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Full text of "Opinion d'Etienne Mentor, sur les élections de Saint-Domingue pour l'an 6. Séance du 8 floréal an 7 [i.e., 27 April, 1799]."

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CORPS    L  É  G   I  S   L  AT  I   F. 


CONSEIL  DES  CINQ-CENTS, 


^  'l^ûïUfiy 


O   P   I   N   I 

d'  E  T  I  E  N  N  E     M  E  N  T  O  R  , 


)5i/r  les  é le  ci  ions  de  Saint-Domingue  pour  Vkn  6. 
Séance  du  8  fiorëal  an  7.  '  "s. 


XLEPRÉSENTANS    DU    PeÛPLE, 


Je  ne  viens  point  vous  demander  une  faveur ,  ni  vou5 
prier  de  m'accorder  un  privilège  ^  mais  je  viens  réclamer 
la  juftice  ;  je  viens  réclamer  l'exécution  des  lois  que  vous 
avez  rendues.  Je  parlerai  donc  en  faveur  du  projet  de  la 
commiiîlon ,  parce  que  les  mefures  qu'elle  vous  propofe  font 
juftes  &  falutaires  ,  parce  qu'elles  ont  pour  bafes  les  lois  des 
20  nivôfe ,  27  pluviôfe  an  5  ,  4  brumaire  vC  29  nivole  an  6^ 
relatives  à  lorganifation  conftitutionnelle  des  colonies. 
3  A 


Ces  lois  fixent  irrévocablement  le  nombre  des  députés  qii« 
les  départemens  de  Saint-Domingue  ont  droit  d'élire  au  Corps 
légiHatîf  depuis  Tan ^5  indurivement ,  jufqu'cn  l'an  14  aufïï 
inclufivenient  5  conformément  au  tableau  de  leur  popu- 
Jaîion. 

L'aiïemblée  éîedorale  qui  eut  lieu  au  Cap  en  q^erminal 
an  5 ,  né  connoiiToit  point  ces  lois  lorfqu'elle  procéda  à  la 
nominaîiGiv-de/f/?/  députés  pour  toute  la  colonie  ,  en  vertu 
de  la  loii'yu  i5  juillet  1791,  qui  n'étoii  point  rapportée. 
Cette  loi  conddére  Saint-Domingue  comme  ne  faifant  piovi- 
foirement  qu'un   feul  ^  même  département. 

A'  leur  arrivée  eii  France ,  plufieurs  da  ces  députés  vous 
demandèrent  leur   admilTion    dans  ks  deux  Confeiis  :   mais 
que  fîtes-vous  alors  ?^  vous  déclarâtes  par  la  loi  du  rroifièmc 
jour  complémentaire  an 5,  que  vous  n'admettriez  ç^wt  quatre 
de  ces  députés ,  dont  deux  pour  chaque  Confeil.  En  efFet , 
les  quatre    premiers  nommés  ,    ceux  qui   avoient    réuni    le 
plus  de  fufFrages  furent  admis  ,  <?ç    les  trois  autres  fi:rent  re- 
rejetés.   Pourquoi    f  ites-vous   cette  répartition  ?    c'eft    parce 
que  vous  ne   vouliez  point  déroger  à 'la  loi  du  27  pluviôic 
an  5,;quifixoit  au  nombre  de  quatre  les  députés  de  Saint- 
Domingue  pour  l'an  5  :    quoique    cette    loi    n  etoit  point 
connue  à  Saint-Domingue  lors  des  éleélions  de  Tan  5  ,  trois 
députés  furent   rejetes ,   pour  n'y  point   contrevenir;    mais 
comme  il  s'étoit   gliffé  une  erreur  dans  la  loi  du  troifièm.e 
jour  complémentaire  an  5,  me    concernant ,    attendu    que 
cette  loi    me   plaçoit  au   Confeil    des  Anciens   au   lieu    de 
celui  des   Cinq-Cents  ,    vous  recl:ifiâtcs    cette  erreur  par  la 
loi  du  18  prairial  an  6,  qui,  en  me  procurant  l'honneur  de 
/léger  parmi  vous,  a  placé  notre  colicguc  Annecy  au  Con- 
feil de-;  Anciens  ,  «Se  ce  lans  déroger  aux    lois  des  20  nivôfe 
èc  2.7  pluvlôfe  an  5. 

Le  12  nivôfe  an  6  vous  rendues  la  loi  relative  à  l'organî- 
fation  conflimtionnelle  des  colonies  ,  &:  le  29  du  rncme 
xnois  CQ\h  qui  fixe   le  nombre  des  députes   que  Saint-Do- 


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WÊÊm 


mingut  a  le  droit  d'élire  pour  les  deux  Confeiis  en  gct- 
ïTiinal  an  6.  Cette  loi  eft  ainfî  conçue  :  «  LeS  cinq  départe- 
w  mens  de  Saint-Domingue  nommeront  chacun  uu  député 
»  en  Tan  6j  lavoir:  le  département  du  Sud  Se  celui  de 
»  ringane  ,  chacun  un  député  pour  le  Confeil  des  Anciens  ; 
»  les  départcmens  du  Nord  ,  de  l'Oued:  &  de  Samanach  ^ 
»  éliront  chacun  un  dépuré  pour  h  Confeil  des  Cinq- 
))   Cents.  » 

Mais ,  au  mépris  de  ces  lois  Se  de  la.  confïitution  de 
Tan  3  5  Tac/ent  Raymond ,  par  fa  proclamation  du  1 1  ven- 
tofe  an  6  ,,  partagea  le  territoire  de  S.-Domingue  en  deux  dé- 
partemens  ,  qu'il  nomma,  le  premier.  Parties  du  nord  &  de 
toiiejî,  côte  du  Jiordj  &c  le  fécond,-  Parties  du  fud  &  de 
Voucjl  ^  côrc  fud. 

L'article  2  de  ce  partage  porte  «  qull  fera  formé  deux 
M  aiFemblées  éieâiorales  dans  la  partie  la  plus  anciennement 
)>  françaiie  de  l  île  ;  l'une  au  Cap,  chef-lieu- du  départe- 
))  ment  du  Nord,,  de  l'autre  au  Petit-Goave  ,  département 
M  du  Sud.  » 

La  première  aiïemblée ,  compofée  dès  él^Czcurs  des  par- 
ties du  nord  &  de  ioueft\  réunis  au  Cap  ,  îorfque  l'agent 
Raymond  eût  dû,  par  déîicateiïe,  la  fixer  dans  le  point  in- 
termédiaire de  ces  deux  départemens  ,  tel  que  dans  la 
commune  de  Plaifancù,  11  la  fixa  au  Cap  :  aullî  fut- il 
nommé  par  ejîe. 

L'arti.cle  4  porte,  n  que  l'affemBlée  élèélorale  du  Cap- 
))  nommera  trois  députés  au  Corps  légiiltitif,  5£  que  FalTem- 
)>  biéc  électorale  du  Petil-Goave  en  nommera  égalejnent 
»  trois  )).,  Ce  qui  fut  fait  ;  mais  d'autres  életTreurs  du  dé- 
partement de  l'Oueil:  s'airemblèrent  à  Léogane,  &  nommèrent 
aufîî  un  dréputé  pour  ce  département ,  ne  croyant  pas  devoir 
.déférer  au  vœu.  de  la  prc^clamauon  de  l'agent  Kayraondl 
Je  conclus  de  cette  réunion  des  électeurs  de  rOuell',  que  li . 
îa  loi  du  29  nivôfe  an  6  n'avoit  pas  été  promuîguée  :!< 
S,^-Domingue3  elle  n'y  étoit  du  moins  pas  abfoluncnt  inconmio^^ 


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4 

êc  notamment  de  l'agent  Raymond.  Je  vous  le  demande,  légifla- 
reurs  .,  pouvez-vous  admettre  ces  députés  du  département  dil 
Nord  fans  blefTer  la  confUtutîon  &c  les  lois  ?  Je  ne  le  penle 
pas».,  -••  Que  ferez-vous  donc  dans  cette  circoiiilance  ? 
ce  que  vous  pïefcrit  l'équité,  ce  qui  a  été  fait  pour  les  dé- 
putés de  Tan  6-,  enfin  ,  ce  que  vous  propofe  votre  com- 
miliîon,  Tadmiffion  du  premier  nommé  de  ces  trois  députés , 
de  celui  qui  a  réuni  le  plus  de  fufFrages  parmi  ces  députés , 
du  citoyen  Devlile -,  car  fi  vous  admettiez  les  trois  dépuiés 
de  l'an  6,  contre  le  vœu  des  lois  des  20  nivôfd,  27  plu- 
viofe  an  5  &  29  nivofe  an  6  ,  en  vertu  defquelles  vous  avez 
rejeté  les  trois  députés  de  l'an  5,  ceux-ci  pourroient  vous 
xeprocner  d'avoir  ^ezz.r  poï^i"  &  deux  mefures  ^  ils  pourroient 
dire  avec  rai  Ton  ,  «  que  la  loi  n'ell:  pas  la  même  pour  tous, 
))    foit  qu'elle  protège  j  ioit  qu'elle  punilTe.  » 

Maintenant  je  vais  reproduire  les  raifons  qui  furent  allé- 
guées lors  de   la  difcufïion  relative  aux  députés   de  l'an  5. 

On  obftirva  aux  deux  Conleils  que  les  lois  des  30  nivôfc 
&  2,7  pluviôfc  an  S  n'étoîent  point  parvenues  à  Saint-Do- 
nungue  lors  de  la  nomination  de  ces  députes ,  &  que ,  fous 
ce  rapport,  on  pouvoit,  on  devoit  les  admettre  au  Corps 
léiriflatif,  Auflltôt  une  foule  de  réclamations  s'élevèrent  contre 
cette  obfervation,  C'^nq  de  nos  collègues  s'élancèrent  a  la 
tribune  du  Confeil  des  Anciens,  ^  parièrent  tous  dans  le 
même  fens  pour  le  maintien  de  la  loi  du  27  pluviôie.  Enfin 
le  citoyen  Boifrond  lui-même ,  qui,  aujourd'hui  ^  intercède 
en  faveur  des  deux  derniers  députés  de  l'an  6  ,  vous  difoit 
à  cette  époque  (  quoique  injuftcment  )  ces  paroles  qui  fe 
trouvent  dans  fon   opinion  du   19  germinal  an  6, 

(■(  Quelque  inconvénient  qu'il  doive  en  rélulter  ,  il  faut 
»  faire  céder  toute  confidéiation  particulière  à  la  rigueur 
»  des  principes,  ^  la  Cpnflitution  &:  les  lois  y  relatives 
»  doivent  cire  la  bafe  invariable  de  nos  déterminations, 
))  fans  quoi  la  confnlîon  &  le  défordre  vont  faire  écrouler 
»    l'édifice  élevé   par  la   faç^effe  &  la  jut1:ice.  » 

Je  vous  le  demande  ,  repréfenians  du  peuple ,  comment 


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wÊ^mÊÊÊmmmÊÊMÊÊImmmmmmmm  i        .  i  m 


5 

fe  peut-il  que  celui  qui  eft  pénétré  de  l'importance  du  main- 
tien de  ces  principes  ofe  vous  demander  aujourd'hui ,  &C 
à  cetce  même  tribune,  &  lu  i'ioiarion  de  ces  mêmes  prin- 
cipes, &  k  rcnverUmcTit  de  l édifice  élevé  par  la  fagejfe  & 
la  jujlice  ?  Il  feroit  hors  de  propos  de  commenter  une 
conduite  auffi  contradidoire.  D'ailleurs  votre  illcnce  a  parié, 

légiilateurs ,  &  je  vous  ai  entendus 

Enfin,  pour  vous  déterminer  à  admettre  dans  votre  feui 
le  citoyen  Raymond  &  l'individu  Perodin  (i)  ,  qui  ne  peu- 

(i)  Le  17  novembre  1793,  ncûf  mois  après  h.  jufte  par.iuon 
du  dernier  roi  des  Français,  quatre-vingt-uiî  fadieux  du  dépar- 
tement de  î'Onc-fl  ,  vendus  aux  contre- révolutionnaire  s  et  awx 
puiffances  coalifées  ,  firent  un  libelle  contre  les  commifTaires  de 
la  Convention  nationale  en  mifllon  à  Saint-Domingue,  intitulé: 
KcjifiMi&e  à  roppreffion.  Dans  cet  écrit  ils  prononcent  la  des- 
tiluiion  des  fonction  aires  publics  répoblicains ,  la  mifvï  en  liberté 
des  individus  coupables  envers  la  patrie  ,  la  rentrée  des  émigrés. 
Ils  proteftent  autheniii|Ucment  ce  contre  raffranclîllTemenï  univerfel 
»  &  contre  toute  ratification  ou  difpofuionqui  émaneroilinénie  de  la, 
»   Convention  nationale  ,  reiativcœent  a  cet  a£te.  » 

Petod'm  eft  îe  treizième  fignataire  de  cet  écrit  contre-révolu- 
tionnaire. 

Ce  P^roJ/77.  eft  encore  frère  de  VcwÀgxc  Lachoute  Perodin  Ae  pre-- 
mier  homme  de  couleur  qui  fut  au-devant  ées  Anglais  lors  de  îapr:fe 
du  Port- nu- Prince.  Il  fut  fait  capitaine  des  grenadiers  ai-glais , 
&  refta  bien  long-iemps  avec  eux. 

-  Ce  font  CCS  mêmes  fadieux  qui  délibérèrent  pour  livrer  ce  dé- 
partement aux  Angbi/.  Leur  rhcf,  nommé  Lapoinîe ,  fi  connu 
par  fa  férocité  en /ers 'les  répubiicains  ,  aujourd'hui  cclon:l  anglais 
à  la  Jamaïque  ,   pïononça  un     difcours  dont  voici  la  teneur  : 


«   Mefileurs  , 

»  Lu  France,  en  proie  à  des  divifions  inteâlner. ,  rcTaltat^  àz% 
»  crimes  commis  dans  fon  ftin  ,  gémit  ^a^"^  doule  fur  notre  fitua- 
»  tion,  mais  ne  peut  nous  prolcger.  L'Efpagr.çI  ind'p;né  ,  parce 
»  qu'il  nous  Ci-oit  les  complices  de  tous  les  forfaits  eiécuîés 
»  par  une  fecle  abominable,   nous    m.enace    d'entrer    dans    notr^ 


^iwnmirriBKBiKiiP 


mti/'' 


i 


6 

vent  V  être  admis  fans  enfieindre  trois  lois  caiiftituîionneIIer„ 
on  inimue  que  le  reje:  d.e  ces  deux  individus  pourroil  oc- 
caiionner  des  troubles,  des  infurredlions  à  Saint-Doniinaue  !... 
iNon  legiflateurs,  on-  cherche  à  furprendre  voire  refi-ion. 
Vos  lois  leront  exécutées  avec  le  reipecl  ôc  k  conhance 
qMt  vous  infpirez  à  tous  les  Français. 

Le  peuple  de  Saint-Domincrue  iait  bien  que  vous  voulez 
ion  bonheur  com.T.e  cehii  de  toute  la  Réuublique.  Quoi  t 
^  peuDle  de  5aint  -  Dominguc  s'inliiraer  contre  vos  lois, 
contrevos  bienrairs!  Non,  d  en  eft  incacai^ie.  iTailieurs  , 
selt-ii  mfurge  Jors  du  rejet  des  trois  députés  de  l'an  ;j  ,  anfft 
xecomnianaables  par  leur  vertu  que  par  leur  attachement  4 

^   territoire  ,    la    torche    d'une  main    &    le   poignard    de   l'autre 
l  tour V  r  ""'"'  ^'T''   ^^  ^^'^«--^tre   fa  puiffance  j   V^ngLus] 
-   touche  de  nos  malheurs  ,  nous   o&e  fa  prcieftion  ;  d'aprè.  celai 

»    aTrer!;f  -f  °"'''  '  ^   ^"^  '"   ^^""^^^^  ^'  ^'  "^^^^^  S"^    vous 

^^'  •  >   caHil'"'     "^^     '  "°''  r'T  P^^^^'-'^^^P^^er  de  furvivre  auv  trames 

>^'  >   curd.ea  contre  nous  ».   Un   cri  un.nime  de  wV.  /u   ...z/.rii  Sri^ 

'  retentit  auiî^iôt  de  toute  part. 

De  faice  le   pavillon  anglais  f.t  arboré  fur    les  forts,    falué    de 
v,ngt-un  coups  de  canon  de   18,    &  le   (îeur  Thomas  7;mk.iu.me- 
major  anglais  ,  eCr  jnvité  à  prendre  pofTenic-n  de  cette  ph -e      &  d-s 
autres  communes ,  au  nom  de  fon  maître.  F    ^  >  ^  a.s 

Le  quatric^me  volume  du  rapport   des  com'ués  de  f<ilut  nuhllc 
deUg^juinon^    de  marine   &   des  colonies ,  réunis ,    imprime    par 
orare  de  .a  Convention,  prouveront  ces  faits,  cites  à  h  p?^yc  178 

L;^aeunhuU  néJIJIance  à  npprcjton,  a  été  dépofé  chez  le 
»n,n,rtre  de  la  pohce  gnérale  par  le  repréfentant  Vergmaud  ,  dé- 
puie  de  àamt-Dominpue. 

D'après  ces  rc'ciis  ,  la  loi  du  3  brumai-ie  an  4  devient  applicable, 
lous  deux  points,  à  PcrodJn,  puifqu-Jl  cfî  frère  d'un  émicTrc  ayar^ 
Forte  les    armes  conii'e  fa  p?a,'ie,  &  ii..gnauue  de-  la  K/fiJ^anu  À. 


I 


7 
h  République  ?  S'eil-il  infurgé  lors  du  rejet  des  (îx  députés 
de  l'an  4  ?  Enfin  s'eft-il  infurgé  lors  du  rejet  de  F,  Pinchinat,^ 
député  du  Sud  ?  Pourquoi  le  feroit-il  à  préfcnt  ? 

Seroii-ce  pour  les  intérêts  de  deux  individus  ?  Eh  !  com- 
ment ce  peuple  qui ,  depuis  ie  commencement  de  la  révo- 
lution ,  n'a  ceflé  d'admirer  l'intérêt  que  la  grande  nation 
prend  à  lui ,  qui  en  a  éprouvé  graduellement  les  bicnfaifans 
effets  ,  &;  qui  trouve  dans  fon  cœur  le  ferment  de  la  grati- 
tude ,  pourroit-il  attenter  à  i'exécLition  de  la  volonté  natio- 
nale, &  empiéter  fur  vos  lois?  Jetez,  légiilateurs ,  fur  la 
maiïe  da  peuple  de  Saint  -  Domingue  un  regard  paternel. 
Tous  vos  bienfaits  l'ont  porté  à  la  hauteur  de  fa  régénéra- 
tion -,  il  fait  que  c'eft  à  vous  qu'il  doit  fa  véritable  vie  , 
Tcxiftence  de  l'homme  libre.  En  tournant  fes  yeux  au-delà 
des  mers,  du  côté  de  la  mère-patrie,  il  les  arrête  avec  aie- 
greffe  fur  vous^  fur  fes  frères  qu'il  voit  parmi  vous  &  dans 
les  armées ,  tandis  que  ceux  que  la  cupidité  a  entaflés  fous 
les  dominaîions  étrangères  ,  boivent  dans  la  coupe  de 
l'aviliffement ,  3c  fe  nourriifent  de  la  lie  du  malheur. 

Il  m'eft  douloureux ,  re"préfenîans  du  peuple  ,  en  attirant 
vos  regards  fur  Saint-Domingue,  de  ne  pouvoir  diftraire 
votre  vue  de  ceriains  faélieux  qui  brûlent  d'anéaniir  la  liberté, 
veulent  s'élever  par  la  ruine  de  leurs  compatriotes.  Se  établir 
une  tyrannie  aux  dépens  du  bonheur  de  ceux-ci. 

Oui ,  il  en  eft  de  ces  ambitieux  qui ,  méconnoiffant  les 
bienfaits  de  la  République ,  eux  qui  ont  encore  plus  été  à 
même  de  goûter  la  ditrérence  de  leur  état  depuis  la  révo- 
lution ,  ofent  attenter  aux  lois  de  méditer  leur  renverfement. 
Quelle  que  foit  l'influence  de  leurs  agens  &:  de  leurs  dé- 
feufeurs ,  quel  que  foit  le  mafque  dont  ils  fe  couvrent  pouc 
en  impoier  au  gouvernement  Se  féduire  l'opinion  publique, 
votre  furveillance  Sc  votre  févérité  les  attendent  -,  ôc  le  jour 
^marqué  pour  leur  châtiment  fera  un  nouveau  bienfait  pour 


^^^ÊÊÊf^Êr''^ 


'^^li' 


B 


ce  peupTe,  qui  ne   veut  que   la  République  françaife,  une 
5c  indiviiible  ,  ôc  non  la  royauté. 

Je  vote  en  conféquence  pour  le  projet  de  votre  commif- 
iion. 


A  PARIS,  DE  UIMPRIMEUIE  NATIONALE 

PjMirial  an  7. 


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