête, qui paroît le plus 
souvent peu distincle Gu corps ; et il cache ainsi tout 
l’animal sous une sorte de cuirasse et de casque, que 
des dents très acérées ont beaucoup de peine à per- 
cer. Mais, indépendamment de cette espèce d'armure 
défensive-et complète, ils ont encore, pour protéger 
leur vie, des moyens puissants de faire lâcher prise 
aux ennemis qui les attaquent. 

Des aiguillons, à la vérité Lrès petits, mais très 
durs , hérissent souvent une partie de leur queue; et 
comme ils sont recourbés vers fa tête, ils auroient 
bientôt ensanglanté la gueule des gros poissons"qu 
voudroient saisir et retenir un baliste par la queue. 

Les cartilagineux du geure dont nous traitons ont 
d’ailleurs deux nageoires dorsales; et la première de 
ces nageoires présente loujours un rayon très fort, 


\ 


très gros , très long, et souvent garni de pointes, qui 


DES POISSONS. 99 
couché dans une fossette placée sur le dos, et se re- 
levant avec vitesse à la volonté de l’animal, pénètre 
très avant dans le palais de ceux de leurs ennemis qui 
les attaquent par la partie supérieure de leur corps, 
et les contraint bientôt à s’enfuir, ou leur donne quel- 
quefois la mort par une suite de blessures multipliées, 
qu’il peutfaire en s’abaissant etse redressant plusieurs 
foisi. 

Les nageoires inférieures, ou, pour mieux dire, la 
nageoire thorachique, et improprement appelée ven- 
trale, présente dans les balistes une conformation que 
l’on n’a encore observée dans aucun genre de poissons. 
Non seulement les nageoires dites ventrales sont ici 
rapprochées de très près, comme sur le mâle du squale 
roussette ; non seulement eiles sont réunies, comme 
nous le verrons, sur les Cycloptères parmi les cartila- 
vineux, et sur les Gobies parmi les poissons osseux ; 
mais encore elles sont confondues l’une dans l’aatre. 
réduites à une seule, et même quelquefois composées 
d’un seul rayon. 

Ce rayon, soit isolé, soitaccompagné d’autres rayons 
plus ou moins nombreux, est presque toujours caché 
en grande parlie sous la peau ; et cependant il est as- 
sez gros, assez fort, et souvent assez hérissé de pe- 
ttes aiguilles, pour faire de la nageoire thorachique 
une arme presque aussi redoutable que la prémière 


1. La manière rapide dont les balistes redressent le rayon long et 
épineux de lenr première nageoïire dorsale, a été comparée à celle 
avec laquelle se débandoient autrefois certaines parties d'instruments 
de guerre propres à lancer des dards; et voilà d'où vient Le non de ces 
animaux. 


90 HISTOIRE NATURELLE 
nageoire dorsale , et mettre le dessous du corps de 
l'animal à couvert d’une dent ennemie. 

Cet isolement, dans certains balistes , du rayon très 
allongé que l’on voit à la première nageoïire dorsale 
et à l’inférieure, et sa réunion avec d’autres rayons 
moins puissants, dans d’autres animaux de la même 
fanulle , sont les caractères dont nous nous sommes 
servis pour répandre quelque clarté dans la descrip- 
tion des diverses espèces de ce genre, et pour en faire 
retenir les attributs avec plus de facilité. C’est par le 
moyen de ces caractères que nous avons établi quatre 
sous-genres, dans lesquels nous avons distribué Îles 
balistes connus. 

Nous avons placé dans le premier ceux de ces pois- 
sons qui ont plus d’un rayon à la première nageoire 
du dos et à la nageoire dite ventrale; nous avons 
mis dans le second les balistes qui, n'ayant qu’un rayon 
à la première nageoire du dos, en ont cependant plu- 
sieurs à la thorachique ; nous avons compris dans Île 
troisième ceux qui au contraire, n'ayant qu'un rayon 
à la nageoire inférieure, en ont plus d’un à la pre- 
mière du dos; et enfin nous avons composé le qua- 
trième sous-genre des balistes qui ne présentent qu'un 
seul-rayon tant à la nageoire inférieure qu’à la pre- 
mière dorsale. 

L'ouverture des branchies est étroite, située au des- 
sus et très près des nageoires pectorales , ét garnie 
d’une membrane qui est ordinairement soutenue par 
deux rayons. 

L'ouverture de la bouche est aussi très peu large ; 
et l’on compte à chaque mâchoire au moins huit dents, 


DÉS POISSONS. 95 
dont ies deux antérieures sont les plus longues, qui, 
étant larges et aplaties de devant en arrière, et ne se 
terminant pas en pointe, ressemblent beaucoup à cel- 
les que l’on a nommées incisives dans l’homme.et dans 
les quadrupèdes vivipares. Elles sont, pour ainsi dire, 
fortifiées, au moins le plus souvent, par des dents à 
peu près semblables, placées à l’intérieur, ct appli- 
quées contre les intervalles des dents extérieures. Ces 
dents auxiliaires sont quelquefois au nombre de six 
de chaque côté; et comme les extérieures et les in- 
itrieures sont toutes d’ailleurs assezgrantes et assez 
fortes par elles-mêmes, il n’est pas surprenant que 
les belistes s'en servent avec avantage pour briser des 
corps très durs, et pour écraser non seulement les 
coraux dont ils recherchent les polypes ; et l’enve- 
leppe solide qui revèt les crustacées, dont ils sont 
plus où moins avides, mais encore les coquilles épais- 
ses qui recèlent les antmaux marins dont ils aiment à 
se nourrir. 

Des crabes, de petits mollusques, des polypes bien 
plus petits encore, tels sont en effet les aliments qui 
conviennent aux balistes; et s’il leur arrive d'employer 
à attaquer une proie d’une autre nature, des armes 
dont ils se servent pour se défendre avec courage et 
avec succès , ce n'est que lorsqu'une faim cruelle les 
presse, et que la nécessité les y contraint. 

Au reste, nous avons ici un exemple de ce que nous 
avons faitremiarquer dans notre Discours sur la nature 
des poissons. Nous avons dit que ceux qui se nour- 
rissent de coquillages présentent ordinairement les 
plus belles couleurs : les balistes, qui préfèrent les 
animaux des coquilles presque à tout autre aliment, 


99 HISTOIRE NATURELLE 
n'offrent-ils pas en effet des couleurs aussi vives qu'a- 
oréables ? 

Il est des saisons.et des rivages où ceux qui sé sont 
nourris de balistes, en ont été si gravement incom- 
modés, que l’on a regardé ces poissons comme ren- 
fermant un poison plus ou moins actif. Que l’on se rap- 
pelle ce que nous avons dit, au sujet des animaux 
venimeunx, dans le discours que nons venons de citer. 
Il n’est pas surprenant que, dans certaines circon- 
stances de temps ou de lieu, des balistes nourris de 
mollusques et de polypes dont les sucs peuvent être 
mortels pour lhomie et pour quelques animaux, 
aient eu dans leurs intestins quelques restes de ces 
vers malfaisants qu'on n'aura pas eu le soin d’en ôter, 
et, par le moyen de ce poison étranger, aient causé 
des accidents plus ou moins funestes à l'homme ou 
aux animaux qui en auront mangé. Il peut même se 
faire qu’une longue habitude de ces aliments nuisibles 
ait détérioré les sucs et altéré les chairs de quelques 
balistes, au paint de leur donner des qualités pres- 
que aussi délétères que celles que possèdent ces vers 
warins : mais les balistes n'en sont pas moins par eux- 
mêmes dénués de tout venin proprement dit; et les 
cfets qu'éprouvent ceux qui s’en nourrissent, ne peu- 
vent ressembler aux suites d'un poison réel que lors- 
que ces cartilagineux ont perdu Ï4 véritable nature 
de leur chair et de leurs sucs, ou qu'ils contiennent 
une substance étrangère et dangereuse. On ne doit 
donc manger de balisles qu'après les plus grandes 
précautions; mais il ne faut pas moîs retrancher Île 
terrible pouvoir d'emipoisonner, des qualités propres 


à ces animaüx. 


DÉS POISSONS. 00 
Les balistes s'aident, en nageant, d’une vessie à air 
qu'ils ont auprès du dos; ils ont cependant reçu un 
autre moyen d'augmenter la facilité avec laquelle ils 
peuvent s'élever ou s’abaisser au milieu des eaux de 
la mer. Les téguments qui recouvrent leur ventre 
sont susceptibles d'une grande extension ; et l’animal 
peut, quand il le veut, introduire dans cette cavité 
une quantité de gaz assez considérable pour y pro- 
duire un gonflement trèsinarqué. En accroissant ainsi 
son volume par l'admission d’un fluide plus léger que 
l’eau, il diminue sa pesanteur spécifique, et s'élève 
au sein des mers. I! s'enfonce dans leurs profondeurs, 
en faisant sortir de l’intérieur de son corps le gaz qu'il 
y avoit fait pénétrer; et lorsque la crainte produite 
par quelque attouchement soudain, ou quelque au- 
ire circonstance, font naître dans le baliste une com- 
pression subite , le gaz, qui s'échappe avec vitesse , 
passe avec assez de rapidité et deforce au travers des 
intestins , du gosier, de l'ouverture de la bouche, et 
de celle des branchies, pour faire entendre une sorte 
de sifflement. Nous avons déjà vu des eflets très ana- 
loguesdans les tortues : et nous en irouverons de pres- 
que semblables dans plusieurs genres de poissons os- 
seux, tels que les zées, les trigles et les cobites. 
Maleré le double secours d’une vessie aérienne, et 
de la dilatation du ventre, ies balistes paroïsseut nager 
avec difiiculté : c'est que la peau épaisse, dure et tu- 
berculeuse, qui enveloppe la queue , ôte à cette partie 
la liberté de se mouvair avee assez de rapidité pour 
donuer à l’animal une grande force progressive; et 
ceci confirme ce que nous avons déjà dit sur la véri- 
table cause de la vitesse de la natation des poissons. 


100 HISTOIRE NATURELLE 

Tels sont les caractères généraux qui appartiennent 
à tous les balistes. Chaque espèce en présente d’ail- 
leurs de particuliers que nous allons indiquer, en 
commençant par celle à laquelle nous avons conservé 
le nom de F’ieille, et que nous devons faire connoître 
la première. à 

Cette dénomination de Ÿ’ieille vient de la nature 
du sifflement qu’elle produit, et dans lequel on a voulu 
trouver des rapports avec les sons d’une voix affoiblie 
par l’âge, et de la forme de ses dents de devant, que 
l’on à considérées comme un peu semblables à des 
dents décharnées. 

Le baliste vieille parvient quelquefois jusqu’à la 
longueur de trois pieds, ou de près d’un mètre. L’ou- 
verture des branchies est plus grande que sur la plu- 
part des autres balistes; trois rangs d’aiguillons sont 
ordinairement‘placés au devant de la nageoire thora- 
chique ou inférieure , qui est très longue , et ne con- 
tribue pas peu à défendre le dessous du corps. La 
nageoire de la queue est en forme de croissant! jes 
deux rayons qui en composent les pointes se prolon- 
sent en très longs filaments. De semblables prelon- 
gations terminent les rayons antérieurs de la seconde 
nageoire du dos; et le premier rayon de la première 
dorsale est très fort et dentelé par devant. 

Voyons maintenant la nuance et la distribution des 


1. Î! y a communément à la membrane des branchies. 2 rayons. 


à la première nageoiïre dorsale. . . . . . OA AUS 
älaiseconde eur RE RE eo 
aux nageGires pectorales. . . :. 4... 18 


à la thorachique, improprement dite ventrale. 19 
acelle de ANUS Ne MONO 28 
alcelledeila gene; MOROENeR 1 PRONCENER 


DES POISSONS. 191 
vouleurs dont est peinte le plus souvent cette belle 
espèce de baliste. 

Le dessus du corps est d’un jaune foncé et rayé de 
bleu; ce jaune s'éclaircit sur les côtés, et se change 
en gris dans là partie inférieure du corps. L'iris est 
rouge ; et de chaque œil partent, comme d’un cen- 
tre , sept ou huit petites raies d’un beau bleu. Cette 
même couleur bleue borde les lèvres, les nageoires 
pectorales qui sont jaunes, celle de l'anus qui est 
crise, et la caudale qui est jaune, et elle s'étend sur 
la queue en bandes transversales, dont la teinte de- 
vient plus claire à mesure qu'elles sont plus éloignées 
de la tête. 

La vieille se nourrit des animaux des coquilles, 
Elle est quelquefois la proie des gros poissons, mal- 
gré sa grandeur, sa conformation et ses piquants : 
mais alors elle est presque toujours saisie par la 
queue, qui, dénuée d’aiguillons, est moins bien 
défendue que le devant du corps, et d’ailleurs est 
douée d’une force à proportion beaucoup moins con- 
sidérable ; ce qui s'accorde avec ce que nous venons 
de dire sur la lenteur des mouvements des balistes, 

On trouve la vieille non seulement dans les mers 
de l'Inde, mais encore dans celles d'Amérique, où 
cette espèce, en subissant quelque changement! dans 


1. On compte dans une de ces variétés : 


à la première nageoire du dos. . . . . . .. 5 rayans. 
a Jdiseconde hit." nan sn le Wnre7 
auxppectorales NAME NE.) SUR EAN NAS 14 
à la thorachique. . . .. .. DRE PL 1/ 
ancelle! del’anus: states Mme à 25 
atcellederla queue rime, nier. dieu ele 


LACÉPEDE. VI, 7 


102 HISTOIRE NATURELLE 
le nombre des rayons de ses nageoires et dans les 
teintes de ses couleurs, a produit plus d’une variété. 


EL60S0H6 6 ES 


He P0H08 08050 F0EHOHNESPOHEHELPOESEO 


LE BALISTE ÉTOILE" 


Balistes stellatus, Lacer., Cuv. 


CE cartilagineux, décrit par Commerson, et vu 
- par lui dans la mer qui entoure l'Île de France, ne 
présente pas des couleurs aussi variées ni aussi vives 
que celles de la plupart des autres balistes ; mais 
celles qu'il montre sont agréables à l'œil, distribuées 
avec ordre, et d’une manière qui nous a indiqué le 
nom que nous lui donnons. Îl est gris par dessus, 
et blanchâtre par dessous : des raies longitudinales 
et d’un blanc mêlé de gris s'étendent sur la seconde 
nageoire du dos et sur celle de l’anus; et des taches 
presque blanches , très petites, et semées sur la par- 
tie supérieure du corps, la font paroître étoilée. Cette 
parure simple , mais élégante, fait ressortir les formes 
qui suivent. 

Un sillon assez profond est creusé sur le devant de 
la tête; l'ouverture de chaque narine est double; 
celle des branchies est très étroite, placée presque 


1. « Balistés griseus, dorso maculis lenticularibus et exalbidis con- 
» sperso , ventrali unica spuria. » Commerson, manuscrits déjà cités. 


DES POISSONS. 103 
perpendiculairement au dessus de l’origine des na- 
geoires pectorales, et située au devant d’un petit 
assemblage d’écailles osseuses plus grandes que les 
autres. 

Où compte à la première nageoiïre dorsale trois 
rayons, dont le premier est très long, très fort, et 
dentelé par devant !. 

La nageoire dite ventrale consiste dans un rayon 
très court et très dur, ainsi que dans huit ou dix 
autres beaucoup plus courts , mais très forts , et ren- 
dus comme immobiles par la peau épaisse dans la- 
quelle ils sont engagés. Celle de la queue est un peu 
échancrée en croissant. La seconde dorsale et celle 
de l’anus renferment presque un égal nombre de 
rayons, et par conséquent paroïssent presque égales. 

Peut-être faudroit-il rapporter à l’étoilé un baliste 
que le professeur Gmelin a nommé le Ponctwé?, qu'il 
ne paroît avoir connu que par ce qu'en a écrit le voya- 
seur Nieuhof, et duquel il dit seulement qu’il habite 
dans les mers de l'Inde, et qu’il a le corps ponctué, 
ou semé de petites taches. 


1. L'individu observé par Commerson avoit seize pouces, ou près 
d'un demi-mètre, de longueur. 


Il y avoit à la seconde nageoïre dorsale. . . . . . . . 26 rayons. 
mMcelledellhanuste is li ee URI ME 24 
auxypectoraless M 2e) ele ele slaie ST 
et à la nageoïre de la queue. . . . . . . . 12 


Tous ces rayons étoïent mous, excepté le premier de la seconde 
dorsale , le premier de la nageoïre de l'anus et le premier et le dernier 
de celle de la queue. 

> Balistes punctatus, Linnée, édition de Gmelin. 

Stipoisch, Nieuhof, Ind. 2, p. #75. 


10/ HISTOIRE NATURELLE 


LE BALISTE ÉCHARPE’ 


Balistes rectangulus, Scun., Cuv. 


LA forme de ce poisson ressemble beaucoup à celle 
de presque tous les autres balistes ; mais ses couleurs 
très belles , très vives, et distribuées d’une manière 
remarquable, le font distinguer parmi les différentes 
espèces de sa nombreuse famille. 

L’extrémité du museau de l'écharpe est peinte d’un 
très beau bleu de ciel, qui y représente comme une 
sorte de demi-anneau. La tête est d’ailleurs d’un 
jaune vif qui devient plus clair sur les côtés, et qui 
se change, dans l'entre -deux des yeux, en un fond 
d’aigue-marine , sur lequel s'étendent trois raies noi- 
res et transversales. Une autre ligne bleuâtre descend 
depuis le devant de l'œil jusque vers la base de la 
nageoire pectorale; et, au delà de cette ligne, une 
bande d’un noir très foncé part de l'œil, et, allant 
obliquement et en s’élargissant jusqu’à l’anus et à la 
nageoire anale, forme sur le corps du baliste une sorte 
d’écharpe noire, que les nuances voisines font res- 


1. « Balistes, rostri semi-annulo cæruleo; genis Jutcis; interstitio 
» oculorum smaragdino cum lineïs tribus nigris transversis; fascia ni- 
» gra latissima ab oculis ad unum obliquata ; aculeïs caudæ triangulo 
» nigro interclusis. » Commerson, manuscrits déjà cités. 


DES POISSONS. 105 
sortir avec beaucoup d'éclat, et qui nous a indiqué 
le nom que nous avons cru devoir donner au cartila- 
gineux que nous décrivons. 

Cette écharpe est d’autant plus facile à distinguer, 
que son bord postérieur présente un liséré bleuâtre, 
qui, vers le milieu du corps, donne naissance à une 
raie de la même couleur; et celte dernière raie par- 
vient jusqu'aux rayons postérieurs de la seconde na- 
geoire du dos, en formant sur le côté de l'animal le 
sommet d’un angle aigu. 

Entre les deux branches de cet angle, on voit sur 
le côté de la queue un triangle noir et bordé d’un 
bleu verdâtre; et un anneau d’un noir très foncé en- 
toure la base de la nageoire caudale. 

Tout le reste du corps est d’un rouge brun, ex- 
cepté la partie inférieure comprise entre le museau 
et le bout de l’écharpe : cette partie inférieure est 
blanche. 

La seconde nageoire du dos et celle de l'anus sont 
transparentes, ainsi que les pectorales, dont la base 
est noire, et dont le bout est marqué d’une belle 
tache rouge. 

Voilà donc toutes les couleurs de l’arc-en-ciel dis- 
tribuées avec agrément et régularité sur ce baliste , et 
leurs teintes relevées par cette espèce d’écharpe noire 
qui traverse obliquement le corps de l’animal. 

À l'égard des formes particulières à ce poisson , il 
suffira de faire remarquer que sa tête est allongée ; 
que l’on compte dans la première nageoire du dos 
trois rayons, dont le premier est dentelé , et le troi- 
sième très court et éloigné des deux autres; que celle 
dite du ventre est composée d'un rayon gros, osseux, 


106 HISTOIRE NATURELLE 

hérissé de pointes, et de huit ou dix petits rayons 
contenus par une membrane épaisse !; et que sur 
chaque côté de la queue il y a quatre rangées d’ai- 
guillons recourbés vers la tête. 

Nous avons tiré ce que nous venons de dire des 
manuscrits de Commerson, qui a trouvé et décrit 
le Baliste écharpe dans la mer voisine de l'Ile de 
France. 


e#OB0 Ho boLoteotoporohosesosspode reparer soBHOLOD SO E0H0B0H0 Ho roWe-HoH0 5080 Eobo Sep 


LE BALISTE BUNIVA. 


Balistes Buniva, Lacer., Risso. 


La description et le dessin de ce baliste encore in- 
connu nous ont été envoyés par M. Giorna, de la- 
cadémie de Turin. M. Buniva, savant collègue de 
M. Giorna, a bien voulu se charger de nous le re- 
mettre. La physique animale, et particulièrement 
celle des poissons , vont être enrichies par les gran- 
des recherches, les observations précieuses, les belles 
expériences de ce naturaliste, qui vient de publier 


1. Il y a à la seconde nageoïre du dos. . . . . . . . 25 rayons. 
aux nageoires pectorales. . . . . . . . . . ne 
à la thorachique. 2 + cerner 9 Ou 11 
ïtcelle de l'anus ENS era pan 20 
et à celle de la queue. . . . . - . + . . . 12 


La nagcoire de la queue est en arc de cercle, suivant le texte de 
Commerson, et terminée par une ligne droïte, suivant le dessin du 
inéme auteur. 


DES POISSONS. 107 
les premiers résultats de ses travaux importants. Nous 
lui dédions ce baliste, que l’on a pêché dans la mer 
de Nice, dans celle qui est la plus voisine de la patrie 
qu'il honore. 

Ce baliste a les deux mâchoires également avan- 
cées, vingt-sept rayons à la seconde nageoire du dos, 
quatorze à chaque pectorale, quatorze à l’anale , et 
douze à la nageoire de la queue. 

Il est nécessaire de faire observer avec soin que 
voilà la seconde espèce de baliste pêchée dans la Mé- 
diterranée. Le caprisque est la première de ces deux 
espèces, dont les congénères n’ont été encore vues 
que dans Îes mers de l’ancien ou du nouveau conti- 
nent voisines des tropiques. Mais une chose plus 
digne de l'attention des ichthyologistes, c'est que 
M. Giorna a vu dans le Muséum de Turin, dont l’in- 
spection lui a été confiée avec tant de raison , une chi- 
mère arctique femelle prise auprès de Nice, dans la 
Méditerranée. 


Goo9o oro-F0ES 30080500 HO HS 56H00 500 LEE 


BeBetotopoperorcso propos) 


LE BALISTE DOUBLE-AIGUILLON. 


Balistes biaculeatus, Guer., Lacer. 


Les mers de l'Inde , si fécondes en poissons et par- 
ticulièrement en balistes, nourrissent le cartilagineux 


2. Bloch, pi. 148, fig. 9. 
Gronov., mus. 1, p. 92, n. 115; Zooph. n. 194. 


106 HISTOIRE NATURELLE 
auquel nous avons conservé le nom de Double-aiguil- 
lon, d’après le savant professeur Bloch de Berlin, qui 
le premier l’a fait connoître avec exactitude aux natu- 
ralistes. Cet animal présente plusieurs caractères for- 
tement prononcés : son museau est très long et ter- 
miné par une sorte de groin ; quatre rayons compo- 
sent la première nageoïre dorsale ; une ligne latérale 
très sensible part de l'œil, suit à peu près la courbure 
du dos, et’ s'étend jusqu'à la nageoiïre caudale, qui 
est fourchue ; la queue est plus étroite à proportion 
que dans plusieurs autres hbalistes; et, pour repré- 
senter la nageoire dite ventrale, on voit, derrière une 
tache noire, deux rayons très longs, très forts, très 
dentelés, et qui, placés à côté l’un de l’autre, peu- 
vent être couchés vers la queue, et renfermés, pour 
ainsi dire, chacun dans une fossette particulière. 

Le baliste double-aiguillon est d’ailleurs gris par 
dessus, et blanchâtre par dessous 1, 


Piscis cornutus, Willughby, Ichth. app., p. 5, tab. 10, fig. 2. 
Ray., pisc., p. 191, n. 12. 
Baliste à deux piquants, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 


méthodique. 

Hoorn-visch, Nieuhof, Ind. 2, p. 212, tab. 298, fig. 5. 

1. À la première nageoïre du dos. . . . ... . . . . 4 rayons. 
Aa seconde:2: 1e eat nee te EN re 220 
AUXAPECLOTALES. FREE ee ee ee Neil 19 
Acelle de:l'anns ere ARE nn RE RREIOS 17 


DES POISSONS. 109 


pb pefetot 


LE BALISTE CHINOIS”. 


Balistes sinensis, Gmez., Lacer. — Balistes chinensis, 
Brocu. 


C’est dans la mer qui arrose les rivages de la Chine, 
que l’on trouve ce baliste, que l’on voit aussi dans 
celle du Brésil. La première nageoire dorsale de ce 
poisson ne consiste que dans un rayon très long, très 
fort, garni par derrière de deux rangs de petites 
dents, et que l'animal peut coucher et renfermer à 
volouté dans une fossette creusée entre les deux na- 
geoires du dos. La ligne latérale commence derrière 
les yeux, se courbe ensuite vers le bas, et devient à 
peine sensible , au milieu de quatre rangées d’aiguil- 
lons qui hérissent chaque côté de la queue. La na- 
geoire qui termine cette dernière partie est arrondie : 
celle du ventre présente treize rayons renfermés, pour 


1. Baliste chinois, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. { 

Bioch, pl. 152, fig. 1. 

Balistes chinensis; Osb. 1t., p. 145. 

Gronov., mus. 2, n. 196; Zooph., n. 189. 

Pira aca, Marcgr., Brasil., p. 154. 

Willaghby, Ichth., p. 250, tab. [, 4, üg. 1. 

Ray., pisc,, p. 47. 

« Monoceros, piscis Clusi, pira aca Maregr. » — Plumier, dessins 
sur vélin, déjà cités. (La figure est peu exacte. ) 


110 HISTOIRE NATURELLE 

ainsi dire, dans une peau épaisse, excepté le premier, 
Le baliste chinois est gris par dessus , blanchâtre par 

dessous, et communément tout parsemé de petites 

taches couleur d’or. Sa chair est à peine mangeable. 


e6<-0 05-00 0 #0 89:7060 0806060 #0 #0 06H00 H-0%H0 EH0 0 HO LEO EI LHOUpS HO oo: ChHOE0 Ho ÉO oO aAES 


LE BALISTE VE DIUR 
Balistes tomentosus, Lacrr. 


ET 


LE BALISTE MAMELONNÉ:. 
Balistes papillosus, Guex., Lacer. 


0 —— 


Nous plaçons dans le même article ce qui concerne 
ces deux balistes, parce qu'ils ont de très grands rap- 


1. À la seconde nageoïire du dos. ... . . . . + + + 90 rayons. 
Aux nageoires pectorales. . M Mar FEES 
À la nageoire dite! ventrale. 111025, MIE HS 
AYcelle de) Fanus.st 402 a EN rate 1.180 
A'celle della queue. prie D A AR 12 


2. Baliste velu, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Balistes aculeis dorsi duobus, lateribus versus caudam hirsutis. » 
Gronov., mus. 1, n. 114, tab. 6, fig. 5; Zooph., n. 191. 

Bloch, pl. 148, fig. 1. ( Nota. Bloch n’a compté qu'un rayou à la 
première nageoïire du dos : mais Gronovius et d’autres naturalistes en 
ont compté deux; et il paroît que l'individu observé par Bloch étoit 
défectueux. ) 

Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 18. 

Ewuuve hoorn-fish, Renard, poiss. 1, p. 27, tab. 25, fig. 164. 

Ikan kipas, wajer-visch, Valent. Ind. 5. p. 356, n. 28, fig. 28. 

5. Balisie mamelonné, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 


DES POISSONS. 11i 
ports l’un avec l’autre, et parce qu'ils sont séparés 
par un petit nombre de différences d'avec les pois- 
sons de leur genre. 

Le baliste velu, qui se trouve dans les mers de 
l'Inde, a le corps assez mince : sa première nageoire 
dorsale ne présente que deux rayons, dont l’anté- 
rieur est court, mais fort, et garni par derrière de 
deux rangées de pointes; de petits aiguillons recour- 
bés sont placés sur les côtés de la queue. La couleur 
de l'animal est d’un brun qui se change, sur les côtés, 
en jaune, ensuite en gris, et enfin en jaune plus ou 
moins clair, et qui est souvent varié par des taches 
noires et aliongées !. 

Le mamelonné n’a que deux rayons à la première 
nageoire du dos, comme le velu; mais son corps est 
parsemé de petites papilles ou de petits mamelons ?. 
Il a été pêché auprès des rivages de la Nouvelle- 
Gailes méridionale. Suivant le texte de la relation 
citée dans la note de la page précédente , ce poisson 
est d’un gris blanchâtre ; et, suivant la figure coloriée 


Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Balistes granulatus, pinna dorsali anteriore biradiata, cerpore 
» granoso, » — Décrit par Hunter, dans l’appendix de la relation an- 
gloise du Voyage à la Nouvelle-Galles méridionale, par Jean White, 
premier chirurgien de l’expédilion commandée par le capitaine BR 


lipp.— pl. 39, fig. 2. 


1. À la seconde nageoire dorsale, , . : . . . > + . 81 rayons. 
Aux pectoralesi) 1 rent à Art Sat) ou:10 
À celle de l’anus. AMD Ann PE te 27 
À celle de la queue. . . . . . . PSM VAE AN US 9 

2. À la seconde nageoïire du dos. . .. . . . . . . . 29 
Aux nageoires pectorales. . . . . . . . . CS 
Arcelleÿdebanustare votes daiaisl te auesie tt 21 


Asccller de laiqueues di A Une td pa 


112 HISTOIRE NATURELLE 


qui accompagne ce texte, il est d’un jaune noirâtre 
avec la tête lilas. 


LE BALISTE TACHETÉ! 


Balistes maculatus, Guez., LAcer. 


CE poisson habite dans les mers chaudes du nou- 
veau et de l’ancien continent. [Il ressemble un peu au 
mamelonné par les petites papilles ou verrues qui, 
dans plusieurs endroits de son corps, rendent sa 
peau rude au toucher ; mais il en diffère par le nom- 
bre des rayons de ses nageoires, et par d’autres ca- 
ractères dont nous allons exposer quelques uns. 

Ii est violet dans sa partie supérieure, et d’un blanc 
jaunâtre dans l’inférieure; ses nageoires pectorales 
sont jaunes, et presque tout l’animal est couvert de 


1. Baliste tacheté, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie métho- 
dique, 

Bloch, pl. 151. 

« Capriscus murium dentibus minutis, etc. » Klein, miss. pise. 3, 
p. 25. n. 6, tab. 5, fig. 0. 

Guaperva longa, Willughby, Ichth. append., p. 21, iab. I, 20. 

Ray., pisc., p. 48, n. 2. 

Little old wife, Browne, Jam., p. 456, n. 2. 
, « Prickle, or long file fish. » Grew. mus., p. 119, tab. 7. 

« Maan visch, poisson de lune, turin saratfe. » Renard, poiss. 2, 


iab, 58, fig. 158. 


DES POISSONS. 113 
taches bleues. Get agréable assortiment de couleurs 
s'étend sur un corps assez grand. L’orilice de chaque 
uarine est double, et les quatre ouvertures de ces 
organés sont placées dans une petite fossette située 
au devant des yeux. On aperçoit quelques aiguillons 
au delà du rayon fort et hérissé de la nageoire dite 
ventrale ; celle de l’anus, qui vient ensuite, est très 
large; on ne voit pas de piquants sur les côtés de la 
queue, dont la nageoire est arrondie !. 


2ÉOTEHEP FEB IFOBOROSSBOBETSPEBPEBETES0DEL-EE EME 


900608 DE Gr PE EE 


LE BALISTE PRALIN” 


Balistes Pralin, Lacer. 


DE très belles couleurs parent ce baliste. Celle de 
la partie supérieure de son corps est d’un vert foncé ; 
et sa partie inférieure est d’un beau blanc. Une tache 
très grande et très noire relève chaque côté de l’ani- 


1. À la première nageoire du dos. . . . . . . . . . 2 rayons. 
À la-setonde. ssh: à SAUT ANA EE EN US 
Auxipectorales. NS ANNEES Ra Si 14 
INcellederl'anuss pement ei) nat Mie 21 
AKeclledelaiquene: (4eme nn A0) 


2. « Balistes pinna dorsi prima radiata; triplici aculeorum ordine 
» ad basim caudæ; linea purpurea 4 supremo rostro ad basim pinna- 
» rum pectoralium ducta : macula latissima nigra medium utrinque 
» latus occupante. » Commerson, manuscrits déjà cités, quatrième 
cahier de zoologie. 


114 HISTOIRE NATURELLE 

mal; l’on voit également sur chacun des côtés une raie 
pourpre qui s'étend depuis le bout du museau jusqu’à 
la base de la nageoïre pectorale; et cinq autres raïes, 
dont les deux extérieures et celle du milieu sont 
bleuâtres, et dont les deux autres sont rougeñtres et 
un peu plus larges, s'élèvent de cette même base jus- 
qu’à l'œil. Le baliste pralin est d’ailleurs remarquable 
par le rouge de ses nageoires pectorales, et par le 
jaune que l’on voit sur les bords supérieur et infé- 
rieur de la nageoire de la queue. 

Ce poisson, que Commerson a décrit, et dont il 
a dit que la longueur étoit à peu près égale à celle 
de la perche, a la tête assez grande pour qu’elle 
compose seule près du tiers de la longueur totale de 
ce cartilagineux. Malgré l'épaisseur de la peau qui 
recouvre la lète aussi bien que le corps, les lèvres 
peuvent être, comme dans les autres balistes, un 
peu allongées et retirées en arrière, à la volonté de 
l'animal. 

On voit, auprès de louverture des branchies, un 
petit groupe d’écailles assez grandes et très distinctes 
des autres, que l’on seroit tenté de prendre pour des 
rudiments d'un cpercule placé trop en arrière. 

Le rayon qui forme la nageoire dite ventrale est 
articulé, hérissé de pointes comme une lime, pré- 
cédé d’une double rangée de tubercules très durs, 
et suivi d’un rang d’aiguillons très courts, et qui va 
jusqu'à l'anus À, 


1. À la membrane des branchies. . . . . . . -+1.1N2irayons: 
À la première nageoire dorsale, . . . . . . . . . 2 
A la seconde nagcoïire du dos . . . .. .. MOT 0e 


Aux nageoires pectorales.}. "0eme JEAO 


DES POISSONS. 115 


Chaque côté de la queue est d’ailleurs armé de 
trois ou quatre rangs de petits piquants recourbés 
vers la tête, et dont chacun est renfermé en partie 
dans une sorte de gaîne noire à sa base. 

Ce baliste, dit Commerson, doit être compté parmi 
les poissons saxatiles : il se tient en effet au milieu 
des rochers voisins des rivages de l’île Pralin; et c’est 
le nom de cette île, auprès de laqueile se trouve son 
habitation la plus ordinaire, que nous avons cru de- 
voir lui faire porter. 

Ïl mord avec force, lorsqu'on Îe prend sans pré- 
caution. Sa chair est agréable et saine. 


ecpeperererorEpeseHererepepepereres fenetres dereroferersteporeTeEEHeHs EC SPETHES Cf SR SAME 


LE BALISTE KLEINIEN- 


Balistes Kleinit, Guet., Lacer. 


LA longueur de la seconde nageoire du dos et de 
celle de l'anus, qui renferment caacune plus de qua- 
rante-cinq rayons, est un des caractères qui servent 


À la nageoïre thorachique. . . . . . . + (ste MAN TAYONS. 
Atcelleideilanas tan nn tement EAN MUNRo rs 
Atcellerde Taiqueue 010 er Ur Aus 12 


Cette dernière est terminée par une ligne presque droite. 

1. Gronov., Zooph., n. 195. 

« Gapriscus capite triangulato gutturoso , ore admodum parvo bar- 
» bato, etc. » Klein, miss. pise. 5, p: 25, n. 8, tab. 5, fig. 12. 

Tkar auwawa , Valent. Ind. 5, p- 977; n. 92, fig. 92. 


116 HISTOIRE NATURELLE 


à distinguer ce baliste, dont on doit particulièrement 
la connoissance à Klein. Le museau de ce poisson est 
d’ailleurs avancé; l’ouverture de sa bouche, petite : 
et garnie de barbillons; le rayon antérieur de Ja pre- 
miere nageoire, dentelé de deux côtés; et la nageoire 
de la queue, arrondie. 

Ce poisson habite dans les mers de l'Inde. 


LE BALISTE CÜRASSAVIEN. 


Balistes curassavicus, Guer., Lacer. (Espèce 
incertaine.) 


Aurrès de Curaçao habite ce poisson, dont la na- 
geoire de la queue est terminée par une ligne droite, 
et dont les côtés brillent d’une couleur d’or très Lola 
tante. Cette dorure est relevée par un point noir placé 
au milieu de chacune des écailles sur lesquelles elle 
s'étend. Le dos est brun, et le museau arrondi ? 


1. Gronov., Zooph. 196 


2. À la première nageoire du dos. : . . . . . . . 2 rayons. 
AMlatseconde MER. cle CORRE 27 
Aux pectorales. Me Le SES ES 
Afcelle deilanus ete AS EU PMR EEE 26 


Poi : 
O1SSONS* 
) _ 

PL : 


Zonsreat fils Je up F w 


1 BALISTE FPINEUX. 2 BAL. BOURSE.3 BAL.MONOCEROS.4 BAL. HERISSES 


4 


pee ver et jai 


DES POISSONS. 117 


sESTeB#080 206020 


LE BALISTE ÉPINEUX" 


Balistes aculeatus, Guer., Lacer., BLrocu. 


Les balistes compris dans le second sous-genre, et 
que nous venons de faire connoître , n’ont que deux 
rayons à la première nageoire du dos. Nous allons 
maintenant voir un plus grand nombre de rayons à 
cette première nageoire dorsale. Le bdliste épineux 
en présente trois dans cette partie de son corps. Plu- 
sieurs piquants sont placés sur son ventre à la suite du 


1. Baliste épineux, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

It. Wgoth. 138. 

Gronov., Zooph. 188. 

Bloch, pl. 149. 

Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 15. 

« Gapriscus cornutus supra oculum, etc. » Klein, miss. pisc. 5, 
p. 25, n. 5, 7, tab. 5, fig. 10. 

Guaperva hystriæ, Willughby, Ichth. app., p. 21, tab. I, 21. 

« Sounck hoornvisch, man visch, gros poupou. » Renard, poiss. 1, 
pl. 28, fig. 154, et 2, pl. 28, fig. 156, et pl. 54, fig. 157. 

« Balistes fuscus ex rubro et aureo oblique virgatus, pinna dorsi 
» prima triacantha, ossiculo xyphoïde scaberrimo ; pinnarum ventra- 
» lium loco, aculeis antrorsum versis duplici ordine utrinque ad cau- 
» dam. » Commerson, manuscrits déjà cités, quatrième cahier de 
zoologie. 

LACGÉPÈDE. VI, $ 


110 HISTOIRE NATURELLE 

rayon garni de pointes qui compose la nageoire tho- 
rachique ; et de plus on voit de chaque côté de la 
queue , des aiguillons recourbés en avant, et dont le 
nombre ces rangées varie depuis deux jusqu’à cinq, 
suivant l’âge, le sexe ou le climat. Les couleurs de 
ce poisson sont très belles. Les voici telles que les 
décrit Commerson, qui a observé plusieurs fois ce 
baliste en vie et nageant au milieu des eaux qu'il pré- 
fère. L'animal est d’un brun foncé ; mais, sur ce fond 
obscur, des raies transversales, rouges sur le devant 
du corps, et dorées sur le derrière, s'étendent obli- 
quement, et répandent un éclat très vif. Les yeux, 
les lèvres, et la base des nageoires pectorales, sont 
d’ailleurs d’un rouge de vermillon, dont on aperçoit 
des traces plus ou moins fortes, et mêlées avec un 
peu de jaune sur les autres nageoires , et particulie- 
rement sur celle de la queue, où les intervalles qui 
séparent les rayons sont bleuâtres 4, 

Ce baliste habite la mer Rouge et la mer de l'Inde, 
au iwilieu de laquelle Commerson l’a pêché parmi les 
rochers, les coraux et les ressifs qui avoisinent l’île 
Pralin. Ce voyageur dit que ce poisson est très bon 
à manger. 

Nous croyons devoir rapporter à cette espèce Île 
baliste décrit par le professeur Gmelin sous le nom 


1. À la membrane des-branchies. . . . . . . . . . . 2 rayons. 
A la première dorsale EN MER SEUR 5 
A darsecondes tte oveire à à UNE MEN 25 
Auxcpectorales 2402 lee) let None 13 
A:celle: de Lanus: 1: SA PART AIS SUN DS LA 2 NT DO 
A'\celle::de :lariqueue:li. it) 22702000 een 10 


Celle dernière est terminée par une ligne presque droite. 


DES POISSONS. 119 
de F’erruqueux !, et que Linnée avoit déjà fait con- 
noître dans l’exposition des objets qui composoient 
la collection du prince Adolphe-Frédéric de Suède. 
Ce baliste verruqueux ne diffère en effet de l’épineux 
qu'en ce que le rayon qui représente la nageoire dite 
ventrale est garni de verrues, au lieu de l’être de 
pointes plus aiguës. Mais si ce caractère doit être 
regardé comme constant, il ne peut servir à établir 
qu’une simple variété. 


0 06 HoBo Be 49 SCO Ho HABO Po OS SE PePOPELr EEE (Le 


2] 


LE BALISTE SILLONNÉ? 


Balistes ringens, GuEz., LacEr. 


LorsQuE ce baliste est en vie, il présente une cou- 
teur d'un beau noir sur toutes les parties de son corps, 


1. Balistes verrucosüs, Linnée, édition de Gmelin. 

Mus. ad. fr. 1, p. 57, tab. 27, fig. 4. 

2. Baliste sillonné, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaierre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. ad. fr. 1, p. 48. 

[t. Wgoth. 1309. 

Balistes nigra, Osbeck, It. 295. 

Gronov., Zooph. 195. 

Bloch, pl. 192, fig. 2. 

Artedi, gen., p. 54, n. 4. 

« Guaperva lata ad caudam striata, Listeri. » Willughby, Ichth. 
App-, p: 21, n. 5, tab. I, 24. 

Ray., pisc., 49, n. 5. 


120 HISTOIRE NATURELLE 


excepté sur la base de sa seconde nageoire dorsale 
et de celle de l'anus. Une raie longitudinale blanche, 
et quelquefois bleue, s'étend sur ses bases. Une ran- 
gée de tubercules garnit l'intervalle compris entre 
l’anus et le rayon qui tient lieu de nageoiïre thora- 
chique. Les côtés de la queue sont comme sillonnés ; 
chacune des écailles qui les revêtent présente dans 
son centre un tubercule ou petit aiguillon obtus 
tourné vers la tête; et, par une suite de cette con- 
formation , ces côtés sont plus rudes au toucher que 
la partie antérieure du corps! On trouve le Sillonné 
dans la mer de la Chine et dans celle qui borde les 
côtes orientales de l'Afrique. 


« Balistes niger, linea alba dorsi. » Commerson, manuscrits déjà 
cités, , 

Ikan kandawara, Valent. Ind. 5, p. 650, fig. 42. 

« Baliste noir, kolkenboati, et kandawar. » Renard, poiss. 1, p. 26, 
tab. 17, fig. 96; et p. 27, tab. 18, fig. 98. 


1. À la première nageoire dorsale. . . . . . . ... rayons. 
Aa seconde: ane uen 100 
Auripecitorales 1e eee nets Lee 15 
Aceller de lantus, 22e METRE NN EANEPAReAeTE 31 
Acelle dela queue. 07 NOR 10 


Cette dernière est en forme de croissant. 


DES POISSONS. 121 


LE BALISTE CAPRISQUE. 


Balistes Capriscus, Guxz., Lacer., Cuv. 


ON ne trouve pas seulement ce poisson dans les 
mers chaudes de l'Inde et de l’Amérique , on le ren- 
contre aussi dans la Méditerranée ; et c’est à ce carti- 


1. Porc, dans plusieurs départements méridionaux. 
Porco, en Sicile et dans d’autres contrées de l'Italie. 
Caper, par plusieurs auteurs anciens. 

Aper, id. 

Porcus, id. 
 Sus, id. 

Mus marinus , id. 

Gronov., Zooph., n. 187, mus. 1, p. 53, n. 117. 
Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 16. 

Klein, miss. pisc. 5, p. 24, n. 1. 

Gesn. ic., p. 57. 

Aldrov. pisc., p. 516. 

Jonston, pisc., tab, 25, fig. 7. 

Ray., pisc., p. 47. 

Caper, Plin., Hist. mundi, lib. 11, cap. 51. 

Id. Salvian., Aquat., p. 207, 208, tab. 206, b. 
Poupou noble, Renard, poiss., tab. 1, fig. 7. 
Capriscus Rondeletii, Plumier, dessins sur vélin, déjà cités. 
Porc, Rondelet, première partie, liv. 5, chap. 26. 
Aristot., Hist. anim., lib. 2, cap. 15, el lib. 4, cap. 9. 
Athen., hb. 7, fol. 152, 4o, ei 165, 5. 

Æfan., lib. 12, cap. 26. 


122 HISTOIRE NATURELLE 

lagineux que Pline a, d’après Aristote, appliqué le 
nom de Caper, et qu’il a attribué la faculté de faire 
entendre une sorte de bruit ou de petit sifflement , 
lequel appartient en effet à tous les balistes, ainsi que 
nous l'avons vu. Les couleurs du caprisque sont belles 
et chatoyantes : il présente en Amérique, et d’après 
les dessins enluminés de Plumier, une teinte géné- 
rale d’un violet clair et chatoyant, qui donne à tout 
son corps les nuances variées que l’on admire sur la 
gorge des pigeons; et l'iris de ses yeux, assez grand, 
d’un bleu très vif, et bordé d’un jaune éclatant, pa- 
roît, au milieu du fond violet dont nous venons de 
parler, comme un beau saphir entouré d'un cercle 
d’or. À des latitudes plus élevées , et particulièrement 
dans la Méditerranée , le caprisque est quelquefois 
semé de taches bleues sur le corps, et bleues ainsi 
que rouges sur les nageoires ; et des nuances vertes 
se font remarquer sur plusieurs parties de l’animal. 
Il ne diffère d’ailleurs des poissons de sa famille que 
par les caractères distinctifs que l’on a déjà pu voir 
sur le tableau de son genre, et par le nombre des 
rayons qui composent ses nageoires. 


D 


DES POISSONS. 129 


LE 


1roDeoBs eee peoples reset tre efmneteredpeinstp S 


LE BALISTE QUEUE-FOURCHUE”. 


Balistes forcipatus, Wirrucusy, Guer., Lacer. 


LA première nageoire du dos de ce poisson est 
composée de trois rayons , dont l’antérieur, très long 
et très fort, représente une sorte de corne, et.est 
hérissé , de tous les côtés, de tubercules et de petites 
dents. La seconde nageoire dorsale est d’ailleurs re- 
marquable par les taches qu’elle présente; et celle 
de la queue est fourchue. | 


DeépareenereredetefeHeethebe ob reHehonemensHebetepe ire 


LE BALISTE BOURSE”, 


Balistes Bursa, Lacrr., Scan. 


ET 


LE BALISTE AMÉRICAINS. 


Balistes americanus, GmeL., Lacer. ( Espèce incertaine. ) 


—— 0 —— 


IL faut prendre garde de confondre le premier de 
ces poissons avec le baliste vieille , qui, selon Plumier 


1. « Balistes cauda bifurca, pinna dorsi maculosa. » Artedi, gen. 54, 
syn. 82. 

Willughby, Ichth. app., p. 21, tab. F, 22. 

2. Baliste Bourse, Sonnerat, Journal de physique, an. 1774. 

Id. Bonnaterre. planches de l'Encyclopédie méthodique. 

5. Gronov., Zooph.. n. 192. 


« Balistes nigricans; rostro, maculis, pinnis. pectoris, dorsi, ani, 


124 HISTOIRE NATURELLE 
et d’autres voyageurs, a reçu, dans quelques colonies 
occidentales, et particulièrement à la Martinique , le 
nom de Bourse. Celui dont il est question dans cet 
article , non seulement n’est pas de la même espèce 
que la vieille, mais encore appartient à un sous-genre 
différent. Ce cartilagineux présente une couleur d’un 
gris plus ou moins foncé sur toutes ses parties, ex- 
cepté sur la portion antérieure et inférieure du corps, 
qui est blanche ; et ce blanc du dessous du corps est 
séparé du gris d’une manière si tranchée, que la li- 
mite qui divise les deux nuances forme une ligne très 
droite , placée obliquement depuis l’ouverture de la 
bouche jusqu’à la nageoire de l’anus. On voit d’ailleurs 
de chaque côté de l’animal une bandelette noire en 
forme de croissant, située entre l’æil et la nageoire 
pectorale, et qui renferme dans sa concavité une tache 
également noire et faite en forme d’unesorte d’y grec!. 
Ce poisson habite auprès de l’Ile de France; et c'est 
M. Sonnerat, l’un des plus anciens correspondants du 
Muséum d'histoire naturelle, qui l’a fait connoître. 
Malgré les rapports qui lient le baliste bourse avec 
le baliste américain, il est aisé de les distinguer lun 
de l’autre, même au premier coup d'œil, en regar- 
dant la nagecire de la queue : elle est terminée par 


» dimidiaque cauda, exalbidis; triplici aculeorum serie ad caudam. » 
Commerson, manuscrits déjà cités. 
Baliste tacheté, Sonnerat, Journal de physique, tom. IT, p. 445. 
Baliste noir, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


1. À la première nageoire dorsale. % .1. MES. EM MStrayons: 
Ablatsecon des MaiMUEQNUEnE ee: RSR MERE 29 
ee » / 
A chaque nageoire pectorale, . . . . . . . . . . 14 
AUcelle de l'anus: 2000 ORAN TERME 26 


À celle de la queue. . . 41.100007 4 4 0 ma 


DES POISSONS. 129 
une ligne droite sur la bourse, et on la voit arrondie 
sur le baliste américain. Ce dernier a de plus sur 
chaque côté de la queue trois rangées de petits ai- 
guillons recourbés, que l’on ne trouve pas sur le ba- 
liste bourse, et les nuances ainsi que la distribution 
des couleurs sont très différentes sur l’un et l’autre 
de ces poissons. L’américain ne présente que du 
blanc et du noir, mais disposés d’une manière qui 
Jui est particulière. Tout son corps est noir; et sur 
ce fond , un blanc très éclatant environne l’ouverture 
de la bouche comme un double cercle, s'étend en 
petite bandelette au devant des yeux, occupe la 
gorge, paroît en grandes taches irrégulières de cha- 
que côté du baliste, et se montre sur les nageoires 
pectorales, sur la seconde du dos, sur celle de l’a- 
nus, et sur la base de celle de la queue. Telle est la 
parure de goût que montre l'américain non seule- 
ment dans les mers voisines de l'Amérique équato- 
riale, dans lesquelles il a été observé par plusieurs 
voyageurs, mais encore dans celle qui sépare l’Afrique 
de l'Asie, et dans laquelle il a été examiné par Com- 
merson, qui l’a décrit avec beaucoup de soin 1. 


1. À la première nageoire du dos. . . . . . . . . . 5 rayons. 
AMlaSecondete AS MMM LA MIRE ERRR + 28 
Auxipectorales it AMEN rt SA Ve 15 ou 16 
Afcelle dellannsmian ut pm HU EE 28 


126 HISTOIRE NATURELLE 


« 


OBS OT TE PEDELES PETER EE CHE Sr SÉEÉDEMS LOS CHE EE here serre rer etre tree eebeE 


LE BALISTE VERDATRE,, 


PBalistes viridescens, Lacxr., Scux. 


LE BALISTE GRANDE-TACHE?. 


Balistes fuscus, Scun. 


LE BALISTE NOIRS, LE BALISTE BRIDÉ, 


Balistes niger, Lacep. — Balistes capistratus nob. 


ET LE BALISTE ARMÉE“. 


Balistes armatus, Lace». 
— 9 — 


Nous placons dans le même article ce que nous 
avons à exposer relativement à cinq espèces de ba- 
listes que les naturalistes n’ont pas encore connues, 
et dont nous avons trouvé des dessins ou des descrip- 
tions plus ou moins étendues dans îes manuscrits de 
Commerson. 


1. « Balistes e fusco viridescens. genis aureis, gala subterius pal- 
» lide cærulescente; pinuis dorsi, ani, et caudæ, basi obsolete flaves- 
» centibus , extimo limbo nigris. » Comimnerson, manuscrits déjà cités. 

2. « Balistes fuscus, macula pectorali maxima , postremisque pin- 
» narum marginibus albis, cauda inermi longe bifurca , genis sextuplici 
» verrucarum serie notatis. » Commerson. 

3. « Balistes totus niger. » Commerson. 

4. « Balistes sextuplici aculeorum ordine ad caudam utrinque. 
» cauda margine extremo et lateribus alba. » Gommerson. 


DES POISSONS. 127 

Le verdâtre est un des plus grands de son genre. 
Nous avons tiré le nom que nous lui avons donné, de 
la couleur qui domine le plus sur ce cartilagineux. La 
plus grande partie de son corps est, en effet, d’un 
vert mêlé de teintes de brun et de jaune : mais on 
voit un point noir au centre de presque toutes les 
écailles, où, pour mieux dire, de tous les groupes 
que les écailles forment. Les deux côtés de la tête 
sont d’ailleurs d’une couleur d’or foncée; le sommet 
en est d’un bleu noirâtre avec de petites taches pres- 
que jaunes; et un bleu plus clair règne sur la partie 
inférieure du museau , ainsi que sur la poitrine. Une 
bande noire et un peu indéterminée descend des 
yeux jusqu'aux bases des nageoires pectorales. Ces 
nageoires, la seconde du dos, celle de l'anus, et celle 
de la queue, sont blanchâtres, et bordées de noir ; 
et enfin on voit une belle couleur jaune à l’extrémité 
des nageoires pectorales, et sur les côtés de la queue, 
à l'endroit où ils sont garnis de quatre rangs d’aiguil- 
lons recourbés. 

La membrane des branchies est soutenue par six 
rayons cachés sous une peau épaisse. On compte plu- 
sieurs aiguillons à la suite de la nageoire thorachique. 
Celle de la queue est légèrement arrondie; et on 
n'aperçoit aucune ligne latérale f. 

La vessie aérienne est argentée. L’individu observé 


12 #A\latmembrane destbranchies: L, : 4, 4: LU 6 rayons. 
A la première nageoïre du dos. . . . . . . . TUE 
Atiatseconde!: 20) sr NRA EPS da 
Afchaeune des pectorales: 2,140 010 M0 RS 
Mecelledelanus ui SR CRT TES PA BE CA 


celle fderlarquene À. Net En ent 9 


120 HISTOIRE NATURELLE 

par Commerson , et qui étoit femelle, contenoit des 
milliers d'œufs; et cette femelle étoit ainsi pleine au 
mois de janvier, dans la mer qui baigne l'Ile de 
France, mer dont les eaux servent aussi d'habitation 
aux quatre autres espèces dont nous allons parler 
dans cet article. 

Le baliste Grande tache, la première de ces quatre 
espèces, est, comme le verdâtre, un des plus grands 
balistes. Sa couleur est d’un brun tirant sur le livide, 
et plus clair sur le ventre que sur le dos; et ce fond 
est relevé par une tache blanche très étendue que 
l'on voit de chaque côté du corps, et par une ligne 
blanche qui borde l'extrémité de presque toutes les 
nageoires. 

Il n’y a aucune pointe sur les côtés de la queue; 
mais ceux de la tête présentent un caractère que nous 
n'avons encore fait remarquer sur aucun baliste : ces 
deux laces latérales montrent six rangs de verrues 
disposées longitudinalement, et séparées par une 
peau unie. La nageoire de la queue est en forme de 
croissant ; les deux pointes en sont très prolongées !. 

Occupons-nous maintenant du baliste noir. Son 
nom indique la couleur que ce cartilagineux présente, 
et qui est en effet d’un noir plus ou moins foncé sur 
toutes les parties du corps, excepté le milieu du crois- 
sant formé par la nageoire caudale , qui est bordé de 
blanc. Indépendamiment de cette teinte sombre et 


1. À première nageoire du dos. . . . . . +... 2. 6 rayons. 
Atlaïseconde. 440% NT REA ARLES ANNEE 
Aux)pécLorales-l We MMA NME IEEE 19 
Abcelletde l'anus: 40e PA 0RIRONRRE SORA AE RAR eo 


Aicelleïde latqueuesu 0 PREMIER ASE LE 


DES POISSONS. 129 
presque unique, ce baliste est séparé de celui que 
nous appelons la grande tache, par l'absence de ver- 
rues disposées sur des rangs longitudinaux de chaque 
côté de la tête; mais il s’en rapproche en ce que sa 
queue est dénuée d’aiguillons comme celle la grande 
tache, el terminée par une nageoire qui représente 
un croissant à pointes très longues!. On voit plu- 
sieurs petits piquants au delà de la nageoire dite ven- 
trale. 

Il nous reste à parler du bride et de l’armé. 

Nous avons trouvé parmi les dessins de Commerson 
la figure d’un baliste dont les caractères ne peuvent 
convenir à aucune des espèces du même genre déjà 
connues des naturalistes, ni à aucune de celles dont 
nous traitons dans cette histoire. Les manuscrits de 
ce savant voyageur, qui nous ont été remis, ne nous 
ayant présenté aucun détail relatif à cette figure, nous 
ne pouvons faire connoître le baliste auquel elle ap- 
partient, que par les traits que son portrait a pu nous 
montrer. Le premier rayon de la nageoire du dos, 
qui en renferme trois, est long, très fort, et dentelé 
par devant : celui qui remplace ou représente la na- 
geoire dite ventrale, est articulé, c’est-à-dire com- 
posé de plus d’une pièce; et de plus il est suivi de 
plusieurs piquants. Îl n’y a point d’aiguillons sur la 
queue , et la nageoire qui termine cette dernière par- 
tie, est un peu en forme de croissant. On voit auprès 


1. À la première nageoïre dorsale. . . . . . . . .. 5 rayons. 
Anlaiseconde.:s. 1.04 0 Nes %. 94 
Aichaquepectorales +. 410.8." AVR UHR 16 
Mcelléide anus mena ner LS Fe ue 00 


190 HISTOIRE NATURELLE 

de l'ouverture des branehies, et comme sur l'étoile, 
un groupe d’écailles assez grandes, qui rappelle en 
quelque sorte l’opercule que la nature a donné à 
presque tous les poissons. La couleur de l’animal est 
uniforme et foncée, excepté sur la tête, où, de cha- 
que côté. une bandelette d’une couleur très claire 
part d’auprès des nageoires pectorales, s'étend jus- 
qu’au museau, qu'elle entoure, et au dessous duquel 
elle se lie avec un demi-anneau d’une nuance égale- 
ment très claire. Ce demi-anneau , l’anneau qui envi- 
ronne l'ouverture de la bouche, et les deux raies qui 
s’'avancent vers les nageoires pectorales, forment un 
assemblage qui ressemble à une sorte de bride; et de 
là vient le nom de Bride que nous avons donné au 
baliste que nous examinors. 

Nous appelons Baliste armé une autre espèce de la 
mème famille, dont nous avons vu, parmi les ma- 
auscrits de Commerson , un dessin et une courte 
description. Lorsque ce voyageur voulut examiner 
un individu de cette espèce qu'on avoit pêché quel- 
ques heures anparavant, €e poisson avoit perdu pres- 
que toutes ses couleurs; il ne lui restoit qu'une ban- 
delette blanche à l'extrémité et de chaque côté de la 
nageoire de la queue, qui étoit un peu conformée 
en croissant. On voyoit sur chaque face latérale de 
cette même queue six rangs d’aiguillons recourbés; 
et c’est à cause du grand nombre de ces petits dards, 
que nous avons donné à l'animal le nom d’Armé. La 
première nageoire du dos étoil soutenue par trois 
rayons, et celui de la nageoire thorachique étoit suivi 
de plusieurs piquants. On s'apercevra aisément que 
l’armé a beaucoup de rapports avec l’épineux; mais, 


LA 


DES POISSONS. 191 


indépendamment de la distribution de ses couleurs, 
et d’autres différences que l'on trouvera sans peine, 
il a sur la queue un plus grand nombre de rangs de 
pointes recourbées, et les aiguillons qui accompa- 
gnent son rayon thorachique sont plus petits et plus 
courts. 


PPEPOPOTEPEHBIFEHOIDEH ET ODOPOTOBEPAPEROHOPRTEHEPOTAOPEPELSOPATOBOMEHETET EE ME EHE BOB 


LE BALISTE CENDRÉ" 


Balistes cinereus, Lace». 


Les mers voisines de l'Île de France sont encore 
l'habitation de ce poisson, dontla tête est très grande, 
la couleur générale d’un gris cendré , et qu'il est aisé 
de distinguer de tous les balistes qui le précèdent 
sur le tableau du troisième sous-genre de ces cartila- 
gineux, par les quatre rayons qui composent sa pre- 
mière nageoire dorsale. On le sépare facilement de 
tous les animaux déjà connus de sa famille, en réunis- 
sant à ce caractère la présence de trois bandelettes 
bleues et courbes, qui sont placées sur chaque côté 
de la queue, et celle d’une bande noïre qui va de 
chaque œii à la nageoire pectorale la plus voisine. In- 
dépendamment des trois raies bleues, on voit des 
piquants sur les deux faces latérales de la queue de 


1. Baliste cendré, Sonnerat, Journal de physique, tome IV, p- 78. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


132 HISTOIRE NATURELLE 


ce baliste. dont M. Sonnerat a publié le premier la 
description, et dont Commerson a dessiné la figure 1. 


DoporosEs topo soro bobo Topo HPRBOIO 


LE BALISTE MUNGO-PARK”, 


Balistes Mungo-Park, Lacer. 


ET 


LE BALISTE ONDULÉ3. 


Balistes undulatus, Lace». 


Cxrs deux balistes ont été vus dans les eaux de Su- 
matra, et au milieu de coraux ou madrépores. On 
en doit la connoissance au célèbre voyageur Mungo- 
Park. Le premier, auquel nous avons donné le nom 
de cet observateur, a la dorsale antérieure noire, la 
caudale jaunâtre avec l'extrémité blanche, et les au- 
tres nageoires jaunes. Le second a également la pre- 
mière dorsale noire, et les autres nageoires jaunes; 


1. À la première nageoire dorsale. . . . . . . . . . 4 rayons. 
Alaeconde.ns- REED SE lesp: Lo. nr es 2 CR 24 
AUX IPECIOTALES- M eee eee CNE 14 
Aficelle de l'anus: PAIE PRE SRE E 21 


À celle de la queue , qui est un peu arrondie. . . 12 
2. Balisies niger, Mungo-Park, Actes de la société Linnéenne de 
Londres, vol. IE, p. 55. 
5. Id. Mungo-Park, Actes de la société Linnéenne de Londres, 
vol. IE, p. 53. 


DES POISSONS. 133 
mais indépendamment des raies longitudinales qui 
serpentent sur son corps, on voit trois bandelettes 
rouges régner depuis ses lèvres jusqu'à la base de sa 
pectorale 1. 


PE ÏE Be opera es 


LE BALISTE ASSAST*. 


Balisies Assasi, Linn., Guez., Lacer. 


ForskAEL a observé sur les rivages de l'Arabie ce 
poisson de la mer Rouge, qui montre sur son corps 
un grand nombre de verrues brunes, et, sur chaque 
face latérale de sa queue, trois rangées de verrues 
noires. Cet animal, dont on mange la chair, quoi- 
qu'elle ne soit pas très succulente, présente d’ailleurs 
une disposition de couleurs assez régulière, assez va- 
riée, et très agréable. La partie supérieure de ce ba- 
liste est brune, l’inférieure est blanche; et sur ce 
double fond on voit du jaune autour des lèvres, quatre 
raies bleues et trois raies noires placées en travers et 


1. 14 rayons à chaque pectorale du baliste Mungo-Park, 
24 rayons à l’anule, 
10 rayons à la caudale, 
2 rayons à la membrane branchiale du baliste ondulé , 
15 rayons à chaque pectorale, 
24 rayons à l’anule, 
12 rayons à la nageoire de la queue. 
3. Forskael, Faun. arab., p. 75, n. 112. 
LACÉPEDE. VI, 9 


19/ HISTOIRE NATURELLE 
alternativement au devant des yeux, une raie d’une 
teinte foncée et tirée de la bouche à chaque nageoire 
pectorale, chacune de ces deux raies obscures sur- 
mortce d’une bandelette jaune, lancéolée, et bordée 
de bleu, et d’une seconde bandelette noire également 
lancéolée, une tache allongée et blanche sur la queue, 
une autre tache noire et entourée de fauve à l'endroit 
de l’anus, et enfin du roussâtre sur presque toutes 
les nageoires. 


g 


LE BALISTE MONOCÉROS"! 


Balistes monoceros, Linn., Guer., LacEr. 


Nous voici parvenus au quatrième sous-genre de 
balistes. Nous ne trouverons maintenant qu’un seul 
rayon à la première nageoire dorsale et à la thorachi- 
que. À la tête de ce sous-genre , nous avons inscrit 
le Monocéros. Ce nom de Monocéros , qui désigne la 
sorte de corne unique que lon voit sur le dos du 
poisson , a été donné à plusieurs balistes. Nous avons 


1. Baliste monocéros, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Bloch, pl. 147. 

Balistes monoceros, Osb. It. 110. 

Capriscus longus, ete., Klein, miss. pisc. 3, p. 25, n. 10. 
Acaramucu, Marcgr. Brasil., p. 163. 


Willughby, Ichth. p. 556, tab. E,12, fg.,2: 


DES POISSONS. 159 
déjà vu que Plamier lavoit appliqué au chinois; 
mais, à l'exemple de Linnée et d’un grand nombre 
d’antres naturalistes, nous l’employons uniquement 
pour l'espèce que nous décrivons dans cet article. 

Le baliste monocéros, que l’on trouve dans les 
mers chaudes de l’Asie et du nouveau continent, par- 
vient ordinairement à la longueur d’un pied. Il est 
varié de brun et de cendré; et la couleur brune est 
distribuée sur la nageoire de la queue en trois bandes 
transversales, qui ressortent d'autant plus que le fond 
de cette nageoire est d’un jaune couleur d’or, comme 
toutes les autres nageoires de ce cartilagineax, et 
comme l'iris de ses veux. 

L’entre-deux de ces organes de la vue est plus élevé 
au dessus de l’ouverture de la bouche que sur plu- 
sieurs autres balistes. Le rayon qui représente la pre- 
mière nageoire dorsale est très long, recourbé vers 
la queue, retenu par une petite membrane qui atta- 
che au dos la partie postérieure de sa base, et garni, 
des deux côtés, de piquants tournés vers cette même 
base. 

La nageoire de l'anus et la seconde du dos renfer- 
ment un très grand nombre de rayons. 

Le monocéros vit de polypes et de jeunes crabes. 

I paroît que l’or doit rapporter à cette espèce un 
baliste qui a une grande ressemblance avec le mono- 
céros, mais qui parvient Jusqu'à la longueur d’un 


1. À la seconde nageoire du dos. . . 48 rayons. 
ANXIDECLOTAIES Se 2h eee ee NA 19 RENE 19 
AUcelletde l'anus PAT INIRRrE 2e AUUNENen ET 


A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . 19 


150 HISTOIRE NATURELLE 

mètre, ou d'environ trois pieds, qui présente des 
taches noires, rouges et bleues, figurées de manière 
à ressembler à des lettres, et qui, par une suite de 
cette disposition de couleurs, a été nommé le Baliste 
écrit. On ne sera pas étonné d'apprendre que ce 
baliste, paré de nuances plus variées que le mono- 
céros ordinaire, se nourrit fréquemment d'animaux 
à coquille, et de ceux qui construisent les coraux. Sa 


chair passe pour malfaisante et même vénéneuse, 
vraisemblablement par une suite des effets funestes 
de quelques uns des aliments qu'il préfère. 


LE BALISTE HÉRISSÉ* 


Balistes hispidus, Linw., Guer., Lacer. 


CE poisson est d'un brun presque noir sur toute 
sa surface, excepté sur ses nageoires pectorales, la 


1. Balistes monoceros scriptus, Linnée, édition de Gmelin. 

Osb., Chin. p. 144. 

Unicornu piscis bahamensis, Gatesb. Carol., tab. 19. 

2. Baliste hérissé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Seb., mus. 3, tab. 54, fig. 2. 

Porte-vergette : « Balistes e fusco nigrescens; capitis radio singulari, 
» undequaque spinuloso; lateribus caudæ setis acicularibus centum 


DES POISSONS. 197 
seconde du dos et celle de l’anus, qui sont ordinai- 
rement d’un jaune très pâle. On le trouve dans les 
mers de l'Inde, et particulièrement auprès de l'Ile 
de ‘France, où il a été très bien observé par Com- 
merson. On le voit aussi auprès des rivages de la Ca- 
roline; et il y présente souvent sur la queue une 
tache noire entourée d’un cercle d’une nuance plus 
claire. Sa hauteur est à peu près égale à la moitié de sa 
longueur totale. L'iris paroît d’un brun très clair, et la 
prunelle bleuâtre. Le rayon de la première nageoire 
dorsale est énormément long , épais, et garni de 
pointes plus nombreuses et plus courtes que sur le 
monocéros!; celui qui compose la nageoire thora- 
chique est armé de piquants plus longs et plus forts. 

De chaque côté de la queue, et un peu avant la 
nageoire caudale, on voit une centaine de petites 
pointes inclinées vers la tête, et disposées de maaière 
que Commerson en compare l’ensemble à une ver- 
gette, et a donné le nom de Porte-vergette au baliste 
que nous décrivons. Le même voyageur rapporte que 
le hérissé peut se servir de ces deux cents petites 
pointes comme d'autant de crochets, pour se tenir 
attaché dans les fentes des rochers au milieu desquels 
il cherche un asile. Aussi est-il très difficile de le 
prendre; et Commerson ne dut l'individu qu’il a exa- 


» circiter, scoparum more compactis. » Comimerson , manuscrits déjà. 
cités. 


1. À la seconde nageoïre du dos. . . . . . .. + + 27 rayons. 
Aux pectonales:)\ 0.1 f. NRA A un 13 
Afcelerdeilanuss 220 ent at dt Neo A 


Arcellerdelaiqueue. tot mens re 


190 HISTOIRE NATURELLE 
miné, qu'au violent ouragan qui rayagea lle de 
France en 1972, et qui jeta ce poisson sur la côte. 
Ce baliste a d’ailleurs, sur la nagecire même de la 
queue, plusieurs. épines plus petites encore que celles 
dont nous venons de parler, et qui sont sensibles 
plutôt au tact qu'à la vue. 
On n'aperçoit pas de ligne latérale; la nageoire cau- 
dale est un peu arrondie. 


DES POISSONS. 199 


PO bHe ces Eo Ho LedpI ES LC Ba 


Do EbDo.popohobpotorspo 5a/Ho oo pepe 


HUITIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
& 


OÙ 
QUATRIÈME ORDRE 
DE LA SECONDE DIVISION DES CARTILAGINEUX. 


Poissons abdominaux, ou qui ont des nageoires situées 
sous le ventre. 


HUITIÈME GENRE. 
LES CHIMÈRES. 


ne seule ouverture branchiale de chaque côté du cou; la queue longue 
et terminée par un long filament. 


ESPÈCES. CARACTIÈRES. 
1. La Cuiuère arcrique. | Des plis poreux sur le museau. 


2. La CHIMÈRE ANTARCTI- 


ou ÎLe museau garni d'un long appendice. 


140 HISTOIRE NATURBLLE 


BL 


LA CHIMÈRE ARCTIQUE: 


Chimæra monstrosa, Linn., Guez., Lacer., Cuv. 


C’est un objet très digne d'attention que ce grand 
poisson cartilagineux, dont la conformation remar- 
quable lui à fait donner le nom de Chimère, et même 


1. Roi des harengs du Nord , Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Fauna suecica, 294. 

Gunner, Act. nidros. 2, p. 270. tab. 5, 6. 

Mull. prodrom. Zool. danic., p. 58. n. 320. 

Olaff. Island. 1, p. 192. 

Bloch, pl. 124. 

Mus. ad. fr. 1, p. 53, tab. 25. 

Chimæra argentea, Linnée (mas), Ascan. icon. rerum natural., 
tab. 15. 

Galeus acanthias Clusii exoticus, Willughby, Ichth., p. 56, tab. B, 
9, fig. 9. 

Raj:, P- 20:01 15. 

Gesner, Aquat., p. 877. icon. an., p. 155. 

Simia marina, Jonst. pisc., p. 29, tab. 1, fig. 6. 

« Centrina prima, centrina vera, simia marina dicta. » Aldrov. pise., 
p. 402, 405, 405. 

Vulpecula, Siræm. sændin., p. 289. 


Nota. C’est à tort qu'on a cru devoir rapporter à la chimère arcti- 
que le poisson décrit par Artedi, sous le nom de Squale à queue plus 
longue que le corps (gen. 68). Il est évident que cet auteur a parlé du 
squale auquel nous avons conservé le nom de Renard. 


DES POISSONS. 141 
celui de Chimère monstrueuse par Linuée et par d’au- 
tres naturalistes, et dont les habitudes l’ont fait nom- 
mer aussi le singe de la mer. 

L’agilité et en même temps l'espèce de bizarrerie 
de ses mouvements, la mobilité de sa queue très 
longue et très déliée, la manière dont il montre fré- 
quemment ses dents, et celle dont il remue inégale- 
ment les différentes parties de son museau souples et 
flexibles, ont, en effet, retracé aux yeux de ceux 
qui l’ont observé, l'allure, les gestes et les contor- 
sions des singes les plus connus. D'un autre côté, 
tout le monde sait que l'imagination poétique des 
anciens avoit donné à l'animal redoutable qu'ils appe- 
loient Chimeére, une tête de lion et une queue de 
serpent. La longue queue du cartilagineux que nous 
examinons, rappelle celle d’un reptile; et la place 
ainsi que la longueur des premiers rayons de la na- 
geoire du dos représentent, quoique très imparfaite- 
ment, une sorte de crinière, située derrière la tête 
qui est très grosse, ainsi que celle du Hion, et sur la- 
quelle s'élève dans le mâle, à l'extrémité d’un petit 
appendice, une petite touffe de filaments déliés. 
D'ailleurs les différentes parties du corps de cet ani- 
mal ont des proportions que lon ne rencontre pas 
fréquemment dans la classe cependant très nom- 
breuse des poissons, et qui lui donnent, au premier 
coup d'œil, l'apparence d’un être monstrueux. Enfin 
la conformation particulière des parties sexuelles, tant 
dans le mâie que dans la femelle, et surtout l’appareil 
extérieur de ces parties, ajoutent à l'espèce de ten- 
dance que l’on a, dans ies prémiers moments où l’on 
voit la chimere arctique, à ne ia considérer que comme 


‘ge HISTOIRE NATURELLE 
un monstre, et doivent la faire observer avec un in- 
térêt encore plus soutenu. | 

On a assimilé en quelque sorte sa tête à celle du 
lion. On a voulu, en conséquence, la couronner 
comme celle de ce dernier et terrible quadrupède. 
Le lion a été nommé le roi des animaux. On a donné 
aussi un empire à la chimère; et si on n’a pu suppo- 
ser sa puissance établie que sur une seule espèce, on 
l’a fait régner sur une des plus nombreuses, et plu- 
sieurs auteurs l'ont appelée le rai des harengs, dont 
elle agite et poursuit les immenses colonnes. 

On ne connoît encore dans le genre de la chimère 
que deux espèces3 l’arctique dont nous nous occu- 
pous, et celle à laquelle nous avons donné le nom 
d’antarctique. Leurs dénominations indiquent les 
contrées du globe qu’elles habitent ; et c’est encore 
un fait digne d’être observé, que ces deux espèces, 
qui ont de très grands rapports dans leurs formes et 
dans feurs habitudes, soient séparées sur le globe par 
les plus grands intervalles; que l’une ne se trouve 
qu'au milieu des mers qui environnent le pôle sep- 
tentrional, et qu'on ne rencontre l’autre que dans 
les eaux situées auprès du pôle antarctique, et parti- 
culièrement dans la partie de la mer du Sud qui 
avoisine ce dernier pôle. On diroit qu’elles se sont 
partagé les zones glaciales. Aucune de ces deux es- 
pèces ne s'approche que rarement des contrées tem- 
pérées; elles ne se plaisent, pour ainsi dire, qu'au 
milieu des montagnes de glace, et des tempêtes qui 
bouleversent si souvent les plages polaires; et si l’an- 
iarctique s’avance, au milieu des flots de la mer du 
Sud, beaucoup plus près des tropiques, que ia chi- 


DES POISSONS. 143 
inère arctique au milieu des ondes agitées de l'Océan 
boréal , c’est que l'hémisphère austral, plus froid que 
celui que nous habitons, offre une température moins 
chaude à une égale distance de la ligne équatoriale ; 
et que la chimère antarctique peut trouver dans cet 
hémisphère, quoique à une plus grande proximité de 
la zone torride, le même degré de froid, la même 
nature ou la même abondance d'aliments, et les 
mêines facilités pour la fécondation de ses œufs, que 
dans lhémisphère septentrional. 

Mais , avant de parler plus au long de cette espèce 
antarctique, continuons de faire connoître Ja chimère 
qui habite dans notre hémisphère, qui, de loin, res- 
semble beaucoup à un squale, et qui parvient au 
moins à trois pieds de longueur. 

Le corps de la chimère arctique est un peu com- 
primé par les côtés, très allongé, et va en diminuant 
très sensiblement de grosseur depuis les nageoires 
pectorales jusqu’à l'extrémité de la queue. La peau 
qui la revêt est souple, lisse, et présente des écailles” 
si petites, qu'elles échappent, pour ainsi dire, au 
toucher, et cependant si argentées, que tout le corps 
de la chimère brille d’un éclat assez vif. Quelquefois 
des taches brunes, répandues sur ce fond, en relè- 
vent la blancheur. 

La tête est grande, et représente une sorte de pyra- 
mide, dont le bout du museau forme la pointe, et 
dont le sommet est presque à la même hauteur que 
les yeux. Le tégument mou et flexible qui la couvre 
est plissé dans une très grande étendue du côté in- 
férieur, et percé dans cette même partie, ainsi que 
sur les faces latérales, d’un nombre assez considé- 


144 HISTOIRE NATURBLLE 
rable de pores arrondis, grands, et destinés à répan- 
dre une mucosité plus ou moins gluante. 

Les yeux sont très gros. À une petite distance de 
ces organes, on voit, de chaque côté du corps, une 
ligne latérale blanche, et quelquefois bordée de brue, 
qui s'étend jusque vers le milieu de la queue, y des- 
cend sous la partie inférieure de Fanimal, et va s’y 
réunir à la ligne latérale du côté opposé. Vers la tête, 
la ligne latérale se divise en plusieurs branches plus 
ou moins sinueuses, dont une s'élève sur le dos, et 
va joindre un rameau analogue de Îa ligne latérale 
_vpposée. Deux autres branches entourent l'œil, et se 
rencontrent à l'extrémité du museau; une quatrième 
va à la commissure de la bouche; et une cinquième, 
placée au dessus de cette dernière, serpente sur la 
portion inférieure du museau, où elle se confond 
avec une branche semblable, partie du côté corres- 
pondant à celui qu’elle a parcouru. Tous ces rameaux 
forment des sillons plus ou moins profonds et plus ou 
moins interrompus par des pores arrondis. 

Les nageoires pectorales sont très grandes, un 
peu en forme de faux, et attachées à une prolonga- 
tion charnue. Celle du dos commence par un rayon 
triangulaire, très allongé, très dur, et dentelé par 
derrière : sa hauteur diminue ensuite tout d'un coup; 
mais bientôt après elle se relève, et s'étend jusque 
assez loin au delà de l’anus, en montrant toujours à 
peu près la même élévation. Là un intervalle tres 
peu sensible la sépare quelquefois d’une espèce de 
seconde nageaire dorsale, dont les rayons ont d’a- 
bord la même longueur que les derniers de la pre- 
mière, et qui s'abaisse ensuite insensiblement Jusque 


DES POISSONS. 149 
vers l'extrémité de la queue, où elle disparoît, D’au- 
trés fois cet intervalle n'existe point; et bien loin de 
pouvoir compter trois nageoires sur le dos de la chi- 
mère arctique, ainsi que plusieurs naturalistes l’ont 
écrit, on n'y en voit qu'une seule. 

Le bout de la queue est lerminé par un filament 
très long et très délié. 11 y a deux nageoires de l'anus : 
la première, qui est très courte et un peu en forme 
de faux , ne commence qu’au delà de l'endroit où les 
lignes latérales aboutissent l’une à l’autre; la seconde 
est très étroite et se prolonge peu. Les nageoires ven- 
trales environuent l'anus, et tiennent, comme les 
pectorales, à un appendice charnu. 

La bouche est petite; l’on voit à chaque mâchoire 
deux lames osseuses, à bords tranchants, et sillon- 
nées assez profondément pour ressembler à une ran- 
gée de dents incisives, et très distinctes l’une de 
l’autre; il y a de plus au palais deux dents commu- 
nément aplaties et triangulaires. 

Indépendamment de la petite houppe qui orne le 
bout du museau du mâle, et dont nous avons parlé, 
il a, au devant des nageoires ventrales, deux espèces 
de petits pieds , ou plutôt d’appendices, garnis d’on- 
gles destinés à retenir la femelle dans l’accouplement. 
La chimère s’accouple donc comme les raies et les 
squales ; les œufs sont fécondés dans le ventre de la 
mère, el l’on doit penser que le plus souvent ils éclo- 
sent dans ce même ventre, comme ceux des squales 
et des raies: mais ce qui est plus digne de remarque, 
ce qui lie la classe des poissons avec celle des ser- 
pents, et ce qui rend les chimères des êtres plus ex- 


146 HISTOIRE NATUR£LLE 

traordinaires el plus singuliers, c’est que, seules 
parmi tous les poissons connus jusqu’à présent, elles 
paroissent féconder leurs œufs non seulement pen- 
dant un accouplement réel, mais encore pendant 
une réunion intime, et par une véritable intromis- 
sion. Plusieurs auteurs ont écrit en effet que les chi- 
mères mâles avoient une sorte de verge double ; et 
j'ai vu sur une femelle assez grande, un peu au delà 
de l'anus, deux parties très rapprochées, saillantes, 
arrondies, assez grandes, membraneuses, plissées, 
extensibles, et qui présentoient chacune l’origine 
d’une cavité que j'ai suivie jusque dans l'ovaire cor- 
respondant. Ces deux appendices doivent être consi- 
dérés comme une double vulve destinée à recevoir le 
double membre génital du mâle, et nous devions 
d'autant plus les faire connoître, que cette confor- 
mation, très rare dans plusieurs classes d'animaux, est 
très éloignée de celle que présentent le plus souvent 
les parties sexuelles des femelles des poissons. 

La chimère arctique, cet animal extraordinaire par 
sa forme , vit, ainsi que nous l'avons dit au commen- 
cement de cet article, au milieu de l'Océan septen- 
trional. Ce n’est que rarement qu'il s'approche des 
rivages ; le temps de son accouplement est presque 
le seul pendant lequel il quitte la haute mer : il se 
tient presque toujours dans les profondeurs de l’O- 
céan, où il se nourrit le plus souvent de crabes, de 
mollusques , et des animaux à coquille ; et s'il vient à 
la surface de l’eau, ce n’est guère que pendant la 
nuit, ses yeux grands et sensibles ne pouvant sup- 
porter qu'avec peine l'éclat de la lumière du jour, 


DES POISSONS. 147 
augmenté par la réflexion des glaces boréales. On l’a 
vu cependant attaquer ces légions innombrables de 
harengs dont la mer du Nord est couverte à certai- 
nes époques de l’année, les poursuivre, et faire sa 
proie de plusieurs de ces foibles animaux. 

Au reste, les Norwégiens , et d’autres habitants des 
côtes septentrionales, vers lesquelles il s’avance quel- 
quefois, se nourrissent de ses œufs et de sou foie, 
qu'ils préparent avec plus ou moins de soin. 


LA CHIMÈRE ANTARCTIQUE". 


Callorkynchus antarcticus, Ouv. — Chimeæra 
callcrhynchus, Lixn., Guer., Lacer. 


CETTE chimère, qui se trouve dans les mers de 
l'hémisphère méridional, et particulièrement dans 
celles qui baignent les rivages de Chili et les côtes 
de la Nouvelle - Hollande, ressemble beaucoup, non 


1. Chalgua, achagual, en langue arauque. 

Ro des harengs du Sud, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Callorhinchus, Gronov. mus. 59, n. 150, tab. 4. 

Pejegallo, Frez. It. 1, p. 211, tab. 17, fig. 4. 

Elephant-fish, Ellis, premier Voyage de Cook. 

Poisson coq, Essai sur l'histoire naturelle du Chili, par M. l'abbé 
Biolina, p. 207. 


149 HISTOIRE NATURELLE 

seulement par ses habitudes, mais encore par sa con- 
formation , à la chimère arctique. Elle en est cepen- 
dant séparée par plusieurs différences, que nous 
allons indiquer en la décrivant d’après un individu 
apporté de l’Amérique méridionale par le célèbre voya- 
veur Dombey. La peau qui la recouvre est, comme 
celle de la chimère arctique, blanche, lisse et argen- 
tée ; le corps est également très allongé, et plus gros 
vers les nageoires pectorales que dans tout autre en- 
droit. Mais la ligne latérale, au lieu de se réunir à 
celle du côté opposé, se termine à la nageoire de 
l'anus ; le filament pläcé au bout de la queue est plus 
court que sur l’arctique; on voit sur le dos trois na- 
geoires très distinctes , très séparées l’une de l’autre, 
dont la dernière est très basse, la seconde en forme 
de faux, ainsi que la première , et la première soute- 
nue vers la tête par un rayon long, très fort et très 
dur. Les nageoires pectorales et ventrales sont atta- 
chées à des espèces de prolongations charnues. La tête 
est arrondie; elle présente plusieurs branches des 
deux lignes latérales, qui serpentent sur ses côtés, 
entourent les yeux, aboutissent aux lèvres ou au mu- 
seau, ou se réunissent les unes aux autres : mais ces 
rameaux ne sont pas creusés en sillons, ni disposés 
de la même manière que sur l’arctique ; et ce qui 
forme véritablement le caractère distinctif de la chi- 
nère antarctique, c'est que le bout de son museau, 
et en quelque sorte sa lèvre supérieure, se termine 
par un appendice cartilagineux, qui s'étend en avant, 
et se recourbe ensuite vers la bouche. Cette ex- 
tension, assimilée à une crête par certains auteurs, a 


DES POISSONS. 149 
fait nommer la chimère antarctique le poisson coq, 
et, comparée à une trompe par d’autres écrivains , à 
fait appeler la même chimère poisson éléphant. La 
chair de ce cartilagineux est insipide, mais on en 
mange cependant quelquefois. Il parvient ordinaire- 
ment à la longueur de trois pieds. 


LAGÉVPÈDE, VI, 10 


150 HISTOIRE NATURELLE 


TROISIÈME DIVISION. 


Poissons cartilagineux qui ont un opercule des branchies 
sans membrane branchiale. 


DOUZIÈME ORDRE 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
OÙ 
QUATRIÈME ORDRE 
DE LA TROISIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. 
Poissons abdominaux , ou qui ont deux nageoires 
situées sur le ventre. 


=— + 
NEUVIÈME GENRE. 


LES POLYODONS. 


Des dents aux mâchoires et au palais. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


Le museau presque aussi long que le corps. 
et garni, de chaque côté, d’une bande 
LE PoLxoDON FEUILLE. membraneuse, dont la contexture res- 
semble un peu à celle des feuilles des 
arbres. 


DES POISSONS. 151 


LE POLYODON FEUILLE. 


Dolyodon Spatula, Lacer., Cuv. — Spatularia, Scux. 
— Squalus Spatula, BONNATERRE. 


L'on conserve depuis long-temps, dans les galeries 
du Muséum d'histoire naturelle, plusieurs individus 
de cette espèce, qui ont été apportés sous le nom de 
chien de mer feuille, et qui ont même été indiqués 
sous ce nom dans l'Encyclopédie méthodique, par 
M. Bonnaterre, qui ne les a vus que de loin, au travers 
de verres épais, et sans pouvoir en donner aucune 
description. Ayant examiné de près ces poissons, je 
me suis aperçu sans peine qu'ils étoient de la sous- 
classe des cartilagineux, et qu'ils avaient de très 
grands rapports de conformation avec les squales où 
chiens de mer, mais qu'ils devoient être placés dans 
un genre très différent de celui de ces derniers ani- 
maux. En effet, les squales ont, de chaque côté du 
corps, au moins quatre ouvertures branchiaies; et 
ces poissons nommés feutlles n’en ont qu’une de cha- 
que côté. D'ailleurs les branchies des squales et celles 
des poissons feuilles ne sont pas organisées de même, 
alusi qu'on va le voir; et de plus les cartilagineux 
dont 1l est question dans cet article ont un très grand 
opercule sur les ouvertures de leurs branchies, et 


152 HISTOIRE NATURELLE 


les squales n'en présentent aucun. J’ai donc séparé 
les polyodons des squales ; et comme leurs ouvertu- 
res branchiales sont garnies d’un opercule et que ce- 
pendant elles n'ont pas de membrane, j'ai dû les 
placer dans la seconde division des cartilagineux. Les 
nageoires véritablement ventrales, piacées sur l’ab- 
domen de ces animaux, déterminent d’ailleurs leur 
position dans l’ordre des abdominaux de cette se- 
conde division ; et cet ordre n'ayant encore renfermé 
que le genre des acipensères, ces derniers poissons 
sont les seuls avec lesquels ou pourroît être tenté de 
confondre les polyodons. Mais les acipensères n’ont 
pas de dents proprement dites; et les polyodons en 
ont un très grand nombre. J'ai donc été obligé de 
rapporter à un genre particulier les poissons feuilles ; 
et c’est à ce genre, que l’on n’avoit pas encore re- 
connu, que je donne le nom de polyodons, qui dési- 
gne le grand nombre de ses dents, et le caractère qui 
le distingue le plus de tous les animaux placés dans 
l’ordre auquel il appartient. 

La feuille est la seule espèce de poisson déjà con- 
nue, qui doive faire partie de ce genre. Elle est très 
aisée à distinguer par l’excessive prolongation de 
son museau, dont la longueur égale presque celle de 
la tête, du corps et de la queue. Ce museau, très al- 
longé, seroit aussi très étroit, et ressembleroit beau- 
coup à celui du xiphias espadon , dont nous parlerons 
dans un des articles suivants, s’il n’étoit pas élargi 
de chaque côté par une sorte de bande membraneuse. 
Ces deux bandes sont légèrement arrondies, de ma- 
nière à donner un peu à l’ensemble du museau la forme 
d'une spatule : elles laissent voir, à leurs surfaces, 


3 


DES POISSONS. 193 
une très grande quantité de petits vaisseaux ramifiés, 
dont l’assemblage peut être comparé au réseau des 
feuilles ; et voilà d’où vient le nom de feuille, que 
nous avons cru devoir laisser à ce polyodon. 

L'ouverture de la bouche est arrondie par devant, 
et située dans la partie inférieure de la tête. La mâ- 
choire supérieure est garnie de deux rangs de dents 
fortes, serrées et crochues ; la mâchoire inférieure 
n’en présente qu’une rangée : mais on en voit sur 
deux petits cartilages arrondis, qui font partie du pa- 
lais; et il y en a d’autres très petites sur la partie 
antérieure des deux premières branchies de chaque 
côté. 

Les narines sont doubles, et placées au devant et 
très près des yeux. Chacun des deux opercules est 
très grand; il recouvre le côté de la tête, s’avance 
vers le bout du museau jusqu'au delà des yeux qu’il 
entoure, et se termine, du côté de la queue, par une 
portion triangulaire et beaucoup plus molle que le 
reste de cet opercule. Lorsqu'on le soulève, on 
aperçoit une large ouverture , et l’on voit au delà 
cinq branchies cartilagineuses demi-ovales, et garnies 
de franges sur leurs deux bords. La frange extérieure 
de la quatrième est à demi engagée , et celle de la 
cinquième est entièrement renfermée dans une mem- 
brane qui s'attache à la partie de la tête, la plus voi- 
sine; mais celles des trois premières sont libres, ce 
qu’on ne voit pas dans les squales. 

Les deux ouvertures branchiales se réunissent dans 
la partie inférieure de la tête, et s’y terminent à une 
peau molle qui joint ensemble les deux opercules. 

Les nageoires pectorales sont petites. Il n’y en a 


154 HISTOIRE NATURELLE 

qu’une sur le dos ; elle est un peu en forme de faux, 
et le commencement de sa base est à peu près au des- 
sus des nageoires ventrales. La nageoire de l’anus 
est assez grande, et celle de la queue se divise en 
deux lobes. Le supérieur garnit les deux côtés de ja 
queue proprement dite qui se dirige vers le haut; et 
l'inférieur se prolonge de manière à former, avec le 
premier, une sorte de grand croissant. 

On voit une ligne latérale très marquée qui s’é- 
tend depuis l’opercule jusqu'à la nageoire caudale ; 
mais la peau ne présente ni tubercules ni écailles vi- 
sibles. 

Les individus que j'ai examinés ayant été conservés 
dans de l’alcool, je n’ai pu juger qu'imparfaitement 
de la couleur du polyodon feuille. Le corps ne pa- 
roissoit avoir été varié par aucune raie, tache, ni 
bande ; mais les opercules étoient encore parsemés 
de petites taches rondes et assez régulières. 

L'intérieur du polyodon feuille que j'ai disséqué 
ne m'a montré aucun trait de conformation remar- 
quable, excepté la présence d’une vessie aérienne 
assez grande, qui rapproche le genre dont nous nous 
occupons de celui des acipensères, et l’éloigne de 
celui des squales. 

Le plus grand des poiyodons feuilles que j'ai vus 
n’avoit guère que dix ou onze pouces (un peu plus 
de trois décimètres) de longueur ; inaiïs il avoit tous 
les caractères qui appartiennent, dans les poissons, 
aux individus très jeunes. On peut donc présumer 
que l’espèce que nous décrivons parvient à une gran- 
deur plus considérable que celle de ces individus. 
Nous ne pouvons cependant rien conjecturer avec 


DES POISSONS. 155 
beaucoup de certitude relativement à ses habitudes, 
sur lesquelles nous n’avons reçu aucun renseigne- 
ment , non plus que sur les mers qu'elle habite: tout 
ce que nous pouvons dire, c’est que, par suite de la 
conformation de ce polyodon, elles doivent, pour 
ainsi dire, tenir le milieu entre celles des squales et 
celles des acipensères. 

On seroit tenté, au premier coup d'œil, de compa- 
rer le parti que le polyodon feuille peut tirer de la 
forme allongée de son museau, à l'usage que le squale 
scie fait de la prolongation du sien. Mais, dans le 
squale scie, cette extension est comme osseuse et 
très dure dans tous ses points, et elle est de plus armée, 
de chaque côté, de dents longues et fortes, au lieu 
que, dans le polyodon feuille, ia partie correspon- 
dante n’est dure et solide que dans son milieu, et 
n'est composée dans ses côtés que de membranes 
plus ou moins souples. On pourroit plutôt juger des 
effets de cette prolongation par ceux de l’arme du 
xiphias espadon, avec laquelle elle auroit une très 
grande ressemblance sans les bandes molles et mem- 
braneuses dont elle est bordée d’un bout à l’autre. Au 
reste, pour peu qu'on se rappelle ce que nous avons 
dit, dans le Discours sur la nature des poissons, au su- 
jet de la natation de ces animaux , on verra aisément 
que cet allongement excessif de la tête du polyodon 
feuille doit être un obstacle assez grand à la rapidité 
de ses mouvements. 


156 HISTOIRE NATURELLE 


DIXIÈME GENRE. 


LES ACIPENSÈRES. 


L'ouverture de la bouche située dans la partie inférieure 
de la tête, rétractile et sans dents ; des barbillons au 
devant de la bouche; le corps allongé, et garni de 
plusieurs rangs de plaques dures. | 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Les lèvres fendues. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 

: f { Quatre barbillons plus près où aussi près 

1. L'ACIPENSÈRE ESTUR- à TEE , 

: rat à de l’extrémité du museau que de l’ouver: 
NS ture de la bouche. 


SECOND SOUS-GENRE. 


Les lèvres non fendues. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Le museau à peu près de la longueur du 

3. L'AcIPENSÈRE HUSO. grand diamètre de l'ouverture de la bou- 
che. 

Le museau trois ou quatre fois plus long 

3. L'ACIPENSÈRE STRELET. que le grand diamètre de l’ouverture de 

la bouche. 

Le museau un peu recourbé, élargi vers son 
extrémité, et cinq ou six fois plus long 
que le grand diamètre de l'ouverture de. 
la bouche. 


4. L’AcxPENSÈRE ÉTOILE. 


DES POISSONS. 157 


259 040 50 po Bo POP 0 0 H9F0H0HOPO 40H Boo FouUro Bobo PO Ho og 


L'ACIPENSÈRE ESTURGEON!’ 


Acipenser Sturio, Laxn., Guez., Lacer., Cuv. 


L'on doit compter les acipensères parmi les plus 
grands poissons. Quelques uns de ces animaux par- 


1. Estourgeon, dans plusieurs départements méridionaux, 

Sturium, dans d’autres. 

Créac, dans d’autres. 

Porcelleto, en Italie, 

Adello , ibid. 

Adano, ibid. 

Adeno , ibid, 

Attilus, ibid. 

Sturione, ibid. 

The sturgeon , en Angleterre. 

Stent, en flamand. 

Store, en Danemarck. 

Stor, en Suède. 

Guldenst. nov. Com. petropol. 16, p. 552. 

Bloch, pl. 88. 

Acipe estourgeon, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. ad. fr. 1, p. 54, tab. 18, fig. ». 

l'auna suecica, 299. 

li. scan. 187. 

Muller, Prodrom. Zool. dan., p. 51, n. 522. 

« Acipeuser corpore tuberculis spinosis exasperalo. » Arledi, gen. 
65, syn. 91. 


Gronov. mus, 1, p. 60, n. 151; Zooph., p. 59, n. 140. 


198 HISTOIRE NATURELLE 


viennent, en eflet, à une longueur de plus de vingt- 
cinq pieds (près de neuf mètres). Mais s'ils atteignent 
aux dimensions du plus grand nombre de squales, 
avec lesquels leur conformation extérieure leur donne 
d’ailleurs beaucoup de rapports; s'ils voguent, au 
milieu des ondes, leurs égaux en grandeur, ils sont 
bien éloignés de partager leur puissance. Ayant recu 
une chair plus délicate et des muscles moins fermes, 
ils ont été réduits à une force bien moindre; el leur 
bouche plus petite ne présente que des cartilages 
plus ou moins endurcis, au lieu d’être armée de plu- 
sieurs rangs de dents aiguës, longues et menacçantes. 
Aussi ne sont-ils le plus souvent dangereux que pour 
les poissons mal défendus par leur taille ou par leur 


Klein, miss. pisc. 4, p. 12, n. 1; p.16, n. 2. 

Acipenser, Gesner, Aquat. 2. 

Estourgeon, Rondelet, première partie, liv. XIV, chap. 8. 
Adello du pau, id., seconde partie, des poissons de rivière, chap. 4. 
Cops, id., ibid., chap. 5. 

« Sturio sive silurus. » Salvian. Aquat. p. 115. 

Athen. 8, p. 515. 

Seb. mus. 5, tab. 29, fig. 19. 

Esturgeon, Belon, Aquat., p. 89. 

Brit. Zool. 5, p. 96, n. 1. 

Willughby, Ichth. 239, tab., p. 7, fig. 5. 
Ray., pisc., p. 112. 

Schirk, Kram. El. 385. 

Stoer, Sander naturf. 15, p. 165. 

Plin. Hist. mundi, lib. IX, cap. 15. 
Schonev., p. 9. 

Blas. nat., p. 259, tab. 40, fig. 2, 5, 12. 
Aldrov., lib. IV, cap. 9, p. 517, 526. 
Jonston , Ub. II, tit. , cap. 7. tab. 25, fig. 


8 


> 9 
Charleton, p. 152. 
Bloch, Ichthyol., pl 88. 


DES POISSONS. 199 
conformation; et, comme ils se nourrissent assez 
souvent de vers, ils ont même des appétits peu vio- 
lents, des habitudes douces, et des inclinations pai- 
sibles. Extrêmement féconds, ils sont répandus dans 
Loutes les mers et dans presque tous les grands fleu- 
ves qui arrosent la surface du globe, comme autant 
d'agents pacifiques d’une nature créatrice et conser- 
vatrice , au lieu d’être , comine les squales, les redou- 
tables ministres de la destruction. Et comment l’ab- 
sence seule des dents meurtrières dont la gueule des 
squales est hérissée, ne détermineroit-elle pas cette 
grande différence? Que l’on arrache ses armes à l’es- 
pèce la plus féroce, et bientôt la nécessité aura 
amorti cette ardeur terrible qui la dévoroit ; obligée 
de renoncer à une proie qu’elle ne pourra plus vain- 
cre, forcée d’avoir recours à de nouvelles allures, 
condamnée à des précautions qu’elle n’avoit pas con- 
nues, contrainte de chercher des asiles qui lui étoient 
inutiles, imprégnée de nouveaux sucs, nourrie de 
nouvelles substances, elle sera, au bout d’un petit 
nombre de générations, assez profondément modifiée 
dans toute son organisation , pour n’offrir plus que de 
la foiblesse dans ses appétits, de la réserve dans ses 
habitudes, et même de ja timidité dans son carac- 
tère, 

Parmi les différentes espèces de ces acipensères, 
qui attirent l'attention du philosophe, non seule- 
ment par leurs forines, leurs dimensions, leurs affec- 
tions et leurs manières de vivre, mais encore par la 
nourriture saine, agréable, variée et abondante 
qu’elles fournissent à l’homme, ainsi que par les ma- 
iières uliles dont elles enrichissent les arts, la mieux 


_160 HISTOIRE NATUR£LLLE 


connue et la plus anciennement observée, est celle 
de l’esturgeon, qui se trouve dans presque toutes les 
contrées de l’ancien continent. Elle ressemble aux 
squales, comme Îles autres poissons de sa famille, 
par l'allongement de son corps, la forme de la na- 
geoire caudale, qui est divisée en deux lobes iné- 
gaux, et celle du museau, dont l'extrémité plus ou 
moins prolongée en avant est aussi plus ou moins ar- 
rondie. 

L'ouverture de la bouche est placée, comme dans 
le plus grand nombre de squales, au dessous de ce 
museau avancé. Des cartilages assez durs garnissent 
les deux mâchoires et tiennent lieu de dents : la lèvre 
supérieure est, ainsi que l’inférieure, divisée au moins 
en deux lobes; et l'animal peut les avancer l’une et 
l’autre , ou les retirer à volonte. 

Entre cette ouverture de la bouche et le bout du 
museau, on voit quatre filaments déliés rangés sur 
une ligne transversale, aussi éloignés de cette ouver- 
ture que de l'extrémité de la tête, et même quel- 
quefois plus rapprochés de -cette dernière partie que 
de la première. Ces barbillons, très menus, très mo- 
biles, et un peu semblables à de petits vers, attirent 
souvent de petits poissons imprudents jusqu’auprès 
de la gueule de l’esturgeon, qui avoit caché presque 
toute sa tête au milieu des plantes marines ou fluvia- 
tiles. 

Au devant des yeux sont les narines, dont l’inté- 
rieur présente une organisation un peu différente de 
celle que nous avons vue dans le siége de l’odorat des 
raies et des squales, mais qui offre une assez grande 
étendue de surface pour donner à l’animal un grand 


DES POISSONS. 161 


nombre de sensations plus ou moins vives. Dix-neuf 
membranes doubles s’y élèvent en forme de petits 
feuillets, et aboutissent à un centre commun, comme 
autant de rayons. 

L'ouverture des branchies est fermée de chaque 
côté par un opercule, dont la surface supérieure 
montre un grand nombre de stries plus ou moins 
droites, et réunies presque toutes dans un point 
commun et à peu près central. 

Des stries disposées de même et plus ou moins 
saillantes paroïissent le plus souvent sur les plaques 
dures que l’on voit former plusieurs rangées sur le 
corps de l’esturgeon. Ces plaques rayonnées et os- 
seuses, que l’on a nommées de petits boucliers, sont 
convexes par dessus, concaves par dessous, un peu 
arrondies dans leur contour, relevées dans leur cen- 
tre, et terminées, dans cette partie exhaussée, par 
une pointe recourbée et tournée vers la queue. Elles 
forment cinq rangs longitudinaux qui partent de la 
tête, et qui s'étendent jusqu’auprès de la nageoire 
de la queue, excepté celui du milieu, qui se termine 
à la nageoïre dorsale. Cette rangée du milieu est pla- 
cée sur la partie la plus élevée du dos, et composée 
des plus grandes pièces; les deux rangées les plus voi- 
sines sont situées un peu sur les côtés de l’esturgeon, 
et les deux les plus extérieures bordent d’un bout à 
l'autre le dessous du corps de ce cartilagineux. Ces 
cinq séries de petits boucliers sont assez élevées pour 
faire paroître l’ensemble de l’animal comme une sorte 
de prisme à cinq faces, et par conséquent à cinq 
arêtes. 


a) 


102 HISTOIRE NATURELLE 


Le nombre de ces plaques varie dans chaque rang » 
ilest quelquefois de onze ou douze dans la rangée du 
dos, et il n’est pas rare de voir la plus grande de ces 
pièces avec un diamètre de quatre ou cinq pouces. 
sur des esturgeons déjà parvenus à la longueur de dix 
ou onze pieds. L’épaisseur des boucliers répondant 
à leur voinme, et leur dureté étant très grande, les 
cinq rangées qu'ils composent seroïent donc une ex- 
cellente défense pour l’esturgeon, et le rendroient 
un des mieux cuirassés des poissons, si ces rangées 
n’étoient pas séparées l’une de l’autre par de grands 
intervalles. 

La nageoire dorsale commence par un rayon très 
gros et très fort, et est située plus loin de la tête que 
les nageoires ventrales; celle de l’anus est plus éloi- 
gnée encore du museau ; et le lobe inférieur de la na- 
geoire caudale est en forme de faux, plus long et 
surtout plus large que le supérieur. 

L’esturgeon a une conformité de plus avec les raies, 
par deux trous garnis chacun d’une valvule mobile à 
volenté, et qui, placés dans le rectum, très près de 
l'anus, l’un à droite, et l’autre à gauche, font com- 
wuniquer cet intestin avec la cavité de l'abdomen. 
L'eau de la mer, ou celle des rivières, pénètre dans 
celte cavilé par ces deux ouvertures ; elle s’y mêle 
avec celle que les vaisseaux sanguins y déposent, ou 
que d’autres parties du corps peuvent y laisser filtrer, 
et parvient ensuite Jusque dans la vessie. 

La couleur de l’esturgeon est bleuâtre, avec de pe- 
ttes taches brunes sur le dos, et noires sur là partie 
inférieure du corps. Sa grandeur est très considéra- 


DES POISSONS. 165 
ble, ainsi que nous l'avons déjà annoncé; et lorsqu'il 
a atteint son développement, il a plus de dix-huit 
pieds, ou de six mètres de longueur. 

Cet énorme cartilagineux habite non seulement 
dans l'Océan, mais encore dans la Méditerranée, 
dans la mer Rouge, dans le Pont-Euxin, dans la mer 
Caspienne. Mais, au lieu de passer toute sa vie au 
milieu des eaux salées, comme les raies, les squales, 
les lophies, les balistes et les chimères, il recherche 
les eaux douces commele pétromyzon lamproie, lors- 
que le printemps arrive, qu'une chaleur nouvelle se 
fait sentir jusqu'au milieu des ondes, y ranime le sen- 
timent le plus actif, et que le besoin de pondre ou 
de féconder ses œufs le presse et l’aiguillonne. Il 
s'engage alors dans presque tous les grands fleuves. 
Il remonte particulièrement dans le Volga, le Tanais, 
le Danube, le PÔ, la Garonne, la Loire, le Rhin, 
l'Elbe , l'Oder. On ne le voit même le plus souvent 
que dans les fleuves larges et profonds, soit qu'il y 
trouve avec plus de facilité l'aliment qu’il préfère, 
soit qu'il obéisse dans ce choix à d’autres causes pres- 
que aussi énergiques , et que, par exemple, ayant 
une assez grande force dans ses diverses parties, 
dans ses nageoires, et particulièrement dans sa queue, 
quoique cette puissance musculaire soit inférieure, 
ainsi que nous l'avons dit, à celle des squales, il se 
plaise à vaincre, en nageant , des courants rapides, 
des flots nombreux, des masses d’eau volumineuses, 
et ressente, comme tous les êtres, le besoin d’exer- 
cer de temps en temps, dans toute sa plénitude, le 
pouvoir qui lui a été départi. D'ailleurs, l’esturgeon 
présente un grand volume : il lui faut donc une 


164 HISTOIRE NATURELLE 


srande place pour se mouvoir sans obstacle et sans 
peine ; et cette place étendue et favorable, il ne la 
trouve que dans les fleuves qu’il préfère. 

Il grandit et engraisse dans ces rivières fortes et 
rapides, suivant qu'il y rencontre la tranquillité, la 
température et les aliments qui lui conviennent le 
mieux ; et il est de ces fleuves dans lesquels il est 
parvenu à un poids énorme, et jusqu’à celui de mille 
livres, ainsi que le rapporte Pline de quelques uns 
de ceux que l’on voyoit de son temps dans le P6. 

Lorsqu'il est encore dans la mer, ou près de l’em- 
bouchure des grandes rivières, il se nourrit de ha- 
rengs, ou de maquereaux et de gades; et, lorsqu'il 
est engagé dans les fleuves, il attaque les saumons, 
qui les remontent à peu près dans le même temps que 
lui, et quine peuvent lui opposer qu’une foible résis- 
tance. Comme il arrive quelquefois dans les parties 
élevées des rivières considérables avant ces poissons, 
ou qu'il se mêle à leurs bandes, dont il cherche à faire 
sa proie, et qu'il paroît semblable à un géant au mi- 
lieu de ces légions nombreuses, on l'a comparé à un 
chef, et on l’a nommé le Conducteur des Saumons. 

Lorsque le fond des mers au des rivières qu'il fré- 
quente est très limoneux, il préfère souvent les vers 
qui peuvent se trouver dans la vase dont le fond des 
eaux est recouvert, et qu'il trouve avec d'autant plus 
de facilité au milieu de la terre grasse et ramollie, 
que le bout de son museau est dur et un peu pointu, 
et qu'il sait fort bien s’en servir pour fouiller dans le 
limon et dans les sables mous. 

Il dépose dans les fleuves une immense quantité 
d'œufs ; et sa chair y présente un degré de délicatesse 


DES POISSONS. 105 
très rare, surtout dans les poissons cartilagineux. Ce 
soût fin et exquis est réuni dans l’esturgeon avec 
une sorte de compacité que l’on remarque dans ses 
muscles, et qui les rapproche un peu des parties mus- 
culaires des autres cartilagineux : aussi sa chair a- 
t-elle été prise très souvent pour celle d’un jeune 
veau, et a-t-il été de tous les temps très recherché. 
Non seulement on le mange frais ; mais dans tous les 
pays où l’on en prend en grand nombre, on emploie 
plusieurs sortes de préparations pour le conserver et 
pouvoir l'envoyer au loin. On le fait sécher, ou on le 
marine, ou on le sale. La laite du mâle est la portion 
de cet animal que l’on préfère à toutes les autres. Mais 
quelque prix qu’on attache aux diverses parties de 
l’esturgeon , et même à sa laite, les nations modernes, 
qui en font la plus grande consomwation et le paient 
le plus cher, n’ont pas pour les poissons en général un 
goût aussi vif que plusieurs peuples anciens de l’Eu- 
rope el de l'Asie, etparticulièrement que les Romains 
enrichis des dépouilles du globe. N'étant pas d’ail- 
leurs tombées encore dans ces inconcevables recher- 
ches du luxe, qui ont marqué les derniers degrés de 
l’asservissement des habitants de Rome, elles sont 
bien éloignées d’avoir de la bonté et de la valeur de 
l’esturgeon une idée aussi extraordinaire que celle 
qu'on en avoit dans la capitale du monde, au milieu 
des temps de corruption qui ont précipité sa ruine. 
On n’a pas encore vu, dans nos temps modernes, des 
esturgeons portés en triomphe, sur des tables fastueu- 
sement décorées, par des ministres coutonnés de 
fleurs, et au son des instruments, comme on l’a vu 
dans Rome avilie , esclave de ses empereurs, et expi- 


LACÉPÈDE. VI. 11 


160 HISTOIRE NATURELLE 

rant sous le poids des richesses excessives des uns, de 
l’affreuse misère des autres, des vices ou des crimes 
de tous. 

L'esturgeon peut être gardé hors de l'eau pendant 
plusieurs jours, sans cependant périr; et l’une des 
causes de cette faculté qu'il a de se passer, pendant 
un temps assez long , d’un fluide aussi nécessaire que 
l'eau à la respiration des poissons, est la conformation 
de lopercule qui ferme de chaque côté l'ouverture 
des branchies, et qui, étant bordé dans presque tout 
son contour d'une peau assez molie, peut s'appliquer 
plus facilement à la circenférence de l’ouverture, et 
la clore plus exactement, 

Nous pensons que l’acipensère décrit sous le nom 
de Schypa par Guldenstaedt?, et qui se trouve ron 
seulement dans la mer Caspienne, mais encore dans 
le lac Oka en Sibérie, doit être rapporté à l’esturgeon, 
comme une simple variété, ainsi que l’a soupconné 
le professeur Gmelia ?. 1! à en effet les plus grands 
rapports avec ce dernier poisson, il en présente les 
principaux caractères, et il ne paroît en différer que 
par les attributs des jeunes animaux, une taille moins. 
allongée, et une chüir plus agréable au goût. 


1. Voyez le Discours sur la nature des poissons. 

2. « Acipenser schypa, rostro obtuco, oris diametro tertiam partem 
» longiore, cirris rostri apici propioribus, labiis bifidis. » Guldenst. 
nov. Comun. petropol. 16, p. 552. 

Acipenser schypa, Linnée, édition € de Gmelin. 

S. g. Gmelin, it. p. 268. 

ni ‘penser hkostera, Lepech., It. 1, p. 54. 

Acipe schype, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 

3. Voyez l'endroit déjà-cité. 


DES POISSONS. 107 


\ 


L'ACIPENSÈRE HUSO" 


Acipenser Huso, Lixx., Guxr., Lacge., Cuv. 


Le huso n’est pas aussi répandu dans les différentes 
mers lempérées de l’Europe et de l'Asie que l’estur- 
seoa. On ne le trouve guère que dans la Caspienne et 


1. Copse, dans quelques parties de l'Italie. 

Colpesce, dans d’autres parties de Italie. 

Huser , dans quelques contrées d'Allemagne. 

Collano. 

Barbota. 

Morona, par quelques Grecs modernes. 

Belluge, dans plusieurs pays du Nord. 

Bellouga, ibid. 

Belluga , ibid. 

Exos, par plusieurs auteurs latins. 

Acipe ichthyocolle, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Guldenst. nov:-Com. petrop. 16, p. 552. 

Kælreuter, ib. 17, p. 531, £. 12, 17. 

« Acipenser tuberculis carens. » Art, gen. 65, syn. 92. 
Kram. El. 585. 

Mario, Plin., Hist, mundi, }, 9, c. 15. 

Aldrov. pisc., p. 554. 

Jonston, pisc., tab. 25, fig. 1, 6. 

Gesner, Aquat., p. 59. 

Huso Germanorum, Willughby, Ichth., p. 243. 

Raj., pisc., 115. 

Copso, on colpesce, Rondelet, seconde partie des poissons de rivière, 


168 HISTOIRE NATURELLE 

dans la mer Noire; et on ne le voit communément re- 
monter que dans le Volga, le Danube , et les autres 
grands fleuves qui portent leurs eaux dans ces deux 
mers. Mais les légions que cette espèce y forme sont 
bien plus nombreuses que celles de l’esturgeon, et 
elle est bien plus féconde que ce dernier acipensère. 
Elle parvient d’ailleurs à des dimensions plus consi- 
dérables : il y a des husos de plus de vingt-quatre 
pieds (huit mètres) de longueur; et l’on en pêche qui 
pèsent jusqu'à deux mille huit cents livres ( plus de 
cent quarante myriagrammes ). Îl a cependant dans 
sa conformation de très grands rapports avec l’estur- 
geon ; il n’en diffère d’une manière remarquable que 
dans les proportions de son museau et dans la forme 
de ses lèvres. Le museau de cet animal est, en effet, 
plus court que le grand diamètre de l'ouverture de 
sa bouche, et ses lèvres ne sont pas divisées de ma- 
nière à présenter chacune deux lobes. 

Le nombre de pièces que lon voit dans les cinq 
rangées de grandes plaques disposées longitudinale- 
ment sur son corps, est très sujet à varier; à mesure 
que l’animal vieillit, plusieurs de ces boucliers tom- 
bent sans êlre remplacés par d’autres : lors même 
que le huso est arrivé à un âge très avancé , il est 
quelqnefois entièrement dénué de ces plaques très 
dures; et voilà pourquoi Artedi et d’autres natura- 
listes ont cru devoir distinguer cette espèce par le 
défaut de boucliers. 


chap. 6. (La figure ne se rapporte point à un acipensèré, mais à un 


silure. } 


Antacée de Neper, id. ibid. e. 9. (La figure est défectueuse.) 


Bloch, ichthyol., pl. 129. 


DES POISSONS. 109 

il est le plus souvent d’un bleu presque noir sur le 
dos , et d’un jaune clair sur le ventre. 

C’est avec les œufs que les femelles de cette es- 
pèce pondent en très grande quantité, au commen- 
cement du retour des chaleurs, que les habitants des 
rives des mers Noire et Caspienne, et des grandes 
rivières qui s’y jettent, composent ces préparations 
connues sous le nom de Caviar, et plus ou moins es- 
timées, suivant que les œufs, qui en font la base, ont 
été plus ou moins bien choisis, nettoyés, maniés, 
pressés, mêlés avec du sel ou d’autres ingrédients. Au 
reste, l’on se représentera aisément le grand nombre 
de ces œufs, lorsqu'on saura que le poids des deux 
ovaires égale presque le tiers du poids total de l’ani- 
mal, et que ces ovaires ont pesé Jusqu'à huit cents 
livres dans un huso femelle qui en pesoit deux mille 
huit cents. 

Ce n’est cependant pas uniquement avec les œufs 
du huso que l’on fait le caviar : ceux des autres aci- 
pensères servent à composer cette préparation. Ou- 
tre les œufs noirs de ces cartilagineux, on pourroit 
même employer dans la fabrication du caviar, selon 
M. Guldenstaedt, les œufs jaunes d’autres grands 
poissons, comme du brochet, du sandat, de la carpe, 
de la brême, et d’autres cyprins appelés en russe 
Yaze, Beresna, ou Jeregh, et Virezou, dont la pèche 
est très abondante dans le bas des fleuves de la Rus- 
sie méridionale, lOural, le Volga, le Terek, le Don 
et le Dniéper !. 

Mais ce n’est pas seulement pour ses œufs que le 


1. Guldensiaedt, Discours sur les productions de Russie: Peters- 


bourg, 1776, page 11. 


170 IISTOIRE NATURELLE 


huso est recherché; sa chair est très nourrissante, 
très saine et très agréable au goût. Aussi est-il peu de 
poissons qui aient autant exercé l’industrie et animé 
le commerce des habitants des côtes maritimes ou 
des bords des grands fleuves que l’acipensère dont 
nous nous occupons. On emploie , pour le prendre, 
divers procédés qu’il est bon d'indiquer, et qui ont 
été décrits très en détail par d’habiles observateurs. 
Le célèbre naturaliste de Russie, le professeur Pallas, 
nous a particulièrement fait connoître la manière dont 
on pêche le huso dans le Volga et dans le Jaick, qui 
ont leurs embouchures dans la mer Caspienne. Lors- 
que le temps pendant lequel les acipensères remon- 
tent de la mer dansles rivières est arrivé, on construit, 
dans certains endroits du Volga ou du Jaick, une 
digue composée de pieux, et qui ne laisse aucun in- 
tervaile assez grand pour laisser passer le huso. Cette 
digue forme vers son milieu un angle opposé au cou- 
rant. et par conséquent elle présente un angle ren- 
trant au poisson qui remonte le fleuve , et qui, cher- 
chant une issue au travers de l'obstacle qui l’arrête, 
est déterminé à s’avancer vers le sommet de cet angle. 
À ce sommet est une ouverture qui conduit dans une 
espèce de chambre ou d'enceinte formée avec des 
filets sur la fin de l'hiver, et avec des claies d’osier 
pendant l'été. Au dessus de ouverture est une sorte 
d’échafaud sur lequel des pècheurs s’établissent. Le 
fond de la chambre est, comme l'enceinte, d’osier 
ou de filet, suivant les saisons, et peut être levé faci- 
lement à la hauteur de la surface de l’eau. Le huso 
s'engage dans la chambre par l'ouverture que lui offre 
la digue ; mais à peine yest-il entré, que les pêcheurs, 


DES POISSONS. 191 
placés sur l’échafaud , laissent tomber une porte qui 
lui interdit le retour vers la mer. On Îève alors le 
fond mobile de la chambre, et l’on se saisit facilement 
du poisson. Pendant le jour, les acipensères qui pé- 
nètrent dans la grande enceinte avertissent les pè- 
cheurs de leur présence par le mouvement qu'ils sont 
forcés de communiquer à des corûes suspendues à 
de petits corps flottants ; et pendant la nuit ils agitent 
nécessairement d’autres cordes disposées dansla cham- 
bre , et les tirent assez pour faire tomber derrière eux 
la fermeture dont nous venons de parler. Non seule- 
ment ils sont pris par la chute de cette porte, mais 
encore cette fermeture, en s’enfonçant, fait sonner 
une cloche qui avertit et peut éveiller le pêcheur 
resté en sentinelle sur l’échafaud. 

Le voyageur Gmelin, qui a parcouru différentes 
contrées de la Russie, a décrit d’une manière très ani- 
mée l'espèce de pêche solennelle qui a lieu de temps 
en temps, et au commencement de l'hiver, pour pren- 
dre les husos retirés vers cette saison dans les cavernes 
et les creux des rivages voisins d’Astracan. On réunit 
un grand nombre de pêcheurs; on rassemble plusieurs 
petits bâtiments; on se prépare comme pour une opé- 
ration militaire importante et bien ordonnée; on s’ap- 
proche avec concert, et par des manœuvres régulières, 
des asiles dans lesquels les husos sont cachés; on in- 
terdit avec sévérité le bruit le plus foible , non seu- 
lement aux pècheurs, mais encore à tous ceux qui 
peuvent näviguer auprès de la flotte ; on observe le 
plus profond silence; et tout d’un coup poussant de 
grands cris, que les échos grossissent et multiplient, 
on agite, 6n trouble , on effraie si vivement les husos, 


Ve HISTOIRE NATURELLE 
qu'ils se précipitent en tumalte hors de leurs cavernes, 
et vont tomber dans les filets de toute espèce tendus 
ou préparés pour les recevoir. 

Le museau des husos, comme celui de plusieurs 
cartilagineux, et particulièrement d’un grand nombre 
de squales, est très sensible à toute espèce d'attou- 
chement. Le dessous de leur corps, qui n’est revêtu 
que d’une peau assez molle, et qui ne présente pas 
de boucliers, comme leur partie supérieure , jouit 
aussi d’une assez grande sensibilité; et Marsigli nous 
apprend, dans son Histoire du Danube!, que les pè- 
cheurs de ce fleuve se sont servis de cette sensibilité 
du ventre et du museau des husos pour les prendre 
avec plus de facilité. En opposant à leur museau dé- 
licat des filets ou tout autre corps capable de le bles- 
ser. ils ont souvent forcé ces animaux à s’élancer sur 
le rivage; et lorsque ces acipensères ont été à sec et 
étendus sur la grève, ils ont pu les contraindre, par 
les divers attouchements qu'ils ont fait éprouver à leur 
ventre, à retourner leur longue masse, et à se prêter, 
malgré leur excessive grandeur, à toutes les opéra- 
tions nécessaires pour les saisir et pour les attacher. 

Lorsque ies husos sont très grands, on est, en effet, 
obligé de prendre des précautions contre les coups 
qu'ils peuvent donner avec leur queue : il faut avoir 
recours à ces précautions, lors même qu'ils sont hors 
de l’eau et gisants sur le sable; et on doit alors cher- 
cher d’autant plus à arrêter les mouvements de cette 
queue très longue par les liens dont on l'entoure, que 
leur puissance musculaire , quoique inférieure à celle 


1. Marsigli, Histoire du Danube , tome IV. 


DES POISSONS. 179 
des squales , ne peut qu'être dangereuse dans des in- 
dividus de plus de vingt pieds de long, et que Îles 
plaques dures et relevées qui revêtent l'extrémité pos- 
térieure da corps sont irop séparées les unes des au- 
tres pour en diminuer la mobilité, et ne pas ajouter, 
par leur nature et par leur forme, à la force du coup. 

D'ailleurs la rapidité des mouvements n'est point 
ralentie dans le huso, non plus que dans les autres 
ponte parles vertèbres cartilagineuses qui com- 
posent l’épine dorsale, et dont la suite s'étend jnsqu'à 
l'extrémité de la queue. Ces vertèbres se prêtent, par 
leur peu de dureté et par leur conformation, aux di- 
verses inflexions que l’animaiveut imprimer à sa queue, 
et à la vitesse avec laquelle il tend à les exécuter. 

Cette chaîne de vertèbres cartilagineuses, qui rè- 
gne depuis la tête jusqu'au bout de la queue, pré- 
sente,comme dans les autres poissons du même genre, 
trois petits canaux, trois cavités longitudinales ! La 
supérieure renferme la moelle épinière, el la seconde 
contient une matière tenace, susceptible de se durcir 
par la cuisson, qui commence à la base du crâne , et 
que l’on retrouve encore auprès de la nageoiïre cau- 
dale. 

C'est au dessous de cette épine dorsale qu'est si- 
tuée la vésicule aérienne, qui est simple et conique, 
qui a sa pointe tournée vers la queue, et qui sert à 
faire , sur les bords de la mer Caspienne et des fleuves 
qui y versent leurs eaux, cette colle de poisson si 
recherchée , que l’on distribue dans toute l'Europe , 
etque l’on y vend à un prix considérable. Les diverses 


1. Marsigli, ouvrage déjà cité. 


154 HISTOIRE NATURELLE 

opérations que l'on emploie dans cette partie de la 
Russie, pour la préparation de cette colle si estimée, 
se réduisent à plonger les vésicules aériennes dans 
l'eau, à les y séparer avec soin de leur peau extérieure 
et du sang dont elles peuvent être salies, à les couper 
en long, à les renfermer dans une toile, à les ramollir 
entire les mains, à les faconner en tablettes et en es- 
pèces de petits cylindres recourbés, à les percer pour 
les suspendre, et à les exposer, pour les faire sécher, 
à une chaleur modérée et plus douce que celle du 
soleil. 

Cette colle, connue depuis long-temps sous ie nom 
d'Ichthyocolle ou de Colle de poisson , et qui a fait don- 
ner au huso le nom d’/chthyocolle, a été souvent em- 
ployée dans la médecine contre la dyssenterie, les 
ulcères de la gorge, ceux des poumons, et d’autres 
maladies. On s’en sert aussi beaucoup dans les arts, 
et particulièrement pour éclaircir les liqueurs et pour 
lustrer les étoffes. Mèlée avec une colle plus forte, 
elle peut réunir les morceaux séparés de la porcelaine 
el d’un verre cassé; elle porte alors le nom de Colle 
à verre et à porcelaine; et on la nomme Colle à bouche, 
lorsqu'on l’a préparée avec une substance agréable 
au goût et à l’'odorat, laquelle permet d'en ramollir 
les fragments dans la bouche, sans aucune espèce de 
dégoût. 

Mais ce n'est pas seulement avec les vésicules aé- 
riennes du huso que l’on compose, près de la mer 
Caspienne , cette colle si utile, que l’on connoît, dans 
plusieurs contrées russes, sous le nom d'Usblat : on 
y emploie celles de tous les acipensères que l'on y 
pèche. On peut très bien imiter en Europe les pro- 


e 


DES POISSONS. 179 
cédés des Russes pour la fabrication d’une matière 
qui forme une branche de commerce plus importante 
qu'on ne le croit ; et je puis assurer que particulière- 
ment en France l’on peut parvenir aisément à s’affran- 
chir du paiement de sommes considérables auquel 
nous nous sommes soumis envers l’industrie étran- 
gère pour en recevoir cetle colle si recherchée. Il 
n'est ni dans nos étangs, ni dans nos rivières, ni 
dans nos mers, presque aucune espèce de poisson 
dont la vésicule aérienne , et toutes les parties minces 
et membraneuses, ne puissent fournir, après avoir 
été nettoyées, séparées de toute matière étrangère, 
lavées, divisées, ramollies et séchées avec soin, une 
colle aussi bonne, ou du moins presque aussi bonne, 
que ceile qu'on nous apporte de la Russie méridio- 
nale. On l’a essayé avec succès; et je n’ai pas besoin 
de faire remarquer à quel bas prix et dans quelle 
quantité on auroit une préparation que l'on feroit 
avec des matières rejetées maintenant de toutes les 
poissonneries et de toutes les cuisines, et dont l’em- 
ploi ne diminueroit en rien la consommation des au- 
tres parties des poissons. On auroit donc le triple 
avantage d’avoir en plus grande abondance une ma- 
tière nécessaire à plusieurs arts, de la payer moins 
cher, et de la fabriquer en France ; et on devroit sur- 
tout se presser de se ja procurer, dans un moment où 
mon savant confrère, M. Rochon, membre de l’In- 
stilut , a trouvé, et fait adopter pour la marine, le 
moyen ingénieux de remplacer le verre, dans un 
grand nombre de circonstances, par des toiles très 
claires de fil de métal, enduites de colle de poisson. 

La graisse du huso est presque autant employée 


170 HISTOIRE NATURELLE 

que sa vessie aérienne, par les habitants des contrées 
méridiorales de ia Russie. Elle est de très bon goût 
lorsqu'elle est fraîche; et on s’en sert alors à la place 
du beurre ou de l'huile. Elle peut d'autant plus rem- 
placer cette dernière substance , que la graisse des 
poissons est toujours plus où moins huileuse. 

On découpe la peau des grands husos, de manière 
à pouvoir la substituer au cuir de plusieurs animaux; 
et celle des jeunes, bien sèche, et bien débarrassée 
de toutes les matières qui pourroient en augmenter 
l'épaisseur et en altérer la transparence, tient lieu de 
vitre dans une partie de la Russie et de la Tartarie. 

La chair, les œufs, la vessie à air, la graisse, la 
peau , tout est donc utile à l’homme dans celte fé- 
conde et grande espèce d’acipensère !. Il n’est donc 
pas surprenant que , dans Îles contrées où elle est le 
plus répandue, elle porte différents noms. Pariout 
où les animaux ont été très observés et très recher- 
chés, ils ont reçu différentes appellations ; chaque ob- 
servateur, chaque arliste, chaque ouvrier, les ont vus 
sous une face particulière , et tant de rapports diffé- 
rents ont dû nécessairement introduire une grande 
variété dans les signes de ces rapports, et par consé- 
quent dans les désignations du sujet de ces diverses 
relations. 

Comme les husos vivent à des latitudes éloignées 
de la ligne, et qu’ils habitent des pays exposés à des 
froids rigoureux, ils cherchent à se soustraire pen- 
dant l’hiver à une température trop peu convenable 


1. On mange jusqu'à l’épine cartilagineuse et dorsale du haso et 
de l’esturgeon ; et on la prépare de diverses manières dans les pays du 


Nord. 


DES POISSONS. 77 
à leur nature, en se renfermant plusieurs ensemble 
dans de grandes cavités des rivages. Ils remontent 
même quelquefois dans les fleuves, quoique la saison 
de la ponte soit encore éloignée, afin d’y trouver, sur 
les bords, des asiles plus commodes. Leur grande 
taille les contraint à être très rapprochés les uns des 
autres dans ces cavernes, quelque spacieuses qu’elles 
soient. Ils conservent plus facilement, par ce voisi- 
nage, le peu de chaleur qu'ils peuvent posséder; ils 
ne s’y engourdissent pas; ils n'y sont pas soumis du 
moins à une torpeur complète : ils y prennent un peu 
de nourriture ; mais le plus souvent ils ne font que 
mettre à profit les humeurs qui s’échappent de leurs 
corps, et ils sucent la liqueur visqueuse qi enduit la 
peau des poissons de leur espèce, auprès desquels ils 
se trouvent. 

Ils sont cependant assez avides d'aliments dans des 
saisons plus chaudes, et lorsqu'ils jouissent de toute 
leur activité; et, en effet, ils ont une masse bien éten- 
due à entretenir. Leur estomac est , à la vérité, beau- 
coup moins musculeux que celui des autres acipen- 
sères ; mais il est d’un assez grand volume, et, suivant 
Pallas, il peut contenir, même dans les individus éloi- 
onés encore du dernier terme de leur accroissement, 
plusieurs animaux tout entiers et d’un volume consi- 
dérable. Leurs sucs digestifs paroïissent d’ailleurs jouir 
d’une grande force : aussi avalent-ils quelquefois, et 
indépendamment des poissons dont ils se nourrissent, 
de jeunes phoques, et des canards sauvages qu’ils sur- 
prennent sur la surface des eaux qu'ils fréquentent, 
et qu'ils ont l’adresse de saisir par les pattes avec leur 
gueule . et d'entraîner au fond des flots. Lorsqu'ils ne 


170 HISTOIRE NATURELLE 

trouvent pas à leur portée l'aliment qui leur convient, 
ils sont mème obligés, dans certaines circonstances, 
pour remplir la vaste.capacité de leur estomac, le les- 
ter, pour ainsi dire, et employer en quelque sorte 
ses sucs digestifs surabondants, d'y introduire les pre- 
miers corps qu'ils rencontrent, du jonc, des racines, 
ou des morceaux de ces bois que l’on voit flotter sur 
la mer ou sur les rivières. 


L'ACIPENSÈRE STRELET!: 


00 
Acipenser Ruthenus, Lixn., Guer., Lacer., Cuv. 


ss e——— 


CET acipensère présente des couleurs agréables. La 
partie inférieure de son corps est blanche, tachetée 


1. Acipe stretet, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Guldenstaedt, nov. Comm. petropol. 16, p. 555. 

Bloch, pl. 89. 6 

Mus. ad. fr. 1, p. 54, tab. 27, fig. 2; et tab. 98, fig. 1. 

fauna suecicä, 000. 

Wulff. Ichthyol. borussens., p. 17, n. 25. 

S. G..Gmelin, It. a15.p. 142: 5, p. 254. 

KϾlreuter, nov. Comm. petropol. 16 ,p. 511, tab. 14 etr17,p. 521. 

« Acipenser ordinibus 5 squamarum ossearum ; intermedio ossicu- 
» lis 15. » Fauna suec. 272. 

« Acipenser ex cinereo, fÎlavo et rosaceo varius. » Klein, miss. 
pisc. 4, p. 15, n. 4, tab: 1e 

Sterlet, Bruyn, It. 95, tab. 55. 

Bloch, Ichthyol., pl. 8a. 


DES POISSONS. 179 
de rose; son dos est noirâtre ; et les boucliers qui y 
forment des rangées longitudinales sont d’un beau 
jaune. Les nageoires de la poitrine, du dos et de la 
queue sont grises; celles du ventre et de l’anus sont 
rouges. Mais le strelet est particulièrement distingué 
des acipensères du second sous-genre, dans lequel il 
est compris, par la forme de son museau, qui est 
lrois où quatre fois plus long que le grand diamètre 
de l’ouverture de sa bouche. Il l’est d’ailleurs de l’es- 
turgeon et du huso par la petitesse de sa taille : il ne 
parvient guère à la longueur de trois pieds; et ce n’est 
que très rarement qu'on le voit atteindre à celle de 
quatre pieds et quelques pouces. 

Ii a sur le dos cinq rangs de boucliers, comme 
l'esturgeon et le huso. La rangée du milieu est com- 
posée ordinairement de quinze pièces assez grandes; 
les deux qui viennent ensuite en comprennent cha- 
cune cinquante-neuf ou soixante, qui, par consé- 
quent, ont un diamètre très peu étendu; et les deux 
rangs qui bordent le ventre sont formés de plaques 
plus petites encore, et qui, au lieu d’être relevées 
dans leur centre comme celles des trois rangées inté- 
rieures, sout presque entièrement plates. 

On trouve cet acipensère dans la mer Caspienne, 
ainsi que dans le Volga et dans l’Oural, qui y ont leur 
embouchure ; on le voit aussi, mais rarement, dans 
la Baltique; et telles sont les habitations qu’il a reçues 
de la nature. Mais l’art de l’homme, qui sait si bien 
détourner, combiner, accroître, modifier, dompter 
même les forces de la nature, l’a transporté dans des 
lacs où l’on est parvenu, avec très peu de précau- 
tions, à le faire prospérer et multiplier : Frédéric pre- 


100 HISTOIRE NATURELLE 

- mier, roi de Suède, l’a introduit avec succès dans le 
lac de Mæier et dans d’autres lacs de la Suède ; et ce 
roi de Prusse, qui, philosophe et homme de lettres 
sur le trône, a su créer par son génie, et les états 
qu’il devoit régir, et l’art de la guerre qui devoit les 
défendre, et l’art d’administrer, plus rare encore, 
qui devoit leur donner l'abondance et le bonheur. a 
répandu le strelet dans un très grand nombre d’en= 
droits de la Poméranie et de la marche de Brande- 
bourg. 

Voilà deux preuves remarquables de la facilité avec 
laquelle on peut donner à une contrée les espèces de 
poissons les plus utiles. Ces deux faits importants se- 
ront réunis à un grand nombre d’autres, dans le dis- 
cours que l’on trouvera dans cette histoire, sur les 
usages économiques des poissons, et sur les divers 
moyens d’en acclimater, d'en perfectionner, d'en 
inultiplier les espèces et les individus. 

Et que l’on ne soit pas étonné d'apprendre les soins 
que se sont donnés les chefs de deux grandes nations 
pour procurer à leur pays l’acipensère strelet. Cette 
espèce est très féconde : elle ne montre jamais. à la 
vérité, une très grande taille; mais sa chair est plus 
tendre et plus délicate que celle des autres cartilagi- 
neux de sa famille. Elle est d’ailleurs facile à nourrir: 
elle se contente de très petits individus, et même 
d'œufs de poissons dont les espèces sont très com- 
munes; et elle peut n'avoir d'autre aliment que les 
vers qu’elle trouve dans le limon des iners, des fleuves 
ou des lacs qu’elle fréquente. 

C'est vers la fin du printemps que le strelet re- 
monte dans les grandes rivières ; et comme le temps 


DES POISSONS. 191 
de la ponte et de la fécondation de ses œufs n’est pas 
très long, on voit cet acipensère descendre ces mêmes 
rivières avant la fin de l'été, et tendre, même avant 
l'automne, vers les asiles d’hiver que la mer lui pré- 
sente. 


»s 


Boo PoOPIPTHarIEeOBamePE Ho 200 É-0 He bpadpaweHoHo oo Habe Eos oser 


L'ACIPENSÈRE ETOILÉ" 


A cipenser stellatus, Linx., Gus, Lacer. 


Vers le commencement du printemps, on voit cet 
acipensère remonter le Danube et les autres fleuves 
qui se jettent dans la mer Noire ou dans la mer Cas- 
pienne. Îl parvient à quatre ou cinq pieds de lon- 
gueur; et par conséquent il est pour le moins aussi 
long que le strelet, mais il est plus mince. Son mu- 
seau, un peu recourbé et élargi vers son extrémité, 
est cinq ou six fois plus long que le grand diamètre 
de l’ouverture de la bouche; et cette conformation 
du museau sufhroit seule pour séparer l’étoilé des 
autres acipensères : au reste , le dessus de cette partie 
est hérissé de petites raies dentelées. 

Les lèvres peuvent être étendues en avant beau- 
coup plus que dans les autres poissons du même 


1. Acipe étoilé, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Guldenst. nov. comm. petropol. 16, p. 533. 
Pailas, It. 1, p. 151, 460, n. 20. 

LACÉPEPFE. Vi. 


182 HISTOIRE NATURELLE 


genre. La tête, aplatie par dessus et par les côtés, est 
garnie de tubercules pointus, et de petits corps durs, 
dentelés et en forme d'étoiles. Le devant de la bou- 
che présente quatre barbillons, comme dans tous les 
acipensères. 

On remarque, sur différentes parties du corps de 
l’étoilé, des rudiments crénelés d’écailles; et l’on voit 
particulièrement, sur son dos, de petites callosités 
blanches, rudes, étoilées et disposées sans ordre. Il 
a d’ailleurs cinq rangs de boucliers relevés et pointus, 
dont la rangée du milieu contient communément 
treize pièces, et dont les deux suivantes renferment 
chacune trente-cinq plaques plus petites. Trois autres 
pièces sont placées au delà de Panus. 

La couleur de cet animal est noirâtre sur le dos, 
tachetée et variée de blanc sur les côtés, et d’un blanc 
de neige sur le ventre. 

Cette espèce est très féconde; l’on compte plus de 
trois cent mille œufs dans une seule femelle. 


DES POISSONS. 189 


QUATRIÈME DIVISION. 


Poissons cartilagineux qui ont un opercule et une 
membrane des branchies. 


TREIZIÈME ORDRE 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
ou 
PREMIER ORDRE 


DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. 


Poissons apodes , ou qui n’ont point de nageoires dites 
ventrales. 


— cr eS —— 


ONZIÈME GENRE. 


LES OSTRACIONS. 


Le corps dans une enveloppe osseuse, des dents incisives 
à chaque mâchoire. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Point d'aiguillons auprés des yeux. ni au dessous de la queue. 
8 1 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 
2. L'Osrracion rrianGu- (Le corps triangulaire, et garni de tuber- 
LAIRE. ( _cules saïllants sur des plaques bombées. 


104 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
Le corps triangulaire, et garni de tuber- 

2. L'OSsTRACION MAILLE. \ cules peu sensibles, mais dont la dispo- 

( sition imite un ouvrage à mailles. 
Le corps quadrangulaire; de petits points 

5. L'OsTRAGIGN poin- raÿonnants, et point de figures polygones 

TILLÉ. sur l'enveloppe osseuse; de pelites taches 
blanches sur tout leorps. 
- ç Le corps quadrangulaire ; quatre grands tu- 
{ bercules disposés en carré sur le dos. 
Le corps quadrangulaire; le museau al- 
{ longé. 
Le corps quadrangulaire ; deux tubercules, 
s l’un au dessus et l’autre au dessous de 
| Fouverture de la bouche. 

Le corps quadrangulaire; un grand nombre 
de taches noires, chargées chacune d'un 
point blanc ou blenâtre. 

Le corps quadrangulaire: le dos relevé en 
bosse. 


4. L'OSTRACION QUATRE 
TUBERCULES. 

5. L'OsTRAGION MUSEAU 
ALLONGÉ. 


6. L'OSTRACICN DEUx- 
TUBERCULES. 


CHETÉ. 


7. L'OsTracioN mou- 
8. L'OsTRAcION 8ossu. { 


SECOND SOUS-GENRE. 


Des aiguillons aupres des yeux, et non au dessous de la queue. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


9. L'OsTRAGION TRoIS- de corps triangulaire; un aiguillon sur le 
AIGUILLONS. dos et auprès de chaque œil. 


TROISIÈME SOUS-GENRE. 


Des aiguillons au dessous de la queue, et non auprés des yeux. 


ESPÈCES. CÂRACTÈRES. 


Le corps triangulaire; deux aïguillons can- 
nelés au dessous de la queue; des tuber- 
cules saillants sur des plaques bombées; 
quatorze rayons à la nageoire du dos. 

Le corps triangulaire : deux aiguülons sil- 

11. L'Osrnacron pousze-|  lonnés au dessous de la queue; des tuber- 

AIGUILLON. cules peu élevés; dix rayons à la nageoïre 


du dos. 


10. L'OSTRACION TRIGONE. 


DES POISSONS. 189 


QUATRIÈME SOUS-GENRE. 


Des «iguillons auprés des yeux et au dessous de la queue. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Le corps triangulaire; deux aiguillons au- 
près des yeux, et deux autres sous la 
queue. 


12, L'OsTRACION sit 
dr corps triangulaire; un grand aiguillon 


AIGUILLONS, 


13. L'OSTRACION LISTER. sur la partie de la queue qui est hors 
du têt. 
Le corps quadrangulaire ; deux aiguillons 


14. L'Osrracron qui- 
L È auprès des yeux, et deux autres sous la 


DRANGULAIRE. 
queue. 
a, : ; 
15. L’Osrrocron proma- (Le corps quadrangulaire ; une bosse garnie 
DAIRE, d'un aiguillon sur le dos. 


EE  ——— — — 


196 HISTOIRE NATURELLE 


L'OSTRACION TRIANGULAIRE". 


Ostracion triqueter, Linx., Guez., Lacer., Cuv. 


Ox diroit que la nature, en répandant la plus 
grande variété parmi les êtres vivants et sensibles 
doni elle a peuplé le globe, n’a cependant jamais cessé 
d'imprimer à ses productions des traits de quelques 
formes remarquables, dont on retrouve des images 
plus ou moins imparfaites dans presque toutes les 
classes d'animaux. Ces formes générales, vers les- 
quelles les lois qui régissent l’organisation des êtres 


1. Mus. ad. fr. 1, p. 60. 

« Ostracion triangulus, tuberculis exiguis innumeris, aculeis ca- 
» rens. » Arted., gen. 57, syn. 85. 

« Piscis triangularis ex toto cornibus carens. » Lister. Appen. Wil- 
lughby, Ichth. p. 20, tab. j, n. 18. 

Raj., p. 4; 5. 

Seb., mus. 3, tab. 24, fig. G, 12. 

Coffre triangulaire sans épines, Daubenton , Encyclopédie métho- 
dique. # 

Coffre triangulaire, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thoaique. 

Piscis triangularis Clusu, couchon, cochon, ou coffre à la Martini- 
que. Plumier, dessins sur vélin déjà cités. 

L'un des poissons coffres, Valmont-Bomare, Dictionn. d'histoire 
naturelle. 

Ostracion triqueter, coffre lisse, Bloch, pl. 150. 


DES POISSONS. 107 
animés, paroissent les mener sans cesse, sont comme 
des modèles dont la puissance créatrice semble avoir 
voulu s’écarter d'autant moins, que les résultats de 
ces conformations principales tendent presque tous 
à une plus sûre conservation des espèces et des indi- 
vidus. Le genre dont nous allons nous occuper va 
nous présenter un exemple frappant de cette multi- 
plication de copies plus ou moins ressemblantes d’un 
Lype préservateur, et de leur dissémination dans pres- 
que toutes les classes des êtres organisés et sensibles. 
Cette arme défensive, cette enveloppe solide, cette 
cuirasse tutélaire, sous laquelle la nature a mis à 
l'abri plusieurs animaux dont Buffon, ou nous, avons 
déjà donné l’histoire, nous allons la retrouver autour 
du corps des ostracions; et si nous poursuivons nos 
recherches jusqu’au milieu de ces légions innom- 
brables d'êtres connus sous le nom d'animaux à sang 
blanc, nous la reverrons, avec des dissemblances plus 
ou moins grandes, sur des familles entières et sur 
des ordres nombreux en familles. L’épaisse cuirasse 
et les bandes osseuses qui revêtent les tatous, la ca- 
rapace et le plastron qui défendent les tortues, les 
oros tubercules et les lames très dures qui protègent 
les crocodiles, la eroûle crétacée qui environne les 
oursins , le Lêt solide qui revêt les crustacés, et en- 
lin les coquilles pierreuses qui cachent un si grand 
nombre de mollusques, sont autant d'empreintes 
d’une première forme conservatrice, sur laquelle a 
été aussi modelée la couverture la plus extérieure des 
ostracions; el voilà pourquoi. ces derniers animaux 
ont reçu le nom qu'ils portent, et qui rappelle sans 
cesse le rapport, si digne d'attention, qui les lie avec 


158 HISTOIRE NATURELLE 

les habitants des coquilles. Ils ont cependant de plus 
grandes ressemblances superficielles avec les oursins : 
leur enveloppe est, en effet, garnie d’une grande 
quantité de petites élévations qui la font paroître 
comme ciselée; et ces petits tubercules qui la rehaus- 
sent sont disposés avec assez d'ordre et de régularité, 
pour que leur arrangement puisse être comparé à la 
distribution si régulière et si bien ordonnée que l’on 
voit dans les petites inégalités de la croûte des our- 
sins, lorsque ces derniers ont été privés de leurs pi- 
quants. La nature de la cuirasse des ostracions n’est 
pas néanmoins crétacée ni pierreuse : elle est vérita- 
blement osseuse; et les diverses portions qui la com- 
posent sont si bien jointes les unes aux autres, que 
l’ensemble de cette enveloppe qui recouvre le dessus 
et le dessous du corps ne paroît formé que d’un seul 
os, et représente une espèce de boîte ou de coffre 
allongé à trois ou quatre faces, dans lequel on auroit 
piacé le corps du poisson pour le garantir contre les 
attaques de ses ennemis, et qui, en quelque sorte, 
ne laisseroit à découvert que les organes extérieurs 
du mouvement, c’est-à-dire les nageoires, et une 
partie plus où moins grande de la queue. Aussi plu- 
sieurs voyageurs, plusieurs naturalistes et les habi- 
tants de plusieurs contrées équatoriales, ont-ils donné 
le nom de Poisson Coffre aux différentes espèces d’os- 
tracions dont ils se sont occupés. On croiroit que 
cette matière dure et osseuse, que nous avons vue 
ramassée en boucliers relevés et pointus, et distri- 
buée en plusieurs rangs très séparés les uns des autres 
sur le corps des acipensères, rapprochée autour de 
celui des ostracions, y a élé disposée en plaques plus 


LES POISSONS. 109 
minces et étroitement attachées les unes aux autres, 
et que par là une armure défensive complète a été 
substituée à des moyens de défense très isolés, et par 
conséquent bien moins utiles. 

Nous venons de voir que l’espèce de cotfre dans 
lequel le corps des ostracions est renfermé, est en 
forme tantôt de solide triangulaire , el tantôt de s0- 
lide quadrangulaire , c'est-à-dire que les deux faces 
qui revêtent les côtés se réunissent quelquefois sur 
le dos et y produisent une arête longitudinale plus 
ou moins aiguë, et que d’autres fois elies vont s’atta- 
cher à une quatrième face placée horizontalement et 
au dessus du corps. Mais indépendamment de cette 
différence, il en est d’autres qui nous ont servi à 
distinguer plus facilement les espèces de cette fa- 
mille, en les distribuant dans quatre sous-genres. Il 
est de ces poissons sur lesquels la matière osseuse 
qui compose la cuirasse s'étend en pointes ou aiguil- 
lons assez longs, le plus souvent sillonnés ou canne- 
lés, et auxquels le nom de cornes à été donné par 
plusieurs auteurs. D’autres osiracions n’ont, au con- 
traire, aucune de ces proéminences. Parmi les pre- 
miers, parmi les ostracions cornus ou aiguillonnés, 
ies uns ont de longues pointes auprès des yeux ; 
d’autres vers le bord inférieur de l'enveloppe, qui 
touche la queue; et d’autres enfin présentent de ces 
pointes non seulement dans cette extrémité, mais 
encore auprès des yeux. Nous avons, en conséquence, 
mis dans le premier sous-genre ceux de ces poissons 
qui m'ont point d’aiguillons; nous avons placé dans 
le second ceux qui en ont auprès des yeux; le troi- 
sième comprend ceux qui en présentent dans la partie 


190 HISTOIRE NATURELLE 

de leur couverture osseuse la plus voisine du dessous 
de la queue; et le quatrième renferme les ostracions 
qui sont armés d'’aiguillons dans cette dernière partie 
de l’enveloppe et auprès des yeux. 

Le triangulaire est le premier des cartilagineux de 
cette famille que nous ayons à examiner. Comme tous 
les poissons de son genre , le solide allongé que re- 
présente sa couverture peut être considéré comme 
composé de deux sortes de pyramides irrégulières, 
tronquées, et réunies par leurs bases. 

Au devant de la pyramide antérieure, on voit, dans 
presque tous les ostracions, l’ouverture de la bou- 
che. Les mâchoires peuvent s’écarter d'autant plus 
l’une de l’autre, qu’elles sont plus indépendantes de 
la croûte osseuse, dont une interruption plus ou 
moins grande laisse passer et déborder les deux, ou 
seulement une des deux mâchoires. La partie qui dé- 
borde est revêtue d’une matière queiquefois assez 
dure, et presque toujours de nature écailleuse. 

Chaque mâchoire est ordinairement garnie de dix 
ou douze dents serrées, allongées, étroites, mousses 
et assez semblables aux dents incisives de plusieurs 
quadrupèdes vivipares. 

Dans le triangulaire , les yeux sont situés à une 
distance à peu près égale du milieu du dos et du 
bout du museau, et la place qu'ils occupent est sail- 
jante. 

L'ouverture des branchies est située de chaque 
côté au devant de la nageoiïre pectorale. Elle est très 
allongée, très étroite, et placée presque perpendicu- 
jairement à la longueur du corps. On a été pendant 
long-temps dans l'incertitude sur la manière dont 


DES POISSONS. 191 
cette ouverture peut être fermée à la volonté de l'ani- 
mal: mais diverses observations faites sur des ostra- 
cions vivants par le savant Commerson et par d’autres 
voyageurs, réunies avec celles que j'ai pu faire moi- 
même sur un grand nombre d'individus de cette 
famille conservés dans différentes collections, ne per- 
mettent pas de douter qu’il n’y ait sur l'ouverture des 
branchies des ostracions un opercule et une mem- 
brane. L’opercule est couvert de petits tubercules 
disposés comme sur le reste du corps, mais moins vé- 
gulièrement; et la membrane est mince, flottante, 
et attachée du même côté que l’opercule. 

On ne trouve les ostracions que dans les mers chau- 
des des deux continents, dans la mer Rouge, dans 
celle des Indes, dans celle qui baigne l'Amérique 
équinoxiale. Ils se nourrissent de crustacés et des 
animaux qui vivent dans les coquilles, et dont ils 
peuvent briser facilement avec leurs dents l’enve- 
loppe , lorsqu'elle n’est ni très épaisse ni très volumi- 
neuse. Ces poissons ont, en général, peu de chair ; 
mais elle est de bon goût dans plusieurs espèces. 

Le triangulaire habite dans les deux Indes. Sur cet 
animal , ainsi que sur presque tous les ostracions, les 
tubercules qui recouvrent l’enveloppe osseuse sont 
placés de manière à la faire paroître divisée en pièces 
hexagones et plus ou moins régulières, mais presque 
toutes de la même grandeur. 

Sur le triangulaire, ces hexagones sont relevés dans 
leur centre, et les tubercules qui les composent sont 
très sensibles. Cette conformation suffit pour distin - 
guer le triangulaire des autres cartilagineux compris 


192 HISTOIRE NATURELLE 
dans le premier sous-genre des ostracions, et qui 
n’ont que trois faces longitudinales. 

Le milieu du dos de l’ostracion que nous décrivons 
est d’ailleurs très relevé, de telle sorte que chacune 
des faces latérales de l’enveloppe de ce poisson est 
presque triangulaire. De plus, la forme bombée des 
hexagones, et les petits tubercules dont ils sont hé- 
rissés, font paroître la ligne dorsale, lorsqu'on la re- 
garde par côté, non seulement festonnée, mais encore 
finement dentelée. 

Au reste, sur tous les ostracions, et par conséquent 
sur le triangulaire , l’ensemble de l'enveloppe osseuse 
est recouvert d’un tégument très peu épais, d'une 
sorte de peau ou d’épiderme très mince, qui s’appli- 
que très exactement à toutes les inégalités, et n’em- 
pèche de distinguer aucune forme. Après un com- 
mencement d’altération ou de décomposition, on peut 
facilement séparer les unes des autres, et cette peau, 
etles diverses pièces qui composent la ereûte osseuse. 

Les nageoires du triangulaire sont toutes à peu près 
de la même grandeur, et presque également arron- 
dies. Celle du dos et celle de l’anus sont aussi éloi- 
onées l’une que l’autre du bout du museau. 

La queue sort de lintérieur de la croûte osseuse 
par une ouverture échancrée de chaque côté, et lon 
en voit au moins les deux tiers hors de lenveloppe 
solide. Une plus grande partie de la queue n'est libre 


1. Il y a communément à chaque nageoire pectorale.. 12 rayons. 
a celle du dos PER LE 0 A RTO 
celle de l'anus eee een ele ue ee 10 


à celle de la queue. 21419 0 OR 


DES POISSONS. 199 
dans presque aucune espèce d’ostracions; et il est, 
au contraire, des poissons du même genre dans les- 
quels la queue est encore plus engagée sous la cou- 
verture osseuse. Les ostracions sont donc bien éloignés 
d’avoir, dans la totalité de leur queue et dans la partie 
postérieure de leur corps, cette liberté de mouve- 
ments nécessaire pour frapper l’eau avec vitesse, re- 
jaillir avec force, et s’avancer avec facilité. On doit 
donc supposer que, tout éga! d’ailleurs, les ostracions 
nagent avec beaucoup moins de rapidité que plusieurs 
autres cartilagineux; et il paroît qu’en tout ils sont, 
coinme les balistes, formés pour la défense bien plus 
que pour l'attaque. 

Le triangulaire parvient à la longueur d’un pied et 
dewni ou d’un demi-mètre. Sa chair est plus recher- 
chée que celle de presque tous les poissons des mers 
d'Amérique, dans lesquelles on le trouve. Quoiqu'il 
ne paroisse se plaire que dans les contrées équato- 
riales, on pourroit chercher à l’acclimater dans des 
pays bien plus éloignés de la ligne, les différences de 
température que les eaux peuvent présenter à diffé- 
rents degrés de latitude, étant moins grandes que 
celles que l’on observe dans l'atmosphère. D'un autre 
côté, on sait avec quelle facilité on peut habituer à 
vivre, au milieu de l’eau douce, les poissons que l’on 
n’avoit cependant jamais trouvés que dans les eaux 
salées. Le goût exquis et la nature très salubre de la 
chair du triangulaire devroient engager à faire avec 
constance des tentatives bien dirigées à ce sujet : on 
pourroit tendre à cette acclimatation , qui seroitutile 
à plus d’un égard, par des degrés bien ordonnés : on 


1U4 HISTOIRE NATURELLE 
n’exposeroit que successivement l’espèce à une tem- 
pérature moins chaude; on attendroit peut-être plu- 
sieurs générations de cet animal pour l’abandonner 
entièrement, sans secours étranger, au climat dans 
lequel on voudroit le naturaliser. On pourroit faire 
pour le triangulaire ce que l’on fait pour plusieurs vé- 
gétaux : on apporteroit des individus de cette espèce, 
et on les soigneroit pendant quelque temps dans de 
l’eau que l’on conserveroit à une température pres- 
que semblable à celle des mers équatoriales auprès de 
leur surface; on diminueroit la chaleur artificielle des 
petits bassins dans lesquels seroient les triangulaires, 
par degrés presque insensibles, et par des variations 
extrèmement lentes. Dans les endroits de l’Europe, 
ou d’autres parties du globe, éloignés des tropiques 
et où coulent des eaux thermales, on pourroit du 
moins profiter de ces eaux naturellement échauffées, 
pour donner aux triangulaires la quantité de chaleur 
qui leur seroit absolument nécessaire , ou les amener 
insensiblement à supporter la température ordinaire 
des eaux douces ou des eaux salées de ces divers pays. 
Le corps et la queue du triangulaire sont bruns, 
avee de petites laches blanches; les nageoires sont 
jaunes. 


DES POISSONS. 109 


sefeiememedted 6 boteoterepetct eee ot een 


chereresyessmepeteDesededep 


L'OSTRACION MAILLÉ! 


Ostracion concatenatus, Broca, Lacer., Cuv. 


C’esr d’après un dessin trouvé dans des manuscrits 
de Plumier que le professeur Bloch a publié la de- 
scription de ce poisson. Son enveloppe est triangu- 
laire, comme celle de l’ostracion que nous venons 
d'examiner. À l’aide d’une loupe , ou avec des yeux 
très bons et très exercés, on distingue des rangées 
de tubercules, placées sur des lignes blanches, for- 
mant des triangles de différentes grandeurs et de di- 
verses formes, et se réunissant de manière à repré- 
senter un réseau ou un ouvrage à mailles. La mâchoire 
supérieure est plus avancée que linférieure. La tête 
est d’un gris cendré avec des raies violettes; les fa- 
cettes latérales sont d’un violet grisâtre ; le dessous 
du corps est blanc; les nageoires sont un peu rouges ?, 


1. Ostracion concatenatus, coffre maillé, Bloch, pl. 151. 
Coffre maillé, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


2. Il y a aux nageoïres pectorales. . . . . . . . .. 12 rayons. 
aicelle du dos eee ARE eut fees 10 
a celle de lanns 20 0e DRE NT AE EU 9 


à celle de la queue, qui est arrondie... . . , 8 


196 HISTOIRE NATURELLE 


BHErOPOGeS OH EEHODOT EDIT OMETSTEHEOTOPIFAEOLCLEMEBSSHeHESSEESHeDeSHESTET EPL Her OS-2HeLSHEMPO 


L'OSTRACION POINTILLÉ" 


Ostracion punctatus et O. lentiginosus, Scan. 


LE voyageur Commerson a trouvé ce cartilagineux 
dans les mers voisines de l’Ile de France. El n’a vu 
de cette espèce que des individus d’un demi-pied de 
longueur. Ce poisson à une enveloppe osseuse, qua- 
drangulaire, c’est-à-dire composée de quatre grandes 
faces, dont une est placée sur le dos, Cette couverture 
solide présente un grand nombre de petits points un 
peu rayonnants, qui la font paroître comme ciselée ; 
mais elle n’est pas garnie de tubercules qui en divisent 
la surface en compartiments polygones et plus ou 
moins réguliers. J'ai tiré le nom que j'ai donné à cet 
ostracion , de cette sorte de pointillage que présente 
sa croûte osseuse, ainsi que de la disposition de ses 
couleurs. On voit, en effet, sur tout l'animal, tant 
sur l'espèce de cuirasse qui le recouvre, que sur les 
parties de son corps que ce têt ne cache pas, une 
quantité innombrable de très petites taches lenticu- 
laires et blanches, un peu moins petites sur le dos, 


1. « Ostracion tetragonus oblongus muticus , scutis tesiæ indistinc- 
» lis, toto corpore maculis lenticularibus, sub ventre majoribus , gut- 
» tato. » Commerson, manuscrits déjà cités. (J'ai fait graver le dessin 
que ce naturaliste a laissé de ce cartilagineux.) 


DES POISSONS. 197 
un peu moins petite encore et réunies quelquefois plu- 
sieurs ensemble sur le ventre, et paroissant d'autant 
mieux, qu'elles sont disséminées sur un fond brun. 

Les deux mâchoires sont également avancées; les 
dents sont souvent d’une couleur foncée , et ordinai- 
remeunt au nombre de dix à la mâchoire d’en haut et 
à celle d’en bas. 

Au dessous de chaque œil, on voit une place assez 
large, aplatie, déprimée même, et ciselée d’une 
manière particulière. 

La nageoire de la queue est arrondie !. 


é280808082#02e 


2080 Hans 10470 5040 50000 De Pa HOPO H0H0 PoR0 De 0 POHOHE HUE LI 


L'OSTRACIO N 


QUATRE - TUBERCULES. 


Ostracion tuberculatus, Linx., Guer., Lacer., Cuv. 


Cer ostracion est quadrangulaire comme le poin- 
tillé; mais il est distingué de tous les cartilagineux 


1. On compte aux nageoïres pectorales 


Just EE OA 10 rayons. 
à la nageoïre dorsale 


ONE NO 
à celle de l’anus, qui est un peu plus 
étendue que celle du dos 


a celle dellaiqueue.. 1.6.4 10 


2. « Ostracion quadrangulus, tuberculis quatuor majoribus in 
dorso.» Arledi, gen. 55, syn. 85. 
LAGÉPÈDE. VI, 19 


100 HISTOIRE NATURELLE 


compris dans le premier sous-genre, par quatre gros 
tubercules placés sur le dos, disposés en carré, et 
assez éloignés de la tête. On le trouve dans l'Inde. 


L'OSTRACIO N” 


MUSEAU - ALLONGÉ. 


Otrascion nasus, Brocu., Lacer., Cuv. 


CET ostracion est remarquable par la forme de son 
museau avancé, pointu et prolongé de manière que 
l'ouverture de la bouche est placée au dessous de 
cette extension. On trouve quatorze dents à la mâ- 
choire supérieure, et douze à l’inférieure. L'iris est 
d'un jaune verdâtre, et la prunelle noire. La croûte 
osseuse présente quatre faces; elle est toute couverte 
de pièces figurées en losange , et réunies de six en 
six, de manière à offrir l'image d'une sorte de fleur 
épanouie en roue eb à six feuilles ou pétales. Au mi- 


Coffre quadrangulaire à quatre tubercules, Bonnaterre, planches de 
l'Encyclopédie méthodique. 

Id. Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

» Piscis maximus quadrangutaris. quatuor tuberculis in dorso, 
» longe à capite, insignitus. » Wiliughby. Ichth., append., p. 20. 

1. Arledi, gen. 56, n.5. 

Ostracion nasus, coffre à bec, Blech , pl. 158. 

Coffre a bec, Bonnatcrre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


PI F9 Poissons 


ea 
cesse, 


mr 


Lousrexx 24 se: 
POSTRACIOX MUSEALAILONGE 2 TETRODON MOUCHETE 35 SYNGNATHE AIGUILLE 


POING: ATPPOCANMPE 


DES POISSONS. 109 
lieu de chacune de ces espèces de fleurs paroissent 
quelques tubercules rouges. On voit d’ailleurs des 
taches rouges sur la tête et le corps, qui sont gris; 
d’autres taches brunes sont répandues sur la tête et 
la queue , et les nageoires sont rougeâtres 1, 


28680990 10898950 8080$05%060 #0 be bI%0 HO HAE 


L’'OSTRACIO N° 
DEUX - TUBERCULES. 


Ostracion bituberculatus, Lacxr. 


L'ExvELOPPE dure et solide qui revêt ce cartilagi- 
neux est à quatre faces. Elle est toute couverte de 
petites plaques hexagones, marquées de points dis- 
posées en rayons , moins régulières sur la tête, moins 
distinguées l’une de l’autre sur le dos, et cependant 
aussi faciles à séparer que celles que l’on voit sur les 
autres ostracions. Celles de ces plaques qui garnissent 
le dos sont noires dans leur centre. D'ailleurs la cou- 


1. AUS DaBCOIMESIPeCLOrAlEB. + eue eye 2: AM + g rayons. 
Acelle an dos en PO PME ERUN EU QT bi 9 
Alcelletdelanuses: Men nette tn tant 9 
À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 9 

2. « Ostracion oblongus, quadrangularis (muticus), tuberculo 


» cartilaginec supra et infra os; scutis corporis hexagonis punctato- 
» radiatis: dorsalibus centro nigricantibus ; caudæ basi crocea. » Com- 
merson, manuscrits déjà cités, 


200 HISTOIRE NATURELLE 


leur générale de la croûte osseuse est d’un rouge 
obscur. Toutes les nageoires sont brunes; l’extré- 
mité de la queue, l'iris, et les intervalles des pièces 
situées auprès des opercules des branchies , sont d’un 
beau jaune, et le dessous du corps est d’un jaune sale 
et blanchâtre. 

Le museau est comme tronqué, l'ouverture de la 
bouche petite; les dents sont brunes, et au nombre 
de dix à chaque mâchoire : mais ce qui distingue 
principalement l’ostracion que nous cherchons à faire 
connoître , c’est qu'il a deux tubercules cartilagineux 
et blanchâtres, l’un au devant de fouverture de la 
bouche , et l’autre au dessous. Ce dernier est le plus 
grand. 

La langue est une sorte de cartilage informe , un 
peu arrondi et blanchâtre. 

L'ouverture des narines est étroite, et située au 
devant et très près des yeux. 

Les branchies sont au nombre de quatre de chaque 
côté, et la partie concave des demi-cercles qui les 
souliennent est finement dentelée !. 

Nous devons la connoiïssance de celte espèce à 
Commerson, qui l’a observée dans la mer voisine de 
l'île Pralin, où elle parvient au moins à la longueur 


d'un pied. 


1. Aux nageoires pectorales D EE A A EE An 16 rayons. 
Acelle du dos ere A Ten ne PRE 
Aicelle de l'anus tete men Le MA el MEN IEO 


A celle de la queue, quirest arrondies.) 2\ OreNcRIR 


DES POISSONS. 201 


L'OSTRACION MOUCHETÉ" 


Ostracion cubicus, Linn., GMEL., BLocx, Cuv. 


Cer ostracion est peint de couleurs plus belles que 
celles qui ornent le deux-tubercules, avec lequel il 
a cependant de très grands rapports. Chacune des 
pièces hexagones que l’on voit sur la croûte osseuse, 
présente une tache blanche ou d’un bleu très clair, 
entourée d’un cercle noir qui la rend plus éclatante, 
et lui donne l'apparence d’un iris avec sa prunelle. 
Les nageoires pectorales du dos et de l’anus sont jau- 


1. Mus. ad. fr. 1. p. 59. 

It. Wgoth., p. 168. 

« Ostracion quadrangulus, maculis variis plurimis. » Artedi, gen. 56, 
syn. 85, n. 8. 

Coffre quadrangulaire, sans épines, Daubenton , Encyclopédie mé- 
thodique. 

Coffre tigré, Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Piscis mediocris quadrangularis, maculosus. » Lister, ap. Wil- 
Jughby, p. 20. 

Raj., p. 45. 

Pet. Gaz. 1, tab. 1, fig. 2. 

Seb. mus. 3, tab. 24, fig. 4 et 5. 

« Ostracion tetragonus oblongus, muticus, scutis, testæ hexagonis 
punctalo scabris, ocello nigro cæruleo in singulis. » Commerson , ma- 
nuscrits déja cités. 

Ostracior cubicus, coffre tigré , Bloch, pl. 157. 


202 HISTOIRE NATURELLE 

nâtres!. Le dessous du corps offre des taches blan- 
ches sur les petits boucliers de l’enveloppe solide, 
et jaunes ou blanchâtres sur les intervalles; et enfin, 
la portion de la queue qui déborde la couverture os- 
seuse est brune et parsemée de points noirs. Mais ce 
qui différencie le plus le moucheté d’avec l'espèce 
précédente, c’est qu’il n’a pas de tubercule cartilagi- 
neux au dessus ni au dessous de la bouche. D'ailleurs 
il n’y a ordinairement, suivant Commerson , que huit 
dents à la mâchoire supérieure, et six à l'inférieure. 
Au reste, la sorte de coffre dans lequel la plus grande 
partie de l'animal est renfermée , est à quatre faces 
longitudinales, ou quadrangulaire. 

Le moucheté vit dans les mers chaudées des Indes 
orientales , et particulièrement dans celles qui avoi- 
sinent l'Ile de France. Sa chair est exquise. On le 
nourrit avec soin en plusieurs endroits; on l'y con- 
serve dans des bassins ou dans des étangs; et il y de- 
vieul, selon Renard, si familier, qu'il accourt à la 
voix de ceux qui l’appellent, vient à la surface de 
l’eau, et prend sans crainte sa nourriture Jusque dans 
Ja main qui la lui présente. 


1, Aux nageoires pectorales. . . . . . . .: - . . . ./ 10 rayons: 
Acelle duidos En ne Mn NU que 9 
A'rcelle deil'anus eds ri NARUTO 9 
A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 10 


DES POISSONS. 20) 


L'OSTRACION BOSS Ur. 
Ostracion gibbosus, Linn., Guec., Lacer. 


a a) —  — 


GE cartilagineux quadrangulaire, ou dont la cou- 
verture solide présente quatre faces longitudinales, a 
pour caractère distinctif une élévation en forme de 
bosse, qu'offre sur le dos la croûte osseuse. Cette 
élévation et la conformation de son enveloppe suf- 
lisent, étant réunies, pour empècher de confondre 
cet animal avec les autres poissons inscrits dans le 
premier sous-genre des ostracions. On pêche le bossu 
dans les mers africaines. 

On trouve dans Knorr ? la figure et la description 
d’un cartilagineux que l’on à pris pour un ostracion , 
auquel on à donné le nom d’Ostracion porte-crêteÿ , et 
qu, n'ayant point de cornes ou grands piquanis, 


1. Coffre bossu, Daubenton , Encyclosédie méthodique. 

Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Ostracion oblongus, quadrangulus gibbosus, Artedi, gen. 55, syn. 85. 
Ostracion alter, Aldrov., 1. 4, c. 19, p. 562. 

Jonston, t. 25, n. 7. 

Ostracion alter gibbosus, Aldrov. Lister, ap. Willughby, p. 156. 
Piscis quadrangularis gibbosus, ibid. p. 20. 

Ray. p. 44. 

2. Kaorr, Del. nat. selectæ, p. 56, tab. H, 4, Gg. 5. 

3. Planches de l'Encyclopédie méthodique. 


20/4 HISTOIRE NATURELLE 

devroit être compris dans le premier sous-genre de 
cette famille, comme le bossu, et les autres véri- 
tables ostracions dont nous venons de nous occuper. 
Mais si l’on examine avec attention cette description 
et cette figure, on verra que l’animal auquel elles se 
rapportent, n’a aucun des véritables traits distinctifs 
des ostracions, mais qu'il a ceux des lophies, et par- 
ticulièrement des lophies comprimées par les côtés. 
Au reste, il est figuré d’une manière trop inexacte, 
et décrit d’une manière trop peu étendue, pour que 
l'on puisse facilement déterminer son espèce , qui est 
d’ailleurs d'autant plus difficile à reconnoître, que le 
dessin et la description paroissent avoir été faits sur 
un individu altéré. 


DES POISSONS. 205 


epemnspenes topo repepedperemporememetretomedbeinetretetredpe 


L'OSTRACION” 


TROIS -AIGUILLONS, 


Ostracion tricornis, LiNN., Get. 


L'OSTRACION TRIGONE?, 


Ostracion trigonus, Lann., Gmer., Cuv. 


ET L'OSTRACION DEUX-AIGUILLONS, 


Ostracion bicaudalis. 


Nous plaçcons dans le même article ce que nous 
avons à dire sur ces trois espèces, parce qu'elles ne 
! Ps qe . 
présentent que peu de différences à indiquer. 


1. Ostracion tricornis. (Les passages de divers auteurs rapportés au 
trois-aiguillons par Gmelin, ont trait à d’autres ostracions; el ce 
qu'ont dit Daubenton et Bonnaterre, dans l'Encyclopédie méthodi- 
que , du coffre triangulaire à trois épines, doit être appliqué à l'ostra- 
cion Läster. ) . 

2, It. scan. 160. 

« Ostracion triangulus, limbis figurarum hexagonarum eminenti- 

bus, aculeis duobus in imo ventre. » Arledi, gen. 56, syn. 85. 

Ibid. n. 12. 

Ostracion trigonus, Coffre a perles. Bloch, pl. 155. 

« Piscis triangularis Clusii, cornibus carens. » Willughby, p. 156 

Ray. p. 44. 

Coffre triangulaire tuberculé à deux épines. Daubenton, Encyclo- 
pédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Ecyclopédie méthodique. 

3. « Ostracion triäangulatas, taberculis hexagonis radiatis, aculeis 
- duobus in imo ventre. » Artedi, gen. 57, syn. 85. 


206 HISTOIRE NATURELLE 


Le trois-aiguillons, inscrit dans le second sous- 
genre, montre auprès des yeux deux longues prolon- 
gations de sa croûte osseuse, façconnées en pointes 
et dirigées en avant. Il a d’ailleurs un troisième ai- 
guillon sur la partie supérieure du corps. Il vit dans 
les mers de l'Inde, ainsi que le trigone et le deux- 
aiguillons. 

Ces deux derniers ostracions ont beaucoup de 
traits de ressemblance l’un avec l’autre. Placés tous 
les deux dans le troisième sous-genre, ils n’ont point 
de piquants sur la tête; mais leur enveloppe solide, 
triangulaire où composée de trois faces longitudi- 
nales comme celle du trois-aiguillons, se termine, 
du côté de‘la queue, et à chacun des deux angles 
qu'y présente la face inférieure, par ur long aiguillon 
dirigé en arrière. 

Au premier coup d'œil, on est embarrassé pour 
distinguer le trigone du deux-aiguillons ; voici cepen- 
dant les différences principales qui les séparent. Les 
boucliers ou pièces hexagones du premier de ces 
deux poissons sont plus bombés que ceux du second; 
d’ailleurs ils sont relevés par des tubercules plus sail- 
lants, que l'on a comparés à des perles; de plus, les 
deux piquants qui s'étendent sous la queue sont can- 
nelés longitudinalement dans le trigone, au lieu qu'ils 


Seb. mus. 5, tab. 24, fig. 5. 

« Piscis triangularis parvus, non nisi imo ventre cornutus.» Lister, 
app. Willughby, p. vo. 

Ray. p. 45. 

Coffre triangulaire chagriné à deux épines. Daubenton, Encyelo- 
pédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Ostracion bicaudalis, coffre deux-piquants. Bloch, pl. 132. 


DES POISSONS. 207 
sont presque lisses dans le deux-aiguillons ; et enfin 
la nageoire dorsale comprend ordinairement quatorze 
rayons sur le trigone !, tandis que sur le deux-aiguil- 
lons elle n’en renferme que dix ?. 

Lorsqu'on veut saisir le trigone, il fait entendre, 
comme le baliste vieille, et vraisemblablement comme 
d’autres ostracions , une sorte de petit bruit produit 
par l'air, ou par les gaz aériformes qui s’'échappent 
avec vitesse de l’intérieur de son corps qu'il com- 
prime. On a donné le nom de grognement à ce bruis- 
sement qu'il fait naître ; et voilà pourquoi ce cartila- 
vineux a été nommé Cochon de mer, de mème que 


plusieurs autres poissons. Au reste , sa chair est dure, 
et peu agréable au goût. 


1. Aux nageoires pectorales. , 


À RUES RQUS nee 12 rayons. 
AMcellesdurdos sr pu NES SARA Re PE 14 
Acelledelanusstsntesnte nn states 12 
A celle de la queue, qui est arrondie. , . . . , 7 

2. Aux nageoires pectorales. . LR TN MO MA 12 rayons, 
Acellesduidossae "las St nca lntes e 10 
A celle de l’anus.. . (ES EAN AA ANA RS 10 
À celle de la queue, qui est arrondie.. . . . .. 10 


205 HISTOIRE NATURELLE 


L'OSTRACIO N' 


QUATRE -AIGUILLONS , 


Ostracion quadricornis, Linx., Guez., Cuv. 


L'OSTRACION LISTER 2. 


Ostracion Lister, Lacer. 


Ces deux cartilagineux sont compris dans le qua- 
trième sous-genre de leur fanille. Ils ont tous les deux 


1. « Ostracion triangulatus, aculeis duobus in fronte, et totidem in 
» imo ventre.» Artedi, gen. 56, syn. 55. 

Coffre triangulaire à quatre épines. Daubenton , Encyclopédie mé- 
thodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

« Piscis triangularis Clusïi cornutus. » Ray., pisc., p. 44. 

Ostracion quadricornis, coffre quatre-piquants. Bloch, pl. 154. 

2. Lister, ap. Willughby, Ichthyol, p. 19. 

« Ostracion triangulatus, aculeis duobus in capite, et unico lon- 
» giore superne ad caudam. » Artedi, gen. 56, syn. 85. 

Coffre triangulaire à trois épines. Daubenton, Encyclopédie mé- 
thodique. 

Coffre triangulaire à trois épines. Bonnaterre, planches de l'Ency- 
clopédie méthodique. 

(Artedi, Daubenton et Bonnaterre, n'ont pas vu les deux aiguil- 


DES POISSONS. 209 
l'enveloppe triangulaire; tous les deux ont quatre pi- 
quants, deux auprès des yeux, et deux au dessous 
de la queue , aux deux angles qui y terminent la face 
inférieure de la croûte osseuse : mais ils diffèrent l’un 
de l’autre par la conformation de la queue, qui, 
dans le Lister, présente un piquant dur, pointu, et 
aussi long que la nageoire de l’anus, tandis que cette 
partie du corps n’en montre aucun dans le quatre- 
aiguillonsi. Cette pointe longue et dure est placée 
sur la portion de la queue du Lister qui est hors de 
l'enveloppe, et elle y est plus rapprochée de la na- 
seoire caudale que de l'extrémité de la croûte solide. 
La nageoire dorsale du Lister est plus près de la tête 
que celle de l’anus. On ne voit pas sur la queue de 
ce cartilagineux d’écailles sensibles pendant la vie 
de l'animal; le dos et les côtés de sa tête présentent 
de grandes taches ondées ; et nous avons donné à ce 
poisson Île nom sous lequel il est inscrit dans cet ou- 
vrage, parce que c'est au savant Lister que l’on en 
doit la connoissance. L'on ne sait dans quelles mers 
vit cet ostracion; le quatre-aiguillons se trouve dans 
celles des Indes, et près des côtes de Guinée. 


lons situés à l'extrémité de la face inférieure du têt, et au dessous de 
la queue ; et voilà pourquoi les deux derniers de ces trois naturalistes, 
et le professeur Gmelin , ont confondu l'ostracion que nous nommons 
Lister, avec le trois-aiguillons. ) 
1. Il y à aux nagcoires pectorales du troïs-aiguillons. 11 rayons. 

a la napeoire dorsale. 2 2.4. 2 1e 10 

à celle de l'anus: 22002 D RAA ra 

alcelle de la:queue: 20 (2 ru 10 


210 HISTOIRE NATURELLE 


LR BLÈS F9 109 50 5-26 HO »9 DO EG FO ECÉD 390 HS TO 


102080 0050 800 79 


L'OSTRACIO N° 


QUADRANGULAIRE , 


‘Ostracion cornutus, Linx., GueL., Cuv. 


ET 


L'OSTRACION DROMADAIRE?. 


Ostracion turritus, Lixn., Gmer., Cuv. 


CEs deux ostracions ont le corps recouvert d’une 
enveloppe à quatre faces longitudinales : mais ces 


1. Mus. ad. fr. 1, p. 80. 

Gronov., mus. 1. n. 118. 

Willughby, Ichthyol. tab. 1, 15, fig. 1. 

Piscis cornutus. Bont. Jay. 79. 

Edw. Glan. pl. 284, fig. 1. 

Seb., mus. 5, tab. 24, fig. 8 et :5. 

Coffre triangulaire à quatre épines, Daubenton , Encyclopédie mé- 
thodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Ostracion cornutus, coffre taureau de mer. Bloch, pl. 153. 

Holosteus cornutus, Plumier, dessins sur vélin déjà cités. 

2. Forsk. Faun. arabic., p. 75, n. 115. 

Ostracion turritus, coffre chameau marin. Bloch, pl. 156. 

Lkan toe tombo ekor tiga. Valentyn , Ind. 5, p. 596, n. 159. 

Co ffre cliameau marin. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thod ique. 

Knorr, Délices de la nature, pl. H, 1. fig. 3 et 2. 


DES POISSONS. 211 
quatre côtés sont bien plus réguliers dans le premier 
de ces poissons que dans le second. Le quadrangu- 
laire a d’ailleurs, comme le quatre-aiguillons et comme 
le Lister, quatre pointes ou espèces de cornes fortes 
et longues : deux situées au dessous de la queue, 
dirigées en arrière, et attachées aux deux angles de 
la croûte osseuse ; et les deux autres placées auprès 
des yeux, tournées en avant, et assez semblables en 
petit aux armes menaçantes d'un taureau, pour avoir 
fait donner au quadrangulaire le nom de Taureau 
marin. Il habite les mers de l’Inde, et sa chair est 
dure 1. 

Le dromadaire se trouve également dans les mers 
des Indes orientales ; mais il a été aussi observé dans 
la mer Rouge. Au milieu de la face supérieure de sa 
couverture solide, s'élève une bosse très grosse, quel- 
quefois en forme de cône, d’autres fois un peu sem- 
blable à une pyramide triangulaire, le plus souvent 
très large dans sa base , et toujours terminée par un 
gros aiguillon recourbé, cannelé, et un peu dirigé 
vers l'arrière. Un aiguillon plus petit, mais figuré de 
même, est placé verticalement au dessus de chaque 
œil, et d'autres piquants cannelés, aussi irès forts et 
recourbés, garnissent les deux côtés de la face infé- 
rieure du coffre. Ces pointes inférieures et latérales 
varient en nombre suivant l'âge de l'animal, et depuis 
trois jusqu’à cinq de chaque côté. Les tubercules se- 
més sur la croûte osseuse y forment des figures trian- 


1. Aux nageoires pectorales du quadrangulaire.. . . 10 rayons. 
Aicelle duidos 2. NN URL snDUs 9 
Afcelle de lanus., he AA Le Re e 9 
À celle de la queue, qui est arrondie. . 1 LO 


212 HISTOIRE NATURELLE 


culaires, lesquelles, réunies, donnent naissance à des 
hexagones, comme sur presque tous les ostracions, 
et ces hexagones sont séparés par des intervalles un 
peu transparents À, 

Le coffre est d’un cendré jaunâtre, les autres par- 
tes de l’animal sont brunes, et l’on voit, sur plusieurs 
endroits du corps et de la queue, des taches brunes 
et rondes. 

Cette espèce a été nommée Chameau marin; mais 
nous avons préféré à ce nom celui de Dromadaire, 
l'animal n’ayant qu'une bosse sur le dos. Au reste, 
elle parvient à la longueur d’un pied et demi, et sa 
chair est coriace et désagréable au goût. 

Voilà donc la chair du dromadaire, du quadran- 
gulaire, du quatre-aiguillons, du ’trigone, qui est 
dure et dénuée de saveur agréable, Il paroît que tous 
ou du moins presque tous les ostracions armés de 
pointes, l’ont coriace, tandis qu'elle est tendre et 
savoureuse dans tous les poissons de cette famille 
qui ne présentent aucun piquant. La différence dans 
la bonté de la chair est souvent un signe de la diver- 
sité de sexe. La présence de piquants, ou d’autres 
armes plus où moins puissantes, peut aussi être la 
marque de cette même diversité. L’on n’a poiat en- 
core d'observations exactes sur les variétés de forme 
qui peuvent être attachées à l’un ou à l’autre des deux 
sexes dans le genre dont nous nous occupons : peut- 
être, lorsque les ostracions seront mieux connus, 


1. Aux nageoires peclorales du dremadaire. . . . . 10 rayons. 
Aicellerdurdos ts eee SI 9 
Atcellerde l'anus. 5e 1204.20 CESR 9 
À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 10 

e 


| 
| 
| 


| DES POISSONS, 213 
trouvera-t-on que ceux de ces cartilaginenx qui pré- 
sentent des piquants, sont-les mâles de ceux qui 
n’en présentent pas; peut-être, par exemple, regar- 
dera-t-on le dromadaire comme le mâle du bossu, 
le quadrangulaire comme celui du moucheté, le 
quatre-aiguillons, dont la croûte n’a que trois faces 
longitudinales, comme le mâle du triangulaire : mais, 
dans l’état actuel de nos connoissances , nous ne pou- 
vons que décrire comme des espèces diverses, des 
ostracions aussi différents les uns des autres par leur 
conformation, que ceux que nous venons de consi- 
dérer comme appartenant, en effet, à des espèces 
distinctes. 


LAGÉPEDF. VI 14 


214 HISTOIRE NATURELLE 


ape grematainet sn ep aa He eHéaeeeB sn ÉRHBRETPERSTOPAT TETE 


DOUZIÈME GENRE. 


LES TÉTRODONS. 


Les mâchoires osseuses, avancées, et divisées chacune 
en deux dents. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Les deux mâchotres inégalement avancées; le corps non comprimé. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


La mâchoire supérieure plus avancée que 
l'inférieure ; de très petits piquanis sur le 
ventre. 

La mâchoire supérienre plus avancée que 
l'inférieure; de petits piquants sur tout 
le corps; la base des piquants répandus 
sur les côtés et sur le ventre, étoilée à 
cinq ou six rayons. 

La mâchoire supérieure plus avancée que 


/ 
| l'inférieure; de petits piquants sur tout le 
/ 


1. TÉTRODON PERROQUET. 


. TÉTRODON ÉTOILE. 


D 


corps; la base des piquants répandus sur 
les côtés et sur le ventre, étoilée à cinq 
ou six rayons; des taches noires sur le 
ventre; la nageoïre dorsale presque li- 
néaire , et sans rayons distincts. 

La mâchoire supérieure plus avancée que 
l'inférieure; de petits piquanis sur tout le 
corps, dont toutes les parlies sont sans 
taches ; les yeux petits et très rapprochés 
du bout du museau. 


TÉTRODON POINTILLÉ. 


O1 


4. TÉTRODON sANS-TACHE. 4 


{ La mâchoire inférieure plus avancée que la 
5. TÉTRODON HÉRISSÉ, | supérieure ; tout le corps hérissé de très 
petits piquants. 


| 


DES POISSONS. 215 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


La mâchoire inférieure plus avancée que la 

supérieure; tout le corps hérissé de très 

6. TÉ£TRODON MOUCHETÉ. petits piquants; des taches noires sur le 
| dos, sur la queue et sur la nageoire cau- 

dale : les nageoires pectorales arrondies. 


\ 


La mâchoire inférieure plus avancée que la 
7. TÉTRODON nonexiarex. | supérieure ; des aiguillons sur le ventre ; 
la ligne latérale très marquée. 


SECOND SOUS-GENRE, 


Les deux mâchoires également avancées; le corps non comprimé. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


8. TéÉTRODON LAGOCE- 


Le ventre garni d’aiguillons à trois racines. 
PHALE, ï 


Des raies longitudinales : un tubercule sur- 
monté de deux filaments, au devant de 
chaque œil. 


9. TÉTRODON RAYÉ. 


10, TÉTRODON CROIS- 


| Une bande en-croissant sur le dos. 
SANT. 


11. TÉTRODON MAL-ARMÉ. sur la partie antérieure du ventre: deux 


lignes latérales de chaque côté. 


12. TÉTRODON SPENGLÉ- 


Des barbillons et des piquants sur le corps. 
RIEN. 


Le corps très allongé ; deux lignes latérales 
13. TÉTRODON ALLONGE. très marquées de chaque côté; une pointe 


à l’opercule des branchies. 


14. TÉTRODON MUS£AU- 
ALLONGÉ. 


( 
( 
{ Des piquants répandus presque uniquement 


Les mâchoires très avancées. 


15. TÉTRODON PLUMIER. jaune, et recourbée en arrière, à la place 


d’une première nageoire dorsale. 


La tête, toutes les parties du corps, la queue 
et les nageoires brunes , et parsemées de 
 _petiles taches lenticulaires et blanches. 


16. TÉTRODON MÉELAGRIS, 


N élévation pyramidale , à quatre faces, 


210 HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
b Un grand nombre de taches rouges. vertes, 
ÿ 17. TÉTRODON ÉLECTRI- Het t bueluteloie (ER 
ge anches, et quelquefois d’autres cou- 
Ar leurs. 
18. Térronon GROSSE- }La 1éte tr oese) 
TÈTE. 
TROISIÈME SCUS-GENRE. 
Le corps très comprimé par Les côtés. 
ESPÈCE. CARACTÈRES. 


7 d’aiguillons; les nageoïres du dos, de 


19. TETRODON LUXE. , Sie 
la queue et de l'anus, réunies. 


DES POISSONS. 217 


BA POS Do 400 Po BD 1 #00 190 SO LPO LG OE-04 0-00 LOI WI HELPOSHIPO IP TO LPO HO AO LOE 


LE TÉTRODON PERROQUET" 


T'etrodon testudineus, Linx., Guer., Cuv. 


Les poissons cartilagineux que nous allons exami.- 
ner ont reçu le nom de T'étrodon, qui signifie quatre 
dents, à cause de la conformation singulière de leurs 
mâchoires. Elles sont, en effet, larges, dures, osseu- 
ses, saillantes, quelquefois arrondies sur le devant, 
et séparées chacune, dans cette partie antérieure, 
par une fente verticale, en deux portions auxquelles 
le nom de dents a été donné. Ces quatre dents, ou 
ces quatre portions de mâchoires osseuses, qui dé- 
bordent les ièvres, sont ordinairement dentelées, et 
ont beaucoup de rapports avec les mâchoires dures 
et dentelées des tortues. Dans les espèces où leur par- 
tie antérieure se prolonge un peu en pointe, ces por- 


1. Tetrodon testudineus. Linnée, édition de Gmelin. 

Amenit. academ., 1, p. 509, tab. 14, fig. 6. 

« Ostracion oblongus glaber, capite longo, corpore figuris variis 
» ornato. » Artedi, gen. 60, syn. 86, n. 23. 

l'etrodon testudineus, tête de tortue. Bloch, pl. 159. 

« Orbis vblongas testudinis capite.» Clusii exot. 1. 6, c. 26. 

Willughby, p. 147. 

Ray., p. 45. 

Quatre-dents perroquet. Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


210 HISTOIRE NATURELLE 

tions de mâchoires ressemblent un peu aux mandibu- 
les du bec d’un perroquet; et de là vient le nom que 
nous avons conservé au tétrodon que nous allons dé- 
crire dans cet article. 

Ces mâchoires, placées hors des lèvres, fortes et 
crénelées, sont très propres à écraser les crustacés 
et les coquillages, dont les tétrodons se nourrissent 
souvent. Ces poissons ont, par la nature de cet appé- 
tit pour les animaux revêtus d’un tèt ou d’une co- 
quille, un rapport d'habitude avec les ostracions, 
auxquels ils ressemblent aussi par des traits de leur 
conformation. Comme les ostracions, ils ont une 
membrane branchiale et un opercule : la membrane 
est communément dénuée de rayons; et l’opercule, 
plus où moins difficile à distinguer, surtout dans les 
individus desséchés ou altérés d’ane autre manière, 
consiste ordinairement dans une petite plaque carti- 
lagineuse. Ils n’ont pas reçu de la puissance créatrice 
cette enveloppe solide dans laquelle ta plus grande 
partie du corps. des ostracions est garantie de la dent 
de plusieurs poissons assez forts et assez bien armés; 
Ja nature ne leur à pas donné les boucliers larges et 
épais qu'elle a disposés sur le dos des acipensères ; 
elle ne les a pas revêtus de la peau épaisse des balis- 
tes : mais une partie plus ou moins grande de leur 
surface est hérissée, dans presque toutes les espèces 
de cette famille , de petits piquants dont le nombre 
compense la brièveté. Ces pointes blessent assez la 
main qui veut retenir le poisson, ou l'animal qui veut 
le saisir, pour contraindre souvent à lâcher prise et 
à cesser de poursuivre le tétrodon ; et il est à remar- 
quer que la seule espèce de ce genre que l’on ait vue 


DES POISSONS. 219 
absolument sans aiguillons, a été douée pour se dé- 
fendre, de la force et de la grandeur. 

Mais indépendamment de ces armes, au moins 
très multipliées, si elles sont peu visibles, les tétro- 
dons jouissent d’une faculté qui leur est utile dans 
beaucoup de circonstances , et qu'ils possèdent à un 
plus haut degré que presque tous les poissous connus. 

Nous avons vu les balistes, et d’autres cartilagi- 
neux, gonfler une partie de leur corps à volonté et 
d’une manière plus ou moins sensibles. Les tétro- 
dons enflent ainsi leur partie inférieure; mais ils 
peuvent donner à cette partie une extension si con- 
sidérable , qu’elle devient comme une grosse boule 
soufilée, dans la portion supérieure de laquelle dis- 
paroît, pour ainsi dire, quelquefois, le corps propre- 
ment dit, quelque cylindrique ou quelque conique 
que soit sa forme. Ils usent de cette faculté, et s’ar- 
rondissent plus ou moins suivant les différents be- 
soins qu'ils veulent satisfaire ; et de ces gonflements 
plus ou moins considérables, sont venues des erreurs 
de plusieurs observateurs qui ont rapporté à diffé- 
rentes espèces, des individus de la même, enflés et 
étendus à des degrés inégaux. 

Mais quelle est précisément la partie de leur corps 
dont les tétrodons peuvent augmenter le volume, en 
y introduisant ou de l’air atmosphérique, ou un gaz, 
ou un fluide quelconque? C’est une sorte de sac 
formé par une membrane située entre les intestins et 
le péritoine qui les couvre; et cette pellicule très sou- 
ple est la membrane interne de ce même péritoine. 
Au reste, un habile ichthyologiste 1 s’est assuré de la 


1. Le docteur Bloch, de Berlin, 


220 HISTOIRE NATURELLE 
communication de l’intérieur de ce sac avec la cavité 
qui contient les branchies : il l'a, en effet, gonflé , en 
soufflant par l'ouverture branchiale : et ce fait ne 
pourroit-il pas être regardé comme une espèce de 
confirmation des idées que nous avons exposées! sur 
l'usage et les effets des branchies des poissons? mais 
quoi qu'il en soit , les parties voisines de cette poche 
partagent sa souplesse , Se prêtent à son gonflement, 
s'étendent elles-même. La peau de l’animal, ordinai- 
rement assez mince et plissée, pouvant recevoir aussi 
un grand développement, toute la portion inférieure 
du corps du tétrodon, et même ses côtés, s’enflent 
et se dilatent au point de représenter un globe plus 
ou moins parfait , et si grand à proportion du volume 
du poisson, que l’on croiroit, en le voyant nager dans 
cet état, n'avoir sous les yeux qu’un ballon flottant 
entre deux eaux, ou sur la surface des mers. 

C’est principalement lorsque les tétrodons veulent 
s'élever, qu'ils gonflent ainsi leur corps, le remplissent 
d’un fluide moins pesant que l’eau, et augmentent 
leur légèreté spécifique. Ils compriment, au con- 
traire, le sac de leur péritoine, lorsqu'ils veulent des- 
cendre avec plus de facilité dans les profondeurs de 
l'Océan; et la partie inférieure de leur corps est pour 
ces cartilagineux une seconde vessie natatoire, plus 
puissante même peut-être que leur véritable vessie 
aérienne, quoique cette dernière soit assez étendue, 
relativement à la grandeur de lPanimal. 

Les tétrodons s'enflent aussi et s’arrondissent, lors- 
qu'ils veulent résister à une attaque; et ils se bour- 
souflent ainsi non seulement pour opposer à leurs 


1. Voyez ie Discours sur la nature des poissons. 


DES POISSONS. 291 
ennemis un volume plus grand et plus embarrassant, 
mais encore parce que dans cet état de tension des 
téguments, les petits aiguilions qui garnissent la peau 
sont aussi saillants et aussi dressés qu'ils peüvent 
l'être. 

Le perroquet, le premier de ces tétrodons que 
nous ayons à examiner, a été nommé ainsi, à cause 
de la forme de ses mâchoires, dont la supérieure est 
plus avancée que l'inférieure , et qui ont avec le bec 
des oïseaux appelés perroquets, plus de ressemblance 
encore que celles des autres cartilagineux de la même 
famille. 

Lorsque ce poisson n’est pas gonflé, il a le corps 
allongé comme presque tous les tétrodons vus dans 
ce même état de moindre extension. Les veux sont 
gros; et au devant de chacun de ces organes, est une 
narine fermée par une membrane, aux deux bouts de 
iaquelle on voit une ouverture que le perroquet peut 
ciore à volonté, en étendant cette même membrane 
ou pellicule. 

L’orifice des branchies est étroit, un peu en crois- 
sant, placé verticalement, et situé, de chaque côté, 
au devant de la nageoire pectorale, qui est arrondie, 
et souvent aussi éloignée de l'extrémité du museau 
que de la nageoire de l'anus. Cette dernière et celle du 
dos sont presque au dessus l’une de l'autre , et pré- 
sentent à peu près la même surface et ia même fi- 
gure. La nageoire de la queue est arrondie ; et comme 
aucune couverture épaisse ou solide ne gêne daus 
le perroquet, ni dans les autres tétrodons, le mouve- 
ment de la queue et de sa nageoire, et que d’ailleurs 
ils peuvent s'élever avec facilité au milieu de leau , 


229 HISTOIRE NATURELLE 
on peut croire que ces animaux, n'ayant besoin , en 
quelque sorte, d'employer leur force que pour s’a- 
vancer, jouissent de la faculté de nager avec vitesse. 
C’est dans l'Inde qu'habite ce cartilagineux, dont 
la partie supérieure est communément brune avec 
des taches blanches et de diverses figures, et dont 
les côtés sont blancs avec des bandes irrégulières, 
longitudinales, et de couleurs foncées. 
Des aiguillons revêtent la peau du ventre, et sont 
renfermés presque en entier dans des espèces de pe- 


tits enfoncements, qui disparoissent lorsque l'animal 
se gonîle et que la peau est tendue. 


LE TÉTRODON ÉTOILE? 


T'etraodon cinereus, CoMmers., LaAcer. 


Nous avons trouvé la description de ce cartilagi= 
neux dans les écrits de Commerson, qui l’avoit vu 
parmi d’autres poissons apportés au marché de l'île 
Maurice, auprès de File de France. Ce voyageur 


;. On compte aux nageoires pectorales. . . . . . . 14 rayons. 
à celle/dudosit: 12105000 ect Rae 6 
a celle del anus. . 4. 2027 6 
a.celle deaïqueue. 4} 07 MERE 


2. « Telraodon cinereus, nigro guttatus, hispidus setis e basi stel- 
+ lata exortis. » Commerson , manuscrits déjà cités. 


DES POISSONS. 223 
compare la grandeur que présente le tétrodon étoilé, 
lorsqu'il est aussi gonflé qu'il puisse l'être , à celle 
d’un ballon à jouer, dont ce cartilagineux montreroit 
assez exactement la figure, sans sa queue, qui est 
plus ou moins pr olongée. Cet animal est grisâtre, 
mais d’une couleur plus sombre sur le dos, lequel est 
semé, ainsi que la queue, de taches petites, presque 
rondes et très rapprochées. La partie inférieure du 
corps est d’une couleur plus claire et sans taches, ex- 
cepté auprès de l'anus, où l’on voit une espèce d’an- 
neau coloré, et d’un noir trés foncé. 

L'ensemble du poisson est hérissé de piquants roi- 
des, et d’une ou deux lignes de longueur. Ceux qui 
sont sur le dos sont les plus courts et tournés en ar- 
rière ; les autres sont droits, au moins lorsque le ven- 
tre est enflé, et attachés par une base étoilée à cinq 
ou six rayons. Nous verrons une base analogue re- 
tenir les piquants de plusieurs autres poissons, et 
particulièrement de la plupart de ceux auxquels le 
nom de Diodon a été donné. Au reste, ces piquants 
tiennent lieu , sur l’étoilé, ainsi que sur le plus grand 
nombre d’autres tétrodons, d'écailles proprement 
dites. 

La mâchoire supérieure est un peu plus avancée 
que linférieure. Les deux dents qui garnissent cha- 
cune de ces mâchoires , sont blanches, iarges, à bords 
incisifs , et attachées de très près l’une à l’autre, sur 
le devant du museau. 

Les yeux, séparés par un intervalle un peu dé- 
primé, sont situés de manière à regarder avec plus de 
facilité en haut que par côté. 

On n’aperçoit pas de ligne latérale. 


224 HISTOIRE NATURELLE 

La nageoire du dos , arrondie par le bout , et plus 
haute que large, est attachée à un appendice qui la 
fait paroître comme pédonculéef!, La candale est ar- 
rondie ; et la partie de la queue, qui l’avoisine , est 
dénuee de piquants. 

L'individu observé par Commerson avoit treize 
pouces de longueur. [l pesoit à peu près deux livres. 


492 5920 F00ESE950 09000 FUESHO 500 HET PATAHO.FOPI BOB EOECHAHSHIHSS-OHOLOHOHOLO 


LE TÉTRODON POINTILLE? 


T'etraodon punctulatus, Lacer. 


C’est encore d'après les manuscrits de l’infatigable 
Commerson, que nous donnons la description de ce 
cartilagineux , dont un individu avoit été remis à ce 
naturaliste par son ami Deschamps. 

Ce tétrodon est conformé comme l'étoilé dans 
presque toutes ses parties; il a particulièrement sa 
mâchoire supérieure plus avancée que celle de des- 
sous, et la base de ses piquants étoilée, comme le 
cartilagineux décrit dans l’article précédent. Mais ses 


1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . .. : + « + 17 EAYONS. 
A'cellerdutdos MM EN RE 1 150 
Ascelle della ts MP af ER EG 


A celle deflañquenes fn. L'euURArE Dr Le) 
2. « Tetraodon hispidus, puactis in dorso, guttis in ventre de- 
» fluentibus alris, pinrà dorsi lineari spurià. » Commerson, manu- 
scrils déjà cités. 


DÉS POISSONS. 225 


couleurs ne sont pas les mêmes que celles de l’étoilé. 
Il a , en effet, non seulement de petits points noirs 
semés sur la parlie supérieure de son corps, qui est 
brune, mais encore des taches plus grandes, irrégu- 
lières, et d’un noir plus foncé, sur la partie inférieure, 
qui est blanchâtre. Ses nageoires pectorales présen- 
tent , à leur base, une raie large et noire, et sont livides 
el sans taches sur tout le reste de leur surface. D'’ail- 
leurs, la nageoire dorsale est très étroite, presque 
linéaire, ne montre aucun rayon distinct ; et ce der- 
nier caraclère sufhit , ainsi que l’a pensé Commersor, 
pour le séparer de l’étoilé 1, 


eFsSebt-Hepst se Æ% sp tsbpepeme pes HobsHe Deere Ir eBREMPe pee MpoMe Bees Hor sb QE 0H Hi 


LE TÉTRODON SANS-TACHE. 


T'eiraodon immaculatus, Cuv. 


CE poisson a la mâchoire supérieure plus avancée 
que l’inférieure ; et il diffère des tétrodons, qui ont 
également la mâchoire d'en-bas moins avancée que 
celle d’eu-haut, par la place et les dimensions de ses 
yeux, qui sont petits et très rapprochés du bout du 
museau, et par sa couleur, qui est plus claire sur le 
venire , et à l'extrémité des nageoires pectorales, que 
sur le reste du corps, maïs qui ne présente absolument 
aucune tache. Presque toute la surface de l’animal 


1. Aux nageoires pectorales. . . . . .. . . + + + 20 rayons. 
À celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . 9 


226 HISTOIRE NATURELLE 


est d’ailleurs hérissée de petits piquants. C’est dans 
les dessins de Commerson que nous avons trouvé la 
figure de ce cartilagineux. 


LE TÉTRODON HÉRISSÉ’ 


Tetraodon hispidus, Linn., GueL., Lacer., Cuy. 


CE n’est pas seulement dans les mers de l'Inde 
qu'habite ce tétrodon; il vit aussi dans la Méditer- 


1. Pesce colombo, dans plusieurs endroits d'Italie. 

Flascopsaro, dans plusieurs contrées du Levant. 

Lagerstr. Chin. 25. 

« Ostracion tetraodon sphæricus. aculeis undique exiguis.» Ar- 
tedi, gen. 58, syn. 835. ; 

« Ostracion maculosus, aculeïis undique densis exiguis.» Idem, 
gen. 58, syn. S5iniuro. 

Quatre-dents hérissé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Flascopsaro, Rondelet, Histoire des poissons, première partie, 
Liv. 15, chap. 1. 

Orbis, Plin., Hist. mundi, lib. 52, cap. 2. 

Orbis primus Rondeletii, Willughby, p. 143. 

Flascopsarti, orbis, orchis, Belon , voy. liv. 2, chap. 32. 

Isidor. Hisp., lib. 12, cap. 6. 

Salv., fol. 208 , b, ad iconem. et 209. 

Jonston , lib. 2 , tab. 3, cap. 5; tab. 24, n. o. 

Orbis vulgaris, Charleton , Onomast., p. 154. 

Orbis, vel orchis, Gesner, p. 631, 744. 

Orbis species ex Gesnero, Aldrov., lib. 4, cap. 15, p. 554. 

l'etrodon hispidus, flascopsaro, Bloch , pl. 142. 


DES POISSONS. 227 
ranée, où on le trouve particulièrement auprès des 
côtes septentrionales de l’Afrique, et où il se tient 
quelquefois dans l'embouchure du Nil, et des autres 
rivières dont les eaux descendent des montagnes plus 
ou moins voisines de ces rivages africains. Aussi les 
anciens l’ont-ils connu ; et Pline en a parlé en lui 
donnant Île nom d’Orbis. Il mérite, en eflet, cette dé- 
nomination, qui lui a été conservée par plussieurs 
auteurs ; il la justifie du moins par sa forme, plus 
que la plupart des autres tétrodons, lorsqu’en se 
gonflant il s’est donné toute l'extension dont il est 
susceptible. Dans cet état d’enflure, il ressemble 
d'autant plus à un globe, que la dilatation s'étend 
au dessous de la queue, presque jusqu’à l'extrémité 
de cette partie, et que l’on n’auroit besoin de retran- 
cher de l’animal qu’une très petite portion de son 
museau. et sa nageoire caudale, pour en faire une 
véritable boule. Aussi Pline a-t-il dit que ce poisson 
étoit, en quelque sorte, composé d’une tête sans 
corps ; mais, comme l'ont observé Rondelet et d’au- 
tres auteurs, on devroit piutôt le croire formé d’un 
ventre sans tête, puisque c’est sa partie inférieure qui, 
en se remplissant d'un fluide quelconque, lui donne 
son grand volume et son arrondissement. 

Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la su- 
périeure, et la surface de tout son corps est parsemée 
de très petits piquants. 

Sa couleur est foncée sur le dos, et très claire sur 
les côtés, ainsi que sous le ventre. Mais ces deux 
nuances sont séparées l’une de l’autre par une ligne 
très sinueuse, de manière que la teinte brune des- 
cend de chaque côté au milieu de la teinte blanchà- 


220 HISTOIRE NATURELLE 
tre, par quatre bandes transversales plus ou moins 
larges, longues et irrégulières. 

Nous avous trouvé, dans les dessins de Commer- 
son , une figure du hérissé, qui a été faite d’après na- 
ture , et que nous avons fait graver. Le dessus du 
corps y paroît parseiné de taches très petites, rondes, 
blanches et disposées en quinconce. Nous ignorons si 
ces taches blanches sont le signe d’une variété d’âge, 
de pays , ou de sexe, ou si, dans les divers dessins etles 
descriptions que l’on a donnés du hérissé, on a ou- 
blié ces taches, uniquement par une suite de l’alté- 
ration des individus qui ont été décrits ou figurés. 

Les nageoires pectorales se terminent en croissant; 
celles de l’anus et du dos sont très petites ; celle de 
la queue est arrondie f. 

Le tétrodon hérissé n'est pas bon à manger; il ren- 
ferme trop de parties susceptibles d'extension, et 
trop peu de portions charnues. Dans plusieurs con- 
trées voisines des bords de la Méditerranée , ou des 
rivages des autres mers dans lesquelles habite ce car- 
tilagineux , on l’a souvent fait sécher avec soin dans 
son état de gonflement ; on l’a rempli de matières lé- 
gères, pour conserver sa rondeur ; on l’a suspendu 
autour des temples et d’autres édifices, à la place de 
sirouettes : et, en eflet, la queue d’un hérissé ainsi 
préparé et rendu très mobile a dû toujours se tourner 
vers le point de l’horizon, opposé à la direction du 


vent. 
1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . . Lee. FAT Ayons: 
AWrelle duidos it tee EU On Q 
AVcelle de l'anus 00 Nr AP) MR EE: QE 10 


Aderle deflatqueue fh-1RR IEEE N- AIT) 


DES POISSONS. 220 
Le térodon hérissé vivant au inilieu des eaux salées 
de la Méditerranée , on ne sera pas étonné qu'on ait 
reconnu des individus de cette espèce parmi les pois- 
sons pétrifiés que l'en trouve en si grand nombre 
dans le mont Bolca près de Véronne , et dont on a 
commencé de publier la description dans un très bel 
ouvrage, déjà cité dans cette histoire, et entrepris 
par le comte Gazola, ainsi que par d’autres savants 
physiciens de cette ville italienne. 


LE TETRODON MOUCHETÉ’ 


T'etraodon Commersont, Scun., RusseL., Cuv. 


Daxs les divers enfoncements que présentent les 
côtes des îles Pralin , ce poisson a été observé par le 
voyageur Commerson, qui l’a décrit avec beaucoup 
de soin. Ce naturaliste à comparé la grosseur de cet 
animal dans son état de gonflement, à la tête d’un en- 
fant qui vient de naître. Comme le hérissé, ce tétro- 
don a sa surface garnie , dans toutes ses parties, de 
petites pointes longues d’une ligne ou deux, et sa 
mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. 


1. Ichthyolithologia veronensis, pars secunda, tab. 8, fig. 5. 
2..« Tetraodon hispidus superne fuscus . deorsum exalbidus, guitis 
» nigris toto corpori temere inspersis, ore et oculis squalide Hiven- 
» tibus. » Commerson , manuscrits déjà cités. 
LACÉPÈDE. VI, 15 


230 HISTOIRE NATURELLE 

Mais il diffère du hérissé par la disposition etlesnuan- 
ces de ses couleurs. Il est d’un brun sale par dessus, 
et blanchâtre par dessous. De petites taches noires 
sont répandues sans ordre et avec profusion sur le 
dos, sur les côtés, et sur la nageoire de la queue. 
Les nageoires pectorales sont d’un jaune rougeâtre ; 
celle de l’anus, et l'extrémité de celle du dos, sont jau- 
nâtres; et l’on voit une teinte livide autour des yeux, 
et de l’ouverture de la bouche. 

La langue est comme une masse informe , cartila- 
gineuse, blanchâtre, et un peu arrondie. 

L'iris présente les couleurs de l'or et de l'argent. 

Les branchies ne sont de chaque côté qu’au nom- 
bre de trois; et chacune est composée de deux rangs 
de filaments. Ce nombre de branchies, que l’on re- 
trouve dans les autres tétrodons, sufhiroit pour sépa- 
rer le genre de ces poissons d'avec celui des ostra- 
cions, qui en ont quatre de chaque côté. 

Les nageoïres pectorales sont arrondies, ainsi que 
celles de la queue, au lieu d’être en demi-cercle 
comme celles du hérissé 1. j 

Le moucheté fait entendre, lorsqu'on veut ie sai- 
sir, un petit bruit semblable à celui que produisent 
les balistes et les ostracions : plus on le manie, et 
plus il se gonfle; plus il cherche, en accroiïssant ainsi 
son volume, à se défendre contre la main qui le tou- 
che et qui l’inquiète. 


1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . . . . . . . x7 rayons. 
Agcele dasdos EAN NAS 10 
AN Celle tdenlAanuS ae MONDE NA Las PS 10 


Atcelleide aiqueue. UML AE CU TO 


DES POISSONS. 291 


° 


LE TÉTRODON HONCKÉNIEN! 


Tetraodon Honckenit, B1., Linn., Guer., Cuv. 


CE tétrodon a la mâchoire de dessus moins avancée 
que celle de dessous, comme le hérissé et le mou- 
cheté ; mais au lieu d’avoir de petits piquants sur tout 
son Corps, il n’en montre que sur son ventre el sur 
ses côtés. Il a d’ailleurs une ligne latérale très mar- 
quée , l'ouverture de la bouche très grande, le front 
large , et les yeux petits. 

On voit sur son dos des taches jaunes et d’autres 
bleues ; les nageoires sont brunâtres, mais celles de la 
poitrine sont bordées de bleu?. 

Ce poisson se trouve dans la mer du Japon. 
M. Honckeny a envoyé dans le temps un individu de 
cette espèce au docteur Bloch; et de là vient le nom 
qu'a donné à ce cartilagineux le naturaliste de Berlin , 
qui l’a décrit et fait graver. 

Nous avons vu que l’on avoit trouvé, parmi les 


1. « Tetraodon Honckenï , hérisson tigré. » Bloch, pl. 145. 
« Quatre-dents tigré. » Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 
2. Aux nageoires pectorales: : 1: : .:. Goes 14 rayons. 
A’latnageoire dorsale. : 7:19... 384 Va 8 
Aïcelleide l'anus 420: Dai ose Prato 


= 


212 HISTOIRE NATURELLE 

poissons pétrifiés du mont Bolca près de Vérone , Le 
tétrodon hérissé , qui vit dans la Méditerranée; il est 
bien plus utile pour les progrès de la géologie, de 
savoir qu'on a découvert aussi, parmi ces monuments 
des catastrophes du globe, et des bouleversements 
produits par le feu et par l’eau dans la partie de l'Tta- 
lie voisine des Alpes, des restes pétrifiés du tétrodon 
honckénien, que l’on n’a pèché jusqu’à présent que 
près des rivages du Japon, vers l'extrémité orientale 
de l'Asie , et non loin des mers véritablement équato- 
riales1. 


erEsenerererensrers 


EREROTEE CE 


LE TÉTRODON LAGOCÉPHALE?. 


Tetraodon lagocephalus, Lacer., Cuv. 


Parvenus au second sous-genre des tétrodons, 
nous n'avons maintenant à examiner parmi ces carti- 
lagineux que ceux dont les deux mâchoires sont égale- 
ment avancées. 


1. Tetraodon Honckenit, Ichihyolithologia veronensis, pars secunda, 
tab. 8, fig. 2. 

2. Quatre-dents blanc, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre , pianches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mus. ad. fr. 1, p. 59. 

AmcϾnit. acad. 1, p. 510, fig. 4. 

« Gstracion cathetoplateo-oblongus , ventre tantum aculeato et sub- 
» rotundo. » Axrtedi, gen. 58, syn. 86. 


DES POISSONS. 239 

Le lagocéphale a les côtés et le dessous du corps 
garnis de piquants, dont la base se divise en trois 
racines ou en trois rayons. Ce caractère , qui le sépare 
de tous les poissons renfermés dans le sous-genre 
dont il fait partie, le rapproche de l'étoilé, dont il 
diffère cependant par un très grand nombre de traits 
et particulièrement par l’égal avancement de ses deux 
mâchoires, l’absence de toute espèce de pointes sur 
son dos, le nombre des rayons de ses nageaires, la 
distribution de ses couleurs, et même parles racines 
ou rayons de ses piquants inférieurs ou latéraux, qui 
- n’ont que trois de ses rayons ou racines, tandis qu'il 
y en a cinq ou six à la base des pointes de l’étoilé. Au 
reste, cette division en trois, de la base des pe- 
tits dards du tagocéphale, lui a fait donner, par 
quelques naturalistes, le nom d'Étoilé, qui m'a paru 
convenir bien mieux au tétrodon que nous avons, en 
effet, décrit sous cette dénomination, puisque, dans 
ce dernier, la base des aiguillons est partagée en cinq 
ou six prolongations, et, par conséquent, bien plus 
rayonnante, bien plus stellaire. 

Le lagocéphale à ses piquants étoilés disposés en 
rangées longitudinales, un peu courbées vers le bas, 
et ordirrairement au nombre de vingt. 

Le dessus du corps est jaune avec des bandes bru- 


Gronov., mus. 1, n. 120, Zouph., 185. 
Seba, mus. 5, tab. 25, fig. 5. 
- Willughby, Ichth., p. 144, tab. 5, üg. 2. 
Ray., pisc., p. 45. 
Kan, kascasre, Valent. pise. Amb., fig. 19, p. 555, n. 19. 
« Tetrodon lagocephalus, orbe étoilé. » Bloch, p. 140. 


294 HISTOIRE NATURELLE 
nes et transversales ; le ventre est blanc avec des ta- 
ches rondes et brunes. 

On trouve le lagocéphale non seulement dans 
l'Inde et auprès des côtes de la Jamaïque, mais en- 
core dans le Nil; cesqui doit faire présumer qu’on 
pourroit le pêcher dans la Méditerranée , auprès des 
rivages de l'Afrique. 


\ 


1. Aux nagecires pectorales. . . . . . . . + 0) 20 TAYORES 
Arceletduidos et 2e nee ee nee eee 12 
Acelletde Fanus. MAUR RTS ÉCART 
Arcelle’deBlarqueues.154ttt 220 tStaits An 1e 


DES POISSONS. 235 


Dhdeiref Spedpadroip be Le 


LE TÉTRODON RAYÉ! 


Tetracdon lineatus, Linx., GMEL., Cuv. 


LE TÉTRODON CROISSANT? 


Tetraodon ocellatus, Lann., GMer., Cuv. 
LE TÉTRODON MAL-ARMÉ:, 
Tetraodon lœvigatus, Linx., Gmer., Cuv. 


ET LE TÉTRODON SPENGLÉRIEN. 


Tetraodon Spenglert, Lanx., Guez., Guv. 


CEs quatre tétrodons se ressemblent par un trop 
grand nombre de traits, pour que nous n’ayons pas 


1. Mus. ad. fr. 2, p. 58. 

Quatre-dents rayé, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre, planches de l’Encylopédie méthodique. 
Tetraodon fahaca, Hasselquist, Iter, ele. 400. 

Tetraodon lineatus, Forskael, Faun. arab., p. 76, n. 114. 

« Tetraodon lineatus, tétrodon rayé. » Bloch, pl. 141. 

2. « Tetraodon fascia humerali ocellata. » Mus. ad. fr. 2, p. 55. 
It. scan. 260. 

« Diodon ocellatus, kaï-po-y. » Osbeck, iter, etc., 226. 

« Tetraodon ocellatus, tétrodon croissant. » Bloch, pl. 145. 
Fu-rube, Kæmpfer, Jap. 1, p. 152. 

Seb, mus. 35, tab. 25, fig. 7 et 8. 

Rumph., Amb, 40. 


259 HISTOIRE NATURELLE 

dù présenter ensemble leurs quatre images, afin 
qu'on puisse les mieux comparer, et les distinguer 
plus facilement l'une de lautre. 

Le rayé 5e trouve dans le Nil. 

Depuis la tête jusqu’au milieu du corps, il est hé- 
rissé de piquants extrêmement courts, tournés vers 
la queue, et qui occasionent des démangeaisons et 
d'autres accidents assez analogues à ceux que l’on 
éprouve lorsqu'on a touché des orties, pour qu'on 
ait regardé cet animal comme venimeux. Depuis le 
milieu da corps jusqu’à l'extrémité de la queue, la 
partie inférieure du rayé ne présente que de petits 
creux qui le font paroître pointillé. Au devant de cha- 
que œil est un tubercule terminé à son sommet par 
deux filaments très courts ; les deux tubercules se tou- 
chent 5. La ligne latérale passe au dessous de l'œil, 
descend ensuite, se relève, et s'étend enfin presque 
directement jusqu’à la nageoire caudale. 

Le rayé est, par dessus, d’un vert bleuâtre ; par 
dessous, d’un jaune roux; sur les côtés, d’un bleuâtre 
foncé; et, sur ce fond, on voit régner longitudina- 


Quatre-dents petit monde, Daubenton, Encylopédie méthodique. 
Id. Bonnaierre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Orbis asper maculosus, Willughby, p. 157. 

Ray., p. 45. 

3. Quatre-dents lisse, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 


thodique. 
4. Quatre- dents penton, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique. 
« Tetraodon Spengleri, penton de mer. » Bloch, pl. 144. 
5. Le rayé a aux nageoires pectorales. . . .. .. . 19 rayons. 
À celle du dos.. ::..7 RAA Let.. Le RE CINE 
Acelle de l'anus: 1.270081 tue GR AS ET 


A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 12 


DES POISSONS. 257 
lement et de chaque côté quatre raies brunes et bian- 
châtres, dont les deux supérieures sont courbes, et 
dont la troisième se partage en deux. 

Le croissant vit en Ég pte comme le rayé; mais il 
habite aussi en Asie, et particulièrement dans les eaux 
de la Chine et dans celles du Japon. Il est regardé, 
dans toutes les contrées où on le pêche, comme une 
nourriture très dangereuse, lorsqu'il n’a pas été vidé 
avec un très grand soin. La qualité funeste qu'on lui 
attribue vient peut-être le plus souvent de la aature 
des aliments qu’il préfère, et qui, salutaires pour ce 
poisson, sont très malfaisants pour d’autres animaux, 
et surtout pour l’homine ; mais il se pourroit qu’une 
longue habitude de convertir en sa propre substance 
des aliments nuisibles fit contracter à la chair même 
du croissant, ou aux sucs renfermés dans l’intérieur 
de son corps, des propriétés vénénenses. Cette qualité 
délétère du croissant est reconnue depuis plusieurs 
siècles au Japon et en Égypte , Où la superstition a 
fait croire pendant long-temps que l'espèce entière 
de ce tétrodou avoit été condamnée à renfermer ainsi 
un poison actif, parce que desindividus de cette même 
espèce avoient autrefois dévoré le corps d’un Pharaon 
tombé dans le Nil. Au reste, le venin que renferme 
le croissant, à quelque cause qu'il faille le rapporter, 
est très puissant, au moins dans le Japon, puisque, sui- 
vant Osbeck , cet animal peut y donner la mort, dans 
deux heures, à ceux qui s’en nourrissent!. Aussi les 


1. Suivant Rumphius, l'antidote du poison contenu dans le té- 
trodon croissant est la plante à laquelle il a donné le nom de rex 


amoris. 


238 HISTOIRE NATURELLE 

soldats de cette contrée orientale , et tous ceux de ses 
habitants sur lesquels on peut exercer une surveil- 
lance exacte, ont-ils recu une défense rigoureuse de 
manger du tétrodon croissant. 

Mais si l’on doit redouter de se nourrir de ce car- 
tilagineux, on doit aimer à le voir, à cause de la beauté 
de ses couleurs. Le dessous de son corps est blanc; 
ses nageoires sont jaunâtres; sa partie supérieure est 
d’un vert foncé; et sur son dos on voit une tache, et 
au devant de la tache une bande transversale, large, 
et en croissant, toutes les deux noires et bordées de 
jaune. 

Il n'y à de piquants que sur la partie inférieure du 
corps. La ligne latérale commence au devant de l'œil, 
passe au dessous de cet organe, se relève ensuite, 
et s'étend jusqu'à la nageGire caudale, en suivant, à 
peu près, la courbure du dos t. 

Le mal-armé a été observé dans la Caroline, où 
il parvient à une grandeur assez considérable. Il n’a 
d’aiguillons que depuis le museau jusque vers les na- 
geoires pectorales : il est ordinairement bleuâtre par 
dessus, et blanc par dessous; et ce qui sert à le dis- 
tinguer des autres tétrodons, c'est principalement ka 
double ligne latérale qu'il a de chaque côté?. 


1. Le croissant a aux nageoires pectorales. : +; + -RIOITAVONS: 
Acelle AUTOS 2e er en Ur cat QE IT O 
Ancelle detl'an user LC ROUE Er 
A celle de la queue, qui est arrondie. .. . . . . 8 

>. Le mal-armé a aux nageoires pectorales.. . . . . 18 rayons. 
Aclanageoire: dorsale: 2h: Loti teens 
Acelle dell'anus. 4: Re MES V0 SERRE ER NL 


À celle de la queue, qui est un peu festonnée.. . 11 


DES POISSONS. 259 
Quant au speaglérien, qui vit dans les Indes , et 
auquel le docteur Bloch a donné le nom de M. Speng- 
ler de Copenhague, qui lui avoit envoyé un individu 
de cette espèce, il se fait remarquer par deux ou trois 
rangées longitudinales de filaments ou barbillons, que 
l’on voit de chaque côté de son corps, indépendam- 
ment des aiguillons dont sou ventre est hérissé. Sa 
partie supérieure est d’ailleurs rougeâtre, avec plu- 
sieurs taches d’un brun foncé ; et sa partie inférieure, 
d’une blancheur qui n’est communément variée par 
aucune autre nuance !. 


1. Aux nageoires pectorales du tétrodon spenglérien. 15 rayons. 


Ataellerdu dos ii es Na PNA CE PE NNLARES 
Acelle defl'anus LS LEE ERNST SAS ECG 
A celle de la queue, qui est arrondie... . . . . . 8 


2/0 HISTOIRE NATURELLE 


CHOBPOPIPOBOBOBIPEHEBDOBEPEP IDE PIPAPIBEPEHEE DS EE! opoperoperomenpeteoss 


LE TETRODON ALLONGÉ: 


Orihagoriscus oblongus, Cuv. — Tetraodon ablongus, 
Linn., GMEL., Lacer. 


ET 


LE TÉTRODON MUSEAU-ALLONGÉ2. 


T'etraodon rostratus, Lann., Guez., Cuv. 
5 0— 


Ces deux tétrodons habitent dans les Indes, Le pre- 
mier a tiré son nom de la forme de son corps, qui 
est beaucoup plus allongé que haut, et d’ailleurs cy- 
lindrique. Ce poisson présente de plus deux lignes 
latérales de chaque côté. La supérieure part au des- 
sus de l'œil, se baisse, se contourne, se relève , et 
suit à peu près la courbure du dos jusqu’à la nageoire 
caudale. La seconde commence auprès de la mâchoire 
d’en bas, et suit assez régulièrement le contour de 
la partie inférieure du corps jusqu’à la nageoire de 
la queue, excepté auprès de la nageoire pectorale, 
où elle se relève et forme un petit angle. 

L'ouverture des narines est double ; une pointe très 


1. « Tetraodon oblongus, maxillis æqualibus; hérisson obleng. » 
Bloch, pl. 146, fig. 1. 

Quatre-dents hérisson oblong, Bonnaterre, planches de l'Encyclo- 
pédie méthodique. ; 

2. « Tetracdon rostratus, tétrodon à bec. » Bloch, pl. 146, fig. 2. 

Quatre-dents hérisson à bec, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 


méthodique. 


DES POISSONS. 2/4i 
sensible et triangulaire est attachée à l’opercule des 
branchies, et tournée vers la queue; le dessus du 
corps offre des bandes transversales, brunes, variables 
dans leur nombre ; les côlés sont argentés, les na- 
geoires jaunâtres; et de petits piquants hérissent pres- 
que toute la surface du poisson 1. 

Le museau-allongé n’a de petits aiguilions que sur 
le dos, et sur le devant du ventre. [est gris par des- 
sus, et blanc par dessous ; les nageoires sont jaunâtres, 
surtout les pectorales, qui sont courtes et larges ; on 
voit autour des yeux des taches brunes disposées en 
rayons. Îl n’y a qu'une ouverture à chaque narine ; 
on n’aperçoit pas de ligne latérale; et les mâchoires 
sont en forme de petit cylindre et très allongées ?. 


HEPOÈDSE PETITES ET EROTOLIPEHESEBETERODLEOTOÉEPETELPEHOBEE - 


LE TETRODON PLUMIER:. 


Tetraodon P lumieri, Cuv: 


CE tétrodon, dont la description n’a pas encore été 
publiée, est représenté dans les dessins sur vélin que 


1. Ïl y a aux nageoires pectorales de l'allongé. . . . 16 rayons. 
A la nageoïre dorsale.. . . . . . . . . . RAD 0) 
Acelle de lan re a nel de a Us 11 
A celle de la queue, qui est arrondie... . . . . 19 

2. Le museau-allongé à aux nageoires pectorales. . . 16 rayons. 
Acelle:du:dos:s 2 Lee ANT ÉO 
Afcellé de lanus/ Ne" PE le 8 
A celle de la queue, qui estiarrondie. 1: 110 


3. « Orbis minimus non aculeatus. » Plumier, dessins sur vélin 
déja cités. 


2/2 HISTOIRE NATURELLE 

renferme la collection du Muséum d'histoire natu- 
relie, et qui ont été faits d’après ceux du naturaliste 
Plumier; et comme ce n'est qu'à ce voyageur que 
nous devons la connoiïssance de cet animal, j'ai donné 
à ce poisson le nom de lhabile observateur qui en a 
transmis la figure. 

Lorsque le tétrodon plumier n’est pas gonfié, son 
corps est assez allongé relativement à sa hauteur. Au 
delà de sa tête, on voit une sorte d’élévation pyra- 
midale à quatre faces, jaune, et recourbée en arrière, 
qui tient lieu, pour ainsi dire, d’une première na- 
geoire du dos. 

Au dessus de la nageoire de l’anus, qui est de la 
mème couleur, on voit d’ailleurs une nageoire dorsale 
qui est.également jaune, aussi bien que celle de la 
queue. Gette dernière est arrondie , et présente deux 
bandes transversales brunes. 

L'iris est bleu ; le dessus du corps, brun et lisse ; 
le dessous blanchâtre , très extensible , et garni de 
très petits piquants. Deux rangées longitudinales de 
taches d’un brun verdâtre règnent de chaque côté de 
l'animal, et ajoutent à sa beauté. 


DES POISSONS. 243 


SeopepemeopedemerupeBHepeapobpeperemersdr prererereBpetreHopomEpOreHmoMmeBHeneLpeEphtoSr EME Er 9 


LE TÉTRODON MÉLÉAGRIS! 


T'etraodon Meleagris, LAcEr. 


CE GE EN 


Commerson a laissé dans ses manuscrits une descrip- 
tion très étendue de ce poisson, qu'il a vu dans les 
mers de l’Âsie , et auquel il a donné le nom de Me- 
léagris, à cause de la ressemblance des nuances et 
de la distribution des couleurs de ce cartilagineux 
avec celles de la pintade que l’on a désignée par la 
même dénomination. Ce tétrodon est en effet brun, 
avec des taches innombrables, lenticulaires, blan- 
ches, et distribuées sur la tête , le dos, les côtés, le 
ventre , la queue, et même les nageoires. La peau est 
d’ailleurs hérissée de très petites pointes ur peu plus 
sensibles sur la tête. 

Chaque narine n’a qu'un orifice. Les branchies 
sont au nombre de trois de chaque côté; leur ouver- 
ture est en forme de croissant, leur membrane mince 
et flottante est attachée au bord antérieur de cette 
ouverture ; et les demi-cereles solides qui les soutien- 
nent sont dentelés dans leur partie concave. 

Ce poisson fait entendre le bruissement que l’on à 
remarqué dans la plupart des cartilagineux de son 


1. « Tetraodon brunneus, hispidulus, maculis lenticularibus alhis 


» undequaque conspersus. » Commerson, manuscrits déjà cités. 


244 HISTOIRE NATURELLE 
genre, d'une manière peut-être plus sensible que ces 
derniers, au moins à proportion de son volume î. 


? 


s<emer 


LE TETRODON ÉLECTRIQUE, 


Tetraodon elcctricus, Lin. , GMEL., 
Lacgr., Cuv. 


Les plus belles couleurs parent ce poisson. Il est, 
en effet, brun sur le dos , jaune sur les côtés, vert de 
mer en dessous; ses nageoires sont rousses ou vertes ; 
son iris est rouge ; et cet agréable assortiment est re- 
levé par des taches rouges, vertes, blanches, et quel- 
quefois d’autres nuances très vives. Mais il est encore 
plus remarquable par la propriété de faire éprouver de 
fortes commotions à ceux qui veulent le saisir. Cette 
qualité est une facuité véritablement électrique , que 
nous avons déjà vue dans la torpille, que nous exami- 
nerons de nouveau dans un gymnote, et que nous re- 
trouverons encore dans un silure , el peut-être même 
dans d’autres poissons. | 

Ce cartilagineux habite au milieu des bancs de co- 
rail creusés par la mer, et qui entourent l’île Saint- 


1. Aux nageoires pectorales. . . . . . . . 1202 Pr6ayons. 
Acelle: du dossier. Me, à le Rest ER UE 10 
Acelle de l'anus. PME NON RTS EEE TR 10 
A celle de la queue, qui est arrondie, . . . . : . 9 


2. Guillaume Paterson, Act. anglie. 76, 2. p. 582, tab. 15. 


DÉS POISSONS. 245 


Jean, près de celle de Comorre, dans l'Océan indien. 
Lorsqu'il y a été pêché, l’eau étoit à la température 
de seize degrés du thermomètre auquel on donne le 
nom de‘Réaumur. Il parvient au moins à la longueur 
de sept pouces ; et c'est M. Paterson qui l’a décrit le 
premier. 


LE TETRODON GROSSE-TÊTE"’ 


T'etraodon sceleratus, Linx., Guer., Lacrp». 
{Espèce douteuse. ) 


Vorcr encore un tétrodon très aisé à distinguer des 
autres espèces de sa famille. Îl en est, en ellet, sé- 
paré par la grosseur de sa tête, beaucoup plus volu- 
wineuse, à proportion des dimensions du corps, que 
dans les autres cartilagineux de son genre. Il devient 
très grand relativement à la longueur ordinaire de pres- 
que tous les autres tétrodons; il est quelquefois long 
de deux pieds et demi. Il fait éprouver à ceux qui en 
mangent les mêmes accidents qu'un poison très actif. 
Il se trouve dans les mers chaudes de l'Amérique et 
dans la mer Pacifique , et l’on en doit la connoiïssance 
au voyageur Forster. 


1. x. Forsler, It. 1, p. 405. 


LACÉPÈDE. VI. 10 


21,6 HISTOIRE NATURELLE 


LE TÉTRODON LUNE! 


Orthagoriscus Mola, Scuxein., Ouv., Lacer. — Ce- 
phalus Mola, Seunzin. — T'etraodon Mola, Lin. , 


GMEL. 


CE poisson, un des plus remarquables par sa forme, 
habite non seulement dans la Méditerranée, où on 


1. Molle, dans plusieurs départements méridionaux. 
Meule. 

Bout, dans plusieurs contrées d'Espagne. 

Mole bout. 

Lune de mer. 

Poisson d'argent. 


Sun-fish, en anglois. 
Quatre-dents tune, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 


Id. Bonuaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Mola, lune, Bloch, pl. 128. 

Artedi, gen. 61, syn. 83, 4. 

Mole, Monti, Act. Bonon. 2, p.2, p. 297, tab. 3, fig. x. 

Orthragoriscus, luna piscis, Gesn. Hist. anim. 4, p. 640. 

Klump-fisch, Plancus, Promptuar. Hamb. 18, p. 1, tab. 1, fig. 1. 

Short sun-fish, Pennant. Brit. Zool. 5, p. 102, n. 2. 

« Ostracion cathetoplateus, subcompressus, brevis, latus, scaber , 
» pianis dorsi anique lanceolatis caudæ proximis. » Gronow., Zooph., 
n. 186. 

Orthragoriscus, Plin., lib. 42, cap. 2 et 11. 

Lune ou Mole, Rondelet, première partie, liv. 15, chap. 6. 

Mola, Salvian, fol. 155 et 154, a. ad iconem. 

Jonst. Thaumat., p. 419, 420. 


à 


DES POISSONS. 2405 
le trouve très fréquemment, mais encore dans lO- 
céan, où on le pèche à presque toutes les latitudes, 
depuis Île cap de Bonne-Espérance jusque vers l’ez- 
trémité septentrionale de la mer du Nord. Il est très 
aisé de le distinguer d’un très grand nombre de pois- 
sons, et particulièrement de ceux de son genre, par 
l'aplatissement de son corps, si comprimé latérale- 
ment, etordinairement si arrondi dans le contour ver- 
tical qu’aperçoivent ceux qui regardent un de ses côtés, 
qu’on a comparé son ensemble à un disque; et voilà 
pourquoi le nom de soleil lui a été donné, ainsi que 
celui de Lune , qui a été cependant plus généralement 
adopté. Il a, d’ailleurs, sur cette grande surface pres- 
que circulaire que chaque côté présente, cet éclat 
blanchâtre qui distingue la iumière de la lune. En 
effet, si son dos est communément d’une nuance très 
foncée et presque noire, ses côtés et son ventre bril- 
lent d’une couleur argentine très resplendissante , 
surtout lorsque le tétrodon est exposé aux rayons du 
soleil. Mais ce n’est pas seulement pendant le jour 
qu’ilrépand ainsi cet éclat argentin qu'il ne doit alors 
qu’à la réflexion d’une clarté étrangère : pendant ja 
nuit il brille de sa propre lumière; il montre, de 
même qu’un très grand nombre de poissons, et plus 
vivement que plusieurs de ces animaux, une splen- 
deur phosphorique qu’il tient de la matière huileuse 
dont il est imprégné. Cette splendeur paroît d’autant 


Charleton, p. 129. 

Willughby, p. 151. 

Ray., p. 51. 

Lune de mer, Valmont-Bomare, Dictionnaire d'histoire naturelle. 
Sun-fish of ray, Borlase, Hist. nat. of Cornwall, tab. 26 , fig. 6. 


218 HISTOIRE NATURELLE 

plus'vive que la nuit est plus obscure; et lorsque le 
poisson lune est un peu éloigné de la surface de la 
mer. la lumière qui émane de presque toutes les par- 
ties defson corps, et qui est doucement modifiée et 
rendue*ondulante par les couches d’eau qu’elle tra- 
verse , ressemble beaucoup à cette clarté tremblante 
dont la lune remplit l'atmosphère, lorsqu'elle est un 
peu voilée par des nuages légers. Ceux qui s'appro- 
chent, au milieu de ténèbres épaisses, des rivages de la 
mer auprès desquels nage le tétrodon dont nous nous 
occupons, éprouvent souvent un moment de surprise 
en jetant les yeux sur ce disque lumineux, et en le 
prenant, sans y songer, pour l'image de la lune, qu'ils 
cherchoient cependant en vain dans le ciel. Plusieurs 
individus de cette espèce très phosphorique, voguant 
assez près les uns des autres, multiplient cette sorte 
d'image, et les figures lumineuses, nombreuses et 
très mobiles, que présentent ces poissons, compe- 
sent un spectacle d'autant plus étendu, que ces té- 
trodons peuvent être vus de très loin. [ls parviennent, 
en effet, à la longueur de quatre mètres, ou un peu 
plus de douze pieds; et comme leur hauteur est à peu 
près égale à leur longueur, on peut dire qu'ils peu- 
vent montrer de chaque côté une surface resplendis- 
sante de plus de cent pieds carrés. On assure même 
qu'en 1755 on prit, sur les côtes d'Irlande, un té- 
trodon lune qui avoit vingt-cinq pieds anglois de lon- 
gueurt, et qui, par conséquent, paroissoit pendant 
la nuit comme un disque lumineux de plus de quatre 
cents pieds carrés de surface. 


1, Hist. of Waterford, p. 271. 
Borlase, Hist. nat. of Cornwall ; p. 267. 


DES POISSONS. 249 

Toutle monde sait que les objets opaques et non 
resplendissants ne disparoissent pendant le jour, et 
n’échappent à une bonne vue, qu'à peu près à la di- 
stance de trois mille six cents fois leur diamètre. Le 
tétrodon lune pêché sur les côtes d'Irlande auroit 
donc pu être aperçu, pendant le jour, à la distance 
au moins de quatorze mille toises , s'il avoit été placé 
hors de l’eau, de la manière la plus favorable. Mais, 
pendant Ja nuit, dans quel éloignement bien plus 
grand à proportion ne voit-on pas le corps lumineux 
le plus petit! Cependant, comme l'eau, et surtout les 
vagues agitées de la mer, interceptent une très grande 
quantité de rayons lumineux, on ne doit voir de très 
loin les plus grands tétrodons lunes, malgré toute 
leur phosphorescence, que lorsqu'ils sont très près 
de la surface des mers, et que l’on est placé sur des 
côtes, ou d’autres points très élevés, cette double po- 
sition ne laissant aux rayons de lumière qui partent 
de l'animal et aboutissent à l’œil de l’observateur, 
qu'un court trajet à faire au travers des couches d’eau. 

Lorsque le tétrodon lune est parvenu à de grandes 
dimensions, lorsqu'il a atteint la longueur de plu- 
sieurs pieds, il pèse quelquefois jusqu’à cinq cents 
livres; et or a pris, en effet, auprès de Plymouth, il 
n'y a pas très long-lemps, un poisson de cette espèce, 
dont le poids étoit de cinq cents livres, ou près de 
vingt-cinq myriagrammes. 

Les tétrodons lunes peuvent donc, relativement à 
ia grandeur, être placés à côté des cartilagineux dont 
les dimensions sont les plus prolongées ; et comme 
leurs deux surfaces latérales sont très étendues à pro- 
portion de leur masse totale, on peut particulière- 


250 HISTOIRE NATURELLE 


ment les rapprocher des grandes raies, dont le corps 
est également comprimé de manière à présenter un 
déploiement très considérable , quoique dans un sens 
différent. Mais s'ils offrent la longueur des grands 
squales, s'ils les surpassent même en hauteur, ils n’en 
ont reçu ni la force ni la férocité. Leurs muscles sont 
bien moins puissants que ceux de ces squales très al- 
longés ; et leur bouche, quoique garnie de quatre 
dents larges et fortes, montre une euverture trop 
petite, pour qu'ils aient jamais pu contracter l’habi- 
tude de poursuivre un ennemi redoutable, et de li- 
vrer des combats hasardeux!, 

Les nageoires pectorales sont assez éloignées de 
l'extrémité du museau, et leur mouvement se fait de 
haut en bas, beaucoup plus que d'avant en arrière. 
Celle du dos et celle de l’anus sont très aliongées, 
et composées de rayons très inégaux, dont les plus 
antérieurs sont les plus iongs. La nageoire de la 
queue peut être comparée à une bande étroite placée 
à la partie postérieure de l'animal, que l’on seroit 
tenté de regarder comme tronquée ; et elle est étroi- 
tement liée avec les nageoires du dos et de l'anus 
par une membrane cominune à ces trois organes; ce 
qui distingue particulièrement le tétrodon lune de 
tous les autres cartilagineux de son genre ?. 


1. Le plus grand diamètre de la bouche n'étoit que d’un pouce et 
demi dans un individu long de troïs pieds un pouce. Note communi- 


quée par M. Cuvier. 


2. Aux nagecires pectorales.. . . . . . . . . 12 ou 19 rayons. 
Atcelle du dos: Nan er UE TE LTEOUNT 
Acelle/de l'anus: 11 1008 0m LEONA 


À celleide latqueue: .. 4:40). MAN aiouhs 


DES POISSONS. 251 


La hauteur de ce poisson est presque égale à sa 
longueur. Il est cependant dans celte espèce une va- 
riété plusieurs fois observée , et dans laquelle la lon- 
eueur est double de la hauteur!. Indépendamment 
de cette différence très notable dans les dimensions, 
cette variété présente une petite bosse ou saillie au 
dessus de ses yeux, et à une distance plus ou moins 
grande de l'extrémité du museau. Au reste, je me 
suis assuré, par l'observation de plusieurs tétrodons 
lunes, que des individus de l'espèce que nous exa- 
minons présentoient différentes figures intermédiai- 
res entre celle qui donne la hauteur égale à la lon- 
gueur, et celle qui produit une longueur double de 
la hauteur. 

Mais cette espèce ne varie pas seulement dans sa 
forme, elle varie aussi dans ses couleurs: et nous 
avons trouvé, parmi les manuscrits de Commerson, 
le dessin d’une lune, dont la longueur est presque 
double de la hauteur, qui n’a pas cependant d’élé- 
vation particulière au dessus du museau, et qui, au 
lieu des nuances que nous avons déjà exposées, est 
peinte de couleurs disposées dans un ordre remar- 
quable. Un grand nombre de taches irrégulières , les 
unes presque rondes, les autres allongées, sont dis- 
tribuées sur chaque face latérale de l’animal, et s’y 
réunissent plusieurs ensemble de manière à y former, 


1. Tetraodon mola truncatus, Linnée , édition de Gmelin. 
Retzius, nov. Act. Stock. 6, a, p. 116. 

Planc. Promt. Hamb. 18, Lab, 1, fig. 2. 

Monti, Act. Bonon. 2, p. 2, p. 297, tab. 2, fig. 1. 
Oblong sun-fish, Brit. Zool. 5, p. 100, n. 1. 

Borlase, Hisi, nat. of Cornwall, lab. 26, fig. 7. 


252 HISTOIRE NATURELLE 


surtout vers la tête et vers les nageoires pectorales, 
des bandelettes qui, serpentant dans le sens de la 
longueur ou dans celui de la largeur de la lune, se 
séparent en bandelettes plus petites, ou se rappro- 
chent et se touchent dans plusieurs endroits, et sont 
presque toutes couvertes de petits points d’une cou- 
leur très foncée. Mais quelles que soient les couleurs 
dont la lune soit peinte, sa peau est épaisse, tenace, 
et revêtue le plus souvent de tubercules assez sensi- 
bles pour donner un peu de rudesse à ce tégument. 

Immédiatement au dessous de la peau proprement 
dite , se trouve une couche assez considérable d’une 
substance qui a été très bien observée par mon con- 
frère M. Cuvier, dans une lune qu'il avoit disséquée 1. 
Cette matière est d'une grande blancheur, assez 
semblable au lard du cochon, mais plus compacte 
et plus homogène: lorsqu'on la presse, elle laisse 
échapper beaucoup d’eau limpide ; elle se dessèche 
sans se fondre, quand on l’expose à la chaleur; et si 
on la fait bouillir dans l’eau, elle se ramollit et se 
dissout en partie. 

M. Cuvier a aussi vu dans la cavité de l’orbite de 
l'œil, et contre cet organe, un tissu remarquable, 
composé de vésicules, lesquelles sont formées de 
membranes molles et peu distinctes, et sont rem- 
plies d’une substance semblable à du blanc d'œuf par 
la couleur et par la consistance. Ce tissu a un très 
grand nombre de vaisseaux et de nerfs propres, et 
cède à la moindre impression ?. 


1. Notes manuscrites communiquées par M. Cuvier. 
2. Idem. 


DES POISSONS. D 

L'ouverture de la peau, au travers de laquelle on 
aperçoit en partie le globe de l'œil, n’a ordinaire- 
ment, dans son plus grand diamètre , que la moitié 
de celui de ce globe. Elle est garnie intérieurement 
d’une sorte de membrane molle et ridée; et autour 
de cette ouverture on découvre, immédiatement au 
dessous de la peau, un anneau charnu, derrière le- 
quel l’animal peut retirer son œil, qui est alors caché 
par la membrane ridée comme par une paupière. 

D'on doit encore observer, dans l’organe de la vue 
du tétrodon lune, deux parties qui ont été très bien 
décrites par M. Cuvier, ainsi que celles dont nous 
venons de parler. Premièrement, on peut voir une 
glande rougeâtre, un peu cylindrique, irrégulière- 
ment placée autour du nerf optique, à l'endroit où 
il a déjà pénétré dans le globe de l’œil, recouverte 
par la membrane intérieure de cet organe , à laquelle 
le nom de choroide a été donné, et tenant à la mem- 
brane plus intérieure encore de ce même organe par 
un très grand nombre de petitsvaisseaux blancs, qui 
serpentent de manière à former une sorte de réseau. 

Secondement, il ya une espèce de poche ou bourse 
conique, composée d'une membrane très mince, d’une 
couleur brune, et qui va depuis le nerf optique jus- 
qu’au crystallin, en paroissant occuper un sillon de 
l'humeur vitrée. , 

Au reste, les nerfs optiques se croisent au dessous 
du cerveau, sans se confondre : le droit passe au des- 
sus du gauche pour aller jusqu’à l'œil, et ils sont l’un 
et l’autre très renflés, et comme divisés en plusieurs 
filets, à l'endroit du croisement. 

La cavité du crâne est près de dix fois plus grande 


254 WISTOIRE NATURELLE 


qu'il ne faut pour contenir le cerveau. Elle forme un 
triangle isocèle dont la pointe est vers le museau , et 
dont les côtés sont courbés irrégulièrement. À cha- 
que angle de la base, cette cavité s'agrandit pour ren- 
fermer l'organe de l’ouie. 

Le diamètre de l'estomac n'est guère plus grand 
que celui du reste du canal intestinal. Ses membra- 
nes, ainsi que celles du duodénum et du rectum, 
sont fort épaisses ; et ce canal alimentaire renferme 
souvent, ainsi que celui d'un très grand nombre de 
poissons, une quantité considérable de vers intesti- 
naux de différentes espèces. 

Les reins sont situés dans la partie supérieure de 
la cavité abdominale; ils se terminent vers la tête par 
deux longs prolongements; ces prolongations sont re- 
çues dans deux sinus de la cavité de l’abdomen ; ces 
sinus sont séparés l’un de l’autre par une cloison 
musculeuse, et ils s'étendent horizontalement jus- 
qu'auprès des yeux. 

Le péritoine contient une grande quantité d’eau 
salée et limpide, qui a beaucoup de rapports avec 
celle que l’on trouve dans la cavité abdominale des 
raies, des squales, des acipensères et d’autres pois- 
sons cartilagineux ou osseux, et qui doit y parvenir 
au travers des membranes assez perm éables des intes- 
tins et d’autres parties intérieures du tétrodon lune. 

Le foie est très grand ; il occupe presque la moitié 
de la cavité abdominale, et est situé dans la partie 
supérieure de cette cavité, au dessous des reins. Il 
est d’ailleurs demi-sphérique, jaune, gras, mou, par- 
semé de vaisseaux sanguins; il ne paroît pas divisé 
en lobes; et ou le dit assez bon à manger. 


DES POISSONS. 259 
La chair de la lune n’est pas aussi agréable au goût 
que le foie de cet animal; elle déplaît non seulement 
par sa nature, en quelque sorte trop gluante et vis- 
queuse, mais encore par l'odeur assez mauvaise que 
répand le tétrodon pendant sa vie, et qu’elle conserve 
sonvent après avoir été préparée; elle fournit, par 
la cuisson, une quantité assez considérable d'huile 
bonne à brûler, mais dont on ne se sert presque,pas 
pour les aliments : aussi la lune est-elle peu recher- 
chée. Lorsqu'on veut la saisir, elle fait entendre, de 
même que la plupart des tétrodons, et plusieurs au- 
tres poissons osseux ou cartilagineux , un bruissement 
très marqué; et comme cette sorte de bruit est sou- 
vent assez grave dans le tétrodon lune, on l’a com- 
paré au grognement du cochon; et voilà pourquoi 
la lune a été nommée Porc, mème dès le temps des 
anciens Grecs. 


256 HISTOIRE NATURELLE 


PEPEPOPEPOTOLOPILOSSHOPOB OÙ1E CHESSESANE/T SE 6 Fr EGr 


TREIZIÈME GENRE. 
LES OVOIDES. 


Le.corps ovoide; les mächoires osseuses ; avancées, et 
divisées chacune en deux dents; point de nageoires 
du dos, de la queue, ni de l'anus. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 
Des bandes blanches, étroiles, transversa- 
les, et divisées à leur extrémité, de ma- 


, 
L'Ovoipe rAScÉ. 
nière à représenter un Ÿ: 


DES POISSONS. 294 


L'OVOIDE FASCÉ’ 


Tetraodon lineatus, Ouv. (mutilé). — Ovum 
Commersenit, Scan. 


Nous avons cru devoir séparer de la famille des 
tétrodons , et inscrire dans un genre particulier ce 
poisson très remarquable, non seulement par la forme 
de son corps, qui paroît encore semblable à un œuf, 
lors même que son ventre n’est pas gonflé, mais en- 
core par le défaut absolu de nageoires de la queue, 
du dos et de lanus. [lne présente que deux nageoires 
pectorales, aussi petites que les ailes d'une mouche 
ordinaire, dans un individu d’un pouce et demi de 
longueur, rapprochées du sommet du museau, et 
composées de dix-huit rayons très déliés. C’est dans 
les manuscrits de Commerson que nous avons trouvé 
la description de cette espèce. Ce savant voyageur 
n'en avoil vu qu'un individu desséché; mais il avoit 
réuni à ces observations celles que lui avoit commu 
niqueées son ami Deschamps, habile chirurgien de la 
marine, qui avoit observé des ovoides fascés dans 
toute leur intégrité. 

1. « Tetraodon oviformis, pinnis tantum pectoralibus gaudens, 


» hispidulus niger, rivulis albis e dorso ad ventrem descendentibus, » 
Commerson, manuscrits déjà cités. 


259 HISTOIRE NATURELLE 


Le fascé, examiné par Commerson, étoit allongé, 
mais arrondi dans tous ses contours, véritablement 
conformé comme un œuf, et tenant le milieu pour 
la grandeur entre un œuf de poule et un œuf de pi- 
veon. Son grand et son petit diamètre étoient dans 
le rapport de trente-un à vingt-six. 

Non seulement on ne voit pas, dans cette espèce, 
de nageoiïre caudale, mais il n’y a pas même d’appa- 
rence de queue proprement dite. La tête est renfer- 
mée dans l’espèce de sphéricité de l’ensemble de l’a- 
nimal ; le museau est à peine proéminent; et on ne 
voit saillir que les deux dents de chaque mâchoire, 
qui sont blanches comme de l'ivoire, et semblables 
d’ailleurs à celles des tétrodons. 

Les yeux sont petits, ailongés , éloignés du bout 
du museau, et voilés par une membrane transparente 
qui n’est qu'une continuation de la peau de la tête. 

L'on aperçoit les ouvertures des branchies au de- 
vant des nageoires pectorales. L'anus est, suivant 
Deschamps, situé à l'extrémité du dos, mais un peu 
dans la partie supérieure de l’animal; et la position 
de cette ouverture est par conséquent absolument 
sans exemple dans la classe entière des poissons. 

Tout l’animal est d’un brun noirâtre; ce fond ob- 
seur relève des bandelettes blanches placées en tra- 
vers sur le ventre, disposées en demi-cercles irrégu- 
lbiers au dessous du museau, et divisées vers le dos 
en deux branches, de manière à imiter une fourche 
ou un Ÿ. 

La peau du fascé est d’ailleurs hérissée de très pe- 
tits piquants, blancs sur les bandelettes , et noiïrâtres 


DES POISSONS. 259 
sur les endroits foncés ; en les regardant à la loupe, 
on s'aperçoit que leur base est étoilée. 

Le poisson que nous décrivons habite dans la mer 


des Indes. 


260 HISTOIRE NATURELLE 


QUATORZIÈME GENRE. 


LES DIODONS. 


Les mâchoires osseuses, avancées, et chacune d’une 
seule pièce. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Le corps allongé ; des piquants très rappro- 

chés les uns des autres; la nageoire de la 
queue arrondie. 

/ Le corps allongé; point de piquants sur les 

côtés de la tête, qui est plus grosse que 

la partie antérieure du corps; la nageoïre 

de la queue arrondie. 

Le corps allongé ; des piquanis très rappro- 

3. Dropox noLocanTux. chés les uns des autres ; la nageoïre de la 
queue fourchue. 


1. Diopon ATINGA. 


[ee] 


. Dropox PLUMIER. | 


/Le corps un peu allongé; des piquants très 
rapprochés les uns des autres, et deux ou 
trois fois plus longs sur le dos que sur le 

4. Dropon TacHETÉ. ventre ; la nageoire de la queue arrondie; 
trois grandes taches de chaque côté du 
corps, une tache en forme de croissant 
sur la nuque. 

Le corps sphérique, ou presque sphérique; 
des piquants forts, courts, et claïir-semés. 


Cr 


Drovon o0RBE. { 


( Très comprimé; demi-ovale; comme tron- 
G. Droron More. j ; . 
|  qué par derrière. 


— she — 


DES POISSONS. 261 


04 eo 8 edp-5-0 50 5-opopa pop L-Cu)o 040 0 H040H-0-5-94p9P0 HA WEHO HE H-04-0 4-00 


LE DIODON ATINGA. 


Diodon Atinga, Lann., Guer., Lacer. — Diodon 
hystrix, Brocn. — Diodon punctatus, Cuv. 


Les diodons ont de très grands rapports, dans leur 
conformation et dans leurs habitudes, avec les tétro- 
dons et les ovoides : mais ils en diffèrent par la forme 
de leurs mâchoires osseuses, dont chacune ne pré- 


\ 


1. Nous devons prévenir qu’en rapportant aux différentes espèces 
de poissons que nous décrivons dans cet ouvrage, le texte ou la figure 
publiés par différents auteurs, nous n’entendons, en aucune ma- 
nière, adopter l'opinion de ces écrivains relativement à l'application 
qu'ils ont pu faire de telle ou telle description ou de telle ou telle plan- 
che qu'ils ont citées, à l'animal dont ils se sont occupés. Get avertis- 
sement nous a paru surtout nécessaire au commencement de l’histoire 
des diodons. 

Diodon atinga, Bloch, pl. 195. 

Deux-dents courte-épine, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique , pl. 19, fig. 6o. 

« Hérisson de mer. Diodon supernce fuscus, maculis lenticularibus 
» nigris undique inspersus, ventre albo immaculato, » Commerson, 
manuscrits déjà cités. 

Deux-dents longue-épine, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Brewne, Jamaïc., p. 456, n. 4. 

Seb. mus. 5, pl. 25, fig. 1 et 2: et pl. 24, fig. 10 

Guamajatu atinga, Marcgrav., Brasil., pl. 168. 

Willaghby, LR PS: POS ET T7 

Jonston, tab, 5, fig. 1; et tab. 50, fig. 3 


LAGÉPÈLE. VI. 17 


262 HISTOIRE NATURELLE 

sente qu'une pièce ; et de là vient le nom qu’on leur 
a donné, et qui désigne qu'ils n’ont que deux dents, 
V’ane en haut, et l’autre en bas. Ils en diffèrent en- 
core par la nature de leurs piquants beaucoup plus 
longs, beaucoup pius gros, beaucoup plus forts, que 
ceux des tétrodons les mieux armés. Ces piquants 
sont d’ailleurs très mobiles, et répandus sur toute la 
surface de la plupart des diodons. Cette dissémina- 
tion, ce nombre, cette mobilité, cette grandeur, ont 
fait regarder, avec raison, les diodons comme les 
analogues des pores-épics et des hérissons, dans la : 
classe des poissons. La diversité de couleurs que 
montrent fréquemment ces aiguillons a dû contri- 
buer encore à ce rapprochement; et coinme on a 
pu en faire un presque semblable entre les cartilagi- 
neux que nous examinons et les vers que l’on a nom- 
més Oursins, on doit considérer la famille des dio- 
dons comme formant un des principaux liens qui 
réunissent et atlachent ensemble la classe des qua- 
drupèdes à mauwelles, celle des poissons , et celle 
des vers. 

Ce genre remarquable ne renferme qu'un petit 
nombre d'espèces : mais le plus grand nombre des 
naturalistes en ont mal saisi les caractères distinctifs:; 
et comme d’ailleurs elles sont presque toutes très va- 
riables dans plusieurs points de leur conformation 
extérieure , une grande confusion a régné dans la dé- 
termination de ces espèces, dont on a très souvent 
trop étendu ou resserré le nombre; el le même dés- 
ordre s’est trouvé dans l'application que plusieurs 
auteurs ont faile aux espèces qu'ils avoient admises, 
des noms donnés aux diodons, ou des descriptions 


DES POISSONS, 263 
de ces animaux déjà publiées. Ge n'est que parce que 
nous avons été à portée de comparer de ces cartila- 
gineux de différents âges, de différents sexes, de 
différents pays, et pris à des époques de l’année très 
éloignées l’une de l’autre, que noûs avons pu par- 
venir à fixer le nombre des espèces de diodons 
connus jusqu'à présent, à reconnoître leurs formes 
distinclives et invariabies, et à composer la table mé- 
thodique qui précède cet article. 

L’atinga a le corps très allongé ; chaque narine n’a 
qu'une ouverture placée dans une sorte de pelil tube : 
les veux sont assez près du museau; l'anus en est, au 
contraire , à une assez grande distance , et par consé- 
quent la queue proprement dite est très courte. Les 
nageoires du dos et de l'anus se ressemblent beau- 
coup, sont petites, et placées au dessus l’une de l’au- 
tre ; celle de la queue est arrondie. 

Les piquants mobiles dont l’atinga peut se héris- 
ser, sont très forts, très longs, creux vers leur ra- 
cine, variés de blanc et de noir, et divisés à leur base 
en trois pointes qui s'écartent, s'étendent, et vont 
s'attacher au dessous des tégumnents de lanimal. lis 
sont revêtus d'une membrane plus ou moins déliée, 
qui n’est qu’une continuation de la peau du diodon. 
Cette membrane s'élève autour de l’aiguillon ; Jus- 
qu’au dessus de l'extrémité de ce piquant, ou jusqu’à 
uné distance plus ou moins grande de la pointe de ce 


Aaareoirte du dos MP, 0e et I OTUIRO rayons. 
Aux nageoires pectorales, . . . . , . . . . 94 ou 25 
Acellémde l'anus. 06 po enmnnnntEr sn Aa NE STRESS 


Acelle: del queue.1. 4% 21.2. APTE ST 20 


Ÿ 


264 HISTOIRE NATURELLE 
dard, qui le plus souvent perce cette membrane ct 
paroît à découvert. 

L'atinga est brun ou bleuâtre sur le dos, et blanc 
sur le ventre; ses nageoires sont quelquefois jaunes 
dans le milieu de leur surface; et ces mêmes ma- 
geoires, ainsi que toute la partie supérieure du pois- 
son, sont semées de petites taches lenticulaires et 
noires, que l’on voit fréquemment répandues aussi 
sur le dessous de l’atinga. 

Ce cartilagineux vit au milieu des mers de l'Inde 
et de l’Amérique , voisines des tropiques, ainsi que 
dans les environs du cap de Bonne-Espérance. Il s’y 
nourrit de petits poissons , de cancres, et d’animaux 
à coquille, dont il brise aisément l'enveloppe dure 
par le moyen de ses fortes mâchoires. Il ne s'éloigne 
suère des côtes; et quoiqu'il ne parvienne qu'à la 
longueur de quinze pouces ou d’un pied et demi, ïl 
sait si bien , lorsqu'on l'attaque, se retourner en dif- 
férents sens, exécuter des mouvements rapides, s’a- 
viter, se couvrir de ses armes , en présenter lapointe, 
qu’il est très difficile et même dangereux de le pren- 
dre. Aussi le poursuit-on d'autant moins que sa chair 
est dure et peu savoureuse. 

C’est principalement dans les moinents où l’on veut 
le saisir, qu'il gonfle sa partie inférieure. Il a la faculté 
de l’enfler comme les tétrodons et les ovoides , quoi- 
que cependant il paroisse ne pouvoir pas donner à 
cette portion de son corps un aussi grand degré d’ex- 
tension. [1 augmente ainsi son volume pour donner 
plus de force à sa résistance , et pour s'élever et na- 
er avec plus de facilités il se grossit et se tuméfie 


DES POISSONS. 263 
particulièrement, lorsqu’après avoir l'avoir saisi, on 
cherche à le tenir un moment suspendu par sa na- 
geoire dorsale : inais, quelque cause qui le contraigne 
à se boursoufller, il détend souvent lout d’un coup sa 
partie inférieure , et, faisant alors sortir avec rapidité 
par l'ouverture de sa bouche, par celle de ses bran- 
chies, où par son anus, le fluide contenu dans son 
intérieur, il produit un bruissement semblable à ce- 
lui que font entendre les balistes, les ostracions et 
les tétrodons. 

La vessie natatoire de l’atinga est très grande, ainsi 
que celle des télrodons; et, d’après la nature de la 
membrane qui la compose, il paroît que, préparée 
comme celle de l’acipensère huso, elle donneroit 
une colle supérieure par sa bonté à celle que l'on 
pourroit obtenir de la vésicule aérieune d’un très 
grand nombre d’autres espèces de poissons. 

L'estomac du diodon que nous décrivons n’est 
composé que d'une membrane assez mince; mais il 
est garni de beaucoup d’appendices, qui, comme 
autant de petites poches ou d’intestins ouverts uni- 
quement par un bout, peuvent ou augmenter la quan- 
tité des sucs digestifs, où contribuer à l'élaboration, 
à la perfection, à l'activité de ces sucs , ou prolonger 
la durée de l’action de ces fiquides sur les aliments, 
en retardant le passage des substances nutritives dans 
la partie des intestins la plus voisine de l’anus. 

Ces aliments, quelque dure que soit leur nature, 
peuvent arriver à l'estomac, d'autant plus broyés et 
par conséquent susceptibles de subir l’action des li- 
queurs digestives, qu'indépendamment des mâchoires 
osseuses qui tiennent lieu à l’animël de deux dents 


266 HISTOIRE NATURELLE 

très larges et très fortes, latinga a deux véritables 
dents molaires très grandes . relativement à l'étendue 
de ia cavité de la bouche, à peine convexes , et sil- 
ionnées transversalement. L'une occupe presque tout 
le palais ; et l’autre, qui ne cède que très peu en gran- 
deur à la première, revêt la partie opposée de la gueule 
dans l’endroit le plus voisin du devant de la mâchoire 
inférieure. 

Lorsqu'on a mangé de l’atinga, non seulement on 
peut éprouver des accidents graves, si on a laissé dans 
l’intérieur de cet animal quelques restes des aliments 
qu'il préfère, et qui peuvent être très malsains pour 
l’homme, mais encore, suivant Pison, la vésicule du 
fiel de ce cartilagineux contient un poison si actif, 
que si elle crève quand on vide l'animal, où qu'on 
loublie dans le corps du poisson, elle produit ser ceux 
qui mangent de l’atinga, les effets les plus funestes : 
les sens s’émoussent, la langue devient immobile, 
les membres se roidissent; et, à moins qu’on ne soit 
promptement secouru , une sueur froide ne précède 
a mort que de quelques instants. 

Au reste, si la vésicule du fiel, où quelque autre 
portion intérieure du corps de latinga, contient un 
venin dangereux, il ne peut point faire perdre la vie, 
en parvenant jusqu'au sang des personnes blessées par 
ce cartilagineux, et en y arrivant par le moyen des 
longs piquants dont la surface du poisson est héris- 
sée, ainsi que quelques voyageurs l'ont redoute. Ces 
piquanis ne sont point creux jusqu'à leur extrémité ; 
leur cavité ne présente à l'extérieur aucun orifice par 
lequel le poison pût être versé jusque dans la plaie ; 
et l’en ne découvre aucune communication entre l’in- 


DES POISSONS. 265 
térieur de ces aiguillons et quelque vésicule propre à 
contenir et à répandre un-suc délétère. 


OFEBDEPSHPSHEBDS- HS HEMSDe Dee be He S DES pe HEs HOMME ES PA SE 6% EE BLE Éo © FES NE D EE STE ET PE 


LE DIODON PLUMIER:. 


Diodon Plumierti, Lacep. 


Îz étoit convenable de désigner ce cartilagineux 
par le nom du naturaliste auquel nous devons la figure 
de cette belle espèce de diodon, que l’on trouve dans 
la zone torride, auprès des côtes orientales de l’Amé- 
rique. Ce poisson, que lon voit aussi auprès des 
rivages de plusieurs îles américaines, a beaucoup de 
ressemblance avec l’atinga ; mais il en diffère par plu- 
sieurs caractères. Premièrement, ii est souvent plus 
aliongé, sa longueur totale étant presque toujours 
«quatre fois aussi étendue que sa hauteur. Seconde- 
ment, il présente ur étranglement très marqué à l’en- 
droit où la tête est attachée au corps, et par consé- 
quent entre les yeux et les nageoires pectorales. Troi- 
sièmement , il n'y a pas de piquants sur les côtés de 
la tête, au dessous, ni sur le devant de cette partie ; 


1. « Orbis piscis aculeatis major. » Plumier, dessins sur vélin, déjà 
eités. 

u Orbis aculeatus, maculis albis notatus, apud insulas americanas 
» sulgo Poisson armé. » Pluinier, dessins déposés dans le cabinet des 
eskainpes de la bibliothèque du Raï. 


2068 HISTOIRE NATURELLE 


et, au delà de la nageoire dorsale, la queue est éga- 
lement dénuée d’aiguillons. 

Le diodon plumier est bleuâtre avec des taches 
blanches, presque rondes, assez petites, et très nom- 
breusesf. 


LE DIODON HOLOCANTHE*. 


Diodon Atinga, Lixx., Guer. — Diodon 
punctatus, Cuv. 


Le trait le plus constant et le plus sensible par le- 
quel la conformation extérieure de lholocanthe dif- 
fère de celle de l’atinga, est la forme de la nageoïire 
de la queue. Cette nageoïire, au lieu d’être arrondie 
comme dans l’atinga, est échancrée , et par consé- 
quent fourchue ou un peu en croissant , dans l’holo- 
canthe. L'ensemble de la tête, du corps et de la queue 
est aussi, au moins le plus souvent, moins allongé 


1. Ale napeowetauidos tete ne 7 Yayons. 
À chaque uageoïre pectorale, . . . .. 0. +109 
AFcelle de anus eme Me re te lee ele ftle Mes 6 ou 7 
A celle de la queuc, qui est arrondie. . . . . . . {4 ou 10 


2, Diodon hystrix, guara, Bloch, pl. 126. 

Le deux-dents longue-épine, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique, pl. 19, fig. 61. 

« Oslracion oblongus holocanthus, aculeis longissimis teretifermi - 
» bus, in capite imprimis et in collo, » Artedi, gen. 60, syn. 86. 


DES POISSONS. 2069 
dans l’holocanthe que dans l’atinga; le dos est plus 
convexe, et les piquants sont quelquefois plus longs!: 
mais d’ailleurs toutes les formes sont presque sem- 
blables ; les nuances et la distribution des couleurs 
ne le sont pas moins; et l’on remarque les mêmes 
habitudes dans les deux espèces. 

Comme l’atinga , l’holocanthe se livre à divers mou- 
vements très violents et très rapides lorsqu'il se sent 
saisi, et particulièrement lorsqu'il est pris à l’hame- 
con. Il se gonfle et se comprime, redresse et couche 
ses dards, s'élève et s’abaisse avec vitesse, pour se dé- 
barrasser du crochet qui le retient. Ses piquants étant 
quelquefois plus longs et plus forts que ceux de l'a- 
tinga, ses efforts multipliés pour s'échapper et se dé- 
fendre sont plus redoutés que ceux de cet autre dio- 
don; et, bien loin d’oser le prendre au miliec de l’eau 
et lorsqu'il jouit encore de toute sa force, on n'ose 
approcher sa main de son corps jeté et gisant sur le 
rivage, qu'au moment où sa puissance affoiblie et sa 
vie près de s’éteindre rendent ses mouvéments à peine 
sensibles, et ses armes presque nulles. 

Aa reste, se nourrissant des mêmés animaux que 
l'atinga, il fréquente les côtes, ainsi que ce cartila- 
gineux, et ainsi que la plupart des poissons qui vivent 
de crabes et d'animaux à coquille. On le trouve dans 
les mêmes mers que celles où l’on pêche latinga. 


- On trouve souvent à la nageoire du dos ‘+ +. 14 rayons. 
ATXUDCCEOPA ICS CR MR re 7, LR AU 21 
celle derlanue 24 MM re SAN 


270 HISTOIRE NATURELLE 


CEIH0P0HPHIHIH0I049I I HOEUPOTOHOHCHOBOEIOES 


Be P9 He poaseBato Be Po poogors 


LE DIODON TACHETÉ"* 


Diodon quadrimaculatus, Guy. 


CUOMMERSON a laissé dans ses manuscrits la äescrip- 
tion de cette espèce de cartilagineux, au sujet de la- 
quelle aucun naturaliste n’a encore rien publié, que 
l’on a trouvée auprès des côtes dela Nouvelle-Cythère. 
et à laquelle les navigateurs qui l'ont vue ont donné 
le nom de Crapaud marin et de Hérisson de mer. À 
mesure qu'on s'éloigne de l’atinga, en continuant ce- 
pendant d'observer les diodons dans l’ordre suivant 
lequel nous les avons placés, on voit l'allongement 
du corps diminuer dans les espèces que l’on examine, 
et la sphéricité presque parfaite succéder enfin à une 
très grande différence entre la longueur et les autres 
dimensions de l’animal. Les holocanthes sont , en ef- 
fet, moins allongés en général que le tacheté; le ta- 
cheté paroît l'être moins que l’holocanthe; des variétés 
de l’orbese rapprochent encore davantage de la forme 
globuleuse, que l'en retrouve presque dans toute son 
intégrité, lorsqu'on à sous les yeux d’autres individüs 

de cette dernière espèce. 
1. « Diodon muricatum, brunneum, spinis albis, maculis dorsa- 


» libus quinque majusculis nigris, occipitali maxima semilunata. » 
Commerson, manuscrits déjà cités. 


DES POISSONS. Jo 

Indépendamment de sa forme moins allongée, le 
tacheté est séparé de l’atinga et de l'holocanthe par 
la disposition de ses couleurs. Îl est brun par dessus, 
et blanchâtre par dessous; il présente sur sa nuque 
une très grande tache en forme de croissant, un peu 
festonnée, et dont les pointes sont tournées vers les 
yeux. On en voit de chaque côté du corps une autre 
un peu ovale, située au dessus de la nageoire pecto- 
rale, et deux autres transversales, dont la première 
est au dessous de l'œil et la seconde entre l'œil et la 
nageoire pectorale; le dessous du museau est comme 
entouré d’une tache nuageuse ; et enfin on en trouve 
une presque ronde au dessus du dos, autour de la na- 
ceoire dorsale, Au reste, ces différentes taches sont 
d’un noir plus ou moins foncé. 

Toutes les nageoires sont d’un jaune verdâtref. Les 
piquants sont blancs, et montrent leurs pointes au 
_ dessus de gaînes très brunes. 

Ces mêmes aiguillons, mobiles à la volonté de l’a- 
nimal, ainsi que ceux Ge presque tous les autres dio- 
dons, sont très longs sur le dos, mais deux ou trois 
fois plus courts sur le ventre. 

Les narines situées entre les yeux et l'extrémité du 
museau, ont les bords de leurs ouvertures relevés de 
manière à représenter une verrue. 

Les yeux sont voilés par une continuation transpa- 
rente du tégument le plus extérieur de l’animal ; ce- 
pendant ils sont gros et très saillants. 


1Alanaseoire du,dos: een sn |) e AU SEM rayons, 
Aux nageoires pectorales.). . 1.410 4. to 
Atcelletdeilanus at )nienntE ANS OU TER 


A: celle de la queuett ts Rite DRM  SRroe 


25% HISTOIRE NATURELLE 
L'ouverture branchiale à la forme d’un segment de 
cercle, et est placée verticalement. 
On ne compte de chaque côté que trois branchies. 
La nageoire de la queue est arrondie ; ce qui rap- 
proche un peu le tacheté de l’atinga, mais l’éloigne 
de l’holocanthe. 


* 


BÉBFEPEBAPOPALOILOLMPEROS OT IBESELOEIPOTOPOBOBES MES EDEL EEE ETETES EE EEEBRELDEL EE EE CD EE ED 


LE DIODON ORBE”. 


Diodon rivulatus, Cuv. — Diodon maculato-striatus , 
Mircyizz. 


CE nom d’Orbe désigne la forme presque entière- 
ment sphérique que présente ce cartilagineux. Il res- 


1. Deux-dents hérisson, Bonnaierre, planches de l'Encyclopédie 
méthodique, pl. 19, fig. 62. 

Diodon orbicularis, orbe hérisson, Bloch, pl. 127. 

Deux-dents courte-épine, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

« Ostracion bidens sphæricus, aculcis undique densis triquetris. » 
Arted. gen. 59, syn. 86. 

Seb. mus. 8, tab. 25, fig. 5. 

« Poisson rond et piquant. Orbis echinatus, orbis muricatus. » 
Rondelet, première partie, Liv. 15, chap. 5. 

Willughby, Ichth. tab. F, 4, fig. 6;et[,8, fig. 1 et 2. 

e Guamajacu, guara, piquitingua , araguagua, camuri. » Marcgr., 
Brasil., p. 158. 

« Ikan doerian , terpandjang, doeri, doeri-nja. » Valent., Ind. 3, 
p. 458, n. 957. 

Poisson armé, Dutertre, Antill. 2, p. 209. 


DES POISSONS. 270 
semble d'autant plus à une boule, surtout lorsqu'il 
s'est tuméfé, que ses nageoires sont très courtes, et 
que son museau étant très peu avancé, aucune grande 
proéminence n’altère la rondeur de son ensemble. 
Les piquants dont sa surface est hérissée sont très 
forts; mais ils sont plus courts et plus clair-semés à 
proportion du volume du poisson, que ceux de lPa- 
inga, de lholocanthe et du tacheté. Ils paroissent 
d’ailleurs retenus sous la peau par des racines à trois 
pointes, plus étendues et plus dures; ils ressemblent 
davantage à un cône, ou plulôt à une sorte de pyra- 
mide triangulaire, dont les faces seroient plus ou 
moins marquées; ils peuvent faire des blessures plus 
larges; ils sont moins fragiles ; ils donnent à l'animal 
des moyens de défense plus capables de résister à une 
longue attaque; et voilà pourquoi l’orbe a été nommé 
par excellence, et au milieu des autres diodons, le 
Poisson armé. C’est sous ce nom que sa dépouille a 
été conservée pendant si long-temps, suspendue à la 
voûte de presque tous les muséuuns d'histoire natu- 
relle, et même dans un gratid nombre de cabinets de 
physique, de laboratoires de pharmacie, et de ma- 
gasins de drogues étrangères. 

Commerson, qui a vu ce poisson en vie dans fa 
mer voisine de Rio-Janeiro, a très bien décrit les cou- 


Diodon hystriæ reticulatus, B. Linnée, édition de Gmelin. 

« Ostracion subrotuudus, aculeis undique brevibastriquetris raris. » 
Artedi, gen. 59, syn. 86. 

« Diodon subsphæricus aculeatus, aculeis ventralibus singulis ma- 


» cula flavicante nolatis, præter maculas quinque nigras. » Commer- 
son, manuscrits déjà cilés, 


274 HISTOIRE NATURELLE 

leurs de cet animal ; et c'est d’après lui que nous allons 
les faire connoître. L'orbe est d’un gris livide sur toute 
sa surface; mais ce fond est varié par des taches de 
formes et de nuances différentes. Premièrement, des 
gouttes blanchâtres sont répandues sur tout le dos; 
secondement, quatre taches plus grandes, noires, et 
presque arrondies, sont situées, une auprès de cha- 
que nageoire pectorale, et une sur chaque côté du 
corps; troisièmement, une cinquième tache égale- 
ment noire, mais très échancrée, paroît auprès de la 
nageoire caudale ; quatrièmement, un croissant noi- 
râtre est au dessous de chaque œil; et cinquième- 
went, la base de chacun des aiguillons placés sur le 
ventre est d’un jaune plus ou moins pâle. 

Au reste, on remarque souvent des variétés dans la 
forme du corps de l’orbe, et dans celle de ses aiguil- 
lons. Ces piquants sont quelquefois, par exemple, 
taillés, pour ainsi dire, à pans plus sensibles, et atta- 
chés par des racines plus fortes et plus divisées. D'un 
autre côté, la sphéricité de l’animal se change en une 
sorte d’ovoide, ou de petit cône, qui le rapproche 
du tacheté, ou de lholocanthe, ou de l’atinga, sur- 
tout lorsque ces derniers, ayant accidentellement 
leur partie inférieure très gonflée, s’éloignent davan- 
tage de ia figure allongée, et sont pius près de la 
rondeur d’une boule. Mais les atingas, les holocanthes 
et les tachetés les plus voisins de la forme globuleuse 
seront toujours séparés de l’orbe dont la sphéricité 
sera la moins parfaite, par la conformation des pi- 
quants de ce dernier, plus courts, plus forts, plus 
clair-semés, mieux enracinés, et plus comprimés la- 


4 


DES POISSONS. 2779 


7 
téralement et sur plusieurs faces, que ceux des autres 
diodonsf. 

L'orbe a, comme d’autres cartilagineux de sa fa- 
mille , deux dents molaires presque plates, très éten- 
dues en surface, et situées l’une au palais, et l’autre 
en bas vers le bout du museau. Sa chair est un ali- 
ment plus ou moins dangereux, au moins dans cer- 
taines circonstances, comme celle de l’atinga et d’au- 
tres diodons. 

C’est principalement dans l’orbe que l’on avoit cru 
voir de véritables poumons en inême temps que des 
branchies; et c’est cette observation qui avoit parti- 
culièrement engagé Linnée à séparer les cartilagineux 
des poissons proprement dits, et à les considérer 
comme appartenant à la classe que ce grand natura- 
liste a désignée par le nom d’amphibie ?. 


1HAfla nageoire; du;dos. 94e pr à rucre 14 rayons 
Auxemageoïires pectorales. - . +. . .4. . +. 22 
AVcellcrdenlanus PEER EU DAS Te ET 
A celle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 10 


2. Voyez le Discours sur la nature des poissons. 


276 HiSTOIRE NATURELLE 


LE DIODON MOLE”. 


Orthagoriscus spinosus, Br., Scun., Cuv. 


CE diodon', que Île savant naturaliste Pallas a fait 
connoître, a beaucoup de ressemblance avec le té- 
trodon lune par le grand aplatissement de son corps, 
qui est très comprimé par les côtés, et par la forme 
demi-ovale qu'il présente, lorsqu'on regarde une de 
ses faces latérales. Maïs ces deux poissons appartien- 
nent à deux familles différentes: il est donc très aisé 
de les distinguer l’un de l’autre : d’ailleurs le diodon 
mole, au lieu de parvenir aux dimensions très éten- 
dues de la lune, n’a encore été vu que de la longueur 
de quelques pouces; et l’on n’a encore comparé la 
grandeur de l’espèce de disque qu'offre le corps de 
ce cartilagineux , qu'à celle de la paune de la main. 

Le sommet de la tète du mole est creusé en petit 
canal dont les deux bouts sont garnis d’une petite 
pointe; le museau est saillant; la grande dent qui 
compose la partie antérieure de chaque mâchoire est 
plutôt cartilagineuse qu'osseuse. Le dos est armé de 
deux piquants et de trois tubercules ; on voit aussi 
deux aiguillons auprès de la gorge, et d’autres pi- 

1. Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 50, tab. 4, fig. 7. 

Kœlreuter, Nov. Comm. petropol. 10, p. 440. tab. 6. 


DES POISSONS. 277 
quants sur les côtés du corps ou sur la carène formée 
par le dessous de l’animal. La partie postérieure du 
mole paroît comme tronquée. On compte quatorze 
rayons à chacune de ses nageoires pectorales. On le 
trouve dans les mers voisines des tropiques, ainsi que 
les autres espèces de diodons, qui habitent, au reste, 
non seulement dans les eaux salées qui baignent l’an- 
cien continent, mais dans celles qui avoisinent les 
rivages du nouveau. 


LAËÉPÈDE. VL 15 


2 


270 HISTOIRE NATURELLE 


pee ebetsBemaLess pe 


QUINZIÈME GENRE. 


LES SPHÉROIÏDES. 


Point de nageoires du dos, de la queue, ni de l'anus; 
quatre dents au moins à la mâchoire supérieure. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


Un grand nombre de petits tubercules sur 


SRRÉOIDE UBRAÇURS- la plus grande partie du corps. 


DES POISSONS. 279 


etre pebar 


LE SPHÉROÏDE TUBERCULÉ! 


Sphæraides tuberculatus, Lacer. 


LE naturaliste Pluinier a laissé parmi les dessins ori- 
ginaux que l’on doit à son zèle éclairé, et qui sont 
déposés dans le cabinet des estampes de fa bibliothè- 
que royale, la figure de ce cartilagineux, que je n’ai 
pu inscrire, d’après sa forme extérieure, dans aucun 
des genres de poissons déjà connus. Il a beaucoup de 
rapports avec l’ovoide fascé; mais il en diffère, ainsi 
qu'on va le voir, par plusieurs traits essentiels. Il est 
presque entièrement sphérique, et voilà pourquoi le 
nom générique de Sphéroïde m'a paru lui convenir. Sa 
forme globuleuse n’est altérée que par deux saillies 
irès marquées, dans chacune desquelles un des deux 
yeux est placé. Les deux narines, très rapprochées, 
sont situées entre les yeux et l'ouverture de la bou- 
che, dans lintérieur de laquelle on voit au moins 
quatre dents attachées à la mâchoire supérieure, et 
deux à la mâchoire d’en-bas. Une portion assez con- 
sidérable des environs de la bouche n'est recouverte 
que d'une peau lisse; mais tout le reste de la surface 
du corps est parsemé d’un très grand nombre de pe- 


1. « Orbis minimus non aculeatus. » Plumier, dessins déposés dans 
le cabinet des estampes de la bibliothèque du Roi. 


280 HISTOIRE NATURELLE 

tits tubercules qui m'ont suggéré le nom spécifique 
de ce cartilagineux. L'animal ne présente aucun ai- 
guillon ; il n'a que deux nageoires : ce sont deux na- 
geoires pectorales assez étendues, et dont chacune 
est soutenue par six ou sept rayons. Îl est à présumer 
que c’est dans la mer qui baigne les côtes orientales 
de la partie de l'Amérique comprise entre les tropi- 
ques, que l’on trouve ce tuberculé. dont les habi- 
tudes doivent ressembler beaucoup à celles de l’ovoide 
fascé. 


DES POISSONS. 201 


SEIZIÈME GENRE. 


LES SYNGNATHES. 


L'ouverture de la bouche très petite et placée à l’extré- 
mité d’un museau très long et presque cylindrique; 
point de dents; les ouvertures des branchies sur la 


nuque. 
PREMIER SOUS-GENRE. 


Une nageotre de la queue, des nageoires pectorales, et une nageoire 
de l’anus. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


1. SYNGNATHE TROMPETTE. | Le corps à six pans. 
2. SYNGNATHE AIGUILLE. | Le corps à sept pans. 


SECOND SOUS-GENRE. 


Une nageoire de la queue; des nageoires pectorales ; point de nageoire 
de l’anus. 


ESPÈCE. CARACTÈRE. 


8. SYNGNATHE TUYAU. | Le corps à sept pans. 


TROISIÈME SOUS-GENRE. 


Une nageotre de la queue; point de nageoires pectorales, ni de nageoire 
de l'anus. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 
RSR RE ç Trente rayons à la nageoïre du dos; cinq à 
t celle de la queue. 


202 HISTOIRE NATURELLE 


QUATRIÈME SOUS-GENRE. 


Point de nageoire de la queue; des nageoires pectorales; une nageoire 
de l’anus. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


ç Cinq excroïssances barbues et cartilagineu- 
5. SYNGNATHE HIPPOCAMPE. | L x 
ses au dessus de la tête. 


6.-SYNGNATHE DEUX Pi- 


QUANTS }Deux piquants sur la tête. 


CINQUIÈME SOUS-GENRE. 


Point de nageoire de la queue; des nageotres pectorales ; point de nugeoire 
de l'anus. 


ESPÈCE. CARACTÈRE. 


7. SYNGNATHE BARBE. Le corps à six pans. 


SIXIÈME SOUS-GENRE. 


Point de nageotre de la queue, de nageoires pectorales, ni de nageoire 
de l’anus. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


Le corps très délié ; trente-quatre rayons à 


8. SYNGNATHE OPHIPION. { : 
la nageoire du dos. 


DES POISSONS. 2809 


LE SYNGNATHE TROMPETTE”. 


Syngnathus T'yphle, Linx., Guez., Lacer., Cuv. 


DE toutes les manières dont les poissons viennent 
au jour, il n’en est point de plus digne d'attention 
que celle que l’on observe dans la famille des syn- 
gnathes, de ces cartilagineux très allongés, dont les 
nageoires sont très petites, et qui par ces deux traits 


1. Gagnole, dans plusieurs départements méridionaux. 

Cheval marin trompette, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Fauna suecica, 377. u 

« Syngnathus corpore medio hexagono, cauda pinnata. » Artedi, 
gen. 1, Syn. 1, spec. 6. 

Bloch, pl. 91, fig. 1. 

Klein, miss. pisc. 4, p. 42, n. 2. 

Piscis septimus, Salvian., Aquat., p. 68. 

Typhle marina, Bel., Aquat., p. 448. 

Trompette, aiguille d’ Aristote, Rondelet, première partie, liv. 8, 
chap. 4. 

Willughby , Ichth. p. 158. 

Ray., pisc., p. 46. 

Gesner, Aquat., p. 9; icon. anim., p. 92. 

Sea-adder, Borlase, Cornw., p. 267. 

Shorter pipe-fish, Pennant, Brit. Zool. 3, p. 108, n. 2, tab. 6, 
fig. 2. 

« Synguathus pinnis caudæ, ani, pectoralibusque, radialis, cor- 
» pore hexagono. » Commerson, manuscrits déjà cilés. 


284 HISTOIRE NATURÉLLE 

ressemblent beaucoup aux serpents les plus déliés. 
En effet, non seulement les femelles des syngnathes 
ne déposent pas leurs œufs, comme celles du plus 
grand nombre de poissons. sur des bancs de sable, 
sur des rochers, sur des côtes plus ou moins favora- 
bles au développement des fœtus; non seulement elles 
ne les abandonnent point sur des rivages : mais on 
diroit que, modèles de la véritable tendresse mater- 
nelle, elles consentent à perdre la vie pour la donner 
aux petits êtres qui leur devront leur existence. On 
croiroit même qu'elles s’exposent à périr au milieu 
de douleurs cruelles, pour sauver les jeunes produits 
de leur propre substance. Jamais l'imagination poéti- 
que, qui a voulu quelquefois élever l’instinct des ani- 
maux, animer leur sensibilité, ennoblir leurs affec- 
tions, embeilir leurs qualités, et les rapprocher de 
celles de homme, autant qu’une philosophie trop 
sévère el trop prompte dans ses jugements a cherché 
à les dégrader et à les repousser loin d'elle, n’a pu 
être si facilement séduite lorsqu'elle à erré au milieu 
des divers groupes d'animaux dont nous avons entre- 
pris d'écrire l’histoire, et même de tous ceux que l’on 
a placés, avec raison, plus près de l’homme, ce fils 
privilégié de la nature, qu'elle ne l’auroit été par le 
tableau des soins des syngnathes mères, et de toutes 
les circonstances qui accompagnent le développement 
de leurs foibles embryons : jamais elle ne se seroit plu 
à parer de plus de charmes les résultats de l’éergani- 
sation des êtres vivants et sensibles. Et combien de 
fois les syngnathes mères n’auroient-elles pas été cé- 
lébrées dans ces ouvrages charmants, heureux fruits 
d'une invention brillante et d’un sentiment touchant, 


DES POISSONS. 285 
que la sagesse reçoit des mains de la poésie pour 
le bonheur du monde, si le génie qui préside aux 
sciences naturelles avoit plus tôt révélé à celui des 
beaux-arts le secret des phénomènes dérobés à pres- 
que tous les yeux, et par les eaux des mers dans les- 
quelles ils s’opèrent , et par la petitesse des êtres qui 
les produisent ! 

Mais au travers de ces voiles précieux et transpa- 
rents dont l'imagination du poëte les auroit envelop- 
pés, qu’auroit vu le physicien ? Que peut remarquer 
dans la reproduction des syngnathes l'observateur le 
plus froid et le plus exact? Quels sont ces faits à la 
vue desquels la poésie auroit allumé son flambeau ? 
Oublions les douces images qu’elle auroit fait naître, 
et ne nous occupons que des devoirs d’un historien 
fidèle. 

On a pensé que les syngnathes étoient hermaphro- 
dites : un savant naturaliste, le professeur Pallas, la 
écrit l; et ses soupçons à ce sujet ont été fondés sur 
ce que dans tous les individus de ce genre qu'il a dis- 
séqués, il a trouvé des ovaires et des œufs. Peut-être 
dans cette famille, ainsi que dans plusieurs autres de 
la classe des poissons, le nombre des femelles l'em- 
porte-t-il de beaucoup sur celui des mâles. Mais, quoi 
qu’il en soit, les observations d’autres habiles physi- 
ciens, et particulièrement celles d’Artedi, qui a vu 
des syngnathes mâles, ne permettent pas de regarder 
comme hermaphrodites les cartilagineux dont nous 
traitons dans cet article; et nous sommes dispensés 
d'admettre une exception qui auroit élé unique non 


1. Pallas, Spicileg. zoologic. 8, p. 55. 


256 HISTOIRE NATURELLE 
seulement parmi les poissons, mais même parmi tous 
les aniinaux à sang rouge. 

Les jeunes syngnathes sortent des œufs dans les- 
quels ils ont êté renfermés pendant que ces mêmes 
œufs sontencore attachés au corps de la femelle, L’in- 
térieur de ces petites enveloppes a donc dû être fé- 
condé avant leur séparation du corps de la mère. ft 
en est donc des syngnathes comme des raies et des 
squales : ie mâle est obligé de chercher sa femelle, 
de s’en approcher, de demeurer auprès d’elie au 
moins pendant quelques moments, de faire arriver 
jusqu’à elle sa liqueur séininale. If y a donc un véri- 
table accouplement du mâle et de la femelle dans la 
famille que nous examinons; et la force qui les en- 
traîne l’un vers l’autre est d'autant plus remarquable, 
qu'elle peut faire supposer lexistence d’une sorte 
d'affection mutuelle, très passagère à la vérité, mais 
cependant assez vive, et que ce sentiment , quelque 
peu durable qu’il soit, doit influer beaucoup sur les 
habitudes de l'animal, et par conséquent sur l'instinct 
qui est le résultat de ces habitudes. 

Lorsque la liqueur séminale du mâle est parvenue 
jusqu'aux œufs de la femelle, ils reçoivent de ce fluide 
viviliant une action analogue à celle que l’on voit dans 
tous les œufs fécondés, soit dans le ventre, soit hors 
du corps des mères, à quelque espèce d'animal qu'il 
faille d’ailleurs les rapporter. L’œuf, imprégné de la 
liqueur du mâle, s’anime, se développe, grossit; et 
le jeune embryon croît, prend des forces, et se 
nourrit de la matière alimentaire renfermée avec lui 
dans sa petite coque. Cependant. le nombre des œufs 
que contiennent les ovaires est beaucoup plus grand 


DES POISSONS. 207 
à proportion de leur volume et de la capacité du 
ventre qui les renferme, dans les syngnathes que dans 
les raies ou dans les squales. Lorsque ces œufs ont 
acquis un certain degré de développement, ils sont 
trop pressés dans l’espace qu'ils occupent, ils en com- 
priment trop les parois sensibles et élastiques, pour 
n'être pas repoussés hors de l’intérieur du ventre, 
avant le moment où les {œtus doivent éclore. Mais ce 
n’est pas seulement alors par l’anus qu'ils s’échap- 
pent , ils sortent par une fente longitudinale qui se 
fait dans le corps, ou, pour inieux dire, dans la queue 
de la femelle , auprès de l’anus, et entre cette ouver- 
ture et la nageoire caudale. Cette fente non seulement 
sépare des parties molles de la femelle, mais encore 
elle désunit des pièces un peu dures et solides. Ces 
pièces sont plusieurs portions de l'enveloppe presque 
osseuse dans laquelle les syngnathes sont engagés en 
entier. Ces poissons sont, en effet, revêtus d’une 
longue cuirasse qui s'étend depuis la tête jusqu'a l’ex- 
trémité de la queue. Cette cuirasse est composée d’un 
très grand nombre d’anneaux placés à la suite l’un 
de l’autre, et dont chacun est articulé avec celui qui 
le précède et celui qui le suit. Ces anneaux ne sont 
pas circulaires, mais à plusieurs côtés ; et comme les 
faces analogues de ces anneaux se correspondent 
d’un bout à l’autre de l’animal, l’ensemble de la cui- 
rasse, ou, pour mieux dire, du très long étui qu'ils 
forment, ressemble à un prisme à plusieurs pans. Le 
nombre de ces pans varie suivant les espèces, ainsi 
que celui des anneaux qui recouvrent le corps et la 
queue proprement dite. 
En même temps que la sorte de gaîne qui renferme 


288 HISTOIRE NATURELLE 


le poisson présente plusieurs faces disposées dans le 
sens de la longueur du syngnathe, elle doit offrir 
aussi, aux endroits où ces pans se touchent, des 
arêtes, ou lignes saillantes et longitudinales, en nom- 
bre égal à celui des côtés longitudinaux de cet étai 
prismatique. Une de ces arètes est placée, au moins 
le plus souvent, au milieu de la partie inférieure du 
corps et de la queue, dont elle parcourt la longueur. 
C’est une portion de cette arête qui, au delà de l’a- 
nus, se change en fente allongée, pour laisser passer 
les œufs ; cette fente se prolonge plus ou moins sui- 
vant les individus , et suivant l'effort occasioné par le 
nombre des œufs, soit vers le bout de la queue, soit 
vers l’autre extrémité du syngnathe. 

Cependant les deux pans les plus inférieurs du 
fourreau prismatique, non seulement se séparent à 
l'endroit de cette fente, mais ils s’enfoncent, vers 
l'intérieur du corps de l'animal, dans le bord longi- 
tudinal qui touche la fente, et se relèvent dans l’au- 
tre, de manière qu’au lieu d'une arèêle saillante, on 
voit un petit canal qui s'étend souvent vers la tête 
et vers le bout de la queue du syngnathe, bien au 
delà de la place où la division a lieu. En effet, une dé- 
pression semblable à celle que nous exposons s'opère 
alors au delà de la fente, tant vers le bout de la 
queue que vers la tête, quoique les deux pans longi- 
tudinaux les plus inférieurs n’y soient pas détachés 
l’un de l’autre, et qu'ils s’inclinent uniquement l’un 
sur l’autre, d’une manière très différente de celle 
qu'ils présentoient avant la production de la sépara- 
tion. 

Lorsqu'une arête saillante ne règne pas longitudi- 


DES POISSONS. 209 
nalement dans le milieu de la partie inférieure de l’a- 
nimal, le pan qui occupe cette partie inférieure se 
partage en deux, et les deux lames allongées qui ré- 
sultent de cette fracture, ainsi que les pans collaté- 
raux, s'inclinent de manière à produire un canal ana- 
logue à celui que nous venons de décrire. 

C’est dans ce canal, dont la longueur varie suivant 
les espèces et même suivant les individus, que se 
placent les œufs, à mesure qu'ils sortent du ventre 
de la mère : ils y sont disposés sur des rangs plus ou 
moins nombreux selon leur grosseur et la largeur du 
canal ; et ils y sont revêtus d’une peau mince, que 
les jeunes syngnathes déchirent facilement lorsqu'ils 
ont été assez développés pour percer la coque qui les 
contenoit. 

La femelle porte ainsi ses petits encore renfermés 
dans leurs œufs, pendant un temps dont la longueur 
varie suivant les diverses circonstances qui peuvent 
influer sur l’accroissement des embryons; elle nage 
ainsi chargée d’un poids qu’elle conserve avec soin, 
et qui lui donne d'assez grands rapports avec plu- 
sieurs cancres dont les œufs sont également attachés 
pendant long-temps au dessous de la queue de la 
mère. 

Peut-être n'est-ce qu'au moment où les œufs des 
syngnathes sont parvenus dans le petit canal qui se 
creuse au dessous du corps de la femelle, que le 
mâle s'approche, s’accouple, et les arrose de sa li- 
queur séminale , laquelle peut pénétrer aisément au 
travers de la membrane très peu épaisse qui les main- 
tient. Mais, quoi qu'il en soit , il paroît que, dans la 
même saison , il peut y avoir plusieurs accouplements 


200 HISTOIRE NATURELLE 

entre le même mâle et la même femelle, et que plu- 
sieurs fécondations successives ont lieu comme dans 
les raies et les squales ; les premiers œufs qui sont un 
peu développés et vivifiés par la liqueur séminale du 
mâle passent dans le petit canal, qu’ils remplissent, 
et dans lequel ils sont ensuite remplacés par d’autres 
œufs dont l'accroissement moins précoce avoit re- 
tardé la fécondation , en les retenant plus long-temps 
dans le fond de la cavité des ovaires. 

Au reste, le phénomène que nous venons de dé- 
crire est une nouvelle preuve de l’étendue des bles- 
sures , des déchirements et des autres altérations que 
les poissons peuveut éprouver dans certaines parties 
de leur corps, non seulement sans en périr, mais 
même sans ressentir de graves accidents. 

La tête de tousies syngnathes, et particulièrement 
de la trompette , dont nous traitons dans cet article , 
est très petite ; le museau est très allongé, presque 
cylindrique, un peu relevé par le bout; et c'est à 
cette extrémité qu'est placée l'ouverture de la bou- 
che, qui est très étroite, et se ferme par le moyen 
de la mâchoire inférieure proprement dite, que l’on 
a prise à tort pour un opercule, et qui, en se rele- 
vant, va s'appliquer contre celle d’en-haut. Le long 
tuyau formé par la partie antérieure de la tête a été 
regardé comme composé de deux mâchoires réunies 
lune contre l’autre dans la plus grande partie de leur 
étendue, et de là vient le nom de Syngnathe que 
porte la famille de cartilagineux dont nous nous oc- 
cupons. 

La trompette, non plus que les autres syngnathes, 
n’a point de langue, ni même de dents. Ce défaut de 


DES POISSONS. 201 
dents, la petitesse de l'ouverture de sa bouche, et le 
peu de largeur du long canal que forme la prolon- 
gation du museau, forcent la trompette à ne se nour- 
rir que de vers, de larves, de fragments d'insectes, 
d'œufs de poissons. 

La membrane des branchies des syngnathes, que 
deux rayons soutiennent, s'étend Jusque vers la 
sorge : l’opercule de cet organe est grand et couvert 
de stries disposées en rayons; mais cet opercule et 
cette membrane sont attachés à la tête et au corps 
proprement dit, dans une si grande partie de ieur 
contour, qu'il ne reste pour le passage de l’eau qu’un 
orifice placé sur la nuque. On voit donc sur le der- 
rière de la tête deux petits trous que l’on prendroit 
pour des évents analogues à ceux des raies et des 
squales, mais qui ne sont que Îles véritables ouver- 
tures des branchies. 

Ces branchies sont au nombre de quatre de chaque 
côté. Ces organes, un peu différents dans leur con- 
formation des branchies du plus grand nombre de 
poissons, ressemblent, selon Artedi et plusieurs au- 
tres naturalistes qui l'ont copié , à une sorte de vis- 
cosité pulmonaire d’un rouge obscur : mais je me 
suis assuré, en examinant plusieurs individus el même 
plusieurs espèces de la famille que nous décrivons, 
qu'ils étoient composés à peu près comme dans la 
plupart des poissons , excepté que chacune des bran- 
chies est quelquefois un peu épaisse à proportion de 
sa longueur, et que les quatre de chaque côté sont 
réunies ensemble par une membrane très mince, la- 
quelle, ne s'appliquant qu'à leur côté extérieur, 


202 HISTOIRE NATURELLE 

forme, entre ces quatre parties, trois petits canaux 
ou cellules qui ont pu suggérer à Artedi l'expression 
qu’il a employée. Au reste, cette couleur rougeûtre, 
qu'il a très bien vue, indique les vaisseaux sanguins 
très ramifiés et disséminés sur ces branchies. 

Les yeux des syngnathes sont voiiés par une mem- 
brane très mince, qui est une continuation du tégu- 
ment le plus extérieur de l’animal. 

Le canal intestinal de la trompette est court et 
presque sans sinuosités. 

La série de vertèbres cartilagineuses qui s'étend 
depuis la tête jusqu’à l’extrémité de la queue, ne 
présente aucune espèce de côte : mais les vertèbres 
qui sont renfermées dans le corps proprement dit, 
offrent des apophyses latérales assez longues, qui ont 
quelque ressemblance avec des côtes; et elles mon- 
trent ainsi une conformation intermédiaire entre 
celle des vertèbres des raies et des squales, sur les- 
quelles on ne voit pas de ces apophyses, et celle des 
vertèbres des poissons osseux qui sont de véritables 
côtes. 

L’étui dans lequel elle est enveloppée présente six 
pans, tant sur le corps que sur la queue, autour de 
laquelle cependant ce fourreau n'offre quelquefois 
que quatre pans longitudinaux. 

Le nombre des anneaux qui composent cette cui- 
rasse est ordinairement de dix-huit autour du corps, 
et de trente-six autour de la queue. 

La trompette a une nageoire dorsale comme tous 
les syngnathes : mais elle a de plus des nageoires 
pectorales, une nageoire de l'anus, et une nageoire 


DES POISSONS. 299 
caudale ! ; organes dont les trois, ou du moins un ou 
deux, manquent à quelques espèces de ces animaux, 
ainsi qu’on peut le voir sur le tableau méthodique 
des cartilagineux de cette famille. 

Elle n’a guère plus d’un pied ou d’un pied et demi 
de longueur : sa couleur générale est jaune et variée 
de brun; les nageoires sont grises et très petites. 

On la trouve non seulement dans l'Océan, mais 
encore dans la Méditerranée, où elle a été assez an- 
ciennement et assez bien observée, pour qu’Aristote 
et Pline aient connu une partie de ses habitudes, et 
notamment la manière dont eile vient au jour. 

Sa chair est si peu abondante, que ce poisson est à 
peine recherché pour la nourriture de l'homme ; mais 
comme il perd difficilement la vie, qu’il ressemble à 
un ver, et que, malgré sa cuirasse, qui se prête à plu- 
sieurs mouvements, il peut s’agiter et se contourner 
en différents sens, on le pèche pour l’employer à 
amorcer des hamecons. 


IA lainagéonwe du dos) 20207 eo/RaNteR 18 rayons. 
Abepectoralest. NS NU AMONT GUN UT 
celle delanus ip an A ATEN TA PASS 
A celle de la queue, qui est un peu arrondie. . 10 


Un individu de l'espèce de la trompette , observé par Commerson, 
différoit assez des autres individus de cette même espèce par le nom- 


bre des rayons de ses nageoiïres, pour qu’on pût le considérer comme 
formant une variété distincte. 


Il avoit, en effet, à la nageoire dorsale. . . . . . . 45 rayons. 
À chacune des nageoires pectorales. 24 
Atcelle derlanus. "4: ct tent 3 
Æ'celle’de la queue: . . : : . 0,1. 6 


LACÉPÉDE, VI 19 


291 HISTOIRE NATURELLE 


0 20 tapo Foe-bodo #0 27H FO HEES LPS ROCHE LEO HOTEL poor HS EEE ES TOLNÉCEOSO © 


LE SYNGNATHE AIGUILLE"! 


Syngnathus Acus, Lixx., Guez., Lacer., Cuv. 


LE SYNGNATHE TUYAU?, 


Syngnathus pelagieus, Lanx., Guez.. Cuv., 


ET'BE SYNGNATHE PIPES 


Syngnathus æquoreus, Linx., Guer., Cuv., Mona. 


L’aieurzce habite, comme la trompette, dans PO- 
céan septentrional ; elle présente la même conforma- 


1. « Syngnathus corpore medio heptagono, cauda pinnata. » Artedi, 
gen. 1, Syn. 2, spec. 2. 

Bloch, pl. 91, fig. 2. 

« Solenosiomus a capite ad caudam heptagonus. » Klein, miss. 
pisc. 4. p. 24, n. 5. 

Typhle, Gesner, Aquat., p. 1025. 

Acus Aristotelis, Aldrov., pise., p. 105. 

Willughby, Ichth., p. 159, tab. I, 25, fig. 1. 

Ray.. pisc., p. 46,n. 2. 

Se nadel, secknadel, Wulff, Ichth. boruss., p. 70. 

Cheval marin aiguille, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bounaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

9. Cheval marin tuyau de plume, Daubenton, Encyclopédie métho- 
dique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Syngrathus pelagicus, Osbeck, It. 105. : 

Nota. La figure 4 de la planche 109 de Bloch, que l’on a rapportée 
au syngnathe tuyau, représente une variélé du syngpathe aiguille. 

3. Cheval marin pipe, Daubention, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Ercyciopédie méthodique. 


DES POISSONS. 295 
tion, excepté dans le nombre des faces de sa cui- 
rasse, qui offre sept pans longitudinaux autour de 
son corps proprement dit, tandis qu'on n'en compte 
que six sur le fourreau analogue de la trompette. Elle 
parvient d’ailleurs à une grandeur plus considérable ; 
elle a quelquefois trois pieds de long; et l’on voit, 
sur presque toute sa surface, des taches et des ban- 
des transversales alternativement brunes et rougeûtres. 
Son anus est un peu plus rapproché de ja tête que 
celui de la trompette, et l’on a écrit que la femelle 
donnoit le jour à soixante-dix petits 1, 

Le syngnathe tuyau a autour de son corps une !on- 
gue enveloppe à sept pans, comme l'aiguille; mais il 
s'éloigne de la trompette plus que de ce dernier pois- 
son : il n’a point de nageoire de l’anus. On le trouve 
dans des mers bein éloignées l’une de l’autre : on le 
voit, en effet, dans la mer Caspienne, dans celle qui 
baigne les rivages de la Caroline , et dans celle dont 
les flots agités par les tempêtes battent si fréquem- 
ment le cap de Bonne-Espérance et les côtes africai- 
nes voisines de ce cap. On l’observe souvent au milieu 
des fucus ; il est d'un jaune foncé, plus clair sur les 
nageoires du dos et de la queue , et relevé par de pe- 
tites bandes transversales brunes ?. 


1. À la membrane des branchies du syngnathe aiguille. 2 rayons. 


À chaque nageoire pectorale. . . . . . eee AL A 
Aicellé dudoss en eo net eur 36 
A celle‘de, l'anus: 429 hs ur. 2 Répen Fetes 16 
AjoeHende lacqueue.rnite Hioomtir djsnatons ot 10 


2. Il y a à la nageoire du dos du syngnathe tuyau. . 91 rayons. 
Aux nageoires peclorales, . . ..... . .. 14 
Atcelledeila;quene:1.4.15 1... 0192088 # 10 


290. HISTOIRE NATURELLE 

La forme de la trompette se dégrade encore plus 
dans le syngnathe pipe que dans les deux autres carti- 
lagineux de la mème famille , décrits dans cet article. 
La pipe n'est pas seulement dénuée de nageoire de 
l'anus; elle n’a pas même de nageoires pectorales1. 


SUPPLÉMENT A L'ARTICLE DU SYNGNATHE TUYAU. 


Nous avons vu que le syngnathe tuyau habitoit 
dans des mers très éloignées l’une de l’autre , et par- 
ticulièrement dans la Caspienne , auprès des rivages 
de la Caroline, et dans les environs du cap de Bonne- 
Espérance. Nous avons reçu de M. Noël de Rouen 
plusieurs individus de cette même espèce de syngna- 
the, qui avoient été pêchés auprès de l'embouchure 
de la Seine. « Les tuyaux, nous écrit cet estimable 
» observateur, sont pêchés sur les fonds du Tot, de 
» Quiliebeuf, de Berville, de Grestain. » On les prend 
avec des Guideaux, sorte de filet dont nous parle- 
rons à l’article du gade colin. M. Noël les a nommés 
Aiguillettes, où petites aiguilles, parce qu’ils ne par- 
viennent guère, près des côtes de la Manche, qu’à 
la longueur de deux décimètres. Le corps de ces 
poissons représente üne sorte de prisme à sept faces; 
mais les trois pans supérieurs se réunissent auprès de 


A la cuirasse qui recouvre Le corps. . . . . 18 anneaux. 
A ‘celle qui reyêt'la; queue... 1 .#0000). 32 
Il paroît qu’on a compté vingt-cinq anneaux dans une variété de 
cette espèce, vue auprès de la Caroline. 
1. À la nageoïre dorsale du syngnathe pipe. . . . . 30 rayons. 
Atcellerde lallqueue "#00. Aer MEMAANS 


DES POISSONS. 297 
la nageoire dorsale , et les deux inférieurs auprès de 
l’anus, de manière que la queue proprement dite 
n'offre que quatre faces longitudinales. La couleur 
de ces cartilagineux est d’un gris pâle, verdâtre dans 
leur partie supérieure, et d’un blanc sale dans leur 
partie inférieure. M. Noël a vu dans l’æsophage d’un 
de ces animaux une très petite chevrette, qui, mal- 
gré son peu de volume, en remplissoit toute la ca- 
pacité, et n’avoit pu être introduite par l'ouverture 
de la bouche qu'après de très grands efforts. Il a 
trouvé aussi dans chacune des deux femelles qu'il a 
disséquées, une quarantaine d'œufs assez gros, rela- 
tivement aux dimensions de l’animal. 


38050402 


FRESH ES #60 80 5080808 IF0ESEOESHOFEGO POP HOTSHoHOS6GVEIECLO | 


LE SYNGNATHE HIPPOCAMPE, 


Hippocampus brevirostris et Hippocampus guttulatus, 
Cuv. — Syngnathus hippocampus, Linn., Guer. 


ET 


LE SYNGNATHE DEUX-PIQUANTS2. 


Syngnathus tetragonus, Linx., Gmer. 


—— 6e ——— 


Quez contraste que celui des deux images rappe- 
lées par ce mot Hippocampe, qui désigne en même 
temps et un cheval et une chenille! Quel éloigne- 


1. Cavallo marino, en Italie. 
Brunn. pisc. Massil., n. 19. 


298 HISTOIRE NATURELLE 

ment dans l’ensemble des êtres vivants et sensibles 
sépare ces deux animaux, dont on a voulu voir les 
traits réunis dans l’hippocampe , et dont on s’est ef- 
forcé de combiner ensemble les deux idées peur en 
former l'idée composée du syngnathe que nous dé- 
crivons | L’imagination, qui, au lieu de calculer avec 
patience les véritables rapports des objets, se plaît 
tant à se laisser séduire par de vaines apparence” , et 
à se laïsser entraîner vers les rapprochements les plus 


Mull. prodrom. Zool. danic., n. 827, 

s Syngnathus corpore quadrangulo, pinna caudæ carens. » Artedi, 
gen. 1, SYn. ï. 

Bloch, pl. 109, fig. 5, 

Cheval marin, hippocampe , Daubenton. Encyclopédie méthodique. 

Id. PBonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Gronov., Zcoph., u. 170. 

Browne, Jamaic., p. 441, n.1. 

Crauyracion corpore ctrewmflexo , ete. Klein, miss. pisc. 5, p. 25, 
n. 62. 

Ælian, Gb. 14, cap. 14. 

Cheval marin , Rondelet, des insectes et Zoophytes, chap. a. 

Gesner, Aquat. p. 414. 

Willughby, Ichth. p. 157, tab. I, 25, fig. 5 et 4. 

Ray., pisc., p. 45, 46, n. 1, 4. 

Hippocampus æquivoca, Aldrov., pisc., p. 716. 

Cheval marin, Belon, Aquat., p. 444. 

Geel zeepaardije, Valent., Mus., p. 538, n. 160. 

Syngnathus hippocampus , le cheval marin, Appendix du Voyage à la 
Nouvelle-Galles méridionale, par Jean Whiïte, premier chirurgien de 
l'expédition commandée par le capitaine Philipp. — pl. 50, fig. 2. 

Syngnathus hippocampus, Commerson, manuscrits déjà cités. 

2. Thunberg, Act. soc. physiogr. lund. 1, 4, p. 301, n. 50, tab. 4, 
fig. 1 et 2. 

Syngnathus biaculeatus , épine double , Bloch , pl. 121, fig. 1 et 2. 

Cheval marin, énine double, Bonnaterre , planekes de l'Encyclopédie 
métho-lique. 


DES POISSONS. 209 
bizarres, les ressemblances les plus trompeuses et les 
résultats les plus merveilleux, a dû d'autant plus jouir 
en s’abandonnant pleinement au sens de ce mot Hip- 
pocampe, que, par l'adoption la plus entière de cette 
expression, elle a exercé, pour ainsi dire, en même 
temips, une triple puissance. Reconnoître , en quel- 
que manière, un cheval dans un petit cartilagineux, 
voir dans le même moment une chenille dans un pois- 
son , et lier ensemble et dans un mèêimne être une che- 
nille et un cheval, ont éié trois opérations simulta- 
nées, trois espèces de petits miracles compris dans 
un seul acte, trois signes de pouvoir devenus insépa- 
rables, dans lesquels l'imagination s’est complue sans 
réserve , parce qu'elle ne trouve de véritable attrait 
que dans ce qui lui permet de S’attribuer une sorte 
de force créatrice : et voilà pourquoi cette dénomi- 
nation d’Hippocampe a été trèsanciennerment adoptée; 
et voilà pourquoi, lors même qu'elle n’a rappelé qu'une 
erreur bien reconnue, elle à conservé assez de char- 
mes secrets pour être généralement maintenue par 
les naturalistes. Quelles sont cependant ces légères 
apparences qui ont introduit ce mot Æippocampe ? Et 
d'abord, quels sont Îles traits de la conformation ex- 
térieure du syngnathe dont nous nous occupons, qui 
ont réveillé l’idée da cheval à l'instant où on a vu ce 
cartilagineux ? Une tête un peu grosse ; la partie an- 
térieure du corps, plus étroite que la tête et le corps 
proprement dit; ce même corps plus gros quela queue, 
qui se recourbe; une nageoire dorsale dans laquelle 
on a trouvé de la ressemblance avec une selle; et de 
-petits flaments qui, garnissant l’extrémité de tuber- 


300 HISTOZRE NATURELLE 


cules placés sur la tête et le devant du corps, ont 
paru former une petite crinière : tels sont les rapports 
éloignés qui ont fait penser au cheval ceux qui ont 
examiné un hippocampe, pendant que ces mêmes fila- 
ments, ainsi que les anneaux qui revêtent ce cartila- 
gineux, comme ils recouvrent les autres syngnathes, 
l'ont fait rapporter aux chenilles à anneaux hérissés de 
bouquets de poil. 

Mais en écartant ces deux idées trop étrangères de 
chenille et de cheval, déterminons ce qui différencie 
lhippocampe d'avec les autres poissons de sa famille. 

Il parvient ordinairement à la longueur de trois ou 
quatre décimètres, ou d'environ un pied. Ses yeux 
sont gros, argentés et brillants. Les anneaux qui l’en- 
veloppent sont à sep£ pans sur le corps, et à quatre 
pans sur la queue : chacun de ces pans, qui quelque- 
fois sont très peu sensibles, est ordinairement indi- 
qué par un tubercule garni le plus souvent d’une pe- 
üite houppe de filaments déliés. Ces tubercules sont 
communément plus gros au dessus de la tête, et l’on 
en voit particulièrement cinq d'assez grands au dessus 
des yeux. On compte treize anneaux à l'étui qui en- 
veloppe le corps, et de trente-cinq à trente-huit à 
celui qui renferme la queue, laquelle est armée, de 
chaque côté, de trois aiguillons , de deux en haut et 
d’un en bas. Au reste, ce nombre d’anneaux varie 
beaucoup , au moins suivant les mers dans lesquelles 
on trouve l’hippocampe. 

Les couleurs de ce poisson sont aussi très sujettes 
à varier, suivant les pays el inème suivant les indivi- 
dus. Il est ou d’un livide plombé , ou brun, ou noi- 


DES POISSONS. . oi 
râtre , ou verdâtre ; et quelque nuance qu'il présente, 
il est quelquefois orné de petites raies ou de petits 
points blancs ou noirs !. 

Les branchies de l'hippocampe ont été mal vues par 
un grand nombre de naturalistes ; et leur petitesse 
peut avoir aisément induit en erreur sur leur forme. 
Mais je me suis assuré par plusieurs observations, 
qu’elles étoient frangées sur deux bords, et sembla- 
bles, à très peu près, à celles que nous avons exa- 
minées dans plusieurs autres syngnathes, et que nous 
avons décrites dans l’article de la trompette. 

La vésicule aérienne est assez grande ; le canal in- 
testinal est presque sans sinuosités. La bouche de 
l’'hippocampe étant d’ailleurs conformée comme celle. 
des autres cartilagineux de son genre, il vit, ainsi que 
ces derniers, de petits vers marins, de larves , d’in- 
sectes aquatiques, d'œufs de poissons peu dévelop- 
pés. On le trouve dans presque toutes les iners, dans 
l'Océan, dans ia Méditerranée, dans la mer des Indes. 
Pendant qu'il est en vie, son corps est allongé comme 
celui des autres syngnathes; mais lorsqu'il est mort, 
et surtout lorsqu'il commence à se dessécher, sa queue 
se replie en plusieurs sens, sa tête et la partie anté- 
rieure de son corps se recourbent; et c’est dans cet 
état de déformation qu'on le voit dans les cabinets, 
et qu'il a été le plus comparé au cheval. 


1. Il y a à la membrane des branchies. . . . . . . . 2 rayons. 
À chacune des nageoires pectorales, . . . . 9 
(On en a compté 18, parce que chaque rayon se di- 
vise en deux, presque dès son origine. ) 
Acelle deila queue tp entr de 16 à 26 
AÉcelle detlanus 2 eme ANNE ARE 4 


302 HISTOIRE NATURELLE 

On a attribué à l’hippccampe un grand nombre de 
propriétés médicinales , et w’autres facultés utiles ou 
funestes, combinées d'une manière plus ou moins ab- 
surde : et comment n’auroit-on pas cherché à douer 
des vertus les plus merveilleuses et des qualités les 
plus bizarres, un être dans lequel on s’est obstiné, 
pendant tant de temps, à réunir par la pensée un pois- 
son, an cheval et une chenille! 

Le syngnathe deux-piquants habite dans la mer des 
Indes. 11 est varié de jaune et de brun. Les anneaux 
qui composent sa longue cuirasse ne présentent cha- 
cun que quatre pans; et au dessus des yeux on voit 
deux aiguillons courbés en arrière! 


1, À la membrane des branchies. . . . . . . . . . 2 rayons. 
À chaque nageoïre pectorale. . . . . . . ....) 9 
Acelle dus doser ha una tt ONU AUs 94 
Acelle derbanus:/.;200mu0mnnNeNnEnn et AUTnUtS ‘4 
Sur Ielcorps ete Alan LA Tr a RON AANanneaxe 
pur laliqueue-? 221100) mn HS NE PE 


DES POISSONS. 303 


< 15028209 Pac bos0De 30H00 -oHecHoooSeDaLe HO 


LE SYNGNATHE BARBE,, 


Syngnathus barbarus, Linn., GMEL., LAcEr., Cuv. 


ET 


LE SYNGNATHE OPHIDION?. 


Syngnathus Ophidion, Laxn., Gmec., Lacer., Cuv. 


Now seulement le barbe n’a point de nageoire cau- 
dale, mais encore il n’a pas de nageoire de l'anus. 


1. Cheval marin sexangulaire, Daubenton, Encyclopédie métho- 
dique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

2. Sea-adder , sur quelques côtes d’Angieterre. 

Hav-hol, en Suède. 

Fauna suec. 275. 

Otto, schrift. der Berlin. naturf. fr. 5, p. 456. 

« Syngnathusteres, pinnis pectoralibus caudæque carens. » Artedi, 
gen. 1,Syn. 2, spec. 0. 

Gronov. mus. 1, n. 2. 

Bloch, pl. 91, fig. 5. 

Klein, miss. pisc. 4, p. 26, n. 15, tab. 5, fig. 4. 

Willughby, Ichth. p. 160. 

Ray., pisc., p. 47. 

Sajort, Kæmpfer, Japon, 1, p. 155. 

Little pipe-fish, Brit. Zool. 5, p. 100, n. 5, pl. 6, fig. 5. 

Cheval marin serpent, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 


204 HISTOIRE NATURELLE 


Aussi le voit-on placé dans un cinquième sous-genre 
sur le tableau méthodique de la famille que nous dé- 
crivons. Son corps est d’ailleurs à six pans longitudi- 
naux 1. 

L'ophidion est encore plus dénué de nageoires : il 
n'en a pas de pectorales; il n'en montre qu’une qui 
est située sur le dos?, et qui est assez peu élevée. De 
tous les syngnathes il est celui qui ressemble le plus 
à un serpent, et voilà pourquoi le nom d’'Opiidion lui 
a été donné, le mot grec Ophis désignant un serpent. 
Nous avons cru d'autant plus devoir lui conserver cette 
dénomination, que son corps est plus menu et plus 
délié à proportion que celui des autres cartilagineux 
de son genre. Il parvient quelquefois à la longueur 
de deux pieds, ou de plus de sept décimètres. Son 
museau est moins allongé que celui de la trompette. 
Cet animal est verdâtre avec des bandes transversales 
et quatre raies longitudinales, plus ou moins inter- 
rompues, d’un très beau bleu. Il habite dans l'Océan 
septentrional. 


1. À chaque nageoire pectorale du barbe. . . . . . 22 rayons. 
Aïcelle du dos. 42. QE ENT USER 45 

2. À la membrane des branchies de l’ophidion. . . . 2 rayons. 
À la nageoirerdorsale.}.4 #14 1eme en . 34 


DES POISSONS. 505 


SE DD 2 P2 D SD AN CH SAP LD SP Sd 2 BMP SELF OP PE PO PAP DOI HELENE DOLrEEN 14 EBSIpE MEME EME OL THET 6% Pad 


QUINZIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
OU 


TROISIÈME ORDRE 


DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX, 


Poissons thoracins, ou qui ont une ou deux nageoires 
situces sous le corps, au dessous ou presque au dessous 
des nageoires pectorales. 


DIX-SEPTIÈME GENRE. 
LES CYCLOPTÈRES. 


Des dents aiguës aux mâchoires; les nageoires pecto- 
rales simples; les nageoires inférieures réunies en 
forme de disque. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Les nageoires du dos, de la queue et de l’anus, séparées l’une de l’autre. 
o ’ P 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
LEA CAR PE {Le corps garni de plusieurs rangs de tuber- 
Ü cules très durs. 


ù HAE { De petites épines sur le corps; des rayons 
+ CYGLOP'TEÈRE ÉPINEUX. | Le ? nl ë 

distincts à la première nageoire da dos. 
. CYCLOPTÈRE MENU. | Trois tubercules sur le museau. 


Le) 


a 


= 
D 


HISTOIRE NATURELLE 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
4. Cycrorrère pouste- (Le derrière de la tête garni, de chaque côté, 
ÉPINE. | d'une épine. 


Qt 


. CYCLOPTÈRE GÉLATI- { Les nageoires pectorales très larges; l’ouver- 
NEUX. ture de la bouche tournée vers le haut. 

L'ouverture de la bouche presque égale à 

la largeur de la tête; les dents fortes, 

CYGLOPTÈRE DENTÉ. coniques, el distribuées en nombre très 

inégal, des deux côtés des deux mà- 

choires. 

AA AE (Le ventre très gonflé par une double et irès 

te î ont, grande vessie urinaire. 


(sg) 


Les nageoires pectorales situées vers le der- 
A N fi . Ÿ À . 
8. CxczorrTère BimacuLé.{  rière de la tête; une tache noire sur cha- 
que côté du corps. 


9. Cycrorrire spatuse. |Le museau en forme de spatule. 


SECOND SOUS-GENRE. 


Les nageoires du dos, de la queue et de l'anus, réunies. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
10. GYcLoPprÈRE LiPaRIS. | Sepl rayons à la membrane des branchies. 


A ANS RE çUn seal rayon à la membrane des branchies; 
; *  Ù des raies longitudinales. 


DES POISSONS. 407 


besteremegetefs 3846: ePeeiredmemersfednes1e ee fr 


LE CYCLOPTÈRE LOMPE* 


Cyciopterus Lumpus, Lixn., GMEz., Lacer., Cuv. 


Que ceux dont la douce sensibilité recherche avec 
tant d'intérêt, et trouve avec tant de plaisir, les ima- 


1. Lièvre de mer. 

Lump, ou sea-owl, en Angleterre. 

Cock-padd, en Écosse. 

Haff-podde, en Irlande. 

Snotiolff, dans la Belgique. 

Steinbeit, en Danemarck. 

Sjurygg-fisk, en Suède. 

Ronghiegse, en Norwége. 

Mus. ad. fr. 1, p. 57. 

Fauna suecica, 520. 

It. scan. 188. 

Mull. prodrom. Zool. danic., p. 59, n. 25. 

Bouclier lompe, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Gronov., mus. 1, 127; Zooph. 197. 

Bloch, pl. 90, 

Oncotion , Klein, miss. pise. 4, p. 4Q, n. 1, 2, 3, tab. 14. fig. 5. 

Willughby. Ichthyol. p. 208, tab. N, 15. 

Ray., pisc., p. 77. 

Lump-fish, Pennant, Brit. Zool. 5, p. 105, n. 1. 

Seel-nase, haff-padde, Walff, Ichth. borussens., p. 24. 

Cyclopterus, Artedi , gen. 62, syn. 87. 

« Ostracion rotundo-oblongus, tuberculis utrinque, pinna dorsi 
» longissima. » Artedi, gen. 59, syn. 86. 


30 HISTOIRE NATURELLE 

ses d’aflections touchantes que présentent quelques 
êtres heureux au milieu de l’inimense ensemble des 
produits de la création, sur lesquels la nature a si 
inégalement répandu Île soufile de la vie et le feu du 
sentiment, écoutent un instant ce que plusieurs na- 
turalistes ont raconté du poisson dont nous écrivons 
l’histoire. Qu'ils sachent que parmi ces innombrables 
habitants des mers, qui ne cèdent qu’à un besoin du 
moment, qu'à un appétit grossier, qu'à une jouis- 
sance aussi peu partagée que fugitive, qui ne con- 
noissent ni mère, ni compagne, ni petits, on a écrit 
qu’il se trouvoit un animal favorisé, qui, par un pen- 
chant irrésistible , préféroit une femelle à toutes les 
autres, s’attachoit à elle, la suivoit dans ses courses, 
l’aidoit dans ses recherches, la secouroit dans ses dan- 
gers, en recevoit des soins aussi empressés que ceux 
qu’il lui donnoit, facilitoit sa ponte par une sorte de 
jeux amoureux et de frottements ménagés; ne per- 
doit pas sa tendresse avec la laite destinée à féconder 
les œufs, mais étendoit le sentiment durable qui l’a- 
nimoit jusqu'aux petits êtres prêts à éclore; gardoit 


« Orbis britannici sive Oceani species. » Gesner, German. fol. 85. 

Lumpus Anglorum, Gesuer, paral., p. 25, v. 1284. 

Aldrov., lib. 3, cap. 68, p. 479. 

Suetolt et Bufolt, Rondelet, première partie, liv. 15, chap. 2. 

Jonston, lib. 1, tit. 1, cap. 5, «. 5, punct. 12, p. 42, tab. 15, 
fig. 1. 

Charleton , p. 151. 

Schelham, Anat. xiphi., p. 20. 

« Lepus marinus nostras, orbis species. » Schonev., p. 4r. 

Merret, Pin. 186. 

Dale, Hist. of. Harv., p. 110. 

Orbis ranæ rictu, Clus. Exot., lib. 6, cap. 25. 

Cyclopterus lumpus, Ascagne, quatrième cahier, pl. 34. 


DES POISSONS. 300 
avec celle qu'il avoit choisie, les fruits de leur union ; 
les défendoit avec un courage que la mère éprouvoit 
aussi, et déployoit même avec plus de succès, comme 
plus grande et plus forte ; et, après les avoir préser- 
vés dela dent cruelle de leurs ennemis jusqu’au 
temps où, déjà un peu développés, ils pouvoient au 
moins se dérober à la mort par la fuite, attendoit, 
toujours constant et toujours attentif, auprès de sa 
compagne, qu'un nouveau printemps leur redonnât 
de ‘nouveaux plaisirs. Que ce tableau fasse goûter 
au moins un moment de bonheur aux âmes pures et 
tendres. Mais pourquoi celte satisfaction , toujours si 
rare, doit-elle être pour eux aussi courte que le récit 
qui l’aura fait naître? Pourquoi l’austère vérité or- 
donne-t-elle à lhistorien de ne pas laisser subsister 
une illusion heureuse? Amour sans partage, tendresse 
toujours vive, fidélité conjugale, dévouement sans 
bornes aux objets de son affection , pourquoi la pein- 
ture attendrissante des doux effets que vous produisez, 
n’a-t-elle été placée au milieu-des mers que par un 
cœur aimant et une imagination riante? Pourquoi faut- 
il réduire ces habitudes durables que l’on s’est plu à 
voir dans l'espèce entière du lompe, et qui seroient 
pour l’homme une leçon sans cesse renouvelée de ver- 
tus et de félicité, à quelques faits isolés, à quelques 
qualitésindividuelles et passagères, aux produits d’un 
instinct un peu plus étendu, combinés avec les résul- 
tats de circonstances locales, ou d’autres causes for- 
tuites? 

Mais , après que la rigoureuse exactitude du natu- 


raliste aura éloigné du lompe des attributs que lui 
LACÉDPÈDE, VI, 20 


910 HISTOIRE NATURELLE 

avoit accordés une erreur honorable pour ses auteurs, 
le nom de ce cartilagineux rappellera néanmoins en- 
core une supposition toujours chère à ceux qui ne 
sont pas insensibles; il aura une sorte de charme se- 
cret qui naîtra de ce souvenir, et n’attirera pas peu 
l’attention de l'esprit même le plus désabusé. 

Voyons donc quelles sont les formes et les habitu- 
des réelles du lompe. 

Sa tête est courte, mais son front est large. On ne 
voit qu’un orifice à chaque narine, et ce trou est placé 
très près de l'ouverture de sa bouche, qui est très 
grande. La langue a beaucoup d'épaisseur et assez de 
mobilité ; le gosier est garni, ainsi que les mâchoires, 
d’un grand nombre de dents aiguës. 

Le long du corps et de la tête règnent ordinaire- 
ment sept rangs de gros tubercules, disposés de ma- 
nière que l’on en compte trois sur chaque côté, et 
qu’un septième occupe l'espèce de carène longitudi- 
nale formée par la partie la plus élevée du corps et 
de la queue. Ces tubercules varient non seulement 
dans le nombre de rangées qu'ils composent, mais 
encore dars leur conformation, les uns étant aplatis, 
d’autres arrondis, d’autres terminés par un aiguillen, 
et ces diflérentes figures étant même quelquefois pla- 
cées sur le même individu. 

Les deux nageoires inférieures sont arrondies dans 
leur contour, et réunies de manière à représenter, 
lorsqu'elles sont bien déployées, une sorte de bou- 
clier, ou pour mieux dire, de disque; el c'est cette 
réunion, ainsi que cette forme, qui, se retrouvant dans 
toutes les espèces de la même famille, et constituant 


DES POISSONS. 314 


un des principaux caractères distincüifs de ce genre, 
ont fait adopter ce nom de Cycloptère, qui désigne eette 
disposition de nageoires en cercle , ou plutôt en dis- 
que plus où moins régulier. 

Le lompe a deux nageoires dorsales, mais la plus 
antérieure n’est soutenue par aucun rayon; et étant 
principalement composée de membranes, de tissu 
cellulaire, et d’une sorte de graisse, elle a reçu Île 
nom d’Adipeuse. 

Ses cartilages sont verdâtres. 

Son organe de l’ouie a paru plus parfait que celui 
d’un grand nombre d’autres poissons, et plus propre 
à faire éprouver des sensations délicates; on a vu, 
dans le fond de ses yeux, des ramifications de nerfs 
plus distinctes; ses nageoires inférieures, réunies en 
disque , ont été considérées comme un siège particu- 
lier du toucher. et une sorte de main assez étendue ; 
sa peau n'est revêlue que d'écailles peu sensibles ; et 
enfin nous venons de voir que sa langue présente une 
surface assez molle, et qu'elle est assez mobile pour 
s'appliquer facilement et par plusieurs points à plu- 
sieurs Corps savoureux. 

Voilà donc bien des raisons pour que l'instinct du 
lompe soit plus élevé que celui de plusieurs autres 
cartilagineux, ainsi qu'on l’a observé ; et cette petite 
supériorité des résultats de l'organisation du lompe a 
dû servir à propager l'erreur qui l’a supposé attaché à 
sa femelle par un sentiment aussi constant que tendre. 

Il est très rare qu'il parvienne à une longueur d’un 
mètre , ou d'environ trois pieds ; mais son corps est, 
à proportion de cette dimension , et très large et très 
haut. 


312 HISTOIRE NATURELLE 


Sa couleur varie avec son âge ; le plus souvent il est 
noirâtre sur le dos, blanchâtre sur les côtés, orangé 
sur le ventre : les rayons de presque toutes les na- 
geoires sont d’un jaune qui tire sur le rouge; celle 
de l’anus et la seconde du dos sont d’ailleurs grises 
avec des taches presque noires. 

On rencontre ce poisson dans un grand nombre 
de mers; c'est néanmoins dans l'Océan septentrional 
qu'ou le voit le plus fréquemment. Il y est très fécond, 
et sa femelle y dépose ses œufs à peu prèsvers le temps 
où l'été y commence. | 

Il s’y tient souvent attaché au fond de la mer, et 
aux rochers , sous les saillies desquels il se place pour 
éviter plus facilement ses ennemis, pour trouver une 
plus grande quantité des vers marins qu'il recherche, 
ou pour surprendre avec plus d'avantage les petits 
poissons dont il se nourrit. C’est par le moyen de ses 
nageoires inférieures, réunies en forme de disque, 
qu’il se cramponne, pour ainsi dire, contre les rocs, 
les bancs, et le fond des mers; et il y colle en 
quelque sorte d'autant plus fortement que son corps 
est enduit, beaucoup plus que celui de plusieurs 
autres cartilagineux, d’une humeur visqueuse, assez 
abondante surtout auprès des lèvres, et que quel- 
ques auteurs ont en conséquence comparée à de la 
bave. Cette liqueur gluante étant répandue sur tous 
les cycloptères, et tous ces animaux ayant d’ailleurs 
jenrs nageoires inférieures conformées et rapprochées 
comme celle du lompe, ils présentent une habitude 
analogue à celle que nous remarquons dans le poisson 
que nous décrivons. 

On doit avoir observé plusieurs fois deux lompes 


DES POISSONS. 315 
placés ainsi très près l’un de l’autre, et long-temps 
immobiies sur les rochers ou le sable des mers. On 
les aura supposés mâle et femelle ; ou aura pris leur 
voisinage et leur repos pour l'effet d’une-affection mu- 

‘tuelle; et on ne se sera pas cru foiblement autorisé à 
leur accorder cette longue fidélité et ces attentions 
durables que l’on s’est plu à représenter sous des cou- 
leurs si gracieuses. 

Au reste , le suc huileux qui s'épanche sur la sur- 
face du lompe, pénètre aussi très profondément dans 
l'intérieur de ce poisson ; et voilà pourquoi sa chair, 
quoique mangeable, est muqueuse, molle, et peu 
agréable. 


44940 BOB D9 820 Lo4cHO Ho OBS LHI TC HOpoHADoELEOELHOBEË CS EOLOHaHoLHo He HoHE 60 HEC POPOA PILES 


LE CYCLOPTÈRE ÉPINEUX: 


Cyclopterus spinosus, Scux., Cuv. 


CE poisson diffère du lompe, en ce qu’il a le dos 
et les côtés recouverts d’écailles inégales en grandeur, 
disposées sans ordre, et dont chacune est garnie, dans 
son milieu , d’un piquant assez long. La première na- 
gecire du dos est d’ailleurs soutenue par six rayons?. 


1. Oth. Fabricius, groenlandica, p. 154. 
Bouclier épineux , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 
2. À la seconde nageoïre du dos. .. . . . . . . . . 11 rayons. 
A chaque nageoire pectorale: }. 1.414.140 2 


914 HISTOIRE NATURELLE 

L'’épineux est noirâtre par dessus, etblane par dessous. 
On voit à son palais deux tubercules dentelés. On le 
trouve dans les mers du Nord. = 


LE CYCLOPTÈRE MÉNU: 


Cyclopterus minutus, Linx., Guer., Cuv. 


Trois tubercules sont placés sur le museau de cet 
animal. Un long aiguillon tient lieu de première na- 
geoire dorsale ?. L'on voit de plus , auprès de l’ouver- 
ture de chaque branchie, deux tubercules blancs, 
dont le prenier est armé de deux épines, et dont le 
second est moins saïllant et hérissé d’aspérités. Les 
lèvres sont doubles ; le contour du palais est garni, 
ainsi que les mâchoires, de très petites dents. L’O- 
céan atlantique est l'habitation ordinaire de cette es- 


A chaque nageoire inférieure. . . . . . . . . . 6 rayons. 
Arcelleide l'anus CRUE LASER tn 10 
Atcelle de la queue./. #6). @e-te 25e Voice 10 


1. Pallas, Spicil. zool. 7, p. 12. tab 2; de. 7 et 9. 
Bouclier menu, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 


Ho 
A la membrane des branchies.  . . . . : . .. 4 rayons. 
AE première nageoire dorsale. . . . . . . .. 1 
INlaisecondes: ak meme TI (OUEN HSE ENAMAES 
A chaque nageojre pectorale. RS LTD ENT PMTIO: 


A chaque nageoiïre IDIÉTIEUTE ON UENSE 


ON 


À celle de la queue, qui est arrondie. 0 4 


DES POISSONS. 915 
pèce de cycloptère , dont un individu observé par le 
professeur Pallas n’avoit qu’un pouce de longueur. 


05000800 050 080.50 50.50 140.040 PE %OH0H0%0HPOTO HE ÉOLPO 0.50.501b9 160 50940 oO oo LH0.H0 He 0.E-0 


LE CYCLOPTÈRE DOUBLE-ÉPINE". 


Lepadogaster dentex, Scun., PAEL. 


Les individus de cette espèce, qui paroît réduite 
à des dimensions presque aussi petites que celles du 
cycloptère menu, ne présentent pas de tubercules 
sur leur surface; mais le derrière de leur tête est armé, 
de chaque côté, d’un double aiguillon. Les nageoires 
inférieures du cycloptère double-épine ont d’ailleurs 
une forme particulière à ce cartilagineux. Elles sont 
réunies : mais chacune de ces nageoires offre deux 
portions assez distinctes : la portion antérieure est 
soutenue par quatre rayons, et l’autre en contient 
un nombre extrêmement considérable?. Ce cyclop- 
tère vit dans lés Indes. | 


1.0Musad. fr..1 p.57. tab. 27, ip. 1. 

Bouclier sans tubercules, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonuaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

2..A la membrane! des branehies. : . 1, LL. 1 rayon. 
Alaimaseotre dorsale Rent ete 6 
À chaque nagenire pectorale . 
À chaque nageoïre inférieure . . . . . . . . . . 100 
Micelleide la/quenes Em Lei PR AERTO 


316 HISTOIRE NATURELLE 


EPEPEPEHOPEPEBPIPEPIPEHHPEPECHEDIDEDE TAPER SPABSHIPITEHEHPEREBDEHPEREBErPEHEeRE DEEE LEO »-E EL 


LE CYCLOPTÈRE' 
. GÉLATINEUX, 


Cyclopterus gelatinosus, Linn., Gue., Cuv. 


LE CYCLOPTÈRE DENT É?2, 


Cyclopterus dentexæ, PArras. 


ET LE CYCLOPTÈRE VENTRUS. 


$' Cyclopterus ventricosus, Lixn., GMer., Lacer. 


Lu 


DS — 


C’EsT au professeur Pallas que nous devons la pre- 
mière description de ces trois cycloptères. Le premier 
ne pouvoit pas être mieux désigné que par le nom de 
Gélatineux , que nous lui avons conservé. En effet, 
sa peau est molle, dénuée d'’écailles facilement visi- 
bles, gluante, et abondamment enduite d’une humeur 
visqueuse, qui découle particulièrement par vingt- 


1. Pallas, Spicil. zool. 7, p. 19, tab. 3, fig. », 6. 

Bouclier gélatineux, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thotique. 

2. Pallas, Spicil. zool. 7, p. 6, tab. :.fig. 1, 4. 

Bouclier denté, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

5. Pailas, Spicil. zool. 7, p. 15, tab. 2, fig. 1, 5. 

Bouclier ventru, Bonnaterre, planches de l’'Encyciopédie méthodique. 


DES POISSONS. 317 
quatre orifices, dont deux sont placés entre cha- 
que narine et l'ouverture de la bouche, et dont dix 
autres règnent depuis chaque commissure des lèvres 
jusque vers l’opercule branchiaie qui correspond à 
cette commissure ; les lèvres sont doubles, épaises, 
charnues , et l’inférieure est aisément étendue en 
avant et retirée en arrière par l'animal; les oper- 
cules des branchies sont mollasses ; les nageoires 
pectorales qui sont très larges, les inférieures qui 
sont très petites, la dorsale et celle de l’anus qui 
sont très longues et vont jusqu'à celle de la queue, 
sont flasques et soutenues par des rayons très mous; 
l’ensemble du corps du poisson est pénétré d’une si 
grande quantité de matière huileuse, qu'il présente 
une assez grande transparence ; et tous ses muscles 
sont d’ailleurs si peu fermes , que , même dans l’état 
du plus grand repos du cycloptère, et quelque temps 
après sa mort , ils sont soumis à cette sorte de trem- 
blement que tout le monde connoît et qui appartient 
à la-gelée animale récente. Aussi la chair de ce carti- 
lagineux est-elle très mauvaise à manger; et dans les 
pays voisins du Kamtschatka, auprès desquels on pè- 
che ce cycloptère, et où on est accoutumé à ne nour- 
rir les chiens que de restes de poissons, ces animaux 
mêmes, quoique affamés, ont-ils le dégoût le plus 
insurmontable pour toutes les portions du gélatineux. 

Ce cycloptère parvient ordinairement à la longueur 
d’un demi-mètre, ou d'environ un pied et demi; son 
corps est un peu allongé, et va en diminuant de gros- 
seur vers la queue ; l'ouverture de sa bouche est tour- 
née vers le haut : sa langue est si petite , qu’on peut 
à peine ja distinguer. Un blanc mêlé de rose compose 


319 HISTOIRE NATURELLE 

sa couleur générale ; les opercules sont d’un pourpre 
foncé , et les nageoires du dos et de l’anus, d’un vio- 
let presque noir. 

Le denté est ainsi nommé à cause de la force de 
ses dents, de leur forme , et de leur distribution ir- 
régulière et remarquable. Elles sont coniques et in- 
égales : on en compte à la mâchoire supérieure, quatre 
à droite, et trois à gauche; et la mâchoire inférieure 
en présente sept à gauche, trois à droite , et dix dans 
le milieu. La peau qui le revêt est un peu dure , mai- 
gre, sans aiguillons, tubercules ni écailles aisément 
visibles, rougeâtre sur la partie supérieure du corps, 
et blanchâtre sur l'inférieure. La tête est aplatie par 
dessus et par dessous, très grande, beaucoup plus 
large que le corps; et cependant le diamètre trans- 
versal de l'ouverture de la bouche en égale la largeur. 
Les lèvres sont épaisses, doubles, et garnies, sur leur 
surface intérieure, de caroncules charnues et très 
molles. Les opercules des branchies sont durs et éten- 
dus. On voit enfin auprès de l’anus du mâle une pro- 
longation charnue, creuse, percée par le bout, que 
nous remarquerons dans plusieurs autres espèces de 
poissons, et qui sert à répandre sur les œufs la liqueur 
destinée à les féconder ?. 


1. À chaque membrane branchiale du cyclopière géla- 


AREULXS 8) MU Me EVE QE «ARS ANRRE 7 rayons. 
A la nageoire dorsale.. . . . ne Pa rad eee LIRE W5n 
A. chaque nageoïre pectorale. . . . .. . .…. NUS O 
Arcelleideitianirs.:) EPA UMR ES 45 
Aicelle dela queue. SL... AE NO 

2. À la membrane des branchies du denté . . . . . 2 rayons. 
AWlamnagéoireadorsale. A0 MN EE SR DIR 


Pa 


À chaque nageoiïre pectorale : .*. : . , . . . . 23 


DES POISSONS. 919 
- Le denté a le ventre assez gros; mais le cycloptère 
ventru a cette partie bien plus étendue encore. Elle 
est, dans ce dernier cartilagineux , très proéminente, 
ainsi que son nom l'indique; et elle est maintenue 
dans cet état de très grand gonflement par une vessie 
urinaire double et très volumineuse. L'ouverture de 
la bouche, qui est très large et placée à la partie 
supérieure de la tête, laisse voir à chaque mâchoire 
un grand nombre de petites dents recourbées, inéga- 
les en longueur, et distribuées sans ordre. Les oper- 
cules des branchies sont attachés, dans presque tout 
leur contour, aux bords de l'ouverture qu'ils doivent 
fermer. La peau dont l’animal est revêtu est d’ail- 
leurs enduite d’une mucosité épaisse; toutes les por- 
tions de ce cycloptère sont un peu flasques ; et une 
couleur olivâtre règne sur presque tout le dessus de 
cé poisson !. 

Le véntru vit , ainsi que le gélatineux, dont il par- 
tage jusqu’à un certain point la mollesse, dans la mer 
qui sépare du Kamtschatka le nord de l'Amérique : 
on n’y a pas encore observé le denté ; on n’a encore 
vu ce dernier animal que dans les eaux salées qui bai- 
gnent les rivages de l'Amérique méridionale. Au reste, 


A chaque nageoire inférieure ND AR RRNE à LATE . . À rayons. 
Aicelle dehanus hit ns ane Rs QG 
A celle de la queue, qui est arrondie, . . . . . to 

1. À la membrane des branchies du ventru. . . . . 4 rayons, 
Atla nageoire dorsale) Mami Re 10 
À chaque nageGire pectorale.r. . . . : . Li 4120 
À chaque nageoïre inférieure.. . . . . . . RG 
Alcelleste l'anus al aAn ne en nas 9 
Arcellelde queues nr ets AMEN 


£etie dernière est terminée par une ligne presque droite 


520 HISTOIRE NATURELLE 


le denté est quelquefois long de près d’un mètre, tan- 
dis que le ventru ne parvient guère qu’à la longueur 
de trois décimètres, ou d'environ un pied. 


LE CYCLOPTÈRE BIMACULÉ! 


Cyclopterus bimaculatus, PEnx., Lacer. 


Ox rencontre auprès des côtes d'Angleterre ce car- 
tilagineux, sur lequel on n’apercçoit aucun tubercule 
ni aucune écaille , non plus que sur les trois cyclop- 
tères que nous venons de décrire dans l’article précé- 
dent. La tête de ce poisson , qui n’a présenté jusqu’à 
présent que de petites dimensions, est aplatie par des- 
sus et plus large que le corps. Les nageoires pecto- 
rales sont attachées presque sur la nuque; et au delà 
de chacune de ces nageoires, on voit sur le côté une 
tache noire et arrondie. La tête et le dos sont d’ail- 
leurs d’un rouge tendre, relevé par la couleur des 
nageoires qui sont d'un très beau blanc. Pennant a 
le premier fait connoître ce joli cycloptère, dont la 
nageoire caudale est terminée par une ligne droite. 


1. Pennant, Zool. britann. 3, supplém., p. 597. 
Bouclier à deux taches , Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 


DES POISSONS. 221 


LE CYCLOPTÈRE SPATULE". 


Cyclopterus Spatula, Lace». (Espèce douteuse.) 


CE poisson est dénué d’écailles facilement visibles, 
ainsi que presque tous les cartilagineux de sa famille. 
Sa couleur est d’un rouge foncé; et ce qui le distingue 
des autres cycloptères, c'est que son museau aplati, 
très long, et élargi à son extrémité , a la forme d’une 
spatule. 


1. Borlase, Histoire naturelle de Cornouailles, pl. 25, fig. 28. 


Bouclier pourpré, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie métho- 
dique. 


922 HISTOIRE NATURLLLE 


LE CYCLOPTÈRE LIPARIS! 


Cyclopterus Liparis, Linn., Guez., Lacer., Cuv. 


ET 


LE CYCLOPTÈRE RAYÉ2 


Cyclopterus lineatus, Lann., Guer., Lacrr. 


Cxs deux cycloptères ont beaucoup de rapports 
l’un avec l’autre. Tous les deux se rencontrent dans 
ces mers septentrionales qui paroissent être l’habita- 
tion de choix de presque toutes les espèces de leur 


1. Cyclopterus liparis, barbu, Bloch, pl. 125, fig. 5. 

Bouclier liparis, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Gronov. mus. 2, 157. 

Act. helvetic. 4, p: 265, tab. 25. 

Act. Haarlem. 1, p. 581, tab. 9, fig. 8 et 4. 

Kælreuter, nov. Comment. petropol. 9, p. 6, tab. 9, fig. 5 et 6. 

Brit. Zool. 5, p. 105 , n. 2. 

Willughby, Ichth. app., p. 17, tab. H, 6, fig. 7. 

Ray., pisc., p. 74, n. 24. 

Borlase, Cornw., f, 28 el 29. 

2. Lepechin, nov. Comment. petropol, 18, p. 522, tab. 5, fig. 2 
et 5. 

Bouclier rayé, Bounaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


PI. 74 Poissons. 


SR 


| 


Rotarseutre be ufr 
PEYCLOPTERE LIPARIS. 2 LEPADOGASTÈRE GOUAN. 3 PEGASE DRAGON MCENIRISE 
QUE CUIRASSE 5 CENT. BÉCASSE. 


€ 


DES POISSONS. 9223 
senre connues jusqu’à présent. Ils semblent même 
affectionner tous les deux les portions de ces mers 
les plus voisines du pêle et les plus exposées à la ri- 
gueur du froid. On voit le liparis auprès de presque 
toutes les côtes de la mer Glaciale jusque vers le 
Kamtschatka , et souvent dans les embouchures des 
fleuves qui y roulent leurs glaces et leurs eaux; et c’est 
particulièrement dans la mer Blanche que l’on a ob- 
servé le rayé. Ces deux cartilagineux ont la nageoire 
du dos et celle de l’anus longues el réunies avec celle 
de la queue ; et leur surface ne présente aucune écaille 
que l’on puisse facilement apercevoir. D'ailleurs le li- 
paris, qui a ordinairement un demi-mètre , ou envi- 
ron un pied et demi , de longueur, montre une ligne 
latérale très sensible, et placée vers le milieu de la 
hauteur du corps. Son museau est un peu arrondi, 
sa tête large et aplatie, l’ouverture de sa bouche assez 
grande, sa lèvre d’en haut garnie de deux courts bar- 
billons ; sa mâchoire supérieure un peu plus avancée 
que l’inférieure , et hérissée, comme cette dernière, 
de dents petites et aiguës, sa chair grasse et muqueuse, 
sa peau lâche et enduite d’une viscosité épaisse !, Brun 
sur le dos, jaune sur les côtés et sur la tête, blanc 
par dessous, et quelquefois varié par de petites raies 
et par des points bruns, il a les nageoires brunes, ex- 
cepté les inférieures, qui sont bleuâtres. Il se nourrit 


1. À la membrane des branchies da liparis.. . . . . 7 rayons. 
Atlanageoire dorsale et 01) a ne 41 
A chaque nageoïre pectorale. . . . . . .. NO 
Achaque nogeoire inférieure... 21.1 2%0"M6 
Arcelle de'anus tint AN UE 00 


À eelle de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 1a 


GE HISTOIRE NATURELLE 
d'insectes aquatiques, de vers marins, de jeunes pois- 
sons, et répand ou féconde ses œufs sur la fin de l’hi- 
ver où au commencement du printemps. s 

Le rayé est couleur de marron avec des bandes 
longitudinales blanchâtres, dont les unes sont droites, 
et les autres ondées; ses lèvres sont recouvertes d’une 
peau épaisse, garnie de papilles du côté de lintérieur . 
de la bouche; son dos est comme relevé-en bosse; 
et l'espèce de bouclier formé par les nageoires infé- 
rieures est entourée de papilles rougeâtresi. 


1. La nageoïre de la queue du rayé est terminée en pointe. 


DES POISSONS. 2535 


De 20 50 ee 


DIX-HUITIÈME GENRE. 


LES LÉPADOGASTÈRES. 


Les nageoires pectorales doubles; les nageoires infe- 
rieures réunies en forme de disque. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 


Deux barbillons entre les narines et les 
LÉPADOGASTÈRE GOUAN. yeux; cinq rayons à la membrane des 
branchies, 


LAGÉPEDE. VI, o1 


3206 HISTOIRE NATURELLE 


Gepapeareedseaf fee hs SPOrSHERMEBPONESOPETOS EE ETES PME EÉE ESA: ST AEGEPEPEE EEE APS 


LE LÉPADOGASTERE GOUAN'. 


Lepadogaster Gouan, Lacgr., Cuv. 


——— ee ———— 


La famiile des lépadogastères a beaucoup de traits 
de ressemblance avec celie des cycloptères; elle est 
liée particulièrement avec cette dernière par la forme 
et par la réunion des nageoires inférieures : mais 
nous avons cru devoir la comprendre dans un genre 
différent, à cause du caractère remarquable qu’elle 
présente, et qui consiste dans le nombre des na- 
geoires pectorales. Ces dernières nageoires sont, en 
effet, au nombre de deux de chaque côté sur les lé- 
padogastères, au lieu qu'on n’en compte que deux 
en tout sur les cycloptères et sur presque tous les 
autres poissons déjà décrits. Nous n'avons encore pu 
inscrire dans le genre dont nous nous occupons, 
qu'une seule espèce, dont nous devons la connois- 
sance au professeur Gouan. Cet habile naturaliste lui 
a donné le nom de Lepadogastère, à cause de la con- 
formation de ses nageoires inférieures, qui, réunies 
ensemble, offrent l’image d’une sorte de conaœue. Mais 
comme nous avons adopté cette même dénomination 


1. Gouan, Histoire des poissons, p. 106. 


Bouclier porte-écuelle, Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. : 


DES POISSONS. 327 
pour désigner le genre de ce poisson, neus avons dû 
donner à cet animal un autre nom qui indiquât son 
espèce , et nous n'avons pas cru pouvoir choisir une 
appellation plus convenable que celle qui retracera 
au souvenir des ichtyologistes le nom du savant pro- 
fesseur qui a décrit le premier et Lrès exactement ce 
cartilagineux. 

Le lépadogastère gouan n’a le corps revêtu d’au- 
cune écaille que l’on puisse apercevoir facilement; 
mais il est couvert de petits tubercules bruns. Son 
museau est pointu, sa tête plus large que le tronc, sa 
mâchoire supérieure plus avancée que l’inférieure. 
Deux appendices ou filaments déliés s'élèvent entre 
les narines et les yeux; et l’on voit, dans l’intérieur 
de la bouche , des dents de deux sortes : les unes 
sont mousses et comme granuleuses, et les autres ai- 
guës, divisées en deux lobes, et recourbées en ar- 
rière, Chaque côté du corps présente deux nageoires 
pectorales, dont l’antérieure est placée un peu plus 
bas que la postérieure. Celle du dos est opposée à 
celle de l'anus; la caudale est arrondief. Il y a sur la 
tête trois taches brunes en forme de croissant, et sur 
le corps une tache ovale parsemée de points blancs. 

L'individu observé par M. Gouan avoit un peu plus 
de trois décimètres de longueur et avoit été pêché 
dans la Méditerranée. 


x 


1. À la membrane des branchies.. . , , . . . . . . 5 rayons. 
A la nageoïre dorsale.. . . . . . . . .. A ACTU 
À chaque nageoire inférieure. … . . : . . . . .. 4 
A celle de l'anus. . . ....... . . . . . . 9 


220 HISTOIRE NATURELLE 


SEIZIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 


OU 


QUATRIÈME ORDRE 


DE LA QUATRIÈME DIVISION DES CARTILAGINEUX. 


Poissons abdominaux , ou qui ont une ou deux nageoires 
situces sous l'abdomen. 


DIX-NEUVIÈME GENRE. 
LES MACRORHINQUES. 


Le museau allongé ; des dents aux mâchoires; de petites 
écailles sur le corps. 


ESPÈCE. CARACTÈRE. 


MACRORHINQUE ARGENTÉ. | Un seul rayon à chaque nageoïre ventrale. 


DES POISSONS. 920 


LL 


LE MACRORHINQUE ARGENTÉ"’. 


Macrorkynchus argenteus, Lacer. 


CETTE espèce de poisson décrite par Osbeck lors 
de son voyage à la Chine, lie par un assez grand nom- 
bre de rapports les syngnathes avec les pégases. Elle 
ne peut cependant appartenir à aucune de ces deux 
familles, et nous avons dû la placer dans un genre 
particulier, auquel nous avons donné le nom de Ma- 
crorhinque , pour désigner la forme du museau des 
animaux que nous y avons inscrits. Le macrorhinque 
argenté, la seule espèce que nous ayons encore com- 
prise dans ce genre, a, en effet, le museau non seule- 
ment pointu, mais très long. Les deux mâchoires 
sont d’ailleurs garnies de dents ; on en compte plus 
de trente à la mâchoire supérieure , et celles de la 
mâchoire inférieure sont moins larges et pointues. 
La nageoire du dos s'étend depuis la tête jusqu’à la 
queue ; celles de la poitrine sont très près de la tête; 
chacune des venirales ne présente qu’un seul rayon ; 
et le corps de ce cartilagineux, qui est très allongé, 
est, de plus, couvert d’écailles argentées. 

Ce poisson vit dans la mer. 


1. Osbeck, Voyage à la Chine, p. 107. 
Syngnathe argenté, Bonnaterre, planches de l'Eneyclopédie métho- 


dique. 


530 HISTOIRE NATURELLE 


VINGTIÈME GENRE. 


LES PÉGASES. 


Le museau très allongé ; des dents aux mâchoires ; le 
corps couvert de grandes plaques et cuirassé. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 
s Le museau très peu aplati et sans dentelures; 
1. PÉGASE DRAGON. { 1 È ’ 
es nageoires pectorales très grandes. 
à de museau aplati et dentelé; les nageoires 
2. PÉGASE VOLANT. 
peclorales très grandes. 


Le museau eu forme de spatule et sans den- 
5. PÉGASE SPATULE. 


telures ; les nageoires pectorales peu 
grandes. 


DES POISSONS. 99 1 


25.409 #6:59 805070500480 3060 60-B04%0-HoHaUpo Expo 


LOTO 800 ire 2-0. Aro ie0 10-8810 


LE PEGASE DRAGON" 
Pegasus Draco, Lixw., Guer., BLoc., Lacer., Cuv. 


— 2 $<— 


Presque tous les pégases ont leurs nageoires pec- 
torales conformées et étendues de manière à les sou-. 
tenir aisément et pendant un temps assez long, non 
seulement dans le sein des eaux, mais encore au mi- 
lieu de l’air de l’atmosphère, qu’elles frappent avec 
force. Ce sont en quelque sorte des poissons ailés, 
que l’on a bientôt voulu regarder comme les repré- 
sentants des animaux terrestres qui possèdent égale- 
ment la faculté de s'élever au dessus de la surface du 
globe. Une imagination riante les a particulièrement 
comparés à ce coursier fameux que l'antique mytho- 
logie plaça sur la double colline ; elle leur en a donné 
le nom à jamais célèbre. Le souvenir de suppositions 
plus merveilleuses, d'images plus frappantes, de for- 
mes plus extraordinaires, de pouvoirs plus terribles, 

1. Pegasus draconis, dragon de mer, Bloch, pl. 109, fig. 1 et 2. 

Pégase dragon, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Gronov., Zooph. 356, tab. 12. fig. 2 et 3. 

« Naja lavet jang kitsjit, klein zeedraakje. » Valent. Ind. 5. p. 428, 


tab. 271. 
Seb. mus. 5, tab. 34, fig: 4. 


392 HISTOIRE NATURELLE 

a vu, d’un autre côté, dans l'espèce de ces animaux 
que l’on à connue la première, un portrait un peu 
ressemblant, quoique composé dans de très petites 
proportions, de cet être fabuleux, qui, enfanté par le 
génie des premiers chantres des nations, adopté par 
l'ignorance, divinisé par la crainte, a traversé lous les 
âges et tous les peuples, toujours variant sa figure fan- 
iastique, toujours accroissant sa vaine grandeur, tou- 
jours ajoutant à sa puissance idéale, et vivra à Jamais 
dans les productions immortelles de la céleste poé- 
sie. Ah ! sans doute, ils sont bien légers, ces rapports 
que l’on à voulu indiquer entre de foibles poissons 
volants découverts au milieu de l’Océan des grandes 
Indes, et l'énorme dragon dont la peinture présentée 
par une main habile a si souvent effrayé l’enfance, 
charmé la jeunesse, et intéressé l’âge mür, et ce che- 
val ailé consacré au dieu des vers par les premiers 
poëtes reconnoissants. Mais quelle erreur pourroit ici 
alarmer le naturaliste philosophe? Laissons subsister 
des noms sur le sens desquels personne ne peut se 
méprendre, et qui seront comme Îe signe heureux 
d’une nouvelle alliance entre les austères scrutateurs 
des lois de la nature, et les peintres sublimes de ses 
admirables ouvrages. Qu’en parcourant l'immense 
ensemble des êtres innombrables que nous cherchons 
à faire connoître, les imaginations vives, les cœurs sen- 
sibles des poëtes re se croient pas étrangers parmi 
nous. Qu'its trouvent au moins des noms hospitaliers 
qui leur rappellent et leurs inventions hardies, et 
leurs ällégories ingénieuses, et leurs tableaux en- 
chanteurs, et leurs illusions douces; ét que, retenus 


DES POISSONS. 333 
par cet attrait puissant au milieu de nos conceptions 
sévères , ils augmentent le charme de nos contem- 
plations en les animant par leur feu créateur. 

Comme tous les animaux de sa fainille, le pégase 
dragon ne parvient guère qu’à un décimètre de lon- 
gueur : il est donc bien éloigné d’avoir dans l'étendue 
de ses dimensions quelque trait de ressemblance 
avec les êtres poétiques dont il réunit les noms. Mais 
tout son corps est couvert de pièces inégales en éten- 
due , assez grandes , dures, écailleuses, et par consé- 
quent analogues à celles que l'on a supposées sur 
le corps des dragons; elles sont presque carrées sur 
le milieu du dos, triangulaires sur les côtés; et, in- 
dépendamment de cette cuirasse , la queue, qui est 
longue, étroite, et très distincte du corps, est renfer- 
mée dans un étui composé de huit ou neuf anneaux 
écailleux. Ces anneaux, placés à la suite l’un de l’au- 
tre et articulés ensemble, ont beaucoup de rapports 
avec ceux qui entourent et la queue et le corps des 
syngnathes; comprimés de même par dessus, par des- 
sous, et par les côtés, ils offrent ordinairement quatre 
faces, et composent par leur réunion un prisme à qua- 
tre pans. 

Au dessous du museau, qui est très allongé, un peu 
conique et échancré de chaque côté, on voit l’ouver- 
ture de la bouche située à peu près comme celle des 
squales et des acipensères, et qui, de même que 
celle de ces derniers cartilagineux, a des bords que 
l'animal peut un peu retirer et allonger à volonté. Les 
mâchoires sont garnies de très petites dents: les yeux 
sont gros, saillants, très mobiles, et placés sur les 


Ware 


334 HISTOIRE NATURELLE 
faces latérales de la tête; liris est jaune : l’opercule 
des branchies est rayonné. 

De chaque côté du corps s’avance une prolongation 
couverte d’écailles, et à l'extrémité de laquelle est 
attachée la nageoire pectorale. Cette nageoire est 
srande, arrondie, et peut être d'autant plus aisément 
déployée, qu’une portion assez considérable de mem- 
brane sépare chaque rayon, et que tous les rayons 
simples et non articulés partent d’un centre, ou d’une 
base très étroite. Aussi le pégase dragon peut-il, 
quand il veut, éviter plus sûrement la dent de son 
ennemi, s'élancer au dessus de la surface de Peau, 
et ne retomber qu'après avoir parcouru un espace 
assez long. 

Cn aperçoit sur la partie inférieure du corps, qui 
est très large, une petite éminence longitudinale , à 
laquelle tiennent les nageoires ventrales dont chacune 
ne consiste que dans une sorte de rayon très long, 
très délié, très mou et très flexible. 

La nageoire dorsale est située sur la queue; elle 
est très petile, ainsi ue la caudale et celle de l'anus, 
au dessus de laquelle elle est placéef. 

Au reste, le pégase dragon est communément 
bleuâtre , et le dessns de son corps est garni de tu- 
bercules rayonnés et bruns. 


1. À la nageoïre dorsale. . . . . . 4 . . . ON Mrayons 
À chaque nageoire pectorale. . . . . . . . . . . g ou 10 
À chaque nageoïire ventrale. . . . . . . . . . . BORNE 
Acelle de l'anus: #16 720, ANEOINNNENENANERRRS 
À celle de la queue. . . . . . RECRÉER MERS 


£ette dernière est arrondie. 


DES POISSONS. 399 

Il vit de petits vers marins, d'œufs de poisson , et 

des débris de substances organisées qu’il trouve dans 
la terre grasse du fond des mers. 


CHobo eo Ho Po Ho EE oo HoHo Lee Hode 040 Ho Lu BAbooopo He 


LE PÉGASE VOLANT! 


Pegasus volans, Linx., GMec., Lacer., Cuv. 


Nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- 
son une description très étendue et très bien faite de 
ce pégase, dont on n’a jusqu à présent indiqué que 
quelques traits, et dont on ne connoît que très im- 
parfaitement la forme; et c'est d’après le travail de 
ce laborieux naturaliste, que uous allons marquer les 
différences qui séparent du dragon ce cartilagineux. 

Le museau est très allongé, aplati, arrondi et un 
peu élargi à son extrémité. La face inférieure de ce 
museau présente ur petit canal longitudinal, ainsi que 
des stries disposées en rayons, et la face supérieure, 
qui montre un sillon semblable, a ses bords relevés 
et dentelés. 

Sur la tête et derrière les yeux, on voit une fossette 


1. Pégase volant, Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l’Encylopédie méthodique. 

« Pegasus rostro ensiformi utrinque serrato, caudæ articulis duo- 
+ decim. » Commerson , manuscrits déjà cités. 


350 + HISTOIRE NATURELLE 


rhomboidale ; et derrière le crâne on aperçoit deux 
cavités profondes et presque penlagones. 

Les derniers anneaux de la queue sont garnis d’une 
petite pointe dans chacun de leurs angles antérieurs 
et postérieurs. 

On compte communément douze rayons à chacune 
des nageoires pectorales, qui sont arrondies, très éten- 
dues , et très propres à donner à l’animal une faculté 
de s’élancer dans l’air assez grande pour justifier l’é- 
pithète de F’olant qui lui a été assignée. 

Chaque nageoire ventrale est composée d’un ou 
deux rayons très déliés, très longs et très mobiles. 

Le volant habite, comme les autres pégases, dans 
les mers de l'Inde ; mais il paroît qu’en le voit assez 
rarement aux environs de l'Ile de France, où Com- 
merson n'a pu observer qu'un individu desséché de 
cette espèce, individu qui lui avoit été donné par 
l’officier-général Boulocq. 


1#Anla nareoire/ dorsale .#:4-70 000" ee 5 rayons. 
Acelle de l'anus 1220 007: Re ANNE EEE on ot à LE 
A celie de la queue, qui est arrondie. . . . . . . 8 


DES POISSONS. 30% 


OL 300808006090 PC HDOÏPO EI PO HYIP01P0 491 OLPOWS 40 Ho 49 Hodpo HO de a Do Hoipe OOo 


LE PÉGASE SPATULE" 


Pegasus natans, Brocn, Lacer., Cuv. 


CE poisson diffère des deux pégases que nous ve- 
nons de décrire, par la forme de la queue, dont la 
partie antérieure est aussi grosse que la partie posté- 
rieure du corps proprement dit. Le corps est d’ail- 
leurs moins large à proportion de la longueur de l’a- 
nimal; ie museau, très allongé, aplati, élargi et arrondi 
à son extrémité, de manière à représenterune spatule, 
n’est point dentelé sur les côtés, et les nageoires pec- 
torales, beaucoup plus petites que celles des autres 
pégases, ne paroissent pas pouvoir donner au carti- 
lagineux dent nous nous occupons, le pouvoir de s’é- 
lancer au dessus de la surface des eaux. Les anneaux 
écailleux qui recouvrent la queue sont plus nombreux 
que sur les autres poissons de la même famille ; on en 
compte quelquefois une douzaine : le prisme, ou plu- 
tôt la pyramide qu'ils composent est à quatre faces, 
dont l'intérieure est plus large que les trois autres ; 
l'anneau le plus éloigné de la tête est armé de deux 


petites pointes. 
1. Pégase nageur, Bloch, pl. 121, fig. 5, 4. 


Pégase spatule, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 
Id. Bonnaterre , planches de l'Encyclopédie méthodique. 


338 HISTOIRE NATURELLE 

Le pégase spatule est d’un jaune foncé par dessus, 
et d’un blanc assez pur par dessous. Ses nageoires 
pectorales sont violettes; les autres sont brunes. 

Cet animal n’a été vu vivant que dans les mers des 
grandes Indes ; et cependant parmi les poissons pé- 
trifiés que l’on trouve dans le mont Bolca près de 
Vérone, on distingue très facilement des restes de ce 


pégase 2, 


1. Ala nageoïre dorsale: 2 6 REMOTE TRS 5 rayons. 
À chaque nageoïre pectorale. . . . . . . . . . . 9 
A chaque nageoïre inférieure. . . . . . . . . CNE 
Acelle delanus: . 212 PAMGETCE SN NEUr AMEN 5 
A celle de la queue, qui est arrondie. , . . . . 8 


2. « Pegasus natans, rostro elongato spatulæ-formi, corpore oblongo, 
» tetragono. » Ichtyolitholagie de Vérone , par une société de physi- 
ciens, seconde partie, pl. 5, fig. 5. 


DES POISSONS. 339 


210 20 € ée4po d-J LS Ho O0 a oo wo WoiLO LPO Woo ET Fe Hodpode dodo de E0odpodrodpo dre odeoto bo BOE-c0 ESA 


VINGT-UNIÈME GENRE. 


LES CENTRISQUES. 


Le museau très allongé; les mâchoires sans dents ; le 
corps très comprimé; les nageoires ventrales réunies. 


ESPÈCES. CARACTÈRES. 


Üne cuirasse placée sur le dos, et aussi lon- 
gue que le corps et la queue réunis. 

Une cuñasse placée sur le dos, et plus 
courte que le corps et la queue réunis. 

5. GENTRISQUE BÉcASsE. | Le dos garni de petites écailles. 


1. CENTRISQUE CUIRASSÉ. { 


2, CENTRISQUE SUMPIT. { 


3/10 HISTOIRE NATURELLE 


LE CENTRISQUE CUIRASSÉ! 


Centriscus scutatus, Lin. , Gmer., Lacxr. 


Nous avons vu les ostracions, dont la tête ; le corps, 
et une partie de la queue, sont entourés d’une croûte 
solide et préservatrice , représenter, au milieu de la 
nombreuse classe des poissons, la tribu remarquable 
des tortues, qu'une carapace et un plastron très durs 
environnent aussi d'une enveloppe presque impéné- 
trable. Mais parmi ces tortues, et particulièrement 
parmi celles qui, plus rapprochées des poissons, pas- 
sent la plus grande partie de leur vie au milieu des 
eaux salées, il en est qui n’ont reç«1 que des moyens 
de défense moins complets : la tortue luth, par exem- 
ple, qui habite dans la mer Méditerranée, n’est à 
l'abri que sous une carapace; elle est dénuée de plas- 
tron ; elle n’a qu’une sorte de cuirasse placée sur son 
dos. Elle a aussi son analogue parmi les poissons; et 


1. Gentriscus scutatus, bécasse bouclier, Bloch, pl. 125, fig. 2. 
Centrisque cuirassé , Daubenton , Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 
Gronov. mus. 2,p. 18, n. 171, tab. 7, fig. 5; Zooph., p. 129, n. 506. 
Amphisilen , Klein, miss. pisc. 4, p. 28, tab. 6, fig. 6. 

Seb. mus. 5, p. 107, tab. 84, fig. 5. 

Tan pisan , mesvisch, Valent., Ind. 3, p. 420, n. 245, fig. 245, 254. 
Tkan peixe , Ruysch, Theatr. anim., p. 5, tab. 3, fig. 7. 


DES POISSONS. 5/1 
c'est la famille des centrisques , et surtout le centris- 
que cuirassé, qui, comme la tortue luth, à sur son 
dos une longue cuirasse, terminée, du côté de la 
queue, par une pointe aiguë, laquelle a fait donner à 
tout le genre le nom de Centrisque ou d'Aiguillonne. 
Si les centrisques sont, à quelques égards , une sorte 
de portrait de la tortue luth, ils n'en sont ce pendant 
qu'une image bien diminuée. Quelle différence de 
grandeur, en effet, entre une tortue qui parvient à 
plus de deux mètres de longueur, et des cenutrisques 
qui le plus souvent ne sont longs que de deux déci- 
mètres ! Tant la nature, cetie cause puissante de toute 
existence, cette source féconde de toute beauté, ne 
cessé de varier par tous les degrés de la grandeur, 
aussi bien que par toutes les nuances des formes, ces 
admirables copies par lesquelles elle multiplie avec 
tant de profusion, et sur la surface sèche du globe, 
et au milieu des eaux, les modèles remarquables sur 
lesquels on seroit tenté de croire qu'elle s’est plu à 
répandre d’une manière plus particulière le feu de la 
vie et le principe de la reproduction. 

D'ailleurs, la cuirasse longue et pointue qui revêt 
le dos des centrisques, au lieu de s'étendre presque 
horizontalement sur un eorps aplati comme dans les 
tortues, se plie dans le sens de sa longueur, au dessus 
des animaux que noûs allons décrire, pour descendre 
sur les deux côtés d’un corps très comprimé. Cette 
forme est surtout très marquée dans le centrisque 
cuirassé. Ce dernier carlilagineux est, en effet, si 
aplati par les côtés, qu'il ressemble quelquefois à une 
lame longue et large. La cuirasse qui le couvre est 


Nr ] ° 1 (DU . l LR \ . , 
composée de pièces écailleuses très lisses, attachées 


LACÉPEDE. Vi. 22 


942 HISTOIRE NATURELLE 

ensemble, unies de si près, que l’on ne peut quel- 
quefois les distinguer que très difficilement l’une de 
l'autre , et si transparentes , que l’on aperçoit très ai- 
sément la lumière au travers du dos de l’animal. Au 
reste, cette sorte de demi-transparence appartient, 
d'une manière plus ou moins sensible, à presque 
toutes les parties du corps du centrisque cuirassé. 

La couverture solide qui garantit sa partie supé- 
rieure , est terminée, du côlé de la nageoiïire de la 
queue, par une pointe très allongée, qui dépasse de 
beaucoup le bout de cette nageoire caudale; et cette 
espèce d’aiguillon se divise en deux parties d’égale 
longueur , dont celle de dessus emboîte à demi l’infé- 
rieure , et peut être un peu soulevée au dessus de 
cette dernière. 

Au dessous de ce piquant, et à un grand éloigne- 
ment du corps proprement dit, est la première na- 
geoire dorsale, qui le plus souvent ne renferme que 
trois rayons , et dont la membrane est communément 
attachée à ce même piquant, lequel alors peut être 
cousidéré comme un rayon de plus de cette première 
nageoire dorsale. 

Le museau est très allongé ; il est d’ailleurs fait en 
forme de tube ; et c'est à l'extrémité de ce long tuyau 
qu'est placée l'ouverture de la bouche. Cet orifice est 
très étroit : mais quelquefois, et surtout après la mort 
de l’animal , la membrane qui réunit les deux longues 
mâchoires dont le tube est composé, se déchire et 
s'oblitère ; les deux mâchoires se séparent presque 
jusqu’au dessous du siége de l’odorat ; l'ouverture de 
la bouche devient très grande, et la mâchoire supé- 
rieure se divise longitudinalement en deux ou trois 


DES POISSONS. 945 
pièces qui sont comme les éléments du tuyau formé 
par le museau. La planche sur laquelle on pourra voir 
la figure du centrisque cuirassé, représente l'effet de 
cet accident. 

L'ouverture des narines est double; celle des bran- 
chies est grande et curviligne, l’opertule lisse et 
transparentL. 

Chaque côté du corps est garni de dix ou onze piè- 
ces écailleuses, minces, et placées transversalement. 
Elles sont relevées dans leur milieu par une arête ho- 
rizontale ; et la suite de toutes les arêtes qui aboutis- 
sent l’une à l’autre, forme une ligne latérale assez 
saillante. Ces lames sont un peu arrondies dans leur 
partie inférieure , et réunies avec les lames du côté 
opposé par une portion membraneuse, très mince, 
qui fait paroître le dessous du corps très caréné. 

Les nageoires pectorales sont un peu éloignées des 
branchies; les ventrales sont réunies, et de plus si pe- 
tites el si déliées, que souvent elles échappent à l'œil, 
ou sont détachées, par divers accidents, du corps de 
l'animal! La seconde dorsale, et celle de l’anus, sont 
très près de celle de la queue dont la colonne verté- 
brale est détournée de sa direction, et fléchie , pour 
ainsi dire , en en-bas, par la partie postérieure de la 
cuirasse qui la recouvre. 

Les différentes formes remarquables que nous ve- 


1. À la première nagcoïre du dos. . . . . . . . .. à rayons. 
ATar secon dette) Can AC EAU Et SUP ANE 11 
À chaque nageoire pectorale. . . . . . . RM 
Aflaïventrales "LA UNE REA NE ONU ACER 
À celle de l'anus. . . . . AA D NE ARE HE 15 


544 HISTOIRE NATURELLE 
nons de décrire , attirent d’ailleurs l'attention par la 
beauté et la richesse des couleurs qu’elles présen- 
tent:le dos est d’un brun-doré brillant, quoique 
foncé ; les côtés sont argentés et jaunes ; le dessous 
du corps est rouge avec des raies transversales blan- 
ches, et presque toutes les nageoires sont Jaunâtres. 
Le poisson qui montre cet éclatant assortiment de 
plusieurs nuances, vit, comme les pégases, de petits 
vers marins, et des débris de corps organisés qu'il 
peut trouver dans la vase; mais bien loin de jouir, 
ainsi que les pégases, de la faculté de s’élancer avec 
force au dessus de la surface de l’eau, il est réduit, 
par la petilesse de ses nageoires et la roideur d'une 
grande partie de son corps, à n'exécuter que des 
mouvements peu rapides. Il habite dans les mers de 
l’Inde , ainsi que l'espèce dont nous allons parler. 


espere a DO DEBPOTMPIPEPEDELS-POBDILOITOTOBETOREDEHPORTOPOAROBESHEGSPAPOTSHPOTILOESS HEHODI EST ÉPE 4 


LE CENTRISQUE SUMPIT: 


Centrisceus velitaris, Linn., Guer., LaAcep. 
——— > ——— 


CE poisson est très petil; il ne parvient ordinaire- 
ment qu’à la longueur de cinq ou six centimètres : sa 


1. Centriscus sumpit. 
LRU MA Sel : 
Pallas, Spicil. zoolog. 8, p. 56, tab. 4, fig. 8. 
Centrisque sumpit, Daubenion, Encyclopédie méthodique. 
id. Bonnaterre , pianches de l'Encyclopédie méthodique 


DES POISSONS. 345 
parure est élégante ; l'éclat de l'argent brille sur les 
côtés de son corps, et se change sur sa partie supé- 
rieure en une sorte de couleur d’or un peu pâle, que 
relèvent quelques raies de différentes couleurs et pla- 
cées obliquement. On ne voit sur son dos qu’une 
cuirasse assez courte, en comparaison de celle qui 
garantit l'espèce de centrisque que nous avons déjà 
décrite ; et c’est parce que celle arme défensive ne 
s'étend pas jusqu'à l’éxtrémité de la queue, que Pal- 
las , auquel nous devons fa connoissance de cet ani- 
mal, l’a désigné par lépithète d’Armé à la légère. 
Cette armure moins étendue lui donne d’ailleurs des 
mouvements plus libres, qui s’allient fort bien avec 
l’agrément des couleurs dont il est peint. Au reste, 
cette couverture se termine en pointe, et se réunit, 
pour ainsi dire, à une sorte de piquant couché en ar- 
rière , un peu mobile, très aigu, denteié , creusé par 
dessous, et placé au dessus d’un second aiguillon 
que le poisson cache à volonté dans une fossette lon- 
gitudinale. À la suite de ces pointes, que l’on peut 
considérer comme une première nageoire dorsale, 
d'autant plus qu’elles sont réunies par une mem- 
brane , on voit la seconde nageoire du dos, dans la- 
queile on compte douze rayons!. Une petite raie sail- 
lante s'étend de chaque côté, depuis le bout du 
museau jusqu'à l'œil; et un petit aiguillon recourbé 


1. A la membrane des branchies il y a. . . . .. 5 rayons. 
À chaque nageoiïre pectorale. . . . + . . . . .. 19 
A chaqueinageoire\ventrale:", : 22101 eme 4 
Ascellesdetlanus MEME URI QUE PARENT Ve) 


346 HISTOIRE NATURELLE 


vers l’anus est placé au devant de cette dernière ou- 
verture. 


ABS ID SDS ED DFE DEHED 2 CHOSES TEE PEOPLE SPSMSDEEPEMETE EEE PEROPETOD CHEPEL EE 


LE CENTRISQUE BÉCASSE" 


Centriscus scolopaz, Linx., Guer., Lacer., Cuv. 


CET animal, que l’on voit quelquefois dans le mar- 
ché de Rome, et dans ceux des pays voisins, n’est 


1. Centriscus scolopax. 

Trombetta, sur la côte de Gênes. 

Soffietta, aux environs de Rome. 

Elephas. 

Centrisque bécasse, Daubenton, Encyclopédie méthodique. 

Id. Bonnaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. 

Bécasse, scolopax, ascalopax, Rondelet, Histoire des poissons, 
liv. 15, chap. 4. 

Centriscus squamosus , Bloch, pl. 125, fig. 1. 

Gronov., Zooph., p. 128, n. 595. 

Meerschnepf, Jonston , lib. 1, tit. 1, cap. 1. a, tab. 1, n. 9. 

« Solenostomus rostro trientem totius piscis æquante. » Klein, miss. 
pisc. 4, p. 24, n. 1. 

Gesner, Aquat., p. 858, icon. änim., p. 11, thierb., p- 4. 

Scolopax , Aldrov., pisc., p. 298. 

Willughby, ichthyol., p. 160, tab. I, 25, fig. 2. 

Trumpet, or bellows fish, Ray., pisc., p. 50. 

Charleton, Onom., p. 125. 

« Balistes aculeis duobus, loco pinnarum ventralium , solitario intra 
» anum. » Artedi, gen. 54, syn. 82. 


DES POISSONS. 347 
pas tout-à-fail aussi petit que le sumpit : il présente 
ordinairement une longueur de plus d’un décimètre, 
et se distingue facilement de plusieurs autres poissons 
avec lesquels on l’apporte, par sa couleur qui est 
d’un rouge tendre et agréable. Les pièces qui com- 
posent la couverture supérieure du cuirassé et du 
sumpit, sont remplacées sur le centrisque bécasse 
par des écailles dures, pointues, et placées les unes 
au dessus des autres; inais on voit un piquant à l’ex- 
trémité du dos de ce cartilagineux, comme sur celui 
des poissons de son genre qui sont déjà connus. Cet 
aiguillon très fort, dentelé des deux côtés, et mobile 
de manière à pouvoir être couché dans une fossette, 
est le premier rayon de la nageoire dorsale anté- 
rieure, dans laquelle on compte quatre rayons en 
tout ; la seconde nageoire dorsale est composée de 
dix-sept rayons!, L'extrémité du long museau du 
poisson que nous décrivons, est un peu relevée, et 
présente l’ouverture de la bouche, que l’animal peut 
fermer à volonté par le moyen d’un cpercule attaché 
au bout de la mâchoire inférieure. C’est la grande 
prolongation de ce museau, et la forme assez ténue 
de cette sorte de tuyau, qui ont fait comparer le 
cartilagineux dont nous nous Gecupons, tantôt à une 
bécasse, et tantôt à l’un des quadrupèdes les plus 
éloignés de ce poisson par les divers traits de leur 
conformation, ainsi que par lénormitlé de leur taille, 


1. À La membrane des brauchies.. . , . . sus ei ,18 rayons. 
À chaque nageoire pectorale. . . . . . . Alt 
Achaque nageoireinférieure.).}2 1.1. 14124740 5 
Avcelle de lianus Peer EE ARR SRE ENT S 


À celle de fa queue, qui est arrondie. . f . . .. 9 


48 HISTOIRE NATURELLE 


O1 


à l'éléphant, dont le nez s'étend cependant en une 
trompe bien difiérente, dans son organisation, du 
museau d’un centrisque. La figure de ce même mu- 
seau a fait aussi donner le nom de Soufflet à la bé- 
casse, dont on s'est beaucoup occupé, parce que ce 
poisson à une chair délicate. Le premier rayon des 
nageoires pectorales de ce centrisque est très long; 
les nageoires inférieures sont très petites, et l'animal 
peut les cacher aisément dans un sillon osseux. 


DES POISSONS. 549 


4980303 7H05040-15-0453040 20301p0 10:50 .5-0.5-0.5810:10 5080 5047016040 10.600400 HO Lo S.B- 0 0-0 9 LoH0 OA 


POISSONS OSSEU X. 


Lorsque nous avons, par la pensée, réuni autour de 
nous les diverses espèces de poissons qui peuplent 
lies mers ou les eaux douces du globe, lorsque nous 
les avons contraintes, pour ainsi dire, à se distribuer 
en différents groupes, suivant l’ordre des rapports 
qui les distinguent, nous les avons vues se séparer en 
deux immenses tribus. D'un côté ont paru les pais- 
sons cartilagineux; de l’autre, les asseux. Nous nous 
sommes occupés des premiers ; examinons avec soin 
les seconds. Nous avons assez indiqué les différences 
qui les séparent ; exposons donc, au moins rapide- 

ent, les ressemblances qui les rapprochent. Elles 
sont grandes, en effet, ces ressemblances qui les 
lient. Les formes extérieures, les organes intérieurs, 
les armes pour attaquer, les boucliers pour se défes- 
dre, la puissance pour nager, lappareil pour le vol, 
et jusqu'à cette faculté invisible et terrible de faire 
éprouver à de grandes distances des commotions vio- 
lentes et soudaines, tous ces attributs que nous avous 
remarqués dans les cartilagineux, nous allons les re- 
trouver dans les osseux. Nous pouvons, par exemple, 
opposer aux pétromyzons et aux gastrobranches , Les 
cécilies, les murenes, les ophis; aux raie, les pleu- 


290 HISTOIRE NATURELLE 

ronectes; aux squales, les ésoces ; aux acipensères, 
les loricaires; aux syngnathes, les fistulaires; aux 
pégases , les trigles et les exocets; aux torpilles et au 
tétrodon électrique, le gymnote et le silure, égale- 
ment électriques ou engourdissants. À la vérité, les 
diverses conformations des cartilagineux ne se ren- 
conlrent dans les osseux qu'altérées, accrues, dimi- 
nuées, ou du moins différemment combinées; mais 
elles reparoissent avec un assez grand nombre de leurs 
premiers traits, pour qu'on les reconnoisse sans 
peine. Elles annoncent toujours l'identité de leur 
origine ; elles attestent l'unité du modèle d’après le- 
quel la nature a façonné toutes les espèces de pois- 
sons qu’elle a répandues au milieu des eaux. Et que 
ce type de la vitalité et de l’animalité de ces innom- 
brables animaux est digne de l'attention des philoso- 
phes ! Il n'appartient pas, en effet, exclusivement à 
la grande classe dont nous cherchons à dévoiler les 
propriétés : son influence irrésistible embrasse tous 
les êtres qui ont reçu la sensibilité. Bien plus, son 
image est empreinte sur tous les produits de la ma- 
tière organisée. La nature n’a, pour ainsi dire, créé 
sur notre globe qu’un seul être vivant, dont elle a 
ensuite multiplié des copies plus ou moins modifiées. 
Sur la planète que nous habitons, avec la matière 
brute que nous foulons aux pieds, au milieu de l’at- 
mosphère qui nous environne, à la distance où nous 
sommes placés des différents corps célestes qui cir- 
culent dans l’espace, et sous l'empire de cette loi 
qui commande à tous les corps et les fait sans cesse 
oraviter les uns vers les autres, il n’y avoit peut-être 
qu'un moyen unique de départir aux agrégations de 


DES POISSONS. 55h 
la matière la force organique, c’est-à-dire, le mou- 
vement de la vie et la chaleur du sentiment. Mais 
comme cette cause première présente une quantité 
infinie de degrés de force et de développement, et 
que, par-conséquent, elle a donné naissance à un 
nombre incalculable de résultats produits par les dif- 
férentes combinaisons de cette série immense de de- 
grés, la nature a pu être aussi admirable par la variété 
des détails qu’elle a créés, que par la sublime simpli- 
cité du plan unique auquel elle s’est asservie. C'est 
ainsi qu’en parcourant le vaste ensemble des êtres qui 
s'élèvent au dessus de la matière brute, nous voyons 
une diversité, pour ainsi dire, sans bornes, de gran- 
deur, de formes et d'organes, devenir, par une suite 
de toutes les combinaisons qui ont pu être réalisées, 
le principe et le résultat d’une intussusception de 
substances très divisées, de l'élaboration de ces sub- 
stances dans des vaisseaux particuliers, de leur réu- 
nion dans des canaux plus ou moins étendus, de leur 
mélange pour former un liquide nutritif, C’est ainsi 
qu’elle est la cause et l'effet de l’action de ce liquide, 
qui, présenté dans un état de division plus ou moins 
crand aux divers flaides que renferment l'air de lat- 
mosphère , ou l’eau des rivières et des mers, se com- 
bine avec celui de ces fluides vers lequel son essence 
lui donne la tendance la plus forte, en reçoit des 
qualités nouvelles, parcourt toutes les parties suscep- 
tibles d’accroissement ou de conservation, maintient 
dans les fibres l’irritabilité à laquelle il doit son mou- 
yement, devient souvent, en leriminant sa course 
plus ou moins longue et plus ou moins sinueuse, une 
nouvelle substance plus active encore, donne par 


992 HISTOIRE NATURELLE 
cette métamorphose à l'être organisé le peuvoir de 
sentir, ajoute à la faculté d’être mû celle de se mou- 
voir, convertit une sujélion passive en une volonté 
efficace, et complète ainsi la vie et l’animalité. 
Nous venons de voir que les mêmes formes exté- 
rieures et intérieures se présentent dans les poissons 
cartilagineux et dans les poissons osseux : les résultats 
de la conformation prise dans touie son étendue doi- 
vent donc être à peu près les mêmes dans ces deux 
sous-classes remarquables. Et voilà pourquoi les os- 
seux nous offriront des habitudes analogues à celles 
que nous avons déjà considérées en traitant des carti- 
lagineux, non seulement dans Ja manière de venir à la 
lumière , mais dans celle de combattre, de fuir, de se 
cacher, de se mettre en embuscade, de se nourrir, 
de rechercher les eaux les plus salutaires, la tempéra- 
ture la plus convenable, les abris les plus sûrs. Voilà 
pourquoi encore nous verrons dans les osseux, comme 
dans les cartilagineux, l’instinct se dégrader à mesure 
que des formes très déliées et un corps très allongé 
seront remplacés par des proportions moins propres à 
une grande variété de mouvements, et surtout par un 
aplatissement très marqué. Nous verrons même ce 
décroissement de lintelligence conservatrice dont 
nous avons déjà parlé, se montrer avec bien plus de 
régularité dans les poissons osseux que dans les carti- 
lagineux, parce qu'il n'y est pas contre-balancé, comme 
dans plusieurs de ces derniers, par des organes parti- 
culiers propres à rendre à l'instinct plus de vivacité 
que ne peuvent lui en ôter les autres portions de Por 
ganisalion. 


:. Discours sur la nature des poissons. 


A 


DES POISSONS. 1900 

En continuant de considérer dans tout leur ensem- 
ble les osseux et les cartilagineux, nous remarque- 
rons que les premiers comprennent un bien plus 
orand nombre d'espèces rapprochées de nos demeu- 
res par leurs habitations, de nos besoins par leur uti- 
lité, de nos plaisirs par leurs habitudes. C’est prin- 
cipalement leur histoire qui, entraînant facilement 
la pensée hors des limites et des lieux et des temps, . 
rappelle à notre esprit, ou, pour mieux dire , à notre 
cœur altendri, et les ruisseaux, et les lacs, et les 
fleuves, et les jeux innocents de l'enfance, et Îles 
joyeux amusements d'une jeunesse aimante sur les 
bords verdoyants de ces eaux romantiques. On ébranle 
vivement l'imagination en peigaant l'immense Océan 
qui soulève majestueusement ses ondes, et les flots 
tumultüeux mugissant sous la violence des tempêtes, 
et les énormes habitants des mers resplendissants au 
milieu de l’éclatante lumière de la zone torride, ou 
luttant avec force contre les énormes montagnes de 
glace des contrées polaires : mais on émeut profon- 
dément l'âme en lui retraçant la surface tranquille 
d’un lac qui réfléchit la clarté mélancolique de la 
lune, ou le murmure léger d’une rivière paisible qui 
serpente au milieu de bocages sombres, ou les mou- 
vementis agiles, les courses rapides, et, pour ainsi 
dire, tes évolutions variées de poissons argentés, 
qui, en se jouaut au milieu d’un ruisseau limpide, 
troublent seuls Le silence et la paix d’une rive ombra- 
sée et solitaire. Les premiers tableaux sont pour le 
génie ; les seconds appartiennent à Fa touchante sen- 


CORRE 
sipiiite. 


394 HISTOIRE NATURELLE 


AAA AN AAA AARAUR AA VAI VA MMM AA AAA AAA AA AAA AAA AA MA AA AAA AAA ARS 


FABLEAU 


DES GENRES 


DES POISSONS OSSEUX. 


GO 


CLASSE DES POISSONS. 


LE SANG ROUGE; DES VERTÈBRES;: DES BRANCHIES 
AU LIEU DE POUMONS. 


SECONDE SOUS-CLASSE. 
POISSONS OSSEUX. 


Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. 


PREMIÈRE DIVISION 
DE LA SECONDE SOUS-CLASSE, 
OÙ 
CINQUIÈME DIVISION 


DE LA CLASSE DES POISSONS. 


Un opercule branchial, et une membrane branchiule. 


———————— 


Q1 
SA 
ot 


DES POISSONS. 


DIX-SEPTIÈME ORDRE 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES PGISSONS, 
PREMIER ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS APODES. 


Point de nageoires inférieures entre le museau et l'anus. 


GENRES. CARACTÈRES. 


Point de nagcoires, l'ouverture des bran- 


29. GÉCILIE. £ 
DENT chies sous le cou. 


Point d’autre nageoire que celle de la queue; 
les ouvertures des narines placées entre 
les yeux. 

Point de nageoires peccorales ni caudales ; 
l'ouverture des branchies située en par- 
tie au dessous de Ja tête. 


25. MoOPTÈRE. 


24. LEPTOCÉPHALE. 


Des nageoires pectorales et de l'anus ; point 
de nageoires du dos ni de la queue. 

Point de nageoire caudale ; le corps et la 
queue très allongés, très comprimés, et 
en forme de lame; les opercules des bran- 
chies placés très près des veux. 


26. TRrICHIURE. 


Des nageoires pectorales, de l'anus et du 
dos; point de nageoïre caudale ; le corps 
très court. 


25. Gyuxore. 
( 
| 


27. NoToPTÈRE. 


/Point de nageoïire caudale; le corps et la 

queue cylindriques et très allongés rela- 

28. OPuIsuRre. tivement à leur diamètre; la tête petite; les 
{ narines tubulées ; la nagecire dorsale et 

celle de l’anus très longues et très basses, 


GENRES. 


29. TRIURE. 


01. REGALEC. 


59. ODONTOGNATHE. 


595. MurENE. 


54. AMMODYTE. 


55. OPnrnie. 


36. MaAcROGNATHE. 


O1 
“1 
k 
À 
5 
[=] 
vd 
> 
“2 


Makaira. 


50, APTÉRONOTE. 


nd + A, PS M —, La, 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


La uageoire de la queue très courte; celle 


du dos et celle de l’anus étendues jus- 
qu'au dessus et au dessous de la quene; 
le museau avancé en forme de tube ; une 
seule dent à chaque mâchoire. 


Une nagcoire de la queue; point de nageoire 


du dos; les mâchoires non extengibles. 


Des nageoires pectorales, du dos, et de la 


queue; point de nageoire de l’anus, ni 
de série d'aiguillons à la place de cette 
dernière nageoïre ; le corps et la queue 
très allongés. 


Une lame longue, large, recourbée ; den- 


telée, placée de chaque côté de la mâ- 
choire supérieure , et entraînée par tous 
les mouvements de la mâchoire de des- 
SOS. 


Des nageoires pectorales, dorsale, caudale 


et de l'anus: les nageoires tubulées: les 
yeux voilés par une pe le (OubE 
serpentiforme ct visqueux. 


Une nageoire de l'anus ; celle de la queue 


séparée de la nageoïre de l'anus et de celle 
du des; la tête comprimée et plus étroite 
que le corps: la lèvre supérieure double: 
la mâchoire inférieure étroite et pointue: 
le corps très allongé. 


La tête couverte de grandes pièces écailleu- 


ses; le corps ce la queue comprimés 
en forme de lame, et garnis de petites 
écailles ; la membrane des branchies très 
large ; les nageoïres du dos. de la queue 
et de l'anus, réunies. 


{La mâchoire supérieure très avancée et en 


\ 


forme de trompe; le corps et la queue 
comprimés comme une lame ; les nageoi- 
res du dos et de l'anus distinctes de celle 
de la queue. 


- La mâchoire supérieure prolongée en forme 


\ 


de lame ou d'épée, et d'une longueur au 
moins égale au tiers de la longueur totale 
de l'animal. 


- La mâchoire supérieure prolongée en forme 


\ 


de lame d'épée, et d'une longueur égale 
au cinquième ou tout au plus au quart de 


DES POISSONS. GE 


OX 
I 


GENRES. CARACTÈRES. 
/ la longuéur totale de l'animal; deux bou- 

# PES cliers osseux et lancéolés de chaque côté 

58. Maxarma. de l'extrémité de la queue; deux nageoïres 

dorsales. 
Le museau arrondi; plus de cinq dents co- 
9g. ANARHIQUE. Liques ; des dents molaires en haut et en 
bas; une longue nageoire dorsale. 

/Le corps allongé et comprimé ; la tête et 
l'ouverture de la bouche très grandes ; le 
museau large et déprimé ; les deuts très 
petites; deux nageoires dorsales; plusieurs 
rayons de la seconde, garnis de longs fila- 
ments. 

A1. STROMATÉE. [Le corps très comprimé et ovale. 

/Le corps très comprimé et assez court; cha- 
que côlé de l’animalreprésentantunesorte 


Ao. Comépaore. 


42. Rome. de rhombe ; des aiguillons où rayons non 
articulés aux nageoires du dos ou de 
l'anus. 

—"S$——— 


DIX-HUITIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
ou 


SECOND ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS JUGULAIRES. 


Des nageoires situées sous la gorge. 


GENRE. CARACTÈRES. 
Un seul rayon à chacune des nageoires ju- 
AS NI ENST D \  gulaires; trois rayons à la membrane des 


| branchies ; le corps allongé, comprimé , 
et en forme de lame. 


LACÉPEDE. VI. 23 


©1 
[SA 
(2 


GENRES. 


44. CALLIONYME. 


45. 


46. 


48. 


5o. 


59. 


CALLIOMORE. 


Uranoscope. 


TRACHINE. 


GADE. 


BarrAcHOÏDE. 


BLzENNE. 


OzIGOPODE. 


KuurTe. 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES,. 
/La tête plus grosse que le corps ; les ouver- 
| tures branchiales sur la nuque; les na- 
ÉR RE es jugulaires très éloignées l'une de 
| l'autre ; Le corps et la queue garnis d'é- 
,  caïlles à peine visibles. 


La tête plus grosse que le corps ; les ouver- 
tures branchiales placées sur les côtés de 
l'animal; les nageoires jugulaires üès éloi- 
gnées l’une de l’autre; le corps et la queue 
garnis d'écailles à peine visibles. 


/La tête déprimée, ct plus grosse que Île 
corps; les yeux sur la partie supérieure 
de la tête, et très rapprochés; la mâchoire 
inférieure beaucoup plus avancée que la 

| supérieure; l'ensemble formé par le corps 
et la queue, presque conique, et revêtu 
d'écailles très faciles à distinguer; chaque 

“ 


opercule branchial composé °d une seule 
pièce, et garni d’une membrane ciliée. 


La tête comprimée, et garnie de tubercules 
ou d’aiguillons ; une ou plusieurs pièces 
de chaque opercule, dentelées : le corps 
et la queue allongés, comprimés, et cou- 
verts de petites écailles ; l'anus situé très 
près des nageoires pectorales. 

La tête comprimée; les yeux peu rapprochés 
l'an de l’autre. et placés sur les câûtés 
de la tête; le corps allongé , peu com- 
primé, et revêtu de petiles écailles ; les 
opercules composés de plusieurs pièces, 
et bordés d’une membrane nou ciliée. 

La tête très déprimée et très large; l’ouver- 
ture de la bouche très grande; un ou plu- 
sieurs barbillons attachés autour ou au 
dessous de la mâchoire inférieure. 


Le corps et la queue allongés et comprimés; 
deux rayons au moins, et quatre rayons au 
plus à chacune des nageoires jugulaires. 


Une seule nageoiïre dorsale; cette nageoïre 
du dos commençant au dessus de la tête, 
ets’étendant jusqu'à la nagcoire caudale, 
ou à peu près: un seul rayon à chaque 
nageoire jugulaire. 

{ Le corps très comprimé et caréné par dessus 
{ ainsi que par dessous ; le corps élevé. 


DES POISSONS. 


QI 


99 
GENRE. CARACTÈRES, 
Le corps et la queue très hauls, très com- 
( primés, et aplatis latéralement de ma- 


nière à représenter un ovale; uné seule 


D9. CHRYSOSTROME. (l 
nageoire dorsaie. 


DIX- NEUVIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES TOISSONS, 
OU 
TROISIÈME ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX, 


2 


POISSONS THORACINS. 


Des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au 
dessous des pectorales. 


GENRES. CARACTÈRES. 
Le corps très allongé et comprimé en forme 
54. Léprore. de lame; un seul rayon aux nageoires 
thoracines et à celle de Fanus. 
55. HraTuLe. | Point de nageoïre de l'anus. 


Une nageoire de l'anus ; plus d'un rayon à 
chaque nageoire thoracine ; le corps et 

PEU Gone à queue très allongés et comprimés en 

orme de lame; le ventre à peu près de 
la longueur de la tête; les écailles très 
\ petites. 

/ Une nageoire de l’anus ; les nageoïres pec- 
torales en forme de disque, et composées 
d'un grand nombre de rayons; le corps 
et la queue très allongés et comprimés en 


57. Tzænroine. 


Gn 
[SA] 


64. 


65. 


66. 


HISTOIRE NATURELLE 


GENRES. 


TANIOÏDE. 


GOBIE. 


GOBIOÏDE. 


GOBIOMORE. 


GoBIOMOROÏLE. 


GoBILSOCE. 


SCOMBRE. 


ScOMBÉROÏDE. 


CARANX: 


FRACHINOTL. 


CARACTÈRES. 


forme de lame ; le ventre à peu près de 
la longueur de la tête; les écailles très pe- 
| tites; les yeux à peine visibles ; point de 
nageoire Caudale. 

( Les deux nageoires thoracines réunies l’une 
À à l’autre ; deux nageoires dorsales. 

, Les deux nageoires thoracines réunies l’une 
à l’autre: une seule nagecire dorsale; la 
tête petite; les opereules attachés dans une 
grande partie de leur contour. 


| deux nageoires thoracines non réunies 


me. 


l'une à l'autre; une seule nageoiïre dor- 
sale ; la tête petite ; les yeux rapprochés; 
les opercules attachés dans une grande 
partie de leur contour. 


, Les deux nageoires thoracines non réunies 
l'une à l’autre; une seule nageoire dor- 
sale ; la tête petite ; les yeux rapprochés; 
les opercules attachés dans une grande 
partie de feur contour. 


/Les deux nageoires thoracines non réunies 

| l'une à Fautre; une seule nageoire dor- 

| sale; cette nageoire courte et placée au 

) dessus de l’extrémité de la queue, très 

/ près de la nagecire caudale ; la têle très 

\ grosse et plus large que le corps. 

/Deux nageoires dorsales ; une ou plusicurs 

| petites nageoires au dessus et au dessous 

| de la queue ; les côtés de la queue caré- 

\ nés, ou une petite pageoire composée de 

| deux aiguillons réunis par une membrane 

\ au devant de la nageoire de l'anus. 

, Be petites nageoires au dessus et au dessous 
de la queue ; une seule nageoire dorsale ; 
plusieurs aiguillons au devant de la na- 
geoire du dos. 

/ Deux nageoires dorsales ; point de petites 

| nageoires au dessus ni au dessous de la 
queue ; les côtés de la queue relevés lon- 
gitudinalement en carène , ou une petite 
nageoire composée de deux aïiguillons et 
d'une membrane au devant de la nageoire 

\ de l'anus. 

- Deux nageoires dorsales; point de petites 
nageoires au dessus ni au dessous de l« 

\ queue: les côtés de la queue relevés lon- 


66. 


67. 


68. 


69- 


70: 


71. 


GENRES. 


TracuINoTE. 


CABANXOMORE. 


Czæsio. 


CÆSIOMORE. 


Conis. 


Gomprosx. 


DES POISSONS. 561 


CARACTÈRES. 
gitudinalement en carène , Ou une pelile 
hageoire composée de deux aiguillons et 
d'une membrane au devant de fa nageoire 
de l’anus: des aiguillons cachés sous la 
peau au devant des nageoires dorsales. 


nageoires au dessus ni au dessous de la 
queue; les côtés de la queue relevés lon- 
gitudinalement en carène, ou une petite 
nageoïire composée de deux aïguillons 
et d’une membrane au devant de la na- 
geoire de l'anus, ou la nageoïire dorsale 
Frés prolongée vers celle de la quete; la 
lèvre supérieure très peu extensible ou 


É seule nageoire dorsale; point de petites 
\ 


\ 


non extensible ; point d'aiguillons isolés 
au devant de la nageoïre du dos. 


/Une seule nageoïre dorsale; point de pelites 


P< 


nageoires au dessus ni au dessous de la 
queue ; les côlés de la queue relevés lon- 
gitudinalement en carène, ou une petite 
nageoire composée de deux aïiguillons 
et d'une membrane au devant de la na- 
geoire de l'anus, ou la nagcoïire dorsale 
très prolongée vers celle de la queue ; la 
lèvre supérieure très extensible ; point 
d’aiguillons isolés au devant de la na- 
geoire du dos. 


{Une seule nageoire dorsale ; point de pelites 


| 


nageoires au dessus ni au dessous de la 
queue; point de carène latérale à la queue, 
ni de petite nageoire au devant de celle 
de l’anus ; des aïiguillons isolés au devant 
de la nageoïre du dos. 


La tête grosse et plus élevée que le corps ; 


le corps comprimé et très allongé ; le pre- 
mier ou le second rayon de chacune des 
nageoires thoracines une ou deux fois 
plus allongé que les autres; point d’écail- 
les semblables à celles du dos sur les eper- 
eules ni sur la tête, dont la couverture 
lamelleuse et d'une seule pièce représente 
une sorte de casque. 


Le museau allongé en forme de clou ou de 


masse; la tête et les opercules dénués d’é- 
cailles semblables à celles du dos. 


GENRES. 


72. Nason. 


79. Kipnose. 


74. OspunoNÈME. 


75. Tricnopopr. 


36. MOoNODACTYLE. 


37. PLECTORRINQUE. 


78. Poconras. 


79. Bos-nycus. 


80. Bosrrycuoïps. 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


Une protubérance en forme de corne, ou 


de grosse loupe, sur le nez; deux plaques 
ou boucliers de chaque côté de l’extré- 
mité de la queue; le corps et la queue 
recouverts d’une peau rude et comme 
chagrinée. 


Le dos irès élevé au dessus d’une ligne tirée 


\ 


| 
( 


{ 
( 


depuis le bout du museau jusqu’au milieu 
de la nageoïre caudale; une bosse sur la 
nuque; des écailles semblables à celles 
du dos sur la totalité ou une grande par- 
tie des opercules, qui ne sont pas den- 
telés. 


Cinq ou six rayons à chaque nageoire tho- 


racine; le premier de ces rayons aiguil- 
lonné , et le second terminé par un fila- 
ment très long. 


Un seul rayon beaucoup plus long que le 


corps à chacune des nageoires thoraci- 
cines; une seule nageoire dorsale. 


/ Un seul rayon très court et à peine visible 


( 


| 
| 


à chaque nageoïre thoracine ; une seule 
nageoire dorsale. 


lons isolés au devant de la nageoire du 
dos, de carène laterale ni de petite na- 
geoire au devant de celle de l'anus; les 
lèvres plissées et contournées; une ou 
plusieurs lames de l’opercule branchial , 
dentelées. 


seule nageoire dorsale ; point d’aiguil- 


Une seule nageoïire dorsale; point d’aiguil- 


| 


Le corps allongé ct serpentiforme; deux na- 


lons isolés au devant de la nageoire du 
dos, de carène latérale ni de petite na- 
geoire au devant de celle de l'anus; un 
très grand nombre de petits barbillons à 
la mâchoire inférieure. 


geoires dorsales, la seconde séparée de 
celle de la queue; deux barbillons à la 
mâchoire supérieure; les yeux assez grands 
et sans voile. 


Le corps allongé et serpentiforme: une seule 


nageoïre dorsale ; celle de Ia queue sépa- 
rée de celle du dos, deux barbillons à la 
mâchoire supérieure; les yeux assez grands 
et sans voile. 


DÉS POISSONS. 3063 


GENRES. CARACTÈRES. 
Un plaque très grande, ovale, composée de 
lames transversales, el placée sur la têle, 
qui est déprimée. 
{ Deux nageoires sur le dos; la queue deux 
82. Macroons. {fois plus longue que le corps. 


81. ÉCHÉNÉIS. 


Le sommet de la tête très comprimé, et 
comme tranchant par le haut, ou très 
élevé et finissant sur le devant par un plan 
presque vertical, ou terminé antérieure- 

83. CoRYPnÈNE. ment par un quart de cercle, ou garni 
d’écailles semblables à celles du dos ; une 
seule nageoire dorsale , et cette nageoire 
du dos presque aussi longue que le corps 

\ et la queue. 


/Le sommet de la tête très comprimé , et 
comme tranchant par le haut, ou très 
élevé et finissant sur le devant par un plan 
presque vertical , ou lerniiné antérieure- 
ment par un quart de cercle, ou garni 
84. Hémepréronote. <  d'écailles semblables à celles du dos; une 
seule nageoiïre dorsale, et la longueur de 
| celte nageoire du dos ne surpassant pas 
ou surpassant à peine la moité de la lon- 
gueur du corps et de la queue pris en- 
\ semble. 


/Le sommet de la tête très comprimé, et 
comme tranchant par le haut, ou très 
élevé et finissant sur le devant par un pian 
presque vertical, ou terminé antérieure- 

85. ConYPHÉNOÏDE. ment par un quart de cercle, ou garni 
d’écailles semblables à celles du dos ; une 
| seule nageoire dorsale; l'ouverture des 
branchies ne consistant que dans une 
fente transversale. 


Le corps et la queue couverts d’une sorte 
FN CA A de cuirasse écailleuse ; deux nageoires 
sur le dos; moins de quatre rayons aux 
nageoires thoracines. 
Le corps et la queuc couverts d’une sorte 
de cuirassc écailleuse ; une seule nageoire 
sur le dos; moins de quatre rayons aux 
nageoires thoracines. 
La tête plus large que le corps, la forme 
| générale un peu conique: deux nageoires 
sur le dos: des aïguilions ou des tuber- 
| cules sur la tête ou sur les opercules des 
branchies ; plus de trois rayons aux na- 
\  geoires thoracines, 


37. ASPIDOPHOROÏDE. 


88. Core. 


564 


90. 


92. 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


La tête garnie d’aiguillons, ou de protu- 


GENRES. 
SCORPÈNE. 
ScOMBÉROMORE. 
GASTÉROSTÉE. | 
CENTROPGDE. | 

\ 
CENTROGASTÈRE. { 
CENTRONOTE. | 

\ 
LÉPISACANTRE. 


Le, 


CÉPHALACANTHE. 
\ 


DacTyLoPrTÈRE. 


bérances, ou de barbillons. et dépour- 
vue de petites écailles; une seule nageoire 
dorsale. 


Une seule nageoiïre dorsale; de petites na- 


geoires au dessus et au dessous de laqueue: 
point d’aiguillons isolés, au devani de la 
nageoire de dos. 


‘Une a nageoire dorsale ; des aiguillons 


isolés , on presque isolés, au des ae de 
la nageoiïre du dos ; une carène longitu- 
dinale de chäque côté de la queue ; un ou 
deux rayons au plus à chaque nageoïre 
thoracine; ces rayons aïguillonnés. 


Deux nageoires dorsales; un aïguiilon et 


cinq ou six rayons articulés très petits à 
chaque nageoire thoracine ; point de pi- 
quarts isolés au devant des nageoires du 
dos, mais les rayons de la première dor- 
sale à peine réunis par une membrane ; 
point de carène latérale à la queue. 


Quatre aiguillons et six rayons articulés à 


chaque nageaire thoracine. 


Une seule nageoire dorsale ; quatre rayons 


au moins à chaque thoracine ; des pi- 
quants isolés au devant de la nageoiïre du 
dos : une saillie longitudinale sur chaque 
côté de la queue, ou deux aïguillons au 
devant de la nageoiïre de l'anus. 


Les écailles du dos grandes, ciliées et ter- 


ninées par un aiguillon ; Îles opereules 
dentelés dans leur partie postérieure, et 
dénués de petiles écailles ; des aïguiïllons 
isolés au devant de la nagcoïre dorsale. 


Le derrière de la lête garni, de chaque côté, 


de deux piquants dentelés et très longs ; 
point d’aiguillons isolés au devant de la 
pageoire du dos. 


Une petite nageoïre composée de rayons 


soutenus par une membrane, auprès de 
la base de chaque nageoire peetocrale. 


Des aïguillons dentelés entre les deux na- 


\ 


PRIONOTE. | 
( 
TRIGLE. 
( 


geoires dorsales ; des rayons articulés et 
non réunis par une mem brane auprès de 
chacune des nageoires pectorales. 


Point d'aiguillons dentelés entre les deux 


nageoires dorsales; des rayons arliculés 
et non réunis par une membrane, auprès 
de chacune des nageoires pectorales. 


100. 


101. 


102. 


105. 


10/4. 


105. 


106. 


107. 


GENRES. 


PÉRISTÉDION. 


ISTIOPHORE. 


GYMNÈMRE. 


Muzze. 


APOGON. 


LONCAURE, 


Macropops. 


LABRE. 


DÉS POISSONS. 563 
CARACTÈRES. 


Des rayons articulés et non réunis par une 
membrane auprès des nageoires pecto- 
rales; une seule nageoire dorsale; point 
d’aiguillons dentelés sur le dos; une ou 
plusieurs plaques osseuses au dessous du 

+ COr ps. 


/Point de rayons articulés el libres auprès 
| des nageoires pectorales, ni de plaques 
osseuses au dessous du corps; la pre- 
mière nageoire du dos arrondie, très lon- 
| gue, et d’une hauteur supérieure à celle 
| du corps: deux rayons à chaque thora- 
\ , cine. 


Point de nageoiïre de l'anus ; une seule na- 
geoire dorsale: les rayons des nageoires 
thoracines très allongés. 

le] 


\ 
( 
e corps couvert de grandes écailles qui se 
détachent aisément: deux nageoires dor- 
sales ; plus d’uu barbillon à la mâchoire 
inférieure. 

-Les écaîlies grandes et faciles à détacher ; le 
{ sommet de la tête élevé ; deux nageoires 
l dorsales; point de barbillons au dessous 

de la mâchoire inférieure. 

La nagcoire de la queue lanctolée ; cette 

| nageoire et les pectorales aussi longues. 
au. moins, que le quart de la longueur 
totale de l'animal: la nagcoire dorsale 

| longue et profondément échancrée; deux 
barbillons à la mâchoire inférieure. 

Les thoracines au moins de la longueur du 
corps proprement dit; la nageoire cau- 
dale très fourchue, et à peu près aussi 

) longue que le tiers de la longueur totale 
de l'animal; la tête proprement dite et 
| les opercules revêtus d’écailles sembla- 
bles à celles da dos ; l'ouverture de la 
\ bouche très petite. 
/Ea lèvre supérieure extensible: point de 
dents incisives ou molaires : Les opercules 
des branchies dénués de piquants et de 
dentelure ; une seule nageoire dorsale ; 
] cettenagcoire du dos très séparée de celle 
| de la queue, ou très éloignée de la nu- 
que, ou composée de rayons terminés, 
\ par un filament. 


566 


105. 


106. 


110. 


111. 


L12. 


11/4. 


GENRES. 


CHEILINE. 


IISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


/ Ba lèvre supérieure extensible; les opercules 


CREILODIPTÈRE. | 


OPHICÉPHALE. 


HoLocymnose. 


ScaARE. 


OSTORHINQUE. 


SPARE. 


des branchies dénués de piquanis et de 
dentelure ; une seule nageoïre dorsale ; 
cetle nageoïire du dos très séparée de celle 
de la queue, ou très éloignée de la nu- 
que, ou composée de rayons terminés 
par un filament ; de grandes écailles ou 
des appendices placés sur la base de la 
nageoire caudale, ou sur les côtés de la 
queue. 


La lèvre supérieure extensible; point de 


dentisincisives ni molaires; les opercules 
des branchies dénués de piquauts et de 
dentelure ; deux nageoires dorsales. 


/Poïnt de dents incisives ni molaires; les 


| 
| 
| 
| 
| 
| 


[ 
| 
| 


opercules des branchies dénués de pi- 
quants et de dentelure; uneseule nageoiïre 
dorsale ; ia tête aplatie, arrondie par de- 
vant, semblable à celle d’un serpent, et 
couverte d'écailles polygones, plus gran- 
des que celles du dos, et disposées à peu 
près comme celles que l’on voit sur la 
tête de ja plupart des couleuvres:; tous les. 
rayons des nageoires articulés. 


Toute la surface de l'animal dénuée d’écail- 


les facilement visibles ; la queue repré- 
sentant deux cônes tronqués , appliqués 
le sommet de l’un contre le sommet de 
l'autre; et inégaux en longueur ; la cau- 
dale très courte: chaque thoracine com- 
posée d'un ou plusieurs rayons mous et 
réunis ou enveloppés de manière à imi- 
ter un barbilloa charnu. 


Les mâchoires osseuses très avancées, et te- 


nant lieu de véritables dents ; une seule 
nageoire dorsale. 


Les mâchoires osseuses très avancées, et te- 


nant lieu de véritables dents: deux na- 
geoires dorsales. 


Les lèvres supérieures peu extensibles, ou 


non extensibles ; ou des dents incisives, 
ou des dents molaires disposées sur un 
ou plusieurs rangs ; point de piquants ni 
de dentelure aux opercules; une seule 
nageoire dorsale; cette nageoïre éloignée 
de celle de la queue, ou la plus grande 


GENRES. 


14. SPARE. 


219. Drpriropox. 


116. LUTIAN. 


117. CENTROPOME. 


118. Bopran. 


119. TÆNIANOTE. 


120. SCIÈNE. 


221. MicROPTERE. 


DES POISSONS. 367 


| 
| 
| 
| 


| 
| 
| 


CARACTÈRES. 
hauteur du corps proprement dit, supé- 
rieure, ou égale, ou presque égale à la 
longueur de ce même corps. 


Les lèvres supérieures peu extensibles, ou 


non extensibles ; ou des dents incisives, 
ou des dents molaires disposées sur un 
ou plusieurs rangs ; point de piquants ni 
de dentelure aux opercules; deux nageoi- 
res dorsales ; la seconde nageoiïre du dos 
éloignée de celle de la queue ; ou la pius 
grande hauteur du corps proprement dit, 
supérieure, ou égale ; ou presque égale 
à la longueur de ce même corps. 


Une dentelure à une ou à plusieurs pièces de 


chaque opercule; point de piquants à ces 

pièces; une snule nageoire dorsale ; un 
si barbillon ou point de barbillons aux 
mâchoires. 


Une dentelure à une ou à plusieurs pièces 


de chaque opercule; point d’ aiguillons à à 
ces pièces; un seul barbillon ou point 
de barbillons aux mâchoires ; deux na- 
geaoires dorsales, 


Un ou plusieurs aiguiïllons et point de den- 


telure aux opercules ; un seul barbillon 
ou point de barbillons aux mâchoires ; 
une seule nageoiïre dorsale. 


Un ou plusieurs aiguillons, et point de den- 


telure aux opercules; un scul barbillon 
ou point de barbillons aux mâchoires ; 
une nageoire dorsale étendue depuis l’en- 
ire- Jets des yeux jusqu’à la nageoire de 
la queue, ou très longue et composée de 
plus de quarante rayons, 


Un ou plusieurs aiguillons, et point de den- 


telure aux opercules : ; un seul barbillon 
ou point de barbillons aux mâchoires ; 
deux nageoires dorsales. 


Un ou plusieurs aiguiilons et point de den- 


telure aux opereules ; ; un barbillon ou 
point de barbillons aux mâchoires ; deux 
nageoires dorsales ; la seconde très basse, 
très courte, et comprenant au plus cinq 
rayons. 


122. 


125. 


194. 


125. 


1206. 


127. 


GENRES. 


HozocenTre. 


PERrSEQUE. 


Harpi. 


PIMÉLEPTERE. 


CuEILION. 


PoMATONME. 


HISTODREILNATUREELE 


CARACTÈRES. 


Un ou plusieurs aiguillons et une dentelure 
aux epereules; un barbiilon ou point de 
barbillons aux mâchoires ; une seule na- 
geoire dorsale. 

Un ou plusieurs aigniilons et une dentelure 
{ aux opercules; un barbillon ou point de 
| barbillons aux mâchoires; deux nageoires 
\  dorsales. 
| Plusieurs dents très longues, fortes et re- 
| courbéestau sommet et auprès de l’articu- 
lation de cheque mâchoire; des dents pe- 
tites, comprimées et triangulaires , de 
chaque côté de la macho supérieure , 
entre les grantles dents voisines de Y'arti- 
culation et celles du sommet; ur bar- 
bitlon comprimé et triangulaire de cha- 
{ que côté et auprès de fa commissure des 
lèvres: les thoracines, la dorsale et l’a- 
nale , très grandes, et en forme de faux ; 
la IE convexe dans son milieu, et 
étendue en forme deçfaux très allongée 
dans le haut et dans fe bas: l’anale ätta- 
chée autour d'une prolongation charnue, 
écailleuse, très grande, comprimée et 
| triangulaire. 


‘La lolalité ou une grande partie de la dox- 

sale, de l’anale ‘et de la nageoire de la 

queue, adipeuse, ou presque adipeuse; les 

| nageoires inférieures situées plus in de 
la gorge que les pectorales. 

Le corps et la queue très allongés; le bout 
du museau aplati ; ; la tête et 1e opercules 
dénués de petites écailles ; les opercules 
sans dentelure et sans aiguillons , mais 
ciselés : les lèvres, et surtout CUUÉ de la 
mâchoire inférieure, très pendantes ; les 
dents très petiles ; la dorsale basse et très 
longue ; les rayons aiguillonnés ou non 
Sn Les de chaque nageoïre, aussi mous 
ou presque aussi mous que les articulés ; 
une seule dorsale ; les thoracines très pe- 
tites. 

p? opercule entaillé dans le haut de son bord 
postérieur, et couvert d'écailles sembla- 
bles à celles du dos; le corps et la qüeue 

Ç allongés; deux nageoires dorsales : la na- 

geoire de l'anus es adipeuse. 


128. 


129. 


190. 


191. 


182. 


GENRES. 


LÉIOsTOoME. 


CENTROLOPHE. 


CHEVALIER. 


LÉIOGNATHE, 


CuÉTopoN. 


DES POISSONS. 509 
CARACTÈRES. 


/Les mâchoires dénuées de dents, et entiè- 

rement cachées sous les lèvres; ces mêmes 
| lèvres extensibles; la bouche placée au 
dessous du museau ; point de dentelure 
ni de piquant aux opercules ; deux na- 
geaires dorsales. 


a 


/ Une crête longitudinale - et un rang longi- 
tudinal de piquants très séparés les uns 

| des autres, et cachés en partie sousla peau 
au dessus de la nuque; une seule nageoïre 

_ du dos; cette dorsale très basse et très 

| longue ; les mâchoires garnies de dents 

| très petites, très fines, égales et un peu 
| écarlées les urnes des autres, moins de 
\ cinq rayons à la membrane branchiale. 


deux nageoires dorsales; la première pres- 
que aussi haute que le corps, triangulaire, 
et garnie de irès longs filaments à l’extré- 
mité de chacun de ses rayons ; la seconde 
basse et très longue ; Fanale très courte, 
et moins grande que chacune des thora- 
cines; cette anale, les deux nageoires du 
dos, et celle de la queue, couvertes pres- 
que en entier de petites ccailles ; loper- 
cule sans piquants ni dentelure ; les écail- 
les grandes et dentelées. 
/Les mâchoires dénuées de dents proprement 
dites; une seule nageoïre du dos; un ai- 
guilion recourbé et très fort, des deux 
côtés de chacun des rayons articulés de 
la dorsale ; un appendice écailleux, long 
et aplati auprès de chaque thoraciue; l'o- 
percule dénué de petites écailles, et un 
peu ciselé; la hauteur du corps égale ou 
presque égale à la moïtié de la longueur 
totale du poisson. 


Plusicurs rangs de dents à chaque mâchoire: 
L 


Les dents petites, flexibles et mobiles; le 
corps et la queue très comprimés : de pe- 
tes écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoires, Où la hauteur du corps supé- 
rieure où du moins égale à sa longueur ; 
l'ouverture de la bouche petite; le mu- 
seau plus ou moins avancé; une seule na- 
geoire dorsale; point de dentelure ni de 
piquants aux opercules. 


Re. nd. IR DAS. PA. 


DTO 


198. ACGANTHINION. 


GENRES. 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


‘Les dents petites, flexibles et mobiles; Je 


194. CnÉTODIPTÈRE. | 


1992 


F 


POMACENTRE. 


196. Pomapasys. 


1 


PoMACANTHE. 


| 
| 


\ 
\ 


\ 


corps et la queue très comprimés; de pe- 
lites écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoires, ou la bauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur: 
l'ouverture de la bouche petite; le mu- 
seau plus ou moins avancé; une seule na- 
geoire dorsale; plus de deux aiguillons 
dénués ou presque dénués de membrane 
au devant de la nageoïre du dos. 


Les dents petites, flexibles et mobiles; le 


corps et la queue très comprimés; de pe- 
lites écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoires, ou la hauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur ; 
l'ouverture de la bouche petite; le mu- 
seau plus ou moins avancé; point de den- 
telure ni de piquants aux opercules ; deux 
nageoires dorsales. 


Les dents petites, flexibles et mobiles; le 


corps et la queue très comprimés; de pe- 
tites écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoires , ou la hauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur ; 
l'ouverture de la bouche petite, le mu- 
seau plus ou moins avancé ; une dente- 
lure, et point de longs piquants aux oper- 
cules ; unc seule nageoire dorsale. 


/Les dents petites, flexibles et mobiles; le 


corps et la queue très comprimés; de pe- 
tites écailles sur la dorsale cu sur d’autres 
nageoires, ou la hauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur ; 
l'ouverture de la bouche petite; le mu- 
seau plus ou moins avancé; une dente- 
lure, et point de longs piquants aux oper- 
cules ; deux nageoires dorsales. 


Les dents petites, flexibles et mobiles; le 


corps et la queue très comprimés; de pe- 
tites écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoiïres, ou la hauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur ; 
l'ouverture de la bouche petite ; le mu- 
seau plus ou moins avancé; un ou plu- 
sieurs longs piquants , et point de dente- 
lure aux opercules; une seule nageoire 
dorsale. 


GENRES. 


DES POISSONS. 371 


CARACTÈRES. 


/Les dents petites. flexibles et mobiles ; le 
corps et la queue très comprimés; de pe- 
Gtes écailles sur la dorsale ou sur d’autres 
nageoires, ou la hauteur du corps supé- 
rieure ou du moins égale à sa longueur ; 


seau plus ou moins avancé; une dente- 
lure et un ou plusieurs longs piquants à 
chaque opercule; une seule nageoire dor- 
sale. 


158. Horacanrur. | l'euverture de la bouche petite; le mu- 
\ 


; 
159. ÉNoPLose. 


140. Gzypisonon. 


1Â 


mi 


ds 


ACANTHURE. 


ASPISUR:. 


Les dents petiles, flexibles et mobiles; le 
corps et la queue très comprimés; de très 
petites écailles sur la dorsale ou sur d’au- 
tres nageoires, ou la hauteur du corps su- 
périeure ou du moinségale à sa longueur: 
l'ouverture de la bouche petite ; le mu- 
seau plus ou moins avancé; une dente- 
lure et un ou plusieurs piquants à chaque 
opercule ; deux nageoires dorsales. 

/ 


Les dents crénelées ou découpées; le corps 

et la queue très comprimés; de très pe- 

| tites écailles sur la dorsale ou sur d’au- 

| tres nageoires, ou la hauteur du corps 

| supérieure ou du moins égale à sa lon- 
\ 


gueur ; l'ouverture de la bouche petite ; 
le museau plus ou moins avancé: une 
nageoire dorsale. 


/Le corps et la queue très comprimés; de 

très petites écailles sur la dorsale ou sur 
L] . 

| d’autres nageoires, ou la hauteur du corps 
supérieure ou du moins égale à sa lon- 
gueur; l'ouverture de la bouche petite : 
le museau plus ou moins avancé: une na- 
geoire dorsale; un ou plusieurs piquants 
de chaque côté de la queue. 


/Le corps et la queue très comprimés; de 

Lrès petites écailles sur la dorsale ou sur 
À k 

d autres nageoires, ou Ja hauteur du corps 
supérieure ou du moins égale à sa lon- 
gueur ; l'ouverture de la bouche petite ; 
le museau plus ou moins avancé: une na- 
geoire dorsale; une plaque dure en forme 
de petit bouclier, de chaque côté de la 
queue. 


242 
927 2 

GENRES. 
143. AcaNTHOPOLE. 
144. SELENE. 
145. ARGYRÉIOSE. 
146. PE. 
347. Gar 


HTSLOTMRT MAMURELPE 


CARACTÈRES. 


Le corps et la queue très comprimés; de 


\ 


très petites écailles sur la dorsale ou sur 
d’autres nageoires, ou la hauteur du corps 
supérieure ou du moins égale à sa lon- 
gueur : l'ouverture de la bouche petite; 
le museau plus ou moins avancé ; une na- 
geoire dorsale; un ou deux piquants à La 
place de chaque thoracine. 


/L'ensemble du poisson très comprimé, et 


| 
| 


\ 


\ 


| 


=, 


stats 


présentant de chaque côté la forme d'un 
pentagone ou d'un tétragone ; la ligne du 
front presque verticale; la distance du plus 
haut de la nuque au dessus du museau, 
égale au moins à celle de la gorge à la 
nageoire de l’anus; deux nageoires dor- 
sales; un ou piusieurs piquants entre les 
deux dorsales ; les premiers rayons de la 
seconde nageoire du dos s'étendant au 
moins au delà de l'extrémité de la queue. 


/Le corps et la aueue très comprimés ; une 


seule nageoiïre dorsale ; plusieurs rayons 
de cette nageoire terminés par des fila- 
ments très longs, ou plusieurs piquants 
le long de chaque côté de la nageoire du 
dos; une membrane verticale placée trans- 
versalement au dessous ce la lèvre supé- 
rieure ; les écailles très petites, les tho- 
racines très allongées ; des aiguillons au 
devant de la nageoiïre du dos et de celle 
de Fanus. 


Le corps et la queue très comprimés; des 


dents aux mâchoires ; une seule nageoiïre 
dorsale; plusieurs rayons de cette nageoïre 
terminés par des filaments très longs, ou 
plusieurs piquants le long de chaque côté 
de la nageoïre du dos; une membrane ver- 
ticale placée transversalement au dessous 
de la lèvre supérieure; les écailles très 
petites ; point d'aiguillons au devant de 
la nageoïre du dos, ni de celle de l'anus. 


Le corps et la queue très comprimés; des 


dents aux mâchoires; deux nageoires dor- 
sales ; plusieurs rayons de l’ane de ces 
nageoires terminés par des filaments très 
longs, ou plusieurs piquants le long de 


GENRES. 


147. Gaz. 


148. CnrysoTose. 


149. Capros. 


150. PLEURONECTE. 


251. ACHIRE. 


LAGÉPEUFE, VÉ 


DES POISSONS. 9 


| 
| 
| 
| 


CARACTÈRES. 


chaque côté des nageoïres du dos; une 
membrane verticale placée transversale- 
ment au dessous de la lèvre supérieure ; 
les écailles très petites; point d’aiguillons 
au devant de la première nageoiïre ni de 
la seconde dorsale, ni de la nageoire de 
l'anus. 


Le corps et la queue très comprimés; la plus 


grande hauteur de l'animal, égale ou pres- 
que égale à la longueur du corps et de 
la queue pris ensemble; point de dents aux 
mâchoires ; une seule nageoire dorsale ; 
les écailles très petites ; point d’aiguillons 
au devant de la nageoiïre du dos, ni de 
celle de l’anus; plus de huit rayons à cha- 
que thoracine. 


Le corps et la queue très comprimés et très 


hauts; point de dents aux mâchoires; deux 

nageoires dorsales; les écailles très petites; 
è ie 

point d’aiguillons au devant de la pre- 

mière ni de la seconde dorsale, ni de la 

nageoire de l'anus. 


| Les deux yeux du même côté de la tête. 
. tête, le corps et la queue très comprimés; 


les deux yeux du même côté de la tête ; 
point de nageoïres pectorales. 


374 HISTOIRE NATURELLE 


VINGTIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 


OÙ 


QUATRIÈME ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS ABDOMINAUX. 


Des nageoires inférieures placées sur l'abdomen au dela 
. des pectorales, et en decà de la nagéoire de l'anus. 


GENRES. CARACTÈRES. 
(t rayons à la membrane des branchies : 


le dernier très éloigné des autres; des bar- 
billons réunis par une membrane, et pla- 
cés auprès de la pectorale de manière à 
représenterune nageoire semblable à cette 
dernière. 
/Le corps etla queue très comprimés; la lè- 
vre supérieure double et extensible; la 
partie antérieure et supérieure de la tête 
terminée par une ligne presque droite et 
qui ne s'éloigne de la verticale que de 40 
à 5o degrés ; les derniers rayons de cha- 
que pectorale très allongés au delà de la 
membrane qui les réunit; une seule na- 
geoire dorsale. 
/La tête, le corps et la queue cylindriques : 


| les yeux très rapprochés du sommet de la 


152. CIRRHITE. 


153. CHEILODACTYLE. | 


tête; point de dents et des barbillons aux 
mâchoires; une seule nageoïre du dos; la 
peau gluante et revêtue d’écailles très dif- 
ficiles à voir. 

Le corps et la queue cylindriques; la peau 
gluante et dénuée d'écailles facilement 
visibles : Les yeux très rapprochés du som- 
met de la tête; des dents et des barbil- 
lons aux mâchoires; une seule dorsale ; 
cetle nageoire très courte. 


154. CoBrte. 


155. MiIscurne. 


\ 


158. 


160. 


161. 


162. 


165: 


16/4. 


GENRES. 


ANABLEPS. 


Funpuzs. 


COLUBRINE. 


ARMÉE. 


Buryein. 


TRIPTÉRONOTE. 


Omrox. 


SILURE. 


MAcROPTÉRONOTE. 


D 


4 


| 
| 


| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 


ES POISSONS. 359 
CARAGTÈRES. 

Le ecrps et la queue presque cylindriques: 
des barbillons et des dents aux mâchoires: 
une seule nageoire du dos ; cette nageoïire 
très courte; deux prunciles à chaque 
œil. 


Le corps et la queue presque cylindriques; 
des dents et point de barbillons aux mà- 
choires ; une seule nageoire du dos. 


La tête très allongée; sa partie supérieure 
revêtue d'écailles conformées ct disposées 
comme celles qui recouvrent le dessus de 
la tête des couleuvres ; le corps très al- 
longé; point de nageoiïre dorsale. 


La tête dénuée de petites écailles, rude, re- 
couverte de grandes lames qui réunissent 
des sutures ire marquées; des dents aux 
mâchoires et au palais ; des barbillons à 
la mâchoire supérieure; la dorsale longue, 
basse et rapprochée de la caudale; l’anale 
très courte; plus de dix rayons à la mem- 
brane des branchies. 

La tête dénuée de petites écailles, et ayant 
de longueur à peu près le quart de la lon- 
gueur toile de l’animal ; une seule na- 
geoire sur le dos. 

Tro ois nageoires dorsales; une seule nageoire 
de l'anus. 


Des barbillons et des dents aux mâchoires : 
point de nageoires dorsales; une longue 
nageoire de 5 anus. 


La tête large, déprimée et couverte de la- 
mes srindes et dures, ou d'une peau vis- 
queuse ; la bouche à Tone du mu- 
seau; des barbillons aux mâchoires: le 
COTPS gros ; la peau enduite d'ane muco- 
sité HARAS: une seule nageoire dor- 
sale ; cette nageoire très te 


La tête large, déprimée et couverte de la- 
mes grandes el dures, où d'une peau vis- 
queuse ; la bouche à l'extrémité du mu- 
seau; des barbillons aux mâchoires ; le 
COTPS gros ; la peau enduite d’une mu- 
cosité abondante ; une seule nageoire 
dorsale: cette nagcoire très longue. 


350 HISTOIRE NATURELLE 


GENR CARACTÈRES. 


La tête déprimée et couverte de lames gran- 
des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau; des 
barbillons aux mâchoires ; le corps gros; 
la peau du corps et de Îa queue enduite 
d'une mucosité abondante; une seule na- 
geoïire dorsale ; cette nageoïre adipeuse, 
et placée assez près de la caudale. 


165. MALAPTÉRURE. 


La tête déprimée et couverte de lames gran- 
des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau ; des 

166. Pimérone. barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; 
la peau du corps et de la queue enduite 
d'une mucosité abondante; deuxnageoires 
dorsales ; la seconde adipeuse. 


/La tête déprimée et couverte de lames gran- 

des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau: des 
barbillons aux mâchoires ; le corps gros; 
la peau du corps et de la queue enduite 
d’une mucosité abondante ; deux nageoï- 
res dorsales; la seconde adipeuse; des 
lames larges et dures, rangées longitu- 
\ dinalement de chaqne côté du poisson. 


167. Donras. 


RS 


/La tête déprimée et couverte de lames gran- 
des et dures , ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau; des 
barbillons aux mâchoires ; le corps gros ; 
la peau du corps ct de la queue enduite 
d'une mucosité abondante; deux nageoiï- 
res dorsales, soutenues l’une et l’autre par 
des rayons; des lames larges et dures, ran- 
gées longitudinalement de chaque côté 
du poisson. 


168. PoconaTus. | 


/La tête déprimée et couverte de lames gran- 
des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 

la bouche à lénteénite du museau; des 
barbillons aux mâchoires; le corps gros; 

ge la peau du corps et de la queue enduite 
169. CATAPHRACTE. \ d’une mucosité abondante; deux nageoi- 
res dorsales; la seconde soulenue par un 
seul rayon; des lames larges et dures ran- 
gées longitudinalement de chaque côté 


dn poisson. 


DES POISSONS. 


GENRES. 


170. PLOTOsE. | 


\ 


172, MacRORHAMPHOSE, | 


171. AGÉNÉIOSE. 


179, CENTRANODON. | 


174. LORIGCAIRE. 


QI 
SI 
SI 


CARACTÈRES. 


Lä tête déprimée et couverte de lames gran- 


des et dures, ou d’une peau visqueuse : 
la bouche à l’extrémité du museau: des 
barbilions aux mâchoires: le corps gros; 
la peau du corps et de la queue enduite 
d’une mucosité abondante; deux nageoïi- 
res dorsales ; la seconde et celle de l'anus 
réunies avec la nageoïire de la queue qui 
est pointue. 


La tête déprimée et couverte de lames gran- 
[e] 


des et dures, cu d’une peau visqueuse : 
la bouche à l'extrémité du museau; point 
de barbillons ; le corps gros; la peau du 
corps et de la queue enduite d’une mu- 
cosité abondante; deux nageoires dor- 
sales; la seconde adipeuse. 


La tête déprimée et couverte de lames gran- 


des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau; point 
de barbillons aux mâchoires; le corps 
gros; la peau du corps et de la queue en- 
duite d'une mucosité abondante; deux 
nageoires dorsales ; l’une et l’autre sou- 
tenues par des rayons ; le premier rayon 
de la première nageoire dorsaie, fort, 
très long et dentelé; le museau très al- 
longé. 


La tête déprimée et couverte de lames gran- 


des et dures, ou d’une peau visqueuse ; 
la bouche à l'extrémité du museau; point 
de barbillons ni de dents aux mâchoires: 
le corps gros ; la peau du corps et de la 
queue enduite d’une mucosité abondante; 
deux nageoires dorsales ; l’une et l’autre 
soutenues par des rayons; un ou plusieurs 
piquants à chaque opercule. 


Le corps et la queue couverts en entier d’une 


sorte de cuirasse à lames: la bouche au 
dessous du museau; les ièvres extensibles: 
une seule nageoire dorsale. 


- Le corps etla queue couverts en entier d’une 


179. Hyposroue. 


sorte de ceuirasse à lames: la bouche au 
dessous du museau; les lèvres extensibles: 
deux nageoires dorsales. 


Ge) HISTOIRE NATURELLE 


GENRES. CARACTÈRES. 

Deux grandeslames de chaque côté du corps 
et de ia queue; la tête couverte de pièces 
larges et dures; la bouche à l'extrémité 
du museau; point de barbillons; deux 
nagcoires dorsales ;: plus d’un rayon à 
chaque nageoïre du dos. 

#La bouche à l'extrémité da museau; des 

| © barbillons aux mâchoires ; le corps et la 

| queue très ailongés et revêtus d’une peau 

HE }  visqueuse: le premier rayon de la pre- 

17e) DActtRe | mière nageoire du dos et de chaque pec- 


Da 76. CORYDORAS. < 


torale, très fort; deux nageoires dorsales, 
| l'une et l’autre soutenues par plus d'un 

\ rayon. 

[La bouche à l'extrémité du museau ; la iête 
comprimée; des écailles facilement visi- 
bles sur le corps et sur la queue: point 
de grandes lames sur les côtés; de eui- 
rasse, de piquants aux opercules, de 
rayons dentelés, ni de barbillons; deux 
nageoires dorsales ; la seconde adipeuse 
et dénuée de rayons; la première plus 
près où aussi près de la tête que les ven- 
trales; plus de quatre rayons à la mem- 
brane des branchies; des dents fortes aux 
deux mâchoires. 


178. SALMONE. 


La bouche à l’extrémiié du museau ; la Lête 
comprimée; des écailles facilement visi- 
bles sur le corps et sur la queue ; point 
de grandes lames sur les côtés, de cui- 
rasse, de piauants aux opercules, de 

/ rayons dentelés, ni de barbillons; deux 
nageoires dorsales; la seconde adipeuse 
et dénuée de rayons; la première plus 
éloïgnée de a tête que les ventrales: plus 
de quatreravons à la membrane des bran- 
chies:; des dents fortes aux deux mûi- 

\ choires. 


179. OsMERs. 


/ /La bouche à l'extrémité du museau ; la tête 
compriméc ; : des écailles Helene visi- 
À bles sur le corps et sur la queue ; point 
MA RS / de grandes James sur les côtés, de cui- 
rasse, de piquants aux opercules, de 

rayons uentelés, ni de barbillous: deux 
nagcoires dorsile; la seconde adipeuse 

et dénuée de rayons; plus de quatre rayons 


180. 


181. 


102. 


186. 


GENRES. 


CORÉGONE. 


CHARACGIN. 


SERRASALME. 


ÉLOPE. 


MécaLopes. 


NOTAGANTHE. 


Esoce. 


DES POISSONS. 379 
CARACTÈRES. 


, à la membrane des branchies; les mächoi- 
res sans dents, ou garnies de dents très 
petites et difficiles à voir. 


/La bouche à l'extrémité du museau; la tête 
‘ comprimée; des écailles facilement visi- 
bles sur le corps et sur la queue; point 
de grandes lames sur les côtés, de cui- 
rasse, de piquants aux opercules, de 

rayons dentelés, ni de barbillons ; deux 
| nageoires dorsales ; le seconde adipeuse 

et dénuée de rayons; quatre rayons au 
\ plus à la membrane des branchies. 


/La bouche à l’extrémilé du museau ; la tête, 
le corps et la queue comprimés; des 
écailles facilement visibles sur le corps 
et sur la queue; point de grandes lames 
sur les côtés, de cuirasse, de piquants 
aux opercules, de rayons dentelés, ni de 
barbillons; deux nageoires dorsales; la se- 

| conde adipeuse et dénuée de rayons; la 
partie inférieure du ventré carénée et 
dentelée comme une seie. 

Trente rayons ou plus à la membrane des 
| branchies ; les yeux gros, rapprochés 
l'un de l’autre et presque verticaux : une 
seule nageoire dorsale; un appendice 
écailleux auprès de chaque nageoire du 
ventre. 

{ Les yeux très grands; vingt-quatre rayons 
Ü ou plus à la membrane des branchies. 
, Le corps et la queue très allongés; la nu- 
que élevée et arrondie : la tête grosse, la 
nageoire de l'anus très longue , et réunie 
avec celle de la queue; point de nageoire 
dorsale ; des aiguillons courts, gros, 1orts 
et dénués de membrane a la place de cette 
dernière nageoire. 


TR — 


2 


L'ouverture de la bouche grande; le gosier 
large; Les mâchoires garnies de dents nom- 
breuses, fortes et pointues; le museau 
aplati; point de barbillons: l'opercule et 
les branchies très grands; le corps et la 
queue très allongés et comprimés latéra- 
tement ; les écailles dures; point de na- 
geoire adipeusc; les nageoires du dos et 
de l'anus courtes; une seule dorsale: cette 


SR 


186. 


158. 


189. 


190. 


191. 


GENRES. 


Ésoce. 


SYNODS. 


SPHYRÈNE. 


LÉPISOSTÉE, 


POLYPTERE. 


SCOMBRESOCE. 


HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


dernière nageoire placée au dessus de l’a- 
nale ou à peu près , et beaucoup plus éloi- 
gnée de la tête que les ventrales. 


L'ouverture de la bouche grande ; le gosier 


large;les mâchoiïres garnies de dentsnom- 
breuses, fortes et pointues; point de bar- 
billons ; l’opercule et l’orifice des bran- 
chies très grands: le corps et la queue 
très allongés et comprimés latéralement ; 
les écailles dures ; point de nageoïre adi- 
peuse ; les nageoïres du dos et de l'anus 
courtes; une seule dorsale; cette dernière 
nageoire placée au dessus ou un peu au 
dessus des ventrales, ou plus près de a 
tête que ces dernières. 


/L ouverture de la bouche grande ; le gosier 


| 
| 


large; les mâchoiïres garnies de denisnom- 
breuses, fortes et pointues ; point de bar- 
billons ; l’opercule et l’orifice des bran- 
chies très grands; le corps ct la queue 
très aïlongés et comprimés latéralement ; 
point de nageoire adipeuse; les nageoires 
du dos et de l’anus courtes ; deux nageoi- 
res dorsales. 


/L'ouverture de la bouche grande; les mà- 


l 


\ 


\ 


choires garnies de dents nombreuses, 
fortes et pointues; point de barbillons 
ni de nageoire adipeuse; le corps ct la 
queue très allongés; une seule nageoire 
du dos; cette nageoïre plus éloignée de 
la tête que les ventrales; le corps et la 
queue revêtus d'écailles très grandes, pla- 
cées les unes au dessus des autres, très 
épaisses , très dures et de nature osseuse. 


Un seul rayon à la membrane des branchies; 


deux évents; un grand nombre de na- 
geoires du dos. 


Le corps et la queue très allongés ; les deux 


mâchoires très longues, très minces , très 
étroites et en forme d’aiguille; la nageoire 
dorsale située au dessus de celle del’anus; 
un grand nombre de petites nageoires au 
dessus et au dessous de la queue , entre la 
caudale et les nageoires de l'anus et du 
dos, 


GENRES. 


193. FisTUTAIRE. 


199. 


194. 


192. 


296. 


197- 


AULOSTOME. 


SOLÉNOSTOME. 


ARGENTINE. 


A'THÉRINE. 


y DR ARGIRE. 


DES POISSONS. 381 


CARACTÈRES. 


Les mâchoires très étroites, très allongées et 


en forme de tube ; l'ouverture de la bou- 
che à l’extrémité du museau; le corps et 
la queue très allongés et très déliés ; les 
nageoires pelites; une seule dorsale; cette 
nageoire située au delà de l'anus et au 
dessus de l’anale. 


forme de tube; l'ouverture de la bouche 
à l'extrémité du museau; le corps et La 
queue très allongé és; Les nageoires petites: 
une nageoire Horsale située auydelà de 
l'anus et au dessus de J’anale ; une rangée 
longitudinale d’aiguiilons, réunis chacun 
à une petite membrane placée sur le dos, 
et tenant lieu d’une première nageoire 
dorsale. 


Les mâchoires étroites, très allongées et en 


| 


< 
È mâchoires étroites , très allongées et en 


forme de tube; l’ouverture de la bouche 
à l'extrémité du museau ; deux nageoires 
dorsales. 


{Moins de trente rayons à la membrane des 


branchies, ou moins de rayons 3 la mem- 
brane br ble d'un côté qu’à celle de 
l’autre ; des dents aux mâchoires, sur la 
langue et au palais; plus de neuf rayons 
à chaque ventrale; point d’appendice au- 
près des nageoires du ventre ; le corps et 
la queue allongés ; une seule nageoiïre du 
dos ; la couleur générale argentée et très 
brillante. 


Moins de huit rayons à chaque ventrale et 


à la membrane des branchies ; point de 
dents au palais; le corps et la queue al- 
longés et plus ou moins transparents ; 
ie nageoires du dos; une raie longi- 
tudinale et argentée de chaque côté du 
poisson. 


à la membrane des branchies ; point de 
dents au palais ; le corps et E queue al- 

longés et plus ou moins tr ansparents; une 
nagcoire du dos; une raie longitudinale 
plus ou moins large, plus ou moins dis- 
üncte et argentée, de chaque côté du 
poisson. 


\ 
/Moiïns de huit rayons à chaque ventrale et 


O1 
(o21 
D 


GENRES. 


198. STOLÉPHORE. 


199. Muce. 


200. MuaiLoOÏDE. 


201. CHaAxos. 


202. MuGILOMORE. 


203. Exocrr. 


204. POLYNEME. 


205. POLYDACTYLE. 


206. Buro. 


‘HISTOIRE NATURELLE 


CARACTÈRES. 


{Moins de neuf rayons à chaque ventrale et 


Am 


\ 


| 
| 
| 
| 


x la membrane des branchies; point de 
dents; le corps et la queue allongés et 
plus ou moins tr ansparents; une nageoire 
sur le dos ; une raie longitudinale et ar- 
gentée de chaque côté du jroisson. 


La mâchoire inférieure carénée en dedaas; 


la tête revêtue de petites écailles; les écatl 
les striées:; deux nageoires du dos. 


La mâchoire inférieure carénée en dedans: 


la tête revêtue de petites écailles; les écail- 
les striées; une nageoire du dos. 


La mâchoire inférieure carénée en dedans: 


point de dents aux mâchoires; les écailles 
striées; une seule nageoiïre du dos; la cau- 
dale garnie vers le milieu de chacun de 
ses côtés d’une sorte d’aile membraneuse. 


a mâchoire inférieure carénée en dedans; 
les mâchoires dénuées de dents et garnies 
de petites protubérances : plus de trente 
rayons à la membrane des branchies ; une 
seule nageoïre du dos; un appendice à 
chacun des rayons de cette dorsale. 


/ La tête entièrement ou presque enlièrement 


Tr 


\ 


( 


couverte de petites écailles; les nageoires 
pectorales larges et assez fongues pour 
atteindre jusqu'à la caudale; dix rayons 
à la membrane des Dee une seule 
dorsale; cette nageoire située au dessus 
de celle de l'anus. 


/ Des rayons libres auprès de chaque pecto- 


rale ; la tête revêtue de petites écailles ; 
deux nageoires dorsales. 


- Des rayons libres auprès de chaque pecto- 


raie ; la tête dénuée de petites écailles ; 
deux nagecires dorsales. 


/Un double piquant entre les nageoires ven- 


QT m 


trales; une seule nageoire du dos: cette na- 
geoire du dos très longue; les écailles irès 
petites et très dales à voir; cinq rayons 
a Ja membrane branchiale. 


GENRES. 


207. CLUPÉE. 


208. MysTe. 


209. CLUPANODON. 


210. SERPE. 


“11. MÉNé. 


212. Donrsuaire. 


219. XYSTÈRE. 


DES POISSONS. 383 


CARACTÈRES. 
Des dents aux mâchoires; plus de trois 
| rayons à la membrane des branchies ; 
une seule nagcoire du dos; le ventre ca- 
réné:; la carène du ventre dentelée ou 
très aiguë. 
Plus de trois rayons à la membrane des 
branchies; le ventre caréné:; la carène 
| du ventre dentelée ou très aiguë : la na- 
geoire de l'anus très longue et réunie à 
| celle de la queue ; une seule nageoïre sur 


le dos. 


Plus de trois rayons à la membrane des 
branchies ; le ventre caréné:; la carène 

du ventre dentelée ou très aiguë; la na- 
l gcoire de l’anus séparée de celle de la 


\ 


queue ; une seule nageoïre du dos ; point 
de dents aux mâchoires. 

La tête, le corps et la queue très comprimés; 
la partie inférieure de l’animal terminée 
en dessous par une carène très aiguë et 
courbée en demi-cercle ; deux nageoires 
dorsales ; les ventrales extrêmement pe- 

\ tites. 

La tête, le corps et la queue très comprimés; 
la partie inférieure de l'animal terminée 
par une carène aiguë courbée en demi- 
cercle ; le dos relevé de manière que cha- 
que face latérale du poisson représente 
un disque; une seule nageoiïre du dos ; 
cette dorsale, et surtout l’anale, très bas- 
ses eE très longues; les ventrales étroites 

\ et très allongées. 

, La partie antérieure du dos relevée en une 
bosse très comprimée et terminée dans Îe 
haut par une earène très aiguë; une seule 
dorsale. 

La tête, le corps el la queue très comprimés: 
le dos terminé comme le ventre par une 
carène aiguë et courbée en portion de 
cercle ; sept rayons à la membrane bran- 
chiale ; la tête et Les opercules garnis de 
petiles écailles : les dents échancrées de 
manière qu'à l'extérieur elles ont la forme 
d'incisives, et qu'à l’intérieur elles sont 
basses et un peu renflées : une fossette au 
dessous de chaque ventrale. 


a | 


904 HISTOIRE NATURELLE 


GENRES. CARACTÈRES. 
La tête, le corps et la queue ayant un peu 
} la forme d’un ovoïde; trois rayons à la 
214. GYPRINODON. 


membrane des branchies: des dents aux 
-deux mâchoires. 


(ose rayons au plus à la membrane des 
branchies; point de dents aux mâchoires; 


215. CxPRIN. 
À une seule nageoïre du dos. 


DES POISSONS. 389 


SECONDE DIVISION 


DE LA SECONDE SOUS-CLASST, 
ou 


SIXIÈME DIVISION 


DE LA CLASSE DES POISSONS. 


Un opercule; point de membrane branchiale. 


VINGT-UNIÈME ORDRE 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 


PREMIER ORDRE 


DE LA SECONDE DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS APODES. 


Point de nageoires inférieures entre l'anus et le museau. 


GENRE. CARACTÈRES. 


, Le corps et la queue comprimés; le dessous 
216. STERNOPTYX. { du corps caréné et transparent; une seule 


nageoire dorsale. 


HISTOIRE NATURELLE 


TROISIÈME DIVISION 


DE LA SECONDE SOUS-CLASSE , 
OÙ 
SEPTIÈME DIVISION 


DE LA GLARSE DES POISSONS. 


Point d’opercule; une membrane branchiale. 


VINGT-CINQUIÈME ORDRE! 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS. 


OU 


PREMIER ORDRE 


DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS APODES. 


Point de nageoires inférieures entre l'anus et le museau. 


217. 


1. 


GENRE. CARACTÈRES. 


/ Le museau avancé, relevé et susceptible d’é- 
{ tre courbé en arrière par le moyen d'une 
| membrane , au point d'aller toucher la 

partie antérieure de la tête proprement 
} dite; l'ouverture de la bouche au bout du 
F museau ; point de dents; le corps et la 
| queue très allongés et comprimés: la 
\ queue terminée par un filament très long. 


STYLÉPHORE. 


On ne connoïît point encore de poissons qui appartiennent au 


vingt-deuxième, au vingt-troisième, ni au vingt-quatrième ordre. 


VINGT-HUITIÈME ORDRE! 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 
ou 
QUATRIÈME ORDRE 


DE LA TROISIÈME DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS ABDOMINAUX. 


Des nageoires inférieures placées sur l'abdomen, au dela 
des pectorales et en decà de la nageoire de l'anus. 


GENRE. CARACTÈRES. 


Le museau allongé; l’ouverture de la bou- 


che à l’extrémité du museau: des dents 


218. Moruyre. AAA : 
aux mâchoires ; une seule nageoire dor- 


sale. 


1. On ne connoît point encore de poissons qui appartiennent au 


7ingt-sixième ni au vingt-septième ordre. 


588 HISTOIRE NATURELLE 


QUATRIÈME DIVISION 


DE LA SECONDE SOUS- CLASSE, 
OÙ 


HUITIÈME DIVISION 


DE LA CLASSE DES POISSONS. 


Point d’opercule ni de membrane branchiale. 


VINGT-NEUVIÈME ORDRE! 
DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 


OU 


PREMIER ORDRE 


DE LA QUATRIÈME DIVISION DES OSSEUX. 


POISSONS APODES. 


Point de nageoires inférieures entre l’anus et le museau. 


GENRE. CARACTÈRES: 


Point de nageoïres pectorales ; une ouver- 

\ ture branchiale sur chaque côté du pois- 
219. Murénoruis. son ; le corps et la queue presque cylin- 
driques ; la dorsale et l’anale réunies à la 
nageoire de la queue. 


1. On ne connoît pas encore de poissons qui appartiennent au 
trenlième , au trente-unième ni au trenle-deuxième ordre; c’est-à-dire 
au second , au lroisième ni au quatrième ordre de la huitième etder- 
nière division des animaux dont nous écrivons l'histoire. 


220. 


291. MURÉNOBLENNE. 


229, 


223. 


GENRES. 


GYMNOMURENE. 


SPHAGEBRANCHE. 


UnNIBRANCHAPER- 


TURE. 


LACÉPEDE. 


VI. 


DES POISSONS. 209 


CARACTÈRES. 


{Point de nagsoires pectorales ; une ouver- 
ture branchiale sur chaque côté du pois- 
\ son; le corps et la queue presque cylin- 
driques; point de nageoires du dos, ni 
| de nageoire de l’anus; ou ces deux na- 
| geoires si basses et si enveloppées dans 
une peau épaisse, qu'on ne peut recon- 
uoître leur présence que parla dissection. 


parence d'autres nageoires ; Le corps el la 
queue presque cylindriques ; la surface de 
l'animal répandant en très grande abon- 


\ 
k- de nageoires pectorales ; point d’ap- 
dance une humeur laiteuse et gluante. 


Point de nageoires pectorales, ni d’autres 
{ nageoires ; les deux ouvertures branchia- 
( les sous la gorge; le corps et la queue 

presque cylindriques. 

Point de nageoires pectorales; le corns et 
la queue serpentiformes; une seule ou- 
verture branchiale , et cet orifice situé 
sous la gorge ; la dersale et l’anale basses 
et réunies à la nageoire de la queue. 


a > _ D 


300 HISTOIRE NATURELLE 


SECONDE SOUS-CLASSE. 


POISSONS CSSEUX. 


Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. 


PREMIÈRE DIVISION. 


Poissons qui ont un opercule et une memhrane des 
branchies. 


DIX-SEPTIÈME ORDRE 


DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, 


OÙ 


PREMIER ORDRE 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. 


Poissons apodes, ou qui n’ont pas de nageoires infe- 
rieures entre le museau et l'anus. 


VINGT-DEUXIÈME GENRE. 
LES CÉCILIES. 
Point de nageoires, l'ouverture des branchies sous le cou. 


ESPÈCE. CARACTÈRES. 
Le corps anguilliforme; le museau très 
pointu; les dents aigües; huit petits trous 
La CÉCILIE BRANDÉRIENNE. sur le devant de la tête, sept sur le som- 
met de cette même partie, sept sur l’oc- 
ciput. 


ee 


DES POISSONS. 391 


SSH 04opoWoe oo Poe ioHoHoL Booba Dore oo Boe TO Hoaur Le T Cor do Lee ou 


LA CÉCILIE BRANDÉRIENNE"‘ 


Caæcilia branderiana, Lacxr. — Muræna cæca, Linx. , 
Guer. — Suhagebranchus cœcus, Bz., Cuv. 


Nous avons dû nous déterminer d’autant plus aisé- 
ment à placer les cécilies dans un genre différent de 
toutes les autres familles de poissons osseux, et par- 
ticulièrement des murènes, parmi lesquelles elles 
ont été inscrites, qu'elles présentent un caractère 
distinctif des plus remarquables : elles n’ont absolu- 
ment aucune sorte de nageoire ; et ce défaut constant 
est d'autant plus digne d'attention, que, pendant 
long-temps, on a regardé la présence de plusieurs na- 
geoires, ou au moins d'une de ces parties, comme 
une marque caractéristique de la classe des poissons. 
Cette absence totale de ces organes extérieurs de 
mouvement sufliroit même pour séparer les cécilies 
de tous les poissons cartilagineux, puisqu'elle n’a 
encore été observée sur aucun de ces derniers ani- 
maux, ainsi qu'on a pu s'en convaincre en lisant leur 
histoire. D'ailleurs, on n’a pas encore découvert un 
organe de la vue dans les cécilies : elles en paroissent 
entièrement privées ; et, par cette cécité, elles s'é- 


1. Muréne aveugle, Bonnaterre. planches de l'Encyclopédie mé- 
thodique. 


392 HISTOIRE NATURELLE 


loignent non seulement de presque tous les poissons, 
mais même de presque tous les animaux vertébrés et à 
sang rouge, parmilesquels on ne connoît encore qu’un 
mammifère nommé Typhle, et le genre des cartilagi- 
neux nommés (rastrobranches, qui aient paru complète- 
ment aveugles. C’est donc avec les gastrobranches qu'il 
faut particulièrement comparer les cécilies. D’autres 
rapports que celui de la privation de ia vue, les lient 
d'assez près. Les ouvertures des branchies sont pla- 
cées sous le corps, dans ces deux genres; mais dans 
les gastrobranches, elles sont situées sous le veritre, 
pendant que, dans les cécilies, on les voit sur la par- 
tie inférieure du cou. Ces deux familles ont le corps 
très allongé, cylindrique, serpentiforme, souple 
comme celui des murènes, enduit d’une humeur 
abondante ; et on distingue aisément sur la tête des 
cécilies les principales ouvertures par lesquelles se 
répand cette viscosité. Dans la seule espèce de ce 
genre décrite jusqu'à présent, on remarque aisément 
huit pores ou petits trous sur le devant de la tête, 
sept au sommet de cette même partie , et sept autres 
sur l’occiput : ces vingt-deux orifices sont certaine- 
ment les extrémités des vaisseaux destinés à porter à 
ja surface du corps la liqueur onctueuse propre à la 
ramollir et à la lubrifier. Cette même espèce dont 
Linnée a dû la première connoissance à Brander, et 
que nous avons cru devoir, en conséquente, nom- 
mer {a Brandérienne, a les mâchoires très avancées, 
et garnies de dents très aiguës; C’est au dessous de 
son museau, qui est très pointu, que l’on voit de 
chaque côté, au bout d’un très petit tube, l’ouver- 
ture des narines ; et de plus, l’anus est plus près de la 


DES POISSONS. 593 
tête que de l'extrémité de la queue. Gette cécilie vit 
dans les eaux de la Méditerranée , auprès des côtes 
de la Barbarie, où elle a été observée par Brander. 

Nous n'avons pas vu cette espèce. Nous soupçon- 
nons qu'elle n’a ni opercule ni membrane des bran- 
chies. Si notre conjecture à cet égard étoit fondée, 
rl faudroit ôter les cécilies de la place que nous leur 
avons donnée dans le tableau général , et les trans- 
porter de la tête du premier ordre de la première di- 
vision des osseux, au premier rang du premier ordre 
de la quatrième division de ces mêmes osseux. 


FIN DU SIXIÈME VOLUME, 


TABLE 


DES ARTICLES 


CONTENUS 


DANS LE SIXIÈME VOLUME. 


HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. 


Le Squale barbillon. . . . . . . Be TU LS A OL Page 7 
ersquale barbu... NS MSN Rae 8 
LeiSqualetigré/;:..., 10... ae a EN NS 10 
Ée Squalersalonneé.:e. #2). nel. ee RSR SES 12 
De Squale œulé. 7.270200 Pr A RES 19 
HeiSquale isabelle. : 7 0600. RARE. 14 
Me Squale/marteau.s "4.9... ALIAS 16 
be Squale pantouflier. "Aa. 2 0 Hi an 20 
Le Squale/renard. 1.) 20021020... URI Al 25 

Supplément à l’article du Squale renard. . . . . . . . 27 
Hénsquale eriset. ae | EU 0 CAIN Er 29 
HeSquale aigallat.. +: 2 LIU. NS NU 30 
Fe Squale sage. 7/44 le en. Ne TE 54 
He Squale humantin. :\.4 040... 4048 et One 56 
Felsauale liche6t. 4, 08 00 CAEN CR 58 
MehSquale 2ronovien.  ,,..4. 09.100. Aie ap ne 39 
Be Squalé/dentelés. 0. RE ee a EN EIURE 4o 
HeSquale bouclé." 00m ET A nt M LEE 4 
LS qualesécailleunxc,,: 2 UN ns elle PMR 42 
.Le Squale SCIE An Le AVE EVE RARE RS tn 45 
MetSquale anisodon,,. 140... 22 000 CAR 50 
etSqualefange. see Men TT SE ER 51 


Les Aopons. ( Tableau méthodique des espèces). . . . . . . 55 


306 TAB LE. 


L'Aodon Massasa et l’'Aodon Kumal. . . . . . . . . .. Page 56 
lFAodonicornu: 4 2 2 6e PURE PRO EPL LA EE 57 
Les Lopiss. (Tableau méthodique des espèces. }, . . . . . 59 
Pa Lophie:Bandroiete tt SN RON 61 
Hadbophie Vespertilion 245 22 eV Pre En 71 
Laffophie Fanjas Ps EN Re Lee LE 2 74 
La Lophie Histrion. . .. . . Te RSR RAS ANS. 797 
EaLophie Chironecient "2 MAR NR 80 
Fa Bophiedoublebosse te FE ARRETE ibid. 
Ba Pophie Commerson“. ea 0 PSN 82 
LaDophre Ferpüsont +.) il Ve Cr. 64 
Les Banisres. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . 86 
Hesbahiste Vieilles A ace ARR CON PAR RE 90 
LérBalisteWétoilés. 2 4) URL Len Me SCT SR Re 102 
Le Baliste Écharpe den eee t ee M PRE ee EE MARÉES 104 
BerBaliste Buvinas 41400 alien rec PUR 106 
BeBaliste double-aiguillon.... #7... tem 107 
Le-Paliste chinois::7:.2.1... 4000 ARR 109 
LeyBahstesveluers 0. A MR RENE Te 110 
LexBalistegmamelonne.:2 212 0e RS ibid. 
LetBalistertacheté:.:,7". 28.000 RUN UNE RRE 112 
Le Babste Pralin.i4 9 al: An SU ERNRRNTESE 119 
e,Biliste kléïnien. 2... 8:41... unit 115 
Le Baliste curassavienste NOEL MAT te 116 
le Baliste/épineux. 1. -.4.1Me. MR ARR 117 
Le Baliste sillonneé: 242168 00e UN ASE EORTRONMNR t19 
Le Baliste Caprisque... . . . . . DE 20e b te TR RME 191 
Le Baliste queue-fourchue. . . . . . ARE BE 125 
LeBaliste -Bourseniu.u. entre et CNP ibid. 
LePaliste.américain. Lee 20e 20 20 EVER ibid. 
Ie Balstetverdalre..s20t 8 Je 22 RAP 126 
Le Baliste grande tache. "n. ... 0. 2... 2 HN TORNADE: 
Hesbaliste noir. 2 LUE RES ere ASTON ibid. 
He tBalistetbrulé He EL NÉS NÉ - ibid. 
LetBaliste arme EAN NME 0 ac ibid. 
le Baliste cendres 0 20 CNE SU ARE 151 
Le Paliste Mungo-Park 11-210 CRETE 132 
LexPaliste ondule 48 OEM RP NE ibid. 


TABLE. 597 


esbaliste As as ane NE TelEr OT AURNnNAn RER e Ne Page 133 
Eerbaliste Monocérosi "0 000 ee mn MU: 134 
LerBaliste hérisses een AE TARN an 156 


Les Curmëres. ( Tableau méthodique des espèces. }). . .. . 139 


ParGhimere arctique tete 0 CENTER ANe 140 
LaChimère antarciiques 21215. APM) RUE 147 
Les Porvonoxs. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 150 
He#Polyodon Feuille "0 Sn RUE 151 
Les Actrexsènes. ( Tableau méthodique des espèces. }, . . , 156 
L'Acipensère Esturgeon: 1: . 40. PE le. Ne 197 
LAcipensere)Huso: 2700 He ONE Tente 167 
pAcipensère Streets mi Nine RAS ete 178 
LtA'erpensère étoilé ee en Rene DRE 181 
Les Osrracrons. ( Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 185 
L’Ostracion triangulaire #7 ARE NE ER ER 186 
HOstracronmaillés rs CR ere ne 195 
LiOsiracion pomllé. 2500100 Sen RnEn 196 
L’Ostracion quatre:tubercules. . . . . . , . LME es 197 
L'Ostracion museau-allongé. . . . . . . +. . . .”. : 198 
Ostracion. deux-tubereules. 2.1. htm 199 
BOStracionsmoucheté he). Re aie 201 
BOSiracions boss ee SL PSC NIn es Aer 208 
M L'Ostracion trois aiguillons 2022041 er 200 
EOstwacion trisonesh 2010 EN Rens ibid. 
L'Ostracion deux-aiguillons. . . , . . . . . .. SE et bic, 
L'Ostracion quatre-aiguillons. . . . . . . . . , . . . . 208 
ROsiracionetister.t er SE MANN ENIMERR EOMMiDId: 
L’Ostracion quadrengulaire.\:1\.1.-. 12 Heure 210 
J'Ostracion-Dromadaire: 1020: Sr EE Dr d: 
Les Térropons. ( Tableau méthodique des espèces. }, . , . . 214 
Le Fétrodon!Perroquet:.5 1.1. CHE VAS ROUE Er 217 
Le Tétrodon étoilé. . . . . . . . SOA NME 222 
Le Tétrodon pointillé "#12 0)e ANSE 224 
He Tétrodon sans-tache.!. 44412, 225 
Le, Létrodont/hérissé ANUS SIREMENREE Rte 226 


LACÈPEDE, VI. 26 


9200 TABLE. 


Le Télrodon moucheté. . . 


Le Tétrodon honckénien. 
rune Tétrodon lagocéphale. 
Le Télrodon rayé. . . . 


CMONMIORSOMNIOPAODENE TOM IOMOPEE TT OMADNC IMC 


eee ele rte Le lee lMerretetie fee 


Le Létrodon Croissant le 0) RIRES Re 


Le Tétrodon mal-armé. . 


Le Tétrodon spenglérien . . 
LerTétrodon alldngé:17101.Hen 0er nt 


ete elle tl'ettiellie etre MoN Ee 


Le Tétrodon masean-allongé. 1. 400 TUEUR 


Lc-Détrodon Pluraiers 210 MEN UN ES ENT ER AER 


Le Tétrodon Méléagris. . . . + . . . . 
Le) Tétrodon électrique. |. (04h40 RENTE VAR 
Le Tétrodon grosse-tête. . . . . . . PAS RER SAR 


LeTLetrodon\ lunes an enmcIRIEANNEnnTNUNnREUNRE eee 


Les Ovoives. (Tableau méthodique des espèces. }.. . . . . 


L'Ovoide fascé. . . . .. 


OPROALCEMOU NME ONE MENTON EAN 0. 5 


Les Dronows. | Tableau méthodique des espèces. ). . . . . . 


Le Diodon Atinga. . . . 


Te) ne N'etie Fe Left tft ratios 


Petbiodon/iPiumiers) TC RUE ANERERETESANNE ES RrR 


a ereltelfter le let telrerre) Mere tele 


ORPOLOMROMPOUMONE CCE TIR CANON ES OT Or 


Les Srnéroiïnes. (Tableau méthodique des espèces.). . . . . 


Le Sphéroïde tuberculé. 


Les Synexares. ( Tableau méthodique des espèces. . 


Le Syngnathe Trompette. 
Le Syngnathe Aiguille. . 


ONOORMORSOE ONCE QC  ORAON TI ICIT L0 10 


PefSynenathe /ADuyau tea a EE ER 
8 À 


Le Syngnathe Pipe. . . . 
Supplément à l'article d 
Le Syngnathe Hippocampe 


u Syngnathe tuyau. . . . . . 


Le Syngnathe deuxpiquants:. . . . . JR) MER 


Le Syngnathe Ophidion.. . . 


DEC T ON EC 


NE MR AD E © à Page 929 


281 
282 
295 
ibid. 
ibid. 
ibid. 
240 
ibid. 
241 
243 
244 
245 


246. 


256 
257 


260 
261 
267 
268 
270 


TABLE. 
Les Cycerorreres. (Tableau méthodique des espèces. ). 
Le Cycloptère Lompe.. . . 
Le Cycloptère épineux. . 
Le Cycloptère menu. . . . .. À 
Le Cycloptère double-épine. . . 
Le Cycloptère gélatineux. . . . . . . . . 
Le Cycloptère denté. . . ... . 
Le Cycloptère ventru. . . 
Le Cycloptère bimaculé.. 
Le Cycloptère Spatule.. . 
Le Cycloptère Liparis.. . 
Le Cycloptère rayé. . 


setlelie} Lee 


DNO ND DA TOILE 


Les LépanocasrÈres. ( Tableau méthodique des espèces. ). . 


lie Lépadogastère Gouan.: . . . . . .. «. Û 


Les MacroruINques. (Tableau méthodique des espèces. ). . 


Le Macrorhinque argenté. . . . .. 


Les Pécases. (Tableau méthodique des espèces. ). . . . . 


Le Pégase Dragon.. . . 
Le Pégase volant. 
Le Pégase Spatule. . 


Les Cexrrisques. (Tableau méthodique des espèces. ). . . 
Le Centrisque cuirassé. . . . 
Le Centrisque Sumpit. . 


OO EMrORIO 


Le Centrisque Bécasse. 


Poissons OssEux. . . . 


Tableau des genres des poissons osseux. . 


Les Cécirtes. (Tableau méthodique des espèces.). . 
La Cécilie brandérienne. . . . . . . 


FIN DE LA TABLE. 


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