Skip to main content

Full text of "Opuscules"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  that  was  prcscrvod  for  gcncrations  on  library  shclvcs  bcforc  it  was  carcfully  scanncd  by  Googlc  as  part  of  a  projcct 

to  make  the  world's  books  discoverablc  onlinc. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  cxpirc  and  thc  book  to  cntcr  thc  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subjcct 

to  copyright  or  whose  legal  copyright  term  has  expircd.  Whcthcr  a  book  is  in  thc  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  cultuie  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discovcr. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  present  in  the  original  volume  will  appear  in  this  flle  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  thc 

publishcr  to  a  library  and  fmally  to  you. 

Usage  guidelines 

Googlc  is  proud  to  partncr  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  thc 
public  and  wc  arc  mcrcly  thcir  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  tliis  resource,  we  liave  taken  stcps  to 
prcvcnt  abusc  by  commcrcial  partics,  including  placing  lcchnical  rcstrictions  on  automatcd  qucrying. 
Wc  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  ofthefiles  Wc  dcsigncd  Googlc  Book  Scarch  for  usc  by  individuals,  and  wc  rcqucst  that  you  usc  thcsc  filcs  for 
personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrainfivm  automated  querying  Do  nol  send  aulomatcd  qucrics  of  any  sort  to  Googlc's  systcm:  If  you  arc  conducting  rcscarch  on  machinc 
translation,  optical  character  recognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  tcxt  is  hclpful,  plcasc  contact  us.  Wc  cncouragc  thc 
use  of  public  domain  materials  for  these  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogXt  "watermark"  you  see  on  each  flle  is essential  for  informingpcoplcabout  thisprojcct  and  hclping  thcm  lind 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  legal  Whatcvcr  your  usc,  rcmember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  legal.  Do  not  assume  that  just 
bccausc  wc  bclicvc  a  book  is  in  thc  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countrics.  Whcthcr  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  wc  can'l  offer  guidance  on  whether  any  speciflc  usc  of 
any  speciflc  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearancc  in  Googlc  Book  Scarch  mcans  it  can  bc  uscd  in  any  manncr 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Googlc's  mission  is  to  organizc  thc  world's  information  and  to  makc  it  univcrsally  acccssiblc  and  uscful.   Googlc  Book  Scarch  hclps  rcadcrs 
discovcr  thc  world's  books  whilc  hclping  authors  and  publishcrs  rcach  ncw  audicnccs.  You  can  scarch  through  thc  full  icxi  of  ihis  book  on  thc  wcb 

at|http://books.qooqle.com/| 


1^-. 

^ 


COLLECTION 

DES  OPUSCULES 

DE  M.  UABBt  FLEURY, 

PouRfcrvir  de  Suiuifon  Hijloirc  EccUfiaJlifue. 


\ 


OPUSCULES 

D  E    M.    VABBi 

FLE  URY,^^ 

PRIEUR  D'ARGENTEUIL, 

&  Confiffcurdu  Roi,  LOUIS  XV. 
TOME      SECOND. 

COKTENATiT  U  Traiti  du  Chaix  &  dt  la  Mithode  des 
i.tuH(s ,  ilnftttution  au  Droit  Ecilijiofiique.,  le  Mimoire 
jur  Us  jljfaires  du  CUrgi  dc  Irance  ,  Cf  Us  DifcouTsfur 
Us  Liheriis  de  1'B.gltJe  Gallicane  ^fur  tEcrituTe  Sainttf 
fuT  la  Poifie  des  Hibreux  ,  &fur  la  pTidieatioa. 


A    NISMES^ 

Cbcz  P[EnnE  BEAUME,  Libraire,  &  Iinprimeur  da  R<di 


M.     D  C  C.    L  X  X  X. 
\A  V  E  C    P  E  RMIS  S  1  0  N    D.  fl    XQ^ 


/•/Cr.  /9<?      /9^ 


AVERTISSEMENT. 

LA  proporcion  que  nous  devons  gar^ 
der  dans  la  divifion  de  nos  volumes^ 
pour  ne  lcs  rendre  pas  rrop  foibles^  nous 
a  obligcs  de  changer  l'ordre  que  nous  nous 
^rions  propofe  pour  la  diflriburion  des 
Pitces.  II  a  fallu  faire  enrrer  dans  le  pre- 
miervolume  le  Catcchifme  Hiftorique  que 
nous  avions  deilin^  pour  celui-ci. 

Nous  fommes  donc  obligcs  de  ddnner 
un  autre  ordre  aux  Fi^ces  de  ce  fecond 
Volume.  Nous  le  commen^ons ,  felon  no- 
tre  premier  deffein  j  par  le  Traiti  du  Choix 
&  de  la  Methode  des  'Etudes  :  de-l^  c^eft 
une  efp^ce  d'introdu6lion  gen^rale  ^  tou- 
tes  les  Sciences !  elle  nous  conduit  h  Ylnf^ 
litution  au  Droit  Ecclejiajlique  qui  eft  une 
Introduclion  particuli^rc  ^  cette  Science. 
Cet  Ouvrage  am^ne  le  Difcours  fur  les 
Libertes  de  F^glife  Gallicane  j  &  celui-ci 
attire  avec  foi  les  trois  autres,  c^eft-i-dire, 
]e  Difcours  fur  Vticriture  fainte  ,  le  Dif 
cours  fur  la  Poejie  des  Hebreux ,  &  le  Dif- 
cours  fur  la  Predication. 

Le  Difcours  fur  les  Libertes  de  P^glifc 
Callicane  paroit  ici  ,  fuivant  VEdition  dc 
1763  y  forc  difi'i6reme  de  celle  de  1714  ^ 


vj      ^VERTISSEMENT. 

mais  la  feule  qui  aic  paru  fous  la^  garantie 

d'une  Approbation.  Car  ce  Difcours  ayant 

fouiFert  pluHeurs  difficult^s ,  ne  parut  en 

1714   que   clandeftinement    &  avec  des 

Notes  qui  le  contredifoient  fur  plufieurs 

points.  La  plupart  de  ces  Notes  ont  ete 

confervees  dans  TEdition  de  17^3  ^  dans 

laquelle  on  a  encore  ajoute  quelques  No- 

tes  nouvelles  9    &  retouche   des  endroits 

qui  ont  paru  foufFrir  plus  de  difficultes ,  & 

qui  avoient  empdch6  jufques-lk  la  garan- 

tie  de  TApprobation  d'un  Cenfeur  RoyaK 

Nous  avons  conferve  toutes  les  Notes  de 

cette Edition,  en  diftinguant  celles  de  1 7 14, 

&  celles  de  1763.  Notre  deflein  etoit  dc 

donner  un  fupplement  contenant  les  diffe- 

rences  des  deux  Editions  ^  &:  nous  Tavions 

ainfi  annonc^  :  mais  cela  m^me  eutencore 

foufFert  des  difficultes  qui  nous  ont  dcter- 

min^s  k  nous  en  abftenir. 

Le  Difcours  fur  la  Poifie  des  Hebreux 

eft  ici  donn^  d'abord  felon  r^dition   de 

Dom  Calmet  qui  eft  la  premi^re ,  &  enfuire 

felon  rEdition  du  Pire  Defmolets  qui  eft  la 

feconde  ^   car  ces  deuK  Editions  font  en- 

core  fort  difF^rentes  Tune  de  I'autre  ,  fans 

qu'on  puifTe  en  d^couvrir  d^autre  caufe  que 

le  foin  que  M.  Fleury  prenoit  de  retoucher 

plufieurs  fois  fes  Ouvrages.  Du  refte,  ccs 

deux  rldirions  ont  etd  toutes  deux  egale- 

inent  munies  d'Approbation  ,  fans  que  riea 

cut  ^li  capable  d\  mettrc  obftacle* 

TR^lTi: 


\ 


T  R  A  I  T  E 

DU  C  HOIX 


E  T 


DE   LA   MiTHODE 

DES     ^TUDES 


iTfintlJi 


^ 


-r 


AV  I  S, 

Mis  par  l*Auteur  k  la  tSte  de  la  premiere   Editioa 

en  1686. 

CEDifcours  a  ite  retouchi  plufieursfois  ;  &je  n*aipu  mpt» 
cherquil  ne  s*en  repandit  plufieurs  copies ,  qui  fe  trouvc* 
ront  en  quelques  endroits  ,  dijferentes  de  celle-ci*  llfut  compo^ 
fe  (Tabord  en  1 675  ,  par  Vordre  *  £une  perfonnt  i  qui  je  de* 
vois  obeir ,  pour  fervir  d  feducation  d*un  jeune  enfant  qu^elU 
faifoit  elever,  Je  le  corrigeai  en  1 6yj  ^  &  en  laijfai  prendri 
quelques  copies  :fy  travaillai  encore  en  1 684  ,  &je  U  laijfois 
tmlrir,  en  attendant  que  feujfe  eclairci  quelques  points  d^hiftoi» 
re  que  fy  traite,  Mais  comme  fai  appris  que  les  copUs  ma^ 
nufcritesfe  multiplioient  ^  fuivant  VexemplakreU  moins  corred^ 
jemefmis  enfin  refolu  d  le  donner^  &je  Pai  eneore  retouchi  en 
cette  annee  i696.  /e  prie  ceux  qui  prendront  la  peine  de  U  lire  » 
de  ne  sarreter  qud  cet  imprimi  y  &  de  ru  compter  pour  rien  Us 
autres  copies  que  je  difavoue  ifai  cru  y  devoir  joindre  quatrt 
Pieces  trop  petites  pour  etre  imprimies  d  part.  Les  deux  prC'» 
mieres  font  des  Uttres  en  vers  Latins  ^  icrites  ily  a  vingt  ans» 
Dans  fune ,  je  montre  qtu  Us  vrais  favans  font  toujours  efti^ 
mes  ;  &  dans  Vautre ,  je  reprifente  Us  inconviniens  des  itU" 
des  mal  riglees.  La  troifieme  Piece  eft  un  Difcours  fur  Platon  , 
que  je  fis  en  1670,  che^  M.  le  premier  Prifident  de  Lamoi» 
gnon  •*  ,&  que  fadrejfai  depuis  d  M.  de  BafviUe  fon  fils  ^  dpri» 
fent  ConfeiiUr  £Etat  &  Intendant  en  Languedoc.  ***  La 
derniere  eft  une   TraduRion  du  meme  Auteur^  qui  peut  fervir 

*  Ce  pouvoic  ^tre  M.  le  Princc  de  Coati ,  chex  qui  M.  TAbb^ 
Fleuri  etoic  ilori ,  &  qui  en  lui  confiant  i*^ducatiou  de  fes  dcux 
fils  ,  pouvoit  y  ivoir  joint  un  croifiime  ^leve.  S^te  de   PTditeur, 

**  Guillaume  de  Lamoi^on  ,  pourvu  de  TOffice  de  premier 
Pr^fident  au  Parlement  de  Parii  en  i6$8  ,  mort  !•  10  D<cem« 
bre  1677 

***  Nicolas  de  Lamoignon  de  Bafville  ,  nomm^  CoDfeitlcr 
d*ttat  &  Intendant  de  Languedoc  cn  i6t5  ,  mort  le  i-»  Mai 
17x4. 11  ^toit  fecoodfilt  duPr^fidtaC  •  &  iirirc  de  rAcad^jniciui. 


%  A  V  I  S,  &c 

dtpreuvt  au  Dtfioun ,  &  montrtr  ur  ichantlUon  de  fd  do^ 
trint  6r  di  /onfiylt.  EIU  iioit  faiti  ctnq  oufix  ant  auparovara. 
Ia  Uliurt  dt  Plaltni  ttCayant  faurni  unt  bonne  partit  dti  ri- 
fiexioru  qui  compofent  ee  Traiti  dit  itudis  :j'ai  eru  en  de» 
voir  indiijutr  la  Jouret ,  nt  dcutaiit  pas  <jui  plufeurs  n'en  pro^ 
foeiu  mieux  qut  moi.  "*". 


T  R  A  I  T  E 

D  U   C  HO  IX 


DE    LA    Mi.  THODE 

DES    fiTUDE^. 


-J^i  ^^^^^  1"^i'^ pritende  ne  traiter que des  itu-  D.(rBinde« 
r'  **rfl  des  qui  fc  foi.t  en  particul  tr,  &  ne  donner  des  Traiti. 
It  £  ilavisqu^aceuxquimllruirenilesenransdansles 
I^H  |f*s|  maifons,  &  font  libres  de  fuivrc  la  methode 
tfe£^tJ-ftSI  qui  leur  paroit  1a  tneilleure :  j'ai  cru  loutefois 
receHaire  deconridererd'abordlecours  d'^udesque  nous 
trouvons  etabii  dans  les  ecoles  publiques ,  afin  de  nous  y 
conformer  le  plus  qu'i)  feri  poOible.  Nbis  pour  bien  connoi- 
tre  cet  ordre  de  nos  eiudes  publiques ,  il  eft  bon ,  ce  me  fem- 
Ll^,  deremonter  jufquesi  lafource:  dc voir  d'ou chaque 
panie  nous  eft  venue ,  &  comment  k  corps  eniier  s'eft  for- 
ine  dans  la  fuite  deplufieurs  fi^cles. 

LAGrjmmairt,hRJiiioriqBe8ihPhilofophiev\eanent  ^CS    Hiftoi^"» 
Grecs:Iesnomsmemesdeces  etudes  lefont  voir.  Dss   EtuJei  Et». 
GfecsellefontpafTe  aux  RomaJn$,&des  Romains  jufques   ^**  <''■ 
inous.  OrlesGreo  avoient  grande  raifoa  de  s'appliquer  ^rM.*i,F«L 
aces  uoU  fortes  d'etudes ,  de  la  maaiire  qulls  1«  prenoieai.  1. 1. 

Aiiji 


6      DU  CHOIX  ET  DE  LA  M^THODe 

Tiat.  7.!eg,  ParlaGriimmifire^ilsentendoientpremierementlacoanoiffiuH 
F*  ^^*  ce  des  lettres ,  c*eft-i-dire  l'art  de  bien  lire  &  de  bien  ^ri- 
re,&  par  confiquent  de  bien  parler.  II  itoitforta  propos 
dc  (avoir  lire ,  ^rire  &  parler  corredement  en  leur  buigue, 
&  c*eft  oii  ils  fe  bornoient :  car  ib  n'en  apprenotent  point 
d*£trangires.  Sous  le  nom  de  Grammaire ,  Us  comprenoienc 
encore  la  connoiflknce  desPoetes,  des  Hiftoriens  &  des 
autresbons  Auteurs ,  que  leurs  Grammairiens  iaifoient  pro* 
feffion  d*expliquer :  &  il  eft  a\(i  de  voir  combien  cette  etude 
leur  itoit  utile.  Au  commencement  ils  n'avoient  point  d*au- 
treslivres  que  leurs  Poetes,  &  ils  y  trouvoient  toutes  for- 
tesd*inftrudions.  Touteleur  relipoa&  toute  leur  hiftoire 
y  itoit  contenue ;  car  ils  n'avoient  point  encore  de  tradi- 
tions  plus  certaines  que  ces  fid)Ies  qui  nous  paroiflent  au- 
jourd*hui  fi  ridicules;  &  pour  la  religion  ,les  Poetes  itoienc 
leurs  Prophites :  ils  les  regardoient  comme  les  amis  des 
Dieux  &  comme  des  hommes  infpir^ ,  &  a  voient  pour  leurs 
ouvrages  un  refped  approchant,  fi  j'ofe  en  faire  ja  compa- 
raifon ,  de  ceiui  que  nous  avons  pour  les  faintes  Ecritures. 
De  plus ,  ils  y  trouvoient  des  rigles  pour  leur  conduite  ,& 
des  peintures  naives  de  la  vie  humaine:  &  ils  avoient  cec 
avantage ,  que  ces  livres  fi  pleins  d*inftrudion  itoient  par« 
faitement  bien  ^rits;  enforte  qu'ils  divertiffoientleledeur» 
&  qu'outre  le  fond  des  chofes,  il  y  apprenoit  k  bien  parler 
fa  langue,  &  k  exprimer  noblementfes  penfees.  Enfin  tous 
leurs  vers  itoient  fiiits  pour  6tre  chant&,&  leur  plus  an- 
P'^'-  '1  '^^V.cienne  itude  ^oit  la  mufique »  afin  d*avoir  de  quoi  fe  di- 
f,4,  vertir  &  s'occuper  honn^tement  dans  leur  loifir ,  en  chan« 

tant  &  en  jouant  des  inftrumens. 

La  Rhetoriquc  &  la  Philofophie  vinrent  plus  tard ,  &  com- 
mencirent  toutes  deux  k  peu  pris  en  meme  temps :  felon  les 
difii^rentes  applications  des  hommes  d'efprit ,  dont  les  uns 
s'engagirent  dans  les  a£ires,  les  autres  s*en  retirirents 
pour  fe  donner  tout  entiers  k  la  recherche  de  la  veriti. 
La  maniire  dont  les  r^ubliques  Grecques  fe  gouvernoient 
par  afiemblies  dans  Iesth^itres,ou  tout  le  peuple  d^i« 
doit  ks  aflaires,  obligea  ceux  qui  vouloient  fe  rendre  puif« 
fans ,  ou  par  ambition  ou  par  intirit,  de  chercher  avec  foin 
le  moyen  de  perfuader  au  peuple  ce  qu'ils  vouloient.  Outre 
les  harangues  publiques ,  ils  s'appliquirent  aufli  k  plaider 
devant  les  Juges  des  caufes  particuliires,  pour  fe  fiure  des 


DEStTUDES:  ^ 

4imb ,  &  pour  s*exercer  4  parler.  Ainfi  rtipquence  devint  mi 
moyen  plus  fiir  de  s'avancer ,.  que  la  valeur  &  la  fdence 
de  la  gnerre ;  parce  qu'un  grand  Capitaine ,  s'il  ne  parloit 
bien ,  avoit  peu  de  pouvoir  dans  les  dilibtotions ;  &  un 
Orateur ,  fans  toe  brave,  formoit  ou  rompoit  les  entre« 
prifes.  Lss  Rheteurs  fiirent  donc  de  ces  gens  attfs  que  les 
Grecs  nommoient  Politiques. 

Les  fpeculatiis  ,  que  i*on  nomma  Saphiftes ,  &  pub 
'PhUofophes  ,  s'appliquirent  d'abord  k  connoitre  la  na- 
ture ,  tant  des  chofes  cileftes ,  que  de  celles  que  Ton  vdt 
fur la terre ;  c'efti-d]re  qu'ils  furent  Aftronomes  &  Phy- 
£ciens.  Mais  Socrate  s'itant  avif6  de  laiffer  toutes  ces  Cic€r,x.Acm* 
vecherches  de  ce  qui  eft  hors  de  nous  ,  &  de  s'appli-  ^*?*  ^^^^ 
quer  k  ce  qui  peut  rendre  lliomme  meilleur  en  luip 
m^me  ,  fe  renferma  k  fuldver  principaiement  fon  ame  , 
afin  de  raifonner  le  plus  jufte  qu'il  lui  feroit  poffible ,  & 
rigler  fa  vie  fuivant  la  plus  droite  raifon.  Ainfi  il  ajouta  k 
la  Philofophie  deux  autres  parties ,  la  Logiqut  &  la  Morale^ 
De  fon  temps  &  du  temps  de  fes  premiers  difdples ,  la 
Philofophie  ,  auffi-bien  que  la  Rhitorique  ^tent  des 
occupations  f^rieufes  &  continuelles  d'hommes  mArs  & 
formd ,  &  non  pas  des  ^tudes  pafiag^res  de  jeunes  gens. 
Les  plus  nobles  &  les  plus  confidirables  s'en  faifoient  hon- 
neur.  Pythagore  ^oit  de  race  royale.  Platon  defcendoit  du 
roi  Codrus  par  fon  pire ,  &  de  Solon  par  fa  mire.  Xtao^ 
phon  fut  un  des  plus  grands  Capitaines  de  fon  fiide ;  & 
depuis  ce  temps  les  lettres  furent  tellement  honorto ,  & 
devinrent  fi  bien  la  marque  des  gens  de  qualiti  ,  que  le 
nom  d*Idiot ,  qui  ne  fignifie  en  Grec  qu'un  particulier ,  (e 
prit  pour  un  ignorant  &  un  homme  mal  tlevt »  comme 
font  la  plupart  des  gens  du  commun.  Les  cours  des  Rois 
d'Egypte ,  de  Syrie&  de  Mac&loine ,  fuccefleurs  d*AIexan* 
dre,  ^toient  pleines  de  Grammairiens ,  de  Poetes,  &  de 
Philofophes.  Auffi  eft-il  fort  raifonnable  en  quelque  pays 
que  ce  (bit » que  ceux-li  s'appliquent  aux  fdences ,  qui  ont 
le  plus  d'efpnt  &  de  polttefle ;  que  leur  fortune  delivre  du 
foin  des  niceffitis  de  la  vie ,  qui  ont  le  plus  de  loifir ,  ou  qui 
itantappel^  auxplus  grandes  afiires ,  ont  plus  d'occafion 
d'^tre  uriles  k  tous  les  autres ,  &  plus  de  befoin  d'^endrt 
leur  efprit  &  leurs  connoiffiuces. 


«    DU   CHOIX  ET  DE  LA  MfrTHOPK 
nr.        T    EsRomainsfurent  inftruitsparlesGrecs&tesimiti^ 

Bomaiiif*  *'  ^^  ^^^  '^  P^"^  ^"'^'^  purent ,  jufques  i  apprendre  commu» 
siement  leur  langue ,  ce  que  nous  ne  voy ons  pas  qui  edt  etA 
encore  pratiqu^  dans  le  monde.  Ni  les  Hibreux  ,  ni  les 
Xgyptiens  ,  ni  les  Grecs  n'apprenoient  point  de  langue 
itrangcre ,  pour  etre  comme  Tinftrument  de  leurs  etudes, 
U  eft  vrai  que  le  Grec  6toit  une  langue  vivante  &  la  langue 
decommerce  dela  mer  Mediterranee  &  de  tout  TOrient^ 
ce  qui  la  rendoit  neceflaire  pour  les  voyages ,  pour  le  trafic 
&pourtouteslesafraires  dudehors.  II  etoit  m^me  facile 
aux  Romains  de  Tapprendre  »  par  la  quantite  de  Grecs  li^ 
bres  ou  efclaves  qui  etoient  repandus  par  tout ,  &  par  le 

y         .   «.  voifinage  des  colonies  Grecques  d*Italie.  Les  Romains  eu- 

hfirGramm,  f^ntdonc  cette  itude  de  plus  que  les  Grecs;  &  d'abord  iis 

'^*  y  joignirent  la  Grammaire ,  qu'ils  n'apprenoientque  comme 

les Grecs  Pavoient  faite ,  c'eft-^dire  par  rapport i la lan* 
gue  Grecque.  Dcpuis  ils  s*appliquerent  au  Latin ,  qui  alors 
fe  purifia »  fe  fixa ,  &  vint  4  fa  perfedion.  Mais  quand  les 
Romains  commencirent  a  etudier  ,  les  ^udes  des  Grecs 
avoient  de)^  fort  change.  L*autoriti  des  Poetes  etoit  fort 

^  dechue ,  parce  que  les  Phy ficiens  avoient  detrompe  le  moi>- 

de  des  fables ,  &  decredite  parmi  les  gens  d^efprit  leur 
£iuire  religion ,  qui  n*avoit  point  d*autre  fondement  que 
;des  traditions  incertaines  &  des  impofiures  groffi^res.  Les 
Grecs  avoient  commence  d'ecrire  des  hiftoires  veritables 
depuis  les  guerres  des  Perfes  ,  &  ils  avoient  acquis  unc 
b'  •**  ^'  8*^**°^^  connoiffance  de  la  geographie  depuis  les  conqu^tes 

j^  ^'^  d*AIexandre.Enfin  lesPhilofophes  Socratiques  enfeignotenc 

une  morale  bien  plus  pure  que  les  Poetes.  On  ne  laiffoix 
pas  de  les  eftimer  encore  beaucoup »  &  de  les  regarder , 
iinon  comme  des  hommes  divins ,  au  moins  comme  de 
grands  hommes,  &  comme  les  premiers  Philofophes.  On  y 
voyoit  toujours  des  fentimens  fort  utiles ,  &  de  fort  belles 
images  de  la  nature.  L's  etoient  toujours  agreables  a  lire ,  k 
r^iter ,  a  chanter  :  les  cer^monies  de  la  religion  en  con* 
fervoient  Tufage;  leur  antiquite  &  la  coutume  de  les  vanter, 

Cte.  dt  Orat  ^^  fervoient  pas  peu  a  les  ioutenir. 

f .  5,  *      La  Rhi'orlque  meme&  la  Phllofophie ,  qui  etoient  alors  les 

etudes  les  phi<i  folides ,  avoient  bien  degen^e  fous  la  do^ 
mination  des  Macedoniens,  Les  villes  Grecques ,  meme  ceU 
Ics  qui  etoientdemcurees  Ubres ,  n'avoient  plus  de  grandes 


DESfiTUDES.  9 

4Saires  ^  mertre  en  d61iberation  comme  auparavant.  Les 
Orateurs  enployoient  fouvent  leur  iloquence  i  flatter  les 
Princes  ,ou  a  fe  faire  admirer  eux-m&mes.  D'ailleurs »  com- 
sne  on  avoit  vula  grande  utilite  de  cet  art ,  on  avoit  voulu 
]e  faire  apprendre  aux  jeunes  gens :  &  il  s'etoit  forme  pour 
Tenfeigner,  ungenrede  maitres ,  que  Ton  appela  propre- 
ment  Rhiuurs ,  qui  n^ayant  pas  aiTez  de  genie  pour  la  viri« 
table  ^loquence  ,  fe  riduifoient  i  ce  metier ,  dont  ils  fub« 
iiftoient.  Ce  font  ceux  qui  ont  forme  cet  art»  que  Ton  ap» 
pelle  encore  Rhetorique ,  ou  du  moins  qui  Tont  chargede 
ce  d^tail  infini  de  petits  preceptes  que  nous  voyons  dans 
leurs  livres.  Ce  font  eux  qui  ont  introduit  les  d^lamations 
fur  des  fujetsinventesi^  plaifir,  &  fouvent  peuvrai-fembla- 
bies ,  exer^ant  les  jeunes  gens  i  parler  fans  rien  (avoir  feu* 
Jement  pour  faire  parotrre  de  Tefprit.  Ce  qui  a  produit  en« 
£n  ia  faufle  eloquence  des  fiecles  fuivans,  &  ces  difcours 
generauxfi  pleins  de  paroles  &  fi  vides  de  chofes.  Ce  mal 
s'^tenditprincipalementenAfie,ouiIesGrecsetoientmoins  ^'^*  ^^  ^f^* 
libres  &  plus  ^loign^s  de  leur  origine :  &  ce  fut  i  Athines  ^*"*  ^^^* 
que  le  bon  gout  de  Teloquence  &  des  beauac  arts  fe  confer-  * 

.va  le  plus  long-temps. 

La  Philofophit  etoit  devenue  un  pfetexte  de  fainiantife; 
&  une  guerre  continuelle  de  difputes  inutiles.  Ariftote  ne 
s'etoit  pas  contente  dece  qui  etoit  d'ufage  dans  la  dialedi* 
que«  il  en  avoit  poufle  la  fpeculation  jufques  a  ia  derni^re  ^ 

exaditude.  lIs'etoit  aufli  fort  appliqu^  a  la  metaphyfique, 
&  aux  raifonnemens  les  plus  generaux.  Tant  de  gens  par- 
loient  de  morale ,  que  comme  il  y  en  avoit  peu  qui  la  pra« 
tiquaflent  y  ils  ravoient  rendue  ridicule  ;  car  plufieurs  fai« 
foient  fervir  la  profeflion  de  Philofophe  k  de  petits  interets  » 
commede  faire  leur  cour  auxPrinces  curieux ,  oude  gagner 
Je  Targent;  &  ceux  qui  cherchoient  la  fagefle  le  plus  ferieu* 
fement ,  fe  decrioient  fort  par  la  muhitude  de  leurs  fedes  ; 
car  ils  fe  traitoiect  tous  d*infenfes  les  uns  les  autres.  Les  Ro« 
mainsvoyantlesGrecsen  cetetat,  mepriierentlong-temps 
les  itudes ,  comme  des  jeux  d*enfans ,  &  des  amufemens  de 
gens  oififs ;  car  pour  eux  ils  s'appliquoient  uniquement  aux 
afiaires.  Chacun  travailloit  a  augmenter  fon  patrimoine  par  cato  de  ri 
Tagriculture,  le  trafic ,  &  I  epargne :  6l  tous  enfemble  pro*  f^^fl»  init. 
curoient  raccroiflement  de  ri!.tat,  en  s^appiiquant  a  la  guer- 
xe&alapolitique. 


ia     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

fades,  de  Philofophes  hableurs ,  d'Hiftoriens  &  de  Poetesr 
luvM^Jau  I.  Vi  fatiguoient  le  monde  en  recitant  leurs  ouvrages.  U  n'y 
eut  que  la  jurifprudence  qui  fe  conferva  toujours ,  parce 
qu'elle  ^toit  toujours  necefFaire ,  &  quelle  dependott  moins 
de  la  forme  du  gouvernement ,  ou  des  moeurs  des  particu- 
liers.  11  y  eut  aufli  quelques  veritables  Philofophes ,  quand 
on  ne  compteroit  que  i^Empereur  Marc^Aurele ,  &  plu- 
fieurs  particuliers  dont  il  e(l  pari^  dans  les  Epitres  de  Pline. 
Mais  ces  Philofophes  pafibient  plus  pour  Grecs  que  pour 
Romains:  la  plupartmeme  portoient  Thabit  Grec,  enquel- 
que  pays  qu  ils  demeurafient ,  &  de  quelque  nation  qu'ils 
fuffent. 

Et  ^   A     ^^^pcn^^nt  s'itabIiffoit  une  philofophie  bien  plus  fubli* 
Chr^tiem.     ^^  ^^  » i^  vtux  dirie  la  Religion  Chretienne ,  qui  fit  bien- 
tot  evanouir  cette  phiiofophie  purement  humaine ,  &  d£- 
CQttft.  Apoft.  cria  encore  plus  les  autres  etudes  moins  ferieufes.  La  prin- 
cipaie  etuJe  des  Chretiens ,  etoit  la  meditationde  la  Loi 
de  Dieu ,  &  de  toutes  les  faintes  Ecritures ,  fuivant  la  tra- 
dition  des  Pafleurs ,  qui  avoient  fidellement  conferve  la 
dodrine  des  Apotres.  Its  appeloient  tout  le  refle  ,  Etudes 
F.  Tertutl  ^^ran^eies  ou  exterieures  ,  &  les  rejetoient  ,  comme  faifant 
id^U   c.  10«  partie  des  moeurs  des  payens.  En  effet ,  la  plupart  de  leurs 
•^^*  livres  etoient  inutiles  ou  dangereux.  Les  Poetes  etoient  les 

prophetes  du  diable  ,  qui  ne  refpiroient  que  Tidoldtrie  & 
la  d^bauche ,  &  faifoient  des  peintures  agr^ables  de  toutes 
r.  AuK.  ep,  ^^^^^^  ^^  paffions  &  de  crimes.  Plufieurs  Philofophes  me- 
m.  ad  me-  prifoient  toure  religion  en  gcneral ,  &  nioient  qu*il  put  y 
mtorium,        avoir  des  miracles  &  des  propheties  ;  d'autres  s*effor^oient 
d'appuyer  Tidolatrie  par  des  allegories  fur  des  chofes  natu- 
•"  relles,  &  par  les  fecrets  de  la  magie.  De  plus  ,leur  morale 

^toit  remplie  d'erreurs ,  &  rouloit  toute  fur  ce  principe 
jp       g '      d^orgueil ,  que  Ihomme peut fe  rendre  bon lui- m^me. Les 
t^.o/€*  Orateurs  etoient  pleins  d'artifices,  de  menfonges»  d*injures 

ou  de  flatteries  ;  &  lesfujets  les  pius  folides  de  leurs  dif- 
cours  etoient  les  aflaires  dont  les  Chritiens  necherchoient 
qu'i  fe  retirer :  ils  auroient  cru  perdre  le  temps  qui  leur 
itoit  donne  pouracquerir  Teternite ,  s'ils  reuffentemploye 
ii  la  leflure  des  hiftoires  itrang^res  ,  a  des  fpeculations  de 
mathemarique ,  ou  ^  d'autres  curiofit^s :  &  tou}ours  ils  y 
yoyoienc  le  p^ril  de  la  vanit^ ,  infeparabie  des  etudes  les 


DES    tTUDES.  1, 

t>ltHinnocente$.  Ainfi  la  plupart  desChretienss*appIiquoienc 
au  travail  des  oiains  &  aux  ceuvres  de  charite  envers  leurs 
frcres.  Leurs  ecoles  etoient  les  eglifes  oii  les  Evequesex- 
pliquoient  affidument  les  faintes  Ecritures.  II  y  avoitaufli 
des  Pr^es  &  des  Diacres  occupes  particulieremeot  a  Tinf* 
truAiondescatechumeneSy&auxdifputescontrelespayens; 
&  chaque  Eveque  prenoit  un  foin  particulier  de  Tinftruc* 
tion  de  fon  clerge ,  principalement  des  jeunes  clercs  qut 
etoient  continuellement  attaches  a  fa  perfonne  pour  lui  fer- 
vir  de  ledeurs  &  de  fecretaires,  le  fuivre&  porter  fes  let- 
tres  &  fes  ordres.  IIs  apprenoientainfila  dodrine  &  ladif- 
cipline  de  TEglife ,  plut6t  par  une  inftrudtion  domeftique 
&  un  long  ufage,  que  par  des  le^ons  r^glees. 

On  ne  peut  nier  toutefois  qu*il  n'y eut  plufieurs  Chretiens 
ir^-favans  dans  les  livres  des  payens ,  &  dans  les  fciences 
profanes  :  mais  fi  Ton  veut  bien  Texaminer  ,  on  rrouvera  »  /-i  ^  / 
que  la  plupart  avoient  fait  ces  etudes  avant  d'etre  Chre-  mttuuiub^ 
tiens.  IIs  favoient  les  employer  utilement  pour  lareligion. 
Tout  ce  qu^ils  y  trouvoient  de  bon ,  ils  le  revendiquoient 
comme  leur  propre  bien ,  parce  que  toute  verite  vient  de 
Dieu.  IIs  fe  fervoient  des  bonnes  maximes  de  morale ,  qui 
fe  trouvent  r^pandues  dans  les  Poetes  &  dans  les  Philofo- 
phes  ;  &  des  beaux  exemples  de  Thiftoire  ,  pour  preparer 
la  voie  k  lamorale  Chretienne.  Au  contraire,  ilsprenoienc 
avantage  de  Tabfurdite  des  fables ,  &  de  Timpict^  de  la  theo-  . 

Jogie  payenne  ,  pour  la  combattre  par  fes  propres  armes  : 
&  employoient  aufli  la  connoifiance  de  rhifloire  pour  les 
controverfes  contre  les  payens.  C*etoit  dans  cette  vue 
qu*Africain  avoit  compofe  cette  celobre  Chronologie  dont 
Lufebea  prts la  fienne  :  ceft  dans  ce deflein  ,  que  le  me#e 
Eufebe  a  fait  fa  Preparation  cvan^ellque  ;&  S.  Clement  Ale- 
xandrin^fon  Avis aux gentils  Ik  (es  Stromates.  Dcpuis,  les 
Ariens  &  les  autres  heretiques ,  qui  fe  fervirent  de  la  phi- 
lofophie  pour  combattrela  foi«  oblig^rent  aufll  les  faints 
P^resde  Temployer , pour  renverfer  leurs  fophifmes.  Ainfi 
ilsufoient  des  livres  profanes  avec  une  grande  difcretipn  , 
mais  avecune  fainte  libene.  D*oii  vient  qu'ils  regarderent 
comme  une  nouvelle  efpece  de  perfecution,  la  defenfe  que  c  g  fr  - 
Julien  TApoAat  fit  aux  Chretiens  d*enfeigner  &  d'etudier  orat!  ).  ^\ 
les  livresdes  Grecs ,  c'eA-a-dire  des  payens.  On  voit  qu'il  96. 6rr« 
]r  avoitdes-lors  des  Chretiens  qui  faifoient  profeilioa  d^eiV: 


^4    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

feigner  les  lettres  humaines,  ce  qui  n'etoit  pas  permis  danf 
HJ^^'*    ^**  les  premiers  temps  ,  fi  nous  en  croyons  Tertullien.  Mais  les 
raifons  qu*il  allegue  avoient  ceflf^  depuis  la  converiiondes 
Empereurs  &  la  liberti  enti^re  du  Chriftianifme.  Cet  heu- 
reux  changement  fit  tomber  dans  le  mepris  les  Philofophes 
Kp.adDiofi.  n,emes.  S.  Auguftin  temoigne  que  de  fon  tempson  ne  les 
enrendoit  plus  difcourir  dans  les  gymnafes  ,  qui  itoient 
leurs  ecoles  propres ;  que  dans  celles  des  Rheteurs  on  ra- 
contoit  encore  quelles  avoient  et^  leurs  opinions :  mais  fans 
les  enfeigner  &  fans  expliquer  leurs  livres  y  dont  mSme  les 
exemplaires  etoient  rares :  que  perfonne  n*ofoit  plus  com- 
battre  la  verite  fous  le  nom  de  Stoicien  ou  (TEpicunen  ;& 
que  pour  etre  ^cout6  >  il  falloit  fe  couvrir  du  nom  de 
Chretien ,  &  fe  ranger  fous  quelque  fede  d*h^6tiques.  Ce 
n*e(l  pas  que  S.  Auguftin  meme  n*eut  tr^s-bien  £tudi6  tous 
les  Philofophes  dans  fa  jeunefFe ;  &  on  peut  dire  qu*il  etoit 
un  Philofophe  parfait ,  puifque  jamais  il  n'y  a  eu  un  Hom- 
me  d'un  efprit  plus  penetrant ,  d'une  miditation  plusWfO-; 
fonde  y  d*un  raifonnement  plus  fuivL  ba  plupart  au»  des 
P^res  Grecs  ^oient  grands  Philofophes.  Mais  ce  qu*il  y  a 
de  remarquable  ,  eft ,  qu'entre  les  Philofophes  fameuxde 
Tantiquite ,  celui  dont  ils  fe  fervoient  le  moins ,  ^toit  Arif* 
tot^.  lls  trouvoient  qu*il  ne  parloit  pas  dignement  de  la 
Providence  divine ,  ni  de  la  nature  de  Tame  ;  que  fa  logi- 
€re§. 9r,%%,  que etoittrop  embarraffee  ,  &fa  morale  trop  humaine :  car 
c*eft  le  jugementqirenfaitS.  Gr^goirede  Nazianze.  Quoi- 
que  Platon  ait  auffi  fes  ddfaurs  ,  les  P^res  s*en  accommo- 
doient  mieux ,  parce  qu*ils  y  trouvoient  plus  de  traces  de 
la  v^rit6 ,  &  de  meilleurs  moyens  pour  la  perfuader.  Au 
refte ,  il  eft  ^vident »  que  s*ils  miprifoient  Ariftote  ,  ce 
ii*etoit  pas  qu*ils  ne  puflent  le  bien  entendre :  &  mieux 
fans  doute  que  ceux  qui  Tont  tant  elev6  depuis. 

Ce  qui  avoit  le  plus  d^cri^  la  philofophie  profane ,  c*eft 
que  Ton  voyoit  par-tout  de  vrais  Philofophes ;  c*6toit  les 
bons  Chr^tiens,  particuliirement  les  Moines.  Ce  m^pris  des 
honneurs,  de  Topinion  des  hommes  ,  des  richefles  &  des 
plaifirs;  cette  patience  dans  la  pauvrete  &  dans  le  travail, 
que  Socrate  &  Zenon  avoient  tanr  cherch^e ,  &  dont  ils 
avoienttant  difcouru :  les  folitaires  la  pratiquoient,&  beau- 
coup  plus  excellemment,  fans  difputer  &  fans  difcourir.  IIs 
vivoient  dans  une  tranquiUitiparfaite,  vainqueurs deleurs 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  if 

,  8t  conrinueUemeat  unis  i  Dieu.  IIs  n'£toient  1 
dar^ i perionM ;  &fans^rc,(ansprefqueparler,laiu 
fie  montreTque  rarement,  ils  inftnjiroient  tout  le  inonde 
par  leur  exeinple  &  par  Todeur  de  leurs  venus.  11  ne  (auc 
«lonc  pas  s'etonncr  de  la  grande  vinerarion  qu'iis  s'atriri- 
RDi,  ni  juger  de  ccs  anciens  Moines  par  ceui  que  roa 
voyoii  avant  les  der ni^res  riformes ,  doni  le  relacbement 
avoii  rendu  m^prilable  ce  nom  fi  honore  des  anciens.  D 
&ut  fonger  que  c'etoient  de  vrais  difciples  de  S.  Antoine  , 
deb.  BafiJe,  de  S.  Marrin  &  des  autresSaintSjdont  ilspra- 
tiquoieni  les  r^Ies ,  &  dont  ils  imitoient  les  vertus.  Car  let 
monafleres  faoient  de  viritables  <!:Coles ,  oii  l'on  apprenott, 
Doo  pas  les  letires  humaines ,  &  les  fciences  curieuies ,  mais 
la  morale  &  la  perfedion  Chreiienne :  &  on  Tapprenoit 
moiiis  par  Ja  ledure  que  par  for^on  &  la  pratique  efieffl- 
ve,  par  les  exemples  vivans  des  fr^res,  &  par  les  correc^ 
rionsdes  Tuperieurs.  Cette  perfedion  dcs  monaft^res  y  at- 
tiroii  les  hommes  les  plus  fages  &  les  plus  raifonnables :  Sc 
fiMivent  on  etoit  oblige  de  les  y  aller  chercher  pour  le  ler> 
vicc  &  le  gouvernement  des  Eglifes.  Ceux  que  Ton  tiroit 
ainfi  des  monafi&res  gardoient  ordinairement  les  exercices 
de  la  vic  monaftique  dans  1  etat  du  lacerdoce ,  &  les  enfei- 
gnoieni  a  leurs  difciples;  &  de-la  vint  ralUance  de  la  vie 
noaaftique avec  la  clericature,  qui  (ut  fi  ordinaire  depuis 
lecinquimefi^cle.  PlulieursEv^ques  vlvoient  en  commun  £/V.  i.  f.L 
avec  leurs  Pretres ,  ce  qui  leur  donnoit  plus  de  facilii^  ^'•'■io.n, 
les  inlhuire  dans  la  fdence  ecclefiaftique :  &  pour  les  jeu- 
oes  Clercs ,  ceux  qui  n'etoient  pas  aupr^  de  l'£veque ,  vi- 
voicniavecquelqueiaint  Preire,  qui  veilloii  parriculi^re- 
ment  <1  leur  education.  11  y  avoii  encore  des  ecoles  profa- 
oes  oii  Ton  enfeignoit  la  grammaire,  pour  la  necellii^  d'e- 
crire  &  de  parler  correSement :  la  thetorique,  qui  devenoit 
dejouren  jourplui  forcee  &  plus  puerilc  :  rhiftoire,  que 
Ton  commen^oit  i  reduire  toute  en  abrcge :  la  jurifpruden- 
Ce,qui  detneuroil  toujours  ne  dependani  non  plus  de  la 
religtoD  que  du  refte :  &  les  machemaTtques  qui  font  les  fon- 
demensdeplulieursartsneceflairesi  la  vie. 

Les  etudes  foufirireni  une  grande  diminution  par  Iz 
nuaederempire  d'Occident,&  retabliflement des  peuples 
duNord:&iln'enreft3pref(iueplusque  chezles  E.clefiaf- 
»<pt»SL  ks  Moiac*.  £n  cSct,  ii  n'^oit  gu^re  demeurtdo 


i6     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

Romains  hors  le  clerge  ,  que  des  payfans  &  des  ztn(kni' 

ferfs  pour  la  plupart :  les  Francs  &  les  autres  barbares  n*e<- 

^     ^       tudioient  point ,  &  s'ils  avoient  quelques  ufages  des  lettres 

Chr^tieni      P^^^  ^^  commerce  de  la  vie ,  ce  n'etoit  qu'en  Latin ;  car  il9 

iiiim.  46.       ne  favoient  point  ecrire  en  leur  langue.  Les  etudes  profanes 

Cng.  o.  ev.  c^^i"^  l^s  humanites  &  Ihiftoire,  furent  les  plus  negligees. 

48.  11  n'etoit  pas  bienfcant  a  des  ecclefiaftiques  de  s*y  occuper  ; 

&  Ton  fait  avec  quelle  vigueur  faint  Gregoire  reprit  Didier 

Eveque  de  Vienne,  de  ce  qu*il  enfeignoit  la  grammatre. 

D'ailleurs  ayant  moins  de  livres  &  moins  de  commoditis 

pour  etudier,  qiie  dans  les  fiecles  precedens,  ils  s'appli-> 

quoient  au  plus  necefTaire ,  c'efi-a-dire  ^  ce  qui  regardoit 

immediatement  la  Religion. 

V.  y^  Harlcmagne  ver  1  tablemen t  grand en  toutes cho- 
Etodei  dct  \^  f^s  ^  travailla  de  tout  fon  pouvoir  au  retablifiement  des 
^tudes.  11  attiroit  de  tous  c6tes  les  plus  favans  hommes  par 
Fhonneur  &  par  les  r^compenfes.  II  etudioit  lui-ineme.  11 
etablit  des  ecoles  dans  les  principales  villes  de  fon  empire  , 
&  meme  dans  fon  palais,  qui  etoit  comme  une  ville  ambu- 
latoire.  On  voit  par  plufieurs  articles  des  Capitulaires »  ce 
que  Ton  y  enfeignoit:  car  il  eil  recommande  aux  Eveques  , 
que  rinftruflion  de  la  jeuneflTe  regarde  par  le  devoir  de  leur 
€harge,d'avoir  foin  que  les  enfans  apprennent  la  Grammaire^ 
U  Chant  &  U  Cakuly  ou  VArithmenque, Onyoit  dans  les  CEu- 
vres  de  Bede ,  qui  vivoit  foixante  ans  auparavant ,  en  quoi 
Fon  faifoit  confifter  ces  ^tudes  &  tous  les  arts  libiraux. 

La  Grammaire  etoit  alors  n^cefiaire ,  parce  que  le  Latin 
^toit  d^ja  tout  a  fait  corrompu ,  &  la  langue  Romaine ,  ruf- 
tique;  c*eft  ainfi  que  Ton  nommoit  la  langue  vulgaire  dont 
eft  venunotre  Fran^ois;cette  langue,  dis  je,n*itoit  qu^unt 
jargon  informe  &  incertain ,  que  Ton  avoit  honte  d*ecrire 
ou  d'empIoyer  en  quelque  aflfaire  ferieufe.  Pour  la  langue 
Tudefque,  qui  ^toitcelle  du  Prince&  detous  les  Francs, 
on  commen^oit  a  Ticrire  ,  on  Tavoit  employte  i  quelques 
verfions  de  Tecriture  fainte ,  &  Charlemagne  en  faifoit  lui- 
meme  une  grammaire.  Le  Chant  que  Ton  enfeignoit  ^oit  ce^ 
lui  de  TofHce  ecclefiaftlque ,  qui  fiit  reform^  dans  ce  temps 
fur  Tufage  de  Rome,  &  Ton  y  joignoit  quelques  r^gles  de 
mufique.  Le  CaUul  ou  Compute  fervoit  ^  trouver  en  quel 
jour  oa  devoit  cel^brer  la  P^que ,  &  Jl  r^gler  l*ann^e ;  & 

comprenoit 


DES£TUDES-  17 

comprenoh  aufG  les  rigln  d'Arithmetique  les  plus  aicef^ii- 
T«$.ToutceU  fait  voir  que  ccs  hudes  n'iioient  que  pour 
ceui  que  ron  deftinoit  i  ia  cl^ricature :  auHi  tous  les  l^iques 
^toient  ou  des  aobles  qui  ne  fe  meloient  que  de  la  g;uerre, 
cNi  des  (erk  occup^  i  Tagriculture  &  aux  metiers.  Charle- 
magne  avoit  eu  Toin  de  repandre  par  tous  fes  Etats  le  Code 
des  Canons  ,  qu'il  avoit  re^u  du  p:ipc  Hadrien ,  la  Loi  Ro> 
iDune,  &  ies  autres  lois  de  tous  Ics  peupjes  de  fon  obeif- 
lance ,  dom  il  avoit  fait  de  nouvelles  editions.  On  avoic 
beaucoup  dliiftoires  antiques ',  &  il  avoit  eu  la  curiorit^  de 
^ireecrire&recueillirles  vers,  quiconfervoientlcsbelles 
adioos  des  anciens  Germatns.  Ainfi ,  avec  TEcriiure  fainte 
&lesPiresde)'EgIife  ,  qui  jtoieni  encore  fort  connus,  il 
ne  manquoit  rien  pour  rinftruSion  de  fes  fujets.  Si 
Ton  avoit  continui  d'^tudier  fur  ce  plan ,  &  fi  les  lalques 
avorcRt  pris  plus  de  part  auz  itudes,  les  Franqois  auroient 
pu  facilemcnt  acqutrir  &  perfefHonner  ies  connoilTances 
lesplus  utiles  pourlareligion.pour  la  politique,  &  pour 
la  conduiie  particuliere  de  Iz  vie,  qui  devroit,ce  femble> 
etre  le  but  des  ^tudes. 

Mais  la  curioliti  qui  les  a  toujours  gStees ,  s'y  mel<MC 
des-lors.  Hufieurs  itudioient  VAflronomit ,  &  plufieurs 
croyoient  aus  pr^dions  des  Allrologues.  II  y  en  avoic 
qui  pour  bien  icrire  en  laiin ,  s'attachoient  fcrupuleufe* 
ment  aux  mois  &  aux  phrafes  des  anciens  Auieurs.  Le  plui 
grand  mal  fiit  que' les  Moines  entr^rent  dans  cescurioG- 
tes ,  &  commenc^rent  a  fe  piquer  de  fcience,  au  preju- 
dice  du  travail  des  mains  &  du  filence  ,  qui  leur  avoicnt  eii 
jufques  li  fi  falutaires.  La  Cour  de  Louis-le-Debonnaire  ea 
etoii  pleine ,  &  il  n'y  avoii  point  d'af&ires  oti  ils  n^euffent 
parr.  Cnfuite  TEtat  itant  rombedansla  plus  grandeconfu- 
boo  qui  R^t  jamais,  par  lachutefubiie  de  la  maiibn  de  Char- 
lemagne ,  les  ^des  tomb^reni  aufli  tout  A'un  coup.  Du 
temps  de  Charles-le-Chauve  on  voit  des  AAes  publics  , 
meae  des  Capitulaires  ,  ^crits  d'un  Latin  tout-ifait  bar- 
bare,  fansrigle  &  fan.conflrufHon  :  &  les  livres  6toienc 
firares,  queLoup,  abbe  de  Ferri^res,  envoyoit  jufques 
•  Rome  pour  emprunter  du  Papc  &  faire  copier  des  ouvra- 
ges de Ciceron ,  qui  fontiprefent  tr^-communs.Deforte 
que  quand  ies  petiies  guerres  paniculi^res ,  &  les  ravasef 
des  Normands  etitcot  6ii  U  ]U>ene  det  voyages  &  rooipu  1< 
Tmt  lU  B 


iS  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 
c  :T^mcrce,  Ics  eiudesdcvinrcnt  tres-difGciles  :  je  dit  aux 
/  j  Moincs  m^^nies  &  £ux  Clercs ;  c^r  les  autres  ii'y  foogeoienc 
pas.  Encore  ceuit  ci  avoii;nt-ils  des  aHaires  bien  plus  pref- 
ranics.  II  Tjlioit  fouvent  d^lioger  en  tumulie,  &  emporter 
I.-sreliqucs,  pour  les  dcroLsr  a  lafureurde  ces  barbares, 
leuraLjiiJonnantles  maifons&Ieseglifes  ,  ou  bienil  fal- 
Icl:q.:;ksMoines&lesClcrcs  prilTent eui-memes  lesar- 
n^;-  f.uw  (lcfendre  lcur  vie,&  empecherla  profanation  des 
V.citx  i'^i:iis.  Ende  fi  grandescxtremites,il^toitairedeper- 
(irc  ki  llvre»,  &  diuicile  dc  les  etudicr  &  d'en  ecrire  de 
nouvijaus.  li  s'en  conferva  loureiois,  Si  il  y  eut  toujours 
(iiielque  Evcque  ou  quclque  Motne ,  qui  fe  diftingua  par  fa. 
r  ^^  (!o6i;::c.  Mdiscoiiinjcilsmanquoicnt&de  Iivrcs&  demai- 
tres,  !;r.i;:i'.iiiolcntfans  choix,  &  fans  autrecoitduiteque 
re?:enip:i'  de  ll-us  qul  ks  avoicnt  precedes.  Ainfi  ron  rc- 
tii^toiioojS.  Abliun,  AbbedcS.  Benoit  furLoire,du  temps 
(IjH.l^i:.' Cn]>ei,  qu'il  avoiiccudie  ladiateftique  ,  rarich- 
nit,ii[j:jc  tk  ralUonomie;  -jull  fe  mit  enfulie  a  etudier l*Ecri! 
iiTc  riii::!e  &  lcs  c;i:ions ,  a  rccueillir  des  paflages  des  Peres. 

tK';.uis cc itfni})';,  a mcrure que  rautorite  royale  fe  re- 
iabii£'i'ii ,  &  i;u^  Iqs  Iiollilices  diminuoient ,  les  etudes  fe  re- 
vciiloicntauiTi:  &dbs[ercgnedcPhilippel  versTaD  1060, 
on  vo^i  d-.;s  hommes  renomm^  pour  leur  favoir  en  pluiieurs 
L^Iifts  de  France. On  y  voii  memc  quelqucs ecoles  daos les 
cathedralcs;  onen  voit  dans  lcsmonafteres,  oiiil  y  avoit 
desecolcsinierieures  pour  lesMoines,  &  des  exterieures 
pour  hb  Stjculiers.  On  ^tudioit  comme  auparavant  la  theo- 
logie  daiis  lcs  P^res  de  rEglife,  les  canons,  la  dialeftique  , 
les  maihcmatiques.  Us  cominuerent  pendant  lefiMe  fui- 
vani ,  avan^am  &  fe perfe&ionnant  toujours,  comine nous 
vuyonspar  les Ecrits dYves  de  Chartres,  du  Mattre  des 
Scntsnccs ,  de  Graiien ,  de  S.  Bernard ,  &  des  autres  Au- 
uursdu  memecemps,  dontleAyle  &  Umethodeellfidif- 
fe:'>r:te  Jes  noiiveaux  fcolailiqucs. 

C(.pen(i3nt  lcs  premiers  de  ccs  li:oblliques les  fuiventde 
i\  p:-.'. ,  qu'ii  fiut  que  le  changement  foic  arrive  du  temps 
ij'eme  du  ces  grands  hommcs ,  c'eA-i-dire  vers  la  fin  du 
<iotizicme  fiecle ;  &  jc  n'cn  puis  irouver  d'auires  caufes , 
<jiii;  iaconnotfTancudes  Arabes,  &  nmiiatlonde  leurs  etu- 
(IkS.  Ce  fiircnt  les  Juifs  qui  lcs  imit«rent  lcs  premiers.  Ils 
t.-;.duifirent  leurs  livres  en  Hebreu:  &  comme  il  y  avoit 


DESfiTUDES.  19 

alon its  Juifs  cn  France  5c  par  touie  U  Chretiemi,  oa tra* 
duifiien  Laur.ceslivres,  qu'ilf  avoienr  iraduit  de  TArabe. 
On  en  re^t  des  Arabes  meme ,  avec  qui  la  communicatJon 
etoitfacile,  parlc  vui.liiagederErpagne,  dontilscenoient 
cncore  plus  de  lantoiiie,  tkpar  les  voyages  des  Croilades. 

IL £)ut  (e  d^bufer  de  cetteopinlon  vu1gaire,quetous 
les  Mahometant  fans  diftinflion  aient  loujours  fait  pro-        Tf. 
fcflion  d'ignorance.  tls  oni  eu  un  nombre  incro^able  de    Etujti » 
gens  renoTnm^  pour  leur  (avoir ,  patticuli^rement  des  Aia-  ™'*"* 
be&&  Hes  Pciransj  Scils  ont  ^critdequoiremplir  degran* 
des  biblioth^qucs.  Dis  le  douzieme  H^Ie  doot  je  parle ,  il 
y  avoirplusde  quatrecents  ans  qulls  ^iudioieot  avec  ap- 
plicaiiun,  &  jamaislesetudes  n'oni^iefi  forteschezeux, 
que  foi'(;ii*elles  cioient  les  plus  foiblescliez  nous,  c'efl  i- 
«lire  dins  le  disieme  &  roiirieme  fiecle.  Ces  ^"bes ,  je  veux 
dire  tous  ceux  qui  fe  nommoient  Mufulm^ni  ,A.z  quelque  na- 
fionSien  tpielque  pays  qu'ils  fufTcnt,  avoient  deux  fonet 
d'eTudcs ,  tes  uocs  qui  leur  eioient  propres ,  les  autres  qu*Us 
avoient  empruniees  des  Grecs  fujets  des  Ejnpereurs  de 
Conflantinoplc. 

Leurs  etudes  psrticuUeres  eioient  prcmi^rement  leur 
rcUgion ,  c'e(l-3-dire  TAlcoran  :  les  iraditions  qu'i]>)  atirl- 
buoient  a  Mahomec  &  ^  fes  premiers  dlfciples :  les  vies  ds 
letirs  pretendus  faints  &  les  f^blcs  qii'i1s  cn  racomoieni :  les 
cas  de  confdence  fur  leurs  pratiqiies  de  religion  j  comme 
la  priere,  kspurifications,  lejiiLine,  le  pelcrinage  :  &leur 
thcologie  fcolailique  qui  contient  tar.t  de  queftions  fur  les 
nrributsdeOieu,  fur  la  predellination ,  le  jugement,  la 
fuccei!ion  du  prophite :  d'ou  vienneni  entr'euK  tant  de 
f(.des  qui  fe  iraitent  mutuellemeni  d'hereii(]ues.  Dauirei 
ctudioient  l^Altoran  &  fes  commentaires ,  plut6i  en  Jurif- 
confultesqu'enTheologiena,  pour  y  trouverlesr^glesdet 
aJialies ,  &  la  dicifton  d^s  diffiirents.  Car  ce  livre  ell  leur 
cnitjue  Loi.mdme  pourle  temporet.  D'autres  s'appliquoieni  > 
c:'i:cre  a  Icurhiftoire  ,  qui  avuii  etcecriieavec  grand  foia 
iis  le  commencemeiit  de  leur  religion  &  de  letir  empire^ 
&  qui  a  loujours  ete  contiiiuee  depuis.  M^is  ils  etoieni  fort 
ignorans  des  hiftoires  plus  anciennes,  meprirant  tous  lei 
bomiues  qui  avoicnt  eti  avant  Mahoniet ,  &  appelant  tout 
ccteinpt,  U  tiatgilifaoraiutf  parcc^  Fon  avoii  igoort 
Bi) 


M     DU  CHOIX  ET  DE  LA  METHODE 

leur  rdigion.  IIs  Te  contentoient  des  antiquites  des  Arabes  i 
conienues  dans  les  ouvrages  de  leurs  anciens  Poetes  ,  qui 
lenr  tenoient  lieu  d'hiftoire  pour  tous  ces  temps-Ia.  £n  quoi 
on  ne  peui  defavouer  qu'ils  n'aient  fuivi  le  meme  principe 
que  les  anciens  Grecs ,  de  cultiver  leurs  propres  traditions 
toutes  fabuleufes  qu'elles  etoient.  Mais  il  faut  reconnoitre 
auHi ,  que  leur  poefie  n'a  jamais  eu  que  des  beautes  fon  fu- 
perficielles :  comme  le  brillant  des  penfees&  la  hardiefle  des 
expreflions.  Ils  ne  fe  font  point  appliqufs  a  ce  genre  de  poe- 
fiequiconfifte  en  tmitation,  &quieflle  plusproprea^mou- 
voir  lespalIions.'&  cequiles  cna^loign^s  a  peuc-^tre  ete 
le  m6prisdes  arts,  qui  y  ont  du  rapporc,  comme  la  pein- 
ture  &  la  fculpture,  que  la  haine  de  ridolitrie  leur  faifoit 
abhorrer.  Leurs  Poetes  eioient  encore  utiles  pour  T^tude 
de  la  langue  Arabique ;  c'etoit  alors  la  langue  des  maitres 
&  de  la  plupart  des  peuples  dans  tout  ce  grand  empire ;  & 
encore  aujourd'hui  c'e&  la  langue  vulgaire  de  la  plus  grande 
partie ,  &  par-toui  la  langue  de  la  religion.  IIs  rerudioient 
principalementdansrAlcoran;  &  pour  Tapprendre  par  Tu- 
fage  vivant,  les  plus  curieux  altoicnt  detoutesparts  i  la 
province  d'Irac ,  &  particuli^rement  i  la  ville  de  BalTora , 
qui.etoit  pour  eux  ce  qu'^toit  Ath^nes  pour  les  anctens 
Grecs.  Comme  il  y  avoit  des-Iors  des  Princes  puilTans  en 
Perfe ,  on  6erivoir  aufli  en  leur  langue ,  &  elk  a  ete  beau- 
coup  p!us  culiiv^edepuis.  Voila  les  etudes  qui  etoientpro- 
pres  aux  Mufulmans,  &  qui  etoient  aufli  anciennes  que 
ieur  religion. 

Celles  qu'ils  avoient  empmmies  des  Grecs,  etoient  plus 
nouvellesde  dcux  cents  ans ;  car  ce  futvers  Tan  820  que 
le  calife  Almamon  deiuanda  k  rempereur  de  ConAanti- 
nople  les  meilleur^  livres  Grecs ,  &  les  fit  traduire  en 
Arabe:on  ne  voit  pas  coutefois  qu'ils  fe  foient  jamais 
appltqu^s  k  la  langue  Grecque.  11  fufHfott  pour  la  leur  faire 
niiprifer,quecefiit  labngue  de  leursennemis.  D'ailleurs,' 
jls  avoient  en  Syrie  &  en  Egypte  tanc  de  chreiicns  qut 
fiivoient  TArabe  &  le  Grec,  qu'ils  ne  manquoient  pas 
d'inierpr^tes ;  &  ce  furent  tes  chreiiens  qui  traduifirent 
Jes  livres  grecs  en  fyriaque  &  en  arabe ,  pour  eux  &  pour 
les  Mufulmans.  £ntre  les  livres  des  Grecs  il  yeneucgrand 
nombre  qui  ne  furent  pas  a  Tufage  des  Arabes.  Ils  ne  pou- 
yoient  connoitre  la  beaute  des  Poeies,  dans  une  languQ 


D  E  S    fe  T  U  D  E  S.  11 

etrangere  &  d*un  genie  tout  different.  Joint  que  leur  reli- 

g^on  ies  detoumoit  de  les  lire,  ils  avoient  une  telle  horreur 

de  ridolatrie ,  qu*ils  ne  fe  croyoient  pas  permis  de  pro- 

noncer  feulement  les  noms  des  &UX  dieux ;  &  entre  tant 

demilHersde  voiumes  qulis  ont  ecrits  ,4  peine  en  trouvera- 

t-on  quelqu*un  qui  le»  nomme  :  ils  itoient  donc  bien  i\o\» 

gnes  d'etudier  toutes  ces  £ibles  dont  nos  Poetes  modernes. 

ont  ete  (i  curieux ;  &  la  meme  fuperftition  les  pouvoit 

detoumer  de  tire  les  hiftoriens ,  outre  qu*i!s  meprifent , 

comme  j'ai  dit ,  tout  ce  qui  eft  plus  ancien  que  Mahomet. 

Pour  Teioquence  &  la  politique  ,  qui  font  nees  dans  les 

republiques  les  plus  libres ,  la  forme  du  gouvernement 

des  h^ulmans  ne  leur  donnoit  pas  lieu  d'en  profiter  :  ils 

vivoient  (ous  un  empire  abfolument  defpotique ,  oii  il  ne 

£iI2oit  ouvrir  la  bouche  que  pour  flatter  fon  prince  &  ap- 

plaudir  a  toutes  fes  penf(ies,  &  oii  Ton  n'etoit  pas  en  peine 

de  chercfaer  ce  qui  etoit  le  plus  avantageux  k  TEtat  &  les 

manieres  de  perfuader ,  mais  les  moyens  d*obiir  a  la  vo- 

lont^  du  maitre. 

II  n*y  eut  donc  point  d*autres  livres  des  anciens  qui 
fuffent  i  leur  ufage  que  ceux  des  Mathematiciens ,  des  M^- 
decins  &  des  Philofophes;  mais  comme  ils  ne  cherchoient 
ni  politique  ni  eloquence,  Platon  ne  leur  convenoit  pas; 
joint  que  pour  Tentendre,  la  connoiffance  des  Poetes  de  la 
religion  &  de  rhiftoire  des  Grecs  eft  neceffaire.  Ariftote 
leur  fut  bien  plus  propre  avec  fa  diale£lique  &  fa  metaphy- 
fique  ;  auffi  Tetudierent-ils  d*une  ardeur  &  d*une  afliduite 
incroyable.  Us  s*appliquerent  encore  a  fa  phyfique ,  prin- 
cipalement  aux  huit  livres  qui  ne  contiennent  que  le  gen^- 
ral ;  car  la  phyfique  particuliere,  qui  abefoin  d^obferva- 
tions  &  d*experiences ,  ne  les  accommodoit  pas  tant.  Ils  ne 
laiffoient  pas  d*etudier  fort  la  m^decine ,  mais  ils  la  fon- 
doient  principalement  fur  des  raifonnemens  geniraux  des 
quatre  qualites  &  du  temp^ment  des  quatre  humeurs,  & 
fur  les  traditions  des  remides  qu*ils  n^examinoient  point , 
&  qu*ils  mdoient  d'une  infinit^de  fuperftitions ;  au  refte, 
ils  n*ont  point  cultiv^  Tanatomie  qu*ils  avoient  rc^ue  des 
Grecs  fort  imparfaite :  il  eft  vrai  qu*on  leur  doir  la  chimie, 
&  ils  Tont  pouffee  fort  loin ,  s*ils  ne  Tont  meme  inventce ; 
mais  ils  y  ont  mele  tous  les  vices  que  Ton  a  tant  de  peine  a 
en  feparer  encore  i  prefent  la  vaniti  des  promeffes ,  Tex- 

fiiij 


12     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

travagance  des  raifonnemens ,  la  fuperflition  des  opera- 

ttons  9  &  tout  ce  qui  a  produit  les  charlatans  &  les  impof- 

teurs.  De*Ia  iis  paflbient  aifement  a  la  magie  &  a  toutes 

les  fortes  de  divinations ,  oii  les  hommes  donnent  natu- 

rellement  quand  ils  ignorent  ta  phyfique ,  rhidoire  &  la 

viritable  religion  ,  comme  on  a  vu  par  Texemple  des  an- 

ciens  Grecs.  Ce  qui  les  atda  fort  dans  ces  illufions,  fuc 

Taftrologie,  qui  ^oit  le  bjt  principal  de  leurs  ^tudes  de 

inathematique ;  en  efFet ,  on  a  tant  cultive  cette  pretendue 

fcience  fous  Tempire  des  Mufulmans ,  que  les  Princes  en 

£iifoient  leurs  delices ,  &  regloient  fur  ce  fondement  leurs 

plus  grandes  entreprifes.  Le  calife  Almamon  calcula  lui- 

meme  les  tables  aftronomiques  qui  furent  fort  c^Iebres ;  & 

il  faut  avouer  qu*iis  ont  beaucolip  fervi  pour  les  obferva- 

tions  &  pour  lesautres  parties  utiles  des  mathematiques, 

comme  la  geometrie  &  rarithmetiquc.  On  leur  doit  Tal- 

g^bre  &  le  zero  pour  multiplier  par  dix,  qui  a  rendu  les 

operations  d'arithmetique  fi  faciles.  Pour  raftronomie  ils 

«voient  les  memes  avantages  qui  avoient  excit^  les  anciens 

Egyptiens  &  les  Chaldeens  a  s*y  appliquer,  puifquils  ha- 

bitoient  les  memes  pays ,  &  ils  avoient  de  plus  toutes  les 

obfervations  de  ces  anciens,  &  toutes  celles  que  les  Grecs 

7  avoient  ajoutees. 

Les  Arabes  qui  s*appIiquoient  k  ^dier  leur  religion  y 
flon-feulement  n*etoient  point  philofophcs,  mais  ^toienc 
leurs  ennemis  declaris ,  les  decrioient  &  les  faifoient  pafTer 
pour  des  impies.  En  effet,  ii  n'etoit  pas  difficile,  pour 
peu  que  Ton  raifonnit,  de  fapper  par  le  fondement  une 
religion  qui  n*e{l  itablie  ni  fur  la  raifon ,  ni  fur  aucune 
marque  de  miffion  divine.  Les  philofophes  etant  donc  exclus 
des  fondions  de  la  religion  &  des  autres  emplois  utiles, 
cfaerchoient  plus  la  r^putation  :  ils  la  tiroient  ou  du  nom 
des  maitres  fous  qui  ils  avoient  etudi^ ,  ou  de  leurs  grands 
voyages,  ou  de  la  fingulanti  de  leurs  opinions.  Vn  favant 
4*Efpagne  etoit  toujours  bien  plus  favant  en  Perfe  ou  en 
Corafan ,  &  il  y  avoit  entr'euz  une  cmulation  merveil- 
letife ;  chacun  s^eflbr^oit  de  fe  diftinguer  par  quelque  nou- 
velle  fubcilite  de  logique  ou  de  meraphyfique.  Ce  nieme 
efprit  pafla  a  toutes  leurs  etudes  &  a  tous  leurs  ouvrages; 
ils  nc  s*appliquoient  qu'a  ce  qui  ctoit  ie  plus  merveil- 
jfiux  s  le  plus  rare  ,  le  plus  diflkile  ,  aux  depeas  de  l*a* 


D  ES    fi  T  U  D  E  S.  2$ 

grcmeiit  »  de  la  commoditi  ,  &  de  rutilite  memc. 
Les  Frai^ois  &  les  autres  Chretiens  Latins  n*cmprun- 
terem  des  Arabes  que  ce  que  les  Arabes  avoient  emprunte 
des  GrecSy  c*efta-dire  la  philofophie  d^AriHote,  la  me- 
decine  &  les  math^matiques ;  mepnrantleurlangucjeurs 
pocfles ,  leurs  Ufloires  &  leur  religion,  comme  les  Arabes 
avoient  meprife  celles  des  Crecs.  Ce  qui  ed  de  plus  eton- 
nant ,  c*eft  que  nos  favans  ne  neglig^rent  guere  moins  que 
les  Arabes  la  langue  grecque ,  (i  utile  pour  Titude  de  la 
religion  ;  car  ce  n'a  ete  qu'au  commencement  du  quator- 
zieme  fiec1e,que  Ton  a  reconnu  que  ies  langues  y  pouvoienc 
beaucoup  fervir,  principalcmcnt  pour  travailler  a  la  con- 
verlion  des  infidelles  &  dcs  fchifmatiques ;  &  ce  fut  dans 
cettc  vue  que  le  Concile  de  Vienne ,  tenu  en  131^9  or- 
donna  que  Ton  itabliroit  des  profeflfeurs  pour  le  Grcc , 
TArabe  &  THibreu ;  ce  qui  n'a  eu  fon  execution  que  long- 
teops  apres.  On  n*a  commence  a  etudier  ie  Grec  que  fur 
la  fin  du  qiunzi6me  fi^de ,  THebreu  au  commencement  du 
feiziime,  &  TArabe  dans  notre  fiecle,  encore  n*y  a-t-il 
que  qoeI<^  peu  de  curieux  qui  s*y  foient  appliques ,  &  ils 
n*ont  guere  travailli  fur  les  livres  d*hiftoires  qui  feroienc 
les  plus  utiles. 

POuR  revenir  au  douzieme  fiecle ,  ceux  qui  etudioicnt  v:i. 
alors  n*avoient  garde  d'etre  curieux  de  langues  etran-  £-*"-•'  »^-' ' 
geres ,  puifquHs  ne  Titoient  pas  m^me  du  Latin ,  dont  iis  ^  ***'"* 
fe  fervoient  pour  les  etudes  &  pour  toutes  les  aflaires  fe- 
rieufes.  Mais  je  ne  puis  en  accufer  que  le  malheur  de  leur 
temps :  les  courfes  des  Normands ,  ^  les  guerres  particu- 
lieres  qui  duroiem  encore  ,  avoicnt  rendu  ies  livres  fi  ra- 
res  &  les  itudes  fi  difEciles ,  qu*i)s  trjvailloient  a  cc  qui 
prefibit  le  plus :  on  n^imprimoit  point  encore  ,  &  il  n*y 
avoit  guire  que  des  Moines  qui  ^criviiTent.  lis  etoient  forr 
occup^  i  toire  des  bibles,  des  ofeautiers  &  d'autres  livrcs 
femfalables  pour  Tufage  des  Mglifes.  IIs  ecrivoient  quelques 
ouvrages  des  Peres ,  felon  q  j'ils  leur  tomboient  entre  les 
jnains ;  quelque  recueil  de  canons ,  quelqucs  formules  dc^ 
AAes  les plus  ordinaires  dans  le  commerce  des  atEiire<> ;  car 
c*itoit  i  eux  que  Ton  s^adrcfToit  pour  les  faire  icrire  ,  ^: 
c'etoit  d*entr*eux  ou  d*entre  Ics  Clercs ,  que  ies  Princcs  li- 
roieot  leurs Notaires  &  leurs  Cbanceliers.  II  ne  leur  refloir 

B  iv 


44  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 
gucre  de  temps  pour  tranfcrire  des  HilloTiens  profanes  & 
des  Poetes.  11  eft  vrai  que  la  connoilTance  des  langues  &c 
6e  rhlAoire  ell  nice&aire  pour  entendre  bien  les  Peres 
&  l'£cnture  menie ;  mais  ils  ne  s'en  apercevoient  pas ,  ou 
bien  li  difficulc^  incroyable  d'acqu£rir  cesconnoifTances  par 
le  inanque  de  Diftionnaires,  de  GIolTaires ,  de  Commen- 
taires ,  &  par  la  rarete  des  Textes  m^mes ,  leur  en  faifoic 
perdre  l^efperance. 

De-Ia  vient  ([ue  ceux  qui  voulurent  afouter  quelque 
chofe  a  la  fimple  ledure  de  TEcriture  &  des  Peres  ,  don- 
nerent  dans  le  raifonnement  &  la  dialedique ,  comme  Jean 
le  rophifle ,  premier  auteur  des  Nominaus  ,  qui  vivoit  des 
le  lempsdu  roi  Henri  premier  :  &  fes  feflaieurs,  Arnoul 
de  Laon ,  &  Rofcelin  de  Compiegne ,  maitre  d'Abailard. 
Cette  mani^re  de  philofopher  fur  les  mots  &  fur  les  pen- 
(ies ,  fans  examiner  les  chofes  en  elles-memes ,  ^toit  alTu- 
rement  commode  pour  fe  pafler  de  la  connoilTance  des 
£aits ,  qui  ne  s'3cquiert  que  par  la  leflure  ;  &  c^ecoit  un 
Oioyen  facile  d'ebloutr  les  laiques  ignorans  ,  par  un  lan- 
gage  fmgulier  &  par  de  vaines  fubtilit^s.  Mais  ces  fubtilites 
^toiem  dangereuf^s ,  comme  il  parut  par  les  erreurs  de  Be- 
renger ,  d'Abaiiard ,  &t  de  Gilbert  de  la  Poiree.  CeA  pour- 
quoiIespIusfages,commeS.  Anfelme,  Pierre  deBlois,& 
S.  Bernard,fe  tinrent  fermesi fuivre  Texemple  desP^res, 
rejetan  t  ces  nouvelles  curiofit^ ;  &  le  Maitre  desSentences, 
<quife  donna  plus  de  liberte ,  tit  quelques  fauffesd^marches. 

Cependaot  lei  livres  d'Arillote  vlnrent  k  £tre  connus , 
comme  )'ai  dlt  ;  &  foii  pour  les  difputes  contre  les  Juifs 
&  conire  les  Arabes ,  foit  par  que!qu'autre  raifon  que  )'i- 
gnore ,  les  Theologiens  crurent  en  avoir  befoin ,  &  Tac- 
commoderent  a  notre  religion  ,  dont  ils  expliqu^rent  & 
les  dogmes  &  la  morale ,  fuivant  les  principes  de  ce  Pbilo- 
fophe.  C'e&  ce  qu'ont  fait  Albert  le  grand ,  Alexandre  de 
Hal^s ,  faint  Thomas  &  tant  d'autres  apr^s  eus.  Leur  me- 
tbode  de  iheologie  peut  ^tre  compiee  pour  la  troifi^me  ; 
car  il  y  en  a  deux  plus  anciennes.  La  premiere  ,  celle  des 
P^resde  TEglife,  qui  ^iudioient  TEcriture  fainteimm^dia- 
tement,  y  puifant  principalemeni  les  connoilTances  nicef- 
laires  pour  inAruire  les  fidelles,  &  pour  refuter  tes  heretl- 
ques :  cette  iheoU>gie  dura  jufques  vers  le  huiti^me  fiecte, 
la  fecoode  6a  celle  de  Bede  ,  de  Raban  Si  des  auues  du 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  iif 

Wme  temp*,  qui  ne  pouvant  rien  ajouier  ainc  lumiires 
des  Peres  ,  (e  contenierent  de  les  copier,  d'en  faire  des 
recueils  &  des  extraiis ,  &  d'en  lirer  des  Glofes  &  des 
Coounennires  fur  rEcrimre :  cette  ih^ologie  dura  jufques 
au  douzieme  liecle.  LatroiH^ine  fut  cclle  des  fcolafiiques, 
qui  mitereni  la  dodrine  de  rEcriiure  &  des  P^res  par  la 
foime  &  les  orgaoes  de  la  dialeOique  &  de  la  metaphyG* 
quc  fiirees  des  iaia  d'Arifiote  ;  c'eft  aiafi  que  la  definit 
le  CardinaJ  du  Penon.  _      Ferr.achari 

Dans  Te  m^me  lemps ,  fe  reoouvel^rent  les  ^des  de  ju-  j,  j,  <,  ,a. 
rifprudcnce  &  de  m^cdne ;  mais  il  ^toit  impolTtble  alors 
de  bien  ^dier  la  jurifpnidence  ,  puifque  Ton  manquoit 
de  lois.  La  loi  Romaine  &  les  lois  barbares  quiavoient  itt 
obterv^  fous  les  deux  premi^res  races  de  nos  Rois , 
ctoient  abolies  par  des  ufages  contraires  ,  ou  par  roubli  y  aifi.  i» 
&  Tignorance.  On  n'itoit  pas  en  ^tat  de  faire  de  nouvelles  iroit  Fraat, 
lois,  puirque  Ton  n'avoit  pas  encore  retabU  les  fondemens 
de  la  focijti  civile,  la  libeni  des  chemins  ,  la  furete  du 
commerce  &  du  labourage ,  Tunion  des  ciioyens.  Les  ro- 
niriers  etoient  ou  ferfs ,  ou  confondus  avec  les  feris.  Les 
nobles  vivoient  difperf^  &  cantonnes  chacun  dans  fon 
chiteau ,  toujours  les  armes  a  la  main.  II  n'y  avoit  autre 
drtHt  en  Fiance ,  que  des  coutumes  non  ecrites,  tr^in- 
certaincs  &  tr^s-  difiitrentes  par  la  prodigieufe  quantiti  des 
feigneurs  qui  iioient  en  poSefGon  de  rendre  juAice.  II  eft 
vrai  que  Ton  venoii  de  retrouver  en  Italie  Ics  livres  du 
droit  de  Jultinien ,  &  que  Ton  commen^Dit  z  renfeigner 
publiquement  i  Monipellier  &  k  TouJoufe  ;  mais  ces  lois 
ii'etoient  point  des  lots  pour  nous ,  puifque  les  Gaules 
ctoient  affranchies  du  joug  des  Romains  avani  que  Jufli- 
nien  &t  au  monde.  De  plus ,  on  ne  pouvoit  les  bien  enten- 
dre ,  dans  Ilgnorance  ou  Ton  ^oii  des  langues  &  de  rhif- 
toire ;  ne  s'en  eiant  conferve  chez  nous  aucune  tradition , 
par  la  prattque  des  afiaires  ,  depuis  fis  cenis  aas  qu'elles 
itoieni  tcrites.  On  ne  latfl*a  pas  de  les  itudier  &  de  les  ap- 
pltquer  comme  Ton  put  aux  affaires  pr^fentes ,  &  elles  ac- 
ijutrent  beaucoup  d'autorite  par  ce  gtand  nom  de  Droii 
Jtam^tin ,  &.  par  lc  befoin  extreme  que  Too  ^voit  de  regles 
dans  les  iugerocns. 

Le  droit  eccl^fiaflique  [v'^ioit  pai  en  fi  mauvais  etat ,  la 
pcvique  des  canoos s'e(oit  coaferv^e,  quoique  la  difciplioe 


a6    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

COmmenfit  k  fe  rellcher.  On  avoit  plufieurs  recueils  des 
aAciens  canons ,  entr'autres  celui  de  Gratien ,  qui  vivoit 
aa  mUieu  du  douzi^me  fidcle.  II  eft  vrai  qu*ils  y  etoient 
peu  correds  ,&  qu^ils  etoient  m^l^  avec  quantiti  de  paf- 
fages  des  P^res ,  qui  ne  devoienr  point  avoir  force  de  lois , 
&avec  ces  Dicritales,  attribu^es  aux  premiers  Papes,  que 
Ton  a  enfin  reconnu  dtre  fuppofiies.  Cet  exemple  fait  bien 
▼oir  de  quelie  importance  il  eft ,  pour  conferyer  la  tradi- 
don  dans  fa  purete ,  qu*il  y  ait  toujours  dans  rEglife  des 
perfonnes  qui  fachent  les  langues  &  rhiftoire  ,  &  qui 
ibient  exerces  dans  la  critique  des  auteurs. 

La  medecine  fut  encore  plus  maltraitee  que  la  jurifpru- 
dence.  Jufques-I^  elle  avoit  ete  entre  les  mains  des  Juifs » 
borsqu^Iquesfecrets  de  vieilles  femmes  &  quelques  tradi- 
tions  de  rem^des ,  qui  fe  confervoient  dans  les  £imilles.  Les 
premiers  livres  que  Ton  etudia  furent  ceux  des  Arabes ,  en- 
tre  autres  ceux  de  Mefue  &  d*Avicenne :  on  emprunta  leur 
galimatias  &  leurs  fuperftitions :  on  n^gligea  comme  eux 
Tanatomie ,  &  on  s'en  rapportai  eux  pour  ia  connoiflance 
des  plantes.  Comme  il  n*y  avoit  que  des  Clercs  &  des  Moi- 
nes qui  itudiaflent, il  n*y  avoit  qu'eux  auffi  qui  fufTent  Phy- 
ficiens ,  c*eft-i-dire  Medecins.  Fulbert  ,£v^que  de  Chartres , 
&  le  Maitre  des  Sentences ,  iveque  de  Paris ,  etoient  M^de- 
cins;  Obizo ,  religieux  de  S.  Vidor  6toit  M^decin  de  Louis 
le  Gros  :  Rigord ,  Moine  de  S.  Denis ,  qui  a  ecrit  la  vie  de 
Philippe  Augufte ,  l*&toit  auffi.  Un  conciie  de  Latran  tenu 
fouslnnocentII.en  1 1 39 » marque  comme  un  abus  deja  in- 
vitiri  ,  que  des  Moines  &  des  Chanoines  reguliers ,  pour 
gagnerdeTargent ,  faifoient  profeffiond*Avocats  &  de  M6« 
decins.  Ceconcile  ne  parie  quedes  Religieux  profes,  &  la 
m&Iecine  n*a  pas  Iditti  de  demeurer  entre  les  mains  des 
Qercs  encore  trois  cents  ans.  Mais  comme  on  n*a  jamais 
permis  aux  Qercs  de  ripandre  le  fang,  nide  tenir  l>outique 
de  marchandife ;  ce  pourroit  bien  ^tre  la  caufe  de  la  diftinc* 
tion  des  m6decins  d*avec  les  chirurgiens  ik  les  apothicaires; 
Cette  diftinfiion  a  long-tempsentretenu  les  Medecins  dans 
la  fpeculation»  (ans  s*appliquer  aux  expiriences. 

/VIII.  i^  Iksi  toutes  les etudes  fe  r6duifirent  a  quatre  genres 
&  Vtars^qaa-  -"^^"  facultes.  II  y  en  avoit  trois  principales,/^  Thiologie^ 
t(c  ficultis.  k  Droit » UMidccine ;  lapremi^re  comprenoittoutes  lesEui^ 


DESfiTUDES.  »7 

AipriSMinaireSfHvtVoneKmoit  nicellaires  poiiT  arriver 
i  ccs  hantes  itudes ,  &  que  l'on  appeloit  d'un  noni  gen^ral , 
Iti  aru.  Le  bofi  rem  vouloit  afllireiiient  que  ron  etudiai  ce 
Suietlde  plusutile;  preaiiirementpourrame ,  &  puispour 
lcoHps  &  pour  lesbiera.Ce  futfur  ce  planque  te  formel 
rcnt  Jes  univerfii^,  prindpalcment  celle  de  Pdris ,  qui  ne 
peiit  gu^re  avoir  commenc^  plus  lard  que  vers  Tan  i  aoo. 
Depuislong-tempsil  yavoli  aupr^s  des  ev^ques  deuz  for- 
tet  d'^cotes ;  Tune  pour  les  jeunes  Clercs,  a  qui  Ton  en- 
Ceignoii  la  grammaire,  le  chani  &  ['arirhmMque;  &  leur 
Biaitreetoit  ouIeChanire  de  Ja  caihedrale,  ou  rEcol^tre, 
aommiailleursCapircolfComme  qui  diroii  C/ufJt  1'tcoU.  L'au- 
tre  icole  ctoit  pour  les  Preires  &  les  Clercs  plus  avances , 
lquir^ve«}ue  m£me,ouquelquepr£ire  commisdefa  pan, 
cxf^iquoit  rEcriture  fainte  &  ies  cam.ns.  Oii  erigea  depuis 
le  TbMogal  «pr^  pour  cette  fonrtioM,  Pierre  Lonibard , 
Eveque  de  Paris ,  plus  connu  fout  le  nom  de  Mjitrt  Jtt 
SininKti ,  avoit  rendu  fon  ecoie  tres-c^lebre  pour  la  ih^O- 
lc^eiAcily  avoit  ifaini  Vi£tor  des  ReligicLixcn  grande 
repuiaiion  pour  lei  aris  liberaux.  Ainfi  les  ^iudes  dc  Paris 
devinreot  illuflres.  On  y  enfeigna  auRi  le  D^cret ,  c'en.a- 
^re  I2  coropilation  de  Graiicn ,  que  Ton  regardoit  alors 
comme  le  corpsentier  du  droit  canonique.  On  y  enfeigna 
la  mideciiie ;  &  joignant  ces  quarre  eiudes  pi  iiiupales  que 
Ton  DOmmafWrii/fM  :  on  appela  le  compofc,  C/niver/iii  J^j 
ttcJtii  fit  enfin  limplement  t/niyirfiti,  pour  marquer  qu>n 
uoe  feulevtlle  on  enfeignoit  lout  ce  qu'il  eioit  uiile  de  fa- 
voir.  Cetitabliflement  parut  fi  beau,  quc  les  Papes  fii  les 
Rois  le  favorisirent  de  grands  privileses.  On  vint  eiii- 
^ier  i  Paris  de  toutc  la  FiMnce,  dhaiie  ,  d'AIIemagne, 
<l'Angleterre ,  enun  mot,dciouie!i  Iccpariiesde  TEuropj 
Laiine  ;&  les  ^coles  particuli^res  des  caih^drales  ou  des 
■lonaAires  cc6%rent  d'etre  frequemecs.  Voyons  un  pcu 
flot  en  d^ail  ce  que  Ton  entei^noii  en  chaque  Faculte. 

SOns  le  nom  des  Arn,  on  comprenoii  la  tframmaire  fic         IX. 
les  humanit^  ,  les  mathemaii<iucs  fi(  la  philofoph^e.  ^*^"''*'  ''*• 
Mats  i  proprement  parler  cc  nom  devoit  comprendrc  (euli:- 
Bcnt  les  leptarts  liberaux,  dont  nous  voyons  dcs  irgiifs 
dans  Caffiodore  &  dans  Bede  ;  fRvoir:  la  grjmm»ire,  la 
rhctorique,  ta  dialeflique  ,  rarii>iiiiu<<]ii<; ,  ij  iiiun:<ue ,  la 


18     DU  GHOIX  ET  DE  LA  MtTHODE 

g^ometrie ,  &  raftronomie.  Un  maitre-is-aro  deroit  Itra 
un  botnine  capable  de  lesenreigner  tous.  Pourlagrammairs 
on  lifoit  Prifcien ,  Donat ,  ou  que1qu'auire  de  ces  anciens  , 
qui  oni  iait  fur  la  langue  Latine ,  plutot  pour  eo  faire  coo- 
noiire  les  dernieres  finelTes  aux  Romains  de  leur  lemps  y  k 
qui  elle  etoit  naturelle ,  que  pour  en  appreadre  les  ilemensi 
i  des  etrangers. 

Dans  le  trei^emeriecle,]eIjtina*^toit  plus  dans rnTage 
commun  du  peuple ,  en  aucun  lieu  du  monde :  &  en  France 
la  langue  vulgaire  itoit  celle  quc  nous  voyons  dans  Ville- 
Hardoum ,  dans  Joinville ,  &  dans  les  Romanciers  du  m^roe 
temps.  Cetoit,  ce  remble.  a  cette  langue  qu'il  falloit  ap- 
pliquer  rart  de  la  grammaire ,  choifir  les  mois  les  plus  pro* 
pres.ficles  phrafesles  plus naturelles , fixer  lesinflexions, 
&  donner  des  regles  de  condruftion  &  d'orthograpbe.  Les 
Italien$lefirent;&  desla  fin  du  mcme  fiecle ,  il  yeutdes 
FloreniiDs  qui  $'appliquerent  i  bien  ecrire  enleur  langue 
vulgaire ,  cooime  Brunetto  Latini ,  Jean  VilJanl ,  &  le  Poete 
Danie.  Pour  noire  langue ,  elle  ne  s'efl  epuree  que  par  le 
temps  i  & ce  n'3  ^i^  que  plUs de quatre  cents  ansapres  rinf- 
tiiution  des  univerlites ,  que  l'on  a  commenc^  a  y  travail- 
ler  par  ordre  public ,  dans  VAcademie  Ffan^oife.  II  eft  vrai 
queleLatin  ^ioitencore  tr^-nece£airepourIa  leduredes 
bons  livres  &  pour  rexercice  de  h  religion ;  &  ceuK  qui 
iiudioieni  alors  iioient  tous  Eccleftaftiques.  Le  Latin  ^toit 
oiceflaire  pour  les  a&ires  &pour  les  ades  publics ;  il  Te- 
toitpour  les  voyages ,  &  on  appeloit  les  inierpr^tes,  £«- 
tinUrs.  II  etoii  donc  impoflible  de  fe  pafler  du  Latin  ;  mais  il 
^toit  impoflible aufli d'en  retablir  Tancienne  puret^.parla 
raretideslivre$,&  parles  auiresraifonsquej^aimarquees. 
U  fallut  fe  contenter  de  le  parler  &  de  l'ecrire  grofnerement. 
On  ne  fit  point  de  difficulie  d'y  meler  plufieurs  mots  barba- 
res ,  &  de  fuivre  la  phrafe  des  langues  vulgaires :  on  fe  con- 
lenta  d'obferver  les  cas,  les  nombres ,  les  genres,  les  con- 
jugaifons ,  &  les  principales  r^gles  de  lafyntaxe.  Cell  a  quoi 
Ton  reduifii  !'^Tudc  de  U  grammaire  ,  confiilerant  le  refle 
comme  une  curiofite  inutile,  puifqu^on  ne  parle  que  pour 
fe  faire  enieadre ,  &  qu'un  Latin  plus  elegant  e6t  et^  plus 
dilHcilement  entendu.  Ainfi  fc  forma  ce  Latin  barbare  qui  a 
it&  a  long-temps  en  ufage  tUns  le  palais ,  doiM  on  a  peine  i 
fe  difaire  dans  les  ecoles :  &  que  Ton  parle  encore  en  Alle- 


D£S£TUDES:  if 

Angne  &  en  Pologne  pour  le  commerce  des  voyages.  De-li 
Vim  U  ncceffit^  des  Glofes  &  des  Commeniaires ,  pour  ez- 
pliijuerles  livresanciens.^rits  purement. 

La  poetique  reriduifoit  i  favoir  1a  mefure  des  vers  La- 
rins,  &  i  la  quanttte  des  ryllabes  ;  car  ils  nalloient  pas 
jaftjocs  2  dillinguer  les  carafteres  des  ouvrages  &  la  diffe- 
r;nce  des  Hyles.  On  le  voit  par  les  poemes  de  Guntherus  & 
ie  Guitlaume  le  Breton ,  qui  ne  font  que  de  fimples  hilloi- 
res ,  d'un  flyle  aulH  plat  &  d'un  Latin  aufli  groffier  ,  que 
cehii  dont  on  ecrivoit  en  prore.  A  la  contrainte  ds  la  quan- 
the  &de$cerures  ,  iIsajoutoientcelledesrimes,quifirent 
les  vers  Ifonins ;  fouvent  mdme  negligeant  la  quantit^ ,  ils 
fe  conienioient  de  &irc  en  Latin  de  fimples  rimes  comme 
ct)  firan^ois ,  &  c'efi  ce  qu'on  appela  des  Profft.  Voila  toute 
b  poMe  des  homm  •  i  ferieux.  Pour  la  po^ie  vulgaire ,  qut 
coflimen(oit  i  rigner  iis  le  douzi^me  fi^cle  ,  comme  on 
voit  partant  de  Romans  &  tantde  chanfons,  elledevine 
bientdt  le  partage  des  d^bauchis  &  des  libertins ,  lels  qn'i- 
toient  pour  la  plupan  les  Troubadours  Provenfaux  &  les 
autm  Poetcs  de  ce  temps-la ,  qui  couroient  par  les  Cours 
des  Princes.  Cependant  il  faut  avouer  qu'ii  fe  trouvoit 
entre  ein  des  gens  d'erprit ,  &  qui ,  pour  le  temps ,  avoient 
de  la  poIitcSe ;  mais  leurs  ouvrages  font  pleins  de  fales 
anioun &  de  fifUom  eztravagantes.  Depuis  ce  temps.on 
anaiotqoursfepaiantdeplusen  plus  ragrimentdudifcours 
<}'avec  le  laifonnetneni  &  les  ^tudes  folides ;  &  c'ell  ce  qui 
fit  D^gliger  la  Rb^orique  dans  les  ^coles ;  car  on  n'y  cher- 
choit  m  i  plaire ,  ni  i  imouvoir  les  paflions. 

On  s'attacha  principalement  k  la  philofophie ,  &  on 
crui  qu'elle  n'avoit  befotn  d'aucun  ornement  de  langage , 
oi  d'aucune  figure  de  difcours.  Ainft  i  force  de  vouloir  Ii 
rendre  folide  &  miihodique ,  on  la  rendit  exir^meinent 
feche  &  ennuyeufe ;  ne  confiderant  pas  que  le  difcours  na- 
turcl  &  figure  ^argne  beaucoup  de  paroles  &  foulage 
fori  b  mimoire ,  par  les  images  vives  qu'il  imprime  dans 
refprii.  Ccpendant,  comme  il  n'y  a  point  d'6tudefans  curio- 
liie&  fans imulation  ,  nosfavansfirent  la  meme  chofe  que 
les  Arabes,  foii  a  leur  imitaiion  ,  foit  par  le  memc  prin- 
cipe;  &  charg^rent  leur  pbilofophie  d'une  inAnitedequef- 
lions  pfus  fubtiles  que  folides ,  s'eIoignant  extremement  de 
lldie  des  aociens  Grecs. 


;o     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

La  logique  de  Socraie ,  que  nous  voyons  dans  Platon  & 
dans  X«nophon ,  eioic  Tjrt  de  ctiercher  rerieuremenE  la 
vctiii  ,  &  il  k  nonimoit  DiaUftique  ,  parce  que  ceite  re- 
ciierLhe  ne  fe  peut  bien  fdire  qu'en  converfation  panicu- 
llere  entTd  deux  hommes  aitentifs  a  bien  raifonner.  Cet  art 
confi(toit  donc  a  repondre  ju<le  fur  chaque  queAion  ,  i 
Lire  des  divifions  exafles ,  a  bien  d^tinir  les  mots  &Ies 
thofes ,  &  a  pefer  atiencivemeni  chaque  confequence  avant 
dc  raccorder  ;  fans  fe  prefler  ,  fans  craindre  de  revenir  fur 
Ibs  pas ,  &  davouer l*es  erreurs ;  fans  vouloir  qu'une  pro- 
policion  fut  vraie  plutot  que  rautre.  Ainfi  dans  cette  logi- 
qae ,  il  eniroit  de  la  morale.  II  y  eniroii  audi  del'eloqiience. 
Carcommelcshonmesfont  d'ordinaire  palTionnes  oupri- 
venus  de  quelque  erreur  ,  il  faut  comniencer  par  calmer 
leurs  palTiDns  &  lever  leurs  prejuges ,  avant  de  leur  pro- 
pofer  la  veritc ,  qui  (ans  cetie  preparation  ne  feroii  que  les 
choquer.  Or  cctte  methode  demande  une  difcr^tion  &  une 
adrefle  merveilleufe ,  pour  s'accommoder  a  la  varieti  in- 
finie  des  efprits  &  de  ieurs  maladies ;  &  c'eft  ce  que  nous 
jtitfl.  rhi.  admirons  dans  Platon.  Ceft  fiir  ce  fondement  qu'Ariftote 

""■•  '•  mei  la  dialcftique  en  paratlele  avcc  la  rh^torique ,  &  dit 

que  Tune&rautre  a  lememebui,  qw  efl  de  perfuader  par 
le  difcours.  La  dialeflique  emploie  des  raifons  ptusfolides 
&  plusconvaincanies,parce  qu'en  converfation  particu- 
lierc  ,  on  connolt  mJeux  la  dirpofition  de  cciui  i  qui  fof^ 
parle ,  &  Ton  a  le  loifir  de  lui  fairc  faire  toui  le  chemin  qui 
eft  neceflaire  pour  le  conduire  }u1<iu'b  la  connoifliuice  de  la 
verice.  Au  lieuque  la  rheiorique  ,  qut  eA  rarcdesdifcours 
publics  ,  efl  obligee'de  fe  fervir  des  prijug^  de  fes  audi- 
teurs ,  &  d'appuycr  fes  raifonnemens  fur  les  prtndpes  dont 
ils  conviennent ,  parce  qu'il  ed  imponiblc  ttc  leur  en  faire 
changer  ,  en  parlant  peu  de  temps ,  &  4  une  grande  affem- 
I.  Rhcicr.  iji^e  j  c'e(l  QQ  qui  g  (^\i  ^ij^  ^  Ariftoie  ,  que  la  rhetorique 

''*'  n'ufe  que  d'enthymiines  ,  c'eft-a-dire  de  ratfonnemens , 

dont  l'.i'icli:ci:r  a  dcj-t  ime  partic  dans  fon  efpric ,  &  qu'il 
n'cfl  pas  n.:cciraire  dc  devclopper.  Telle  etoit  la  dialefli- 
(jue  cliei  ies  Grecs ;  fart  dccrouver  la  verite  auiant  qit'il 
cH  poiTible  naturcllcment. 

Nos  philofophes  fembient  n'avoir  confid^r^  tpie  !es  viri- 
tjsen  clles-memes,  &l'ordre  qu'elIesont  entre  eilcsindi- 
pendammeat  de  nous.  II  e^  vrai  qu'on  en  a  (oujoucs  ufi 


DES^TUDES.  ;4 

un&daaslamatheinatiques,  parceque  leur  ob jet  n'eineiit 
point  en  oouf  6e  paflions.  Perfonne  ne  s'intereflea  laire  pa(- 
iierpourdroiteunelignecouibe;nia  elargir  un  angie  aigu.' 
Maisconiinelalogiqueeftrinftrunientde  touteslesrciences, 
&  principalement  de  la  niorale,  elle  doit  comprendre  ce  qui 
di  necel&ire  pour  faire  entrer  dans  les  efprits  toutes  fortes 
de  verites,  &pluscelIesoiinospalIioTureriflent,quelesau- 
rres.  Cependani  il ne  paroit  pasque  nosPhilofophes  aieni eu 
aflez  d'igard  aux  dirpofnions  deleurs  difciplcs.  Ils  ont  appli- 
^  k  touies  fones  de  rujets  la  meihode  {&clic  des  Geom^tres: 

6  comme  les  premiers  avoient  a&ire  a  des  dirciples  fort 
groflien ;  (car  on  Tait  quelle  etoit  la  politefle  en  France  il 

7  a  1  oe  ans);  ils  prirent  grand  foin  de  feparer  toutes  leurs 
propoGtions ,  dc  metire  tous  leurs  argumens  en  forme ,  fic 
de  diJHnguer  toujours  la  conclufion,  les  preuves  &  les 
objeAoib :  enforte  qu'tl  fut  impoflible ,  meme  aux  plus 
ftupides  de  s'y  meprendre.  lis  croyoient  abreger  beaucoup 
en  retranchani  tous  tes  ornemens  du  difcours,  &  toutes 
les  figuies  de  rhetorique ;  mais  peui-eire  ne  con&d^roient- 
ilipas  que  ces  figures  qui  rendent  le  difcours  vif  &  anime, 
ne  font  que  des  &iites  naturelles  de  1'eflbrt  que  nous  fai-, 
(oBs  pour  perfuader  lesautres.D'aiIleur5,  cesflgures  abre-; 
pm  fori  le  difcouTS  :  fouveat  on  icarte  une  objeflion 
d^itn  feul  mot :  fouvent  on  prouve  mieux  par  ua  lour  di- 
iai  que  parun  argument  enforme,&  toujours  on  ivite 
ks  rip^iiions  ennuyeufes  des  tennes  de  Tan.  Que  Ton  en 
&fle  Texperience ,  une  page  de  difcours  fcolaflique  fe  re- 
ditira  au  quatt ,  fi  on  le  change  en  un  difcours  ordinaire  & 
lanirel ;  &i  touiefois  ceux  qui  y  font  accoutumes ,  croient 
que  les  difcours  6gur^  ne  contiennent  que  des  paroles ,  & 
ne  reconnoiflent  plus  les  raifonnemens ,  s'ilsne  font  dif- 
linguis  par  articles  &  intitules.  Je  fais  bien  qu'il  eft  quel- 
^efois  n^ceflaire  d'ai^menter  en  forme ,  ou  d'ufer  des  ter- 
nes  de  rart,  &  nommer  la  majeure  ou  la  mineure;  pour 
netirc  en  evidence  une  raifon  impor[ante,ou  pour  dem^- 
ler  un  fophifme  :  mais  il  ne  s'enfuit  pas  qu'il  faille  en  ufet 
toujours  ainfi.  On  ne  s'exprime  pas  ordinairement  pardes 
formutes ,  fous  priicxte  qu'elles  font  n^ceflaires  dans  les 
contrats  &  dans  les  ferniens :  il  faut  laifier  quelque  chofe  1 
faire  au  difcipte ,  &  ne  lui  pas  faire  Tinjure  de  croire  qu'il 
orpuiffereconaeitreuaenifonitonnelaluiinonireaudoigt. 


'32     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

L'^udedelaphiIorophiecoiiMoit  pHncipakineniiieni- 
dierAri{lote,que  les Profefleurs  liroient  &  interpritoient 
publiquement;  roais  cooime  la  plupart  des  Commentateurs 
fe  donnent  carri^re  fur  les  commencemens  des  ouvrages , 
avec  1e  temps  on  traita  fort  au  long  rous  les  preliminaires 
de  la  logique,  Des  catigories  d'Arif1oie ,  qui  ne  font  qu'une 
ezplication  fuccinSe  de  tous  les  termes  fimples  qui  peuvent 
entrer  dans  les  propoficions ,  ils  en  ont  faii  un  iraite  fort 
itendu ,  &  y  ont  m^I^  beaucoup  de  metaphyfique  &  mSme 
de  theo!og;ie.  Car  a  Toccafion  de  la  rebtion,  il  y  enaqui 
entrent  bien  avant  dans  le  myft^re  de  1a  Trinit^.  Ils  ont  en- 
core  commenrc  fort  au  long  rintroduflion  de  Porphire,d'oii 
eft  venu  le  fameux  rraic^  dts  univtrfels.  On  y  a  ajouce  les 
queAions  fur  le  nom&reflencedeIaiogiquememe,fi  c'e{l 
un  art  ou  une  fcience ;  &  on  s'eft  fi  fon  etendu  fur  ces  pri- 
faces,  quc  Ton  a  kih  contrainr  de  traiter  fuccinfiement  les 
t^Ies  des  fyllogifmes,  &  tout  le  refte  qui  fait  le  princlpal 
corps  de  la  logique  d'Ariftote. 

On  a  fait  a  peu  pres  de  meme  dans  la  morale.  On  s'e({ 
itendu  fur  les  queftions  genirales  de  la  fin ,  du  fouverain 
bien ,  de  la  libert^ ;  enforte  que  Ton  a  manque  de  lemps 
pour  traiter  les  vertus  en  d^ail,&  donner  des  r^gles  par- 
ticulierespourla  conduite  de  la  vie.qui  fembie toutefois 
4tre  le  but  de  la  oiorale.  Ceft  en  quoi  Ariftote  devoir  etre 
de  grand  ufage,  car  il  a  parfaitement  bien  connu  les  moeurs 
destiommes;&  s'il  n'a  pas  toujourseu  des  vuesauflihau- 
tes  que  Platon ,  il  a  raifonn^  d^une  mani^re  plus  conforme 
aucommercedelavie&ice  quipeut  humainementfepra- 
tiquer.  Mais  apr^s  tout ,  c'eft  peu  pour  des  Chretiens ,  qui 
doivent  avoir  appris  d^s  I'en^nce  une  dodrine  inAniment 
audeSiis  de  celle  de  Platon  m£me. 

DE  toutes  les  fciences,  la  phyfique  ^toit  la  plus  tmpar- 
faite,  dans  le  temps  oii  les  univerTit^  fe  form^rent. 
On  rempninia  toute  enti^re  des  Arabes ;  &  au  lieu  de  la 
fonder  fur  Texperience  &  de  commencer  par  fe  bien  alTu-. 
rer  de  ce  que  les  chofes  font  eneifet,  on  la  fonda^fur  Tau- 
toriii  d'Anftofe  &  de  fes  commentateurs ,  &  furdes ratfon- 
nemensg^neraux.Et  v6ritab!ement,iln'eioitpas  facileaux 
iavans  de  ce  lemps-I^  de  faire  des  ezperiences.  Ils  icoieni 
tous  Moines  ou  Clercs  enferm^  dans  les  monaft^res  &  dans 

d» 


DESfeTUDES.  ^f 

des  coUeges,  pauvres  la  pluparr  ou  par  'eur  profefTion  ou 
par  leur  forrune.  La  arts  eloient  fort  dechiis ;  on  avoit  pcr* 
duquinrite  d'inventions,  &  onenavoit  peu  trouve  ;  li» 
anilaiu etoient encorc  ferfs  pour  la plupart , & daas  un  ^r.md 
Kprit;  il  eiott  diHicile  d-i  croire  qu'il  y  ctir  ri>:n  i  ap- 
|>rendre  d'cuK.  Quoi  qu'il  en  Ibit,  lescfpritsnctoicntpo^nc 
iMirn^  a  s'<iflurcr  det  faits  &  a  conlulter  Texpcrien^e.  On 
»'en rapportoi: a  rautorite  iles  livres , & oti  lenoii  pour conf- 
tir.t  tout  ce  qu^itsdi^bient  des  eSeis  d^  la  nature  &  Aa  leurs 
caur*H.  Bien  loin  de  fe  deficr  de  ce  qiii  eioit  cxtraordlnairc  , 
le  plus  mervcilleux  fembloit  toujours  k  plus  beau.  De-U 
viuilacroyanccd'unc  inAnite  defables,  doni  le  mondeell 
encof c  infeSe ,  quoique  Ton  iravaille  lous  les  jouts  a  ren 
6enoniper:  tanrdevcnus  occulies,  tant  de  l'ympathies& 
d^antipaifaies ,  lant  de  propri^ies  imaginaires  de  plantes  ou 
d'iifiijiuui:.  Cell  aulli  ce  qui  augmenta  le  crcJit  de  la  mspe 
&  de  raltroloijie,  qui  n'etoit  di]a  que  trop  grand.  Oi  liip- 
pofa  la  doArine  des  intluences  des  aAres,  commc  une  ve- 
rite  inkontedable  ;  &  les  gens  de  bien  s'elliniereDt  alTez  ^.  S. 
heureu<  de  prouver  qu'elles  ne  pouvoient  agir  fur  lcs  '•  *■ 
volonies  libres,  lcur  abandonnani  le  tQi\i  de  la  nature,  ^  j,'  * 
meme  les  organesdu  corps  humain.  On  crut  qu'il  pouvoit  y 
avoir  une  magie  naturellei&onatiribuaa  U  furnaiurellc, 
c'«ft-a-direaupouvoirdescfpni5(nalins,ioutcedontonne 
connciflbii  pas  la  caur<;.  Car  etant  ceruin  p)r  ta  reh^Mti 
<]u'ilyade  iel$efpriis,&  queDIeutcur  pcrmji qti.-lquefois 
deiromper  lcs  hommes  ,rien  n'cflpIiiscOnimLKlepo([r  lou- 
vrirrignorance,quc  de lcur  aitr.buer co  doit  on  ne  pcuc 
rendre  raifon.  Ainfi  les  fiflions  de«  Poetes  du  ce  icinps  \k 
Ctoient  beaucoup  moins  abfur-ies  qu'<.-lles  ne  r.oui  ie  paroif- 
leni.  L  eioit  vraiiemblable  ,  meme  aux  S.jv<ins ,  qu'il  y  cut 
cu  fouvent,  &  <\uV  y  tui  cn..ore  en  d-vcrs  endroin  du 
monde  de»  dcvin^  ou  des  cnt.hantcurs,  &  quc  la  nature  pro- 
duiuidcsilraiions  vol3ns&  des  monllrcstle  d:v^.'rresrories. 
CeitccTOyancedcs  fablcs  dansrhiftoirenjturcllcapporta 
quaniite  de  pratiqucs  fupcrliitieufes ,  pariici.licrciULnt  d^ns 
la  medecine,  oii  I'on  aime  toujours  mii^ut  fjire  quclqi.ie 
choli;  d'inutile  ,  quc  d'omcttre  ce  qui  pciii  eirc  utilc.  Cc  que 
ronappeioiidonc  ituiicrlu  Phyfijiie  (&  l'on  y  comprenoii 
la  medccuic ) ,  c'eioii  lire  des  iivrcs &  rdifo>iner : commcs'il 
B'ycutpoint  eu  d'aminauK pour faite  de»aRa:omics,nide 
Jaae  II.  C 


'54    DU    CHOIX  ET  DE  LA  MtTHODE 

plantes  ou  de  minerauxpour  eo  eprouver  leseffets,comiii0, 
£i  les  hommes  n'eufleat  point  eu  rufage  des  fens  pour  re- 
connoitrela  verlte  de  ceque  les  autres  avoient  dit.  En  un 
mot,  comme  fi  la  nature  n'eut  plus  ete  au  monde  pour  la 
conTulter  elie  meme.  Ce  fut  a  peu  pres  ainfi  que  les  arts  Sc 
la  medecine  furent  trait^  dans  les  Univeriites. 

XT«        f^\^  ruivitla  mSme  methode  pourledrcnt.Commerigno- 

^Moatw^  Vy  rance  du  latin  &  &  de  rhifloire  empechoit  d'entendre 

les  textes ,  on  s'en  rapporta  aux  Sommaires  &  aux  Glofes 

de  ceux  qui  palToient  pour  les  mieux  entendre ,  &  qui 

ii*ayant  pas  eux  memes  le  fecours  des  autres  livres ,  ne  fai- 

foii^t  qu'expliquer  un  endroit  du  Digefte  ou  du  Decret^ 

par  un  autre,  les  conferant  le  plus  exadement  qu*iIspou« 

.  ^  .   voient.  Les  fautes  de  ces  mattres  trompirent  aifement  les 

c.x.extrade  difciples,  &  quelques-uns  abu(^rent  de  leur  cridulite^ea 

fimma  irin.  melant  ii  ieurs  Glofes  des  etymologies  ridicules  &  des  &• 

verb.  dtabo-  y^g  abfurdes;  foit  qu'iis  ne  compriiTent  pas  que  Ton  ne 

/•1.    Uem  tn  i       i    •    r  i  i     /••         vi    j  r 

in/iit,  de  ju»  P^ut  pratiquer  les  lois  ii  on  ne  les  entend,  loit  qu  ils  de- 
re  nat.  &c.  (efperafient  de  les  entendre  mieux.  Leur  plus  grande  appli* 
9.  4.  5«  tf»  cation  fut  a  les  reduire  en  pratique ,  i  traiter  des  quef- 
tions  fur  les  confequences  qu'ils  tiroient  des  textes,  i 
donner  des  confeils  &  des  decifions.  Mais  quand  on  vou- 
lut  appliquer  a  nos  af&ires  ce  droit  Romain  ii  /nal  en- 
tendu  &  fi  eloigne  de  nos  moeurs,  &  conferver  enm^me 
temps  nos  coutumes,  qu'il  etoit  impoflTible  de  changer,  les 
r^gles  de  la  juftice  devinrent  beaucoup  plus  incertaines' 
que  devant.  Toute  la  jurifpnidence  fe  reduifit  eu  difputes 
d'ecoIe  &  en  opinions  de  dodeurs  ,  qui  n'ayant  pas  aiTez 
creufe  les  principes  de  la  morale  &  de  Tequite  natu- 
relie ,  cherchoient  quelquefois  leurs  mtirits  particuliers. 
Ceux  memes  qui  cherchoient  la  juftice,  ne  favoient  pas 
d'autres  moyens  de  la  procurer ,  que  des  rem^des  particu« 
liers  contre  rinjuftice :  ce  qui  leur  fit  inventer  tant  de  nou- 
velles  daufes  pour  les  contrats  ,  &  tant  de  formalites  pour 
les  jugemens.  Ils  ne  travailloient  ,non  plusque  les  medecins , 
qu'a  guerir  les  maux  prefens,  fans  fonger  ^  les  pr^venir  & 
en  arreter  les  fources ,  ou  plutot  ils  ne  le  pouvoient  pas. 
Car  pour  6ter  les  caufes  gen^rales  des  proces  &  de  rinjuf- 
tice,  il  faut  que  la  puiflance  fouveraine  s'en  mele  9  qu'il  y 
tit  des  lois  certaines  &  connues  de  tout  le  monde ,  &  des 


4. 


D  E  $    *  T  U  D  E  S:  j^ 

bfi^mfnli&cs  bien  autorifes.  II  faut  6ter  aux  particuriers 
plufieursiDOyefis  de  s*enrichir  &  de  fe  ruiner,  &  les  redui- 
Te ,  auraot  qu^il  eft  poffible ,  i  la  vie  la  plus  fimple  &  la  plus 
oaturclle :  comine  nous  voyons  dans  cerre  Loi  que  Dieu 
menie  donna  i  fon  peuple ,  &  qui  le  rendit  fi  heureux  tant 
qull  Pobferva.  Mais  alors  TEurope  ^toit  fl  divKce  ,  &  les 
Princes  fi  peu  puiflans  ou  fi  peu  iclairis ,  que  Ton  ne  fon- 
geoit  pas  i  £ure  de  telles  lois. 

ON  ^  Jioit  la  thiologie  plus  purement ;  &  nous  voyons  Xlt 
dans  tous  les  temps  une  proteftion  fenfible  de  Dieu  Thiologie#  J 
Ibr  fon  LgUfe ,  pour  y  conferver  la  faine  doftrine.  Mais 
quoique  la  dodrine  fut  la  meme  que  dans  les  fiecles  preci- 
dens ,  la  maniere  d*enfeigner  etoit  diiferente.  Les  P^res  de 
FEglife  etant  la  plupart  des  Evdques  fort  occupes  ,  n'^cri- 
Toient  gu^res  que  par  neceflite  pour  defenJre  la  religion 
par  des  combats  fineax  contre  les  heretiques  &  contre  les  cklr^Hv"'' 
paiens ,  &  ne  traitoient  queles  queftions  qui  etoienteffcc-  c.  i.  lo.  *  * 
tivemeat  propofees.  Une  bonne  partie  de  leurs  Ouvrages 
ibnt  les  Sermons  qu'ils  faifoicnt  au  peuple  ,  en  expliquant 
rEcrirure  fainte.  Les  Dodeurs  des  Univerfites ,  occupes  k 
^dierfic  a  enfeigner,  fepar^rent  m^me  toutes  les  parties 
des  etudes  ecclefiaftiques.  Les  uns  s'atrach^rent  a  rexp!t« 
cation  de  TEcriture  qu*ils  appel^rent  Thiologie pofitive :  d'au- 
tres  aux  myfteres  &  aux  v^rites  fpdculatives ,  ce  qui  a  con- 
fcT\i  le  nom  general  de  Scolaftiqut :  d*autres  k  la  morale  & 
i  la  decifion  des  cas  de  confcience.  Ayant  donc  pour  but 
d'enfeigner  dans  les  ecoles ,  ils  s*appliqu^rent  a  traiter  le 
plusdequeftions  qu'ils  purent&  a  les  ranger  avec  meihode. 
Ils  crurent  qje pour  exercer  Icurs  difciples ,  &  les  pr^parer 
aux  difputes  fh^ieufes  contre  lesennemis  de  la  foi ,  il  falloit 
exaroiner  toutes  les  fubtilites  que  la  raifon  humaine  pou- 
voit  foumir  fur  ces  matieres  ,  &  prevenir  toutes  les  ob- 
|e£tions  des  efprits  curicux  &  inquiets.  IIs  en  avoient  !e 
loifir ,  &  en  trouvoient  les  moyens  dans  la  dialedique  &  la 
met.Yphyfique  d*Ariftote  9  avec  lesCommentairesdes  Ara- 
bes.  Ainfi  ilsfirent  k  peu-pr^s  ce  que  Ton  fiiit  dans  les  falles 
d*e(crime  &  dans  lesacademies  de  manege ,  oii  pourdonner 
aux  jeunes  gensde  la  force  &  de  radreile ,  on  leur  apprend 
bien  des  chofes  qui  font  rarement  d'ufage  dans  les  vrais 
combats.  En  expliquant  le  Maitre  des  Sentences  dont  le  livre 

Cij 


V5     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MitUODt 

etoit  regarde  comme  le  corps  de  la  theologie  fcolaftique  i 
on  formoit  tous  les  jours  de  nouvelles  queftions  fur  celles 
qu'il  avoit  propofees :  &  depuis  on  a  fait  de  meme  fur  la 
Somme  de  faint  Thomas.  Mais  il  faut  avouer  que  cette  ap- 
plicatlon  a  former  &  a  refoudre  des  queftions  ,  &  en  ge- 
neral  a  exercer  le  pur  raifonncment,  a  diminue  pendant 
long-temps  rapplication  aux  etudes  pofitives  ,  qui  confif- 
tent  pius  en  le6lure  &  en  critique:  comme  le  fens  litteral  de 
TEcriture  ,  les  fentimens  des  Pires  &  les  faits  de  ITiiftoire 
ecclefiaftique.  11  eft  vrai  que  ces  etudcs  etoient  tres-diffi- 
ciles  par  la  rarete  des  livres ,  &  le  peu  de  connoiflance  des 
lar.gues  antiques.  II  n'y  avoit  que  les  grandes  biblioth^ques 
oii  Ton  put  trouver  une  Bible  avec  la  Glofe  ordinaire  cora- 
plete.  Un  partlculier  etoit  richequand  ilavoitle  Decretde 
Gratien ,  &  la  plupart  ne  connoiftbient  les  Peres  que  par  c^ 
recueil. 


Xin.  np  Elles  etoient  a  peu  pres  les  6tudes  en  France  &  dans 
ment  des  •""  *  ^u^^ope ,  quand  on  recommen^a  de  s  appliquer  aux 
Humanites.  Eumanius ,  je  veux  dire ,  principalement  a  la  grammaire  & 
a  rhiftoire.  On  peut  compter  ce  renouvellement  depuis  Vzn 
1450 9  &  I^  prife  de  Conftantinople ,  qui  fit  que  tant  de 
favans  Grecs  fe  retirerent  en  Italie  avec  leurs  livres.  Car 
bien  que  Petrarque  &  Bocace  euflent  releve  ces  fortes  d'e« 
tudes  des  le  fiecle  precedent ,  ils  n*avoient  encore  gu^res 
avance.  Mais  en  Gr^ce ,  les  etudes  s'etoient  aftez  bien  conr 
fervees.  Le  feul  Commentaire  d^Euftathe  fur  Homere  , 
montre  que  jufques  aux  derniers  fiecles ,  il  y  etoit  refte  une 
infinite  de  livres  &  des  hommes  d'une  grande  ^rudition. 
Ainfi  depuis  le  milieu  du  quinzi^me  fiecle,  on  vittout  d'un 
coup  paroitre  une  foule  de  Savans,  premierement  en  Italie» 
puis  en  France  ,  &  dans  le  refte  de  TEurope  k  proportion» 
qui  s*appliquerent  avec  une  ardeur  incroyable  k  lire  tous 
les  livres  des  Anciens  qu*ils  purent  trouver  ,  k  ecrire  en 
Latin  le  plus  puremenc  qu*il  etoit  pofllble ,  &  a  traduire  les 
AuteursGrecs.L'artde  rimprimerie  qui  fut  trouv6  en  meme 
temps  ,  leur  fut  d'un  tres-grand  fecours  pour  avoir  aife* 
ment  des  livres ,  &  les  avoir  correfls.  Aufli  plufieurs  s'ap«* 
pliquerent  enfuite  a  faire  d'excellentes  editions  de  tous  les 
bons  Auteurs  fur  les  meilleurs  manufcrits  ,  recherchant  les 
plus  anciens ,  &  en  comparant  plufieurs  enfemble.  D/autre^ 


4^ 


l>MI 


D  E  S    fi  T  U  D  E  S.  57 

%nt  Eait  des  Didionnaires  &  des  Grammaires  tr^s-exafles : 
d^iutres  6es  commentaires  fur  les  Auteurs  difHciles  :  d*au- 
tres  des  Traites  de  tout  ce  qui  peut  fervir  a  les  entendre  : 
coaune  leurs  Cables ,  leur  religion ,  Icur  gouvernement  , 
Jeur  milice ;  &  jufques  aux  moindres  particularit^s  de  Leurs 
jRCKirs  9  leurs  habits ,  leurs  repas  ,  leurs  divertifTemens* 
£aibrte  quHIs  ont  fait  tous  les  travaux  neceffaires  ,  pour 
flxnis£iireentendre,aurant  qu'il  eft  pofiible  ,apres  un  fi  long 
iatervalle  ,  tout  ce  qui  rede  de  livres  antiques  grecs  ou 
Utins. 

Mais  quelques-uns  fe  font  trop  arretes  a  ces  etudes ,  qui 
ne  font  que  desinfirumens  pour  d*autres  etudes  plus  f^^rieu- 
ies.Car  il  y  a  eu  descurieux  qui  ont  pafle  leur  vie  a  etudier 
le  Latin  &  le  Grec,  &  i  lire  tous  les  Auteurs  feulement  pour 
la  bngue,  ou  meme  a  entendre  les  Auteurs  &  en  expliquer 
les  paflages  difficiles  ,  fans  aller  plus  loin  ni  en  (aire  autua 
u/age.  U  y  en  a  qui  fe  font  arretes  a  la  mythologic  &i  aux 
autres  antiquitis  que  j*ai  marquees  ;  qui  ont  recherch^  des 
iBfcriptions ,  des  medailles  &  tout  ce  qui  pouvoit  cclaircir 
les  Auteurs  ,  fe  bornant  au  plaifir  que  donnent  ces  curio- 
fites.  Quelques-uns ,  pafiant  plusavant,  ont  ctudi^  fur  les 
Andens  les  reglesdes  beaux  arts ,  comme  leloquence  &  la 
po^iie,  fans  toutefois  les  pratiquer  :  d'ou  vient  que  nous 
avons  tant  de  Traites  modernes  de  poetique  &l  de  rhetori- 
que ,  quoiqu*iI  y  ait  eu  (i  peu  de  vMtables  Poctes&  de  ve- 
ritables  Orateurs  :  &  tant  de  Traites  de  poHtique  faits  par 
des  paniculiers  qui  n*ont  jamais  cu  de  part  aux  aiTaires.  Enfin 
rapplicatiofl  i  lire  les  livres  des  Anciens ,  a  produit  en  plu- 
fieurs  un  refped  (i  aveugle  ,  qu  ils  ont  fuivi  ieurs  erreurs 
plut6t  que  de  fedonner  la  liberte  d*en  jugcr.  Ainfi  Pona  cru 
que  la  nature  etoic  telle  que  Pline  Ta  decrice  ,  &  qu'ellc  ne 
pouvoit  agir  que  fuivant  les  principes  d*Ari(lotc.  Le  pis  el\ , 
^eplufieurs  ont  tropadmire  Icur  morale  ,  &  n'ont  pas  vu 
coml)ien  elle  ed  au  deiTous  de  la  rcligion  qu'ils  avoient  ap- 
prife  dis  lc  berceau.  D'autres  ,  quoiqu^en  petit  nombre  , 
ont  donn^  dans  Texces  oppofe ,  &  ont  afle<^e  de  contredire 
les  Anciens  &  de  s'eloigner  de  leurs  principes.  Mais  entre 
ceux  qui  les  ont  admircs ,  le  defaut  le  plus  ordinaire  a  ^te 
la  mauvaife  iuiitation.  On  a  cru  que  pour  ecrire  comme 
<ux,  il  falloit  ecrire  en  Icur  langue ,  fans  confiderer  quc  Ics 
toivoient  en  Latin  &  non  pas  en  Grec ;  ^que  le» 


3»     DU  CHOIX  ET  DE  LA  M6TH0DE 

Grecs  ecrivoieiit  en  Grec&non  pasenEgyprien  ou  enSjr? 
riaque.  On  s^eft  pique  de  faire  de  bons  vers  en  Latin  ,  & 
meme  on  en  a  fait  en  Grec  ,au  hafard  de  n*etre  entendu  de 
perfonne  :  &  ceux  qui ,  comme  Ronfard  &  fes  fe6^ateurs  , 
ont  conimence  a  en  faire  de  Fran^ois,  apres  la  leduredes 
Anciens  ,  les  ont  remplis  de  leurs  mots  ,  de  leurs  phrafes 
poeriqucs ,  de  leurs  fables  ,  de  leur  religion ,  fans  fe  mettre 
en  pvine  fi  de  telles  poefies  pourroient  plaire  a  ceux  qui 
n*auroient  point  dtudie  :  il  fufHfoit  qu'elles  fiiTent  admirer  la 
profonde  erudition  des  Auteurs.  On  a  imite  de  meme  les 
Orateurs :  on  a  harangue  en  Latin ,  &  ona  farci  des  difcours 
Fran^ois  de  pafTages  Latins.  En  un  mot ,  on  a  cru  que  fe  fer- 
vir  des  Anciens ,  c*etoit  les  favoir  par  coeur ,  parler  des  cho- 
fes  dont  iis  ont  parl6 «  &  redire  leurs  propres  paroles :  au 
lieu  que  pour  les  bien  imiter ,  il  falloit  choifir  les  fujets  qui 
nous  conviennent ,  comme  ils  fe  font  appliques  <t  ceux  qui 
leiir  convenoient ,  les  traiter  comme  eux  d  une  maniere  fo- 
liJe  &  agreable  ,  &  les  expliquer  aufli-bien  en  notre  Iaa« 
gue ,  qu*ils  les  expliquoient  en  la  leur. 

Cette  nouveile  efpece  d'etude  excita  une  maniere  de 

guerre  entre  les  Savans.  Les  Humaniftes  charmes  de  la 

beaute  des  Aureurs  antiques ,  &  ent^t^s  de  leurs  nouvel- 

les  decouvertcs,  meprifoient  le  commun  des  Dodeurs  qui 

fuivoient  la  tradition  des  ecoles,  n^gligeant  le  ftyle  pour 

s'attacher  aux  chofes ,  &  preferant  Tutile  a  Tagreable.  Les 

Do6leurs  de  leur  cote  ,  je  dis  les  Theologiens  &  les  Ca- 

noniftes ,  regardoient  ces  nouveaux  Savans  comme  des 

Grammairiens  &  des  Poeres  ,  qui  s^amufoient  k  des  jeux 

d^enfans  &  a  de  vaines  curiofites.  Mais  les  Humaniftes  fe 

r.  Epiji^  failoient  6coutcr ,  parce  quils  ecrivoient  poiiment ,  &  qu'ils 

chfiur  virur.  avoieut  appris  par  la  lefture  dcs  Anciens  ,  a  railler  de  bon» 

ra/m.         ^^  grace.  L'herefie  ds  Luther ,  qui  s'eleva  peu  de  temps 

apres  >  e:haufFa  ccs  querelles,  &  les  rendit  plus  firieufes. 

Luther  vouloit  reformer  les  etudes  aufli  bien  que  la  reli- 

nobOetnt,   ?*^"*  ^'  "^  falloit  ni  philofophie  ni  fciences  profanes.  II 

««.  isio.     falloit  brCiLT  Platon  ,  Ariftotc ,  Ciceron,  &  tous  les  livres 

des  Anc: ins ,  pour  n^etulier  que  rEcriture ,&  donner  tout 

le  ref^e  »lu  temps  au  travail  des  mains.  Ceft  ainfique ,  pouf- 

fant  tout  a  Tcxcis  ,  il  rendolt  odieufes  les  plus  laintesma- 

ximes  deTantiquite.  Larefiftance  qu^iltrouvadans  lesDoc- 

teurs  de  theologie ,  &  les  cenlures  de  la  Faculte  de  Paris 


\  -1 


DESfiTUDES.  )9 

&  Aes  aotres  Univerfires  »  le  rendirenr  leur  ennemi  irri* 
conciliable.  II  le$  trairaavec  le  dernier  mepris » &Melaoc- 
con  roQ  fidelle  difciple ,  employa  tout  fon  efprit  &  toutes 
ies  belles   lettres  pour  les   tourner  en  ridicule.  Mais  les 
pretendus  reformateurs  ne  durcrent  pas  longtemps  dans 
cene  premiire  feverite  contre  les  etudes  profanes.  IIs  fu- 
rent  bientdt  lesplus  ardensa^tudicr  les  humanites,voyanc 
que  rdoquence  &  Fopinion  d*une  ^rudition  fmguliere  leur 
attiroic  grand  nombrede  fedateurs.Ils  regarderent  ces  etu- 
4ss  comme  desmoyens  neceflairesala  reformation  de  TE-  « 

gUfe,  &  voulurent  faire  pafferle  renouvellement  des  let-  dt  Befe^ 
tres  pour  le  premier  figne  que  Dieu  eut  donne  de  fa  vo-  comm.  c^. 
lont^fur  ce  point.  Ilfembloitya  lesentendre,  que  cette 
conootfiEuice  deslangues  &  de  rhiftoire  » qu*ils  acqu6roient 
par  uo  rravail  affidu ,  fut  une  marque  affuree  d'une  miilion 
exrraordioaire;  &  fe  faifant  admirer  dcs  ignorans ,  ils  Icur 
perfuadoienc  zidmtm  que  les  Dodeurs  Catholiques  ne  fa- 
voient  non  plus  la  religion  que  lcs  belles  lettres.  Mais  ils 
ii'eurentpas  long-temps  cefoible  avantage.Les  Catholiques 
les  combattirent  bientdt  par  leurs  propres  armes ,  &  fe  fer« 
virent  tres-utilement  contre  eux  de  la  connoiffance  des  lan- 
gues  originales  &  des  Auteurs  anciens ,  fuivant  leurs  pro- 
pres  editions.  On  a  donc  recommence  k  ^tudier  les  P^res 
Grecs&  Latins  ,  trop  peu  connus  dans  les  fiecles  prece- 
dens:  on  a  etudielliiftoire  Ecclefiafiique ,  les  ConciIes>Ies 
anciens  Canoos  ;  on  a  remonte  iufques  a  Torigine  de  la 
Tradition ,  &  on  a  puife  la  do£^rine  dans  les  fources.  Le 
fens  lictend  de  TEcriture  a  ete  recherchi  par  le  fecours^es 
bngues  &  delacricique.  Je  fai  bicn  que  pluficurs,  mdme des 
Catholiques^ontpouffe  ces  recherches  a  de  vaines  curio* 
fit^s ;  &  que  plufieurs  aufli  font  demeuris  trop  attaches  i 
Tancien  flyle  des  ^coles  :  tant  ii  eft  difficile  aux  hommet 
de  fe  cenir  dans  une  jufte  mediocrici. 

Le  langage  de  la  philofophie  fcolaftique  qui  nous  eft 
venuedes  Arabes,  n*eft  digne  par  lui-m^me  d*aucun  ref- 
ped  particulier.  II  en  eft  comme  de  rarchitedure  de  nos 
anciennes  Lglifes.  Cette  architedure  que  nous  nommons 
Gtuhi^jut  y  &  qui  eft  efiedivement  Arabefque ,  n*en  eft  ni 
plus  v^crable  ni  plus  fainte ,  pour  avoir  eti  appliquee  il 
des  ufages  (aints  dans  lestemps  ouTon  n*cn  connoiffoit  pai 
4t  meiUcurc.  Cc  feroic  une  delicateffe  ridicule  de  ne  vou« 

Civ 


^    ."'.V  c:io\::  E:r  dela  MtTHODF: 

.^■^  Ta^cMTcr  -■in'i  -■s  'ii.i^injii^nT  iar.cf  ie  ^i-.orrar 
r^T-i  <* '«Tf^.i-  ^j-Tnii-i  ■  ai.-  i^rrnihe 'e  ::iHercnLaiTr'i'iine 
»«i..tt;rt  ;r<.l'i-,i-"r;;-e.  >.\:ti  sar  :3Urd  jue  i:cs  ;  iees  ift 
(ti'.-t.  rr  ■;*»  ;u-:;-s  .->>rFMn  LEUeCne  J  rrti^oa  :  .3£  .italll 
ity^-  ;  ii  -.v^^r  -v  ru  ^iestre*  Tiistrr*  -jc  ue  ■'iMcrtiiion 
de«  -.-i.r-— ^-;.  ■■■*ecoi.-nw  ;<scto:esio.it  ■:!!  .-iii»- ineiKes. 
■-  :'  --.  ,.---1  i  -i.-n.-.ivei:^jjf!t  ■!«  3in:aiSfe9a.  rcodii 
1»'«  .^itfe<  >"-;i  o.;-:^so.-  Tiiw  :<rE3E:<;£in:.:snr3iTJ:t .  li 
k»  i  rvtv..(i  ■  :!,:ear^  aius  -ijficiies.  Cjt  un  a.  piinoi  ans;- 
«^■— ■  ^je  .■"if^fii; .  A  .'-.1.1  ;  ■.■ni:J.;  rca:  ;;n,-r.crvcr.  -\inli 
<,•!.!  :.«"■{:  3«!  inai  x  zit  izti  .i.-.-^;  -rr^inon.ce  jours 

U  gr.n"wr?  :-v-K  .i  .ir.cM.lMins ,  :.  3«.-:i"-'£  ■  i;\at-a- 
rft."  .11  I--1. ■"■!•.;  !e*  -."ers  Liitnc.  !a  r.ii^jnnoua  i  nr  oc- 
eri*^'^!  .Siit.vr.'  i  .i  •j.i^r3nnic  ,  auii  ;s  irai-j!bp:i;e  ,  3l 
«n''!i'to  .^  :h';.-»irt^,e .  .c  irjit  in  !a  iieit^;ne,  ;iuvani  ies 
(tifffCife!  pr.itl-ilirtit.  J^  '.hiiVe  i  ■.•fius  nu  »  'W  oaiC  i 
jtHtor fi  dsnw !«  jcotei  in  n'j.nte:Bne  t;i;,t  ouc  i'utie  , i. !i 
On  y  e''Ti'?i>;iie  '•vii  ce  <itii  ^l  neciiiLirc.  Miin  'iiufitin.  iiDin- 
me  ("j"  ^ir  Hjljrn-i .  ti  ■Jit  lue  ie  parer  ■ius  ■itiuies  iumet'- 
fiiliw«.Cert  jjrtificoi  ;'ti  cmqiii;  (neierQunerniisacnier- 
f  re  A  j^ai-r  ;'awrtr;r--'  -ie  ia  inur.intc  pocr  niii^nner  libr^ineiit 
Air  h  •('•^ri  .'rc  ^e*  a'ii>'i;«  ;  Ovnitf  .•■.  Pu.Jilia-ies  -u  ^tti  iju- 
mn aiixlo"  d(  Un'  f.iyt  w  ^:'^^"  p-t-t  •C^  -jifjnncr  jur L* 
^y'niifiit.  Si  pnr>r<i  "ie*  <TJiit«  en  ^.iniin;  ,  qiiJiqiiB  aioa 
^incij)al  rlelfein  ;>.:r  rte  s-.e  rwiiiri  a  cellesifii  lijnt  le  pius 
ii  I  ii^rfKS^^^ieonet^sn^cpje  !"ooiniirj:ren  (larnauitU- ;  ^ 
jA  p^r.p^er^i  tinnpl«iaent  ae«  reneiioos  tjndeas  lur  i'c&.^ 
pirierKe. 

«  ?";  ,  ■  t.wfemfcleffirildiitpremiersiTient^Dminercequec^eft 
Un  'hiT'*    Af'*  r#fii'te.  &  f[MeI  tiiJt  on  'foii  fc  projioter  en  eruiionc. 

4«f  £tii((Mi  AmdfTir  fie-^ncnip  rle  coT>noil£tnc«,  metne  avec  ungrzr.d 
Uai/iW  ,  8t  fo  ()iAinf(iMf  du  ^mmun  en  facfaant  ce  que  W 
jiiitrfc  nf  f.tveni  prrini :  toui  cela  ne  fufiit  pas  pour  dire  q^je 
IVin  ^rii  iie  :  Hiitrement  ce  furoir  ^tit^ier  que  de  cotopter 
Vniiro  le«  leitre*  «riin  livre  ,  ou  tiurcs  1«  feuiiles  d'ua  ar- 
l're  tiK.iirffue  ce  rernii  une  occupdtion  fort  penible  qui  fd 
lerittioeroil  A  tKio  cnnn«ifraii(.u  fort  fin^iilii.Te.  Mais  pour- 
()iiiil  cellf  ii|i|tlic.iiion  feroti  •  elle  ridicule ,  Caon  parcs 
<|U'b1I«  nff  farwit  ol  tuil«  oi  agrcable.  U  bm  doac  que  tw 


X 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  41 

t|iicToa doit aonnRCf  Eiude, 2.11  pour  bur au molns le plaifir 
de  la  connoilTiince.  Encore  le  plaifir  ne  fufHt  pas  pour  iuf- 
tifier  les  ctudes  qui  nuifenr  a  Ae  tneilleures  erudcs  ,  ou  k 
d'auim  occupations  p!us  uiiles.  On  auroit  pitie  d'un  ma- 
bde  quinechercbeToii  qu'3  s'habi]lerproprcnient&  man- 
ger  lout  ce  qui  flaiteroii  fon  goiit ,  au  lieu  de  5'appliquer 
Jerieurcment  a  fe  ^inr.  On  fe  moqueroii  d'un  ;eune  ar- 
tilan,  qui , pendant  fon  apprentifTage  S^amureroitadcfliner 
ou  a  (ouer  des  inHrumens  ,  au  lieu  d'apprendre  (bn  m^- 
■ier.  U  auroit  beau  dire  quil  y  prend  piaifir  ,  &  que  la 
peinture&  lavufique  TonE  desartsplusnobles  que  la  m^- 
nuilerie  oula  (isTrurene.  Laiffez  lout  cela ,  lui  diroit-on,aux 
MuGdcns  &  aux  Peinires  ,  le  temps  que  vous  donneriez 
ileur  mitier  votis  einpecheroit  dapprendrele  v6ire.  Tour 
ce  quc  Con  peut  vous  permeitre  ,  c'eft  de  vous  y  divertir 
les  jours  de  Fetes  ,  au  lieu  de  faire  la  debauche.  On  pour- 
roii  en  dire  de  meme  i  ia  plupart  dcs  jeunes  gens.  Voire 
cducaiion  doil  etre  rappreniilTjge  de  voire  vie  :  vous  de- 
vea  y  apprendre  i  devenir  bonnete-homme  ,  &  habiie 
homme  felon  la  profeflion  que  vous  embrafleTez  :  appli- 
quez-vous  unitjueinem  a  ce  qiiipeutvous  rendre  tel.  Mais 
la  grammaire ,  la  poeiique ,  la  logique  me  divertifTeni :  je 
trouve  un  grand  phifir  i  favoii  plufieuts  langues  ,  a  tirer 
des  ctymologies ,  &  fdire  diffijrenies  retleKions  fur  le  lan- 
^age  des  homines  :  i'aime  3  juger  des  ftyles  ,  61  a  exami- 
ner  Ics  regles  de  la  Poefie  :  )'aime  ces  doi^es  fpeculations 
fur  la  naiure  du  raifonnement ,  &  ces  enumerations  exac- 
tesde  tousceuxqui  peuveni  former  une  conclufion.  Vous 
avez  raifon  :  toutes  ces  connoifiances  font  agreables  :  elles 
ibot  memeforthonneies,  &.  peuventvout  fervir  jufques 
iun  certain  point.Mais  prcnczgarde  quc  le  plaifir  ne  vous 
cmpone ,  &  que  vous  n'y  donniez  irop de  temps.  La  Phy- 
'fique  a  cncore  de  grands  chatmes.  Si  vous  vous  abandon- 
jicz  aux  Maihcmatiques ,  vous  en  avez  pour  voire  vie.  U 
y  a  des  gens  qui  la  trouvent  trop  courie  pour  1'eiude  de 
rbilfoire  :  &  il  y  en  a  qui  la  palTent  a  de  pures  curiofuis 
^e  yoyages;  iacquerir  de  rintelligence  dans  les  beaux  aris, 
comme  la  peiniure  &  la  mufique ,  ou  it  recherchcr  des 
<hofc«  rares.  Cepcndam  quand  apprendrez- vous  a  vivre» 
A  quand  vous  inllruirez-vous  des  chofes  panicuiicres  a 
yotre  ft<A^aoa  i  11  im  letiancher  ces  plailirs «  H  voiu 


41    DU  CHOIX  ETPE  LA  M£THODE 

M  favez  pas  les  modirer ;  &  fi  votis  pouvez  y  garder  und 
mefure  raifonnable ,  i  la  bonne  heure :  donnez-y  le  temps 
que  les  autres  donnent  a  la  bonne  ch^re ,  au  jeu  ,  &  c^  des 
vifites  inutiles.  Mais  ayez  foin  toutefois  de  garder  du  temps 
pour  exercer  votre  corps ,  &  pour  rel^cher  enti^rement 
votre  efprit ;  car  la  fant6  &  la  liberte  d'efprit  eft  prefera* 
ble  a  toute  lacuriofiti.  Outre  leplaifir,  il  y  a  encore  une 
grande  tentation  a  eviter ;  c'eft  celle  de  la  vanite.  Com* 
bien  y  a-t-il  d*^tudes  que  Ton  ne  fait  que  pour  paroitre» 
pour  fe  diftinguer  ,pour  etonner  les  ignorans  ?  Le  moyea 
de  les  reconnoitre ,  eft  de  penfer  a  ce  que  Ton  itudieroit^ 
fi  Ton  devoit  vivre  en  folitude  ,  &  ne  parler  jamais  i  per-r 
fonne. 

On  ne  doit  donc  nommer  etude  qne  rappIiiatioH  aiir 
connoiflances  qui  font  utiles  dans  la  vie  :  il  y  en  a  de  deux 
fortes ;  les  unes  font  utiles  pour  agir  &  pour  s*acquitter 
dignement  des  devoirs  communs  a  tous  les  hommes,  ou 
V.  Arijf.  po»  de  ceux  qui  font  propres  k  chaque  profeflion ;  les  autres 
Ut.tiv.t.ch.(Qj^^  utiles  pour  s'occuper  honnetement  dans  le  repos  & 
*•  profiter  du  loifir ,  evitant  roifiveti  &  la  d^bauche.  Le 

premier  but  doit  ^tre  Ta^^ion  de  Thomme  comme  homme  » 
dont  la  perfedion  eft  la  vertu  morale «  enfuite  on  le  regarde 
comme  membre  de  la  fociete  civile.  II  eft  encore  tr^ 
important  de  bien  employer  les  intervalles  de  Tadion. 
Toutes  les  adions  des  hommes  ne  tendent  qu*au  repos  & 
au  loifir ,  &  cet  6tat  eft  le  plus  dangereux  pour  ceux  qui 
ne  favent  en  bien  ufer ;  mais  ceux  qui  en  profitent  acqui^- 
rent  les  connoiflances  qui  peuvent  fervir  a  conduire  & 
leurs  aflions  &  celles  des  autres ,  &  goutent ,  eii  les  acqu6- 
rant,  les  plaifirs  les  plus  purs  de  cette  vierainfi,  comme 
par  le  travail  du  corps  on  fe  procure  la  nourriture  que  le 
corps  re^oitavec  plaifir,  &  qui  lui  redonne  des  forces 
pour  travaiiler  de  nouveau ,  de  meme ,  par  les  a&ires  & 
par  les  adions  de  la  vie,  on  fe  procure  le  repos,  oii  Toa 
apprend  a  fe  conduire  dans  les  a£lions  fuivantcs ,  &  oti 
l*apprend  avec  plaifir.  La  providence  a  tellement  difpofe 
le  corps  des  enfans,  que  Iorfqu*ils  ne  font  point  encore 

•  capables  de  travail ,  ils  demandent  une  grande  quantite  de 
nourriture  qui  les  fait  croitre  &  les  fortifie.  II  en  eft  de 
meme  de  Tame  :  il  n'y  a  point  d*age  oii  Fon  apprenne  fii 

•  £icilement,  &  qu  Ton  defire  tant  d'apprendre ,  que  la  pr(^' 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  4j 

mAiTt  leunefle  encore  incapable  d'agir ,  au  lieu  que  la 
vieilkfle  qui  n'en  eft  plus  capable ,  eft  tres-capable  d'inf- 
tniire,  &  y  a  grande  incUnation  ;  enforte  qu*il  n*y  a 
aucun  etat  de  la  vie  qui  ne  foit  fort  utile ,  fi  Ton  (ait  rt* 
pondre  aux  intentions  du  Createur. 

La  jeunefle  eft  donc  un  temps  fort  pricieux ,  jamais  la 
cunofite  ni  la  docilite  ne  font  fi  grandes  ;  les  enfans  veu- 
knt  tout  favoir »  touslesobjets  leur  font  nouveaux ,  &  ils 
les  regardent  avec  attenrion  &  admiration ;  ils  font  fans 
ceflTe  des  queftions,  ils  veulent  eifayer  de  tout ,  &  imiter 
tout  ce  qu^ils  voient  faire  :  d*ailleurs  ils  font  credules  & 
fimples ;  ils  preimeot  les  paroles  pour  ce  qu*elles  fignifient, 
]u(qu*ii  ce  quHs  aient  appris  a  fe  d^fier ,  en  eprouvant  que 
ron  ment  &  que  Ton  trompe  :  ils  prennent  telle  impreflioa 
que  ]*on  veut,  n*ayant  encore  ni  exp^rience  ni  raifonne« 
mcttt  qui  y  refifte :  jamais  la  memoire  n*eft  plus  facile  ni 
pius  (ure ;  &  felon  qu*en  cet  ^ge  on  s*accoutume  a  penfer 
it  cenaines  cbofes  plutdt  qu*a  d'aurres ,  on  s*y  applique 
dans  tout  le  refte  de  fa  vie  avec  plus  de  facilite  &  de  plaifir* 
II  eft  evident  que  Dieu  a  donne  toures  ces  qualir^s  aux 
enfans,  afin  qu'ils  puflent  apprendre  ce  qui  doit  leur  fervir 
dans  le  refte  de  la  vie ;  &  il  eft  de  la  mere  providencede 
ne  leur  avoir  pas  donn^  ces  qualites  en  vain ,  mais  de  leur 
avoir  donne  en  meme  temps  la  capacite  de  retenir  tout  ce 
qui  leur  eft  neceflaire«  &  les  moyens  exterieurs  de  Tap- 
prendre :  c*eft  la  faute  de  ceux  qui  nous  ont  inftruir ,  &  la 
notre  enfuire ,  s*il  nous  manque  quelqu*une  de  ces  connoif- 
(ances  neceflTaires :  de-l^  vienr  que  Tignorance  de  nos  de« 
voirs  nous  rend  coupables.  Or  la  capacite  que  nous  avons 
de  connoitre  &  de  rerenir  n*eft  pas  petife ;  &  il  n*y  a  point 
il*}iomn*e  fi  peu  inftruit,  &  d*un  efprit  fi  grofller  ,  pourvu 
qu*il  ne  ioit  pas  tout-a-fait  ftupide,  qui  n*air  une  quantit6 
prodigiiufe  de  connoiHances.  Prenez  un  payfan  qui  ne  fait 
point  lirc ,  &  qui  n*a  point  apprisde  metier ,  il  fait  comment 
ie  font  les  cho;es  les  plus  necelfaires  pour  la  vie ,  quel  en 
cft  !c  prix  ,  queis  font  les  moyens  de  les  avoir  :  il  connoit 
lcs  arbrcs  &  les  plantes  de  fon  terroir ,  la  qualit  j  des  terres, 
les  ciiflcrenres  fa^ons  qu*cllcs  dcmandent;  &  lcs  faifons  du 
travatl ,  lachafle  oula  peche  fclon  le  pays,  &  une  infinit6 
dechofcsfeniblables,  utilcs  &  folidcs,  ignorecs  pour  For* 
ire  de  ceux  que  Toa  appelle  Savans.  Les  ignorans  ne 


"44  TiV  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 
rontdoncpasdcs^ensquinepenlent  a  rien,  &  qui  n'aient 
Tten dans  lu memoiri; ;  ils y  onttnoinsdechofes,  &  penfent 
rouvent  auK  memes,  Ijos  ordre  &  lans  fuite,  ou  bien  iis 
penlent  a  quar.iitti  de  choies ,  mals  petiies ,  baffes  ,  vul- 
gaircs  &  imitiles.  Les  premiers  font  plus  groffiers,  ceu\-ci 
pliis  K-pers.  Les  Savans  au  contraire,  &  les  habiles  geos, 
nc  foiit  pas  toujours  dcs  gens  qui  aient  le  cerveau  mieux 
dirpDJe que ics autres ,  Us lexercent  plus ,  ils  penfcnt  a  plus 
d'obicts,  plus  grands,  plus  nobles,  plus  uiilcs. 

Mais  qudque  grande  quc  foit ,  mene  dans  les  naturels 
les  plus  heureuT ,  cetie  cnpaclte  d'apprendre  &  de  retenir  , 
ileltclairqu'cllecltbornee,  puifqu'elle  depend  ,  du  molns 
enpartie,  du  corps&  de  la  difpofition  du  cerveau,  &  que 
Tame  mcmc  elt  une  creature  dont  la  veriu  eft  finie  :  d'aii- 
tcurslaviueilcourte,  ta  plusgrande  parrie  s'emploie  aux 
befoins  du  corps ,  &  lo  relle  nous  ert  plus  donne  pour  agir 
quc  pour  apprendre ;  cnlin ,  fans  parlcr  de  ce  qui  eA  aii 
livlVas  de  iiotre  portee ,  il  ne  faut  pas  croire  quaucun 
homme  en  particulier  puilTe  favoir  rout  ce  qui  ell  de  la 
portee  de  rclprit  humain.  Quicontjue  aura  la  vanite  6'y 
pretendre ,  laillera  quantite  ue  connoiflances  utiles ,  pour 
fe  chargcr  de  quantitc  de  fupertlues,  &  dans  celles-la  meme, 
U  trouvera  toujours  iles  pays  qui  Itii  ferom inconnus :  ii  &ut 
donc  niiinanor  lc  tcmps,  &  choifir  avec  un  grand  foin  ce 
quenoustlcvonsapprendre,  d'iiut3ntplusqueronn~oublie 
pascomine  lon  vcut,  &uue  I>» connoifiances  ne  font  pas 
chez  nous  comme  des  tableaux  ou  des  medailles  que  Toa 
met  dans  im  cabinet  pour  ne  les  regarder  que  quand  oti 
vc;it,  &:s'endL'fairequjndonn'cnvemplus.  Nous  n'avons 
poini  d'autre  iieu  6ii  mettre  nos  connoilTjnces  tjue  notre 
fflcmoirc  &  notre  ame  meme,  elles  y  demeurcnt  malgre 
nous ,  fouvcm  toute  notre  vie ;  &  celles  dont  nous  vou- 
drionslepltisnousdelivrar,  font  celles  qui  feprefement  le 
plu«  j  nous ;  de  plus  ,ce  font  no;  penfees  bonnes  ou  mauvatfes 
q-.ii  forment  nos  mceurs  ;  de  Ibrte  qu'une  erreur  que  nous 
avons  cmbraficc  cA  commeun  poifon  que  nous  aurious  ava- 
16,&dont  il  nefcroitpIuBennotrepouvoird'empecberref- 
fct;  quefi  noiisfommesoblig^sabienchoifirceque  nous  era- 
dions  nous-memcs,  nous  dcvons  y  regarder  de  bien  plus 
pris  pour  inflriiire  les  autrei ,  principalement  les  enfans : 
il  y  a  plus  d'injuAice  i  prodiguer  le  tHen  d'autrui  que  1« 


DESiTUDES.  ■sa 

B&tre ;  &  c'eft  une  cfptce  de  cniaur^  de  fairc  egarer  ceur 

(]uc  \'oa  nous  donnc  a  conduirc.  On  ne  croit  pas  d'ordl- 

Da>fC<]ueccc!i.jix  foit  d'aucuiic  impQriance  pour  les  pents 

eaijns  Lorfque  les  premicrcs  poinics  dc  lumicre  coaimca- 

ceat  a  paroitre  en  cuk  ,  on  leur  laifTc  prendre  quamite  de 

Buuvailbs  jmprcfiions  qu'il  faut  detruire  dans  la  fuite ;  au 

fieu  de  lcs  aider,  on  fonilie  kursdefauts :  ils  font  cicdules, 

on  leur  conte  peaud'ane,  &  ccnt  autres  fables  imperti- 

nentesqui  occupcnt  leur  mcmoirc  dans  fa  prcmicrc  frai- 

chcur  :  i!s  fonc  timidcs ,  on  lcur  parle  de  loups  garouK  & 

dc  bctes  cornues  ;  on  Ics  cn  mcnace  a  tous  momens :  on 

flaite  toutes  leurs  petiies  palTIons ,  la  gourmandife ,  la 

colere ,  U  vanite;  &  quand  on  les  a  faic  tombcr  dans  lce 

p'i«:gcs,  quand  ils  difent  unc  rnttife,  iirant  droii  une  con- 

fequencc  dun principe  impercineni  qu'on  leur  a  donne,  oa 

^'eclace  de  rire,  on  triomphc  dc  lcs  avoir  trompcs,  oa 

lci  baife,  &  on  les  carciri:  comme  s'iU  avoicnc  bicn  ren- 

concre ;  il  femble  que  les  pauvres  enfans  ne  foicni  faits 

^e  pour  divertir  les  grandes  perfonncs ,  comme  de  pctits 

chiens  ou  de  petits  finges ,  ccpcndanc  cc  foni  dcs  crcatures 

raifonnables  que  rtvangilc  nous  dcfend  de  mcprifer ,  par 

cettc  hauie  contideration  qu'ils  onr  des  Angcs  bicnhi^urcux 

pour  les  garder.  Combien  Ics  hommes ,  &  fur-iout  lcs  jaatih.xfmi 

parcns  ,  foni-ils  donc  ohligus  d'en  prendre  foin  pour  cul-  >°< 

ti%'er  lcur  efprit  &  former  kurs  mccurs?Mjis  quoi,dira- 

t  on,  faui-il  elever  les  enfans  iciftcmcnt,  ne  leur  parlant 

que  de  choles  ferieufes  &  relcvees  ^  Point  du  toui :  il  fauc 

feulemcnt  fc  donncr  la  peine  de  s'accommoder  a  leur  por*ce 

pour  les  aidcr  doucemeni. 

IL  nc  manque  aux  enfans  que  deus  chofes  pour  bien  rai-       XV'; 
fonner;rattention,  &rcxperience.  Li  mobiUic  de  leur  pa^jo^jl*- 
cervcau ,  qui  fait  qu'ils  s'agitent  fans  celfe .  &  ne  peiivent  je  rntca- 
durcr  en  placc,faiiaufli  qu'ilsncpcuventconfiderer  long-  uoik 
temps  un  meme  objet ,  &  encore  moins  remarquer  Tordre 
&  la  liaifon  de  plulicurs  chofcs.  Le  pcu  dc  connoilTances 
qu'ils  ontdeschofes  panicuUercs.fait  qu'ils manqueni dcs 
prtncipes  de  railonnemer.s ,  qui  fe  tirent  des  faits ,  des  lois 
de  la  natiirc,  &  de  1'inlliiution  dcs  hommes.  Car  pour  le$ 
principes  qui  font  purcmcnt  de  lumicrc  natuiclle  ;  ils  Ics 
«nt  de»-lors ,  tels  qu'il$  les  auTont  touie  leur  vie.  Us  peu-. 


'4<{     DU  CHOIX  ET  DE  LA  M6TH0DE 

v^nt  donc  errer ,  quand  ils  mettent  un  principe  pofitif ,  oU 
quand  ils  ne  font  pas  afTez  d*attention  aux  principes  natu- 
rels ;  mais  ils  tirent  droit  leurs  conclufions  ,  &  s*ils  n*a- 
voient  d^s-Iors  la  notion  des  grands  principes ,  &  la  no- 
tion  des  bonnes  confequences  ,  ils  ne  Tauroient  jamais. 
Les  hommes  ne  fe  donnent  point  les  uns  aux  autres  ces  lu- 
mi^res :  elles  ne  viennent  que  du  Createur  ,  puifqu^elle» 
font  le  fond  de  la  raifon  meme. 

Le  defaut  d*experience  eft  le  premier  auquel  on  peut 
remedier,  ripondant  i  toutes  leurs  queftions  avec  la  meme 
fimplicit^  qu'ils  les  propofent ,  leur  difant  la  veriti  de  tout 
ce  qui  ieur  eft  utiie  de  favoir  y  &  s*expliquant  tr^s-claire* 
inent.  On  ne  fe  contentera  pas  de  fatisfaire  leur  curiofite 
fur  tous  les  ob)ets  fenfibles  qui  les  font  parler  :  on  leur 
contera  des  hiftoires  utiles  ,  comme  celles  de  la  religion  , 
&  celles  de  leur  pays :  mais  on  aura  foin  de  leur  expliquer 
tout  ce  dont  ils  n*ont  point  encore  d*experience ,  afin  qu*ils 
ne  difent  rien ,  s*il  eft  poflible,  dont  ils  n*aient  une  idee  nette 
dans  Tefprit.  On  peut  aufli  leur  apprendre  quelques  fa- 
bles ,  comme  celles  des  faux  dieux  de  rantiquite  &  les  fa- 
bles  d'£fope ,  qui  ferviront  pour  la  morale.  Ces  badineries 
les  divertifTent ,  &  ne  leur  feront  point  de  mal ,  quand  on 
ne  les  leur  donnera  que  pour  ce  qu*elles  font.  Mais  il  ne 
faut  jamais  les  tromper.  Pour  Tattention ,  il  faut  la  procu« 
rer  aux  enfans  doucement  &  avec  beaucoup  de  patience  ; 
elle  viendra  avec  le  temps ;  &  quand  ils  commenceront  k 
en  etre  plus  capables ,  on  pourra  Texciter  d*abord  par  le 
plaifir  de  quelque  connoiflance  qui  les  attache ;  enfuite  par 
la  crainte ,  par  les  menaces ,  &  meme  par  les  chatimens  ; 
mais  il  faut  en  venir  i  ces  derniers  moyens  le  plus  tard 
qu*il  eft  poifible. 

Quant  aux  premi^res  inftrudions ,  je  voudrois  qu*on  les 
leur  donn^t ,  fans  qu'iis  s^aper^uflent  que  Ton  eut  defTein 
de  les  inftruire.  Que  Ton  profitsit  des  intervalles  du  jeu  , 
&  quand  i*enfant  feroit  las  de  courir  &  de  s*agiter ,  on  lui 
cont^t  tantdt  Thiftoire  du  paradis  terreftre ,  tantdt  le  fa« 
crifice  d*Abraham ,  ou  les  aventures  du  patriarche  Jofeph  s 
une  autrefois  quelque  fable  comme  j*ai  marqu^  ,  fans  To- 
bliger  a  redire  ce  qu*il  auroit  appris ;  mais  lui  laifTant  redire 
de  Iui-m6me  quand  il  feroit  en  belle  humeur.  II  y  a  audi 
diverfes  induftries  pour  exercer  la  curiofit^  des  enfans  ea 


z 


DESiTVDES:  991 

fce  prencr  ige.  Det  peiamm  &  det  imagei ,  qne  fon  leur 
pccCente ,  afin  qu'ils  en  denundenc  rexpltcation.  Des  en- 
treticns  que  l'on  fait  devant  eux  ,  comme  iani  ronger  i 
cux ,  &  que  ron  continue ,  quand  ils  s'y  appliquent ,  leur 
adrcflant  meme  la  parole.  Quand  on  en  a  plufieurs  enfem- 
ble ,  I  emulaiion  peut  beaucoup  fervir :  on  peut  conter  i 
ruii  devant  rautre ,  ce  que  Ton  veut  que  Tautre  apprenne  ; 
M  pcut  propofer  pour  r^ompenre  ,i  celui  qui  Tera  le  plui 
obeiflant  dans  ki  autres  choles ,  de  lui  conter  une  belle 
lufloire.  11  h.ut  louer  fouvent  devant  eux  la  fclence  &  Vi- 
tude ,  fans  qu'il  paroifle  que  ce  Ibit  pour  eux.  Enfln  il  fauc 
^dier  le  naiurcl  &  rinclination  parilculi^re  de  chaque  eo- 
^ni ,  pour  ke  iaire  appliquer  de  lui  meme ,  par  le  p!aifir  ou 
par  quelqu^aotre  otodf  qut  le  touche.  CeA  pour  celaqu'il 
leur  bat  lendre  des  piigef  de  tous  c6t^ ,  &  les  tromper 
autant  que  foa  peut ;  &  non  pas  pour  les  rendre  de6ana 
&  maJicieux ,  qui  efl  ce  que  Ton  appelle  iei  diniaiftr.  Sur- 
rovt  il  fe  faut  bien  garder  dans  les  premi^res  annees  oii  let 
impreflions  qu'iU  re^ivent  font  ires-  fonef ,  de  joindre  teU 
lement  ridee  des  verges  a  celle  <l'un  livre  ,  qu'ils  ne  pen- 
katk  r^de  qu'avec frayeur.  IIs  ont  peine  a  en  revenir; 
&  il  y  en  a  qui  n'en  revienneni  jamats.  11  faut  au  contraire 
lci  eniretenir  dans  la  ioie ,  qui  efl  li  naturelle  a  cet  ige  , 
rire  &  badiner  quelquefois  avec  eux ,  pourvu  que  Tauio- 
riti  n'en  fou&e  pas,  &  attendre  plutdt  quelques  ann^ 
de  plus  i  commcBcer  les  inilrudionf  ferieufcs  &  Tetude 
reglee. 

Comme  le  cerveau  des  enfani  eO  fort  tendre ,  8r  que  tont 
leur  cfl  nouveau ,  iis  font  yivement  frappis  des  objets  fea- 
fiblesquilesenvironneni,  &yfontcontinuellement  atten- 
tt6.  E>e.l3  vient  qu'ils  joignent  fadlement  ce  qui  les  frappe 
cn  m^me  tcmps:  un  cenain  fon  avec  une  certaine  figure  & 
une  ccrtaine  odcur ,  qui  n'ont  aucune  liaifon  n^iturelle.  Ceft 
parlaqullsapprennent  fifiicitement^parler,  &  c'efl  parli 
que  les  cfaatimcns  font  leur  effet.  Mais  c'eA  au(Ii  ce  qui  catile 
leurs  erreurs:  car  ils  prcnnent  pour  bon  tout  ce  qui  eft 
agr^able  aux&ns,  ou  qui  eft  joint  i  quelqueobjet  agrea- 
ble,  &  pourmauvais  tout  cequieft  contrdire.  Ces  premie- 
ret  impreflions  font  (i  fortes  ,  qu'elles  forment  fouvent  les 
mmirs  pour  tout  le  reAe  de  la  vie;  &  c'ell  apparemment 
luK  dc*  caiTcs  des  coutumesdifierentesdes  tutioosenii^ee. 


DU  CHQIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

Deforte  que  qui  feroit  aflez  heureut  pour  joindre  des  (en^ 

fations  agreables  aux  premieres  inftrudions  que  Ton  donne 

des  chofes  utiles ,  pour  les  moeurs ,  ou  pour  la  conduite  de 

la  vie  y  en  un  mot ,  de  joindre  le  bien  vehcabie  avec  le  plai- 

iir  y  auroit  trouve  le  fecret  de  la  meilleure  education.  Je  (ai 

bien  que  par  ce  principe  on  donne  aux  enfans  desfriandifes, 

des  images ,  de  Targent ,  ou  de  beaux  habits  ,  pour  les  re- 

compenfer  &  les  exciter  a  bien  faire :  mais  on  leur  nuit  fou- 

vent  par-l^ ,  plus  qu*on  ne  leur  fert.  On  fomente  eneux  des 

femences  de  gourmandife,d*avarice  & de  vanite.ll  faudroic 

les  toucher  par  des  plaifirs  plus  innocens ,  que  ceuxde  man* 

ger,  de  pofleder  quelque  chofe ,  &  de  fe  faire  regarder :  & 

jc  n'en  vois  point  qui  y  conviennent  mieux  que  ceux  de  la 

vue  :  les  beautes  naturelles ,  les  ouvrages  de  ia  peinture  & 

de  i'archite£lure ,  la  fymetrie ,  les  figures  &  les  couleurs. 

Comme  la  vue  nous  fait  rapporter  au  dehors  toutes  Ces  im- 

prefTions ,  fes  plaifirs  ne  nous  portent  qu*a  admirer  &  aimer 

les  objcts ,  &  non  pas  a  nous  efiimer  nous-memes.  Les  fons 

agrcables  &  les  bonnes  odeurs  font  le  meme  efiet  a  propor- 

tion ,  &  c'e{l  peut  etre  la  raifon  pourquoi  dans  Toffice  folen- 

nel  de  rEglife  y  on  a  juge  a  propos  d*accorder  quelque  chofe 

a  ces  trois  fens.  Je  voudrois  donc  que  la  premiere  eglife  oii 

Tonporte  un  enfant,  futla  plus  belle,  la  plus  claire ,  laplus 

magnifique :  qu*on  rinftruifit  plus  volontiers  dansun  i)eau 

jardin,  ou  a  la  vued*unebelle  campagne ,  par  unbeau  temps, 

&  quand  ii  feroit  lui-meme  danslaplusbelle  humeur.  Je  vou* 

drois  que  les  premiers  iivres  dont  il  fe  ferviroitfufleru  bien 

imprimes  &  bien  relies  :  que  le  maitre  lui  meme  ,  s'il  etoic 

poffible ,  fut  bien  fait  de  fa  perfonne ,  propre ,  parlant  bien  ,' 

d*un  beau  fon  de  voix,  d'un  vifage  ouvert,  -agreable  en 

toutesfes  manieres;  &  comme  il  eftdifficile  de  rencontrer. 

ces  qualites  jointes  aux  autres  plus  efrentielles ,  je  voudrois 

du  moins  qu*il  n*eut  rien  de  choquant  ni  de  degoutant.  Le 

peu  de  foia  qu*on  a  de  s^accommoder  en  tout  ceci  a  la  foi- 

biefTe  des  enfans,  fait  qu'il  refle  a  la  plupart  deTaverfion  & 

du  mepris  pour  toute  leur  vie  ,  de  ce  qu^ils  ont  appris  de 

gens  trop  vieux ,  chagrins  ou  mauffades ;  &  que  le  degout 

dcsecoles  publiques,  quand  ce  fontde  vieux  b^timens  qui 

manquent  de  lumicre  &  dc  bonair,  pafTc  jufques  au  Latin 

6:  aux  etudes.  Mais  quoique  Ton  faffe  pour  engager  les  en- 

£aiDs  a  s'appliquer » il  ne  faut  pas  cfp;i;rer  qu'ils  le  fairem  long^; 

teiDps  > 


ft  E  s   fi  t  u  6  E  s;  ^y 

Impif  ni  que  l*oii  puifle  toujours  les  conduire  par  le  plai- 
fir.  On  wn  fouvent  befoin  de  crdinte ;  U  }(>ie  difTipe .  &  (6 
^giuniileur  ligireti  naturelle ,  elle  les  fait  en  lin  moment 
pa&f  d'ii'1  objeti  fautre.  IleAmdmeicraindre  qullsnele 
fiailiarireat  trop  avec  le  Maitre ,  S'il  ell  tdujotirs  en  bells 
tauiAir,  &qil'encherch3ntilesrejouir,  il  tie  fe rende trop 
pbirant ,  &  ne  leur  decouvre  quelque  foiblelii;.  II  faut  donc 
qa'il  reprcnne  fouvent  le  carad^re  qui  lui  crinvient  le  plus^ 
qui  eft  le  (iirieuz ,  &  qU'it  montre  quelquefdis  de  la  colere  , 
&  par  fef  regards  &  par  le  lon  de  fa  voix,  |k)urarrdter 
rfcpancheoient  de  ces  jeunes  efpriti,  &  les  faire  retltrer  ed 
eux  m^mes.  Que  fi  dcs  tnenaces  il  faut  pafler  jufques  auc 
diftriincns ,  oa  pcut  y  mtoager  plufieurs  degres  avant  que 
d^en  vcoiratizpuaiiionscorporelles,  &  dn  dbii  leur  faire 
feotir  queroo  ne  les  punit  que  pour  [emanqued'a[)pli<:a'tiooi 
0u  pouf  quelque  autre  faute  qui  appartient  aux  moeurs,  & 
non  pas  pfMftment  pour  leur  ignorance  ou  leur  peu  d'ef- 
prit ,  afin  qu'ils  ne  regard^nt  pas  la  punitiort  comnie  uil 
malbeur ,  inais  comme  Une  juHice.  Sur-tout  il  faut  faire  foii 
poffible  pour  n'avoir iamais  contre  eUK  de  v^ritable  coUre, 
quelquc  mine  que  ron  en  dSe.  }e  fai  bien  que  cela  n'e(1  pai 
atle ;  la  foodion  d'enfeigner  n'e(I  pas  agreable :  fi  Ic  difciple 
>'ennuic ,  qiioiqu'i!  voie  fouvent  quelque  chofe  de  nou- 
veau,  leMauredoit$'ennuyerencoreplus.  Encetetat,  le 
chagrin  prcod  aif^ment ,  &  il  ell  <t  tous  niomens  excit^  par 
la  tudinerie  contihuelle  des  enfans ,  fi  oppofi^e  a  Thumeur 
d^in  vieiUard  oud'unhomme  milT.  D'ail]eurs,  tesmeiiaceS 
&  leschiiiiDcns  font  un  chemin  bien  plus  court  [tour  donner 
de  rattcniion ,  que  ccite  inrintiaiion  &  ces  anifices  fi  doux 
dooi  i'ai  parle.  Mais  il  ne  faut  pas  regarder  ce  qui  efl  pluc 
cominode  auM^tre,  &  llelltoujoursplusutlleaiJdirciple 
d'etre  conduit  par  la  doiiceur  &  par  la  raifon.  Au  moinft 
£iui-il  ^iter  avec  grand  foin  de  Inaltraiter  les  enfaris  iq- 
juftement ,  nc  fufle  que  d'nne  parole  ou  d'un  regard.  Quel- 
c|ueiufte  quefoit  laT^rimaiidc^elleefltoujoursdure.fuf- 
tout  en  unftge  oii  les  paflions  foni  fi  fones ,  &  la  ralfon  11 
foible.  CeA  une  cfp^ce  de  bleflure ,  qui  aiiire  toute  ralien- 
liende  rame,  &roccupcde  la  douIeur.qu'e]Ie  refTeni,  oU 
de  i'iniufticc  qu'elle  t'imag;ine  recevoir.  De  fone  que  fi  i'irf- 
jufticecftefiedivc,  firenfanis'apefqoii,  oupar  ceqUipri< 
C^oaparccquifuitj  oaparle  itigemeatdcs  autreij  6d 


50     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

par  celiu  de  fon  Maicre  meme ,  Iorfqu'U  lui  arrive  de  fe  ds- 
mentir  tanr  foit  peu ;  s'il  s'aperqciit,  dis  je ,  que  fon  Maitte 
ibit  paflionne ,  ou  qu'il  ne  foit  pas  exa&ment  raifonnable  , 
il  ne  manquera  point  de  lehair  ou  de  lemeprifer ,  &  des-lors 
ceMaitre  ne  pourraplus  lui  etre  uii!e.Il  ne  faut  pas  $'ima- 
giner  que  lesenfansibient  ailes  atromperla-deffus:i]sren- 
lent  bien  s'ilsont  tortouraifon,  &ilsantledifcemement 
tres-fin  pour  connoitrelespaflionsau vifage&atoutrex- 
t^rieur,  quoiqu'iIs  nefachentpas  encore  rezprimer,  & 
qu'ils  ne  faiTent  pas  meme  reHexioa  qu'il5  le  remarqueat. 
Ils  ont  cela  de  bon ,  que  leurs  chagrins  &  leurs  coleres  ne 
durempaslong  temps,  &  qu'ils  reviennent  bientotala 
joiequi  leur  eA  plus  na[ureIle.Gardons-Dousbiendeaotis 
y  oppofer ,  de  les  attriAer  en  fiifant  durer  trop  long-temps 
lacrainte,  ou  les  decourager  tout-a-faii  ea  lapouJlant  3 
Texc^s.  II  vaui  mieux  qu'ils  foient  un  peu  trop  gais ,  que 
^itre  abattus  &  triftes  contre  leur  naturel.  Au  contraire , 
il  ne  faut  les  affliger  quelques  momens ,  que  pour  profiter 
ie  r^at  plus  tranquille  oii  ils  fe  trouveront  enfuite ;  car  il 
ne  faut  pas  efperer  que  les  reprimandes  ou  les  inllru3ions 
hffmt  grand  effet ,  tant  que  la  crainte  ou  la  douleur  les 
pofs^de.  Us  ne  voient  rien  alors  que  le  mal  doat  on  les  me- 
fiace  ou  qu'on  leur  faii  fentir ;  &  fi  lapunitioneftviolente, 
les  fanglots  les  eiouffent ,  &  ils  font  hors  d'eux-memes. 
Mais  fit6t  que  la  [cmpeie  eA  paSee ,  &  qu'ils  font  revenus 
i  un  ferieus  raifonnable ,  ils  s'appliquent  tout  de  nouveau , 
&  c'efl  alors  qu'il  fait  bon  leur  donner  des  inftrufiiocs,  & 
qu'ils  font  ea  etat  de  les  eniendre ;  non  qu'il  faille  exiger 
toujours  d'euz  affez  de  raifon  pour  fe  condamner  cux-me- 
mes,  inais  dansle  teinpsqu'il$difem  leursmechaaiesexcu- 
fes ,  ils  ne  lailTent  pas  de  voir  qu'i]s  ont  tort ,  &  fouveat  ils 
fe  corrigent  enfuite.  Quoique  je  me  fois  engage  a  parler  de 
ceite  m^thode  de  donner  de  racteniion ,  a loccafion  des 
premi^res  inftruflions  que  Ton  donneauxen&ns,  il  eftaife 
de  voir  qu'elle  s'^tend  i  tout  le  relle  des  ^tudes  apropor- 
lion.  Dans  les  commencemens ,  il  faut  les  engager  autant 
qu'i]  efl  poflible  par  le  plaifir ,  &  enfuite  les  retenir  par  la 
crainte ;  i  mefure  que  la  raifon  fe  fonitiera,  on  auramoins 
befoin  de  ces  artiiices. 


DES    tTUDES. 


TC, 


Lpcu  icani,  pourparler  Aes  premicres  innniflions&  liHdci. 
itU  m^hode  generale  tl'eii(eigner.  L'etude  eft  rapprentir- 
fjge  ie  )a  vte.  Elle  doit  nous  fournir  les  moyens  de  bien 
agir  &  d^ufer  bonnjtement  du  repos.  La  vie  etl  courte ,  la 
capacite  du  cervcau  eA  born^e ,  la  ieunefTe  eA  le  temps  le 
plus  propre  pour  apprcndre.  Je  penle  avoir  ^abli  tous  ces 
principes,  &  avoir  eu  raiCon  d'en  conclure ,  que  l'on  doit 
chotlir  avec  grand  fotn  ce  que  Ton  doii  faire  apprendre 
aux  ieunes  gens.  Mais  pour  bien  faire  ce  choix ,  il  ne  £iut 
pas  lc  borner  i  une  certaine  efpece  de  gens ,  ou  a  un  cer- 
t»n  gciire  d'etudes ;  il  faut  embrafler  tout  d'une  vue,  au- 
tam  qull  eft  poffible ,  toutes  les  differences  des  hommes 
&  des  connoi&nces  qui  leur  convieonent.  Confiderons 
rout  ce  tjail  y  a  de  crtetures  raifonnables  de  Tun  &  de 
J*mrrefeset  de  toutes  condiitons ,  tant  decelles  que  i'on 
aiiribue  i  la  fortune ,  comme  la  richelTe ,  la  pauvrete ,  la 
grandeur,  &  ta  vie  particuliere ,  que  decelles  qui  viennent 
du  choix ,  comme  Tepee ,  la  robe ,  le  irafic ,  &  les  mitiers. 
£t  quoiquenousnelesregardionsquedans  unfcul  age.qut 
eft  U  jeunci^ ,  ne  bilTons  pas  d'en  examiner  tous  les  de- 
gres :  depuis  la  pretniere  enfance ,  jufques  Ji  Tlge  mur  &  i 
rciat  par^t  de  chacun.  Quant  aux  connoiflances ,  il  faut 
bien  diftinpier  celles  qui  font  utiles ,  de  celles  qui  ne  don- 
aeni  que  du  plaifir ;  &  divifer  encore  les  prcmieres ,  fuivant 
lcs  troif  foncs  de  biens  auxquels  elles  peuvent  fervir ;  Ut 
Htns  it  Camt ,  commc  rcfpril  &  la  vertu  ;  ceux  da  torft 
cocnnDe  la  fami  &  la  force ,  ^  ceux  que  Ton  appelle  bUns 
dt  forttutt  ,  &  qui  font  la  matiere  des  affaires.  tntre  ces 
connoifianccs  utites ,  on  peut  diftingucr  celles  qui  1e  font 
ie  plus ,  &  conipier  pour  necelTaires  cdles  dont  perfonne 
ne  peut^trc  privg  fans  ^tre  fortmiferable.  Cesdininflionf 
fuppofiies ,  il  (cra  facile  de  regler  le  choix  doni  il  s'agii : 
car  il  cA  ^tdent ,  pour  peu  que  Ton  veuille  fuivre  la  rai- 
fon  ,  qu'il  fauE  preferer  ce  qut  nous  fen  imm^diaiernent 
pour  nous- n^mes ,  entam  que  nous  fommes  compofe<  de 
corps  &  d'ame ,  a  toui  ce  qiA  eA  hors  de  nous ;  &  qu'entre 
les  cbofci  eKtcrieures,  celles  qui  ferventi  la  fubfiftancc  font 
prcferables  i  loutes  celles  qui  nedonnent  quedu  plaifir.  U 
€&  t)itti  cUii  aufli  que  lci  peifonaes  qui  ont  moins  de  loifit 
Dij 


%%    Dt7  CHOIX  ETDE  LA  M£THOl>E 

co  ^  capadte  poor  renMle  coawke  les  pao  vres ,  ks  ardafs^ 
fcf  gem de  pttnt  6i  wmalafkmmts, lioivect etre  redm- 
ics  aux  cooDOil&fKCs  les  pios  gecer^eaiem  otiles  :  car  3 
fl'ellpas  fufie  que  cam  de  peribnpcs,  qca  om  de  la  raifaa 
cotfMoeks  aacres,  demtreot  £cis  infinifiioiL  Eofia,poar 
h  diftio&ioo  des  ^ges  ^  oo  voit  bieo  90*1!  £«0  oienager  lei 
eo£ms  pour  oe  les  pos  accabler  d*abord  ;  &  oe  pas  aofi 
lailEn' pafierioonkxoeotle  temps  oii  i!s  (bot  lesphis  capaUes 
d'appreiidre,/eftnvraicesdiftio8ioi»dans  toot  le  refiede 
cet  ecrit;  & fezaonoerai  premiireoicnt  les  inftrudioiB  les 
plusoeceflairesitootk  oioode,  enfoite  celks  qoi  oe  (boc 
i  Vvhg/t  qoe  de  ceux  qui  oot  k  plus  de  loifir ,  comaie  ks  ri- 
clies,  &  ksgeos  de  cooditioo ;  (bit  qu*dks  kur  (okeat  fort 
imkSy  f<Ht  qu*elks  lcMeot  phis  curieuies.  Apres  je  loarqiie^ 
rai  quel  ordre  cfaaque  ctude  pourroit  aroir  daos  k  com 
de  la  ieuoefle.  Eofio  je  oiontrerai  cello  ou  diaque  hoauDC 
(t  doix  appGquer,  dans  tout  k  reftc  de  &  via ,  fuivaot  li 
proitflioo  qu*il  eodbrafle« 

XVlt  17  Ntr E  ks  ioftrudiofis  oeceflaires  i  toot  k  moode,  le 
l^l^l^"  Xlifoin  derame  eft  k  plus  preflant ,  &  il  importe  plus  do 
bien  cooduire  la  voiome,  que  d'^eodre!es  connoiflances» 
La  premi^e  etude  doit  donc  Hrc  celk  de  la  vertu.  Tous  ko 
bommes  ne  (bnt  pas  obliges  d*avoir  de  refprit,  d*^re  fiivans 
cu  habilet  dans  ks  afiaires ,  de  reuflir  dans  quelque  profe^ 
£on ;  mais  il  n*y  a  perfonncy  de  quelque  fexe  &  de  quelqoe 
coodition  que  ce  foit ,  qui  ne  foit  oblige  k  bien  vivre.Tous 
les  autres  biens  fom  itiutiks  fans  celui-ci ,  piufqu*il  en  rooif- 
tre  ru(age:on  n*ena  jamais  aflez,  &  la  plupart  des  gens 
en  ont  fi  peu,  que  l*<m  voit  bien  la  difficulri  de  racquerir. 
On  ne  peut  donc  y  travailler  de  trop  bonne  heure ,  &  il  ne 
iaut  pas  croire  qu*il  failk  difierer  la  morak  )ufquesa  la  fiA 
des  itudei  $  &  ne  lui  donner  qo*un  peu  de  temps  ,pour  paf- 
fer  enfuite  a  une  autre  itude.  II  faut  la  commencer  des  le 
berceau,  du  moins  di%  queTon  voos  met  un  enfantentre 
les  mains,  &  la  conttnuer  tant  qu*il  eft  fous  Votrecondoite. 
Encore  n*avei-vous  rien  fait ,  s1I  ne  fort  d'avec  vous ,  r^ 
folu  de  %y  appliqucr  tome  fa  vic.  Je  fais  bien  que  c*eft  k  TE- 
glife  que  les  (idelks  doivent  apprendfe  la  morarle  &  la  relw 
gion,  &  queles  viritables  profefleurs  de  cetce  fcience  fonc 
ks  £viques  &  lcs  Pr^tres.  Mais  on  ne  voit  quc  trop  ^  coo^ 


D  E  S    E  T  U  D  E  S;  55^ 

licnle  fruit  des  inftrudions  publtques  eft  pedt ,  i  moint 
«fTelks  ne  foieoc  preparees  &  foutenues  par  lesinftrudions 
douieftiques. 

11  £nit  y  obferver  diverfes  methodes ,  fuivant  les  divert 
faadu  difciple ,  hii  en  parler  bea^coup  moins  dans  le  com<» 
«eocemeot ,  que  quand  la  raifon  commence  a  fe  divelop* . 
per ,  &  augmenter  toujoursi  merurequ^ellefe  forti6e.D*a« 
bord  il  ne  (aut  que  pofer  des  maximes  fans  en  rendre  rai-» 
foo,  le  temps  vieodra  de  le  faire  ;  &  comme  je  fuppofe  une 
iBorale  chr^tienne,  dont  les  pr^ceptes  font  fondes  fur  les 
dogmes  de  lafot,  )e  voudrois  commencer  par  cesdogmes  - 
toute  rioftni^oQ  d*ua  enfant.  Ten  ai  deji  touche  un  mot^ 
cpnnd  )Vi  (Bt  qu*il  fiiut  commencer  par  leur  apprendre  des 
fiMSS  9  &  marqiie  Jes  premiers  faits  qui  devroient  avoir  pla<* 
ce  daosfeur  mdBOire  :  car  on  doit  leur  donner  les  premi^ 
res  ioftnidions  de  religion  d^s  le  temps  oii  j*ai  dit  quM  no 
iaudroit  poiot  eocore  leur  fiiire  de  le^on  reglee,  ayant  foiii 
de  leur  dire  a  toutes  occafions  beaucoup  de  fatts  &  beau* 
coup  de  Maximes, afio  qu*il$ eufleot  des principespourraiir 
foooer,quaod  la  forcedes*appIiquer  &rhabitudedepenv 
Ux  de  fuite  leur  feroit  veoue.  Ces  difcours  feroieot  commo 
les  (eoieoces  que  Too  jette  au  hafard ,  &  qui  germent  &  pro* 
duifeot  pfais  ou  moios  feloo  que  la  terre  eft  fertile ,  &  que 
lc  del  dft  favorable. 

Je  oe  ffl*eteadrai  poiot  id  fur  la  mithode  pafticuliire 
d*enfeigner  la  religion.  On  peut  voir  ce  que  j*en  ai  dit 
dans  la  Preface  du  Catechifme  hiftoriqpe.  Quand  les  enfans 
auront  appris  ce  Cat&chifme  ou  quelque  autre  mdlleur  » 
&  qulls  feront  capables  de  lire  TEcriture  fainte  ,  il  faut 
preodre  foio  de  leur  en  faire  connoitre  lesbeautes  extirieu- 
res  9  je  veux  dire  rexcellence  des  difierens  ftyles.  Qu*ils 
voient  dans  les  hiftoires  combieo  les  faits  fpnt  choifis  & 
arrangis  ,  combieo  la  oarration  eft  courte ,  vive  &  claire 
toot  enlemble.  Qu*il$  remarquent  dans  les  poefies  la  no- 
bleffe  de  rtiocution  ^  la  variete  des  figures  ,  la  hauteur  desi 
penfees :  dans  les  livres  de  morale  Telegance  &  la  brieveti 
des  feoteoces :  daos  les  Prophites  la  v^himence  des  repro- 
€hes&  des  menaces ,  &  I21  richefFe  des  expreflions.  Qu*on 
leur  Cifle  connoitre  tout  cela »  par  la  comparaifon  des  Au« 
teurs  profanes  ,  que  les  Savans  eftiment  tant ;  &  qu*on  ne 
niao^p3|s4€  Us  ^v^rfir »  que  les  traduAions  ne  peuvem 

Piii 


54^   DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

atteindre  i  la  beauti  de  la  langue  originale.  Les  memes  Au- 
teurs  profanes  ferviront  encore  a  leur  apprendre  les  moeurs 
de  cette  premiere  antiquite ,  &  a  faire  qu'ils  ne  s'etonnent 
point  de  quantite  de  mani&res  d*agir  &  de  parler ,  qui  fcan- 
dalifent  les  ignorans ,  quaod  ils  lifent  rEcricure  ;  qui  eft  ce  * 
que  j'ai  effaye  de  faire  dans  Us  Maurs  des  Ifrailites, 

Je  crois  qu*il  feroit  bon  de  leur  donner  aufli  quelque  l^- 
g^re  connoiffance  des  P^res  &  des  autres  Auteurs  eccli- 
fiaftiques.  Car  il  me  femble  flcheux  que  la  plupart  des 
Chreriens  qui  ont  etudie  ,  connoiffent  mieux  Vrgile  & 
Ciceron ,  que  S.  Auguftin  ou  faint  Chry foftome.  Vous  diriez 
qu'il  n*y  ai  t  eu  de  Tefprit  &  de  la  fcience  que  chez  les  pay ens , 
&  que  les  Auteur^  chretiens  ne  foient  bons  que  pour  les 
Prfitres  oupour  les  Divots.  Leur  titre  de  Saint  leur  nuit ,  & 
fait  croire  fans  doute  a  la  plupart  des  gens  ,  que  leurs  Ou- 
vrages  ne  font  pleins  que  d*exhortations  ou  de  meditations 
eAnuyeufes.  On  va  chercher  la  philofophie  dans  Ariftote  , 
&  on  lui  dopne  la  torture  pour  Tajufter  au  Chriftianifme 
malgre  qu*il  en  ait ;  &  on  a  dans  faint  Auguftin  une  philo- 
fophie  toute  chretienne  ,  du  moins  la  morale,  la  metaphy- 
(ique ,  &  le  plus  folide  de  la  logique :  car  pour  la  phyfique 
il  nes*y  eftpas  applique.  Pourquoi  n*y  cherche-t-on  pasde 
reloquence  dans  faint  Chryfoftome  ,  dans  faint  Gregoire 
de  Nazianze  ,  &  dans  faint  Cyprien  ,  auflibien  que  dans 
D£mofthene&  dansCiciron?  &  pourquoi  n'y  cherche-t-on 
pas  la  morale ,  plut6t  quejians  Plutarque  ou  dans  S^neque. 
Prudence  eft  veritablement  ua  Poete  moindre  qu*Horace ;. 
jnais  il  n*eft  pas  ^m^prifer ,  puifqu*ii  a  ecrit  avec  beaucoup 
d*efprit  &  d*elegance ,  fans  emprunter  les  ornemens  des 
Anciens  qui  ne  convenoient  pas  a  fon  fujet.  £n  un  mot ,  je 
voudrois  qu*un  jeune  homme  fut  averti  de  bonne  heure 
que  plufieurs  Saints ,  me.-ne  des  plus  zel^s  pour  la  religion , 
&des  plus  feveres  dans  leurs  moeurs ,  comme  faint  Bafile  , 
faint  Gr^goire  de  Nazianze  ,  faint  Athanafe ,  ont  ^te  de 
tr^s-beaux efprits &  des  hommes  trespotis ;  & que  s*ils  onc 
neprife  les  lettres&Ies  fciences  humaines ,  9*aet6avecune 
entiere  tonnoiffance. 

De  plus ,  pour  faire  le  contrepoids  des  vertus  humaines, 
que  Ton  voit  dans  les  grands  hommes  de  Tantiquice  Grec« 
que  ou  Romaine,  je  ferois  obferver  k  mon  difciple  des 
.vertus  de  m^e  genre ,  encore  plus  grandes  >  &  d*autre$ 


Mi   A 


D  E  S    E  T  U  D  E  S.  jj 

enn&rement  inconnues  aux  payens  ;  ou  dans  rEcriture 
fainte «  ou  dans  les  hiftoires  Eccleriafttques  les  plus  approu- 
vees.  Je  leur  ferois  voir  la  fagefle  &  la  fermete  des  Martyrs , 
par  les  Ades  les  plus  authentiques  qui  nous  reftent ,  comme 
ceux  de  faint  Pionius  pretre  de  Smyrne  ,  de  faint  Euplius 
diacrede  Catane  enSicile  ,  du  pape  faint  Etienne^  &  tant 
d*autres  dont  la  ledure  eft  d^Iicieufe.  Je  leur  ferois  admirer 
la  patience  &  la  purete  angelique  des  Solitaires,  par  les  re? 
lations  de  faint  Athanafe  ,  de  faint  Jer6me ,  de  Pallade , 
de  Caffien  &  de  tant  d*autres  graves  Auteurs.  Enfin  je  leur 
ferois  connoitre  ceux  qui  ont  vecu  chretiennement  dans 
lesaffaires  du  monde  &  dans  les  plus  grands  emplois  ,  com« 
me  TEmpereur  Thiodofe ,  fainte  Pulcherie ,  Charlemagne , 
faint  Louis.  Quoiqu'iI  foit  niceflaire  de  connoitre  qu*il  n*y 
a  point  de  fi^cle  oii  TEglife  n*ait  eu  de  grands  Saints ,  &  de 
remarquer  leurs  difFerenscaraderes,il  importe  toutefois, 
pour  prendre  une  idee  grande  &  fainte  du  Chriftianifme  , 
de  s'arr6ter  principalement  aux  premiers  fiecles  oii  les  ver- 
tus  ^toient  plus  friquentes ,  &  la  difcipline  plus  en  vigueur 
U  faut  donc  bien  reprefenter  les  moeurs  des  Chr6tiens ,  foit 
du  temps  des  perf6cutions ,  foit  du  commencement  de  la 
liberte  de  TEglife  :  leur  mani^re  de  vivre  dans  leur  domefti- 
que  y  la  forme  de  leurs  aflemblees ,  les  prieres  ,  les  jeunes  , 
radminiftration  des  Sacremens ,  particuliirement  de  la  pe- 
nitence.  Tout  cela  peut  Stre  fort  agreablement  raconte.  Un 
jeune  homme  ,  qui  auroit  ces  idees  de  la  religion  ,  autoit 
de  grands  principes  de  morale ,  ou  plut6t  il  la  fauroit  deja. 
Car  je  voudrois  pendant  ce  meme  temps  lui  en  apprendre 
les  r^gles  par  la  lefhire  de  TEcriturefainte  ,  particuli^re- 
ment  des  Epitres  &  des  Evangiles  des  Dimanches ,  des  prin- 
cipales  Fetes  ,  &  du  Careme  &  de  quelques  petits  Ouvra* 
gesdes  Peres  ;  comme  des  Confeflions  de  faint  Auguftin  , 
desOffices  de  faint  Ambroife ,  de  la  Confideration  de  faint 
Bernard.  Et  comme  cette  etude  fe  feroit  petit  apetitavec 
les  autres  itudes  d*humanites  &  de  philofophie  ,  j*auroi$ 
foin  en  lui  faifant  lire  les  Auteurs  profanes » de  Tavertir  dcr 
toutes  les  erreurs  qui  s'y  rencontrent ,  &  derimperfeflion 
de  leu^  morale  la  plus  pure ,  en  comparaifon  de  la  mo- 
rale  Chritienne ;  afin  qu*il  n*eftimat  ces  Auteurs  que  ce 
(qu*ils  valent. 
II  eft  tr^s-utile  d*accoutumer  les  enfans  a  juger  de  ce 

Div 


V§     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MiTHODI 

fl[u*ils  li&nt ,  &  de  leur  demander  fouvent  ce  qu*il  leui^ 
femble  d*une  telle  maxime  ou  d*une  telle  adion  ,  &  ce 
qu*ils  auroient  fait  en  tell^  occafion.  On  voit  par  la  leurs 
fentimens ;  on  les  redrefle  s*ils  font  mauvais ;  &  s'ils  font 
droits  ,  on  les  fortifie.  11  efl  bpn  auiTi  de  les  exercer  hor^ 
deslivres^f^r  tous  les  fujets  dont  ilsentendent  parler,  fu^ 
les  rencontres  ordinaires  de  la  vie ,  &  principalement  fur 
leurs  petits  diiTerents »  $'ils  fpnt  plufieurs  que  ron  el^ve  en- 
iemble :  plus  la  mati^re  les  touchera  ,  &  mieux  ils  retien« 
drontles  maximes.  Car  il  ne  faut  pas  s*y  tromper ,  Tetud^ 
ne  confiAe  pas  feulement  a  lire  des  livres.  Qn  n*a  pas  ecrit 
touc  ce  qu*il  e(l  utile  de  favoir  \  &  il  n'eft  pas  poffible  de 
lire  tout  ce  qui  efi  ^crit.  Npus  devons  compter  pour  une 

f;rande  partie  de  Tet^de ,  la  r^flexion  ^  la  converfatioiu 
1  y  a  quantite  de  chofes  qui  ne  s'apprennent  que  par  tra« 
4ition  &  de  vive  voix ,  &  il  y  en  a  aufli  que  chacun  apprend 
cn  obfervant  ce  que  font  les  autres,  ou  en  meditant  en 
foi-meme  ;  mais  c*e(l  principalement  la  morale  qui  s*ap-r 
prend  ainfi :  chacun  forme  fes  maipmes ,  bien  moins  fur  ce 
qu*il  lit,  que  (\xr  ce  qu*il  ent^nd  dire,  principal^ment  dan$ 
les  entretiens  familiers  ,  qu*il  crpit  plus  (inc^res  que  les 
^ifcours  publics ,  &  fur  ce  qu*il  voit  faire  a  ceux  qu'il  eftime 
les  plus  raifonnables;  de-la  vient  qu^  Tei^emple  & Tautorite 
font  un  fi  grand  effet  pour  les  mq^urs ,  car  comme  il  y  a 

!>eude  gensqui  aient  la  force  &  la  patience  de  raifpnner  ^ 
urtout  dans  la  jeuneife  ,  &  que  toutefois  perfonne  ne 
veut  dtre  tromp^,  on  fuit  ceuxque  Tpn  croit  les  plus  fages  ; 
&  on  s*arr$te  bien  moins  a  ce  qu*ils  difent ,  quk  ce  qu*il^ 
font ,  parce  que  les  adions  font  d^s  preuve^  plus  (ures  de 
leurs  fentimens  que  les  paroles. 

£t  voila  la  plus  grande  difficult^  qui  fp  rencontre  dans  le^ 
inftrudionsde  morale;  je  veux  dire  le  mauvais  exemple  & 
la  corruption  des  mosurs,  non  feulement  dansle  public^ 
tnais  fouventauffi  dans  le  domeftique  :  car  yous  avez  beau 
dire  i  yni  jeunehomme  ce  que  yousfavez  de  meilleur  &  le 
Convaincre  par  yives  raifons,  il  a  toujours  dans  le  fond 
de  fon  ame  un  prejuge  yiolent  qui  lui  rend  tous  yos  raifon- 
|iemen$  fufpe£b;  &  c'eft  Tppinion  commune.  II  )ui  femble- 
que  le  bon  fens  veur  qull  la  pr^f^re  k  I?  v6tre;  &  qu*il 
^'ft  plus  vraifemblable  que  c*eft  vous  qui vous  trompez  que 
{q^t  le  refte  des  bommes.  Qm^  ^  P^  ^^Uieur  le  Maitrq 


DESfiTUDES;  "5111 

Inflie  ▼(nr  quelque  foibleOe ;  &  qui  eft  rhomme  qui  a'e^ 
ptontre  poiat  ?  S*il  eft  Qclieux ,  s'il  a  desmaoi^res  deragrear 
)>lcs  ou  rmguliires :  en  uo  mot ,  sll  vient  par  fa  laute  on 
autrement,  i  £ne  bai  ou  m^rir^,  b  pr^omption  devient 
^oe  convifiion  ,  &  fes  remontrances  db  font  plus  aucua 
tSxt ,  fi  ce  n'eft  de  nuire  i  la  verit^ ,  &  de  rendre  les  bon- 
pes  inasimes  odieufes  ou  ridicules,  pour  tput  le  refie  de  la 
yie.  On  fuit  bien  pluidt  les  maximes  de  ceux  que  Ton  eftime 
&que  Ton  aimei  &commeronag^tparimagination,pria- 
cipalcmenidaasUieuncire,on  eflimeouronaimcceuxqiu 
|bnt  agriables  ou  qui  paroilTent  heureux ;  les  gens  de  quzr 
lite-,  lesTichcs.ceuxtjuiontboruie  mine,qui  parlent  bien, 
qui  fopt  adroia ,  qui  font  propres.  Or  ces  qualit^s  eclataOF 
■es  Cc  rencofltrcDt  plus  ordinairement  dans  ceux  qui  oni  Ip 
iDOini  dc  vertu,  &  plus  rarement  dans  ceux  qui  enreignent, 
qucdansles  autres.D'ailleurs,  il  fe  trouve  quelquefois  det 
gens  que  la  prtfomption  generale  faii  croire  &ges  &  ver* 
tueuf ,  &  qui  ne  )e  font  point  en  effet.  Des  peres ,  des  viel^ 
brds  ,  des  tAap&na  ,  &  peut-etre  meme  des  Eccl^ialU- 
f[ues&  desReli^ux.E)ifoncqueles)eunes-gen5lesmieui 
inteotionnes  ont  bien  de  |a  peine  i  demSler  ceux  qu'il5  dm- 
yent  fuivre.  Cependani  les  pa^ons  s'elevent ,  fe  fortifient, 
6l  foiu  d'inielligeqcc  avec  tani  d'ennemis  qui  attaquent  au 
dchors. 

11  ne  &ut  pas  nous  rebuter ,  pour  touies  ces  difficuti^ 
Et  quoiquc  nous  ne  devions  lien  efperer  que  par  le  pou- 
voir  de  la  grdce  divine ,  il  ne  faut  pas  nous  contenter  d'im- 
plorer  ce  fecoun  par  des  pri^res  continuelks ;  il  faut  en- 
core  employer  tous  les  moyens  humains.  Le  fucc^s  qui  ne 
depend  point  de  iious ,  ne  nous  lera  ni  compc^  ni  reprochi; 
&  quoiqu'U  arrive  du  difciple ,  le  Maitre  fera  puni  de  fa  ni' 
g1igeocc,ou  recompenf^  de  fon  travail.  Averiiflezdonccc> 
liu  que  vouf  inftruifez,  que  pour  bien  faire  il  faut  fe  tirer  d^ 
|a  foule ,  &  ne  pas  fuivre  le  plus  grand  nombre ;  prouvez- 
lui  cela ,  &  par  rautorit^  de  rEvangile  ,  &  par  la  raifon  ; 
puifque  quelque  principe  de  morale  que  Ton  fuppofe ,  toui 
ce  quc  Toa  nommera  BUn ,  fe  trouvera  fort  rare  dans  le 
monde ,  en  comparaifon  du  mal  qui  lui  eft  contrairc.  II  y  i 
pcudericbes.une  infinitidepauvres;peudegens  dnn^  les 
plaifirt  &  dans  les  honncurs  ;  peu  de  Savans,  peu  de  fa- 
gfs,  uw  tBfinui  ^tfyu  &  d'ignor^,  tris-peude  vertu. 


55o      DU  CHOTX  ET  DE  LA  MiTHODE 

coup  p^rrle  iui-meme,  qui  ne  s*eft  pas  encore  avife ,  qu9 
^  q^*on  appeile  Pjffions ,  font  ces  emotions  qu^il  fenc  H 
Tivement  dans  fon  co^ur  &  dans  fes  entrailles,  quand  il 
Craint»  quand  il  d^dre ,  quand  il  eft  ^n  col^re.  li  s*eft  ac- 
^outume  d*en  parier  comme  du  giel ,  des  afires ,  &  de  tout 
ce  qui  eft  hors  4^  npus.  11  faut  donc  monrrer  ^ux  jeunes 
gens »  au  doigt  &  a  i'ceii ,  pour  ainfi  dire  ,  ce  que  c*eft  quo 
chaque  vt:rtu ,  chaque  vice ,  chaque  paflion  &  en  ceux  qui 
I^  envirclnnent ,  6i  principaiement  en  eux-memes.  Mais 
i)  faur  fur-tout  ,  comme  )*ai  dit,  leur  faire  pratiquer  ce 
^*ii$  favent :  En  quoi  i*on  a  befoin  d*une  grande  patienca 
&  d*une  grande  difcr^tion.  Us  font  foibles  &  iegers  ;  4 
tous  momens  iis  tombent  &  retombent  dans  l^s  meme^ 
^utes.  I!s  oublient  aifi^ment  toute  leur  moraie,  a  ia  pre« 
fenc^  d*un  nouvei  objet  d^  plaifir  »  quand  meme  ils  s*ea 
fpuviennent ,  ils  n*ont  pas  la  force  de  r^fifter.  Vouioir  qu*il$ 
acquiirent  en  peu  de  jours  cette  f^rmet^  ,  c*eft  vouloir 
qp^une  jeune  plant^  ait  du  jour  au  lendemain  un  trpnc  fo^ 
Ijde  &  de  profondes  racines.  11  faut  efperer  beaucoup  di| 
temps ,  &  ne  fe  pas  ennuyer  de  iabpurer  fpuvent  ^  d'ar* 
rofer  tou^  ies  jours. 

Cette  i^gerete  des  enfans  eft  v^ritablement  difficile  i  flip* 
porter ;  mais  ne  la  haifibns-nous  point ,  pl^t6t  parce  qu*elle 
iious  incommode ,  que  parce  qu*eil^  leur  nuit  i  Rentron$. 
en  npus*m£mes,fomm^snous  i  proportion  beaucoup  plus 
raUbnnables  k  i'age  parfait  oii  nous  fommes  ?  N^avons* 
i|Oi|s  pas  auffi  bien  qu*eusc  nos  paffions,  ne  fommQ^  nous  pas 
attaches  a  notre  plaifir  ?  &  fi  ce  qui  nous  divertit ,  nou& 
paroit  plus  folide ,  peut-etre  paroit-il  encore  plus  ridicule 
a  des  hommes  plus  fages  que  nous.  Faifons  la  comparaifon 
}ufie,  remettons-nous  a  i*ag^  de  notre  difciple  &  repaflfons 
de  bonne  foi  quelles  etoient  alor$  nos  p^nfics ;  nous  trou*^ 
yerons  que  tous  les  enfans  font  a-peu-pr^s  femblables.  Je 
nedis  pas  pour  cela  que  nous  devions  negliger  dans  les- 
^utres,  ies  defauts  que  nous  avons  ,  ni  qu*ils  doivent  eit 
prendre  avantage ,  s*iis  viennent  k  ies  reconnpitre  ;  mais 
je  dis  que  cette  confideratipn  nous  doit  rendre  fort  doux 
&  fort  patients ,  de  peur  qu*en  preiTant  trop  un  jeune 
homme ,  de  monter  tout  d*une  haleine  k  la  plus  haute 
vertu ,  par  des  chemins  trop  difficiles ,  nous  ne  le  pr^cipi- 
tpns  dans  le  d^fefpoir.  11  £aut  donc  m^nager  extrememei^t 


f>  fe  S   i  1 17  D  £  $.  lit 

wi  ififtfiiSionf  dc  monlc » &  les  proportioiiner  a  rouver- 
tiire  dvrpnt  dn  difdple ,  &  encore  phis  ft  Ii  force  de  (om 
ame.  II  fiiui  fere  couiours  actentif  pour  ^ier  les  occafioitt 
<ie  les  faire  utilement,  fans  s^arreter  i  Fordre  que  Ton  s*eft 
propoTe  dans  les  inides.  Soiivent  i  Toccafion  d*une  fiiute 
que  vorre  difcipte  aora  £rite  •  ou  d*une  reflexion  qui  vieit* 
dra  de  iin-iii&ile,  ou  que  vous lui  ferex  Eiire  en  lifant  mie 
hiftoire  ou  on  li  Vre  dliufflanit^ ,  vous  rrou  verez  lieu  de  llof^ 
truire  de  quelque  mazime  importanie ,  ou  de  le  tirer  db 
quelqiie  erreur.  Ne  perdetpascesconjondures  fi  pricieil- 
fes  ,quittez  toot  poor  h  morale ,  les  occafions  de  lui  eil* 
feigoer  Iliiftoire  ou  les  humanitisreviendront  aflez :  mab 
il  ne  reviendra  peut-^e  pas  dans  une  difpofiiion  fi  fiivo- 
rable;  &  ce  qne  Pofi  dic  ainfi  comme  hors  d^ceuvre ,  fte 
coaune  bm  defirin  i  profite  beaucoup  plus ,  pour  Tordl* 
liaire,  que  ce  qoe  Toa  dit dans  One  le^on  en  forme;  ou 
rfcolier  eft  fur  fesgardes,  parce  qu*il  voitque  vous  vou* 
lez  parler  de  morale.  D  ne  faut  point  craindre  les  digref* 
lions»  qui  vont  i quelque  chofe  de  plus  utile  que  le  fujec 
que  roo  s*^<ric  propofiL 

LA  dviEti  &it  partie  de  la  morale ;  il  ne  fuffit  pas  de  .  XfntL 
garder  ies  devoirs  eflentiels  de  la  probiti ,  qui  font  ^|j|^  ^ 
Hioauiie  de  bien  ,il  faut  aufli  garder  ceuz  de  la  fodete, qui 
font  rhonnftte  homme.  La  nidefle  &  Tinciviliti  ne  fe  troiH- 
treront  pmit  dads  un  homme  bien  vertueux ,  parce  qu*elies 
Viennent  ou  d*orgueil ,  ou  de  mipris  des  autres ,  ou  de  pa* 
refle  a  s*inftniire  de  ce  qu*on  leur  doit,  &  i  fe  tenir  propre* 
tnenti  ou  dd  fiidlii6  i  fe  mettre  en  col^re.  De  forte  qu*il  eft 
Impoflible  qu*un  homme  ne  foit  honndte  &  civil ,  sll  eft 
humble »  patient ,  charitable ,  modefte  &  foigneux.  Mais 
afin  que  la  vertu  toute  pure  puiflfe  faire  cet  eiflkt ,  il  faut 
qu*elie  foit  arrivte  i  une  haute  perfedion ;  comme  cheSE 
Ces  antietis  Molnei  d*Egypte  &  d^Orient,  qui  itotent  doux 
&  hoonites  dans  les  foUtudes  les  plus  aflreufes.  Le  com- 
inerce  du  monde  eft  un  chemin  bien  plus  court  pour  don« 
ner  de  la  politefle ,  &Ia  n^effite  d*^tre  continuellement  let 
onsavec  les  «utres,  Obrige  i  avoir  au  moinstoutes  lesap* 
parencesdes  vertos,  qoi  rendent  b  focietd  commode.  Oki 
fecontente  poor  rordinaire  de  ces  apparences,  &  on  fait 
^Mfifter  b  civiliti  eo  one  habitude  de  cacher  fes  pafliont 


/1  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MSTHGDE 
&dedeguirer&sl«nrinieiu,  pour  iBnioigner  aaxmtres  le 
Tefpe^  ou  rantiae  que  le  plus  fouveiir  an  □'a  pas.  De  Tone 
^uelacivilkenuir  are&nnd  deUTenu,  au  liei  qu'eile 
nedevroic  en  erre  qu^uneluiie,  SiamnoKcaaQearde 
beauie ,  que  la  lame  produit  nanireileineiit.  Cependam  ces 
complimens  ilsitean  dc  cea  grimacea  de  dviliFe .  tbnt  ks 
^■mieres  inftru^ions  que  roa  doone  aux  encuis,  &  cdks 
4onf  doles&tigueiepluB.  D  femble  qaeceiaicmuaredu- 
cadon.  Cesexprcfiioia  de  Couaa&oa ,  d'dKine ,  d'a££ioit , 
feroient  rana  douic  excellenm  &  cllcs  eroienc  vnies ,  puii- 
que  nous  terions  tous  par&iremeni  humUes  &  ctariraliles. 
Mjis  p(nt4}u'il  tCe&  pas  ainii,  ilvaudroit  oiieux  dirc  plus 
Trai,  ou  piutdt  direraoiaft&furepliis.  U  yabiende  Izifif- 
ference  entre  lemoigne*  du  mepris  &  icarquer  de  Tedune  , 
oudu  rcfpefilAnsacceffiiei&ce^^tToirieric&culede 
noscompiimem.roniles  rcnconcreslcneHfesd^aSiiieSiOU 
ronchangcenti^cinentde  Iarig3ge,&  ou  roo  dijpim  ie 
■noindre  pciit  interet  a  ceus  a  <]Bi  on  BoaiciRauparamail 
tembloit  i]ue  Ton  alloic  toot  dooner.  Les  cn&ns  <pii  a'oac 
pas  cncote  aflez  de  ingemeni  poor  diftinguer  les  &iyas 
tt  les  occafionft  difTerenies  ,  «'accouiument  par  ces  pre- 
miere»  inAiuSions  ,  a  meniir  &  a  diflinuilef  en  toBtes 
rcncontrcf. 

Au  rcAe ,  on  faii  cn  cette  mati^  uoe  infinite  de  mea- 
fongei  inuiilei.  La  civilite  confHle  plus  k  nous  abAenir  de 
cc  qui  peut  incommoder  les  autre» ,  a  etre  doux ,  modefies 
&patiens,  <{u'ji  parIerbeaucoup&(e  donner  beaucoupde 
mouvcmcni.  Un  petit  mot  obligcam  biea  plac^ ,  (ait  plus 
i'tffet  que  tous  ccs  grands  complimeas  ioat  les  gens  de 
provincc  nousaccablcnt;  ceux  qui  honorent  oucareffent 
igalcmeni  lout  le  mondc,  nobligent  perfonne,  &  n'ont 
plu*  dequoi  marqucrlcurvcriiable  amitie.  Maisla  pirede 
touccileierpccetdecivilite,  eA  celle  qui  donne  des  manii- 
rcs  contratnies  &  afledces.  Ceiic  civiliie  metbodique ,  qiii 
nc  conril^c  qu'cn  des  formules  de  complimens  fades ,  &  en 
ilcsc^fcmonicftincommodes,  &quichoque  bien  plus  qu'une 
rudicicu  louic  naturelle ;  cette  aSeflation  de  toui  faire  par 
riglc  &  par  mcihodc ,  cftundcfiprincipaut  carafUresde  la 
peilcnteric ;  c'e(l  pourquoi  les  gens  de  lettres  doivent  fur- 
tout  rcvitcr.  Mati  commc  leur  cpndition  Ifi  ^loigne  pour 
la  plupait  de  cc  coonnercfl  du  grand  n^da  >  qui  demande 


DES£TUDES.  €f 

«ne  cttximt  politefle,  je  crois  que  leurciviliti  confifte 
principaleiiient  i  (avoir  fe  taire ,  fans  aflfeder  le  filence ;  k 
ne  parler  de  ce  qulls  favent ,  qu*autant  que  ia  charite  le  de- 
mande  pour  rinftrudion  &  la  fatisfadion  du  prochain ;  & 
du  refte ,  agir  &  parler  fimplement  comme  les  autreshom* 
tnes.  £t  parce  que  les  defauts  font  plus  fenfibles  dans  les 
portraitschargesque  dansle  naturel ,  ii  ne  fera  pas  inutile 
<ie  confid^er  le  carad^re  que  les  Italiens  ont  donne  a  leur 
doAeur  de  com^die ,  qui  veut  toujours  parier  &  toujours 
inftruire ,  &  fe  met  a  tous  momens  en  coi^re  contre  ceux 
qui  ofent  lui  contredire. 

PUisQUE  la  morale  doit  regner  pendant  toute  l*iduca-  XIX. 
tion ,  il  faut  travaiiler  en  meme  temps  aux  autres  etu-  Logtqoe  ft 
des ;  mais  comme  loutes  nos  connoiflances  dependent  du  ?i,^^ 
raifonnement  ou  de  l*exp6rience ,  &  que  i*experience  pro- 
firepeu,  iielle  n*efteclairee  par  la  droite  raifon,  ii  faut 
commencer  par  former  l*efprit  avant  de  venir  au  detaii  des 
faits  &  des  chofes  pofitives.  Cette  application  i  cultiver  la 
raifon ,  eft  dans  Tordre  naturel  ia  premiere  de  toutes  les 
etudes ,  puifque  c*eft  ]*inftrument  de  toutes ;  car  ce  n*eft  en 
ef&t  autre  chofe  que  la  Logique ,  &  les  premiers  objets  ou 
Ton  doit  Tappiiquer » font  les  grands  principes  de  ia  iumiere 
natureUe,  qui  font  les  fondemens  de  tous  les  raifonnemens, 
&  par  confequent  de  toute  l*etude.  Or ,  cette  etude  des  pre- 
miers  principeseftia  vraie  metaphyfique  :  ainfiia  Logique 
&  la  Metapfayfiqueferont  les  premi^res  etudes,  &eIiesfont 
tellement  les  premi^res,  que  la  moraie  m^me,  en  tant  qu^elie 
depend  de  la  mlon  &  non  de  la  foi  furnatureile ,  ne  peut 
avoir  d*autre  fondement  folide.  Mais  j*ai  parle  de  ia  morale 
auparavant ,  parce  qu*ii  eft  plus  n^ceflaire  d*erre  homme  de 
bien,  que  d*etre  homme  de  raifonnement.  Outre  que  je  ne 
puis  dire  en  m£me  temps,  ce  que  je  ferois  en  meme  cemps, 
ii  i*inftruifois  un  jeune  homme  ,  c*eft  pourquoi  je  referve 
^  la  fin  de  toutes  les  etudes  des  jeunes  gens ,  de  marquer  k 
quel  age  \t  voudrois  les  placer  chacune  en  particulier. 

J*entends  icicettelogique  foiide  &  efl*e6^ive  ,  queSocrate 
iaifoit  profeflion  d*enfeigner  ,  quand  ii  difoit  qu*il  etoit 
j4ccoucktur  {Ttfpnts-y  qu*il  ieur  aidoit  a  produire  ce  qui  etoit 
deja  forme  en  eux ;  qu*il  ne  leur  apprenoit  rien ,  mais  qu*il 
ies  faifoit  reffouvenir  de  cequ*ilsfavoient.  £n  efiet,  comme 


-    ;.  ;  THODE 

,  >  ■■.    ■..■.;•••■  :.\  erUrVis 

.    -   ..•.■■.--."^»oul«ir.r- 

.•i-i;    .-    '•.'.i.tii':!  dii  cor,- 

■:■  ■■-     .-.-.■£;;  .ir-i.  i^  la 

.    .»■.'<.  bi.  '.ii  lijnnino.-.s  , 

.  ,  I,..  ,:rr,  ■fi;  ■toi.itjur  .   i^s 

i:    -■  :*,  Les  ;'JZ'iiners  q^J! 

.1;  rj  psrrs  ;   que  riiT   ne 

■  ir  r;;ii::ipl:;r  l^s  .i-r^^i  uns 
'■- ji;  t-ji.j iij:s  \i  fc':-'-ejr. 

!.-ii>itsl,s  aurres  juM^ian» 
;  nous  fuiuntda.-itouceia 

>.-mtve  de  ces  prtncipes, 
.■\>;is  nioins  cliires  &  moifiy 
•  htitilvqijcnfes;  c'ert  certe 
;'  ijiliyfirjLje.  La  Lo^ique  eil 
\  (lautr^s  fagemens  ,  qui 
>»-  vertiiu-le ,  &  qui  ne  l'or:t 
.»  i|iii  rei-ariSent  pluiot  nos 
,  iil  iK'u  q  iii  je  Ic5  3ppei;e 

ik-  vrji ,  dc  r3ii<i,  dailirmi- 

.\Mite,  &  lur-tout  lideede 

■  -^  lenroiis  qu'une  rellc  pro- 

;  ItH  pjs.  Onncpeut  don- 
I  iic  lc^  j  pjs,  &  ij  n'y  a 

,  :  .1  ru(!ii;t;iloi.i  n i ron ;  car 
i.mliili.-.  L:i  Loeiquo  &  I3 
■i;i,^  li»]i  troit  (l'ordinairc, 
.-■lii.iiics,  rclcvees  &  eloi- 
.  .:i'iii>>r)s,  qui  ne  convien- 
!  I  Lii.ir.c  (I,;  lout  le  mondc  ,■ 
;  .  0  qiii  ii;  p.iire  cn  nous- 
■  il,>ii\  lcini^.ut,  &:  n'ont 

■  --1     .1    IIC  M 


'.ikpoiiii  preciprterenpor- 
- .-.  <  konlet^vnccs.  tl  reroit 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  6f 

&  fauhaiter  que  Von  put  en  retrancber  tout  ce  qui  ne  ferc 
pas  etTcdivement  a  cetre  fin. 

Sans  entrer  ici  dans  le  detail  de  cette  inftniftion,  puifque 
ie  n*ecris  pas  une  logique,  )cvoudroisque  Ton  accoutumac 
un  enfant  de  ires-bonne  heure  a  ne  rien  dire  qu'il  n'entendir, 
t:  a  n  avoir  que  des  idees  les  plusclairesquil  leroit  poinjle. 
Pour  cela  ,  il  faudroit  en  tout  ce  quil  apprendroit ,  Tcxer- 
cer  continuellement  a  divifer  &  a  definir,  atin  dediftinguef 
exactement  chjque  chofe  des  autres ,  &  donner  a  cha<.uno 
ce  qui  luiappartient ,  non  que  je  vouIufTe  encore  lui  charger 
la  memoire  de  detinitions ,  &  des  regles  de  la  divifion  &  de 
la  dctinitton,  mais  les  lui  faire  pratiquer  fur  les  fujets  qui 
lui  feroient  les  plus  familiers.  Quand  il  auroit  afTez  de  force 
pour  embrafTer  plufieurs  idees,  ou  meme  plufieurs  juge* 
mens  tout  i  h  fois ,  je  lui  ferois  aperccvoir  la  difTerence 
du  vrni ,  du  tauT ,  de  Tincertain ,  &  je  le  convaincrois  qu*il 
ne  fjut  ni  tout  atHrmer,  ni  douter  de  tout,  mais  qu'ii  efl 
necefTaire  dc  fuivreennosjugemens  des  regles  certaines; 
enfuite  je  lui  ferois  remarquer  les  verites  qui  ibnt  les  pre« 
mieres,  dans  l'ordre  de  la  connoiflance  ^  &  de  la  certitude 
defquelies  d^pend  celles  de  toutes  les  autres,  d*ou  fuivroic 
la  connoiffance  de  Tame  &  fa  diflin£tion  d*avec  le  corps ;  la 
connoiflance  de  Dieu  &  les  regles  du  vrai  &  du  faux,  defquel- 
les  on  tireroit  enfuite  aifement  tout  le  refle  de  la  logique : 
je  voudrois  qu'elle  confiflat  en  fort  peu  de  preceotos ,  au- 
tant  ni  plus  ni  moins  qu'il  s*en  trouveroit  qui  aidaffent  eflfec* 
tivement  la  raifon  ;  car  fi  Fon  voyoit,  apris  i*avoir  bien 
cxamine,  que  Pon  raifonnat  audi  furement  &  aufli  jufle 
fans  toutcs  ces  obfer vations ,  je  les  condamnerois  par  cela 
feul  qu'elles  feroient  inutiles,  &  je  les  renvoyerois  au 
nombre  des  curiofites,  quelque  vraics  &  quclquc  belles 
qu*elles  fuffent ;  mais  on  trouvera  fans  doute  quelques 
rcglesde  logique,  a  quelque  petit  nombre  qu'on  les  reduife, 
qui  feront  fort  utiles  pour  aider  la  raifon,  &  quelques 
axiomes  de  metaphyfique  oii  Ton  oblijera  de  remonter 
f  out  homme  qui  raifonne ,  &  qui  par  confequcnt  feront  !e 
fondement  de  tous  fes  raifonnemens. 

Tout  le  monde  voit  rutilite  de  raifonner  jufle,  je  nedis 

pasfeulement  dans  les  fciences,  mais  dans  les  aflF.iires  & 

dans  route  la  conduite  de  la  vie ,  &  de  raifonner  fur  d^s 

principes  folides;  mais  peut-^re  plufieurs  ne  voicnt  pa$ 

Tomc  iL  £ 


66    DU  CHOIX  ET  DE  LA   MfeTHOD  E 

la  niceffit^  de  remonter  jufqu^aux  premiers  principes  } 
parce  qu*en  efiet  il  y,  en  a  peu  qui  le  faflent.  La  plupart 
des  hommes  ne  raifonnent  que  dans  une  certaine  etendue  » 
depuis  une  maxime  que  I*autorit^  des  autres  oii  leur  paffion 
a  imprim^e  dans  leur  efprit ,  jufqu*aux  moyens  n^ceflaires 
pour  acquerir  ce  qu'ils  defirent.  U  &ut  s*enrichir :  donc  je 
prendrai  un  tel  emploi ,  je  ferai  telle  dimarche ,  je  fouf* 
frirai  ceci  &  cela ,  &  ainfi  du  refte.  Mais  que  ferai-je  de 
mon  bien  quand  i'en  aurai  acquis  ?  Mais  eft-il  avantageux 
d*etre  riche  ?  C*eft  ce  que  Ton  ne  cherche  point.  Ceux  qui 
raifonnent  ainfi  n*ont  jamais  que  des  efprits  vulgaires,  de 
quelque  profeffion  qu*ils  foient,  fuflent-ils  lettris  &  doc«! 
teurs,  fuflent-ils  miniftres  d*6tat  y  fuflent-ils  princes  :  j*ap-; 
pelle  efprit  vulgaire  cet  efprit  born^  i  certaines  connoifr 
fances »  qui  ne  s*occupe  que  du  detail ,  &  ne  raifonne  que 
fur  Texperience ,  &  je  trouve  qu'il  eft  toujours  le  mSme  , 
quelque  objet  qu*il  fe  propofe :  il  ne  devient  pas  plus  grand 
pour  s*appliquer  aux  afiaires  publiques,  &  il  n*en  eft  pas 
plus  favant  pour  s*occuper  des  matieres  de  fcience;  il  ne 
fera  jamais  que  raifonner  probablement  fur  Texperience 
de  ce  qu'il  a  lu,  &  conjefhirer  un  fait  d*un  autre,  mais  il 
n*ira  pas  jufqu*^  juger  de  fes  le£hires,  &  les  rapporter  a 
leur  ufage. 

Le  veritable  favant  &  le  viritable  philofophe  va  plus 
loin &  commence  de  plus haut;  il nes*arrSte  ni ^lautorite 
desautres,  niiifespr^jug^s,  il  remonte  toujours,  jufqu*i 
ce  qu*i!  ait  trouviun  principe  de  lumiere  naturelle »  &  une 
virite  fi  claire,  qu*il  ne  la  puifle  rivoquer  en  doute;  mais 
auffi  quand  il  Ta  une  fois  trouvee ,  il  en  tire  hardimenc 
toutes  les  confi&quences ,  &  ne  s*en  ecarte  jamais ,  de-li 
vient  qu*il  eft  ferme  dans  fa  dodrine  &  dans  fa  conduite  ; 
qu*il  eft  inflexible  dans  fes  refolutions ,  patient  dans  Texe- 
cution  y  egal  en  fon  humeur  &  conftant  dans  la  vertu  :or  » 
ce  favant  &  ce  fage  fe  peut  trouver  en  toutes  conditions. 
On  a  dans  les  Patriarches  des  exemples  de  fages  p^tres  & 
laboureurs;  dans  lesanciens  Moines  de  fages  artifans  ;  & 
de  quelque  profeffion  que  foit  un  homme ,  il  nefera  jamais 
beureux ,  autant  que  Ton  peut  Tetre  en  cette  vie ,  s*il  n*agic 
ainfi  fur  des  principes  certains,  ou  fi  une  foi  tr^- ferme  ne 
fupplee  audefaut  du  raifonnement;  mais  pour  parler  fui* 
'^iram  nos  mosurs,  &  par  rapport  i  ceuz  qui  ont  accoutumi 


D  E  S    fi  T  U  D  E  S.  "Sf 

f  toidier  panni  nous,  ces  ratfonnemens  folides  &  ces  prin- 
dpes  certaiot ,  font  principalement  n^ceflaires  i  ceux  qut 
doivent  conduire  les  autres,  comme  les  Ecclefiaftiques, 
les  Magiftrats ,  &  ceux  qui  gouvernent  ou  qui  entrent  en 
part  des  a^res  publiques.  Pour  mieux  dire,  il  ne  faut  point 
compter  qu*il  y  ait  de  v^ricables  etudes  fans  ce  fondement ; 
car  pour  connoitre  des  chofes  de  fait ,  &  acquerir  de  Texpe* 
ricnce ,  Tufage  de  la  vie  fuffit :  ou  fi  Ton  y  ajoute  quelque 
ieSure ,  on  n*a  pas  befoin  pour  cela  d*une  grande  inAruc- 
don ,  mais  fe  former  Tefprit ,  voir  clair  i  ce  que  Ton  fait, 
fe  conduire  par  des  lumi^res  affurees ,  &  non  par  des  opi- 
nions  incertaines ,  c^eft  ce  qui  merite  d*etre  recherchc ,  & 
c*eft  cette  recberche  qui  merite  le  nom  d^ttude, 

La  plupart  des  hommes  font  plus  capables  que  Ton  ne 
croit  de  cette  philofophie :  elle  ne  demande  aucun  talent 
extraordinaire  de  mimoire  ou  d*imagination  &  de  brillanc 
d*efprit,  mais  feulement  un  bon  fens  commun ,  de  ratten- 
doo  &  de  la  panence ,  ainfi  il  n*y  a  que  les  efprits  fort  legers 
qoi  ne  puiflent  y  arriver.  Pour  ies  efprits  pefans ,  s*ils  ne 
font  tout-i-fait  ftupides ,  on  pourra  fouvent  les  mener  plus 
loin  que  ceux  qui  brillent  plus  qu*eux,  enfin  il  faut  conduire 
chacun  felon  fon  g^nie,  &  ne  pas  s*attacher  fi  fort  a  ceux 
dont  rmftniSion  donne  du  plaifir ,  parce  qu'ils  ont  Tefprit 
plus  ouvert ;  que  Ton  neglige  les  autres ,  parce  qu*ils  font 
plus  de  peine ,  au  contraire  ce  font  ces  derniers  qui  de- 
Biandentleplusdefoin,  ie  plus  d^affeflion  &  le  plus  d'ha- 
biiete  dans  celui  qui  les  inftruit;  &  c'eft  un  malheur  deplo- 
rable ,  mais  fans  rem^de ,  que  les  gens  les  plus  ignorans 
&  les  plus  groffiers  ont  d*ordinaire  les  plus  mechans 
Baitres. 

Puifque  je  fuis  entri  en  mati^re ,'  j'acheverai  de  m'expli- 
<pier  touchant  l»>phiIofophie.  Je  crois  que  Ton  doit  eflayer 
d*y  conduire  tous  ceux  que  Ton  inftruit ,  principalement  ft 
Ton  y  voit  un  beau  naturel ;  mais  il  ne  faut  pas  s*attendre 
qu*il  y  en  ait  grand  nombre  qui  reuffiflent ;  c*eft  une 
grande  entreprife  que  de  former  un  veritable  philofophe, 
c*eft-a-dire  un  homme  qui  raifonne  droit,  qui  foit  tou- 
)ours  en  garde  contre  toutes  les  caufes  de  Terreur ,  qui  ne 
fuive  dans  la  conduite  de  fa  vie ,  que  la  raifon  &  la  vertu , 
&  qui  cberche  i  connoitre  en  chaque  chofe  la  vcrit^ ,  &  k 
remonter  jufqu*aux  premi^res  c^fes.  H  eft  vrai  que  U 

Ei) 


«S     DtJ  CftOIX  ET  Dfi  t  A  MfeTHOD^ 

plupart  des  hommes  en  feroient  capables  s*ils  ufoient  bieiT^ 

de  leur  raifon ,  &  s'ils  ne  precipitoient  point  leurs  juge- 

mens ;  mais  il  eft  bien  rare  d'en  trouver  qui  aient  une 

volonte  aflfez  droite ,  &  une  aflez  grande  force  pour  refif- 

ter  a  leurs  paiTions ,  auffi  faut-il  demeurer  d^accord  que 

Ton  peut  exercer  pafiablement  bien  la  plupart  des  profeffions 

de  la  vie ,  fans  arriver  a  c^tte  perfe^ion.  On  peut  etre  boti 

medecin  pourvu  que  Ton  fache  rhiAoire  naturelle,  &  les 

experiences  des  remedes  les  plus  afllires,  car  quand  on 

iauroit  tout  ce  qui  a  ete  decouvert  de  phyfique  jufqu*^ 

pr^fent ,  on  ne  connoitroit  gueres  mieux  les  premi^res 

caufes  des  maladies.  La  jurifprudence  n*oblige  point  a  re« 

monter  plus  haut  ,  ni  k  chercher  d*autres  principes  de  rai^ 

fonnemens,  que  les  lois  etablies  entre  les  hommes :  le  refte 

appartient  au  legiflateur.  Les  JurifconfultesRomains,  dont 

nous  admirons  avec  raifon  les  decifions ,  n*etoient  poinc 

des  philofophes ;  &cette  fcience  etoit  form^e  a  Romeavant 

que  Ton  y  connut  la  philofophie  ni  la  grammaire.  Pour  la 

guerre ,  il  eft  evident ,  par  Texemple  des  Romains  memes  ^ 

&  de  la  plupart  des  nations,  qu*il  n*eft  nullement  necefiaire 

de  philofophie  pour  la  bien  faire.  Jamais  les  Romains  n'ont 

cte  plus  grands  hommes  de  guerre,  que  lorfqu'iIs  etoient 

encore  ignorans.  Mummius  &  Marius  n*y  etoient  pas  moins 

habiles  que  Pompee  &  Cefar  ;  &  ces  derniers ,  quoiqu^ils 

fiifient  plus  favans  n*etoient  pas  plus  philofophes.  Quant 

aux  autres  profeffions  moins  confiderables ,  comme  la  mar- 

chandife»  Tagriculture  &  les  metiers ,  on  ne  demande  poinc 

de  philofophie  a  ceux  qui  s*y  appliquent ,  quoique  les  arts 

les  plus  utiles  n'aient  point  ete  inventes  fans^  pbiIofophie> 

je  fais  que  Ton  croit  qu'elle  fert  i  la  theologie ,  &  affure- 

mem  il  feroit  a  fouhaiter  que  tous  les  Ecclefiaftiques  fuffent 

de  vrais  philofophes ;  mais  j'ai  fait  voir  que  dans  les  pre- 

miers  fi^cles  de  TEglife ,  les  chrdtiens  faifoient  peu  de  cas  de 

tst  philofophiehumaine,  &  toutefois  on  ne  peut  douter  que 

les  eveques  &  les  pr^tres  de  ce  temps-la  ne  rempliffent  par- 

faitement  tous  lcurs  devoirs,  Je  laiffe  k  ceux  qui  travaillent 

utilement  dans  TEglife,  a  juger  fi  ce  qu'ils  ont  appris  de 

philofophie  Isur  efl  de  grand  ufage  pour  la  conduite  des 

ame». 

Au  rtfte ,  comme  il  ne  faut  ni  fe  tromper  ni  tromper  les 
auires,  je  nevoudrois  donner  le  nom  de  philofopbie  qu'^ 


i 
J 


D  E  S    fe  T  U  D  E  $.  ?j 

ce  qui  le  fnirite  effedivement.  Je  ne  voudroispointdonner 
a  mon  diTciple  la  vanite  de  fe  croire  philofophe ,  parce  qu*il 
fauroitpar  ceeur  quelques  diftinAions  &  quelques  divifions, 
quoiqu^il  n*en  (ut  ni  pkis  iage  ni  meilleur :  &  je  ne  voudrois 
point  contribuer  i  rendre  ce  grand  nom  meprifable  aux 
gens  qui  n'om  point  de  lettres ,  car  les  femmes  &  ies  hom- 
ines  du  monde  jugent  des  philofophes  anciens  par  les  mo- 
clernes ,  &  les  meprifent  tous  egalement ;  de-ia  vient  que 
Platon,  le  plus  excellent  de  tous  les  auteurs  profanes^  & 
Fun  des  plus  agreables,  eft  peu  lu ,  meme  des  favans ,  & 
n*eft  polnt  eiKore  traduit  en  notre  langue;  de-I^  vient  que 
ceux  qui  Vifeot  les  tradu6lions  de  Xenophon ,  d'Epi£lete  ou 
des  autres ,  s*etoanem  que  des  philofophes  raifonnent  de  (i 
bonfensrc^eftleoiemeabusquiadecrie  le  nomde  Rhitorlquey 
de  poeAe ,  &  de  la  plupart  des  beaux  arts ,  &  qui  en  a  donne 
les  fauiTes  idees ,  qui  font  que  nous  les  pratiquons  fi  mal ; 
car  il  eft  naturel  de  croire  qu*une  chofe  t&  efiefiivement 
ce  que  fon  nom  nous  repr^fente. 

Donc ,  quoiqu*il  fut  k  fouhaiter  que  tous  les  hommes,* 
du  moins  ceux  qui  etudient^devinfTent  veritablement  philo« 
fophes,  il  eft  fi  peu  raifonnable  de  T^fperer ,  qu'il  femble 
que  la  plupart  ne  doivent  pas  y  pretendre ,  du  moins  it 
£iudroit  la  reduire  ji  une  bonne  logique,  le  refte  de  la 
philofophte  n*eft  point  neceflaire  pour  acquerir  les  autres 
fciences,aucontraire,  ce  font  toutes  les  fciences,  jointesa 
la  prarique  de  toutes  les  vertus ,  qui  forment  la  vraie  phi- 
lofophie,  a  laquelie  par  confequent  on  ne  peut  arriver 
humalnement  que  dans  un  age  mur^  fi  quelqu*un  eft  affez 
iieureuxpoury  arriver;  mais  foit  pourtoute  la  philofophie, 
ibit  pour  la  logique ,  il  eft  encore  plus  certain  que  la  gram* 
naire,  la  rhetorique  &  tout  ce  que  Ton  appelle  Humanhes^ 
«'y  fontaucunementnecefTaixes.  Pour  apprendre  araifon- 
ner  droit ,  ii  n*eft  point  befoin  de  favoir  le  Latin  ni  aucune 
«uire  langue ,  on  peut  Tapprendre  a  un  muet,  pourvu  que 
Ton  ait  des  fjgnes  aflez  diftinflspour  lui  expliquer  des  re- 
flexions  fur  les  penfces.  L'eIoquence  fuppofe  le  raifonne- 
Bient  deja  forme  ,  puifqu^clle  y  ajoutc  le  mouvement  & 
i'cxprc(iion ,  car  elle  ne  confifte  pas,  comme  croient  lcs 
ignorans,  a  dire  de  belles  paroles,  mais  a  faire  valoir  lcs 
l>onnes  raifons*. 

Comtne  nptrelogique  neconfifterapas  en  certains  mots 

E  uj 


70     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfTHODK 

&  cemines  regles  dont  on  fe  charge  la  memoire  ,  pour  ed 
pouvoir  parler  ou  entendre  ceuz  qui  en  parlent ,  inais  dans 
iin  exerdce  reel  de  bien  raifbnner :  il  ne  fiiut  pas  croire  que 
Ton  Tapprenne  une  fois  comme  une  hiftoire,  pour  n*y  plus 
revenir  enfuite.  II  faut  la  prariquercontinuellementpendant 
tout  le  cours  des  etudes ;  &  je  n'en  parle  en  ce  lieu ,  que  pour 
marquer  fon  rang ,  &  montrer  qu*elle  eft  plus  digne  &  plus 
oecefllaire  que  toutes  les  toides  dont  je  vais  parler  ;  au  moins 
celles  qui  ne  confifient  qu*en  connoiiiknces  de  faits  ou  de 
chofes  pofitives ,  &  en  conjedures. 

Mais  quoique  le  raifonnement  foit  n^ilaire,  rezperien- 
ce  &  la  connoiflance  des  chofes  particulieres  Teft  encore  plus. 
Onnepeutetre  veritablement  (avant  ni  fouverainement  ha- 
bile  fanscetteprofondeur  de  raifonnementque  j*ai  marquee : 
mais  on  peut  etre  aifez  habile  pour  fatisfaire  auz  devoirs  comr 
muns  dela  vie,  (ans  ce  raifonnement,  pourvu  queFon  con- 
noifle  le  detail  des  chofes  d*ufage :  au  lieu  que  fansce  detail » 
les  meilleurs  raifonnemenS  generaux ,  tant  qu*ils  demeurent 
generaux,ne  meneront  jamais  a  rien.  Ce  font ces raifonne* 
mens  generaux  qui  ont  de  tout  temps  decrie  les  PhiIofophes& 
les  Savans,  quand  ils  ontneglige  d*y  joindrelaconnoiflance 
des  chofes  particulieres ,  &  principalement  des  inftitunons 
des  hommes ;  &  c*eft  le  de&ut  eflenriel  de  la  m^hode  de 
Raimond  LuIIe ,  qui  n*occupe  fes  difciples  que  de  notions  fi 
ginerales ,  qu*eUes  ne  font  d*aucun  ufage ;  &  ne  les  rend 
pas  m^me  plus  favans  daos  la  fp&:uIarion ,  puifqu*il  n*ajOU- 
te  k  ce  quetousleshommes  connoiflentnaturelIement,que 
des  noms  &  des  diftindions  arbitraires.  J*aime  mieux  ua 
payfan  qui  fait  de  quel  ble  fe  fait  le  meilleur  pain  ,  &  com- 
menton  fait  venir  ce  blti ,  qu*un  Philofophe  qui  ne  raifon- 
iie  que  fur  le  bon  » le  parfait  &  rinfini,  fans  jamais  def- 
cendre  plus  bas.  Que  votre  difciple  ait  donc  refprit  droit 
&  net,  qu*il  raifonae  fur  de  grands  principes,  &  qu*il  ar- 
range  bien  fes  connoiflances.  Mais  qu*il  k  contente  de  peu 
de  principes «  &  qu*il  ait  de  quoi  arranger  ,  je  veux  dire , 
des  connoiflancesdiflindes&finguli^res. 

XX 

Qu*ii  &ut  T  U^Q^ES  ici  je  n*aiparle  que  des  etudes  qui  fervent  k  pe^ 

•▼oirfoio  du  J  fe^onner  Tame,  en  formantrefprit&Iesmoeurs.Il  faut 

***'?••  dire  aufli  quelque  chofe  de  celles  qui  pourroient  fervir  au 

co^ps ,  puifqu'apr^s  notre  ame  il  n'y  a  rien  qui  nous  doivt 


D  E  S    fe  T  U  D  E  S.  71 

Itre  fi  prfdeux  cpie  cette  autre  partie  de  nous-memes;  & 
que  runion^roite  de  Tune  &  de  1  autre ,  fait  que  Tame  n*eft 
pointen  totde  bien  agir,  fi  le  corps  n'eft  bien  difpofe.  Je 
iai  que  cette  forte  d'enide  n*eft  point  en  ufage  parmi  noiis. 
On  connoit  aflez  les  biens  du  corpsy ,  la  fante  ,  la  force  , 
Tadrefle,  labeaute  :  mais  on  croit  qu'il  (aut  que  la  narure 
Dous  les  donne.  L*an  de  les  acquerir  eft  tellement  oublie, 
que  s^il  n'etoit  certain  que  les  anciens  Tavoient  trouve  ,  & 
Tavoient  poufle  a  une  grande  perfedion ,  peut-etre  ne  croi- 
roit-on  pas  qu^il  (ut  pofTible.  Ceft  cet  art  que  les  Grecs  nom- 
SQoient  Gymnaftique,  qui   confiftoit   principalement  dans 
rexercice  du  corps ,  c'eft  pourquoi  il  eft  hors  de  mon  fujet : 
car  )e  n*ai  pas  entrepris  tout  ce  qui  regarde  Teducation  de 
la  ieunefie ,  mais  feulement  les  ^tudes.  Je  laiflerai  donc  ce 
traiti  des  exerdces  k  quelqu*un  qui  en  fera  mieuz  inftruit 
que  moi ,  &  je  me  contenterai  de  parler  des  connoiflance« 
qui  fervent  k  entretenir  la  (znti.  Je  ne  leur  donne  pas  le 
nom  de  Midtctne^  parce  que  nousTappliquons  k  un  artlong 
&  difficile  ,  qui  occupe  des  hommes  toute  leur  vie,  &  qui 
a  pour  objef  de  guerir  les  maladies  ,  plutdt  que  de  les 
prevenir  ^au  lieu  que  ce  que  j^entends  ici  par  cette  itude 
oeceflaire  k  tout  le  monde ,  font  feulement  certains  precep- 
les  (imples  &  faciles  pour  entretenir  &  augmenter  la  fante. 
Je  voudrois  donc  que  des  la  premi^re  enfance  on  infpi- 
rdt  la  fobriete  autant  que  cet  Ige  en  eft  capable;  non  pas 
cn  £iifant  jeuner  les  enfans ,  il  n'en  eft  pas  encore  temps  ; 
mais  en  ne  Jes  laiflant  pas  manger  autant  qu^ils  veulent, 
ni  tout  ce  qu*ils  veulent ;  ne  leur  ofirant  point  ce  qui  let 
peut  tenter  ;ne  teur  donnant  jamais  nipeines  ni  r^compen- 
(es  qui  dependent  du  manger.  II  faut  encore  meprifer  ea 
leur  prefence  les  gourmands  &  les  friands,  foit  dans  les 
railleries,  foit  dans  les  difcours  ferieux ;  marquer  les  ma- 
ladies  &  les  autres  maux  qui  viennent  des  exc^  de  bou- 
cbe  ;louer  la  fobriete « &  montrer  les  biens  qu'elle  produit: 
faire  tous  ces  difcours,  autant  que  Ton  pourra,  fans  qu'il 
(emble  que  Ton  les  veuille  inftruire,  &  fans  leur  adrefler  la  pa- 
roie ,  afin  qu'ils  s'endefient  moins ;  mais  fur-tout  ne  demeotir 
jamais  ces  difcours,  nt  par  aucun  difcours  conrraire,  ni  par 
aucune  aflion  ;  un  mot  les  foutenir  d'exemple.  On  voit  par 
ks  moeurs  des  nacions  entieres,  combien  Topinion ,  la  cou- 
OUDC  &  les  imprefllions  de  Tenfance  font  puiflantes  en  cette 

E  iv 


rJ      Di;  CHOIX  ET  DI  LA  KlTEODC 

gar.tyc-  Ll»r«3ic-; ,  -  ^sa^iEx;  sbie  Js  law  «a  Ssc-f  j 
csi  U3  Dcenn  es  £;;a£je :  j»  Ld- jciis  ^sdi±3E  jfsr  w  zi  ec 

^m,«CS  ji^jr:!»  L.  -LM  irsS,  ~:rrc -r-i-n,—  XE<3tsr  ei 

fx&xi-f  L.  cst^^JK  '-'>*  iim  j^riwinT  ftr:."c^  jl  TMas  , 
irt  i— jfjg  ay-rr:j-£-  Pcsc-cag  cr;«r»-:-ici  e3r>;»Mt 

tk  ct!^-ci  efi  ;.::  botcs  pKacc^er  pocr  h  usac  Or,  os 
tnliruc^>>ntqu:(enea;z  ^"■^•*-'n  fist.ibst  Jis  &ueia 

Pour  Cc  tnea  p^.ner,  il  fen  eacore  i^ice  projxt  &  oet  ^ 

dcrt;fj;ir;r  Ln  ur^iir,  bo^redeboenes  eam,  £e:»3rnr<ie 
vund^i  Uir.L.a;  (t  qL^c^cpe  !a  mmre  e;:uieQe  a^ez  loijt 
celii.il  ef:  boa  (fenascn^  i£s  ciiiacs.&ieijrTtureu:»- 
veiH  f^iirc  re&xkxi,  ar  b  cctmixe  preza  ui£se:^i !e  cei- 
/uf.  Toiu  cc  qui  doDre  dc  U  force ,  fm  aj£  beaucoop  a  la 
£inte ,  que  la  force  fuppofe  neceBalfetnefU.  Or,  ce  <pii  ■<»- 
f  ilje  n'eii  pu,  comme  croii  It  valpire ,  nunger  beaucoup 
&  boife  beaucoup  ie  vin,  ouis  iravaiiler  &  s^ezercer  ea 
fe  nourrifiant  &  fe  rcpofar.t  3  propordoD.  Les  exerdces  le 
plus  a  l'ufage  de  (out  le  monde ,  foni  ie  marchcr  !oog  temps, 
fe  rcnir  long-icmps  debout,  poner  des  (ardeaux,  lirer  3 
liespoulies,  courir,faiiter,nager,  inonier  a  cheval,fiire 
des  armes,  jouer  a  la  psume,  &  ainfi  du  reile,  felooles 
^ges ,  les  condiiions  &  les  profetlions  auiquclles  on  fe  def- 
(ine.  J'en  laille  led^tail  ^ceux  qui  voudrom  bien,  peuc- 
itrc  un  jour,  donner  quclquc  traitc  dcs  excrcices;  je  me 
contcnicd'obferver  qull  e&  tres-ioiportant  d'en  donner  aux 
cnfansde  bonne  heure  une  grandc  efiime  ,  avec  un  grand 
mcpris  dc  la  vie  moIJc  &  efFemince. 

II  faui  leur  faire  comprendre  qu'un  homme  efl  capable 
de  peu de chofe , iit ne  peut , fans alterer fa fante , faire  des 
cxces  notablesdc  travail,  rompantaufaeroin  toutes  lesrer 
glus  du  fommeil  &  des  repas.  Entin  ,  qu'il  y  a  plufieurs 
Vertus  qui  nc  fe  pcuvcnt  praiiquer  qu'avec  un  bon  corps. 
I  Tlm,  fY'  s.  Paul  dit  bien  quc  les  exerciccs  du  corps  foni  ucilcs  ^  peu 
'  Aa  i-Unf., . :.  :i  1.  .1:. 1 . «_.»4u.  A^ 


de  chorc ;  maii  il  le  dit  cn  lcs  comparani  aux  ezercices  de 
pi^i<i ,  &  dans  un  temps  oti  r^muiaiion  des  athldtes  Grec; 
les  avoicpouflihi  une  fobriiti  excellive.  Car  pluCeurs  pafr 
JCoientleurvie  daiu  m  rigime  tr^i-fev^ie,  &  dans  defon 


D  E  S    fi  T  U  O  E  S.  ri 

'frands travauK ,  fam  autrebut  que  de  fe  faire  aclinirer  dans  _ 
k*  fpe^laclci.  S.  Paul  iuL-meme  le  feri  ailleurs  de  cet  cxcm-  ,j| 
ple,  pour  montreraux  Chrciiens  avec  quelle  ardeur  ils 
doivem  cocnbattre  pour  la  couronnc  incorruptible.  Les 
Chrctiens  ,  a  la  veriic  ,  ne  s'cngageoient  pas  a  ces  exercices 
des  ^ymnafes ,  quileur  auroient  (ropfaitperdrede  temps, 
ti  cncore  moins  aux  combats  des  jeux  publics ,  fondes  fur 
ridolatrie ;  mais  ils  ne  iaifToiem  pas  de  s'exercer  lc  corps 
pardestravMixpcnlbles.  S.Clement  Alcxandrinleconfeille  "*"*• 
cxprcflementdansfonPedagogue,  &  laplupartdes  anciens 
MoinesroiMpratique.  AutTi  S.  Paul  nc  dit  pas  que  lcsexer- 
ciccs  du  corps  n^aient  aucune  utilite;  &  quoiquil  la  juge 
petite ,  cn  comparaifon  des  verius  Chretiennes  ,  il  Tauroit 
^ns  doutc  jugec  grande  ,  en  comparaifon  de  ce  que  nous 
lui  priferons  communemcnt.  Car  ce  qui  faii  tant  mcprifer 
au;3urd'J]ui  lesexercices,  efl  qu'ils  ne  fervcnt  niaacqud- 
rir  dc  rhonncur ,  ni  ^  gagncrderargcnT,&  qu'il5  nes'ac- 
cordcnt  pas  avec  la  bonnc  ch^rc ,  le  fommeil  &  la  parclTc, 
cn  (}uoi  la  plupart  dcs  gens  font  confiHer  Icur  bonheur. 

£n  effet ,  il  n'y  a  parmi  nous  que  ccux  que  Ton  dciline 
a  la  guerre,  i  qui  Ton  apprcnnc  quelques  excrciccs  par  me- 
thodc  :  encore  y  a-til,  ce  mc  femble,  deux  defauts  con- 
£derables.  L'un ,  que  Ton  ne  prend  aucun  foin  dc  former 
les  foldats  qui  compofent  toui  le  corps  dcs  troupcs.  On  ar- 
tend  quils  foienc  enrdles  pour  leur  apprendre  a  manicr 
leurarmes  &a  faire  reiercice  ;  Tauite  defaut  e(t  que  dans 
lesacadcmiciouoncxerccIesGentilshommes,onnccomp- 
te  pourricn  ce  quicllle  plus  efTenricI  pour  donner  de  la 
£inte&reRdrelescorpsrobu<les.  Car  on  n'accoutume  point 
les  ieuncs  gens  a  vivre  de  viandes  fimples  &  proflieres ,  a 
fouflrir  quelquefois  la  faim  ,  le  chaud ,  le  froid  &  Ics  in- 
jures  de  rair.d  palTcr  lcsnuitsfans  dormir,  ^couchcr  or- 
dinaircmeni  fur  la  dure ,  a  eire  a  cheval  dcs  journces  en- 
tieresiea  un  moi,  a  s'endurcir  atouies  fortes  de  fjiipies. 
Cependant  ces  fatigues  font  d'un  ufage  bicn  plus  ordiiuire 
i  la  guerrc  que  la  danfc  &  les  dcrnicrcs  finullcs  di;  1'efcrime 
&  du  man^c.  Cc  foin  que  i'on  prcnd  de  former  le  corps 
des  Gentilshommes ,  ne  lallTe  pas ,  toui  mcuiocrc  qu'il  clt, 
<l'etre  une  preuve  bien  fcnfible  de  Tutilite  des  cxcrciccs.  I)e- 
b  vicm  fans  doute ,  que  Ics  gens  de  qualiie ,  &  Ics  otIici>:r3 
^'•UjnfC  oot  d'ordii)aire  U  corps  mieux  tait ,  oat  plusdc  gta.- 


■r"'.     iiutiTQUL :  E-- JsrrEUT;-;      o; 
i;>.' .  .  ii  .  e    ij    f:uuir-D:.    naa 

j  .  ^ii.iif.-yri!    u.- ci>i:i:t:    iHf    :aE 

i.mir     A>-uu'J£il     VtTil.     -UIDit: 
i3!Ck;.v. ,  .t:    iriir.  ^71'- mnm  ■T-r- 


:  -      1, .    !.■  vi.i-.-r.i  ii    i.;^;rr  11    nin  n-jijrr;     n 
■  /.......  i  -...  ii.j.  -.^■i.iiii.  LKur-.    r.u  iji  E-Jii-.sn'  uir'- 

..  1.1  ^v.i  -.■jj-:  ,.i  ,.j-  in..i!iffln;Tl-  &  lor  uiii  u; 
%|rf  -.■-.■ij  ,.:iiuic  aii..-.  (»1.  -.liulic.  liS  WTii-^SnE.  L  ut 
.;-.-.  .V.:  _  .  ■.    ;,-    ii,-.^     ,|.j    'j^.-  u»,.    h-.t— au"  S-^FTiim!.- OSt 

.     ■.■^.-^-.M./.K  r.^  '.,i.:i  i,...-!,.  iiuLii-inr  UK  iDuassntuw 

1   .    •   .i-Kv;  yj.,.     ,.;   ,.j;,;  r.;,.ait.r.  -  L.   W\r  =213 

'.-.1  «;-. .■■.>.  ;...•  '...  .v-.i;: -'iiai-!,  :>i  aa-  une 
t  >  .^   .■.;;.  _  ^  .1  ■      -. , ..  ,.t  .^_.  -,-,..,•:£;;. :  tJ:  m.\s 

..  ■     -.  i^-,:t  ].  .)•■;■/(...  iMit  :-riyjTri'.:  ■.iii.Tiizcn- 

. ...  ..,....■>  .,1  ..,/^=  ,r,[s  ^ij/.*.  ,'ef  r';jj  ceeesxcfr 

II .  I..,  w.,,),,.;, t  ,,i  /■,,  j.  »  ii,„vre'it  jji-jUi*  a:i  bcjt 

..-:  dr.,>.i:.n  UilUiii|,i>ini(jire  it'etcrc>ce,c;.'pjur 
..  i..y..il.-ti>i>ii>|-<iJ>ii<<»7'i.lM>iirent;  iMcspiir^^nt 
^iii  ii  I  ..I  UiiiM  luiJiriw ,  Hi  lciir  |ierluai]i-ni  ribien  naUs 


DES£TUDES.  7j 

Ibnt  d'une  complexion  foible  &  delicate ,  que  les  pauvres 
cnfans  le  croient  toute  leur  vie ,  &  pretendent  fe  diHinguer 
par-la  du  cooiinun.coinmcparleur  bien&  leur condiiion. 
Car  cotniue  il  n'y  a  que  des  riches  &  des  gens  de  grand  loifir 
qui  puifleot  f»re  toutes  ces  fagons ,  ils  fe  perfuadent  qu'il 
n*appartieiit  qu'aux  payfans  &  aux  crocheteurs  d'avoir  de 
bons  corps,  &  fe  font  bonneur  de  leur  foiblefle,  comme 
(TuiK  iD3rque^'efprit.  Cependant,  a  le  bien  prendre,  on  de- 
vroit  avoir  beaucoup  plus  de  honte  d'^ire  foible  &  mal 
&in,  que  (l'^e  pauvre ,  puifqu'ily  aplus  de  moyens  in< 
oocen*  d^acquMr  la  fanie  que  les  ricbeffes,  &  que  ces 
noyensfont  plusen  notre  pouvoir. 

11  faut  encore  guirir  les  jeunesgens  dequamiie  de  fu- 
perftiiions ,  que  rignorance  des  CMes  pafles  a  introduits 
dansla  nidecine  ,  touchaot  U  qualit^  de  plufieurs  vian- 
des  qye  ronj  eflime  froides  ou  chaudes  ,  fans  raifon  ,  & 
contre  1'exp^ricnce  ;  touchant  plufieurs  efiets^ue  Ton  at- 
tribue  lans  fondemeni  k  la  June  &  aux  autres  allres.  On 
pcut  mettre  eii  cc  rang  une  grande  partie  des  preceptes  de 
r&ole  de  Saleme.  Au  contraire  ,  je  voudrois  que  Ton  eut 
foin  de  leur  apprendre  ce  qu'il  y  a  de  plus  conflamment 
^tabli  entre  les  plus  habiles  Medecins  pour  le  r^gime  or- 
dinaire  :  les  moyens  de  conferver  la  fante  ,  les  remides 
des  malafes les  plus  frequentes,&fur-toutce  quiregar- 
Ac  les  bleflbres.  Car  i)  efl  plus  difficile  de  les  cviter  ,que 
lcs  grandes  maladies  ,  &  plus  important  de  s'y  pouvoir 
aider  fot-meme.  Pour  touicela  il  feroitbon  defavoirpaf- 
bbletnent  ranatomie ,  joint  les  autres  grands  ufages  que 
Ton  en  pein  faire  en  morale  pour  connoiire  les  paflions, 
pour  admirer  la  fagefli;  de  Dieu ,  &  fentir  combien  nous 
dependoiudefapuiSance.  II  feroii  bon  de  favoir  aufli  la 
qtnlite  des  nourritures  les  plus  ordinaires ,  des  plantes  les 
plus  cotnmunes ,  des  remedes  les  plus  faciles  ^  trouver ; 
loui  ccla  fuivant  les  experiences  les  plus  aflurees.  On  en 
pourroh  ^udier  plus  ou  moins  felon  la  capacit^  du  Mai- 
ire ,  &  le  loiCr  &  Tinclinution  du  difciple.  II  ne  ferolt  pas 
inuiilede  faire  obferver  lesefietsdeceriaines  maladiesles 
plus  aflreufes,  pour  imprimer  aux  jeunes  gens  une  grande 
borreur  dc  rintemp^rance  &  de  la  debauche  ;  Sn  tl'un  au- 
tre  coii  les  faire  quelquefois  entrer  dans  une  cuifine  & 
iam  un  officci  &  voir  tout  au  long  avec  cooibien  d'3c- 


7«    DU  CftOIX  ET  DE  LA  MiTHODE 

tifice  ,  dt  peine  ,  de  temps ,  &  de  depenfe  ,  fe  preparent 
ces  ragouts  &  ces  confirures ,  qui  ne  foat  que  rorcement 
des  repas. 


XKI/ 


Qu'iioe  faos  \r  ^^^^  ^  io6TuSdoos  qui  regardem  toutes  fortes  de 
poiac  ^adkr  ▼  perfoxmes ,  puifqull  n^y  en  a  point  qui  n*ait  une  axne 
par  mUiti.  &  un  corps.  L^  inftrudions  fuivantes  regardent  la  con- 
iervatioa  des  biens ,  &  par  confequent  ne  font  pas  a  Tuiage 
de  ceux  qui  font  tout  a  fait  pauvres.  AufS  les  avis  que  je 
donne  ne  font  gueres  praticabies  qu*a  Tegard  des  enians 
qui  naifient  de  parens  au  molns  mediocrement  accommo- 
des.  Les  plus  pauvres  n*ont  ni  le  talent  ni  le  loiiir  d^in^ 
truire  leursenfans  en  particulier ,  &  s*ils  les  font  etudier, 
c*eft  en  les  envo^rant  a  des  ecoles  publiqiies.  Mais  peul- 
toe  avant  de  pafler  outre  ,  ne  fera-t-il  pas  inutile  de  dire 
un'mot  de  ce  qui  doit  attirer  aux  etudes ,  ou  en  detoumer 
ceux  qui  font  tour-a-fak  pauvres. 

R^gulierement  Tetude  n'eft  pointunmoyen  d*acquerir  da 
bien ,  &  ne  convient  qu*a  ceux  qui  ont  un  honnete  loifir. 
Le  bon  fens  veut  quc  Ton  commence  par  pourvoir  a  ti, 
fubfiAance  avant  de  contenter  fa  curiofite  ,  &  ceux  qui 
s^appliquent 4 letude n*ayant pas de quoi vivre ,  reflemblent 
ii  de&  voyageurs  qui  ^tant  abordes  a  une  ile  deferte ,  s*amu- 
feroicnt  k  contempler  les  aftres  ,o\xk  difcourir  fur  le  re- 
Hwx  de  la  mer  ^  au  lieu  de  batir  des  cabanes  &  de  chercher 
des  vivres.  On  pourroit  leur  dire » fi  vous  eftimez  les  biens 
de  fortunt  i  comme  la  plupart  des  hommes ,  a  quoi  vous 
«mufier A^ouR  i  Que  nc  prencz-vous  les  moyens  ordinaires 
ti  namnels  pour  en  gagncr  ?  Vous  etes  ne  a  la  campagtie , 
dettieum  j^  >  Idbouftt  tc  champde  vosperes;  ous'iI  ne 
Xnoun  lett  nAW  j5«§  l«i(fe »  (ie rvGit  un  Miitre  ;  travaillez  a  la 
f oitt-tt^  i^  ^pj>re?ite*  \«^  m^i^t  i  irafiqucz ,  fi  vous  en  avex 
W  moV-^i  i  'c^\\yi\\f(^  m^^^^^f^n^Tion  qui  vous  faffe  fub- 
iiih^c  hvMiJi^^^l  ^  &  k^rt«*  \^  tfijtudcs  4  ceux  qui  ont 
t^W  hyWv  X  ^\\  <^*>W^  v^^  ,,  \f^\  s\\\i  \\c  fe  foucient  pas  de 
r^H^.  Mav^  V  '^^^  ^»^.w\^^>  Wx  4f^'Ac%  cnemefi  font  une 
^t  t^  ^^>MWy»>^y  <^  ^k  \i\^  X  vk4  i^WAnxi^  elies  minent  a 
l*^^![i^H^  ^»A\^iiv:it^Vf^  mK^K,,  ij^tiliiiv»  W  Hhx% » la  Medecine: 
«  h  X V  ^ ^  ^^  fc^Wi^ (hi^^^i^sk^  bkourer  la  terre ,  ou 
^^  hN»y  j^mkv  -^i  ^'-*^  ^^i,i^^  \\>>Ia  U  Y^Utt^  etpirance  qui  faii 
i«»n  \W  )»^^i«v  *v^  Vv^.v<^,  'S.  itf  ttvrcs  Avout^, 


7e  ne  dis  pas  qu*i1  faille  exclure  des  etudes  tous  ceux 

^ui  ibnt  pauvres.  On  ne  trouveroit  gueres  de  gensa  leur 

alib  qui  vouIuiTent  fe  donner  la  peine  d^enfeigner  &  de  con- 

duirc  desenfans :  moins  encorequi  fe  chargeaffent  du  fer-^ 

Tice  dcs  parotifes ,  principalement  ^  la  campagne.  Je  defl- 

rerois  feulement  que  le  nombre  n'en  fut  pas  fi  grand  ;  que 

Ton  put  choifir  fur  ceux  qui  ORt  le  plus  de  talent  ou  de  verni, 

&  renvoyer  ceux  qui  n'etudient  que  par  des  vues  bafles 

&  fordides.  Car  on  ne  pcut  affez  deplorer  les  exrremires 

oii  fe  iettent  fouvent  ces  jouncs  gens  ,  qui  fe  font  embar- 

ques  tim^rairement  dans  les  etudes ,  &  fe  trouvent  hors 

d'etat  d^apprendre  un  autre  metier ,  ou  croient  tout  le  redc 

indigne  d*eux.  Piufieurs  ne  fachant  que  dcvenir ,  fe  Jetrcnt 

ians  vocatioR  dans  des  communautes  religieufes  :  ou  s'ils 

craignent  de  s'enfermer  &  dc  s'affujettir  a  une  regle  ,  ils 

cberchent  queique  emploi  de  pratique  ou  de  finance  ;  ou 

ieionle  genie,  ils  devlennent  Muficicns,  Poeres,Come- 

diens ,  Charlatans  &  tout  ce  que  Ton  peut  imaginer. 

Les  etudes  memes  fouffrent  d'etre  traitees  par  des  gens^ 
8ial  ileves,  ouintereffes;  tls  fontoccupes  du  tbinpreffant 
de  leur  fubfiftance ,  ou  du  defir  de  gagner.  Leur  but  n*efi  pas 
b  connoiffance  de  la  verite  &  la  perfcdion  de  laraifon, 
nais  rinteret:ain(iiIsforcentIeurs  penfeespourlesyajuAer; 
ils  n*etudient  point  ce  quieft  de  meilleuren  foi ,  maisce  qui  eft 
demeilleur  debit;  ils  necherchent  point  a  devenir  efled^ive- 
inent  plus  habiles «  mais  a  paffer  pour  Tetre ,  &  a  plaire  aux 
autres.  En  un  mot,  ils  appellent  Etudes  utiUs ,  non  pas  celles 
qui  vont  a  quelque  utilit^  publique ,  comme  d'avancer  les 
arts  &  perfe£lionner  les  moeurs ,  mais  celles  qui  vont  a  enri- 
chir  ceux  qui  etudient.  Mais  revenons  a  norre  fujet. 

Je  pretends  avoir  expliqu6  jufques  ici  les  erudes  qui  font 
jk  Tufage  de  toutes  fortes  de  perfonnes,  tant  des  femmes 
quedes  bommes,  tant  dcs  richesque  dcs  pauvres.  Ces  itu- 
Ats  fontcelles qui regardent  la  reli^ion,  les  ma?urs,  la con- 
duite  de  Tefprit  pour  raifonner  jufte ,  &  la  fanre.  Je  les  ai 
traitees  daiKtouteretendue  que  peut  lour  donncr  celui  qui 
inftruit  un  enfant  de  qualit<i ,  defline  a  de  grands  emplois, 
a  qui  le  Maitre  donne  toute  fon  application ,  ayanr  tous  Ics 
&coursqu*tl  defire.  On  doit  juger  a  proporrion ,  cc  qu'il  en 
iauten  faire  apprendre  a  un  homme  de  condirion  medio- 
crCy  i  une  feaime ,  k  un  ardfan.  Ainfi  pour  les  pauvres »  il 


^  >  «MMrt^  »1  ■«  «tan- tc.a 

■,.tni  «r  e 

>vu).<i«  lM{«rkV:..(rumiBrr-t) 

4«««IU  Jn**  (^-.WftJoy:.-  W  v»;ir  K  toicitir  m-it-iTTiiiwitilg, 
iVt**inr.NVl«»w«W>KUitJ«rfe*  f  ai^iinitS:  <--pmKan-  Jjtf 

p^  t^if*«j  iifewli>«f  i  i-jotwr  i»  -111=1113  isrr»-  i»- 

tit  ^MM^W:  *#  V/KlKt  t/c^»  flsr  iKOKUM  .  &    T»"rmn--r  ^B- 

ft*  ^<yw  t-.^  f«  «*<•  1«  i^r  -(i-iti  iw ,  ts*  mas  nn;  .'  m  i'as- 

f'H»'»  ***'«  f«<M.  &  '/«  le*  iJile^  radt<7.*3i ,  s:iE3;  is  oe 
V-uiMl^M  (fftfffr/i^-Hf.Kvt^iw  lejT  '.Wt*.  A;:rt  TC»Jt, 
^fftmmi  It^^fnni  f/r^r,iunfM  (juiini:li:i>nt  d'aae  caa- 
4m'iH  imtni^fi ,  trt4  if«  ivfom  lAAti^kt  Ac  lire  &  ecrire  toute 
|f*(r  vl»'(,MlHf  ((n<(H'JJ»rif(norenfquan<lil*(crontgrands, 
A/  kff  f«»jhi(ll  fsuUmfttf  ()u)  irrivent  ji  iitx  ou  douze  ans 
liltlt  1«  fMVWtr.  (Jn  (('sn  voll  pdnt ,  me  din-t-on ,  parce  qLi'il 


DES6TUDES-  yf 

fCj  en  a  poim  que  Ton  ne  contraigne  de  Tapprendre  dis 
Tenfance.  Mais,  croir-on  que  remulation,  la  honte  de  n*d- 
cre  pas  cooime  les  autres, &  la  neceffite  de  lire  &  d*^rire 
dans  tout  le  refte  des  etudes ,  n*y  fafle  pas  auffi  beaucoup  ? 

Cependant  la  durete  de  ces  premieres  le^ons,  les  degoute 
pour  long-temps  de  toute  etude.  II  faut  avoir  beaucoup  de 
patience,  les  £aire  lirepeuala  fois,  augmentant  infenfible- 
ment  a  meiure  que  la  iacilite  vient ,  &  leur  apprcndre  ea 
meme  temps  des  hiAoires ,  ou  d^autres  chofes  qui  les  re- 
jouiflent.  On  fait  lire  d*abord  en  Latin ,  parce  que  nous  le 
pronon^ons  plus  comme  il  eft  ecrit ,  que  le  Fran^ois:  mais 
je  crois  que  le  plaifir  qu'auroit  un  enfant  d*entendre  ce  qu*il 
liroit,  &  de  voir  rutilit^  de  fon  travail,  Tavanceroit  biea 
aittanc  Ceftpourquoi  je  voudroislui  donner  bient6t  quel- 
qoe  livre  Fran^is  qu*il  put  entendre.  II  efi  aife  de  voir  que 
les  m^flics  dificult^  que  Ton  a  pour  apprendre  a  lire ,  on  les 
a  pour  le  Latin  &  pour  les  autres  langues ;  &  qu*elles  du- 
rent  plus  long-temps.On  y  a  meme  joint  par  Tufage  des  eco- 
les,une  autre  difficulti ,  qui  eft  celle  des  regies  &  de  tout 
Tan  de  la  graamiaire.  Car  quoique  nous  foyonsaccoutumes 
i  n*apprefKlre  le  Latin  qu*avec  la  grammaire ,  ni  la  gram- 
maire  qu*en  Latin ,  ou  fur  le  fondement  de  la  grammaire 
Latine  ,  U  eftclair  toutefoisque  ce  font  deux  etudes  fepa- 
rees,  pijdfqu*il  n*y  a  pointde  languequi  nes'apprenne,  & 
qu*il  n*y  en  a  point  auffi  qui  n*ait  fa  grammaire.  J*ai  fait  voir 
que  cetre  oiethode  a  coramence  du  temps  que  le  Latin  etoic 
vulgaire,  &  que  la  grammaire  Grecque, qui eft  la  premiere 
fue  oous  connoiflbns ,  a  ete  fiite  aufC  par  les  Grecs. 

Ainfi  pour  imiter  ces  Anciens ,  que  nous  eftimons  avec 
taot  de  raiibn  ,  il  faudroit  ^tudier  la  grammaire  en  notre 
iangue ,  avant  de  Tetudier  dans  une  autre.  Comme  cecte 
tode  ne  confifteroit  qu*a  faire  faire  a  un  enfant  des  re- 
flexions  fur  la  langue  qu*il  fauroit  ddja  ,  il  y  auroit  fou- 
▼ent  du  plaifir  ,  &  lesdifficulces  qu'il  y  rencontreroit  fe- 
roient  rooindres ,  que  fi  elles  ecoient  jointes  a  cclle  d'ap- 
prendre  une  langue.  Toujours  on  auroic  cet  avantage ,  que 
Ton  pourroit  lui  faire  enccndre  parfaitement  tous  les  pre- 
ceptes  par  des  ezemples  famiiiers.  Mais  )e  ne  voudrois 
pas  le  charger  de  beaucoup  dc  preccptcs ,  puifque  le  ^rand 
raffinement  dans  la  grammaire  confume  ungrand  temps, & 
poim  d*u(iige. 


So    DU  CHaiX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

Telle  exception  vous  aura  peine  tout  un  jour  a  reteiur; 
dont  Tous  n'aurez  pas  a  faire  trois  fois  en  Is  vie.  Je  ne 
contenterois  des  prindpales  definitions ,  &  des  regles  les 
plus  generales ;  &  je  me  bomerois  i  bien  parler  &  biei 
lire ,  obferver  en  ecrivant  une  orthographe  tres-correQe, 
entendre  tout  ce  que  Ton  dit  &  tout  ce  que  Ton  lit ,  Wf 
tant  que  la  connoiflance  de  la  langue  y  peut  fervir.  11  iiif- 
Aroit  pour  cela ,  de  connoitre  les  divifions  des  lettres  ,  les 
parties  du  difcours  &  leurs  fubdivifions » &  le  refte  que  je 
ce  puis  mettre  en  detail ,  a  moins  que  de  faire  une  grain- 
maire.  Or ,  afin  que  ces  preceptes  ne  fuflent  pas  fecs  &  de- 
charnes  ,  comme  ils  font  dans  les  livres ,  je  voudrois  les 
rendre  fenfibles  &  agreables  par  Tufage.  Quand  un  enfant 
auroit  lu  quelque  temps  en  fa  langue  des  chofes  qu'il  en- 
tcndroit ,  &  oii  il  prendrcMt  plaiCr ,  s'il  etoit  poflible ,  on 
commenceroit  a  lui  faire  obferver  que  toute  cette  ecri- 
ture  ne  confifte quen  vingt-deux  lettres,  &  que  tous  ces 
grandj»  difcours  ne  font  compofes  que  de  neuf  genres  de 
mots ;  qu'il  y  a  deux  fortes  d'articles ;  qu'il  y  a  des  genres 
dans  les  noms ;  des  temps  &  des  pcrfonnes  dans  le^verbes ; 
des  nombres  dans  les  uns  &  dans  le&aucres ,  &  ainfi  du  refie.  < 
Lorfqu'il  fauroit  un  peu  ecrke ,  on  lui  feroit  rediger  les 
hidoires  que  Ton  lui  auroit  contees ,  &  on  lui  corrigeroie 
les  mots  bas  ou  impropres,  les  mauvaifes  con(lru£Uons  ,& 
les  fautes  d'orthographe.  On  pourroit  lui  dire  les  regles 
des  ^}anoIogies ,  &  lui  en  apprendre  pluficurs  aux  occa- 
fions.  Elles  fervent  fort  pour  entendre  la  force  des  mots 
&  Tortographe  ;  &ellesfontdiverti(rantes.  Ainfiavecpeu' 
de  pr^eptes ,  &  beaiicoup  d'exercice ,  il  apprendroit  en 
deux  ou  trois  ann^ ,  autant  de  grammaire  qu'il  en  faut  a 
un  honnete  homme  ,  pour  Tufage  de  la  vie  ;  &  plus  que 
n'cn  favent  pour  Tordinaire  ceux  qui  ont  pafle  huit  ou  dir 
ans  mi  collegc. 

l^  ph>p,irt  cn  pourroient  demcurer  U ,  &  n'apprendre 
point  d*autrc  Itnguc.  Lcs  gcns  d*epec  ,  lcs  praticicns  ,  les 
lin,\ncicrs ,  lc«  nwrchundsi »  &  rout  ce  qui  eft  au  deffous  : 
«ntin  h  p!u|^rt  iW%  fcwmcs  p<f\i\X!nt  le  paffer  de  Latin  ;• 
lcxp^ricncc lc im  \\>\t.  \\m  ^*ih tavoicnt autant  de  gram- 
n>auc  Kj\ic  j^it  s\\\t,\\  Wwr  tcrvMt  bko  plus  aifi  de  fe  fervir 
dc  howt  \\\\^%  tVmN^^i^  &  ^<*  ttwitt^ons des  Anciens ;  & 
|KUt^(it^  tc  i^^U^t^^^ib^)  4k  fin  iid«  ta  n^^te  du  Lar 

tln,' 


D  E  S    fi  T  U  D  E  S.  8i 

tin ,  pour  n^^tre  pas  ignorant.  II  eft  vrai  que  le  Latin  eft 
n^ceflaire  aux  Ecd^fiaftiques  &  aux  gens  de  robe ,  &  qu'il 
eft  fort  urile  aux  gens  d*ep^ ,  quand  ce  ne  feroit  que  pour 
les  vOyages  ;  &  entre  les  femmes  ,  aux  religieufes  ,  pour 
entendre  roffice  qu'elles  recitent.  Mais  je  crois  qu'il  feroit 
beaucoup  plus  facile  a  apprendre ,  fi  Ton  ne  ie  meloit  poinc 
tant  avec  les  r^gles  de  2a  grammaire.  Non  que  je  croie  > 
qu*il  faille  Tapprendre  par  le  feul  ufage  :  quoiquH  y  en  ait 
quelques  exemples ,  meme  de  notre  temps,  la  m^thode  n*en 
eft  pas  encore  aflez  itablie  ,  pour  la  propofer  a  tout  le 
monde.  Joint  que  quelque  habitude  de  parler  qu*euflbnt 
des  enfans ,  )*aurois  bien  de  la  peine  a  croire  qu*elle  de- 
meur^t  ferme  fans  le  fecours  des  r^gles ,  dans  une  langue 
qu*ils  n*exercent  pas  continuellement.  On  a  veritablement 
Texemple  des  Juifs,  qui  apprennent  FH^breu  i  leurs  enfans 
fans  aucune  r^gle ,  &  les  y  rendent  fort  favans ;  mais  c*eft 
avec  un  grand  temps.  Servons-nous  donc  plutot  des  regles» 
pourvu  qu*elles  aident  les  enfans,  &  qu*elles  ne  les  acca- 
blent  pas.  Or ,  s'ils  les  favent  deji  en  leur  langue ,  le  refte 
fera  bien  aife.  11  n*y  aura  qu*a  leur  faire  obferver ,  ce  que 
la  langue  Latine  a  de  diiferent.  Le  manque  d*articles  ,  les 
diclinaifons  des  noms,  le  paflif  dans  les  verbes,  la  libertS 
d*arranger  diftiremment  les  mots,  &  tout  le  refte.  Ce  ne  fe- 
ront  pour  la  plupart  que  des  exceptions ,  des  r^gles  gene^ 
rales  quHls  auront  apprifes.  Au  refte,il  faudra  les  exercer 
continuellement  par  la  ledure  de  quelque  Auteur  qu*ils 
puiifent  entendre  avec  plaifir ,  s*il  fe  peut ,  &  faire  etat 
qu*ils  apprendront  bien  mieux  les  r^gles  par  Tufage  qu*on 
en  fera  remarquer ,  que  par  reffort  de  leur  mimoire,  quoi* 
qu*il  ne  faille  pas  laiffer  de  leur  faire  apprendre  par  coeur. 
Ce  qui  les  leur  imprimera  le  mieux,  fera  la  compofition ; 
mais  on  ne  peut  ni  la  commencer  fitdt  ni  la  continuer  fi 
long-temps  que  la  ledure ,  qui  doit  ^tre  leur  principal 
exercice ,  &  durer  pendant  tout  le  cours  des  ^tudes.  Car 
il  y  a  cette  commodite  ala  grammaire&  i  Fitude  des  lan* 
gues  ,  que  comme  ce  font  des  inftrumens  ,  celui  qui  les  a 
une  fois  apprifes ,  s*y  fortifie  k  mefure  qu'il  8'en  fert ,  parce 
que  les  livres  oii  il  apprend  les  chofes ,  font  compofes  des 
paroles  d*une  certaine  langue  arrangie  felon  la  grammaire. 


Tome  11. 


82    DU  CHOIX  £T  I>E  LA  M£TH0DE 

XXIIl.     T  *^i{/7HJtf£r/Q£/Jviemen{uire;&  je  croisqQ*iIfai 
Arichm^ti-  I  j  faut  commencer  plus  tard  ,  lorfque  la  raifon  fe  fonae 
^"^'.  tout-a-fait ,  comme  i  dix  ou  douze  ans.  On  mootrera  dV 

bord  au  difciple  la  pratique  des  quatre  grandes  re^es;  oa 
rezercera  a  calculcr  aux  jettons  &  a  la  plume ,  a  fe 
de  toutes  fortes  de  chtfiBres ,  a  reduire  les  poids  &  ks 
fures  les  plus  d^ufage.  Enfuite  on  paflera  aux  r^es  phis 
difficiles ,  puis  on  lui  montrera  les  raifons  de  toutes » &*oa 
lui  enfeignera  la  fcience  des  proportions  ,  felon  le  knfir  & 
legenie. 


Economi- 


XXIV.^  /^  ^  s^etonnera  fans  doute ,  que  je  compte  Viconamiqat 
V>/  entre  les  itudes,  &  m^me  entre  les  plus  necefiaires: 
fliais  voici  ce  que  je  veux  dire.  L*etude  de  la  jeunefie  doic 
confifter  4  acquerir  en  ce  premier  age  les  connoiflances 
qui  doivent  fervir  dans  tout  le  refte  de  la  vie ,  ou  du  moins 
]cs  principes  de  ces  connoifiances ,  comme  je  crois  Tavoir 
montr^.  Donc  ce  qui  eft  neceflaire  aux  a&ires  les  plus 
communes  &  les  plus  ordinaires ,  qui  vont  4  Tentretien  de 
la  vie  &  au  fondement  de  la  fociete  civile  ;  ces  connoif- 
fanccs  doivent  tenir  le  premier  rang  apres  celles  qui  regar« 
dent  rhommeen  lui-meme  ,  &  qui  fervent  diredement  i 
perfcflionner  Tame  ou  le  corps.  Aufli  c'eft  principalement 
1'ignorance  de  ces  fortes  de  chofes ,  qui  fait  que  pluiieurs 
m^prtfent  les  etudians  &  les  itudes.  Quelles  font  les  pen^ 
t^  d\in  enfant  de  famille  qui  fort  du  coll^ge  ?  de  fe  di- 
vet tir  ^  &  de  faire  des  connoiflances ;  &  s'il  a  pris  gout  aux 
thudcs  t  de  fuivre  fa  curiofit^.  II  ne  fe  met  point  en  peine 
commt^  il  fubfifte  ^  d*ou  lui  vient  de  quoi  fe  nourrir  ,  s'ha- 
\A\^f  &  tout  le  rcfte«  11  regarde  feulement  comment  vivent 
W^  4i^\tt%  ieiinet  gcns  de  fa  condition ,  &  ne  veut  pas  fe 
^N^itWim^im^  n\  manquer  d^argent  pour  jouer  ou  fatif- 
X<^\\^  ii  ^mr^  pjflions.  Cependant  il  fe  remplit  Pimagina- 
1^^^  ^  v\M^>^i«s  %  de  romans,  de  mufique ;  ou  s*il  n'a  pas 
^V^;^  X  A  (s^  lH>ruc  i  des  plaifirs  plus  grofliers.  II  faut  qu'il 
fk^ity^  <^t<^H^  ^tdnd  chingement  dans  fa  fortune ,  la  morc 
vlVu  ^>4^  ^  vii^  ^unde  fuccetnon  k  recueillir  ,  un  grand 
l^-v^c^  X  V^^  V^UiM^c  %  une  charge  dont  il  fe  trouve  revetu  , 
|HHU  lui  Uivs^  ^vrir  U%  ycux  ,  &  s*apercevoir  qu'il  y  a 
dw^  «Ut^u^  sk^^  h  «HM^slc  »  &  qu*U  y  a  det  foins  qui  le 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  f  5 

regirdent  aufii  bten  que  lcs  autres  homnies.  Je  (ai  qu'il  y 

a  cn  cela  beaucoup  du  naturel  de  la  jeuneiTe ,  qui  eH  pouf- 

tee  au  plaifir  par  des  paflions  violentes ,  &  n'a  p3S  aflez 

d'esp^cnce  pour  faire  cas  des  chofes  uriles.  Mais  c'efl 

pour  cela  mime  qu'il  faut  aider  la  jeunelTe  &  la  retenir, 

au  lieu  qu*il  femble  que  Tdn  veuille  feconder  fes  debuts. 

l^  jeunes  gens  n'aiineront  jamais  le  travail  ni  les  aflaires, 

il  eft  vrai,  mais  du  moins  il  faut  tdcher  en  les  ypreparant 

4t  bonne  heure,  de  faire  qu'elles  ne  leur  paroilTent  point 

fi  am^es  ni  fi  pefantes ,  quand  ils  viendront  i  Tige  de  s'y 

appUquer  toutde  bon.  Cefl  pour  cela  que  je  compte  entre 

let  etudcs  neceflaires  a  tout  le  monde  ,  Y^tonomique  &  la 

yttriy^wJencc&voicien  quoijefaisconfifler  rEconomique. 

ComiDelesprcaiiersobjetsdont  les  enfans  font  frapp^, 

fiwn  le  dedaiH  d'une  maifon ,  fes  diverfes  panies ,  les  do- 

meftiqueT  &  les  fervices  difi^erens ,  les  meubles  &  les  uflen- 

filcs  du  m^nage ;  il  n'y  a  qu'ji  fuivre  leur  curiofit^  naturelle 

pour  leur  apprendre  agriablement  I'ufage  de  toutes  ces 

chofes ,  &  lcur  fatre  entendre  ,  autant  qu'i]s  en  font  capa- 

bles ,  les  raifons  folides  qui  les  ont  fait  inventer ,  leur  fai- 

lant  voir  les  incommodites  dont  elles  font  les  remedes.  On 

les  accouiumerott  ainfi  k  admirer  la  bonte  de  Dieu  datis 

toutes  les  chofes  (]u'il  nous  fournit  pour  nos  befoins ;  Tin- 

duftriequ'iladonn^eauxhoiiimes  pours'enfervir;Ie  bon- 

heur  d'etre  ne  dans  un  pays  bien  cultiv^ ,  &  dans  une  na- 

tion  inftruite  &  polie  ;  i  prendre  des  idees  nobles  de  toutes 

ces  chofes  que  la  mauvaife  education  &  la  vanite  de  nos 

mCEUTS  nous  fait  m^prifer  ,  &  nc  poini  tant  dedaignerune 

cuifine  ,  une  baffe  cour ,  un  marche ,  comme  font  la  plu- 

part  des  gens  eleves  honn^iement.  Entin  on  les  accoutume- 

roii  i  faire  des  reflexions  fur  tout  ce  qui  fe  ptefente ,  qui  ell 

le  principe  de  toutes  les  etudes.  Car  on  fe  trompe  fort  , 

quand  on  s'imagine  qu'ii  faut  aller  chercher  bien  Join  de 

quoi  inflruire  les  enfans.  lls  ne  vivront  ni  en  Tair  ni  parmi 

lesallres,  motns  encorc  dans  les  efpaces  imaginatres,  au 

pays  des  etrcs  de  raifon ,  ou  des  fecondes  tnientions ;  tls 

vivroni  fur  la  lerre ,  dans  ce  bas  monde ,  tel  qu'il  eft  au- 

iourd'hui ,  &  dans  ce  fi^cle  fi  corrompu. 

11  faut  donc  qu'ils  connolfleni  )a  terre  qu'ils  habttent , 
le  pain  qu'i1s  mangeni,lcsanimauxqui  lesferveni,  &fur- 
loui  les  bommes  avec  qui  ils  doivent  vivre  &  avoir  i  bii« 
Fij 


84^     DU  CHOTX  ET  DE  LA  METHODE 

&  qu*ils  ne  s'ia»fi;inent  pu  qize  c'«^  s'abai£er  ,  que  de 
conlkterer  rout  cc  qui  les  ennroiine.  Dans  une  gnmde  fa- 
miile ,  il  y  aura  plus  de  inatiere  pour  ces  inftmdions  qoe 
dafM  une  moindre ,  &  ii  y  en  aara  plus  encore ,  fi  les  en» 
fans  tbfit  tantot  a  la  ville  &  tamot  a  la  canqsogne.  Auffiles 
enfans  de  qualite,  qui  peuv^ntavoir  toutesces  commodli* 
tes ,  ont  beibin  dc  iavoir  plus  de  choies  qne  les  amres^  A 
meiure  que  Tage  avanceroit ,  on  letur  en  dirtm  dxvamage;. 
&  on  feroit  enforte  de  les  inftruire  paf&bleaient  des  art» 
qui  regardent  la  commodite  de  la  vie ,  leur  £ufaiit  voir  tra» 
vailler  ,  &  leur  expliquant  chaque  chofe  avec  grand  foin. 
On  leur  feroit  donc  voir  ou  dans  la  maifon  ou  aiileurs  ^ 
eomment  on  fait  le  pain  ,]a  roile ,  les  eto&s.  IIs  voroient 
rravailler  des  railleurs ,.  des  tapiifiers »  des  menuifiers ,  des 
eharpentiers ,  des  ma^ons ,  &  tous  les  ouvriers  qui  (ervent 
au!C  h^mens.  11  faudroit  fiiire  enforte  {^*\i%  hifleiit  afiez 
inihniits  de  rous  ces  arts  ,  pour  entendre  le  longage  des 
ouvr^rs  ,  &  pour  n'etre  pas  ai(es  a  tromper.  Cep»xdaiit 
certe  etude  feroit  un  grand  divertiflement  paiu*  eux  ;  & 
comme  les  enfans  veuient  tout  imiter ,  ils  ne  manqueroient 
]>as  de  fe  faire  ^t%  jeux  de  tous  ces  arts..  D  ne&udroit  txL 
^y  oppofer  durement,  ni  s'en  moquer  ,  mais  les  aiderdou» 
temenr ,  leur  montrant  ce  qu'il  j  auroit  de  chiman(^  dans 
Jeurs  entreprifes ,  &  ce  «pii  feroit  £uiable.  Ce  (israir  une 
occafion  de  leur  apprendre  l>eaucoup  de  mechani^ue ,  &  ils 
aRiroient  le  plaifir  de  rewlir  en  quelque  choie ,  quieft  tres* 
f(rand  encet  age.  li  icroit  lK>a  auffi  de  leur  apprendre  le  prix 
commundesowragesqu1Ispofirromcommanderv&d»cho- 
fts  <|u*ifs  pourront  acheter  fuivant  leur  coodition ;  &  n^e 
decelles  qulJs  ferom  acbeter  par  d^autres.  Car  encore  que 
ces  pf  ix  changem  t r^s-ibuvent  ,  celui  qui  les  a  fues  une 
fois^  ne  fcrapasfiincertain  ;  principalemem  fi  on  Tahien 
averti  des  raifbns  qui  rendent  certaines  denrees  fi  cfaeres  en 
comparaifon  desaurres ,  &  descaufes  les  plus  ordinairesde 
ces  changemens  dc  ptix.  Je  voudrois  auffi  qu'un  jeune 
homme  itit  de  bonne  heure  ,  ou  par  fon  ezperience  , 
otf  par  un   ricit  exafl  ,  ce  qui  eft  n^ceflaire  pour  les 
voyages. 

Voil^  ce  (|uc  )*appelle  rEconomlque,  On  voit  bien  que  je 
ne  pr^tendd  pas  que  Ton  en  f it  une  ^tude  en  forme ,  ni 
(|u*od  l*apprit  diins  des  livres.  £lic  s'apprendroit  par  la  con« 


DESfeTUDES.  «s 

verration  &  par  la  pratique  ,  &  reroit  moins  ie  la  fonSion 
^'un  precepieur ,  que  du  foin  cl'un  bon  pere  ou  d'un  luteur 
afiiiAionni.  Toutefois ,  les  autres  eiudes  raideroient ,  &  elle 
Ics  aideroit.  Pour  eiercer  les  rcgles  d'arlihmetique  ,  on 
pourroii  dreffer  dcs  compie» ,  &  tenir  un  regiftre  de  recepte 
ti  de  depenie ,  qui  ell  une  praiique  fi  neceflaire  ^  tout  hom- 
me  qui a  du  bien  i  gouverner,qu'ellee(lm£[nerecoinm3n- 
deedansrEcriture.  Dansles  Auieurs  d'humanites ,  comme  £»'■  41. 
Ciceron&  Virgile,on  pourroit  leur  fjire  obferver  com- 
bicn  Ict  Ronains  eftimoieni  alors  I'agriculture,  &  Tappli- 
cation  a  leurs  ailaires  domelliques.  On  le  verfoit  mieux 
lians  les  Amcurs  qui  ont  ecrii  du  m^nage  de  la  campagne , 
commeCaioa  &Coluinelle  ,  &  dans  les  livres  de  drolt. 
Au(E  ^iloit-il  que  les  jeunes  Romains  hineni  de  bonneheure 
«n  etat  d'3gir  &  de  condiiire  leuis  aETaires  ,  puifqu'i  qua- 
torze  ani  ilseioient  hors  de  tutelle,  &  qu'a  dii-huit,  ils 
paflbienipourhommes  faits,  venoient  dans  la  place  ,  & 
poftuloieai  librement  devanc  les  Magi^hats.  Pour  les Grecs, 
TEconomique  de  Xenophon ,  AriHophane ,  Theocrite ,  Hi- 
fiode&  Homere  feroieni  voir  qu'iIss'appIiquoienifort  au- 
dedaiM  de  leur  maifon  ,  au  menage  &  k  tout  ie  travail  des 
champs  i  &  que  les  plus  riches  &  les  plus  honnetes  gens  fai- 
fo.emalorsleuroccupation&leur  d^lices  dece  qui  eftau- 
iourd'hui  regarde  comme  le  partnge  des  miferables.  L'auto- 
riti  de  ces  grands  noms ,  &  ragrement  de  ces  cxcellens  ou- 
vragcf  idonncroic^es  idees  nobles  dc  toutes  les  chofes  les 
plus  communes  dans  la  vie.  Ce  qui  meitroit  le  difcipte  en 
^tatde  profitcr  beaucoup  plus,  m^e  de  rEcriturefatnie, 
voyant  que  lout  ce  qu'il  y  irouvoit  de  bas  &  ds  groflier 
vient  des  mceurs  fimples  &  folidus  de  ceite  f^ge  antiquite ,  oii 
.peifonne  ne  dedaignoii  le  travaii ,  non  plus  quc  la  nourriiu- 
re ;  c'eft  ce  que  ie  penfe  avoir  montro  dans  tei  Mauri  dit 
1/rMliiti.  Miisfoit  quele  difciple  lut  ces  Auieurs,  ou  que 
le  Miltre  lui  rapportit  ce  qu'i!s  difent ,  je  voudrois  qu'il 
eiJT  grand  foin  de  rendre  tout  bien  fcnfible ,  &  de  le  rappor- 
Kr  a  notre  ufage.  LailTonsaux  grammairiensdeprofeflion, 
la  rechcrche  curieufe  de  louies  les  planies  que  nomme  Vir- 
gtk ,  &  la  defcription  de  lous  les  inftrumens  d'agriculiure , 
dont parle  Hefiode ;  prenons  feulement occafion  de  ce  qn'il5 
difcnt,  pour  faite  entendre  a  notre  ^colier  ce  qui  fe  fait  au- 
ioiirdliui  du»  notre  pays;  &  confolnns-nous  s'ils  ont  dit 
Fiij 


ce. 


86    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

quelque  mot  que  nous  n'entendions  pas  ,  pourvu  que 
nous  entendions  auffi  bien  notre  m^nage ,  qu*ils  entenr 
doientleleur. 

XXV.       I^  OuR  la  Jurifprudcnce ,  comme  elle  depend  moins  de  Pi» 
Jurifprudcn-  J|    magination ,  &  qu'elle  a  beaucoup  plus  de  raifonne- 
ment » il  faut  attendre  que  Tefprit  foit  plusaccoutume  a  s*ap- 
pliquer»&que  lejugementfoit  plus  formi,  c^eft-a-direvers 
treize  ou  quatorze  ans,  &  a  la  fin  des  etudes.  II  eft  toutefois 
bien  plus  aifi^  de  la  rendre  fenfible  &  agreable»  que  la  phi- 
lofophie  qui  eft  d*ordinaire  Tetude  de  cet  ige  :  fur  -  tout 
apr^s  ce  fondement  d*6conomique  dont  j'ai  parle ,  elle  fe- 
roit  bien  plus  facile.On  peut  juger  que  par  la  Jurifprudcnce 
je  n'entends  pas  ici  cette  6tude  fi  longue  &  fi  difficile  qui 
fait  les  Jurifconfultes  de  profeffion,  &  qui  embrafie  la  con- 
noifiance ,  non-feulement  detoutesleslois  qui  font  enufa- 
ge  dans  un  pays,  fur  quelque  matiere  que  ce  foit ,  mais  de 
tout  ce  qui  fert  i  ies  interpreter ,  pour  les  appliquer  aux  af- 
faires  particulieres.  Je  ne  parle  ici  que  des  ^tudes  neceffiii- 
res  i  tout  le  monde.  Ainfi ,  a  Tegard  du  droit ,  j*entendsfeu- 
IementcequechaqueparticuliereftobIiged*en  favoir  pour 
conferver  fon  bien ,  &  ne  rien  faire  contre  les  lois.Chacua 
y  eft  oblige  par  les  lois  mSmes ,  qui  prefument  que  tous  les 
citoyens  en  font  inftruits ,  qui  en  imputent  Tignorance  com- 
me  une  faute ,  &  la  puniflent ,  ou  par  la  perte  des  biens ,  fi 
Ton  a  manqui  d*obferver  les  rigles,  de  les  acquerir  &  de 
les  conferver ,  ou  par  des  peines  plus  fev^res ,  fi  cette  igno- 
rance  a porti  jufquesau  crime.  Cependant  on  n*a  aucun  foin 
d*en  inftruire  les  jeunes  gens ,  hormis  ceux  que  Ton  deftine 
a  la  robe :  &  on  s*6tonne  fans  doute  que  je  fouhaite  qu*on 
leur  en  parle.  Mais,  a  examiner  leschofes  fans  prevention , 
cette  etude  eft  bien  auffi  utile ,  pour  le  moins,  que  la  phi- 
lofophieque  Ton  enfeigne ,  &  n*eft  pas  plus  difficile.  La  phi- 
lofophie  ,  dit-on  ,  exerce  Tefprit  des  jeunes  gens,  &  les 
rend  fubtils.  Auffi  feront  les  fubtilit^  du  droit ,  qui  fervi- 
ronti^  faire  mieuxentendrele  principal.Oncraint  deles  fa- 
tiguer ,  fi  on  leur  parloit  d'ufufruit  &  de  propriite ;  dela  dif- 
fiirence  entre  le  droit  d*hiredite ,  &  les  corps  hereditaires, 
entre  les  parts  par  indivis  &  les  parts  divifees ,  quoique  Ton 
puifiefaire  voir  lesefTets  folides  de  toutes  ces  diftinfiions* 
Ne  craint-on  point  auffi  qu*ils  s*ennuient  des  univerfels  » 


D  E  S    6  T  U  D  E  S.  87 

9es  cat^gories ,  de  llnfini  en  ade  ou  en  puiflance ,  &  des 
£tres  de  raifon  ?  Enfin  la  connoiflance  du  droit,  agrdable  ou 
non ,  efi  necefiaire  k  tous  ceux  qui  vivent  fous  les  mSmes 
lois. 

Cetteetudeferoit  bien&cile  fi  nousavions  des  lois  cer- 
taines ,  comme  les  Romains  avoient  celles  des  douze  tables , 
les  Atheniens  ceiles  d%  Solon ,  les  Hebreux  celles  de  Moy  fe , 
ou  plutdt  de  Dieu.U  n'y  auroit  qu*i  lire  ces  lois ,  pour  ap- 
prendre  fon  devoir.  Mais  il  n*en  eft  pas  ainfi.  II  faut  un  grand 
ufage  pour  diftinguer  dans  les  gros  volumes  des  Ordon- 
nances  de  nos  Rois  ,  celles  qui  s*obfervent,  d^avec  les  au- 
tres.  Les  Coutumes  ne  parlent  que  de  certaines  mati^res. 
Nousfuivons  quantiti  der^gles  dudroitRomain,  donttou* 
tefois  la  plus  grande  partie  n*efl  point  re^ue ,  au  moins  dans 
nos  pays  de  coutumes.  Notre  droit  etant  donc  fi  mSIe  &  fi 
peu  certain  ,  nous  avons  beaucoup  plus  befoin  d*etude 
pour  le  connoitre;  jedis  pouren  avoir  cette  connoiflance 
tnediocre  que  Ton  prefume  danstous  les  particuliers.  Car» 
pour  le  favoir  exadement,  c*eft  Tetude  de  toute  la  vie. 

Voici  en  quoi  je  faisconfifter  cette  connoiflance  medio« 
cre ,  niceflaire  a  tout  le  monde.  Premi^rement » i  entendre 
les  termes  dont  on  ufe  ordinairement  en  parlant  d*afiaires  ^ 
&  qui  font  employes  Atns  les  Ordonnances,  les  coutumes  j 
&  les  autres  livres  de  droit ,  comme  Fief,  Cenftve ,  Proprts  , 
Acquet,  Digucrpiry  Garantir ,  &  tous  les  autres  qui  ne  font 
point  de  Tufage  ordinaire  de  la  langue.  Les  enfanspeuVent 
apprendre  de  bonne  heure  tous.  ces  mots ,  principalement 
fi  Ton  a  foin  de  leur  en  fiiire  entendre  le  fens  par  des  exem* 
ples  fenfibles ,  &  plutdt  ilsles  auront  appris ,  moins  ils  leur 
paroitront  barbares  dans  la  fuite:  toujours  vaut-il  bien  au« 
tant  en  charger  leur  memoire ,  que  des  noms  des  figures  de 
rhetorique  &  des  termes  de  philofophie.  Apris  cette  con- 
'noifl*ance  du  langage,  qui  emporte  beaucoup  de  definitions, 
je  voudrois  que  Ton  apprit  les  maximes  les  plus  generales 
du  droit  qui  regardent  les  particuliers ;  comme  des  tutelles, 
des  fucceflions ,  des  mariages,  des  contrats  les  plus  ordinai* 
res ,  fans  entrer  dans  les  fubtilites  du  droit ,  ni  afieder  trop 
de  methode ,  mais  feulement  y  employant  un  peu  d*ordre , 
pour  eclairer  Tefprit  &  fecourir  la  m^moire.  Enfiiite  il  fau- 
droit  traiter  de  la  maniere  de  pourfuivre  fon  droit  en  jufti« 
ce  ;&  fans  defcendre  au  detail  de  la  procedure ,  en  marquer. 

F  iv 


S8     DU     CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

rordreengros,  &  la  neceflite  qiril  y  a  d*obferver  exa3e-< 
menr  dans  les  jugemens  les  formalites  ^tablies.  La  difficulte 
feroir  pour  le  Maitre ,  h  choifir  dans  les  livres  cesconnoif- 
fances  neceflaires,  qui  y  font  fi  eparfes  &  fi  melees ;  car  ii 
£iuc  avouer  que  nous  n*avons  point  encore  d*ouvrage ,  oii 
tout  ce  que  je  viens  de  dire  foit  raflemble&  fepar^  du  refte. 
En  attendant  que  quelqu*un  £cifle  ce  travail ,  on  pourroit  fe 
fervir  deslnftituts  de  Juftinien,  de  rinAitution  coutumiere 
de  Loifel,  de  celle  de  Coquille,  de  Tlndice  de  Ragueau »  & 
des  autres  ouvrages  femblables.  De  plus ,  il  feroit  bon  de 
faire  lire  i  Tecolier  la  Coutume  de  fon  pays  toute  entiere , 
&  lui  faire  voir  quelques  contrats  des  plus  communs,  pour 
en  entendre  les  claufes  principales. 

Mais ,  dlra  quelqu^un ,  n*y  a-t-il  pas  deja  trop  de  cfaica- 
neurs  en  France,  fans  vouloir  que  tout  le  monde  le  devien« 
ne  ?  Voila  le  langage  ordinaire  dcs  ignorans ,   de  nommer 
Chicanturs  tous  ceux  qui  entendentlesaffaires,  ou  qui  ea 
parlent  en  termes  propres.  Au  contraire «  une  des  plus  gran- 
des  fources  de  la  chicane ,  eft  cette  ignorance  du  droit :  de  la 
vient  que  Ton  fait  des  traites  d^favantageux  qu*enfuite  Fon 
ne  veut  point  exicuter ,  que  Ton  demande  tanc  de  refcifions 
&  de  reftitutions  contre  des  furprifes,  que  Ton  entreprend 
tiimerairement  des  proces  dont  on  ne  voit  pas  les  confe- 
quences ;  qu*ayant  raifon  dans  le  fonds ,  on  s*abandonne  k 
h  conduite  d*un  folliciteur ,  C|ui  gate  le  bon  droit  par  la  mau- 
vaife  proc^dure.  Que  fi  (|uelque  connoifFance  des  aflaires 
produit  la  chicane ,  c'eft  la  connoiffance  confufe  &  incer- 
taine  d'un  petit  d^tail  de  pratique  fans  ordre  &  fansfcience 
des  principes ,  d'ou  vient  que  les  plus  grands  chicaneurs 
font  toujours  les  praticiens  du  dernier  ordre.  Or,  on  ne 
peut  avoir  que  ces  notions  obfcures  &  imparfaites ,  quand 
on  ne  s*inftruit  que  par  Tufage ,  outre  que  c'eft  un  maitre 
bien  lent,  &  qui  n'inftruit  gueres  que  par  les  fautes  queron 
fait;  encore  apresunlong-iemps,  ne  faurez-vous  que  de 
certaines  affaires  particulieres,  dont  vousfaurezmemetrop 
de  detail,  &  vous  ignorerez  enti^rement  tout  le  refte.  II  me 
fembte  qu'il  vaut  bien  mieux  ne  fe  pas  attendre  lout-a-fait  k 
l*expirience ,  &  s'y  preparer  par  quelques  connoiffances 
genirales ;  car  quoiqu'iI  foit  vrai  que  beaucoup  de  gens 
t*inftruifent  fuffifamment  des  affaires  par  le  feul  ufage  ,  il 
fikutavouer  qu'ils  s'ea  inflruiroient  encore  mieux  &  plys 


DESiTUDES.  8» 

xir«ment ,  slls  y  joignoient  quelque  ^iude.  Et  puirqu'il  y  t 
uricertaifilgeou  Ton  veui  que  les  jeunes  gens  ciuitient, 
quand  ce  ne  reroil  que  pour  hi  occuper,  pourquoi  ne  les 
fHcupera  t-on  pas  plut6t  i  ce  qul  pourra  leur  (ervir  duns  la 
fuitc,  qu'a  ce  qui  n'e(l  bonque  pourT^cole,  cVfl-i-dire 
pour  rien ,  puirquel'ecoIe  n'cA  bonne  qu'en  lani  qu'elle  fert 
pourlcrefie  dcIavie.AureAe,  ilnefduipas  craindre qu'il$ 
apprennent  un  peu  plus  de  droit  que  ce  qui  leut  fera  necef- 
faire  abfolument ;  il  eA  diffictle  de  mefurer  fi  julle  ce  n^ 
ceflaire,  &  on  ne  redeni  que  le  grus  de  tout  ce  que  ron 
apprend, 

On  pourrCHt  aider  k  ^aycr  cette  etude ,  un  peu  fombre 
id'cl1c-in£anc ,  par  La  connoiflance  de  quantiie  de  faiis ,  qui 
dODDant  i  rto>lieT  un  peu  d'experience  avant  Tdge  ,  lui 
rendroiem  plus  fenfibles ,  &  les  raaxlmes  &  lcs  raifonne- 
ciens  du  droit.  Je  voudiois  donc  que  ron  enireiint  fouvent 
un  jeune  homme  des  difll-renies  conditions  dcs  gens  du 
mcme  pays ,  de  leurs  occupaiions ,  de  ce  qui  Ics  faii  fub- 
fiHer ;  qu'il  fut  comraent  vit  un  payfan ,  un  anifan ,  ou  ua 
bourgeois ;  ce  que  c'eft  qu'un  Juge ,  ou  un  auire  homme 
de  robe  ;  jc  dis  ce  qu'ils  font ,  non  pas  ce  qu'il5  doivent 
etre,  de  qucIIeii3ilIanceiIifont,commeni  ils  arrivent aux 
charges,  commeniilsyfubfiHcntiqu'!!  fut  comment  vivent 
lcs  foldais  &  les  OlSciers  d'arraee ;  qu'il  connui  aulTi  les  £c- 
clefuHiques  &  les  Religieuz ;  enunmot,  tous  les  hommes 
avec  qui  il  doii  vivre.  II  faudroit  aufli  lui  decrire  les  diffe- 
rcnies  natures  de  biens ;  quel  eR  lc  revcnu  depuis  la  moin- 
drc  fcrcne  jufques  a  la  plus  grande  feigneurie ,  &  commcrit 
on  fait  pour  retirer  ces  revenus ;  ce  que  c'ell  que  le  tralic  & 
tabanque,  &commenion  s'y  enrichit ;  les  difierenies  na- 
luresde  renies;  enfin.les  diverfes  manicresde  vivre&de 
fubfifler  felon  la  diverfiie  des  provinces.  £t  comme  on  ite 
pisui  gueres  apprendre  tout  cela  que  par  la  converfaiion  , 
il  fiMt  mootrer  aux  jeunes  gens  a  profiter  de  renireiien  de 
toutes  fones  dc  perfonnes ,  jufques  aux  payfans  &  aux  va- 
leis.  L^  moyen  e&  de  faire  parler  chacun  de  fon  meiier  Bt 
deschofesde  fa  connoiflance  ;  cous  lesdeux  trouvent  leur 
compte  en  mutuelle  convcrfaiion ;  celui  qui  parle  a  le  plai- 
fir  dinilruire  &  de fe ^ire  ecouier ; celui qui  ecouie  a  le 
pUifir  d'entendre  quelque  chofe  de  nouveau,  &  Jeprofit 
lui  ea  demeure. 


90    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MtTHODi 

La  ledure  des  Anciens  peut  auffi  fervir  i  connoitre  ces 

m^mes  fai  ts,coinine  ]  'ai  mar  qu6  pour  1  *6conomique;  les  Orai« 

fons  &  les  Lettres  de  Ciciron  font  pleines  d'un  merveilleux 

detail  d*af&ire$ ,  que  Ton  peut  iaire  obferver  k  l*ecolier  , 

felon  fon  befoin.  S*il  doit  mener  une  vie  priv6e ,  on  lui  ex- 

pliquera  principalement  les  ai&ires  particulieres ;  s*il  eft 

deftini  par  fa  naifiance  i  de  grands  emplois «  on  rarrStera 

plus  fur  les  aifaires  publiques.  Tite-Live  &  les  autres  Hifto- 

riens  lui  en  apprendront  aufli  beaucoup  ;  ainfi  une  meme 

le£lure  peut  fervir  i  plufieurs  ufages ,  pour  la  grammaire  , 

pourlarhetorique,  pour  rhiftoire,  la  morale»  r^conomi- 

que,  la  jurifprudence ;  on  appuyeroit  tantdt  fur  un  genre 

de  reflexions ,  tantdtfurTautre,  felon  les  occafions^  &  il 

feroit  difficile  que  quelqu  une  ne  fit  fon  effet.  Mais  il  faut 

eviter  en  toutes  ces  obfervations ,  la  curiofiti  qui  tente 

continuellement ,  fi  ce  n'eft  en  tant  qu*elle  peut  fervtr  com- 

me  d*un  ragout  pour  r^veiller  Tappitit  de  favoir ;  car  au 

refte,ceneferapasungrand  malheur  de  ne  pas  entendre 

quelque  mot  de  Plaute  ou  de  Varron ,  qui  marque  la  fonc- 

tion  d*un  efclave ,  ou  d*ignorer  quelque  formalitd  des  Co- 

Duces,  pourvu  que  Ton  retienneque  les  Romains  enten- 

doient  fort  bien  leursaf&ires,  &  particuli^re$&  publiques; 

qu*ils  y  etoient  fort  appliques ,  &  que  tous  ces  grands  hom* 

mes ,  que  nous  admirons  dans  leur  hiftoire,  ne  fe  fonr  ren- 

dus  grands ,  chacun  felon  leur  g^nie ,  que  par  cette  appli- 

cation.  Ainfi  cette  6tude  du  droit  ne  ferviroit  pas  feulement 

«^  rendre  les  jeunesgens  capables  d*af&ires,  elle  contribue- 

roit  plusqu'aucune  autre »  i  leur  rendre  Tefprit  folide ,  &  k 

leur  former  le  jugement,  puifqu*elle  ne  confifteroit  qu*i 

leur  faire  connoitre  la  veriti  des  chofes  les  plus  propor- 

tionnees  i  la  connoifTance  des  hommes. 

Or ,  il  me  femble  que  dans  les  etudes  on  devroit  princi- 
palement  chercher  certe  folidite  &  cette  droiture  de  juge- 
ment ;  il  n*y  a  que  trop  de  bel  efprit  dans  le  monde ,  mais 
il  n*y  aura  jamais  aflez  de  bon  fens.  Pourquoi  tant  vanter 
aux  ecoliersce  brillant  &  ce  feu  d*efprit,  que  Ton  ne  peut 
donncr  i  ceux  qui  ne  Tont  pas  narurellement ,  &  qui  nuic 
plus  d*ordinaire  qu'il  ne  fert  i  ceux  qui  Tont }  Cultivons  le 
bon  fens&  le  jugement ;  tous  ceux  qui  ne  font  pas  nes  ftu^- 
pides,  peuvent  arriver  k  la  droiture  d*efprit ,  pourvuqu*on 
les  accoutume  k  s  appliquer  &  4  ne  point  pricipiter  leurs 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  ^i 

jugeinens  ,  &  ce  n*eft  que  parla  que  Ton  reuflit  dans  les 
affaires  &  dans  toute  la  conduite  de  la  vie.  La  connoifiance 
des  affaires  contribueroit  encore  k  d^tacher  les  jeunes  geris 
de  la  bagatelle  &  a  les  rendre  ferieux;  car  nous  fommes  tels 
que  lespenfees  qui  nous  occupent.  Elle  les  accoutumeroit  i 
s^appliquer,  a  etre  foigneux ,  a  aimer  la  regle  &  la  juftice » 
que  Ton  ne  peut  manquer  d*aimer ,  ii  on  la  connoit ,  avanc 
d'avoir  inter^t  de  s'y  oppofer.  Or »  les  jeunes  gens  ne  fonc 
pas  encore  fenfibles  k  Tintir^t ,  Tavarice  eft  le  moindre  de 
leurs  vices  ;  pour  donner  de  Tapplication  &  du  foin,  il  fe- 
roit  fort  k  fouhaiter  que  Ton  joignit  ia  pratique  aux  inftruc- 
tions,  qu*un  pire  fit  entrer  fon  fils  dans  les  confeils  de  fes 
afiatres  domefiiques ,  qu'il  le  f it  parler  fur  celles  qut  fe  pre- 
fentenr,  qu'ii  le  chargeat  de  quelques-unes  les  motns  difE- 
ciles ,  qu*il  lui  donndt  a  gouverner  quelque  partie  de  fon 
bien ,  dont  ii  lui  fit  rendre  compte.  Rien  ne  feroit  plus  fa« 
lutaireckungrand  feigneur  que  d*avoir  eti  ainfi  elevi,  d*erre 
tellement  capable  d'a&ires,  qu'il  n*eut  des  intendans ,  des 
agens&  des  folliciteurs,  que  pour  fe  foulager  &  non  pour 
fed^charger  tout-i-fait,  qu*il  conduisit  luimeme  toutle 
gros  de  fes  affaires ,  ne  latffant  a  fes  gens  que  Texecution  & 
le  d6tail ;  en  un  mot ,  qu*il  gouvernsit  fes  gens ,  aulieu  d*en 
£tre  gouvern^ ,  comme  il  n'arrive  que  trop  fouvent ;  car 
n'eft-il  pas  evident  que  cette  dependance  abfolue  oii  les 
gens  d'affaires  tiennent  leurs  maitres ,  &  cette  inappUca- 
tion ,  qui  ruine  tant  de  grandes  maifons ,  vient  principale- 
ment  de  Tignorance  des  gens  de  qualite  &  de  leur  mauvaife 
education  ?  Je  fai  bien  qu'il  y  a  beaucoup  de  pareffe  & 
d'attachement  au  plaifir.Maisil  arrive  quelquefois  que  Fon 
fe  d^gofitedu  plaifir  &  que  Ton  fecoue  la  pareffe,  au  lieu 
que  Ton  ne  s'inftruit  point  quand  on  a  paffe  un  certain  dge: 
d*abord  on  congoit  de  Taverfionpour  lesaffaires^  parce  que 
Ton  n'entend  point  les  termes  &  que  Ton  ne  fait  point  les 
snaximes :  on  fe  flatte  que  le  bon  fens  fuflit  pour  les  regler , 
&  chacun  croit  en  etre  bien  pourvu ;  mais  on  ne  confid^re 
pas  que  le  droit  eft  meI6  d'une  infinite  de  faits  &  de  r^gles 
etablies  par  les  hommes ,  qu'ii  eft  impofiible  de  deviner : 
quand  on  vient  k  reconnoitre  la  neceflire  de  s'en  inftruire, 
on  a  honte  d'avouer  fon  ignorance ;  enfin ,  la  longue  habi- 
tude  de  ne  s*appliquer  a  rien  &  de  ne  fe  point  contraindre , 
remporte  fouvem  fur  les  intirets  les  plus  prefians.  Voili^ 


92     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

ce  qiie  femends  par  les  noins  de  Grammaire  ,  d^'Arithmitt^ 
fue ,  A^Economiqut  &  de  Jurlfprudcnce  ;  &  voila  toutes  ies 
^des  que  )*eftime  les  plus  necefiaires. 

XXVI.  y^  Eux  qui  par  leur  naiflance  font  deftines  a  de  grands 
Micique»  \^  emplois  *,  ont  befoin  de  quelques  inftruftions  plus 
^tendues  que  les  ftmples  particuliers.  Leur  juriiprudence 
doit  embrafler  le  droit  public  ,  leur  morale  doit  s'dtendre 
jufques  k  la  politique  :  car  pour  les  gens  du  commun  ,  ces 
etudes  ne  peuvcnt  etre  mifes  qu*au  rang  des  curiofites.  II 
eft  difficile  d'empecher  les  hommes  de  difcourir :  mais  il  eft 
difficile  aufli  que  des  Princes  ou  des  Mintftres  d*Etat  s'em- 
pechent  de  rire ,  quand  ils  voient  des  bourgeois  ou  des  ar- 
dfans  difpurer  fur  les  irK^rets  des  Potentats ,  &  leur  pre(^ 
crire  des  regles  pour  leur  conduite.  A  Tegard  des  en^ns  , 
dont  on  peut  raifonnablement  prevoir ,  qu'ils  arriveront 
un  jour  a  de  grandes  places ,  il  eft  important  de  leur  donner 
de  bonne  heure  des  maximes  droites ,  de  peur  qu*il$  n*en 
prennent  de  faufles ,  ou  qu'ils  n*agiflent  au  hafard.  Je  vou- 
drois  doncleur faire connoitre  premi^rement  T^tat  du  gou* 
vernementprefentdeleur  pays,  les  difTerentes  parties  dont 
ce  corps  eft  compofe ,  les  noms  &  les  fondionsf  des  Officiers 
qui  le  gouvernent,  la  mani^re  de  rendre  la  juftice  ,  d*ad- 
miniftrer  les  finances ,  d'exercer  la  police,  &  ainii  du  refte  : 
la  forme  des  confeils  pour  les  af&ires  publiques.  Je  vou- 
drois  que  chacun  commen^at  par  Tetat  de  fon  pays,  comme 
le  plus  neceflliire  &  le  plus  facile  a  connoitre  :  enfuite  qu'il 
s*etendit  aux  pays  ^trangers  les  plus  proches ,  &  avec  lef- 
quels  il  a  le  plus  de  ^lation.  En  lui  montrant  comment  les 
chofes  font  en  eflet ,  je  lui  montrerois  comment  elies  de- 
vroient  etre ,  non  pas  encore,  fuivant  les  opinions  des  Phi- 
lofophes  &  le  pur  raifonnement ,  mais  fuivant  les  lots  de 
FEtat  meme  &  fes  anciens  ufages.  Voil^  ce  que  )*appelle 
Droit  puhlic.  Les  r^les  fuivant  lefquelles  chaque  Etat  eft 
gouverni  ,  les  droits  du  Souverain  &  des  Officiers  dont  il 
fe  fert ,  les  droits  des  Etats  &  des  Souverains  a  T^gard  tes 
uns  des  autres  ;  cette  6tude  eft  plus  de  pofitive  que  de  rai- 
ibnnement ,  &  elle  enferme  beaucoup  d*hiftoires  qui  p<u- 
vent  la  rendre  agreable. 

La  politique  confifte  plus  en  raifonnement,  &  doit  re- 
snonter  plus  haut  dans  ia  recherche  des  principes.  Elle  ae 


D  E  S    fi  T  U  D  E  S.  9f. 

regarde  pas  feulement  commeni  la  France  ou  TAlIemagne 
doiventetre  gouvernees ,  fuivant  la  forme  particuli^re  da 
teur  Etat  &  les  loii  qui  i'y  trouvent  etablies ;  elle  confidere 
cn  general  ce  que  c'e{l  que  la  foci^te  civile ,  quelle  rorm« 
d'Eiai  eA  la  meilleure ,  quelles  font  les  meilleures  lois  &  les 
mcilleurs  iDOyens  de  maintcnir  le  repos  &  Tunion  enire  lei 
faommes.  Ces  confiderations  generales  font  fort  utiles  pour 
donner  a  refprit  de  relevation  &  de  r^tendue ,  pourvu  qiie 
Ton  cn  falTs  Tapplication  fur  les  cxemples  parriculters ,  & 
que  Ton  ne  fe  contenie  pas  det  exemples  anciens  d'Ath^nes 
ou  de  Lacedemone ,  mais  que  Ton  en  prenne  de  modemes 
qui  nous  louchent  &  nous  inilniifent  mieux.  L'avis  qui  me 
paroit  le  p)us  important  cn  cette  mati^re  ,  eft  de  faire  con- 
noitTe  de  bonne  beure  a  un  jcune  Prince  ou  k  quelque  cn> 
€ini  que  ce  foit ,  la  difference  de  la  vrate  &  de  la  faufle  po- 
litique.  Qu'il  atthorreur  de  celle  qui  D'a  pour  but ,  que  de 
rcndre  puiflant  le  prince ,  ou  lc  corps  qui  gouverne  aux 
depens  dc  toui  le  reAe  du  peuple ;  qui  met  toutc  la  vcrtu  du 
Souveraia  k  maintenir  &  a  augmenter  fa  puillJnce ,  lailTant 
aux  panicuUers  laiuftice,  lafidelite&rbumanii^  ;  qu'ilne 
Cifire  pas  grand  cas  des  aniftces  par  iefquels  on  aflbiblit  fes 
voifins ,  cn  lcur  fufcitant  des  ennemis ,  ou  en  exciiani  chez 
eux  de  la  divijion ,  ni  de  radrefTe  a  iromper  fes  propres  fu- 
ien  ,  en  leur  fiifant  croire  TEtai  plus  puiflant  qu'il  n'efl. 
Pour  ^viter  tous  ces  inconviniens  ,  il  faut  lailTer  la  plu- 
part  des  Politiques  modemcs,  &  fur-ioui  Machiavel  &  TAn- 
gloisHobbes.  RcvenonsiPlaion&i  Ariftote,  donila  po- 
litique  cft  fondee  fur  des  principes  folides  de  morale  &  de 
vertu. EJIe a  pour  bui ,  nonpasd'cleveruncertain  homme, 
ou  un  ccrtain  genre  de  perfonnes  au  defTus  des  autres ,  mais 
de  fairc  vivre  les  hommes  en  fociete  le  plus  heureufement 
qu'il  ell  poffible ;  de  procurer  i  tous  les  particullers  la  fu- 
rcte  ,  la  poflellion  paifible  de  leurs  biens,  la  fante  du 
corps ,  la  libcrte  d'efprii ,  la  droiiure  du  coeur ,  b  juflice. 
Pour  donner  de  fi  grands  biens  i  toute  une  fociete ,  ccs  Phi- 
lofopfaes  ont  cru  qu'il  ^ioit  jufte  que  quelques-uns  euftcni 
la  peine  dc  veiller  continuellement  fur  eile ,  de  pourvoir  ^ 
•ous  fes  bcfoins  ,  de  b  defendre  des  aiiaqucs  du  dehors ,  de 
nuinienir  la  iranquilliie  au  dedans.  Volla ,  fi  je  ne  ric  trom- 
pe,lcsprincipcsdcla  veritablepolitique.  Maispoiir  levoir 
4aas  la  pureti  ,  tl  faut  remontcr  plus  haut  qite  Piaton  & 


94     DU  CHOIX  ET  DE  LA  M£THODE 

Arifiote ;  il  faur  Tapprendre  de  Moyfe ,  de  David ,  de  Sa^ 
lomon ,  des  Prophetes  &  des  Apotres ,  ou  plut6t  de  Dieu 
ineine ,  dont  ils  n*ont  ete  que  les  interpretes.  Ils  nous  di- 
ront  que  tous  les  hommes  font  freres ;  que  les  premiers 
Erats  n*ont  ete  que  de  grandes  familles ;  que  chacun  doit  ai- 
mer  la  terre  oii  Dieu  Ta  fair  naitre  ,  &  la  fociete  ou  il  Ta 
mis  ;  qu*il  eft  jufle  qu*un  particulier  donne  fa  vie  pour  le 
falur  public  ;  que  c'eft  Dieu  qui  a  erabli  des  hommes  pour 
gouverner  les  autres ;  que  la  perfonne  du  Princeeft  facree ; 
qu'il  eft  etabli  pour  defendre  le  peuple  &  lui  rendre  lajuf- 
tice  ;  X[u*il  ne  peut  s'acquitrer  de  fon  devoir ,  fi  Dieu  ne  lut 
donne  la  fagefle  ,  &  une  infinire  d*aurres  maximes  fembla- 
bles  donr  on  pourroir  compofer  un  corps  enrier  de  poliri- 
que  rire  de  TEcrirure  fainre.  Je  n*en  ai  peur-erre  que  trop 
dir  fur  une  mariere  donr  peu  de  difciples  ont  befoin  &  que 
peu  de  Maitres  font  capables  d'enfeigner. 

XXVTI.  /^  U  T  R  E  les  etudes  necefTaires ,  il  y  en  a  de  fort  utiles  k 
Langucs ,  V-^  tous  ceux  quifontd'uneconditionhonnete,maisdont 
actu ,  c  ^^  p^^j  f^  pafTer  abfolument.  Premierement  le  Latin.  Car 
)e  n'ai  point  fuppofe  que  les  etudes  dont  j*ai  parle  en  dipen- 
difTent :  &  ce  que  j'ai  dit  du  fecours  que  Ton  tire  des  Au- 
teurs  anciens  pour  Teconomique &  la  jurifprudenceyfe  doit 
entendre  pour  ceux  qui  apprendront  d'ailleurs  le  Latin  ou 
meme  le  Grec  ,ou  qui  liront  les  tradudions.  Or,  quoique 
le  Larin  ne  foir  pas  necefTaire ,  il  eft  rr^s-urile  pour  la  reli- 
gion  ,  pour  lesafFaires  &  pour  les  ecudes.  Puifque  rEglife 
Romainen*a  pas  jugi^  propos  de  changer  la  langue  de  fes 
pri^res  &  defes  ofHces ,  non  plus  querEgUfe  Grecque  &  les 
aurres  Orienrales  ,il  feroir  k  fouhairer  que  rous  lesChreriens 
pufTont  cntendre  cerre  langue ;  &  rous  ceux  qui  onrla  com- 
inodite  de  Tapprendre  ne  la  doivent  pas  negliger ,  joint  la 
fatisfaf^ion  qu^il  y  a  de  pouvoir  lire  les  ecrits  de  tant  de 
P^rcs  I^atins  &  dVntendre  cette  verfion  de  rEcrirure  dont 
rF.glilb  a  autorifi^  Tufage.  Pour  lesafTaires,  laplupartdes 
tcrincs  quc  Ton  cmploic  pour  en  parler  font  Latins ,  &  em- 
}mint^%  du  Droit  Komain,  dontileft  impoflible  debien 
\mWr  cn  uttc  «utrc  t;ingue«  comme  on  voit  par  les  livres  de 
l^^ioii  ilc*  tMW*  iiu^dcrncs*  Enfin ,  pour  toutes  ies  etudes  , 
Ohcll  tcllcmciUrtvwuHimiik  fcfcrvirdeccttelangue,qu'elle 
cil  ilcvcuuc  U  IdU^uc  i^mmune  dcs  ^*'**'*^  de  lcttres  par  toute 


D  E  S    t  T  U  D  E  S.  9f 

rEurope ,  qoe  la  plupart  des  Auteurs  inodernes  ront  em- 
ployee  ,  &  qu'elle  fert  i  entendre  tous  les  anciens. 

J'ai  de]i  parli  de  la  mani^re  de  l'apprendre  ,  &  j'ai  con- 
feille  de  compter  bien  pliis  fur  Tufage  que  fur  les  pr^ceptes. 
rajouterai  qu'il  faut  etre  fort  foigneux  de  faire  obferver  au 
difciple  le  geaie  de  chaque  langua  ,  &  raccoutumer  a  ne 
rendre  jamats  le  Latin  que  par  de  bon  Fran^ois,  ni  le  Fran- 
qois  que  par  de  bon  Latin.  II  faut  lui  monirer  que  Ton  ne 
peut  pas  toujours  rendre  im  mot  par  un  mot  de  m^me  ef- 
pece,  verbe  pour  verbe,  nom  pour  nom ,  ni  meme  tou- 
iours  un  mot  parun  mot,parcequefouvent  un  mot  d'une 
bngiM  exprime  une  phrafe  entiere  de  Tautre.  Les  hommes 
oot  bien  plus  de  penfees ,  qu'ils  n'ont  invente  de  fons  dif- 
fircas  pour  ies  exprimer  ;  ainfi  il  n'y  a  point  de  langue  ofi 
on  ne  demeurecoun  a  quelque  endroit.  Ce  n'eR  donc  pas 
tnduire  par^teinent ,  que  de  tourner  feulemeni  les  mois , 
$'ilf  ont  une  conAniSion  barbare  dans  la  langue  oii  on  les 
rend.  II  e(l  vrai  que  cette  mitniere  de  traduire  eH  la  plus  lure 
pour  la  fidelite  ,  &  qu'elle  donne  au  LeAeur  le  plalltr  de 
voipjans  latraduSion  le  g^nie  de  la  langue  originale.Telle 
eft  la  fameufe  verfion  des  Scptante.  Elle  reprefente  Tori- 
ginal  mot  pour  mot ,  &  rend  toujours  les  niemcs  mots  H^ 
fareux  parlesmimesmotsGrecs  :on  nepeut  traduireavec 
p]i»  d'exa£biude  &  de  religion.  Le  refpefl  du  cexte  facre 
£ufoit  cnindre  d'en  alt^rer  le  fens  par  le  moindre  change- 
ment.  Maisordinairement ,  pour  bien  traduire,ilfautren- 
drela  mdme  penf^e,  &autant  qu^ilfepeut.lameme  figure 
&  la  meme  force  d'exprefnon ,  felon  le  nature!  d'une  autre 
langue:&  quandRcoIiers^enecarre,  il  fautluifairefeniir 
le  ditiiut  de  fa  iradufHon.  Diriez-vous ,  par  exemple  ,  en 
vous  plaignantd'uningrat  ;j'ai  remporie  peude  graces  de 
moD  bienfait  envers  lui  i  Vous  diriez  p!ut6t :  il  a  mal  re- 
coanu  robligaiion  qu'il  m'avoii.  Le  Latin  a  cela  de  purticu- 
fier  pour  nous  ,  que  comme  notre  langue  en  vient ,  nous 
croyons  que  les  mois  fignifieni  ceux  doni  ils  vienneni,  quoi- 
que  fouveni  il  ne  foit  pas  ainfi.  Tabli  vient  de  uhula  ,  qui 
iigntfie  planche  ;  Chambre  vieni  rle  cdmcr^ ,  qui  fit;ni(ie  une 
Vouie;yortMlignifie  vaillani,&  v^/<nifigni6efort. 

II  taui  encore  fe  guerir  de  Verreur ,  que  Von  puilTc  ap- 
prendre  parfaitemeni  te  Latin  ,  ni  aucune  autre  langue 
norte.  Nous  nepoiivoiis  lavoir  que  ce  qui  eft  ecrit  ,&  nous 


9«     DU  CHOIX  ET  DE  LA  M*THODE 

ne  pouvons  pas  m^tne  entendre  tout  cequi  efticrit.  Coni-^. 
bien  y  a-t-il  de  mots  dans  Caton  &  dans  les  autres  Auteurs 
des  chofes  rufliques  que  perfoane  n*entend  plus  ?  Et  com- 
bien  y  a-t-il  de  ces  fortes  de  chofes  vulgaires  &triviales, 
qui  n'ont  jamais  ete  ^crites  en  latin  ?  Dans  les  difcours 
meme  que  nous  croyons  entendre  le  mieux ,  il  y  a  des  fi« 
^  ,,  ...         nefies  que  nous  ne  pouvons  reconnoitre  ,  comme  celles 
7.  D.r.iA.    <iue  remarque  Aulu-gelle  ,  en  certains  endroits  de  Ciceron 
&  de  Virgile.  Que  s'il  efl  prefque  impoflible  d*apprendre 
dans  la  derni^re  perfefHon,  memeles  langues  vivantesqut 
ne  nous  font  pas  naturelles  ,  que  peut  on  efperer  de  celles 
qui  ne  fubfiftent  plus  que  dans  les  livres  i  Mais  ce  qui  nous 
doit  confoler,  c*e{l  qu*il  feroit  inutile  de  les  favoir  mieux. 
Nous  n'avons  befoin  du  Latin  que  pour  entendre  les  livres  « 
ou  pour  nous  faire  entendre  aux  ^trangers.  A  Tigard  des 
livres  nous  ne  pouvons  entendre  que  ce  qui  eft  ^crit ;  & 
pour  nous  faire  entendre  aux  etrangers ,  il  faut  parler  le 
Latin  a  peu  pres  comme  eux.  Je  ne  voudrois  pas  toutefois 
imiter  les  Allemands  &  les  Polonois  qui  emploient  fans 
fcrupule  le  Latin  le  plus  groflier,  pourvu  qu*ils  le  p^ent 
facilement.  Mais  j'eviterois  encore  avec  plus  de  foin  Taf- 
fedation  de  phifieurs  Savans,  qui  k  force  de  parler  Latin 
V.  CuL  iih,  jj.Qp  finement,  font  difficiles  k  entendre  :  j'aimerois  mieux 
parler  plus  mal  &  etre  entendu.  Je  voudrois  donc  propor- 
tionner  mon  fly le  a  la  portee  du  commun  des  gens  de  let- 
'      tres,  fans  le  n^gliger,  enforte  quUI  fut  barbare ,  ni  le 
travailler  tellement  qu'il  fiit  obfcur.  Je  voudrois  fur-tout 
obferver  le  caraSire  des  Ouvrages ,  &  ne  pas  meler  dans 
un  ecrit  de  theologie ,  ou  de  quelque  autre  matiere  fe- 
rieufe,  des  quolibets  oudes  proverbes  quePIautefaitdire 
k  fes  efclaves  ,  nt  dans  une  lettre  famili^re ,  des  phrafes 
poetiques  ou  de  grandes  figures  tirees  des  Philippiques  de 
Xiceron.  Ces  avis  font  necefTaires ,  puifque  la  vanite  des 
Savans  modernes  !es  a  fait  donner  dans  tous  ces  inconvi- 
'  niens.  Souvent  aufli  il  leur  arrive  de  m^ler  des  mots  Grecs 
dans  leur  Latin :  en  quoi  il  me  femble  qu'ils  ne  fe  font  gue- 
res  d'honneur ,  puiCque  c'efl  avouer  tacitement  qu'ils  ne 
favent  pas  expriraer  en  Latin  ce  qu'ils  difent  enGrec  :  car 
ce  n'efl  pas  bien  favoir  une  langue  ,  que  de  ne  favoir  pas 
dire  tout  ce  que  Ton  veut ,  du  moins  en  prenant  un  peu  de 
d^tour ;  &  c'eft  infulter  a  ceux  ^ui  ne  favent  pas  ie  Grec, 

que 


D  E  S  ^E  T  U  D  E  S:  ^f 

^ae  de  couper  ainfi  le  difcours  par  des  mots  qui  leur  en 
font  perdre  la  futte.  Que  fi  j*ecois  force  de  meier  a  un  dif- 
cours  Latin  ou  Fran^ois  quelque  mot  Grec  ou  Hebreu  ou 
d*une  autre  langue ,  je  Tecrirois  toujours  en  lettres  Lat^i- 
nes  y  pour  n^enibarrafler  perfonne. 

LA  feconde  de  ces  ^tudes  utiles  eft  THiftoire.  Mais  xxvIIIj 
comme  il  eft  difficile  qu*un  feul  homme  life  tout  ce  Hiftoire. 
que  nous  en  avons  de  tous  les  temps  &  de  tous  lespays ; 
&  qu*iin'eft  pas^proposque  beaucoup  de  gens  s*occupent 
enti^rement  k  cette  ledure  :  il  faut  du  choix  &  de  Pordre 
autant  ou  plusqu*en  aucune  autre  ^tude.  Celui  qui  fe  con- 
tente  «  comme  Ton  fait  fouvent ,  de  lire  au  hafard  le  pre- 
mier  Uvre  d'Hiftoire  qui  lui  tombe  entre  les  mains ,  fe 
met  en  dinger  de  charger  fa  m^moire  de  beaucoup  de  fa- 
bles  9  ou  de  ne  rien  retenir  faute  d*entendre  ce  qu*il  lit. 
On  doit  donc  donner  aux  jeunes  gens  des  principes  pour 
difcerner  les  Hiftoires  qut  leur  feront  utiles  ,  &  pour  les 
lire  utilemenL  Mais  pour  bien  faire,il  faut  avoir  pofe  les 
fondemens  de  cette  6tude  d^s  Penfance.  Car  quoique  la 
nouveauti  foit  un  grand  charme  dans  THiftoire ,  rien  n*eft 
plus  incommode  que  d*y  trouver  tout  nouveau  ,  &  n*y 
rien  v<nr  de  notreconnoiflfance  ;  pas  un  lieu ,  pas  un  hom- 
me.  UHiftoirede  laChineeftpIeine  degrands  evenemens 
&  d*exemples  de  vertus  rares.  Cependant  parce  que  nous 
ii*avons  jamais  oui  parler  d*lao ,  ni  de  Chimtamyou  ,  & 
que  la  geographie  meme  la  plus  ricente  de  ce  grand  pays 
ne  nous  eft  pas  familiire,  cette  Hiftoire  nous  eft  d*abord 
tres-defagreable.  La  memoire  travaille  continuellement  ; 
^and  nous  trouvons  un  nom  propre ,  nous  ne  favons  fi 
nous  ravons  d^ji  vu  ou  non  :  on  fe  fouvient  de  Tavoir 
vu ,  mais  on  a  oublie  qui  il  eft ;  on  prend  un  royaume 
pour  un  homme ,  un  homme  pour  une  femme  ;  on  ne  voic 
point  rinter^t  que  Ton  avoit  d*aimer  ou  de  hair  Tautre. 
tsifin  refprit  eft  tiri  tout  k  la  fois  par  tant  de  nouveaut^ 
difierentes ,  qu*il  eft  dans  une  peine  continuelle.  Au  con- 
traire  ,  quand  un  homme  qui  a  quelque  etude  lit  Herodo- 
te  ou  Tite-  Live,  il  fe  reconnoit  par-tout ;  les  plus  grands 
objets  iui  font  tous  familiers.  Toute  fa  vie  il  a  oui  parler 
de  Cyrus  &  de  Crefus ,  de  Romc  &  de  Carthage.  Mais 
il  voit  un  grand  detail  qu*il  ne  favoit  point ;  &  c*eft  cette 
Twiu  II,  G 


q3  DU  CHOIX  ET  DE  LA  M£TH0DI! 
nouveduie  qut  liu  doane  du  pUiGr  :  parce  qu'il  fait  oii  rapi 
pomec  toui  ce  quil  apprend  ,  &  iju'il  ne  travaille  potnt 
pouc  enteoure  cu  pcuc  reienir  les  principales  chores.  La 
peuie  elJL  i>ien  pius  ^<iade  pour  ceuz  qui  n'ont  point  de 
lenres  :  juiii  le  piuigTient-its  Li  ptupart  de  leur  memoire. 
lls  unvruicnc  [.'iuioc  le  piaioure  d«  Icur  roauvaife  educa- 
Qoa ,  qui  Euic  quc  l'Htdoice  Grtcque  ou  la  RoDaicie  leur  ett 
pieitjue  duiE  iiiouie ,  que  celle  des  Chiiiois  ou  des  MuAil- 
nMus,  a  ceux  qui  ont  iaii  les  etudes  ordinaires.  Encore  y 
a-c-ilune  uidereiice bieo  grande.  H  y  apeu  de  genspamu 
a»wt  qui  n'aieac  oui  parler  il'Alexandre  ,  de  Cefar  ,  de 
CbacLemai^ ;  mais  qui  connoit  Almamoa  oa  Ginguifcan  , 
lice  n'eft  quelque  peu  de  curieux  ^ 

Un  ne  peuc  donc  cotnmencer  trop  tot  a  donner  aux  eo- 
^a&  les  priocipes  de  THiilcire.  En  meme  temps  qu'on  teur 
Gontera  le»  faits  qui  fervent  de  fondement  aux  inftrudioM 
dfi  la  religioo ,  il  ^ut  leur  conter  au9i  ceux  que  Ton  trou- 
v«rA dans rf^ftoire  lesplus  grands,  les  plus  eclat3ns,le9 
pius  agreables  &  ies  plus  faciles  k  retenir.  11  faut  chtniir 
«tttre  les  autres  ceux  qut  peuvent  frapper  I^imaginaiion. 
La  louve  de  Romulus ,  la  mort  de  Lucrece  ,  la  prife  de 
Home  par  les  Gaulois ;  le  trlomphe  de  Pompte  ,  ou  celi» 
<le  PaulEmile  ;  la  mori  de  Cefar.  £c  fi  Ton  peut  leur  faire 
«oir  des  m^ailles ,  des  flatues  ou  des  eAampes  ,  les  ima- 
ges  en  lerotit  bien  plus  vives ,  &  9'imprimeront  bien  plia 
avanc  daiB  la  m^moire.  Cefl  fans  douce  le  plus  grand  u(a- 
^dGl3peinture&deIafculpture;&  c^etoit  ungrandavan- 
tageaux  anciens  Grecs  de  pouvoirapprendre  leurHiftoire* 
mtJQ^efaRslavoir  lire,en  fe  promenani  dans  leurs  villes. 
Car ,  de  quelque  c6te  qu'ils  fe  tournaflent ,  ils  trouvoient 
Ott  des  bas  reiiefs  ou  des  peintures  excellenies ,  dans  les 
Tcvples  &  les  Galeries  publiques ,  qui  reprefencoient  deS 
^<M>^iU  t)iita:il«3  &  d'autres  evenemens  fjmeux ;  ou  des  Aatues 
?****  ifhommcs  illuftres ,  dont  les  vifages  etoieni  reiiembl3n&« 

«k  ilonc  rhabit  &  la  poAure  marquoient  le  fujet  qui  )e» 
AVtjit  loit  eriger.  Dans  la  campagne  mSme  on  voyoit  des 
«vpliees  >  des  combeaux  ,  des  pyramides ,  qui  etoient  aur 
>mn  t)«  inonumens  hidoriques. 

ti.  twiencore  avoir  grandfoinde  dire  aux  enfans  quan^ 
ffH  ^  non»  proprcs  d'hommes  &  de  lieux ,  afin  qu'ils  leur 
ttum  iuaHim  de  bonns  beure  &  qu'ilscxcitent]eurci^ 


tJESETUDES.  9^ 

riorite.  fevoudrois  rur-toiir  leur  nommer  ceux  qui  font 
plus  gntnde  figure  dani  rHiftoire  du  monde.  SefoHris , 
Ninus ,  Nrfbuchodonofor ,  Cyrus ,  Heriules ,  Achilles ,  Ho- 
niLTe  ,  Lycurgue,  &  les  Roniains  i  proportion.  Mais  je 
voudroii  y  joindre les  noiti!  de  JHilioire  moderne ,  dont 
touiefois  on  parle  beaucoup  moinsaut  enfans.  Guiilaumc 
le  conquiranf .  Godefroi  de  Bouillon  ,  Sjnche  le  grand  ; 
roi  de  Navarre  ,  &  tous  les  ajtres  qui  oni  ete  les  ptus  il- 
luHres  depuis  fii  cents  ans.  Je  ne  voudrois  pas  meme 
omeitre  lesUrienuux,  &  je  voudrois  qu'un  enfant  eOt 
oui  patler  des  califes  dc  BagdadSc  du  Caire ,  de  la  plus 
grande  puiffance  des  Turcs  Seljouquides ,  &  de  celle  des 
Mogots  :  leurs  nodis  ne  lui  paroi'roient  point  fi  barbared 
dans  la  fuiie ,  s'it  y  ^toit  accoutume  de  lioiine  h^ ure.  On 
fe  ferviroit  des  cartes  dc  geographie  pour  tes  noms  dei 
lieux  qu'il  faudroit  aulTi  Icurapprendre  ,reIon  tous  ics tempt 
&  toutes  leslangues,autant  que['on  pourroit.  Jenevou- 
droisdatulc  commencemcni  de  ces  inflruflions  ,  m'aita- 
ciier  i  ancun  ordre  de  dates  ni  de  chronotogie,  mais  fui- 
vre  rocctlioa  de  b  curiofit^  des  enfans  ,  pour  leur  dire 
tous  ces  noms  &  tous  ces  faits. 

La  maiiere  de  rHilloire  ^tant  ainfi  preparce,  jecom- 
meiKerois  i  farrangcr  lorfque  mon  difdple  auroitdix  oU 
douze  ans.  Je  lui  ferois  obferver  tes  epoques  dont  on  s'eft 
fcrvi  pour  comptet  les  temps.  Les  Otympiades  &  la  fon- 
daiion  de  Rome  ,  Alenandre ,  flncarnaiion ,  Thegire  deti 
Mahomitans.  Mais  je  ne  voudrois  point  ['embarralTer  d'une 
cfart^iologie  exade  ,  ni  robtiger  h  retenir  des  dates  toute^ 
iimptes  qui  demandent  un  grand  effori  dc  mimoire.  Je  me 
garderois  donc  bien  detui  parler  de  ta  Pcriode  Julienne; 
&  ie  ne  me  fcrvirois  pas  meme  des  annees  de  la  cr^ation 
du  monde.  Itefttr^S-difficile,  pour  ne  pas  dire  impofnblc, 
de  lei  fizer  :  &  etlcs  ne  font  pas  de  grand  ufage  ^puifque 
jufques  au  temps  de  Rome&desOIympiades  ,  (car  c'ell 
i  peu  pr^  le  meme  )  ,  il  n'y  a  gueres  que  fHilloire  fainte. 
J«  me  contenterois  quil  en  fui  bicn  la  fuite ,  fclon  tes  epo- 
({ues  ordinaires ,  du  d^tuge ,  d'Abraham ,  de  Moife  ,  de  Sa- 
lomon  ;  fans  fe  trop  mettre  en  peine  dc  la  fommc  totale 
des  zantcs ,  qui  ne  fe  peut  tlrer  fans  de  grandes  difliculies. 
ie  lui  ferois  rapporfer  a  ces  perfonnes  &  a  ces  evenc' 
fiem  ,  tpa  nons  font  plis  connu) ,  )e  peu  tl'Hiftoire  pro- 


:  •"   r-   LA  MfeTHCri 

-i      ■..--:,:  i_  ~roph«c£.  t    .=    - 

;;i--:i^i  .'..■.mii.T  ^..a  a  fonc   ^  iZZ^ 

-.'e'<,i>  i.'u«  -^^-t  crtalnes oblervs;: c-s 

',!    'iit.v  i-.;    H  :v.-..-sp:-js  coune,  p:.;» 

■  '-j;   ivv.  j.cir.  !■,;•  dirois-ie  ,  qjc 

iiiti.ii*.".  u;  vi;s  :»  ie3tps,non  p.m 

.i--y-^^  ,tii  .■i;,T.r-.:,;lyenapeudor.t 
,>.F<.  'juiia-  I»  fLnoircsdesanciens 
,  S':>>  ji,»s>'-rii'w.j«ChiIdeens&deB 
II  X  a  fitjMifcr.v^ei^tiinous  refle, 
.■i  '.11.11 .  ;'t  "rtiWwi^Herodote,  qui 
1  >t'r-  iii;ii.-  *.■:«  i;'K»  le  deluge ,  &: 
i.-..  ■isi.-j-t.".  V-;i*  ii'jvons  ,  jufques 
»■»11.:'^  ihv  \ci  livres  des  Grecs  tk 
*  ii,m.»>n,-«cu;resd'Hiftoires  certal- 
.  '-.;i>  un,''.'i'ii<:s  que  la  fondation  de 
,".iv  .■"  .  i-sTn.lant  pres  de  cinq  cents 
V  t,vik,- Hilloire  a  fuivre  ,  qul  eft 
,  1  ^  .1  !',!ine  de  rempire  d'Occident, 
'!.>  tc  &  rAnglcterre  fom  cliacune 
,  .  .  i  tjuoi  il  faut  ajouter  celles 
.  > ,  jc  Polof^ne ,  de  Suude  &  ds  Da- 
,  i*  kVinniencent.  On  peut  iiean- 
.,,^s  Mitloircs  i  cell^  de  Francc  , 
,  ,,  i.ii  lciii.ij;nc  cnibraiToit  la  plupart 
,.  ..itcs,  il  utoU  tellenient  refpe^e, 
^  >  ,t  'vnneiir  d'imiter  les  mccurs  de 
.    .,1  c^levantinscomprenncnifous 

«.  ..s  Kjtinns  que  {'aimarquees, 

.  .    H.iloirci|ui  nouscflhipluscon- 

»   »aii!le  ajouier  rHifloire  By- 

, . , , ...» iWx  ficcks,  Pour  cclle  dos 

,.„  :oiit  ce  qui  s'ell  palTe  depuls 

,      ..  SMie  ,laPerf«,  TAfnque  & 

., .  <;i>n  de  Mahomet  s'efl  eten- 

,..'«,      vuesit  prefent.Cen'eft  pas, 

...i.inii:s'-t^v:tt ,  qus  Ics  Mahometans 


DES    fiTUDES.  lof 

nVient  point  ^rit  ,  ou  que  leurs  livres  roient  perdus ; 
U  y  en  1  de  leur  Hiftoire  feule  de  quoi  faire  une  biblio- 
thequeenti^re;maisil$neront  ni  imprimis  ni  traduits,hors 
deux  ou  trois  qui  courent  enire  ies  mains  des  curieux.  Nous 
favons  encore  que  les  Chinois  ont  une  tres-longue  ruiie 
d'Hillore,  dont  on  nousa  donn^  un  ^chanrillon  en  latin  de- 
puis  environ  irente  ans.  Nous  favons  que  les  Indiens  oni 
des  traditions  tr^-anciennes  ecrites  en  une  langue  pani- 
culiire.  On  fait  quelque  chofe  dti  Mexique  &  des  Incas , 
mais  qui  ne  remonie  pas  lotn ;  &  on  a  depuis  deuz  cents 
ans  une  infinite  de  relations  dedivers  voyages.  Ceft  lout 
ce  que  je  connois  d'Hilloires.  On  voit  combien  c'eft  peu 
en  comparufon  de  touie  Teiendue  de  la  terre ,  &  de  touie 
la  fuiiedesliecles;mais  il  y  en  aencoretrop  pourun  feul 
liomine,&  c'efl  particuli^rement en  cette  enide qu'il  faui 
choiAr  &  fc  borner. 

Premi^remeni ,  il  faui  favoir  k  quoi  5'en  lenir  dans  les 
commencemens  de  chaque  hiftotre ,  pour  ne  pasdonner  dans 
la  fable ,  en  voulani  remonter  trop  haui.  La  r^gle  la  plus 
fure ,  eft  dc  lenir  ponr  fufpeft  tout  ce  qui  prec^de  le  temps 
ou  chaque  naiion  a  re^u  Tufage  des  lettres.  De  plus,  il  &ut 
obferver  foigneufement  la  qu3lii6  &  le  lemps  des  Hiftoriens. 
On  peui  dire  en  geniral,  qu'il  n'y  a  d'hifloiresdignesde  foi, 
que  celles  de&  contcmporains ,  ou  de  ceux  qui  oni  ^crit  fur 
des  coniemporains ,  doni  les  livres  peuvcnt  etre  venus  juf- 
ques  a  eui ,  par  une  tradirion  fuivie.  Mais  quand  il  y  a  de 
rinierruption  dans  une  hiftoire,  &  de  grands  vides  obfcurs, 
touice  qui  lespr&edcdoit  etre  fufpefl.  Je  me  contcnicrois 
decct  ordre,&  dc  cesregles  generales  pour  rhiftoire  uni- 
verfellei&  je  renfermerois  mon  difciple,  pourfuvoir  quel- 
que  detail  dans  rhiftoire  pariiculi^rc  de  fon  pays.  Encore 
cette  eiudedoit-clle^tre  fort  diverfement  etendue  ourclTer- 
lie  felon  la  (|ualite  des  perfonnes.  Un  homme  de  condition 
mediocfe  a  befoin  de fort  peu  d'hiftoire :  celui qui peut avoir 
quelque  part  aux  afTaires  publiques  en  doii  favoir  beaucoup 
plu*,  &  un  prince  n'en  peui  trop  favoir.  Uhiftoire  de  fon 
pays  lui  faitvoir  fes  afTdires,  &  comme  lestitresdefamai- 
fon,  &  celledes  payseirangers  les  plus  proches  ,  lui  ap- 
prcnd  les  aflaires  dcs  fes  voifins ,  qui  font  toujouis  melecs 
avec  les  fiennei.  Touiefois,  comme  il  a  beaucoup  d'autres 
choOetilavoir,  &  que  }a  capacitede  Tefprit  humain  eft  bor- 
G  iij 


fioi     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

nee»il  faut  qu'il  etudie  principalement  rhiftoiredefonpay^ 
&  de  fa  mailbn ,  &  quUl  fache  plus  en  detail  ce  qui  eft  le  plus 
proche  de  fon  temps.  Je  voudrois  ^  proportion  que  chaque 
feigneur  fut  bien  Thifloire  de  fa  famille ,  &  que  chaque  par* 
ticulier  (ut  mieux  celle  de  fa  province  &  de  fa  ville,  que  du 
ireAe.  Le  livre  de  la  Gen^fe  efi  un  parfait  mod^Ie  du  choix 
que  chacun  doit  faire  dans  Terude  de  THiAoire.  Moyfe  y  a 
renferme  tous  les  faits  qu  il  etoit  utile  aux  Ifraelites  de  fa« 
voir ,  s'etendant  principalementfurlesplus  importans:com« 
me  la  crearion ,  le  peche  du  premier  homme  ,  le  deluge  &c 
rhifloire  des  parriarches ,  a  qui  Dieu  avoit  fait  des  promef- 
^in,  X.  fes  qu*il  alloit  executer.  II  ne  laiife  pas  d'y  marquer  rori- 
gine  de  routes  les  nations, &  de s'etendre  plus  ou  moins  fur 
leur  hi{loire,  felon  qu'ellesavoient  plus  ou  moins  de  rapr 
port  au  peuple  pour  qui  il  ecrivoit.  Que  (i  Ton  veut  un 
abrege  qui  ne  ferve  qu  a  rafraichir  la  memoire ,  on  en  ^ 
Texemple  dans  le  premier  chapirre  des  Paralipom^nes ,  ou 
les  feuls  noms  mis  de  fuite ,  rappellent  toute  rhiftoire  de  U 
Genefe.  II  eft  toutefois  a  fouhaiter ,  quoiqu'il  ne  foit  pasne* 
f  efiaire»  quetousceux  qui  en  ont  le  loifir»  lifent  les  princir 

!>aux  HiAoriens  Grecs  &  Romains.  U  y  a  a  profiter  &  pour 
a  morale  &  pour  T^loquence.  Car  en  y  apportant  lecorreo- 
tif  que  j'ai  marque^es  exemples  des  plus  grandes  aSions  & 
de  la  bonne  conduite  des  Anciens  peuventetre  fort  utiles; 
&  la  mani^re  d'ecrire  des  Hiftoriens  peut  nous  fervir  beaur 
coup ,  &  pour  la  methode  &  ppur  le  ftyle ,  (i  nous  favons  Ie$ 
imiter.  Ainfi  il  vaudra  bien  autant  s-exercer  a  la  langue  Lati- 
ne,  en  lifant  desHiftoriens,  que  d*autres  Auteurs^  puifqu*oq 
ne  ia  peut  apprendre  fans  lire  beaucoup. 

y%\X.  A  P  R  i^  s  1  'hiftoire  des  moeurs  &  des  adions  de$  hommes  ^ 
Hiftoirc  na-  jf\.  Tetude  la  plus  utile ,  ce  me  femble  ,  eft  Thiftoire  na- 
^^^^  '/  turelle.  Je  comprends  fous  ce  nom  tbutes  lesconnoiiTances 
pofitiyes  &  fondees  fur  Texperience ,  qui  regardent  la  conf- 
truAion  de  Tunivers ,  &  de  toures  fes  parties ,  autant  qu*en 
a  befoin  un  homme  qui  ne  doit  Stre  ni  Aftronom^,  ni  Mi- 
decin ,  ni  Phyficien  de  profeflion.  Car  encore  ne  faut-il  pa^ 
ignorer  tout-afait  ce  que  c*eft  qiie  ce  monde  oii  nous  habi-* 
tons ,  ces  plantes  &  ces  animaux  qui  tious  nQurriiTent ;  ce  que 
fiousfommes  nous-memes.  JefaisbienquelaconnoiiTancedq 
sous  m^m^s  ^St  la  plus  necefiair^  de^outes.Mais  c*eft  I4  coa** 


1 

i 


D  E  S    e  T  U  D  E  S.  .  iO( 

<fK>lfiance  it  rame  que  je  rappone  ^  U  logique  &  A  la  morale* 
Pour  Iecorp5,coiiiinenou$legouvemonsbieninoinsparls 
connoidance  que  par  une  volonte  aveugle ,  qui  ed  fuivie  det 
mouveinens  qui  d^pendent  de  nous,  fans  que  nous  conncnf- 
fions  les  reflbrts  &  les  machines  qui  en  font  les  caufes  pro- 
chaines.la  connoiflanceparticuliereHefafltufiure  ne  nous 
iiert gueres que  pour  en admirer  l'Auteur , qui  n'ef^  pasmoins 
admirable  dans  les  autres  animaux  &  dans  les  autres  partles 
ie  la  nature.  II  eA  vrai  que  nous  dcvons  ^tre  plus  touch^ 
de  ce  que  nous  irouvons  en  nous-mcmes.D'3illeurs  lacon- 
noiJrance  de  notre  corps  ell  fort  utile  pour  cntcndre  les  paf' 
fions,  leurs  caufes  &.  leurs  remedes,  qui  ell  unegrande  par- 
lie  de  la  morale ;  &  pour  difcerner  ce  qui  e&  propre  a  con- 
ferver  la  fant^  de  ce  qui  lui  eA  contraire  ,  qui  eft  uae  dei 
^des  que  j'ai  oiarqu^es  entre  les  plus  neceflaires. 

Cetie  hiiloire  naturelle,  ou  phy&que  pofitive,  compren- 
droit  donc  la  cofmographie  &  ranatomie.  Par  la  Cofina- 
^jpiw,i'entendslefyftemedu  monde,  ladifpofiiiondesaf- 
trcsrleursdifLinces,  leurs  grandeurs,  teurs  mouvemens, 
fuivant  lei  dernieres  obfervations  des  AAronomes  les  plus 
txaQi,  s'en  rapportant  k  eux  comme  k  des  experts  dignes  de 
foi,  fans  examiner  leurs  preuves.  J'y  comprends  aufli  les 
meieores ,  non  pour  en  chercher  les  caufes ,  mais  feulement 
pour  connoitreIesfaii£:ladefcriptionde  laierre.non  pas 
tant de  la furface ,  quiregardelageographie.&ferapporte 
a  rhidoire  morale ,  que  de  fa  profondeur ,  &  des  diflorens 
corps  qu'el]e  contient.  II  fembled'abord  que  ces connoilTin- 
ces  ne  foient  que  de  pure  curiofitC' ;  mais  elles  font  en  effet 
fort  utilespour  eleverrefprit  &  lui  donner  de  retendue.four- 
iiir  des  idecs  juJles  dclaragefleinfinic&dela  toutepulfTance 
deDieu.denoirefolblelTc&delapetiiciredotoutesleschorca 
bumaines.SousIenomd'^njfOfnff,)ecomprendsccIlcdesp1an- 
tes  auffi-bien  que  celle  desanimauK ; & fans  fc  repandre  dans 
lacuriofite  ,  qiii  n'a  point  de  borncs,  }e  voudrois  quomon 
difciplc connijt  bien  les  animaux  de  fon  pays,  les  plus  fa- 
meusdespays  etrangers , &  Jes  piantes  lcs plus  d'u(af e :  qu'il 
Jui  diflinpuer  Ics  principalesparties  d'uneplante&  d'iin  ani- 
m3l;qu'ilvitcomnienttouscescorpsvivan«renourrifrent  & 
feconfer%'ent  ;mais  particuli^rement  qu'il  vit  la  firuflurcad- 
mirabIedesreirortsquifontmouvoirIesanimaux;jedisceque 
J'oa  cn  touche  au  doigt ,  c'eft  a-  dire  les  05  &  lei  mufclcs.  Ua 
G  iv 


104  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 
pourroit,  ruivantfonloiGr&rongenie,poufler  ceneeiude 
juifjuesa  la  connoifllince  <les  arts,  tfui  emploient  des  machi- 
nestor(ingenieules,ouquiproduirentdeschangemenscon- 
(iderables  dans  le»  corps  nsturcls,  comme  la  chimie,  la  fonte 
des  nieiaux ,  la  verrerk ,  la  pelteterie ,  la  leinture. 

J£  meis  cntore  la  ^eometrie  au  nombre  des  etudes  les 
plus  utiles  a  tout  le  monde ;  en  eSet,  etle  ne  coniient 
pas  leulcLDcDt  les  principes  de  plufieurs  arts  rres-utiles, 
coutme  lc^  mechaniqu^s ,  larpenijge,  la  tngonometrie * 
la  t;iiomoiuque ,  Carchitefture  touie  eniiere ,  &.  partici>- 
lierifinent  la  tortiticanon  de  li  grand  utage  aujourd'hui , 
mais  t^lle  lorme  lelprit  en  general,  &  foriifie  exireme- 
meiit  b  raiioti ;  ell«  accounime  a  ne  fe  pas  conienter  des 
at>^jii;ut;cs ,  a  chercber  des  preuves  folides ,  a  ne  fe  point 
arrcter  taut  que  ron  peut  douter  avec  la  moindre  vraiiera- 
bluiike ,  Si  a  difcerner  ainli  les  raifons  convaincanies  & 
uemoiulratives ,  d'avec  les  fimples  probabilites :  elle  feroit 
lian^ereufe  toutefois ,  fi  elle  n'etoit  precedee  de  la  logique, 
leile  que  je  l'ai  marquee  entre  les  etudes  necefliires ,  car 
c  eA  de  cette  logique  qu'i[  faut  prendre  les  grandes  regles 
de  Tevidence,  dela  certirude  &  de  la  demonflration ,  pour 
ne  pos  croire  qu'il  n'y  ait  que  des  chofes  fenlibles  &  ima- 
ginables,  comme  font  les  objets  de  la  geometrie  que  nous 
coniioiiSons  clairement;  qu'il  n'j'  aii  des  raifonnemens 
cei  tains  que  touchant  le  rappori  des  angles  &  des  lignes , 
ou  les  proporiions  des  nombres,  &  qu'il  faille  chercber 
en  loutes  matieres  la  meme  efpece  de  certitude  ;  mais 
quand  on  aura  fonde  ces  dillin^ions  &  ces  regles  gen6- 
rjles  par  une  bonne  logique,  la  geometrie  fournira  un 
gijiid  eiiercicc  de  definir ,  de  divifer  &  de  raifonner. 

SU  R  la  hn  des  enides ,  comme  depuis  Tage  de  quatorze 
_  uu  quinze  ans ,  ou  plus  lard  encore ,  a  proporiion  de 
l\.;^nt  &  du  loifir  de  recolier ,  on  pourroit  loi  faire  con- 
ni.  iiie  ks  regies  les  plus  folides  de  !a  veritable  eloquence ; 
k-  ;ic  propofe  pas  ceiie  iiude  comme  neceffaire ,  parce  quc 
!i>.i  pcut,  fans  etre  cloquent,  etre  homme.de  bien  & 
lu.-uii;  C'tre  habile  iufqu'4  un  certain  point,  &  que  Telo- 
qu>.-iice  d^pend  pour  le  moins  autant  du  naturel  que  de 
l'«iude.  U  &ut  wtuefois  avouer  qu'eUe  eft  d'uoe  grande 


k 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  loi 

Qtiliie ,  &  que  c'efl  e!Ie  qui  faii  reullir ,  pour  rordinarre  , 
les  affaires  les  plus  grandes  &  les  plus  difEciles ;  car  j^  n'en- 
tends  pas  tci  par  £l^iuact  ou  Rhitoritfue  ce  que  Ton  eniend 
4'ordinaire ,  abufant  d'un  nom  que  les  pedans  &  les  decla- 
naieurs  ont  decrii,  je  n'entend£  pas ,  disje,  ce  qui  fait 
&ife  ces  harangues  de  c^remonies ,  &  ces  autres  difcours 
^dies  qui  chatouillent  Toreille  en  pafTant,  &  ne  font  le 
plus  fouvent  (]u'ennuyer ;  j'entends  l'art  de  perfuader  effec- 
tivemeni,  foit  que  Ton  parle  en  public  ou  en  particulier ; 
i'enteiM]s  ce  qui  faii  qu'un  Avocat  gagne  plus  de  caufes 
qu'uii  autre ;  qu'un  PrMcateur,  humainement  parlant, 
b\t  plus  de  converfions ;  qu'un  MagiHrat  ell  le  plus  fort 
dans  les  delibcrations  de  fa  compagnie ;  qu'un  Negociateur 
£ut  un  traite  avantageux  pour  fon  Prince ;  qu'un  Miniilre 
domine  dans  les  confeils ;  en  un  inot ,  ce  qui  faii  qu'un 
Aomme  fe  rend  maitre  des  efprits  par  la  parole  :  je  fais  bien 
que  fouvent  ceux  qui  reufTiCreni  dans  les  plus  grandes  af- 
faires,  ont  plus  de  laleni  naiurel  &  d'exp£rience  que  d'etude; 
maisje  nedoutepointqu^eileneleurfijttr^s-utiie,  i!sn'en 
auroienipasmoinscebeaunaiurel&cegrand  ufage,  &  ils 
auroieat  de  plus  quelques  regies  un  peu  p1us>fiires,  &  les 
exemples  des  plus  grands  hommes  de  rantiquite.  Un  Prince 
ou  un  Miniilre  d'£iat,  qui  auroit  eie  alTez  bien  eleve  pour  fe 
familiarifer  des  fa  jeunefle  avec  Ciceron ,  Demoflh^nes  fic 
Thucydides,  auroit  un  grand  pUifir  a  les  relire  en  ige 
inur ,  &  en  tireroit  un  grand  profit ;  mais  ces  auteurs  de- 
meurent  imitiles  &  meprif<;s  pour  l'ordinaire  ,  faute  de 
lefieurs  proportionnes :  on  les  faii  lire  a  dcs  enfansqui  n'en- 
tendroient  pas  meme  en  Fran^ois  des  difcours  femblables, 
faute  d'experiencc  des  chofes  de  la  vie,  &  d'aiceniion^ur 
aflaires  ferieufes ;  ou  fi  dcs  hommes  les  lifeni ,  ce  font  det 
(avans  de  proftllion,  dcs  Regirns,  des  Pretres,  dcs  Reli- 
giein  eloignes  du  commerce  du  monde  ,  &  remplis  d'id^es 
toutes  differcntes  de  celles  qui  occupoieni  ces  Aureurs. 
Ciceron  &  Demoflhenes^ioicnides  hommes  nourris  dans 
Iemonde&  djnslcsafEiires.  IIss'i;levercni  par  leur  merite 
bcaucoup  au  defTus  de  leur  nailTjnce,  qui  lotiicfois  eioit 
honnete,  feion  les  mceurs  dc  leur  nation,  &  ilsarriverenc 
a  la  plus  grande  puifTance  que  Ton  piit  avoir  dans  leurs  re- 
publiques.  Ciccron  fut  Conllil,  c'cft  a-dire  quc  pendant 
unc  annee  U  ^  a  la  tcte  d'un  empiie  aufli  grand  que  douze 


ri©(5    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

loyaumes »  comme  ccux  que  nous  voyons  en  Europe.  D 
gouverna  une  province,  il  commanda  des  troupes,  il  etoi^ 
^l  endignite  a  C^rar&  ^  Pomp6e  ;  des  rois  lui  faifoient  la 
cour;  cependant,  parce  qu*on  a  lu  ces  Auteurs  dans  les 
ctafles ,  il  en  reAe  fouvent  une  id^e  d^fagreable;  parce  que 
.         Ton  voit  qu'ils  plaidoient  des  caufes,  on  les  prend  pour 

SU  '  ^^^  Avocats  comme  les  notres ,  &  on  ne  confidere  pas  que 

Cefarplaidoitaufli»  &  pouvoitdifputerdereloquenceaveQ 
•  Ciceron :  d*ailleurs  on  voic  quantiti  de  gens  qui  les  etudient 
toute  leur  vie  fans  en  devenir  plus  propres  au  monde  &  aux 
affaires «  &  on  ne  prend  pas  garde  qu*ils  n*y  cherchent  que 
le  iangage  ou  les  figures  de  rhetorique,  pour  les  copier  fou- 
vent  mal  a  propos ,  &  qu'ils  n*y  cherchent  rien  moins  que 
la  maniere  de  traiter  les  grandes  ai&ires. 

PIus  l'ecoIier  faura  de  chofes  &  aura  le  raifonnemene 
ibrme ,  plus  il  fera  capable  de  cette  etude  d*eIoquence ,  car 
elle  ne  fait  que  donner  la  forme  au  difcours;  il  faut  que  1q 
bon  fens  &  Texperience  en  fourniiTent  la  matiere :  )*atten- 
drois  donc  qu*un  jeune  homme  ei^t  des  penfees  &  put  diro 
quelque  chofe  de  lui-meme,  pour  lui  montrer  la  manierQ 
de  ledire ;  je  ne  laiiferois  pasde  jeter  de  loin  les  fondemens 
de  cet  art :  premi^rement ,  j*en  etablirois  la  morale ,  &  je  lui 
ferois  entendre ,  auflitot  qu*il  en  feroit  capable ,  que  rdo* 
quence  eft  une  bonne  qualiti,  n*etant  que  la  perfe6Uon  de 
la  parole;  que  comme  la  parole  nous  e(l  donnee  pour  dire 
la  verite ,  Teloquence  nous  eft  donn6e  pour  faire  valoir  la 
v6rite  &  Tempecher  d*etre  etouffee  par  les  mauvais  artifices 
de  ceux  qui  la  combattent ,  ou  par  la  mauvaife  difpofitioa 
de  ceux  qui  Tecoutent ;  que  c*eA  abufer  de  Teloquence  que 
de  la  faire  fervir  k  fes  interets  &  ^  fes  paflions ,  quoiquo 
F.  Ptai,    Ciceron  &  la  plupart  des  Orateurs  en  aient  vSi  de  la  forte  \ 

^S*  que  fon  ufage  I^gitime  eft  de  perfuader  aux  hommes  ce  qui 

Jtueufi'      '^"^  ^^  veritablement  bon,  &  principalement  ce  qui  peut 

i>»HrXhri/!.  les  reudre  meilleurs»  leur  peignant  vivement  Thorreur  du 

'*^' 5«  *•  »•  vice  &  la  beaut^  de  la  verru ,  comme  ont  fait  les  Prophetes 
&  les  Pires  de  rEglife ;  voila  ce  que  j*appclle  la  Moralc 
dt  reloquenci, 

L*art  confifte  a  favoir  bien  parler  &  bien  ecrire ,  en  tou- 
tes  les  rencontres  de  la  vie  ,  non-feulement  dans  les  adHons 
publiques ,  comme  ces  harangues  qui  ne  fe  font  que  pour 
latisfaure  acertaincs  formalites ,  mais  dansles  d^Ub/erations» 


DESiTUDES.  lo^ 

jbni  \es  affiiires  ordinaires ,  dani  1«  runples  converfationsi  ■ 

Jiivoir  faire  une  relacion ,  ecrire  une  lerrre  ;  rout  cela  eft 

mariure deloquence i proporiion  du fujet. Pouren montrer 

le  rccret ,  je  voudrois  principalement  employcr  lei  exem- 

ple$&  resercice.  Lesexcmples  fe  prendroient  dans  Qc^ 

ron  ,  ou  mifoe  dans  Demo^henes ,  felon  les  langues  que 

le  difciple  fauroir.  Sllnefavoir  poimdeLaiin,  on  pourroii 

ie  fervir  des  rradudions  de  Ciceron ,  ou  de  quelque  boa 

livre  modeme  ,  comme  les  lecires  du  Cardinal  d'Ofiat , 

ifu  font  pleines  d'e]oquence  folide ,  par  oii  Ton  riulBr  dant 

Jes  a&ires.  Ces  exemples  ferviroieni  a  donner  aux  pr^* 

ceptes ,  du  corps  &  de  ragremeni.  Car  det  preceptes  tous     4.  D»3. 

&uls,dono£scng^neraI ,  feront  toujourt  fecs  &lleri]es  ;  Cluifi.t.%» 

&  cooimc  dic  S.  AuguHin ,  un  beau  naiurel  acquerra  plu- 

tdt  reloquence,  cnlilaniou  enecourant  des  difcoursdo- 

quens  ,  qu'en  ^tudiant  des  pr^ceptes  de  Teloquence.  On 

pourra  proliter  de  toutes  forres  de  le^ures ,  on  trouvera 

par-tout  des  exemples  de  ce  qu'il  faut  fuivre  ou  de  ce  qu'il 

£iui  eviter;  &  cei  exercice  fervira  encore  pour  fonner  le 

jugement  du  difciple,  Car  il  faut  raccoutumer  k  juger  de  ce 

qutl  lit ,  &  a  rendre  raifon  pourquoi  il  le  trouve  bon  ou 

inauvais.Ces  raifons  font  loui  Tart  de  la  rhitonque;  il 

p'a  4ti  forme  que  fur  les  exemples ,  en  obfervant  ce  qui  ^"fi\  \-  <■*<• 

perfuadoit  &  ce  qui  nuifoit  k  la  perfuafion  ,  &  s'en  faifant ""'  *" 

des  r^cs ,  aiin  de  oe  le  pas  faire  feulcment  par  hafard  ou 

par  habirude.  Non-feutement  la  ledure ,  mais  lcs  convcr- 

lattons  &  les  difcours  les  plus  communs  de  la  vie  font  de 

bonnes  lc^ons  d'eloquence.  Cesexemples  vivans  &  fami- 

liers  ferviront  pluc  ^  la  rendre  folide  &  efieflive ,  que  les 

livres  &  toui  ce  qui  fent  Tecole.  11  eA  donc  important  d'ap- 

prendre  a  un  jeune  homme  a  en  profiier ,  &  de  lui  hxxe 

etudier  fur  le  naturel  toui  Tart  du  difcours.  Faites-Iui  re- 

marqucr  les  adrefTes  que  les  gens  les  plus  groHiers  emploient 

pour  faire  valoir  leurs  inierets  ;  avec  quelle  force  les  paf- 

fiont  font  parler  .  &  quelle  varieie  de  figures  elles  four- 

oiflcnt ;  eofin ,  comment  la  voii ,  le  geAe  ,  toui  rextericur 

«ft  proportionne  au  mouvement  de  celui  qui  parle.  Ce$ 

rxemples  font  plu«  forts  dans  les  perfonnes  exercees  awc 

afiires ,  quc  dans  les  auires  ;  a  la  ville ,  qu'a  la  campa- 

£iie ;  i  ia  cour ,  qu'a  la  ville  ;  &  les  figures  Ibnt  plus  vives  k 

(Uns  lesfeounei  quedanslesfaoinmes. 


fio«     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

L*autre  moyen  pour  apprendre  cet  art ,  qui  eft  rexercice;? 
doit  confifter  non-feulement  i  ecrire  »  mais  k  parler.  Je 
voudrois  que  cet  exercice  fe  fit  toujours  en  Fran^ois »  queK 
que  bien  que  Tecolier  (ut  le  Latin.  CeA  afTez  qu*il  foit  oc- 
cupi  a  bien  parler,fans  Tappliquer  encore  a  une  langue 
qui  ne  lui  eft  pas  naturelle.  11  eft  ^  craindre  qu'il  ne  force 
fes  penfees ,  faute  de  les  favoir  exprimer  afTez  jufte ,  ou  pour 
nepas  perdre  quelquebelle  periode  de  Ciceron :  s*il  traite  \m 
fujet  antique ,  il  tranfcrira  peut  etre,  fans  les  entendre ,  des 
phrafes  des  Auteurs  qu*il  aura  lus  ;  &  (i  le  fujet  eft  moder* 
ne ,  il  fera  embarraffe  d*en  parler  en  Latin ;  car  ^tant  accou- 
tumi  k  ne  parler  qu*a  des  Grecs  ou  a  des  Romains ,  il  fera 
tout  diconcert^  quand  il  faudra  parler  a  des  hommes 
portant  des  chapeaux  &  des  perruques ,  &  traiter  des  in- 
t^rets  de  la  France  &  de  TAUemagne ,  ou  il  n*y  a  ni  tribune 
aux  harangues ,  ni  comices ,  ni  Confuls.  Qu*il  ecrive  donc 
en  fa  langue ,  premierement  des  narrations ,  des  lettres ,  & 
d*autres  pi^es  faciles.  Qu'il  faffe  enfuite  quelque  61oge 
d*un  grand  homme ,  quelque  lieucommun  de  morale ,  mais 
folide ,  fans  galimatias  ,  ni  penfees  fauiTes ;  qu'il  exprime 
f(6rieufement  fes  veritables  fentimens.  Enfin  ,  quand  il  fera 
plus  avance ,  qu'il  ecrive  des  difcours  entiers ,  comme  des 
deliberations  fur  les  hifloiresqu*iIauraIues  ,  &  fur  les  fu- 
jetsqu*il  faura  le  mieux,  afin  qu*il  tire  autant  qu*il  pourra 
toutes  fes  preuves  des  circonflances  de  raffaire ,  ^vitant  les 
difcours  vagues  &  generaux.  Ces  compofitions  ^crites  , 
accoutument  les  jeunes  gens  k  s*appliquer  ,  k  fixer  leurs 
penfees ,  k  choifir  les  meilleures  &  les  arranger ;  k  faire  des 
p6riodes  ,  &  y  obferver  le  tour  &  la  mefure  qui  contente 
Toreille;  en  un  mot  k  parler  exadement.  L*exercice  de  par- 
ler  les  accoutumera  k  parler  aifement  de  fuite  ,  fans  cher- 
cher ,  fans  hefiter,  ni  fe  reprendre  ;  a  etre  hardis  &  attenti£i. 
Or,  par  cet  exercice  de  parler ,  je  n^entends  pas  tant  ce  que 
Ton  appelle  Didamation ,  qui  n*efl  d'ufage  tout  au  plus  que 
pour  ceux  qui  doivent  un  jour  parler  en  public ,  que  des 
difcours  familiers  ,  fuivis  &  foutenus  ,  comme  font  ceux 
^QS  gens  qui  parlent  bien  d*af}aires  ,  ou  qui  content  bien 
une  hifloire  en  converfation.  Voila  ce  que  j*appelle 
Rhitoriqut, 


1 


D  E  S    £  T  U  D  E  S.  10$ 

QUe  (i  votre  difciple  a  un  genie  extraordinaire ,  vous  XXXIt; 
pouvez  le  poufler  jufques  a  la  poefie ,  qui  n*efi  en  Po^U^p^^ 
elfet  qu*une  eloquence  plus  fublime.  Je  ne  crois  pas  que 
ron  en  doive  enfeigner  Tart  i  beaucoup  de  gens ,  puifqu'il 
eft  bien  plus  important  qu*il  n*y  ait  point  de  mechans  Poe- 
tes ,  qu*il  n*efi  n^ceflaire  qu*il  y  ait  des  Poetes ;  &  il  eft  inu- 
cile  de  Tenfeigner  a  des  enfans  ,  puifque  pour  y  reuifir  , 
toute  la  force  de  Tefprit  eft  neceflaire.  Car  il  ne  faut  pas 
prendre  la  verfification  pour  la  poefie  ,  ni  croire  que  la 
po^iie  ne  foit  qu*un  jeu »  nous  r^glant  fur  les  exemples 
modernes.  Pour  en  voir  le  v^ritable  carad^re ,  il  faut  re- 
monter  )ufques  i  Sophocles  &  a  Hom^re.  On  verra  une 
poMe  tris-ferieufe  &  tr^-agreable  tout  enfemble ,  propre 
a  former  le  jugemem  pour  la  conduite  de  la  vie ,  &  pleine 
des  inftrudions  les  plus  n^ceflaires  i  ceux  pour  qui  elle  itoit 
£ute ;  c'e6ri'dire  de  leur  religion  &  de  rhiftoire  de  leur 
pays.  On  verra  la  meme  chofe  dans  Pindare  ,  &  dans  tous 
lesautres  Poetes  Grecs.  Les  Latins  n*ont  fait  que  lesimiter. 
U  eft  vrai  qu^Homire  &  Pindare  ,  qui  ont  fi  bien  entendu 
cet  art,  Tont  employi  a  fomenter  Tidol^trie ,  &  ji  fe  faire 
pafler  ,par  une  impofiure  criminelle  ,pour  des  hommesi  nf- 
pires  &  desProph^tes,  fans  parler  de  TimperfeSion  de  leur 
norale :  de  forte  quepour  trouver  une  poefie  pure ,  itablie 
fur  unfondement  foiide ,  oii  Ton  puiiTe  gouter  en  furet^  le 
plaifir  que  pcutdonner  le  langage  des  hommes ,  il  faut  re- 
monterjufques  aux  cantiques  de  Moyfe ,  de  David ,  &  des 
imres  vrais  Prophetes.  C*eft-Iik  qu*il  faut  prendre  la  v^ri- 
table  idee  de  la  poefie.ElIe  confifte ,  ce  me  femble ,  a  rendre 
agreables  &  touchantes  les  verit^s  les  plus  neceflaires  pour 
fbnner  ta  conduite  deshommes,  &  les  rendre  heureux  ,  & 
i  employer  pour  une  fin  fi  noble  tout  ce  que  Tefprit  hu- 
main  a  de  plusfort ,  de  pkis  fublime ,  de  pius  brillant,  tout 
ce  que  la  parole  a  de  plus  exprefllf  &  de  plus  propre ,  touc 
ce  que  le  fon  de  la  voix  a  de  plus  harmonieux  &  de  plus 
paffionne.  Ce  n*eft  donc  pas  un  jeu  d^enfans ,  &  c*eft  abu- 
ier  miferablement  de  ces  beaux  talens  ,  quand  Dieu  nous 
ks  donne,  que  de  ne  les  employer  qu*a  des  fujets  mauvais 
ou  inutiles.  On  devroit  plutot  travailler  i  r^concilier  le  bel 
efprit  avec  le  bon  fens ,  &  avec  la  vertu. 

11  ne  faudroit  pas  beaucoup  de  preceptes  de  poetique  k 


^16  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 

un  homine  qui  faurolt  ceux  d^  T^loqjence  :  il  n*y  auroij 
gii^res que  des  exceptions  i  donner » en  marquant  jufqHes  oii 
la  poefie  s'il^ve ,  &  ce  qu*elle  retranche  des  difcours  or- 
dinaires.  Le  plus  neceiTaire  feroit  de  montrer  les  diSerens 
cara£teres  de  fes  ouvrages.  Ce  que  c'eftqu*une  Ode ,  qu*une' 
Hymnt  y  une  £Ugie «  une  Eglogue ,  &  ainft  des  autres  ^  lesr 
r^glant  fur  les  mod^les  des  Anciens ,  principalement  de9 
Grecs,  &faifant  voir  comment  nou9  les  pouvons  imiter. 
Pour  les  r^gles  de  la  verfification ,  c'eft  une  aftaire  de  peu 
de  le^ons  ;  &  rexercice  feul  en  donne  la  facilite.  Je  neparle 
]K>int  ici  des  vers  Latins;  fi  Ton  en  (ait,  ce  fera  comme  un 
exercice  de  grammaire ,  pour  apprendre  la  quantit^  ,  & 
pour  avoir  plus  de  mots  a  choifir  en  compofant ;  &  je  ne' 
fai  fi  ce  profit  vaut  la  peine  que  donnent  les  vers  larinsw 
Mais  ceux  qui  veulent  pretendre  k  la  poefie  ,  doivent  sy 
exercer  en  leur  langue  ,  &  ^crire  pour  leur  nation.  Au  ref- 
te ,  )e  ne  voudrois  pas  d* re  que  la  poetique  (ut  une  connoif- 
fance  inutile  a  tous  ceux  qui  ne  font  pas  nis  Poetes ,  ou  qui 
ne  veulent  pas  exercer  ce  talent.  II  eft  bon  que  la  plupart 
des  honn^tes  gens  fachent  juger  de  la  poifie  par  les  virita- 
bles  principes ;  &  pour  cela  qu*ils  connoiifent  les  caradi* 
res  des  ouvrages,  &  les  exemples  des  Anciens.  Mais  je  ne^ 
puis  me  refoudre  a  mettre  cette  etude  entre  les  itudes  lesr 
plus  utiles  dont  j*ai  parl^  )ufqu'ici.  Je  la  mets  feulement  au 
rang  des  curioiites  louables ,  donc  )e  vais  faire  le  denom* 
brement. 

XXXin.  T  E  compterai  donc  pour  la  premi^re  de  ces  curiofit^slsr 
Etudes  cu-  J  poitique  en  thiorie,  &  lalefture  des  Poetes  anciens.  Ce 
•*'  n'eft  pas  que  quand  on  les  entend  bien  il  n*y  ait  a  profiter^ 
particuli^rement  des  Grecs;  maispour  leslireavecplaifir^ 
il  faut  favoir  fi  bien  leur  langue ,  leur  mythologie  &  leur? 
moeurs ,  que  rutiliti  ou  le  plaifir  qui  en  revient ,  ne  me 
femble  pas  digne  de  ce  travail :  vu  le  grand  nombre  de  con- 
noiflances  qui  nousfont  plus  neceifaires.  A  la  po^tique,  j^ 
joints  la  mufique ;  je  ne  dis  pasfeulementrexercice  de  chan^ 
ter ,  &  les  regles  pourconduire  la  voix,  mais  Tart  &  le^ 
principes  de  ces  r^gles.  J*y  joints  aufti  la  peinrure ,  le  def* 
iein,&  tousles  arts  qui  en  dependent.  Je  compte  encor^ 
pour  ^tudes  curieufes  toutes  les  mathematiques  qui  vont  au^- 
del^des  iieoieiis  d*arithmetique  &  de  geometrie.  J'y  com^ 


i? 


O  E  S    fi  T  U  D  E  S.  m 

(mndsla  perrpedive  &  roptique  >  raArononiie  Sc  la  theo* 
rie  des  pUneies,  la  chronologie  exafle,  la  recherche  dei 
sniiquiieStCOniDiedes  [nedailles&  des infcnpiions , la lec- 
turc  des  voyages,  T^ude  des  langues  ;  car  hors  le  Latin* 
le  rene  (t  peui  metire  au  rang  des  curiofites. 

Ce  n'eil  pas  que  le  Grec  ne  foit  fort  utile  i  tous  ceux 
«pii  veulent  bien  favoir  les  humanites,  &  principalcmeiU 
•ux  Ecclenaftiques.  L'Jtalien  &  rEfpagnol  ont  tant  de  rap* 
portau  Fran^is,que  pour  peu  que  nous ayons  de  genie 
pour  les  langues ,  nousne  devonspasles  negliger.  Pourles 
auires  langues  etrang^ies,  comme  TAnglois  &  rAilemand, 
il  n'y  a  que  ruitliic  particuli^re  qui  puiffe  en  compenfer  U 
difficulii.  Mus  la  curiofite  la  plus  dangereuCe  en  ce  genre  ^ 
«ft  cclle  des  laognes  orieniales.  Elle  daiie  la  vanitc ,  par  la 
fingulariic  &  le  prodige.  Outre  qu'e]Ie  marque  une  profon- 
de  ^rudition ,  parcc  que  Ton  n'apprend  d^ordinaire  ces  lan- 
gues,qu'apr^celles  qui  foni  plus  communes.  Maisapr^ 
tout ,  rutilit^  n'ea  eft  pas  alTez  grande  pour  le  temps  &  la 
peinequ'il  en  coute.  Comme  les  peuples  eniiers  profitent  du 
courage&dela  curiolitidcquelquepeu  de  Voyageurs  qia 
om  decouvert  les  pays  les  plus  eloigncs ,  &  du  iravail  de» 
narchandsquiy  iraliquenttousles  jours:  alnfiil  fuffit  qu^it 
y  ait  uo  petii  nombre  de  curieux  qui ,  par  leurs  iraduSions 
& leun  extraiis ,  oous  faflent  connoitre  les  tivresdes  Ara< 
bes ,  des  Pcrfans ,  &  des  autrcs  Orientaux.  La  curiofii^  vi 
plus  lotn  que  ritendue  de  la  m^moire ,  ou  meme  de  la  vie  ; 
&  entre  les  curieux  memes,  il  eft  i  fouhaiier  que  chacnn 
fe  borne  a  une  langue ,  pour  la  bien  favoir ,  ou  loui  au  plus 
i  deuxou  troisquiaiemgrandeh3ifonenfemble,pIu[6tqus 
4'en  connoitre  un  grand  nombre  imparfaitement. 

J'excepte  la  langue  hibraique,  pour  le  refpeft  de  Ticri- 
turefainte ,  qu'il  cfi  difficile  de  bien  entendre ,  fans  en  avoir 
quelqueteinture;& {'edimeuiile  i  reglire,qu'iIyaitt0U' 
jours  pluficurs  Eccleftafiiques  qui  la  fachent ,  quand  ce  ne 
feroit  que  pour  impofcr  filcncc  aux  her^iiqucs  qut  veulcnt 
s'cn  prevaloir ;  &  pour  travailler  i  h  converfiondesJuifs, 
daof  les  pays  oii  il  y  en  a.  Mais  hors  la  necclliie  dc  ceiie 
cootroverfe ,  je  ne  voudrois  pas  m^aniufer  a  jire  beaucoup 
ie  Rabins.llyaplusi  perdrequ'ag3gneracetie  etude.Ne 
noiis  laifloDS  pas  iromper  par  la  vaniie  dc  favoir  ce  quo 
fout  let  autrcs  ignorent :  voyons  a  quoi  il  fert  elTeflive: 


:iii     DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfeTHODE 

menc.  9il  y  avoit  quelque  chofe  d*utile  dans  les  Rabins  i 
ce  feroit  les  faits  &  la  tradition  des  anciennes  coutumes  de 
leur  nation  ;  maisils  fontla  plupart  fi  modernes,  qu*ileft 
bien  difficile  de  croire  qu'i!s  aient  conferv^  ces  traditions. 
II  n'y  en  a  gu^res  de  plusanciens  que  de  cinq  cents  ans ;  ainfi 
quandil  n*y  auroit  quemille  ansque  leTalmud  feroit  ecrit, 
il  y  a  toujours  plus  de  cinq  cents  ans,  ou  il  faut  que  ces  tra- 
ditions  fe  foientconferv^s ,  fans  ecrire  ce  qui  n'eft  gu^res 
vraifemblable.  Le  temps  &  le  ftyle  de  leurs  livres  femble 
montrer  qu'ils  n*ont  ecrit  que  par  emulation  des  Maho- 
xnetans.Cependant,  fi  queIqueparticulieravoitaflezd*incIi- 
nation  4  cette  forte  d'etude  pour  s'y  donner  tout  entier ,  |e 
voudrois  qu'il  s*attachat  au  Talmud ,  oii  Tontrouvera  fans 
doute  leurs  traditions  les  plus  anciennes  &  les  plus  utiles 
pour  connoitre  les  moeurs  des  Juifs ,  principalement  depuis 
le  retour  de  la  captivite ,  jufques  a  Tentiere  difperAon  fous 
les  Romains.  Mais  ce  travaii  eft  trop  p^nible  &  trop  ingrat 
pour  y  exciter  beaucoup  de  gens. 

Une  autre  etude  curieufe ,  qui  peut  a voir  de*grandes  uti- 
lites,  eft  la  theorie  des  arts  &  des  manufadures  diflerentes* 
Je  mets  en  ce  meme  rang  la  connoiflance  des  plantes ,  non- 
feulement  de  celles  qui  font  d*ufage ,  mais  de  tout  ce  qui  en 
a  ete  dit ,  &  ainfi  des  animaux  &  de  toute  Thiftoire  natu- 
relle  a  proportion;  les  experiences  de  chimie  ou  des  autres 
arts,  qui  ont  fait  decouvrir  de  nouveaux  fecrets ;  les  diSerens 
fyftemesquelesPhilofophes  ontinvent^s  pour  expliquerles 
effetsde  la  nature  ;  c*eft-a-dire  en  un  mot ,  toure  Tetendue 
de  la  phyfique.  J'appeIIe  tout  cela  Curiofite :  il  vaut  mieux 
s'y  occuper  que  dedemeurer  oifif,  ou  s*abandonnerau  jeu ; 
mais  il  faut  bienfegarder  de  fe  livrer  tellement  aux  curio- 
firis,  queronquittelesdevoirseflentielsdelavie,  quePon 
n^glige  lesaf&ires  &  les  ^tudesplus  utiles,  quoique  moins 
agreables,  &  que  Ton  fe  prive  de  Texercice  du  corps  qui 
entretient  la  fanti ,  ou  du  divertiiTement  neceifaire  pour  re- 
lacher  Tefprif ,  &  le  mettre  en  etat  de  s'appliquer  aux  cho- 
fes  utiles.  Ceft  cette  pafTion  de  curiofite ,  qui  nuit  le  plus 
aux  gens  de  lettres ,  quoique  d*ailleurs  elle  ferve  fouvent 
pour  mener  bien  loin  cerraines  connoiiTances.  Mais  il  fuffit 
pour  cela  de  quelquesparticuliersquis*y  laiflentemporter. 


Je 


D  E  S    fi  T  U  D  E  S.  tif 

JE  faU  grande  diflerence  entrcces  curiofit^  louables  &     xxxiW 
ljonncid'ell«  ra-imes,  &li.>s  etuJjs  mauvaifes  ou  tout-  Etuilei  inn- 
a-fjit  inuriks.  J'ainie  micujt  que  i'on  (erepofe.quedi;  cher-  •''*•' 
cherla  picrrephilo^bphalejj^aime  mieui  que  Ton  ne  fache 
rien.quedefavoirle  grand  oule  petit  artJe  RatmondLuU 
Icqui  iiefait  rtcnfavoiren  effct ,  &  fait  queTon  croittout 
favoir ,  parce  que  Ton  fait  des  alphdbets  &i  iic%  tjbles  ou 
ron  atrange,  fouscertains  muis  &  louscertaines  figures, 
desnotions  fi  generales.que  perfonne  re  les  ignore ,  md- 
tne  fans  eiude ,  mais  aulli  qui  ne  conduifcnt  a  rien.  Je  mets 
i  peu prts cn  ce  rang  lout  ce  qui  trompe  fous le  nom  de Phi- 
iofophit  \  la  phyiique  qui  ne  fait  poinr  connolire  la  nature, 
&  la  mitapliyfique  qui  ne  fen  poini  ii  eclairer  refprit ,  &  i 
fonderlet  grandsprincipes  desfciences. 

L'aftroIogie  jurliciaire  eft  eneore  plus  meprlfable  que  U 
niauvaife  philofophie ,  puifqu'elle  a  moins  d'apparence  de 
ratfon ;  &  clle  eft  bien  plus  dangereufe ,  puifqu'elle  a  pour 
but  de  coRtioitre  ravenir  ,  &  qu'elle  porte  ceux  qui  y 
croient  areglcrleur  conduite  fur  fet  lutnieres  irompeufes: 
malgre  les  defenfes  expreiTos  de  la  Loi  de  Dleu  qui  condam-  Dtau  «vlii. 
re  en  general  toure  foric  de  divination  ,  &  en  pariiculier  "■ 
la  crainte  des  fignes  du  ciel.  Cependanr  il  n'y  a  que  tropde  *  *'  *' 
gens  qui  s'en  (ailTent  enchanicr ;  &  peut-etrc  la  defenfe  y 
coniribue-t-ellc.  Car  ce  ne  font  pas  les  efprits  Ii;s  mieux 
faits,  ni  les  plus  gens  de  bien  qui  s'y  amufent.  II  eH  vrai 
({u'elle  n'cft  pas  criminelle  quand  on  la  ridutt  a  predira 
les  changemens  des  faifons ,  &  loui  ce  qui  depend  du  moU- 
\ement  de  U  maciere ;  mais  en  ce!a  mdme  elle  cft  faulte  & 
iropeninente,puifqu'clle  raifonne  furdes  princrpes  etablis 
d  fantatCc,  &  qui  n'ont  aucun  fondemcnt  fur  la  raifon  ou 
fur  resperience,  ni  aucune  liaifon  avec  les  confijquenecs 
quc  Ton  cntire.  Telle  eft  encore  la  chiromincie  qui  s'ar- 
rSteauxlignesdudedansdes  mains;  &  jene  fjispourquoi 
oiin'apasau(riraifonne  fur  celle  despieds,  fi  ce  n'eft  par- 
ce  qu'Ll  n'eft  pas  fi  commode  d'y  regarder. 

Ce  font  des  reftes  des  ani:iennes  fuperftitions :  car  toute 
la  divination  des  payens  6ioii  de  cette  naiurc.  Ils  obfer-  .Topli  (SW/ 
voient  les  dirers  mouvemens  de  !a  flamme  allumej  fur  un  'J"'* 
autel ,  c«  qu'ils  nommoicnt  PynKnjncU ;  ils  teg.irJoient  la 
coflfonnaKon  &  rarrangtaiMt  de>  eotnillcs  de  leurs  vidi- 
Tmm  lU  H 


71*  DU  CHOIX  ET  DE  LA  MfiTHODE 
mts,  &  c'etotif'an(lesanirptces:  lesaugtiresobrerroieirf 
1«  vol  iles  oilcauz,  Icur  chaor,  leur  maiiiere  de  manger : 
d'auiref  devins  oblervoient  lei  prodiges ,  foit  quela  namre 
en  produisii  etf^^vement ,  foit  qu'lls  ti&ni  vatoir  cetiui  n'^ 
toit  pai  fort  cxtrtiordinaire,  carla  luperffition  faifoit  preo- 
dregarHea  toui;  fil'onavoitrencontreuncbiennoir,lioo 
avoit  irouveunferpent,!!  i'ofl  setoii  chau£e  detravers, 
&  milleauires  accitlens  lendtlables,  k  quoi  nous  aucioi» 
Thtophr.  ptine  a  croire  que  Ton  fe  lut  arrete,  11  Les  livres  des  Ai^ 
CharaH.  /«-  cfEn«  ti'cr  faifotent  foi ,  &  11  nous  n'en  voyions  encore  de» 
^Terat  ^^^^-  "  y  *n  avoit  qui  expliquoieni  les  fongcs  ;  cl'aiitre» 
ncrm.  «fl,  qui  diHinguoient  les  jours  heureur  &  maUieuroix.  Une  tn- 
^•fi-  4*  finite  de  gens  vivoient  de  ce  metier  dedeviner.il  yenarott 
nne  inlinite  de  livres  ;  c'etoit  une  etude  tres-longue  &  tres* 
(fiflicile.  Car  comme  elle  n'etoit  fondee  que  fur  ropimoii 
des  hommes,  &  fur  de  pretendues  ezperiences,  eUe  nepou- 
voit  avoir  rien  de  cenain.  Cet  art  de  divination  fe  foute- 
nott,  comme  le  refle  de  Tidol&irie ,  par  le  refpefl  de  1'an.- 
tiquite,cariletoiiir^s-3ncien  dans  le  moiide.  Les  Homatns 
&  les  Crecs  ravoient  appris  des  Egyptiens ,  des  Chaldecns 
&  desanrresOrientauT ,  &  la  religion  rauiorifott.  Le  Ctuif- 
tiantfme  i'avoit  entierement  decrie ;  mais  les  Mahoineiaia 
&  les  /uifs  ont  recueilli  avec  grand  foin  ce  qui  ea  refloitB 
&  dans  les  livres,  &  daus  la  memoire  des  hammes:  ilsy 
(oM  fort  adonnes  encore  aujourd^hui ,  8i  les  Indlens  idoIS- 
tres  encore  plus.  Entre  les  naiions  Chretiennes ,  celles  qui 
ont  le  plus  de  croyance  a  ces  impo&ires ,  font  ceUes  qui 
cultivent  le  moins  les  bonnes  lertres,  car  rien  a'edphis 
propre  k  en  d^fabufer  que  Titude  de  la  phyHque  St  de  la 
▼raie  aftronomie. 

II  faot  encore  compter  entrc  le»  etudes  pemicieufes^ 
tout  ce  qui  s'appe!le  Magu ,  tneme  naiurelle ,  8e  que  Ton  Ciit 
confilTer  dans  des  fympathies  &  des  rapports  enire  certains 
fiombres,  certaines  figures  &  cerrains  corps  nanirels ;  encre 
les  allrcs  &  les  metaux  ou  les  plantes,  ou  ks  parties  du 
eofpshiimain;enun  mot,  toutes  lesreveriesde  la  Cabaie. 
Jenensau(7tqu'ileflindigne  d'un  honn^te  homme  d^appren- 
i  jouer  des  gobelet*,  ou  a  faire  de  ces  rours  d'adre(!e  qul 
fomadmirerlescharlatans.  Pouriesbienfaire,  il  fauiyetre 
fort  eterce,&  lc  plaifir  que  Tonen  tire,ne  peui  jamaisvalotr 
I»  KiDps  qtw  roay  owL  i'eq  (Urns  volofltieri  autam  de  tous 


t>ES    fitUDES.  »|y 

icst™xredentaires(]uidenian(lentuneidleappliC3tion,quV 
pris  y  avoir  joue  quelque  lemps ,  la  t^te  en  ed  fjti(i;u^e ; 
carcefontd'«rangesdivertiffemensque  ceuiaprcs  lelquels 
on 3  befoin  de fe  divertir  La  gloire  de  bien  jouer  aux echecSj 
ne  vaui  pas,  ce  me  femble,  cette  applitation,  qui,  itant 
bien  employee,  pourroii  nous  acquerir  dcs  connoiffances 
folides;  SiSi  ceus  qulontdc  rcfprit  &  dii  loiftr  donnoient 
a  qtielquc  efpece  d'etude,  felon  leurgoiit,  une  pariie  de 
cc  grand  temps  qu'il  faui  donner  aux  jeiix  pour  les  favoir 
en  pcrfefiion ,  il  leur  en  refleroit  plus  d'uiiliie  &  peut  ^ire 
ne  Uifferoient-iU  pas  d'avoir  du  phifir.  Les  ancierts  Grecs 
&  les  anciens  Romains  ne  laiffoient  pas  de  vivre  agreable- 
nent,  iouani  beaucoup  moins  &  donnani  beaucoup  plus  a 
la  converfation  &  a  la  ledure.  Mais  la  coutume  rempone^ 
&  ron  jotie  plus  pat  iuterSt  que  par  plaifir. 

APRts  avoif  parcouru  toutes  les  ciudes  ou  Ton  peut  XXXV, 
i'appliquerpendaatla  jeuneire,avantd'etre  determine  Ordre  det 
i  une  profcflion  ,  jc  crois  neceflaire  de  marquer  a  quel  3ge  . '"  |"  j'  "" 
je  voudrois  les  placcr  ,  &  coi.'^inen[  on  pourroii  menager 
liMii  le  tcmpsdepuis  la  plus  lendre  enfance  ,  jufqu'au  teinps 
d^entrCT  dans  le  monde  &  dans  les  affai.-es.  Premi^remeni, 
il  d^i  y  avoir  toujours  plufieurs  eiudet  qui  r^gnent  cn 
n^nK  teinps. /c  Tai  marqje  en  divers  endroiis  de  ce  dtf- 
coun,  comme  quand  j'ai  dit  que  la  morale,  la  logique^ 
]*h:lloire,  reconomique  devoient  commencer  ,  fitut  qu'uii 
enfjnt  eflcapable  d^entendre  ce  quon  lui  dir :  quoiqu'it 
faille,  felon  lei  iges,  y  gdrder  de«  meihodes  liien  diffe- 
fenies.  J'ai  parli de meme, a proportion,  de la Grammaire^ 
de  rArithineiique ,  de  la  Juriiprudcnce  &  Ae  h  Rhetoriquc,- 
&  il  faut  rcniendre  des  auires  eiude»  &  des  eter^ices  dii 
corpf  qui  doiventfe  faireaudien  memciemp!i.  Quefiquel- 
<]u'iin  s'eo  cronne  ,  je  le  prie  de  cor.fiJerer  que  !es  enfdn* 
^iOent  cn  mime  leraps  par  Tame  &  par  le  corps ,  &  par  les 
diverfcs &culiei dc  Tame  que  Ton  culiive  par  ces  differen- 
(eseiudes.  lls  eiercent  lout  cnfemble  la  volome ,  la  raifon ,- 
la  mcDioire  ,  rimaginaiion.  Si  on  fepare  les  eiudes ,  il  ell  ii: 
craindre  que  les  mceurs  ne  fe  corrompeni,  tandis  que  ron 
ne  caltiveraque  fa  m^moirci  &  que  pendant  que  Ton  s'oc- 
cupe au  langage ,  le  raifonnemeni  ne  s'e^are.  II fer.i  tron  lard 
tj  nTCiRr  quand  las  iMavaires  babiiudi;s  fi:ront  fomMS* 


,-l::.,.  p„  ;.  r.,. 


DES    feTUDES.  117 

II  reroit  temps  3  douze  ans  de  travailler  a  former  le  juge- 
■nent,  &  aconduire  larairon  par  la  Iogique,accoutumant 
sj  bicn  divifer  &  a  bien  definir ,  &  a  faire  des  refl>:xions  fur 
ibs  pi^nii^es.  Ced  autn  le  tcmps  d'apprendre  les  demonftra- 
tions  dt  la  geomeirie ,  &  dcs  autres  pyties  dc  maihemati- 
ques  que  lccolier  doiifavoir.  D'ailleurs,  il  faut  le  frfire 
bcaucoup  lire,  &  1'exercer  k  juger  dcs  Autcurs  ,  &  il  faut 
commencer  alors,  ou  plutdt,  s'ilfe  peut,  a  expliqucrles 
tcrmes&lei  principales  maximes  de  la  juriCprudence.  A 
quinze  ans,  fi  vous  n'etes  prefTe,  il  fcra  alTuz  tflt  d'enfei- 
gner  la  rhetorique  ,  quoique  vous  puilliez  dos  auparavant 
^prouver  le  genie  de  votie  difciple  par  diverfes  petites com- 
pofitions ,  en  rexcr^ant  a  la grammaire ,  &  lui  faifant  redi- 
ger  let  hifl(»rcs  i]u'il  doit  le  mieux  favoir ;  ellcs  lui  forme- 
root  toujours  le  ftyle.  Cefl  aulTi  cbns  ces  dernieres  annces. 
des  etudes,  qu'il  doif  apprendre  pllis  exaflemcnt  ce  qu'il 
n'aura  fait  encore  qu'eb3ucher ,  comme  la  juiifprudcnce  & 
la  policique ,  sll  eft  de  condition  a  s'en  ri;rvir ,  &  la  morale 
qu'i[  luiflUtClireapprofondir,  t'il  cflpoflible  ,  jurqiiesaux 
premiers  principes.  On  peut  encore  referver  3  ceite  fin  dcs 
ctudes,  celles  qui  tiennent  plus  de  lacurioliic,  comme  I2 
poefie ,  la  phyfique ,  TaHronomie ,  afin  d'y  donner  plus  ou 
inoiils  felon  le  loifir  &  rinclinaiion.  Voila  Tordre  de  mena- 
ger  les  eiudes  felon  les  ^ges ,  qui  nie  femble  le  plus  commo- 
de :  je  lai  bien  qu'il  cH  impolTible  d'en  prefcrire  un  qul  con- 
Vienitei  tous les enfans ,  &  quilpeut  y  avoir  detrcs-gran- 
des  differences  par  la  diverfite  des  efpriis  qui  $'jvanccnt 
plusou  moins;  des  condiiions  qui  donn-^nt  pjus  ou  motn& 
deloifir,  &  demandent  plusou  moins  d^ctudes;  enfin,de 
b fame & des rencontrcs dc la vie  :  mais jai  cru qu'il ne fe- 
Toit  pas  inutilc  d'en  tracer  groiricrcmeni  un  pLn,  fur  le- 
quclonpijt  prendre  fes  mefutcs  z  peu  pres. 

IL  eft  encore  n^eSaire  de  m'expliquer  fur  les  etudes  des     jfvvyf 
filles.dont  i'ai  touche  quelque  chofc  en  divers  endroiis.  Ettdc*    lUg 
Ce  fera  fans  doute  un  grand   paraJoxe,  qu'eI1esdoiven(  tcmiBctt 
apprendre  autre  chofe  que  leur  caitchifme,  lacouiure  & 
divers  pcrits  ouvrages ;  chanier,  danfer ,  &  s'hdbiller  a  la 
mode,  fairc  bien  la  rcverencc,  &  pariec  civili^ment ;  car 
voila  cn  quoi  ron  falt  conGllcr,  pour  rordinaire,  toute 
kur  educatioa.  11  ell  vroi  qu'elle$  n'oni  pas  bdoin  de  la. 

Hiij 


:.  V  '  E  :"  !  ->oi: 


■.r.i    I' ;  icnci:i 


-.J-»,.,.r   f..;..:rf^i';;ii:-    jl  -& 


N 


D  ES    fe  T  U  D  E  S;  ii^ 

flonc  tT^tmpomnt  qu'elles  connoifTeiit  de  bonne  heure 
la  religion  auffi  folide  ,  auffi  grande  ,  auffi  ferieufe  quVlle 
c(l :  nuis  Ti  elles  foni  favanies ,  il  ell  i  craindre  qu'elles  ne  - 
veuillent  dogmatifer ,  &  qu'e]Ie$  ne  donnent  dans  les  nou- 
velles  opinioDS ,  s^il  s'en  trouve  de  leur  temps.  II  faut  doac 
fe  contentcr  de  leur  apprendre  les  dogmes  communs ,  fans 
cntrcr  daos  b  thiologie ,  &  travailler  fur-tout  i  la  moralct 
leurinfpirant  les  vemisquileurconviennentleplus,  coni- 
me  la  douceur  &  la  modellie ,  la  foumiHion ,  ramour  de  Ii 
remite  ,  rhumilit^ ,  &  celles  dont  leur  tempirament  let 
^oigne  le  plus ,  comme  la  forcc ,  la  fermet^  ,  la  patienc& 
Pour  1'efpht,  il  faut  les  exercer  de  bonne  heure  i  penfer 
de  fuite ,  &  i  raifonner  folidement  fur  les  fujets  ordinairei 
«{ui  peuvent  ^trc  i  leur  ufage ;  leur  apprenant  le  plus  eflen- 
tiel  de  la  k^que ,  fans  les  charger  de  grands  mois  qui  puif- 
fcnt  donner  mariire  i  la  vaniti.  Pour  le  corps ,  il  n'y  a 
gu^res d'esercices  qui  leur  conviennent,  que  de  mrircher ; 
maisiouslespreceptcsdefantique  j'at  marquis  leurcon- 
viennent,  &  cefontellesqui  enonileplusdebefoin.puif- 
({u'elles  font  les  plus  fujettes  a  fe  flatter  en  cetie  matiire  & 
i  fe  6urc  honneur  de  leurs  [naladies  &  de  leurs  foiblefles.  Lx 
fanti  &  la  vigueur  des  femmes  ell  imporianie  i  tout  le 
Dionde ,  puifqu'elles  font  les  m^res  des  gar^ns ,  aufli-bicn 
que  des  filles.  U  eft  bon  aufli  qu'elles  fachent  les  rem^des  les 
plus  fadles  des  maux  ordinaires ;  car  elles  foni  ibrt  pro- 
pres  k  les  pr^arer  dans  les  maifons ,  &  i  prendre  foio  dei 
malades.  La  grafninaire  ne  confiAera  pour  elles  qu'a  lire  & 
ecrire,  &  compofer  correflement  en  fran^ois  une  lettre , 
un  m^oire,  oa  quelque  autre  pi^ce  a  leur  ufage.  L'ariih- 
mettque  pratiquc  leur  fuffit ,  mais  elle  ne  leur  cA  pas  moins 
neceflaire  qu'auKhommes,  &  ellesont  encore  plusbefoia 
dc  reconomique ,  puifqu^elles  font  dcAin^es  i  s'y  appliquer 
davantage,  au  inoins  i  entrer  plus  dans  le  ditail.  Aufli  a-t-oii 
aflez  de  foin  de  les  inflruire  du  menage ;  mais  il  feroita  fou- 
haiter  qu^il  y  cmr^  un  peu  plus  de  raifon  &  de  r^flexion , 
pour  reinedier  i  deux  maux  tr^-communs,  la  petiidfe  d'ef- 
prit  &  Tavance  dans  lcs  femmes  mcnageres ,  &  d'un  autre 
coiela  faineantife&  le  dedain,  dans  cellesqui  pretendent 
aubeleipril.il  ferviroit  bcaucoupdc  leur  fjire  comprcndre 
<le  bonne  heuTe,  que  laplusdigneoccupation  d'unefem- 
ac  e&k  foia  de  tout  le  dedAos  d'uae  maifon,  pourw 
Hiv 


^ 


XXXVIT, 


mo    DU  CHOIX  ET  DE  LA  MtTHODE 

qu^elle  ne  fafle  pas  trop  de  cas  de  ce  qui  ne  va  qu  ^  rinte-^ 
ret,  &qu'elle  fachemettre  chaque  chofe  en  fon  rang. 

Quoique  lesafiaires  du  dehors  regardent  principalement 
les  hommes ,  il  eft  impoflible  que  les  femmes  n'y  aient  fou* 
vcnt  part ,  &  quelquefois  elles  s'en  trouvent  entieremenc 
chargces,  comme  quand  elles  font  veuves.  II  ed  donc  en-* 
core  neceflaire  de  leur  apprendre  la  jurifprudence,  telle  que 
je  Tai  marquee  pour  tout  le  monde ,  c*eA-a-dire  qu'elles  en- 
tendentles  termes  communs  desafTciires,  &  qu  elles  fachent 
les  grandes  maximes;  en  un  mot ,  qu'eiles  foient  capables 
de  prendre  confeil ;  &  cette  in{lru6kion  eft  d'autant  plusni- 
ce^ire  en  France ,  que  lcs  femmes  ne  font  point  en  tutelle, 
&  peuvent  avoir  de  grands  biens ,  dont  elles  foient  les  mai- 
treffes  abfolucs.  klles  fe  peuvent  pafTer  de  tout  le  refle  des 
etudes ,  du  Latin  &  des  autres  langues ,  de  rhiAoire,  des 
mathematiques ,  de  la  poefie ,  &  de  toures  les  autres  curio* 
fites.  Elles  ne  font  point  deftinees  aux  emplois  qui  rendent 
ces  etudes  neceiTaires  ou  utiles,  &  plufieurs  en  tireroienc 
de  la  vanite  ;  il  vaudroit  mieux  toutefois  qu'elles  y  em« 
pIoyafTent  les  heures  de  leur  loifir ,  qu'a  lire  des  romans, 
a  jouer  ou  parler  de  leurs  juppes  &  de  leurs  rubans, 

JE  penfe  avoir  fuffifamment  expllque  toutes  les  ^tudes 
que  Ton  doit  faire  en  jeunefTe  ,  &  qui  conviennent  k 
toutes  fortes  de  perfonnes  de  run&  deTautre  fexe;  m^in- 
tenant  il  faur  parler  de  celles  qui  font  particulieres  a  ceux 
de  diverfes  profeiTions ;  rapportant  tout  aux  trois  princi- 
pales ,  TEglife  ,  Tepee  &  la  robe.  Un  Ecclefiaftique  eft  def- 
tine  a  inftruire  les  autres  de  la  religion ,  &  a  leur  perfua- 
der  la  vertu.  11  doit  donc  favoir  trois  chofes ,  les  myfteres 
de  la  foi ,  la  morale ,  la  maniere  de  les  enfeigner.  Sa  prin- 
cipale  eiude  doit  etre  TEcriture  fainte.  Qu'il  commence  i 
la  lire  dcs  renfjnce,&  qu'il  continue  cette  lefturefi  af- 
fulument  pendant  toute  fa  vie  ,  que  tout  le  Texte  facre 
lui  foit  extremement  famiiier ,  &  qu'iln*y  ait  aucun  endroit 
quMl  ne  reconnoiife  aulTitot.  Quand  il  Tapprendroit  tout 
par  coeur  ,  il  ne  feroit  que  ce  qui  etoit  affez  commun  dans 
les  premiers  temps  de  rEglife  rtieme  entre  les  laiques. 

Cette leftifrcaffidue de i'Ecriture fervira d'un bon  Com- 
mentaire  ,  pourvu  que  vous  n'y  cherchiei;  d^abord  que  le 
Um  litteral ,  qui  s^ofFrira  naturellement  a  Tefprit ,  fans 


t)  E  S    £  T  U  D  E  5.  txi 

Vous  arriter  aui  difGcuItes.  Voiu  y  irouverez  toujours 
affez  de  verites  claires  pour  votre  edilication  &  pour 
cellc 6cs auires.  AprcS  avoir  lu  aiteiitivemcnt touie  la  rainte 
Ecriture  de  fuiie  fans  rien  putler  ;  quand  vous  vienilrez  a 
la  reIire,unebonneparTiede  vos<liificui(e>s'cvanouiront. 
Llles  diminueronr  encore  a  la  troifi^me  lt;fiure;&  plus 
vous  la  lirez.plus  vousy  verrez  cbir  ,  pourvu  que  vousU 
lificz  avec  refpef)  &  foumiHion , confidcrant  que  ccA  Dicu 
nemequivousparle.  Le  CMichifxTu  Hifiariqut  pourrafaciliier 
la  lefhire  de  rEcriture  fainte  a  ceux  qui  comnienccnt ,  pour 
dilcerner  les  endroiis  ies  plus  imponan^ ,  &  qui  doivent  le 
plusetrcme>liies.LeTraiiei/M  Maursdci  IfraeiiiescAcommi 
un  Commentairc  general,  qui  t^ve  plufieurs  difficuitcs  Ut- 
terales.PourIes  fens  fpirituels  de  i'£criiure ,  il  f.mi  lesreche- 
cher  fotirement :  s'arretant  premicremeni  a  ceux  qui  font 
marques  dans  rEcriture  memc ,  &  enfuite  a  ceux  que  nous 
apprenons  par  la  tradition  ,  je  veux  dirc  par  les  temoigna-, 
ges  des  Peres  les  plus  uniformes  &  les  plus  anciens. 

Un  Eccleriafiique  doit  eviter  les  deux  extremites  ;  d'e< 
tudier  irop  ou  trop  peu.  II  y  en  a  plufieurs  qui  croient  n'a- 
voir  plus  ricn  a  faire  apres  rOilice  &  la  MdTe  :  fi  ce  n'eft 
qu'ils  aient  un  benelice  a  ehargc  d'aiiies  ,  encore  s'en 
croicnt-its  quiites  ,  en  fatisfaifant  aux  devoirs  les  plus  pref- 
fans.  Mais  nous  ne  devons  point  etre  en  repos ,  tant  qu'tl 
y  aura  det  ignorans  i  inlTruire ,  &  des  pectieurs  a  convcr- 
ttr.  Ceux  doncqui  n'ont  pas  de  grands  laL-ns  naturels  ,  ni 
de  grandes  commodites  pour  t-iudier ,  qui  nunqueni  de  Ii> 
vres  &  dc  Maitres ,  commc  a  la  campagiie  &  dans  lcs  pro< 
vinces  eloignees ,  doivcnt  s'appliqiier  a  bien  favoir  lcscho* 
les  eir<:ntielles  &  communes.  Fuiru  lc  caidchifme ,  qui  n'eft 
pas  une  fo.nflion  fi  facile  que  plufiuurs  penfent ,  &  qui  eft 
la  plus  importame  de  toutes  ,  piiifquc  ^'cll  lc  fundcment 
dc  la  religion  ,  faire  des  proncs  &  dcs  cxhortaiions  fami- 
lieres ,  proporiionnues  a  la  capacitc  dcs  juditeurs ,  ouir  des 
COnfelGons  &donner  des  avis  faluiaircs.  Vn  prctre  ver- 
tucux  &  zclc  peut  5'acquiitcr  dc  tout  ccla  fdns  auirc  lec- 
lure  que  de  rtlcriiurc  faiute  ,  du  Catechifme  du  Concile  de 
Trentc,  des  Inllruftions  de  fon  Riiucl ,  dc  quclqucs  Ser- 
mons  dc  faint  AuguOin ,  ou  dc  qu>:!quc  autre  ii^  rc  moral 
dc*  Pcrcs ,  qui  lui  lombcra  cntrc  lcs  mains.  Voila  ce  quc  ron 
f  cut  appcler  l^  nice^uire  ,iin  n)aiLcred't:iudcs  uftlCliaftiquet. 


ti2  DU  CHOIX  ET  DE  LA  M^THODE 

Ceux  qui  ont  du  loifir ,  &  qui  fe  trouvenr  au  milieu  d€9 
livres  &  des  cofnmodit^  d*etudier ,  doivent  etre  en  garde 
contre  la  curiofite.  Le  meilleur  prefervatif,  ce  me  femble» 
cft  de  confiderer  de  bonne  heure  toute  T^tendue  de  notre 
profefTion  ,  &  toutes  les  connoifTances  qu*elle  demande« 
Vn  Ecclefiaftique  habile  doit  etre  capable  de  prouver  la 
religion  aux  libertins  &  aux  infidelles ,  &  par  confequent 
il  doit  favoir  tr^s-bien  la  logique  &  la  metaphyfique ,  telles 
que  je  les  ai  reprefent^s,  afin  de  montrer  par  des  raifon- 
nemens  folides  comment  tout  homme  de  bon  fens  doit  fe 
rendre  a  Tautorite  de  TEglife.  II  doit  auffi  pouvoir  difen* 
dre  la  religion  contre  les  her^tiques ,  &  pour  cet  effet ,  fa-. 
voir  les  preuves  pofitives  de  chaque  article  de  notre 
creance ,  tirees  de  l*£criture ,  des  Conciles,  ou  des  P^res. 
11  faut  qu*il  fache  Thiftoire  ecclefiaftique  ;  qu'il  fache  le 
droit  canonique ;  je  ne  dis  pas  feulement  la  pratique  b^- 
fieficiale ,  ni  ce  qu*il  y  a  de  curieux  dans  les  anciens  ca- 
nons  9  mais  les  veritables  regles  de  la  difcipline  ecclefiaf* 
tique ;  fur  quoi  eft  fonde  ce  qui  fe  pratique ,  &  comment 
ce  qui  ne  fe  pratique  plus  s*eft  aboli.  Qu*il  connoifle  la 
morale  Chretienne  dans  toute  fon  etendue  ;  qu*il  ne  fe 
renferme  pas  a  favoir  les  decifions  des  Cafuiftes  modernes , 
fur  ce  qui  eft  peche ,  &  fur  ce  qui  ne  Teft  pas ;  qu*il  voie 
comment  les  anciens  en  ont  juge  ;  &  qu'il  voie  auffi  la 
methode  qu^ils  ont  enfeignee ,  pour  avancer  dans  la  vertu , 
&  pour  conduire  les  ames  a  ia  perfeSion.  Ceft  ce  qu'il 
trouvera  dans  Caflien  &  dans  les  r^gles  monaftiques.  On 
doit  faire  grand  cas  de  ces  Ouvrages ,  qui  font  le  fruit  des 
experiences  de  tant  de  Saints.  Enfin  il  faut  qu'il  fache  les 
cer^monies  de  TOfEce  public  ,  &  de  radminiftration  des 
facremens  ;  &  la  pratique  de  toutes  les  fon6tions  eccl^fiaf- 
tiques  :  mais  cette  ^tude  confifte  moins  dans  la  Ie£hjre  des 
livres  que  dans  Tobfervation  de  la  tradition  vivante. 
Quand  on  a  une  fois  les  grands  principes  que  donne  la 
lefiure  de  TEcriture  &  des  P^res  ,  on  s*inftruit  beaucoup 
en  voyant  travailler  les  autres ,  &  en  travaillant  avec  eux. 

Comme  un  Ecclefiaftique  eft  deftine  a  inftruire  les  au- 
tres ,  ce  n*eft  pas  aflez  qu'il  fache  tout  ce  qiie  j*ai  dit :  il 
doit  favoir  parler  &  perfuader.  II  a  donc  befoin  de  cette 
forte  diale£lique  &  de  cette  eloquence  folide  dont  j*ai 
parle.  Car  >  il  ne  faut  pas  s*y  tromper » un  bomme  fkns  ta^ 


DES    6TUDEK  115 

lent  n*eft  pai  propre  pour  le  mtniflere  de  rEglife.  Un  bon 
Frerre  n'ell  pas  reulemeni  un  honune  qui  prie  Dieu  ,&  mene 
une  vie  innocenie  ;  ee  rcroii  tout  au  plus  un  bon  Motne. 
II eii  Preirc  pour  ainiler  les autres ; &  comme  on  ne  nomme 
ton  MiJrcin  que  celui  <]ui  gu^rii  beaucoup  des  maladei,  on 
ne  devroii  nommer  Bon  Priire  que  celui  qui  convenit  beau> 
<oup  de  pecheurs.  Je  ne  dis  pas  qu*il  ne  doive  point  y  avoir 
des  Pretres  qui  n'aient  refprit  brilbnt ,  la  m^moire  heu< 
reufe  ,  la  voix  belle  ,  &  \es  autres  qualit^s  qui  font  ordi- 
oairemeni  paroiire  les  Predicaieurs ,  maisje  rouhaitertHS 
qu^il  n'y  en  eut  point ,  qui  n'eijt  lc  jugement  roiide  8i  le 
raifonnemetu  droii;  &  qui  ne  fut  inAruire  &  exhorter  en 
public  &  en  paniculiec ,  3vec  toute  la  douceur  St  toute  U 
forcc  que  denunde  la  diverfite  des  fujets  &  des  perfonnes: 
en  tin  inot,qui  n'eiit  quelque  rayon  deceiie  iloquence 
apoHoIique ,  dont  nous  voyons  danc  S.  Paul  le  parfait  mo- 
delc.  Un  EccleTiaftique  k  qui  tant  de  connoiflances  font 
nicellaires ,  ne  doii  donc  pas  perdre  le  temps  i  Ae$  eiudes 
profanes ,  ou  i  des  curiofii^  inutiles.  II  doic  meme  ufer 
d'un  grand  choix  dans  les  etudes  de  fa  profcHion.  Qu'il  n« 
«lonne  pas  trop  de  temps  i  ces  grandt  Commentaires  fur 
rccriture ,  dont  la  vue  feule  ^pouvante  par  la  grolleur  & 
la  muliitude  des  volumes,  &  faii  deferpercr  de  jjmais  en- 
tendre  le  te«e.  Qu'i]  ne  s^amufe  pas  i  des  fpeculationt 
inuiiles,  &  a  de  vaines  chicanes  de  fcolallique.  Qu'il  ne 
fe  laifle  pas  cmponcr  a  b  criiique  des  faiis  &  3  la  re- 
cherche  irop  curieufe  des  aniiquiies  eccJefiaftiques :  car  il 
a  tous  ces  ^cueih  i  ^viier  ,  meme  dans  les  etudes  qui  lui 
conviennent.  II  doii  touiours  fe  fouvenir  que  la  religion 
Chretienne  n'e(l  pas  un  ari  ou  une  fcience  humaine ,  oii 
il  foit  permis  i  chacun  de  chercher  &  d'invenicr :  qu'il  ne 
c'agit  que  de  recueillir  &  de  conferver  fideJlement  la  ira- 
diiion  dc  rEglife.  II  doii  mediter  aitentivemeni  les  regles 
^uc  (aint  Paul  donne  a  Timothec  &  i  Tiie  ,  conirc  les  i.  T 
quellions  curicufes  ;  pour  ^viier  les  vaines  difputes,  &  " -j 
fKKir  tout  rapponer  a  I3  charite.  Ainli  il  s'attachera  aux  ,'^  ' 
^des  les  plus  n^ceflaires  &  qui  voni  le  plus  i  la  pratique.  r» . 
Car  un  ecclefiaftique  nc  doit  pas  eire  un  favant  dc  pro-  *'■ 
fellion.  qui  patre  fa  vie  dans  fon  cabinci  a  citidier  ou  ii  '  * 
^ompofer  des  livres ,  il  doit  etre  hommc  d'a<^ion ,  &  fur- 
tS>}tt  i^f^iPS  4'Draift)n^  ce  Ipnt  Ips  dc\ix  paities  de  U  vic 


:.;j.;:;;i:r:,  ocl"' 


:,..tiJi4H:t.iSi 


':ii:...'.i  M.iufii  i:i::im  k 


..;■  iiviiimK  ei-  ■ji    fcTj: 
t    ;"i   cl:  ni-.;i-nan: , 

.  '.  -.■:  :!r.ii:iii:<~amt  it 
: :  :  ■.;■    iii  :-_-n-j;itnii 


H ^..i-"''-''.,-!'^'"'-"'' 


I.  ...^'  :r  ''  iiivtr,  csriun 
c  I'uii  !<:  fjit  [janier  cuns: 


D  r  5   I  T  r  r>  r  ^.  •.•.? 

f '.i.J.r  k  .-rt  aL  ri.-^ .  i:  ns  a.^uit  m'  ct. ..  r"j  ca:  licau- 
e:-r  7 ._;  :a  ekb  l  lyej  q^.  siindL:::;  T  s.uif .  i.'.!i.f-(".icnt 

Ci\&zi.  ^cuE  7icn:yr^^ii .  ?:»:x£  ^  .;  >;..fjr ,  rs  p-.iajc 
q«  ds*  K>rr...T£-i  b-L-rs-i.  i:  j.ss-  ii:-':-jii_!^  ^  M.Te 

{eat  ^epe£  £::=■£  Iffs,  iL^jS; ,  ii  Lkt;-  .  :■  jj  i.-ic.:>7C  ^xm 
ia  coaatoi::^  ;;=*  vrj-Ei:»  q.ir  pa.::  ii  jrc:^r;  .  ;'d:  jv»a^ 
qnoijsvoudrrii^-jle  i;;iljn:  pErljT .  i:3o=  t  =jr;=:"nc.T;» 
4u  iDO(tB numsr.  Ott:  fsiii:  Isr^r-c  pKi:  ^on:..i:rc  i.::^ 
loia  le  Norf  ,  i  t  i  r.:  T:?:;  :i  f  -Js^i  aijrr;^.  L  e5  :ox£- 
fob  tTd»-bra  g;.1is  ;'iu'nen  7.ti!=r.^i.  ^  ii  p*.:::Ji:  r-' j 
l'appre3i-?=:  ira  ie  r>£^r.=--  Quirii  ^ij  :'i;r-i-;5i  b'c=  ie 
Larin,  ii  ^:prrairc:;i  l".  sssr.:  IlrLler.  6:  IXriapna;, 
ai-i;,  ea  tjiji:^.!:  pays  i^^'.'s  'z.srz  =;»,  i^  .prri.-iircr:! 
lct  lacgua  V3;ii.ie£  'es  f.i-i  r,=;i;i.;res.  l.<  £^1;%-;:::  uv^lr 
be^ucoup  c-aiicires ;  rzr.::q-.:e  pou:  v^ir  '.of  e«— .p!.^  de» 
graniic2piiai3e*CreciCjRc=:3:ns,  &  p^.T  cc.~j;riTri  ic 
plus  endjnaii  c^S.lipO'.irr:>r.-.  czr.2  i'.'c.^7:ni  m"::iireS;«t 
an  de  !a  guerre  ij-ji  ies  a\oi::^:s;':  :"cnij  s;;Tt:s '?i  autriS 
bommcs.  LTiifioire  tnc^icme  xmt  :;.-a  cc-.~oi:re  i  eizt  pre- 
fem  toa£ur«,  &  Itur  orsre,  1;  Qrc.::c.iP.-:-;e  qS,',i 
rervent,  S: les int^re»  dLS  «Jrres  fc;:\erjir:s,  Li  fiViri- 
phie  leur  efl  aufli  fon  neceiTJr; ;  &  p^JT  hi  p.iys  oj  ils 
font  Upierret  nsnepcuvcntlis  cor.r.oitrc  trcp  on.icra:!, 
nidefcenJrcdansunetopoiirafhii;  tropexafl;.  Qiiir.tsu^ 
Bnihemaiiques ,  iiSontprincip..'e;r.er.:  bifoin  i:  Vir.ihr.^-- 
tique,  de  la  geotnetrie  &  dc  !a  irC-chiniqtJc;  ic^  Ticlurit 
hien,  ils  apprendroni  aift-tTiert  >i  prariqj,-  Jcs  UTJ.lica- 
tions ,  &  icui  ce  que  1«  livres  &  ies  tr,:iiirescnt3CCOu:i;:ne 
iTenreigner  do  Tart  de  la  gusrr; ;  ir.jis  il  y  3  v.r.^  iiru.ic  tjue 
ne  foni  gucres  les  g^ns  d'i}pei  ,  5;  qi.i!  iou:i":'t>ii  mi"  ['irmble 
bicn  neccflaire,  du  moiRia  c;u\qui  ont  q.ieiquc  comra.m- 
dement;  ('ellla  poiitique  &  la  )iinf;^;u.U-;:cei'.;hpucrre, 
je  veux  dire  qu'i!s  devroiem  fjvoir  lo  droli  de  l.i  puorrc 
danstoutefon  etendue.Quciie<cn!'or;ik'scjuL-.Ic^iiimes, 
quellcs  formalites  fc  doiveni  gardcr  pr-iir  la  i.o.n:»L;iccr, 
avecquellemcrurerc  doivem  excrcer  lcs  a..^es  dli^-ililitii, 
fliKls  lieia  &  queiles  perfoiutes  en  toat  excmptcs,  cn  uA 


■«.1 1^- it:- ^\tmim'  .'j.'.  ^  tsTitc  p[iti'.-Mi  s  vom:  Xfnr 
■}.»"' ■•>,0«w  -iiiii  ■  '.■iiu*r.-tii  :  id<  •  ftt  l.-nioniBcmti^i.oa' 

r««.il'i  i,t  ■  opc>citi^.M;l  .  i;:-r  ;.;■     ,  L-:st. ,  tjl'!.»  saa^XCST 

',..■  --..,  ii;  •:•.!:■-.  iic  "iEr,'!;, ,  niri]iT,-^(r;\hm=ni..j(r- 
n»  .■>'-.  h-:  i.r-  .  ioi't;iA  ,  imitti.'  (■■'  -  <  ne;  ::t  lexzfsiiu 
■:*...■  ....  citj.c^ -i.i.-c.  j.ii:  :ct-ni'irri.i«E-,cj3--ra::  naa- 
^j  ;■■•■*: ■■jti  „■-;-  pe.t  T'-;-?  i;*i'.-;imiecnnrnion»iii: 
'^j.^t •.-.;!  ., .  j:.-,i-, ^■■.  - ..  ■j:f  -  aprri.^anu-"  :s--m«b»- 
.•*%..■  -,-;;.  i-K.j-  *i.--.»e -<ia«Ttrr«- ,-DOcnT;  TOi^-S  UcseC' 
*>  >1«*  .4'^    Aon^jpf    V^oimw    i    ii-r'rmiaeiiet,etliTBeBn«: 

>..i»'  -(«•■.:  ?rt    <ivTi-  ■(— -;i.      U.    UTjlvtfS-  fHflT^  ■tlff-  -fUB- 

■-;i=  6  -ii^^-i  2»-.  ^jrasr  mccs^  :l  ttr 


^  if-x  \Kr.AaH'.ifi   J.*-iiiii.. '3!<wni£,-TiLi -fc  iiir  inje ..  11111»- 

(l..il.^<HA,ir   ni..*-  >.>>^<4i<;..  «ati  ypj  ,<iii»  6   i  -mil  .321tt  nn. 

(<iv.>-up  j.i.'W  v.'ft<iH.s  i* •--ir.Biiio  -'--nmiwnuEica  Luiuit-nie 
y  H  <■•>  «'.^n»..,^  -.«II'  'ft  i-.!».  '■  -jis  ift  ::uiuct,  iue''afinie 

^M¥*  y  *•  *  «iwF  1««,  <U»iv'm:  y-vyRiiti  ta  Tsa-usmBi. 


CA11CHISMB 


INSTITUTION 

AU   DROIT 

ECCLESIASTIQUE. 

Avec  Us  Notes  de  M.  Boucher  D^ARGiSy 

Avocat  au  Parlement. 


Tomi  11. 


I 


m 


4 

I 


P  R  E  F  A  C  E. 

X-i  E  dcffein  de  cet  Oiivragc  cft  d  aider  ceiix  qui 
vculcnt  commcnccr  A  s'inftruirc  du  Droit  Ecclefiafti- 
qiie  )  en  lcur  expliquant  lcs  termes ,  leur  propofant 
les  principalcs  reglcs  ,  8c  rapportant  les  motifs  fur 
le/quels  elJcs  fbnt  appuyccs.  Les  perfonnes  qui  con- 
noitront  lcs  fondemens  folides  de  ccs  faintes  Maximes, 
auront  lans  doute  plus  dc  fecilite  a  lesretenir,  8c  plus 
de  zclc  i\  les  pratiquer  ^  car  les  Canons  ne  font  pas  des 
inventions  humaines ,  mais  des  Lois  que  les  Apotrcs  y 
inf[Mres  de  Dicu ,  8c  lcs  Evcques ,  leurs  fiiccefleurs  , 
conduits  par  le  meme  efprit ,  ont  etablics  dcs  la  naif- 
(ance  de  rEglife ,  pour  la  confcrvation  de  la  foi  8c  de 
la  moralc  de  Jefus-Chrift  j  8c  voila  le  vcritablc  objet 
de  cette  cuide. 

Pour  la  bien  faire ,  il  faut  remonter  aux  fourccs  y 
8c  lire  attentivement  8c  en  cfprit  de  religion ,  pre- 
miercment  rEcrirurc  faintc ,  fur-tout  Ic  Xouvcau  TeP 
lament ,  enfiiite  les  anciens  Canons ,  quc  j*indiquerai 
au  commcnccment  de  cct  Ouvrage ,  8c  enfin  les 
Conftimtions  plus  moderncs  ,  qui  inftniiront  de  TU- 
lagc  prcfcnt.  On  y  vcrra  dans  Ic  fond  le  mcme  efprit 
dc  rcligion  ,  quoiqu  altere  dans  Ics  dcrniers  tcmps 
par  rignorancc  ,  la  cupiditc ,  8c  divcrs  intercts  hu- 
mains.  Or ,  pour  cntendre  les  ancicns  8c  les  nouveaux 
Caoons  y  il  laut  favoir  la  figniiication  dcs  tcrmes  qui 


.,-..., 


i  .      » 


.     p      •  .  #  • 


»        ■   »       ■ 


I  • 


■    •  •■'•.••        • '     • 


>■  ■     1 , 


■  •■     •% 


•       .'      '  II-      ■  . 


/  ■  •■      . 


I     I   !i     I' .1;' ...  ,   Jl  .'.;ii  .r*.' U::'':c  .  i  riij  d^ins 


'  i 


P  R  £  f  A  C  E.  15^ 

loutc  TEglife  a  rc^us  ^  Ics  Conftirucions  dcs  Papcs  y 
dans  les  Eijlifcs  qui  les  ont  rc^ucs  ,  &  lcs  Reglcinens. 
de  chaqu j  Provincc  ou  de  chaque  Di  occfc  :  cntjn ,  lcs 
Lois  que  les  Princcs  tcmporcls  ont  faitcs  ,  pour  ie- 
maintien  de  h  Difcipline  ecclcfiaftiquc  8c  rexccutioa 
des  Canons ,  quc  TUfage  a  autorifces.  Les  Jugemcns 
ne  font  que  des  excmplcs  particulicrs  ,  qui  n  oWigent 
point  a  jugcr  de  mcme  en  pareil  cas  ,  fuppofe  qu'il  fe 
trouve  des  cas  abfolument  femblablcs  ,  ce  qui  cft  tres- 
lare  v  les  Decilions  dcs  Doc^eurs  font  des  confeils  qu^ 
meritcnt  d  etrc  refpcftes  ,  k  proportion  de  la  rcputa- 
rion  de  ceux  qui  les  ont  donnes  ^  mais  ces  Jugemens 
xii  ce$  Decifioes  ne  font  pas  des  Rcgles.  Pour  agir  fu- 
retnent ,  il  faut  examiner  quel  motif  a  dcterminc  les 
Jugcs  &  lcs  Docleurs ,  &  ric  point  s'arreter  jufqu'a 
ce  que  Ton  ait  trouvc  une  autoritc  expreire  de  TEcri- 
ture  ou  des  Canons ,  ou  unc  confcqiiencc  tiree  dc  ccs 
principcs  ,  fuix^ant  les  reglcs  de  la  Dialcftique  la 
pius  cxa£^e. 

On  ne  trouvera  donc  point  ici  ce  que  Fon  appclle 
ordinairement  Pratique  bMficialt  \  je  vcux  dire , 
ces  inftru(Sions  des  Canoniftes  modemes  poiu*  acque- 
rir  ou  confen-er  des  Bcncfices  ,  qui  la  plupart  ne  tcn- 
dcnt  qu  a  favorifer  Tambition  ou  la  cupiditc  ,  en  elu- 
dant  par  dcs  chicanes  les  ancicns  Canons  5c  la  fainc 
Difcipline.  Je  prctends  au  contraire  inf^Mrcr  le  gout 
dc  cctre  ancicnne  Difcipline  ,  en  moatrant  combicn 
ellc  eft  contbrme  a  la  droite  Raifon  8c  a  rEvangilc. 
II  eft  impoftible  de  la  connoitre  fans  Taimcr ,  6c  fans 
regrctter  ces  heureux  tcmps  ou  cllc  ctoit  cn  vigucur. 
EUc  a  blen  plus  dure  que  Ton  ne  croit  comiiiunc* 


r  I  £  f^  c  g. 

„  ., .    S.  fc*--  :lSis  jonr  bieo  yias  iKMn-eaux  que  rort 

-^.^      V  ^  TaxKie  dairement  dans  VHiJioiTe 

r.-'Vr^».<w.  S  3  eft  plus  raifonnable  ic  prendre 

— «■    ■wt  "  ■?*  rEglife  a  prefcrit  8c  liiivi  pendant 

jj-,..v  «eces.  quece  qii'elle  a  tolerc  depuis  quarre 

,;^  jrt^  ceno  ans  ,  &  qu'elle  s'effbrce  de  corriger. 

¥"n»&i ,  la  Jurifprudence  feit  panie  de  la  Morale  , 
•«Liiqup  c'eft  Tctude  des  regles  dc  la  judtce  ,  pour  les 
pfatiquer  nous-memes  les  premiers ,  Sc  les  faire  obfcr- 
ver  aux  autrc; ,  par  les  conleils  ou  les  jugemcns.  La 
Juriipnidence  canoniquc  doit  etre  toutfe  fondee  (ur  la 
Morale  chr^ttennc  ;  clle  enleigne  A  ne  pas  s'attacher 
a  la  rigueur  du  Droit ,  qui  degenere  fouvent  en  injuf- 
ticc  f  8c  nous  infpirc  Tequite  ,  le  denntereHement  } 
i"humili:e,  lacharite,  5c  ramourde  lapaix. 


INSTITUTION 

A U    DROIT 

ECCLtSIASTIQUE. 


fSn^ 


PREMIERE    PARTIE, 


Des   Ferfonnes. 


m» 


CHAPITRE     L 


Hlftoirt  du  Droit  EccUJiaJlique,  a 


r»S3  'E G Li SE  n'avoit  gueres  d*autres  Lois  pen-    Partie  I« 
•^JI  dant  lestrois  premiirs  fi^des ,  que  lesfainus   ^**^''  • 
I»        JLa      41   Ecritures  de  tancien  &  du  nouveau  Teflament, 
yi^        Q*^|  La  charit^  qui  regnoit  entre  les  Chretiens , 
£9  pr^venoit  la  plupart  des  diiFerents ,  &  ceux 


qui  naifibient ,  ctoieni  appaifes  par  l*autorif e  des  Aporres » 
&  des  faints  Pafteurs  qui  leur  fucced^rent.  Cette  autorite 


a  Oo  entend  par  Droit  Eccl^fiaftique  ou  Canonique,  un  corps  dt 
preceptes  tirdf  de  TEcriture  fainte ,  des  Conciles ,  des  D^crets  dc 
Con((itutions  des  Papes,  des  fentimens  des  Peres  dc  rLj^life,  &  dt 
rofa^e  approuve  &  rc<;u  par  tradirion»  qui  ^t.->b*in<;nt  le^  rc^iet  de  U 
Foi  6c  de  la  difciplioe  de  rEgliie.  On  entcr.d  par  Pcrcs  de  ri:gl>(e  les 
Auteurs  Eccl^^fuftiques  qui  nous  ont  conlerv^  dans  leurs  ccrif»  la  tra« 
dition  de  rH|;life  ,  mais  on  ne  donne  ce  tirre  qii'.i  ceux  qui  ont  %eca 
4uA  let  douzc  ptt aiiers  6icles  de  rEgUrc.  S«  Bernard ,  ^Mi  ea 

1  iv 


xj«.  INSTITUTION 

'  etoit  toure  fpirituelle,  fonde^  fur  la  foi  du  pouvoir  que  Je- 

Chap.  l  fus-Chrift  avoit  donne  a  ceux  a  qui  il  avoit  confie  la  con- 
dliitede  fon  troupeau,  &  foutenue  par  les  miracles  &  par 
les  vertus  qui  briUoient  en  la  plupart  des  padeurs.  Aufli 
cette  autorite  ne  s'etendoit  que  fur  les  ames.  Pour  les  cho- 
fes  temporelles ,  les  Chretiens  obeiffoient  aux  Princes  b 
&  aux  Magiflrats,  &  fuivoient  exad^ement  les  Lois  civiles. 
Les  Apotres  avoient  donne  queiques  regles  aux  Eve- 
ques  &  aux  Pretres ,  pour  la  condulte  des  ames  &  le  gou- 
vern^ment  general  des  Eglifes.  Ces  regles  fe  conferv^rent 
long-temps  par  tradition  c,  &  furent  enfin  ecrites  ,  fans 
que  Ton  fache  par  qui,  ni  en  quel  temps.  De-la  font  venus 
les  Canons  des  Apotres  ^ ,  (  car,  canon  en  Grec  fignifie  rc- 


ir5Ja'*A  rcgActl^  commun^ment  comme  le  dernicr  Perc  de  l^Eglife  i 
ceut  qui  ont  ^crit  depuis  le  douzieme  fiecle  font  appeles  Do^eurs  9c 
non  pas  Peres  der£g!ire.  On  nppeile  par  excellenceles  Saints  Peres, 
Siincii  Patres ,  les  premiecs  Do^leurs  de  TEglife  Grecque  ouLatioe  qui 
ont  ^crit  fur  les  myftcres  ou  fur  la  Do^rine  de  la  Religion  ,  comme  5. 
Chryfoftomc ,  S.  Auguftin ,  S.  J^ome ,  S.  AmbroKc ,  S.  Gregoire,  &c. 
Guillaume  Cavc  ,  favant  Th^ologien  Anglois ,  fort  verf^  dans  les  anti- 
quit^s  Ecclenaftiques,  a  fait  une  Hiftoire  litt^raire  des  Auteurs  Eccl^- 
ii^Aiques,  depuis  la  naiifance  de  Jefus-Chrift  pCqu^au  quinzisme  fiecle» 
Son  Ouvrage,  intitul^  Cartophilax  EccUfiajUcus  ,  imprim^  a  Leipfick 
en  16S7  >  /n-S^.  »  ^toit  un  edai  de  cette  Hiftoire  litt^raire,  ou  la  notice 
des  Peres  Grecs  &  Latins»  rang^e  par  ordre  des  temps. 

b  Cette  foumidion  des  fidelles  aux  Princes  pour  les  chofei  tempo- 

relles,  n'e(l  point  une  difcipline  qui  ait  ^te  particuliere  aux  premiers 

ftecles  derEglifc.  Dans  tous  les  temps  les  peuples  ont  ^t^  oblig^s  d*obeir 

^  a  leur  Prince,  &  k  ceux  qui  font  pr^pofes  de  lui ,  pour  tout  ce  qui 

matth,   22.  conccrne  les  chofes  temporelles.  Ceft  un  principe  que  Jefus-Chrift 

i^»  *!•  lui-m^mc  a  ^tabli :  Rcdiitc  quA  funt  Cctfaris  Catfari  ^  &  qua  funt  Dci 

Dco.  Eccl^ftaftiqucsou Laiques ,  tous doivent ^galement obeir  aux  puif- 

fances,  car  toute  puiftl^ance  ,  foit  EccUfiaftique ,  foit  temporelle,  eft 

Kom»    xj,  ^tablie  de  Dieu  :  Omnis anima pottfiatibns  fublimiorihus fubdita  fit ;  nott 

*•*•*•  tft  cnim  pottftas ,  nifi  a  Dco  :  qua  autem  funt ,  a  Deo  ordinata  funt : 

itague  gui  refiftit  potcftati ,  Dci  ordinationi  tefiftit,  Lcs  Chr^tiens  doi- 

I.  Petr,  2.  vent  oWir  a  leur  Princc ,  fQt-il  Paicn ,  f&t-il  H^r^tique  :  Suhditi  eftote  in 

fr,  X  2,  omni  timore  Dominis  ,  non  tantum  bonis  &  modeftis  ,  fed  etiam  difcolis» 

On  trouve  dans  les  faintes  Ecritures  une  foule  d'autres  textes  qui  ^ta- 
blift^ent  ces  maximcs  pr^cieufes. 

c  Voyc\Qt  qui  eft  drt  ci-apres  de  la  tradition,  chap.  2 ,  6c  la  note 
qui  eft  au  commencement  du  meme  chapitre. 

d  Ccs  Canons,  que  quelques-uns  pr^tendent  avoir  et^  di^^s  par 
S.  Pierre  k  S.  Cl^ment ,  font  intitul^s  ;  Canoncs  fanclorum  Apoftolorum. 
per  Clemcntem ,  a  Pctro  Apoftolo  Roma  ordinatum  ,  in  unum  congefti» 
Baronius,  Bellarmin ,  Turrien,  8t  quelqu*autre$  croient  qu*ils  font 
v^ritablement  des  Apotret.  L*Auteur  des  Conftitutions  Apoftoliques 
cflLie  premier  qui  ait  avanc^  cette 'opinion.  Hincmar,  B^v^r^gius  & 
M.  de  Marca  croient  qu^ils  ont  ^t^  dreft^ifs  dans  le  fecond  &  le  troiHeme 
6ides  par  des  Ev^ques ,  itif^iples  4es  Apotres :  d'autres  croient  qu'ili 


.U 


AU  DROIT  ECCL6SIASTIQUE.       137 

g^)  f  6i  les  Conflitunons  j4poJloli^ues  SLttribuccs  au  pape  S*  p  -X 


Chap.  U  " 


} 


n*ont  ^tc  r(^pjndus  dans  rEgtife  <|ae  vers  le  cinquicme  ficcle  ;  &  Dail!6 
pe:iic  ({uMs  lurent  fabriqucs  par  quclque  H^renque.  On  convient  au- 
|Our(.*huiparmi  leslavans,  que  ies  Ouvrages  actribu^s  a  S.  Clcment  ; 
favoir,  .'es  Car.ons  &  les  Conilicutions  Apoftoiiques  font  luppofes,  a 
l'ticep:ion  de  l'a  premiere  Lpitre  aux  Corinthiens  ,  &  pcut-crre  de  fa 
leconcc.  Ce  quM  y  a  de  ccrdiu .  c'ell  que  (es  Canons  Apol^uiiques  fonc 
£ort  anctcns  ,  &  qu'tl  cn  a  ^tc  fait  des  collc6)ior.s  en  ditfcrcns  ficcles  i 
OD  les  a  appcl^s  Canons  ancicns  ,  Canons  des  Pcres  ,  Canons  Lcclifiof" 
ii^uts  &  Catjons  ApojioUjucs t  parcc  quc  pcut-ctre  quclques-uns  furenc 
fa:ts  par  des  Evcqucs  qui  vivoicnt  peu  dc  temps  apr^s  ics  Apotres  ,  & 
ue  l'on  appcluit  Hummcs  apujioUques,  11$  n'etoient  pas  connus  du  tcmps 
'Origene  ,  car  ceux  qui  coudamnerent  fon  ordinatioii  auroient  citd  le 
irin^t-umeme  dccekCunons,  qui  dcfend  de  recevoir  dans  le  Clcrgd 
cclui  qui  s*c(l  (ait  lui*iTicme  eunuque.  iis  contiennent  des  rcglemens  qui 
convicnncDt  a  la  ditcipbne  des  fccond  6c  troificme  fiecles.  ils  font  cites 
dans  les  Conciles  ce  Nic^e ,  d'Antiocbe ,  dc  Condantinopie. 

Cette  coiieclion  paroit  avoir  ^te  faite  en  Orient,  dans  lc  troifi^mo 
lieclc;  2c  iic(l  prob«blc  qu*on  a  recueilli  la  plus  grunde  partie  de  ces 
Caoooi  ,  Tur  ce  qui  fe  pr«tiquoit  dans  IV^Iilc  Orccque  queique  temps 
avar.t  i'empire  de  Cocnantin,  &  aprcs  U  difputc  que  S.  Cyprien  euC 
avec  le  pape  Ltienne ,  au  fujct  du  baptcme  confer^  par  les  Her^tiques. 
S.  Firmilien  ,  eveque  de  C^farce,  en  C^ippadoce ,  &  S.  Denysd'Alexan- 
drie  ,  avoicot  fuuteau  la  meme  cho(e  queS.  Cypricn,  &  cette  do£lrine 
^toit  rc<^iie  par  pUiiieurs  i  glifcs  d'Oricnr;aiiiri  les  Canons  ApoAoIiques» 
«|ue  Ton  cftimc  y  avoir  ^te  rccig^s.condamnent-  ils  le  baptcmc  des  Hcrc- 
tiques  .  &  traicenc-ils  ceux  qui  ie  croicnt  v^iUble  ,  de  gens  qui  vculenc 
allier  Jetus^Chriil  avec  B^Iul.  Mais ,  RonobHant  cc  qui  vicnt  d'ctre  dit » 
ii  pcut  lc  fairc  quc  la  colle^ion  des  Canons  Apofloliques  ne  loit  pas  toute 
4ju  mcmecemps.  Les  Grecsont  quatre>vingt«cinq  Canons  qu*ils  appel- 
lent  Apoftoliqucs :  ils  n*aiiurent  pas  cependant  qu'ils  aient  etc  faits  par 
les  Aputrcs,  ni  recueillisde  Icur  bouche  par  S.  Clcment.  Les  Latint 
D*cii  ont  quc  «.inquante  ,  dont  mcme  plulieurs  ne  fonc  pas  obierv^s. 
Les  rrentc-cinq  derniers  des  Grecs  nc  lont  pjs  vonformes  a  la  difcipline 
de  \'k^'/t(t  L^itir.c. 

L'aniiquite  deccs  Canons  les  rend  rcfpec>ab!es  :  outre  Ics  Conciles 
4cni  on  a  pare »  4ui  les  citcnt ,  i!>  onr  etc  adopt^s  en  diverfes  occafions. 
Jcjn  d'Antiache  ,  qui  vivoic  du  tcm^^s  de  Juftinien,  lesa  infercsdans  fa 
colcAion  de«  C  .nons ;  JuUinien  les  citc  dans  t'a  fixicme  Novellc.  lls  fonc 
auifi  approuv^s  c^ns  le  concile  in  Trullo  ,  &  lou^s  par  Jean  Damafccne 
&  par  Fliocius.  On  eut  le  menic  reipect  en  Occirletkt  pour  les  cinquance 
prcmicrs  Canons.  Denys  le  Pccit  cn  mi:  unc  cradu^ion  Latine  en  tete 
Ce  li  coileftion  des  Canons  quM  puhlia  pcn  aijrcs  i'.innce  500;  6c  depuis 
ce  ccmps  tls  ont  toujours  f^i:  partie  cii  Dr\j'n  Cjnvn.  J<.an  II  Us  compric 
arir.i  ccux  qu'i'  donna  cn  ^;jl  ou  5  ,«3  aux  r.vcques  de  la  province  d'Ar- 
es ,  pour  terminrr  I .  tTaire  (^e  Contumc^ulus  ,  Evcque  ue  Kitz.  CatHo* 
dorc  «iTare  queri'&;'iie  de  Rjrr<c  en  laifoi:  hc.ucoup  uf.ij^e  dc  fon  temps. 
Lcs  Kvc^u*!  f^c  Frunce  s'en  iccviront  poiir  U  ptcmiccc  tois  en  577, 
^ns  !'atfriirede  Ffctextat.  du  temps  <"e  Chil,ieric.  CrcUoJ.ius  les  mit 
dans  lu  cuiie^hon  q>i'il  publia  vers  Ij  tin  du  tcpticmc  Cci.ie. 

Cc  qui  paroit  fiimitiucr  I'autori:c  de  ccs  Canons  ,  tll  qu*on  prdtend 
u'i  s  fktrent  rcietcs  par  !e  pape  D<tm.itc.  I!  y  a  aulfi  un  dccret  puh.id 
oufe  le  r.um  de  Gctalc  1 ,  &  prononcif  en  .f 94  ,  dans  un  C<>ncile  com};ote 
c!e  Tw  i'ccl.iCs.  Ce  P^-pe  y  ccnfurc ,  &  mcme  anathcm.uife,  svcc  leurs 
^crit»,  plufieurs  .Auteurs  qui  tunt  ncanmoins  morts  enopinion  dclain- 
tMxi.  Lcs  Caooos  des  Apducs  y  looc  dccUr^s  apocryphcs.  iiidoie,  cii^ 


f, 


?: 


INSTITUTION 


Clement.  t  Mais  leur  autorite  n'efl  pas  fans  atteinte  i  parce 
qu'on  y  a  ajoute  en  divers  temps. 

Les  Eveques  de  plufieurs  villes  s^aflembloient  quelque- 
fols  pour  decider  les  qui;ilions  ks  plus  importanies;  & 
leurs  affcmblees  s'appeloienr  ConciUs  en  Latin  /,  &  en 
Grec  Synodes.  Ils  furent  plus  r^res  pendani  les  trois  pre- 
D.  iers  fiecles ,  a  cauie  des  perfecutions ;  mais  nous  ne  laif- 
fons  pas  d'en  connoicre  plufieurs  de  ces  premiets  temps ,  g 


WCua.  1, 


qu'i1  prmd  pour  Ifidort  Mcrcltor,* 


parGnlten.Di/Ii.fr.i. 

coinpofei  ptr  d«.  (^«r^Mquci  fuuilc  num  iti  Ap6trti.  II  fiKoitque  cet 
iri<Ju:e  nc  l'>  eui  p>i  lui ;  ^.u  bi^n  i'  peut  <t  U»e  qu>  depL»  l>  colktlian 


'Ifidoreivuit 

liep 

ihJngi  de   fsntii 

menl,   - 

ti  quM  mettoit 

.  •u-delfiK  d 

lcs,  &qje]ep. 

>pe  Adi 

ien  1  tei  aTolt 

,  en  le%  mli 

d^n 

.   k   r.xil<n.   coi 

Tiiii  le  (eeoni 

i«narQr>Mc 

rftd' 

indoie  MeiolD 

ir;&q. 

.ai)t>iiConcH« 

e.  VeHleic 

IC. 

nnltinTr^lU. 

qu*  lei 

Grec,  >pp«l- 

M  le  »^Ums 

Cui 

.  Anioine   Aug, 

Jlin  .   Aichevtque  de 

.  t«ni  .ju'il  1 

fuivi 

■eropimondeL. 

eonlX 

itedeceiCai 

oii:ii*'Liusd»i 

.il-Egli 

ifed'Ocdd*i.t, 

aufei  o'y  o. 

ibue 

fipar  (juilnuei- 

X  ApStrei ,   Bt 

!i  1.  S.  Clim 

lent, 

,  tor 

„  LppiaJi.  a, 

1  iuEem 

en<  de  loni  le* 

aulli.bi«n  qui 

Car 

,oni  apolloliqut! 

1.  Elles 

n'ort  p.ru  qiie 

t,.,.meCede 

ronl 

le.a 

m*me  thang^e. 

&coir 

ompuc.  depui. 

1.  Ceflun. 


Rivif^  et 


nombre  de  piiceplei  t. 


itChr^ 


clifcipl.nede  rEglife. 
/  Cei  »ircmbl*«s  foni  appclcei  en  Latio  Concilwm  ,  en  Grec  ,  Ajno- 
diii,  cn  t-rjn^oii ,  Coaeilt  Le  terme  de  Sf""'''  "'  l'ipplique  plut 
prefeniement  qu'd  des  aH^mhliei  Eecl^rianiquei ,  infiii.uiei  aux  Con- 
ciles  g^neraui ,  Nalionaux  Sc  Provinciaui ,  telles  quc  le  Synede  Dio- 
c^fain  de  l'Ev£que.  L'011icia1  de  Paris  lient  aurfi  fon   S}.node.  oib  it 


Lonvoquelou.  leiCui^id. 
crei>iennentiuir.leurSyn 
Chanire  de  l'Eelife  de  Pji 
i1convoqueIoull.sMai.r. 
entin  .  Ton  donne  auir.   le 
PioteHnniei. 

Apoties  tinient  a  Jiiufali 

sl.VilSe&binlie 
odepourleiCuri 
isiienl.Mllitouil 
e.  &LMaitie(fe.  d 
nom  de   Synode 

ue  de  Parii ;  les  Archidii- 
idebcimpagne;  1e  grind 
es.intrun  S^node.  auquel 
ei  pelitei  F.colej  de  Pari.  : 
)ui.iirembl.feidei  Eglife» 

nt  pour  1e  preiniei 
im,   iprcs  rAfec 

rConciieraflembWequelef 
nfion  de   Notre  Seigneur, 

pour  «11  n 


in  Apoin 


!  alfcml 


:edeJud 


nn«?  fuivi 


lleaion 


VillB 


Uiatrei ,  linfi  qu'on  le  voit  dans  le  Li*rc  ici  JPts  ;  mai.  on  regaide 
plus  communcment  comme  le  plui  incien  de  toui  les  Cancilec  ,  celui 
qui  fut  ttnu  j  Jirufaleiti  Tan  49  " u  !□  ,  dans^lequel  ori  decida  li  fimeufe 

Kgalei,  auiquelleionvouloitoWieeilei  Geniil..  S.  Pierre  j  p»i1i  lo 
ptemier  .  &  li  lettie  iciile  i  eeui  d-Ant.oche  fut  eon.,ne  en  ces  leime.  : 
fifum  ,fi  SpiriiHi/ancla  &  noHi.  On  compte  ploi  dc  folxante  Conciiet 

1«  ConEilc  dc  Nic^e ,  iiui  fut  le  piemiei  Cuscile  cecum^nique. 


AU   DROIT    ECCLfeSTASTIQUE.      135 

comme  Ics  ConciUs  touchant  la  Paque ,  tenus  fous  le  Papc  TJTiHpieI^* 
Vi^tor  l*an  1 96 ;  celui  de  Carrhage ,  fous  TEveque  Agrip-    cha».  #. 
pin ,  dont  S.  Cypnen  fait  menrion  ;  ceux  de  S.  Cy|>rien     ^'fi-  ^^^'i 
meaie  ,  &  plufieurs  aurres.  Enfin  ,  on  les  tenoit  le  plus  '  '^*  "*  ^'* 
fouvent  qu^il  eroit  polhbie.  Mais  ils  devinrent  plus  fre-  cyp,  tp.  7X1 
C|uens  &.  fe  tinrent  pius  regulicrement  depuis  que  Conf* 
tantin  eut  donne  la  paix  h  a  i Telife.  Sous  fon  regne  , 
ran   314,  <e  tinrent  Us  dcux  ConciUs  £ Ancyrc  tn    Ga* 
iatie  ,  &  dc  Atoce/ar^c  dans  U  Pont,  Ce  font  les  plus  an» 
ciens  dont  il  nous  rcAe  des  canors.  Sous  lui  fe  tint  auflfi  U 
premier  LonciU  acumcmque^  c^efla-dire  de  toute  la  terre  ha- 
bitabW ,  a  NicU  en  Birhynie ,  Tan  3  2  5 .  II  y  eut  enfuire  trois 
ConciUs  particBliers  ,  dont  les  canons  furent  de  grande  au- 
torite ;  Pun,  tenu  i  Antioche  capitalc  de  rOrient ,  en  3  4 1 ; 
Tautre  a  Lacdkee  en  Phrygie ,  vers  Pan  3  70 ;  &  le  troifieme 
^  Gangrcs en  Paphlagonie,  vers  fan  375.  Ei-.fin  , lan  381, 
ftnni  Ufecond  CorKiU  univerjcla  CovflantinopU. 

Les  canonsde  cesJcptconciUs ,  c*efl*a(iire  des  deux  con- 
ciles  univerfels,  &  des  cinq  conciles  particuliers  que  j'ai 
nommes ,  ftirent  recueillis  en  un  corps ,  qu*on  appela  U  Code 
d€s  canQHs  dc  CEgUfe  univerfelU  i,  Le  concile  de  Calcjdoine 
•*ea  fervit,  &rapprouva  en  termes  generaux  ,  par  le  pre- 


■^ 


k  On  entend  ici  par  ce  termc  la  fin  de$  pcrf^cuticns  Hont  rF.glife  a  voiC 
^ce  afTlfgce  jiifqu*alort  fous  les  Empereurs  Payens.  Des  Tan  ^i  i  il  avoic 
^t^  publid  un  iiditqui  rendoit  aux  Chr^tiens  l*excrcice  dc  leur  religion  : 
mais  peuapres  Maximinrecommenqalcs perf^cutionsdans  ft^s  Ftats,  & 
•llcs  ne  ceflerenttotaleincnt  que  fous  l*LmpercuT  Conilantin  1'an  513. 
Apres  la  d^faite  du  t;^ran  Maximin ,  la  libcrt^  fut  renduc  a  toute  Vi  ^life  > 
ft  les  biens  rcftiMes  aux  Chr^tiens  par  ordre  de  Conftantin.  L*P.g!ife 
Romaine  avoit  commenc^  des  le  tcmps  de  S.  Urhnin  ,  Pape ,  a  poileder 
dcs  terres ,  prtfs  &  autres  h^ritages  qui  devoient  ctre  communs ,  &  Ics 
fmits  (HAribu^s  pour  alimenter  les  Miniftres  de  rFglilc  ;  les  p^iuv-es  & 
let  Protonotaires  qui  ecrivoicnt  les  a^es  des  martyrs  :  ccs  hiens*fonds 
provcnoient  ,  tant  dc  la  lib^ralit^  des  fidellcs  ,  q^iie  du  rcrnncement  de 
ceus  q<ii  ^toient  admis  dans  le  miniif^re  Fccl^daniquc  niocl^ticn  8c 
Ms»mio  ordonnercnt  en  ^oi  la  confifcation  de  tous  les  immeub!es  pof- 
iiiit  par  fEgUfc ,  ce  qui  ne  fut  cepcndant  pas  ex^cut^  par-tout ;  mais 
m  311  Conftantin  pcrmit  de  donner  a  rEgli(c  toutcs  fortcs  dc  bicns» 
luf.  7,  Cod.  ic  Saco-baru^it  EcfUftis. 

i  On  Tappeta  auffi  1e  Code  des  Grccs  ou  le  C.-inonique  de  IT.glife 
Crecque.  ou  de  TEijl-fe  d'Orient.  Selon  Uifcrius  ,  la  premicre  collec- 
tion  des  Canons  dc  rEglife  Grecquc  contenoit  feulcmcnt  ceux  du  prc- 
mier  Conci*e  orcum^mquc  &  dc  cinq  Conciles  Provinci;uix.  Cette  prc- 
miere  coltetlon  fut  f.iite  avant  Tan  jSr»,  ^  avant  le  prcmier  Corcile 
de  Copilsntinop!e  ,  lequel  ne  s*y  trouvoit  point.  11  n*y  avoi:  cn  touc  que 
MK  roixaiitt>c|uaUe  Canons. 


"140  INSTITUTION 

Partie  I  ^^^^  ^^  ^'^^  canons.  On  ajouta  enfuite  au  Code  des  canons  } 
/Cbap.  1,  ceux  du  Concile  dHEphefe^  qui  fut  ie  troifieme  acumenique  ,  tentt 
Tan  430  ;  6*  ceux  du  concile  meme  de  Calcedoine ,  qui  fut  le 
quatrdmettnw  en  45  i.  On  y  ajouta  auffi  les  Canons  dcs  Apo* 
tres  au  nombre  de  cinquante ,  &  ceux  du  Concile  de  Sardique  , 
qui  avoit  eietenu  en  3  47 ,  &  que  Ton  regardoit  en  plufieurs 
Eglifescomme  unefuite  du  Concile  de  Nicee. 

Tous  ces  Canons  avoient  ete  ecrits  en  Grec  ;&  il  y  en 
avoit,  pour  les  Eglifes  d'Occident ,  une  ancienne  Verfion  La^ 
tine,  dont  on  ne  fait  point  TAuteur  k,  Le  Code  des  Ca- 
nons.fuivantcetteancienneedition,  etoitcelui  donts*etoic 
fervi  leConcile  deCalcedoine.  L'EgIife  Romaines'en  fervit 
jufqu^au  fiecle  fuivant ,  &  les  autres  Eglifes ,  particulierc- 
ment  de  Gaule  &  de  Germanie ,  n'en  connurent  point  d'au- 
tre  jufqu*au  neuvieme  fi^cle.  L*Abbe  Denys  1  le  Petit ,  qui 
vivoit  i  Rome  vers  Tan  530,  fit  une  autre  Verfion  des  Ca^ 
nons  plus  fidtlle  que  Tancienne,  &  y  ajouta  tout  ce  qui 
^toit  alors  dans  le  Code  Grec  ;  favoir  ,  les  cinquante  Canons 
des  Apvtres ,  ceux  du  C  oncile  de  Calcedoine ,  du  Concile  de  Sar- 
dique ,  A^un  Concile  de  Carthage ,  &  de  quelques  autres  Conciles 
d*Afrique,  11  fit  auffi  une  Colle^ion  de  pluficurs  lettres  Decri-' 
tales  des  Piipes  depuis  birice,  qui  mourut  en  398,  )ufqu'a 
Anaftafe  11,  qui  mourut  en  498  m.  On  appeloit  Lettres  Di- 
cretales ^  ce\ks  que  les  Papes  avoient  ecrites  fur  les  conful* 
tations  des  Evcques ,  pour  decider  des  points  de  difcipUne, 
&  que  Ton  mettoitau  rang  des  Canons,  comme  les  Grecs 
y  mettoient  cellcs  de  S.  Denys  df  Alexandrie  ,  de  S.  Grigoir^ 
Thaumaturge  ^&  dc  S.  Bafile  a  Amphiloque. 

La  Colleflion  de  Denysle  Petit  fut  de  fi  grande  autoriti, 
que  Tegliie  Romaines*en  fervittoujours  depuis  n ,  &  onTap-^ 


A:  Le  papeZofime,  Grec  d'origine,  fittraduirc  lesCanons  d*Ancyre, 
de  N^oc^iar^e  Ck  de  Gangre  :  on  fe  fervit  quelque  temps  dans  l^tgliTe 
d'Occident  de  cettetradu^ion  confufe  de  Tancien  Code  des  Grecs. 

/  II  s*appcIoit  Dionifius  ,  &  fut  furnomro^  Exiguus  ,  a  caufc  de  U 
petitciTe  de  fa  taille ;  il  Ht  fa  colU^ion  des  Canons  a  la  priere  d'£ticnne , 
tvcque  de  Salone. 

m  On  y  a  depuis  ajout^  cellcs  d'Hilaire,  deSimplicius,  de  Fclix,  & 
dss  autrcs  Papes  jufqu^a  S.  Gregoire. 

n  L^Eglife  Romaine  ou  d'Occident  o'adopta  pas  d'abord  les  Canons 
de  tous  lcs  Conciles  d'Orient  infcr^s  dans  le  Code  des  Grecs  ;.elle 
avoit  fon  Code  particulier  ,  appel4  Code  de  rEgliie  Romaine  ,  qui  ^toit 
compofii  dcs  Canons  de  ('Eglife  d'Occident ;  mais  depuis  les  frequcntes* 
reiations  que  raffaire  des  P^agieos  occaiionaemre  VEgViit  de  Romc  & 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTlOUE.       14^ 

)fch  iimplement  U  Corps  dcs  Canons  de VEgUft d*Afr'tque ,  com-  ^^jTjrjJlT 

pofe  principalement  des  Conciles  tenus  du  temps  de  S.  Au*    chat.  It 

gui^in.  La  difcipline  en  fut  trouvee  fi  excellente ,  que  les 

Grecs  meme  la  traduifirent  pour  leur  ufage  o,  Manin  eve* 

quede  Brjgue ,  qui  vivoit  vers  Tan  5 70 ,  fit  a peu  presen  Ef- 

pagnc  ce  queDenys  lePetit  avoit  faitaRome,  en  publiant 

la  LolUBion  des  Canons  fuivant  Us  Orientaux :  mais  il  y  ajouta 

quelques  Canons  dcs  ConciUs  d* Efpagne,  Cependanton  fe  fer- 

i^oic  toujours  dans  les  Gaules  de  Tancienne  edition  des  Ca- 

nons ;  &  ce  fut  Charlcmagnc  qui  y  apporta  celle  de  Denys 

le  Perit,  Tayant  re^ue  a  Rome  du  pape  Adrien  1 ,  en  787. 

Les  Orientaux  ajoutcrent  aufli  des  Canons  a  1  ancien  Code  ; 

iavoir  ,35  Canons  des  Apotres  p ,  enforte  qu'ils  en  comp* 

toient  85  ;  /f  Code  de  Ceglife  d^Afrique  traduiten  Grec;  Us 

eanons  du  ConciU  de  TrulU  ^  faits  en  692  ,  pour  fuppleer  au 

cinquieme  &  au  fixieme  Conciles  r  qui  n'avoient  poinc 

fair  de  canons ;  ceux  dufecond  ConciU  de  Nicee ,  qui  fut  Ufep* 

iieme  ctcumenique  ^  tenu  en  787.  Tout  cela  compofa  le  Code 

des  Canons  de  ttglife  d^Orunt.  Ce  peu  de  lois  fuffit  pendanc 

800  ans  a  toute  T^^gllfe  catholique.  Les  Occidentaux  en 

avoient  moins  que  les  Orientaux  :  encpre  en  avoient  ils 

cmprunte  d*eux  Ja  plus  grande  partie  ;  mais  il  n'y  en  avoic 

point  qui  euflent  ete  faits  pour  Teglife  Romaine  en  particu- 

lier.  Elle  avoit  jufques-Ia  conferve  fi  conftamment  la  tradU; 


celle  <f 'Afrique ,  rF.gUfe  de  Rome  ayanc  connu  les  Canons  des  Conciles 
d^Alrique  ,  &  en  ayjnt  admir^  la  (a^ette,  elle  les  adopta.  Voyei  Caf- 
(odore ,  c.  s^  ,  Divin.  Inflit, 

o  Ils  avoient  tantde  v^n^ration  pour  ce  Code,  que  danstoutes  les 
affemblt^esv  foit  unirerfelles ,  foit  nationales ,  on  mettoit  fur  deux 
yopitret  rEvangile  d*un  co:^  dc  le  Code  des  Canons  de  Pautre. 

p  C*eft-a-dire  trente-cinq  Canons  du  nombre  de  ceux  qu^on  a  appel^s 
Apofloliquts,  yoye^  la  remarque  que  Ton  a  faice  fur  ces  Canons  des 
Apotres  »  ci-devant ,  pa^.  3. 

f  II  fut  appel^  in  Tmllo  y  parce  qu'on  le  tint  dans  une  Chapelle  dii 
Palats  (?e  Conftanttnople  qui  s'appe'oit  TrulU  ^  &  qui  ^toit/crreMriuai 
Jseri  Pmloiii :  ce  mot  TrulU  veut  dire  une  voute  ^lev^e  en  forme  de 
dume  ,  que  les  Italiens  appellent  Cuppoia.  Le  pere  Petau  pr^tend  que 
ce  Concile  ne  fut  tenu  qu'en  70^  ;  il  dir  n^jnmoins  que  le  pape  Sergius 
condamna  les  Canons  de  ce  Concile ;  ce  aui  fuppofc  qu'il  ^toit  p'us 
ascien,  puifquc  ce  Hapc  mourut  en  701.  r  oyc^  Karonius  ,  lome  VIII  ^ 
amee  691.  Kiwh.  Hiji,  dts  ConeiUs ,  &c.  11  y  avoit  eu  un  premier 
Concile  m  TruUo ,  tenu  vers  Tan  6S0.  Ce  fecond  e(l  celui  que  les  Grecs 
regarcent  comme  le  fixii-me  Concile  g^ncral. 

r  Cet  deux  Conciles  font  le  fecond  &  le  troifieme  Concilc  giai" 
tal  dc  Cooflancioople. 


14T       ■     iJfSTiTUTTorr 

'  tion  de  la  cKfcipiine  apoHolique ,  qu'e)Ie  navoit  prefqLtA 
p3S  eu  betbin  de  faire  aucun  reglement  pour  fe  reformer  ; 
&  ee  que  les  Papes  en  avoient  ecrii,  eioit  pour  rinftruflion 
d^sautrestglires.  On  peut  nommer  le  Droit  qui  eut  cour» 

pendant  ces  800  ans ,  l'An:iin  Droit  eccUfiafliijue. 

Le  nouvtiiu  conimen<;j  bientot  apres.  Sur  la  fin  du  r^no 
ie  Charlemagne  /,  on  rep;indit  en  Occidcnt  une  CalUStort 
deeanons  qui  avoit  ere  apponee  d'£{p3gne,  &  qiti  portels 
nom  d'un //Worr ,  quc  quelques-uns  furnommeni  ItAUr-, 
ihand  t. 

Elie  coniient  Us  Canons  Orientaux,  d'une  verrion  plua 
ancienne  que  celle  de  Diinys  le  Pciit ;  plufieun  canom  det 
Conciies  de  Gaule  &  d^Effagne  :  &,  ce  qu'il  y  a  dc  plus  Cai* 


/  Ce  Piince  c 

Emptmir  tn  8c 


enca  i  tcgner 
&mo.TrutenSt 


n  Frsnce  en  76S  ,  il  fui 


lombrc  cl« 


—  — <  — , .  ^Jinpoifet,  pou[  .. 

ES  61  d'Abb£i ,  &  ^ii  fioient  des  efpecei(ta 

int  que  d'9lTjitti 

,.....,..,. ,  ..,  ...^,, „,.„.,  ,   u.  ^i.,,.  ^„:..,„,i,,toii  dcL>  recontle 

renfetment  le  droit  qiii  s'obfervoil  bIo.-s,  (lon  -  feulcmeni  en 

....!,   maii  en  Alicm.^ne  &  en  liitie ,  &  djni  totis  les  Eliit  ites 

lii  de  Ptanc;  qw  ont  et^  en  mime  tempi  hmperrtiTs. 

(  II  eft  nommd  IjUoras  Piccazor.  Ceite  colkaion  ,  qui  fut  faile  en 
Ifpjgne,  cH  irtjngej  pjr  Concilei  3(  par  I  pinei.  Us  Ciinoni  dei 
Concilei,  teni»  en  Grece ,  tn  Afrique.  en  rrancc  &  en  Efpagne ,  y 
ront  pUcet  spict  k't'U..'Cie'.>'es  (uppol^ei  de  plui  1 


EccUliallm 


FranCi 


lit 


JicretsS:  lL;.i;res  dc i  ;i,itr*s ,  depiiii  S.  Sirice.  iiiluu 
lourut  en  71 ;  :  cc  iji.i  f»it  croirc  qi:e  ccite  colkfliu-i  lu 
•e  milieu  du  hiiitiemc  fKcle.  El!e  fiil  ippcttce  d^Elpjg- 
Riciilpbe  ,  Archevcque  de  M.iytnce,  qui  iloii,  a  ce 
F.fpagnol,  &  qui  maurui  veri  1'an  S14.  Un  en  l^i 
<iu'il  ti,'pindit  en  Ftjnce  veri  I'an  790,  011,  felon  d' 


S.  -Siti 


^ompofieTen 
,  qiii  fnl  «Iil 


Ville. 
l'Aute, 
iufq. 


1 /1-  Cequi  donna  Itcu  dt 

plui  grindt  Ootl-utt  de  lon  liec 


Jicreit    &    Epitte» 
,   fiit  qu'il  ^toil  un 


le  de  B4!i'ioi  eo  Efpafine  .  sppel^  if.ioru, 
...  11 :...    t^. ......    j.  hA.....    I.  h1:*A 


parloni,  fot  llld. 

fan  de  Jefut.ClKin 7!«  Veytt Biioniu» j  DouUt ,  de Marci ,  lc  Mit*, 


AV   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.       t^j  

«^lier ,  ufi  grand  nombre  tTEpUres  dccritalts  de  tous  les   PAntit  L 

Papes  des  quatre  premiers  fiecles,  c'e{l-a-dire  depuis  5.  CU-    Chap.  U 

ment  iufqua  S.  Sirict ,  oii  Denys  le  Petit  avoit  commence; 

qiioique  Denys ,  qui  vivoit  a  Rome  loo  ans  avant  ce 

Compiiaieur  Eipagnol,  aflurc  qu*il  a  recueilli  avec  un 

rres-grand  fotn  toutes  les  Conflitutions  qu'il  a  pu  trouver 

4es  ancicns  Papes.  On  trouve  des  extraits  de  ces  Decre-  /,^'"^1  ^^^ 

tales  dlfidore  ,  dans  la  ColUdion  attribuee  k  Enguerran  n, 

tvequt  de Met\ ,  &  datee  de  Tan  785.  On  en  infera  plufieurs 

articles  dans  lcs  Capitulaires  de  nos  rois ;  on  les  allegua 

ibuvent;  mais  Hincmar,  Archeveque  de  Reims ,  voyant 

que  le  papeNicolas  1.  s'en  iervoit  pour  etablir  le  droit  de 

juger  a  Rome  les  Eveques,  foutint  que  ces  Lettres  n'etanc 

point  dans  le  corps  des  Canons,  ne  devoient  point  avoir 

plus  de  force  qiie  les  Canons  memes ,  &  le  Pape  monrra 

fort  bien  qu*eiles  devoient  tirer  leur  autorite  de  leurs  au- 

reurs ,  qu*il  fuppoioit  etre  les  Papes ,  &  non  pas  du  corps 

des  Canons. 

On  a  reconmi  dans  le  dernier  fiecle  ir,  que  ces  Decre- 
tales  depuis  S.  Clement  jufqu  a  Sirice ,  ne  font  point  de  ceux 
dont  elles  porrent  les  noms.  i:lles  font  toutes  d'un  meme     r.  ConcTU 
ilyle,&  d'un  ftyle  fort  eloigne  de  la  noble  fimplicite  de  ^^t^be.iom^ 
ces  premiers  fiecies ,  elles  font  compofees  de  grands  paflages  * 
des  Peres  qui  ont  ve^u  long  temps  apres,  comme  de  fainc 
Leon^de  S.Gregoire  &  d^autres  plus  modernes  :  on  y  voic 


■  Let  D^cr^cales  dont  il  e(l  parl^  en  cet  endroit,  font  celles  qu'oa 
sppelle  commun^ment  au)ourd'hui  Us  faujjes  DecretaUs ,  parce  qu'el!es 
ne  font  potnt  des  Papes  auxquels  leur»  titres  les  attribuent ,  &  que  le 
Ibnds  m^me  de  ces  pieces  eft  un  ouvrage  fuppoie  :  r.imbition  &  la 
po.itique  6rent  fabriquer  ces  Difcretales;  rignorancedc  U  cr(5du!ite  6m 
<es  temps  les  accr^ditercnt.  Gratien  les  a  rapportess  dans  lon  DccreC 
comme  pieces  authenti|ue$  ;  ce  qui  e(l  un  grand  defaut  dont  fa  compi- 
lation  o  a  jamais  ct^  purg<5e.  Les  principaux  objets  dc  ces  Dcwretalet 
furent  d^attribuer  aux  hccl^firfniques  Tindependancc  dc  toute  Juridic- 
tioo  (ecuiivre,  d*efendre  beaucoup  l*autoritd  du  Fape,  &  de  fairc  det 
piaintesfar  rulurp.ttion  dutemporel  des  Kglifes,  ()n  y  luppofe  d'ancient 
Ci.nont ,  port  n'  qu'on  ne  tiendra  j.imais  un  feul  CJoncile  provinci  il  fans 
la  permtiiion  du  P.<i>c  ,  (k  qtie  toutes  les  caufes  Eccl^fuAiques  rclTor- 
fffonta  lui.  On  y  fii»  p^rler  lcs  fucceiTcur»  immediatsdcs  ApotrC'.  ;  on 
lcur  fuppofe  r^ev  ecrits.  lout  fe  re(T«nr  du  mauvais  Oylc  du  huitieme 
fiecie»  tou'  tCi  p'«in  rte  fai.trs  contre  I'Hiftoire  6t  la  f>t'ographie,  il  a 
iy\M  tou*e«  les  l.jtnieres  6c  la  critique  du  dix-fepticme  ficcle  pour  en 
«Jcmeer  U  fanir-te  ;  6(  quand  Terreur  a  ^t^  reconnue  ,  plufienrs  ui^ges 
au&qucls  ces  picccs  ^«voieiit  donn^  lieu  ,  n'ont  pas  laifle  de  (ubfider  daitf 
lane  jMiut  d«  TEi^Uiet  La  loP]^ue  poffeilioo  a  pr^valu. 


.-    ..?     .*  :-sriun  (.iiri;!ivrs  :  .;s  ^noits  -iont 

.  .,■:  :-  .  :"..;:::!;nt  soir.t  jii  teirrs  ■ -j  ■»!  ■■js 
.-:       -s     _:.^r    ,  ,:t  'iiiiiws.  Commu  as  Djcrerales 

,J".   ■.'  ..-  .■.■,:rjS  .lurant  liiii.^.-tiri  lijcles.  e  .x  -int 

".■■■.;r.i.dmer;t  jiCiir  ios  .iDi.^iiif.ons  ,i'i  Pipe.fiu'-^!- 
_-..;r--.-:t-.-.7::T!;.iy-.::t  ^tij.-ir  i;rMir2s  H.iris  es  prem-.-rs 
i.  i  i.'ur  ii;  ;".:j-ni;r.r  lies  r.u-i^ies.  ^sr ii!es:.;;:i,.Tit 
-.'-.:-;  i:us.iii;i...    s.  &:  li;il..r>'  r.;  c::;r:!r.u:tf  p^s  rnli 


\   ;-••'.  in  ■■-.-..  ^.,.i  -:  .":.-.■■.;--  dv  .■■:!!;  .'.c  M"'?ri11S ,  raite 

:.::■  ?.r.^'  G^j^ .-.  rr::r.c  Bc'j  ic:in  .i^/Boicz-:!;  ca 
;  1  z.  r.T  .1  i'.;r.:.i;  \  :rs  iaT  1 1  -^.  I,  y  c-niprcr:j  iesrjul- 
lii  r^i^ritjids  ,  S;  p''j:';!:'-r;  pa;r.ui  'i^i  P;ris  .  pjrti- 
i,  i.-ir.i-'.  rij  !,;-:  Jjr->n-.;.  rij  Ur.r  .^ru-jliin.  -ie 
;':  '.:  CtTCiC.re  ti  f.i  U.r.t  i:'.^i-..-ii  a  ?:;v:..i;,  Toutis 
«,i  -::•;«<  lunt  rjr.;;,;s  i'.,;v;r.t  u.-.j  t^rrj:n,;  .-,::!] -j.-le  j. 


L  .  .  .■.-         ! 

■    .,.  r,.T,  -.    &    .;;*:„ 

■  -  ^  !'i) 

..    «  ft    i 

.r  iv.:.ee(.:;jr::)«a<d« 
;:.-.,vr..  ;  .::;;M".rr:r:!«i 

■V*^'- 

.'.^'^'li/.. 

f.!..n(;.C...i.n,,  :o,.F,r 

"'■■'"■' •! 

v';.i.  'k-:', 

.'(  firoJtc  uu'e.:>:  nc  p>cut 

.  p-,  •■■•  I  I-..I-.  l;  ii!  ■i.i.ii:  h-,  l.,uiccs .!..  ilrui:  K..::ei'!..i'iiqi.e  ; 
(  .  i,.r... .  I-.  Ii(-.ti.i..^  .  ,<■(  |'.L|,ci  &  ks  Sci.K..c«  (lci 
. ;  ,:  .1  .!■.  ,1,1  ..i-^  .!.■  |-..r.:riMU(.r.  .*es  C^crit  &  .-vi  Lve- 
..'.  i..ri.-ij..[...^ft.',  .,.,ll,ii..,H.i,.,;,.;i.'i.  ..,:ririi:;,.n.   Ij 

■■  '■■' ■"■'  •  '■  l|  <:<■•■'  Iv-  r^  "»  l..rlic,.Vr'(  .  (ur  l.i.p.ta 

.'.«.■ii.<  ,|.!.n,>!...  I :,  <,..ri...ii!c  r.>itiriii  c'i«ir.^c<-ii  cm^ 

,  fil  iiiiiii.Iie  Ji  tiinjiciji,„iic ,  |jdiit  liuc  l'Aut(iir  y  rj|>- 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUEL      *4f 

&  il  y  a  plufieurs  queflions  traitees  de  part  &  d'autre  par         ^*  ■■  ■ 

des  auroriics  qui  remblent  oppoiees ,  &  que  Grarien  a  vou-    ^**T*f  ^ 

lu  conciiier :  aulli  a-t-il  intirule  fon  Ouvrage ,  Concordt  dcs 

Cdfions  Ji/cjrJans ;  mais  ruiage  Ta  nomme  U  Corps  dcs  dc^ 

crcts  ,  ou  fimplement  ic  Dcc^et.  Cet  ouvrage,  peu  corred, 

par  ie  maiheur  du  temps,  ou  la  critique  etoir  prefquj  in- 

connue ,  ne  laifla  pas  d*erre  bien  re^u  par-rout ;  &  quoi« 

qu*il  eur  ete  compole  par  un  particulier  fans  aurorite ,  il 

ne  laiila  pas  detre  explique  dans  les  Ecoles,  allegue  dans 

les  Tribunaux ,  &  regarde  d'un  confenrement  unanimCt 

comme  le  Teul  corps  du  Droit  canonique.  II  eft  vrai  que 

l*on  a  toujours  reconiTU  qu*il  ne  donne  aucune  autorite 

aux  piices  qui  y  font  contenues ,  &  qu  elles  la  tirent  de  leurt 

auteurs. 

Depuis  ce  temps,  les  ConAitutions  desPapesdevinrent 
plus  frequentes,  par  une  fuite  n6ceflaire  de  Tetat  oii  TE- 
glife  fe  rrouvoit  alors.  Les  guerres  continuelles  des  petits 
Seigneurs  a  qui  s^etoient  eleves  depuis  la  chure  de  la 
fnaifon  de  Charlemagne,  empecboient  les  Eveques  de  s^af- 
lembler  ^ ,  &  ies  Metropolitains  d*exercer  leur  autorite. 


porte  tous  let  Canoos  relatifs  a  la  confdcration  des  Eglifes  &  dei  Autels^ 
au  facrenicat  de  l'Euchariftie  ,  aux  Fetes  folennelies  ,  aux  facreniens 
de  Baptime&  de  Confirmation ,  a  la  c^i^bration  du  fervice  Divin  »  k 
robfervatioo  dcs  jeunes ,  6c  a  la  fainte  Trinit^. 

Une  dcs  cho(es  a  reroirquer  dans  le  D^cret,  eft  qu*on  y  trouve 
plufjeurs  Can:ni  avec  ceite  infcription  ,  Falea.  l!  y  a  Givencs  opiniont 
lur  iM  fii^ntlication  de  ce  ticre.  Les  uns  ont  cru  que  cela  indi^uoit  que 
cet  Canons  meritent  peu  d'attention ,  &  quMs  doivent  etre  fcpares  dii 
rcAe  ,  comroela  paille  \'t(k  du  bon  grain.  D*autces  croient  que  ce  titre« 
FmIc^  ,  cft  le  nom  d*aodifciple  de  Gratien  ,  qui  a  f^it  Hes  additions  aii 
D^crct.  Kojrc^  Antoine  Auguft'n,  de  Em<nJst.  0-atiani. 

a  L'ufage  det  guerret  priv^es  ^toit  vcnu  du  Nord  ,  &  avoit  liea 
en  Francc  des  le  commencemenc  de  la  Monarchie  ,  aiiifi  qu'un  peuc 
1«  voir  dans  Gnfgoire  de  Tours.  Cet  abus  continua  fous  la  feconde 
raceficmime  fort  avant  fout  la  troifieme  ;  mais  il  devint  pius  commua 
depuis  quc  lct  Ducs  &  let  Comtes  convertirent  leurs  Oflfices  ea 
Seigneuries  priv^es ,  en  fe  rendanc  propri<ftaires  a  tirre  de  Fief ,  8c  k 
la  chargc  de  rhommage  des  Provincet  &  Vilies  donc  i!s  n'avoienc 
auparavant  que  lc  Gouvernement ;  ce  qui  arriva  vert  la  fin  de  la 
feconde  racc ,  avant  lequel  temps  il  y  avoit  d^).i  dcs  Sei^neuries  &  Juf- 
cicet  priv^es  qui  nc  porcoient  pas ,  a  ia  verit^ ,  le  nom  de  Fief,  mait 
qu'on  appctoit  Alleu ,  &  qui  ^toient  difffrentes  des  Kifn^tices  civils 

2ue  Ton  nc  poffddoit  qu*a  vie.   Les  Seigneurs  qui  avoienc  quelqucr 
ij^^renc  avcc  lcurt  voifms  ,  convouuoient  leurs  VaiTjux  bc  arricre-* 
Vad^aux  •  qui  ^toicnt  oHIiges  de  les  fervir  a  la  guerre  envers  &  concrtf 
fout  •  m^mc  cofitre  le  Roi ;  cc  qui  fut  depuis  peu  ik  peu  aboli. 
k  lls  s^affembloicm  nwiat  f«uvfM  |6  moint  librement ;  n^aoniMtf 

Tmt  II.  K 


"14«  INSTITUTION 

Partie  I  ^^  ^y  *^^*^ prcfque  plus  que  celle  des  Papes c  qui  fftt  ref-^ 
Chap.  I. '  p^Stic  9  &  elle  reprit  un  nouveau  luftre  depuis  qu'ils  furenc 
d^Iivres  de  roppredion  des  petits  tyrans  du  voifinage  de 
Rome.  Ainti,  apr^sLeon  IX,  &  Tan  1050 »  il  fe  tintplu- 
iieurs  Conciles  pour  la  reformation  des  moeurs  &  de  I2 
difcipline ;  car  tous  les  Chretiens ,  meme  les  Clercs ,  ^toienc 
tombes  dans  un  grand  rel^chement :  la  fimonie  &  rincon* 
tinence  etoient  frequentes.  On  reprima  ces  vices  en  plu* 
fieurs  Conciles  particuliers ,  auxquels  les  Papes  pr^fiderenc 
en  perfonne  ou  par  leurs  Legats.  IIs  en  convoqu^rent  aufG 
de  generaux  a  Rome  &  ailleurs.  On  a  donne  i  ceux  dt 
Rome  le  nom  de  TEglife  patriarchale  de  Latran  i,  oii  ils  ont 
ixQ  tenus ;  &  le  plus  cel^bre  eft  celui  quifut  tenu  Pan  1215, 
fous  le  Pape  Innocent  IIL  II  contient  les  principaux  points 
de  la  difcipline  qui  eft  encore  en  vigueur. 

Ce  Pape  ^toit  Jurifconfulte ,  auflibien  qu'Alexandre  III, 
&  plufieurs  autres  Papes  du  douzieme  &  du  treizieme  fi^ 
cles;  c'eft  a-dire  qu'ils  etoient  inftruits  non  feulement  des 
Canons ,  mais  encore  du  Droit  Romain  que  Ton  recom- 
men^oit  a  etudier  e.  lls  etoient  confultes  de  toutes  parts. 


dans  les  premiers  temps  de  la  troifieme  race »  qui  furent  les  plus  tu* 
multueux ,  on  ne  laiira  pas  de  tenir  pluCieurs  Conciles  Provhrciaux  en 
diverfes  villes  de  FraAce  ,  comme  i  Reims  ,  Narbonne ,  Senlis,  Poi* 
tierSa  Oildans ,  Auxerre  ,  Dijon  ,  Beaune*  Lyon  ,  Touloufe.  Arras^ 
Limoges,  Vannes,  Sens  ,  Rouen  ,  Paris  «  Saint-Denjrs »  Tours  & 
autres  lieux. 

c  Lc  concile  de  Nic^etenu  en  315  ,  perroet  a  ceux  qui  fe  pr^ten* 
dent  excommuni^sinjuftement  par  leur^veque ,  de  fe  plaindreau  con- 
cile  de  la  province ;  mais  il  veut  que  toute  affaire ,  de  telle  ntture 
qu'elle  foit ,  fe  termine  dans  la  province  :  enforte  qu*il  n'y  avoit  en- 
core  d'appel  que  de  T^v^ue  au  concile  provincial ,  qui  jugeoit  fou- 
verainement.  Le  concile  de  Sardique  ,  tenu  en  347  ,  permit  aux  ^vd- 
ques  vcx^s  par  leurs  comprovinciaux  de  s'adreifer  au  pape  ,  qui  pour* 
roit  faire  examiner  Tatf^aire  de  nouveau  dans  une  aflfembl^e  d'^v£ques 
plus  nombreufe.  L'£g]ife  d^Afrique  s'oppofa  4  ces  appellations  d'outrc- 
mer.  L'^glife  Gallicane  foutint  auflfi  fortement  Pancien  ufage»  Mait 
ilans  la  fuite  on  c^da  au  pape  le  droit  de  connoitre  par  appel  des  cau- 
fes  des  evSques  ,  &  des  autres  affaire^  les  plus  importantes.  On  ad- 
mit  auift  i  Rome  raffaire  des  particuliers  ,  m^me  pour  les  affaires  I^- 
geres  ,  i  quoi  les  fauITes  d^cr^tales  ne  contribuerent   pas  peu. 

^  II  y  a  eu  quatre  conciles  gt^n^raux  de  Latran.  Le  premier  en  iiz2^ 
lc  fecond  tn  1139  ,  le  troiG^me  en  1179  ,  le  quatri^roe  en  121 5.  II  y  m 
cncore  eu  nombre  d'autres  conciles  tenus  dans  I'£glife  de  faint  Jean 
de  Latran ,  mais  qui  n'ont  pas  ^t^  g^n^raux.  Les  conciles  tenus  a  Rome 
Avant  l'an  649,  n'ont  point  ^t^  furnomm^s  de  Latran. 

<  Lcs  lois  de  Juflinien  etoient  tomb^es  peui^  peu  dans  I'oubIi.  Apr^s 
.£»  mort  on  fuivoit  Ics  lois  dcs  cropcreurs  Grccs*  Lt  corpi  da  dxoit  do 


A 


AU   DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.        147 


tiitiiie  pour  Ics  a(&ires  temporelles.  On  appeloit  continuel-  Partib  !• 
lement  a  Rome ,  &  on  y  jugeoit  Ics  plus  grands  difTerents  ^*^*  *• 
non-feulement  entre  les  Plveques,  mais  encore  entre  les 
Princes  fouverains.  Duns  ces  memes  fiedes  s*etdblirent  les 
Ordres  de  Religieux  Meiidians/"&  les  Univerfites  g.  Ces 
corps  fe  mirent  (bus  la  prote^lion  &  la  juiidi6lion  imme* 
diate  du  faintfiege,  &  Ton  en  ttroit  prelque  tous  les  Pre- 
lats  &  les  Miniftres  de  regliie.  Ainfi,  on  n'y  reconnut  plus 
de  loi  ^enerale  qui  ne  fut  emanee  du  Pape  ou  prefiJent  i 
un  Concile,  ou  aHill^  de  fon  clerge,  c'c(la-dire  du  Con- 
iiAoire  des  cardindux. 

11  y  eut  plufieurs  ColUdions  des  dccrctaUs  que  les  Papes 
avoieni  faites  depuis  le  decret  de  Gratien ;  mais  la  (eule  donc 
rautoriti  a  lubfide »  eil  celU  dr  Gre^oire  JX^  compofee  en 

1134,  par  S.  Raimond  di  P^giufort»  Dominijain  Cata- 
lan.  Elle  contient  lous Us  DJcrets  du  ^rjnd  tonciU  de  Latran^ 
de  1 2 1  5  ,  &  /«i  dicifions  dcs  Papes  lur  un  grand  nombre  de 
proces,  diftribuees  en  cinq  Itvres  par  ordre  des  matieres  A. 
C*eft  ce  que  Ton  appeile  fimplement  Us  DecretaUs  \  &:  les 
Canoniftes  appellent  amiques  touces  cciles  qui  tbnt  dans 
les  Colleftions  precedentes. 

£01298  Boniface  ^111  fir  publier  unfixieme  Uvre  des  decri* 
iaUs^  divifeen  cinq  livrcs,  &  (liilribue  d.jns  le  meme  ordre 
quc  lc  recueil  de  Gregoire  IX.  Ou  Pappetie  U  ^exte  :  il  con- 
ticnt  les  Dtcrets  des  diux  conaics  feneraux  de  Lvon ,  ou  plutdt 
des  Papes  qui  y  prefivlere  t ,  «avoir,  Innoccnt  I  V^  au  premier 
tenuen  1245,  &  G  egoire  Xi)u  fecond  en  1274.  Le  Sexte 
contient  auffi  piufieurs  autres  Conflitutior.s  dcs  Pjfi  f ,  depuis 
Gregoire  IXjufqua  Boniface  Vlli.  Mais  les  «iitierents  i de 


Juflinien  fut  perc^u  en  Italie  lors  des  riv;ig?s  qi)*y  firent  les  Goths,  & 
cnfuite  lcs  LombHrdv.  Le  Ui|^ci)e  tjt  re;  o.ive  d  A^-.i.i  h  cii   1  1 3  , ;  8c 
fluelquc  temps  apret ,  l'emp<;rcur  Lo.li  .irv  or  -tu  r.^  a  tovtv  lcs  Ju^t.&  d« 
lc  conformer  au  druit  Ro?naMi  dans  Itfu-v  j   ^v.MT.f  ns. 
f  Ktfjre^ci^aprek  le  chAp.  12,  &I1  n.'V*  uu  .  \.o  p^rle  d<  ces  ordrcs» 
g  ycjt\  ce  qui  eft  dit  ci-aprc«  -■•-s  un  vtf'i.rc>,  ».l»ap.  10. 
h  Le  prenier  traite  dcs  Ju^iev  etc  d»  illtquc .  ,   le  tic  j»d  ,  iU^  i>>^t» 
fliens ;  le  troiiicme,   de«  ecclori..iii.|ii''s  ;  lc  i|..  irun.-.».  itcs  maridg^t^ 
Sc  Ic  cinquieme.  des  ciimes  :  ce  w|  .1  t:l  cx(.tim«f  p  r  «.e  ter^ : 


Judtx  ,  Judiclum  ,  Cicrus  ,  SporjMia  ,  Crtmcn, 

i  Cc$  dilF^rents  commcncfrcnt  pir  U  mJco.iteiremont  .jnc  nonifjcc 
yUl  tutdc  c«  quele  roi  avoic  douac  tcu^ice  aiui  v  oiormcs  lci  cn* 

Kij 


14?  INSTITUTION 

'  ce  Pape  avec  le  roi  Philippe  le  Bel,  ont  fon  decrediti  H 
en  France  les  Decretales  qui  poftent  fon  nom.  Le  recueil 
qui  ttit  faii  enfuiie  s'appelle  les  CUmtntints  l ,  parce  qu'il  ne 
contient  que  Ui  Conjliiuiions  dt  CUmtntV,  faites  dans  le 
ConciU pniral tJe  Vitnnem  ijii.  Ce  ftil  Jean XXII qui  les 
fit  publier  en  1317. 

Toutes  les  Conilitutions  qui  ont  htk  depuis  ajouties  au 
Corps  de  droii ,  font  comprifes  fous  le  nom  general  d'£x- 
travagantts ,  pour  montrer  qu'elles  font  demeurees  comme 
errantes,  hors  les  auires compilations.  D^s  auparavant,  les 
Canonifies  citoieni  par  ce  moi  exira,\es  Decretales  de 
Gr^goire  IX  pour  marquer  qu'elles  ^toient  hors  le  Decret 
deGratien,  qui  avoit  patr^jufqueslapour  lefeul  Corpsde 
droit ;  &  on  les  cite  encore  ainfl.  II  y  a  Us  Extravagarutt  dc 
JtM  XXII  in,  &  /m  txtravaganttt  eommunes  n  qui  contien- 

nemii.Lti  (uietsdc  plaintc  duroi  ^loicnc  que  le  papc  *ouloit  parti|M 
■vec  lui  U(  d^cimcs  levjct  fur  Jeclerg^  de  Frince,  &  de  ce  que  le 
papc ,  pout  fe  venget  de  fon  tefu) ,  ait»  un  nouvcl  twWbt  k  Pimicrt , 
fins  le  concours  dc  riulotit^  du  toi ,  quoiijuc  ce  concouri  fQt  abfolu- 
ment  ncceflTaire.  Boniface  ,  pour  biavei  le  roi ,  nomma  pour  Ugai  eit 
France  Bctnitd  SiilTcti ,  qui  s'^toit  faic  otdonnct  jvique  de  Pimicis 
malgt^  lc  loi ;  &  cc  mjme  Bernaid,  en  vcrlu  de  fctpouvoiri  de  l^ 
gat ,  □idonni  au  roi  de  paitit  pout  une  nouvelle  croifade  ,  8t  de  mct- 
tre  le  comte  de  Flindtc  en  libert^.  Lc  loi  Sit  aii£ter  Bctoatd  ,  Oc  1« 
tcmit  i  raichcvfiiue  de  Natbonnc  fon  m^ttopoliliiti.  Le  pipe  ntit  !• 

ron  convciquerait  un  concilc ,  &  quc  l'on  appelcioit  au  futur  concil» 
de  louc  cc  qui  avoit  iti  fitl  pai  1e  pape.  Nogaret  pailil  pout  notifier 
cel  appel.  Sciata  Colonne  ,  fit  lui ,  inveHiieni  te  pape  dans  Anaeni  :  1« 
papc  fe  fauva  ,  mats  il  mourui  quel<[ucs  jours  april  ,  lc  IZ  Ofiobi* 
130J. 

k  II  fuc  difendu  pai  oidonnance  du  roi ,  cl'cnreignei  tc  Scx>e  daa» 
les  ^colei ,  ni  de  le  cltci  conimc  loi  ;  &  afluellemenl  encoie  on  ne  peut 
lecitet  enjulliceque  eorame  une  nKon  iciite,  &  autantqu'il  fettou- 
*c  conforme  i  nos  ufages.  Vayi,  Motn:>c  ,  ad  Ugem  8  di  JlJIHu  &■ 
Jnri.  Biodeau  fur  Louct ,  Uiin  N.  n.  41. 

/  Le>  Cli>mcnlincs  fonl  une  cumpilalion ,  lant  des  d  jctets  du  cDncil* 
giniiai  de  Vienne  ou  Cl^mcnt  V  avnit  prefid  j ,  quc  de  res  jpiitcs  oa 
ConfliiutiDni ;  mais  fa  mottarcii^e  le  10  Aviil  i;i.f ,  rayani  empfch^ 
de  pnbliei  cctle  collcaion ,  elle  ne  parut  que  fous  Jeia  XXII,  foa 
fuccefleui,  qui  l^adielTa  aui  univeilitjs. 

m  Ce  papefucc^da  i  Clcment  VII.  II  a  talfl'i!  ic  Connitullont.  doat 
la  detniere  efl  de  i;i;.  Ellei  oni  iii  recueillici  fous  le  nom  i'Exira-    . 
vagawm.  L'auieuc  dc  cette  CoUffiion  cnincetciin  ,  aulTi  bicn  que  !• 
Kinpi  ou  elle  a  patu  ;  elle  efl  divif^c  par  ticici ,   ni;iit  non  par  livcct  , 
1  caufedu  pcu  de  Lois  qu'clle  conticnt.'* 

n  Cefl  unc  Coile^ion  de  divctres  ConRltutlons  qui  o'<toient  pa» 
comprifei  ditn  1«  pr^c^dcniet  ColIefKoni.  II  7  en  a  dc  difT^tent  Pa- 
fts  ,  depuit  Urbain  IV  ,  fiifqu'1  Siilc  IV  ,  c'ell-i-dire  depuii  \'tm 
1160 ,  iufqu'1  l'in  nij :  ellet  foat  ^tiiitt  «a  ciD4  Liviei  >  ceonw  1« 
«Dtict  Collcttiei»  itt  Dicrittlu. 


A> 


AU   DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.       149 

ncnt  lcs  conftirutions ,  non-feulement  des  Papes  fuivans  ,  _ 
mais de  quelquesuns  des  precedens ,  meme au-dela d*Inno-  cuap.  U 
ccnc  III.  Voila  les  livres  qui  compofent  ie  Corps  du  Droit 
Canonique ,  que  Ton  explique  dans  ies  ecoles.  Le  Dccrct , 
les  DecrctdUs ,  lc  Scxtt  0 ,  les  Clcmcntincs ,  les  Extravagantcs. 
II  n*y  pas  200  ansdepius  Gratien  jufqu'au  pape  Jean  XXil ; 
&  dans  cz  pcu  cic  temps  furent  faites  tant  de  lois  nouveilcs* 
Aufli  fut-cc  alors  qu*arriva  le  grand  changement  de  la  difci- 
plinc.  On  ne  connoiiToit  plus  d*anciens  Canons ,  que  ceux 
quietoicnt  dans  le  recucil  de  Gratien;  &  la  dialedique  qui 
rcgnoit  dans  les  ecoles ,  fourniflbit  mille  fubtilites  pour  les 
iluiler.  AinG,lcs  abus  croifToicnt  &  les  remedes  diminuoient» 
I>*aiUeurs,  lcs  Papcs  etoient  dcvenusSouverains  en  Italie/y, 
&  la  plupart  des  Evcqucs  Seigneurs  temporels  q.  L^ignoran- 
cc  des  lalqucsr  rcndoitlcs  ClercsnecefTaircsdans  toutcs  les 


note  qui 


•  L'oo  n^torcigne  point  le  Sexte  dans  les  Ecolei.  yoyc^  la 
cfi  ci-devant.  ps^  1^7 ,   14S  ,  au  fujet  de  cette  Col!e£lion. 

/  La  puiffance  teroporelle  des  Papes  dans  Rome  &  dans  une  partio 
fle  ritalie  fe  fbrma  peu  i  peu.  Elle  commen^a  du  temps  de  Chartet 
Marcel  t  qui  prot^gea  Or^goire  Ul  contre  le  roi  des  Lombards.  Pepia 
£t  dct  donatiuns  conGd^rables  a  rEglife  de  Rome  ;  mais  il  ne  donoa 
pat  an  Pape  la  fouverainete ,  puifque  CUatlemagne  ,  contirmani  Ics  do- 
aaiiont  faitet  au  faint  (iege  ,  fe  r Jferva  la  fuzerainct^  ,  &  que  fuivant 
nnc  lettrtdt  L^oo  III  k  ce  meme  Hmpereur ,  le  pape  rcndoit  homma- 
^c  detoutetfes  pofTedions  auroide  France.  La  louverainet^  du  i'ape 
dans  Rome  &  dans  fes  autres  poirelTioni  sVtablit  peu  a  peu ,  par  fuccef- 
^on  de  teaps,comme  toutes  les  autres  fouverainet^s  qui  furent  d^mcm- 
br^es  de  Tempire  apres  Textin^ion  de  la  maifon  de  Ch^rlemngne. 

f  Les  grands  biens  que  TEglife  poflfede  en  FrAnce  vinrcn:  d'abord 
des  donations  &  ventes  qui  lui  furent  faites  du  temps  des  croifades  .* 
d*aiJleurs,  c*^toit  anciennement  Tufjge,  que  chacan  enmourantlaiitiit 
quel(|ue  chofe  a  rEglife  ,  autrcment  fe  ddiunc  etoit  r^putc  Dcconf<\f 
&rkglife  fuppl^oit  1e  TeAament  qu*il  auroit  du  faire  ,  en  re^lant  ce 
qu'ii  devoit  laiiler  arEglife;  les  ecclcfudiques  ,  &  fur-tout  lev  Lv^- 
ques  t  donnoient  leurs  biens  a  leur  hgliie.  Ch.tr!cmagne  voulut  que 
les  ^viques  laifTaflfent  4  leur  Eg>ife  Ics  biens  quMs  auroient  acquisne* 
puis  leur  ordination.  Enfln  nos  Rois  •  en  concourant  a  lafond.ition  det 
cvich^s,  les  dotcrexit  de  grandes  terres  &  feii;neuries.  Lcs  Evcquet 
commenccrent  a  poffcder  des  fief»  des  Ics  premier^  ten»,^s  de  lcur  ori- 

f;tne;  8c  avaot  rinflituiion  des  iiefs ,  ilsavoientd^ja  de  grandes  pof- 
eifions. 
r  L'igoorance  fut  fort  grande  en  gincrat  depuis  le  comrrcnrement 
de  la  mon«rchie,  &  fur-tout  dcpuis  lefepiicmc  liccle  jjfqii^a  Lliirle- 
jnaene ,  qiii  fut  le  reftaurateur  des  Icttres.  Ellc  rccommcr.q,:  vers  U  ftu  Je 
la  lecondc  race  ,  a  caufedes  ravages  des  Norm.mds  ,  6i  dur.i  cr.core 
plus  de  tso  ans.  Elle  etoit  fi  grandc ,  qu'il  n*y  avoit  ^i.cr.s  i^i.e  les 
«cclefi^Jl.ques  ooi  fufTent  lire  &  ^crirc.  On  peut  mcme  rej^ardcr  c.^m- 
me  des  temps  d'ignorance,  tout  le  tcmps  qtii  s^cHec^jiJ  ji.!v;u'.i  rran* 
f ois  1  j  qui  fut  U  Grcond  tcAauraicur  •dcs  lcctres.  La  conaoiUance  dci 

K  iij 


t^o  INSTITUTION 

PARTrE  I.    afFaircs  publiqiies  oii oarticulieres.  II  e?oiT  JiifiLiIe  querefprit 

Cb^p.  1.      ecclefialtiquc  6i  ia  chdnre  pdUor;ile  cijnicrvat  U  purete  au 

miaeu  des  proccs  &  dcs  Rcgocjuncfiii  dansi  les  Cours  des 

Princes  &  ddns  ies  arniees,  ou  !es  preiats,  &  meme  les  pius 

fciinfs  Relteieux ,  eroient  obliges  Mc  le  troaver. 

D^un  (.ore ,  on  le  relacha  a  tbufirir  dcs  Gercs  ignorans ,  k 
les  d<f poter  rar^rmenr ,  roeme  pour  les  pius  g:  ands  cnmes ,  & 
^  les  retabiirfadlemenr ;  a  remertre  aux  pecheurb  ies  peni- 
tencescanoniques,  pour  dcspeiei  ir.at^esy  &^  aumunes ,  &: 
a  donner  (ies  induigences  ^encraicii :  on  rendir  les  privikrges 
plus  communs  que  le  droit  commun.  On  arut  que  les  Pspes 
ne  pouvoient  mieux  faire  paroitre  leur  puiiTance ,  qu*eii 
etendant  tlins  bornes  le  droit  de  dirpenfer  des  Canons  ;  aa 
lieu  que  pendant  milieans  iis  en  avoient  \:(i  avec  une  extre- 
0ie circonfpedion. Dun aurre  cote, la  rigueur  des  ceniiires 
ccclefiailiques  r  etoir  devenue  tres-grande  depuis  ronzieme 
iiec;e  ,  &  on  ies  employoir  frequemmenr,  iceme  pour  des 
afTaires  temporelles  &  legeres.  Oa  etablira  le  tribunal  de 


lettres  ^roir  rell«menc  proprc  aiix  Ecc!efia{Hc{ues ,  que  le  terme  dc 
Clerc  fuc  iLti^-remps  rynonime  cl'hommelertre  ,  &  queles  Liqucs  m^ 
mes  <]ui  f.)itoicrnt  la  fonflion  de  Gre!?iers  cu  de  Notaires  &  autrcs 
fembbbles  ,  etoieot  auiri   appel^s  CUrcs. 

f  Des  ie  huitieme  iiecleles  .selerinages  a  Rome  &  a  Jerufalem  ^otcat 
^rrenus  fortfrequens  ea  France  &  ai;ieurs.  Les  Moinei  m^me  &  Ics 
Rellgieules  quirtoient  leurs  cldtures  ,  poir  aller  a  Rome  ou  a  /erufa- 
lem.  On  les  ordonnoit  quelquefois  pour  p^nitence  aux  pcchcurs  :  d*au- 
trcs  les  fiiiroient  de  ieur  proprc  mouvemenr.  Celui  qai,  ayant  fjit  vacu 
d*a!ier  en  p^Ierinage ,  ne  pouvoit  y  aUer  en  perfonnc ,  enyoycit  qucl- 
qa*un  pour  accomplir  fon  voeu.  On  fe  plaigmt  haurement  des  lc  com* 
iRcncement  du  neuviemc  fieclc  ,  au  Concite  de  Chaloos  teou  cn  815  « 
dcs  abus  qui  fe  commeitoient  dans  ces  p<$Ierinages. 

t  Sous  lc  terme  de  cenfures  ecc'^fiaAiques  on  comprend  quelquefoiS 
t0utes  les  peines  canoniques ,  comme  U  d^poiition  ou  la  d^gradation 
^our  lesClccs;  mais  !es  cenfures  proprcment  dites,  font  ,  la  fuf- 
penfe ,  rin*erdit  8c  rtzcommunication.  Voye\^  ce  qui  cn  ed  dit  ci-apres  , 
iom,  II ,  chap.  19. 

V  L'inquinrion  td  une  juridiAion  cccl^fi^nique  ^tablie  cn  Efpagne» 
tn  Portu^al  &  cn  Italle  ,  pour  la  rechcrche  de  ceux  qui  o*onc  pas  dc 
lions  feririmen*  fur  !a  Re!'^ion  :  c'cft  ce  que  Ton  appelle  i  Rome  le 
tribunal  du  faint  Officc.  II  y  a  des  inquiiitions  fubalternes  qui  y  ref- 
^ortiffent  p;ir  appel.  Quelques-uns  regardent  comme  l'oric:ine  de  ce 
tribnnjl ,  une  Confliturion  que  le  Pape  Lucius  fir  au  Coociie  de  V^rone 
en  1 1^^  ,  01*1  il  ordonna  aux  ^v^ques  dt  s'irfoifrer  psr  eux  ou  par  des 
comminaires,  det  perlcnnesfufpe^ef  d'h^re(ic5 ;  mais  onregarde  p'us 
commun^ment  Innocent  IIl «  comire  auteur  de  rinquifition.  L^h^r^iie 
dei  Vnudois  qui  commen^a  des  1160,  obligea  ce  Pape  d*envoyer  en 
1300  a  Touloufe  dcs  Pr^cheurs  «  qui  avoient  faint  Oominique  a  leur 
litt,  pour  exciter  It  fcrveurdcf  ptincei  6c  dci  ^v^ques  i  rcxtirpa- 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       151 

nnquifition ,  &  h  procedure  extraordinaire  par  emprifon-    Partii  U 
nement&  informations  fecretes,  pour  les  crimes concer-    Chaf.  !• 
nant  la  Religion.  On  confondit  la  puiffance  temporelle 
avec  la  fpirituelle»  jufqu*a  pretendre  que  le  Pape  avoit 
droit  de  depofer  les  fouverains ,  &  de  difpofer  des  cou< 
ronnes. 

La  plus  Fude  atteUne  que  re^ut  jamais  la  difcipline  de 
FEglife,  (iit  pendantle  grand  fchifme  d'Avignon,  furlafin 
du  quatorzieme  fiecie  x  Chaque  Pape  donnoit  a  Tenvi 
toutesfortes  de  difpenfes  &  de  graces  ,  pour  augmenter  ou 
conferver  fon  obedience  ;  les  crimes  etoient  diilimules  ^ 
|>ourvu  qu*on  demeursit  fidelle  au  parti ;  &  comme  on 
s*excoinmunioit  de  part  &  d*autre ,  les  cenfures  tournoienc 
4  m^ris.  Le  ConciU  dt  Conflance  tenu  en  1 4 1 4  y ,  commen- 

tioa  des  h^r^tiques.  Ils  ne  fdifoient  d*abord  que  de  nmples  enqu^tet 

pour  en  faire  leur  rapport  a  Rome ;  mais  au  commfncement  du  treizie- 

jn«  fiecle  l'£n)pereur  Fr^deric  II  attribua  ^  des  Juges  Clercs  la  con- 

fioiflance  du  crime  d*h^r^(ie.  Depuis  ce  temps  on  a  apport^  divert 

tciBp^ramens  a  Texercice  de  cette  juridiAion  d^ns  lespa^s  ou  elle  eft 

tftablie.  L'inqui(ition  qui  avoit  iil  ^tablie  en  France ,  a   Touloufe  « 

pour  1'extirparion  de  1  h^r^fie  des  Aibigeois  ,  tomba  en  d^cadence  avec 

cette  fe£^e  •  dont  les  reftes  alle^rent  fe  cacher  dansles  vali^es  duPie- 

inont.  La  trop  grende  ^pret<S  des  inquifiteurs  leur  iit  perdre  beaucoup 

ile  lcur  cr^dic.  Le  Pariement  ne  leur  laiflfa  prefque  plus  que  le  droit 

4'ezamiRcr  les  Livres  de  Do^rine.  Malgr^  cettc  efpece  d^an^antiffe- 

mcntf  les  Dominicains  de  Touloufe  ont  conferv^  )ufqu'i  ptdfent  It 

titre  fans  (on^on  d*inqui(iteurs  de  1a  foi.  II  y  a  toujours  un  d'cntre  eux 

qaieftreritude  cette  charge  imaginaire.  L*archeveque  de  Touloufe 

leur  j  enlev^  le  feul  droit  qui  leur  ^toit  d^meur^,  d*examiner  relec* 

fion  des  Capitouls  ,  pour  s^aiTarer  s*il  n'y  en  avoic  qui  fulTent  fufpe^t 

cfb^r^fic.  Voyt\  les  annales  dt  Touloufc  par  la  Faille.  II  y  auroit  bien 

d*autres  choics  curieufesa  dire  fur  rinquifitioo  j  mjis  clles  padcroient 

les  bornes  d'une  fimple  note. 

jr  Ce  que  TAuteur  nomme  ici  fchifme  d'Avlgnon  ,  e(l  ce  qu*on  ap« 
pcUc  commun^ment  legrand  fchifme  d*Occident,  ainfi  appel^  ,  pour 
le  diflingucr  du  grand  Ubifme  d*Orient  ou  desGrecs,  ou  diviJion  de 
rEgtife  Grccque  d*avcc  rEglife  Latine  ou  Romaine  ,  qui  commen^aea 
S55  par  rde^ion  irr^guli^rede  Photius  pour  Patriarche  de  Conft.inti* 
nople,  en  la  place  de  faint  Ignace.  M.  rleurv  appelle  le  fchime  d*Oc* 
cidcnC,  fchifme  d'Avignun,  parce  que  ce  lchifme  arriva  par  rapporC 
aui  Anti-papcs  qui  tinrent  leur  fiege  a  Avignon.  Ce  fchifme  vint  a  Toc* 
cafionde  la  mort  d«  Gr^goire  ,  mort  4  Romeen  378  ,ourannee  d*att« 
paravant  ilavoit  r^ab  i  leiaintfi^^e  qui  avoit  ^t^  transf^r^  i  Avignon 
«eputft  70  ans.  Les  cardinaux  Rumain>  iui  elurent  pour  fuccefTeur  Ur- 
hain  VI  ,  qui  demcura  a  Rome  :  les  cardinaux  Fran(;ois  &  quelques- 
uns  Italiens  ^!urent  Cement  V'I!  ,  qui  fe  retira  a  Avignon  ,  ou  il  de- 
mcurt  &  fekfuccelfeurs.  Ce  fchifme  ,  qui  part^t;ea  toute  In  Chr^tien- 
t^,dura  51  ans  ,  &  ne  finit  quc  fous  Martin  V.  Clement  VIII ,  Anti- 
papc  ,  ayant  alors  abdiqu^  ,  iMartin  demeura  feul  Pape  5c  chef  de  taut« 
•EgJifc. 

7  Cc  Coocile  fut  termin^  le  22  Avrll  141 8. 

K  iv 


V 


il    :.    !..:■.  V. 


.■I'Jt,k<..::.-.a.i,.  Uix   fct# 


AU    DROIT   ECCL^SIASTIQUE.       155 

&  re)eter  ce  quiavoit  ete  introduit  dans  lesderniers  tempst  Partib  U 
par  ignorance  ou  autrement ,  contre  les  anciens  Canons-  Cuav*  U 
11  ne  taut  pasnous  flatter  pourcelad^etredemeures  dansla 
purete  de  Tanctenne  difcipline  ;  mais  il  cd  certain  quenout 
nous  fommes  defendus  de  plufieurs  nouveautes  ,  qui  ont 
cours  en  d'autres  pays.  11  ne  faut  pas  croire  non  plus,que 
Ton  doive  parlcr  a  prefent ,  comme  Ton  faifoic  pendant  le 
fchifme  &  lesautres  temps  ficheux ;  les  remedes  des  mala- 
dies  dangereufcs  deviennent  pernicieux ,  fi  on  les  applique 
hors  de  leurs  cas. 

Le  concile  de  Condance  avoit  cru  que  le  meilleur  moyen 
pour  relever  la  difcipline ,  &  corriger  les  abusqui  avoient 
caufe  le  fchifme ,  etoit  de  tenir  frequemmcnt  c  des  Conciles 
generaux^  quoique  TEglife  s'enfoit  paiTee  pendant  les  trois 
premiers  fiecles  d ,  &  n*y  ait  eu  recours  que  comme  a  des 
rem^es  extraordinaires.  En  execution  de  cette  ordonnan- 
ce  /  ,  Je  Pape  Eugene  IV  convoqua  un  ConciU  a  BJle  en 
143  I  :maisil  voulut  leHiflbudre  apresla  premiere feilion , 
pour  des  caufes  qui  ne  parurent  pas  fuffifantes  / ,  &  ii  fut 


€  SuivantU  Pragmatique-fan^ion  l'on  devoit  |^s  tcnir  de  dix  ans  en 
diz  ans  i  ce  qui  nt^anmoins  n'a  pas  ^t^  oblerve  a  caufc  de  la  difficuh^ 
d«  lci  affcmbltr ,  &  des  autres  circonAances  qui  e n  ont  empSch^. 

d  Le  premier  Concilc  occumcnique  e(l  cclui  de  Nicec  ,  tcnu  Tan  ^sf. 

€  Martio  V  indiqua  un  Concilc  a  Pavie  ,  ou  Ton  en  (it  rouverture 
au  mois  de  Mars  1423.  La  contagion  qui  regnoit  d^ns  cctte  Ville  le  fiC 
cransfercr  a  Sicnne,  ie  22  Juin  de  la  m^me  annce.  Les  Prelats  alTemblcs 
i  Sienne,  finircnt  IcConcilc  lc  21  Fevrier  14x4  ,  fic  en  indiquerent  ua 
■utre  a  Baile.  Ce  ne  fut  donc  pas  Kugone  IV,  lucccRcar  de  .Vlartin  V  , 
qui  indiqua  lc  premier  Concile  ,  mais  Martin  V  ,  qui  mourut  avant  la 

f»remiere  reifion  de  ce  Cuncile.  Hugene  IV  ne  fit  qu'en  con^rmer 
'indication. 

/La  principalc  caufe  fut  parce  que  Ic  Concilc  avoit  d^clare  que  le 
Papc  meme  ttoit  foumis  aux  Oecrcts  des  Conciles  {;encraux.  11  n'y  oat 
iam«is  unc  parf^ite  intelligence  cntrc  ce  Pape  6c  les  Pcres  de  ce  Conci!e. 
tj^ent  IV  fut  ccpendant  oblig^  de  le  conhrmer  ;  mais  aprcs  la  mort 
cic  CF.mpcrcur  Sigiimond  ,  qui  pouvoit  feul  maintcnir  l'union  cntrc  le 
Pzpc  6l  les  Peres  du  Concile  ,  ils  fe  brouiHcrent  te-lerr.ent ,  qu'liugcne 
el^clara  Ic  Conciie  diiruus  ,  6c  en  afTcmbla  un  a  Fcrrare  en  14^7.  H 
«scommunia  lcs  Peres  de  BaHe,  enlorte  que  le  lchifme  recomuicnqa 
Coui  de  nouveau :  le  Concile  tk  le  Pape  envoycrcnt  chacun  de  lcur  cv:6 
des  Am^JtTadeurt  dans  les  diflferens  Royaumcs,  pour  Ics  attircr  djns 
leur  p«rti.  La  France  &  rAI!em?^nc  dcfaprouvcrent  ^^..lement  les 
Sentenccs  du  Pape  contre  le  Concile ,  &  celles  du  ('oncilc  contre  le 
l^apc  :  on  ordonna  qu'cn  attendant  la  fin  de  ce  ditf^rcnt,  Ics  Kfjiles 
/croient  gouvernecs  fclon  le  droit  ordinaire;  on  6t  p!us  en  Fr.>nce, 
car  a  ccitc  occa6on  parut  la  fameulc  Ordonnance  appcLe  Pr.i^iTr.itique- 
^Bciiun.  Ccpcndant  les  Prdats  de  Bafle  ayjnt  p'iufu*iirs  foi.  forrtmi 

ijj^csc  ly « iBau  inutilcmcnt^  dcfc  tcouvcr  au  Concilc  >  lc  dJposccc^c 


IJ4  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

'partie I-   ^^^S^  d*adherer  au Condle ,  &  d'approuver  ce qui y  avoif 
iCBAP.  I.     ete  ordonne.  Deux  ans  apres ,  le  Pape  &  le  Concile  fe 
divifirenc  encore  ,  &  cette  feconde  divifion  fut   ians 
retour. 

Pendant  qu*elle  duroit ,  TEglife  Gallicane  s*aflembla  k 
Bourges  en  1438 ,  en  prefence  du  roi  Charles  VII ;  &  la 
fiit  faite  une  ordonnance  que  Ton  appela  la  Pragmatique^ 
SanHiong  ,  d*un  nom  deja  donne  a  quelques  Conftitutions 
des  Empereurs  ,  &  a  une  Ordonnance  de  S.  Louis  h  qui 
reprimoit  les  entreprifcs  de  la  Cour  de  Rome.  Par  la 
Pragmatique  de  CharlesVil,  TEglife  Gallicane  adh^re  au 
concile  de  fiale  ,  qu'elle  reconnoit  pour  legitime ,  &  regoic 
plufieurs  de  fes  Decrets  avec  quelques  modifications.  L*Al- 
lemagne  (e  declara  neutre  dans  ce  different  entre  le  Pape 
&  leConcile,  &  demeura  en  cet  etat  jufquen  1447  ,  qu* 
fiit  paiTe  U  Concordat  Germanlque  entre  le  Pape  Nicolas  V  , 
qui  venoit  de  fucceder  a  Eugl'ne  IV,  &  TEmpereur  Fredc- 
ric  III ,  avec  les  Princes  de  Tiimpire.  Ce  concordat  s*ob- 
ferveencore,  &  regleen  Allemagnela  difpofition  des  pr^ 
latures  &  des  suires  benefices. 

La  Pragmatique  de  France  n*etoit  pas  moins  odieufe  aux 


cn  1439,  &  ^lurent  Am^d^e  VIII,  Duc  de  Savoie,  fous  le  nom  de 
Felix  V.  Alors  Eugene  transf^ra  le  Concile  de  Ferrare  ou  tfcoic  la 
peAe  ,  en  la  ville  de  Florence ;  &  en  i^^i ,  ii  le  transf^ra  de  Florence 
k  Roroe.  II  mouruc  en  1447. 

g  La  Pragmatique-fanAion  a  ^C^  ainfi  appel^e  du  mot  Pragmaticum^ 
qui  dant  le  Uroic  ugnifie  une  Loi  ou  un  Edic  de  TEmpereur.  (  Pragma" 
iica ,  en  Efpagne ,  (ignifie  une  Ordonnance  )  &  du  moc  fandio ,  qui 
d^Hene  iingulicrement  cecte  parcie  de  la  Loi  qui  d^fend  de  faire  quelque 
chole  fous  cerCaines  peines. 

h  L*Ordonnance  de  S.  Louis ,  appel^e  commun^ment  Pragmatiqut 
de  S,  Louis  ,  e(l  du  mois  de  Mars  126S.  Elie  eft  rapport^e  dans  le  pre- 
tnier  Volume  det  Ordonnances  de  la  troifieme  race.  S.  Louis  n'a  pour- 
tanc  pas  donn^  i  cette  Loi  le  nom  de  Fragmatique  :  il  Ta  qualin^e  au 
commencement  de  hoe  t^iSlo  con/uitijpmo  »  6c  a  la  fin  de  prafcntcslit^ 
teras,  Elle  veuc  que  les  Pr^Iats ,  Patrons  &  CoUaceurs  des  B^n^fices 
jouiflenc  pleinemenc  de  leurs  droits ;  que  les  F.glifct  Cath^drales  & 
aucres  aienc  la  liberc^  entiere  de  faire  leurs  ^le£tions  ;  que  le  crime  de 
£monie  foic  banni  du  Royaume  ;  que  les  promutions,  coUations  de 
Pr^Iatures  &  aucres  B^nefices  foient  faites  fuivant  le  drott  commun  ,  les 
D^crets  des  Conciles  &  les  d^cifions  des  Peres.  £ile  veut  auHi  que  les 
cia^ons  de  la  Cour  de  Rome,  qui  avoient  appauvri  le  Royaume , 
»'aient  plu^Iieu,  fmon  pour  ureentt  n^ceffit^  »  du  confentement  du 
Roi  &  de  TEglife  Gallicane.  Enffn  ,  elle  confirme  les  libertes  ,  fran- 
chifes ,  immunit^Sj  droits»  priviUges  accord^s  par  les  Rois  aux  Egiifes 
fc  Monafieres. 


A 


AU   DROIT  ECCL6SIASTIQUE.      155 

Papcs  i  que  le  concile  dont  elle  ctoit  tiree.  Le  roi  LouisXI  partic  I» 
avoii  \ou!u  Tabolir  $  mais  le  Cierge  s'y  etoit  oppofetrop  Chap.  L 
fortemcnt ,  lUr-tout  les  Univerfitcs  &  les  Parlemens.  Ce 
fut  un  dcb  f ujcts  du  diiTcrent  enti  e  le  Pape  Ju!es  II  &  le  roi 
Louis  XII.  Jules  avoit  cite  le  Roi  au  Concile  de  Latran  , 
pour  dcfendre  cette  ConAitution  ,  &  etoit  pret  a  la  con- 
damner  quand  il  mourut.  Enfin  le  Pape  Leon  X  terminacette 
a£kirc  avec  le  Roi  Fran^ois  I ,  a  leur  entrevue  de  Bologne 


(  Eugene  vou*ut  en  faire  r^former  au  moins  certains  artictf  s  ,  mais 
Charlci  VII  eo  prcfcnvi*  p!us  ^'roitement  l'wbfervation.  Pie  II ,  apres 
•voir  (otcrmcnt  c^cLm^  contre  el!e  dans  i';.(r«rmbl^e  de  Mantuuc  en 
I4f9,  fit  fcs  U^cr^t^les  ,  Exccrahilis  &  Inauditus  ^  contre  ceux  qui 
ap}.c.lent  du  Papc  au  Concile  iean  D^uvet ,  Irocureur  G^n<fral  du 
Partcmenc,  procefta  au  num  du  Roi  contre  la  hdrangue  6c  les  Decr^- 
talcs  ,  &  eo  jppcia  au  futur  Cunciic  en  1461.  Louis  XI  voulant  mettre 
lc  Fape  dan»  (es  iot^t^rs  par  rapport  i  la  Sicile  qu'il  vouloit  faire  avoir 
A  Rtfo^  dWnjou  ,  r^voqua  la  Pragmatique  p^r  drs  lettres  du  17  Novem* 
brc  i4<ii,  iidrclf^cs  au  Fape  Fie  II;  charm^  de  cette  nouveile ,  il 
^onna  .lu  Koi ,  en  pr^lent,  une  ^pee  gaiiiic  de  pierreries.  II  fit  publicr 
lcs  Leitres  de  r^vocation  ,  &  trainer  dar.s  les  rues  de  Rome  la  pan- 
carte  ,  contenant  |.i  Pragm;itique  qu'on  iui  avoit  envoy^c.  Ces  Lettrct 
Bcfurrr.tpoint  regiAr^es  au  P;«rlement ;  &  !e  Roi ,  m^contcntdu  Papc» 
Cc  mit  pcu  cn  pe.ncde  f^ire  execuier  cette  r^vocation.  Le  Cardinal 
d*Arras,  a  qui  e!!e  avcit  v.ilu  !e  chapenu  r^e  Cardinal ,  ^toit  aulTi  m^- 
conteiit,  parcc  que  le  Ptpc  ne  lui  avoit  pas  permis  detenir  enfemble 
rAri.hevich^  dc  Befan^on  «( lEvech^  d^Alby.  La  mort  de  Pic  11 ,  fur- 
vcnue  trots  aot  apres ,  &  l*ctat  d'incertitude  ou  I'on  ^toit  pour  lcs 
B^it^Mces ,  donnerent  lieu  a  des  remontranc^s  du  Parlement  pour  le 
r^t.ibjlTeroenf  dc  la  Pragmatiquc.  Louis  XI  ^couta  ces  remontrances, 
&  ta  Pr^i^frjtique  fut  en  qurlque  maniere  r^tjblic  cn  146^,  Paul  II 
■yanr  promis  a  TLv^que  d*Evreui  ('e  le  fjire  Cardinal ,  fit  cncorc  varier 
Louis  XI  en  1467.  Jean  de  Saint-Romain  ,   Procureur  G^n^ral ,  s'op« 

r>fa  a  rcn^^rincmenr  des  Lcttres  du  Roi.  L*Univerfit^  fi^nifia  au 
^^at  8e  a  TEv^quc  d*Evreux  ,  au  retour  du  Parlement ,  une  proteAa- 
tion  &  un  aAe  d'appel  au  futur  Concile,  qu*elle  fit  r^j^iftrcr  au Ch^telet, 
•u  let  Lcttres  dc  r^vocation  ^toient  dqa  pafTdes.  La  Pragmati^ue  fut 
ebferv^cfousCharles  Vll:.  Jcandc  Saint-Romain,  Procureur  Genc^ral, 
■  ppcla  du  L^g4t  &  de  fa  Ltfgation  ,  du  Papc  m^mc  au  Papc  mieuz 
ConfciM^,  &  dc  tout  cc  qui  avoit  ^t^  fait  contrela  Pragmatique.  EnHn  , 
l^uis  Xll  ordonna  qu*elle  feroit  inviolablcment  obfervce.  Julcs  11, 
■lors  Papc  •  fufcita  cuntre  ie  Roi  toute  1'ltalie :  la  France  &  rAIiemagnc 
fommircnt  cc  Pape  d^fiflTembler  un  Concile ;  a  fon  refus  ,  !e%  Cardinaux 
rindiquercnt  a  Pife.  fules  Tindiqua  i  Rome  k  Saint-Jeande  Latri^n ;  il 

?citalc  Roi ,  les  Cours  &  le  Clerg^  de  Francc  pour  venir  dcfendre  la 
ragmatiquc  ,  dans  un  d^Iai  qu*il  donna  ,  finon  qu'el!e  feroit  dccl^r^c 
fiulic  ,  fchifmatiquc  &  abrogee.  Le  conciie  de  Pi(e  avoit  fjii  heaucoup 
4t  d^crct«  qu'on  avoit  re^us  en  France,  6c  Ton  craignoit  un  fchifmc 
lorfque  Julcs  mourut  lc  26  Fevrier  ip3>  Louis  XII  fut  plus  doux  a 
IV^ard  de  L^on  X  ;  il  reccnnut  le  Concile  de  Latr.-^n  ,  ^:  ce  Prir.ce 
tffanc  mort  le  premier  Janvieri^i^,  Fran^ois  I ,  fon  fuccelTeur  .  6t 
•irec  L^o^  X  le  CiiMux  Coocordat  qui  cbangea  totalcment  lei  chofcs  de 
fiCt. 


iT^  7  K  s  T  ]  T  r  T :  c  y 

TT^^^  €1.  I  ri^.L-  rren-  ur  iarzsari^: .var  isriii-  jt  t.t^zz  •»•  ji 

auuii» .  i.  -^^.uaar  asi  aiitr»  iirtnr  L:»r.'fr-i  fL  '-^  ir-JLc^ai 

i.  te  A::.Li2r  .  i.  qut  JaE  5iLi.orcL:  £.::  ?£-•*  is  cj-:»jr  «Ty 
fC-^'ci'  .  ur  iL  numiTairjo::  c-  Ri^L  Cs  Ci^i^c-ior  fa 
ai:=rcuvi  at  Csirmiis;  Cd  La^rar:  c-:  t^noit  e3c:»r£ :  isej  je 

Iicin:'nxt2j!ife?er  £l  it  Orge  s  'ptr[iri&  plus  c';^:::  fecjs  m 
itnnaRasr  it  resc^b&mtz^t  ces  eiefdocs  ;  tojrQcus  ie 
^muoTcatii  iirTf-7:c. 

^  .srf  it  uuinie  ^tmjA ,  Luiher  f:  coamen^a  s  ps*D;"35  , 
^&  tu:  ui»»'.  £!£  pl-fanirs  aurres  / ,  qui  lous  pretcrre  £e  -^ 
inmtsr  ^'lciiks  ,  la  dechirerer.t  mirerabiemenx.  >LIs 
irzi.  ^  JHSL  cies  riOuveiles  herefies ,  que  Ton  pen.'£  ^7 
ismsxc  £  i£  rcformation  ,  non  pas  de  la  foi ,  qui  t'l 
■Tgnig  ,  £ads  des  mceurs  &  de  la  difciplioe.  Gn  s*appl»^ 


iE  >tir;fn  Luther,  Rcli|;ieux  Allemand ,  He  TOrdre  des  £r-ri:es  z,m 
S.  .k:-{uirinf  n^en  14S3  ,  aynnt  ccrit  en  1^17  contre  let  loco.l^cr.ces  » 
T-tR^Cizea  {jcu  i  )>eu  (i.int  des  erreurs  qu'il  loatint  avec  cpir.utreie  ,  2c 
^u^.  rtf^iudit  ddn%  rAlIcmaj^nc  ou  il  le  ht  chcf  cie  parti.  11  itccua  >]:.:{ 
4i£  Mi  Rei;le  (|uM  iiyuit  embrull^e  ,  cpoufa  publiquemeDt  une  Relifie-ie  : 
il  r-;,!  exconimuiui^  par  le  l';ipe 


ipe  en  1520  ,  &  mourut  en  I54<^.  Les  Frsi 
c:^4!ef  errcuisde  Luther  «^toient  qu'il  lejetoit  plufieurs  Livres  Cafio- 
ai<fucs :  II  ii'a(lmcttoit  que  deux  S^cremens ,  le  Baptcme  &  i^EucharifiiCy 
«ncort  pr^tencluit-il  que  le  Buptcme  n^cfface  point  1e  p^che  i  que  cabs 
I  *e.iichariflic  le  pain  &  le  vin  rcflent  avec  le  Corps  &  le  Sang  de  Jefus- 
Chrift  ,  apris  la  conl^cration.  Sclon  lui ,  la  Confirmation  n*^toit  <|d*isc« 
cerc:nonie.  11  combattoit  la  P^nitence,  la  ConfeiTion,  la  Mefle;  re» 
7«coic!es  Indul^cnces ,  le  Purgatoire,  lcs  Images;  nioit  le  libre  arfedcre» 
likruteDant  que  tout  Cc  faifoit  par  n^ceHit^  ,  &c. 

/  En  1519  Zuingle  ,  Cure  a  Zurich  en  Suifle  ,  coromen^a  i  pr£chec 
concre  !cs  Indulgences ,  i  I'cxcmple  de  Luther.  U  attaqua  enfuxtc 
''-.Liforitcdu  Pape,  leSacremcnt  dc  Pcnitence,  le  m^rite  de  la  Foi,  lc 
ptivht^  Oc ieincl,  I'ctfet  dcs  bonnes  GLuvrcs  ,  Tinvocation  des  Salnts,  It 
^ccp-ice  de  la  Mcife,  les  Lois  EccI^fiaAiques ,  les  Voeux,  le  c^libac 
ue»  ^retres  ,  &  rabHinence  des  viandes. 

^a  I  s>o  Mclanchton  fut  Autcur  de  la  premiere  profefTion  de  foi  dct 
Ifrcceihns  ,  appclcc  la  Confcliion  d'Ausbourg  ,  parce  que  cefuteo  cetc« 
V-:  «  .jae  ies  Hrotcilans  la  prefcnterent  a  rEmpereur. 

'J«i.>  '.a  meme  annde ,  Calvinqui  n'avoit  encore  que  vingtans.appron» 
vj.  .tvvjv;  Zuinglc  ,  lc$  vues  dc  Henri  VIII,  roid'AngIeterre.  En  1535  il 
|ji..uij  :on  Livre  de  rinditution  Chr^tienne,  qui  conticnt  toutes  fes 

.i.ui>.  li  ne  s'<.^carte  pas  de  Luther,  mais  il  ench^rit  fur  lui.  11  foutienc 

>.aiU4aib.;ittf  dc   U  Juflicc  ,  &  le  falut  dcs  enfans    des  <idctlcs  qui 


.ftfci 


4..wit;4:L  .ans  Bapidmc  :  il  nie  la  pr^fence  r^eHc  dans  rEuchariflie. 
^.»  .uieurs  de  Luthcr  &  de  Calvin  font  cellcs  qui  jont  fait  le  plus 


d# 


"•^^-i*"^ 


k..  ;ic  li^ui  fooi  eocore  les  plus  r^pandues  dans  i'£urope 


\ 


T 


AU    DROIT    ECCL^SIASTIQUK.       157 

idc  a  i'ctude  des  Antiquitcs  ccclcdailiqucs  ,  &  fur-tout  m 

dcs  anciens  Canons  oublies  depuis  (i  long-temps.  Dela  Partib  U 
vint  la  faintc  &  falutaire  riformation  du  ConciU  de  Trenu  m ,   ^"^'"  • 
qui  a  condL:mni  &  corrige  la  plupart  des  abus  dont  on  fe 
plaignoit  depuis  300  ans  ;  qui  a  mis  dcs  bornes  aux  pri- 
vitcgcs  &  aux  difpenfes ,  &  releve  la  puiflance  des  ev£- 
qucs.  Tout  Tefprit  deceConcile  eft  de  ramener  la  purct6 
des  anciens  Canons.  Scs  Dccrcts  de  doBrine  ont  cte  re^us  en 
France » (ans  difEcuIte ,  comme  venant  d'un  Concile  (ccu- 
ninique  :  pour  les  Decrcts  de  difcipline ,  quelque  inftance 
(jue  le  Qergi  de  France  en  ait  faite,  il  n'a  pu  jufqu'a  pre- 
fenten  obtenir  la  reception  authentiquc.  Ce  n'efl  pas  que 
cette  difcipUne  n*ait  paru  bonne ,  puifqu*on  en  a  infere  la 
plus  grande  partie  dans  TOrdonnancc  des  etats  de  Blois  n ; 
'mais  on  etoit  alors  oblige  de  garder  dcs  mefures  avec  les 
pritendus  r^formes ;  &  plufieurs  Catholiques  ,   fur-tout 
entre  les  Magiftrats ,  trouvoient  en  cette  difcipline  plu- 
fieurs  points  contraires  ^  nos  libertes.  Voili  le  progres  du 
Droit  Eccl^fiaftique,  depuis  le  commencem^nt  de  TEglife 
jufqu^i  priHent. 

CHAPITRE    11. 

Divifions  du  Droit  EccUfiaflique. 

ON  divife  tout  le  droit  ecclefiaftique ,  en  droit  divin  &    pM/^^   j » 
droit  humain  ;  droit  naturel  &  droit  pofitif,  Le  droit  na'  can,  1.  6-  7« 
turel  eft  la  lumiere  de  la  raifon  ,  fur  ce  que  nous  devons 
i  Dieu  &  aux  hommes :  ce  droit  eft  divin  aufli ,  puifque  Dieu 
cft  Tauteur  de  la  nature ,  &  que  la  rcglc  de  la  droite  raifoa 


m  Ce  Coficilc  fut  ouvert  par  le  pape  Paul  III ,  le  i;  Oc^cembre  1^45. 
Let  «Itfficuh^s  qui  $'y  rencontrercnt  le  firent  durer  fort  iong-tenips  :  il 
f ut  continu^  fous  cinq  Papes  ditfdrens  cn  vingt-cinq  felTions ,  dont  la 
dernierefutcn  15^3. 

n  L*Ordonnance  dont  parle  ici  M.  Fleury ,  eft  celle  qui  fut  donn^e  k 
Paris  par  Heori  lll ,  au  mois  de  Mai  i  579.  On  rappclle  n<Janmoinf 
commun^ment  Ordonnanee  de  Blofs ,  parce  qu'clle  fut  faite  lur  let 
plaintes  des  D^putesdes  Ktats  du  Royaumc  airemb;«5i  .i  Blois.  1!  ne  doit 
pat  la  confondrc  ivec  une  autre  Ordonnance  du  mois  de  Mars  1498  ^ 
^ui  fut  r^enement  donn^c  4  Blois,  &  dont  les  huit  prcmicrs  nrticles 
€onccrncnt  Ics  matieres  Eccl^fiadiqucs ;  mais  celle-ci  n'eft  ordinaire- 
i|^at  diB§iUt  <|ut  ptr  f«  datt ,  &  oon  par  It  lieu  gu  elle  fuc  faite. 


w 


158  I  N  S  T  1  T  U  T  I  O  N 


PartieI. 

Chap.  II.    eft  fa  fagene  eternelle.  Le  droit  divin  pofitif^  eft  ce  qu'il  A 

plu  a  Dieu  dordonner  aux  hommes  ,  ioit  qu*ii  en  ait  d£- 
couvert  la  raiion,  ou  non.  II  eft  compris  ddiis  les  faintes 
Ecritures  de  Tancien  &  du  nouveau  Tellament ,  &  eft  ex- 
plique  par  la  Tradition  o  de  TEglile.  La  plus  grande  partie 
DiflinEl.it,  jg  ^g  jj.QJj  ^  g^  gp  gg-gj  i^j  jj.^jj  naturcl ,  qus  D  eu  voulut 

Bafilio    de   ^^^"  donner  par  ^crit  a  fon  peuple  du  temps  de  Moyfe  , 

Spir,  S,  c,    parce  qa'il  ^toit  prefque  efface  dans  refprit  des  hommes. 

^Ch   r  h  ^^  Dicalogue  eft  Tabrege  de  ce  droit  naturel ,  &  tous 

«•  in  Matth,  '^^  preceptes  moraux  de  i'ancien  Teftament ,  n  en  font  que 

Texplication.  11  eft  vrai  que  Dieu  y  avoit  ajoute  plufieurs 

lois  ceremonielles ;  les  unes  ,  pour  eloigner  fon  peuple  p 

des  fuperftitions  de  fes  voifms ;  les  autres ,  dont  nous  igno-. 


o  La  tradltion ,  en  matiere  fpirituelle ,  s'entend  des  Lois  de  Do^rin# 
6c  de  certains  faits  qui  fe  font  tranfmis  des  Apotres  aux  premiers  Ev^- 
ques  j  fic  de  ceux-la  a  leurs  fucceffeurs  ,  &  aux  autres  pr£tres  ,  jufqu'^ 
ceux  qui  enfeignent  aujourd'hui.  li  Y  a  une  tradition  ^crite ,  favoir,  cellft 

2ui  fe  trouve  recueillie  dans  les  aaes  &  ^pitres  des  Apotres  ,  dans  les 
crits  des  Saints  Peres  &  Dofleurs.  La  tradition  non  ^crite  eft  celle 
qui  ne  fe  trouve  point  dans  aucun  ^crit  des  Apotres  ni  des  Saints  Pires» 
L*^glife  eft  d^pohtaire  de  Vane  &  de  Tautre  tradition.On  diftingue  luffi 
la  tradition  en  Apofloliquc  &  Eccl^fiadique  ;  la  premiere  eQ  celle  qui 
«  conferv^  )ufqu'4  nous  la  parole  de  Dieu  non  ^crite  recueillie  ptr 
les  Apotres ;  c'c(l  eiie  qui  nous  a  confetv^  l'£criture-faintc ,  quant 
au  texte  v^ritable  de  la  parole  de  Dieu ,  &  quant  a  fon  efprit  &  a  fon 
v^ritable  fens.  La  tradition  Ecclefiaftique  confiftc  dans  certains  (la- 
tuts  &  r^glemens  qui  regardent  les  moeurs  &  les  rits  qui  ont  ^t^  in* 
troduits  apr^s  le  ttmps  des  Apotres  par  les  Pontifes  ou  par  les  Con- 
ciles  ,  &  qui  fontparvenus  iulqu'a  nous  par  la  continuelle  obfervatioii 
des  fidelles. 

p  Le  peuple  dont  il  eftparU  en  cet  endroit ,  &  qui  dans  rHifioirc 
fante  eft  appel^  fp^cialement  le  peuple  de  Dieu,  efl  >e  peuplcUebrcu, 
dont  la  formation  commenqa  k  la  vocation  d'Abraham  ,  lorfque  Dieu 
lui  ordonna  de  fortir  de  M^fopotamie  ,  &  d*aller  s'^tablir  dans  la  terre 
de  Chiinaan  ,  iitu^e  dans  la  Paleftine  ;  laqueUe  terre  Dieu  promit 
de  donner  a  la  pod^rit^  de  ce  Patriarchc  ,  d*ou  elle  fut  nomm^e  1a  terre 
promife.  Abraham  fut  appel^  Hebreu  du  mot  Hebraique  Hahar  qui 
iigniBe  6*au-d<la,  parce  qu*ii  venoit  d*au-dela  du  fleuve  de  1'Euphra- 
te  ;  Ton  donna  k  fa  poA^rit^  le  nom  6*Hcbrcux  ,  lefquels  furent  appel^s 
le  peuple  de  Dieu  ,  par  oppofition  aux  autres  nations  qui  s*^toient  la 
plupart  ^cart^es  du  culte  du  vrat  Dieu  Les  H^breux  furent  depuis  ap« 
peli^s  peuple^'Ifrael ,  ou  Ifradlitcs ,  a  caufe  du  nom  d'Iirael ,  qui  fut 
donnd  a  Jacob  par  l'Anee ,  quand  il  eut  lutt^  contre  lui  au  torrent  de  Ja- 
boc:  Ce  noin  d*Ifrael  (ignifie  princc  de  Dieu.  Les  Ifraelires  furentaufH 
appeUs  Juifs  ,  Judai ,  du  nom  de  Juda  ,  quatrieme  fils  de  Jacob  ,  lequel 
donna  fon  nom  a  la  tribu  de  Juda  •  la  plus  confid^rable  des  douze  tnbus 
d*Ifrael.  £Ile  fit  depuisun  royaume  particulieri  &  le  nom  de  Juifs  de- 
vint  celui  de  toute  la  nation.  Apres  la  mort  de  Salomon  ,  fous  le  regne 
defonfilsRoboam ,  les  dix  tribus  qui  fe  feparcreot  du  royaume  de 
luda «  formirent  le  royaume  d*lfra<ij. 


1^*1 


AU   DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       iff 

rons  les  raifons  parttculi^res.  Mais  nous  (avons  en  gini- 

ral ,  qu'elles  etoient  neceflaires  pour  retenir  dans  le  devoir   r^^^*^ J* 

ce  peuple  indocile  &  attache  aux  chofes  fenfibles ;  &  qu*el- 

les  ctoient  des  figures  de  ce  qui  devoit  etre  pratique  dans 

laloi  nouvelle.  Auili  Jefus-Chrifl  ctant  venu  nous  enfei- 

gner  la  verite  a  decouvert ,  les  figurcs  fe  font  evanouies,      *»^™«  tj 

les  ceremonies  ont  cefTe  ,  &  il  a  mis  la  Loi  de  Dieu  i  fa   oifl,  ^,inK 

perfeflion  ,  reduifant  tout  au  droit  naturel ,  &  a  la  pre-  '<<>  ^  ^-  <• 

micre  inftiiution.  ^'^:^      ^^ 

De-la  il  paroit ,  que  U  droit  divin  naturel  eft  immuable  ;  uo, 
puifque  ridee  de  la  raifon  ne  change  non  plus  que  Dieu ,  en 
qui  feul  elle  fubfifte  eternellement.  Mais/^  droit  divin  pofitif 
peui  changer  ;  puifqu'il  ne  regarde  que  l'utilite  des  hom- 
mes  dans  un  certain  etat.  Ainfi  nous  ne  pouvons  favoir  fa 
duree,  que  par  la  revelation  de  Dieu  ,  qui  Ta  ^tabli.  II  Urtm*  xxxti 
avoit  declare  que  Tancienne  alliance  feroit  ef&cee  par  la  S  '•  ^"B;  ^^ 
nouvelle;  mais  Jefus-Chrift  ne  nous  a  point  averti  que  ■^"'v^^    '  ^^* 
rien  doive  changer  jufqu*<k  fon  dernier  av^nement. 

Le  droit  que  les  hommes  ont  itabli ,  eft  beaucoup  plus 
variable.  Non-feulement  les  befoins ,  auxquels  ils  ont  voulu 
remedier,peuventchanger,maisils  peuvent  s*apercevoir 
avec  le  temps ,  qu*ils  n*avoient  pas  employe  les  rem^des 
lcs  plus  convenables.  Ce  droit  humain  pofitif^  s'appelle  Conf   p.M  ^  ^    . 
titution  ,  s*il  eft  ecrit ,  &  coutume ,  s*il  ne  Teft  pas.  Ainfi  fous  )•  4.  (. 
le  nom  de  Conflitutions  font  compris  tous  les  Canons  des     ^i/'-  S^ 
Conciles,les  Decrets  des  Papes  &  des  autres  Eveques  q  , 
les  Rcgles  des  Keligieux  ,  &  toutes  les  autres  Lois  eccle- 
liaftiques  ,  tant  gcnerales  que  particulieres.  Le  refte  ,  qui 
t*obferve  par  un  confentement  tacite ,  &  par  un  fimple 
Qfage ,  s*appelle  coutume.  On  ne  doit  obfcrver  que  les  cou-   Difl.2.eani 
tumes  loudbles  ^  c'eft-adire  qui  n'ont  rien  de  contraire  au  J-J*  ^  ^*« 
droit  divin  &  aux  conftitutions  univerfelles.  * 

Le  droit  divin  oblige  egalement  tous  les  fidclles.  Le  droit     jyif,  ^,  /^ 
htmain  eft  pius  ou  moins  general ,  felon  Tautorite  qui  Ta  fineif  loimi^ 
itihW  ,  &  le  confentement  de  ceux  qui  Pont  re<;u.  Les  Ca-  "^' 
nons  des  Concilcs  cecumci:i(|ucs  doivent  s'obferver  par- 
Tout  r ,  fi  ce  n*eft  dans  Ics  licux  oii  ies  abus  qu^ils  rcfor- 

q  On  pf uc  ajuurer  les  lcttre»  ritfcrerulcs  des  Pjpes ,  les  OrHon- 
aances  ,  mjndcmcrs  &  lettrcs  paQor«lcs  (!cs  Evequcs  ,  les  Qatutt 
ijrnoHauz. 

r  Riencntendu  que  cesConciies  foicr.t  roconnn^  pour  cccum^ni^ucs 
rfjoi  lc6  pays  ou  on  pr^ccnd  quMs  doivent  ctre  obierves 


AV  DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      i«t 

flcr ,  n'a  prefque  pas  un  mot  qui  ne  foit  tire  de  rEcriture »   .  -_,  ^  •" 
dtfs  Canons»  ou  des  Pcres.  CUAr.  ih 

C*eft  donc  principalement  ITcriturefainte  que  tous  les 
Chreciens  doivent  rcgarder  comme  leur  Loi  ,  &  que  iet 
Pafteurs  doivent  prendre  pour  regle  de  leur  conduite.  Si 
on  Terudie  bien  ,  on  y  trouvera  touces  les  maximes  qui 
doivent  (ervir  de  fondement  a  la  decifion  des  cas  particu- 
liers.  U  n'y  a  qu'i^  voir  comme  s'en  fcrvoient  S.  Cyprien  » 
S.  AuguAin ,  S.  Gregoire,  &  tous  lcs  Peres ;  car  c*e(l  le 
principal  u''age  de  leurs  6crits ,  de  nous  decouvrir  ce  qui  eft 
dans  rEcriiure  fainre  &  que  nous  n*y  verrions  pas,  faute 
de  ravoir  auflfi-bien  meditee  qu*eux  t. 

Apres  VEcriture  ,  la  plus  grande  autoriti  eft  celle  des  ^f^  Cdte.  u 
Conciles  geniraux  ,  &  des  Conciles  particuliers ,  dont  la  c'»^'  '**"' 
difaplinc  a  ete  reque  par  toute  l  Lglife.  JeUis  ChnAapro-  Dtft.  i^.ihUi^ 
fliis  d*«itre  au  milieu  de  fcs  difciples  quanJ  ils  feroient  af-  ^*  >•  ^*  ^'''g* 
lemb/es  en  fon  nom ,  meme  au  nombre  de  deux  ou  de  trois  Igjl*/^'  *|l*. 
fculcment.  Si  Tautorite  de  chaque  P;^re  ed  confiderable  ,  20 
fiue  doit-on  penfer  de  celle  de  pluficurs  P^»res  affembles  au   ^^"^   ^^^^» 
som  dc  Dieu  &  avec  rinvccation  du  Saint-Lfprit ,  pour  'f^  *r    '^"* 
cxercer  lc  pouvoir  qu*il  leur  a  donne  de  condaire  fon  Kgli-     Cmiefl  epi 
fc  ?  Cettc  autoriti  eft  certainement  beaucoup  plus  grande  ^*  *"'  ^*'»'^ 
que  celle  des  memes  Peres ,  quand  ils  n*onr  parle  que  pour    ^  ^*^ 
inftruire  leur  troupeau  particulier  dans  leurs  fermons  ,oure- 
pondrc  a  des  confulrations  dans  leurs  lettres.  Les  Conftitu* 
tions  u  des  Papes  font  aufli  des  Lois  qui  obligent  tou:e  TE* 


(  Pour  trouver  p!ui  aif^ment  toutes  les  ▼^rit^t  qai  font  r^panduei 
4anf  U  Bible ,  il  faut  avoir  recours  au  D.i^ionn^iire  HiHorique,  Cri- 
tiquc  •  Chronologique  ,  G<fceraphique  &  Litter.1l  cle  la  Bible  ,  par 
D.  Aujuflin  Cjlmet,  imprimca  Parit  en  1730,  en  4  Volumes  in*foIio* 
II  j  a  audi  d'autres  Oi«f(ionnaires  abregds  de  U  Bihle ,  entre  auirei 
linifflpriraeeu  17;  f  ,  en  un  Vo!ume  petit  in-oAuvo.  Mjis  cel.ii  de  D* 
Caimeteft  le  depoai!lement  le  plus  complet  &  le  plus  exa^  de  toutei 
Hs  matieref  cui  fonttrait^es  dans  ta  Kible. 

«  Les  Conititutions  d«s  Papes  font  de  trois  fortes  ,  favoir ,  tes  D^* 
crett,  les  D^cr^tates  &  les  Refcrits.  Les  Decrets  font  les  Conflitu* 
tions  ou  reglemens  que  le  Pape  fait  P^opr.o  motu.  Les  D«$cr^t.-iles,  oti 
Ipirres  D^cr^tates*  font  les  Conftitutions  quM  fjit  a  la  priire  ou  fur 
la  relation  des  Rv^ques,  ou  de  quelques  autres  perfonnes  qni  fe  font 
•drctifeei  au  Uint  dif^t   pour  la  d^icifion  d'une  atf-iire  ccc^c^fi.tlique. 
Les  Refcritt  font  des  lettres  apoftoViqucs  *   p<ir  lerqwe.lcs  lc  l'j|je  or« 
^nne  de  fatrc  certainei  chofcs  en  fareur  d'une  perfonne  qui  lui  a 
demand^  quelque  gr^ce.   Let  Refcrits  font  qualih^fs  de  bul'ef  ou  dc 
krefi  •  (eton  la  forme  8c  le  ftyle  dans  lcfquels  ils  font  r^dig^s.  Les  biil« 
ItifoDt  plut  «mplct  &  «n  parchcinia^  ^fccUccs  «n  plomb  ouendM 


t64  INSTITUTION 

L  Congr^gations  {  que  les  demiers  Papes  ont  eiablies ,  ponr 

CuAP  il  lcur  doiiner  conreil  lur  diflerentes  inarieres. 
I^fl.  j.  t.  j.  Les  Privilegci  ont  ete  encore  une  grande  fource  dc  re- 
likchefnent.  Car  ce  fonr  des  Lois  particulieres  faites  pour 
une  ceriaiiie  perfonne  ,  ou  pour  une  certaine  cominunauti, 
afin  de  l'exL-mprer  du  droit  commun.  Les  Difpenfis  font  du 
-meinegenre  :&  quoiqu'il  y  en  ait  defalutaires  ,  &  des  pri- 
vilegeb  legiiimes ,  en  g^neral  ils  ne  s'accordem  pas  bien 
avec  les  maximes  de  rhvangile  a.  L'humilite  ne  demande 
point  de  diftindion  ,  fi  ce  n'eft  pour  foufirir  &  s'abai{!er 
plus  que  les  autres ;  &  la  charite  tend  a  Tegalite  parfaite 
&  3  r^loignement  de  tout  interet  propre.  Jefus-Chrift  s'eft 
foumis  enii^remenr  a  touies  les  ceremontes  de  la  Religion  , 
\  &  a  toutes  les  Lois  de  fon  payi: ;  aullt  les  privil^ges  OI» 
^e  ires  -  frequens  dans  les  temps  de  relachement.  On  ea 
decouvre  tous  les  jours  qui  n'ont  aucun  fondement  foUde  , 
&  les  mieux  etabli«  font  propres  pour  caufer  de  )a  jitou- 
fie ,  de  1a  dwifion  &  du  m^pris  pour  les  Lois.  Car  elles 
ne  foni  plusrien  ,fii6ique  roncetTe  delesregardercomme 
neceftaircs  &  inviolables ;  &  ceux  qui  fom  les  plus  indigne» 


\  Ces  Congr^giiioni  fonl  comnic  lutant  dc  Burtaui  particoliert  in, 

Confeil  du  Vtf,.  Elle^  (om  compQf*«  .1*  Cird-mux  i  lutrcE  PUUtt, 
Tcllei  ront  li  Con£rJg..lmD  du  riinl  Office  ou  de  rinquifil!  n  i  celle  ie 
maxiliii  divinn  g-trU  :  celle  ileta  fignaiuie  degtic*  ;  ceiledeririflion 
<]e(  £gl'fe> ;  celle  du  Concit'-  ,  laquelle  a  te  pouvoir  d'inlerp[^r  1* 
Concile  deTrente;  ct^fedei  Rits  ou  Coutumci.  cir^moniei,  priUta- 

toute»  lei ijulei pie'i,  dont  iine  r  'ttie  efl  iHc  a la Fjhriq'u«  de S.  Pierte i 
cellr  dci  ciui .  ponii  &  dis.iHci  ;  cclle  des  fontainti  Sc  dt*  tuci  i 
celle  de  riailix  ,  i|ui  )i^ge  de t  Livrti  a  imprimei  ou  i  corriier  i  celle 
du  iono  ngtwBc ,  ou  du  bon  ^ouireinemttit  de  l'El»t  de  l'Eglife  ;  eell« 
de  l>  monnoit ;  cer.e  Hct  Ettques  ou  on  cxjmiiie  ccui  qui  doiTCDI 
Ctrc  promui  aui  Evechti  d'll.ilic ;  cellt  dti  maiierci  confiflorialet  i 

■cifionncmeni  niccffiirei  nour  U  fubfifi  .nee  dt  Roinc'8i  di  loul  rEli» 
Eccleli.iaiq..c.  &auiif(Longr^giticnsrernblablet.CesCongr<Eiiion* 
chan,;tnl  felon  ta  volonij  dei  Kipei ,  qiii  lei  fiipprimtni  quind  m  «eu- 
Itni,  &  tn  ^iah'iir<-nt  dt  nouTell».  fo><{  le  Catdinal  J.U.  deLuca  » 
an  fa  Rtlaiion  J<  U  Ca<.r  Romaint. 

fl  II  y  .1  n^anmoini  dei  piiviKget  qui  fort  moini  dei  grices  pcrroD- 

obli^r  <l'adrtircr  fclon  Iti  rem^i .  Iti  lieui  &  lei  luTrei  cirtsnllaiice* 
eiuMjj  j-nt  rendu  nic»(Tiiirei  j  Sc  cei  ptivil^ jei  foot  fani  doutc  lei  plus 
IfgiliiT.tt  S(  let  plu(  ftvorjblci.  fut-CDUt  lotfque  li  cauft  qui  let  a  («ic 
sccori^-rell  louinuri  lubGfiantc  ,  coinmc  Ii  dillance  couGd^rable  des 
lieui  «  lutrct  cireonnaniei  aui  n*  faot  peiDt  (ujetiu  k  siuji$,ttaka», 
Wqul  D**B  ont  point  <ptou*£. 


AU  DROIT   ECCLtSIASTIQUE.         if? 

des  difpeRtVs ,  tonx  coujours  les  f^js  pr«>ba:pvUiux  &  "ss    .  , 

plus  iiuporr-i» a  '.es aiz^iaiec.  CuAr.Hk 


fStf 


C  H   A  P  I    r  R  E       III. 

TOuT  dro:t  ecc'er:iit.qiK  fe  peut  cocnriKxietnent  rap* 
porter,  lu  vi.it  U  mecbode  rej^ieean^e  !^  Jur.fcon- 

Benqons  par  ^i  ft-^.i^vtes. 

Tousles  Chr«r.ijns  font  cU'c s  om  W:^u:s.  Les  c.V*ji  c 
Ibot  ceuT  qui  foni  dellines  au  fervice  de  rc<'itc,  co  v.rrtc 
fes  olficiers  puttiwS  ;  les  U-qtus  d  loit  rout  .e  rcite  du 
peupJe  fideile.  Les  cU^zs  Te  divitent  en  de*j\  cenres ,  lu: vant 
leurs  fonaions,  qui  (cTA\tfac<rdo:e^  lcmiiy::'^.  Le  ,J*vr- 
doce  appartient  aui  Evs^ues  &  aut  P'iris\  ic  .•?;.■■..  U-c  ap- 
partientaux  Jtjcres  &  ju\  moinJ^es  C.Vv/  e.  Aiiiu  cans  Tan* 
cienne  Loi  /  les  Lcvi:es  g  n'e:oicnt  que  les  minitlres  des 

k  Le  Clergf  ei)!e  Corpt  cfes  C.srcs  oj  Ecc  euiAiq.iei.  Le  Cer^jLC  » 
confuicre  er.  ^<*ccra^ ,  ccnpreoc  les  Kcc  cUriVvjue .  c  -  loutes  l<i  E^'t' es 
&  de  tojt  les  PajiS  Ch:<*Tier.s :  on  c:.:.rguc  «f.c  .fu«t'«/:s  le  C.icr^c  de 
chaque  N«tion,  ce!ai  de  ch^qae  Prov  rice  ;  'e  Ce^^^c  «:*une  Nj"jn  oa 
<i*uae  Hrutfincc  ft'All{ai:>le  ^oar  un  Cnciie  ;  nnjii  ouire  ces  -IKti  r.^et 
dont  robjet  li!  purenei.t  Ec<..eri.  ih^uc  ,  !e  Cierj^e  <*e  f  r.nce  »*  dcir.bi* 
^v.lti  pjr  4re;-u:e>  en  ce'i.:in  tcm{.-s  ,  pjr  rerminijn du  Rvi .  ^«.'i.r  -r.  irer 
dc  les  «rifiiircs  rcrpporeiUs  ,  &  ^^^icurcrerr.vnt  »ie  ce  ^ui  4:oiK-.--i.e  !es 
«icci.Ties  {X  les  Cors  gratuits.  ^'«'^c^  ci-jpre»,  T».-?!  II  ,  «  !a  tin  de 
cetce  lnl!i:ution  ,  le  .Memjire  oos  «n.  irci  <:w  Clerh.e  y*i  rVi^nce. 

e  Le  nom  «lc  Ci'<'r  vierit  du  Grec  x\r$^(^  ijui  J»j,.iifio  .o'r ,  pj  f  Jje  , 
hdritaf^e.  Dar.i  /ar.cicn  TtiUment  U  tn^u  (^e  Levi  ctt  ai^pv^^e  xn.-s^c, 
&  cn  Liiin  C«<ri<« ,  c*eil-a-«:ire  le  pjrtu^c  ou  r/.Jrit*  jit  du  Sfiii,:c.ifm 
Oa  a  rijnncau  C!er^#,  c*eftj-dire  aux  pcnor.nes  coniiccts  p  ■•'•ki.- 
licrcmer.t  .kU  lervicc  Divin  ,  le  nom  de  CUrus  ,  ('crivc  du  (>r«c  X"-:^;; 
&  de  CfbMvtx  a  f  ii  CUricus,  Clerc.  La  diilina:on  des  C!en.s  ti'jvvc 
lc  rcrte  des  fii^Cilrs  fe  trOi.ire  ic.bli;^  dcv  lc  commvMC^Ti  nt  de  l*Lj!iie .  p 
fu>iRi  les  pjroles  <^<  S-  K»icrre  :  AV^««  i^or^:njtitcj  tn  Cier:s.  "  *'  *  '• 

d  Lcj  La  s  ou  Lai  .(ues  ,  Ljrc: ,  onc  c:^  dinri  a^pelcs  viu  Grcc  xi^c  , 
qui  u^nific  Peiip*c. 

e  Uii  entend  par-!i  non-fcii!ement  les  hm|  !es  C!e'cs  torfuris  ,  qui 
fonKles  derniers  d^ns  rordie  i.  c«:!ci'iuiM>|iie  ,  ip.m^  .  w  !.  tv.u.t  .'cs  ■u.iref 
Clcrcs  inf^rieurs  aux  Diacres.  Le  no:n  t3tfC!i.rc  c^.«n.p  e..ii  ai.il-  q.icl- 
qucfois  luu»  let  Ecclclijfti^ues ;  on  le  prenoit  c.e\A  en  ce  (ci.%  dcv  1« 
quatriemc  fieclc. 

/  De»  lc  temps  d'Abraham  ,  Melchlfedech  ,  roi  d«  S.ilem  tw'^'  P.  crre 
du  Trci-Haut,  Sacerdos  Dci  air.-JpTiii  il  donr.a  la  bcnc  icti.n  4 
Abrahim  qui  vcnoit  de  vaincrc  quatti:  Hois  Ab-aham  loi  p  •)  .  '.i  oixmQ 
dc  la  d^pouiKc  dcs  ennemis,  ^  </e</;r  ei  </fC'miJ  cx  om/ir^uj  (»i>  efe    H« 

f  Dans  Panciennc  Helifc ,  lc  tcrme  Levita  «itoit  fynunimc  ric  /  ia«,-o '*•<#• 
Vtjti  AHiiqiutii  di  rarii  »  fdrSauyal^  Tomt  II  ^  auji  Freu^tM ,  f  •  U 

L  iij 


x;s.  ?■  t 


igfi  r  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

'  ricri6cateurs ,  qui  eroient  dela  famille  d'Aaron  A  ,  &  don^ 
le  chef  eioitle  fouverain  poiitife.  On  appelle  /«  ordrtt , 
les  (tifferens  degres  des  tlercs  ;  &  ripifcopat  les  conijent 
touseminemment.  U  en  eftla  fource,  &  renferme  toute  la 
pltniiude  du  facerdocc,  c'eft  i.dire  loute  la  puiflanccfpiri- 
tuellequeJ.C  a  donneeafes  Ap6irespour  le  gouvemement 
de  fon  Eglile.  Les  Prelrts  ,  ks  Diaats  &  les  ausrei  Miniprcs, 
noni  qu'une  panie  de  ceiie  pu.lTance  &  de  la  gtace  qui 
raccoinpagne ;  \'Ev!qui  U  re^oii  toute  entieie.  II  faui  donc 
coininencer  par  connoiire  Vipifcopjt. 

VEviqut  i  eft  un  homme  que  Dleu  a  ^abli  pour  ^nc- 
tifier  les  auires  ,  &  les  conduire  a  la  vie  ^ternelle.  k  II  doit 
donc  faire  des  Chreiiens  par  la  preJication ,  VinftruSion  & 
le  bapieme  ;  les  nourrir  de  la  parole  de  Dieu  &  des  facre- 
mens;  les  faire  prier  ,  &  prier  lui  ir.Sme  pour  eux  ,  en 
pariiculier  &  en  public ;  offrir  pour  eux  &  avcc  eux  le  fa- 
crifice  ;  juger  les  pei.heurs,&  !es  reconctlier  a  Dien  parla 
psnitence ,  ou  les  retrancher  de  rEgiife ;  conferver  runioo 


I  Aaron  jtoit  it  la  mtmt  tribu  dc  L^ri ,  m^ii  Iti  Souvenins  Pontirei 
4(oienid'un  ordre  ptiii  dillingue  que  lei  fimplei  Li»itei ,  c'efl  pouiquoi 
Daiid,  danironPleauinc  loa.  rlit .  en  pjtlant  du  Meflle  ,  quVJ  c/t /a 
friir,  itcrnctfclon  rerdn  dt  Mthh'ffltA. 

i  Uveiitabledi^nitionderEveque.  e()quec'e(I  un  Piftre  jtibl! 

iwi-rni-rri,  qui  finidcfpccuUrar^  coirtne  qui  dicoit  lr>r)jc{leiir ,  Suiveil- 
lanl.  llefip.r:i.Unitldrji,  l.t.i ,  <tes  E.iques ,  dei  Li.ite.  i  Jiru- 
fttem,  Ejpit^pi.  U.i,ar<,«t  kn  itr^fahm.  G'rfioieni  ce„.  qui  iioient 
pr^pol^s  fur  let  L^vites.  Lci  G:ecs  d^nnoieni  >iiiri  le  lilre  d'«v«qu« 
aux  gouiferneursdeleuriColonie»,*  l.^i  RomMnsi  ceruioi  Mjftif- 
,  (riti ,  comme  on  le  peul  voir  d^ni  Ciceron.  S.  Hierre  quAlifie  Jelui- 
^-  Chrill  eafi„rta  5-  tfifci,f<im  anmarum.  Saint  P»»!  en  prljni  i  C«  diC- 
ciples  ,  lei  qualihe  t^iui  d'Eveqijei.  Atitadin  toHiS'  iiRirirfagrigi  , 
I-  i«  yuo  »aj  Jf,>,r«>  /flm1«.  pof«..  tpifiopo,  rtgtrt  tttl.jUm  D.i.  Oa 
voil  piir-1.1  queietiiie  d'tvcque  ne  (m  pai  d',iburd  fpi.iilemeni  af- 
UiMmt.  Ap5ire>  feiili  H  *  kurt  futctlTeuri,  &  que  c'«tuii  moint 
un  titr*  dedigmi^,  qu'une  qualii*  qui  difijnoii  rinfpefl.on&  1»  fur- 
Teillance.  Lei  Apotiei  ne  s'attachcienl  d^abord  i  aucun  lieu  pariicu- 
licf.  lU  fc^pandiicni  pii-ioui  j>o„r  piecher  rEvsnttile,  S.  JacquM 
futnomsii!  lc  Ji.fle,  qui  fut  nom.ni  poiir  gouvernerrt^ure  de  J^rufa- 
lem  ,  peiii  i''t  regjrdi  coiimele  prr-nier  qri  .-ii  eule  larsflire  d'E»t- 
que  ;  c'ell-j-dire  i(ui  iit  liie  *i  ibli  i  d-menre  pour  le  gouverneinenl 

•uifi  l'tjlile  d'Anriotlie  (•ci-<l.iniieM"sni.&  fi>»  e.ifiiiie  fon  firffce  « 
Bome.  Lei  «iiirei  Eijlilei  i'*nhliient  de  mcme  peu  i  peu ,  &  [*  liiie  d'£- 

II  Lai  l^vequciontcelddccofnmun  jvec  leiciii^i  &  tei  aulreiPrd 

trei .  maii  iu  qu  uds  (niffioD  plui  itendM ,  &  daiu  ua  degi  J  ; lua 


AU  DROIT  ECCLfeSlASTIQUE.      16/ 

8c  rEglife ,  en  rem^diant  aux  divifions ,  &  fa  purete  ,  en  pre-   partib  i 

venant ,  autant  qu*il  fe  peut ,  toutes  fortes  de  p^ches ;  pro-  cha?.  tlll 

curer  aux  pauvres  les  neceflites  de  la  vie ,  &  gen^ralcmenc 

i  tous  les  mirerables,  le  foulagement  neceifaire  pour  les  mec- 

tre  en  etat  de  s'appliquer  au  foin  dc  leurs  ames.  Tels  etoient 

les  Apotres  &  les  premiers  £vequesqu'ilsetab!irent;  tels 

cnt  ete  les  Pcres  de  rEglife  ,  &  une  inHnite  de  faints  EvS- 

ques ,  dont  les  Martyrologes  font  pleins.  Cctte  defcription 

n*eft  pas  une  idee  en  Pair ,  comme  celle  du  Sage  des  Stoi- 

ciens ,  ou  de  TOrateur  parfait :  c*cft  une  image  grofficre  de 

ce  quietoit  commun  pendant  les  cinq  ou  fix  premiers  fie- 

des  de  rEgUfe ,  &  dont  on  a  vu  encore  plufieurs  exemples 

dans  les  derniers  temps. 

Les  fonAions  du  Sacerdoce  chretien  etant  fi  etendues  ,' 
il  a  faMu  de  neceflite  les  communiquer  a  plufieurs  perfonnes. 
Des  la  naiifance  de  TEglife ,  les  fidelles  fe  multipliant  a  Je- 
rufalem  ,  les  Apotres  jugerentci  propos  d^etablir  feptDia-  Acl,  vi.4{ 
cres ,  pour  fe  decharger  fur  eux  du  foin  temporel ,  qui  etoit 
grand  en  cette  Eglife ,  ou  tous  les  biens  /  etoient  en  com- 
mun  ;  &  iis  fe  refervcrent  Tapplication  a  la  priere  &  au 
miniftere  de  la  parole.  Enfuite  ils  multiplicrent  les  £v£- 
ques,  en  en  ecabliirant  un  dans  chaque  ville  oii  il  y  avoit  un 
nombre  confiderable  de  fidelles.  Outre  les  Diacres  ,  les  Tiu  i.  5.  7; 
Ap6tresexecutant  toujours  les  ordrcs  de  JeliisChrid ,  don- 
nerentaux  Evequcs  d^aufcs  aides,  pour  les  fonftions  fpi- 
rituelles.  On  les  nomma  Pmr^j  ,d'un  nom  qui  dans  lcscom-  ^3.  xx.  if 
mencemens  s*attribuoit  fouvent  aux  Eveques  m.  IIs  eurent  iV« 
les  memes  fondions  ,  excepte  les  deux  qui  font  propres 
aux  Evcques^  dc  confirmer  Ics  Chreticns,  en  Icur  donnanc 
le  Sainc-Efprjt  par  Timpofition  des  mains  /t ;  &  de  faire  des 


/  L^Egtife  ne  poflf^doit  encore  aucunbien  fonds.  Lei  fidelles  ven- 
doicnt  leurs  bicns  ,  &  enapportoient  le  prix  aux  Apotres ,  pour  etr« 
cmpioy^aux  bcfoini  communs ;  mais  le  nombre  des  hcfelles  croitTant 
<!e  )Our  en  jour  ,  la  vie  communc  ne  put  etre  long-temps  pratiqu^e 
cncre  eux  tous  ,  &  l'on  ctent  commun^ment  ^uVile  cefTa  dcs  Ic  temps 
que  les  Apotres  quitterent  Jdrufalem  &  fe  f^parerent  pour  aller  pr^ 
cher  rEvangilt  par  tout  le  roonde ;  ce  qui  arriva  Tan  5^  de  Jefus- 
Chrift. 

n  Les  Prltres  etoient  ippel^s  tantdt  Majores  natu  ecclcfix  ,  tant6c 
Scmores ,  quelquefois  Cleri ,  &  quelquefois  ,  eo  let  conftd^rant  col- 
kciivemcnt ,  Prtshyurium ,  qui  ^toit  le  Clerg^  ,  le  coDfeil  de  rHvcque* 

u  L'impofition  des  mainsfurla  t^te  de  celui  pour  lequel  on  prie* 
pouratcktr  furluib  b^o^di^on  du  cic) «  cft  uoe  c^rcmoiuc  foct  aa^ 

L  iv 


i69  INSTITUTION 

f ARTiE I  Clercs ^c'efti-dirc dcs Diacres , dcs Pr^trcs & des Ev4que§{ 
Caap.  111.  La  multitude  des  fidellcs  &  Ic  nombre  des  Eglifes  croir^ 
fant  toujours  ,  il  fallut  encore  partager  les  fondions  du 
diaconat.  On  fit  des  LtBeurs ,  pour  avoir  la  garde  des  livres 
facres ,  &  les  lire  publiquement  dans  rEglife.  On  iit  des 
Poniers ,  pour  ne  laifler  entrer  dans  rEglife  que  les  fidelles  » 
la  fermer  &  la  tenir  propre.  On  etablit  des  clercs  pour  exor- 
cifer  les  catichumenes  o  &  tous  ceux  qui  fe  trouvoicnc 
poiredes  des  efprits  malins  p,  On  deftina  d*autres  clercs  k 
fuivre  toujours  TEveque  ,  pour  etre  fous  fa  main ,  prlts  k 
porter  fes  lettres  &  ks  ordres ,  &  on  les  nomma  acolytkts 
ou  acolouthes  ,  c  efta-dire  fuivans  q.  Enfin ,  on  iit  des  Sous'» 
diacres ,  pour  faire  4-peu-pr^s  les  memes  fondions  que  les 
Diacres  ,  &  etre  les  premiers  apres  eux.  Ainfi  s*etabiirenc 
peu  i-peu  tous  les  ordres  qui  diftinguent  aujourd'hui  les 
Clercs  ;  en  quoi  il  y  a  eu  grande  diverfite  felon  les  temps 
&  les  lieux.  Toutes  les  Eglifes  n*ont  pas  eu  les  memes  or- 
dres ;  les  unes  n*ont  eu  que  des  Le£leurs  &  des  Acoiythes  ; 
d*autre$  des  Ledeurs  &  des  Portiers  :  plufieurs  Orientaux 
n*ont  point  encore  de  Sous  diacres  ;  il  y  a  eu  quelquefois 
des  Chantres  ou  Pfalmiftes,  Mais  depuis  Ic  temps  des  Apd- 
tres  9  il  y  a  tou jours  eu  par-tout  des  Eveques ,  des  Pretrcs 
&  des  Diacres. 

Outre  les  ordres »  on  a  encorc  diftingu6  les  Clercs  par 


cienne ;  cette  c^r^monie  fe  pratiquoit  chez  les  Juifs.  Jefus*Cbrift  a 
fuivi  cette  coutunie,  foit  pour  b^nir  des  enfans ,  ou  gu^rir  des  malades, 
£n  jotgnant  la  pri^re  a  cette  forme,  les  Apotres  impofoient  les  mains 
i  ceux  auxquels  ils  conf^roient  le  Saint^Efpriti  ils  recevoient  eui« 
mcmes  IHmpodtion  des  mains  «  Iorfqu*iIs  $'engageoient  i  quelque  nou* 
yeau  denfein ;  les  PrSrres  en  ufoient  de  mSme  ,  lorf(^if*iIs  inrrodui* 
foient  quelqu*un  dans  leur  corps  &  d^ns  Tancienne  Eglife :  on  donnoit 
aulli  rimpontion  des  maias  a  ceux  qui  fe  marioient.  Mais  I*impofmoa 
des  mains  a  ^te  reftreinte  depuis  par  l'ufage  pour  conf^rer  le  facre* 
ment  de  Canfirmation ,  &  P^^''  <Ionncr  les  ordres. 

Q  On  nommoit  ainfi  !es  Gentilf  &  les  Juifs  qui  d^firoient  recevoir 
le  Bapteme  ,  &  qui  fe  pr^paroient  a  le  recevoir,  en  fe  faifant  tnftruire 
des  myfteresde  la  foi,  On  les  divifoit  en  deux  clafTes;  favoir  »  les  Aa" 
ditcurs  ,  ou  ^coutans ,  qui  etoient  admis  4  ^couter  Ie&  inftruftions  avec 
les  fidelies*»  &  les  comp^tcns,  dont  les  noms  ^tuient  infcrits  fur  uoe 
lifleau  commencement  du  Careme,  comme  ^tant  fuffifamment  inftruits* 
p  On  appeloit  ceux  qui  ^toient  poifed^s  du  d^mon  »  Eaergumenes, 
q  On  ne  connoiffoit  point  alorsi'^tat  de  iireple  Clerc  lonfur^,  qtU 
li'<(|  pas  un  ordre  )  la  tonfure  c'^ricale  n*ayant  ^t^  ^t«blte  que  Ione« 
fenips  apr^  que  les  eccleiiaftlques  eurent  pris  des  habits  dif!6rens   Qd 


AU  DROIT   ECCL^SIASTIQUE.        169 

Aivers  offices ,  qui  fe  font  mulriplies ,  fuivant  les  befoins    partik  U 

deskglifes.  Entre  les  Diacres&  les  Clercs  inferieurs,  il  y   chap.uk 

a  eu  des  Aotaires  ou  Secritaires  r  ,  des  Manfionaires  f  ^  des 

Sacrifiains  ,  des   Trefijriers  ,  &  un  Archidiacre  au-dcflus  de 

tous.  Entre  les  Pretres,  il  y  a  eu  des  Pretres  Cardinaux  t , 

depuis  nommes  Cures  ou  ReSleurs  u  ,  des  DireHeurs  d*h6pi» 

taux  ou  de  monaficres  ,  des  Penitenciers  ,  des  Archipretres, 

Les  Eveques  metnes  qui  ont  eu  divers  degres  de  dignite , 

fuivant  les  lieux  ou  leurs  ficges  fe  font  trouves  etablis.  On 

a  nomme  Metropolitains  ou  Archeveques  ,  les  Eveques  des 

vires  capitales  de  chaque  province  ;  on  a  donne  le  titre 

A^Exarques  x  ,  A&  Patriarches  ,  ou  de  Primats,  k  ceux 

des  villes  qui  commandoient  k  plufieurs  provinces  ;  &  le 

nom  de  Pape^  autrefois  commun  a  tous  les  Eveques  en  Oc* 

cident,  efl  dcmeure  k  TEveque  d^  Rome,  qui  a  toujours 

ete  reconnu  pour  le  fuperieur  de  tous  les  Eveques ,  de 

droit  divin  ,  comme  fuccefleur  du  Prince  des  Apotres  , 

&chefvifiblederEgIife.  Deces  qualites  qui  diftinguentles 

Clercs  de  memeordre,  il  y  en  a  qui  font  plutot  des  dignites 

que  desoffices  y  ;  d'autres  ne  font  que  des  adminiftrations, 

ou  des  commiffions  pour  un  temps;  d'aurres  font  des  offices, 

a  vie,  &  on  les  a  nommes  henefices ,  depuis  que  Ton  y  a  at- 

tache  une  certaine  portion  de  biens  de  riigiife ,  donc  le  ti« 

culaire  a  la  libreadminiftration. 

Ce  n'eft  pasToffice  ecclefiaftique  qui  fait  les  Clercs ,  c  eft 
Tordre  {.  II  y  a  quelques  offices  ecclefiaftiques  qui  ont  eti 


r  Lcs  Clercf  Notaires  ,  ou  Secr^uires ,  ^toient  ceux  qui  ^crivoient 
les  a^es  d'une  Eglife. 

/  Lcs  Clercs  Manfionalres  ,  Ma/tfionarii ,  ^coient  ceux  qui  demeu- 
roient  dans  une  maifon  proche  l'£g!i[e  ,  a  la  difti^rence  des  Clercs 
forains  qui  ne  reGdoient  point  dans  le  tieu.  Fuyei  le  Glojfairc  de  du Can- 
|[e,  au  mot  Manfionarii, 

t  Ce  titre  a  ^t^  auflfi  donn^  k  des  diacres. 

u  Dans  quelques  provinces ,  comme  en  Bretagne  ,  on  appelIe'Rec- 
teivs ,  ceux  que  nous  appelons  commun^ment  cur^s ,  &  roa  donne  le 
jiomdeCur^si  ceux  que  nous  appelons  Vicaires. 

jK  Voyei  ce  qui  eft  dit  ci-aprfes  dcs  Exarques,  chap.  XIV. 

y  Les  Csnoniftes  diftinguent  ordinairement  lcs  perfonnatsdes  digni« 
t^s  &  des  Offices  ,  cn  ce  que  ,  felon  eux  ,  la  di^nit^  donne  tme  pr^- 
f^ance  fic  une  )uridi£^ion  ,  au  lieu  que  le  perfonnat  ne  donne  qu'une  fim- 
ple  pr^feance  fans  )uridt£lion.  M^iis  tes  dt^crdcalc^  ne  font  point  cett9 
didin^ion,  &  ellc  n'eft  point  regue  en  Frjr-ce.  On  y  appcMe  dignit^  , 
tout  b^nefice  de  Cath^drales  on  Coll^giale;  nui  donne  queique  pr^- 
f^ance  dansle  Choeur  &  H;?ns  leChapitre.  roye\  d'H^ricourt,  Lois 
fCtUfiafl.  chap  i.  de  la  definit,  &  divifi  des  benefiees  ,  n.  17. 

\  CepencantlesClercs  afimple  toniure,  quiVont  encore  re^ u  au<^ 

ffuo  4es  ordrei «  (ont  r^put^s  £«€lelialliquei. 


^  ,-  T  ]  T  r  T  I  O  N 

^  ru-T^  -  ai'  •*-^'*i-  «ssT>urre^ ,  de*.  Prerres  61:  des  EvequesJ 
«*.  :iui.:-:..;4fc.  «sc^  r.«x^ee^  6^  k  nombre  des  Egiitcs  croif* 
,ac  •-!•.  -■*•>  .  i^^  ca::oTe  parrager  les  tbr.itions  du 
*iau-vki.  .  -.  •  MtA-  ^eaut^j  ,  pour  avoir  !a  sarae  des  livres 
«.-i  ^  £>  ..->.  nniiiquemeQt  dans  rEgiiie.  On  tit  des 
•*  -  -r  /•sv  •.•t  ,4»i«r  emrer  dat)s  rtgliie  que  ies  tijeltes  » 
.*.  1-  .;%'  ^  V  «rr  propre.On  eiablit  cies  clercs  pour  exor- 
.  -r  "^  ^.xr,T?-tncnes  0  &  tous  ceux  qui  fe  trouvoient 
>.-^''--.  .>  .-.>  cr>*-!is  mblins  p.  On  deilina  d^autres  ciercs  k 
i^.  '-.  .•-*i:r.*tsr>  Ttxeque  ,  pour  etre  fous  fa  main,  prets  a 
V."  xr  ti>  Kr::rcs  fi:  lcs  or  ires,  6:  on  les  nomma  acolythcs 
.*.  .,-vw-..'...'  ,  c  eft  a-dire  fuivans  q.  Er.fi n ,  on  fit  desSouJ- 
.  ..'..  .  ^»^»:ir  iu.re  a-peupres  ies  memes  fonfiions  que  les 
.V.-.--».>  ,  &  cire  ies  premiers  apres  eux.  Ainfi  s*etablirenr 
yc\,  ^  ;k:u  :ous  les  ordres  qui  diilinguent  aujourd*hui  ies 
C  .^'v.>  .•  fcTi  quui  il  y  a  eu  grande  diverfite  felon  les  temps 
^  jr>  .icux.  Tuutcs  les  Eglifes  n'ont  pas  eu  ies  memes  or- 
co  ,  ^fs  unes  n*ont  eu  que  des  Lefteurs  &  des  Acolythes; 
<  ...•.rvs  dcs  Lefteurs  &  dcs  Poniers  :  plufieurs  Orientaui 
•j  v"!  \fOiTi\  encore  de  Sous  diacres  ;  il  y  a  eu  queiquefois 
C'.>  in^rtrts  ou  PJulmfflcs.  Mais  depuis  le  temps  des  Apo- 
ces,  li  y  a  toujuurs  eu  par-tout  debEveques,  desPretres 
&  d^s  I>iacre$. 

Uutre  !es  ordres ,  on  a  encore  diftingue  les  Qercs  par 


i  rr-fJT ;  trttc  certmonie  fe  pratiquoic  chez  les  Juifs.  Jefus-Chrift  a 
i..  tfi  vcfr  cvMtun^-e,  (oit  pour  benir  des  enfiins  ,  ou  guerir  des  malades. 
f  1«  \j^t.4it\  'rf  tri«.rc  «  cetfr  forme,  les  Apotres  impofoicr.t  !es  tnaxns 
«  ^<t  ha  4'*.  ;i)ri»  lik  conf^'oie:jt  le  Saint-Lfprit ;  i!fi  reccvoicnt  eux* 
i<if.-Mv.  '  ii*;/.  ii'iuii  ^K%  m.ni\%  ,  lor^uMs  tVrgagcoient  a  quelquenou- 
vc.j  i.Uifvi--;  lr>  l'r^*rcs  rn  uioicrt  dc  m^me  ,  lorfoJMs  ir.trodui- 
(vicii'  {  c  ^j:*\  M  (^jns  ievir  curpv  &  d^ns  r^ncicKne  £g!ife :  on  donnoit 
«.iili  "i.ii;.'vU'i^>ii  ('%»  nw!ris  j  cci:x  ^ui  fe  marioient.  M^is  KimpoGtica 
«rfi;»  'iij  «  4  v'c  'cnrriiitr  dcpui»  p«r  Tuf^ge  pour  conferer  lc  facre- 
ij,' 11    ■  ir  C    i.fiMiutiotk ,  &   p  >ur  d\>'iii«r  Irs  ordres. 

•I  v/ii  II  ^i.iii«'i'  .Diifi  ci  ^»cMfifs  dclcs  Juifs  qui  defiroient  receroir 
!i  :i.i,fi<ri  .  ^i^  qui  (e  ;  rO^jruiriit  w  Ir  re<.evoir,  en  fe  failant  inllruire 
«.'  V  i./il  i«\i!«  i«  loi.  \.)u  \\:ii\\\i\{j\x  cn  ccux  clslfes;  f^voir  »  ies  Au'» 
*tii^,i,i  ,  ij  I  Cs.^  .rrfi-.s ,  t|-ii  cTuici.t  admis  a  ^coutcr  Ic»  ir.l^.rL.c^ionsavec 
'*"  'I  !<  i  II,  0(  :«'»  kw-n;)Ctctis,  dwiU  les  noms  ^toiert  inicrits  fur  una 
li:'«     .  >  .>>iiiii..|.^«inv-rit  t'M  (..jrcme,  cwmme  ccant  fufnumment  inAruits* 

/1  <  >•!  i,j(>t-li>ii  <f  iK  11111  ^toicnt  polfcd^s  du  dcmon  •  Energumenes. 

l  '  >!•  i.v'  -.  ui.ii^xilKMt  |ivint  jlu'sl'ct4i  de  lirople  Clerc  tonfur^,  qui 
u\'A  ,<..kiia  wiitii*.  ^  U  iMii'iirr  c  Cricaic  n*ayant  ^t^  et;iblie  que  lon£« 
cliii,  «   .pi »:»  1^11«  ttft  «^\U*(t«i)iqiicft  eureiic  pris  des  habits  diff^rens   4d 


i 


AU  DROIT  ECCLfeSlASTIQUE.  i«9 
divers  ofScet ,  qui  fc  font  muitiplies ,  fuivant  1«  beioiRS  p^,^,  |," 
d«  fcglifet.  Enire  les  Diacres  &  les  Cler;s  interieurs ,  il  y  uiAr.UI. 
3  cu  Aes  i\\.iji'tj  ou  Sicitji-ts  r  ,  des  MjHjhnji-es  f ,  des 
Sji',i}jir.s  ,  des  l'tjb-it's  ,  &  un  J-.-mJu.-rc  au-<l.fll;s  de 
loui.  tntre  les  Preir^s ,  il  y  a  eu  d=s  /"'//'.*  ljrj'injt,x  t  , 
depu>$  nommis  Cu-ii  cu  Rtilturs  u  ,  ies  DheRturi  d'hifi- 
Ijux  OU  de  nL«i.-,'7.'<j  ,  des  Peni:cr.:'tc-s  ,  diis  Arihi^rirtt. 
Les  E.vec]ue5  niemes  t|ui  ont  eu  di%'ers  degres  de  il  ^niie , 
iuivani  les  lieux  oa  leurs  fi  c>es  fe  ront  trou\es  eiiiblis.On 
a  nomme  Miri^foHuins  cu  Ari:ktviq::ts  ,  lcs  t.veques  des 
viles  capiiales  de  thjqu^'  province  ;  on  a  donne  !e  titre 
i'Exjrnuts  X  ,  de  Pjtriifches  ,  ou  de  Primats,  3  ceux 
dcs  villes  qui  comm:indoicnt  a  plufieurs  provinces ;  &  le 
nooi  de  Pjft,  autrL-fois  commun  a  lous  les  Eveques  en  Oc- 
cident,  cH  djmeure  a  TEveq^.ic  de  Rome,  qiii  a  loigours 
ete  recnRnu  pour  le  fupcrtcur  de  totis  Ics  Eveques  ,  de 
droii  divin  ,  comme  fuccuir.>ur  du  Prince  di:s  Apoircs  , 
&chefvifitlederEi';life.  Deces  qualitcs  qui  dirtirgueniles 
Clercs  (lemcmcordre,il  y  cn  a  qji  fom  pluiot  dos  digniies 
quedesofliccs  y;  d"autrcsnefontqu'.'dcsaJnin:tVaiions, 
ou  des  commiilions  pour  un  tcmps;d'aUtrcsfoni  dcs  oifices . 
a  vie,  &  on  les  a  nommes  beniji^ts ,  depuis  qiie  l*or  y  a  at- 
tache  une  ceruine poriion  de  Licns  de  i't{;Il.e,doni  le  ti- 
tulaire  a  la  libre  adminiflraiinn. 

Ce  n'eft  pasroffice  ccclefi^illiquc  qui  f.iit  les  Clcrcs ,  c'e!l 
Tordre  {.  II  y  a  quelques  otHcf»  ectlefMfiiqiics  qni  ont  eie 

r  Lei  Clerci  Noliirci ,  ou  $ci.r<tairci ,  cluitnt  ctiii  .lul  e.;ii<ruicnt 
/Lct  C!»ct  Minlionairti ,  Mi»f^r.^'ii,  cioicm  cc>»  <;»!  <l«-nFti- 
ror4inKiuin,t>!-,^,i.ntpoiHtdiniI«l.«-.  r_jt^le  i;.'./..;/.-.!ci.uOn. 
t   Ce  n!-ei.-«..i.ir:.f..nn<i.i«rfl.Kf#.. 


(e '-.«'st  un< 

Pl»fr.'(c,,.i< 


tattptfi   t\"V  "■  <!'  U  difinii.  6- .hv  J.  ics  h«;^t:.  ,  R    i,. 

t  Cc|ienK*nil»iCI>rci  *rimn:c  in.ilwte,  qui  i,'uiil  CacviC  (((uaiw 

•Mdtiocdiu.  (aot  lifMit  £fcieltaili()uct. 


_^_  17*  INSTITUTION 

PaktieI.   denieareren  chaque degre certain  temps,  que  l'on  appell* 

CRAF.lV.    J^f^ftg. 

LesClercs  doivent  eire  choirisentre  les  plus  faints  des 

hiques  ;  c'e&  pourquoi  les  Canons  ont  extlu  du  CIerg6 

I.  Tioi.  lU.  tousceux  qui  (ont  charges  de  (juelque  reproche.  Aufli  TA- 

Tit  '°'6.  7   P^"^  veui-il  que  rEveque  &  le  Diacre  ibient  irreprehen- 

Can.  Hiia.    fiblcs,  &  eu  bonne  repuiation,  menie  chez  les  intidelles. 

*•  "*-^'ft-    Onrejeiie  donc  ceux  qui  Ibnt  toinbL'S ,  apres  le  bapteme  , 

dans  quelque  trime  ,  comme  l'herefie  ou  l'apoftafie ,  Tho- 

miL-ide,  TiKiultere ,  quoiqu'iIs  en  aiem  fait  peniience  ,  & 

qu'ilsaiemeietci:oncilitsarLgIire  ;  parceque  la  memoire 

en  rel\e  loujours  ,  &  que  Ton  a  dioii  de  les  croire  plus  foi- 

Di/T  fa.  t.  btes  que  ceux  dont  la  vie  e(l  enriere.  En  un  mot ,  luivant 

l(.*r  Cw.   l'apcieiiiie  diftipline,  ceux  qui  avoieni  eie  mis  une  fois  en 

i-  CM.  peniience  pubhque  ,  ne  pouvoiem  jamais  etre  ordonnes. 

Dj/I.  (.  t.        On  compic  encore  pour  irregulUrs,  c'cfta-dire  txclui 

trManini.    Jet orjrtj ,  ckvx  qui  ont  tuequclqu'un  par  accident ,  meme 

involontairemeni :  h  ceux  qui  ont  pori^  les  armes ,  meme 

_  g  II  ne  i'sgil  pji  ici  dc  rintcrllicc  qui  doit  j'obf*fifer  emre  roblen- 
llon  dci  dil{i-r<'iii  it^iit  pour  l(  icinpi  il'elu[lc,  miii  di  rinltrHite  qut 
iloii(t(eg.>i(IJcnitc  ln  ptuiiiDiiDn  aux  diff^^tCDi  Ordrci,  ifin  (|u'ili  n* 
foienl  poini  dunnei  pttcipitamment,  &  .  comme  on  <!1(,  ptr  faltim. 
II  fiul  n43nir,oint  obrttver  qu-un  litnple  Cierc  ,  qui  n'i  que  li  lonfurc  , 
&  [n£me  un  L^.i^uc,  pcul  fairc  In  fon^ioai  dei  Oidrct  mineuri  , 
nime  chiniet  i'E[<ilre  i  uoe  MelTe  [olcnneUei  mais  i1  ne  pcut  poiler 
h  maotpule. 
h  Uiicfgulatit^  1  licu  quand  mitDt  1'hom!c!de  feroit  tKht.  Si  ctlui 

Jii!  acommit  rhoniic  de  i,o\t  cncorc  Lai(|ue  ,  il  ne  peut  enlrcr  dani  )■ 
lerg^i  i'il  y  fiDii  d^ja  rc^ .r  lotfuucle  crimei  flj  commii,  ilncpcuC 
bire  lucune  lonaiou  tccljruiliaue. 
Ciip,  Qaaf~      Ceui(|ui  muiilciil  (|ueli[u'uii(le  quelquc  panie  conrid^rable  ducorpi, 
fmtti-nidi  eomme  d'une  mjin,  d'unbr.ii,  (l'une|imbe,  dun»,  ou  qui  fe  muii- 
temporibut      l*"'  eux-memci ,  deviennent  ^galement  irt^SMUeri.   II  cn  cfl  de  mimt 


battri 

milTio 

'XS 

^S 

ip.VfoL'', 

ui  «loi 
!.  quai 

c  chai 
nil  mi 

rgi  d<  ccti 
rme  on  lui 

:.  ini^Be  eom- 
autuit  d^fendii 

cut  , 

Hcnri- 
ibid. 

■       Un 
qu'un 

Ckrci 
pour  f 

.ppel^.ndv 

i(l ,  qui  icceptc 
<tp]icc,  l.qucl 

letler..   ouquii 
a  tui  fon  iilver 

a  titmmi  quel- 

Sij"'"-'  '' 

.Lii  qui  fait  1 
"«'deter' 

(tonne  Ii< 

)C  femi 

■Uilll 

.re  fon 

^..ifl'... 
li  du 

1  tillc,   ou 
1CC  d'un  ei 
fcin  de  fj  1 

uul  blefTe  une 
mere,  deyient 

lUI  ndi 

imointobfeKCTquel 

"n 

m 

qui .n  cR 

).r  un  e»  for- 
i'Auteur  ne  flt 

pai  occup^  i  une  chofe  d^fcndue ,  it  qu'il  lii  piii 

aii'un  homme  pruilent  pourroit  pt.ndre  poui  pr^Ttliu  lci  accidcDSi 

F«U«{  Itt  cb«p.  (« 'iiitru  Qiiidam  ,  Bc  Frabjttnim, 


AU   DROIT   ECCLtSIASTlQUE.       17? 


en  ttuerre  jufte ;  ccux  qui  om  cauft  U  mort ,  mfime  A'iin    Partii  L' 

Criminel,  ioit  comme  parties  publiques,  foii  comme  ju-    Crf.lV. 

ges ,  ou  auires  minillres  dc  juflice.  Encore  que  ces  aftions 

nc  Taicnt  pas  criminclles ,  elles  Tont  contrAircs  i  la  dou- 

ceur  de  rEt^lile,  qui  abhorre  le  fang.  Les  bigames  font  en- 

core  irregulicrs.  On  nomme  iigjmit  en  cette  matiere ,  non     D(|f,  i(, 

pas  le  crine  d'avoir  deux  femmcs  a  la  fois ,  mais  les  fscondes 

noccs,  ou !e  mariage  avec  une  veuve,  &  en  uti  mot,avec 

touie  femmc ,  qui  notoiremeni  n'e(l  pJS  vierge.  On  a  re- 

garde  lous  ces  mariages  ,  comme  ayani  quelquc  tacbe  d'in> 

conrinence  &  de  foibtefTe. 

Une  auire  efpecc  d'irr^gularite,  t&  d'avoir  tte  baplirS  Cont.Neoem 
cn  maUdie;cequieiait  frequeni  dans  lespremiers  ricbles,-^^),'*  '^' 
ouplufieuri  diflTeroient  lcur  bjpicme  pourpci-hcTavecpIus 
de  liberti.  On  les  appt;loit  Cliniijuts ,  comme  qui  diroit  , 
Ckrititnt  du  lit:  &  on  les  regardoit  comme  foibles  dans  la 
foi ,  &  djns  la  ver:u.  Ceux  qiii  foni  charges  de  grandes  _.. 
dciies,&  d'afljiresembarrairantes,roit  pour  avoir  manie  ^.tiVant, 
lesdeniers  publics,  ouaiitrcniont,foniencorcirri-gu!iers,  Catthai.l, 
parce  que  ceut  qui  fervent  Dieu,  doivent,  comme  dii  S.  '' 
Paul.etredegagesdcs  afrjiresdu  monde.  Lignorance  auffi  '*  Xj^'  "* 
cftunobllacleirordinaiion,  maisdlfferemmcnt  felon  les  ^  „.^,t  y 
ordres.  Pour  entrer  dans  le  clerg^ ,  il  fuilit  dc  favoir  lire  ^»at  erdm. 
&  icrire :  un  Ledeur  doit  cnrendrc  ce  quil  lit ;  un  Pretre  j"  ^  "  '*'*'• 
doit  etre  capable   dinftriiire.  Voila    les  irreguUhiis  qui  ^j^ 
vienncnt  de  Camt  &  dts  maart. 

II  y  en  a  qui  vicnnent  du  coys  &  de  U  naiffjnct.  Nous     mfl_  jj, 
n^obfcrvons  pas  loutes  cellesqiii  font  marquc^s  d^ns  Tan- 
cienne  loi ,  &  nous  ies  prenoris pour  des  ly-nboles  ;les  de-    f^,-,_  jjki, 
fauts  fpirituels.  Nousnous3rretansfeule:ni.-nt  aux  d^liiviis  it* 
qui  rendent  incapablesdos  fonflions  ;  com  ne  •^in;  fourd , 
oiuei,  ou  avcugle  :  &  a  ceux  qui  renieiu  un  homme  fi  dif-     Tiifi  %%■ «, 
forme,  qu'au  lieu  d^atrircr  le  rcfpeft  du  pcuple,  il  caufe-  '*•  ^•"'^- 
roii  du  lcandjle,  Pour  let  eunuqiies,  ils   pi;uvent  entrer  Cin,  SU,  ^ 
dansles  ordrcs  ,s'ils  fanttels.lbnsqui!  y  air  de  lcur  fjuie: 
inaiss'ilsfefont  muiilcs,iIsrontirrct;uiiers.  LezilTc  deUpu- 
reie  a  ^ie  auirefois  fi  grand  ,  qiril  portoit  piu-'ieur'i  Chre- 
tiensjufqu'i  cetexces  J.  Generalemeni  on  comptc  pourir- 

/  On  lei  ippcroit  Ong4nl«n>  rtu  nomi<'Orlt;<nt,  (|i>i  fe  m.iiiia  pir 

r-intipe  d*  chidtit,  prniinl  i  U  leittc  <•  qiie  JclUvChrill  dii  Aun 
'k.ttnfflt  d>(  Eunuqiiei  Tolonfiirei ,  qui  fe  iff^t  tafiiarirmi  frafltr 
ttf/umtmUrtm.mm!a,io,f.i%  ^^ 


»7«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

pARTie  1     "*^*'f^'  qiie<Ians  I3  praiiqus  on  s'eft  relache  depuic  ptai 

CH«r.  IV".   fisun  liedes.  Dans  les  temps  midrMcs,  le»  Eveques  ont 

iiA  obliges  de  fe  contenrcr  des  fujets  lcs  moicK  indignes, 

plut6c que  de  biiTfr  les  tgiiies abandonnees :  &  la  irultiiude 

des  Ctercs  indignes,  a  faii  appiiyer  fonement  fur  ceite 

Aitp.    II.  maxime ,  que  la  puitlance  fpirituelie  &  h  validite  des  fa- 

Caac.  '•"■'"-  cremens ,  ne  re^oii  aucunc  atteintc  de  riodigniie  du  mi- 

ispi,  1. 1.     '''^'■c-  Maxime  [res-veritab'e  ;  mais  on  ne  doit  pas  con- 

clure,  qu'il  foit  moins  a  dcfirer  davoir  des  C'ercs  les 

plus  vcriueux  qu'il  eft  poCTible.  Quoique  les  Pretres  ne 

perdentriende  leurpouvoireffijnnei,  pourn'eire  pas  ver- 

fueux ,  ils  perdent  beaucoup  de  leur  autorite  ;  &  a  Texcep- 

tion  des  formules  de  prieres  &  des  ceremonies  exterieu- 

res ,  ils  ne  peuveni  s'acquiiier  de  Jeurs  fonflions,  fans 

plufieurs  venus ,  fur-tout ,  fans  une  grande  chjrite. 

Cepend.ini  il  fauc  avouer  que,  dans  les  derniers  Ctk* 

cles,  on  s'eft  fouveni  conientc  ,  pour  les  ordinations, 

qu'iln'y  eiii  pasd'irregu!aritesforme11es.Onamemecrouve 

le  moyen  de  faire  que  les  irregularites  ne  fulT.:.-!!  pas  des 

obAacIesinvin^ibles.On  ena  difpenfe,d'abordaprescoup, 

pouf  ne  pas  declarer  nulles  des  ordinmions  douteufes  ou 

vicieufes.  Enfuite  on  a  donne  la  difpenfe ,  pour  parvenir  i 

rordinaiion  ^enfin,  elles  fe  font  rendues  tres  communes. 

La  difpenfe  la  plus  prejudiciable  a  I^Eglifc,  a  ete  celle  du 

crime  j.  Car  dans  les  derniers  temps,  on  a  fouvent  re^ 

dans  Ic  Clerge ,  ccux  qul  avoient  comtnis  des  peches  noia- 

bles  &  publics,  fous  pretexte  quils  en  avoient  fait  p^ni- 

tence  ;  &  fous  le  meme  pretexte ,  on  3  retabli  dans  leurs 

Di/I.  to.  e.  fonfiions  des  Clercs  criminels.  Nous  voyons  dans  Gra- 

«4-   16.  t8.  lien  le  fondcment  de  ces  difpenfes ;  mais  ce  font  irois  auto 

^''«"ia''*"  '"''*''  P*"  folides.  La  premiere,  eft  une  fauffe  Decreiale 

*p.  n.coHira  •'u  P-^pe  Callifte  I ;  la  feconde  ,  un  paffjge  de  la  leitre  de 

t-tp.  16.  /.  faint  Gr^goirc  a  Secondin,  ircsfufpefle  aux  favans  ,  & 

tb*6e     "   contraire  a  cinq  auues  tevtres  du  meme  faini  Gregoirc, 

7.  imiia.  1'.  &  i  loute  la  difcipline  de  fon  fiecle  &  du  fuivant ;  la  troi- 

*p-  »!•  fi^me  piece  ,  cft  une  lecirc  de  fainc  Ifidore  de  Sevilje,  qul 

Dif,ifi"'i      "'^i^  gueres  plus  certaine.  Cependant  certe  difpenfe  une 

*.   17-  ".  D.       .  C«  ntii  pui  rendre  ctt  difpenfei  nlui  commiinet ,  fut  rsbui  ifai 
fart.  4.    liv.  r^tottlncroduitpirmiti  plupiit  dei  Clcrci,  de  i^icciifer  dc  qu<1qu« 

CuMO  du  CoDcilt  da  ViUnc* ,  iCBa  U  in  JuiUct  jj^. 


AU   DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.        177 
fcis  acmire ,  a  ouven  la  porte  ,  pour  rece\  oir  dans  le   „  ^ 

cierce.  ou  pour  rerablir,  meme  ceui  qui  n'onc  point  fait    Chap.IV» 
de  « cnrabie  penitence.  Les  benetices  onc  ere  la  principale 
occalion  de  ce  relachemcnt. 

C  H  A  P  I  T  R  E     V. 

Dc  la   Tonfure. 

VEnons  maintenant  a  chacun  des  ordres  en  particu*  j^  j^f^^ag 
lier  :  voyons  comment  on  les  confere ,  &  quelies  en  Difdpl^part. 
font  le$  fon^ions.  II  faut  parler   d'abord  de  la  tonfure.  *•  '"^»  *•  ^* 
Dans  lcs  premiers  ficcles ,  il  n'y  avoit  aucune  diftinftion  *** 
entre  les  Clercs  &  lcs  Laiques  ,    quant  aux  cheveux ,  i 
rhabit ,  &  a  tout  Texterieur :  q^eut  ere  s  expofer  fans  be* 
foin  a  fa  perfecution ,  qui  etoit  toujours  pius  cruelle  con- 
fre  les  Clercs  que  contre    les  fimpies  tidelles ;  &   tous 
avoienc  un  exterieur  fi  modefte  ,  qu*ii   etoic  digne   des 
Clercs.  La  liberte  de  TEgiife  n^apporta  point  de  change- 
mcnt  a  cet  egard  ;  &  pius  de  cent  ans  apres,  c*eft-a-dire 
Tan  428 ,  le  Pape  faint  Ceteftm  temoigne  que  les  £ve-  CeUf,  ty,  >; 
ques  memes  n*avoient  rien  dans  leur  habit  qui  les  diftin- 
guat  du  peuple.  Tous  les  Chretiens  Latins  portoient  donc 
]*habit  orctinaire  des  Romains,  qui  ctoit  long  ,  avec  les 
chcvcux  fon  courts  ,   &  la  barbe  rafee.   Les  Barbares , 
qui  ruinerent  TEmpire,  etoient  d*unc  fii;ure  toute  diffe- 
rentc  ;  les  habits  courts  &  ibrrcs ,  les  cheveux  longs ,  Conc.  Agathd 
quelques-uns  fans  barbe,  quelques  uns  avec  de  grandes*^'*®  ^^'f*^' 
barbes.  Les  Romains  cnavoient  horreur  ;  &  comme  dans  iv.  6.  4*1. 
lc  temps  oii  ces  Barbaies  sVtablirent  ,  tous  les   Clercs 
etoieni  Romains ,  ils  conferverent  foigneufcment  leur  ha   ^^tf**'-  Brai,;^ 
bit  r ,  qui  devinc  Thabic  cierical ;  enforce  que,  quand  les  ^'    -* 


r  Ce  qiii  fait  au)ourd'hui  1'habillement  propro  aux  Eccl^fiaftiques» 
^toit  rhabit  ordinaire  des  Romjlns  ,  que  Ics  Clcrcs  conUrvcrcnt  &  que 
let  Laiques  qaittcrent  pour  prennrc  cc!iii  dcs  Barb.irt  s  qi.i  s*empjrcrent 
dc  toui  cot^s  de  l*Empire  Rum^tn.  M.  Fleury  remarq  le  ai.ivnrs  que  la 
charuhte  ^toit  un  habtt  vul^airc  du  temj^s  de  S.  AuguUin ;  quc  la  d^lma- 
tiqueitoicen  ufjge  des  lc  tcmp»  cij  i'cnipcreur  V.i  i-ncn.  L*ctu!e  e'oic 
on  manreau  commun  »  ro^me  aux  fcmmes,  &  quc  Ton  a  confuiulu  avcc 
tordnum  qui  ^toit  une  bandc  de  lin;;e  dont  te  lervoivnt  tous  ccux  qiii 
vou.'oient  etre  propres,  pour  ^rtctcr  ia  fueur  autour  du  cou  ou  du 
jrifj^e.  Lemanipulc,  tnLnUamafuU ,  Q*ctoit  <}U*une  fervicte  poU« 

Tomi  IL  M 


17»  INSTITUTION 

Vaiitiei     Francs  &  les  autres  Barbares  furent  devenus  Chretienf; 

'CflAE.  V.    ceux  qui  entroient  dans  le  Clerge  faifoient  couper  leurs 

_.       ,    cheveus  ,   &  prenoient  des  habits  longs.  Vers  le  meme 

ibid.  c.  10.  Kmps  ,  plufieurs  d'entre  les  £v«ques  &  les  aucres  Clercs 

>i^  prirent  Thabit/que  les  moines  portoient  alors,  conime 

plus  conforme  a  la  modeftie  chretienne  i  8c  de-la  vient,  a 

ce  que  Ton  croit,  la  couronac  cUricaie  t;  cirily  avoicdes 

Moines  qui  fe  rafoient  le  devant  de  la  tete ,  pour  fe  ren< 

dremeprifables.  Quoi  qu'il  en  foit ,  la  couronne  etoit  deji 

.  riffl  PP,  c.  en  ufage  vers  Tan  5  oo  ,  comme  temcMgne  S.  Gregoire 

*'■  (te  Tours. 

La  diftinftion  d*habits  etant  etablie ,  on  a  juge  i  propos 


furlc  braspour  feivlia  la  fiintc  Tablc.  L'aubc  TBimt  ou  robc  blanche 
i*  liinc  011  de  lin ,  n'^oit  pu  au  connnenceTticfir  un  habk  paiticulter 
anx  CIcici,  puirijuc  I'einpcreur  Aurilicn  fit  au  peuple  Romaia  dei 
larjcfTei  de  cct  (aiiei  dc  lunitiues.  Le  pape  S.  Grcgoire  nomint  hiiic 
4(  reltgion  ['hibiUcmcnt  reienu  par  1»  EccltG)ftii]uei ,  &  qui  com- 
nenfoii  a  leur  dcvenii  prapic. 

/L'habiUemcnl  parliculier  dei  Oerci  n'eut  l!eu  qu'cn  Occidenf; 
•tui  d'Orienl  s'habilloicnt  conime  lei  Laiquei.  Sui  la  fornie  ancienne 
4tt  hibiii  det  Eccltfiafliquei ,  Sc  (ui  lci  couleuri  qui  leui  dtoicnl 
pcrsufei  Ou  d^lenduei :  on  pcut  voir  le  Traiii  dti  figna  du  ptnfiti  du 
pireCoaidau,  TomelV,  chtp.T. 

t  L'ufjgedecouper  1«  cheicmaux  pcrfonnc» conficrici  a  Dien, 
icft  roTl  ancien  dini  ]'£glife.  Quclquci-uni  cicient  que  ccne  coutume 
fut  incroduite  pour  honoter  ritfiont  que  ceux  d'An[iochc  loulurcnt 
fiiici  S.  Pieire  en  lei  lui  coupant.  11  piiDic  i]ue  ccite  prilique  ^loit 
«ne  mirque  cxiirieuie  ijue  Ton  Ce  vouolt  i  Dieu ,  puifque  S.  Paul 
^uittani  Coiinlhc  cu  [4  ,  i'emhit(juiipict  t'ctre  coupc  lcs  chevcux  , 
pour  faiiifiiie  a  un  vteu  qu'i1  avoit  fiit.  Gi^goire  de  Tourt  dit  que 
S.  Pierrc  fut  auteur  de  cette  couronne,  *n  niemoire  de  U  couronns 
d'<pinesde  Nutrc-Scigncur.  On  pi^icnd  cjue  lc  pipc  S.  Anaclct  or- 
donni  aux  Clerci  de  portcr  les  cheveui  couili.  Au  coitimencemenl  ds 
U  Moniichie  Franfoirc  ,  lei  Franct  poitoient  lei  chevcut  couiK  & 

«n  (oime  d'iigielie.  Lcs  Romaini  f.,ifolcnl  tondie  &  rafei  ccu»  qu'il» 
•voicni  fubjuijuiii.  Clodionlc  chcvclu  ful  ainfi  nomra^  paice  qu'il  poi- 
toii  dci  cheveux  longs,  1t  oidonna  aui  Fran^ois  dc  lesporter  dc  mcme 
en  figne  dc  liberie.  Lei  Rois  dc  U  premi^re  rsce_,  &  les  Princei  da 
leur  fang  lcs  portoicnten  etfct  de  mcme.  Lano'.ileirelci  potloit  un  peu 

failTifes.  Pcpin  &  Chailemsgne  mipriiircntlcs  chcvcux  longi.  Loui» 
le  0*bonnaire  encorc  plui.  Cnsrlt*  le  Chjuve  n'en  avoii  point.  .Sous 
Huguei  Cjpti  on  lct  porta  un  peu  p;us  longi ;  ee  niii  di?plut  tclleTient 
•ux  Eccliffijniuuet ,  qu'cn  quelquci  endrciit  on  excommunia  ceux  qui 
laillbienl  croitie  leuri  chcvcui.  Dani  i;nConcilcde  Bome  .  cn  iici  . 
«c  difcnriii  aux  Laiquei  meme  de  poilcr  de»  chcveui  lon^i ,  i  csufe 
dcl  itebauehc!  inramei  dei  jeiinei  gcni ,  contre  lefquelles  on  prDnon^a 
■nathime.  Hicrre  Lombird,  Evique  de  Hiiii,  fil  fciupLile  i  Louii  Vl( 
it  ce  qu'i!  porioil  dei  chcvcux  longi ,  Sc  eo  confequcnce  cc  Piincc  !(• 

fitceuptt.  f  «j^ttlcGtBdn,  niwttndnFniifoit,  f<i;.  ij^. 


AU   DROIT    ECCLtSlASTlQUE.       t?^ 

ic  reccvoir  i'habit  de  clerc  dcs  niains  de  TEveque ,  avec  p^itTlit. 
dcs  pri^res  &  des  ceremonies  ecclefialliques.  On  a  voulu  cuAt.  V> 
qiic  cerrc  prife  d'habit,  filt  une  preparaiion  neceflaire  3 
tous  lcs  ordrcs,  &  1'cntree  dans  le  clcrge.  Commetl  eioit 
ordinoire  de  recevoir  dans  le  clerge  de  jeunes  enfanv,  pour 
les  formcr  i  la  vie  clcricalc  ,on  Jeseprouvoit  ainfiqiielque 
temps,  avant  de  Icur  donner  aucun  ordre.  De-la  efl  ar- 
rive,  danslesiempsde  relacliement,queceux  quifomeii- 
tres  dans  TEglife ,  moins  pour  fon  fervice  que  pour  leur  iO' 
teret  pariiculier,  fe  font  contentes  de  la  fimple  tonfure, 
fans  recevoir  aucun  ordre.  Tels  ctoient  auirefois  ceux  qui 
ne  chercfaoient  qu'a  jouir  des  privileges  de  ia  ciericanire* 
comme  rcxempiion  de  la  juridifHon  feculierc ;  &  a  prereni 
ceux  qu)  n'oat  en  vue  que  les  benefices :  car  comme  tl  y 
en  a ,  meme  de  grand  revcnu ,  dont  les  fimples  clercs  font 
capables ,  ceux  qui  les  cherchent ,  n'enirent  dans  le  clerge 
qu*auiani  precifemem  qu'il  ef)  necefTaire  pour  ies  obtenir. 

Ceux  a  qui  on  donne  1a  lonfure  doivent  ctre  confirmes  ;  ^<""-  TriJt 
parce  qu'avant  d'eire  Clerc  ,  il  faut  itre  Chretien  parfait, />"■  ''"  ^**" 
ilsdoivem  etre  inQruits,  au  moins  des  verites  lesplus  n6- 
Cellaircs  au  falut ,  puifque  Ton  ne  dott  conlirmer  que  ceuz 
qu)  les  lavem.  Ils  doivent  dc  plus  favoir  lirc  &  ecrire  u. 
Tout  cela  fait  voir ,  que  la  tonfure  ne  peut  gueres  eirs 
donneeavamfeptou  huitans.  Enpluficursdiocefcsbicnr^- 
glcs,  il  eft  defcndu  dc  la  reccvoir  avanc  quaiorze  ans.  Mais. 
a  quc!qu'3ge  que  ce  foii,  il  faui  que  Ton  puide  juger  rai- 
fonnablement ,  qu'ils  s^eni^agenidansce  genre  de  vie  ,  non 
pour  jouir  des  avantages  lemporcls  qu'e1le  pcut  produire, 
mais  pour  fervir  Dieu  lidcilemeni.  Touies  ics  c>;remonie9 
de  la  lonfure  montrent  quu  Ton  doit  la  recevoir  dan-,  cei 
efprit. 

D'abord  TEv^que  inviie  les  ailiftans  a  prier  avec  lui  No-  PonHpa» 
tre-Seigneur  Jefus-Chrift  pour  fon  ferviieur,  qui  s'em-  '7'^,^!^ 
prelTea  quittcrfeschevcuxpour  Tamour  de  lui,  afin  qu'il  ' 

lni  donne  fon  Saint-Efprii,  qui  conferve  toujours  en  lui 
rhabitdereligion;  &  qui  defende  fon  cccur  dcs  cmbarras 
du  monde ,  &  des  defirs  du  fiecle ;  enfoitc  que  corame  fon 


Mij 


t*9  iySTITrT!05 

'^tr7T<ft,    *'-"l^ *^  fSsartt  -  ?;cif  Ijqez  aijcnHTTig  Ji  13:01  -  -ai^  k 

sl>«:.L1>^3ie  cjsffiaiarx cccme  ji  ggffi  i 

«5e,  £*  c,~-.  '.'ss  iszizA  ^:j;  «  i>^s-  L"t<«as  VmiiraJic 

visns-tTf-:tiecx ,  OB  Dit-i^  ctrriis  caiis  aacE  «1«  h  tka- 
tets  C£  cr.x  q-J  txaca  £u:s  li  9a:^'ca  dt  idpxsT. 

Vf.-i  i^as  lui  att  i^on  'is  is3-^\ii ,  <L.'ig;  o»  psrous  »• 
re«*  <(!  S.  Pitii :  Qj«  -f  Sii/-_T>-  «  •«;-/!  i^  ««sft  ^nsnc, 
Jjpft.  IF.  »4  yvi  d  «<  cri:  fiLm  Dum ,  i^xi  U  t-^  j.h^  &  L:  t-j3£  fjsm- 
uU.  Le  i\a^"viy  cn  Taubc,  c^J:  cXxichix,  enoci  rhzbit 
qsi  &M%T.zrM\i  icfc^eru^dj  rmptc:^  io;it  l£  icocdfpor- 
toi!  i'iutfii  ><>n§ ,  c^cll-i-tlirf  ii  a'y  a  eu^cs  q-je  100  aas  ;- 
L^tvequs  faii  encore  une  pfi^r e ,  cu  il  ileaiacde  a  Dieu  , 
dt  Jiiivter  U  aouvcau  eUn  dt  /4  ft-vitait  &  /t  ficiifaut  Jt 
rkahii  fceuliir.  II  conclut  la  tereiRORie  ,  en  raTcniflam 
qu'il  eft  pefie  fotn  la  jundiSicn  de  rtglife,  &  qnll  2  ac- 
^i<  fet  privileges.  /*»«{  f^j''^ ,  ajoute-t-il ,  dentUt  fjs 
fttitt  far  MOtrt  fMiit  ,0 ayt\foin  dt  flairc ^  Ditii,  pjrLt  m»- 
Jcfiic  Jc  voirc  habit ,  par  voi  ionnis  rruzurs  6*  voi  hntnci  axvrrt. 
On  voii  par  toutef  ces  prieres .  quelle  eft  rinieniioa  de 
r^ile,  en  donaani  h  loaruce:  &  qu'il  ne  doit  pas  etre 


»  Ciloil  inciennimeni  U  counime  *n  France  ie  coupet  t*i  pre< 

ioytioD  '&  i1'i)l'inc(  l|iiniuel[c.  Vo!chi»  «tini  irtnat  de  Verdun  (  cs 
ful  1«  II  ,  dcpiiri  711  iufqu^en  719  )  Fu<  chngi  par  ClurUi  Martel, 
d*  coniliiirc  lc  icune  l'cpin  fun  fili  1  Luiipraad  toi  de  Lombicdie. 
•fia  <|u'il  l>ii  tinl  1*  biniteiu  At  la  Conlirmatian,  &  qu'il  lui  coupat  tet 
premieii  cheveui ,  luJTanl  IWige  tte  ce  ltinp>  Ii ;  ce  qui  etoit  una 
tiyift  d'iiluj>iion  uu  alliance  rpitiluelle  ^ui  Ce  priii<|uoii  enire  det 
PliiKd  amit  &  atli^t,    ^oyci  rhiQbite  dc  Verdun  ,  part.  II  ,  cJui^. 

M.r.ie.iio. 

y  lufi|ii^ii  irmpi  dc  Charlemigne ,  lei  •ctljliafliqiiei ,  conime  tec 
b'ii|iirt ,  purloient  det  habiii  loii^t  raitt  de  p(iu  que  ron  appelcnt 
i't//i(iiim,  a  pinottupElon  cn  tr»n^oi»  Ptlfcoa,  d'ijii  Tiube  qua 
Fun  rnettatl  par-d<liu(  fut  «ppeU  Suptr-ptUitium  ,  futplii, 

f  L>n  ■  taprlt  Bc  qutit^  plulieuri  foii  rhabit  long  <n  Francc.  On  1« 
TUU  Mcai*  du  U«p(  dl  f lUfei*  1,  &  «n  d«  I'*  point  Mpiii  dipiut* 


AU  DROIT  ECCiesiASTlQUE.  i8i  ^^^ 
iiuliflerefii  de  quiner  enruite  Thabii  ccdefudique  St  ie  t'eii-  ^,«»«.1^ 
gager  dans  dei  proiVffions  Tcculicres.  CaAr.  T> 

Le  runple  Clerc  n'a  proprenicnt  aucuoe  foodion ,  que 
d'^ilL;r  enlLirplts  aui  ofGccs  Ac  rtgli.e  ;  mais  il  peut  f<iire 
ceiles  dei  quatre  ordref  mineurs ,  au  detaui  de  ceuv  qui  les 
ont  ret^s  ;  commc  de  fer\ir  les  mcffcs  .  dilTirtir  les  Pri- 
tres  dans  laiminiflration  des  SacreniL-ns  ,  davoir  fola  du 
luminaire ,  des  ornemens ,  &  de  ii  proprcte  des  EgUfes.  U 
vaut  toujours  mieuz  quTii  fifleai  ces  fon^lions ,  que  de  les 
laiffer  a  des  laiques. 

Bg  wa 

CHAPITRE     VI. 

Dti  qujiit  Ordrei  Mineuri. 

LEs  Ponitn  eioient  plus  neceflaircs  du  temps  que  les 
Chretiens  vivoicnt  au  milieu  des  intidell.'^ .  atin  aem- 
pecher  ceux-ci  d'entrerdaDs  rEgIife,de  iroubkT  lUiSce 
&  profaner  les  myflilres.  Us  avoicnc  foin  dc  ijirc  lenir  cha- 
cun  en  fon  rang  .  ie  peuple  fil'pare  du  Clci^e,  les  hommes 
des  femtnes  j  ;  &  de  faire  obferver  le  filcnce  &  la  niodeliie. 
Les  fonftiDtis  marquees  par  rin^ruflion  que  lcur  donne  PBailfie.  4* 
TEv^que  a  rordination  ,  &  par  les  prieres  q.ii  Taccompa-  <"''''"-■'  Of- 
gnent ,  font  de  fonner  les  cioches  ,  &  diftinguer  les  heures  '"'■"™'*' 
de  la  pri^re  :  garder  fidellement  I^Eglife  jour  &  nuit,  & 
avoir  foin  que  ricn  ne  s'y  perde :  ouvrir  &  fermer  a  ccriai- 
ncs  heures  TEglifc  &  la  facridie  :  ouvrir  le  livre  a  celui 
([ui  preche.  En  leur  donnantles  clefs  derEgtife,  illeurdit: 
GMVtrnt^-voiii ,  cnmmc  dcvunt  rtndre  tontfie  j  Dieu  dei  cho- 
fts ifui  fani  cuvenei ftir  cet  cUfi. Or  ponr  L'dire  uncfoiSiCes 
formulcs  des  ordinations  fom  tres-venerables ,  puifqu'e!Ies 


«Ce.. 

e  police  i'ohf.rToit  il  n'y  a  pij  tneort  long-iempi   djtii  let 

pitoilUi 

ntfdeli 

tr»<c  . 

n  lciitci  gailii^uci.  Cctie  fundjiion  iiint   poui    (ournir  du 

uiw  ch.n^bre  aui  pridiijtcu.s  .   on   J   rrptdftnti   iU-defTu» 

«ie  rinfcr 

ipoon  le  l'r(.*icii.ur  tn  Chske  ,  rjudituire  cnmpof*  de  (em- 

WM  >mi 

«ll(>.  Ul: 

nii«p*ro.irci,!»   cjitip»s»e,   lcs  femmis  lo:i!  or.i.ii.ircment 

Iti  bommti  eiini  i  U  (uiic  du  Clirjt^  ,  »oni  lei  premiers  i  fulTiaDdt 
%■»  li  f  (octHisn.  Llt  fcmm»  y  «enllci  deiDieiei. 

Mit; 


«iTi  ISSTITCTBOy 

ti^,  II,  «u  0=  SKTw  iii  i   A:'r:i£.-;  -  at  ;  :!..  Cii  am  ■ii:r-..i.-i 

a  »*iOur  iyn:  'Jt  i*  za^ii  ic  -^s.  ;ii::.nricirrr  u»  Lriiii-r. 

&  ^---'.  i  cciisijr,  Ck  ceiire  i  a^f^Ti^-c  a  oe*  s^a  c  ui 
igc  isSirz  jHic  .  >:ec  jC  tocrir  ecertsr,  PrTrii::-^  y  as- 

men^-Airr:  '-'xx.t  jOx  rit  -.  <nii£-<^a-iB5  omrviijrs  A:::^-t- 

ca^E  i£  >_- 1::  l-t-Srr  itt  1:  :^ib  ^-^^  /. 
Jrf  «  '^- ''       y-t^*tiSrL.".  i-J.'^-'^  :o.-^  kt:;  ^21  i«C3«  ^pe  ]*sf  cr6=r«i 

(aEi ',-:;';»  sr: -'oa*  n:«.  On  fjratcit  siifi  «=i  c^  tECoe3 
pku  pit  j.-ei  *  rc-^fe ,  &:  <p:l  ^■y^tr.t^  ceri-uT  Pria-M,  li 

»ie,  Leui  icr^icn  a  :ou;cim  «c  cectr£iire,  pjL^ae  ron 

a  ic«;c-n  !u  dii»  rE^lfc, !»  £cr:nL-£s  ds  !*3=dc3  &  cu 

iKKive^j  icft.a3-.tii,  fcit  a  j  MtSe,  foit-us  si;Tesc£css, 

pricci(»'cin£iit  ie  's  c-J.t.  Or.  ]i'J3it  ^-Pi  £cs  Isirrcs  «ies  a-j- 

ir«  E»  tcue* ,  tJ«  a3«  ia  Mam-rs ,  &  en^iiite  (Ses  bocDe- 

ji^.^ iJm  '■**  "^^  Pcrit ,  co:rir.e  cn  iaii  er.cof e.  Le*  Leaeura  «o:ent 

Kdr«<«,  tut.   cbaigei  de  b  gardc  ccf  !lvi«  tcres,  ce  qui  !cs  eiporcit 

j-,;,  n.  I».     fon  pcr.(i3ni  !cs  perficLti^^ns.  La  fcriTiu:;  de  rorcJir.atJca 

nurtfue  qu'i>«  doivcnt  !iie  pcur  ceiui  qui  preche ,  &  chan- 

Poatifiiale  ler  Jes  lc^ons ,  benir  !c  paiii  &  ies  frui:s  nouveaui-  L"Evi- 

C«M,  Carih.  qyj  lesexhortealirefidcllemenr.&aprariquercequlja- 

ftni  ,&  lc(  met  au  rarg  de  ceux  qui  adminiflrenc  la  parole 

ie  Dieu.  La  fonfiion  de  clianter  les  ie^ns,  fe  fait  aujour- 

d^hui  indifTcrcminent  par  toutcs fortes  de  Ciercs,  meme  par 

ilcf  PrJiref, 

Itn'y3plu*que  IcsPr^iresqui  faflentcelled'£x0rrifIrf; 


i  Cc(  laiqiitin^ont  qu([)  ran^onminill^rirlle.&Don  I'oriiTe,(]u« 
1*00  conrcre  iD.ijoMt  lui  Cltrct  tanCutii ,  loifqulli  (t  pr^fer.Ten  poiic 
l«»vui(  1(1  qu:ltc  Minruri  ;  de  maniere  que  c«  Eccl^naniques  en 
onlttdCf*,  Stleiliiqutilifon^ion,  iiuoique:ciecc'idii^(liqi.»puiircn( 


t  ['offici  de  portiu ,  ttt  li  premjet  ilani  rotdrc  oif 


AV   DROIT   ECCLfiSIASTIQOE;      i«j' 

«ncofc  c«  n*eft  qoe  par  commifnofi  pirticuliere  de  ITvo-  p^MxmXi 

que.  Cela  vient  de  ce  qu'it  eft  rare  qu'il  y  ait  des  poil^es,   Our.  V^ 

&  <]u'il  fe  commet  quelquefois  des  impoftures,  fbus  preiez- 

te  de  poITefnon  du  demon :  ainfi  il  eft  n^ceflaire  de  les  eu- 

mineravec  beaucoup  de  prudence.  Dans  lespremierstempi, 

les  poflellions  eioient  frequentes.  (uf-tout  entre  lesPayens: 

&  pour  marquer  un  plus  grand  mepris  dela  puiflance  des  Mhf.  t,  u 

demons ,  on  donnoit  la  charge  de  les  chaHer  i  un  des  plui 

bas  Miniftres  de  ITglife.  Cetoii  eus  aufli  qui  eiorciroienc 

les  Catechum^nes.  Leurs  fonftions,ruivam  le  pontitical, 

fontd'averiir  lc  peuple  que  ceux  qui ne communient point 

faflimt  place  aux  auires ;  de  verfer  Teau  pour  le  minift^re  >     _      , 

d'impoferlesmainsrurlespofledes;  &il  leur  recommande 

d'apprendre  les  exorcifmes  pir  co^ur.  U  leur  attribue  mems 

la  grace  de  guerir  les  maladies. 

Les  jltolythtt  ^ioient  de  ieunes  hommes,  entrevingt  fic 
trente  ans/',  deftin^  a  ruivre  loujours  l'EvSque ,  &  etre 
Ibus  Ta  main.  lls  faifoient  fes  mcflages  &  portoient  les  Eulo- 
jfi»,  G^efta-dire  lespainsbenis,  queronenvoyoitenfigne 
de  communion.  Ils  ponoient  meme  rEuchariftie  dans  les  j^'^' 
premiers  temps ;  ils  fcrvoient  a  Tautel  (bus  ies  Diacres ;  &  ^ 

avant  qu'il  y  eut  des  Sous-diacres ,  ils  en  fjifoient  les  fonc- 
tions.  Le  pontifical  ne  leur  en  donne  pointd'autre,  que  de 
porterleschandcHers,  allumcr  les  cierges  &  preparer  le  viii 
&  rew  pour  le  facrilice.  Ils  fervent  aufli  Tencens,  &  c'eft 
Tordre  que  les  jeuncs  Clercs  eiercem  le  plus. 

Dans  les  premiers  temps ,  ces  motndres  ofliciers  etoient 
en  plus  grand  nombre  que  Xei  Clercs  fuperieurs.  Lorfque  1« 
Pape  faint  Corneiile  fui  elu ,  Tan  a ;  4 ,  TEgliie  Romaine     EafA.   &i 
avoit  entoutcentcinquante-deux  Oercs,  quarante-qujire  *'^*''  «• 
Preires ;,  &  ceot buit  Miniilret ;  favoir ,  fcpt Diacres , fept 

tccevoiclMquattaordcHMiaiurs,  celui  (!'«xorci!lc,  qui  c.tlctiot- 

/LcpipcS.Sidee,  diniuRClctlcci^^nrJtalcpjt  !ui  i:t'at  Ic  11  fi- 
*ricr  jE)  ,  i  Hyoiciiui  J<iqii<ileT.-'.[r--^''in:  ,  qu!  cll  li  ptcmicrc  1!^ 
erJlilc  qui  (ui(  vcnuc  jufqu'*  noui  ,  £;l-i -^[1 '.ivic  OriidnDjiice  ccciJ. 
liiIKqucoul'«tedeioidinindk,  fi:  !<!>  i.-itE-l;i.:i  !.i:i.l  n.iri(ui.-i  i\(- 
tiBAcacnl.  diiqu'il  fiHoii  avoictrcnte  ins  pouret.i  ai;ulylhc  &  (bui* 
•liicrc  ;  qu'iptts  airoir  palTi!  cinq  ant  itant  '.t  dlaonjti  oii  pouvoit  re- 
M*oic  li  ptitcife  .  S(  dlx  noi  aprci  IVuiri-uuiL  Oo  l'ell  ticuuii  bciu^ 
<Oup  rcUcb^  fur  Vif.t  &  (ur  l<s  intern.ccs. 

f  11  yaToit  alorsbeiucuup  plui  d'i'Av.juct  que  de  piftrri;  S:Ur»t- 
ioot&  )uai'eii0t<l«uwi[4UUiitd'Cvviiuci,  queron  cijMi£dita >'£;»- 

>Miv 


i84  INSTITUTION 

p  ■"  "  Soi:»-diacre),quarance  deux  Acolyihes,  cinquanie-deux  tant 
CKAr.  VI  tiorcilles  qae  Le&evn  &  Porii^TS  :  ce  font  quaire-vingi- 
<|uatorze  de  ces  moirdies  Clens.  Ceion  dans  ie  fort  des 
perlecuiions-  Le  nooibre  cn  aii^menia  depiiis Conftantin ; 
&  pendjni  quarre  ou  cinq  cents  ans  ,  les  Eglifes  conrinue- 
reni  d'etre  magniAqiiemeni  fervits.  Le  pariage  &  la  ditlipa- 
tiondes  biensdtsEglifesa  fait  celTerce  grand  nombre  d'of- 
ficiers.  L'u<i<ge  frequent  des  meffes  haSns,  afdit  multiplier 
lcs  Ptetres  &  les  auiels,  fansquilaii  ete  polTible  de  multi- 
plier  a  proportion  les  Clercs  necelTdires  pour  les  fervir. 
Ainfi  on  s'eA  accoutume  a  voir  le;  Eglites  mal  fervies  &  a 
nc  regarder  prcfque  pius  la  reception  des  quatre  ordres  mi- 
neurs ,  que  comme  une  forinaliie  necelTaire  pour  arriver 
aux  Ordres  facres. 

11  ne  laui  pds  louicfois  croire  que  les  Saints  qui  ont  gou* 
verne  l'Eglife  pendani les  premiers  fiecles ,  fe  fuflem amufes 
ji  dc  petiies  chofes,  en  reglani  ^vec  lant  de  foin  tout  fon 
exicrieur.  Ils  avoient  compris  rimportance  de  loui  ce  qui 
frappe  nos  fens ,  comme  la  beauie  des  lieui,  rorilre  dans 
les  aflembjees ,  tc  fikncc ,  le  chdni ,  la  majelle  des  ceremo- 
V.  Ceae.  Tr.  nies.  Tout  cela  aide  meme  les  plus  fpiritueis  a  s'elever  a 
fiff.  11.  e.  (,  J)ieu ,  &  eft  abfolument  neceffairc  jux  gens  grofliers  pour 
leur  donner  une  grande  idec  de  la  Religion,  &  lcur  en 
faircatmer  ri.-ierciLe.  Quand  nous  voyons  que  lc  lemple 
de  Jcrufalcm  eioit  fervi  tour  a  tour  par  tant  de  niilliers  de 
Levires,  &  que  lc  fcrvice  s'y  faifoii  avcc  lam  de  pompe 
&  de  ma|ene ,  nous  devons  avoir  une  exiieme  confu- 
fionde  voirles  Eglifcs  oii  repofe  le  corps  de  Jefus-Chrift, 
ii  mal  iervies ,  en  comparaifon  de  ce  temple  oii  n'eioii  que 
]'Arche  d'AIIiance,  &  meme  du  fccond  tcmple,  oii  eile 
n'eioIi  plus. 


f«.II 

n^ysyoiti'" 

intencorerteCiirii.&lcpetit 

Sr; 

i'objtl<.'n  A 

,rt,s"..i.W*tr« 
donnoii  poini  alori 

d'teliitoiibifnt!i. 

Simt'ncni>   PapE,  divid  f 
TTni|ilci ,   Cifniii^rd  ,  Cir 

n.Dddai  qut  cbtciui  (•  ilnt 

oilf«  8c  Dio«r« 

CBDICDt  dcfeDfil 

AU  DROIT   ECCUSIASTIQUE.      i«f 

Auifi  le  Condle  Ae  Trenie  n"a  paj  voulu  qae  Toa  regar-   pjm— - 1* 
iiii  \ct  qiurre  Ordret  mineurs  comine  dcs  liires  rairu,  ni   caAT.  VL 
leuTs  t'or.Ai>>ns  comiDe  des  amiquites  hors  <i'ui*jg€.  II  vn  a  Stff.  t|  Rt^ 
rccomr:isn(.c  i'e  r>;:ji.l!fleinent  dans  tcutes  lcs  Efiiirts,  eu  il  '"  "" 
y  a  trandc  ^•nucoce  ce  pcupie  don  ies  revcnus  y  pour- 
foicm  fouri  ir.  II  orconr.e  mexe  d  y  appliquer  quelque 
piiiie  des  benctkes  funplcs  &  du  re%enu  dcs  tabriqucs, 
&  de  le  fervir  dc  Clcrcs  maries ,  s'il  oe  s'en  trouve  pai  ai- 
fement  d'autrcs.  En  cffei ,  :1  etoii  ordinairc  que  ces  moin- 
dres  Clercs  lufTcnt  maries ,  du  tcmps  quc  !eurs  toncHons 
cioietn  lc  plus  cn  vif^ueur  :  comme  dins  TuU^c  prefent ,  ces 
Ordres  ne  lom  !c  p.us  roMveni  que  dcs  dcerc»  pour  ironier 
au\Ordresrupeficurs,ie  mcmeConcileveui  quc  ccux  qui 
les  re^ivem  emcndent  au  moins  le  laiin  ,  &  qu'iis  aient 
un  temoigiu^e  avaniagcui  des  maitres  fous  qui  ils  etudieni. 
11  recommande  aufli  au»  eveques  d'obfervcr  les  inierllices, 
pour  les  conferer,  >tin  de  donner  ausCIercs  lc  loifir  d'excr- 
cer  Icsfonfiionsdechaquc  orJrc,  &  d'eprouver  cependant 
le  progres  qu*iis  foni  dans  Ics  leiires  &  dans  la  venu.  Mdis 
il  bifle  lux  Evequcs  la  liberte  de  difpenlcr  de  ces  reglcs, 
&ils  en  dirpenicnt  rouveni.  jurqi]*a  confcrer  tous  ces  or* 
dres  le  meme  jour.  li  y  a  dcs  Abbes  qut  preiendcnt  aroir 
le  priviie^e  de  donner  ces  moindres  ordres  a  leurs  reli-     Csrw.  Sic, 
gieux  i  &  on  voii  des  fondcmeas  de  cene  pT^niion  dans  <>•  '•  '*• 
les  Canons  h. 


h   On  trou*»  tn  tffci  dti  «icnplci  ,    qi<t   di 
1«  (iimiiroirc  A%  fjn  tviqui  L'jhb*  At  C^unj  t 


liiiiW.it 


.lunjr,   qiie 


fon  territoiie  appdc  Ui  Jjcrtt  frj-;.  ic  Cli.t^  ;   &  d')r   fjiif  (>!ufi(ufl 
muicct  funiliont  ^i>i^opilei  Mji>  pic  triit  rinducrnii,i<liaoi(icn.nt  :u 

*<l«niini^«nl«l'ibbcdcC:u.y  Snle  lon  Aichidiitte  ,  dunt  Si  M.  jclla 
1m  ■  Ccbuut^t.  ayinit|>jrd  lut  reqiie:»  &  dc;n.>n(!csdc  M.  TtTiqiia 

cctiouie  junc-idionfpiUopjlc  cani  li  Vile  &   urtiioiie  de  Cliny, 

du  royiume  ,  i»cc  defenCii  i  TibW  it  Cluny  .  i  rAttliiditCtc  de  ladit« 
■bbi^e.&«iouituucitIal'y  uoublct «  r>vtaii. 


■.■ii',.iiiii^!i    i.iicuii   L-.-.  iiumni^  Tr.j:i=      -:i- 


:  al  iJt:arT-^  ;j::u 


,  >i.  ■,.  ',i/^>,rir  ,  Iti  *.l»rt»  «Jiu  r'OtGient   pai  cr.ccr* 
1  l*t  uliliit  liii^:t  puuvbicut  iilKi-feultintaitcs-.Micci 


AU   DROIT    ECCLfiSIASTIQUE       j9f 

Autrefois ,  (i  un  Pr^tre  ,  ou  un  autre  des  Clercs  fup^  PiRmE 
ricurs  (c  marioit ,  il  etoit  reulement  interdii  pour  toute  fa  Chaf.  VUE 
vie  des  fonf^ons  de  fon  ordre ,  &  inis  au  rang  des  laiques. 
LTmpercur  Jullinien  ordonna  de  ptus  que  les  enfans  fe-  L.4i.tod.J» 
roient  reputes  illegitimes ,  &  incapabtes  de  toute  fucceffioa  *''■'*"  **'*''• 
&  donanon.  Enfin  ij  a  eie  ordonni  que  ces  mariages  fe- 
roicnt  calKs ,  &  lcs  parties  mifes  en  peniience.  Que  li  uit  Cwm.  Rm*. 
homme  marie  eft  ordonne  Sous-Diacre  ,  il  faut  quc  fa>i*>^""«* 
femme  y  coiifente  ,  qu'ctle  faffe  en  tneme  lemps  vceu  de  f^),j|  J^t^ 
continencc  ,  &  s'cnfcrme  dans  un  monallere.  *.  16, 

Ces  regles  de  ta  coniinence  des  Clercs  fuperieurs  ont 
paru  irop  fcvcres,  dans  les  temps  de  barbarie  &  d'igno- 
rance,comme]e  dixieme  &  1'onzieme  fi^cle  j  principale- 
ment en  Allemagne  Si^cn  Angtcterre:  aulliont-itsconiribui 
i  revolier  les  h<;reiiques  des  derniers  temps.  Mais  il  faut 
confidcrer ,  que  l'on  ne  for^oit  perfonne  a  cntrer  dans  le 
ClcTgi ;  &  fi  on  faifoit  viotence  i  quelques-uns ,  on  ^ioU 
bien  aiTLire  de  leur  vertu  ,  &  de  leur  foumiflion  <l  loutes 
Jcs  r^gles  de  TEglife.  Le  mariage  eR  libre  aux  Clercs  in(i- 
rieurs  / ,  qui  devroieni  etre  en  plus  grand  nombre  que  les 
auires.  L^Eglife  ne  defend  le  mariage  a  perfonne ;  mais  ^iant 
libre  dans  fon  choix ,  etle  ne  choiru  pour  les  fondions  les 
plus  faintcs ,  que  ceux  qui  fe  foni  votontairemeni  confa-  Maiik-  xixt 
cres  a  Dieu  par  ta  continence  ,  d  recommandee  dans  TE-  '.  ""•  *"■ 
criiure.  Lcs  Pretres  &  tcs  Eveques  ne  doivent  etre  ordon- 
nes  que  dans  un  age  mur  :  ils  doivent  eirc  apptiques  a  VO' 
ratlon  &  a  rinflruftion  des  peuptcs  ,  &  par  confequent  d^ 
gages  de  lous  tcs  foins  temporets  ,  fans  fe  panager  entre  . 

Dieu  &  !e  monde.  Les  Sacrificateurs  de  1'ancienne  Loi  fe  ^^  <v  }•  * 
fcparoient  de  lcurs  femmes  pendant  lc  icmps  dc  lcur  fcr- 


miii 

dc«tur(i 

r.,. 

r'r»i 

,  fe  rtc( 

volr  leu 

r  r(<lribt 

,tl™. 

i  dircipiix 

.«  (I1 

,.n^. 

I  ptul  pcu,! 

orfque  k, 

.  kKl..«. 

.  &   Iru. 

fiun 

Ciec;  con 

Kei. 

tde.  Dfpmict 

lemp»  on 

.tmtpoi 

.r  liil* 
,  fe  mi. 

;.r« 

»ec*»oir»i.eune  ritiihulicntlerEglile.  Fejet  Van-Efpen,  Tcmi  I 

/4».  5lS,    tol.    I. 

/  f^jind  on  dii  quc  lc  marijg*  cA  libre  aui  Clercl  infifrieuti , 
leputci  perfonnei  £ccler.i(li({uei,  &  nc  pcuvcal  plui  tccljniti  le  ) 


i88  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


PAKTit  L   *'^^  '  '^  "*""  'lcvons  eire  lous  les  jours  en  etat  d'ofiHr  le 

Cbap,  ViL  iacrifice  ,  &  d'aditiiniArer  les  facremens.  Quoiqu'il  foii  per- 

lD>s  aux  moindres  Clercs  de  fe  marier  ,  ils  ne  font  plus  re- 

gardes  comme  Clercs ,  apres  leur  marbge  ,  quani  au  pou- 

^„   ^  voir  de  tenir  des  benetices  :  &  s'ils  ne  fervent  aSiiellemem 

dtr.  tpaj,  |.  une  Lglife ,  ils  ne  jouillent  point  des  privileges  de  la  cle- 

*iw  ricaturc  (r  ,  &  ne  foni  poioi  obliges  a  poner  rhabit  ui  la 

Jnd/iff.ii,  Quant  au  liire  de  rordination  ,  autrefots  il  n'y  avoii 
•E> «.  <7'  point  de  diffjrence  entrc  les  Clercs  fuperieurs  &  les  infe- 
rieurs.  La  regle  eroit  generalc ,  de  ne  faire  des  Clercs ,  qu'i 
mefure  qu'ils  eioient  neceffaires  a  TEglife  ,  foit  pour  U 
lervir  par-ioui  oii  TEveque  tcs  appliquoii ,  foit  pour  eire 
atiaches  a  un  liire  o ,  c'e(l-a-dire  a  une  certaine  EgUfe. 
Ainft ,  TEveque  ordonnant  un  Portier  ou  un  Ledeur ,  le 
nietloit  auHitot  en  poflellion  de  fa  charge  ,  lui  en  EufaDt 
Commencer  rexercice ,  comme  on  fait  encore  pourla  forme 
dans  Tordinaiion.  On  le  metioit  fur  le  caialogue  de  rEgli- 
fe ,  &  on  lui  donnoit  par  mois  ou  par  jour ,  les  diftribu- 
lions  rcglees  pour  fon  ordre  ;  de  forte  qu'il  recevoii  eit 


n  II  eft  *iii  quc  ti  poltce  du  Rayauinc  n'a  pai  loujauit  ^C^  Dnirorine 
fur  lei  jjtivil^gci  dcs  Cletc?  marii:!;  tn:iis  dfpuii  plut  (l'un  riccle,  ili 
n*oiii  cn  Vtaiiit  aucun  ptiviltge  de  Octicaiiiie  ,  (oii  pai  tippoit  a  U 

imporitiont  (ut  lct  Ldiquei,  qiiJnd  mcmc  ili  ^ntaicnt  lei  qualii^t  te- 
omiii  pit  lci  D^cteii  de  Doinface  VIII  ,  &  (<u  Concilc  it  Ttente. 
Voytl  cc  qui  cR  dii  1  ce  iLJet  dans  lei  Mifmcites  du  Cletg^  ,  tom.  VII. 

n  lltncdaivcnimcme),luiportctmrniini  rauttc.  On  nc  ctoit  pai 
qu«  dci  Cltrci  dotit  lc  tnitiage  efl  public  ,  o(ent  encote  continuci  de 
pottct  1a  ion(ute  &  rhibii  £ccler»nique  j  maii  oti  voic  dei  Lai^iiei  qui 
pottentriiabitKccl^fianiqiie,  meRie  (iniavoii  tef  u  li  ion(uiei  cc  qui 
•ftunabui. 

O  Lei  liitei  dciEglirei  &  Bcncficei  n't!toiciit  paila  Yocablc  du  Saint. 
foui  I'inroc^tion  diiqiiel  fK^life  ^ioii  diiiec.  Cci  liitei  rutcnt  linli 
•ppci^i ,  pitce  que  le  Kondateur  (jiloit  appcfer  luM  partei  de  riigli(e 

•Itct-infinci  Jioiu-ni  nom-nces  liiuli,  pii  eicmple,  liiulai  Altini , 
pour  dite  iine  KgUre  rondve  par  AlHaus  ;  c*c  dei  1e  qualrieme  fiecie. 
•llci  porioleni  ainfi  lenom  du  Fonriaieiit.  Vhi  pottni  aliqmi  mriinrit 


Vn  appcloil  Milti  liirti  (  Rome  dei  Eglir»  Patai/rialei  aitribii^ci 
ctlicupt  iunPiilteCardinat,  (veG  tin  citltin  quarlier  qui  en  d^pen- 
^oii.  C'e(l  Mi  i{u«  lil  Cudinius  om  lit^  l«i  litiM  pcui  l«(queli  ilt 
r«M  otdonnf  t. 


AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.       18^ 

n^e  tefDpt ,  Pordre .  Toffice  &  le  hiai6a.  Cctte  r^le  ^^^^^ 
s'ob<en-e  encore  pour  les  L«  eq-jes :  on  n'ea  ordonoe  que  Our.  VH. 
pour  unc  Egiife  vacante  p.  Qiunt  aux  Prerres  8t  aux  «t- 
tres  Clercs .  on  Ciilbit  deja  iles  ordinacions  vagues  f  ea 
Oriert ,  des  ie  cinqui^me  fieclc.  Ccfl  pourquoi  le  Coocile  f^^  Cftdbj 
de  Chalctfdoine  d^fcndii  d'en  ordonaer  aucun ,  qae  pour  cm.<> 
quclijue  EgUte  de  la  vil!c  ou  de  la  ampagne ,  &  dedan 
iiulles  les  ordinatior.s  abfolues. 

Cettcdifdplines'dl  confervee)ufqu'al3(iaderonzieine     17,^    ^^ 
ficcle ,  oii  nous  voyons ,  qu'il  eft  encore  recommande  d'or-  fmc.cUmt^ 
rionner  toujours  un  Clerc ,  pour  le  meme  dtre  oii  il  a  ete  '*  *>^ 
aitache  d'abord.  Mais  dans  le  douzieaie  &ede ,  on  fe  relacha 
decetteregle,cn  muItipliamexrremenientlesCIercs;parce 
que  les  particulters  cfaerchoieot  i  jouir  des  priviliges  de  la 
clericature  ,  &  les  Eveques  a  erendre  leur  juridiaioa. 
Commeua  des  plus  grands  defordres,  qui  venoientdc  ces 
Ordinations  vagues,  etoit  1a  ]>auvrcte  des  Clercs,  qui  les 
reduifoii  3  faire  des  meiiers  fordides ,  ou  a  mcndier  hon- 
teufemcni  Icur  vie :  on  crut  y  remedier au  Concile de  La-  ctnt.  t.tvri 
tran.tenu  fous  Alexandre  III.  Tan  1179  ,  cn  chargeant  Epifi.^m 
rLveque  dc  faire  fubfifter  le  Clerc  ,  qu'il  auroit  ordonni  "*  *  fr^ 
ians  titre,  )ufqu'a  ce  qu^il  1'eijt  pourvu  de  quelque  place 
4ansrEglife  ,  qui  lui  donnat  un  rc^enu  affuri. 

Le  Concile  ajouteune  excepiion  :fi  ce  n'eftque  celui  Cbfittit«,ij 
qtii  cft  ordonne  puiffe  fubfiller  de  fon  pairimoine ;  ce  qiu  ^Sfv^J^ 
&fflbleetre  venu  d'une  mauvaif^  cxplication  du  mot  if  fimU.^^' 
^0^r^i?,d3nsIeConciIedeCh3lcedoine.  Quoiqu^ilenfoit,    j^  t.tH 
il  3  piSt  depuis  pour  maxime  ,  qu'il  n'eioit  point  R^cf-  (tni    di 
£iire  qu'un  Clerc  eiit  de  revenu  ecclefiaftique ,  ni  de  place  ''''"* 
cert3ine  dans  aucune  Eglife,  pourvu  qu'il  eut  un  patrimwne 
fuffifant  pour  fa  fubfillance.  Ces  remedes  ont  eu  peu  d^effet. 
Plus  un  Clerc  cft  pauvre ,  moins  il  eft  en  ecai  decontraindre 
Ibn  Ev^que  i  lui  donner  fa  fubliftance ;  &  le  titre  patrimo» 
nial  r  a  ete  lixe  a  iine  fomme  tres-modique.  Par  les  ordon-     Ort,  til 

P  f<7t{  ccquicllditdtl  Etiqu*t.  ci.dci<al,  ft.  ]  ,  &  ci-ipri*  . 

f  NonpKpaur  Upeironnc  ,  iiiii  >(1  louiouri  ccruinc  .  mtit  vMfnu 
f*t  \t  iiiiut  it  ilirc  uu  Uilitc  Ecck-li.iaiquc ,  applicibte  i  cc lui  uui  «ft 

S/^«.'      "      '  ""  "*"*  "^""    ""'  "' '  """"  *'      '  '"""** 
r  C'«((c«<iue,  dini  rufag*,  on  ippclte  fiirt  C//rJM/,  c*cfl-i-di(« 

ktiirastoMutpourrOtdiauuM j  c« qiii h ('cnuod niiiMwiai qu 


'>»o  INSTITUT  t  O  K 

'partis  l   h^ukcs  de  France ,  il  luffit  cle  i  j  o  livres  de  rentes ;  u  Parlc 
CtAV.  VU.   &  en  plufieurs  diocefes,  od  Ta  fixe  k  cette  {otnmef. 
Stff,  II.  A  s.      Le  Concile  de  Trente  a  rappele  l'ancienne  dircipline  i 
cn  defendant  de  promouvoir  aux  ordres  facr^s  aucun  Clerc 
ficulier ,  qui  ne  foit  polTefleur  paifible  d'un  b^nefice  Aiffi- 
lant  pour  la  lubfiftance  bonn^ie ;  &  ne  permettant  les  or-> 
dioations  fur  patrlmoine  ou  penfion ,  que  quand  TEveque 
le  )ugeroit  i  propos ,  pour  la  neceHite  ou  commodite  de 
rEglile.  Ainfi  il  marque  le  benefice  comme  la  r^gle,  &  le 
V(/.s|.IU/  patfimoine  comme  l'ezcep(ton.  II  defend  ailleurs,  en  eze- 
*  **•  cution  du  Concile  de  Chakedoine ,  que  perfonne  foit  or« 

doiuii,  finon  pour  rutilite-bula  n^ceffite  de  rE^tife,  & 
i  la  charge  d'e(re  deflini  k  un  lieu  particulier ,  oii  il  exerce 
I2  fonflion  ,  &  qu*il  ne  pui^e  quitter  fans  conge  de  foa 
iveque.  Mais  ea  FraiKe ,  on  fuit  Tancien  u(age  >  &  le  tl- 
tre  pairimonial  eft  le  plus  fr^quent.  Quant  aux  r^guliers, 
ils  ont  iti  pendant  plufieurs  fi^cles  foumis  i  h  loi  g^^ 
rale,  de  n'etre  ordonnis  que  pour  le  titre  d'une  certaine 
Egiife.  Mais  dans  les  derniers  ii^cles ,  on  a  jug^  que  la 
profeffion  faite  dans  un  Ordre  approuve  ,  leurdevoiifer- 
vir  de  litre ,  parce  que  leurs  monaft^res  font  obligis  de 
les  nourrir ;  &  pour  les  mendians ,  on  les  ordonne  i  a- 
tre  de  pauvreti.  On  ne  demande  point  de  titre  pour  le» 
quatre  ordres  mineurs,  parce  que  ce  n'eft  p<Hnt  lu  eng»- 
gement  irr^vocable  t. 

Le  Sous-diacre  &  les  autres  Clercs  majeurs  ^tant  enga-' 
gis  zu  fervice  de  TEglife,  ils  doiveiu  au  moins  la  fervir 
par  les  priires  qu'ils  c^&ent  k  Dieu ,  s'ils  n'ont  poiai 
d'autre  fon&on  pardculiire.  De-ti  vieat  robligaiion  de 
riciter  Toffice,  doot  U  fen  traiti  dans  la  fecoude  partie. 


i*  U  ptomoUon  lus  Ordrci  {*citt  on  Bijiuri ,  cDinmi  rt  fcra  dil  cia 

/  Ce  tltre  Cl^ticil  n'eft  pii  fallilTible,  &  nc  peut  ttre  ili^n^. 

(  Ccui  qui  font  de  la  niiifon  &  [ociiti  de  Sorbonne ,  font  lufll 
•rdonn  ji  Prtttes  rans  lltre  pattimontal ,  &  fut  lc  feul  tilte  ite  paUTtet^r 
liialo  panpBUuii  Sorhoaic».  On  ptffumt  qu'un  Dofleur  de  Sotbonn* 

Ti  p*i  de  Biui&c*  f  ou  lutifl  omploi  sOBveiMblfl  i  ua  Eccl4' 


AU   DROIT    ECCL4SIASTIQUE.        ijf 

r— r  .-wint     PAXTtE  L 

"*■■  -  "^  Cur.  VIU, 

CHAPITRE      VIII. 

Det  Soui-diacrti  6-  dts  Dtactti. 

LE  Sons-diaert  doii  avoir  et^  iprouve  dans  tous  les    f.^^^  Triii 
ordresinfcrieurs,  &  avoir  au  moinsaiteint  fa  vingt-/tjr.  i).Kf/> 
deuvi^me  annee.  U  doit  ^tre  affez  inftruit ,  pour  pouvoir  '■  *•  ^  *■  "4 
«ercer  fes  fonflions  ;avoir  des  atteftations  de  mceurs  de     * 
ibn  Cure  8f  des  maitres  fous  qui  il  etudte  ,  &  efperer, 
tnoyennant  la  grSce  de  Dieu ,  de  garder  la  cominence. 
Son  ordioation  doit  etre  pr^cedee  de  trois  publications  , 
Bfin  de  cofiDoitre  s'il  vtA  point  engag^  par  mariage  ou 
pir  voeu  inconpatible ,  ou  charge  de  dettes  ,  ou  irrigu-, 
lier  de  <]uelqu'autre  maniere. 

Ces  publications  u  fe  font  au  prdne  de  fa  paroilTe ,  par 
trois  dimanches,  comme  pour  un  mariage.  S'il  doit  ^re 
«rdonni  fur  le  titre  de  fon  patrimoine ,  il  faut  aulE  que 
le  titre  x  foii  publie,  pour  ^viter  ,  autant  qu'il  eA  poffi- 
We  ,  les  fraudes  &  les  collufions ,  &  qu'il  foit  approuvi 
ile  TEv^que ,  qui  d^fetid  au  CJerc  de  1'ali^ner ,  fous  peine 
des  cenfures  ecclefialliques ,  jufqu'^  ce  qu'i1  foil  pourvu 
d'un  bcneBce  fufGrani.  Les  publicaiions  au  pr6iie  Ct  rei- 
tirent  pour  chacun  des  Ordrcs  facres. 

Ourre  lesinformations  faites  par  le  Curi,  TEv^quc  doit    Cont.  TriJl 
encore ,  le  mercredi  avant  l'ordinaiion  ,  examiner  les  or-  "p.  j-  fi0i 
dinands,  oulesfaireexaminer  pardesPretresvenueux,  &  *'* 
&vans  dans  la  loi  de  Dicu  &  les  Canons.  Depuis  plus  de 
foixante  ans ,  Tufage  i'eA  introduii  en  pluficurs  dioc^fes , 
ie  faire  faire  aux  ordinands  un  fqour  confiderable  dans  les 
feminaires,  ou  dumoins,  dcs  reiraites  de  quelqucs  jours; 
&ceIaeA  commun  ^  lous  lesOrdres. 

Le  jour  de  Tordination  etant  vcnu  ,  &  les  Ordres  mi- 
neursayanieie  conferes,onappei!cceoK  quidoivcnt  etre     Poii-fi^i^t 
ordonncs  fous-Diacrcs,  chacun  par  fon  nom  &  par  fon  ti-  cdinathni 
tre.  Un  lel,  au  titre  d'une  tdle  £c:Iife,  pour  ccux  qiii  ont  Sabdiattn. 
des  ben^fices  :  ua  tel ,  au  titrc  dc  fon  pa:i  imoine ;  frore 

■  On  [ct  quiliiic  quelqucfaii  dc  ^ai ,  ^(im  f^itci  i  rinHit  in  biat 
dl  m»ti»gc. 
a  OaiDicDdpulcticidiitiRflCl^tHU 


«91  nnTrrrTro!» 

I  fet ,  fta&s  it*jn  :d  Ontre:  ir^x  tc! ,  a  nmiie  pBnmeT 

y^jtnnBK    Cyabiwi  ['Eveque  ^esaverrirde  camiaerer  atrennwenient  j 

*•*'•*•*'*  <|lielle  cfiar^  iU  le  roumenenf.  Iwmi".d  ,  m- d .  U -i^us  ^l 
iHre  de  'tiMirntr  j  r^jt  ji^ic ;  -njM  ji  ivau  TCiTxr  ^  Oi*- 
^e ,  vniuitc [taur~s^ pUL-  'eaiier;  drjuJrj trnuiain  ''cnrtr  Dita^ 
dant  Ufervice-oMi  muuxanm  ■vyjunu  ;  ^jsu^ ^  JtMlut  jmc 
fo»  fectmrf ,  &  demearerat^j^  jjjaun  ju.  •KmileiJe^Epifi. 
S^^er-y  Jonc  wiJis  aiiii  al  encari  i-aitps  ',^j  ^ohx  vobu^ 
ferf^-rer  iMS  ,v.vi  /Jura;  '.■luiuiiaa ,  jnuracat^  ju  ^tvmJcDtm. 
Entuice  on  uic  ^orocher  ceux  qui  doi^venr  enc  ontoiK' 
ne*  Sous-iiiacres ,  Diacm  &  PrairBS  ;  &  ICU9  latlttaiUeefaaE 
prcliemei  a  rerre ,  on  dunfe  j»  Litanies  ,  &  aa  itivaqiie 
pcur  eux  lei  tb&ases  (ie  roas  les  Satins~  Es  K  relieveitt  i 
g;enouT,  &  i'£vi^i:e  lAftruic  les  Scus-diacTesdeleuisninc-' 
riof».  tJ:«  fom ,  de  fervir  le  Diacrc,  pr^nrer  reau  pour 
lc  mini^dTC  tie  rauiel,  lOTer  les  oappes  ii'aiiiel  &  lescor- 
foratn  y  i  ie«  corporam  doivenc  etre  aTCs  teparttiiMiic  ,  fic 
on  sn  doic  ferer  Vtxa  dans  le  bspndere.  Le  Suns-diacre 
Acnt  aulH  oftrir  au  Diacre  le  ca&ce  &  la  pacene  pour  ie  ta^ 
crifice ;  &  avoir  (bin  ie  meRre  hir  rauieE  autais  de  pams 
qu*il  fuir  pour  lc  peupte ,  ni  plos ,  ni  Rioiib  ; ,  de  peur  qu'il 
ne  (lemetfTe  <lafM  le  lan^htaire  quelqu^  chote  lie  oorrotcpa. 
C«  Ibnt  fe»  fondions  marqueef  dans  la  tbrniule  do  Ponttd- 
cal.  Ilfaut  etreau  moim  Sous-diaire  pour  louchef- les  n- 
hi  facrn ,  &  le*  lingc»  ijui  louciieci  igimertiaiesieai  Ii 
(iiinte  Euchariflie. 

L.'Bv^quc  lui  donne  cnfiiiie  le  calice  vide  avec  b  pa- 
lene ,  &tousiesorfiemrniquiconvicDr.entaroaOTdre.Ej»- 
finiUuirfonnctelivrede*  Epiires,  avecle  pouvoirdeics 
lirc  diini  rE^liJc.  Ainfi,  le  miniliere  des  Soiu-ihacres  eft 
prcfque  rHuit  au  rcrvice  de  1'auie] ,  &  a  afriDcr  TEveque 
ou  Ic*  Pr£ire«dant  lc*  grandes  ceremonies.  Autrefois  ils 
^ioicnt  lcs  Secr^aires  des  Eveques ,  qui  les  employotent 


y  I,*cofpof»1flliinlingt  ficrifort  fin  tt  iottAiWi  i]uc  It  Prftie, 
)<Kl(|ii'll  ''li  11  MflTt,  txtnA  (oui  If  cillce  (vint  roflettoiit ,  poui  rtcc- 
Voil  fliullieuii  Wilitpritni  (fiii  poiiiroitni  tomber.  CeH  fui  ce  cct- 
puiilqu*))  HmilT*  hmc  la  pitin»  ln  piriiculride  l'honie ,  5'i:  y  eni  j 
poiit  lei  ■irtl»  6)M  le  tilice  xiini  rit  confommer  ce  qui  eH  <lc<!int. 

{  C^eltl  itRle ,  ile  ne  intltic  fur  rAiitrl  qu'auiant  rit  paini  (|ii'i1  en 
fiul  puur  t*  peupl*  ,  nt  piul  plui  (fie  obfeiT^e  li  Hii^tmcnt ,  >  c«u(e 
du  Kriiiri  nuinlit*  llti  liritllii,  K  qii*  le  nombi*  d«  ccui  qui  (e  pr^fcnlcM 

Lh«<)u«  JBui  peiir  [oniiBuiilw  «S  iaHiuiiii 


AU  OROIT  ECCUSIASTIQUE.       i^j- 

Sam  les  voyagc*  &  les  negociations  ccclefiaftiques  :  ils  PARTii  t. 
^oicnt  charges  dci  aumdnes ,  &  de  radminiflraiion  du  tem-  Ceap.  Ylllj 
porel ;  &  hors  de  reglife ,  iis  faifoicnt  les  memes  fonftions 
^ue  Ics  diacrcs. 

Quant  au  DUconat,  rinftitution  cn  cA  marquee  daiu     AS.  tt. 
rLcriiufe-fair.ie  ,  &  il  y  a  loujours  eu  des  Diacres  par 
toute  TEglife.  lls  font  otdonnes  comme  les  Pretres  ,  par 
I'imporition  des  mc  ins ,  &  avec  !e  confentemeni  du  peuplCi 
D'abord ,  rAfLhidiacre  prefente  a  TEveque  celui  qui  doit 
*irc  ordonrc  ;  diiant  que  rtglife  le  deinande  pour  la     Pautlfie.Jt 
chargedudiaionat.  Sjvt^  vous^udtn  foiid:gne}  dil  TEvi-  trd.diat^ 
ipit.  J' U  fau  &■  le  ((in0');ii«  ,  dil  rArchidiacre ,  aatant  fut  l» 
foibitffe  huwuiut  permti  de  U  connoUre.  fcvequc  en  reoiercie 
Dieu;  puiis^adrefLnt  au  clerge&au  peuple,  il  dit  ■.Aout 
iUfont ,  avte  Vaidt  de  Ditu ,  ctpriftnt  Sout-diatrt ,  poar  Cor' 
drt  du  diaeoitM  -.fi  qutl^uun  a  qutlqut  chofi  eonlrt  lai  ,  f«'i/ 
yavaaet  hardinunt  four  1'amatir  de  Dieu ,  &  qu'iUt  dift  i  mait 
qtiUl  fi  fouvitnnt  di  fa  eondiiton,  Puis  il  .«'arrete  quelque 
flcmps.  Cei  aveitifTunient  marque  rancienne  difcipline,  de 
confulter  leclerg^  &  le  peuple  a  pour  les  ordinations.Car 
cncore  que  Ttveque  aii  tour  Ic  pouvoir  d'ordonner,  &  ^C*"'"  ^"^* 
que  le  choix  ou  le  conreniement  dcs  laiques ,  ne  ["oit  pw  (2i.  7/'"^'* 
nicefTaire  fous  peine  denullite;  ilefl  neannioinstres-utile, 
pour  s^afTurcr  du  merire  des  ordinands.  On  y  pourvoit  au- 
iourd'hm  par  les  publications  qui  fe  foni  au  pr6ne ,  les  in- 
Ibrmations  &  les  examens  qui  precedeni  1'ordination  ;  mais 
il  a  ei^  fort  fainiemcnt  inftiiue  de  prefenter  encore  ,  dans 
Tadion  meme.Iesordinandsa  lafacede  ioutereglife,pour 
i'airureT  que  perfonne  ne  peut  leur  faire  aucun  rcproche. 

L'Eveque  adrefTani  enfuite  la  parole  arordinand,  Itit 
dit :  Vout  deve^  ptnftr  comhitn  tfl  graiid  U  degrt  ou  vout  fflon^ 
tii  dani  fEglift.  Un  Diacrt  doii  ftrtir  a  raultl  ^  bapliftr  & 
priehtr.  Ltt  Dijcrttfoni  a  UpUct  dii  aneieni  Levitit :  ilt  font 
/4  iriiu  &  Vbiritagt  du  Seigniur ;  Hi  doiviol  gardir  6"  porttr 
te  lattrnacli ,  e'ifi-i-dire  deftndri  fEglift  dt  ftt  tanimit  iavt' 
fihUt ,  £■  Vomirpar  Uari pridicationi  6f  Uuri  txtinplii,  llt  fant 


a  It  «loil  n/ininoint  MttiAa  At  lci  hU%  im 
t't^-i-i\itit  ctui  aui  ilo.tM  fculcmcnl  -.imn 
t>icu,  tcli  qut  lcl  Ciicchuminci  &  Ici  Pfni 
Cmm  ly  dm  CmiUt  it  LaoiUie.  V«A-£ff>«(i/ 

Tmt  U, 


194  INSTITUTION 

^  «iliges  a  luu graiuU  fureti .,  conmt  itaal  Mimfires  avic  Us  Pri^ 

CMAt.  VUL  ""  •  coofiratturt  da  eorpt  &  du  fang  dt  noirt  Se^neur,  £r 
tkargit  d^ajufattr  FEvangik.  L'Ev«qtie  ayani  fait  <]ae!ques 
prtcres  fur  rordinaDd ,  dit  enir^autres  cbofes  :  Nttit  mutns 
MemMti ,  nouf  avvnt  examuiifa  vit ,  auum  ^uil  nous  a  ete  pof- 
fiilt  •fVout,  Seigntur,  ^voyi\  U  ftcrii  det  ceeurt ,  vout  pou- 
wf  It  pmrifier  ,&  lui  dantur  ce  qui  lui  numjue.  L'£veque  met 
alon  ta  tnaiR  fur  U  tete  de  rordinand ,  ea  dllant :  Reeevt^  U 
SdiiU-£/pril  ,  pour  avoir  la  force  de  rififier  ait  diahU  Sr  afts 
untations.  II  lui  donne  let  orneinens,  &  enfia  le  Uvrc  des 
Evuigilei. 

tl  femble  par  c«  formules ,  que  les  fondions  du  Diacre 

ae  regardeni  que  le  fervice  de  Tautel  ;  elles  y  hat  au- 

]Ourd'hm  reduicet :  mais  elles  ont  ^e  atitrefois  luea  plu» 

tS.  VI.  1.  itendues.  11  eft  dit  «pie  les  premiers  Diacres  furent  inftitu^ 

pour  rervir  aux  tables.  Or  il  y  avoit  deuz  fortes  At  tables 

dans  rbgtife  de  J^ufalem.  La  table  facree ,  c^eft^i-ilire  U 

confi^ration  &  la  diftributioa  de  rkuchariAie ,  &  la  table 

commune  ,  pour  la  nourtiture  ordinaire.  Tous  les  biens 

^ant  en  commun  ,  chaque  partioilier  ne  reccvoit  que  ce 

qui  lui  iioit  diftribu6  par  rordre  dcs  Ap6tres  ;  &  ce  fut 

prindpalement  la  necefEti  des  diftributions  journaliires  * 

^S.  vr.  10.  qui  obligea  Ics  Ap6tres  i  &ire  des  Diacres.  On  voii  toute- 

fois,  par  rexemple  de  S.  Etienne  &  de  S.  Philippe,  qu'ils 

pr^hoient  &  baptifoient  des  le  commencement.  Dans  I» 

&iite  ils  exerc^reni  ces  fondions  plus  raremeat,  &  feule- 

ncnt  au  d^faut  des  Eveques  &  det  Pretres. 

Cphc.  Aityr,      LeiDiacmavoientdoncdeux  rartesd£foi>ffions.Dans 

*.  1.  Conc.   rEgtifcilsfervoicDtAr3titel,comiDeiIifoBtem:Dre,pow 

f-rt*ag.  1».  ^^  rEv«que  ou  le  Pritre  i  offiir  le  (acrifice,  6t  a  diftri- 

biier  rEuchariftie  ;  pour  arertir  le  peuplc  quand  il  hxtt 

prier  I  fe  mettre  a  geitoux  ou  fe  lever  ,  s'approchcr  ou  f« 

Niirer  dc  la  cemiDunion ,  fe  tenir  chacun  en  fon  rang  avec 

le  filence  &  )a  modeftie  requife  ,  s'en  aller  aprcs  que  la 

Meffeeftfinie.  Cctie  fonSion  d'avernr  lepeuple,  parolr 

hien  plus  dans  les  Liturgies  Odentales ;  &  les  Diacres  eo 

(itrent  depuiii  foulages  en  parcie  ,  par  les  Sous-diacres  &  lc» 

Portiers.  Les  Diacres  al&ftoient  TEv^e  lorfquTI pr^chott^ 

tl  dmt  lei  «utret  fonAioaSipriitcipaleaieotavaiKqu^ily 

r.  ^  Jtcitttltt  AMt]rthn.SouvefKOflIenrdoimoitlachai^dntif- 

*i^!!^X      ^"'^  ^  Cltkhu>teet.  Ib  bapaloieiit  ea  cas  dc  nto^ 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       195 


Cte  ,  &  prichoi«ot  quud  rEveque  rordonnoit.  Encoi*  "paktXi. 
au)ourd'hui ,  il  faut«ireDiacrepourprechcr,&  pour  lire  CnAr.  VIll. 
publiquemcni  TEvangile. 

Hors  de  rEglile  ,  les  Diacres  avoicni  k  roindu  tempo-     r.  BorM; 
rel  &  de  loures  les  cEUvres  de  charite.  Usrecevoient  les  <"■"-  J4«  •* 
oblaiions  dcs  fidelles  ,  &  les  dillribuoient  ,  ruivant  les  or<  **'* 
dres  de  TEvequc  ,  pour  toutes  les  depenfes  communes  de 
rEglire.  Itt  vciltoient  fur  les  fidelles  ,  pour  avertir  VEvt* 
^equandil  y  avoiides  qucrelles,  ou  des  pech^  fcanda- 
Ieuz.C'iiDiiau(rieuxqui  ponoientles  ordresde  leurs  Evd- 
ques  aux  pretres  eloign^s  ou  aui  autrcs  evequcs ,  &  qni 
les  accompagnoient  dans  leurs  voyages.  Pour  qu^ils  puflent 
fuffire i laai  de  travaux ,  on  lcs  ordonnoii  dans lage  oii  U 
plus  giande  force ell  jointe  a U  maiuriie ,  i  irenteou  irente- 
cioq  an$i  au}0urd'hul  il  fuffit  d'avoir  atietot  vingi-trois 
Mis,  &  d'avoiri!eua  an  Sous-diacre.  On  obferva  long' 
temp^  de  ne  faire  que  fepi  Diacret  en  chaque  Eglife ,  k 
l'esemple  de  l'Eglil'e  de  Jerufatem  ,  pour  reprefemer  ies     T«b.  int 
^t  Efprits  bienheureux  qui  font  loujours  devani le  trdne  '** 
de  Dieu.  Ce  fiit  fans  douie  ce  qui  obligea  a  mulaplier  les 
Clcrcs  inferieurs.  Le  premier  des  [Hacies  s'appela  depuis 
ArchidiMrt.  Son  autorits  etoit  fort  grande ,  &  il  an  lera 
parli  dans  la  fuite. 

11  y  avmi  aufli  des  Diaconefles  b  :  c'etoit  des  veuves  que  ch^,  19; 


t  QuelquM-unt  titnncnt  quc  lci  DiieonclTei  oit  Dricanifl'»  furcnt 
Inftnueei  pour  (mptchtr  qut  \t  carpi  det  feaimci  nc  iat  vu  1  nu  ftr 
■«  hammci ,  lari  dc  leur  bipiemt ,  ((ui  fe  dannait  alori  pir  immerfion. 
Cm  DiiconeiTci  rccevoieot  l'impotition  dei  miint ,  K  j(oi«nl  coni' 
prifatdinileClerg^ipirca  au'cllei  eier^oient,  3  l't(iri  riet  femnict, 
■ae  pmie  dei  foii»ian>  det  Diicrei.  Dini  IX^lire  de  CoDainiinupU  , 
ii  j  »oil  dct  DiiconelTei  dont  lc  miniOcie  etoil  dc  i'imployer  a  1  inf- 
lcuAion  d(t  petfoTiaci  da  lcur  reic.  Ellei  diflribuoicnt  let  clii:ii^t  d«> 
fidellei ,  enleianoieni  let  principi:i  de  li  foi  &  lei  cei  jnoniei  du  bap- 
ttiDC.  Lcur  emplol  n'<ioil  pit  un  Ordre  dini  Ij  Hi/rirchie  ,  milt  ua 
■linifltrc  inciaB  &  trit-T^nJrablc.  II  te  gliiTi  deui  ibut  parini  (llei. 
L'uii  oue  quelquei  unct  fc  coupint  lei  chevcui ,  i'inlrudi.iluietii  din» 
rEtliHi;  cc  qui  caufuil  du  fcandale  ou  au  muini  du  djnger;  !'iutic, 
■u'eTTu  dormoienr  toui  leurt  bieni  i  l*Efllifc  .  lu  or^iuflici-  Af  Leiir 


Zu'ene>  dormoienl  toui  leurt  bieni  1  l'Eglifc  ,  au  pr^judici 
imiltc.   L'cinMrcur  Th^odore  dcfendit  (ju'iucunc   ve 
Diacmeffc  qu  ctlc  D'tlit  foiimce  inl ,  &  il  leur  djfendii  c 


*4n<rilement  ipproi 

rEeiifci  eifu — 


»  Eglifd.  L»  premierc  nirlie  de  cette  Loi  fut 
lei  miitlarccondefutbflmte  pir  let  Pe'ei  da 
rEilifCi  etfurleiramoncrancei  de  5.  Ambroitc,  Thtodofc,  ctani  * 
VftoBC  ,  i*TO(iua  cetle  feconde  p^rile  de  (1  loi.  Clolilde  ,  fcmmc  d* 
Ctovit  I ,  a<oil  fiit  Im  (onOioni  dc  DiiconetTe  dint  1'Eelire  dc  S.  Mailn* 
4»  Tmi*»  9i  iU*  ■mnK  •pii'  J  *f9it  fM  kt  ittMtta  ian4«s  d»!^ 


f^  I  >'  S  T  3  T  r  T  I  O  N 

^^^^^^  1'an-chntfiflbfT ,  cntrc  cell»  mi.  s^etBaemaaai^^srs  i  Dieir 
eS"Vvlii.  Onpranoii  leApiusi-croicaist.  ra«ac  souk  ae  ibiiamB 
I.  iin.  (.  9.  an~  tlis^  ic7vnicnt  si  tau.\ii^a  jsi  Dacm  ea  toa;  c£  qii 
<.Mc. £p.  lazanloii  i»  teBntiefi ,  &  gae  les  bcsBKs  dc  potnaeoi 
*"'  *'^'  £iirc ir\^  smant  de lBai)esnc£.  E  yen  a  oi  depuisleieinpB 
4ie£ Arunrcs ,  au  mcniB  jui^au fixidnc &ecie. 


CHAPITRE      IX. 

X)m  Pritres. 

LEPrnreJoiiavoireteDiacreiia  an  pour  le  motns ,  8e 
a^oir  aneint  la  vingr-cirquieme  anoee  de  fon  age  c. 
Par  let  andem  canons ,  il  devoii  avoir  trenieans  ;  encore 
Cnr  Ker~  Ti^iiw-on  moins  a  Tage  ,  q  j'au  temps  <iu'il  avoii  paSe 
*«,...■  i.JT.»  «Uns  le  Diacon»  6:  dans  les  Ordres  inferieurs.  Enire  ceux 
•*•*■*•      fjui  avoieni  tie  eprouves  dans  ces  differens  dcgres  ,  on 
cboitifibii  ceux  doni  la  foi ,  la  prudence  &  la  fbrce  etoient 
)e  plus  conni;i;«.  Quoique  l'epreuve  ne  folt  pasli  lon^e  , 
on  oLferve  toujours  mieux  1«  inierfticcs  dans  les  Ordres 
fuperkurs  ;  &  lesEveques  n'en  doiveni  dirpenferquepour 
fw.  Trijf.  caufe.  L'tsamen  pour  Tordre  de  Prerrife  doii  eire  plus  ri- 
A/-  »(.  K«r-  gourtfuxque  pourles  anires;  il  faut  que  celut  quilere^oit 
foit  trouve  capai/le  dinDruire  le  pcuple  des  chofes  necef- 
fjires  au  Ijlui ,  &  d'adm'niltrer  les  Sacremeos.  Mais  rien 
ne  faii  inicus  voir  les  qualiies  d'un  Pretre  ,  &  fes  priocipa- 
lcslbn^ions  ,  que  la  ceremonie  de  rordination. 
Fonilit'*  ,     L'Archidiacre  prefente  celui  qui  doit  etrc  ordonne  Pre- 
«r4.  *v«A.     ire,  dc  mcmc  qu'il  a  prefentc  le  Diacre ,  comme  etani  de- 
oiand^  par  rE^life ,  &  rend  temoignage  qu'il  eo  e(l  digne. 


Ti*.  dftojiirde  Tour»  ,  lit,t,ci^  4].  L«  premierConcite  d'Orange 
t»  441 1  il(f*nilil  il'urdunncr  det  Diacon<<r».  L>  fecond  Concile  A'Ot' 
teini,  «1111  aii  1  ■  j ,  tlcirndii  uiceillcment  d*  donner  a  ilei  (emmei  U 
k«n--'.><:ii»>idct  DNinniir»,  i  c.ure  d«  l>  fi  jglliijdo  Ceie. 

L'  ii.ftt  Kr^iidiiii  (iicote  en  quettiuei  Eglifci  dei  veDigei  de  cn 
l>i4CMi..ll'ev.Xr(  ClHilreureiileStleili,  en  Oiuphinf .  roiil  1 1'Autcl 
u:ii.«  ii  Du.it  H  i»  Sout-Diacrej  cllti  touchcnl  lcs  va(et  [acr«i. 
L  .kM^:'!*  Ct  S.  f  irrie  dt  Lj^on  fiit  lulG  office  At  Soui-Diicre  ;  eU« 
t.j.i.i.'i  )*Lpitte  ,  &  |ioilal«minipu1e,  miii*  li  main  ,  &noD*ubiai. 
Aiiiii%iiiBi.quiii(«  «nnccomplii  ,  Si  1a  vingi-ciniuiime  Hinia 


AU  DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.        197 

L'Eveque  confulte  auffi  le  peuple ,  en  di£uit  que  c'efl  un  pxi^-ric  l. 
interct  cotnmun  du  paDcur  &  du  troupeau  ,  d'3voir  de  chap.  UL 
feints  Prcires,  parce  qu'un  particulier  peut  lavoir  ce  que 
plufieurs  ignorent ,  &  que  chacun  obeit  plus  voloniicrs  k 
ceiui  qiii  a  ei<:  ordonne  de  lon  conrenteoient.  Enfuite  it 
^'adreireai^ordinanri ,  &iui  dit :  Un  Prict  Jw  offrir ,  binir , 
prifiJtr , prtcher.  ilfjttt  dnr.c  monter  ^ce  lirgri  ^'ec  aittt,rMJt 
<rMitU ,  6-  fi  rtnJrt  recommjaj^hlt  pttr  ynt  fjfijft  iilt!}r  ,  dt 
ionnti  maiiri  ,  &  uat  ton^at  p'jiiqut  dt  U  vfsu.  Les  Pritrtt 
litnnuaUplJCi  dts  70  vietUjrJi  ^ui  ftt-tnt  Jomis  a  Moyfi  , 
fourtui  atJer  j  ioiJuirc le peapU  ,  &  Jts-^i  Difiiries  Jt  Jtfus- 
Ckrift.  lls  doiveni  jimtr  U  mortificjlion  ,  par  Lt  confiJerMian  Ja 
wtyfiin  dt  U  mon  Jt  Jefui-CArijl ,  quiU  cilehrtnt ;  itrtp^r  iturs 
uifiruSions  ttt  midecins  fpitimets  du  ptuple  Je  Dieu  ;  lijoiur 
tEgtifi  pM  Codtur  de  Itur  fuime  vie  ,&  l  iJifier  par  itur  pridi- 
catioa  £>  Itur  txtmplt. 

Alon  TEveque  mei  les  deux  mains  fur  la  tete  de  TOrdJ-  1.  TiM.  m 
nand  ,  &  tousles  Preires  qui  fe  trouvent  prelem  lui  impo-  "-  5^""- 
lent  aufll  les  mains.  L'£veque  taii  fur  lui  des  prieres ,  oiiil  ^"j^  '  *^ 
marque  lei  divers  degres  du  facerdoce.  Les  Pretres  qui  fent 
dansleCecondordre,  Tont  les  compagnons  &les  aidcsdes 
Pomifes ,  comme  les  enfans  d'Aaron  aidoiem  leurp^re, 
&  comme  les  Apdircs  accompagnoient  le  Fils  de  Dieu.  II 
Iw  donne  enfuite  les  ornemcns ,  &  ajoute  une  pricre  ou  il 
dit  entr'autTes  chofcs:  Seigiuur,  aiaeur  dt  Ijule  fjintele  ^ 
donne^-Ieur  votre  hiniJiSian  ,  afin  qut  pjr  U  graviii  dt  Uurs 
maurt  &  U  fevirite  dt  Itur  vit  ,iU  fi  montrtm  vitilUrJi ,  ^uiU 
profitent  iti  infiruRions  que  S.  Paul  Jonnoil  a  Tilt  6-d  Timo- 
liie  ;  gut  midiiani  jaur  &  nuil  votrt  Loi  ,  iU  croient  ce  ^u'iU 
iironl  ,Ht  enfiignent  ct  ^u'iU  eroiront ,  €f  pratiqueni  ce  ijuHi 
tnfiigntroiu  >'  gue  Con  voie  en  tux  U  jufiict ,  U  confijnce ,  U 
compjffion  ,  U  farce  ,  &•  loults  lei  aulrts  vtrius  \  ijuiU  tn 
monirenl  texempU  ,  O  qi^iU  y  confirmeat  pjr  Itars  exhoriatloni, 
Apres  cela ,  TEveque  Iiii  confacre  les  main!  ptrdcdans 
avec  rhuilc  des  c;iicdiumcnes  d ,  alin  que  ccs  mains  foicnt 


d  L'Jiu]le  dei  cituclmments  en  d«  l'hu]le  il'olive  bJmie  nini  au- 
etii  mcUtige.  tlli;  Ht  ainii  apiieltc  ,  pjrce  que  ('«11  U  miime  Uuiit 

aci  eiifjni ,  aux  Jcux  unc- 
,  1'aucrt  encie   lei  jpuiUk 
N  iij 


ISB  IWSTITUTIOBJ 

Fa«t»  I,  Cfob^  ^  batir ,  ie  conCicrcr ,  &  tie  &ndiner  ;  cskh- 
Cur.  OL  'mt  on  chuiie  un  hyiDnc  pour  inv(M|iier  [e  S.  EibrrT.  Q  lui 
iw  coQcfaer  le  aiicx  [rfon  de  vin  ,  &  la  pareiie  svec  le 
pMn  ,  lui  donnaot  ie  pocvoir  d'fl&ir  le  ^cnftce  a  Diai  ; 
ft  en  efiei ,  a  b  meine  34dle  de  roiTtiiBdaa ,  le  aonveaa 
Pr^e  ceiebre  &  conlacre  avec  rEveqnc 

Apres  la  cominunion,  [e  Pre!»  <Et  cesporatesde  Jefiis- 
JlMi.  sv.  ij.  Chrift  a  lin  ditciplei :  /<  ar  vom  jpftlrrjipiMj  mufirvUtmn  , 
«d:j  »Ki  amU ,  &  le  rcAe  j  puis  le  aotrvcau  Pieue  &  leve , 
&rccite  leSyiiil>ole  desAp6t7es,pOQrpro&4erpubli«{ae- 
■ent  b  foi  qa'il  doit  ptecfaer.  II  fc  inet  z  graaax  devznt 
fEviqne  ,  qui  lui  vnpote  les  ntains  nae  tccoode  (ais,  ea 
ftd»,  K.  9S  Aant :  A/mv^^  ^  5.  S/jrit ;  f«x  i  fai  vmu  iMmxj'^  Zct^ 
aU(  ,  ili  Umrfijvrii  rtmt  %  &  ttmi  i  ^  «ec  fu  ntia^ra^  ,  i^ 
)En>m  Ttuiau.  H  1»  £ui  promcnre  obesCwoe ,  &  rnrertit 
iTapprendre  foigneufetRer.t  rotdre  de  ta  Mc&f  aaBvspri- 
trc*  d^  inftrwin ,  i  casfe  de  rioiportaaoe  de  b  c&oJk 

On  Toit  par  tomes  ces  formulcs ,  qoe  les  Pteires  Ibnt 
taftiiaes  poor  foubger  le»  Eviqiics ,  noa  coaae  les  Di^ 
crcs  dans  les  fondions  nierieures,  &  dias  ce  qoi  r.ent 
ptof  da  tcBiporel  ,  mats  dam  les  fooSioas  les  ptus  ipirv 
loeUes  &  le«  plus  eflennclles  an  Sacerdoce.  Oeft ,  faiTutt 
k  Pontiftcal ,  ofrir  ,  hinir  ,  prijidtr  ,  prieher ,  t^^rr. 
Ch,  %.  Ofrir,e&  faire  le  facriftce ,  c'eft';tdirec^efarcr  la  MeAe; 
ec  qae  le«  Pr^tret  ne  faifoient  dans  lcs  prcaners  (iicles 
q|D'au  dcfaut  de  1'Evdque ,  &  par  fon  ordre.  L*n<age  prtfenc 
je  ceice  fondion  fera  eiplique  dans  la  fecoode  partie. 

Le  Pr^re  doit  iiair ,  c'ell-4-diTe  faire  les  prieres  foleik 

nclles  ,  marqu^   pour  diverfes  ben^diftions  :  comtne 

cellc*  de*  fon»  i  PJque  &  i  la  Pentec6te ,  reau-b^ntte ,  le 

pain  binit  dc  li  Mefle  paroifllale ,  les  fruiis  nouveaux ,  les 

peitiiff.alii"^  clochet ,  le  lii  nupiial  ( ,  les  femmes  relevees  de  leurs 

ra¥*l,  couches ,  8t  toutes  les  auires  bin^diflioos  marquees  dans 


«  La  bf nfiliaian  du  lit  naptial  (e  riifoil  autrcfott  !e  rair.  Le  Curj 
da  ftiiil  F.rieiine  ilu  Mont  .■«tJiii  plaint  qu'uii  paniculier  l'avoit  fiiit 
■tttnJrB  jufijuU  minuit,  Pieiie  <le  Goinly,  Evfque  de  Parii  ,  or. 
ifoimi  «II  nn  ,  qu«  cetti  cerjmonie  fe  feroilde  jour  ,  oii  du  moint 
irint  fouper,  cnpi^fencc  feuleaieni  du  111111  j,  de  \a  mari^e  &  d* 
l«uri  pliii  prochci  pireni  cithollquei.  foyet  SB,)val  ,  anri^uir.  dt 
fcK-»,    ron,  II,  pag.  Ci9>  Uiii  ceite  coutume  i'eft  peu  i  fft>t 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.        199 

leRiniet,  hor*  celles  {{ui  (ont  tekrvies  aux  Eveques.  '^ 
Lc  Pr^rrc  doit  aufli  PrifiJer  aux  affemblees  eccleriafti-  cb 
qucs ,  Si  faire  les  pneres  au  nom  de  tous/i  On  peut  rap- 
portcf  a  cette  fanftion  les  fepultures  &  ks  autres  proceC- 
fions,  qui  doivent  loujours  eire  conduites  par  un  Pretre. 
On  peut  encore  rapporter  au  ntot  de  PrifiJtr  ,  le  droil  que 
les  Pretres  ont  d'eire  le  confeil  de  TEv^que  de  s^alTeoir 
avec  lui  dans  les  jugemens  ecclerultiques  ^ ,  &  de  les  ezer- 
ceren  Coa  nom  ;  carfOUterantiquitelesaregaTdescoinnie 
le  fenat  de  rEglife. 

La  Priditaiioa  n'etoi[  pas  du  commenceoient  une  fonc* 
tion  £ ordinaire  des  Pretre$,|»rce  que  les  Eveques  inf- 
tniifbient  eux-memes  h.  Depuis  environ  400  atu,  pludeurt 
Prctres ,  principalement  les  reguiiers ,  ont  fait  leur  capital 
de  cette  fonfiion ,  prechant  indiff^emment  dans  toutes  les 
Eglifes,  felon  qu'ils  y  font  appeles;  au  lieu  qu'autrefbis 
iJ  a'y  avoit  que  les  Pafteurs  qui  inflniifoieat  chacun  foa 
«roupeau. 

II  femble  que  fbus  le  nom  de  Baptinu ,  le  Pontifical  ak 
voulu  coraprendre  tous  les  Sacremens ;  car  le  Preire  a  )e  r, 
f>ouvoirdeIe£adminiArer,hQn  les deui qui appartteiuiettt  ^*) 
i  rkvdquc.  I!  efl  vrai  qu'il  y  a  i  diftingiwr :  le  bapi^me  peut 
Jtte  adminiAre  en  cas  de  n^ceffiie ,  par  quelque  perfoflM 
que  ce  foii.  L'Euchariflie  peut  ^re  adminiJlrte  par  tout 
Pr^tre  indiffib^emment ,  hors  la  communion  pifcale  &  le 
viatique.  La  penitence  ne  peut  etre  adminiAr^  que  par 
<eux  qui  font  fpecialement  approuves  par  rEv^que.  L'E|- 
tr^me-Onftion  i,  St  la  benedi^ion  nupiiale  par  le  propre 
Caii  ;  &  il  en  efi  de  meme  du  bapieme  folennel.  Cet 


fDet  ditntrti  &  nn  milcre  <l'Jcol«  dc  Mmpigac  flireiu  tf primliw 
it»  ,  pour  i'ttre  in^iiit  dc  chincer  vtpttt  dani  rEglife  ,  ea  Vtbfti^- 
ce  du  Cari,   &  fini  fon  ordre. 

f  Lci  Prttitt  B'on(  iiicune  iuridifiion  ,  li  ce  n'tR»a  fer  pfnitrn- 
riel,  i  \'i%tii  de  ccun  qui  ont  le  droil  de  cunfeller  :  quanl  i  li  jj< 
lidifilon  cxi^rieore  de  rEvii]ue ,  foit  voloncaire  &  gracieule  ,  foit 
conteniieufc,  i  mainiqn^iliiie  faiCDt  comnit  par  lui  fpicialcmciit 

h  On  loic  encaia^de  noi  jaurt  plufieurt  iTtquei  i'icquiccer  dign«- 
inent  do  fnintfttre  de  U  parole. 

I  Quaiid  on  dic  ici  quc  l'excrtme.OTiaion  doit  ttie  idmininrje 
f»T  U  piopre  CuA.  On  cnicnd  le  Curj  du  lieu  od  fe  irouvc  (c  ma- 
ladc  quc  rttn  admininte  *,  encorc  que  ce  Ciui  ne  fQt  p»  cclut  d> 
doninlc  oidiiuir*  du  ultdc. 

N    ir 


«»  tV  STITTTTr  O  » 

■  I  patids  pAovoin ,  qui  readoteoi  ies  Pretra  ti  veiRiafalca  ■ 

FAHTif  t.    dfiT  eiec^e  ,  dans  ies  (temien  lenipi,  >le  .eur  muinplicar  , 
*•*'■  **■   oon  ,  qui  eti  3  beaucoup  tlimtaue  ie  repi^ 

CHAPITRE     S. 

^     jU     Pramaiian    its     Eve^ui, 

LAr)ignire<ler..'pircop3c  s'eftimeux  cantervee^ecdla 
<le  la  Prerr.li: ,  parcii  quon  s  dit  pius  attadu  3  oe  poiiit 
ArdorMier  it'£vei;ii«  ,    finon  pour  une  kg.iii£  vacamB.  Ls 
NOftt  dXveque  ri^itie  lnfptScur  ou  laxendjm  ,  pBir  otoa- 
rrer  qu^it  elt  chargi  de  touc  le  ibin  du  crtiupeai.  U  tA 
Ibuvenr  nomme  PMiew  ;  ibuvenr  dans  lei  andecs,  Pripalt  i 
•n  g;rec  Protfiuf ,  en  Litin  Pn^afiat ,  ou  Pr^fai ,  en  j4^ 
ri^»  ;  m  bten  on  le  r.otniiie  S^ripsMtar ,  en  Grec  Strtis  , 
M  Larin  ,  Sace'J«t ,  nom  <^i  lians  \a  demiea  Knps  a  ^e 
confoiviu  AVec  celui  de  Presbyur  ,  &  urribae  aox  fimples 
^rifre*,  Lejfcva^uesofwencoreerenaauiiiisfaHrt/ei  jmais 
quclqiiet  mr.d.-rnei  a&6enf  de  oe  doaner  cc  ooni  qu'aii 
Pape  i.  Lesanciens  E.ve({ue«p3rbnc  d'eaz->tciDes,isno(D> 
•loienr  fouvent  Se^iitars  £iuu  t:lU  E^ft  ,  oa  itsfiJelUj  , 
&  dti  ftrvinuri  dt  Duu ;  &  le  pape  a  gaide  cene  ibrmuEe  i. 
j,                    Jefu^-Chrift  appela  fes  difciples,  &  cboifiipour  Apotres 
14.   '          '  CCin  quil  voulur.  II  leur  dii  apies  &  relune&oo  :  OmiM 
fean.  im.  ii.  mon Pirt  m  n  tnvi-yt  ,  ainfi  jt  voiu  mpoK.  El  S.  Pdu!  dit  aux 
Aa.im.  1!.  S,req-jti(VACi.;,^<.ieUS.£fp'itlti  aiuila /HiargarvefiitrrE', 
7"'i.  f,  7.  gliftdi  Pita;Rtii  Tite  ,qu"i\  VaWiSe  enCtae,poMraMir 
par  lit  villei  dti  Prilrti ,  {\\t'A  appeJIe  enfuite  Eviqaei.  Ea, 
ftn ,  noiit  voyom  dan$  toute  b  fuiie  de  U  rradition ,  que  lex 
Ata.  «fvfi.  ^*'^^!"!  °  I  loujoiirs  etk  ei.<blis  p>r  d'3urres  Lveques.  U  eft 
!•                  ytv  (|iiel'on  nppL-loir^cetteiftionleclerge&lepeuple  de 
rCglife  Vr^cnnie ,  .•fin  dc  ne  leur  p^s  donner  un  paAeur  qui  leuff 
Cun.  Nlt.  4  Krt  tnconnu  <  u  :U'r<igre.ible.  On  lei  icoutoit,  &  on  fuivoit 
"■*''"     d'or<lin)r  re  'ciir  rlKir.elioifiirtmquelqqePrdtreouquelquQ 
mal.  tt'iiij"  Diacreairjthcdepuislonn  tempfaufervicede  cetteEgliie, 
|.  II  ciiiii  p.  (funcverlu  eprouvce,d'uncfcicnce8cd'vinecharit^connua 
llca.  C«l^. 

t  On  Ib  tltlllitsui  dsi  auirct   Pc^ljtt  pir  U   tilre  de  Souver*i« 
Pontift. 
jUu  d(i  lltiii  qu*U  (f«ad|  aft  %*\\ii-ti  :  fttyi'* fi.iymia  Ql4 


AU   DROtT   ECCLfeSUSTIQUE.       aoi 

Ae  tout  le  monde ;  ou  quelqite  illuftre  ConfiilTeur  ,  pendani   p^n^i^i, 
lesperfe^ution».  Aulliidi  quertvequeetoitelu  ,les  tveqiies    Cbap,  K. 
rordonnoient  par  rimpofition  des  mdins  ,  avec  ta  priere  &  ^p'J'-  *-'f- 
le  jetine  ;  ils  rintronifoient  dans  la  chaire  epifcopate  ,  &  11  ^„„fl_'  ,/  , 
COmmen^oii  des-lors  a  exeri^er  fes  fonOions.  &  tp  9t.  ad 

Ccft  te  que  temoigne  S.  Cyprien  ,  quand  il  dlt  que  les  'f"'*  *■_'• 
Eveques  voifins salTembloient  d^ns  rtglile  vacante ,  &  lui  (^_ ^'j  ^g^ ' 
iliroieniun  tvSqueen  prelencedupcupie  ,dont  ilcioit  par- 
Aitcment  connu.  LePapeJuIes  fe  plaignant  de  linrruftonde     Erifi  1. 1, 
Gregoirea  Uplace  de  S.  Aihiinare  ,  dit  qu'on  Ta  ordonne  •i*f  .t^''-  0. 
Antiocht: pour lenvoyer  a  Alexandrie ,  diftante  de  irente-  ^ '^g  "■  '"• 
Hx  iournees;  qu'il  y  ell  etranger  ,  n'yapoint  ete  baptife, 
n'y  efl  point  connu ,  &  n'a  eie  demande  ni  par  ks  Preires , 
oiparlesEveques,  nipar  le  peuple  m, 

DepuisConftantin,  lepeuple  chretien  etantaugtiente,  ttt.tf.tgi 
on  eui  egard  aux  futTragesdes  differens  ordres  dcs  Nobles  ,  «^^r-  ^»** 
des  Magiftrats,  desMoines;  mais  on  regardoit  toujours 
principalement  le  jugement  du  Clerge.  Dans  les  royaumes 
4]ui  fe  (brmereni  des  debris  dcl'£mpire  Romain,  il  f^llut 
auQ)  avoir  le  confentement  des  Princes  qui  ,  voyant  la 
grande  auioriie  des  Evequcs  furlespeuplesde  leurs  noti- 
vclles  conquetes,eioientjaloux  de  nelaiflerelire  queceux 
<iu'ilf  croyoient  kur  eire  fidelles. 

Ainfi ,  fous  la  premi^re  race  de  nos  Rois ,  &  au  com- 
mencement  de  la  feconde  ,  quoique  la  forme  des  ^leAiont 
•'obfervai  loujours ,  les  Rois  en  eioieni  fouvent  les  inat- 

m  Opiic  dic  de  C Jcillen ,  Evjque  Ot  CinV.3%e,  ([i.'il  r.:t  choiG  par 
k  r<.flr.>ge  dc  lout  Iti  fidellct;  Ce  f.  i  le  pei.ple  (l'AIexandrJe  qul 
«oului  avoir  S.  Aihanare  pour  Rvciue  ;  &  ce  Sjiiildit ,  que  t'il  avoit 

•ppe1*f  le  peuple  6l  le  Cttni  ,  pour  lui  dDiiiier  \:n  ructcdeur,  rui- 
«itit  te>  l<,i>  de  .'Eglire.  S.  Ki>n  dit  aum,  q'.i'uii  Eveque  ,  ivintd-a. 
(re  toaUiTi  ,  doii  >voir  r«ppr>>b.i'tiDii  dei  Eccleli.lliiuei  ,  !■  ti~ 
|Buigii»(e  dei  perfuiinei  tliilLnguiei ,  R  \e  coiifentimenl  Ju  peuple, 
Li  mtmt  chule  >-obreivoii  ei,  Fnnce  ,  diut  ricjlie,  1'Ariiiue  IL 
rOiirni.  Yvel  de  Cliirlrei ,  dim  un.'  de  Tel  leiirei ,  dil  quM  nip. 
firouveij  pjt  rjleQion  qui  ivoit  ct^  fdice  d'un  Evfque  de  Pjcit ,  i 
nioiiii  que  le  C.\tig,i  &  le  peup^e  n'a;eiit  choifi  la  mime  perfonne  , 
&  l^t  le  Mf  OopQhcnin  Sl  Ifi  Hveqiiei  de  b  Province  ne  faient  uni. 
•imemem  ipprui.vee.  Eiilin  ,  Fulbeit  de  C.lijrtet ,  d  t  que  Kitnccin 
fiil  f^ic  Evique  de  Pjrii ,  pjr  le  choix  du  Ckigc  ,  !c  rLl1i;i|e  (.'i| 
peuple  ,  tSt  pjr  li  conceftion  royale  ,  avec  l'-pprobalion  du  Sjtnt 
iUyi  ,  Ci.  pai  rinipofitiigii  dvi  m  <i''s  de  fArclievcque  Ue  Scut ,  qui 
#i«i(  ilori  1«  ULliop«atais  dc  Pu.i, 


«0«  INSTITUTIOH 

PiRTic  f  (rei-  Depois  Louis  /<  Dtboanaire ,  ies  eledtons  fiircnt  ptos 
Crav.  X.  Kbret  ;  enforre  tpie  pendani  le  nerivienic  Cecle  ,  ranciear:* 
fgrmaliniM  dilcipUne  «obrervoti  eia^emenc ,  y  ajoucaatteuJeineaEJe 
/r«M  tfift.  fie  r>en  fjire  f^tns  la  pamdpznon  ou  ftat.  Noits  en  avons 
tam.  i.  Camt.  - 


Aalt.  »  t. 


cncore  coures  les  formules. 


£iit.g*iif.  Siii^r  q'j'un  LveqtK  eioir  aiort,  le  Clerge  &  le  peupte 
^uit*'  «nvoyoiiint  des  deputes  au  iMetropolitain ,  pour  !'«»  aver- 
^  ^  .  III.  ^^  i^  Mctropolitiin  en  donnnit  avis  au  Koi  ;  &  fuivaot 
fon  nrdre ,  nommoii  un  des  Ev^ques  de  la  provioce  pour 
^ire  Vifiteur.  II  ect ivok  a  cet  Lveque ,  &  renvoyoti  dans 
l'Cg]ire  vacante ,  pour  folliciier  l'eledion ,  &  y  prefider , 
«ifin  qu'e|]e  ne  fiit  poiot  differee ,  &  que  les  CaiKMs  7  &if- 
fent  gardes.  Le  Meiropolicain  envoyoit  en  meme-temps  au 
CIerf;e  &  au  peuple  une  ampLe  indrufHon  ,  de  la  maniere 
dont  Telc^ion  fe  dcvoit  faire ,  pour  etre  cantmique.  Le 
Vifiteur  eiant  arrive  ,  il  alTeinbloit  le  Clerge  &  ie  peuple. 
II  faifoii  iire  le*  palTages  de  faint  Paui  &  ies  Canoos ,  qui 
narquent  Ics  qualites  d'un  Eveque  ,  &  comineni  il  doii 
Jtrc  ^lu  ;  il  exhonoit  lous  les  Ordres  eo  particulier ,  ^  fui- 
vre  ces  r^glcs;  lesPr^ires,  lesautres  Clercs,  lesVietges, 
les  Veuves,  les  Nobles  &  lesautres  iaiques  ,  c'eil'a-dire 
les  citoyens.  Les  Moines  avoient  grande  part  i  feledioa. 
On  n'y  appcloii  pas  feulementles  Chanoines&Ies  Clercs 
de  la  ville  ,  mais  aufTi  tes  Clercs  de  la  campagne.  On  jeiJ- 
noit  trois  jours  avani  feledion ,  &  on  faifoit  des  pneres 
publiqiics  &  des  aumdnes.  On  ctioifilTott ,  autant  qti'il  fe 
poiivoit ,  un  Clcrc  du  fein  de  la  meme  Eglife. 

L'clL-flion  ^tant  faiic  ,  le  decreiJigne  des  principaux  du 
ClorRc ,  iles  Molnes ,  du  peuple  ,  etolt  envoyi  au  Meiro- 
politjin  :  i]  convoquoit  tous  les  Evequesde  la  province  , 
poiir  ciamincr  l'eleftion ,  k  un  jour  certain  &  un  certain 
licn ,  qul  eioii  d'ordinairc  TEglilil  vacanre.  Tous  les  Ev£- 
qucs  duvoicnt  s'y  irouver ;  &  ccux  qui  ^toieni  malades , 
ou  :ivoicni  quelqiraiitre  cxcufe  legiiime  ,  envoyoient  un 
di'  k'urs  C^lcrcs  ,  cliarge  de  leurs  lettreg ,  pour  approuver 
l^deflion :  car  tous  y  devoient  confcntir,  fuivant  la  r^gle 
du  C'oticilc  dc  Nicue ,  &  irois  au  moins  devoieni  y  aflifler, 
«jn,X''>y'  i'  ^'^'"  "  ^"'"  prelenti  i  ce  ConciJe  provincial ,  le  Metro- 

N  Celiil  ipil  jtoti  4lu  Evtque ,  jaf^'l  ce  <[ii'll  Qt  itKsi ,  a'f  t«i| 

■ri'<ii  q>i*  i'''ii  J«  Kii«  «iitc- 


AU   DROIT  ECCL6SIASTTQUE.       105 


^litain  rinterrogeoii  fur  fa  naiflance ,  fa  vle  paflee ,  fa  pro-  Partis  I. 
motion  aitx  ordres ,  fes  emplois ,  pour  voir  s"il  n'iioit  point  CnAf .  X. 
atieint  de  quelque  irregulariie.  11  examinoJt  aufli  fa  doc- 
trine ,  kii  faifoii  faire  fa  profeflton  de  foi  ,  &  la  recevoit 
par  ecrit,  S'il  trouvoit  l'eleflion  canonique ,  &  1'elu  capa- 
ble ,  il  prenoii  jour  pour  b  confecration.  Mais  fi  T^lu  fe 
rrouvoit  irregulier  ou  incapable ,  ou  fi  releftion  avoit  et4 
£iite  par  fimonie  ou  par  brigues ,  le  Concile  la  caflbit ,  & 
^lilbit  un  autre  Eveque. 

La  confecration  fe  faifoit  a-peu-pr^s  comme  3UJourd'hui. 
Le  M^tropoiitain  donnoit  au  nouvel  Eveque  unc  inllruc- 
(ion  par  icrit ,  oii  il  lui  eipliquoit  en  abr^gi  tous  fes  de- 
voirs  ;  car  il  ^it  regard^  comme  le  P^re  &  le  Dofleur 
des  EvSques  qu'il  ordonnoit.  II  devoit  leur  fournir  de  fes 
archives  des  exemplaires  des  Canons ,  &  eux  devoient 
avoir  recours  i  lui  dans  toutes  leurs  difficultes.  Si  la  con- 
finnation  fe  ^ifoit  hbrs  de  l'Eglife  vacante  ,  le  Metropoli- 
nin  y  envoyoit  des  lettres  pour  faire  recevoir  le  nouvel 
Ev^que.  Le  Roi  etoit  averti  de  tous  les  afles  iTnportans  ds 
cette  procAdure ,  principalement  de  Tileftion  &  dc  la  con- 
lirma(ioa;carilavoit  toujours  droit  d'exclure  ceux  qui  ne 
hii  ^(Hent  pas  agriables.  .Telles  iioient  les  ileflions  eo 
Occident  au  neuvieme  fi^cle ,  Sc  jufqu^a  la  fin  du  douzi^me '. 
pendam  lequel  loutefois  les  Chanoines  des  Cathidrales  s'ef- 
for9<Ment  d'attirer  i  eux  toute  Teleftion  ,  comme  il  paroil  Caa.  tS.  T. 
par  le  Canon  du  Concile  de  Latran ,  en  1 1 ;  9 ,  qui  riprime  TftomaiT  oifi 
leurs  enrrepriles.  "^^  fj.*"  ' 

Mais  au  commencement  du  treizi^me  fi^cle ,  ces  Cha- 
pitres  ^toient  deji  en  poITeflion  d'elire  feuls  TEv^que ,  i 
Texclufion  du  refte  du  Clergd  &  du  peuple  a ,  &  les  Me- 
f ropolitains  de  conlirmer  feuls  Teleflion ,  fans  appeler  leurs 
Sufiragans.  L'un  &  Taufre  paroit  par  la  manicre  dont  le*  C.  14.^1'« 
eleflions  font  regl^  dans  le  grand  Concile  de  Latran  PJ^jP|^'J*^ 
de  1115. 

Les  arret^s  de  ces  Chapitres  avoieot  moinsd'autorit^, 
81  quelquefois  moins  de  juliice  que  ceux  d'un  Concile  en- 
tier ;  auS  les  appellations  3  Rome  devinrent  bien  plus  fr^ 


a  Cec  or^lre  devint  nictHiUt  pir  rapport  a  l>  multipllcaiioi 
Cittgi  tc  Uu  pcuple  ,  qu'll  ■>'cEoit  plui  ponible  de  lallEcnbkr  ti 
fiff  bof  bfiufouo  d'cabariM  8(  dc  confulien. 


»04  I  N  S  T  I  T  U  T  r  O  W 

'  quentes :  &  il  arriva ,  en  diverfes  occafions ,  qiie  les  EvS- 

Partie  L  ques  elus  s'adreffoient  direSement  au  Pape  ,  pour  lui  de- 

mander  la  confirmation  &  la  confecratlon.  1!  faui  donc  ex' 

piiquer  comment  fe  font  les  eleffions ,  fuivant  le  droit 

□ouveau  &  les  decretales. 

On  didingue  trois  aftions ,  YEUSion  p  ,  la  Confirmaiim  ; 

U  Confecrailon,  L'e]e£tion  fe  nomme  Population  ij  ,  li  cehil 

Ctp-  ult-  di  que  choififTenr  les  Chanoines  ne  peut  etre  fait  Ev^que  r , 

fcfi.  jiutai   fans  queique  difpenre  :  comme  ,  s'il  eft  deja  Eveque ;  s'il 

*'"■"  '  -         n'eft  pas  In  faerii  ,  s'il  n'eft  pas  ne  en  legicime  mariage. 

Car,  en  ces  cas,cen'eft  pas  tant  une  ^le^on  qu*ilsfont, 

qu'une  pri^re  au  Superieur ,  de  leur  donner  pour  £v€que 

ceJui  qu'ils  ne  peuvent  ilire.  L'eleflion  fe  fait  en  trois  ma- 

Cone.  Laitr,  "'cres  :  par  Scnuin ,  par  Compromu  ,  par  Infpiraiion.  II  y  a 

IV  cap.  14     plufieurs  exemples ,  dans  les  premiers  fi^cles  ,  d'ele£tions 

tluia  prnpiir  fgijgg  pa^  Jnfpiraiion  divine  ;  &  on  y  compare  celles  oii 

^Sian.     '  ^^^"^  '^^  Eledeurs  conviennent  unanimement  de  la  meme 

perfonne ,  fans  avoir  d^liber^.  L'eIedion.  par  Compromii  fe 

fait  en  remettant  le  pouvoir  d'elire  a  quelques-uns  de  tout 

le  corps  en  r.onibre  impair ,  comme  3  ,  j  ou  7.  Ils  doivent 

religieufement  obferver  les  lermes  du  compromis.  L'elec- 

tion  par  Scrutin  eft  la  plus  ordinaire :  voici  quelle  en  eft 

]a  forme. 

Tous  ceux  qu)  ont  droit  de  donner  leur  voix  ppur  Ve~ 
Cone.  Bafil.  leflion ,  doivent  etre  ciies  i  un  certain  jour ,  afin  que  les 
fiff-  '*•  abfens  puiffent  s'y  rendre  ,  ou  envoyer  ieur  procuration 
fpeeiale,&qu'aucun  ne  puiffeaccuferl'^leftiond'avoirit6 
C.  Nt  pro  di-  clandeftine.  On  doit  proc^der  ci  Teleflion ,  dans  trois  mois 
ftcl.  41.  dt  apres  la  vacance ,  de  peur  que  le  Chapitre  ne  la  falTe  du- 
"  ■  '-^ '*"•  |-er,pourgouvernerpluslong-temps. Ondoit fiiirecepen- 
dant  des  pri^res  publiques ;  8c  le  jour  etani  venu ,  les  Eiec- 


p  L'eIeaion  elt  la  nommatlon  d'uiie  perronne  capable  ,  faite  par 
Dn  Cliapiiie  ,  rujvant  la  ri>rme  prefcrite  par  les  ciiioni,  pour  lem- 
plii  une  iligKitJ  ou  autre  bfnelicc  que1coii(|ue. 

q  La  I'ojlul.ition  eR  une  prefenr^itioH ,  l^iie  par  ceuKqui  oncdrolt 
>l'^|jre  ,  lu  fupi^rieur  Ecclelialtlqiie ,  d'uite  peifonne  pour  remplir 
PDC  digiiitt  ou  bjn^lice  vacant.avec  priereau  Sup^rieur  d'accorder 
nne  dilpenfe  au  pr^fente  ,paiir  irre  ponrvu  de  la  dignice  ou  ben^- 
fice  ,  auquel  on  ne  pouvoit  r^Iire  fuivaiir  1e  dreic  commiin. 

r  La  pofliilatioii  n'eft  pai  uiie  forme  <te  prffeiitiiiin  particulitrs 
pour  |ei  Cvfquet  ;  elU  •  licu  poui  toui  let  autio  bcnenvei  aa 
4igait£i  ccGlefilftiin(f, 


e.ii. 


AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.       Mf 

tetirs  s'afleinbleni  dans  rEglife  ,  affiflent  a  une  Mefle  du  S.        i  ■'■■i 
Efprtt ,  oii  ils  communient ; puis  ils  pretent  rerment  de choi-    ^RTis.  L 
Cr  celui  quMs  croiront  Ic  plus  digne  ,  &  de  ne  point  don- 
ner  leur  voix  a  celui  qu'ils  fauront  avoir  brigue  relefliofl. 
Les  fuffrai^es  le  donnoient  autrefois  de  vive  voix  :  depuis 
on  a  iniroduii  de  les  donner  fecreiement  par  bulletins  ou 
billets  plies/,  que  l'on  met  dans  un  calice ,  ou  quelqu'au* 
tre  vafe.  lls  font  aflembl^s  &  compar^s  ,  par  ceux  qui  ont 
^ichoifis  pourfcn]tateurSi&  celui-Ucll  declare  elu,  qut 
a  lcc  fuflrages  de  la  plus  grande  &.  de  la  plus  faine  panie  t. 
L'eleflion  etanc  publiee ,  il  n'efl  pluf  permis  de  varier. 
On  drefle  proccs-  verbal  de  tout  ce  qui  s'efl  pafle  en  cette    Cap.  puhlU 
■    aOion ,  oii  fouvent  il  arrive  des  conteftations.  II  y  en  a  qui  *^'°:  '*•  *• 
proteftem ,  qui  s'oppofent ,  qui  appellent :  quelquefois  lei 
Eledcurs  fe  divifent.  L'elu  doit  donner  fon  confeniement 
dans  unmoiSjfouspeine  d'eiredechudefondroit. Etdaiis 
le*  trois  mois  fuivans ,  il  doit  demander  la  contirinaiion  k  _  ^"^""c^ 
{oa  Superieur  immediat ,  c'ell-3-dire  au  Metropolitain  ,  au  dc  tua.  in  6. 
Primat ,  ou  au  Pape ,  fuivani  la  dignite  de  TEglife  vacante.  txcenciMiit 

Le  Metropolitain  fait  appeler  touies  les  panies  int^  u.e.j. 
reflees;  favoir,ceux  qui  paroiflemco-elus^ouoppofans», 
par  des  dtaiions  exprefles ;  les  autres  par  des  affiches.  Let 
delais  pafles ,  il  proc^de  au  jugemem ,  foit  avec  les  par- 
ties ,  foit  d'office ,  fi  perfonne  ne  fe  prefenie  pour  c(Kii- 


fCettt  mtniiit  d«  donner  ]«■  fuftVagei  tll  beiocoup  plui  conveoa- 
t>l(  :  1«  fuflriget  n'etaiit  pai   vraimeiit  tibret ,  lorfqu'!)»   let  doniM 

Ton  n^ofe  pii  nommer  uii  iiutre  fuiet  que  celui  qul  i  d'abocd  iti 
fiapod 

I  Pour  que  cetui  qui  i  ixi  nomni<:  fait  ti!pute  i\a ,  it  raui  qu'it  ah 
plut  dela  moili^  ilei  voixdel  CipituUiii.  Auiremenc ,  Ti  l'un  Je  ceux  -     , 
qui  Iflot  nommd  ne  reitiporte  luc  leiiurret,  qu'en  comparjnt  Jei  voix  '^"■•"'V* 
qu'il  ,  euei .  .vec  cel.e.  qui  oni  i:i  Jonni.L  J'.ut,.,  p.niculier.  ,  '""','''  «''"' 
fjni  avoir  eu  pour  lui  feiil  plu.  de  h  moitii   dci  luftrjiei  ,  il  fjul  *  '™'.  P". 
procidci  J  uite  DouveUe  «ledion.  U'Hciicourt ,  Luii  tciUfiafiii/ia,  ""• 
tit.  dt  riltHien. 

«Quand  ilarriveroitquedepuil  li  puWicationdu  fcrulin ,  la  phit    Capit  atidi* 
grandfl  partie  du  Cbapiiie  auioit  conienti  j  rileaion   de  celui   qui  ,j,_   Exlrd  d9 
l)'jvolt  «n  fj  fiiveiir  que  let  fullraget  a'uo  plui  nnnd  nurabre  de  Ci-  .uaioat 
pitulani,  fani  avoir  lei  voix  de  plut  de  la  moilij  du  Chapitre,!'^.  ' 

lefilon  ne  feioit  pli  poul  cela  confiimje  ;  p<ice  que  ce  qt.i  eli  nul 
dini  fon  piincip*  ,  nc  peut  pat  ilre  coiifiimf  pac  ce  qui  ■  iti  fiit 
<laiil  U  fuite.  Miii  &  reledian  eft  v,ilahle  en  elle-mfme ,  St  que  lei 
C^tiMonoppoliiufe  d^liAant,  on  peut  p louedef  i  U  coulidiutiuii. 


tc6  1  »  S  T  I  t  U  T  I  O  <^ 

'partie  I.   ^^^^  »  ^  f^^^  defendre  Tiledioii.  Cc  jugemenr  coif- 

Chap.  X.   fifte  ^  examtner  les  qualitis  de  T^Iu ,  &  la  forme  de  Te- 

Cajf.NihiUfl  ledion:  &  s'il  y  a  des  contradideurs*  le  pYoc^s  peut  etre 

txc^c.Liur  ^^^  ^^^^  ^'  P^"^  y  ^^^^^  grand  nombrc  d'oppo(ans  ;  & 

IV.  €.  i6.     '  chacun  peut  avancer  autant  de  caufes  de  nuUiti ,  quUl 

peut  y  avoir  d*irregularites  &  d*incapaciti$  en  la  perfonse 

de  Telu ,  &  de  chacun  des  eledeurs ;  &  (|u'il  y  a  de  di^ 

lauts  de  formalit^s  dans  Teledion. 

Si  Teledion  eft  declaree  nuUe  par  la  faiute  des  tiedeurs, 
)e  Metropolitain  pourvoit  de  plein  droit  a  TEglife  va- 
cante  j  &  les  eledeurs  font  ainfi  punis  d*avoir  abuf<&  de 
lenr  pouvoir  x  S*ils  n*ont  poini  failli ,  comme  fi  c'eft  le 
Prince  qui  s'oppofe  a  la  confirmation ,  parce  que  Telu  lui 
eft  fufped  5  on  ordonne  qu*ils  procederont  k  une  nott- 
velle  elefiion.  Si  Teledion  eft  confirmie » il  n*y  a  plus 
qu*a  facrer  Telu ;  &  des-lors  il  a  tous  les  drotts  ipifc»- 
paux  y ,  qui  ne  font  pas  attach^  efientieUement  k  Tordrer 
Mais  il  peut  arriver  que  Ton  appelle  de  la  fentence  dif 
Metropolitain  ou  du  Primat ,  foit  qu'il  ait  caffe  ou  con«> 
iirme  1'eIeAion  ;  &  alors  c^eft  un  nouveau  procis.  Ces^ 
appeUations ,  &  geniralement  tomes  celles  qui  regardeot 
les  eledions  des  Eveques,  vont  au  Pape  fans  moyen, 
Coft.  ing.  n.  depuis  qu'Alexandre  IV  les  a  mifes  au  nombre  des  cau- 
ies  majeures.  Par  le  feul  detei  de  fix  mois  ,  le  droit  de 
^ourvoir  lui  eft  devola",  k  caufe  de  la  nigjigence  de  ceux 
qui  devoient  ilire  &  confirmer. 

De  toutes  ces  rigles ,  ii  arriva  pendant  le  treiziime 

fi^Ie  &  le  fuivant ,  que  la  provifion  de  la  plupart  des 

Eveches  venoit  au  Pape ,  foit  parce  que  Toa  n*avoit  pas 

ilu  dans  le    temps  ,   foit  parce    que  les    eledions  oir 

9xtn^€€U(i»  les  confirmations  6toient  vicieufes  ;  on  en  voit  grand 

fti,  tod.  in  6.  nombre  d*exemples  dans  les  Dicretales.   D*aiIIeurs ,  il 


«  Lorfqne  la  plus  graade  pmie  dtt-  Chapitre  ^llt  une  pcrfoniie 

indigiie ,  cecte  partie  du  Chapitre  eft  par-ia  priv^e  pour  cette  foir 

''de  fon  droit  d*elire  ;  ta  T^leftion  faite  par  la  moindre  partie  du  Cha-^ 

Cap^  Congr€'  pltf  ^  fubfifte ,  quoiqtte  let  vois  aieut  ^t^  recueillies  par  le   minie 

gatOftxtrdiU  fcrutin  Mais,  quoiqu'un  det  ^lefteurs  ait  nomm^  une  perfbnne  in- 

€leciione  &     aigne ,  il  n*eft  point  priv6  de  foa  droit  d*<$lire  ,  fi  le  fcrutin  dans  le» 

tUaipotefi.    quelila  donnd  fa  voix,   n'eft  pas  fuivi  d*une  tieaion  l^gitime* 

Cap.  Perpt'^  D'H^ricourt ,  iif .  de  PHeclion, 

tw,9od,  tit^      y  L*Ev^que  qui  n*eftpas  encorefacr^,  peut  exercer  lcf  droitr». 
q^m  funt  jurifdiQioni»  y  &  non  m  fum  funt  ordlais* 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.      107 

<^oit  notoire  que  plufieiirs  dledions  fe  faifoient  par  bri-    p^i^f  (£  |^ 
gue  &  par  fimonie ,  fur-tout  dans  les  pays  oii  les  £v£-    Chaf.  xI 
ques  etoient  Seigneurs  tempOrels.  Souvent  les  Princes 
s*en  rendoienc  les  mattres  par  autoriti  :  fouvent  elle* 
etoient  troublees  par  des  feditions  &  des  violences :  elle» 
produifoient  des  guerres ,  ou  au  moins  des  procis  immor** 
tels.  Ces  difordres  donn^rent  fujet  z\xiL  Papes»  de  fe  re- 
ferver  quelquefois  la  provifion  des  Eglifes  oii  le  peril  etoit 
le  plus  grand.  Puis  ils  pafl^renc  a  des  riferves  generales  i 
«ncertainscas  ;comme  Iorfqu*un  Eveque  feroit  d^cedi  ea 
Cour  de  Rome  a ,  torfqu'il  feroit  Cardtnal ,  lorfqu^i!  au- 
roit  acquis  un  benefice  incomptible.  Enfin  le  Pape  Jean     lUg. 
XXII  pafia  jufqu^ii  la  riferve  generale  de  toutes  les  Egli-  ^^^'*  *• 
fes  catfaidrales,  quand  elles  viendroient  k  vaquer ;  ce  qui 
ctoit  abolir  leselefiions.  II  eft  vrai  que  Ton  pretendoit  y  fup« 
flier ,  en  ne  donnant  les  £v6ch6s  que  de  Tavis  des  Cardi-' 
naux  aflemblesenconfiftoire,  &  apres  plufieursinformations* 
On  regarda  ces  referves  generales  »  comme  un  de» 
abus  qui  s*^toient  fortifies  pendant  le  fchifme.  Le  Concile     ^'Jf*  "• 
de  Bafle  voulut  le  retrancher ,  &  r^tsd^Iir  les  eIe£Hons  : 
fon  Decret  fut  infere  dans  la  Pragmatique  h  de  Bourges ; 
mais  il  fut  odieux  aux  Papes ,  parce  qu'il  fut  fait  dans  le 
temps  qu'Eugene  IV  etoit  le  plus  brouilli  avec  le  Con^ 
cile.  Deputs  ce  temps  ,  la  provifion  aux  Ev^ches  a  6t£ 
difierente  felon  les  pays.  Dans  une  grande  partie  de  VU 
tatie ,  le  Pape  les  donne  librement  :  en  France ,  il  le» 
doone  fur  la  nomination  du  Roi ,  en  vertu  du  concordat 
de  1 5 16  :  les  Rois  d^Efpagne,  &  quelques  autres  Souve- 
rains ,  nomment  par  des  indults  paniculiers  que  le  Pape 
accorde  pour  la  vie  de  chaque  Prince  :  en  AUemagne^ 
les  eledions  fe  font  confervees  par  le  concordat  de  1 447  c* 
]q  me  rehferme  k  ce  qui  regarde  la  France. 


f  On  entend  tci  p^&r  rifirvet  certaines  difporitions  des  Papes  » par 
tefquelles  ils  fe  foiit  attribu^  ia  nominatioii  dire(^e  de  certairis  bi" 
ii^fices  ^  foic  ea  certatns  cas ,  foic  en  certains  temps ,  oa  daos  cer« 
cains  pays. 

A  Ce  qui  eft  le  cas  du  b^n^fice  vaeanc  in  curia, 

b  C*efl  cellequi  eft  connue  fous  le  titre  de  FragmatiquefanBhn  , 
^Qf  fu  faite  i  Bourges  en  i4S^>  &  doat  il  a  6U  parl^  ci-devanc  , 
chap.tL 

c  Ct  Coocordat  >  qu'on  appelle  CQncwdat  Gfrmaniquf ,  fiu  ptflK 


Piiwrijr  ^^  '*  CiMicomat.  le  Soi  ooit  ^oimiier  jn  nodetiraM 

CMAt.  X,    f"  LicenciA  en  Tlieoic^e  ou  i;ii  Drair.  ciai    oic  iu  .iio:a> 

Iimt  ^  (uns  !a  vin^r-^eEricme  jnnei^.  i  nu  Ji»  roures  !a  Jimo 

"™^       qmun»  rE(riii;«  par  'es i.2non5.  il  .e  ^it  lomnier  iaos  lo- 

tix  wus  .!£  .1  racanu  :  lutreaiecr  ,  mna  rrois  autra 

j^  I,  »i    mois.  is  Pr.ce  ^.cuitoic  y  paurvoir  ..lireneat.  Par  i'Qr- 

(ionnar.ci:  .:^  3!o:f ,  '.e  Roi  ne  de^oii  no<in&er  .^''jiianiis 

apres  la.  vacanc^  .  pour  7  penicrp.uS  oiurcaiidm  •  ii  ipris 

avoir  Ui(  '.'on  .hoix;  ^iVani  oce    i^dXDeaii^  ies  iettreniB 

nr.niiiuiian ,    uitcrizaiion  ii^voic  .^rtc  :':i-.ce  je  Ia  vi^  & 

moRm  W  nomnie  psr  .'£v^3ue.  ie  .~a  raudence  cia  din^ 

<lemiem  •o.iees .  &  nr  .e  Ciapure  dd  .'E^ue  vacacie  ; 

de  pius,  litkvoit  e:ree::aimaeaaruiiEveque&.  ie^ixDoc^ 

tears  en  Toeojagie  :  ce  qui  li^-Kaioit  iai-.si':ure  i  /Ordon- 

ArfT  14,  B^.  '^'^  ^  Conciie  de  Treme,  i^  iutie  an  Condie  oe  tdi»- 

t,  u  queprovinceare^er  !a  tonne  de  csfte  indtui^on. 

Dans  ruLige,  ie  (loi  nanmc  <puni  :i  lui  piait  ;  &.  to 
nomme  uii  uire  lon  inionmnoa  Ue  vU  Sl  oKBura  par 
rZve^e  de  Is  ^^erni^re  reiiuen.:e ,  cQDiEie  ceiles  Efue  Tja 
fcir  pour  ia  reception  des  Ol5c;s.'S :  il  y  joiiir  lii  prorei- 
fion  de  iai ,  Ac  i'intcniuEan  le  .'oat  de  ibn  £^it'e.  Bite, 
ou  par  [j  meax  Evet^ ,  ou  par  un  autre  ,  Sl  e.iwaie  le 
rouia  Rcme.  Le  RoiyfnvoicaumrrQisii^ciresde  cadier, 
une  au  Pipe,  i~aurre  a  Ton  .-^^iuif.id^ur  .  ia  mnueme  an 
Cardin&i  protscieur  i^  l^  Fr:u:c=.  Ce.C.uuiiiai  •ei  !e  propt^ 
£mc^Ti-M.  j^nt,  &  comfneie  nnpcr^eur  (|ui,  avec  etq  s  mtres  Car- 
^iRaus,  doic  eumioer  iiis  .iuLirnu[:or.s  Si.  '.a  ai^BS  pm- 
ima  par  ia  nomme  i  Si  cous  <piaite  aoivent  iifinnec  qa^ili 
le  jwgent  di^e.  Puis  le  C^rdiiial  propoie  /Evetpie  ooai- 
ne ,  en  cor.fittoire  one  premiers  fbis  ,  ce  (pii  «'sppelle 
fre£onifjuM  j  ;  &  dans  ie  cocuidoiie  Uuvani  ^  u  tuc  ioa 


«ntre  le  P^pe  XicaTaf  T  Sc  r£Apere-jr  FriJe-:c  IIL  II  CQnfiiB* 
Piceord  lui  «•.(  s;e  !Ji:  en^e  ti:«:e  Ii  iL  Hcn.i  \.  I:  con:e:« 
•ux  JLiipiK*)  :'cle.3i4R  ilei  Eve^ct  it.  isa  hbii  ;  nuii  1!  i''^e 
•11  P«re  Ui  aacrei  lk}n<Sui  ,  i]iii  iii-.iernnc  dini  il.t  mjli  ::  ;'»• 
«rf*  i  ci  pra.nUrei  Jijnii?!  ,l<i  CMUiraLcf  ipre<  rEviine  ,  !t  te« 
prem.sret  di^ni^i  '1"  Cnlle|tij:*>,en  ^uell^e  ce:n[).  q.  .:  let  Heib- 
ncn(  i  if\af.  On  1  cru  itevair  ea  injriuer  ici  bner^ire  ::  :ei  dit 
y»Atton>  ,  d'jii(jrt  <]itM  f  a  plufieuM  E;t'>'ei  dani  lc  R..>t  1  ^  ne  ^) 
lc  KAaiernei.i  pir  M  C<Hi««fdal,  ^eui  le*  btocfisei  ii. ci. ; iuiLit  i 
fiptl«ap)t. 
d  Cm  ate  d«  riis«w£MiM  B'«a  (rofceuat  f4'.se  lawace  , 
nppori , 


AU    DROIT   ECCLfiSlASTIQUE.      ae^ 

Hppon,  qui  s^ifpelk propojitioa.  Oa  donne  ce  dclai  ,  afia  p^jtTti  I." 
quc  cous  les  Cardinaux  puiSent  s'informeT  de  la  dignit^  ou  CH&r.  X^ 
indigniie  du  nomnii.  La  propofition  ^tant  faite ,  le  Pape 
prend  les  voiz  des  Cardinaux  ,  &  rend  fon  d^cret  ,  par 
lequel  il  pourvoit  le  nommi.  Cette  forme  de  provifion 
reprefente  en  quclque  maniere  Tcleflion ,  qui  fc  faifoit  ait  , 
commeacemcnt  par  le  Metropoliiain,avecres  fuffraganst 
fur  le  temoignage  du  Clerge  &  du  peuple ,-  auHi  donne- 
t-eile  le  m^me  droit  que  la  coafirmation.  Sur  ce  decret 
du  confiftoire  s'expedient  les  Bulles.  Quand  TEv^que  etit 
*  les  a  re^ies ,  il  doit  preter  ferment  de  fidelit^  t  au  Roi , 
&  en  prendre  leitres  du  grand  fceau  ,  qu'il  fait  enregiHrer 
ft la  Qiambre  des  Comptes ,  avecla  lettre  du  don  des  fruits 
ichias  peodant  la  vacance.  Par  ce  moyen,  il  obtient  main- 
levie  de  la  R^Ie/,  &  peut  entrer  eo  poileffioa.  Enfin  il 
doit  fe  faire  lacrer  dans  les  trois  mois. 


^K  dtai  le  proehiin  conRnoire  le  CtrJinit  proporera  i  fi  SilnletA 
rEglire  qui  tll  vicante  ,  i  laquelle  le  Roi  «  oomm^  an  tel ,  qu'il  di- 
6it  (trc  fiifoti  pour  Evtnue  E(  PiHeur  de  cette  E|1ifc.  Etilin  il  eft 
dit  daai  cet  aSe  ,  que  le>  qualicft  &  autrei  chofei  requifei  feront 
npliqufel  plul  implemeat  danile  con&Hoire.  Vajcj  te  tr,  dt  Vufagt 
tffraiifiu  dt  Ceur 'de  Romt ,  de  Ciltel,  tom.  U  ,  pag.  ilj,  ■vc* 
lci  rcaurfuti  de  Noyer. 

4  Ct  CtTMot  tire  foD  oti^ine  de  celui  quc  noi  Rmi  ost  droit  d'eiigtc 
datouilennfuien.  On  l'(iigcoit  auttcfoii  aucaminenceintmde  cXa- 
(jue  regne  ;  niii  li  confiance  quc  noi  Roii  ont  en  leuti  peuplei,  fiic 
qu'il«  n'ont  eonfer*^  ccl  ufige  qii't  l'4gtid  dei  nouTcaui  EvJquei,  k 
oufe  qu'ili  acquitrent  une  Jutidiftion  fpiiituelle ,  dont  il  lerDit  k 
ctaiadre  qutU  n^ibufaiTcnc ,  pour  fe  foullrjiie  i  rob^iirinct  qu'ilf 
tfoi*ent au Roi.  Pirccfeimcnt,  tenauvelETiqueiurelcnomde  Dieu, 
9e  proinet  *  St  Majcfl <  qu'il  lui  fcn ,  iint  qu'il  Tirrt ,  lidellc  fujet  Ec 
leiTiieuT^.qu^ilprocurtrafon  ferTlce  &  lc  bicn  de  I'iitiide  cout  fon 


u'ilncfcIrouTeraentucun  canr<il 


■u  prf  judice  d'iceui ;   St  que  t'il  co  TteDlqucIque  tiiorc  i  ft  connoif- 
ftnce  ,  il  1c  ftri  ftroir  k  S*  MiieHi. 

f  £n  Tertu  de  ceitc  main  hiie ,  il  iouii  dei  fruiti  ^chui  dcpuii  f* 
pfifedepofTclfioa,  maii  il  n'a  aucun  droit  i  ceuiquifont^ehuiimi- 
_.. Bt,  1  moint  qucle  Roineluieotitfiitdoii, 


>©« 


tNSTITUTIO» 


=» 


CHAPITRE     XI. 

Dt  la    Confieration    g   Je   l'Evii}ue. 

LEs  cer^monies  de  la  conl^cration  font  bien  entendre 
quelles   doivent  eire  les  qualites  d'un  Eveque ,  & 
reniificaU,  quelles  font  fes  fondions.  La  confecration  fe  doit  faire 

dt  coafte,  yi,  Dimanche  ,  en  l'Eglife  propre  de  l'elu ,  ou  du  moins 
dans  la  province ,  autani  qu'il  fe  peut  commodement.  Le 
conf^rateur  doit  etre  allifle  au  moins  de  deus  autres 
EvSques.  11  doit  jeuner  la  veille ,  &  Telu  k  aufli.  Le  con- 
fecrateur  etant  aflis  devant  Tautel ,  le  p!us  ancien  des  Evi- 
ques  allidans  lui  prefente  S'elu ,  difant :  VEgtift  cathoHque 
drmandc  qut  vous  eltvit^  ce  Pretrt  a  la  charge  de  Vepifcopat, 
Le  conf^crateur  ne  demande  point  s'il  e(l  digne ,  comme 
on  faifoit  du  temps  des  eleftions ;  mais  feulemeni  s'il  y  a 
un  mandat  apollolique  ,  c'eil-a-dire  la  Bulle  principale  , 
qui  ripond  du  merite  de  relu :  &  il  la  fait  lire.  Enfuiic  relu 
prete  ferment  de  fidelite  au  faint  Si^ge  ,  fuivani  une  for- 
muledont  ilfe  trouveunexempledesle  temps  deGregoire 
Cone.  Reui,  VII.  On  y  a  depuis  ajoui^  plufieurs  claufes ,  eiUr'autres 

*"•  »«T9'  ceiig  d'aller  i  Rome  rendre  compte  de  fa  conduiie  tous  les 
quaire  ans ,  ou  A'y  envoyer  un  depuie  ;  ce  qui  ne  s'ob- 
ferve  point  en  France. 

Alorsle  con(ecrateur  commence  i  examiner  relufurJa 
{oi&fur  fes  moeurs,  c'eft-i-dire  fur  fesintentions  pour 
I'avenir  :  car  on  fuppofe  que  Ton  eft  alTure  du  paSe.  II  lui 
demande  donc  ,  s'il  veui  foumettre  fa  raifon  au  fens  de 
l^Ecriture  fainie ;  s'il  veut  enfeigner  k  fon  peuple  par  fes 


SLi  conf^critionde  rEviijueefl  une  c^r^manic  Eccl^rialtique  dont 
jec  efl  de  dddier  i  Dieu  d'une  maniere  toute  patliculi^re  ,  celiii  qiii 
■  iti  Domml ,  fc  de  lui  donner  le  caiafliie  S(  l'Otdie  iitach^  i  TEpif- 
COpat.  Cefl  ptoptement  la  r^ceplion  de  TEveijUe  dans  fon  Eglife.  On 
l'(ppellc/icr(  ou  con/ccrjr'eii,  patce  que  l'Evique  devient  petfonna 
U.att  pi[  ronaiOn  qui  efl  faite  fur  lui  ivec  le  faint  Cliieme. 

k  Ceci  i'ippliqueeEaIeminiJcfluiqui(!lnommipj[leRoi6t  i  celui 
qui  1  ttt  i\a.  Maii  le  lerme  iUtu  it  telle  Eglife  ,  pir  eiemple ,  tUclut 
Fatifitnfia,  cll  le  titte  faui  lequcl  on  d^ilgne  le  noiivel  Evjque  . 
}ufc|u'i  (i  conficrstion.  Cc  qui,  dini  certainet  occ^Iions ,  a  induic 
«nerreutquelqueiperfonnei,  quiontcruquecei  jlut  ^ioient  det  Oa* 
peutlti  Aydei  &  TiilK*. 


AU   DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.       aii 

|iaroIes  &  par  fon  exempk ,  ce  qu'il  entend  des  Ecritures  T^T^ITT' 

divines  ;s'il  veutobferver  &  enleigner  les  Traditions  des   chaf,  Xlt 

Peres ,  &  les  Decreis  du  faint  Siige  i  s'ii  veut  obelr  au 

Pape  fuivani  les  canons;  s'il  veut  eloigner  fes  moeurs  de 

toui  mal ,  &,  avec  Taide  de  Dieu  ,  les  changer  en  tout 

Uen ;  pratiquer  &  enfcigner  la  chanete ,  la  fobri^ie ,  Thu- 

inilite,  la  paiience  ,  etre   p'ioyable  &  af!able  aux  pau- 

vres ,  eire  d^voue  au  fervice  de  Dicu,  &  eloigne  de  toute 

afiaire  tempcrelle,  &  de  tout  gain  fordide.  11  1'inierroge 

cnfuiie  fur  la  foi  de  I3  Triniie ,  de  rincarnaiion  ,  du 

Saint-Efprii,  de  Ttglife  :  en  un  mot ,  fur  tout  le  contenu 

du  Symbole,    marquani  les  principales  herefies  ,    par  les 

tennes  les  plus  precis  cjue  TEglife  a  employes  pour  les 

condamaer. 

L'examen  fini  ,  le  confecrateur  commence  la  Mefl*e. 
Apres  rEpiire  &  le  Graduel ,  il  revient  a  fon  Si^ge  ,  & 
Telu  ^iani  affis  devanilui,  il  rinfiruii  de  fes  obligations, 
cndilant:  £/n  tve^ut  doii  jugtr ,  imtrpriitr  y  confjcrtr ,  or- 
Janaer,  offrir,  tjpiijer  ^  £•  conjfnnrr.Pkjis  lelu  etani  proAer» 
ni,&lesEveques^  genoux.on  diilesIiianies;&leconfi- 
crateur  prend  le  livre  des  hvangiles ,  qu'il  met  tout  ouvert 
fur  le  cou  &  lur  les  epaules  de  Telu.  Cetie  cereraonie  etoit 
plus  facile ,  du  icmps  que  les  livres  eioieni  dcs  rouleaux  i ; 
car  TEvangilc  ainfi  eter.du,  pendoit  des  deux  coies  comme 
une  etole.  Le  confairam  m^t  cnfuite  les  deux  mains  fur  Iz 
teie  de  Telu  avec  les  Eveques  alKllans  ,  en  difant :  Receve:^  U 
Sainitjprii.  Cene  iinpoHtion  dcs  mains  cH  marquee  dans 
rtcriiure ,  comine  la  cerenionie  la  plus  eflentielie  a  Tordi-  ^"  ""' "' 
naiion  :  &  rimpoliiion  du  livre  ell  audi  ires-ancienne,  pour  Confi.  apafl, 
marquer  fenftblement  robligaiion  de  porier  le  joug  du ''^•^■'•4* 
Scigneur,  &  de  preclier  rt.vangile. 

Le  confecrateur  dit  une  Prelace  ,  oii  il  prie  Dieu  de 
donner  a  Telu  louies  les  verius  ,  dont  les  ornemens  du 
Grand  Preire  de  randenne  Loi  etoieni  les  fymboles  myf- 
tirieux;  &  landisqtie  Ton  cbanie  rnymne  du  S.  Efprit,  il 
lui  faii  Tonilion  de  la  teie  avec  le  faini  chrcme  :  puis  il 
acb^ve  la  pri^re  quila  commenc6e,  demandant  pour  lul* 


i  Ci  nc  fut  qutdini  lc  qintiiri'(:me  liccle  quc  Ton  cominei 
Ui  liTti  cn  focm*  dt  (ah.ci i.  tMihUlon  .  4t  rt  iifl^ma,.  lii 

Oij 


INSTITUTION 


'pARTii  I  '''''>on<'3''Ce  de  la  gr^cc  &  de  la  vertu ,  qiii  eft  marqu^  pa» 
piLU.XL  cene  onAion.  On  chame  le  Pleaume  i}a  ,  qui  parle  de 
l'ondion  d'Aaron  ,  &  le  confecrateur  oint  les  mains  de 
rdu  avec  le  faint  chreme.  tnfuite  il  benii  le  baton  paflo- 
nlt  qull  luidonne,  pour  marque  de  rajuridiftion,  Taver- 
tiflant  de  juger  Tam  colere ,  &  de  meler  la  douceur  a  la  fe- 
virite.  II  benit  Tanneau ,  &  1e  lui  met  au  doigt  en  ligne  de 
ia foi , reihortant  de  gaTderrEgUrefans  tache.commere- 
poufe  de  Dieu.  EnJln  il  lui  6te  le  livre  des  Evanglles  de 
deffuslesepaules,  (]u'U lui met  entre  lesmains,  difant:P/r- 
nt^  rEvangiU ,  6>  aiU^  pric/ur  au  peupit  ^ui  vous  eflcomms  ; 
ear  DUutfiaJft^paiJfanlpourvous  augmtmtr ft  gract. 
Canfl.  apvfl.  ^  ^^  continue  la  Mefle.  On  lit  TEvangile ;  &  autrefois 
\ib.  8.  e.  5,  le  nouvel  Eveque  prSchoit,  pour  commencer  d'eairer  en 
fonflion.  A  Toffrande  il  offre  du  pain  &  du  vin  ,  fuivant 
Tancien  ufage ,  puis  il  fe  joint  au  confecrateur  &  ach^ve 
avec  lui  la  Melle ,  oii  it  communie  fous  les  deux  efp^ces , 
&  debout. La  Mefle  achevee,leconfecr3teurbenit  lamitre 
&  les  gants  ,  marquant  leurs  fignifications  myflerieufes ; 
puis  il  intronife  k  le  confacre  dans  fon  iiege.  Enfuiie  on 
chante  le  Ti  Deum ,  &  cependant  les  Ev^ques  afliftans  pro- 
minent  le  confacr^  par  toute  Teglife ,  pour  le  montrer  au 
peuple.  Enfin ,  il  donne  la  benedi^on  folennelle. 
Seratln.  ft-  Du  temps  des  eleOions ,  on  faifoit  encore  I3  veille  de 
rtt.  in  fine  la  confecration  quelques  c^rimonies  confiderables.  Le  fe- 
pBni.  Roni,  lugjjj  gjj  j-QJj.  ^  ]g  Metropolitain ,  aflift^  de  fes  ful&agans  i 
inm  aflis  dans  le  parvis  /de  rEglife,  rArchlpretre ,  ou 
l'Archidiacre  de  rEglife  vacante ,  fe  pr^fentoit  k  genoux  ; 
&  le  Pr^lat,  apr^  lui  avoir  donne  fa  benediAion,  difoit : 
Monfiii,  qut  demandei^-voui}  L'Archidiacre  r^pondoic:  Qjie 
Dieu noui accorde  un pafleur.  Efi-ildevotreigiifet  difoit  le  Pri"' 
lat :  &  enfuite ,  Qui  voas  a  plu  tn  lui  ?  L'Archidiacre  repon^ 
doit }  La  modtflie  ,  ["kumiliti  ,  la  patience  6-  les  autrts  virtusi 
Le  Prelat  faifoit  lire  eafuite  le  Decret  de  Teledion  ,  qui 


AU   DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.       V15 

rendoit  lemoignsge  Hu  meritede  Telu.  Les  Chanoinesqut  ^777!^^ 
3CCompagnoiL'nt  lArchidiacre  ,  certifioient  qu'i's  avoicnt    CnAf.XU 
foufcrii  ce  Decret ,  &  le  Meiropolitain  leur  difoit ;  Preni^ 
gjrjt  quil  nt  VQUS  att  fjii  qiKlqut  promrffi ;  cir  ctlit  tfl/iiuO' 
lujijut  ,6'  conirclti  Cdnons,  Puis  il  ordonnoit  qu'on  ramenit. 

Alorsrclu,  encore  a  jeun  ,  cioit  amen^  enj^rocelTioa 
entre  l'Archidiacre  &  TArchipretre.  Le  Pretat  lui  deman- 
doit  quel  rang  il  tenoit  dans  TEglife  i  combicn  il  y  avoit 
qu'il  etoit  Preire  i  s'd  avoii  ete  marie }  s'il  avolt  donne  or- 
dre  a  ramaiCon  }  Apresqu^ilavoitfatisfaiiatoutescesquef- 
Itons  ,  le  Metropolitain  lui  demandoit  encore  :  Quels  livret 
lii-cn  daiu  vocrt  Egiifc  i  il  repondoit  r  Lc  Ptntaituque ,  Itt 
Piophites,rEvjngile,les  Epiirts  de  S.  PmI  ,  F Apoealypfe , 
&  Its  auirts.  Save^vous  les  Canons  ?  il  repondoit :  Appitae^ 
/ri-nwi.  L'Archeveque  rinflruiioit  fommairement ,  lui  pro- 
mettant  une  plus  ample  inflruSion  par  ecrit.  Reguliere* 
tneni,  ]'eludevoiidemeurerajeunjufqu'aulendemain3pres 
la  confecfation. 

Le  lendemain ,  T^lu  itoit  pr^fent^  par  Tancien  Ev4que 
3iriDant,qui  rendoil  lemoignage  qu'i]  etoitdigne.  Un  (ai< 
foit  rexamen ,  &  tout  le  refte  ,  comme  il  a  cit  icHl :  hor- 
itiis  que  IVIu  preioii  ferment  de  fidelite  &  d^obeilTance  au 
Mctropolitain  ,  &  qu'a  ]a  fin  le  Metropoliiain  lui  donnoit 
un  Wii  ou  inftriiflion  par  ccrit ,  qui  merite  d"etre  remar- 
quee.  En  voici  les  principaux  points. 

Sjchti,moncherfrire,<juevousveneid'etriekarge^ungraad 
poids  &  dun  grand  Iravail ;  du  gouverntment  dts  ames :  de  vout 
affujtiiir  aux  htfointde  plufturs,  6-  d^iirt  ie  ftnul.ur  dt  loui  : 
&  qut  vous  rtndrt[  comptt ,  au  jour  du  jugtment ,  du  lultni  qui 
vous  rfi  e,  afe.  Ayt^  grand  fain  dc  gardtr  la  pumi  de  la  foi, 
Otjcrve^  exaRtmcnt  les  regltsdt  rEglife  dans  Its  ordinaiions  ^ 
foit  pour  les  lemps  ,  foil  pour  la  qujliii  dt^  ptrfoanes  :  iviie^ 
fuT  loul  Pavarice  &  iafimonie.  GarJe^  ia  ckafltti  ;  qut  it,  fem- 
tnis  nenirenipoint  ckti  vous  ;  &fi  vous  iiet  obligi  d'eni'tr  eke^ 
lcs  rriigieafes  ,  que  cc  foil  en  compagnie  de  geni  hors  dt  lout 
foupqon.  Eviit[  de  donntefcaadale.  AppViquc^  vous  a  la  predica' 
tian  ;  preche^  la  paroie  dt  Ditu  a  voire  peuple  abondammtnt, 
agreaiilemenl ,  dijlinHemenl  6  fans  ccffe.  Lift^  coniinuellemtnt 
r Ecriiure  fainle ,  &  qut  Coraifon  initrrompt  ia  letlurr.  Dcmeu- 
re\ftrmt  dant  ia  traditioa  de  ct  que  vous  avt^  appiii  :  quc  id 
fmuti  d*  votrt  vu  fouMiwt  vot  inJlruSioiu  ,  6>  qu'eile  fervt  Jt 
O  iij 


pag,  4J0. 


5i4  INSTITUTION 

•  rigU  &  Je  modilc  a  vos  ouaiUcs,  Ayc^  grandfoin  dc  votre  trou^, 

Partie  I.   pcau,  Corrigc^  avcc  douccur  &  avcc  dijcretion  ;  en  fortc  quc  le 

Cha^ .  XI*   ^IU  &  la  bontc  s^aident  Pun  ^autrc  ,  &  que  vous  ivitie^  cgaU» 

mcnt  la  rigucur  exceffivc  d*  ia  moUeffc.  Ne  confidcrc:^  pcrformc  dans 

vos  jugcmens.  Employc^  Usbiens  de  PEglifc  avcc  fidclite  &  dif-^ 

cretion  ,  fachant  quc  c\fl  U  bien  d^autrui  quc  vous  gouvemc^m 

Excrcc^  Vhofpitalitc  &  la  charite  cnvers  Us  pauvres  ;  fouUigc^ 

Us  veuvcs^  Us  orphclins ,  &  toutcs  Us  perfonnes  opprirrUcs  ;  ne 

vous  laiffe^pointeUvcr par  la  profpcrite  y  ni  abattrcpar  T advcrfitem 

Voila  un  abrege  de  cette  formule  que  PEglife  conferve 

dans  fes  Livres  les  plus  faints ,  pour  rinfirudion  de  tous 

les  Eveques.  On  en  trouve  une  femblable  donnee  a  Yves 

2i^*,«^"^'  de  ChartreSjpar  le  pape  UrbainlI,lorfqu'iIlefacraEve<iue 

en  1091. 

CHAPITRE     XII. 

Dcs  fonSlions  intcricures  de  rEvcquc. 

LEs  fonflions  de  rEvequem  renferment  tout  rexer«2 
cice  de  la  Religion  Chretienne ,  dont  il  n*y  a  aucune 
partie  qui  ne  d6pende  de  lui.  C*eft  a  lui  a  faire  des  Chre-. 
tiens ,  par  la  pr^dication  &  par  le  baptime ;  a  leur  appren- 

m  Lepremter  dcvoir  (ie  I'£v2que  eft  la  r^iidence  dans  ronDiocife. 
Le  Concilc  de  Trente  ,  feff,  23 ,  eap,  1,  de  Rtf.  ne  permet  aux  EvSqucs 
de  s'abfenter  que  pourPune  deces  quatre  caufcs  ,  Chriftiana  charitas^ 
urgens  necejjitas ,  dAita  obedientia^  evidens  ecclefia.  vel  reipuhlicdt  uti- 
litas,  II  veut  que  la  cauCe  foit  approuv^e  par  ^crit ,  ou  certifi^e  par  !• 
Pape,  oupar  le  M^tropolitain ,  ou  enfonabfence  par  le  plus  ancien 
Ev^que  de  la  Province.  11  leur  enjoint  particuliirement  de  fe  trouver 
en  leurs  Eglifes  au  temps  de  TAvent  &  du  Car^me  ,  aux  f^tes  de  Noel , 
de  Paque,  de  la  Pentecote  &  de  la  F£te-Dieu ,  i  peine  d^^tre  priv^s 
des  fruits  de  leur  B^n^fice ,  au  prorata  du  temps  qu'ils  feront  abfens. 

Ce  ro^me  Concile  »  feff.  6^  veut  que  s'ils  s^abfentent»  fans  raifon, 
fix  mois  de  fuite ,  ils  fotent  priv^s  de  la  quatrieme  partie  de  leurs  reve- 
nus ;  &  que  s'ils  periiftent  4  ne  point  r^fider ,  le  M^tropolitain ,  pac 
rapport  aux  fuffragans ,  &  le  plus  ancien  fuflfragant  par  rapport  au 
M^tropolitatn  »  en  avertifle  lc  rape  ,  qui  pourra  de  plein  drott  pourvoic 
aux  £vf  ch^s. 

Le  Concile  de  Rouen ,  cn  15S1 ,  ordonne  aux  Chapttres  des  Cath^- 
drales  d*obferver  Ic  tempt  que  les  Ev^ques  s'abfentent  de  leur  Diocife, 
6c  d'en  ^crirt  au  M^tropolitain ;  &  au  cas  que  le  fiege  de  la  M^tropole 
foit  vacant,  au  plus  ancicn  Ev^que  de  la  Province  ou  au  Concile 
Provincial. 

Le  Concile  de  Bordcauxy  cn  \$%i ,  adopte  le  riglement  de  la  fefliMi 
»1  du  Concile  de  Trentet 


( 
/ 


AU   DROIT  ECCtfiSTASTIQUE.      »i< 

in  i  prier ;  i  les  nourrir  de  \a  parole  de  Dieu  &  des  Sa^   Part»  t* 
cremens ;  a  faire  dcs  Pretm  &  des  EvSques  qui  puiflent  CaAF.Xjit' 
exercer  les  m^mes  fonftions  que  lui ,  &  perpituer  la  Reli- 
gion  jufqu'^  la  fin  des  fiodes. 

La premi&re fonSion  de TEveque  eft  donc /.* priJication:  jjjg  ^^- 
elle a prec^d^  meme  la  converfion  despeuples.  Car  com>  R0in.x.i4, 
ment  auroient-ils  cru  en  celui  doni  ils  n'auroient  point  oui 
parler  ^  Or ,  1e  nomdc  prtiiieaiioa  comprend  toute  fone  d'iilf- 
trudion  &  d'exhort3tion ,  qui  regarde  la  foi  &  les  mceurs, 
&  panicuUerement  le  cat^chifme ,  foit  pour  ceux  que  Voa 
bapiife  en  Ige  de  raifon ,  foii  pour  les  enfans  baptifes.  Datis 
les  premiers  fi^cles ,  TEveque  pr^ctioit  tous  les  Dimaa- 
dies ,  ou  plus  fouvent ,  fi  Ton  cil^broit  plus  fouveni  le« 
laints  myft^es ,  car  il  n'y  avoit  point  de  MefTe  fans  pr^di- 
cation,  non  plus  que  fans  Jedure  de  TLvangile.  L't.glife 
^oituoe  icole  n ,  &  TEveque  un  Dofieur  ,  comme  il  eft 
fouvent  nomme  dans  les  anciens  Auieurs  ecclefialliquet. 
CVtoit  lui  qui  inftruiroit  fes  PrStres  &  tout  fon  Clerge :  qui 
leur  d^couvroit  les myft^res caches de  rEcriture;qui  leur 
apprenoit  les  Canons  &  ia  tradition  des  fonAions  ecclefiaf- 
tiques ,  8i  qui  refolvoit  leurs  difficultes. 

II  n'inftruifoii  pas  feulement  en  public ,  mais  encore  en 
pardculier  &  dans  les  maifons  ,  comme  S.  Paul  le  montre 
par  foo  eiemple  ,  &  par  les  differentes  inftrudions  qu'il  ^'7     ""'  **" 
donneiTite&3  Timothee,  pour  loutes  fortes   de    pcr- 
fonnet ,  felon  les  ^ges ,  les  fexes ,  les  conditions.  On  peut 


■  Jurqa*au  oniltmc  {liclt,  lci  Jcolct  jtoitni  ttnhrmtn  dini  lci 
Citfaedido  &  dini  1»  MonaniTCi.  Lrt  Clcio  fii  I»  RcliBicui  ^Unt 
■lon  lei  fculi  qui  cuITcnt  b  connoiJince  itt  lcltrci ,  Chailmugne  or- 
donni  que  Tan  ouTiit  dct  ^colci ,  grindei  fii  peiites  ,  dani  1«  Calh^- 
dimlei ,  &  dini  1»  richei  ibbiyci.  Dini  les  C>th jdiilci ,  fEvtquc  n* 
pouTini  fuffire  1  tout ;  i1  y  ivoitdei  ChinoiDCi  chirg^t  d^cnfeignci  dini 
Mi  grindei  Ccolci  1i  ihiologie  ,  &  dini  lei  petitei  Ui  huminit^i.  Lei 
piincipttei  tcolei  tioient  dini  Iti  M^liopolei.  On  Toit  cncore  1  Parii 
6c  dani  U  plupait  dct  Cath^dialci  un  Chincclier  qui  donne  la  bjn^dic- 
tiondelicenceeclcbonncide  Dofleuriun  th^ologal  Dui  i  ^t<  inflitui 
pourcnfcigncr  la  ih^ologie  St  pour  pitcbec  :  un  grand  chintie  ,  ico- 
Uire  ,  ou  fcolaHiquc,  qui  i  unc  |uridiAion  S(  infpcflion  fui  lci  peti- 
1(1  jcolei.  Enrin,rumverfii«de  Paiii ,  dc  laqucllc  touict  lu  lutiM 
font  foilici ,  tiic  fon  otlgine  dci  «colei  eii^rieuret  de  ['Egtife  dc  Paiit , 
4iil.;ict  pour  la  Philofaphie ,  la  Rhdtoriquc  &  lei  Huminilii  dont  les 
•naiii»  fe  Hpindirenl  en  diif^icni  quirticri  aui  environi  de  li  Ca- 
thifilrale,  &  leformttcnl  cnluilc  cn  coipt  octi  li  fin  dn  douiiime  fii- 
ck.  t^cjii  1*  Cendi»,  M«ii"  iii  Framai.  ,  Di/cot,rifur  l'Hifi«in 
Ectlifi^fi.  deM.fbuij.Saanl,  taiiq.  Jomtl,  pf.  17. 

O  ir 


±i6  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


Partie  I.  ^"^  cofflpter  pour  predicarions  ,  les  inllru^ons  que  lei 
ICUAF.  XU.  Eveques  donnoient  par  leurs  lettres  &  par  leurs  autre» 
Ecrits,  lorfqu^its  ^coicnt  confulies ,  ou  obligesdes^oppofer 
i  quelque  nouvelle  herefie.  De  tant  de  Peres  qui  ont  ecrit 
pendani  les  huit  premiers  Cecles ,  U  n'y  ea  a  gu^re  qui  ne 
fiiilent  Eveques. 

Les  defordres  du  Gxl^me  fi^cle  &  des  fuivans  p  ,  firent 

que  les  Eveques  manqu^rent  fouveut  i  precher ,  par  les  in- 

curfions  des  ennemis  qui  ne  les  laifToient pas  en  repos;  pir 

la  muhiiude  d'autres  occupations  que   leur  fournilToieat 

leurs  Dioc^fes  trop  etendus  ,  principalement  en  Allema- 

gne ,  &  dans  le  Te&e  du  Nord  ;  enfin ,  par  les  afiaires  tem- 

porelles  dont  iis  fe  trouv&rent  charges ,  foit  a  caufe  de 

|eursfeigneuriec,{bit  icaufede  Tignorance  des  laiques.  11 

feirouvaniemealors,il  fautTavouer,  des£vequespeuz£- 

/"ii  la-^^'  ^  P^"  capabies  d'inftruire  leurs  peuples.  Par  toutes 

ter,atfa,dt  ces  raifons ,  le  grand  Concile  de  Latran.  p  ordoona  it  tous 

0ff.  jud.  ord.  les  Evequesd'etablir  des  perfonnes  capables  pour  precher  i 

leur  place  f  ,  quand  ils  ne  le  pourroient  faire  eux-memes , 

&  de  leur  fournir  la  fubfiAance  n^flaire.  Les  Fr^res  Pre- 

cheurs  r  &  les  autres  Religieux  Mendians  qui  commence- 

rent  a  paroitre  vers  le  m6me  temps ,  produifirent  un  grand 

nombre  de  predicateurs  de  profeflion ,  qui  fans  s'atiacber 

i  aucuneEglife,  prechoient  indifleremment  par-tout  oii ils 

^toient  envoyes ,  etant  plus  favans  &  plus  exerces  que  tes 

_  _     _  -  Pafteurs ,  qui  s'accoucumerent  ainfi  a  garder  le  fdence.  Le 

»,%.    '        Concile  de  Trente  a  renouvele  les  anciens  canons  fiirce 

Stff.   i4i   point ,  &  a  recommand^  aux  Eveques  de  precher  eux-m^ 

**/•  *•  4-      mes  la  parole  de  Dieu ,  fur  le  fondement  que  e'eft  une  de 

leurs  principales  obligations. 


a.  C«i  d^fQrdres  eomniencirent  mfmc  dii  ti  fin  duquitricDie  Gccl« 
fout  rempir«  d'Arcadiuj  Sc  d'Hononui.  11  arrira  aloii  une  jituptioa 
tcicibU  its  Vandalci ,  dct  Aliint ,  dcs  Siions  ,  dct  Fianci ,  St  auuet 

Kiplci  (oitis  du  Noid  ,  qui  fe  itpindirent  djtns  loutes  les  Gaules. 
puiiJe  cominenceincnt  du  cinquitmc  fiicle ,  )ur(|u'iu  tcmpi  do  Chu- 
lamagne ,  les  fcienccs  ne  (iient  que  djclinei  eo  Fiaoce. 

/.C'cft  celuiquifuilenuea  iiif. 

f  Cette  dirpoGtion  conceine  les  th  jologaux  ,  donl  la  pTcmi^ie  inf- 
titulion  cll  ccpendant  bcaucoup  plut  ancicnne.  On  en  paileia  plus  bas. 

r  lls  ronl  cpnnut  fous  le  nom  de  Daminicaini.  A  Paris  on  les  nomnia 
Tulgiiremenl  JttoHiti ,  i  vii  Jtcohta ;  la  rue  S.  /icquei ,  au  haut  d« 
liituette  iJt  ont  un*  nufoii  >  qui  cfi  U  pitntitt  ^u'ili  aiciit  eue  iutt, 
«tiH  villt> 


AU  DROIT   ECCLfeSUSTIQUE.      ^17 

Unc  autre  fon£Uon  effentiellea  repiTcoitat,  eft  lapriirt.   pAKTitl. 
les  Apotresen  iiillituant  les  diACtes,(e  referverenr  rorai-  Cbaf.  Xll. 
fon  &le  mimftere  de  la  parole;  &  1a  premiere  chofe  que  i.Tiwi  Ai^ 
S.  Paul  rccommande  a  Timoihee ,  vii  de  Taire  faire  des  pn^. 
res  de  plufit^urs  foncs,  pour  toutes  fones  de  perfonneB. 
L'Eveque  doit  donc  etre  homme  d'oraifon  en  fon  particu- 
lier,  Qc  prier  beaucoup  pour  fon  troupeau ;  roais  il  doit 
aufli  leur  enfeigner  a  prier  Jk  conduire  loutes  les  prieres 
publiques  de  rEglife.  Ainfi  il  doit  alTifter  a  lous  lcs  ofEces 
du  jour  &  dela  nuit,auiantquefesitutresfon£iionsle  per- 
inetient ;  il  doit  regler  tout  ce  qui  regarde  le  fcrvi^e  divin 
dans  tout  fon  diocele ,  &  reformer ,  quand  il  ell  bulbin ,  les 
livres  qui  y  fervenc ;  ordonner  des  prieres  extraordinaire$ 
aux  occafions;  prefcrire  aux  fidelles  ]a  forme  de  prier  dans 
leurs  familles,  &  retrancher  les  abus  &  les  fuperllttions. 

La  plus  «cellente  prierc  eil  celle  du  faini  facrifice ,  & 
c*efl  a  TEv^que  qu'il  appartient  dc  roffrir.  Du  commcnce- 
ment,  les  Pretresne  celebroient  que  quand  il  eioit  malade 
ou  abreni.  On  eut  trouv6  aulTi  ^craiige  qi]'un  Eveque  elit 
nanque  un  Dimanche  a  ptefider  a  rafl^emblee  des  fidelles, 
i  y  precher  &  facrifier,  que  Ton  trouveroit  mauvais  qu'un 
Juge  ne  tint  pas  l'audience  en  un  jour  de  plaidoirie.  Saint  ^"'-  ^P^i 
Gr^oire ,  pour  montrcr  combien  fes  gouttes  le  tourmen- 
toient,fe  plaintqu'apeinepouvoit-il  etre  debout  lcs  Fetes 
pendam  trois  heures  pour  celebrer  U  MctTe.  Cependant  il 
^toit  charg^  du  foin  de  toutes  les  Eglifes,  &  accable  de 
inille  ailaires. 

L'Eveque  doil  aJminiJlrer  loui  Ui  facrcmmi  f.  II  n'y  avoit 
que  lui  qui  donnoit  le  Bapteme  folennel ,  du  temps  qu'il  ne 
fe  donnoii  qu'a  Pique  &  a  la  Pentecoie ;  les  Pretres  ne  Tad- 
niiniflroient  qu'i  ceux  qui  fe  trouvoient  en  pcril.  Ainfi  TE- 
veque  ^toitveriiablemeni  le  p^re  de  tous  les  fidelles  qu'il 
gouvernoii,  puilqu'il  leur  avoit  donnela  nailliince  fpiri- 
tuelle.  II  n'y  avoit  que  Ttv^que  qui  donn^t  la  penitence  &     Thomaff, 
rabfolucion.  La  couiumc  a  dure  )ufqu'au  ireizieme  fiecle  >  ^'fcipt-  4* 
&  en  ptufteurs  Lglifes  iufqu'au  quinzieme ,  que  les  PreireS  ^'"h         '' 
fe  confeffoient  a  i'Eveque;  encore  aujourd'hui  pIuQeurs  cas 


f  On  en'tnd  ici ,  <]u*it  p*ut  les  idminiDrer  tout  ctint  fon  diocefe  t 
"  in  pit  i]u'U  roiiablj|[t  dc  1*  iM*  (euI,pDu(iouile*ficicffltai 


$lf  IKSTlTrTlOK 

Im  tom  «ttmr€s.C€£  ini  ^  mmok  k 

€ j<iiM:s. i. el:  vfai:  tpae  ks  EvcQufis sen ckcszr^axt 
ii«f  «cufs  FcfmeouerSyOU  tur  dsoKres  Piqirs  ^lis 
«rtierit. 

Mosi!  y  a  dqg  {xLittu^m  6oaz  rEvcqat  ksdl  c&klC- 

fuftf e  Of dtoiitf e ;  ia  Coofaaaation  des  Qu:mens  ilsia 

it:s,&  fOftttfiatioo  «ksPfetres  6c  desMiiii6res.L  ya 

<k:s  cofifecfattocis  &  des  beoedidioiB  aru.-iffc.s  a  rordEe 

F'  tM^k.  cpifcopal ;  ta%  oir  ^  la  beoedt&oo  des  Ahbes  &  dcs 

^f  ^^^  k  fciCfedesRois&desReixics,labciitrdiaioDdes 

liers^  la  dedicace  des  e^Iifia,  ia  coo&cratiDo  desaxnds, 
loit  fixes  ,  fott  |>ortatt&  ;  ia  cotiiecratioD  ^  caiice  &  de  la 
patene ,  U  beotKiidiofi  des  iaimes  fauiks.  Piiiiieitrsaiitres  iie- 
fiedi^iunsepircopaies  peuvem  etre  cominifes  adesPieuQb» 
comnM;  ia  U;oetiidiof3  des  corporatn  &  des  isqies  d^amel^ 
den  oroemeits  &cerdotaux,  ties  croix,  des  images,  des  do- 
chi:$9  des  chaptflies,  des  cimetiefes;  b  r^.-condliaxion  des 
^gtt(es  proGifAee^,  Oo  peut  appeier  tottt  ce  qmaetedkriof; 
^u'ici ,  UsfohSiotis  inuriturcs  de  2*£veque. 


C  H  APITR  E     XIIL 

Dts  fonSions  txuriasrts  dt  Ttyiqui. 

LWsfQnSions  txurUurts de  TEveque fom  lajmriJl&m^h 
join  d€s  ptrfgnius  cotxticrce^  ^  Dieu  ou  recommandai 
bUc^  pdr  ieur  mtfere  #  &  ceiui  du  (tm/>ortl  dt  VE^llfc. 

f /itv^que  eil  lc  fetJ  Ju^t  ordioair e  &  narurei  de  tom  c» 
i)ui  r<^t6itt  la  Religion  u.  C*efi  a  lui  a  decider  les  queffioos 
de  foi  ou  dc  moralc»  en  interpretant  l*Ecriture(aime»  & 


I  1^1  t^vlquti  «l^fcndoicnt  aux  p^oitens  publics  de  manger  6e  li 
ch^ir ,  <1t  i^urttr  du  liitj^t ;  4t  monttr  4  cheval ,  de  porter  les  armes  ;  ils 
4(vitiit  «ybli|f,4i  ^t  ^4rd9r  id  contioence,  dt  jeuner  ,  &c.  Ces  p^&i* 
Itiuvi  liubliuujci  ii'ont  i^m^ii  ^t^  abotiei  ;  mais  elles  fonr  tomb^es  ca 
il^lu^iuHt,  &  pirtuM'i«;rtmfnt  vers  lafin  <iu  oniieme  (iecie  ,  a  Tocc»- 
liunH*  l'»iMiut|(tiict  pl^iiicft  qut  l'onaccor<ia  a  ceux  qui  fe  croiferoienc. 

M  f  ,'t«i  4uit  i'tMitndrt  (tultmtAt  69  cc  qui  touche  ia  foi ;  car  le  fon- 
VtMiii  ^i«Mi  It  prt>lt<ltur  dt  l'K);1i(t  •  peut  faire  des  iois  pour  la  manu- 
ItiiD.ni  d*  li  Ktli|iion ,  U  9n  CQnfitr  rcx^cution  i  fes  Oificiers  :  t^ 
fwvin  hombrt  d'Or«iann«ACffi »  Lditi  6c  D^lArations  (^ui  concerofnt 
It  Kffli|iyf»  6(  tffi  Muiaif. 


AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      119  ^^ 

npportmt  ftdellement  la  Tradition  dei  P^res.  De-I^  vietit   paktie  L 
qu'il  a  droit  d'examiner  tom  les  livres  qiii  fe  publient  dans  Cuai*.  Xflf* 
fon  dioccfe,  &  que  Ton  ne  doit  rien  itnprimer  qui  regarde    '""'■  ^"^ 
IaReIigion,fansronapprobation;ce  qui  toutefoisnes'ob-^'-"'* 
ferve  pas  en  France.  11  doit  regler  la  police  ecclefialliquc  x ; 
tc  pourcet  cfTet  faire  tousIesStatuis,  Mandemens.&auires 
Ordoanances  qu'il  juge  neceflaires,  pourvuqu'elles  foient 
conformes  a  la  difcipline  gen^rale  de  rEglife,  &  aux  Lois 
de  l'£tar. 

Cefl^IuiauOiadifpenfer  desCanons,danslescasoules 
Canons  meme  Ic  permettent,  comme  pour  les  publications 
des  mariages,  &  les  interflices  des  ordinations ,  &  dans  tous 
lesautrescasouruiiliteevidentede  TEglife  ledemande.ex- 
cepie  ceux  qu'une  ancienne  coutume  a  refervesau  (aini  Sie-' 
ge.  CeA  i  TEveque  i  etablir  des  perfonnes  publiques  pour 
Je  Ibulager  dans  le  fervice  de  TEglife ;  ce  qu'il  fdii  par  les 
ordinations,  par  les  diverfes  forces  d'o(Hces  &  de  commif' 
fioos  qu'il  dillri  bue ,  &  par  la  collation  des  benifices ;  car  il 
eft  lecollateur  ordinaire  de  tous  ceui  de  fondioc^fey. 

L'lLv£que  a  droit  aufli  de  juger  les  crimes  eccleftafti- 
<]ues,  &  de  punirles  coupables.  Premi^rement.il  juge  au 
tribuoal  de  la  penitence  les  peches  meme  les  plus  fecretsde 
ceux  qui  s'accufent  volontairement.  II  juge  les  pecheurs  pu- 
blict,  m^e  malgreeux,  &  peut  les  retrancher  de  rEglife 
s'ils ne  fe  foumeiteni  a  lap^nitence^.  A  Tegard  desClercs, 


•cut  int JrclTtr  lc  bicn  dc  Vitit.  Un  en  tr'(i'uvc  dcl  cxcinpki  dei  1«  tcmpl 

GontTin  .  Roi  i'Oi]iint  S(  dc  Bourgogne,  pout  ti  Conlirnulioii  du 
fctond  Concile   ie   Micon  ,   tn  fSj. 

11  y  ■  lulTi  dini  lci  cipituliirc  1 ,  tint  de  Ii  prcmiire  quc  dc  I*  Cccoa- 
dc  Ticc  ,  di*cri  t^glemeni  pour  U  policc  eit^rieurc  de  {'Eelifc.  Phi- 
lippe  Augulte,  (lintLouii,  ?hiUppe-le-Bel  ,  ['hitippc  deViloii,& 
■utrci  qui  leur  ont  {utciii ,  ont  fiit  plurieuti  reglemeni  (enbliblet. 
n  y  1  cntrc  lutrci  U  Ptieniitiaue-rinAion  dc  fiint  Louii ,  celle  da 
Cfiirlei  VII  ,  l-OrdonninccdeHtoii  en  1,-jg  ,  Vi6it  de  Melun,  de 
Henriillen  tjSo,  IVdit  de  i6u;  ,  corcernint  li  iuridiAion  eccl«riif- 
ti^ue  ,  &  autrei  iMemeni  femblablei.  Cei  riglemcnt  doivcni  pr^va- 
loir  fur  ccui  dcl'ETJque  ,   CD  lout  cc  quine  touchc  potat   li  foi. 

j  II  faiit  n^cnmoiniexcepter  ccux  doni  la  pieinccolIitionappirticDt 
i  quelque  lulrc  collileui. 

l  yojti  ce  qui  cft  dii  ci-dcnnt  dani  une  dei  Dotc*  d«  ce  m£iDC  cb(- 
finc  fiu  U  GcuiiiM  d«i  pteitcMu  pabliquti. 


ti6  INSTITUTION 

Partii  I,  il  a  'iir  eut  toute  forte  de  correflion  a ,  &  peut  les  punirj 
fSm,  XUl.  ir.dinepour  des  fautes  plus  legires ;  car  ils  lui  doivenr  une 
ob^ifTance  enti^re,  &  roni  oblige''  a  une  vle  pius  raince 
qtic  les  laiques.  Entin ,  TEveque  a  droit  de  terminer  les  dif- 
ftrents.non-feulementemrelesClercs.mais  entreles  lai-i 
ques  £.  Mais  la  juridiftion  eccleHafllque  fera  expliquee  d^ns 
la  traifteme  pariie  dc  ce  Traiti. 

Lesperfonnes  dont  l'Eveque  doir  avoir  un  Cotn  parriculier; 
font  celles  qui  font  confacreesa  Dieu,  par  la  profelTion 
d'une  vie  phis  parfaite  ,  comme  les  Vierges  &  les  Veuves , 
aqui  ontfuccede  !es  Re1igieures,lesMoines  &touslesau- 
tres  Religicuxicar  ils  etoient  tous  originairement  fous  ta 
direflion  des  Eveques.  Ce  qui  refte  de  ce  droit,  eft  la  be- 
n^diflion des  Abbis  &  desAbbefTes,  &le  pouvoir  dedo»-. 
ner  aux  Religicufes  des  Superieurs  &  des  Vifneurs. 

L'Evcque  eA  charge  du  foin  de  toutes  les  perfonnes  tni-' 
ftrables  e,  des  pauvres ,  fains  ou  malades ;  des  enfans  or- 
phelins,  abandonnes,  ou  expofes  desleur  nailFance;  des 
vieilles  gens  incapables  de  gagner  leur  vie  j  dcs  inrenfes  & 
ies  imbecilles ;  des  paflans  &  des  ^trangers  pauvres,  partt- 
,  culi^rement  des  pelertns.  Ainfi  TEveque  a  natureliement  )a 
direAion  de  tous  les  hopitaux  d ,  de  toutes  les  ceuvres  de 
charii£&  de  toutes  les  confreries  ou  aflemblees  qui  fe  font 


a  11  ne  peut  n  jinmoini  employcr  que  les  peincs  canonique)  ,  dont 
letunes  Cont  puiement  rpirituelles  ,  tellei  que  ]i  privalion  des  facre- 
mtni  &  (!et  fanjlioni  ecci^rianiqiiei ;  il'aittres  qiii  liennent  en  quelqua 
inametedutemporel,  comme  raumone  ,  li  funigation  ,  li  prifon.  L  £• 
glife  neprononcenointde  peines  lorporelles  plui  fivetes. 

t  Ceci  ne  doit  s  entendr«  que  poui  lei  mitieres  qui  Conl  de  la  com- 
IiAencedel'official. 

c  Ftrfon»  mr/irtbilii  ne  fignifie  pat  feulement  lei  pwfonnes  qiii  font 
dinsli  niifete;  inais  toulei  cellei  qui  Cont  dignei  de  cofnmiCeiiiion  , 
tt  qui  fontdani  li  peine  .  comme  lei  veuvei.  les  orphelins  ,  &c. 

d  L'Eviquea,tani  diHicLiItJ,  la  direfliDn  de  loui  Ie$  Hupitaitx  pouc 
le  rpirlcuel.  A  r/gitd  dei  biens  >  les  ^veques  n'en  oni  pas  loulouis  eu 
l'adminiI1ration  ;  mait  Jiininien,  par  fa  novelle  ii; ,  chap.  i)  ,  ot- 
donaa  que  lei  economes  leui  tendroient  compte.  Et  depiiii  ce  temps. 
ill  onl  i'admininra<ion  ilet  bieni  de  prrfquc  tous  lei  Hupitaui  ,  ce  qui 
•n  d'autant  plui  naiurel ,  qu'l1s  Cont  lei  piole^eun  des  pauviei ;  qu« 
d'aillenrt ,  la  plupait  dei  Hupilaui  ort  ^i^  fondifi  &  dolei  pjr  lei  iii- 
quet,  deibieni  qui  ^toient  deHines  pour  te  CDtilagement  iei  pauvies  : 

gliCe,  dont  li  iroiriinie  ^loit  ieHmit  poucltt  paiirtei.  II  y  a  n^an- 
moins  quelquei  Hopitiui  ilonC  let  Evjquet  n'onC  pas  la  diie^icn  ,  pa$ 
iniine  poiir  lc  f^irituel ,  comme  t  Paiii  celui  iti  Quinte-Vi»&>  i  <)>" 
•&  Cout  U  diicftioK  du  gtiDd  lunSoier. 


AU    DROIT  ECCUSIASTIQUE;      aiY 
Irnur  y  concourir.  11  efl  charge  de  rexamen  ia  pauvres  >   Partix  E, 
pour  connoitre  leurs  befoins ,  leurs  mceurs ,  leur  religion  >  Cku.  Xllt^ 
diflinguer  !es  vrais  pauvres  dcs  iinpodeurs  &  des  faineans 
iaire  que  les  aumones  foieni  employees  Gdelleineni,  uiile- 
ment  &  avec  orJre  ,  &  procurer  lux  pauvres  lesbiens  fpiri- 
tuels  a  l'occafion  des  lemporels.Ce  foin  des  pauvres  eioit  Con/T.  «pq^ 
une  des  plus  grandcs  occupaiionsdes  Eveques  des  premiers  P-  *•  (- 1^ 
fi^cles.  lls  fe  croyoicnt  charges  de  la  protedion  de  touies 
lesperfonnesfoibles&  defliiuees  de  fecours,  &follicitoient 
fouventaupr^sdes  Magillrats&des  Princes,les  caufesdes 
yeuves  &  des  orphelins. 

La  derni^re  partiedudevoirdesEveques  eft  le  foindes 
biens  temporels  de  leurs  Eglifes.  L'Eveque  doit  donc  eid- 
ter  les  fidelles  i  donner  liberalemeni  les  dixmes  &  les  pre-. 
inices  de  leurs  biens  ,  faire  des  offrandes  a  la  Meffe  ,  &  des 
aumones  en  toutes  les  autres  occafions.  Cefl  i  lui  k  rece- 
voir  les  donationsd'immeubIes  ,  &  i  accepter  lesfonda- 
tions  «  qu'il  juge  raifonnables.  Tout  le  temporel  du  dio- 
cefe  etoit  auirefois  en  fa  difpornion ,  fans  qu'il  fiic  tenu  d'en 
rcfldre  compte  qu'a Dieu.Si  on  ne l'eut  cru  capable  de  le  dif-  ^*"*  V^ 
penfer  fidellemenc ,  on  ne  lui  eiit  pas  confie  les  ames ,  fans  ^*"  *'* 
comparaifon  plus  precieufes.  A  prefent  TEv^que  n'ell  plus 
cbargc  que  de  U  ponion  qui  cft  atiribuee  i  fa  menfe.  Nous 
«xpliquerons  daat  la  ftcondt  pariie  ce  qui  regarde  cette 


t  Ce  ^i  eft  dlt  ici  dri  donationi  Bc  randationi ,  ne  doii  i'encen- 
drcque  de  cellel  qui  feroient  riiiei  dirtftement  au  piofit  de  ron 
Eglife  ou  dc  r^  meiire  cpfcopale ;  cai  ce  n'en  pai  i  lui  J  ai:ce|ittr 
ki  donitioni  U  ron.ljiioni  fiil»  au  profit  dei  iNtrei  EgUrct  dr  fon 
diocere.    Miii    larriu'il  i'iRiI   de  (]uel7ue    ctabllllemer.i  nniiFcau, 

II  riut  qut  le  ' 


^■t.eide  rEviqueint 

ervien..e  pour  «uioiite.  1*  fon- 

1'r.tit   det    bicii!.rDii. 

il   que    Ton  dnnne.    Rt   qiie   ll 

iir  Dbjrt  l'etJh1i(lem< 

1-.ut,ucUi;.nJ.tio 

n  foit  revStue  de  lettrei  pileii- 

Jo  moi<d'Aoa(i74' 

y  ,  cDDceramElet  iubliilititiaai 

&  icquiltiioiii  det  gcat  de  niiiin.iTi 


11»  iMsnruTio» 

r.  CTi:  ^  10 

C  H  A  P  I  T  R  E      XIV. 

Des  Aichiviau€i  ,   Jei  pMn^kci ,  Jes  Prbnau. 


AF I N  qu'un  Eveque  pucs'3cquicier  de  laot  dc  ibocHoiB , 
\\  :'aUoit .  ou<m?ibR  dioccie  mt  petit,  ouquiieut 
(oat  lui  un  '^nd  nombre dOfGcien pour  ie  louhesr. On 
^voiictioiti,  ^u  comineniiieiiient,  ie  premiet  noyen;  (ma 
pris  ie  linrond  dans  \is  Aemiers  temi». 

Des  Is  qu.itne.-ne  li^cie  .  on  voii  un  trcs-graiid  nombie 
«TCveques  dans  les  p-ovincea  Uen  peuplees,  en  Orient, 
«1  Eaij-pte  .  «1  -Alie ,  en  Grece ,  en  Itaiie.  Lss  routcripnons 
des  Conciles  &  \tt  lertres  des  Peres  en  lom  :oi ;  ik  dans 
rAtriqueleute,  c^eti-d-dire  daiu  lacotequi  s'^iend  depuis 
Tripoii  |ul'qu'JU  lierioit,  il  y  avoit  ^—a  lieges  d'Eveques 
enfjnnee^i  i ,  commeilpaTOti^arlaContereflcecleCar- 
thage.  ll<^vni  tfaelesPapesanierigequeiquesnouveaux 
eveches  en  Itatie .  meme  lians  les  demiers  temps ,  auiG  en 
ont-ils  ruppnme  d':inciens  ;  St  li  i'on  uintulte  lea  nutices 
grecques  .  on  in  trouverTi  pour  le  moins  .lutani  a  propnr- 
tiifmcJfdini  "**""  SousiereulPatrtardiedeComiaiiriiiopie,  eilescomp- 
tent  So  Metropoiitains  f  8i  ;■}  Ardieveques  ,  doiir  qiiei- 
que^-uns  ont  pius  de  rrente  rulfraEpns  :  car  eilts  diitinKuent 
ccs  dignites.  &  ne  merrenr  Ics  Archeveques  qu'ju  lecond 
Cm.  6.  rang.  Le  concile  de  !>ardique  ^  deti^dii  leule.-neurdi:m>:t- 
nredesEvsquesdanslesbour^.&dans  ies  vJiestipetites, 
i|u'iin  feul  Prerre  y  pourroit  fuifire. 

On  itablit  moins  d'tveque5  en  Eipagne  Si  eo  Gaule  , 

parce  qu'il  y  avoit  moins  de  cir« ;  &  quoioull  y  ea  eut 

piufieurs  dans  la  Scythie  au  cinqui^me  i'ude  .  eiies  ii'a- 

voient  qu'iin  Evenvie ,  foivanr  le  lemo^jnage  de  Socrare. 

*i».  ttift-  Qirand  ie  Chriftijr.ifme  enrra  dans  la  Garmaoie ,  c^ift-a- 

'•  '9-  dire  versie  tempsdeChariemagne,  iiyavoitpeude>iil«; 


/■  I.M  Mitifipolifj^nt  ,iiii  ffinl  hi  illdinjuf)  dii  ArcheieTue*  » 
fofille*  Fviqiie*  ilet  Wtinpnitt  nj  villei  cjpiule-  ilf  pr  .■incej. 
Ce"F  rtiKinaion  n-f/nit  iieii  tue  dji»  i'A{ie  U  da-i  l'.\t-ii.ie.  Plu. 
fl-iir.  ile  C(t  M*Ifnp'.iif*'.<  1.-  riu.ienl  loe  ile  riOin  fiulem.nf  , 
H  ii'iiT(iient  >iiciiiii  (uKr/nnni.  f  orq  .VL  Uupia  U.  Vhifi.  dti  iUire- 

g  (,1  Contil*  r*  llnt  «n  14;. 


AU  DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.       ti^ 

tliffi  y  fit-on  peu  <l'evecli«.  Mais  on  a'a  pas  eu  foin de  le»  ^tmTntlT 
multiplier  a  mefure  que  les  pays  fe  fom  culiives ,  non  plus  Ciap.  XTtt ' 
(jue  d^ns  le  re(le  daJVord.  Ainfi  fe  font  formes  ces  evcch^ 
unmenfes  d"AlIemagne  &.  de  Pologne.  De-Ii  eft  venue  rim- 
polIibilLte  de  vifuer  fouvent ,  de  connoiirc  &  de  gouver- 
ner  immediatement ,  non-feulement  les  peuples ,  mats  les 
Pretres;  lan^ceflit^demulriplier  les  Archipretres,  lesAr- 
cbidiacres  ,  les  Grands  Vicaires ,  &  de  fe  fervir  du  fecouis 
des  Reguliers.  On  aiiribue  aufli  a  Teiendue  de  ces  evech^ 
iinmenfes  ,  la  diiliculte  de  tenir  des  Cottdles.  D'ailleurs  , 
oes  eveches  fe  foni  trouves  G  riches  &  d'une  telle  digniti 
dans  TEtat  h  ,  que  le  foin  du  temporel  l'a  fouventemponi 
fur  le  fpiriiuel.  Les  anciens ,  plus  fages ,  avoient  propor- 
tiontii  les  ^eches  4  Tctendue  de  Tefprii  humain  ,  &  aux 
£c»xes  de  la  nature ;  enforte  que  chaque  Eveque  put  remplir 
tous  fet  devoirs  par  !ui-meme.  Vil  fuffifoit  de  gouvcrner 
par  autrui ,  fans  confiderer  ni  la  multitude  des  peuples ,  ni 
la  diAance  des  lieux ,  il  ne  falloit  qu'un  feul  Eveque  pour 
toute  TEgiife,  &  Jefus-Chrift  m€mc  n'avoit  pasbefoiade 
jdulieurs  Apdtres. 

II  ne  laiffoit  pas  d'y  avoir  de  tr^-grands  ivSch^ ,  d^ 
le  commencement  de  rEgiife  ,  parce  qu'il  y  avoit  de  tris- 
grandes  villes.  II  a  toujours  ete  conllant ,  qu'il  ne  doii  y 
«voir  en  chaque  ville  qu'un  Ev^que ,  pour  momrer  runlte 
derEglife.  Ainfi  les  Eveques  de  Rome,  d'Alexandrie  &  <bw,Ni^.  S 
d'Amioche,  ont  loujours  eu  ungrand  peuple  4  gouver- 
Ber  ;  mais  leur  dioc^fe  ne  s'etendoit  gu^reshort  les  murs 
de  leur  ville ,  comme  on  voit  par  les  anciens  evechis  eta- 
Uis  aux  portes  de  Rome.  Les  Apotres  &  leurs  difciples 
ayant  d'at}ord  refid^  dans  les  grandes  villes ,  d'ou  ils  en- 
voyoient  des  Eveques  &  desPretresdsnsIesmoindres,  ces 
inoindres  eglifes  regarderent  toujours  comtne  leurs  mcres 
les  ^giifes  dcs  grandes  villes ,  quc  Ton  nommoit  deji  Mi' 
tnpoUt  dans  le  gouvernement  politiquc.  Dc-l.i  \  ini  au  Mi-  "'"'  "•**  '^ 
tropoiiiain  le  droit  d^ordonner  lou»  Ics  Eveqiu^s  de  la  pro- 
vince ;  de  les  avertir  &  les  corriger ,  cot  .ic  l.-ur  pCre , 
kur  dofleur,  &  detenirlesConcilcs.  On  fuivic  la  dittfion 


.»W  :I  K  -*  r  I  T  r  r   :  C'  N 

'  T'm1t'..    61:'  jfWilw*'  .•-  ;\.!iu--.-  roisin-   .  m.    racrr  a~  <r  n 

«   T:  .■!*    f..ciiicp: i.'1-i. •;;(.«   acijcnee-  □.-tiuast.ae 

_,  Iwtj.  .  '.■-■  i;.v,-j*(ir  ■  ,-L'    ««na-  (j^-.ccoa:; ,  betc^  ok 

"  '  ■      ivx    '-.Jr-'«-    i«vc>rt'  «f-  M-aaec-  ■•■  ir  mcc:.  cs-  A»^ 

ir<     U:<  kv«v-**-  *-  !<■  "^-^"  ffEi-ssjOStK.-EOiiiiMijk"- 

<ir.<\',.>c. ,  t.  «*r;.-ji.  ^-jrrurcjKi.  Lel;.  :','AiEiEnsrK .:-  oi 

^Miit-^uvii'  <':  oiui:  rliv  n-  e:  atnnxr  a^  ccti^  tes  Evbyas,, 
fc  n.  'lii'.  '•lii.ii^.  rit  !'L^iiK;.  L'--iitn;d  W.'un-eas-a-Ctif^- 
)«u'  .)i>iit.Tit.  cr  'J.CtU-^:  ;'  rou~  i«s  fft«rrcccl:£iB^;suB 
)■.■<  1>. %-<.■■  ufi'  Ur  wlC.  ■K-jr«~  flu  A!^;rroBO->ttiii:  £>  ^l^tt^ 

^iK  ti>-k.i(uu''-  qiK  lut.i^  tiitivfimt-ddui-ii^SiUinffi-Ttajle 
<{it.t('';,.i,K  'uv-:,y .  ui  ii'  ^.mirtrcin'  !'Ev-.'((u-.-e.'  &aiiicaxiK 
<«  i^-  ir..iiv.ir ,  i*.  i,Oiii.  w  dniluminDpu:.  nu.  exnv  iamoK 
k'  i.vt;..  iiti  i,(ii)rtfw;i-^.  f.>i- ;.  tionuc  cs  tirrt  -j  (iu::iqu&^iui- 
■««;   ^,n,i[ii.,-  ,  uirc  .ui(;ii(«m<:^  icirr  ptnivon 

Ja  t.'.f  .■  (•■/  .iii'.,w  >  i!  «ic  uiiiiik:  ii  quL-iniiw  ■MsmjpiW" 
lil.i.itf  .  (Lvir  iw  V  iiii»  cii'iwr  li:t  c-oiitTjich  tiHs  E^rsnit  snu- 

^ittiifii      \\,H'MVn:\,^  .  *\W  !'yi  it|»)>JiOl1  cViKtf.ij  .'  t3ir  tC  qnt  imUFOI»- 

W***^*  j«,''.\.io  i. %,-■/•.'  iuii'j»ft''iiiii  j  f'eli  u-diTi;  ic tErrnaimiejS^ 
*iw  j-.vujMtj  Tit  s  iij>in'i'j;'  «tif-irt  (jut  /"flu-l/Ti , 'CDmiiie  510 
.dif-J.i  yv;f-''-'iJj'.*.  Li;  tl^uafc.  pr-.«'in-..w,  oe  appelon  Jhaiaa 
«*  J-.vtq-iiocwjpliii  };,'a-ititr>  vi'i«  ;  nrais  en  Numidic  ,  k 
«i/Ui^lt /■'..«■«  iv<l<j;Hi*,Hf  wup.ai-antiM  Eiegui:  drj^iago» 
iwjVH^tc,  J*i.i> twifidccer  U  ^ijr;;;*  de  IsTiut.  !«■  rw-aa- 


=  ,'ij'^.tt--.;,:-  i  ;  Ertr-e  lie  R*- 

..(  I<  ii.*(i!    L-<.:'t  q..f  le  Pirm»:. 
«.rllc  .le  l'jti:irch« ,  U    au.detFj» 


■''.'>'i:il  II  iii^li.lu;!  rur  plufle^Ti  Piorince.. 
,....1,.,|- Wt.lt  une.'  


t  i(fii.B  Je  Legat  d  laltra 

!  .!«•  Piovinc»  ioumiie»  i  ce  Pt£. 
|.t,  ('■■^r|  JiiAvt,  liiiiteiidi  tiivtCii. 

kun 


AV   t)ROlt    ECCL£SlASt(QUE.        4if  

teursdivcrfesrevolunom,  ont^ticaufe de  reiabiurement  pARrtef' 
4e  plufieurs  Primats ;  mais  ili  n'cn  ont  que  le  titre  ,  hors  Cmap.  xlVt 
rArchevcque  de  Lyon ,  qui  eft  recoanu  foperieur  par  TAr- 
rhevequedeTours,  par  TArcheveque  deSent,  &parcon- 
fequent  par  celui  de  Paris ,  autrefois  fuffragant  de  Sens-  Les 
appellaitons  de  ces  trois  Metropoles  vonta  Lyon  ;  flt  c'cft 
U  (eul  Primat  de  la  Chr^tiente  qui  eseree  cfiefliveinent  le 
droit  de  primatie  /. 

Tel  eft  donc  rordrc  du  gouvemement  de  rEglifc.  Tou9 
leS  fidelles  font  fous  U  cotiduite  des  Evdques  qui  les  gou- 
vernent  avec  Ic  fecours  des  Preires  &  des  autres  Clercs. 
I.esEveques  font  tous  ligaux  entr'eu(  ,  quahta  ce  qui  eft  Dlfl.  ii.r.}^ 
^  Tordre  &  de  reffentiel  du  Sacerdoce ;  il  n'y  en  a  qu'un 
quifoitdedroit  divinetabli  au-delTus  desautres.pour  con-  Df/I.  ii.f<i^ 
ibrver  Itinite  de  TEglife  ,  &  hii  donner  un  chef  vifible  : 
«'eftlePape,  ruccelTeur  decelui  que  Jefus-Chrift  lui-meme 
mit  le  prcmier  cmre  fes  Apoires  ;  encore  il  ne  prend  que 
le  litre  A'Eviqut  ,  &  il  notnme  tous  les  Eveques  (tifrirtt, 
TouteslM  auires  diftinflions  font  de  droit  humain  &  de 
police  ecclefiaftique ;  aulTi  oe  foniellespas  uniformes.  H  y  a , 
lelon  le  tamps  &  lei  lieux ,  plus  ou  moins  de  Metropoles  & 
d'EgIifes  fous  chacune.  II  y  a  des  Archev^ques  foumis  k  des 
Pairiarches.oiiadesFrimats.  II  yen  ade  foumis  immedia- 
temcni  au  faint  Siegp ;  &  il  y  a  des  Ev^es  qui  releveni 
aufli  immUiatement  du  Pape  m. 

Les  Archevcques  ont  un  ornement  nomme  PalUum .  qui  j^  Tliomajf. 
leur  eft  particulier /i  ,  &  qu'ilsporient  par-dcffua  tous  les  ,.  /X  i!"*, 
»4-  iS-  *6. 

l  l\  fM  dln)  k  Roymme  plufieiui  Mftropotltaini  qui  prsnnenE 
fi  qr)ti(<  de  Primat ,  fint  ivoir  incuii  Archevtqur  tout  leut  juii- 
(HAion,  C:  qVH  pour  quelquei-unl  d'cux  qu'uii  liiiiFfe  licre  J'1idtt- 
iKur.  T*Ii  foni  fArcbertque  de  Bourgei,  qu>  prend  le  ciiie  de  Pri- 
iiulrf'^fnil(iinc  >!(.  cclul  da  Reinii  ,  qui  prind  le  ciTre  de  Printiit 
d<  la  CauU  Btlgiiyt.  D'iii(ret ,  cumine  l'Archevfqiic  de  Naibonne  , 
ent  oucre  l'OlIiuial  Metropoliiain  ,  un  Ofticial  Primatl*] ,  K.  imii 
ilcgrii  de  juiidlciir.ii  ;  maii  donc  1'eKcrcic*  Te  bornc  iiiiget  lct  af- 
ftirei  de  teur  MJtropnle. 

IR  Teli  fonl  qiielquei  F.viiiuei  dcl  Coloniel. 

n  l.e  Pallium  tfi  commnn  au  Pipe  ,  a\i\  Patriircfiei ,  IDI  PiU 
«ati  Bc  «utici  M^ciopoliciiiii.  L*Eveque  d'Aitiun  >e  por(e  pai  uit 
yrivil*ge  pacdculier.  Lei  Papei  en  ont  ium  jccorj;  l'.ifise  i  VE- 
»*que  Je  Bimberg,  icelui  de  Pavie  ,  i  ctlui  de  Luquci .  &  trl 
Fianc*  ,  i  celui  dn  Puj  en  VeUj-;  Ec  coui  Ici  Evciguei  Grect  roat 
«Ibs  ilant  rufage  deUooitet.  Caltuat  blnd*  d^^iod'*  di  liiul^ 
Tmmtlt.  P 


>i«  INSTITUTIOK 


Fajitii  1.  3utrn ornenKns.  LufjgeeR  eft  plm sncien &  p'm gfajf  J 
ClAr.  XIV.  dans  fEglireGrecque  o  ^  mais  daiurLe^lire  Laiine  ij  Des'eft 
introduit  qu'aii  fixicme  liecle ;  &  les  Papes  ne  rac^ordoies 
d'<ibord  qu'a  quelques  tveques ,  comine  une  gr^cc  fiogti- 
Dift.  leo.  liere  &  perfonoelle.  Depuis  plufieurs  fiec'es ,  il  e&  devena 
conimun  a  plufieurs.  Archevdques  ;  mais  il  faut  toujoun  le 
fdire  venirdc  ttooie,  &  rArchevequeoepeuieiercer&s 
fun^tionsquil  ne  ]'aii  regu. 


JS^"  II   g>= 


CHAPITRE     XV. 

Di*  ErtStoiu  Cf  dtt  Suppreffioiu  SEvichii,  Dts  Evifata 
liiuUirtt.  Dtt  CoaJjuuurt. 

TSnmaff    T    Es  pays  nouvellement  coovertis  ont  toniouTS  eu  dc9 

V'f.'pl  pii'i.  J_jEvcques  (ans  Meiropolitains ,  avant  qu'il  y  eut  ua 

J,  '"   ' ■ '  '  affci  prand  nombre  de  Clircnens ,  pour  y  eriger  plufieurs 

ti-tg  tib.  V,  ivcclies ,  &  former  une  province  eccIeliaAique.  Au  coitr- 

iip\/l.  i$.f9.  mencement,  les  Eveques  lei  plus  procbes  s'appliquoieai 

d'eux-m£mes  i  ces  mifSons ;  quand  ils  les  negUgeoiem  , 

leurs  fuperieursen  prenoiem  foin ;  &]achore  ell  venuei 

ce  poini ,  que  depuis  huit  ou  neuf  cents  ans ,  il  ne  s'en  eft 

y.  Zaihar.  guiccs  (m  de  conCderables ,  fans  autorite  du  pape.  Oe-lx 

»4  UcB'f.     vicnt  quc  TAngleierre  ,  1'AUemagne  &  les  royaume?  du 

lifi.  1.  4.  6.  pjord  ^  ^toient  dans  une  dependance  paniculi^re  du  fant 

Sie(;e ,  avani  les  dernicres  herifies. 
Cod,  Afrit.  L'3uioriie  des  Conciles  provinciaux  fufiifoit ,  fuivant 
•m.  ii4.  l'ancien  droit,  pour  rcreflion  des  eveclies  &  des  metrc»* 
poles ;  mais  depuis  que  les faulTes  decreiaks oni  ete  regues, 
on  n't:n  eri)>e  plus  fans  rautoriie  du  Papc.  II  ell  vrai  quo 
l'on  doit  toujours  eniendre  les  parites int^rclTees  ;  favoir, 
]es  Eveques  dont  on  veut  partager  les  diocefes ,  les  Metro< 
poliiainsa  quion  veut  donncr  des  ruiTragans ,  le  Clergi  fic 


b'anclie  ,  lii^e  ile  troii  doigtt ,  <iui  cntoiire  Iti  fpiulei  ,  tjiat  dta 
pciiJiiK  \iiap  June  iiilme  pjrJevjiii  Bl  pir  derriere  ,  avec  ile>  pe- 
litfi  U-<i(i  il«  plomb  loioiidtek  sun  cxtnfmilji  ,  couverlei  de  fais 
iialir,  *tri  <]UMre  croix  roiiget.  Snr  Id  r»inie  ilu  pillium  ,  foytf 
l'A|>|<«>lili1  I  >!■•  HDiUnJillti ,  diui  le  yn>rjlai"a  ad  J3^  SaaH. 
liUo,  foM.  I  irtH.to). 

«  II  •)iitlfunari|tlti«dumui«iiidft£nper(uri.Ilii'<toiipi^ 
H  «b|*iHM  i»  IVt.  Ucli. 


AU   DROIT    ECCLfiSIASTtQliE.      417  

\c  peu{>le  dcs  nouveaux  dioc^fes ,  le  Roi  &  les  autres  Sci-  ^T^T^^ 
gncurs  letnporels.   Lcs  Meiropoles  eiolent  rares  dans  leS  CHAr.  XV4 
prcmiers  temps.  Ce  qui  cn  a  lait  eriger  t^nt  de  nouveiles  , 
e^)  <]\ie  l'on  a  eu  eg^rd  a  h  dignlt^  dcs  villes  qui  fe  font  ac- 
crues  par  le  lemps  ,  fans  confiderer ,  comme  autrefois ,  le 
nombre  des  tvequesde  laprovince.  Cefl  ainfi  queParis 
tut  eri|!£  en  Metropole  lan  i6ii.ParIa  raifon  coniraire, 
ila  fjlluqiielqui.fjisrupprimer  les  titros  des  Eglifes  ruineei 
par  lesguerrcs,  ouparles  autres  calamites  ;  ce  qui  ell  ar- 
rive  fouveni  en  Italie  ,  depuis  la  d^cadence  de  rEtnpire. 
Queiquefois  i1  a  fuiH  d'unir  deuxdioc^fes,  ou  deiransferer   CMff  jjg, 
kfiige  d'une  ville  a  l'autre;&  louicela  fefaii  parlameme  1,  ijiifl.  ;6. 
autoriii,  &  avec  lesmemes  proceduresque  lesereflions.    '■  *••  *f^* 

Quand  des  pays  Chreiiens  (bni  tomhes  fous  la  domina-  * 
tton  des  infidelles ,  les  vil!es  meme  ruinees  n'oni  pas  cefTe 
aullitdl  davoir  di;s  bveques.  lls  fe  foni  confcrves  dans  le 
xede  de  leurs  dioccfes ,  ou  dans  les  viilos  les  plus  prochei , 
gdrdant  toujours  leurs  anciens  liires.  Quoiqu'Aniioche  ne 
foii  prefque  plus  rien ,  &  Alexandrie  pcu  de  chofe ,  il  ne 
lailTe  pas  d'y  avolr  dans  le  pays  des  Pairiarches  qui  en 
prennent  le  tiire,  refidcns  au  Cairc,  a  Alep,ou  ailleurs, 
felon  les  lieux  oii  font  leurs  troupeaux  ;  car  comme  les 
Chreiiens  dOrieni  foni  divifes  en  plufieurs  fefies  depuii 
pluf  dc  1100  ans ,  chacune  a  fes  Patriarches  &  fes  Ev^- 
quci ;  ce  qui  f«it  qu'il  y  cn  a  plufieui  s  qui  fe  dircni  hvequcs 
i^  la  meme  ville. 

Lorlque  tes  Francs  conquirent  la  Terre-fainte  ;> ,  ils 
ajoutctent  dc  nouveaux  Pairiarchei  &  dc  nouveaux  Eve- 
ques  i  tous  ceux  de  ces  difTerenies  fe^es  quiis  y  irouv4- 
reni.  Car  ils  ne  pouvoient  reconnohre  pour  leurs  Palleura 
ilcs  heretiques  &  des  fchirmatiques,  &  ils  ne  s'accommo> 
doiem  pjs  memc  des  caiholiqucsd'une  atitre  l.inguc  &  d'un 
auirc  rii.  Ils  ^iablirem  donc ,  par  autoriie  du  Pdpe ,  un  Pa- 
triarche  Laiin  d'Aniioche ,  un  de  Jcrufdlcm  ,  dcs  Archcv^- 
«jues  &  des  Eveques  ;  &  ili,  fircr.t  Ij  meme  thofe  cn  Grece « 
apres  qu'ils  eurcnt  pris  Conduniinoplc  ^.  Quand  ils  eurent 


p  Li  villc  dc  Jcrurilem  Ut  pilCe  (o  xsyg  ,  pir  GaJerroi  4* 
Bauillon. 

f  Cc  fut  cn  tio«,  qu«  Bauiloain  1  pril  Conftintinoplc.  Bia' 
i«iiln  II  ptmit  VEnpincit  lad. 


isS  issTiTirnoir 

pcf  da  cn  coix^sres  ,  Tefyhina  rf^y  leimef  fit  tpe  ^ 
C«Ar.  «r.    £*e(pK:« ,  auci  mcn  qiie  1«  Priscn  .  cosia-veTeir  lenrs  i> 
irn,  quoiqL':!s  it:  recrzfl^  a  la  C03r  ^  Rooe,  osdan 
ies  pavi  de  ieur  rwigance. 

Pour  ies  &ire  fub&flcr  ,  &  pom  kmezar  lenr  £gniie  , 
k  Pape  icur  ac£or<io'i  An  peofioai  &  dei  beoefic»  fim- 
P^  ,  ou  m^Die  def  Evecbes  ;  nau  ils  gardcneot  xoi^onrs 
ie  litre  le  p\n%  honorable  Ainfi  lc  iDeiBe  Oini  Parnardig 
4'A]fetaodne  &  Arcbevewe  de  Boorgn,  ayamUpatriar- 
clni  en  ctre  &  VAxdxveibc  ea  commeadcQiiaiid  ijt  moa- 
nircnt ,  oo  leur  doGtu  det  liuxe&im ,  &  cki  coinitiua  de 
Jontier  de  cet  titret  Japjmiut  iefdtljem  ,  KieiBe  depms  qoe 
ron  eut  perdu  l^eTperance  d'j  Fenirer.  Oo  a  cni  aviMr  b^ 
fbin  de  ccf  tiirn  ,  pour  ordoiiner  dci  Erequcs  lais  lcnr 
donner  cfieftiveiseot  ()'£§Iiie ;  coniaK  les  Nonces  du  Pape, 
let  VicaJret  Aponoliques  cbez  lec  beredques  oa  daos  lea 
niflioc»  elcngnees,  les  CoadjiKeurs  &  tes  Su&a^os  r.  Or 
fm  appelle  Sufragjiu  en  cetie  mati^  les  Eveipies  <iin  fer- 
vcnt  pour  d'iuiref ,  coaune  cn  Alleinagae ,  pour  les  Elec- 
feurs-EcclefiaAiqiies  &  les  autTC»Evci}ues-Pniices;car  ils 
oni  la  plupart  dc  ces  Eveques  Ir.pjniiiu,  qui  font  teuis  pea> 
fioniuircs  ,  &  coaiine  leurs  Vicairet  pour  ks  fonfiioa* 
«pifcopalef.  Oo  les  appclle  Sufragaiu ,  parc«  que  cbez  le> 
Crecs ,  oii  cet  abus  a  commciice ,  les  Arcbeveques  i^foieni 
nercer  leurs  fonSioiis  par  des  Eveques  de  leiB-  pravioce. 
Cc-pendant,  la  rcglc  demeure  conftaiue  qu'il  ne  peut 
tm.  KU.  l.  7  avoir  qu'un  Eveque  daiis  un  diocefe ,  pour  montrcr 
&  mainienir  Tunii^  de  rE^fc.  Sa  graode  ctendue  a 
oblige  de  la  partager  en  pluficurs  troupeaux  ;  mais  cba- 
que  troupeau  n'a  qu'on  chef ,  foumis  au  cbef  de  1'Eglife 
Mniverfelle.  Si  dans  un  diocefe  le  trouventdcuxnanons  de 
diverfes  langues ,  ou  m^e  de  rit  different ,  il  ne  faut  pa» 
pour  cela  y  meiire  deux  Eveques.  Maia  TEveque  Latin  , 


r  II  nt  fjui  pii  confiindre  cei  Suflngin)  ■*«<  let  Evtquct  qni 
Ibni  r^dtcniciii  pDflbtlcjit  d'un  Evjche  ,  &  qu'oit  apptlle  Soffra- 
pi«i  ,  i  Vi^iii  Jc  liui  M  Jiiopoliuin ,  luii  pirce  qu'i:iaiil  dppe- 
Ut  pit  lul  4  fon  Ijaoiit ,  ill  y  ont  droit  <le  (.tlfrigt ,  foit  piice  qu'il» 
Mpiiivilt  ttiicDiirictJ' fliil  fl>n  fuArjRt,  foit  enlin  parce  qu'il» 
foiil  (oiiluliiJi  CDmm*  fei  coadjuteuti ,  &.  qu'Us  Joivcnt  1'iider  d« 
kun  ceiil'«<lf  leirqu'U(  la  bat  ivfiiu.  y»f%,  1«  Glnff,  dc  du  Cuie 
■u  mal  i^Hr^iuttit  * 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.  119 
fMT  exemple  ,  dott  donner  aux  Grecs  un  Vicaire  genml  p^iiTtE  I. 
iiicc ,  pour  eiercer  fur  eux  toutes  le*  fonflions  qui  peu-  CHAr.  xV. 
vt-nt  litre  coraraifes  a  un  Prctre.  Cc  cas  arrivoii  Couvent  .^''"-  ^"j' 
pendant  les  Croifadcs ;  &  on  en  ufe  encore  ainfi  dans  les  gg-^  j^j  g^j^ 
pays  de  frontieres  ,  ou  un  diocefc  s^ctend  k  plufieurs  na-  ncpnri/.La/. 
lions  /  Mti/f''"' 

St  un  Eveque  devlent  Incapable  d'agir ,  par  vielllefli: ,  ]  f,emaff. 
par  mabdie  ou  auiremeni ,  ce  n'e{l  pas  une  raifon  de  le  /•nrt  i .  Hv.  t. 
d^porerimais  il  fautlui  donnertin  Coadjuteur.  Du  com-  '^■'^*  P"''' 
mencefnent ,  ce  n'ccoit  qu'uii  Preire  qui  fervoit  de  Vicaire  ,j_  j_  '^_  ,) 
g^niral  a  rEveque  maladc  ,  &  it  etoit  ordonne  Eveque  ».  t.  »1  Gk- 
pour  lui  liicccder  apres  fa  mort.  A  prefeni ,  afin  qu'il  puifle  «" 'j- .  "'^^''* 
«xcrcer  tnitiie  lct  fonftions  epifcopales ,  on  iui  donne  un  (.'^  ,^  /^  j,\ 
ticre  Infartitut.  Son  pouvoir  dolt  titiira  !a  raort  de  rEve-  i.q.  i.rei!/.i- 
^ue,  Ccc  n'eft  qu'avcc  la  coadjutorcrie  on  lui  ait  donni  l?    "  'f''-- 
raniiraiice  dc  la  tuture  fucceflion.  Autrefois,  le  Metropo-  Ht,„ifyi, 
Jiiain ,  avec  fon  ConCile  ,  donnoit  det  Coadjuicurs :  par  le 
droit  nouveau.U  n'y  a  que  ie  Pape  qui  en  donne  i. 

Rcguliirement  on  ne  donne  poinr  de  fuccefleur  par   7  v- >■ '- (■ 

avance,^  un  Eveque  vivani ;  &  lui-meme  ne  pcutVen     .*"  "  '^' 
I  -     ■      I  1    .  n   1-  priano, 

donner ,  pnncipalemem  qiiand  c  clt  fon  ncveu ,  ou  un  au  ■ 
sre  prochc  pareni.  Le  gouvernemcni  dc  rtglife  ne  doii 
pas  eire  regard^  comme  un  patrimoiuc ,  ni  devcnir  hcr6- 
daiie  dans  les  familles.  Si  touiefois  un  faiut  Eveque  avoit 

/  Dini  lei  aiociUi  qul  i'«teiidcnt  dini  le  relTort  ile  dilTi-reni 
Parlemenl ,  l'Eve>iue  eft  oblig*  d'ivoir  un  OOiciil  foriin  ,  pour  li 
pirtie  de  fon  dioc^le  qui  elt  hori  du  Parlemenl ,  dliii  lei{uel  ell  le 
ficfie  ipircopil.  II  y  I  aulli  en  quclquei  lieiix  dei  Griiidi.  Vicairei 
furjini,  qui  enercciii  eti  mSme-lempi  la  juriUiaion  voloiitaire  U 
li  contenneofc  j  commt  dini  le  grind  viciri'!  dc  Pontoife.  1'Kycx 
^'Hericourt,  Loii  ec.lefiapiq.  lii.dti  Crat^dt.fuuirtiif  0£U.d.  19, 
l  Lei  coiHjuioieiiei  djns  lci  Wnilicei ,  »vec  droit  da  li.iare  luc- 
celBoti  ,  foiit  contrjiiei  1  I'iiiicieniie  difeipUne  de  rEglilc.  Ellei  .^nt 
iii  tali.'i<ei  pour  let  bjr^ficeiqui  ont  ch<r|c  ifjniei  ,  pourvu  que 
Cc  dt  ftat  drult  de  (nccidei.  Suivint  li  ailcipline  dei  Uernieri  Tie. 
clei  ,  etiei  roni  permilci  qulod  ellei  ont  dt  juOei  caufei.  t.e  Con- 
cile  de  Trente  lci  permet  pour  rurgetiie  njcefljti:  ou  uiiliij  dei 
£v£cl>i!i  &  Alihjyci.  Lllei  ne  fonl  tolerie»  en  Fr«ii«c  ,  quc  pour 
Iri  bf  it«tic(t  conliltorii.u.f  ,  luiqueli  le  Aol  nomme  ,  &  non  a  Vi- 
gird  dei  autrei  b^nclicei  ;  leli  que  lei  rrebenJei,  |iiieurii  ,  cuiei 
&  chipellei.  Voyej  VOrdonnante  iv  1615,  arH.  L'Oidonnji).B 
(l'OrU)ni ,  art.  j  ,  en)oinl  lux  Piilati  qui ,  pir  milaJit  ,  ife  ,  6ic. 
«le  pouiruiunl  vaqiier  4  leuri  c^iirgf  ■ ,  de  piendre  b.  dc  lecevuir 
dei  CoadjuteuiiHt  Vicairei.peirunnsgei  dei  quiliici  icqjifei  ,  jjk- 
^li  lefJiu  PtfUti  feieiit  uoui  de  t Jtlltt  peolien  raironnabie. 

p  lij 


a^o  INSTITUTTON 

1'artis  i     '^*'**''^  ""  *")"  dia;ne  ,  fans  qul!  y  parui  d'affeflion  nam^ 

Ch*!-    ^v.    '"«.■Ile  ,  -ni  poiirrcit  y  avoir  egard.  Ainf:  faini  Augullin  ile- 

^"S-  ^F'fi  tiara  (;ii";I  ileliroii  que  le  pretr.;  Herjclius  lui  fuccedit :  le 

'"'"  peu('ie  y  LoniWniit  loltfnncllement ;  &  aprcs  la  mort  de  S. 

E  i(l.6.ad  Aufulii]!,  ies  Evequescoofirm^reni  cette  cleWon.Le  Pdpe 

*"'/■  ZaciMrio  jtcurda  pareillenient  a  S.  Boniface  de  Nbyence, 

lc  (Iroii  ue  lc  ctioifir  un  fucceftiiur.  Dans  les  derniers  lemps» 

le  Pjpe  a  fouveni  accorde  aox  Eveqiiei  Ae%  Coadjuteurs, 

avet  afliirance  de  ia  fucceflion  future  ;  &  on  ne  donne  pUiS 

Stff.  i[.  i.  de  Coicijuteuts  autrement,  Mais  lc  Concile  de  Tronte  de- 

j.  i«  jiiii,      i^nA  d'en  donner  qu2  dc  ires-dignes ,  &  avec  graniie  con- 

noiifance  dc  caufe.  En  France  ,  la  nomination  du  roi  leur 

eft  neceflaire ,  commc  aux  autres  Eveques.  Aulli ,  apres  la 

mori  de  ILveque ,  ils entrent  en  poHeflion , fans nouvelle 

nomination ,  ni  nouvelles  Bulles. 

m  I  «a 

CHAPITRE      XVI. 

Di  'U  Tranflaiion  dts  Evt^uei.  De  la   RenoncUtioa. 
Dt  U  Vacanet  du  Siige. 

_.        _    T    'EvEQUE  doitcire  fixe  &  attache  pour  toujours  a  foB 

part.    i.liv   JL'  E^iili:,  comme  un  epouxa  fon  epoufe  ,  &  un  pere  i 

I.  c.  n  /•- 1.  fa  famille.  La  meme  Itabilite  ell  recommandee  aux  Preires 

Can  \*^a  ^  ^  "*"*  '^*  Clercs.  tn  effei ,  le  gouvernement  des  ames 

,4  n'elt  pas  une  aflion  paffag^re ;  il  demande  un  fotn  &  une  ap- 

fd'[,  Nir.  i(  plication  coniinuelle ,  pour  inftniire  de  fuite  ,  corriger  , 

conduire  a  !a  perfc^ion.  II  faui  du  temps  pour  gagncr  la 

conliance ,  fuivre  les  bounes  oeuvres ,  &  garder  une  con- 

duite  uniforme.  Differens  Pafleurs  ont  differenies  vues  ,  & 

dillercn:cs  meihodes :  c'eft  toujours  ^  recommencer.  Ce- 

pendant ,  dcs  !e  quatrieme  fiecle ,  les  Aricns  &  les  autres 

licretiques  changeoicnr  fouvcnt  d'EgIifcs ,  foit  par  leur  am- 

biiionpirticuli^re,foit  par  le  cr^dit  de  leur  parii,  qut  les 

elevoit  i  des  fie^es  importans, 

Caa.llu.  li-      C'eft  pourquoi  le  Concile  de  Nicee  d^fendit  fes  Tranf- 

'*'(« '   M(  lations  des  tviiques ,  des  Preires  &  des  Diacrcs ;  les  dcclara 

ij,  i^j.         Dullcs ,  &  ordonna  que  le  iransferi  retourncroit  a  fe  pre- 

J"(jj.jiV,  t;  oiiertj  tglifc  .■  &  le  Concile  de  Sardique  ordonna ,  qu'il  fe-« 

%•  «•  witpmidcUwamunoalaiijuet  t))ei»(;a.iam.Qrt,Qoai 


AU  DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.       iji 

femarque que  perronne  ne  pafle  d'une  plus  grande  CgUre  a   piM-rit  L 

une  moindie ;  &  que  ceux  qui  chercSeni  i  changer .  font  Cb  «p.  xVL 

loujouTS  inquieis&  agiies,  &  ne  s^affeRionnent  poinE  au 

lieuoiiilserpirent  de  ne  pasilemeurer.  Ciitte  difcipline  a 

ite  plus  religieufement  oWerveeen  Oicident,  qu'c:iOri;nt  i 

&dansrEgii(eRomaine  nous  ne  voyotis  poini  de  tranfla- 

tion  pendant  <|O0  ar.s.  L=  premier  exemple  eft  celui  du 

Pape  Formore ,  qui  avoit  ete  eveque  de  Porto.  Un  <Je  fes   CMe.  R«w, 

Aiccefleurs  u  cn  prit  le  nretexte  de  le  faire  deterrer  ;  &  un  \°*-  {"^- 

Concile  tenu  incomment  aprcs,  deiendit  que  cette  irant- 

lation  fiit  liree  a  confcquence. 

On  a  loutefois  reconnu  des  caufes  legiiimes  de  tran{1a>     7.  f ,  t.  f. 
oon,  Si  les  hoftilii^s  ont  defole  une  Kg!;fe ,  Ttveque  de-  ■^^'"'* 
pouill^  &  fugiiif  peut   etre   pourvu  d'ime  autre.   Nous 
avons  marqui  que  S.  Grigoire  a  fait  fouvent  de  ces  tranf- 
lations.  Si  rutilit^  evidente  derLglifedemande  qvi'un  Eve- 
que  d'un  grand  merite  foii  lire  d'une  peiite  Eglife  pour 
reaiplir  un  grand  ficge  x  :  comme  quand  Euphrone  fut  Paf.Ep.^iv 
transfere  de  Coloniea  Nicopolis  en  Armenie,  avcc  l'3p-  *''J'-  '■  ""•• 
|>Tobaiion  de  S.  Bafile.  Mais  en  cc  cas ,  TEveque  doit  ^ire  "' ,    ,^ '  „ 
iransf^T^  malgri  lui,  du  moinsfansle  defirer,  par  te  Con-  Cenc    dr. 
cile  de  la  pTOvince,  fuivani  le  droit  ancien  ;  par  lc  Pape,  '*"?■  '*• 
fuivani  ledroit  nouveau.  Souscedernier  pritcxte  d'milii^,  tioneii"  tx 
lcs  ttanflaiions  foni  devemies  friquemes  dans  les  dcrmcrs  f.ili.  Dt-rtt. 
tempf;  enfoneque  depuis  cinq  ou  fix  cenis  ans.ellesfem-     ^°'^  ""^- 
blent  avoir  .oafle  en  droit  commun ,  do  moini  pour  parve-  „j_    "' 
oirauvgrands  fieges,  pourvu  qu'clles  fe  fulT^-nt  parlcP::pe. 

C*eft  eocore  le  Pape  fcul ,  fuivant  le  droit  r 


u  Ce  fut  Eiiennc  VI  qui  fic  d^cetrer  Formore ,  !t  fit  faire  Is  iirocii 
«n  torine  au  tiiljvre  <le  cc  fape ,  ^ue  rari  dipouiilii  di-i  h^ibiu  lj- 
Ctft.  O11  Jui  coupa  ttoii  (luigCi ,  puii  I1  liie  ,  puii  011  U  ):la  <lini  te 
Tib-e.  SeiKiui  lll  i^pruuvj  Ix  p;DiJJurt  Wht  cunln-  U  mrtiiaira 
dc  Fdrmale. 

I  V*ii  Erpen  ,  lom.  IIJ  ,  p.ij  (jo,  remirque  quu  «iie  cKccpiion 
bifciec  pai  Gri:iEn,  nt  it  iiouvr  piii;ii  iljni  lci  ancicm  chik.iii  I| 
«ite  i  cc  lujec  le  l^.  Labbe  ,  qui  re^Jiac  comme  u:ic  ilri  tiufHi  ilJ- 
cctialci  ruppolVet  pji  liijKK  ,  \t  icconde  liplue  de  Vi.i^K  II ,  -qui 
piioli  i(.cuiirer  cei  irjiillji;o.i(. 

U  Xlie.  r<ec!e  ,  lein.ii  au^u.llri  Hd'p.;i  ci>inine..cu-ent  u  >-iFrm:'l<.er 
•n  la  difpa  iiion  dei  hii'.i(ictt  laliei  i|ue  ceuK  <le  lc.r  iliotrie  ,  Ik 
y«iusu:i«temeiii  d^f  uii  le  CoucoriUE  qui  i  tttat  ju  Pape  !■  piovi* 

Piv 


13*  !  N  S  T  I  T  U  T  I  O  5f 

"^Partis  I,  ^^^  P^"^  admettre  la  renonciation  des  £ veques  ^.  Du  temp^ 

Chap.)^vi.  meme  que  les  eledions  etoient  en  vigueur,  on  tenoit  qu'ilr 

C  t.  j^    falloit  une  plus  grande  puilTance  pour  6ter  un  Eveque»  qua 

'^^"•^  *         pour  Ti^tablir :  comme  il  eft  plus  dif&cile  de  difToudre  ua 

mariage,  que  de  le  contrader.  Ainfi  la  renonciation  ou 

ceffion,  la  trandation  &  la  depofition  d*un  Eveque  ,  ont 

^te  mifes  au  nombre  des  caufes  majeures  referv^s  au  Pape. 

Aurrefois  le  Concile  de  la  provkice  en  connoiflbir  comme 

4u  refte. 

THomaff,        Quant  ^  la  renonciation ,  il  eft  vrai  qu*il  n'a  jamais  kxh 

part.   i,  /iV.  permis  i  un  Eveque  de  quitter ,  de  fon  autorite  privee  , 

**  f '  *^*  j.   l'Eglife  oii  le  Saint-Efprit  Ta  etabli ;  ni  par  crainte ,  ni  par 

Scifcitaru     pufillanimite ,  ni.fous  pretexte  de  plus  grande  per&dioiu 

38.  6fc.        Siquelques  Saints  fe  font  retires  en  folitude,  |et)r  exem* 

C.  Nifi  de  ple  np  doit  point  etretire  k  confequence.  Mais&'il  y  a  caufe 

r<tmt»         l(igitime ,  la  renonciarion  peut  etre  permife  par  le  fupi- 

rieur  4.  Les  caufes  font ,  Tincapacit^ «  ibit  par  vieillefle , 

par  maladie,  ou  autrement ,  rirregulariti ,  nonobftant  la* 

quelle  TEvcque  a  ^te  ordonni  ;  l^  peche  oii  il  peuc  etre 

tombe  avec  fcandale  ;  enfin,  la  durete  du  peuple  indocife 

&  incorrigibie.  On  a  doute  fi  le  Pape  pouvoit  renoncer, 

parce  qu*on  pretend  qull  n  a  point  de  fMperieur  qui  puifle 

}uger  des  caufes  de  fa  renonciation,   Celeftin  V  decida 

C  t,  de  re^  ^*^^  ^^  pouvoit ,  &  ceda  efie£^ivement  ^ ;  &  (bn  fuccefleur 

"nunt.  in  6.    Bontface  VIII  confirma  la  decifion.  Quant  a  Ja  depofitioa 

des  Eveques  &  des  Clercs,  il  en  fera  pari^  dan$  b  troifie^ 

me  partie. 

DiflinH.  jo.      Le  fifege  epifcopal  etant  vacant  par  la  mort  de  rEveque, 

^/xGree,  '^!  ^^  autrement  ,doit  etre  rempli  au  plutot.  Toute  rantiquit^ 

Vpifif  }j.     — ., 

i^ondes  Ev^chds  de  FrBnce.  Voye^  ie  aouveau  traie^  de  Diplomad^ 
que  ,  tom,  I.  pa$,   151. 

7  Les  Evlques  ne  font  d^pouiUes  de  leur  Ey^ch^  ,  qu'aprds  qno 
Uur  d^minion  a  ^t^  admife  par  le  Pape  ;  Arrit  du  Conjeil  d*Etat  ^ 
du  9  Avril  1C47  ;  autre  du  29  Avril  16(7.  Voye\  la  Bibliot,  Canotim 
if  Dupeirai  /fur  Vatt.  \%  de  VEditde  i/>9S. 

«^DansIcs  dt^minjons  finiples,  la  rcgale  eil  ouverte  ,  du  jourque  1« 
Roi  a  accept^  la  U^miflion,  par  la  nominacion  d*un  fuccefleur. 

a  Comme   par  1«  M^cropoli^ain  ,  a  l'^gard  dt  l*£veque. 

b  $•!  renoDciacion  efl  du  ii  Decembre  1x94.  Or^goire  Xlf  re-m 
«lon^a  auifi  au  Pontificac  dans  la  quatorzieme  fefllon  du  CoocUe  do 
Conflauce,  teiMie  le  14  Juillet  141  ^.  II  avoit  ^tcd^porii  au  Concil« 
de  Pife  ,  le  %  Juin  1409.  II  y  a  plufieurs  autret  exemples  df  PaPCf 
^i  fe  fonc  demis  voloi}taire;9ci)|. 


AU   DROIT    ECCLeSIASTIQUE.       133 
b  TCgard^  coinme  uM  grand  miil ,  que  rEglifa  demeurat   p,^^,^  ^ ' 
lonpun-ps  vcuve ; & on avoit  preftrit  trois  mois,  comme  Crap.  xvi, 
le  pius  lonj;  lertne.  Le  concile  de  Lairan  a  donn^  ce  lerme   ^'^-  '°o.  a 
pour  l'eloaion  ,  &   autanr  pour  la  confirmation.  Par  ^^  c.Ntprodt. 
Concordat  .  lu  Roi  doii  nommer  dans  lesfix  mois  e.  LiftH.  41.   de 
negligence  des  Elefteurs  on  des  Metropolitains,  a  eie  la  «'«^- 
premi^re  caufe  de  faire  venir  a  Rome  pour  la  provifion  dc» 
Eveches.  II  eH  toutefois  diDicile  ijue  le  fiege  ne  demeure 
quelque  temps  vacam  ;  il  faui  cependani  que  TEglifi:  foK 
gouvernee ,  &  quc  les  rcvcnus  dc  la  meofe  tpifcopale  foient 
confcrves. 

Suivaot  l'ancienne  regle ,  le  Clerfc  de  TEglife  vacante  ^^  ^  ,„_ 
gouveriHMt  </.  LesIciiresdeS. Cyprien,&celles  duClergi  £py?.  %.  ty. 
de  Rome,  timoignent  le  foin  qu'ils  prenoient  de  rEglife,  >'• 
aprii  le  martyre  du  Pape  S.  Fabien.  Dans  les  provinces ,  le      Ceiu.   ia 
JVIeiropoliiain  avoii  Tinfpeftion  fur  le  Clerge  de  rcglife  T-aljo.t.ii, 
vacantc  ,  de  laquelle  il  prenoit  un  foin  plus  particulier.  II    """'  **  * 
commettoiiun  Eveque  voifin  ,  en  qualitedcVifitcur  ,  pour    Cent.  Rt$, 
prendre  foindesfuneraillesiicrEvequcdcfunt.&faire  in-  '"■*i9-*- 
ventaire  des  biens  de  rEgllfe  vacanie  dans  les  fept  jours. 
HiUis  on  ne  reoiplilToit  aucune  place  de  Clercs ,  s'it  y  en 
avoit  de  vacame.Onregardoiicomme  le  premicr  bcfoin  , 
dc  donner  un  chcf  a  r^glife.  Dans  !es  derniers  temps ,  le 
Chapitre  dc  la  Caihedrale  s'etani  aitire  totit  le  droit  de  Te- 
ledion  ,  $'aitira  aulTi  k  gouvernement  pendant  !a  vacance  ; 
&  cc  droit  fubrille  cncore.  IMais  une  communaute  toute  cn-     Ctut.  TrU. 
liirc  ne  peut  gouvcrner  par  dle-meme  :  lcs  paniculiers  ne  ^^'  **•'*  '"■ 


d  L'opiiiion  commune  eft  ,  qii';vgnt  le  dauziinie  Ridc ,  lei  Chi- 
|ilirei  dei  Caih^ilrilei  n«  gouveinoifnc  poiiii  feuli  le  Jiocefe  pen- 
tiinl  U  vtance  ,  Si  que  celi  n'ell  iiiiivt  que  dtpuiiqu'iii  h  furent 
len.lu)  itijitrei  dei  f 'e£tiDiii  dei  Erjque)  ,  txclulivernent  aux  «ulret 
r>rlie>  dii  C\etfii.  Toui  le  Clerge  ilo  iiocih ,  H.  linguliiieoicnt 
celui  de  U  ville  i-pifcopale ,  avoii  pari  au  gauverricmeui.  En  Funce 
&  ilinilei  Eslirt.-t  voirines ,  Ii  .Ullip:iiie  U  plui  ordiniirc  penJint 
]>Iulicuri  fi^cles,  cioit  <]ue  le  .Mftrupolitain  commettoit  rEviiuc 
le  plu>  vollin.  Danl  les  deiniiii  n^clci,  let  Papei  onl  voulu  iiom- 
jner  ilet  AJminillrateuri  iuh  EvtchJi  vacant,  cniitormvment  j  una 
d^cilian  du  bioil  CanoniT-e;  niaii  cetlu  dircipline  n'*  point  iii 
iti,!.t  .Unt  es  Ro^auise.  I'i>^<I  lei  Memoirti  d»  Otrgi ,    lani.  Ui 


«34  IMSTITUTIOW 

pMnvLL  ^'^^'^^^  ^  V^  ^zdrtSer ,  &  Tua  potirro.c  dt^ truire  ce  qoe 

CHuf;  XVL  rautre  ferotr :  zitdi  le  Cbapttre  doii:  com.nencer  par  etablir 

lians  les  buit  jcurs  un  ou  piufkurs  Vicaires  generairc « pcur 

exercer  la  juridi^lon  ▼olontaire  ;  &  pour  La  conrentieuie  » 

un  CMIcial.  Car  ceux  que  FEveque  avoit  etabiis ,  denieurent 

deilicues  de  plein  droii  par  (a  mort ,  n*ayant  qae  de  limples 

commifljons.  Le  Chapitre  a  ,  pendaru  la  vacance  €  ,  touc 

le  pouvoir  de  i'Eveque ,  pour  ies  a&ires  ordinaires  ,  parti* 

C,  Ula  it'  culierement  celles  qui  ptriroiem  par  le  retardement.Quant 

^acanu         ^  ^^  collation  des  benefices ,  ii  peut  inftiruer  ceux  qui  foac 

C.  mn,  eod.  prefenres  par  les  parrons ,  ou  confirmer  ceux  qui  fonr  elus; 

^*  ^'  mais  i!  ne  peur  donner  b  pleine  coUation ,  fi  ce  n^eft  pour 

des  benefices ,  donr  la  coUarion  lui  eft  commune  avec  i'£* 

v^que;  car  alors  eile  revienr  entiere  au Cbapirre,  par  droit 

C^me.  Trid.  d^accroiiTemenr  f.  Le  Chapirre  ne  peut  donner  des  oimit 

/#/•  7-  *•  »o.  fotres  pour  reccvoir  les  Ordres ,  finon  en  deux  cas.  Si  celut 

qui  demande  le  dimifibire  eft  prefle  de  recevoir  TOrdre  » 

i  caufe  du  benefice  donr  il  eft  pourvu ,  comme  une  Cure  » 

qui  Tobiigc  a  ecre  Prerre  dans  Tan.  Si  ia  vacance  dure  pluft 

d^unc  annee ,  ie  Chapirre  peur  donner  des  dimifloires  » 

€ap.  mn.  de  meme  a  ceux  qui  ne  fonr  pas  prefles.  £n  ce  meme  cas ,  de 

major  ,  6ri.  longuc  vacance ,  il  peur  commetrre  des  Vicaires  ou  Vifi- 

teurs  aux  binefices  vacans.  A  Tegard  des  cenfures  ecclefiaf* 

tiques ,  lc  Chapitre  en  peur  abfoudre  pendant  la  vacance  du 

fiegc  epifcopal ;  ii  peur  aufli  donner  ies  difpenfes  que  doa- 

neroir  i'£veque. 

it.  «.  t.  de      ^oxxv  le  remporel ,  il  eroir  defendu  par  rous  lescanons  » 

€karitaf  4$.  de  ricn  enlever  ou  difliper  des  meubles  de  TEveque  defunr , 

4rr.  ii^.  I.  ou  de  rEeiife  ;  rour  devoit  etre  riferve  au  fuccefleur.  A 


f  Le  Chapitre  ne  peut  nommer  de  Grands-Vicaircf  pour  le  g«ti« 
rernemcnt  ilu  diocire,  fou$  prctexte  quc  i*Evdque  f<  fes  Grauds-» 
Vicaircs  font  .ibrtns.  Arr6t  du  ParUment  du  i8  Novembre  i6so  , 
eO'itr<  le  Chipittt  dt  Htims. 

f  LcJ  l*apci  ,  par  une  regle  de  Cliancellerie ,  fc  font  rdferves  1« 
Coliitiiou  (le\  bOiufices  qni  tont  i  la  coliation  dc  rEvdque  ,  pendiut 
^ue  If  ftcite  ert  vac4nt  •,  mais  ceite  relerve  n'ell  pa$  aJmife  pdrmi 
nous.  Lc  Kol ,  cn  vcriu  de  fon  droit  de  rcjjale  ,  confere  tous  lcf 
Nn^lke»  noncuic*  ,  quc  l*KvOque  auroit  conftrcs.  A  Tegard  dct 
b^u^fivc^  curc^ ,  ia  coiUUon  eti  appariient  au  Chapitre. 

l>n  U«nt  ti\\\\\  vii.ntnunctitent ,  quelc  Chapitre  peut  admettre  le» 
p«»«tt\ufi«»l«»«n  »  p«tivo  qv4C  ve  lont  lcs  colUttons  forcees.  Lcs  Cliapi* 
lift  4«!  l^|iUr«l  CiiNiuUide  Fuiicti  foutdins  cct  ufa|^e« 


-.1 


^  'C 


AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      13^ 


prefent  les  meubles  font  toujours  de  la  fuccefTion  de  TEve-    PARTiifi 

que  g  :  mais  quant  aux  revenus  de  1a  menfe ,  le  Chapitre  Chaf.  XVI. 

doit  etabMr  un  ou  plufieurs  Lconomes ,  cjui  cn  rendront  ^alced  r  *al 

compte  a  lEveque  futur  ;  comme  aufli  les  Vicaires  gene-    Come.  TritL 

raux  ,  &  fous  ceux  qui  auront  adminiftre  pendant  la  va- /flF  »4- *•  ^^ 

cance  ,  feront  tenus  de  iui  rendre  compte.  En  France  ,  les 

Chapitres  font  decharges  de  ce  foin  du  temporel :  c*eft  le  Roi 

qui  etabiit  les  Economes ,  en  vertu  du  droit  de  Regale  ,par 

lequel  ii  peut  prendre  le  fruit  des  evcches  vacans,  comme 

il  fera  cxpiique  dans  \zfeconde  partU,  En  gineral ,  pendant  ^*^  «•' 

h  vacance  du  fiege  ,  on  nc  peut  faire  aucun  changement 

dans  rEtlife ,  aucune  alienation  du  temporel ,  aucune  erec-  ^-  *•  "^*  A* 

tion ,  fuppreflion  ou  union  de  benefice  ;  en  un  mot ,  rien 

qui  puiiFe  poner  pr^judice  i  TEveque  fiitur.  Voila  ce  qu*il 

7  avoit  a  dire  de  Tepifcopat. 


g  Louis  VII,  partant  pour  la  TerrcSalnte,  aholic  la  coutiinM 
^u'avoienc  fes  Offlciers,  d'jiler  piller  la  maifon  de  TEv^que  d^c^d^  , 
&  d*en  emporter  les  meubles.  Depuit  ce  tempt  let  Papes  pr^ten- 
iloienc  que  la  d^pouille  des  Evdques  leur  appartenoic.  M^it  Charlcf 
VI ,  en  i)8s ,  ordonna  qu'elle  piileroic  aux  heritiers,  de  m6me  que 
lcs  biens  patiimoniaux. 

La  coucume  de  Parjs  ,  art,  }^6  ,  porte  que  les  pirens  9c  Ugn^ 
gers  dcs  Eveque»  &  autres  gen»  d^Lglife  f^culiers ,  leur  fucciJcot. 
i«a  pluparc  des  auCres  coutumes  contiennent  une  remblable  difpofi* 
tion  , «  ne  font  polnc  d^exception  pour  les  meubles. 

£n  effec,  par  arr^t  du  Conleil  du  9  Fevrier  17S1,  il  fut  ordonn^ 
au  Syndtc  du  Chapitre  de  Lodeve,  de  remettrc  dtnt  le  palais  ^pif- 
copaJ  les  habits  pontificaux ,  croHe ,  mitre,  bague  8c  croix  pedorale, 
fionobllanc  un  prccendu  ufage  contraire. 

II  cft  cepenJanc d^ufage  i  Paris,que  le  !tc de TArchev^que  d^c^d4 
apparcienci  rilotel-Dieu,  de  m^me  que  celui  des  Chanoines  qui 
dcceJent  ,  ce  qv)i  vient  de  cc  que  Muurice  de  S;i!ly  ayjnc  l^gti^  fon 
iir  4  rH6rc!-Dieu,  des  Chanoines  rimitetent  :  &  depuis  ii68ceU 
9  ecd  obfervc.  11  y  a  arret  du  Parlement  de  i^ftA,  qui  ordonne  aux 
cr^jnciers  de  feu  M.  de  Goudy ,.£veque  de  Paris,  dc  livier  foa  lit 
^rUwielDicu. 


♦ 


"\ 


«3«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


CHAPITRE    XVII. 

Det  Ckaaoints    b. 

AU  cominenceincnt ,  il  n'y  avoit  poiai  d'autres  ofHces 
eccleCailitfues ,  qi:e  les  Ordres  i.  Un  Pr^tre  n'eioii 
(|ue  Precre ,  tin  Diacre  n'etoit  que  Di,acre :  ainfi  du  reOe. 
Seulement,  pour  conferver  ruaiie ,  chaque  Ordre  recon- 
noifToit  un  chef.  11  y  avoit  un  preaiier  Pretre ,  qui  etoit  d'or' 
dinaire  leplus  ancien  d'ordina[ion,  que  Ton  appeiadepuis 
Arckipiiire.  \\  y  avoil  un  AnJudiaen  eiabli  fur  tous  les  Dia- 
cres,  &  fur  tout  leclergeinf^rieur ,  par  le  choix  de  TEveque. 
Thomajf.i.  Enfin.quand  lesmoindresCltrcs  furenten  plusgrandnom- 
Jj  '"''■'  '  bre,il  yeutaulTiunPfiniic/iK  AouP^imioV/-,  pcur  lcs  gou- 
verner:  c'^ioitau  plusunSous-^liacre.  Ilell  rouven[nomni& 
Primieier  det  Notairts ,  parce  que  la  fonflion  la  plus  confi- 
d^rable  des  Clercs  inferieurs ,  etoit  d'dire  les  fecreiaires  & 
Ctf»  Emerif.  Ics  ecrivains  de  TEveque  &  de  fEgiife  l.  Ces  trois  chefs  fe 
'■  '"'  rapportoient  immediatement  ik  rEveque,  qui  gouvemoit 

par  eux  toui  fon  Clergi. 

Une  partie  du  Clerge  etoit  toujours  aupres  de  l'Eveque  ; 
potir  alTiller  aux  pri^res  At  a  toutes  les  foiidions  publiques. 
J.'Eveque  confuttoic  les  Pretres  fur  toutes  les  af&ires  de 
rtglife^&pour  rex^cudon  ,  ilfefervoitdesDiacres  Stdes 
Miniflres inf^rieurs.  Le  reAe  du  Clergi  ^toit  difVribue  dans 
ks  titres  de  la  ville  &  de  la  campagne ,  &  ne  fe  raffembloit 

ALflnoin  de  Chiiioine  vient  du  UtiDCdNan,  qui  rigniEe  rjgfc,  & 
dfrigne  un  Eccl^Gallique  qui  vit  fcion  une  regle  paiiiculicre  qu'it  ■ 

I  II  11'/  avoit  paint  de  NnfHce^  antrei  que  1»  ^vf ciiji  &  Ict 
curel,  juri]u'au  commeiicement  du  rnieme  fiecle  ,  mais  il  y  avoit  d» 
uincM  ecclWaftiquei.  Quel<iues  Priirei,  autrei  qiie  Itt  EvCquei  , 
^cuioit  cliaigfi  de  1>  coiiiluite  dcs  titiei  ou  Eglifei  inHrieuiei  auii 
tnUrc»  tJntliWralei. 

t  ^.w  qiielquei  eiulroiti  ,  on  l'ippell«  Princier,  ^uafi  primui  >'■ 
ti.-.i.  11  y  ■¥»■(  iin  Priiiciei  i  Toul  &  un  ii  Verdun  ;  &  il  y  en  a  ea- 
i.uc  un  dani  l'FgllIe  cathfilrale  de  Mett.  On  illiite  «ufG  qii'il  y  ta 
a  j  Mi'.aii  &  1  VeBiie.   rvyei  rHifl.  dt  Vtriitn  ,  pag.  k   &  xiV. 

I  l.\'iuploi  ,l'i;crivain  aoil  d'autant  plui  mJcenaire  ,  que  l'lmpri> 
nioi<«  iiViaiitpaieiicoTecoiiiiucilfjlloitun  eraiid  nombre  de  per. 
M'iiiL<..  ]'«i.r  ci>i>icrl«i  livKt  douc  ou  avoit  bcfoin ,  pout  lc  forvic* 
J.t  i'l:.Blite. 


AU    DHOIT   ECCLfiSlASTIQUE.       137 

i(u'en  cenaines  occafions ,  d'ou  font  venus  Ut  Synadts  m.  ^^T^ 
De  ccire  premiere  pariie  du  Clerg^  ,  font  venus  Iti  Cha-  chap.xviB. 
mincs  des  CaitKdrales.  11  edvrai  ([ueducoDiinencementon    Tkamaff.t. 
nommoii  CUrcs  canonlquts ,  tous  ceux  qui  vivoient  felon  le$  ''"■  *'  j*  ^ 
canons ,  fous  la  conduite  de  leur  Eveque.  &  qui  etoieni  Tur  ,,  r.  ,1. 
Je  canon  ou  la  matricule  de  TEglife ,  pour  etre  enireteDiu  C»f-Clarom^ 
k  fes  depens ,  foic  qu'ils ferviflent  dans  rEglife  matrice ,  on  ^^'J^  ^|„^ 
(lanslesautrestitres.  Depuis,le  notnde  Caaoni^att  ouCbf  iii.i:,  n. 
RouMi ,  fut  particulicrement  applique  auz  Qercs  qui  vi- 
voieni  en  commun  avec  leur  Eveque  n. 

£n  eflet ,  lorltgue  TEglifc  fut  en  libene  apres  les  perf^- 
cutions ,  plufieurs  faints  £v4ques  embrailerent  la  vie  com- 
Hiune  •  avec  leur  clerge :  comme  S.  Eufebe  de  Verceil  &  S.     ^"i'-  «F* 
Augufiin ,  doni  Teiemple  ell  le  plus  fameux.  II  ^ifoit  vi-     'pgKj,  4, 
vre  fes  Clercc  dans  une  parfaite  pauvrete ,  &  ne  foufiroit  vit.  AȤ.  t. 


m  Lefynadeiei^E^ijut^af^U aneimnemtitt prtiiy ttrium ,tlt 
rilleml>lee  de  tout  le  Clcig^  iccuUer  &  riigulier  de  (oa  diucera. 

Le  CoDctle  i'Orlitns  ,  Cnn.  17,  &  celui  Je  Venion  ,Caa.  S.or^ 
donnent  Iii  convocatiaii  ilei  fynodei  loui  let  ini  ;  U.  que  lout  l«k 
Pritrei  du  ilio»!* ,  meir.c  lei  Abbi!l  ,  reroiit  tenui  d'y  allifter.  Le 
Coacilc  de  Trente  ,fe^,  14  ,  Cap.  a  ,  de  Rtfarm.  ordanne  luffi  U 
lenue  du  fynode  dlocefain  roui  lci  ant ,  luquel  doivcnt  iXdtt  les 
■Kenpci  qui  ne  (bni  paini  foumii  i  dei  chapi«iei  gjneriux ,  &  tou* 
«■us  fani  esceptiou  qui  liiDt  chirgei  du  gonTerocineDC  dc  VEf)iSk 
piroiOUIe ,  ou  aniiei  fucuUiiet ,  m£me  aunexei. 

n  On  lenr  donna  le  fumom  de  canonici  ,  parce  <in'ili  fiiroIeaE   - 
prolelGon  ite  fuivre  lei  Ciiioni  plui  piiticuUiremeut  que  lei  aucrel 
Cleici  r^pindui  dini  lei  tittei  ou  Eglifci  de  la  ville  Sc  de  li  cim- 
f  jgiie  ,  &,  que  lei  Clcrci  ou  Chanoinai  de  Ucachedcale  furent  allii- 
jetcii  a  une  rigle  ou  difcipMne  particuUire. 

o  Lei  premien  Chciitieiii  avoienl  deji  pialiquj  li  vie  commuac  ; 
■nlii  queliiuei-uni  prccepdenl,  Ec  evec  Ibndemenc  ,  que  cetce  com^ 
mnniut^  ne  T^ndic  pai  au-deti  dei  muri  de  Jcruiilem  ,  &  qu'ellc 
4ell'icauc-i-raitdciqueIenambredeiiideUeiltitiflngrindpouiren- 
ilre  rufageilc  eeCle  viecommune  diflicile.  Miii  let  fidellci  JonnoienE 
louiourmne  partie  de  leunbiend  la  bourfecommune,del1in<epour 
U  fubfillanc^  dct  Miniltrei  de  TEglife  b  dei  paDvrei.  Lei  Moiuet 
obfervoicnc  wlli  la  vit  commune  ,  depuii  qu'ili  avoienc  iti  ralkm- 
Uci  dini  lei  Monaniret ,  par  Ciint  Anmine  ,  fnnt  Hicame  Sc  lu- 
irei.  .Maii  1j  vic  commune  dei  Chanoinct  ne  fucinltitu^e  en  Occf- 
dent  que  par  fjini  EuQbe,  Evtque  de  VcrceU,  lequel  «n  )i4)oignjc 
la  vie  moniltique  a  li  cldricale  ,  dii»  fi  perfonne  St  danl  ceUe  de 
tan  Cterte.  Sainc  Augultin ,  qui  ful  faic  Evjqiie  d'H/ppoi]«  en  t9( , 
vivoit  aulTi  en  commkiniutL'  avec  fct  Cterci.  11  fonda  dini  le  poui^ 
piii  de  fon  Eglite  une  Communautt!  de  fjimet  Filtci  ,  qui  jioienc 
gouvemtei  pir  fi  fxur ,  E(  qu«  l'oa  te|acde  coinine  let  premiirM 


140  I  N  S  T  I  T  U  t  I  O  N 

^  Reguliers ,  ils  ont  obtdciu  des  Papes  ,  &  meme  dc$  EvS^ 

Chap.xVU*  <iues,  plufieurs  priviieges ,  qulls  ont  eu  grand  foin  defaird 
con^rmer  ou  augflieater  a  chaque  ekdion  qu*ils  faifoient^ 
La  plupart  ont  juridiflion  y ,  non-feulement  fur  leur  corps  , 
mais  fur  quelque  partie  notable  du  diocefe  ,  &  font  exempt» 
de  la  jurididion  de  TEveque ,  ne  reconnoiflant  pour  fupe- 
jrieur ,  au-deiTus  de  leur  Doyen «  que  le  Metropolitain  ow 
le  Pape.  Ce  qui  fait  que  les  £v£que»  n'ont  plus  d*autorite 
fur  la  partic  de  leur  Clerge  ,  qiu  feule  eft  en  poffeffioiiK 
d^exercer  les  droits  de  toutle  corps  ,  &  que  fouventon 
leur  difoute  la  liberte  d^officier  dans  leur  Cathidrale. 

Les  Prevots  onc  ete  abolis  en  la  plupart  des  Chapitres  ^ 
parce  qu^ayant  radminiftration  du  temporel  {  ,  ils  etoieot 
trop  puifians»  &  fouvent  faifoient  foufirir  les  Chanoines» 
On  s*eft  mieux  accommode  des  Doytns ,  qui  ne  fe  meloienc 
que  du  fpirltuel ;  &  on  les  a  tous  reunis  en  un  ,  qui  s*eft. 
ainfi  trouve  le  chSf  en  la  plupart  des  Chapitres.  Comme  les 


&  ron  nten  voit  point  d*esemples  avant  \t  Aoxxtt  ovt  le  trnzitoe 
ilecle.  Ce  n'^toit  d*abord  que  des  protedious  temporeUes  contre 
rexa&ion  des  EvSques  &  de  leurs  ofHciers ,  qui  fousdivers  pr^textes 
fliultiplioient  les  droJis  qu*ils  pr^teiidoient  leur  ^tre  dils  pai*  les  cha^ 
pitres.  Les  exemptions  accord^es  i  \\n  grand  nombre  de  Mouaftere» 
£rent  ambicionner  aux  Chanoines  de  s*affranchir  de  la  vifite  de  leua 
EvSque.  Lc  re)our  des  Papes  a  Avignon  ,  Sc  les  frequens  rchifmes  , 
leur  fournirent  roccafion  de  fe  faire  accordcr  d*autres  exempcioot 
tfncore  phis  ^tendues  ;  &  Tabus  fut  port^  fi  loin' ,  que  le  Concile  de 
Conftance  fut  obligd  de  les  r^voquer  toutes.  Voyc^  les  Mimoira  dtt 
Ciergi ,  tom.  IV  ,  pa^.  486  &  987. 

Cependant ,  plufieurs  de  ces  exemptions  fubfiftent.  Mais  le  Con-« 
^ie  de  Trente  ^ftjf.  6.  chaft,  4'.  de  Reform,  ordonne  que  les  Chapi- 
tres  des  Eglifes  cath^dralcs  8c  autres  Eglifes  majeures ,  &  leurs  per« 
fonues  ,  ne  pourront  empecher  les  Ev^ques  &  autres  Pr^lats  fupc^ 
rleurs ,  ou  feuls  ou  avec  telt  adjoints  qu'il  ^eur  ptaira  choiftr ,  Sc 
ifidme  eo  vertu  de  Tautoritd  apoftolique,  d<^  les  vititer  8c  corriger^ 
donobftant  toute  exception ,  defenfo  ,  appellation  ou  plainte  inter-' 
jetce  ,  mfime  devant  le  fidge  apoftolique. 

y  Outre  la  Juridiftion  fpirituelle  &  Eccl^fiaftiqxieqncpIufiem-sCha'' 
pitres  ont ,  &  qu'on  appelle  Officialit^  du  Cfaapitre  ,  la  plupart  onC 
aufri  dans  leur  doitre  une  Juflice  temporelle  qu'en  q^?^'.ques  endroits  on 
appellc  la  barre  du  Chapitre  ,  comme  i  Paris  :  en  d'3Utrek  la  tempo-* 
ralitd ;  en  Bretagne,  ces  Juftices  temporelles  des  EcddiaAiques  s'ap«- 
petlenf  Regains. 

l  Oans  plulieors  Cath^dralcs  il  y  aroif »  pour  radminidrVtion  dti 
temporel  de«  Marguttliers  Lais ,  comme  dans  rEglife  dc  Paris  ;  mais^ 
ccs  Marguilliers  n*ont  plus  de  fonAions  a  Notre-Damc ,  c'e(l  un  dea- 
Chanoines  qui  a  le  tltrede  Cbambrier^  q^i  cft  charg^  du  foin  des  afiaircs* 
€9mmunea« 

(rlncipaus 


AU  DROIT    ECCLfeSlASTIQUE.       S4T 
(trincipaux  OfEdcrs  de  chaque  Egltfe  4t(«ent  itticbis  i  Ii  '■  ■ 

Caih^drale  ,  aufli  bien  que  lcs  Chanoines ,  on  lei  a  confcm-  CMAr.XVlfi 
dus  avec  les  ofKciers  paniculiers  du  Chapitre :  &  on  a  dit , 
par  eiemple  ,  le  Doyen  de  rKghfe  de  Paris ,  comme  FAr- 
chidiacTe.  D'ail1eurs  on  a  regarde  cotnme  dignii^  du  Cha- 
jAire  ,  TArchidiacre ,  rArchlpreire  ,  le  Chancelier  a ,  Sc 
ksautres  OlGciers  de  TEglife. 

A  Texemple  di^s  Caihidrales ,  les  Chapitres  des  Colligia- 
les  ont  aulfi  cominue  de  faire  corps ,  apr^s  avoir  quitie  Ii 
vie  commune  .*  &  dcpuis  Tan  1000 ,  on  en  a  fondi  plu- 
fieurs  nonvelles ,  entre  autres  dans  les  chapelles  des  Roia 
&  des  Princes ,  pout  prier  devant  les  faintes  rehques.  On  a 
mis  auffi  des  Chanoincs  en  plufieurs  monaH^res,  ^as  ron 
a  f^larifis  b  ,  parce  que  robfervance  y  avoit  ceiT^.  La    cone  Trid 
fon^on  dcs  Chanoines  ed  r^duite  i  la  c^l^braiion  du  (er-fiff.  1».  Ju/. 
vice  divin ,  k  toutes  les  heures ;  mais  s'ils  ne  font  au  moins  ''  ^- 
Sou»-diacres ,  ils  n'ont  point  part  aux  collations  dcs  Mni-  amidttitm.^ 
fices,  &n'ontvotxniaAivenipadivedaiisIes  deiibirations  qiuU.frtif, 
capiiulaires. 

On  a  jug^ ,  dans  les  derniers  temps ,  tiu'il  ^toit  bon  d'ex- 
citerceuxquifont  engages,  par  desben^fices  ,  aufervice 
de  TEglife  ,  <t  fe  meitre  en  iiat  de  la  fervir  utilement. 

EMf  '        I  wa 

CHAPITRE      XVIII. 

Dei  Curis.  Dti  Corivtqutt.  Des  Arckipritns. 

D&s  les  premiers  fiecles ,  il  y  eut  des  Preires  que  ron  Thomaff.tl 
diflribua  dans  les  litres ,  c'eft-a-dire  dans  les  lieux  P^^-  '■*■   «• 
d'oraifon  ,  oii  rEvfique  alloit  tour  a  tour  lenir  raAembl^  *■■  "•  *'■  *'* 


aWittt  linljnonnij  At  ce  qu'ancicnncmenlc'/(ait  lui  qui  iVoilU 
fiTdi  ilu  fcdu  d*  rEglirc,  t*.  qui  (cclloillei  Lciiict.  It  7  •  danl 
PEclihdt  Piiii  uD  Cbinctlitr  qui  prcnd  lc  iltre  <Jc  Cht»«titr  dt  rE^lifi 
4t  Ftrii  fr  di  rVihirfiti.  II  donnc  rculli  b«n<diaton  <)>  liccn^e  d.nl 
ki  FacuMt  de  Th^ologic  Sc  dc  Midccinc.  Lc  Chincclicr  de  rAbbifa 
J*  fiiotc  G«neviivc  ,  qui  picnd  auni  le  litre  de  ChwKtlitr  di  CUiunr' 
Mti,  doDM  concutremnicnt  ivcc  tui  U  bjnMiAion  de  licence  dani  ll 
ri«ulti  dct  Ailt ,   chacun  dini  lei  Co1l4^el  qui  fant  dint  fon  putice. 

h  C*  ttimt  fitwlarifi  nt  fignific  pit  en  ccllc  occifion  <]U(  lc(  Mo- 
Mfttt«l  (ieai  M  lefliiuti  au  fiecle ,  8f  toicni  redcTtnu*  Att  bitn* 
profuict  a  nib  fculcmcnt  quc  ccs  Monanetci ,  dc  Miifoni  r^iulitf** 
^u"!!)  ^olcot ,  (oBt  dettaui  finplviiMDi  EcdiGifUquti. 
JmmU,  (i 


t4»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

'pARTiB  I    ^'  fidelles.  lls  avoient  foin  du  peuple  de  lout  un  quartier  J 

Ch.  XVIII.  pour  obferver  leurs  mccurs ,  &  avertir  rEvetjoe  de  leur» 
befoins  fpiriiuels.  Ils  pouvoient  donner  le  bapieme  ou  la  pe- 
jiitence  a  ceux  qui  etoieni  en  peril.  Cette  diftribution  fut  ne- 
ceflaire  dans  les  grandes  villes  ,  comme  a  Rome  c  ,&  k 
Alexandrie  ,  oii  des  le  commencemeni  du  quatri^me  fiecle 
nous  voyons  plufieurs  Fglifes ,  &  en  chacune  un  Pr^tre 
£pipk.  h»'  charge  d'inftruire  le  peuple.  0'a  commen^  peu  de  temps 

JjJJ^_  '■  *  aprfe  k  baiir  des  oratoires  k  la  campagne  d ,  pour  la  com- 
modite  des  payfans  ^loign^s  de  la  ville ,  &  on  meitoit  des 
PrStrcsices  oratoires.  Tel  futle  commencemcnides  Curtt 
ou  Paroijfts.  Dans  les  peiites  villes  e ,  ia  Caih^drale  fuffi- 
foit ;  d'ou  vient  qu'il  y  a  encore  des  ParoilTes  en  plu&eurs 
Cathediales. 

On  ne  donnoit  poim  d'auirenom4cesPrltre$,  quede 
Prctrt  d'an  itl  titrc.  Depuison  les  nomma  Cardinaux ,  pout 
les  diAinguer  de  ceux  qui  ii'etoient  poim  aitach^  aux  ^U- 
fesqu'ilsfervoieni,  &queI'Eveque  y  envoyoit  feuleraent 
i  certaim  jours  ,  OU  qu'il  n'y  metroit  que  pour  UQ  temps. 
Ce  nom  de  Cardinattx  marquoit  qu'ils  etoiem  actaches  pour 
toujours  a  leur  titre/,  comme  une  porte  eA  engagie  dans 
fes  gonds.  On  nommoit  aulll  quelquefois  Cardinaux  ,  les 
Eveques  tttulaires ,  pour  les  diftinguer  des  Ev^ques  viG- 
g};a  .,,  ^,  teurs  ou  commendataires ,  qut  ne  gouvernoiem  une  Egtife 

frattniit.  I.  que  pour  un  temps.  Et  comme  il  y  avoit  des  Diacres  dif- 
«tCr^.  (. 

t  S.  Evaiille,  (ti\hmK  Papc,  AWih  Sc  pirtigca  lui  Prlmi  lei 
tiires  dei  Eglir«  it  Ii  Tille  de  Rome.  Le  pipe  S.  Denyi  imit ,  en 
376 ,  (atil  i  Kome  qu'ailleuri ,  lei  Templei ,  lei  Cimelitrci ,  PtroilTei 
b.  Diociiti ,  CDmmiadint  que  chacun  (c  cinl  conlent  dini  fon  finage. 
Lc  Pipe  Mircel  inniiua  i  Rome  vingt-cinq  litiei,  qui  font  comma 
*uttnc  de  PiioilTei.  Bironiui  remaique  que  dci  le  teoips  du  pape 
Corneille  ,  il  y  ivoil  it])i  quarante-iix  ParaifTet  a  Rome  ;  lei  Egliics 
de  [«  cimpagne  n'^ioieni  qaalifijei  que  de  ChapitU$. 

d  Cet  Oriiairei  ou  Chapellei,  appel^ei  dipuii  Curii  ou  Paroifftt  . 

t  A  Pariimtmeily  avoit  une  ParnilTe  annex^t  )a  Cathfdrale  fout 
1«  liite  de  S.  lein-le-Rond ,  qui  1  ili  tttnifirit  i  S.  Derys-du-Pa».  11 
y  ■  auiri  une  Piroilfe  innci^e  a  la  Calh^drale  de  LyoD ,  qui  cft  deffcrrie 
pir  deiix  CuRodei. 

/  Le  nom  de  Cardiaau*  vicnl  dc  ce  que  leati  tilrei  mime  ou  Eglirci 
^loieni  appel  ji  Ciin/ii»/u,  c'efl'i-dire  Eelifet  piincipalei ,  pour  !•■ 
dininguer  dei  Diaconiei  ou  Hopitaux ,  £  des  timplcs  OTitoitcs.  L* 
PfCUe  <l'iine  Eglife  Cirdinalc  fuc  appeW  Priin  Cardinal ,  pour  le 
diltinpDcr det  luUMpiCtiw.  yojt\l»<itoffairtitia  Cinge,  lu  ntt 
Cardmatitt 


AV  DROIT   ECCLfeSIASTlQUE.       uj 

trlbu^s  dans  les  titres  ou  les  oratoires ,  qui  ne  meritoient   p^         ^ 
pas  doccuper  un  Pretre ;  on les  nommoit aufli  Diaertt  Car-    ch.  xVllI. 
Jinjaxf;.  Cetie  miniere  de  parler  etoit  ordinaire  du  temps  ^plfl-  *«•_ 
de  S.  Gregolre ,  &  itoit  commune  par  touie  rEgllfe  La-  jia'',*'^!', 
cine.  Depuis.le  ticrede  Preirti CnrJindiix (at  attribui  parti-  e.   j{.  au, 
culicremeni  a.cesdeux  villes  A.  Enftn,  le  nora  de  Cardifud  "  '/■  •»• 
■i'e(l  demeur^  (]ue  dans  rEgiife  Romaine,  plus  attachee  °"' 
qu'aucune  autre  k  Tancienne  tradition  ;  &  il  s'ell  itendU 
«uxEveques  fuffragans  du  p3pe,parce(]u'ilSiiefont  qu'uA 
meme  corps  avec  les  Pretres  &  les  Diacrec  de  rEglife  Ro> 
maine,  pour  enelire  le  chef. 

Ces  Pr^ires  Cardinaux,  que  nous  appelons  aujourdlitd 
Curis  i ,  devinrent  dans  la  fuite  comme  de  petlts  Ev^ques « 
k  merure  que  le  peuple  fidelle  augmenta.  On  leUr  permit  d« 
dire  des  Mefles  dans  leurs  litres ,.  &  par  cOnfequent  de  pr£- 
cber.  Onleurpermit  aulli  de  baptifer,  m^me  auxjours  fo* 
lennels,  cc  qui  toUTefois  ne  fur  pas  univerre!.  Cela  ell  (i 
vraiiqu^il  n'y  avoitdes  fonis  baptifmauxqu^en  queiquet 
Eglifes  principales ,  que  Ton  appeloit  PUba  A ,  &  le  pretre  Pinv.  Pi«- 
qui  les  gouvernoit  PUhanui ,  nom  qui  refte  encore  en  cer-  ''*'' 
tains  pay$.'De  chacune  de  ces  ^glifes  baptifmales,  dSpen- 
doienr  plufieurs  oratoires  ou  moindres  Cures. Tous les  Cu> 
iH  avoient  aulTile  foin  d'in{lruire  les  enfiuii  devant  &  aprit 

$  Od  tppcll   Diacrti  Cari 
Ccui  qui  jioieni  ^ttfoitx  fut 

h  Pluli»ii>  c\ittx  k  AbhJi  At  la  «iUt  At  Pirii  S(  de  Itt  en*ironi, 
BVoicnlUlilrr  de  Prtirei  Cariinaux  ,  coRiine  onripprend  d'un  anciM 
CarcuUire  de  rEglire  de  P^rii ,  lequel  ,  tn  ttie  (l'un«  tlflt  de>  Qntit 
dc  tcti*  Viile,  met :  Ifii  fuM  Priihyuri  qui  rottniur  Ctrdi«il ,  ful 
ithtut  iaictijji  pir  ft  ril  pir  aiioi ,  dum  Epifiopui  cclctrti  in  Eceltfi4 
ParificHfi .  ,n  fcftii  Naiiiiiatii  Daminl ,  Fajcht  6-  A^amprhnij.  El 
cnruitcfontnomm^ilciPiitretdeS.  Paul.  de  S.  Jein  en  {Jiirt ,  !• 
Prieur  de  Noirt-Dime  de<  Chimpt .  ou  pour  lui  1e  Pr«tre  de  S.  Jac- 

Sues ,  le  Prdie  de  S.  Seveiin  ;  ceui  de  S.  Benott ,  de  Chitonne  ,  d« 
.  Eiienntdtttjiei,  deS.Cerraiii  le  P.ieur  dt  S.  Julien  1e  Pauyrct 
lcfPiilretde  S.  MetriK  deS.  ■iiuitui,  &  rAbb«  de  S.  ViAor,  *  1« 
placc  diii]tie1  i1  ed  dii  que  vieot  Ton  Vicjiic, 

i  Lc  nom  de  CW  ne  commenr;i  i-urret  i  (iie  Cn  uragc  quc  dani  U 
douiientc  fiicle  ,  auparaeant  on  dir.ji<  le  Pitlit  d'une  itlle  Eelire  .  t* 
propie  ^rdrc.  Le  beuf,  HiJI.  JtUttIU&  Diocifidtfar.i ,  Tom.J^ 
fat.  116. 

1  Oii  croit  quc  cei  Etlirei,  ippet^ei  Plcici ,  dtoitnt  lci  E|tlir«* 
ArchiprEib>tJialeii  en  effet ,  un  Cuntile  ite  l'<n  904  ,  danl  lc  licu  «ft 
bcenain,  poile,  c.  11,  C/iJiiitfl'  PUtei  Archipriitjicrum  hjtcifi...,,, 
Mi  ntn-fMm  Imptiiii  vulgi  folticiiudiium  [craat .  rcrum  Uiam  «MM^ 
rrutytuanm  f ai  fti  «Umim  tiittft  istust^ 


fag.  iijfl. 
tlifl.     tn 


944  INSTITUTION 

"  '  la  confiriiiation ;  de  corriger  les  mceiirs ,  de  convertir  les 

Cb.  XVIU.  p^heurs,ouirlesconfeflions&  donner  la p6nitence Tecre- 
To.  7.  Cone.  te ,  de  vifiter  les  malades ,  leur  adminiArer  rEittr^me-Onc- 
tion  &  le  Viaiique,  &  donner  la  fepulcure.  On  peut  voir 
I.  ti.  ^^  '^^  devoirsdes  Cures ,  le  capimlaire  de  Theodulfe ,  Ev£> 
que  d'Orleans ,  ecrir  vers  la  fin  du  huitieme  fiecle. 

llspeuventauflib^nirlesmariagesnln^ya  que  laconfir- 

mation  &  Tordination  des  dercsqui  appartiennent^rEv^- 

que ;  encore  le  Cure  pouvoit-il  faire  un  pralmiRe  /  ou  chan- 

tre  de  fon  autorite ,  non  pas  un  Acolythe  ou  un  Sous-dia- 

Thamag.4.  cre.  Mais  les  Cures  pouvoient  depofer  m  les  moitidres 

f .  1. 1.  e.  tS.  Clercs  au-delTous  des  Sous-diacres ,  &  excommunier  les 

laiques.  Vers  Tan  1000,  les  Cures  etendirent  leur  pouvoir 

Jufqu'a  la  )uridifiion  contentieufej&en  jouirent  plus  de 

trois  cenis  ans  n.Les  Cardinaux  de  TEglife  Romaine  ront 

conferv^e  avec  pluCeurs  aucres  droits  ^pifcopaux ,  qui 

itoient  autrefois  communs  k  tous  les  Cures. 

TAafltd/.  I.      poui-  la  campagne ,  il  y  eut  des  Corevcquts ,  dont  rufage 

*' '  *  ^oit  frequent  en  Orient  des  le  quatri^me  fi^cle.  lls  com- 

mencerent  plus  tard  enOccident ,  &  ils  furentabotis  plu- 

tdt.  Cetoit  des  Vicaires  forains  o ,  c'eft-i-dire  des  Pr^res 

avec  un  pouvoir  fort  etendu,  qul  faifoient  i  la  campagne 

la  plupart  des  fonflions  de  rEvgque.  Les  Ev^ques,  fe  rel^- 

Capit  lom  ^'""^  ^^"*  '^  huitieme  fiecle,  leur  abandonnoient  tout, 

■.^g.f^j,.'iufqu'a  la  confecration  des  ^glifes  &  Tordination    des 

f  Le Pfalminc  ii'tlt  pai nn  Otdre,  miimn Office  ou  fonCHoo  Ecclf- 
fiiAiqtie-  L«i  Pdlmillct  ^ioient  des  Clerci  qui  chactoient  le«  Preauine* 
k  Atax  chceuK ,  c'e(l-ji-dire  alternilivcmenl. 

n  Chaque  Cuii  f iint  miitre  dani  ron  Eglife  pcut  encora  denituer 
tOUileiPrttret,  Diacres  &iutrei  Clerci  inli<iieiirs,  dc  l'einploi  qu'iU 
jr  eiercent ,  1  moini  que  cet  emploi  ne  foii  drigf  en  litrc  de  &ialhzt. 

B  Cetle  Jucidiftion  i'eier;oi[iux  poilei  ies  Eglifes  ,  ou  il  y  avoit 
•rdinaiicment  pour  roaiqu*  dc  Juflice  ,  deux  Lioni.  Cell  de-U  que  les 
Senlencei  donnf et  par  lei  Jueet  dc  cei  Eglifei ,  dtoicni  daUei  1  la  fin , 
intam  intcr  duat  Ltcntt.  Le  Ciii^  de  S.  Severin  de  Ptri*  ,  en  quilit^ 
d'drchipiitie  ,  ■Toit  une  Juiidiflion  i  aufli  va^oil-OD  ,  au-derant  dc  U 
principale  poite  de  cettc  Eglifc  ,  dcui  Liont  en  rclief , 


ioat  ptopcciHnt  jtt  AKhif  (iut)  di  ctttc  Eslifc. 


AU   DROIT    ECCLfiSlASTIQUE.       14* 
Clercs  majeurs ;  ce  qui  en  fit  ordonner  la  fuppreflion  rout   partib  t* 
Lcon  III  &  Charlemagne  p.  Cu.  XVHt 

Lcs  Pretres  diftribues  par  les  tirres  dc  la  ville  &  de  la    ^''fl-  '■  «•■•- 
campagnc  ,   ne    fairoieni  loujours    qu'un    meine   corps "" 
avcc  ceux  qui  etoicnt  demeures  a  ]'Eglife  matrice,  qui 
iioient  comme  eux  foumisarArchipretre,  qui  ^toii  tou- 
jours  la  premicre  perfonne  apr^s  TEveque.  U  ^toii  fon  Vi-  ifid.  Hifftl. 
caire  q  pcndani  fon  abfencc,  pour  les  fonflions  interieures;  f^r'ft-^d  Lai. 
ilavoitlepremierrangdansUf^ncedufanduairC',  ilavoit    ^"  ^     ' 
iofpefiion  61  corredion  lur  tout  le  Clerge,  &  un  foin  par- 
ticulier  des  penltens  publics.  Des  le  fixieme  fi^cle  on  voit 
plufieurs  Archipr^ires  dans  un  diocKe ,  pour  veiller  fur  let 
Ctercs,  cbacun  en  un  certain  d^troit  r;  on  tes  trouve  aulB 
nomiQ^  Doytns ,  &  {juelquerois  c'£toilles  Curcs  des  eglifet 
baptifmales.  A  prifcni  rArchipritre  n'a  plus  gu^res  qu'un 
titre  fans  fonflion,  affeSe  a  ceriaines  paroifles. 


mouruten939,<lwiun 
Archcrtque  d(  Locc,  iJit  tn  piilant  dci  Corhtquci ,  qulline  iloivnt 
HJ  confjccrt  lct  Eglirci,  ni  ordonnerdii  Pcttrci,  n!  domscr  la  confir- 
nution,  Ccci  piouvc  qu't1  y  avoit  cncorc  dei  Cor  jriquci ;  miit  il  n'cB 
•tt  plai  rneniion  en  Oricni ,  ni  cn  Occident ,  dcpuii  k  dtxiime  {AA*. 
\\  piroU  que  lei  Grandi  ViciiTCS  ou  Vicairei  Gtnjraui  onl  fucc^df  li 
cct  Cor^rjquei ,  leur  toblilTeiiieni  Ti'^ini  guiret  quc  du  oniitma 
Ctcl* ,  G  Ton  en  cxceptc  quclquci  cxcmptet ,  mai>  tri*-tarei ,  oti  il  cft 

faiM  de  PrJliei  aui  aidoient  aui  E*  jquti  1  fiirc  lcuit  ronAiom.  Vorcc 
Ah/giaroaol.j€rHi/l.£tcU/.JcMtcjair,  Tam.I,psg.  ]7' •  & 
lci  LoiiEctUfiafiijait,  pari.  I ,  ckap.  i. 

f  II  paroii  en  cll'.'t  que  t'Archipr(ire  fiifoll  quelquet-unei  de>  fonc- 
tionidcrErfqueen  fon  ibfcncci  maii  Ic  Concile  de  Rircnne,  Knn 
en  1014,  djfendiiaui  Aichipritici  dc  donner  lupeupleU  b^n^diAion 
OD  la  Conlimuiion  nar  Ic  faint  Chiimc :  fonAiaoi  i^fciir^ci  lux  rcula 
£.(,..,. 

r  11  y  1  encorc  quelquM  Diocifet  irtiCii  en  Archifrliiii ,  comiDt 
Ljron ,  Micon  ,  Belliy  ,  Dijon ,  BeCancon.  Autun  ett  ttirift  cn  Ai- 
ehidiacon^t,  qiii  font  Midififji  en  Archipritifi.  D'aulret  Dioc^ree 
font  diriftfi  par  Archidiacon<<  ;  ctlte  iliffdrcnce  rienl  dc  la  pr<^mincnc« 
que  rArchiiliiirre  avoii  acquife  ,  en  ceiiaini  lieui ,  fui  fArchipTitri, 
^tinl  ippiremTnenl  plui  ancien.  Cei  Arcbiprttif  1  &  Aichidiaconcifoat 
b  Bfaie  cbofe  que  c(  qu«  l'oa  appelle  aitUutt  Dojtmii  raraa*. 


4% 


Qiij 


%4S  INSTITUTIOW 


CHAPITRE     XIX. 

Dt  rArchidiacTi,  Dm  Vicaire-generaL  Du  Perdtencier  &  dm 

Theologal. 

^'^•■■f-^     Y  ^ARCHjDiJCREfetoit ,  d^  les  prcmicrs  temps ,  le  priiH 

Jt^  y  \^ '  X-r  cipal  miniftre  de  TEveque ,  pour  toutes  les  fonSions 

f.  I.  c.  II.     exterieures,  particuliirement  pour  Fadminiftration  du  tem- 

Ifido,  Xp\P.  porel.  Audedans  meme,  il  avoit  le  foin  de  Tordre  &  de  la 

M i4tidfruid.  dicencedes offices  divins :  c'etoit  lui  qui  prcfentoit  les  Clcrcs 

k  Tordination,  commeil  fait  cncore;  qui  marquoit  achacun 

fon  rang  '&  fes  fonSions ;  quiannoR^oit  au  peuple  le^  )ours 

dc  ieune  ou  dc  fete ;  qui  pourvoyoifa  rornement  dc  rEgli* 

fe  &  aux  reparations.  II  avoit  rintcndancedes  oblations& 

des  revenus  de  reglife ,  fi  ce  n*etoit  dans  celles  oii  il  y  a voit 

des  economes  particuliers.  II  faifoit  diftribuer  aux  clercs 

ce  qui  dtoit  rigli  pour  leur  fubfiftance.  11  avoit  toute  la 

direSion  des  pauvres ,  avant  qu*il  y  eut  des  h6pitaux.  U 

itoit  le  cenfeur  de  tout  le  pcuple ,  veillant  a  la  corredion 

des  moeurs.  II  devoit  prevenir  ou  apaifer  les  querelles, 

avertir  rtv^que  des  difordres ,  &  ^tre  comme  le  Promo- 

teur  pour  en  pourfuivre  la  reparation.  Auffi  rappeloit-on 

la  main  &  rotil  de  fEveque. 

Ces  grands  pouvoirs  attach^  aux  chofes  fenfibles,  & 
i  ce  qui  peut  intircfl*er  les  hommes ,  mirent  bient6t  TArchi- 
diacre  au-deffiis  des  Pretres  qui  n*avoient  que  des  fondions 
purement fpirituelles ,  rinftruftion,  la  priere,  radminiftra-. 
tion  des  facremcns.  L*Archidiacre  n^avoit  toutefois  aucune 
jurididion  fur  eux  jufqu*au  fixi^me  fi^cle ;  maisenfin  il  fut 


/  l.*Archidiacre  n'^toit ,  dan$  rorigine,  qu*un  dVntre  le$  Diacres, 
choifi jpa^  l'£Y£({ue  pour  pr^fider  fur  !e$  autrei ,  &  auquel  feul ,  pac 
fucceUion  de  temp$,  il  attribua  toute$  lct  fonf\ion$  &  le  pouvoir  qui 
«ppartenoient  auparavant  a  tous  les  Diacres  en  corps.  D'H^ricourta 
hois  EccUf.  ,  part.  i  ,  chap,  3. 

Cette  dignic^  eA  fort  ancienne  dans  rEglife  ,  puifqu*Optat  de  MileYe. 
tn  remarquant  quo  co  fut  C^cilien  qui  donna  lieu  au  fchiime  6%%  Doaa« 
tiAes ,  lui  donne  la  qualit^  d'Archidiacre. 

Le  Conclle  tenu  a  M^rida  en  Efpagne,  en  6^,  ordonne  k  chaqu^ 
Ev^^ue  d'avoir  un  Archipr^tre,  un  Archidiacre  &  un  Primicier.  U 
ptcou  qu*4lori  rArchipricre  ^coic  «ocort  au-dt flus  dc  rAichidiactc. 


AU   DROIT    ECCLiSIASTIQUE.      T47 
leur  fuperieur , &t  meme  de  l'Archipr£tre  t.  Ainfi  il  devint         .     ■' 
la  premi^re  perfonnc  apres  rEv^que,  ezer^ant  fa  juridic-  rH^i^^ic/ii 
tion ,  &  faifant  fes  vifites ,  foit  comme  d^ligue ,  foii  i  caufe 
de  fon  abfence ,  00  pendant  [3  vacance  du  fiege  :  ces  com-  , J^'"'.'  '^^ 
miflions  dcvinrem  enfin  fi  frequentes ,  qu'elles  tourn^rent  Luiifrid, 
en  droit  commun  ^  enforte  qu'apresl'an  1000,  les  Archi- 
diacres  furent  regardes  comme  Juges  ordinaires,  ayantju- 
ridiflion  de  leurchef,  avcc  pouvoiide  dcleguer  eux-in^- 
mes  d'autres  Juges.  11  eft  vrai  que  leur  jurididion  etoii 
plus  ou  moi  ns  ^tendue ,  felon  les  differentes  coutumes  de« 
Eglifcs,  &  felon  que  les  uns  avoient  plus  empiete  que  les 
autres.  Elle  etoit  auHi  bornee  par  Jeur  lerritoire ,  qui  n'^ 
toii  qu'une  partie  du  dioc^fe ;  car  depuis  qu'ils  devinrent  fi 
puiflans,on  les  multiplia,  principalement  en  AllemagneSc 
dans  les  autres  pays  oii  les  dioc^fes  font  d'uae  etendue  ex- 
cellive:  celui  qui  demcura  dans  la  ville  u,  prit  le  lirre  de 
Graad  Archidiacrt.  Des  le  neuvi^me  fiicle  il  fe  trouve  de« 
ArchidiacresPr^tres,&  toutefoisilyenaeu  aooansapr^ 
qui  n'etoient  pasmemc  Diacres,tanil'ordre  ^ioitd^slors  ^^^^  j.^.^ 
peu  confider^  ,  en  comparaifon  de  Vof&ca.  On  les  a  obli-  fijf.  14.  R,  c 
g^s  i  etre  au  moins  Diacres,  &  ceux  qui  ont  charge  d'aine)  >*• 
a  eire  Preires. 

Les  Eveques  fe  trouvant  ainfi  prefque  depcuilles  de  leur 
juridiflion  ,  travaillerent  apr^s  l'an  1100  ^  diminuercelle 
ilesArchidiacres,  leur  d^fendant  de  connoitre  des  c.iures 
de  mariage ,  &  des  autres  les  plus  importantes ,  &  d'avoir 
des  ,OfIiciaux  x  qui  jugealTent  jk  leur  place.  Cependant  les 
Ev^ques  avoient  eux-memesdes  Officiaux,  pour  exercer 
leur  jurididion  contentieufe ;  &  pour  rexercice  de  !a  ju- 
ridiAion  voloniaire ,  ils  fireni  desVicaires  generaux,  qui, 
n'ayant  que  de  fimples  commillions ,  revocables  a  volonie  , 
nc  pouvoieni  abufer  de  leur  autorii<^ ,  comme  avoiem  fait 


I  Lcil.oncilcinoinnitnccepeTi(linil  ATC>iipr«trei*intrArctii(liicTC> 
Cornme  te  Priitc  <(l  lu-detTui  dct  DiiCrM .  It  cherdct  Pi  etr«  doii  «tr* 
■u-deiruideiDiicret)  maitlerang  derArchipitite  & 'ferArcliidiacr* 
•etr'(ui  ,en  inoini  t<^<  nii  !i  dignii^  deteur  oidie.que  pirlViendue 
de  Jeurpouvoir  &  deleur  Juiidiflion,  eaquoiileft  ceiuin  que  rAtcht- 
diicre  en  rupfrieur  trArchipiclre. 

u  Auiourd'hui  tuui  tai  Archidiicrei  demeuTent  dani  ti  Ville ,  &  roet 
•ItKh^t  1  U  Cithfdrile.  LtGiindArchiriiKre  ne  ditTtre  dei  lutrei. 
^u'«n  ct  (|u'II  1  dani  Ton  diftriA  1e  letiiioiie  it  Ii  Viile  &  it\  Fiuhour^ 

«  U  y  ■  prf r«al«aicat  uicpcu  d'ArchtdUc[ct  qiii  lienc  un  UiEeial. 

Q  tv 


ajo  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Paktii  I.   *°  Lombardie  fom  les  plus  anciennes.  11  y  avoit  de  tous 

CMAr,  XX.   les  lemps  des  ^oles  dans  loutes  les  EgUres  Caihedraies  / , 

&  dans  les  prindpaus  MonaHere^  ;  mais  ayani  ete  ruiD^S 

Iz  plupart  par  les  derordres  du  dixi^me  fiecle  ,  on  vint  de 

toutes  pans  etudier  aux  viiles ,  oii  l'on  trouva  les  meiileurs 

Maitres,  &  oii  l'on  enfeignoit  le  plus  de  diverfes  Sciences. 

•jT^  I  On  coBimen^oit  par  les  Arts  g ,  pour  fervir  d'introduc- 

j,  j,  ^e.     '  "on  aux  Sciences ;  &  ces  arts  ^toient  la  Grammairc  ,  la 

Diale£)ique  A,  &  toutce  que  nous  appellons  HunuinUis  i 

Si  Philofophie.  De-la  on  monioit  aux  Facultes  fuperieures, 

qui  etoient  la  Phyfique  ou  Medecine ;  les  Lois  ou  le  Droic 

Civil ,  les  Canons,  c'ell-a-direle  Decret  de  Gratien,  & 

d*t  buUei  iiu'il  doniu  pour  iiiiAtt  une  police  enire  let  niiliret.  let 
^utlilu  6' l/ni*irjiiai  :  en  quoi  il  ful  fuivi  par  Honociui  III ,  Innocent 
IV  &  Alexandre  IV  ,  dont  Ice  te:(f ei  adre[[^es  aux  mailrei  Ec  lui  jco- 
lieri,  commen^oieni  nat  cei  motl  ;  Sorait  U nivtrfiiu  rtfiia  Jhidia- 
rum;  ou  Vaitirfuai  Id^gijlrorum  &  /thalariuia  :  en  C0Dficji»encc  lei 
oiailtei  prirenl  pour  eui  <e  tiire  d'UniTerrii£  ,  ce  qui  nc  fut  giitici 
ufil^  de  leur  part,  que  du  tempi  de  fiint  Louil.  CcCorpin^^oitpu 
■lors  compofe  dci  Coil^gei ,  maii  dei  Maittei  qui  ^toien:  dirpcrUi ,  Bc 
enfeignoieni  dini  dei  miKeni  particuliirci.  Ili  ne  futenl  logfidaM 
lei  Coll^gei  que  vers  le  milieu  du  quiniiime  Gecte,  loifque  ViaC- 
truflion  y  fui  liaritF^rfe. 

/Let  principalei^colei^toient  dant  les  Mjtropolei.  Maii  iiretrou* 


tel  que  le  Chancelier,  r^colitre  ou  ptieepwur  eiifiigno 
Clercs.  Dant  rOccident ,  Yicoie  ia  plus  illuHre  jufqu^a  S.  Grfgoirc  , 
fut  celle  de  Rome ,  laquelle  tomba  des  le  m«me  fiecle.  Lc  moiDt  S. 
Augudin  &  autret  qui  fuicni  envD^i^s  par  fiint  Gr^goire  tn  Angle- 
terre  ,  y  foimetent  une  icole,  qui  conferva  lei  ^tudci  dupajpi,  iin- 
dit  qu'elles  i'o(roibliiroicnt  dani  lc  rcflc  de  rEuiope  :  en  llalU  ,  pir 
lci  lavagci  dei  Lombardi ;  cn  Erpagne  ,  par  l'in(al)on  d«i  Sarra- 
£ni;  en  Fiance  par  lei  gueirei  civilei.  De  cettc  ico\t  •)'Anfletetre 
fortit  faini  Boniface  ,  qui  fiit  rApolrede  i'AlIemagne,  Bt  lefondateur 
it  rtcole  de  Mayence  &  dc  rabbayc  de  Fuldc.  Alcuin,  venu  aulTi 
ll'Angleierre,  furma  Tdcole  de  Toun.  De-Ii  vinl  ['^cole  du  PaUii 
de  Chatlemagne,  encorc  ijcs-c^libie  foui  le  rigne  de  Chatiet  te 
a^iiivc  ;  celle  de  rainl  Germaindc  Patls  ,  dc  fainl  Gcrinain  d'Auxer- 
re,  de  Cotbie ,  dc  Rcims  Gc  de  Lyon.  Lei  Normandi  d^foletcnl  cn- 
fuilc  lei  piovincei  maiiiimei  de  France.  Lei  jtudti  fe  conferve- 
rent  veri  la  Meufe,  le  Rhin  ,  1e  Daniibe ,  dani  ta  Saxc  Jk  dani  le  ^ 
fond  dc  rAllemagne.  En  Francc  l'icolc  de  Reimi  fe  foutinl  )ufqu'l 
r^tablilfemenl  de  rUniverfili  d«  Parit ,  qui  fut  commc  on  l'a  dit  ,  SU 
tommencement  du  douiicme  ftecle  .  Difiour^fir  1'HiJioirt  EciUfiaJl. 
de  M.  Fleuty ,  roni.  Xill,  paf,.  ^<). 

t  Lei  .^rti  dont  on  patle  ici  funi  lei  Arti  libjrlux  ;  favoir  ,  la  Gram' 
maiie,  la  Rli^taiique ,  la  Logiquc,  rAiilhmjtlque  ,  la  Mufiqu*,  U 
Glomjirie  &  1'AfitQlogie. 

h  La  DialcAique  ou  Loglquc  ,  rail  de  foimei  le  raifonncment. 

j  Hamtaioftt  Utttrtt ,  c'cft-1-dire  li  fcitncc  qui  apprcud  i  polic 
1«t  Illttct)  ttDi  peur  le  difcaurt  ^c  peut  let  ^ccitt. 


AU   DROIT   ECCLeSlASTlOUE.       14^ 

Thicltptn ,  pour  enfeignerrEcriture-fainte ,  &  particuliire-  paktic.  I^' 
nient  ce  qui  regarde  le  gouvernement  des  aines.  Le  Con-  Cshf.  X1X> 
cile  de  Bafle  etendii  rinAitution  du  Thiologal  i  toutes  les    Prag.  eoO. 
Caihedrales  r  &  ee  decret  a  pafle  dans  la  Pragmatique  &  S-  *■  ^f^- 
dans  le  Concordat.  Toute*  ces  inftitutionj ont  eti  confir-  * cone.^TrSl 
Riees  par  le  Concile  de  Trente,  &en  France  par  lesOr-/c/. {.R.c.u 
donnances  d'Orleins  &  deBlois.qui  ontetcndu  aux  Col-  ^J^-  *-  ^ 
kgiales  &  aux  Monafteres  robligation  d'avoir  un  Precep-     ' 
leur,  &robligent  3  inftruire  gratuitement  lesenfans  dela 
ville ;  &t  le  Theologal  a  precher  lei  dimanches  &  les  fitn 
rolennelles,  &  a  cominuer  trois  fcis  !a  femaine  une  le^oA 
publique  de  rEcriiure-fainte.  II  y  a  des  peines  conire  le 
Th^ologal  &  le  Precepicur,  s'ils  ne  font  lcurs  le^ons,  8[ 
contre  les  Chanoines,  s'ils  n'y  afliftent.  Mais  lous  ces  ri- 
gleniensonteu  peu  d'execution :  &  lafonfHonefledivedu 
Thiologal  ell  reduiie  i  quelques  fcrmons  ,  qi^e  fouvent  11 
fait  faire  par  un  autre.  Le  Precepteur  de  gramoiaire  s'ap- 
pelle  en  quelques  lieux  Ecaldirt  J,  11  cft  vrai  que  Tinten- 
tion  de  toutes  ces  lois  a  iti  fuffifammcnt  accomplie  par  les 
Univerfitcs  &  par  les  Coll^ges ,  &  miettx  encore  par  les 
Seminaires. 

B» '  %i 

CHAPITRE     XX. 

Dtt  Uttivtrfites  ,  du  Colligtt  £•  dti  SinuitMres. 

LEs  Univtrjiiis  font  des  compagnles  de  Maitres  &:  d'{-     Pafquier. 
coliers,  etabliesdepuisenviron  l'an  laoo  e  ,  pour  la  '^'**  '*'■•• 
comrr.odiie  des  eiudes.  Celle  de  Paris  &  celle  de  Bologne 


4CoinDi«  Anicni,  Vcrdun  ,  E>'c.  L'^colltrc  doit  donncr^iiiii  lct 
pctniillloni  poiii  tcnii  1«  pciiici  ^colei.  Dini  qu(t<]ue>  EgUfct ,  COID- 
nc  t  Paiii ,  ((eft  le  chsntre  cn  difmtj  qtii  ticnt  lieu  i)'ecaUite  ,  Bc 
qni  donne  cei  pcrminioni.  11  ticni  mcmc  un  ccttiin  jour  un  (jnoit, 
j»<)utl  il  coiiTOque  lOui  lci  mjiires  &  niiiticire!  <]'eca1c  ,  pour  Inu 
ittaaet  lci  regkmeni  qu'il  croit    ccin*rnible!. 

c  Quctquci-uni  cappoiicnt  \i  pcemiC'r«  tnnitution  de  rUni«crG(£ 
-"-  "-  '  i  Ch.nlenngne ,  i  ciiife  qu'il  eiablii  cn  791  dct  fCol«i  pu- 
lour  Tenfciio«r  aux  liculicri  la  Gummjiic,  la  Phi'ufophie  8t 
.  th^ologle.  H  eH  ctrt»n  cn  elfct .  qiie  l-UnlvcfCi^  cie  Pirii  qui 
*|1  U  plui  indenne  dc  touiei ,  tire  fon  o(i,;iiic  t'.c  rc.;cle  dc  rF^lira 
t^iUcilule  lie  Pjiii ,  ^^1  fut  itjblic  cn  «ccmion  dei  ccglcmeni  fjit» 
fu  ChirlemagDC  ;  maii  elle  ne  coinmcnfa  3  ft  foinii.T  cn  coipi  ()'.ie 
VMi  la  fio du  dciuiidit fUd*  lUMMl  lll  (ui  lepiemiu.  q- i  diRS 


u\hf 


15«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partie  I.  fo^^3  plufieurs  enfuite  pour  les  pauvres  Etudians,  qui  nV 
Cbaf.  XX.  voient  pasde  quoi  fubiifter  hors  de  leur  pays  r;  &  la  plii* 
part  font  aiTeftes  ^  certains  diocefes.  Les  Ecoliers  de  cha« 
qne  College  vivoient  en  commun ,  fous  la  conduite  d'un 
Provifeur  ou  Principal^  qui  avoit  foin  de  leurs  etudes  &  de 
leurs  moeurs ,  &  ils  alloient  prendre  les  le^ons  aux  Ecoles 
publiques/.  Enfutte  la  coutume  s'eft  introduite  d*enfeigner 

sn^me  Congr^gation ,  fut  foodee  par  faint  Louis.  Voyei  Saaval ,  tami 

J  >  p^s- 1 7. 

r  Le  premier  de  ees  coll^ges  eft  la  Sarbonne ,  qui  flit  fond^e  en 

/'Ces  ecoles  publiques  a  Paris  n*etoient  d'abord  qu*au  parvis  No« 
tre-Dame  ;  enfliite  le  Chapitre  permit  que  les  ecoliers ,  tant  d'huma* 
nit^s que  de  phiiofophie  pallanent  la  rivi^re  &  fe  tioflentafaint  Julien* 
le-Pauvre  ;  &.  m£me  quelque  tcmps  zpris  il  pcrmit  si  Guillaume  de 
Cbampeaux  &  a  Abaillard  ,  d*ecabllr  une  ecole  a  faint  Vidor.  Le 
Jiombre  des  ecoliers  de  dehors  augmentant  toujours  ,  on  bfitit  les 
^coles  dcs  quatre  nations  de  la  facult^  des  arts  a  la  rue  du  Fouare  ; 
on  b^tit  eufuite  des  coUeges  ,  roais  qui  ne  fiirent  d*abord  que  des 
hofpices.  £n  1244,  on  permlt  aux  maftres  ou  dodeurs  ^s  arts  d*eu- 
/eigner  par-tout  011  ils  voudroient ,  &  dans  les  maifons  qu*ils  trou- 
veroient  les  plus  commodes.  Ce  qui  formoit  tutmt  de  pddagogits  ou 
penfi«ns.  Pour  r^gcnter ,  il  ne  fuififoit  pas  d'avoir  le  degr^  de  maU 
tre-es-arts  ;  il  falloit  avoir  fupplie  pro  regentia  &  fchotis ,  comme 
cela  s*obferve  encore  pour  les  coll^ges  fic  ponr  les  mattres  de  pen« 
fions  ,  &  en  avoir  obtenu  du  ReSeur  la  permiflion.  Ces  p^dagogues 
ou  maftresetoient  la  plupart  eccl^Hadiques.  Ils  enfeignoient  la  gram- 
maire  &  les  humanit^s.  A  T^gard  de  la  rhetorique  ,  il  y  avoit  des 
jnaftres  qui  faifoient  particuli^rement  profeflion  de  renfeigner.  Les 
^  ^coles  de  philofophie  a  Paris  etoient  a  la  rue  du  Fouare  :  cfaaque 

nation  ayoit  les  fiennes.  On  ne  commen^a  i  enfeigner  la  philofophie 
dans  les  colleges ,  que  lorfqu*on  y  admit  des  penfionnaires  autres  que 
les  bourfiers  ,  &  que  Ton  y  ouvrit  des  clafles  publiques  pour  la  gram- 
maire  ,  les  humanit^s  &  la  rh^torique.  «• 

Le  chancelier  de  Kotre-Dame  avoit  feul  au  commencement  rinf> 
pedion  fur  toutes  les  ^coles  ,  &  donne  encore  feul  la  bdn^didiofi 
de  licence  dans  les  facultes  de  th^ologie  &  de  mddecine  ;  ce  qui 
confirme  bien  que  Tuniverfit^  tire  fon  origine  de  T^cole  de  rEgUfe 
Cath^drale  de  Paris.  Les  ^coles  publiques  s*^tant  ^tendnes  fur  la 
montagne  de  fainte  Genevi^ve  ,  rAbb6  pr^tendit  que  celles-ci  d^- 
pendoient  de  lui ,  fic  de-la  vient  Tufage  que  le  chancelier  de  fainte 
'Genevieve  donne  la  ben^didion  de  licence  dans  la  fapult^  des  arts, 
concurremment  avec  le  chancelier  de  TEglife  de  Paris ,  chacun  pour 
les  colleges  de  leur  lot^  &  ils  changent  de  lot  tous  les  ans  alterna* 
tiven-.ent. 

Les  premiers  ftatuts  dc  Tuniverfit^  furent  drefl;*^s  en  121  f  ,  par 
I  Robert  de  Cour^on,  dit  le  cardinal  de  faint  Etienne  ,  Ldgat  du  faint 

Slcge.  Ils  furent  r^form^s  en  1598  ,  fic  ron  y  fit  une  addition  en 
|6o3.  Les  Lettres-patentes  du  zi  Novembre  176;  ,  dont  il  fera  parM 
ci-aprds ,  oat  eflicore  op^re  uii  chan^emeiit  remarquable  djius  llJoi» 
yerOctf. 


AU    DROIT   ECCL£SIASTIQUE.       ajj  

cn  plulieurs  Colleges  t ,  &  on  a  etabli  des  Collcgei  en  la  ^p^j^^^^ 
plupan  des  villes  qui  n'ont  point  d'Umverrite ,  outre  que  Ceap.  XXi 
les  Univerfites  fe  fom  extremement  multipli^  u. 

Depuis  cei  eiabUfTenicnt ,  les  eveques  (e  fonr  repofes  fur 
ks  Dodeurs  des  Univerfites  ,  de  rinflruftion  des  Clcrcs , 
pour  la  Thcologie  &  les  Canons  ;  &  liir  les  Regens  det 
Coll^ges  ,  pour  les  itudes  inferieures  j  ^infi  le  Theologal 
&  le  Precepteur  ont  eu  peu  de  fonflion.  Mais  fi  d'un  c6ti 
les  Univerfiies  &  les  Collcges  ont  rendu  les  etude^  plus  £i- 
ciles  &  augmenie  la  fciencc ,  les  mteurs  &  la  dikipline  en 
ont  fouiTert.  Tant  de  jeunefTe  a£cmblce  n'3  pu  ctre  conte- 
nue  fi  ailement  par  des  Miitrcs  etrangers ,  que  les  Clercs 
d'une  villc  ,  par  un  Pnmicicr  ,  ou  un  Archidiacre ,  fous 
)'ail  de  rEveque.  L'etude  a  ui:  icparec  des  fon^ions  def 
Ordres  mioeurs ,  qui  font  dcmeurees ,  partie  i  des  enfans 
de  choeur  &  k  des  chanires  peu  lcttres ,  partie  a  dcs  be- 
deaux  &  des  valets ,  purs  biques.  Cependant  lcs  Clercs ,  qui 
iTudioient  dans  les  Univerfitcs  ,  etoiem  fans  fon^ion ,  & 
vivoieni  m^l^  avec  lcs  Ecoliers  laiques ,  dont  le  nombre 
efi  infiniment  augmentc  dans  les  derniers  teoips.  Enfin ,  on 
a  vu  qu"ll  etoit  neceflairc  de  les  en  fiparer ,  pour  les  for- 
mer  k  retai  eccl^fiaAique. 

De-U  eft  venue  riiUlitution  des  Semhubttx.ComaKoa 


t  L'inftraflion  publique  dani  tes  ColUgei  ne  conmcnfi  que  Tcrt 
le  miliea  du  XV  riecte.  L  e  CoEI  jge  de  Navarrc  parolt  (tre  le  pre- 
Diicr  oil  cela  tiit  ftabli ;  tout  le<  Coll^Bei  devinreni  eiirujce  de  plein 
exercice.  La  dillindion  de  %nnii  (k  de  pettti  Collcges  ne  vint  que 
^epuii  lei  ttoublet  de  la  ligue  \  une  partie  det  mattrei  tnnt  difpcr- 
fit  ,  it  ne  reni  i  Paril  que  neuf  Coltjgei  ou  riuriruaion  Tut  con- 
tinufe ,  auxqiteli  fut  i\omi  depuis  te  collfge  Maiarin.  II  rella  feu. 
letnent  quelquet  cours  de  philofophie  daiii  lci  aucrei  Collegei :  maii 
par  det  LelCrei-pacentei  du  ii  Novembrc  17C1  ,rcgiltrfet  au  Par- 
lemenc  te  i(  ,-  lei  piincipaux  &  piociireuri  de  cei  peciti  CoUifges 
ont  ece  fupprim^i  ,  &  Iti  bouilicn  iransf^rci  daiil  te  Coll^ge  de 
Louii  le  GranJ  ,  cr  qui  a  eu  1011  execulion  en  Juillcl  1764.  Lc  Hoi 
J  1  luiC  ctabti  te  Iribunal ,  let  arcliives  &  illcmbleet  de  rOnivef 
fiif  ,  &  ]( a  auHi  iraniCcrc  le  Colicge  dc  Beauvait ,  i  compcei  du  pre- 
niier  Ofiobre  17^4. 

«  On  encompte  vingt-troit  en  Fnnce  ,  dont  celle  de  Piriieftla 
premi^re,  dix-liuit  eit  Tcatie  ,  vingt-fept  c^i  Allemagne  ,  treite  ea 
Angteterre,vingt  en  Efpagnc,  Kcc, 

X  On  peut  legardei  comme  let  premieri  Scminaiici,  let  Comtnu- 
Baut^ideiClerciquecbaque  Evcquc  avoit  aulrcfoii  djnt  fon  Eglilic, 
■vec  lefquell  il  vivoii  cn  commuo  ,  tL  qu'il  prcnoit  foiii  liii-m;-m« 
iriaaiuiit ,  eu  \v.'\i  fuii>U  ioAtuiie  ^u  quel^uc  auuc  eccleliitlli^c> 


H4  INSTITUTION 

pAKTiE l,   ^i^velesjeunesarbres  danslesp6pinidres,d'oii  enruiteon 

Cbap.  XX.  les  tranfplante  oii  Ton  veut ,  ainfi  Ton  a  jugi  a  propos  de 

former  les  jeunes  Clercs  dans  des  Colleges  particuiiers  , 

pour  les  rendre  capables  de  recevoir  les  Ordres  ,  &  d*Stre 

e»"f.  Tnd.  ■ppliqu^s  aux  fon4lions  eccleriaftiques.  Pour  Cet  effet,  le 

fiff.n.c  M.  Concile  de  Treme  a  ordonn^  de  prendre  des  enfans  de 

J»  Rtfrm.    douze  ans  &  au-delTus,  oii  lon  vli  apparence  de  vocation 

i  Teiat  eccl^fiailique ,  pref^rant  toujours  les  pauvrcs  ^ ;  de 

leur  doDner  la  tonfure  &  rhabit  clerkal ,  &  les  nourrir  en 

comdiun  dans  une  maifon  proche  de  celle  de  TEveque ,  du 

inoins  dans  la  m^me  ville ;  leur  faifant  etudier  la  Gram- 

Diaire  7 ,  le  Chant ,  rEcriture-fainte  ,  les  Hom^lies  des  Pi~ 

res,  ce  qui  eA  necelTaire  pour  radminiftration  de»  Sacre- 

■nens,  &  les  cir^monies  de  rEglife.  On  doit  les  appliquer 

i  ces  etudes ,  luivant  leur  age  &  le  progr^s  qu'i]s  y  fonr; 

&  on  doit ,  fur-tout ,  avnir  foin  de  leurs  mceurs ,  jes  for- 

tner  i  la  piete ,  &  les  exclter  i  fr^quenter  les  Sacremens. 

Chaque  Egiife  Cath^drafe  doit  avoir  au  moins  un  SemU 

naire ,  entierement  foumis  i  la  conduite  de  TEv^que ,  qui 

doit  en  prendre  un  foin  tr^-particulier.  Le  nombren  des 

S^minariftes  doit  ^tre  fix^ ,  &  toujours  rempli.  Pour  don- 

ner  du  revenu  au  Seminalre ,  le  Concile  permet  i  TEvSque 

de  prendre  une  partte  des  fruits  de  tous  les  biens  eccle&ar- 

tiques  du  dioc^fe ,  ou  d'uDir  quelque  benefice  a  fon  SemL- 


y  Le  Concile  veui  n^inmoiii»  qne  Ton  ne  rejette  pointlei  eD&m 
itt  ricbel ,  pourvu  qu'ili  i'entretiennent  i  leun  dipent. 

j  Oant  li  pluparc  dei  petiii  S^minairei ,  les  jeunei  Cleref  vonc 
dani  !ei  CotUget  de  1'Univetrit^  todier  la  gtammaire,  &  meine  la 
phitorophie  &  la  th^olagie. 

O11  difiiiiRue  eii  France  (iiiatre  rortei  deSiminairei ,  favoir.ceuK 
qu'on  appelle  peiili  itminaircs  ,  pirce  qLi'i1s  ronc  ftablii  pour  far- 
mer  8(  elever  de  jeunei  Clerci ;  d'autres  qui  Tont  dtablis  particulii- 
remenc  pourlet  prfparer  i  recevoir  lei  faiuti  ordres;  d'autrei  fonc 
<lcs  maironi  de  recraite,  pour  des  Ecclfriaftiques  i%it  U  inlirmeii 
d'auirei  eufln  ,  qu'on  appelle  £/n>in<iirrJ  dcs  Mijfiont  Elrangirci  , 
f  arce  qu'ili  roni  deOinfi  i  former  des  fitteci  pouc  envoyer  d>ni  lei 
minioni  fcrang^rei.  Les  Ertquei  ordonnenc  quelluefois  i  des  Ec- 
d£li>fliquei  de  fe  reiirer  pendanc  un  cercain  cemps  dans  un  S^mi- 
naire  ,  pouc  y  reprendre  refpric  de  leui  ^cat. 

a  Ce  qui  ell  dii  ici  de  la  (iiiiclon  du  nambre  des  Semitiariftet ,  8c 
ie  robligacion  de  rempMr  ce  nombre,  ('enCend  des  places  qiii  font 
fbndjei ,  lefqnellet  doivenc  ttre  rempliei  lutant  c]u'il  fe  prjfence 
dc  fuieci  idoinet.  A  Tjgicd  d*  ctux  qui  pij4at  peofieii ,  le  aombi« 
n*CB  cft  pulimiti. 


AU   DROIT   ECCLfeSlASTlQUE.      lyf 
Bairei.  Tdle  eft  rinflitution  dcs  S^mioaires  ,  fuivanr  le   Pakt»  I.^ 
Concile  de  Trente ;  &  Ton  en  voit  rȣcution  par&ite  datis    Csaf.  XK 
rhifloire  &  lcs  afles  de  S.  Charles. 

En  France ,  quelques  Eveques  rimitirent ,  &  TOrdon-  BloU  am 
nance  de  Blois  enjoignit  k  tous  d'£tablir  des  Siininaires ;  ^*  Mclm.  i, 
ce  qui  a  eti  conlirme  depuis  par  d'autres  Ordonnances ,  8c  '  *' 
encore  pius  par  la  praiique  ;  enforte  qu'il  y  en  a  dans  Iz 
plupart  des  diocefes.  Mais  comme  on  a  vu  qu'il  ^toit  dif- 
ficile  de  juger  de  la  vocation  des  enfans ,  &  que  fouvent* 
apr^s  avoir  ite  ^leves^  grands  frais  dans  des  Seminaires* 
pendant  plurieurs  annees ,  on  etoit  ob[ie;e  de  les  renvoyer 
dans  le  fi^cle ;  on  a  jugi  plus  a  propos  de  prendre  de  jeu- 
jics  hommes ,  qui  apr^s  avoir  palTe  par  toutes  les  clafles  des 
CoUiges,  n'aient  plus  a  eiudier  que  la  Th^ologie  &  la  dif- 
dpHne  de  TEglife ,  &  foient  cn  age  d'ctre  ordonn^s  &  em- 
ployis.  Ainfi  la  plupart  des  Seminaires  en  France  ,  font 
comme  des  maifons  de  probaiion ,  oii  Ton  examine  la  vo- 
cation  des  Clercs ,  &  ou  on  les  prepare  i  recevoir  les  Or- 
dres ,  &  3  en  faire  les  fonflians.  IIs  y  demeurent  quelques 
mois  ou  quelques  annees ,  fuivani  leurbelbin&  lesreglet 
mens  des  dioc^les  c. 

Pour  leur  fubfiftance  on  a  fait ,  ou  des  unions  de  b^n^ 
ficcs ,  ou  des  fondations  nouvclles ,  au  d^faut  defquelles  on 
a  oblig^  le  Clerge  i  coniribuer.  II  y  a  dans  la  plupan  des 
S^minaires  des  places  gratuiies  pour  les  pauvres ;  les  auires 
payent  penfion.  NosSeminaires  font  donc  un  peu  differeiu 
de  rordonnance  du  Concile  ;  mais  tout  revient  i  la  meme 
fin ,  de  former  de  bons  ccclefiafliques ;  &  le  fucces  a  &it 
voir  combien  cette  inftituiion  ^toil  n^celTaire. 

On  peut  rapporier  aux  Seminaires  les  Commnnaatii  dtt 
Priirci  qui  fe  font  paniculierement  confacres  a  former  des 
Clercs  dans  refprit  ecclefiaflique ;  comme  en  France ,  let 


b  Ccct  n'i  Ircu  que  quxnd  In  rondacisni  Sc  dontlloni  riiiei  tn  &■ 
veut  dck  Sjinitiairet ,    ne  lonc   pii  fiiflifintei  poiir  Itur  enireticn. 

Oa  ne  pFui  mfme  ,  en  Fcgiice  ,  UUe  iiucuiie  impolicion  fuc  t(t 
Ijieni  ecciiGJltiqiies,  pour  i'<iCiblillemeiif  uu  pour  li  lubfilliiici  J'ub 
S^miniire,  rjni  en  avoir  obcenu  U  pErminion  <lu  Koi ,  pjr  dei 
lelirei-picctilci  qui  decermineTil ,  Ue  Tjvii  de  i'Ev(iua  ,  li  fomm* 
^ui  pautra    iire  lev>;e ,    &  ja    forme  de  la  percepliDn. 

t  i\  j  t  cependini ,  comme  an  ['a  Ai]j  obferve  ,  diti  S^minairit 
itm  quelquet  Jjocerei ,  oil  Ton  re^oic  lel  enfjiii  fort  geuuet,  SC  am 

Mt  nttcBC  iufqu'i  ct  qH'lli  lient  Hi  otiaaait  Pttttet. 


45«  1  N  S  T  I  T  U  T  I  O  M 

'partieI  P''*"'esJ«l*Oratoire,&fesPr5tresdelaMiflion.En  ifilji 
Ckav.  xX.  Pierre  de  Berulle  ,  depuls  Cardinal ,  inDitua  a  Paris  utm 
Congr^gation  de  Precres ,  fous  le  nom  de  VOraioire  de  Je- 
fus ,  a  l'iniitation  de  celle  que  faim  Philippe  de  Neri ,  Flo- 
rentin,  avoitinAicu^  aRomeenij/i.l^butdececteCon- 
gregacion  eft  de  former  des  Pretres  dans  Tefprit  du  Sacer- 
doce  de  JefuE-ChriA,par  la  pri^re & par T^tude.  En  i6ij  ^ 
Vincent  de  Paul ,  Pretre  du  diocefe  d'Ac<]9 ,  inftitua  auffi  a 
Paris  la  Congregation  des  Priiret  de  la  Mijfion  d ,  deflin^ 
principalemenc  a  l'inllru£lion  des  pauvres  gens  de  la  campa- 
gne.  Mais  ils  s'appliquent  aufli  k  conduire  des  Sinrinaires  , 
a  inftruire  des  Clercs ,  &  les  preparer  aux  Ordres.  Ces  Pr£> 
tres  de  rOracoire  &  dela  MiSion  ,ne  font  poinc  Religieuz, 
n'^tant  point  engag^  par  des  vceux  folennels ;  ils  confer' 
vem  la  propriec^  de  leurs  biens.  Quoiqu'ils  aieni  leurs  Sur 
pirieurs  particuliers ,  ils  font  enci^remeni  foumis  aux  E,v&- 
ques ,  &  font  partie  du  CIerg6  feculier  des  dioc^fes  oii  ils 
fe  rencontrent.  Usfont  capables  de  teair  desCures ,  &  toutes 
fortes  de  bendices. 

Voil^  ce  qu'il  y  avoit  de  plus  important  a  dira  des  dif- 
ftrens  ordres  qui  compofent  le  Clergi  ,  &  des  ]ri-inctpatix 
offices  ecclefiaAiques.  Quant  a  la  mani^re  de  perdre  TOr- 
dre  ,  nous  la  rifervons  it  la  Troifume  partie  de  ce  Traite, 
oii  nous  expliquerons  la  dipofition  8t  la  degradation ,  entre 
les  autres  peines  canoniques  i  St  pour  ce  qui  eA  de  rinftt- 
tution  des  Offices  de  rEglife  ,  nous  en  parlerons  dafU  la 
Stconde  pmU  ,  en  iraitani  de  racquiruion  &  de  la  perte  des 
binefices.  Maiaienant ,  il  ^ut  expliquer  une  autre  divifion 
des  perfonnes. 


d  Cii  PrCcrei  de  1i  canirjgation  de  li  MilHon  ,  fonc  ceuK  r[iie 
ron  >ppeUe  TUlgairemeiit  les  Piret  de  S.  Latare, 

Oucra  cette  congr^gacion  de  la  MiHian  ,  11  y  a  i  Pitii  un  SJnu^ 
naire  pour  les  Mimoiii  Ecrangirei ;  il  jr  a  niimt  ur  Sjminiice  parlj- 
■ulier  pauc  let  An^oit ,   El  un  autie  poui  1h  EgoBoIi. 


AU  DROIT  ECCLfeSIASTlQUE.        sjy  ^ 

^gP  -    .  = =■  =iff3     Pahtib  t. 

CHAPITRE      XXI.  '"'"""• 

De  rorigint  5*  da  p-ogrit  de  h  fie  Monj/Ufue. 

TOos  les  Chretlens  font  Rlgiiliers  ou  SicuUers.  Le* 
Riptlieri  ou  Rthgirux  (om  ceax  quj  fe  ront  engng^ 
par  v(£u  i  vivre  luivant  une  certaini;  regle ;  les  Seculitn 
font  tous  les  aiitres  fidcllcs ,  qui  font  demeur^  dans  le  (A- 
cle,  c'ert  tk  dirc  dans  le  comnierce  du  monde  ,  foit  Clercf  > 
foii  laiques ;  comme  an^i  entre  les  Rcligieux  ,  les  uns  font 
laiques  e ,  lcs  atiTres  Clercs. 

II  y  3  totijoiirs  eu  des  Chreticns  ,  qii! .  k  ritnitarion  dt 
faintJean-BaptiAe.  des  Propheti.'s  &  des  Rechabiies/,  fe 
fbnt  mis  en  folirude  ,  pour  vaqiier  uniquentent  i  roraifon, 
au  jeflne  &  aux  autres  cxcrcices  de  veriu.  On  les  appela 
rf^</M,c'eft  a-dire  exerciiant ,  ou  Mainei,  c'e{i  i-d\cefoli- 
tjiret.Wytn  avoitdcs  les premiers  tetnps djns  le  voirmage   .^"JT  tnjlli; 
d'AIexandrie  ,  qui  vivoient  ainfi  renferm^  dans  des  mat-  ^  CMu.  it' 
fons  particulicres ,  meditant  rEcriture-fainte ,  &  travaillani  c.  u 
de  leurs  mair.s.  D'autres  fe  r<.'iiroieni  fur  des  montagnei 
inacceflibles ,  &  en  des  lietix  d^ferts ,  ce  qui  arrivoit  prin.^ 
crpalemeni  pendant  les  perfccuiions.  Ainfi  Sdini  Paul  ^ , 
■'etant  reiiri  fort  jeune  dans  les  delerts  de  la  Th^bdtde  , 
pour  fuir  \i  pcrf^cution  dc  Dcce  ,  y  demeura  confiammcnt 
jufqu'^  rige  de  cenr  ireize  ans. 

Saini  Anioine  A ,  tgyptien  comme  lui ,  fut  le  premief 


en  iini'3\   (ont  ect\iet(*]ivtt  ,   fsnl    m  eoipi 
^ituliei     11   f  1' nviiiinoiiii   rii:i   neli|iieiiK  <|ui  i'* 


/  L  ei  Recbitei  iinitM  une  C^Qt  dt  Juifi  liuli  i^omtnit  Jc  Ri-ah 
Con    Inniiuieiir  ,  run    dci  (iellciidirii   d'AbiiilMiii.   Cci  Scd.iiM 

g  Ceii  S,  V4J\  ruiuomrr.J  fErmiie. 

h  II  le  retiri  .laiii  mie  iliJ.Vu.te  Jc  U  hiute  H;]rpt«  ,  ven  l'i<t  ii», 
palli  te  Nil  raii  :"t  ,  oil    il  Jemiur»    «iilecme   >laii    un  vieux  chl> 

porr  Boiiverner  crun  lui  ViPiioieni  fe  mettre  fon  It  cotijuite.  La 
nombre  .1ecei,K-(i  diiEmeiitnnt  Je  jour  eii  jonr  ,  on  comnienfi  t 
fcltir  iiini  lei  ilfrerti  p'ulieur)  moniilterei.  ije  faiiit  Soltiiire  ell  jp> 
ptii  It  Piiiriar^ht  dti  Ci"obiiii ,  comme  tuol  ie  premid  lofliiuliMf 
teli  viereligleufa.IlBaututran  1}A. 

Tmu  Jl,  R 


AU    DROIT   fiCCLesiASTIQUE.      15$ 
«laftere  dan*  rHe  de  Lerins  en  Provcnce :  &  les  petiies  iles        "       ■■ 
descoces  dltalie  &  de  Dalmntie  furcnt  biencdc  peupleesde    ^^'^V^J* 
faints  Solitaires.  Mais  ia  difcipline  n'y  ctoit  pas  fi  exafle 
qu'en  Orieni ;  on  y  travailloit  moins ,  &  le  jetioe  y  etoit 
tDOins  rigoureuK. 

II  y  avoit  des  Ermiiei  otl  Anaehoriiis ,  c'e{l-a-dire  des  Caffjn.  Uf, 
Moinesplusparfaics.qui ,  apr^savoirlong-iemps  vecu  en '"- ''^-  %• '• 
commuoauie  *  pour  dompter  leurs  paflions ,  &s'cxercer  k  * i4,„  celL 
loutes  fones  de  vertus  ,  fc  retiroient  plus  avaai  dans  les  ts.  t.  i. 
Colitudes,  pour  vivre  en  desceliules  feparees  ,  plus  deta- 
ches  des  hommes ,  &  plus  unis  a  Dieu :  c'etoii  ainfi  que 
•'achevoient    pour    rordinaire   les    foliiaires   lcs    plus 
eicellcns. 

L'une  &  Tautre  mani^rcde  vic  fut  imiteeparles  fem- 
nec ;  &  d^s  les  commencemens  il  y  en  eut  qui  vecurent  en 
commuiiaute  ou  en  folitude  ,  fous  la  conduiie  des  Eveques 
&  des  Moines ,  fans  compter  les  Vierges  &  les  Veuvcs 
confacrees  a  Dieu ,  qui  de  tout  temps  avoieni  ete  dans  !'£- 
glife,  vivant  d'abord  dans  leurs  maifons  particuli^res,  de- 
puis  en  communaute ,  mais  fans  quiiter  les  viiles  &  le  com* 
jDcrce  du  monde. 

Lcs  Moines  etoieitt  prefque  tous  biques.  II  ne  falloit 
4'autre  difpofition  pour  le  devenir ,  ijuc  labonne  volonte  , 
un  defir  fincere  de  faire  peniience  ,  St  d'avanccr  dans  la 
perfefiion  Chretiennc.  On  y  recevoii  dcs  gens  de  toutes 
conditions  &  de  tous  3gcG  ,  meme  de  jeunes  enfans  ,  que 
leurs  parens  oiTroient  pour  les  faire  eldver  dans  la  piiti. 
Les  efdaves  y  etoient  requs  comme  les  libres ,  pourvu  que  ^  ^'f^i 
lcurs  maitres  y  confcntilTent ;  ies  ignorans  comrae  les  fa-  Britar 
vans ,  &  pluficurs  ne  favoieni  pas  )ire.  On  ne  regardoit  ni 
aus  talcns  de  refprit ,  ni  a  ia  vigueur  du  corps  ;  diacua 
faifoit  pcniiencc  a  proportion  de  fes  forccs. 

Tous  lcs  vrais  Moines  ^toient  C^nobites  ou  Anacho-' 
rulcs  :  mais  il  y  eui  bientot  deux  efp^ces  dc  faux  moines. 
Lcs  uns  dctncuroient  ftxes  i  la  verite  ;  mais  feuls  ou  fcule-   Jfeg.  S.  Pin, 
ment  dcux  ou  trois  enfemble  ,  independans  Si  fans  condui-  '"''ijl     '*" 
tc  iprcnant  pour  rcgle  leur  volontc  paniculicre  ,  fouspr^-      * 
tttxte  d'unc  plus  grande  pcrfcflion  ;  on  les  nonimoit  Sjra- 

irei  at:rib'.ien:  rlionncur  ile  Ij  primsuli'  >u  inonnlti-c  ite  t.nxeriil  , 
liinilcpiirb.  CDlsmbin,  veitlt  miiac  tcnpi  qus  celui  d;  LciiiUi 


i6o  INSTITUTION 

tmam^mmm  ftf7»jffl.  Lesauiresque  ronnommoit  Gyrovagues  ou  Mat- 

Pakti^  I.   att  triani ,  &  qui  etoient  ks  pires  de  tous ,  couroient  conii- 

Chat.  XXI.  nueiienient  de  pays  en  pays ,  pafTant  par  les  Monatleres  , 

ranss'arrc:i;ren  aucun,  comme  s'ils  n^eulTenttrouve  nulle 

pari  une  vie  affez  parfaite.  I!s  abufoient  de  Thofpitaliii  des 

vraisMoines,  pourfe  faire  bien  traiier:  ils  cntroiem  en 

tousiJeux,  fe  meloiem  avec  louies  fories  de  perfonnes» 

fous  pretexte  de  les  convertir ,  &  menoieni  une  vie  dir^ 

glee ,  ^  l'abri  de  rhabit  monallique  qu'ils  d^honoroient. . 

II  y  avoit  pres  de  deux  cents  ans  que  la  vie  monaftique 

^•a     j,-^  6toiien  vigueur,  quandS.  Benoit,  apres  avoirlong-temps 

Kx>ii.  n.  4.    gouverne  desMoines,  ecrivii  fa  regle  pour  le  MonaA^re 

qu'i]  avoit  fonde  au  MoriCaHin  ,  entre  Rome  &  Naples. 

fU%.  S.  BtB.  II  la  fit  plus  douce  que  celle  des  Orientaux ,  permetiant  ua 

*.4o, 4r,4(.  peude  vin,&  deux  fortesde  mets,ouire  le  pain,  &  n'o> 

bligeant  pas  i  jcuner  tous  les  jours ;  mais  il  conferva  le 

travail  des  mains  ,  le  filence  exa^  &  la  foliiude.  Cette  r^gle 

fat  trouvee  fi  fage  ,  qu'elle  (iit  volontairement  embrafl^e 

par  la  plupart  des  Moines  d'Occident ;  &  elle  fut  bientdc 

■  apportee  en  France  n. 

Les  Lombardsenltalie,  &  IesSarrarin$enEfpagne,d^ 

folerent  les  Monafleres ,-  les  guerres  civiles  qui  afflig^rent 

la  France  fur  la  fin  de  la  premiere  race ,  cauf^rent  auffi  ua 

prand  relachement.  On  commen^a  a  piller  les  Monaft^res» 

qui  commen^oient  =1  etre  riches ,  par  les  donaiions  que  la 

vertu  desMoines  atiiroit,  &  que  leurtravail augmentoir. 

WH-  Eccl.  L'etat  itant  retabli  fous  Charlemagne  ,  la  difcipline  fe  ri- 

liv.  xtv.  n.  tablit  aufli  fous  fa  proteftion  ,  par  les  foins  de  S,  Benoit 

|7.  Kin.  n.  j'^ni,^g  o ,  a  qui  Louis  le  Dibonnairt  donna  enfuite  auto. 

To.T.  Cenc.  rite  fur  lous  les  Monafteres.  Cetabbedonnalesinftrudions 

/"f-  >WJ'     fur  lefquelles  fut  drelK,  ranSi^,  leriglement  d'Aix-la- 


m  Du  Riot  Hebreu  Sarib  ,  qui  ngnilie  rthclU. 

n  Li  ptemiere  tiigle  moiiJiii(]ue  itablic  en  Ftanee,  ed  celle  <Ie 
S.  Colutnbaii ,  qui  fut  npprouvie  pjr  lei  EvSquei  de  Fraiice  dans  lo 
Concite  Je  Macon  eii  617.  Le»  Moinei  embrsHSrent  enfuite  cclle 
de  S.  Beiiolt  ,  pjrce  qu'elle  leur  paiue  U  plui  parfjite. 

0  Ce  fainl  Abbj  rallembla  ,  avec  beaucoup  de  faln  ,  touces  let 
diRtieiitici  reglei  quj  avoient  iti  en  ufage  ea  Fratice  ,  &  en  form* 
un  fuiipl jmeiit  i  \»  rigle  de  S.  Beiialc ,  y  renfermant  coutei  1« 
loiHblci  couiumei  qui  ivoienc  cu  lieu  en  dilKreni  monaHerei.  II  flc 
eonfirmer  :e  Wut  par  Louii  le  O/hmiuu-f ,  8c  par  le  Cencile  tewa 
«  Aix.l«.CbipeUe  ,  •!!  tt^ 


AU    DROIT    ECCLeSIASTlQUE.       agi         '      . 
Chapelle.  Mais  il  refta  beaucoup  de  rclach^-mcnt  ;  le  tra*   p^Rxii  L 
vail  dcs  mains  fut  meprilii ,  fous  pretexie  d'ctt<de  &  dorai-  Chat.  XXI> 
fon ;  les  Abbes />  devinrent  dcs  i)eigneurs,3yani  dcs.vaf- 
(aux ,  &  etant  admis  aux  Parlemens  avec  les  Eveques,  avec 
qui  ils  commen^oient  i  fairc  comparairon. 

Ils  prirent  parti  dans  les  guerres  civiles ,  cottime  les  ait- 
tresSeigneurs;  ils  armoieiit  leurs  valTjux  y  &  leursferts, 
&(i:mettoienialaieic  ;&  fouvent  i!sn'avoieni  p]sd'autre 
irioyen  de  fe  garaniir  du  piilage.  D'ailleur5 ,  il  y  avoit  des 
Seigneurs  laiques  ,  quilbuspretexicdzproieftion  ,  femet- 
toient  en  pofTelTion  des  Abbayes  ,  ou  par  concelTion  des 
Rois  ,  ou  [le  leur  propre  autorite ,  &  prenoient  le  titre 
iCAhkii  r.  Les  Normands  ,  qui  couroierii  la  France  ea 
mkaa  temps ,  acheverent  de  loui  ruiner.  Les  Moines  qui 
pouvoieni  ethapper,  quittoieni  Ihabic,  revenoient  chez 
ieurs  parens,  prenoient  les  armes  ,  ou  faifoicni  quclque 
trafic  pour  vivre.  Les  Monafteres  qui  reftoienc  fur  pied  ,  Cmi.  Tr^t 
itoient  occupes  par  des  Moines  ignorans  ,  fouvent  jufqu'i  '''•  '•  '• 
ne  favoir  pas  tire  leur  regle ,  &  gouvernes  par  des  Su|>6- 
rieurs  itrangers  ou  inirus. 

Aumiiieudecesmiferes^S.Odon  commen^a  a  relever  Hifi.£nt,ti 
la  difeiplinemonaftique  Aim  U  ir.a-foa de  C/iini ,  fondee  par  '•"'*"*  **' 
les  foinsderAbWBernon  en^io.Ilfuivit  la  regledefaint 
Benoii,  avecquelquc  modiBcaiion  ,&  fedeicrminaa  por- 
ter  Vhabii  noir.  11  appliqua  fes  moines  principalemeni  a  la 


f  Let  preaiicri  Abbei  Jcaieni  liiquei  ,  de  mtine  que  lei  Moinei 
^uMl  gauvernoieiit.  lli  ilevinrent  Eccl^fiaHiilue!  lorlque  le  Pape  S. 
Sirice  ippelj  lei  Moiiiei  j  la  Clericaiiirc. 

f  Ili  j:<ileni  meiiie  «blig<ji  dc  1e  fairc  ,  roic  pour  le  fervi»  dn 
Roi  ,  roii  pour  U  fervicc  de  lcur  Seigneur  daminant  ,  fuivjnt  U 
loideiliefi.  Lei  Capituljireiiei  lUriienlcrent  de  rendie  enpedonn* 
le  fervice  militiire  ;  cependiinc  ilt  le  coniinuerent  cn<:o'e  long- 
(«mpi ,  p^rce  qu'ili  cmyoient  qEi'une  lelle  difpenfe  dcgr^doit  Irurt 
liefi.  Ilifeivoieni  ent:oic  i  li  lctc  lie  leuri  VJllkux  en  1077. 

r  Cel  abui  dum  depuii  lc  liuiiicme  (iicle  )iirqu'iiu  dinieme.  Cei 
Abb^i  ijilloienc  1e  foin  du  rpintucl  j  dci  Abbji  lit^ilairei ,  ou  k 
4le>  Pciciiriou  Pr^vutl  ;  £1  puur  dl!r,n|.ier  cel  Abhji  bVquei  d*l 
auirei  ,  on  lci  ippeloil  AlbiUti  miliui,  Huguei  le  Grjnd  ,  pete  de 
lluguei  Cipet ,  prcnoit  le  lilre  d^Abb,!.  Pltilippc  I ,  U.  Louit  VI , 
&  cufuite  lel  duci  d'Or!^ani  runl  appelvi  Abbdl  du  monaHtra 
de  S.  Ainan  d'Orleani ,  par  Hubcri  Hilloiien  de  ceiie  Abhaje.  Let 
duci  d-Aquitaine  onc  port6  l<  liirc  d'Abbct  de  S.  Hilaire  de  I'oi< 
lie  I.  Lei  Camiei  d'Anjou  ,  celui  d'Abbi:i  de  ^.  Aubin ,  Sl  lel  CsM- 
1*1  tU  Veiiniadoit ,  «clui  tl'Abb  Ji  dc  S,  Quentiii.  * 


^Hi 


i6a  INSTITUTION 

Paetie  1     P"^f^  9  ^  *'s  ^^  chargerent  de  tant  de  pfalmodie ,  qu'il  leui* 

CuAp.  XXI.  rcfta  peu  de  temps  pour  le  travail  des  mains.  Toutefois 

leur  Ordre ,  c*e{l-a-direleur  maniere  de  vie ,  fut  tellement 

eftimee ,  qu'il  s'etendit  fort  loin  en  peu  de  temps.  On  fonda 

plufieurs  Monafl^res  pour  cesnouveauxMoines,&  on  en  fic 

venir  dans  plufieurs  anciens  qu'ils  reformerent  &  qu'ils  mi- 

rent  fous  la  dependance  de  FAbb^  de  Ciuni.  II  y  eut  aufli  un 

grand  nombre  d^Abbayes  agregies,  qui,  fans  dependre 

de  Cluni ,  fuivirent  le  meme  Ordre ;  car  rien  ne  fut  plus 

illuflre  dans  TEglife  pendant  le  dtxl^me  &  Tonzi^me  fi^cle. 

GuUlelmi        La  maifon  de  Cluni  fut  mife ,  par  le  titre  de  fa  fondation» 

Comitis   Hf-  fQyg  |g  proteftion  particuli&re  de  S.  Pierre  &  du  Pape , 

Conc,  p,  5<5c.  3^6C  defenfe  a  toutes  les  Puiflances  feculi^res  ou  eccle* 

fiafiiques ,  de  troublerlesMoines  dans  la  pofleflion  de  leurs 

biens ,  ni  dans  Telef^ion  de  leur  Abbe.  lls  pretendirent  par- 

la  ^tre  exempts  de  la  jurididion  des  Eveques ,  &  etendirent 

ce  privilege  a  tous  les  Monafteres  qui  dependoient  de 

Cluni.  C*eil  la  premi^re  Congregation  de  plufieurs  mai* 

fons  uniesfous  un  chef,  immediatement  foumis   au  Pape  » 

pour  ne  faire  qu'un  corps,  ou  comme  nous  Tappelons  au- 

jourd'hui ,  «/2  Ordre  de  religieuxfA.up^r^y2nt  quoique  tous 

les  Moines  fuivifTent  la  regle  de  S.  Benoit  ,chaque  Abbaye 

itoit  independante  de  Tautre,  &  foumife  i  fon  Eveque.  La 

difcipline  s^afToiblit  en  TOrdre  de  Cluni ,  k  mefure  quUI 

S.    Bern,  s'itendit ;  il  fallut  difpenfer  les  meilleurs  fujets  pour  faire 

Ouiufahb  n.  ^^  nouveaux  etabliffemens ,  &  avant  deux  cents  ans  il  fe 

7.  ^c,  trouva  fort  reliche  /. 

V.Exordium  ^^is  la  vie  monaftlque  reprit  un  nouveau  ludre  dans 
Ci/ie.  c  Hifl.  la  maifon  de  Citeaux,  fondee  par  S.  Robert  abbe  de  Molefme , 
^v.  Lxiv.  II.  gj^  j Q^g  ij  fyjyjj  j^  j.^gjg  jg  5  Benoit  a  la  lettre  ,  fans  au- 

cune  addition,  rdtabliffant  le  travail  des  mains,  le  filence 


/  On  appelle  Ordre  un  corps  de  Religieiix  foumis  ^  un  feul  8c 
fn^me  Cliet ;  &  Congr^gation ,  une  portion  de  quelque  Ordre  qui 
a  fon  chcf  particulicr.  Ainfi  Cluni  n*e(l  pas  un  Ordre ,  mais  une 
K^forme  ou  Congregation  ^man^edc  TancienOrdre  de  S.  BenoTt. 

t  La  Congr^gation  de  Cluni  a  M  r^formce  en  i6£i ,  par  D. 
Jacques  dc  Veni.d*Afbouzes ,  alors  Grand-Prieur  ,&.  depuis  Abb£ 
rdgulier  de  Cluni.  Plufieurs  Maifons  dependantes  de  cette  Congre- 
gation  ont  cn  divers  temps  embraird  cette  Ri^forme.  On  cn  compte 
dans  le  Royaume  plus  de  jo  ,  dans  lefquelles  elle  eft  fuivie.  Les 
Rcli^ieux  de  ces  Maifons  font  appelds  jjdnddiftins  riformis  ,  your 
Ui  ailtinguer  dcs  aut»es'qu*ou  appelle  les  aiwiens. 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTIQlTE.       agj 

f\m  ei3A  &  !a  folinide ,  &  renoai^nt  a  tout«s  fortes  dc  dif-   PaHtii  l. 
penfes  &  privil^ges.  II  prii  rhabit  blanc :  &  le  nom  de  *•■'*'•  ^^ 
Mair.ei  bljna  tut  principalcment  donne  a  ceux  dc  Ciieaux 
commc  le  noni  dc  Moir.a  noiri  a  ceux  de  Ciuni.  Lcs  Mo- 
naftcres  qui  fuivirent  1'ordre  de  Citcaux  s'unireni  cnfom- 
ble  par  une  ConAiiuiion  de  Tan  1 1 1 9 ,  appelee  la  Cdrtt 
dt  CAdrfCc  u ,  qui  etablii  entr'eux  une  efpeced'arinocraiie; 
pour  rcmedier  aux  inconveniens  du  gouvernement  mo- 
rarchiqiic  de  Cluni.  On  convini  donc  quc  les  Abbes  fe- 
roient  reciproquemenides  vifnesles  uns  chcz  les  autres, 
&  que  Ton  tietidroii  lous les  ans  des  Chapitres  generaux  x, 
oii  tous  les  Abbes  feroient  tenus  d'a(fiftcr ,  &  dont  ies  re- 
glemens  fcroicni  obferves  par  toui  l'Ordre ;  ccs  chapitres 
giniraux  fe  irouvcrenifiutilcs.queiousIesauiresOrdres  Caf.«j!«- 
re%eux  les  imitorent,&  que  Ton  en  fit  meme  un Canon  ?"'''  T.twi 
dans  le  grand  Concile  de  Lairan  y.  tJh'ucfZ 

L'Ordre  deCiteau.is'accruimerveilIeiifementen  peu  de  Laitr.t,  n', 
temps,  par  radmiration  des  verti:s  qui  s'y  praiiquoicni.  II 
s'etcndit  par  louic  TEuropc ,  enforte  qu'il  avoit  d jja  cinq 
cents  Maifons ,  cinquante-fept  ans  aprcs  fa  fondaiion.  Ses 
premiures  filles  furent  h  Ftni,  Ponti^til ,  Clairvaux  &  Ah- 
rimond,  quc  lcurs  privilegcs  diftingueni  encore  aujour- 
d'hui  ;.  Clairvaux  fut  fondi^  en  ■  1 1 5 ,  par  S.  Bernard , 
Moinc  dc  Ciieaux;  mais  le  nom  dc  ce  grand  Saint  s'eft 
rendu  fiilluDre,  qve  plullcuisfontregardecommc  lechef 
de  l'ordre ,  &  oni  donnc  aux  aioincs  de  Citeaus  le  nom  de 
Btrnjirdins. 


^ 

Ctrta  tkaritiitii 

.  Elte  fut  ainfi  appelve , 

parce  que  foi  ilJcreti 

relpirenl  par  Un 

it  que  li    dij 

,riie,    comi 

ne   dit 

Clcment  IV  ; 

hUii.rtlon   Cali 

xte  11  ,  p.rcc 

■  qu-e1le  fui 

:  ctabli. 

!  <)u   conftnte. 

11  ,  a  fit  U  du 

iritii  mjtgelltf 

,  tant  •)«> 

Alihc. 

&  Jei  MoriiM 

del 

uut  ruidre,  (|u( 

riiei  Eviquei 

,  dui»  lei 

i  ilelqueli  lcuH 

F"' 

nieri  moiiatlircl 

avojeut  ili 

fondCi.    rr.j(i  le 

■  Chff.    ile    Ju 

Cjnje,  aii  Bioi  f.if( 

j. 

fOjJieJe  Clie 

,iixellkp« 

mier  <,ni  »ii 

[  etabU 

ce.  ci«rit--«« 

Jinerju-..  Ce  t-t  cn 

11J9  ijucruii 

lit  ce  rcglci 

y 

En  11. {. 

I 

Oa  lci  appcllc  eccore  Iti  qua 

trtfilltsJcCtttaux. 

*ar^ 


4«4  *N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


Partii  I. 

CIIAP.XXU.  CHAPITRE     XXII. 


O 


Des  autres  Ordres  de  Religieux. 

N  travailla  auffi  dans  ronzieme  ficcle  a  la  riforina* 

(ion  du  Cierge.  Les  meaies  calamites  publ;ques  qui 

ruinerent  la  difcipline  chez  les  Motnes,  la  ruinerent  encore 

plus  facilement  chcz  lesChanoines,  moinsieparesdu  mon- 

dc.  IIsabandon:]erent  donc  ia  viecommune^,  &  pIuGeurs 

meme  uevinrent  concubinaires  A.  S.  Pieire  Ddmiens^^Ievsi 

contre  cesdefor^tres  avec  un  grand  zele  ;  &»  a  fa  folliciia* 

Oryuf  14.     lion ,  le  Pdpe  Nicoias  II  afTembla  k  Rome  un  Concile  de 

Uiji.  /iv.^^Lx.  ^^"^  treize  tveques,  en  105 9 ,  ou,  apres  avoir  condamni 

A. } I.  la  fimonie  &  le  concubinage,  il  ordonne  que  les  Clercs dor» 

ment  &  mangent  enfemble ,  &  mettent  en  commun  CQ 

qu'ils  re^oivent  de  rhglife^lesexhortant  ii  ia  viecommune 

apolloiique ,  c*eil  a  dire  a  n^avoir  abfolument  rien  en  pro* 

Sifl,    liv.  pre.  Le  nieme  Decret  fut  renouvele  en  1063 ,  par  Ic  Pape 

ixi.w.  5«  6-  Alexandre  II,  enun  Concilc  de  plus  decent  Eveques.  Les 

Clercs  qui  obeirent  &  embraflerent  ia  vie  commune » fans 

aucune  propriet^ ,  furent  nommes  Chdnoines  reguLers,  pour 


a  La  plupart  des  Eglifcs,  ou  dans  le  cours  du  neuvieme  fi^cle, 
on  avoir  rccabU  la  vie  commune  ,  tuivant  ia  V^gle  donn^e  dans  ie 
Concile  d*Aix,  la  quitterent  dans  le  dixieme  iieclc  ;  &  ce  iat 
alors  que  Ton  commen^a  a  parler  des  Clianoines  feculiers  ,  pour  let 
dilbnguer  de  ceux  qui  cuntinuerenc  a  vivre  fclon  la  rvgte  ,  &  qu*on 
appciu  pjur  cetce  railun,  Chimoines  ri£ulu*s.  La  vie  conmunecon* 
tiniia  ne  nmoins  d*ecie  obfervee  djns  plulieurs  Egiiles  Cathedrales 
&  Cutle^ia  es  ,  particulierement  en  France.  L^uCage  ne  fut  pas  par- 
tour  conltaiu  m  uniibrme  ;i  ce  r.jet.  Ce  ne  fut  que  dans  ie  douzeme 
liecle  que  ies  Clmnoines  que  I'on  appeile  au)ourd*iiui  fi^ulitn^ 
actiever-nc  par-tout  de  quiccer  la  v  e  communc.  \  oycz  i'Wft,  dts 
Chti  oints  ,  pur  Cliapcrei ,     nap,  IX  »  &  i*Hift.  de  Verdun. 

b  il  fjut  obferver  que  che/  les  Romains ,  une  concubine  dtoit 
une  fem  ne  le^itime ,  mai^  qui  dtoit  epunfee  moins  folennellement 
que  cellc  qu*<>n  appeloit  uvor.  L^Eglir'  n*a  jamais  autorif^  le  con* 
cubinige  :  mas  comme  il  ne  lainbit  p^s  d*ecre  pratiqu^  par  bcau- 
coup  de  peribnncs  ,  cc  fut  pei.t  etre  auffi  ce  qui  induiltt  quelqwe* 
Clercs  j  devenir  concuhinaires  ,  d*autant  que  ic  c^ltbut  n*ctolt  pat 
encoie  obfcrv^  par  tous  les  Cercs  ;  qu'cn  plufieurs  lieux  ils  ne 
▼ouloient  pas  fe  foumectre  j  la  loi  du  celibat ,  comme  on  «n  voit 
encorc  un  exemple  au  Concile  .*Erford  en  1074»^  ''a»*  «n  con-* 
cile  de  Reims ,  tenu  en  1119,  Von  fut  encore  obiige  <ie  faiiQ  tt4l 
Xe^lttmen^  f  ovif  Qi)Ii^er  lci  CUrcs  de  ^arder  \%  CQutiueuQ^^ 


AU   DROIT    ECCUSIASTIQUE.      2«; 


lesdiflinuitier  6i  ceiit  qiii  ilcmeurcrenc  dans  rancien  reld-    PABTiKt- 
chC(ni:nt ,  &  cjue  ron  nonima  ( hjnoinet  fiadltrs.  CHAr.XXU. 

Commela  r^g!e(i'Ai\  la-ChapclIi;  ne  paroiflbit  pas  sffcz 
exafle,  fur  lc  point  Jc  I.  i!cra,"proptiaiion,on  remonta  a 
rinllituiion  dc  S.  Aiij;i-ftiii ,  &:  l'on  c<irv!rii  quc  les  Chanoi- 
rts  rc-juJisrs  fuivroicnt  Id  r^/glc  cle  S.  Aiig;iOin  ,  lans  (juc 
Ton  tonvienne  bicn  qiicl  ecrit  de  S.  Au^.iiftin  ils  ont  pris  strm.  %%%, 
pouc  Itur  rigle ,  ft  cs  nc  font  les  Scimons  dc  la  vie  com-  &  ii'»' 
irurc  descltrcsoulaicnrc  t  etritc  F<"'i*r  le  monaftire  doni 
fa  fffiur  avo't  la  conui^ite.  Quoi  quil  cn  foit ,  on  a  mis  tou- 
jcur;  dcpiiis  la  riglc  de  S.  Aiit;uftin  cn  parallele  avec  «lle 
ile  faini  B^ncit  pour  h  propc:i;r  aux  Religieu»  cleics  com- 
Bie  rauirc  a  tous  tcs  Muines. 

LetChanoines  repiuliers  furcnt  en  grand  credit  pendant      MoaUm. 
i'onzicme  &  le  douziime  fucle ,  &  on  en  mit  en  U  plupari      "'  * 
des  Cathedrales.  Lc  pape  Alexundre  I!  en  mit  lui-meme  cn 
fon  Eglifc  Patriarcliale  de  S.  Jean  de  Latran  ,  qui  fui  chef 
d'une  congregacion.  On  cn  f>t  en  Francc  de  lcmblablcs: 
entr'autres,  celle  dc  S.  Ru(  pics  de  Valence  en  Dauphin^ , 
&  ccile  de  S.  Viiaor  de  Patis  en  1 1 1 o.  Ainfi  les  Chanoincs     Ptff-    f>*^ 
commencerent  a  fjirc  dcs  ccrps  fepares,  comme  les  nou-  *     '* 

veaux  Ordres  de  Moir.c^.  Le  plus  illuftra  de  ces  Ordres  de 
Clianoines  riigulicrs,  futcelui  de  Prcmonite,  foiidc  pir 
S.  Norberi  en  i  no, 

Cependant  lcs  Croifades  i/pro  luifireni  un  nouveau  gen- 
re  de  religion  inconnu  iuft|u'alors ,  cc  furenc  les  Onint 
miliiMrtn.  Lc  plus  illuHrc  cft  ,dui  di  S.  J.-^n  dt  JirufaUmf, 

e  Pir  ceite  ledre  ,  S.  Augunin  e:<W[(  Ut  Ile::pcurei  Je  cc  ino< 
mnere  J  Ij  rnumlilioii  po;ii  leut  Supi<[ieur ,  &  leur  ;!oiine  Jei  le- 
|lei  pour  tout  le  ilctiil  ite  leur  conJuile-  Ced  Cirlle  leltie  iu'iid 
■ppelle  o-mmuncmeiit  U  riglc  dc  S.  ABgu/H  ,  &  lui  a  tii  if 
fWiait  ai.x  hommei. 

■f  LjpTcnirit  cimraderut  prfcli^e  j  Kame  1*111  icSci  Ii  dernieie. 
ftii\ttiti>ii,i-<,~  ,  ,r«utlie"H"'"'  "'''■ 

(  L<  rl"i  ""'ien  •'■<:  ci  Oidrei  efl  c(!..i  i!e  MjTic  .  i-.hi  »n  ic-;q. 
te  pr,niier  u\  jcr  <lt  eet  otd.e  fu'  ■'.t  ^ot  n«f  rho!"vi-.ili'^  i\.i  Tile.-int 

Let  Ttmr^iert  r<»enl inlliiu^i  cn  iiiS  pour  iiicnArt  Iti  ff.ttiat 
de  1*  ctuiui^  dei  inr.del'ti  ,  It  pour  lei.ic  tct  chemini  lilirei  ea 
(j»«iir  <le  ceiii  aui  entreprenoiei.i  le  yvygt  de  U  Ttrre-Sjir.te. 
M^i'  i:>  (*  r^,iri.er.r  fi  odit.ii  pac  lcuri  c-imti  ,  q'.:e  leur  Ordre  f.il 
tot.Ifmtnt  iSoli  cn  mi.  Tel  fur^ujr.  rOr.'.t  Miliriirtd.- S.  L.iire  . 
fr  c-k,  d.iChcv*licti  Teuton. ,  *-.bi;t  ftc.t\t  lieiiiiint  f.icle. 

f  Afi-rU  toinviiuniintm  l'0r4ri  di  Uallt,  ftftt  HU-tlt  Q7iaiMik(% 
SW>1«  yttUciMiueul  t  M*lte, 


a6«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

PAftTii  I    ^  coiDfiienqi  par  un  hopital  ou  Foq  rece voir  les  peierins! 

Cbap.XXIJL  Des   le  temps  du  rroifieme  Maitre  de  rhopiral ,  noinaii 

Raioiond  du  Puy ,  i*Ordre  etoir  compole  di^  rrois  fortesde 

Bifi.Ltjau  perfonnes,  de  CfuvalUrs,  de  frc^zs  fcrv^ns  ^&  de  CUrcs^ 

#•11«  comme  il  paroir  par  la  BuIIe  dAnafla.e  IV ,  de  Tan  1154. 

Apres  la  perte  de  la  Tcrre  fainte,  ils  fe  retirerent  a  Rho- 
des  en  1 3  10 ,  &  de-la  a  Malte  en  1530. 

Comme  rfc/pagneecoitencoreoccupeeen  partie  parlesio* 
fidelles  A ,  on  y  etabrttaufli  pludeursOrdres  militaires;  quel- 
ques-uns  fui vant  la  regle  de  S.  Auguftin ;  la  plupart  fuivant 
]a  regle  de  S.  Benoit  &  les  Conftitutions  de  Gteaux.  Ces 
ordres  ne  fe  font  point  etendus  hors  de  rEfpagne ;  &  la  plu- 
partont  ete  depuis  fecularifes  &  reduits  a  des  Confriries  dc 
ChtvaluTs  qui  ne  laifTent  pas  d'etre  maries  &  de  vivre  a  peu 
pres  comme  les  aurres ,  portant  feulement  la  marque  de 
rOrdre  fur  leur  habit ,  &  jouiflant  des  Commanderies.  L'Or- 
drt  dc  S.  Mlchtl^  du  5.  Efprit ,  de  la  Tolfon ,  de  la  Jjrreiitrt^ 
&  tous  les  autres  que  les  Princes  ont  inftitues  par  des 
devotions  particulieres ,  ne  fonr  que  de  fimples  Confreries. 
II  y  a  plufieurs  Ordrts  Relipeux  Hofpiulicrs ,  deflines  , 
ou  a  fervir  les  malades  ,oua  loger  les  pelerins;  ils  fuivoient 
tous  la  regle  de  S.  Auguflin ,  parce  que  la  plupart  ont  com« 
mence  par  des  Clercs  ;  &  c'eft  comme  Hofpiriliers  que  les 
Chevaliers  de  Malte  la  fuivent.  D'autres  fe  font  devoues 
particuli^rement  a  la  redcmption  des  capttfs  i, 

Mais  les  plus  fameux  de  tous  lcs  religieux  modernes  , 
(bnt  Its  Mendians  k,  S.  Dominique ,  Chanoine  d*Ofma  ea 


"  m 


g  Cef  Freres  Serrans  fontdesServans  d*arinesqui  ne  font  pas  affuisttit 
a  fsire  preure  de  Noblelfe  comme  les  Chevaliers ;  ils  portent  une  ci  oi>L , 
mais  qui  eA  <!iAinj;ude  dc  ceile  des  Chevaliers. 

h  C'cfl-u-dire  les  Maures  dont  la  domination ,  dans  une  partie  de 
TEfpagne  ,  ne  finit  qa*en  1491.  Leur  Nstion  ni  lcur  Religion  n*y  furent 
mhmt  pns  encore  totalcmcnt  detruites. 

/'  Tels  font  !cs  Reiigieux  Mathurins  &  ceux  de  la  Mercy. 

k  On  appelle  Mendians  tous  les  Religieux  qui  font  profelTion  de  vivre 
d^aumones.  Entrc  ceux-ci,  lesplus  anciens  fontles  Carmes  ,  Ics  Jaco- 
bins  ,  les  Cordeliers  &  les  Augudins  qa*on  appelie ,  comme  par  excel- 
Jence  ,  Ut  auatre  AUndians ,  ou  les  quatrt  Ordns  Mcndians.  Dans 
Vorigineles  Hcligieux  Mendians  ^toient  tous  excius  de  la  polieifion  des 
kiens  immeubles.  Oznsla  fuite  ,  les  Cordeliers  &  pluilciirs  surres  onc 
^td  admis  a  en  pofTeder  ;  maii  les  Capucins  &  les  Frercs  dc  I'Obl'er- 
vance  ont  ^t^  nomm^ment  except^s  de  cette  permiflion,  Voyc-^  le  Con- 
cile  de  Trente,  feff,  1$ ,  cjp,jg  &  VarticU  26  du  cahier  prcfeme  i 
CharlesIXi  parkQerg^, 


.t 


AU   DROIT   ECCLeSIASTIQUE;       a(ir 

Caftitli!,  My.mt  tuivifon  Evcqueenunvoyage,s'arret3en  PartiiIi 
Lii::^ucducn  travjillcr  pour  ia  convernon  tics  Albi{:co!s.  Cba*.XXII4 
En  lao'!,  il  air;it';l:i  tc.icltjues  Pr^tres  avec  lcrquels  il  fit 
un  ^randnu  r ;  0."  l'.in  i  iif.  .ilobtint  du  PapeHonoriiisKI 
un  n^i^i'*,;-  pwur  li:  Piievrc  dc  S  Romain  deTouloufe, 
en  fiv-ur  (li;s  <.;itfrcs  q.ii  y  \ivoient  fou*  fa  conduite,  fui- 
vant  !a  riflo  de  S.  A  jguiHn  ,  qu'il  avoit  dc)a  embraflee 
CO.-iime  CiniioiiKv  On  ios  nomma  Us  Fti'ti  Prceh.urs. 

En  niemc  icinf  s  ,  S.  Fran^ois ,  fils  d'un  marchand  d^Af- 
fifc ,  comnicnq.t  dc  mencr  une  vic  extremcment  pauvre 
&  pcniiciitc ,  &  alTcmbla  qucl(;ucs  coiiipacinons ,  lcs  uns 
Clercs,  lus  autrcs  Laiques,  eihortant  loui  L-monde  iU 
penitence ,  plus  par  fon  eiemple  que  par  fus  dif<.onrs.  II 
avoil  peu  de  Icttrcs  &  ne  voiilui  jamais  etre  ordonnc  Pr^- 
tre ,  fe  comemant  d'ctre  Diacr^.  II  travjilloit  &  recom- 
mandoit  afes  frercsle  travaildes  tnains,  voulant  tcutcfoii 
qu'ils  n'euirent  point  dc  honie  de  mendier  au  befoin.  1!  les 
itomma/»/ rJrMA(incur.i/,coinme  moindretquelesautrcs, 
&  leur  donna  une  rcgle  particulicre ,  qui  fut  confirr.ice  par 
Honorius  lEl,  en  1213  ,  &  fut  embralTcc  en  m^me  temps 
par  fainte  Claire ,  dc  la  mcmc  ville  d'A(fifc :  cet  Ordre  dc 
fiiles  fut  nommi le  feconJ 0'Jrc  Jt  S.Fran;oii:  &  le  Tiert-or- 
Jrt  comprcnoit  des  hommcs  &  dcs  fcmmcs  ,  vivani  dons  le 
inondetfflcmedanslc  mariage.qui  s'ob:ipcoicnipar  vceui 
une  vie  veritablemem  Chretienne ,  &  k  Tobfcrvation  de  la 
regle  de  S. Frjni;ois,autant  quk;  lcur  erat  le pcrmettoit  or. 

DeS  )e  commencemeni  du  meme  fiecle  ,  Aiberi ,  Pa- 
triar<;he  dc  Jcrufalcm  ,  avoit  donne  unc  re^ic  a  dcs  Erroi> 
tcs,  qui  vivoient  fur  lc  Mont-Carmcl  dans  u.-.e  grandc 
aullcriie.  II  en  vini  en  Europe ;  &  leur  rcgle  fut  confirm6e 


ai»lurlui,  ayjnidonni  lc  num  de  Minimu  i  lOrdc*  <|u'i: 

"■'i' 

I  rFcullcni  cft  dc*(nii«  i!rr"'>  "n 
■i-Oid:«  dt  i.  FrM^oii,  ai(  rfc  /j 
rin.ii.ret.  L<t  Ufdit  *ft  aiTiiii  .npluCciiH  1'rgvincei ;  ccu.  dc  1  i...  ■.. 
ft  «i.urii  de  l'eiiui«  Ohiet.ance.  11  y  a  siiin  i*ei  BeiliieurM  du  mui.i 
Ori,^.  II  y  1 1  p.tii  une  M..iron  it  R.ii^leui  <ie  cerUcdic  liriUie  1 
Vicpuii,  lu  bout  du  fiubouic  S.  An(.>iiie,  ce  q.ii  Lli  qu'«n 3FP*"( 
*yliu(tiP«M  (««Rtliticux  Jm  eiep>iff,t ,  Uifi.  Jutu  OiHb. 


i68  INSTITUTION 

Partib  1    ^^  1 126.  S.  Louis  en  amena  a  Paris  en  1254  :  & nousleft 
CVAF.XXil.  appelons  Cames. 

Ce  fut  auiTi  dans  le  meme  temps  que  le  pape  Alexandre 
IV  unit  en  un  feul  ordre  plufieurs  Congregations  d'Ermi- 
fes  de  difFerensnoms  &  dedifTerentesinftitutions  ^fous  le  nom 
A^trmius  deS,  Au^uflin.\  oWk  Forigine  desquatre  principaux 
Ortires  de  Mendians ;  car  tous  ces  religieux  faifoient  profef- 
fion  de  ne  point  pofTeder  de  biens,memeencommun ,  &  de  ne 
fubfider  que  des  aumones  journali^res  des  fidelles.  Ils  etoient 
Clercs  la  plupart ,  s*appliquant  a  Tetude ,  a  la  predication ,  & 
a  Tadminiflration  de  la  penitence,  pour  la  converfion  des  he« 
retiques  &  des  pecheurs.  Ces  fon£tions  vinrent  principle- 
ment  dcs  Domi  nicains /2 :  le  grand  zele  de  pauvrete  vint  princi* 
palement  des  Francifcains.  Mais  en  peu  de  temps  cous  les 
Mcndians  furent  uniformes  ;  &  on  auroit  peine  a  croire 
combien  ces  Ordres  s'etendirent  promptement.  IIs  pre« 
tendoient  rafTembler  toute  la  perfeflion  de  la  vte  mo- 
fiaflique  &  de  lavie  clericale;  Tauflerite  dansle  vivre  & 
le  vetement  ,  la  priere  ,  Tetude  ,  &  le  fervice  du  pro- 
chain.  Mais  les  fonflions  clericales  leur  onc  ote  le  tra- 
vail  des  mains  ,  la  folitude  &  le  filence  des  anciens 
Moines ;  &  robeifTance  a  leurs  fuperieurs  particuliers,  qui 
les  transferent  fouvent  d'une  maifon  ou  d'une  proviiice  k 
Tautre,  leur  a  ote  la  flabllite  des  anciens  Clercs,  qui  de- 
meiiroient  toujours  attaches  a  la  meme  Eglife ,  avec  une 
dependance  entiere  dc  leur  Eveque. 

Depuis  le  commencement  du  feizteme  fiede  ,  il  s*e(l 
eleve  plufieurs  Congregations  de  Clercs ,  pour  travailler 
a  la  reformation  des  moeurs  &  de  la  difcipline  ecclefiafti- 
que ,  &  s*oppofer  aux  nouvelles  herefies.  Les  plus  anciens 
font  Ics  Theatins ,  inflltues  cn  1524,  par  le  B.Marcel  Cae- 
tan ,  Vicentin  ,  avec  Pierre  Caraffe,  Napolitain,  Eveque 
de  Chieti ,  qui  fut  depuis  le  Pape  Paul  IV. 

Dix  ans  apres  0 ,  S.  Ignace  de  Loyola  jeta  les  fonde- 
mens  de  fa  Societe  ,  par  ie  voeu  qu'il  fu  avec  fes  dix  pre- 
miers  compagnons,  en  la  chapelle  bafTe  de  Montmartre» 
prcs  de  Paris.  Son  inflitut  fut  approuv^  Tan  1 540 ,  par  le 
Pape  Paul  liL  II  avoit  pour  but  le  fervice  du  prochain  dans 


m  AuflTi  leur  Ordr«  t\^^t\\it'Xr'^l*OTdndu^rtruPrkhturt, 
CcfuUQi534« 


AU    DROIT    ECCLesiASTIQUE.      a«9  

Vous  les  befoins  fpiriiucU,  le  catechirme,  ia  predication ,   p^     '    jj" 
la  controverle  conirc  les  hcrciiqucs  ,  radmini^ration  de  la  cuaf.KXIL 
penitence.  II  nomma  fa  Compagnie ,  '41  CompagnU  de  Jefus  , 
qui  s'ell  eiendue  pir  loute  h  icrre  habiiable ,  avec  le  fuc- 
<es  que  chacun  voii. 

Ll!e  c&  compofec  de  qtiatre  fortes  de  perronnes  :  lei 
Ecoliers/» ,  lcs  Coadjutcurs  fpiritucls  ^  ,  les  Profts,  les 
Coadjuteurs  tempotels.  Les  Profis  r  font  lc  principal  corps 
dc  la  Compagnici  &  fuivani  la  premiere  approbaiion  de     '""■'   '"• 
leur  infliiut ,  ils  ne  dcvoicnt  ctrc  que  60  :  mats  leur  grande 
utUiti  fit  bientot  lever  cette  rcllrifiion.  Les  Coadjuieun  fpi- 
riiuelt  foat  Ics  Pi-eires  agr^gcs  a    la  Societ^,  pour  faire 
les  inemes  fonflions  que  les  Profijs ,  excepie  d'enfcigner 
la  theologic ;  &  ils  font  au-delTus  des  Ecoliers.  11$  ont  le  Cimfl.  foeimi 
mi.tM  engagement  a  la  Sociec^  que  lcs  Profes ;  maisla  So-  i-pan.  t, «, 
ci^ie  n'eft  pas  engagee  de  meme  a  leur  egard ;  &  ilg  peu-  '* 
ventetrecongedies,  quand  il  eA  juge  expedient.  LeiCojd' 
juiiurx  lempareU  font  ,  comme  les  freres  biques  chez  les 
Moines.  En  France,  ils  pafrenc  tous  igalement  pour  Reli- 
gieus,  des  qu'iis  ont  fait  leurs  vccux ;  &  s'ils  fortent  de  la 
Compagnie ,  apr^  avoir  atteint  Tage  de  trente-irois  ans , 
ilcne  peuvent  rien  demander  i  letir  (amille/  Outre  les 


f  Ou  Etuillini  ou  Scobniquet  Bf>prou*Ji,  lefqueti  ronliimrcni  jel 
NoTint.  lli  n«  foni  que  ilei  vceui  rimplei ,  tt  co  pt^fMice  dci  Domer- 
liquei  rtulcmtnt. 

f  LtiCDi<Jjuicurifpi:itueIsfont  linft  ncRiRi^t ,  pircr  qii'on  Iti  con- 
fidirecommelet  lidciiltt  1'rarct,  dani  Ii  mLn.neit  &  eouircrncintnt 
EccUI>a(li<1ue.  Leun  vccui  font  publici,  miU  rimplti.  tl,  nc  [ontqu* 
leilIoii*KUi,  i!ech.fle-.e.p9uvrcit&ob<ilTancc,  cC()ui  comprend 
l^iDlliuAionde  \>  jcjntfTe. 

r  Cti  l'ro(ci  (ont  dti  >ccux  foltnndi.  llji  deux  foriei  de  Profci  i 
(iTOir.  «eui  <|u'on  appelt  aviini-rii ,  qui  ne  font  quclei  troii  vccux, 
tt  lei  Hrofci  qu'on  appcl!e  1'rorei  di  ^aacrt  raat ,  pirce  qu'i!t  fontun 

Sualriem*  viru,  pir  lequel  ili  promettent  rp^ciilcmenl  OMifTincc  ail 
ipe  pour  ce  qui  rcgitdc  ItimilTioni. 

ySuiranl  lct  conllitutinni ,  Ici  ^colien  ipprouWi  conferrent  la 
domaine  Gi  U  )i[oprielJ  ile  leuii  bicni  ,  (]uoiqu'ilt  ne  puillicnt  eii 
Jouir  imlcpeiidammeiit  ile  leurt  Siip^ricur].  Mait  en  France  lei  eco- 
liert  ftoient  riiputcl  leligieuK  ,  de  mtmt  que  ]ei  Coadjuleuri  li  ]<( 
Profel. 

Lcl  JJfuitet  onl  quitre  foiici  de  miifonl ,  favoir  ,  lel  Miiifani 
frffrjfti ,  lefiiaellei ,  p»r  leur  iiiHitiit  .  ne  Joivenl  vivre  lue  J-au- 
IBonci  ;  let  ifai/nat  de  Probaiici  ou  Srviii.it  ;  lci  t„/.V^«  ii  lei 
Miffwnt  i  ili  ont  iuKi  dei  iraifoni  qu'ili  ippclleni  de  r.fiJcn.-t.  Tou- 
Ici  cet  maifoni  font  diitdbu^ei  pai  piaviucci,  &  fouoiilet  augcat> 
<*1 ,  qui  detneufe  i  EoBe. 


»7»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

,    trcU  verjx  or dlnaire^ ,  !es  Jeiu::es  pro:'^  en  fottt  nn  parri- 
Cmaw  xxil'  ^-^^^ »  d'otc'.r  au  Pape  en  tour  ce  qji  reearde  runli:e  des 
ames»  &  !a  propagarion  ds  la  foi ;  aiais  le  Pape  a*uie  poinc 
de  ce  pouvoir ,  ii  le  Uifie  au  Generi!  r. 


r  Lci  Jef^itei  n'e=:r£rea:  sa  Frasce  ponr  la  preaiiere  foiSy  qo^ca 

1545- 

I!i  cbtir.rcn:  a=  rrscis  de  Jinvier  15^3  ,  des  LeKr*i-patentes  con- 

firrr.snves  de  lejn  b.IIes ,  &  qai  leur  permetroien:  de  basr  lui  Col- 

lc^e  jk  Paris  ,  2c  r.on  es  autres  villes. 

Les  gc:i  du  R  oi  s*oppoierer;t  i  renrcgifh-eniea:  ,  &  re^irent 
^j'ii  fut  f.  it  «fes  rcT.ontrarces  :  il  y  eat  des  Ie:tr-s  de  jjfEon. 

Le  Parlcrr^r.t  ori*.or.r?a  q-e  les  Le::-es-pate:?:es  fero^ent  cooiiBn- 
fiiquecs  a  IT.ve^se  de  Pinis  ,  Sc  a  ii  fjculte  de  theo!c4:e. 

Eaftache  Ja  Belhj,  £ve^-je  de  Psris ,  jugea  que  les  bulles  con« 
tenoient  phHejrs  cliofcs  c:r2ng*s  &  alienees  ^e  raifon  ,  &  qui  nc 
devoicnt  Ctre  tolerecs  ri  rei;::es  e:i  la  rcligion  chre:ienne.Il  ea  cJni- 
puCi  dnize  articles ,  dont  il  conclut  qu*oa  ne  devoit  point  receroir 
ia  focicti  dans  Is  roys;-n;e. 

La  Facultc  de  tlrtologie  dtt  qrie  cette  focicte  etoit  dingerenfe 
pour  la  fo:;  q-.i'elle  ne  pouvoit^ue  troubler  la  paix  de  T^glife  ,  ren- 
verfer  Tordre  monafiiii.e  >  qu*eile  ccoit  nee  pour  la  deflrudioo  ,  8c 
non  pour  rc-Jif.c^ticti. 

Le  Parlemen:  dilibera  alors  qu^on  ne  pouvoit  ni  ns  dcvoit  ad« 
■lettre  la  fuciete. 

Les  Jdfuites  obtinrent  de  nouvclles  Lettres-patemes  en  isfo  8c 
l$^o  ;  &  par  ces  dernieres  ,  ils  confentoient  a  n'c:re  reqits  qu'3  la 
charge  que  leurs  privileges  &  leurs  confticutions  ne  feroient  aucu* 
nement  contre  lcs  lois  du  royaume  ,  ni  contre  rEglife  Gallicane  , 
Jii  contre  les  droits  des  Ev^ques ,  Paroilfes  ,  Chapitres. 

L'Evt'q'.ie  de  Paris  con.^entiti  renrcgiflrenient;  mais  encore  avec 
bcaucodp  de  coaditions ,  qui  furent  depuis  adoptees  par  raflemblec 
dc  Poifly. 

Les  gens  du  Roi  confentirent  auHi ,  attendu  la  dcclaration  des  J^- 
fuites  :  mais  ils  ujoiiterent,  fjjf  oii  en  apres  (  lcs  Jefuites  )  fe  troa- 
vcroicMt  dommji^cahlcs  ou  prcjudiciables  aux  droits  du  Roi  &  pri« 
vilegcs  eccIiJfiaftiqucs  ,  dc  reqnerir  y  etrc  pourvo. 

Lc  Parlement  fe  AcfnMM  que  la  dcclaration  des  Jefuitcs  fT\t  cap* 
tieiifc,  ordonna  le  22  Fevricr  is'»-»  <I>ie  les  Jcfuites  (c  pourvoiroient 
f.ir  Tapprohation  dc  loiir  Ordre  au  Concilc  general  ou  afiemblec 
proch.Tine  qui  fe  tiendroit  c'c  r£i;!ife. 

Lc  Clc.-ge  afTvmble  a  F  r.ily,  donr.a  le  x^  Scptcmbre  i?6x  ,  fon 
2viv .  portant  quc  la  focietd  nc  fcroit  rcque  que  par  forme  de  Co^ 
c\i:C'  &  de  co]'c^e  ,  &  non  de  rcligion  nouvcllcment  in<^itu^c  ; 
quVlle  prcndroit  un  autre  titrc  que  celui  de  Sociitc  de  Jefus  ,  ou 
dc  Jcfiiitc  ;  qtie  TEveque  dioccfMin  auroi:  fnr  clle  toute  furinten^ 
dancp  ,  jiiridiftion  ou  corrc^ion  •,  que  lc$  fr^res  de  cette  compagnic 
ii*cntreprendroient  &  nc  fcroicnt  ni  en  fpirituel  ni  en  temporel , 
•nciines  chofes  au  prcjudice  des  Eveques ,  Chapltres  ,  Cures  ,  Pa- 
roiffes  &  Unlvcrfitds  ,  &  dcs  autrc;  religions  *,  qirils  fc  conforme- 
roicnt  au  droit  ancien  ,  renon^unt  au  prealable  oc  p-ar  apr^s  ;i  tous 
privilcgcs  portds  daus  leurs  bulles  qui  feroicnc  coucraircs  aux  coit- 


AU   DROIT  ECCUSIASTIQUE.        171   

Voilii  les  Ordrcs  de  religicux  les  plus  confiderablcs.  Oa    Paktii  I; 


tllc^nnt  preciiilcniei ,  aucrement  b  i  fitite  dc  ce  fiire,  oiique  pout 
rjiciilr)t>vriobtiiilluiitil'aulret ,  lel  prefenlei  Jcineureroient  nullet, 
&  {..^t  \c  .Iroit  de  liJiu  iflcir.bU-e  ,  &  rautcui  eii  couCel  chorei. 

CcE  jvls  fiit  liumuloguc  pjr  ariec  fuc  requete  du  Paclcnicnt  ,  du  tj 
Fivritr  I  (61  ,  qui  erdoiiiia  qu'il  fctoic  cnrcgillre  coinme  contenint 
rj]>t>tuhucion  (lc  li  coitipagnie  pir  forme  ile  rocicc^  m.  de  co'iJg« 
1'.  .:it;ment  ,  Sc  aux  chaigtt  (k  coniiicioni  portcei  ,  fuit  dani  cet 
acie  ,  foit  dini  la  declaiiiiun  dcs  Jcfuiiei. 

Lcs  cniiclulioni  dct  gent  du  Kai  portoientque,  ^ujiit  i  priftnt  , 
let  Ji!t';:icci  fjireiic  rcunii  pai  forme  il'allcmb:>!e  ilc  collcge  ,  i  la 
chjrj(c  dc  lei  reieter  ,  fi  !t  qjjn:l  ci-iprei  ils  feroient  dtEcouvettl 
«lce  nuifihle^,  ou  fjire  priiiudicc  au  bicn  &  6al  du  royiume. 

Lei  Jjr.iiiei  ayjiit  tenc^  cn  i%f>^  ile  fc  fiiie  aRrcger  i  1'UniTer- 
fiti  ,  taut  les  oidrei  >'y  oppofeieiit ,  TEveque  de  Pnrii ,  le  Prjv6| 
det  Mireh»nJi  U  les  tchevii»  ,  rUiuverfuc  ,  lc  CarJinal  de  Chl- 
liUon,  canfervacciir  dci  Privilvgpi  ilc  fUniveiriii ,  celui  de  fainta 
Cencvieve  ,  let  Cnre>  ,  lei  AdminiDmeuii  Jei  Hupicaux.  Toul 
mfine  aiMquetcnt  rctjblillemeni  iles  Icfuitet  par  le  vice  inl^ricui 
de  fi  conllit':tion  ,  tt  dem.inilcreiil  qi:'ili  futVent  congediei. 

Li  caufe  ptiiiUe  au  Pjilemcni ,  M.  du  Mefnil  ,  Avocac  gjn^rtl, 
tdhvca  lux  concluliont  dei  oppofani ;  &  panrrfcdu  19  Mari  IJS4, 
lci  pactict  fucent  appninidet  au  Confeil.  L'afliiiic  n'i  iamaii  tii  jugce. 
L'Uiiiveifiiddemundaencocecn  ]T<;4,quelei  Jefuiieifiifliintrenvoffi 
iu  royaume  :  1a  lequeie  fuc  iuinle  u  finDancedom  onviencdcparler. 

Maii  apr^t  rairaninni  de  Henii  IV  ,  il  ]r  eut  nn  aiicre  arrtt  le  19 
Dccerabie  1194 ,  im  ordonna  iiix  lefuitei  de  foicir  daiii  iroil  jourl 
de  Parii ,  St  de  toutes  lei  vill--t  de  leur  r^lidence  ,  comme  corrtip- 
icun  de  la  jeunelle  ,  pcicuibaieucs  du  repot  public  ,  ennemii  da 
Roi  St  de  l'Elat. 

Au  moii  de  Seplembre  1C01  ,  llenii  IV  ,  1  la  pilerc  du  Pipe  , 
teur  accorda  dci  lettiei  pour  leur  r^CdbliHement  dans  le  coyaucne. 
L'enre|;iltieinent  de  ces  leltret  fprouva  lei  plui  ^iandes  diHicullJi. 

Laifqu'dt  oblinrent  en  t3o9  la  permilTiun  de  faire  leSuie  publique 
de  thjoloflie  1  Parjt  ;  U.  en  l(!to  ,  ccllc  de  faire  lcfons  publiques 
de  toulti  fortei  de  fciencet ,  rUnivciliti*  i'y  oppofi  furtemcnt. 

Elle  tic  la  m£me  cclinance  en  iHt  ^  "•'fi  ,  al'occjliun  d'autc«t 
tcntativei  femhlablet  fiitei  par  lei  i^fuicei. 

La  duftcine  dei  Jffuitci  rfpanduc  dant  une  infiniic  iraiivra|tei 
jmaniii  d'eux  ,  tk  upprouvds  par  lcuii  fuptiieuii  ,  a  ellUyi^  uue  foulc 
de  GonJjmiiaCions  ,  lant  de  la  pan  de  pliifieun  l^apei ,  qiic  dciAr-. 
clieviqucllicKveq:ici,a!remblce>du  Clcrsi.Univeifit^i.CuiJi.Stc. 

Ea  i}6i ,  ayant  citj  lcurt  conlliiutioiii  rfimpiimjei  li  Pragkc  en 
1TIT  I  t  vnl.  in  ■  fo!.  dani  ta  fameufe  caufe  qu'il>  eiirenl  en  li 
GniKl'C!iimbre  dj  Pj-lemcnt  de  Paiit  .  contic  let  (ieuii  Uuney 
&  Goulfre  leurt  cr..'a:icieri  i  celic  cicitinn  ilonna  lieu  iw-i  defen. 
feun  dei  ftcun  I.<oncy  ,  de  dilculcr  quelquei  enJroili  de  cei  conf. 
ttMlioni  qiii  avoicnc  tialt  j  Ij  cjur.-. 

Lc  II  A- 


I  lulli  leut  doatioc  ,  Sc  1«  Pailemeol  lil  en  eidcucioq 


171  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


PartieI.    les  peut  rapporter  a  cinq  genrcs  ;  Moines,  Chanoines} 
CuAF.AXlI.  Chevaliers ,  Freres  MenJians,  Ciercs  Reguliers. 


d*un  arrSt  du  5  M^rt  1761 ,  un  extraic  des  priiicipaux  ouvrages  dei 
Jeluiccs  ,  coir.enanc  les  allertions  dangcre.ifei  &i  penilciejies  eil 
tout  genre ,  fouteuies  par  les  Jifuices.  Ces  aliercions  furent  pr^ien- 
tees  au  Koi  ,  &  envv^yies  a  cous  les  A  c  evequcs  &  Eve^iaes  da 
reflbrc  de  la  Coar ,  i<.  A  toiis  les  autres  Parlemens. 

Sur  Tappel  inceriete  par  les  Procureurs «  G<^n^raux  des  brefs  , 
bulles  ,  contUtutions  ,  &.  autres  at^es  concernans  les  J^futtes  ;  en« 
femble  des  formules  &  dtniilio  is  de  voeax  ,  &  fur  le  vu  des  afler« 
tions  dont  on  a  par.u  ,  &  de  diveifes  autres  pi^ces  ,  mdme  des  m^« 
tnoires  qui  f.irenc  fojrnis  dans  plaiieuiS  Cours  pour  les  J^fiiices;  iX 
a  616  decla:<^  par  divers  arrecs  d*s  Cours ,  qu*ii  y  avoit  abus  danf 
rinllicuc  de  la.lite  foc  ece  ,  laqjelle  a  i.^  diiibuce ,  &  fes  membre» 
f^cuiarifes ,  avec  d^fenfcs  j  eux  d'entretenir  aucune  correfpondancs 
avec  le  Geniral  etant  a  Ro«ne. 

Ces  arrets  onc  ^c^  renJus  au  Parle:uent  de  Rouen  ,  le  11  Fivnct 
1762;  en  cclui  de  Hourdeaux  ,  le  26  lies  memes  mois  &  an;  aii 
Parlemcnt  d;;  Bretigne  ,  le  27  Mai  iuiv.'nt',  au  Confeil  5ouveraiii  de 
Roudillon  ,  le  iz  Juin  de  la  mSmt;  annee  j  au  Parlement  de  Paris  f 
le  6  Aofit  fuivant  \  au  Parlement  ie  Metz  ,  le  20  Septembre  1762^ 
au  Parlement  d'Aix ,  le  i8  Jaiuier  17')  *,  en  ceiui  de  Touloufe  , 
le  26  Fevrier  fuivant ;  au  Parlement  :Ie  i^au ,  le  28  Avril  176)  ;  eo 
celui  de  Dijon  le  11  Juillec  fuivant  ;  au  Parlement  de  Dauphin^  le 
19  Aout  de  la  meme  annde;  au  Confeii  Souverain  de  la  Martiniqu? 
le  18  Oftobie  de  la  meme  annee. 

Les  prlncipjux  mocits  e>:primes  dans  ces  arrScs  font,  le  vice  de 
rinilituc ,  &c  celui  de  la  dof^rine  des  Jcfuite« ,  comme  contraire  k 
U  iibcrte  naturelle,  ala  religion,  ala  paLx  de  l'£giife  ,  &  i  ia  furet6 
des  Etats. 

Par  un  cdit  du  mois  de  Novcmbre  i7<^'4  ,  regiftr^  au  Parlemenc 
de  P:ris  le  premier  U^combre  fuivant  ,  lu  Cour  iufGfjmment  gar* 
Jiie  de  pairs  ,  il  ed  Mt  que  fa  M.ije:tc  sVtaiiC  fait  rendre  un  compte 
exai^  de  tout  ce  qui  concerne  la  SociiSt^  de-  J^fuites ,  a  r^folu  de 
fjire  ufuge  du  droit  qui  lui  appartient  efllntiellemont  en  expliquanf 
fcs  incentions  d  ce  fujet ;  en  confJquence  1j  Majefle  ordonne  qu^i 
ravenir,  la  Societ^  ^les  Jcfuicts  n'a't  plus  iieu  dans  fou  Royaume  , 
Pays  ,  Tcrrej  &  Seignc uric-s  de  ibn  obeiirjnce ,  permettant  n^an» 
moins  a  ceux  qui  cloicnt  d.  us  lailitc  focicto,  de  vivie  en  particu« 
liers  daiisles  Etats  de  fa  Majerte  ,  fous  Tautorit^  rpiritiielle  des  or- 
dinaircs  des  lieux,  cn  fe  conformant  aux  lo>s  du  Koyaume  ,  &  fe 
compurcunc  en  toutes  chures  ,  comme  bo!is  &  fidelles  fujets  du  Roi» 

Cet  ddi:  a  dto  cnfate  regtllre  dans  lej  aiitres  Parlemen^  Sc 
Confeils  Sup^rieurs  dii  Roya  >mo,  dan^  lefquels  il  n'avoit  encore  it6 
rie;:  ftjtiui  de  defiiiicif  au  liijcc  des  Jcluices  ;  fuvoir,»au  Pa^IemenC 
de  Douay  le  u  Dccein!)r«  1764  j  au  Confeil  Souvcain  d'.Uface  le 
15  duilic  mois  :  au  Pa  lement  de  Befdn^on  le  i'  Janvier  176$  g 
apies  des  lettres  de  iiifTion  du  20  ilef«iiis  mois    &  an. 

Par  un  Bref  du  Pape  Cl^ment  \1V  ,  dat i  lu  21  Jnillet  177?  9  ll 
Societe  des  Jcfuitcs  a  6x6  declarec  ent  e-^eme nt  (fteinte  Sc  fupprimee 
cUni  toute  r£glife«  Cc«  d^rmircs  lignes/oni  dt  la  main  dc  VEdtteur* 

CHAPITRS 


AU   IJROIT    ECCLeSIASTlQUE.       i^J 

C  H  A  I>  I  T  R  E     XXI 11. 

Dts   ra-jx  6-  de  h  Piof.fion  Rtllgiaifi. 

UN  Religicux  cll  ua  Ciiriiiicn  cngage  par  vceu  rolect- 
nd  a  prariqucr  tcuie  fa  vie  les  conreils  de  rEvangile, 
fuivanr  une  roglc  approuvetr  dc  rEglife.  Ced  donc  le  va;u 
lolcnnel  u  qui  coiifiiiue  principalement  fon  etat.  Le  vceu 
cH  une  promcflc  l.iiica  UicU  de  quclque  bonnc  ccuvre,  A 
Liquclle  on  n'eil  pas  oblige :  comme  cl'un  jeune  ,  d'une  au< 
mone,  d'un  pclcrinage.  Pour  fdire  un  vccu,  il  fauretreen  c.x.dtVet»' 
aiederaironparfjitc,  cVHa-dire  de  pleine  puberi^ ,  ^re  fr'> 
libre,  Ai  avoir  la  itifiiorition  de  ce  que  Ton  vcut  vouer  ; 
linfi  une  femmc  ncpeut  voiier  fans  le  conft.-ntementdc  fon 
Bi3ri.  Le  v<eu  rmiple  cH  cclui  qui  fe  fait  fecreiemeni ,  &  fani  Nnfflcr.  txt^ 
a^icune  Iblennite  ;  il  n'oblLge  pa-,  moins  en  confcience  ,* 
tiiais  s'il  a  eic  f<iit  legciument ,  ou  fi  par  la  fuiie  Taccom- 
pliiremcnt  en  efl  devcnu  trop  difEcile ,  on  peui  eit  eire  dif- 
penfc ,  au  mcins  par  commutation  d'une  bonne  ceuvre  en 
unc  auirc  :  &  lout  auirc  vucu  cll  clian^e  dc  plcin  droit ,  cn 
celui  de  la  profoirion  religicufc  :  regulieremcni ,  l'Evcque 
pcut  difpcnter  des  vccuk  fimples. 

Vkpi  oii  Ton  peut  s'engjgi:r  par  des  voeux  folennels ,' 
pour  entrer  en  religion  ,  a  et^  r^gl<i  diverfcment ;  depuis 
la  puberie,  ou  fon  peut  contraflcrmariagc,  jufques  i.  la 
pii:ine  majoriie ,  qui  ell  de  vingt-cinq  ans.  Enfin  ,  le  Con-    Cent.  JiiH 
ciledeTrenterafixe  a  feiic  ans;  declarant  nullcs  lcs  pro-Aff  "="■"*/• 
fcHions  faitcs  avant  cei  age ,  &  obligcant  a  fjire  au  moins  '*  \t{^^  ^, 
une  ^nnce  de  noviciai.  L'Ordonnance  de  Biois  y  c(l  con-  iB. 
formc ,  &  dccbre  nullc  la  difpolition  dcs  biens  faiie  avanr 
cet  agc,  a  caufj  de  la  profclTion.  La  profcHion  doii  eire 
faite  folennellemcnt ;   le  Religieux  doit  pronor.ccr  cn  pu- 
blic  la  formule  de  fon  voeu ,  &  en  laiirer  TAfle  ccri:  &  (i^r.4 
de  fa  rosin,  &  il  cn  doit  etre  tenu  regiflre  .t,  aiin  quc  la  MaiiUai,  si> 


iiOnappclli  Vim /vltH-^tl ,  celiil  v'' 
let  turniihlui  rfquifcs ,  Sc  culie  l«i  ni/m 
tiQiie    |)our   te    reLevc.ir. 

r  S..Hint  U  Dci-lJriiiaii  du  9  Avril 
Uiiiruiii  Iteligieurei  ,  !1  Juk  y  avvii  <l;its 
Tomt  II. 


174  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  S 

V\KTifi  I.   preuve  en  (olt  £ici!e,  O.i  a  aboli  rufage  d,»  prcrsSoiB  tz* 
Ch.  XXIU.    cites,  qiie  Ton  preiumcit  aurrsfbis,  q-jani  une  pcrlbanc 

C.  rr  partt  avoif  ete  p!us  d'un  an  dans  un  M  ^naltire  ,  ponanc  rhabit 
iz  di  Kegy^  ^j^,  Rclieieux  Proijs  v.  Ceil  pourcuci .  le  r.ov:cat  ecant 

f "/!?.  7m//.  cxpJre ,  le  poiiulant  doit  etre  mis  defaors ,  s":!  a'eii  pos  ai- 
j//i./.  r,  r6.     fni!»  ii  la  profeiiion. 
c  *^'th^fl7tu       "  ^  ^'^  plufieurs  fois  defendu  de  vendre  rentree  cn  reG- 

Mftnac^  uu  g'^"  >  puifque  c'eft  unc  efpice  de  Cmonie  ^.  La  profcffioa 

miiii,  pou*  infcrire  Ict  adtei  de  v^cure  ,  novici^:  &  prcfeiEon.  Le& 
que!t  rrfr^rSret  font  c&ces  par  premier  2c  dercler,  &  pirjph^s  tsr 
ch;«i  '^  t-:::Uet,  par  le  Skpcrieur  ,  ou  U  SupsrieLre  ,  qai  JoirenC 
kXTK  'd  \imx.Ui%  it  cec  enfet  p<ir  un  iCtt  capiiulaire  »  iclere  aj  cooi* 
ir.enc::T.r;r.t  Je  chacun  de  cei  regifrres. 

L"d:ti','.-:  t^t  porce,q'je  cout  les  ades  de  v^curs  ,  noricia:  8c 
prorcfU..n  feront  infcries  en  f/ancois  ,  fur  ebscun  <.!e>  ife-jx  regiilres» 
^9  iu.tt  U  fans  aucun  b!anc  :  U  que  les  a«i^es  ffronc  tigiiis  fur  IcS 
clciix  ic;{i^:rct,  par  ceux  qui  lei  doivent  figner  :  le  Couc  en  meme 
temp»  q  /iis  feronc  fjics  *,  bL  qu'en  aiiciin  C2S  ies  ades  ne  pourronc 
ilrK  ir.!crirs  (ur  dei  ftruillcs  volances. 

L\irric!c  17  or.lonne  ,  que  dans  chacun  de  ces  iStts^  il  fen  fiic 
metition  dj  nom  Sc  f:.rnom  ,  &  de  Tige  de  ceiji  ou  cellc  qui 
prendra  D.ahic  ,  ou  qui  fera  profefnon,  des  noms  ,  qualites  &  do- 
micil«;<  de  les  per«  8c  mere  :  du  lieu  de  foi:  ori^ir.e  ,  &  du  icur 
de  V»(i'i  :  lcqucl  fera  fignc  fur  les  dcjx  regiilres ,  tarc  par  le  Si:pc- 
rieiir  ou  la  Supdrieure ,  que  par  celui  ou  cellt  qui  prendra  rhiibit 
ou  fcra  profp^fitnn ,  enfemblc  p«r  rE\'cque  ou  ai:tre  perlonne  £c- 
cicli^iiliqce  ,  qui  auront  faic  U  ccrcmonic  ,  £c  par  deux  des  plus 
prochci  parcni  ou  amis  qui  y  auront  Mfic. 

Suivant  rarticle  aS  ,  ccs  rcgidres  fer\'ent  pendant  cinq  anncef  ; 
&  Ton  en  apporte  un  au  Grerledu  Bailiiage  Royal  ,ou  autre  fitSgCy 
ayant  (lant  Ic  licu  la  connoifldncc  dcs  cas  royaux. 

II  e(t  au  choU  dcs  parties  intcrcilces  ,  fiiivunt  rarticle  19 ,  de  le- 
ver  dct  extraitt  de  cet  ades ,  fur  le  regiilre  qui  e(l  au  Greflfe  ,  oa 
fur  cehii  qui  rc(le  entre  les  mains  du  Supcricur  ou  de  la  Supeitenre* 

y  Aufli  dic-oii  commun<^mcnC  ,  que  Vhahit  ne  fnit  pas  le  Moinem 
Cu  qui  ftgnific  quc  la  prife  d'habic  ,  faite  m£me  avec  folennit^  ,  ne 
conditue   pas    Kciigieux  celui  qui  le  porte. 

7  L;i  Dcclnrution  dn  mois  d*AvriI  169J  ,  regiftr^c  en  Parlement , 
c1<:tcn(l  j  tous  Supcrieurs  &  Sup^ricures ,  d*exiger  aucune  chofe  « 
dirc^teincnt  ou  indircdtemcnt  ,  en  vue  &  coniiilcrntion  de  la  re- 
cc|i(ion  ,  priil*  d'habit  &  profenion.  EUe  permet  n^anmoins  aux 
intMuitLrcs  d(;t  Curmclites,  dcs  filles  dc  Sainte  Marie,  des  Urfu- 
lifK  V ,  U  uutici  qui  nc  Ibiit  point  fondces ,  Sc  qui  font  dtabliesde- 
)jiii\  !'<in  ifoo  ,(Ic  rcccvuir  dcs  penfions  viagcrcs  pour  la  fiibfiftance 
<l"s  pcifonnes  qui  y  prtnncnt  Thabit ,  &  qui  y  font  profeflion  :  a 
la  cliiii;;r  quc  ces  penfluni  nc  pourront  exc<5dcr  la  fomme  de  too 
livrr^  .'i  |'aiis  &  autres  villct  qui  ont  Pariement ,  &  ccile  de  )so 
livie«  (l;in%  Ici  autrct  licux  du  Koyaumc,  Elle  pcrmec  aufli  auxdics 
Moiiiilttjrc'.  ,  de  rccevoir  pour  Ics  mcubles  ,  habits  &  autres  cho- 
fcs  abiolument  ncccii JLies  pour  Tentr^e  des  Keligieufes  ,  jufqu'a  U 


AU   OROIT   ECCLfeSlASTtQUE.      a?^ 

keligicufeeftuneillufion  ,fi  clle  n'apour  bur  les  biensfpi-    p^j^      j 
rituels.  Toutefois  il  a  toujoure  iti  permis  a  ccuit  qui  en-  cu,  XXIII. 
trent  en  rcligion  ^,  d'y  porier  leur  bien  ,  ou  une  pariie  ;   '"■  Quenian 
&  4  leiirs  parens ,  d'y  donncr  a  leur  confidcration.  De  plus ,  ^'^^^^J"'^^ 
fi  le  .Monadere  n'eft  pas  atTez  richc ,  pour  nourrir  plus  de  v  c  64  1.  «. 
fujcis  qu'il  en  a ,  il  ne (crcit  pas  juHe  dc  refufer  un bon  f\i-  '■  &  1 .  f* 
jci ,  dc  pcur  de  prendre  fon  argcni.  Ainft  on  ne  peui  don-  TftnmoJ.  i- 
ncr,  fur  cette  matiurc,  dcmeilieurercglequclaconrcience  14.  n. 
des  Supiirieurs ,  qui  fc  chargcni  devant  Dieu  d'un  criine  S.  Th  n.  j; 
cnorme,  s'ils  re^oivent  un  fujei  indigne ,  psr 'ii  confidira- J.^^''jJ^j;j'j"_ 
tion  de  quelque  intirct  temporel.  Suivant  la  pratiqiiede  ,,.  j,  tu- 


fomme  de  iix»  livrii  unc  foii  payee  <lant  lit  villei  oii  il  jr   »  ptr- 

tet  pircni  tt  hcrlcieri  Jei  peirannei  qui  entrenc  dliii  Ifi  nionilie. 
ret  at  foient  )iii  en  volonii  ou  en  it3t  d'j[Iiirer  lcfJilei  pen. 
fioni  viigeiei ,  il  efl  pcrmii  aux  Sup^iicuci  de  recevoii  dei  lam- 
fliei  il'argent  ,  ou  dei  bleiii  iinmeubles  ,  qui  liennriit  lieu  def^litei 
penfioni  ,  paurvu  que  lefjitei  fommei  011  imcneNb  ei  n'eiceJeftt 
pat  tooo.  livreidini  lei  vilki  ou  il  ]p  ■  failemeni ,  U  BillcLin 
«C33  livrei.  L>  m^me  D<5c!ai3iion  peimet  au^  Monjfteiei  qtii  oiit 
^ei  leTenui  ,  pac  leui  tan.tation  ,  &  qui  pieiendront  ne  pouvolr  en- 
tieienir  k  nombce  de  Reli);icufci  qui  y  font,  dc  pr^fenter  lux  Evi- 
fuetdel  i!3tt  de  Ituii  leveniit  &  de  leuri  chargei,  ruc  ravis  def- 
quels  il  eH  dii,qiic  roii  paurii  pcimeitie  de  recevaii  dci  peiiriani  , 
det  fomrnei  d'aiseilt  ou  dci  iinmeublei  de  la  tiIcuc  cidellj* 
Mprimie. 

Jl  but  joindrc  i  ceite  djcliraiion  ,  ce  qu'il  y  ■  de  retatif  i  crt 
•^et  ilani  r£dit  dn  moii  dAoCt  1749  >  concirnint  lei  fjeni  d« 
miin-morce  ,  qui  leur  d^fend  ,  art.  14  ,  d'acqujrir  i  ravenir  aiicant 
fbndi  de  terie  ,  maifoni,  dioiti  i^eli  ,  icntei  fonciirei  ou  non  ri> 
chetibtct ,  inenie  des  reniei  conHiiuJei  fur  paiticulieri  ,  fi  ce  n'eft 
aprji  avoir  obienu  dci  Lcitret-Pateniei  pour  racqullition  def.liii 
fcicni.  L'aiticle  iG  vcut  ()ue  celtc  difpolitlon  aic  lieu  ,  j  quel<|u« 
liCie  qu^iliacquieient  ,  U  pour  quelqL.e  caufe  griluiCc  ou  OHj.-euf* 
que  ce  puiHc  etre.  L'jriicle  iM  leur  permec  fe::lemenl  il'acqiieril  1 
tiot  letciei,  dci  renlci   fur  le  Roi ,   fur  le  Clcrge,   lei  dioctfel  , 

•I  Lei  novicei  peuveni  difpoferde  leuri  bient  ivant  de  falre  pra- 
fellion  :  mais  i!i  ne  pcuvent  pai  lei  donner  au  couvent  dinf  lequet 
P.l  fanc  profellion  ,  y  a/Jiii  une  incapaciij  de  reccToir  ,  i  caiife  d« 
rempire  q.tc  le  couTeni  rll  prefumi  avoir  fur  le  novics  ;  ci  qat 
rll  une  luite  de  la  pruhibitlun  gcn^rale  faite  aux  pertoniiet  ^cant 
*n  It  puiil-nce  d'autruL ,  de  duniiei  1  leuri  tnteuii  au  autrci  iil- 
■niniltrileuri.  CVIt  ainfi  que  l'on  a  pnienJii  raicicle  iij  de  rOl- 
«lannince  d'Orl.!ai>i,  H.  te  iR  dc  1'OiJonnance  dc  Btoii  ;  Zi.  i'tt. 
licle  17^  dc  li  Couiume  de  Piiis  l'tryej  Kicird  ,  dci  donicioni  , 
pjri,  I.  ik.  1  ,fi3  i),".  iijo  &f\iiv  Bouthcut  ,  ihid.  »  Xi  tf  S6. 
D'l<ericouit,   UistciUft^iUquii,  pari.  l ,    ih.    n,    nrt.i.n.tu 

M.  Fleuiy  Mliit  lui-nieme  robleivmion  cl-apcci ,  cft-  14. 
Sii 


I  >;  S  T  r  T  L  T  I  O  N 


; .  <  ^. ,  I  ■- .  .iz  r'M.-:ds.  Tj.-.  :  :<ii  :•;  :  irzi-nT  ci  qul  lcra  'ionoe  Z3 
w*.  .%.«^  **  Mr.::,  .'.:.--..:  i:  :  .:  .: ."  1  ^o.ir.oLr.  L^ict^  cii  profe^ 
:'•::--•:-"----.;,... « •:. : :  rw^i^rcq-ie  eatri  le  Reils:i<ux 
^  :  C---r--:  c:-T2  ..  r^  pcu:  piui  cuit:er  ,  auiu  Li 
<  .TT  i-^--.:  rj  - 1>-  .-i  .T.e::re  c^hcrs,  icui  qusique  pre- 
r:i:.-  :    .  ^2  .*>.: ,  -.13  cz  7.z  ^a»  rexpoi^r  a  Li  (nuere,  Ac 

C.lz.t-€t      Lii  R=..^  ij  w  c:...j.::  d^-curer  dans  Icur  vocatxoiL 

S  ^  -i^-i*.-.  ^.  ;  ^  j .'.  r  I  a r. w .  -».: ::  j  r . :  j , '.  i-;  ?•  I  j . nes  ne  pa Jol^^.ic  p  oint  d*ua 

M  ,r.i:";jre  1 !'-_:::  j  :..:.:  ^:^::  di  sni=:e  des  Ciinoinesre- 

:>.-!.,:•  M-is  q..:-:--*  Ics  M^r.iiJ.i»,  o:  lii  aucres  Congre- 

r---.  r- .^  /.v.j-i  r:'*'.wi.-5,  z^i.^-rx  cis  exjrjlVs:  cerre  iVibilite  de 

/if^. !$..-.;>   .    .^  ^  j  ^  djiver.t  tc j;jurs  deireurer  dar*s  lejr  Congrega- 

lion  i  i*  c.T  g;-r.cril ,  \\  r/eit  pas  pern::s  de  pauer  d  un  Or^ 

drc  rciigi^ux  a  un  aurrc.  On  en  excepte  ceuz  que  ie  defir 

d'i!r.e  piui  grar..:!e  pcrfcfrlon ,  tjit  palh^r  a  une  obfervanca 

plus  ctroitw*.  W  le  pcuvcnc  b ,  fa.is  avoir  obtenu  la  permif- 

fion  de  leurs  Supericurs;  il  luiiit  qu^ilsTaient  demandee  c'. 

C.  I\'tt  i».  Les  Mcndi.instoutefois  ne  peuvent  paflcr  que  dansTordre 

rxtrJ!iz  "^'  ^^  ^'"art reux ,  fi  te  n'eft  par  dirpenfe  particuliere  du  Pape  d, 

lomm,  cod.c,  Ccttc  rci;!c ,  de  pafT.-r  a  une  vie  plus  auderc,  a  fourni  des 

I.  Mariini    prctcxics  de  liccncc ,  dcpuis  le  rv^Iachement  des  anciens 

*^'  •  Moines  de  S.  Benoit  &  dc  Cluni.  On  nc  peut  empecher  un 

Rclif;icux  d*uno  obfcrvaiicc  plus  exafle ,  mais  criginaire'; 

nicnt  moins  rii^oiircufe  ,  dc  paflcr  dans  celles  ci ,  quoique 

notoircmcnt  rclachts,  fi  (d  coniaence  ne  le  rcricnt.  Cell 

fouvci.t  un  prcccxre  pour  obte.iir  des  bcneiices  reguliers; 

dii   nioins  ,  pour    dcmeurcr  vag.Voond  ,  fans  cioture  ni 

i)l)ciir.ihco ,  quoiquc  leConcile  de  Trente  Tait  cxpreiTenienc 

dclcndu  r. 


'•  11  l,iitt  |uMir  irt  rtVvf  i\\\*V^  aicnr  iin  henirole  ou  confcntenient  du 
\ii|-rt*riii  il4ii«ri'i<lir  (liiijiicl  i!^  vculcnt  cntrer. 

»  0.1  t>|iiiMvr  li  iiii  ivir  (.Moie  {loiir  lcs  Chanoines  rd^uliers  Sc  pour 
1. 1  )«•'■•%*•  >t(ci  •  \\  II-  ii\'ii  ijiir  cclics-ci  nc  pcuvcnt  1'ortir  du  premier 
M.  ii.iil'ir  ,  1.1. IV  t. II-  I  ■Miniiltmi  p:ir  ccrii  flu  i'l\vc(|ue. 

.1  I  .i\  Mi  tiiii.»i"%  i|iii  U)ii(  t:.iintcrL'%  li.in*  ui\  autrc  Ordre  n'y  peu^ 
1 .  >i  ii-i.ii  il^i  t'>i-iu-ii^r  .  ik  niitini  \\\\\\\  n*cn  .licnt  ubtcnu  difpcnlc  du 

r  ■■  •• 

^  J'  \'\  .\  ,j  \t  Ir  r»po  ijiii  puiliv»  tf.in^Urrr  un  Rcli^ivuT  d*un  Ordr» 

\    ••  \\y\  p  ,  i'.M>t  Ia  \  .«  ri)  miMii«  «iiiKMr.  l.'ni*  tcllc  tr.trll.ition  ne  pcut 

I.  •  .1.  .Mi.-  f.iiifr  *  «it4r  iCititiiiiuir^  lulMiurfr^,  ipii  mittcnt  le  Reii- 

V   •.-.i  .;  . .  1«  il'.»Si.M  vi;\  iji  iCp,'**- l"'*  l»-ri  ilc  irjiwbtiun  doit  «rr* 

,  .1  .  A^ttti^i.  \\\\  It  i«|'|-^M  »l«i  AUUcuni ,  6c  aprci  aroit 


\ 


N^. 


AU    DROIT   EC0L£SIASTIQUE.       177 
Quclqtiefow  iin  Rcllpiciix  riidame  contrc  (cs  vccux  ,    p,„"j  J 
priifnfiant  r,ii'il  y  3  r.ii!l^i-j  ,  ou  qiiii  Ils  a  ijjis  par  <on-    di.  xXl 
truinti.-  /  Si  anrts  fs  prcf;:tlion  il  a  hifie  palTcr  e:R(|  snis  p ,  ^'iT  4.  f  1 
{.tv.i  le  plair.tlr^ ,  il  nc  'i.iit  plii^  liire  oui.  I>iins  1«  cinq  ans  y-,/"^,  jj 
mcnic ,  il  ne  cioit  point  Otrc  oui ,  s'il  qutttc  riiabii ,  oti  fort  >-.  ii^, 
dtiMonsAcrC(lct'n  proprc  autoritc;  nuis  il  tioit  circ  tiaite 
commc  apoftat.  II  doit  donc  demciirer  dans  fon  ctat ,  Si  (e 
pourvoir  devant  rEveque  ,  pour  ctrc  reftiiue  conirc  fcs 
voeux ,  en  conRolflJncc  dc  caufe.  Souvent  on  obticrt  poiir 
cet  cficiunrcrcriidu  Pape;  maisil  n'c(l  pasnccefTaiic.  Les    ,0.  e  t 
cau&B  ordinaires  dc  la  rcfliiuiion  font  ,   h  force  ou  \i  padia  8, 
ctainie,  capabics  de  vaincrc  une  conOancc  non  fufccpiible 
de  tcrreurs  paniqucs ;  &  les  preuvcs  dui^cnt  en  ctre  cvi- 
dentes. 

OitnomiDC  ^pojljii,  ou  Fapiiifi,  les  Religieux  qui  vio-  ^'F  "'' 
Icnr lcur  vocu ,  &  rcvicnnent  djns  lc  ricclc.  l-es  S^ipeneurs  "'S"''"- 
nedoiventpas  les  abandonner ,  puifq^J^ils  foni  charecs  de 
leurs  atnes  i  miis  iis  doivcnt  eiTaycr  par  loutes  forics  de 
\cies,  deles  rcirouvcr,  pcjr  leur  faire  faire  penitence , 
t*  lcs  faire  renirer  dans  leiir  devoir.  Les  Juges  fcculiers  y 
■toivent  prcrer  la  main ,  &  fiiirc  arrcier  ces  fugiiifs,  quand 
ilsfontrcconnus,  pour  les  mettreenirc  les  mains  dcs  Su- 
pericurs.  II  cR  importani de nc  Jes  pas  foufTrir ,  nonfcule- 
mentpour  riionncurdclareliEilon,  maispour  lu  furcic  pu- 
blitpie :  car  il  n'y  a  poini  d'cxci:s ,  doni  ccsapofbts  ne  foient 
capables. 


r;n-.Ur.ont<ttvw, 
i!e  tj  (itpr.-ffjon, 

-  ll  n't'fl  [-.11  nJcdTiirc  qii«  li  i<«minilr  hU  torir.£t  itn 

a€C3tit  qiit.1.).i>tcii  tineilidipnfrriu  lipt  dccinq  ini ;  m^ 

fai;  viIiLle,  illjj(ijucleK<IigicuKn'«tpai«u1alibcri^ 
rlutwb 


K^ 


&  iij 


AU    DROIT    ECCUSIASTIQUE.       179 
plrs.&approchans,  auiani qu'il fe peui , dcs  pauvres:ce   pj^^j,^ |." 
c[ui  cd  praiique  plus  ou  moins  exa£temeni ,  fclon  la  difle-   Cn.  XXiV. 
rcncedes  InAimis.  Maispouravoir  cc  peuquieft  n^cclTai- 
re ,  les  moycns  font  differens.  Les  ancicns  Moines  vivoicnt     CiJ^aa.  9; 
duiravail  de  leurs  mains,  &  donnoientaux  pauvresceqtii  <ifi't.dt  fy, 
leur  reftoii  ,  fans  ricn  t^artier  pour  le  lendcmain.  Dtipuis  fj'.'   '"  '' 
loiig-temps  ,  la  plupart  ilcs  Reiigieux  oni  des  rcvenus  aflu-  ^ug.  ^  ^0- 
rcs ,  qu'ils  gouvernent ,  cotnme  les  autres  hommes  font  'ifr-  ^'(''J. 
%-aloir  leur  patrimoine  ;  cKccpte  qu'il  n'y  a  que  le  Supi-  '"*'  '' 
rieur  &  lc  Procureur  ,  ou  quelquc  autre  ollicier  qui  en  ont 
la  charge. 

Pour  la  confcrvation  de  ces  biens ,  les  Communauies 
ReU^ieufcs  font  regard6es  dans  Teiat  comme  de  grandcs 
familles.  EUes  peuvent  conirafler ,  &  comparoitre  cn  juge- 
meni  /^enun  mot,  faire  toutcs  Ibries d'Aflc5  publics,  flc 
de  pour^uitcs  judiciaires.  Mai^il  faut  (oujours  quc  ce  foii 
paf  rauiorit£dcsSuperieurs,&duconren[cmcntde]aCom- 
munauie,fuivant  les  r^gles  paniculiiresdechaquclniliiur. 
Selonledroit  commun,  obferv^  cncorc  cnquelqucs  pays, 
lcs  Monafl^res  font  capables  auHi  de  reccvoir  dcs  fuccef- 
fionsm.Celuiquiyenire.y  porte  avec  lui  toutfon  bicnn,  Krj.j.Bmj 
sll  n'en  3  autrement  difpofe ;  &  lc  Monaftere  recucille  les  '- 1'- 
fuccellions  qui  lui  echieni  depuis  fa  profefllon.  En  France ,  ^°J['  *' '"  ** 
lcs  Religicux  profcs  ne  fucccdeni  point,  ni  le  Monaft^re  ig.  ' 
pourcus:on  les  regarde  comme  morts  les  premiers ,  fui-  Canfi.itPa' 
vamla  parole  d'un  ancicn.  ZffZolLiC. 

Les  Freres  Mendians ,  fclon  leurs  rigles  &  leur  pre.-ni^re  f,  9. 
inlliiution ,  doivent  eirc  pauvrcs  ,  mcmc  cn  commun  ,      '^-    "i*- 
n'avoir  aucun  revenu  affure ,  &  ne  vivre  que  d'aum6nes.    *'."  r\..:e' 
Maisl  expencncea  faii  voir  quc  les  aumones  n  etoient  pis  in6.Uimtnt. 
vn  revenu  fuflirant ,  depuis  la  grande  muliiplicaiion  dc  ce  "'"'  '^'  r"- 
gcnre  de  ReligieuK  ;  &  que  fouvent  ils  etoient  expofes  a  la  "^    ■  »  . 
tcntation  de  fe  les  atlirer  par  des  moyens  indignes  dc  leur 
profdfton  ,  du  moinsincompatibles  avec  le  dutachemeni  & 
la  iranquillite  de  la  vie  rdigieufe. 

Ceft  ce  qui  a  faii  quc  lc  Concile  de  Trente  leur  a  per-    '•''''■  ^'"^ 

I  II  y  a  ccitiini  Ordtci  Menduin  qui  ne  pUiJcnt  pi<  m  Ic.ir  norn  . 

a  Cc  <|ui  «11  dit  cn  cci  tndruii  doil  l'cntciid;i.'  de  lcgv  in.  nuu  fit  i% 
fuccFirioni ,  ah  ianjlti. 

a  Ctt  u[jgt  ii'i  pu  li(u  puou  aoiu. 


AU    DnOlT    ECCLfiSlASTIQUE.         aSi   

n;  e^fiL-n:  plws  h  pyuvr;te  tan:  qu'i:s  vivent ,  finon  en  tc    11^^^,^  i;' 
<;ii'us  n.;  peiivciu  acqucrir  (l'iniiiiaiihl.;s.  A  kur  inort ,  11  cu- amV. 
]).!rut!((ii'i!ifon:!'ci:\;:^'ux,  cn  ccqu'il!>n'ant  point  (i^herl- 
i.^ir-.  Ic",iiimi;*  ,  S;  ni;  peuvent  faire  dc  teftnmcnt ;  c'cft 
rAbl>c  ou  niitrt;  Supi^ricur  qui  icur  fucci-dc d  ;  &  ceite  TLgle 
cfl  ^onernlc  pour  luj*  lesrCiigieuxbcnciV.iers,  ouauircs 
<]ui  liiflbnt  p,utv;:':i  biens  en  mouranr  :  c'cft  C'.'tte  efpcce 
do  rnccetiion  ,  n*i;  l'on  a^pcllc  vulgaircmcnt  dlpouilli;  ou 
Mtemorte.  \.n  t;rme  d«  elroit  onrapnullcf  Jcu.'(,  parce  quc  n,,*^„„'^^'' 
Ton  rcjisrdc  b;  !l;i;j:;;L:v  corr.mc  il,*s  tnfjns  de  fjinillc,  e.  j.  n.  11. 
qul  n'oni  joiii  dc  ^u^Iijac  cliofe  cn  proprc  ,  quc  par  la  pcr- 
fniflton  cxpr-.Tio  ou  lacitc  du  Supcrieur ,  5:  n'cn  ont  eu 
<]u'un  fimple  uiape  priicaire.  Lcs  Bcligicux  qui  prjtii;!ie:it 
Icmoinsla  pavivr^r^',  font  ics  clievalicrs/'.  lls  vivcntdif- 
pcrf^sdans  lc  rr.onde,  S;r;reqoivcntricn  derOrdrc,  s'ils 
nc  font  i  Maltc  ou  dans  lc  fervice  aftucli  c'cft  pourquoi 
cn  leura  pcrmis  de  recevoir  de  leursparensdes  pennon« 
aiimentaireE,  ou  dcs  donations  d'ufufrutt,ou  de  diofes  ^"^  ^"'" 
paniculiurcs  qui  foni  lc  meme  eflet.  ''   ' 

Le  Concile  de  Trcnte  a  renouvelc  les  anciens  rcgle-  S*ff-  ^S-  "f- 
mcns  ,  defendant  a  tous  reguliers  dc  tenir  ou  poffcdcr  au-  "^"  "■*•'*• 
cuns  biens,  mcublcsou  immeubles.  Ilsdoiventiouiremet- 
trc  cntre  les  mains  de  lcurs  Supeiieurs ,  a  qui  i1  n'cfl  paspcr- 
mis  de  leur  accorder  aucuns  bicns  flabJes ,  fous  quclquc  prc- 
texte  que  ce  foit.  Tous  les  biens  du  Couveni  doivcnt  c:rc 
adminiflrus  par  lcs  Oinciers  que  les  Superieurs  pcuvcnt 
dcfliiuer  qu?nd  il  lcur  plaii.  Les  meubles  dont  lcs  Supe- 
rieurs  accordcnt  Tuf^igie  aux  RcUgieux ,  doivent  loujourt 
fcntir  I3  pauvretd  dont  ils  font  profeflion.  Lcs  cor.trcvi:- 
naiis  fcrom  privcs  pendant  deux  ans  dc  vois  aflive  &  paf- 
five,&  punis  fuivani  leurs  confliiutions. 

Le  vceu  de  chai^ctc  confiAe  a  rcnoncer  au  mariage ;  car 
pour  lcs  crimcs  contraires  ii  ccite  veriu ,  toui  Cliretien  y 
rcnonce  au  baptcme.  Le  vccu  de  continence ,  &  par  confe- 


a  AuPirlcmcnr  tlt  P.vic,  ron  adjaiiele  pifcii'c  i)u  RilicicuK  Cv.ii 
■ni  p»ii<rr<  ite  fi  Paryiir.t.  Lc  gDnH  i:™i>feiJ  IVii.ie  aii  Mon,il^:fl, 
Voyr^AaVtitty  ,  pa^ziftift  f:  dti  Bincj.f^r,.  ;*?. 
l  M.  fleuiy  rff  p.rle  en  «:  tnriroii  q^.e  f,K  Clxvilieri  ri*  S.  Je.nr. 

JelcnifilrfTi,  iiiiiii;iieliiln'cflrQi:^;in-,.'r.:iTC'..voir  «"«['irgent  &?)!» 
^siibict  i  <ui.  Cependtni  ilt  o<  fuccudvM  j;t,ini ,  non  piui  ^nt  \ct 


i   li:=l;:ilx    aU£ 


AU  DROIT   ECCLfeSlASTlOUE.        aSj 


rcJuire  «n  rervitude  ,  afin  quc  1'efprit  foii  plus  libre  pour    Pabtib  I. 
priiir  &  s'onir  i  Dieu ;  mais  elles  doivent  «ire  reglees  par  ^'^f  J^'!-' 
robcilTjncc  &  par  la  direflion  des  Superieurs;  car  la  meil-  ,^/ 
leure  de  toutes  lcs  morritications  eft  celle  de  fa  propre 
volonte. 


CHAPITRE      XX  \'. 

Dt  /j  Clincjturc  d<s  Riguluri  &•  de  Uari  Exmpiioni, 


ON  croyoit  au  commenccment  la  dericature  iocom-     Thomtiff. 
patible  avec  la  vie  monatlique  ^.   Un  Moine  ctoit  //;^'/'j''.j. 
un  homme,  qiii,  de  lon  mouvement ,  quiitoit  le  com-  i6. «.  t.c.  i. 
merce  menie  des  fid«lles,  &  s'alioit  cacher  pour  ple«-  J-,4-  *'■/* 
rcr  fes  peches  &  travailler  k  fa  perfefHon.  L'n  Clerc  ^Eoti  ^ 
un  homme  choifi   par  Ics  autres ,  fisuvent  malgr^  lui , 
pour  remplir  les  fonflions  publiqucs  de  rEglife,  expofe 
coniinuellement  aux  yeux  de  tous.  Si  un  Clerc  fe  faifoic 
Moiae ,  il  cefToii  de  feivir  TEglife  en  public  ;  8c  fi  un 
Moine  eioit  fait  Clerc  ,  on  le  liroit  du  monafl^re  ,  &  on 
robligeoit  a  venir  fervir  rEglife.  Toutefois  on  pcrmit  bien-   Caff-  tellMH 
lot  aiuE  Moines  d'avoir  entr'eux  quelques  Preires  &  quel-  *  '•  '• 


f  Let  prsnitM  Moinei  Jloienl  do  Hculiert  qui  (t  raiiiolfnl  djni 
dct  d^rerti.  Il(  furciic  lalTembl^t  d'ibo[d  pii  raini  Birilt,  lefurtnido 
tui  unetcglc,  fircnt  dei  vcrui ,  te  cDnimencereni  iloii  a  tirc  comp- 
tdi  pour  lc  dtrniei  Ordre  de  la  hi  jraithie  cccl^riilliuue  ,  pii  lequel  il 
fiUoil  comniencei  pour  montei  lUi  di^nii^i  tcc;r:r>f  Hiquei ;  c'e[l  ca 
qui  cempht  dc  Moinei  b  Gtecc  &  l'Alic.  £n  jSj  ,  lc  t^yt  Siiicc  lei 

qu.-iqu'i!t  ruireni  it-iiitis  idoinct  pour  leccvDii  li  cli-ciciCkice  ,  ili 
n'«Ioienl  pii  (ncorcioui  r^putdt  Clercl  d^nt  le  i-ui.cjcme  rieclt.  Un 
Moinc  q.ii  eioii  fait  ^•eqiie  ,  ou  mcme  Gmplc  Clcic  ,  ctlTuit  d'eire 
Moire.  Leui  d'ULcidini  ifoitM  <:ieici  |:oui  U  l'lu|i'>l  <ici  lc  replie- 
me  ritclc  ,  iinriq,iel'uhrerve  M.FIcury  dinironlcoiliime  Dircouii, 
&  eonltqpiemment  tli  eioitnl  lcttrdi.  Cepend^nt  on  Cinciie  de  Rome  , 
tfnu  en  6cx  ,  ditidi  que  rcut  Muine  qui  luroit  piiTi;  i  r^iJt  eeele- 
lljni.jiic  ne  pDuiroit  plui  dcnifurei  d^ni  ron  moiiinere.  Oini  le  neii- 
viime  (iecle  ili  tinient  reg-iri^^i  comrie  fjirml  panie  de  li  hidrarchia 
a.-cteriinique.  Chonii  you]-ni  p,-rvenir  i  li  di^niii-  de  piTTijrche  da 
(.'r.nil..nlm<>ple  ,  fur  r^ii  c1'>ho:d  .M.nr.e  ,  enruile  lc:1.'.ir.  II  pjroir  qiie 
d<t  r'.n  l^Ji;,  on  diftins.i.Mlltiircriiliiquetoutjn.eri  dei  Moi.e» 

Prtri..iitmenl  loui  lei  rc".: 

«*.  ClcfCi.iini  eneorpi,,_,  ._  , 

^t  (ciu  qtii  tif&t  Imu  ,  eu  Uituc)  p»  tui> 


-.•j.  r  V  S  T  I  T  U"  T  I  O  V 

^       ^_',     nye%  Cemponr  r.re   i  Mcife    isns  lj'jr?ontr.r;s,  i  1« 

.*■- .-. -r.  I.  i>;.Ii  1  y-n  ..j  .'r»ri    ;s  vi.v.nii  c;'-x  ■■t:  .'n  ■.vu.Jit  or- 
•■  il:T;r  C--!:*.  i.irjs  ^«■i  /naM  ;r;?  i..;it  ^.v:i:   iilJears 

(Jj  r.::r..T:eni  :':  :i.tn^i:«.  Zr.sn.  '.\  n  :r^u-.-3  :ncyia<l'aUier 
ii  •  *  :.in:*ni~' inve  jvec  .'jitive.  par  'es  C^Qimiuiautes 
(ii CHamiMs.  Miii.n  ~v[nia2se.i  ■irTent  toui^^.trs  .-fiSa- 
«■i.s.«Vii-:j  '^-■.■■■jii  i^s.-nittrs^les  J'.Ux-ia  Cinpelle  .-, 
qijrtiiTue  li«-:ori  :is  :'uttrtW  kOinprei  entre  !e  Csrge  /.' 

Denui^  .■-ir^i.^me  Cndi.  ort  tj  piui  conste  potir  i46i- 

n-;i  ,  iJUi  ;e<  C.ercs  ,  i:'«l-.i-.i:re  cem  Tiii  iioient  Hdlines 

:ii|  ;hc:ur,  &  inrtruiis^iu  .:.^ant  ^  lic  !j. ia:;zue  ioiiRe ,  qui 

e^r-n^t  rf  iUrMK  lnn^  -  reniD*  n'ecait  pliis  videaire.  Enriii ,  le  can- 

'a;n'it  f'i.  ^''^  S^Jisrai  ■!«  Vietifle,  tenu  '.'ui  t  ^  1 1 . ardo:;na  A  tous 

/t«t.  •«  mi;n«  ieTi;  uir;r:r:)nc'jv.iirjED';s  ijsor-iras  r.icr>». 

Q'jant  a  c^tit  ^u-  n' jvant  point  i^  '.;:tr2s .  n'etoient  capa- 

bit;s  quc  Ju  rravjii  .■!£«  mains  £:  'ifs  bas  om.:^,  quoiqu'on 

Ic^  rdcut  a  la  nrnrjllion  nicn^iltiau.;,  on  n^  l«ir  donna  ni 

V  lit  en  ciinpiire,  ni  entr^  au  diaur.  &:  on  les  noiniDa 

F  ■'.  :  ■-■.  Tt  /■-'■-i  'j'^  ou  .-.i.-:!':-^;  .'.  comme^u  diroit  ii  '..iLntci  cmrtr- 

■-.  4.    i.iiii  //c.  I.«  rnoines  (ie  Vallombreure  de  Tol'c=ine  foot  lespre- 

"  "'  ir.ler^  »  quc  Ton  rrouve  avoir  pris  des  trtircs  lais,  pour 

lcs  aider  dans  !es  iravauT  &  ies  atFjires  exi^rieures ;  ce 

fjiii  l'ut  fuivi  par  les  Chartreux  x  S^  pir  les  moines  de  Ci- 

leauT.  La  rairon  eioir,  alin  fie  les  .Moines  puCeni nieux 

f>arder  ia  cloture  &  la  tolinide.  Des  ie  tenips  de  la  fonda- 

fion  tle  C''JTii  &  i!;  CireauT,  Ijs  moines  pr^iclioient  Tou- 

v^rit,  (S.  Birr.sri  cn  eAun  heieTsniple);  &  iis  foiibient 

|f>-jf«  ks  fonciions  ecclefiaftiques. 

J)jii!eurs,  le« Char.oines  reguliers,  bien  t^Je  O^csde 


r  n.i  :>.^ir  '''<nnt  («  f.irnn-n  ,  poiir  Ict  ilininjucr  dcs  OtUii,  i|ue 

^■m><1i:|ii<..  r.V'..1.(>  (;  ii:i<iiine  cn  nii[qu^<)inif3viecomniel'ioftita- 

i.>n.'r«  (!.•  V.||',m)>reii'[(,  fLndd  vcrl  r>n   1043.  Feyti  M.   Flcury  . 
*  Lci  Clitttiaux  ipptlricnt  lcucl  fritti-liii,  Ui  fiirtt tariM. 


AU    DROIT    ECCUSIASTIQUE.        iSj 


letif  inHitution ,  fircnt  des  vocux  folennels  comm;  les  Moi-  pah-cb  i, 
nes ,  sVnrermcreni  comme  euK  dans  des  maifons  que  l'on  GHAr.  X&V. 
noininaauin  Moii^ill-res,  furenr  gouvernes  pardes  Abbes, 
&  unispar  desCongregations  de  plufieurs  maifons ,  en 
foi  te  que  Ic  pcrple  s'accoutuma  i.  confondre  tous  les  Reli- 
giojx  Ibus  le  nom  de  Aloines.  II  efl  vrai  que  les  Chanoines 
reguliers  y  font  demeures  cn  pofrelTion  de  lenir  des  eglifes 
paroifliales ,  cc  qui  a  ciii  dcfenJu  aux  Moines  (. 

Letat  dcs  Religicux  Mendians  eft  conimc  niitoyen  en- 
ire  los  Chanoincs  reguliers  &  les  Moines.  lls  font  tous 
Clcrcs,  etant  ddlin^s  par  leur  imliturion  a  fcrvir  le 
proctiain  par  la  predication  &  radminillration  de  la  pe- 
nitencci  mais  ils  ont  embnino  la  plitpart  dcs  uuileriies  des 
Moines ,  &  y  ont  ajoiiti^  la  niidite  dcs  pied<:  &  la  mcndi- 
cite.  Ils  dificrenc  principalcnicnt  dcs  iins  &  des  autres,  en 
ce  qu'ils  ncfant  point  attachciiaun  certainlicu  ,  mais  foat 
dcs  compagnies  dc  miflionnaires  loujoufs  preis  a  marcher , 
fuivant  rordre  dc  lcursSupciicuts ,  par-iout  oii  l'£gUi'^  a 
beloin  de  leurs  fecours. 

Les  grands  ferviccs  qii'i!s  rcndircnt dabord  a  TEglife,' 
&  Icur  attachcmcnt  pariiculicr  au  faint  fwge,  Iju-  anirc- 
rcni  de  granils  priviliii^os  da  Vipa,  tcls  font  rcx^mpiion     CoW.  pnv. 
de  1j  juridi^ion  d>.-s  Oruinaires,  qu'ilsonidcs  leur  inlliiu-  "rJ.    mei.iJ. 
tion;  lc  graiid  nombre  d'indulgences  accordees  a  ceux  qui  "^^.i^J      ' 
vifiieroicnt  a  certaines  ftites  lcurs  cglifes  ,  qui  contribuc- 
roient  aux  batimcDS  ou  i  la  fulifidancc  des  frfres ;  la  pcr- 
mil^ondecelebrerlesfctcsdcs  Saintsdi:  luurOrdrc  ;  ceile 
de  prudter  publi<iuemcnt ,  d'adminiflrcr  a  tout  le  mor.de 
dans  Icurs  eglifes ,  Ics  facremens  de  peniiencc  a  &  d*eu- 
chariftie  £ ,  Sc  d'y  donncr  dcs  f^pulturcs ,  &  pluf:eursautrcs 


V  Tell  funt  10 

uiccuidelV 

■tdre 

defjititAuEunin 

li  ceuidel'or.!ia 

dc  Fii^tisniii. 

l   11  >■  «  n«nm. 
poHcdcrdciCun 

oini  £t,  Rc4igieu) 

[  de  . 

Itri ,    quifiKcr.t 

:i  de  Ieiii  ord 

e  I;s  Uen.:d 

ii",in..q;iji.d  niC- 

^.  il.  (ecolc...  .r 

■une  Congrigi 

ditTei 

:ei>le.  Ainfi 

un  Bcnc.ii.lin  do 

Cor.gr*gaIian  it 

v'<S.M.!irp, 

tut  p 

ofTcJ: 

■r  ni,e  Cure 

d^pendaniedeU 

Cl.inv.tliuni 

.equ. 

:lquM  turc 

ideleutorJrequi 

,  lli  ot  peiKKi: 

it  conlcffir,! 

l'll(  T1 

lefon 

t  at>prouv<i 

pirl'Ev}que,l«- 

quelellm.med. 

:  Jcjt  cetirrr 

le.  p 

rE  ■.  lott^u-i 

lkji.Seiptopo>, 

commriledriiici 

-iprii. 

t  tl  ne  leai  tll 

P"  P«"»"  ^' 

>aoni 

Mrl.i 

to(r.mu.i'LO(i 

diuIeu»Eglif«i 

V   T;;r:.:  nu;  m.  li 


AU    DROIT   ECCLfiSlASTIQUE.       187  

tinqui^mc  (licU ,  il  y  en  avoit  qui  couroient  par  les  villes,   Paxtic  I. 

&  iroubloient  le  repos  de  rZglife  ^  leconciledeCalcedoine  Craf  XAVi 

ordonna  qu'ils  dcmeureroienc  enti^rement  roumis  aux  Evi-    ""'•  "*'•' 

quus ,  &  ne  s*appliqueroient  qu'au  jeiine  &  <k  Vorairon ,  fans 

le  meler  d'aucune  affaire  ecclefianique  ni  temporelle ,  le 

tout  fur  peinc  d'excommunication.  Chaque  Monaftere  etoit 

gouverne  par  fon  Abbe  ,  que  TEvequc  ^[abliflbit  fiir  le 

cboix  dcs  Moines  ,  d'ouvicni  Ja  ceremonie  dc  la  b^nedic- 

tion  dcs  abbw.  On  voit  qtielques  commencemcns  d'exemp-  ^jg  £^^j  ^. 

tions  cn  At>ique&  cn  Urient.  En  Iialie^faint  Gregoire /kkxh.  «.  4^ 

cxempta  quelques  Monafteres  de  rendre  compte  de  leur  """'■  "-  '6. 

tcmporcl  aux  Eveques ,  &  de  fouifrir  qu'ils  vinflent  chei  ,(_  ind'tT' 

euxceiebrerlesmcirespubliques,  &  troublcr  leur  folitude.     Hiji.  Hr,- 

Piulieurs  E%'eque5iouchcsdc  lafainte  viedesMoines,  lcur  ''»"*i-»-  lU 

accorderenidanslosfi^clcsfuivansdcfembhblesprivileges, 

ou  confentircnt  qu'ils  en  obtinflent  a  Rome.  Enfin  ,  les 

eiemptions  fe  foni  etcndues  a  la  piupart  des  Ordres  reli- 

gieux  ;  &  les  Eveques  ont  eu  la  facilit^  de  les  recevolr 

dans  leurs  diocufes  a  ceite  condition  ;  mais  comme  on  en 

a  vu  les  inconveniens ,  on  a  travaille  dans  les  dernicrs  tempi 

a  rcflreindre  Ics  exemptions  autantqu'il  a  et^  pofllble. 

La  prefompiion  cft  pour  le  droit  commun,  Ainfi  on  n'a 
p(Hiiid'egardarcxcmption,fielIe  n'eftfondecfuruniitref 

/CaP»«  fa(<[tr^furlcfiint  Sijgcen  {90,  (t  mourut  «n  <o«.  Lm 

fiiclci  dc  rEglife.  Sclon  cui ,  cdlfi  dct  Monineici  jtoient  i4']i  con- 
Duct  du  (cmpi  de  S.  Jciumc  cn  Oiicnl,  8c  confjqueminent  iTant  Tan 
.410,  <po(|UC  ilu  i6iis  de  S.  Jjiume.  D'iuirei  moini  fiTorablc*  aux 
•icinpiioni ,  enrappiochcni  beiucoup  l'otigine.  Suifantceidefnieri , 
■ei  Hcmpdoni ,  Tani  dei  Chapitrei  que  dti  Maniflerei ,  ^Ioicn(  cncora 
inconnuei  cn  France  du  tempi  de  Pepin  ;  cequMi  ptouvenl  parlct  Dt- 

•Jent  i'eiie  falt  lonfuier  pour  ['amonr  lie  Dieu  ,  &  qui  Tivcnt  dc  leur 
bi>:n  fani  reionnoitre  de  Supiiieur,  feront  oWieti  a  *iTte  comme 
Clercifoui  la  mi.n  .!e  l-Kveque.  II  cd  ceriiin  n^anmoini  que  cc  fuC 
daBi  1e  fiiitnie  fiecle  f(  dani  In  fuivam  ,  que  l*an  cominen^a  a  accordet 
<9ci  cxcmpiioni  a  cerljini  .Monatlciet,  non  pai  pour  let  aulcrifer  > 
n^onnoiire  I  'autorite  ligiiime  de  leur  Evtque ,  maii  fculemenl  pouc 
a(rurctlai[anqiiil',itcdccei  MoniH^iei .  &  pour  la  conreivaiion  de  1j 
difcipline  legulii^rc  &  ric  Ituti  bieni  temporeli,  ilani  lcfquclt  ili 
tf:c.ieni(rouhl^parque!quc)  puilTancei  f^:u!iirei,  mtfflc  psr  quclque» 
Kvequci,  foui  divtri  pt^tciici  Ipccieui.  Van  -  tfpcn  ,  Tvm.  //, 
fin  7,  (;■(.  II,  ch.i. 

g  Ttli  que  loni  det  lluirei  it  P.npet ,    dei  Concorditi  S(  Trinrac- 

lioni  palTect  avec  lci  l.vtquet ;   d'.ncient  Airiii  qui  onl  miinitnu 

'    dvit  Uuti  privilf|;ci  ceux  qui  fc  pt4ttDdea(  cicDpu ,  il  «H  niccffut* 


Hd.  x6c6. 


188  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

PartikI.  ^onfirmi  par  1a  pofleffibn.  Et  cotnme  il  s'en  etoit  donn^ 

ciiAP.xXV.  un  grand  nombre  pendant  le  rchifme  d*Avignon  ,  le  con- 

Sejf.  41.  At'  cile  de  Conftance  revoqua  toutes  celles  r.ui  avoicnr  etA 

ttiidehus.      donnies  fans  conaoifTance  de  caufe ,  &  fans  le  conrenre* 

ment  des  Ordinatres.  Le  ConcUe  de  Trente  a  enfinapporr^ 

Htim.  du   auxexemptionsdesreguliersplufieurs  limitationSy  qui  onc 

Clct*^^ '  P^^^'  6te  regues  en  France ,  &  etendues  par  les  Ordonnances  & 

Cotic,  Tiid.  les  Arrets.  Aucun  R^gutier  ne  peut  precher  fans  la  permif- 

Se]j[,  V.  c.  >.  fion  exprefTe  de  TEveque ,  qui  peut  lui  interdire  la  pr^dicH' 

s  /r  xxiY  ^^" »  m^me  dans  les  maifons  de  fon  ordre ,  quand  il  !e  juge 

U.  ^/         '  a  propos.  Aucun  Regulier  ne  peut  entendre  les  confef- 

6VJ/".  xxiii.  fions  h  ,  fans  etre  approuvfe  de  TEveque ,  qui  peur  Texa- 

^Con    T  d.  ^^^^^  >  ^  limiter  fon  approbation.  Tous  les  Reguliers  , 

fejf.  XXV.  R>  ayantcharge  d*ames ,  fonr  entieremcnt  foumis  a  rEveque  , 

\}'^        ^  en  tout  ce  qui  regarde  radminiArarion  des  facremens  ,  & 

les  fondions  de  leur  cliarge.  Les  Riguliers  font  tenus  de  fe 

conformer  ^  i*ufage  des  dioc^fes  011  ils  fe  trouvent ,  quant 

a  robfervation  des  fetes ,  les  proceffions ,  &  les  autres  ce« 

remonies  publiques  i. 


de  produire  les  originaux  des  titres.  Une  copie  peut  cependant  fsire 
foi ,  lorC^u^elle  a  ^t^  faite  par  une  perfonne  publiaue  &  par  ordcn-» 
nance  du  Juge.  Capit.  fi  infirumtntM  ,  aux  Decrctales.  Cujas  »  dm 
Kloolin ,  Durand. 

Les  Canonides  rcconnoiflent  plufieurs  cas ,  011 ,  fuivant  les  faints 
D^crets ,  les  prif  il<^ges  les  mieux  ^tablis  cefTent.  Ils  font  compris  daDS 
ces  dcux  vcrs : 

Indultum  toUit  Contttnptut ,  Crimen  »  Ahuftts  , 
Oppofitum  fgflum ,  Dammtm ,  Tempvs  voriatum» 

h  L*articlc  2  dc  TEdir  de  t6$$  ,  portc  quc  les  Pritres  ftfcufiers  Sc 
r^guliers  ne  pourront  adminiftrer  le  facremcnt  dc  P^nitence  ,  fant  cnr 
avoir  obrenu  perroifllion  des  Archev^ques  ou  Ev^ques.  Cct  articlc  ne 
fait  aucune  diftinftion  entre  lcs  ConfelfsoRs  que  les  R^guliets  pourroient 
cntendre  de  la  part  des  Religicitx  dc  Icur  Ordro ,  &  celles  des  sutres 
perfonnes.  Ccpendant  tout  les  Pritres  r^guliers  d*un  mdmc  Ordrc  font 
cn  pofteinon  de  fe  confeffcr  les  uns  I«t  autrcs  ,  &  mimc  dc  confelTct 
leurs  noviccs  fans  1'approbaTion  de  r£v6que  ,  pourvu  qu^ils  aient 
Tapprobation  de  leur  Supcrieur  r^gulier.  Us  fe  fondent  fur  Ic  Corcile 
de  Trente,  feff.  13  ,  cap.  15  ,  </<  Teformat,  qni  dit  feulemcnt  qu'ih  ne 
pourront  a  I'avenir  entcndre  les  confeilions  des  S^citliers,  ni  m^me 
celles  des  Pretres  ,  s'ils  n'ont  un  BdndBcc-Cure  ,  ou  s*iis  ne  font  ap« 
prouv^j  par  TEv^quc  Dioc^fain  ,  d'ou  tls  infcrent  que  le  Concile  n« 
parUnt  poiot  de  Papprobation  de  TEv^quc  pour  la  confeffon  des  R^gi»- 
liers  par  les  R^guliers  ,  l'on  a  reconnu  qu'ils  n'cn  avoient  pas  bcfoiob 
Quoi  qu*il  en  foit ,  ils  ont  pour  cux  Tufagc  &  la  poifenton. 

/  U  y  a  n^anmotns  pluAeurs  Ordrcs  reguliers ,  lefqucls  ^tsnt  cxempts  , 
ne  foivent  point  !•  Breviaire  du  Diocele »  mais  le  Dfdviaire  Romstn.  • 

B 


AU   DROIT    ECCL6SIASTIQUE.      «S9 
il  n')r  a  que  TEvcque  qui  puiirepermmre  lil-tablifremcnt    partib  (." 
<les  nouvtiiiux  Monad^res  ,  ou  dcs  autres  Compdgnies  de  Chaf  XXVJ 
devoiion  k  ,  ou  qui  aii  droit  dc  lcs  fupprimer ,  qujnd  elies 
re  (bnt  plus  uiilcs  a  rEpli.e.  A  Tegard  des  Ordres  religieuT ,    Cjp.  ult.  i* 
ils  doivent  eire  approuves  par  le  fjim  Sii-ge  ,  prindpale-  "'    ''*'"  '* 
mcnt  dcpuis  le  concile  dc  L<i(ran ,  tjui  a  dcfcn Ju  den  eia-  ,°"^* ,/    ' 
blirdu  nouvcaux  ,  iicnuie  de  la  confufion  que  pourroit 
apponcr  lcur  trop  ^runJc  diverftte.  La  chnrirc  fe  conferve 
tnieux  dans  une  vie  unifornie  ;  &  on  peui  fc  L>Iorlficr  meme 
des  pratiques  d'humilite ,  qujnd  elles  font  regulii;res.  Tou- 
tefois  ,  la  piupart  des  Ordres  qui  fubliAcni  aujourdhui  , 
n'ont  cte  etabiis  que  depuis  ccitc  dijfcnrc  ,  pirce  que  les 
CanoniAes  la  rcduirent  a  n'en  point  ctablir  fdns  raLitorice 
<lu  Pape  l.  Un  ordre  erant  une  fois  approuve  ,  i|  n'y  a    CUff.  Sn  di 
quele  Pape,ou  le  Concilc  univerlel ,  qui  puilTc  cn  or- '■'/"■"''■  >*'■■' 
donner  resiin£iion  m.  Ainfi  furent  abolisiesTcmpIiersau   '  "'"^ 
concile  de  Viennc  n  ,  &  les  Humilies  0  ,  apri}s  ralT^irmat 
stieni^  contre  S.  Charles  p.  U  fera  parle  des  ere^ions  ,  des 
unions  &  dcs  fuppreflions  de  monaileres ,  ea  traiiant  i» 
la  foniiation  des  Eglife». 


k  Si  lei  Monjftir* 

'I  t(  Compattniet   de   djiotion  n 

1«  pe. 

^>ent  i 

Itt« 

4tal>1ii  r»nf  rautorit 

ede 

l'E.*Hue.ee, 

me  [> 

pat 

non  ului,   t*l«(i«rni 

l'otdre  politi^ 

ue  ,  ttte  faii 

'(  f^nt 

tit.i 

i«  So\»er>in.   E<1  Fr 

,  il  fjut  qu'iU  1. 
tment.   6«  peu 

uienl  te«et..t 

de  Le...e». 

Pi- 

tent»,  t.^,ft.;e.«n 
»noinJ'Aout  1749.  c 

P.rl. 

t  voif  ,  1  ce 

fujet, 

l-Edi, 

du 

itm  Ui  giifidt 

/LWaritJdul'». 

lutfit  pai  feule 

' ,  il  r^ul  le  c. 

n  de  1'. 

lotile  du  Roi.  (ummean 

ri  i»  dint  la  1 

lole  pi^cJdt 

«n  patl 

d«  gen.  de  n.»in.n,o 

•  ^iniril 

n  Ni.n-noin.  ch.<i 

Iue5. 

DUTetainreut, 

fani  le  conc 

lu  Papc 

«luConcile,  &  mime  fani 

le  coneourKte 

rf^rjqu.!,   r 

lon  pi 

it  .incJi 

■_  \fiii 

iimemert  *.  J.li 

,.friiidc;Ni 

'tt  (Ol 

r,^»b'.l 

(t- 

)n«ntn..l&:3bullf.  1 

io=,  M  faitr(liii.ilieteme..l; 

;  f<  n 

•imt  e. 

.  1« 

pii  dii  taifu 

nt  fu 

i.<(ieut. 

fint  ineintit   cel   ur 

dte, 

d^clitet   &    0 

idonnet  qur 

dctei 

Orilte ,  eongiigitiu 

InlUiut  ii'iuii  plu>  lieu  d 

Ul* 

f«E.«,. 

e  Celuii  i,n  Ordre  te1ig;icui  iitV.i  p>t  quelquei  Genti\h<>inmi 
Milanoit,  .'in  ■  if'i.  Leieliichenidituiiciutiiainbf  cei  Oiilte,  ob'igi 
5.  Chitleide  le  lelj.-met.  QucUi.ei-iini  a<i  Supcticuti ,  metontent  ( 

P.e  V  *  abulit'  enl.ei<menl  ctl  Oidre.  'fflj  <(  M.^de  Thou.  de  Vili 
B,Jl.  dt  Viron,. 

f  On  peut  maintenant  liouiti  ici  li  fnppieirioD  des  Ijridlcl  p 
CUmcncXtV.  en  177J.  Hait iil'Eiit,at. 

ttm  Ih  % 


4$o  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

CHAPITRE     XXVI. 

Dis  Rifomet  q. 

LEs  exemprions  ont  ete  la  plus  grande  fource  du  rel^- 
chcment  des  Reguliers.  Saint  Bernard  favoit  bien 
prevu  ;  &  cVIl  ce  qui  le  iaifoit  diidamer  avec  tant  de  ih\e 
contre  ces  privilegcs.  Les  Superieurs  gineraux  etant  eloi- 
gnes ,  &  le  Pape  encore  plus ,  &  occupe  d'une  infinite  d'au- 
tre$  aHaires  ,  les  fautes  roni  demeur^es  fouvent  impunies , 
&  les  abus  ont  pris  racine  avant  que  Ton  y  pitt  remedier. 
Les  appellacions  &  les  procedures  (e  font  introdiiites  en  ma- 
ticre  de  difcipline  reguliere  ,  Tous  pretexte  de  maintenir  les 
privili>ge5.  II  y  a  eu  d'aiures  caufesdu  relichenent  :  le 
inepris  du  travail  dcs  mains ;  les  voyages  pour  les  CrotlaW 
des,  pour  aller  etudier  aux  Univerfites,  pour  les  vtfites 
des  Monaltcres  &  Ics  Chapitres  generaux ;  le  commerce 
avec  le  monde  pour  les  foniflions  cccl^fiafliques ;  entin  la 
corruption  de  la  naturc  ,  qui  feule  n'e.A  que  trop  fuffiraiue 
pour  ruineravec  le  temps  les  plus  fainces  iniliruiions. 

Les  Chanoines  etant  Clercs  par  leur  etat  itoient  les  plus 
cxpofes.  Aprcs  avoir  kte  en  grande  ferveur  pendani  cent 
cinquanie  ans ,  ils  commcnc^rent  i  fe  rel^cher  r  ;  &  nous 


qOiienteiidparrii/arrTK  ,  le  rdtablillVnieiit  de  1»  dircipline,  qul 
uioii  leldclice ,  &  \3  coiieclioii  dei  abui ,  qui  i'£tiiieD[  intraduiu 
dans  quelquei  ordrei  religieux. 

Quelqucfbii  ,  par  le  iL-rme  de  riJBrmi  ,  on  enceiid  un  ordre  ou 
^Oa^xif,3tiou  paiiiculiere  ,  qui  proceJc  de  \a  rfforme  qut  a  iti  faiie 
de  qtielque  >uire  Oidre  :  camme  quand  oii  dit  quc  rOrdre  de.  f^ioc 
Beniard  ,  ii'e(t  qu'uiie  r<!forme  de  celui  dc  S.  Beiioic. 

r  Lei  Clercs  ilet  Cathednles  ,  qui  dani  1'origiiie  vivoicnc  eq 
commun  ,  ■Vliil  mimc  qu'il}  prilTeiit  le  liCre  de  Cliaiioiues  ,  ii'ob- 
ferveceut  pis  tDujourt  par-tou(  celte  vic  commuue.  11  y  avoit  del 
Evjquei ,  dci  le  cempi  ile  fiinl  Atigultiu  ,  qui  rouieuDient  les  clerct, 
^i  vivnieiTl  en  lcur  particulier  &  de  leurt  hlens  praprei.  N^ini  Au-> 
gudin  lui-mf  me  ,  Tur  U  liii  dc  fei  jouci  ,  dfcUra  qu'ii  ne  priveroic 
poinc  de  I.1  cl^riciture  ceux  qui  ne  Toudroient  pis  vivre  en  cninmih 
nauci  ,  comme  II  lei  en  ptivoit  au  commencirment  I.'iirupcion  det 
Gotlis  S(  dei  Van.liles  incercompit  &  rerarda  rji3b1ill'.imen(  ite  U 
vic  eommune  dani  qiielquei  Esiifei  d'Afiique.  Cepenilaiic  ellc  At 
iin  giand  progrii  itani  le  cinqiii^me  riecle  ,  &  fe  trauva  folidemeiit 
iU\>\\e  dai»  prefque  Cautei  les  EglifEi  ^'Afrique  ,  d'ltj!ie  &  d« 
France ,  duii  le  caraiDeucemeuE  du  6xiimt  fl^clc.  Maii  dei  It  1ie1> 


AU    DROIT    ECCttSIASTlOUE.        191 

voyons  (ju'ils IVtoieni  notabkmentaucoinmenceineiit  du  T"""^^ 

quatorzicme  ficcle ,  par  un  grand  reglement  que  le  Pape    ch.  xxvi. 

Benoit  XU  fit  pour  eui ,  cn  1 3  ^  9  ,  &  qui  n'eut  pas  grand 

fucci's.  Tgus  Ios  Moines ,  mcme  de  Oieaux  1  tomb^rent 

dans  un  grand  relachcment ,  fur  la  lin  du  menie  fiecle.  Les 

Abbes  vivoient  en  grands  Scigneurs ,  comme  les  auires 

Prdats ,  &  diflipoient  les  biens  dcs  Monafleres ;  enforte 

tjae  Ton  fut  oblige  daitribuer  un  certain  revenu a  chacua 

des  ofiices  clauliraux  ,  au  Prieur ,  au  Chambrier ,  au  Cell^ 

ricr ,  a  rinfirmier ,  a  l'Aum6nicr ,  afin  qu'ils  cufleni  de  qu(» 

s'acquitierdcleurschargM;  &  ccsoSicesfiirentenfin^rigec 

par  les  Papcs  en  tiirc  de  bencfices ,  dont  TAbbe  eioit  col- 

Jateur  ordinaire.  Ccpendant  lcs  Moines  quittcrent  la  vie 

commune ,  vivaniapart  d'une  penfion  qui  etoit  reglee 

pour  cbacun.  Les  places  des  Moines  ,  devenues  de  peti» 

binefices,  ne  furent  recherdiees  que  comme  des  ^ablilTe- 

mcns  lemporcls  ,  par  des  gens  qui  menoient  enfuiie  une 

vie  loute  feculicre  / ,  &  le  nom  de  Moine  ,  fi  venerable 

i  raniiquite ,  tourna  i  mepris ,  doanant  lldee  d'un  hom- 

me  oiflf  &  fans  merite. 

Lcs  gens  de  bien  ont  toujours  ete  len&blement  touches 
de  cet  abus  de  la  vie  monaflique ,  qui  devoit  ine  le  mo- 
dele  dela  pcrfc<ftion  Chreiienae.Lesptul£mcecfiHritueI!« 


tienic  ,  il  V  cui  be^iucoup  d'f.glirci  ou  lci  Cbiooinai  quitiirenE  la 
vic  communi  :  tt,  mcmc  ilei  lc  lixleme  ,  il  y  cn  ivoit  qui  fc  dtHiii- 
giiaienc  det  ]u:rei ,  pir  det  li-igularitJi  dini  lcur  minierc  de  vivre 
tt  d>iii  lcuri  Ttiemeni ,  &  pircc  qu'ili  ivoUnt  dei  peculet  oo  Jei 
diaribationi  ,  ti  qi/ili  rcKnpi-ni  quel^e  poilio;i  de  leuri  bieni/ 
Dc-li  tm:  de  canciki  &  de  cipituliitcl ,  poui  remctlre  dint  l'or. 
dre  canoniiue  lei  Clerci  qui  t'en  ttoicnc  eloigii£>.  De-1j  iint  Je 
rerorjnei ,  quc  nomhre  d'F.¥Liuei  tiiciit  de  leun  Cliapilrci.  Lj  [>rin- 
cipi^e  f.11  celic  que  (~hM  Clito  |.|j.iJ  ,  Ev;<|ue  de  Mctt ,  (,:  .l:n( 
ibn  fcK'.i  e.  l.i  ieg'e  iu"it  etjllit  fut  re^ue  dant  plufieun  Kglifei 
*«ifini:i.  Ce  fut  fur-iout  U  cummencement  du  di-iicmc  t.v-;U  ,  fis 
b  p:..p]i:  dci  Egiirei  quiiiereiu  U  vie  commuDe  ;  li  dani  lei  lie. 
dri  f.iMni  ,  1e  teij.liement  augruenu  cDCOrc.  Vuyei  t'hi/1,  dti 
£K:itci:ci  ,pji  LliJpoiel. 

/Ce  fjt  pirlic:ilic:cment  djni  let  huiticmt  B(  neuTieme  (i-^ctel , 
qi>e  lci  mo-.J.tciei  (e  [cHirniircril  du  rclacl'e>ncnt  de  1*  di;clii'Ine 
du  Clerse  ruct.  p.  69.  L'i:ib!illemrnt  dci  fieh  contrihua  bcuucoup 
i  ccfelivHcmjrt  Noi  Roii  ;yjnt  Jnnnc  ite  ^ran-li  liefi  luK  AIjIili  . 
DulE  bi-o  1I.-..UX  LiiTJi!'.  celJ  obliBCoit  !ei  uni  Bt  Ici  jutiei  au 
faniie  mil:;ji:e  ,  Ec.  lct  engigeoit  Jjtii  dc>  fluenei  ,  unl  gcujr^Icl 
«uc  piivuei ,  qbi  cauluiaDl ■lori  bMucoup  dc  trouhlei. 


19» 


INSTITUTION 


"p  iRTiE  I  ^  '**  '*n*porclIes  ont  rouvent  confpire  pour  ortloaner  de» 
Ch.  xxvi.  rerormes.&poiirlcsfiiireextfcuter.  Commefesplusgrand» 
i'..-r.  ujii-  deibrtlrcs  etoient  dans  !es  Monafteres  eiempts  ,  qui  n'e- 
$jVu  in'  .1  *v  "''^"'  U'au».iin  Ordre  pariiculier ,  on  avcit  ordonne  qu'ite 
Cifii.'.  L.ti.iv.  ftToient  lOHS  reduits  en  Congregation  r.  II  s'eft  forme  en 
(•  !*•  eflLi ,  dcpuis  ttuis  ceots  aiis  ,  diverles  Cotrgregaiioiis  de 

Moines  en  di^ers pzyi ;  mais  h  plupart  fe  ront  au£  reU- 
chies.  horsles  plusrecentes. 

Saiitt  Frani^is ,  &  les  autres  fondateurs  des  Mendians  , 

cnircni  que  lcsrichetTesdes  Monaftereseioientla  principale 

caufe  du  relichement  des  Moines  &  des  Chanoiaes  regn- 

li^rs.  Pour  y  remeJier  ,  ils  ne  voulurent  point  avoir  de 

bi<;ns  .  ToitBt  en  cominun.  Mais  leur  prodigieufe  multtpU- 

caiioit ,  te  commerce  continU';!  avec  le  monde,  &  les  fulK 

ti!:it,sde  h  fchotaftique ,  a  laquelle  ils  s^appliquoiein  for> 

lement  ,  les  tirent  relacher  ea  peu  de  temps^  &  its  obtin- 

lent  drt  Papcs  plufieurs  imerpreianons  de  leur»  regles,  & 

C-  -i'J-  i-  plufieurs  (litpenles.  B  ell  vrai  qu'i!s  fc  releverent  bientdt. 

"■■  '"■•i  6    ^'"' cents  aiis  apres S.  Fran^sis ,  S.  Bennniia  de  Sieone 

Ci^ntiii.         letablit  une  Oiiiervance  plus  etroice  ,  reieranc  touscs  ce9 

txi*'  i.  '(^-  diipenies  :  de!i  vicnt  la  diftinclion  des  Freres  Minetirs , 

rumltm^-  ™  Oi-fcrvMtini  u  &  en  ComcniucLs.  Dans  lemenw  irntps, 

t^ij  I.  ad  Tceur  Collette  de  Corbie  refbnna  en  France  ies  nlles  de 

tcidit.  (.      ttinte  Oaire. 

J.-iii VjijTi!      ^  ^*'*  '■*  ""  ""  ''''■■™*  fiecle  qi:inzi^me  ,  commen^  en 

xu  E;pjgne  une  autre  r^tomie ,  q-Jt  fut  jpprouvce  p-^r  :e  Pa^ 

l:tno^-;nt  VIIL  On  appe!a  c±s  Fr^tncitciins  ,  Ricolets  x, 

Jl;i;:^Uias  ,  ceil-i-iiire  ea  Eipagool .  RifoTn:^..  Sous  Cle- 

nteflt  VII ,  en  1 5 : 7  ,  Matthieu  Balchi ,  Frtir^  MiiKur  de 


Coiipi-s.itij;!  U 

ClJj 

rU.,L-ifefB. 

.>i« 

i!:i:i><«^<Mfikle, 

fi: 

',9 

.p  i=  pi«-. 

:i;.ii-,:'^,lbusli  d^ 

□ii--s  :<  r.j 

,-.::::  .  le  tornieiait 

Li.i;«  ,  li,  e:--.trj 

c.i,  :£Cfnj:ix. 

.» 

!.".  -■Ori-e  ie  Xii 

'ramoii,  in 

-r--^e..i 

■   ~    ■■.^■.t:,<U  ,ttt 

R: 

l-- 

lar  411«  Sii  -. 

:^:.i 

V- 

iCi 

i!<.-^M.i« .  ;■ 

:    -ii.fme.  [>«•■- 

Ur:;: 

.*  :j  srj-us 

'.j  jT!"rr  :  .=  Obrenricce  , 

■•-■ 

:;■■,■■:  \ei.i31,r;.! 

-0:>, 

.-.:^^ObfemBCr, 

1-' 

.t,i;:e  juiii  oi,t 

y  J  -s 

;•  portiani  ile 

lO 

1  ^uVn  JFpetlc  :j 

igrj 

■..ii  OffjL.-vi. 

-:  .tU.-eiiti. 

' 

.'l> 

n  ;«■  jj^dle  auiB 

Vii 

ituuuit  1« 

f»-.- 

?lutan  dt  Fiinilt 

AV  DROIT    ECCLeSIASTIQUE.       19J 
robfervance ,  commen^a  dans  la  Marcbc  d'Anc6ne  une  au-   p  " 

tre  rtiroroie ,  h  plus  cxafte  de  touics ,  pour  la  pratique  dc  ch.  xxvil 
la  pauvrciil*.  On  lcs  nomma  Cupucias,  a  caufe  du  capuce 
long  &  poiniu  qui  les  diflingue  y.  Au  commencenicni  du 
diY-fcpti^meficcU,  ils'e{l  fait  auiH  une  rcforme  depinitcru 
dtt  tiers-orJre  dt  S.  franiois ,  qui  ont  form^  une  congrcga- 
tion  gallicane  dc  religicux  aflez  femblablcs  aux  Capucins. 
Chacun  dcs  autres  Ordres  de  Mendians  ,  comprend  aufli 
plufieurs  rcformei. 

Les  Carmcs  avoicnt  obtenu  d'Eugene  IV,  en  14; 3, 
une  relasation  de  leur  regle  ,  qui  a  fait  nommcr  Miiigit, 
ceux  qui  5'y  font  lenus.  Sainte  Ther^fe ,  qui  eioii  de  cct  or- 
dre,  commcn^  a  introduire  parmi  les  ^llcs  unc  reforme 
ircs-exaAci  AviJa,  en  Caftille.en  ij6S  :  &  elleescita 
JeandelaCroix,  &  Auioinede  Jefus,  i  fairclameme  ri- 
formedeshommes.  De-la  font  venusenFrance  les  Camus 
diehanffu  &  les  CamtUtti ,  au  commencemeni  du  dix-fep- 
tieme  iiecle. 

Le  relichement  etoit  demeure  dans  la  plupart  des  Mai- 
fons  de  Moines  &  de  Chanoines  reguliers ;  &  il  n'ctCHt  que 
tiop  noioire  que  ce  fcandale  etoit  une  des  caufes  des  oou- 
velles  herefies.  Ceft  pourlguoi  le  Concilede  Trente  re-    Cone.  Trid. 
iiouvela  lesanciens  rcglemens  loucham  les  reformes,  &/yr«»i.R-<. 
ordonna  quc  lous  les  Reguliers  vivroient  exadement  feJon  ** 
leur regle ,  & obffrveroient leurs ^ccui , chargeant les  Su- 
perieurs  dc  Texecution.  En  France ,  Tordonnance  dc  Blois 
cnjoignit  aux  Eveques  &  aux  Cbefs  ^'ordres  de  retablir  la 
difcipline  monaHique  ,  fuivant  la  prcmicrc  inllitution ;  ce     Mcriia    i . 
quiaeteconhrmcpar  pluficursauiresOrdonaances.  L'jxe-  tj9«.  6. 7- 
cution  a  fuivi ,  8e  Ton  a  eiLibli  en  France  deux  celebres 
CongregationsjceJledeS.  Maur.pourles  Moines.&celle 
dc  fainic  Gcncviiive  pour  les  Chanoincs  riguliers  ^,  dont 
chacunc  emhraile  plus  de  cent  maifons, 

La  Cungregation  de  S.  Maur  e&  venue  de  cclle  dc  S. 
Vanncs  .1 ,  qui  commen^a  en  Lorraine  ,  Tan  1597.  En 


y  Suivant  )eur  inHitutioTi ,  lls  nc  dcvoUnt  point  s'crcni]re  hori  Jc 
1'IUIie-:  mait  Chirl»  IX  en  ayini  dcmanau  J  Gr^eoirc  Xlll ,  )t  lcv^ 
cn  t(6(  U  ilefeiili:  que  Paul  IH  Uur  avaic  faicc  ,  Ae  t'i;tend[c  lidu 
<le  ricilie  ,  &  lcur  iiermic  Jc  >'dt*b1ir  |)ai-tuuc. 

;  V.t  fuivcnt  li  tei;le  de  raint  Augullin. 

m  EUc  (tit  uoli  aawai*  k  Giiife  ^ue  l'iibba/c  dc  faint  VaoQH  da 

Tiij 


«54  INSTITUTION 


Partie  I.    i6ij,  Jean  Renaud ,  abb£  de  S.  AuguHin  de  Limoges  ^ 

Cb.  XXVI.  allaquerirdesMoinesdeS.Vannes,&  forma une congr^ 

gationqiii  fut  confirmde  en   itiii  ,  par  le  Pape  Gri^goire 

XV ,  fous  le  nom  de  S.  Mdur:  elle  s'eiend  aujourd'hui  par 

toute  la  France. 

La  reforme  des  Chanoines  riguliers  commen^  a  S.  Vin- 
cent  de  Senlis ,  par  le  pere  Charles  Faure ,  que  le  cardinal 
de  la  Rothefoucaud  fii  venir  enfuite  a  fainie  Genevieve  de 
Paris,  &  forma  un  corps  dc  congrcgation  pour  toute  U 
France ,  en  veriud'une bulledu  Pape Urbain  VIII, en  1 665. 
11  y  a  hors  la  France  i  d'autres  congregations  de  Chanoi- 
nes  riguliers.  La  marque  qui  les  dilltngue  ell  Thabitblanc. 
le  rochet ,  ou  un  autre  fcapulaire  de  toile .  pour  marquer 
qu'ils  font  Clercs  par  leur  iat. 

Cesr^formes  ontei^  faiies  avec  toutela  folennir^  pot 
fible.  Outre  les  Dicrets  du  Concile  &  les  Ordonnances  des 
Rois  qui  les  avoieni  ordonnees  en  gineral ,  cbacune  en 
particulier  a  ete  faite  en  vertu  de  Bulles  &  de  Brefsdu  Pape , 
d'Arr^ts  duConfeil,  6t  de  Lettres-paientes  ,  apr^  avoir 
examini  T^tat  des  Monafleres ,  &oui  les  partiesintereflees. 
Les  anciens  Religteux,  qui  n'ont  pas  voulu  fe  foumeitre  4 
la  reforme ,  ont  ^te  lallles  en  libert^ ,  &  les  reformes  leur 
ont  donne  des  penTions.  Toutefois ,  la  reforme  n'a  pas  eti 
niife  par-tout :  I3  congregation  de  S.  Maur  n'eft  entrte  que 
dans  les  Monall^res,  qui  etoient  demeures  fous  la  grande 
reg!e  fans^reunis  cncorps,  nondansceuK  de  Cluni  ou 
de  Gteaui ;  &  il  refleencore  plufieurs  maifons  de  Moines  & 
de  Chanoines  reguliers ,  qui  vivent  dans  ranciea  relklie- 
inent  avec  peu  d'idilication. 

CHAPITRE      XXVII. 

Du  Gouvirnmtns  dts  Rigatitrs  *, 

Ktg.S,  8tn',  T    £  gouvcrnement  eft  difTerent  ,  felon  let  dilTiirentes 

*•  *•  3—1  efpeces  de  Religieuz.  Suivant  la  regle  de  S.  Benoit , 

chaque  Monaitcre  eioit  gouvern^  par  un  ^bte ,  qui  etoit 

Verdun  fut  choifie  paur  f«*it  coRiRie  ds  feaunaite  *ui  autrei  mo- 
fudirei .  que  ]'on  vouloit  rjfonner. 

i  t\jt  eDcota  tn  France  il'autrei  Congt^Itions  4e  Chinoinet 
(^eulien  ,  te!i  que  ceux  ile  fiinc  ViAor, 

*  Od  compitnd  id  foui    ce  Kime,  noii-fcuIemeDt  lei  RcU- 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       19? 

^c  diref^eur  de  tous  fcs  Moines ,  pour  le  fpiriruel ,  &  pour    pj^njjE  j/ 

la  conduire  interieure.  11  dirpofolt  audi  de  tout  le  tempo-  Ch.  Xx\ir; 

rel ,  comme  un  bon  pere  de  famille.  Les  Moines  le  choifif-  ^8-  ^'  <»4. 

foicnt  d'enrr*eu\  ,  &  1'Lvcque  diocefa"'n  l*ordonnoit  Abbi 

par  une  bcned.61ion  folennclle,  qui  eft  une  ceremonie  for-#  Pontificitle 

mee  a  rimiration  de  la  confecrarion  d'un  Eveque.  Les  Ab-  ^'j^^^  *' 

bes  ^roient  fouvenr  ordonnes  Prerres ,  mais  non  pas  tou- 

jours.  L'Abbe  aflembloit  les  Moines  pour  leur  demander  j^     ^     . 

avis  dans  roures  les  renconrres  imporranres ;  niais  il  itoit 

mairre  de  la  decifion.  II  pouvoir  erablir  un  Prcvot ,  pour  lc  '^*'  *•  ^^* 

foulager  dans  le  gouvernemenr ;  &  fi  la  communaure  etoit 

nombreufe ,  il  metroit  des  Doyens  pour  avoir  foin  chacun 

dedixfr^res.  II  y  avoit  auHi  en  chaque  Monaft^re  un  Porr  ^8»  *•  «'4 

tier  &  un  Cellerier  ou  Dcpenfier ,  que  P  Abbe  erabliflbit  &  revo- 

quoit  felon  qu'il  jugeoit  a  propos.  L*Abbe  vivoit  comme  un 

autre  Moine  ,  hors  qu*il  ^oit  chargi  de  tout  le  foin  de  la 

maifon  ,  &  qu*il  avoir  fa  menfe,  c*eil-a-dire  fa  table  a  part , 

pour  y  recevoir  les  h6res.  Comme  les  Abbayes  avoient  JU^,  c,  $£, 

fouvent  des  terres  ou  des  fermes  eloignees ,  on  y  envoyoit 

quelques  Moines ,  pour  en  avoir  foin.  IIs  y  biriflbienr  des 

craroires ,  &  obfervoient  la  vie  reguliire  autant  ^u*il  etoic 

pofltble ,  fous  la  conduire  d*un  Prieur ,  donne  par  TAbbe. 

On  nomma  ces  perirs  Monafteres ,  CellesJ^  Prieures  e ,  ou 

OheJiences  f. 

L*Ordre  de  Cluni ,  pour  erablir  runiformiti,  ne  voulut 
avoir  qu'un  feul  Athe  :  toures  les  maifons  qui  en  depcn- 
doient  n*eurcnr  que  des  Prieurs^  quelquesgrandes  qu*e11cs  fuf- 
fent.  Lesfondareurs  de  Citeaux  crurenrque  le  rel^chement  dc 
Cluni  venoit  en  partie  de  raurorir^abfolue  des  Abb^.  Pour 
y  remedier,  ils  donn^rent  des  Abbes  u  rous  les  nouvcaux 
Monafteres,  &  voulurenr  qu*ilss*aflcmbljflent  touslesans 


gieux  ^  Religieufes ;  mais  le»  Chanoines  r^giiliert ,  ChanoincfTci  r^- 
gulieret  ,  &  lesChevn!icrs  fles  orMres  Miliraiics  &  Ilofpiulicrs. 

d  Cclla  ,  comme  qai  (iiroic  iine  pecite    habiCacion. 

e  Fricuc^s  ,  les  mjifons  appclccs  de  ce  nom  .  ^totent  cclles  ou 
VAthi.  envoyoit  plurtcurt  Rcli^icux  pour  les  fdirc  valoir.  Le  p!us  an- 
civn  ou  premicr  d*cntre  eux  ,  ctoit  qiulific  Prior ,  ()'ou  U  m.iilonfat 
aulii  jppeliSe  Prioratus  ,  commc  qui  riiroit  ,  maifon  du  diAriA  du  Pricar. 

f  C)n  lcur  doniu  ce  nom  ,  parce  q.ic  ceux  qui  lcs  deflTervoicnt  • 
nVtoient ,  dant  Torigine  ,  quc  dcs obcOienciaiies  rcvoc.ibles,  c*i:Ui- 
dire  cle  iimplcs  Relit^ieux  qui  y  «toieut  cnYo^^i  avec  une  ObidicnH 
ou  Ordre  de  leur  bupcrteur» 

Tiv 


a$«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

pAtLTinl.  ^^  ChapitiT  general ,  pcur  voxr  s'ils  etoient  uniformes,  8c 
(^ji,  XaVIL  iidellcs  a  obiei  ver  la  reglc.  Ils  coaierverent  une  grande  su* 
torice  a  Circaux  ,  iur  ies  quarre  preoiieres  hlles  ^ ;  &  a  cha* 
cune  d^clics ,  (ur  les  Monaiteres  de  fa  filiarioa  ;  enlbne 
g|ue  rAbbe  •!  une  niere  eglile  prefidat  a  reIe£tion  des  Abbes 
des  iiiics  ;  &'  quil  puc ,  avec  le  conleil  de  quelques  Abbes» 
les  deftituer  s'iiS  ie  mericoienr. 

Les  Char.oines  ri^ulurs  fuivirent  «k  peu  pres  Ic  gouverne- 
menr  des  Moines :  ils  eurent  dts  Ahbis  dans  les  principales 
inaiions,  des  Priews  dans  ies  moir.dres;  &  autrefoisdes 
FrevCts  &  des  Doyens  ,  qui  font  demeures  dans  les  Chapt* 
fres  fecuhers.  Les  Molnes  &  les  Chanoines  ont  ete  en  pof- 
feflion  d'elirc  leurs  Abbes  &  leurs  Prieurs ,  jufques  au  Con* 
cordat  dc  1 5 16  ,  qui ,  ayant  aboli  en  France  les  ele^ions 
des  MonaAeres,  aufll-bien  que  des  Eveches,  donneauRoi 
le  droit  de  nommer  aux  AbLayes  &  aui  Prieures  eiedifs» 

Cnneord,  de  Sur  fa  nomination  Ic  Pape  en  donne  des  bulles ;  &  tout  fe 
fAtci.  tU,  6.    paflTe  a  peu  pres  en  la  mv^me  forme  qui  a  ete  expliqu^  ea 

Vhis,  I.  9.  parlant  des  Evequcs.  Le  Roi  doit  nommer  un  Reiigieux  du 
meme  Ordre ,  age  de  23  ans  ,  afin  qu'il  puiiFe  etre  Pretre 
dans  Tan  ,  fuivant  le  Concordat  &  les  Ordonnances,  qui 
fuppofent  que  les  Monafteres  feront  conferes  en  regle ;  mais 
quand  ils  font  en  commende  ,  comme  ils  y  font  a  prefenc 
pour  la  p*uparr,  on  les  confere  a  des  Clercs  feculiers  ,  fans 
nieme  s'a(lreindre  k  Tage.  U  fera  parle  d^s  commendes  dans  la 
fcconde  partie,  Qn  a  conferve  Teleflion  aux  Monaft^res  , 
qui  font  Chefs  d*ordres  ,  comme  Cluni  ,  CiteauT  &  fei 
/quatres  fiiles ;  Pr^montre  ,  Grammont  ,  &  quelques  au- 
tres ;  ce  qui  eA  regarde  comme  un  privilege ,  quoiqu*en  ef- 
fiet  ce  foit  un  refie  du  droit  commun. 

Les  nouvelles  Congregations  de  Moines  &  de  Chanoines  r£- 
guliers »  ont  introduit  une  efpece  de  gouvernement  difie- 
rent  de  rancien,  &  aifcz  approchant  de  celui  des  Men« 
dians ,  &  des  autrcs  Ordres  nouveaux.  Leurs  Abb^s  ne  font 
que  criennaux ,  afin  qu'ils  ne  puifTent  fe  rendre  trop  abfo- 
]us ;  &  ils  font  elus  ,  non  par  le  Monaft^re  ,  mais  par  le 
Chapitre  general ,  compofe  des  deputes  de  toutes  les  pro- 


g  On  (!oon«  ce  nom  aux  quau^t  plus  anciennes  abbayes  dt^pendan* 
tUt*  xle  Caeaux^  (^p  ^opt  ^  i»  Fert^  ,  Podtigqy ,  Cbiiyaux  &  fA^ 
limond. 


AU   DROIT   ECCLfeSIASTlQUE.      197  

Vinces  qui  compofent  la  Congregation.  Ce  Chapirre  clit  paetibI. 
aufli  les  Officiers  goncraux ,  fjvoir,  le  Supcrmur  ^tneral ,  fes  Ch.  XXVlL 
yijjlflans  h  ,  les  lifmurs  i ,  les  Provinciaux  k,  Les  Monafte- 
rcs  qui  ont  des  Abbcs  commendataires ,  ou  des  Abbes  regu- 
liers  non  reformes ,  font  gouvernes  par  des  Prieurs  trien- 
naux ;  &  dans  les  Prieures  qui  fonr  en  commende ,  ou  donc 
le  Prieur  regulier  n*eft  pas  reforme ,  il  y  a  aufli  un  Prieur 
clauflral  L  Tous  les  Officiers  clauAraux  en  chaque  nvaifoOy 
font  etablis  par  TAbbe  ou  Prieur  clauftral ,  &  amovibles  k 
volonte.  Nous  ne  parlons  ici  que  des  Prieures  conventuels  m^ 
&  nondcs  Pricurcs  fimplcs, qui  ne  font  plus  desMonafteres» 
Quant  aux  Rtiigieux  Mtndians  ,  chaque  Ordre  eft  gou» 
verni  par  un  Geniral  nomme  Miniflre  ,  dans  TOrdre  de  S. 
Fran^ois  n ;  Maiire ,  dans  celui  de  S.  Dominique ,  &  Pritur 
dans  les  autres.  C*etoit  au  commencement  le  Superieur  uni- 
que  de  tout  Tordre.  A  mefure  que  les  maifons  furent  fon- 
dees ,  on  mit  en  chacune  un  Prieur-,  dans  Tordre  de  S.  Fran» 
^ois  un  CarJien  o  :  &  coir.me  elles  muhiplierent  exrreme- 
jnent  en  peu  de  temps ,  on  les  divifa  par  provinces,  &  oa 


k  Les  aflinans  font  cofnme  les  Conreillers  du  Sup^rieur  g^n^ral. 

i  Les  Vifitcurs  tont  des  Religieux  choiGs  pour  faire  de  tempf  M 
teir.ps  la  vifite  djns  les  maifons  d^pendantes  de  cclle  qui  eA  le  cheC 
d'ordre,  pour  voir  ii  la  difcipline  r^guiicre  y  efi  bien  obfervife. 

k  Les  provinciaux  font  ceux  qui  ont  inlpe^lion  fur  tuutes  les  mai* 
fons  qui  lont  du  meme  ordre  ou  coiigr«fgation ,  &  fituees  dans  U 
jneme  province  ;  nuis  il  f^ut  obferver  que  les  provmces  des  regu* 
liers  ne  fonr  pat  toujours  divifees  comme  nos  provinces  ou  gouver* 
nemens  Milit.^.ires  ,  ni  m^me  comme  les  provinces  EcclrfiaAtques  Ott 
diftri^s  dcs  M^tropotitains.  Les  provinces  des  rvt^uliers  font  plus  og 
m-iins  ^tcndues  lelon  ies  ordres  &  congrcgations ,  &  font  parug^es 
difieremmenr. 

/  On  appelle  Pneur  dauflral ,  ce!ui  qui  n'e(l  pai  prieur  commen»> 
djtaire,  &  quia  autorit<$   dans  Ic  cluitre. 

m  Lcv  Priturcs  convcntutls  font  ceux  qui  font  habit^s  par  plufieuff 
Rcligieux  ,  qui  forment  un  couvent.  Uo  prieure,  pour  avuir  lc  carac» 
tere  de  convcntucl ,  duit  avoir  des  lieux  reguliers ,  c*eil-^-<)ire  qut 
foient  dans  U  cIo'iire  du  Couvent ,  tels  qu'un  cloitre  ,  im  chapitrc  , 
un  dortoir  ,  un  rc»'»Aoire.  On  tient  aulu  commur.ement ,  q'.:c  pour 
qn'iine  inifon  fui*  r^pur^c  convcntuclle  ,  il  faut  qu'elle  ait  cUujirum  , 
arca  commw^is  ,  ji^.lium  ,  c'ell-a-dirc  uo  fceau  propre  ,  communa 
toute  ia  mjiton. 

n  I.«s  CurHf.iers  rappellent  Min/flrc  ^dniral;  mais  dans  Tufage  oa 
«^^fv^re  le  prcm>«:r  Supcrtcur  dc  tous  ces  ordreS|  fous  le  titre  de  Oe-' 
nfrai  rimpicmenr. 

o  Chci  lcs  Mithurins,  le  Snpericur  de  ch.iquc  matfon  s*fippeJ!« 
Mmifirc,  U  U  PAiToji  unc  mi^ifirene ,  c'fA-di*dirc  le  dcpuuict4ii 0*119 


>98  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Faktie  I  ^''1'*  "^W  Miniflni  ou  Prituri  praviitciattx.  TouJ  CeS  0£- 
Ch.  XXVIL  ciers font dedi^.  En  quelques  Ordres le  Gen^al  efiivie; 
en  (l'autres ,  il  eft  i  temps :  &  les  lermes  de  la  tenue  des 
Chapitres  font  differens.  Dans  le  Chapitre  general ,  on  elit 
k  General  de  TOrdre ,  &  les  autrcs  Officiers  geniraux ;  dans 
le  Chapitre  provinctal ,  on  elit  les  Provinciaux  ,  &  les 
PrieursouGardiens,  qui  etablifTant  enfuite,  de  leur  auco- 
rite,  les  Olfiders claufiraux.  Le  Provincialpeui  transferer  , 
dans  faprovince,  les  Rdigieux  d'une mairon a Tautre , felon 
^'il  le  iuge  ik  propos  :  le  General  a  le  meme  pouvoir 
fiirtout  l'Ordre,  &  11  ne  depend  que  du  Pape.  LesG^n^- 
raux  desMendiansr^lident  d'ordinaireaRome;d'oiivient 
qu'on  les  oblige  k  avoir  en  Prance  chacun  un  Vicairt  ge>u- 
ral,  qui  Coitnaturel  Fran^ois ;  afin  quelesfujeisduRoi  ne 
foient  pas  tires  du  royaume  par  les  ordres  d'un  etranger. 
Telle  eft  en  gros  la  police  des  Mendians :  elle  a  eti  fuivie  a 
peu  pres  par  les  autres  Retigjieux  modernes.  Mais  les  /tfiti-' 
iti  ont  un  autre  gouvernemem.  Comme  ils  ont  vu  que  dans 
les  ele^ions  &  les  alTemblees  frequentes  des  Chapitres,  il 
fe  gliflbit  des  fafHons  &  des  brigues  ,  &  que  c'etoit  une 
fourcededivifiondansles  Communautes,  ils  oni  ^tabli  un 
gouvernement  monarchtque.  Toui  fe  fait chez  eux  par  l'au- 
torite  du  GcJi^rd/:  ilapprouve  lous  lcs  fujets  qui  fe  prefen- 
Cmfiit.  S«-  (gn,  pQy^  entrer  dans  la  Compagnie  :  il  en  retranche  ceui 
paii,  j.  t.  j.  V'  "V  f*^"*  P^s  propres  :  il  donne  toutes  les  charges  p.  11 
yaenchaquemaifonunSffl^rf  jUn/^rocurrurf ,  un Mintf- 
trt ,  &  quclques  OfHciers  femblables.  Un  Provincial  a  Hn- 
tendance  fur  plufieurs  maifons ,  fuivant  ia  divilion  des  pro- 
vinces  de  la  Soci^t^.  Le  Genetal  etablii  d'ordinaire  ces 
Officiers  pour  trois  ans ;  mais  il  peut  les  continuer  ou  les 
rivoquer.  Ceft  aufli  lui  qui  re^oit  les  fondations,  &  (|Ul 
£lit  tous  les  contrats  au  prolit  de  la  Societ^  ,  mais  il  ne 
peut  aliener,  fans  le  confentementde  la  Congregation  gi- 
n^rale  ,  qui  nc  s^afTemble  que  raremenc :  elle  eft  n^ceflkire 
au  moins  pour  l'ele3ion  du  General ,  qui  eft  a  vie  f. 

p  Soui  lui  font  lcs  pro»inciaux  ,  qiii  |Ouvemetit  chicun  foui  (t%  or  j 
4rct ,  TuDC  <jct  37  prOTJncei  ou  dmrioni  dc  la  Saciite. 

4  On  rtppcllc  cn  quclqiic!  cndcoiu ,  Prifti. 

r  II  y  ■  un  Procuceur J^n^til  dc  l>  Soaiii.  Chiquc  prafinct  I  luiri 
fon  proturear  g^n^ril.  Tout  cci  procuieuci  foDt  fuuinii  aux  Supj- 
licuri ,  aupcii  lcfqueti  iti  ont  leun  emploii. 

/Sur-coui  cequi  conceineltl  HliaM.  roj<[  U  001«  qui  «fl  61-4«- 

t*at  1  li  fin  dii  cbipitic  », 


AU   DROIT    ECCLlfeSlASTIQUE-       299 

Lc$  Ordrcs  mUitairts  font  les  plus  finguliers  de  tous.  Jc  partik  f. 
ni'arretcrai  a  cc////  i/cr  Siirt  J.an  de  JtrufaUm^  ou  dc  Malte  1,  Ch.  XXYIM 
^ue  nous  connoifTMis  le  niicjx.  II  n*eft  pas  compofc  de 
pluficurs  mairons-  rcunics  ibus  un  leul  chef ;  ce  n*eil  pro« 
prctncnt  qu'une  maifcn  ,  dont  il  y  a  des  membres  repandus 
par  touto  la  ChretlentL*.  L'utilite  de  ces  chevaliers  etoit  ii 
grandc ,  pcndant  les  Croifades,  qu'on  leur  donna  de  tris- 
grands  bicns,  &  on  y  ajouta  dcpuis  la  depouille  des  Tem- 
plicrs.  Dc  forte  que  pour  faire  valoir  ces  revenus ,  il  a  iit 
befoin  d*envoyer  fur  Ics  lieux  des  Chevaliers  ,  a  qui  on  a 
donne  lc  titrc  de  Commandcurs  ,  comme  qui  diroit  depofi- 
faircs  ou  adminidrateurs ;  d*ou  vicnt  auiri  le  nom  dc  BaU" 
lis  u.  Ils  ont  en  chaque  province  un  Grand  pricur  x  ,  qui 


t  L^etablKTement  en  fut  commenc^  i  /(frufalcm  fur  U  ftn  (*u  orztcme 
fiecle.  Desroarchands  qui  n^gocioient  dihs  le  Levant,  eurcntdu  calife 
<2'£g}pte  U  permilfion  de  batir  a  Jerufalem  une  mailon  pour  ceuxde 
ler.r  nation  qui  viendroient  dant  la  Pa!eftine ;  d'iiutres  fonHcrenc  au 
fnemclieuime  Egiife  fous  le  titre  de  faint  Jtsn  ^  av^c  un  iiop:cal  ou 
]'on  trditoitles  maladcs  ,  dc  Ton  recevoic  ceux  qui  allolcnt  viuccr  les 
lieux  faintf.  Gerard  Tung  en  ^toit  DirefleurTan  1099 ,  lorfque  Go- 
defroi  de  BouiHon  pric  Jerufalem.Ceux  qut  s^tmployoient  fous  Gerard 
4  ces  bonnes  a:uvres ,  furent  nommcs  ilofpitaiicrs  :  on  leur  donoa 
l'h«bit  noir  avec  U  croix  a  huit  pointes  :  on  lcur  fit  faire  les  troit 
▼aux  de  Kcligion  ,  auxquels  on  <rn  «ijouta  un  quatricme  ,  par  leauel 
ils  s'«n^'.agejienc  de  recevoir  ,  iraiter  &  ciefendreles  pclerins.  La  fon- 
djtion  ell  de  Tan  1 IC4  ,  fous  le  r^gne  de  Baudouin  1.  L^alfiftance  qu'iU 
renduient  a  ces  pdlerins  Icur  fit  prendre  foin  de  lcurs  vo^riiges  ,  &  dt 
h.  libertd  des  chcmins  pour  empccher  les  courfes  ccs  infideiles.  Four 
cet  effct  ,  ils  prirent  Ics  arm-  s  ,  &  devinrcnt  hommes  de  guerre. 
Cet  emptoi  attira  quantit^  de  noblelle,  6c  changea  lcs  liofpitaliers  en 
Cltevaiiers.  Gerard  leur  donna  dts  Hatuts.  Aprcs  U  prife  de  Jerultflcm 
par  baladia  en  11^7,  les  llofpit^Uers  furcnc  obli^es  dc  fortir  decccte 
Yille,  tc  (ierneurcrent  fuccetlivemcnt  en  divers  lieux  ')ufqu'eo  Ijic. 

Ju'iU  prirent  rile  de  Rbodcs,  d'ou  ils  furcnt  appelcs  Cht,\ali§fA  dt 
'hodcs.  Soliman  ayant  pris  cette  ile  fur  eux  en  H12  ,  ils  le  retirerCBC 
cnCandie,  de>la  en  Siciic ,  puis  a  Romc  &  a  Viterhe;  &cniin,en 
J5S0  ,  ils  s'ctublirentdans  Tile  de  Maltc,  dcnt  ili  portcnt  lc  nom. 

u  Ce  terme  ,  dans  rorii;inc,  ftgnifioit  Garde  ou  CarJien. 

X  L'C)rdrcde  :vi  ilte  ett  ccmpoie  dc  fept  Ungucv  ou  Nations.  Avaet 
le  (ciulme  d'A{  t;!eterrc  il  y  en  avoit  huit.  Lcs  lept  Unglics  font  celltft 
de  Provence  .  (rAuverj^.ic  ,  de  France  ,  d*ltalie  »  d*Aragon,  c'Ai!c* 
fn.:grie  «x  reCanille. 

D..ns  ciijquc  I.ingue  il  y  a  pliineurs  dtgntt<$s  ,  favoir  ,  d.ms  ce!!c  df 
ProvencG  ,  Ic  grjud  Prtcurci  de  S.  Gilles  Sc  de  Touluufe ,  &  le  U^illiags 
c!e  Manuique. 

Dans  1.1  I  r^^uc  d*Auvergne  1  le  grand  Prieur^  d'Auvcrgnc  8c  U 
B«i!ti.>ge  (ir  L)«.>n. 

Dans  cellc  de  I'rjnce  ,  I^  grand  Prieurei  He  Fr .;nce ,  Ic  Batlliaec  cic  U 
Mor^e  ,  qiii  cH  S.  Je<in  «U  Latran  &  fes  dcpen.r  niies  »  U  gr.inde  Trc- 
r^rerie  dc  S.  Jejn  de  Ltr.Ci  legraud  Pxicur^  d'Aquiuinc  5(  legranc 
Pricurc  dc  Cbampa^ne. 


)99  lySTITCTIOy 

&  a  1  ^.  Sca  ccck;!  e£  cc^^.^  ca  czss  Ori.-<CT  oe 

for^tiK  li  ETSsdc  cro:x. 

Lei  Bt.rg^^adecaOr^  fiact  £e  ctM  Kxras :  cape- 

inrc  preavc  (^  fsobkHe  i&c  qmae  nccs  paternelo  &  ^i- 
■crndln :  iei  f'ce:  frrr.vLs  pcjTczi  circ  rooincrs .  &  uec 
<!ivif»  i.n  ff.ir.i  /x^us  &  ftrvjKi  ft^^i  \.  L'a  '•'"t^'c 
Gw^al  tr  <lc  ccT  or^re  pe-Ji  tisxsdix  %m  Religian ;  iQsis 
il  doic  e:rc  approtnc  <iaa»  ie  Chafnire  prminaal ,  &  il  oe 
£ui  fioit&oa  quaprcf  avtrlr  rcn-!u  ccrtaiii  fenice  a  for- 
ir€  t  &  a  I  age  tic  vir.^i-cis^  au.  Coaixe  on  srriTe  aux 
Cofliflizfvicncf  par  antiqu^ie ,  tl  7  a  loutouis  granJ  nom- 
brc  ie  Cbevaliert  qui  a'ea  oni  poiai.  Slls  Iboi  a  .Malte ,  ils 
pcaveni  vivre  aux  depcas  ie  rOrdre ,  clncun  dam  Tai»- 
berge  •>  de  la  mdon :  t'iis  foni  «llciirt ,  ils  ne  recoivcar 
rien  dc  l'Ordre;c'ellpoiifqucHoaleur  apermisdi 
iler  des  penfioas  a  leurs  parens. 


Oitquc  Orind  Print  a  iin  ccruii 
■aat  itHlaiti  *ui  Cbeva^icrl,  lcl  11 
Prtlrci  <1«  1'Occrc. 

;  Ccf  tel  cft  (« ifuc  roa  appeie  U  RiUgioa  ic  Mj/ic 

t  Ca  FrtrCi  Scr«ii»d'OScc  foni  dei  Scr*itcdri  dd  OScicn  d* 
fOtdrc. 

»  On  ipptlc  linli  i  Maltc  I»  licai  ou  1m  Che*alien  qai  7  r^fideat 
fcnltiourrtico<ODinun  ,  clucun  felon  Ta  linguc  uu  Nation,  uan  U  y 
(  jutanl  iJ'Auliirgei  que  de  langi< «i :  rAuberge  de  praTeace ,  cellec 
d'Auversni,  ds  FtaACC,  d'ItiLic,   d'Aruoa  ,  d'iUfiMgnc  &  dc 


um». 


CHAPITRE      XXVII  I. 

Dti  Riliptufii.  Da  Ermiui. 

LE  s  Religieufes  h  ont  fuivi  la  police  &  le  gom-eroe- 
ment  des  Rcligieux  ,dont  elles  ont  embralT^  la  reglc , 
awanique  la  divcrGte  du  iexc  ie  leur  a  per.nis.  Les  princi- 
palcs  diir^rcnces  font  la cloture , &  la ndcelliie dctre gou- 
vernees  par  des  liommes.  Dans  les  premiers  temps  ,  leS 
vierges ,  mcme  confacrees  folennellement  par  Tevequet 
ne  lailToient  pas  de  vivredans  les  maifons  patiiculieres , 
n'ayani  pour  cloiure  que  leur  vertu.  D.-puis ,  eUes  forme- 
rcDi  de  grandes  Communautes ;  &  enfin ,  on  a  juge  necef- 
£urede  les  tenir  enfermecs  fous  unc  doiuretres-exade. 

11  oe  leur  eft  donc  jamais  permis  de  fortir  de  leur  Mo-  Fi^-^^** 
nailere ,  fi  ce  n'eft  pour  quelque  caufe  niteffaire  ,  comme  ,^J   ;""" 
d'incendie,  de  pefte  ,  d'hoftiIite  c  :  pour  etablir  ou  refor-  Con.-.  Xr^tg, 
merune  autre  Maifon  ,  ou  pour  quclque  raifon  fembJable;  *S-  ^  '-  1- 
avec  permiflion  par  ^crit  de  Ttveque.  On  permet  aux  pau-    Ord.  BJaica 
vresMonafteresdesOrdresmcndians,.d'envayerquelques  *i- 
Religieufes  cherchcr  des  aumones.  Pour  faciliter  l'obfcrva- 
tion  de  lacloture  ,  onadefendu  aux  pcrfonnesdudchors, 
memeauxfemmes,  u'entrer  dansles  maifons des  Religieu- 
res,fouspeined'excommunicaiion.  On  a  ordonn^ de  tTanf-   C.  TrM.  Aj 
ferer  dans  les  villes  les  MonaAcrcs  trop  expofes  a  la  cam-  *''*-  >M-*i* 


\  Lct  Rcli|;i(ufet  font  eomptjet  «u  nDnibtc  riei  pvrronnti  Ecclj- 
Cafliquo,  aulli-bicn  <|U(  Itt  R(lit;i(ui ,  ce  qui  tH  foniljfurratt.  VIU 
il>  1'Edll  de  NoTembte  1606,  qui  compccnd  dini  le  nanbic  dei  pct- 
fonntt  Kcc1^lu(Iiqu*>,  laulet  pcffonnet  gc.i^tilcmenl  qui  oni  fiit  iIcb 
vocui  i  tn  cn  coDf^<|uencC ,  ily  i  <lei  Aii^k  qiii  onl  ii,m\i  \t\  Rcli- 
|ieufeiliouitdupfiTiiVC'«""l-  ^'"t-  XXXV11I  de  |-£dii  <J(  169; 
ne  paile ,  il  ell  Tni ,  quc  dei  Clerci  Ti>jnt  clcrlcil(meni ,  i^riilaDt  5C 
fetTint  aux  CMic»  au  au  Minini^re  Sc  B^ni^ticci  quMi  licnncnl  en 
l'Eglifc..\l.<leVoug!.ini,  en  fon  Indruftion  ctimintlle,;ijr<.  i  ,  m.  i  , 
R.  {  ,  eaiuit  doutcr  que  les  Rc!igl(uf(s  loienl  comptifeiau  noinbied» 
EccUfianiquei ,  cepcnd.ini  on  peul  ditc  qu*elt;i  font  comprlfci  dinf 
l'Edit  de  1691 ,  comme  peif^nnci  feiTiai  lui  Officei  8c  au  MiniAera 
dcrEglifc;  Si  M.  Flcur^  ^iioit  ctre  de  ce  reniinieni,  fuivant  cc  qu'il 
ditiucofnmcncemeni  <lu  ChapiciefuiTinl. 

e  IJ  fiui  aiouter  lc  cti  ou  iinc  Rcllg ieiifc  ohlicnt  permifTion  de  forlir 
pout  fa  fant^  ,  comme  pout  allet  pienHrc  fiir  le>  lieui  queiouei  eiuK 
miDJralo :  &  auRi  le  <a<  01*1  elle  eD  trantfctce  d'un  Moaadire  k  ntf 
«uire  pat  Mdre  dt  fet  Supttieun  ou  pat  otdte  du  Kei, 


302  INSTITUTION 

~~~~  pagne.  On  a  permis  aux  Religieures  d'avoir  desoratoires 
Citt^XVlIL  oiilefaintSacremeni  f.it  ganie,  &  les  faiiites  huiiesaufli, 
&  oii  elles  pulTcni  alTiller  a  tous  les  Oilices.  On  leur  a  de- 
fendu  de  parler  qu'au  travers  d'une  grille,  ni  de  rien  doit- 
ner  ou  recevoir  que  par  un  tour  :  fur  quoi  il  faut  voir  les 
Rigles  &  lcs  Conftituiions  partlculi^res.  Leur  but  eft  de 
fecourir  la  foiblcITe  du  fexe ,  par  toutes  les  precautions  ioia- 
ginables ,  afin  quc  l'impoiIibi1ite  de  mal  fdire  ,  reiienne 
meme  celles  qui  ii'auroient  pas  toujours  leurs  devoirs  affez 
prefens. 

Les  Religieufes  ont  befoin  du  fecours  des  homnies ,  pour 
leur  adminiltrer  les  Sacremens  <f ,  &  la  parole  de  Dieu. 
Elles  choififfent  leurs  Chapslains ,  qui  fouventfont  aufli 
leurs  Confeffeurs  ordinaires ,  -&  qiii  doivent  etre  approu- 
vispour  cereffetpar  rEvequee.elles  choiflent  aullileurs 
Cene.  Tnd.  Pr£dicateur5.  On  leur  doii  envoyer  trois  ou  quatre  foii 
flid.  e.  io.  Tannee  des  Confeffcurs  extraordinaires ,  i.  qui  elles  puiffeot 
ouvrir  leurs  confciences  en  toute  libert^. 

Pour  le  gouverneraent,  outreleurs  SupiSrieures  de  leur 
corps,  elles  font  fous  la  conduiie  de  TEv^que,  du  moins 
G''if.  Trid.  comme  delegue  du  faint  Siege ,  fi  elles  font  exemptes  par 
ttid,  t.  9,  privilege  :  &  TEveque  donne  i  chaque  Monaftere  un  Pr^- 
tre ,  pour  en  prendre  foin  en  qualite  de  Vifitcur ,  ou  fous 
quetque  auire  titte  ,  foit  un  Rcligieux  du  menie  Ordre, 
foit  un  Prctre  f^culier.  Les  Religieufes  qui  fom  en  corps  de 
Congr^gation ,  comme  celles  de  VOrdre  de  Ciieaux ,  &  des 
Ordres  Mendians ,  font  gouvernees  par  des  Religieux  de 

d  Cerlamti  Abbeirei  de  Giece  ilemanilcrcnt  an  Pitrilrche  d'An'  . 
tlochc  ,  ainli  qiie  Bjllamnn  le  npporte  ,  \a  permiHioit  ile  coineHet 
dn  moiin  leuii  Belijieulei ;  te  que  ce  Piiriarehe  leur  reruri.  D'au- 
tres  AbbtlVts  eit  Erpagiie  fe  mireiit  de  leur  antoritS  au  eonfenion- 
nal  ,  H  moiiierenl  en  chaiie.  Iiiiiocent  Ilf  oidonna  aux  Evequei 
de  Bureoi  &  de  Vilence ,  d'empecher  cec  abas.  Coytj  U  Jounial 
dei  Savans  de  lynj  ,  pag.  661. 

t  Suivint  VMt.  14  du  rpglement  dei  xi^nMen  ,  dieiT^  par  l'Ar- 
rembi^e  gcnJitile  du  Clerge,  convoqnce  en  i(>i;  ,  Et  conlitmi!  jiar 
cclli;4  de  if.j(  &  '!e  164!  .  ""'  Siculier  ou  ReligieuK,  foui  prewste 
it  qcelque  eiemi-lion  ijue  ce  foit  ,  iie  peul  jcie  depute ,  uiic  01- 
diuairement  qu'csl."JOrdiiiiiiicment  ,  pour  oiiii  lcs  confcllioni  d« 
mnnislcs  ,  hi.%  ctti'  cominiiSt.  jpprouvd  fpecialcment  puur  ceC  eflvt 
pat  rtvEque  dioccfain  ;  U  >'il  ariivoit  q<ie  les  Confcir<:iiri  ne  s'ac- 
quictalienc  pal  comme  ils  daiveni  de  leuri  charges ,  aprdt  que  tc* 
Cv^guei  ■uroaC  aveiti  lei  Sup^rieuri  de  lei  ficer ,-  i'ilt  ii'y  facif- 
bnt ,   lei  Eveiuei  pourroiitlel  ficeide  leurpropre  aucoiile. 


A. 


AU   DROIT    ECCLtSlASTIQUE.       jdj  

leur  Ordre,  &  foumires  aux  Superieurs  generaux  ,  fepri-   paktii  l 
tendant  cxemptes  6en  tveques.  Cii.XXYIIi 

Quani  a  l'interieur  dii  Monafl^re ,  il  y  a  deux  fortef  de 
Superiifures  :  les  unes  pcrpeiuelles  ,  les  autres  triennales. 
Les  perptiiuelics  foni  des  Ahbtjfti  f  qui  font  dcmeurees 
diiii\r^ricien  droil  de  gouvurneriouteleurvie.EUeseioient 
touies-^icdives ;  mais  a  prefcm  la  plupart  en  France  foot 
k  la  nominiiiion  du  Roi ,  comme  les  Abbes.  Touiefois,  le 
Roi  n'a  pas  ce  droii  par  le  concordat ;  c'c(l  pourquoi  les 
Bu!les  que  le  Pape  donne  pour  lesAbbayesde  filles,  por- 
tent  reuJemeni .  que  le  Roi  a  ecrit  en  faveur  de  Ja  Religieufe 
nommcc,  &  que  Ij  plus  grande  pariie  de  la  Communaut£ 
confcnt  a  fon  cleftion ,  pour  conferver  Tancien  droii ,  au* 
tant  qu'il  {a  peui. 

LesSuperieures  triennales^,  foit  quelles  aientle  titre 
iCAbbtffts  ,  de  Piieurei ,  ou  quclqu'autre,  font  celles  des 
andeiis  Monalleres  retormcs ,  ou  des  nouvellesCongrega* 
tions,  memedcsOidres  Mcndians.  L'eip£rience  a  fait  vmr 
qtie  les  AbbelTes  perpetuelles  fe  relichent  plus  facilement 
de  la  ngiieur  de  Tobfervance ,  &  s'atlribuent  trop  d'empire 
liir  les  fixurs.  Les  trienna^es  font  toutes  ile^ves  ;  &  les 
iledionsfefont  par  futrfagesfecreis,en  prefence  du  Vifi^ 
teur ,  qui  y  atlifle  a  la  grille ,  &  conllrme  TelefUon.  h. 


/LaiurUI-aion 

1  <1ei  Abbeltc 

,  cft  be,ucoup  p1 

lui  limicJe  qne  ceUe 

aeiAlibfi.  tllLi 

ne  peuvenc 

,  ni  pr*cher  ,    nl 

i  exercer    lei  autret 

foliaio-l>  ,    qili  lo 

iir  interJiici 

auK  perlonnei  di 

!  leui  reKe  ,  ni  pro* 

hlC   ..•.^:^i'j.'. 

iraiV.levif.t 

er   par  ellei-mei 

^e^   le'>  M^ifon,  de^ 

Rdig'!i:rvi  .lc  Is. 

Lrdvpenl.nc 

e  :  etl«  doi.eni 

cAvt  Jc<   Ikairci 

,  :  6(  «1  Vili 

leiir.  ou  Vicairei 

dcputOi  pir  len  Alc 

lMlU.1  ,  10..I  o!il  g 

,;■(  Jtf  prenJi 

i  vif.i  Je  ro;dinaite  ,  Icqucl  vifj  n* 

kbMt  q:.'J.irji.t 

que  la  comn. 

.illioi..  l'oytj  1(> 

Mtm.jirii  du  Cltrgf  , 

5  f.yrj  .■jrt.  ! 

^''je  rOrrtonr 

lance  d'Or1cJn>  , 

qui  vcuc  que  1(1  Ab- 

Ui>;!(  &  l>>rc..f.'i 

.  f.>ie..t  ^luci 

l»u,  le,  croii  111 

h  Dj..,  r«;.  ct; 

in  J'uiic  Al'l 

."ie  ;  qiu-iJ  U  m 

lOltie  tlci  Religietifct 

fi"4  pai  J011..C  C 

=  n,e  petronne  .  1 

e,  ■ulre>Hc:ifieufei 

peuve.it.  ipte^ 

li  publkjcio 

11  du  f.ruiin  ,  1' 

'uni,    >i>    plu,   Kiand 

iiffnbro  ;   Si  .■il  ; 

/C.WV"itill 

ei  pour   rurpLillci 

U   moicie  dei  voi<  , 

pe.ti.rc.o 

iilirmce  pjr  le  Su[>;neur  ,  i  la  chjrge 

dcf..i.-<;   irs"ij 

i':-ci ,  r.  Lcti' 

Ci   ni.i  lont  opi.ol 

limei  t  IV-lFdion   ic 

;  Ij  c..ifiimJrioii 

,  vc.ilenlie  potirfuivrc.  Cipit. 

indemaitalib.  J./jb* 

,ii  fJc:i.  \a  6«. 

«'■niitfcni  pai  en 

fjveur  de  celte  qul 

K  \-.  J>lul  ac  vuis 

,  011  l'U   UC  : 

i-y  «n  unic  p»  ui 

1  ;ill'ei  |i.ind  aambia 

)d4  I  N  S  T  1  T  U  T  I  O  H 

.      •  Celles  cpie  Vm  elit  Superieures ,  doivent  avoir  40  snaf 

^ttJJCXViil.  ^^^S^9  &  8  ^^  <I^  profcilion  :ou  du  moxns  30  ans,  &  5  ans 

^nr.  Tri^  de  profefiion.  Suivant  rOrdonnance ,  elies  doivenc  avoir 

flf'  *V  j^  *'  10  ansde  profeffion,  ou  avoir  exerce  un  office  clauftral 

mH.  deeieB.  V^^^^^  ^  a^^s.  On  elit  amli  4  ou  fix  Mires  dlfcr^us  ,  des 

im  6.  Edii.   pius  ancienncs  &  des  plus  esperimentees ,  pour  aider  la  Su- 

a6o6.  4.        perieure  de  leursconfeils  dans  les  aSaires  ordinaires.  Pour 

ksaffaires  plus  importantes ,  elle  doit  prendre  les  avis  def 

la  Communaute  aiTembiee.  La  Superieure  donne  les  aucres 

charges  moindres  ,  comme  de  portiere  ,  dHnfirmi^,  dd 

celeriere  i ,  de  depofiraire  k ,  ou  treforiere.  Toutes  cef 

charges  ne  peuvent  durer  pius  que  celle  de  la  Superieure  $ 

tnais  eiles  peuvent  durer  moins. 

Quant  a  ia  reception  des  Religreufes,  la  foibleile  dil 

fcxe  a  fait  prendre  des  precautions  particulieres,  pour  leur 

Conc,  Trid,  conferver  en  cette  a^ion  une  entiere  liberte.  U  eft  de^ 

fejf.  R,  s$.c.  fendu,  fous  peine  d'excommuntcation ,  de  faire  entrer  une 

ibid,  e.  17.  ^'^^  ^^  religion  par  contrainte  ,  ni  de  rempecher  d'y  cit- 

Ord.  Blois.   trer.  La  Superieure  doit  avertir  TEveque  avanc  la  prifa 

^^'  d*habit ,  &  avant  la  profeffion ,  afin  qu*il  examine  la  voca-» 

tion  de  la  novice ,  par  lui-meme,  ou  par  quelque  Pretre 

commis  de  fa  part,  qui  lui  parle  i  ]a  grille,  ou  meaie  la 

faflc  fortir  dehors ,  fuivant  les  diflerens  ufages.  Ce  font  les 

Sup^rieurs ,  ou  d'autres  Pretres  a  leur  place ,  qui  donnenc 

rhabit ,  &  qui  re^oivent  les  vocux  folennels ,  avec  les  c^-* 

r^monies  ufities  en  chaque  Monaft^re ;  &  quelquefois  TE^. 

veque  le  fait  en  perfonne. 

*    Cette  cer^monie  eft  bien  diflerente  de  la  conficration 
folennelle  des  Vierges  j  qui  n'eft  prefque  plus  en  ufage  y 


pour  faire  plus  de  la  moicie  des  fufTrages  ;  le  Supdrieur,  avant  de' 
coiifirmer  &  b^nir  celle  qui  a  ^t^  uomm<5e  par  le  plus  grand  nom- 
bre  ,  doic  examiner  Tcledion  ,  &  les  raifons  de  celles  qui  ne  veu« 
lent  pas  s*unir.  Pendanc  cet  enamen,  la  Rellgieure  nomm^e  gou-^ 
verne  par  proviHon  le  temporel  &  le  fpirituel  du  monaftere  ,  a  Ix 
r^ferve  qu'elle  ne  peut  faire  aucun  ade  d'ali^nation ,  ni  recevoir 
des  novices  a   faire  profeiTion.  Ibid. 

i  La  C^leri^re  eft  T^conome  du  couvent  ,  celle  qni  a  foin  der 
provifions  de  bouche.  £ile  a  M  ainfi  appei^e  ,  parce  que  Cellm 
vinariat  &  e/caria  praeft, 

k  On  appeilc  Dipofitaire  en  quelques  couvens ,  celle  qu*on  ap- 
pelle  dans  d'autres  Iriforiire  ,  «'elt  celle  ^i  e(l  chaxgce  de  I2 
Kfcette  de  hi  cailfe« 


AU  DROIT  ECCLfiSlASTIQUE.       ^sf 

fci  tiui  touKfois  merite  d'etre  confid^ree ,  puilque  I'oii  y  p  _  I^ 
"voir  quel  efi  refprir  Ac  ['Eglife ,  dans  la  profeflion  des  Re-  cn.XXViIb 
ligieufes.  Cette  confecration  ne  peut  etre  faite  que  par  ^»"'  litdic~ 
rEveque  ;  &  les  vierges  qui  la  re^oivent ,  doivent  ^re  ""  ■'*'*• 
figeesdeif  ans.Cedoit  etreunjour  deFetefoleflneUe,oii  f^niif.  R^ 
du  moins  un  Dimanche.  L'£veque  tes  examine  chacune  "*<>"■  ^'^ 
«n  panicutier ,  fur  leur  fainte  refolution ,  fur  retai  de  leur-'^'  '^* 
confcience  &  de  leur  vie  paflee ;  car  elles  doiveot  ^tre  vi- 
ritablement  vierges. 

Tout  ^ani  prcpari  ,  elles fortent  du  Monaflere ,  accoin< 
tngnees  chacune  de  deux  femmes  9gees  ,  leurs  parentel, 
&  font  prefcniees  i  TEveque ,  apres  1'epiire  &c  le  graduel 
de  la  MefTe  poniificale.CeftfArchipretrequi  les  prefenreau 
Dom  de  toute  rEglife,  pour  etre  b^nites,  confacrees  & 
ipoufibesi  Jefus-Chrift,  &il  rend  i^moignage qu'eltes font 
dignes.  L'Eveque  les  interroge  encore  par  trois  fois,  pour 
^prouverlcur  refolution  ;  puiselles  fe  pronernent,  &  on 
dit  tes  Litanies.  Enfuice  TEveque  b^nit  des  habits  ,  dont 
eilesfe  revctent ,  excepie  les  voiles  qu'cllcs  prennentdefa 
main.  Mais  avani  de  les  donner,  il  dit  une  Preface ,  qui 
knarque  l'escel1ence  de  li  virginii^  au-deffus  de  la  fainteti 
du  mariage ,  &  propofe  les  principales  venus  doiK  Ics  vier- 
gesdoivent  etre  ornees.ApreslesvoiIes,iI  leur  donnedet 
onneaux  pour  les  epoufer  i  Jefus-  Chrift ,  &  leur  met  eii- 
fiiite  des  couronnes  fur  la  t^ie ,  en  figne  de  ce  mime  ma- 
riage.  II  fait  encore  fur  elles  plufieurs  priires ,  qui  montrerit 
les  devoirs  dei  vierges,  Si  leur  recompenfe  immoriclle  ;  ic 
ajouic  i  1a  (in  unc  menace  d'excommunicatlon ,  &  des  ma- 
lediftions  terriblescontre  tous  ceux  quiaiienieroient  con- 
tre  les  perfonnes  ou  les  biens  dc  ces  vierges.  Voila  quelle  Thomaff. 
lefl la conrecration  folennelle  des  vierges ,  qui  fe  pratiquolt  Jifi  4-  p-  t% 
Buirefois  frequemmcni ;  &  il  s'cn  trouvc  des  exenples  juC- '"'  '*  *• 
ques  dans  le  ireizieme  fi^cle. 

11  faut  dire  un  mot  des  Ermites  /.  Ce  ne  font  plus  d£* 


i  S.  pHil ,  f\anomrai  VErmitt ,  fut  le  per«  ou  le  iirrmier  ir  c 
Solitiirei.  Qudquei-uni  on[  poutciiit  prJleiiilu  fjiro  rcmanltr  T 
tigiite  d*i  cimiio  ji^rqu-i  Elie  ou  i  riiiii.Jeai-Biptifle.  l.ei  eri» 
tet  nc  fani  pii  ile  vriii  RcligieuK  ,  i  moim  qu'i1i  n'>ieiii  fiit  d 
VctuX  folenneU.  On  trouve  un  atret  ilu  17  F<.-vrier  t6|)  ,  q 
^dac*  un  KTiuile  incapible  de  fuecedcr.  Maii  il  y  ivoit  Jei  ci 
f  ODfuncci  p>iticulle[i,t ,  qul  fjjroient  piifumeT  ie  fj  pirt  uo  i 
TMitll.  V 


^rz  TZTZOS 


33-  -sir: 


•-    *     .r~m 


▼•^■i  -r 


V 


:c 


R  £     X  X  I  3L 


L 


."^rTss  rr-  bj-e:^  2  D  eu .  ou  par  la  clericanire^ 
r- 7i:  .-  ^  ;  r-  .: ^i "=  .  r=:  rDujours  eu  pluficurs 
3^ir:-i;-s,  c-  !=?s  r=:  1^.7^^^  ces  aurresChrericns.priii- 
cr^e— ;:7:  :;-.->  wS  -i— r>  c-  .eur  rrcfefiion  ctoit  une 
prfi--j  rri.c-s  :r::.  l.i.i  ce  l^ur  merire.  Ces  avantages 
ibrt  Jc>  >.''.-ri'-rs.  z=*  cter-prors,  des  revenus  &  autres 
dr^*:">  ^-  ;rs,  i^  .27:  *  ces  =:»?::§  Lsilesjbit  qullsconfiftent 
en  rc^  cr:«s  aiLris ,  04.  er  rin-iburions  &  en  o£randescaiueI- 
les  ,  :!>  :\  r:  !t  prrc  pal  iJ^ti  zt  \2jicj7:J^ pa^ie, 

L».'s  e»:L!j;"jiVques  le  :":»r.t  artire  plus  d*honneur  quand 
ilb  "or:t  ii  .-T^oi.rs  recner^he,  &:  o.ic  remoigne  par  leur  ma- 
cicrc  J^  \:j  p!js  i  hjirriire  &  de  charite. Dans les prcmiers 
fiecles  ,  «es  Chreilens  fe  prollernoient  devant  eux ,  leur 
d9{ittrs  da  bal.olent  les  pieds ,  decnandoient  leur  benedifHon,  les  trai- 
cfcfcr.is.  JS.  toient  do  Pkres  ,  dc  Sel^ziurs  ,  de  FencrabUs^  A*Ams  dt 
Dicu  y  de  SMnts  ;  ce  qai  pafTa  en  tbrmules.  De-Ia  font  venus 
les  titres  de  Dom ,  de  Pi^r ,  de  Revcrence^  que  les  R6gu- 
liors  ont  conferv  es  :  car  on  les  donnoit  autrefois  auz  Eve- 
ques  m  &  aux  Pretres  /z. 


noncement  total  au  rronilc.  Voye^  le  traite  de  la  mon  civiUj  par 
M.  Richer  11  y  a  da  Ir.rmites  ,  dits  de  S.  ^uguftin  ,  qui  ibnt  de 
vrais   Religieux  ,  &    qui   vivent   en  communaute. 

m  Les  Eveques  fo  11 1  encore  q:<a!if!($s  de  Kivircndijpme  pire  en 
Dieu  yionftigneur  N.  &  eii  leur  parldnt  ou  icrivBiic  ,  on  leur  dit 
votre  C^^andeur, 

n  Les  Pretres  font  qualifics  dc  virJrable  fir  Jcicntifiqae  ftrftene 
MeJ/irc  N... 


AV    DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.        J07 
-  Il.eeuliireiiient ,  les  Eccl^ftaAiqucs  ont  le  pas  &  la  pre-  ■ 

leance  Air  lcs  laiques ,  daos  les  eglifcs ,  &  dans  toutes  les  cb.  xxixl 
c^rimonies  de  religion.  Dans  lcs  afTeniblecs  politiqucs  o , 
k  corps  du  Clerg<  precede  auHi  tous  lu  aurres  corps  ; 
comme  il  paroit  par  lcs  Seances  des  ktats  geniraux  ou  par- 
liculicn.  Pour  )es  corps  du  Clerg^ ,  comme  les  Chapirres    f  H/nt  /■ 
.£LlesCoinniunautesregulieres,  leurrangentreeux  &avec  ^'"J't  l""- 
lcscorpsfeculiers,  fe  regle  fuivantles  ancieos  ufagecllen  ^     •  *■  t  . 
«11  dc  ai£me  i  proponion  des  ixcl^rialliques  paniculiers , 
t'ils  n'ont  uncertainrang.a  ciufede leur  benefke,  oude 
kur  charge.  Cell  a  lEveijuea  r^gler  les  differents  qui  pcu-    ^■^-  TfiJ- 
vetlt  arriver  fur  ce  fujet,  dans  les  proceflions  ,  &  les  au--'^"'*    '"* 
tres  c^remonies  pubiiqucs.  Mais  en  France ,  les  Evcques 
n'en  coanoiffeni  ([ue  par  provifion ,  &  pour  ^viter  le  fcan- 
<Iale:car  ces  conteflations  font  confiderees  cotnme  caufes 
pofleSbires,  qui  appartiennent  au  Juge  laiquef.  Les  inju-  ifl  f.  4.  r  Ji 
reifaites  ou  ditesaux  perfonncs  ecclefiaftiques,  Ibnt  |ilu£  ^",  ^"^' 
•troce* ;  &.fi  un  Clerc  3  ^e  frappe  notablemeai,  c'eft  un 
casqui  empone  excommunication  riferv^. 

Les  exemptions  des  Ecdefiaftitiiies  font  de  deux  fortes; 
lesunes  regardent  principalement  les  peribnnes,  &  len- 
deoi  i  leur  conferver  le  rcpos  neceflalre  pour  vaquer  i 
]eun  (bnSions;  lcsautres  regardent  plusla  confcrvatioa 
de  leuT3  biens :  car  puifque  te  public  les  .enireiient ,  &  les 
ricompenfe  de  leur  travail ,  -il  elt  juAe  au  moins  Ae  leur 
conlcrver  ce  revenu ,  &  ne  pas  reprendre  d'uiK  main,  ce 
qu'on  leurdonnede  l'auire. 


c  Le  Oirgj  n'm  pai  leuioun  joni  de  cpttc  prtrogaiiv*.  Soui  la 
ffemiire  ricc  il  n'ctoi[  tdmii  i  «ucunc  iflirnbliic  |;eii^ril«  ni  pirli- 
CBiictc  dc  la  niiion.  Cc  fui  P.piii ,  fur  la  Hn  du  lcptUmc  a^Jc  , 
qui  doiira  enttre  lux  Eccl^jigtliquci  ilini  lci  iincmblcei  gentialci. 
Charlcnidgne  la  leuiconrctvi  d^i.i  lei  Kailemcni.  Uln<  tei  ilixliistt 
fc  orviline  ficclci ,  ili  j  Dcciipeient  le  prtinier  rang.  Maii  le  Para 
Itment,  pui  Arrit  deli*7,  ten.Jii  aut  B*ron>  la  prclc^flcc  )  k 
<laai  rdileinblce  dci  Liaii  iei'De  cn  i)oi  ,  la  nablefle  opina  d'a- 
bord  ,  &  le  Clcrgj  ci.fuilr.  Soi.t  Uhirlet  Vl  .  lei  Piinvet  du  Sirg 
commeniiicnl  i  piiciitti  lci  Pr^lili.  Enfin  ,  le  Clcr|tf  cn  caipi  a 
*ti  rrcunnu  pwt  le  picmict  ordrc  du  Royiumc  Voycs  rUi/i  da 
luuitii  Parhwxui  ,  d(  Boulalnvillicft ,  roffl.  f / ;  &  la  Dfc! 
du  10  FJvrict  <  tSo  ;  Tei  Lettrei-pjicntci  du  pemier  Mll 
DecenbrciC  6  ;  loAodi  16111  ■<  Juln  lAiS  ,  a(l'«diid'Ai 

p  Vuyex  TEdli  da  aoii  d*Aviil  i6'ji  ,  couceioant  1«  }< 
««Clcfiaitilic. 


3o8  r  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Paktii  L        ^  «emptions  perfonnelles  font ,  premiirement ,  calle^ 

CK.XX1X.  de  la  iuridifiion.  Reguliirement,  un  Eccl^riafliquencpeuc 

£tre  pourCuivi  devani  aucun  Juge  fecutier  ^ ,  ce  qui  fen 

explique  dans  la  troifiimt  pariie.  Les  EcclefiaAiques  font 

exempis  des  charges  municipales ,  de  tuteile  &  curaielle , 

L  ^^,  ,^.  s'ilsneracceptent  volontairement,  D^s  le  tempsdeS.Cy- 

it  fifi.  fr  prien ,  la  r^gle  etoit  ancienne ',  que  fi  quelqu'un  nommoit 

rirnt,  ifi.  f  un  cierc  pour  tuteur  dans  fon  teflament ,  on  n'oSHroii 

^  point  pour  lui  le  faint  facrifice  apres  fa  mort.  Les  Eccltiiaf- 

Cyp.  tp.  I.  tiques  foni  aufll  exempts  de  la  coiKiainie  par  corps  poiu 

•rf  C6.  difl.  dettcscivilcs,  poriie  par rOrdonnance  de  Moulins;  &i]e 

Bl«i:  tj.     peuvent  eire  czecutes  en  leurs  meubles  deflin^  au  fervice 

divin,  ou  pour  leur  ufage  n^eflairer. 
Declar  du  Ils  foni  difpenf^s  du  fervice  de  la  guerre/,  qui  Ce  'de- 
idiT  *&"au-  ^^''  ^ui^^fQ'^  •  ^  caufe  des  fiefs ,  &  n'a  pliis  lieu  qu'a  la 
trti  prlctd.  convocation  de  rarriire-ban ;  ilsnefonipas  memeobU- 
Mimiiirtt  g^  a  fournir  d'autres  perfonnes  pour  faire  le  fervicc ,  ni  i 
t-art  Ji  i-  P<'y^''  aucune  taxe  pour  cei  efiei :  ils  font  exempts  du  guet 
&t.  &  garde ,  &  de  logement  de  gens  de  gucrrc  t.  II  eft  de- 

*^jm!*"'  !?'  fenduauxgens  de  gucrrc,  fouspcinc  de  la  vic,  dc  k^er 
Cltr^.  4.  ^^"^  '^^  maifons  presbyterales  ou  auires  affefito  aux  be- 
part.  ch.  7-  n^fices ,  ou  dans  les  maifons  d'habitaiion  dcs  Ecdtfufti- 
Vntf  aitff  q„p5 .  g,  gy^  Maires  &  Echcvins  des  villes ,  de  doaner  des 
CltrgtatttU  bilteis  pour  y  faire  loger ,  ou  d'impofer  aucune  taie  ftir 
Koi.  les  Eccteflalliques  pour  raifon  de  logement ,  uflenfile ,  ou 

C  Nen  m.  fourntiure  quelle  qu'elte  foit,  Plufieurs  ont  eii  condamois 
*al.  tx  cont.  ^  reftitution.  Par  la  meme  raifon ,  les  Eccl^fiafliques  ne 
iattr.  III  c.  doiveni  §tre  compris  dans  aucune  impofition  pour  la  fub* 
19.  e.  Advtr-  f,flanee  des  troupes  ,  ou  fortificaiion  des  vitles ,  ni  ginj- 
twe.  Lttttr.  nitement  pour  aucuns  o&ols ,  fubventions ,  ou  autres  em- 
J^'  t.  «fi.     prunisdcCommunautes.  ti. 

Ch.t,.  Mim. , 

»it    Clirgi 

f^in.duClir-  7  Cc  piiviljge  tH  un  [((tc  dn  ilfoic  quc  chieun  ivoit  chei  lei 
l^'  4.  part.  Franci ,  d'ei[e  jugt  pai  let  piiri ,  c'cl)-A-dire  p«t  geot  dc  t^tta* 
1. 1.  <tit. 

r  Vnfei  rOiJonnance  de  1^67  ,rit.  i)  ^art.  t{. 
/  \\\  le  ilevoieiii  iuCieroii ,  b  mCnie  en  peifonn*  ;  ce  qu[  enl 
litu  depuii  le  tempt  de  Cliirlei~Mirtel ,  jurqu'!  Cl)*rleni(gua ,  qnl 
lei  ej>  dirpenfi  car  denii  fnii ,  fit  nJanmoini  ili  le  fitcni  encor* 
long-tempi.  Ce  fui  Cluflei  VII  qui  let  en  dtchatB«i  lotalement.  II* 
iaat  aulli  exemp:!  de  tirer  pour  Ix  milice, 

I  Si  ce  ii'elt  an  »1  de  n^celGt^.  II  y  en  *  eu  dei  exeniplet  de. 
^ii  qiiitque  tempi  ,  lon  du  pailige  dei  croupei  dani  lei  Ptotincat. 
u  Le  CJetg£  donne  n  JmaiDiiii  dei  deoi  giaiuiti  cxtiaoidtiMiiUa 
k  Voccalioii  d«'la  gueiie. 


AU   DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.       jof  

Efi  pays  de  tailles  perronnelles,  les  Ecclefiafliques  en    pAKTitl. 
roni  ezempts ,  &  ne  doiveoi  point  y  iae  impofts ,  non-  c>.  XKiX, 
leulemeni  a  raifon  des  revenus  de  leuri  beniliccs ,  s'ils  les 
font  valoif  par  leurs  mains  x ,  mais  i  raifoa  de  leur  pairi- 
moine,  ou  des dixmes qu'ils  ticnnent  jiferme.Maiscespri- 
vileges  om  fouSert  Ae  grandes  atteintes  dans  les  demien 
temps.  En  ia  plupart  des  lieux ,  les  ecclelialliques  font  com- 
pris  dans  les  tailles  n^gociales  y.  Les  Intendans  les  nienl 
<l'oflice  pour  les  dixmes  qu'ils  prennent  a  ferme ;  &  les  ha- 
bitans  les  impofent   fous  le  nom    de  faifant    valoir  ul- 
Ui  dixnui  {.  Lcs  bin^ficiers  ne  font  eiempis  que  pour 
une  des  fermes  de  leurs  bentifices.  £n  pays  de  taillcs  rtel-    ^^-  *%• 
les,  les  biens  appancnans  i  TEglife  font  tirancs  comme  les  Cg„f,ii    ,. 
biens  aobles ;  &  ceux  qui  ayant  ite  aliin^s ,  ont  ec^  com-  Jaa-  iCfj. 
prts  aux  cadallrcs  a ,  doivent  en  ^tre  diHraits ,  quand  tls 
reviennent  ji  rEglife.  Mais  cette  exemption  n'a  lieu  que 
pour  les  aacicns  domaincs  de  rEglife  ,  qui  lui  apparte- 
noientavant  la  confeSion  du  cadaAre.  Dans  les  pays ,  oti  uu,  t,  ^ 
rimpdt  du  fel  a  lieu ,  les  EcclefiaHiques  font  eitempts  de  U 
vilitc  i  dans  leur  maifon  ,  fous  pritexte  de  recherche  de  m^  ,.  |^ 


X  Lenn  fernilcri  foat  bnpani  k  U  nille  comme  lei  latrei ,  p«ac 
Ici  h^rictgei  ou  JiKmei  qu'ili  liennent  d'eiiK  i  ferme. 

y  Oa  ippelle  laitU  nigocialr  ,  dini  lei  PrOTincei  de  droit^Cflr, 
Mlic  fui  i'i[npore  par  lei  hibitini  rtir  eux-mCinci,  cn  vertn  dci 
LelErei-patentei  ,  pour  le  n^goce  Ec  idminiAritian  dei  «fliifu  da 
lenn  viUei  U,  conmuniuiji.  Vojtj  Bonifice  ,  Billet ,  Chwicr. 

r  Dint  tci  piyi  oi)  U  Mille  cft  perronnelle  ,  lci  Curji  &  iDtfcr 
gTot  dfcimatcuri  ja\  prenncnl  i  ferme  de  leurt  co.d'ciniitMn 
IcuridiNmci,au  du  Scigneur  lei  dixmci  inr^dfei  ,  ne  Rint  polnt 
tallUblei  ponr  celtc  exploititlon  ,  fiirce  ^e  la  perceprion  d:  ton> 
tci  Tortet  dc  di«mei  ell  eoa&iitrtv  dmi  leurt  miini  comne  un  bica 
■ufoel  ili  ont  n»(urcllemcnt  ttroit ,  tt  dont  ili  ront  piifumji  nc 
prendcc  rexplaltation ,  que  paur  pr^vcnir  taute  diSiculid  enir^oit 
tC  lei  lutiei  Dccimileuri. 

4  On  donne  ce  nom  au  regiltre  public  qui  fert  1  rtnl^te  del 
Hillet  ,dani  tei  payi  oi)  ellei  font  r^llei ,  commc  cn  Piovcce  , 
Dauphin^  ,  Ltnguciloc.Ce  iej(illre  caniiciit  li  quantltf  ,  quilili  K 
«nimatian  J<  toutei  lei  terrei  qni  font  dtnt  le  [«ititoira  de  li  lom- 
munauit ,  Ei  te  nora  dei  propiiiiaiiei  de  ehiqae  fondi.  yaytt  1« 
eioffMr,  de  M.  de  Liuritre. 

m  j  »  det  Leiirei-pitentei ,  dci  i{  JanTier  1714  >  >t  14  Min 
1^17,  qui  lutofifeni  lci  Capiliinet  sineraux  <t<i  fernieii  fjlrc  dct 
«iEiei  domjciliiiiei  dini  lei  Miifaiii  Eccljriaitiquei  ,  Nobtet, 
Bourfeai*  ,  fini  peimiflian  dj  Jjge.  It  y  a  aiifli  pluliejrl  Ai:(tt  qjl 
oiil  obl  %i  tel  Rclig  euK  dc  fautfrii  chci  eui  U  vifile  del  Cotninil 
4(1  fiiA*i,  A  1'iawd  d«i  MoDaQitci  <t«  FUlct  >  lel  .Comalt  dM 

V  iij 


3'0  INSTITUTION 

Partie  I.  ^^^  ^^' '  ^'^  ^^"^  ^"^  exempfs  de  droits  d*aides  pourtes 
fu*  XkiX.  vins  de  leur  cru ,  foit  benefice  ou  patrimoine  :  ils  ne  foiit 
fujets  ni  au  droit  de  vingtieme ,  sHls  le  vendent  en  gros  ,  oi 
au  huitieme  ou  quatrieme  ,  s*iis  le  font  vendre  en  detail  c. 
Voilales  principauz  privileges,  dont  les  Ecclefiaftiques 
jouiflent  en  France.  Ils  en  jouiflent  avec  plus  ou  moins 
d*etendue ,  felon  les  circondances  des  temps  &  des  lieux  ; 
ce  qu'il  faut  apprendre  par  Tufage ;  &  en  cette  mati^re  » 
les  Comoiunautes  religieufes  d*hommes  &  de  femines  fonc 
comptees  entre  les  corps  eccI^daAiques. 


Fermes,  fuivant  un  Arr^tdu  Confeil  du  19  Odobre  i7H>  &  Ltt^ 
tre$-P<ic«ntes  fur  icelui,  ne  peuvenc  y  entrer  faos  une  permiiBon  par 
^crit  dc  l*£v£que  ou  de  l'un  de  fes  Grands-Vicaires :  ou  ,  fi  te  cas 
cft  urgent,  11  faut  au  moins  la  permiOion  du  Juge,  lequel  orJonne 

Xu'il  (e  tranfporcera ,  &  que  le  proc^s-verbal  fe  fera  en  la  prdfence 
:  de  celle  d'un  Pr^tre  de  la  Maifon,  ou  lui  dument  appel^. 

c  Les  Eccl^nadiqtes ,  pour  le  vin  du  crA  de  leurs  b^n^ficet ,  {bnt 
cxempts  de  cercains  droits  feulemenc ,  lavoir  ,  des  nouveaax  cinq 
fous  ;  du  droic  de  gros  &  de  raugmentation  ;  des  droics  de  jauge  Sc 
de  courtage  pour  la  vente  en  grof  &  i  l*eocr^e ,  fi  ce  n^eft  dans  lea 
pays  ou  ils  fe  payent  au  d^cail ;  de  la  fubvention  i  rencr^e  de  ce 
mlme  vin ,  mais  feulement  pour  la  confommation  de  leur  maifon* 

Le  vin  du  crfl  de  leur  cicre  facerdocal  eft  exempt  reulemeot  da 
droic  de  gros  &  de  raugmentacion. 

Celui  qui  provienc  du  furplus  de  leur  patrimoine  ,  foit  de  fuccef* 
fion  ou  d*acqu£t ,  n*efl  afTranchi  d'aucun  des  droits  d*aides  ,  ^  moint 
que  ces  Eccl^aftiques  ne  folent  exempts  d'aiUeurs ,  comme  No^ 
bles  ou  autrement. 

Ils  doivent,  lors  des  inventaires  ,  d^clarer  ffpar^ment  le  vin  dii 
crD  de  leur  b^n^fice,  &  celui  de  leur  patrimoine  i  8t  avant  de  vca« 
dre  Icur  viii  en  gros,  d^clarer  la  quantit^  de  vignes  d^peBdaatei  de 
leurs   b^n^fices. 

Leurs  feimiers  ne  jouiflent  d*aucune  exemption. 

Vovi^  L'Ordunnance  de  16V0  ,  les  ma)iimes  fur  let  sydes  ,  te 
DitL^ioiinaiie  des  aydes  ,  H,  les  O^laratiouB  fic  Arrdts  qui  y  foot 
cites   au  inoi  Etclifiafiiquis. 


Fin  it  la  prmihc  Partii. 


INSTITUTION 

A U    DROIT 

ECCL^SIASTIQUE. 


es»^ 


sSSib 


SECONDE    PARTIE. 
Des    Chofes. 


CHAPITRE     L 

Dt  PAnnie  ,  des  Fetes  ,  des  Ahftinences. 


Ous  avons fuffiramment  ^TLtM  A^ perfonnes%  p^,^^  ^\i^ 
parlons  maintenant  des  chofes^f\VL\  font  la  ma*  Cuap,  U 
ti^re  du  Droit  eccliriaftlque.  Elles  font  fpiri« 
tuelles  ou  temporcUes.  Les  chofis  fpirUuelUi  ^ 
^  font  celles  qui  fervenr  immidiatement  au  fa- 
lut  des  ames  ,  comme ,  les  Sacremens ,  la  pridication ,  les 
prieres ,  &  les  c^remonies  de  la  religion  a,  Les  chofes  tem' 
porelles  b  font  !es  biens  deftinis  i  la  fubfiftance  des  Clercs 
&  des pauvres,  &  k  Tentretien  du luminaire  ,&  desautres 


m  On  peut  lufri  mectre  dans  cette  clafTe  let  offices  &  dignlt^s  ec- 
clcfialUques ,  r^idmifliun  clanf  un  ordre  religieox. 

h  On  ne  parle  pai  ici  de  toutei  les  chofes  temporetles ,  miis  feo« 
lcment  de  celUs  qui  fe  trouvent  jointes  i  une  cbofe  fpifiturlle^ 
comme  !e  revenu  d*un  b^nifice ,  qui  c(t  joict  i  la  dignit^  U  fondioa 
cccUiiadiquc  que  dounc  ie  hiaiSiQt^ 

Y  iv 


'3ii  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Fartie.U.  chofes  n^ceflSures  pour  le  Servtce  divin.  Telles  font  les  dii^ 
Chap.  I.  mes,  les  oblarions  &  les  revenus  des  ben^fices.  U  y  a  ea-n. 
core  Us  ckofcs  facrics ,  qui  font  audefibus  des  rpirituelles  , 
&  au-deflus  des  temporelles ;  favoir ,  les  vaifleauz  facres  , 
les  ornemens ,  les  bitimens  des  Eglifes ,  &  les  cimeti^res^ 
II  fiaut  traiter  par  ordre  de  ces  trois  fortes  de  chofes ;  desi 
chofcs  fpiritucllcs ,  des  chofcs  facrccs ,  &  des  chofcs  tcmportlUs 
s^ppartenantes  a  TEglife. 

Nous  ne  parlons  point  ici  des  chofes  pgremeut  fpirttueU 
les ,  comme  la  grace ,  la  fol ,  la  charite ,  &  les  autres  ver-^ 
tus « quoiqu*elIes  foient  reflence  de  la  Religion  Chretienne^ 
Nous  parlons  feutement  de  ce  qui  tombe  fous  les  fens  ,  fic 
qui  pei^t  fervir  de  matiere  a  des  cooteftations  dans  I^  tri- 
i*  Tiin.  ii.  bunal  exterieur.  II  faut  commencer  par  TQflice  divin » puif* 
que  la  premiere  chofe  que  S.  Paul  recommande  a  un  Eve*. 
que ,  font  les  pri^res  publiques  de  diverfes  fortes. 

F.  llubrie.      VOfficc  divin  c  eft  regle  fuivant  la  difference  des  jours» 
pendant  tout  le  cours  de  Tannee.  Vannic  ccclcfidfiiquc  ne 

Brcviarii  ^  commence  pas  au  mois  de  Janvier ,  comme  Tann^e  civile  ; 
Mijfalis.  Qiais  au  mois  de  Decembre ,  c*eft-4-dire  k  VAvcnt ,  qui  eft 
la  preparatipn  a  la  fete  de  Noel.  II  cpmmence  au  Diman» 
che  le  plus  proche  de  la  fete  de  faint  Andre ,  30  &  der- 
nier  jour  de  Novembre.  Ce  qui  ne  peut  s*erendre  qu'ci  troisL 
jours  devant&  trois  jours  apr^s,  depuis  ie  27  de  Novem,- 
t>re ,  jufqu^au  3  de  Decembre  d  ;  enforte  que  c*eft  le  pre<« 

— ^^  I  I        .1     I  1»— — — — ■^M.p— ^l^t^— ^^^M^^^ 

c  L'office  divin  oi\  le  fervice  divin  ,  confifte  dans  les  priires  8t  c^ 

f^monies  qui  fe  font  dans  Tt^glife  ,  eri  Thonneur  de  Dieu  »  comme 

I  les  matines  &  les  aucres  heures  canoniales  ,  la  mefle ,  vSpres  ,  oom- 

plies  L'o(Bce  divin  ne  peut  £(re  c^l^br^  qu*il  n'y  ait  au  moins  un  ec. 

^i^fiadjque  a  la  t^ce  dupeuple.  II  y  a  m£me  plufieurs  fondions  quine 

Seuvent  ^tre  remplies  que  par  des  pr^cres  ou  aucres  eccl^fiaftique». 
^'autrcs  peuvenc  lcre  reraplres  par  des  laiPques. 
d  liiclulivemen:;  deforcc  que  quand  la  S..  Andre  arrive  le  mercredi» 
le  preinier  dimanche  de  rAvenccombe  au  27  Novembre  ;  &  alorsH 
y  a  quacre  dimanches  de  l*AveiiC;&  lorfq«*elle  arrivelefeudi,  lepre- 
inier  dimanche  deT^vcnc  combe  au  5D^cembre,&  alors  iln*yaque 
trois  dimanches.  Daiis  ce  derniercas,  le  dimanche  qui  feroicle  qu^-. 
trieme,  combe  la  veille  de  NoCI.  La  durie  de  V  Ayeut ,  ainfi  que  le  jefl- 
Jie  &  rabftinence  que  Ton  obfervpit  anciennemenc  p&ndant  ce  Cemps» 
ont  forc  vdrie;  Sc  quoique  daus  la  fuice  on  aic  eniier^menc  abaodonn^ 
parmi  les  feculiers  la  coutume  d*y  j:eAnerS(  des*abftenir  de  viande. 
r^glife  a  cependanc  continu^  de  regjrder  TAvcnt  comme  un  temps 
de  peiiiccncf.  Ccflpourquoi  Tpn  y  a  confervi^  riccerdic  des  iidces,o^ 
Toa  s*y  fcrtdu  yiolet ,  couleur  afie^^e  aux  een>pfde  ]^6ucea9e. 


•  -"^..^, 


AU  DROIT   ECCLtSIASTIQUE-       515' 

mier  Dimanche  qui  fe  rcncontre  apr^s  le  26  jour  de  No*  partic  IL 
vembre.  On  Ta  ainfi  regli ,  h  caufe  du  changement  des  let- 
tres  dominicales  e  afiii  que  rAvent  ait  toujours  trois  fe- 
maines  enti^res »  &  une  quatrienie  au  nioins  commencee. 

La  plus  grande  de  toutes  les  Fetes  eft  la  PMjue ;  &  d'elle 
dependent  toutes  les  fites  que  l*on  appelle  MobiUs  ,  parce 
quelles  n*ont  point  de  jour  fixe  dans  i*annee.  On  fe  pr^* 
pare  ^  la  Paque  par  un  jeune  de  40  jours,  qui  eft  U  Cs^ 
reme  ;  &  on  fe  prdpare  au  carerr.e  pendant  les  trois  femaine» 
prccedentes ,  qui  commencent  au  Dimanche  de  !a  Septuj* 
gifime/;  enforte  que  ce  Dimanche  cft  comme  un  autre 
commencemenc  d*annee  ecclefiaftique.  Le  quarantiinie 
jour  apr^s  la  Pdque  ,  eft  la  fete  de  tAfcenfion  de  Notre-Sei- 
gneur ;  Ic  cinquantiemc ,  eft  U  Pentecote  g.  Tous  Ics  aurres 
JDimanches  fe  comprentdepuis  la  Pentec6te  jufqu^^  rAvent, 
&  depuis  TEpiphanie  jufqu^i  la  Septuagefime.  L*imponant 
eft  donc  de  fiicer  lc  jour  de  h  Paque. 

II  y  a  deux  r^gles  k  obfervcr ,  que  ce  foit  un  Dimanche 
&  que  ce  foit  le  plus  proche  aprcs  !e  quatorzieme  jour  de 
la  lune  dc  Mars.  II  ne  fe  r^gle  pas  fuivant  le  cours  apparent 
ou  aftronomique  de  la  lune,  maisfelon  le  cours  dctermini 
par  TEglife ,  lequel  n'eft  pas  toujours  conforme  au  cours 
apparent  de  !a  lunc.  La  Paqiie  dcs  Chretiens  doit  ^tre  iin 
Dimanchc ,  parce  que  Jefus  Chrift  reirufcira  en  ce  jour , 
)e  lendeniain  du  Sabbat ,  &  le  prcmicr  de  la  femainc,  qui 
eft  aufli  Ic  jour  ou  commen^i  la  creation  du  mondc.  La  Pi- 
que  doit  ^cre  c^Iebrec  Ic  plutot  qu'il  fe  peut,  apres  Ic  14 
6e  la  lune  de  Mars ,  c*eft-^-dire  apr^s  la  p!cine  lune  la  p!us 


Jf.xrc 

9* 


e  On  entend  par  f^ftr^  dominiccle  one  lettre  de  rjlphabet ,  ^I 
fert  ^  niarqucriLinsJe  calenvlrier,l<?«  dimanckcspcudanttoticie  cours 
de  rannJc.  II  y  en  a  fept ,  qiii  font  A,B,C,D,  E,  F,G;  c'e!t 
pourtrouver  Tordre  de  c«s  lettres,  que  Ton  a  invent<f  le  cycle  folb). 
re|(juir«iic  partic  du  comput  ecrl^n.iftiquo,  lequfl  Ji;re  vingt-hivc 
Hnf ;  parce  qii*au  bouc  de  ce  temps  les  lcttres  domiuicales  re%'huifiC4iC 
dtfiis  le  m^ine  orJre. 

/Ce  dimanJic  el^  Ir  ncuvieme  avant  PSque.  On  a  appsM  ce  Jour 
Septuaf,ifim<  y  quoiqu'il  ne  foitque  !c  foixantc-  croitame  avart  rSiue, 
Mais  comme  lc  prcmier  dimanche  de  Cardme  ctolc  nommc  Quadra- 
gcnme  ,  »M  a  appcIJ  l<*s  tiois  Jimauchcs  priccJens,  Quinquj^^iiffiCt 
^cxagefime  &  bcptujg.lmif. 

^  AuQH  lc  (cut  rc:::e.u:c  iiguif.e-t-ii  €in*iuanti^m4K 


314  I  N  ST  I  T  U  T  I  O  N 

PiiiiTiK.  II.  F^'^  ^  r^ifioxe  du  printeinps  k^  pour  obferver  PtnP 

CHAp.  1.   tmition  originaire  de  la  Paque  ,  qui  la  fixoit  a  ce  quator* 

Ci»^  JUL  6.  ziime  jour.  Mais  on  ne  doit  pas  la  celebrer  ce  quatorzi&me 

jour ,  quand  meme  ce  feroit  un  Dimanche,  parce  qull  eft 

certain  que  Jefus-Chrift  reflufcita  apres  le  jour  de  la  PSique 

des  Juifs  ;  ainfi  notre  Paque  tie  doit  jamais  fe  rencontrer 

Ailum.  d€  en  meme  jour  que  la  leur.  Pendant  les  trois  premiers  fi&« 

JSmreb^^d  ^^^'  plufieurs  Eglifes  conferverent  cette  obfervance  Ju- 

Hta  Cotifl,  {.  daique  ,  de  faire  la  Paque  precifement  le  14. 11  y  eut  de 

c»  if*  grandes  conteftations  fur  ce  fujet  :  enfin  ,  le  Condle  de 

Nicee  i  condamna  cet  ufage ,  &  defendit  de  la  celebrer  ua 

autre  jour  que  le  Dimanche. 

Mais  comme  l'annee  aftronomique  excede  rann^  d« 
vile  A,  dont  nous  ufons, de  cinq  heures quarante-neuf  mi* 
nutes  f  on  avoit  compte  fix  heures  enti^res ,  pour  en  com« 
pofer  un  jour  furnumeraire  chaque  quatri^me  snnee ,  qui 
e(l  la  BiJJcxnU ;  &  on  avoit  neglige  les onze  minutes,  que 
lannee  aflronomique  a  de  moins.  Or  ces  onze  minutes 
avoient  produit,  dans  Tcfpace  de  douze  (iecles,  une  aug- 
mentation  de  dix  jours ,  qui  avan^oit  d*autant  les  nouvelles 
luces.  Ce  fut  la  caufe  de  la  reformation  du  calendrier  / ,  qui 
fut  faitc  en  1 582 ,  par  Tautorite  du  Pape  Gregoire  XIII ; 
&  dans  laquelle  on  a  pris  toutes  les  precautions  poffibles  » 
pour  empecher  qu*il  n*arrive  a  Tavenir  aucune  erreur  fcn- 
5.  Jeo  ertfl.  fijjje  en  cette  matiere.  Apres  le  Concile  de  Nicee ,  afin 
cttit  X4  difl  ^^  ^^  celebration  de  la  Paque  (ut  uniforme  ,  le  Patriarche 
$,d€  tonfe.ri  d* Alexandrie ,  oii  etoient  les  meilieurs  Aftronomes ,  en  fal* 
foit  tous  les  ans  calculer  exafiement  le  jour,&  renvoyoit 


-peiit 


h  Que  Nglife  a  fix^  an  xi  Mars,  au  moyen  de  quoi  la  PAque  ne 
^jiit  arriver  qiie  depuis  le  ii  Mars  iufqu^au  ^s   ^vril.. 

iXenu  eii  915.  S.  Athan^fe  remarque  que  le  ConcPe  s*expl*que 
d'(iiie  maniere  qui  rembleannoncer  que  c*eitun  nouveau  riglemenc. 
On  le  renouvela  dans  un  concile  g«Sn^ral  d*Anglecerre ,  tenu  i  U«r« 
forii  en  671. 

k  Ced  celle  qui  commence  au  premier  Janvier»  &  finlt  an  u  D^« 
cembre. 

/  On  fe  fcrvoit  alors  du  calendricr  JuHen ,  ainfi  appeU  ,  p«rce 
qn'il  futreform^  par  Jules-Cifar.  Le  nouveau  calendrinr  appel^  Gri^ 
fi(frien  ,  parce  qu*il  fut  rdformi  par  Gr^oire  XI  »1 ,  clt  celui  dont  ctt 
fe  fert  dans  le  Br^viaire.  La  r^formatton  fuC  fa^te  la  nuit  du  4  Oc- 
tobre  1)' 1 ;  &  1e  lendemain,  au  lieu  du  s  Ottob^e,  on  compra  1$. 
O^obre.  Les  Proteftans  oiit  g^rd^  long  temps  Pancieu  uCige  \  c*e(lctt 
qu'ou  i^^Wt  vieux  ftyie  ^  daos  li  b^oa  dc  dater. 


K 


AU   DROIT  ECCLtSlASTlQUE.       51?  

iauPape,  qui  le  communiquoit  aux  Eveques  plui  iloignes.  Partii  IL 
Ceioit  lc  fujet  d«  Letires  quc  Ton  appeloit  Pjfthalti    La  p^"*]J  '' 
publication  s'en  fjiroii  folennelkment  ,  en  chaque  Eglife  ^otk,  inii, 
cath^diale  ffi,pBr  rArchidiacre  ,  qui  le  jour  <)el~£piphjnie 
annon^oii  louies  le;  Fetcs  oiobiles.  Depuis  la  reforniaiion 
Gregorienne,  les  Calendriers  pcrpe[ueU&  lcs  Almanachs 
qui  slmprimcnt  chaque  annee  ,  font  qu'il  n'y  3  perfonne 
qui  ne  puifTe  favoir  exaftemeni  Tordre  de  toute  rannes 
civilc  &  ecclefiaflique. 

II  y  a  des  Feces  qui  font  communes  k  tous  les  Chr^iiens 
du  monde,  &  qui  ont  ete  obfervees  dans  tous  les  temps , 
corome  la  Pa^ut  I j  Ptnucotc  &  tous  /fi  Dimanehet  n.  U  en  eft 
de  m^me  du  jtunt  du  Cerimt ,  &  de  Vabflincnct  d*i  vuiJreJis. 
Auffi ,  ces  pratiques  oni-elles  loujours  paiTe  pour  des  tra-    ZV  imifitri 
ditioiis  apoftoliques.  La  plupan  des  autres  foni  moios  an-  ''''  ''  ''  ^ 
cieanes  &  moins  generales ,  ayani  ete  etablies  par  la  de- 
votioodespeuples  &  lautotiii  dcc  Eveques.  Ainfi.onbo- 
nore  ea  cbaque  pays  les  Sdints  qui  y  oni  plante  la  foi ,  qui 
s'y  foni  rendus  illuftres  par  leurs  vertus  ,  ou  doni  les  r<- 
liques  y  font  confervees.  Ainfi ,  diverfei  raifons  paniculii* 
res  ont  introduii  desFetesoudcsjeiiaesenquelqueslieuK, 
qui  foni  inconnus  aux  autres.  La  rcgle  gen^rale  ett  ,  que     ^«f  *r'fl- 
chacun  doiife  conformerir 
paniculier  oii  il  fe  trouve. 

11  y  a  des  Vitx  qui  ne  font  cilibries  qu'i  TEglife ,  par 
Iz  diffirence  des  Uffices ;  il  y  en  a  qui  foni  Chomitt  0 ,  cora- 
tne  les  Dimanches.  EUes  doiveai  £ire  fanAifiees  ,  non-feu-   j,  .  .,  ^^ 
leraent  par  la  cefTaiion  du  travail  fervile,  mais  des  aSJires,  1.  &  uli.  dt 
autant  qu'il  fe  peui.  Ni  les  Juges  laiques ,  ni  les  ecclefiaf*  /*""• 
tiques,  ne  doivem  faire  ea  ces  jours  aucun  a^e  jud  ciairef . 

n  tB  cfl  encore  il'ufagc  que  lc  jonr  dc  rEpiphanie  le  ili^icrc  ,  tprit 
li  lcdurecle  rEvingilc,  aniiance  au  peuple  le  jouriuqncl  Joit  iiri- 
Vcr  la  fille  de  Plque  ,  en  cel  Ceiinei :  Sovirh  tkarilai  vrfira,,.juid 
dit...  y^fcha  Demiiti  iclibmbimut. 

a  Cc  ne  fut  pji  Conllandn  U  trjnj  qui  *t»blit  robfcmtion  du 
D:ni..nc1ie,  Cumme  cela  tn  tih  en  qiielquei  endroiti.  M>ii  il  cfl  le 

firemier  einpereur  qui  oiilonna  que  le  JinKnchc  Cttdt  ciUbti  ifgn- 
l^remcnl  pjr  louM^lCmpi.e  [Dm.iin. 
0  Le  mot  lie  chBmtr  i|i>i  ne  fe  tlil  plu»  qu'en  langajte  viilgaire, 
viciil  du  teime  ctltiqu'' ,  th.ini ,  qui  risniSe  aniter  ,  Jemeuret,  fe 
fcpofei )  ainli  ro(i  9|j|>clle  l'i[e>  clionifei.  «llei  qui  fonc  dei  juurt 
de  repui  oil  fon  ccire  le  ccavail  Jei  maini. 

p  Si  ce  n>ft  en  cai  di  neceHiti-  I.et  notaifci  Sc  huifllen  ne  peu- 
f  cni  pareUltmciK  Gtire  qne  let  ■&«  qui  roquicicni  ccliiiici.  ^ 


3t6  INSTITUTION 

Oo  oe  doit  point  tenir  de  foires ,  ni  de  march^.  On  idk 

les 
Ev^e 


Partie  n-  les  pafler  fainceoient,  &  ne  pas  fouffrir  que  le  peupfe 

t^^ecnftcr.  cmploie  CH  feftins  ,  en  danfes  &  en  debauches.  L*Ev^ 

difi.  |.  c.  A.  peut  donner  permiffion  de  travailler  les  Fetes  ,  en  quefque 

€x  lone,  To-  occafion  particuli^re  de  neceffici  ;  comme  pour  fauvcr  les 

c'ii(»f.  1.  ^i^  ^^  ^^  ^^^^^  <iui  feroient  en  peril ,  ou  pour  ne  pas  per* 

d£  ftnis.      dre  Toccafion  de  la  peche.  11  peut  m^me  en  ces  cas  le  per* 

mcttre  Ics  Dimanches ,  quoique  rinftitution  en  foit  de  droit 

Man.  iu  27.  divin ,  parce  que  Jefus-Chrift  nous  a  enfeigne  ,  que  le  Sab* 

bat  eft  fisiir  pour  Thomme  ,  &  non  pas  Thomme  pour  le 

Sabbat. 

11  en  eft  de  meme  des  jeunes  &  des  abft^ncnces.  L*EgIi(e 

alaifleaux  Eveques  le  pouvoir  d*en  difpenfer  les  particuliers 

C.  %.d€chf  p^f  j^  caufcs  neceftaircs,  &  les  Ev^qucs  pcuvent  com- 

muniquer  ce  pouvoir  aux  Curcs  ^  caufe  du  befoin  preflant 

dcs  malades.  Quelquefois  meme  TEveque  rcliche  i  touc 

fon  Dioc^fe  quclque  panie  de  rabftinence  pour  la  difette 

Di/r.  }o.  c.  j^5  vivres  q.  On  ne  jeune  jamais  le  Dimanche;  &  quand 

dan^r,        *  ie  jour  dc  Noel  arrive  le  Vcndredi ,  on  cft  difpenfi  de 

c.t,&  ).  rabftincnce  r ;  ce  que  rEglife  Latine  n*accorde  a  aucune 

^oV-Jej.     autrcFete. 


q  En  cc  cas«  les  £v6ques  permectent  ordinairement  dc  manger 
des  ouifs  pendant  le  car^me  ,  iufqu^au  vendredi  de  la  lemaine  de  la 
PafTion.  11  y  a  m6me  des  exemples  que  le  Papc  &  les  Ev^ques  ont 
permis  e:i  certains  lieux  Pufage  de  la  viaade  pendant  certains 
}ours  du  car&me ,  ain(i  que  fit  le  Pape  en  1701,  par  une  biil!e 
qu*il  donna  pour  rEfpagne  &  pour  les  tles  Canaries  >  par  la- 
quelle  il  laifla  aux  Eviques  la  liberte  de  permettre  la  viaode  les  Di* 
nianche,  Lnndi,  Mardi  &  Jeudi  de  car^me  ,  except^  en  U  femai* 
ne-iainte.  U  ^toit  m^me  dit  que  les  moines  pourroient  profiter  de 
cecte  grSce ,  except^  ceux  qui  avoient  fait  vceu  fp^cial  de  manger 
maigre  toute  Tann^e.  En  1766 ,  M.  r£v6que  de  Limoges  a  aufli 
donn^  dans  fon  dioc^fe  une  permiflion  de  manger  gras  tes  Diman- 
che  ,  Lundi  ,  Mardi  &  Jeudi  de  carime ,  ii  cauie  de  la  diCette  de 
poiHbn  &  de  l^gumes  verds ,  occafion^e  par  la  rigueur  exceflive  do 
rhiver. 

r  On  ne  garde  pas  non  plus  rabftinencs  le  rsmcdi ,  lorfquc  No<9 
•rrivc  cn  ce  jourt 


* 


A 


k 


AU   DROIT   ECCLesiASTIQUE.      517 


CHAPITRE        II. 

Dt  eOfiu  Jivin. 

LEs  pri^es  publiques  que  nous  appelons  Offiei  ou  Strvict 
divin,  oni  ite  ^tablies  d£sle  commencement  derEgUr* 
par  tradinon  apoflolKiue  ,  &  reglees  diverrement  par  let 
ofagcs  de  chaque  pays.  Tous  lcs  Clercs  &  les  Moines  chan- 
toient  les  Pfeaumes  par  cceur/  Ils  lifoient  de  fuite  lcs  Livres 
de  TEcriture  marquei  pour  cbaque  temps,  &  obfeTvoient 
le  reAe  des  c^remoniei ,  fuivant  qu'ils  ravoient  vu  prati- 
quer  k  leurs  ancieni.  Ces  ufages  ont  ^i  icriis  long-temps 
apris  dans  les  R^gles  monailiques  ,  comme  celle  de  S.  jt,..  ^,  Bai; 
Benoit ,  oii  nous  voyons  Tordre  de  la  pfalinodie  marqu£  t.  s.  9*  &*• 
en  diistl ,  &  dans  les  Livres  publics  des  Eglifes ,  comme  le 
Pftauatty  le  Ltffionairt  r,  Y Aanphoojurt  n,  le  SMramtit' 
tairtx,  &Iesautre$  fetnblables,  oii  Ton  marquoit  cn  peu 
4e  mots  &  cn  Ictircs  Tougcs,  l'ordre  des  priires,  &  tes 
ifiions  qui  les  doivent  accompagncr.  De-!i  font  venues 
les  Ruiri^aa  y ,  qui  font  prefque  !es  feules  lois  en  cetie 
mari^ :  je  n'cntreprend3  pas  de  les  eipliquer  cn  detail , 
ni  de  decrire  au  long  les  cirimonics  de  rEglife ,  cc  feroit 
la  matiire  d'un  Traiii  parriculicr ;  }«  dois  en  metire  ici 
lculement  les  r^gles  ginerales. 

L'Olfice  divin  e&  infiitu^  pour  iat  c^Ubri  publique- 


/  II  7  (  (ncore  quelqiiei  ^glifci  oi  li  Bitine  chore  r<  pratiqac  , 
camme  il*nt  l'jglife  ciOiidrale  de  S.  Jean  dt  Lfon. 

f  En  termci  deLicurgic,  on  appeloic  Lcfliiinnuirc,  le  li*re  qul 
conttnoir  lei  Icfoni  oj  lcOurei  nni  (levaiem  fc  fjire  1  rolUcc  ditin. 
Le  plut  ancien  leaionnaiie  e(t  celui  dc  S.  Jiitmt. 

u  L'intiptionaire  ou  intiphanier ,  efl  un  grind  livre  oil  toui  roffica 
de  r^glife  e(l  note ,  i  rcKcepcion  dei  mellei ,  qui  font  ilini  on  *ii(ra 
Ilrre  quc  Ton  ippelle  Cradutl.  Cc  terme  Amiphonairt ,  vient  fAn^ 
Mipheaa ,  qui  riBniGe  dn  paroUt  qul  fi  chanttnt  alurnativtmtnt  far 
diur  tha^n. 

«Leracrjmentllre  Jtolt  nn  livre  qui  camelloitt'officede  U  melle, 
&  ttut  ce  qui  concernoic  ridminiltration  <Iei  ricremeni.  II  compie- 
nolt  ce  qnt  coiiciennenl  «ujourirhul  le  mlflel  tt  le  riiuel. 

y  On  *  ionai  le  nom  de  Kutiriqiu,  aux  explicitiom  deiufjgei  S( 
c^r^moniei  ^ui  fe  trouvent  dini  cei  ancieni  livrei ,  pircc  qu'eU<i  j 
■font  fciitei  ou  imprimf^i  en  letiret  iou|ei ,  pout  l*i  difiiiijuei  i» 
4'oBit,  fut  cft  *ii  l<:ittet  aoiiet. 


3i8  INSTITUTION 

^        .      meor  zrec  le  chant ,  &  touces  tes  ceremooies  comreiiabtef* 

Ceap.  IL    I^  ^^^  ^^'^  y  ^^^^^  ^"  chaque  Dioc^fe,  au  oiouis  un  iicu 

ou  le  peupie  puifle  s'affeinbier  tous  les  jours ,  a  coutes  lcs 

heures ,  pcur  cet  effet »  autant  que  la  commodite  5r  la  de* 

votion  de  chacun  le  pennet.  Telles  font  les  Eglifes  Cathi- 

drales  &  les  Ojliegiales  ^.  Les  Ciercs  etant  decharges  de 

)a  plupart  des  foncHons  de  la  vie  civlle ,  pour  vaquer  i 

C  ult. dift.  roraifon ,  dcivent  afliiler  a  lOffice  public,  autant  qu*il  eft 

9*'  poffible  ;  &  fi  des  occupations  plus  utile»  a  rLgUie  les  ea 

detournent ,  i!s  doivent  au  moins  faire  les  ineiiies  prieres 

en  particulier. 

Cap,  Pretb,      Dc-lk  vient  robligation  de  reciter  TOffice  a  pour  tous 

1.  di/j  'VI  tf  les  Clercs  qui  font  dans  les  Ordres  lacres ,  ou  qui  foac 

tn(f  t  pourvus  de  Benences  t^  car  ils  doivent  au  zdou;s  reodre 

Cone,  lat.  ce  fcrvice  a  rEglife ,  de  prier  pour  le  peuple ,  particuiie- 

v/,  eap.  17.  rement  pour  ceux  a  qui  leur  travail  &  les  autres  occupa- 

Volentett)  de    .  "^  ,,  ^  t         -       r  r  • 

€€(.  mff,       i^ons  temporellcs  ne  permettent pas de  prier  ii  iouvem,  m 

onjtit,  Pii  fi  long-temps.  Ddns  les  derniers  (iecles  il  a  fallu  marquer 

V»  n.  IJ5.    ^gjig  obligation  par  des  Conflitutions  ezpreffes»&  coa* 

damner  a  la  rcftltution  d^s  fruits ,  les  Beneficiers  qui  j 

manquent ,  a  proportion  du  temps.  £n  la  plupart  des  Eglifes 

on  a,  dans  1a  fuite  des  temps»  ajoute  plufieurs  Meffes  ou 

Cone  Trid.  O/fices  extraordinaires  par  les  fondations  particuIieres.Les 

/«/.  XXV.  K.  Qercsqui  cn  re^oivent  la  retribution  doivent  les  acquitter 

'  ^'  fidellcment.  Toutefois ,  comme  les  fondations  accumulees 

de  plufieurs  fiecles  pourroient  etre  trop  oncreufes ,  le 

Concile  de  Trente  a  permis  aux  Eveques  c  de  reduire  le 

j  Dans  lei  couvent ,  &  m^me  dans  la  plupart  des  paroHIes ,  aa 
moins  dans  les  grsiiiJes  viltes  ,onf»icaDflitJut  rofficecaaoniai. 

ti  L^ofTice  divin  eft  compof^i  de  lept  heures  canoni^les ,  qui  font 
Matines ,  lequel  office  comprend  au(U  les  Laudes  ;  les  autres  ofBces 
fout ,  Prime  ,  Tierce  ,  Sexte  ,  None  ,  V^pres  &  Complies.  Les  prin- 
cipiux  offices  font ,  Matlnes  &  Laudes,  la  Melle  ,  les  V^prei  \  les 


vers  l*an  8jt  qnc  lcs  heutes  canuniales  fiirent  dcfign^es  fous  le  nom 
coliedlif  d*(>ffice  divxn  :  &  par-Ia  on  crut  remplir  U  regle  benepJnia 
giatur  propter  cfF.cium^  &  dtre  difpenfe  de  la  r^fidcnce  en  rt^citant 
rofrice  dans  le  lieu  oU  Ton  fe  trouve.  Difcours  de  Frapao'o ,  pag.  1)7* 

b  Ceux  qtti  ont  des  penfions  fur  b^ndlices ,  ne  font  pas  obliges  de 
r^citer  le  br^viuire ,  muis  de  dire  rofHce  de  la  Vierge.  Du  Perray» 
^tat  des  EccUf  tomt  I ,  paf^.  t8i  &  \%%, 

e  Ces  rvdud^ons  depeadcat  de  la juridldlou  gracieufe  Je  TEvftquej 


AU    DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.       319 
hombre  d«  Mefles,  enfortc  qu'il  foit  toujours  fjit  me-   p^n^,  J 
■noire  des  bienfai£)eurs.  II  eft  vrai  qu^a  Rome  on  pretend   caAr.  IL 
que  ce  Dccret  ne  regarde  que  les  fondaiions  faites  avant  le 
Concile,  &  que  raucorit^  du  Pape  t&  n^flaire  pour  la 
redu^ion  de  celles  qui  font  pollerieures. 

DatisrOlfice  public,  chacunfe  doit  conformer  eniiere- 
oient  i  Tufage  particuiier  de  1'Eglife  oii  il  le  chame ;  mais 
ceux  qui  le  reciieni  en  particulier,  ne  font  pas  obligei  & 
itroitement  i  obferver  les  regles,  ni  pour  les  heures  de 
rOffice ,  ni  pour  la  poAure  d'eire  deboui  ou  a  geuoui ,  il 
(uffit,i  U  rigueur,  de  r^citer  TOffice  eniier  dans  les  vingt- 
quairc  hcures.  II  vaut  mieux  toutefois  anticiper  les  prieres   Glrffaimd, 
que  de  les  reculer ;  &  fur  ce  fondement ,  on  permet  de  '^-  ''^^ 
diredis  le  matin  loutcsles  petiies  heures,  &  Matincsdus  ftrfiUat, 
let  quatre  heures  apr^s  midi  du  jour  precedent :  mais  il  vauc 
iiricux)'tffujettir,  autani  qu'il  fe  peut ,  a  dire  chacune  do 
priiret  a  rbcurc  marquee ,  alin  de  ne  pas  perdre  le  fruit  de 
<ette  fainte  inilicuiion ,  qui  eA  de  nous  rappeler  i  Dicu  de 
lemps  en  tcmps ,  &  d^approcber ,  le  plus  qu'il  cA  poflible , 
de  rOraifon  continuelle ,  que  rEcriture  rccommandc  i  tout 
les  fidellet.  Chacun  doit  r^ciier  rOffice  du  Dioc^fc  de  fon   ^"'j^^T'^ 
«kmicile ,  A  ce  n'eA  qu'il  aime  mieux  reciter  TOffice  Ro-  |' '*   *^'* 
fitatn,  dontileApermisdefefervirpartouterEgiifcLaiine.    Stf.  i(,n 
U  a  iti  r^form^,  en  execution  de  l'Ordonnance  du  Concile  f"*- 
AtTxeate,  &  re^ par loutes  lcs  nouvcllcs  Congregations  ^;.^'^'|."^' 
de  Pritrei.  Plufieuri  Provinces  de  Frincc  Tont  meme  «   Ceae.  A. 
adopii ,  fout  pr^texte  degardcr  une  plus  grande  uniformiie ,  * !"'-  **.'(• 
mais  par  la  difeiie  des  Livres  &  la  difficult^  de  les  corriger.  i^l^itM^ti 

Comme  la  Religion  Chritienne  ne  depend  point  dcs  «-> 
cMmonies ,  &  que  Jcfus-Chrift  ne  nous  a  prefcrit  que  if^VZiif" 
ceDes  qui  font  effentielles  aux  Sacremens,  lout  le  rcAc  a  ,,^'         '  ' 
^teitabliparles  Apdires&  parlesPalleursdeJ'Egli(e;  & 
la  diSercnce  des  lemps  &  des  Iteuz  y  a  produii  unc  irOs- 
frande  divcrfiie.  Chaque  Nation  celibroit,  du  commen- 
,  les  divins  OlGces  en  la  langue  la  plus  g^nerale  de 


fotnd  il  n'y  pai  d'oppaliiloni ,  f tini  iHioriff  par  IVdit  dc  i69{  ,  i 
«■ilkr  j  rcljculion  <Ui  raiiilllioni ;  mail  f'il  y  i  ilc>  oppuam  ,  i| 
Atit  Uiit  juper  U  liia&\an  avcc  cuK  cn  rufficialic  j.  11  cn  elt  au- 
ttancni  det  rundiuioiii  Uicjjei  >  dont  1«  ceauDtltaace  apputicut  »u 
Ju(e  Hculier. 


j«  INSTITITTIOK 

Pakds  IL  chaque  pxj^ ,  cctsiix  «cfi  !a  Lxiae  djns  tout  rOoD<lcaif 

^■^■^**-  U.    LaiofiKueuriiuTS-npsa  faiKm-rcEsbn^iKsoni  aSt  d'etr« 

vnigiir^* ,  ce  cui  n'a  pu  em^edK  <;u£  rtgliM  ,  amcBiie  {fe 

loat charrscm:!:)! .  inei^at garJMS  djasroaulagepubbc/. 

La(:ivert':r£«ltp:i»e:r3nJedjr:s  lesceremoni»,  bnsrautc 

fois  alic.-er  ■'unice  d^  i'£g'ii<; ,  par^e  qu'eLe9  nc  toocbeai 

-c.'^  ^_  pciRt  2  ia  Foi ,  ci  a-j:i  iiniiaics  de  la  monlc.  AinG  les 

^  orMc.  Grecs,  &  !« autmCh.-eiicnsOrienraiix,  quow^Caiho- 

**■  *•  •-  5-  Kqaes.  garier,:  lenr  r.i,  tres-thflerect  du  ooac  ;  atofi  Ii 

plL^art  ats  Eslires  Cachedrales  de  France  oot  leurs  ufagcs 

parttairiers ,  &  les  Moioe^  de  S.  Benoit  ont  uo  Office  ijfK 

lear  eil  pTopre.  Cetl  un  c&i  de  l»  Iibcrte  Eccl^riaftiipie , 

m.  ^.$t.  aii:onr=epiTuiinGregoirc,  Ioriq'j'il  coafeillc  a  laini  Atf 

^'  *  gufiin,  l"on D'.i'cipie ,  d'etabliren  Ana;leterreccqn'U  troa- 

vera  de  meitleur,  foit  dans  rEvlile  Romaine ,  foii  dant 

ceiles  des  Gsules.  L^an^ienne  re|;Ie  etoit ,  i|u'ea  ctiai^ 

^  '"A'-  Province  il  n'y  eu(  qu'un  0£ce ,  fur  le  modeic  de  rfcgblc 

■L  i-'e.'iiV'  Mitropolitaiae. 

Ledetail  desprieres  &descercmooies  n'ciantqaedliiC^ 

fa   T-utt  ^ntionhumaineipeutetrechani^epour  descaufcsiinpor- 

fi.  (•«-.     tanies,  cooiiiie  pour  retr^nchet  des  hiftoircs  &bu)cnleSt 

^lj^fijfti-  ou  des  cMiRonies  fuperfiiiieures  que  rignoraiue  aurtHt 

iniroduites ;  mais  ces  corrcdions  nc  fe  peuveni  &ire  quc 

par  rautorite  des  Ordinaires  <  qui  om  droit ,  k  plus  fonc 

d  (.'Egtife  Lltine  a  cepenJinl  idmii  ilini  rolHcc  diviti  q^jclqn» 
mrcKGrtcs,  pour  marquer  runion  <le  i'£B:ile  Latine  >nc  l'EgtU« 
Grecque.  A  S.  nenis  en  Kiini.-e  ,  le  16  Octobie ,  JQur  de  l'oatvc 
■lu  H;i[ion  ,  on  chdale  une  iDtlie  haule  touie  en  grec.  On  iif- 
tcibuc  ilini  le  chjmr  dci  mifleil  St  del  manuFli  Greci  ,  i  ceuM 
qui  kffirleni  i  cectc  nicllc  ,  roit  Laliuei  on  EccUliiflique*, 
potir  aiilcr  i  cliaiiler  rotliie.  On  chanloic  EuQi  autrcfoii  ane 
tnvHe  cn  g'ec  lc  jour  de  Q^aCnio^o,  (tani  l'Eglire  ilei  Cord». 
tien  ,  poui  li  connjrie  dei  l>.!Ierin>  <lc  I-.urjlein  U  Ja  S.  Siput- 
cre  ,  *;i  inilieu  At  laqiielle  on  riirolc  ai'lC  uii  fcinian  eo  grec,  miit 
«lepiiti  qNtliuf  (em|ii  iitic  mclic  iic  fe  ilii  pli:s  en  Erec  ,  non  pluf 
•jae  le  feiinon  ,  1  TiT-fCeption  il'iine  piHie  de  rexoide  qui  fe  pro". 
noiice  fnci"e  en  giec.  llle  f^iifoit  lulli  lutreriiit  i  Piril  dai  fel* 
mnnieiilomharrl  b  en  alleminJ  ,  aux  Aiiguliins  1e  jonr  Ju  VetH 
dreiti-Siini,  H  en  llamind  ,  loui  lei  Oimanchci  ii  S.  Gcmiiin-de^ 
Pr^!  ;  mi;i<  depuii  quelquc  lcinpi  cela  ne  fe  pnciquc  plui. 

e  I.'Evfqiic  luimSme  iic  peuc  cltnii^cr  ie  br^viaife  Je  ron  U». 
cife,  fani  obfeiver  cciiainei  forinalitdi ,  comme  il  fut  jugj  ptr 
Arrti  ilu  iT  Fjvrier  1601  ,  pour  fEglif-  (l'An|cn  ,  rappoit^  dinl 
ln  plaidoveri  de  M,  S^rvin  ,  (iv.  1  ,flaidoyir  i,  *'dj'(i  Itt  prtiivti 
dn  libtrUt,fh.ft.  FtHCl)  tl*  tatuif  lir.  f  ,  lA.  1  1  n.  H4,iaL 


^ 


AU   DROIT   ECCL£SIASTIQUE.        ^ii 
^ifon ,  d'cinp£clii:r  les  nouveauti^s ,  &  de  reprimer  ceus    p«f,Ttt:  tti 
qui,  rousp7<:ti.-xtede(tevotion,  maisenefTotparignorance    cuav.  Ib 
ou  par  intiirOr,  vculene  ajouter  au  fervice  public,  &  in- 
vcnterdL-smodes  Jar.slaReiigion.  SMell  a  propos  de  fjire 
desprieresextraordinaircs,  comme  cn  cas  de  fichereffe, 
dcfleri!ite,  d'incuifiond'ennetnis,  oudequel(ju"autrecala- 
mit^  publique,  ou  pour  rendre  graces  d'une  vifloire,  OU      jf^^^    ^ 
de  quelqu'autre  bienfait,  c'cft  aux  Ordinaires  a  prefcrire  cttrgiypart, 
tcs  pricres,  &  en  indiquer  letemps  ,  1«;  lieu&  ia  forine;  &  '■"'■»■'•»• 
il  eft  defendu  aux  Jiigei  feculiers  des'en  attribuer  rautorite,  "'fgj^'.    4^ 
t<i  de  prendre  aucunc  connoifTance  du  Service  divin.  Quant  Cicrgi ,  ihid. 
a  la  predication  &  au%  autres  inftruftions,  il  cn  a  ei6  fuffi-  ^  **  "'  ''* 
f  jnunent  parle  dans  la  premiire  pjrtU.  * 

C  H  A  P  I  T  R  E       1 1  r.        , 

Dh  Bapienu,  de  Id  Conjifmation ,  de  rEucAarijHe, 


PArlons  maincenani  desSacremens.LeBaptemedoit  Clemtai,  wn 
etre  donne  publiquement  ,  a  Teglife  / ,  oii  font  les  '''hapi.SirU. 
fonis  baptifmaux  ,  avec  toutes  les  ceremonies  ,  hors  lcs  cas  „^^  Leoerifii 
dcneceirir^.Amrefoisonnebaptifoi[foIennellemeni,m^me  i.detoafeer. 
ks  enfans ,  qu'i  Paque  &  a  la  Pcnrecote ;  d'oii  eft  reftee  a  ^'f*-  '•  "'* 
ces  deux  jours  la  bencdi£)ion  folcnnelle  dcs  fonis.  Depuis , 
les  divcfs  accidens  onr  perfuade  de  ne  point  differer  le  bap- 
i^me  des  eofans,  pour  ne  pas  metcre  leur  falut  en  dangcr. 
Mais  pour  les  adultes ,  \\%  doivent  ^tre  baptifcs  aux  jours     ""'•    ''''4 
folennels,&parrEvequeen  perfonne,autant  qu'il  fepeut.      '^ 
Le  Miniftre  ordinairc  de  ce  Sacrcmcnt  cft  le  pnipre  Curi, 
011  un  Pretre  coitimis  ile  fa  pari.  Ceft  principalement  4 
caufe  de  certe  nailTance  fpirituelle  ,  que  Ton  a  donne  lc 
Dom  de  Piresaux  Paileurs  dc  rtcjlifc. 

On  doic  bapriler  avec  dc  Teau  naturelie,  ou  par  im- 


±.  Toiirnet,   Ui.  C.  n.   1.  Diipincau  ,  cti  TcI  £r^ti ,  th.    9.    OJ 
Vtmy  ,  de  l'it:l  dei  EcWj'.  lom.  I ,  /-jk.  111. 

/  fAiiieur  ii'iyjiit  ici  unvusijiie  >r<.>!(iili<]uer  lci  cirimnnitt 
du  bd])ii(ne  J'ciu  qui  lc  duiiiie  j  TK^Iite  ,  iic  pjrle  pii  tlei  tleus 
■4(tci  tuTinci  Ji;  b4j>:ciiie  ,  fjVoir  ,  fl.iminii  it  J',infuinii ,  c'ell-i' 
dira  I*  bjpieme  <le  tlciir  iiirjiiie  pll  li  Sui][-Er[i(i[  ,  £(  le  bigttmt 
it  Sttig  <iui  i'opere  fu  1«  inutyttt 

/wu  lU  X 


)ii  INSTITUTION 

<  mcrfion  «  ou  par  infufion.  Nous  baptifons  ordinsdremeQt 

TaRTIk.  II  par  infufion  ,  en  verfantde  I'cau  fur  la  tere;  mais  lc  Bap- 

Cmap.    II.  j^.j^^g  pjjj.  in„ii^»ffion ,  c'efta-dire  cn  plongeant  entiereineni 

dans  Tcau  ,  a  etc  pratique  par  toutc  Tanriquiti  ,  du  moins 

jufqu\iu  qiatorzicmc  ficcle.  II  tcpond  mlcux  au  mot  de  hap^ 

Mfirftnnt  dt  tifcr  ,  qui  fignific  hai^ncr  ,  &  exprimc  mieux  le  myftere  da 

rifi^.  I.  r.  I.  jjapj^,^^    pyj.  i^jq^iel  nous  fommcs  cnfevelis  avec  Jefus- 

M  14.«/.  6-  ,,/    n  ti        '  i.  1    j     r      X 

.Kivni  VI  14  (-nrid  pour  mencr  une  vie  nouvelle  ,  a  I  exemplc  de  fa  re- 

CWi»/  II.  II.  furrcdion.  En  mcme  tempsque  Pon  applique  Teau,  il  faut 

prononccr  Ics  parolcs  que  rEglife  a  ordonnces  ,  fuivaat 

t)€  ct.n/.  dift.  |*lnllitution  de  Jcfus  Clirift  :  Jc  tc  baptifc  au  nomdu  Pere  ^ 

4<  r.   110.     ^  j^  i:^i^  ^  ^.  ^^  ^  Efprit.  Quand  on  a  grande  raifonde 

^f^*        *     douicr  fi  la  perfonne  eft  deja  baptifee,  commc  fi  c*eft  un 

cnfantcxpole  ,  on  peut  le  baptifer  fous  condition  » en  di« 

fant  :  Si tu  ncspjib^ptifc  ^jc  tc  baptife ,  &  Ic  reftc ,  afin  qu*il 

nc  (cmblc  pas  que  Ton  vcuille  reiterer  le  bapteme ;  mais  il 

nc  f.iur  pas  ufcr  de  cctte  forme  conditionnelle  fans  neceffite. 

Ciiht*  Trid,      1'  doity  avoir  un  parrain  ou  une  marraine,  qui  prefcnte 

fijl'  14.  rtj  Tcnfant  au  Baptcme ;  ou  tout  au  plus  un  parrain  &  uoe 

jJ*T    *^  /*  "^^rrainc,  mais  non  plufieurs  ^.  Ils  lui  donnenr  lcnom  , 

qui  doit  ctre  un  nom  de  Saint  reconnu  par  rEglifc.  Us  rc* 

pondcnt  pour  lui,  &  doivent  avoir  foin  de  foninftrudioa 

(k  dc  fes  moeurs;  &  par  confequcnt  ils  doivcnt  £tre  bien 

C.f;*.  majorts  in()ruits  euxmcmes ,  &  en  age  de  raifon.  On  peutbaptifer 

).  d€  biipt,    jcsiiifcnfes,  qui  avant  dc  perdre  la  raifon  ont  demande  le 

BaptOmc ;  mais  on  ne  baprife  perfonne  malgre  lui.  Quoique 

lcs  adultcs  puilTcnt  repondre  par  cux-memes , on  Icur  donne 


f  Xvant  le  Concite  de  Trente ,  on  donnoit  deux  parrains  au!C 
gar^uns ,  &  dcux  marraincs  aux  filles.  ]'ai  m^me  vu  quelquej  Ades 
baptilUrcs ,  faits  dans  le  dioc^fe  de  Parik  depuis  ce  concile ,  oik 
renfanc  a  cu  dcux  parrains.  A  Venife  on  en  donne  jufqu^i  cent.  £n 
Fruncc  ,  qnoiqii*on  ne  donne  plus  qu^un  parrain ,  on  p&uc  choiiir 
pour  parrain  un  corps ,  compofc  dc  plufieurs  perfonnes  ,  comme 
■les  Etuts  d'une  Province  ,  une  Ville  ,  les  fix  Corps  des  Marchands» 
II  y  en  a  divcrs  c.\'cmp!es.  On  a  mSme  choifi  plufieurs  foispourpar* 
raia   les  trei/e  Cantons  ,  dont   plulieurs  ne  fonc  pas  Carholiques* 

Par  Ics  Scatuts  du  diocefe  de  Paris ,  il  efl  defendu  de>  recevoir 
Bet  parrains  &  marraioes  par  procurcur  ,  a  rexcept^on  des  Princes 
riu  fnng.  N^anmoins,  dans  rufwge,  les  Cur^s  ou  Vicaires  en  re- 
fuivent  quelquefois,  qnand  ce  fonc  gens  connus ;  mais  cela  eft  de 
jgrdce  ,  &  Ton  exige  ordtnairemenc  que  celui  qui  fe  pr^fente  ponc 
tenir  un  enfant  au  nom  d'nne  autrc  perroiia#>  ait  uue  procuratioa^ 
•u  uue  lettre  qui  Ty  auiorife. 


L 


AU    DROIT   ECCLeSIASTIQUE.       ^aj 

■  tulTi  dcs  parrains ;  &  cctte  aftion  eft  comme  une  adoption ,   p^rtif.  [I 
ciui  produit  une  pnreniu  rpirituelle.  Cuap.  111. 

En  cas  de  n^ceflite ,  on  pcuc  omettre  touies  les  ceremo-   Dt  tan/iir. 
nics  duBjptemc,  &  rcconcencerd^appliquer  l'eau  avecles  •^'P-  4-c-  **■ 
paroles.  Toute  pcrfonne  li;  puui  adminiiirer,  meme  celui  "ar''^utt 
qui  n'en  pas  bnpitlc ;  fculement ,  on  ne  peut  pas  fc  bapiifer 
foi-metne.  Toutefois ,  mcme  en  ces  cas  de  n^cdTiie  ,  s'il  y 
aachoifir,  le  Bapteme  doitetre  adminlllrc  par  la  perfonne 
la  plus  dic^nc  ;  iin  Prctre  ,  puis  un  Diacre  ,  puis  un  auire 
Clerc  ,  un  homme  pluidt  qu'une  femme.  11  nc  faut  pas  abu<    C.  dthiium 
fer  de  ces  exeniples ,  pour  ondoyer  des  enfjns  qui  ne  foni  4*  •**  ^"f*" 
poini  en  peril ;  &  negliger  ou  difTcrer  lcs  faintes  c^remo- 
nies  du  Bapicme  ,   pour  attendre  la  commodiie  des  par- 
rains  ,  ou  par  quclqu'autre  raifon  frivole  h. 

Ceux  qut  ont  ete  baptifes  chez  les  hereiiquc* ,  au  nom  r  j  jg   « 
Ae  l3  Sainte  Triniic ,  font  regus  dans  le  fcin  <lc  TEglife  ,  ^,  j»   Mri^ 


h  L»  OieUiatmn  ia  Kai  du  9  Avril  17  {6 ,  porie ,  *n.  V  ,  qu« 
qiuud  un  cnljiit  aun  iti  ondojri!  eii  cai  de  n^celTtii ,  ou  par  pcr- 
nilSon  de  TEv jque  ,  &  iiie  rondofement  auia  iti  Ijit  par  Je  Catfp 
Vlciire  au  Jellcivani ,  iU  reronc  (enui  il'en  Inrcrire  Vi&t  inconiincni 
fur  iefdiii  deux  rcgiltrct  ;  U.  inc  fi  renfiint  a  iti  oniioyi  pai  1« 
ftgc.femme  ou  ■ucic ,  celui  ou  celle  qui  l'iuia  ondi<ye ,  fcront 
■cnui ,  i  peiuc  Je  di.<i  liviet  d'amende ,  qui  ne  pouiii  eiie  temire 
nl  moiitiB  ,  U  de  plui  grinile  peine  cn  cai  itc  ifcidive,  d'en 
>*«Ttii  fur  le  champ  ler<liit  Cut^,  Vicjiie  on  deOecvJnt,  1  relTet 
d'Jnrciiie  l'aae  fui  lcfiliEi  lettillrei.  Diui  kijuel  afte  feii  fiii  meil- 
(ion  dn  jour  d«  la  nailtjnce  de  renfanc  ,  du  nom  det  pere  Ei  micc, 
&  de  U  periiinne  qui  aiica  fait  ronJoyemenc  ;  £1  ledit  a&c  feii 
Sgni  fur  leUiti  dcux  regiltrei ,  tant  pii  le  Curc  ,  Vikaire  ou  del^ 
fervant,  qae  par  le  p^re ,  i'il  elt  pr^fenc,  &  par  celui  ou  «etle  qul 
auri  fait  roiidiiyement  :  &  i  rvE;jrd  de  ceux  qui  ne  pourioni  ou  na 
riuront  Ogner  ,    il  feii    fjit  meniion   de  la  di.'cl:iiaiion  qu'ili  en 

L'iinicle  VI  porce,  que  lorfquc  lct  Ccrjinoniei  du  baptime  feront 
fupp^eeei  ,  l'?Sle  eii  fcii  >!rcflc  ,  ainfi  qu'il  a  iti  piclciil  )-D;:r  ]i:i 
bapltmei,  Gc  qii'il   y  feia  en  outie  &it  mention  du   jour  de  l'a<,ie 

Ncaiimciint  ,  dini  lei  pirollli:!  mfme  de  Paili,  le  piemier  d* 
cct  ileux  Jriiclei  iie  t'ulireivc  pat  j  la  leicce.  On  ne  diiflc  poiiit 
d'iiftc,  diiii  le  lc:m|it  qiie  fciifint  tl)  oiuloyj  pai  riccoucheui  ou 
aiitie  |icrfuiiae;  on  Ijic  rculement  meiilion  d:  rondiiyement ,  dani 
■'dtte  qui  fu  riit  locfque  lei  cfr^monies  du  baptJnic  Ibrt  fnppliJL'.!. 
Cc  dcMiit  A't&e ,  qui  COnltate  l'ondoyemenl  daiii  te  tempi  miine 
oil  il  ellf:!i(,  peuc^  cependint  occalionei  de  grlndi  incenvjnieiii, 
fur-coiic  n  Tan  ometcoic  enfuitc  de  fupplcer  lei  cJivmnniei  dn  bip. 
tlme  ,  puifqu'eii  ce  cii  il  n'y  auroit  lucun  iStt  propre  t  conilaicr 
U  uailUnce  de  r«iifiuit  k  rendDyenMat. 

Xii 


5i4  INSTITUTION 

Partie  1L  P"'  l'o'<^i<^"  ^u  'i^i'"  clir^ine ,  par  rimpofiiion  des  maiat  * 
Chaf.  Iil  ou  par  la  feule  profelTion  de  foi.  Mais  on  ne  rciterepointce 
«UA  44-  «  iacrement.  Ncus  croyotis  un  feul  Bapteme.  Si  quelqu'ua 
Erh.  r\.  t.  3^'<>>'  rebaptile,  il  feroii  excommunie  ;  &  celut  qui  Tau- 
Conc.  Triii.  roit  ete ,  mi^mepar  ignorance  ,  demeureroic  irregulier.  Le 
fiJl^  ^'/"j''  Baptemeneproduiique  deselTetsfurnaturelsi&nechange 
Difi.  4.  c.    "^"  ^  YkKax  de  la  perlonne. 

107.  loM.  La  Confirmation  ne  fe  reit^re  point  ,  non  plus  que  le 

ibU.  c.  ir;.  Baptgme  j  3^  \\  n'y  a  que  TLveque  qui  en  foit  le  MiniAre 
I.  Cer.  viT.  ordinaire.  On  peut  s'y  faire  prefenter  par  un  parrain ;  mais 
17. 10. 14.     ce  n'eft  plus  giieres  l'ufage. 

JZff"''  L't.uchariftie  ne  doit  eire  confacree  qu'au  faint  Sacii- 

Cane.  Trid.  ^^^  ^^  '^  MeJTe  ,  avec  les  ceremonies  que  rEglife  a  autori- 

fcff.  ti.  cun.  fees.  La  matiere  de  I'£ucliariftie  dilepain&Je  viiLLeviR 

'. '  ,      '^"'  doit  etre  mele  d'un  peu  d'e3U  ;  6t  le  pain  doit  etre  fans  le- 

mff.  Uaan.  vain  ,  fuivant  la  trailition  de  TLglife  Latine.  Chaque  fidelle 

ji.r.  Jifl    I.  eftoblige  d'a(Rfter  a  !a  ML-ITe  eii[iereious]e$DLmanches& 

lW*rfirt^i'  les  Feies  de  precepte  ;  &  autant  qu'il  fe  peut  ,  ija  MelTc 

1. 1^.  S{.      folenru-IIe  de  fa  paroilTe ,  pour  recevoir  les  inftru£iion$  de 

Cenc.  Trid  fon  P^ifteur ,  prieren  I^afiemblee  ou  il  fe  trouve  range  par 

Jcff.  KKiv.  c.  i^  Provid;nce  divine.  Le  Cure  a  droit  de  denoncer  i  \f.- 

Cenc.  Sen.  veque  ceux  qui  5'en  abfenient  fans  caufe ,  par  trois  Diman- 

f  iih.  e.  11   clies  de  fuite  ;  &  il  y  a  excomoiunicaiion  contre  ceuxqtu 

v^  ru    arij.  pgj,j3„(  |'oflice  divin  afliftent  a  dcs  fpeflacles  pro&nes. 

Ln  cas  de  neceftite ,  on  fatisfait  au  precepte  cn  afTiftaiit 
Ead  AiH  1  avec  attention  a  une  Meffe  baffe  i.  La  Meffe  conveniuelleft 
t.  4)f.  "u  folennelle  ,  doit  etre  celebree  apr^s  Tierce  ;  les  Meffes 

Ead.  difl. ».  baffes  depuis  Taurore  jufqu  a  midi.  La  communion  ne  doit 
Cflr/AaV"'  "^tre  donnee  reguIiSremeni  que  pendant  la  Meffe,  imm^- 
Ibid.difi.  *■  diatement  apres  la  communion  du  Pretre.  Tous  les  fidellcs 
t.i<),ciiene.  eioient  auirefoisobligesde  la  recevoir,  au  moins  troisfoiE 
**"•  rannee,  a  Paque,  ala  Pentej:6te,&  a  Noel.  Lc  Concile 

de  Latraiiareduit  cctteobligaiion  u  unc  foisran,  pendant 
la  quiiizjine  de  Paqtie  l.  MaisIesPreires  doiveni  comtnu- 

i  Cci  mcHes  foiil  li;s  meme» ,   (]ii«  quelijues  conciles  appellent 
petr.ci  mcffci  ou  mcgciprivUi ,  qui  fe  diii:\nj'ubm:ff<i  \-oce. 

l  Un  ne  jQniie  ce  iiDm   ile  Mtffc  cimvcntuctU  ,  qu'd  cetle  qui  fa 

paroidialt» .  la  metltf   foleniielie   s'appelle  Wci/i   dc  patoijjc.  Cclt 
««lle.  uil  ruu  pciireiiie  le  palii  i  bcnii. 

I  C/iiKau  floic  f^ire   la   coinimiiuon  pafcBle  ,    daoi  rEglire  pa. 
rolflitil»  ,  ii  Uqu«llt  U  cft  rIUgIi^. 


AU  DROIT  ECCLesiASTIQUE.  j»; 
rl«  toutes les fois quils celcbient la  Meffe.  Suivant \'ii(»^e  pT^TiTli! 
prefcntdertglirc  La(ine,iln'y  aqueliiPfeirecelebrani  qui  ch*p.  HI. 
COinmunieroiislcsdeuxe<^pt.'ccS  :  les  autres  necommunient  C.  Onmii 
que  fous  la  fculo  efpirce  du  pain  ;  mais  le  Pdpe  peut  accor-  "'^'^/p^Bi^ 
der  a  quelqut:  nation  rufugo  du  calice  ,  s'il  le  jugc  utik  &  rtmi^. 
pour  !e  bien  de  TEglifc  m.  ^-''-  ''•/'■  »• 

Quani  aux  oialdJes,  on  doit  garder  pour  eux ,  en  cha*   ^^^^  j^-j 
que  cglifc  paroiflijle  ,  des  particules  confacrees ,  dans  un  ftjf.  it.  dec. 
ciboire  de  maiicre  nette  &  folide  ,  enfcrmc  a  clcf  dans  un  ^''- 
tabernacle  ;&  tcs  renouveler  au  moins  lous les quinze  jours,  ,  "5 j    tu'„J| 
Quand  les  malades  defireni  de  communier  ,  lEuchariflie  TVu/./c^.  i|, 
doilleuretre  poricepar  unPreire,  avec  le  refjwft  convc-  ',9  . 
nable  ,  afin  que  le  peuplc  foit  averti  de  radorcr.  Sl  c'eft  i-trvtnii'. 
pour  viatique  n ,  elle  ne  doit  etre  donnee  que  par  lc  Curc ,     C.ip   f.tat 


m  Ceux  <[ui  caminunifnt  ivec  \t  Pape  onl  lc  pr 
munier  foui  lei  ileuKcrpccci.  Le  Roi  cainmunic  a 
fiiil  fiicre.  L'£mpcreur  (en  ■  3  >  {  )  commuiiii  Ibut  1 
CD  quilici  dc  Chanuine  dc  S.  Jejii  de  Laccjn.  Lei 
me  1(1  Mironiiei  ,  qiti  ront  foNinii  au  riiiil  Sidge  ,  ( 
coic  foui  lei  lieux  efpicei.  Voya^t  du  Mont  l.ibiin. 
foui  lei  deux  erpeiei  te  pialiijuuil  au  commcncemeiii  daiii  touls 
l'Eglife.  Ellc  t'1.1  mem:  uiJonnce  en  lop(,  111  concile  ilc  Clur. 
monl  en  Auveigne ,  &  fut  urii«  pJr-WUi  iufiu'aii  Xlle.  fiecle.  On 
U  prati(|uoil  meme  encore  quelqucfuii  dini  lc  Xllle.  L'>uteur  de 
l»  re'9tJoii  de  l»  viiloiie  queChailei  d'Anjuu  rempoita  fui  .Mji.ifioy 
•n  1164  ,  rippoite  que  lei  Cherali^ii  cammunierent  avec  le  pain 
lc  le  vin  anni  li  bataille.  Maii  Ui  inconvinieni  qu'il  y  avoii  de 
daiinei  ta  coupe  ,  foit  pjice  qa'clle  icpmtloit  quelquefoii  ,  foit  pour 
la  icpugnince  que  lei  liilellci  avoient  je  bnire  djiii  la  mfinc  coiipe , 
foic  parce  quc  plnrieuri  avoient  de  ravacfion  pouije  viu  ,  ficent 
■bollr  pcu  i  peu  Tufjge  de  1*  coupe  dani  la  plupart  d«  Kglifct. 
Elle  fe  pratiqjoit  cncuie  dani  rEglifc  Latine  dti  lempi  a<  S.  T^o- 
mai  d'Aquin ,  luivanl  Varqucz.  Lc  Concile  de  Conl\ance  ,  tenit  en 
I4<t,  declirii  que  la  coucume  rjiliiniiablemcnt  inlroduiie  de  ne 
doniier  U  communion  aux  IjTiuci  quc  Ibui  refpcce  du  piin,  iloir 
otHci  faar  ime  loi  ;  ce  qui  fui  «onfiimt  pir  le  Concilc  Ue  Tienie  , 
/etf".    ,..C«;i.... 

Dini  rAI-.biyc  de  S.  Denli  en  Fiince  ,  let  ioun  de  fiiinAe  (Ite  , 
i  li  giaitd'inelle  ,  le  Ui^cic  U  le  Soiii-Diacre  fe  communiei:i  cux. 
mimrt  fout  rcfpcce  dj  vin ,  dani  le  calice  du  Pif tie  ,   cn  afpiunc 


A  Xo 

tre-Uanir  <le  l>am  ,  lct  toui>  de  giandc  fjtc  ,  iprit  b  com- 

qui  fe  donne   au  ch<r'jc ,  on  p:ercntc  a  toui  1*  Ceigc  .  H. 

jntmc  t< 

coupe  0 

ij  il  y  :■  du  vin  St  dc  l'eju,  Maii  ce  qui  efl  dani  ectlc  coupe  , 

•l'c(t   pa< 

1  couljcr*  :  #    nc  le  doiinj  qiie  par  forme  d'iibIution. 

n   Uii 

iluinje . 

i  <cu\  qut  iuat  dini  ua  diaLercvidcnidc  mei:  piochaint  at 

Xiij 

?  i:x 


m 


E  !^  > 


:1L.   lecaifari.iiii:.*^  .  :.!  ui 


: :  T  ::  T  I  o  y 


c  z  A  ?  :  r  R  E     IV. 


£i 


'jz^  ,  L.   *  ZLz^r^ms-^rtt^ift  ^  ii.  70r£-s. 


C 


^■muc 


L 


J^  *i2IC2rT»12 


r^.  ai  3IC: 


•  r    _  '  f  :: ■--: ".  i  liCirime  id  •*  ri!E??f  je  7t::s  co^  t 

^>^  Tirz.^  iT  C^rri  w-rHarvrc  iir^.^.i  :,*  icir  £i:r« 

pri':-=^e  i::*.:r  lit  t£ir  7ir  .  Zvijce  eti  cirtxia  css.  Quoi- 

c-e  rcu-i  A^ri  ?:crrs:i  ric.:.vicr  i  rotiLiarica  ^  pccvclr 

cii^^ciire  ,  il^  r-e  reivirrr  acii^C'?»  r*ercsr ,  UESune 

ccr:  -.i: :-  iTLzrsrlt  i-t  1'  i.v  icTJS ,  cii  ii  ^esr  £^?=i2  ,  oa  pjT 

1«  orcvil^r.  ^''^  bt^ztz^zii  cjnrze  i^jses,  ca  uzsprovi- 

S^.-r  y^j  licfl ,  aprds  lei  ivc:r  exatri^es.  Ces  perEDufioas  panreot 

r.  M  errc  I.-nlrtes,  &  p-s-jr  le  re^rs  8:  pc-jr  les  penbcces  fic 

A"£ijrAd'  rvy-y  ;esc23. 0::  cxce^ce  d"crdicAire  les  R^li^eukes  ,  a  qui 

'^ '  ^^  >•  fiiJt  -«  Co^rdTeurs  plas  cboLfls ;  5:  cerains  cas  3iroces  , 

^r^-n  <ijr  c/,  dort  IXvet^ue  fe  re.ervc  rabtbl-arioc.  Les  Repiliers ,  meme 

;    pitt,  M.  i^j  M»ndlans ,  forit  u:]ets  a  tcutes  ces  r^lcs  ,  ijocobfiant 


pej7ent  e:re  k  jesn.  Ce  cefT^e  paroir  u:re  iVL^on  a  celsi  de  Fi.;- 
situm  ,  q'ji  dani  hs  ordret  rellgiea^  ,  fi^nif.e  ce  qce  ron  Jocae  a 
Ufi  mowie  ^•'«ur  f«i.'e  fo.a  royage.  Daas  let  ancier.s  Canocs  ,  ce  cer- 
me  Kij/icim  ftgnifioic  ,  non>(euleiiient  r£.icharulie  qae  Ton  doo. 
fioic  aox  Mcrfibonds  ,  mais  auHi  U  r^conctliicion  &  la  peni:ence 
qu*on  UuT  dnn::oiC.  Aucrefois  m^me  Ton  donnolc  le  fucc  V:ai;q::e  i 
tous  lei  mala^ies  ;  2c  a  tous  ceux  qui  etoient  eo  danger  de  morc  , 
encore  que  le  danger  ne  parj:  pai  prochain.  Les  rcgullerf  ne  peu- 
vent  aiminii!rer  le  Viatique  qu*aux  perfonRes  de  leur  mjilbft  ,  y 
coffipri^  ies  domeftinnei  Sc  penfinnnairef. 

o  On  ne  pjrle  pas  ici  des  p^nicences  publiqnes  qne  Ton  impofcit 
fltirrefoii  aux  pccheurs  fcandaleux  ;  mais  du  facrement  de  pcni- 
teoce  ;  lequtl  aprei  la  coiifeflion  auriculaire  des  pcches «  un  aSte 
4ie  coiitricion,  Ik  aucref  cpreuves  quc  le  Confefleur  juge  ncccflaires  » 
ieaivc  lcs  p^ch^i  commif  apres  le  bapc^me  ,  V  moyen  de  rabfo. 
lucU/n  que  U  confcflear  donne  ga  p^aitent ,  auqiel  il  ioipofe  ^uel- 
que  pdjiitence  coAvenalilf. 


.  ••    ^^. 


AU  DROIT  ECCL£SIASTTQUE       317 

Icursprivilcges.  11  y  a  quelquescas  refcrves  a«i  Pape,  fui-    p^n^iB  if 
vant  un  ancien  ufdge ,  du  conientemcm  des  Egliles.  Autre-    chap.  iV. 
fois  ,  il  falhoit  aller  a  Rome  pour  en  ecre  abfous ;  a  prefonc 
le  Pape  en  donne  le  pouvoir ,  par  des  facultes  parricullc- 
rcs ,  aux  tveques  ,  &  a  quelques  Pretres. 

Les  cas  relerves  au  Papw* ,  fuivant  le  rituel  de  Paris 
font,  I.  L'incendie  des  Egliles,  &  cclui  des  Hjux  pro- 
fanes  ,  fi  l'incendiaire  efl  denonce  publiquement.  2.  La 
fimonie  r^elle  p  dans  les  Ordres  &  les  beneUces ,  &  la 
confidence  publique  ^.  3.  Meurtre  ou  mutilation  de  celui 
qui  a  les  Ordres  facres.  4.  Frapper  un  Eveque ,  ou  un 
autrePrelat.  ^.Porter  des  armesaux  infidelles.  6.Falfificr 
des  Bulles  ou  Lettres  du  Pape.  7.  Envaiiir  ou  piller  les 
fcrrcs  de  rEglife  Romaine.  8.  Violer  rintcrdit  du  faint 
Siegc.  Lcs  cas  r^ferv^s  a  TEvequefont,  i.  Frapper  no- 
tablemcnt  un  Religieux  ,  ou  un  Clerc  in  facris.  2.  In« 
ccndie  volontaire.  3 .  Vol  en  lieu  facre ,  avec  effraflion. 
4.  Homicide  volontaire.  5.  Duel.  6.  Machiner  la  mort  de 
fon  mari ,  ou  de  fa  femme.  7,  Procurer  ravortement.  8. 
Frapper  fon  p^re  ou  fa  mere.  9.  Sortilege ,  cmpoifon- 
ncmcnt,  ou  divination.  10.  Profanation  de  rLuchariftie 
&  des  Saintes  Huiles.  11.  Efiufion  violentc  dcfang  dans 
rEglife.  12.  Fornication  dans  rtjiife.  13.  Abufer  d'une 
Religieufe.  14.  Le  crime  du  Confw-lTeur  avec  la  pinttentc. 
15.  Le  rapt.  16.  L*incefte  au  fecond  de^ri  r.  17.  La  fo- 
domie,  &  autres  p^ches  femblables.  18.  Lardn  facriiegc. 
19.  Lc  crime  de  fuux:  fdux  t^moignage,  fauffe  monnoie, 
fal/:ficattcn  des  lertres  ecclefiaAiques.  20.  Simonic  &'  con- 
fidence  cachees.  2 1 .  Suppofition  de  titres  ou  dc  perfon- 
nes  a  rcxamen  pour  la  promotion  aux  Ordrcs. 

Les  refervations  font  difforentes ,  fuivant  Tufage  des 
diocefos  ;  &  eilcs  font  fort  utiles ,  pour  donner  p^us 
d*horreur  des  grands  crimes,  par  la  difficulte  d*en  rece- 
voir  l*abfo!ution.  Le  Pretre  p^nitencier  eft  kvabXx  princi- 


p  On  entend  ^2T  Simonie  rictle  ,  celie  ou  la  convencton  fimonia* 
^ue  e(l  extfcutt^c  de  p«irt  &  d'tiutre  :  en  quoi  elle  td  plus  crimi- 
nel!eque  la  fimonie  menr.Ie ,  &  meme  que  U  fimonic  convention- 
oeUe ,  lorfque  reHt^cution  n*a  pas  fuivi  la  conventioo.  Voye\  cU 
«pres  le  cliap.  de  la  fimonie. 

^  yoyex  ce  qui  elt  dit  de  la  confidence  ,  tom,  II  ,  ehap,  i  f . 

X  Ccil  ceLui  que  1«  iiku  &  U  lcrur  commcttroienc  eurembk* 

Z  iv 


5*8  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Paktie  II  palemeni  pour  abfoudre  de  ces  cas.  II  n'y  a  ni  r^renraiioTl 

CHAP,  IV.   de  cas ,   ni  diftir.flion   de  Confeffeurs  i   ranide  At  la 

mon  ;  lout  Preire  peut  abfoudre  celuJ  qui  fe  rrouve  en  cet 

^tat,  pourvu  qu'il  aii  donne  quelque  figne  de  peaiience. 

Mais  pour  ncire  pas  furpris,  Jes  aiaJades  doivent  avoir 

recours  d'abord  au  Sacremeni  de  Peniience,  &  les  M^ 

dccins  ne  doivent  leur  ordonner  aucun  remede  temporel, 

•  s^i  """  •I^''''P'""  '^  remcde  fpiriiud :  c'cft  TOrdonnance  du  Coo- 

tkfiiit.    '  ^''^  ^^  Latran,  praitquee  en  Iialie  &  ailleurs,  mais  noo 

pas  en  France/.  On  ne  refufe  ce  facrement  it  perfonne» 

non  pas  meme  a  ceux  qui  font  condamnes    3U  dernier 

fupplice. 

Cltment  dt       Lcs  pcniiences  ,   c'eft-a-dire  les  oeuvres  fatisfjfloires  , 

fKmt.t.  1.    dojygnt  etre  proporiionnies  auic  peches :  c'eft   pourqucn 

it  faui  les  confelfiir  en  deiail.  Le  fecret  de  h  confeffion 

eft  inviolable  :  &  le  Picire  qui  feroit  afT^^z  maiheureux 

pour  la  reveler ,  doit  ecre  dcpofe ,  &  mis  en  prifon  per- 

Cap.  emnit  peiuelle.  On  5'eft  relache  depuis  environ  cinq  cents  ans 

airia/qut  e,i-  de  robfervation  des  penitences  que  les  canons    avoienc 

*"'(  ^    ''*  ^'■efctitesa  chaque  efpece  de  peche.  II  ne  laiffe  pas  6'6ne 

Cent.Hltdiol  tres-u(ile  de  les  connoitre  ,  afin  de  proporiionner  les  fa« 

Cvnc.  TriJ  tisfjflions  aux  peches  ,  &  de  fe  conformer  a  i'ancienne 

Coat^Trid  •'■''tipline ,  autant  qu'il  eft  pofTible.  II  y  a  mSme  des  cas 

PjT-  Kxiv.  R.  oii  la  p^nitence   pubiiquc  doii  etre  encore  impofee  ;  fa- 

*■  *■  voir,  quand   TEvcque  juge  qu'el!e  peut  etre  utile  potir 

ffiiiffi  Rom.  reparer  le  fcandale  d'un  crime    comtnis  en  public  t.    Le 

jour  ou  doit  ^tre  donnee  la  peniience  publique ,  ell  le 

Mercredi  Avs  cendres:  &  le  jour  d^  rabfolution  folen- 

nelle  eft  le  Jeudi  Saint  u. 


f  Par  r-rclcle  ii  delj 

1  Diclaralion  du  ij 

D, 

icembre  i 

1698  ,  il  elt 

eiiioiiii 

:  lux  M^.lecint  .ti.,i,  leur  ileraui  ,  : 

Chiiuigii 

N,i  U  Apo- 

tl-i^i., 

fi,  qui  ronc  appel 

>liJe>,   i. 

rcn  Joniiec 

^  Cut,.-sJei,..™i 

1!«,    -liHitfit   q.l'il 

,Sflo„r  q. 

.10  la  miiU. 

di^po' 

,.rimiaie.U,.Ber. 

:i.le  ,  s'itj  ne  voic 

r.-.iNli  y  u 

pei*>  1 

l'jil!cii'i.   L,i  dec! 

.j,a;iot,  an  8  M«. 

11,   ,l«l=i 

1.1  aux   Mi, 

<)edMt 

.le  viiiler  les   ni.ii 

j,!ej   le  troiiiime 

jou 

:  lcur  apin- 

(oliigu 

'\i%  oiit  ili  ciinieli 

lei  ,  ou  au  nini.i> 

■  1' 

.■m,  Coi,l 

•Hlei-r  1.  iti 

^.^!i 

THiur  ief  voir,   L. 

»   .M>5rfoc:.,i   b:s.i 

g.iiier!   1,, 

'   ni,t>;quent 

puiiit  . 

l'»«tUr  te  msUJe 

,    OU    r«     fiiUlillB   , 

di: 

i  <iu'i;i  vc 

>leac  qu'il  j: 

J.nger. 

f  Vo 

let.  [)iit«rTay,<h  Ntat  &  capaeiti 

dC! 

EcdC-fuip.iqatt ,  rcv. 

t»m 

MiH  )M. 

«   C 

ea  cmn^tpoti» 

de  cetM  abroIut«ti 

fDleoKclli 

e ,  ^ui  it*i» 

AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.       329  

Les  indulgences  x   fonc  inAiiuees  pour  rcmettre  les   [,^^^.^  ,^ 
pcnitences ,  011  en  partie ,  ou  oniierement ,  fi  l'ini:luigencc   ckap.  [V. 
efl  pleniere  ;  msis  icur  etf.;:  depend  emierement  ce  u  ilif- 
pofition  du  piinitcnt.  Commc  elies  doivcntOire  aecordces   Can:.  Trul.- 
gratuirenient ,  tes  Lvi-tjues  doivent  avoir  grand  loin  Asf^J-  sJii-i" 
retranther   ks  fuperftiiions  &  ies  auires  abus  ,  qui  peu- ■'■"'• 
venr  s'eire  glilTcs  dans  Tufage.  11  ne  fai<i  pas  confoncirc 
les  penitcnces  avec  les  peines  canoniques.  Les  Penhcnccs 
font  volontaires  y ,  &  conviennent  <i  ceux  ([uiferepea- 
lent  de  leurs  pethes,  &  veulent  fmcerement  s'en  corri- 
ger  ;  les  ptints  cjr.oni<jues  font  forcees ,  &  fervent  ou  i 
humilier  les   pecheurs ,  les  amoilir ,  &  les  amencr  a  U 
penitence,  ou  n  les  rerrancher  de  rEgUfe,  s'ils  font  lout- 
a-fait  endurcis.  Comme  elles  regardent  le  for  ext^rieur, 
rous  en  parlerons  a  la  fin  de  la  foifiimt  Pjrtit  ^'""-  Trirt. 

V txtrime-onaiort  ne  peut  ^irc  adminiftree  que  par  '-'s  ,''J;„r  V  ,t 
Prctres,  fuivani  les  paroles  de  TEcriiure ,  &  fuivant  la  i:iittih.Kem.  ■ 
tradiiion  ecclefiaftique ,  par  le  Pafteur  ou  par  celui  qu'il  ."  »■  <■■  (•■  ■• 
envoie.  U  doit  recevoir  tous  les  ans  les  fainies  Huiles  {  'j^^    j 


donnca  en  ce  jsut  i  ceux  qui  *toieiii  eii  pt-nitence  p-jbliqoi; ,  qus 
l'diifiit  encaie  Jii<i  Ia..cei  lei  ERlilei  Ii  «^r^inoiiie  >le  l:iDi'r.ute , 
qui  ii'ell  .lutic  t^nfc  ^u'iiiie  abloluclon  ^iniii\a  qiie  I'oii  dioi^ie  i 
toui  leipe.hiur,  ilMii    Ki  CjiliiJralei.    fEvuque   eit  fjit  lj  eiit- 

Prttreipuu[fjlr<i>l'dutrei:.bl'.>utei,ui>t  JiNiljCJlhiUrJle.qietl.inl 
ceitiiiKt  luCivt  hi;i:lri.  L'jbf,jute  le  f^iC  ^utli  {liir  lei  Cu.-vt  dal 
lel  piroillJi  ,  le  jjui  Je  l'aque. 

X  L^ufige  it\  iiiJulgencei  coininenfi  dani  le  tempt  dei  premie. 
lei  ([oir^lcf.  Un  accurdi  det  iitdiilf;ciicei  i  aa\  qui  fe  cruiroient , 
pour  Iti  eng.iget  i  eutreptenJie  e-t  cxpc.liiioni  pcniieuft'!.  Ui. 
puii  ,  lei  r^pct  eii  iccorJereut  poiir  dliTJ: cnCei  C^ufet ,  coir.nc  i 
ceux  qui  fcioi«Tii  le  voyage  de  \»  Terte-Siiiiie  ,  J  ceux  qiii  vi.i:t. 
roieiit  une  E{;lil'a  en  un  ceruin  jour ,  ou  qui  furoieiit  quelqu'aiilto 
ade   de    v-,i-.i. 

y  (^uitii J  on  dit  que  lei  piinliencet  font  voiontiiiei ,  c'ell  piice 
qiieles  lidellei  i'y  fouinctlciit  volonitirem  iic.  Cji  d.i  re:1a  ellel 
ne  fon:  puini  j  leui   clioiK  ;  tt.   quir.J  ellci  leur  fjnt  iinpofeei , 

f  l.ei  rjiuivi  liuilei  funt  de  ctoii  rorcei.  i°.  Ce1*e  du /i:'ic 
tbr^mt,  qul  cfl  comporce  d'hui!e  U  A»  biume  ,  qui  Terc  ci'  lioii  l'j- 


naini. 

,  Ce  ch.trn.  L 

Mt  a:iir.  jIJcf.iif.;crjiion  dei  .■\  .:-ii 

>.    aii   f.!CrB 

de  no 

.  Koit ,  &  ,Ie 

1  juc.-m  pril'u:inei  qJi  loiii  Ui<'-:^. 

lltl  e„ 

t/cka-r\iaa,n\ 

ii  for:  a:\\  a.itret  cii.:tinni  ,lu  bjptci 

«UlJti. 

jn ,  ii  iat.81 

lniow  u'uget.  1*.  Cc!le<lei  ii:fi.in:> 

^^ictcom. 

33«  INSTITUTION 


Partie  II.  P^^^  ^^  Sacrement  &  pour  le  Bdpreme,  au  fynode,  ou 

Chap  IV.    en  un  autre  temps  marque  ,    apres  que  l*Eveque  les  a 

s1'difl^"^l'*  confacrees  le  Joudi-Saint ;  &  il  doit  les  garder  dans  des 

iUud.   Rit.'   vaiffeaux  ners ,  d'argent  ou  d'etain ,  enfermes  a  clef ,  pour 

Rom-  privenir  les  facnlcges. 

II  y  a  peu  de  cliofes  k  dire  du  Sacrement  de  rOrJre  , 

Conc,  Tirid.  apres  ce  qui  en  a  et^  dit  dans  la  premiere  Panie.  Ajou- 

fejf»  2«.  c.  4«  tons  feulement ,  que  ce  facrement  imprime  un  caraftere  a^ 

J>ift>  6%^c.  I.  ^^^^^  ^^  Bapteme  :  d'ou  il  s'enfuit,  qu'il  n  eft  pas  per- 

^•deconfecr.  mis  de  le  reiterer.  Mais  fi  Ton  doute  avec  fondement  de 

dift.^c.ioj.  la  validite  de  Tordination,  on  doit  en  donner  une  nou- 

velle,  qui  ne   fervira  quau  cas  que  la  premi^rc  ne  filc 

pas  valable.  De  la  il  s  enfuit  encore,  qu'un  Pretre  ne  peut 

devenir  laique  ;  &  que  bien  qu*il  foic  depofe  pour  fes  cri- 

tnes ,  il  peut  validement  adminiftrer  les  Sacremens ,  quoi- 

qu'il  peche  en  le  faifant;&  par  confequent,  qu'un  Eve- 

fuvplem  T  ^"^  devenu  heretique  ,  depofe,  excommunii,  peut  faire 

^Z.art,  z.     des  ordinations  valables,  quoiqu'iIlicites ,  parce  qu*il  n*a 

point  perdu  le  pouvoir ,  mais  feulement  Texercice  de  foa 

Ordre. 

CHAPITRE    V, 

Du  Mariage,  Des  Empechemens, 

LE  mariage  b  confifte  principalement  dans  le  confente- 
ment ,  c'eft  a  dire  Tunion  des  volontes ,  qui  eft  Timage 
de  Tamour  de  Jefus-Chrift  pour  fon  Eglife.  Mais  il  faut  que 


pofi^e  dMiuile  8c  de  vin  ;  c*e(l  de  cette  demi^re  dont  on  fe  fert  ponr 
rextrfime-onftion. 

a  Ce  caradere  efl  {act6  &  indelcbile  d  T^gard  des  Pr^tres  2c  des 
Diacrcs.  Pour  ce  qai  efl  du  Sous-d>aconat ,  on  en  peut  £tre  releve  , 
par  une  difpenfe  du  Pape.  Pour  les  ordres  mineurs,  itt  n'emp6« 
chcit  point  de  quitter  Tetat  eccl^fultique  ,  fans  que  Ton  ait  meme 
befoin    pour  cela  de  difpenfe. 

h  Le  mari3ge  eH  un  contrat  civil,  ^lev^  X  la  dignite  de  facre- 
ment ,  qui  unit  enfemble  riiomme  8t  la  femme  11  ^troitement ,  que 
pendant  leurvie  cette  union  eft  indiiibluble. 

Quoique  les  peuples  qui  ne  font  point  dans  le  fcin  de  iVglife  ne 
regardeat  point  le  mariage  comme  un  facremetit,  il  y  a  n^anmoins 
dans  chaque  pays ,  une  foroie  autorifi^e  par  i«s  Lois  fic  ulages ,  pour 


AU  nROIT    ECCLfeSlASTIQUE.        311  

ce  confcncmeni  foit  Itgiiime  c  ,  c'eft-i-dire  conforme  i  partib  lU 
Vinlliiuiion  divinc ,  &  aux  lois  de  rEglife  &  de  TEiai :  car  chap.  V. 
d^ins  iinc  afT.iirc  do  c<;ite  imponancc ,  qui  cA  le  fondcment 
ilc  la  focttitc  civiic  ,  il  n'ell  pas  jufle  de  laifTer  a  chjcun  la 
libencdc  fuivrcfus  p;inions  &  fes  rdniairics.  L'inllitution 
divinc  e(l,  qu'un  feul  liommc  foit  uni  a  unc  rciiic  fcmme 
pour  toiite  la  vic ;  enrorie  que  l;iir  afftftion  ne  foit  ni  par- 
T.ngce ,  nt  inccitaine ,  &  que  leurs  enfans  foicnt  eleves  par 
les  foins  dc  Tun  &  do  rautre.  Pour  conferver  ceite  fainre 
inilituiion,  les  Lois  ecclefiafiiques  &  civiles  ont  marqu6 
pluficurs  GinpC-chcmens  ,  &  piefcrii  plufieurs  c^remonict 
pour  les  mariac^cs. 

Les  Empichcmtns  du  mariage  vienncnt  ou  de  la  nature, 
CU  de  la  loi ,  011  du  f.iit  dcs  panies.  L'empechcmcnt  nam- 
rcl ,  eft  le  b-is  ac;c  au-delTous  de  la  puberte ,  c'c{l-a-dire  de 
douze  ans  pour  lcs  filles ,  &  quatorze  ans  pour  Ics  hoin- 
nies ;  quoiqiic  fuivant  le  Droii  canonique ,  on  doive  fc  re-     C.  amttnt 
glcr  par  b  vtriiable  difpofiiion  du  corps ,  piuiot  que  par  t-"*"*^"!/! 
le  nombrc  dcs  annccs  d.  Par  la  m^me  raifon ,  rimpuifTince   1,^  ,j^,  ^ 
pcrpetuelic  &  incurable  ell  aulTi  un  empechemeni «.  Celui  FrijidL 
qui  vicni  d.:  la  Loi ,  e(l  la  parcnie  &  Talliance.  Cet  emp£* 
clicmcnt  cft  fond^  3  fegard  de  la  ligne  dtreAe ,  fur  la  dif- 
fcrencc  dc  lagc ,  &  le  refpe^  qui  ne  s'accorde  pas  bien 
avec  la  liccnce  du  mariage :  &  <i  Tegard  de  la  ligne  colla- 
terale ,  fur  le  danger  de  corrupiion  que  pourroit  caufer 
rcfpcrante  du  mariage,  entrc  des  perfonnes  qui  font  eleveei 
en  snixas  maifon  ,  oii  Ton  cft  fouvent  cnfemble.  Dieu  a 
vouiu  auni,par  ccs  dcfenfes,  eiendre  la  charite  cntrc  'e*Diw *«.*'* 
hommes ,  cn  multipliani  les  liens  de  la  focicte. 

LEi^Iifc  k  confervc  loutes  les  defcnfes  de  la Loi de Dicu  ^"''  """■ 


lei  iniiiaget ;  U  p«r  un  ilroic  commun  i  loiitet  I«t  nalionl  ,  cet 
miriigci  ronc  tvpr.tit  valablei  p^r-to-.it,  tant  par  rapjiort  i  Vint 
ilci  r>:mir.cl  &  ilci  e\:i.\r.i  ,  quc  pnur  lc  droit  d«  fucciiilci ,  qui   «■ 

t  Poiir  ii;5  IJiiiime  ,  il  fsut  qii'il  roit  Aannt  librement,  !t  p»r 
un-  peilunne  mj^ireri:  ie  fi;!  dioiti ,  ou  <]u'il  r<iit  «ccompagn^  du 
cunlcntemi:;i:  dci  \iiti  Sc  invre  ,  lutcjn  Ec  curiteurt,  cn  U  pui& 
fjnce  ddqi^ctl  cll  U  perroni::  i|ui  Te  maiic. 

''  l.e  mjiijgc  coiiira^K'  it:c  un  im)'ubeie  ne  feroit  pai  nut .  Ti  cct 
impLti'Jrc  cloit  cipalile  d'avw[  det  eu^ni ,  ciip,  Pulciti  ].  ttir,  dt 
Jt/pomJi.  impuber. 

t  ^uaud  elle  a  piisiii  le  naiiigc 


«3»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partib  II.   ^*  €Tcluent  Ics  parens  ou  allies  en  ligne  direfte  i  YinRm  & 

Chap.  V.    en  collaterale ,  feulement  les  tantes/,  les  fr^res  &  les  foeurs; 

V.  Glojf,  in  mais  on  a  cru  'Ong-temps  que  la  defenfe  de  fe  marier  devoic 

ii! de  Rgflu,  ^'^**'^^'*^  ^  ^0'''s  les  parens ,  entre  lefquels  il  pouvoit  y  avoir 

fpoliat,         droit  de  fucceffion,  c'eft-a-dire  jufqu'au  feptieme  degr^, 

au-dcla  duquel  on  ne  comptoit  plus  de  parente.  Le  Concile 

V.  Pctr.   de  Latran  a  reftreint  la  defenfe  au  quatrieme  degre  inclufi- 

Vam,ofu/.  8  vement/^,  tant  pour  la  parente  que  pour  Talliance  ou  affi- 

Jrad!^c^:p,    "^^^  ^'  ^^  ^  ^"^  reduit  Taffinite  au  premier  genre ,  qui  eft 

ifondehet  8.  entre  Pundes  maries,  &  les  parens  de  Tautre,  au  licu  que 

de  confang,    1»^^  en  comproit  un  fecond  genre  entre  le  fecond  mari  & 

les  parens  du  premier ,  &  meaie  un  troifieme ,  entre  la 

Eod  feconde  femme  du  fecond  mari ,  &  les  allies  de  la  premi^re 

Non  debet,   femme ,  le  Concile  de  Latran  a  bii  ces  deux  genres  d'affi« 

nite. 

Sejf.  XXIV.      Lg  Concile  de  Trente  a  reftreint  d'autres  empechemens 

de  meme  genre;  favoir,  celui  qui  vient  du  cnme;  car, 

Toto  tit.  de  feJon  les  Canons ,  la  conjon6lion  illicite  produit  affinite  avec 

ionj^anz^^^^*  Jes  parentes  de  celle  dont  un  homme  a  abufe.  Le  Concile 


C.z. 


Ta  reduite  au  fecond  degre  i  pour  etre  un  empechement 
dirimant:  il  a  reduit  au  premier  degre  celui  qui  vient  des 
fiancailles  valides;  empechcment  que  Ton  TippQWc d*honnetere 
publique,  11  a  reftreint  la  parente  fpirituelle  qui  fe  contra£le 
au  Bapteme  ou  cila  contirmation ;  enforte  qu^elle  ne  s'etend 
qu'au  parrain  &  a  la  marraine ,  ou  celui  qui  baptife ,  d'une 
part,  avec  le  baptife,  fon  pere  &  fa  mere,  d'autre  part, 
&  c'eft  pour  cela  qu'il  a  defendu  la  pluraliti  des  parrains 
ou  des  marraines.  Ces reftridions ont ete  n^cefTaires, parce 
que  plufieurs  fe  marioient  par  ignorance  ,  dans  les  cas  de- 
fendus,  &  enfuite  ne  pouvoient  demeurer  enfemble  fans 
peche ,  ni  fe  feparer  fans  fcandale. 
y*M  2.  ^,  I  Les  degres  de  parenti  fc  comptent,  fulvant  la  fupputa- 
tion  Canonique,  de  maniirc  qu'on  ne  met  qu'un  degre 


/Le  neveu  ne  peut  cpoufcr  fa  tante  ou  grand-tantc,  ni  la  niece 
dponf^r  Ibn  oncle  on  fon  grand  oncle. 

g  Ce  qui  comprcnd  les  enfans  des  couQns  ifVus  de  germain.  Au-^ 
dcla  de  ce  dcgre,  le  mariage  eft  Ubre  encre  parens. 

h  Ainfi ,  il  ne  peut  y  avolr  de  mariage  entre  le  beau-pere  &  In  bni» 
labelle-mcre  &ie  gendre,  nientre  lc  beau-frdre&  labelle*raeur,&c. 

2  Ceit-j-dire  jufqu*aux  enfans  du  frere  ou  de  la  fceur  4e  la  per**- 
fonne  avec  la<}ueUc  U  y  a  eu  coujonftvon  illicite% 


AU    DROIT    ECCL^STASTIQUE.       j^j-  _^^^ 
pour  chaque  gencration  en  collaterale  ;  enforte  que  le   PARTiBlt, 
fr^re  &  la  Tocur  lont  au  premier  degre ;  les  enfans  diis  deux   Ckap.  V, 
frCTes aii  fecond  j  leuis  pccits enfins  au  troiricme.  En  degres 
indgaux  ,  on  cn  compie  aiiiani  qu'il  y  en  a ,  emre  le  p!us 
cloigne  Si  la  fouclie  coinmune  :  ainfi  l'oncIe  &  la  niecc  font 
3U  iecond  degr^,  la  6!le  du  coufin  gennain  au  troifi^me. 
Cettc  itianierc  de  compter  les  dcgres  de  parenie  eioit  en     £,■(,  „/f_ 
ufagedLis  le  tcmpsdeS.  Cregoire.  Pour  les  fucceflions  nous  <r>/>'  H.  ^ 
fiiivons  celleduDroitcivil,  quicompteune  fois  autant  de  ^c^'^''t,j' 
degresentrecesmemesperfonncs  A.  fijf^  x«w.  n 

Ceux  cjui  par  ignorance  onc  conrrafti  manage  en  un  !■ 
degre  defendu,  peuveni  obtenir  difpenfe  pour  demeurer 
enfemble ;  mais  avant  le  mariag.'  on  ne  doil  point  accorder 
dedifpenfe,  ourarement,  &  poitrgrande  caufe.  Au  fccond 
degr^,  il  n'y  a  cjue  le  Pape  qui  en  donne,  &  encore  pour 
caufe  publique ,  encrc  les  Princes.  Plufieurs  Eveques  foni 
cnpoflelTion,  les  unsdeleurchef,  lesautrespar  concellion 
du  Pape,  de  difpenfer  au  quatricme  degre,&  meme  au 
troifieme  envers  les  pauvres.  Toutes  ces  difpenfes  doiveot 
eire  gratuitcs ,  fuivant  le  Concile. 

Les  emp6chemens  qui  viennent  dufaitdesparties,  font 
rengagemenc  precedent ,  foit  par  un  autre  mariage ,  foit 
par  un  vccu  folennel  de  continence  ,  ou  Tadult^re  que  les  ,*'',','  '* '* 
parties  ont  commis  enfemble ,  s'iU  y  onc  joint  une  promefle  fuptr.hon.  %. 
des'epoufer  quandilsferoient  libres,  ou  s'ils  oni  enfemblc  d<to^aidaxt 
machine  la  morc  de  la  premi^re  femmc  ou  du  premier  mari. '"  """'' 

Cen'cfl  pasair<;z  qu'il  n'y  aii  pnint  d'empe;hcmcnt,  il 
faut  ipie  les  parties  veuillent  fe  maricr ,  &  le  vcuillcni  li-      c.  diuaat 
brement.  Un  infenfe  nc  pcut  donc  fc  marier.  L'erreur  ou  *<■  it  ffaa» 
la  violence  rendent  donc  le  mariage  nul.  L'erreur  doit  litre  ' 
CR  la  perfonne ,  comme  lorfque  Jacob  prit  Lia  pour  Rachel ;     cap.  4.  ir 

'  toajuf,  fic. 


t  U  ti-y  >  1 

iiicune  (liflJrcn 

i-e  ini 

tfe  le  1 

ilroit  civi 

[  fc  te  .Iroll  cifton 

pour  IJ  m.m. 

;re  Je  on 

i].i<i 

r"lei  d 

iL-grtt 

<■>  ligue  , 

direae.  Dinil-un, 

1'juire   dr 

"■'  ""'PW  " 

de!t.c^  q«  .le  gi- 

ai rttioni.   Ai 

,„fi  le  ,.ei. 

e  U 

leSli 

ruur  >, 

1  premiei 

r  de^ro.  11  n-e.i  cft 

pli  de  meme 

en  cMiti 

^ri!e 

.  Hout 

rr  le  riegr 

r  ,  on  renionte  i  li 

Ibuche  comm 

m,t  ,  Et  r. 

omi.ie 

;  de  de;r. 

ii  ^u-ll  y  1  ,W  per- 

faitnti.  eii  n 

rtrsncham 

nrt 

li   ci-:te  quj  tjl 

t  l»f«HcIi(.A-nri, 

foivant  lc  .Iro 

i[civil,1< 

ifri. 

tiLi, 

.    h-.lT 

lint  ai.  , 

itefiiieme  degrL'  en 

cQ\'.3tirAe  i  1 

II  lici.  iu< 

un:  \e 

1  .Irnli 

ciiion ,  1 

e,Jesre.  fecomp. 

fe.1l  aultl  pjr 

Sii.c.»cio 

ifi  en 

:     CUllj 

litjU, 

,  de  m<iii 

.ere  \at  le  frer*  & 

lalixDine  faimeitt  que  le  deuxiame  dcjtit, 


334  I  TC  S  T  I  T  17  T  I  O  N 

PASTtc  II-   ^"  ^  ^*  condition  de  la  perfoimc,  fi  on  a  pris  im  eTclTrs 

C«AP.  V.   que  Ton  croyoit  iibre  /.  La  violence  doit  erre  telie,  qn^im 

homme  ferme  y  put  ceder ;  &  psr  cene  raifoii^  la  ^emme 

cnlevce  ne  peut  cyoiuer  le  raviffeur. 

Conc.  TrifL      Ceux  qui  {bnt  en  la  puiilunce  d*autrui ,  comme  les  enfsns 

laav.  c.  C^     ic  familie ,  &  les  mineurs ,  ne  doivem  point  fe  marier  fans 

Ord*  BUns,  ^^  confentement  de  ceux  dont  ils  dependent  m,  Oefiprhid- 

40,   iUlun  y  puiement  en  cette  a6bon  £  importante  que  ies  en&ns  doi- 

•^*    M*r.     ^,^j^  ^  fuivant  la  loi  de  Dieu ,  rendre  honneur  a  leun  pa- 

rens»  c'efi  pourquoi  ies  Ordonnances  om  defendn  ces  ma- 

riages ,  fous  peine  aux  Cures  ou  aux  Pretres  d'etre  traites 

comme  fauieurs  du  crime  de  rapt ;  &  aux  enfians  qiu  fe 

0€cL  1659.  fcroient  ainfi  maries ,  de  pouvoir  etrc  deshetites  n.  Dc  pliH, 

on  a  declarcs  incapables  de  toute  fucceHion  les  enfkcs  ii&is  de 

mariages  tenus  fecrets  jufqu^a  la  mon,  ou  nes  de  femmei 

que  les  peres  n'auroiect  epouTees  qu*en  mooraz^ ,  apr^  ks 

avoir  entretenues.    Ces  conjon£i:ions  tiennent  pliK  de  la 

hoQtc  du  concubinage  que  de  la  digniie  du  mariage. 


/  L'erreiir  £iir  les  ^nalites  de  la  naiflsDce  ,  fur  lei  esxplois  ,  lcs 
lumiieurf  &  les  8vaota§es  de  la  fortuoe ,  is'ed  pas  oDe  caufe  pour 
^iifibudre  ie  maiuge.  Ceit  ala  perfocDc  qai  femiirie  a  s^^iili^rer  des 
^alite»  &  £iciiltes  dc  celle  qu^clle  ep:>;:fe. 

m  Les  en^us  majeurs  deviQgt-cioq  acs  peinreoife  mar^r  (knf  at« 
tendre  ficm^me  f^ns  requerir  le  confememect  de  leurs  pere  &  mere. 
Ils  ne  font  meme  p«s  ubl^'H  de  lcui  fdlic  les  treis  K^irniAtions  ref- 
pe&ueufes  ?  fi  ce  n>il  poui  fs  metrre  ^  courert  de  re2i±CTeJ*uan  • 
auijuel  cas  les  filles  igees  de  Tin^t-cinq  aas  pecrent  Liire  ccs  faxc* 
jDDationt  ;  mais  les  gai^ons  ne  peu\>ec:  les  fdre,  qu'iis  n'ai€at  trejire 
juis  accoicplls. 

n  Ojtre  la  declaraiion  de  1C55  ,  chte  p^r  M.  P.eury  *il  &st  roir 
fhr  ceite  matieie  la  declarztion  da  x6  juin  ifSs  •  ^ui  d<}ftnd ,  fo.:r 
des  pe:;-.es  tres-gra^cs,  ai:jE  peres  &  mercs,  tute^rs  &  czriteurs  » 
de  cynftf::ilr  q-tr  irs  ecf^ni  q-*:!*  cnt  cn  lc^r  puir^-nce  ,  fe  a^iitct 
en  pi.y*  ^rrar^er,  fans  perx::i;oa  eipre:!c  <!a  Kci;  &  la  deciaraiica 
di'  6  .-^cj:  16*6,  ccncerni".:  Ic>  fc»rm«jittfs  d  cbfcner  po-r  les  T.a- 
riiEie^  Je*m:nc-:J  unilcs  rcre?,  mercs  &f-:c-rs,  fiif-n:  profei3ioii 
4t  li  rc:;^:cn  j^TL:c..o'.ie  :c:,;:2-.ce  ,  font  abferf  i^j  ro\-aame.  II  fiiit 
xo'.:  i.:7:  Tci.:  t-a  m.is  dc  .\Sar$  165:,  &  -j  dlclsndon  du  i^  jBin 
dc  :j  r-.:~e  a-.nce  ,  q-i  rc^"B-:  devant  qsel  C.:rc  lc  xaariE^e  d:»:t 
*:rc  ij-: ,  S:  de  c-e  le  r-.4n:c:c  lcs  e=fass  ,  mc.xe  lc$  rciives  ma- 
ie--ei  dc  Tinjt-cir.*?  ass  doircat  rc^ucrir  le  ceiJcsicsect  de  lcoi» 


AU    DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.       355 
CHAPITREVI. 

Dts  Soltn.i'iUi  da  Mariage.    Di  fa  Dijfolutlott, 

AFiH  de  s^afTurer  qu'il  a'y  1  point  (l'einp^hement  i 
un  maringe  ,  &.  qu'il  eflcontriiSelibrefi.ent,  &  afin 
que  la  preuve  en  demeurc  condante ,  les  Lois  civiles  &  lei 
Lois  ecclefi^niques  ont  ordonne  plufieuts  formalit^ 

Premieremeni ,  les  panies  etant  convenues  de  fe  marier  , 
&  ayant  rigle  les  conditions  de  leur  traite  o ,  pour  ce  qui 
Kgarde  le  temporel,  doivent  fe  pr^parer  au  mariageparlet 
lianfailles ,  dans  les  diocefes  oii  Tufage  en  efl  etabli :  car  il 
y  en  a  oii  la  ciremonie  dcs  fiangailles  n'e[l  pointpraiiqu^. 
Ceft  une  promefle  de  s^epoufer  quand  l'une  des  parties  le 
defirera ,  qui  fe  fdit  k  rEglife  folennellement  & avec  rermcnt. 
LePafteur,  avantdelarecevoir,  examinelespartiesfurles 
anicles  fuivans.  !i'ils  font  de  fa  paroilTe.  S'ils  n'ont  poim  pro-  Rj>,  f»^. 
Oiis  ou  comra^i  quelqu'autre  mariage.  S'ils  n'ont  poini  fait 
vteu  de continence.  Sils  ne  font point  parens ,  ou s'ils oe 
Javent  point  en  eux  quelque  empechement  I^gitime.  Enfuite 
ildoitlesinftruiredela  nature  duracremenidemariage,  & 
dcs  priparaiions  niceffaires  pour  le  contrafter  faintement.  nff^'1'-^ 
Lctfiatigaillespcuvent^ire  faiteslong-iempsf  avant  lac^  fJt[m*% 


a  Chet  tei  Romjint ,  U  ^loic  d«  reflence  du  mariige  qu'il  y  eilt 
dei  p>dti  douux  i  c'e[oit  mCme  en  pitiie  ce  qui  >lifliiiguuii  l> 
femme  IfgiiiinE,  uxor ,  de  U  cancubine  ,  dont  le  miiagt  ttait 
moini  folennel.  Maii  pacmi  noui,  il  n'ell  painc  de  VtiUint  du  mi- 
riaRe  que  ki  pirciei  f^ilenc  un  contcac  par  f crit  pout  cfKler  leun  inc<!' 
lett.  On  peiii  le  matier  rini  conttit.  En  ce  cai ,  b  loi  y  lupplje ,  Scr^ 
glelei  droiti  refpeairt  del  conioindi  Sc.  leur  foumitliun  -d  li  loi,  fbr- 
inc  un  concrac  ciciie  .qui  tient  lieu  deconlrat  icrit.  Anciennement, 
&  jiirquei  dini  tei  oiiiieme  &  douti^e  Jiec^ei,  lei  iraiiJi  de  mi. 
liagc  Te  fjiroient  i  la  purle  de  reglife ,  &  ne  rubnitoienl  que  dlnt 
la  mf moiie  dei  lemaiui.  Ceft  de-li  que  i'cft  encorc  conrervj  fufiga 
4e  fiire  donner,  par  le  miri,  une  piice  d'iigenii  Ii  femme,en  luf 
difint  qu'il  1a  doue  ilu  doujirc  qui  a  i\i  cuitvenu  «air«  fci  piteDa 
lc  eenx  de  fa  frmme.  HoaUinviiUtri.  Hiaaul 

f  On  obrenre  ordinjiremeni  qu'il  y  (it  un  intcmllc  lu  moini  6t 
vlugt-quitre  heurei  eiitr*  tei  fiinfiillet  tt  le  mariige  ,  pour  liifler 
■UK  pinlei  le  tempt  de  Ii  reHcxion.  Cependinc  on  iccordc  all2ment 
<lei  dirpenfei  poui  fiiiicer  b  mirier  lout  de  fuite ,  lDcfqu'il  a'j  a  ii>> 
cunc  fufpicioa  di  pricipicauen,  a\  d'«inpCch«mcai ,  ou  luue  lacoo. 
W<ni«i)b 


•«  .  -    r  V  r  I  o  N 

,    ,   ;;     ■,:  iie  ivjrrc  :'  i::e  d;  piiberte  :  i( 
.  .  ..    ......;.;o:>  M  1 '«.ifjnce  ,  &  eneiatde 

,  ,-  iii..,i  ii..,-r-.  h^inI,*.  Er,  vertudesfian^aii- 
.    -■    -.1  -.t:  iCiLrtfO.proq-.ies.lcspartiespcu- 

.  i!ii  :v;  jiiite  J":  ^Uftf ;  &  cellequi  refufe 

.  ,;c  ■-  ,.'(:u[ jjjnU  t".;uic,  eft  condamneei 
....;'aii.  Oc  lii  Jiii;e  cEglife  eft  compeient  eti 

•^■.n*  lijns  les  tiioc^res  oii  on  ne  pratique 
:...,;  u.:!i  lijntfjilles.  O.i  fe  pourvoit  etiruite 
..:i.;uc  pour  ics  cloimnaeies  &  intcreis  r.  Les 
...1 .»;»  iij;'.;;jiiIos/',  font :  le  cqnfeniement 
.  ■.!!.  i.ciiJ.'iix  adsipoiscontrafieniariageavec 
.;..;:  ^  s'ii  cit  ciiire  en  reIi;^on  ;  s'il  ell  atieim 

;t.uidbie  ou  coiitj>reuio ;  fi  la  tiancees'eft 
.  I  juire  kli;i)iiis  lt:t  tian^ai!!i;s. 
:c.: ark,- coioiiri;  pubiiquciiiei;!,  &pourcel3 
.oi:(ic<ju;ii.'s:  losExinsoua.inonces,  la  pre- 
i.ui«:r>i.-Mteinoins.Lcs3nnonae$,ancienne- 
.  ^.1  rr jnce ,  ont  ete  depuis ordoniiees  par  le 
^.1 ,  .;ui  vi:i:t  i;uo  lc&  Pretres  (lenoncent  les 
u.'.tit:iit  iijni>i't^ii!e,avani  ({u'ils  foicnt  c£- 
,:  un  ;cnne  r:iii'onnable,  pour  propofer  Iss 

-^  i\i.c  tc  CpiKiii:  ('.c  Trciite  a  d^termin^ 
.Mr>.M[,enk.vuoiv;anitroisprocbmations,  4 
«.iniii  il'j  lii::y.yi.!ij  ou  di  Fijte,  au  prone 

.  ■;;.■.  -j:;  !.i;\;r,-i::,' Jcdiai.iiiiedespartics. 
.  u.;.:  qucKjac  o -jioiitlo.i  iVi\  o!e ,  malicieu- 


!>  k  yi%e  ie  rept  aiH. 
ut:j)!i!,  pEiit  iloimer  tieil  i  dcl 

Jci  ):3:tiiii  i  IjqucUe  on  rt(a(e 
(ieit  ii;i  Joiii.-ni°,e  tit\.  Miiiilcl 

'.'jiTiU'!  piurneilvt  de  iniiri:iB«, 
ii:iit',>jt  ^'trcprireT  kitiigatai, 
lib:«t ,  fi  ^uc  ci:  feroit  tjrccr 
iitic  1*011  ^ii.  Lei  clibliiremem 
.<■<.  fjit»  ie  neiiici  ne  doiveiiE 

;j,V^;lci,  Ui'ini,ne,  teglej, 
;tt ,  quc  pour  lei  proDiellct  dc 


AU   DROIT    ECCLfiSlASTIQtTE.       317  

Ee,  l'Evequepeuidirpenrer<lequelques-un«)decetprocla-   Partii  ll. 
mations,  principalement  entre  oiajeurs.  Chap.  VI. 

Le  mariage  doit  etre  ceiebre  en  pr^fence  du  Curi  de  l'ii-   c.  Tr.  ibuit 
ne  u  des  parties ,  ou  d'un  Pretre  cominii  de  (a  part ,  ou  de  la  Oi-d.  maii% 
part  dc  rEveqiie ;  &  en  prefence  de  trois  a:  ou  de  qua*re  "'^ 
tiinioins.  La  prefencc  du  Curi  &<lest6moins  e(l  n^eflaire, 
fouf  peine  de  nullite  :  car  tes  mariage*  clandellint  y,  apris 
avoir  iie  fouveni  dcfcndus  ,    oni  iti  enfin  declares  nuls. 
S'ils  eioieni  valabtes,  comme  la  preuve  d^pendroit  de  ta 
bonnc  foi  des  parties ,  tt  feroit  facile  i  Tune  ou  i  touies 
<leus ,  de  contrafter  un  autre  mariage ,  qui  feroit  un  adul- 
tire  perpetuel. 

Les  eflets  du  mariage  font ,  premiirement,  la  puiflance  t.  Ctr.  <n  ti 
que  les  maries  acquicrcni  fur  le  corps  Tun  de  raiitre ,  &  qui  4* 
leur  donne  droii  de  fe  pourfuivre  en  jullice ;  le  mari  par  la 
demande  en  adhefton ,  c^eft-idire  afin  quefafemmehabire 
avec  Jui ,  la  femme ,  afin  qu'i!  la  traiie  maritalement.  En 
France,  fi  ces  adions  font  porties  au  for  cotitenrieuT ,  c'eft 
devani  le  Juge  feculier  ;  on  ne  permet  a  TEgUfc  d'en  con- 
fioitre  qu'au  for  pinitentiel.  Un  lutrc  efiet  du  mariage  eft 
retat  des  enfans ,  qui  etani  legjitimes,  font  capables  de» 
Ordres ,  des  benefices ,  &  des  di^niics  eccternlliques ,  outrc 
les  effets  civils ,  dont  il  n'eft  point  ici  qutllion. 


D  II  n'cft  pai  niceHvre  en  elTist  que  lei  deiix  Curti  llTilent  i  U 
celJbrition ;  mait  ii  fiut  que  coui  iltnH  y  •^oncouien: ,  roi  eii  cilf^ 
lirint  1«  RiilrUee,roii  en  daunjniun  confent-^mEnt  i  li  ce^jbration, 
f»i»int  un  avertiliemeiit  ijui  fjt  duiini  nu  J;irre;u  pit  ,\1.  iepiemieC 
prfriJent  P.->riJil,  «pr^!  un  iri*t  Ju  ii  FtvrLer  ns'.L'a(igei 
l>ariieniue  le  miriige  e:t  cf  l'.'hr?  par  le  Cu'c  Je  I3  (ille  ,  c'e.l-1. 
diii  le  Curi  de  Ii  piirallf;  od  elle  ilemeiire  Ue  fihi ,  depuii  lit  oiais 
on  un  in.  Une  ieune  fllle  luieft  penrioiniirr  .hnt  t::i  cn'jvc:it,  n^j 
aci]uiert  paini  de  domicilc ;  elle  iHit  iire  miiii^o  lur  \i  piroirte  de 
fei  pcre  !t  mi'e;  mjii  u-i<  fiUe  oh  veuve  tii  j  iiipirtcncnt  dinl 
iincaivcnt ,  icqiiieitun  doinicile  ^»1  li  piioille  iint  liquelle  eft  fitai 

X  Vidit  <lii  moii  de  Miri  1677  ,  Veut  qu'il  j  aii  qjaire  t^noint 
dignei  <le  foi,  domicilift ,  U  qul  fichent  Cgner  ieiiri  nomi,  i'il  t'en 
peiiliircmeiit  trnuver  lutant  danile  lieuoil  l'oii  celjbrera  lemiriis*. 

y  Lei  mjiiageiclindeninifontceux  quifefunt  horila|irjfencadii 
propre  Curj  ,  ou  rini  publicilion  de  biini  nu  fani  difienfe. 

Lei  mariagei  cjchis fii<it ceu-i  qii  ct*nt  ccntrid^i  ivec  ;outei lct 
Ivir.-nilitji  prefcritei,  fom  enfuiie  lemii  f«<-eti.  Lj  detlirltion  da 
lA  Novcmhre  -6^)  art.  V,  decliire  tei  enfiiii  <]ii  naiimiit  ilei  mi- 
liiltiiqie  lei  partici  licTiJront  ci.;h;i  peiidint  leur  vlc  ,  inMplblCi 
^Wwt»fiicecflton,  «ii<i  bita  qu*  l«ur  pqfteriti, 

r««  //.  Y 


t  cT  i^.is ,  .  jr  =  B 


:   c  r  )«>  >c  •   .    .   ■  -.   :  ,-i-i;M  a  I L  '■  "* 


■....-  ;..Tg.  „1      11.1  .*■;«,  M,r:;srz3- 


f-  .  •»  1--/.  .-     . ,- p«  ..*■.■ 

f.,..„rgr  j.„„  i.v...n„ 

.  '■  .fl  ..ft  ■,.'»1  '(ii'  fchif  fsar^mtnr 


AU    DROIT   ECCtfiSIASTIQUE.      '4;9  , 

iUre  une  rairon  pour  dfaoumer  du  inariage,  on  impofer  PAXTitlL 
pinitence  i  ceoi quiront contradfe*,  nuis  11  ne  fuffit pas  pour  du».  TL 
rannuller  quand  il  eft  contrad^. 

La  f^araiion  de  ceux  qui  font  vintablement  mari^s  fe 
fait ,  ou  par  un  conrentement  reciproqiie  d ,  coinme  par  le 
vceu  de  coniinence ,  ou  par  autoriii  du  Juge.  Le  voea  doit    ^  ^  .  ^^ 
itre  rolcntwl ,  enforte  que  Tun  &  fautre  enirent  dani  des  (onvd/conj. 
monaA^es ,  ou  que  le  mati  reqotve  les  Odrcs  facr^.  Que  Caf.  >.  tod^ 
filentariagen^eftpasencoreconfomnii,  rundesdeut  peut 
etitrer  en  religion  malgri  Tauire,  qui  demeure  libre  de  coa- 
trafier  un  auire  mariag« ;  en  quoi  I'entr6e  en  religion  a  plui 
de force, que  ta  promoiion  aux  Ordresfacr^ ,  qui  ne  rompt 
pai  )e  mariage ,  merae  noit  confomnri.  La  fiparaiion  for< 
cie  doit  ^re  prononcee  par  le  Juge ,  dans  te  cas  d'aduhire 
narqtii  par  b  Loi  de  Dieu  :  fi  fun  des  deuz  tombe  dans     luitk.  n 
rh^rifie ,  ou  renonce  en  quelque  autre  inaniire  i  la  prtf- 1>-  kis.  9.  t, 
feflion  du  Chriftianifnw  :  fi  l'un  de»  deux  rombe  dans  nhlit '"  * 
une  maladie  coniagieufe  r  :  fr  ie  marl  ufe  de  f^vices  i)oitf> 
bles ,  &  traite  fa  femme  cruellemeni :  en  im  mot ,  t'i[5  ne 
peuvenr  habiter  enfemble  ftns  le  p^it  de  la  vie ,  od  da  falut. 
£n  France ,  Ic  Juge  f^culicr  connoli  de  la  deraande  en  fepa- 
ration ,  foit  pour  adult^re  pourfuivi  criminelleinent ,  foit 
pour  f&vices  notables ,  foit  pour  matadie  contagKufe.  La     g       ^ 
femme  qui  fe  plaint  doit  ^tre  mife  en  fi^ellre  ,  pendanr  ironfmifft  f. 
la  comeihtion,  chez  fes  parens,  dans  un  Monaft^re,  ou  '■''j"J"^** 
en  quelqu'autre  lieu  filr  &  honnete.  En  lous  ces  cas,  IffMiuu,"'' 
mmi$  peuvent  ^tre  fiparts  d'faabitition ,  mais  noD  pas  Ct 


d  L'arricliij  dcrirrCtdci^glenicht  dn  loluin  ifilti^reiidupoaTU 
pr^ndial  d'Ansoul^rne ,  aiKarilc  lc  Lieutcnint-gjncrali  recevoirlet 
Mpariiiani  volonnirci ;  miiiceii  ne  doll  ■'enteiidrc  que  de  cellet  qu'il 
jriuroit  lieii  d^ordonncr,  U.  luKqiMllei  le  mtri  >  confenEi  pour  ^vitcc 
de  plui  iinplei  conteltitioni ;  cir  inEreinenl  lei  npintioni  *oloa- 
tiliei  foiii  conire  lci  bonnei  mirati ,  Si  ne  doircnt  poini  «tre  aii. 
torire»  :  U.  tet  conjointi,  on  l'un  d'euK,  font  loujoun  rctni  i  ri* 
«limer  contie  de  leli  10(1 ,  lorr<;u'll  n'7  ipiicii  de  caure  Ijgitiniei 
11  fiiutqu'il  y  ait  dei  fevicei  tt  miuvail  triilcaient  de  li  pirt  da 
iniri  ,  pour  ffpirer  U  femme  j  b  camme  c'elt  pour  clle  qui  la  fii* 
parition  ed  or.lonnfc  ,  elle  peu(  cn  tout  tempi  denindei  i  teve* 

(  Anciennement ,  la  I^re  jioit  iine  canfc  de  ffpirition  d  th«n, 
On  en  ule  de  mCme  aujaurd^hui  ponr  ccux  qui  foni  aiteinti  de  tctt* 
milldic  honteure,  <]ui  el)  1e  fiutl  oidinaiie  de  ia  dtbaucbe.  Vtjtt 
Ucli.  /vrfrit jr (xir.  d*  tonjug.  Ufnf, 


ar  !«•       -    »vi.tt,».'  c".;.*    nftrti».  j:   ■;»->■.     iLr-cr    ccr;    Tr 

4  .  m'        Lr*   '\i  ^  .1..'*  ...  ....*■•  b-  Lto»*-  w.a>        K  ..^M 

^i^^jf  <  ■  i.  •  :'r.^".»-.jc   •     fL;!rrr.'r::  .    :  *  ..  LU'—".:-  7rt:rrr«- 


'  r    .  • . 


'  <.•'.•  '.  ....   .mi-^  •   ■  .         .         .       .  k-  •..._.  .m.  _.  -.       .f^* 

w 

M  "....■  ■  _.  ^  .  •  ■   ..•■■!.  ■■       ^^   .. 

^^••l         «  ../.  .  '-        ^  ...  ......  .        .         .*■.  t       ...  ^_  .^. .  — 

.-  ■- 1     ,-'•■•.     •  ■■:  '                -♦        -•      "  ■"■  — 

•    .|....    .  .       r      «1  ..'■       .    ,  .   ...-r   .-    ••..•':..  r-  .  .;,■       ..*r     ...*.   z.:r 

O   •     ..I  ..;.;.'              .•:...••■            .i'    i-.:  ..:'..•'.  wr:r.i':'.l    .... 'i    '  .-:    •:! 

I..  .,;         ..  ,     i.'.'      t.         »■       ::..-^*      .     '•..•  -: ' .  iJ      ii'l      C.j:.       l'! 

.     .         .     .    I-..  ...    ,.   ..•    •..'.•.  •    .■•   '•.    ■    ♦■..    »■•  L :    L.'*:--.ir:-.  -t 

»•  r.  .y'"  ■«.  •^■Ib«  ••■■  ^  —  « •  ^^         ■ 

•        .  •  .■"••■■.• 


. ':■      :i.»:i-  t  .*v     z  i  :c 


—  .  ■  ..... 

....    ,    I   •,■..    •'.    ...    ■"••••    . 

4  ,  ..;    '. .   •      .  .'.•    ■  ..  ■      4...       ••      )i         '. '• 

y »■  ■, ,;    --. .-  .■«-.,■       .  :' »  t  «••:!••  :-'»■:!•■  i*i -.fn  ;     ..HTii  !•::;:; 

\  »...■  ..     -.v-  ♦•-:.•      * '■    '.••-V..I    iii-..^.'      ".■.  '  ■-*  r-i:    i  :-.:   'J.c.  ".'V..'  ii 

•  ,     ..,    .1   j  .■•'.«•  .      .■..-•■..••    ;.'      •;;-."   i     i    •.».•;■•••  :.t  .  t-:- 

Cj  - 1     V  •  •  k     ^'      •  ^.       '^..    .     ..     ■.*'>•.      ■»     '.■■.*•■*       "i  **••:?.£.       ^   < 

4  j  ..#.  ./rf  ..'•-•..■.'.»  -     .   *  ■     >••*.»•■>•     ••-.".;     :    •-■   : 

-  ;.  y  •  .i4.^.^--.  ;  :.».•♦;  '  ■  •  .  .  *.  •.  .  :  '.".  "s  ::*Tr::i* 
<  .  . »  ^  «  .  f .  .7  •  '.-  .*«.-...■:  .  ■?>•.•;.;  j  t  -  i » •.  '  ;  . .  r  s. 
/W  i  .  ■  ■»  •  >  .«  '.'.  ■  ■  •  ,.  •  .  "  .  '■  ■  •  ■  ■  <  •  :  •  ■r. .  ■ .  .•'T.  ,;■.:.. .  .  -.  z  -  s 
4'»  './,.  1.:%  \j*  •«•.'•.  7'  I  ••:•....,:.•:  ^^  ".  '.  4'.,.'.-rt  5  .  ^  *  -ti 
ftr.f'*.  : '•'(i  ■:  .  . '•  V.4  lif  ;  '/•;.•>:',•.:.....:::..:-:  :i  -:--« 
f.f .  '.  •  • .  r/  ■....«  .  •■.  .••■'.  ^:  ^*  :.■•  •  f'..»:  ■:)i  •.••tti  \  ^i.  ••-.=  _s 
t,.».'./.:^'  I  »p  fff  /»*//•/ «jrw  ,  14, ',••!•*,'?.  ^  V  ";p'  jy.T.^-;  :.  •l^^-if. 
tf^/M"t—f    fiftit*  tnp    t'afittnlitm,    'A,  fg  €*  tchtirt   14.  lili  .it:'^/,  ^mi 

/»  !**(  •i|  1n   li4- J4f4lUfii  Ju  y  Avr4  IJ§0  9  lc>  Cb/L-i   fbCt   obI:« 


AU   DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.       341 


liyre  baptiiUire,  oii  ils  icrivenr  de  finte  les  bapteraes  ,  a  p^RTm  ii!" 
merure  qu'ils  les  fom.  Ils  doivcnt  y  exprimer  le  jour  de  la  cha? .  VI. 
naiflance,  lesnom^  de  renfint,  du  pire  &  delamere,  du  ^-Ord.ifio. 
parrain  &  delamarraine,  &  dc  deux  t^moins;  ilsdoivent  ^^'r;J'^  j^ 
aulTi  tenir  reg'ftre  des  mari;.f  ;s ,  &  y  eiprimer  !e  nom  dcs  iSi. 
pariies  &  des  qustre  i^moins  :  &  il  efl  defendu  a  lous  Juges 
de  recevoir  autres  preuves  des  promelTes  de  marij^e,  (]ue 
par  ^crit.  LesCuresdoiventenregillrerdemeine,les  mor-   p^j^  ^g  „ 
luairesou  f>-pu1iures ,  &  le  jour  de  lamort  ydoit  eireez-  an.t&rm, 
pTune.  Cet  regiHres  etant  tenus  fuivani  la  formc  prefcrit^ 
par  les  Ordonnances ,  les  estraits  qui  en  font  lir^  foiu  foi 
cn  iuflice ,  en  toutes  fones  de  tribunaux  i. 

Sur  tous  tes  facreniens  en  g^niral ,  il  fayt  obferver ,  que 
leur  validiie  ne  d^pend  poini  de  la  foi  &  de  la  vemi  des  q^  ttnfter, 
MiniHres ;  (iuoiqu'il  foit  loujour*  plus  convenablc ,  qulb  difi,  4. 1. 1%. 
■  foient  dignes  de  leur  miniflire.  Mais  lc  Miniftre  doii  avoir  *\.*'  ^" 
inteniion  de  confiirer  le  facremcnt ,  c'eHiA\n  de  ^re  '(«H^Truf. 
ftrieufemeni,  dumoinsireit^rieur,  lesaCHonsquerufjge/(jr.  j.  nu. 
de  TEglife a  ^ablies  pourcetiefia,carIesbommei  nepeu-  "*  **■ 
vent  connoitre  Tintirieur. 

En  adminiHrant  )es  facremens,  on doit  en mSme  teaips,   C»iu.  Trid, 
autani  ({u^il  fe  peut ,  indruire  lepeuplecnlangue  vulgaire,'^  '**  ^*'' 
de  la  naiure  du  facrement ,  &  en  expliquer  les  ceremonies: 
car  ces  inflrufiions  itint  jointes  it  raClion  memc  ,  ont  plui 
d'eflei ,  pour  exciter  le  refpefl  &  la  devoiion.  Crlui  qui  Ra|.  rimal, 
adminiftre  un  facrement ,  doit  etre  aHifti  au  moins  i'm 
clerc  k ,  qui  repond  aux  prieres,  &  lui  aide  aux  c^rimonies; 
au  dCfjut  dc  clercs  ,  on  fe  fert  de  laiques  /,  comme  font 
lcs  Maitres  d'ecoIe  dans  les  villages. 


$h  ie  f^ire  ligner  l«i  partio  E(  tjmoini  fur  un  double  regiftra. 
dei  baptimti,  mariaget  ,  Kpulturei ,  vetiiret,  noriciiit  tt  pro. 
feffiani  :  run  dei  deu!!  reftiltrei  doit  (ireenpapieriimbre,  raotr* 
fur  papier  commuo.  Vn  de  cei  lienx  itgiiliet  doii  tire  ippoiij  «■ 
%reke  ilu  biilliige,  on  lulre  Gf|c  relloitillint  nuement  >ux  couri, 
<t  qui  I  \»  coniioillknce  dci  c»  royaux ,  lix  («mainci  lu  plui  taid 
tpr^i  1    lin  de  chaque  innie. 

i  11  fiut  voii  furcette  maiiJra  la  Didaralian  du9  Aviil  iT)fi. 

t  I.c  Pitire  qul  adminifb*  la  facremenl  de  pjnitenct  n'i  befotn 
d^tire  affilli  de  perfanne. 

I  Tout  Uiquei  peuvenc  aider  lu  fervice  divln ,  pnrtpr  i'iube  ,  t« 
liirplij  St  la  chape,  mCmc  £iire  lei  fouftioni  de  ^oui-diicre. 


yiij 


jy^  1  K  -S  T  1  T  T  T  n  D  K 


C  K  z.  i-  J  •]   1.  i       \  :  I. 


L 


jiMi^  iCi  ii^^iijt .  Siuti  laikiabaaK:  aBiin;islis&.  ouidieiiaDOii 
fk^ttf^  lii>  54&f»0^:  pCMtr  lcstfixtfit  fis:  k.  TSujKfTnv:    ar  00«- 
^-  <   ^   '  i|aof:jpt#ifiei#rie:«PHwiKiJDL,tf;un3:;iiaTiaceae£M 

^f^*'-  /"^     dnQivs:.  Or  k  vot:  ik»  k  qtsin«i»e;:  f  icecie  .  «c  laSutt 

^i    ^    t^;.  ii^iatuM^  i^d^fiifrr «T  if;u{»iifiux  i»£un&fl)yibrK.2' 

^c.  W.  44|r.  ^i^,  oeictiui.  ut;  {^«^«irifrer  ii;  i(k&:  fH^  fk  sspiuer^  ^am^ 
£.  l'4ii4,Mi'  <Mr<itOkf«s>  |»^tri.Uiit^  .  iiins  pfinntfiiDC  fii:  ri:.v«n|is. 
^  ^  ^Vi'  f  in«r a^kt  uo^  nw ^  cU  £«:litt: .  dl  c jni^icrtfr  itc  b«iuf'  ii' 
j^.^f .  '^'  MiUtii:  ^ups^irwK  a  f)  «iutr»  uSap» .  u  isac  uat  cank  IIl 
i.  JI4  4Ui'  i «(Utvf  ii):  fk  !'JLv^ut.  L»  ttuttt:»  ifnit.,  i&  nsad&s/:  cmi- 
^^:^  #*;«i$;lUfi-^^<s6fKm»«UtfflK9KfsmvBni2iaaD-9ii.teBisnu- 
0f-^T^     HKi^  i^  iditaaMrf»  jBtm^iiii»^  ^u uik  Ef^  jk  ]uifit  jb 


^i.»  «liM;  «.^au.  •.  liirt  qur  i^iK>K  uc  iicL  s:fifiiii£ni  ii  2%»  &.  ""^»*»^ 
4.  ^#«£  ^y^  ^ .  Aflttiix^^p  f«vuijf  Jc  ous  Dt  TosEc  xt  Sausz  fefriirr 

/f  <^\'ji  <.ilct>.'JUfkc  €'«c«tf  cifS|p«odM?  pM  «fi(c.fipc  aifKV  Iwa  ctWit  ; 
^f  vv.  '.'v.rvc  ^ui  ^.  i&af4^^'.«.  f  »t:t|ue  ii«  WLxc  -  v&ir  ^fxirlrurfax 
|r  'vJ.cf  ♦^**  ^i*4P*  c«>    «i.::^M»f  y»rui  ;-Jj(p:«  ,  cMtrtc  i  £:  itri  ja 

|c.f«.-4t<,  t^  |s«f(ev.{  »•   ivsdbrn^flurac  4jc    IV  toScy   At    ^ 

^  <><»  tK^f.KJt*ftf.  4  Kukyfkt,  c.c/Vvtrcf  cfc^iety  dc  ■'«roir  pzs 

W  v<  r^.4:  ^tkUK  U^*«JM«cst;  ^«infi  ^»01  Ulice  ,  il  a^r^ 

|l*f.l  «'«  «M  i#n  |^rit<ai  a'^'/ic  paf  cclai  4<  rilicciibicc  Jc*  chr^tietis. 

e  i-.Mt  ««uth  ^iftMtth  m  (imt  9utx€  cboic  «|U*unc  picrre  csoi»- 
$Um  ,  <u««i  Ui-««1U  il  y  c  i|ii#^ti«t  r«li4|uc»  :  il  y  avoic  cie  ccs  au^eU 
|K/fUifU  4«i  u  X  IU^t«  i  ii«  lcmtspp«Uf  aifi#(i  aiairairu. 

/OuiwiiUU  4iri4lciiM. 


-e*sa5-  .  ,._. 


AU  DROIT   ECCLtSIASTIQUE.       544 

tOfltenir ;  &  fi  le  chemin  pour  y  aller  eft  crop  long  ou  trop   p^j^T,,  n^ 

difficile.  L^^tablifleaienc  d*u:i  Monaftcre ,  oud*une  nouvdle  cmap.  VIL 

Communauri ,  eft  encore  une  caufe  l^gitime.  On  peut  m^- 

pie  fonder  une  Eglife  par  devotion ,  pour  accomplir  un  v(su, 

ou  garder  qutflque  reliqiie  infigne.   On  voit,  d^  le$  pre*    jjjm  gf^fgr 

miers  temps  •  grand  nombre  d^Eglifes  ou  de  titres  ^  Romc ,  /iv.   xsxvt, 

&  dans  \e$  lutres  grandes  villes ,  quoique  Taifremblt^e  des  "•  i^* 

fidelles  ne  fe  Rt  qu'en  uq  lieu,  tantdt  en  une  Egtife,  tantot  ep 

Tautre.  Par  les  raifons  contraires,  on  peut  fupprimer  les   Conc.  TriiL 

Eglifes  devenues  inutiles  ,  &  les  reunir  a  d*autresf.  Avaot  AiT  >&•  rr/I 

de  pcrmettre  laconflrudion  d'unc  itglife,  il  fautqueTEv^-  ^'c.N§mo  o.* 

que  voie  de  bons  contrats,  ou  d*autres  titres,  par  lefquels  tu' €»»f€cr^ 

ii  paroifle  que  TEglife  eft  fufifamment  dotte«  c*efl-a-dire  ^f/>*u 

pourvue  d*un  revenu  aflur^ ,  pour  Tentretien  de  la  fabrique, 

ou  des  bkimens ,  pour  le  luroioaire »  les  oroemeos ,  &  ta 

fubfiftance  des  Clercs ,  afin  que  le  fervice  s*y  faSe  avec  toute 

la  bienfeance  convenable.  Si  quelqu*un  pr^eod  que  la  nou- 

velle  fondation  lui  fiifle  prejudice,  foo  oppoficioo  doic  toe 

ref  ue  ii  jugee. 

Le  pian  de  l*£glife  itant  traci ,  TEv^e  fait  plaoter  uoe   Pcnt.  njml 

croiv  au  lieu  ou  doit  itre  Tautel ;  puis  il  b^t  h  preaa&re  ^.  ^'T^ 

pierre  ii  les  fondegnens ,  avec  des  pri^res  qui  foat  meotion 

de  Jefus-Chrift ,  la  pierre  angulaire  ,  &  det  myft^resiigni- 

&is  par  cette  conflrudion  matertelle.  L*Eg!ife  doit  etre  d.  C.  Kcm^ 

tournie  de  forte  que  le  Pretre  itaat  i  rautel»  regarde  1*0-  9  «^^  «»<>A 

rient  u.  Elle  doit  ^tre  fipar^e  de  tout  autre  b^timent ,  afin    ^    '* 

que  Ton  puifle  commodiment  en  iaire  le  tour.  Autrefols  les 

Eglifes  devoient  avoir  i  Tentr^e  un  porche  ,  c*efl-adire 

une  efp^e  de  veftibule»  ou  de  Ueu  couvert  x,  foutenu  de 

colonnes ,  &  au-devant  une  cour  ou  autre  place  convenable. 

Apris  que  le  bitiment  eft  achevi,  TEvique  doit  atu  plutdt      Pontifc; 

fart.  z. 

t  Ces  ruppreilioni  &  «niont  d*igli(e  ,  ne  peinrenc  Itre  Aicas  f^go. 
li^rement  fins  l*iaCoriC^  de  rEf^ue  ou  f^ns  crlle  du  Pjpe ,  i'il 
t^agit  d'unif  plufieurt  archevAch^s  o«  Mchii.  K<tyer  ce  qui  iera  dit 
ci^pr^s  d«s  unions ,  Ma/'.  XX IX. 

V  Cela  n*e(l  cependant  pas  touioun  6kC9Tyi  exaderaent,  qnand  le 
cerrein  flc  U  difpofition  dct  Ueux  ne  le  permetient  pai ;  il  y  a  plu* 
fieurs  ^Ufes  auciennes  H  Biodeines ,  m6me  a  Pjris ,  qui  (biit  difpo- 
f(ies  aucrement»  cncr'iucret  ri^Lifede  S.  Koch. 

X  Comme  on  en  voic  encore  j  S.  Vidor ,  i  Tabbaye  de  S»Oennaia« 
dct.Pr6»  i  S.  Gfrmaift*rAMicxroii,iS.^alpic<;.  ^ 

Y  lij  "^ 


:  r-  :  T  -.  T  T"  T  :  C  7- 


1..-.'    « 


1     c:.  :.»  '•:  ;■..  cifj;-.  .-.         'y.  .  «?■  ;.  iiius  UitrnrrjliJ  tL  ::i  rx' 
Aii{i*;ti'.  i.r  l-.urv    ■•.  ■  kfcJT.-.r»»»'*' t:..wit:iidilinut.'     i   D:iro::  DS' 


i:>  i'i^.!,.-.i-.   -        .■^'.  i.t  .     mr.aiia'!  .  ci      ?:trcv:  lwt^'- 
,f  .  «i:- *•-.  .•.-.'.■.-:•  •  .^iiiL-.  1:'  i"   uai'-  iin-.' r.s;:ii-.-  avai::  c:  sh*. 
■  •  lif  :■'.    .V.        ii:i;«'   c:    l.!*  ck   !is:wcnii: 

v*    ..  ;    «LiJi.i-.  .  u  ;is..i..aLr  pt-  -t  '■runv  tvW*  le^  viiiite^ 

u  i:      jj*.       «.•■.    i*r;ijT!:     ^*.  Tna:::      !'rv-jou:   rori-::Ti   i: 

i«... ■••..!.    •_i:i«.       Tir'    ;»iUji'-*Lir.    i»::.ni:::.j:u>n-    t    T}:uii£ur- 

••.  •.  »  r  .  -.1  ...  it::v't-  .  r:;':.rrr-  rrcrrcs  ^-  our-inf:  .:  :  ciii* 
.  -.  .-,•  .■i;;i-.  :.  r :.!.•:::  i"  ::.-  .:■-••  miiraiiic' piLiii-Jin*.^  or.- ■ 
tu'i'  ».  »r.  «'.  iii:r  wl"r;jv.  l  i:.^':.»ivrz  !  auit.  Dli  d"  URl 
liit'..  ki.  iiL-f'.  !i.»u*  iiic;.»vi*f  .  rn?rrmv  yf- rcifciii' .enn:. . 
.'  ;..■..•••.  ..  ♦*i:';i.  1.»  L'f:.r-.»:k.':  r:' !:«:r::ii;'K!.  r>cnuaTi'  mr: 
>■»»•:  k-  1.  sjirTVv':'-- c:  t"  rsS!.'U»  iric"-.  ri.rj*  r.."^  Su  :■  ran: 
o"  .   •  ^'j  .  ■ui.*:i;»r'  iii.  pf.':* r- Li- rf-yec:  i^.i."  i-j- iiua:.  mi 

„•     •...   •-.:■.   •.•.'••■" •7i»f**.:-w"    :•■.      1,L  .!t      Tac"  mji 

•••  ■:»■-»•§-*•■■  .■•■  -•■■  "^.^:     r    »■    -    f*'-  ••' .^*^«:tr"^    Tii"       AMv^i^-- ■■%». 

»  c -■:».  '....•.- ;•!.'_.  .•:  .::.*• -.:,:.■.':.  :k  ;«:: :  .  *.»;.  riH"  ciiKioit. 
/i:':'.':v  ■.  .••m::.-.  .••.  t  -.  ;.•«'  z"!*.  rtffcu»::^  lii»;  tvc!"  unt  Tsai.- 
v^.i-.  ■.•-:»r-.':- w*:  -•"  ^  f "'■i»  ."•.  »t»r.r-'»t  .  ;.  ?Tsir:^:  roT— 
K-.-.v'  •:       f..      I-,  ii      '--   '  r   ^   li  imi::"^     ^  .**=  r-r^re- 


-    -         ...  ..':•.:•.■';■.  :»•     -'._.r    rr^t 

...-■•        -.:    .  .i!        •«i*^    ."■    '•■•'-.  .'  ■■-    ••'    :•.'!:    .»:   ::-.'   '-Jt:   "rrT"::i':i     ; 

.         :      ■  «•<■!'. 1-  m  |.  J".      '.      p..!:  ■-'■•.:'.;        i''        ^        »'ai~.mmm^—»l".  Z     m...'       ^ 

— 

.1  1.  -I,.  ...... 

....  -..,...1-.  .1  'i-..'Jf         .r  «.  ..  .......         ...  —  ^..JC 

.       .■     ■■    :    .!-■'.    ■-•I      ..:        .■.':'.rrr    r"::  ■;    :•. ,;:.■;    ^•.■..,i-...i..V. T.r:   "..   t:~S 

' 

.     .    •:..  .     .'  li     .■<•'.:  i.j'.*.       :■'    -n  t:»-    '  .•:  J^Tii  !r    '-.u  ~-  jr- 

i.       ...  '.1.  I'  .»-.    ..     .  .    r..»:    ■  .*•;  .-,»:  c;!      !    ;■*  »,  :r   l^-r:.     i    ■ "Z^ 

I.      ■      I  ■.    .'  .    .»•■-./.  ■-.      :  .ir   •;■•  -u'fi    .    ■^.'.■.TiJ.;.i|-r    •!:  'i-.--" 

.      .'<      ..      .     '  .                 .    •.  .     .r;           .j*.-;;i      N».l         .'•»:•-      '  ..r:.  "5       .*  .  ir    *1S 

*i  ..  .  •n.t  .     ...  ;ir  ■          .'.k.l      •;)      ns      fcd     •Kl    ■M'..,:!i:rr':':-     •;     ■?  r^T'     5_     .t 

.■.    '     .!•     ■      *•-..<•  '1.*.       r     r."        •  .|     :;ji       M.ur     »:•     :'4:.|.:*.  .,«.  ■.  ■;:^..  !:•.       i4 

».  1..     .'■••r.iii-^  ».     i'.«fi,:  •     yiirii^r-i  ■  •*    »;-'*^»    '  it.*.,^*';     :•!    :     ll^-^^T.     ; 

.■.-ili    .i.i..^!.    (..i   .■•.     »',i.-  .      ,1  ii»  .**.i,*>  •.«r    «(:    ?     \j*-\\\* 

<*     •••   .*••»  .»   ..•'«>4*f«iit.  '|ui.i'|««i.  .i.*riiibjc. 


AU  DROIT    ECCtftSIASTIQUE.       34?    __^ 

&  obtenir  la  T^miflion  des  ptich».  Cette  riconctliation   PAXTtt  lU 
€l"une  EglifepoIIuee.aufTibicnqueb  didicacc  dunc  nou- Cha?  vil. 
velle  Eslife,  ou  la  conlecration  d'un  autel,  font  toute»  ^f^^^f*"' 
cirinioniei  ipifcopales.  L'auiel ,  a  propremcnt  paricr ,  n'ell    q^  tonji^r, 
qiic  1j  pierre  confacre*; ;  fi  elle  cfl  brifee  ,  elle  perd  fa  COO-  *"'</•  '•  '• 
fecration.  £n  atiendant  1a  confecration  d'une  Eglife ,  elie 
peut  ctre  bcnie  par  un  Pretre ,  a  qui  rEvcque  en  donne  la 
faculi^ ,  afin  que  Ton  y  puilTe  faire  rOfiice ;  &  fi  e!le  eft 
profanceenceietat,unPreireauiripourr3la  reconcilier. 

L'Eglife  eiant  1a  maifon  d'oraifon ,  nc  doii  fervir  i  au- 
cun  ufage  profjcic.  II  n'eft  donc  pas  permis  d'y  faire  trafic, 
comme  Jefus-Chrin  a  enfcigne  expreiremeni ,  en  challani    llanh,wat 
,    lesmarchands  duTemple,  ni  dc  tenir  inarchc  dans  les  ci-  "- 
fiKtieres ,  ni  d'y  tenir  les  plaids ,  d'y  rcndre  la  jullice ,  ou 
y  traiteraucune  alTaire  temporeIle,quoique  liciie & bonne. 
II  n*ell  pasp«rmisnonp1usd'y  manger  ou  d'y  coucher,  li-     Caf.  t.  u 
non  en  pa^nt ,  dans  une  grandc  niccintc ;  ni  d'cn  fairc  un      .  '""^ 
magalin  dc  marchandifvs  ,  ou  d'auires  meubles  ,  finon  cn 
casd'incendieoud'hc<{liliie,pourIanecelTiiepreirante.C'cft 
en  quoi  cttnfille  principalement  I'immunitd  des  lieus  facres ;  Cap.  10.  *»J, 
&  il  n'efl  pas  necefljire  qu'e1Iflfoit  confacrie  folcnnelle-    ^"F-  *•  **• 
menti/',  II  fullii  qiie  Ton  y  ciilibre  les  dtvins  myflerci.  nlt.^t''  * 

Mais  par  le  mot  A"immuniii,  on  cntend  ordinairement  le 
droit  d'afi1e  ou  de  franchifc :  car  le  refpefi  de  la  Religton 
a  fait  regarder  les  licux  fainis ,  comme  des  lieux  de  fureti , 
oii  il  n'etoit  permis  d'cxerccr  aucune  violencc ,  m^me  pour 
arreier  les  criminels  t.  On  les  obligeoii  bien  i  reparcr  le  *u  9.  9.  ^- 
lort  qu'ils  avoieni  fdJi ,  &  on  le»  mertoit  rn  penitence;  '"'"'/^J^ 
inais  on  ne  les  livroit  3  ceux  qui  lespourruivoient ,  qu'3pres 


^  II  7  a  pliirieiiri  iiViCet  ttont  on  n*  connolt  poinl  ]■  ilcJicica 
piitlciilicrt ,  ruiC  ilii'el:ci  iriieni  jjmaii  iti  condnits  faleiiucllc 
mtnl  ,  loic  ijue  robfciincc  dei  Cempi  en  iit  Wii  perilri;  la  ininio:re. 
D^ni  cei  tglilci  on  c«1ebrc  li  foce  de  U  d^Jiuce  commune  1  touCet 
lei  eglifet  qui  n'oni  poini  de  dfdicic*  psiiiculL^re. 

t  U  Ijmroic  que  tc  cniniiKl  eCl  altciiu  le  feuil  de  li  portt ;  U 
loifquUI  ue  pouvoit  cnlicr  dani  rjglil*  ,  il  pilluic  ardiniireinent  fon 
biM  i)ta  U  boucie  ou  inneaii  du  martcau  de  li  portc  j  ti  l'on  litnt 
que  la  boucle  de  fec  qui  fc  TDjroic  encuie  il  y  >  ^uclquei  innilet  *u 
haul  du  forcail  Je  l'fglife  de  fdincc  Genevievl  i  Paris,  jtoic  cella 
dc  1a  pone  que  Ton  ivjit  ainfi  mife  lu  plui  fatuc  du  bicimenc ,  ai!n 
que  pcifonne  ne  pQc  j  iiteiiiJie  pwt  i£«timer  lc  dcoit  d^iflle  qui 
^lolt  dli-Iori  iboli. 


446  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  W 

^Partie  II.  ^  sv^f  P>^  ferment  de  letir  fiuver  ia  vie  &  les  meaibTe^ 

Chap.  VIII.  Ce  droir  d*afile  eft  ancien ;  &  on  ravoit  ^endu  auv  cime- 

X.  ).  C,  Th,  tieres,  aux  maifons  6es  Evdques, aux  doitres  des  Moines 

€ce:ef,  ^"conj,  ^  ^^  Chanoines ,  &  ^  trente  pas  i  Tentour ,  aux  croix 

cffic.  r.  III.  planrees  fur  les  grands  chemins.  Mats,  comme  il  eft  dit  daos 

P'  '^y*        ia  Loi ,  que  ies  meurtrters  feront  arraciies,  meme  de  l*au- 

ii¥.  xKvrV  '^^ »  P^"*'  ^^^^  punis ;  on  avoit ezcept^  de  ce  droit  d'afile  » 

)i.  zxu.  n.  les  crimes  les  plus  atroces;  &  parce  qu*on  ne  laifibit  pas 

^  encore  d*en  alxifer  fouvent ,  on  l'a  aboli  en  France/,  taoc 

Ord.  isjo.  ^  niatiere  civile,  qu'en  mati^re  crimineile ,  quandil  y  a 

0in.  i66m      decrer  de  prife  de  corps.  La  franchife  fubfifte  en  Italie  &  ea 

Efpagne.  Voil^  en  quoi  confifte  l'immuniti  ,  que  i*on  ap- 

peile  locaU,  U  y  en  a  encore  deuz  autres  efpices  :  raMuc- 

mt^  reelle ,  qui  exempte  ies  biens  ecclifiaftiques  des  charges 

pubiiques  ,  &  Vimmuniti  perfonnelU  ,   qui  en  exenipte  les 

Qercs  &  ies  Religieux ,  comme  il  a  ^i  dit;. 

CHAPITRE      VI  IL 

Des  Reliques  ,  des  Vafesfacris^  des  Llvrts. 

£s  chofes  contenues  dans  les  Eglifes  font,  ou  tellement 
(acries ,  qu'ii  n^ft  pas  m6me  permis  aux  Laiqttes  de 
kstoucher,  ou  feulement  d^di^  au  fervice  dtvui, 

Les  chofes  iacrees  fonr,  premiirement  *,  ceiles  qui  ne 

doivent  £tre  touchees  que  par  les  ^ritres  feuls;  favoir ,  la 

fiiinte  £uchariftie,  &  les  faintes  huiles,  c*eft-i-dire  le  faint 

Clirdme ,  i*huiie  des  infirmes  &  i*huiie  des  CaticlHStii^es. 

DijV.  95.  c,  C*eft  i*£veque  qui  les  confacre  i  ia  Mefle  du  )eudi  faint ; 

Pr«fr.  4.  «f  &  chaque  Cure  doit  lcs  alier  qucrir  tous  les  ans ,  au  jour  & 

Conc.  Cart.   ^^  j.^^  determine  par  ia  coutume  du  Dioc^fe;  bruler  ce 

C,  1.  deCufl.  qui  refte  des  vieilles  dans  les  lampes  de  i*£glife  ,  ou  avec 

Ei^h.exconc.  j^  ^toupes;  confervcr  les  nouveiles  daas  des  vaiffeaux ,  qui 


L 


/D^s  le  temps  de  Cliariefliigne  ,  on  avoit  d^i  ihoU  ce  droit  d'a. 
file.  Cette  crilonnvnce  ,  qui  ^toic  tomb^e  dant  l*oubli ,  fiit  renou- 
velee  pir  celle  de   1599. 

gTouteccei  immunit^s  ,  foit  rMles  on  perfonnelles  ne  fontpoint 
de  droit  divin  ,«i  V6^\i(h  ne  let  tient  qne  dela  piM  des  Souverains» 
lcfquels  font  iei  mattref  de  les  reftteindre  plus  ou  moios ,.  feloa 
que  riot^rdt  de  Viut  It  deouuide. 


Air  DROIT   ECCLfiSTASTIQUE.       447  

Ibtent  du  nxMiis  d^^ain ,  &  «nfcrm^  Tous  la  clef.  Les  reli-    p^^-nw  n. 
(jues  iles  Saincs  foni  auffi  au  rang  des  chefei  raci^es.  EnAiite  Cuaf.  VUL 
lesvaifleaui  &cr^,favoir,  lescaliccs&  IcspatifiesA,qui 
doivent  etre  d'argent  ou  du  moint  d'etsin  i,  &  conracrcs 
par  TEvique  avec  le  laint  Chreme.  L'£v^que  aulS ,  ou  un 
Prdtre  ayant  pouvoir,  t>enit  ks  corporaux.  £t  voila  ce       Ppa^fle^ 
(|u'iin*cAperinisdeieucl>erqu'auiClerc$quironi  au fnoini ''"^''  *' 
Sous-diacres  k ,  pour  la  r^irence  des  Sacremens. 

0(i  b^nii  cncori;  les  nappes  &  lousleshabits  qui  fervent 
k  rautel;  )'aflii£l,rai>be,  laceinture.le  manipule,  fetok* 
tacbaliiblc,  la  tunique  &  la  dalmatiquc.Onbenit  lescroii 
&  tes  images  de  la  (ainte  Vier^  (Ai  des  Saims ,  qui  doivent 
itre  nfodtsiiii  vineratkin  piriflique.  Ei  il  eft  recomman-  Conc.  Tridi 
it  aux  Ev^ques ,  d'avoir  Toin  ,  qu'il  n'y  en  aii  point  d'tn-  fiff  xiv.  Oc> 
4icentct,  de  muiil^ ,  ou  qui  puiflent  caufer  qmtque  fean-  t"'^  &!'''' 
dale ;  de  nc  point  fouffrir  qu'on  cn  npofe  d'eiir^ordi- 
naires,  fans  leur  permTfion  ;  &  de  faire  bien  inftruirc  )e 
pcuple  de  ce  qu'elles  fignilient,  &  de  Tufage  que  TEglife  en 
&it,  ([ui  cfl  de  nous  remettre  cn  la  m^oire  le  myft^e  de 
notre  redemption,  ou  les  venus  des  Sainis.  On  b^nit  auHi 
ks  ch^fles,  qui  doivcnt  contenir  des  reliques ;  &  par  ceite 
b^nidiftion  on  demande  (]u'i  la  pr^fence  des  fatnres  leli- 
ques,  lei  fidclles  foient  d^livret  de  touies  attaquei  du  de- 
noa,&de  touies  fortes  d'acddens (piriniels  &  corpords. 

On  doit  conlerver  IbigneufemeniiesanciennesreliqueSi    c.  1.  txtri 
Um  lei  lircr  dc  leurs  chdfles  /.  Pour  cel\et  qfu  li»»  trouviet  '^'  ^'''i   " 
de  nouveau  ,  Hles  doivent  ^tre  eiaminte  par  rEv^que,    """     '* 
avecfon  conleil,  avant  de  les  espofer  i  la  v^nh^atioo  pu- 
bli(|u«.  Maif  k  Tegard  de  tcHites ,  il  faut  bien  prendre  girde    Canc.  TnA 
([u'ellesne  fervcnide  pritexie  jiquelque  gain  furdide,  par/r/-  *!• 
desquetes  imporcunes,  ou  1  la  diibaudie,  par  des  fcltios, 


I        k  Lct  ciboirai  oa  cuftodci ,  lci  f«l«Ut  U  oftciifotn  bat  lufll  tn 
BOinbredei  Talci  iiciit. 

i  fiikMemern  r>in  abrBrrequFlci  «iUcc<roicatda  motnt  d'iii«nt. 
k  Cetl  «)K  Sou(-diicrci  i  ptinitt  !•(  Tiilirl   facifi  aul  doirent 
ftrvit  1  l'.uKl.  - 

/  Lei  celiquci  Codc  ordiaalrcmrnt  cnfenntei  foui  qucl^e  lceia 
M  cachet ,  lapprt  jt  dBni  uo  procji  *erbi1  qui  cn  conAitc  riutben. 
tki(<  ;  lorfiue  ce  fcciu  cll  rompu  rini  ivoir  lupRriviiit  iii  recon> 
au  ,  U  rclique  celle  d'tira  «uilicniiquc  k  dcTieiit  pio&nc ,  u'i- 
taot  plui  polliblc  dcpiOHvcrridtaiii^. 


34«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partie  II.  ^^  danfes ,  &  des  rejouifTances  profanes.  Quant  aux  nou^ 

Cbap.  VIIL  veaux  fainrs  ,  il  n^efl  permis  de  les  honorer  publiquement , 

•  «^*  ^iii'  qu'apres  qu'ils  ont  evt  declares  teis  par  autorite  du  iaint  iic- 

•C.Vener.  5».  ge,  fur  des  informations  juridiques,fuivies  d'un  rigoureux 

^  "-^*  examen ;  &  c'eft  ce  jugement  qui  s*appelle  Canonifation. 

PoniifcaU        ^^  ^out  ce  qui  fert  aui  Eglifes ,  la  b^nedidion  la  plu& 

f*  u  folennelle  eft  ceiledes  cloches  m.On  y  chante  grahd  nom* 

bre  de  Pfeaumes ;  les  uns  pour  implorer  le  fecours  de  Dieu , 

les  autres  pour  le  louer.  L*£veque ,  ou  le  Pretre ,  les  lave 

d^eau  benite»  y  fait  pluiieurs  ondions  de  Tbuile  des  infirr 

mes  &  du  faint  Chreme ,  &  les  parfume  d  encens  &  de  myr* 

rhe.  Les  prieres  qu'il  fait ,  marquent  Tufage  des  cloches  ^ 

pour  exciter  la  devotion  du  peuple  fidelle » repoufler  les  ac- 

taques  du  demon ,  &  difliper  les  tempetes. 

Les  Eglifes  doivent  encore  etre  fournies  de  furplis ,  de 
chapes  ou  pluviaux  >  de  paremens  d*autels  de  toutes  les  cou- 
leurs,  fuivant  le  nombre  des  Miniftres  &  des  autels  :  de  li-> 
vres  dc  chant^  qui  font  le  Pfeautier,  T Antiphonier ,  le  Gra- 
duel ,  le  Procelfionel ;  dc  Le£tionnaires  ou  de  Breviaires  n 


m  Cefl  ce  qu'on  appelle  improprement  le  baptime  det  eloches^ 
Quelques-  uns  odt  cru  que  cet  ufage  commen^a  a  Rome  en^og. 
Mais  il  doit  6tre  piut  ancien,  pnifqu^Alcuirf  qui  vivoit  dani  le  Vill 
fiecle  fous  Charlemagne  ,  &  qui  d^ccda  en  804 ,  en  parle  comme 
d*une  chofe  qui^toit  ddjj  en  ufage. 

/1  Le  briSviaire  e(t  un  livre  contenant  Toffice  divin  qne  ron  fait 
tous  les  jours  a  r^glife ,  &  que  les  eccl^fiaftiques  engag^s  dans  les 
ordres  facr^s ,  ou  qui  ont  quelque  benefice  ,  doivent  dire  tous  les 
jours.  Les  ^gliCes  ^toient  oblig^es  d'^tre  tburnies  de  br^viaires ,  fur- 
tout  avant  l^ufage  de  l'impreflion  ,  a  caufe  de  la  chert^  des  livres 
tnanufcrits.  II  y  avoit  m£me  dans  chaque  ^glife  des  br^viaires  pu* 
blics  ,  ecrits  fur  v^lin  ,  eufermes  dans  unecage  treillifli^e  de  fer,  otl 
Ton  pouvoit  feulemc-nt  pafler  la  main  pour  tourner  les  feuillets  fans 
pouvoir  d^placer  le  livre.  Ces  livres  ^toient  deftin(5s  pour  1'ufage 
des  pauvres  Pretres ,  qui  n*ayant  pas  le  moyen  d'ache^er  un  breviai- 
re  ,  venoient  dire  leur  office  au  br^viaire  public.  11  y  en  a  nombre 
«i^excmples  rapporcesdans  les  antiqitic^sde  Paris,  parSauval, rom.  II, 
pag.  6}4^  non-fbvlement  pour  des  ^glifes  de  Paris  ,  mais  aufli  pour 
d*HUtres  eglifcs  du  royaume,  tant  cath^drales  ,  que  collt^giales  & 
autres.  Lebr^viaire  elt  compofe  de  fept  heures  canoniales.  II  y  a 
diffidrentes  fortes  de  br^viaires ;  favoir ,  le  breviaire  romain ,  qui  eft 
celui  de  r^glife  de  Rome  ,  U  que  fuivent  la  plupart  des  Ordres 
Religieux  ,  avec  quelquies  dlBerences.  Les  B^n^didins ,  les  Reli- 
gieuxde  Citeaux,lcs  Chartreux  ,  les  Pr^montr^s ,  les  Dominicains  , 
les  Carmes  ,  les  Francifcains ,  ont  chacun  lenr  br^viaire  particulier. 
Chaque  diocefe  &  aulli  )e  fieu.  Tous  ces  br^viaires  ont  ^t^  r^formi^s 
en  divcrs  temps. 


■■\ 


'^ 


At;  DROIT  ECCUSIASTIQUE.      549 

pour  y  ruppl«er;  de  Mifle1s,de  Rituels ou Manuelt.  Lesli-   p^,t^  ■*, 
vres  facr^  de  1'ancieR  &  du  nouveau  TefUment,  iioient  cur.  VUI^ 
auirefoisgardbdaiit  les  EgliresouSacrifties,pours'enrer> 
vir  aux  le^ons  de  la  Mefle  ou  de  TOfGce;  a  prifent  on  les 
irouve  p1ui6t  dans  les  mairons  des  Pretres.  Ces  livres,  Tiu- 
vant  la  iradition  de  rEglifeCatholique,  ront  les  ruivans. 

DerancienTelkmentrlescinq  livretde  Moife;favoir,  ^"'*  C«*i 
la Gen^fe  ,  rtxodc ,  le  L6vitique ,  les  Nombres ,  le  Deuie-  '^^V*rrUi 
ronome.  Jofue.  Les  Juges.  Ruih.  Les  quaire  livresdcs  Ko\s.  fif.  u. 
Les  deux  des  Paralipomenes.  tfdras  &  Nehimias.  Tobie. 
Judiih.  tfler.  Job.  Le  Pfeautier ,  conienani  ceni  cinquanie 
Pfeaumes.  Les  Proverbes  de  Salomon.  L'Lccte(iaDe.  Le 
.Cantique.  La  SagelTe.  L'Ecclefi3ftique.  Les  quatre  grands 
Prophetes  :  Ifaie  ,  Jeremie,  avec  les  Lameniaiions  &  Ba- 
ruch ,  Ez^icl  &  Daniel.  Les  douze  peiits  Propheies;  fa- 
voir ,  O&t ,  Joel ,  Amos,- Abdias ,  Jonas.  Michee ,  Nahum , 
Habacuc,Sophonie,  Aggee,  Zacharie ,  Malachie.  Le  pre- 
mier  &  le  fecond  des  Macchabees.  Tous  ces  livres  font  de 
]'ancieti  Teftament.  Le  nouveau  comprend  les  ^uatre  Evan- 
giles,  dcS.  Matthieu,  deS.  Marc,  de  S.  Luc  &  de  S.  Jean. 
Les  Adesdes  Apoircs.  Les  quatorzeEpitresdeS.  Paul,une 
aux  Romains,  deux  aux  Corinihiens,  uncaux  Galaies.aux 
Eph^fiens, aux  Philippiens ,  aux  Colofliens ,  deux aux Thef- 
raloniciens,deuxaTimothec,uReiTife,  i  Philemon.aux 
Hibreux.  Une  Epitre  de  S.  Jacques ,  deux  de  S.  Pierre ,  trois 
deS.  Jean ,  une  de  S.  Jude.  L^Apocalypfe  dc  S.  Jean. 

Commc  nous  faifons  en  Latin  1'Office  public ,  TEglife  a 
choifi  entre  touies  les  verftons  Larines ,  celle  que  ronnom- 
me  fulgjie  o ,  parce  qu'elle  eft  depuis  plus  de  mille  ans  entre 
les  mains  de  lous  les  iidelles;  &  Ta  declaree  Aiubaui^utt 


tance.  On  d>>i  connolKoic  poinl  I'auleur.  Cccoit  cellc  donc  oa  Te 
ftrvolt  ■vint  qnc  S.  liilime  en  eHt  fait  une  nouvelli.  Alon  I*in- 
clenne  fucnommJe  ir.j/ifuc  ou  vicifff  vcr/jon,  pour  !■  dillinguer  d« 
I>  nouvclte.  (.,'((1  le  invUn|;e  de  l'incienne  veifion  itiliiue  ,  ivce 
quelquei  correaioai  ile  S.  Jec6me  ,  qtie  le  Cnncile  Je  Trcflte  ■  d^. 
cUce  ■uiheutique.  Nobi'iui  )■  Gc  impiimer  cn  iiltMiEi  le  p4;« 
Morin  en  i6ig.  On  ne  fe  recc  dini  1'F.iIire  que  Ae  U  iiouveU*  VuU 
gice,eKceptj  quelquei  piliigei  de  ranciennc,  qu'on  a  lailti.^  dini 
]e  nillel  ,  &  lei  prelnmet  quc  Ton  y  (iiiinCe  ciiloic  .  rtton  U  vieitia 
veilian  icalique.  Un  ippcUc  »111  Vatiait,  \'ia(.,iiaeit  rcrfisn  d» 
Muveiu  celUoicnt. 


4Si 


I  N  S  T  T  T  r  T  I  O  N 


f. 


!•     II 


I. 


^     •     1 


tl 


^  -• 


L  «;.;-«-bftrc;,  qt-i  .  w-:.  cio*t  fr-er  lervtr  tan:  "Gkmcs  •  c  wr 
UAMkau'  ,  it.e  uii^:'.  ,  ix  lumt'  ir<«  Bcxior.r  niuuuBke:-  :  c 
c|ti '.  2«  t'--  .y-ji  :i.,-  c  i#eriuijfr;  i.'r  itf  rrrrf-'  .  ccnraieconiea 

14 ^.  1.-.  .  jT.-rt.    1  t-i:*iiucr: ,  -tOT  r^  «r-'  i:'?: ::?«  iizniffs  l 
Imi.   .  i*  H,-  .1  i:t  ii.m:  luKz  !•  i-iUL  r^-  .  :_r^::^  ;:  :;a3£ie»  i 
;«..«  •.'2ii,>..iL.    .  lauu*::  CiL:=  Lniic:<:*  l'!  f :~.  ;:;.m.t.  * 
i\su*>-  itf*  ^  ci^a^.*:^  c:.  iun:^-   vuici':::?»  :i:i:  eii:  mr 

ifUL:  .  k|..    .    liit^iiriiM!'      .  «.l-I-.^rp! r  L^    :  rj^.ll:  .    3^7  117::    » 

Lcuki    •■  r\".     .  Lir'  ii:-  iu.ir.r-  L- Tiiurer  .  iur^iir: 
«;ii[ii>.A.tM:'-  C  c::  p.^ui :...-.     ..  a  cri:  1':.i.^iit:  aux  Lvessus 
iiL  it.>  iJki>  i^UAc:  i«f  c  ..iLii:  rT^':nt;ri:  ^  u:::  ir  aiomu  . 
4C^>kSftK*ir:  «  h.-fi.:-   qif-.  it:>  r.iTir.xr;  3LX3r:m*ier:  saaim  d 
^«uiiiu^ .  hX  j::Ii-.  hAv9:i  ^'UJ:tr*  iui^iini  '^-::'iion 


1  - 
1 

It 


t        • 


^s^.      >fffll  ■»'•£. 


i     .    :.ii'  ;■■    »:•■*:■.  ••.■.iii:     «;jr-  *c*  ^:Tr*s^!err=- 


.       V."— 


.••*«    :i«k.-sV     :Ui^«is:     LMi    .^  «      J  -.t^fTrf.H*^  .    ^ 


.& 

T 


zi^f^rm^i^eingBi 


•  «'.•.■«w-       4VtH^.iri*.r:      ■:.         .:r..t.    ...    '..:  •4.11«*..     \jBCBSt       tlif    SV 

.    t«~  ~m     «Mi.     i>iii.'  «.La^uu*.-  -      ^i.^*'  'IKS.  T.!         £         — -T     '.^^*  .    fB 

^ .    .w    ^^     i.     •  ■ 


«n.  ..'.w«n.t.  aC.  -.■j«|itf««iii.£ 


»*- 


■  j 


...  ,»".      I..     ^«^    .^1  11%:»  «Ja*      i4ii.»-!       rtjf    .*'    TTC^JT-f    -  *9 

•  ■  ■      c     .>•  •  .  .1-  ■•.•»•  ■      .t.      '  '■  -    >     ■    taj."."»:  iC    •*.■-•..-.    t 

. . ...    i     «fc-  .-4.    ««••       •.■..'.  .\-j^^*^ik  tmUt^iiMtS   ^'«r  .c  ls>  BC 


AU   DROTT    ECCLiSlASTIQUE.      -4J1   

eBcenefor«.Onyplantccinqcro«.  L'Ev6que,  igenoui  ^^^„,,11.; 
^vim  U  principale ,  r^ite  let  Litatiies,  puis  arperge  cnKr  VIII/ 
d'ou-M(rte  lout  le  cimeti^re ,  ricitant  1«  Pfeaume»  de  la  ''«"'^■P-  *• 
piniienoe.  U  dk  devant  chaque  croix  ita  pf  iires ,  qui  mar-  ^_  J^'"  "*• 
qucnt  1'dperance  de  la  rimillioo  des  p^b^ ,  &  de  la  refur- 
re^ion  bicnbeureufe. 

lUgaliireisent ,  on  nc  doit  enterrer  perfonne  <)ans  les  Tnlvr.  e.  17; 
EgUfes/,  ficen'eftdansleparvis,ou  dans  les  chapelles,  "'"""■*■<• 
qui  font  cenfto  hors  de  rEgUfe.  Toutefois  ,  depuis  plus  ^_^^. 

ie  800  ans,  Tufage  contraire  l'a  cmporii  ,  fous  priicxte  ,f, 
i|ue  Ton  y  enterroit  quelqucfois  !«  Eveques ,  ou  d'auire3  Thndmt/.  c. 
pcrfonnei  <l'une  fainteti  reconnue.  Chacun  doii  ine  en-  '* 
tcrre  dansfa  paroilTe,  oii  tl  a  accoutumi  de  recevoir  les 
SacrcnMfif ,  &  dc  donner  fes  dixmes  &  fes  oflrandes.  II  efl  Cap.  t.  aor^ 
pennb  togiefois  de  fuivre  la  (%pulturc  des  pareni  &  des  ^/*/- 
■Dcdtret ,  conformeinent  auK  exemptes  des  Saintt ,  mar- 
qu^  dans  rEcriture.  II  ell  libre  mtme  i  chacan  dc  chotfir 
ia  fipulture ,  &  I2  femme  a'eA  potnt  obligie  a  fuivre  celle   ^d.  e.  ji 
ie  foo  mari. 

Oa  nc  doit  cnterrer  <fo'aprif  un  cfpace  raifonmble  de- 
puis  la  mort  1 ,  enforte  qu'il  n'y  aii  aucun  iieu  d'eii  doucer  ;  ^^  n^ 


/  C«lld«fNlt  i'obr(ncr,  qniDd  cc  nc  ferolt  qoepourli  ralubritj 
in  E|lifei ,  od  let  coipi  qui  l'on  jr  «ntene  iofeaent  Tair ,  fur.tont 
lorfquc  Voa  J  ohtic  quelque  roHe  ou  givcid.  II  fut  lon|-tempi  d^ 
ftiidu  d'enterrcr  dini  lei  Eglirei ,  b  mtaic  dint  lei  vjllei  :  la  di~ 
ftnfe  (l'cntcrrcr  dint  let  Eglifei  t«{ul  une  exceptian  (Cibord  pour 
1«  pitront  b  fonditeun.  On  y  cnterri  cnfuilc  [et  Evtquei  Bt  ai»< 
tr*t  EccleEaftiiuci  diftingu^i ;  tt  enfin  ,  cette  llbertf  fut  ftendae 
peu  i  peu  i  touiei  fanet  de  perfoanei.  Le  Pjrlement  de  Paiii  a 
rcnda  un  Aritt  d«  riglemeni  li  ji  Mil  176),  poritni  qn'J  r>ve- 
nii  lucune  inhumjtion  ne  fera  fiiie  dini  lei  clmeticrci  de  Pirlt  , 
fnaii  dani  dei  ciineti^iei  au.dehoii  d«  !■  vitle ,  &  qu'iueunc  (ifvl- 
mre  ne  (eri  felte  dini  lei  ERhfei  piroiffiitei  ou  r^gulijrei,  fi  cc 
n^eft  dei  Cuiti  au  Supjrieun  diciitt  en  ptie* ,  i  oieim  qu'il  ne  fidt 

ry^  i  ti  ftbrique  li  faminc  de  looo  UV,  pour  chaque  nuvertorc  , 
quc  qnant  aux  npulturei  dini  lei  chipellei  S(  civeiux,  eltei 
Hl  pouiront  iTDir  lltu  que  paiir  leUTi  fondaleun  ou  leurt  tcprf- 
fcniini ,  t(  p«ur  ceus  dci  ftmilkt  qiii  en  fnnt  praprijtilret ,  od 
Iboi  itani  uiia  ppflvniDn  ionguc  81  ancienoe  ifjp  iToir  leur  ftpul. 
,  tnrc  ;  Ik  ce ,  4  li  chir|ce  d'y  meitre  lci  corpi  daai  d«i  ccrcncili  d« 
plomb  ,   U   Ron  antremeni. 

Lei  mefurei  qii'il  eft  njceinire  de  prendre  ponr  rmjcutiaa   d* 
cit  arrtt,   foni  cmfe  qui  )'oa  fuit  incore  jufqu'ici  rorJri  accou> 
ttmt  poar  tei  flpbltiini. 
«  0«  •bfarc  nmmmttmat  m  clpiM  d*  14  bram,  I  nolni 


35*  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

p  &  on  doit  obferver ,  autantqu*il  fe  peut ,  la  coutttmetri»^, 

CuAp.  viii.  ancienne ,  de  dire  la  MefTe  en  prefence  du  corps,  avant  de 

Tenterrer.  On  le  porte  k  TEglire  en  proceflion ,  avec  du  lu- 

minaire,  chantant  des  Pfeaumes  de  p6nitence  pour  la  r^ 

miffion  des  piches  du  difunt.  Les  Pretres  &  les  autres 

Clercs  doivent  6tre  enterr^s  revetus  des  ornemens  de  leur 

Ordre  u.  Us  doivent  avoir  une  place  diftinguie  dans  le  ci- 

metiere.  U  y  en  a  une  auffi  pour  les  enfans  morts  avant  Vigs. 

Ae  difcretion  x  ,  dont  par  confequent  ie  faluc  n'eft  poinc 

douteux ;  &  on  ne  chante  k  leurs  fun^illes  que  des  caa« 

'  tiques  de  louange.  U  n'eft  pas  permis  de  d^terrer  un  corps  , 

iinon  pour  grande  caufe ;  &  par  permiffion  ezprefle  de 

'€regor,  vii.  TEveque. 

«tfi/?-  55-  xs«      II  eft  defendu  par  les  canons ,  de  rien  exiger  pour  les  fe- 

Quafi.  n.  pu1tures,ni fous  pretexre de rouverrure  de  la  terre,  ni  du lu« 

r.  12. 14. 15.  minaire, ni  des autres frais,  pour  lefquels  les revenus ec- 

C.  Cum  in  c]e(iaftiquesontetedonnes;&  ronn'apasvouluqu*iIfembI^ 

tccl.  y.  defi'  que  ies  Pr&res  vendiflenc  la  terre  ,  0«  fc  rejouiflenr  de  la 

llur^fub^'  *"^''*» ^^^^ *'5 profiteroient. Toutefois , il a toujours ete non- 

Alex  1  f  I.      feulement  permis ,  mais  louable ,  de  laifler  quelque  aumone 

Ibid.  f .  9«  i  l*£glife  oii  Ton  a  fa  f^pulture.Comme  dans  les  iieclespafles 

^  * ' ^'  ces  liberalites  etoient grandqs , on  s*eft  plaint  quelquefois  que 

c.  8.  e.  to.  les  perfonnes  riches  choififlToient  leurs  fepulrures  dans  des 

c  epu  t.      Monaft^res ,  au  prijudice  des  Eglifes  catbidrales  &  paroif- 

(jales ;  &  il  a  et6  regle ,  qu*en  quelque  lieu  que  iiit  ia  fe- 

pulrure,  I'£glife  oii  le  defunt  devoit  recevoir  les  Sacre- 

Clement  du-  mens  &  ouir  les  divins  Oflices ,  auroit  toujours  ie  quart 

J''y/rum!'    ^®  ^  *1"'*^  auroit  laifle ,  comn^e  une  efpece  de  legitime  ; 

c.  9.  defep.  c*eft  ce  qui  s'appelle /'or/io/i  canoniquey.  Les  diveries  coutu- 

mes  des  lieux  en  ont  r^gle  difieremment  ia  quotiti. 

que  le  defutit  iie  foit  mort  de  quelque  maladie  conta^eufe ,  qui 
oblige   d*acc^Urer  l'inhuaiacion. 

u  On  inec  cei  ornemens  fur  leur  cercueil  ;  mais  on  ne  les  eo* 
terre  pai  avec  enx. 

jr  Cet  dge  qu'on  appelle  anfli  VAge  d^innoeence ,  eft  jufqu^i  (ept 
ans»apr^i  Jequel  cemps  onpr^fume  que  les  en£ins  fonc  capabiesde 
difcerner  le  bien  d'avec  le  mal. 

y  La  glofe  fur  1e  canon  in  noftrJi^  fixe  i  la  troifieme  partie  de  ce 
qui  a  ^te  Uitti  par  le  teftateur  i  l^Eglile  od  ii  a  4lu  fa  fcpuJturv ,  U 
portion  canonique  des  Cures  ,  &  ies  droiis  qui  leur  font  dil$,  Le 
fynode  de  Langres,  en  i^ot,  fixe  cecce  porcion,  tantdci  la  moitl^y 
tanc^c  i  la  quacri^me  parcie  des  frais  fiin^raires.  Le  concile  de 
Trence  attriliue  a  TEgUfe  paroilSale  pour  droit  de  lun^raiUe»  »  le 

En 


kV  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       $11  ^ 

tn  France  elle  n'eft  pas  d'ufage  ;  mais  en  quelque  lieu   p^^g„j  {^ 
^c  fc  ralTe  la  r^pulmre  ,  le  Cure  doit  lever  le  corps  6e  la   chap  ix. 
maifon  ,  &  le  conduire  avec  fon  Cler^i  i  la  portc  cic  TE-     C«if  Trid^ 
glifedu  Couvent  ou  il  doit  etre  enterri ;  fiiapresavoir'^**' ^**'^' 
certifiC-  aux  Rcligieux ,  qiie  le  defunt  efl  mort  dans  la  cotn- 
Biunion  de  TEglife ,  il  fe  retire  ,  &  partage  igatement  avec 
ctii  le  luminaire  i  c'eft  ce  qui  a  ete  regl^  cntre  les  Curcs  de  Arrii  iu  tt 
Patis,  &  les  Religieux,  Les  droits  des  Curis  pour  les  ft-  "^"  '^**r. 
pulnires  ont  eie  taies  fuivaat  Tufage  &  les  r^glemens  des  ,^      ,  ,^ 
diocefes  ,  principalement  pour  les  Cur4s  des  villes,  qui  x.  c. «, 
n'oni  point  de  revenu  fixe.  Ainfl  la  defenfe  de  rien  exiger 
pour  les  fepultiires ,  fe  riduit  i  ne  point  fairede  padion  , 
& i  ne pas laifler denterrer ,  avec  les ceremonies eccleilaf-  ju,.  jiog,i 
tiques ,  les  pauvres  qui  ne  peuvent  rien  donner. 

La  fipulturc  ecclefianique  ^  n'e(l  que  pour  les  fidelles. 
On  ne  la  doit  donc  donner  ni  aux  enfans  morts  fans  bap- 
t^me,  ni  aus  adultes  infidelles,  h^itiqucs,  ou  eicommu-  C  dt  kmrtti 
ni^ ,  ni  i  ceux  qui  font  morts  en  itu  manifelle  de  pecbe ,  *"  '• 
comme  ceui  qui  fe  font  tu^s  en  duel.  Les  ufuriers ,  les  con- 
cubinaires  publics ,  ceui  qui  n'ont  point  fatisfait  au  devoir 
pafcat  ;  en  un  mot ,  tous  les  pecheurs  impinitens ,  doi-     ^-  tBo6t 
vent  (tre  priv^  de  la  fepulture  &  des  prieres  ecd^afli-  ^'  i^'  f*  ** 
ques ;  fii  3  ils  ont  ete  enterres  en  lieu  faint ,  ils  doivent  eire     c.  Omni* 
6tes.  Cetie  peine  fertacouvrirleur  memoire  d'infamie,  Sl  «trimfyat,  it 
s  donner  de  la  terreur  aux  vivans.  Quant  aui  fupplici^  ,  '^""^     VrA 
r^^life  permet  de  leur  donner  la  fepulture  des  Chreiiens ,  dtftfuli.  \u 
>'ils  fommonsp£niten$4.  l  i.c.  Q>«^ 
fimmvi^ 

•uirt  d«  ce  que  1e  df  fuot  t  ItiflU ,  queJque  part  qu'tl  ait  choin  fi 
Upulture  f  c'*ll  pourquo)  cctte  recribution  t  itt  appelja  ^varlt  fu- 
nirairt  ,  aii  licu  dc  poriiaa  iiinonijiu.  Ea  Fnnce  lci  Curjt  (>■ 
peuvenc  cKiger  quc  ct  qui  leur  elt  ■[uiba^  pir  lct  rigltment  fjiti , 
paKr  lixer  leiiri   lionnrjirci. 

j  La  (ifuh^^it  ecctcfliHique  ell  ceile  qui  fe  fiti  dint  rEflif*  «■ 
•■  lerre  fiiiue ,  avec  lei  c ^remoniet  de  res,\iC: 

a  Plutieun  cuncilEt  ,  noiiniincnt  ceux  d'Agdc  ,  cn  to6  ,  d« 
Warnii,cii  77^.  deUayencc,  en  44S ,  E(  celul  de  Tribur ,  n 
loti  ,  ordaniirM  de  communier  lei  criminell.  Alexindl'*  IV  eajoi- 
gnil  U  m^mc  chore  ilan>  le  XII le.  ti^cle  ;  ccpcndent  c«U  De  ■'ob- 
rervoii  pDiiit  eii  Fiince.  Cc  fut  ChirlEiM  fui,  !■  11  F<vli«r  i|i)((, 
aliDlii  Ij  cDJUviifE  cnuiume  de  reluffr  leficremenc  de  p<nitenc«  «u' 
cnniineli  conjjmnti  i  mon  :  miii  on  nc  lcur  doDnc  point  rEa* 
chjriltie.  On  lem  doane  aiifD  li  fi^pulture  ecclffiaftiqut ,  i  moiai 
qu'il  iie  foii  oidonuC  que  lcud  coipt  fittvM  tt^ltt  fui  ud  frui 
«Umia. 

TmkU.  Z  ^ 


,tt  ISSTITUTIOX 

tAxm  II-  ggf  —  ^K3 

""  ^-  C  H    A   P  I   T  R  E      X. 

Vryr>>i  aiaiar^naaf  abschot£sceii>poreiIaT<{iu£oat 
coiYicree^  a  Dicu ,  pour  *t  l«rvice  <ks  Egjifi». 
Aiic...ie  Coramt^naute  ne  peui  f-Jiitfter  ian>avofrqoel- 
qun  bien'S  c-jma^.urH ,  quand  ce  nc  feroit  qoe  poar  les  fras 
des  a&mLicet ,  &  1«  6Uires  <!«  ferviteim  pobik».  AioG, 
d^  la  pTemieTe  fondabon  <1«  Eg^ues  ,  il  CiHut  qne  ks 
Oiretier»  contribuafient  poor  le  iumiaaire;  car  ils  t*a6em- 
Uoient  de  nuit  b  ;  pour  1«  vailleain  (acres  ,  pour  le  poki 
&  le  vin  qui  (ervoient  a  rEuchariAie ,  car  iU  coanBanioicm 
(buvcnt ;  pc-jr  les  agape^  ou  repas  communs  c ;  pour  les  C- 
Trei  &  Ie«  aurrei  meubies  neceliaires.  B  falloit  eocore  ^re 
fubfifter  let  Evequei ,  les  Preires  &  les  Diaorcs ,  qui  ia 
plupan  f'etoient  redui»  a  la  pauvtete  volootairc  ,  poar 
icrvir  l'£glife  plus  libremeni.  II  filloii  foumir  xnx  Jcpnltn- 
jetBli  rhoTpitaliie ,  qui  s^exer^ent  enverstoos lesQire- 
tiens  pallaiK.  Eofin ,  il  &IIoit  aHifler  les  viei^es  confacrees 
i  Dieu  ,  lei  vcuves ,  les  orphelins ,  lcs  malailcs ,  &  tous 
lcsauires  pauvres  fiilelles ;  mais  fur-tout  les  inanyTS&les 
confefleurf  d ,  d^cnus  dans  tes  prifons ,  ou  travaillam  aux 
mincs ,  &  auK  autres  ouvrages  pubiics. 

Je  ne  parie  point  ici  de  1'Eglife  primiiive  de  Jenilaleiii ; 
oit  lcs  biens  dc  tous  les  fidelles  ^ioient  en  commuo  < ;  je 

t  Ui  aioiciit  befoin  d<  liimiiiiite ,  a\tmt  le  ioui ,  ptrce  qu'il* 
**>neinbloieii(  dtm  ilet  crypcei  on  |ialle)  faucnrainei ,  dJnl  lef- 
fuellti  on  ne  voynic  pi>  clair. 

t  C«i  agipei  loiiE  rotigineda  piin-bfnit  ,  qui  a  ruccfdf  au  rt- 
p»  ijuc  lcl  fidellcl  f»foienl  dani  rEglife  en  m^moile  de  la  Cint 
d«  Noire-Seigncur. 

d  On  illtend  ici  par  CenfiJJian  non  pii  ceuil  qui  enccndent  Im 
fidellit  en  confellioti  ;  maii  ceux  qui  coarellbient  la  fci  de  Jefui- 
Chiill.  Oii  iloiini  il'«bord  ce  nom  aux  martjri.  On  le  iloniia  auS 
■UX  Chii^ticni  qiiiivoicnc  elc  foit  tourmentii  par  lei  tyrani,  quoi- 
4u'll>  r.illeiit  enfulte  moiti  en  piix  ;  U.  ceux-ci  ftoienc  auffi  appel^ 
martyi '.  Un  appeU  aiilli  Confejfean  ,  ccux  qui,  aprii  avoir  bien 
VJCU,  vtuieiit  mom  eii  oileui  de  riiniete.  Enlin  ,  quclquei  Conci- 
IdOHt  dnnni  le  nom  de  Confiffcurs  aui  Chantiti  6t  Pralmiftei  , 
piice  'iii^cn  lanjtage  ile  rEcricure  eoiifiuri ,  c'c(t  cfaaiicer  1»  louau- 
(il  di  Uiou.  ygftf  TeiEulllen  ,  S.  Cyprien  ,  Baroiiiui. 

(  Vtyil  ti  nate  foi  t(t  cl.devinE  fur  le  chaplEie  III. 


AU   DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.        jjj 

parle  de  touics  les  autrcs  Eglifes.  II  n*y  en  avoit  aucune  qui  paktii  Ib 
ncric  un  grand  tonds,chacuae  rdonfesraculieSipourtou-  Ckap.  X. 
tts  lcs  depenfcs  que  i'ai  marquics.  La  vie  humble  &  labo-    j^^^„  ^^^^ 
ricuib  des  Clireticns  lcur  cn  donnoit  le  moyen,&  lesper- 1. 1*.  %o. 
fucuiionsaidoienta!esdetacherdcrintiret&  dudefir  d'ac-     ^j  ■'."^■^"  " 
quiirir ;  elles  faifoient  aufTi ,  quc  les  bicns  dcs  Eglifes  ne  "^^"  ^l^ 
confilloicnt  gu^rcs  qu'en  meublcs ,  plus  facilcs  ^  tnmfpor-  e.  |g. 
ter ,  a  cacher  &  a  diOribuer.  Cutoit  ou  dc  Targcnt  ou  des 
provifion;  en  cfpcces ,  du  blcd ,  du  vin  ,  de  l'huiic ,  des  ha-   v.  ana  co/, 
bits  pour  lespauvrcs.  Ci>(ft. 

Lcs  Juifs  avoient  couEumc  dc  donncr  a  Dieu  Ics  dix- 
mci/Si  les  prcmices  de  lcurs  ftoits ,  &  les  diverfcs  obla- 
tionspour  des  facrilices&  des  vceux.  Ccux  d'enir'cux  qui 
fe  fitent  Chrcticns,  nc  cnirent  pas  cire  oblipesamoins  , 
aprof  avoir  rc^u  rEvangile;  &  ccux  qui  avoient  cte  Gen- 
tilsavoient  accouium^  dc  fdircde  grandcs  d^pcnfes  pour 
les  facrifices  de  leurs  faux  dieux  ,  &  pour  les  fpcAacles 
profanes.  Quoi  qu'il  en  foit ,  nous  voyons  dcs  les  premiers 
lemps ,  qu'il  eft  rccommande  a  tous  lcs  lidcllcs  de  donner  Cmfl.  ttpa{^ 
lcsdixmcs&  lespremiccs.  "■'■  *!• 

Ccs  comributions  eioient  enricrcmcnt  volontaircs.  Les  Ttriull.tfet, 
Pr^lats  fe  contenioient  d^exhorier ;  &  les  fidellcs  donnoient  '•  19- 
ce  qu'ils  vouloient ,  ou  par  remaine ,  commc  Suint  Paul  le  ■■C"-.m.  >.' 
conleille ,  oti  par  mois ,  ou  auiremcat.  Ces  clTrandes  fs  *'^'"'  ""■JL' 
I.  +  !• 

/  Ahuhnm  fut  lc  premicr  qui  Aoani  i  Melchifedech  ,  Roi  dc 
Silcm  ,  ti  Craiid  Pitiic  du  rrai  Dieu  ,  la  dixm«  dii  bucin  qu'il 
avoic  tiic  lur  let  Roit  <]u'il  avoii  vaiiicu».  Moyfc  orJoim*  djni  la 
li:i:u  ,  >!c  payer  ll  dixaie  aux  Liivitei  ,  pirce  qu'ili  iic  puII'^JaienC 
piiiit  ite  terrci.  I.e  Liviciiue  eoniinjnJe  de  pjyer  li  dixme  del 
ITiiici  de  ia  lerrc.  On  pritenJ  i|ue  1'urige  de  li  diiiine  ecclJfliHi- 
<]uv  cummen^a  dc)  Tan  i^i  ;  &  que  S.  Auf>ullin  fiit  le  premier  qul 
linria  lei  lidetlci  1  payer  U  dixme.  On  Crouve  mfme  que  plu>  aii> 
ttcni^emenE  Cuiilliiniia  avoit  ordonni}  que  Tan  donnjc  auK  l'3lleur« 
Biie  certaine  porlion  di:  h\i  ;  cecc<  Ordonninee  fuc  fnitinie  \a(- 
■iu'«utempi  de  Julieii  rApoltic,  ic  fut  r^tablie  pir  fon  fuci^eltcur 
Jovieii.  Rtpubl.  dti  Ltitrei  dc  Rayle  ,  tom.  i ,  fdf.  |i8,  ^nl.  i.  C0 
quicltdecertain.clliiiie  le  fvcoiid  Conclle  dt  Touri  .in  \(.t,  ex- 
hactJ  caut  lei  Ftan^oit  i  pjyer  la  dixme  )  Ec  Ib  fecond  cancite  Ja 
MJcon  cn  581 ,  lcur  orJonni  itc  la  pjyet  aux  Miniiltel  dc  l*EglitB  , 
ruivdiic  Ij  Ini  de  Dieu  &  U  cuutume  immimorijlc  dei  CbrL<tient  , 
fout  peinc  d'exconimiinic:ilion.  Maii  la  loi  19,  $■  ■  ■  coJ.  i<  trifia- 
fii  b  cltrii.  d^lcnd  tte  conirjindre  i  piyer,  par  cenruii.i  uuiu> 
trc)  voiei  pcclf  liiiftiijuei.  Cetcc  coucumc  dc  payer  li  dixme  ,  deria* 
klvicut  uuiveilcile. 


faf^^^wvfj 


3)«  I  N  S  T  I  TUT  I  O  N 

Paatib  II.  P^'!^*^'^^  ^''^  TEveque  ,  ou  en  un  aurre  lieu ,  auqiiel  M 

Chjip.  X-  Diacresrecevolent  lesoblations,  les  gardoient,  &  les  diC- 

f  I.  f.  t.  €.  tribuoient,  felon  les  occaiions ,  par  les  ordres  de  rEveque. 

conc  ^  L'Evdque  n'en  rendoit  compte  a  perfonne ;  &  on  ne  Teut 

tiock.  '        pasfait  Eveque ,  fi  on  ne  reut  cru  capablede  repondrei 

Ctffi.  n^yff.  Dieu  des  ames ,  fans  comparaifon  plus  precieufes. 

iil^^  gf^^f       Ees  perfecutions  ayant  cefle,  comme  les  Grands  &  les 

l^  Empereurs  meme  fiirent  Chretiens ,  on  donna  librement  8 

TEglife ,  &  oa  ne  craignit  point  de  lui  donner  trop,  paroe 

que  Ton  voyoit  clairement  le  bon  emploi  qui  s*en  £aifoit« 

Eu/,  X.  hifi.  ^^  Eglifes  pofiedoient  dqa  des  immeid)Ies ,  comme  ii  pa- 

c.  {.  roit  par  Tedit  de  Confiantin  &  de  Licinius ,  qui  en  ordonm 

LaBanu  dt  j^  reftitution  en  3  1 3  ,  mais  depuis  la  liberte  ,  elles  en  eu- 

mort,if€rj,n.  ^^^^  ^^  ^j^^  grand  nombre.  On  leur  donnoit  des  maifons 

Uifi.  Kc(L  dans  les  villes ,  des  terres  a  la  campagne ,  c*eft-a-dire  des 

^  IX.  a.  46.    villages  entiers ,  avec  les  habirans ,  qui  etoient  tous  efcla« 

ves  g'9  &L  cela  avec  une  telie  magnificence  ,  qiie  l'Eglife 

H^.  Eccl  Romaine,  par  exemple,  avoitdes  terres  jufqu*aux  l>ords 

if!  ***'''  "*  ^^  l'Euphrate,  pour  lui  fournir  de  rencens&  de  parfiuns. 

5.  Gr€$.  I.  OnenvoyoitfurIesIieuxdesSousKliacresoud*autresQercs, 

^ift*  ?••  71«  pour  adminiftrer  ces  patrimoines. 

I^il!'"^'       L'EgHfe avoit donc  alors  deux fortes de  biens : les Wri-: 

tages  dont  elle  tiroit  les  revenus,  &  ies  oblations  jouma^ 

liires  qui  continuoient ,  quoique  moins  abondantes  qu*au* 

Chryf,  in  P^nvant.  Les  plus  faints  Eveques  s'en  plaignoient ;  &  euf- 

Matth,Hom.  fent  mieux  aittae  n*avoir  que  du  cafuel ,  s*il  eut  pu  fufEre 

^  J;  .    encore ,  que  d'etre  reduits  a  faire  des  baux,  a  compter  avec 

s,  Auzuft! c.  ^^  fermiers,  &  i  prendre  tous  les  autres  foins  que   de- 

as«  mandent  les  revenus  annuels.  IIs  s*en  d^charg^rent ,  ou  fur 

les  Archidiacres  h ,  ou  fur  les  Economes  qui  furentinfiitues 


g  En  Fraoce  ,les  habitans  des  campagnes  ^toient  la  plupart  ferfs^ 
de  la  claUe  de  ceux  qu'on  appeloit  Jcrvi  gUba  adfiriptiy  comme  il 
y  en  a  encore  dansquelques  provinces. 

h  Oans  les  paroii1'es  ,  les  archidiacres  s*en  ddcharg^rent  fur  ler 
Cur^s.  Mais  dans  la  futtc ,  on  ehoifit,  parmi  les  laTques  de  chaque 
paroilfe  ,  quelques  notablcs  pour  adminiftrer  les  revenus  de  la  Fa« 
brique  ,  c'e{l-a-dire  deftincs  i  Tentretien  de  rEglife.  Ces  Admiaif- 
trateurs  furent  nomm^s  Marguilliers,  On  en  (^tablit  auiTi  dans  let 
Cath^drales  &  coll^gtales  *,  &  pour  les  diftinguer  des  Ecclefiafti« 
ques ,  qui  etoient  auparavant  chargds  de  ce  foin ,  on  les  appela 
"Marguilliers  lais.  11  y  en  a  encore  a  Notre-Dame  de  Paris.  Ils  fonl 
au  nombre  de  quauc.  lls  aiUftent  i  l'o/fice  les  jours  de  fttes  io? 


AU  DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.  ;;? 
dins  toutes  les  Eglifes  ,  du  corps  mita&  du  Clergii  ,  par  p^ktie  II 
orJonnjnce  du  Concile  de  Chalc^doine  :  tnaisils  rcndoient  Chaf.  X. 
touiours  compte  a  ['Evcque.  Les  plus  faints  Evequc* ,  apris  '*"*■■  ^**^ 
avoir  donnc  lous  leurs  biens  auit  pauvres ,  ne  laiflbient  pas  ,'  *,/  *^  '^"^ 
de  con(i:rvcr,  &  meme  d'auginenter  avec  un  graod  roin  (rt. 
cevx  del^tglife.  '*■  •pVj: 

Ces  bicns  etoient  adminiAres  en  commun ,  &  fe  diftri-  ^ ,,„" 
buoient  au  clergc  &  aux  pauvrcs ,  Tuivant  IWage  &  les  or- 
dres  parriculiers  de  TEv^que.  La  coutume  la  plus  generale    ,,_  t  t.t 
fut  d'en  fjire  quacre  paris :  on  en  donnoit  une  i  TEveque ,  VMit%-t»at 
pour  rcntreiicn  de  fa  maifon  &  pour  rtiofpiialite ,  dont  il  ""'' *7'  *<■ 
«toitchargc;  lafecondc^oitpourlafubfillancedesClercs,  ,/gM.  '°* 
la  troifi^me  pour  les  fabriques,  c'ell-ii-dire  les  repara- 
tions  des  batimens ,  le  luminaire ,  &  tout  te  reHe  de  Ten- 
ireiien  des  Eglifes ;  la  quatri^me  pour  les  pauvres.  Ce  n'e- 
toitpasun  pariage  desfonds,  mais  feulcment  unedeftina- 
tion  ginirale  des  rcvenus  ;  lauf  i  changer  daiis  les  occa- 
Cons  extraordioaires. 

LesClercsqui  nevivoientpas  en  commun.foit  parce   it-i.t.r. 
qu'ils  etoient  maries ,  ou  autrement ,  recevoient  par  mcns  „  2^^^ 
ou  par  femaine  des  gages  ou  penfioru  en  argent ,  ou  des  jtug. 
provifions  en  efp^ces ,  que  Ton  appcla  depuis  Pribtndts  i ,  f_,  _,  .^ 
comme  qui  diroit  livritt.  On  pouvoit  les  augmenter,  les 
diminuer ,  ou  les  retrancher  lout-a-fait ,  k  proportion  du 
fervice.  Quoique  fcrvani  TEglife ,  ils  euflent  droit  dc  fub- 
fifter  i  fesdepens;  touiefois,  croyant  ^irc  obligis  dedon- 


lcnnetlei ,  eiint  en  robe  8t  le  banavt  carrf  i  U  miin.  Ili  oot  nfan. 
ce  dini  lei  biHei  ftiUei  du  chiruT ,  h  vani  i  rofliande  aprei  le 
V.ler^i.  Iti  rcfoiveiit  chlqne  jour  un  piin  de  Chipicre.  Itl  joiiiDi;!)! 
c)'un  lief  ipptii  U  fief  dei  Tombti,  aflii  lu  faubourg  S.  Jacquei, 
hL  prci  le  lieu  od  ^iDii  ti  pone  S.  Jai.quei ,  i  caufe  duqnel  iti  per- 
foiveiil  det  ceni  Sc  loJi  &  vcncei  Tur  una  pactie  du  quaiiier.  Tioo- 
(on  ,  dint  lj  lil!i.-  qu'il  donne  Jei  !iei|;ncun  qui  snc  tt(  U.  cenrivo 
ilanl  Pirii  ,  ilit  qi.e  cf  flef  ()es  Tombei  ?pp'iueni  auK  quaire  Mir> 
Ituillieii  laii  de  rKjine  i1l-  Pjrii  ,  U.  i  riKuTre  U.  Fabrique  d'icctle. 
Lei  imoluineni  aiiiibuei  i  cei  Marguillieci  Uii  djnacctit  qii'il( 
iivoieTit  auiieloii  dei  funSioni  :  pr^rentement  ili  ne  fooi  plu* 
q^-.;J  hon,.,„. 

I  yrmUi.,1.1  ,  du  lailn;>rr«ter</(u  pritffdrr ,  ^uafi  pariio  pr^tn- 
ia  ,  feu  prapjndj.  On  cunlDnii  q^ielquefoil  le  Cerme  de  pribcnd* 
ivec  ttlui  ilccinonicat,  pirce  qit'oidtiiiirenient  il  y  a  une  prjbenda 
eu  portioii  de  fruiii  atcach^e  i  chjque  cjnonicat.  11  y  a  cepenJjat 
dei  canonicatt  honoraiiM  ,  lint  ^icbcndei,  &  dei  ptJbenJet  bnl 
titre  d«  canouieii, 

Z  iij 


35»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

PAfiTiE«  II.  ^^^^^  pcuplc  rcxemple  de  la  perfeSion  chrerienne ,  ils  ne 
CHAT.  X.  fe  fervoient  de  ce  droit  que  le  moins  qu'ils  pouvoient ;  & 
**  ^p^r'  P'"^^*^  >  P^"''  laifler  aux  pauvres  les  biens  de  rEglife  , 
ia/xji.  ic.  iubfiftoient  de  leur  patrimoine,  ou  meme  du  travaiJ  de 
Difi.^u  r.{.  leursmains,  a  rexemple  de  TApotre;  &  on  trouve  desca- 
A-exeonc.vt,  Qons  qui  Tordonnent.  Ceux  qui  vivoient  en  commun ,  & 
ti.  q^  t,  c.  ^"^  ''^"  appela  depuis  Chanoincs  k ,  gardoient  lapauvrere 
13.  II.  ex  commelesMoines,  etant  dechargcsdc  tout  fotn  temporcL 
^'u-n    r      ^^^  furcnt  les  biens  eccle(iafliques  &  leur  emploi ,  pen- 

Jitfl.    Eccl,    «        ffl*  >         /■•1 

/v.  XXIV.  n.  dantleshuitpremiersfiecles. 

CHAPITRE       XI. 

^ttiVc   ^«  ritat  dcs  Bicns  dt  1'EgUfe. 

m 

DEp  t7is  le  neuvieme  fiecle ,  nous  trouvons  une  troi- 
fieme  efpece  dc  biens  ecclefiaftiques ,  outre  les  obla- 

Conft,  apoft.  tions  volontaires ,  &  Ics  patrimoines  / :  ce  font  les  dix- 
^'  CaP  II  *"^^  "^*  quiont  ete  Icvees  depuis  ce  temps,  corameune 
XXI.  c'.  $.  6.  cfpece  de tribut  Auparavant ,  on  exhortoitles  Chretiensa 
7.  les  donner  aux  pauvres  ,  auflS-bien  que  les  pr^mices ,  &  a 

^ug.  w  ?f.  f^jj.^  encore  d*autres  aumones;  mais  on  en  laiflbit  Texe- 
Concjiatifc.  cution  i  Icur  confciencc  n ,  &  elles  fe  confondoient  avec 
II.  c.  $.  an.  les  oblations  journalieres.  Sur  la  fin  du  fixiemc  fiecle  , 
f?{''n      /•  L  comme  on  nedieeoit  ce  devoir ,  les  Eveques  commence- 

Cabtllon.fub  »        ,  ,f  .       . 

Carolo  M.  c,  ^^^^  3  ordonncr  1  excommunication  contre  ceux  qui  y  man- 
I.  tfn.  )i|.     queroient.  Et  toutefois  ,  ces  contraintes  etoient  defendues 

^^6.  "T'*  ^°  ^"^"^ '  ^^  *®  ^^"P^  ^^  Juftinien  o. 
$•  capit.  c.      I^  duretg  des  peuples  croiiTant  dans  le  neuvieme  fiecle  ; 

4«. 

fc  Cc  nom  ne  commen^a  que  lorfqu*on  cut  in%€  dcs  Eglifcs  Ca- 
th^drales  ;  cc  qni  arriva  vers  Tan  1x4.  Voyex  cc  quieft  dit  ci-devant 
dt%  Clianoines  ,  I.  part,  ch.  XVII. 

/  On  entend  ici  par  lc  terme  de  Patrimoine  ,  non  pas  les  bicns 
propres  dcs  Eccl^fiaftiques ,  mais  ce  qui  a  6t&  donni  aux  Eglifes 
pour  lenr  prcmieie  dotation  ,  ou  qui  y  a  ei^  ajout^  dcpuis,  par 
queiqnc  dotation  ou  fondation  particuliere. 

m  Voyex  la  note  qni  eft  ci-dcvant  fur  lc  chapitrc  X  ,  touchant 
rorigine  des  dixmes ,  oil  Ton  voit  qu'clic  remoutc  au-deilUs  du 
IX.   A^cle. 

n  C'cft-i-direii  leur  d^votion ,  n*y  ayant  pas  encore  de  loi  qul 
«vbligeflt   dc  paycr  la  dixme. 

c  Voyei  la  lo|  }9.  §.  i.  cpd.  de  epifop.  &  cUriciu 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       jjjf 

on  renouvcla  la  rigueur  des  cenfures ,  &  les  Princes  y  joi-   p^n^iE  H 
gnirent  des  peines  temporelles.  Peut-etre  que  la  diffipation  chap.  X^' 
tlcs  biens  ccclefiadlques ,  obligea  de  faire  valoir  ce  droit, 
que  Ton  voyoic  fonde  fur  la  Loi  de  Dieu  p  :  car  ce  fut 
alors  que  \ts  guerres  civilcs  &  les  courfes  des  Normands 
firent  lcs  plus  grands  ravages  dans  tout  TEmpire  Fran^ois. 
11  eft  vrai  quc  l'exa6tion  des  dixnies  ne  s*etablit  qu^avec    ^ongin.  an. 
grande  peine  chez  plufieurs  peuples  du  Nord.  Elle  penfa  *^*^^^  ^„ 
renverfer  la  Religion  en  Pologne  ,  environ  cinquante  ans  io7{. 
apres  qu'cllc  y  eut  ite  fondee.  Les  Thuringicns  refufoient   ^'fl-  '«^^/- 
encore  en  1073 ,  de  payer  les  dixmes  ^  rArcheveque  dc  'g'  lJ|,J/'J,^ 
Mayencc,  &  nes*y  foumircnt  que  par  force.  S.  Canur,  $7. 
roi  de  Dancniarck ,  voulant  y  contraindre  fes  fujers,  $'at-  .^*"**  Gram. 
tira  la  revoltc  oii  il  fut  tue.  Encore  k  prefent ,  la  dixme  n'eft  ''*  '  ^*^-^' 
pas  crablie  cn  Frife.  ZyFxus  jux 

Pluficurs  ont  pr^tendu  que  la  dixme  eft  de  droit  divin ;  r««f'/-'«^-  J. 
&  fur  ce  fondemcnt  on  a  ordonne  qu'clle  feroit  lcv^ela     V^  «.'t! 
prcmicre  fur  Ics  fruits  q  dcs  heritages ,  avant  tous  les  cens    C,  cum  nom 
&  les  droits  feigncuriaux ;  &  ccla  fans  aucune  deduGtionfi^^^''^'^'^^* 
de  labours  &  femenccs;  etant  due  k  Dieu,  en  reconnoif-  J'15.^,*  j-  * 
fance  de  fa  fouverainetc ,  ellc  doit  etre  preferee  a  tous  de- 
voirs  &  a  toutes  dettes  humaines.Il  s'enfuivoit  auffide-li, 
qu*aucune  terre  ne  devoit  en  etre  exempte  ;  &  quc  les 
iaiques  qui  fe  trouvoient  en  pofleflion  d*un  droit  de  dixme  ,  tU  decim,  tol 
dcvoicntctrc  reeardcs  comme  des  ufurpateurs  facrileges  r.  ^*  cvnc.  Lii- 
Onadepuis  ^tabli  la  dixme  perfonnelle ,  c'eft-a-dire  fur  ce  jj^^*^*^ 
qui  vicnt  de  rinduftrie/»  du  travail  &  de  toutautre  gain  j,  adapofi. 
licite ;  afin  que  perfonne  ne  s^exemptskt  dece  devoir.  >o.  de  dcdm. 

c*  paftoral. 


X%.9hU 


p  La  (lixme  ^toic  de  droic  divin  Mofulque ,  mais  non  pat  de 
drotc    divin  naturel    &  chrcticn.  Difi\  deFra-Paolo,  p,  80. 

q  La  dixme  (e  Uve  en  nacure.  II  y  a  n^anmoini  des  lieux,  otl, 
fuivanc  d*ancicns  abonnemens ,  elle  fe  paye  en  argenc ;  comme  k 
Ar«;cnteuil  pres  Paris  ,  ou  Ton  paye  1  f.  6.  d.  par  arpcnc,  paur 
tcnir  lieu  dc  la  dixme. 

r  Depuit  ce  temps,  les  dixmes  infcod^i ,  c*e(l-idire  celies  qai 
fonc  pcilcdcet  a  ticre  dMnfcodacion  par  des  laiques ,  ont  cc^  auco- 
lifces  par  le  Concile  dc  Latran  ,  tenu  en  1179 «  pourvu  que  les  ti« 
II  cs  de  ces  dixmcs  foienc  antcrieurs  a  ce  Concilc. 

y  Le  Concile  de  Trone  ,  proclie  SoiHbns ,  cenu  en  9x9  ,  ordonne 
dc  payer  la  dixme  de  cous  les  bicns ,  mcmc  du  crjfic  &  de  Tinduf- 
cric.  Ccletlin  UlorJonna  en  119S,  fous  pcinc  d'excommunicacion, 
i\e  pjyer  la  dixmedu  vin ,  grjins  ,  aibre»  truicicrs  ,  brebis  ,  jurJius, 
^iJtic  ,  de  la  p.^ye  des  fbldats ,  dc  la  challei  du  produic  des  mouluif 

Ziv 


f^«f^4#«i^^>r 


360  INSTITUTION 

PAaruIL      ^  TliOfiBS,&  les  plus  favans  tlicologiefis  ,  onc  reoooat 

Ch%p  xl   que  la  dizine  n*e{l  de  droit  divin,  qu^en  tant  qu*eUe  eft  ne- 

sJ^'  ^  ''  ceflaire  pour  f^ire  fubfifter  les  Miniftres  de  TEgliie  ;  car 

randenne  Loi  ne  nous  oblige,  que  quant  aux  precepcesde 

fliora!e,qui  obligeoient  meme  avanc  d'e(re  ecrits,  porce 

qu^ils  ibnt  fondes  fur  ia  lumiere  de  la  raitbn.  Mais  il  etoic 

ic  ]a  loi  ceremonielle  &  de  la  police  particuliere  du  peu- 

pled^Ifrael ,  d'avoir  determine  la  fubfiflance  des  Miniftres» 

enfone ,  qu*ils  n*eu&nt  point  d'heritagts ,  &  que  leurr 

'  fir^es  leur  donnafient  la  dixi^me  partie  de  ieurs  revenii& 

Les  Chrettens  pourroient  donc  s^acquitter  decedevoir,en 

donnaot  d*aiileurs  fuffifamment  au  Clerge.  £t  pour  reveoir 

au  droit  de  l*ancienne  Loi ,  il  £iudroit  que  ies  i^lifes  n*euf- 

lent  point  d^immeubies ,  ni  ies  Qercs  de  patrimoine  ;  auffi 

les  Grecs ,  &  ies  autres  Chretiens  Orientaux  ,  n*ont  poim 

fouffert  que  l'on  etabiit  chez  eux  i*exadion  des  dixmes.  Cela 

n*empeche  pas  qu*elles  ne  foient  aujourd*hui  d*obligarioD 

parmi  nous,  par  la  coutume  de  huit  cents   ans,  &   la 

conAiturion  humaine  ,  fondee  fur  l*exemple  de  la  Loi  di- 

vine  pofitive. 

C6ac.  Trid       Cependant  ies  biens  des  Eglifes  fe  partagerent  petit-a- 

fiff.  XXV.  d€  petit »  juiqu^a  faire  toutes  ces  portions ,  que  nous  appelons 

^'  "*       Beneficcs  t.  Les  Monafteres  de  tout  tcmps  avoient  leurs 

biens  fepares ;  &  un  des  premiers  articles  de  leurs  exemp- 

tions ,  fut  de  n*en  point  rendre  compte  aux  Evetfues.  Vers 

le  dixieme  fiecle ,  on  commen^a  de  meme  a  diviier  la  menfe 

des  Clianoines ,  d*avec  celle  de  TEveque :  &  les  Chanoines 

ont  encore  fait  entr*eux  plufteurs  partages,  a  mefure  qu*ils 

fe  font  plus  iloignes  de  la  vie  commune.  Ce  font  toutefois 

ceux  de  tout  ie  Clerge  ,  qui  ont  le  plus  garde  de  veftiges 

C  €um  Ccn"  de  i*ancienne  Communaute.  Quant  aux  Cures  difperfes  de 

^  29.  di  la  campagne,  les  Eveques  leuront  iaiffe  lesdixmes  de  leur 


i  vent.  Quelques  Canoniflet  pretendent  m^me  qu'elle  eft  due  par 
les  pauvres  |  des  aumunes  qu'ils  re^oivent ,  &c.  Mais  U  preftation 
de  la  dixme  d^pend  de  l'ulage  d«s  lieux,  tant  pour  la  fixation  des 
choles  d^cimables ,  que  pour  la  quotit^  de  la  dixme.  £n  France  oa 
jie  per^oit  d'autre  dixme  que  celle  des  fruits  naturels  8c  induflriaux  , 
&  les  dixmes  de  cbarn»ge ;  le  tout  felon  rufage  de  cliaque  lieu. 
/  Les  dixmes  m£me  furcnt  partagtfes.  Charlemagne  autorira  les  Ev^ 

2\]5S  a  diAributr  les  dixmes  comroo  ils  voudroieot.  £0  «f rtaiiu  licuv 
I  «o  pritcnt  une  ptf  1  pour  cuju 


AU   DROIT    ECCLfiSlASTIQUE.       ?«i  ^^^ 

territoire;  ou  retenant  les  dixmes,  ils  leur  ont  affure  de»   paktii  IL 
penfions  en  argent  ,  ou  quelque  auire  revenu  fixe.  Cuaw.  xC 

II  feroii  impoinble  d'exp]i[]uer  lout  le  ditail  de  ce  par-  * 
tage ,  qui  a  ete  difTerent  Celon  les  cemps  &  les  lieux :  maii 
eiifin  les  cbofes  fonc  venues  a  ce  point ,  que  chaque  u  Oi- 
fiuer  dc  TEglife  a  fon  revenu  fepar^  ,  dont  il  jouii  par  (e» 
mains ,  &  dont  il  fait  remploi  fuivani  fa  confcience ,  fans 
en  rendre  compte  a  perfonne.  Cell  ce  revenu ,  joint  i  un 
Office  ecclefiaftique ,  que  nous  appelons  Binificc  ;  nom  qui 
vient  de  ce  qu'au  commenccment  les  Eveques  donnoieot 
quelquefois  aui  Ecclefialliques ,  qui  avoient  long  -  tcmps 
fervi ,  quelque  portion  des  biens  de  TEglife ,  pour  cn  jouir 
pendant  un  icmps ,  apris  lequel  ce  fonds  revenoit  a  TE- 
gUfe :  ce  qui  reflembloit  aux  recompenles  des  foldars  Ro-  ,g  .  t.M/l 
mains  ,  que  Ton  appeloit  Benificei ,  &  dont  quelques  \M-ft^<ma   bi. 
teurs  font  venir  nos  fiefs.  Quoi  qu'i!  en  foii,  on  trouve  "*>""!■'*• 
des  exemples  dc  ces  benefices  ecderiafliques  Ahi  le  com-  ^,  t.aiC*- 
■Renceincnt  du  ftxiime  fi^cle ;  &  nous  voyons  le  nom  de  yi^r.  tea:.  A- 
Binefiet  en  ufage  x ,  dans  lc  memc  fcns  d'aiijourd'liui ,  dis  *"'*•  '•  **• 
le  douzi^me  fiecle.  Hiyi.  £«/*/; 

Le  partage  ne  fiit  pas  A  egal ,  qu'il  ii'y  eut  beaucoup  J'v    ifx)'  <■' 
plus  de  Clcrcs  quede  bincfices,&Iesordinations  fans  ti-  M- «*■»-•■ 
/re  y  etoient  frequentes  dans  le  meme  temps.  Les  Pretre» 
pauvres  etoieni  donc  rcduiisa  fubfiftcr  desoblarionsjour-     ^'f""^ 
nalihe*  des  tideUes  qui  alTiftoient  a  leurs  McfTcs  ;  car  il  r,gaK. 
ixo\X  encore  ordinaire  de  donner  i  Toffrande  ,  ou  mcme  ils 
recevoient  quelque  retribuiion  pour  les  autrcs  fonftions. 
II  eA  vrai  que  le  Concile  de  Latran  ,  tenu  fous  Alcxandrc 
III ,  condamne  comme  une  fimonic  horrible  ,  de  ricn  ext- 
ger  pour  les  prifes  de  pofleflion ,  pour  lcs  fcpuliures ,  pour 
la  ben^diflion  des  noces  ,  &  pour  les  autret  Sacreniens  j 
itiais  il  ne  defend  pas  de  recevoir  ce  qui  eli  otlen  vulon- 


■  Onpifte  ici  dtcc  qui  te  voiile  f'ui  comnnui^nifni.  N^jnmolnt  . 
dani  pl.:ricuTi  ttilir»!  Mculiitei  &  r^guliertt .  il  y  ■  briucoup  d'offi<M 
fjot  b(D<Acci ,  &  heiucoup  it  Cleics  .  &  mkmt  it  VsMti  hibitu^ 
liant  lci  patoiirti  qui  n'ani  lucuntpr^bcnrie  ni  r^lribuiico  fiic,  mitt 
feiiiemeni  qudque  pifi  au  cifuel.  t  pruportion  di  lcuri  aflHanctl  ic 
du  fefvice  qiiMi  rtndtni  irEgiifc. 

«  AupiiiTipi ,  lei  ERlirei  pout  ter.|uell«i  chaquc  Eccl^liidi^ut  Aoit 
ot-lorn*  ,  iiuientuonim^et  i''(W> ,  littei. 

y  i-  't.l-j.(fif e .  (*ni  quc  l'tc<UIUfli4uc  Wi  otdonnj  pow  •tlct  d«f- 
ffivli  uniltllt  i^it. 


^Si  I  N  S  T  I  T  UT  I  O  N 

Partii  II.  tairement.  On  a  donc  dlftingu^  les  padions  &  les  exadions 

Cmap.  X1«  forcees  ,  d'avec  les  retributions  volontaires  ,  ijui  ne  fc 

S.  Th,  X.  1.  donnent  qu'apres  Texercice  dcs  fonftions ,  pourvu  que  Tin- 

q.  loo.  ari.  tenrion  des  Miniftres ,  qui  re^oivent  ces  retributions ,  foit 

•  ^*  pure  ;  &  qu'ils  ne  les  regardent  pas  comme  un  prix  des 

Sacremens ,  ou  des  fon^lions  fpiriruelles ,  mais  comme  un 

moyen  dc  fubvenir  k  leurs  neceflites  temporelles. 

Ccs  retributions  ont  palTe  en  coutume ,  que  TEglife  a 

autorifee.  Les  Albigeois ,  ennemis  des  Pretres  &  des  Clercs, 

en  prenoient  occafion  de  les  calomnier  :  plufieurs  d*entre 

ks  Catholiques ,  imbus  de  leurs  maximes  ,  refufoient  de 

donner  ces  retributions  accoutumees ,  fous  pretexte  d*ob- 

t,  ad  apofi,  ferver  lcs  anciens  canons.  Ceft  pourquoi  le  Concile  de 

^conc  tT  ^3tran,fous Innocent  III,  renouvclant la  defenfe  des  exac- 

t.  66,         '  tions ,  ordonna  que  les  pieufcs  courumes  feroient  obfer- 

vees ;  que  les  Sacremens  feroient  conf^^res  liberalement ; 

niais  que  TEvcque ,  avec  connoifTance  de  caufe  ,  riprime- 

roir  la  malice  de  ceux  qui  voudroient  changer  les  louables 

coutumes  ^- 

R/ow  ,51.      Qq  ^xdxt  a  toujours  ete  obferve  depuis ,  &  les  Ordon- 

< «« >  17.   ngp^gg  jg  France  y  font  conformes.  En  quelques  diocefes , 

il  y  a  des  taxes ,  fuivant  lefquelles  TOfficial  regle  ces  droits , 

s'il  y  a  conteftation.  Les  Cur^s  des  villes  n*ayant  point  de 

dixmes,  n'ont  prefque  pointd*autre  revenu  que  ces  ritri- 

butions  cafuelles ,  pour  eux  &  pour  les  Pretres  qui  travaii- 

lent  avcc  eux  dans  les  paroiiTcs  a,  , 

Voila  donc  quatre  e^eces  de  biens  ecdefiaftiques ,  fui« 
ranr  Tufage  prefenr.  Les  oblations  purement  volontaires; 
ks  fonds  de  terre  ,  &  les  autres  immeubles ;  les  dixmes  ; 
les  retributions  cafuelles ,  mais  exigibles.  11  y  a  quelque 
chofe  de  particulier ,  touchant  les  ioimeubles  &  les  dixmes. 


\  On  appeloit  ainfi  certains  ufages  pieux  ,  que  lc$  fidelles  obfer- 
voient  conimur.ement,  fans  qu'ils  fuifent  n^anmoins  fl*obligation. 
Telle  ctoit  au  commencementU  contume  depayerU  dixme. 

a  Ce  cafuel  des  Cur^s,  e(l  ce  que  l'on  appelle  vulgairement  U 
Crcux,  On  comprend  fous  ce  terme  tous  les  droits  cafuels  qu*ils  re- 
^oivent  au-deli  du  gros  ou  de  leur  portion  congrue.  Le  creux  eft  prin- 
cipalement  ce  qui  td  donn^  aux  Cur^s  pour  l'adminiftration  des  fa- 
cremens ,  8c  pour  les  f^pultures.  Les  ofifrandes ,  les  retributions  des 
•ineires ,  les  fondations ,  &  gdn^ralement  tous  les  honoraires  :  c'eft 
pQurquoi  le  €reux  e6  au(fi  appel^  aonoraire» 


AU   DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.        363 


CHAPITRE      XII. 

De  rAllcnation  ,  &  dc  V Acquifulon  da  Biens  de  rEglife, 

LEglise  n'a  ni  la  memc  libcrte  que  les  particuliers 
d*acqiicrir  des  immeubles ,  ni  la  meme  liberte  de  les 
aliener.  Les  biens  ecclefiaftiques  etant  confacris  a  Dieu  ,     '»•  f  •  «•  ^^ 
il  n'y  a  aucun  homme  qui  en  foit  proprietairc  b  ,  ni  qui  ^'^ 
puifle  cn  difpofcr  autrement  que  les  canons  Tont  ordonni , 
fans  commettre  un  facriL^ge.  Du  commencement ,  la  cha- 
rite  des  Eveques  etant  evidente ,  ils  avoient  grande  liberti 
d^aflfranchir  les  cfclaves  dc  rEglife ,  de  vendre  les  vaifleaux 
facres ,  pour  racheter  les  caprifs,  ou  nourrir  les  pauvres: 
de  donncr  mcme  des  fonds  ,  pcur  recompenfer  des  fervi- 
ces  rendus  a  rEglife ,  ou  fonder  des  Monafteres.  Quelques- 
nns  en  abufoient ,  &  on  en  voit  des  plaintes  dans  les  Con-  ^^,  yj.* 
cilcs;  cVft  la  raifon  pour  laquelle  les  canons  ont  defendu    «i*  f-  2.  c. 
aux  Evcques  ,  &  a  tous  les  autres  qui  ont  la  difpofition  W<"»*™'  **• 
<lcs  bicns  de  TEglife  ,  d'en  aliener  lc  fonds ;  afin  de  ne  fe  j^.  c.abbaiC 
pas  mcttrc  hors  d*etat  de  faire  le  fervice  divin ,  &  de  fe-  tus  c.cftquiw 
courir  les  pauvres.  Les  Princes  appuycrent  ces  defenfes.  ';  ''"''*• '•^- 
L  Lmpereur  Leon  nt  une  Loi ,  pour  empechcr  1  alienation  Symmai.ho 
des  biens  de  rEgUfe  de  Conftantinople.  Juftinien  ctendir  ce  ^P-  L,  juhc^ 
droit  a  toutes  les  Eglifes ,  par  des  Conftitution"»  ,  qui  tk-  *""*  ^^  •^*"^''" 
glcnt  exaflement  tout  ce  qui  rcgarde  ccttc  matierc.  11  a  eod, 
fallu  renouvclcr  de  tcmps  en  tempscesOrdonnanccs ,  parce     Novct,  7. 
que  Ics  Ecclefiaftiqucs  ,  n*ayant  que  la  jouiffance  de  ccs  ^***"^''  "^ 
l>icns,  ont  eu  quelquefois  plus  d'appIication  a  en  tirer  ce 
qirils  peuvent ,  pendant  qu'ils  jouifFent ,  qu'a  pourvoir  a 
]*utilitede  leurs  fuccefleurs ,  principalement  danslcs  dcrniers 
tcmps  ;  ou  ils  n'ontpaset(i  choif:s  avcc  tant  de  foin.  Sous 
le  nom  A'Alicnation ,  on  comprend  la  donation ,  la  vcntc  ,   ^-  ^«'''^  s* 
J*echange  &  meme  rhypothcque  ;  en  un  mo: ,  tout  aftc  ^^^^**  '^*^* 
tranftatif  c  de  propriete. 


h  On  peut  comparer  la  propri^t^  des  bicns  qui  appartienncnc  4 
i'Kgiife,  i  tine  propridt^  grevee  de  fubAitution  a  Tintini.  L*Eglifc  a 
Jj  prof'rietc  de  ces  biens ;  les  Ecclcfuftiques  tirulcires  (?e  cctte  Egiife 
ii*or.t  ({ue  l\il'ufruit  dc  ces  biens  ,  pendant  qu*iis  U  dcdervent. 

c  Ou  qui  teod  k  y  doniitr  aucince »  &  a  la  reodre  moins  tibre  6c 


3*4  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

P ARTiB  1 L      ^  y  ^  toutefois  des  alienations ,  qui  peu vent  ^tre  utiles 

Cbap.  XIL  ^  rEgiire ;  comme  de  bailler  a  rente  fonciere  ou  si  emphy- 

Nov.  7.  |.  ^^^  ^  >  d^s  mairons  ruineufes ,  ou  des  bois  a  defricher ,  eu 

)  No¥.  iia  d*autres  terres  inutiles  e ;  comme  d*^changer  desheritages 

'^,^*  proches ,  contre  d'autres  plus  eloignes ,  de  meme  valeur. 

7.  eed.  II.  q,  Suivant  Tancien  droit ,  on  ne  demandoit  que  Tautorite  de 

2.  c.  Temdas  TEveque ,  avec  le  confentement  de  fon  Clerge.  Les  exemp- 

^L     .  o      tions  ont  fait  recourir  a  Tautorit^  du  Pape  ,  a  i'ceard  de 
iv^.rxv.r.  .  /•       •    •   \^r\  1-     •  •  » 

j,€.t.derer.  <^6ux  qui  ne  lont  pas  foumisa  lUrdmaire  ;  mais  on  sea 

permut.ii.q,  difpenfe  a  prefent,  obfervant  qu'il  n'y  ait  point  de  collu- 
^'^f^"'f  ^''  fion  :  car  c'eft  lacondition  efientielle.  En  France,  il  faut 

^.  fine  $z.  •   .  j      n    •        •  .•1/1 

que  1  autonte  du  Roi  y  intervienne ,  parce  qu  u  eft  pro« 

Mim.   du  tedeur  des  Eglifes ,  &  confervateur  des  canons.  Voici  donc 

Cler.i  part,  quelle  eft  parmi  nous  la  forme  des  alienations  du  bien  de 

rEgiife ;  d*un  Chapitre ,  par  exemple ,  qui ,  pour  acquitter 

des  dettes ,  veut  vendre  un  heritage ,  dont  il  tire  peu  de 

revenu.  Le  Chapitre  fait  une  condufion  ,  TEveque  Tap* 

-  prouve.  Le  Chapitre  obtient  des  Lettres-patentes,  par  lef- 

quelles  le  Roi  confirme  la  conclufion,  &  permet  raliena- 

tion.  II  en  demande  rhomoiogation  au  Parlement ,  qui » 

avant  faire  droit ,  ordonne  ,  fur  ies  conclufions  du  Procu- 

reur  general ,  quMI  fera  informe  de  commodo  &  incommodo  , 

&  commet  a  cet  effet  le  Juge  royal  des  lieux.  L^alienation 

doit  ctre  faite  au  plus  ofirant ,  apres  des  publications  &  des 

encheres, 

Si  ces  formes  n'ont  pas  ete  obfervees ,  Talienation  eft 
nulle ;  &  Tacquereur ,  ni  fes  heritiers «  ne  feront  a  cou- 
vert  par  aucun  laps  de  temps,  quelque  longue  qiie  foit  leur 
pofTcinon.  Mais  iorfque  le  titre  vicieux  ne  paroit  plus,  & 


d  Pour  ces  beaux  emphit^otiques  &  autres  i  loneues  ann^es,  il 
fautobferver  les  form.ilites  des  alienations,  dont  il  efl  parl^  ci-aprc$. 

t  l.e  c-non  Tcrrulas  qrii  eft  fameux  dans  celte  m.itiere,  tire  du 
Conci!c  (i'Ag'';,  tcnu  en  505  ,  &  rapport^  par  Gratien  ,  autorife  let 
Evequcs  u  ;ili^ner  feuls  &  fans  ie  conieil  du  Clcr^i  ^  Jiae  conjilio  fra' 
trum  tcrru^ts  aiit  vineolds ,  des  terres  ou  vignes  pcu  coniidcrables  : 
ina:$  feulcment  cn  cas  que  ce  foient  de  tres-pctites  pieces  de  lerre, 
nrrulas  ,  aut  vlncoUs  &  parvas.  II  faut  auffi  que  ce  foient  dct  biens 
peu  uMles  a  rEglifc ,  Ecclefia  m''nus  utilts ,  ou  que  ce  foient  des  tcrres 
elotgn<^os  ,  aut  loniit  pofitas  ,  &  dans  tous  les  cas  qu'il  y  ait  n^cefftt^, 
fi  uiCijfitas  fuerit.  Parmi  nous  aucune  alicnation  des  biens  de  TEglife 
n*eft  val^hlc  ,  fi  elle  n'e(l  faite  pour  caufe  de  n^fcerfit^  ou  uiilit^  cvi- 
dente  de  T^glife ;  &  qae  Ics  formalites  prcCcrites  pour  rali^nation  dc 
ces  fortes  ds  biensi  y  alenc  M  obfervces. 


AU    DROIT    ECCLeSIASTTQUE.        j6<  

Hm  la  choCi:  a  pafle  a  un  tters  acquereur ,  qui  a  iulle  ritre  Paiit>e  II. 
&  bonne  foi ,  il  pourra  prerctlre  pat  quaranie  ans.  Quoi-   CKAr.  xir; 
que  reguUcremcnt  rauiotiii  de  l'Ordinaire  fufiire,  touie- 
fois ,  on  a  fouveni  recours  3u  Pape  ,  pour  pcrmettre  ou    Cttm.  i,  da 
confirmer  rjlicnation  des  bicns  d'£giife,  afin  de  mettre  Tac-  ****  ****•  "'• 
qu^reur  en  plus  grande  furete.  Les  alienations  ginerales  qui 
fe  firent  dans  le  feizieme  fiCicIe ,  pour  les  necetliEes  de  !'£- 
tat/,  fc  firent  loutes  par  auioriic  du  Pape,  &  eurcnt  des      Mim,   Ju 
formalitcs  paniculi^tes ,  que  l'on  peui  voir  dans  lei  Mt-  ^'"- '°-  A-^ 
moirei  du  Cltrgi.  La  coupc  des  bois  de  hauie  fuiaye  eft  auffi  '*""  "'* 
une  aliinaiion  ,  qui  ne  fe  pcut  faire  qu'en  vertu  de  Lctires- 
patentcs  ,  &  i  la  charge  de  faire  un  emploi  utile  du  prix. 

On  a  pourvu  non-feulemcni  aux  alicnations ,  mais  aux    Cme.  Trid, 
d^gradations ,  &  i  toute  dilTipaiion  ,  par  laquelie  un  bene-  fiff-  ""^-  *• 
ficierpeutnuire  i  fon  fueceffeur.  lleft  defendu  defairedet''  "* 
baux  par  anticipaiion ,  desbiens  d'Eglife,  c'ell-a  dire  fiz 
mois  avant  que  le  prencur  entre  en  jouilTance  pour  les  mai- 
fons  des  villes ,  &  deux  ans  pour  les  heritages  de  la  campa- 
gneg. 

On  a  defendu  aux  etrangers ,  aux  nobles ,  &  aux  ofltciers 
des  feigncurs ,  de  fe  rendrc  fermiers  des  bicns  d'Eglife ,  i 
Caufedeladifficullidelesfairepayer.  On  a  pourvu  auxii»     gigj^  ^ 
parations ,  &  les  Gens  du  Roi  doivent  y  tenir  ta  main.       ^t. 

Les  foins  que  Ton  a  pris  pour  la  confervation  des  bieni 
d'Eglife,  ontfait,quedansla  fuiiede  plufieursfi^cles.une 
bonne  panie  des  heritages  fe  font  trouvcs  lui  appartenir, 
quoiqu'il  y  ait  eu  un  grand  nombre  d'ufurpaiions.  Aufli  Itt 
Magillrats  &  lcs  Scigneurs  ont  craint ,  que  rEglifc  acqui- 
Tani  toujours,  &  n^ali^nant  jamais,  fcrendit  a  la  fin  pro- 
priitaire  de  tous  les  immeubles ,  ou  de  la  plus  grande  par- 
lie.  Le  publicen  fouffriroit ;  car  il  eft  utile,  felon  nosmoeurs» 


/  Ctft  c«  qu(  ron  ippeltc ,  pour  ciur*  it  tubytnixoa ,  ia  fi^fiJiam. 

K  L(i  biux  dci  bicni  d'EgUtc  nc  pcuTent  pas   non  plut  <:i(c  fiiu 

poiir  pluf  dc  Dcufinnjet  i  pu<c<]u'iutr<ntat  ilifcToicniicjiuict  una 


on  t  dcpuis  •ppoiiii  unc  eiccpttonl  ccitc  r^lt ;  (ivoitqiiclt  pauivit 
pjt  r^rig-natton  ou  pcrnuKitiun  ,  tH  Itnu  d'cnltclcair  le  bcil  ttiipac 
lon  rffignjnt  ou  copctmutjnt.   Louet ,    Ul.S.Tamtll. 

Le  bail  fiii  ur  un  Mii  rfguller  ,  du  conCcnicmcul  dci  Rcligicui, 
riihriftc  iprte  fon  Aieki :  niaii  Jt  bJi  htt  pac  YiVai  CHmmciidiuitt  ^ 
finit  t  foo  iMt. 


f^*«-»*^¥t-; 


366  INSTITUTION 

^  qu'il  y  ait  toujours  bcaucoup  de  terres  dans  le  commerce:^ 

Chap.  XIL  ^  Seigneurs  y  ont  granJ  interet ,  a  caufe  dcs  droits  de 
relief ,  &  dcs  loJs  6:  v^ntes ,  &  le  Roi  a  caufe  des  tailles  ;> 
principalement  aux  pays  ou  elles  font  reelles.  Ces  interet» 
etoient  encore  plus  forts  autretbis  ,  a  caufc  du  fervice  per* 
Ibnnel  des  iiefs  h.  Les  Lois  ont  donc  fdit  aux  EccIeGadiques  , 
&  particulierement  aux  Communautis  ,  d^s  defenfes  gene* 
rales  de  faire  de  nouvelles  acquifitiotis  i  :  &  pour  en  erre 
difpenfe,  il  faut  obtenir  des  Lcttres- Patentes ,  quines^accor- 
dent  qu^apres  que  Ton  a  paye  ramortiilement  au  Roi ,  & 
Findemnite  au  Seigneur. 

Cette  indemnite  eil  une  compofition  que  Ton  fait  avec 
le  Seigneur ,  de  lui  payer  une  fois  une  certaine  fomme  k  , 
pour  le  dedommager  a  peu  pres  des  droits  de  relief ,  ou  de 
lods  &  ventes  ,  qu*il  auroit  droit  d*efperer  a  Tavenir;  ou 
bien ,  pour  faire  qu'il  les  conferve  en  e&t ,  la  communaute 
ecclefiailique  lui  donne  un  homme  vivant  &  mourant  /^ 


h  Aaciennement  les  EccIcfiaAiques  poiTedant  des  fiefs  ,  ^coient  obli- 
gds  de  fervir  en  perfonne  ;  depuis  ils  en  furcnt  ditpenfiSs.  11  leur  fut 
raein^  defendu  de  le  tjire ,  a  la  charge  ndanmoins  d'envojer  quelqu^un 
co  leur  place. 

i  La  Loi  Papyria  defendoit  chez  les  Romains  de  confacrer  aucun 
fonds ,  fans  le  confencemcnt  du  peuple ,  de  peur  que  les  biens  des 
particuiiersneforcident  peu  4  peu  du  commerce.  Sous  nos  Rots  de 
1«  premiere  &  de  la  feconde  race  ,  rEglife  acqueroic  librement  des 
fonds;  mais  fur  le  d^cHn  de  la  feconde  race,  &  au  commsncement  de 
li  troifi^me,  les  droits  d^  mutation  pour  la  poffe^fion  des  fondsayant 
^t^  ^cablis ,  les  feigneurs  fe  plaignirenc  que  les  acquifitions  faices  pae 
les  Egiifes,  pr^judicioienc  a  leurs  droics  ,  &  obligeoient  !es  EccU- 
£aftiques  de  metcre  dans  Pan  hors  de  leurs  mains  les  biens  qu'ils  aToient 
acquis.  Saint  Louis  obligeales  Eccldfiaftiques  de  s'arranger  avec  le& 
feigneurs  ,  en  leur  payant  une  indemnice ;  Sc  comme  chaque  feigneur 
fe  plaignoit  que  par  la  fon  fief  ^toit  diminu^  ,  en  remontant  de  deji;re 
cn  degre ,  jufqu^au  roi :  c*c(l  ce  qui  a  donne  lieu  au  droic  d^amortilfc 
ment  qui  fe  paye  au  roi  par  les  gens  de  matn-mortc  ,  pour  la  pcr- 
tniflion  de  podcder  dcs  immeublcs  dans  le  royaume.  IIs  payent  aufTi  ^e 
droit  de  nouveaux  acqu^ts,  pour  la  jouiiTance  qu'ils  onc  euedes  hdri- 
tages  ju^qu'aux  letCres  d'amorciiTemcnc.  On  a  en  dernier  lieu  beaucoup 
reftreint  !a  faculce  que  Ics  gens  de  main-morce  avoient  d'acqiierir.  U 
faut  voir  fur  cette  mati^re,  VEdit  du  mois  d'AoiIt  1749,  regidrelex 
Septcmbre  fuivant,  conccraant  V itablijfcment  &  Us  acquijitions  ies 
gens  dc  main^mortc. 

k  Cetce  indemnice  e(l  du  tiers  du  prix,  pourles  fiefs;Si  du  quint  *. 

1    *  I  j      pour  les  rotures.  S'il  y  a  un  haut  jufticicr  ,  autre  que  le  feigneur 

ArrCti  au    \^q^^\  ^  (qj^  droit  feroit  du  dixieme  de  Tindemnit^.  Si  la  coutume  du 

r.irlcment  9    Heu  donne  plus  ou  moins  au  feigneur ,  il  faut  s*y  conformer. 

Hu  i8  MarS        /  Autrefois,  on  obligcoit  les  gens  de  main-morCe  de  donner  aufl» 

iCfju  iin  homme  conHfquant.  II  y  a  meme  (^uclques  coutumes  qui  L'ordoiL*. 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       567 

c*«ft-i*dire  unparticulier,  ala  mort duquel  on  paye  lesdroirs   partis  lu 

dus  aux  mutations  ,  &  i   qui  on  en  fubftitue  auffitut  un  Cbap.  XII* 

autre.  L^amortilTement  mfe  paye  au  Roi,  pour  le  rccom- 

penfer  de  ce  que  Theritage  tombe  en  main-morte :  car  en 

cette  matiere,  on  appelle  les  Ecclcfiaftiques ,  gensdemain^ 

morten  ^  parce  qu*ils  ne  contribuent  pas,  comme  le  peuple, 

aux  charges  de  TEtat  o,  Si  Fheritage  n*a  point  ^te  amorti» 

les  detenteurs  font  fujets  a  la  taxc  des  nouveaux  acqu^s » 

qui  fe  renouvelle  de  temps  en  temps,  comme  une  peine 

d*avoir  acquis  de  nouveau  contre  les  Lois  du  royaume. 

On  a  trouv^  encore  en  France  un  autre  moyen  dc  mettre 
des  bornesauxacquifitions  desEglifes ,  en  donnant  aux  pa- 
rens  la  fucceflion  entiere  des  beneficiers  y  fans  diflinguer  ce   c^nu  ParU^ 
qui  provient  de  leurs  rcvenus  ecclefiaftiquesp.  ^f*  ii^« 

CHAPITRE      XIIL 

Des  Dlxmes. 

QU  E  L  Q  u  E  foin  que  Ton  ait  pris  dans  les  demiers  fi^* 
des » d*etablir  les  dixmes » elles  ont  re^u  diverfes  ref« 
tridtions  par  Tufage.  Ladixme  perfonnelle  ne  fepaye  plus  en 
la  plupart  des  paroiffes ;  &  1a  reelle  ne  fe  prend  point  fur 
les  fruitscivils,  comme  les  loyers  des  maifons  &  les  arrera« 
ges  des  rentes  ,  mais  feulement  fur  les  fruits  naturels  q  de 
la  terre. 

ncnt ,  comme  celles  de  P^rone  ,  Montdtdier  &  Royc.  Maii  fuiTaiit  la 
deroiere  jurtfprudence ,  on  n'exige  plus  d'homme  confifquaiit.  On 

Sayt  feulemenc  au  feigneur  haut  )unicier ,  une  indemoite ,  pour  It  d^* 
ommager  de  ce  qu'il  perd  Tefp^rance  des  confifcations. 

m  Voyt\  Ic  Traiti  its  Amortiffcmtns ,  par  Jarry. 

II  On  les  appelle  Gens  dc  main-morte,  parceque  lcs  h^ritagcs  M 
fortcnt  plus  de  Icurs  mains  ,  des  qu'unc  fois  ils  y  font  cntr^. 

o  lls  n*y  contribuent  pas  en  tout  de  la  m^me  maniire  quc  It  pcii-< 
ple ;  mais  s'ils  ne  fupportent  pas  de  certaines  impofiiions ,  telles  quc  lcs 
tailScs  pcrfonnelles  ,  ils  paycnt  au  Roi  des  d^cimes  ,  dons-gratuitt  & 
fubventions  qui  tiennent  lieu  i  leur  ^^ard  dc  lcur  part  contributoir» 
dans  les  impoAtioos  dont  ils  font  exempts. 

p  La  cottc  roortc ,  ou  pdciile  des  Religieux  Cur^s  .  appartient  aus 
pauvres  de  la  Paroiife ,  fuivant  la  juriiprudence  du  Parlement.  L« 
grand  confcil  1'adjuge  au  monaftcre.  Voyei  Fuet ,  pag,  84. 

Mais  les  parens  des  Ev^ques ,  &  autres  EccUfiaftiques  6c  B^ndficicrs 
nou  Rcligieux  ,  leur  fucciden;. 

f  Ce  n*eA  pas  feulement  fur  les  frults  purcmcot  naturcls  ,  mais  fur 
lei  fruits  natureU  &  induA^ux»  tcls  que  les  grainsi  lc  vio»  le  faiiw 
teio,  9cc. 


',C9  r  N  S  T  I  T  U  T  !  O  M 

..     ..         Ladi>fflen'ellpnsrouioursladixi^inep3rnedesfniits:in 

i_j>r.Xill.  '3  plupandesiieuxelleeil  muinilre;  ceila-diriT.pareTefn- 

ple.une  serbeileiiuuze.Getreizeoudequmzs;  en  queiques 

)ieu<ioiineiiunr!«qui:iiiv;nsMciT!i:cuiatri.'niien:e.Ondifiiii- 

g:iiciesi;ri.<<fesC;ksnienue'>uixme5.Lifse'i.^'fiiij:iRejroaTceI- 

le»i!u  bied  Hi  des  autres  grains .  du  vin  &  des  aLitres  boiiTons  , 

du  r\iin6i  (!e  tous  ies  i;ros  rr'.<its.  lutvant  iaquaiite  ducer- 

Tes  '.  Liii  mtnues  ou  f<rt(i  jixiatt,  lonE  ceiies  aes  Ifeunies  dc 

c-;i  heri>.4Si;i.  )i  v  a  auiit  des  jj.xnt»  dt  <:iui.-n^  qu  ejmtU^t  ^ 

bci^a-dire  lies  nourrtturesdesbettiaux:  com^edes  veaux, 

C.  f.  rc  ■"-  '"^^  ^■^'leaux ,  des  peuts  cokiions :  eiies  le  r;:g;:ent  toutes  par 

1  jc  :i.  .U  itnjKe  di^chaque  pays/.  Cn  diiliriiueencorelesancieonea 

'*■  ■"  ■'''*"•     dit.iici  &  ies  novales.  Les  •incuniai  ibnt  ceiles  que  i'on  a 

COU[<jnK  Je  ie^  er :  les  na^-jia  luni  ies  dixmes  d«  tetres  dou- 

vcMCineiKJeiriciiees,  ou  nouvellemeni  ch^r^ees  de  rrutts 

fe  ?Tit-e ,  i'^j  ^t»  d  dixmes.  La  nouvejute  eit  ixiraee  i  40  ans  avant  la 

Lesditnie»  lontetablies  pour  donner  la  rubilllance  temDO- 

reiie  j  ceuit  doni  011  re<{oit  ia  nourriture  ipirirueUe.  Elles  doi- 

v^-iic  doiic  re^uiierenitiiit  etre  pjyeesaux  p^Iteurs,  de  quile 

rcu!iici;ui  le*n.:ye,  re^oii  l'imitui;tion  &  los  Sacremens. 

D>:-..i  \  i^-:it  queii  cueiquespays ,  i>:s  Eveques,  comme  les 

ptenuer^  r.it:eun> ,  onr  toutes  les  dismes ;  &:  qu'en  pluiieurs 

lieux ,  ',v>  «^  l!  ipitres  des  C'Jiiii:dr.iies  en  poiiddem  une  grande 

partie,  p.irce  ijuils  ont  0 irr.iae  avec  iXvique  les  biens  de 

i'jw.  AurJ    I^^i-''^  rv^ince.  Autretois.  0:1  rendoit  a  i'Eveque  ia  troi- 

L-  '•.  ii,;iiiooui.UjUjtr'ciiienjrt;edetoutesIcsdixme5.s'ila'2voic 

'■'"•'■  '';'■""■  lOii  ;<:vciiu  pariiculier.  LesCuresde  la cairpagne  )ouilIenc 

■'■    '"   (ii!  !j  piupjii  desditmes;  &  on  iesarsgirdes  dans  lesder- 

1'.  ...'i  r'  ,'i  iiiOi'^  leitip»,  cotiirn<f  c^iv  qui  y  avoier.t  le  plus  de  droit , 

'  ■".''  '  ■ ''!    [Micc  nu'cit  ortirt :;»  DOrtiini  ie  ptuser^n-i  poids  du  travail. 

''*        U  V  -j  '^rand '.lombre  dedinmesenircles  mainsdesMoines 

■  '^'.i,'u|.i«  V,  ^fi?"!:!  diinmne  foifnt  ciirn-r-.in^mefit  qui  cc'lci<|ui  fa 

hl  ''.  crjt .  iii.:i  nv'ini  ccti  d^penri  <1c  ii  1%i>'.iti  ia  lerroir  k  At  l'ii(i£e 

i, ■,'  a-;v  ■ifi.iiiijb  e!.il«l.i  pJti  ilci  gf-ii  diiciraa-ciin,  ijuoiquMt  n* 

:.  ..(  ,>...  ii'.li.'iit«  ijiiied^t  i^rulTos  iTiimev  ;  lir.ri  '.e  vin  q'ii  n^efl  pia 
....  ii.l.imuiit  ■.vm;i'4  *ii  n>'mi)ir  Aa  ttof  fru  is ,  tH  rifuxi  lcl  dins 
'ci  ..\k  'ie  vt^iii^id,  81  ainli  de  pluVutj  au-res  ftuici ,  loirqu-ila 
■diin.i-.  'a  iiiiiiaiinla  prodiiAion  du  lerroir. 

/'  Tmu  iwiir  ;a  ^uotitl  %«  paut  le  dtoii  it  let  petcevuit  «d  lioinl. 


AU  DROIT  ECCLtSIASTIQUE.       V«^ 

bu  des  Abbes  &  des  Prieurs  qui  le  reprirentent ,  &  elles  ""™*™j 

peuvent  avoir  eie  acquifes  aux  Monafl^es   par  divers  r«AP^Kl£ 

Dioyens:  i*.Par  lc  travail  des  Moines  qui  ont  defncfai 

desterres,  dans  lefquelies  fe  font  formes  dei  Villages  flt 

m^me  de  grofles  Villes;  a*.  par  des  donations  desEve- 

ques ,  ou  par  des reftitutions  des  Seigneurs  qui  les  avoieni 

ufurp<^ fur  d'autres  EgliCes  alors  ruin^s.  II  y  a  encore  det 

dixoies  entre  les  mains  des  L.aiques ,  que  Ton  appclle  Dixms 

infioditi ,  dont  l'oric;inc  i  peut  avoir  ^te  jufle.  Dans  1'etf 

bliflement  des  Fiefs  &  de«  cenfivcs ,  les  Seigneuts  don- 

ntMeni  des  terres  a  leurs  Vallaux ,  i  la  charge  de  leur  rendre 

iine  parrie  des  fruics  u ,  comme  il  cft  evident  par  les  droin 

de  c)iampart&  de  bourdclage.  Quelquefois  ils  ne  fe  r^fer- 

voiem  que  lesdixtnes  ou  les  neumes ,  ^'efl-a-direla  dixi^me 

ou  neuvieme  partie ;  &les  Ecclefiaftiques,  comme  les  au- 

tre* ,  avotent  de  ces  fortes  dc  dixmes.  Dtepuis  que  Ton  pr^«' 

tendjt  que  les  dixmes  eioient  ducs  Al'Eg!ife  de  droii  divin,oa 

en  conclui  que  touies  celles  que  pofledoieni  les  Latques 

itoieni  des  ururpaiions,  comme  en  efiet  il  y  en  avoii  beau- 

coup  d'ufurp£es. 

LeConcilcdeLatran,  retiufousAlexandreItl,en  ii79>  C  prthlit. 
defcnditauxLaique5,quipoQedaientdesdixmes,delestranr '"■".  '9-  dt 
tnettre  i  d'autrcs  Laiqucs ;  fit  une  D^cretale  d'Innocent  III  cJnTlli  IU 
reconnok  qu'il  y  adesdixmesaccordeesauxLaiqucscnfief  r.  14. 
iperp^uii&  LnFranceon  aprisdroit,  cnconfiqucncede  *■  """W. 
ces  ConAiiutions,  de  laifler  aux  Laiques  !es  dixmes  dont  ils  «|,,,  '^'''" 
fe  crouveroieni  en  pofTefnon  avani  le  Concile  de  Latran ,  Luau.  D.  t. 
&  on  les  confid^re  comme  un  bien  ptofane.  On  regarde  ^* 
comme  illegitimes  touies  les  infi^odations  poff^rieures  i  ce  ,*;A,  11.  * 
Coocik,  mais  il  faui  qu'eUes  foient  prouvees  telles  par 


lOiiMpporteeommunimert  ronelnedet  i]imtt  inf^ot!^»!  iChirtti- 
Maml,  lcquil,  Tcrsl'in7;o,  inlei><<i  unppiriiFdci  diimti  inx  5«. 

SiieuiJ  6t  OKcieri  qiii  l'«vDi«nt  fecond*  djnt  lei  Ejrrre»  coniie  1e« 

Otrgine.  Birnige,  Cvc  fnrt.  C^  di  la  eauiumtilt  Namundit,  rtnur^a» 

qtie  (fjns  une  iBtn,Vit  trnut  i  Lipiinct ,  **ri  Vin  74]  ,  lei  Grniili- 
)iommei  obiinrcnt  rinicniiiiie  lici  diimei.  Cturlrmiene  &  l.ouii  !• 
Z?/f,.o/ia;rteureiitpitt.iiiriic«inHod.tiooJ.  yoynh.<Vfrij,  ir. 
dti  dixmii .  Bi  ce  qui  en  dii  itt  d,Mmii  infioii,,  f.  .01  V En^ylop^Jii. 

a  IIyeo.Toit<iuiippnr«noient*noj  ro.i  dei  !e  commcrcciKent  it 
1)  Monirtliie,  commt  on  <oil  pir  une  conflilUTion  dc  Coraittl,  il« 
rtn  f6a ,  dini  la^udle  cll*i  feu  neaun^ci  iuiia  djma^ci. 
TemJl,  Aa 


37*  1  N  S  T  J  T  tr  T  I  O  W 

IUrtib  11  **^" '  *"*  *^'  "''  *"  *  po''" »  <*n  preruine  pour  1a  notf 
VaAr.xllL  veautidellureodation,  i  moLns  qull  n'y  aitpoScffionde 
centannees. 

QuamauxdiimesEcclefiaAiques,  onprerume  toujours 

.qu'elles  appartienneni  au  Cure ,  &  on  ne  lui  demande  poinc 

d'autre  titre  que  fon  cloclier  x.  Si  les  grofles  dixmes  appar- 

c.  nm  Mn-  tiennent ^d'autres , on  lui accorde toujours  la  menue  dizme 

jj^*'"    '  &  les  novales,  s'il  n'y  a  titre  au  contraire  ;  &  fi  on  lui 

.donne  roption  de  la  dixme  ou  de  la  portion  conghie ,  apr^ 

i^avoir  choifie ,  il  n'aura  que  les  novales  d^frich^es  depuis 

fon  option.  l^jionion  congrvt  ed  une  penfion  que  rEveque , 

ouautre  grosDecimateur,  doitaOignerau  Cure  en  efp^cey 

C.  extlrpea-  ou  en  argent ,  pour  fon  entretien.  L  en  efl  de  m^me  des 

da  lo.  dt     Cures  primitifs ,  a  T^gard  des  Vicaires  perpetuels,  Les  der- 

Leur"iv"c^  °'^''* -Atr^ts du  Parlcment  dc  Paris  avoient  fixfi ]a poriion 

f  j(  congrue  a  trois  cents  livres ;  &  le  Roi  a  ^tendu  cetie  r^gle 

itouielaFrance,  parladfclarationdui^  Janvier  i686  ^. 

On  peut  prercrite  la  quotiie  des  dixmes ,  &  la  forme  de 

les  payer,  par  une  pofTellian  de  quarame  ans;  mais  il  n'y 

a  point  de  pofTelTion  qui  lufEfe  pour  exempter  les  Laique'9 

depayer  la  dixme ;  le  fonds  en  eA  imprefcripiible.Une  Eglife 

peut  prefcrire  le  ctroit  de  dixme  contre  une  autre  Eglife ,  & 

V-  ex  partt  it plus  fofte raifoncontre  unLaique  qui les  poITfdoit comme 

10- '^«''"•T'- infeodees.  Toutes  ces  prefcriptions  font  de  quarante  ans. 

txviit  n  »0  ^  Moines  de  Citeaux  furent  exemptes,  peu  aprfis  leur 

s.  Btm,  ip.  ibndatton ,  de  payer  les  dixmes  de  leurs  heriiages ,  parce 

3f *-  qu'i!s  lcs  cultivoient  de  leurs  mains.  Les  Chevaliers  de  S. 

'cureT'  t"  '^*" ^ Jerufalem ont le  m^me privUege a. 

fari,  tit.   t, 

sCtH-i-direfi  quilitj  it  Cuti^ui  lui  donnc  dioit  1  la  diimc,  ill 
n'y  t  tiitc  ou  pofTeflion  su  contrucc. 

y  QuaadU  ^innon  cd  cn  crpece ,  c'eR-4-dire  «n  fruiti ,  coniTne  una 
ccttiine  quintiljde  faledou  lutrci  griini ,  c'ellce  <iu'onippele  ligros 
du  Cutj.  Un  cntcDd  par  ce  Cermc,  ^roi,  1i  principile  potcioti  des 
revenui  deliCure.  Lc  gros  peut  flre  imputHuT  la  portion  congruc  i 
■naii  loui  lci  Cuti%  gui  anC  un  groi  ne  fonc  p»  i  portion  con|rue.  Ca 
groi  el)  une  erpece  ie  forfiit  ou  compoiicion  ,  que  let  Curft  ont  fail 
■vec  lei  eros  d^ciniiteuTt ,  poui  la  piri  quc  cet  Cur^t  ivoieot  dant  le* 
'diiinet.raj'i^iei^f'ciy:  JtBarjonpourUiCiirii,  D.  164.  Di U Conii , 

[  Dini  li  Faoilre  Et  d«ni  1e  Hainaut  Fratifoit .  futvint  une  Djcla- 
tiiian  de  16S4 .  la  porlion  congrue  cR  ile  300  Ooriot ,  Tatant  37$  li*. 
toutnoii. 

'  Let  ChenUtrt  da  S.  Latue  jouifftnt  du  ai£me  piivilf  g«  poui  l«c 


AU    DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      57, 

(^mmc  la  dixmc  eft  due  avant  loute  auire  dene ,  on  la  partie  It. 
leveenerpic«rurlechamp(;  &pour  ccteflet  lesproprii*  Cbap.  Xlit. 
taires  font  icnus  d'avertir  du  jour  qu'4fs  d^pouillenr  leurs  ^""^'  f"' 
lieritages.  11  arrive  fouvent  que  le  domicile  du  Laboureur  *  '' 

e(l  dans  une  ParoilTe ,  &  Ics  heritages  qu'il  laboure  dans  une 
autre.  L^ufige  le  plus  general  en  ce  cas  efl  de  partager  les   it  Pr.  ttat, 
dixmespar  moiiie;  d'aucres  fuivcnt  la  perfonneduLabou-  *■'>'■  ■?- 
fcur,  &  les  Cures  prennent  reciproqtiement  ladixmeen-  ^^  dtdeiwi' 
tiiit  decequelesunslabourent  fur  le  territoiredesauires; 
c'eft  ce  que  l*on  appeJle  dixmts  Je  pourfuittt  c.  On  doit  en 
cela  liiivrQ  la  coutume,  &  prendre  garde  feulemenia  ne 
pasconfbfldre  les  dixmes  de  deux  Dioccfes. 

II  etoit  ordonni  hux  Leviies  d'offrir  i  Dteu  la  dixme  des  Vam.  xviiti 
^ixinesqu'iIsrecevoJetitdu  peuple,&  de  ladonnerau  fou-  ff'.. 
verain  Pontifc.  Sur  ce  fondement  on  a  ^iabli  ln  dicimts  dijtdm  tx^ 
dit  Pitpt;  8i  ron  a  prctendu  qu'il  avoit  droit  de  lever  ta  trav.uH.tad. 
dixieme  panie  des  fruiis  de  tous  les  B^n^fices.  La  decime  ^idla^ti 
^ni  acquife  au  Pape  d,  il  a  pu  la  cider  &  en  faire  don  aux 
Princes;  ainJl  les  Rois  de  France ,  depuisPbilippe  Augulle  t , 


tctrti  Ec  doiniinH  Ae  1«uri  Cotnminderict.  \U  y  <ut  tlt  nginttnui  par 
■n  ArrtiiJu  Erind  Ci>nr<il ,  du  5  Ao(i<  I7J1. 

t  C'«lt-i-diredjni1t  chimn  mtMOu  lei  fruiti  dtcimiblci  ont  jt« 
ttcotinit;  «11«fepfeiii1furc«tfrui«enn»tur«iu  moment  dt  l»(*colte, 

c  On  leiipptlle  aulli  iixmiiii /•.itiavit  ftituft.  Ce<)roiid«  fuita 
•11  ipprOUT £  p»  le  Aitp,  cum  homimu  li ,  par  tt  chip.  td  tpoftlicam 
t%tra  Ji  ditimu ,  U  pir  quclqutt  couiumti ,  cdk  autrii,  ctll*  <le 
Ni»ernoi.. 

d  LoTrqaelei  Pipct  onllcv^quclqueiWcincenFrincc,  iliatlWt 
fiii  ^ue  du  confenttmtnt  de  noi  Roii ,  qiii  ptrme'ioi«nI  cet  liv^et, 
Lorfaac  le  Roi  tvoil  quelqiit  |-uerr«  ^ui  piroiOoil  tnt<nffcr  louts 
l*,;1i[e  ,  i1  pittageoii  otdirairemtnt  ittte  dicime  a*cc  lc  Pape.  On 
«oii  pafuoeletire  dt  Philippe  Au|u(le  aui  ^glifet  dc  Sent,  ditjc  <)• 
l'aniiio,  aumoiidt  Matt ,  qii'il  «ccoida  unt  lidc  fur  le  Clcrgf  da 
FriDce,  1  Innoctnt  III ,  poutli  Eucrt«<tuecclui-ciiTOh  contrci'Ein< 

frrtul  Oihon  IV.  Bonifice  VllT  impori  cn  119;  ,  fur  Iti  Fglifei  d« 
lance  unc  djcime  ctnii^me.  II  tvoit  mime  dtj)  coimnti  dcui  perion- 
neinoutcnfiitclapetceplion  t  mait  Philipp«-le-Bel  oc  1«  toiilul  pu 
fof.fftir,  &  le  P»pe  lyant  confenii  que  cei  arcent  demeorii  enfc- 

3ue(1r«  ,  le  Roi  d^fcndii  i  ceui  qui  en  ^toitnl  d jpoliliirti ,  d'tn  tien 
unner  qiie  pir  fti  ordrti.  11  y  a  nombte  d'iuti»  iienplct  que  no* 
Boii  fe  foni  oppordi  a  la  Itv^t  dc  rrmbliblct  dfcimei  Papalci.  Lc  Pat- 
lcmcni  I  aufTi  r«nitu  1  ce  fugti  plulituii  Arittl.  Vojii  \t  M<moitc  d* 
,    pj.ru  furleidicimn. 

I         e  La  pTcmlti*  dtcime  ,  Itt^e  tn  iiSS  ,  par  Philippe  Au>ullc,  rul 
I   ■prelfe  Airimt  iaUdiii,  parce  qii't11cfut  Itv^t  pour  foiirnir  aui  frait 
I  4«  l'eip«diiion  conite  Siltdin  ,  Soiidan  d-Es;i>tt .  qui  avoii  prit  Jttu- 
Uem  «  clulli  lci  Qitiii«D>dcpi|[que  toutaliPilelKne. 

Aa  ij 


37»^  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partie  II.  ont  fouvcnt  obtenu  des  Papcs  quelques  decimes  fur  leuf 

CuAP.xilI.  Clerge  ,  en  des  occafions  extraordinaires.  Fran^ois  I  en 

obtint  une  de  Leon  X ,  en  1 5  1 6 ,  dont  la  taxe  a  ete  fuivie 

depuis  ;  mais  les  decimesne  font  devenues  continuellesque 

depuis  raiTembl^e  de  Melun ,  en  1 5  80 ,  &  les  contrats  que 

le  Clerge  renouvelle  avec  le  Roi  tous  les  dix  ans.  On  a  joint 

de  temps  en  temps  a  la  decimc  quelque  don  extraordinaire ; 

niais  le  detail  de  ces  fub ventions  regarde  moins  le  Droit  Ec- 

clefiaftique ,  que  les  a&ires  particulieres  duCIerge  de  Fran- 

ce :  il  faut  feulement  remarquer  que  du  m^me  mot  Latia 

V,  Mim,  du  Decima  nous  avons  fait  deux  mots  Franqois ;  car  nous  ap- 

CUr^i ,  6.    peions  dlxmes  celles  que  le  peuple  paie  ^  TEglife ,  &  ddcimts 

^^*  ceJIes  que  le  Clergi  paie  au  Pape  ou  au  Roi. 

CHAPITRE     XIV. 

Des  Binifices  en  giniralf, 

IL  faut  voir  maintenant  quelles  portions  on  a  (aites  def 
tous  ces  biens  Ecclefiaftiqucs ,  &  comment  elles  fonc 
sttribuees  k  chaque  Clerc,  c*e(l-adire  qu'il  faut  traiter 
des  Benefices,  &  de  la  mani^re  de  les  acquerir  ou  de  les 
perdre.  Un  Binifice  eft  un  Office  Ecclefiadique  g  auquel  eft 
joint  un  certain  revenu  qui  n'en  peut  ^tre  fepare.  Les  Bini* 
fices  font  feculiers  ou  reguliers ;  hsficuliers  font  TEv^che,; 
les  dignites  des  Chapitres ,  favoir ,  la  Prevdte ,  le  Doyen- 
ne ,  TArchidiacone  ,  la  Chancellerie  ,  la  Chantrerie ,  les 


On  trouvera  tout  ce  qui  rcgarde  les  d^cimes »  ddtaill^  dans  VEncydo^ 
pidU  au  mot  dicime» 

f  Si  Ton  coofidere  les  B^ndfices  comme  un  tttre  Eccl^fiadique , 
auquel  il  y  a  des  biens  &  revenus  attach^s  ,  Ton  peut  dire  qu'il  y  a  eu 
des  B^n^Hces  des  le  commenccment  du  quatrieme  (iecle ,  torCqiie  Conf- 
tantin  eut  permis  aux  Eglifes  de  polT^der  des  biens  fonds.  Les  Evech^s  » 
les  Abbaycs  &  les  Cures  furent  les  premiers  Bencfices,  &  ^toient  aiors 
les  feuls  ;  les  Canonicats ,  Prieur^s  &  aurres  petics  B^n^Aces  ne  com- 
mencerent  A  fe  former  que  versle  fixieme  fi^cle,  &  ne  furent  pas  dtablis 
par-tout  dans  Ic  meme  temps. 

g  Quoique  cette  d^Hnition  foitconforme  ^Tid^e  que  Ton  a  commu- 
rcment  des  B^n^flces ,  n^anmoins  ,  k  parier  exa£lement ,  ie  Ben^fice 
n'e(l  pas  rOfHce  Eccl^fi«(lique  ,  roais  le  revenu  temporel  attach^  a  un 
Office  Eccl^fiafHque ;  &  dans  Tufage,  on  entend  par  le  terme  de  B^n^- 
fice ,  quoiqu'aburiycment ,  rOfficc  £ccl^fiaAiqoe  qui  eft  joint  k  un 
ccrtiiia  revcnur 


'  "•  f  •»     '».  ■ 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.      37)' 

idiarges  d*EcoIatres  ou  Captfcol  h ,  de  Triforier  ou  Che-  partib  111 
vecier  ou  d*autres  i ,  fous  d*autres  noms  &  d*autres  rangs,  Chap.  XiT; 
fuivant  les  uiages  des  Chapitres ;  les  Chanoinies  qui  font 
proprement  les  places  de  Chanoines ,  &  font  fans  Pr^bende 
ou  avec  Prebende,  ou  fimi-Pribende.  U  y  a  toutefois  ea 
France  deux  Chapitres  de  Catbidrales  compofes  de  Cba- 
iioines  Riguliers,  favoir,  Pamiers  &  Vzis  k.  Les  autres 
Benefices  feculiers  les  plus  ordinaires  font  les  Prieur^« 
Cures ,  les  Vicairies  perp^tuelles »  les  fimples  Cures » les 
Prieuris  fimples ,  les  Chapelles. 

Les  Bcnifices  regulUrs  font  TAbbaye  en  titre ,  les  Offices 
dauftraux  qui  ont  unrevenu  affed^ ,  comme  lePrieuricon* 
ventuel  en  titre ,  les  Offices  de  Chambrier  ,  Aum6nier  » 
Hofpitalier,  Sacriftain»  Cilirier  &  autres  femblables.  Les 
Places  de  Moines  anciens  &  non  reformes  font  qua(i  re* 
gardees  comme  des  Ben^fices ,  mais  on  ne  donne  propre- 
ment  ce  nom  qu'aux  Offices  dont  on  prend  des  provifions. 
Les  Commendes  font  plut6t  des  Ben6fices  fiiculiers ,  par  rap« 
port  k  ceux  a  qui  on  les  donne.  Tous  les  Bin6fices  font 
prefumes  feculiers ,  s*il  n*y  a  preuve  du  contrair6 ,  parce 
que  les  Benifices  reguliers  font  venus  de  la  divifion  des 
biens  entre  les  Moines ,  qui  eft  un  abus  que  Ton  tolire , 
fans  le  vouloir  etendre. 

II  a  et^  fuffifamment  parl^  de  la  promotion  des  Ev£- 
ques ,  qui  pricede  toujours  leur  conf(^cration.  Mais  comme 
Tordination  des  Prltres  &  des  Clercs  infirieurs  fe  fait  fou- 
vent  avant  qu'iIsfoient  pourvus  d*aucun  binefice,  nous 
avons  riferv^  k  parler  ici  de  ces  provifions  ou  collations. 
Nous  verrons  premi^rement ,  qui  font  les  collateurs ,  & 
tous  les  autres  qui  peuvent  donner  droit  k  un  binifice ;  fe* 


h  Capircol  eft  on  termc  corrompu  qui  Yicnt  du  LtttA  esputfchoUip 
qni  fignifie  le  chef  ou  le  Maitre  de  TEcole.' 

i  Tenes  font  la  Pr^bende  Th^ologale,  la  P^ttnctrie,  &c.  !• 
Prlmicier  ou  Princier,  &c. 

k  LeChapttred'Uzes  a  ^t^  f^cularif^  par  le  papt  Oimnt  XI,  fur 
la  fin  de  Tana^e  1710 ;  auparavant  il  ^toit  R^guUer ,  comme  l'eft  encore 
celiii  de  Pamiers,  fequel  efl  compof^  de  doute  Cbanoines  r^uliers  d« 
KOrdre  de  S.  Auguflio.  M.  Fleury »  daos  fen  troifiime  Difcours,  dic 
i]ue  les  Cath^drales  ^toieot  dciTervies  par  des  Moines  en  certatns  pays  , 
comme  en  An^leterre  &  en  AUemagne ;  mais  en  Angleterre  &  dans 
tous  les  pays  ou  !e  Luth^ranLfme  &  ie  Cilviaifmc  fe  font  introduitf  >  U 

D'y  a  plui  dc  Rcli^ieux. 

A».  • 
a  uj 


374  INSTITUTIOM 

Partii  il  cop^"*"'^  •  QmUcs  iont  les  capadtes  oeceflaires  i  celui 
CUuv.  XV.  qui  ea  eft  pourvu  ,  ea  troifieiiie  lieu ,  quelle  doit  etre  U 
foraie  de  la  colUtion. 

CHAPITRE     XV. 

Des  ColUteurs  des  Baufices. 
*£v£que  €onf<ht>k  aucommencementtousIesOfi^ 


L 


ces  ecclefiafiiques  /  :  il  etabliffoit  meme  les  Abbes  fur 
r^ledion  des  Moines ;  la  forme  de  la  b^nedifHon  d*un  Abbe 
le  fait  aflez  voir.  II  eft  encore  cenf(&  le  Coilateur  ordinaire 
de  tous  les  benefices  ieculiers  ;  mais  fon  droit  a  cte  rei^ 
treint  dans  les  demiers  iieciesen  tant  de  manieres,  qu*il  y 
en  a  peu  en  effet  qu*il  confere  librement.  Suivant  les  an- 
ciennes  regles ,  rfiv^que  prenoit  le  confeil  de  fon  Ciergc  ot, 

tP.x^J*  '^'  P^"*"  ^^  choix  des  iVliniftres  &  des  Officicrs  de  l'Eglife, 
comme  pour  toutes  les  aftaires  imporrantes  :  il  en  faifotc 
part  m^meaupeuple,  pouravoir  le  confentement  detoute 
2*£glife  9  &  afin  que  Ton  ob^it  plus  volontiers  i  ceux  dont 
on  auroit  approuvele  choix.Les  Chanoines  des  cathedraies 
ont  pr^tendu ,  vers  1e  douzi&me  fiecle ,  ^tre  feuls  n  ie  con- 
feil  i^gitime  de  l*£veque ;  &  fur  ce  fondement ,  ii  ne  de« 
voit  point  donner  de  binefices  fans  leur  participation.  De*. 
puis  ils  ont  partage  ies  collations  comme  les  biens  de  i^ 
Cdf.  nuUa  glife,  &  ce  partage  eft  difTerent  felon  les  lieux.  En  quei- 

*^6  ^'^"^^^'  ques  Cathedrales ,  l'Ev6que  donne  toutes  les  prebendes  ; 

C.un,defed€  ctiH^urs  le  Chapitre  ies  donne  toutes  ;  ailleurs  ils  parta- 

va  .  /1.  6.       gent  o.  Le  Chapitre  confere  les  dignites  par  eIe6Hon,  qui^ 

Cd^.  Quitf  ^^  quelques  lieux  ,  a  befoin  de  la  confirmarion  du  fup&-. 

rieur  ,  &  le  benefice  s*appelle  eU6tif<onfirmatif.  Ailleurs  » 


/  On  entend  icl  pnr  1e  terme  d*Officcs  tous  les  tttres  Eccl^fiaftiques  « 
foitqu'il  y  eQt  dignit^  &  revenu  attach^s  au  titre  ,  Coit  qu'il  y  edt 
rirnplement  fun^ion  &  revenu  ,  ou  Office  fans  revenu. 

m  11  confultoit  non-feuleroent  le  Cierg^  de  fon  Eglife .  ni:is  il  aflfem" 
bloic  le  Clcrg^  de  fon  Oioc^Ce,  le<}usl ,  dan&  ccs  premiors  temps ,  ^toit 
encore  peu  nombreux. 

n  La  difficult^  dc  les  inconv^niens  qu'il  y  avoit  d^afTembler  le  Clerg^ 
de  tout  le  Diocife,  qui  |>ar  fucceiTiondc  tempc  ^toitdevenu  plusnoa>* 
breux  ,  ne  contribua  pas  peu  a  favorifcr  ia  pr^ccadoii  des  Chapitses  des 
H^lifcs  Cath^dralts. 

0  AiUcurs  ils  coaf^rcDt  alternativement^ 


A 


AU   DRpIT    ECCL^SIASTIQUE.      37? 

Tile^on  n*a  point  befoin  d*^re  confirmie ,  &  le  beneiice  partib  n. 
s'appelle  iUHlf-colUtif  p.  Cetce  diftin&ion  ne  d^pehd  que  Chap.  XY« 
de  rufage  ,  qui  feul  a  auflirendu  iledives  les  digni- 
tis  des  Chapitres.  Selon  les  rigles »  il  n^y  a  de  biniifices 
iledifs ,  que  ceux  dont  la  vacance  rend  rEglife  veuve  q  i 
comme  r^vSche  &  Tabbaye.  L'Eveque  confere  ordinaire-^ 
ment  les  dignitis  ,  dont  la  fbndioh  regarde  plus  tout  le 
diocife,  que  le  dedans  du  Chapitre ,  comme  les  archidia« 
con^.  Surtout  cela,  il  fautfuivre  lesconcordats  desEvi- 
ques  avec  leurs  Chapttres ,  &  la  pofleifion. 

L*Ev£que  n*a  pas  meme  la  coUation  libre  de  toutes  les 
cures ;  car  i  Tegard  de  plufieurs  il  eft  afireint^^  la  nomina- 
tion  des  patrons.  II  y  en  a  dont  la  pleine  collationappartient 
au  Chapitre ,  ou  i  des  Moines ,  ou  i  des  Religieufi^s :  mal» 
fur  lacollation  de  ces  perfonnes  qui  ne  peuvent  avoir  de 
jurididion .  fpirituelle ,  comme  les  Religieufes  &  les  Che- 
valiers  de  Malte»  il  faut  que  TEveque  donne  fon  inftttu- 
tion ,  que  Ton  appelle  autonfabU r  , c*eft-cidire  la  miflion  q  „;,  ^ ^^. 
pour  pr^cher  &  adminiftrer  les  Sacremens.  Le  Vicaire  g6-  vUar.  in  6. 
n^ral  ne  peut  confi&rer  les  benefices,  a  moins  qu'il  n*en  ait 
un  pouvoir  fpicial  de  TEveque.  Pendant  la  vacance  du  c.  cum  oUm 
fi^ge  ,  le  Chapitre  peut  exercer  les  collations  niceilaires ,  M»  de  major. 
comme  eft  Tinftitution  fur  la  nomination  d'un  Patron.  Pour  ^  ?ij^  decreu 
les  collations  fibres ,  il  devroit  les  r^ferver  au  futur  fuccef-  ne  fide  vac^ 
feur,  comme  les  autresfruits  :  mais  depuis  quelque  temps , 
les  Chapitres  fe  font  mis  en  pofieflion  de  difpofer  de  tous 
les  beoefices  qui  ne  vaquent  point  en  r^gale ,  ppur  eviter 
la  privention  du  Pape.  Au  refie ,  les  collations  des  bene** 
fices  font  comptees  entre  les  fruits,  depuis  que  Ton  a  ou«, 


p  II  n*y  a  ,  par  rapport  i  ces  B^n^fices  ,  qu'une  difpoiition  ou  colla- 
tion  faite  parles  Elec^eurs ,  k  la  pluralit^  des  fuffrages,  auf!i  ne  font-Us 
regardes  comme  ^leAIfs  qu'imprOprement.  L'^u  eft  mis  en  poiTeffion  ; 
&  peut  adminiftrer  le  Ben^fice ,  en  vertu  du  feul  a^e  de  fon  ^lefkion. 
q  Ce  font  ceux  dans  r^eAion  defquels  on  obfeivc  les  formes  ^tablhf 
par  le  Chapitre  ^uia  propter.  Dans  ces  B^n^ficcs «  T^Iu  ne  peut  s'im- 
inlfcer  dans  l*admini(lration  du  fpirituel  ni  du  temporel ,  jufqu*a  ce  qtf  il 
ait  obtenu  la  conHrmation  du  fup^ricur  EccUfiaffique  qui  a  droit  d^ 
confirmer  T^Ie^lon. 

fonc* 
Eccl^fiaf- 

,  pour  jouir  da 

Ben^fice;  Inftitution  dont  le  droit  peut  i^paxtenir  k  touvts  lortcsti% 
CoUatCtfrsi  mimt  Liiqutf^ 


5-6  I  K  S  T  I  T  U  T  I  O  K 

PAmm  IL  ^**^  ^  Umm  nsziass  de  randquite  ,  {iiivant  ^^^^^m^'^'*^ 


XT  oo  ics  eur  piiccr  resardees  coiniiie  des  cfaarges  qui 

peax  ia  oxiicierice  cl:  CcLzie-jr ,  L.  icc:  t£liexiiesr  comp- 

tecs  cotre  les  truits  ,  qu*elies  apparrieim^G:  au  po&fieur 

C«i^  iKd.£.  deboaae  :c:.  Toutes  ces  penbnnes ,  qui  om  droir  de  con- 

nm  clm.      §g^^  '^  i>rneQces  par  euz-meoies,  ou  par  ceux  gu^iis  re- 

prr-.emec:,  5  appcdeiK  CoLstasTs  ntsjkrtsf. 
^"  **^A'*      ^*  rOrdmaire  neelige  depourvoir  a  un  beaence  ▼acant, 

Supeheur 


stx.  €.  Li^tt  deEirvit  ;  &  :.  cti  rcpuxe  k  negli{:er ,  quand  il  ne  conierc 

i.«r  fMf.     pas  cans  ies  fix  mois  ,a  compter  du  jour  qulla  cannmfianrr 

2,^;.  II .  r.  ^  '^  vacance.  b.  le  Superieur  immeozat  neguge  encore  iix 

mj.  0OIS «  foD  Sjpeneur  doit  pour\'oir.  Ainii  la  collation  roule 

de  deerc  en  decre  •  de  TLveque  au  Merropolitazn ,  puis  au 

Prima:,  &  enni:  au  P^;&  c'efi  ce  qui  s*appelle  ^ ro^i  ic 

dts-Oitaicn. 

Maisencore  quH  nV  ait  poim  de  negligence  de  rOrdi- 
fsure  V  oc  a  fuppofe ,  dans  les  demiers  temps ,  comme  une 
maiimc  ccnttante ,  que  le  Pape  avoit  la  pleine  diipofiiion 
de  tous  ies  i>enences,  par  la  plenitude  de  ia  pui£ance ;  & 
qu'ii  pouvoit  en  diipoun' ,  non-reulement  quand  iis  vaquem  « 
C.  KaiU  a.  nais  a^-am  la  vacance.  L  efi  %Tai  que  le  troifieme  condle 


iet^mt^mk.  ^  Latran ,  tenu  par  Aiezandrc  III  i ,  en  1 1-9 ,  avoit  de- 
^  i^  Sendu  ea  general  de  prevenir  la  ^'acance  des  iwneficet , 


f  Or.  «I  tpoeOe  Xhdtmiirts  ,  parcc  quc  ce  font  cux  qui  conferm 
•raiiuirrmcn; ,  &  pour  les  diftmi^ucT  6«t  CoIUtaDrs  esxnoniinaim, 

2U1  confc-en:  er  leur  pMcc.  lozt  par  droii  6e  preventioc  ,  ou  pcr  draii 
e  ccvoiuiion.  Quand  oc  paric  de  VO^diwutrz  en  matierc;  de  Juridif^ioc  » 
fw  cntem'  leuicment  r£v£oue  .  kquel  a  ieui  ia  Jundiftion  ipirituelio 
ttom  tor  T^iocetc ,  Jarvt  Omimno ;  niab  eo  fait  dc  coUation ,  fous  lc 
tcrmr  itr  Coluteur»  onf/iMi^rj^  ce  nc  font  paf  fculemenx  ics  £requ£& 
l}.ic  :*nr  c.nnirrcnr  .  cc  lor:  toui  ics  CoQatcun  immediats  du  Bcneiice  , 
fei  011  ic  «TorTercTtt  ^trx  mvp'**' ,  i  ort  frequcs ,  Abbes ,  Ciianoxnes  ou 
V.Hiinitrc>  .  &  cr.  penera.  rous  Col.atcurs .  aotres  ceaoinains  quc  cets 
^■1-  r»-  rnntc'  rm  oue  fvrt  p-rTcniJin'  €>v  |*a-  dcro  uti^n, 

f  .-^  c  ,  cr  Jor.  Tnitc  dr  '*abBS.  Tamu  J ,  Irt,  j ,  cL  i  .  a.  a  , 
4^*.-.,(*-vr  Oitr  .  irior  ran,:icnrr  r.iic^lxxfe  .  ies  Papcs  «'aToirr:  -.ts 
ii.-.T>tiTi>mr  pf  fr-cvc:  ta^  OrnmaiTr*  cr  la  iitvre  coliatioe  des  fMEXjcft^cs 
r  .".-:»n,j>  rVr.i  ,  oi''Aics«nrlt-r  Xw  f»n  lc  liieiutt:  qui  Vcnrrcprit  5 
r»  'i«ino<».-n:  i  1  ir  la-vr  .  n  'Voi»«wf  113  &  Gre^oirc  XIII  ci  frem  fc 
r«i?nir  citir  Tioniia.T  \  l.^  iifr.TkiitwT^-drnrt  |iar  ^  D^ct^ic,  dc  rctc* 
rtff-'-  ^''vf^^nint  ;t  $f^f  <;*  Vntir  -  7*1«'  w  Cw»w«:a?  de  icir  ,  ie 
Jj»i«-  i  •*o»  V  H  .•onfr»rv». .  K  I  f«H  '-ikvTifiriniafr  ^  Sjr.fe.  -e  ;?«r:jr 
H-  ,'-,#;»•-  •«».  MiHHfT'**-^  ■  liic* '•^wra  :l*k 3«fts*iwn»  &  Tacicinraiji-a 
,-..      i;i«rft«if|*vif»H*  .  K  11«  *J  •t^Diiiftn  mt  nnlmc  m<r  ak,  ^m^ce^qi 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.      3- 


parce  que  c'eft  comme  difpofer  de  fai  fucoeffion  d*iin  %i-    i^ARTit  H» 
vant  y  &  dooner  occaiion  de  rouhahcr  ia  «lort.  Mais  U  Coar  Ci  af.  XW 
de  Rome  prerend  que  lc  Pape  cft  au-deffiis  de  toos  lesca-  ^^7*^^ 
nons.  Or  on  inventa  denx  manieresde  pourvoir  aiu  bene-  j^,,  i/j,  ^ 
fices  paravance ;  rcxpeftative  &  la  referve.  ak'  gU^ 

VexpccLuivt  tt  eroit  une  affurance  que  le  Pape  doonoit  a 
un  Clerc  d  obtenir  une  prebende ,  par  exemple ,  dans  une 
telle  Cathedale ,  quand  elle  ^-iendroh  a  vaquer ;  ce  qui  s*e-   Tkomejf  4: 
toit  introduit  par  degres.  Au  commeocement ,  oe  n^etoit  f^rt.  Ur.  u 
que  de  Amples  recommaodadons ,  que  !e  Pape  &ifoit  amt  ^  '^ 
Prelats  en  faveur  des  Clercs ,  qui  avoieiK  cti  a  Roroe ,  oa 
qui  avoient  rendu  quelque  fer\'ice  a  TEglife.  Comme  les 
Prelats  y  deferoient  fouvent ,  par  le  refped  du  au  faint  Siege , 
elles  devinrent  trop  frequentes ,  &  iurent  quelquefcHs  ne« 
gligees.  On  changea  les  prieres  en  commandemens ,  &  aux 
premieres  letrres,  que  Ton  nommoit  mofdtoi^s ,  oo  en 
ajouta  At priceptolres ;  &  enfin  on  y  joignit  des  Lettres  exi* 
cutoriaUs  ,  portant  attributioo  de   juridi&ion  i  un  Cooi- 
miflaire ,  pour  contraindre  TOrdiiuire  a  exicuter  la  grace 
accordee  par  le  Pape ,  ou  conferer  k  fon  refits  ;  &  cette 
contrainte  alloit  )ufqu*a  rcxcommunication.  Cette  proce- 
dure  itoit  en  ufage  des  le  douzieme  iiicle. 

La  referve  x  proprement  dite  etoit  une  d^laration ,  que 
le  Pape  pretendoit  pourvoir  k  telle  cath^drale  ,  telle  di* 
gniti ,  ou  tel  autre  benefice ,  quand  il  viendroit  k  vaquer ; 
avec  defenfe  au  Chapitre  de  proceder  k  T^Iedion ,  ou  i 
rOrdinaire de  conferer.  De  ces  r^ferves  fpiciales, on  pafla 
aux  gdneralesy ;  &  Jean  XXII ,  vers  le  commencement  du 


'  u  Les  nandats  apoAoIiques,  appel^s  Msdaia  ii  comferemdo ,  qui 
^oient  une  expeAative ,  onc  ^t^  abrog^t  ptr  le  Concilc  de  Trente-  Sur 
la  forme  de  cesmaodjts,  yoyet  Ferreten  fon  Trait^  de  rabus.  tom% 
!•  lip,  3.  ihsp.  i.n.  4.  Mais  il  rede  encore  plufieurs  autres  fortes 
d'expeOaiives  ,  quiont  '.iea  parmi  nous  ;  favoir ,  cellcs  des  eradu^s  ,  6t% 
indultaires,  des  br^veraires  de  ferment  de  fid^Ut^,  dc  des  brivctat« 
res  de  joycux  av^cmenc. 

*  Les  r^ferves  apo(loat|uet  furent  faites,  ouk  ratfon  du  licu  ,  com* 
me  cellcs  des  b^D^lices  vacans  in  curia  RomMus  ;  ou  i  raifon  du  tempt 
<)e  la  vacance  ,  telle  ciue  U  rt^ferve  des  mois  6c  de  IViternative  ;  ou  a 
nifon  de  la  qnalit^  du  dernier  poflfeffeur  du  bdn^fice,  tetle  que  U 
r^fervedes  b^nifices  poiT^d^t  par  les  Cardinaux  domeftiquesdu  Pape 
&  Officicrs  dc  la  Cour  de  Rome ;  enfin  i  raifon  de  U  qualir^  des  b^n^* 
licet,  comme  la  r^fcrvc  des  premiires  dignit^s  des  CatbeHrales  aprit 
#elie  de  l*Eveque ,  &  des  prmciptles  di^nit^s  des  Coll^giales. 

j  Par  ic  uimc  de»  tittrfu  ^ia^riUii  on  A*fatfod  pai  um  r^- 


IKSTITUTION 

fiede ,  par  (a  prenuere  regle  de  chancellerie  » 

toures  les  dtfaedrales  de  la  Chretiente. 

ilf  Twl      ^^  invendons  de  la  chancellerie  romaine  fiirent  pooJ^ 

dmr.difimm,  fees  au  demier  exces ,  pendant  le  fchifme  d^Avignoa  ,  par 

4nr.  II,  c.  ^.  les  Papes  de  Tune  &  de  raurre  obedieace  ,  particuliere- 

p»  ^  Bient  par  Boni£ice  IX ,  fur  la  fin  du  meme  fiecle.  Les  Coa* 

ciles  de  Pife ,  de  Conflance  &  de  Bafle  y  mirent  des  bor* 

oes ,  defendant  les  reierves ,  tant  generales  que  fpedales  ^ 

&  confervant  feulement  quelques  expedatives ,  dont  les 

fVaf  ^f*^'  Letrres  fe  nommoient  ALuiiLus  apojloUques.  Ce  droit  pafla 

fm.    fubl'  ^"  Concile  de  Bafle  a  la  Pragmadque ,  &  de  la  Pr^mad- 

jit.  i.  que  au  Concordat ;  &  le  nom  de  riferve  y  efl  pris  g^nera- 

lement  pour  toures  ces  fortes  de  graces  anticipees.  Enfin  , 

«#.  XXIV.  |g  Concile  de  Trente  les  a  toutes  abolies.  II  defend  les  man- 

dats  &  Ics  graces  expedanves ,  meme  en  faveur  des  Uni- 

verfires ,  ou  des  Cours  fouveraines ;  meme  fous  le  noia 

^''Jndult ,  &  (bus  quelque  pretexte  que  ce  foit :  il  defend 

aufii  les  referves  mentales ;  &  generalement  toutes  les  gra- 

ces  aux  benefices,  avant  qu'ils  vaquent.  Ainfi  la  parne  du 

Concordat ,  qui  reg^rde  les  Mandats  apoftoiiques »  n'eft 

plus  en  ufage. 

La  Pragmadque  de  Bourges  ne  fut  point  ret^ue  dans  -a 
Bretagne,  ni  dans  ia  Provence  qui  n'etoient  pas  encore  reunies 
i  la  couronne  de  France  ,&  par  confequent  il  n*y  eutpoinc 
lieu  d'y  etendre  le  Concordat.  La  Bretagne  ayant  ete  reu^ 
nie  ^  a  la  couronne  en  1532,  les  Eveques  de  cette  pro- 
vince  pretendirent  n'etre  plus  fujetsala  referve  deflx  mois 
de  i'annee,  pendant  lefquels  le  Pape  etoit  en  pofTeffion  de 
conferer  les  ben^fices  chez  eux  ,  fuivant  les  r<^gles  de  la 


ferre  de  toui  les  b^o^Hces  indiftinAeiiient,  mais  feulement  une  r^- 
ferre  g^n^rale  de  tous  les  ben^fices  qui  viennent  a  yaquer  en  certatn 
lieu  ,  ou  en  certain  tenr.ps,  ou  de  tousles  b^nefices  d'une  certaine  qua-- 
lit<i  i  rcrerve  qui  eft  geni^rale ,  en  tant  qu'elle  e(l  oppof^e  a  la  r^ferte 
fp^ciale ,  aui  ne  porte  que  fur  un  tel  b^n^6ce  nomm^ment. 

\  Oepuis  Clovis,  la  Bretagne  dependoit  de  la  France.  Si  quetques 
Comtes  &  Ducs  de  Bretagne  tacherent  de  fe  rendre  independaos  ,  & 
s'attribuirent  lesdroits  r^giiliens,  ce  ne  fut  que  par  des  ufurpations. 
«uxquelles  nos  Rois  s'opposerent  toujours.  La  Bretagne  ^toit  un  fief 
snouvant  de  la  couronne ;  &  le  mariage  d*Anne  de  Bretagne  avec 
Louis  XII,  Qc  celui  dc  Claude  de  France  avec  Franqois  I,  quidevint 
cnfuite  Roi  d«  France ,  ne  firent  proprement  qu'unir  a  la  couronne 
le  domaint ,  &  U  propri(5t^  du  duche  de  Bretagne ,  dont  la  Frafw*  avoit 
4i]i ,  ibon  de  fixt^  au  moins  dc  droit  U  fouYeriinet^* 


_y  ■ 


[ . 


AU  DROIT   ECCL£SIASTIQUE      jT9i 

diaticelleria  romaine.  Mait  le  Roi  Henri  11 ,  voulant  con-  p]^7tieM^ 
tenierle  Pape.firen  if^tjunedit ,  par  lequel  il  lui  con-  C|i«r.  xV, 
lerva  c«  droit  de  panager  avec  les  Ev^ques  de  Bretagne   '*'8„5-  '■■• 

la  collation  ies  b^ni^tii.Ei ,  pendant  fix  mois  de  1'annee,  & 
ce  droit  fubfiflc  encore  en  Bretagne.  Quam  3  la  Provence ,  Cmf  ord.  /.' 
Ic  Concordat  y  ell  execuie  :  feulement  ilt  s^adrefTent  au  ■•  '''■  ii<  S* 
Vice-legat  dAvignon  ,  pour  la  provifion  desbeneficesque  '** 
)e  Pape  confere ,  a  caule  de  la  proximite.  Ces  deux  provin- 
cesiouiefoisfe  nommcnt /'dj^iifoi^J/enrt  a.  Dansles /"dyf   V.HIim.iit 
iie  Concoiiat ,  comme  eft  prefque  loute  la  France ,  le  Pape     '^J'  "l™" 
a  la  prevention  i  fur  TOrdinaire ,  des  le  monient  de  la  va- 
cance  ;  enforte  que  les  provifions ,  qui  foni  les  premieres 
eii  date ,  l'emportent :  cs  qui  5'ell  ^abli  par  Tufage ,  plui6r 
que  paraucuneConllinition.  . 

Le  Concile  de  Bafle  avoit  excepte  les  riferves  compti-  dt  tliSUm* 
fes  dans  le  corps  de  droit ,  ce  que  Tufage  a  riduit  i  la  V3<  C.  Atcid.  t%^  . 
cance  in  <uril ,  qui  fe  trouve iiaMie  dcs  le  temps  d'lnnocent  ^  "?:„  . . 
III.  Le  Pape  donc  a  feul  la  collaiion  des  benefi^es ,  doni  dtpr^.inZ 
les  liitihires  meurent  au  lieu  oii  il  tient  fa  Cour ,  &  il  deux  txtrav.ad  n- 
journecs  aux  environs.  Le  Cardinal  Legat  a  laiert,  &  le  '"";  *  """ 
Vice-legai  d'Avignon  e ,  ont  le  mftme  droit  que  lc  Pape ,   c.\.  Off^ 


a  OaippcUeaJnE.  quQiqueimptopreDcnc,  ceitunti ptevincei  oi 
le  cODcocdJi  D'a  pii  Ueu  i  coannc  fi  c»  ptyt  f lojtnl  ptui  piiliculie- 
temeni  fuumit  lu  P^t ,  i  cauCc  que  lei  r^lerTei  dei  Papei  y  eai  liMfe 

i  L'uiagedeU  prtyeDiiau  n'el)  pii  [oM  ladcn.  Li  I>.  ThoaDnis, 
dant  ii  D,/ti/>.  titlt/.  pi^iend  que  ce  dioli  dt  prCTenlian  t  ii^  iu- 
connu  lufqu^iu  iieiiieme  liccie.  11  pubit  du  moiiu  coDflint,  qu'il 
ii'^ioit  pii  encore  en  ur^^e  lori  du  tioilieint  CoDcile  dt  Litiui  cn 
1179  i  puifquc  ce  concile  rionD*  Gi  oioii  lui  coUiieuii ,  liiD  qiieltut 
chonoe  (uii  poini  pr^cipiie.  O.T  prilurae  que  lei  Pipei  01:1  uWdeU 
picveniioD  ,  d  dbuii/  Tui  lei  bjnjlicei  vaCiDi  ia  Cviit  ,  &  ^uc  lci  or- 
diniiret  ne  *'<tinl  pai  oppaf^f  t  cclte  eiitrepiife  ,  l:i  Pipei  Dni  ^lea- 
t!u  pcu  1  peu  lcuii  enliepiifei  fur  lei  luCtti  b£ni£:ci  ilepeniiini  de* 
cutlaleuii  ou  pinoni  EccieliiAiqutt  jufqu'au  Itmpi  du  conco-dji, 
pii  («tuelLeon  X  aiiiibua  ripicir^nicnt  ce  dioit  m  l.int  M^e.  Ca 
droit  a  fail  beai.caup  rit  progrcidani  lc  rciiicmt  rKC>. 

t  Le  *ier-l^£it  (l'Aai^aun  dani  lei  ptuvincti  tccl^rijAiiiuci  de 
Frjni.c,  qui  for.t  oidin-ircmeni  compiifci  dant  li  Ugiiiun  d'A>i^nun  i 
favuir,  Artci  ,  Ai»  ,  Vienne  &  Enibiiiii ,  ne  peut  ulct  d'iuite  pDuTO:r 
qiie  ceki  <)ui  cH  tiprimii  dJni  lei  bullei  dc  ii  l^^iioD,  &  IculcmenL 
cn  t*  qu'ellei  lont  t^yioitiies  pii  Letiiei-Paientci  du  Boi ,  re- 
(inril»  Jani  1*1  fjiiiemciti  de  ceipiovincei ,  ou  il  veui  eneicei  fcn 
jtouvuir ;  3(  avinl  d'en  fjiie  ufifc,  il  fiul  qu'il  ptaaeiic  pat  ^ctil  d* 
»c  lien  (aiie  coniie  Iti  liberlei  da  l'E^lite  Gallicjne ,  &  de  1*  roumet- 
trcdui  modincalioDiqui  pcuvcotifgu  cU  JppoUei  dut  r«fli(  d'epr 

(c|-ieitiii<Dtdt  in  biiiiti. 


•i^^^^m^ffjjj 


iy5TITCTION 

bBOK  as  ^frnT%  A^  cass  rerendiie  de  la 
i  ▼  £  -r-rxs  CoIsEsan  coGcarreos,  qoi  fe  peu^ 


I^L^e 


■■iM 


Na 


C  H  A  ?  I  T  R  E     XV  L 


:cir  -   ii» 


r-KUS&Li< 


aLJwJL^ 


rt  2  ccdfirer  ie 

;n  iOTt ;  &  a!ors  !a  pro- 

ix ,  maisi&aiKiiog, 

,  ou  de  droic  com- 

pcivilese,  comme  la 

r-/*a:res,  &  celles  qiu 


4M^  ■  ■  «^  w^^    ^  ■  ^      *    C^ 


i»  ' 


pr-3dpa!eg?e!?t  fur  les  pa- 
jes  d^pe!l£s  &  Les  prebendes  des 
r  C£S  loedces  oot  coamence  la 
.  c^  des  S^rieurs  ou  de  riches 
zr  iirs  >-rs  terres ,  pour  la  com- 
Cu.  ii^  l£^  ra£iux.  Les  Eveques , 


■?  r  .jtf  li^  a».i«:r  z*  ?r«r:re  cette  quaiite,  jic 
u-is-^  -iT-jvsr*.-  w.^i-:.  yj--e;c-n- j-.s  co:  cru  cjue  le 
^*- .  .:■  rw— j\sj^p-  -rii-:  i*-a  .ic  cr  .;■-«  ;  =iii  i.  ei  beauco-jp  plu$ 
*rvv.  ?.  >  '-.  .  :^~&.-.-:e«r  *?:  .  rsrT;-re  :i:$;accjr:jceiettre,  qu*cn 
-:-  ^•■.-  '  K  .-.T  vrr:r»  <*  i.-jei  r«  :i-ii:c.in  cjr.tle*  £§ufes  qu*iis 
r«.^<ri;  \:  r:irs*  ,  nfcicte  JTi*  I*«  f.ec *»•«».-$  io».i£c:(nt  de;a  de  quel- 
C**  a«cc5«  tcwra^;».  Le  Ccocie  i'Orir^e,  tccu  ec  4^1  ,  dit  qr.e 
I  i»ir-«  r,-*rja^«iir  Tftz  trtrtstTtr  n  crreiua  les  Clercs  qu*il  yeut 
x«-,^e  ::tr»  .'i  » :  e  r;  -  «rcorte.  Ce'i  fj?  lur»:  au  C«nciie  d*Arle$  en 
4  -  le  M.  «^ire  ijc^^e  ce  Tciiie  ec  i«?  ,  ci:  c oisiiTement  cjue 
l*s  -^-  :.'r?.r>v:  i  ercr:  z^x  rerarsuoe»  de$  Ejgtires  cu  inonatl^re$  ("e 


l\:*i':     c-f4  ;  i»^  ce  urde  Tclice  pour  les  patrons  en  g^ner.l ,  fle 
^..y     .-.-^-.  7:>.jr 'e«  ralrcns  Laiiues. 

'.'  le  ?::■*■::  a*'»  prctVr.uiieo  ou  nominatidn  aiiz  b^ndfices  ;  &  It 
Cc 'iTe^r  cc--t  .V.  .I.sution.  ,   ,       ,     ,  j  •      • 

*■  On  e-eod  pjr  cirriJMrios  <f«  V£duis  ,  les  lettres  de  nomination 
cur:crcnn:ior  dorcce$  a  v.r  cracui,  par  rUniTerCcd  en  Uquellc  il 
a  r-is  Tei  •?e«-ei ,  par  lefquelles  e!le  le  prdfente  4  un  Coilateur  ou  pa- 
fton  Fcc!<uj\liqae  ,  pour  ctre  pourru  des  UUhQtl  qui,  Titodroni  4 
T3.^uer  caci  Ic$  roois  affecies  aux  gradud*. 


AU  DROIT   ECCLtSIASTIQUE.        s»i  

&  leur  pri^e ,  y  mettoient  un  ou  plufieurs  Qercs  pour  £iire  Partii  Ii;^ 
lc  fervice ,  &  fuivoient  volontiers  le  choix  des  Seigneurs ,  Chap.  xvl. 
pour  ne  leur  donner  que  des  Qercs  qui  leur  fuffent  agrea-  ^^"^*  ^''* 
bles.  Depuis ,  comme  il  y  eut  des  Eveques  qui  meprifoient  /c/.  9.  r. ». 
cette  coutume,  &  des  Patrons  qui  en  abufoient ,  &vou-  ^orm.  ^ .  49.- 
loient  reduire  TEglife  en  fervitude ,  on  fit  pluiieurs  canons  ^''^  dtjun 
pour  regler  ce  droit. 

Le  Patron  e(l  celui  qui  a  dote,  ou  bati ,  ou  fonde  g  TE-    Cone,  TrUti 
glife.  Ildoit  prouver  fon  droit  par  des  ticres  autbentiques  , /<#•  iS*  ^-9« 
« ou  par  une  pofleffion  de  quarante  ans ,  foutenue  de  trois 
prefentations.  Ce  droit  etant  attache  aux  terres  h  ,  pafle 
aux  heritiers  i ,  &  a  tous  les  fuccefTeurs.  k.  Si  la  terre  ap-  ^  ,.    . 

partient  4  rEglife  ,  le  patronage  ed  ecclefiaflique ;  fi  c'dl  ris^.  dtjurA 
un  bien  profane  /,  le  patronage  efl  laique ,  quoique  par  bafard  ptfc. 
jI  fe  rencontre  entre  les  mainsd*un  Ecclefiaflique ,  a  caufe  de 
fon  patrimoine.  Le  patronage  fuit  Talienation  de  la  terre  » 
dont  i!  efl  un  acceflbire ;  mais  il  ne  peut  etre  vendu  fepare- 
ment ,  parce  que  c'efl  un  droit  fpirituel.  II  eft  indivifible , 
&  ne  fe  partage  point  entre  plufieurs  heritiers ;  mais  ils 
doivent  convenir  de  nommer  tous  enfemble,  ou  altemati-  ^  . 

vement :  &  en  cas  que  leurs  voix  foient  partag^es,  celui  patr.      ^* 
qiu  en  a  le  plus  &  le  plus  de  mcrite ,  doit  ^tre  pr^feri.  Les 
voix  fe  comptent  par  fouches »  &  non  par  tStes.  Pour  exer- 
cer  le  droit  de  patronage ,  il  fuffit  d*^tre  en  pofTeflion  de  la  ^'  ^^P-  ?•  c. 
ferre,  quand  m^me  la  propriete  feroit  conteflee.  ^Cap^M  d 

Le  Patron  laique  n*a  quequatre  mois»  pour  prefenterau  jurt  patr.  in 
Collateur  ordinaire  celui  qui  doit  rempiir  le  benefice,  ex-  ^*  S-  *''• 
cepU  en  Normandie  &  en  quelques  autres  provinces ,  oii  ^^,^  \q^ 
il  a  fix  mois  :  le  Patron  ecclefiaflique  a  fix  mois  par*tout  C  Chir.  amt^ 

14.  </c  jurt^ 


fatr. 


g  Od  entend  ici  par  le  terme  Tondi ,  cclui  qui  ■  dono^  It  fonds  fuc 
lequcl  rEgUre  a  ixi  conftruite »  fuivant  ce  vers : 

Patronum  fsciunt  dos  ,  aiificatlo ,  fundus» 

A  n  y  I  certaint  patronaget  qui  {n*^tant  actach^t  k  aocune  glcbe  ; 
font  r^put^s  perfonneli  ,  4  la  ditfdrence  dc  ceux  qui  fonc  attach^s  a 
kgttfbe,  qui  font  r^els.  Fo^r^Simon»  tit,  4. 

i  Quand  le  patrooagc  eft  perlonnel  •  il  paflfe  toujourt  lux  h^ri- 
tiers ,  ou  du  moint  i  celui  d*f  ntre  eux  qui  a  droit  de  rexercer  ,  fui- 
vant  le  titre  de  la  fondation.  II  ne  peut  ^tre  vendu  ni  cede  i  un  ^tranger« 

k  Le  patronagc  reel  paiTe  de  droit  a  celui  qui  fuccedc  k  la  gicbe. 

/  II  en  eft  de  mttnt  lorfque  le  patronaj^e  n'etl  attach^  i  aucuoe 
yteht ,  n\  k  aucun  b^o^ncc« 


fj^t*^4^*^1f^tj^f 


^«1  INSTITUTION 

pT^TT^.  ptjrs.  AnS  3  ne  peut  varier,  &  il  conTome  fon  droir  eH 

CMAr.  ftV£  plnMentant  iine  perfonne  qoe  rOrdinare  juge  indigne  , 

)»Te  que  Ton  fuppofe  que  ce  Patroo  etant  eccl^fiaftique , 

doit  im  in(bruit  dies  canons.  Au  contraire»  on  excufe  Pi- 

^.  f!i4brM&  gnorance  du  Patron  laique.  St  le  premier  qu*il  prefente  eft 

»9.  ckfnJ  df  iugi^  indigne ,  il  peut  en  prcfenter  un  autre  ;  &  m^me  ac- 

^'  ^'       cumuler  enfemble  deux  prefentations,  pour  donner  le  choiz 

auCoUateur.  De  plus,  on  ne  foufiiTpoint  en  France  que 

le  Pape  previenne  la  nomination  du  Patron  laique  ,  ni  qu6 

rordinaire  admette  une  pennutation  a  fon  prejudice  , 

parce  que  ce  ferott  indiredement  toucher  aux  Setgneuries 

temporelles ,  dont  le  patronage  eft  un  acceifoire.  Le  Pa- 

tron  ecclefiaftique  n'a  pas  ces  avantages.  Si  le  Patron  ne 

prtfente  dans  fon  temps ,  il  perd  fon  droit  pour  cette  fbis , 

'C,P€r,ne/lra  &  la  pleine  collarion  eft  divolue  k  i*Ordinatre.  Le  Patton 

*•  '^         nc  peut  fe  pr^fenrer  lui  meme  m  ,  quelque  capabie  qu'il 

foit ;  mais  il  peut  pr^fenter  fon  fils. 

Le  Patron  doit  la  protedion  a  TEgltfe ;  ce  qut  fe  redurt 

ii  prefent  a  veiller  a  la  confervaiion  de  fes  droirs.  Le  Pa- 

tron  ecclifsaftique  fe  pcut  faire  rendre  compte  du  tempo- 

C.  ri7f*is  %x.  rel.  Le  Patron  laique  n'a  que  la  voie  d'avertir  TEvSque  , 

i6.  q,  7.  ex  pQyp  empecher  la  diffipation.  Le  Patron  a  des  droits  hooo- 

o<  cl  I.         rifiques/i ;  favoir ,  le  premier  rang  a  la  proccffion  0  dans 

r.  Sobis  is.  TEglifc,  h  Tencens,  a  Tcau  benite  ,  au  painbenit ;  &  s'il 

^iejure  patr.  jQn^ijg  ^^  pauvrct^ ,  TEglife  doit  le  fecourir  raifonnable- 

qu€  %o!\6.  q.  nicnt.  Lc  droit  de  patronage  fe  perd ,  comme  les  fervitu- 

7.  ex  conc.  des  &  les  autrcs  droits  acceffoires ,  par  le  depenffcment  de 

To/cf.  4.  e,  j^  ^j^Qfe  ^  laquelle  il  eft  attache ,  comme  fi  rEgUfe  eft  rui- 

37« 


m  Encore  qu'i1  fut  Eccl^riaftique  ;  mals  s'ii  y  a  plufieurs  patrons  qui 
aient  droit  de  concourir  pour  la  pr^entation  ,  Tun  d*entrc  euK  peuf 
nommer  un  c!e  fes  co-patrons.  Voyc^  d'H^ricourt»  lois  Ecchfia/iijucs^ 
part.  2.  tit.  du  droit  dt  patronag: ,  n.  30. 

H  Les  droitshonorifiques  du  patron  confiftent  dans  1«  titre  nneme  rfe 
patron  ,  dans  le  droit  de  pr^fentation ,  le  droit  de  recommandation 
aux  pricrcs  nominales  ,  le  droit  dc  banc  au  chaeur  du  cbt6  le  plus  bo- 
norable  ,  le  droit  de  pr^fiancc ,  comme  robferye  M.  Fleury  ,  le  droit 
ds  fepulturc  au  choeur  ;  enfin,  le  droit  de  litrc  ou  cciocure  funcbre  , 
tant  au  dedans  qu'au  dehors  c!c  r£jji'ife. 

o  Dans  rEsIifc,  le  patron  p^iTe  avant  le  feigneur  hauf-jufticTcr. 
Mais  quand  la  proccflion  eft  hors  de  rE^life  !e  ha-.>'-junicier  a  le 
pas  fur  le  pafron.  De  mSme,  en  fail  de  litre  d.tnsPFgife  ,  cHlf  du 
patron  eft  iiudcflus  dc  celle  du  haut-jufticier,  &  en  dehors  de  PE- 
glife  ,  celle  du  haut-jufticier  cft  au-dcflus  de  ccllc  du  patron.  Voyei 
Ouyot  en  fe$  ohftrvations  fur  U  d/oit  du  pairons ,  chap.  5.  p.  i6$« 


1 

1 


AU  DROIT  ECCtfeSlASTIQUE:     '^Hf 

fciie  &  le  dtre  du  benifice  tteim ;  par  la  renonciation  ou   PaatieIJ) 
ceiTion  (aite  i  l*EgUre;  par  le  non-ufage,  quand  rOrdinaire  Chap.  xVM 
eft  en  pofleflion  de  conferer  librement.H  fe  perd  auffi  par  c  tx.  difmi 
le  crime  que  Ton  appeleroit  FclonU  cn  matiire  de  fief ,  "«'  «  «»«• 
comme  fi  le  patron  avoit  tue  le  Cure ;  &  par  rhcrifie,  qui  M?m  rfnCtow 
eft  le  crime  de  lefe-  majefte  divine  :  mais  elle  fiifpend  ^jt^  tom  v 
feulement  Tufage  du  patronage  lafque  ,  fans  le  faire  per- 
dre  :  le  Patron ,  ou  fes  h^ritiers ,  le  recouvrent  quand  ils 
reviennent  a  rEglife  Catholique. 

CHAPITRE    XVII. 

Dcx  Graduis, 

LE  droit  des  gradu^  vient  du  Concile  de  Bafle  p.  Les  Vafn  s-rfdl 
DoAeurs  de  Paris  &  des  autres  Univerfitis  fervirent  **• 
TEglife  tr^-utilement ,  pour  Textindion  du  fchifme  d*Avt- 
gnon  ,  &  eurent  grande  autorite  dans  les  Conciles  qui  fe 
tinrent  a  cette  occafion.  En  traitant  de  la  reformation  ,  ils 
fe  plaignirent ,  entr'autres  abus  ,  que  les  benefices  etoienc 
mal  diftribues ,  foit  par  le  Pape ,  a  caufe  des  riferves  &  des 
expe£btives ,  foit  par  les  Ordinaires  ,  qui  fouvent  confe* 
roient  fans  choix  k  leurs  parens  ,  &  k  leurs  domeftiques  , 
quoiqulncapables  &  ignorans.  Us  demandirent  que  Ton 
eut  egard  aux  gens  de  lettres ,   qui  paflbient  leur  vie  i. 
itudier  pour  le  fervice  de  TEglife  &  de  TEtat ;  &  qu*oa 
leur  fit  part  des  b^nifices  ecclefiaftiques  ,  quand  d*ailleurs   Rthuf.jfrefi 
ils fe  trouveroient capables  de les  deffervir.  ccnc^dtclli^ 

p  L*origine  du  droit  dei  graduit  eft  encore  plus  ancienne  qoe 
ce  concile  ,  lequel ,  comme  l*on  fait ,  ne  tint  fa  premiere  fenion 
qiren  14)1  ;  car  avant  que  l'on  eOt  iftabli  que  les  benefices  qu| 
vaqueroient  dans  certains  temps  feroient  confi^r^s  i  ceux  qui  au. 
roient  obtenu  des  univerfitds  des  t^moignages  publics  de  leur  m6» 
rice  lc  de  leur  capacit^  ,  les  P<apes ,  qui  s*Jtoient  r^ferv^  la  difpo* 
lition  de  la  plupart  des  bdn^fices  confiddrables  ,  permettoient  aux 
univerfiti^s  de  leur  envoyer  des  lidcs  de  ceux  qui  itoient  les  plui 
«iilHngu^s  dansleur  corps.  On  appeloit  ces  lides  RotuU  nominando* 
rum  :  &  fur  ces  lifles ,  &  fur  le  tdmoignage  des  univerfit^s  ,  let 
gradiies  qu*e1les  propofoient  ^toient  prt^fi^res  dans  la  difpofition  de 
certains  bdn^fices ,  dont  les  Papes  s*ctoient  refervc  la  collation. 
Ce  fut  pour  remplir  le  meme  objet  ,  que  le  Concile  de  Bade  or- 
dotina  que  la  troifierne  partie  des  btin^fices  feroit  ^e^^e  aux  gra* 
duit,  Voyi\  Us  Mim$ircs  du  CUrgi  ;  tom,  X  ,pag,  196. 


♦4"^«^*-»»j<i  / 


H^  INSTITUTION 

*^TS?^T  .  .  Le  Coodle  de  Bafle  f  ordonna  donc  que  la  troiTieme 
^ni^NcVll.  pvtic  de  locisles  benefices  feroir  afiedee  aux  gradues  des 
.^^  x«xi.  Uohrerfites  privilegiees  ,  &  que  les  CoUateurs  ordiaaires 
^*.^^^-  oe  pourroient  les  conferer  a  d*aurres ,  fous  peine  de  nullite. 
r^.6Qs.    '  ^  croyoit  alors  que  les  degres  etoient  la  preuve  la  plus 
(ure  des  etudes  &  d^Ia  capacite  r.  Ce  Decret  du  CondJe 
'^*  fut  infere  dans  la  Pragmatique  de  Bourges ;  &  Ton  y  ajou- 
ta ,  que  du  tiers  afiede  aux  gradues ,  les  deux  tiers  feroienc 
pour  les  fuppots/des  Univerfites  ;  puis  on  ordonna  que 
rUniverfite  nommeroit  ceux  qu*elle  voudroit  ^tre  prefe- 
ris :  on  les  appelle  GrsJucs  nommis ,  &  les  autres  Graduis 
fimpUs  t.  La  Pragmatique  obligeoit  encore  tcus  les  CoUa- 
teurs  &  les  Patrons  ecclefiaftiques  a  tenir  des  roles  exa^ 
de  tous  les  benefices  ,  qui  etoient  i  leur  difpofition ,  afin 
Ccne,  deCcU.  ^*^"  conferer  de  trois  Tun  aux  gradues  a  tour  de  rdle.  Le 
M.  ir.         Concordat  a  confervi  ce  droit ;  il  a  feulement  dfe  ce  tour 
de  r6Ie ,  qui  etoit  peu  lur  ,  &  inconunode  ,  &  il  a  afiede 
aux  gradues  les  b^nefices  qui  vaqueroient  pendant  quatre 
mois  de  Pannce ;  &  ce  droit  fubfifte  aujourd'hui. 

Les  degrcs  qui  fervent  pour  en  jouir  font  u  ,  celui  de 


q  Ce  Coacile  ^toit  alors  transfere  a  Ferrare,  &  ce  fut  dans  la 
premiere  feilion ,  tenue  ikFerrarele  lo  Janvier  I4)X.  que  ron  or* 
donna  que  la  troifieme  partie  des  ben^fices  feroic  aifed^e  aux  gens 
de  lertres  gradu^s«  dodeurs  ,  licencics  ou  bacheliers  dans  quelque 
facultc.  Le  degr^  de  mattre>es>arcs  ^quivaut ,  daas  cette  faculce  ^ 
i  celui  de  dodeur  dans  les  autres  facultes  ,  &  fert  vuOi  pour  ob« 
tenir  des  b^neiices. 

r  Les  degrtSs  feroient  en  eflfet  le  moyen  d'acquerir  la  fcience  ,  H 
ceux  qui  les  obtiennent  travailloient  fi^rleufement  a  s*en  rendre 
dignes  ;  &  ficeux  qui  les  leur  confiirent  ecoientmoins  hcWti  qu'ils 
iie  le  font ,  la  plupart  du  moi.ns  ,  d^ns  certaines  univcrncJs. 

f  Sous  le  terme  de  fuppSts ,  on  ne  comprend  pas  ici  tons  les 
fuppots  des  univerfit^s  in.iiflindement  ;  mais  feulemisnc  les  gradu^s 
qui  rendent  fervice  dans  les  oniveriites  ;  teis  que  les  principaux  2c 
profeiVeun  des  collcges. 

r  On  les  appelle  ainfi  ,  parce  qu*ils  n*ont  d*autre  titre  que  leurs 
degr^s ,  fans  letcres  de  no'iiinacion  de  Tunivcrfic^. 

u  Le  dodcur  en  thdologte  eft  pr<5f6r^  d  cous  autres  graduds  :  apr^ 
ccs  dodeurs  on  prefeie  les  graduds  qui  ont  rdgcntc  fept  ans  dans 
iin  colldge  de  Tuniverfic^  de  Paris ,  &  les  principaux  des  coll^ges 
cdlebres  de  la  m&me  untveru*^.  Les  autres  graduds  viennent  dans 
Tordre  fuivant,  favoir  ,  les  Dodeurs  en  Droit  Canon  ,  Ie$  Doaeurs 
en  Droit  Civil ,  les  Dodeurs  en  M^decine  ,  les  Maltrcs-is-art$. 
Lcs  Liccnci^s  &  Bacheliers  dcs  facult^s  de  T'iiologie  ,  de  Droit , 
de  M(^decijie ,  vienneat  aufii  dios  k  mlme  ordre  ,  a  Texcepcion  des 

Maitre 


AU   DROIT    ECCL£SIASTIQUE.      385  

Matire  ou  Dodeur  «n  quelque  Faculie  que  ce  foit  ,&  de  p^„tib  it 
Bachelier  en  rune  des  irois  Faculies  rupehcures.  Le  Licca-  CK*r,XTlk 
cie  ou  Bachelier  forme  ,  e&  en  mimt  rxng  que  lcs  Doc- 
tcurs ;  &  parce  que  dt:s-lors  ces  degres  fe  donnoieni  quel- 
quefois  irop  tacilemeni  ,  on  a  vouiu  que  les  grathies  euf- 
fent  eiudie  un  ceriain  temps  au-dellus  deb  Grammsire, 
c'efl-a-dire  depuis  !a  logique  inchifivoment.  L:  DoJleur  ea 
Theologie  doit  avoir  dix  ans  d'eiudc' ;  lc  Dodeur  en  DriMt 
civil  ou  canonique,  ou  en  Medccinc,  lepiansi  le  Maicre- 
^-arts ,  cinq  ans ;  k  Bachelier  en  Theologie  ,  fix  ans;  le 
Bachelier  en  Droii  ou  en  Medecinc ,  cinq  ans ,  eicepti  les 
oobles  X ,  a  qui  trois  ans  fuffifent.  Le  gradue  doit  avoif 
d'ailleurs  la  lonfure  ou  TOrdre ,  les  bonnes  moeurs,  &  tou- 
tcs  les  autres  qualit^  requifes  de  droit  commun.  II  doii  etre 
iiiculier  ou  regulicr ,  felon  Ja  qualitc  du  bencfkc.  On  ne  fe 
fert  prefque  plus  des  degres  en  Medecine,  parce  (]u'ii  ii'y 
a  plus  guires  de  Clercs  y  qui  s'y  appliquent. 

Le  gradu^  qui  veui  exetcer  fon  drOit ,  peut  s'adrefler  k   caac  Sajl; 
tel  Collateur  ordinairc ,  ou  tel  Pairon  ecclefiailique  qu'il  *-  Ceacent. 
lui  plait ,  &  non-feulcment  i  un ,  mais  a  plufieurs.  II  fail  "''    '^  '  ^* 
iignilier  lous  les  aQjs  qui  ptouveni  fon  degre ,  fon  tea^ 
<l'etudc ,  fa  nomtnation ,  fa  nobleffe  i ;  &  lous  les  ans ,  pen- 


Sacfaclien  fatcnii  en  ThfolOBie,  ijni  ont  lc  miiae  rang  ^e  lci  U- 
cenctfi  de  cetie  ficult^. 

X  Pourra  qu'Ui  fuieni  noblet,  tint  de  ptre  que  de  mite.  yoytf 
le  Concotdtt ,  dc  CglUiionibui  ,    5,  prmitrid  $.  lun  «fJ. 

y  Lei  mceuii  Ibut  bien  cli^ngeei  j  cct  <f[irJ  ,  puil<]u'jncieiine> 
ment  lef  Mcdecini  eloient  loui  clerci.  Un  [egsrJoii  laimv  It  Con- 
cuuii  ite  cei  deux  cjuiliiji  catnme  njcclljir'  ,  'lin  <|ue  le  mcpne  qul 

lir  i)'ivoi[  foiii  ile  Ton  i.-ne  ,  cOFnme  lei  reglemeni  lei  y  abli|Nnc 
cncore.  Tellemeiit  que  te  Concile  de  Latran  ,  tenu  en  iii(  ,  d*- 
reiidil  idX  M^dccini  qui  ^toient  enft^it  dini  \<t  Unliei  (taiti  ,  d« 
fiiie  luGune  optiition  d;  chiiuigie,  oii  il  t.illiii  employer  le  Ar 
&  lc  ren.  Ce  ne  fui  <]u'en  u}!  ,  <iue  le  C)r>1inil  a'El^le*illp  ,  U- 
);it  en  Prance,  lcur  ippuiti  la  permiflion  de  le  mirier.  Voyej  Ptf- 
quier  ,  richtrehti.  Menigidni.  1  roifilmi  Mim.  dtt  Mideiiat  eeiHrt 

r  Lc  Griilue  doit,  oiitre  Yt&t  ile  liBniRcation  de  rei  gradei ,  St 
de  l'Jiielta()on  de  fi  Noblelle,  i'il  clt  iioble ,  I)il1<;r  lu  Cnitxenr 
011  Patron  copie  de  toui  cei  adci.  II  eft  neceiraire  <]ae  cctte  lignU 
ficjtion  foit  ijite  avaiit  U  vucmce  ilu  tiJnufico  <]u"il  veut  requitir. 
luut  grlJui  ,  foit  fimplc  ou  nomme  ,  cii  temi  de  tjlre  cette  lijnili- 
caliou  ou  notification.  Cell  ce  <]ite  Ton  appelle  ninifitr  fti  fraJti. 
Ce  foni  lei  dirpoGtiOQi  J<!  la  Fcigmatiiue ,  du  Coucoidat  &  d» 
7«M  JL  Bt) 


586  INSTITUTION 

-  dant  le  carfaie,  il  doii  reiierer  llnrinuaiion  a  de  fon  nom 

Cb<w-XVu!  ^  ^  '^  liimom.  Enluiie  il  peui  demander  lous  les  beni- 

ficcs  dipendans  de  ce  Collaieur  qui  viennent  a  vaquer  dans 

les  nots  de  gradues ,  qui  font  Janvier ,  Avril ,  Juillct  &  Oc- 

tobre.  Janvicr  &  Juiilet  font  mois  de  rigueur,  oii  le  Col- 

btcur  efl  aAreint  ^  conferer  aux  gradui;s  nommes  t  &  a 

fuivre  Tordre  de  la  nomination  b ;  ou  bien  dans  ie  con- 

cours  il  doil  fuivre  Tordre  des  dcgres  &  des  Faculifa ,  pre- 

feranila  Th^ologLeauDroit,IesDo3eursauxBacheliers, 

&  les  Bachcliers  aux  Maiires-es-aris  c.  Avril  &  Odobre 

foni  mois  de  faveur  ,  pendant  lefquels  le  Collaieur  peut 

choiflr  ,  memc  cntre  les  gradues  fimples  ,  celui  qu'il  lui 

Ki.  ifofi.  plait,  Toutes  fones  de  benefices  fonc  fujeis  aux  gradues , 

' '  '^*        ezccptc  les  benefices  confiiloriaus  ,  les  benefices  eleflifs  * 

ceux  qui  font  en  patronage  laique  ,&  les  digniiesdcs  Egli- 

fes  caihedrales.  Le  droit  des  gradues  n'a  lieu  qu'ea  va-. 

cance  par mort:  ils  peuvent  etre  pr^venus par  le  Pape  J.  & 


arJannincetdu  niDisde  Marii4i}f),  ite  Juin  i{io,  art.  S.  d«  rEdic- 
deMirt  i;{|.C«tie  iiocificailou  iloic  flre  riiiepirua  Notiire  Apof- 
toliduc  &  ileui  t^mo:ni  ,  i  U  perlbnae  ou  »u  domicile  dei  Colta- 
teun  ou  PaciDns.  tlle  dait  £tre  uiHiiu^e  au  greSe  dei  iuliiiuatiaai 
eccldlianiliKi. 

a  Cc  n'eft  pit  reiilemen;  1'inGnuacion  que  'l'on  doit  rfic^rec , 
G'«ft  li  notificatiou  dei  lettiei  de  lonfure ,  ordres ,  degrei ,  aicella- 
lion  de  letnpi  d'etuil«,  Gt  lutrei  ticrei  !t  capacicei  ;  la  nominacion 
iu  liradai  ,  i'il  en  3  une ,  &  tei  nomi  ,  fuinomi  Sc  qnalitjs.  Touta 
li  didiiience  qu^ily  a  entrc  la  premiere  Ggnificacioii  Qu  nociiicalion  , 
Bc  lei  ruivinEei  ,  eil  que  dan»  celle-ci  le  Graduf  n'ell  pai  tenu  ia 
donner  de  nouveau  copie  de  lei  ticrei  2c  capacitjs  ;  il  fuHic  d'cn 
reit<!ret  U  iiocificilion,  H  de  lei  fiire  infinnei.  Cecce  inlinuaiion  fa 
fait  au  grenii  dei  inDiiudioiii  eccteliiltiques ,  de  meme  quc  celle  d« 
la  premiere  nocilication. 

B  La  Djclaration  du  tj  Avril  t74(  ,  ordonne  ,  que  pour  lel 
curei  &  autiei  b^njlices  i  cTiarge  d'amet :  lel  Pitronl  qui  onc  li 
prffentationlceib^njficei,  Sc  tetCoIlaceursi  qui  ia  difpoGtion  en 
appanient,  iuront ,  niime  dani  le  moii  de  Janvier  &  de  JuiUet ,. 
appe]i.'s  moii  de  rigueur ,  ti  libcrtd  du  clioix  entre  let  Gridnjs  M- 
nent  qualilici ,  qui  auront  oblenu  det  tcttrei  de  noininalion  fur  let 
Colbc-iiis ,  &  qui  iei  auionl  tjic  infinuer  vatablemenc  -,  Ei  de  pr^ 
fi^rer  celui  il'ent[«  Ifs  Oridiiei  qirils  jugerenc  le  plui  iligne  par  fet 
qujlites  peilonnellci ,  pir  fei  laleni  &  pir  fg  bonoe  conduiie  ,  de 
rcmplir  lei  cuies  ou  autrei  beiicKces  a  chirge  d'ames  ;  «ncoce  qiril 
U  ttar.re  en  concurrence  ivec  dei  Gcadudi  plui  ancieni  ou  plui 
pmiWf,iii. 

e  Voye» li  Dic'<iralion  du  moii  <l'Onobrc  iT4t. 
d  l.c  Concordac  y  ell  forme) ,  8t  la  deriutre  jurlfixndance  dn 
f  ■rlement  ilc  Paiii  y  elt  coDlbnnt, 


AU  DROIT  ECCLiSIASTIQUE.       38^ 

s^llf  nc  rcquiercnt  dans  Ics  fix  mois  de  la  vacance ,  TOr-    partie  Itl 
dinairc  pcur  conferer  libremcnt.  Cuap.xVII^ 

Afin  que  cc  droit  ne  foit  pas  un  pretexte  d*accumuler 
des  b^neAces ,  il  n'cft  plus  pcrmis  au  gradui  de  requerir » 
quand  ii  cft  une  fois  rcmpli :  or ,  il  eft  cenf6  rcmpH ,  quand 
il  a  un  bcn^fice  de  deux  ccnts  florins  d*or  de  rente ,  ce  qui 
a  ^te  evalue  k  quatre  ccms  livres ;  &  il  faut  cntcndre  ce  Uidi 
droit  du  graduc  fi^lier ;  car  le  rigulier  c&  cenfe  rcmplt 
par  lc  moindre  benefice  ,  dont  il  cft  pourvu  en  vertu  de 
ics  gradcs  €  ;  parce  qu'il  a  £ait  voeu  de  pauvrcte.  Pour  U 
ripl^ion ,  on  ne  regarde  que  la  pofTeifion ;  &  on  compte 
pour  biaeficc,  la  penfion  pour  refignation,  ou  meme  le 
bcoificc  refigne ,  s*il  etoit  acquis  en  vcrtu  des  degrcs.  Lcs 
provifiocis  donnees  en  vertu  des  degres  ,  doivcnt  cn  &ire 
mcntion.  Lcs  gradues  nc  font  pas  moins  fujets  <fic  Ics  au-  Mtf«/£iif  «7(4 
trcs  i  Texamen  des  cvequcs ,  pour  lcs  bineficcs  i  charge 
d'amcs ,  parce  quc  Ton  fiiit  la  faciltti  qu*il  y  a  d^obtcnir  dcs 
degr^s  &  des  attcftations  dans  plufieurs  Univerfit^.  Auffi 
£iut-il  avoucr ,  que  cc  qui  avoit  cte  fagemcnt  ordonni  dans 
le  Concile  de  Bafle,  fuivant  Tetat  oti  rEglife  itoic  alors, 
n'cft  plus  de  fi  grande  utiiiti  pour  rcmplir  digoement  lcs 
bineficcs.  Lc  droit  des  graduis  caufe  une  infiniti  de  pro- 
ces  i  mais  ce  ne  font  pas  les  plus  (avans  ni  les  plus  pieux, 
qui  foni  les  plus  ardens  k  pourfuivre  ce  droit.  11  n'a  jamais 
eu  de  licu  cn  Brcugne ,  non  plus  que  lc  rcfte  de  la  Prag- 
matiquc/!  Le  Concilc  de  Trcnte  Tavoit  fupprim^  avcc  les  ^^^^'  '^  ^* 
autres  expcdatives ;  mais  il  Ta  rtobli  cnfuite.  ^gjf^  \^^  ^^  g^ 

€  An  grand  Confctl  ,  on  juge  qae  1a  r^pl^tion  eft  «pdr^e  par  un 
b^niS6ce  ie  400  iivres  de  re?enu ,  de  quelquc  fjLqon  quc  le  ben^fice 
ait  ^te  obtenu  ;  c'eft-i-dire  foit  en  vertu  desgrades,  ou  autrcment. 
Mais  au  Parlement ,  on  juge  qu*il  fiut  f^oo  iivres  de  rercna  pour 
op^rer  la  r^pl6tion  ,  qiiand  ce  font  des  ben^Hces  acquis  autrenienC 
qu*en  vertu  des  grades.  Voyej  Callel.  definit.  au  moc  Craduis. 
Kiblht,  Can,  tom.  IJ  ,  pag,  114 »  Brodeau  /ur  M.  Louet ,  lect.  g« 
tom.  /. 

/  Le  droit  des  Gradn^s  a  lieu  dant  let  pays  conquit.  Arrit  dm 
Confiil  d*Etat  du  )0  Juio  1688.  Journal  du  Pulait, 


Bb  ii 


M'^*^**'*:<^/ 


j5i  INSTITUTIOH 


XfBL 


C  H  A  P I T  R  E    XVIII. 


OJtJix, 


1L  T  1  gffccre  qDeSques  arcs  droits  de  oomsoer  a  def 
h^seooB  por  Toie  d^ipcQjiire  ,  qni  foac  paniculsers 
a  I2  Frasce.  Les  Papes  eiaoi  en  po8e£on  d*accorder  de 
ces  cracs ,  les  cedoaeztt  queiqQetbis  aox  Prirces  pour  en 
ccre  pzrt  aa  Gercs  qm  etoieni  a  lenr  ler^-ice.  Ainiipen* 
dac: le  Jcttfiaed^ATtgDoa  i,  le  Fapeaccordoit  fotnrentau 
Rciy&BKBe  a  £1  Reine  & aux Prioces , des indulis  ponr 
aommei  leanOfidcnaoxbeneficesqin  viendroieotaTa- 
P^  r.  x^  ?*^-  ^^'^  ccaaie  un  UAACyoii  des  expeAatives.  De-Ia 
lim.  :=9.  z^^Teat  riadnlr  des Offiders du  Pirieoient  d^  Paris^Axttoo 
^-  4*  trcGve  qoriqoes  traces  des  Tan  1 303  i fous  Bonifice  VIO, 

Im:  b.  tu  ^  p^ppe4e-Bd ;  oals  dcnt  rctabTificaient  le  plus  certaio 
t&  par  UQC  BuIIe  d^Eug^ne  IV  en  1434-  U  avoit  ere  <fif- 


^    ^  coociaoc;B3isPiulIIlk  retai>lik  en  1538  ,par  la  BoUe 

r^xi  rL  sl   huSce,  qdi  en  efi  eccore  la  regle.  Les  Offiders  du  PSaic- 

p^  .    aiear  fe  foot  Bnntenus  en  pofleffion  de  ce  droit ,  quoique 

y  L .-^L . .•ir.r  ks  icfci%cs  eoSsit  ete  generakment  abdies  par  la  Plrag- 

^'I^  \ir.  c.  ana^ie  &  par  le  Coocordtt  ,  &  quoique  k  Coodle  de 


f  Ls  zszzzt  iTifidLiS  •  cn  latin  ixdaltum  ,  vienc  (Tifldolgexvce  ,  qnl 
£^;iie  «7-usicp£«^-tf  ^  d^firtr  ,  acotrder  une  gracc  ,  parce  «ju^e.t 
«?s:  .  1*5  ifiJ-^Its  fcs:  det  bolles  accordces  par  lc  Papc  a  queltpe 
£*!ire  •  Chapitx«  y  Mocacere  ,  Corps  ou  Commucact^  ,  a  quel^  je 
Prince  oa  aBtnt  pcffoane  pocr  f.  r^,  par  nn  privilege  particalier  , 
^selqae  chote  ^si  eft  coac^c  lc  d:ci:  common  ,  8c  notamecnr  pour 
cc3&rcr  00  Dosmcr  a  dcs  b^scn^es  aaxquei»  le  conceifiorinjiire 
B^asrois  pas  ea  droic  de   commer ,   ians  rinJalc  a  lui  accord^  a 

ce:  c^c* 

k  Le  fcbilmc  d*Avig::cn  ca  d^Occi.^ct  ,  qu'on  appeHe   auilt   U 

& 

/q^^oIcsc^- :::•.$  f  rererdcnt  meme  »r.!C  cc  dro:t  a  comxence  Jis 
I<  tr.-r;^*  ^c  ^»  Lc:::s  .  Sc  f^js  le  poatificat  d*lniioccnt  IV  ,  c>!l-^- 
d:-e  V-J.-5  lc  rriiieJ  d-  Xllle.  fiew^c,  quoique  ce  droit  n'eiit  pas  cn^ 
c.e  ^:o  r-^."»»^  --  r-'-'***^*  rerfeftion  quil  a  depuis  2ci.4is  fous  U 
po-.rifiwit  -e  P-.:!  111  ^  l'--s  Clcmcnt  IX.  VcytiU  tit.  dts  mat.  tc- 
r-  •:..   ils  Fut:  ,  ir..  4  ,  ch,  5. 


r-Ti''.-^ :/■»:*,   coxmen^  cn  i;:?  >  aprcs  U  mort  de  GrcgoireXI, 
b  .lura  i^ax»'*»  I4i9*  q-'?  Miitin  V  fut  clu  Papc  &  cbcf  dc  tou:e 


-*.i 


■.  i*'f'    ."  -.-     ..-'..-   ^i  :  -j.     .-  -.  _ 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE        389 

Trente  ait  nommiment  aboli  cettc  efpece  d*indult :  il  eft  parxie  II- 
vrai  qu'il  femble  Tavoir  rctabli  enfuite.  Ch.  XVIII. 

Cct  indult  eft  une  grSce  ,  par  laquelle  le  Pape  permet  ^'ff*  **^- 
au  Roi ,  de  nommer  a  tei  Coliateur  qa*ii  iui  plait ,  un  Con-  ^'  ^* 
ieiiler ,  ou  autre  Officier  k  du  Parlement ,  k  qui  le  CoIIa- 
teur  fera  oblig^  de  conferer  un  benefice.  Cliaque  Officier 
ne  peut  eicercer  ce  droit  qu^une  fois  en  fa  vie ,  &  ciiaque 
CoIIateur  ne  peut  en  fa  vie ,  en  etre  charge  qu*une  fois  , 
ou  une  fois  pendant  ia  vie  du  Roi  ,  fi  c'e(l  une  commu- 
naute  qui  ne  meurt  point.  SiTOfficier  eft  Clerc  (&  ils  i'e- 
toient  ia  piupart  au  commencement  de  ia  conceffion  de  l*in- 
dult  / , )  il  peut  etre  nomme  hii- meme ;  s'ii  eft  laique « il  peuc 
nommer  une  autre  perfonne  capable ,  pour  etre  nommee  par 
le  Roi.  L*indult  s^etend  aux  benefices  reguliers ,  aufli-bien 
qu*aux  fecuiiers ;  ainfi  pour  ceux-ia  ies  Officiers  etoient  tou- 
jours  aflreints  a  nommer  d*aurresperfonnes,  &  memedes  • 
Religieux  ;  ce  qui  donnoit  quelquefois  occafion  a  des  confi- 
iiences.  Le  Pape  Clement  IX  y  a  remedie ,  par  fa  Bulie  du  1 7 
Mars  1 668 ,  en  permettant  aux  indultaires  de  tenir  en  com- 
mcnde  les  b^n^fices  r^guliers.  Par  ia  meme  Bulie ,  il  a  etendu 
refiet  de  l*indult  jufques  k  fix  cents  livres  de  revenu ,  a^  que 
llndultaire  foit  fenf!^  rempli :  auparavant  ii  itoit  obligi  de 
fe  contenter  d*un  binefice  de  deux  cents  iivres. 

Apres  que  ies  Lettres  du  Roi  ,  portant  nomination  en 
vertu  de  iUoduIt,  onc  etefignifiees  aux  Coiiateurs,  il  a  lcs 
mains  li^es ;  &  i*indultaire  peut  requerir  dans  les  (ix  mois , 


h  Le  ChaDcelier  &  le  Garde  dcs  Sceaux  *,  les  Pr^fidens ,  Con« 
reillersy  tant  de  U  Grand'Chaml>re  du  Parlement ,  que  des  Enqu^. 
tes  &.  Requ£tes ,  le  Procureur-G^n<^raI  &.  les  trois  Avocats  Gene- 
ruux  9  les  GrefTiers  en  chet\  civU  ,  crimiiiel ,  &  celui  des  prc-fea- 
cations  ;  les  quatre  Notaires  &  Secr^taires  dc  la  Cour  ;  le  Receveur 
&  Pyyeur  des  ga«es  du  Parlement ;  le  premier  Huiflier  ,  le  Gre£- 
Mcr  en  chefdcs  Kequetes  du  Palais  ;  quatre-vingts  Mattres  des  Ke- 
quctcs  ,  le  Procureur-G^nt^ral  ,  rAvocat-Gen^ral  &  les  deu» 
GrcfTiers  en  chef  des  Requdtes  de  rH6tcl.  LorfquMl  n*y  a  poinc 
de  Gardc  dei  Sceaux,  le  Chaocelier  a  double  droit  d'indult. 

/  On  peut  voir  dans  le  recueil  des  Ordnnnanees  de  la  trvi/iim* 
race  y  rOrJonnancc  de  IZQX,  touchaot  le  Parlement.  On  y  voit 
q.ie  pliificursd^entrc  les  Mattrcs  du  Parlement  dtoient  Clercs.  Celle 
du  17  Novembre  i^iK  ,  qui  fait  mcntlon  Jes  Mattres  du  Parlement , 
iant  cUr.i  que  iarqucs ;  celle  du  mois  de  D^cembre  i)i3»  quiport« 
qu'il  y  aura  au  Parlcment  huU  cleres  ,  &  douze  laJiques  Prdfidens ; 
viugt  cUrci  9c  Tingt  la^utt  auK  isaqu^tes  1  U,  aux  lequetes  uoii 
^Ures  &  deux  lai4ttes» 

Bb  iif 


,^^M44^mtit^f 


r5?TlTCTIOX 

•■■u.r-urg  is.  ssamxernr  scx  exccssemai 


r  aiciiciiaaB  v .  icx  :cixc  ."Asce  se  S.  Magioiie» 

«.  le  Cxscsczier  s  TtTtxEverue. 

Lf  1.JI  X  mecnBB  axcrs  orda  it  aca 

X  ies  nsescsi^cir.  :a.  j*  srdtt  ie  705 


Cte 


r.±iMie 


m  ,  fsi  iact. 


«r 


T4'iui  uiiie  w  &:*<  at  Cj-Tnnr  IX  Ae  x:«&t,  ponut 
^  ^'^ir.hi.r  «sxec  .  JLxk  ^  S^  Oern  ,  rg^as  4e  S.  Gcr- 

?t:  ":ing  :  r=A  £  T 1  £1  euc=arsn  4c  ria- 


*  C<  xrizic  ci  TJf^BiiiaiB  1  cetB  ^dc  Tca  aeaBBe  cs  Arrfaj^uc  drmii 

ft.^ircfr«  5X  3MC /^9cx;r,  a;.i.^ariywi  rn fTctCfcieat  ^«c  ccdroic 
s  £  r.4  «ami  «w«  »ir  Hcor  L1  «  «an  u  eecsrKioc  ^  9  Man  x  $77  ^ 
s»s  f  Virrcs  .•Ac^xnneic  ^accce;^  e£  decDcaep  fa»  Accics  ;  ^*il 
3  '«J^  >:i<T€  MoiM  .tf  a  <Q*Di&«  «cs  Pafcs  :  ^'m  dre  loe  origiBe  da 
«7v»c  r«»  t  ftat ^  c-MBBc U  re$Me  &  je leim..!  cc  £ccute.  Un  Arr^  de 
ir*4  .-^1^4:««  ks  Ecjpccftin  cc  Ccocr  c  recrvocr  ise  Dcisc«reac  qm 
ES  a  raBCcck^s  r« tsi  PWfpg  ID';  £ cft  dit ^uc  ce  droct  lu  dtoic 

^'i  c«  atoit  daw  3cs  AbksTCs  ctaot  (00» 


K  ££rte  .  &  «cs  >  c«»T=j£«»ccEiesx  ec  ion  repsc  .  ic  Fn^cz^zofui  r^i- 
F  :;JIrpe  jc  Lcof: «  f^  tcs  LcctTCs  da  %  Smiet  1 51-^ ,  oascc  A  les 


tsjti  .e 


ppartcnir 
r.^;e  ce  £»i3ac::t,  cs  Rouercue  ,  cuieA  proprement 


U£  CKftpitTC  rc^J^sr.  Ce  c:oit  y  cd  Uaite  ^e  croitRoyal,  io€*m/hi 
j*r:  li.:^  dth^^.-K.  Le  P--r'.e©er:  resKiit  ud  Arrct  le  25  Ferrier  1315  , 
«:c:.;:re  r&dcwve  ce  Bciu^et:;  &  ca  aurre  Arrct  en  23^1  •  con!rc  Ics 
Re^:pr\.i  cl  pr:e«r^  i«  Lc^?^|^eTi'.ie.  Ea  1353  le  chapitre  <!*Arras,  & 
h>  .\riK:£:cr»iev.rs  ce  rHo(r!«DirL: ,  Toolurent  conrefier  ce  droiti 
rr.th  :^c^  cR^^ihtt  liire ,  2  y  ent  .^rrct  ^ui  attcne  que  le  Roi  aroit  drcit 
^  fAirc  recercir  \ir.  RcV^iecx  drr.t  chMoe  AbbaTC  6c  Hotei-Difu^ 
i  ■*^^v^^  *  ^tns  ccax  de  toRcUrioc  6c  de  garoc  Rojde ,  ou  dans  lei'qi>els 
yt  ^ci  «.:oiK  cc  pcficXca  ce  cc  uoii,  &^«t  toulcs  lcs  EsGfcf  Cacbe* 


AU   DROIT  ECCLiSIASTIQUE.      591 

tni  commencement  de  fon  regne  a  la  premiere  pribende  ,   Paktic  iL 
qut  vienc  k  vaquer  en  chaque  Cathedrale.  2^.  Le  droit  de    ^"   xviii. 
ferment  de  fidelite  ,  en  vertu  duquel  il  difpofe  de  la  pre-  Ociob  ['611 
mi^re  prebende ,  qui  vaque  a  la  difpofition  de  chaque  nou-  d^  tarjt,  1% 
vel  Eveque.  Ces  deux  droits  font  maintenus  par  le  grand  Mdn  1646. 
ConfeiL 

Enfin  le  Roi  a  le  droit  de  regale/r,  qui  fe  reduit  a  pre- 
fent  i  la  difpofition  des  benefices.  Autrefois  il  s*etendoit  k 
fous  les  fruits  de  TEveche  vacant,  que  le  Roi  faifoit  fiens , 
comme  tous  Seigneurs  les  fruits  du  fief  ,  )ufqu*i  ce  que  le 
fief  foit  rempli  ,&  les  devoirs  acquitt^s ;  &  comme,  fuivant 
les  Canonifles  modernes ,  la  collation  des  b^nefices  fait 
partie  des  fruits ,  on  y  a  auffi  etendu  la  regale.  Depuis  long* 
tempSyle  Roi  ne  profite  plus  des  fruits  temporels  de  la  re- 
gale  :  ils  furent  attribu^s  a  la  Sainte-Chapeile  de  Paris  par 
S.  Louis  f  &  depuis  encore ,  par  Charles  V.  £n  1641 , 


drales  ^totent  en  la  garde  du  Roi.  Ce  droit  ^toit  dis*lort  tetlement  re- 
coonu ,  qu'on  en  trouve  une  formule  tres-ancienne  dans  le  Protocole 
dt  la  Chancellerie  de  France.  Les  Ev^ch^t  onc  ^t^  foumis  au  ioyeux 
•v^nemenc ,  comme  les  Monafteres ,  y  ayant  mimt  droit  de  garde  & 
de  proteA^tion  ,  m^me  devoirenvers  le  Seigneur  f^odal  &  le  Souve- 
rain  ,  m^e  obligation  de  reconnoiflance  pour  rexemption  des  droits 
ilont  les  autret  valf^ux  font  charg^s.  La  Pragmatique-ianAion ,  felon 
la  remarquede  ia  glofe  &  de  Benedicli  fur  le  mot  aliqumido,  prouve 
qne,  felon  le  droit  commun  de  la  France  au  quinziimt  fiide»  It  Roi 
ufoit  du  droit  de  premi^res  Prieres  pour  les  Ev^ch^s»  mimt  teUtffltnr, 
cue  r^it^ion  d*un  autre  fujet  que  celui  qui  ^toit  recommand^  par  le  Roi, 
ctoir  annuU^e  ,  fi  te  Roi  s*en  plaignoit.  Fran^ois  Marc  ,  Confeiller  ao 
Pariemeat  de  Dauphin^,  qut  ^crivoit  en  1502,  GraffaUus  qui  vivoic 
fous  Fran^oisl,  le  Predre  ,  Boyer ,  Rebuffe  ,  RouiUard  &  Cbopin, 
font  mention  de  Tanciennet^  de  ce  droit.  S*il  n'a  pas  aujourd*hui  U 
m^me  ^tendue  fur  les  Monaft^res  ^tanten  la  garde  du  Roi ,  c*eft  que  Its 
places  de  Moines  ont  ^t^  peu  recherch^es  dans  ies  derniers  temps ,  8c 

3ue  nos  Rois  ont  bien  voulu  ne  pasitifujettir  ces  Monaft^res  au  double 
rott  d'oblat  &  de  joyeux  av^nement.  Voyei  It  rtcutil  dts  Edia  pour 
le  Parlement  de  Fiandre  ,  pag.  679. 

p  Le  terme  Regalia  ,  au  pluriel ,  fignifie  quelauefois  les  Droies  Ri» 

Saliem  ,  quelquefuis  les  Droits  temporeh  de  VEglife  :  mait  le  Droit  de 
'^gale  tft  un  droit  Royal  particulier  fur  lei  Ev^ch^t  vacans.  Ce  droit 
c(l  forcancicn ;  plufieurs  en  tirent  fori^ine  du  Canon  fept  du  Concilt 
d*OrUjns ;  d'autrcs  difent  que  ce  droit  fuc  accord^  par  Adrien  I  •  k 
Charlemagne;  d'autres  ,  dunombredefquelseftM.  de  Marca,  difent 
fla*il  tire  \on  origine  des  Fiefs  ,  du  moins  quant  aux  fruitt  dtt  Evdch^t. 
CequieU  decertain  ,  c(l  que  la  Ri^gale  avoit  Ueu  dct  1159,  comme  il 
p uoit  par  des  Lettres  de  Louis  le  Jeune ,  de  ladite  ann^t ,  par  lefauellet 
li  donoe  aux  ReHgieufes  d'Hiires ,  la  Chevecerie  dt  rFelift  de  Faris , 
pour  enjouir  touteslec  fois  quele  Si^ge  feroit  vacant.  C  eft  le  premier 
tttre  daDs  lequel  il  f^ic  faii  une  meocion  expretfe  du  Droit  dt  R^gale 
tfppatttnint  au  Roi, 

Bb  iv 


s  INSTITUTION 

1^~^_  Ljb»  .MII  reiira  ce  croit  lie  la  Saime-Chapelle  ,  lui  don* 

.  >  iii.    iMUi  «n  r«com[K.i:rc  labtuye  de  (iiint  Nicaife  de  Reims  :  Se 

"■""  ^  eiiiucfiw  temps  , :!  -^'fomit,  par  Lctrres-patemcs ,  dedon' 

"!'"  '  iier  luujonrskMVuitstemporelsaunouvel  Eveqiie , depuis 

le  coiitiiii:iicc]iicii[  lie  I2  vacance.  Mais  par  une  I>eclaraiion 

do  I •■-.■, .  li:  Koi  ,i;lt  refcrvela  difpofition  desfrwtstem- 

poiuit  <.'<iiiiiiL-  ^uparuvant ;  il  eft  vrai  qu'il  en  fdt  ordinai- 

j-Kuiciii  liiiii  .111  iiuuvel  Eveque. 

I.i:  liroit  .iu  rc^Liie  ne  confiftedoncplus  qu'en  ladi^o- 
fiiioii  dus  L}eii>;:icc:s ,  doni  itveque  dirpoferoit,  &  il  les 
cuiiipieiid  tuu> .  i.'xcei:te  les  cures  ;.  Le  Parlenient  de  Pa- 
lis,  ({ui  cll  cn  poiretlion  ie  j.icer  feul  tous  les  differents 
(|ui  luiireni  de  ce  droit  du  Roi ,  V3  eiendu  en  toutes  Bia- 
niere^'.  II  ruliii  que  le  benirBce  vaque  df  (ait  ou  de  droit , 
(.'elt  u-ilire  qu<:  le  titulaire  ne  loit  pu  en  po&flion  ,  ou 
■'/*' _■*'•  (;uc  Ic  poiii;li'cur  R*ait  pas  dc  julle  litre :  car ,  difent-ils ,  la 
'  "''"■  r^^lw'  iradmi^t  point  de  fiAion.  Le  Roi  re^it  des  refigna- 
tioiii  cii  fdveur ,  &  croc  dcs  penlioiu ,  a  condttion  touie- 
iuis  (i'ctrc  ^ipprouvces  cn  Cour  de  Rome  :  il  conf^e ,  au 
pikjudicc  du  Patron  ecclcfiailique  i  en  un  moc.il  difpofe, 
noii  komme  fcroit  rOrdinaire ,  mais  comme  le  Pape ,  &  ne 
luul&e  poini  la  preveation  ,  parce  que,  difcnt-ils ,  le  Rot 
n'3  pijint  dc  luperieur.  Mais  reneniion  la  phisimportante 
(lc  !d  rcg^e  ,  c  ell  que  dans  les  dcmiers  temps  on  a  pce- 
iciiuu  quelle  devoit  avoir  lieu  par  tout  te  royaume. 

<.)n  diilinguoit  aucrefois  les  Egliles  qui  y  etoieni  AijetV 

tc^ ,  &  celles  qui  ne  reioieni  pas ;  mais  les  gens  du  Roi 

(•'DicnoiciK  que  c  ecoic  un  droic  dc  la  couronne  inalidnable 

^^  :.i;|ncf^ripiil)le,auquellesrenonciations  desComiesde 

I  ou.ot:''C  .  i'U  dei  autres  Seigneurs ,  n'avoient  pu  prejudi- 

„    V    .   i  A-.  tn  i.>,.'S,  icParlcment  de  Paris  rendit  un  Arriit,par 

V  I  ■ .  '■  ;\s,i.ilion  dc  rEt;Iifc  de  BelUy ,  il  declara  que  la 

■,  L'.    I.  :   :viuliiii'>  toiit  le  royaume.  Les  Eveques  d? 

<      -  -%    i'  ;oui \ uiciit  au  Confeil :  le  proces  dura  plus 

«  % .  \  t.-ii  I  ('-'  X  Ic  Rot  fit  une  declaration , 

.  <.  -      -  ..x  ^.,1  \i  qucllion ,  &  declara  que  la  regale 


1*11  par  it*  Vicaim  ftfitatU, 


AU   DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.        59^  

Mais  enAiite ,  fur  les  remontrances  du  Gergi ,  aJTembli  Paktik  U- 
eziraordinairemenc  en  itJSi ,  le  Roi  donna  uneuitre  De-  Ch.  xvtlf/ 
clararion  ,  par  laqudle  il  etpliqua  comment  il  emendoit  j  "  ^  ' 
ufer  a  ravcnir  du  droii  de  r^gale.  Comme  le  Roi  a  la 
pleine  collation  des  bencfices  vacans  cn  regale ,  les  r6ga- 
liftes ,  en  vertu  des  feulcs  Lettres  du  Roi ,  fe  mettoient  en 
ponellion ,  non-rculemeni  des  Gmples  prebendes ,  mais  de 
la  iheologale ,  de  la  pinicencerie  ,  des  dignit^s  meme  des 
chapiires ,  ayant  juridiAion  ou  charge  d'ames ,  comme  les 
archidiacones  &  les  doyennes.  II  etoit  diiGcile  de  cpmprea- 
drc  comment  le  Roi  pouvoit  leur  donner  la  miffion  &  Tau- 
torit^  rpirituelle  ,  &  toutefois  on  en  avoit  toujours  ainlj 
ufe ,  m«me  du  lemps  de  S.  Louis.  Par  la  Declaration  de 
1683,  le  Roi  veut.que  ccuxqu'il  aura  pourvus  de  beni- 
fices,auKqueIse(lannex6e  quelque  juridiSion  ou  fonSioil 
(piriiuelle ,  fc  prefentent  aux  Vicaires  generaux  du  Chapi- 
tre ,  ou  a  TEvcquc  ,  fi  le  fiegc  eft  deja  rempli ,  pour  ob- 
tcnir  !'approbation  &  la  miHion  canonique/,  &  qu'il  y  ait 
libcne  de  les  refufer  ,  fi  par  rexamen  ils  font  trouves  in- 
capables  ou  indignes,  Le  Roi  declare  encore,  qu'il  ne  pre- 
tend ,  en  vertu  de  la  regale ,  exercer  le  droii  de  rSveque , 
quccomme  r£v^quelui-memel'exerceroit,&noncomme 
on  pourroit  pr^tendre  qu'il  autoit  du  Texercer  ;  mais  fui- 
vre  exaflemcni  les  ufages  de  chaque  Eglife  .  quani  au  par- 
tage  des  collationsde  benefices ,  enire  TEveque  &  le  Cha- 
pitre. SurceiieDecIaration,Ie  Clergcaconfemique  la  re- 
galc  ainri  r^duite ,  £'etendlt  par-tout  le  royaume.  On  ex- 
cepte  feulement  les  eveches  qui  en  oni  acquis  rexcmptioa 
k  liire  onereux  ,c'ell-a-dirc  qui  ont  donne  au  Roi  des  do- 
maincs  ou  d'autres  bicns  ,  pour  fe  racheier  de  ce  droit  /. 
La  rcgalc  nc  finit  que  quand  TEvi^que  obtieni  main-Ievie 
a  Ij  Chambre  des  Compies ,  en  y  faifant  enregiftrer  foo 
ferment  dc  ttdellie ;  &  11  faut  faire  fignificr  les  Letires  69 
jnain-levee  aux  Ofiiciers  du  Roi  fur  les  lieux. 

Nous  avons  parle  du  droit  de  nomination  aus  e\'ecbif 


/  Ctn  ce  <]uc  1'on  ippelle  auOi  rinfliiuiiva  auurifihU. 

I  Mili  il  y  a  bicn  pcu  tt  ccl  eiemptioni  qui  Caitni  certiinet.  Plu- 
£cuTi  E|;lilet  qui  piiJiendoicni  les  aioit  icquifeii  lilrc  tii'jici'x  cn  onl 
i\t  AicUtit\  d^chuet.  commc  1«  Eglifti  d*Auxcrre  Si  Amieni,  par 
An  Aiik:iin6i^ti.en6n,  f e^i( k Ti*M d(  Dnyiu ,  4»Qco<- 
#(«,  Tewi,  U,  feg.  ttl, 


L 


194  IHSTITUTION 

H^  ft  m  Ahiycs ,  qD*a  le  Roi  co  vem  da  Corcordtt.  VoS^ 
flbXfllL   dboc  toucef  les  perfonoes  qui ,  fiiivafxt  Tulage  prefem ,  peir 
▼em  doooer  droic  a  uo  beaehce. 

CHAPITRE     XIX. 

Des  Capadsis  refmifu  pour  Us  Beaifices  tu 

E  beoefice  ne  doit  etre  confere  qu^a  uoe  peribooe  ca« 
pable  :  &  fi  Ton  confideroic  principalement  Toffice  , 
pour  lequel  le  revenu  eft  donne  ,  il  fercit  fiidle  de  con- 
oottre  quelle  capacite  eft  neceflaire ,  apr^  ce  qui  a  eti  dit 
dans  la  premiire  parue :  mais  depuis  que  la  difpofidon  des 
benefices  eft  devenue  matiere  de  proc^ ,  on  a  reduit  les 
capacices  aux  qualites  excerieures ,  qui  peuvent  fiicilement 
C.  eam  eam^  fg  prouver  devant  les  Juges.  Premi^rement  ,  il  faut  ecre 

*^^  ^^'        feculier  ou  r^gulier ,  felon  la  qualice  du  benefice.  Les  r^- 
C.  emm  de  guliers ,  cfuoique  Clercs  ,  &  meme  Pretres  ,  ne  peuvent 

hen^.   5.  de  pofieder  les  b^nefices  feculiers ,  fi  ce  n'eft  les  iveches ,  qui 

^  ' '"  les  cirenc  de  leur  ecac ,  a  caufe  de  Teminence  du  Sacerdoce 
parfiic.  Les  feculiers,  quoique  Clercs  ou  Precres ,  ne  peu- 
venc  pofleder  les  benefices  r^guliers  x ,  qui  dans  leur  ori« 
^ne  n'ecoient  que  des  offices  monaftiques.  Non-feulement 
il  iaut  etre  regulier  ,  mais  du  meme  Ordre  ,  &  encore  du 
m^me  Monaft^re ,  s'il  n*eft  point  uni  avcc  d*aucres  en  corps 
de  Congregacion.  Mais  il  y  a  des  excepcions  k  ces  deux  re- 
gles ;  car  on  donne  des  provifions  k  celui  qui  cemoigne  dd- 
firer  de  faire  profeffiony ,  pourvu  qu'il  la  fafle  dans  Tan  ; 
&  on  peuc  cransferer  d*un  Ordre  ou  d*un  Monaft^re  k  Tau- 
tre.  Pour  la  cranftacion ,  il  fauc  ^  le  confentement  de  toutes 
Tme,  Trid.  les  parcies  intereflees  ,  du  Religieux ,  du  Monsftere  qu*il 

ftff,  XIV.  c,  quicce,  &  de  celui  oii  il  encre.  Le  Concile  deTrente  fem- 

*°*  '*'         ble  approuver  ces  difpenfes. 

■  ■■  ■  ■ 

II  On  peut  voir  fur  cctte  matiere  le  Trait^  de  Vitat  det  Ecclifiaftiques 
&  de  lcur  capaeite  pour  les  Ordres  &  Binijiccs  ,  par  M.  du  Perray, 

X  lls  ne  peuvent  les  polT^der  en  titre,  mait  i!s  peuvent  les  tenir  en 
fommende. 

y  Ceft  cc  que  Von  appelle  en  Hylc  de  Cour  de  Rome  de$  provifions  , 
pro  cupiente  profitcri, 

l  11  n'y  a  que  le  Hapc  qui  puifle  transferer  un  Rcligieux  d\in  Ordre  k 
tin  autre,  dontla  re^Ie  cA  moios  luilere.  D'H^ricourC«  Lois  Ecci^ 
t)t.  de  t^  trar,flation  a'Ordre, 


i 


AU  DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.       jjj' 
Ily  a<lesben^ncesrjcerdk)taux,c'e(l-3-direqiiinepeu-   pj^||,i^s  tL 
Tent  vtrc  confer^s  qu'a  des  Prctres ;  les  uns  ,  par  la  loi ,  Chm.  XIX. 

les  amrcs ,  par  b  fondati  on.  A  Tegard  de  ccs  derniers ,  qui 

foni  lcs  chapelles  faccrdotaies  &:  lcs  auircs  b^n^fices  fem- 

blai)!cs ,  on  obferve  a  la  leiire  ta  loi  pariiculiere  de  la 

fondation  ,  &  on  ne  pcui  les  conferer  qu'a  celui  qui  elt 

deja  Prette.  Les  bineficesfacerdotaux^parla  loi  gcn^rale, 

font  lcs  cures ,  les  doycnnes ,  lcs  prieures  ou  abbayes  eti 

ti^le  a,  &  iesauireslenibbbles  :  pour  ceux-]l,il  rufiit  que 

celui  qui  en  ed  pourvu ,  foit  ordonn^  Pr€tre  dam  I'an  de 

la  paifible  pofletlion.  A  Tegard  des  auit es  binffices ,  comme  C,  t.dtmtat, 

ks  prebendes  ,  lcs  chapelles  ,  ou  pricures  funplcs ,  &  les  *  vl-pf»- 

commendes ,  il  fdut  fuivrc  Tufage ,  fuivant  lequel  il  y  en  a  ^*  p,^,^ 

qui  oe  fe  donnent  qu'a  ceux  qui  font  dans  les  Ordres  la-  j.  «^ 

cres  ,  <l'3utres  a  de  fimples  Clercs  ;  cs  qui  fait  qu'il  y  a 

tant  de  Clercs  qui  demeurent  fimples  tonfur^  ou  fous-dia- 

cres.  Tous  les  Ordres ,  &  mgme  la  tonfure ,  doivent  itre 

prouves  par  letires  ^ ,  &  on  ne  pr^fume  point  que  ron  a 

p3ir<6  par  rOrdre  inf^rieur ,  pour  arriver  au  fuperieur ;  il 

faut  les  prouver  tous ,  &  montrer  que  Toa  n'a  point  itt 

fTOmu  pcr  fallull. 

De  cetie  regle  fuit  celle  de  Tdge ,  fuivant  ce  qut  a  iti 
marqui  dans  la  primiin  panit ,  touchant  les  ordinatioiu : 
il  faut  avoir  1 5  ans  pour  les  benefices  facerdotaux ,  1 1  ati* 
pour  ceux  qui  obligent  d'etre  in  faerit ,  &  1 6  pour  lcs  b^ 
nefices  r^guliers ,  puifque  c'e(1  \'i%t  oii  on  peut  faire  pro- 
fcflion.  Pourjes  benefices  i  (implc  tonfure ,  la  rigle  n'eft   Cone.  Tridj 
pas  fi  certaine.  Suivant  le  Concile  deTreme,onnepour-/'/-  "kih. 
roii  en  obtenir  aucun  avant  1 4  ans ,  qui  ell  Tlge  ou ,  felon    c'  laiUeer 
le  Droit  romain ,  on  fon  de  tutelle.  En  France  ,  on  fuit  j.  Jt  «i.  fr 
une  ancienne  rigle  de  chaticellerie  romaine  ,  fuivant  la-  J""''  /"*J^« 
quelle  on  demande  1 1  ans  pour  les  pr^bendes  des  Cathi-  f'iit^  '  "^ 
drales :  10  anspour  lcsCoJE^gialcsc;  &pour  lcspri^uris 
funples ,  &  lcs  ^mples  chapellcs ,  on  fe  contente  queique- 

a  On  ippallc  Abbayci  &  Ptidic^i  M  riglt ,  ceui  ()ui  font  tonUiit 
en  litre  i  dti  Rtj-ulitrj  ,  if  non  pas  mn  commcodc  1  in  SicaMttt. 

t  Voy»  rOrdonneiui  <9e  1&67,  tii.  10,  tru  IJ  ,  &  U  Oidatttitn 
du9  Avlll  1716,  jrl.Ji  &/»/». 

I  Au  gtana  ConfcilBn  )uEe  qD'il  ruflit  d'«voic  (•plcnt  pour  poffjdcr 
Dne  Prtbindc  itot  unc  l^glilc  CDllcgiatc  .  nuit  *u  Pa.-trmctii  cn  iug* 
^uil {>ii( dix ua.  Vtytx lc Rt<, it  UriffnU. Cwm.  de  U  Conbc ,  ao 


:  V  ?  T  :  T  V  T  I  O  N 


p.'  T  1.1  -sr' 


-  :~i'C-..r-=*  TJ.  :■—  erc  — .srqjcss ,  en  par- 
.■i'? .  >.'-!:  auil  :.£»  ^:'~iii.:ss  :Lusb:::e£:es.  Oa 

.:t^r>u:"!^r  i»  ^^cTI^  :  ^sjx  qj;  icat  n:'jti'eS( 
,>i.T  ji  :i;-r., j:  iiiri.irt; ,  i»  iiKniei ;  ceux  qui 

r-Ti-i .  :k  ptrzz.z-t  i  li  jr.z-n  oe  que!qu'un, 
•  r.-^~:-:-  .  ^^1  r_;  ■/:<::  c'-£r2?i  cie  denes. 

. .  ■ . ,--  —-rrisr :'_:..» .  ?:i,r  ;e:'qje!s  on  pcut 

,   ■-':■..      :>.  oi-i  :r.r»i*  t.--!i:";~iViq'Jes  ,  qui 

-■'T  ;.  i-iiT-iiiizt  L  ~vr-!ir:i;  de  i'ig:;o- 

.  :-.r.  ..--■■r-i::.  t.--  .i  :i::-:  cs»  di^;res  que 

■  :■  j  .—1  '.  -.  ■ ;.- '  -.s .  ;■: :::  c:re  cap:ible  de 
,■:■...■-    :  .■  .  .-:.■.*  -.;  ^:^_r  i:ie  ::o3imc  a  uti 

,-  .— :  "■:  -^ .:  : .  —:ii^'.i  j:i  Theolojie  , 
.-■  ■.  :-  ^.::-:.T-i  i -^■■■.r.:::;  c-redansune 
;:  r.-r.':  .  .  r*.:  i~;  ^L.~na-im,ou  avoir 
\:i  i:  r:-.:.  .•^■tf  .  ^.ir  I>r:::,i%ec  quelque 
-.■s  . .:-.-  :<;r.i^:t;^rt     --i  f:_;  ^:.t.:  ce  di:gres: 

: .    .-  :■;  ::•.  •  i.':  7:J  .^.Tir  ;'i\inii[3er  tous 

;    :•-  ;;  ^-  :::r.T  .-.  rm2;;asm v.l/j/": 

■     ■  ■  -  ;i  ..*  ::i_iir .  i  .i  lii  ::Mveninotoi- 


:..-:.  .r?>  iii 


:.~ences.  Le 
sux  moin- 


AU   DROIT   ECCUSIASTIQUE.      j9? 

drcs  Ordres  ,  empeche  la  collation  dcs  binefiees  ,  merae  pj,„^„  |». 
a  fimpie  tonfUre  i  parce  qiie  Ton  a  trouvc  que  les  Clercs  CvAt.  XIX* 
maries  diflipoient  lei  biens  il'EgUfe.  Par  la  m^me  raifon  ,  caf,  divtri. 
le  tils ,  quoiquc  legitime  >  ne  peut  fuccMer  au  bencfice  de  f •  de  tUrU. 
fon  pere ;  de  peur  que  ce  ne  foii  un  pr^teste  de  rendre  les  ""'"S- 
benericcs  hereditaircs.  Un  etrangcr  ,  qui  n"entend  pas  la  j,'j{;.  p,^, 
languc  du  pays « ne  peut  y  tenir  un  b6n6fice  i  charge  d'a-  Rtg.to.  Cta- 
mev:  ce  que  les  Ordonnanccs  de  France  ont  etendu  k  rou-  "''■  .'""^^ 
tes  fortes  d'etrangers,  pout  toutes  (bnes  de  btineficcsl  |^,,.  * 
,^,  .^      UI«it,  i^ 

CHAPITRE      XX. 

Dis  Rijignantns.  Dei  Devolutt. 

LE  binifice  nc  peut  etre  confiiri^ ,  qu'il  ne  foit  vacant  A. 
U  y  a trois  gcnres  de  vacance ,  par  mort ,  parrefigna- 
tion ,  &  par  devolut :  car  les  benelices  fonc  confercs  pour 
toute  la  vie,  &  le  titulsire  ne  peut  en  etre  privi  malgrS 
lui,  que pour  un crimc ;  maisil  peutrefigncr,c'eft-a-dire   Thamaff.f; 
renoncer  volontairement  entre  les  mains  du  CoUateur  * 
&  le  Collateur  de  fon  cdt6  peut  admettre  la  refignatioa 
ou  la  refiifer  ,  &  forcer  le  b^ni6cier  k  dcmeurer  dans  U 
fonfiion,  s'il  le  juge  utile  k  TEglife  :  tout  cela  fuivant  les  ^"^-  *•  * 
anctennes  rigles.  Un  ben^ficier  ayant  rifigne  Cmplemcnt , 
peui  ^ire  pourvu  par  le  Collateur  d'un  autre  b^nefice ;  & 
b  deux  refignent  en  mime  temps  ,  il  pcut  transferer  run 
au  benefice  dc  Tautrc ;  &  c'cft  le  fonderacnt  des  permuia. 
lions.  kllesnedoiventavoirpourbutqueruiiI)i6der£gIife.'C.  ^a^fit.  f; 
quand  TEveque  voit,  par  exemple,  qu'un  Cure  riuflira  ^nnimptf 
ffiieux  dans  une  autre  paroiffe.  hes  particuliers  ne  doivent  """' 
pointyavoir  de  part  ,&  les  pa^ons  <pi'ils  feroient  de  leur 
autoriie  pour  permuter  i ,  fcroient  fimoniaques  :  mais  les       '  *^'  '* 

poit*  qu« ,  G  Ton  ne  trou»e  pu  affei  de  Cterci  »i*iin  Atm  ]r  tC.iHt 


c   Minil\et 


donnci  tei  Ocdrct  i  <!«t  Clicci  miciii .  pourcu  qu"ili  n_ ^ 

biginiei,S(qu'ilipoctentlatonfucF,>!<l')ubi'  KccUf»n>Quri  VE^WCti 
maii  pceltnlemcnt  picmt  nou( ,  on  nt  ijonne  pti»  let  Otdtts  Mineuti , 
ni  mcme  li  looCuc*  i  dei  gcni  aclueJcmeiit  miii^i. 

h  Dc  (jit  ou  de  dioil. 

/  Li  )>«cmuIa(ion  ed  l'i!chinM  rf'un  Bi!^*llce  cjntc*  un  sDtre. 
L'ufige  dei  permulition!  picoit  i  ctcc  imroduii  il.ini  le  ilauEicme  drcle^ 
c«teUe(ruientcand«flui!u»uCericiJ«teDuiTouii,louiAteuad!cIll, 


fjf  *y  «***»»  jVj^^  I 


INSTITUTION 

[Tss  c-x  ibansm  que  le  Pape  pouvoit  dif- 
.'rec£  oe  iuDome,  qin  n*eft  que  de  Droic 
Sur  «X  tOQckiDeac ,  ks  Papes  ont  ddmisles 
« !>c::-:V^oert  de  peroiuter  ,  mais  de  re&gner  en 
clre  a  ccadiiicn  que  le  benefice  foit  confere 
peribcae  ,  fans  quoi  la  refignation  (eroit 
C<£.  r?  =V  2  pss  desx  cess  ans  que  cet  ufage  s>ft  biea 
raSi ;  Biis  il  ett  devesu  fi  firequent ,  que  le  peuple  re- 
^rri;  ies  r^=>e&ces  ccsae  un  patriicoine ,  que  Ton  donoe 
£  c:;;:  rcc  vesB  «  &  cu  ks  paress  ost  plus  de  droit  que  les 
a.rTes  L 

CsM  fadTite  ce  rei^er  a  tait  chercher  les  moyens  de 
frrreca- tt  vaczace  psr  la  mort,  aurant  quli  feroit  po£S« 
biie.  Ar^ ,  q^jfccoque  fe  voyoit  maiade ,  ne  manquoit  pas 
Ckc  rs^r^er  a^T?:  ee  aourir,  &  fouvent  a  rexcremice.  C*eft 
fccr  pKvenk-  cette  trauie ,  qu*a  ete  £ute  la  regle  de  Chan- 


' '"       ceZ«ene  rvKsaiae  ir  ir^nus  L  Elle  porte ,  que  fi  un  malade 

a  riEC£pe,  &  ed  decewedins  les  vingt  jours,  ia  provifion 

fear  cece  rc%s2:lon  etl  nulle ,  &  le  benefice  repute  vacant 

t<9>  psr  i»^r^  Mrs  il  ei^  de  tlyledederoger  a  cetter^le, & elle 

J^  J*  ^*  ae  s^cftiwve  p:i»  en  France :  toutefois  il  eft  toujours  de- 

^  &oiadecexrlaicond*unbeoeficier,&degarderlecorps| 

&  cste  garde  ed  coocamnee  &  traitee  commeun  crime  m 


««  :  :*^ ,  ^:«:  !e  yjgiaaei  Capoa  porre  •  £rifiomem  pr^hemdarmm  mmt 
^^fm.^^*M  7tFJtfrz,M,cm  ftrz  f^ktmus,  Lcs  tranuiitioas  des  B^a^* 
KXTi  ^.c  >  fJM  Vrxcxs  111  ,  \mx  U  hn  da  douiieine  fiede  ,  ecriTae 
^«c  >»  £iec:^  ^c^raect  tVre  pour  rutilite  d«  TEglife,  fembtent 

lofljtiom 


pennutation. 
dcs  per* 
«tjr»:-cc.«  c:ctc  ca*krcKe;u  etablie. 

\.  y^^^xSt:z.  ce^  u  pu.iTe  fe  gUffer  de  rabus »  rintention  de  TE- 
^Uc  .*.'e?l  s^u  ce  !es  tttrdrrier  :  mais  t1  y  a  daot  les  meilleures  choret 
«r<  w:or»ezcr<  ^-crcnns  pejt  ni  prCToir  ni  einpecber.  On  laiffe 
C5*i  i  *i  ccr.Vc.erce  re  csjx  <jui  foat  de  te';e$  r^ftgaat'on$  ,  c*eft  i 
c*^\  a  >*f\4C*rer  Ii^c^uas  Urupuieufement ,  &  t  voir  s*ils  les  font  par 
dc>  Tues  rifn  Ufciti-nes. 

•  0:a  lonwntjni  'c  mot  Re^^^Msihas :  on  l*appeUe  indifffrcmment 
rcj>>  ce  v.^;-:::  cuhi.s ,  jiu  dc  infrnis  rcfienantihas.  On  pretend 
rcar.rx^ini  >:ue  la  rci^le  de  riiimi  dichus  ne  faifott  aucune  mentton  da 
rcca:  ^e  \\  fartc  ,  ou  a&;u<Di:e  du  relisinant ;  mais  que  dansla  fuite  Bo- 
Ki**jce  Vlil  y  a*oj:i  ces  mots  ia  infrmiiaie  confiitutms  ^  ce  qui  6c 
ccnr.f  r  a  ce::e  rc^ie  le  nom  de  re^ile  de  infirmis  rejignanribus  j  quoi 
q;r's.  en  u^t ,  cn  contoT^d  enfembie  ces  deux  regles.  Voyt^  le  traitd 
de  r^  -xz.^  &  faticM  de  cow  de  Rome  par  Caftel. 

m  /V%x(I«  diil^rMii^  dm  Roi,  du  9  FdYrict  i6y7» 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTIQUf      jf? 

Uti  auire  moyen  d'emp&:her  la  vacanee  par  mort ,  lans  p^„,,  j^ 
quiiter  fon  benetice ,  ctoit  <Je  refigner  &  faire  eipedier  des  cbap.  XX, 
provifions ;  mais  a  la  charge  que  le  refignataire  tiendroit  le 
toLit  fecrec ,  jufqu^a  la  mori  du  refignani.  Cefl  a  quoi  a  re- 
inediela  regle  Jt puilicandii  n,  quiporte,que  la  rtfignation 
e^  Ibns  effet,  fi  le  refignatairc  ne  Va  publiee,  &  n'a  prit 
polTetlion  dars  les  fix  mois,  s'il  eft  pourvu  en  Cour  de  Ro- 
me ;  &  dans  ic  mois ,  s'il  cft  pourvu  par  l'Ordinaire ;  au-  , 

tremeni  lc  benefice  eft  ccnle  vacam  par  mori,  le  r^fignant 
iiant  decede  en  poirciTion,  Mais  fi  te  rcfignant  vii  encore     jttg.     }i^ 
aprcs  les  fix  mois,  le  relignacaire  peiit  toujours  Ib  depoflit-  P<"<'  Ut. 
der,pourvu  qu'il  n'attende  p3S  plus  de  troisans;  car  apris 
ceterme,lc  tefienant  feroii  cenle  avoir  acquisun  nouveau 
litrc  enveriu  du  Decret  dt pjcificu  o. 

Dans  les  derniers  tcmps ,  on  a  regarde  la  perfonnc'  ^u 
reGgnant  comme  fdvorable ,  &  on  n'a  pas  voulu  qu'il  fut     '        ^^ 
aife  de  te  dipouiller.  De-li  font  venucs  ces  maximes,  que  la 
procurjiion  pour  ripgiur  doit  etrt  pardtviuil  Molairt,  &'fpicialt: 
que  Iti  impuhirei  in  font  i/Kapjbiei  :  queyT  /«  rifignation  n't^ 
fitiudatu  CM,liiprocttriuioneflnulle,  parcequ'onla  pr^rume 
r^oquee :  (^\x'cllepeut  eirc  rivaquet  tant  qut  Iti  chofiifont  tti' 
liirei.  On  a  aulTi  auiorifc  ic  rcgr^s,  c'eft-^-dire ,  la  demande 
pour  renirer  dans  un  beneiicerefigne,  cn  trois  cas  :  Ic  pre-  tetut,B.  t(] 
niier,de  convalcfcence  :  comme  (i  celui  qui  refigne,  etant  LeFrti.taa^ 
dangereufemcm  malade ,  re  rifignoit  que  par  !a  crainte  de  '•  ***  '** 
la  mort,  &  avec  une  condiiion  tacite  de  rentrer.  Le  fecond 
cas  eft  la  minorii^  ^ :  ficelui  qui  eft  au  delTous  de  15  ans, 
I  eti  feduit  pour  refigner ,  conire  le  gri  de  fon  pite  ou  de 
ibniuteur.  Le  troiC^me  eft,  le  d^faut  d'accompliflement 
de  quelque  condition  de  la  refignaiion  ;  enforte,  qu'clle 
femble  eire  mife  au  rang  des  conttats  ordinaires.  Le  Con-     j-,^  nxvl 
dledcTreoie  adefendutouslcsregr^sj,  fous  quelque  pri-  iE><>  7> 


n  On  rout-(nt«nd  rtfigitatloiiHai. 

0  CtS  le  iizrtt  ii  pdcifiii  pnffifforibiu  du  Concile  it  Bilc  ,  ilont 
lei  P*p(f  oni  tiii  fitC^un  laot  i  muc  U  rtgli  di  irUnntli  foffiffort , 

JLti  ert  en  uU%t  «n  Funce ,  non  corame  unr  rigle  At  U  Chinctllcti* 
omtitit .  mai(  ccmm*  un  d^ciei  du  ConcUe  de  Uilc  .  rcfu  pir  U 
PrafiTnaique-rinfllun,  (t  confumi  pir  le  «oncordii.  VSyti  1e  trilii 
deRebufTf,  &  liglor«dcli  Prigmilique,  lii.  ii  ptcifeh  poffiffor. 

r  Ccci  ell  une  eicepdon  i  U  iniiime ,  que  tti  binifeitn  mimtan 
/•■r  rifi^ii,  mjjuri  fnur  lii  Jreiii  ii  liur  tUifiti. 

f  NeiamoiAt,  comne  l«Co[iciledcT[ei)leB*tllp«t  tejucnFtuiC** 


AtJ  DROIT  ECCL45TASTIQUE.      ^oi'  ^^^ 
bo  par  fioiple  d^miffion  /  Quoique  )a  ciure  du  devolut  foit   p^ny,,  n. 
deceilesqui  fontvaquer  lebcnMce  de  plein  droit,  le  tini-    cbap.xX* 
laire  peut  toujoure  refigner ,  jufqu^Ji  ceque  le  d^volutaire 
air  pini ,  c^efl-a-dire  qu'il  iui  aii  tait  fignificr  U  prife  de  pof- 
feflion.  On  fe  comente  que  l'Eglife  foit  purgee  du  poiTelieur  g^  Intu 
hidigne.de  quelque  mani^re  que  ce  foit :  d'ailleurs ,  le  per-  b.  to. 
fonnage  du  divolunire  eft  odieux  t ;  parce  que  Ton  fait  qu'il 
eA  plus  fouvent  cxcire  par  inter^ ,  que  par  z^le  de  la  difci* 
pline.  Ceft  pour  cette  raifon  qu'on  1'oblige  i  faire  exprimer   £j_  ,5.^; 
dans  fes  provifions  la  caufe  paniculiere  de  d^volui ;  i  pren- 
Are  pofleSon  dans  Tan ;  i  intenier  adion  dans  les  trois  moii  q^_  ^,  g^^ 
apres ;  a  bailler  caution  d^  renrree ;  &  ^  ne  sUmmifcer  eft 
h  jouiflance  du  ben^lice ,  qu'cn  vertu  de  fenience.  "^ 

CHAPITRE       XXL 

I)€  ia  firme  dts  Provi^ons  u, 

LA  forme  des  provifion«  eft ,  en  general ,  une  Lettre^ 
Paiente  x  du  Cotlatelir,  par  laquelle  il  dMare ,  qull 
conCire  i  un  lel ,  un  tel  benefice,  vacant  de  telle  nuniire. 


/  Li  niron  tH ,  qot  dut  ct  ot  it  n'j  a  rUn  k  iniputfT  lu  Cotli- 
tvui.  On  nc  ptut  pii  lui  rcpiochti  quM  *  pouiTU  unc  ptifonne  iu- 

dlgnc  ,  puir^uc  1e  paurTU  ^iuit  capiblc  lorCi)u'il  lui  ■  ijonn^  ilc>  pio- 
▼itioni ;  &  cc  n'cn  p»  ca  cc  cii  *ii1cr ,  ijc  't   pirt  du  ColUlcui, 


rt  dc  nomiiVei  unc  lutte  peifcnnc    lu   b^n^tice 
iix  tat  djroiut  :  puifqua  riocipicltt  (]ul  rend  le  Denetice  ticipi, 
11'tA  (utfenuf  quc  dcpuit  1<1  prcmliitl  piovifioni,  que  le  Lo'Jifcu( 


■10  it  donn^i 

t  Q>ioii]u<  1«  plupitl  dei  Cinoniftci  titnt  icnu  le  mhne  langagc ,  il 
piroii  ccp*n<ttni  iiop  foil  dt  tiiilcr  <)'odi*uX  un  drail  qut  rt|lif4 
autoiift.  Cii  fi  lc  d^ToIui  ^ioil  unc  coic  oditufe  par  ettc-infait  ,  il 
n<  (ludroil  pii  ridincnic.  II  Fiui  dbnc  dire  ^ue  l<  d^tolul  trt  luloti.' 
(«  .  &  mbnc  que  rE^lift  T*  fiii  paur  le  bitn  dc  l'tglire.  Miii  conina 
(llc  I  ciiini  qut  lei  MvDlutiitei  nt  pillTenl  ctttc  loie  ,  pliitot  pir  det 
vuci  il'inljrti  pirfonntl ,  quc  pir  dci  *uei  d<  itle  pour  li  puici^  d* 
ti  difcipline,  on  « iftieiDl  lei  d^KOluuiici  k  ceiiiloci  Condilioni  SC 
formtlll^i. 

u  Lc  mot  proTiftoni  Tient  du  litln  fnvHtrt ,  <{ui  lignilic  pourroir 
k  quel<]uc  chofc.  Li  Cottiteui  poutTuii  lui  befoini  dc  rF.glire  *a- 
cliiK  ,  <n  lui  donoint  de>  Minlltrci.  II  jiautViiil  auiri  un  EbtUfiiitl- 
ttuc  d'un  bjn^iict ,  cn  lui  donnart  un  iitre  qui  1'..uio(irt  *  dcirciTtt 
utie  tcltc  £glifc,  Ct  1  f<  m<ttte  <a  pcRiHton  de  ccite  tgltfe ,  St  du 
vtnnu  qui  7  cRatiach^.    ^ 

M  L<  i<ini*daL<un-P<ifiU(,  d<  f*  prtoA  pii  ici  dini  It  nEn* 
Tom  it,  C  c 


4o£  I  N  $  T  I  T  C  T  I  0  N 


P ARTiB  u.  f;ii^  ^ft  ^dreflee ,  ou  a  celui  m we  qui  eft  pourvu ,  oua  cenx 
'  qui  doivent  le  recevoir ,  ou  le  mettre  eo  poffeffion.  Si  la 
coUation  eft  iibre  y ,  le  Coliateur  ordinaire  eA  toujours 
cenfe  conferer  de  fon  propre  mouvemeot  {,  par  la  connoiC- 
f^nce  qu^il  a  du  merite de la perfoAue  qu*il cboidt : & onne 
fait  mf  ntion  d*aucutie  demand^ » qui  lui  ait  ete  fgtite  par  le 
pouryu,  ou  par  quelqu*auu:e  pour  lui ;  p^rce  que  cette  ex- 
preffion  ftproit  contraire  a  la  difcipline ,  dont  on  veut  au 
moins  fauver  les  apparences.  Sji  la  coUation  eft  forc^ic,  par  la 
npminaticn d*un  Patron»oupar  ledroitd*un  gradue,il  le 
faut  exprimer :  mais  on  fuppofe  que  TQrdinaire  a  fuffifam- 
ment  examini  la  perfonne ,  avant  de  lui  conferer  le  ben^fice. 
Le  Pape  doone  auffi  des  provifions  en  la  meme  forme , 
comme  donn^esde  fon  propre  mouveme(^t.  Maisilendon- 
ne  d*autres  fur  la  riqi^ioa  de  la  partie,  oii  Toa  ne  feinc 
point  d*exprimer  4u*iHraemandiun  tel  binifice ,  &  que  le 
Papele  luia  accorde  ^.  II  y  a  grande  diffirence  entre  ces 
deuxfortesde  provifions.  Celles  qui  font  accordtes  fur  une 
fuppi>que ,  y  font  rekui ves :  le  Pape  n'accorde  que  ce  qui  eft 
demandi  ,  &  aux  m^mes  conditions  tout  au  plus :  il  £iut 
donc  y  exprimer  le  genre  de  vacance  &  toutes  les  Ohftan^ 


fens  <{u*on  1e  prend  es  termes  d'Ordonnances  6t  de  Chancell^rie.  H 
iignifie  feuIeRient  ici ,  une  Ltttrt  non  clofe ,  parce  que  la  provifion  eft 
i\xi.  un  papier  cn  parchemin ,  en  placard  •  non  clos  nt  plU. 

'  y  On  entend  par  Collation  lihre  ,  celle  oi^  le  Collateur  a  le  choix 
du  pourvu. 

'  t  La  claufe  Proprio  motu  fe  r^firc  4  raocienne  difcipllne  de  !'£- 
glife ,  ou  •  fuivant  la  puret^  des  Canons  qui  ^toient  obfcrv^s  ponducl- 
l^ment ,  il  n'£toit  pas  permis  de  folliciter  les  b^n^iices.  On  iioit 
alors  fouvent  oblige  de  torcer  les  EccMnadif  ues  de  remplir  certaioes 
pla^es «  m£me  det  ^vftch^s  ,  lefqucls  n*£toient  point  alors  regardes 
comme  unb^n^fice ,  c'cft*i-dire  corome  une  pUce  utile ,  mais  conme 
un  fardeau  p^nible,  tel  qu'il  eft  en  cfTet  pour  ceux  qui  remplifleat 
bien  tous  les  devoirs  d*une  telle  place.  On  demandoit  m^roe  4  ceux 
qui  ^toient  ^Ius  «  vis  epifcopari  ?  ils  r^pondoient  Nolo. 

a  La  ColliUionforcde  eft  celle  o^  le  ColIateur[n'afpas  le  choix  dupour-^ 
vu ;  comme  quand  il  confire  4  celui  qui  lui  a  6t6  pr^fent^  par  un 
patron  ,  ou  i  un  gradu^,  oulun  indultaire»  ou  i  ud  br^vetaite  de 
joyeux  av^nement  ou  de  ferroent  de  fid^Ut^. 

b  Telles  font  toutes  les  provilions  appel^es  fgnatures  de  Cour  it 
Rome ,  qui  commenpent  par  ces  mots  ;  BeatiJJime  Pater ,  fuppUcae 
hkmilittr  devotus  illius  orator  N  .  . . .  au  bas  de  taquclle  fuPpliquc  «  il 
y  a  ,  Conceffum  ut  pttitur^  quand  les  proviiions  font  exp^di^es  par  le 
pr^fet  de  la  fienature ;  &  fiat  ut  puitur,  quand  eltcs  font  espedi^cs 
par  le  Pape  meme.  Cette  derniere  formule  efl  ufit^e  lorfquc  le  Pape 
•ccorde  quelque  griice  ou  difpenfe.  £n  France»  on  oe  donnc  eucufie 
pr^f^rencc  an  Fiat  fur  le  Concejfum* 


AU    DROIT    ECCL£SIASTIQUE.      '40) 

tn  t ,  comme  fi  rimpctrani  a  deji  quelque  autre  benM^ ;  - 
autreme(ii,on)u^croitqu'il  yauroit  de  la  rubreption.  Au  CKAr.  \x'u 
comraire .  Ics  provtfions  donnees  par  le  propre  mouve-  Caf.fi  ■»>■ 
mcntdu  Pape  J,  n'ont  bclbin daucune  deces  exprellions;  f-  ''. ''^ 
parcc  qucPony  fuppofe.  que  IcPjpc  aeti  pleinement  in- '"'  * '" 
forme  de  retat  de  U  perlbn^e  &  du  benelice  1  &  de  tout  ce 
qui  eut  pu  le  demouvoir  d'accorder  la  grice ;  &  que  tout 
bien  confidere ,  il  Ta  voulu  f:iire  touie  eniiire.  Cependant. 
comme il ncioit  quc  trop  notoire en  France ,  que  le  P<ipe 
sccordott  rouvcRt  cetprovifions,  avec  aufli  peu  dc  con- 
noiflance  de  caufe  que  lcs  auires ,  &  que  la  claufe  moit 
proprio ,  n'ctoit  quc  de  Ayle ;  nous  Tavons  eniiir«:ment  re- 
jetie,  &nousn'admettonsqueIe5  provifions  accordeeifur 
uncfupplique,  quifoni  au  moins  aftrcimesicertaines  rL-g!e<. 
Depuis  que  Ics  provifions  du  Pape  fe  font  rendues  fr^- 
quemes,  parles  refignationsen  favcur,  Ics  penfions  &  la 
preveniion  en  tout  genre  de  vacance,  on  a  trouvi  que  Ie« 
Bulles  eipedices  en  parchemin,  &  fce1I6csenpIo<nb,itoient 
detropgrands  fraispourlespetiisbinefices;  ficonaitabli 
l'ufage  de  prcndre  potrefEon  fur  lei  fimples  fignaiures,  qui 
font  comme  la  minutej  des  bullcs  e.  Lcs  Bulles  (bnt  demeu- 
rte  pour  les  eveches ,  les  abbayes ,  &  les  autres  ben^nccs 
qui  rendent  chef  de  quelque  corps  EccleriaHIque, non  qu'el- 
lei  foient  neccCTaires,  mais  parce  que  les  Ofliclers  de  Cour 
de  Rome  n'en  expedient  point  de  provifion  en  autre  for- 
mef;  &  comme  la  fignaiure  comprend  tout  ce  qu'il  y  a 
d^eiTeniiel  meme  dans  les  Bulles ,  il  futlira  d'cn  cipliquer  id 
la  forme.  La  fignature  de  Cour  de  Romc  g  e(t  une  requitc 


,  qui  «a  ci-aptti  dia»  c*  mlmi 

Ch.pi.rr. 

d  \i  y  t  dfi  ptoiifioni  ou  (ignilui 

ei  rfe  Cout  de  Romc ,  qui ,  quoi- 

qu'*u  bj<  d'unt  fuppliqur.  contirnr 

ent  li  clj.ife ,  fti   motm  fnprio  : 

Iii»i.enFrinceonn'i  poini  ifjicd  i  c 

(iformutei. 

(  Une  jiitre  dllTdrence  ou'il  y  i  mt 

re  1*1  rimpkif  iniiure)  ou  pcoW- 

fioni  de  Cour  dc  Roint .  «  1«  ball« 

,  eEl  que  dini  !■•  pitniitrM ,  tout 

fi'«ft  fcrJDque  pir    ibcfTijtioni,   lu 

lieu.|ue   dini  lci  bullei,  ihiiu* 

1  j  iatn  fteaduei  i 
f  On  eipjdie  lu?'  .^ei  biillei  pouc  cccuini  bfndticei  qui  ntfuni  pH 

«onfinarliux,  cimim«  Iti   ■bbiyei  de  RcUgiturei,  in   prieurji   cun- 

ftmacU  ,  lei  prtmierei  disn.-^t  dci  L)(lilei  Cnihf  dcileiuu  Cull^  ji..l<i. 
Toutei  lcj  pToTifioni  dei  b<n<Gcei  rict  iroii  tiUMt ,  Meti  ,  Toul 

Sc  Verdun  ,  ('eip^dieni  de  mdnr  )  Rome  pii  bu1)*i. 
f  Cei  li<;nitiim  ou  piOTiliMn  fant  cn  Ftpitr,  lu  licu  %vt  t*i  VJin 

toMta  puchcBUii. 

Ccij 


AU   DROIT    ECCLfiSlASTIQUE.      40J 

'dont  chacun  vaut  environ  cent  fous  d«  notre  moonoie*  8c   p^„T,,  jt, 
on  n'en  fait  poinr  il'3Utre  expreflion.  CmAr.  XXI. 

Au  bas  de  la  fupplique  ell  la  reponfe,  qui  s'appelle  pro- 
preroent  la  fignaturt ,  &  confiHe  en  ces  mots :  Conctjfum  ui 
peiiiur  in  pra/eniia  Domini  nofirt  Papit ,  qui  font  de  U  main 
ia  Prilat  qui  prefide  i  la  (Ignature  n ;  &  cela  pour  les  ma* 
li^res  courantes.  Les  grices  eitraordinairet  Ibnt  fign^  en 
ces  mots ,  Fiiu  ui  peiiiur ,  ou  moiu  proprio ,  que  le  Pape  ecrit 
de  fa  propre  main ,  avec  la  preini^re  lettre  de  fon  nom  de 
bapteme.  Enfuiie  on  met  plufieurs  claufes ,  qui ,  la  plupart 
ne  font  que  de  Ayle  ,  pour  deroger  auz  r^es  du  drwt 
commun ,  qui  pourroient  emp^cher  la  grice  n. 

La  plus  con&d^rablc  de  ces  daufes  ell  la  commiiion  que 
le  Pape  donne  i  TEvlque  diocefain ,  de  £iire  ezccuter  la 
conceflion  ;  a  quoi  on  ajoute  d'ordinaire  la  condiiion ,  li 
Torateur ,  c*efl-^-dire  rimpitrant ,  en  ell  jugi  digne.  Par- 
la ,  on  pr^end  rem^ier  i  rinconvinient  qu'il  y  a  d'accor- 
der  a  Rome  les  gr^cec  ik  tous  ccux  qui  les  demandent  y 
qiioiqu'abfens  &  inconnus ;  &  c'ell  ce  que  Ton  appelle  des 
provifioni  in  forma  dignum  o.  Mais  fi  rimp^trant  a  envoyi 
\  Rome  une  attedation  de  vie  &  de  moeurs  de  fon  Eve-  Ori.  1619; 
que ,  on  lui  donnc  des  proviflons  cnforme  gracuufep  ,  c'eft-  *'i5f*,^t 
i-dtre  pour  iire  re^  fans  ezamfn ;  excepti  pour  les  cures , 


inC'c{lctlui(|u*on  ipprllf  Prifu  it  la  figimitn. 

n  Voyt\  Itfiylt  Ai  graad  Can/tilfit  Uucrgt,  ibni  lcqutire  troo» 
Tcnl  pluGeuri  forouldd*  cci  ri^nitucri  ,  av»  rciplicitioa  dcl  ibtj- 
viitioni.  On  pcut  voir  luIE  fur  lc  mdnr  fuiet  le  trtitt  de  ''■/V<  i" 
frtii^ut  dt  Ctar  Jt  Kamt ,  dtPiril  Ciftel,  eini  lcqucl  il  jr  ■  f ulli  dt« 
fetiBulc>dec«>Ggni(uT«t,  ■«ee  dei  eiplicttionf  ,  tinl  dani  1>  TciM 
ilc  l'Oa«raEt ,  que  dantlM  Nolci. 

o  EUei  loni  ainfi  ippcttti ,  pitce  qu«  ceiic  rormc  i  iti  lit^i*  p4r  on* 
Bulle  qui  camnicnce  pir  cet  mou ,  Difniim  trhitrtmur  ,  &  en  conU* 
sucac*  deliqutllcon  metiu  bu  dei  piovifiuni .  CsiuKiiiiiir  OrJmari» 
M  furmt  Jigaim.  Oo  mct  qoelquefjit .  i-  fmaa  diftem  «iiiijBa  ,  c« 
quicHliffllmcchafe.  II  y  cn  *  <)'iulrct  oii  Ton  mct.  iajanaa  digaam 
nvi^ima  :  cc  fonl  dei  B^n^licci  fujcii  aux  rf feriei  Apolfeliquc       '     " 


1(1  profifioni  dafqucLi  lc  Pipelimitele  l«rmadetieatciovTtaux  Con- 
fnilriireipDurl'ciecutiondcceiR[0*iIioni,  pilKlcqucl  icBst  TOrdi- 
naiic  le  plui  Toilin  feroit  ccnf^  ii\i%al  ei^culcur  ,  >u  refui  dt  COrdi- 
niire  niturcl.  En  Fiincc.  relFei  d(  cei  dcui  cliufci  cfl  lc  ntmc ,  &  f« 
r^duit  •upouTairquirOidinairedeptcndte  connoijlinct  <t  1i  cipi- 
tai  <lc(  pourvui.  V'yt\  le  Tr.  dt  Cafagi  <■  fraiifai  dt  Caar  dt  Aoai(  , 
^cCaStl,  tom.i  ,  saf.  401. 

p  ln  farma  fraiiof*.  £I1h  contiennentUcliur«,  QaaHiSui  truor 
Hffim—ia  OnUi^ni  fni  4t  riit ,  ■witM ,  ideiuiiaii ,  tammtadattn 
CC  iij 


'•   If 
•VI 


'/•»iif  iii  .:*•*  •••  .1  i(yrianir:?  ir  .i  r.ii  -^rr.z  j  j.  t:i:i 
fUi '>!ii5.''.ui.ii.'^  ;  .  .-.iin  ..-i^  ■»  •■.ir  Uk;  ;  ::.:r::r-r?  ;r  .  :- 
r>»rfi«*.^  iiKi^  ui  Mir  'lu*  f  .lie  I  .  :j  2:jm:k:.  .  si  ■.— -irtr 
'Ui  r  :!••  ?  ". .ii.-r:.'.r  :ir  .rrvc  .  t.;me  .:vnr:r:j  ^r:- 
.'»...■.■  !,-5  .•.•.-ir.i^ji-;     *.r    ..•   ;.;t.j    :t   :ii  .rr.nfli:  ..nDorrancc 

.•.■.■-.'•-;:    4  -:uAari    .;r    .^    :r."::   .i.  i    i    '■".cc    :2   :ri:vcnir 

j''-:-...«iri-    ...»   ,,-vt,e9e    k**;  /t.;::,.!S   i  :   :[):nT   .-iii    iUZC 

-»r,.h^r5  i«-..)ri'u?  .?n  '  ..-.nii;:. .:."'::         .ir    ^  luil^is    oni 

'i,i','.  ;  '..  .'.!„-  -:i ''.T-.iii^ftTri?.   1  roir  aie  a  iirs  ^  .ccomc 

■•r..'.ri*    iir    '  ir.iflf .^  :ir:r  .nnrr    sr.-int  iiules  .  i   lu   our    :2 
■•  '.'■•  .1  .n" /  •  .jr*'/.    :c  roa:s^  v.iir  •'aira  r.'.e   :•-!  :iii  ni 

■v  .r  i  ■  *  "«.niKi j.'Lnc.:  iii  ?'icc  Q^i.^.imic  .'  :n  .at  ansKir 
*  .-?».•  ■■•.■?>  ,  .r-^-ir-*^  .tir.n^  ierr.nr  nu.les  .  ^  i  iit  irnuv^ 
'i-ir  ."  .t»  iif  ..ur  prtvr.r  .lc  :r.urr»ir  ivirir    a  •^'■scsncs  .  J3 

.-«m  ;•  iiiT.r:!.'.  6.i»#i v  itrjtt, *::/>.  :.  Li  cr.nc^-ur^  le  iiuiieum 

■  .  I  '  • 


;>.  ■:  ! .  .>  .ir/t '«.)  in  '  jit\ri%r  \f  :a  r^iter^e  ,  1-..I  -nl  m  3uren*.:  ;2 


.A 


■  *i  ■r.i'T-  •i.i»' 


■:.;■..    /•■11:.'«:  ■^r. -■^•.rtr.r   is^  \LZer.       x   r; 


».  .•  :  .-  r,  .1.';.  .'.tr*  (  V  rir  .v.Ik.i.^  v.ur  .^•',  .^e.Tences.  Cet  .riiv.:t:r 
»1-,  f-.-..r»,i  ■  .'.1  'i,».,r".  '-**<>  .n=*'t?.i''  "ta  "a  r.ii':7  J  ."T».-.ir.e  , 
#-;,  .  .  '.  '..-.,,  .!.■  ;u  «■.•:. ■ii.r.,;  p.r  ,»!*«r.'*  i  ■»!!:«  aujrr-.;nie  •.T-.itr  id 
j  •  ,  j  .••f  ^  .  -..11  .f,  ■_ -r.,r.f  iyr"«  «  «'fTr.^f  <l«  .j  ii-.^na*urii  la  .»-!.-.•.  3a 
!  .11 /:.,.•%  iiii  .'  -tr-iil  «..«I  ir  f%  •*  ir  ir.r/*^  ^«r  mr;r?  fScs  3.iy :  i  ..::cui';nc:!  , 
»•.••1  ',-. '.iiift'.:<tc  iL  /  4  .iii  fi  h.i^f  4p>;f.it  0<r  ofcrru.fi.  l.a  o^n.ic;  j.titf  unw» 
» '.i  ...  ...Ij  ir.iir«  «f^  .r«t?riirp  '»•?  fr,mn:4i!'e&  ta  :.-.r.:-.r:u  uia  iun— 

ii>.  iiin .  M'  ni,.>.r'.inr«t  .  I.^rf  i  *'#!>*.  ('inr  (>ori£e;pc>ur  err?  ^^r.e.»  s.ir  e 
' ...«  .  '  ^'tnn*\  iktr  <*<«  I  iiini4:'*  '«*i  (*^rr.tir  tt^  pr«l''{ue  ;c  .|oii;i  itLTiZ  -3«  a 
n-  •  ..  t-.  >'.  M.  "I  ..«r  '••»  '•.''  .fki  f^.*v.r.:i  ,  flr  fijrr.^  i!.i  ■!■:■. ■•.-Di'.:^;  ■;:.:  ;::• 
y«  •_ii)r«  '  «r  ■^rr  I.*  ,  fi  i^Fn  '.'i^.r-^rA^nf  qi]4i.rt  iA  fuppiKj  .cc^r.er'  j.c» 
#1  «  •'.■•>'  .tii.n  ,  »!i'f.^r.fw.  oii  ji.fr"  ^r  ic  fj-.i;  J«'i?  •.:!•«-.■.?  .^.i  risx. 
I.«  '.r...  iJjiiifM  mjrri  1»  Ji  K.I*  «i«  14  (iipr.of^iitf  le%  t.er.c,».z*i  :•:.€  .-3 
|'ipi  ■/  t  ^M'ii;  f.'.?'  ,..'.1  mrt  f.m  /.tn't'il'r.., ,  c'tfl  pour  «c  ccrter-sr 
■  v«     '.  •  ii,f.  Jir^    Si  r  r^  iii.*  mjtii  r»  r^i' ii4iiirca  ttre  rervc^-st  1  c;:c:« 

«  • 

pi-.-  '  .fi'^#7_ifi',fi ,  r  .inr.^  j  r  r'!!  fi"!  k^g^iiiirrt  •  il  m^?  ji  L-c.r.-iij- 
«(...irt^  lif jut.it lum,  Witjrt  iu^ag*  O  pratiqu€  dt  Cour  dt  Rumc  par 
4   «il«i. 

/  i  ci  f./i  ^h'*«,  r|ii*r.n  apr'**!'*  Uir.ifi<t%  tonfifkauaux ^  fo.-.t  les  Ar« 
f  lii-vri  v,/« .  f  v^iii/«,  Alitirfycb,  I**»  fncurct  conver.rueis  cn  liire^ 
U  .■(  r:i,rrii'/(  rn.iiv.irrvfV  firin&i^uirt ,  r!:>nt  lcc  Hullci  &'exp6cier:t  par 
!■  v.ir.  fi.|  r  fiiiiitii.irp ,  i>n-4  riire  f'.ir  >  H4[>e  ,  cii  l'AlTcmbI«i-j  «ies 
(   .iMiiiai,*,  l#f i|iir  1«  fiirmriii  liiri  (.oiidAoirt  ou  Cuntci!. 

/  I  '11  litiii  rn<rri'i  ii.  1  f'/'ffi/i. 

f  f  •  liii  i|'ii  iiiiioiii  «iiiii  (rr^inttturcmGiit  dci  d^tcfi   c(l  indignc  (^a 


\ 


AU  DROIT  ECCLfiSlASTIQUE.       4<>7-'^ 

provirions  de  mime  date  les  reoA  toutes  nuDcs ,  C  elles   p^nf  ,g  ||_ 
font  <tu  m^me  Collateur  ;  mais  entre  difierens  Coltateurs ,  Cuu.  xxl> 
le  Pape  remporte  fur  fon  Ligat ,  &  rOrdinaire  fur  fon 
Grand-Vicairc. 

i^  <& wa 

CHAPITRE       XXII. 

Dt  la  prifi  di  PoBifon. 

LA  provifion  du  Pape  itant  arrivee  en  France  ,  dmt 
Stre  certifiee  par  deux  Banquicrs  expeditionnattes  en 
Cour  de  Rome ,  qui  t^moignent  qu'elle  eA  dans  lcs  for- 
■ncs.  Si  c'e(l  une  Bulle ,  elle  doit  etre  Fulminie  u  ,  c'ell-a- 
dire  publiee  par  TEveque  ou  rOiHcial ,  a  qui  le  Pape  ea 
a  commit  rex^uiion.  II  n'y  a  poini  d'autres  ccreinonies 
pour  les  benefices  confiAoriaui ,  parcc  que  pour  en  ob- 
tentr  les  Bulies ,  il  faui  envoyer  a  Rome  unc  informatioa 
de  vie  &  mo^urs  faite  devant  rOtdinaire.  Mais  quand  les 
provifions  foni  donnees  in  formi  Mgiam  ,  foit  par  Bulle » 
foit  par  fignatute ,  il  faut  avani  de  preadre  pofl^ion  avoir 
le  fi/a  X  de  rOrdinaire.  Pour  Tobtenir ,  riaipetrant  doit 


BJnMce,  rnnnt  li  r^glc  Jt  *m  imfttr<iUo  Btncficia  rirMcim.  Oa 
pcut  juflilicr  riniicipaiion,  «o  compuirini  lc  tt%\&tt  i»  Vexfii\t\aa' 
niire.  Quelque  diltgmte  qu'<it  fiite  tc  Caurrier  ,  \i  cotirTc  n'en  pil 
r^puti*  amiitiiuft ,  peurTa  quc  1c  Coiirrier  n«  foii  pani  que  ilepiiii  !• 
difceii  mali  cllecDainliiHii/t ,  t'il  cll  pnliaupariTint,  qiiind  men* 
il  peferoit  iniii;  i  Koine  que  depviiileditci.  Voyii  Dtif\tt .  Tr. 
dci  Binif.  Tom.  I ,  f.if-  iSj  ,  Tom.  II,  pag.  S. 

B  La  lulminalion  d^une  Bulle  cR  proprefnenircntjrinemcntauieneft 
fillparScnience  de  rORiciil ,  auqucl  cllt  eR  idremci  ceite  fonnaliti 
1  Ji2app«!jt/i>/iiiiiiatiaa,  parce  qu'<llc  comicni  nne  publicaiiun,  ilc 
meme  que  li  Scntence  par  Ijqucllc  on  prononcc  anathime  ou  eicom- 
municirion  contrc  qutlqu'un  ;  &  comtne  ceite  prononciation  tigDureufe 
igiii  (t  fait  publiqutment,  i  itt  appeXe  futmiiuiiom  ,  i  <ioCt  d*  U 
tigueur  dc  cetic  pcine,  on  a  aulTi  ippeKyii/iBiimioii  ,  quoique  trti- 
impropremeiK  le,  Senienc»  dt  fulminiiion  itet  BuUei,  toui  prjtcxt* 
qu'e;i«i  coniiennenl  une  publicjlion  de  cei  Bullei. 

X  Le  Ti/a  <lc  rOrdin^e.  Ce  font  dei  Lettrei  d^irtiebi  dc  TETtqu* 
ou  de  fon  Giind-Vicalre,  pai  lefqucUei ,  tottt  ivoit  eu  lci provifioni 
dtCour  dcRotnt ,  il  dfclirc  qu'iUtrou*j  rimp/trinl  cipble  du  S^nt- 
licc  doni  il  i'igii.  Lc  *ifu  r^iipariiede  \t  provifion,  ou  ,  pour  mieus 
dire ,  ed  li  yiiie  pioiiGon,  ^iint  raccompliircmcnt  de  la  condiiion 
fuuiliqueHtltPlpiacoiifilf,  Feytitutt,  Tr.iti  Mdi.  Biaif.  Ii«. 
4,  ch.  iv. 

Cc  iv 


*^H^^mifi^( 


408  I  N  S  T  I  T  U  T  I  G  » 


Partib  II.   ^^  prdenter  y  k  rOrdinaire ,  &  fubir  Texamen  ^ ,  qoi  con^ 

CvAP.XXiI.  fifle  4  volrs'ila  les  quaiit^  perfonneHes ,  necefiaires  pour 

Ord.  Bioiiy  deflervir  le  bcnehce,  fans  entrer  en  aucune  connoif&nce 

JHiUm'  ii.   ^  ^*  validite  du  titre.  En  vertu  de  cet  examen  ,  l'Ordi- 

naire  ne  peut  reiufer  que  ceux  dont  Pindignite  ou  rincapa- 

dti  peut  etre  prouvee  en  juftice.  Ce  qui  eft  bien  eloigne 

de  choifir  les  plus  dignes,  fuivant  les  anciennes  rcgies. 

R  cTisT^        ^"^^  ^^  Concile  de  Trente ,  pour  r^tabiir  ce  choix  ,  k 

Tegard  des  curcs ,  ordonne  qu*elles  feront  donnees  au  con* 

cours,  c^efl-a-dire  qu'une  cure  erant  vacante,  meme  par 

refignation,ceux  qui auroient  droit  d'y  pourvoir,  &  meme 

tous  ceux  qui  voudroient  y  nommeroient  a  TEveque  les 

peHbnnes  qu'ils  croiroient  capables  de  la  renplir ;  &l  qu'a 

jour  nomme ,  TEveque  ou  fon  Grand- Vicaire ,  avec  trois 

examinateurs  au  moins ,  choifiroit  celui  qui  feroit  trouve, 

'  le  pius  digne.  Cette  di&ipline  ne  s'obferve  point  en  Fran- 

ce  tf  :  on  y  obferve  feulement  phis  de  rigueur  dans  les  cu- 

ras ,  pour  juger  intrus  &  dechu  de  fon  droit ,  celui  qui 

prend  poffeffion  avant  d'avoir  obtenu  le  f^fa  de  rOr^ 

«Unaire. 

On  prend  pofleflion  en  entrant  dans  rEglife  ,  ou  eft  le 
titre  du  benefice ,  &  prenant  ia  place  convenable ,  comme 
k  ftalle  du  choeur ,  ou  la  chaire  abbatiale  ^.  S'll  y  a  des 
qppofans ,  qui  empechent  rentree  de  rEglife ,  on  fe  con-. 
tente  de  toucher  la  porte  ;  &  fi  Ton  ne  peut  approcher 
£dii,  is  jo.  (ans  peril ,  il  fuffit  de  voir  le  clocher  c.  On  peut  prendre 
'^*  pofTeflion  par  procureur ;  mais  il  6iut  une  procuration  fpe« 

ciale.  La  prife  de  poffeffion  doit  etre  publique  ;  &  il  en  doit 
demeurer  Ade  fkit  pardevant  Notaires ,  en  prefence  de 


y  II  f4Ut  qu*il  fc  prefcnce  cn  pcrfonne,  fuiTant  rart,  12  dc  COfioa-^ 
nance  de  Blois. 

t  Cet  examen  eft  prcfcnr  par  VOrdonnanct  de  Blois»  art,  12,  8c 
cncore  par  i*ifrr.  2  de  l^Edit  dc  1695.  Cependant  cela  nc  s*obferve  pas 
toujours  4  la  rigueur ;  on  s'en  rapportc  la-deifus  auz  Qrdioaires. 

M  Le  concours  pour  les  Cures  a  n^anmoins  lieu  d^s  ((uel(|ues  Pro-^ 
Tinces,  comme  eh  Arrois ,  Brctagnc,  BreiTe  ,  Lotraine. 

h  On  conduitlenouvel  Ev&quc  ?u  Tronc  Epifcopal ,  ou  fi  c'eft  on 
Abb^  i  la  Cbairc  Abbatiale.  On  copduit  auffi  le  noureau  pourvu  av^ 
maltre  k\\tt\,  aux  (lochcs »  & «  fi  c*eft  uqe  Eglife  Parolirialc ,  au<  fonts 
bfptifmaux. 

c  Bien  entf ndu  qac  Ton  fait  dreCr^r  pf ocis-^crbal  de  tout  ce  qui  a  ^t^ 
fait  pour  prendre  pofTeflion ,  &  de  ce  qui  a  cmpfcU^  d'^.(r^r  djntf 
{''£|:ifc ,  h.  de  itmfUr  le^  fotmei  ordinaires, 


AU    DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.       409 

dcux  temoins.  II  n'y  a  point  de  poffeflion  legitime  d'un  be-    Partik  tt. 
neficc  fans  titre.  Cc  n'eft  pas  comme  un  bien  profane ,  qui  Cuap.XXIU 
cft  au  prcmier  occupant,  quand  perfonne  ne  le  rcdame  , 
&  qui  pcut  etre  acquis  par  prefcription.  Mais  en  matiere 
beneficiale ,  un  titre  apparent  fuffit ;  &  quelquefois  on  prend 
poffeffion  fans  avoir  lc  titre  en  main  :  car  en  France  on  fe  Brod.  Louiii 
concente  du  certificat  du  Banquier  </,  qui  t^moigne  que  les  ^«  *• 
provifions  font  expcdiees  en  cour  de  Rome  ,  quoiqu*elles 
oe  foient  pas  arrivees. 

La  prife  de  poffeflion  donne  au(Iit6t  droit  de  former 
complainte,  fi  Ton  y  e(l  trouble.  La  poffeffion  annale  donne 
droit  au  poffeffoire ;  c^efi  a-dire  qUe  celui  qui  a  poffedc  par 
ao  &  jour ,  doit  dcmeurer  en  poffeffion  jufqu*a  ce  que  le 
pititoire  foit  juge  e ,  puifque  Ton  nc  re^oit  point  de  com«  Ord.  15)^ 
plainte  apr^s  Tan  :  c*e{l  le  fondement  dc  la  r^gle  de  chan-  „'*  ,  , 
cellenc ,  ae  armah  poffqfore,  X. 

La  poffeffion  triennalc  fait  que  le  poffcffeur  ne  peut  plus 
litre  inquiete ,  m^me  au  petitoire ;  c  efl  la  prefcription  l^- 
gitime  en  matiere  de  bencfices ,  fondee  fur  le  decret  aepa- 
dficisfqui  du  Concile  de  Bafle  a  paffe  dans  la  Pragmatique  Prag.  tiu  7^ 
&  dans  le  Concordat ,  &  a  fait  la  regle  de  trlennali  pojfejfore.  ^^'  *^' 
La  poffeflion ,  pour  avoir  ces  effets,  doit  etre  fondee  fur 
iin  titre  colore  ^c^efta-dire  donnc  par  celui  qui  a  puiffance, 
&  fans  vice  apparent.  La  poffefdon  doit  de  p^us  etre  con- 
finuee  en  la  memc  perfonne ;  car  celle  du  predeceffeur  ne 
fert  dc  rien  :  elle  doit  etre  paifible ,  fans  qu*il  y  ait  eu  d*in- 
terruption  judiciaire ,  par  conteAation  en  caufe ;  fi  ce  n*e(l 
que  le  contendant  ait  ete  empeche  d*agir  par  force  ma- 
ieure. 


d  On  yeut  dire  dc  l'E)cpc<i:r'onn?ire  de  Cour  6t  Rome.  Ces  fortef 
d^OHiciers  ^iant  nomnie»  vi.l»i«ir<  rr.cnt  Banqnurs  tn  Cour  de  Romc^  ou 
Ban^uiers Expiditionnairci ,  quoi^iielcur  vraie  qualite  loit  celle  d*£x- 
piditioTmiiirts  (wrt^^XQvn-iwx. 

e  Qu.-:nrf  lc  pcird.uirc  vn  jugc  far  le  vu  des  ;irres  ,  &  aue  Ton  pro- 
ponce  la  pleine  maintenue,  celui  qui  a  fait  le  trouble  n'eu  plus  rece- 
vable  i  fe  pourvoir  .iu  pefitoire  apr^s  le  jueement. 

/  Ce  D^cret  du  Concilc  formc  It  titre  VIl  de  U  Pragmatique ,  inti- 
^tJ  de  pacficis  ^vj^,Jforibus» 


K»* 


41»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


PASTIB  II.  Off  gggB=-  I  ^tS^ 

C  H   A  P  I   T  R  E    XXIII. 


L 


Tomer,  vita 


Dc  tufdgc  des  Blens  d^EgUfc,  Dcs  Rcparations. 

Es  biens  eccl&Tiaftiques  font  des  biens  (zcris  g ,  dont 
la  proprieti  n'appartient  h  perfonne  h ,  &  dont  le  be- 
nificier  n*a  que  radminiftration :  auffi  ne  rappellet-on  pas 
proprietaire «  mais  iitulairc,  11  eft  vrai  que,  fuivant  rufage 
pr^fent ,  il  ne  rend  compte  qu^a  Dieu  de  cette  adminiftra- 
tion.  Quant  aux  hommes  &  au  for  extirieur ,  il  eft  regard^ 
comme  un ufufruitier ,  qui  fait  lesfruits  fiens,pour  tout  le 
temps  de  fa  jouiflfance :  on  fe  contente  qullIaifTe  le  fonds  en 
bon  ^tat ,  &  qu'il  n'anticipe  point  1a  jouiflance  de  f on  fuccef- 
feur.  Quantautribunalde  la  confcience ,  nous  ne  voyons 
pas  que  les  biens  ecclefiaftiques  aient  chang6  de  tiature  ; 
ce  font  toujours  Us  veeux  dcs  fidcllcsy  lcprix  dcs  pichis  ,  le 
77iv ^'x" P^^^^"^^''^ dcspauvrcs.  Les  ecdefiaftiques,  de leur  cbxt ,  u*y 

f.  9!  ont  pas  plus  de  droit  que  les  Ap6tres ,  c*eft-a-dire  qtie  tout 

4»  Cbr.  IX.  7.  ce  qu'ils  peuvent  pr^tendre  eft  de  ne  pas  fervir  k  kurs  de- 
pens ,  s'ils  ne  veulent ;  de  vivrc  dc  Vautci^  fervant  k  rautel  > 
fuivant  Tancienne  Loi;  &  de  vivre  de  TEvangile,  fuivant 

ibid,  i|.  14.  l^rdonnance  du  Seigneur ,  qui  a  dit  que  Vouvricr  cfl  dignt 

Lae.  X.  7.     de  fon  falairc. 

II  eft  donc  permis  a  un  Clerc ,  meme  ayant  du  patrt* 
moine ,  de  vivre  atix  depehs  de  TEglife,  quand  il  la  ferr. 
Mais  ces  deux  conditions  font  n^ceifaires  :  qu'il  ferve  TE- 
glife ,  &  qu*il  fe  contente  de  vivre  des  biens  de  TEglife  » 


g  Ces  biens  qui  par  eux-m^mes  font  des  chofes  profanes ,  ne  font 
r^put^s  chofes  facr^es  ,  qu'en  unt  qu*ils  font  confacres  k  Dteu »  c'eft- 
i-dire  deflin^s  pour  fon  fervice ,  du  refle  ils  ne  font  pas  comme  les 
Sacremens  &  chofes  faintes  que  Ton  ne  peut  )amais  vendrc ;  car  on  peut 
ali^ner  les  biens  Eccl^fiafliques  en  cas  ae  ndceflit^  ou  d'utiiit^ ,  en  ob« 
fenrant  les  formalit^s  n^cenaires, 

h  Le  Droit  Romain  met  dans  la  clafle  des  chofes  appel^es  res  nuUiut  » 
TtsracTct ,  &  rcli^iofit  &fan3M  ,  qubi  tmm  divinijuris  efi ,  id  nullius 
in  ionis  eft,  Inflit.  lib.  1 ,  tit.  f  ,  de  rtrum  divifione.  N^anmoins  dans 
le  lang;ige  ordinaire  on  dit  que  les  biens  d*une  Eglife  apparticnnent  en 
propri^t^  i.  cette  Eglife ,  c'efl-a-dire  au  ritre  de  rEglife ,  mais  non 
pis  au  titulaire  ,  lequel  n*efl  que  Tufufruitier ;  dememe  aufli  Ics  biens 
oonn^s  k  une  Communaut^  Eccl^fiafltque  appartienaent  au  Corps  entier  , 
&  non  aux  membres  qui  le  coropofent ,  lefquels  n'y  ont,  chacun  en  par- 
ticulier ,  aucuo  droit  de  propri^t^ «  mais  feulemeDt  i'ufage  pour  euji 
perfoiinellemenc« 


i 


b«i       JB.  .    -  tf      .  - 


AU   DROIT   ECCLfiSIASTIQUE      4ti 


€'eft-i-dire  qa*il  ne  prenne  que  le  niceflaire  i,  fuivam  la   partie  11«' 

regle  de  I*Apdtre ,  qui  dit :  Aysnt  ia  nomrriture  &  dt  quoi  Cb.  xXill. 

nous  couvrir  foyons-en  contens.  Un  bin^der  chirge  donc  (a  j|^^  5^  g^ 

confcience,  s'il  jouit  du  bien  de  rEglife  fans  lafervir  rM* 

lement  &  utilement ,  quand  m^me  il  n'en  prendroit  que  le 

pur  n^effaire,  ou  moins  encore:  oufi  la  fervant  bien,  il 

prend  plus  que  le  neceflaire ,  foit  pour  vivre  dilicieufd* 

nent ,  foit  pour  thefaurifer ,  ou  enrichir  fes  parens  k ,  il 

s*attire  un  terrible  jugement ;  quiconque  ne  craint  pas  ۥ 

jugement,  ne  doit  pas  etre  Eccl^fiaftique ,  puifqu*il  n*a  pas 

les  fentimens  d*un  vrai  Chritien. 

Le  fervice  que  le  ben^ficier  doit  k  TEglifey  ne  confifte 
ps  feulement  a  reciter  rofficeen  parriculier  /,  il  fautque 
tout  fon  temps  &  toute  fa  vie  y  foit  employee :  comflne 
les  autres  hommes  s*emploient  chacun  k  la  profeffion  doiic 
ils  fubfiftent.  S*il  n*a  qu*un  benefice  fimple ,  fans  refidence 
&  fans  fondion ,  il  doit  s*occuper ,  (elon  fon  talent  &  fui- 
vant  les  occafions,  i  la  priire^  k  Titude ,  4  la  predicatioo» 
au  catechifme  ,  i  Tadminiftration  des  Sacremens,  4  la  vifite 
&  ia  confolation  des  malades ,  au  foulagement  des  paii* 
vres ,  &  a  toutes  fortes  de  l>onnes  oeuvres.  D*ailleurs , 
fa  vie  doit  ^tre  ,  finon  pauvre,  du  moins  modefte  &  fni- 
gale  :  enforte  qu'il  ne  r^gle  pas  fa  depenfe  fur  fa  naiflance 
ou  fur  la  grandeur  de  fon  revenu,  mais  fur  le  rang  qull 
tient  dans  Teglife ,  &  la  neceflici  du  fervice.  Tout  le  refte 
de  fon  revenu  ecd^fiaftique  doit  etre  employi  en  aumd- 
nes  &  en  autres  ceuvres  pies ,  principalement  fur  les  lieux 
de  la  fituation  de  fon  binifice. 

i  Ceft  pourquoi  ancienncment  les  parens  des  Eccl^fiaftiquet ,  mhBm 
S^cullcrs,  ne  leur  fiicc^doieot  pas,  fott  en  leurs  biens  d'acqu^ts.  ni 
incme  cn  teurs  biens  patrtmooiaux ;  ce  qni  a  ^t^  depuis  chang^  psr 
quelques  Conciles,  tels  quc  celui  d'Agen,  r^.  4S,  &  par  quelquet 
Coutumes  ,  comme  Berry ,  £n,  40 ,  tn.  dn  /uccejf.  &  celle  de  Parii  » 
art.  336 ,  qui  veulcnt  que  les  parens  des  Ecdefuftiquesleur  fuccedent ; 
ainfi  l'on  ne  fuit  pas  en  France  la  Cooftitution  de  rempereur  Juftinleiu 
In.  L  Dio  nobis  »  42  ,  Cod.  dt  Epifeop.  ni  ta  N^tUt  131. 

k  Un  Ben^ficier  pcut  n^anmoins  ainner  des  revenus  de  fon  B^n^ficc 
fei  parens  qui  font  vraimcntdans  le  befoin ,  les  parens  ^tant  lcs  pre- 
inien  pauyres  que  l'oo  doit  fecourir ;  mais  il  ne  doit  1e  faire  qu'ayec 
mod^ration  6c  prudence ,  &  ne doit  pas  chaoger  U  dcftination  de  ce  qui 
lui  rcftedc  fcs  revcous  ,  fi  cetexc^oent  a  quelque  dcftinatioo  particu* 
li^rc. 

/  Ccci  s'entcnH  dcs  B^n^ficiers  qui  ne  font  pas  oblig^s  d*aflifler  A 
rOlficc  canoniil  dans  rEgUfe ,  mais  qui  foot  qbli^^s  dc  dirc  TOfficc  en 
Uu£  paiciculier. 


4ii  I  BT  $  T  I  T  H  T  I  O  K 

jr       Maw  gfipt  aroitcoatg  cfaofa  acqouter  les  JutgeJ 

ioanL  ^  prcsiire ,  ibtic  les  reparaiiofs  des  hanmeTW.  Le  bene- 

A  i^  fiacr  feuit  repute  iifgfirqirier,  qDEant  an  for  eiterieiir,eft 

3.  ^0C  w.  cMfi^innenc  tena  des  reparanoos  ▼ia§eres  de  fba  centps  ; 

K./^MrryA^ii^TS  hypociieqae  ponr  ceteffetfiir  coob  fes  bicnsrdd 

^aM«,^yoiir  de&prife  depoieffiooiK.  II  eft  obli§ede  oKCcreles 
fienx  en  boa  ecat ;  &  s^il  fiiccede  2  on  maamas  adniinrttra-^ 

^««''pfix  ttory  d  a  frnfernenc  afiioa  coocre  les  beritiers^  Qnaxtt 
anx  reparacioos  «pii  ▼iennenf  de  cadudce ,  &  qEh  tock  k 
on  rtrabfifleinent  entier  «,  il  ifen  eft  cem  qoe  jafqa'aii 
fiersdeibarevenuff:  00  luilaifle  les  deax  tiers  cepeodant 
poar  fobiiAer&poar£nre]eierTice.lIeneftdeineaiedes 
reparadons  Tiageres  do  teaips  do  predecefieor ,  dont  Ix 
facceffioo  (e  troove  iniblirabie  ,  ie  faccefERjr  n^en  eft  cena 
qoeda  ciersw  Poor  eiablir  ces  diftiafiioas ,  le  beoefideren- 
iraoc  en  jooi£ance,doic  £nre  viliter  les&euxpardesez* 
perts ,  fur  rOrdonnance  du  Juge  royal  dans  le  refibrt  do*. 
quel  ils  foat  finies ,  &  en  garder  le  Proces-verbal. 

Le%  reparacions  s'etendenciioo-feu!ement  fiir  lesEgEfes» 
mais  fur  les  maifons,  les  fennes,  les  gniiiges,  &  genera* 
'Ay  Gr»    lemenc  tous  les  baiiineiis  depeadans  des  beoefices.  Quant 

V^ililio.  ^'  Eglifes  paroifliales,  on  ea  difiingiie  les  parcies;  celui 
qui  jouic  d^  grofies  dizmes  eft  cenu  des  reparations  du 
chceur  &  du  chancel  f ;  les  babitans  fonc  tenus  du  refte  » 
&  de  loger  le  Cure.  U  y  a  des  lieux  oii  les  d&dmateurs  con- 


m  Cet  a^e  rcnfcrfflant  an  quafi  contrat  enue  le  B^^ficier  &  foa 
Eglire. 

n  On  doft  comprendre  dans  la  o^e  clafTe  toutes  les  grofles  r^pa* 
rations ,  qnand  m^me  cllcs  n*entraioeroient  pas  une  reconftruAioii 
totale  de  rkglife  ou  autrc  b^timent  en  d^pendant,  comme  le  r^tabliile* 
ment  de  gros  murs ,  d*une  vout^  ,  d'une  poutre ,  de  la  couYcrture. 

o  Lort^uc  ce  tiers  ne  fuflfit  pas  pour  payer  tout  k  la  fois  ce  qu'il  en  a 
coQt^  pour  lei  r^parations ,  on  emploie  ce  tiers  au  paiement ,  iufqu^ 
ce  que  tout  foit  acquitt^.  Dans  les  Abbayes  &  Prieur^s  tenus  en  com* 
mende  ,  ies  r^parAtions  doivent  ^tre  prifes  fur  le  tiers-lot ,  &  faites  par 
rAbb<^oupar  le  Prieur,  fl  c*c(lluiqui)ouitde  celot ;  oupar  les  Rcli- 
gicux»  fi  TAbb^  ou  Prieur  leur  a  aoandonn^  Ic  tiers-lot. 

p  Lc  Chancel ,  ainfi  appcl^  A  Canctllis ,  Barreaux  ^  eft  1'enceinte  du 
SsnOiiaire  .  c>(l-ii-dirc  la  partie  du  Choeur  qui  eft  renferm^e  entre  le 
maitre  Autel  6c  la  balunrade  qui  e(l  au-devant;  ainli  les  gros  D^cima- 
teurs  ^tant  tenus  de  r^parcr  le  Chueur  &  Chancel ,  ils  font  charg^s 
ll'cntrctcnir  tout  le  Choeur  ,  depuis  le  fond  jufqu'4  la  nef ,  laqueile  e(| 
A  1«  char);e  dcs  Habitans.  Quand  le  clocher  eft  fur  la  nef,  c'e(l  aux 
IfiibitJins  a  rentretenir ;  (juand  il  eft  fur  le  Choeur «  il  e(l  ordinaircroent 
A  !a  charge  des  gros  D^cimiit^uts. 


.--.isr?»^isj»ijwb.-:>::l^.^_. — -^•, 


M*-^. 


AU   DROIT  ECCLlfeSIASTIQUE.       ^iy 

cribuent  d*un  tiers ,  fans  diftindion  du  choeur  &  de  la  nef ;  en  pAAfil  fk 
d*autres ,  runfournit  les  materiaux » Tautre  la  main  de  Tou-  Ch.  XXlll. 
vrier ;  il  faut  fuivre  Tufage  de  chaque  pays.  C*eft  a  ]*£ve-    Ccne,  TrUU 
que ,  dans  le  cours  de  fa  viCte,  i  ordonner  lesreparations  ^f/T  ▼>>•  '• 
neceffaires,  &  il  peut  y  contraindre  par  cenfures  eccl^-  ^Qri\t 
fiadiques  :  cela  n'empdche  pas  que  les  Juges  royaux  en    BUis.  ^u 
France  n'y  doivent  aufli  tenir  la  main ,  &  y  contraindre 
les  beneficiers  ,  par  faifie  de  leur  temporel ,  parce  que  le 
Roi  eft  protedeur  de  la  difcipUne  exterieure. 

CHAPITRE    XXIV. 

jiutres  charges  des  Binefices. 

UN£  autre  charge  g^nerale  font  les  didmes  qtie  le  M4m.du€h 
Qergi  pale  au  Roi ,  &  dont  il  a  cti  parle.  On  com-  ^  ^  ^*  ^*^ 
prend  fous  ce  nom  q  le  don  gratuit  &  les  frais  des  Aflem- 
bl^QS.  Tout  fe  live  enfemble ,  &  d*ordinaire  par  les  m^- 
mes  receveurs ,  quoique  les  diocifes  puiflent  commettre  r 
d*autres  perfonnes  pour  la  recette  des  dons  gratuits. 

II  y  a  quatre  droits  anciens  attribu^  aux  Eveques ,  fur  Thcmaf.  fi 
les  Eglifes  de  leur  diocifc ;  lc  droit  de  fynodc/Ic  droit  de  ^^^^l  ixL 

^  Le  terme  Dicimt  comprcnd  premiirement  les  «nciennts  D^cimts 
ou  DteimcM  ordimtiru ,  qu  on  appelle  aufli  Dieimu  du  eontrat »  c'cft* 
i-dtre  celles  qui  d^rivent  du  contrat  de  PoiflK.  Ce  fonc  Itt  anciennes 
f  ences  donc  le  Cterg^  eft  charg^ ,  cn  confi^qucnce  du  contrat  fait  avec 
le  Roi  k  Poidi.  On  comprend  au(fi ,  fout  le  terme  de  Dieimu  tMtrsor^ 
dinairts ,  outre  lcs  dons  gratuits  quc  le  Clerg^  pave  m  Roi  tous  Its 
cinq  ans  ,  les  autrcs  fubvcntions  qu'il  paye  au  Roi  de  temps  en  temps  , 
i^uivant  les  bcfoins  de  TEtat.  Voytt  le  mimoirt  dc  Patm  ,  fur  Torigine 
des  D^cimes;  les  Mimoiru  du  Cltrgi,  &  ce  qui  eft  dit  ci-apresdcs 
D^cimes ,  part.  III. 

r  Les  Oraciers  pr^pofi^s  pour  faire  la  rccette  dcs  Decimes  &  autres 
impontions  fur  le  Gerg^ ,  ont  ^c^  en  divers  temps  cr^^s  cn  titre  d'Offi- 
ce,  puis  fupprim^s  &  rcmis  eo  CommiUion.  £n  1713  le  Roi  a  cti6 
des  Receveurs  dioc^fains ;  mais  le  Clcrg^  a  la  libert^  de  les  rcmbour- 
fer ,  &  d'en  mcttrc  d'autres  par  commimon ,  de  forte  que  I'^tat  de  ces 
Receveurs  n'cft  pas  par-tout  lc  m6me,  le  Receveur  Gen^ral  du  Clcrg^ 
cft  en  Commiirion. 

f  Syttodaticum  t  ainft  appcl^  •  parce  qu*il  cft  di^  par  toas  ccux  qui 
font  obli^is  d^affiJler  aufynode  de  TEveque  •  &  qui  font  foumis  i  fa 
Juridi^on  ,  &  aulTi  parcc  qu'i!  fc  payoii  ordioaircmcot  dans  le  fynodc  » 
cc  qui  a  donn^  licu  il  Hincmar  ,  Archevequc  de  Retms  ,  de  reprendre 
pluueurs  bv^quci ;  qui  coovoquoient  fouvent  des  Synodcs  pour  fe  faire 
paycr  plus  fouvtnt  ct  droit.  Voyt\  It  OloJ[.  dc  du  Caogc  au  mot 
fathtdratieum* 


I^  «-♦*«*»»  J.«^,'  I  »■ 


IIVSTITUTION 

.&leleawsckndde.  Le 

e  cau  ctxUJrrifmr^  fe 
ff0srect2be:Ga!ai3OD£imDe£ecIe,iietouaxea  decK 
fcifcc  r :  cttL  DDe  redeyiace  arifairrjr  ,ep  recoonoifimce 
4e  b  ::::penorBe  de  h  dbave  eptkopak :  eUe  fe  poytm  qoe}- 
'-^'^qDefoi&aavi^ie^aprefeorjesCures  rapporTccrphttocaa 
frccde ;  mass  en  pisfenrs  ifiocefes  il  oe  s*eii  parie  plos. 
Tti.  Le  droftde^ifiiesoa  6e  procoranon  x  fe  crouTe  ctaii&  vers 
.r.4-  ^  kf3iI:e3dufepdeaieiidde;iloecoo6fte  qu*en  Iliofptta&te 
^^^  jr^  queksCorcsdoiveacarEveque,  quaxsd  il  viem  cbezeux 
^  Aa  ul  fsJTt  ^-iibe.  CossEse  daos  la  &me  cu  i emps  quelques  Eveqoes 
^  ^  '^*'^  en  abufoiect ,  &  ciorgeoiect  ies  Egliies  de  6ais  exccSifi 


S7  \^«^  Jjf  P^  ^^^  ooinbreufe  UDte,  le  Coocile  de  Latrao  eo  1 17^, 

In.  lU.  «.  fias  le  ooffibre  des  cfaevaux  a  quarante  pour  les  Archeve- 

f-  ques ,  viogE  pour  les  Eveques,  &  ies  autres  a  propcmoo. 

Oo  a  qoelquefob  leve  ce  droit  eo  argeot ,  coamie  u  fe 

C««c  Trid  j^^  eooore  eoFraoce  eo  plufieurs  dioceies. Mais le Con- 

n-  nsv.      ^  ^  TreiMe  Fa  reduic  aux  foumttures  en  efpeces,  feu- 

Xmct,  V.4.  leneoi  aux  beux  oiieilesfe  trouvent  etablies,  & a  recom- 

maode  aux  Eveques  d>o  ufer  nx>dercireot  jr.  Les  Arcfai- 

dacrcs  &  lesDoyeos  qoi  om  droit  de  £ure  la  vifire,  oot 

£sfri^  jdt  ^"^  '^'  ^  recevoir  la  procuratiocL 

r.  14.  is*  ^      La  qnelque  pays,  les  Eveques  prennem  encore  le  qiart 


f  Un  (ca  d*or  vaSoit  don  trois  fotts  flc  «lcmi ,  fsiCiDt  40  deniers. 

B  Appde  anft  circ«/« ,  pvcc  ^ue  les  Eviques  rcugecieac  <«  ciremtm 
DHtetjm^s. 

m  Le  ^oit^  rifite  cft  anfi  appeU/rocvar/M,  prmcurmtio ,  da  Latia 
mfvcwrmrt ,  qui  Sgnific  tmcifen  koffitio  &  cottrivio ,  dommer  U  rirrt  & 
U  eovrtrt ;  c*eft  pouratioi  le  droit  dc  procuration  eft  auffi  ^PP^  ^^ 
^  |t*«.  ''•>«t  *•  ^'•/-  ^  ^  Cang e ,  au  boC  froeurmtio. 

y  L*ani  Je  6  de  VOrdonuAnce  ci'Or'tcans ,  porte ,  (pie  !es  ET^qnes 
l^  antres  Snp^ricurs  txxerotit  leur  droit  de  vifite  fi  moderement  ,  quc 
r<»n  n'-it  yi\  occ^Jion  dc  s*cn  plaindrc.  L'art.  6.  du  Rcgiement  de  U 
Ch^imhtf  ^^^''f^^fi^i^^detFjMtG^tdrjiux  cn  i6x4,porteqaclataxe  ac- 
<oiitumc«ne  }»*>at:i^t:c  augacnt^e,  Scque  ceux  quivondroni  £trede- 
li  «v*  i,  nc  i^oux  I  eolJouk  quciqac  litrc  qirc  cc  puiiTc  *tre,  prcndrc  auccne 

J^v,  i»»tTJoncna:?:cnr.  L't>fT«>»«n*iwc  de  Blois,  <irr.  ji  ,  vcut  que 
f»  l«v^i*ei^  xof^M  t^aos  de  xiuicr  ca  pcrfonne ,  ou  s*ils  font  em- 
|**«H'*U5,s;3if:«crt  ^  lr;in  \icaircs  G^neraux,  les  lieux  dc  lenr 
Mn^-viV  ^v,,.  )#«  M^  *  *M  n  lc  iiov^-fc  cil  trop  dicndu  ,  que  la  vifite 
f^  Mi  tt^^s^  JU»«  4^«  a»t.  L*aiti«;)e  17^  tOrd.nnanee  du  mcis 
^  i>^^tmh-^  %3»^3«»  \vi'l  ^u<  let  F.\*quci,  &  autres  ayans  droit  de 
MVf^  ^-  v&w«v>  w«M  .\^  •  A  qte*kl»  cn  iouiiWnt  ainfi  rfirils  ont  ac- 
%>. ,  v>.;rv  X  v^  :i'.vfc«:  **%«  xtii*  ta  i^cifcanc  fic  aon  auncsicn:. 


AU   DROIT    ECCL£SIASTIQUE.       V15  

Itemornuires^ou  legs  pieuz  ;  ce  qui  vieoi  ie  raaciea  p^„^  ^ 

jurtage ,  par  lequel  TEveque  prenoit  le  quart  de  toui  les  ci.  XXIT. 

revenus  de  rEgliCe ,  mais  ce  droit  n'eft  poini  ea  uTage  ea 

France.  On  a  aufli  converti  en  droii ,  la  faculie  que  ies  Lve*   c.  txtri  im 

<]ues  avoieat  de  demander  i  leur  Clergi  quelques  fecours  itnf.tEC»^ 

cndesoccaGonsextriordinaires.coiniiie  d'un  voyagepour  "^'  *'"* 

un  Concile,  &  on  rappelle/iii^  ou  don  tiariiMtfi  mais 

ces  occaJions  font  rares.  En  un  mot ,  ces  quatre  aadeas 

.  droitsjjlit  plus  fametix  dans  les  livres,  que  dans  Tufage : 

ce  'quten  refle  parmi  nous  fe  leve  fous  le  nooi  general  de 

draiu  ipifcopnux  ,  &  en  plulieurs  diocefes  avec  les  d^mes. 

U  y  a  quelques  aucres  droits  plus  confiderablcs ,  qui  Thomaf.JiC 

rCoat  lieu  que  quand  les  ben^fices  vaqueni ;  favoir ,  le  di-  eifL  f .  4. 1/ 

port ,  rannate ,  &  la  depouille.  Le  diport  efl  le  droii  de  *■ ''  **■  ^ 

prendre  ie  revenu  d'un  benefice  pendant  tout  le  lemps  de 

la  vacance ,  pendant  que  le  b^neGce  eft  en  litige ,  ou  que 

le  litutaire  n'eA  pas  ea  itat  de  fervir ;  comme  11  c'efl  une 

cure,  Si  qu'il  ne  foit  pas  Pretre.  II  appanientarEv^que, 

ou  i  l'Archidiacre ,  feion  Tufage.  En  quelquei  lieux ,  le  di' 

pon  s'iiend  i  touie  l'aaa^ ;  quoique  la  vacance  aii  oioiRS 

duri ;  ainfi  c'eA  propremeni  une  aoaale  n  :  celui  qui  prend 

ledipondoiifairedeflervir  lebenifice.  Ce  droiia  lieu  ea 

Norinandie ,  &  en  quelquet  autres  Provinces  de  France. 

On  irouve  que  le  Pape  accordoit  quelquefois  i  un  Ev^-   gg„gr.  nu 

que,  ou  loHsles  fruits,  ou  la  premiere annee  de  lousles  c.)i.ciinii« 

binefices  de  fa  coUation  qui  vaqueroient  pendaat  ua  cer-  •jj*-  ^^l.. 

tain  lemps ,  cocdi&^  de  deux  aas ;  &  cela  pour  lui  donner  jt"j^ipf  c* 

moyen  d'acquiiter  les  deites  de  fon  Eglife :  c'eft  le  commen-  lo. 

cementdesdwbitM^.LePapeJeanXXlirelesattribua  pour   '"■  *■  •*• 
^  '       16.  dt  fnth. 


[  11  ne  faut  pit  coofondrc  ce  quart  dei  oiomiirei ,  avec  le  droit 
dc  mariuoram  qui  appartient  i  l'Ordre  de  M>lle,  It  qui  cenline  1 
prcnJie  lou,  lei  fiuiii  Ei  reveDni  dei  coinmanderiei  doni  jouillbit 
l(  Chcvilier  d^funi  ,depuii  tejourde  rondjcii ,  iufrji/au  deiuicr  jaur 
tl'Avril  fuivinc.  feytj  Bicquet  dis  droia  dt  lUihirtnct ,  (A.  ]  ,  n    i ). 

a  Dani  If  diat«l'e  de  Parii,  le  teni^l  djoi  leiuel  let  curei  va. 
cintei  fonc  fuietrei  )u  d fport  d«  rAichidiacre ,  comme  au  nremier 
jour  de  Ciiiine ,  &  i'<icii>l.iufqu'iii  Dinunche  de  li  Trinitc.  L'At- 
(liidiacre  prend  ,  ea  variu  de  ce  droic,  une  poriioa  dai  liuiii  de 
la  curev*caiiit  :  ce  droi:  eft  difr^rcnt  du  Jroi:  de  djpouilte  ,  qui  *p- 
paitieiii  lulli  4  l'lrcliidiJt(e.  Cn^tf  ce  '\ul  en  elt  dil  ci-dfiii, 

b   Mjiiliieu  Paiii ,  dailt  fon  HiHairi  a'A«glcrtrrc  ,  i  1-jun»  74G, 

rifpuite  qu'iucr«ibit  l'AictievCiua  Je  Ciucorlivil ,  i>a(  un«  concef'. 


INJTITUTION 


Pabtie  II.  ua  lenips  fur  touie  fEglifc :  dle$  om  etiGa  ete  Fendues  per^ 

Ck.  xxlV.  pctuelles,  depuis  Boni&ce  lX,&]e  rctufme  d'AvigDOD.Le 

aT'*"™  Coacilc  dc  Bafle  avoit  condamDC  lesaniutes,  &  fon  Diaet 

jLiyajU.  »d  avoit  eie  inferi  dxns  la  Pngmaiique ;  niais  elles  s'ont  pas 

1193.  a.  ti.  lajflede  fub<liler:rdageles  aleuleiBeni  rcduitesea  Fno- 

AV*'|^'^'ce,auxbeneficesconfiJftonauK.  Daus lei autres  pay5,elles 

41.  s*eiendeni  fur  tOusiesbinefices,  jufqu^aui  moindres.  L*an- 

Fnt-  '•'■  9-  oate  n'eA  pai  le  reverai  eSeftf  d'uDe  ann^  ;  mais  ce  quj 

eftregleparlesanciennestaxesdelaChanceUene  dcRome. 

Eile  fe  paye  avant  rexp^dition  des  BuUes,  parce  qu'il  (e- 

roit  diffidle  de  les  iaire  payer  apres  que  le  Ben^ficier  (eroic 

en  poOeSion, 

Cfnt-  Saa.      Lc  droii  de  dipoidlU  a  commenc^  par  les  Monaflires,' 

nt  j.  c.  11.  o{|  jej  PrJeurs  &  autresBeneficiers,  n'ayant  un  pecule  que 

par  loierance,  tout  revenoit  a  TAbbi  apr^  leur  mort.  Les 

Cdtif.  TiS.  EvequesfelefontauOiattribu^furlesPr^tret&lesCIercs; 

*'So-  enfin  CI^mentXII,pendantle  fcbifme,  fattribua  au  Pape 

C.  idt.  dt  fur  tous  Ics  Ev^es ,  dont  il  pritend  fitre  fenl  hiriticr.  Le 

jp*-  <"■  ■"  Papejouit  decedroiten  Iialie&enEfpagnejmaisenFran- 

'Cant.  Conf.  CC  OD  ne  s'y  efl  jamais  foumis  c :  au  coniraire  ,  depuis  pr^ 

^/- 19- ^i^-  de  trois  cents  ans ,  la  couiume  eft  re^ue ,  que  lcs  parcns  des 

1.  r.  it.'  '  '^veques&detouslesBeneficiersleur  {MQckAmtatinttfiM., 

Frtuv.  lii.  lans   diftinguer   leur   patrimoine   des  revenus   de  leurs 

G^.  <.  M.  binefices. 

Ord.Charl.  Toutefots,fuivant  lesanciennes  r^gles.les  bisns  dont 
yi- ibid.f,it.  un  EccIefiaHique  fe  trouve  cn  poiredlon  a  fa  mort,  doi- 
"■  '•  veni  appartenir  k  TEglife ,  excepti  ce  qui  paroit  ividem- 

fian  da  Pape  liaDilTaic  des  annatei  de  toui  lei  ben^Hcei  qiii  rj- 
quoient  tn  Angleccrre.  Dei  le  dauiiime  llicle  il  y  euc  en  Franc* 
dei  £vjquei ,  Sl  m£me  de>  Ahbit  ,  qul,  par  ane  conlutne  ou  pjr 
uii  ptiviliige  particuiicr  ,  recevoient  lei  annarci  itei  bcnclicei  df. 
penJaiil  de  leur  dioc^re  ou  de  lear  ybbaye.  C<jnient  V  ,  piiiMcef. 
feur  de  ]ean  XXtl ,  fe  iil  ]»yer  lei  anngtet  dei  bfneficei  vacitii  en 
Angletetre  ,  pendanl  deux  ;ini ,  oa  Telon  d'iiutrei ,  pcndanc  truii 
an>.  Manhieu  de  Weftmiiilter  alliire  mlme  ,  que  cette  innate  fut  le. 
vferur  toui  lei  ben^ficel  ,  mjme  lei  plut  modiqLiei.  Ainli  rufiga 
(ki  annacei  ell  ceruinement  plui  tneienque  JeiuXXll  )  >uquel  on 
eti  fltriliue  cammundmeni  riiiblilletnenc. 

t  Dani  te  dif-ccfe  de  Paiii .  rArchidiacre  jotiit  du  droit  de  df~ 
potilllfl  klci  (luiji  qul  vieniiciii  i  ddi:i.'<l«r  dini  tout  le  coms  de  l'iii> 
nfr.  t'(d[iitt  cculillf  Ipreiiilrelelit.  lafoutane  ,  lebonnet  carrj, 
le  iHn'»!  St  lehrivUiirda  Ctire  :  fon  chevjl,  »'il  etiaun  ,  k.  m*- 
wf  m'  <A**t»  m  tMtMe ,  i'>l  i'«n  traun  dani  la  faccelliaji  du 

mcnt 


AU    DROlt   ECCLfSlASTlQVE.       '4x7  

ment  venir  de  fon  patritnoine ,  ou  iles  liMnlit^  &itesi   Vktitn^ 
fa  petibnne.  Tont  le  re<le  eft  cenft  avoir  ^t^  Aoaai  i  !'£•  Cx.  xxiV. 
gliiie ,  ou  4tre  des  epat^nes  de  fe»  revcatu  :  c'eft  ce  qae  Ca«-.iiJ*T(^. 
les  canons  appellent  picuU  Jti  CUra  j  les  regardant  conmie  "ca*c\  Lit, 
desenfans  de  famille.  On  leur  permeitoit  de  difpofer  par  11 1. 1179.  r. 
tefhment  de  ce  picule,  pour  fsire des aum&nes ,  ou  ricom-  '*: 
penferleursdomelliqties;enfuiteonleOT3  penms  de  teller  ^.  ti^Afe, 
inditreremment ;  enfin  on  a  donn^  Jl  leurs  parens  mSme  la  16.  17. 
fuccellion  ab  imeflai,  en  liaine  du  droit  de  d^pouitle,  qui   (■„,,  Pan$- 
i'exigeoii  avec  une  extreme  rigueur,  &  dtoit  Ic  moyen  art.  iit. 
de  fiiire  les  rcparaiions.  Les  liiriiiefs  du  Btoeficier  pren- 
nent  les  fniits  m^me  de  l'ann^  de  fa  mort ,  &  les  parta- 
gent  avecle  fuccefieur ,  k  proponion  dtiiempsqiiediacua 
a  ioQt.  Mais,  comme  la  contums  ne  pent  changer  la  na- 
lure  des  biens  ecclifiafliques ,  etle  ne  dicharge  pas  la 
confdence  des  B^nificiers,  nj  de  leurs  h^itiers,  d'ap- 
pliquer  cn  Ceuvres  pies  ce  qui  vient  du  revenu  des  biai- 
iices,  &  qui  excede  leur  fubfiftancc  &  les  charges  dont 
tls  font  lenus  d. 

Les  Monallires  ont  qnclques  charges  pardoilr^res :  Cuja.  la 
Iliofpiialiie  5c  les  aiundnes ,  dont  ils  E'acquitteni  plus  ou  ^4-  '^'  ^»* 
moins  libiralement,  fclon  leurs  faculies  &  la  cbarit^  des  "^ll  ^'  ^*^ 
Religieus ;  car  il  n'y  a  poini  de  r^gle  certaine.  Cetoit  un 
ancien  ufage,  que  le  Roi  pouvoit  metire  en  tous  les  mo- 
nsft&res  de  fa  fondation,  un  Religieui  lai  ou  oiUi  1 :  places  CMf.  erd, 
qui  fe  donnoient  aux  paiivres  foldats  ou  officiers  efiropiis.  '"•  '■  '''■  7* 
La  phipart  aviriem  trouvc  plus  coinmode  de  recevotr  du  £aa,',.  o  j^ 
monail^re  une  penfion  ,  &  dederaeurer  oii  ils  vouloient.  Mm^dmCK 
Le  Roi  Lonis  XIV ,  ayaot  et^li  i  Paris  1'hAtd  des  bivali-  <  -  ^'"'  '''• 


d  Le  Ptrtemenl  •djuge  I*  cMte-morte  «n  ficalt  &mi  Rclifteox 
CinJ ,  lux  piuvrei  de  fan'Eglife  ;  le  GrenJ  Coartil ,  au  coainirc, 
1'iiltugc  ■■  eQUveiK  ,  rniTuc  !■  (tgl«  ;  QaidfBui  atfnira  MeiwcAui , 
etqulrii  Monafitria, 

*  Cei  ablici  au  inalnei  ixii  ftdent  linG  ipixljt  ,  p*rec'  iti'ilr 
^coicnt  QhUti,  cVll-l-dira  prifeatii  lu  noniHcri,!  riadarda' 
c«i  itunel  cnfani  que  Toli  mntoic  Butiefoii  diot  lci  cloftrei  ,  ea* 
Mieiidint  fu'ili  eullienl  rige  pour  fiire  piorefliua ,  ^ue  l'on  tppaa 
loil  luflt  ObUii.yeytfle  ChJf.Jt  dwCiDge  »w  mot  Obltul.  Cer 
ObUci  ou  Moiaei  Uli  font  diflitreiii  dei  fi^rci  Ult  «u  conviti,  den; 
B  ell  parl^  ci-dev«iil ,  ik.  i}.  L>  fon&ioii  dei  Oblati  itait  de  fcnric 
AiiM  le  mainAire,d'ou«iir  li  porie  derEslift,  de  IbiMci  lc«  at*r 
^i ,  Sc  d«  iMdre  fuclfUH  Mbli^  Cwvicw  fcmhliblei. 


^41»  INSTITUTIOH 

Partib  II  ^s ,  y  a  attribue  /  toutcs  lcs  penfions  des  oblats ',  efiW 
Cm.  xxiv!  mces  ^  1  jo  liv.  chacune.  Tous  lcs  MonaAires  qut  font  k 

la  nofDination  du  Roi ,  abbayes  ou  prieures ,  foat  a  cetie 

cfaarge,  &  elle  fe  leve  avec  la  d^cime. 

CHAPITRE      XXV. 

Z>M  Penfiont. 

SOuvENT  le  revenu  du  Beneficier  titulaire  eft  diminiid 
par  une  penfion  qu'il  doit  payer  a  un  autre ;  &  ce  droit 
cft  ancien.  Nous  en  voyons  un  exempie  illuflre  dans  le 
Conc.Chal.  Concile  de  Chalcedoine  ?.  Baffien  Bitticnne,  qui  fe  dif- 
Hip.  eccUf.  pntoient  le  fiege  d  tpnife ,  en  ayant  etc  exclus  I  un  at 
I.  Nxviii.  R.  I'aucre  par  le  jugement  duConcile,  on  teur  afltgna  a  cha- 
*^'  cun  pour  leur  fubfiftance  deux  cents  fous  d'or  par  an ,  qui 

font  cnviron  feize  cents  livres  de  norre  monnoie. 

Nous  voyons  par  cet  exemple  les  caufes  d'etablir  une 

penfion ;  pour  donner  de  quoi  vivre  a  celui  qui  e(l  depofTe* 

de  d'une  Eglife  ,  &  pour  le  bien  de  la  paii.  On  voit  que  cc 

n'efl  pas  au  fuccefleur  i  Teiablir ,  parce  qull  n'3  que  Tad- 

ininiflration  des  biens  de  TEglile  ,  pour  en  ufer  felon  les 

canons.  On  voit  que  la  penfion  doit  eire  modiqite ,  &  ne 

donner  au  penfionnaire  que  la  fubfiftance  necelTaire ,  puif^ 

Jc  pi.if.  quc  le  Concile  ne  taie   que  deux  cents  fous  d'or  A  ^  un 

c'^g  fft.  Eveque  d'£phife ,  Mitropolitain  de  l'Afie.  On  irouve  d'au,. 

■18.  /.  4.  I-.  tres  exemples  de  penfions  dans  t'antiquiic  i ,  en  faveur  dei 

t9.  Cng.  t. 

V-  41. 

/  Par  EJit  du  moii  d'Avril  i6»4 ,  &  Arriti  dn  Confeil  fubfiSqueii», 
g  Ce  ConEiIe  t«im  ea  41 1  ,  elt  le  quacriime  Coiicile  general.  L> 
rftribution  on  peiiriou  qui  fut  accoiUfe  i  (hacun  det  deu):  concen- 
djns  innt  ilc  cellcs  qui  lii;it  EcMet  pro  ietio  paih,  c'ell-.'i-dirc  par 
iraiiniaiou  powr  le  liien  ile  li  pain.  Leoifme  Concile  donna  aud! 
une  peunoii  u  Domnul  d'Anciac)ie  qii)  avolt  iti  dfpofc  ;  il  cn  donna 
;iulli  uiie  i  rnn  Jei  iteux  caulcndant  i  un  cvdchf,  en  miiiiiEenaut 
Taucre  cunteiidanc  en  pollefiioii  tle  cec  ivtchi. 

h  Cetcc  fu:nn;e  itoic  aftex  conlidftable  ,  en  i§iiil  iD  tempi  de  c« 
Concile.  Au  rene ,  il  t Jut  ofaferver  que  eclte  penrion  f toit  pcire  lur 
(aui  let  revcuui  de  rEjjlife  en  yineril  ,  plucAi  qiie  fur  lil  rcveiiul 
particulieri  du  beiiiflicc.  Cjt  on  nc  volt  pai  qiie  let  biei»  det  F.^lt. 
fct  fullitm  encare  piitagf-i  ,  iii  Itt  b^njfices  Ibiinci  ;  ce  paitig« 
li'ayanc  en  tlcu  ijue  ven  le  commencement  du  Gxiciiic  fi^cle. 

iLm  «Ktmplei  dei  pennoi»  pour  Ici  Evequei  foiic  plui  anciciH 
qusceiudtillmFletbaiiifiukn,  pmi  iM  U  fulfdiviTiou  <[ua  Vaa 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUt      4»? 

Cvcqccs  vieui  &  invalides,  ou  de  C«i«  qui  avoieot  ete        ■   '^    . 
chalTcs  de  leurs  Egtifes,  par  les  incurfions  des  Barbarei ,   ?*"ix^ 
ou  il<;«  Clercsquiavotent  et^  renferm^  <lan§  desMonaf-    cttg.x.tf% 
lures ,  fKxir  faire  penitence.  4i-  *p-  lit 

Le  revcnu  des  Preites  &  des  Clercs  ne  confilloii ,  du 
coniinenceinent ,  qu'en  peiifions  k.  Apris  lc  partage  dei 
lR'nclices,lcs  £vi;ques  accord^rent  des  penfions  pour  les 
«D^iiidBcaufesitle  caducii^  ,  d'infirinii^,  de  pauvreie.  De- 
l^uis  le  douzitinie  ficclci  ce  fiii  unpr^texie  d'iniroduire  plu- 
iieursabus.  Les  Eveques  partageoient  fouveni  les  revenus  Tktmuf.  4i 
<l'une  prubende  ou  d'une  cure  entre  le  titulaire  &  un  au'  '^tl*' '  ' 
tre,  qui  nc  fcrvoit puint :  fouvent,en  conferant  un  bini- 
fice,  ils  r^fervoieni  unc  pariie  des  fruits  pour  fe  Tappli-  .  .  ^, 

quer  i  eux-m^mes  :  fouvent  on  ballloii  <t  ferme  les  ben^fi-  ur.  «a.  1 1794 
'  ces  ,  enfofte  que  le  liiulaife  en  rendoit  prefque  auiant  <■  7' 
.<iu'il  en  tiroit ,  &  aj^ant  i  peine  de  quoi  fubfiller,  ne  fai* 
foit  ni  fervice ,  ni  rcparations. 

Ccs  abus  furent  repriin^  par  plufieurs  canons.  On  fizl 
Jes  caurcs&  U  quamiie  des  penfionsrenfin,  on  r^rva  au 
Pape  feul  le  pouvoir  de  les  crier  &  de  les  admetrre.  Mait  siji,  ^ 
pendam  le  fchifme  d'Avignon  / ,  on  en  abuta  plus  que  ja-  CkaH.  Vl^ 
tnais.  Les  Catdinaui ,  ayant  honte  de  la  multipliciti  escef- 
five  de  letirs  binefices  ,  en  r^fignoient  une  partie  ;  mais 
fous  de  fi  groSes  penfions,  quele  titulaire  n'etoit  queleur 
fermier.  On  accordoit  des  penfions  a  des  gens  deja  riches , 
&  i  dcs  gens  qui  ne  fervoient,  ni  n'3Voiedt  fervi  rEglife, 
mcmei  deslaiquesin.  Enlin,voici  lesderni^resreglei  qui 
oni  reflrcini  les  penfions. 


Et  en  pluri«iiri  pciiii  bjnjficei  de  la  part  ipit  IC  C\tt%i  iToit  dint 
lci  bicni  de  rEglife  ,  iR  cDmai«R{i  i  tvair  licu  que  ven  le  Gjiiima 

t  C«i  penriani  coinmeiicjrent  i  Hrt  iriitfet  ,  i  tneriiie  qne  le* 
clerci  i]mtti!i(nc  ti  vie  commiine :  tt.  Tufige  de  cet  penfloni  fnt  c« 
fnl  condnirit  peu  1  pen  lu  parta|;e  dei  bieni  eccljliiltiiguei. 

/  Cc  rchifme,  commc  on  l'a  ii\i  tcmirquj  Gi-devini,Ealilinenfi 
cn  tnS,Src  fii.it  qii'eii  1415. 

fK  Quaique  lei  1ii<]uci  fuient  tonloan  iilsapihtei  de  potntder  det 
lu-iii^iicei ,  on  ne  laifle  pas  quelqucfnii  de  leur  donner  «ncorc  itee 
petiliini  for  dei  b*n*ficei  ,  lorfque  ce  font  dei  perfonnei  utllf  1  i 
rE^Mfe  ;  le  Clergj  luImSme  en  corpt  ,  en  donne  quelquetoii  1  ta 
Roten  ilo'iiie  imli  fiii  lei  bjn^lic«i  qul  foni  1  h  oomiiiitinii  ;  cllei 
ioivent  fculeifltnl  itie  ippronvfei  par  le  Pipe  j  cc  qui  ae  %'t(t 
jUaanplai  pratiqui  qui  Jepuii  It  rtf  ni  dc  HidU  IV  ,  &  ne  fol  U3 
Dd  1| 


*=»  jTSTI  TX  T  11)  » 


Cbj-  sK-^V*»  i^nBn  Iks 


.  k  ^:tasi:Ek3Bs«.ly  a 


.•tpim^M^-n 


bSiatKkla  Ct— rtBTi  &  &  LsarrjKi- 


tsm-  &»  Ir  Eoc&mEaasc  (iii  Fam- 


,  k  aKpe^K*  r«icie.  C«^.  i^  ii     rii      i'i  j    ■h  mt 


f  Oxaxoi  icjpM  a 


AU  DBOIT   ECCLi^IASTlQUE.        4^* 


Cons ,  toutn  eafeinble  ne  doiveot  pai  «^der  le  tiert.  Par   ^ AtTirlt 
tesEdin&D6cIaraTionidet)o$K,oit,lesr^rignansQe  peu-  CitAr.kxv. 
vent  rctenir  <te  penfien  fur  \fit  Biotfices  qui  ojjligeni  i  refi-  4,^'' ''^"' 
tler,  s'tUn'ontdeSi;rviquinze»ns,  ouslUnefoaiauUd^; 
ce  qui  a  iii  ordooni  contre  ceiu  qui ,  fiiAt  qu'ils  itoicot  ea 
paiCble  poflelCoa,  rilignoicDt  fous  pe^^a,  pouf  cb«f 
cher  un  autre  BenMce.  Par  les  m^mes  Ordonnances,  les 
penfionsnepeuvent  dinumier  lafommette  300  livres ,  qui'  Cm;.  Trld. 
doit  demeurer  quittc  aii  tituUrrf .  4l'oti  E'enrutt  quc  lcs  B(-  fif  ««>*■  '• 
nMces  trop  peiits  ne  peuveiit  ttn  Aargh  de  penfions.  Pzr  'g^  p,-;  r. 
lesConfliturionsdesPapes,  leCmplepca&ennaire,  quifl'i  Ct^n>r.5u- 
pointdc  Binifice ,  doit potter rhabii dincal&  la tonrure  /",  "'  *',^'^ 
&  r^ter  le  pctit  OlHce  de  la  faintc  Vierge ,  pour  r^verttr 
qull  eft  Cierc ,  &  obligi  i  fervir  rt^lifc  qui  le  nouriit. 

La  penfK>n  ne  peut  itre  aiie  qu'ea  conferant  le  Bi^e- 
fice ,  &  par  les  meines  LcRres  de  provijCoD  i  inais  etant  ujie 
foisitablie,  elle  ^fifle  {wodai^t  toute  U  vie  du  Penfioa- 
naire,  quoiquc  lc  Bin£ficc  pa^e  A  yn  autce,  6i  que  U 
penlion  ne  foit  pu  cxprijnie  dans  la  feconde  provilioii. 
faute  de  payer  U  pei^ion  par  pl^Geurs  annto,  le  rifi- 
gnant  peut  itaaaiet  i  reoirer  dans  le  Ben&fice.  La  pen- 
fion  fe  jwrd  par  les  aiimes  voies  que  le  Benifioe  i  pvifi 
mariage  i ,  par  TirriguUrite ,  par  le  crtme  11  i  auis  cUe 
peut  iat  racbeiee  x  pour  une  (bmme  ^'aTgeat ,  pouryn 
qu'elle  ne  ferve  pas  de  titre  Qirical  ati  Penfipanaure .  & 
qu'clle  ait  iti  crAie  de  bowie  toi ,  ians  auctuip  paiftion  ^- 
inoniaque.  hn  penfion  eQ  Cavorabk  comme  leoani  Sat 
d'aliraent;  loutefois  fi  un  Bin^icfi,  diarg^  de  .peofion, 
paffe-en  pluficurt  mains,  le  .lituUire  o'e&  teav  que  de  It 
dcrni^  «nnee ,  fuivani  Tufage  de  Fruce  ,  parce  qu'ii  o'a 
fax  les  qu^tanccs  4e/o*>  prcdecefleur ,  &  c'eft  au  Peolioa- 

/Ctcl  ae  ■'ippltinif  qu'Jectixgut  <pmfl«n:ien«R«t,  tt  noo  sdk 
bTia«i  qal  onl  dci  penfiani  ',  maii  l«i  CBtv^lUra  df  ^ltt  t(  tU  S. 
Latlrc  doiTcnt  i^ciCerU  pclit  ofSce. 

t  On  n«  pirli  lci  qu«  du  mirliii  <I«I  cUrel  (  cii  Ut  diavlllftt 
dt  S.  Litirc  tt  lai'  lilqa»  «uiiqucli  on  iccaid*  qn«lfBffblt  dw 
pcnGoai  fui  dei  bfn^c»  ,  nc  Ui  pcr^cnt  poi|it  o»t  1«  iMirisge. 

u  Et  pn  Ji  MmU*  irituiti  pun  3l  GmpU  it  li  paiiEog ,  cn  taul 
«u  en  partl*. 

X  C«  icchil,  qul  fe  fili  pir  un  pilciBciit  •ntlclpf  ,  8t  ncvcBfHM 
rivince  d«  fuc^Bii  «nplai  d«  U  pcDSoa,  poar  ttrc  vaUlilii ,  dok 

4ue*M«iajMr  Mp4f*>rv<iw4«t«  (•»•!■•  ly.  t ,  ik.  ij. 
Ddiif 


B*« 


a«fe! 


fe  i  -„-;  *rf--.i-  v.i  w  r«t  U-.7Jt!  ii  I  ; 


^'.••.•.•:l*i  t:-^i<LtLt,r...t-liik*::a.ji.  ll  (isr 


-•        "  ■     -      »  —  •«-  ,~  (»      a^ 


AU    DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.      41? 

iTabord  pour  lcur  aider  a  foutentr  les  frais  dcs  gucrres  contre   partie  IL 
les  Normands ,  6i  enfuice  pour  les  faire  fubfiUer  eux  &  leurs  ch  XX VI. 
familles.  Cet  abus  fut  retranchi,  niais  les  Eviques  conti"  Thomaff.  p, 
nu^rent  a  retenir  quelquefois  la  jouiflance  de  quelques  4.  /<V.  a  r« 
MonaA6res ,  foit  de  leur  autorite ,  foit  par  la  conceflion  des  ^^* 
Papes :  on  s^accoutuma  m^me  i  donner  en  commende  des     Crfg.  vif« 
Prieures,desCures,&jufqu*auxmoindresBinefices,c*etoit  '•  ^  *f-  ?•• 
tin  pr^texte  d'en  tenir  plufieurs ,  fans  aller  diredement  contre  '  Conc.  SaU 
les  CanoDS,  ainfi ,  depuis  le  douzi^me  fi^cle  &  la  perte  de  mur.  125 1.  r. 
la  Terre-Sainte  ^,  plufieurs  Eveques  fe  trouvant  Titulaires  ***• 
in  partihus ,  les  Papes  leur  donn^rent  en  commendc  d'autres  ^^  ^/^^^  \^  ^? 
Evech^en France  ou enltaiie ,  pour  les faire  fubfiAer. 

Depuis  Ciement  V  c  &  le  fejour  d'Avignon,  les  com-    Thomajf^p^ 
mendes  fe  multiplierent  infiniment.  La  Cour  de  Rome  ne  4*  n.  6{. 
jouiflbitpaslibTementdesrevenusdltalie,  il  falloit  yfup-  ^  ^"y"'  ^J* 
pleer  par  les  Ben^fices  de  France ;  &  il  etoit  diiHctle  de  re*     EJetravjg, 
fufcr  au  Roi  Ics  grsices  qu'il  demandoit  de  fi  pres.  Les  Moines  fom.(U  prab. 
&  les  Chanoines  reguliers  itoient  tombts  dans  nn  grand  rc*  ^'  ^* 
l^chement :  la  vie  commune  avoit  ceiT^  en  plufieurs  Monaf- 
tercs^;  lesbiensrediffipoient;  lesAbbesreguliersvivoient 


troifieme  Coiicilc  d*0rl6an$,  tenu  (bus  le  Roi  Child«bert€n  S^i  ^ 
que  lcs  Evcques  ilonnoient  k  des  clercs  f^culiert ,  les  Monafleres 
qui  ^toientdans  leiirs  diocefes.  Les  laTques  &  m^me  les  eccUfiafti- 
ques  auxqucls  on  coniitoxt  ainfi  des  b^ni^fices  qu*ils  ne  pouvoienc 
deilervir  ,  les  taifoient  defiervir  par  des  EccUfialtiques  i  gag? , 
qu*on  appcloit  des  Cujlodinos  ,  &  qul  ^totent  en  quelque  forte  det 
conHdentiaires ',  ceux*ci  ayant  1«  titrc  du  b^-nefice  ,  &  ies  autres  le 
fevenu.  ^over  ce  qui  e(t  dit  ailleurs  de  la  confidence.  Cet  sbos  dura 
depuis  le  huitkme  fieclt  iufqu^au  dixieme.  Hi/?  Ecdif.  deM  Fleury  , 
1714  ,  tom  XUt.  pag.  16,  St  Dijc.  (itr  VHtJi.  EecUf.  Hugues  te 
Crand  ,  pcre  de  Hugues  Capet,  fut  fjrnomm^  VAbbi ,  parce  quMI 
tenolt  les  abbuyei  de  S.  Denys  ,  de  S.  Germain-des-Pria  2l  de  S. 
Martin   de   Toiirs.  11  mourut  en  9S^. 

b  Par  la  pnfe  de  Jcrnfalem  fous  TEmpereur  Fr«5i!cric  II,  en  ii24« 
c  Cc  Pape  d^clara  ,  dans  !e  Concile  de  Vienne ,  en  xut  ,  Thor- 
reiir  qu'il  avoit  pourcette  monftrueuCc  potygamie  ,  qui  fe  pratiquoic 
par  le  moyen  des  commendes.  II  pronon^a  contrc  cet  ahus  des  pci- 
ties  rigoureufcf.  Cependant  Tabus  continua  ,  au  moyen  des  dif* 
pcnfes  qne  Ton  accordoit  ,  d*abord  aux  Princes  ,  enfuite  aox  Car* 
<tin.iux,  puis  aux  favans  &  antres  perfonnes.  Urbain  VI  &  Boniface 
Iv  retibliicnt  les  Commindet  ^  mais  fculemcnt  pour  un  temps. 
PjdI  11  ,  en  1461 ,  tes  mlt  pour  toujouri. 

H  On  par>c  ici  de  certalnet  Colldgiales  9c  Monanercsquiont  cte 
f<fcuUrifw^9  ;  car  quoique  la  vie  commune  ait  ceA^  dans  la  pluparc 
<l<2t  Collcglatei ,  elic  a  touiours  litu  dans  les  Monaitercs  qui  onC 
conferv^  le  cara^cre  de  mailoa  de  r^gulierc. 

Od  iv 


i^H***^t^^fJ 


J^    3. 


£acBSQC«  & 


»TC2riiX7 


Sr3BA 


1  '11 


air  ^  Trnfirfiua  zis  jrtT^rt  ssr  zif 
-:^  nnrarrT  icIj  xiB>iuezr  .  &   x^ 


I^lMUXUn  'iTTt  X 


i:'<jcrurTC  la  if^Tgei 


ATJ  DROIT   ECCLiSIiSTlQrE.       ^»<  ^^^^ 

«mdaiaint ,  &  ^*ils  fDoi  ploi  libm  f  ca  wl  ufar.  Les  VwTil  vi 

Belieicusoooj-elornicsiie  fonpMdcgnndc  edificuioai  CB.XXVL 

J'£^ife  i  &  quand  iis  embraderaiciK  ukh  1«  reCDnnei  )es 

ftiis  euSei ,  il  i]'f  a  pos  liea  fdperer  que  ron  ca  troovac 

un  aulB  gnsd  nombre  qne  du  kbi(K  de  la  faodKiaa  de 

£!uni  &  dc  CitcaiB ,  lor^uM  o*y  a«-oii  ■■  ReUpen  Hea 

^iant  ni  Jefiiiu»&  auires  aercs  regaiim,  ni  lam  de  laiiaet 

CoogKgaiioos  qoi,  depnii  ^uaireceoisaM,  oot  famSc 

ftiveni  eococc  £  uriJcmcnt  r£glifa ;  i1  ne  &Dt  doac  poia 

douter  que  rEgiifa  ne  pmb  afflifKr  fas  ravaaii ,  Um 

retai  dc  chaque  teii^ ,  ^'cUc  s'ait  ea  nafoa  fimr  ia 

Beoefices  rc^ulicn  a  6ss  CoUeges ,  a  its  Seausmres  &  i 

Janne»  Coaanu  naiitet ,  &  qii'elle  a'ait  Arcai  de  donner  des 

Moaaftera  cn  coonneode  ans  Eveqnet ,  dom  les  Egfifcs 

n'oia  pnx&rdejwenn,  &:  an>  Pretret  qui  farTem  util^ 

BKnt  faus  la  tfiie&aD  des  £vc(|ac&  S  queiqnes-mii  atufeia 

dcs  coannendcs  pour  prcndre  les  rercniK  dc  TE^ie  tim  h  * 

i:rnt ,  ou  en  acomnilcr  phdknre  &nt  berom ,  ilt  ec  rea; 

droot  cootpte  aa  tsnibfa  TngtOMai  de  IKen. 

\oaa  tpxi  efl  k  Aoit  des  cowmiWt  faimt  rnfagi 
prefaot.  L  a'r  a  ^ickhpeqiaaipa&accOTdcr.  Oaae 
pon  doraier  cn  coaiaiende  ks  E^^iAcr ,  ni  ks  AloaaAbas 
de  filks ;  mut  il  y  a  des  Cares  ripi&int  pcfetccs  m 
coamendepardesPTetresfacuHm.  Oo  ne  doii  dDoner  ca 
comawade  qne  ks  Beaefices  qui  ooc  tuounimi  fy  tec 
donnes;  ce  qtn  fa  poMvt  por  trob  aBflahuBi  coafioitives* 
avec  qnaranse  «nt  de  perffcSop  i ;  maisfi  lacemmeadc  cft 
dccretee,  c'efi-a-dtre  i  pour  la  vie  da  TnihJK ,  kPapeli 
pent  F^dcr  qaoiqn^  y  ca  aii  cn  pli^emis  de  Uk-  CcA 
uaegraccc 


A  Cvttr  iunfpnidnice  i  lin  ,  fnarj  KtVM  3  fmat  froart  fM 
rafie  dc  fBwlaaaE  ,  qut  It  bcnifite  lcTDe  d^^^oc  ■■«  »»;«.  Dac* 
lc  daiiic  ,  M  prcrBiu  ^pc  lc  bM£cc  efi  QaHkr.  DlUncatn  , 
Lcii  Eukf.tit.  dtU  d^MO.  fr^V^  WW^. 

i  On  4iSiii{Ec  dm  iaRn  dc  c 
r'^!/<  k  li  Lrsuufi  JA^c  Li  p:ei 
ilccTCt  ,  cciccK  vtt  ^ucileKlc  ,  c'cfl-*.dirc  U  "■"■'■'"■  gG'«prA  )p 
dicci  011  cefin  d^  (j—f.i^  pDEm  ec  cosmeodc  ,  li  Wpcfirc  m. 
iKti  CB  rcflt ,  St  feri  conCrf  i  as  ic^olier  ,  i  sniBi  ^  k  Pif« 
Jie  .';.|e  ■  p»pM  d'*csa.tfrT  um  cPDtio.  ttioc  Jc  CDmsicsfc.  Oa  ^* 
jmUc  CeiBBcuEc  Urc,  Mlk  (:&  dc  uatien  pMM  k  MiM ,  i»dtm 
Jtiif     ■ —  ' 


ii**^^**rf;*t 


4s6  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  » 

p^  ..  fice  qiii  itott  cn  r Jglc.  Le  Commendataire  doit  acquitter  lte< 
Cn.  xXVL  charges,  fairelesreparations,  fournir  les  ornemens»  faire 
les  aumdnes ;  il  peut  difpofer  du  refte  comme  $*il  etoit 
Titulaire.  II  nc  peut  aliener  les  immeubles  ni  les  meubles. 
precieux;  il  a  la  collarion  des  Ben^fices ;  il  a  le  rang  &  les 
lionneurs  du  Tiiulaire ;  il  doit  prendre  gtvrde  qu*a  caufe  de 
la  commende ,  le  fervice  divin ,  ni  le  nombre  des  Religieus 
ne  foit  point  diminue :  quoique  TAbbaye  foit  en  commende  » 
les  Religieux  demeurent  fous  la  jurididion  de  leurs  Supe* 
rieurs  r^uliers ,  &  en  chaque  Monaftere  il  y  a  un  Prieur 
claufiral ,  ou  autre  Superieur  reguiier  pour  la  difcipline 
interieurc. 

C  H  A  P  I  T  R  E    XXVII. 

De  la  pluralhi  dcs  Benificcs, 

COmme  un  corps  ne  peut  natureliement  etreendeux 
lieui  ^  la  fois ,  un  Clerc  ne  peut  fervir  en  deux  Egli* 
fes:  &  dans  une  m^me  EgUfe ,  ii  eut  et^  inutile  de  mettre 
pluiieurs  Ofticicrs ,  pour  des  fondions  qu'un  feul  pouvoit 
remplir.  II  eft  vrai  que  ceux  qui  fervoicnt  mieux,  avoicnc 
de  plus  fortcs  rerributions,  &  etoient  recompenres  a  pro- 
^'    '  *     *  porrion  de  leur  travaii ,  fuivant  le  pricepte  de  rAporre ; 
Conc,  Nic,  mais  il  eroit  defendu  de  fe  faire  inrituler  ou  immatriculer 
*5'  cn  deux  Egiifes.  Depuis  le  parrage  k  des  revenus  ecclefiafti- 

Calccd!c'ie.  ^"^^ »  *'  *'^^  trouve  dcs  benefices  d'un  revenu  fi  petir, 
ConcEmerit,  quHin  Clcrc  n*en  pouvoit  fubfifter ,  &  qui  ne  demandoicni 
r.  19.  ToUt.  pasaufli  un  fervice  continuel.  Voila  le  fondement  d'en  at- 
'"  ^'  ^'       tribucr  plufieurs  a  une  meme  perfonne ,  comme  une  cha- 


k  Lepartagc  <\e$  revcnus  ecclv^fiaftiqaes  commen^a  a  6trc  prati- 
iju^  iles  1e  ccmps  du  Pape  Sylvellre,  comme  il  parofr  par  nn  C.on- 
cile  tenu  u  Romc  eri  514,  oii  il  ell  dit  que  ron  fcra  quatre  p.jrti 
tles  rcvenus  dc  rEgUfe  *,  une  pour  rEveque  ,  une  pour  les  Cb.rcs , 
L'ne  pour  les  riJparations  dc  rEglifc  ,  &  la  derni^re  ponr  Ics  pau- 
vrcs.  On  tiouvc  ce  pait.ige  itabli  dans  le  vingt-feptieme  c  tron  des 
dccr^calas  du  Pape  Damale,  qui  font  de  l'an  494-,  U  S.  Griji^oire 
Ic  Orand ,  dins  unc  Ci^tire  a  Aupuftin  ,  Ev^que  dc  Canto;b-'ri  ,  en 
parle  commc  d*une  cuuii.me  de  rEglifc.  »Ma!S  la  fubdivifion  de  I4 
pait  qui  ^toit  commune  auxdercs  ,  n»commffn9a  gucies  a  ctre  ^r»* 
tiqut^e  que  ven  ie  fi:ueme  fiecle. 


p  _ 

■i\. 


AU   DROIT    ECCLfiSTASTTQUE.      417 
noinie  lii;   1 00  liv.  Ac  renre  ,  avec  une  chap;:l!i;  d;  (10  liv.    Pahtie  II. 
pojr  cclobrer  cin*]  oii  fix  msfTds  par  an  ,  dans  li  mciDC  cn-  x.iVIK 
Ee;lirc ,  011  .-ianii  vine  E^^lifi:  voiiine. 

Dins  les  tiimps  derol3che:ncr.r,  on  s'cft  forvidecepre-   '"•'"■  ^fif* 
tcxte  pour  actumnlcr  /  plu(ieLrs  beneftces,  quoique  fort  J"|  ""'  '  *'* 
cloig.n;»,  mjineavec  cliarge  dames,  plufjeurscures,  plu-  Cxim.C/.i '..-«. 
fieurs  iveches ,  croyant  cn  ^tre  quitre  en  faifani  faire  lcA*-  ^^*  ^* 
fervice  par  d';ii;tres ,  a  tiiii  on  donnoit  queltiue  panie  des  *'  t;^^„!„  /, 
fruiis.  Cctabus  fui  reprime  parle  Concilede  Lairan,  fous  lari.ittr"^- 
Alexandro  111 ,  qui  d^clara  que  la  collaiion  du  fecond  bi-    ''■'■'•'  "^ 
n^lice  etoii  nulle  ,  &  qu.  Ton  ne  pouvoit  retcnir  que  !e  pre-  ^"^,''.  '^^^ 
Diier.MaiscettcOrdonnancen'ayantpaseu  5r»nJcfr,'t ,  le  n,'  • 
CondledeLatr3n,rouslnnocenilll,laconftr.Ti3,&ordoD:'>a    ,*■    ■'  """* 
que  quiconque  ayant  un  bencftce^chargcd'ames,  en  rec;-  ^"    ' 
vroit  un  fecond  de  memc  efpice ,  fcroit  privi  du  prcmicr  de 
plcindroit.&m^mereroiidepouilledufecond.slls^efrorgoit 
dc  les  retenir  lous  deux.  Le  mime  eft  ordonne  potir  les  di- 
gnitcs  ou  perfonnais ;  &  i!  eft  defendu  d'en  avoir  plufieurs 
dansla  m^me  hglifc.  Mais  ce  m^me  canon  permet  au  Pape 
d'en  difpenfer ,  cn  faveur  dcsperfonncs  fublimes  (t  lettrdes; 
cdadonna  licudanslafuiie  i  des  difpsnfes  fi  frequentes  m, 
qu'eItesdevtnreniundroitcommun  b.  II  n'etoit  p^rmis  aux 
OrtUnatres,  qui  trouvoient  on  Clcrc  cn  poflcfTion  de  p!u- 
ficurs  b^n^fic;:s  a  ch^rge  d*ames ,  que  d'examiner  fi  la  dif- 
pcnfe  Jrolt  en  bonnc  formc  ,  St  donner  ordrc,  lc  micux 
qu'ils  pouvoient ,  quc  le  fervicc  fe  fit ,  &  quc  lc  foin  dct 
ames  nc  ttit  pas  abandonni  :  c'eft  la  difpofition  dc  Gr^^oire 
X  ,  au  Concilo  de  Lyon.  On  trouva  pluficurs  moyerts  pour 

/  Qiielipei-tm  ont  pritrndu  qu'Ebroin  ,  EvfqTic  de  Poitien  , 
f.it  itt  i)[emUri]ui ,  «n  G|o,  polVjd*  un  Evccbc  &  une  Abhiye  e:i. 

dei  l;JHcii-.n.  Oii  voit  encflet  que  Tli^odulphe  ,  Eviiiufi  il'Orli'Jr.<, 
Tuii  ilci  jilui  i;iJniii  hammei  ilu  fcptijnie  liecle  ,  jvoit ,  outru  lun 
£v<:d<i' ,  iL-t  AI>b3ye>  Je  S.  Aguoii  ,  il:  S.  Benolt-fur.  Lolre,  &  ile 
S.  Liphjiii  Ju  Mcua,  loiitel  troii  dtnt  fun  dioccre. 

01  V.:  .r-i.  Hi.-i,  JeanXXll.  rii'oqualoiileilei  Jirpcortt,tt:.-t 
lel^ulj^ii:  i  cleiii  b^ncli.:e). Mjii  ceitc  [litoime ae  ful  p:ii  bien  (.1- 
Itr-.vc.  Df!.  <U  Fra-l'ao1o  ,p.:g.  141, 

II  L'i  i<:ii.aliiJ  di;)  bcniilicc.  tu;  J'aboril  autorifi.'e  ponr  l^uilitt-  Jc 
l'lii;i:i'e  :  kii  'lii-iiiolt  j  un  Cmi ,  ilont  le  levenu  ijtuit  tiop  m-i.iiq  .  , 
■]:i:|-;. :'.;'.); U'  b'-.'ii.'liLC  pinur  le  incltt;  en  cia:  Ue  Jellcrvir  fj  ciie  ; 
ir,*^  <:j">  :.i  in.ii.',  la  ]ilitrilit<  dei  bcnO.ciM  rim-o-luilit  auifi 
^iQu- l  •■■.,li:  ■  ■!  :;i.jU-ri;  ilu  benif.cii-r  ,  q  loique  ron  MI  touienrt 
t«i'i  de  I*  fccuvfir  Ji  a-eiV"  l'r*tcKte  fpcsieuK. 


^.^  *4if  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

^HI^T^  aller  mdme  au-deljt,  par  des  unions  debenefices,  pCMirla 

Ca-  XXViI.  ^  dii  bin^fider  feulemt^ni ;  8:  par  !es  commendes ,  qui ,  3 

C ^dimarii  U  rigueur ,  foni  compatibles  avec  toutes  fartcs  de  titres : 

j^  g''         ■  de  &50ti  que  cclui  qui  etoii  litulaire  d'un  evechi ,  par  exem- 

ple ,  en  avoit  deux  ou  trois  autres ,  comme  sdmidLftrateur 

•  ou  commendataire. 

Stff,  7.  e.  i,       Le  Coocile  de  Trente  difendii  d'abord  la  pluraliti  dec 

binefices  ayant  charge  d'3ines ,  ou  autres  incompatibles ; 

reduifant  les  chofes  aux  termes  des  Confiitutioos  dlono- 

S^,  14.  (.  cent  III  &  de  Gregoire  X.  Lnfutre  ,  paflant  plus  avant,  11 

"'*  difendit  generalement  toute  pluraliie  des  benefices ;  &  or- 

donna  que  deformaig  on  n'en  conferat  qu'un  fcul  i  chacuo : 

que  fi  ce  benefice  oe  fuffit  pas  pour  faire  vivre  honn^tement 

le  titulaire ,  il  eft  permis  de  lui  conferer  un  aucre  benefice 

iimple  ,  pourvu  que  Tun  &  Tautre  n'obligeDt  pas  a  refi- 

dence.  Cette  difpofuion  compreod  toutes  fortes  de  hkak&- 

B/oii ,  II.  jgg  ^  fdculiers  011  reguUers  ,  m^me  les  commendes.    £n 

citrfi,  t     France,  rOrdonnancedeBloisa  defendufeulementlaplu- 

ptTt.  tit  14.  ralit^desbencfices  i  cbarge  d'ames,  &  les  Arreisdu  par- 

n.^  M-  *'■   lement  ont  declari  encore  incompatibles  les  chanoinies 

laM,   '         avec  let  cures,  ou  avec  d'3utres  chanoinies  0 ;  en  un  mot 

tous  les  b^nefices  qui  obligent  k  refldence.  A  T^gard  des 

b^nefices  flmplct ,  la  pluralite  eft  toler^ ;  &  on  laifle  i  U 

confcience  de  chacun ,  le  jugement  de  ce  qui  eft  neceflaire 

pour  fon  entretien  honnete,  fuivantfon  rang  &  fa  digniti. 

En  Allem3gne,lePapedonneencoredesdLfpenfes  pourte- 

nir  plufieurs  ^vech^p  ,  parce  que ,  dit  on ,  les  Princes  ec- 

clefiafliques  ont  beroin  de  grandsrevenus,  pour  fe  fouie* 

nir  avec  I,es  Princes  proteflans. 

c  Toai  bjnfficvt  fab  tBitm  te<h ,   c'cfU-ilite  gui  tt  deflarvent 

.daiii  la  mtmf  EgUre  ,  fani  iiicainpieiblet. 

Touces  fortci  de  bJn^licei,  dc  quelquenature  qu'ilf  roient,  fout 
jiicjmpatiblei  pout  !ei  i^gulierc ,  pirce  que  li  pluraljtJ  <Jes  bir 
iieltces  reroit  ileur  fgird  voiictiire  «u  tsu  de  fiavitii  qu'ilt  oiit 
iiit.  Fu«.  tiv  t,ch.i. 

p  Jiiiui  Pianoniut  mourut  Junt  Evtque  de  cinq  Eglifet.  Le  Cir* 
diiidl  Mdiarin  qui  itoit  ifvequc  it  Meii  ,  ivoit  cu  latiM  lempt 
'  treiu  «bbiyei. 


^rr!*-.--^.-^ 


AU   DROIT  ECCLtSIASTIQUE-      419 


C  H  APIT  R  E    XXVIII. 

Di  la  Rifidence. 

DA  N  s  les  premiers  fiides  ,  tous  les  clercs  demea*     j^^  ^^  1^^ 
roient  Aables  &  attach^  i  leurs  titres  :  il  ne  leur  Calc,  io.'»oI 
iioit  pas  permis  de  les  quitter ,  beaucoup  moins  de  pafler    ^^^^  '• 
d'un  diocife  k  Tautre ,  fans  la  permiffion  de  TEv^e ;  au-  ^  jf 2^. 
trement ,  ils  etoient  excommuniis ,  eux  &  TEv^que  qui 
les  recevoit.  Depuis  les  ordinations  fan»  titre ,  les  dercs 
vagabonds  q  fe  multipiiirent  tnfiniment.  La  pluraliti  des 
benifices  attire  par  n^effite  la  non-refidence  :  &  comme 
la  caufe  b  plus  ordinaire  de  la  pluralit^a  i\i  Tefprit  dla« 
tbcit ,  le  m^me  efprit  a  (att  n^gliger  le  fervice  de  TEgiife  p 
pour  s^appliquer  i  des  affiiires  temporelles  :  de  forte  qu*it 
s'eft  trouvi  des  Clcrcs  &  des  Prelats ,  qui ,  chargis  d*ua 
jrand  nombre  de  btoifices  ,  ne  rifidoient  cn  aucun  :  &  v.Fttr.Bl^ 
paflbient  leur  vie  dans  les  Coinrsdes  Princes,  ou  ailleurs»  ipi/t,  t^ 
attirfa  par  leurs  affiiires  ou  leurs  plaifi.rs. 

Ce  n*eft  pas  que  les  Clercs ,  &  m^me  les  Pafteurs,  n'aieftt 
toujours  eu  des  caufes  I6gitimes  pour  s*abfenter  qudque* 
fois  de  leurs  Eglifes :  comme  les  Conciles,  les  ordinations 
des  Eviques,  &  les  confecrations  des  Eglifes ;  quelques- 
uns  m^me ,  dans  les  meilleurs  temps ,  alloient  i  la  Cour  du 
Prince  follidter  les  affaires  de  leurs  Egltfes  ou  des  pauvres , 
&  des  perfonnes  opprimies :  maisces  abfences  n*itoient  ni 
longues  ni  frequentes;  &  les  Eveques  abfens  menoient  une 
vie  fi  exemplaire ,  &  s'occupoient  fi  faintement  aux  lieux 
de  leurfejour,  que  ronvoyoitbtenqudefpritlesconduifoir. 
Toutefors  ,  comme  quelques-uns  en  abufoient  d^  le 
quatrieme  fiecie  ,  le  Condle  d*Antioche ,  en  3  47  r  ,  d^  AmtodL  t; 
fenditaux  Eveques  d*aller  ^  la  Cour,(ansIc  confentemenc  *'^ 
&  les  lettres  des  Evdquesde  la  provtncc,  &prindpalemcnr 


q  On  donnaic  ce  nom  i  eeux  qui  n^^toieot  attach^t  i  aucim  dcre 
#u  Ej^VtCe  en  particulier. 

r  11  n'y  a  poinc  eu  de  Concile  i  Antioche  en  M7  •  H  fsot  qne  cer 
iToic  celui  de  ^i  «  dani  lequel  oa  fic  pluiieun  ctnoai  touchint  I» 
dUfciplinc  eccl^naftiqne* 


Cm.xXVUI 
Sardic.  7. 
10.  II,  IZ. 


IxiS-  c.  ult. 
"€.  Rtlatum 
4.  &  quetp, 
12.   Cleric, 
mott  rcfid. 


HSelun  7. 


Sejr  tj    R> 


4jo  I  N  S  T  I  T  U  r  I  O  M 

dii  Metropolirain.  Le  Concile  de  Sardique  /defendir  aoK 
Eveques  de  s*abfenter  de  leurs  Egltfes ,  plus  de  rrois  feoiai* 
nes  y  fans  grande  neccflire ,  &  ordonna  a  tous  les  Eveques 
d^obfervel*  leurs  confreres ,  quand  iis  pafieroient  dansleurs 
diocefes,  &  s'informer  de  la  raifon  de  leur  voyage  ,pouf 
juger  s*ils  devoient  communiquer  avec  eux  ,  &  foukrire 
aux  lertres  de  conge  qu'ils  portoient. 

Pendant  les  Croifadcs ,  on  perniettoit  aut  Clercs  de  re- 
cevoir ,  fans  refider  ,  les  fruirs  de  leurs  benefices ,  durant 
un  temps  confiderable ,  comme  de  trois  ans :  on  le  permit 
aufli  aux  Clcrcs  qui  etudioienf ,  cu  enfeignoient  dans  lei 
Univerfites.  Les  voyages  de  Rome ,  fi  freqiiens  dans  \% 
menie  temps ,  pour  folliciter  des  p^oc^s  &  pourfuivre  dN 
verfes  graces ,  ifurent  d'autres  occafions  de  negliger  larcft- 
dence.  Le  fejour  des  Papesa  Avignonfit  encorepis;pui('- 
qiie  eux  m^mes  &  les  cardinaux  montroient  Texempledene 
point  refider  jauflien  difpenfoient  ils  volontiers,  ;ufqu'a  doir* 
ner  des  indulis  perpiruels  de  ne  point  refider ,  &  dc  reccvoir 
tous  lesfruits  des  beneficcs  ,en  abfencc  comme  en  prefence. 

Le  preiexte  etoir ,  que  ceux  qui  fcrvoienr  rEglife  uni* 
verfelleaupr^sdela  perfonne  driPape,  ou  dans  les  emplois 
qu*iileur  donnoit^  eroienr  pourle  moins  auffi  utilesarE- 
giife  ,  que  s*ils  euffent  fervi  dans  les  lieux  de  leursbenefi* 
ces;  &fur  le  meme  fondementj  le  privilege  de  gagnerles 
fruirs  fans  refider ,  a  ^te  accorde  aux  ecclefiaftiques  de  ia 
cliapelle  du  Roi  r,  &  aux  OfHciers  des  Parlemens»  comffle 
^ranturilemenroccupespour  lepublic.Maisdansles  prcmiera 
fiicles ,  TErat  &  Tfiglife  univerfelle  ne  laiffoient  pas  d'erre 
aufii  bien  fervis ,  fans  avoir  befoin  de  ces  difpenfes.En  ef- 
fet ,  on  n*a  que  trop  vu  les  mauvatfes  fuites  de  I<t  non-refi' 
dence  :  les  peuplcs  fans  inftruftion ,  le  Clerge  inferieur  fans 
di'dpline  ,  les  vices  impunis,  le  fervice  divin  neglige  ft 
abandonne,  les  Eglifes  fans  ornemens,  &  fotivent  faos 
reparations ,  lcs  pauvres  fans  fecours. 

Pour  remedier  k  ces  maux ,  le  Concile  de  Trente  a  or* 


/Tcmi  en  ?47.  • 

t  Ce  privilcyoe  eft  accord^,  non-fculement  smx  anmuniert  de  il 
Chapclle  on  OratoJre  du  Roi ,  maij  niifli  aiix  Chapeiains  ',  meme 
anx  fiinplcs  Clcrcs.  Les  Aunionierj  ,  Clapelains  &  Clercs  Je  h 
Bcire  ,  dcs  Pjinces  8c  rnncelies  lie  la  Mailbn  Royi)!e  9  r^i  f«if 
liir  r£tat  dti  Roi  f  ;ouU}'eDC  dti  m^me  prttil^ge. 


AU  DROIT  ECCLtSIASTIQUE      43» 

binnc  c)u'un  tv^quenepourrolts'abreinerdefoa  dtoc^fc,   paktieIIi 

plus  de  Aeux  ou  trois  mots,  fans  quelquc  caufc  prefl^nte  Cn.KXVllU 

de  tharite ,  de  nccefHie , dobcifiance, ou  d'urilite  evidcnte 

de  rE^Iife  ou  de  Thtiit ;  &  qu'en  ces  at ,  il  devoit  avoir 

pcrniiliion  par  ^crit  du  Pdpe  ,  ou  de  fon  M^iropolitain,  OH 

du  plus  ancicn  rutlragani  r  qu'en  (ous  \es  cat,  il  devoic 

poiirvoiraron  trOLipE^iu,  afi;)  qu'il  ne  ('ouirriipointparroil 

ablL-ncc,  &  Dirc  tnlorie  d'j  p^iJTer  rAveni,  le  Ciircme,& 

1«  Feies  folennuiks  dans  fon  Eglifc  catli6drale.Ce  Con-, 

cile  declarc  que  Ics  contrevenaiis  pechcnt  [nortellement , 

&  ne  peuveni  en  conlcience  prcndre  les  fruits  du  temps  de 

leur  abfence ;  mais  duiveni  lcs  appliqucr  aux  fabrlques  des 

Eglifes,  ou  atix  pauvres  des  licux.  II  cicnd  la  meme  peine 

aux  Cures,  &  aux  autres  benclii:icrs  ayant  chutge  d'iimcs: 

iJ  leur  defend  dc  s'ablcnier  fans  permiflion  par  ecrit  de  leut 

Eveque  ;  &t  pcrmet  a  iOrdinaire  dc  les  obligcr  a  refiJcr  , 

parlequeAre  &  fouJlraflion  desfruiis,  &  mcme  par  priva- 

tion  de  leurs  ben£6ces.  L'Ordonnance  de  Blois  ell  i  peu     g/g^  ^  ,^ 

prcs  conforme  a  la  diipolliion  du  Concile ;  mais  elle  ne  ■!-  tC 

s'obferve  pas  i  la  ri^jucur, 

QuaniauxCiianoines,leconcileleuTdefend^e5'abfenter  ^'ff-  M.  *• 
plusdetroismoisen  toute  Tann^e,  fouspeine  de  perdrela  '*  '** 
premi^re  annee  la  moitie  des  fruits  qu'ils  ont  p^nis  par 
leur  prefence ;  !a  feco.ide,  tous  les  fruiis.  II  veui  qu'il  n'y 
ait  que  ceux  qui  foni  reellement  prifens  ,  qui  pariicipeat 
aux  didributions  quotidiennes.  Tout  cela  fe  doii  r<Jgler  fui-  cap.  fm/im, 
vant  les  flatuis  paiiiculiers  dcs  Chapiires  u  ,  pourvu  qu'ils  f-  dt  tenfatti 
nefoieni  pas  contraires  au  droit  commun.  Ily  cnaqui  dc-  '^?'   j^rr 
mandent  une  refidence  plus  exade  dans  le  lieu  du  b^ne-  t.ixtn.  tH. 
fice  :d'autre5  demandenrrafnciance  a^^uelleaux  Oflices  «,  14 
pendant  que  roii  ell  pr^fent ;  mais  permeitent  de  plus  lon_ 


li  Par  extmple  .  J  HiMejhtim ,  en  Allfirni-e  ,  F.vtchi  fond^  pw 
Louii-I«-D^bonnaite,  dii  le  ChJpilic  ell  ccimpofi  C»  14  ChiDoinci 
i:ipituUnit(  ile  f\x  itignilci,  fjvajr,  le  Pri!vl>[ ,  le  Doyen  H  quilra 
<:hor-ivei]uei  ,  Choii  Eyif-epoi  ,  lorfqu'uii  Chiiioine  ■  liit  fon  (Iigc 
ifui  cft  Je  troli  moii ,  iJ  lui  ell  reiinii  de  i'abfenlei  pour  lix  ani, 
fuui  Irui»  prJieiiet ,  Jcus  tmin pCTtiriaationit  caufd  ,  deuK  autr» 
anridt!  dcvctianit  caufi  ,  U  encore  dcHX  innJei  Jiudiorum  caufd. 
'rahlequ<1e  l-Kmi..  G.iman,  fg-  94- 

X  Uu  itu  moius  lux  princip;iui  ,  IdIi  que  Maiinei,  Liudel  flc 
Vepiei.  On  efl  niain*  rigide  par  uppaii  tifx  iJtrei  efficei  qu'«B 
ai>p«lie  lulguiiBcnt  i«<  fttittt  Htarti, 


i^«4#«J«»*r*j^^ 


4)i  tUStlfVtlOU 

l^AiCTfi  II.  9KS3^''^i^<>^'  ^  Chanoines  obligent  i  un  fervice  plus  a(^' 


Ci  XXflH.  fidu  les  Omciers  dn  bas  chdrar  ,  f^mi-prebendis ,  chape- 
Eifais  f  cfaantres ,  ou  fous  quelque  autre  nom  que  ce  foit ; 
parce  qu*iis  font  i  teurs  gages,  &  principatement  etablis 
pour  (upplier  a  leur  dtfaut. 

Onappelle  Bcncfices  fimpUs  y ,  ccux  qui  n*om  ni  charge 
d*ames,  ni  obligation  d*aflifter  au  choeur,  &  qui  par  con- 
(equent  n'obligent  point  Ji  r^dence :  telles  font  les  abbaye» 
ou  prieurisen  commende,  &  les  cfaap^nes ,  charg^  feu- 
c      Tid  ^^^  dequdquesMefles,  que  Ton  peut  faire  celibrer  par 
f€g.%i.R.e\  d*autres.  Mais  ces  b6nifk:es,  quoique  fimples»  ne  laiflTent 
i.     •  pasd*itre  irablis,  auffi  bien  que  les  autres,  poulr  le  fervicer 

divin  &Ies  fondions  ecctifiaftiques  ;  &  rien  ne  nouspeuf 
difpenfer  de  robligation  natureUe  &  de  droit  divin ,  d'ac- 
cbmplir  ta  promeffe  que  nous  arvons  faire  en  nOtis  confa*' 
crant  au  fervice  de  TEglife ,  de  la  fervir  de  toutes  nos  for"" 
ces ,  pour  avoir  droit  de  vivre  de  fon  revenu. 

BW-  "  ^'      ■  1 1     1 1  jffg 

CHAPITRE    XXIX. 

Des  Unions  d<s  Binifictu 

r  -rf  T    ^  ^  binifices  peuvent  pirir  avec  le  temp» ,  par  la  dcf- 

fijf.^u*  c!q\  -^  tmdion  des  EgKfes^  &  par  la  diflipation  des  revenud; 

Si  le  revenu  demeure ,  quoique  le  bdtiment  foit  ruin^ ,  conv- 

me  il  eft  arrive  k  plufieurs  Chapelles  de  la  campagne,  le  fer-' 

vicedott  ^tre  rransferi  enune  aurre  Eglife,  comme  la  Pa- 

C,  expofuiflu  roifle  la  plus  voifine  i :  s*il  ne  refte  qu'une  partie  du  reve- 

Ih  </*  prmb,  ny^  comme  c'eft  le plus ordinaire, il  doit  etre  uni  a  quelquer 

autre  titre  de  bincfice.  Les  caufes  de  Tunion  font  donc  la' 


y  Dans  le  Droit  CaVioni({tie  »  on  entend  p»r  b^n^ficet  limples  ,• 
ceux  dontles  titulaires  n'ont  ni  oflice  parthnilier  ,  ni  juri.tidion  ,  nr 
charge  d*ames.  Dans  Tufage  ordinaire ,  on  a*entend  Ibnvent  par  le 
termc  dc  biiUficts  fimpUs ,  que  ceux  qui  n'obligent  a  tucune  r«^fi- 
4ence  -,  ainfi  les  canonicats  qui  font  r^put^s  en  droit  des  b^neficcff 
llmples,  ne  le  font  pas  fuivant  Tufage,  parce  qu'ils  obligcnt  % 
r^fidence. 

X  Cc  qui  eft  dit  ici  pr^fnppofe  qn'il  n'y  ait  pas  d«  quoi  r^tablir 
r^difice  de  rEglife  niinie  ,  &  qu'il  n'y  lit  pas  d*inconveniens  de 
tnniUrw  le  cicre  du  hiai&Qt  daosuAe  antre  Egilfc,  8c  de  Ty  r^unir. 

iviceiSti^ 


A.. 


AU  DROIT  ECCUSIASTIQUE.      <,) 

oiceffiti  ou  ruti!it£  a.  Si  par  uoe  incurfion  il'infidelles,  une  '  ' 

▼ille  efl  tellement  ruin^ ,  qu'il  n'jr  ait  plus  de  peuple  Chri-  ca.  XaHL 
tien,  ou  iroppeu  pour  occuper  Un  Ev^que,  on)oindracei 
ivedi^au  plusproche.S^nt  Gr^oireiefitrouventenlta- G„  /j^.  ,j 
lepeodant  les  guerres  des  Lombards.  U  enell  de  meme  a  <f .  ■(.  HiJI. 
proponiDn  d'une  paroifle ;  &  ranctenne  regle  itoii ,  que  "'''/■  ''"■ 
celle  (juiavoit  dix  familles.  ctoil  ju^ee  ruffiranie  pour  oc-  ir.  ,  '),'  ,.' 
cuper  un  Preire.  L'uti]it£  fufiii  pour  faire  runton.  Quand  ■«k.    t.   ** 
unecure,  par  exemple,  n'a  pasderevenu  fuffifani,  pour  '""'•  ^*'"* 
trouver  un  pr£frecapablc,quiveuiliela  deffetvir  i;caron 
y  peut  unir  uneChapelle,  ouquelque  autre  bint&ce  fioi*  ,i  'j^"!"^ 
ple :  quand  les  prebendes  font  trop  petites,  on  peut  eo  di>    Cant  Tiid. 
tainuer  le  nombre ,  pour  faire  fubfifler  honn^tem<;nt  ce  qui  f'lf-  »4-  "F' 
reftera  de  Cbanotnes.  Voil41eccaufes  legiiimet.  "' 

Daiis  les  temps  de  relichement  s^introduifit  un  autre  gen- 
red'union,qutetoit  fanscaufetou  Gwitafct,  ^'eft-^-dire 
que  le  Pape ,  ou  tn^me  les  Eveques ,  uniflbient  des  bencfi- 
cef,fansnteefliti,  feulemeni  pour  augmenier  le  rcve.iu 
ii'un  Eveque ,  par  eiemple ,  ou  d'uii  Chapitre.  Mais  commc 
ces  unions  diminuoient  le  nombre  des  collations  &  des  gra- 
ces ,  on  tnventa  les  unions  pour  un  temps ,  comaic  pour  la 
vie  d'un  Cardinal,  Jl  qui  le  Pape  conf^roit  ainfi  pluficurs 
binefices,  fousce  titred'union;  &  elle  s'evanouiS'oit  a  la  j^fjr  ..,.' 
mort.  Le  Concile  d«  Trente  a  entierement  aboli  les  unious  •«.  1 147. 
i  vie  d;  & a ordonne que les  unionsperp«tueUes,  Eutes  de<  ^'^-  '<  *V- 


a  Le  Concile  de  Csnflince  Nvoque  lci  unioni  qui  avoitnt  M  fiirr) 
depaii  Gr^goire  Xl ,  fc  cellei  qul  l'>voient  i\i  fini  ■ucunc  ODfe  \i- 
gitimr.  11  pfefcrit  b  ilettrniine  la  fbrme  t(  l^tniiniere  qu'aaifi>il  rui- 
vredins  let  unionl.  Maii  ce  co:icile  ne  ri!.oqi>e  pii  ipjh  f'4cto  cet 
nnlDnt.  II  ne  itonne  i]ii'uiic  adion  ponr  le  pltindre  ,  en  cii  qii'ellti 
ruient  Tjitei  ftnt  ciut'e  tjgitinie  :  Mtdi.inl< )uflu'a  rtvfcahimui. 

t  U  yt  dini  plurifun  cndiaili  d»  Curiii  qji  ,  i  caufi:  le  li  mo. 
diciti  dei  rcvenui  ,  ronl  autoiiKi  i  delltrvir  deux  piinitlEi  voirinta 
&  i  dirt  en  nn  mimt  ioar  li  meflt  dini  chtcunt  de  cei  piioiilei : 
c'eft  ce  que  Ton  ippelle  te  bii  caitat  av  bit  tjniaiido. 

t  Le»  onii'ni  in  farma  g'uiio/4  ^toient  cellei  que  le  Pape  fairujt 
|iir  pure  liUr)l)t£  &  Tini  connoinjnce  de  ciufe  ,  rioi  iiilornitlgn 
dt  c<inniBdg  &  iacemmodo ,  ■  la  diHeicnct  dei  unioni  qul  fe  ront 
pir  butlei  Iti  farmaiemmijfiiria  ,  q»i  ronl  iilrtlli!et  1  dei  commitraU 
let   i"  pariikai ,  pour  examiner   li  riictOiti  ou    utilit^  de  l'union, 

d  Cel  un:oni  peifonneUel  ou  ad  viiam  ,  font  >:tpendint  cncoit 
communei  en  It<lie.  On  appetle  uniini    riilltt,    cellet  qui  le  fant 
i  del  corpi ,  il  dei  ^jLfei  ,   nionilltiei,   ou   bJnflicei.   11  ;  i  »ulB 
dei  nrioni  poui  le  Ipiilcucl  feulcmEDC  ,  &  non  pour  le  tempanl. 
Tonie  n.  E-e 


-4$4  r  N  S  T  1  T  U  T  I  O  N 


PiRTiE  n.   poi^  V"">l^3'^^>  feroient  exaniinies  par  les  Ordinaires;! 

O.  XXIZ'   P°ur  voir  li  e!1es  n'etoient  poitit  obtenues  par  fubreption ; 

&qu'A  ravenirit  n^enleroitfaitaucune  r^nscaufe  ligiiime: 

liiiriilaabollles  unionsgracieures. 

...       Rtguli^retnentirEvequepeuifairelesunionsIegliimes,' 

txL-tf.pnl.    '"fime  <les  benefices  reguUers;  mais  lcs  dignites  au-delTous 

i.itmtiit  '*  cJerEveque,  ne  le  peuvent.  S'il  s'agit  d'unir  des  cveches, 

V  "'jj  ou  d'unirun  beneficea  la  menfe  de  rEveque.il  n'yaquele 

$■  jd  luit.    ''<<pc  1"'  '^  puilTe,  fuivant  le  droit  nouveau :  mais  il  ne  peut 

faired'union  faiis  lc  confcntement  de  TEvSque  :  on  nele 

fouffriroit  pas  en  France.  L'union  doit  etre  faite  avec  gran- 

deconnoiirance  de  caufe :  il  faut  appelertouteslesparties  in- 

t^eflees,  comme  les  ParoiflienSiIes  Collateurs,  les  Patrons: 

ilfaui  vifiterleslieux,  &informer  de  la  comniodit^:ilfaut 

eKamincr  ce  qui  eft  de  plus  utile  a  rEglife.  Or ,  on  pr^f^re 

loujours  le  foin  des  ames ;  ainfi  on  ne  dolt  fupprimer  le  titre 

Cnr.c.  Trid,  d'une  cure  quc  pour  Tunir  i  une  autre  cure.  On  doii  tou- 

f^Jf-  -4-  'J"    jours,aut3nt  qu'il  fe  peul,  accomplir  les  intentions  des 

fondateurs.  On  ne  doit  point  unir  un  Monaftere ,  lant  que 

U  conventualiie  e  &  robfervance  /  y  fubfiftent  :  des  pre- 

bendesnedoivent  pas  etre  reduites  ^  un  fi  petit  nombre, 

C,-ae.  TrU.  quelefcrvice  nepuiiTeeire  fait  decemment.  funion  ne  doit 

J'ff-  *(■'■  *■  point  nuire  k  rhofpitaliie,ouauxaum6nesqui  avoient  ac- 

c»ne.  Tritt.  coutiime  d'etre  faites.  On  ne  doii  pas  unir  des  ben^fices  de 

ftff.  n.e.  19.  diffirens  Diocefes. 

Chff,!  in  tj"      L'union  fe  fait  en  irols  manteres  :  il  y  a  unlon  d^aictjHlon ,' 

»    Hcjtdt     de  confiifion  ,  iTegalice.  La  plus  ordinaire  eft  runion  d'accef- 

''"'  fion  ,  oii  le  benefice  principai  conferve  fon  titre ,  &  le  be- 

nefice  uni  en  devient  un  membre  &  un  accelToire.  Si  ce 


tieiei  de  la  ci>iiveniualit*  font ,  chufltam  ,arca  ei>minu;ii  frjTgi«uii. 
Soui  c«  [er:iie  cluuflrum  ,  on  com|>reiid  coui  les  titus  rrRulivrs  , 
teli  qiie  le  cliitire  propreniciit  Atz ,    le  Clia|<tirc  ,  le  ri:fe^<iiru  &  la 

teiul  Ju  drait  de  fccstl  paniciiiier  auK  armes  au  niarq^ci  ()il^iii^i> 
vet  dii  maiiantre.  Lci  prieurii  r.c  rJiiiiiMenc  pat  cel  tioit  ckirsclu- 
ret ,  11'iiyBiit  pli  dioit  de  rceiu  pjrticuller. 

/  Wtitftrvanet  eft  l'obfi:iTation  fitbHilaiitt  da   U  ilirclpllue  tno* 
DaAiijue  diii»  une  mti&n  rclisieuie. 


A 


AU  DROIT   ECCLtSIASTlQUE:       45? 

membre  eft  une  cure ,  il  faut  y  itablir  un  vicaire  perpetueL  pTCiJIJTll 
Par  la  confufion ,  les  dleux  titres  demeurent  fupprimes ,  &  ch.  XXIaH* 
on  en  cf ee  un  nouveau.  Dans  Tunion  d'egalite » le^  deux  tt- 
tres  fubfiftent ,  mais  ^gaux  &  ind^pendans :  feulement  il  y  a 
obligation  de  les  conferer  roujours  enfemble ,  k  une  m^me 
perfonne.  L*union  peut  ^tre  refolue  par  des  caufes  contirai- 
res 9  fi  Tetat  des  chofes  revient  tel  quauparavant. 

E^~— ■  ■  g==s=Le= —  yga 

CHAPITRE       XXX. 

D€s  HopUaux  g. 

AU  commencement ,  TEveque  etott  chargi  du  foin  de 
tous  les  pauvres ,  (ains  ou  malades,  des  veuves  ,  des 
orphelinS)  des  ecrangers.  II  leur  faifoit  diftribuer  par  les 
Diacres ,  tout  ce  qui  reftoit  des  oblations  des  fiieiles  •  apr^s 
avoir  pris  Tentretien  des  Ciercs  &  des  brimdns.  Depuisque  M^un  chriu 
ks  Eglifes  eurent  des  revenus  aflTures ,  on  ordonna  qu'il  y  ^* 
en  auroir  au  moins  un  quart  pour  ies  pauvres;  &  pour  les 
cntretenir  pius  cofnmodemeiit ,  on  fonda  diverfes  mai- 
fons  de  piete  *  ^  quvj  nous  appt:lerons  toutes  Hopitaux,  Elles     «  Dornv» 
etoient  gouvernccs ,  me;ne  pour  le  remporel,  par  des  Pr^-  nli^iofk.   j 
tres  &  des  Diicres ,  qui  en  rendoient  compte  a  rEveque. 
Dansla  fuite  desfiecles ,  il  y  a  eu  grand  no:nbre  d'H6pi- 
taux  de  diverfcs  fories,  felon  les  temps&  les  lieux:  &  ilsont 
ere  plufieurs  fois  ruines  6:  rerablis.  Il  y  cn  a  eu  de  fondes 
par  des  devotions  particulicres ,  pour  certaines  efpcces  de 
pauvres  A  ,  &  avec  cerraines  conditions  :  plufieurs  fe  font 


j  Uhofpitalite  n*ctoit  d'abord  cxercce  que  par  les  psrticulieri 
dans  leurs  maifons ;  mais  par  la  fuice  les  Ev^qucs  U,  les  Abb^i  fi. 
rent  conftruire  Jcs  maifons  ileftiniei  a  cxtrcer  publiqiiemenr  Vho{» 
picalit^.  Ceft  lie-lj  que  Jjnspiulicurs  vi!le$  lc$  premiwTS  ?»5pi:aux 
foDt  pr^tde  la  cathcdialc,  &  que  lei  Keligieux  de  ccrtaines  mafons 
font  horpitaliers  par  lcur  inftitutioa.  11  y  avoit  des  hdpitaux  publicf 
dcs  le  VII  fieclc. 

/:  il  y  en  a  eu  aufti  de  fond^s  pour  de  certaines  maladlef ,  comme 
pour  la  leprc  »  quc  Ton  appclle  Uprofirus  .  mulidrt.nc$  ou  maladt* 
rict.  La  leprc  etant  autrefoi*  fort  commtine  ,  ccs  fortes  d'h6t>iujx 
cint  ct^  beaucoup  multip:ics  :  mais  ce  i>e'ire  de  injliivrte  .t).M  ceiiid 
dcpuis  environ  deux  ccnts  ans,  co:.$  ccs  Iio|^i'*»uK  ont  cc^  rcunis  \ 
rOrdre  dc  s.  t.azarc,  par  F.dit  du  mois  d'Avril  ifx.^,  regi.iri  le  18 
Mai  1669  ;  cc  qui  a  cu  wuuliimc  par  uti  auue  EJ>t  de  167X.  lis  en 

li  e  ij 


4)f  1  N  S  T  I  T  O  T  I  O  N 

'pAitTts  ir.  trouv^  entre  les  tnains  de  Religieux  ou  Religieures  hofpl- 
CiAP,](XX.  ttliires,avecpnvileged'exeiiiption.Cescaufe$ontreftreint 
ta  plufieurs  mani^es  ledroit  que  les  Eveques  avoient  fuc 
jOUMi  les  mairons  de  pi^[6. 

Les  Religieux  liofpitaliers  fuivent  tous  la  r^gle  de  faint 
'Auguftrfi ,  pa[ce  que  tous  les  b6pitaux  ^oient  gouvero^ 
par  des  Clercs.  Ce  font  des  Chanoines  reguliers  de  la  grande 
rcgle ,  ou  des  Ordres  pariiculiers,  comme  celui  de  S.  An- 
toine  de  Viennois ,  fond^  pour  alTiAer  ceux  qui  ^toient  iP- 
fliges  de  lamaladieque  ronappe]oii/f/(Eii/c5.^n»inc,qut 
eui  cours  il  y  a  cinq  cenis  ans.  D'autres  hofpiialicrs  font  des 
chevaliers  d'Ordres  militaires ;  comme  de  Malie  i  &  de  S. 
Lazare  A.  11  y  a  aufli  des  hofpitaliers  /  mendians ,  comme 
]es  Fr^res  de  Ja  Charite ,  dont  la  Congr^gation  commen^ 
a  Grenade,  &fut  confirmee  par  Bulle  en  157^.  llsfont 
lajques  m ,  &  font  un  quatrieme  voeu  de  fervir  les  pauvres 
nalaiies. 

Dtipuis  environ  quaire  cents  ans ,  on  a  plufieurs  fois  tra* 
vaillc  i  la  r^formation  des  hdpitaux.  Dans  le  relSchement 
dc  h  difcipline ,  la  plupart  des  Clercs  qui  en  avoient  Tad- 
miniHr.ition ,  Tavoient  tournee  en  titres  de  b^nefices ,  dont 
ilt  ne  rcndoient  poiai  de  compte.  Ainfi  plufieurs  appli- 


flirMit  d^runii  pir  Edit  dit  moii  de  Miri  i6g{ ,  &  teurt  rcTenni 
ont  iti  appliqujt  lu  foulagemcnc  dei  pauvici  de  cb.iqu«  lieu ,  &  i 
d'au(re>  teuvret  de  piici.  fEdiC  dc  t6jg  nc  r^rerva  qu'un  feal  bS- 
pical  pour  lei  UpreuK',  favoir,  1  S   Mefmin, 

i  Ceuvci  ont  confeivJ  le  nom  d^liofpiuliert ,  parce  que  dani  l'o- 
rigine  ili  avoient  a  Sitafiltm  U  direttion  d'un  hApiEal  deilioi  i  re- 
cevoir  let  mabdei. 

t  L'OrJre  de  S.  Laiare  eft  auHi  appel^  Hafpitatiir.  Quelquei- 
Mni  pTdcenitent  que  S.  Banie  foinla  un  hApital  i  Cidtie,  tt  que  c'tCt 
de.Ia  i]iie  ceC  Ocdre  lire  fon  ocigine.  Maiicaqul  eR  de  pluiccnain  , 
eil  que  cec  Oritre  fot  infiiiui  i  Hrut4'trn  par  dei  chr^cieni ,  qni 
recevnienc  lei  pilerini  qui  venoicnc  vilicer  la  Terre-fiinte ,  lei  ef- 
corcoieiic  fur  tci  chemini  ,  &  lei  d^fendoienc  contie  lci  MahomJ- 
tani.  Ili  avoient  dei  hfipicaux  dcHinfi  i  reccvolr  ccux  qul  ^toieut 
tmiRis  de  la  lipre. 

/  It  y  a  encorc  d'ancrei  Ordrei  hofpiialiert,  tels  que  celui  du 

S.EfpiiC  de  Moncpcltier,  lequel  cn  176},  aiti  tiul  i  celiiide  faiac 

Laiare. 
m  On  leur  *  dffendu  de  prendre  1e<  ocdrei  (scris.  Paul  n   leur 

|i  reulemeni  permit  d'avolc  .tenx  Pr^ciei  de  leiic  OrJce  dani  cha- 

que  ma^ran  ,  pour  vaquer  aux  befoini  rpicicuelt  dei  maladei ,  lani  fe 

jntler  d'ancuae  autre  cl»r|a. 


A 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      437 

qiioient  i  lcur  proiic  la  plus  grandc  partie  du  revenu ,  laif-  - 

foient  perir  les  batimens  &  diflipcr  lcs  bicns  ;  cnforte  quc  ciTa/xxx* 
les  tntentions  des  fondateurs  ^coient  frtiftrics.  CcA  pour- 
quoi  le  Concile  de  Vicnnc  d^fendit ,  ^  la  hontc  du  Clcrgi,     ^^^ 
de  plus  donner  les  h6pitaux  cn  titrc  dc  ben^ficcs ,  i  des  Quij  .ontlgit 
Clercs  f<&culicrs ,  &  ordonna  quc  radminiftration  cn  fut  dt  reiigiof. 
donn^c  i  des  laiques » gens  dc  biens ,  capables  &  folvablcs^  ^'^* 
qui  pretcroicnt  fermcnt  commc  dcs  tutcurs  »  feroient  in- 
vcntairc ,  6l  rendroient  comptc  tous  les  ans  pardevant  lcs 
Ordinaircs ;  le  tout  fans  touchcr  aux  droits  des  Ordres  mi- 
litaires  &  des  autrcs  Religieux  hofpitalicrs.  Cc  Dicrct  a 
cu  fon  cxicution  ,  8cz  ixi  cenfirme  par  lc  Conctlc  dc     Stjf.  7.  & 
Trente ,  qui  donnc  aux  Ordinaires  toutc  infpcftion  fur  lcs  "''  AiT-  »»• 
b6pitaux  ^  &  lcur  pcrrtlcc  de  convcrtir  en  autrcs  auvrcsyi^/jj,  ^^g^ 
pies ,  les  fonds  dedines  k  ccnains  genrcs  dc  pauvrcs  qui  nc 
(e  trouvent  plus ,  ou  que  rarcment ;  ce  quc  nous  pouvons 
appliqucr  aux  pilerins  &  aux  leprcux. 

Lcs  Ordonnances  de  Francc  ont  ajoute ,  quc  les  admi-  Blois ,  6s« 
niftratcizrs  des  hupitaux  ne  feront  ni  ecclefiaftiqucs ,  ni  no- 
b!es ,  ni  officiers  /1 ;  mais  dcs  marchands  ou  autrcs  (implcs 
bourgeois  :  c^eft-il-dtre  dc  bons  pires  dc  famillc,  inftruits 
des  afFaires  &  de  Teconomie ,  &  que  Ton  puifie  facilement 
obliger  i  rendre  compre.  La  nomination  en  appartient  aux 
fondateurs;  qui  foiu  ,  ou  les  Communaut^  des  villes  ,ou 
dcs  Scigneurs ,  ou  des  particuiiers.  Si  la  foadation  n*eft 


n  Ces  Ordonnances  avoient  en  vue  dei  admlnidraceurs  compta* 
bles ;  c*efl  pourquoi  elles  excluoient  dc  l*aJminiRrattoii  les  ecci^ 
riiftique} ,  lcs  nobics  &  les  trsgiftrats  ,  8c  i:'admettoie!-.t  que  dc  fim* 
p!es  bourgeoh  ,  aHn  que  ces  adminiflrateurs  twllient  de  p!us  facile  dif- 
cutr.on.  Pr^fentemvMitydans  les  grandkhdpitaux  %  on  prend  pourcbett 
dtf  l'adminillration,  des  ecclcnalHques ,  des  nobles  8c  des  maglftrars. 
Miis  iis  n*ont  aucun  maiiicmentdedeniers.  Oitleura]ointpoar  adrnt* 
iii<trateurs  d'aiitre$  notahles  ,  8(  aucun  de  cci  adminidrateurs  ne  fe 
meledelarecette  ni  de  b  dipenfe  des  h6pitaux  :  i!s  compofeot  fen^ 
lement  le  confei]  ^conomique  de  rhdpital  ;la  recette  &  la  d^penfe 
eit  faite  par  d'autres  perfonnes  comptables  q''i  font  aux  ordres  des 
adminif^rateurs.  £n  certains  cndroits ,  il  y  a  des  adminifirateurt 
nt-s  ;  c*efl-a  dire  qui  ont  cette  fondion  par  le  droit  de  leur  ckarge. 
Tels  font,  pour  rHotcI-Dieu  de  Paris ,  Si  pour  rHApital.g^n^ral 
dv!  la  meme  ville,  rArchev^que  de  Paris,  les  premiers  Pidfident 
dwS  trois  cours  fouvefiiinei ,  le  Procureur-gdn^ral  du  parlemeat  ^ 
U  Lieuteaint-g^o^ral  de  poUce  &  le  Pr^vut  des  marchands. 

Lc  uj 


t^4^H4^Ut^^*l  i  t    • 


45«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


Partis  II.  point  connue  >  on  prefume  qu*ils  font  de  fondation  royale  ; 
Cbap.xXX  &  c'eft  au  Grand  Aum6nier  o  de  France  a  y  commettre* 

Dw.  1639.  i^j  adminiftrateurs  ne  doivent  etrc  que  trois  ans  en  char- 
ge  /7 ,  &  rendre  compte  q  devant  ceux  qui  les  ont  nommcs  , 
cn  pr^fence  de  l'£v^que  ou  du  CommifTaire  defapart,  & 
desr  Officiers  du  Roi  &  de  la  ville  ,  fuivant  les  ufages  des 
lieux. 

Ainfi  les  hdpitaux  qui  ne  font  poim  en  titre  de  ben^- 
ftce ,  font  gouvernes  par  trois  fortes  de  perfonnes.  II  y  a 
des  ferviteurs  ou  fervantes  des  pauvres  ,  qui  les  foulagent 
daus  tous  leurs  befoins  ,  &  font  entretenus  &  payes  aux 
depens  de  rhdpital.  En  quelques  lieux  ,  ces  fervices  font 
xendus  charitablement  par  des  Religieufes  ,  comme  aTHo-^ 
tel-Dieu  de  Paris  &  de  plufieurs  autres  villes.  On  peut  rap- 
porter  a  ce  genre  de  Religieufes  les  Saurs  Grifss  ou  Filies, 
4c  la  CharitCy  inftituees  par  faint  Vincent  de  Paul  &  Made- 
moifelle  le  Gras ,  vers  Tan  1 63  5  r « pour  fervir  les  malades 
dans  les  hdpitaux  ou  dansleurs  maifons  f  Pour  le  fpirituel » 
^es  hopitaux  ont  un  ou  plufteurs  Chapelains ,  afia  de  con-* 
fpler  &  inftruire  les  pauvres ,  &  leur  adminiftrer  les  Sa^ 
Cfemens.  Dans  les  anciens  h6pitaux ,  ces  places  font  ordi* 


o  Le  graiid  Aum6nicr  ou  Archichapchin  du  Roi,  a  M  ainfi  ap« 
pel^  ,  comme  dcant  ordinairement  chargd  de  la  diHobution  des  au« 
mones  &  bonnes  ceuvres  du  Roi.  Le  droit  qu*il  a  de  commcttre 
dti  adminiftrateurs  dans  lcs  hOpitaux  de  fondation  royalc  ,  eft  un 
refte  dc  la  poftenion  od  ildtott  anciennement  de  couterer  les  bi- 
n^ficcs  qui  etoiciit  a   la  nomination  du  Roi. 

p  A  rcxception  dcs  adrainiftrateurs  n^s ,  dontla  fonaion  durctanc 
qu'ils  occupcnt  la  place  qui  leur  donne  la  qualite  d'adminiftratcurs« 

q  Dans  la  plupart  des  hdpitaux,  lcs  adminiftateurs  ne  font  que 
co^me  des  tuteurs  honoraircs  ,  &  ne  font  poiut  comptables  ,  la 
geiiion  nc  roulant  quc  fur  lcs  tr^lbricrs ,  rcccveurs ,  economcs,  &c. 

r  L'etabliflement  dcs  Soeurs  Grifes  ou  Filles  de  la  Charite  ,  qui 
fut  fait  en  164?  ,  cft  dO  i  Louife  de  Marillac  ,  veuve  dc  M.  le  Gras  ^ 
fccr^taire  des  commandemens  de  la  Reinc,  qui  les  mit  fous  la  direC'. 
tion  de  faint  Vinccnt  de  Paul ,  inftitnteur  de  la  Congr^gation  dela 
Miftion  ,  dont  Ics  iuccefleurs  ont  continu^  d^^trc  charges  de  la  mc- 
me  dircdion.  Cc  font  dcs  Rcrigieufes  hofpitalieres  non  cloitrees  du 
fiers-ordre  de  S.  Fran^ois  ;  cllcs  ont  pris  cn  Francc  la  place  des 
Beligieufes  qui  furent  fupprimees  au  concile  de  Vienne ,  teni^  fous 
Philippe  le-Bel  en  X31Z.  Van-H^en  ,  tom.  1.  pag,  ?6o. 

/  Ccs  Sceurs  font  aufli  rccolc  pour  les  pauvres  filles.  Elles  fpn» 
l^pandues  dan«  tout^s  les  vUlcs^  $c  meme  ^^i\i  les  gampagne^, 


AU  DROIT   ECCLiSlASTIQUE       459 

bairement  des  binifices :  dans  les  nouveaux  on  a  jugi  plus   Partis'?. 
4  propos  de  ne  mettre  que  des  Pritres  amovibles  il  vo-  Cmaf.xXX. 
lonte ,  afin  de  les  pouvoir  mieux  choifir.  Enfin ,  il  y  a  les 
adminiflrateurs  laiques ,  qui  gouvernent  tout  le  temporel. 
'  Mais  ces  adminiftrateurs ,  faute  d*£tre  bien  choifis ,  ou 
d'etre  afireints  k  rendre  exadement  leurs  comptes ,  ont 
ibuvent  diflipe  les  biens  des  hdpitaux  en  plufieurs  manii* 
res ,  particuli^rement  pendanc  les  guerresciviles  de  la  reli- 
gion.  Pour  y  remedier  ,  le  Roi  Henri  IV  ordonna  en  1 606, 
que  par  le  Grand- Aum6nier  il  feroic  proc^d^  a  la  reforma* 
tion  g^n^rale  deshdpitaux,  fur-tout  i  Taudition  &iiari« 
vifion  des  comptes  ;  &  que  ies  deniers  revenans  bons  f«« 
roient  appliqu^s  i  l*entretien  des  pauvres  Gentilshommes 
&  foldars  eAropies :  &  pour  Texecution,  il  itablit  une  Cham' 
krt  dc  la  Chariti  Chriiunnc.  Cet  Edit  n'ayant  pas  eu  d*effet , 
le  Roi  Louis  Xdl ,  en  1 6 1 2 ,  donna  une  declaration ,  par 
laquelle  il  ordonna  de  nouveau  que  le  Grand-Aumdnier» 
qui  itoit  alors  le  Cardinal  du  Perron ,  procideroit  k  ia  r^ 
formation  de  tous  les  hdpitaux ,  maladreries ,  aumdneries 
&  autres  lieux  pitoyables  t  du  royaume :  que  tous  les  ad- 
miniftrateurs  rendroient  compte  de  trois  ans  en  trois  ans 
devant  fes  Grands  Vicaires  &  Subdeleguis ;  &  ({ue  les  de« 
niers  provenans  de  Papurement  des  comptes ,  ferotent  em- 
ploy^s  aux  riparations  des  hdp:taux ,  &  en  autres  oeuvres 
pies.  Pour  Tex^cution  de  cette  Declaracion  fiit  6tablie  une 
Chambre i  Paris,  compofee  ,  avec  le  Grand- Aumonier , 
de  quatre  Maitres  des  requetes  &  quatre  Confeillers  au 
Grand*  Confeil ,  fous  le  nom  de  Chamhn  de  la  Riformatia^ 
Ginirale  des  Hopitaux.  Les  appellations  fe  relevoient  aa 
Grand-Confeil ,  &  elle  a  fubfifte  foixante  ans  :  mais  elle  si 
ete  fupprimee  en  1672. 

Le  Roi  a  fait  depuis  plufieurs  r&glemens  u  ,  pour  Tad^ 


1  On  appeloit  ain(i  les  oiiiifons  de  pi^t^  od  Tod  exer^oit  fpie1« 
qu*une  des  oeuvres  de  miltSriporde  ,  foit  fpiritueUes  ,  commc  d^enfei* 
gner  les  ignorans  \  ou  corporelles  ,  comme  de  donncr  i  manger  k 
ceux  qui  ont  faim  ,  £c  a  boire  i  ceux  qui  ont  foif,  de  recevoir  lei 
p^Ierins  &  ^trangert ,  v6tir  ceux  qui  font  nttt ,  racheter  lci  captifii 
£c  d^livrer  les  pnfonaiert ,  eafcvellr  lcs  morts. 

u  L'£dit  de  1695,  art  29  ,  ordonne  quo  les  Archevftquet ,  £v£« 
ques  y  leurt  Qrands-Vicaires  &  autres  £ccl<^fiaftiqucs  qui  foat  en 
poUicifioa  4«  pr6(^dcr  U,  d'aV9ir  foip  dc  rada^iaiftraiioo  dei  h6pitauX| 

Ee  iv 


44^ 


INSTITUTION 


h/.KT.s  II.  ■uniftradon  deft  hAf>itaux ,  earr*autres  la  Declaration  &i 
CHArXxx.  1 A  D<iceaibre  1698  x,  Et  voil4  ce  qull  y  avoit  k  dire  des 
cbofes  confiicries  au  fervice  de  rEglife. 


Itttels-Dieu  &  autres  lleux  pieux^riblU  pour-le  foulageraent»  re« 
traice  &  inflrudiou  des  pauvres  ,  foieiic  maiiitenut  dans  cous  les 
droits  ,  fcances  &honnebrs ,  donc  tls  out  bien  &  dfiment  joui  juf- 
qu*j  pr<5lieiit ;  &  que  lefditt  Archev^e^  8c  Evdques  aient  a  Tavenir 
la  prtmiere  ftfance ,  Sc  pr^fidtnt  daos  tous  les  bureaux  ^tablis  pour 
radminidration  dcfUits  hdpitaux  ou  Ueux  pieux  » oi\  eux  &  leurs  pr^. 
ddcelfciirs  n'ont  point  M  avant  cet  Edit ;  «k  que  les  Ordonnances 
&  Reglemens  qii*ils  y  feront  pour  la  conduite  fpirituelle  8c  la  c^li!- 
bration  du  fervice  divin  ,  feront  ex6cut^s  ,  oooobftaut  toutes  oppo« 
litions  &  appcIUtsons  fimples,  ou  commed*abus,  fans  y  pr^iuJicier* 
X  Cecte  Dc^claration  r^gle  la  f^ance  dcs  Cur^s  &  autres  £cdefiai« 
tiqmss ,  dansles  sHembl^cf  qui  fe  font  pour  radminiftration  des  h&« 
pitaux  U  maladreries.  On  peut  encore  voir  TEdit  du  mois  ii'Ao2e 
1749  ,  concsrnint  ies  ^tabiifi^mens  &  acquifitions  des  gens  dq 
snain-morce,  qui  contientplufieursdifpontionsparrapporti  i*ecabUA 
lement  des  h6pititix  &  aux  acquiOtiojis  que  ces  Buifons  peuveac 
£iue. 


fin  d<  ia  ficQnd<  P&:hu 


\  J 


INSTITUTION 

J U    DROIT 

ECCL^SIASTIQUE. 


G)v= 


=9IZ 


TROISIEME    PARTIE, 
Des    Jugemens. 


CHAPITRE    I. 

Dt    U    JuriJiSion     Ecclifiafii^ue. 


pRts  avoir  traite  des  perfonnes  &  Jes  chafit  ^        '"  „i 
[ui  font  la  maiiere  du  Droit  Ecclifiaftiquc ,  il   chw.  U 
i  reAeaparler<leiainaniere4'exercerce<iroit, 
)  c'eA-^-dire  dti  jugemtns  a.  La  jurididion  pro- 
^  pre & efieaiielle il'Eg]ife eH toute fixrituelle , 
fondee  Tur  les  grands  pouvoirt  quc  Jerus-Chrifl  donna  1 
fes  Ap6tres ,  lorrqu^il  leur  dit :  Touic  puijf^nct  mefi  donnit  Matt,  in  pmi 
aa  eitl  0  fur  U  terrt:  alU^  donc,  inflruift[  toults  Iti  nationt  , 
&  Its  bapiifei ,  Itur  tnfiignanc  Sobftntr  lout  ce  ifut  jt  voui  ai 
ordonni.  El  je  fuis  loujours  avtc  voui  jufjua  la  eonfommalioit 
dafiicU.  Voili  le  pouvoir  d^enfeigner  les  myftires  &  la 


JuJtXiJaditiiM,  tUrultffaaftlia,  trimiA. 


/^4W#^*«rf*  ##  /  t 


^  ^41  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partib  111  '^^^^  ^  iDoeurs.  II  leur  donna  encore  le  pouvoir  de' 
Chap.  1.     JUS^  ^^s  picheurs ,  quand  il  leur  dit :  Recev^i  U  Saint-Ef- 

J&mn,  X.  tt.  prlL  Ciux  dont  vous  remettre^  les  pechis ,  ils  leur  feront  remis  ; 

Mattt  xvui.  &  ceux  dont  vous  les  retiendre^^  ils  feront  retenus,  Ec  ailleurs : 

^^*  Si  votre  frere  a  pechi  contre  vous  ,  reprene^  le  feul  ^feul :  j*i/ 

ni  vous  icoute  pas ,  appelei^  un  ou  deux  timoins :  s^il  ne  les  icoutt 
pas ,  ditesle  a  Ptglife  :  s'il  n^icoute  pas  rEglife^  qtiilvous 
foit  comnu  un  payen  &  unpublicain.  En  viritije  vous  dis ,  totu 
ee  que  vous  aure^  lii  fur  la  terre ,  fera  lii  dans  le  ciel ;  &  toui 
ee  que  vous  aure^  diliifur  la  terre^fera  dilii  dans  le  ciel.  Voili 
la  puiiTance  qui  eft  eflentielle  a  rEgUfe.Premieremenr,  d*en- 
feigner  tout  ce  que  Jerus-ChriA  a  ordonne  de  croire ,  ou 
de  pratiquer  :  &  par  confequent  d^interpreter  fa  dodrine» 
&  de  reprimer  b  ceux  qui  voudroient  en  enfeigner  une  au- 
tre , ou  ralterer  en  queique  mani^re  que  ce  foit : daflfem- 
bler  les  fidelles  pour  la  pri^re  &  pour  rinftrudion  :  de  leur 
donner  des  Pafteurs  &  des  Miniftres  publics ,  &  les  d^pofer 
s*ils  fe  rendent  indignes  de  leur  miniftere  :  de  juger  les  p6- 
cheiirs ,  &  diftinguer  ceux  qui  doivent  etre  abfous ,  d*avec 
ceux  qui  n*y  font  pas  difpofes  :  de  retrancher  du  corps.  de 
TEglife  les  pecheurs  rebeiles  &  incorrigibles :  enfin  ,  d'af* 
fembler ,  ou  le  Oergi  d*une  Eglife  ,  ou  plufieurs  Pafteurs 
pour  exercer  fes  jugemens. 

Le  droit  de  retrancher  de  TEglife  ceux  qui  ne  font  pas 

juftice  ^  leurs  freres,  au  )ugement  de  TEgliie  meme ,  a  at« 

T.  Cor  <.   tire  indireSement  une  efp^ce  de  Juridiftion  c  pour  les  af- 

i.*V  ^5    ^^  faires  temporelles  d  ;  car  les  Apotres  d^fendoientc  aux 


h  Par  des  monittons  8c  p^r  6es  cenfures. 

c  M.  du  Pin  remarque  que  dans  les  huit  premiers  fiecles  de  rEglife  ; 
en  ne  fe  fervoit  point  des  termes  de  Juridi£)ion  t  ni  de  Tribunal  pour 
d^fiinerrauoriteEvC!^iiaftique,maisfeulementdu  termedeminifterede 
la  Chaire  :  Hinc  oHoptimis  EccUfitt  fitculis  cum  de  autoritate  EccUfiaf- 
iicd  mentiofiebat^  non  adhibtbantur  httc  nomina  JurifdiSioais ,  majeflatis 
aut  Tribunalis ,  fcd  dumtaxat  minifierii  Cathedict.  Du  Pin  ,  de  antiquii 
Ecclef.  difcipl.  dijfert.  i  ,  c.»p.  5  ,  pag.  191.  Cette  re-narque ,  au  fujet 
de  Torigine  dela  Juridi£lion  proprcment  dite  ,  qui  appartient  prefente* 
ment  a  rEglife,  ne  touche  point  A  la  pu''(r'nce  rpirituQlle  qu*elle  z 
toujours  eue  depuis  fon  ^tabliiTement,  6c  qui  eA,  lans  contredit,  de 
droit  divin. 

d  Tout  ce  que  rEelife  pofT^de  de  JuridiAion  pour  le$  aflTaires  tem- 
porelles  n*c(l  point  de  droitdivin,  elle  le  tientde  )a  pi^tc  desSouve- 
rains  qui  Tont  rendue  k  cet  ^gard  d^pofitaire  d*une  partie  de  leur  autg- 
flt^.  Ce  font  eux  qui  lut  ont  attribu^  un  Tribunal  contenticux. 

#  C*^coit  plut^t  (in  confeil  quVoe  d^fcnfe  t  ou  ciu  moio<  ce  p'cCQtt 


AU    DROIT   ECCLeSIAST!QUE.       44? 


'Chriiiens  de  plaider  devani  les  Magillrars  inBdelles  ,  &  paii.tii  IU4, 

leur  ordonnoient  de  prendre  des  arbiires  d'enire  eax-mi-   Cbap,  1. 

tres.  Cetoic  ordinairement  les  Eviques ,  qui  faifoient  cene 

fomflion;  &  fi  utilement ,  que  quand  lesPrinces&lesMi- 

giflrats  Turent  devenus  Chretiens,  quoiqii'iIn'yeuip1usde 

raifons  d'eviier  leurs  tribunaux ,  plu&eurs  aimoiciit  inieux 

fe  fouinettre  a  Tarbitrage  des  Ev^ues/Ce  que  les  Empe-     l.  j.  fr  ff.- 

reuTS  favorifirent ,  en  ordonnant  que  les  Ev^ques  pour-  "^*  *)/«• 

roient juger  comme arbitres,  du confentemem  des  panies; :    ^  j,[  „^ 

qu'il  n'y  auroii  poir)td'appeide  leurs  femeucei ,  &  que  les  dtipifi.  (r 

Juges  feculiers  les  feroieni  ex^cuter  par  leurs  Officiers.  Ils  '^*'- 

donnerent  auITi  aux  Ctercs  &  aux  Moines  le  privilege  de 

ne  pouvoir  ecre  oblig^s  k  plaider  hors  de  leurs  provincef , 

&  enfuite  dc  n'avoir  que  leurs  Eveques  h  pour  Juget  en     tj""' «J" 

matiere  civile ,  &  pour  les  crimes  ccclenalliques. 

Dc  plus ,  connme  la  plupan  dcs  Lvcques  etcxent  d'uae 
probit^  &  d'une  charite  reconnue ,  les  Princes  leur  donni- 
rcniauiorite  en  pluficurs  affaires  temporelles  ,pour  l'uti-  ^^^"JJ)^ 
lice  publjque ;  comme  daos  la  nomination  des  Tuteurs  &  ^,  ^c,  ai. 
deS  Curiteurs :  dans  les  comptcs  des  deniers  communs  des 
villes ,  les  march^s  &  la  rccepiion  dei  ouvrages  publtcs :  ^, , j,  ^p 
dans  la  vifite  des  prifons  :dans  laproteAion  des  efdaves  ,  £.  t«. 
dcs  enfans  cxpofef  &  dcs  perfonnes  mifirablei  i :  daos  la  ~/*"  ^^ 

Jue  pour  lci  dftoutncr  de  te  foumenre  votontaiiemcnt  k  U  iicHonin 
u^ci  infidillci. 

J  Cc  fuicni  lei  Efnptrcui'*  Chrjiicni  qui  jtiblitenl  d'ibat(l  lct  E«l- 
<tuei  (tbitrti ,  njcclTjitet  in  caufci  il'cntfc  lo  Qerci  &  lci  Liiquti  , 
mait  celie  quilil^  d'irbilic  nc  leur  itonnait  pu  incoteune  Jutiiiiftion 
propTcment  liiic  :  lei  Erlquct  D'aToient  (|uc  naiioiiam  ,  jiiduium  ,  tc 
cion  pn  /uri/diiliMim.  Ccu  pourquoidanileCodcTWodoGcn.  &  ii<Dt 
la  NoTcilc  il<  Vilcniinicn,  le  liire  qui  conccrn*  lcur  fonAi^n  n-cd  p*I 
JnriluU  Jt£»,/«^ai.Viui/J«7/o«,Bilirf.£p./(05J/i;W«yo.  & 'liDi 
I*  Cude  de  JuHinicn  Jt  tpifcQpaU  Auiiiittin.  L'Eii!quc  ccouioil  lct 
Pjiiiciqui  ir  prifrentoienta  lui  ■  maii  tl  n'avoii  pii  le  pouiroir  de  lei 
conir.indc*  1  venir  dcyjnt  lui ,  nide  lei  obliger  d'ejL^cu[<t  fj  ^en-encs 
ou  avii  atbitril.  Konoriiit  fit  une  Loi  en  39S,  quicai^li:na  lci  jiMiraget 
dci  Evi.|uet,  rjntnuiicl  ceuiqui  y  ctanlappel^i  ne  vuudrule.>i  painc 
l*y  prc>'tntet.  Celte  Audicnce,  i  iii|uftlc  Iti  Paiiiei  fa  rendoieni  vo- 
Ijnuiiemcnl  pir  voi*  dc  liniplf  «rbitraEC  ,  ■  depuii  iti  coaverlie  ca 
Ja.idiilicneonlcnii.ur.. 

g  Ce  r>it  l'cniper(iit  Conniniin  qui ,  pir  UB*  Loi  <!u  1]  Juin  ^r,%  , 
peimit  (ui  pjrticidc  d^cliner  la  JuiidiAiondci  Maginratt,  pour  |'CD 
iippatlcrau  iugernintdet  Evcquti. 

h  Ccci  eH  unc  fuite  du  piivil<!,;a  que  toui  tei  Fnnci  avoitnt ,  iTcit* 
\M{.it  ehicun  pat  leuiiSup^iieuri. 

I  On  comprenoii  foui  ce  tetme,  non-ftulcintpi  let  pauTcti,  nuil 
ictvtuv»,  let  otpbdiiu ,  IttmiDimt, 


ff^H^t*mffr^f  t 


444  IHSTITDTION 

"^  poicecoatfe l8  jeuv  de  in&nl  &  b  proftinirion  i(.  Mais 
L  kar  JMoiKe  en  tout  cela  n*alloit  qu'i  veiller  a  I'executioii 
des  reeleflBens  coocenant  \z  piete  &  Jes  boones  mceurs  » 
ft  oon  a  exercer  uoe  jurididion  coadive. 

Les  Lois  I  qui  attribuoient  aux  Lveques  la  connoifiance 
4es  diSerents  des  Ctercs ,  etoient  conformes  a  la  difcipline 
de  rE§ki:e.  On  ne  fouffiroit  point ,  autant  qu*il  etoit  pofli» 
ble ,  qu'ils  parufient  de^-ant  les  Juges  laiques ,  au  mepris 
de  leur  profefiion.  Non  que  les  Eveques  chercbaflent  k 
s*attribuer  des  aSiires ,  ils  n*en  avoient  que  trop ;  ni  quUs 
(uflent  jaloux  de  (aire  p'aider  les  Clercs  devant  eux  :  mais 
^-  ik  ne  vouloient  point  les  bifler  plaider.  Ceft  pourquoi  le 
CoQcile  de  Calcedoine  ordontie  ,  qu*un  Clerc  qui  a  utne 
a&ire  contre  un  aurre  Clerc ,  commence  par  la  declarer 
a  ba  Eveque ,  pour  Ten  £iire  Juge ,  ou  prendre  des  arbi- 
tres  du  confentement  de  FEveque ,  fans  fe  pourvuir  devant 
les  Juc:es  tecuixers.  Et  auparavant  ,  le  troifi^me  Concile  de 
^i^t^Cml  Canhage  avoit  (fit  :  5i  arji  Avl^i ,  mn  Pretre  ,  ou  un  Clerc 


k  I!t  concmiToieTsK  auifi  ^o  ^ouaire  Sc  des  autres  cofivenrions  matri- 
Booules  y  parce  «{j'ejes  erotcsi  rc^lees  a  U  porre  du  Mowfiitr ,  c*eft« 
a-d:rc  de  TEgUfe.  M.  ct  Mc£era\  ,  en  u>n  Ahri^e  Ckicnol.  tom.  6  » 
p.  i56 ,  dii  ,  totts  >*tf  n«c  1422  •  ^e  U  Juriciftion  des  EcCl^fiafUques 
avoit  cabr^frc  toutcs  iortes  d*ad:akes  »  &  ne  Uid^oic  prcique  rien  aux 
Jtt^cs  Royaux  &  a  ccax  des  Seij^ncurs  ;  qu*ctle  connoiuoic  noo-feulc- 
saect  des  caut'es  drs  fr^rm,  des  orp^e*ins  8c  des  Teuves»  fuivant 


dc  fcs  Serfs ,  CoIops  01  Feimiers,  commc  au£  des  tetbmciis,  parce 
qu'ak>rs  ils  etoiect  re^us  pardcs  Curds  9C  des  Fretres ;  des  crimes  •  de 
^cril^e  .  de  parjurc  •  d*adalcirc  &  dc  forniction ,  &  dc  touies  .'es 
a^tices  ou  il  y  avoit  du  pdch^ ,  k  raifon  duquel  rHgUic  croyoit  avoir 
rfrcit  de  cocrcisNsn.  Cinq  chofes  ,  fe*on  lui ,  avoient  fort  autorire  & 
a^ra.'.di  cette  luridicHon.  La  premierc,   le  refpej^  que  Pon  doit  aux 

r>rt'0Bnesfacrdcsi  Ufcconde,  quMsrendoientU  iudicegracuitemer.t^ 
troc^mc  •  U  rcc^icude  &  U  bont^  ces  Canons ;  U  quatrieme ,  leur 
capacite  q\^  ^oit  plus  ^rande  que  celle  des  Seculiers ,  U  p!t'part  it 
i^aorans ,  qu*ils  ne  fa voient  ni  lire  ni  ^crire ;  &  U  cinquieme  •  rautorit^ 
dcs  papcs  •  qui  les  appu)  oient  par  leurs  D^crctalcs. 

Le  m^me  Auteur  np*iqi!c  eofuite  les  caufes  de  U  decadence  de  la 
Juridif^ion  £cc(^Gitli«4ue  ,  ainfi  qu'on  '.e  peut  voir  au  m^me  endroit. 

/  La  poirerRon  ou  fonc  les  Ju^es  d'E^1iie  en  France  ,  d*eiercer  leur 
JuridiOion  lur  tous  Ics  Clcrcs  >  vieat  du  droit  primitif  de  U  N<  cion  ^ 
fuivaot  lequel  chacun  e(o:t  j age  par  fes  Pairs  ,  dont  nous  voyons  encore 
phificurs  veftigesdanirordrc  ludiciiire,  tels  que  le  droic  des  Fairs  de 
France,  d*etre  ioges  par  leurs  Pairs ,  ledroic  que  lesCours  Souveraiofs 
onc  de  juger  lcurs  .Mcmbrcs.  La  Ju^idifHon  dc  rEglile  fur  iei  Clercs  ^ 
dcpui(  dtd  rcftrcimc  aiu  at^c*  perfonncUes. 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.       44? 

faurfuu  unt  csufe  divara  Us  tribunaux  puhlics :  quolfu^U  faU  pT^!T^^S 
gagnit ,  fi  cVyl  cn  matUre  crunimtU  ,  quil  foit  dcpofi  :fi  eUft   Crap.  1. 
tn  matierc  civiU ,  qiiil  pcrdc  U  profit  du  jugcmcnt ,  s^il  nc  vctu  <*'•   CaitK 
ttrc  dcpo/e  :  parcc  quU  fcmhU  avoir  mauvaifc  opinion  dc  VE»         '*  ^ 
glifc ,  cn  rcccuraru  aux  jugcmcns  fccuUcrs  m.  D*autres  Canons    1 1  •  f .  1. 1*. 
poA^rieurs  ne  defendeot  pas  abrolument  aux  Clercs  d*agir  ^«'««^•"c. 
devam  les  Juges  C&culiers,  mais  de  s'y  adrelTer  ou  d*y  ri-  11.11?^^^* 
pondre  fans  la  permiflion  de  TEv^que.  ptacuU  tx 

Ce  droit  alla  toujours  croiflant  dans  les  (lides  fuivans.  ^***!/*  •^^'* 
En  866»  le  Pape  Nicolas  I,  dans  fes  Rcponfcs  aux  Sulga-  {n^  ^.  j^^ 
res  /i ,  dit :  qu*ils  ne  doivent  point  juger  les  Clercs  ;  &  cette     Aurd.  iy« 
matime  eft  principalement  fondee  fur  les  faufles  Decr^-  ^^,   . 
les ,  comme  Ton  voit  dans  Gratien  ,  &  fur  les  Lois  que  Ton  Conc.  hul.  c 
croit  ajouc^es  au  code  Theodofien.  Le  troifiime  Concile  7o.  g}. 
de  Latran  o  defendit  aux  laiques ,  fous  peine  d*excommu-  V'  ^'  ^P^* 
nicadon,  d'obiiger  les  Ecclefiaftiques  k  paroitre  en  juge«  /16.  16.  icr. 
ment  devant  eux  :  &  Innocent  III  a  decide ,  que  les  Eccli-  «''•  ^  i&.4?#« 
fiaftiques  ne  peuvent  renoncer  i  ce  privilege ,  parce  qu*il  '^fi^n^  ^-i 
n*eft  pas  perfonnel ,  mais  de  droit  public ,  auquel  les  con*  u.  eig  Jcrm 
ventions  des  particuliers  ne  peuvent  deroger.  comp. 

Dans  ce  m^me  temps,  c*eft-i-dire  le  douzieme  fiidc  ,  xtiMpasL 
les  Ecdefiaftiques  n*^toient  pas  feulemest  tout  -  ik  -  fait 
exempts  de  la  juridi&ion  ficuliere ;  mais  ils  exerfoient  leur 
jurididion  fur  les  feculiers  ,  en  la  plupart  des  affiiires ,  ce 
qui  etoit  venu  infenfiblement.  Apr^  la  cbiite  de  TEmpire 
Romain/? ,  Tautorite  des  Evdques  fut  grande  dans  les  nou* 


m  On  fera  moins  furpris  qut  I*E^irt  fic  un  rtproche  i 
ts  ,  dt  s*adfe(rcr  aux  )uges  f^culitrs ,  fi  I'on  confidirt  av 


rtf  Minif- 
trts  ,  dt  s*adfe(rcr  aux  )uges  r^culitrs ,  fi  I'on  confidirt  aut  dans  cts 
tcmps  recul^s ,  rordrt  dcs  juridiAions  qui  eft  dt  droit  public ,  ^toit  en- 
corc  omI  afTernii;  &  qu*en  Franct  m^mt,  chacun  avoit  ou  it  donoott 
la  liBert^  de  fe  choifir  des  jugcs  :  ufagt  dont  il  reflt  tncort  plufieurt 
▼eftiges ,  tels  que  rattribution  du  fcel  du  Ch^ttlet  dt  Paris;  ccUt  des 
Chancelleries  aux  contrats  de  Bourgognt ,  &  la  poflcflion  oii  les  juget 
de  la  province  d'Artoit  font ,  d'ltrt  accept^s  pour  juges  par  lcs  con* 
trats  pafT^s  entre  les  fujets  dc  la  provinct. 

n  On  entend  quelquefois  par  oulgarcs  des  h^r^tiquts  de  Bulgarie, 
dont  la  fe^efe  forma  dans  le  ntuviimc  fi^de  ;  maisici  il  s'agir  du  ptupl« 
dt  Sarmatie  appcU  Bulgsres,  dont  It  Roi  cnvoya  fon  fils  i  Roroe  poor 
demandcr  dcs  Ev^qucs  oc  dcs  Pr^ires  ,  &  conCuIter  It  Pape  fur  plu« 
licurs  quefiions  dt  Rtligion  &  dt  Difcipline  ,  4  quoi  It  Papt  fit  unt 
amplc  r^ponfe. 

o  Tenu  en  1179« 

p  Cette  d^cadence  ,  qui  fut  une  fuite  du  parfage  de  rcmpire ,  aag* 
inenta  beaucoup  vers  lc  commcncemrnt  du  cinquicmt  fieclt ,  par  lct 
irxuptions  que  fircnt  dt  tous  c6t<($  If  s  Saxoos,  Its  Angloii ,  Its  Yand4* 


'446  tnsrirvtioti 

PARTit  lU  ***°^  Royanmes ,  principalement  cn  France  ,  oii  Ics  Rois 
CK*r>  1.  Ont  toujours  iie  catholiques  f.  Us  prenoient  confeil  des 
Evdques  pour  le  gouvernement  de  rEtai  r ,  &  ils  avoierft 
beToin  des  Clercs  dans  toutes  les  affaites  i  parce  que  les 
Qercs  avoient  cotlferve  la  tradition  des  foimules  /,  fic 
^oient  prefque  les  feiils  qui  fuflent  ecrire. 

Dans  le  renouvellement  des  etudes  t ,  \es  Clercs  s'ap- 
pliquerent  au  Droit  de  Jullinien  u  ,  autant  ou  plus  qu'aux 

les,  lei  Abint,  t«  Bouiguignon»,  1m  Socm,  l«i  AUeaMndi,  les 

j  Au  moins  drpuitCloiris. 

r  Les  afTcmbiJes  de  la  natian  qu!  fe  lenoientautomniencenicnt  it  It 
premicre  tice ,  appel^ei  Confilium ,  fyaoiiu ,  caf/o^uuin ,  comiatui , 
fUtitum  ,  ■i'(!toient  (l'aboril  compofees  (|ue  des  Ftanci  ,  queiqueEoii 
oue  des  pcincipaux  d'entre  eiii  appeUs  Magaaiti ,  Optimam.  Les 
Evequei  y  eutent  eatr^e  depuis  que  Clovii  eui  embcall^  la  Reltgioft 

/  Ces  formules  ^coietil  uti  refle  de  celles  qui  iToienl  iti  Diiii^s  in- 
-" nRomaini,   &  qur  Theoilofe  le  Jeune  ivoit  abro* 


Sits.  Lt  pr^fideni  BrilTon  en  a  fiii  un  rtcuei) ,  (oui  le  titie  de  fun 
■  /aUmmibai  popali  Romani  vtriii.  Giutier  6i  GisCTius  en  ont  auiu 
ilonn^  des  recueili.  K  ces  fDimulcs  en  ont  (\iCctAi  d'iutres,  que  le 
Moine  Marculphe  &  un  auice  auteur  inconnu  ont  ralTembt^ei. 

(  Le  renouvellcfient  des  ^tudei ,  doni  il  ed  parl^  en  cel  «ndroic ,  cft 
celui  qui  airiva  foiii  Chirlemsgre  ,  par  I 'eCiblifleineDI  qu'il  lii  i]'une 
tfcole  publique  dani  fun  paUii ,  Teri  Ton  ySa. 

<lolentinconnuti  &  que  quand  on  p^iloit  de  Droit  Roinain,  on  enten- 
doii  le  Code  ThJodofien  ,  qni  dioic  Teul  obfeiv^  en  Krance  roui  la  pie~ 
siicrer.ice;  maii  oniieni  que  fous  Chailci  le  Chaure  ,  [e  Code  &  let 
NoTcIIei  commenciient  a  paioiire.  Le  Uigefle  qui  dcoit  pecda  ,  ne  tiic 

Drcii(leJ..nimendintles  payt  qui  font  Iu-de!a  de  1a' Luiie.  Rrgord. 
^ans  laniede  Philippe  Augune,  fait  meniion  que  lcs  ^iudci  eioient 


•uenioni  de  Dioii  canon  &  citil.  Mait  fniiinC  un  legleRicnt  faic 
Cardinal  Simon  de  Brie,  Ic  17    AoQt  126S,  en  conlcuuem 
fbrmede  l'univeiliij  qui  fulfiileen  ccfitcle  pac  ce  Card 


inon&  citil.Mais 

17    AoQt  126S,  en  conlcuuence  dc  !■  i£- 
jlfiileencefitcle  pac  ce  Cacdmal ,  depuii 

Eipe  foui  le  nom  de  Maitin  IV  .  on  n'enrei£noit  pli»  a  Farii  pouc  le 
roic.  que  le  Decrec  ou  Dcoit  c.mon)  il  y  avoil  alori  a  Pacii  qua- 
tre  Dfcr^tiliei  ou  ProFelTeurs  en  Droit.  11  «coit  defendu  a  farii  «;  Jani 
leipayi  quifonien  de^i  de  la  Loiie  ,  de  liro  &  (taduet  en  Droii  ci- 
»il.  Oii  n'y  enfeignoit  que  1-  Droit  einon.  L'0'donn«nee  de  Bioii , 
en  1(79,  iif'oi\%  encoielceuiderUniveiru^  deParii  de  lice  ou  g.-a. 
duer  en  Droit  civil.  On  y  enteignoit  pouruni  lei  inililutet  de  f  ulli- 
nien;  maii  c'Aoiiconiie  lei  (tffenfes  exprelfes  poic^ei  pac  rOri^anna::- 
ee.Onyim^timoit  ccptndant,  &  or  vcndoitdei  Livici  de  Droii  civil, 
poiirvu  qu'i)t  fjlfcrnc  appiouvis  pir  un  Dofleuc  commii  par  U  faiu  ij 
ile  Dioic  canon.iinfi  qu'on  rapprendd'un  arrili  itu  Parlemeni,  du  prc> 
mier  Sepiembre  1147.  L*on  yoil  p»r  un  au-re  acrtt  du  i-j  M;i  i<i;-  , 
que  1«  oombie  d*i  queiie  proleSiiutt  «n  D^ciet  da  Picit  ■  J>int  eic 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      -447 

Canons  x :  &  la  chore  alla  fi  avani ,  que  dans  le  treiziime  Pastib  nit 
Ckcle ,  ils  fe  irouv^rent  en  pofleflion  de  juger  prerque  tou-     Chap.  t. 
les  les  afliiires.  Les  Juges  laiques  Ce  r^veill^rent  enlin  ,  &     V.  Durand 
fbminrent  que  TEglife  avoii  empiiti  fur  les  droiw  du  Roi :  ^  ™''»  <f- 
ce  fut  le  fitjec  de  la  fameufe  difpute  entre  Pierre  de  Cu-  ^^'  ""•"'* 
gneres,  Avocat  du  Roi ,  &  Pierre  Benrandi  Evique  d'Au-  LiMI.  D.  P, 
tun,  devant  Philippe  de  Valois ,  4  Vincennes  ,  en  'i*9' ""^"'^i^ 
Pierre  de  Cugneres  preiendoit  que  TEglife  n'avoit  que  la  f^i^g^, 
jurididion  purement  fpirituelle,&n'etoiipointcapabIe  de 
juger  des  caufes  temporelles,  &  il  propofoit  foixante-fix 
artiles,  fur  lefquels  il  foutenoit  que  les  EccIefiaHiquea 
excedoient  leur  pouvoir.  En  voici  les  principaux. 

Qu'ih  ^iendoient  le  privitege  clcrical  en  plufieurs  ma- 
niires ,  prenant  connoiflance  des  caufesr^elles&  mistes» 
oi)  lesClercs  avoient  inter^t;  revendiquant  les  criminelt 
qui  fe  difoient  Clercs ,  quoiqu'ils  ne  portalTent ,  ni  Thabit , 
ni  la  tonfiire  :  donnant  la  tonfure  indifieremment  ,-pour 
«'acquirir  plus  de  fujets:  Qu'tls  s'aitribuoient  juridtSion 
Air  les  laiques,  fous  divers  pr^textes;  dufermeniqueroa 
appofoit  k  h  plupan  des  contrats :  d'eiicution  des  telbi- 
mens ,  i  caufe  des  legs  pieux ;  ce  qui  atiiroit  les  rcellit  & 
tes  inventaires  :  des  mariages  y  ,  &  des  conventioi»  ma* 
trimoniales ;  de  la  proiefiion  des  veuves  &  des  orphelins. 


liduklunfcul,  pirUmort  d»  tr< 

>i>.uirci,   r«ludc   du   droitivoit 

tti  n^glig^ ,  &  que  ll  fici.U  j  n'>voi 

tplutdonnf  d.  liccncci  on  >noit 

^ludict  i  Orlf.ni  &  i  Pohien  ,  ou  1 

■on  cnfcignoit  lc  Uioit  ciTll.  Cc( 

dcui  uniMrfitcj  voulurtnt  tnimc  cn 

i^n^piclicrqueron  ne  itifix 

•u  rcrmintd^Aracil  itt  ll«nci*i  d 

cP.tii,fou.pt<...t*,uei'onn> 

L'iiudepubliquedu  Dtoit  ti»il  ne  f. 

rtit  ordonni  qiiMi  foruicnt  tcqut. 

■Tcc  lc  Uroii  cinon ,  quc  pit  ^dii  di 

LimDiid'A*til   1679. 

D,oifBrm™in1eut'V.oiIf^/4'''"''''^^ 

II  Romiini ,  &  que  <)'a^Pcuri,  1« 

i  caufc  iti  immumi^i  &  piivil^gci 

rEglilc  pir  lci  Empetcuii  Clititicnl ,  ili  fuivoicntle  Dtoit 
nuiniin  uini  louic  li  Ftincc  ,  mfmc  ftptcntiionilc,  ^ae^d  imnuniia- 
III  S' pririlijfia  ;  miit  iti  fuivoitnt  cn  g^niril  lc  Dioit  Cananiqu«, 
<'>ll->-<litciei  rc^leKlci  Concilci,  comptifcl  djni  r>nci»n  Code  ilei 
CanonidcrKclilc  univcrftlle  1  &  quelquei  d^cifioni  det  Papci  aui 
rftoicntfouvcni  tpnruliii  pjr  le»  F..*quci.  Voyn  fk-fl,  i.  Dn:,  F,^r~ 
foii,  par  M.  fUaty.  &  lci  rukinkn  fur  U  Vreit  Fianfon  ,  fit  M. 
i^redtj,  pif.    141    &/"'■*. 

y  Vm  lc  tcrmc  de  Maringif ,  on  n'>  pai  entendu  ici  Ii  connoilTinc* 
4u*  TEglifc  >  dioit  de  picndie  ,    di  ipfo  fadirt  n 


„    confidcti. 
vil ,  foimc  pir  le  confcnici 


4»  l(uf ■  couiieiiuMii  ■ipii 


iui£cnimiii<i,r<(uhiiil,  (utldcU  Lai,r6il 
iicltei  nu  uciiM. 


•  Pir 


,tti  I  M  ■,  -  :  -  -;  -  •  o  ■■; 

,a*m.  <itflI<^t»t*'>i.f»H,>  I  .-ifrwTininmraiir^n.  .  Jmjlovrnt 
j.  ii  "(e"  cinl"*^  "•rtinfiirM  j.itt^  rt !  r  tiiFment :  ,  rjiioeanr  :l» 
.'il«S  llHnw»  'i'  r  wrr--iri.1ri*  -<  .•T.-nm.-miniiis  :)  iu  t  .ira  r.y- 
!'n»i<tr^  i'i';";T.?  .  it  .  ••ie«r>  >"rf>  i'-.viimmnni>iNdax-r^e< 
;]!«■  ...T--i.)-.'ii  i-i  4>t  V  >Ti.lri?s  i«^-:.:,-t.-:iTnuni>!S.  .i.jjiti- 
V  iiii-T  ..jiir  -  w  ■  .-(•miir  ;.«T5rT>ri;Mr  ii ^s  i.;tiT  i  "1  i  ;rern^t . 
iit^ft  ;.-«  t  .irfan^  1-M-  ,  ;>.rtriiienT  rii:  ,  )i.'nant  SLii  cia- 

.HTii.i.n    -i.tii-,»-    ,  I..  i.-s  ■■.2.:!^tsiiti(na^  r:-aiant C333- 

,r...  !..  ,  ■  .-,^  |,.<!  r  .".-.lenf  .omr  icr^innatiriijH :  i.:  ■.  •- 
tn,  >...(>■<  ,  ■  !i,>n,vr  ,  ,  iii.un  f.is*  .,iixame-t'T  ^rtt- 
:»«  1  .  ■ir  -'i,.>:.i!i«c-i;n« '■>(>.  .tajiKjnniH  .  «.-.nraiecizs 

,hi.s  -,.»  .  ^  '...-.rj  ;i.iv--iinir  ,- .:re(cnc.nit  jstiiiisr  ■ 
-iT..e  i  ■  -ti.n.i-t  ;  r  ,.ic  3r.i>i'ie  rarr-e .  ,.r  rjinnani  rnno.-i3ie- 
-™jnr  ■  ,r;i.,-.nriim*!  f  \.rt\iiie^\cin  .vnr  iticnc.Joos 
•vnr"''"*'»^  ■  lOt*"**!»*  i-  'nt>(;r'r!r: .  ./  ..fs  li..is.  .jui.iv.-Lt:::r 
-r.i  r"  o>iv-ir,i^r.>^  r-isi!I..T:r.?<i-iair:i;  i.T2rcu^rc  i 
jilii--   .    -i'i.ir'-i  i>    ^-11  w  ri>  Mftn    .*.ntVJ-^r      i    .li.ECI(e~C 

.  .■  v-ir.;<^  .-..■(  ;.ti-3it!.Tiif^i-ui  .'p-.irrtir^t-uinrecicrE 
■P,vc,-it%-ir«-,F.nimeS  ->  «  .'r  =  r.-.'£;tMiii;Lii..i;  "reCKier... 
iqt.lvi^if-.-n  .'imie:.>ftinfi:  -Mt^t  i---.-«  ..vrnr.rjs  ;rt«9  inii 
•n  ■.niiiriirfnr       I,^  ;.3n;    .vis   .«     i;ir«  •■ti   -[(MYcr.IX  .:7S- 

•mr.>t-r'i.r  .»iir..r-,-jir.-s    ,-.|.r »« .-  ,.l*JtfK  -  :  ••ifT  ni-.itnilJT. 

ft.  .;-     .>i.(..'l.>« -.rivr[:ii.-.« -.^i;r     «e     -     t^iT,:;  ■.-rvssas. 

{i-r  -..  ir.-.ir  '.r  !,.ir.r  i  Avijr.-wi,!  .  ■!;  .■fiMirp  >,iu  ra- 
■■■•■'  ^  :-;,:■  r,^  ..ji  "unif  ■  i.-  r=i*,ini:;i,M  i^  "-i.-ntsnia  , 
■<.>:t"'->'V  -4  T--nt^  •  vir  .nrjcrie  iue;nu«  renuaiia,  nie 


,  :,j  .    p.-  i-,t-.,An.,  .«■'.r^.,.i  VI,  h  np  Rriit  -  ■  ^  :  ::...  ..:'. 

■   V-—','/  •'■M-f.-i fwtP,   ■■■  St  chtr(lt:fti.:e  i  L^^  .'i. 

liilfUS 


AU   DROIT   ECCLiMASTlQVE.        44«  

nous  mirq.ierons  en  Iniriicu-EaFrucc.lcs  JuircsrOTiUi  ^J 

i  li;>  Prir.emdm  ont  eti  b>en  plutavam  :  en  ii:j!:ir«  cri-  c»»f,  U 
in!ncite,Kk<MiiinTr>>du:t  b  (biUn^onJu  ^.-/i.-.vou?  ./& 
ilu  .-j^^-:ij.'(f.f  f  :en^nicf«  dvue.ikoi;!  »f]>e.e  a  loir 
it.'.>a.'.*'  tou:ei  .tii  maii^rM  pror^nes /,  &  mctn?  unc  panie 
ecs  «^..tciUiliqucs ,  fii  12  ciiiiRdion  c^.u  r-lTS''''''  >(  &  dii 
/".-.■  vj-».  Ltfi  pjT!iK;e.^i  on:2d-ni»."-T,-v.i'jj.v:v.T!T.*  Sjiiut, 
toui»  \^  l'c:s  quc  Ton  prctead  (jue  ie  iui;e  d  o^l.fe  a  n- 
ceieroD  p.Miioir,  procL.-d£  contrc  let  Cjnoos,  ou  conrre 
lei  Lo^s  du  royaume.  Ca  bornes  de  1j  jjriJ.i^ion  ^Chiciiafti- 
qjc  oni  e:i  coniiroiifes  par  lX>rdo.injnce  dc  m  ^9  j ,  & 
encore  piui  par  iur^^e  qui  a  luivi  ;  cmVrte  qu'0.1  cn  eft 
venu  3  IViiremiie  ofrto^cc ;  &  ce  loni  a  preieni  ics  Lccl^ 
fLiibquet  qu:  le  p!j!g.ient  acire  pre^u^  <lepouiii<:s  de  toute 
lcur  iuriidii^bon. 

lltiiitrever..r  i!^  dilKovtion  di  h  juridivtion   propre 


isul  ceaTE  !]-.:(  lei  E.dc&^di^ci  pen- 
vcic  coniinei^f  Ej.nmt  In  ItiqMi  ,  &  qni  f»nt  lcii  Je  lcai  nini- 
rc  ,  qui^s  (.cjvciit  «t:e  fuffiiiruRienT  pimii  ptt  ;«i  p«:nei  cinMii- 
quci:  telilb.ii  :ei  iDJuiei  rcrbllci  &»!!«  iil<n  dciiu,  qiii  n'eM> 
gcnl  pii  li  vinJide  pub.iq.je. 

t  Lei  cii  piiille^.ci  t'o:it  crux  qne  coninettcni  lei  Fcelcliifti- 
^.Ki,  &  qti,  i  cjliV  Jelciii  aiiofitj  .  don-cMetic  pnnii  pjr  Je<  peU 
net  pliii  fcrtet  q-Jc  ccllel  qul  lont  prnndnc  je>  pai  lct  c<iis:il.  On  >p- 
pillecei  Tolfi  Je  ile.itt ,  cii  fritiU^iit,  piice  qjc  ll  connoJljiica 
cii  eft  r,iei:ijle  reiic  icfenee  >;■<(  J-Rei  lofuix  ,  liii  loutei  lb'tci  ■!• 
perfonoct  .  tiiit  cc(i4iiiiliqiie>  ,  niltttirct  ou  ialliciibici  Jei  $*i- 
giieult-  t~i'tr{  let  i.i.iiiu(ei  ..-u  ■i'Kr  frinfnl  it  Kl.  ile  Vo.'('jn>. 

/'  lei:»'qu'^  Li-lici  q-i  .-oncc.nent  :e> cooTenliont  matiifflKniitci, 
lci  Jommaget  K  inKictt  i^fjSdni  d*  rineieculion  dct  |'i.im(f)c( 
ile  raiiiagei  lei  ictlaa&cat  &  cDdicilci ,  in(ne  poui  Ici  lcfit  fjiit  i 
IT.Eiile.  .-<c. 

f  Lei  Jjg:i  rormx  ca-inoill^ent  da  polfeflbire  cn  miiihet  hjnrlt- 
cijlel  .[Utiie  que  1j  polleirion  eH  Je  £iit  ,£c  icputec  mitlerc  p.ofjii*. 

ft  0«annbi:ei:..inniiia*nfntiP«rrcdeCujfieie.  riiivent.on  dcl 
a,nr«li  lomme  a'.ibut.  Cen"efip»tqiic  l'on  iie  ie  p!ai(;:iil  p:ui  an. 
cie:ine!n'ni  ,!ei  e:it[(pMl~ci  Jd  l:cct«a4Aiq..ei  f.:i  ]»  puil).n,:e  tem- 

ul'ige.  i.iin:ne  il  le  ful  il.p..ii  Picr.i  Je  C'  s:iei«i  On  jpi<i'!itit  c.-i 
entcepnfei  cr.ijjii»,  frji-jmi^o,  ii,iirpjiii"iii  De  Ci.i(i;eni ,  en 
Mig.f.  feiiril  aii  lcrmcs  J'' f  M./.  S!  d.if»..  Ce  q-i  eil  .1«  vci- 
liiii.eft  (fje  .iepuit  ce  tc.-npi  .  U  v..:i- .ie  Tjr,'"!  tJinmc  a".liui 
■  et^  ptuf  louvenl  &  plui  tc^utieieaiciil  puliqute.  I'.'J'.T  Fevr  l, 
ir.di  r~bu,,  tiv.  t..h.   1. 

i  li  fjut  voii  auSTi  cclle  .rOit^ini  du  moii  Je  Jinvicr  i  fb:i ,  cclU 
it  Bloii  dc  MT9  iE(  rEJil  du  moif  d'Avrit  i6'jl. 

Toint  II.  F  ( 


4jtf  INSTITUTION 

'  ■  .  8t  eflSintiene  i  rE^life,  &  de  celle  tjiii  lui  eft  itrangJrt! 
CbI"  L  L^^Ure  a  parelle-meRie  lc  draii  de  decider  toutes  les  quef' 
HmiS,  de  do^ine ,  foit  ftir  la  foi ,  fott  ftfr  la  r^gle  de* 
iHtturs.  Elle  a  droit  d*£tablir  des  Canons  ou  r^les  de  dif- 
dpline  ,  pour  fa  conduite  interieure  ;  d'en  ditpenfer,  ea 
«juelqucs  occafions  patriculi^res ,  &  de  les  abroger ,  quand 
fe  bien  de  la  Religion  le  demande.  £])e  a  droit  d'etablir  des 
Pafteurs  k  &  dcs  Miniftrei!  pour  continuer  roeuvie  dc  Dieu 
juftiu'<i  la  fin  des  li^les ,  &  pour  exercer  toute  cette  juri- 
dj^on  ;  &  clle  peut  les  deftituer ,  s'il  eft  O^eiraire.  Elle 
a  droit  de  corriger  tous  les  entans ,  leur  impo&nt  des  p£- 
nitences  falutaires,  foit  pOurIe$^bisfecretsqu'ilscon-> 
fefleot,  foit  pour  les  plcbii  publics  dont  ils  fom  conTain^ 
CU5.  Enfin ,  l'tglife  i  droit  de  rerrandier  de  fon  corps  lc» 
inenibres  corrompus  ,  c'eft-d-dire  les  pteheurs  inconigi- 
bles,  qui  pourroieni  corrbmpre  les  auirel.  Voili^  Itsdroits 
eflentiels  a  rEglife',  dont  elle  a  )oui  fous  les  Empereurs 
paiens  ,  &  qui  ne  peuvem  lui  etre  dt^s  par  aucune  puif- 
jance  humaine :  quolque  ron  puifle  quelquefbis ,  par  voie 
de  feit  &  par  force  majeure ,  en  emp^clicr  rexercice. 

Tous  les  autres  pouvolrs,  dont  ies  Eccleftaftiques  onc 
^t&enpolteffioa,  &  lefontencore  enquelques  lieux,  ne 
laifleni  pas  de  leur  etre  ligiiimement  acquis ,  par  la  concef- 
fion  exprefle  ou  tacite  des  Souveraini.  Comme  on  leur  a 
donn^  des  h^ritages ,  des  terres  &  m£me  des  ^gneuries , 
on  a  bien  pu  auffi  leur  accorder  le  droii  de  juger  des  difi'^- 
rents  /,  decondamneradesamendes,  d'avoir  desprifons,' 
des  appariteurs  &  d'aucres  0$ciers ,  &  (l'inipo{er  des  pei- 
aes  corporelles  m ,  plut6t  par  mani^re  de  correftion  que 


t  L'cgUre  ne  peiit  nHnmoitis  dCablir  it  nouvcaiiN  tvichii  ,  td 
it  nouTdlei  paroiilei  au  «utrel  i^glirei  ou  monalliici,  ttns  le  con- 
coun  de  li  puillinci  cemporelle  ;  ces  foim  il'Jtibli(leiRent  n'in(^ 
rcfliint  pai  moint  le  goiivernemeiit  civil  que  le  gouvetnemenc  eccli- 
flallique.  D'ai!leiirt ,  i'<g!ife  c!t  d»ni  Vhat,  U  noii  pas  Vitit  danf 
VigiiXe  .'  on  ne  pi:uc  fiire  aucun  nouvel  eialjliiretneiit  daiit  reUI , 
ftnt  le  Ganfentement  i)e  celui  qui  gouveme  r^cac. 
t  Aucrei  nue  let  macitret  purcmeut  fpirltiiellet. 
n>  AuCrefoii  lei  ]ugei  il'£glife  condamabienc  i  diTcrfe)  peinn 
corporelkt ,  comme  lu  fbuec ,  &  au  piloris  :  ilt  avoient  i  cet  efTci 
dans  leur  «iiceince  det  ikheiles ,  au  haut  derquellei  oii  Aifeic  mon- 
ler  lei  condRmn^i ;  on  leui  mectoic  iine  micre  de  pipier  fur  U  ttce  ; 
on  ippeloli  ceU  prCcber,  inicrer.  II  y  ivoic  une  echelte  de  cette 
efpice  lu  panit  Neire.Diaie.  Pijfenteinciii  la  piinc  cacporeUv 


-A. 


kV  DftOlT  ECcUSlASTlOtrfc      ^jf  

3e  fiipptice  R ;  &  rEglife  a  aunni  de  nifbo  de  coiiftrTcr  cet  Pjirtii  nt 
tlfoits  qite  les  autres  bieiu  teuiporels.  Ciu*<  O» 

CMAPITRE    II. 
Dti  CmuiUt. 

POUR  bien  connoirre  U  juridlAion  eccIifiafHque  » J 
nous  verrons  premi^reinent  par  qui  dle  cS  eiercteS 
cn  fecond  Ueu ,  fur  quelln  nurtires  ellc  i'itcnd :  trotfii* 
Kiement,quellee(llarorin*desjugeaieiu:  &  enfin,qucllei 
fbnt  les  peines  c3noiii(]ue&. 

Toute  la  juridiSion  ecclefiaflique  rifide  propreocnt  Co^f.  tp^ 
dans  les  Cv^es.  Jcru»-Chrill  la  donna  k  (a  Ap6tr«  j  ili  '•  >■  ^  ><• 
la  communiqti^rent  a  leurs  difciplcf ,  par  rimpofition  des 
mainsf  :  ceux-U  i  d'autrcs ,  par  uoe  tradition  coniioute 
]urqu'inoui,&qui  durera jufqu'!  la  fin  desfi^les!  puif- 
que  Jerus-Chrill  a  promis  d'Aire  toujours  avec  fct  difciplel 
initruifans  &  baprifans.  Et  conme  il  donna  panimtlirc- 
ntem  i  S.  Pierre  la  conduite  de  fon  troupeau  »  &  tui  or> 
donna  de  confirmer  fes  frires :  aoui  croyons  quc  le  pape  f 


k  plDignve  que  tei  luget  (rJgUfe  pnircnt  Infltgar,  eft  celledaU 
prilon  pcrpdtuclle.  Lei  Jugct  lemporeli  d«  feifiKBriei  ■pptrtdb 
tlintei  i  l'i%Wt ,  pauveat  infl<|et  touiei  fomi  de  pelnci  corpo- 
Mllci  t  ■>■■*  <■  l<  CDndian^  cft  aariui  d'un  ftr  cbiud  ,  cc  d«k 
ttre  «u:i  irniM  ilu  roi  &  nou  i  cellM  de  l'kytque  ou  Ahbf  Fojft 
Pe*fetlr.  Ji  Cabu,  lir.  I.  cA.4.n.  lo. 

R  C'efl-1-dire  que  cet  peinei  ne  font  pit  pour  fitiiblre  i  !■ 
vindifte  publlque  |  T^llfe  n'ir>at  point  1«  police  cndtioarerni* 
meeriTeriudEli  juildlftioli  doDt  noi  Roh  lui  ont  confid  remrcicfc 

e  M.  Fteu;-y  ne  pirle  lct  qae  de  le  )url>liftion  fpiritMlIe  qnl 
appertient  de  droit  dlvin  i  l'^lift  ,U  non  ilc  ll  }»idiaiea 
contentieure  qne  rfgllCe  tiein  de  I*  plM  d«  noi  Roli. 

p  IIi  le  flrent  en  rirtu  dn  pouvoir  fD'llt  iToient  refo  i  cst 
cfrel  de  lefui-Chrilt,  lequcl  lear  dtt  :  Sint  mifit  m*  P»Hr.  jtd  tt 
tgB  miite  vsf.  Jaain.  c.  )o  ;  d'oi)  Ton  tifc  li  conf^eoce  <|Dni 
leur  donni  l'exeinple  k  h  pOMoir  d*   ft  ChoiBr  d«  mtm»  do 

f  Pnmui  SiFtm  ,  ftii  iieiiur  ftlrn*  Mtfttft.  c,  10.  v.  t.  fa  (■ 
Ptina  ,  &/iip*r  hanc  ptiram  mit-f:ata  tttltfiam  inMm.  IkU,  c.  i4b 
V.  ■  (  Zta  dUKBI  lofari  pre  M  ,  irr  noR  itftitii  fiitl  tu  t  tt  W 
alifUatdi   Mnvirfut  ,  tO'fitmj  f'»lttt  M*t  ,   dlt   |cfui  .Ckltt  4 


Vt  ij 


4f>  INSTITUTION 

iMTieln,  '  }uri()i^n,dedroit  divin,  fur  tousies  evique^  rSt  par 
Cbap,  II.   toute  rEglilo ,  pour  cmpwheT'  <iu'it  nelc  glitre  aucuneer- 

reur  dans  la  loi ,  &  fjirc  ohferver  les  Canons. 

.  .  Lc  goaverncment  de  rKglife  n'e(l  pas  uno  dominaiion  ^ 

i.Ptt.v.t.    coc!ine   celle  des  Piinces  icmporels  :  il  eft  fonde  fur  U 

cliarite,  &l  tempercpar  1'hMmiliie,  C'i;ft  pdurquoi ,  dans 

les  premieis  temps ,  lcs  Evcques  ne  faifoient  lien  que  de 

Saf.  t.  fan.  Tavis  dcs  Preires ,  (jui  etoient  lc  S^nat  de  1'Eglife ,  &  avec 

•*■  if.         )a  panicipation  des  Dincres  &  des  Clcrcs.  Ils  communi- 

quoicnt  mcine  aupeupte/les  afTjiresinportantesicariliB 

cherchoicni  a  perfuader ,  plutot  qu'a  fe  f^ire  obeir  ;  & 

moins  ils  $'attnbuoient  d^auiorice ,  ptus  ils  en  avoiem  en 

e(n.t. 

thufl.  apcfl.      Les  jugemens  eccleilaftiqucs  s'exerco]eni   donc  alors 

1*.». e.  47,  ainfi.  L'Eveque  etoit  aflis au  milieu  des  Pretres  1 ,  comme 

un  Magiltrat  aflifte  de  fes  Confeillers.  Les  Diacres  ^toienr 

dcbout ,  comme  des  appariteurs  ou  Miniflres  dc  juflice. 

Xcs  parties  qui  avoient  quelque  difFerent,  011  qui  eioient 

acculees  de  quelque  crime ,  fe  pr^fenioieni  &  sVxpllquoieni 

eileS' mcmes.  L^dfTaire  eioit  examince  fommairement ,  Sc 

fans  Eormalite  judiciaire  :  le  Juge  s'appliquoit  principale- 

ment  au  fonds  ;  non-feulement  i  d^cider  ce  qui  eft  jiifte  , 

mais  a  en  perfuader  les  parties  ;  a  leur  flier  touie  aigreur 

&  loute  animofiie  ;  a  tes  guirir  de  ravarice  &  de  l'aita- 

chement  aus  bicns  tcmporels  :  alnti  en  ufoitS.  Augul^n 

dans  fes  aibitragcs  u. 

FeSJ.vita  .    Cettercgle,  dejugerdans  ralTeinbleeduClerge,  duroit 

''*^'  encore  audouzt^mefieclstcommenousvoyonf  dansGra- 


r  Ls  Pape,  cntnmc  chef  ie  Vi%\Vt,  a  en  elTit  droic  de  veil: 
ler  lur  loute  r^glife,  fic  conieqkiemmeiit  fur  tuui  li:i  Evsqnei 
miiil  fuinDC  fufnge  *]e  rfgUre  ia  FriDCe  ,  il  ne  peut  pas  lei  juge 
lui-mime  en  premliFG  inrtauce.ni  par  dei  coinin!irsires;  i[i  „, 
yeiivenc  l'iire  que  daiis  un  concile  compafc  <1e  ilouie  Lrequcs  di 
Ii  provliice  ,  &  Tappel  de  ce  jugemeni  eft  poit^  au  Pape. 

/Lei  jleQioai  dei  Evfques  fe  Gieiic  long-teinpt  par  le  ri.lTrage 
du  clecgii  da  la  vitle  >.'pircopHle  Ec  du  peuple  ,  ii^rqu'J  ce  quc  lei  Cfia 
naino  itc  U  catheJiiile  i'actribueieiic  ce  dioic,  excliirivemeiic  ai 
peiijile. 

t  Cei  PrScret  jioient  ceux  de  ron  fgliTe ,  qui  faimoieiic  fan 
«oiifeil  oidliiaire  ,  »ppeli  Piiibylerium. 

uToutfeque  rE^r*  eKei^oitde  juiiillftion  exljiieure  dans  cei 
pietnieri  Umpi  ,  clle  d*  le  tiufaic  qiriiKr  voknui  ,  &  pai  vaie 
d'<irbiti«ge' 


AU   DROIT    ECCLtSIASTIQUE.       45I    

tien.  Si  rafTairc^toitimponantc,  rEvequcnefccontcnioit  p^pxT.  nil 
pis  de  conrulrcr  Ics  Clercs  qui  refidoient  onlinnirc^ciit    nrAP  ". 
dansla  ciic&  pris  de  fa  pcrfonne;  il  convoquoii  ccux  (jui    '(■  «■  "■ 
«loicm  difperfes  par  lcs  ihrcs  dc  la  campa^ne :  &  cctie  af- 
fembltjc  cntraordinaire  cft  ce  quc  nous  appclons  aujoiird'hui 
ie  Synodt  d'iocifain  x.    Lcs  Eveques  s^aflembloieni  aufli  de 
temps  en  temps  aupr^s  dc  leurs  MetropoUtains,  &  for- 
moicnt  les  Conciles  ou  SynoJet  provineiaux.  La  fe  jugeoicnt 
les  plainies  contrc  lcs  Ev^ques  menie ,  &  les  plus  f>randei 
aflaircs  dc  rE<>lifc.  Voili  donc  Ics  deux  tribunaux  ordinaires: 
TEvcque  aHill^  de  fon  Clerge ,  &  le  Concile  provincial.  t>ans 
le  premier  iribunal ,  rEveque  cioit  feul  Juge  y  :  dans  lc  fe- 
cond ,  lous  lcs  Eveques  ctoicnt  Juges ,  &  avoient  le  Mitro- 
politain  pour  Prifident. 

Nous  voyons  des  Conciles  provinciauT  dcs lc fcconJ  fii- 
cle  I ,  cc  qui  pcui  faire  croire  qu'lls  onr  toujours  eie  en  ufa-     Caa.  f; 
ge ,  autani  quil  etoit  polTible  pendant  les perf^cuiions.  Le 
Concile  de  Niccc  i  ordonna  qu'ils  k  licndroieni  deux  fois 
tous  les  ans  ,  une  fois  au  PrimcmpB ,  une  fois  rAuiomne. 
Le  prcmier  dcvoit  fe  tenir  avani  leCareme  ;  altn,  dii  le 
Concile,  que  toute  animofiii  eiant  efiacie  ,  on  prjfente  i  Canlt.  oft^, 
Dieuune  offrande  pure.  Parla  m^oK  raifon,  il  itoitrecom-  *■  '■**^' 
mand^  aus  Evt-qties  de  tenir  leur  audicnce  le  lundi ,  afin  que 
les  panies  euffent  louie  la  femaine  pour  fe  reconciiier ,  8c 
pulTentle  Dimanclie  lever^DieudesmaiiKpurcs,  fansco      j-j„  ^,^ 
lere,  nidifpute,  commeditrApotre.  LesformulcsquiRous 
Tellent ,  pour  la  lenue  des  Synodes  &  des  Conciles ,  nout 
font  bicnvo;rqucc'etoiides  tribunaux,  oii  roMJugcoiilet 
diff^renis  b,  &ouron  corrigcoit  let  fjutes;  mais  e:i  cfprit 

X  Cei  fynodti  r«  ttnoient  aulrcroit  cii  ilcux  :cinp>  de  rinnje  , 
Biix  cilciKlti  de  Mii  b  i  cetles  de  Novtmhic.  P.-^lentement  ili  n« 
le  [ien.iei:!  QrJlniirement  q^fune  foij  rannie.  L^ohjet  de  eei  fy- 
imdei  cit  de  icglei  ce  cui  coacerne  1«  difcipline  £:  lei  ir.ceuit  da 
Clert:*. 

y  Le  Clerfii  de  r*T*iine  ijui  faTmoit  fon  eonfi^il ,  n'jfoii  qnc 
voiii  cunliiliaiive  ,  !t  non  pM  voi>  d^libf  rative  ,  TEvii^ne  ayaoc  lenl 

y  O"  pourrcii  compter  pour  le  premier  conciU  ptarincial ,  ce- 
lui  dc  JJnifalcin ,  lcnj  en  (i  ,  dont  l£t  Aflpt  dei  Apfiirei  fcnl  men- 
lion,  Ceiit  <]•:!  furtnl  lenui  dini  le  fecond  f«tle  ,  font  iei  concllet 
tle  Rome  ,  de  Cff.ru:,  Ji:  Poni ,  de  CoiinjSc.  d-Ofrhoi^nc  ,  de 
lyon  6(  d^Ephele  ,ei  i!)6id«  Home  ,  EC  dc  Lyun  ,  »^,]S7, 

^  Ua  doii  eDicaJia  lci  cmz  ^  cohcernoUnt  1t  dtflptie  6ii'lt 
f  f  iij 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.      4jj 

Mais  quand  on  venolt  a  la  difcuflion  des  afTaires,  on  lcs  pakt»  III 
iatfoit  fortir ;  &  rArchidiacre  fe  tenoit  ik  la  porte ,  afin  que  cmap.  il« 
fi  unPr^re  de  dehors ,  un  moine ,  ou  un  lalque  vouloit  faire 
quelque  plainte ,  ou  quelque  autre  propofition  an  Concile , 
il  eut  i  qui  s^adreflfer.  Toutes  les  afiaires  etant  termin^s , 
avant  que  les  Pires  fe  retiraiTent ,  on  leur  iaifoit  foufcrire 
f out  ce  qui  avoic  it^  rigle ;  foit  pour  les  caufes  particulii- 
res ,  fott  pour  le  gin^ral  de  la  difcipline :  on  publioit  le  jour 
de  la  Pique ,  &  on  indiquoit  le  jour  du  Concile  prochain: 
on  concluoit  le  Concile  par  des  priires ,  pour  demander  la 
rimiffion  des  fautes  que  Ton  y  avoir  commifes ,  &  la  con- 
fervation  de  Tefprit  d*union :  rous  les  Eveques  fc  donnoienc 
le  baifer  de  paix ,  &  le  Metropolitain  donnoit  la  ben^dion 
iblennelle. 

Daos  les  occafions  extraordinaires ,  quand  il  s*eft  trouvc 
une  grande  divifion  entre  les  Ey^ques ,  principalement  en- 
cre  ceux  desgrac^ds  fieges » op  a  tenu  des  Concilts  acuminlques^ 
c'eil-idire  4e  toute  la  terre habit^ble/:  comme  les Con- 
dles  de  Nicie  ;,  d*Ephife  ,  de  Calcidoine,  &  les  autre» 
jufques  au  concile  de  Tren^e ,  qui  eft  le  4emier  A.  Ce  nXl 
pas  qu'il  y  eut  en  dTet  desEv^ques  de  tout  le  monde  Chr^ 
cien ;  mais  principaleipent  4es  pays  oii  les  diviilons  que  Ton 
vouloitapaiferrignoient  leplus;  &  touslesautresavoienc 


Conftintin  ^toit  a  celui  de  Nic^e  cn  )X$  ;  Conftintiui  i  celui  \\9 
Mtlan  en  )SS  ;  Cliarlemagne  i  celui  de  Francfort  en  794*  Prjfente- 
ment  les  Princes  catholiques  j  envoient  leurs  ambaflatleurs.  Au 
concile  de  Nic«^e,  tn\%%  ^on  admit  les  laTques  exerc^s  i  la  dialec« 
cique.  Au  concile  dc  $ardi<iue,cn  )47  t  les  Ev£quesd*Orientavoienc 
amen^  avec  eux  deuy  Comtes ,  efp^rant  domincr  dans  le  concite  par 
la  puiflance  fifculi^re.  Oans  lc  ncuviime  fiicle,  Nicolas  1  fit  un  d^« 
cret  portant  que  uul  Princc  fdculier,  ni  homme  lai ,  pr^fumit  d*af- 
lifter  aux  conciles  eccUliaftiques  \  finon  qu*il  fiit  queftion  de  la  foi. 
11  y  eut  cepetidant  encore  plufieurs  conciles  au:(quels  •(liftirenr  det 
luiques ,  entr*autres:  dans  un  concile  dc  Paris  en  1053  ,  81  un  con- 
cile  de  Njibonne  tn  1054-9  auxqueli  aflift^rent  phifleurs  nobtet 
lai^^ues  \  tti  concilc  de  Montpellier  ,  en  u  is  1  auquel  aflift^rent  les 
Barons  du  pay».  Les  Ambafladeurs  de  rEmpercur  81  du  Roi  tf« 
Cft^rent  au  Coiicile  dc  Trente. 

/  On  entcnl  par4J  toutes  les  parties  du  monde  ,  qui  ^toienc 
alors  coiHuies ,  k  dans  lefquelles  il  y  avoit  des  £v6qttct  liulias. 

£  Fn  }xs-  Ceft  le  premier  Concile  g^n^ral. 

n  On  compte  commi<n^meiit  loConciles  gin^raux  ,  y  cofrprjt 
cduide  Trente,  qui  eft  le  d.^rnier.  II  commeii^i  lc  i\  O^cci&brc 
i;4$  y  &  fiaitle  }  Dcumbrc  1^61. 

Ff  iv 


4^ 


17. 


f    : 


I   1*1.  tjTCi!  i-»r  b  V tTr:i*r    ,        •.'::vv:  •  :rr-"T:i:. 


-    r-  -   i»TS--  f 


. b       '  I ■ mm    >       ■ ■ 


tiiv^'?  i"»'""; ".'  ■  •      •■  ■•!  •••     ?•■      .■",■.     ■."..""  " T.r..' 

t-  ■   •»*•  ■     ■=..        i;i-*  -I       t.  .--1..       ■■   •:■-••■•■»»        -  •-■i«»r" 

1'-*!  "  ■  ■  ■    i  -  .    •  ;  ■  '■  •|i*— «f-  .    '    !»••    ■  i    .   n       •■■  r^iir  T^-'': 

.i.*' T*  :if  .    .  T'.i::'J;t     m.    :      L(ill-il     ^  .  C^IJUII. 

^*  ■  .  . .  .• ,  .f. I  . 

■  .•  —  •  ■.        ,•••        T^'^»        .#•■•»#•••-■   n  «'T-     —rrTpi;-"  JTT"'** 

-     •    '       ::j:.-     ^  ^.f"»!:.!:    u    '■:-'i      c     ':;    :   l  ::•: 

1"       '..         :    "."-:•.!  v.^riii^r    i:   r"-auc    t*::!:    rra:; 

!-'■  ■  ■-'■  ■  ■      ■'•.•■r""'nni:;ji  .  .      •.•i :■-•"!•    T  ;*•     r:3';''':i!'.T:    v- 

T"'*          ■f--    ...■••ii.«-   ■  tf»«  •■••••     »--••■•• -•■^<-     ri*:jr;r"T""   ■i*"-'  • 

||fr»»»  .«t,       ■■  -;f       1       I';:"  ■•■       •■  *  •••ii»«"      !•'     TT::~"'"       •LLTlt^ 

tT.^-.:-.  ■  ■.'    :     ■ -.^iii:-    t    . .  i!T!."rij    c    ce    •Fttr-JC.T»   '-•.-- 

f  ■  .  .         ■■'.'•      :     ■•••«■••*?Ti  ■  i;^„*  *"     '■    '"•'"IL'   l:         i-**.!-"'!!  — 

■!•  r  ..- 

!         rt  -   * . . .  •         I      ♦•1 .,.»._       f  • 

—  ...  ...  ■  ^A 

ti.     -   •   ..      -   ■■     "  ■ 


i    .   m  TJ»fT  -•■  .  ••■■         -■..        ,    ,"""?:  •""■!- •■» 


II».»-   ..-  ••■      .       •!■■  •  if  ■■••,■'■, I.  "       "!:■      •-     *      '     ■•^»^ 


1      -  -  ■  !.•• 


•"■■    ...         -■••■    ,«.  •■••   .,   "1"      Ti*i-.»^^"    ^-tw^J  ".  ■•- 
J        ».•     --•:q    ■    -           .      I   .    T»,  ,       ■        »;                 r"'":|'       kZ*'      ^V-'*"'lf'^ 

zvi.     :\     :     :■  s:    V.     r    vi.jn».    ^. •■.■i^r    r    '.'S.-^t-  ^:.:i 

*■■*■■           7?*".           ■«                  ■■■         ■■         •^■■•ii"".      ■"                  ^*""            -•'^        I  *   ^" 


■"    ■._.■!  '.' 


.  ••  ^ 


i  . 


....1  ."■       t^-.! 


1  "  .  -     i  .     -  t 


.«.II      ..I 


■;^£.  -s  ..■.-. .«^ !:.'■<&   jL   «a  M4»«**s-.£-.^fj«i.u..-s 


AU  DROIT  ECCLfiSlASTlQUE.        4^7  . 


l«i  le  Chauvt .  les  picrre»  civiiei ,  &  1«  courfe*  Ae$  Nor-  I*a»tii  I«- 
-lands  fiirent  iin  bien  pliis  grand  obflacle  au«  Concilcs  pro-    <■**'•  *• 


vincicux  ;  &  la  divifion  des  petiis  Seigneurs  0 

Bieme  voil  :  cnforu  que  dans  le  diiiume  ,  i'on£i^me  Sde 

douzi^me  ficdc ,  il  ne  fe  tini  gu^res  de  Concile ,  que  par 

]'au;orite  des  P<ipes,  qui  y  pteGdoient  par  eui-mcmes  ou 

parleur&Ltfg^its. 

Toutcfoit ,  Innoccnt  11! ,  au  concile  de  Latran  p  ,  re-  J-  ^p'^ 
oouvela  encore  la  r^le  des  Concilcs  annuels :  mait  ell« 
fut  mal  obfcrvi-e  :  &  dans  le  fiecle  fuivant ,  nous  voyooi 
un  Concilc  de  Valcnce  en  Efpagne  ,  t'an  1313  ,  qui  les 
ordonne  feulcmtini  lous  les  deux  ans.  Enfin  le  Concile  dc  Ctit-  Baph 
Baflea  rediiitatrois  ans  roblif.ation  de  tcnir  d«  Concilcs /""^-  '*"-^. 
ptOvinciauK  ;  &  ceire  ri-glc  aeie  ccmfirmi-c  par  le  Con;ilc /,«■  |j.  k.<. 
dc  Trente.  11  veut  quc  ces  concilcs  fuicnt  rcnouvelcs   par>  1. 
toui  oii  ils  auront  eie  omis  :  quc  tous  les  trois  ans ,  au 
moins,  chaqtie  Meiropolitain  ne  manquc  pas  d^afTcmbler  le 
Conclle  dc  ja  provincc  ;  &  qne  tous  lcs  Evcq^:cs  &  lcs  au- 
tres  qui  ont  droit  d'aITifler  au  Concile ,  folcnt  tenus  de  s*y 
trouver :  juiques-Ia.  que  Ies£vequcsquipretendentn'^ire 
fuflVagans daucun  Archeveque ,  doiveni  toutefois  en  choi- 
fir  un  ,  pour  fe  rangtr  i  (oa  Concile  ;  le  toui  fous  les  pet- 
nes  portccs  par  les  Canons.  En  France ,  rei^uiion  de  ce 
Oecret  a  eic  ordonnee  par  rtdit  de  Melun  q ,  par  celui  dc  ^ '  '■ '    •• 


■iixiucli  lei  E*ji]iict  Sl  Crindi  6a  Rojnume  ciirtnt  pirt ,  nc  font 
cnmpofifi,  pour  \t  plul  gunde  partie ,  qiie  de  rJgUm«nt  fnr  ict 
malieiei  ecclcliiilliqiiei,  tellci  (tuetci  Sjciemcm  ,  lei  Archevffguet, 
Kv^quel ,  Pr«lrei ,  Diicrei  b  Knrei  Clerci  ;  roffiie  ilivin  ,  Ici  CN* 
communicalioni ,  lei  Relisiru*  H.  Relig<eurei ,  lel  diKmei ,  bc. 

B  Lei  Seigiteuii  donl  pirlc  icl  M.  Fleuiy  ,  font  ,  non-feulemcin 
ctux  qui  ufurperenl  1i  Simveriincte  de  quelqiiei  ProTineei  ou  peth 
piy!,  i!ini  lei  Xe.  &  Xlc.  liiclii  ;  miU  de  certiini  Seigneun  pir- 
lii;ulieri  i|ui  ,  r*ni  ittt  vmiment  tanreriini  ,  jioicnt  >tlcn  pu<lljnf 
)>iiur  ufer  dei  dialti  rcKntieni ,  leli  que  lei  Duci  de  BourjtORne  , 
de  Normindie  ,  d*Aquii.ilne  &  lulrei,  tt.  mdnc  dei  Scigneun 
beiiicoup   moini   confiitf^thlei ,  qu!  ftoicni   canilnucUemeni   ea 

/>  Cett  cetiii  qui  fe  lint  en  iin. 

1  Cet  cdtt  qui  e(i  Ju  moii  ile  Ftvricr  ll'"  .  quoiqnc  dlrf  il* 
Piiii  ,  a  iti  ir-i-eV'  ;i.'if  i'e  Mtlun  ,  p.rcc  qii"tlfiit  donne  fur  tei  plain. 
tei  &  icmoiiti.ini.ci  i!ii  l..'.tTf*  de  Ffince  ,  (iSni-nltment  stlemblS 
p.<r  peiniiHicii  .tii  itoi  llrnfl  III  en  la  eitle  de  .M':nn.  faiikle  t  , 
qri  clt  ce  vi  T.i  cnictTuc  l^  lenue  dri  eoncjlei  <  ailmoncfte  lcl  .Ar» 
cJwviiui.1  Mi.(iupoliL4uii  du  rojiuiac;  tt,  iiJHUDOioi  lcut   ciijolal 


f^UH**tff1rj  i   \ 


•  -\  -:\r.^.. 


I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

J^ABTti  ilt  xtfiOy&paruneDiclarationde  1646  r.  Toutefbis,  ilmr 
CsAf •  II.  t'y  eft  point  tenu  de  Concile ,  depuis  celui  de  Bourdeaux  » 
tn  1624/. 

Bsy~~       ■■  ■ —        ■'  ■  ■  ^^ff3 

CHAPITRE    II  L 

Dcs  Jugcs  ordinaires  ou  DcUguis, 

LEs  Eviques  teint  furcharg^  d^affaires ,  particuli^re- 
ment  dans  les  grands  fieges ,  fe  dechargeoient  du  juge- 
ment  de  quelques-unes ,  fur  quelque  Pretre  ou  fur  l*Ar- 
chidiacre :  ce  qui  devint  plus  fr^uent ,  depuis  qu*ils  eurent 
^ndu  leur  jurididion  a  la  plupart  des  caufes ,  m^me  civi'» 
les.  Les  Archidiacres  s*accoutumirent  fi  bien  i  juger ,  qu*ils 
pritendirent  que  la  juridi£Hon  leur  appartenoit ;  &  ea 
pjufieurs  diocefes ,  ils  en  ont  prefcrit  le  premier  degre. 


At  tenir  les  conciles  provinciaux  dans  fix  mois  prochainement  ve- 
iians ;  &  des-lors  en  avant ,  de  troisansen  trois  ans  ,  en  tel  Ueu  dc 
leurs  Provinces  ,  qu*ils  connottront  ixxt  plus  propre  pour  cet  eflfet  , 
pour  pourvoir  a  la  difcipline  y  corre&ion  d^s  moeurs ,  &  diredion 
de  la  poUce  eccUfiaitique  ,  &  inftitutjpn  des  Seminaires  &  ^coles, 
felon  la  formp  des  faints  dicrets.  Le  Roi  d^fend  k  tous  fcs  juges 
d*emp6cher  diredement  la  cel^bration  defdits  conciles ,  &  leur 
cnjoiat  de  tentr  la  main  k  Texecution  des  D^crets  &  Ordonnances 
d*iceux  ,  fans  que  les  appellations  comme  d'abus  de  ce  qui  fera  or- 
donne  auxdiu  Conciles ,  pour  la  corredion  &  difctpline  eccl^fialU* 
f ue ,  aient  aucun  eftet  fufpenfif. 

r  £a  i6si  le  Roi  ^criyit  ^  M*  rArchev£que  de  Rouen  ,  pour  la 
tontinuation  du  Concile  provincial  qu'U  avoit  coipmenc^.  Les  allem- 
}>lees  du  Clprgi^  de  164^  8i  de  16(0,  confirmirent  les  prec^dens 
r^glemeni  pour  la  t(si)ue  des  Conciles  provmciaux.  Celle  de  i6$o 
envoya  m^me  uae  lettrc  circulaire  dans  les  Provioces  a  ce  fujet ;  & 
rallembUo  de  1670  fit  fes  rf  montrances  au  Roi ,  pour  obteiur  U 
cel^br^tion  d^  ces  conciies.  i\%  ne  peuvent  txxt  attembl^i  fans  une 
pcrmiiCon  fp6ciale  du  Roi ,  nonobfiant  ce  qui  eft  port^  par  TEdic 
de  Melun  ,  ^  autres  r^glemeot  poft^rieurs. 

/  Lcs  Cpnciles  tenui  en  France  depuii  le  Concile  de  Trente  » 
fontceuxdeReims,en;s64&en  is^S  ;Cambrai,  eni56s;Houen  , 
cnisH|;Reims,Bourdeaux  &Tours,en  \%%\  ;Bourge$,en  istt^; 
Aix,  en  hK^  i  Cambrai  ,  en  k^6  *,  Touloufe,  en  1590  ;  Avignon  , 
cn  1^04  ;  Narbonne  ,  en  1609  ;  Bourdeaux  ,  en  16x4.  Les  Jernierf 
£onciIcs  reglfint  1e  ten)ps  pour  la  tpnue  des  Conciles  i  trois  aps  » 
jk  outre  les  peines  portfSes  par  Ici  anciens  canons  contre  les  £v«- 
4ues  qui  ncgligent  d*y  aOifter ,  ils  d^cernent  encore  la  privation  d» 
,ki  troifi^mp  oa  dc  la  quatrien^e  partje  de  leiirs  reve nus  applicablet 
(tn  <ituv£es  pies  ;  teli  fontl^i  Concilps  de  Reims  &  dc  Bourdeauxm 
•  S^S  I  dp  ^Qttrges  |  eo  1584  |  de  BQurdeatuc ,  ea  1614« 


AU   DROIT   ECCLfiSIASTlQUE       459 

Cela  fir  que  les  iviques  aimlrem  mieux  commettre  des  p^nxiB  rik 

Pretres ,  leur  donnant  des  commiflions  rivocables  i  vo*  chap.  Uu 

lonte.On  ies  nomroa  Vicaifts  ou  Officiaux;  &  nous  trou« 

vons  le  nom  d^Official  employi  en  ce  fens  r,  pour  celui  qui 

exer^oit  la  jurididion  de  TEveque  ,  dans  une  lettre  de 

Pierre  de  Blois  ,  icrite  vers  Tan  1 179  u.  Nous  voyons,   ^*  ^^/*  ^* 

dans  le  fi^de  fuivant ,  des  Canons  pour  regler  leur  con-  '^' 

duite  ,  en  trois  Conciies  de  Tours  ,  des  ann^s  123 1 ,  Ta.  w.  comc. 

1236  &  ia39:&ony  voit  que  les  Archidiacres  mteie ^^^''.^"Vw 

a voient  des  Officiaux  x.  Depuis  on  a  diftingue  les  Officiauv  4. 6.  ^  i6|. 

&  les  Vicaires ,  nommant  Officiaux  ceux  i  qui  TEveque  ^*  '* 

comniet  Texercice  de  la  jurididion  comentieule ;  &  Ficai' 

tu  giniraux  ,  ou  Grands-Vicaires  »  ceux  k  qui  il  commet 

la  juridiQion  volontaire.  Les  Officiaux  fe  multipliirent  ex- 

ceflivement :  les  Chapitres  exempts  y  voulurent  avoir  les 

leurs,  &  les  Ev^ques  en  itablifibient  quelquefois  plufieurt 

dans  un  dioc^fe^;  fous  pr^exte  de  la  multiplicite  des  af« 


t  Plnsincicnnement ,  le  ttrme  d*O0uialit  figiiifioit  uo  Officigrdt 
rSvique  en  g^neril. 

u  11  n*eft  poinc  fait  meotioo  dcs  Ofliciaos  daoi  lci  D^cr^tslei  do 
Gri^gotre  IX  ;  ce  qui  a  fait  croire  i  quclques-uns  ()u*ils  n'avoien| 
M  2rablis  quc  depuis  le  Pontificat  dc  cc  Pape  ;  mais  uu  Concilc 
dc  Tours ,  Mnu  cn  1 16)  ,  prouvc  qu*il  y  avoic  il^ji  des  Offi«;iaux 
#0  Francc. 

X  Dans  quelques  Egifes  od  PArchidiacrc  a  noc  furididton  ,  il  a 
encorc  fon  Official ,  commc  U  fc  %oit  pr^fcotemeot  k  Lyon  &  d«iif 
quelques  autres  Eglifes. 

/  Les  Chapitrts  exempts  df  la  )uridtdioQ  dt  l*£vlqQC  ont  lcur 
jurididion  proprc  &  leur  Ofilicial. 

f  Quand  lc  diocifc  s'<tead  dans  le  rcl)brt  dc  difli^rcns  Pari^ 
fncns  ,  ou  en  di^ircntet  foQvcrainct^  ,  TEvdquc  nommc  des  Ofii- 
ciat^x  Forains  ,  pour  les  parties  dc  fon  diocife  qui  nc  font  pas  do 
miftmc  diiiri^  quc  le  rcfte.  11  y  a  encorc  une  autre  forte  d'OmcisQX 
f  uc  lcs  Canoniftes  appeUcnt  Ojfclaux  Fonains  \  favoir ,  ccqx  qoc 
fuclqucs  Ev^qucs  ont  daus  ccruiocs  villcs  dc  icur  dioc^fc ,  autrcc 
que  la  villc  pfincipale.  Lorfquc  cos  Ofiiciaux  font  dani  U  mlm# 
/ouverainct^  ,  8c  lc  mimc  Parlcmcnt  quc  TOfiicial  priocipal ,  ils  oo- 
connoiilent  ordinairemcnt  quc  dc  cauif  s  ligtm  ,  H  i'appcl  dc  Itur 
fencence  va  a  TOfiicial  principal.  11  y  a  i  Bcr  un  OflkUl  Foraia  du 
^iqc^fc  dc  Toul.  L*Archcviquc  dc  Lyon  dcvrolt  avdir  dc  mlmc 
dcs  Ofiiciaux  Forains  pour  lcs  panics  dc  ioa  diocAfc ,  qoi  (bot  d'uii 
Qutrc  rciibrt ,  commc  font  Pij^o  ;  ccpeodaiu  il  o'co  a  poiol  Daos 
lcs  afiaires  f  iviles  ,  i'Official  4«  LvQQ  ioftiuit*  Ocni  Ui  afairci  cri« 
ninelles ,  il  d^I^guc  fur  lcs  Ucux.  M.  ^t  S.  Qcorgpf ,  ArTcbcvlcue  do 
Lyon  ,  obtint  «les  Lettrcs-patcotcs  co  1696,  qui  lc  ^pcolcrcat 
'cl'<tablir  un  Oificlal  Foraio*  Quftlgqci  SQtrcii  fivl^ots  9tK  fibttao  d§ 
HtmbUblci  Lcttrei. 


^6t* 


T  K  If  T  ]  T  r  T  :  -^  V 


-.,  scr£:    Or  .  c'e:o:-   -j-   cs-  rrrrji-  os    /:7?-  •".■r'j'j-r=     •^.:' 
«5  (Jn:;;rr-  -::-r .:  ^:^:..    r.^  —..-r-. 

C"T"        13         .-         ■  ■"  •  J .       ~"i^  — •        ^  -%^f       »'       ■•-»-.»••1    i»^.       -j«i"  --     -■     .»; 

ft.  «^  .•..■..»^  M*«  ^-.  ■...•I  •■  ••.        ^.AA^a*  ^»...  ^  ■•talita^ 

rr --•»  ii..;:,j-. .  C3i::ri  ie>  ij^cr^rn»  ^e-  i^"::7iie'    r  j::^-.!-:: 
ci-.-..    icurr.if-   er  z"^'.:2r;nn-  cri^niT^i-      L  :..-n:r:i   ::?«■ 

i.r.ni''.-2-   -,:ci--'z:  c-rszr/d-  Tzr-z-   .  '  rk-.;::?'  jr::t  n  ::.:••■- 

(»  .  »■  •  .  ,  - 

cnsriHeir. ■::.•:•  u-.  -'■^re^  sl:  ::■  Tirir.rir-a.i  i"U'wl  cl  l-".-j*::'Ti- 

*  •  -    ■ 

^i  ••^-      fr  -•*ri--**rr»''     ^--.■-»r--»»i**'».         I       .-»-■!■-      •■••    i      ■    -       -  — 

M.im^  .  •  ■         k-%.        t  k  ■•«^••.i  ^Ai  ■..  .         ^^  ^  •^.•..  ..        ....  A.         .....  ..  •  .-.-  »  .  ita  *  •» 

tr~nv?-vr:i  jr^r.:  r.^rr.jTL  C.fri^iM:'  •  aCiT  :"...:;■■=  i-...:: 

•   •  - 

lcr::  •  *i-  ^ :.•■!•:::  x.:-s-  cr  canze*  ci-..  M!!:ir .  t:  r»  .T.jn-  ir.  ■.•?« 
c'.  ::'jtrr-f--  -•  ji.  1-.',  sr-ii-.  auuiv  cii  le*  V-irre?  ii^  i.-^-  r-.r- 

C .......     ■..     ,,,|.     .     ,.-•••-».      'k:-ii^    r-     .?T-k';.'.    r»i     "ir    :   —■r-   ■      •- ■  -  — -  - 
...1  .  ....  ^.Ita.^V  .•  X..  .  k  I    •  ^   .     .  ^^  k.  •.!  ....•&-a^  -.  k 

W  -  .  -       . 

f    *•  l'r        .i  .  -  ••••r»»-.  f.    ••     -T  !■••■       -  ■  -T*""   ■•—  !  '•       --»..         s 

L-.-T.::".;^  :..  ^  uroMnc-.. 

1  n--  liiu' cioru  T?a-  ^"i^^nnr  i.  li "efnsr.  nnir  le^  iiir;- 
r^en-  £C;.i-.:iuft.::ue:  tiisiir.i::  .  L  {.  r.r.w  '■  tunnit^r  r.:  ::-:- 
c.r'J.  12'  cjni;:re:  .  cj-  li:  uonr.i  i.^  ;  .- a{I..>i:iir  i^r^rj  ^.^ 
:;;..ur*iLj:. .  :  meiLir^  ruc  Li.^  ;jrs:.iliit;*  ^   c~:»aI:Men":   C-i: 


T'«  .^1  - ' 


•ys    .  -  ,. 


i 


•»     .    . 


•^-     .«1 


I  -  -..  .» 

>  .    B    .  .    < 

-  .  .«  ! 


...  I  .«                             ...      ■  .  .-        ;•»                    • 

...  •     ...«•i^          i       ..li...  :           .         > 

•  ■      ...  .    ..«.•...»«■••-.       ■   .."•■/ 

■  1  ■"•'■■■         .'"-'.     I       ■     ' 

.     .       tal  .■..1...^         .•     ..              ^..... 

—..■■«     ......  •■•      -■           •.■              .. 

■-  1  .*••  1  «     X*"if«      - 

1  .                 -''...il..       .          !■..               ■ 


P- 


»•-,■■  * 


t     p*    •«    «  •- 


I>       ..^ 


...I  ft.l  «"<•«■ 


•  •  — % 


•  I*  »•* 


•  *  > 


*m        »  «■ 


■  ■■-    '    .-•■ 


AU  DROIT  ECCL£SIASTIQUE.  46* 
m^eton  plus,  comme  dans  tes  premicrs  temps,  d«s  juge-  pAn-nB  Ttl* 
menschatitdbles.oiironcherchoit  amiablement la  verite,CHAr.  HU 
&  oii  \'on  fc  propofoit  dc  retablir  la  concorde ,  &  de  cou- 
per  iurqu'a  la  racinc  ics  divifions.Dans  ces  derniers  temps. 
c'<l'toit  dcs  jugcmcns  dc  rigueurt,  oii  toutesles  fubtilites 
du  Droit  ctoient  employees;  oii  perfonne  ne  relichoit  de 
(ei  intcrcts ,  &  oii  \cs  paifions  fe  nourrilToicnt  plui6t  qu'elleft 
Dc  «'eteignoicm.  Les  Pretrcs  &  les  Clercs ,  qui  £'empref- 
foient  a  pourfuivre  dcs  proces ,  ou  i  les  jugjer ,  n'etoieiu  ni 
lcsplus  diaritables,  ni  les  plus  faims.  De-la  vient  (jue  les 
Ptincesont  retirc  une  grande  partie  des  pouvoirs  qu'ilf 
avoient  accordcs  a  l'Eglife ,  &  que  les  pariiculiers  ont  au* 
tantaime  plaider  devantles  Uiqttes,  puifqu')!  n'etoit  plus 
<]ucflion  que  de  plaidcr.  te  mal  efl  que  rEglife,  pour  avoir 
trop  entrepris,  a  perdu  la  pofleflion  mcine  d'uae  partie  de 
fes  droits  J. 

Pour  expliquer  T^tat  prcfent  de  la  juridi^on  ecclcfia^ 
lique,  ii  faui  obfcrver  qu'il  y  a  deux  fortes  de  Jugesj  le» 
}ugesordinaires,&lesJuges  delegu^s.  Les/irjM0r<£jMir<(, 
font  ceux  qui  oni  la  jurididion  par  eui-mimes;  lavoir» 
les  Ev^ues ,  &  leurs  Offidaux,  qui  les  repreTenteni ;  lei 
Meiropolitains  ,  les  Primais  ,  le  Pape.  Les  Chapitres 
ezemptsfont  encore  Juges  ordinaires  de  lenrs  corps ,  &  dc 
quelque  panie  du  dioc^fe ,  en  plufieurs  lieux  oii  ils  en  font 
en  poffeffion.  II  cn  eH  de  m^me  des  Abbes  de  quelques 
Monallcres ,  qui ,  outre  rexamption ,  ont  encore  juridic- 
tion  &  terrifoire ;  mais  il  y  a  peu  de  ces  privilegei ,  qui 
«ient  pu  fe  foutenlr  comre  un  examen  rigoureux.  Les  Ab- 
b^r^liers,  lesPrieurs  claufiraux,  & generalemem tous 
les  Superieurs  de  MonafUres  ,  ou  d'autres  Comniuaaut^s 


t  On  comnien^a  i  condimoer  auK  depcni  en  Cour  d^Eglife  en 
)l6)l ,  pir  ordie  dii  Cu'icile  iu  Touft ,  ■aquil  le  Pape  Alenmln 
III  alTillu.  L^irjge  de  condamner  ta%  d^peai  ne  cammeiifi  eo  (Our 
Ijjie  quc  foui  Ie  rigne  de  Chir[e)-le-BeI  ,  veii  Ten  i ;  i6. 

d  On  lii  iwM  ^xt  a  TEglirc  de  fi  ouin^ince  rpimuelle  ,  qui  lul 
•ppartienl  de  dioic  Divin  \  an  tui  a  leiitemeiit  txi  uae  pirlie  ile 
la  julldiaion  conleiiUeure  ,  en  mititcr  pror«ne  ,  doiic  clle  itoit  ea 
poltellicn  ,  coioine  de  connolcre  dei  conventioni  de  miii«ge,  ruuc 
*pri.'[cHie  qu'ellei  fc  riiroienci  la  poitc  de  fEglirei  decannottic  d«t 
legt  pi.-un  ,  b  m^me  det  Ceninieni  oil  il  n'y  en  avoic  point  )  df  ■ 
c^btei  Jet  veuvei,  d«t  orpbcliBt,  det  pailrcet  Ec  auiiei  pcrfoaoM 
«iUriblei. 


M     r-F'.:;!=' 


Kr 


emrmnii  ».  a-.  ioe-  connr-  ou  toc-  Tn-.  cr-Tiz= 
citi;.  ?nn  ..  flt^auo-  C:  laoueu-  s;r-  DOi>vrr-  srrrT^  : 
tJ-  aK.r  raarp-yra-  tngniiggpr-    k     ^sr.r-.-jar-  ^bc^- 

nr,  r-oT:T:T;^ei-.cr!S!rBti?jnrraa-.  d.  BtTuriMM-i  ^  sur 
1  :;:?rn-Tr- auiT  M  Li,-^-  dl,  lar-  esfc-  (tir.  ler-  ts^- 
!■-■      cT»rr£r-  iri     is    onvvtrT- o.  '•ebi.    iin  js  ti^ 


r-  •-r.--tn.     ( J-  TiEiTeKrpftcomrrf-DOB-  litisus-  Wtt»- 
ris"  f..:nHr.  .  tt-  tceaHBtcr   c  ...■ri.   nna.a=aw  ci  air 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.      4«!  

l^  pouvoir  dcs/uges  delrgues  cft  borne ,  par  les  tennet  pj,KTit  lU. 
^  leur  cominiflion  ,  qu'i!s  doivent  «diferver  cxaAement :  Crap.  III; 
jurquevll ,  que  Ton  a  doute  sTil  lenr  ettwt  permb  (l'admei-     *^"'^' 
rrc  des  exccpiioiu  )udidaires.  La  d^^gation  ficit ,  non-rcu-  JJj^  m^* 
lerocnt  p3t  lc  jugement  de  la  caufe ,  mais  par  br^ocation  du 
pouvoir ,  lcs  chores  etant  enticrcs ;  &  par  la  mort  de  l^Or- 
dtnatre ,  ou  du  del^gui.  En  un  inot,  c'e(l  un  mandemem 
aflreint  aux  Lois  generalet  ^  ce  contnt.  Les  d^legu^  du    C^offaraf^ 
Pape  oni  pluTieurs  avantages  fingulicrs :  ils  peuvent  liilK  tj.ta.t^ 
dilcguer,  i  rexemple  des  dd^es  du  PriDce,  qui  ont  ce 
ftrivilcge  :  au  lieu  que  le  dilegui  du  Juge  ordinaire  ne  le 
peut ,  parcc  que  la  jurididion  ne  lui  appartient  pas ,  mais 
M  Juge  ordinaire.  Le  dcl^gui  du  Pape  peut  eiecttter  lui- 
BMHie  fa  fentcnce ,  fi  rOrdinaire  refiifoit  de  )e  &ire,  & 
peui  ulcr  de  cenrures  :  mats  c'efl  toujours  rOrdinaire  qui 
«ifcute  la  fentence  de  fon  delcgui.  Ceft  auffi  ['Ordi- 
iKurc  qni  juge  les  reculationf  propofiies  contre  loa  del^ 
gui.  Si  Ton  en  propofe  contre  le  d^lcgui  du  Pape ,  elles  fe- 
ront  jug^,  ou  par  les  autrcs  deUgu^,  s^ils  font  phifieurt 
compris  dans  la  meme  commiffion ,  ou  par  dcs  artMtres. 

Tous  ces  privileges  des  d^l^ues  du  iaiiit  iiige  viennenc 
it  la  difficulie  de  recourir  i  Rome  ,  particuli^remem  en 
FraDce,  oiinosRoisnepennettent  point  que  leurs  fujets 
l^dem  hors  du  royaume :  auffi  le  Pape  ne  doit  adreflcr 
fes  rejcrits  delegatoires ,  qu'i  certaines  perfoniws,  c'eft4- 
dire,  ou  aux  Ordinaires  des  lieux,  ou  i  ceux  qui  auront 
tti  difign^  dans  chaque  dioc^e,  pour  ^e  capables  de  re.    .       -  ^ 
cevoir  de  telles  commiffions  A;  mais  les  riglemeiif  AesDi-  f,ff,  ilf.  lo, 
critales  &  du  Concile  de  Trente ,  fur  la  qualiie  de*  del^  c.  flatia.  di* 
gufadu  funtfiige,i]es'obfervempoimenFraace^.  f^V''  "  ^ 


t  Lc  Q,Ut%i  it  Fnnce  n'ifipiouvc  polnt  que  let  commlOiont  da 
Plpt  foienE  ■drtllfei  luK  Ev^aei  in  partibui ,  encore  qut  Cei  Cvi- 
«[uei  fe  trouvaneni  orT|iniirei  Fnncoii ,  i  moini  qu'Ui  ne  rufleat 
COidjuteilti  de  qaelquei  ETtqo»  de  Fnnce. 

I  SuiTint  \»  dernitre  jnrl()>nidence  ,  on  obfervt  qnc  lei  Comsilf- 
filrci  du  Pape  fotenc  dini  le  reffbrt  du  PirleoKnc  oii  li  cmft  ■ 
tommtnct.  11  D'eft  pai  njcetrifre  ^'lli  folenC  dD  diocifc  de  Tic- 
cuf^  oti  du  di^Irndeur  :  it  fuRii  qD'ili  foicnt  dl  mime  PiclcOleDC. 
Vo/tjltt  Mimairti  du  Cltrfi ,  tom.  IV  ,  P*|.i41S  >>  <4|A- 


FM.miIL 

a. 


4S4  INSTITUTION 


C  H  A  P  I  T  R  E      IV. 

Des  Officiers  de  U  JujUce  eccUJijjTique, 

LE  s  Evdques  fe  font  appliques  fi  raremenr  ,  dans  les 
demJers  remps ,  a  juger  par  eux-me.7ies  ;  que  les  Ju- 
ges  iaiques  ont  voulu  leur  en  difputer  le  droit  m ,  6l  lcs 
mettre  au  rang  des  Seigneurs  proprietaires  de  juilices  fu- 
baltemes  ,  qui ,  fuivacr  les  Lots  du  royaume  ,  fonc  obU- 
ges  de  ia  faire  exercer  par  d'autres  :  mais  ii  y  a  bien  de  I3 
difierence.Toutes  Cortes  de  perfonnes  font  capables  de  pof* 
ieder  d  es  Seigneuries  temporeiles ,  meme  des  femmes  &  des 
enfans ;  &  les  hommes  qui  les  poffedent  le  pl  iis  ordinairement , 
fontdes  nobles  portant  les  annes ,  &  peu  inftruiis  des  regles 
&  des  formes  de  la  juAice :  au  iieu  que  tout  Eveque  doit  fa- 
voir  les  Canons ,  &  ^tre  capable  de  juger.  Cell  un  des  prin- 
cipaux  pouvoirs  marques  dansla  formule  de  laconfeararion. 
UOiHcial  n  eft  donc  que  comme  un  lieutenant  n ,  ou 
platdt  un  Vicaire  de  l'Eveque.  II  peut  avoir  un  Vice-ge- 
renr,  pour  fuppleer  a  fon  defaut;  &  c'eft  TEveque  meme 


m  T.ef  Evlqaef  peovent  excrccr  eax-m^met  lcur  jtiricfifiion  vo* 
loiicsure  ,  Sc  ne  font  pas  obligcs  de  nommer  des  Grands-Vicaircs* 
A  r«g3rd  de  la  concc.uieule  ,  ils  ont  ^galemeot  le  droic  de  IVxer* 
cer  par  eux-mL*mes,  fuivant  le  droit  canonique.  Le  Concile  de  Njt- 
Lonne  ,  ea  1609,  y  eit  conforme  ;  &  les  allembl^es  da  Clcr*^  i!e 
i6s5  2c  de  i66(  ,  obtinrent  des  diclaracions  conforraes  en  i6s7  & 
1666  ;  miis  ces  d<5cUracio:is  n*ontpoinc  c:e  enre^ftrees,  Sc  ruf.tge 
le  pius  gdncral  Je  France  e(l  au  contraire.  Pluficurs  Evequcs  ,  teis 
que  ceuic  dc  Provcnce  &  de  Flandre  ,  tienncnc  eux-memes  Icur  of- 
ficialice ,  quand  ils  le  jugenc  a  propos.  Plulieurs  aucres  Evecues  onc 
^te  maintenus  dans  cc  droit ;  &  rArche%'£que  de  Paris ,  lors  de  fa 
prifo  de  polleflion  ,  e(i  inAalle  i  Tofficialice.  M.  de  Bellefonds  ,  i 
fon  inftallacion  le  z  luin  1746,  )ug<ra  dcux  caufes  ,  de  Tavis  i!u 
Doyen  &  du  Chspicre  de  Nocre-Dame.  f^cy^X  le  Mercutc  de  Juin 
1746  ,  com.  ll,  pag.  146,  od  ce  Ctic  efl  rapporc^.  Les  autrcs  Arche- 
v^ques  &  Ev^qucs  ,  fonc  dc  m£me  inilall^s  a  leiic  oHicialite  ,  lors 
de  Icur  avenement  'j  mais  11  n*eft  pas  d^ufagc  qu'i!s  y  recuurneiit 
cnfuite. 

n  Son  poavoir  eft  plus  ^tendu  que  celui  des  fimples  LieuCcnans  , 
en  ce  que  r£v6que  ,  fi  on  le  confiderc  comme  le  j^remier  Officier 
dc  fon  iitfge  ,  n*efl  pas  en  droit ,  iuiv<uu  Tufuge  commun ,  de  tciur 
lui-memc  fofl  officialit^. 

qui 


AU   DROIT    ECGLtSIASTIQUE.      V6j' 
^i  le  cornmet.  II  y  a  encore  quelques  auires  Officiers ,  _  ,1-' 

pour  rnercice  de  la  iuridi&on  ecclifiafiique  ;  favoir ,  le   ciAr.  IV.' 
Promoteur  ,  les  Procureurs  poftulaiu ,  les  Greffiers  oa 
Scribes ,  lesNoiaires,  les  Appariteun. 

Le  PromouuT  eft  comoie  le  Procureur  d'office  ,  qui  fait 
toutcs  les  Tequifuions  &  les  pour&ites ,  coaceroant  rime- 
ret  public.  U  eft  etabii  par  rEv^queo,  qui  lui  donne  un 
Vico '  Promoteur ,  s'il  dl  beroin.  II  n'y  a  plus  guires  de 
/'focurrurj ^0/1u/jnjauxofficialiiis,qui  n'aient  pointd'autr« 
emploi  p.  Ce  foni  les  Avocats  f  ou  les  Procureurs  des  pri- 
fidiaux ,  &  des  autres  thbunaux  Teculiers ,  ou  tes  Nouurtt 
tipofloinjues.  On  nommoit  ainfi  ceuz  qui  avoient  des  provi-; 
fions  du  Pape  pour  Inftrumemer  par  toui  pays ,  &  dont 
on  avoit  reflreim  le  pouvoir  aux  matiercs  eccteriaAiques. 
II  y  avoit  aufTt  des  Noi^ni  ipificpaux  ;  mais  les  fondions 
des  uns  &  des  autres  ont  eti  retranchies  en  France ,  par  la 
creation  dcs  Notaires  royaux  jpoftotiijuts ,  en  1691  r.  Ls 
Greffitr  Jt  Vo^cidliti  eft  pourvu  par  rEveque  :  &  les  emolu- 
mens  du  grefTe  font  ordinairement  baillcs  i  £i:rnie ,  comme 
faifant  partie  du  revenu  de  TEveque. 

Mais  tl  y  a  d'ailleurs  de&  Gregiirs  dti  infinuaaoiu  etcU- 
fiaJU^ues,  qui  font  Officicrs  royaui.  Ils  furent  etablisd'a- 
bord  ,  en  conl<iquence  d'un  Edit  du  Roi  Henri  II ,  qui , 
apr^  avoir  reiranche  quelques  abus  touchant  les  proviQons 


«  Dini  Iti  ofliciiiiUi  ()«(  Abbti ,  itt  Ch*pi(tct ,  dts  Arcbidiicro  .' 
il  y  a  aufli  un  promotcui  (|ui  ((liliblipic  cclui  luqucl  ippuueDI  la 
juii(!iclion. 
'   f   t.11  PracuKuri  qui  poRulcnt   1  l'oScialit j ,  ne  le  font  qu'ca 

vettu  d'un(  cominillion  piTiiculiete  d(  l'LTequc. 

f  Lci  «ToCils  lu  pjilemtnt  pliident  &  ^criitni  diritei  ofliciilit^i,' 
fans  commiiTioii  pirliculicre,  &  Uni  y  ptitti  un  nouvetu  {(rmenl.  11 
cTi  cndemime  dei  Avocali  d(i  pr^r><]liu<  Sc  lurrci  ii^tt  dant  1(1 
Villesouiln';  t  p»  Paclement. 

r  En  i{uc1qiiei  endcoid ,  comme  i  Paiii  ■  c»  olGces  d(  Naltim 
royiux  ipofloliquei  oni  <ie  i^iinit  t  ceui  de  Noliiits  royauK  ci*ili. 
F.n  d'iulces  lieui  ,  iti  (on(  exerc<!t  Kpar^menl ,  cominc  i  Ocl^iot ,  k 
Dijon,  &{.  Lt  fonfiion  decei  Notaitci  (poftoUqiid  cfl  de  ttccvoit 
les  aftei  canceininl  lei  hlnifMCi ,  ttli  qtic  I»  procuttliohi  pour  ri- 
fi^net  let  pctfenuiioni  d(«  Vaicons  Lccltluniqutt  &  Laiquci ,  1«  pto- 
vjlionsdotLnJeipiilcs  Ahbi^s,  AhbelTM,  Gi  antcei  b^n^ticltts,  cdltt 
accaiddei  pit  lei  Coltneurt  Liiqu*!,  Iti  pcifti  de  pdlTeiTion ,  le* 
commillioni  des  Acchidiacies  ,  b  gJneT.<lemeiii  loulei  lei  G^nilici- 
tions ,  lei  rDinmaiions ,  oppoliiions ,  intecpcll^iiiani  qtic  1(i  pitricu- 
licis  doivcni  (aice  poui  li  conlicv^Lian  ic  leutt  droiti ,  iu>  ralrcini, 
Xux  Ele^turs  fil  Cull^uucf.  Voyci  r£^i ''fi  moi/ Ji  Dicfaiti  i6jl> 
r<rmr  II.  G   g 


M  :  ^  s  r  "  ^*  T  r "  :  ^ 

-..        -  -.  -.    •.-.-..  —  ,      -r:'ir      -:-.r— '.^  • 


^         *      ■** 


•  I        V.    -• 


.  J3  ^   •  ..I 


.»";     :« 


•  •         «il  1*     ■  -    •  -A^  ^    •••. 


.  -  ^  ■  — 


;4!:'< 


"i,  :.     •-u--".::r  .^sr;  7- ii...ir::-n  .    i£  ::ir:r .:..-':  :c:r=::.':     :- 

-   .  ._  1    —        .  T*!-»     ■.    ■■    i-r~"     .r"»»*      !-    ■»"    .._  _a     ■■       ~    •■    «- 

.£     1  .".;•- -i:iti    .:!!•       -i-n    .Xu.=r?    ::   >-"::=:n---._r   i  .-.il:::: 
:t^ci!^i.i,U!:  .-.   :*.   .'wi^ciir    :<:'-::*:r  -^.u::.:-":   :"i  t  :*^   r-..i 

Mit:*.    -ciri    >3iw.«r«  :-i--w.;iiii ::.:•:=*  j1  v:r  -rjini:^  ir  3^:7- 

,  i  a      _ .     -     .  C  <— ^i  ...  .A..4'..         —       ...  >'.-.  .^  1 .  .  K^.  _  ^?         .*  ■,      :_   — 

•  m«-^        •"  r     •  ?  •        ■  •  '*i  I  ■  ^       ■  -••*—'  ■—•.-—         V"        ■-    '.  iT  ■  \    -    ■.    **      ~  -  -■^    ■       -■    — 

iiu^c      ^J^T    -•-::    :u    :ji-"a    li  Zr^-^r^rrt   :  t  .  :  .    n;   ^  J::jr 
.:"\.T*    :  l" -irTur^   ,-  .jrre  inrTin!. 

•a.^  i  :rj-T:>i  -»i*  jinuij^lit*' sii  ■^-.:--itt  i  i  ^tiu .   r:e 


"I-xJ     i;     "2:  lu-ir— .:    -r  '■l;:s    rcrcrri*     r..::  rie-    Z'^-.  s 

a>». -'P'    •j  nmi'*   .."^      c     .- .::      •""■-      -""•=;      ^  ■"   sr..:,-'..:-    a    ■';r.;;i:::    :■* 

..'    1:::   -:    ei.-.;r:i  u.  ^-..c--    ---■■■.:-  •   "2*15    I    le    e    •1*:  lii  i,i 

.'  :;'^«r»— »:•  . 

.  «, <«    - 

.     '.-'..        _— .i.Mk..     .  -      .-..       .      ....  .  _-  ..ii..e-..     ....      .      «— 

-*V.         .1  -M  '•  .'  -.  ■■.'"  .  "  „  1  -■—!•'  -  ■      »1       -^        -  *•— •     «■■     •        l.^.^  — 

".-'.:.  ut:  r.  :-»  1.^:^*   i. -~  :":j;::   «■*   '■: "   ■•«.*.     ij  ;.-;-..  'it  '■  ,  :i"- 


■I.    •        « .. 


•-dM*-    ■*—■••  .       a    ■!__.«...    ..'  1  ■»  -  ■"-   1  ■    -  ;-  *»-^»»*» 

"...       ^»        ••..r...         ■,!        .    —    -. 


AU  DROIT    ECCL£SIASTIQUE;      467 

Kotaires  apoftoliquef  &  Procureun  i  rofficialite ,  8t  quel-  p^^^,_  n^ 
quefois  eacore  Banquiere  expeditionnaires ,  ou  Greffiers  des  Ci4r.  IV. 
infinuaiions,  ou  Banquicrs  &  Avocats  aux  Parlcmer.s^. 
Les  App^niiuri  dt  rofficiaiiti  font  auiO  des  laiques.    Leur 
fonSion  eft  fcmblable  a  cellc  des  Huifliers ;  &  on  fc  fert  or- 
dinairement  d'eux  pour  Iesctrations{&  lcs  auiresexploits: 
Diais  on  fe  peut  aufTi  Ti^rvir  des  Huifliers  &  des  Sergens  des 
juftices  fecuiicres.  De  lous  !es  OSciers  du  iribunal  ecci^- 
fiaflique  ,  il  n'y  a  donc  quc  lOfficijl . lc  Vice-gereat  5c  le 
Promoteur ,  qui  foient  Clercs  j.  L'Official  doit  etre  Prctre   ""'■  ^•'"''  > 
&  Dodeur ,  ou  au  moins  Licencie  en  Theoio^ie  ou  eo  xxii^l tdso', 
Droit. 


CHAPITRE      V. 

Dt  U  Compiiintt  du  Jugt  d^Eglifi. 

LA  mati^re  de  1«  juridiQion  ecdefiaAique  t ,  comma 
de  (oute  autre ,  eA,  ou  des  differents  1  terminer,  ou 
des  crimes  a  punir.  Le  premier  geare  s'appetle  Mauirtsei- 
viUi  c.  Suivant  Tufage  prerent  de  la  France ,  TEglife  con- 
noit  des  MiiHrtt  purement  fpiriiailUi  entre  toutes  fortes  dc 
perfonnes,  &  peut  connoiire  6es  Matiirtt  perfomullmnxTt 
lesClercsi/ipiTi/i.  Lesmaiierespuremeatfpiriiuelles,  lont 
les  Sacremens  &  le  Service  divin. 


y  PiHtBttretnt  on  n'inrcrit  plui  rur  le  Tabtciu  iu  Avocati ,  ctui 
^ui  r*  ronl  recc*oir  Eipjditionnair»  en  Cour  da  Rame. 

(  L*s  ciutiani  fonl  poul  let  □fEctalil^  ,  c«  que  (ool  lei  ajoutn*- 
(aeni  iaat  l<i  trihuniui  f^culieii. 

a  Dini  1<t  atfairtiimpomniei,  tei  ofSciiux  oni  couiuine  d'appelcr 
poui  Alfeireuri  de>  A*i>c«(i,  ou  luirei  griduii ,  qu'ilt  peuvcni  cliui&r 
«ultc  lct  Lii(|uei. 

t  L'Aulcur  nt  pirle  en  cct  endrolt  aue  ii  Ii  juridiflion  conitn- 
tieufe ,  &  non  dc  la   volontairc.  Iiquel<ei'ipp1iqu<*il*>utr«i  objtii; 

t  Le  ftcond  gtnrc  d'4lfiirei  s'ipp«lle  Mtnirti  irimimliii. 

4  ftrranhTtiaJiCOrdanamicidiMoult,!.  nul  ne  ptul  iouir  ilu 
priifiUKede  tljricitute,  fail  tnm.ititie  eiTile  ouen  malicie  crimiDtlle, 
*'il  a'l\  connitu^  )iil  oidrei  (icrii  ,  &  paur  lc  moini  (aul-diicr(  OU 
Crei<  (auellenient  i^llHjnt .  K  (er*inl  aux  olflcct .  minilteiet  &  t>«> 
n^ncetqu^il  lient  enl'tgu[ti  &  piilidfcljr^lian  du  Roi  Chtrlei  IX, 
du  moii  de  Juillet  i  s;61u(  cei  iitlcle,  il  eH  porif  quc  Iti  rimpltiCltrcs 
loalut^i  jouiianl  de  c«  piirilege  ,  pouivu  qu'ili  faient  b^nClieMrtou 
^colieci  ^tudianl  anuelttinent.  L'Ollicial  cannaii  luiri  dt  Ctt  mtm*t 
■4tierf  I ,  entie  un  Clerc  8(  un  Laniue  ,  qutod  I*  Clecc  eft  defendtur , 
cemmc  it  cft  dit  pat  U  ruite, 

Ggij 


•468  I  M  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

■  Eonc  le»  Sicreineiis ,  U  D'y  a  gueres  que  le  mariige  qin 
f^^gg^  Y,  tottnoBe  de  fiijets  6e  comeflaiion ;  encore  U  plupan  {om- 
dks  ponecc  devam  let  Juges  Uiques  r ,  par  des  appelbiiaas 
cotnme  d*abiu  :  car  fi  ron  accufe  un  ciarlage  de  nutiiie, 
pour  avoir  eie  cclebre  encre  miamrs ,  {ans  publicatioa  de 
bans ,  fans  confeatcmcm  dc  pzrem,  fans  lemDins  ;  faors  de 
b  prelience  du  Cure/,  ou  por  quelque  auire  niroa  :  on  ap- 
pslle  comme  d'abus  de  la  celebrarion  du  mariage .  &  on  dc- 
maDcle  qu'il  foit  declare  avoir  eie  mal  ,  Qullemeni  &  aiHi&- 
Tcmem  conirade ;  parce  que  Ton  fait  quc  les  Juges  Uiqtiei 
pronoDceront  p'ui6t  ainii ,  que  les  Jugesecclefialiiques.  Lcs 
csuTes  qut  vont  ordinairement  devant  lcs  0£;iaux  ,  ront 
cclks  des  fiaD^illcs,  pour  en demandcr  TaccoaipliffemcQt , 
ou  la  rerolution.  ^.'accompliireincai  efl  ordonnj  s'ii  y  a  eu 
cobalutatioa.  EncecasleJuged'£^1irecondamneaepou(er; 
&  fi  ia  partie  refufe  d'accomp1ir  la  promeJTc  ds  mariase ,  ou 
ii,  parlafaute,clIeyami5obllacIe,rO£riaIlacondamiie 
a  urii:  peine  canonique  ;  &  a  quelque  aumdne ,  &  ordonne 
que  les  panics  fc  pourvoiroui  pardevant  le  Juge  Uique* 


■  L'ippc!  ccmmefabi»  nepoit  i  re  portj  qu'iu  PiTlrmcDt ,  £ant!a 
leffon  ^K^je: )«  pinici  10«  demif  iliees. 

/'Lorl.jje  let  piiiiei  dcmeureiit  diDi  deui  paroilTet  difrcraiiei ,  il 
fiLii  poai  h  Tilidite  dii  iririige,  1e  toncourt  ccideui  Curet,  fuiTant 
raeeriiffement  (j-ji  en  fui  dorne  au  Birreau  pir  M.  le  prexier  Prf rxdent 
Fortail  .1e  11  Feirier  174^  II  til  d^ufage  ^iie  le  muiige  foii  cel^or^ 
pii  leCuiidela  paroilTe  ,  fur  liqutlle  dcmeuie  iafille  ,  &  que  le  Cur£ 
^u  r..:ui  i!pouii)cnne  na  confer.iemenl  pouc  que  Taulrc  cdlebre  le  aa- 
liage  i  miii  eo  quclque  lieu  qce  le  nuiiage  foii  celebic  ,  il  iiui  le  con- 
CDu»  dei  dcui  Cuici. 

g  Lei  peinet  Cmaniquei  que  1e  Jnge  d^Eg^ife  pcDi  prononcer  foni 
dt  deui  fwreti  Itt  uoti  au'il  peut  feul  prononcei ,  a  i'eiclulimi  du 
Juge  Laique ;  d'autre>  qu^l  t.e  peut  pronoocef  que  concurremaieat 
■Tec  le  )u{e  Liique. 

Lc>  ptineidelapTcmiere  cliOc  font  ,  reicomQunicition  ,  Tinter- 
i\t,  la  (urftnfc,  U  ddpofition,  la  dcgridaiion.  Q.ielquei-unt  ajoutent 
rabaodonncmtnt  lU  brit  (cculicr .'  mi»  e'cl)  motni  unepeinc.qu'une  for- 
ine.  lly  icnco[ed'autitipcintiindiqiidtipirleiCanar.$,ieilet  que  1« 
pfniicDCCt  publiquei .  qui  ne  [aiii  plui  en  ufage.  D'iuiii-t  i^ui  depen- 

aaulli  ririJgutaritJquii'ti:iOu[i,  t^ni  pai  ceui  qui  ont  des  doVaun 
naiureli,  teli  qut  iet  balardi ,  lei  biganiei ,  &c.  que  pii    ceua    qui 
violenl  lci  cenfuTci  de  rEglire. 
Lctpeinei  de  lafccondecUlTe  ,  ronl  la  priration  det  b^n^hcei,  Ig 

frivalioD  de  ta  fdpulturt ,  l'aumdne  .  ta  T^pariiion  d'banneur  &  la  pri- 
>n,  quieftla  pluifoTleptincqut  leiuge  d^Ejitife  puilTc  picniincer  : 
cir  du  rtftt  it  n*  peut  prononcer  eucune  pcine  aflliaiTt.    f  L.vt;  Iss 

/^WM  Cnm.  dcM.dt  VeiigUiu,  fittu^.cluf.  j. 


'AU  DROIT  ECCLfiSIASTlQUE:       46^ 


^ur  leurs  dommages  &  int^r^ts.  Si  le  Juge  A'bg\iCc  en  pre-  Paktu  Uli 
noit  connoifTance ,  il  y  auroit  abus.  Cmap.  V. 

Apr^lacil^braciondumariage,!]  Tonpr^tend  qullya 
nullii^ ,  foit  4  caufe  d'un  premier  mari  vivant ,  foit  a  caufe 
d'un  vccu  h,  ouAe  parente ,  ou  de  quelque  autre  empdche- 
ment  dirimantiCommeJ^impuiflancei,  c'eft  au  Juge  d'Egli(c 
i  en  connoitre.  S'il  declare  n'y  avoir  point  eu  de  mariage , 
i  caufe  d'un  engagement  prec^dent  ou  de  parenti ,  il  doit 
dcfendre  aux  pariiesde  fe  hanter  ni  fr^quenter  ;  C  c'eft  pour 
impuiflance,  il  defend  ^rimpuiflantde  contrader  mariage, 
&  permet  ^  rauire  partie  de  fe  pourvoir.  II  eioit  ordinaire , 
pour  la  preuvc  de  rimpuiflance  ,  d^ordonner  le  congrSs; 
mais  ceite  honteufe  procedu^e  a  et^  defendue  par  Arrit  du  jt„^  g^  |f 
Parlement  de  Paris  k.  Touies  les  fois  qu'un  mariage  eft  di-  ^ ^*  iC7f* 
Clar^  nul ,  on  doit  impofcr  pinitcnce  aux  parties ,  pour  l'a- 
voif  contrade  contre  les  Canons ,  k  moinsqu'elles  ne  raieot 
fait  dans  la  bonne  foi.  Le  mariage  fubfiflant ,  fi  Tune  des 
parties  refufe  d'habiter  avec  Tautre ,  ou  demande  d'en  ktn 
feparied'habitation;  le  Juge  d^Eglife  devroit  ^lement  eti  i.  Or>Til< 
conaoitre,  puifquela  cohabitaiion  &le  devoir  conjugal  font  4- 
de  droii  divin ,  &  que  les  mari^  n*onr  plus  leura  corps  en 
leur  pouvoir :  mais  dans  Tufage ,  on  diflingue  :  fi  Tune  des 
parties  pourfuit  Tautre  pour  la  reccvoir,  cc  qiu  s'appellc 


h  II  ■'agilcn  ct(  cniJroit  du  Tceufolcnnd  <|iii  fi  rait|au£xp/icuj, 
parliprofclTian  rolcnnclU  ■]<  Rcligion  daniunuiiltc  dilmcm  ipprouTJ  , 
011  ImplUiii,  *n  tccc*iDl  l'ordtc  de  roui-diiconir  qui  obligc  i  gardn 
tou)Ouri  li  chiQcit.  L'un  Sc  l'iulre  eH  un  eoiptclieincnl  diriniint  di) 
miriai^c.  Le  vau  dc  Retiglon  lend  nulle  marjige  coniti^j  ,  roit  avant 
ou  nitnie  deputi  ,  lo[(<jue  le  miiiagc  ii'i  pii  i\i  conrommj  i  au  licii 
queli  [^epiiaa  du  fout'diicona(  ■'annulte  p»  lc  matiagc  d<)a  con- 
ttaflj.  Le  «au  Gmplc  qui  fc  fiit  autrement  oue  pii  1a  ptofcliion  cn 
Rcligion  >  ou  par  la  rJcepTian  dc  raidrc  facic  ,  nc  rend  pai  iDnalid* 
U  nutiagc  qui  ■  ^i^  contiaA^  depuii,  <(uoi<]u'il  cn  icndc  rufafecri- 
minel  1  l'<g*rd  de  celui  (]ui  I'eiige  au  piej-^dice  dc  fon  wu.  Voyis 
It  DiHionnairt  ii  Poniii  ,  au  mot  €nipithtm<ni  iu  yau. 

iLor(qu'cHeproctdcd'unecju(e.imiiicurcau  maiijge  ,  8(  qul  eft 
denature  1  etre  pcrp^tucllc.  Vo^ca  in  priatipti  /ur  U  aulliii  iit  bm- 
tiatt  peur  ceu/i  d'impuiSaatt. 

k  Vesti  le  ItaltJ  d,  U  difoluHon  iu  moriat,  ptr  rimpulgant,  fr 
froHtur  d,  fhtmm,  &  d,  la  f,mm. ,  ptt  Antoinc  Hotman ,  c<- 
Ubre  AToeii,  publi^  en  i^Si.  Le  D.fCmr. /■urrimpuiffa-u,  d,  rhom- 
m,  O  it  taf,mm,  ,  pat  Vincem  Tagticiu  Angc.in  ,  cn  i4il .  Lc  trtiU 
it  U  ilge.uiio»  iu  mar.^e*  P"'  '"fi  fimpu,Jj«t,  ,  pir  M.  Ic  Prifi- 
dcri  hou^ier  1  &  ItifrMLvpi./ir  ifl  Kulliii  iu  mar-ag,  puKf  tiu/,  i'im' 
fuijfu  ■•(,  ;  q>ii  om  iti  juulU  4  ce  UUti  diDi  rEdition  de  I7{b> 

Gg  iii 


l^f^WVAH}  VJ./J    »">    * 


•470  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

witnt  ral  ''^^^  "  sA^M ,  &  qu*elle  remporte ;  le  Juge  ordonn^ 


^BAF.  V.  i  h  feuie  de  reodre  hoaneur  &  obeiflance  k  fon  mari ,  ou 
i  IlKNDiiie  de  la  tratter  maritalement.  S'il  s'agit  de  fepara- 
doOy  les  Joges  Uiques  ne  permettent  pas  aux  Ecclefiaftiques 
ttA  connoirre ,  parce  que  la  (eparation  des  corps  emporte 
tou;ours  celle  des  biens. 

Le  Servke  divin  peut  foumir  des  conteftations :  (i  on  (e 
plaint  que  queiqu'un  y  appone  du  trouble  / ;  que  les  fonda* 
tions  ne  font  pas  acquittees ;  que  les  cliantres  ne  font  pas 
payes  de  leurs  falalres ;  que  les  Statuts  du  <Uocefe  ne  font 
pas  obferves,  quant  aux  heures  &  a  la  maniere  de  celebrer  ; 
ces  d;fierents  font  de  la  competence  du  Juge  d*£glife. 

U  doit  connoitre  auffi  des  mati^res  beneficiales ;  puifque 
rien  n*eft  plus  imponant  a  TEglife,  que  lechoix  des  dignes 
Miniftres ,  &  la  fidelle  adminiftration  de  fon  revenu.  On 
convient  donc  que  les  matieres  beneficiales  font  de  la  )uri- 
»-.  L.  G.  didion  ecclefiaftique^maison  a  inrroduit  depuis  trois  cents 
^  ans  au  moias ,  la  diftindion  du  pojfcjfoire  &  du  pititoire ;  & 

voici  quel  en  eft  le  fondement.  Du  temps  que  rautorit6 
roya!e  etoit  moins  reipe&ee ,  &  les  Seigneurs  moins  fou* 
mis ,  il  arrivoit  fouvent  que  ceux  qui  pretendoient  avoir 
droit  aux  benefices ,  s*en  mettoient  en  pofleffion ,  ou  en 
chafibient  leurs  adverfaires  par  voie  de  fiiit.  La  pretention 
d*un  eveche ,  entre  deux  contendans  nobles ,  foutenus  de 
leurs  parens  &  de  ieurs  amis ,  faifoit  une  pedte  guerre  dans 
le  pays :  les  .'uges  royaux&  les  Parlemens  s'effor^oient  d*a- 
paifer  ces  d^fordres,  &  d*etablir  parprovifion ,  lequel  des 
deux  devoit  demeurer  en  poffeffion ,  en  attendant  la  decifion 
du  proces,  qui  etoitpendant  devant  le  M6rropoliiain ,  ou 
en  Cour  de  Rome. 

Cette  entremife  des  Juges  laiques  etoit  raifonnable , 
tant  qu*iis  fe  contentoient  d*une  connoiflance  fommaire  du 
droit  des  parties;  pour  donner  a  celui  qui  avoit  le  droit  le 
plus  apparent,la  fimple  poffefiion  de  fait,  &  le  defendre 


I  Cornne  i!  arrire  fouventpour  1e  rang  &  la  pr^f^nce  a  I^offrande  , 
aux  proce.lions  ,  pour  1a  pr^rentation  de  i'eau-t>^nite  &  du  pain-benit » 
pour  rer.cens  &  autres  booneurs  de  rF.glife.  Le  trouble  fait  au  ferrice 
divin,  eft  ua  £ut  de  police,  qui  eft  auffi  de  la  connoifTance  du  Juge  Lai- 
que.  II  fornie  m^fne  un  cas  royal  ,  lorfque  le  fcandale  eft  tcl ,  qu*il 
obiige  d*iiiterronpre  ie  fcnrice  difin.  Voyez  l*Ordonn4ncc  dc  Blois  j 
arc.  39« 


U. 


AU   DROIT    ECCUSIASTIQUE.      47« 

feulement  de  la  violence  de  Tautre ,  (ans  entrer  en  aucune  partii  tl|« 

connoKTance  du  fonds :  mais  ils  n'en  font  pas  demeures  \i.   Cuap.  V« 

11  ne  peut ,  difent-ils «  y  avoir  de  jufte  poflefiion  fans  titre , 

en  matiere  b^neiiciale.  Ce  n*efi  pas  comme  un  bien  pro- 

fane ,  qui  peut  etre  abandonne  par  ie  proprietaire ,  &  ac- 

quis  par  le  premier  occupant.  U  faut  donc  ,  avant  de  juger 

lepofTefToire,  examiner  les  titres  &l  les  capacites.  On  ap« 

pelle  Titres  ,  les  A6les  qui  donnent  droit  aux  binefices  ; 

comme  les  Lettres  de  proviGons,  ou  de  yifa^YA&e  de  prife 

de  poflellion.  On  appelle  Capacius^ks  Ades  qui  prouvent 

les  qualitis  de  la  perfonne  ;  comme  TExtrait  baptiAaire» 

les  Lettres  de  tonfure ,  d*ordre ,  de  dodorat.  Et  comme  cet 

examen  efl  fouvent  long ,  &  qu'il  eft  necefTaire  d^etablir 

d*abord  les  qualites  des  parties ,  &  de  favoir  qui  eft  le  de* 

nsandeur  &  le  defendeur ,  on  a  difiingue  deux  fortes  de  pof« 

{cSion^h pojffij/ion proviJtijnnelU ,  ou  recriance  m ,  qui  fert  pen* 

dant  le  cours  du  proces ;  &  la  pojfcjfion  definitiyc  ou  pWMc-  ' 

mainunue, 

Apres  que  le  Juge  laique  a  prononce  difinitivementfur 
le  poffeffoire ,  il  devroit ,  fuivant  FOrdonnance ,  renvoyer    Ord,  t j  19; 
les  parties  pour  le  petitoire ,  pardevant  le  Juge  d'£glife :  ^'*  ^*  ^^'^ 
mais  dansla  pratique  on  ne  le  faitplus;parce  que,comme 
fous  pretexte  du  poffeffoire ,  on  a  examine  la  matiere  daas 
le  fond ,  &  fouvent  en  deux  ou  troisdegres  de  iurididion  , 
il  (emble  inutile ,  &  meme  on^reux  aux  parties ,  de  les  en- 
gager  dans  un  nouveau  proces ,  pour  le  jugement  du  m^me 
different  n,  Quoi  qu*il  en  foit,  on  ne  foufiire  plus  que  le» 
parties  fe  pourfuivent  devant  le  Juge  d'LgIife ,  pour  le  pe- 
titoire  des  bcnefices  ;  &  s*il  rendoit  quelque  iugement  ou 
quelque  Ordonnance  en  cette  mati^re  ,  les  Gens  du  Roi 
cn  appeleroient  comme  d'abus.  Le  premier  Arret  qui  ait  ^frtf  Jow. 
jugeabufiveune  telle  citation,eft  du  15  Juin  1626.  Ainfi  *'  ^   '"* 
TEglile  cft  entierement  privee  en  France  de  la  connoiffance  ^^^  l  *„ '/ 
des maticres  beneficiales 0.  La fentence  de  ricreance  eft  execu-  k.  i|« 


m  Au  graivd  Confeil  on  n*ad)uge  gueres  U  r^r^ince ,  od  ordona» 
communemcnt  le  r^queilre. 

n  La  v<^riuble  xaifon  eft  que  le  poflfeiToire  ^nt  jug^  par  le  Juge 
Laiaue  ,  fur  le  vu  des  titres  ,  il  ne  fereic  pas  convenable  de  founectra 
entuitela  diffuflTion  He  ces  memes  titres  au  Jugc  d'£glife. 

o  L'uf4^c  des  Tribunaux  de  France  eft  fond<^  fur  ce  qu<;  les  B^n^iiceft» 
quoAC  a  la  polTeilioiii  ne  lont  coo^^rds  ({ue  comir.c  uoc  iSAte  umpo-» 

Gg  iy 


37»  I  N  S  T  1  T  U  T  I  O  N 


pARTiE  lU,  toirCp  nonobftant  Tappel :  &  la  maintenue  s*execute  aufli  ett 

Cbab.  V.    cas  d*appel ,  par  forme  de  rieriance.  St  Tun  des  contendans 

dicide  pendant  le  proc^ ,  rigulierement  on  ne  devroit 

point  reprendre  Tinftance ,  puifquUl  n*y  a  point  d*hiritier$ 

C.  1.  uf  /j.  pour  les  binifices ;  &  il  eft  difendu  de  pourvoir  une  autre 

fend.  in  0.  perfonne  du  binifice  litigieux  ,  durant  la  litifpendance. 
Mais  toutes  les  provifions  de  Cour  de  Rome  difpenfent  de 
cette  rigle ;  &  la  fubrogatton  eft  accordie  au  refignataire» 
ou  i  celui  qui  eft  pourvu  par  mon ,  comme  i  un  acqu6reur 
ou  un  hiritier.  U  eft  vrat  quHl  faut  demander  la  fubroga- 
ti^n ,  &  la  demander  dans  Tan ,  qui  eft  le  terme  des  ac« 
ttons  pofleffoires. 
tom»  On  a  diftingue  de  indme  le  pofteffoire  &  te  petit<Hre  des 

dixmes ;  &  les  Juges  laiques  fe  font  attribue  la  connoiflance 
du  poffeffoire  p  ;  ils  connoiffent  aufii  de  la  quotiti  de  la 
dixme  au  fond  ,  &  de  la  portion  congrue  des  Cur^ ,  par 
provifion.  Je  parle  tci  des  dixmes  ecclifiaftiques :  car  pour 
les  dixmes  infeodies ,  elles  font  regardies  comme  des  biens 
profanes ,  &  le  Juge  laique  en  connoit  m£me  au  p^titoire^ 
Quant  aux  perfonnes  ecclefiaftiques  ,  le  Juge  d*EgIife 

«  doit  connottre  de  leurs  diff&rents  en  matiire  pure  perfon* 

nelle ,  ou  meme  entre  un  Clerc  qSi  un  laique  ,  fi  le  Clerc 
eft  difendeur.  Mais  pour  peu  qu*tl  y  ait  d*afiion  rielie  ou 
mixte ,  c*eft-i-dire  hypoth^caire ,  ils  vont  devant  le  Juge 
laique ,  m&me  en  difendant.  De  mdme  ,  quand  il  s*agit  de 
Tex^cution  d*un  contrat  pafli  pardevant  notaire ,  ou  d*une 

Ord.tu^     reconnoiffance  depromeffe.  Et  en  matiire  pure  perfon- 

4irf,  91.  neiie ,  un  Clerc  pourfuivant  tui  Clerc  du  m^me  reffort ,  va 
d*ordinaire  devant  le  Juge  laiique ,  parce  que  la  |uftice  y  eft 
plus  prompte,  &  que  les  jugemens  ont  ex^cution  parie  n 
ce  que  n*ont  pasceUxdu  Juge  d*Eg1ife.  Le  Clerc  difendeur 

relte ;  les  biens  &  revenus  attacb^s  «ux  B^n^ficcs  ,  quol^uc  qualffi^s  do 
btens  Eccl^iiaftiques  ,  ^tant  toujours  desbiens  temporcls  du  Ben^iice  , 
^  la  conteflation  fur  le  poflcflbir*  unc  aflair*  r^putie  delait^  bcaucoup 
plus  que  de  droit. 

p  Cc  pofliefloire  ^Unt  )Vi%i  far  |es  tittcs ,  on  n^  pcut  pas  non  phis 
porter  enfuite  \t  pdtitoire  devant  le  Juee  d*£eUfc. 

9  Sur  la  difltnilioo  des  Clercs  qtii  aoivent  ou  non  jouir  du  privil^g^ 
de  Cl^ricatorc.  V(*y*\  la  note  qui  eft  au  commencement  de  cc  <!^hapitre; 

r  La  raifon  de  difi(£rencc  efl  quc  TEglife  n'ayant  point  de  territolre 
t^porel  ,  elle  ne  peui  faire  mettre  a  ex^cution  fcs  Jttgcmcas  i»V4  1% 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.       '473 

K  tn  fnatiere  pure  perfonnelie ,  peut  demander  fon  renvoi :  p^rtie  IIU 
mt  nais  il  peut  ne  le  pas  demander ,  noaobftant  les  Conditu-   Chap.  V. 
■:  tions  canoniques«  qui  difcnt  que  ce  privilegedes  Clercs  eft  CjidiU$enti 
■  de  droit  public ,  &  qu'ils  ne  peuvenr  y  renoncer  /.  ^^^^^  ***'"^' 

K  Ce  qui  doit  confoler  les  Eveques ,  de  voir  leur  juridic- 
li  don  r^duite  i  des  bornes  fi  etroites ,  eft  que  dans  fon  ori- 
^  gine,  &  fuivant  refprit  de  rEglife ,  elle  ne  confiftoit  pas 
I  i  faire  plaider  devant  eux  » mais  a  empdcher  de  plaider.  U 
f    cft  vrai  qu'il$  ne  font  plus  les  maitres  comme  ils  Fetoient» 

d*empecher  les  proces ,  meme  entre  leurs  Ecciefiaftiques  ; 

ot  de  choifir  dcs  Cures ,  ou  d'autres  Miniftres  de  TEglife , 

tufli  dignes  que  les  Canons  ieur  ordonnent. 


i 


m 


CHAPITRE     VI. 

Dc  Id  Procidurc  Civilc, 

EXpliquoks  maintenant  quelle  eft  la procedure  des 
Cours  Ecdefiaftiques  t » en  ces  matiires  civiles  ;  zCiix 
de  traiter  apres ,  tout  enfemble  ,ce  qui  regarde  les  matieres 
criminelies.  I>ans  Ics  premiers  fii^cles,  les  jugemens  Ecde- 
fiaftiques  n'etant  que  des  arbitrages ,  pour  les  matiires  tcm- 
porelles ;  &  dans  Ics  fpirituellcs  «dcs  jugcmens  de  charite ; 
on  n*y  fuivoit  point  les  formulcs  des  tribunaux  feculiers , 
mais  feulement  les  regles  de  rEcriture-fainrc  &  des  Canons. 
Cette  diftindion  cntra  les  jugemcns  ecclefiaftiques  &  Ics 
(eculiers  ,  fc  vcit  manifeftement  dans  la  Confercnce  de 
Carthage,  &  cn  plufieurs  Concilcs.  Mais  depuis  plus  de  cinq/,  Coil  Cank. 
cents  ans,  lcs  formalit^s  fe  font  multiplices  dans  les  tribu-  ^^^-  i-  »•  40« 

/*La  raifon  eft  que  dans  roriginela  JuridiAion  des  Eveques  ^toic  une 
limple  vote  d'arbitrage  plutot  qu'une  JuridiAton  r^i^l^e.  D'ailleurs, 
toute  Juflice  <^tant  emanee  du  Koi  ,  les  Ju^es  Eoyaux  font  naturc!!e- 
iBent  comp^tens  pour  connoiire  de  toutes  fortes  de  matitres  ,  a  moirt 
e|u'elles  ne  foient  fp^cialemenc  attribu^es  a  quelqu*autre  Ju^e.  IIs 
pcuvent  auffi  connoitre  6es  caufes  dc  toutes  fortes  de  perfonncs ,  rreme 
de  celles  qui  ontle  priviUge  de  pouvoir  plaider  devant  d'?utres  Juges  . 
|:arce  que  ce  privil^ge  ne  torme  pas  une  attrihu:ion  exclrf.ve  au  pioiit 
«u  Juge  de  privil^^e  ,  ce  n'eA  qu  lute  ficult^  au  priviL-j^ie  Ac  dcmandcr 
fon  renvoi ,  6c  chacun  cft  le  maitre  de  ne  pjv  u(cr  de  fun  priviiCp^e. 

r  On  comprend  ici  fous  ceteiroe,  tant  les  OfTiciuIires  ord.naires» 
M^tropolitaines  &  Primatiales  des  Ev&ques  Hc  Ah^cs,  qne  ccli^t  ('.ci 
Chapiiref  ,  des  Archidiacres ,  Chantrcs  &  auctes  Otiiciers ,  le»  Ch«fR« 
krff  ^uvcratnes  du  Clcrg^  dc  Francc* 


4-*  fJfSTITCTIOJf 

m  mtn  ccdcfidbqna ;  &  Taade  ia  Dtimi  ilr<ms^  ,  c'j^-£^ 
Cbat.  VL  ^***  ^  Lrvra  6e  IXaipaar  iirfbiaca ,  ^mbue  a  71317 
iK  h  caufe  s.  Oo  a  voub  pmiqoeT  ce  ^^e  Toc  t  c^s^ 
TDiiecnt,  6:leioindreauifDnDkifsqae  raiaeesvaEcac- 
ftnect.  AiniilnJivnccci^z&iqoet  om csKme^ue  2  ^r> 
ceder  a  la  ripieiir,  &  fuinai  tomet  iet  icroei  aa  Or^, 
dant  lui  tnnfM  oii  lec  Ju|s«  ftcu^iCTt  ea  coiierrobes  pcs , 
parce  que  c*«ott  des  Nc^ie$  &  det  ^OB  de  eaen  .  qti  ■ 
la  phffon ,  n'avo)cnt  patn  de  icnres ,  &:  nc  ^u^^anj  ssai 
lcun  jugcmcm  que  let  anciennct  couiumet  Dc93  «  .  Li  >c 
firent  jifiifier  par  det  Ctercf ,  a  qui  ils  or.i  etna  i^^ae  i'cKi- 
cice  dc  la  juftice ;  &  cci  Clera  om  ictrocuit  leurs  nM-n2> 
1«  cn  lout  let  tribtinauK  ,  priitcipaicinctn  dast  lc*  Ptr*- 
neni ;  enlorte  que  loute  la  procsdure  ino^fmc  dcs  Cc^its 
feculierm ,  vieni  dn  Caoonifle*  ;  &  qui  vou^ra  i'cr.:  i;±r 
curieurement ,  doii  cn  cbcrcher  icf  orii^nH  dais  '.ts  I>*- 
J"nA^  crctalct.  On  pcuivoirles  procedares  qui  eioitst !;  ziL-.2ia 
'  ufage,au  coaimenceraeni  du  neizietne  ilecic.  p>^r  ie  De- 
crei  dj  Concile  de  Lairan  ,  q-ji  ob':^e  Je  Ju^e  a  le  t*^':re 
aflillet  d'L>ne  perronae  puMique ,  pcair  icrdi^er  par  ccrit 
tODie  la  procedure. 

Let  Ordonnances  qci  otii  eie  •sitet  en  France ,  <!e^jis 
deus  centi  ani ,  pour  rabreviarion  d^  proCH  ,  n'ont  pss 
iti  Givt  pratiquees  dant  lcs  Ofiicialiics  ,  &  on  y  a  p!us 
long  temps  garde  la  lanzue  Latine  &  1«  ander.r.a  pt-xc- 
duret  i  mats  on  s'en  efi  debarralTe  tnfenriblement.  La  p!upart 
des  Aftes  s*y  font  en  fran^it  x  comtr.e  aiileurs ,  &  Ics  Or- 
donnancc^  du  Rot  Louis  XIV  y  font  obfervees  exaftemeni , 
fur>iout  ccUe  de  1667  y  ,  pour  la  procedure  civUe  ,  S: 


B  Ne  p«a(-on  pai  inrilncr  h  drek  CaBon  Bfni«  ['fiibUiTecQcrt  c 
U  i<1iiyiri  dd  furmti  )iidic>airci.    En  effcl.  itm  lc(  prcmicrt  «s-.fi 


que  It  Code  Tlicodurien ;  K  U  Dsctetile  )ipir  jBu.U 
«Atnit  cfenreinner  !e  dioit  citil ,  cetie  ccfenle  !<:!  obieiTC 
tyji/  ,  quD  r^Kide  liu  droii  civil  iai  reiib^ie  diat  rvnivcillt 


l/Orrionnincc  iei5?9. 

,  ordooni  qi 

IC    lOU! 

iflt 

,  oecptj  eeo. 

nint  1»  miiie 

i-tthr.r». 

,  L'Oidonnjn. 

pnrCniDr 

emen<  foicntr.il 

•  cn  t' 

infoixiiiule. 

ililei 

itlj  .voit  df  jt  tU  ordonni  co  %taita^  pir  |'UidonD>n<e  dc  1 1 (>;. 
3  L'Oidqiui(n»d«  16671  ■ii.i,  «n.  1,  «(utiiiMHUcUidvit» 


(i--  -■  --«;-> -^i*v-  ■,*%.  ^; 


AU   DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.       47^^ 

celle  de  1670  ,  pour  la  procidure  criminelle.  U  eft  vrai  partie  Ili 
que  la  procedure  n*eft  pas  uniforoie  dans  toutes  les  Offi-  cmap.  \^ 
cialites ;  chacune  a  quelques  ufages  particuUers ;  &  chaque 
Official  y  apporte  quelque  diflference.  Les  unsfont  plus  at« 
taches  a  la  rigueur  des  r^gles ,  &  les  autres  vonc  plus  k  ia 
decifion  &  a  la  diminution  des  affiiires.  J*expliquerai  les 
principales  parties  de  ia  procedure  &  les  Ades  les  plus  ef- 
fentiels ;  &  je  ne  feindrai  point  de  dire  ce  que  le  tribunal 
ecclefiaftique  a  de  commun  avec  le  tribunal  fecuiier  ;  puif* 
que  je  ne  dois  pas  fuppofer  que  tous  ceux  qui  iiront  cette 
Jnftituiion  ,  foient  d*habiles  Praticiens.  Je  marquerai  auffi 
plufieurs  anciennes  procedures ,  qui  ne  font  plus  en  ufage  ; 
parce  que  les  Decretales  &  les  autres  Livres  du  Droit  Ca« 
nonique  moderne  en  font  remplis :  enforte  que  pour  let 
entendre « il  efl  n^ceflaire  d*avoir  quelque  teinture  de  ces 
procedures  abolies. 

Pour  terminer  un  difierent ,  il  faut  que  les  parties  pa« 
roiflent  devant  ie  Juge ;  qu*elles  iui  expliquent  leurs  pr£« 
tentions « &  qu*il  prononce  fon  jugement.  Votli^  donc  trois 
parties  eilentielles  k  toute  procMure ;  la  comparution  i « la 
conttflation ,  ie  jugement ;  &  toutes  les  proc^dures  particu- 
li^res  fe  rapportent  a  quelqu*un  de  ces  trois  cheft.  Pour 
obliger  une  partie  a  comparoitre  devant  le  Juge  « il  faut 
Fen  faire  avertir ;  &  cet  Ade ,  en  Cour  d*£glife ,  s^appelle 
Citation  a.  Autrefois ,  elle  ne  fe  donnoit  que  fur  rOrdon« 
nance  du  Juge  ,  &  elle  ^toit  fignifiee  par  un  appariteur  h\ 
a  prefent  les  citations  fe  donnent  comme  les  affignations  ^''^*  ^^l^ 
des  Cours  laiques ,  fur  le  fimple  riquifitoire  de  la  partie , 
&  peuvent  etre  donnies  par  toutes  fortes  d*huifliers  ou  de 
fergens.  On  y  obferve  la  meme  forme :  Texploit  doit  etre 
libell<^,  c*e(lc^-dire  contenir  fommairement  la  demande , 
&  ^tre  accompagne  de  copies  des  pieces  juftificatives.  On 
le  doit  donner  a  la  perfonne  ou  a  fon  domicile ,  &  en  laif« 
fcr  copie. 


6c  toutes  celles  qui  feront  faites  par  la  fuitc  foicnt  obfcrv^cs  dans  let 
OtBcidlit^s. 

^  La  comparutton  fuppofc  unc  demandc  pr^c^dcntc  au  d^fir  d« 
kquelle  le  d^fendeur  comparoic. 

a  L«  citation  doit  contcnir ,  non-feulement  rajourncmCDt »  maif 
■uffi  ia  demandc.   Ordonnanct  dt  1667  »  tit,  1 ,  crf.  1. 

b  Les  Appariteurs  ont  touiours  lc  pouYoir  dc  fignificr  Itf  cxploics 
qui  fc  i^ut  pour  lcf  Officiaiic^s, 


j-  T  S  <  T  I  T  C  T  I  O  N 

Lr-  cianmy  ^zjc  ir. ,'^  ddegue,  ne  fe  foot  r;*ss 
vtrr:  a.  inr  ,'i-ii.ir..-A.-w;  ;  ^  -.;  rjut  nn  miinie  tecnpi  hrs 
ii,-t..nr-  i.  ;.rTrn.i;Ti.iT  .  ^r  i  Tinie  n'ell  pas  obiieee  c;3 
t\r.  ;.-rr.,'.!Ui;i^  I  iC. :  ii-»  ,cn  Ordoiinance  defc|:;er 
li-  i:;  .-j-;.ii:  ns-^  K.'-  t  i  :ci.*t  J'iuditoire  profri 
"  "i;.!>-  .'i:a!-..-.n- (LT' err  e-7i  ;%:~r,«s  j  i'jur  nomiRe.ci 
r..  .r,;-  -,a.  III  inu-  «  *iri  cir  !«  prfccJures  f^iies  La 
i'.-.:-  rs,  ri:n.,-.[wiK  .iL  w  Fi?;  ^Tcoiee  leroiem  nuiiet: 
ttiM-  .  ii~r..  i*.  jfi.ii'»  K  ^i^L—.  r.u  pour  la  commodite 
Af  r.^.r-.n^  .  ;nir.m;  niTta:::  js  ^iiirons,  pour  la  mo:;"- 
iv.  '.,  '.■■.11- ii- ver«aii;'j' ,  .■!:  .■■t,:-:r^i(itfr  ces  jours-la, 
r..  i .-.;  i.  ■.■t.^r\.-n:  n,-  r'3-:ie*  !.£»  cur.CiA  qui  fc  donnect 
.  rt,»-  •■.  -.  •'.ns-  in.-i":aTn£»  .  ,  .--.  >  j-<  [Tultitude  ^/  qui  nc 
I..  •■         .'n-<>.    I.  i.in-  ri:i-  afi-^c?  <-t  lieus  publics ,  & 

n,.      -3.  ■,.-.,:..■.,■.!  Ji    n^.ifV. 

-„■..    .r_    n,'ii:   n-.vj:^  f.*.  :'Jseaiert,  pourvu 

r  ".       -■    1.      n  ,v  miili.in.-i  i  i. -:-.:.  ri:  KOtiie  d'ir.t'am:c. 

.'     ■■        .    .1   iv-i.iiini  .-i;  r--  rr.-c^rKir .  (jiii  s"appe;!e 

.   .  .■»!    ■'.■■■i.~'.:  ;  s  .1  d  Kire.TCe  «JiS 

■  ,-;,i  -■.    '..S'  '■.■■i.-.i.  .  r;  !i.--Ti  ront  etablis 

(      ■       .      .;    t.i-.   ■'.Ilti.-t      ;.;.n*   r,.,;*    iS   tritutiaux;   & 

J-.      -       .!  f.  i'i    n.'.-irli,ii".  :  .  n.-:-'.ri  ~-e  '.a  particuliers 

-.    .        ■■     ■■...!■.  ■■vm.-iv  jili.i  ■x':-- r*  d«  rornialiicsde 

•■  i,-  ^-.virvii--  n£  ri-.i..;;r:  ;.;'ju  nom  de  !a 

1  ■■■     .     '■■.vii'.'ii-  .ii:-.  :iii.iir.>  t.  .-nc  i.".-=2:-j:i3ute  s'ap- 


.o(.ij,c.r 

■c<;tiPi^'Ci,r-i:Tt 


-  ■—   r*j.»    **J  TTt- 


AU   DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.      477 

.  Sur  la  citation ,  il  faut  fe  preientcr.  Dans  lcs  Officialit^s ,  p^        ^ 
la  prifentation  fe  fait  ou  reellement  i  raudlence ,  ou  par   cuaf.  VU 
Ade  fignifie  au  Procureur.  Celui  qui  ne  fe  prefente  point , 
$*appelle  defaillant  ou  contumax ,  c*eft-i^-dire  opinidtre  ,  & 
eft  roujours  prefume  avoir  tort ;  parce  qu*encore  qu*il  foit  ^  ^^^  j.j 
mal  afTigne  &  devant  un  Juge  incompetent ,  il  ne  doit  pas  f/  c.  de  delo 
le  meprifer ;  mais  venir  au  moins  pour  propofer  les  raifons  ^  contum, 
qu*ii  a  de  decliner  la  juridiftion.  Suivant  les  Canons,  le    ' ;^L'/  '^ 
contumax  ne  devoit  pas  perdre  fa  caufe  ;  mais  feulement  poff, 
etre  puni ,  par  la  reftiturion  des  depens ,  par  la  miflion  en    ^-  ^^  fi^fi 
pofleffion  ou  par  les  cenfures  ecclefiafliques.  Le  Juge  pou-  j^'  ^j^  ^^  y 
voit  employer  les  unes  ou  les  autres  de  ces  peines ,  feion  non  conttfl. 
.qu*il  les  jugeoit  plus  efficaces.  La  mifEon  en  poflelfion  vient     c.  t.deeo 
du  Droit  Romain  ,  &  n*e(l  qu*un  moyen  de  fatiguer  le  con-  ?«<  "»>•  m 
tumax  ,  cn  permettant  i  fa  partie  de  fc  faifir  de  la  chofe  ^^^  ^'J '  ^ 
contentieufe ,  en  mati^re  reeiie ;  qu  de  tous  fes  biens ,  juf- 
ques  a  concurrence  de  la  dette  ,  en  mati^re  perfonnellc. 
Mais  cette  pofleHion  n*eft  qu*unc  fimple  garde  ,  &  n*ac- 
quiert  aucun  droit  au  demandeur  ;  ii  ce  n*eft  apres  Vanh^ 
&  en  vertu  d*un  fecond  Decret.  II  itoit  frequent  autrefois 
d*ufer  decenfures,  m^me  d*excommunication ,  pour  punir 
la  contumace ;  ce  que  le  Conciie  de  Trente  a  defendu  ^  tou-  ^ff*  'S*  ^*  ti 
tes  les  fois  que  i*on  peut  proceder  par  execution  reelle  ou 
perfonnelle,  c*eft-i^-dire  par  faifie  des  biens,  amendes  pi- 
cuniaires ,  emprifonnement  de  la  perfonne ,  privation  de 
binkficcs ;  &  il  ne  permet  d*ufer  de  cenfures,  qu*au  defauc 
,de  tous  les  autres  moy ens ,  &  a  la  derniere  extremite  /. 

La  raifon  d*ufer  de  peines  contre  le  contumax  ,  plut6t  Toto  tit.  ut 
que  de  lui  faire  perdre  fa  caufe ,  eft  que ,  fuivant  les  r^gies  '''5  "•"  ^*"" 
du  Droit ,  avant  ia  conteftation  en  caufe  ,  ou  ne  doit  ni 


h  On  ne  peut  dans  nos  maiirs,  par  quelque  laps  de  temps  que  co 
foit ,  prefcrira  contre  fon  tttre  ,  etiam  per  miUc  annos  ,  dit  Uumoulin 
Cur  ratt.  iidelaCoutumedeParisi  ainACetfet  dertfnvoi  cn  poflcllioo 
d<5pend  de  favoir  k  quelles  conditions  il  eil  fait. 

i  On  ne  permet  plus  en  Francc  de  proc^der  par  roie  de  cenforet 
contre  les  hccl^riai^iques ,  ni  contre  lc&  Ljiqaes,  pour  d«ttes  civiles. 
Les  Oiticiers  dc  la  Cour  dc  Romc  ^toicnt  autretois  dans  rulage  d*ac- 
cordcr  a  des  crcanciers  des  monitoires  ou  excommunications  ,  avcc  U 
cUufc  fatisfaiioire  qu'on  appeloit  niji ,  par  lefqviels  le  Pape  excommu- 
nioit  leurs  debiteurs  ,  s'ils  ne  fatisfaifoient  dans  le  temps  determin^  p«r 
le  monitoirc  ,  &  s'en  r^fervott  Tablolution  ;  mais  piaiieurs  ancient 
:  arrcts  ont  d^clar^  ces  monitoires  abufifs.  V^yei  lek  Memifiru  du  Clergdg 
tonu  Vil ,  loiS  <^  iczy. 


t_l4H**^W2fJJ  t 


4i$  INSTITUTION 

Partik  III  ^^t^*  ^  ■*■*  rcccvoir  les  preuves ,  parcc  que  ^irqnes^ 
c«i«p.  yfu  ^9  <^  o*a  eofendu  qu'uiie  des  pardes.  Tourefois  rutilirt  a 
C.  mli.  f.  i.  £uK  pafler  par-defllis  cette  rigle ,  en  matiere  de  mariage  » 
^^  ob  il  y  a  peril  dans  le  delai :  &  en  matiere  de  ben^6ces , 

oti  iJ  eft  neceilaire  de  pourvoir  profoptement  a  ce  cjue  TE* 
glife  foit  dtdfervie  ;_&  oii  il  feroit  dangereux  d^envoyer  en 
poffeffioo  ,fans  connoiflance  de  caufe ,  le  plus  diligent ,  qttt 
ferott  fouveot  le  moins  digne.  On  a  mieux  aime  examiner 
fommairement  fes  raifons  &  fes  preuves ,  afin  de  Iui  don* 
ner  la  poffeffion  ,  s*il  a  un  droit  apparent ,  &  punir  aiofi  le 
contumax  ;  fans  rexdure  toutefois  de  revenir  fe  defendre» 
en  refondant  k  les  depens.  Cctte  procedure  a  paru  plus 
douce  &  plus  commode ,  &  s'iA  ^tendue  k  toutes  matieres. 
Ainfi  le  proHt  du  de&ut  eft  de  renvoyer  le  defendeur  ab- 
fous ,  ou  dadjuger  au  demandeur  fes  condufions /  ,  &  les 
autres  peines  de  la  contumace  n*ont  plus  de  iieu  chez  nous. 
Toto  ttt.  de      Autrefois ,  la  premi^re  d^arche ,  apr^  la  prefentation» 
hbcil.  obh     etoit  que  le  demandeur  devoit  donner  un  libeile  ou  me- 
4ut    6^'^    moire  de  fa  demande ;  fur  quoi  le  defendeur  avoit  un  cer- 
tain  delai  pour  confulter  &  pour  repondre.  Afin  de  retran- 
cher  ces  delais ,  on  a  ordonne  que  les  exploits  d*ajoume- 
ment  feroient  libelles ,  c*eft-a*dire  que  le  libelle  y  feroit 
infere ,  ce  qui  eft  jufte :  puifque  le  demandeur ,  avant  dln- 
tenter  TaQion ,  doit  avoir  prepare ,  non-feulement  fa  de- 
mande ,  mais  toutes  fes  preuves. 

Le  defendeur  s*etant  pr^fente  ,  propofe  fouvent  des  ex» 
cejnions :  on  appelle  ainfi  les  fins  de  non-recevoir  &  de  noa 
proceder ,  &  les  allegations  femblables ,  qui  tendent  a  dif- 
ierer  Texamen  de  la  caufe ,  ou  i  en  renvoyer  le  defendeur 
fans  examiner  le  fond.  II  y  a  premiirement  les  exceptions 
declinatoires ,  par  lefquelles  le  defendeur  pretend  n*etre  point 
oblige  a  repondre  devant  le  Juge  oii  il  a  ete  affigne  :  & 
celles-Ia  doivent  etre  propofees  les  premieres  ,  autrement 
elles  ne  font  plus  recevables ;  puifque  des  que  Ton  a  com- 
mence  k  repondre ,  il  n'eft  plus  raifonnable  de  dire  qu*on 


k  Refonier  les  dipens  de  contamace  c'eft  rtmhourfer  les  frais  que  U 
demandeur  a  itl  ohltgi  defaire^  jufqu^au  jour  oi  U  difenieur  fc  prefente» 

l  11  ne  fulfit  p.is  pour  adjuger  au  demandeur  des  conclufions  ,  que  le 
dtffendeur  foit  d^faitlmt ,  il  Uut  eiscore  que  la  demande  Ce  trouve  )uA« 
hi  bien  Yirifi^e.  Ordonnance  de  16671  tit,  5  ,  art.  3. 


X 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE       479 

ne  reconnoit  point  le  Juge  pardevant  lequcl  on  eft  afligne.  pahxie  lUt 
D*3Utre$  exceptions  s'appellent  DiUtoirts ,  parce  qu*elles  f  hat.  VL. 
ne  font  que  retarder  rexamen  ou  le  jugement  de  la  caufe  m: 
d*autres  font  Piremptoires  n ,  parce  qu*^nt  prouvees ,  elies 
^teignent  laflion.  U  y  a  encore  des  exceptions  tir^s  de  la 
perfonne  du  demandeur  ;  comme  fi  on  lui  difpute  fon  itat , 
ou  la  qualite  en  laquelle  il  agtt. 

La  plus  fameufc  dans  les  Canons ,  eft  celU  de  rexcommu* 
nicdtion  ;  mais  elie  n*c{l  plus  en  ufage  parmi  nous.  Comme 
les  excommunics  font  infames  ,  il  ne  leur  eft  pas  permis 
de  pourfuivrc  les  autres  en  juftice ;  &  on  pretend  que  ce 
feroit  communiquer  avec  eux ,  de  leur  parlcr  m^me  en  ju« 
gement.  Cette  exccption  pouvoit  etre  oppofee  au  dcman«    C.t.deex^ 
fleur  en  tout  etat  de  caufe ;  &  on  en  abufa  fouvent ,  de-  ^<f '•  «'*  6« 
puis  que  les  excommunications  furent  dcvenues  frequentes. 
Ceft  pourquoi  le  Concile  de  Lyon ,  fous  Innocent  IV,  ^  "»<f'-iM 
ordonna ,  qu*elle  ne  feroit  point  re^ue ,  fans  exprimer  Tef-    *  **^^F^ 
p^ce  d*excommunication  ,  &  le  nom  de  celui  qui  Tavoit 
prononcee ;  qu*e!le  feroit  prouvee  dans  la  huitaine ,  & 
qu*elle  ne  pourroit  etre  alleguee  que  deux  fois.  Quant  au  C.  enm  intt^ 
difendeur ,  Texcommunication  ne  lui  peut  etre  objedee ,  $•  ^  ^cepu, 
parce  qu*il  vient  malgre  lui  en  jugement ,  &  qu*il  n'eft  pas    c.  inteUex^ 
jufte  de  lui  oter  le  moyen  de  fe  defendre  ;  mais  il  peut  en-  i^dejudicm 
core  moins  s*en  prevaloir ,  pour  fe  mettre  k  couvert  de  la 
juftice. 

Une  autre  exception  ,  cel^bre  chez  les  canoniftes  ,  eft 
€elle  de  Spoliation.  Suivant  les  r^gles  du  droit ,  un  homme 
depouille,  c'eft  a-dire  depoflede  par  violence  de  la  chofe 
contenticufe  ,  ne  pouvoit  etre  pourfuivi  par  celui  qui  Ta- 
Yoit  depoflede  ,  qu*apris  avoir  6t^  reftitue  &  remis  en  pof- 
feflion ,  afin  que  Tufurpateur  ne  profltat  pas  de  fa  vioience. 
Que  fi  un  homme  etoit  depouille  de  tous  fes  biens,  ii  n*6- 


m  Telles  font  celles  qui  tendenc  k  avotr  un  d^lai  pour  faire  tnTentatre » 
|>our  prendrc  qualitd  ou  pour  avotr  le  temps  de  prendre  certains  ^cUir* 
ciiTemens ,  ou  pour  mcttre  un  garant  en  cauCe. 

n  Les  eiceptions  p^remptoires  fe  confondent  fouveot  avec  les 
moyens  de  nurites ,  &  autres  moyens  du  fonds.  11  eft  ceruin  quetoutet 
ces  eKceptions  font  des  moycns  qut  emportent  le  fonds ,  cependant 
touC  moyen  au  fondt  n'e(l  pas  une  exception.  Cette  d^nominatioa 
convient  plut  particuiicrement  aux  defenles  qui  emportcnc  le  fonds^ 
lans  n^anmoins  entrer  dans  la  difcunTion ,  commc  auand  lc  dcfeodeuc 
sS^giU  pour  le  paiement  d'un  biilet  cn  oppofcU  prclcriptioo. 


9i^^^^fj^fj  »'">  * 


4to  IKST  IT  VTI  O  N 

*"  ,  coir  poiflK  afc%e  de  fe  defendre cottre  quelque  aAioa  ^ 

CLi».  Vl  ce  &;  parcequllea>uaSezapbi]idre,&o*av<Kt  p&usde 
noycnde  foumxr  aux  fraxs  d^uoe  pourfuite.  Sur  ces  foade- 
■eos,  oo  avott  introdiut  pUifieurs  chicancs   On  quali&oit 
de  SfoiLtdon  toote  depofi^BoQ  in|ude ,  meiDe  par  lentence 
rcndue  dans  les  formes^  On  aOeguoit  coatre  le  demandeur 
b  fpoliatioa preteodue  uite par  un  tiers.  Sous  ce  pretexie« 
on  eludoit  toute  pourfuite  criinineOe ;  &  pour  fe  maimenir 
C  u  d^rtfu.  clacs  runpuoite  ,  oo  ne  fe  £iiftMt  jamais  rdUtuer.  Aufli  cene 
^  '  ^"  ^      excepdoo  de  fpoliation  fiit-elle  reftreinte  ea  diverfes  oia- 
nieres ,  au  Coadle  de  Lyon ,  fous  Gregoire  X ,  en  i  x-^^ ; 
&  a  prefent  il  ne  s*en  parie  pius  o  en  Fraoce.  On  ne  parie 
plus  auiii  de  nconv^ntion  ^ » ni  de  b  difierence  entre  /«i  Ccur 
£E*Uft  oii  elle  etott  admife ,  &  iLt  Cour  Uye  oti  elle  ne  i  e- 
toit  pas.  Abis  en  toute  jurididion  ,  il  eft  pemus  au  defen* 
deur  d'intenter  contre  le  demandeur  teUe  aoion  qu*il  lui 
piair  y  fous  le  nom  de  Demandt  vtciJaut ,  fur-tout  quand  il 
y  a  conoeiite  avec  ra&on  prindpale ;  autrement ,  !a  de* 
isaade  iocideme  ne  fera  pas  re^ie ,  (i  les  deux  parties  ne 
fonr  lujenes  a  la  m^oie  )uridi&on.  Ainii  un  Qerc ,  pour« 
fuivi  par  un  laique  devam  rOffidal  ,  ne  peut  y  for£ner 
contre  lui  une  demande  ioddente»  fi  elle  n  eft  entierement 
connexe. 


o  On  tient  cependant  touiours  pour  maxjme  que,  fpulijitus  anzt 
WR^iitX  rtfiitmendus  t^:  de-U  les  dem*zju!is  cm  rtxntegfjrJ:!  .  Q-.i  :erv-';r.c 
a  itre  r^iote^re,  avanc  coute  chofey  (Uds  la  polTeiUori  &  ;ouiiT«nce 
<!cUchoie  dontoo  aezeciepoirifde  par  violence  «ic  vcie  de  f<i*t  Cette 
«Aion  peuc  fe  pourtuivre  par  U  voie  civi!e  ou  par  U  voie  criminsile. 
Oricnrmmet  «ic  l6^ ,  iit.  iS ,  art,  2. 

p  La  riecnvention  cft  une  demande  ^ue  le  defenceur  (omne  ce  -fa  parc 
conrrc  le  demacdeur»  mais  dont  l'ob)et  ctl  citferent  ce  c^.ui  ce  U 
prcmtcre  demaode,  &  qui  oc  renferroe  pas  la  c^fenfe  k  cetre  pre* 
■ucrc  demaodc.  Parcxemplc,  fi  Mmvius  demaode  a  Titiut  cent  ecus. 
&  que  TittMs  le  faflTe  aHjgner  pour  lui  payer  une  autre  fc-.-nn.e  ,  cu  pcur 
(aire  queiqu'autre  chofe  ,  c'e(l  une  rcconvtntion  &  r.or.  une  diTentC, 
parcc  que  U  feconde  demande  ne  faic  pas  tomber  U  prenrisre.  La  rc- 
convention  n't(l  pas  vaUble  qu'en  un  fcul  cas;  c'cfl  loiCau^it  s*«^ic  dc 
iommes  liquides  de  part  &  d*aucre,  &  que  Ton  en  demanae  la  ccm^en* 
fdiion  jufqu*adue  concurrence.  Suivantranivle  106  de  U  Coutuire  (fe 
Paris ,  r^convencion  o*a  I  eu  en  Cour  Uyc ,  fi  cUe  ne  depend  de  rwclit.  s  . 
&  que  U  dcmande  cn  reconvencion  foit  U  d^fenfe  co&cre  1'.  r^ian  pre- 
m\^\  ement  intent^e ;  fic  en  ce  cas  «  le  defe&dcur  par  fes  dctenfvs ,  pcuC 
ic  cooAitucr  Uemaodeur. 


chapitr: 


AU  DROIT   ECCLfeSlASTIQUE.       481 


S»" 


Paiitie  IIU. 

CUAP.  VII. 


C  H  A  P  I  T  R  E      V 1 1. 

Suue  dc  U  Procidure  clvile, 

S'Il  n*y  a  polnc  d*exccptions ,  ou  fi  Ic  juge  n*y  a  pas 
egard ,  il  faut  dcfcndre  au  fond  ;  &  les  dcfcnfcs  fc  pro- 
poknt ,  ou  par  ccrit ,  ou  dc  vivc  voix  devant  le  Juge  ;  au- 
quL'l  cas  cllcs  font  comprifcs  dans  Ic  narrc  dc  la  fcntence. 

Lc  preaiior  jugcmcnt  qui  intervicnt  fur  Ics  defcnfes ,   C.un.delu 
formc  U  conuP^tion  cn  caulc^  qui  cft  le  fondcmcntde  tout '''  j**"'/-^'  , 
le  proccs  :  car  avant  quc  le  juge  ait  oui  Ics  preccntions  rcf-  ^.  /-f^i  ^g 
pcdivcs,&  jugc  s*il  doit  en  admcttrc  la  prcuve,  on  ne  peuc  ^Uci. 
dire  qu*il  y  aic  un  proccs  ou  un  diftcrcnt.  Lcs  eficts  de  ia 
conteftation  en  caufe  font  conddcrablcs  :  c^efl  comme  un 
concrat ,  par  lequel  les  parties  s'obligcnt  a  rexecution  q  du 
jugcment  qut  interviendra.  Le  dcfendeur  ,  qui  eioit  en 
bonne  foi  auparavant ,  eft  conflitue  en  mauvaifc  foi  par  la 
contcftation.  Les  qualitis  des  partics  &  leurs  demandes  de« 
meurcnt  etablics  y  enfone  qu'U  n'eft  plus  permis  d'y  riea 
changer  r. 

Dcpuis  que  Ics  formalites  fc  furenc  multipliees  dans  les 
Cours  ccclefiafliques  9  on  fut  obligc  d*y  faire  la  dillmdion 
de  dcux  fortcs  dc  jugemens :  lcs ju^cmcns  folcnnels ^ou  toures  acmentfari 
lcs  formalitcs  devoient  s'obfcrver ;  &  Us  jus^cmcns  fommai'  i.  dc  ycrb. 
rcs ,  oii  prefque  tout  fe  fait  dc  vive  voix  a  Taudience ,  &  oii  ^*^' 
Ics  dclais  font  courts.  On  marqjoit  pour  caufcs  oii  Ton    CUm^nt,  ai 
dcvoit  proccdcr  fommairement ,  ccllcs  dont  la  maticre  eft  de  judic. 
Icgcrc ,  ou  qui  requicrent  cclcriic ,  quoiqu'importancc$ : 
commc  Ics  caufcs  de  bcncAccs ,  de  dixmcs ,  de  mariages* 


q  Les  partics  ne  s*obligent  pas  pour  ceU  u  rextcution  du  jnge* 
metic,  cai  clles  peuveuc  cn  inrerjccer  appel  \  muis  eKes  s*ubli<;enc 
clucur.e  vlc  leur  parc,  .1  ecjblir  cc  qu'e!lcs  meccent  cn  dvant  ;  le 
ilcmandeur  pour  <5iablir  fu  dcmanilc ,  le  UctcnJcur  povir  Co.icenir 
id  (lcrcMlc  :  il  i'c  tormc  uuOi  un  concr^C  jj.liciairc  cncre  les  par- 
tics  ,  prur  les  lecoiuioiiranccs  ,  dcclarjtions  &  conlcntemens , 
cionc  il  eil    donne    a^c  en  jugemenc. 

r  Si  ce  n*c(l  qu'il  incerviciinc  un  jugemcnr  qui  admectc  'i  p1ai« 
dcr  cn  une  aucre  qualiCc^  ;  auquel  W  celui  qui  chan^c  dc  quaUtd 
«U/iC  les  dcpcns  de  rincidcutf  ^ 

Tome  11.  Hh 


\ 


4*1  1  N  S  T  I  T  U  T  I  O  K 

*»iiTii  III*  ^^P^^^J^  ^^^  ^^  m^^  refte/aujoiird'liui  auxjDfficialT-^ 

Chat.  VII.'  tisy  auffi  la  pluparc  des  cau{ess*y  jugent  rofnmaireiDenr>y 

&  a  Taudience  :  &  il  eft  certain  que  plus  orl  retranche  de 

fomialites,  plus  on  ie  rapproche  de  rancieone  fimplicite  des 

jogemens  ecclefiafliques. 

La  caufe  etant  conteftee  ,  il  faut  que  les  panies  faflenf 

C.  J0aiu  lo.  ^^*"^  preuves ,  &  que  le  juge  les  examinc.  La  preuve  eft 

gUfi4e  imjir.  vocale  ou  litterale  :  ia  pnme  vocaU  vient  de  la  confeffioir 

#•  *^*f"*"*  dc  la  panie ,  ou  des  depofitions  des  temoins.  \\  eft  permis 

^.     '*'''''''   aux  parties  de  fe  feire  interroger  Fiuie  &  Tautre  fur  faits 

&  articles  pertinens  r ;  &  quand  on  refufe  d*y  repondre  , 

ils  font  tenus  pour  confefies.  Le  Juge  peut  auffi  tnterroger 

d^c^e  en  tout  etat  de  caufe. 

C  fn.  de  ju^      Souvent  le  demandeur  fe  tient  au  (erment  du  defendeur : 

rtjur,  junHa  quelquefois  ie  defendeur  lui  refere  le  ferment ;  quelquefois 

§  ^M'^  jmQi  ^  faujg  jjg  preuve ,  le  Juge  defi^re  le  ferment  au  de- 

osandeur. L*ufageduyrnRr/i/  dccifoire ^  c^e&k-dire  qui  ter- 

mine  h  caufe,  eft  p!us  frequent  en  G>ur  d*^Iife ,  a  caufe 

4e  la  qualite  des  perfonnes ,  en  qut  Ton  prefume  plus  de 

confcience  &  de  reiigion. 

U  y  a  plus  de  ceremonie  potir.£f  praive  par  umoins.  IIs 
doivent  etre  affignes  par  Ordonnance  du  Ji^ ,  devant  le- 
quel  ils  font  leurs  depofitions  fecretement  k  ,  &  elles  fonr 
r^igees  par  ecrit.  Ceft  ce  que  nous  appelons  enquetc  en 
matiere  civile ;  &  information  en  matiere  cnminelle.  Si  les 
temouis  refufent  de  depofer ,  on  peut  les  contraindre  par 
amendes ,  ou  par  autres  peines  temporelles.  £ts*ils  ne  fonc 
C.  vener^.  pa$  connus ,  on  peut  les  contraindre  i venir a  revelation ,  par 
inemL^  cenfuresecclefiaftiques.  On  commencepar  des  monitoiresgenc- 
rtfarx,pubiies  paraffiches  &  aux  prdnesdes  paroifles.  Ces  mo- 
nitoires  fontdes  Ordonnancesdu  Jugeecclefiaftique ;  par  lef- 


/  Les  officialit^s  ne  coiinoiflent  plus  des  caufes  bcavflcijles  , 
ni  des  dlxmes  ,  par  les  raifons  qui  onc  ete  obfer^ees  ci-devant ; 
Mes  connoiiVenc  des  demandes  en  nuUit^  de  mariage. 

t  Eilcs  pcuvcnt  le  demander  en  cout  dcac  de  caufe.  Ordonnance 
de  1667 ,  tit,  xo.  art,  1. 

u  pans  les  nr.atieres  rommaires  ,  les  tcmoins  ^tant  ouTs  em 
Faudierc:  ,  les  dcpofitions  ne  fonC  point  fecret€s  ;  au  furplus  » 
J'enque:c  u*eft  jamais  une  piece  fecr^te  ,  puifque  Voa  eft  oblisc 
ll'en  donoer  copie* 


At)  DROIT    ECCL£SiASTIQU£.      483 

tpitlles,  aprisavoir narri le  (ait ,  qui  eft  ordinairemeiit quel-  pxnriE  lIL 

tjue  crinie ,  il  coaimande  i  tous  ceux  qui  en  auront  con-   chap.  VIU 

noiflance ,  de  venir  ik  r^vilation ,  fous  peine  d*excommuni« 

cation ,  s*ils  y  manquent  apres  trois  monitions  femblables  jt^ 

Comme  cette  voie  eft  ia  feule  y ,  pour  trouver  des  preu^ 

ves  de  certains  faits  fecrets  ,  elle  eft  devenue  tr^fri* 

quente ;  &  les  Juges  laiques  ,  en  des  caufes  purement  pro* 

fanes  ,  permettent  fouvent  de  faire  pubiier  des    moni* 

toires ,  &  pr^tendent  m&tne  ,  fi  rOfficial  les  refufe ,  ^tre 

en  droit  de  Ty  contraindre ,  par  faifie  de  fon  temporel  ; 

ce  que  lc  Concile  de  Trente  a  defendu  exprefiement  ; 

comme  auili  de  publier  des  monitoires  pour  des  matiires  Siff.  t$i  e,  ]l 

l^ires. 

La  preuve  littirak  confiAeen  ^critures  publiques  oupri- 
V^  Les  icritures  publiques  font  foi  par  elles-memes ;  & 
on  appelle  icritures  publiques ,  toutes  celles  qui  font  faites 
par  des  Officiers  publics  exer^ant  leurs  charges.  Les  icritu^  c.  %.  d€fiiM 
res  privies  ne  font  foi  que  quand  elles  font  reconnues,  ou  inflrum 
verifiies  x.  par  comparaifon  d'4criture.  On  n*eft  obligi  d V 
jouter  foi  qu*aux  originaux  ,  fi  ce  n^eft  que  les  copies 
foient  collation^es  a ,  cVft-a-dire  certifi^  conformes ,  c.  wlt»  €oi^ 


^^ 


X  II  faut  que  ces  monhions  foient  fiiites  par  intervalles  com* 
pftens  f  ce  que  rufage  a  fix^  i  fix  jours  francs  entre  chaque  mo- 
fiition.  Eiles  fc  foot  par  trois  dimanches  diff<irens. 

y  Quand  rexcommunication  a  ^t^  prononcee ,  ii  elle  n*a  poinC 
produit  refTet  que  i*on  en  attendoit ,  roflicial  publie  encore 
quelquefois  deux  cenfures  pius  fortes  ;  favoir  Vaggravw  8c  le  rdag- 
grave,  Uaggrave  ,  ou  anatheme  ,  fe  publie  au  fon  des  cloches»  Bl 
avec  des  ciergcs  allumds  qu*on  tient  en  roain ,  qu*on  ^telnt  eii* 
fuice  ,  8c  que  ron  jette  par  terre.  Cette  cenfure  prive  ceiui  qul 
en  eft  frappd  de  tout  uUge  de  la  focidt^  civile.  Le  riaggravtf 
qui  eft  le  dernier  foudre  de  Texcommunication ,  fe  publie  avee  let 
mcmes  formalitcs.  Celui -ci  contient  de  pius  une  defenfe  a  tons 
les  fidelles ,  fous  peine  d^excommunicacion ,  d'avoir  aucune  forte 
de  commerce  avec  l*cxcommuni^ ,  qui  eft  repr^fent^  comme  uti 
objet  d'horreur  8c  d'abomination.  Voye%  le  tr.  de  la  JuridiQ.  ecelifm 
par  Ducan*e  %  part.  tl,  pag.  to). 

y  La  reconnoiffance  peut  itre  faite  en  iuflice ,  ou  pardevadt 
tiotaire.  La  v^rification  ne  peut  fe   faire  qu*en   juftice. 

a  Une  copie  coUation^e  ne  fait  foi  qu'autant  qu*elle  a  M  tir^# 
fur  l*orii;ina1  ;  autrement ,  8c  fi  elle  a  ^t^  tir^e  fur  une  autre  copie# 
dle  ne  fait  foi  que  de  ce  qul  y  efl  contenu  :  c*efl-ii-dire  qu'elle  eft 
coiiforme  a  la  copie  fur  laquelle  elle  a  ^t^  tir^e.  Mais  elle  ne  (Mnic 
iuppl^er  Toriginal  que  n'a  pas  vu  celul  qui  •  d^lhfr^  oettfl  rfftofldi 
•JjfiBi  Cift  tn  u  fffni  4M0  l'«o  4iC  il^UMimphm  ittempli  non  ^r#M| 


'4«4  i  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Part  s  III  P^^  ^^  perfonne  publique  :  encore  a  la  rigueur ,  la  ji2rti(T 

CuAF.  VII.  P^*  cxiger  d'etre  prefenteala  collation;  &  autretbis  elle 
ne  fe  faifoit  que  parl'Ordonnance  duJuge.Si  lespieces  font 
cntre  les  mains  d*une  perfbnne  publique  ,  on  peur  lescom- 
pulfcr,c'eft-adire  obliger  TOiSicier  ,  par  autoriti  de  juf- 
tice ,  a  en  delivrer  des  expeditions  ou  des  extraits.  Les  Bul- 
les  &  autres  expeditions  de  Cour  de  Rome  b  doivent  etre 
certifiees  par  deux  Banquiers  expeditionnaires  ,  pour  faire 
foi  dans  les  tribunaux  de  France. 

Apres  que  les  parties  ont  produit  leurs  preuves ,  elles 
doivent  prendre  communication  des  produflions  Tune  de 

f  lautre,  pour  y  contredire  dans  ceriain  debi  :  &apres 

qu*elles  ont  fourni  des  contredits ,  ou  que  les  delais  font 
pafles  ,  rinftance  eft  en  itat  de  jugetr.  Si  toutefois  TEglife 
ou  le  Public  a  interdt  dans  ia  caufe ,  le  Promoteur  doic 
avoir  communication  du  proc^s  ,  &  donner  fes  conclu- 
fions.  Les  jugemensfont  de  deux  fortes  c ;  interlocutoires 
,  &  definitifs.  Les  interlocutoircs  (bnt  ceux ,  pir  lefquels  on 
ordonne  quelque  chofe  ,  en  attendant  la  decifion  du  diffe* 
rent ;  comme  une  provifion  ou  un  fequeftre.  Les  juge- 
mens  dcfinitifsy  font  ceux  qui  terminent  le  different.  Tous 
les  appointemens  &  les  reglemens  de  proc^dure  fonc  une 
efp^ce  d'interlocutoires  d. 
C.  fn.  de      Autrefois,  les  fentences  devoient  etre  prononceesaux 

fcnt.  in  6.     parties  ,  lors  m^me  que  le  proces  etoit  juge  fur  les  piices 

&en  fecret:  Tufage  a  premierement  aboli  cette  forme  en 

Ord.  1667.  Courlaique,  &  enfin  rOrdonnance  Taabrogee  univerfel- 

Cotic.  tit'  19.  lement.  Le  Concordat  avoit  prefcrit  aux  Juges  deligues  un 
terme  de  deux  ans  ,  dans  lequel  toute  inftance  devoit  etre 

Seff.  14.  e,  jugee^  ce  que  le  Concile  de  Trente  a  etendu,  meme  aux 

^*  Juges  ordinaires  c  :  enforte ,  qu'apres  ce  terme ,  il  eft  libre 

h  Tanc  celles  qui  concernetic  les  h^n^Hces  ,  que  celles  qui  con« 
cernenc  les  difpenfes  pour  le  mariage  &  autres. 

c  11  y  a  une  troirieme  forte  de  jugemens ;  ce  font  ceux  que  1*0» 
appelle  prdparatoires  ,  &  qui  ne  concernent  que  l'in(lrudion  ^  cels 
que  ceux  qui  (lacuent  fur  des  excepcions  ,  qui  ordonnenc  que  rori 
Iburniraile  ilefenles ,  qu'une  parcie  fera  cenue  de  reprendrc  Tinf* 
tance,.&  autres  femblables. 

d  Ce  font  ceujc  qu'on  appelle  priparatoires.  L*inter]ocutoire  eft 
diflftirenc ,  en  ce  qu*ii  porte  fur  le  fond ,  fans  neanmoins  le  juger 
d^finitivement. 

«:  Le  concile  de  Treute  o'e(l  point  re^u  en  Frauce>  poui  ce  <{ui  . 
€OJ]cenie  ces  poiucs  Ue  difcipiijie^ 


AU    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       485 

«nx parties  de  fe pourvoir  devant  le  Jugc  fuperieur ,  &  d'y    ■    '  ■    '■■■■ 
pourfuivre  les  procedurcs  en  Y&tzt  oiielles  fe  trouvent.  En  ?^**^'*  JM* 
Francc ,  il  n'eft  pas  neceffaire  d'attcndre  ce  termc  :  l'inf- 
tance  ctant  en  etat ,  fi  lc  Jugc  dtflerc  de  juger ,  la  partie  lai 
fera  dcux  (ommations /;  apres  lefquellcs  cllepourra  appe- 
ler  comme  de  dcni  de  judice ,  &  prcndrc  le  Juge  a  partic , 
pour  Ic  fairc  condamner  cn  fes  dommagcs  &  intcrets.  Telle 
cfilaprocidure  en  prcmicre  inftance.  Nous  parlcrons  de$  apptl-'   .^"^*  '^^* 
lations,  ^prtsavoir  cxpWquilaprocedure  criminelle, 

.ots —  yes 

CHAPITRE     VII  I. 

De  VHireJie  &  des  autres  Crimes  contre  Dieu. 

LA  juridifiion  cccl^dafiiquc  s'cft  micux  confcrv^e  4  Te* 
gard  <ies  crimes ,  qui  font  particulicrcment  dcfcndt» 
par  Ics  Canons ;  parce  qu*ils  combattcnt  plus  dircScment 
ia  RcHgion  &  les  bonncs  mceurs ,  que  la  fociete  civile : 
quoique  les  Princes  Chrctiens  aicnt  aufli  fait  dcs  Lois  pour 
lcs  dcfendre  &  Ics  punir  ^.  Lc  plus  grand  de  tous  Ics  crimes 
ccclefiafiiques  cil  rhcrefic  ,  qui  attaque  les  fondcmens  de 
la  religion.On  appellc  ^fV^T^^ ,  Tattachcmcnt  opiniatre  h  k 
qucique  dogme  ,  condamne  par  un  jugemcnt  dc  rEglife   tnMc.  ep^. 
univcrfellc  ,*  foit  par  les  Decrcts  d'un  Concile  cecumeni-  »4. 15   W(|. 
que ,  commc  rherefie  d'Arius,  condamncc  au  coacile  de  ^7ii   n  iZ 
Nicce  ;  foit  par  la  decifiondu  Papc  ,  reque  dc  toute  TE-   r.u/€b.  Ub. 
gliftf ,  comme  ccllc  dc  S.  Innoccnt  contrc  Pelagc  ;  foit  par  vii.  e.  jo. 
un  Concile  particulier^  re;u  dc  toute  TEglife,  comme  le  niji,  vui.«« 
Concilc  d*Antioche  ,  qui  condamna  Paul  de  Samofate.  11  4« 


/  Ces  fommitioiif  fe  font  de  huitaine  en  huitiine,  pour  Ict  Ju^ef 
re ilbmliiir.t  nuement  es  Cours  ,  &  de  troi»  jours  en  crois  j  niri 
}>our  Ils  3utie«  ^^%^^'  Ordonnance  de  1667  ,  ttt.  is.art    4 

fi  LVgliitf  a  fjic  des  lois  pour  punir  lei  crime^  ,  cn  tan:  ^imIi 
ojVcnfeni  Uieu  £t  rEglife.  Le»  Princcs  ont  fjit  de»  lois  j)our  r':;ifi- 
jncr  ces  memcs  crimcj,cn  tanc  qu*ils  troi.blcnt  rofiirc  i'c  !•  fo- 
cicte  civile,  tj  aufli  cn  ce  qu*ils  blcr/eot  la  reiigi-in  U,  Tt^  .fc  , 
4ionc  le   Princc  ctl  le  procedcur. 

h  0\\  dic  1'accachemenc  opiniitre  ,  parce  qoe  ce  r»e^  pai  l\:.-f<r"r 
qui  fait  rhcriHique  ,  mais  reiitetemcnc  i  pcrfcvc:cr  dj'>*  Imm  er'«"»r, 
jLes  ^ilus  grands  hommes  funt  tomb^s  dans  Tcrrcur  ;  nuii  c.^t  rdl 
u>ieiit  dc  bounc  loi  ^  is.  root  Ibumis  au  iuj^cmcnf  At  rt^gliic* 

Hb  iij 


fi*4i^*^ffjj »  n  * 


)8£  INSTITUTION 

y  •nJ^  ^ooc  en  oetie  matiere  deuz  jugeaiens  :  celui  dc  U  qs^ 

Chap.  Vlll.  uonJeJrau,  pour  iavoLr  fi  une  telleopinion  cA  orthodoxe 
M*  9*  I-  C'  ouheretique;  &  celui-la  apparrieat  uniquement  a  r£gl:te, 
*'  '*  c*eft-a*dire  ,  a  TEveque ,  au  Concile  de  la  province  ou  au 

C.  oif  o^ol.  £nnr  Slege.  L*autre  jugement  c&  Je  U  qiufion  di  fjit  j  ii  un 
^M  hmmu*  f^i  ^  particulier  eft  heretique. 

Les  Juges  laiques  pretendent  en  Franceque  ce  jugement 
leur  appartient  i ,  quand  rhereiie  eft  manifelie ,  (ans  prqu- 
dice  du  jugement  de  rEglile ;  parcequll  ne  s*agit  que  d'exe- 
cuter  les  Lois  des  Princes ,  &  £iire  punir  ceux  que  rEgliie 
a  condamne».  Or ,  les  Princes  ont  etabii  des  peines  tem- 
porelles  contre  ce  crime ,  parce  qu'il  trouble  la  tranquillite 
publique ,  en  divifant  les  elprics  :  car  il  eil  moraiement  im- 
poffibie  qu'il  y  ait  de  la  concorde  entre  des  gens ,  qui , 
prenant  la  Religion  auili  ferieulement  qu*on  le  doit ,  te  re- 
gardent  les  uns  les  autres  cocime  lacriieges ,  ou  tuperfti- 
tieux.  11  ne  &ut  point  dire ,  que  le  Prince  n*a  point  de 
droit  fur  les  coeurs  ,  &  fur  les  opinions  des  hommes  :  il  a 
droit  au  moins  d^empecher  que  Ton  n  en  fafle  parottre  de 
inauvaiies ;  &  il  ne  doit  pas  etre  plus  permis  de  parler  con- 
tre  rhonneur  de  Dieu  &  les  dogmes  de  la  Reiigion ,  q*je 
contre  lerefpetS  qui  eft  du  au  Prince,  contre  les  maTimes 
fbndamentales  de  TEtat ,  ou  contre  les  bonnes  mcsurs. 
^  dhm^*  L'herefie  fe  purge  par  Tabjuration  k  de  Terreur,  &  la 
profeflion  de  la  foi  catholique  :  mais  fi  le  coupable  retomte 
enfuite ,  foit  dans  la  meme  hereiie  ,  foit  dans  une  autre ,  on 
Tappelie  reUps ;  &  Tfcglife  fe  rend  bien  plus  diiScile  a  lui 
C.  arflniaiii-  «^corder  rablblution  ,  pour  ne  pas  profaner  les  Sucre- 

nic.  if.  §.   mens.  On  condamoe auiS  Us  fmteurs  dcs  hiriiiques ,  c'eil-a« 
srfd^ntcseod, 

i  Les  Ordonnmces  qualifient  ceiui  qui  font  coup^bles  d'h<ir^r^e 
de  cnrr.inels  dc  Uji^mjjefU  ,  de  jediticxix  ^  de  pe^turbateurs  du  repcs 
fub.i*:  i  &  ce  criiije  2  t'i  mis  au  nombre  Jes  cas  royuux.  Vcy^-f 
Jei  Ordonnjtn£es  de  Henri  IL  ^d  15S1  %  de  Fraji^ois  (i  ea  iS)9i 
&  ds  Cparles  fX  en  \sO*u 

t  L^abjniucion  ett  uue  renonciacion ,  accompagnee  vie  ^enrent: 
clle  l*e  Lit  enrre  les  mains  de  TEvdque  .  au  pied  des  Juceif.  Suiv:nc 
|e  ccnc'!e  Je  Trence  ,  rFv^que  eil  le  leul  qui  p^jiiVe  abt*.M.ire  Ju 
Crjree  d*hi^refie,  il  ne  peut  commetKre  pertonr.e  pour  cet  erier% 
pss  m£me  uu  de  fes  Grands  Vicaires.  Voyej  le  cosctle  de  Trenr?  , 
/*f  14*  ^^p  6  d£  rtformat,  Mdis  en  France,  lesEveques  iok^itrepl 
d  un  poovoir  pioi  ^tendn  \  \\%  peuvent  commeccre  queiqa^uo  pcjir 

l»7. 


AU   DROIT   ECCLfiSIASTIQUE.      487 

3ire  ceux  qui  les  retirent,  les  aident  &  les  favorifent  en  partik  UU 

quelque  maniere  que  ce  foit.  L'herefie  eft  punie  des  plus  Cuap.  vili. 

grandes  peines  canoniques  :  de   la  depofition   pour  les 

Clercs ,  de  f  excommunication  pour  tous ;  &  ceux  qui  de- 

meurent  en  cet  etat,  font  prives  de  la  fepulture  eccl^fiafii- 

que.  La  peine  s'6tend  jufqu*il  leurs  enfans ;  &  ils  font  irre-    C,ficuta\u 

guliers  pour  les  Ordres&les  benefices ,  au  premier  degre    c^flatutum 

feulement,  a  caufe  de  la  mere/;  au  fecond  degre  ,  a  caufe  \%.cod.  1/16^ 

du  p^re.  Quant  aux  peines  temporelles ,  les  Princes  les 

ont  impofees  plus  ou  moins  rigoureufes ,  f^Ion  les  temps 

&  la  qualitd  des  heretiques  ,  phis  ou  moins  feditieux.  Les 

plus  ordinaires  font  les  amendes  p^cuniaires  ,  la  confifca-  ' 

tion  des  biens ,  en  tout  ou  en  partie » le  banniiTement  & 

quelquefois  la  mort  m. 

Ceux  qui  font  nes  dans  l*hirefie  font  plus  excufables » 
que  ceux  qui  rembraflent ,  apres  avoir  fait  profeflion  de 
la  Religion  catholique  ;  aufii  ces  derniers  font  nomm^s 
apoftats ,  &  font  ks  plus  rigoureufement  punis ;:.  On  nomme  ^^  apoftt    * 

l  Ceft-i-dire  que  (i  c'eft  U  iii^re  qui  eft  heretique,  I'irregul2nt6 
€ft  encourue  par  les  enfans  feulement  :  au  lieu  que  ft  c'eft  lc  perc , 
cUe  s*^cend  iufqu^auxpents  enfans.Cettediftiadiou  eft  appareaiment 
fund^e  fur  ce  que  Ton  craint  qu*une  mauvaife  imprelljon  qui  vienc 
du  p^re  yue  foit  plus  forte  &  ne  dure  plus  long-temps  que  celle 
quivient  de  la  mere  ,  &  fur-tout  pour  des  gar^ons,  dontT^diica- 
tion  eft  plus  du  reftbrt  du  pere  qu6  de  celui  de  la  mere.  Ndun* 
inoins,en  France,  on  tient  que  les  enfans  des  h^rdtiques  n*onC 
pas  befoin  de  difpenfe  pour  pofli§der  des  bcn^iices.  Voye^  les  D^^ 
fnit.Canoniq'^'  )5S»  ^  les  Jnftitutions  LccUfiafliques  deGibert, 
roffi.  I,m.   61.  pag,  2{o. 

m  M.  de  Vouglans  ,•  dans  fes  Inflitutes  au  droit  criminel ,  trait^  . 
des  crimes,  tit,  i.   eh.  i.  pag,  434-  diftingue  quinze  clafles  dift'<^- 
rentes  ydt  perfonnes  qui  peuvent  £tre  condamnees  a  diverftis  pei- 
fies ,  i^^ur  crime  d*heiefie  ;  peines  qui  fcnt  plus  ou  moins  rigou- 
reufes  ,  felon  la  qualit^  des  perfonnes ,  &  auires  circonftances. 

n  Ce  crime  d'apoftafie  eft  confid^r^  par  les  lois  civiles ,  commc 
un  crime  de  lefe-majeft^  divine  au  premier  chef ,  qui  doic  tue  puni 
par  des  peines  publiques  &  infamantes.  La  Loi  %  ,  au  code  de 
apofiatis ,  vcut  que  les  apoftats  foicnc  abfolument  recranch^s  de 
la  foci^te.  Elle  les  declare  incapahles  de  difpofer  ni  de  recevoir 
par  ceftamenc,  &  d'6crc  admisen  tcmoignage.  La  loi  XI  du  mSme 
titre  ,  veuc  m^me  qu*ils  foienc  priv^s  de  la  facult^  de  faire  Cous 
pontracs ,  foic  de  donation  ^  vence,  achats  ou  autres.  Enfin  plu- 
licurs  aucres  lois  civiles  &  caMoniqces,  veulenc  qu*il5  foienc  aHii- 
jettls  aux  memes  peines  que  les  h^r^tiques  ,  &  notamment  qu^ifs 
foient  exclus  de  cous  les  privilcges  qui  onc  etd  introduits  en 
faveur  de  la  religion.  Voyei  les  hiftitutes  criminelles  de  M.  de 
Vou£lanf. 

Hhiij 


488  INSTITUTION 


Paktik  lii.  aiifli  apojlats  ,  les  Religieux  profes  &Ies  Clercs  fscresi?* 
Cha;».  Vlu.  qyj  renoncent  a  leur  profefllon ,  pour  fe  marier  ou  mcner 
une  vie  feculiere ;  &  a  plus  forte  ratfon,  ceux  qui  renon* 
cententicrement  a  la  profeflion  du  Chriftianifme,  comme 
les  renc^ats  qui  paflent  chez  les  Mahometans.  L'Eglif4?  con- 
ferve  (ur  eux  fa  jurididion  ;  parce  que  le  caradere  du  bap- 
teme  rs  pouvant  s'effacer ,  ils  ne  ceflfent  pas  d'fitre  fes  cn- 
fans,  qiioique  rebelles. 

Mais  les  infldelles  ,  qui  ont  toujours  ete  tels,  comme 
les  Juifs,  les  Mabometans  &  les  Idolatres,  nefont  point 
C.  5.6.  de  de  la  juridiftion  de  rEglife.Tout  ce  qu'elle peut  faire ,  eft 
^Lat  'i/r!"f!  ^^  defendre  aux  fidelles  le  commerce  dangereux  qu^ils 
is    16   17,    pourroient  avoir  avec  eux ;  &  d'impIorer  le  fecours  du 
€od.  ex  Conc.  jjras  feculier ,  contre  leurs  entreprifes  ;  car  c'eft  a  la  puif- 
*"'     '       fance  temporelle  a  les  reprimer,  fi,  fe  trouvant  chez  les 
Chretiens  ,  ils  attentoient  contre  la  Religion  ,  en  parlant 
indignemenr  ,  dogmatifant ,  f(^duifant  des  Chretiens  »  ou 
faifantexercice  public  de  leur  faufle  religion.  Le  Prince  a 
droit  d'empecher  tous  ces  raaux  :  &  pour  les  prevenir,  il 
peut  defendre  h  ceux  qui  ne  font  pas  profeflion  de  la  Rc- 
ligion  de  TEtat ,  d'y  habiter.  Ceft  ce  qui  a  fait  bannir  lcs 
Juifs  de  France ,  depuis  trois  cents  ans ;  &  par  la  meme 
raifon ,  Texercice  de  la  Religion  prdtendue  reformee  d^ 
Calvin  a  ete  aboli  ,  par  TEdit  du  mois  d'Oftobre  1685  , 
qul  a  revoque  Tedit  de  Nantes  p.  Comme  les  hereriques  & 
les  infidelles  font  preoccupes  de  leurs  erreurs  ,  on«e  peut 
les  empccher  de  faire ,  dans  les  pays  oii  ils  font  les  fnai- 
trcs,  des  Lois  contre  la  veritable  Religion ;  mais  ces  for- 
tes  de  Lois  n'ont  jamais  detourne  les  vrais  Chretiens  d'y 
'yin.  ir.  10.  h^bJt^r ,  &  d'y  travailler  a  la  converfion  des  ames ;  fachant 
Jdaith.X,i2,  qu*irfaut  obeir  k  Dieu  plutdt  qu*aux  bommes,  &qu*il  eft 
dcfendu  de  craindre  ceux  qui  ne  peuvent  tuer  que  le 
corps.  Ceft  ainfi  que  la  Religion  Chretienne  s'eft  etablie  ; 
&  cet  etat  de  perfecution  fera  toujours  la  preuve  la  plus 
fiirc,  pour  connoitre  les  vrais  Chretiens. 


c  Ceft  i\-dire  ceiix  qui   font  in  facris.' 

p  Ai'ifi  appel^  parce  qii*il  fut  donne  i  Nanres ,  Ic  dernier  Arril 
XS9S-  Ciii  uii  dcs  Edits  de  pacification  ,  qui  furent  accord^s 
aux  Rerig"oiin;iires.  II  rC-fumje  en  quatre-viiigt-douzc  articles «  coas 
les  privile^^es  que  les  preccdens  £dics  &  U^i^UrJUions  de  pa.6U 
£cation  avoient  accurdes  aux  Kfligiounalres* 


AU    DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.        489 


Los  C:ino:is  mcttc:it  1  js  fchifmatiques aii  m-jme  rang  qiie  p^^hxik  ^A* 
"   lcs  hiix't:qi;cs  ;  pirce  q-.r^  ,  commc  dit  S.  Cypricn  ,  cclui  Cuap.  vni. 
:   qui  nc  !!;.ir(''-*  p  is  I*un':fe  dc  fK^jlife  ,  ne  garde  pus  non  plus 
z   la  foi.  L2  fchijmc  ^i\  uncdivifion,  qui  dechirc  rKglifc  ;lorf-    14.  q.  1.  r. 
:    qu^ii.-^c  piirtie  du  peuple  ou  du  cleri;e  fe  rcvo!te  contre  fon  '^7""«""  »*• 
.   Pjflcur  lci',itime,  T»  roriio  de  f;i  commu.nion,  &  de  fon 
;    anrorire  propr:?  fe  donnc  un  f..ux  Paficur  q.  Les  pcincs  du 

fchifmc  font  lcs  mcmes  quc  de  rhcrelier  :  entr'autres,  la      C.    i;    dt 

cafiafion  desor(!in;:tions  o:  dc  rous  !cs  a<S':s  dc  juridiflion,-'  ^/^'"*    ^*^" 

faiis  p2r  les  Prcl.its  fchlfmatiqucs.  Toutefois  ,  Ls  hcrcti-  mJc.i.eod. 

ques  ni  Ics  fchifirariqucs  ne  pcrdent  pas  !c  pouvoir  quils 

avoicnt  d^icirr.inirtrcr  Ics  Sricremcns,  no.T  plus  qiie  !cs  a:i- 

trcs  pcchcurs  ;  le  cariKi*!re  du  S.icordoce  nc  s'e[Ft«.e  non 

plus,  quo  cciai  du  JIj|ncme  ;  fculemcnt  ils  pcchcr.t  ,  cn 

cxcr^iint  ccs  pcuvoirs  hors  la   communion   dc  rE^-Iifc. 

Donc,  comme  !c  nnptcmc  adminiHre  par  un  hcrttique  ou    Pe  eonfecr, 

iin  fthi^irjfique  cfl  \  alahle ,  au.Ti-!>ien  cue  celui  qui  cft  ad-  ^'y'-  4-  c,  jo. 

ir.iriilre  par  un  ivroj^nc  ou  un  iinpudique ;  ainfi  Ics  Prctres  ^^  ^^  ^^p^^  * 

ordonncs  par  un  1'a  cnue  hercrtiqucou  fchifmatique ,  font  Prc- 

tnsfj  pourvu  qucl  Evcqueeutctclui-memccrdonnevalide- 

meni  :carceu\qucdeslaiques  oudefimpIesPrctrcsauroicnt 

prctenduc  tablir  EvcquesouPaftcurs,fous  quelqne  nom  que 

ce  foit ,  nefcroicnt  jamais  que  de>  lai-ues.  LanuIIitcpro-  ^^  \j.c.i,d€ 


^  La  fliucrcncc  ru'i!  y  ii  citre  Plicrcfie  &  le  fdiifrne  ,  cf^  que 
rj.cTctiq-ic  fo i.'iiL*nt  il'?>  ilogmcs  cor.  Jamnfcs  par  Tcg  i:e ,  &  que 
Jc  fchilmaiique  fe  fcj^arc  tics  1'jftciirs  lejfitimcs  &  Jn  corps  de 
rtgiilif.  Ce  qui  pciit  arriver  poiir  qiiel^^uc  diiyjrer.t  dc  primautc, 
ou  autrc  ,  fjr.s  qu'il  y  ait  daiis  le  fjit  dc  riiJ:eiie  mclcc.  Tr^r; 
S.  Jcromc  rn  eanone  Dtxit.  C*iuf  14  qtt    i, 

Ceft  faire  fchifme  avcc  reglife  «niverfcile  ,  q!:c  dc  fc  fcparcr  de 
commiuiion  dc  toutes  lcs  dglifes  ou  de  prclVuc  toiitcs. 

L*e{;life  de  Rome  ctaiic  le  cciitre  dc  ruiiitL' ,  eft  iin  grand  ar- 
gumenc  pour  6:er  toti:  foup^on  de  fchifme  ,  qr.c  Je  demc':rcr 
Wli  au  papc,   qui   e(t  Ic  c^icfde   Tcglifc  tniverrcUo. 

II  peiit  arriver  que  qnclques  cgiifcs  pu't!cu'.ii!rcs  fe  fcparent  cn- 
tr^etles  de  communion,  U\\%  ecrc  pour  celii  rcputccs  ich^rmatiqii^s, 
tant  qu^elles  font  unies  aii  chef&a  la  msjcu-e  ;).i.tlc  dc*  c^liick 
^Di  compofenc  rcglife  univerfelle  ,  Voyei  le  rei.  dt  Jurifyr.  c jn. 
de  !■  Cofflbe  au    moc  Sfhifme. 

r  Ccvx  qul  foniencent  le  fchtime  ,  doivcnc  fitrc  pou:f.]ivis  comme 
'  *  f  trtnrbiccun  du  rcpos  public. 

.:/*Ccpendanc  on  ticnc  que  Iff  nominatio::s  ^l  collations  fuires 

4cf  jMH^ficei  9   par  des   h^rctiques    fcnt  n:i:ies ,  alrfi  q;i*il  eit 
"V  dftai  lcs  M^ifioircj  dc  rAhbc   Lenglct , /ur  .'.i    :oll  :tion  def 
riglifccaihidrdltie  Tcuraay  jMimciiCjixiimt» 


^j«M«/<4rf  f  i^:  I  *  ' 


:49«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  M 


pARTis  Uu  noade  par  les  Canons  contre  les  ordinations  des  fchUmad^ 
SS-^'*  c^iffc'  V*^5 » s'expliquc  donc  par  une  interdiaion  perpetuelle  dont 

tfit.  X.  Le  blarphime  eft  une  fuice  ordinaire  de  rhireGe ;  puif- 

que  celui  qut  croit  mal ,  parle  indignement  de  Dieu ,  &  des 
myft^res  /  qu'il  meprife :  cVft  ce  qui  s'appelle  propremenc 

C.i.tliM0-Blafpheme,  On  donne  aufli  ce  nom  auT  juremens  vains  & 

fidia»  infolens  :  &  ils  font  plus  puniflfables ,  feion  que  les  paroles 

font  plus  horribleSy&profereesavec  plus  de  deiiberation  ir. 
On  y  rapporte  U  parjure ;  c'eft  faire  injure  i  Dieu ,  de  vio- 
ler  le  ferment  fait  en  fon  nom  ,  ou  de  promettre  en  fon 
nom ,  ce  que  Ton  ne  peut  accomplir  fans  crime  x. 

Le  facriUge  y  ed  raSion  faite  au  mepris  de  laReligion; 

comme  la  profanation  de  la  fainte  Euchariftie  ou  autre  Sa- 

ir.  f .  4.  c,  crement ,  des  faintes  huiles ,  des  vaiflfeaux  facres  ,  des  6gli- 

fuifquis  IX.  fes,  des  cimeti^res ;  le  violement  des  franchifes  ^  deslieux 
faints ,  dans  les  pays  oii  elles  font  encore  obfervies ;  le  vol 
ou  Tufurpation  des  biens  confacres  a  Dieu  ;  les  violences 
commifes  contre  les  Clercs  &  les  Religieux.  Le  facril^ge  fe 
trouve  fouvent  joint  avec  lefoniUge  &  Us  maUfices ,  de  ceur 
qui  pretendent  avoir  commerce  avec  les  dimons ,  pour 
C  i  &  1.  deviner  les  chofes  cachees  ou  futures ,  donner  de  Tamour 

ide  fortU,      ou  d*autres  maladies  ,  ou  nuire  autrement  k  leurs  ennemis. 

f  &  6*.  \x*  *  ^^  '^  rapporte  la  magie  ,  Faflrologie  judiciaire ,  la  chiromau- 

JluBuft.  cie ,  &  toutes  les  autres  efpeces  de  divination  ;  les  paroUs  & 
les  caraBeres  pour  guerir  certains  maux ,  ou  empecher  cer- 
tains  effets  naturels.  Comme  il  n'y  a  aucune  proportion  na- 


t  Ou  contre  la  fainte  Vierge ,  &  concre  les  Saints. 

u  Et  auffi  felon  le  nombre  des  rdcidives  ,  s'il  y  en  a.  Ley 
peines  civiles  da  blafpheme  font  expliqu^es  dans  le  fr.  dei  cri" 
mes  y  de  M.  de  Vouglans ,  pag.  4^6. 

X  Sur  le  parjure  ,  voytji  le  m^me  traitd  de  M.   de    Vouglans  , 

pag,  4;9- 

y  II  e(l  mis  au  nombre  des  crimes  de  lefe-majede  divine  aa 
fecond  clief. 


X  La  franchife  des  Esliies  ,  c'efl-^-dire  le  privilege  qu^ellej 
_/oient  de  fervir  d*afile  ,  tant  aux  dcbitcnrs  qu*aux  criminels  quc 
Ton  vpuloit  arrfiter.  11  fuffifoit  m6mc  ,  pour  6tre  en  lieu  de  frau- 
chife  ,  d'avoirpafrc  fon  bras  dans  ranneau  ou  marteau  de  la  porte 
de  rEglife.  La  franchife  des  Eglifes  fut  d*abord  refUeinte  par 
Chaflemagfie  ,  ?c  a  6t6  enfuite  totalement  abrogJe  par  Francoi»  I  , 
en  fon  OrUonnance  dc  1559,  art»  166.  On  tache  ccpendant  <i'cviter 
lc  fcandale  ,  autant  q^iNI  eft  poHible  ,  &  d*attendie  q«e  celui  quo 
Yoa  guette  forie  de  TEgUfe ,    pour  le  preudre. 


AU   DROIT   ECCL6SIASTIQUE.      49« 


turelle  entre  ces  moyens  &  les  efTers  que  Ton  en  attend ;  Partii  IH. 
s*il  y  a  quelque  effet  rcel ,  il  ne  peut  venir  que  du  demon ;  Chap.  VM 
puifque  Dieu  ne  s'eft  pas  obllge  a  faire  de  tels  miracles.  Et 
quand  il  n'y  auroit  que  de  rillufion,  comme  on  le  recon- 
noit  fouvent ,  la  feule  profeffion  de  ces  arts ,  difendus  par 
la  Loi  de  Dieu,  &  Tintention  de  s*en  fervir ,  eft  criminellc. 
La  fuperAition  mene  naturellementa  cescrimes;  &ron  ap- 
pellc  en  giniral  fuperftition,  touce  pratique  que  Ton  ob- 
ferve  fous  pretexte  de  Religion  ,  quoiquVile  ne  foit  ni  au« 
torifde  par  Tufage  public  de  rEglife ,  ni  utile  pour  la  piet6  d, 
'  La  fuperftition  cft  un  crime ,  fi  elle  eft  notable  &  foutenue    D,  c,  6.  tH 
avec  opiniltrete ;  mais  le  plus  fouvent  elle  ne  vient  quc  f *  >* 
d^ignorance  &  de  foibleffe  d*efprit.  Suivant  Tufage  de 
France,  les  laiques  ne  font  point  foumis  a  la  iurididion  ec- 
d^fiaftique  pour  toutesces  fortes  de  crimes,  blafpheme» 
iacrilege  ,  divination  &  autres  femblables  ;  c*eft  le  Juge 
fikulierqui  enconnoit  ,comme  executeur  des  Ordonnances. 


^  »^«a 


CHAPITRE     IX. 

Di    rinqulfaion  a.  De   fon    origini» 

DEpuis  prcs  de  cinq  cems  ans » il  y  a  des  Tribunaux 
Ecclefiaftiques^  eriges  particuli^rement  pour  con- 
jioitre  de  rher^fie  &  des  autres  crimes  dont  il  vient  d*etrc 


a  On  encend  au(C  par  fuperftition ,  cercjinei  opjnioni  TuWculct  , 
qat  attribuent  a  certainei  chofet  on  eAcc  qu*ellcf  n*onc  piit,  U  lul 
cn  fonc  un  point  de  reli^ioo  ;  ccanme  de  croire  aux  jo:.ri  heutciH 
oii  malheureux  i  de  ne  pat  Youloir  coaimencer  uiie  ■sHVite  '.a  vcn« 
dredi ;  de  croire  qa*une  faliere  renverfee  prcfig?  ijcti.e  miillicir. 
Toutet  ces  ideet  Sc  pratiquet  deviennenc  ctim-'.:e\'»c%  ,  lo.-f^ur:  la 
religion  s*y  trouve  compromife ,  comir.e  fonc  ccjx  qwi  f;rc(ciiil';nt 
9rr£cer  Themorragie  ,en  mJrchan;  fjr  u.ir  croix  de  \niVe. 

b  On  rappellc  i  Rome,  U  Tnbun^l  du  fai- 1  Ofjfice  «  ou  U  pint 
Offi<e  fi^npkmrnt.  Quelquet-unt  en  iircnt  )'ori|^r.c  iJ*wii«:  loi  do 
Thiodofe  concre  let  .Manich^cnty  qui  ordonne  a:i  Prct«t  di  l'r^> 
toire  d*Orienc,  d*ec.iblir  det  Inqaifieeurt  pour  r^irc  la  rcc:e''he 
de  ces  hereciquei.  L'cl\  en  effec  la  prexisre  toi  qui  t'»f{c  inontiofi 
d*lnquificeur  en  macicre  dc  foi.  fyjutrei  ne  frj^c  r^rnontcr  T^r  j- 
)>lillemsrtde  rinquincion  t  qa'^  ORC  contticit.or.  f«t'?  par  le  i'ip4 
JLucluf ,  au  Cc.cile  Jt  Vcrone  ,  en  11^4 ,  *ioi  or  ifjune  r.n  i.v<;* 
fucf  dc  kiaivnutT  par  cujt^m^aicf  1  m  par  dci  CommJiairci,  dci 


49*  I  N  S  T  1  T  U  T  I  O  N 

»ARTie  111,  pai^l^jce  tom  ccui  de   Ylnijuifimn.  Quoiqu'i)  n'y  en  air 
Ci&p  IX.   plus  en  France ,  ils  ront  fi  conriderablcs  en  Inlie  &  cn  Ef- 


pcifunnei  rurpeaes  d'herv(ie  ,  fuivint  \i  commune  renommfe  Ec  lct 
dePoncUtions  pjiiiculierei.  Ceice  coiittituiioti  Jilliiigue  let  degrci 
atfurpiBs,  conaincvt .  f£mU,:i  S(  «/j;j  ,  fuivaMl  lerqi-ell  lei  pei- 
nei  font  JirVJteniei.  Uy  eft  dit  qu^jprei  que  rEgiife  a  employe  cod- 
Wew*.  iei  iieiriei  lj>trjcuellei  ,  elte  lei  jbjndoniK  au  brai  feculter  , 
pcur  exercer  contr'eu!(  lespeints  tein[joielli:i.  Une  dei  principilei 
lefiei  d'lio[ctiquei  dont  patle  cette  conllitution  ,  e!l  celle  Jei  Vilu- 
doi)  ou  fauvTti  de  I.yon  ,  qui  commcn^i  daiii  ci^Cte  ville  dei  1160. 
Celt  li  mime  UCte  qiti  pric  di^puii  te  norn  A'Albigeoit.  l.es  Ev<- 
qiiei  e<u:rceren(  piiniileaient  leur  juridiction  fpiiituelle  contre  Ici 
h^ictiqu':!.  On  il^cojvril  cnii^^dtei  Minichfeni  en  Nivemoii. 
Tenic  leur  chcrfiii  briile.  Au  commencemenc  du  treiiieme  ficcle  , 
lei  lieiOliei  fe  mulcipliant,  lingutierement  ceile  dct  Aibigeoii  ,  qui 
pultuloit  djni  lc  LingueJoc,  le  Pape  InnocenC  enroya  dani  cette 
Provlncc,  vcrs  lc  commencement  Ju  treiiic.-nc  fiecle  ,  quelquet 
fjvans  Ahbet  U  Rel-gieu^  de  l'Ordrc  de  Citeiiux,  auxquels  fe  }ai~ 
gniC  S.  Dsminifjue ;  qjelquKS  anueet  avjnc  quM  eQi  inHitiiJ  fon  Or- 
dre  dei  Frcrel  Pri-cheuri.  Riymond,  Comce  de  ToulDufe  ,  graad 
prote^eur  ilei  ^'bigesiii  ayiiit  i^  conlnint  de  les  sbandonner  , 
le  CjiJiiul  Roiii.iin  de  S.  Ang- ,  l^gjt  du  Pape  Gn-goire  l.<  ,  tint 
en  1119  un  celcbre  CnnciTc  j  Touioufe  ,  ou  enti'au:res  chofes  Tort 
fil  feiic  decrets  pour  U  recheiclie  St  punition  dei  hcri:iquci.  Ce 
fiic-li  le  viai  commencement  d'uiie  Iiiquiliiion  rcglee,  Uquelle  de- 
pcniloil  aTors  iotiilemtnt  dci  EvSqucs.  Maii  trois  anl  npres  ,  Is 
Pane  troiivant  que  les  Ev^qael  n'agillbient  paj  allbi  vivcment  a  fon 
gie  ,  atiiil>iiii  anx  Oominiciins  fcJl  rexercice  de  1'lnquiliiion.  Ainli 
ce  f,:t  en  Francc  qnc  ce  Tribunal  co.^nmcnfa  viaiment  d'etre  etabli. 
Les  cniaiitis  que  commirenl  1«  Ininifiieuii  Domiiiicaini ,  les  fi- 
renc  challer  de  France.  Hs  nirenc  psnit^iic  idldblii  qiielqucs  1::- 
rJei  apres  ;  aA-  ,  pour  modjrer  Icur  lele  tiop  ardfiit,  on  leur 
donna  pour  cnlicfjue  un  favanC  Cordclier,  homme  piudenc  St  fage. 
Toutceij  n'empe;ha  pas  q^ie  ce  rrihiinal  ne  -iiatiic  trop  nije  i  U 
J'on  nc  put  s'en  accommoJer  en  France.  Tonlei  lei  Ordonnancet 
conccrnanc  rtnTuificion ,  qTii  fuiC  dii  ccrrps  de  la  Llgiie  ,  fuient 
f>ll>s  Jla  follicitJtion  d:i  Guifci  ,  St  n'euienc  puinC  d'eXccucion. 
It  ne  retloic  prefiue  pinsaux  Dominicains  de  Touloufe  que  le  droic 
d-cximi.ier  les  iivres  de  doarine  ,  !t  celui  d-eiaminer  lei  nouveaox 
CnpIcoiH!,  pour  voir  s'i!i  i|-.;toiBnt  poine  _fufpe6!  d^liirclie  ;  maii 
cec  e\amen  de<  CapiiDu'.!  a  eii  attiibiie  i  1' -iiclicv^qiie  de  Tou' 
Joufe  ,  en  iOj'>  ,  par  nn  arrer  Ju  Conr«il.  On  voit  encore  il  Tou- 
lo.ifc  uiie  maifon  apparienante  au^  Dominicaini  ,  qu'on  appelle  par 
J;bitjJe  Vlnqi^fiiiJH  ;  e1'e  a  fer\'i  de  logemcnt  a  S.  Dominique  iXa 
lempi  dci  ■Ibiseois,  &  depuis  e!le  a  toujouri  eonferv'^  lc  meme 
nam,  11  y  a  deuw  Religieux  llominicains  qui  y  dcmeuicnt  ,  miii  qui 
ii'o»t  iii  titre  ni  foiiaioii  d^Inrjuiulenri.  Leur  unique  emploi  eft  ds 
feivir  le  public  dani  le    minillcre  cceltliattique.   Ainli  il  n'etl  pai 

un  nominicain   qui  all  le  citre  d^Inquirilcni  de  h   loi.  II  ne  reltc 
diii)  cette  ville    aucun   VTllige  du  Tiibuiral  de  rtn^inilition  ,  ainli    ■ 
ejuc  iel'iivnac[e(l£  dini  unelecite  dii  SupfricLi  des  Dominkaiiu  da 


AU    DROIT   ECCL6SIASTIQUE.       493 

pagne ,  que  j'ai  cru  neccffaire  d'en  dire  un  mot.  En  voici  p^„,£  m 
Torigine.  Cmap.  IX^* 

Les  Fr^res  Precheurs  furent  inftituds  principalement 
pour  la  converfion  des  Albi^eois  &  des  autres  hcreti- 
queSyCommc  il  a  ete  dit.  LesFreresMineurss*y  applique« 
renc  aufli ,  pcu  de  temps  apres  leur  inHitution ;  &  dans  la 
prcmiere  ferveur  de  ccs  Religieux ,  les  Papes  s'en  fervi- 
rent  volontiers ,  voyant  le  grand  fruit  qu'ils  faifoient.  IIs 
refutoient  les  herctiques  dans  leurs  fermons ,  &  leurs  dif- 
putes  particulicrcf :  ils  exhortoient  Ics  Princes  &  les  peu- 
ples-catholiques  a  pourfuivre  ceux  qui  demeureroient  obf- 
tines ,  &  a  en  purgcr  Icur  pays.  Iiss'informoient  en  chaque 
lieu  du  nombre  &  de  la  qualite  dcs  heretiques  ,  de  la  dili- 
gence  que  faifoient  les  Eveques ,  pour  Textirpation  de 
rh^refie^du  zcle  des  Princes  &  dcs  peuples ,  &  envoyoient 
des  relations  ^Rome.  IIs  n*avoient  dans  lescommencemens 
aucune  jurididion ;  mais  quelquefois  ils  excitoient  lesMa- 
giftrats  abannir  ou  a  punir  les  heretiques ,  ou  les  Seigneurs 
i  armer  contr*eux ,  &  le  peuple  a  fe  crotfer  ^  c*eft-a-dire  k 
s*affocier  pour  cette  guerre  fainte  ,  avec  une  croix  de 
drap  fur  la  poitrine.  On  donnoit  Tindulgence  pleniere  pour 
ces  croifades,  comme  pour  celles  des  voyages  d*outre- 
mer. 

L'Empereur  Frideric  II  etant  a  Padoue ,  dans  le  temps   KoveH  e»h 
qu'il  fc  reconcilia  avec  le  Pape  Honorius  III  c ,  fit  qua-  '<»'    «o.  DU 
tre  Edits,  dates  du  meme  jour,  22  Fivrier  1224,  P^^  "„  fine!^^"^^^ 
lefquels  il  ordonna  aux  Juges  feculiers  de  punir  les  here- 
tiques  juges  par  TEglife ;  condamna  les  obftines  au  feii  ^  & 
ceux  qui  fe  repentiroient ,  4  la  prifon  perpetuelle  ;  eten- 
dant  au  crime  d'herefie  ,  tout  ce  que   les  Lois  avoienc 
ordonn^  contre  la  rebellion  &  le  crimc  dc  lciemajehea 
&  confirmam.  toutes  les  Conftitutions  civilcs  &  canoni- 


Touloufe ,  ccrite  en  176^.  Voye^  La  Fjille  ,  AnnaUs  dt  Touloafe  ; 
voyex  aufli  le  Rcgiftre  dcs  Arrcts  dc  rLiquijlnoti  ;  &  le  Recueil 
iles  Ordonnances  ,  par  Blanchard  ;  its  Lettrcs  Hi/ioriqucs  fur  les 
Parlerruns. 

e  Ce  Pape  ravoit  excommuni^  cn  1212  ,  tant  pour  n'jvoirpat 
6U  fairc  ia  guerre  aux  infidcllcs  en  Orient ,  commc  i!  Tjvot  nro- 
jnts  ,  que  poi T  uvoir  exile  des  Eveques  de  1j  Pouiile  qm  uvotcnc 
prit  parti  contre  lui ,  8c  pour  avoir  mis  d'juires  Hvdqucs  ca  lcur 
f Iice.  Cecce  a^iire  fut  accommodce  TajUK^e  fuivaiicc. 


494  1  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Jljjw»  lU.  quel  les  ph»  rigottreufes  conrre  les  heretiques.  H  pM^ 
noic  auffi  les  Inqulfiteurs  fous  fa  prote£lion  ;  car  on  nom- 
tnoit  d^lors  ainfi  ceux  qui  avoienr  commiflion  de  recher-* 
cher  les  hiretiques ;  &  ce  nom  etoit  tire  originairement 
d*une  Loi  de  Thiodofe  le  Grand  contre  ies  Manich^ens  d. 
Le  Pape  Innocenc  IV,  qui  monta  fur  le  faint  fiege  en 
114*3  ,  voyant  le  progr&s  que  iaifoient  les  heretiques, 
prit  grand  foin  de  faire  obferver  ces  Lois  de  rEmpereur 
Frideric;  &  attendu  les  grands  fervices  que  les  Domini* 
cains  &  les  Francifcains  rendoient  a  rEglife,  il  leur  don* 
fia  plus  d*autorit£ ,  les  aflbciant  aux  Eveques ,  k  qui  la 
connoiflahce  du  crime  d*h6r6fie  appartenoit  de  droit.  11 
ordonna  aux  Magifirats  feculiers  e ,  d^etablir  ,  de  Tavis  de 
rtveque  &  des  Inquificeurs ,  des  Officiers ,  pour  ia  cap- 
ture  des  hiretiques  &  la  faifie  de  leurs  biens. 

Ceft  ce  que  porce ,  entr*aucres  chofes ,  une  Bulle  du 
M  Dinc*  ^^P^  Innocent  IV,  du  15  Mai  1252  ,  adreflTee  a  tou$ 
i»r.  ^.  0.  les  Refieurs  ,  let  Confeils ,  &  les  Communautis  de  la 
Lombardie  ,  la  Romagne  &  la  Marche  Trivifane,  con* 
tenanc  3  x  articles ,  qui  furent  enregiflres  dans  leurs  fta<* 
tucs.  Le  premier  de  ces  arcicles  icoic ,  que  les  Magiftrats 
feroienc  obligis  de  s^engager  par  fermenc  a  ies  obferver  ^ 
ibus  peine  de  perdre  leurs  charges  ,  &  d'ltre  reput^ 
fufpeds  d*h6rifie.  Alexandre  IV  renouvela  cetce  Coniti-* 
tution ,  avec  quelques  modirations ,  fept  ans  apr^s ,  en 
1259  ;  &  elle  fiic  encore  renouvelie  par  Clemenc  IV , 
fxxans  apr&s,  en  1265.  Mais  quelque  aucorite  qu*e&tle 
Pape  en  ces  crois  Provinces ,  retabliflemenc  de  llnqwfi^. 


d  Cecte  loi  de  Th^odore  eft  de  ran  )82.  Elle  ordonnt  au  Pr^ 
fet  d*Orient  d*^tablir  des  loqiiiriceurs  pour  la  rechercht  det 
Maoich^ens. 

if  On  doit  remarquer  que  les  Empereurs  Thdodofe  XtGrand^ 
Frideric  II ,  avoient  di\\  falt  des  r^glemens  pour  la  recherche  &  la 
pnnition  des  h^r^tiques  ,  &  que  l*tn}on^ion  quc  le  Fape  faifoitaui^ 
Magiftrats  fifculiers  pour  la  captiire  des  h^r^tiques  &  la  faifie  de 
lcurs  bieos  ,  ne  pouvoit  6tie  regard^e  que  comme  une  ex^cution  det 
lois  des  Empereursy  les  Papes  n^apnt  de  pouvoir  d*ordonner 
qii'aux  Ev6ques ,  8(  non  i  I»  juftice  temporelte  ^  fmgulieremenf 
pour  ce  qui  eft  de  jurididion  ext^rieurc  ,  &  des  peines  civiles  tt 
temporelles ,  telles  que  la  faifie  des  biens.  Un  des  droits  &  libert^ 
de  rEglife  Gallicane ,  eft  qu'un  Inquifiteur  de  la  foi  ne  peut  mettrv 
i  ex^cution  fes  d^crets  en  ce  Royaume  ,  fans  Taide  &  antoricd  im 
kras  i<$€ttUer«  UikiUslh  CoMtHq*  toai,  1  f  pa§«  740« 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.       495  

lion  ne  s*y  fit  pas  fans  de  grandes  difficultes.  On  fe  plai-  partii  iil 
gnoit  que  les  Inquifiteurs  ufoient  de  fevirite  indifcrete  9  Chap.IX. 
nfdils  faifoient  des  extorfions  ;  qu*ils  exerqoient  des  ven- 
geanccs  particuli^res ;  que  par  leurs  fermons  ils  excitoient 
]e  peuple  a  s*emouvoir  en  tumulte.  II  y  eut  des  fedttions  no- 
tables  i^  cette  occafion»  Tune  i  Milan  en  1242,  Tautrei 
Parmeen  1279. 

Venife  ne  re^ut  TOffice  de  rinquifition  qu*en  1 289 ,  en   Frs-Paoh ; 
vertu  d\ineBulle  deNicolas  IV  ,  quoique  depuis  Innocem  ^'fi-^^  ^^"^ 
IV ,  tous  les  Papes  euffi^nt  tcnt^  de  Ty  introduire.  Cet  Of-       * 
fice  y  efi  itabli  par  un  Concordat  entre  le  faint  Si^e  &  la 
Republique.  II  eft  indipendant  de  la  Cour  de  Rome  ;  c*eft 
le  Doge  feul  qui  lui  donne  aide  pour  Tex&ution  &  depot 
des  deniers  communs.  A  Venife ,  il  y  a  trois  Senateurs  qui 
affiftent  aux  ades  de  rinquifition  :  dans  les  viUes  fujettes  , 
ce  font  les  Ledeurs  des  memes  villes. 

L*Office  de  Tlnquifition  fut  introduir  en  Tofcane  l*an 
'1258,  &  donne  aux  ReJigieux  de  S.  Fran^ois,  qiu  avoic 
yicu  dans  ce  pays.  L*Inquii^tion  entra  en  Arragon  en  1 2 3  3  ,  LadtdPa' 
a  la  follicitation  de  S.  Raimond  de  Pegnafort  /  Elle  fot  JJ'^'"^;  ^^  • 
Bidme  etabiie  en  quelques  villes  d*Allemagne  &  de  France^ , 
particuliirement  en  Languedoc ,  ou  elle  av<Ht  commence ; 
mais  elle  ne  fubfifta  pas  long-temps  en  France  ni  en  Alle- 
magne.  Elle  n*entra  point  dans  le  royaume  de  Naples ,  a 
caufe  de  la  mauvaiie  intelligence  qui  fut  depuis  ce  temps 
entre  les  Rois  &  les  Papes.  Elle  fubfiftoit  foiblement  ea 
Arragon ,  &  a  peine  en  voyoit-on  quelques  traces  dans 
ks  autres  royaumes  d*Efpagne. 

Mais  le  Roi  Ferdinand ,  apr^  en  avoir  enrierement  chafle 
les  Maures ,  fachant  que  la  plupart  des  nouveaux  Chre- 
tiens  nc  Titoient  qu*en  apparence ,  voulut  les  retenir  par 
la  crainte,  &  paniculierement  les  Juifs  qui  etoient  en  tres- 
grand  nombre.  II  obtint  du  Pape  Sixte  IV,  en  1 483  ,  une 
bulle  par  laquelle  fut  cre^  Inquifiteur  general  frere  Tbo- 
mas  de  Torquemada ,  plus  connu  par  fon  nom  latin  de 


f  Cetce  Inquificion  eft  la  premiere  de  toote  TEfpagne. 

fl  On  voicdans  rUift.  de  Verdun  ,  que  Pfeauoie,  Evique  de  cette 
ville  ,  qui  fiegea  depuis  1548  ,  jufquVn  1576  ,  oomoui  Roger  le 
Beau  ,  Gardicii  des  RecoUets  de  Verdiiii>  loqulfitcur  de  la  foi  dms 
fwk  diocefet 


t^^^fim*rjj  t  y\  « 


'496  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

P  R  ic  lii    ^*"''^^^'''"'"'''  ''  ^f<>^^  Dominicain  &  Confcffour  dii  Roi :  8c 

Chap.  IX.'*  ^^  fut  principdlemcnc  par  fescor.reils  quc  s'etablit  iUnqui- 

Paramo.  /.  z.  {ition  d'Efpagne.  11  prefida  a  une  grandc  affcmblee ,  qui  \c 

vt.  i.  c.  |.    jjjjj  ^  Sevilie  en  1484  ,  oii  uirent  drciretsdes  inliruclions, 

qui  fervent  encore  de  regle  en  cette  matiere.   Le  pou- 

voir  d^Inquifiteur  general  lui  fut  cor.f;rnie  par  le  Pape  In- 

nocent  VIII ,  en  1485  ,  &certe  cliarge  a  toujcurs  ete  de* 

puis  une  des  plus  conliderabies  d*Jb.fpagne. 

Le  Pape  n*a  d*aurre  pouvoir  fur  rinquiAtion  d'£fpagne  , 
que  de  contirmer  rinquifiteur  general  ,  qui  lui  eft  nomme 
parlcRoi,  pour  tous  fes  Era;s.  Ceft  rinquifireurgonerul 
qui  nomme  rous  les  Inquiiiteurs  particuliers ,  avec  Tappro- 
batlon  du  Roi.  11  cft  Prefident  ne  du  Confeil  de  rinqulfi- 
tion  ,  quieft  toujours  a  la  fuire  de  la  Cour,  &  qui  a  la  ;u- 
ridi6lion  fouveraine  en  cetre  matiere.  C*eft  ce  Confcil  qui 
fait  les  rcglemens^qui  juge  lcs  differents  entre  les  Inquifi- 
teurs  particuliers,  qui  punit  leurs  faures  &  celles  des  Mi- 
niftrcs  inferieurs  ,  qui  re^oit  les  appcllations  ;  &  ce  Confcii 
ne  depcnd  que  du  Roi.  De  ce  Confcii  &  de  rinquifitcur  ge- 
neral ,  dependent  toutes  les  autres  Inquifirions ,  de  tous  les 
Erars  du  Roi  d^Efpagne,  mcme  dcs  Indes ,  c*eft-a-dire  des 
Piiilippines  &  du  Mexique. 

L'Inquifition  de  Porrugal  fut  erigee  fur  le  modele  de 
celle  d^Efpagne  en  1535,  par  le  Pape  Puul  III ,  a  i'inftance 

^t[^i!!^e\  is/  ^"  ^^^  ^^^^  ^^^  ^*  ^^^  Efpagnols  ont  voulu  erablir  a  Na- 
ples  une  Inquifirion  dependante  du  Confcil  dTipagne ; 
maisIePape  neTa  paspermis.  Lcsproces  dcs  heretiqiies  y 
fonr  jugcs  par  les  Evcques ,  cu  par  Ics  delegues  du  Pape  , 
c'eft-a-dirc  dc  rinquifition de  Romc  ;  &  ccsdelegucsn'exer- 
ccnt  leur  jurididion,  qu'avec  la  permiffion  du  Vice-roi. 
Lcs  EfpHgnoIs  ont  voulu  aufli  inrroduire  leur  Inquifirion 
dans  les  Pays-13as  ;  &  le  Duc  d'Albe  Ty  ctablit  cffcdive- 
ment ,  a  main  armee ,  fous  Philippe  II.  Ce  fut  le  principat 
pretexte  qui  fit  rcvolter  la  Hollande  &  les  autrcs  Provin- 
ces ,  qui  ibnt  a  prefcnt  unics  en  corps  dc  republiquc  :  & 
nienic  dans  la  Flandrs  Autrichicnr.c  rinquificicn  cft  rcduits 
a  ricn. 

/1  LcT  II  Novcmbrc  17 so,  fu  Majedt^  Porcugaife  a  orilonii^  que 
les  lentenccv  de  cetix  qui  fcroiic  condamiris  a  murt  par  l''iiquiil- 
lioii ,  iiL'  leront  ex(!cucccs  qu*apr6s  avt>ir  ^t^  vifces  &  •pproavi!es 
pai-  iou  Confcil  Zk  fignces  ptir  fii  MujeiU* 


AU    DROIT   ECCLtSIASTIQUL       i^-r 

■    EnFrance,  quand lescerr/ ^reshercC»  ccr-rje.-^rtrrer.::  •  p^, -  »  ij 
cn  fe  plaignit  que  ics  Eveques  n*e!oie=t  pas  a£ez  ^rz  :r-es  Ctii.iA 
a  recliercher  &  a  punir  ceux  qui  en  etoieat  ir.:r£:rs.  C  ;rr. 
pourquoi  on  eut  recours  a  ces  co.TssiiaDas  ce  Jjiie*  e\- 
traordinaires.  Le  Parlcmcn:  ce  Pans  ordcrina  £  p.^:':?-.-*      p.,^,,    . 

Lveques  de  bailler  des  Letn^es  ce  Vicarizt  a  des  C'n'i  '-  j .-&.  a 

IcrsCicrcs  de  tbn  corps ;  ti  ea  crAl!;r  avec  le  r,rre  -"-'-.ri  .'- 
ifi/ri  ,  qui  furent  confirires  psr  un  Bref  de  Ctrient  \  li, 
cn  1525-  i^es  gucrres  cMies  £^  !es  Ldi:>  de  ps^^a:^^:.^ 
eteignirent  toutes  ces  po-jrfjires ,  6c  i!  n*c3  rx^iit  er.  Frzr.;; 
aucun  veftige  d'Ir!qu;finon ,  qu;:  le  tlrre  dTnq'-:fr:rjr,  c  jc 
portc  encore  un  Jacobi.i  a  TojI'?ii  e  ,  avec  u.ie  ^^L'ji 
modique  du  Roi  ;  mais  far.s  auccrre  fQrfrcT  /-. 

A  Rome,  le  Pape  Pau!  lil,  a  lcccafjon  de  '."hi:: ir':t  ds 
Lutlier  ,  releva  Ic  Tribunal  ce  rinr- f:rTon ,  q-i'  r:'y  2*.  ci-r 
pas  et2  continuc! Icrr. 3 r»t  e^crcJe.  li  cTibljT  y-5e  Cvri"^zs- 
tion  /  de  Cardin.qux  ,  pour  juetr  fvuvcrs^r.er.srr  tcuriS 
les  afLires  qui  concerren:  ifcerefje,  oa  ies  criaies  rc-n- 
b!able<  ,  i.iftituer  ou  ceftiruer  les  Inquifnws ,  6:  rc-y.-r 
toutes  leurs  fonctions.  Le  Papc;  Si»!e  V  ,  trzttr.z  Irr  1  - 
vcrfes  Congrccations  dc:  C^irdin^ji  qui  fjbf:^en:a  !<'.  t^t, 
donna  le  prcrrierranea  celie  ci.  F.i!e  eft  cozri^ytt  r-t  '.pt 
Cardinaux  &  de  quelques  auires  Oniciers,  &  It  ?.:'z  y 
prefidecn  pcrfonr.e.  Son  auiorite  s^ciend  p'^r  :o,ii  il '.£..{;, 
&  fuivant  ieurs  prctentions  ,  par  lou:  !e  rronde. 

Ceft  a  rinquifi:ion,  dans  les  pays  ou  e!!e  tft  rryjf, 
qu*appartienc  la  dcfcnfe  des  livres  d<ingcrcux  n^  u  h  rt- 


i  II  s'agicici  fi^g-.re-ement  dei  hc-tMti  Je  Lat}:t:  b  f«  C*.../  , 
^ui  c  Tr,incncc:f!::  J.:''»  le  Jtj/itT.ti  f.e-lt. 

t  fr^c^lj  pri:.r'fjre  •:'>te  '[-i  f:  «  '--^"'.•'^'ceTent  r>  t«  f '■♦- 
pife  ,  \ert  la  f;n  Jtr  t^ric  rc!'.--  l!  t:t  L'.:.  i  \.;!'t  le'  r  ►  r'-i  Jei 
reglerr.':is  ^jc  1'«.  n  ::c--.c  ;"«!:i  cn  Fr*-  it.  ».  i".;;!  ,•;  1  *;.-;-■■  •  •- •! 
clu  :c:npi  dc  U  Lig  c  ,  ::■:  :.:cj:  i..^':c*  qj\  ««  fv..:-. -^vr  .-.  'Jci 
Giiitcs  ,qui  fjvorifuie.-i;  lc  p«r:i  Je  I*  L.g..c  ,  U  qj':!»  x.''..-.:  c.  iib- 
cuiie  exci;ution. 

/  CcftccIIc  qu'on  appellc  la  Ccr:g'e§etiQn  da  fiiii  0^.;r  oj  dt 
tlnqu':fitiO'l. 

m  L'«ril  dans  h  Cor.g-cgitio.-.  dj  f»ir.:  Oflfue  «?r  Rorre  .  •:  r  fr 
fiit  Vindcx  txpurgator.utf  iiuqjc!  o»  ir.fcril  «  fnefjrc  toj»  .>■  i..'«t 
«jui  foiit  cenfurci  par  le  faint  O/Sce.  Ps'j\  IV  ^.:  tv.i!  ..r.  i^r-^^^.i 
zc!e  pour  le  niainticn  U,  r^ccroiiicrr.rct  di  llrquiftio':  .  \'.j[gi.t 
.feacilier  lux  defordre»  caufct  par  U  ic6ure  dci  oid  jvin  i;.r«i  , 
'fhir^ea  lei  ln<|uifiuiin  fi'ca  £111  c  ua  indxx  ou  cata!&g-.;c  ,  ^l' J  f.-a- 

Tom  II.  1  i 


ti4^^tm*rjj  t  » 


49?  I  W  S  T  I  T  U  T  T  O  N 


ijiA^.  JK.   ti'om  qii£  queiqutrf  pam»  n;a;t'Eii£rF.  tfiican:  isf  iipnt:? 
f  r'«f«tf.  Qu  irt  tootf  lufjiefts .  fi^  or.  r.  n.e  iss  exD:«ier  er  ^  e:::i  isLS 
''  crttc  corrfcc-wiim, 

C  H  A  P  I  T  K  E      X, 


c 


E  aui  rend  terrib^.e  ]c  Trirunal  de  !1ri :TL:':iiiic*2,  etf 
j  j 

qiit  ion  T  obfer\  e  a  la  rirjctr  jM  Cozitirurior*  in:> 

deme»  comrt  ;«  heretiqufcs,  cu:  TDUtcfoi»  t'c»ui  cer^cra- 

ks «  &  de%f oient ,  fii;vani  Jlciennoc  oes  LcplaTeurs ,  tnz 

oUtTvees  <ie  xaeme  par  les  Orciiiaires  ,  ccjI  a-dire  psi 

les  Eveques  cvi  leurs  QSciauK. 

Dj'<??.  I'f.      Suivam  ces  reg>es ,  ceiui  cui  eii  feulecsentcSiie  d^ke- 

j  r-^^r.  <tff.  fific,  pax  ua  bruir  commun ,   fans  sutre  preuve,  co:i  fe 

c  <gccM,t%.  purgercanoniquememy  c^efi-a  dire  parferznem,  avec  plu- 

^*  kmrti^  J.  ftfcuri  tctnoini  n ,  comsse  il  fera  dit  en  fon  lieu.  Ceiui  qjk 

adjuimut,     ^^  fufpcS ,  <ioit  al>;urer :  C2ai&  cn  difiirgue  rrois  fones  de 

ioup9ons,)c  i^ger ,  le  vchcvuru  &  ]z  \hler.:.  Lc  fcjpcon  ti- 

A«0u/i/  forme  uoe  prcfomption  de  drclt  ,  mais  contre  \itr 


b!ia  cJar:i  Za  fiiite.  Let  peinet  q'»'il  i.-np:^.0  i  ce'.:x  qai  vio!eroisn:  !a 
diftnft  (le  lire  cci  livret,  fo.*::  cxtremenicst  l^\t:ti  :  eV.ei  corfif- 
tenc  diinf  rexcummunication  ,  la  privation  &c  incap:c::e  Je  toutfs 
chargef  &  bcn^ficet  ^  ri.nfamie  pcpdtJere  &  au:ret  peinss  feir.bl:* 
ble».  U  fe  r^fervoit  le  pou%'oir  de  re2ever  feul  de  cet  ceofurei  &  ds 
cct  peifief.  On  dcputa  au  Concile  de  Trente  en  is^t,  d«:is  ur» 
cungrtfgation ,  dix-huit  Peres  du  Concile,  pour  crdvj:l!er  2u  cacs- 
logue  ou  index,  def  livret  dcfcndus ;  a  condition  ncanmoins  que  ce 
CValogue  ne  lieroic  publie  qu*i  la  Hn  du  Conciic,  pour  ne  pas  ai- 
grff  i'efpric  det  Proteflanf.  U  y  euc  le  14  Mars  1564,  unc  bulle  de 
We  IV  ^  poor  1'approbation  de  /'iWtr ,  c*eft-a-dire  du  catalogae 
defe  livrtf  donc  la  lc^ture  fut  dcfendne  ,  &  qui  fut  compofe  par  let 
d^piic^f  du  Concile  de  TrenCc.  Cet  tndcx  «1  ctd  augmente  depuis 
c:onIiilLTabIemcnc.  I.orfqu*on  dit  qu'un  livre  a  ctc  mis  a  Pi'uiex  i 
Kome,  cVfM-dire  qu'il  a  <5re  condamne  par  U  con^rcgation  d« 
Vmdcx  ,  U  mit  lu  cucalogne  dos  Ilvres  dcfendus.  Mais  on  ne  re- 
tonnciii  poinc  ei\  FrgYice  Ici  d«.*crcts&  autres  ades  dman^s  de  cecce 
tonKr<5gacion  ,  comme  il  parofcparun  ariScdu  Parlement,  qui  firt 
lendu  en  1647  ,  fnr  let  conclufions  de  M.  TAvocat  Gcndral  Talon. 
y^ytj;  le  iounial  de  M.  dc  Seint.Amour  ,  imprim^  en  16^12. 

n  II  fguc  qiie  cei  C^moinf  atceftent  qu*ilt  connoillent  Taccufd  pooc 
iiumnie  Ue  bgiuioi  moiurf ,  &  non  enuch^  du  crime  d'h^re£le. 


^'t . 


■^  '^Ji 


AU    DROIT    ECCLfeSlASTlQUE,     499' 
^elle  la  preuve  eft  re^ue  ;  c'cft  comme  de  manger  gras  les  p^  .'" 

ioursd^fendus.iiediredeserreursen  maiiiredefoi.  Celui    CHAr  x. 
qui  retombe  apris  en  avoir  ete  aiieint ,  cft  tenu  pour  re-   ''■  ^"ujaiui 
laps.  Le  foup^on  vitUm ,  eft  cooime  de  frequcnter  les  afletn-  ;^  ^ '  «•« j. 
blies  des  hereiiqucs,  de  routenir  pendant  plui  d'un  an 
rexcommunication  en  caufe  de  foi.  II  produit  la  pr^foinp-   C.  cum  etn. 
laoa  juris  &}are ,  contre  laquelle  la  prcuvc  n'eft  point  ad  '""  '  '*'^' 
mife. Celui  qui  en eft  atteint  eft  traite  comtne  herctique. 'c^l^i ahoUn 
Or,  celui  qui  eft  convaincu  d^herifie  par  fa  propre  con-  9-  %■  t.  d*' 
feflion,  quoiqu'il  5'cn  ripente,  8c  qu'il  abjure,eft  con-  *"'"''■  '•  "- 
damn^  i  une  efpice  d'amende<honorabIc ,  &  a  la  prifon  nX'"*  '*' 
perpituelle ,  pour  y  faire  p^nitence  au  pain  &  i  Teau. 
S'il  eft  relsps,  quoiqu'it  fe  r6peine,  it  cft  tivr^  au  brai 
feculier  pour  etre  brul^  0,  toute  la  grSce  qu'on  Jui  fait, 
c'eft  dc  lui  accorder  les  Sacremens  de  Penitencc  &  d'£ucha-  ^  -  . 

rtftie.  Celui  qui  etant  convaincu ,  demcure  tmpeniient  &  4'  dthar.  fa 
obftine,  rdaps  ou  non,  eft  livre  au  bras  feculicr,  &  bu  ^- 
feu.  On  traite  de  mene  celui  qui  eft  convaincu  par  des  ^""t'  "'"""^ 
preuves  fufEranies,  quoiqu'iI  dinie  fhirclie  &  fafle  pro-     c  9.  rf.  «; 
fcfiion  de  la  foi  cstholique.  VoiU  les   peines  des  Lois  "^o'»'".  if, 

Voici  la  fonne  de  procider.  L'Inquifiteur  nouveau     Dutn.  i. 
ayant  rc^u  fa  commiffion  du  Papc ,  ou  de  ceux  a  qui  le  '"''-  '*<''•  '<"• 
Pape  en  a  donni  le  pouvoir ,  doit  ta  faire  connoltre  & 
1'fcveque  ou  i  fon  Vicaire-general ,  &  aus  Ofticiers  de  la 
juftice  temporelle ,  a  qui  il  ^ii  preter  ferment  d^obferver 
les  Lois  civiles  &  ecdifiaftiques  contre  les  heritiques.  Du 

«  On  crouv*  dint  1c  Rcrueil  dt%  Ordonnancti  de  U  troin^me 
ncc,  unc  Oidonnancedc  l>hilippe-/(-f<tf ,  du  moii  de  Scptembre 
\  19)1 ,  portiiK  que  Ui  h^r jiiquci  &  leuri  fsuieuit  ,  condimiivt  p«r 
lct  Eviqucf  Du  l«t  Inquifiteuri,  feront  punit  par  \t\  jugej  fi-cullerc 
fint  ippel.  Miii  l'on  ne  connoii  plui  eii  F.-aiiee  dc  jugei  InqEiifi. 
teuri ;  le  iugc  rsyil  cuniioll  du  crlmc  d'h^-rL<rie  ,  cnmme  elant  un 
«rline  public.  II  fjat  valr  lci  d<d*iitkin>  dei  lo  Juln  \b'\t,  ,  tj 
Man  1679  ;  l'Edit  de  Juin  16I0,  li  dJcUialion  du  moii  de  K'o- 
vcmbre  fuivml ;  cellctUci  tj  luin  I6S)  ,  le  Julllet,  6  Aodi  iOS{ , 
^ManSCii)  Oftsbre  iaSS,  ii  Oftobre  1CN1 ,  Miri  1691,  i( 
Septembre  1699,  8  Miri  171  {  •  (c  «4  Mil  iTMi  ?»■  'labliilcnc 
d*t  pcinei  panieulUtei  coiitre  ceux  <iul  peuTent  introduire  ou  fj. 
voriret  l'hfrjfic  dini  le  Rofiume.  Cei  peiuet  foiii  plui  ou  moiiii 
|nvet ,  felon  let  perfonnei  &  lei  «Irconiiiiicet. 

f  On  entend  icl  par  lns  npuvtltti ,  te>  coiiftilutions  dci  PaprT  , 
BDUrieuret  luK  loit  liiicei  pir  lei  Empereurt  Tb^odora  U  Ciand, 
•CFfMedc  U  ,  coBUe  Ui  btrcdfuet. 

...  li  ij 


500  INSTITUTION 

Partie  III.  commeiKemeiit, les  Inqutfiteurs  prenoieni  aufTi  des  Lettr» 
Cbap,  X.  de  Cauve-garde  &  de  protedion  des  Souverains,  &exi- 
geoient  svec  rtgueur  ce  rermentde  leurs  ofliciers,  jufqu^il 
les excoiRniunier ,  s'ils  le  refufoient,  les  dcAiiuer  de  leurs 
charges  &  meitre  les  vtlles  en  inierdii.  Depuis  quc  leur 
tribunal  eA  permaneni,&leur  jurididion  regje,  iIsn'onc 
pltis  befcMn  de  ces  remedes  violens. 

L'Inquifiteur  peut  etablir  des  CommifTaires  pour  les 
Itcuxouil  ne  peut  aller  commodement,fi  fondeiroit  e(t 
trop  etendu:  ilpeui  meine  fe  donner  un  Vicaire-Geniral. 
It  a  un  Promottur  ou  fifcal ,  un  Scribe  ou  fecretaire,  qui 
doir  etre  d*ailleurs  perfonne  publique ,  comme  un  Notaire 
apoflolique.  U  a  aufTi  nombre  defunilien  ;  car  c'efl  ainli 
qu'on  appelle  ceuxqui  ontdroii  de  porter  les  armespour 
leur  fureie  &  pour  cefle  de  Mnquifiteur ,  qui  fervent  a  faire 
Tanmo.  dt  les  capiures ,  &  fouvent  font  les  denonciateurs  fecrcts.  En- 
inji-i/:  TaUt.  fi„  ^  ii  y  a  pius  ou  moins  d'Officiers ,  felon  les  ufages  des 
pays  icar en  Efpagne ,  oii  rinquifiiion  eft  tres-puiffanie,  on 
en  cooipie  jufqu^a  douze  efpices :  or  ce  grand  nombre  de 
perfonncs  qui  depcndent  rle  rinquiruion ,  en  etendent  no- 
tablement  lajuridi£lion;car  ils  y  entioustoutesleurscau- 
fes  commifes,  en  quelque  matiirre  que  ce  foit,  civile  ou 
Crimtnelle  ,  en  demandant  ou  en  defendant. 

L'lnquifiteur  commence  Texercice  de  fa  fonftion  par 
un  fermon  folennel,  dans  la  principalc  Eglife,  oii  il  pro- 
firamo.I.  fofeVEdiiJeUfoi.CeA  ainfi  que  Ton  nomme  une  oioni- 
I-  4-  ]•  tion  generale  3  toutes  perfonnes ,  de  denoncer  dans  cenain 
lerme  tous  ceus  qui  leur  foni  fufpefts  d'hcrefie ,  apoflafie , 
ou  autre  crime  femblable;  &  de  reveler  tout  ce  qu'ils  fa- 
vent  fur  ce  fujet.  Cet  Edir  porte  un  temps  de  trente  ou 
quarante  jours;  pendant  lequel  fi  les  coupables  fe  denon- 
cent  eux-tnemes ,  ils  feront  re^us  fans  fubir  la  rigueur  des 
peines :  c'eR  ce  qui  s^appelie  U  itmps  de  grJce.  La  propofi- 
tion  de  rEdii  fe  fait,  non-feulement  quand  rinquititeur  en- 
tre  en  charge ,  mati  encore  quand  il  fatt  fa  vifite. 

Enfuite  L'Inquifiieur  re^oit  les  accuf>itioRs  ou  dtoon-' 
ciations,  ou  bien  il  informe  d'ofEce  fur  la  diSamatioiij 
commc  feroit  le  juge  ordinaire.  S'tly  a  lieui  la  piiGBde 
corps ,  il  rordonite.  II  interroge  raccu(i,&  fiiit  tomc  ]*iaA 
ttu£lioii  qui  fera  marqu^e ,  excepti  qu'cl'  '  '..i^rve  pas 
fi  repili^meiu  en  cette  laatiirc,  par<..        Ics  Coiifli- 


AU   DROIT    ECCLfeSIASTlQUE.       jot 

tations  modernes  portent  que  le  crime  d'herefic  pcut  etre  pa,^tie  lll 
traite  fommairement ;  &  que  comme  il  eft  ie  plus  odieux    chap   x. 
de  tous ,  ceux  qui  en  font  prevenus  font  moins  favorables.  ^-  /'•""'  *^; 
Les  Inquifiteurs  obfervent  le  plus  grand  fccrct  qu'il  eft  ^*    *"^'''  '" 
pofTible ,  afin  que  les  accufes  ne  puiflcnt  fe  derober  a  la  juf- 
tice,  ou  communiquer  leurs  erreurs. 

L'inftruftion  etant  achevec,  rinquifiteur  juge  leproc^s  CtemtntmuU 
avec  rEveque  ou  fon  Vicaire  General,  &  un  confeii  fuf-  '^*"  ***^'^* 
fifant  de  Do6leurs  ou  d*autres  perfonnes  capables.  Les 
condamnations  font  differentes,  fuivantles  diftin6tions  qut 
ont  hii  marquees ,  de  diffamation ,  foup^ons ,  conviftion, 
d*accufe  penitenr  ou  impenitent.  Les  fentences  fe  pronon- 
cent  publiquement  avec  grande  folennite ;  &  c*cft  ccnc  ce- 
rcmonie  que  i*on  appelle  en  Efpagne,  Autodafe^  ou  Afk 
dtfoi,  Pour  la  rendre  plus  celebrc,  ils  joignent  enfcmble 
un  grand  nombre  de  coupables  condamnes  a  diverfes  pct- 
nes,  dont  ils  refervent  Texecution  a  un  meme  jour.  On 
drcffe  un  ichafaud  dans  une  place  publique ;  l*lnquifitcur 
ou  quelque  autre,  fait  un  fermon  fur  la  foi ,  pour  y  con- 
firmer  le  peuple ,  &  combattre  les  erreurs  des  condamnes» 
que  l*on  tient  fur  Techafsiud  expofcs  aux  yeux  de  tous.  En- 
fuite  on  prononce  les  fentences ,  &  on  les  execute  fur  le 
champ. 

Ceux  qui  font  convaincus ,  ou  violemment  foup^onnes, 
tnais  penitens,  font  leur  abjuration  publique ,  &  fontab- 
fous  de  Texcommunication.  Pour  marque  de  p^nitence ,  oa 
lesrevet  de  facs  benits,  fanbenitos^  qui  font  comme  dcs    '*"/"'"''•  ''*• 
fcapulaires  JHunes ,  avec  des  croix  de  S.  Andre  rouges  de- 
vant  &  dcrriere ,  qu*ils  doivent  porter  toute  leur  vic  :  on 
leur  erjoint  de  fe  tenir  k  certains  jours,  comme  a  telles 
Fctes,  pendant  hi  mefFc , a  la  porte  d*une  tellc  Fglifc ,  avec 
lin  cierge  ailume,  dc  tel  poids,  ou  d*autres  aAes  fcmbla- 
bles  dc  p^nitcnce  publique  f .  Quelquefois  on  lescondam-  ^  r.dahett': 
ne  k  la  prifon  perpetudle.  Ceux  qui  fonr  convaincus  &  q.  $.  i.   dl 
impinitens ,  ou  penirens,  mais  relaps ,  font  degrades ,  s*iis  A«'''« 
Ibnt dans  les-Ordres,  piiis livres  au  bras  feculter ,  pour  etrc 
ex&utfa  i  iDort. 


.  f  On  MrToaffre  plai  m  Fraocv  ^  ron  impoCe  aus  Chr^ticnt  iucune 
yMtcnce  publiqnt .  foit  tfe  penr  rfe  rebuter  les  p^nitent ,  fuit  parce 

<l>i'cn  vouIaacpttUrrfpeMltfliBMiUe.  on  ne  fajt  encore  qite  IW-. 
nienccri  ••      '■   > 

1«   ••• 
1  nj 


crs  I  K  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

T~TT77       n  dt  vrai  cue  ii^tys  la  Senretu  l  v  a  us€  daufe  ,  qui 

c.  noi-z/niu  JuQiis  ttf;.ii;iers  -iti  .^'jr  Lii->ier  l^  vie  &  !a  muhlatLoa  des 
Vr^  -^  ^  meinbnss :  mis  cerrs  ciuu:<£  c"eii  cue  de  ^yle^pour  ga- 
t'.  a/  .ii.:u'fit.  rannr  les  J-zi»  ecctiiiECii^  de  rLrrezuiahte  :  car  ii  y  a 
H  Je  7«'rt.  cxwjrr-^uricarcn  cccrre  le  J»-$e  Liique»  $":i  renifoic  ou 
*"  ■  ^  diiteroic  j';:iic-iter  ks  LoiS  uzperiales,  qui  por.e&tpeLic 
F9gntx  91  2.  <i<:  ^ort  concre  ies  heresquesw  Pour  lever  tout  lcrupule  , 
pa.  Mr^  p^ul  IV  a  (iiipeme  de  ce  «enre  dlrrecularite  tous  ce:ir 
*^  qui  coniulcfnr  ir,  pr^ezce  du  Pape  tur  les  mari^res  cnmi- 
nelles,  2k  doccenc  des  av.:>  q*^  voat  a  la  mutilation,  ca 
a  la  morc  oarireiie  :  &  cecie  di:peai*e  a  ete  confirmee  par 
Fie  V ,  &  etencue  a  tous  les  iQquiikeurs  &  les  CociliI- 
teurs. 

Aux  ASes  (ie  fol  de  rTnquiunoQ .  les  Juges  feculsers  font 
preiens  ddns  U  pljics,  a\ec  leurs  ChSw^rs  &  lesMiaiicres 
de  rutbce ;  &  apres  qulls  otic  re^^a  les  coupables,  xes  Lc- 
cleilaftiques  fe  retirecc ;  fur  k  csamp  les  Juges  l*e;:ujiers 
rerdecc  leur  ju^enecc  &  le  foac  execurer.  C  n'y  a  poinc  ea 
Ejpa^ne  de  plus  zra::ds  fpectacles.  Pour  les  readre  plos  ter- 
xthies ,  its  couvreac  les  impeairens  de  facs  noLrs ,  femes  ce 
caormes  &  de  diobles ,  &  les  menenc  aicil  fur  le  bucher.  Ls 
crcienc  coutes  ces  ri^aeurs  aece£iires ,  pour  retenir  par  la 
craiace  les  reftes  de  Juii^  &de  Miures  oxal  coavenis, 

£n  Fracce ,  cous  croyons  que  pcur  la  pcurfuite  des 
crimes  eccIeiiaiHques ,  les  Evequ^  &  leurs  O^iaux  lu> 
dfeac ,  fans  recevoirces  commi^ioos  curaordjiaires ,  qui 
par  la  iiiite  devieaoenc describuoaux  reg!es.II  cA  a  crkiadre 
que  ceux  qui  exercenc  ainilune  jurididioaemprun;ee,ne 
foieoc  teaces  de  tzire  valoir  Leur  autorice ,  &  de  grotlir  les 
IJutes  ou  les  foupqoas,  pour  avoir  de  roccupacioc  n  car  il 
e&  ecraage,  quc  Toa  trou\'e  tous  les  jours  des  heredques 
ou  des  apofiats  a  puoir ,  dans  des  pays ,  ou  depuis  plus  de 
deux  fiecles  on  n*ea  fouffire  point.  D'aLIieurs,Iacraiate  eii 
plus  propre  a  faire  des  hypocrites .  que  de  veritables  Chre* 
ciens.  La  rigueur  peuc  etre  utile  poor  r^rioter  uce  hcreile 


r  L<s  Ic({uifitcars  »*attribnoi«n:  taimt  one  partic  dt  U  facctCuott  4a 
«eia  qalU  coB^aaoieot  pour  crimc  dlidrcM  %  cc  M  ctoic  umm  iavacm 
4'abu»  ,  ^i  liit  rifpriaUc  co  Frasct  piT  Wf  OMonMSC  il  *I3*b 


AU  DROIT  ECCLtSlASTIQUE.      J03    

kaiflante  ;  mais  d'etendre  les  m&nes  rigueurs  i  tous  les  parth  IIL 
temps  &  a  tous  les  lieux,  &  prendre  toujours  i  la  lettre  Chap.  x. 
toutes  les  lois  p^nales ;  c*eft  rendre  la  Religion  odieufe » 
&  s*expofer  k  faire  de  grands  maux,fous  pritexte  de  juf- 
tice.  Nous  mettons  en  France  un  desprincipauxpoints  de 
fios  libert^,  i  n*avoir  point  refu  ces  nouvelles  lois  & 
ces  nouveaux  tribunaux/,  (i  peu  conforjnes  k  Tancien  ef- 
prit  de  rEglife. 


^m 


=g^^^Wi 


CHAPITRE    XI. 

D^  ia  Slmonie» 

AP&is  rherefie ,  le  plus  grand  crime  eft  la  fimonie ,  que 
les  anciens  qualifientfouventd*AeV^^,  jugeant  diffidle 
que  Ton  croie  pouvoir  acheter  les  chofes  fpirituelles  fans 
errer  dans  la  foi.  Ce  nom  vient  de  Simon  U  magicien ,  le  jiq^  ^n,  ||, 
premier  hirifiarque  f ,  qui  ayant  refu  le  Bapt^e  i  Sama- 
rie » &  voyant  que  le  S.  Efprit  itoit  donni  par  nmpofition 
des  mains  des  Ap6tres » leur  offirit  de  Targent ,  dilant :  Don- 
ne^^-moi  auffi  cepouvoir ,  que  ceux  ti  quifaurai  impofi  Its  mains^ 
reqoivent  U  Saine-Efprit ;  mais  S.  Pierre  lui  dit :  Que  ton  ar* 
gent  perijfe  avec  toi ,  puifque  tu  crois  que  U  don  de  Dieu  ft 
puiffe  acquirirpour  de  Pargent,  Tu  n*as  ni  part  ni  rien  d  pri" 
tendre  en  cette  etuvre  ;  car  ton  caur  rCefl  pas  droit  devant  Dieu» 
II  y  a  dans  Tancien  teftament  un  exemple  £aimeux  de  ce  cri-  ^m^^^t^ 
me.  Giezi ,  ferviteur  du  Prophite  Elif^ » voulut  tirer  profit 
d'un  mirade  que  fon  maitre  avoit  fait  en  guiriffiint  de  la 


/  lU  y  aToicnt  ^t^  reqoi  ancitniitinffit ,  mi  o«  en  rceonnut  peu  k 
peu  I'abut. 

PhiUppe-lc-Bel ,  disfan  1302»  fit  onc  Ordonnance ,  portapt  que 
Jts  Inquintcurs  <Ic  1«  foi  nc  pourroicnt  pourfuiTrc  lcs  Juifs  pour  ufurcs, 
^ortiUgcs  &  tous  autres  crimcs  qui  n^toicnt  pas  dc  lcur  comp^teocc. 
Charlei  V  ,  par  des  Lcttrcs  du  19  OAobrc  137$»  ordoona  que  dor^- 
fiavantles  Lnauifiteurs  nc  fcroicnt  plus  d^molir  Ics  maifons  dci  h^r^ct- 
ques ,  &  qu*iis  nc  prcndroicnt  plus  unc  portion  dc  la  fucceffion  dcs 
condamn^s ,  mais  qu*on  Icur  afliiiptroit  des  SaKes, 

r  Oo  Bt  CQHiprtnd  ici »  fous  lc  nom  d^Htrttiqocs  «  quc  ccui  qui  ft 
fontdctfffili  dt  U  croyanct  dt  rEglifc ,  quoiqu'avanc  fa  naiifance  il  y 
mtoit  dd}i  (htx  Itl  Juats  dts  Hdrdciquts  qui  avoitot  dcs  opioions  reprou* 
ti**    ttlf  4ttt  Itft  Stduc^at  qui  prittMoitot  qu'il  n'y  aroit  ni  fCdfu(« 

y,?^!^*^^^^: ,.. 


■«r 


i^^rtmfvj^  t  >-i  « 


504  INSTITUTION 


Paiitis  lu.  ^^?^  un  gnind  Seigneur  de  Syrie.  II  en  requt  en  effet  de 

Cbap.  XL  grands  prefens :  piais  la  lepre  lui  demeura  ,  &  a  toute  fa 

race.  II  faut  donc  fuivre  le  precepte  du  Sauveur ,  qui  en- 

voyant  fes  Apotres  precher  rEvangile  &  faire  des  mira- 

Katih,  Xm  9,  cles,  leur  dit  :  yous  ave;^  rtcu  grstuitcment  ^  donnei  gratuitc* 

ment,  li  ne  faut  donc  pas  imiter  ces  faux  Dodeurs  dont  par- 

x.TuB.IF.1.  le  S.  Paui ,  qui  prennent  la  Reiigion  pour  un  moyen  de  s*en- 

ricliir.  On  ne  peut  faire  de  pius  gronde  injure  it  la  parole 

de  Dieu  &  aux  Sacremens  j  que  de  les  mettre  au  rang  des 

diofes  temporelies  eftimables  a  prix  d'argent,  ni  avilir  da« 

vantage  le  miniftere  ecclefiaftique ,  que  d'en  faire  un  me* 

tier  &  un  trafic. 

OcA  donc  fimonie  de  vendre  ou  aclieter  la  predicatioQ 

ou  I'admini(lration  dcs  Sacremens :  enforte  que  l*on  refufs 

d^indruire,  de  baptifer ,  de  donner  I*abfoIution  despeches» 

fmcn  a  certain  priz.  Ceft  fimonie  de  vendre  I*ordination 

c!es  Eveques,  des  Pretres ,  des  Diacres,  ou  des  autres  Mi- 

nillres  de  TEgiife ;  &  par  confequent  ia  collation  des  OC- 

fices  ecclefia(iiques  &  desrevenus  qui  y  font  attaciies,  c*e(l- 

Can.fi  quis  i-dire  des  l>enefices.  Ce  n*eft  pas  feuiement  ia  coliation 

gpij\  I.  ^.  I.  de  l*Ordre  &du  benefice,  qui  doitetre  granjite , mais  tous 

exjonc.  Cal.  j^j  ^^^^  ^^j  ^»y  rappQj-tent :  1  eledion ,  ia  confirmation ,  ia 

Frdgmat.  de  nomination  ,  la  prefentation ,  la  refignation  ,  l*examen  » 

eieci.  §.  4*  &  la  mife  en  poireffion ,  iUnfiallation ,  i*expedition  deslettres. 

Co'ic*'t  'd  ^^  ^  condamne  la  mauvaife  fubtilite  de  ceux  qui  pre- 

fijf.  zi.  c.  i.  tendoient  qu*ii  fuffifoit  d  etre  ordonne  gratuitement ,  &  que 

jfijf".  24  ^.14-  le  revenu  du  benefice  pouvoit  etre  eftime  comme  tcmpo- 

1  .or  .  iott.  j^qIq^  revcnuetantunefoisattachea  unOfficeecclefiafti- 

que,  ne  peut  enetre  fepare  par  des  conventions  particulic- 

D,  can.  fi  res\  &.  cet  Office  eft  purement  fpirituel.  La  charge  d'Eco- 

qins  *T^fi'     nome  ou  de  D6fer.feur  ,  ne  regardoit  que  le  temporcl  de 

maeift  rEglife ,  &  toutcfois  le  Concile  de  Calcedoine  defend  de 

^.  quoniam  la  vcndre  comme  les  autres.  Les  canons  traitent  encore  de 

fimon.  40.  de  fimonie  ,d'exiger  quelque  chofe  pour  la  permiffion  d'enfei- 

gner  u ,  pour  rcntrce  dans  lcs  Monaftcres  x,  qui  ne  dok 


u  L*on  entend  ici  I'enfeignemf  nt  de  la  re1i«>ion  ,  foit  par  !e  roojea 
de  U  prtfdication ,  ou  par  I.i  voie  des  Cat^chifmes  ,  ou  d*enfexgneineat 
<!an«  les  Fcoles  de  TWologie. 

»  Ln  D^cUration  du  ir.ois  d'ATriI  1^93  ,  v^rifi^e  en  Parlemeot^ 
'  ^^fend  a  tout  Sup^rieurs  &  Sup^rieures  d^xifEcr  ciRnTO  chdfc ;  dlirec« 
tement  ou  todiieQemeot «  cn  vue  &'€Oai«ritm  dt  U  rfcepuoa^ 


AU    DROIT    ECCLfeSIASTIQUE.       ^05 

avoir  pour  biit  quc  la  penitence  &  la  pcrfcftion  Chrctien-  p^htif.  Illi 
nc;  pour  lafepulture  ccclefiaftique  y ,  la  conlecration  dcs    cbap  XK 
Eglifes,  la  benediftion  nuptialc  {.  Voila  a  peu  prcs  les   c.nonfdttt» 
chofes  dont  il  cft  defendu  dc  trafiqucr.  cccUJ\  9  </< 

Lc  prix  qu*il  eft  defendu  d'cn  donner  n'cft  pas  feulemcnt  jmon. 
Targcnt  cn  cfpccc ,  mais  totit  ce  qui  cft  cftimable  a  prix 
d*nr£;cnt ,  mcmc  les  fcrvices  &  les  bons  ofliccs  rcndus  dans 
les  ^fljii^s  temporcllcs,  quoiqu*iI  nc  foit  pas  facilc  de  les 
cftimcr.  Lcs  benericcs  Ecclcfiaftiqucs ,  car  c'cft  principa- 
lement  dcquoi  il  s*a^itcn  cettc  maticrc,  doivcnt  etrc  donnis 
au  meritc  dc  la  perfonne ,  non  a  la  favcur ,  a  la  reconnoii^ 
fance  ou  a  d*aucrcs  motifs  cxtericursou  tcmporcls.  L*ufage 
dcs  recommandations  doit  etrc  feulemcnt  de  fairc  connoitre 
aux  CoIIateurs  les  perfonncs  digncs  de  rcmplir  lcs  places. 
Sous  le  nom  dc  Fent:  on  comprend  cn  cctte  maticre  tous 
lcs  contrats  femblables ,  commc  lc  bail  i  loyer  ou  a  rcnte, 
ou  raccenfemcnt  des  bcnefices ;  car  dans  lc  tcmps  oii  lcs  ffe  prahM 
fiefs  &  les  cenfivcs  s'etablircnt ,  on  voulut  donncr  dc  meme  ^'^'-^^fu^ispcr, 
lcs  beneficcs  EccMfiaftiques,  a  la  chargc  d*un  ccnsannuel, 
&  de  ccrtains  droits  aux  mutations  ;  ce  qui  a  cte  reprouvc. 
On  a  aufli  dctendu  dc  donner  k  fcrmc  le  fpirituel  desbene- 
Aces ,  m^me  avcc  le  temporel. 

prifc  (l*t):iblt  &  profefllion.  £i!e  peripetneanfpoini  aux  Mon;:fleres  dcs 
i.armdiites  »  fillcs  de  fjintc  Marie ,  Unulinei  5:  autres  qui  ne  lont  point 
fondcs  &  qui  font  etah'is  depuis  l'an  i6oo,  dc  recevoir  des  pcr.fiont 
vi.tgcrcs  ,  pour  la  fubfitlancc  des  perfonnes  qui  y  prenner.t  rhubic ,  & 
c|ui  V  font  profeinon,  a  b  ch.irge  que  lefdites  penfions  ne  poarroitC 
cxccder  la  fomnie  de  cinq  cents  livrcs  ,  a  l'aris  &  autrcs  Vilies  qui  ont 
Tarlemcnt ,  &  celle  de  troisccnt^  cinquanre  d^ns  les  autres  licMX  du 
Royaume.  La  mcme  D^cl.iration  permet  a  ces  Mon.incres  de  rccevoir 
pour  meubics ,  h<ibi:s  &  autret  chofes  ahfoiument  n<5cefl:<ires  pour 
rentr^e  des  Rcli^icufes»  jiifqu'a  la  lcmme  de  denx  inilic  livrcs  une 
foii  payee  ,  dims  ics  Vilies  ou  les  Cours  dc  Par!crr.t>nt  fuRt  ct^biies, 
&jufqu*a  cciledcdouzecents  livres  d^ns  les  autrfesVilc*  &  lieux ;  Sc 
cncas<|uelci  pxrens  ne  loient  pas  difpcf<fs  ou  en  ct«t  d^jlfurcr  det 
penfions  viagires  ,  il  c(l  pcrmis  aux  Superieurs  dc  recevuir  des  lommes 
d'argent  ou  des  hiens  immeub!es  qui  tienrcnt  !ieu  de  p enfions ,  pourvit 
que  cc  qui  fcra  donn^  n^cxcede  pas  huit  mi!l«  livtcs  «  cs  Viiles  ou  il  y  a 
1'aricment ,  &  iix  mille  livres  dans  les  aurres  lieux. 

II  fuut  ioindre  a  ce  qui  vient  d'ctre  dit  la  ledure  dc  TEult  du  mois 
d*Aout  1749  •  concerDant  lci  ^tablilTcincDs  &  acquifitions  dcsgens  00 
main-mortc. 

pr  L'on  donne  p^atis  la  ftfpulture  aux  pauvrei ;  mah  dans  chaque 
Diocife  il  j  a  un  tarif  pour  Ics  convois  «  fuivant  lequcl  Ton  fait  pjycr» 
non-feulcfflent  la  f ^pulture  proprcmenc  ditc  ,  c'ri!-a-dire  rouvciiuxe 
«le  Uterre»  miit  ralfiilance  det  Ecd^iifliqucs  a  rinhumaiioo* 

l  Oh  peit  ludi  dei  dioits  i  l'£|^ife  pour  lcs  niAriji^es. 


/j«*<#<«<tr»**j^,'  #  »  •  * 


506  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

^  L^acne  de  la  ventc  &  des  contrats  femblables  eft  lc  con- 

^Chap^^XI^  fenteoient,  &c'eftla  grandedifficulteen  mati^redefimonie 

C  €tfi  qumfl.  deconnoitreleconfentementnecefiaire  pourlacommettre, 

18.  tUfimon.  car  il  n'eft  pas  defendu  abfolument  de  rien  recevoir  a  Toc- 

cafiondes  fondions  fpirituelles.  Jefus-Chrift  permet  expref- 

fement  aux  Apotres  de  vivre  aux  depens  de  ceux  qu^ils 

inftruiront ,  parce  que  Touvrier  eft  digne  de  fon  falaire. 

Lmc  X.  7*    Lui-meme  foufTroit  que  les  faintes  femmes  qui  le  fuivoient 

Ltic,  VIII.   le  ferviffentde  leurs  biens.  S.  Paul  dit,  quecomme  les  Sacri* 

'1.  Cor,  IX.  ^^^^^"fs  de  Tancienne  Loi  vivoicntde  TAutel,  ainfi  le  Sei- 

t|.  ibid.  IX.  gneur  a  ordonne  a  ceux  qui  annoncent  TLvangile  de  vivr^ 

K  2.  part,  c.  de  TEvangile  a ;  &  que  fi  nous  femons  au  peuple  les  chofes 

'*  fpirituelles ,  c*eft  bien  le  moins  que  d*en  moiffonner  les  tem- 

porelles  :iil  faut donc  difcerner  ta  ritribution  permife ,  d*avec 

le  trafic  defendu. 

II  n*y  a  point  de  fimonie  k  recevoir  ce  qui  nous  eft  offert 

volontairement ,  meme  a  Toccafion  de  nos  fondions;  quoi- 

que  les  Canons  Taient  quelquefois  d^fendu  pour  plus  grande 

furete ,  a  caufe  de  la  difficulte  qu'il  y  a  dans  le  for  exterieur 

de  connoitre  fi  la  retribution  eft  entierement  libre ,  &  fi 

celui  qui  la  re;oit  ne  fe  Teft  point  attir^e  par  quelque  arti- 

fice.  II  n'y  a  point  de  fimonie  a  recevoir ,  ni  meme  a  exiger 

en  Juftice  les  retributions  autorifees  par  Tufage  public  de 

r.  <id  apofl,  TEglife ,  par  les  Conftitutions  &  les  Lois  modernes,  quoi- 

4z.  defimon.  ^^^  peut-etrc  Torigine  n'en  ait  pas  ete  innocente,  pourvu 

que  l^intention  de  ceux  qui  ufent  de  ce  droit  foit  pure,  & 

qu*ils  n'aient  en  vue  que  de  fubvenir  a  leurs  befoins  tem- 

S.  Tho.  2. }.  porels ;  c'eft  par  ce  principe  que  Ton  peut  fauver  les  An- 

2. 1.°°'  '"^''   "^^^  >  ^  '^^^  ^^  ^"^  ^^  P^^^  ^  Rome  pour  les  provifions 

Pragm.  de  des  b^oefices ;  c*eft  une  efpece  de  contribution  que  coute 

mnnat,  §.  vo-  rEglife  s'eft  impofec  pour  la  fubfiftance  du  premier  fiige. 

Conc^^Trid  ^'  ^^  ^^^^  ^*''^  ^^  meme  a  proportion  du  diport  h  que  pren- 

/eff.  21.  c.  1!  nent  quelques  Eveques  des  droits  de  Greffe  &  de  Secrita- 

riat ,  que  la  Coutume  peut  autorifer  s*ils  font  mo(Uqui 


a  Ceft  dans  cette  vue  que  les  dixtnes  ont  ^t^  ^tablies  j  &  commecouf 
les  Minidrcs  de  i^Eglife  n*v  partictpent  pas  ,  ou  que  ia  oart  qu'ils  eo 
ont  n'eft  pas  tou)ours  fuHiiante  pour  leur  fubfidancc »  c'clt  ce  qui  a  fait 
admettre  certaines  r^tributions  pour  fuppl^er  ce  qui  peut  ^tre  neccflam 
di  leur  fubfiftancc  ,  (elon  T^Ut  &  lc  rang  qu*ils  tienneotdaiisrEglife. 

^  Voyezce  qui  a  ^tc  dit  ci*devant  au  fujct  dc  ce  dtoii  ^  part^  II  ^ 
th.XXiy. 


AU   DROIT    ECCL6SIASTIQUE.        J07 


Mais  il  y  a  fimonie  a  taire  un  pafle  ou  un  traife ,  qucl  partie  lil# 
f[u*il  IbiCy  |)Our  une  choie  tpirituellc  ,  comme  qui  diroit:    Cuap.  XI» 
Jt  nc  voui  prichtrdi  point ,  je  ne  vous  adminiflreral  point  ce  Sa* 
crement ,  je  ne  vous  confcutai  ou  ne  vous  refignerai  point  ce 
benifice^  fivous  ne  me  donne\  tant  ;  ou  Je  Faucre  part,  com- 
hien  vous  donneraije  pour  robtenir  ?  Or  encore  quc  l'on  ne 
fafle  pas  ces  conventions  cxprelTement  &  groflicrementy  fi 
rintcntion  y  ed ,  c'e(l  toujours  la  meme  fimonie ,  de  quel- 
ques  paroles  quc  l*on  fc  ferve  pour  Texprimer ,  quand  mcme 
on  ne  Texprimeroit  par  aucunes  paroles,  car  Dieu  lit  dans 
les  cccurs ,  &  il  n*e(l  pas  neccfTaire  que  rexecution  ait  lui vi. 
Toutefois  lc  crime  n*e(l  pas  egal  en  ces  divers  cas,  c*eft 
pourquoi  ks  Dodeurs  diAinguent  trois  fortes  de  fimonie, 
la  mentale ,  la  conventionelie  &  la  reelle.  La  mcntale  cA     Navarr. 
ceUequi  eft  demcurce  dansla  feule  volontc,  fans  fcproduirc  *"""•   ^'  *'• 
au-dchors ,  comme  fi  quclqu*un  fait  un  prefent  au  Collatcur    'ctoff.  inc. 
dans  lefperance  de  s*attirer  un  bencfice,  fans  lui  rien  te-  uudi  cleric, 
xnoigner  defon  inteniion ,  cette  fimonie  n'eft  punifiable  que  "'^"  ^'^^*^' '" 
dans  le  for  interieur.  La  convemionelle  eft  celle  qui  s*eft  pro- 
duite  par  un  pa£lc  exprcs  ou  racite ,  c*eft-i-dire  par  dcs 
paroles  ou  par  quelque  figne ,  enfonc  que  Fun  ait  connu 
rintention  de  Tautre ,  &  s*y  foit  accordc ,  quoique  Tcxecu- 
tion  n*ait  pas  fuivi ,  en  ccUela  Tun  &  Tautre  eft  coupable 
&  puniiTabie  dans  le  for  exterieur.  La  fimonie  rielle  eft  ccllc 
oulaconventioneftexecutecde  part  &  d'autrej  &  c*eft  la 
plus  criminelle  dc  toutes.  Tous  ceux  qui  ont  part  4  dc  tels 
ffraicis ,  comme  m^diateurs ,  dcpofitaires  ou  autrement » 
font  coupablcs  dc  funonie. 

Or  lcs  pcines  de  ce  crime  font  grandes ;  la  depofitioa 
pour  les  Clercs ,  i*excommunication  pour  lcs  Laiqucs.  Dc 
pUis ,  ceux  qui  l*ont  commis  n*en  doivent  tirer  aucuo  avan- 
tage  9  c'eft  pourquoi  les  anciens  Canons  ont  dtelare  nuUes     C.  fi  fam 
lesOrdinationsfunoniaques;  ce  qui  fignifieieulement  qu*el]es  Xj''/',"^^" 
font  Ulicites,  comme  U  a  cte  dit  au  fujet  de  rhirefic ,  &  que' _a^  \^  ^ 
ceux  qui  ont  ^e  ainfi  ordoanfa  ne  peuveot  cxercer  aucune  i. 
fonfiion ,  fans  tomber  dans  rirrigiihriti.  Si  raAe  fimo- 
xiiaque  cft  la  coUation  du  bin^fice ,  dle  eft  d>tbltitt8iit  mdlc  . 
le  b^nefice  demeure  vacant  &  impteBbk,  &  lepoflefleur 
fimoniaque  eft  obligi  i  |a  reflitutioa  de  lotis  les  fiuio.  De 
plus ,  sli  a  quelqu'autre  bin^fice  l^idmement  acquis ,  U  lo 
perd  &  doic  eo  £trf  dipouiIl& 


(Jlf^H*^fl*l  t    I     »    '     4 


jo8  IHSTITUTIOM 

VAmni  IIL  ^  mifinire  eft  regardfe  comnie  utie  efpece  de  fina^ 
Oup.  XL  n>c  c  9  &  fouvent  elle  y  eft  joime ;  c*eft  un  fideicooiiBis  er» 
flnti^e  beoMciale;  c*eft-a-dire  un  traite  par  lequel  une 
perfoone  re^oit  un  benefice  pour  en  rendre  les  fruits  k  une 
aotre ,  ou  meme  en  reftituer  le  titre  apres  un  certain  temps. 
Vn  homme  de  guerre,  par  exemple ,  obtiem  par  fon  cr^it 
vn  benefice  de  grand  revenu ,  &  le  met  fur  la  tete  d*un 
firere  ou  d*iin  dotneftique  qtu  lui  en  rend  la  plus  grande 
partie ,  fe  contentant  d'une  petite  petifion :  ou  bien ,  pour 
conferver  dans  une  famille  un  benefice  qui  la  fait  fubfifter^ 
apres  la  mort  du  Titulaire ,  on  en  fait  pourvoir  un  ami » 
qui  n*en  eft  que  le  depofitaire ,  en  attendant  que  renfiint  k 
qui  on  le  deftine  foit  en  age.  Cet  abus  fiit  commun  eti 
France  a  la  fin  du  feizieme  fiede.  Plufieurs  grands  benefices 
&  meme  des  Eveches  etoient  ainfi  pofiedes  fous  d*autres 
"'  •  noms ,  par  des  femmes  ou  des  heretiques.  La  peine  de  la 
!•  Jun.  1569.  confidence  eft  la  meme  que  la  fimonie ;  outre  roWigation 
de  reftituer,  il  y  a  eicommiuiication  de  plein  droit ,  & 
pertede  tous  les  benefices. 


0^'""  f.    ^ 


CHAPITRE    XII. 

De  rHomcide  ,    du   Concubinage  ,   &c, 

LEs  crimes  dont  nous  venons  de  parler  attaquent  prtnci* 
palement  la  maiefte  de  Dieu,  les  autres  font  plus  d 
contre  le  prochain  :  le  plus  grand  eft  rhomiciae ,  &  entre  les 
homicides ,  le  plus  atroce  eft  rajfajjinat ;  or  on  appelle  pro- 
prement  ajfajjins  ceux  qui  s*engagent  par  promeiTe  e  a  tuer 


c  On  dit  commun^ment  que  1a  confidence  eft  la  fille  de  la  Simonie^ 
parce  que  c'eft  le  fruic  d'une  convention  (imoniaque. 

d  Ce  termc  plus  ne  fignifie  pas  que  ces  crimes  Coient  plus  contre  le 
prochain  que  contre  Dieu ;  mais  qu*ind^pendamment  de  cc  que  Dieu 
cn  eft  ofFcnf^  ,  ils  bleifent  audi  ie  prochain  plus  que  les  autres  crimcs 
dont  il  a  it6  parl^  dans  les  Chapitres  prec^dens. 

c  11  eft  vrai  que  les  premiers  auxquels  on  donna  le  nom  d'ha{2afl[ins  QVL 
aflfafrins ,  ^toient  ces  fuppdts  du  Vieil  de  la  Montagne  qui  fiaifoicnC 
profefTion  de  tuer  tous  ceux  qu'il  leur  indiquoit.  Suivant  lc  Uo§*gt  d# 
nos  Ordonnances ,  00  diftingue  lc  mcurtrc  de  guet-a-pens  f  de  ^'^^T 
Tinat.  Dans  le  meurtre ,  celui  qui  le  commet  ou  qui  le  fait  co^MitXti%'p 
y  metiui-m€mc  la  main  oa  y  eft  pr^fent ,  au  lieu  que  dant>l'aflag<njj^ 
celui  qui  le  commet  nc  veut  pas  paroicre  eo  ra£k« ,  ni  tli  4<^jt fBSB' ' 
pour  raut«ur,  maU  le  fjut  faixe  par  un  tieis  a prU  AVfttnlv  M  uwl 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.      ^09  

lquelqu*un.  Le  fecond  Concile  de  Lyon  a  prononce  cxcom-  p^j^^iE  ItU 
munication  de  pleindroit ,  avec  perte  d^Oflices  &debene-  chap  Xii. 
fices ,  non-feuleinentcontr'eux&  contrc  ceux  qui  les  em-  f«  ^^  homicm 
ploient ,  mais  encore  contre  ceux  qui  les  retirent  chez  eux ,  "^  ^'  ^^  ^j^^^ 
ou  !eur  donnent  quelque  fecours  que  ce  foit.  fugn.  in  dutU 

Lc  ducl  eft  auffi  tres-rigoureufement  defendu  par  lcs  Lois  ^-  »•  ^*  i'"i« 
Ecclefiaftiques/,  des  le  temps  meme  qu'il  paflbit  pour  legi- 
cime,  par  la  coutume  des  peuples  barbares,  &  fe  faifoit   Conc.  Tridj 
par  autorite  publiquc;  &  par  la  memc  raifon  on  defendoit /e/.  xs.  c. 
autFi  Us  Tournois ,  jufqu'a  priver  de  fepuiture  Ecclefiaftique  l?-^  ^^  ^^^ . 
ceux  qui  y  etoient  tues ;  mais  ces  defenfes  s*obfervoicnt  ^^;,,' 
mal ,  &  iesTournois  ne  laiflbicnt  pas  dc fe  faire ;  comme en     r    n    v" 
Efpagnc  les  combats  de  taurcaux  continucnt ,  quoiquc  dc-  y^ ,  Kovcm, 
fendus  fous  les  mcmcs  pcines.  L*EgIife  a  cncorc  prononce  1S67.  Conff. 
des  peines  tres-fevercs  contre  ccux  qui  procurent  Vavoru-  ^"^^'''  ^'  *^ 
mcnt ,  &  font  ainfi  perir  lcs  amcs  des  enfans  privcs  du  bap-  ^  ^/f,  de  his 
tcme :  contre  lcs  parens  qui  expofent  leurs  enfans :  contre  quifih  cccid^ 


1 


d'aiirres  promeiTes.  Le  meurtre  ne  fe  commct  proprement  que  par  ceux 
qui  otent  1j  vie  ;  ralTkfrinat  comprend  ceux  qui  outragent  ou  excerient 
ueiqu'un ;  ceux  qui  enlcvent  par  force  des  priionniers  des  mains  ne  U 
uftice ;  il  ne  faut  meme  pour  rafTafrinat  que  la  leule  machination  ou 
attcntat  marque  par  quclque  ecrit  ou  autre  a^e  qui  pr<fccdc  lc  crime» 
cncore  qu'il  ny  ait  pas  eu  de  coups  donnes  ni  de  Un^  rcpandu.    Voyc-^ 
rOrdonnance  de  Klois  >  art,  193.  Dans  le  iangige  vul^aire,  on  comprvnd 
fous  le  nom  d^anaifins  tous  ceux  qui  commettent  un  meurtre  de  guet-a- 
pens ,  foit  qu*ils  le  fatTent  de  leur  propre  mouvemcnt ,  ou  quM»  y  aient 
^t^  excit^s  par  d*autres. 
/  Ils  furent  condamnds  par  rF.glire  d^s  l'an  8^5. 
Dans  des  temps  moins  cclatrcs  les  HcclcfiAlliqucs  ordonnoient  eux- 
memes  lcs  ducls.  Louis  le  Gros  accorda  aux  Religieux  de  S.  Maur  des 
FotTcs  ,  Ic  droit  d'ordonner  Ic  ducl  entrc  Icurs  Serfs  &c  dcs  pcrfonnes 
Iranches.  Les  Kccl^fiaftiques  en  g^n^ral  devotent  prouvcr  par  U  le  druit 
4|ii'iIsprdtendoient  furieursSerfsfansufer  d*autre  preuve  ;  ce  qui  fuc 
■boli  par  Innoccnt  IV  en  iis},  &  ndanmoins  loriquc  S.  Louis.  en 
li^Gc  ,  abolitles  duels  ,  ie  Prieur  dc  S.  Pierrc-ie-.Moutier  toutint  que  le 
Roi  n'avoitpu  Ics  abolir  dans  cette  Ville  fans  fun  confentcmen: ,  & 
vouiut  malf^r^  le  Roi  les  y  maintcntr.  Comme  le  Pricur  avoit  une  portioa 
deU  Juftice  dan»  la  Ville  ,  le  Roi  voulutqu^onlclsiflat  libre  de  faire  ce 
qu'il  voudroit  dans  fa  portion  ,  pourvu  que  le  Roi  n*y  inHiiat  en  ricn, 
quia  Rex ,  eft-il  dit,  aon  vuU  huhvc  alitiuii  in  duello.  Les  Officiaiix 
ordonnoient  auflTi  le  ducl  pour  decider  certaines  caufes  •  &  ces  Hucls  fe 
faifoient  dani  la  cour  de  TEv^he.  Le  Pr^vSt  de  rEvcqae  fcifoir  en- 
fuire  ie  proc&s  k  celui  qui  avoil  M  vaincu.  On  connoit  le  fameux  ditrl 
qui  fut  ordonntf  en  Erpagne  du  waipf  d*Alphonfe  VI ,  pour  decidcr  fi 
Ton  continueroit  k  fe  rtnrir  du  miffel  Mosai^be  ou  du  miiTr'.  R''r.-.  .in ; 
le  Champion  du  mifltl  Romain  lut  battu.  Voyti  F|eu:>,  Hifl.  KtcUf. 
L  81 ,  Jt.  37.  Henaut .  SanTal ,  Lu,  hijl.  fiir'lcs  Parlemcns.L»  Mirt. 
dt  Mongon.  foai.s,  ftg.  Mi.  ^e  Acuf ,  Hifi.  dn  Utoc,  dt  Paris, 


f^4^i4*mfT1^i  I   VI 


5id  IN  $  T  I  T  UT  I  O  N 


Partie  IU.  ceux  qui  ks  etoui&nt,  les  faifant  coucher  avec  eux2  ^ 
CHAr  •  Xlim       L*homicide  &  toutes  fortes  de  violences  contre  les  Clercs^ 
font  plus  rigoureufement  punis.  II  y  a  excommunication  de 
17.  q*  4-  pldndroit  contre  celui  qui  frappe  un  Clerc  facrej^,  fi  ce 
rad  t  ^"c!  °'^^  P**^  ^^  neceffite  d'unc  jufte  d^fenfe  A ;  &  fi  celui  qui  at- 
in  quib. '  is!  ^^^^^  contre  la  vie  de  TEveque  ou  du  Pretre  itoit  vaflal  de 
d€  pan.  €x  TEglife  ou  Patron ,  il  perd  fon  fief  ou  fon  droit  de  Patro-; 
can.Lof.^^  ^.  nage.  Les  violences  commifes  par  les  Clercs  font  auffi  plus 
^icumque6.  criminelles  que  les  autres  ;  il  ne  leur  eft  pas  permis  de 
€x    eonc.     porter  ies  armes ,  mlme  en  guerre  i.  Un  Clerc  fujet  k 
^xde  cler.  ^'"^pper  doit  etre  depofe ;  &  celui  qui  a  tui ,  meme  par 
percuff,         accident,  eft  irregujier ,  fi  ce  n*eft  que  Taccident  ne  put 
C.Joan.2^.  etre  prevu,  &  que  TaSion  qui  Ta  caufe  fut  de  foi  bonne: 
ii.T"?'.  ^.  ^^*""'^  ^^  Pretre  qui  en  fonnant  une  doche  ia  fit  tomber 
ptacuit  T1.CX  fur  un  enfant  qui  en  futtu6.  Celui  qui  fe  tue  foi-meme  eft 
€onc.  Brac.    traite  comme  pecheur*  impenitent ,  c'eft-it-dire  priv6  de 
iepulture  &  des  prieres  Ecclefiaftiques  k. 

Apres  Thomicide ,  le  plus  grand  crime  eft  Padulicre^  8c 
on  y  rapporte  toutes  les  conjonAions  illicites  qui  vonta 
corrompre  la  fource  de  la  naiflance  des  hommes ,  &  faire 
naitre  des  enfans  dans  Tinfamie  &  la  mifere.  L*EgIife  s'at- 
tachant  a  la  Loi  de  Dieu ,  punit  fev^rement  ces  fortes  de 
iT.  q.  5.  c.  crimes.  Elle  condamne  ^galement  Tadult^re  de  I*homme& 
«^'^  de  la  femme ,  quand  il  vicnt  k  fa  connoiffance.  Toutefois 

cn  France  le  Juge  d*£glife  ne  punit  point  les  Laiques  pour 
caufe  d*adulterc  dans  le  for  exterieur  /.  L^adultere  eft  ua 


^  Ceft-a-dire  un  Clerc  conftitu^  dansles  Ordres  ficr^s  ou  majeurs» 
&  qui  e(l  d^ja  au  moins  Sous-Diacre. 

h  U  faut  n^anmoins  ,  fuiyant  les  Conftitutions  du  Royaume  ,  qti« 
ceiui  qui  commet  un  tel  homicide  ait  recours  aux  Lettres  du  Prince« 
pour  obtenir  fagr^ce.  Diclarat.  des  22  Novembre  16S3  &  11  Mai  1729» 

i  Anciennement  ils  etoient  oblig^s  de  fervtr  en  perfonne  a  caufe  oe 
leurs  Fiefs.  Charlemagne  les  en  difpenfa ,  fes  fuccefteurs  lcs  y  obU* 
gerent.  On  confifqua,  en  1209»  les  Fiefs  des  Ev^ques  d'Orlea ns  8c 
cl'Auxerre,  pour  avoir  quitt^  Tarm^e,  pr^tendant  qu'ils  ne  devoiant 
le  fervice  que  quand  le  Roi  y  ^toit  en  perfonne.  Fhilippe^le^Bei ,  tm 
1 30^  ,  ^ctivit  a  tous  les  Ev^ques  &  ArchevSques  une  Lettre  ctrcutairc  9 

£our  qu*ils  euft*ent  a  fe  rendre  avcc  leurs  gens  k  fon  arm^c  de  Flandrcb 
^ans  d'autres  Lettres  de  la  mdme  anntfe ,  il  demanda  a  tous  les  geiis . 
d'EgItfe  des  fecours  d'hommes  &  d'argent,  a  proportion  det  titttm^' 
qu'il$  pofTddoienr.  Enfin  Charles  VII  abolit  totalement  le  fenrice  MiB^^ 
taire  ds  la  p.-irtdesCIercs.  -.      -i 

k  Lc  fuicide  eft  en  outre  puni  d*autres  peines  felon  les  Lott  ctyitet* 
Voyei  le  Traitidu  Crimu ,  par  M.  de  Vouglans. 
/11  eft  vrai  que  i'on  punit  ordinairefflent  plas  Mvir#AtJfttr.i(^,'::'£ 


fiV  DROIT   ECCLfiSIASTlQUE.       511 

empdchemem  au  mariage ,  que  ceux  qui  ront  commis  vou-  p^rtie  liu 
droient  contraAer  enfemble,  quand  ils  fe  trouvcnt  libres.  chap.  xil 
Tout  mnriageou  concubinagc  avec  unc  autre  perfonne  du    i>    f*  ^*  s< 
vivant  du  premier  mari  ou  de  !a  premiere  femme ,  eft  en  ^j^'*"*^* 
efTct  un  adultcre.  Le  concubinage  tolcre  ,  ou  du  moins 
impuni  m ,  fuivant  les  Lois  civiles ,  eft  un  crime  fclon  les  Lois 
dc  rEglirc.  Les  Laiques  maries  ou  non,  qui  entretiennent   ^^^^  ^^.^^ 
dcs  concubines ,  doivent  etre  repris  d^office  par  lcs  Ordi-  feff,  14,  c.  ^ 
naires ;  &  apres  trois  monitions,  s*ils  ne  les  quictent,  ils 
peuvent  £trc  excommunies.  Les  femmes  qui  font  ainfi  en- 
tretenues  publiquemcnt ,  doivent  etre  chaflees  des  lieux 
qu*cl!cs  fcandalifcnt ,  avec  le  fecours  du  bras  Seculier. 

Mais  ce  crime  eft  bien  plus  grand  dans  les  Clcrcs.  II  etoic 
rare  dans  les  premiers  ficcles.  Les  ordinations  fe  fdifoienc 
avec  grand  choix  ,  &  apres  de  longues  epreuves ,  &  lcs 
Clercs  inferieurs ,  qui  ctoient  en  plus  grand  nombre  que  ie» 
autres,  etoient  la  plupart  maries.  Dans  le  dixieme  ficcle,  le 
concubinage  n  des  Pretres  mcme  etoit  devenu  fi  frequcnc 


4«  1a  fetnme  que  celiii  du  mari ,  parce  que  l'adultere  de  la  femme  petit 
troubler  Tordre  de  U  fjmille »  en  y  intruduifant  des  enfant  etrangers  au 
mari ;  mais  il  y  auroit  parite  de  raiCon  a  cet  ^gard  conrre  le  mari,  lorl- 
qu*il  commet  adultere  avec  une  femme  mariee  ,  ce  que  l*un  appelia 
Mdulten  difuhle,  Au  reftc »  il  y  a  des  exemples  que  de«  hoinmrs  ont  (iti 
punjspour  caufe  d'adult6re.  Les  peines  ont^te  p!us  ou  moins  gr^ves  » 
lelon  les  circonftances.  yoye\  Durct ,  Trait^  des  peines ,  verho^  iiduUere» 
P.ipon ,  liv.  zi ,  tit,  19.  Imbert,  liv.  13  ,  ek,  ai  «  &  M.  de  VoUj^iyns  , 
Tr.ir^  des  Crimes  ,  tit.  2  ,  cA.  2  ,  pag.  ^So. 

m  II  doit  ctre  puni ,  m^me  fuivant  les  Loii  civiles,  lorriu*il  y  a 
fcandale  public.  Le  concubinage  du  mari  eft  autn  un  moyen  de  fepara- 
tioi)  de  corps  pour  lafemme  ,  quand  meme  il  n*y  auroit  pas  de  kandale 
public. 

II  11  faut  obferver  qu^aociennement  i1  y  avoit  des  concuhines  I«;^itl- 
mcs,  approuv^es  par  l'Kglife.  Ce  qui  venoit  de  ce  que,  \ur  les  Lois 
Romaincs ,  il  falloit  qu'il  y  eut  proportion  entre  les  conditions  dcs  con- 
traAans.  La  femmc  qui  ne  pouvoit  itre  tenue  a  titre  d*^poul'e  ,  pouvoie 
kttt  concubine ;  ce  qui  fignifioitalori  un  mariageltfgitim?  ,  mais  moini 
folennel  que  cclui  dans leauelU femmc  avoit  le  titre  ^*Uxor,  L^Eglift 
ii*entroit  point  dani  ces  diJtinAions ;  &  f c  tenant  «u  droit  naturel ,  ap> 

Srouvoit  toutt  €on)on£lion  d*un  hommc  8c  d*uncfemme,  pourvu  qu*e!la 
itunique  8e  pcrpitucllc.  Le  Concile  de  TolMe  •  cn  4C0  ,  decide  que 
cdui  qui,  avcc  unc  femmc fidcjle •  a  une  concubinep  cftcxcommuni;  r 
iiuis  quc  6  la  concubine  lui  tient  Kcu  d'<poufe »  cnforte  qu'il  fe  conten- 
te  Hcla  compagnic  d'aM fMc  fcHinic ,  A  fitrc  d'^poufe  ou  de  cor:c .  < 
binc,  k  fon  cboix  »  il  M  fcn  poinc  rcjci^  dc  U  commMnion.  F.t  rnmino 
lc  ■«ricKC  dci  Clcrct  taMriturf  ^toii  clors  ro^tfrd  .  il  ne  faut  ;•.-::  %'e- 
tonner 
4'Airc  cs| 
•'Hcvi  fi 


icM  dci  Clcrct  faiMriturf  ^toil  dors  ro^tfrd  .  il  ne  faut  ;•.-::  %'e- 
iM  y  cii  leeltdt  concttbiaairci,  lc  cunciihinaj;c ,  tel  qirii  vipnt 
cspllqud  t  ^ouvintienir  lieu  alors  de  maria|;e  :  &  fi  rtji.iiii 
fi  raitfaent  dani  la  fuiic  coatrc  lci  Qer»  concuLin&irci  •  *c*eA 


ti*4^wfmfwjj ,  \-i 


\i%  1  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

^^  &  t  puhuc ,  qu*il  paiToic  prefque  pour  permis ,  c^eil  ponrquot 
Cm*t-  Xll-  cepus  ce  rexps,  il  y  a  eu  plulieurs  ConlVitutions  pour  le 
F,r-  r-cit  recniser.  On  c<{'cadiC  au  oeuple  daiililer  auxMefles  des 


#rc;.  f  i"»*-- 


^'   V  Pretres  C03cul>:nA:rcs ,  &  on  ordcuna  qu*iis  reroient  depofes* 

4I  'y  d.J<rt.  \lx:s  !e  m.  cor.ncuanr,  la  rig^aeur  des  peiness*e(l  adoucie. 

^     .  Pdr  !e  C?ni::!e  ce  Bale,  ies  Clcrcs  concubiazires  publics 

^'*i  <*'«  do:\er:w'a"-ori*:rrecri\es,  penddn:  tro:s  mois,  des  fruics 

titn .Ka.-K^^'  ce  eu:s  ber.cn.:es;  &  U  apres  ietern:e  prenx  par  !e  Supe- 

»^*'  ■  ■  \  ^      rieur  ils  r.e  q  j:r:e.'t  ieurs  con;ub:nes ,  i!s  doivent  etre  prives 

des  ^ertr.c^  r-cn:e  ;  q-:e  s'ili  retoument  a  leur  mauviife 

h^b  tuie ,  ;ls  lercn:  de*:!arcs  incapables  de  tous  Oifices  oj 

F-^z^^i.  f  >.      Ce  Df cret  cu  Cosciie  de  Bale  fiit  accepte  par  la  Praz- 

il";"V-   ,1'  maa;ue,  C^er.:u;re  in»"ere  Cans  le  Concordat.  Le  Conci!e 

iVi.-.  I  -.m'.  ce  Trtnie  i*a  encore  aiouci.  .Apres  la  premiere  monition , 

/*/.ii.i-.  14.  lcs  C.ercs  ccn^ubinaires  perc^nt  leuleccentlacroiiiemepar- 

t;e  dcs  :ru:rs,  &  ibnc  lurrenius  de  couces  leurs  fonctions: 

a?rcs  !a  :roii:^zr.e  :r.cn:c:on,  i!s  fonc  depouiiles  deleurs  b> 

n*r.*i>  6c  lie  !eurs  OrHces,  &  ren^js  ir.habiles  a  en  potle- 

cer.  S'!5  rcciii^ent,  i!>  lonr  eitcomnsuries.  On  rient  pour 

i\-:.:..-:.':.-j.a  i  eciri  desCercSy  non-reuiement  ceKes  dont 

-^ .  *  i I  e:l  "^  rou  %  e  c  u':  Is  abu •  e nc ,  mii s  cou te^  femmes  Sa/heAs  o , 

ri.-?.'i:t.:  ex  cVu-j-u.rc  quk  ne  fo.Tc  pasau-deims  de  couc  foup^on /*. On 

0.-..    X:-  .-.  pj~;:  s  prcportion  lesfaures,  quo'que  pilFjgeres,  que  fonc 

''   -    -   *  *•  ;e,.C:ir:icon:re  leur  voBudeconrinence.  Autrefois  unPre- 

«.<:.-.    t.\-.   cre  ne  pcuvoic  s*en  reiever ,  que  par  une  penicence  de  diz 

4i.  «r.  •i.f*  -  ■Mi.^_M 


qi:e  *e  risriit-li-r  fjtdefer.:?j.  Tel!ement  <jue  dans  le  temps  ir.en-.e  ou 
i«  w.'.-.:.  ■ ;...  ii  v;t*:t  erccre 'ic»:e  epve  le&L^is^ues,  po..rvu  ;jj'i' tir.c 
1-cu  -:r-*:::ie.  i.  r<  co-vj::  r'.uS  e:rc '.icite  cn  aucun  cas  j  Tciird 
tss  Clcrci.  .^''.lis  lif  vcV.-./es  ci.i  leur  furcr.t  faites  de  fe  irarier  ne 
l.re.-.t  p.-,>  to-';--r*  ■?.?-.  oM"erTees,  ni  djns  tous  !es  p£)s.  La  dsroicre 
r.o:ir..e,  ^i  ».-.■  <  s- :  i  -'ti  -  rrjj.:*  o^-i^ervce ,  eil  celle  qai  leur  a  «e 
fiiu  pjr  !:  i\''*'!  e  oe  Trer:e,  cn  i  ftf;. 

o  A-x  c::t:  ■•*  L-'*^i:<£oc  ,  en  i;:3  1  iC  tiers-etat  fi:  de  jirar^es 
f':ir.:e«  w::.r:e  'e  C.cr^e,  Ur  ccrtAii.cs  jeunes  femmes  que  les  C^res 
rc:-.'r.j:?r.:  i; ;  rj-^  c*cuiy  lous  le  nom  de  commcres.  Aan^Us  ct  TVm- 
/4,'-;i  .  p-r  \i  h\:V.i, 

f  i).-.  r^^::r-c  comme  fLfpe^e,  fuivxnt  les  Canons ,  toute  fem*ce 
c  L  t:  e  q^i  n'a  p''.^  au  moins  cinquantc  ans.  Cciies  t\v\  lont  au-<J;r:Tous 
<Vc  w.:  a^?,  nc  i.^r.t  pas  pour  ceia  reputces  concub:r.es.  C)n  r.e  ccic 
j-.nv-i:k  j.'-ciMir.er  lc  crimc  ;  rr.ais  on  doit  criindre  &  prevenir  les  occa^ 
hw-.x  :  c'c.^  poir.^uci  toi^te  perionne  da  fexe  au-dclluus  decinquir.tt 
ans,  ei)  fufpef^e  ,  a  moins  que  ce  ne  foit  uoe  foeur«  unc  unw,  «• 
au;rc  proche  parcnte. 


AU   DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       jij 

hns :  encore  ^toit-ce  un  relachement  de  Tanciennc  dirciprt-  p  .-- 

ne  y  fuivant  laquelle  il  devoit  ^tre  d^pofii  fans  mirericordc.  chap.  xH. 
Que  fi  un  Clerc  s*abandonnoit  jufqu*^  ces  crimes ,  qui  font   C  4.  </r  ex^ 
ixijurc  a  la  nature,  on  doit  Tenfermer ,  pour  faire  pcnitence  *^^'  '"'•'  '* 
]e  reile  de  fa  vie  ,  &  derober  aux  yeux  du  peuple  un  tel  jj/.  c  ti^dt 
fcandale.  yitaSrhonefi» 

ex  conc.  La« 

CHAPITRE       XIII. 

De  rC/furc. 

QUakt  a  iWurpation  du  bien  d'autrui,  iTglife  ne 
condamne  pas  feulement  le  vo!  &  le  larcin  ,  mais 
VUfure^  qui  etoit  permife ,  par  lcs  Lois  civiles,aux  Paiens; 
&  meme  aux  Juifs,  par  la  Loi  de  Dieu ,  k  Tegard  des  etran- 
gers.  Maiscette  Loi  la  leur  defendoit  a  Tegard  de  leitr  pro-  Levi^.  YX^. 
chain  q :  &  Jefus-Chrift,  qut  eft  venu  expliquer  &  accom-  )<^.  ^-j.DeuU 
plir  la  Loi ,  nous  a  enfeign^  que  tout  homme  cft  notre  pro-  J^/^l|    "^* 
chain.  Auili  nous  a-t-il  ordonni  de  prdter  fans  en  efpirer  ijj,  vj.  ^^ 
de  profit :  &  la  Tradition  conftante  &  perpetuelle  de  TE-  If  •  ^i^-  con^ 
glife  Catholique  Ta  toujours  entendu  ainfi ,  qu*il  n*eft  per-  ^'  7'  *^'  JJ 
mis  de  tirer  aucun  pr^t  de  Pargent ,  ou  des  autres  chofes  qui  tlu      '      ' 
fe  coilfument  par  Tufage ,  &  ne  font  eftimies  que  par  leur 
quantiie,  c*eft-a-dire  le  nombre,  le  poids  ou  la  mefure  ; 
comme  le  bled  &  le  vin. 

La  raifon  eft  que  dans  les  contrats  qui  fe  font  entre  \t% 
honimes ,  on  checche ,  autant  qu*il  eft  poftible ,  Tegalite  ; 
cnforte  que  Tun  re^oive  ce  qui  raccomniode  ,  pour  autanc 
d*une  autre  chofe ,  qui  accommode  Tautre.  Ainfi  dans  lcs 
echmges  &  les  partages ,  on  tend  k  la  p!us  grande  egalitei 
jufqu'4  fuppleer  par  des  foutes  de  deniers  a  rinegalitc  des 
chofes.  Ainfi  dans  la  vente,  Tintention  des  parties  eft  d*e^ 
galer ,  autant  qu*il  fe  pcut,  le  prix  a  la  chofe.  Que  H  nous 
pouvons  donncr  a  un  autre  ce  dont  il  a  befoin ,  fans  noud 
Incommoder,  la  Loi  de  Thumanite  nous  y  oblige  :  comme 
dc  montrcr  lc  chemin  ;  ou  d'allumer  un  flambeau.  Ceft  le 
fondement  descontrats  gratuits,comme  lo  prct  r  &  le  d<!f^ 


q  Ce(l-i<*dire ,  i  IVgard  de»  gens  de  lcur  nation. 
r  Le  pr^c ,  ippeld  par  les  Romains  Commodatum  ,  eft  gratuit  de  (M 
Itatttre.  Mais  dans  oos  moettfs  |  kf  prlt  0  appel6  Mutuum ,  n'eft  paf 

Tmi  IL  K  k 


514  INSTITUTION 

Partie  III  P^^" '®  °*  ^^**  point  refufer  i  mon  ami ,  de  garder  fon  a*- 
.Chap.  XUl!  gentdansmoncofire,commele  mien,  &  je  ferois  injufie 
d*en  vouloir  etre  paye.  Tout  de  meme  ,  je  ne  dois  point  lui 
refuferune  fomme  d'argent,  qui  m  eft  inutile  &  dont  il  a 
befoin ,  ^rant  aflfur^  de  fa  bonne  foi ;  &  s'il  me  la  rend  dans 
le  temps  convenu ,  je  n^ai  aucun  droit  de  lui  rien  deoian- 
der  de  plus. 

11  n*en  eft  pas  de  meme  des  corps  certains ;  comme  font 
S,  Thom,  2.  ^^^  meubles,  un  cheval,  une  maiion :  on  y  diftingue  la  pro- 
t.  q.  7K.  art,  priete  d*avec  Fufage ,  parce  que  Ton  s*en  fert  fans  les  confu- 
a.  M  corp,  ujgp^  quoique  non  fans  quelque  deterioration.  De-la  vient 
qu*encore  que  le  proprietaire  puifTe  les  preter  gratuitement » 
il  peut  aufTi  ies  louer  a  prix  d*argent ,  fans  injuftice.  £n  efFet» 
quoiqu^apr^s  s*en  etre  fervi,  on  me  rende  lesmemesmeubles, 
on  ne  me  les  rend  pas  pr6cifement  tels  que  je  les  ai  livres : 
il  y  a  coujours  quelque  dechet,  plus  ou  moins  confidera* 
ble  >  felon  le  temps  pendant  lequel  on  s*en  fert  &  Tufage 
qu*on  en  fait ;  &  ce  dechet  peuc  etre  eftim^  par  de  Targent , 
pour  revenir  a  regalit^  parfaite.Ceft  lefondement  du  Bail 
h  loyer ,  qui  peut  toutefois ,  par  la  coutume ,  exceder  de 
beaucoup  cette  egalite  naturelle ,  a  caufe  de  la  multitude  de 
ceux ,  qui  en  meme  temps  ont  befoin  d*une  meme  choie, 
Mais  celui  a  qui  vous  avez  prSt^  mille  ecus  pour  qn  an  , 
vous  payant  au  terme ,  vous  rend  precifement  autant  quc 
vous  lui  avez  baille  :  enforte  qu*il  n*y  a  aucune  raifon  de 
lui  rien  demander  de  plus. 

II  eft  vrai  qu*il  faut  fuppofer  deux  conditions;  que  votre 
argent  vous  fut  inutile ,  quand  vousFavez  preie,  &  qu'il  vou$ 
foit  rendu  auterme  convenu.  Car  fi  on  vous  le  rend  plus 
tard ,  &  que  ce  retardement  vous  caufe  quelque  dommaget 
il  eft  jufte  qu*il  foit  repare ,  &  que  le  plaifir  que  vous  avex 
fait  avotre  ami,ne  vous  foit  par  on^reux.  £t  comme  la 
preuve  &  Teflimation  des  domniages  &  interets  cfl  difficile 
danslefor  exterieur,  les  Lois  civiles  ont  juge  qu'il  y  eo 
avoit  toujours  ,  quand  le  debiteur  etoit  en  demeure  de 


I  argeni  prcic ,  coinme  en  oreiie  »  oans  les  oDiigations  a /owr ,  c  efi-i- 
f^ire  i  terme ,  &  ^  Lyon ,  ou  ces  fortesdc  flipulaiions  ont  ^t^  penBifcft 
«n  fkveur  du  commerce» 


AU  DROIT  ECCLtSIASTlQUL        515 


|)ayer/,  &  ies  ont  fixes  parmi  nous  au  denier  vingt ,  c'eft  i-  Partie  UU 
dire  a  un  vingtieme  par  an  /.  Voili  le  fondement  des  inte-  ^*!'^^  ^'*'* 
rets ,  quc  Ton  adjuge  du  jour  de  la  demandc.  con^fujft. $. 

Tout  de  meme ,  fi  lorfque  jai  pret^  mon  argent ,  il  m'e-  de  ufur, 
toit  neceflaire  ou  utile  a  autre  chofe :  fi  j*etois  pret  a  rache*    c  7^      j 
ter  une  rente ,  dont  lesarrerages  ont  continu^  de  courir ;  q  *7h.  a.t.  2I 
ou  a  faire  mes  provifions  des  chofes  neceflaires  k  ma  fub-  ^d.  1  tt  ibi 
fiftance,  qu'il  m'a  falludepuis  acheter  plus  cher ;  ou  fi  j'ai  ^*"*'^"» 
perdu  Foccafion  prefente  d*acheter  ^l  bon  marche  un  hM« 
f age  d*un  grand  revenu :  en  tous  ces  cas ,  je  puis  me  faire 
ricompenier  du  tort  que  j*ai  fouflfert^  ou  du  profit  certain  que 
j*ai  manque;  &  c*eft  ce  que  l*on  appelle  lucrum  cejfans  £• 
damnum  emergens.  Et  comme  les  Marchands  ont  des  occa- 
fions  continuelles  de  faire  profiter  leur  argent ,  cn  Tem- 
ployant  cn  marchandifes  fur  lerquelles  ils  gignent ,  on  leur 
permet  de  prendre  un  ccrtain  interet ,  plus  ou  moins  grand  , 
felon  la  longueurdu  terme;mais  il  faut,  pour  autorifer    ^  .     .  ^. 
ces  fortesd'interets,queIeprofitfutur  foitcertain,  commc  6.  c.  navigi 
fi  un  laboureur  pr^toit  lc  bled  qu*il  va  femcr.  ii  /i*  d€ 

L*argent  peut  encore  profiter  dans  lc  cas  ou  lc  contrat  "•'^'^' 
eft  plutdt  une  fociete  qu*un  pret.  Si  dcux  pcrfonnes  fe  joi- 
gnent  pour  un  n<igoce ,  oii  Tun  mette  fon  argent ,  Pautre 
fon  induftrie ,  il  eft  jufte  que  le  profit  foit  partage  comme 
la  perte.  Et  c*eft  lc  fondcment  des  Polices  (Taffurance  k  &  des 
autres  contrats  maritimes.  On  met  de  Targcnt  fur  un  vair- 
feau,  a  conditionde  lcperdrc  fi  lc  vaifleau  perit ;  ou  d'en 
retirer  un  profit  confid^rablc ,  s*il  vicnt  a  bon  port.  II  n'y    i.  g.  jj.  dt 
a  point  la  dc  pret;  chacun  demeure  proprietaire  de  fon  ar-  ^onn.  tmpu 
gent.Ou  fi  Pon  veut,  c*eft  achetcr  le  hafard  &  refperancc; 
comme  fi  Ton  achctoit  lc  coup  de  filet  d*un  pcwheur. 


/ 11  De  fuffit  pas  que  le  drfbiteur  foit  en  demeure  ;  il  faut  qu*il 
y  ait  une  demande  pr^cife  ,  fans  les  inUr^ts  ,  fuiviede  condamnation. 

f  li  y  a  n^anmoins  des  circonOances  oii  Pintdr^tde  Targent  ptM 
fie  feroitpoint  uneindemnit^  fuffifantepour  le  cr<fancier;  par  esem- 
ple,  fi  le  d^tJut  d'unpayement  confid^rable,  fur  lequel  il  comptoit» 
Ta  mis  danslecas  dc  laiffer  proteOcr  deslettres  dechinge,  &  que  cela 
ait  nui  a  fon  commcrce  &  a  fon  crddit ;  i  pUis  forte  raifon ,  fi  cela  avoit 
cntrajn^  fa  faillite ,  il  lui  feroit  di^  un  d^dommjgenent  plus  fort  que  lei 
int^rets  ordinaires. 

m  Police  d*;i(rurance  ,  ainfi  appeUe  du  Latin  PoUieerl ,  eft  un  conlrat 
par  lequel  raffureur  garantit  au  chargcur  la  valeur  de  fes  march^ndifes^ 
moyennantla  r^trihution  coiTreouc  cotre  f ux.  Voye\VOrdonaam:4l$ 
Id  Maritti  p  liir,  111 ,  liu  6» 

Kkij 


IT  «.  T  1  T  r  : 


'  C^  T 


i"-^^ .  I 


:   .-■  LinSuaiiiif  ie.  •mi:    '.n  \  auff  ayj.xx  c-jh.gm^  tnns   i 
;    ''Luiiii  i-.ii";ir  'jui-.i-ii*-     L.  eniir    tJf.  :  s::  !niDTK:"=t. 

■  2.]  cEs- .  ■.II  iJ'Jir  '  sinrt  ri;:  tiiiii;  i—-;  ui  HL—itaEt  u±  .;mr 
^  oam  i"'{::  ia  •■em.:.\  i:yiiiii;i;T  m  n  v. 
^  jJCTJcJtii.t    y.nr  »ri:i;.t  ■-.•nii»  ut  n:t   i 
-  ;iiR:iii:  ■-'.'■.  i'.'"L.t  uL  -^tsn  7  uir-uuii.  u:rc  ti±  ii:utrs  * 
^  jw:  iiuli.  T  ELi''  :ir  lis  milii  i'>'TBt .  tt.  (  ^iiiiiEs;'  t  vrys^  i 

■  it-.  aTsi  :;iiii  -.xtni  r.t-ra  ui-  rsnii .  ei  iriinir  nnsiir 
iic-i:ii|:s  .  :'i  i'  ixitm  i.ii:;:rT:  .  :ii  u?-  ini:u:i<K  le  cs 
t  iAiKir.  .  i  .'  111  I  i.  li^iirr  t";inineu::ie:  eiifiT 
ai  Oei.-:i'jiE"  i«  ia"»:»  '*-.ilii  a  L:nifciTj:i;ir  at  rioni .  lui 
<iiSi.-*t  rfit.it:ir:amimr ni  irK.er  ar^at  it  ;.i~:i-:rii,:iii  cE 
iiit-i.t  i.  psr-;iir:;ir.t .  :iii!t  avU  7  kk  aicii:  ii^;ic  U£  a.  rt- 
j^_-.tr ,  TiKr  a-'^T  i  iicKit.  =  y.iie  jt  :u.-i> siauii:  ajsar-;- 


',-:  jiEnw:  auit  *«  •«=;.-  -i-.iv--*!.'  ^^irt.£^  wr^  .■■2  nnsns 
^. :.  TT.  '..i  1-^  -t*  i  ;:r  iii.a.-i  ■>  .  i  'a  i:ssra  as  Ts::n  :■- 

f:!.  i: -^::  .'rri.t  ipiT-^-^iiEr  jt  ;■-;»  it  T-'— .-;  ,  ii  ctii 
:  rr..   1 1-:  ■i.iE.;-  i«^-ir«,  r:i  x  r:^.:vsrr  :lz  *t;c^^ 

f',-7:sM  ^;'.»cr;tT,jr.-:irj  mc  :iia  »^: --s  rc*;:r  Iss 


,  ?"'?■-'!»'  '5*  nr?e!i 


:.:;.ti  liTBre;^ 


^ 


•'■t.  L'«B  js(e  niieroiai  f,c  ic  fcx  m 
'Tui  prcn  »  petc  ctt  ccnCC  f^ 


7   i;r.  r.:,i<!uiii.,itd'Aar> 
*i>M«  Vi«|E«l«,cl'*i(.trtl«i.   (^ 
f(  d«  cilulMltKiBtbln  i  P^^ 


'AV    DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.       J17 

frals  dnbureau,  les  falaires  descommis ,  &  la  confervation  p^^^ig  14^ 
des  gages.  S'ils  ne  les  retirent  pas  apres  un  certain  temps ,  chap.  XliU 
on  les  vend  ;  &  apris  avoir  retire  la  fomme  pretee  &  la 
taxe ,  on  rend  ie  refte  du  prix  aux  parties.  U  y  a  de  ces 
monts  dc  piete  cn  Italte  ^ ,  &  en  Flandre.  £n  general  j  on 
ne  doit  pas  legirement  condamner  les  contrats  approuves 
par  les  Lois  des  Princes  Chretiens ,  ou  par  des  coutunies 
imm^moriaies ,  fans  avoir  bten  pefe  les  raifons  de  rutilitjs 
publique ,  &  bien  examine  les  principes  4e  la  Jurifpnidencc» 
Cefi  6ter  i  uniiomme  le  fien,  que  de  luiperfuader  une  ref^ 
titution  qu^il  ne  doit  pas. 

Mais  d*ailleurs  les  moyens  de  faire  profiter  Targent ,  qui 
font  approuves  dans  le  tribunal  exterieur,  ne  le  font  pas 
toujours  dans  celui  de  la  confeience.  Les  Lois  civiles  tole-   s.  Th,  d.  f . 
rentfouvent  de  moindres  mattx,  pour  en  iviter  de  plus  i%.an.i.ad 
grands;  &  ks  Coutumes  humaines,  quelque  anciennes  '* 
qu'elles  foient  ne  prefcrivent  jamais  contre  la  Loi  de  Dieu. 
II  faut  fe  defier ,  principalement  des  int^rets,  qui  roulent  uni- 
quement  fur  le  lucrum  cejfans  &  damnum  emergtns.  On  5*7 
flatteordmairement;&oneft  engranddanger«des'ytrom-   ^  j^^ 
per ,  a  moinsique  d!etrebien  perfuad^  de  cette  parole  de  S.  9/ 
Paul ,  que  ceuxqui  veulcnt  devenir  riches^s^expofent  a  de  gran" 
des  tentations :  &  de  ce  que  dit  Jeius-Ctirift  mdme ,  qu^/i  efi 
impojffiHc  defervir  Dieu  &  finteret.  Qui  ie  croira  fermement ,    jnfauh,  yii 
aimera  toujours  mieux,  dansle  doute,  perdreduiien,que  14. 
de  profiter  aux  depens  d'autrui. 

La  vraiie  Ufure  eft  le  profit  que  Ton  tire  d*un  pur  pret  a-, 

^  Paulll  paroit^trele  preipier  qui  aic  autorif^  ces  monti  de  pi^t^., 
sitiri  ({u'il  r^fulte  4*une  bullede  Leon  X,  de  fan  1515  ,  donntfei  m^mes 
'iins.  On  a  tent^  d^^tablir  enFrance  de  ces  Monts  de  ^iM  ,  commeil 
paroit  par  une  Declaraiian  du  mois  de  F^rier  1616 ,  qui  ordonnoit  V^ 
tabltflfement  d'un  Monc  de  pi^t^jen  chaque  juiliceoCi  il  y  a  ^%  commif* 
faires  aux  fairies-r^elles.  II  y  eut ,  les  14  Mars  &  az  Juin  1617  ,  deux 
t^icUrations ,  portant  d^fenfes  de  mettre  cet  Edit  k  ex^cution.  Voyt[ 
Joly ,  dt  Officcs  dc  France ,  Tome  II  j  pag.  1950^  \t  DiEtion.  de  Dj» 
-C  halles  ,  au  mot  Mont  dc  pidti. 

a  CeAauflfi  uneufure  repr<Shenfible ,  que  de  iUpuler  un  int^cit  plus 

fort  que  le  taux  permis  par  TOrdonnance.  On  ne  peut  meroe  pas  aaos 

•un  contratde  rcnte  conftitu^e,  Hipaler  une  exemption  des  impofitioos 

•Toyales ,  lor/que  la  rente  eft  au  taux  de  i'Ordonnance  ,  parce  qu*au 

moyen  de  l'exemption  des  impofitions ,  la  rente  exc^deroit  le  taux  de 

l'Ordonnance  pendant  que  ces  impo^tions  ont  lieu.  II  y  a  n^anmoins  des 

«mprunrs  faits  par  le  Cler^^  &parles  Etats  des  provinces  ,  dans  lef- 

<}uels  le  roi  a  permis  de  ftipuler  Texemption  des  impofitions  royales ;  & 

«ar^esi.ecfir^»-Pajteni^  iu  27  JoUlet  ij^  ^  reeifir^es  au  Parlemcni 


jiS  IHSTITOTION 


Partie  liL  enfone  qu*apris  le  terme  ichu ,  on  exige  plus  que  ce  qa6 

CHA9,  lillL  |»Qjj  ^  prete,  foit  par  obligation ,  foit  avec  des  gages  ou  au- 

trement ,  foit  fous  couleur  d*une  condamnarion  d*interet, 

d*une  vente ,  d*un  engagement ,  ou  de  quelqu^autre  contrac 

permis  :  car  il  y  a  une  infinit^  de  moyens  de  pallier  rufu- 

re.  II  faut  toujours  revenir  au  fond ,  &  voir  de  bonne  foi  fi 

Ton  cherche  k  profiter ,  ou  feulement  a  ne  pas  perdre. 

C.  j.  ae  ufir.      L^ufure  eft  donc  defendue  a  tous  les  Chretiens.  Le  troi- 

Ci.deufur.  fieme Concile de  Latran ordonne, que  tous  les  ufuriers  fe- 

in  6.  ront  prives  des  Sacremens  &  de  la  iepulture  ecclefiaftique  , 

-!^f *  ^j  '  f"^  ^  Que  perfonne  ne  recevra  leurs  oblations.  Le  fecond  Con- 

tiosij,ae  ujur  ■       • 

14  q,  4.  c  cile  de  Lyon  defend  de  les  loger ,  ou  de  leur  louer  des  mai- 

Nec   hoc  ex  fons  b.  lls  ne  font  pas  feulement  obliges  a  reftitution ,  mais 

'    ^*"*^'       encore  leurs  enfans ,  &  tous  leurs  heritiers.  L'ufure  eft  de- 

fendue  plus  rigoureufementauxCIercs,commedevant  etre 

plus  defintereftes  que  le  commun  des  Chretiens,  &  plus 

C.  17.  difl*  eloignes  de  tout  gain  fordide.  Le  Concile  de  Nicee  ordon- 

40.  dift,  47.  pg  qy^  j^g  Clercs  ufuriers  foient  depofes  :  ce  qui  dans  les 

{lecles  fuivans  a  ete  confirme  par  plufieurs  Canons,  &  on  y 

a  ajoute  la  perte  des  offices  &  des  benefices. 

Le  Crimcdefaux  devintfrequent  depuis  qu'il  fut  ordi- 
naire  de  faire  venir  de  Rome  des  Lettres  de  grace  ou  de 
juftice.  On  le  voit  par  les  Conftitutions  d'Innocent  III ;  en- 
tre  autres  par  celle  qui  condamne  ceux  qui  fabriquent  de 
Cap-  7.  dc  faufies  Bulles ,  a  Texcommunication  ;  &  a  la  perte  des  be- 
friiB.  falfu  nefices ,  ceux  qui  s'en  aident.  L*etabliflement  des  Banquiers 
expeditionnairesca  rendu  cesfalfifications  difficiles  &  rares. 


le  19  f  le  roi  a  permts  k  toutes  perfonnes  de  (lipuler  rexemption  des  im- 
poritions  royales  diin&  les  emprunts  qui  fe  feroient  au  denier  25  ,  fuivanc 
rEdit  du  mois  de  /uin  pi^cddent ,  qui  a  fixe  k  ce  denier  pour  ravenir  , 
le  taux  dcs  rentes  &  int^rets. 

b  Lc  Concile  tenu  a  Coyac,  Diocefc  d'Oviedo,  en  Efpagne  ,  Vzn 
1050  ,  defenfi  a  (Ti  aux  Chrctiens  de  ioger  ou  manger  avcc  les  Juifs. 

Ce  fut  autTi  principalement  a  caufe  de  leurs  ufurcs ,  que  les  Juifs 
furent  chdiTcs  plufieurs  fois  de  France  ,  &  endernier  iieu  fous  Charles 

VI. 

c  An  commenccmcnt  c'<ftoicnt  de  fimples  Banquiers  &  autres  per- 
fonnes  d^u^  miall''i^  qui  s'entremetroient  pour  fdire  venir  les  Bulles  de 
Bom?  &c  des  L^^arions.  Henri  II ,  par  fon  Edit  du  mois  dc  Juin  1550, 
«ppcld  communemeti'  VEJ.i  des  pctitis  dj:^s  ,  ordonna  que  ces  Ban- 
quiers  &  autres  '4ui  s'e,itre.ne:to.f'nt  <^ans  le  Royaume  pour  faire  venir 
Ccs  fortes  d*ex[>dditions  ,  pretetoient  ferment  devant  Its  Juges  ordi- 
H  '.ires  du  lieii  de  leur  demeure  ,  de  hien  i3;  loyaumenr  exercer  leur  ^tat, 
&  defcAfes  fureot  fdites  a  tous  Ecdeiiallii^ues  de  s*eDtremettre  pour  c9a 


AU   DROIT   ECCLftSIASTIQUE.        519 

Je  ne  vois  rien  de  particulier  ii  dire  des  aiures  crimes.  L'E-  pTTT!!!^!!? 
glife  condamne  tout  ce  qui  eft  contraire»  non-feulement  k  cuap.  xIU. 
la  Loi  de  Dieu ,  mais  i  celle  des  hommes :  puifque  la  Loi  de  Rf^"**  ^^^^'  '* 
Dieu  nous  ordonne  d*obeir  aux  puiiTances  fouveraines  J. 


m  ^^ 


CHAPITRE     XIV. 

Du  Ddit  commun  d»  du  Cas  PriviUgU  e, 

L£ GL I SE  n*avoit  point  d*autres  crimes ^  juger  du  com- 
mencement ,  que  des  crimes  purement  ecdcfiaftiques/, 
parce  que  les  Chretiens  ne  commettoient  point  de  crimes 
fujets  a  la  vengeance  publique.  S*ii  y  en  a  dans  vos  prifons, 
difoit  Tertullien ,  ils  ne  font  accuf^s  que  d*etre  Chretiens:  Apolog,  64 
ou  s'ils  font  accufes  d'autres  chofes ,  ils  ne  font  plus  Chre-  ^^' 
tiens.  Ce  qu*il  dit  de  tous  Ics  Chr^tiens  fe  doit  entendre  k 
plus  forte  raifon  des  Clercs ,  que  Ton  choififlbit  toujours 
entre  les  plus  parfaits.  S*il  y  en  avoit  un  qui  tombdt  dans 
quelque  crime  ,  &  ne  voulut  pas  fe  foumettre  a  la  fainte 
difcipline  de  l*Eglife ,  pour  faire  une  ferieufe  penitence ; 
il  avoit  toute  libert^  de  retourner  au  paganifme ,  oii  il  trou* 
voit  toutes  fortes  d*avantages  temporels ;  ainfi  il  ne  d^- 
honoroit  plus  TEglife. 

Les  privil^ges  que  les  Empereurs  Chretiens  donn^rent 
aux  Ev^ques  &  aux  Clercs ,  ne  changirent  rien  i  la  pour- 
fuite  des  crimes  publics.  Les  EvSques  pouvoient  rendre  des 
fentences  arbitrales ,  du  confentement  des  parties ,  mais  en 


cxp^Hitionf.  L^^tabUflfemenc  des  Banquiers^exp^ditionnaires  en  titra 
d'Office,  futtenc^  en  155^,  160)  ,  161 5  ,  1^53»  1655  «  &  co6n  con- 
fomme  6c  ex^cut^  par  un  EtUt  du  mois  dc  Mars  167;. 

d  L^Eglife  punit  en  outre  dans  fes  MinilUes  Cous  les  d^!its  Eccl^fisf- 
tiques ,  c'eft-a-dire  ceux  qui  font  particuliers  aux  Eccldfiaftiques  i 
leiquels ,  attendu  leur  ^tac ,  font  oblig^s  de  mener  une  Yie  plus  r^gik* 
liire  quc  les  S^culiers. 

€  Voyez  la  d^finition  que  Ton  a  donn^e  ci>devint  deKun  &  de  rautrc  » 
chap.  icr.  de  cette  partie  ,  aux  notes. 

/  Par  le  terme  cle  crimes  pur§ment  EccUfiafiiques ,  on  n'entcnd  ici  que 
les  contraventionsou  ies  Clercs  peuvent  tomber  contreles  regles  &  les 
devoirs  que  les  Canons  8c  les  Dccrcts  des  Sourerains  Pontifes,  ont 
attach<^s  a  leur  caraOere ,  i  la  diff^rence  dcs  d<^Iits  qui  peuvent  £tre 
commis  par  dcs  Laiqucs ,  comme  par  des  Eccl^riau>ques,  que  Vo^x 
appcle  ddits  communs  ou  cas  priviti^^iis  ^  felorv  qu'ils  iat<{rclIeQt^U 
Jaridic\iv>ii  £cclerti(lique  ou  U  J  ullice  Royale. 

Kkiv 


520  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  If 


PAKTir.ilL  ■"*^^^  d%Tle  fetilcsnent-  Les  Oercs  &  les  Moines  tfa^ 

C«AF   iiv.  %oient  <juc  leuTS  Eveques |K3ar  ioges, dansjes  matieres pe- 

L.  f,  t.  C«i.  cuniaires.  Pour  les  criiDes  d%ils  ,  c'eft-a-dire  fuiets  aux 

j/j^"  ^^    ^  lois ,  TEveque  6:  le  Jnge  (ecoiier  eo  jugeoient  concorreai- 

i,  1^5.  ^.  XI.  ment.  Si  TEveque  en  cooocnfioit  le  premier ,  il  depoToit  W 

coupble  ,  p'jis  le  Juge  ieculier  s*en  faififlbit ;  fi  ce  Juge 

avoit  preveou ,  ii  renroyoit  )e  coupoble  a  FEveque  pour 

erre  depofe ,  avant  rexecution.  Tel  etoit  Je  Droit  de  Juf- 

tinien^.  Poor  les  crimes  ecdeGaftiques,  les  Clercs  n*etoient 

juges  qoe  par  lesEveqoes.  On  (avoit  que  rEglife  abhorre 

le  iang ,  &  on  voyoit  tous  les  jours  les  Eveques  inrerce- 

der  pour  l^  crimioels  les  plus  etrangers  a  FEglife ,  afin  de 

kur  (auver  la  v;e  :  ainfi  on  n*avoit  garde  de  leur  laifler  la 

punition  entiere  de  leurs  Qercs  ,  s*il  y  en  avoit  d*ailez 

malheureux  pour  coamienre  des  crimes  dignes  du  demier 

c^«r.  Ccie,  fuppiice  :  on  auroit  craint  de  laiffer  ces  crimes  impunis.  11 

'  Carik   lU  ^  ^^  ^^  ^^  Canons  defendoient  aux  Clercs  d*intenter 

f,€^.  '  3*jcune  a^on  devant les  Juges  (eculiers, &  plos  au  crimi- 

nd  qu*au  civil ;  parce  que  le  ^kSa  de  vengeance  eft  plqs 

cootraire  a  rEvangiSe ,  que  refprit  d*interet.  Mais  nous  ne 

voyons  rien  dans  les  fept  ou  iuiit  premiers  (iecles  pour 

dteraux  Juges  feculiers  la  ponition  des  Clercsmalfaideurs, 

fi  ce  n'eft  des  Eveques  ,  dont  ia  dignite  attiroit  un  refpe^ 

particulier  ,  &  qui  rarement  tomboient  dans  des  crimes. 

Enfin ,  la  maxime  s'etablit  en  vertu  des  fauffes  Decretaies  h , 

que  les  laiques  ne  devoient  prendre  aucune  connoifFance 

— .        ^    jdes  afiaires  des  Clercs ,  ni  de  kurs  moeurs  ;  &  ce  fut  Ip 

-i.c.  14.  Hifi.  P^i^cipal  fujet  de  la  perfecution  que  fouffrit  faint  Thomas 

fctUf,    liv,   de  Cantorberi. 

Liuu.  f,  Q.  Aijifi  la  difciplin^  s*etant  relichee ,  &  les  crimes  n'etaiu 
-plus  rares  chez  les  Clercs ,  refiet  le  plus  fenftble  du  privi- 
I^gis  clerical ,  fut  de  mettre  les  coupables  a  couvert  des 


^  II  ne  f^ut  pas  perdre  de  yue  que  les  Livres  de  Ju(Hnif n  tomb^ent 
^ans  Toubli  prefque  aunfitot  aprcs  le  ddces  de  cet  Empereur ;  le  Codp 
Th^odorien  fut  f^ul  .pbferv^  iufqucs  vers  le  mjlieu  du  douzi^me  fieclej 
4>u  les  pandeAes  de  Juftinien,  qui  avoient  ^t^  long-temps  perducs^ 
jfurent  enfin  retrouv^es;  ce  qui  fit  aufli  recourir  au  Cgde  du  mitn^ 
,^mpereur.  On  n'cnfeignoit  fnlme  i  Paris  quc  le  droit  C^nop  iufqu^ep 
1679  »  ^ii^^  qu'on  Ta  obferv^  ci-devant. 

h  La  coI!e£^ion  de  ce^  faiifTes  Ddcr^tales  porte  1e  nom  d'Ifidor^ 
Mercator  que  Ton  croit  Efpagnol.  Elle  fut  rj^panduc  en  Fr^aff^  PM^ 
fiji^ulfe,  Arcbev^(||ie  de  Mayence ,  lequel  nourut  eji  Si^, 


AU    DROIT    ECCLfiSIASTIQUE.      pi 


Vjcucurs  de  la  jufticc.  Une  des  plaintes  dc  Pierrc  de  Cu-  p^„,E  uu 
l^ntrcs  i ,  ctoii  quc  ceux  qui  vouloicnt  commcttrede  grands  chap.  XiV. 
crimes,  prtfioicot  auparavant  la  tonfure  k  ,  pour  s*affurer  ^'*-  ^-  '^*'' 
1  impuniTc.  II  y  a  un  cxcninle  fameux  du  Prcvot  de  Paris ,    MonfircL  i. 
dc  Tiiiouvillc  /,  qui  fut  prive  de  fa  chare;e ,  &  oblige  a  V'''-.  '*•   M. 
unc  ^rancic  rcparation ,  pour  avoir  condamne  &  tait  exc-  ^^  y         ' 
cutcr  a  mort  dcux  ccolicrs  convaincus  de  larcins,  npnobf- 
lar.t  lc  priviicy;c  clcrical.  Ccpcndant  on  fc  piaignoit ,  que 
Ics  Jut;cs  d'Ki^lirc  failbient  peu  dc  jurtice  des  crinies  :  qu*ils 
fe  contcntoicnt  de  pcnitcnces  lcgcres :  qu^ils  n'abandon- 
noient  prcrruc  jamais  Ics  coupablcs  au  bras  feculier ;  &:  qu'i 
Rome  on  obtcnoit  facilemcnt  dcs  abfolutions  &  desrcha- 
bilitations. 

Lcs  Jugcs  Iniqucs  crurent  donc  etre  obliges ,  pour  main- 
ter.ir  la  iurctc  publique ,  d'cxcepter  Ics  crimcs  les  plus 
utroccs ,  &  cn  prcndre  connoiffance  ,  au  moins  conjointe- 
incnt  avcc  lc  Juc;e  d'Egiife  ;  &  c*cft  ce  qu  ils  nommcrent 
Cjs  ptlviU^ies.  Car  commc  le  privilcae  clerical  avoit  paffe 
en  Droit  commun  ,  on  regarda  comme  un  privilcge  cctte 
rcOridion  quc  Ton  y  apporta ;  quoiqu*en  effec  elle  ramenat 
Tancien  Droit  comnmn  m. 

II  y  a  piiis  de  trois  ccnts  ans  que  la  diftin£Uon  du  Dellt 
commun  &  du  Cas  priviW^U  cA  etablie  ;  &  toutcfois  on  ne 
convicnt  pas  bicn  cncore  dc  la  qualitc  &  du  nombre  dcs 
cas  privilcgics.  Quelques-uns   veulcnt  quc  ce  foient  ics  Jmhert.  infm 
<js  royj-ux  ;  d'autres  y  comprenncnt  tous  les  crimes  atro-  '«v.  \.  c.  s. 
ces ;  I  rincipalcrr.cnt  ceux  qui  cmportcnt  attentat  contre    fevret.  liv» 
rautoritcpuLiique,commeportd*armes,  fauffcmonnoie;!^  8.  c.  i. 

i  \\  \  ivoic  au  conr.mcr.cement  dii  qiutorzicme  fiucle. 

i  On  voitp.',r  la  (j-r.-iii  commcncc.r.ent  tois',  lcs  ijlcrc* ,  mcme  ceux 
q'.:i  n'svoicntencurc  que  Ij  tonlure,  juuiiloicnt  du  privilcj^e  Cicrical  ^ 
niMtscci;i  lutclcpuisrcllrfinr,  cocime  uni'4  dii  ci-dcvantdjos  une  note 
,«]ui  til  ju  commtrnccmcitt  du  ch.  y. 

/  Ce  fut  en  14C7  q«ie  ccU  «rriva,  rUniverfiitf  qui  airoit  i'orf  fef 
Juges  li.irticuUers  ,  s*<it«nt  pUint  d«  ce  que  ron  avoit  donni  atteiote  a 
%s*Ti  j-rivitc^e. 

m  1  cA  certAin  que  ct  n*cft  point  pir  privil^gc  miclc  Juge  Royal  prend 
connuiHjncedcsdcliisdcsEccl^fuftiuuei^  que  run  appcr.e  impropre- 
ment  Cas  priviUgiei,  car  coutct  lei  Juflices  ^tar.i  dmaniScs  dc  ccllc  du 
Koi ,  ta  cuiiitoiirjncc  des  cai  priviUei^s  n*cft  dantte  vrai  quela  portioq 
/le  la  Juftice  ordinaire  quc  le  Roi  ■  rfferv^c  A  fcs  Jnses ,  &  qu'il  n'a  pas 
pu  Hdmembrer ;  &  ce  n*cft  au  cootraire  qut  par  dcmcinbrcmcnc  de  U 
/i.Hice  Ro>dle,  &  parprivHtf(c»  qutlcs  Juj;es£ccI^(ianiqucsconnuii- 
/cnt  de  ce  qu'r.s  appcKent  dilie  eommmn, 

0  i.e  crime  de  fnuSe  n^onnoie  c(l  lel  ^uc  le  JiyiXrfui^Uf  j^uclf  fa^n 


jaa  I  N  S  T  1  T  U  T  I  O  N 

Pahtie  III.  ''c^Uion  k  jullice.  Enfin ,  fuivant  la  pretention  des  /uge» 
tUAF,  XIV.  laiques  ,  le  Dilu  eomrmn  ie  reduit  aux  cas  legers,  comme 
des  tnjures  verbales ,  &  iuk  crtmes  puremeni  ecdefiafti- 
ques ;  c'e{l  a-dire  aux  contravemions  a  la  difcipline ,  donc 
k  Juge  ftculier  n'a  aucun  droit  de  connoitre.  Le  Juge  d'E- 
glHe  connoit  feul  du  delit  commun.  Quand  il  y  a  cas  pri- 
vilegii;,  k  Jiige  d'Eglirc&  leJugelaique  font  i'inftruftion 
coniointeiiient.  On  diftingue  encore  entre  les  cas  privile- 
gies  ;  car  U  y  aquejquescas  airoces.doni  on  pretend  que 
Tenormiie  rend  lecoupable  indigne  du  privilege  cleri- 
caio. 

Dans  Ui  cai  ic  rtnvoi ,  les  praciques  ont  eie  difterentesJ 

Moul.  {9.  Suiv.m:  i'Ordonnance  de  Moulins ,  le  Juge  laique  devoic 

connoitre  d'dbord  du  cas  privilegie ,  puis  renvoyer  Taccufe 

au  Jiige  d^E^lifc  ,  pour  le  delit  commun.  Mdis  cette  prati- 

que  donnoir  des  fujets  de  plainie  auit  uns  &  aux  autres  Ju- 

ges,d'avoir  empieie  fur  la  juridiftion,  ou  d'avoir  ufe  de 

Utlan.  11.  irop  d'iiidulgenci; ,  ou  de  trop  de  rigueur,  Ceft  pourquoi 

TEdit  do  Miflun  p  ordonna  ,  que  Tun  &  i'autre  Juge  inf- 

truiroier.i  conjointemeni  le  proccs  ;  &  que  chacun  enfuite 

Ttvrti.  Jii.' donneroit  fon  jugement  feparc.  Ainfi,  tls  rendent  temoii 

t.th.  1.  n,  6  gnage  ^  la  condiiiie  Tun  de  Tautre. 

Mais  comme  l'ancienne  pratique  duroit  encore  en  quel- 
ques  lieux,elle  a  eteabolie  par  TEdit  deFevrier  1678, 
contirme  par  la  Declaration  de  Juillet  1684.  Suivant  ces 
derni^res  Ordonnances ,  rEdit  de  Melun  doii  eire  execute 
par  tout  le  royaume  ;  &  rinftruftion  des  proces ,  pour  les 
cas  privilegies ,  fe  fait  conjointement  par  les  Juges  d'Eglife 
&  par  les  Juges  royaux ,  qui  font  tenus  pour  cei  effet  d'al- 
lcr  au  ficge  de  la  juridi^ion  ecclefiaftique  :  li  ce  n'eftque 


Ceul,  ranileeoinrou 
•lcMcnciU.eniU'. 
U  Rtcucil  Jii  Uii  i. 

o  Le<  Cletci  i|u> 

*    '  at;c  ou  ntgoce,  ifui  tani  pioKllion  i 

iitat  poim  joDir 

^cipii»iiiSe»'deU  C\i!\wxit:Cfu.fn.  txiri  ii  tita  S-  Imnifi.  Cltt. 
1..L  CUrU.conjug.  iaC.CoaiiUit  T'inic;  SelT.  37,  ch.  6.  Bruoeaili 
Ohjin-il.  Oiraia.  tit.i,  nflT,mc  7  St  S. 

;.  1:.-,  Kriit  Mt  dunT.c  d  P.ris ,  par  Henri  III ,  au  mon  de  Fjvncr 
IjKi.  U  aL'tiliirnomrae  1'Edit  dt  Mdua ,  pirce  qu'il  fut  f»it  fur  1« 
pliiniei  &  renionir jiicei  i!u  Clergj  d«  FcaDCe  ,  itTemtild  pu  pwmilCoa 

du  Kui  eo  U  viUc  d«  M«>uiu 


AU  DROIT    ECCL£SIASTIQUE.       51? 


rOfTiciat  vcuille  fe  tranrporter  au  ri<>ge  royai ,  puvir  lc  bien  pahtik  IIT. 
du  h  juflic»; ,  comme  pour  eviter  de  faire  iransloror  !u  [tri-  Cu^p,  XHf, 
ibnnicr.  Lun  &  1'jutri:  Juge  doir  njdiger  les  ili;po(it!ons 
dus  tir(niiins,lesinterrogaioires&touile  refl^:  dc  i'inllruc- 
tion  ,  lUn-i  des  ciliiers  iepurcs  ,  chacun  pr  10»  Crcnicr  , 
alin  dc  juger cliacun  ftir lcs procedures  r f:  ce  n'cll  cj-.ie iun 
d'cux  ait  commencc  riiilhuflion  li.'ul.  C^r  cummc  on  nc 
voit  la  qnaliic  du  crime  iiuo  par  lcs  cb.irgcs,  1  Oihiiiil  pcut 
d';iburd  iiir.>rmcr ;  [-uis  in^pcicr  le  Jiige  laique .  [lour  lc  cas 
privilLgic.  Dc  niCinc  Ic  iu^c  royal  peut  infofmtr,  avant  ' 
que  rucctilc  ou  Ic  Promoicur  dcjn^in'lc  le  renvoi  en  Cour 
d'tglUj,  pour  le  dclit  coninuin.  Si  le  procts  s*inllruir  cii 
un  Pirlcmcni,  on  ii'y  appclle  point  rOlli^iial  :  mai$  l'Eve- 
tHK  lupcricur  du  Cicrc  acculc  ,  tll  lenu  dc  donncr  lon  Vi- 
cariata  un  dcs  ConfcillcrsCIcrtS  du  Pjrlemcnt.  Tcl  c(l 
rufage  de  France ,  puur  lcs  proccs  criminels  des  EccicfuC- 
tiqties  f . 


E5*= 


=  9» 


CHAPITRE      XV. 

Dtt    }ugem:nt    Crimir.elt  tn  Giaeral. 

TOuT  cc  quc  notis  voyorsdsnsrantiquiti,  touchant 
\i  forme  dcs  jugemcns  ecc!efia<liq>ies ,  regarde  la  con- 
damnation  des  coupablcs ,  qui  cnfeignoient  une  mativaile 
doftrtne,  ou  fcandaliluient  rf^iglife  par  leuri  mauvaileg 
Diccurs ;  en  un  mot ,  ce  que  nous  appclont  au;ouril'hui  Lt 
triminil.  Pour  les  matiires  CiviUs ,  l^Eglife  n'en  connoilltHC 
quc  par  arbiiragc.  Mais  de  tout  temps ,  elle  a  eu  droit  d^iai- 
pofer  des  peniiences  falutaires  i  ceux  qui  fe  Ibnt  aoculit 
Ac  kiirs  fjutcs ;  &  iti^mc  de  chitier  ceuz  qui  1«  niotenc. 
a'ik  en  ctoicnt  convaincus  d'ailieur9.  Oo  n'ob(er*oit  pmoc 
d'autrcs  formalites  dans  lcs  }ugcmn  — -— 
celles  qui  ^eoient  abfolumeni  i^e*:<l6 
ger  fans  coniioifr<ince  de  caufe.  On  gi 
gles  marquces  dans  rEcriiure  :  de  ne  reec^r  JIVS 


tl.i  fstm(  At  rinltniai  JB  i 
'     "jpli<l"*«pi«-M.  d*  V., 

I  ina^Uli ,  patt.  j  ,  m. 


(14  INSTITUTION 

Paktii  III.  inent  les  accufarions,  priacipalement  contfe  les  Pr^tres  8c 

caAF.  XV.   les  Eveques ;  puifque  la  prefomption  etoit  pour  eux  ,vu  la 

circ<»)rpedion  que  Ton  apporioit  pour  les  bien  choifir :  de 

^ii/I.  Arafi.  jjg  (joirg  qug  (-g  qyj  ^jQj,  proQve  ^  au  moins  par  deux  ou 

trois  temoinsidepunirlesfaux  temoins  fuivant  la  Loi  du 

talion,  c'e(1-a-dire  de  la  meme  peine  que  raccufe  auroit 

Drt».  BtiK.  foufforte :  de  reprendre  &  corriger  publiquement  les  cou- 

*(-  pables  ,  afin  de  donner  de  la  terreur  aux  autres.  Oa  ne  s'en 

j^^  lenoit  pas  3  !a  ngueur  des  regles ;  mais  on  examinoit  loi- 

CenJI,  Afofi.  gneuri;meni  la  qualite  des  perfonnes ,  les  accufateurs  ,  les 

'*-'■  '■  ■*'-  accufes ,  les  t^moins ;  quelle  eioit  leur  vie  &  leur  reputa- 

19.  "'  ""^  "0"  i  ^^  q"^'  ^f^P"'  *'*  paroilToient  poufTes  daus  Tafiaire 

1.  Tim.  V.  la.  prefente.  Toutefois  les  /uges  fe  donnoient  de  garde  de  ne 

Cimll.Ap.  1.  pas  tomber  dans  la  preoccupation  &  Tacception  de  pcr- 

I Wc.  41     fonnes ,  fi  condamnees  dans  TEcriture ;  &  fe reprefentoicnt 

Dtut.  I.  17.  qu'ils  feroteni  juges  comme  ils  auroient  juge  tes  auires. 

xvi.  19.        Vuila  les  fainies  regles  que  lesEvequesfe  propofoient  dant 

c^a  'jio'\  Jeurs  jugemens :  its  ne  regardoient  lesjugemens  f^culiers, 

*.  j;.  que  pour  imiter  ce  quils  avoient  de  meilleur ,  &  fe  fou- 

venoieni  toujours  qu'ils  ^oient  Pafleurs ,  &  non  Juges  de 

rigueur. 

Les  proc^dures  fe  r^duifoieni  donc  a  celles  que  nous 
voyons  dans  les  Conciles,  dont  nous  avons  les  A3es: 
comme  le  Concile  d'Eph£fe  &  le  Concile  de  Calcedoine. 
Quelqu'un  formoit  une  plainte ,  par  un  Iibelle  ou  requete ; 
raccufe  etoii  ciie  trois  ou  quatre  fois ,  alin  d'avoir  Meu  de 
fe  defendre.  S'il  refufoit  opiniairementde  comparoitre ,  la 
coniumacc  iioii  un  crime  puniflable  des  dernieres  peines, 
c'ell-a-dire  de  la  depofition ,  ou  de  rexcommunicaiion-  S1I 
comparoifToic ,  il  etoit  inierroge  &  oui  en  fes  defenfes.  Oo 
lui  produifoit  \e%  lemoins  &  les  ecriiures  propofees  con- 
Ire  lui :  enfin  ,  les  EvSques  rendoienc  leur  jugemeai.  Les 
NoiairesderEglife,  c'eft-a-dire  dcs  Diacres  ou  des  Lec- 
leurs  ,  exerces  a  ^crire  en  notes ,  redigeoieni  fidellement 
les  Afles  ,  c'cft-a-dire  le  proces-verbal  de  touc  ce  qui  s'e- 
loic  faii  &  dii  par  les  Juges  &  les  pariies :  les  faifam  par- 
ler  direftement ,  &  rapporiam  tout  niot  pour  moi,  jufqu'aux 
interrupiiocK  &  aux  acchmaiions-  On  inferoii  dans  ces  Ae> 
rcs  ies  pieces  qui  avoieni  cte  lues ;  &  ils  etoient  conliw» 
ves ,  pour  faire  foi  a  loujours ,  de  la  rigulariti  d«S  jqjfr  g 
mens.  Telle  «toit  1'ancieoae  bmift  4PI:jaff!l^fm0fiiikSt 
tigues. 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.      jij  

On  a  toujours  diftingui  UforinUrleur  de  la  conrdence ,  p^,^,ri£  mf 
tl*avec  Ufor  cxUruur ;  &  on  a  atrribue  au  premier ,  rimpo-  chap.  XY^ 
fition  des  penitences ,  pour  les  peches  confeiTes ,  les  abfo* 
lutions  facramentelles  &  les  indulgences :  &  au  fecond ,  les 
crimes  r  &  les  peines.  Vers  le  douzieme  fiecle ,  Petude  du 
Droit  civil  fit  emprunter  les  formalites  des  Lots ,  pour  les 
appliquer  auxai&ires  ecclefiailiquesyi  Ainfi^on  pritpour 
des  accufations  cn  forme  &  des  infcriptions  ,  les  plaintes 
par  ecrit  dont  11  etoit  parle  dans  les  Canons ,  fur-tout  datis 
les  fauifes  Decrctaks :  car  il  faut  avouer  ,  que  Ton  en  a 
tire  la  plupart  dcs  maximcs  fur  lefquclles  eil  fondee  la  pro- 
cedure  moderne  dcs  jugcmens  crimincls.  Suivant  ces  prin-     ^-  f"^Wf^ 
cipes, le  Pape  Innoccnt  lll ,  dans  le  Concile  de  Latran  ,  a  fU^^cufat^ 
diilingue  trois  manicres  de  pourfuivre  les  crimes :  par  ac- 
^fation  t ,  par  d^nonciation  u ,  par  inquifition  x. 

Celui  qui  pourluit  par  voie  d^accufauon  doit  etre  pre-    C.  fuperii^ 

fcnt,  la  propoier  par  ecrit,  &  s'infcrire  folennellement  *^-^*** 

dans  les  A£les ,  fe  foumettant  a  la  peine  du  talion  y ,  s'il  ne 

prouve  pas.  S*il  prouve  ,  le  coupable  doit  ctre  condamni 

fuivant  la  rigueur  des  Canons ,  jufqu*a  la  d^pofition  &  la    - 

degradation ,  s*il  y  ^chet.  C*eil  cette  voie  qui  femble  avoir 

iii  formee  fur  le  modele  des  Lois  civiles :  auili  les  preuvcs    £•  {•if-  d$ 

quc  Ton  en  rapporte  ne  font  tirces  que  des  faufles  Dc-  ^"^^^^'  '* 

critales.  Z/q^.V.  pt^ 

_  tou 

r  On  entend  tci  les  crimes  publics  &  les  peinei  ext^rieures  qce 
le  Juge  dTg.ife  peut  inHiger  aux  coupablei. 

/Gr^goire  Ix.  dans  fes  d^cr^cales ,  traite  de  la  competence 
des  Juges,  des  jugemens  &  des  crimes.  Plufieurs  dc  ccs  lois 
ont  iU  en  tf[et  emprunt^es  des  lois  civiles  j  mais  les  ecclvUaf- 
tiques  ne  fe  regloionc  que    par  le   droit  cjiion. 

t  Vaccufdtion  cll,  lorfquMl  y  a  une  parcic  plaignante  ;  qui  fe 
rend   tcculaieur ,  &   ;^  la  rcquetc   duqud  fe  font  Ics  po-.jrf  liccs. 

II  Le  cas  de  Denonciation  eft ,  lorfque  quelqu'un  doiinc  avis  dii 
d^lit  au  Juge  ou  au  Minillre  public ,  fjni  fe  porter  partic  ci- 
vile  ,  ce  qui  efl  libre,  mais  au  pUignanc.  Auqucl  cai  les  pour- 
fuices  fe  font  a  la  requ^te  du  Promoceur. 

X  Ou  information  (tojjicg. 

y  Cette  peine  ^toit  ufit^e  en  France ,  jufques  dans  le  trcizle* 
nc  04de;  mait  ellc  fiit  depuis  abolic.  Coquille  pr^tend  ntfanmoins 
qu'elle  a  encore  lieu  en  mati^re  de  faux  &  d^h^rcfie.  D*aucrct 
7  aioBtent  le  crime  de  i^fe*maieil^ ;  mais  c*eft  impropremcnc 
•ii^oa  appnqiit  en  cei  eas  !e  terme  de  talion,la  peine  n*etane 

iic  Miom  UwkitiiAM  aa  mal  qui  a  M  (aic ,  nait  propof. 


jft<  INSTITUTION 

f^ARTii  III.  Cdoiqiii  pourfuit  par  dinonciatlon ,  doic  ufer  auparayanC 
CSAF.  aV.  d*adfnonition  charitable ;  &  n*a  pas  befoin  de  slnfcrire  (b* 
lennellemenr.  11  fe  contente  de  donner  avis  au  Juge  du  crime 
Vx  fuptTiAt  commis ,  &  n*a  pas  pour  but  la  vengeance  publique ,  mais 
d€  acimf,  feulement  la  corredion  du  coupable :  auffi  cette  pourfuite 
JUtff.  jcfUi.  peut  fe  terminer  a  une  peine  moindre ,  qu*elle  n*eft  porree 
*<  par  les  Canons.La  loi  de  la  corredion  fraternelie  ,  portee 

li/a.  «f^^  dans  TEvangile ,  etoit  entendue  par  les  anciens  gen^rale- 
ment ,  &  appliquee  aux  Juges  meme  :  &  \^s  fauflfes  Decre- 
tales ,  fur  lefquelles  on  pr^end  etablir  les  accufations  rigou* 
reufes ,  ordonnent  de  commencer  toujours  par  radmoni- 
€.i>dea£cuj:  "^**^  charitable.  Auffi  dans  Tufage ,  la  voie  d*accufation  s*eft 
evanouie. 

La  procedure  par  voie  diinquifiuon  ^ ,  eft  celle  que  le  Juge 
fait  de  lui  m^me ,  fans  accufateur ,  ni  denonciateur ;  etanr 
feulement  excite  par  la  diflTamation  ,  c*eft-4-dire  par  la 
voie  publique.  Cette  voie  eft  devenue  tr^s-commune  de- 
puis  le  temps  du  Concile  de  Latran ,  m6me  dans  les  Cours 
feculieres  ,  qui  ont  emprunti  la  procedure  des  Cours  ec- 
clefiaftiques  ,pour  le  criminel  audi  bien  que  pour  le  civil. 
De  ces  inquifitions  font  venues  nos  enquStes ,  ou  plur6c  i/i- 
formations  ,  comme  nous  les  nonimons  en  mariere  crimi- 
nelle :  &  rinquifition  fur  diflamation  revient  a  ce  que  nous 
appelons  unc  information  d*office  :  quand  le  Juge  fe  trouvanC 
fur  le  lieu  du  crime  commis ,  infiagranti ,  entend  fur  le  champ 
les  temoins  :  ce  qui  eft  rare  dans  Tufage. 
p.  r.  fuper  Qn  diftinguoit  une  quatrieme  voie  de  propofer  un  cri- 
mctUaccuj.  ^g  ^  ^^j,  j-Qj^  d^exception :  comme  la  recrimination  contre 

]*accufatcur ,  ou  le  reproclie  contre  un  temoin :  alors  il  n*£- 
toit  befoin  ni  d'infcription ,  ni  d*aucune  autre  formalite; 
puifque  Taccufi  ne  propofoit  pas  le  crime ,  pour  en  pour- 
•  fui vre  la  vengeance ,  mais  pour  fe  defendre.  II  en  etoit  de 
meme  ,  fi  le  crime  n*etoit  objefle  qu'incidemment  en  un 
proces  civil ,  pour  empecher  que  la  partie  adverfe  ne  fut 
pourvue  d*un  ben^fice.  Mais  ces  dlflinflions  ne  font  poinc 
de  notre  ufage ;  &  la  procedure  criminelle  des  Cours  ec- 


mm 


f  On  ne  doit  pas  confondre  cette  inquifition  ou  informatiofiy 
flvec  les  pourfuites  que  fout  les  tribuaaux  (l*ij}^uilitioa  9  dans  ki 
pays  od  ils  fouc  dtablis«  ^ 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.       517 

^lcfiafticpjcs  dc  Fnmce,  eft  conforme  i  cellc  des  Cours  fe-  p^^YiE  II 
culicrcs ;  &  i  TOrdonnance  de  1670  ,  autant  que  le  per-  cuap.  x 
mct  la  diverfiti  dcs  perfonnes  &  des  matiircs. 

CHAPITRE       Xyi. 

De  la  Procidure  criminelU, 

LA  prcmiire  procedure  a  importante  eft  Pinformation  l 
que  le  Juge  fait  d*ordinaire  fur  la  plainte  d*un  particu- 
lier ,  ou  du  Promotcur.  U  n*y  a  que  le  Pi^omoteur  qui  puifTe 
accufcr  &  dcmander  la  punition  du  coupable,  pour  le 
corriger ,  riparer  le  fcandale  ,  ou  purgcr  TEgUfe  d*un  Mi« 
niftre  indigne  :  lcs  particulicrs  pcuvent  fculemcnt  fe  rcn- 
dre  denonciatcurs  fccrets  ,  &  parties  civilcs  pour  la  pour- 
fuice  de  leurs  dommages  &  inter^ts.  Encorc  faut-il  que 
Taccufe  foitun  Clerc;  ou  fi  c*^toitun  laique»  &  que  TOf- 
ficial  cut  prononce  contre  lui  une  condamnation  d*interets 
civils ,  les  Jugcs  royaux  pritendroient  qu^il  y  auroit  abus. 
Sur  la  plainte,  le  Promoteur  obtient  permiffion  d^informer.  Fevret.  8« 
Le  Juge  donne  fes  Ordonnanccs ,  pour  affigner  les  timoins ,  4*  '>•  i^* 
fous  peine  d*etre  muldes  d*aum6nes,  ou  emprifonncs  par 
imploration  du  bras  feculier.  S*ils  viennent,  illeurfaic 
prcter  ferment,  &  rcqoit  leurs  depofirions.  L*informarion 
eft  communiquee  au  Promoteur :  &  fuivant  Ics  charges , 
il  forme  fes  conclufions.  Si  la  mati^re  eft  l^gere ,  il  de- 
mande  que  Taccufe  comparoifle  pour  etre  oui ;  ce    qui 
tcnd  a  proccder  par  voie  ordinaire.  Si  le  cas  eft  gravc , 
lc  Promoteur  conclut  a   rajoumement  perfonnel  ,   ou 
i  la  prife  de  corps ;  &  le  Juge  donne  fon  decret.  Les 
Jugcs  d^egiife  font  ,  dcpuis  plufieurs  fiecles  ,  en  pof- 
feifion  d*avoir  des  prifons  ,  &  on  a  fonde  ce  droit  fur 
une  fauffe  Decrecale  du  Pape  Urbain  I  b  :  mais  ils  ne  attlfid. ii 


3 


a  Toute  proc^dure  criminelle  commence  par  une  plainte  ou 
par  une  denonciation.  Sur  la  plainte,le  Juge  ,lorrqu*ily  a  lieu  , 
permet  dMntbrmer.  Sur  la  dcnonciation  ,  le  Miniflre  public  rend 
})ljintc,  £c  requiert  qu'il  foit  intorm6.  LMnformation  e(t  auHi  queN 
^uefois  prccddee  de  proces-verbaux  ,  meme  dMnteirogatoires,  com- 
mc  il  arrive  lorfque  raccufi^  ell  pris  en  Hagrant  dciit,  ou  an^te 
i  U   clameur   publique. 

k  S.  VihiifL  tnoau  fur  le  faiat  ficge  i'aa  213 ;  nuis  on  faic  qne 


l£^ 


'■*        -r  - 


t^Hi^tmfffjji  1-1  4 


ja#  1  N  $  T  I  T  U  t  I  O  N 

p  £in  peuvent  faire  les  captures  de  leur  autorite ,  que  dans  Ieur# 
Chap.  XVI.  pritoires  ou  dans  les  noaifons  epifcopales.  Pour  les  faire  de» 
ibigleffa.lm'^  hors,  ou  transferer  les  prifonniers,  ils  ont  befoin  du  bras 
hcrt,  3.  c,  8.  fticulier  ,  &  prenoient  autrefois  un  pareatis  du  Juge  royal  j 
«r/*  44.     tnais  ils  n'en  ont  plus  befoin ,  depuis  TEditde  1695  c. 

L*accufe  ^tant  pris  ou  fimplement  ajourn^,  doit  ripon- 
dre  par  fa  bouche ;  car  on  ne  fe  defend  point  par  procureuf 
en  maticre  crimiaelle.  L'interrogatoire  eft  communique  aif 
Promoteur ,  pour  voir  s*il  y  a  lieu  de  pourfuivre  la  proc^- 
dure  extraordinaire  par  recolement  &  confrontation.  Cat 
quelquefois  le  Juge  ordonne  qu*il  fera  procede  par  voie  or- 
dinaire ,  comme  en  matiere  civile  d,  Mais  fi  la  matiere  ttt 
grare,  foit  que  Taccufe  denie,  ou  qu'il  confeife ,  le  Juge 
doit  ordonner  que  les  tSmoins  feront  recoles  &  confron- 
tes.  Le  recolement  fe  fait ,  pour  voir  s'ils  perfiAent  dans 
leurs  depofitions ,  ou  pour  les  faire  expliquer,  s*ils  n*ont 
C.aim  clam.  pjg  ^^^[^  ^ff^^  clairement ;  la  confrontation  e  ,  pour  voir 

$h  dc  icflib.  '^      '^  '^ 


les  faufTes  d^cr^tales  ne  furetit  publi^es  qu*au  commencemeiit  ds 
IXc.  fiecle ,  &  qu*elles  Tont  compofees  de  paflages  du  concile  dc 
Tol^de  en  67$  ,  &  autres  ades  poil^rieurs  :  mais  rEglife  ordon« 
noic  d^jj  plus  anciennemenc  la  peine  de  la  prifon.  Le  Vllle.  con« 
ciie  de  Tol^de  en  6$^  ^  ordonna  que  les  Simoniiiques  qui  donne« 
roient  de  rarg^nt  pour  6tre  promus  aux  ordres  ,  feroicnc  dcgracidf 
&  enfern^s  pour  coujours  dans  un  Monaftere.  Gregoire  IX ,  cafif^ 
finali  cxtrd  de  regularibus ,  parle  du  renfcrmemenc  des  Rcguliers  | 
pour  les  obliger  de  faire  p^nitence,  in  locis  competentibus  ;  Q  cela- 
peuc  fe  faire  fans  fcandale ,  fmon  dans  quelque  maifon  religieulir 
du  m6me  Ordre. 

c  Cec  Edic  porce  que  les  fcncences  &  jugemens  fujets  d  ex^cution  f 
&  les  dicrecs  d^cern^s  par  les  Juges  d'Eglife  ,  feronc  exccuces  ea 
vercu  dudic  Reglemenc,  fans  qu*il  foic  befoin  de  preiidre  pour 
cec  effet  aucun  pariatis  des  Juges  royaux ,  ni  de  cenx  des  Sel* 
gneurs  ayant  juftice ,  auxqueis  TEdic  enjoinc  de  doiiner  maiii*» 
forte  &  couc  aide  &  fecours  donc  ils  feront  requis  >  fans  prciw 
«Ire  aucune   connoinknce  dcs  jugemens. 

d  La  r^ccpcion  en  proces  ordinaire  n*a  iieu  que  quand  les  pwi^ 
ties  font  expreflcmenc  renvoy<!'es  a  fins  civiles  ,  &  qu'a  cet  eSk^ 
les  informacions  fouc  convercies  en  enquetes.  Car  fi  PaiKtirc  eft 
fimplemenC  cenvoy^e  a  raudience  ,  elle  n'eft  pas  pouK  cela  cM« 
lifee  ,  &  les  informacions  ne  celient  pas  d*£tr€  piects  fecrteH» 
jufqu*A   la  plaidoirie. 

e  L'on  confronce  auflt  les  accufi^s  les  uns  aux  autres  .*  mait  OA 
se  confronce  pas  les  ct^moins  aux  tdmeins;  ce  feroit  dter  ai  Tjc- 
cuf<E  les  moyens  de  fe  jut^ifier ,  en  empdchant  les  cniKrailidtiona 
ed  ies  tdmoins  peuvent  Comber  dans  leurs  Jt.;  :>itii(>ns ,  iJtanc  efi- 
Undus  fifpar^ment,  aulicu  qu&  s**ils  itoient  confrontcs  ,  iU  }KV!r« 


AU   DROIT  ECCLfeSIASTIQUE.       J19 

s'ils  connoifient  raccufe  ,  ou  s'ils  lui  foutiennent  erl  pXrtie  iiii 
face  ce  qu*ils  ont  dit  contre  lui ;  &  pour  lui  donner  moyen  cuaf.  VL 
de  fon  cot^  de  reprocher  les  temoins.  Car  c*eft  ^  la  con- 
frontation  qu*il  le  doit  faire ,  avant  d*avoir  oui  la  ledure  * 

deladepofition.Toutefois ,  s'il  a  preuve  par  ictit  desrepro- 
Ches,  il  peut  les  propofer ,  mSme  apres  la  confrontation  » 
en  tout  etat  de  caufe.  On  n*a  point  d*egard  aux  reproches  Ord^n.  mm. 
generaux :  mais  fi  Taccufe  articule  des  faits  precis  &  con-  ''>•  ^^'  <"•'• 
cluans ,  le  Juge  pourra  enfuite  lui  en  permettre  la  preuve.    ^* 

Apres  la  confrontation  >  le  proces  eft  inftruit ,  &  doic 
itre  communiqu^  au  Promoteur ,  pour  prendre  fes  conclu- 
fions  dt^finitives.  II  peut  toutefois  prendre  encore  des  con<- 
clufions  preparatoires ,  pour  demander  quelque  addition 
d^information ,  ou  perquifition  d'un  t^moin »  ou  que  rac<* 
cufe  foit  applique  a  la  queftion.  L*ufage  de  la  queftion  par    HiUth.  op, 
les  tourmens ,  autrefois  inconnu  dans  ies  tribunaux  ecde-  ^<>* 
fiaftiques  ,  comme  tcnant  trop  de  la  rigucur  des  jugemens 
feculiers,  s'y  eft  introduit  deputs  environ  cinq  cents  ans  /,  q  ^^^  gmvif 
&  les  Juges  laiques  ne  leur  difputent  pas  ce  droit.  MJus  j,dedepef. 
lesOfEciaux  n'en  ufent  piusenFrance^.  Peut-etre  lc  peril     AUx.  IIU 
de  tomber  en  irregularit^ ,  par  reffufjon  de  fang ,  ou  meme 
par  la  mort  du  patient  y  a-t-ii  contribue  k  Tabolir  h.  Quand 
le  Promoteur  a  donne  fes  condufions  definitives>  il  a'y  a 
plus  qu'a  jugen 

L'Of5ciaI  doit  fe  faire  afiifter  dc  confeil  >  autant  qu'il  eft 
poflible  ,  pour  iiiger  avec  plus  de  fureti  &  d'autorite  i 
cpmme  de  Pretres  gradues  &  inftruits  des  affaires,  ou  de 


roient,  ^tant  de  mauvaife  fi[>i,  s*arfanger  furce  qu*ils  voudroient 
dire  pour  perdre  raccuf^. 

/  Quelquct  auteurt  cieunent  que  cet  ufa^e  ne  t*introdu!fit  dant 
les  officialit^s  du  royaume  que  dans  le  quacorziime  fi^le.  Joaii* 
nes  Galli  &.  Brodeau  le  donnenc  i   entendre. 

g  Brodeau  dic  avoir  vu  dans  ia  chapelle  de  rofficialic^  de  Paria 
les  boucles  &  les  anneaux  de  fer  dont  bu  fe  fervoic.  L'Ordon« 
fiance  criminelle  exclut  impUcicement  les  Juges  dTgUfe ,  de  pou- 
voir  ordonner  la  qoeftion  ,  ne  le  permettanc  aux  Juges  que  quan<i 
al  y  a  preuve  confid^rable  cenCre  raccufify  d*uii  crime  qui  m^ritt 
peiue  de  mort.  Voyex  le  ttu   19,  art,  i. 

h  La  v^ritable  raifon  qui  a  dA  faire  abolir  Tufage  de  la  quef* 
tion  dans  les  officialit^s  ,  cft  que  TOrdonnance  de  i(!7d,  m.  19$ 
Veut  que  Ton  ne  puifie  appliquer  a  la  queftion ,  que  quand  il  y  a 
preave  confid^rable  du  crime  qui  m^rite  peine  de  mort  >  &  qu« 
ics  Juges  d'£gUre  ne  peuveat  cu  aucun  cas  condamner  i  mort* 

Tom  IL  L 1 


^^f^f^Mff  j  r^/  I  »'f  4 


yjo  INSTITUTION 

^  Jugcs  d'un  fiege  royal ,  ou  d'Avocats.  S'il  ne  s'cn  troimr 

Chaf .  XYj'  P^^  ^^  '^^^  ^^  ^*'  r^Hdence  ,  il  peut  s*en  paifer  :  car  il  etf 
feul  Juge  dans  le  tribunalecct^fi^ftique  i.  La  Sentence  doit 
^tre  redigee  par  ecrit ,  &  enfuite  prononcee  a  Paccure,  & 
meme  fignifiee ,  afin  qu'il  puifle  appeler  ^  d  bon  lui  fem* 
ble.  S*il  fe  trouve  innocent,  it  doit  ^tre  renvoye  abfous  » 
ce  qui  emporte  depens ,  dommages  &  tmer^ts  k :  ou  bien  il 
fera  dectiargi  de  1  accufation  «  ce  qui  emporte  feulement 
}es  depens.  Si  Taccufe  eft  trouvi  coupable  ,  la  Semence 
doitexprimer  premi^rement  le  crime  dont  rl  eft  convaincu » 
puis  la  peine;  ou  bien  fans  fpecifier  le  crime,  on  le  con- 
damne  pour  les  cas  refultans  du  proces.  Voila  quelle  eft  la 
fuite  ordinaire  de  la  procedure  criminelle  en  Cour  d*EgIife» 
Mais  il  peut  arrtver  plufieurs  incidens ,  qui  en  ctiangent 
Tordre  ou  en  retardent  le  cours.  Le  plus  confid^rable  eft 
la  contumace.  Si  l^accufe,  itant  ajourne  perfonnellement ,  ne 
fe  pr^fente  point ,  l*ajournement  perfonnel  eft  converti  ea 
prife  de  corps.  Mais  fit6t  qu*il  a  fubifinterrogatoire,  il  doit 
etre  elargi ;  a  moins  qu1I  ife  fetrouve  plus  chargi  qu'iIn'etoit 
par  rinformation.  bi  Taccufe  veut  fe  reprefenter ,  &  ne  le 
peut,parnialacieou  parautreemp6chementIigitime,ildoit 
faire  propofer  fon  exoir.c ,  c^eft-  ^-dire  fon  excufe  ^par  un  Pro« 
cureur;  &of&ir  d*en  (aire  preuve,  pour  obtenir  un  delat.: 
Si  celtii  qni  eft  en  decret  de  prife  de  corps  ,  eft  abfent  & 
fugitif ,  le  Juge  ordonne  qu'il  fera  afTigne  k  trois  brief» 
jours ,  &  fes  biens  faifis  &  annotes  /,  avcc  imploration  du 
bras  fi^culier.  Les  afiignations  ou  cris^  en  cas  dc  ban ,  comme 
d*iautres  les  nomment ,  fe  font  par  le  Crieur  jure  /tt,  ou  par 


f  Comme  il  ncpcut  condamner  i  mort,  il  n'eft  pas  extraordf» 
naire  qu*il  puifle  juger  feal. 

h  Lorfqu*il  y  a  uii  denoiiciaceur  oo  un  accurstcur  qui  s'eft  porr^ 
partie  civrlr  ,  car  Ton  ue  prononce  point  de  depens  ni  de  dom« 
mages  &  int^rfets  contre  le  Miniirerc  public  ,  lors  mOme  qu'il  n'ob- 
rient  pas  d  fes   fins. 

/  Suivant  la  derni^rc  jurifprudence,  le  Juge  dTg^ife  ne  pcuf 
pts  ordonncr  h  faifie  h  annotation  des  biciis  d*un  accufe  ab- 
fent  *>  &  quaiid  il  lc  fait,  la  fentence  eft  d^ciaree  abufive.  II  y  ea 
a  pliifieurs  Arrets  rapportds  dans  les  fAimoint  du  CUr^i^  tom  VIK 
La  raifon  e(l  que  rEglife  n*a  point  de  terricoire  maccriel  ;  ell# 
n*a  aucune  pui^idnce  fur  lesbiens,  mais  feulement  fur  les  perfon* 
nes    qiii  font  foumifes  a  fu  }urididtion. 

m  Outre  lc  crieur  en  titre  ,  il  y  a  des  }ur^s-trompettcs  »  la  pr9« 
clamaciuu  iux>x  aunonc^c  d*abord  a  fou  de  trompe. 


AU   DROIT   ECCL6SIASTIQUE.       j^f 

|m  Serg«nt,  felon  les  ufagcs  des  lieux,  au  marchi  public ,  „  T^ 

&  devant  la  porte  de  TEglife  :  ailleurs,  on  fe  contente  de  cuap.  XYU 
les  faire  par  afHches ,  a  la  porte  d%  rofficialite.  Les  rrois 
citationsfbiennellesrendentlaprocedurecomplite ,  &fonc 
que  ie  contumax  peut  ^tre  jugi  definitivement.  Son  opi* 
niarrete  k  fuir  e(l  regardee  comme  une  confedion  tacite  : 
inuis  il  ell  toujours  re^u  a  purger  la  cootumace ,  pourvti 
fju'il  rcvienne  dans  les  cinq  ans  ,  qu'il  fe  ntette  en  ^tat, 
c'eil-a-dire  qu'il  entre  eo  prifon ,  &  configne  les  depens« 

En  jugeant  par  contumace ,  on  prononce  toujours  fui- 
vant  la  ngueur  des  canons.  Le  premier  jugement  porte  qus 
les  d^fauts  &  contumaces  font  declares  bien  &  duement  ob«. 
tenus  9  contrc  un  tel  abfent  &  fugitif ;  &  pour  le  protit , 
quele  r^colement  vaudra  confrontation.  Enfuite ,  on  donne 
un  fecond  jugement,  par  lequel  raccufii  eft  declare  atreini: 
&  convaincu  de  tel  crime  ,  avoir  encouru  telie  cen.ure  , 
etre  privi  de  tous  fes  b^n^fices;  &  le  refte  des  pcines  qui 
conviennent  au  cas.  Voil^  la  procedure  de  la  coniumace 
entiere:  maiselle  eft  rare  en  Cour  d*iiglife.  Comme  il  n*y 
a  pointde  peineafRi6live,  on  ne  cratntpas  tant  dc  s*y  pre« 
iienter :  &  ceux  qui  font  pourfuivis  pour  le  delit  commua 
fimplement ,  ne  fontpasd*ordinaire'^des  vagabonds,ni  des 
fugitifs. 

Si  apres  rintcrrogatoire  d'un  prifonnier,  Icjugctrouve 
lamatiirepiusIegere,ou  qu*il  ny  ait  pasa  craindre  qu*il 
s^abfente  ,  il  pcut  ordonncr  qu'd  (L*ra  ei  irg» ,  cn  bailiant 
cauiion  de  fe  rcpr6fcntcr  toutjfols  &  quantcs  quil  fera 
citc.  Si  en  Jugoant  le  proccs ,  raccufc  ric  fe  trouve  point 
convaincu,  mais  feulcmcnt  fufpe6l,  on  ordonrc  qu*il  iera 
pli!samp!emcntinformc,  &:  ccpendant  Taccufe  mis  iiorsJcS 
priions.Nhisen  ce  cas  II  Jenieure  in  reatu^  c'eft-a-dire  prc- 
vcnu  de  crime ,  &:  le  proclrs  pcur  ctrc  continuc  ;  cVA  pour- 
quoi  la  fentencedoir  mnrqLier  un  certain  terme,  afin  que 
l*accuie  ne  foit  pas  cn  peine  tonte  fa  vie  n. 

Les  cas  duplus  amplcment  informd  ,  font  'Ji  pcu  pres  ceux 


n  11  y  a  nijtnmoini  det  CD  od  Ton  oritoniie  un  plu^  anvplemenc 
intbrm^  iii<l^fioitneoc ',  &.  danf  ce  cai^  fi  !•:  proces  nVib  pas  ^tj^c 
ilans  lef  vingt  ani ,  ce  Upt  d«  temps  mec  i^accuTo  j  couvcrt  Ue 
Coute  rechercbe  pour  la  peine  ;  mais .  il  ne  le  Uve  pas  dcs  loup- 
foM  ^'U  peut  y  tvolr» 

Lli] 


; !  j  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

r~~*"rTT  c«  i^oIe  srtretoii  lieu  b  purgjtion  canonique.  Quand  uil 
V» .j.  \» l  i'* ---;'-"  '■'^  ""  P'^"*  "C-it  diffami  de  quelque  crime ,  par 
ii'.. :  1.V  r.v.un  .  cuoiqu'il  n'y  eiit  point  de  preuve  contre 

j.  '■.:: ,  o.:>'^:.-f  rcTionne  en  p:jmcuIieT  ne  raccufat  o,  il  ne 

'    '     ■-     i^ii.::  r.>s .!;  kiovfiir  te  purger  ,  Ibiv^ant  les  canons  ,  a6a 

'  ".  ,'^  j.,'^  >  ■":-  ■■-■  ■■-■"-■-;  jv-!:t  dc  lacheala  reputation.Il  vcnoitdans 

t   j.i^.         ■;"■..  ,'>  &    ■.iroit  lur  lcs  lombeaux  des  Martyrs,  &  fur- 

i.'~ : ..-  ;.'  i  y.:voit  de  pius  laint ,  qu'il  eioii  innocentdit 

»,„•■<■  .■..'.■■ '.:;  i.ixMoit,  Quelquefois  tl  amenoit  avec  lui 

•  ' ..-; :  .■  ■  :-.'.;-^iv-  ie  compurgatsurs ,  perfonnes  de  pro- 

^  .,■:,"..-  't,  .S:  ;;ui  te  ton^iulTent  panituliiirement  :  ilsfai- 

i,*;^-;  vs  1;  :-.ri-.-.;  !'irment  que  iui,  c'eft  a-dtre    qu^ils  le 

*-\-\ ,•.,—:   ■  ■,x^i.':t;&  cc  titroiainaM  etoit  re^u  ,  comne 

'-  ■-■  ■:-.;;».• -fji-orre  rencirnstfe.fulKlante  pourdetruire 

U  .■  'j:  ■■:■., V'  ,:o,';!r.;irc,  Ce.ai  q-.;:  n'ofoit  preter  ferment, 

t.v   ^'.'  ;roL  ^  vit  ^iJi  ;o  nox^-Te  fi:iHfjnt  de  compurgateurs , 

;  <■.    ^;.,.,;  ri-r.t:;c  C.^>:t\ JL^^.CU.  tt  \0:!i  ia  PwgJtiot  cj/ioni^tr- II 

^'    '  >  w^  j.>.;;;^c  a'jffc.  q^j^' lescanons  appellent  Pwgjtian 

v-i    .  -i ,  ,":o.^:l:e  Mr  "  c^^crancc  &  la  limplicite  dcs  peu- 

;■■«-  .V  :..—.'*  l"  w :t  '.::  i.vtt:^j!  i;f:c--;icr,  &  les  epreuves 

kc  ..-../  \  i\:  iii  ,-.  To-:  Ci:Ia  pjuolt pour  des  moyecs 


;»    $:ui   ni'3!brf  de    t^soin . 


■«4  k  ii  ie-  .  i!  v^  «;i;  a 


::ori:;i?l;,i;^ 


AU   DROIT    ECCL6SIASTIQUE.       {)3 

de  connoitre  la  verite ,  faute  de  preuvcs  ligitimes.  Cclui  p^nxiK  lit 

dontlechampion  demeuroit  vijtorieuxy  ou  qui  refirtoit  au  Cuap.  xVl 

feu  fiins  fc  bruler  ,  ou  a  Teau  fans  fe  noyer,  etoit  repute 

innocenr.  On  appeloit  ces  epreuvcs  U  jugement  de  Duu. 

Mais  reglife  univerfeile  lesa  reprouvecs  r,  comme  teme* 

raircs ,  &  contraires  a  la  Loi  de  Dieu ,  qui  nous  defend  de 

le  tenter  / 

Rcvenonsa  notre  procedure.  Si  apres  toute  rinftruftioa 

faire ,  raccufe  propofe  des  faits  juftificatifs  conciuans ,  dt 

dont  ia  preuve  foit  facile ,  il  doit  y  etre  requ,  fuivant  TOr- 

dor.nance  ,  qui  toutefois  n*e(l  gueres  ufiree  en  ce  pcint. 

Les  faits  concluans  font  comme  Xalihi  \  s'il  veut  prouver 

qifil  eroit  en  un  lieu  eloign^  de  ceiui  oii  le  crime  a  kxk     Sotr.  t.  e. 

commis.  S*iIprouve  que  le  crime  n'a  point  etc  commis:  i%Hift,EccU 

/.  XI.  n.  15« 

fut  vainqueur.  Alphonfe  VI  roi  de  CailiUe  ,  fic  la  menie  chofe  pour 
riivoii  fi  on  continueroit  de  fe  rervir  du  millel  Moxarabe,  ou  ii  on 
prendroit  le  milVel  Romatn.  l.e  chumpion  du  mtllel  Rumifin  fut 
battu.  On  ula  enfuite  de  Tepreuve  du  feu,  en  y  jetant  \^t  deux 
milVels ,  le  Romaiu  fut  brOlc ,  &  en  coufequence  on  continua  a 
fe  fervir  du  millel  Moz^rabe.  Les  ^prenves  par  le  feu  ,  par  Tcau 
&  «utrcs  femblables,  furent  d(3fcndues  par  le  concile  dc  Lztrjn 
en  1115.  Le  duel  ou  combat  cn  champ  clos  ,  fut  encore  ufite. 
Le  dernier  qui  ait  ^c^  permis ,  efl  celui  de  Jarnac  &  de  Vivone, 
fous  Henri  II,  en    1547. 

r  Ily  avoic  encore  une  autre  forte  d'epreuves  pour  les  |»«ns  ac- 
cuftfs  de  fvol.  On  leur  donnoit  un  moiceau  dc  pain  d*orf>c  &  de 
fromai;e  de  brebii  ;  &  lorfqu*ils  ne  pouvoienc  avaier  ce  morceau, 
iis    croient   r^put^s  coupables. 

Sur  toutes  ccs  dxffdrentcs  ^preuves  ,  voyej  le  C!on*airtf  de  Du 
Can,»c  ,  au  mot  Purg.ttio  vul^aris  ,  &  a;i  inot  Ju.!:  mm  Dei ,  8c 
le  Diciionnairc  de  Morery ,  au  moc  Eprcuvcs*D*nty,  dc  Lt  yreuv9 
par  Umoius, 

/  II  y  avoit  n^anmoins  ancicnnement  quelqncs  F.glifcs  qi:i  rc« 
gurdoient  commc  u.i  droit  dc  leur  juridiction  ,  cc.ui  d*ordonner 
l'epieuve  du  ducl  ou  combat  en  clump  clos  eiurc  lc  •rs  hom« 
mcs.  Ce  d'iel  s^ouloimoit  dans  la  coar  dc  rEvcqjc  ou  »'e  TAr- 
chidiacre.  Ccla  s'obrer\'o;t  a  ^'aris ,  ainfi  qu*on  Tjpprtnd  .run  pcJ- 
fjge  de  Picrre  le  Chancre ,  qui  ccrivoic  vcrs  Tan  ii*'''^;  K  lc  Pjpo 
Hugcne  III  confultt^  a  ce  fujet ,  r<^pon  lic  utintnn  tonjuetudiue  vt/trJ, 
Aprcs  lc  comb3C  qui  s*ctoit  fjit  dans  la  cojr  de  rcvjchr,  le  Hrc- 
v6c  de  Paris  fjifoit  le  procds  a  celui  qul  avoic  cic  va.ncu.  Les 
EcclJfiafliques  ccoienc  meme  ob'ip,i;s  de  pro::ver  z'::\(\  le  droic 
qu'i!s  prccendoicnt  avoir  fur  leurs  fcrfv ,  fjiis  ufcr  d'ju(  e  prcuv^; 
ce  qui  fut  aboli  par  Innocent  IV  en  12^.  Lcf  duelt  or^touucs 
par  le  Roi  8c  par  le  Parlement ,  fe  fjifoicnt  lUns  un  cl:am|)  de 
liCouIturc  de  S  Martin.  ro^ry  M.  Flcufy  ,  Hi/f.  fVrV/'  /jv.  8|. 
"•17  tffi»  4n*  Saitval  ,  tom,  i.  piig.  74.  tf  }c;.  Lo  Bcv*f,  iiiji. 
im  0i9€^€  d€  Puris ,  rorn.  1.  pag.  14. 

Ll  iij 


ii**ii4imf*itj  I  »  1  * 


m 


J54 


INSTITUTION 


Paatii  111.  coaime  quand  faint  Athanafe  reprefenta  vivant  Arflne  l 
CHAP.  XVJ«  qu*on  Taccufoit  d'avoirtue.  Telle  eften  gros  la  procedure 
criminelie ,  fuivant  Tufage  prefent  de  la  France.  Celle  des 
Cours  ecdefiaftiques  eft  la  meme  que  des  Cours  feculie- 
res ,  &  fe  regle  fuivant  les  memes  Ordonnances.  Tai  cru 
foutefois  qu'ii  etoit  bon  de  la  rapporter  ici  en  abrege  ,  en 
faveur  des  Eccl^fiaftiques ,  i  qui  les  Livrestde  Palais  ne 
ibnt  pas  fi  familiers. 

CHAPITRE      XVI  I. 

Des  Jugtmens  dts  Evcqucs. 

IEs  caufes  criminellcs  des  Eveques  fontcellesdontles 
i  anciens  canons  parlent  le  pius ,  &  qui  ont  dc^ne  fu« 
|et  a  la  plupart  ^es  regies ,  touchant  la  preuve  &  la  puoi* 
tion  des  crimes.  Depuis  que  les  fauffes  Decretales  ont  ete 
re^ues ,  ces  caufes  font  devenues  plus  difticiles  &  plus  ra- 
res;  &  dans  les  derniers  fiecies ,  il  y  a  tres-peu  d'exem- 
ples,  furtout  en  France  r,  que  Ton  ait  fait  le  procesades 
Evcques ;  enforte  que  Ton  ne  convient  pas  bien  des  r^gles 
que  Ton  y  devoit  fuivre.  II  eftconftant  que  pendantles 
huit  premiers  fi^cles  ,  les  Eveques  etoient  fouvent  accu- 
fcs,  que  leurs  caufes  etoient  examinees  par  les  Conciles 
provindaux  ;  qu'ils  y  etoient  juges  ,  condamnes  ,  & 
depofes,  s*ii  y  avoii  lieu  :  &  que  les  jugemens  des  Conci- 
les  croient  ordinairement  ex^cures.  II  y  a  toutefois  quel- 
quesexemples  d'Eveques  condamnes  qui  ont  eu  recours  au 
faint  Si^ge,  principalcment  ceux  qui  navoient  point  d'au- 
tre  Supericur  immediat,  comme  les  Patriarches  u. 


t  Voyez  1e  Rccutil  dcs  Ordonnanccs  ;  Ie5  pneuves  dc  nos  Libert/s  ; 
Jes  Rcmontntnces  du  ParUment  du  4  "Mars  17 si  »  celles  du  ^s  J^n- 
V'cr  i7Si  >  l^s  Lcttrcs  Hijioriqucsjur  lc  ParUmcnt.  Brilion  au  mot 
JEvcques. 

u  Le  Concile  de  Nicde,  en  ?2S  ,  \'eut  qiie  1*00  obfervc  \e,s  an- 
cicnnes  coutiimes  «Jtablies  dans  rEg>'pte  ,  la  Lybic  &  la  Pentapolc; 
«nforte  que  rEvcquc  d'AIexan(1rie  ait  l'autoritd  lur  toutes  ce$  pro- 
"▼inccs  Co  de^re  de  jurididHon  attribu^  a  certains  Eveques  fur  plu- 
licurj  provincci  ,  cl\  la  primatie.  On  a  depuis  nomm^  ces  Ev5- 
ques  patriarcl>€S  ou  pritr.ats  ;  &  les  Mi^tropolitains  Archcv^ques  { 
mais  QQ  Concile  «  4ii  ;frucuo  autre  CoDcUe  autt^rieur  p  ne  parle  d$ 
|*appcl  aj»  P^pe. 


k 


AU  DHOIT   ECCLfeSUSTIQUE.        jj? 


l^la^s  le  premier  Canon  qui  permet  nommement  auv  Ev^-  Partik  llU 
<]ue$  d'appcler  au  Pape ,  eft  le  feptieme  Canon  du  Concile  CuAr  XVll^ 
de,Sardique ,  tenu  Tan  3  47 ,  qui  porte :  Quand  un  Ev^que  ^'^*^^^L 
depoie  par  le  Concile  de  la  Province  ,  aura  appele  a  PE- 
vcque  de  Rome,  s'il  juge  i  propos  que  la  caufe  foit  exa* 
minee  de  nouveau  ,  il  ecrira  aux  Eveques  de  la  Provioce 
voifine,  afin  qi)*ils  en  foient  les  Juges.  Lt  firtveque  d£po(2 
perfuade  a  rLv^que  de  Rome  d'envoyer  un  Pretre  d'au- 
pr^s  de  fa  perfonne  ,  il  Ic  pourra  fjire  ,  &  envoycr  dof 
CommifTaires,  pour  juger  par  fon  autorite  avec  Ics  kveques^ 

On  difpute  encore  fur  rexecution  de  ce  Canon  ;  &  la 
pratique  des  temps  qui  ont  fuivi,  ne  paroir  gucres  difI2« 
rente  de  cellc  des  temps  precedens ;  finon  depuis  le  Pape 
S.  Leon ,  &  le  milieu  du  cinqui^me  fi^cle.  Le  Papc  ctanc 
clief  de  TEglife  de  droit  divin ,  a  toujours  eu  droit  de  cor- 
riger  tous  Ics  Eveques ,  quand  ils  n'obfervoient  pas  la  dif- 
cipline ;  &  principalement  quand  ils  conJamnoient  injufte* 
ment  leurs  frcres.  Mais  il  ne  s^enfuit  pas  que  le  faint  fiege 
fut  regardi  comme  un  tribunal  ordinaire ,  au-defius  de  tout 
lcs  Conciles  particulicrs,  ni  que  les  plaintes  que  Ton  y  por*. 
toit  fuffent  des  appellations  r^glees ,  comme  un  fecond  dc- 
gri  de  juridifiion  x.  Cetoit  des  rem^des  extraordinaires  « 
contre  dcs  vcxations  ,  en  des  caufes  gin^ales,  oii  toute 
rEglife  fe  trouvoit  intircflee ,  comme  en  la  caufe  de  faint 
Athanafe » en  celle  de  faint  Jean  Chryfoftdme «  en  celle  de 
faint  Flavien  de  Conftantinople. 


X  Le  Concile  de  Rome  ,  tenn  en  ^78  ,  fut  compore  (Tun  granA 
Bombfed*£v6quet  ile  coures  ies  parties  de  ritalie  ,  qui  adren^renc 
une  lettre  aux  deux  empereors  Gratien  Sc  Valentiiiien ,  pour  let 
remercier  de  ce  que  ,  pour  r^primer  le  rchiime  de  r;inti-Pape  Urfi« 
cin  ,  ils  avoient  ordonne  qtie  I^Fvdque  de  Rome  jugeroic  les  autret 
£v^qucs.  IIs  le  prioient  auffi  de  faire  un  r^glement  pour  le  jugement 
des  Hv^ques  &  des  cauCes  eccl^fiaitiques.  Les  empeieurs»  i  la  pricre 
du  Concile,  Hronc  uue  loi,  portant ,  que  quiconque  Toudrotc  cenir 
fon  Eglife,  ^tjnc  condamnc  par  le  jug'  menc  de  Damafe  (  Pipe  ) 
rendu  avec  te  confe  i  de  cinq  ou  fepc  Evcquei ;  ou  c^^Iui  qui  ecinc 
cicc^  au  jugemcnc  dcs  Ev^ques  ,  refuferoic  de  s*y  pr^fenter ,  feroic 
condnit  k  Rome ,  fuus  bonne  &  fAre  garde  ;  quc  ii  le  lebelle  ^colt 
dans  un  pays  plus  cioignd  ,  Coute  la  connoiliancc  en  feroic  renvoyie 
i  TEveque  Mecropolitain  ;  ou  s*il  ^toic  M<^tropo:it«iin  Iui-m6me  , 
^u'il  fe  rendroit  i  Rome  fans  dclai,  ou  ,  devatic  les  iuge\  donn^*! 
par  rEv^quede  Rome,  ou  au  concile  dc  is  Evcques  voidns  ,  a  U 
tfhaFge  de  n  y  plusrevciilr  aprcs  ce  jugcment. 

Llir 


)3$  I  N  ST  l  T  U  T  I  O  N 


Partie  111*      Depuis  le  neuviime  fi^cle, les  fauffes  Decretalescooh 
Chap.  XVII.  prifes  dans  le  recueil  dMfidore , itant  re^ues » itabliremuDe 
Ep.  i.Steyh,  nouvelle  difcipline.  11  n'yavoit  queccriainesperlbancsqui 
|.  ^.  1.  c»  puflent  accufer  les  Ev^ques  :  il  falloit  y  obferver  certaiiKS 
audivim,  €x  formes,  &  fur-tout  il  n'y  avo?t  que  le  Pape  qui  cut  droit 
6^e!quamX  ^^  ^^^  jug^r  ,  meme  en  premiire  inftance,  Le  Co»dlede 
€x  tUutJur,  la  Province  pouvoit  bien  inftruire&  examiner  le  proces: 
9'  ^l'  f'fi  inais  la  dicifion  devoit  toujouts  ^tre  refervie  au  S.fiegc 
ijkjT  ^  .  €x   £j  comme  il  itoit  impoflible  de  recourir  a  Rome  pour  1«$ 
moindres  afiions  intentees contre  les  Ev£qiies,onetal)lit 
^nfuite  la  di{lin£lion  des  cauf^s  majcurci  ,  c*eft  a-dire  ds 
celles  oii  il  pouvoit  y  avoir  lieu  i  la  depofition ,  &  cellesp 
e,  ii.i.delk  demeurirent  referviesau  faint  fiege.  Or,  en  general, 
tranjldt.       toutes  les  caufes  maieures ,  dcpuis  ce  temps ,  ont  etcceo* 
Cioff.  ia  c.  f^cs  appartenir  au  Pape  feul  en  premiere  inflance:&void 
8.  de  excejf.  ce  que  les  Canonifies  lui  attribuent.  Declarer  les  article& 
idT  '''i-  cuo-  ^^  ^^^ '  ^^"voquer  le  Concik  general  :  approuver  lesCon^ 
ties.  '  cites  &  les  ^crits  des  autres  Do£leurs :  divifer  &  unirles 

dift.  ly.  c.  I.  ^vechis,  ou  en  transferer  lc  ficge :  exempter  les  Eviquci 
fanau  RBm\  ^  ^^^  ^^^^^  ^^  '^  juridiaion  de  leurs  Ordinaires :  tramfr 
a6.  q.  t.  c.  rer  les  KvSques :  les  depofer  :  les  ritablir :  juger  fouveav* 
frmcep.  nement ,  enforte  c[u'il  n*y  ait  point  d^appel  de  fes  jugemecSi 
temp.  *'  ^*  ^^  Pragmatique  a  reconnu  que  les  caufes  ma)eures,(lo« 
i6.  9. 1.  c,  renumeration  exprefie  fe  trouve  dans le  droit,  doiventetre 
franr.  portees  imm^diatemen|,  au  faint  ficgc :  &  ailleurs ,  qu*il  y 

mutat    '*  '^  ^^  perfonnes,  dont  la  dipofirion  appartient  au  Pape; 
).  f.  6.  c,  enforte  que  s*ils  font  trouvis  meriter  cette  peine^ilsdci^ 
ficcuf.  vent  lui  ctre  rcnvoyes  avcc  lctir  procis  inftruity. 

ideo?       '*      ^^  ^'"^*^  ^^  confirmc  par  le  Concile  de  Trente.  II  i^ 
9   q,  |.  c.  fcnd  premierement  de  citer  un  Evequei  comparoir  per- 
funaa.  (bnncllemest ,  fi  ce  n*eft  pour  caufc  oii  il  echet  privatioa 

Prastleeauf.         j-      r  -  -  a  •  i-j        1       «^.   *« 

%,d^^oHcorU.  ^"  aepofition  :  ni  de  recevoir  contre  lui  des  temoin$,(pi 
tii.  »6.  ue  foient  conteAes  ;;  2(  de  prgbiti  connuc.  EnTuire  il  <X' 

y  Mais  .reloii  Ye  nOiiveau  drolt  canontqne  Sc  Ihifage  prerdot<}c 
foutes  1«  Eglifcs  de  Fiance  ,  les  fujets  ilu  Roi  ne  pcuvent  Itreir*' 
dolts  a  Rume  ;  mdme  ponr  les  ciiufes  m-ai?ures.  Le  Pape  eft  ter.ode 
sfommer  dans  le  royaume  des  jupes  qui  foient  oaturels  Fran(0'>* 
conftitu^s  en  dignlt/ ,  &i  qui  ne  foient  point  trop  doign^s  da  Aod' 
cile  dcs  partiec.  Chap.  10  <?QS  freuxes  dei  lihcrtds  dt  tl^i^ 
t^alHcdfe. 

f  M.  Fleary  «  confervd  icl  l^  texmc  qui  ft  trowve  dans  lei  i^> 
llont  Utluei  df  s  A^es  du  CqDcito  ^  YrilfcmblabUoeot  patc«  ^'^ 


AU   DROIT    ECCLfeSIASTIQUL       537 


donne  que  les  caufes  criininelles  contre  les  Ev^ques ,  fi  eJIes  partic 
font  aiTez  graves  pour  m^ritcr  depofition  ou  priva:ion  ,  ne  CsAr.xVlU 
feront  examinees  &  terminees  q«e  par  le  Pape.  Que  5'il  eft  ^''^S-  ^fc»*^ 
neceffaire  de  les  commettre  hors  la  Cour  deRome ,  ce  fera  ^"^^  tu  \g. 
au  Mctropolitain  ,  ou  aux  Ev^ques  que  le  Pape  choifim,  16 
par  commiflion  fpeciale  fignee  de  fa  main  :  Qu*il  ne  leur  /"/  »!•'• 
commettra  quc  la  feule  connoiflance  du  fait ,  6i  rinftruc-  SeffitA.c.u 
tion  du  proces ;  &  qu*i!s  feront  oblig^s  de  Tenvoyer  aufiK 
t6t  au  Papc  ,  i  qui  le  jugement  defmitif  ell  referve.  Les 
moindres  caufes  criminelles  des  Eveques  feront  examiniot 
&  jugees  par  le  Concile  provincial ,  ou  par  ceux  qu*il  aura 
deputes.  Voil^  la  difpofuion  du  Concile  de  Trente. 

£n  France ,  on  foutient  Tancien  droit ,  fuivant  lequel 
les  Ev^qucs  ne  doivent  £tre  juges  que  par  les  Evcques  de 
h  province  aflemblesen  Concile ;  y  appelant  ceux  des 
provinces  voifines  ,  jufqu*au  nombre  de  douze  :  fauf  Tap- 
pel  au  Pape ,  fuivant  le  Concile  de  Snrdique.  Dcs  le  temps 
du  Concilc  de  Trente,  le  Cierge  de  France  protefla  con- 
tre  ibn  Decret  fur  cette  matii!:re.  En  1632,  Renc  de  KieuXy 
Eveque  de  Leon  en  Bretagne»  ayant  fuivi  la  Rcine  Marie 
de  Mcdicis  ,  &  s*etant  retire  avec  elle  aux  Pays-Bas,  fut 
accu(e  de  crime  d'etat ,  fous  le  minifiete  du  Cardinal  d^ 
Richclieu.  Le  pape  Urbain  Vlll,  par  un  bref  du  8  QSto^ 
bre ,  commit  TArcheveque  d*Arles ,  &  les  Ev^ques  de  Bou-  ^/'"oira  dm 
logne ,  de  Saint-FIour  ,  &  de  Saint-Malo ,  pour  lui  fiire  p^f^  *^  J* 
fon  proces.  lis  le  jug^rent  definitivement ,  le  privircnt  de 
fon  evech^ ,  &  le  condamn^rent  en  de  groffes  aumones. 
Mais  fous  la  regence  dc  la  Reine  Anne  d*Autriche »  !c 
Clergo  affemble  en  1645  ,  ecrivit  au  Pape  Innoccnt  X, 
qui  donna  commiflion  i  feptautres  Eveques,  pour  juger 


ne  rentendoit  pas  &  ne  pouvott  p«i  mlme  rentendre  ;  car  il  y  « 
tout  l:eii  de  prcJfumer  que  ce  mot  aufli  inconnu  en  Latin  quVn  Fian» 
9011 ,  n'ert  fTu*ane  faare  dc  copifte.  On  lit  donc  dans  le  texre  da 
Conciie  ,  nifi  conuliti  &  bona  converfdtionis ,  exifiimutionis  tffoma^ 
fuerint  >ejf.  M.  de  ref,  cap,  7.  Si  on  confulte  l*ancienne  traduaioQ 
FrjM^oife  ,  donix^e  par  Gentien  Hervet  ,  on  y  trouveru  :  »«  $*il  n'eft 
I)  tout  cvident  qu'ilf  font  debonne  conduire  ,eftime&  renommce  ;« 
d'ou  il  rtJOiIte  qu*il  lifoit ,  nifi  couflet  quod  bon^  converfuticnis  | 
exijUmationis  ts  fimas  ,  fuerint.  Et  c'cft  bicn  le  fens  le  pluf  natu- 
rcl  dtf  cc  tcxte.  L'abrcviation  du  mot  ^ubd  aura  pu  fjire  naltrc  foui 
U  miin  de$  copiQcs ,  nifi  eontefies  fir ,  au  licu  de  nifi  tonfiet  ^uitiU 
l^uie  Ue  i'£Ji;cur, 


(^Mumfr^n  »''  * 


55«  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  W 

1  -.|  rappcl  quc  ITv^que  de  Lcon  avoit  inierjeti  de  la  fea- 

CuAr.xVlI.  tence  des  quatre  CoaimiiTaires  :  elle  fur  cailee ,  &  TEveque 
de  Leon  rctabli. 

Le  Clerg^  dans  la  fuivante  afiemblee  en  1 6y o ,  refolut 
ide  pourvoir  a  ce  qvCk  ravenir  on  ne  fit  plus  de  pareilles 
entreprifes;  &  le  23  de  Novembre  il  fir  figni6ef  au  Noncs 
du  Pape  un  ade  de  proteftation  contre  ie  bref  de  1632,2 
ce  qu*tl  ne  puifie  prejudicier  aux  Evequos  de  France  ,  ni 
Atre  iiri  k  confequence  ;  &  que  les  caufes  m^jeures  des 
Ev^ques  foient  jugees  par  le  Concile  de  la  province ,  y  ap- 
pelant ,  sll  eft  befoin  «  des  Evcques  voifms  jufqu*au  noai« 
brc  comp^tent ,  &  fauf  rappcl  au  faint  fiege  a,  En  1654, 
il  y  eut  un  autre  attentat  contre  rimmunite  des  Eveques. 
Lc  Parlement  dcParis  accepta  une  commifiion  du  grand 
fceau « pour  faire  le  proc^s  au  Cardinal  de  Rerz ,  Archeve* 
que  de  Paris  ,  accufe  de  crime  de  I^fe  majefte  :  le  Parle- 
nient  pretendoit  que  ce  crime  faifoit  cefler  tout  privilege, 
Le  Clerg^  s'en  plaignit ;  &  foutint  que  les  Eveques  ne  de* 
voicnt  ctre  juges  que  par  leurs  confrcres.  La  commiffion 
fut  revoquee  par  Arr^t  du  Confeil  ;  &  le  Roi  donna  unc 
declaration  conformc  Ic  26  Avril  1657  ^  par  laquelle  il 
ordonna ,  que  le  proces  des  Eveques  feroit  inftruit  &  jugi 
par  des  Juges  ccclefiaftiqucs,  fuivant  les  faints  D,^crets. 


m 


CHAPITRE      XVIII. 

D<s  Peints  Canonujues, 

IL  refie  k  parler  des  peines  que  le  Juge  d'Eglife  peut  im-' 
pofer.  II  y  en  a  de  deux  forres :  les  pures  fpirituelles  , 
comme  la  d^pofition  &  rexconimunication  h ;  &  celles  qui 
tiennent  du  temporel ,  comme  ics  condamhations  d*aum6« 


a  Les  plus  faints  Pffpes  ont  leconnn  cux-m^mes,  qoe  fuiVznt  la 
dlfponcion  dn  Concwe  de  Nicc  ■  ,  la  connoin'.ince  dc&  cai:fes  ma- 
jcufns  n'dtoit  dcvoiue  .-u  f.int  li<^ge,  qu*ypres  le  j.;gemenT  des  Ev6- 
qiies.  tnnocent  l'  £/'//•  ad  y:3ricium  Rothom.  u.  |  ,  tom.  11.  det 
conciles,  p.  125'^. 

b  I!  f..i:t  ai;fli  comprendre  danscette  clafl*e  l*intcrdit ,  la  f.  fpcnfe , 
la  degra-iatirn,  lcs  pcnitenccs  ,  le  jejnc  ,  la  retr:;ite  djns  un  fo.ai- 
nuiie  ,  la  recitation  despii6res,  8c  ccruias  ades  d*iiumili^iion  | 
qui3  ic  j  jge  u'£glife  pcut  orUoiincr« 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE.      539  

Des,  la  fnfligation ,  1a  prifon  c.  Le  pouvotr  d^impofer  des  Partii  111« 

peinev  fpirituclles  eft  cflTcntiel  k  rEglife  ,  &  elle  Ta  exercc    Ch.  XVIIU 

^ans  le  pkis  fort  dcs  periccutlons ;  car  ces  peines  confidenc 

p]ur6t  a  s'abnenir  &  a  rcfiifer ,  qu'a  faire  quelque  chofe  de 

pofitif.  Dipofer  un  Prctre ,  c'ett  declarer  que  Ton  ne  le  tient 

plus  pour  Pretrc ;  que  Ton  ne  veut  plus  que  perfonne  re- 

^oive  les  Sacremcns  dc  fa  main  ,  ni  ecouter  fes  inftnic- 

tlons.  Excommunier  un  lalque  ,  c'eft  declarer  qu'on  ne  le 

compte  pius  pour  Chretien ,  &  qu*oo  le  met  au  rang  des 

infidel!es. 

Les  aurrcs  pcines  ,  qui  tiennent  plus  dc  la  juridifHon 
coaflive ,  ne  lailTent  pas  d*etre  fort  anciennes.  De  tout 
tcmps  ITglife  a  impofe  par  penitence  aux  coupablcs ,  des 
aunnh6nes ,  des  jeunis ,  &  d^^autrcs  affliflions  temporelles  , 
leur  rcfufant  rabfolution , sils nc  fe foumettoient a  la  peni- 
tence ;  &  paffant  jufqu^a  rexcommunication ,  s'ils  croupif- 
foicnt  long-temps  dans  le  crime  ,  fans  dcmander  la  peni- 
tence ,  ou  fans  y  fatistaire.  Saint  Auguftin  parle  de  la  fufti-  2|.  ^.  ^.  c.  i . 
gaiion  ou  peine  des  verges ,  comme  pratiqu^e  par  les  Eve-  "  ^P'fl-  ^^ 
4jues ;  a  rexcmple  des  maitres  fur  leurs  domeftiques ,  des  "'"^*"'** 
peres  fur  leurs  enfans,  des  profefieurs  des  arts  liberaux  fur 
leurs  difciples.  Ainflil  y  a  apparence  que  rCglife  en  ufoic 
principalement  fur  les  jeunes  Clercs.  Les  Abbisen  ufoienc 
aufTi  (vv  les  Moines ,  comme  d^une  corredion  paternelle  & 
domcftique  </;  &  les  difciplinesvolontairesfemblent  enetre 
venucs.  Les  prifons  a  temps  ou  perpetuelles ,  ont  ete  re- 
gardees  comme  des  peines  canoniques ;  parce  qu'il  etoit 


nmis  el!c  u'emporte  ni  mort  civile  ,  ni  infamie  ,  ni  d<5cheance  des 
JbeiieBces.  Cap.  deruus  extrd  ds  peenis. 

Lc  Jiige  d*HgUre  ne  peut  conilamner  perfonne  i  4tre  fouett<5  par 
ki  maia  du  bourreau.  11  ne  peut  orJonner  la  queftion,  ni  aucune 
pcii:e  de  mort ,  ni  m£me  la  flctrillure  avcc  i:n  fer  clnuJ  ,  ni  le  ban- 
nillcment ,  les  galeres  ,  ramende  hoiiorable  ,  la  confifcatlon  ,  1*3- 
meride  pccuniaire.  Voyex  ^«*  Injiitutes  au  Dr,  crim,  de  M.  dc 
Voiigians. 

d  C'<5toit  un  Clerc  qui  fulligeoit  l<f  Clcrcs ,  afin  gue  cetre  corrcc- 
fun  n'cmportit  aucunc  note  <rinfimie.  Le$  C^noniitcs  diicnt  que  ce 
rc  lioit  pai>  itre  un  l'rctrc  qi-.i  fdfTcccttc  corr*fiion;  i!s  fe  fonHcnt  fur 
on  DifcrMdu  Concil*  c"Ai;<iej  Mcmoir^  du  Cler^e,  Tom.   Vll,  pac» 


\Ao  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

pARTtc  III  ^^^^^^'^^^  dVnfermer  dans  les  Monaft&res  les  Pr^rres,  od 
€b.  xiriii.  les  autres  Clercs  depofes  pour  de  grands  crimes ,  afin  dy 
pafler  le  refte  de  leurs  jours  en  penitence ,  fans  que  le  pu- 
blic  y  qui  ne  les  voyoit  plus ,  (ut  fcandalife  de  leur  chute  <• 
D*autres  fois  les  coupables  incorrigibles  &  excommaiues 
^toient  exil^s  par  le  fecours  de  la  puiifance  C&culiere ,  comme 
Neftorius  &  plufieurs  autres ;  ou  bien  le  Juge  ecclefiaftique 

j&//  ""'  ^^^^  faifoit  faire  ferment  de  quitter  le  pays/.  Voililcspei- 
nes  que  nous  trouvons  ufit^es  dans  les  jugen>ens  eccleGaf* 
tiques.  Les  moindres  ne  font  que  des  corredions  falutaires: 
les  plus  grandes,  font  des  moyens  d*empecher  les  coupa- 
bles  de  nuire  aux  fidelles ,  fans  leur  oter  les  moyensdefe 
convertir.  Mais  TEglife  a  toujours  en  horreur  des  peines 
de  fang ;  &  fur-tout  de  la  mort » qui  ne  laiiTe  plus  de  temps 
pour  faire  penitence. 

Sui  vant  Tufage  prefent  de  la  France ,  le  Juge  d*eglife  peat 
condamner  a  ramendehonorable,  pourvu  qu'elle  fefa& 
dans  fon  pretoire ,  &  non  ailleurs ,  ou  il  n'a  point  territoi- 
rog.  11  peut  impofer  des  peines  pecuntaires  »  non  fousle 


?, 


e  Cette  d^cencion  ^eoit  ad  Cufiodiam ,  ou  pour  la  correAion  «  plutoC 
ue  par  forme  de  peine  afBi^ive.  Cependanc  la  condaronacion  a  uoepri- 
•0,  m^me  perp^tuelle ,  n*e(l  point  abulive.  Arrit  du  ParUmeat  dtt  i$ 
Juillet  1631  /ur  les  conclufion*  de  M.  Bignon. 

/  Quoique  1'OfHciaI  ne  puifie  pas  ordonner  le  bannilTementengJn^ 
ral ,  il  peut  cependanr  ,  lorfqu^il  fe  trouve  dans  le  diocefe  uo  Freire 
^tranger ,  foupconn^  de  quelque  crime  fcandaleax ,  lui  ordonner  6t 
fe  retirer  dans  fon  diocefe,  fous  peine  des  cenfures  cauoniques.  Jrrit 
du  i^  JttilUt  1 63 1 .  Journal  des  Audiencts. 

g  L'on  diflingue  deux  fortes  d*amendes-honorables  ;  l'unequiD'eft 

?[u'une  r^paration  d*honneor  faite  i  quelque  particulier  qui  a  ^t^  offc»* 
i  i  Tautre  eft  une  r^paration  qui  fe  fait  au  publlc  &  publiquement.  U 
Juge  d'£glife  peut ,  fanscontredit»  condamner  a  l'amende-honorabIe 
de  ia  premi^re  efpece  ,  qui  n'cft  qu*une  r^paration  d'booneur.  Ancicn- 
nement  le  Juge  d'EgIife  pouvoitaulTi  condaroner  i  Pan-.ende-honorable 
publique»  &  faire  ex^cuter  fa  fentcnce,  non-feulement  dans  la  cour 
H  circuit  d^icelle ,  mais  encore  dans  tous  Us  endroits  &  environs  da 
palais  ^pifcopal.  Fevret  rapporte  un  arret  du  ParlementB  du  14  Aout 
1634,  qui  confirma  rarchev^que  de  Sens  dans  le  droil  d'^Ievef  def 
^chelles,  condamner  a  la  mitre  i  h  ramende-honorable.  Les  Jugesd*£- 
glife  ^toient  mfime  alors  en  pofleflTion  de  condamncr  auffi  les  Ia»Jlo"  * 
de  pareillei  peines  :  mais  on  tienc  pr^fentement ,  que  le  Juge  6*t^w 
ne  peut  condamner  i  Tamende-honorable  ,  m^roe  en  ne  la  faifaot  ex^ 
cuterquedans  fon  pretoire ,  parce  que  I'Ordonnance  criminelle  laet 
cette  amende  au  nombre  des  pcines  aiBiAives,  laquelle  conf^queroment 
iie  fe  peut  ordonner  que  pour  des  cas  privil^gi<$s ,  &  par  des  J«««* 
royaux.  Foye^\ti  Lcit  EecUf,  de  d'li<ncourt,  part,  I.  fitff.XXlU. 


AU  DROIT  fiCCL£SIASTIQUE.  ?4f 
titre  (Taaendei , mais d'aunidn«,  dont  il doit  marquer  Tap-  p^  ^ 
plication  i  cenaines  oeuvres  pies.  II  peut  condamner  4  quel-  ca.  xvUb 
que  fiifligation  recr^ce,  non  au  fouet ,  qui  fe  donne  pubti- 
quement  par  la  main  du  liourreau.  II  ne  peut  condanuKrau 
banniiTement ,  mais  bien  enjoindre  a  un  Clerc  toanger  de 
(e  retirer  du  diocefe  h.  11  peut  condamner  i  prifon  perpi- 
tclle ;  ou  pour  dcs  fauiei  moindtes,  i  des  retraiies  pen^nt 
certain  temps  ,  dans  un  Monafldre ,  ou  dans  un  Siminaire. 
II  e<l  niceflaire  d^obferver  cei  diftinftions ,  pour  ne  pu 
donner  lieu  aux  appellations  comme  d'abus. 

Btii'  wa 

CHAPITRE      XIX. 

J7(  /d  Dtpofition  ou  DJgradaiian.  De  la  Sufpenft. 

L£s  plus  grandes  de  toutes  les  peines  canoniquesilbnt; 
la  depofition  pour  lei  Clercs ,  &  rescommunicatioa 
pour  les  laiques.  La  dipo/iiion  eft  la  privation  de  toute  fonc- 
tion  publique ,  que  le  ClercpouvoitesercereDvertudefon 
ordre.  Un  Pr^tre ,  par  eiemple,  ^nt  d^polZ,  n'a  plus  drmt 
de  cel^brcr  la  Mefle,  ni  ^'sdminiilrer  les  Sacremens  :  noa 
que  les  Sacremens  ne  foient  valides ,  mais  lePritrequicon- 
Cicre  ou  adminillre ,  contre  la  defenfe  dc  rtglife ,  peche 
griivement ;  &  tous  ceuz  qui  afliflent  a  fon  facnfice ,  ou 
re^oivent  fcicmment  de  lui  des  Sacremens,  panicipenti 
fon  ficM.  Mais  la  depofition  prive  enti^rement  le  Qerc  de 
tous  lcs  droits  qui  ne  dependeni  point  de  rOrdre  ;  comme 
h  juridi&ion  ,  la  jouiffance  des  b^nefices ,  lei  honneurs. 
11  eil  rcduit  au  rang  d'un  fimple  bique ;  &  tous  kt  ben^fi- 
ces  font  vacans  &  impetrables ,  du  jour  de  la  liEnteace  de 
condamnation. 

Dans  les  premiers  fi^Ies ,  on  fe  fervoil  indlff&remment 
ides  nomi  de  dipofiiion  &  de  dtgradjiion  k,  pour  marquer 


hCt  jugtmcnt  n^elt  pit  tcgirdccoaint  ud  b«iuufl«i«nt ,  ni  mtm* 

)mmeun(p.int. 

I  On  ne  pirle  ici  <]ue  dei  peinti  cinoniquci  puieaieni  (f>ititueUca  ( 
.  non  (!e  cellet  qui  licnrent  du  temportl ,  tellei  que  ]>  prifan. 

A  diiVnieineni ,  <jn  ilii1>ni;uc  li  dcpolition  dc  li  dcgtiditioa.  La 
rcmicre  nVD  >]u'une  dcrlitution ,  que  Ton  (111  d'un  Clef  <  ,  tuqucl  on 
le  !i  pbcequ'iloctupe<ijnil-Eglifc.-tomBiei|u.ndonfitc»unE»i. 
II  fon  t>ech«.  Li  dc graditian  tH  ]o.-ri]u'on  oic  •uiS  *  ua  tctUHiAi- 


54»  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  K 

pARTiE  III.  V^^  le  Clerc  condamn6 ,  perdoit  fon  rang,  &tombo!t(fo 

CiiAP.  XIX.  degre  de  fon  Ordrc/.  Pour  rendre  cette  peine  plusfenCblef 

on  introduifit  la  ceremonie  de  depouiller  publiquement  le 

Clerc  depofe  de  fes  ornemens»&  fi  un  Concile  jugeoit,qu*ua 

Ev^que  ou  un  Clerc  eut  ete  injuftement  depofe ,  on  le  reta« 

blifFoit,  en  lui  rendant  cesmarques  de  fon  rang:  ce  quieft 

'r  V  '*'*  ordonne  au  quatri^me  Concile  de  Tolide,  tenu  Pan^^j- 

Conc.  Toi.  f,  Quoique  le  Clerc  depo(S  fut  reduit  a  Tetat  des  laiques,  oa 

IV  c.  18.     ne  fouffrOit  pas  qu*il  menat  une  viefeculi^re  ;  maison  Vcn» 

Vift.  818.  c,  yQyQij  jjjng  ^^  Monaftere ,  pour  faire  penitence :  &  s'ilni- 

bilon.  *        gligeoit  de  la  faire ,  il  etoit  excommunie. 

Dans  les  derniers  temps  ,  on  a  diftingue  deux  fortesde 
degradations  ,  verbale  &  afluelle  m.  LsL^egradationverbjU 
Poniif  Kom.  ^^  ^^  fimple  depofition  ,  fans  ceremonie  ext^rieure.  La  <fc- 
gradation  afiuelU  fe  fait  ainfi.  Le  Clerc  qui  doit  etre  degradc, 
eft  revetu  de  tous  fes  ornemens ,  &  tlent  en  fes  mains  un  li* 
vre ,  ou  autre  inftrument  de  fon  Ordre ,  comme  s*il  en  zlf 
loit  faire  la  fondion.  £n  cet  ^tat  il  eft  amen^  devant  TEve- 
que ,  qui  lui  ote  publiquement  tous  fes  orneniens ,  Tun  apres 
Fautre :  commen^ant  par  celui  qu^ii  a  re<^u  le  dernier  a  Vcf' 
dination ,  &  finiflant  par  lui  dter  Taube  ou  1e  furpli»,  &lia! 
fetire  rafer  toute  la  tete  ,  pour  efiacer  la  couronne,  &  ner 
laifler  aucune  marque  de  clericature  n.  U  prononce  en  me* 
me  temps,  pour  imprimer  de  la  terreur ,  cerraines  paroles 


que  le  cara^re  dont  il  eft  revto ,  comme  quand  on  difpouille  un  Ev(- 
que  du  cara6\^re  ^pifcopal ,  un  pr^tre  du  facerdoce,  &c. 

/  La  d^^radation  ^toit  atttrefoit  n^ceflTaire  pour  que  tes  Joget  (c' 
cuUcrs  puflcnt  proc^der  cxtraordioairement  contrc  les  Clercs ,  &  i:>r« 
truire  Icur  proc6s  en  matiere  criminellc,  m^me  privU^giec.  ^ov^C 
Bourdin,/ur  l*art.  H  de  tOrdvrrnance dc  t'^^^,  Ko>«^  aufC  rOnfor- 
nance  de  Cbarles  IX  •  du  16  Avril  1^71  »  art,  14.  La  d^gradatioa  lo* 
lennelie  des  Eccldliaftiques  condamndsa  mort,  s^obfervoit  encore  aa 
commencement  du  dernier  fiecle;  il  y  en  a  un  exemple  en  1604  •  paf 
TEv^que  deSaint-Malo  ;  un  autre  en  1615  ,  par  l'£v6qued*Apt  Lrs 
frdquentes  conteflations  qui  sVleverent  i  ce  (uyet  earre  lcs  Evequc^ 
&  lcs  Partemens ,  &  !e  refus  des  Evdques  de  faire  U  d^gradatioo » 
avant  qu*euv  ouleurs  Officiaux  euflfent  connu  du  crime  ,  ont  (ait  celTct 
cet  ufagc.  Voyt\\t% Mimoiru  du  CUrg^ ;  Tom.  VIII ,  pa^  1311  Oi 
131S. 

m  La  d^radation  aAuelTe  e(l  aufli  appelde  SoltnHtlU,  Cette  diftiiK- 
tion  dedeuxfortes  de  ddgradaTtons  ,  Tune  verbale  ,  Tautre  folenae.iet 
eft  confirm^e  par  le  Coocile  de  Trente.  £ile  avoic  ddia  ^t^  narqude  p^ 
Boniface  VIII. 
'  n  Lorfquc  rEccMfiaflique  ^toit  contTttu^  dans  Tcs  ordrcs  facr^s.ci 
lui  rati^Toit  Les  doigtSi  comme  pour  dter  toat  ce  «luiavoit  pu  toucba 
«ux  chofet  faiates» 


AU   DROIT   ECCL6SIASTIQUE.      J45 


contraires  i  celles  de  rordination.  Cette  trifte  ceremonie  ne  Paktis  Iit' 
fc  pratique  que  quand  on  doit  livrer  le  Clerc  degrade  i  Ja  Chaf.  XXKi 
cour  f(^culicre  ;  c*cil  pourquoi  le  Juge  laique  y  doit  ^rre 
prefent ,  afin  de  recevoir  auffH^t  le  coupable.  Nlais  TEglife  ^«  >7«  «oru 
doit  interccder ,  pour  1  ai  fauver  la  vie ;  &  (i  elle  Tobticnt,  ^^if^  ^^^* 
renfermer  ,  &  le  mettre  en  penitence. 

On  demandoir,  pour  la  degradation,  le  mdmenombre 
d'£veques  ,  que  lcs  anciens  canons  demandoient  pour  ia 
dcpofition.  Car  pour  juger  &  depofer  un  Eveque,  il  falloit  ij.  ^,  -^  ^  ^ 
un  Conciie ,  con:pofc  de  douze  Eveques  au  moins :  pour  Ai-  quU  \,  c,  Fe* 
pofcr  un  Prctre ,  il  falloit  un  Concile  de  fix  Eveques  :  pour  ^'4.«*  foiwk 
depofer  un  Diacre ,  il  en  fdlloit  trois,  II  n'y  avoit  que  les  *"  ^ 
ir.oindres  Clercs,  que  leurEvequeput  juger,  accompagni 
(eulemcnt  de  fon  Clerg^.  Cette  pratique  n*etoitpasdif£ciIe 
dans  le  temps  ou  les  Conciles  eroient  frcquens  &  nombreux» 
&  ou  les  crimes  etcient  rares  dans  les  Eveques  &  les  Clercs. 
Mais  dans  Ics  dcri:icrs  temps,  il  s*eft  trouve  fouvent  des 
Pretres  coupables  de  grands  crimes ;  &  il  ^toit  difficile  ea 
France,  &  encore  plus  en  Allemagne,  d*afleinbler  tant  d'E* 
vequcs.  D'ail!eurs  les  Eveques  ne  faifoient  point  de  diiH* 
culte  de  juger  les  Pretrcs  eux  feuls ,  ou  par  leurs  Officiaux  ; 
de  forte  que  les  Juges  feculiers ,  ^qui  cette  degradation  fem« 
bloit  n'ctre  qu'une  ceremonie  affeflce,  pour  rendre  difficile 
rexecution  des  jugcmens  ,  ont  eu  de  la  peine a  lattendre 
toujours ,  &  a  laider  cependant  de  grands  crimes  impunis ; 
d*autant  plus  ,  que  quand  ils  avoient  condamne  un  Clerc 
pour  le  cas  privilegie ,  rEvequc  ne  pouvoit  point  le  d^gra- 
der  fans  connoiffance  de  caufe.  On  s'eil  donc  infenfibiement 
endurci  conrre  le  refpe^l  des  perfonnes  confacrees  par  les 
Ordres ;  on  ne  crainr  point  de  les  livrer  aux  miniftres  do 
juftice  ,  &  nous  ne  voyons  pius  en  France  de  degradation. 
Toutefois  le  Concile  dc  Trente  ,  voulant  faciliter  la  puni- 
tion  dcs  crimes ,  a  dccLirc  qi:e  pour  la  dcpofition  ou  la  de- 
gradaiion  folcnnellc  d\in  Prerre,  ou  d*un  Clerc;  TEveque  Scff,t,€*4ii 
p;juvoir ,  ?.u  lieu  d'autres  Eveqnes ,  appeler  aurant  d^Abbes 
croffcs  &  mirres ,  ou  dautres  perfonnes coniUtuees en  di« 
gnite  ecciefiaftiquc  o. 


c  Ln  (i^f^radation  folennelle  des  EccMfiiidiquet  condanin^s  k  mort» 
•'obfervoif  rrcore  ^ucommcncement  du  dernier  fiicle.  Le  i6NoYembr« 
tioj,  un  Prccre  coaiiMmii^  4  mort  par  lcs  Ju^es^do  Ploermel>  fut  d^a- 


ti^HHtmft^ty^  * 


544  INSTITUTION 


p^Tis  111.      n  y  a  d*aiitres  peiaescaooniqiies,  qut  ne  teodent  qa*a  pri« 
Qur*  ^^  ▼er  le  Chretien  des  biens  fpiriraelspourun  temps,  afin  de 
Teiciter  ar  rentrer  dans  le  devoir.  On  en  compte  troxs ;  la 
fafpenfe ,  rintcrdit  &  rexcommunication :  &  on  les  appelle 
p]motccr/ures  quc  peines.  Carencore  querexcommunicatioa 
retranche  le  Chretien  pour  toujours  de  la  fociete  des  fide)  les, 
]*intention  de  rEglife  o*eft  pas  qu*i]  demeure  dans  ce  mi/e- 
rabie  etat,  mais  qull  fe  reconnoiiTe  &  revienne  demander 
rabfolurion/y.  U  n*en  eft  pas  ainfi  du  Qerc  depofe  :  Tinten* 
tion  eft  qull  demeure  toute  fa  vie  prive  du  miniftere  dont 
il  s*eft  rendu  indigne;&  s*il  eft  rehabilite ,  c*eft  une  difpenfe 
&  une  grace  extraordinaire. 

La  fiijprfffe  eft  une  interdidion  a  un  Clerc ,  de  faire  les 
fondions  de  fon  Ordre  pendant  un  certain  temps.  S*il  etoit 
inrerdit  pour  toujours  de  toutes  fondions ,  ce  feroit  la  de- 
pc(:tion.  Et  comme  la  depofition  eft  ]a  derni^re  peine  que 
rEglife  piuife  prononcer  contre  un  Clerc ;  i)  etoit  a  propos 
qu*il  y  en  eut  de  moindres ,  que  Ton  put  proportionner  aux 
fautes.  C*eft  pourquoi  il  y  a  plufieurs  degres  de  fufpenfe  f « 
Elle  eft  locale  ou  perfonnelle.  Locale ,  (1  le  Pretre  n'eft  in- 
terdit  de  fes  fondions  que  dans  un  certain  lieu ;  perfonnelle , 
s*il  Teft  en  tous  lieux  :  &  elle  peut  encore  ^tre  generale , 
ou  bornee  a  cerraines  fondions.  11  peut  etre  fufpendu ,  quant 
a  la  predicarion ,  non  quant  a  radminiftration  de  la  peni* 
tence,  ou  quant  a  la  celebration  de  la  Mefle.  La  fufpenfe 
peut  etre  bornee  a  un  temps  plus  long  ou  plus  court ;  & 
apres  ce  temps ,  elle  cefTe  de  plein  droit;  ou  bien  elle  eft  im-  * 
pofee  tant  qu'il  plaira  a  TEveque ,  &  alors  il  faut  attendre 
qu'il  la  leve  expreflement.  Quelquefois  aufliun  Clerc  eft  in- 
terdit,  non  des  fondioos  de  fon  Ordre,mais  de  quelque  autre 


Ai  par  rF.v^que  deS.  Malo:  &  PEv^que  dMpt  en  1615  ,  en  d^grada 
un  autre.  Mais  les  fr^qucntes  conteftationt  fiirvenucs  entre  les  Eveques 
ISc  les  Parlcmens  pour  la  <i^£radation  des  EccUfiaftiques  ,  &Ie  rcfus  des 
Ev^ques  dc  faire  cette  c^r6tnonie  avant  qu'cux  ou  leurs  Officiers  euiTcnC 
ccnnu  du  crime  de  Paccuf^,  ont  fait  ceflfer  totalement  cet  ufage. 

p  Voycz  cc  qui  e!^  di:  ct>aprcs  des  excommunications  ,  ckap,  XX* 
&  des  abfolutions  ,  chap,  XXII. 

?1I  y  a  ro6me  un  cas  ou  la  fufpenfe  n*eft  regard^e  que  comme  uns 


la  profanation  dcsfacremens  &  le  fcandale.  D*H^iicourt,  LoLs EccUf. 
tit.  it  U  JuridiHion  ipifcop» 

.  droit: 


V 


-\^ 


AU  DROIT  ECCLiSIASTI  QUt       fif 

'droit :  comine  un  Chanoine  du  droit  de  fuffrage ,  ou  de  Ten-  pj^iTii  UL 

tree  du  cbcmr  :  ou  il  eft  privi  pour  un  temps  du  revenu  Cbap.  x1X« 

de  fon  binefice  :  le  tout  fuivant  la  qualite  des  fautes  &  les 

ufages  des  Eglifes.   La  fufpenfe  eft  une  peine  propre  aux 

Clercs  ;  celui  qui  ne  Tobferve  pas  ,  tombe  dans  Tirregula- 

rite.  CcA  d*ordinaire  la  premiire  peine  que  prononcent  les 

Juges  eccl^fiadiques ;  &  ils  pretendent  ]a  pouvoir  ordonner 

fur  rinterrogatoire  de  raccuf(&  :  parce  que  ,  difent-ik,  le 

Decretd*ajournement  perfonnel  emporte  fufpenfe  contre  les 

Ciercs  ,  comme  rinterdi£Uon  contre  les  Officiers  laiques. 

siy  wa 

CHAPITRE     XX. 

De  t Excommunication. 

i'£jrcoM>#t^y/c>i  r/ovr  regardetousIesChritiensr 
Elle  avoit  divers  degres »  fuivant  la  pratique  de  Tanti- 
quitc/  Un  Ev^que  qui  avoit  manque  de  venir  au  Concile ,   J^V:  it*  ^« 
cu  qui  avoit  ordonni  un  Clerc  d'un  autre  dioc^fe ,  itoit  ^Con!c!* ca^ 
prive  de  la  communion  des  autres  Eglifes ,  &  devoit  fe  con-  tkag' 
tenter  de  communiquer  avec  la  fienne.  C^toit  une  efp^e    oifi.  $s.  a 
de  (ufpenfe  du  commerce  fpirituel  avec  fes  confr^es.  La  fi  4«^* 
r&gle  de  S.  Benoit  nomme  Excommunication  ,  Texclufion  ^*  *'  ^' 
de  Toratoire ,  ou  de  la  table  commune ;  &  c*etoit  la  peine 
des  Moines  qui  n*y  venoient  pas  i  temps.  Dans  Tufage  des 


r  LVicommunication  i  fon  fondcment ,  non-feulement  dani  tc  pou* 
▼otr  dc  licr  &  de  d^licr  cn  g^n^ral ,  quc  Jcfuf-Chrift  a  dooo^  a  fct 
Ap6trct  &  a  f cs  difciples  ;  mais  fingulierement  dans  le  pr^ccpce  quo 
Jefus-Chrift  donnc  k  lcs  difciplcs»  en  faint  Matthieu »  chap.  i8.  Si  pec* 
€avtrit  in  ufrattr  tuut ,  vadt  &  corript  tum  iattr  tt  &  ipjumfolum.  Si 
tc  auditritf  lucrstus  tris  fratrcm  tuum,  Si  autem  tc  nonauditrit ,  adhibt 
gccum  adhuc  uitmm  rcl  duos ,  «r  in  ort  duorum  vtl  trium  ttfiium  fttt 
omnt  verbum,  Quhdfi  no»  Mudierit ,  fit  tihificui  tthnicus  &  puhlicanus» 
Amen  dico  vohis  ,  quMcum^ut  alligareritis  fupcr  ttrram  trunt  ligata  & 
in  caelo  \  &  queecumque  folvtritis  juper  terram  ,  erunt  foluta  &  in  cmlo* 
l)n  trouve  dans  ce  pr^ccptc  l*in(litution  dc  rcxcommunicatioo ,  cn  ces 
termes  ,  Sit  tihi  ficut  ethnicus  6r  puhlicanus  ,  6c  des  monitions  canooi* 
ques  qui  doivent  la  pr^cedcr  :  Corripe  eumMttr  tt  6t  ipfum  ,  &c. 

/  Dans  rancicnne  E^lifc  l'excommunica'on  avoit  divers  degr^s.  Co 
n*etoit  pas  toujours  une  privation  abfoluc  des  facrcmens  ;  ce  n'^toit 
le  plus  Touvent  qu^une  f^paration  &  une  cfpece  de  fchilme  entrc  tei 
Eglifes,  ou  de  fufpcfifc  dc  commcrce  fpiricuet  eotrc  cert^iiQs  EvctiuM 
&  leurs  Eglifes. 

Tonu  JI,  M  m 


f^H^mj-f^  rfi  «  • 


546  INSTITUTION 

.     derniers  fiedes ,  Wxcommunication  fe  prend  pour  ranathe* 
C«AP.  xx!  oK  y  c*eft-i-dire  Ic  retranchemenc  de  la  fociet6  des  fideUes; 
jl^f^^iii^  £lle  eft  fondee  fur  cette  parole  de  rEvangile  :  Si  celuiqut 
17.  voms  iWY^  repris ,  noheit  pas  a  rEglife ,  quil  vous  foit  comme 

3  Cor  Y  t\  '"'P^^t^'^  ^  ^^  publicain  :  &  fur  ce  precepte  de  S.  Paul  :  Siua 
Chrciien  ejl  nom/ni  impudique  ,  ou  avare ,  ou  idoldtre ,  02<  medi^ 
fant  ^  ju  ivrogne  j  ou  voleur,  vous  ne  deve\^pas  mimt  manger 
H^mit.  50.  ^^'^^  '^^f'  Ce  que  S.  Auguftin  explique ,  s^ileftjuge&dcnonce 
c.  1 1.  t:l :  £:  Origene  avoit  dit  avant  lui ,  qu'on  ne  doic  chafter  de 

Hond,  »'•  i'[£g|ifenuepourun  pich^manifefte.  Autrement ,  s^il  ecoit 
a  la  liberre  de  chdcun  de  fe  feparer  de  ceux  dont  il  condamne 
]d  ccn  luite ,  on  donneroit  ouvercure  aux  fchifmes  &  aus 
a.  'thejf.  III.  jiv^emens  remeraires.  S.  Paul  dit  encore :  Que  fi  quelquun 
*4-  n^i^belt  pjs  a  tjofe  parole ,  notc^^  le ,  &  ne  vous  mele;^  point  avec 

lui ,  ii/?/!  quil  yit  de  la  confufion.  Et  ne  U  regjrde^pas  commc 
ro're  ennemi ;  mju  corrigei^-le  comme  votre  frere,  Voil^  les 
rei;ies  tle  rex;:ommunication.  Elle  doit  etre  precedee  au 
moi.is  de  trois  monirlons ,  car  Jefus-Chrift  ordonne  de 
reprcndre  Cviiui  qui  nous  a  ofTcnfe,  premierement  en  parti- 
culier ,  puis  en  prefence  de  dcux  ou  trois  temoins,  &  enfin 
devant  r£^i<fe ,  avant  de  Teviter :  elle  doit  etre  jugee  & 
B^/S/.  cpi/7.  denoncue  par  celui  qui  a  autorite  dans  TEglife  ;  reifet  eft  de 
47*  fuir  tout  commerce  avec  rexcommunid ;  le  but ,  de  le 

couvrir  d*une  confufion  falutaire ,  mais  on  ne  doit  pas  cefler 
de  Taimer  &  de  procurer  fon  faluc  u. 

Suivant  cesregles,  iesfaints  Evequesdespremiers  fiecles 

ne  venoient  que  rarement  &  difficilement  a  ce  rcmede  ex« 

Confl.  Apcft,  treme  de  i*excommunication  x.  Quand  quelqu^un  etoit 

Ub^  t.  c.  7.   accufe ,  ils  examinoient  foigneufen.ent  fa  conduite  y :  s*ils 

trouvoientl*accufation  viritable,  ils  le  rcprenoient  d'abord 


(  Ce  pr^cepte  peut  aufli  ctre  rcgirdd  comme  un  conreil  dc  fuir  une 
compagnie  ,  qai  peutctre  dangereuic  ;  ce  qui  n*emportepa$  ncanmoins 
que  VoR  doive  le  regardsr  abfolumenr  coir.me  eicommuni^. 

u  Ainf»ron  pc.t,  &  Ton  dcitmeme,  run-rculementpricrpoureux  ; 
mais  aufTi  les  inftruirc  &  1<$  cxhorter  tjnand  on  cn  trouve  roccirion  & 
quand  on  cQ  a  portde  de  le  tJire ,  pour  tacher  de  les  ramener  dans  U 
bonne  voi(>. 

*  Ce  qiti  eft  dir  ici  s'entend  ,  nan  pas  d*une  fimple  privfition  des 
Tacremcn^  •  m..:s  d'une  excommunication  qui  eoporte  leparation  de 
communiond'.ivwc  lc&fifielles. 

y  Le  cinquicmc  0>:cile  d*OrIe.in$  ,  tenu  en  149  ,  d^fend  aux  Evc- 
^es  d*excommiinier  lcgcrement ,  leur  permettant  de  le  faire  teulcroeat 
four  lc«  caufes  port^es  par  les  CaiiOAs* 


I 


AU   DROIT   ECCUSIASTIQUE.        547 

ten  particulier ;  fi  cette  corrcflion  ne  fufEfoii  pas  pour  robii-  ■ 

gcrif«reconnoitre,  rtvequcprenoiiun  lemoin  ou  deux,  P^RTi»  lllt 

&  en  leur  prefence  averiifToit  l'3ccufe  avec  adre^Te  &  dou-  j^ ^^  ^  ,g^ 

ceur;  s'il  s^endurcilToit ,  1'tveque  le  reprenott  publique- 

ment  devani   l'Eglife.  11  employoil  pour  le  gu^iir  toutes  ny.  ,,  ^t, 

fortes  de  remedes.  La  confolaiion  pour  adoucir  le  mal;  la 

rigueur  des  reproches  &  des  menaces  ,  pour  netioyer  la 

plaie  &  oter  l'enflure;  lcs  jeunes  contre  la  corruption; 

enfin ,  s'il  voyoil  que  lc  mal  ciJi  gagne  touics  Jes  parties , 

&  qu'il  n'y  eiit  plus  d^cfperancc  de  gu^rifon ,  il  prenoit 

confeildes  Eveques&  desPreireslespIusexperimentis;& 

•pr^avoir  mijrement  delibere,  &  long  temps  attendu  ,  il 

rctranchoii  de  1'EgIife  le  membre  corrompu  ,  de  peur  qu'il 

n'infeftaileS3uires;  maisil  ne  le  faifoii  qu'avec  douleur, 

avec  larmes,  &  pour  obeir  ji  ceite parole  de  S.  Paul:  Oie^  t.Cer.r.it: 

le  mecham  4'entre  voui, 

fexcommuni^  eioit  traite  comme  un  infidelle  j  :  1«  con/l.  Apefl. 
Chritiens  n'avoient  point  de  commerce  avec  Jui ,  fur-ioui  lii>- 1.  e.  j%. 
pour  les  prieres;  il  ne  laiflbit  pasd^enirerdansrEglifepour  Ibid,  1. 19, 
ouir  la  lefture  des  fainies  Ecritures  &  la  pridication ,  car 
lcs  infidelles  memet  y  itoient  admis;  mais  on  le  faifoic 
fortiraveceux  pour  lui  faire  defirer  de  rentrer  dansla  par- 
ticipation  des  prieres ,  &  pour  faire  craindre  auz  autres  de 
tomber  par  ion  exemple ;  cependant  TEv^que  ne  Taban-  jj^  f_  ^ 
donnoit  pas,  fiJt-il  lombe  pour  la  feconde  fois.  11  nc  le- 
moignoii  pas  en  avoir  horreur,  &  ne  r^Joignoii  pas  de  fa 
compagnie,  ni  meme  de  fa  table,  imitant  le  Sauveurqut 
manj^coit  avec  les  Pharificns&lcsp^cheurs.  lllcconfoloit, 
&luidonnoitcourage,  de  peurqu'il  ne  tombji  dans  Tabai- 
lemeni  &  le  deiefpoir  ;  que  s'il  fe  convertilToit  &  montroit  UU,  t,  4ti 
des  fruiis  de  penitence,  TEvequc  le  rcccvolt  avec  joie, 
comme  Tenfani  prodigue  ;  &  apres  lui  avoir  impole  les 
mains  pour  le  reconcilier  a  rE^Iife ,  il  radmettoii  meme  4 
la  participaiion  des  prieres  &  des  Sacremens.  Nonobllanc 
toutes  ces  fages  precauiions,  fi  quelqu'un,  fut-ce  un  Lai- 


j  Lf  rcrupiilc  >Moll  fi  lain  1  ctt  jgird  ,  quc  le  Contllc  i1«  V'iir<in  . 
en  44- •  i^-ii  qiie1'on  ^nitc,  non-f<ultmtn>  ccui  qgc  rETcquca  (i- 
(ORiTiiiniii  noininemtnt ,  miii  «ncor*  ccux  dont  il  rjmoignc  ,  fini 
It  iliii;  n'J!ie  pai  (iiiifiit.  (Jf  qiM J'eB M  pcul  rigtrdcrqu*  cemsM  «A 
taaivl  d«  p[ud*oc«. 

MaU 


J48  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Fartie  III  ^"^*  '^  plafgnoit  que  fon  Ev^quc  Teut  cxcommunie  legs» 
Chap.  XX.  remcnt,  par  animoiite ,  ou  pour  quelqu*autre  ficheufe  diC- 
pofition  ,  la  caufe.^toit  portee  au  Concile  de  !a  Province, 
comme  ^tant  des  plus  importantes  de  rEglife,  puifqu*il 
s^agiiToit  de  Tetat  fpirituel  d'un  Chretien.  Telle  etoit  rao- 
cienne  difcipline  touchant  rexcommunication. 

A  mefure  que  les  mosurs  du  commun  des  Chretiem  fe 
relacherent,^&  que  le  merite  des  Eveques  diminua,  ks 
caufes  d*excommunication  furent  plus  frequentes^  &  la  dif- 
crition  moindre  ,  pour  ufer  de  ce  remede  extr^e.  Depuis 
le  neu vi^me  fiecle  a ,  les  EcdefiaAiques  employerent  fou- 
vent  ces  armes  fpirituelles  pour  repoufTer  les  violencesque 
la  plupart  des  petits  Seigneurs  exer^oient  contr*eui ,  en 
pillant  le  patrimoine  de  rEglife  h ,  encore  falloit  il  quelque- 
fois  y,  joindre  le  glaive  materiel,  &  fe  d^fendre  a  maia 
armee.  LaduretecroiiTanttoujours,  onpafla^  desrigueun 
peu  connues  k  Tantiquite ;  d'excommunier  des  iamilles, 
des  Provinces  &  des  nations  entiires ,  ou  du  moins  y  ifl- 
terdire  Texercice  de  la  Religion ;  d*etablir  des  excommuffl- 
cations  de  plein  droitc,  qui  feroient  encourues  fitotqueie 
crime  feroit  commis ,  fans  monition  ni  jugement;  d*en  te- 
fcrver  quelquesunes au  Pape,  enforte  qull  faliut  alleii 


a  Ce  fut  dans  le  dixieme  &  onziime  fiecles,  que  Tufa^e  des  cet»- 
fures  eccl^fiadiques  devint  plus  commun.  Les  Eveques  excorofnunio.cne 
tous  ceux  qui  s^oppofoient  i  leurs  defieins  ,  mtme  pour  Ics  affarcs 
temporelles.  Kove^  Tabr^g^  chronologique  de  M.  foi».  /  ,  A  la  fintfa 
dixiemc  riede. 

h  On  trouve  ,  disl*an  ytf^,  un  Concile  tenu  i  Toura  ,  par  oe^ 
Ev^ues  •  dsns  lequel,  en  parUnt  des  ufurpateufs  des  biens  des£(ii* 
fes  a  il  e^  dit  que  s*ils  perfiftent  dans  leur  ufurpation  apris  trois  ^' 
tnonttions  ,  les  Evtques  s'aflembIeronttous  de  concert  avec  leurs  a^ 
b^s  »  leurs  Pritres  &  leur  Clerg^  t  &  ,  «<  puifque  nous  n*avonspoto;, 
»1  dlfcnt-ilM ,  d'autres  armes ,  il  faut  prononcer  contrc  lui  ,  dsns  1< 
M  choeur  dc  rEglife,  le  Pfeaume  loS  contrc  le  meurtricr  des  pauvret, 
9«  pour  attirer  lur  lui  la  maMdiAion  de  Judas  ;  enforte  qu'il  meurr, 
M  non  feulementexcommuni^,  mais  anath^matif^.  nOn  ▼oitpir-li  cae 
Fon  faifoit  une  diff^rencc  entre  ranatheme  &  PexcommumcJtion.  Le 
premier  ^toit  l'abandonnement  au  d^mon ;  la  fimple  excomaiuhicatiofi 
coniiftoit  alorsdi  ne  plus  communiquer  avec  rexcommum^. 

On  excommunioit  auflfialors  ceux  qui  ne  payoicnt  pas  lcurs  dcttes: 

c'eft  pourquoi ,  d«ns  le  concilc  tcnua  Ruffec  en  Poitou  ,  ea  ii^S.il 

fut  r^gl4  que  le  Pr^rre  qui  auroit  abfous  un  excommuni^  a  1'articie^ 

.la  mort,  devoit  I'obUgcr  de  fatisfaire  a  f«  partie  par  luioupar  autre, 

qu'autreroeiu  ce  Pr^trc  cn  feroit  tenu  1ui*m^me  pcrfonocllcvcftr. 

c  Ce  fon:  celles  qu*on  appelle  ipfofaJ^oi  c'«lUi*dire  qui  foflt  ea* 
•ourues  par  le  (cal  fait. 


AU  DROIT   ECCLfeSIASTIQUE       549 

Rome  pour  8*en  faire  abfoudre  ;  d*accoinpagner  la  publica-  partii  IlL 
cation  des  excommunications  des  c^rimonies  fenfibles  ,  Chap.  xX. 
comme  d*^teindre  &  jeter  i  terre  des  cierges  allum^s  </, 
faire  fonner  les  doches,  prononcer  des  maledidions  ter- 
ribks. 

Dailleurs ,  on ordonna excommunication  de  plein  droit 
contre  ceux  qui  communiquoient  avec  les  excommuni^ ; 
ce  qui  n*e(l  pas  fans  fondement  dans  l*antiquit^ ,  puifque 
le  Concile  d*Antioche ,  tenu  en  3  4 1 ,  prononce  excommu-  Can.  u 
nicition  contre  ceux  qui  ofent  communiqucr  avec  det 
Clercs  depofes ;  ainfi  une  feule  excommunication  en  pro- 
duifoit  une  inAnit^  d*autres ,  car  on  expliquoit ,  avec  une 
cxt.eme  rigueur,  la  d^fenfe  d^avoir  commerce  avec  les 
excommunies ;  d:  par  li  on  etendoit  cette  peine  jufqu*aux 
biens  temporels.  On  pretendoit  donc  que  perfonne  ne 
devoit  approcher  d*un  excommunii,  non  pas  mdme  fes 
domediques,  fes  enfans,  fa  femme;  81  qu*il  ne  lui  itoit 
permis,  ni  de  paroitre  en  jugement,  ni  d'exercer  aucua 
droit. 

Enfin  e^  1e  pape  Grigoire  Vll/,  vers  Tan  1080,  poufla  s*  f*  ^*  ^*  ^ 


d  Ceite  c^remoaie  fut  pniti«Tu^e  efi  10)1  ,  dani  xknt  txcommo- 

nicatioii  qui  tut  prononcee  apie»  la  ledure  de  rEvingtle  ,  contre 
les  Lhevaliers  du  iliocefe  de  Limogei ,  qui  refiifoient  de  promettr* 
^  leur  ^vlquela  paix  &  la  iiif'ice  ,  comme  il  rexigeoit.  Cette  excom- 
municafon  fuc  accompagn^e  de  mal^diftioni  tcrribles.  £n  mdmt 
tempt  les  Ev^ques  je.erent  k  terre  les  ciergcs  allum^t  qu*tis  te* 
noienc  ,  &  lci  ^teignircnt.  Le  peuple  en  fir^mit  d*horrror,  &  tout 
s'^crt^ient  :  Ainfi  Dieu  ^tci^ue  ia  ioit  dc  ceux  firi  iic  \euUnt  pat 
rtcevoir  la  piiix  tf  Lijufltct- 

€  Gr^goire  IV  voulut  ,  d^s  Tan  81 )  ,  abufer  de  miire  de  TeK* 
communication.  Voyant  que  ta  plapart  dei  Eveques  de  Franct 
svoiei^t  abandonn^  le  parti  de  Louis-/c>D^6<  rntfinr ,  it  fe  }uignit  k 
cuK.  Etant  venu  en  France  ,  il  fit  r^pandre  le  bi^it  qu*il  vouloit 
cxcommunier  ceux  d*entre  les  Evftques  qui  ^toient  encore  fiJellet 
^  riim})ereur  ;  maii  c;?$  Eveques  firent  dire  au  Papc  ,  qu'i7  s*en 
ret  urncroit  ex  nmmunii  lui^meme  ,  i*i7  entrei  ren^tt  d€  tcs  excom^ 
tnunnt  ,  Cflntre  lct  canons, 

f  C«.  pjpe  etit  itc  grands  d^m^Us  avec  TEmpereur  Henri  IV  di 
Ic*  hveq  e*  d' Mlem.igne  ,  au  ft  jet  des  invrituurfS.  L*fcmpcr«tir 
4'erjiir  ilccbre  contre  lui,  ft  d^cl^rer  dant  r«Uembl^ede  Wormei, 
Cen.t;  !';i'i  107^)  ,  quc  I'om  ne  devoit  point  recor.nottre  Gr^gotre  poiir 
I  ape.  Ccliii-ci ,  ile  fon  cdte  ,  tint  un  Concile  a  Rnme  ,  dan»  le^url 
ilc>c  ommjnia  lle-iri  &  le  doclara  dcchu  ile  fes  ttats.  I  es  Prii.ccs 
d'A  Ifn.gnc  of>ngctcnt  Heiiri  d*aller  trouver  le  Pnpe  en  ^tat  de 
fup|)iuiity  &  de  recevoir  de  lui  kt  condicions  qu*il  voudroic  lui  im« 

Mm  iij 


rf3  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

^^^[lir^^  ■u^Sm  itnaer  nces  les  coniequences  de  rcxcom.Tian^ 

Ca.-*  ^\  £3co>3.  Kuez«ni  q'j'tjnPrinceexcommunJeetoit  privede 
.,  *■/    ■--  i:u:-<>=poc*or;  q-^erefvaiTjusetoi^ntquiritt&Ou  ieriiKnt 

,"  .  ,    -'■'    s«=ce-:;e.  &  q-jeffsiiiTfisnfhjidfveieni  plus  d'ofae:Iunce. 

-•    ^L.  1-  i£i»i:'or^Ci*culo:7:i:rccra:r(ireiafj:irincsde/Eg'ire, 

I—  f- .i:i-i'.i  2.'rr.;b'e;  &  o.i  red..!ri:  icstnorcsacepuint, 

(;.2  .iri  Li::^jef  cr£:£:i jient  peu  les  cen:~ijres ,  &  <]:ie  les 
F.-i  ;2»  '.a  ?-.a  /iges  .-'o  i>:er.t  prerir-e  les  enipioyer  /. 

I-  l  *  rt;.       l.  :'il.-_i  app-jrter  divcrs  leTpiramens  k  ces  msxim:s. 

•"■•■■"  Giii?j-c  VlIl-^;-=:Jn:e  ,  «x.e^i^de  rescommunicaiionies 
itzisei  iei  ei;oz3:un:es ,  i£-jrs  er.fans .  leurs  lerf» ,  ceut 
C-:  ;;:=u3:-'jo:ert  avec  eux  pir  tgnorance  o-j  par  r.ecef- 
£:i ;  ;c=:=:i  pcar  a^iieier  de*  vivres  ea  pafT^ni ,  ou  pour 

VsK^.-^i-.^lcii^or.  en;oariK,  pbtir  avoir  communToue 
3v€;I"ci;-aaiI3ie,  ^Jinommce  tx.-o!r.irur.::j:hi  rriatare  k^ 
^-.  re  ^r.vi  <^-£  dc  !i  percep;Ton  des  Sa^Temers  ,  fans 
ew  jTiii','er-:ti  ii  Vt^.:'7i  n\  d-j  commercedes  liJcIIes; 
air..:  ■'.  r.  e:^:t  f.j?  a  crjindtc  qj;  l;s  escoin  TiUiiicaiions 
Jtr;.-;^".;"?-.!  a  I'ir.£-i.  LVjli^ijtion  d'eviter  les^escomTTia- 
cics  se  MiiSait  ois  at  nMxUx  e^icore  de  graads  embanas , 


f;it:  i  — iii  He-"i  t'e;i-);  i;;rej:i  Jc>  pro^neflei  q.i'on  t::i    ivoit  fs- 

B.i -e  J..ri,.-.-:  i;-r.  |lcriii.;WiaiO  \:!in-...g:ie ,  tr.lBrilti 

K»-i».  .^  I  .a>.o.:u:e:c:iuifUir.e,.'in  i::)i:.  Li  ^^eT.de  .ieUr;- 
fr.-:.-e  Wl.  J;.,:i;,eleiU-.--.if  !<;..<  di.-oii  eieumn:;i:iu  lEn;ie- 
re.:  IIc::::  ,  X  ^'jvcir  ^il.i  in  f.iett  du  lermeni  ds  KJJlire,  ayjnt 
iti  t^.sytt  en  Fuciir,  en  1719)  '■"  vaiduunee  jiir  un  mjr.Je. 
Kf.-.ii  •.l.^^a  C:)-b.i.  tWq.-e  d'Aa.'Uii* ,  Ju  iS  J;:ii;.;:  iTij^fC 
le  P..:e3it.:r  pj'  Ji:fi  Ja  tt  Fevriei  17)?  ,  dewliiu  iit>..iii'>  q.^ue 
bicn  r  Jt  iicie.Tt  pirj  an  fuie:  de  cecti!  lejeniJe. 

I  £r.  I  11  ,S.  Lo-ii  Bt  Koe  ucJaunance,  poitant  qui;  fei  ra:!'.::x 
&  .«.\.LjlSe'.(ie-:i  ne  fero;e:-.l  punc  leniii  Ae  iJp.iiJie  ,',.«  ec- 
«w  .i  :'  .,*»  ,  :)i  *  J'±i:l:ei  ju  Tl  bun:J  EccltlliltiTjf  ,  (  cc  ri;i| 
6.:;  e-.:j-.!:e  C3niJt!eiev:c.:ii:el  ^Leli   le  Juge   F.-.::.r.j  ::'T;.e  :,:j 

■^^.^.■^1:1  )::;>:  pi-i>r  ce  Tjiti ,  il   feici:  coniijii:t ,  p>i  ijiiic  .k-  Jbn 

l>n;.0[.'!  .  4  litei  "exiiaiiiaiuitication. 
O»  .V.;j  pjic-i^emen:  ilei)i(iviie>f  I  i)ue  ^'Jdquei  Pspei  avoieiii 

ai  :c:e(J:;e>  ;  Jt.  Jjin  tv  Cunciie  de  Viribou(g ,  eu  11' t  .  le  ii:- 
gi  6i  ILre  !k>  i:.-n:tit..tia:is  .let  Cipet  Ale^ianiie  tV  Sc  Clein«:it  IV, 
P>'Ij:i:  ijvocjiian  Je  c«i  piivilJKi^i. 

A  A  li  J.iTei  nce  Ja  r«cumniuii:catM«  DU  anaibJme  ,  f.ii  fut 
•Iliics  £x>aiiuunicM)sii  mu^ciirc. 


AU   DROIT   ECCLtSIASTIQUE.        jff  ___^_ 
{irinripalmieiit  i  czufe  des  eicoiaiBuniciuofu  f;toeralM  &  FaxTn  Kli 
«le  plein  droit ;  c'eft  pourquoi  le  Concilc  de  Bale  J^Iua  chav.  U.' 
^ue  l'oa  fw  feroit  oUige  d'evu8r  que  deuz  Ibrtes  d'cicoiiH     ^*S-  ><)• 
muniis ;  ccux  qui  le  (eroicnt  nofnineflient  &  Tolennelie- 
ment,  &  ceux  dont  rexcommunication  feroit  C  notoine, 
qu'ilferoiiim|>of&bled'eadouteri.  Ce D^r« fut confirme 
par  une  Conlliiution  de  Manin  V ,  &  iiu  infere  dan*  b  ^f'1'l^  \\\ 
Pragmatique ,  &  enfuiie  dans  ie  Concordai. 

Le  Concile  de  Trente  a  cncorc  apporte  quelqucs  ref-  S*ff-  H*  '•  !• 
tridions  a  rufagc  de  rexcommunicatioa ,  recoRnoiflant  qoe 
£  elle  n'eft  employee  fobremeni  &  »vec  circonCpeflion ,  dlc 
devieat  meprifable  &  meme  nuifible.  Prsmiireineni ,  quaot 
flux  monitoires  pour  vcnir  i  revelation,  lc  Concile  veuc 
qulli  ne  (bient  decernis  que  pir  TEv^ue ,  pour  grande 
caufe,  &aprei  inurc deliberaiion ;  &  qu'il  ne  cede  point  A 
rautorite  du  Magifirat  fcculier  pour  les  accorder.  Ce  CDn* 
cile  dtfeod  i  tous  les  Jugcs  Ecderiaftiques  d'empIoyer 
1'excoinmunicationpourfaireexerccrleursOrdonDancesi, 
tant  que  rcsicution  tt  peut  &ire  ptr  contruinies  tempo- 
relles,  fur  lesbient  ou  fur  lct  perftwnes, inteie  avec  Taidc 
dubns  feculier ,  nais  il  dtfradau  Jtigefeculier  d'unptelNr 
les  Jugei  eccldiafliquet  d'cKComaH»»er ,  mdelcscontraitH 
dre  i  abfoudre,  ni  de  prendie  aucnae  cotuuMlSinc*  de  b  ' 
juAice  de  rexcommunicaiion. 

Tel  eft  donc  auiourd'hui  Tufage  de  rexcominunication. 
II  doit  y  avoir  caufe  ruSTante,  c'eft-ji-dire  quelqu'uiie  de 
celles  qui  font  exprimecs  dan*  ie  drtut,  ou  du  moins  ua 
pichi  notable  &  lcandalcux ,  puifqu*!!  ne  s'asii  de  rien 
moins  que  de  la  derniire  de  touies  Ics  peines  rpiriiuelles.  Lc  <•  4>  h  '•  i* 
defaut  de  caufe  rend  rexcommunication  injufte,  mab  on  JreiwM  «. 
doit  toujourslacraindre.  Celui  qui  la  prononce  doit  avoiry-jcni.  48.  t, 
Jurididioa  comentieufe :  il  faut  qu'il  y  ait  trois  moni:ion  /"'■««rt.mwt 
pr^cMemeSf  publiees  au  moins  k  deux  jours  d'i[»ervall  "j^"*'   "' 

i  L*  Cancilt  ■jiuits ,  qn*  Ton  n'tft  pai  ohU^i  d'jvitar  ceiut  ^t 
tc  troiivciil  compiU  ilant  dci  ccBfucet  poil^at  •nK^niiisI. 

t  Li  lUcuUiS  Jc  tbiologic  ile  Piru  svaii,  dc»r>nDcc  itoi,  donn^ 
fon  iiigemant  dodtiiial  tauchniit  lei  cxconiinunicctiont  pranonc^ci 
pjr  le  l'ipe  ,  coutr*  c«ux  qui  na  vouloicnt  pii  fe  raiimeEiic  lu 
pjicmcit  Jdi  difcimei  ftabliei  par  li  Siinictii,  f<ini  le  conrcnte- 
iniTiit  >lu  )l'n  Ellc  <li:>:idc  quc  cel  ceafnrei  n'oiil  iii.cun*  furce  tfiit 
i'jpj>cl  inicfietii  ,  £c  qu'c!tcf  irobUf[Cai  FOini  !ei  ■ppctini  ds 
l'«iilUai(  de  c^Icfarct  U  meir*  ,  tii  d'iffiiUf  k  .'a^c*  d.*ia. 
Mm  iv 


^^timtmj^y^j- ^-y  * 


IWSTITUTION 

^  ,,,  iunc  «  uMui';  que  la  femeiice  d'excoinaiiinzca»oa  foi' 

Owr.  X9&  ccnte ;  qoe  a  perfowie  y  (oit  nommee,  &  ia  cauie  exrn- 
mee.  Ls  noms  des  cxcommunies  doivent  eniuice  etre 
puiilies  dacs  rEelile  &  afiches  a  la  pone ,  afin  que  tout  !e 
■icaderoir  csnu  deles^irer  /.  S^ils  yenrrenr,  on  doic  les 
cn  chaner ;  &  fi  on  oe  le  peut,  il  faut  cefl*er  rO£ce  divia 
&  qumer  rkgiiie.  Ces  formes  fe  doivent  obferver  a  l^cr- 
commusicarioo  pcrtee  par  le  Juge. 

Mais  celles  qui  ibar  porrees  par  la  Loi  font  encourues  de 

plein  droity  iirOc  queTadioaeilcomrrire;  ainii  celui  qui  2 

commis  une  fimonie ,  ou  tfirappe  un  Clerc ,  doit  s'abltecir 

des-Iots  de  renrree  de  rEglite,  ;ulqu'a  ce  qull  air  ere  abtous: 

h  torme  du  prdoe  le  tiit  voir ;  &  ce  fera  la  faute  du  cou- 

poble  s  fi  rabtbludon  eft  diSeree ,  puifqu*el!e  ne  te  refu:e 

poinc  a  qui  le  axet  en  devoir :  mais  il  o*y  a  que  ceiui  qui 

coanoit  rexcomaniaicarion  porree  par  la  Loi  j  qui  foir  ob!;ge 

a  robierver  «;  &  on  peut  en  ignorer  plufieurs,  fans  que 

Cr/.  tfi  c,  n^oraoce  foit  crimioelle;  car  ces  excommunications  de 

•01.  i^z.  dt   p[^Q  droirlbnr  en  fi  graod  nombre,  qu*il  eft di£cile  ,  meme 

inV  Giaf^in  ^^  P^^  favaos  Caoooiftes  y  d'ea  fau^e  le  denoaibremert 

C/cni.  I  tod.  exacL  Daos  le  Sexte  feul ,  oo  en  compre  trenre-deux ;  dans 

Kowtfr  !&».  lcjQemencines ,  cioquaate ;  viogt-uo  dans  la  BuIIe  ir.  Car.S 

^  ^^  Dmmuu  «;  &  une  iniiaice  d'aucres  daos  diverfes  BuIIes  & 


/  Le  fi!i:e3ie  CoacUe  de  MUjm  ordonoe ,  que  1*30  affiche  da:^f 
les  Ijchihes  des  Eg'!tes  ,  ta  un  Izeu  apparent,  les  nomi  &c  f.rrons 
de  ceux  ^ui  fontinierdin  ,  oa  e!«coiiununies  ;  L':fi  qu.:r.do  rrafin» 
ga  Jint ,  iTOuce  ce  Caacx!e»  J  divinis  ojf^iis    eetlijiu^ue  ejut^r.r^, 

m  Ceft  pour(iuoiI«  rroifiene  Coacile  de  Milan  ,  tbus  S.  Charles  , 
arjonne  aux  Cures  d^mtfenure  leurs  piroitlecs  fur  les  Fjne*:es  e:!;ri 
de  I'etcomm:;nicirion,  St  de  leur  inl*pirer  U  cninte  qu'ils  doiveiit 
cn  aroir.  Ce  m^oic  Concile  veut  auiC  ,  que  1*00  publie  une  tuis  p^r 
3n  dans  toutes  les  Egllfes  cath^^lraies  &  paroitEates,  tO;.:es  !es  Ji> 
ferentes  et\?<^cs  d^encommunications  encounics  de  tiit  Sc  de  Jroir. 
Ma:s  le  nombre  de«  diiTcrences  caufes  d*escommuutcatioos  s'c:i:^t 
briucoup  accru.  Tcn  n*oblerve  plus  cette  publication 

n  Cette  buUe  eft  ainti  appelee  ,  parce  qu*on  en  fait  folen^^erie. 
ment  la  leiSu.  e  tous  les  a^rs  i  Rome.  Elle  excommunie  ceux  qui  sp. 
pePent  dcs  hullcs  &  brefs  des  Pjpes  au  futur  conciie  ,  fjns  i>\cep« 
tion  des  penbmes  ;  tous  les  Princes  qui  mettect  de  couvc3,;\  i.-r». 
p6w  lur  les  peuples  fins  la  pennitlioa  dj  pape  i  ceux  qui  fj.^r 
^jelqnc  traiw  d'ilbance  avec  le  Turc  ,  ou  av-ec  lcs  hc:c:i«UTf*  :  fv?-* 
cejx  qui  appellent  parJcvant  les  iuges  Seculiers ,  de*  torts  &  ^rr«rc 
q!j*il$  luront  re^us  de  la  Cour  de  Rcme.  EUe  comrrcrj  d2r.\  i'e.<- 
commiiiwationles  Parlcmcos ,  &  tOL-s  autrcf  quii^oppcfent  j  Texe^ 
cubca  dcs  buUes,  mime  les  Prccurcun  Oeoeraux.  Ei.c  ei&vomiBi^ 


k 


AU   DROIT  ECCUSIASTIQUE.       155 

Conftitutions  nouvclles  des  Papcs,  fanscompter  cellcs  des  p^^^„ 

Conftiiutions  fynodales,  &  des  diverfes  Ordonnances  des  chap,  Xjl 

Evequcs,  des  Rcglcs  &  des  Conftitutions  des  Rtguliers; 

mais  dans  tous  les  ancicns  Canons ,  compris  dans  le  Decrcc 

de  Graficn  &  les  Decretales ,  ^  peine  en  trouve  t-on  trente ; 

encore  qui  vouJra  bien  les  cxaminer «  trouvera  que  la  plu- 

part  ordonnent  rexcommunication  ,   non  pas  pour  ^tre 

encourue  de  plein  droit ,  mais  pour  etre  impofee  par  le 

Juge  cn  tel  cas ,  contre  ceux  qui  en  feront  convaincus. 

Rien  n*empeche  d'cniendre  ainfi  les  paroles  du  fameux 

Canon ,  Si  quis ,  fuadtnu  diaboloy  qui  dit :  Que  fi  quelqu'un    17,  ^  ^  /; 

porte  fcsfiiains  violentes  fur  un  Clerc  ou  fur  un  Moine ,  il  X9* 

fera  foumis  au  licn  de  i  excommunication ,  c*eft-a-dire 

quand  il  fera  convaincu  &  condamne.  II  eft  vrai  que  la  glofe 

Texplique  de  rexcommunication  de  plein  droit ,  &  cettc 

opinion  a  prevaJu. 


jiie  tous  lei  Juges  S^culiers  qui  fe  m^lent  de  juger  les  caufes  b<Snc. 
iicialcs ;  les  poliellbires ,  les  dixmes ,  &  autres  revenus  ou  cjufei 
cccl^fiiftiques  *,  ceux  qui  ordonnent  la  faifie  du  tcmporel ,  ou  qiii 
proccderont  par  U  voie  crimineUe  contre  lei  Clercs  ;  enfin ,  tous 
Princes  U,  Rois  ,  &  leurs  Miniftres  &  Ofliciers  de  JulUcc  qui  im- 
poferont  des  lev^es  fur  les  r^venus  des  b^ncfices  ,  quaod  mcme  Icf 
Eccldliadiquts  oflViroient  de  les  payer  Elie  fut  commencce  ,  fcloa 
]es  uns,  par  Bonifice  Vlll  ;  fclon  d'iiutrei,  par  Cicment  V  ou  par 
Martin  V  en  1410  ,confirm^e  par  Jules  11  cn  iszi  ;  Sc  par  Paul  1I[ 
en  i${^.  Cctte  bulle  fut  iiitroduite  furtivement  en  Kranct,  8c  pu- 
biit^e  par  quelques  Ev^ques ;  mals  Ic  Par^ement  de  Paris  s*y  eft  op« 
pofd  en  ditlcrentes  occafions  ,  notammen:  cn  1570,  1  f  8u  ,  1601  , 
160X  ,  \G\i  &  164).  L*indult  de  cl^meiu  1a  accordc  j  L'>uis  xlV, 
pour  la  nomination  aux  ben^Fces  cnnfidoriaux  tc  Provcnrs  ,  ex:ge 
non  le  publication  ,  mais  robCcrvjnce ,  rexecutionpleinc  ^c  e:  tieic 
de  cette  bulle.  M«iis  le  ParL>ment  d^Aixreprclertaii  y  a  long-tcmps 
que  le  Roi  n'avoit  pas  beluin  de  cet  induit  pour  nommcr.  Cctrc 
bulle  fe  publioit  tous  les  ans  dans  les  p  Toiiies  du  Roudll^on  ,  lc 
Jeudi-Sjint.  .Mais  par  Airei  du  Confeil  Souverjin  de  Routlilion  ,  du 
S  Mjrs  176)  ,  U  Prociirc.:r  Gcnerjl  a  ete  re^u  appclint  cuinine 
d'abus  de  Texi^cution  &  pi.biicarion  de  lu.Hte  bullt:  qui  fe  uiloit 
duns  lek  paroiHes.  L'arrctdir  qu*il  a  cte  mai,  nuileme<>t  h,  bbufivc- 
ir.ent  probc.ic  a  la  fulmination  dc  ladite  bulle  ,  &  cc ,  tnutes  Itt 
lois  qt.Vllc  j  et«^  piibiice  ,  cumme  ctant  contraire  aux  liints  ca- 
nons  ,  libe:cc$  de  l'i.44'ili!  Gallicjne  ,  aux  maximcs  du  roy-ii  me  ,  £c 
a  r.iUi.)iitc  Hoy.t  f.  i.^aric:  fuit  dcicnfcs  i  tous  Archcvcqjes  &  Evc- 
q  jr$  de  la  rcconnoiirc  ni  faire  publier ,  &  dit  qu*clle  l'cr4  occe  da 

JllUCl. 


1« 


yj*  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 


L 


CHAPITRE    XXI. 

De  rinterdit  o. 

^IsTERDiT  eft  la  defenfe  de  cilebrer  les  divin^ 

0£ces,  oud*adminiftrer  les  Sacremens  dans  im  certain 

lieu,  une  Viile,  une  Province«  un  Royaume,  ou  d'y  ad« 

inettre  certaines  perfonnes^  quelque  parc  qu'elles  aiHenr» 

Le  premier  s*appelie  Intcrdit  local ,  le  fecond  pcrfonncl  p.  Si 

Tun  &  Tautre  eft  joint ,  on  rappelie  InterJit  mixte,  Cette 

peine  et oit  peu  connue  dans  les  prcmiers  fiecles ,  aufti  bieii 

quc  ies  excommunications  generales ,  ii  ce  n*eft  contre  les 

li^^retiques,  ou  les  rchifmatiques  manifeftement  fepares  de 

rEj^iifc.  Aregarddesautresp^clieurs,  les  Ciiretiens  nc  s'ei» 

feparoient  point ,  5'ils n'etoient  excommunies  nommement  p 

&  les  fdints  Eveques  tenoient  pour  maxime  de  ne  pas  re- 

trancher  de  rEgli<e  les  picheurs^  quand  ilsfontftpuiftans» 

at.  f.  4.  e,  ou^n  figrandnombre,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  d'efperer  qu'ils 

€um  qui/que  k  corrigcnt  par  la  cenfure ,  mais  plut6t  de  craindre  qu*ils  ne 

J9. f.  non  po^  {^  portent  a  la  revolte  &  au  fchifme  manifefte :  c'eft  la  doc- 

^ug.  /ii.  ' .  ^^^^^  ^^  S.  Auguftin  qui  dit  encore  qu'avec  la  multitude  il 

amt.   Par^    faut  plutdt  ufer  d*inftruftions ,  que  de  commandemens^ 

^i"' l  ^'^'  d'avertifl'emens  que  de  menaces,  &  employer  ia  feverite 

Eod,  lib.\.  contre  les  pechcs  des  particuliers.  II  loue  la  cbariie  &  la 

€ont  Parm,6r  prudeiice  de  S.  Cyprien,  qui  ne  rompit  jamais  la  commu-. 

^oMtnb"^'  "^°"  *^^^  ^^^  Eveques ,  qu*il  reprenoit  d*etre  avares ,  ufu- 

»4.  q-  j.  e.  riers  &  ufurpateurs  du  bien  d*autrui ;  &  il  reprend  fevere- 

a.  ex  epift,  tnent  un  jeune  Evdque  qui ,  pour  le  peche  du  maitre ,  avoic 

0dAuxil.  75.  gxcojnmunie  toute  une  famille  q.  II  avoue  toutefois  quc  dcs 


o  L'inter<lit,  pris  dans  fa  fignification  la  pt«s  eteiidtie  ,  cft  uno 
cenfure  Eccl^fiartique  ,  qui  fuli^cnd  lesEcd^fiaftiquef  de  lcurs  ibnc» 
tions  ,  &  qui  prive  le  peuple  de  rufage  des  facremens  ,  dj  fcrvice 
divin  &  de  la  f(§pulture  Eccl^fiaftique. 

p  Uinterdit perfonnel ,  eft  lorfque  Tentr^c  d^une  Eglife  cfldt-fendne 
ii  quelqu'un.  Lorfqu'on  dcfend  a  un  Eccl^fuftique  de  faire  pendant 
un  tcmps  fes  fomaions  ,  cela  s*appelle  Sufpcnfe  ;  c'eft  la  mcme 
chofe  qiie  rinterdidion  pour  les  oflkes  civils. 

q  C*etoit  Auxilius ,  qui  excommunia  la  fjmille  entierc  de  Clafl:en, 
S.  L(5on  a  ^tabli  lcs  mSmes  maximes  que  S.  Auguftin  ,  daus  uue  de 
fes  Icttres  aux  Ev^quei  de  ia  Province  de  Viemie* 


AU   DROIT   ECCUSIASTIQUE.      y^t 

Eveques  d'un  grand  nom  en  avo^ent  quclquefois  ufe  autre-  pA„«  Ilfc 
ment ;  &  nous  trouvons  cn  effet  dans  S.  Bafile  un  cxemple  chaf  XXU 
d'une  cxcommunication  contrc  plufitnrs  compliccs  d  un    ^^^fi^  n'fi» 
rapt ,  avec  leurs  familles ,  &  contre  le  Bourg  entier  qui  *^ 
Tavoit  favorife ;  mais  nous  nc  voyons  point  que  IVmpereur 
Ccnrtancc,  ni  rcmpereur  Valens ,  quoiqu'hirctiques  & 
perfecuteurs  des  Catholiques ,  aient  etc  excommunies ,  ni 
cxclusd'entrer  d.ins  Thglife,  &  lcs  excommunications  pro- 
noncces  contre  rempereur  Anaftafc  &  contre  Leon  TIco- 
noclafte  ,  ne  s*etendoient  point  a  leurs  fiijets. 

Les  plus  anciens  interdirs  rque  j'aie  rcmarqucs  font  vers 
la  fin  du  fixieme  f:6clc,  oii  Gr^goire  de  Tours  rapporte 
pluficurs  exemplcs/d*livcques,  qui  a  Toccafion  de  qucl-  Hifi.  E^ehfi 
ques  grands  crimcs,  faifbienrt  ceflcr  rOflice  dans  1'Eglife  ,  ''*'•  x''*»v, 
comme  pour   la  mettre  en  deuil ;  mais  depuis    le  pape 
Gregoire  VII ,  nous  voyons  fouven:  des  excommunicatiorts 
gen^ralcs  &  des  Interdits  t ,  pour  les  crimes  des  Souverains. 
En  cxcommuniant  un  Empereur  ou  un  autre  Prince,  on 
excorr.munioit  aufli  tous  fes  fautairs  ou  adherans,  c'eft-^- 
dirc  tous  fes  fujets  qui  demeurotent  dans  fon  obeiflTance.  On 
mcttoit  cn  interdit  tout  !e  pays,  afin  que  ceux  m^me  qui 
nc  fuivoient  pas  fon  parti  fuflent  excites^  fe  foulever  contre 
lui ,  pour  ne  pas  porter  la  peine  de  fon  crime.  Les  Evcques 
en  ufoient  de  meme ;  &  fouvent  pour  la  defob^iflance  d*un 
Sjigneur ,  ou  dcs  chcfs  d'une  Commtmaute  de  Bourgeois,  ^  Prngma^ 
ils  mcttoient  les  Vilies  en  interdir.  II  fuflifoit,  pour  attirer  '"*  **' 
cctto  pcine,  que  la  Communaoti  ou  Ic  Seigneur  refuiat 
de  chalfer  un  particulier  excommunii.  c,  alma  utt: 

L'cxpcricnce  a  fait  voir  qae  ces  rigueurs  nutfoient  p!us  de  fent.  €x% 

com^  in  6« 

r  Quelques-uns  prctenJent  quc  rinterJit  ^coit  ufitd  dii  le  qiia-i 
trie  :'c  liecle  ,  chci  lcs  Grecs  ;  d*autres ,  qu*il  l'etoic  ihi  m«in$  dct 
le  ciiiquiemc  fiicle.  Ceu\-ci  1e  ibnJent  fur  uoc  lettre  de  S.  Auguf- 
tiu  au  Comfe  Bonifacc. 

/*  Le  plui  ftineux  eil  celui  de  Lcudovalde  ,  Ev^quc  de  Lizicux, 
qi.i  iiiitcn  iiucidit  lcs  Ej;lifcJ  dc  Uoucn  ,  lorlque  FicdcgonJe  euc 
faic  jl!j:li:cr  FrJicKtac ,  H^eqrc  de  cccce  villc.  11  c(c  tcicain  que 
lc$  iiitcnliis  furcnt  i;fite>  dcjjuis  lc  neuviime  fiecle. 

/  Daiu  le  ljng;ioe  de  ccs  ccmp$-li  ,  on  cunfondoic  lc  plus  fouvcnt 
rinfculit  avcc  rojcommiMiicjcion. 

u  Le  toncilc  de  Bjfle  ,  ftjf.  lo.  ordonne  que  rintcrdic  ne 
pouira  crr»*  pronon-.c  cur.Cic  i:ni'  villc  ^  que  |»our  une  fautc  nota- 
I)e  dc  ccfte  vi!Ic  o  i  dc  fc$  Gouverncurs,  &  noa  pcur  la  faute 
•l*ui.e  pjiijuae  p-itic...ii.e. 


ii*-Hl4**rffirjj:  »   »  1  « 


5?i  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Partii  lU  *  ^  Rdigion  qu*elles  n'y  fervoient.  Les  innocens  fou& 

QiAP.  iUCi   froiem  pour  les  coupables ,  puifqu^ils  etoienc  privis  des 

Offices  divins ,  &  des  Sacremens.  A  la  longue ,  les  peuples 

s*y  eniurciffoient ,  &  mepriroient  la  Religion,  dont  ils  ne 

voyoient  plus  d*exercice  ,  &  dont  on  ne  les  inftruifoit 

^lf  n  /.  point.  On  remarque  qu'un  certain  lieu  de  la  Marche  d'An- 

'•*"■**•  c6ne  avoit  ete  fi  long-temps  en  interdit  ,  qu'apr^s  quH 
fut  leve  9  les  hommes  de  trente  &  de  quarante  ans ,  qui 
n*avoient  jamais  oui  de  MeiTe  »  fe  moquoient  des  Pretres 
ceiebrans.  Quelquefois  les  peupies  ,  ne  pouvant  fouffirir 
cette  honte ,  fe  (bulevoient ,  &  en  venoient  a  des  violen- 
ces  ouvertes  ;  auffi  futon  oblige  de  moderer  la  rlgueur 
des  interdits  x, 

Dh^  le  commencement «  nous  voyons  que  Pon  excep- 
foit  toujours  radminiftration  du  Bapteme  aux  enfans ,  & 
de  la  Penitence  aux  mourans.  On  accorda  ,  par  privilege  , 
a  la  piupart  des  Reguliers,  de  n'etre  point  compris  daos  les 
interdits  gen^raux.  Ainfi,  il  leuretoit  permisde  faire  POffice 
dans  leurs  ^glifes ;  mais  a  portes  fermees ,  fans  chanter  ,  ni 
C.  refponf  fonnerles  cloches.  On  ajouta ,  de  precher  quelquefois  ,pour 

^Qi^  exciter  le  peuple  a  penitence ;  donner  laConfirmation  ,  8c 

rEuchariAie  en  viatique;  dire  une  Meffe  baffe  tous  les  Di- 
manches,  mais  a  portes  fermees,&  les  excommunies  ex- 
clus.  Enfuite,  on  permit  radminidration  de  la  P^niience, 

^,&ihiei7jr,  '**  ^^^ff^  ^**flf<5  ^ous  les  jours  ,  rOffice  folennel  quatre  ou 
•  cinq  foisTannee,  aux  plusgrandes  Fetes. 

La  peine  de  ceux  qui  violent  rinrerdit,  eft  de  tomber 
dans  Texcommunication.  L^interdit  doit  etre  prononce  avec 
les  m^mes  formes  que  rexcommunication  ;  par  ecrir , 
nomm^ment,  avec  expreflion  de  la  caufe  ,  &  apres  trois 
monitions.  II  ne  faut  pas  tant  de  ceremonie  pour  la  cefTa- 
•  tion  d'Offices ,  cejfatlo a  divinis :  elle  peut  m^me  arriver  fans 
Ordonnance  du  Juge  ,  par  un  fimple  accidvinr  ,  comme 
qiiand  une  eglife  eft  polluee.  II  y  a  des  conftitutions  qui  or- 
donnentrinterdit  de  pleindroit  en  certainscas  ,  auin-bien 


X  II  fant  voir  a  ce  fujet  les  d<5cret$  irinnocent  III  &  de  Gr^- 
goire  IX.  Le  moyen  que  Von  a  irouv^  en  France  poir  empecher 
Tabus  lic  ces  lortes  dMntefiiits.  eit  qu'i's  ne  peuvent  etie  exe- 
ci:t^s  fans  rautorit^  du  Roi.  Voye^  Je  Plaido^cr dc  M.  lalon  ,  Uu 
4  .fuiu  1074« 


AU  DROIT  lCCLfiSTASTIQUE.       jyr 

quc  rexcommunication :  il  y  en  a  qui  ordonnent  la  fufpenre  part  t  IH* 
pour  les  Clercs.  Ainfi  cette  divifion  eft  communei  tou-  Chap.  XXI^ 
tes  les  trois  cenfures:  toutes  peuvent  ^tre  tmpofees  par  le 
droit ,  ou  par  rhomme :  par  ia  Loi  g^nerale ,  ou  par  un  ju« 
gement  particulier. 

CHAPITRE     XXI L 

Des  Abfolutions  y. 

IL  reAe  i  voir  comment  on  peut  ^tre  d^Iivri  des  cen(ii« 
res.  Celies  qui  ont  ^ih  prononc^es  par  le  Juge ,  ne  peu- 
vent  etre  levees  que  par  la  meme  autorite ;  c*efti-dire  par 
le  Juge  meme ,  par  fon  ruccefieur ,  fon  delegu^,  ou  fonSu- 
perieur  en  juridi6lion.  Qiiant  a  celles  qui  font  prononcees 
par  la  Loi ,  ellcs  peuvent  etre  levees  par  le  Juge  ordinaire , 
&  meme  par-tout  Pretre  ayant  pouvoir  de  donner  Tabfo- 
lution  facramentelle :  d'ou  vient  que  d'ordinaire  nous  com* 
nen^ons  par  une  abfolution  generale  de  toutes  cenfures. 
Mais  un  fimple  Pretre  ne  peut  abfoudre  de  celles  qui  fonc 
expreiTement  refervees  a  TEveque  ou  au  Pape.  L*excommU' 
nication  mineure  peut  aufli  etre  lev^e  par  tout  Pretre  ap« 
prouve :  &  tout  Prerre  approuve  ou  non ,  peut  abfoudre  de 
toutes  cenfures  comme  de  tous  peches  ,  ceux  qui  font  a 
Tarticle  de  la  mort.  L^abfolution  doit  etre  entiirement  li-  S^^^'  ^'^* 
bre  {.  11  eft  defenduaux  Juges  feculiers  d'ufer  de  peities  tcm-  ^^'  *^*  *'  '* 


y  Les  •bfotutions  font  de  plurieurs  rortes.  i^.  \J*ahfolutwn  pare 
&  fimpU  f  ({ui  r^tablit  d>lle-m^me  entierement  dans  fes  fonc* 
tioni  celui  qui  en  ^toit  priv^  t^.  Udb/olution  ad  iffcclum  .  qui 
iie  fert  que  pour  une  certjine  choie,  commr  pour  jouir  d'un  bim 
n^fice  ,  &c*  i^.  Uabfolution  cum  rein.identid  ,  lorlque  qurlqu*ufi 
cfl  abfous  fous  une  condition  ,  laquelle  manqujnt  ,  celci  q  :i  avoic 
obtenu  rabfolniion  retombe  dans  1  •  m^me  ^tat  de  cenfure  oU  il 
^toit.  4*.  Uabfolution  ad  eautcfam  ,  ftu  ad  m.tjnrcm  cnutcLim  ^ 
c*eft-a.dire  que  l*on  prend  pour  plut  grande  prdcjution  ,  &  fant 
reconnoitre  U  validite  de  U  cenfurc ,  &  leulement  cn  atctnJaaC 
le   jtigemcnt  dclinitif. 

f  Lei  Prelats  fiiei^t  «"n  126)  ,  unc  remontrance  i  S.  Louis , 
fuivant  ce  que  rappirte  Joinvillc  qui  y  ^toit  prefent  Ils  vou- 
lorent  engigcr  lc  Koi  a  commMider  aux  OHicicn  de  j  itl  c'  de 
contrainiire  ,  par  r^ifie  dc  leurs  bicns  ,  cetix  qui  aiiroieii:  ^r^  ex« 
commun'c$  pur  an  &  jour,  .1  fe  faire  ablouJre  ,  Ijns  que  !es  Ju- 
gts  pullcnc  prendre  cuuauiiKtace  de  U  caufe  d'excommuuicatioij. 


jj8  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

Part»  in.  porclles.  pour  obliger  les  EccleTiaftiqiics  a  lever  des  cen^ 
JOAK.XX11.  Aires :  celui  qui  fe  feroit  faic  abfoijdre  par  force  ,  encottr- 
roit  une  nouvclle  eTcomDiunication  ;  le  cas  efl  arrive  p1u< 
Jleurs  fois ,  d^puis  les  rigueurs  ia  dernic»  lii!;ctcs.  Comme 
les  cenfures  ne  Joivenr  Stre  impolees  que  pour  la  correc- 
tion ,  on  iie  peiit  en  refufer  rnbfoluiion  a  ceiui  qui  I3  de- 
niande  ,  poiirvu  qu'il  fe  foumette,  &  qu'il  faiisfitlTe  ent'e- 
ren^ent  a  TEglile  ,  &  au  particulicr  qu'il  a  ofTonle.  Mai* 
on  s'e(1  contenie ,  dans  les  derniers  temps ,  qu'il  le  promit 
avec  ferment ,  011  en  donnat  d'autres  furetes.  II  n'en  eJl  pai 
de  menie  de  la  difpenfe  d'irregubrite  ;  ou  de  la  reliabllin* 
tion  d'iin  Clerc  depofe.  Ce  foni  des  graces,  que  Ton  na 
aucun  (Iroit  de  demander ,  &  dont  les  excmples  ont  ete  n- 
res  clans  rantiquitd. 

Mais  a  pr^fent ,  on  met  prefque  cn  meme  rang  les  irre> 
gularites  a  ,  la  fufpenfe,  &  les  autres  cenfurcs  :  &  comnie 
lescas  refervcsau  Pape  fe  font  exiremement  miiliipli65,il 
a  fallu  en  faciliter  rabfoluiion.  On  diHingue  donc  les  cen- 
fures  &  les  irregubrites  qiii  viennent  d'un  pecbi^  occultei 
d'avec  celles  qui  fo:ii  publiqties ;  &  on  compte  pour  pubEi- 
taae.  TriJ.  ques,  celles  qui  ont  eie  porcees  au  for  contentieux.  Le 
/ijf.  14- '.  ti-  Concile  de  Trente  a  donne  pouvoir  aux  Eveques  d'ab!bu- 
""*  dre  detouslescasoccultes.quoiquerefervesau  faint  Si^e. 

Quani  auT  ccnfures  publiques  ,  i1  faut  recourir  3  Rome ,  6t 
obtenir  unecommilTion  pour  fe  faire  abfouJrc  par  VEvl' 
qne,  ou  par  fon  Grand-Vicaire.  Ces  commilTtons  s'eiqw> 
dient  k  la  daterie ,  par  fimple  fignature ,  &  les  Banquiett 
les  font  venir  comme  les  autres  eipeditions.  O11  obrient 
parla  mcmcvoie,  la  difpenfe  des  irr^gularites  publitniei: 
car  pour  les  occultes ,  TEveque  en  peut  difpenfer  daiu  k 
for  de  la  confcience ,  excepc^  celle  qui  vient  de  rhomicide 
volontaire.  Mais  quelque  grlce  qu'ait  obtenu  en  Cour  de 
Rome  un  Clerc  criminel,  elle  oe  lereleve  que  des  futtesdil 
delii  commun  :  pour  le  cas  privilegii  il  e&  traite  comme 
les  autres  cr imincls ,  &  il  ne  peut  en  avoir  la  rimiflion . 


S.  LouJi  iui>aii<lil  qu'il  iloniierDic  voloncicr^ 
dc  ceux  que  Jm  luget  trouveroienc  avoir  tVii 
leui  procliain  n-.^ii  iion  autremiine. 

n  L'iii«fluUiiiii  ii'«ft  pai  une  einri:™  ;  i  ■■ 
Wpaeiti  do  fiiice  fei  fonQioni ,  uij  cjiitbe  u 
cuitcmna  a  ^ufft^c  lol  ciuiuniiiuei 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTIQUE.       55$ 

que  par  des  Lettres  du  Prince ,  fuivant  notre  ufage  en  France.  p^^         - 
Comme,  felon  la  rigueurdes  canons^  un  excommuni^  Chaf.XXiC 
eft  infime  &  incapable  d'efter  en  jugement ,  on  ^toit  em- 
hmiSi  pour  la  procedure  qu*il  devoit  faire,  en  pourfui* 
vant  fon  abfolution.  C*eft  ce  qui  a  introduit  les  abfolutions 
a  cautele ,  ad  cauulam  b.  Celui  qui  fe  pretend  excommunii    C,  ad  pra* 
injufiement ,  pourfuivant  fon  appel ,  ou  autre  procedure  ,'^"* .  '^*  ^^" 
pour  en  dtre  rekyi ,  commence  par  demander  cette  abfo- 
lution  a  cauuU ,  qui  eft  ainfi  qualifiee ,  parce  que  ne  demeu-   c.  vtntraht 
rant  pas  d*accord  de  la  validiti  de  fon  excommunication  ,  $*•  dc  finu 
W  pretend  n'avoir  befoin  d*abfoIution ,  que  par  precaution ,  ^^^"^ 
&  pour  ne  pas  donner  lieu  i  Texception  d'excommunica- 
tion.Par  ce  meme  motif  de  precaution ,  fe  font  introduites 
les  abfolutions  generales ,  qui  ont  pafle  en  ftyle  ;  comme 
celle  qui  eft  toujours  la  premi^re  claufe  des  fignatures  & 
des  Bulles  de  Cour  de  Rome,  &  qui  n^eft  qu*a  reffet  d'ob- 
tenir  la  grace  demandee ,  de  peur  que  Ton  ne  Taccufe  de 
fiuilit^.  Car  fi  rimpetrant  etoit  efFedivement  excommunie , 
il  feroit  oblige  d'obtenir   une  abfolution  exprefle.  Au 
reAe ,  Fabfolution  n'eft  jamais  prefumec ;  quelque  long- 
temps  que  rexcommunication  ait  dure  :  parce  que  c'eft 
une  peine  perpetuelle  de  fa  nature ,  quoique  non  ,  dans 
le  defir  de  TEglife.  Celui  qui  croupit  un  an  entier  dans 
Texcommunication ,  fans  fe  mettre  en  devoir  de  fe  faire 
abfoudre ,  peut ,  fuivant  le  droit  nouveau  ,  Stre  pourfuivi 
comme  fufpeS  d'herefie :  mais  cette  rigueur  ne  s'obferve    ^one  Trld^ 
|qu'en  pays  d'inquifuion.  -^^*  *$•  '•  l< 


h  La  plupart  des  Canoniftes  tiennent  que  ces  abfolutioos  ad 
€aut€lam  n*ont  ^te  incroduites  que  par  Inuocent  UI ;  ce  qui  pa« 
rolt  en  eflet  ,  par  le  chapitre  per  tuas ,  tir^  d*une  decr^tale  de 
ce  Pape.  Ces  abfolutions  d  cautele  n'ont  d'autre  ef!'et ,  finon  d*ha« 
biliter  ies  Eccl^fiaftiques  qui  les  obtiennent  pour  efter  i  droit. 
Ceft  la  difpoatioa  d*ime  D^claration  d«  1666,  &.  dt  r£dit  dc 


*9k»^r* 


)«o  IRSTITUTION 

p*»TiKin-S>-  i^ ■  ■  "ffil 

^**"'  CHAPITRE     XXIIL 

IL  amTe  fnn-ent  qae  roti  fc  pom-roit  cooire  les  ptgt- 
mcct  mdiK,  (oB  XB  d%^  ,  fcMi  su  aruiiiiel ;  &  3  t  a 
dcusTmnile  ie  pourv<nr ,  pzr  OjyoGtioti ,  oo  par  xi^>el- 
AA  ififi;.  lanoo.  La  Toie  A'ifftf:u»  ,  ipoiqDC  defcodoe  c  par  rOr- 
AfyoBaDtX  t  fc  praiiqiic  encorv  en  piolicm  6e;es.  Oe  a  Sen 
quaod  OQ  fe  f^siot  de  b  oalliie  dc  la  feottoce ,  ou  de  ^nd- 
qoe  de&ut  de  la  proccdure;  &  oa  le  ponrroit  par  oppo- 
£noa  de\-ant  Ic  axme  Jikc  d  :  m^  ^^PP^  ^<^  ctre  ein- 
p^cye ,  quaod  on  ie  phin  qnc  lc  Jugc  a  o»]  jaze  dant  le 
fooii  pretcadioc  (^'uo  anre,phB  ecbireoa  ph»  jufie, 
reodn  ud  mdlieur  ji^eiBCix ,  fitr  lcs  meiDes  in&uflioas. 

Dms  iei  premien  IJeclcs,  les  appcExtioiis,  comine  les 
anrres  proccdnies,  eTweai  rares  dans  1«  tnbunaux  ccde- 
Jiafliques  t.  L'auiorite  des  Eveques  eioii  tdic ,  &  fa  juflke 
de  Icurs  iugenens  ocdiaaireaieiit  &  ootixre ,  tjail  &IIoit  y 
acqu^eicer.  Nout  voyoos  loicefcis  doos  lc  Co«:ilc  de  Ni- 
CWc  Wte.  cee/,  i^ueC  imClerCiOuaieincuoLaiquepretcadoiiavoir 
***-l'-  cicd^poleoueicoauininieiajufletnein  ^jr  foo  Eveqoe,  il 
pouvoit  fe  pUindre  au  Coocilc  de  la  provicce :  mas  ootts 
ne  vovonf  poict  que  ron  y  ein  recoDrs  pour  de  mcHndties 
finefs ,  ai  ijull  y  eiii  dc  tiibuml  regie ,  au-defliis  du  Coo- 
ciie  de  la  province.  Que  li  un  Fvequc  fe  pi^ffXM  de  b . 


t  II  t^  TT^  qse  rOrdcEsuice  dc  1667  ee  £ut  poiai  acaiMa 
de  ro^poSson  ta%  fcciencei ,  Sc  ipit  ccTIc  Toie  ii'en  ipt  de 
ffiit,j  ijia:  cne  jr:^  ioib  pl=»  rfjslicrc  poar  ie  pUicJre  d'Biie 
reatencc,  qu  th  U  vole  >Se  rjcpeL  CepeniaDt,  ropTo&dan  aux 
ftstcsici  par  dcriut  crt  ie(\.c  ,  pow  dc  pu  depoaLlei  tr^  1<- 
gi:tintT.t  Ui    p.-ei=;eri   J^gei. 

li  Tc!!e  q;;c  foil  Ii  ca-fe  it  rocpcfiEiOil  ,  cfle  a'eft  TeCcT*- 
tle  ^e  iisi  iei  c»  03  !c  ij|e  a't  pi<  eocore  fij3e  cacln- 
diauicczcn;  I-.:  ce  q-i  !si:  rcbjti  4e  !)  deminJe ;  CiC  di»  qj'H 
y  I  ED  i:gC3iecl  co-indidiiiie  ijndique  03  nos  ,  il  oe  nit 
p!ct   ^Lc  U  voie  i-tpjtti. 

t  Ccli  etoii  d^zui^Ti:  pljs  niiETcl .  oM  lei  ETfcsci  ce  cM- 
ro:.r-i:([  .«'ibcrJ  dei  niiric-ei  to-.Teniie.rei  d'e=I.-e  lci  Clcrci 
tc  lei  liisuet ,   ':-e  pir  forice  d'iiliiliige  •  ce  ^  El  dcpuuaat- 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTlQUL      ^6i 

Sentence  d*un  concile ,  le  remede  etoit  d'en  aflembler  un  p^^.^.     ^^ 
p]us  nombreux ,  joignant  les  Eveques  de  deux  ou  de  plu-  cu.  xxiLL' 
fieurs  provinces.  Quelquefois  les  Eveques  vexes  avoient 
recours  au  Pape,  &  le  concile  de  Sardique  g  leur  en  don-  ^ 
ncic  la  liberte.  Mais,  quoi  qu'ii  cn  foit  de  TOrient ,  nous 
voyons  depuis  ce  temps  en  Occidenr ,  de  frequenres  ap- 
pellations  a  Rome ;  excepre  d*Afrique  ,  oii  il  eroit  nommi- 
ment  defendu  d*avoir  recours  aux  appellations  de  de-14  la 
mer ,  a  caufc  du  trouble  qu*elles  pouvoient  caufer  dans  la 
difcipline.  Nous  voyons  les  plaintes  qu*en  fait  S.  Cyprien     ^^^  ^^^ 
au  pape  S.  Corneille,  &  dutempsde  S.  Auguftin,  la  letrre   To.  i.  conri 
du  Concile  d*Afrique  au  pape  S.  Celeftin.  '«tJ'*"    /  r 

Depuisque  les  faufTes  Decrerales  eurenc  cours,  les  ap-  /«v.  xxiv/n! 
pellations  dcvinrent  toujours  plus  frcquentes.  Car  ces De-  6.  1 1   %%, 
cretales  etabliflent  les  divers  degres  de  jurididion  des  Ar-  ^^fljjo.c.  !• 
cheveques ,  des  Primats  ,  &  des  Patriarches ;  comme  s'ils  |  d,-^/,  ,^,^  ^ 
avoient  eu  lieu  desle  fecond  riecle:&  clles  permettenr  a  i.  2.  €x  A^ 
fout  le  monde  de  s*adrefler  au  Pape  dirc6tement.  Cela  fit  "*'''•  'r«»^- 
quedans  lafuite ,  la  Cour  de  Rome  pretendit  pouvoir  ju-  Xnic,  ep.  1! 
ger  toures  les  caufes ,  meme  en  premiire  inftance ,  &  pr^-  2.4/6.  c,  %. 
venirIesOrdinairesdansIa)uridi£lioncontenrieufe,comme  ^'  ^"''''  '^* 
dans la collation des binifices. On  y  recevoit fans moycn  h^e' ^^^  yjjfl 
les  appellations  de  TEveque  ou  d*un  Juge  inferieur.  On  y  celL  c^,  i. 
recevoit  Tappel  des  moindres  interlocutoires  ;  puis  on  cvo- 
quoit  le  principal :  fouvenr  m^me  on  y  evoquoit  les  caulcs 
en  premiire  inibnce.  S.  Bernard  ,  ecrivant  au  P<ipe  Eu-  jy^  e^nfider^ 
gene,  fe  plaint  fortementde  cesabus,  &  marque  Texcm-  /i6.  j.f.  i« 
pleodieux  d*un  mariage,  qui  fur  le  point  d*erre  celcbre, 
fut  empeche  par  une  appellation  frivole.  II  rcprefenre  le 
confiftoire  comme  une  Cour  fouveraine ,  chargee  de  Pex- 
pedirion  d'une  infinire  de  proces,  Ik  la  Cour  de  Kome  rem* 
plie  de  follicireurs  &  de  plaideurs  ;  car  ils  eroienr  obliges  ii 
s*y  rendre  de  toure  la  Chreriente.  Les  Mctropolirains  (k  les 
Primats  fuivirent  cet  exemple.  On  ne  vit  plus  qu*appella- 


g  Cc  concile  qui  eft  oecamjnique ,  fut,  comme  Ton  fait ,  cenn 
cn  ^47.  Lcs  Evequet  d*Afrique  i*y  plaignenc  dc  ce  que  les  Oc- 
ciiieiitJux  vouloient  introdwire  une  nouvellc  foime,  peftfr^nt, 
ell-i!  (lit,  aux  conciles  Orientau^,  le  iugrment  de  quelquc»  Lvc- 
f ues    d'Occident ,  &  l'e  failjnt  Jugei  dei  Juget  niAmes. 

b  C'e(l-i-dire  immcdiatemcnt  >  6r  •m((fo  mtdw, 

Tomc  IL  N  n 


j6i  I  N  S  T  I  T  U  T  lO  N 

Partib  111.  ^^^*^  frivoles  &  fruftratoiresi.On  appeloit>non-feuleiiieor 
Cic.  XAill.  des  jiigemens ,  mais  des  reglemens  de  procedure ,  mais  des 
a3es  extrajudiciaires,  des  Ordonnances  provifionnelles,  des 
corre6lions  d*un  Eveque ,  ou  d*un  Superieur  regulier.  Oa 
formoic  des  appellations  vagues  &  fans  fondement.Oa  ap- 
peloit,  non-feulementdes  griefs  foufferts»  maisdesgrie& 
fururs;  on  faiioit  durer  plufieurs  ann^es  la  pourfuite  d*ua 
appel :  c*etoit  une  fource  de  chicanes  infinies.  On  le  peut 
voir  par  tout  le  titre  des  Decretales. 

Les  deux  Conciles  de  Latran  tenus  fous  Alexandre  nr,* 
^.  ut  dehitus  &  fous  Innocent  III ,  rem^diirent  en  partie  a  ces  abus.  Us 
S9*  (^e  appei.  d^fendirent  d'appeler  en  plufieurs  cas  particuliers,  &  ^io&^ 
Mbyiti^iodi  ralement  des  interlocutoires  riparables  en  d^fioirive  ;  & 
des  corre£lions  ,  r^glemens  ou  ordonnances  en  mari&re  de 
difcipline  ;  comme  de  celles  que  fait  un  Lvique  dans  le 
^ejf,  }i.     cours  de  fa  vifite ,  ou  un  Supirieur  rigulier.  Le  Concile  de 
Bade  paffa  plus  avant.  11  defendit  les  ivocations  k  la  Cour  de 
Rome,&  ordonna  que  dans  les  lieux  qui  en  feroieotdot- 
gnes  de  plus  de  quatr.e  journ^es  ,  toutes  les  caufes  fuflenc 
traitees  &  terminees  par  les  Juges  des  lieux «  except^  les 
caufes  majeures  ,  riferv^es  au  faint  fiege.  11  ordonna  de 
plus  y  que  toutes  les  appellations  feroient  relev^  au  fupe* 
ricur  immediat  ,  fans  jamais  recourir  plus  haut ,  fut-ce  au 
Pape  ,  omijfo  medio ;  &  que  les  appellations  au  Pape  feroient 
conimifes  par  un  refcrit  fur  les  lieux ,  in  partihtu ,  jufqu*i  fin 
de  caufe  inclufivement :  le  tout  fous  peine  de  nullite  &  des 
Prag,  tit.  $.  depens.  Ce  dicret  fut  inf^re  dans  la  Pragmatique ,  &  en* 
de  auf\         fuite  dans  le  Concordat ,  qui  ajoute  que  la  caufe  d*appel  au 

^T\l\  20.  *  ^^^"^  ^^^i^  ^^^^  ^^^  commi(e  fur  les  lieux  jufqu*i^  la  troi« 

30.  fi^me  fentence  conforme ;  que  ces  caufes  commifes  fur  les 

lieux  y  doivent  ^tre  termin^es  dans  ies  deux  ans ;  &  qu'il 

n*e{l  point  permis  d*appeler  de  la  feconde  fentence  interlo* 

cutoire  conforme  ,  ou  de  la  troifieme  fentence  difiotrive 

Sejf.i^.c,  I.  conforme.  Ce  droit  a  iii  coofirme  par  le  Condie  de 

'^•^•^^•^•^^•Trenteit. 


i  Appel  frivole  &  fruftratoire ,  eft  celui  qui  n*a  poor  «bjetjfie 

d^duUerrex^cution  d*uii  iugement ,  ou  de  ft  difpefiilBr  de  ccifBpav 

rpitre  eo  la  jurididion  oiH  l'on  eft  alltgn^- 

'h  Cetie  regle  eft  obferv^e  en  France  ;  ce  qui  n*emp^he  pat  que 

Tsppel  comxne  d'abus  de  la  croili^aie  iiaceace  coaforme »  Jie  £wt 


AU   DROrr   ECCLfeSlASTIQUE.       j6j 

Quantala  proccdurc  cn  caufc  d'appcl ,  cllc  cftfembla-  p^         ^  r 
ble  en  France  4  celle  dcs  Juges  ftculiers ,  auffi-bien  qu*en  ch.  XxUl. 
premiere  inftance  ,  &  fe  rcgle  par  les  Ordonnanccs.  On  q,.^^  ^^^^^ 
n^ufe  plus ,  memc  en  Cour  d*Eglife ,  d*Apdcres  /  ou  dc  Lcc- 
tres  dc  rcnvoi,  que  rappelanc  devoic  obtenir  du  Juge  a  quo : 
mais  rappel  s*incerjetce  par  un  A£ie  ,  &  fe  relevc  par  rc- 
quete  ou  par  commiflion  du  Mecropolicain ,  qui  cienc  lieu 
de  lecrre  de  relief /n.  Si  en  premicre  inftance  la  caufc  a  kth 
jui^ce  a  raudiencCyC*eft  apptllatlon  verbale  n  :  fi  Tinftancca 
cte  jugec  par  rapport ,  c*eA  unc  appellaiion  en  proces  par 
tcriu  Kn  cc  dernier  cas ,  Vappclant  doic  faire  apporcer  le 
proces ,  c*efta-dire  les  a6^es  ,  au  grefTe  du  Juge  d*appel ; 
&  Vintlme^  c'eft-a  dire  celui  qui  ell  ofligni  furTappcI,  doit 
fournir  la  fencence  rendue  a  fon  profic.  Cela  faic ,  on  prcnd 
rappoincemenc  dc  condufiono,  en  execucion  duquel  Tap- 
pelanc  fournic  fes  griefs ,  &  rincime  fes  reponfes.  Le  Jugc 
ayanc  examine  couc  le  proccs ,  c*eft-a-dire  ce  qui  a  ece  ccrit 
&  pioduit ,  canc  cn  caufe  principale,  qu*en  caufe  d*appel , 
donnc  fa  fencencc,  par  laquelle  il  infirme  la  fcncence  du 
Juge  inferieur  ,  ou  la  confirme.  On  pcuc  appclcr  de  cetce 
fecondc  fencencc ,  &  meme  d*une  croifiemc ,  ou  d*unc  qua- 
tricme  «  s*il  y  a  aucanc  de  degres  de  juridiflions ;  enfin ,  a 
rinfini ,  jufqu*4  ce  qu*il  y  aic  crois  (entences  conformes  de 
diiferens  cribunaux.  Ce  qae  les  Canoniftes  onc  emprunce  /^,  t.eod.  m 
de  la  Loi  de  Juftinien »  qui  defend  d*appelcr  crois  fois.  Si  \ertia  mp^tl* 
Tappclanc  ne  relevc  poinc  fon  appel ,  &  nc  fait  poinc  inti- 
mer  fa  parcic  adverfc ,  il  peuc  ecre  afligne  en  defercion 
d*appel ,  apres  le  cerme  qu*il  a  pour  le  relevcr ;  mais  avant 
cc  terme  cxpire » rappel  peut  etre  ancicipe ,  pour  accelercr. 


toujoun  rcccvable ,  lorrque  rappel  eft  fonJ^  fur  rificomp^tenot 
dcs  jiigct.  Voytj  lci  Mimoirts  du  CUrgi  ,com.  VII »  psig.  1461,  &c« 

/  Ccs  forcci  de  lctcrti  {coient  appcl^t  ApStret^  du  mot  Iitin 
Apojiolus ,  qui  fi|nific  nn  Envoyi  ^  ki  Initrci  dlmiilbirei  tftanc  fiiicca 
pojr  itre  cnvoy&i  au  iugc  d*appcL 

m  LVfigc  du  rclicf  d'app«I ,  vltiit  dt  ct  faPkiicitnMffltnt  il 
fcUoic  appeler  i7/fc^  ,  fnr  it  champ  |  atfil  du»  lci  aacitai  prati* 
cieni ,  le  rclief  eft-U  appeli  rclitf  d'il/M. 

n  Diini  cci  fortci  d*appclladoiif  f  c^tll  i  rappclant  i  rapporiec 
la  fencencc  donc  il  fc  plaint. 

o  II  cfi  ainfi  nomme,  parce  qu*autrcfoit  U  ft  prcnoiti  raudicn* 
cc,  8c  aprci  que  lci  pjrties  avoienc codclu  1  l'anli  portoii,pe)Vf«ni« 
ttnc/u/km  jiiir  ia  caufl, 

N04 


/j <♦,'«#««,,,  ir^.  ,    f    f    < 


564  INSTITUTIOM 

II  eft  perinis  i  Tappelant  de  renoncer  k  fon  appel ,  foit  ex^ 

Ch.  XXIlt.  P>'€^<^iii^'^^  9  f<^^^  tacitement,  en  exicutant  la  fentence.  Mais 
fi  Tappel  eft  relev6 ,  il  ne  peut  plus  s*en  defifter  que  par 
acquiefcement ,  fur  lequel  le  Juge  prononce  ;  &  qui  eoi* 
porte  amende. 

BH?v*'  jSs^sSH^  — =i^^^ 

CHAPITRE    XXIV. 


I 


Dc  rAppel  comme  d^Ahus. 

L  y  a  deux  fortes  d'appelIations :  appelfmpU ,  appelqm^ 
lifie ;  favoir  ,  appel  comme  de  Juge  incompetent ,  appel 
comme  de  d6ni  de  renvoi ,  appel  comme  de  d^ni  de  juftice» 
appel  comme  d*abus.  II  n*y  a  en  France  que  Tappel  fmi* 
php  qui  foit  entierement  de  la  jurididion  Ecclefiaftique  ; 
&  on  pretend  qu*elle  ne  peut  prononcer  que  par  bien  ou 
mal  jug^  q.  Les  appellations  qualifiees  fe  relevent  contrei 
ceux  qui  jugent  r,&  au  nom  duBoi/,  comme  protefieur 
des  Canons  &  de  la  juftice.  L*appel  comme  d'abus  eft  une 
plainte  contre  le  Juge  ecclefiaftique ,  lorfqu*on  pretend  quHl 
a  excede  fon  pouvoir»  ou  entrepris,  en  quelque  mani^r6 
Mana  de  qne  ce  foit ,  contre  la  juridiftion  feculiere ,  ou  en  general  i 
Concord.  IK.  contrc  les  Libert^s  de  TEglife  Gallicane.  L*appd  comoio 

p  L'appel  (le  d^ni  de  rertvoi ,  011  de  juflice  ,  ou  comme  de  Jug9 
Incomperent ,  qoand  ii  eft  iiiteriet^  d*un  Juge  £ccl(5ria(ltqae ,  ni 
peut  ^trcport^  &  relev^  pardevanc  le  Jugs  iup^rieur  Eccl^naliique, 
mais  feulement  au  Parlement ,  par  la  voie  de  Tappel  comme  d*'^- 
bus  ;ainfi  quMl  fuc  jug^  en  la  TourneUe  criminelle,  par  arrSc  du  2T 
Ao(Vc  1701 ,  conform^mentaox  conclufions  de  M.  rAvocac-G^ti^rn 
Joly  de  Fleury  Cec  ArreC  eft  rapporc^  au  Joumal  dei  Audiences,  ♦ 

q  Le  Juged^Eglife  ne  peuCpas   prononcer  l'appeiIaeion  au  n^aot. 

r  LorfquMI  y  a  appei  comme  d^^bus  des  ades  ^an^s  de  la  iuif« 
diSion  ,  foic  volpntaire ,  foit  contencie»jfe  ,  de  TEv^que,  c*eft  rjE» 
v6qne  m^me  ,  &  non  fbn  Ofticial  ,  que  l'on  intime  fur  TappeU 
Lorfque  l*appel  comme  d*abus  eft  intetjeCe  de  la  celebratioa  d*un 
mariage ,  on  n'intime  fur  cec  appclqne  !es  parties  intcreftSes. 

/  M.  le  Procurcnr  G^h^ral  peuc  ince^Jecer  appe!  comme  d'abot  , 
toutes  les  fois  qu*il  croic  que  fon  miniftere  y  eft  inc^refti^.  II  cft 
mdme  feul  en  droit  d*appeler  comme  d*abus  es  mati^res  qui  n'int^- 
reftenc  que  Tordre  public.  Mais  quand  les  parciculiers  ont  qoelqiib 
iatir6t  perfomiel|  ils  peuveuc  aufli  appeier  cofflme  d^abuc^  * 


AU  DROIT  ECCLfiSIASTTQUE.      jSj 


i^abus  doit  ^crc  reciproque ,  &  on  peut  fc  pourvoir  par  partic  III. 
cctte  voie  contrc  les  cntreprires  du  Jugc  fcculier  ,  quoi-  cn   XXIV. 
qu*il  foit  plus  rarc  dans  rufage.  Fcvret  /.  i* 

Cetrc  procedurc  cft  particuliere  a  la  France.  On  en  voit  '^-  '•  *;  '• 
des  traces  dcs  lc  commcncement  du  quaiorzicme  liecic  ,  ^,,,^  lif.  70. 
^ns  lcs  plaintes  de  Purand  cv^que  de  Mende  ,  contre  les  /^.117. 
Jugcs  recuiiers  / ;  &  on  en  voit  cncore  des  preuves  plus  ^J,'^^''  '**' 
exprelTcs  ;iu  milieu  du  fieclc  fuivant  u :  alors  Tappel  comoic  1«,  '   '   *   ' 
d'uLus  devint  plus  ordinaiie  x,  pour  reprimer  les  contra- 
ventions  ^  h  Pragmatique,  &  enfuire  au  Concordar. 

Dans  les  commencefr.ens,rappeIeroittoujour5  quilifie 
comme  d*abus  notoire :  &  on  convient  quM  lc  doit  etrc ; 
<]ue  cette  appellation  cA  un  ren:cde  cxtraordinairc ,  qui  nc 
doit  etre  cmploye  qu*en  de  grandcs  occafions  ,  oii  le 
public  cft  interefle  :  c  cft  pourquoi  lc  Procurcur-Ginc- 
ral  y  e(t  toujours  partie  principalc.  Mais  dans  la  pra- 
iiqi!e,  ccs  rtg'cs  ne  font  pas  cxademcnt  obfcrvces,  on 
appelle  comme  d'ibus  frequemTcnt  &  cnmatiOrcs  Uy^tcs, 
nonobftant  les  plaintes  du  Clerge  &  les  Ordonnanccs  des 
Rois. 

On  obfervc  mteux  les  regles  fuivantcs  :  rappel  comme 
d*abus  nc  fe  relcve  qu'en  Cour  Souverainc ,  &  d*ordinaire 
au  Parlement  y  ;  d*oii  vient  que  fi  un  dioccfe  s'crend  cn 
deux  Parlemens ,  on  oblige  PEvcquc  d*avoir  un  OfHcial  en 
chacun  ,  afin  quc  s*il  y  a  des  appclUiions  comme  d*abus , 


r  Lc  Duraiiil  dont  i!  %*a|>it  ici  ,  ^tolt  neveu  de  celui  qu*on  a  fur- 
n^mmc  Sye-.uliitor.  II  rucceda  \  foii  onc!e  ,  cii  1196  ,  tlans  rEvftche 
de  .Mende  ,  qu'il  g  ^uveinajufq.ren  itzK. 

u  Pierre  i!c  Cugnieres  ,  Avocac  ilu  Rui  au  Parlcmenc  de  Parii, 
datM  cette  cieiebre  contcrence  qui  fe  tinc  cn  iJtOf  eii  pi^feace  «lu 
Roi  Philippes  de  Veloii  ,  qualifia  dc  gripf»  3(  d*«bui  let  entreprUci 
que  fjifoicnc  }ourueUeinenc  les  Juges  dTgUfe  fur  la  jurididioB 
joyJiC. 

X  Le  plus  ancicii  exemple  que  Ton  trouTt  d^mi  ippcl  comnM 
d^abui  iiiterietc  en  forine ,  eft  dans  un  Arr£t  du  7  luin  1494.  An- 
pjiavant  r.n  pe  connoillbit  gucres  d'aucre  r«mddequc  rappcl  aa  fii« 
rur  Concile.  L\ifjp,r  de  Tappet  cmmc  d*abus  ne  dcrinC  m^jac  frd" 
quent  quc  depuis  Fran^ois  L  Voy€j  Femt  9  fr.  dttabiUf  ii¥.if 
ch.   2:. 

V  l.c«  Parlemens  font  iuges  des  appels  commed*abuiv  &  fingu- 
liercment  1j  GrancrChair.bre.  Cepcndant  fi  dans  un  proces  penJatiC 
en  U  Tourncllc  criminelle  ,  on  interjstoit  incidemmcQC  un  appel 
eomme  d*abu$  ,  il  fe  jugeroic  cn  U  Tournellc.  Fe\Tec  ,  ibiJ,  n.  i»« 

Na  iij 


f^tU*tiMf*fi      11-1« 


j««  INSTITUTION 

Paktib  111  ^'^T*^  Paricment  cn  connoifle  dans  fon  refrort.  L*appef 
Ch.  xxiV. '  connM  d*atHis  peiit  etre  auffi  releve  au  Confeil  du  Roi  & 
au  grand  Confeil ,  par  ceux  qui  y  ont  leurs  caufes  commi« 
fes.  U  a  Iteu  par-tout  le  royaume  ,  meme  en  pays  d*obe- 
dience.  L*abiu  ne  fe  couvre  par  aucun  laps  de  temps  ^ , 
lorfqull  eft  fondi  fur  rincompetence  du  Juge  d*LgUfe  a, 
On  peut  appeler  comme  d*abus ,  apres  trois  fentences  con* 
-  formes ,  parce  que  cet  appei  tire  la  caufe  de  l'ordre  de  la 
juridi&on  ecdefiaftique.  On  pretend  toutefois  qu'il  ne  l*en 
tirepas  cout-a-(att;  car  bien  que  le  Parlement  entter  foit 
un  corps  laique ,  une  grande  partie  des  Officiers  font  ne- 
ceffairement  Clercs ,  &  par  conf^quent  on  les  ripute  in(^ 
truits  des  Canons ,  &  zel^  pour  la  difcipline  de  l^EgUfe. 
La  formule  ordinaire  de  cet  appel »  eft  d*appeler  de  TOr- 
donnance  du  Juge ,  &  de  tout  ce  qui  s*en  eft  enfuivi ;  mais 
quand  il  s*agit  d*une  BuUe ,  ou  d*un  Refcrit  du  Pape  ,  on 
lui  rend  ce  refpeA ,  de  ne  pas  appeler  de  la  conceffion  du 
refcrit » mais  de  rexecucion ,  pour  ne  s*en  prendre  qu*a  ta 
partie ,  &  ne  fe  plaindre  que  de  la  procedure  (aite  ea 
France  3. 

Quoique  cette  appellation  nous  foit  particuli&re » les  au- 
trespays  ont  quelquefois  employe  des  moyens  ^quivalens^ 
pour  fe  defendre  des  entreprifes  de  la  Cour  de  Rome.  Ve- 
liife  y  a  refifte  fortement ;  fouvent  en  Efpagne  on  a  retenu 
des  Bulles ,  fans  en  permetcre  rex^tion :  rAIIemagne  ne 
fouffre  pas  que  Ton  conrrevienne  au  Concordat  Germani- 
que  c.  Chaque  pays  a  fes  anciens  ufages ,  fes  franchifes  & 
fes  privileges. 


f  C*e(l  pourquoi  ron  ne  peut  en  cecte  macidre »  oppofer  la  di^ 
fertion  d*appel  ,  ni  la  p^remption. 

a  De  que  que  caufe  que  proc^de  Tabus  ,  11  ne  fe  couvre  janiaii 
par  aucunefin  de  non  recevoir.  Fevret,  lib,  t ,  cA,  x  ,  n.  lo. 

^  II  ya  encore  ceci  de  particuiier  dans  les  appcls  comme  d*abus  ^ 
que  le  Parlement  n'y  prononce  pas  comme  dans  Uf  autres  maticres 
en  cette  forme ,  Viipptllation  6f  ce  au  niant ,  ou  CappiUatinn  am 
uiant,  L^^dit  de  Henri  IV ,  de  l*an  1606  ,  v^rifi^  au  Parlement  1« 
dernier  F^vrier  1608  ,  ordonne  aux  Cours  de  prononc^er /^tfr  hhn  om 
mal  6r  abufivement ;  de  forte  que  le  Parlemenc  dic  qu'i/ v  a  sbut ,  on 
qu'/7  n*y  a  ahus ,  ou  bien  qu'i7  a  H4  mo/»  nuUtmiat  ^«^^MMWHf 
frQc4di  4  tel  ou  tel  aBe. 

c  Ce  Concordat  eft  celui  qui  fliC  hit  «4  liitf  .•ntfV  !•  Wt«t  dn 
faint  Si^ge ,  2c  rEmpereur  Fr^deric  III  flclgdMicet  d^AUemsfpMiii 
pour  niibo  d«i  E|lUcs ,  moaftfttei  ft  ff(ifCm^~'nOH<:oi  «scUBJMNU 


AU    DROIT    ECCLtSIASTIQUL     ^67 


CHAPITRE    XXV. 

Des    Uhtrtis  i€   rEglifi  GalUcane. 


rMZPARTlEllI. 

Ch.  XXIV» 


DE  rous  les  pays  ChrMens ,  la  France  a  M  la  plus 
foigneufe  de  conferver  la  Hberie  de  fon  Eglife  ,  8c 
de  s*oppofer  aux  nouveaures  introduites  par  les  Canonif- 
tes  ultramontains,  parficuliirement  depuis  le  grand  fchifme 
d*Avignon  d.  La  tradition  conftjnte  des  bonnes  etudes  ea 
France  depuis  le  temps  de  Charlemagne  e  pendant  plus  de 
neuf  cents  ans  ,  Tantiquiti  de  la  Monarchie ,  la  pxixi  des 
Rois ,  cpii  tous  ont  ete  catholiques :  leur  puiflance ,  qui  va 
toujours  s*affermiflant  ,  nous  a  donni  plus  de  fbciliii  k 
maintenir  nos  libert^ ,  qu*aux  autres  nations  qui  n'ont  pas 
eu  les  memes  avantages. 

Toutes  les  Libenis  Gallicanes  roulent  fur  ces  deux  maxi- 
ines :  Que  la  puifliance  donnie  par  Jefus-Chrift  k  fon  Lglife , 


^ef.  II  fiit  confimi^  pir  le  Pspc  Nicolsi  V.  Par  cet  accord ,  le 
Pape  fe  r^fenre  toua  lei  b<n^6cct  mentionn^s  dani  lei  extiiivagan« 
Cei  exccrabdit  8c  ad  re%imen  \  U  confcrvc   feuUmcbC  ou  refticue  It 
libert^  des  «leftions  dans  ies  Eglifes  Cachedrales  &  ies  mon;iftirei , 
i  moini  que  pour  jufte  caufe ,  8c  de  i*avis  des  Cardinaux ,  il  ne 
fallAt  pourvoir  une  perfonnc  plui  otilc  fc  plus  capable.  11  Uiire  les 
confirmations  dans  i'ortlre   commun  ,  aux   fup^ricurs ,    &  diiclar* 
^u'il  ne  dirpofera  point  des  pr^Iaturei  dei  moniales  ,  li  ellcs  ne 
Ibnt  cxemptei.  II  aboliclei  cxpcAadves  pour  toui  let  autres  bin^fi- 
ces  inferieun ,  &  en  donne  aux  ordinaires  la  libre  dirpjfition  pen- 
dant  fix  mois,   pareille  k  raltcrnacive  des  Evdqucs  de   Brec«Kne.  Sl 
]c  Pape  ,  dans  lei  moii  k  lui  r^fcrv^s ,  n^glige  de  pourvoir  dans  les 
Crois  mois  dc  la  vacancc  comme  rordinaire  peut  y  pourvoir  ,  ies 
friiitv  dc  la  prcmiirc  ann^  dei  b^n^Hces  vacani  font  p»y^s  par 
fbrmc  d'annatei.  hi  Ici  taxei  font  exceflivet ,  ellet  doivenc  itre  mo« 
d^rtfei  par  dei  Commiflairci.  On  en  paye  moiti^  dans  l*an  du  jour 
de  la  pofTeflion  pailiblc ,   8c  Tautrc  ,  rann^e   fuivance.  11  n*efl  d^ 
qu*une  C3XC  dans  une  mtmc  inn6c,  cncorc  qu'il  y  cuc  plufieurs  va« 
cances.   La  taxc  dci  aucrci  bte^ci  inf^fricun  fc  payc  aufli  ilant 
Tan  dc  la  paifible  poileflion.  II  n'cfl  rien  dd  pour  iei  b^n^fices  , 
donc  le  revcnu  n*excide  pas  14  dacati  de  b  chambrc. 

d  Le  fifjour  det  Papci  k  Avignon  ,  depuii  1  {09  iurqu'en  i  {67  ^ 
&  encnrc  en  1179  ,  donna  lieu  a  bcauconp  d*cntreprifes  de  leur 
part.  Le  fbhirme  d'  ivignon  ou  grand  rchifmc  d'Occident ,  qui  com« 
men^a  apiii  la  mort  de  Gr^goirc  Xt  en  1178  ,  contnbja  cncore 
beaucoup  a  accrottre  ia  pulflance  dei  Papei. 

e  Ccc  Empereur  ^t^lit  one  ^colc  dani   fon  pslais.  D*ai1'euri  i| 
<6c8blic   lcs   ^olci  ttunt  cotitct   lci  Eglifei  catb^dralcs  fic  dan^  les 
rei.  Vu^ci  fou  Ca^UuUut  dtt   1*10  7V9,  lib.  t  ,  aiL  71. 

Nniv 


^^M^««V«^ir^' 


»    »-1    4 


k4Z  IirSTITUTIOlV 

^imiKCe  ,  &  nc  s*ctefid  direfiement ,  ni  in-»' 
im  «es  cbofes  temporelles  :  Que  la  plenitude 
c[u*a  k  Pape  ,  coaune  chef  de  rEgiiie ,  dotc 
cee  cocubrflBefsent  aux  Caoons  re^us  de  tcuce 
Cn^r.Cn^  Tt^ikt  y  &  que  loi-fleare  eft  fouaiis  au  jugemenc  du  Con- 
^4»  s-  cSeaaivervel,caislescasBiarques  porkConciiedeConi^ 
tacce.  Ces  nar  mcs  oot  ete  dedarees  iblenneUement  par 
k  Cjetf:e  ce  Fraace,adefDbIea  Parisen  i68i/,coinine 
cck2E  laackoDe  doArioe  de  FEgiiie Gallicane.  On  en  tire 
P'.ij£iin  cotfwiutiots  ,  qui  tont  autant  d^arncles  de  nos 

L&  Tci£ance  que  Je&B-QiHil  a  donnee  a  (bn  Eglife ,  ne 

Jfv0L  «RBL.  resnr  ie  <^.e  Les  caoies  ipiritueifces ,  Sc  ne  fe  rapporte  qu*au 

2^  ^^^  Cilue  etgiael :  cocc  elTe  oe  s*etend  point  fiir  les  chofes  tem- 

Bu  prr.Lles  ;  bzH  a- 1  il  dit:  Sha  rayjuxt  neft  pAS  dt  ce  utande» 

Xtu-L  Ec  allejTS  :  RaJi^  ^  Ct^s'  ce  f  KJ  jfpjruemi  i  CefMr^  &  a  Dieu 

ce  ps  jrpjrtifxf  i  Ihem^  Tcsue  perfijame  vevJMte  doii  domc  efe 

f^aiii.je  JSJi  fsz^jnces  Jjeverji::es  ^  cjr  il  tty  a  poimt  depuif' 

f.sh:e  r^  se  %:^-iTtf  ze  D:ex  ,  &  ce2es  qtu  font^  font  OTJonTiies 

Je  D.MJI  :  ^t£,  <au  'i.ice  i  izp^l^^rce  ,  r:^ie  i  tordn  de  Dieu, 

Ce  iboc  !es  parotes  ce  tmot  Paul,dont  nous  tirons ces con- 

fryrfKT^  Le  Rot  ae  tkm  u  puifiance  temporelle  que  de 


/  CdEcs  riae  Tcs  «ppeCs  Us  f&ifrr  MrtUUs  de  i6^i  ,  dont  Toici 
l<  ^  ^i:^  :'.  Q^e  ies  R.*Ls  ^  Les  PhAoes  me  foflt  poin:  foamjs 
fcu.-  .i  xzrcce:.  A  U  px.u-TCC  cc<;I<£A*^i^3e «  &  qu*its  ne  pfurecc 
tfc^  J:rci£5  «  ilrvdexest  ca  isliredbesest ,  pir  rjato.ire  Jes 
Cjs:s  ie  rfjUije  .  =i  lc^in  u^fts  cseraptes  de  U  £«ielite  &  Je  To- 
>ei,'  i-a«  r^  £i  le^  lcxies:  :  :'.  Qjc  les  «iecrets  Ju  Concile  de 
C»: ^i±iTce  tiir  ruSMCite  ies  Co:ac^  generaas  Joirent  desr.eu^er 
Aws  teit  5:n:e  &  sert. ;  Sc  ^^  i*£(Iife  de  France  napproure 
foi^:  ,1^4^  c-^  Mieac  q^  ces  j2cw.-s»  f^nt  Jooteax,  qu'i  t  noni  pat 
«fii  ipjiTiaTe*  ;  cu  ^-'ls  c'j-t  cti  uits  qac  poor  le  leaips  Ji:  fchif- 
»e.  {''.  0*12  !'=li^e  d:  U  pcid'^^e  ewcUIufiiq^e  doit  etre  trmpere 
m^  !e*  •-i:.;'*  -  ^-c  L=s  ^t^es  » les  cojitJcces  &  les  loiire^ues  dint 
r£^:i>ii— v:^:- .  ioir- *:  eS^  ^.Vfj.nfies  :  4*.  Q-e  c-oique  Ji:ii 
1«s  r-s:Hc^  vLe  xi  le  is^rtr^Ti  Poatite  j  a:t  Ii  principjle  pizz  , 
&  r:e  trs  iecrec*  resrirjca:  :::i:5»  les  £f'.:fes,  S^  cbaque  EsJife  cn 
fitcirir  ;  tc3  i-jc:::*.»!  ,tiiu:«f.?I$ .  n'e::  pis  iKfiiUible  .  >'il  u>fk 
^**  iM-i  iv:  c«— e.siener:  de  ic-te  rFsli.e.  Cette  dic'.»T2::o-\  f-t 
r^irrr:*  i  Kii  ;-i  Exi^qces  ,  it  !e  Rsi  cion.ii  cn  eJ?t  pour  U  :.\:e 
e-^  f  5  '.  e:  i*-s  le%  Greaes  dei  Ccurs  &  des  Uni7e:£:i$  d'-  rcy^j- 
r ;  .  £  »!<$  rica^^h  de  theolo^ie  Sl  «ie  ircit  cinon.  On  a  w^epuii 
.<">  -f-^  r*    ';.Lrs  fe^  p5l>by.icxca:  ccs  qcitre  aiticics  ,  lUns  dtl 

y*.  •  ■  -  4    *  •    t' 


AU  DROIT  ECCLtSIASTIQUE.      ^6f 

Dieu  -feul  g.  U  ne  peut  avoir  d*autres  Juges  de  ies  droics  9  pAjtrti  Ui. 
que  ceux  qu*il  ^tablit  lui-meme.  Perfoniie  n'a  droit  de  lui  chap.  XXV. 
demander  compte  du  gouvemement  de  fon  Royaume :  &  |./''*"''^^' 
quoiqu^il  foit  foumis  a  la  puiflance  des  defs  fpirituelies  »  ^^^ . '. 
comme  pecbeur ,  il  ne  peut  en  rouffrir  aucune  diminution 
de  fa  puifTance ,  comme  Roi.  Nous  rqetonsla  doflrine  des 
nouveaux  Theologiens ,  qui  ont  cru  que  la  puiflance  des 
clefs  s^etendoit  indiredement  fur  le  temporel ,  &  qu*un   p^^.  |;|; 
Souverain  etant  excommuni^ ,  pouvoit  £tre  d6pofe  de  foa  CaU.  ik.  4. 
rang ,  fes  fujets  abfous  du  ferment  de  fidelite ,  &  fcs  Etats 
donnes  a  d'autres.  Nous  croybns  cette  doSrine  contraire 
i  rEcriture-fainte ,  &  a  ]*exemple  de  toute  l*antiquite  Chre<- 
tienne ,  qui  a  obei  fans  r^Gflance  a  des  Princes  heretiques » 
infidelles  &  perfecuteurs  .  quoique  les  Chretiens  fuflent 
aiTez  puiflans  pour  s*en  defendre.  Nous  fommes  convaincus  Tertua.apot^ 
que  cette  doArine  renverfe  la  tranquiilite  publique  &  les  ^'  ^^* 
fondemens  de  hi  fociete. 

De  la  diflindion  dcs  puiiTances ,  fuit  la  diftindion  des 
jurididions :  &  ie-lk  vient  qu'en  France  on  ne  fouffire  poinr     Pnuw.  jsb; 
que  les  Ecclefiaftiques  entreprennent  fur  la  jurididion  tem-  ?^"'  ***  ^' 
porelle ,  comme  il  a  kii  marque  en  particulier.  Si  on  ne  le 
ibufire  pas  aux  Ecdefiafiiques  Franfois,  encore  moinsauz 
etrangers ,  &  au  Pape ,  dont  les  pretentions  font  plus  gran- 
des  fur  le  tcmporel  des  Princes.  Nous  n*en  reconnoilTons 
point  non  plus  dans  les  Nonces  que  le  Pape  envoie  au  Roi , 
&  nous  ne  les  regardons  que  comme  les  Ambafladeurs  des 
Pnnces  etrangers.  De-Ii  viennent  encore  les  formalites  qui     Prtmf.  /K; 
«'obfervent  pour  la  reception  des  Legats  a  laiere.  Le  Papc  ^^'''  ***  *•• 
n*en  envoie  point  en  France ,  qu*^  la  pri^e  ou  du  confen- 
tement  du  Roi :  le  Legat  ^tant  arriv6  ,  promet  avec  fer- 
ment  &  par  ecrit ,  de  n*ufer  de  fes  facultes,  qu'autant  qu'il 
plaira  au  Roi ,  &  conforme.nent  aux  ufagcsde  rEglife  Gal- 
licane.  Ses  Bulles  fonrexaminees  au  Parlement ,  pour  rcce- 
voir  Jes  modifications  niceflaires.  11  ne  peut  fubdeleguer 
perfonnc ,  pour  Texercice  de  fa  I^gation ,  fans  Texpris  con- 
ientcmcnt  du  Roi.  Sortant  de  France ,  il  y  laiflb  les  rcgif- 


p  Q.!c'7i:es  autciirs  ajoiitent ,  l*  de  fon  ipie  ,  pour  ccprimer  qi:e 
h*s  riyai:.nc$,  quoiqwc  ccablis  ile  Dieu  ,  f.»  mainticnnent  pir  Ja 
fprco  ilji  armcs  ,  Sc  que  lcs  Soiiverain?  pcuvcnt  acquuir  car  le 
jAioic  ile  lojkjucll*.  Vo^ci  les  Iri/Iituus  de  Loifcl. 


r»  I^STITUTION 

>i.'<rt^^afcwfcM«iMroyeianMvrespie«-  Sileia- 
000  im  Vcc.  Lepc  JTA»  j^ou  «'aeodent  fin'  les  Kim 
*£«Ae£KieAiKai.cBafeMilbjenoBix  1111' ■!!  irf 

r  p-u  ^  coiKoae  ta  AroB  lesporeis  ;  « 

fc  la^BUMi  Aet  taar^i.aa  retaier  cootre  ria&oBe, 

Mrr  4e  rradn  ia  m^u»  cap^es  de  &u-rm«i.^.^  ^  ^ 

C3ar^^:ifjs,  «I  «rxacmc&iscviis.  Pa- la  aiftBe 

»100-.  «I  3'i  pcMC  f^iri  jot  proTifions  de   Coor  de 

•»*.«««  ^  rf  ciaoiiJMc  an  <^oh>  te  Patrombi- 

^^,%  ^  V«  >«w»  «e  ibwtm  90^«  ipK  le  Pipe  £db  mciMie  le- 

^  ««e  it  ^Kthen  es  Fmcc.(Mtar'icpn^,coinneaiKB6- 

»  ;»Mr  ite  L-^^icciaoe*.  oi  ib'  k  Csrse,  comcne  c»- 

pran  .  jw  turtmem,  t  ce  ii'eft  4e  rMoriie  du  Roi  &  da 

^wii  a*>  coRtKnterBrat  ^  Ccw  i.  O^  ne  ioAc  poim  qoe  le  Pape 

*^  •*  ♦-  periMnK  m  tzdtSx^iqos  raliennioa  de  lems  imiBea- 

k«*.fia0a«««:'joro<U4nonsrct^lcsruivmt  les  Lotsda 

BowiuiBe  ^  rmaa  oa  fcoftvoa  biea  aaoins  c|-j'il  ordoonk 

rbi«iuooo  iDa.$C«  le  Ccr^,«iM  im£i  cie^.  Les  Ireas 

«Mii»cs  4  Dteu.  ae  Lii&sr  pas  fitn  des  bieos  tciiq»>- 

■ci».  4oat  ta  coMcmboa  inpOTTe  i  rEtar. 

XV  wa*  k»  per&xna  cootKrocs  i  Dieu  oe  laiflein  ps 


*  D  p«HC  bMit  W  tigitiBn  tmyd  Jpiiiamlia ,  taamt  p«ar  fare 
f(OT*i»  4ut  diJrvi  A  faiir  pDibc-lcf  di3  k:ac&cci,  ■cise  Js-a  |b 
rvyiHiin*  .  ohi*  iI  m  paaC  pu  ^eik^wrfwitii  ioi^jIu,  G'eA> 
*->lti*  ^m  MS  «Aa  cin  t.  I^nvf  Fcmt  ,   rr.  A  fdiu  .   L*.  i  , 

I  Oii  wk  .  p«t  Kn«  iMtn  d«  rbilipiii  AHfnAe  idx  EbUiVi  i>e 
S*ft*  .  lUci*  Ju  imm  J«  \lin  ilio  .  5.1*11  icciuJa  une  ttdt  tLr  ;« 
CI><  j|«  i>  Ft^nca  1  tu.i.cent  III ,  poar  ta  pcm  ^e  celui  ci  ■■oie 
«MCr*  rCinpcnr  Otlion  IV.  Boufice  till  lapab  en  ifx  ,  fjr 
tkt  e  glilin  >(■  Fianca  un*  ilectia*  Cditienc  ,  Bt  Toalui  i''pp;opner 
Wtuni  Ivp  ;  il  ifuic  (D^w  iii\^  cttm^n  deux  p.^rfiwuiei  pour  tn 
&il«  la  p«[i:*pCi<n  -  nuii  Pbiltppc-fc-Sd  sc  lc  tonbt  pii  louiliir, 
fll  1*  Kipe  i]ranc  coalc  iti  qu«  tn  vgcc  dciBciirli  en  Ttii-jcttF  ,  |a 
Riii  'UteiHlK  A  nut  ^  cn  ctotcK  depoficiirei  il'en  nen  Jonnei  que 
pr 'it  DCiiiM-  Pciuliinl  qne  lc  ijiat  Stege  ft>C  1  'lignoTi,  tci  f^p-i 
tr«it4iic  J»  ipMrrai Ciinln  ccllei  ^u^ili  Jioient cootre  Iciin  cotipiii- 
t«ai' ,  tentcnitt  plalican  fc-i  d«  lever  ilei  dccino  en  Frju.e  1 
W  •>  c*  bU  1«  ^IU'  tiNinni  Kinf  fKcii:  00  rili  en  ^tiiitcJiC  ^iKl- 
^  uiM  1  a  M  lat  fM  ftf  ta  pMBifiga  ^  RoU 


rr 


AU   DROIT   ECCtfeSIASTlQUE.      57«   - 

tf itrc  des  homines  &  dcs  citoycns ,  fouinis  commc  Ics  p7iiTi77lt 

autrcs ,  au  Roi  &  i  la  puiflancc  ftculiirc,  cn  tout  cc  qui  chap.xxV, 

rcgardc  Ic  tcmporcl ,  nonobftant  lcs  privileges  qu*il  a  plu 

aux  Souvcrains  dc  leur  accorder ;  car  Tabus  &  rextenfion 

cxceffivc  dc  ccs  priviliges  fcroit  uneautrc  rortcd*cntreprirc 

fur  la  puiflance  tcmporellc.  Dc-!i  vicnt  que  lcs  Ecclcfiaf-     Prewr.  Ukm 

tiques  qui  font  Officiers  du  Roi  ne  peuvent  allegucr  Icur  ^^-  '*•  ^^* 

privilige,  pour  pr^tendrc  iixt  cxemptsdc  fa  Jurididion, 

quant  a  rexercice  dc  leur  chargc :  dc-U  vient  cncorc  quc  le     Ch,  xu 

Clerge  ne  peut  s*airembler  quc  par  la  pcrmiffion  du  Roi  k ; 

&  quc  les  Eveques,  quoiqu*ils  fuflent  mandfa  par  Ic  papc» 

nc  pcuvent  fortir  du  Royaumc  fans  congi  / ,  car  les  Ev^ 

ques ,  par  le  cr^dit  que  donnc  lcur  digniti ,  &  par  les  bicns 

tcmporclsqui  y  font  attach^,  tiennent  dans  TEtat  un  grand 

rang ,  mime  temporel ;  &  le  Pape,  comme  Souvcrain  d*une 

partic  de  Titalic ,  cft  un  Prince  ^tranger  dont  les  intirets 

d*£tat  peuvcnt  ^tre  oppofes  4  ccux  de  la  France :  de-Ia  vicnt 

auffi  que  les  ^rangcrs  m  ne  peuvent  pofleder  dc  beneficcs     Ch.  ]«; 

cn  ce  Royaumc ,  ni  itrc  Supirieurs  dc  Monafteres.  Voili 

les  confequences  dc  la  premi^re  maxime ,  que  la  puiflance 

propre  k  I  Eglife  ne  s*etend  point  fur  le  temporcl. 

L*autrc  maximc ,  que  la  puifliancc  fupr^mc  du  Papc  doit  ^f f^T'  ''** 
etrc  exercce  fuivant  les  Canons ,  eft  fond^  fur  cc  quc  dit 
Jcfus-Chrift:!^/  Rots  des  nations  Us  dominentj&  ceux  qui    ^*'-  **"• 
ont  la puijfancefur  euxfont  appelis  bUnfaiBeurs  :il  n'en  fera  pas 
ainfide  vous.  Et  S.  Pierrc  parlant  aux  Pafteurs:  Conduifei  U  |,  pgfr^  ^.  |, 
troupeau  de  Dieu ,  non  en  dominant  fur  votre  partage  ^  mais  vous 
rendant  fexempU  du  troupeau  ,  du  fond  du  caur.  Par  oii  nous 
apprenons  que  lc  gouvcrncment  de  rEglife  n*eft  pas  un 
empire  dcfpotiquc ,  qui  n*a  point  de  Loi  quc  la  volont^  du 
Souverain ,  mais  un  gouvernement  de  chariti ,  oii  la  pu;f- 
fance  n*eft  cipployec  qu*a  faire  rigncr  la  raifon ,  oii  Tautoriti 
du  chef  ne  paroit  point ,  tant  quc  Ics  infericurs  font  Icur 


h  U  cft  aufli  le  maltre  de  changer  !e  tempt  de  cet  aneinbUei,  8c 
d*en  Hxer  la  dur^e,  comme  bon  lui  lemble. 

/  Cette  obligation  n*eft  poinc  particuli^re  aux  Evdquet  ;  c*eft  uri 
devoir  qui  leur  eil  comroun  avec  tout  let  autrcs  fuject  du  Koi »  aux* 
quels  il  n*efl  pat  permif  d*aban(lonner  leur  Priiice. 

m  Le  Roi  pcut  lcul  le$  rc!ever  8c  difpenrer  de  cette  incapacitc* , 
en  ieuraccurdjiitret  lettres ,  pour  lei  babilicer  a  pojcdcr  de»  b«<- 
B^tices  ou  places  de  fuperieuri* 


IMSriTUTIOX 

■  •"  I  u  .  ;-(.iter .  ^  '.eur  tiiire  cbitfrvcr  1«  r=-i;  £?.    I.  : :  - 
uMie^it?.    jre^utre,  auininv-r  iur  les  vic;*  r  _ic:  r. 

I  Noiis i.c :^i.uii»donk: un  Fnnce ,  potirDroli C":".'-T-i 
::..<  .ls  v_.ioiisi£^m  uVm cojirv;::io.;i:m unixcriel  ^j:  -i _■ 
'.■.■.i'.i:<  wiiiv  :t;»e,  ou  bit:n  L's  Caiioiis  dcs  Cor.^.  :-i  : 
rraiit,!;,  ^  Ids  aiikifnnes  coUTuines  'Se  l'E^')IV;  G^..'.:-r,; 
jiiiu  ;:ous  rekuvons  preinicr«m£.it  tou:  !a::.ien  corr*  c, 
^'■aonsriiie  ■'t-giire  Ronidine.  3p?cr:e  far  Charlemjf-.s 
ntdis  iii:puis  oubiie  penduni  ]c7.l.  ur;^.  Les  C^nons  rf 
cueiiii»  pdi  Giuiieii,  en  tan:  Cl'  ;.  cr.:  :j:?r.:e  pir  ei.i 
iittimes,  Ljr  on  cor.>ii:nt  c:;  .«  ::■—.■?:.  l:::!:!  r.i '.^-jr  e; 
(ioiiiii;  .luf.ine,  Nou»  r.'i;e*i  f  :..:!.  -t?  r*-*;rer;li.s  ,  r.^n 
(ciiieiiicnt  dus  cint|  livres  :*  Oifc  ;i  IX,  T.iA  p'.j.\:;-^t 
■'..•  Scxte  f  &  dh:s  Cu;ni<:nii.-:=r  ,  : ^i  re  loz:  cc^rrair»  c:  . 


I.j'..i.ie^  ^hdli:i:tliiiiiii,&  i:*..--  :?',:.;i  ri-;,:.  ..i-i  ;A.-:;'i;t , 
a<  Ntfji^tfl.iUtf  ,  il«  Uan^fi  .  iAr::.::-!  ic  ji  L.i^.tt.  :o'-,r.;- 
iTiv-.-tJt-ii.uiivOipiir  liiiuai-t  C:-i_eiti7iTi-ii .-:-.:  .si  jsir:,. 
C'.-.:i.  ,.':iii)tl.tiuii  fiit inti;::'ibf  C.--:i-  -.:-;  i.».  i  .  Ej  it  .:-0  .i-,: 


(  ^t:  i't.t-  C:-t  ii-.n-.-^t  :.t  lEc  :;'«  j  O- 

.E-Pel:l  fie  :;;:t  l  ::rt  !:ii:=;ci  Jj  C:''e'Ve 
:  .!.i.irjtom3ii:;-Ji,e.-T;o:ee  .^eiCcr.iUn 
.,  :.  liteiirtcr  i;  cr.-ci  J(f  .\rC:rei  :<;.;■  Sc 

.'i  .IV.1-J  Ho:iii!i^ii"  C«:7;(i 

',.;.:'.£  Komaine  .  qi;'=n  Li  Js.- 
■ ;    K.-m.,«ct ,  OJ  ble:i  tr.^ai  (jrr-:a-n.  C-.S 
.  ti    LJiii>iii .  q.'t  !e  V?f  i  .^Jr 


I  iiX  & 


\    biitt  , 


«i  P;'r 


i  lei   Eg.i!-ei  J-Oc- 
,..,..  t4i£*  Jeleien  Fiuce  ,  S:  il  tft  Jc:i:iiJm 


AU  DROIT   ECCLfiSIASTIQUE;       ^75* 

noslibertis,  ni  aux  Ordonnances  des  Rois»  ni  atix  ufages  par  t»  IA 

du  Royaume ,  ce  qui  en  retranche  au  moins  la  moitii.  Les  Cba  p.XXV 

ConfUtutions  plus  nouvelles  ont  bien  motns  d*autorite  parmi 

nous.  Quant  aux  Conciles  oecumeniques »  il  &utdi(Unguer     PreMv.  10 

1«  matieres  de  difciprme  &  les  matieres  de  foi.  Pour  la  foi ,  C*»^**-  »4 

quiconque  ne  s*y  foumet  pas  eft  h6retique :  pour  la  difci* 

pline ,  les  reglemens  des  Conciles  ne  font  pas  ^tement 

requs.  On  a  laiflfe  de  tout  temps  it  chaque  Eglife  une  grande 

libert^  de  garder  fes  anciens  ufages,  ainfl  il  ne  faut  pas  s*i^ 

tonner  fi ,  ayant  reconnu  le  Concile  de  Trente  pour  Iegi« 

time  &  cccumenique ,  nous  n*avons  pas  encore  accepti  fes 

d^crets  de  difcipline,  quoiqu*i  vrai  dire,  il  n*a  pas  tenu  au 

Clerge  de  France »  ii  a  temoigne  le  difirer  par  plulieurs 

ades  folenneis. 

Nous  ne  croyons  donc  point  que  les  nouvelles  conftitu-^ 
tions  des  Papes ,  faites  depuis  trois  cents  ans ,  nous  obIi« 
gent ,  fmon  en  tant  que  notre  ufage  les  a  approuv^.  De- 
la  vient  i  ^.  que  nous  ne  recevons  que  trois  ou  quatre  des 
r^gles  de  la  Chancellerie  de  Rome^ ;  20.  que  lesBultes  qui  Premw.  Bki 
font  apportees  en  France,  hors  celles  duftyle  ordinaire»  G^€k*w9t 
comme  les  provifions  des  bin^ftces,  ne  peuvent  £tre  pu- 
blices  ni  executees  qu*en  vertu  des  Lettresdu  Roi ,  &  apris 
avoir  ete  examinees  au  Parlemenc  ^;  3^.  que  nou^  nc 


tle  renfeigner  dans  les  ^colet.  Maii  quoiqu'on  dife  commanimeiit 
^ue  It  fe.NCe  n'eil  point  refu  en  France,  cela  i^entcnJ  en  ce  qui  eft 
concre  nouf  U  concre  lcs  libert^s  dc  r£glif«  Gallicane ,  &  au  d|* 
favamage  des  droits  des  ordinjires ,  contre  lefquels  Bjniface  VIII 
fl*eft  fbrt  ^lev^  ;  mais  on  ne  faic  pas  difficulc^  de  le  cicer  pour  ce  qui 
efl  en  fa^eur  de  noi  ordinaires ,  vu  que  ces  conflicucions  obligcnc 
les  Papes ,  &  qu*on  ef^  bien  fondd  i  le*  leur  cppofer.  Voyej  Bro* 
deau  fur  M.  Louec  ,  let.  V  ^  n.  i. 

p  Les  regles  re^ues  en  France ,  fonc  celles  de  infirmis  re/ignantU 
bus  ,  011  de  viginti  diebus  ;  celle  de  publicandit  refignationibus  ,  2c 
ce!le  de  vcrifimili  notitia  obitHs. 

La  rcg!e  de  triennali  pojfejforc  ,  n'e(l  pas  obferv^e  en  Franc» 
comme  regV  de  Chancellerie  Romaine  ,  mais  comme  un  d^cret  dta 
Concile  de  Bafle  ,  qui  efl  lc  J^cret  de  pacifi/is  icjfejforibus.  II  en 
efl  de  m^me  de  qudq.ies  autres  regles  de  Chancellerle ,  qui  fosc 
obfcivees  en  Frarxe  ,  nou  pas  qij'c*IIes  y  aienc  M  re^ues  comme 
r^glcf  Ju*  Chancererie  ,  mais  parcc  qu'el!es  fe  trouvenc  conformet 
an  droit  n^t.ircl  U.  anx  lois  du  royaume. 

q  Lcs  Arrets  Ju  ParlcmcnC  des  15  Mai  1647»  »5  Avril  170?  ,  16 
Deccmbrc  1716,  &C  prcmier  Ji  in  17^41  font  defcnles  i  cous  Arcbe- 
ifdqties  &  Evcqucs ,  Rcdeurs  &.  Suppotf  iks  Unlverfit^s  1  de  recc« 


t^^H^^m^fj^  r  n  4  '  .  »  '  • 


J74  I  N  S  T  I  T  U  T  I  O  N 

^ARTii  ni.  ci^yons  ps<  ^^  '^jets  aux  cenfures  de  la  BuIIe  in  CctnJ  D<f^ 
CftAViXXV.  «'^'f  a'tn'>  nommee,  parce  que  le  Pape  la  publie  tous  les 
ans  le  Jeudi-faint  r ,  ni  aux  Decrets  de  la  Congregation  du 
faint  OfEce ,  c'ell-a  dire  de  rinquifition  de  Rome,  ni  a  ceux 
de  1a  Congregation  de  Tlndice  /  des  livres  defendus ,  ou 
des  autres  Congregations  erig^es  par  les  Papes  depuis  un 
fieclc  ,  pour  leur  fervir  de  confeils  dans  les  aflaires  de 
rEgUfe  ou  de  leur  etat  temporel.  Nous  honorons  les  De- 
crets  de  ces  Congr^gations ,  comme  des  Confulrations  de 
Dodeurs  graves ;  mais  nous  n*y  reconnoiflbns  aucune  Ju« 
rididton  fur  TEglife  de  France. 

Ceft  fur  le  fondement  de  ce  m^me  principe ,  que  nous 


Voir  y  publier  ou  faire  ex^cuter  aucunes  bulles  ou  brefs  de  Cour  de 
Rome ,   faiis  Letcres-patetices  du  Roi  ,    regiflr^es  eo  li  Cour.  Ces 
d^tenre»  onc  encore  M  r^icdrdes  par  un  Arr^C  du  1 1  F^vrier  176S  , 
qui  ordonne  l'execucion  des  pr^c^dens  Arr^cs ,  donc  on    vieat  de 
parler  ;  en  conlequence  ,  faic  inhibition  &  d^tenfes  d  cous  les  Ar- 
chev^ques  &  Eveques ,  leurs  Viciires  ou  Ofliciaux  ;  &  a  cous  Rec« 
teurs  &  Supp6ts  des  Univerfic^s  ,  Corps  ou  Communauc^s  Ecclefiaf* 
tiques  ,  S^culiires   ou    R6guli^res,  &  a  cous  aucres  de    recevoir  , 
fiire  lire,  publier  ou  ex^cuter  aucunes  bulles  ou  brefs ,  ou  lutres 
cxp^Jitions  ^manies  de  Cour  de  Rome,  fans  Letcres-pacences  da 
Roi,  regiilr^es  en  la  Cour ,  pour  en  ordonner  la  publication  ,  a  Tex* 
ceprion  n^anmoins   des  brefs  de  pdnitencerie  ,  provifions  de  b^ne* 
fice  ou  aucresi  expddicions  ordinaires  concernanc  les  affaires  des  par* 
ticuliers  ,  lelquels  s*obcicnnenc  en  Cour  de  Rome  ,  fuivanc  les  or- 
donnances  &  ufages  du  royaume.  L*Arrdc  faic  defenfes  i  tous  Li« 
braires  ,  Impr:meurs ,   Colporceurs  ou  aucres  ,  d*imprimer  ou  faire 
imprimer,  vendre  &  d^bicer  ou  aucremencdiftribuer  aucunes  buUes  « 
brefs  ou  aucres  expcJicions  de  Cour  de  Rome...  a  la  r^ferve  de  caufe 
de  p^nicencerie  &  aucres  exp^clicions  ci-dellus  marquees  ,  fans  Let* 
cres-pacentes  du  Roi ,  regiftr^es  en  la  Cour  ,  qui  en  ordoonent  U 
publication  *,  i  peine  ,  &c. 

r  Cecce  bulle  ,  qui  ell  Touvrage  de  plufieun  Pipes  ,  regardeprin- 
cipalement  la  raati^re  de  la  ptiinance  eccUfiaftique  &  civile.  £Ue 
prononceexcommunication  contre  ceuxqui  Comberonc  dans  les  cas 
quifont  ^nonces ,  avec  rdferve  au  Pape  pourTabfolucion.  Les  prin- 
cipaux  articltfs  concernent  les  h^r^ciques,  les  piraces  ,  cenx  qui  fal- 
firienc  les  Lettres  Apoftoiiques ,  qui  malcraicent  les  Pr^lats ,  qui 
troublent  ou  veulent  reftreindre  la  jurididion  cccl^aftique  ,  ou  qui 
ttfurpenc  les  biens  de  rEglife.  II  y  en  a  un  qui  excommunie  tous 
Princes  &  autres  ,  qui  e^tigeront  des  eccl^fiiftiques  quelque  contrx- 
bucion  que  ce  puifTe  ^tre.  Pie  V  ordonna  en  1568  ,  que  cctte  bulle 
feroit  publide  par  toute  la  chr^ciencd  ;  mais  elle  1  ec^  rejet^e  par 
]i  plupart  de&  Puiifances.  Quelques  Ev^ques  de  France  ayanc  cence 
cn  is8o  ,  de  la  faire  recevoir ,  le  Parlemenc  s*y  oppofa  fortt>menc. 

f  La  congriSgacion  de  rindice,  efl  ce  qu*on  appelle  vulgaireraer.c 
Vindex,  Foyei  la  note  qui  eit  Ji  la  findu  chapitre  IX  de  ce  volume. 


AU  DROIT   ECCLftSIASTIQUt      57^ 

iie  recevons  poinc  de  dirpenfes  r ,  ni  contre  le  Dr oit  naturel  pa»tii  lll. 

&  divin ,  ni  contre  la  difpofitic^n  ezprefle  des  Canons  ,  csat.xxv^ 

quand  ih  dtfendent  de  difpenfer ,  ni  contre  les  loiubles  cou- 

tumes  «  &  les  Sraruts  paniculiers  des  Eglifes ,  confirmfa  par 

le  faint  Siige.  De-li  vient  encore  que  nous  ne  foufirons 

poinr  que  le  Pape  trouble  Tordre  des  Juridifiions,  en  rece- 

vanr  des  appels  fans  moyen  x,  ou  ^voquant  ks  caufes  ea 

premiire  inftance ,  ni  qu'il  tire  les  parties  de  leur  pays, 

pour  pourfuivre  les  caufes  divolues  au  faint  Siege  y.  li  eft 

vrai  que  dans  la  coliation  des  bini6ces ,  nous  nous  fommes 

plus  conformes  au  Droit  nouveau  ,  accor Jant  au  Pape  la 

privemion  ;; ,  &  tout  ce  qui  eft  compris  dans  ie  Concordat, 

dont  toutefois  plufieurs  articles  fa vorables  au  Pape ,  ne  fonc 

pasobferv^  comme  les  riferves  a  bties  par  le  Concile  de 

Trente  h ;  mais  nous  avions  riCiAi  i  plufieurs  nouveautte 

que  le  Concile  a  retranch^es,  tL  nous  apportons  plufieurs 

xeftridionsicedroitdecollation,  qui  n*ont  pas  lieu  dansles 

autres  pays :  ainfi  nous  ne  foufiirons  point  que  le  Pape  donne   prem^.  i!ki 

auxetrangers  ni  bineficesen  France,  ni  penfions,  comme  Gaii*  <*•  %mt 

il  fait  fur  les  binefices  d*Efpagne ,  nonobftant  les  Lois  du 

pays.  n  ne  peut  augmenter  les  taxes  c  des  benefices  de  France , 


t  Li  difptnCe  eft  an  relichement  de  robfenrarion  de  quelque  loi 
9u  rigle,  &  du  droic  commun  accord^  rn  connoiiiince  «c  caufe  , 
par  celui  qui  a  le  pouvoir  d*accorder  de  telles  dirpenff  t .  Cellet 
qu*accordoic  aucrefbii  rEglife  ,  n*avoient  pour  objcc  que  de  faiie 
grlce  a  celui  qui  avoit  manqu^  i  rubfenracion  de  quelque  r^gle  de 
rEglife  ;  mais  depuii  on  a  accord^  dei  difpeiirei  pour  autorifer  d*a« 
vance  a  ne  pai  obferver  cercavnes  r^gles. 

II  Laudabifis  conjuetudo  ^CtH  i-dire  un  uf^ge  qui  n'eft  pai  fond^ 
fur  une  loi  pr^cife  ;  mvif  que  Ton  s*eft  accoid^  a  obfcrvery  &  qui 
•ft  fbndi  en  raifon. 

X  C*«ft*i-dire ,  omiffo  medh. 

y  ^n  ce  cai  le  Hape  eft  oblig^  de  nommer  dei  Commifniiref  ad 
fortes^  c*eft*d-dire  fur  les  lieux,  afin  que  lei  fujeci  Uu  Roi  ne 
foienc  point  traduits  dani  les  chbunaux  ^tr^ngeri. 

f  ^'0*T  c>*J«rtui,  lom   /,  cA   XV. 

a  Ces  reCerves  apoftoliquei  fonc  tes  mandaCf  &  aocret  etpeda* 
tlves  Ddtis  !es  pays  d*ob^dience  od  le  P;ipe  a  fes  moii  r^feiv^s ,  if 
co«*feie  alteniiitivement  avec  les  Ev^qucs  penilant  fix  mois  de  i*an« 
Bkie  ,  &  pendjnt  buit  mois  i  T^gjrd   '*es  autres  CoUareurs. 

b  l.es  expedtrftivcs  des  graducs  indultaiies  &  brevetiiiret  de  fer« 
neMt  de  Hd^iitt^  &  Je  ioyewx  av^nement ,  ont  enco  e  lieu  parmi 
oous ;  mais  oon  les  aiicres  mvndat^  de  prwide'  du. 

c  1  outet  les  abh^ycs  donc  ics  revei'i:s  evi  cciert  1a  V3'eur  de  xoo 
Aorioi  ,  loac  coniiAorulcs  ,  p^ibe  qu*«iics  looc  tajc^cs  dani  les  ii* 


t^»UH**ft^^jJ  J   1*1« 


57«  INSTITUTION 

Paktib  lii.  ^^  '^  confentement  du  Roi  &  du  Qerge.  Nous  ne  prauMi 
CiAP.XXV.  poiat  de  Bulles  pour  ks  petits  binifices»  mais  de  fimpfes 
fignatures ,  dont  les  frais  font  beaucoup  moindres. 

Voili  ce  que  nous  pouvons  appeler  Ubertes  ^,  &  rap- 
porter aux deuz maximes etablies cldeflus ,  que la puiflance 
JEccIefiaftique  eft  purement  rpirituelle  •  &  qu^Ue  doit  hm 
employee  fuivant  certaines  r^Ies ,  ce  n^eft  pas  que  nous 
n*ayons  plufieurs  uiages  qull  eft  difficile  d*accorder  avec  la 
pureti  de  Tancienne  difcipline,  comme  on  a  pu  voir  dans 
tout  ce  Traite.  Quelques-uns  peuvent  etre  regard^s  comme 
des  priviKges  que  le  confentement  de  rEglife  &  dp  Prince  a 
autorifes ,  les  autres  peuvent  etre  compt^  pour  des  abus 
que  le  malheur  des  temps  n'a  pas  encore  permis  de  corriger ; 
mais  il  ne  laifle  pas  d*etre  vrai  que  dans  les  derniers  (i&cles, 
la  France  a  conferve  plus  fideilement  qu^aucun  autre  pays 
les  fondemens  de  la  difcipline  de  PEglife. 


vret  de  la  chambre  apoftoUque.  CeUes  au-deflbos  de  cette  foiniB* 
sefontpas  con(i(loriales  ,  &c  ne  fontpas  tax^es.  Dans  rorigine,  ces 
Caxes  ont  ^t^  r^duites  au  tiers  des  fruits  :  f>6  florins  x  tiers  de  flo« 
lin  ,  font  le  tiers  de  zoo  florins.  Ainfl  les  abbayes  donc  la  taxe  ex- 
c^de  66  florins  t  tiers ,  font  conflfloriales.  V^yex  Fuet  ,  tr,  dcs 
mat  hinif.  liv.  s  »  ch.  7  ,  p.  669. 

d  Les  Libert^s  de  l'£glife  Gallicane  ,  ou  maximes  confbrmes  i 
nos  libert^s,  ont  ^t^  recueillies  eo  %\  arttcles  par  Pierre  Pithou, 
Avocat  au  Parleirent.  Ces  libert^s  avec  leurs  preuves  ,  furenc 
publi4§es  par  Pierre  Oupuy  ,  &  ont  et^  r^imprtmees  plufieurs  fbif. 
Quelques  partifans  des  maximes  ^crang^res  ,  s*deverent  contre  le 
▼olume  de  nos  libertt^s ,  entr*autres ,  un  Pr^tre  nommc  Herfent  , 
qui  fout  le  nom  d^Optatus  Gallus  ,  fit  un  livre  i  ce  fujet.  M.  If 
Pr^fident  de  Marca  r^futa  Optatus  Gallus  dans  foa  fkmeux  ouvrage 
ifliituli  f  de  CMCordid  facerdotii  6r  impcrii^ 


F  I  N. 


m£moire 


> 


M£M  O  I  RE' 

DES    AFFAIRES 

DU     CLERG^ 

D  E     FRANCE. 

Es  Princes  Chretiens   ont  accord^  k  TE-         t. 
glife  diverfes   immunir^  ,    (ans    tourefois    tmmanieii 
exempter  les  h^rirages   des   anciennes  re-  ^"  ^«'I*< 
devances  ,    dont   ils   itoient    charges    b. 
Saint  Ambroife   reconnoit  que    les   terres 
de  rEglife  payoient  les  tributs  ,    comme  les  autres  c. 


€t  Ce  M^moire  fur  les  afTiires  du  Clerg^  ,  fut  compof^  en  i68d» 
pour  M.  le  Marquis  de  Segnclai ,  Sccr^uire  (l*£tat,  far  les  mi^ 
moires  imprimes  &  fur  quelques  manufciits  ,  principalement  d^ 
M.  Parru ,  Avocat  au  Parlement ,  dans  les  (Euvres  duquel  il  y  a 
un  memoire  fur  lei  Aifembl^es  du  Clerg^  ;  un  traice  des  dcci- 
ines  ou  il  explique  rorigiiic  de  ces  ailcmblces ,  &  des  impofi* 
tions    nomm^es   dticimes. 

6Con(bintin,  premicr  Empereur  chr^tien,  dans  fa  lettre  aa 
Proconful  d*Afrique ,  ordonnoit  que  les  Clercs  feroient  exemptt 
de  toutes  les  charges  publiques.  Mais  cctte  exemption  n^jvoic 
pour  objft  que  les  charges  perronnellet  &  non  les  charges  rceU 
lev  ;  Sc  toutcf  les  exemptioni ,  foit  perfonnelles  ou  rccUcs ,  que  les 
F.mpcreurs  &  autres  Princes  chr^iient  ont  accordees  aux  Eccle- 
fiafliques  ,  ne  ront  ^t^  que  voloncairement  fic  par  un  efprit  d« 
piccc.  Flles  ont  rc^n  plus  ou  mo*ns  d^cttndue ,  felon  que  le  Princ* 
^:oit  difpofc  a  fiivorifer  les  Ccclcfiafliqucs  ,  &  qtie  Ic%  bef:>ins  de 
ri-Lcat  cCoiciit  pltis  ou  moins  grjn  Is ;  car  dan%  le  cjs  de  ucccfljtc  ,  il 
11 'ya  poiiu  i!e  privil^ge  ni  d'imm»:nic^  qui  ticnr.e. 

c  liv.  4.  fur  S.  l.iic,  ch.  s  ,  il  dit  :  Si  vous  nc  voulcz  pas  trr:  fa- 
{etf  (Ic  Ccfjr ,  rcnonccz  donc  a  la  polIVnion  dc>  bicns  Ju  mondc 
Jefus-Chiifl  lui  mcmc  a  cnfcignc  que  rE^liie  dcvoit  p*!yef  lc  trlbiiC 
Jifnu  IL  O  O 


I 


(7'  M£MOIRE   DES   AFFAIRCS 

Tt.f.  i.r.jlSouf  let  Rms  ./  de  b  fj=:=i:e  £e  ChirlexsTns ,   il  fiff 

"•*■'■*  "•  oiioaxK  q-Jfi  chaq'.;c  E^iic  3uroit  bsc  certsics  quaciiie 

>S.  11^4.  t.  4e  tcirr,  iinLin  nunf^ns^  Kbre  de  touie  c^arge  &  (h  toot 

(.  teavtaior.  fenicc  ;  p^roiettant,  d  e:le  ea  ivolt  p!tjs,  i'ea  rendie 

■'■     _^^quf!q-:creiJe\'3r!ce  aut Seigoeun.  On  priterdt:  Aepaae, 

t.\o.  iM- T'^*  i"  bicni  EccIeGolliqiies  dsvoient  etre  ecticreiBeQi 

I.  e.  fatci-  hbres ,  pour  ntitre  pas  de  pire  condition  ,  que  lcs  lerr» 

?^Mfl^     "^"  Pretres  E^yptiens  du  temps  de  JofefKi.  Le  Cond'e  de 

te».  «■ni.  L^tran,   fcus  A'eii3i:dre  ill ,  en  1 17^,  d^lVndiiaux  Cca- 

*&  (A% ,  &  aux  Rcft£un  dcs  viiles,  foiu  peine  d^cscocmu' 

.Birnmir..  ujj-jjQ^      d'o!)!iser  ks  Clercs  a  comribuzr  aux  charess 

4.tU/.  FJb,,r-u,.s:  permeitant  toutstcis  a  1 1-v^que  ci  aa  Cierge 

d^*  contribuer  volontairetncnt ,  en  cas  de  necetEie ,  cu  c'u- 

^■^'"'f<"  liliti  confiderabJe.  La  mcme  defcnfc  fut  confirtriie  a-J  Con- 

cilc  dc  Latran  ,  fom  Innocenc  111 ,  en  1:1  ^  ,  qui  aputa 

queic  Clcrge  nc  pourroit  faire  decontributio.i ,  otcmevo^ 

looiaire,  fans  confulier  lc  Pape. 

TL  Cependant  !es  Cro'fjdes  furert  des  occafions  dlinpofer 

desfubfid»  conGdmbles  fur  les  biens  ecclefiaftiques.  Phi- 

lippe  Auguflc  fe  croifa  avec  Richard,  Roi  d^Angletcrre , 

ea  118S,  pour  reprendre  Jerurdleni  furSaladin,  qui  en 

avoit  chaHe  Ics  Chreiiem  Latin5.  On  ordcnna  que  tous 


i  Cifar.  La  doArine  dei  Aputrei  Ei  eeVe  de  S.  Par.I  tti  cBnToimt. 
£n  ^■^t ,  S.  Iniio«nr  Pjpt,  ecrii  i  S.  Viarice,  Evtiae  de  Rcii-n, 
qpe  t«  terrci  de  r£^lire  plient  le  ccibut.  Hoiioriiit ,  en  41;  ,  oriton- 
n»  lue  lei  Ceciei  de  l"Eglifc  luHiint  f;:jecce!  Ju:(  chirge»  orrtinairei  , 
iL  lei  a)fraiit1iit  reuleinenC  dci  charges  eMrioiJIniiiei.  luflinieo 
dam  fj  novellc  )7,  permct  aux  Evequei  dMfrique  de  rentrer  iJaac 
le»  bient  donc  let  Arieisi  let  avoienC  d^pouillci ,  i  condicion  de 
payrr  iiii  ciiargei  orJiriairei.  A;!Ieurs  ,  il  enempte  lei  Eglirei  del 
cba^gci  cslraurJinjifet  feulement. 

if  S011I  lei  Roii  dela|jrem.vrerace,  leslicclcliilliqucl  devoient  au 
Hoi,  i  ciu(t  dv  leuri  tercci ,  le  droii  de  gtic  U  ie  pcocurstion  ,  &  (e 
ler^-^ce  inilitaiie.  llt  concribuoient  aufli  aujc  doni  annueli  que  le  peu- 
ple  fjiroic  au  Itoi.  Ils  conCribiioient  d'ail]e':ri  aux  Cribuci  ordiiiairei 
BeeJlcraordiHairei,  quele  Roi  mettoit  furfei  fujets ,  comr.e  il  paroU 
pac  lei  urlrJiichillemcnt  qiii  eii  f.ireiit  accoruei  i  cercainei  Hglifet. 
Clotaiic  l.eiijigou  iUo  ,  orJoniii  que  lei  Ecc^LTiafiiiiucs  paieroient 
le  ticri  ile  l;iir  reveni)  -,  ccla  fut  iciiMvcl,;  plui  d'uiie  ioii  foui  la  fc- 

»_l,OTliiie  Charlccnapnceiit  dirpciifclei  Fcclerafliquei  de  fjire  1« 

Tur  cL»i:ie  pofltjil.ur,  a  proiioiiiau  de  lei  beiielicet  oa  fiefi,  alleus 
K  auuei  liciit*{ei. 


DU   CLERGfi   DE   FRANCE.  579 

eeux  qui  n*iroient  point  a  ce  voyage  ,  de  quclque  condi- 
fion  qu*ils  fulFcnt ,  payeroient  une  fois  la  dixme  de  lous 
leurs  mcubles,  &  d*une  annce  de  leur  revcnu.  Ced  la 
dixmc  SjUdine  ,  qui  eft  comprcc  ordin.iirement  pour  la  pre- 
Miicre  impofuion  /  faiie  fyr  les  Ecclcliaftiques. 

Le  Conciie  de  Latrnn ,  foub  Innoccnt  lii ,  ordonna ,  que  Conc,  Loh 
tous  lcs  Clercs  paycroiem  la  vingticme  partie  dc  lcurs  rc-  ""/«• 
venus  ecclefiaftiqucs  ,  pendant  trois  ans ,  pour  Ic  fccours 
dc  la  Terre-fainie ;  &  le  Pape  avec  los  Cariiinaux  fe  taxc- 
rentiladixieme  :c'ctoiten  1  %  i  ^.LesScigneurs  s'ctoient  no- 
tablcment  incommodcs  par  les  deux  premivrcs  Croifadcs ,  & 
pIufieursEccIefiaftiques  s'itoicnt  cnrichis. 

Ccs  levees  devinrent  frequentes  dans  Ic  mcme  fieclc  : 
fousS.  Louis  il  y  eut  treize  fubventions  en  vingt  ans ;  fous 
Philippe  lc  Bel,  vingt  une  decimcs  en  vingt-huit  ans.  II         ^ 
s*en  trouvc  prefquc  dans  tous  les  r^gncs ,  dcpuis  Philippe-  ^ 

Auguftc  ^.  Comme  Ton  publioic  dcs  Croilades  &  des  In- 
dulgcnces  »  non-feulement  comre  les  infideiles,  pourle  fe- 
cours  de  la  Tcrre-fainte  ,  mais  encore  contre  lcs  hcreti- 
ques  &  Ics  autrcs  excommunies ,  on  etendit  aufti  Ics  deci- 
mes  a  ces  Croifades.  Ainfi  en  1216,  Honorius  III  accorda 
une  dccime  ^  Louis  VIII ,  apparcmment  pour  la  gjerre 
contrc  Ics  Albigeois  :  ainfi  Urbain  IV  ,  en  1262,  en  ac* 
corda  une  h  Charlcs  d'Anjou  h ,  pour  la  guerre  contre 


f  La  dixme  ou  decime  Saladine  eO  bian  regardee  comme  la  plus 
ancienne  dccime  impofce  fur  les  EccMtiaftiqiies  ;  mais  non  pas  com- 
mela  premicre  impoitcion  faite  fur  eux.  Car,  indcpendumment  des 
contributioni  qu'ils  fburniflbient  des  le  temps  de  la  premiere  race, 
&  des  tribucs  qu*ils  payoient ,  donton  trouve  dcs  preiives  djns  Cwc- 
goire  de  Tours ,  fous  riicoJebcrt  Roi  d*Auflrulie  ,  Clocaire  I,  8c 
fuiis  Charles  Martel ,  &  encore  fous  Charlcs  le  Cluuve,  au  nip* 
port  de  Fauchet,  Lcuis  U  Jeune  ,  le  premier  de  nos  iUiis  qui  fe  croi- 
fa  ,  lorfqu'ilpartit  en  ii47,  fit  une  levce  fur  lcs  Kccl«.HiaUiques  pour 
les  difpenfer  de  ce  voyage,  ainti  qu'il  eft  prouve  parl-  s  pleces  rjp- 
portces  pjr  Duchefne  ',  6i  fuivant  unc  chronique  de  Tiihoaye  de  Mo« 
ligny ,  lorfqu^Eugene  lll  vint  en  France  ,  toutcs  les  <*g!ifcs  du  Koyau* 
jne  concribuerenc  pour  les  frais  de  fon  lcjuur,  qui  fjc  allez  long. 

g  On  peuc  meme  dirc  depuis  Louis  VII,  puif^u'U  fit  unt  levce  fuc 

Jes  Lcclcliaftiqjes ,  en  1147. 

h  Charies  d'Anjou  ,  ficrc  de  S.  Louis ,  pafla  en  Italie,  i  li  t^Ca 
cl'uao    aimce  con^^olce   Jc  cioilcs  ,  ti.  foudoyce  des    riedmes  4a 

Ooij 


ffc         MtMOIRE     DES    AFFAIRES 

TttuciToi ;  &  aprrt  l<s  Vepces  Siriliennes  * ,  MxTtia  tV  ei 
auxra  ime  pcr  la  yJirte  cocfne  Rerre  (l*Arragon.  ScfJ» 
€K  meax  z!Ts:<iva .  I«s  Rois  pcrfEircnt  auSi  aux  Pap«  de 
£ure  diis *;:vijs  .ur  l£  Cler-i  de  France  ,  pcur  ictirs  pisr- 
ru  >:o.-;r±  i<3  eaneoiisdf  rt^ttV  Atnli  P<>i!ippe-Ausune 
ac^iorc.i  une  ^LJde  a  lcaocetn  III ,  pour  b  guerre  cor.tre 
rt.ri^eraur  Ortoa  tV.  Philippete  Belaccorda  a  Jifin  XX!I, 
«UU.-L  'I.^c^uk:  ,  pour  U  sueme  comre  Louis  de  fiat  icre ;  & 
en  rrir  ii  pa.-r. 

0>  >i<^.::j!a  ea  £iveur des  Papes  fe  nmltiplierem  pen- 
ius  'ji  •.^T.-.-ls^  c  Avi^ooa,  oii  dca^uii  des  Papes  rraitoii 
lid  z^-.-:  "j^i.v ,  la  guenc  «pill  uiibit  a  ceux  de  J'auire 
ciii-jjiT-iia-aisalonfOos"»  oppofa forteoieai ca  France, 
«TC  j:e  a  fC'-Ci3  iss  lurresexaSions  Jes  Omders  de  la  Cour  de 
Rc.Tn:.  Av'icr!<i:i:ii:iJT>;,cna%'oUenb:iU  aur.i..Tcile  lever 
ieitiedai^.Ct^tDaie  «£j;u  destubvesrosffTequenies.  II  ya 
ui:e  Ccri..nji<n  m  Bociiice  VIII ,  <iui  declare  fon  en  de- 
ri>  que:s  ^cot  lisbLf:^  ib^tsa  Ij  dedine;  &  une  auirede 
Ci:aii;a;  \  ,  33  cc^;::!^  «  Vi;:ir.e,qui  ordoane  <pi'elie 
ji:;r  rjviL-  :iuv3ni  les  irdcczji  taxes. 

C.:iT.:  C^aaiotiix  pardi  des  decinies  accordees  aux  Rois 
yar  li>  .-.r<s  ;  i  ce  i"-c  en  ce  lerrps  que  ron  commen^i 
<:  .;■:  i^...::iji .  tsisi^  i.r^  pre;cT:e  dc  RelicLian  k  ;  comme 
fcs  -^uT  *;c:rcs  c-s  v^leiciat  IV  «ccottij  3  Philippe  de 
V  i  j.>sr  n*:>  ,rci:;  lis  i-^ielliik^sde  rLiat.  Depuis  \'e\- 
t.-:^..—  uu  10..  ■  ;i  leCjactlc  de  &j(Ie,Ies  decimes  fu- 
rsi::  p<^  rir^  .  £:  tl  y  e^i  de  la  part  d<K  Papes  pluiieurs 
tt:^  oic.->;)ii  -s  .:££:.  En  i^ai.  Lcuit  Xllleva  une  ded- 
Mii  .  p<ir  ^r.i:uSjB  du  Pjpe,  poar  lecourir  les  VeQiti«ns 


C;«.-l>;i-'s  FnEce,L'ir';<^  f^imueU  JeGtrrnde  Bencirent  .  .Miin- 
t«  .■.i.iBi.x«:U«  Ft^i.:-.£H.q,i,,fCoiteiiiiij::  Je  la  ^it.Ie  ..jnn 

.  Cn  4?r--*  •  *  '^*  SJ.iIaTi.i  ,  le  mjlljcre  ^■■t  lei  S;c:!  eni, 
«•  n;i...4«u.«  jve.;  P.e.ie  .i.trijon,  frer.t  en  iiSi ,  le  jojr  J( 
Pi(Ji.  Oc  Eo-J  Lti  i-ri.iJ.1  e.itioienl  en  Suile.  Lc  cr.,«-,;.:i 
<o  j-  ,e  iBftei  len.;  .1«  ijnjl  ^at  cooijrji,  celi  ])buiq<.oi  l\a  1 
Wfl   .:^  i  <=  =11  (c:*  U  njEi  jj  Ti^ro  .li.-^/tf.iid. 


DU   CLERGfi    DE   FRANCE.  ^8m 

tcontre  le  Turc.  En  1 5 1 6 ,  Leon  X  donna  une  Bulle ,.  par 
laquelle  il  accorda  a  Fran^ois  I  une  decime  pour  un  an , 
fur  le  Clcrge  de  France,  qui  ne  feroir  employee  a  aurre 
ufage ,  qu*a  la  guerre  contre  le  Turc ,  fuivant  le  denTein  dit 
Roi ,  qu'il  avoit  appris.  On  drcfla  pour  lors  une  taxe  de 
chaque  benefice  en  particulier  ,  qui  ell  lu-defibus  de  h  di- 
xierr  c  partie  du revenu :  6:  ce  depaaemcnt  de  Tan  1 5  1 6  ,a 
touioursetefuividepuis/.tncemeraetemps,futp:iflelecon- 
cordat  entre  le  Pape  &  le  Roi,  par  lequcl  les  Annatcs  fu- 
rent  etabiies  tacicement ,  en  aboliiTint  la  Pragmatique  » 
qui  les  defendoit ;  &  c'eft  une  autre  efpC^ce  d'impoficioA 
fur  le  Clerge  de  France ,  pour  la  fubfiftance  de  la  Cour  de 
Rome.  Depuis  cc  temps ,  il  fe  trouve  plufieurs  Jevees  fai- 
fcs  fur  le  Clerge  de  France ,  fans  confulter  le  Pape.  £n 
1527  ,  le  Clergi  offrit  1300  mille  liv.  pour  la  ranqon 
d  j  roi  Fran^ois  L  En  1 5  3  4 ,  le  revenu  des  biens  eccle- 
fiaAiques  fut  partage  entre  le  Roi  &  le  Clerge.  £n  1 5  5 1 1 
le  Clerge  fit  encore  unc  offrc  confiderable.  En  i  ^  57  ,  Ie$ 
Receveurs  des  d^cimes  furent  crees  en  titre  d^Oiiice ,  & 
pour  leurs  gages  ,  onaugmenta  les  decimes  d*un  foupour 
livre;  ce  qui  prouve  qu*il  y  avoit  alors  des  decimes  or- 
dinaires. 

Depuis  le  contrat  de  Poiffi m  ,  fait  en  1 561 ,  les  levees  ^Q^Yrati  rf» 
furU  CUrge  au  profit  du  roi ,  ont  ete  continuelles.  L'abus  Poirti  &  da 
que  plufieurs  faifoient  dcs  revenus  ecclefiaftiqucs  excitoit  Mduo. 


/  On  tient  coramun^ment  que  c*e(l  deptiis  ce  remps  que  Ics  d(5- 
clines  fonC  devenucs  annucUe^  Sc  orJindiies.  II  lemble  nc4.'unoirts 
«]ti*elies  ne  le  ruilenc  pas  encoie  en  is<7  »  puifque  Htnri  ll  crcjnc 
alori  des  rcceveurs  dcs  deniers  extraordin:::res  H  cufueis  ,  I'.'i!r  doiw 
fia  pouvoir,  entr*iutres  chules,  de  reccvoii  les  Dons  ^rtttuits  &  ihu^ 
ritjtifs  dquifolU  .s  J  Dicimcs,  Oepuis  ce  temps  ,  le  Cieige  u  prcl- 
q;ie  cou)oar»  quaiitiJ  de  Don  pntluit  ,  lcs  !ul»ve«:tions  quM  puir;  ait 
Rot ;  &  c»jla  faiis  doute  ,  parce  qu'il  prcvient  ordinairemcrit  par  dc» 
oiVres  voiuntaires ,  les  iecours  que  le  Roi  etl  eii  droit  dc  lui  d.Mii^iuicr 
pour  les  heroins  de  rEtat. 

m  Cc  contrat  eft   rorigine  dc$   rentes  fur  le  Clorg«5.  Cc  quc  le 

Clerr^e  impofi:  fur  fe«  membres  pour  le  pjiement  de  c?s  rciue'.  oC 
aurres  qui  oiit  ctc  augmentc'es  depwis  pnr  divcrs  c'jn::uts,  s'jpp,*!!e 
iiinitrinci  /)<ft/ru^i.  I.cs  ri4l)Vc'nt'on$  o  vJiiuijeN  rjcxLraordinaires  •"]••* 
Je  <.!!  •:;;'•  paie  au  Koi ,  s'ap;)elU"it  <i  •'.•s  f.ituits  o\i  (uhvenri.ifi'..  !*< 
li  rvt^jiiri  n  q.i'  yii  e\\  faitc  l\u  chaiuc  mwmbrc  du  ClergO  ,  le  lcve 
foji  Ic  ticre  di  Diiiime» 

O  o  iij 


;Si  M£M0IRE    DES    AFFAIRES 

Iji>aioede$I>er^i<7ja,&  rinElignation  oieme  desOtho 
liqucL  C  y  -;:;  osi  p'2!n:«  3Ui  Eia:s  renus  en  i  ;  60  a  Or- 
leK».  p:;is  3  Por.ici!';.  On  tii  afit:mbler  p3r  rautortecu 
Rm  phiCfurs  PreUts  a  9ai3i  en  i  ;6i ,  pour  iraUer  de  ia 
rKcrmucn  ^e  IsgiiJe :  &  la fut  tenu  le  fan:!cuz  CaHnjtit, 
arec  1»  Min::'?!^^  is  la  re*ig;on  pretendue  retbrtnee  , 
Bor,:  1e  psni  cioi:  alon  fi  pui&anr ,  <jiic  le  Clcrge  etoii  ine* 
ii:;^  duTie  en^.iilre  (teflnjfiion.  Cei  Prelats  palDrent  doiic 
i:n  contTEi ,  pir  ler^el  ilt  soUigerent  ,  au  nom  dc  tout 
le  C".(T2e,  a  rivet  au  rci  1600  oiilie  livres  par  an  ,  pen- 
eMi  £1  ir.i  :  6w  de  plu?  ,  a  k  reaienre  en  pofTefnon  de 
fo  c:>raire5.  «Ji;  Irt  aides  &  <!e  fi."s  gabelles  ,  engjgees  a 
rh6:;!-«-vi;:e,  pcur  ^30  mille  livres  de  rente  ,  fsifani 
f«)t  sa^io:::  c::iq  cents  foinnie  mi^le  tivres  de  principal, 
qa'tissV>.'i^eoier>r  de  ra<be:er  djns  dix  ans. 

LeRoi  t:>u:e:'(>;s,  fans  fe  libeier ,  fii  de  nouvellcsconf- 
tipj:ioas de  rente pcur  416000  tivres,  doni  il  aili^na  le 
psTeTTiei^t.^lir  ccne  iiiTpc£:ion,  comsieli  cile  euteieper- 
peiueHe :  ie  Cer^e  de  fon  c6:e ,  iit  diverfes  conflitutiont 
deremes,  pour  reiirer  Ibn  tcmporel  aV.ene  ,  ou  evitcr 
^c  r.ouve^Ies  alienations ;  le  tout  montant  a  7^)000  li- 
^TCS  de  renie;&  avec  ies  436  mille  livresqui  ne  furent 
pMni accMinees ,  i  iS^ nilie  iivres.Le Cle:^i; ayant  fournt 
au  H-ji  :.?utfs  les  ibmntcs  pro<Ti;fes  ,  pretendoit  eire 
ijuir j  :  daiileuTS  il  accufcii  <le  ni:lli;e  touS ces  contrats  , 
tj.^t  avec  Ii:  Ra: .  c  ^'avcc  1a  Vilie :  au  contraire  ,  le  Prevot 
iii  N W.:hai:is  £;  !a  MHe  ds  Paris  fouEenoient  quc  les  ren- 
trt  erciient  djes.  Le  roidiffera  le  jugement  decette  con:ef- 
tatic:: ,  ijui  eft  encore  inilecirc. 

Le  Ccr^e  sScmble  a  Mclun  c:i  1580,  fir  un  antre 
Contnt ,  ou  fans  anprouver  ces  rentes  fur  lefquetJes  on 
proteiu  reciproquement ,  il  promit  d'iropofer  fur  les  bi- 
netizii  I  ]too  niiiie  Uvresparan ,  pendant  fix  ans;  fjvoir, 
110  6  n  iielivris,  3  puoi  Ton  fic  nio:uer  par  erreur,  les 
rcn^es  de  la  Viiie  <Ie  Paris  ,  &  le  furplus,  pour  acquitier 
qu;.'que  pjnie  dil  principal.  En  i  j86  ,  le  clerge  accorda 
c.-^;orep.:rei:!eieveepour<ii);aos.  Le  contrai  fui  renouvele 
e.n  irg6,en  i6o6,en  i6i6,&  a!:;ri  toujours  dcpLiis ,  de 
(^tTzr^c.ldiians,  avccles  tncmes  prorcftatlons.  Ceiie  im- 
poti:iou  s'dppelk  U  Dciixt  a!-Jir,j:rt.  £Jle  a  cte  reduiie  cn 


DU    CLERGfe   DE   FRANCE.         jtj 

1636, i  1196  mille  livres,  parce  que  Ton  avoit  rachcte 
quelque  parrie  da  principal.  EMe  nVft  cmploy-wC  qifau  payc- 
nicnc  dcs  rcntcs  de  rHotel-de-Villc  fur  le  clcrgc,  &  aux 
gzgcs  dcs  olHciers.  Elle  s'impofe  fur  le  pied  du  dcpane- 
mcnt.de  1516. 

La  ^ecimr  orJin,ztrc  ccmprcnd  tous  lcs  benefices,  c'eft-a-  IV. 
dire  tous  ccux  ciii  iouiflcntd^un  rcvcnuecclcfiaftiqucccr  .P^"*"* 
tain  &  ordinairc ,  mcmc  lcs  pcnrionnaires.  Elle  s*ctend  fur 
Icsofficcs  clauftraux  ,  qui  ont  un  rcvenu  fep?.re.  Les  Che* 
\aliers  deS.  Jcan  de  Jcrufalcm  furent  compris  cn  la  ciecime 
dc  15x9,  fous  le  nom  dc  PJiodlensy  parce  que  leur  refi- 
djnce  croit  cncore  ^  Rhodcs.  lis  furcnt  aufli  cotitpri^  au 
Ccnirat  dc  Poifli,  6:  aux  autrcs  fuivans  :  mais  ils  pretcn- 
doient  ctre  exempts  en  vertu  de  leurs  privilcges  :  fur  quoi 
ils  furent  Ion[5  temps  cn  proccs  au  Confeil  avcc  le  Clcrge. 
Eiifin ,  par  Tranfa«^ion  paflce  cn  x6o6,  ils  s*obiigorent 
ii  coutiibger  aux  dccimes,  &  Icur  taxc  fur  riduite  a  28000 
livrcs. IIs  Tont  continuce  depuis,fi:  on  rappclle  CWri^x/- 
ticn  des  Rhodlens.  Les  Jcfuitcs  ont  ete  aufli  compris  aux  de- 
cimcs ,  pour  les  bencfices  unis  a  leurs  CoIIeges.  On  y  a 
compris  en  X63  5  ,  les  Maifons  religicufes  de  nouvelle  fon« 
d:ition ;  &  generalcment  tous  les  bcncfices  omis  dansla  taxe 
de  1 5  X  6. 

On  etablit  dcs  bureaux  dcs  dccimes  cn  Bcarn ,  inconti- 
ncnt  aprcs  quc  la  llcligion  Catholique  y  fut  ritablie ;  &  ^^^,  /^y,^ 
toutefois  les  Ecclcfiaftiqucs  de  cette  province  &  de  Navar- 
re  s*en  font  long-temps  dcfcndus,  &}ufqu*en  1670. 

L*impofition  dcs  decimes  fe  fait  en  vcrtu  du  contrat 
paflc  avcc  IcR.oi ,  &  fuivant  le  departement  regle  en  1 5 1 6, 
qui  a  kxk  re£lifie  de  tcmps  en  temps  /1.  Ce  departement  ge- 
neral  regle  ce  que  doit  porter  chaque  diocefe ,  &  dans  cha- 
que  diocefe  fe  fait  le  regalement  fur  chaquc  benefice  en  par- 
ticuiier.  La  levce  fe  fait  par  lesReccveurs  particuliers  des      *      "'  * 


n   Lesbcneficesqui  avoient  ^te  omis  dans  le  d^partement  de  ip6, 

ou  qiit  ont  dtc  dtublis  ilepuis,  ront  tsxcsenvertu  d*un  Edit  dc  i6j^, 
ou  fuivant  le  contrat  de  x6is.  Les  nouve.nix  Morafteres  font  impo> 
fci  CM  vcrtu  d*un  Kdit  de  16 H-  La  r«5p2rti:ion  i1c<  fubvc»«cions  ,  au- 
trcs  qi:e  Ie$  dccirr.es  ordinnires,  fe  friit  fur  lcs  dioccles  &  bcntfHcier» , 
fciun  lc  dcpjr:cment  i^it  en  l*ail*emblcc  ,  tenue  j  M.'ntcs ,  en  1641. 

Oo  iv 


384        m£moire    DES   AFFAIRES 

Aoce&s»,  quiapres  )e  ternienpirif>,envoient  contraiii? 
dre  les  Ben^ien,  puis  remetient  les  deniers  entre  Ie> 
BBii»desRcceveursproviaciaui,(]ui  paieni  au  Receveur- 
gencnlvll  n'y  a  point de  (blidite;  ni  un  Beneiicier,  ni 
ua  diocele  ne  paient  point  pour  rautre.  On  doii  decharger 
cnu  qui  ont  ete  fpolies  du  revenu  de  leurs  benefices  ;  ce 
qui  arrivoit  (requcnuneut  du  lemps  dcs  premters  Contrais  , 
a  caufe  des  guerres  pour  la  Religion.  On  a  egard  a  toutes 
lbr<esd'boftiliTe5,  &  auxinterver£oiu  dcsdeniersdes  ded- 
mes  faiiespar  lesGouvemeurs  des  provinces  ou  autremen^ 
mais  loutes  ces  cauTes  de  nou  valeurs ,  doivent  etre  esarni' 
nees  &  prouvees.  Tout  poflefleur  de  benefice  paie  la  taie, 
meme  rufurpateur.  On  contraint  rEcononte ,  te  Rece^^etir 
ou  Fennicr ,  foit  general ,  foit  particulicr ,  iufqu^a  concur- 
lenceduprix  defon  bail,  aienieapr^sle  deces  du  liiulaire. 
Le  fucccfleur  ett  lenu  de  deux  annees  pour  le  palTe ,  s'il  eft 
pourvu  par  mort;dc  trois,  «'il  eftrclignaiaire,  en  faifant 
apparoir  par  le  Rcceveur  des  decimes,  des  diligences  &i- 
tes  conne  !e  predecefleur.  On  ne  peut  demander  plus  de 
trois  annecs  de  dedmes  pour  le  pafle. 
V-  Depuis  Ic  Contrat  de  Melun  &  les  fui^^ans ,  la  d^ciiao 

^^"■^"^  etant  etablie  comme  une  levee  reglee  &  ordinaire ,  &  le  Rot 
nt,  nen  probtaot  plus,  puifqu^elle  eA  employee  au  paienient 

desrentes  de  la  Ville,  il  a  demande  au  Clerge  d'3utres  fe- 
COUTi:  ce  font  les/iiJw.T/iwu  txiwdinaim,  qui  d*abord 
n*ORt  ete  accordees  qu'ea  de  grandes  occafions ,  puis  a  tou- 
tesIesafl^embiees.En  1631 ,  a  roccafion  de  laguerre  con- 
trelespretendus  relbrm^,  &  du  fiege  de  Alnntauban,  le 
Gerge conleniit a  uneaouvellecrcarion  d'officcs,dontla 
£nance  vir>tau  Roi.  En  ifiaSieRoiobiint  imBref  du  P;ipe 
UrbainVlll.pour  eshorter  leCIeree  a  iui  aider  aux  frais 
du  liege  de  la  Rochelle ;  8:  le  Clerge  donnz  trois  millions. 


r  On  lcs  7.pre:i«  tetvttvn  d«  dfcimei. 

p  L»in,.int.i  &  avtrciisbveniioni  ,  iaftt  piyibtet  *n  dcux  cer- 
s:t% .  F(vt:*i  &  Odob;c ;  tt  iii-jie  Ae  pjyei '  1'ccheiuce,  rincciet 
dci  tb3<inet  t-\  J  j  pic  '.t  coai(ib'jatte  >*j  dcoiti  doGie ,  i  cooifver 

4  On  '.'ippclle  Reccvcur-|^iwra1  du  Cteige  ,  &  dod  p3>  ReceTcui- 
IteRc-Jl  Jet  Jc.::niei,j  U  ilidcMUCt  det  iUceveuit  raiucutieii  de« 
^jc:ei  K  piovtoccf. 


DU    CI.ERG£   DE   FRANCE.  jJj 

En  i6}£,  a  rocMfion  dc  li  giKrre  itrangcre,  leQet^ 
accorda  ati  Roi  l'ali^naiion  tle  troii  cents  inille  livres  ttc 
rentc  .rachctsble  p.ir  le  Clergi  au  denier  douze.  En  1641 , 
onprijicnaii  taxcr  leClerg^  extraordinairemeni,  pour  Ts' 
moriiircmeni  dcs  nouveauK  acqueis  faits  depuis  i6ao  :  fur 
ijuoi  fAITcmbl^c  tenue  ii  Mante  compofa  pour  cinq  millioni 
cinq  cenis  mille  liv,,  3  une  fgis  payer.  Le  Glcrpe  jugea  ceitft 
nianicre  d'imporiiion  plus  avantageLtfe  que  celic  d'une  cer« 
taine  fomme  loiis  les  ans ,  qui  clcvenoit  une  crue  de  ta  deci' 
meordinaire.  En  i(S^o,leSacreduRoifutrocc3ftondeIa 
fubvention  extraordinairc; en  i66o,fonin3riage.-&aiRli 
ces  fubvemions  oa  dont  graiuhi  foni  devenus  ordinaires, 
&  ont  ete  accordes  par  toutcs  I»  anemblees ,  de  cinq  ans 
cncinqans  ouenviron.  En  167^  ,outrele  renouvellement 
du  Contrai  pour  les  decimcs  ordinaires,  le  Clerge  fit  ua 
don  dequaire  miilions  cinqcents mille  livres,pourIepaie- 
mcnt  duquel  le  Roi  prit  enir'autres  chofes  les  debett  des 
Payeurs  dcs  rentes ,  pourfuivis  depuis  long-temps,  lant 
pour  lcs  rcntes  amoriies ,  que  pour  lei  autres  panics  de- 
meurees  entre  leurs  maitn:  plusuneiaxc  fur lcs acqucreurs 
desbicnsd'Egl)fea)icnet,eftiRiie  quaire  centsmille  livres 
qui  a  eie  la  laxe  du  huiiieme  denier  r.  Ces  impofitions  i  une 
fois  payer ,  fe  rcgleni  fur  le  pied  du  depariement  de  Mante  * 
rc£lili6  en  1 646 :  toui  difliirent  de  celui  de  1  ^  1  f ,  qui  ell 
fuivi  pour  les  dccimes.  Les  Rhodiens ,  les  Jefuitcs  &  les 
nouvellcsRciigions  pDrtcntauSi  lcurpart  des  fubveaiiom 
extriiordinaires. 

Undes  moyensde  fourniraux  fubventions , a  M  Talic-    ^| 
nation  du  temporel  des  egliles/.  On  l'a  pratique  friqucm-  Ju  1 


'  Outrccsi  doni  flrjtuili  ft  ritbvdi-innt  arJiiijirei,  ^ue  [e  Clerf 
ile  au  Rni  tuui  lcl  timl  aiii  ou  ciiviri)n  ,  il  [ijie  «iKorB  Afi  lll 
■■"'■■'   "-"-         ■■"■"■    "         ■■        ■     ■  .li-Ltp. 

..„...,..!.  Lcihrloiri  .1i-|-J»:,iu>i,.ic:t  !m  r tiwx, -y  „;-. 
11  <'i!  cnntriuucr  coiniiic  lct  aiitrri  (u}:>(  (!u  Riii  ,  l'4i.(  i 
i.(  nuM  nkii  ju  rni  dc  lcur  aecerrier  .  lont  un(  z.nit  iciiii.n 
.11.  lorf4jerF.i'ifenepr-tfournif.ulrcmM.T;«!.rhv.i.!i? 
■\.  Lci  emprunii  4M  !et  Roi»  Hc  U  rrcm^ire  &  ilc  1»  f^c.ii. 
.i-..nt  (.,r  liihitPi.:cC^lifei6(  40«  lun  tjyt\»ii  eiaJUiit 


'<i96  MeUOIRE  DES  AFFAIRES 
mcnt  peniluit  les  guerres  cirilei  ctu  feiziime  ficde.  Eo 
1 5  6;  ,  il  y  eut  un  tdii  de  Charlcs  IX ,  pon.mi  permlffion 
8U CJerg6  d'aliener  desbicns dtgliie  pour  cent  milie  cciis 
il'or  de  rente,  qui  fut  confirinii  par  une  inilie  de  Pie  IV.  H 
yeut  ptufieurs  aucresflulles&Edus  fcmbl^bles  pendantlcs 
tnneesfuivanies,  jiifquen  1 585  ;  &lcs  alii-nationspermi- 
fcs  par  ce»  tdiis,  montcnta  plus  d'un  inillion  de  rente. 
Ces  alienations  n'eioien[  pas  ordonnees,  mais  feulement 
permifcsfubridiairemeniaud^fautdeiousaucresmoyeasde 
lournirauRoi  la  fommc  qu'tl  demandoit  pourle  mainiien 
ic  rEiat  &  de  b  Religion.  Les  Kcntliiiers  devoient  aupa- 
ravant  faire  tous  lcurs  e£'orts  pour  payer  h  laxe  de  leurs 
deniers,  vcndre  leurs  meul>Ies,meme  I  ar^enici  ie  dcs  Eglifes, 
bors  la  plus  necclf^ire  :  prendic  ii  Vir<^eat  a  conftitution 
de  rente :  couper  des  bois  :  f.ii:e  des  biiux  cinphyieoiiqucs 
ou  des  cchangcs.  Eniin ,  oa  nc  dcvoii  vcnJre  qu'a  la  der- 
niere  extr^miie. 

Mais  il  s'y  commit  de  grands  abus ,  &  il  fe  iit  une  grsnde 
dl(!ipaiion  des  biens  d'£glife ,  fous  prctcxie  de  ces  venies. 
II  y  eut  fouvent  collufion  enire  les  CommiCbires  depu- 
tes  pour  faire  la  vente ,  &  les  acquereurs :  on  faifoii  les 
fld)udications  i  vil  prix  :  on  eflimoit  te  fond  feul ,  lans 
compier  !es  bois,  ni  les  editices ;  on  vcndoit  les  heriiages 
tiecefTaires  &  les  plus  commodes  :  on  en  vcndoit  pour  de 
plus  grandcs  fommes  qu'il  n'etoit  porti  par  rEdii.  Aufli  k 
rAiTemblee  de  Mclun  le  Clerge  proiclla  de  ne  plus  fouf- 
frir  aucune  alienation  de  fon  lemporel.  En  effei ,  il  ell  de 
llnter^t  public  de  confcrver  lesbiens  tcmporcls  des  EgUfes ; 
pour  le  fpirituel ,  aiin  do  fournir  aii  fervice  divin ,  a  Ten- 
treiien  des  Clercs  &  aux  aumdnes  jauirement  toutcs  ces 
charfTes  reiombent  fur  les  laiques ,  pOur  le  temporei ;  parce 
qiie  les  b^neticiers  dechargent  leurs  familles ,  &  font  quel- 
quc  depenfe  qui  retoume  au  profit  dcs  pauvres. 

Lc  Hci  a  toujours  psrmis  de  retirer  ces  biens  alienes 
pour  fvibvcniion.  Dl's  le  commencement,  en  1563,  on 
pernii;  Jc  les  racbeter  dans  l'an  ,  comnie  par  retrait  ligna- 
ger  011  fOodal :  cc  qui  fui  e:(icute  par  des  deniers  leves  fur 
lcs  diocefes.  Ccs  racliats  font  favorab.cs  de  la  part  du 
Clcrge,  puirqueles  biens  d^Eglifc  foni  regulierement  hors 
]e  conimerce  :  mals  les  Jagcs  laiqucs  les  regardent  comme 


DV  CLERGfe   DE   FRANCE.  587 

contraires  a  la  furcte  des  acquifitions  &  i  la  paix  des  fj« 
niilles.  A  cliaquc  rcnouvclloment  du  Contrat ,  le  Clergi 
obtient  la  prorogation  de  la  faculte  de  cc  rachat  pour  cinq 
ansr.  Piufieurs  biens  alicnesont  ite  recircsefiedivement : 
&  la  taxe  du  huiticmc  denicr  u  e(l  fur  ce  fondement,  ie 
Roi  entrant  aux  droits  du  Clergc  pour  confirmer  ia  poiTcf- 
fion  aux  acqucrcurs. 

Unc  autre  manicre  d'impofition  fur  le  Clerge ,  a  ete  la  vil. 
crcation  dcsofHccsdcRccevcurs  x,  La  recetrc  des  decimes  Officiert  des 
fe  faifoit  du  commcnccmcnt  par  lcs  Evcques  ou  par  ceuj  cimef. 
qu  ils  commcttoicnt.  Henri  II ,  en  1557  crea  un  Rcceveur 
des  dccimes  &  autres  deniers  cafucls  c:i  chaque  villc  epif- 
copale.  Ccs  Ofiicicrs  furcnt  fupprimes  6c  rctablis  plufieurs 
fois,  jufqu  cn  1 573.  Alors  Ic  Clergc'cn  confcniit  rctablif- 
fcment ,  a  la  charge  d*en  avoir  la  noniination  &  la  difpofi- 
tion,  pourfournir  au  Roiune  fubvention  cxtraorclinaire; 
ce  font  les  Recevcurs  particulicrs  dcs  dccimes  en  chaquc 
dioccfe.  En  1621  ,  pour  fournir  la  fubvention  extraordi- 
raire,oncreaen  chaque  dioccfe  un  Rcceveur  alternatif, 
&  deux  Controleurs  ,  un  ancicn  &  un  alternatif.  En  1628, 
on  ajouta  un  Receveur  &  un  Contrdleur  tricnnal.  CesRe- 
ceveurs  particulicrs  re^oivent  la  taxe  de  chaque  Benefi- 
cier ,  &  la  portent  a  la  recette  generale  provinciale ,  ita- 
biie  en  chaque  ville  oii  il  y  a  generaht^  des  financcs.  La 
rccette  generale  provincialc  fe  faifoit  du  commencemenc 
par  dc  fimples  commis  du  Receveur  gen^ral  du  Clergc.  £a 
1 594,  furent  crees  entitre  d*ofIice  des  Receveurs  gene- 
raux  provinciaux,  un  cnchaque  generahte ,  avec  faculte 
au  Clerge  de  les  rembourfer.  On  y  ajouta  en  1621 ,  un 
Procureur  provincial  alternatif ,  &  dcux  Controleurs,  Tan- 

t  La  d^clarttlon  du  iS  Juil!et  1702,  rcgiftrdc  au  grand  Conftil  le 
2^  Aoi^t,  permet  aux  Eccl^fiaftiques  de  rentrer  dant  leurs  bitr.s  ali^- 
ncs  ,  en  payint  le  fixiemc  denier  de  leur  vaieur ;  c*eft  ce  que  Tun  appelie 
Id  taxc   d:t  f,xieme  ienicr. 

u  Le  h'iiticmc  fut  ctabli  par  un«  d^claration  du  il  Juin  i<^4i ,  pu- 


X  Le  Roi  ayanttouwl.c  la  finance  de  ces  CfHces  de  recereurs  dei 

^»'i:;u>s. 


<^«WMPt«fi^.'  /    f-1   « 


5^8        M£MOIRE    DES    AFFAIIVES 

cien  &  rsdternarif.  En  1625 ,  on  ajouta  encore  le  Rece« 
veur  &  le  Controleur  triennal.  Tous  ces  ofHces  appartien* 
sient  au  Clerg^ ,  qui  en  a  acquis  la  propriete ,  en  payam  U 
finance  au  Roi ;  &  les  a  revendus  aux  particuliers  avec  fa- 
culte  de  rachat  perpetuel.  Ces  alienations  d'offices  font  une 
efpice  d*emprunt  ou  conftitution  de  rente ,  puifque  lesga- 
ges  &  les  emolumens  fe  prennent  fur  le  Clerge.  Les  ofH«* 
ciers  ont  iih  fouvent  taxes  par  forme  de  fupplement  de 
finance  ou  d*augmentatton  de  gages,  pour  fournir  au  Roi 
des  fubventions  extraordinaires.  II  n'y  a  que  le  Receveur 
general  qui  n*eA  poinr  OfHcier  ;  le  Clerge  n*y  a  jamais 
confenti  ,  etanc  neceiTaire  qu*il  depende  ablblument  de 
]ui«  Sa  charge  ed  une  fimple  commidion ,  que  rAflem- 
blee  generale  accorde  gratuiremenr  par  aurant  de  Con« 
tratsqu'elle  en  faii  avec  le  Roi.  Ni  le  Receveur  general^ 
nilesparticuliers  ne  rendenr  compte  qu*au  Clerge  :  tous 
les  Oiticiers  des  decimes ,  quoiqu'ils  aicnt  provifions  du 
Roi ,  font  r^pures  OiVIciers  du  CIerg6  ,  &  comme  tels , 
font  exemprs  des  droits  de  murc  d*or ,  de  quart-denier,  de 
confirmation  d*heredite  ,  des  recherches  des  chambres 
de  juAice ,  &  des  taxes  fur  les  OiHciers  de  finance.  IIs 
ibnt  aufH  exempts  de  taille  &  de  logement  de  gens  de 
guerre. 
VTIT.  Les  Receveurs  parricuHers  rendenr  compre  aux  Ev6- 

JevTe^^  fur  r  ^"^^ '  ^  ^^^  Syndics  &  Depures  de  chaque  diocefe ,  cha- 
Perg^.  cun  apr^s  Tannee  de  fon  exercice ,  dans  fix  mois.  Les  Re- 
ceveurs  provinciaux  rendenr  compre  au  Receveur  general , 
qui  leur  envoie  les  erars  de  .recouvrement ,  &  feul  arrete 
&  figne  leurs  compres.  Tous  reriennenr  par  leurs  mains 
leurs  gages  &  raxations.  Le  Receveur  gendral  rend  compte 
aux  aHemblees  generales;il  compre,  non-fenlement  de  la 
*  decime  ordinaire  ,  mais  de  la  levee  pour  les  frais  com* 
muns,foit  delagrande,  foit  de  la  perire  aflemblee. Cette 
levee  fe  fait  par  avance  ,  fuivant  un  pied  particulier^ 
&  ne  pafle  point  par  les  mains  des  Recevcurs  provin*. 
ciaux.  Les  fommes  k  une  fois  payer ,  que  le  Clerge  ac* 
corde  au  Roi  pour  fubvenrion  extraordinaire  ,  n*en« 
trcnt  point  dans  les  compres  du  Clerge.  Le  Roi  traite 
du  recouvremcnt  avec  qui  il  lui  plait  ;  &  le  Clergi^ 
fournit    au  traitant  les  departemens  generaux  fic;  fdX-i 


ticuiicrs. 


DU   CLERCe    DE    FRANCE.         589 

Ni  lcs  d^cimcs  ,  ni  Ics  fubvcntions  extraordinaircs  ne  }^' 
iTcM-vcRr  quc  dii  contcntcmcnt  duCIergey,  (clon  qu*il  les  j^ 'r i'^  • 
uccnrdc  &lcsimporc,  etunt  concraires  aux  privilc^es  des 
pcrioiincs  &  dcs  bicns  ccclo(iailiqucs  ,  fi  ancicns  &  fi  unt- 
vcrlcis  y  qu*ils  ont  paflc  cn  droit  comniun.  Lcs  Aflemblces 
du  Clcrgc  font  donc  nccciraircs  pour  ordonncr  ccs  impofi- 
tions.  11  y  adcs  Ailcmbiccb  ordinaircs  &  d*extraordinaires. 
Lcs  onlin.iircs  Ibnt ,  ou  particulicres,  dc  chaque  diocc(e; 
ou  provincialcs ,  dc  ch.iquc  provincc  ecclcfiJiliquc  ;  ou  ge- 
ncralcs ,  dc  touc  lc  Clcr^c  dc  France.  Elles  nc  ic  pcuvent 
faire  quc  par  ia  pcrmiiiion  du  Roi ;  maisa  chaquc  rcnou- 
vcllcmcnt  (!u  Contrat  pour  les  dccimes  ordinaires,  la  pre- 
n.icrc  claulc  (hpuicc  uc  la  part  du  Roi ,  eft  la  pcrmillion 


V  Qiio-qiie  le^Honi  r;r.itn!i<  &  aiitres  fuhventlons  fe  lcvent  orHinai- 
reinrnt  tn  con'.c-.{;icnce  ucs  cuntriit^  p.LJrOs  ^vec  le  roi  j  ce  t|iii  cmpocte 
rL-ccruirement  i:n  ccnientemcnt  dc  h  ;'ir!  du  Clergc  ,  il  re  s*eiiluic 
p.i^  (('.ic  lo  Koi  f.c  puillc  lever  auciinc  c.nn:r;b-irion  iur  le  C.er^c  ,  tjnC 
fiin  conr-^iitcment.  C.ir  indcpcndnmment  dc  li  ca;iiirttion ,  &  c.c  tj-.itl- 
ques  autrcs  iniporitions*  ;.uxquc!lc&  lei  h:clct'i.iili(]i.cs  iO'i.c  fuumis 
ccn-.nu  les  .lutres  lujetsdu  I\oi  ,  on  voit  quo  d.tiik  nli.iu  iirs  0(.var;('ni » 
&  d  'AS  <'.:oii{'.cs  contrars  mcrre  ,  Ie<  i\  hvoMTlonifriirr.ifs  au  Riii  r.'o«t 
p.is  to'.;'i'jur$  ccc  fjuiilir.cei  dc  Dun  crjruf.  L?(.ier^c  lui  mcmc  a  re^ar- 
dc  ccs  ('uLis  conune  unc  coiitril>ut-uii  aiix  c!urk;?s  f!e  Tctjt.  i>ii  en 
pourroit  clt^r  pliilie.irs  cxemplc^  :  nt.nk  on  te  coiiten:cri  dc  rer.voyer 
aiix  nrocos-vfrli.uix  dcs  .illcntlilces  du  Cicrtfc  dcf  annce^  I~i  '  •  ^ 
1-5-».  n.ins  lc  prcTiier  ,  Ic»  J-vcmies  «[ui  ».j»r»j  kiioient  r.iiUinl.cc  rc- 
poiiHirent  aux  c  n  nutl.iirci  f'ii  K-.-i ,  H'.ic  lummc  C/vyent  lis  j\'t.'icne 
f:  :s  /'.i/rt  tov.M  let  t^mpt  nn  Aivvi'  Ae  pjrtaztr  is.t  th.ir^et  ec  i'Vtat» 
Diris  U'pro:c^-ver'>a' «i-  i-;  ;,  il  nclut  ]»..'int  qii?lhonde  <*on  grjiruii  : 
les  cijrniniir.«:rc'.  dii  Hoi  dem.ind,.  :cn:  aii  cl-^r'.',--'  ur.e  cerf  jine '<rnme  , 
&  i.i  ..j  iUtv.-rvn;  qjj  /<  K(»'  tvjjo.»  t  p!fn  J\iJflHiun  pour  U  C'e*}it  , 
n'iiirL.:c'i>ft  ntn  Junfcr  djnt  i'jrct^n  ujui^c  tfc  lui  Li^KjUr  U  ju:n  dt 
Jl:iiC  Ij  rei*jrrit  on  &  I<  recouvr^:tr.fnt  i{i,s  jonim^'t  Puur  UjjucHcs  tl  di- 
rott  contriluer  d:ix  h:juint  dt  f*Ffjt  ...  .  ^i^c  c'ejt  i.r.t  difiinJHon  eni^ 
mnre,  dont  U  LUfic  jouit  depuis  lonf^-tcmps  i  qucIU  U  rend  en  cettc 
p.ittit  depttjUuiic  de  Cati:oritc  du  Rot.  II  rd'ii'te  aifrz  d«  ce  (liiwiiiirip 
<\:e  c'cii  le  Rui  qtii  impofe  le  CUrgc  cn  g(^ner.«I  &  en  p^riicuiier  ; 
%\\.'j  !rs  conrratt  quc  lc  C!er|;^  fait  avec  lc  roi  ne  fonr  que  cSei  abon'* 
«■.•:mens  fembii>bles  a  ceux  que  le  Roi  fait  avec  Us  V*y%  ci*Etaci  i  & 
«l>ic  ;.i  rep  irtition  qiic  le  Clerg^  U\i  fur  fei  mcinbrcf  .  ne  fe  fdit  qu*en 
virtur'!*  !'.iiitorit^  du  Roi .  qui  le  permet  linfi,  It  Roi  ^rant  le  feiil 
qni  p-..:il'c  mectrc  impoficion  fur  fcs  iuieci.  Les  iliput^s  du  Clergc  fe 
ji.'«.ri(.rciit  iur  ce  que  U  demandc  dcs  commiflairct  du  Koi  reflfe^n-.Moic 
ii  \\T\  iiri're  .tSi  i'u  :  mais  lc  roi  confirma  ce  qui  dvoit  M  f  ir ;  Sr  par  ar- 
Tcrde  ton  coiif**il  du  15  Septembre  17SO9  il  ordonna  qnM  firi<ir  kti- 
p.Mc  jS:  levc  cn  ia  mr.niere  &  dans  les  termes  accoi:' .:-..'.  .  i  r  .iv  c^ta- 
cci.sdu  (■  !ci|;e  de  France,  par  ies  burcaux  ru  .vi  n  ,  !.- fomme  dt 
a;cw.uo  )it,  «nnucKcmcac  I  ^  pciiiiMiit  iukUJis  cic  i\u.\  .:;..^e«« 


f90  M£MOIRE    DES    AFFAIRES 

au  C\er%i  de  s'allembler  dix  ans  apres  ;  ce  qui  a  toujoan 
iti  praiiqu*  depuis  1^86.  Ces  aflemblees  ne  Coat  poinc 
des  Conciles,  etanc  convoquees  principaleaieat  pour  ks 
aSiires  lemporelli;;  {,  &  pjr  Dcpuies  leulement ,  comme 
les  alTembl^cs  d'etats.  II  n'y  a  qu^  des  Beneficiers  qui  puif- 
fent  y  ecre  depuces,  &  par  la  province  oii  eft  ledr  b^Q^- 
fice.  Chaque  province  envoie  quatre  Deputes  ;  deux  du 
preaiier  ordre;  rArclieveqiie  {v  uii  Eveque ,  ou  deux  Ev^ 
ques  ;  deux  dufecond  ordre  ,  qui  doiventetre  inyiu;/-i4,  6t 
avoir  un  benefice  dans  le  dioLcre  qui  les  depute.  Le  Roi 
marque  le  lieu  pour  cliaque  alleinblce.  II  doii  eire  pres  de 
la  Cour;  &  pendam  quelquc  tenips  ou  le  marquoit  auire 
que  Paris ,  de  peur  que  les  dcputes  ne  fe  detcHiraaOent  a 
d'autres  afTaires. 

Outre  la  grande  afTcmbl^e  de  dix  ans  cn  dix  ans ,  il  y 
a  les  petices  ,  pour  ouir  lcs  comptes  du  Receveur  general. 
D'abord  on  nomnioit  un  depute  de  chacu.ie  d<£S  quinze  pro' 
vinces ,  pour  ouir  les  comptes ;  &  ils  y  pouvoient  vaquer 
au  nombre  de  dnq.  £n  1 6 1 ; ,  on  permit  d'envoyer  deux 
D^putes  pour  les  comptes ,  faifant  en  tout  ircnte-deui , 
avec  les  deux  Agens.  Les  Afremblees  des  comptes  fe  te- 
noient  tousksdeuxansiufqu^en  1615,  qu'eiles  furentre- 
duites  a  cinq  ans ;  dont  Tune  fe  confond  avecla  grando ,  Tau- 
trc  fe  lientdans  riiitervalle,  comme  cn  1660,  1670  & 
1680.  Le  Roi  leur  demande  des  fubvcntions  extraordinai- 
res,  aulTi-bien  qu'aux  grandes.  Les  AtTemblecs  extraordt- 
naires  fe  tienneni  par  les  Prelats ,  qui  fe  rencontrent  i  la 
Cour,  avec  les  Agens  generaux,  lotfqu'il  arrive  quel- 
que  affaire  imprevue  hors  le  temps  des  AiTcmblces 
ordinaires. 

Du  commencement  11  y  avoit  des  Syndics  &  Dcpuies 
!u  g^neraux  duClerge  ,  eiablisen  1^64  :  mais  comme  ils  abu- 
ferentdeleur  pouvoir  ,cn  confemantauxconllitutionsdcs 
rentes,il5furent  abolis  a  rAffemblte de Melun , en  1579, 
&roncresdes  Agens  &  Solliciieurs  generaux,  pourfoUt- 
cicer  a  la  fuitc  de  la  Courdles  affairesdu  Clcrge.  Ils  font 

l  FJ!cj  fonntnt  n^anmoim  dri  di'tWrsrioni ,  pst  if (qiwllei  ellei  ar- 
tticnc  divcri  puinit  ie  foilrii.n  U  ci?  dilcipiine.  Lllcs  ccniuicnt  de>  Ou- 
Tragei ,  ri«  Thifci  &  auires  icjin  n<ii  le  mititent, 

n  III  fgnciuiTi  cltarg<!i  de  fuivce  a   fatii,  clucun  les  a£Urci  itt 


DU  CLERGfe   DE  FRANCE.  y^i 

ideux  ^tous  deux  du  recond  ordre,  nomrois  tour  i  tour  par 
lesprovinces^  ou  les  quatre  D^putes.  Leur  fonflion  dure 
cinq  ans ,  &  on  en  nomme  deux  nouveaux  i  chaque  Aflem* 
blce,  culcsanciens  rendent  compte  de  leur  geftion. 

LesSyndicsgeneraux  h  avoient  aufli  juridifiion  pour  tout  ^^*  ^^ 
ce  qui  concerne  !es  decimes.  En  les  fupprimant,  rAflemblee  EccUfi^S^ 
de  Me!un  erigca  des  Chambrcs  Ecclcfiafliques  ou  Bureaux  quei» 
gcncraux  dcsvlccimes ,  qui  furent  erablis  par  Edit  en  i  s^o , 
dans  huit  c  villes  metropolitaines:  Paris,  Lyon  ,  Rouen^ 
Tours,  Bourges,  Touloufe ,  Bourdeaux ,  Aix  d,  Paris  eroit 
pour  provincc  de  Sens.  Chacunedeccs  Chambres  eft  com- 
pofec  de  dix  a  douzc;  Juges ,  qui  doiventetre  gradues&  dans 
lcs  Ordres  facris  e :  ils  fcnt  choifis  par  les  Archeveques  :  ils 
jugent  fouvcrainernent  do  tous  lcsdiflcrents  qui  concernent 
los  dccimes  &  fubvcnrions  du  Clcrge ,  &  exercent  leur 
fonftion  gratuire.r.cnt.  Leur  juridiftion  a  ete  fouvent  con- 
firmee  par  ies  Lcttrcs  du  Uoi  o:  les  Arrcts  des  Cours.  li  y  a 
des  burcaux  particuliors  dcs  decimes  en  plufieurs  dioccfcs/, 
accordes  par  ie  Contrat  de  1 6 1 5 ,  &  compofes  dc  l*Eveque, 
des  Syndics  &  Deputcs  dcs  dioccfes ,  pour  juger  les  memes 


dioccfes  dc  lcur  H^^partement.  L^^tabHflTement  He  cei  A^ent  a  fouifcrt 
quelqvMs  contradiOions  en  diHerentes  AlTemblees  du  Cler^e ,  depuis 
ccllc  cie  Mclun  ,  notamment  en  15S5  ,  1605  &  1650. 

h  P!us  anciennement ,  c*etoit  te  Confeil  du  Roi ,  qui  connoitToit  «!es 
decimes.  Ces  matieres /urentenfuite  renvoydesiU  Cour  de  Aides  do 
P.ui5  ,  par  TEditdu  mois  deMars,  1551  .  dc  depuis  par  Edit  desrooi* 
deFdvricr  1553  ,  &  Septembre  I555  ,  a  cclle  de  Montpellier. 

c  11  n*y  en  eut  que  fept  dt.iblies  par  rRdit  de  15S0  ;  la  huiticme  qui 
cft  celledeBourges »  ne  fut  ^tablie  qu*en  15S5. 

d  II  cn  avoit  <^td  «^tjbli  une  ncuvicme  i  F.iu,  en  1^33  :  mals  pr£« 
Ccatement  il  n'}  a  que  Ie$  huit  prcmicrcs  qiii  lubfincnt. 


e  Les  Juges  font  choifis  entre  !c<  Confcinert-CIercs  des  Parlemens 


y  a  au^fi  un  promoteur  g^n^ril. 


/  Les  dioc^fes  ou  chimhrcs  ecct<*ri.iftiqucs  ie%  d^cimes ,  refTortlf- 
fanfcs  ;iu  burcju  gt^ni  al  dc  Paris ,  lont  Paris,  Sens  .  Orlcans ,  Char- 
trcs  .  Mcjux  .  Auxerre  .  BIols  ,  Troye«  ,  Reim» ,  Laon  .  Chilons  , 
Bcnivait,  Noyon  ,  SoiiTon»  ,  Aniims  ,  Boulogne.  Seniis  &  Ncvcrj. 
II  en  eft  ainfi  det  autrcs  b-jrcaux  ^cr.drr.ax  ,  auxquels  reirurtilTcnt 
les  chjmhre?  c:c!(Jfiaftique$  pjrticultcrcs  dcs  diocwfcs  ijui  font  duik 


J>> 


M£MO(RE    DES   AFFAIRES,  &&' 

inijreiaftaace,&  }iirqu'a  vingt  livres  fita 
„  sppel.Eaduquediocefe,  iiyaunSyndicouSoliiciteurdes 
aSiireseccmuUtiques,  erabli  par  rOrdonnance  de  Blois,& 
confirmeea  1579  ,  i596,&  toujours  depuis.  II  ellelupar 
r Adeaiblee  Syaodale ,  qui  ieule  peui  le  deftimer.  U  y  a  atiffi 
iles  Syodics  provindaiu  ^   eiablis  par   rAfleoibl^    de 


blSCODIIS 


LES    QUATRE    DERNIERS 

D  I  S  C  O  U  R  S 

DE      M.      L'A  B  B  6      FlEURY; 

L       Sur  les  Libertis  de  P£gli/e  Gallicane^ 

IL     Sur  PBcriture  Sainte^ 

JIL  Sur  la  Foifie  des  Hibreux. 

i^.  Selon  P£dition  de  Dom  Calmet. 
2®.  Selon  PJ^dition  du  Pire  Defmolcts^ 

JV.  Sur  la  Predication. 


U. 


Pp 


m 


« 


«e 


m 


DISCOURS 

SUR    LES   LlBERTiS 

DE    L'£GLISE   GALLICANE> 

Suivant  lidition    de    1763» 

L*Eglise  Gallicane  s*eft  mieux  defendue  que  les  autres,         ti 
du  relichement  de  la  difcibline  introduit  depuis  quatre  y^tf^^^^^ 
ou  cmq  centsans ,  &  a  reritte  avec  plus  de  lorce  aux  eatre-  f^gy^  ^^^.^j^ 
prifes  de  la  Cour  de  Rome.  La  Tli^ologie  a  iti  enfeignee  que  lei  tu. 
plus  purement  dans  rUniverfite  de  Paris  que  par-tout  ail-  *'^I?r*r*,|*°* 
leurs ;  les  Italiens  meme  y  venoiem  etudier;  &  la  principa*  "*      ^      ^ 
k  reflburce  de  rEglife  contre  le  grand  Schifroe  d*Avignon 
B^eft  trouvee  dans  cette  Ecole.  Les  Rois  de  France  depuis 
Clovis  ont  ite  Chr^tiens  Catholiques ,  &  plufieurs  tr^ze* 
les  pour  la  Religion,  Leur  puiflance ,  qui  eft  la  plus  ancienne 
&  la  plus  ferme  de  la  Chr^ienti ,  les  a  mis  en  etat  de  mieux 
prot^ger  TEglife. 

Depuis  que  les  Empcreurs  ont  perdu  Tltaiie ,  &  que  les 
Papes  y  ont  acquis  un  etat  temporel,  qul  en  a  fait  la  roeiK 
leure  partie,  il  n*y  eft  point  refte  de  Souverain  capable 
de  rififter  &  leurs  pretentions;  &  Tinter^t  commun  de  s'a- 
vancer  i  ta  Cour  de  Rome,  a  fait  embrafler  h  tous  les  Ira- 
liens  les  intir^ts  de  cette  Cour.  La  dignite  des  Cardinaux 
y  efiace  celle  des  Ev^uesqui  (bnt  en  tres-grand  nombre  & 
pauvres  pour  la  plupart.  LesReguiiers  y  ont  le  dcflus  fur  le 
Clergi  Seculier.  II  n*y  a  que  les  Venitiens  qui  fe  foienc 
inieux  d^fendus  des  Nouveautis. 

En  Efpagne,  depuisrinvafion  des  Maures,IesChrotiens 
mt iti loiigtemps foibles, obligcs dlmplorer  le fecours des 

q^  &  de  rccourir  aux  Papes,  pour  avoir  de^  Croifadef 

-^^  Ppii 


59«      DISCOURS  SUR  LES  LIBERT^S 
&  des  Tndulgenccs ,  afin  d'enccurager  lcurs  troupes.  Ce 
nVd  que  dcpuis  deux  ccmsans  quclcur  puiflanceeft  re;a- 
biic  &  reunie ,  &  c'ell  alors  qu'ils  ont  re^  rinquirition,  & 
l'c  fonc  foiimis  a  \i  piupart  des  ufagcs modornes. 

UAngleicrrc,  avantleSchifnied^Henri  VIII,  eioitrou- 
mife  3U  l*jpe  ,  niC-me  pour  le  temporel :  le  Dtnler  Saint  Pitrre 
y  eiolt  et;i!)1i  des  k  tcmps  des  premiers  Anglois ,  &  Jean 
Sjn^-terrcavoit  acheve  de  fe  rendre  fujet  du  Pape,  en  lui 
ijiUuii  liommagc  dc  fon  Royaume,  11  n'y  a  point  de  pays 
cii lon fc  loit  tant  plaini dcs exaflions de la Cour  de Rome. 

En  Allcma^ne ,  bs  Empcreurs  oni  rif;fte  auK  enirepriics 
di;s  Papcs par  d.uiires  entrcprifcs,  &  paruneconduiteou- 
tree  &  mal  fouicnu;;.  Lciir  puilTance  ell  tombee  dans  les 
dcrnierstcmps:]cs  Eccl^fiafiiiiudsonimclealeur  vraieau- 
toritclc  fdilc  &  iudoniinaiion  fcculiere:  la  doflrine  &  lcs 
fonJftioiis  ccclefiafliques  oiit  eie  prefqu'abaiidonntfes  k  des 
Ref;uliers  d^pcndans  particulijrement  du  Papc ;  &  depuis 
Liither,  Ics  Cailioilqucs  voulam  relever  J'autori:c  duPape, 
fe  foni  fouvcnt  jccijs  dans  lcs  excus  contraires.  II  en  eft  de 
meme  a  pioportion  de  ia  Pologne.  Le  ChriftiaRifme  n'y  a 
commcnce  quc  vcrs  lc  lemps  ou  ies  Papes  s'accoutumoient 
apoulTerk  pluslolnlcursprctentions. 

Lcs  M;<\:mcs  dcs  Ultramomatns  que  nous  rcjetoiu  en 
»  Francc ,  font  ics  iuivantcs. 

^       i".LapuiiTancetem;'orel]eeft  fous-ordonnee  4la  fpjri- 

■i  tuclle,  cnforte  quc  lcsRois&lesSouverainsfont  foumis, 

au  moins  indire^ement  ru  Jujemem  de  rEglife ,  cn  ce  qui 

regardc  lcur  ibuveraineie ,  &  peuvent  en  etre  priv^s  s'il» 

s'ei5  renacnt  intiignes. 

z°.  Toute  rautorite  Eccleriaflique  r^fide  principale- 
tncnt  dans le  pape  qui  enedla  fource,enfortequeIuifeul 
licni  imm^diuiement  fon  pouvoir  de  Dieu ,  Ics  Eveques  le 
tiei:rii:r.t  dc  lui  &  nc  font  que  fes  Vicaires ;  c'eft  lui  qul 
do.^nerauioritc  au\  Contilts  menic  univerfels;  lui  fenl  a 
droit  dc  (lecider  les  qiicflioiis  de  foi ,  &  lous  les  Fidellec 
dciwnt  fc  Ibv.mciirc  av^-njliment  a  fes  dccifions  ,  parce 
(;u'elks  font  infaillibles ;  11  pcm  lui  feul  faire  telles  lois  Ec- 
c]cfjiifti(;ucs  fiu'il  lui  pliiit.  &  difpenler ,  meme  fans  caiTfe . 
(letoiit.:^  ed;cs  qui  fout  liiitcs;  il  pent  di(pcl''- 
de  tijus  les  biens  Eccli:f:al^:qucs  ;  il  ne  r-  -  ..     , 

Ditu  defa  conduitc;  iljugc  tcus  ks  auiri.s  ii.  v  ■. 
[.crlc-^r.;. 


DE   UfeGLISE   GALLICANE,  yjj 

De  Cctte niaximc  jointc  a la  prcmicre , Ics  Liirjn^^i.t.iw.^ 
conclucnt  que  lc  pape  peut  aulli  diipofcr  Ucs  (Anir^^ni:.:* , 
&  que  toute  puiflancc  tcmporcUe  ou  Ipirituclie  ic  ranpcrt j 
a  liii  fcul. 

C^cs  maximcs  ont  eie  avancces  pcu  \\  pcii  (!oruisG:\'".v'i-       .'.''• 
re  \  II  qui  tcnoii  lc  Saint  Sici;c  Tan  i  oSo ,  &:  qui  (V.utm:  le  p.oafi!"*^ 
prcmier  quc  tous  les  Royaumcs  dcpcndoicnt  dc  rKi^iifc  Ro-  cck     maui 
maine ,  &  que  les  Princcs  excomnuinics  dcvoicni  Orre  dc-  «"«s. 
pofcs.  Quclques  Autcursont  enfci^ne  quc  rL^,!iicpouvoit 
abfoudre  lcs  Sujets  du  ferment  dc  ruleiire  ,  du  nu<ins  cii 
cas  d^hcrefie  &  d^apoftafic.  Mais  dans  des  temps  plus  ccl.ii- 
rcs&  plus  paifibles,  on  a  rcconnu  l*errcur  de  ccrtc  doC^ri- 
ne  pernicicure ,  6:  dcpuis  clle  a  tou)Gurs  ctc  rcjorco. 

LeSchifme  d'Avii^non  donna  occafion,  vers  raii  1 400,' 
aux  difputes  de  la  fuperiorite  du  Pjpe  ou  du  Concilc.  Lc 
difTtlrcnt  duPape  EugcnclV  avcc  lc  Coi;ci!c  dc  BdH^,  cn 
143^,  les  echaufla.  Sous  Julcs  11,  cn  15 1 5 ,  on  pniT.i  juf- 
quVt  foutenir  rinfaillibilite  du  Pape.  Lcs  nouveilcs  hc- 
refics  ont  cxcit^  plus  de  TheoIo|^'ens  a  rembrair.-r  &  a  ia 
defendre  opini atrement ;  &  parce  quc  rantiquite  cft  pcu  fa- 
vorjble  a  ccs  maximes,  ceux  qui  en  font  prevenus  rc[^ar- 
dent  rcrude  des  Pcrcs&  dcsConcilcs,  commeune  curio- 
fite  inutile,  ou  mcme  daneercute.  La  plupart  des  Rcgu- 
liers  attachcs  au  Pjpe  par  leurs  exemnrion^  &  lcurs  privi- 
legcs  y  bnt  embrafle  cette  nouvelle  doc:i  ine ,  &  y  ont  atta- 
che  une  idcc  dc  piete  *,capable  d*impoicr  aux  confciences 
dclicates.  11  faut,  dicon ,  fe  tenir  au  plus  (ur  en  des  matic- 
res  fi  importames :  or  le  plus  fur  eft  ce  qui  nous  eloigne  le 
plus  de  la  doArine  des  hirctiques ,  commc  fi  en  fiiyanc  un 
exces  on  ne  pouvoic  pas  tomber  dans Tautre.  La  vruic  picte 
cft  fondee  fur  la  vraie  croyance ,  &  le  plus  iur  ,en  maticrc 
de  Kelipon ,  eft cc qui a  toujours  ete  cru  par  toute  rii*;lik*. 
On  doic  bieo  pluc6c  fe  faire  confcience  de  meprifcr  les 
(^onciles  &  rautoriti  de  rEglire  univerfelle,  quc  tout  le 
monde  reconnoit  pour  in&ilUble ,  que  de  ne  pas  aitribucr 


*  Qiielque«  cotnmnnaut^i  f^cuiiircs  ,  chjr/.oes  rie  !*<  '  .  'ti  n  ici 
jciinc»  cczlchaftiqiies  ,  lcur  pcrrrt!»»^iftr.l  •.i-tuv.iii  ■'■  to«  :'-r'r  'w. 
q'j;:!rc  artictci  du  clerr.^  ,  cjiiTf  cci  ci^\v\  iw^  CfWt  /.v.-  ■.."■.  ■; 
r?  pcrmirt  p!us  prci   .  :  .:    •.:  i!»'  it-.*:iic  r;;  -  ■.'-  ..        ■■  '  "     li 

r"i.r;L"  «.  ri'.i'iir.d  ric  lc*  !.i  c  !.•  .fii   r  .'  .■•  ■•■   ..\    i--    ■  .   J  ■ 


j^S      DISCOURS  SVR   LES  LIBERT£S 

a  a\  Papes  lout  ce  que  les  flatteim  Im  donneot  depatt  dnnc 

cenis  ans.  La  Aatterie  &  la  comptairance  rervile  fcan  desv^ 

c«  odieux .-  1a  libene  &  le  cotmge  k  fbuteiur  la  rfaiie , 

lb<.i  des  %'crius  Chreiiennes  qui  foat  (nitie  de  la  piete. 

^V.  CXt  pGurobv-ieTicesRouveatitb,queleCIergiaflaiH 

AriiclsT^dc  bSeaParisle  t^Marsi^Si,  fit  la  Declaration  contemie en 

U  IMora'    ces  quatre  artides : 

^refmxe  "  '-  '^  puiffance  qiie  Dieu  adoonee  i  fatnt  nerre  &  1 
oppofjiicct  "  f^  fuccefTeurs ,  Vicairei  de  Jefus-Chrifl,  &  i  rE^tife 
laixuDei.  M  m^me ,  n'efl  que  des  chofes  rpirituelles  &  concenum  le 
»  falut  eie^-nel ,  &  non  des  choires  civiles  &  leinporeBes; 
M  donc  les  Rcis  &  les  Princes,  quam  au  Temporel ,  Qefoat 
»  foumis  par  Torilre  de  Dieu  a  aucune  puiflance  Ecclefiaf- 
»  lique,  &  ne  peuvent  direftement  ni  indire&emenc  etre 
n  depofes  par  raurorite  des  Clefs,  ai  leurs  fulets  erre  dif; 
»  penfes  de  Tob^iffance ,  ou  abfous  du  fennent  de  fideliiei 
n2.  La  pleine  puiflance  des  chofesfptrituellesquirefideoc 
M  dans  le  faint  Siege,  &  tes  fucceffiurs  de  faint  Pierre; 
n  n'empe:he  pas  que  les  Decren  du  Concile  de  Coaftaoce 
»  nc  fubfifteni  touchant  rautorit^  iJcs  Coaciles  g^nerauz, 
»  exprimee  dans  les  quatrieme  &  cinqui^me  (efSons ,  & 
V  TEglife  Gallicane  n'approuvepoint  que  Ton  r£voque  en 
»  doute  !eur  autA«ite,  ou  qu'on  les  reduife  au  feul  cas  da 
»  fchifrne, 

»  3 .  Par  conf^quent  Tufage  de  la  puiflance  Apoftolir]ue 
»  doit  eirc  regle  par  les  Canons  que  tout  le  monde  revere; 
11  on  doit  auffi  conferver  inviolablement  les  regles,  le» 
T  cou tumes & les maximes re^ues  parle Royaume &  TEglife 
M  dc  France ,  approuvees  par  le  confentement  du  fatnc 
»  Siiige&desEglifes. 

»  4.  Dans  les  qucflions  de  foi ,  le  Pape  a  la  principale 
»  autoriri,  &  fes  decifions  regardent  routes  jes  Eglifes  Sc 
»  chacune  en  particulier  ,  mais  fon  jugement  peut  etre 
»  corrigi  ,  fi  le  confentement  de  TEgtife  n'y  concourt  n. 
Ces  quatre  ariicjes  fe  reduifent  i  deux  principaux  ;  qu© 
la  puiflance  remporellc  efl  indiipendante  de  la  (pirituelle  ; 
que  la  puiflance  du  Pape  n'eft  pas  lellemeni  fouveraine  dana 
i'£glife,  qu'il  ne  doive  obferverlesCanons;  que  fes  deci.- 
fions  ne  puiifent  eire  examintes ,  &  que  |ui-meme  ne  puifle 
dtre  jiigi;  en  certains  cas. 
DtTcri'  Kcji       ^^  pr^textc  de  la  pretention  des  Papes  fur  le  temporel  eft 


DE  U£6LISE    GALLICANE.  $9$ 

^eou  de  rexcomiminicition.  On  a  expliqui  i  la  derniire  aux^els  oa 
rigueur  la  dMenfe  d*avoir  aucun  commerce  avec  les  excom-  **^^   P^^^ 
iDuni6s,  ni  de  leur  rendre  aucun  honneur ;  oalesaregardes  pQnr^nce 
comme  infames  &  comme  dichus  de  tous  leurs  droits :  quel-  iemporell€« 
ques-uns  ont  paflK  jufqu^ii  dire  que  le  crime  en  lui-m^me 
privoit  de  toute  digniti  &  de  toute  charge  publique ;  co 
qui  eft  une  hir^fie  condamnie  en  Wiclef. 

De  Tautre  cdti ,  pour  foutenir  Findipendance  des  Sou- 
verains ,  on  a  pretendu  quHls  ne  pouvoient  ^re  excom- 
muniis ,  comme  fuppofant  que  Texcommunication  don- 
neroit  atteinte  k  leur  digniti ;  ce  qui  a  iii  avanci  particulii- 
rement  en  France ,  fous  pritexte  de  quelques  Bulles  que 
les  Rois  avoient  obtenues  des  Papes ,  pour  difendre  ^  tous 
les  Eveques  de  mettre  en  interdit  les  terres  de  leur  Do- 
maine ,  ou  d*y  fulminer  des  excommunications  ginirales : 
on  a  foutenu  de  mime  que  les  Officiers  des  Rois  ne  pou« 
voient  etre  excommuniis  pour  le  fait  de  leurs  charges» 
comme  s*ils  ne  pouvoient  y  excider. 

D*ailleurs ,  pour  iloigner  d*autant  plus  la  condifion  des 
deux  puiflances»  quelques-uns  ont  foutenu  qu*clles  itoient 
incompatibles ,  &  qu*il  n*^oit  permis  i  aucun  Ecclifiaftique 
d*^re  Seigneur  temporel ,  &  que  les  Ev^ques  devoieai. 
imiter  ^  la  lettre  la  pauvreti  &  rhumilite  des  Apdtres ;  c*ei^ 
Thirdie  d*Arnauldde  Brefle  renouvelie  par  Widef :  mait 
dis  les  premiers  temps,  rEglife  a  poffide  des  immeubles  & 
des  fer6.  On  ne  voit  pas  ce  qui  reod  les  Ecclefiaftiques 
incapables  de  gouverner  auffi  des  hommes  libres.  Un  autre 
cxces  eft  de  dtre  que  les  deux  puiffances.  font  non-feule- 
ment  compatibles,  mais  niceffairement  fous-ordonnees  , 
cn  quot  il  y  a  encore  deux  autres  exc^s.  Les  hiritiques 
modernes »  particulierement  les  Anglois «  pritendent  quo 
rEglife  eft  foumife  a  TEtat ;  que  c*eft  aux  Magiftrats  i  rigler 
fouverainement  les  cirimonies ,  &  meme  les  dogmes  dc  U 
reli^ion »  d*ou  vieot  qu*ils  ont  diclari  leur  Roi  *  chef  de 
rEgiife. 


*  Le  titre  de  Chefde  l*^glife ,  que  lct  AngHcant.ont  donn^  a  leur  roi « 
ne  doit  point  ^tre  pris  a  la  rigueur.  £n  lui  donnant  cette  qualit^ ,  iU 
ne  prdten^enr  point  qu*il  puifle  exercer  les  fonAiont  ecciefiafttqucs. 
donner  U  miinonaux  ^v^quei  8c  aux  pretres,  adminiilrer  lcs  fjcre- 
flnens ,  en  un  mot,  quM  (oit  le  principe  de  la  pui(Tance  fpirituelle.  1I& 
ne  lui  donnent  point  d'autte  autorit^  dans  les  naticrcs  de  la  reiigion  » 

Pp   iv 


ijiiHWW»tfJSC[,ryt  ^ 


»    i  1   ^    M 


exces. 


«00      DISCOURS  SUR  LES  LIB£RT£S 

Au  conrrairc,  les  Ultramontains  difenc  que»  fi  le  boti. 

ordre  veuc  que  toute  puiilance  fe  rapporte  a  une  feule ,  ce 

doit  ctre  a  la  fpiritueile  qui  eft  la  plus  excellcnte  ;  &  que, 

pour  tcnir  lcs  Souverains  dans  le  devoir,  11  doic  y  avoir 

quelqu*un  fur  la  terre  a  qui  ils  rcndent  compte  de  ieur 

conduite;  ce  quieft  cn  effct  etablir  le  Pape  feul  Monarque 

dans  rUnivcrs;  car  quUmporte  que  fa  puifTance  fur  le  tcm- 

porel  foit  direfle  ou  indire6le ,  fi  elle  s^etend  cniin  jufqu  a 

difpofer  des  couronnes, 

VI.  Entre  ccs  divers  exces  nous  nous  fomnies  tenus  a  Tan- 

Sagc  mirieu  clcnnc  tradition ,  &  a  rexemplc  des  premiers  Accles.  Nous 

GaHicane  ^^^  croy oris  que  la  puiffancc  des  clefs  s'etend  fur  tous  les  fidelles , 

tier.c  entre    &  quc  Ics  Souvcrains  pcuvcnt  etre  excommunies  pour  les 

CC5  divcrs    memes  crimes  que  les  particuliers ,  quoiquebicn  plus  rare- 

ment  &  avec  bien  plus  de  precaution ;  mais  rcxcommuni- 

cation  nc  donne  aucuneatteinte  aux  droits  tcmporels ,  mcme 

des particuliers.  SuivantTEvangile,  rexcommunie  doit  etre 

regardc  commc  un  payen ;  or  il  n'y  a  aucun  droic  dont  un 

payen  ne  foitcapablc,  mcmedecommandcra  des  Chretiens. 

On  doit  cvitcr  Tcxcommunie,  mais  feulement  cn  ce  qui 

regarde  la  religion  ou  les  bonnes  mccurs,  c'e(la-dire  que 


Jliiecclle  de  faire  des  lois  pour  maintenir  le  bon  ordre  de  l^eglife,  de 
outenir  &  appuyer  celles  qui  font  faites  par  les  cvequec,  d*2ifembier 
des  conciles  ,  dc  contenir  Ics  eccie(ia(liques  commc  lei  laiques  dans  U 
loumifTion  due  au  princc,  a  rcxclufion  de  toute  puiflf/nce  dtrar.-^^cre- 
C*eft  dc  ccttc  manicre  q-.icles  thcolociens  Anglois  cxpliqueut  la  fuprj- 
matic  du  roi  dansl'cglifc  Ani;licane.  jacques  1 ,  dans  ion  nvcrtiilcmcnt 
aux  princes  chretiens,  pr.g.  ib*9  ,  ^ditiondc  t.onclrcs ,  1619  ,  en  par- 
lant  du  fermentdc  hd^Iitd  ,  s*cxp1iquc  ainfi :  Tjnto  ftudio  tantuquehjUL» 
€'ituAine  cavcham  ,  nc  quidquam  hoc  jurcjurando  contincrctur ,  prjttcrfi^ 
6chtAtis  illius  t  ClVILISQUE  ET  TliMPORALU  O  PKDILNTI  ,t  pro^ 
fi[ffioncm  ,  quam  ipja  natura  omnihus  fuh  rc^no  najccntibus  prjefcritlt  z 
additd  fponfiont  qoS  opcm  &  auxilium  eontm  omncm  vimdtbitx  fiJei 
cdvcrfam  a  fuhditis  ftipulahat,  £t  un  peu  plus  bas  dans  la  mcme  p^ee  : 
Vifum  itaque  e  re  effe  ut  httjus  jurisjurandi  apologiam  edcreni  ,  in  aua 
fifcipicham  prohandum  ^  nihi!  in  eo  contineri^  nifi  quod  ad  Obcdientiam 


fid  in  aucloritati  quadam  externd  »  fuprem&illS  quidem  qumitt  imperan* 
do  cernitur  ,  quxquc  dcliquentes  oanis  civilibus  egnmc  cvcnref.  Kt  chap. 
^  P^S*  433  .  parL-^nt  de  rautont^  fpirituelle  itucbte  t  rordinarion  .- 
Hanc  potcftatem  ,  jurifdiBionem  feu  guhcmatimicm  Md  folnm  ecelcjiam 
fpeciare^  &  non  aJ  principem  ,  omnes  qMafiitno  orc  affrmamus.  I.'-  . 
tcur  du  livrc  de  la  do^rine  &  de  la  police  do  IVglift  '^  ' 
h  mitne  chofe.  Notc  dcs  EditiCns  de  iyz^6'  }-^ 


DE  UfeGLISE  GALLICANE.  6ct 

Von  ne  doit  point  communkiuer  avec  lui ;  i?.  En  ce  qut 
concerne  le  crime  pour  lequel  il  a  ete  excommunie ,  comme 
un  rapt  ou  un  facrilcge;  2^.  en  aucun  afie  de  religion, 
comme  la  priere  ou  les  facrcmens;  3*^.  Dans  les  devoirs 
d*amitie  &  la  frequentation  volontaire ;  mais  on  peut  com- 
tnuniquer  avec  lui  dans  ce  qui  eft  du  commerce  neceilaire 
a  la  vie ,  coirme  de  vendre ,  d'acheter ,  de  contraaer,  de 
plaider »  de  voyager ,  de  faire  la  guerre ,  &  par  conf^quent 
de  parler »  de  commander  &  d'obeir. 

La  diAindion  des  deux  puifTances  efi  evidente  dans  ccs        VIT. 
parolesde  Jefus-Chrift :  Mon  Royaumt  nefl  pas  dt  cc  monde.  j^f '^\|"^^°" 
Et  ailleurs  :  Rendt^  a  Cefarce  qui  appartienta  Ccfar ,  &dDieu  puiflances 
ce  qui  appanhnt  d  Dieu,  Et  a  celui  qui  le  prioit  d  obHger  Ibn  t^tablies  par 
frere  a  faire  panage :  Homme  ,  qui  nta  etahli  Juge&  arbitre  *A^'"^"^g  j^ 
€ntrevous}ixS,  Paul,  Que  toute  perfonne  vivante  foit  foumije  ^^^^^  aodri- 
aux  Puijfances  Souveraines ;  donc  les  Pretres  &  les  Pafteurs.  uc- 
Etencore  ,  Qui  reffied  la  Puifance ,  rejifte  d  Pordre  de  Dieu  ;   ^^'''''  ''''"'• 
6i  S.  Pierre  ^foye\^  foumis  d  toute  creature  y  foit  d  VEmpertur^   Matth.  xxiu 
foit  aux  Gouvemeurs,  Et  encore  :  Craigne^  Dieu^  hQrorei  i»» 
fEmpereur  ;  Efclaves  ,  foye^foumis  d  vos  Maitres ,  memefa'    "^*  ^''vmJ' 
ckeux,  Aufii ,  voyons-nous  que  les  Chretiens  ont  ob^i  fans  x, 
refiAance  aux  Empereurs  Paiens ,  meme  aux  perfecuteurs      '^'''-  »• 
ies  plus  cruels ,  excepte  en  ce  qui  etoit  contre  la  Loi  de     *'        "* 
Dieu ,  quoiquHIs  fuffent  aflez  puifians  pour  fe  defendre,  &  Tertui,  Apo^. 
qu'ils  euffent  de  friquentes  occafions  de  revolte  fous  un  ^o^^t,  cap. 
Empire  elef^if.  llsont  obei  dememe  aux  Empereurs  hereti-  '^* 
ques  ,comme  Condantius  &  Valens  qui  perfecutoient  les 
Catboliques  ;  &  enfin  a  Julien  TApoftat  qui  vouloit  reta- 
blir  ridolatrie ,  quoiqu'alors  les  Chretiens  fuiTent  deja  les 
plus  forts ,  s*ils  eulTent  cru  qu'il  fut  permis  d'ufer  de  force 
contre  leur  Prince.  Nous  croyons  que  la  do^^rine  des  UI- 
tramontains  tend  a  troubler  la  tranquillite  publique,&  met 
la  vie  des  Souverains  en  piril :  les  Sujets  mecontens  accu- 
feront  le  Prince  devant  le  Tribunal  Ecclefiaftique.  Si  etanc 
excommuni^  &  d^pofe ,  ii  continue  a  ufer  de  fa  puliTancc  , 
ce  fera ,  felon  eux ,  un  ufurpateur  &  un  tyran ,  &  il  fe  trou'- 
vera  des  Th^ologiens  qui  enfeigneront ,  qu'il  efV  non-feu- 
lement  permis  ,  mais  meritoire  A'^t\  delivrer  le  publlc,  & 
des  fanariques  .defeTperes  qui  reduiront  en  pratique  ces 
niaximes.  IJ  n'y  en  a  que  trop  d  exemples. 

Dela  dillinaion  dcsdeux  Puiflances,  fuit  la  d?fVinftion     JT"  . 


'6oi      DISCOURS  SUR   LES  LtBERT£$ 

'^'m^  '■-  <ks  jaridifliofis :  rEglife  a  uoe  juridiaioa  qui  hii  cA  eSefl> 

<Im  dcos  c  ■*'(  iti  damUt  au  del  &  tn  la  um :  dlU[  donc  u^bm^m 
fni&fie«i.  iM/w  Ut  Nationt ,  Uur  rafiigOMt  iokfirvtr  tomt  ct  fMt  ic  «ou 
,^,'',1  «<  «titimi.  Voila  le  pouvoir  d^eardgner  kt  dodrine ,  ^ 
19- M.  c^imprend  deux  paniet,  les  myflcres  &  les  rigles  des 
i^-  ««■  »1-  mcEurs.  Voici  lc  pouvoir  dc  iuecr  :  Ctvx  dont  votu  rtmtttitt 

Mauk.Tim.  I        .  •■      -,    I        r  e  j  i  ■      • 

<T<il  usptchit ,Ut  U»rfiTomrtmu:6f  ctax  aoat voiu Ut  retienart^, 

iU Uur firoat  Ttttnui.  ^MWeximSiionfrirt  apicke  contrttM, 
&  t'itn'icotitt  pai  PEglifi  f^uil  te  frit  eommt  mri  pajrtn&MHpK' 
ilicain.  Enviriti  jt  voui  U  dit ,  toutce  ^t  voiu  ave^JHii  fir 
la  ttrri  ,fita  dilii  ddnt  U  cul ;  Sf  lout  ce  qut  voiu  aurt^  Uifia  Ia 
utityfira  lii  dans  U  CJc/.  L'Eglile  a  donc  eflentielleiDent  le 
pouvoir:  i^.  D^enfeigner  tont  ce  que  Jefiis-Cfarift  z  or- 
donni  de  croire  ou  de  faire ,  &  par  conriqucnt ,  d'iaterpr^ 
ter  la  do&ine,  &  de  reprimer  ceux  qui  la  voudroicnt  al-' 
terer  :  i^^.d^abfoudrelespecheurs.ou  de  leur  refufer  Tab- 
iblutioo,  &  enfin  de  retrancher  de  (bn  corps  les  p^cheurs 
impenirens &  incorrigibies :  3  ^.  d'etablir des  Mtniftres  pouc 
les  fondions  pub!i<)ues  de  la  Religion ,  de  les  iuger  &  de 
les  depofer ,  t'il  eH  neceflairc.  Cette  juridifiion  a  et£  exev« 
cee  dans  Con  ^endue  fous  les  perfecuiions  les  pliis  cnielles : 
elles  n'ont  jimais  empech^  lcs  fidclles  de  s'aSembler  potu 
prier,  lire  les  faintesEcrituies,  recevoir  les  inAruQions  d« 
leurs  Pafleurs  &  les  Sacremens  -,  ni  les  Palleurs  de  cotnmu- 
niquer  enir'eux ,  du  moins  par  lcftres ,  pour  tous  les  befoios 
del'Eglife,d'oidonnerdes£veques,desPfeires,  desDia* 
cres  ,de  les  juger ,  &  meme  de  les  depofer. 
IX.  Tout  le  refte  de  ce  qui  s'eft  joint  dans  la  fuiie  des  fiecles 

«^""«r"-  *""«  juridiaion  EccUfiaftique ,  foit  eh  France ,  foit  ail- 
fuiventde  li  i^^ts ,  n'cA  fonde  quc  fur  la  concelSon  taciie  ou  expreffs 
JittinAion      des Souverains ,  commele  droit  qu^onilcsClcFcsde  n'dtr« 
PttlflinceT     jug^squeparleTribunal  Eccleiiafttque,  memeen  mattire 
profane.civilc  ou criminelle ,  &  parconfequentla. diflinc- 
tion  du  delit  commun,  &  ducasprtvilegie;  le  droit  qu'oal 
eu  les  Juges  Ecclefiaftiques  a  ramende  honorable  oa  pecu* 
niaire  ,  ou  a  la  ratisfa^ion  fecr^te ,  &  celui  qu'ils  ont  en-. 
core  de  faire  arreter  &  reienir  en  prifon. 

Dans  les  autres  pays  oii  la  Juridi^on  Ecclefiaftique  eA 
plus  etendue  , ceux  qui  en  font  en  pofleflion,  peuvent  Sc 
doivent  la  conferver  comme  leurs  biens  temporels  &  leun 


DE  r£GLISE  GALLICAITE.  «of 

toutres  privil^ges  ;  mais  ils  ne  doivent  pos  confondre  les  ac« 
ceflbires  avec  I*efl[entiel  de  la  Jurididion  Ecd^iaftique. 

Si  les  Ecdifiaftiques  vouloient  itendre  rrop  loin  leurs 
privil^ges ,  ce  feroit  une  entreprife  fur  la  puiflance  tempo- 
reile  ;  comme  fi  itant  Officiers  du  Roi ,  ils  pretendoient  fe 
fouftraire  k  fa  jurididion ,  meme  dans  le  cas  qui  regarde 
Texercicede  leur  charge  ;  ou  s*ils  vouloient  faire  des  aflem- 
bl^es  fans  la  permiflion  du  Roi.  II  eft  donc  raifonnable  d*ob- 
tenir  cette  permiflion  pour  les  aflemblecs  gin^les,  & 
pour  celles  qui  regardent  le  temporel.  On  tient  m^me  i  pre« 
fent  qu'aucuns  Conciles  provinciaux  ne  peuvent  etre  aflem* 
blesdans  le  Royaume  fans  la  permifllion  du  Roi. 

On  ne  doit  aflembler  les  Conciles  nationaux  que  dans 
des  occafions  extraordinaires ,  a  proportion  comme  les 
Condles  gen^raux.  Alors,  c'eft  au  Rot  h  les  convoquer , 
parce  qu*il  n*y  a  que  lui  qui  reunifle  fous  fa  puifl^nce  tous 
les  Ev^ques  de  fon  Royaume.  Si  on  examine  les  exemples 
des  Conciles  cohvoquis  par  les  Princes  temporels  ,  on 
rrouvera  qu*ils  fe  rapportent  tousi  ce  genre. 

Les  Eveques ,  k  caufe  du  rang  qu*ils  tiennent  dans  le         x. 
Hoyaume ,  ne  peuvent  en  fortir  fans  la  permiflion  du  Roi »   Autret  coii«; 
quand  m^me  ils  feroient  mandes  par  le  Pape ,  parce  que  J??"«"««*V»I 
comme  Pnnce  etranger  il  peut  avoir  des  interets  temporels  re  de  la  dif* 
oppofesi  ceuxdela  France.  tindtoii  dct 

Le  Roi  adroitaufli  d'emp4cherles  Ecclcfiaftiques ,  com-  ^^»«P«^- 
me  les  autres ,  de  fortir  du  Royaume  ,  pour  aller  i  Rome. 
II  n*eft  permis  aux  itrangers  ni  de  pofieder  des  benefi- 
cescnFrance,  ni  d*etre  Superieurs  de  Monaft6res,  ni  de 
quelqu*autre  Communauti  que  ce  foit :  &  parce  que  les  Ge- 
niraux  de  quelques  Ordres  Reiigieux ,  comme  des  Men- 
dians,  rifidentaRome,  ou  en  d*amrcs  pay^  etrangers  ,  ils 
font  oblig^  d'avoir  en  France  chacun  u.n  Vicaire  Gcneral ,    Pr  dts  Lib^ 
qui  foit  naturel Fran^ois ;  mais  il  ne  laifle  pas  d'y  avoir  un  '*•  **' 
commcrce  continuel    de  lettrcs  cntrc  les   Rcguliers  de 
chaque  Ordre,  en  quclque  pays  qu*ils  foient ,  ce  qui  cft 
neceflaire  pour  entretenir  entr'eux   Tunion  &  la  fubor- 
dination. 

1a2  Princc  a  inrcVet  dc  confcrver  les  biens  tcmporcls  ; 
c*cft  pourquoi  Ics  Gens  du  Roi  doivent  veiiier  a  ce  quc  les 
Boncticiers  faflent  ics  rcparations  necefiaircs  ,  &  ne  difli- 
pent  point  les  biens  dont  ils  n*ont  quc  rufufruit ;  c  eft  pour- 


7  rll  « 


,_i*Htt*mi^r^ 


loj^      DISCOURS  SUR    LES   LIBERT£S 

quoi  on  ne  fouflre  point  que  le  Pape  fafle  aucune  levee  de 
denicrsfurle  Clerge  ,ibit  cooime  emprunt ,  ou  autrement« 
fi  ce  n'cfl  d:  Taurorite  du  Roi,  &  du  confencenienr  du  Cler- 
ge  i  encorc  moir.s  q'j*il  pernietre  ou  qu'il  ordonne  raliena- 
tion  des  bl^r.s  Lcclefialliques  ,  finon  du  conrentemcnt  du 
Roi  &  ciu  Clv;:rg6  ,  &  avec  les  conditions  requifespar  les 
lois  dulloyaunic.  On  ne  iou^riroit  pas  non  plusque  le  Pape 
lcvat  des  dcniers  fur  le  peup!e ,  fous  pretexte  d^aumones 
po'ir  dc'>  Indu!<j;ences ;  mais  Cv^la  n  eil  gueres  a  craindre  de* 
puis  le  Concilc  dc  Trente  ,qui  veut  que  toutes  les  Indulgea- 
ces  s'accordent  gratuitement. 

Nous  nc  croyons  pas  non  plus  que  le  Pape  puifTe  accor-' 

der  aucuiio  giacc  qui  s*etende  aux  droits  temporels ;  com« 

me  de  lcgitinier  des  batards ,  ou  reftituer  contre  rin^cimie  , 

pour  re.-iare  lcs  inipetrans  capables  de  fucceilionSy  dechar- 

r^es  rjubiiques ,  ou  d'autres  eiFets  civils :  &  quand  les  expe? 

dirions  de  Cour  de  Rome  contiennent  de  telles  claufes, 

ncus  n'y  avons  aucun  egard  ians  prejudid^  du  furplus.ll  en 

cfldc:  nicine  dece  qui  ell  contraire  aux  droits  des  Patrons 

laiqucs  dans  les  provifions  des  benefices.  Voila  lcs  confe- 

quences  que  noustironsde  ladi/iin6lion  des  deux  PuiiTances. 

_^.   ^  '   ,,        L*autre  niaxime  fondamentale  de  nos  Libertes,  qui  eft 

auxqiieis  nn  ^^  I^puinTance  du  Pape  n'cft  pas  fans  borncs,  a  plusbe- 

seil  livrd     foin d^cYplicationsqucla  premicre  ;  car  ceuxqui  ont  vou- 

eouchant    la  lus'oppofer  aux  prctcntionscxceilivesdelaCourdeRome. 

:i:'-cllc,         iontfombcs  cn  plulicurs  cxccs  contraires.  Je  ne  parle  pas 

dcs  hcrctiqucs  ,  qui  rcgardcnt  commotyrannie  toute  fupe* 

rioritc  d*unc  Eglifc  fur  une  autre ;  mais  de  ccux  qui  recon- 

noifTcnt  la  primaute  du  Tape  ;  il  y  ena  qui  la  regardent 

commc  une  inditution  utile ,  a  la  verite ,  mais  humaine  & 

defirnple  police  Ecclcfiailique ,  comme  celle  des  Archeve- 

ques  6l  dcs  patriarciies  ;  d*autres  veulent  que  TEglife  ne 

ioit  goiivcrne;?  que  par  dcs  Conciles,  &  que  le  Pape  n'ait 

droit  que  dV  prclidcr  ,  cn  fortc  quc  lc  gouvernetnent  de 

rp.i^IiiC  ibit  ariftocratiquc  *  ;  ce  qui  fcmbie  etre  ropinion 


*  C- ,::.'  fcmhU  urc  !\^p}n:on  du  docliur  Richtr.  M.  RiciT  n*;!  j-mats 
prv;:c:iiiu  '|t.io  \c  ;;uiiv:-rncni*:;it  t!c  i'ci!iIilo  iuK  purcn\t=ri  .irr.^^i-Ji.Mii-.ti»  , 
lommi?  M.  r.il>!io  M.^iiry  vc.if  rii.fimi' r  ;  il  luHlt  iro.ivrir  !e  iivrt'  tic 
i.i  puiiliucc  cJv;l«::i.»flttiuc  ,  |»r)ur  cn  etrft  convaincu»  On  y  voira  qu'il  v" 
cf.ii»it  ■juoi,!  ttirniv:  liu  f^v.uvLTuciuert  e.,tUl;L!ili-.jue  eii  ure  iuon;ir.:l'ie 
nifcj '.i'jri(U'cratic.  Au  cliL;-irre  tiJiiicmc  on  .it  ccLtc  Ci:*i.-.iEi;.^xi  c'© 


DE   UfiGLISE   GALLICANE,  605 

t\\x  Dodeur  Richer ,  dans  le  Traiti  de  la  Puiflance  Eccle* 
fiaftique  &  politique  qu*il  publia  en  16 11 ,  &qui  fut  con* 
damne  i  Rome  *  &  en  France.  Le  Dodeur  Duval  le  com- 


r^gllfe ,  que  ron  a  fnife  k  U  t^te  de  r^dition  de  1660.  EccUfia  </f  po» 
litia  monarchUa  . .  -  •  ngiminc  ariflocratico  umperata,  £t  dans  la  preuve 
de  cc  troificme  chapitre,  iorfqu'il  explique  cette  premiere  partie  de  fa 
d^nnition,  EccUfia  efl  politia  monarchica  \  W  6\x. ,  Primum  autem  dijri 
eccUJiam  effc jpoUtiam  motiarchicam  ,  rationc  Chrifli  ahfoluti  monarchi» 
^  capitis  ejfentialis  eccUfi<t  :  Secundb  ,  rejpeclu  papa  ,  quateniis  po» 
tefianm  habet  fuper  particulares  cccUfias,  Si  on  fait  un  crimc  a  M.  Ri- 
chcr  d^avoir  avancc  que  la  forme  da  gouvfrnement  de  IVglife  eft 
ftieldc  d'ariilocratie ,  il  faudroit,  comme  il  le  dit  lui-meme  au  m^me 
endroit ,  en  faire  un  a  Bellarmin ,  qui  avoic  dit  avant  lui  que  c*^toit  le 
iLMtimcnt  detousles  dofleurs  catholiques.  Bellarm,  Uh,  defixm,  Pontm 
€ap,  5.  DoHorcs  cathoUci  in  eo  conveniunt  omnes  ,  ut  regimen  eccU* 
fiajUcLm  hominihus  d  Deo  commiffnm  ,  fit  illud  quidem  monarchicum  , 
SLD  TEMPERATUM  EX  ARISTOCRATIA  ET  DEMOCRA-^ 
TIA:D\xsa\  f  Vennemi  d^clar^de  Richer  ,  s'expUque  de  mlme  :  Ub, 
de  fiiprcma  potcft.  P^ipa^  part.  1.  qu.  2,  Certum  efl  monarchicum  illud 
rciimen  effe  ARISTOCRATIA  ALIQ^UA  TEMPERATUM.  M.  dt 
Marca  foutient  dans  fon  livre  de  concordia  facerdotii  &  imperii ,  le 
meme  fentiment  que  Richer  Monarchia  eccUfiaflica  ex  ariflocratico 
rei^imine  efl  commix:a  ^  Uh.  2.  cap,  16.  n,  6.  En  Sorbonne  ,  on  ne  pcr- 
met  pas  aux  bacheliers  de  s'exprimer  autrement  fur  la  forme  du  gou- 
▼ernement  de  Tei^Iife.  Note  des  Editions  de  172^  &  ^7^h 

**  £t  en  Franc»la  fimple  expoiition  de  ce  qui  s*e(l  fait  en  France  contrc 
le  livre  de  Richer  »  fuffit  pour  faire  connoitre  a  tout  le  monde  Tinjuflice 
idecette  cenfute.  En  161 1  Richcr  compofa  fon  lirre  de  la  puilTance  eccU- 
iiailique  &  politique ,  4  la  priire  du  premier  pr^fident  de  Verdun  ,  qui 
d^firoit  apprendre  ce  que  c'^toit  que  les  libert^s  de  T^glife  Gallicane. 
Mais  i  peine  ce  livre  parut-il ,  que  le  nonce  du  pape  ,  les  eveques  & 
quelques  doAeurs  extr^mement  attaches  aux  opinions  Ultramontaines « 
^n  firent  paroitre  leur  chagrin  :  ils  n'^pargnerent  rien  pour  fufciter 
des  ennemis  a  fon  auteur  :  ils  firent  refigncr  a  Gamaches  ,  qui  ne  vou- 
loit  point  abandonner  Richer,  Tabbaye  de  S.  Julien  de  Tours  j  6c  le 
nonce ,  pour  achever  de  le  corrompre ,  lui  promit  de  lui  faire  avoir 
fes  bulles  gntuitement  :  les  prdlats,  pour  corrompre  rint<5grit6  du 
chancelier ,  lui  Hrent  pr^fenter  une  bourfe  de  dcux  mille  dcus  d*or  par 
rdveque  deParis.  Lc  chancelier,  en  la  recevant,  promit  dc  faire  con- 
duire  Richer  a  la  ballille.  L'au(liteur  du  nonce  ,  conduit  par  le  dofleuc 
Forgemond  ancien  ami  dcs  J^fuites ,  alloit  de  porte  en  porte  follici- 
ter  les  do£lcurs  au  nom  du  pape  &  du  nonce  ,  &  bnguer  leurs  fuffra* 
ces  pour  la  cenfure  du  livre  dcla  puilfance  ecclt^fiaihque  &  politique* 
Le  partement ,  appr^henc^ant  U  fuitc  des  ddmarchcs  du  nonce  6c  des 
pr^lats  ,  donna  un  arr^t  le  premier  F^vrier  1612  ,  p^r  lequel  il  or- 
[ionna  aux  doyens  &  aux  docleurs  de  furleoir  a  touce  dcliberation  fur 
cc  fujet,  )ufqu'a  ce  que  la  cour  fut  eclaircie  de  ce  qui  reg^rdoic  le  fer- 
k^icc  du  roi  duns  cetce  affaire.  Le  nonce  &  les  eveques  n^ayant  pu  r^uflir 
i.  faire  cenfurer  le  livre  de  Richcr  par  la  fdcutti^,  prirent  le  parti  d*ea 
'olliciter  la  condamnation  auprcs  de  la  reine  &  de  fes  minilhes;  mais 
a  reine  n*ayant  point  voulu  confentir  a  leur  palTion  ,  &  ayint  taic  fur* 
coir  a  cette  affaire ,  les  eveques  ^'affemblcrenc  chez  le  cardinal  du 
'erron  :  ils  y  firent  la  IcAure  du  live  dc  Richer.  L'archeveque  de 
rw^urs  d(  l'«iviqut  de  Beauvais  demaudcrcBt  quo  Richer  fut  uui  daas 


f^UHt^^M^l^f  *    f1    * 


iez.  f^i^.t "-.     VI  s^cir  aidis 

&-»r:  •   .«r^    ^'«''«nr  a   :;3nxe  ^    e  "Tanrritg 
a>v<»r.r  ureafiB  s;nrr<  ,'wimnre   x*^   sm.    Z'u 


f  ;.;-.<t  .   s^wir  r*r..i.  i«s  gua,  iu  hok  nu  ju 
i^.c-fiir ,  >!rnr  «111  e*-S9:a  te  csstimr  e  ivr: 


^iT«  ii«*-nft  •-•  vr    «^  cs  7-eiz  'mt  je  ivrx  «oec  i.  r 
iL«infiir'*n''  ivnm^  ^.-.-.rendnc  :  .«uein  ynyuuuuis 
izMf..*  t  S^  .  i.5r»r.ii:i«»^  St  ..OLuj&icixiies :  is 
iCu  ri4tu:-e!'i4r  ,  ^i^  rfr.ur  uns  t.iiici<r  <ux  iruni  m 
fte«*««  'U      r^iuU  Oiilicjae.  Le  s^^nar  s^a  iicsai 
^i  .  : '  \r^  JVi  iflM  ccu  r^  ,   Stnui   9c  se  fieuwr 
p-,-^:£'  f<r;  ^.tf.ret  ju  £.^MCcuer  au.  acn  ne  iSi  nur. 
(r.''  ';»tKtc  ^"m  MMr  uiiu  <4furc;  ce  nmrirrueic  u 
Ir..'  ^.-yiu*  T.«  cerrc  ce=i.:re  se  iVii-yiniw»  ai  iu*  FsEsa 

|irV\<»t  t^..r.^.TC-.e  C-*T«r.t .  \-j:  e-asjeric*  Min  ,  caas 
f*t',  iU',  <4  r *.':«.  L^esce^^scs  c^  .«  pc**La3  ^e  U  prsirjici 
9^%^*^/:  mz;'*  «  je:^  c?;;ft&rc,  ^cc.^cx^rcszeses*  lACCiac  ^ 


c'«£  ;.',>i'^^.i  :<  s<«cc  peri-aiU  a  I'«rchc«CM  ^Aix   ^  £ie 

f^:er  .e  »1  .ft  «iM^rnfBcac  ^3'i^  posrro^  ^css  loe 

f Mfer  >  ».vrc  fa/.i  CICC700C ;  cc?  arriievefac  ae  rhy.ya  pai  lc 

ifr«  f^^^r.4rce  po«r  ob^.  Cfwif   il  toit 

ci»9  (ct  «9.«frc«  ^oicm  CA  Cort  auuvastoc  «€01« 


f^  90j*^€  uM  pofTum  confidirabtc ^uoc  fucuBc^e 
^*»  ^rr.:cft  ^fl  cicrg^,  qu'oe  avoit  conii^^  cef rc tcs  eaaiBs  4e  1*«^ 
^i^iLt  ^e  Paris  ,  p^ur  four mr  aux  frais  <{u'On  feroit  cbri^^  de  iun 
la  ^*',K.»'.fnft  cor.trc  Rjcher.  II  oe  fut   p»t  plutot  arriTC  a  foB  e| 

5:j'i'  7  aifcm^^i  frs  trot«  ruffra^ani  ,    &  tcur  fit  figr.cr  uac 
j  Wrrc  <!c  F*'hcr,  «iani  laqucilc  il  n'y  avoit  aucune  cxccpcion  ] 
lcft(froifi<{j  roi&lcf  liberti^s  de  l'^;;ii:'c  Ga!!icarc.  Cet  archeTCcuc , 
l^fxtf  tttAf^  feft  ferrices  pluf  ai^r^ables  au  nor.ce  ,  fit  publtcr  cn  mtec 
trm{ii  Ar  «ffich^r ,  avcc  la    ctnfure  du  llvrc  de  Richer  ,  la  bullc  im. 
Cafij  Dumini ,  djnt  toiite  ret^ndiic  de  fon  archcrcch^  ;  mais  Guil« 
laiimedu  Vair  •  prcniier  pr^frlent  du  parlcment  de  Provcncc  ,  s'op- 
p<ff4  a  crtr  pubficarion  ,  fic  ddputa  cn  cour  un  confeillcr  pour  «vcr« 
tir  !e  roi  tt  t*  cruficelier ,  &  fe  pl^inrre  det  entreprirci  de  rar&hcTceuc 
fl'Aix.   Voi'4  t^.t  f|«i^lle  mdnirre  lelivrc  du  doOeur  Richcr  a  ^t^  con« 
danin^   rn    Fr^ncr.  CJcux  qtii  ont  fait  cctte  condamnation ,  nc  l*ont 
tntrrpri«  qiic  poiir  ^trfblir  lei  ouinion&  des  Ultramontains  quc  cc  doc* 
teur  avoit  d^iruitcf  i  rantcur  n  a  iamdis  ^t^  entendu  pour  fa  d^fcnfc  » 
on  n'4  point  ^pargnd  rarf;rnt  pour  lui  fufciter  dcs  cnr.einis ;  lcs  par- 
]rfn''ni  (e  (ont  toujours  oppol^i  i  fa  condamnation :  tous  ces  d^fauls 
funt  Vi>ir  com!)irn  certe  cortdamnation  tfk  irrdgulicrcdc  iniuf^c;  auffi 
«'«•r-rllc  point  empech^  que  tout  le  mondc  dans  la  fuite  n'ait  rcndu 
{uftiir  !i  |j  ptirrtc  rlcs  fcntimfns  <le  ce  grand*homm^.  Voici  dc  quellc 
fn.inirrr  cn  nuic  Morilnt  tks  l*ann<fc  16^^,  auHTitot  apres  la  mortdc 
raiitrur  :  /,/Ar/////«wi  nn.  Sal.  161 1  ,  ftripfefat  dc  tcclefiajiica  & poUttcd 
pvtfji4it,maxifnis  vmtiiutn  doHorum  Jcnptis  aquiparandum  ,  ^iutn  puk 


L.. 


DE  VtGLlSt  GALLICAME.  6of 

Mous  croyons  avec  tous  les  Catholiqiies  que  rEglire  eft      Xft/ 
fafaiUible,  puifque  Jefus-Chrifta  dit  que  Us  porus  de  Ctnfer  j?!^"^,^^ 
ne  prtvaudront  point  contr^elU  ;  &  encore :  jt  fuis  avec  vous  [icaaa  fur  U 
jufquA  la  confommation  desficUs.  Mais  nous  ne  croyons  pas  puiaance  CfU 

lePapc  inldillible.  ^^^^  ^\ 

Nous  croyons  aum  avec  tous  les  Cathouques ,  que  le  Evequet    Sc 
Pape ,  Ev^que  de  Rome ,  eft  le  Succefleur  de  (aint  Pierre ,  (>«•  Cur^t. 
&  comme  tel ,  le  Chef  vifible  de  rEglifc ,  &  qu'U  Teft  de  JJ^'**'  ^^" 
Droit  Divin ,  parce  que  J.  C.  a  dit :  Tu  es  PUrre ,  &  fur  md.  xbviiu* 
eette  Pierre  je  hdtirai  mon  Egiife.  Et  enoore :  Pierre  m^aimei^  «o. 
vous  ?  paijfei  mes  hrebU.  Nous  efp^ons  que  Dieu  ne  per-  J!^  *  *^'' 
metcra  jamais  ^  Terreur  de  privaloir  dans  le  S.  Siege  de   j^am.  %xu 
Rome,  commeileftarriv£dans  les  autres  Siiges  Apoftoli-  is« 
ques  d*AIexandrie ,  d*Antioche  &  de  Jeru(alem ;  parce  que 
J.  C.  a  dit :  Fai  prii  pour  toi ,  Purre ,  afin  que  ta  Foi  ni  manqui    ^«^  xxiu 
pas,  Nous  croyons  que  le  Pape  eft  principalement  chargi  '^ 
de  rinftrudion  &  de  la  conduite  du  troupeau ,  parce  qu*il 
cft  dit ,  Et  quand  vous  ferei  convertis ,  confirmc^  vos  frkres;  &     ^••■»  *• 
«ncore :  Paijfei  mes  BrthU  ,  noi^feulement  Us  Agneaux^ 
mais  les  Mires. 

Mais  nouscroyonsauffi  que  tous  les  Ev^quesontre^u 
leur  pouvoir  immidiatement  de  Jefus-Chrift ,  parce  qu*il  ^,  xit; 
a  dit  i  tous  fes  Apdtres ,  Recevei  U  faint-Efprit.  Et  fiiint 
Paul  parlanti  des  Ev^esdit,  que  U  faim-EJprit  Us  a  eta- 
hlis  pour  gouvemer  PEglife  de  Dieu.  II  ne  fit  point  difficulti  ^^  *M 
de  s*oppofer  i  faint  Pierre  &  de  lui  rififter  en  face  ,  quand 
il  le  jugea  reprihenfible.  Mime  ce  que  Jefus-Chrift  dit  i  S. 
Pierre  en  particiilier  ,  fe  doit  appliquer  i  proportion  i  tous 
les  autres,  fiiivantla  tradition  conftante  de  tous  les  fi^Ies. 
Ainfi ,  chaque  Eveque  a  tout  pouvoir  pour  la  conduite  or- 
4linaire  de  fon  troupeau.  Ceft  i  lui  de  propofer  la  foi ,  de 
Texpliquer,  de  d^ider  les  queftions ,  c*eft  i  lui  d*adminif« 
trer  les  Sacremens ,  de  |uger ,  de  corriger ,  &  tant  qu*il 
fait  fon  devoir ,  le  Pape  n*a  droit  d*exercer  aucun  pou* 
yoir  furce  troupeau  particulier ;  mais  fitdt  qu*il  fera  quel-; 


Jicerc  poffum  lihcruitis  Gmllieit  totiufqtit  eccl^a  Gallicana  ,  rtpitnqa^ 
&  principum  ,  quotquot  ubiqui  rtgrtant,  firmijfimum  tutfjjimumquc  columcn 
&  munimen.  Ep,  9  cent.  2.  £nfin  le  Cierg^  de  France  6c  la  Sorbonnt 
ont  cttf  obiig^s  de  confacrer  &  H^autOMfer  cette  mime  doArine  quMt 
avoicnc  vovilu  prorcxiic  daas  le  Lirre  dt  Bichtr.  Notc  du  EdUioos  Jt 

«7M  ^  ly^i* 


Co8      DISCOURS  SUR   LES   LIBERT£S 

qu2  hutc  conirc  la  rec;!i:  de  la  fui  ou  de  la  dircipline ,  1« 
Pape  a  droit  dc  It;  cornjicr " ,  &  c'eft  fon  devoir.  II  y  a  donc 
grande  d.srcrcucu  "  cntre  les  Ev^ques  &  les  Cures :  les 


•  Lt  p.;p!  a  drait  Jj  U  eaTtgcr.  Nouj  ne  i_. 
<]u'.ii:ilitnr  q.i'iin  eve.|UG  f^it  que'>>iue  f-uce  ,  lcpapc  ai 
<!rji-,  de  Ic  curri^,!r,  Lci  liviqji:*  ne  r^uroiaot  SLre  panis  Sl  cottigei , 
fci.jr  '.c>  i:rin,:ii»:t  d:  T^^uiic  ndturei'ii ,  i]u'ilt  ne  foicnt  cr.tcndut , 
■;  Li- i£urcj-':e  ne  1o:t  eumince  &  ]v^it.  Or  relon  lea  tnaximei  du 
i'\>?<iinc,  .1:1  erjip»  iiL-pcuveniettc  jugfi  J  Rurne  par  le  pjpc,  ni 
c:i  r'tancd  {iir  t!ei  cuntiniir.iics  nofnm^i  pir  le  pape,  msii  leulcnitnt 
pii  cnu?c  i-VL-,!.i:>  ce  Lcim  conftoiei  prii  dc  lcurt  pruvincei  fic  pte&d» 
pii  !e'.ir  r.;:ropoi:;jin.  Lti  ti  i^jiut  ai  pijniit  itrc  jugit  ta  prcaiiin 
iijl^-itt ,  <'ilL-n;  kt  i.i\-r-t.ut  ^vequei  (i.in)  leut  Irtire  au  rui ,  jui  pti 
t!o:i^  JiUur--  c-Mi.i''t-<i ,  nim  e':oiJti  ili  yotantiJe  ctux qai  vo-jdrttisx 
itt  jj/fi  canijf.ntr  ;  mjn  pri-  deitjT  protiiut,  &  prifiJii  par  Itariai- 

irepulilait C'ifi  ci piiiiU^i  ^.Musifni  daai  Uautl  votrt  majcjU 

nmi  p-ti:act  JyT.R /j.-.t,  .lui-  ja  firnint  foltiatl ,  it  aoui  maiatiair. 
L'i:ve<|'.e  ile  iJeaiivsii ,  te;'rLli£r.:.L..:  ^ici  (ei  iua.-'.irt  fie  <tani  fi  doc- 
trine  ,f.it  renr.-v^  paratrci  f.j  \.  'r't.in£-.> ,  conrormemcn.-  aux  libertei 
<le  i'Kslife  G..lliJine  ,  p»t-d<..-.i-  ;■.  ti:  i*vt.jHO  An  Reimi.  i  fes  (uffta- 
j;an< ,  fei  }iii;fis  natureii , pL^iir  q:'- ici'.  i^ioiU  i.ii  fiJi  f^it  iclon  les ii- 
uett  &  conf::t:it[i]nt  cjnoiiiijuei.  Vuici  ici  (etmei  rie  r.itret  du  pirlc- 

'•(.idUicane  ,  •iiii  J  tti.iio.iri  cli:  <l jfenilue  p.ir^*  rui  6l  fei  priidiiceireuri 
-•roii  trcfchrulieni ,  3:1  vu  Sf  lu  fu  det  SS.  Pl-'.  Pjpes  de  Roni«  ,  qui 

»P'!iteui  au^jnel  medlie  Udel  A-!  Cn!ij,ny  ,  c.nrdiitHl  dc  VJhA.il^on  ,  tire- 
»i|iic  d«  Bcauvjii,  eH  rciiilu  pour  bi  j,ii'tf  lon  ptoti-i,  fur  1e  ceiit  com- 
nn-.un  ,  par  Jtret  ile  laililc  conr  ,  cun:lii  it  dorric  li?  '  1  de  ce  m ^ii ,  eil 
ni'.irL'huvc.[ue  de  Reinit  fupi-iieur  nii!trnpoUlJ-.n,  d'i]iic'.  i'<-v4L]uc  de 
xileauvuii  eil  f..ffr3gai>t,tiiiiir,  pai  litdit  archcvcijuc  .U'  Ueinit ,  appelec 
i<lct  j-.itrei  fiilfrag.ini  .'vc.|i.cs  ,  s'iii  if.  trouvenlLn  nombrc,  fi^-on,  cai 
'•ic<  ^vc  luct  cit(,aiivo:'.':ri  ,  clie  fait  le  piocei  a-idit  cardinal  cvd^ue  ce 
nijca-.:viii  i.ir  le  i.i'^\t  cdri.iiun  .  f>'!i^n  1m  d^crcCi  &  conltiiutiotit  csnj- 
n!iij.-.el.f~iii  ii'.ii!  U.  ii  L.:r<;i;ia:  ^t  Cii-iiiiluii,  i»*ii-.ie  dc  Beauvaii  ,  pniu? 
iiL-lrctrAit  &.  tire  hn'ide  ce  T<>v^i.inie  :  &  a  ordonne  &  orrionne-  la  co.ir, 
ni^K  de  L-e  cn  fera  fait  iin  rsgiiltc ;  aiin  iii'il  toit  connu  Sc  entein'.;t  psr 
nw.;; ,  ir.cn^e  u.tIj  poildiit--,  iji:.;  [a  cu',t  a  \(>ii!u  toujouri  giirJcr  3: 
t>.:.iMcrvi[  \a  lihcttii  da  rcc!il'>:  <i.<il:<r.ne  ,  8c  fauf  cn  t<iut<>(  Ghofifi 
i>i'!ioni!r>ir  Sf  la  t^vercnce  di:;  ri  n'.trc  fdiiit  puie  1e  pape  &  au  laini 
nii''.;.;  inofl.iliqitr,  ^.•iti  iir  iv'i'if(uaJ  it  17:4  0-  i^T*)-" 

**  11  y  a  iaar  ermi^i  Jiff-rincJ  cnire  lci  iri^ati ,  Stc,  II  ofl  vri!<iv.'il 

aiic  C';:~:  ('^{''ctencr  ctiriAe  en  ce  {|iiT  lc'.  livLqucs  onl  re^u  !eur  pouvair 

oppolji  dani  toiit  Ics  temjx 

rui;',^e    cn  b  foi',  &  d-iCMir^-ntinr  W(!e  ^  hi*r«rehie.  lll  li  cenfiire'- 

lit-r,  <',ii  i.v.iii  ..v.incL-.ljr.i  1.::   lonn.iii   ijue  le  curji  ne    tenuient  Jeuf 

Eii-.iviiT  n".'  (!l-  ['ovr.inv.  (<>  F.!c.i:!<i!tti  faam  huitndilli  prMihruii 
euriii).:itp:fopi>  ijii!JxjtA'cM:i  Ii  cenfuie  qui  fut  fait*  pu  h&- 

(I  )  C»fure<li  UfMuUdtPuUcoBM^AfMtMVfMM,  ftf/t 


DE   L*£GLISE   GALLICANE.  £09 

Catis  tiennent  leur  pouvoir  immediatcment  de  TEveque , 
f]ui dcmcurc toujoursen droit dexercer  toutcs lcs fondtions 


culc^.  Dicit  fjcultttt ,  auod  propofitio  in  fe  ^  quoad  omies  reHquas  partes 
&  HROBATIOSLM  FARTIS  VLTlM.i ,  m  ouJ  dicnur  ,  AB 
EPISCOPO  DUNTAXAT  ,  efljlunduloja  ,  in  fide  erronea  ,  hierar^ 
€htci  ordinis  dcftruHiva  ^  &c. 

La  fjcul:u  ubli^ca  en  1429  Jean  Sarrafoi,  Jacohin,  a  I.1  r^qiiifinon  de 
M.  ie  rc£leur  &  dc  plufieurs  de  l'univerfite  ,  de  rcvoquer  en  pleine 
airemblee,  5c  enluite  u-^ns  ia  falle  de  Tcvcq  le  de  Farif  ,  I.1  meme  erreur 
cn  ces  teimes  ^  (  l  )  Diccre  inferiorum  prjeijio-um  poteftjtem  jurijliic* 
tionis  ,  five  fint  epifcvpi  ,  Jivejint  curuti ,  ejfe  immediaze  d  Deo^  evtin" 
feliLjt  &  apojlulicit  conjunae  yeritati, 

En  I  ^cb  Jeaii  <ie  Gorelle  ,  curdciier ,  rcvoqua  par  ordre  de  la  mdme 
f.icult^  cettc  dof\rinc  crrooce  ,  clrfn»  les  tcnnes  qui  luivent.  Dom-ni 
curati  funt  in  ecclejia  mmores  pnelati  &  hie\irchjt  ex  primaria  infittu» 
eione  Chrijii  ,  quihus  compctit  ex  /latu  jus  prxd:candi  ,  jus  confeJJioneM 
audiendi ,  jus  Jacramenta  ecci«jlaj}it,a  adm-nijirandi  ,  &i,. 

Les  docleurs  de  H.iris  ,  dans  le  ficcle  li.ivant ,  ont  fourenu  &  dsfenda 
avec  la  meme  fcrmetii  lepouvoir  dcs  cures  de  droitdivin.  CljudeCou- 
fiii  I  Jacobin  ,  ayant  renouvcle  en  15 16  j  Ccjuvaiv,  i-.ins  imc  de  les  pre- 
dications,  la  prupuliti<in  erroncc  de  Jc.in  Ani^cli ,  tavuir  :  que  les  curl» 
vnt  leur  Jaculte  &  injlitution  de  icviquejiulem^nt ;  la  fjicultc  ne  m^n^ua 
pjs  dc  renouveler  aulli  contre  lui  la  ceniuie  qirelle  avoic  deja  portee 
contre  Jean  An^eli ,  avcc  ordre  a  iui  dc  ia  rcvoquer  publiquement. 
{  2  )  Dicit  Jacultas  quod  propofitio,  . . .  quuad  prohutionem  partis  ufti^ 
ma  ,  tn  qua  drcitur  qubd  curati  narochiales  habent  fuam  Jucultatem  ab 
apifcopo  duntaxat,  eft  fcandalofa  ,  in  Jide  erronea  ,  hierarchici  ordinir 
dejiruci''va  ,  &  pro  conjervatione  ejujaem  ordinis  publice  revocanda. 

II  n*y  a  gucrcs  que  loixante  ans  que  I.1  facultc  cenfura  ,  enrre  p!ii- 
fieurs  erreurs  &  faulfec^sconienues  daiis  1«  livre  de  Jacques  de  Vcr- 
cant ,  fix  propoficions  ,  en  Cant  qu'ellcs  enfcignent  ou  qj*ci:c<  intc-rent 
que  la  puiirmce  de  juridi^liondes  curJs  oe  vieiit  pai  imii^dijtemenc 
rfc  Jcfus-Cluitl  ,  quant  a  ta  premiere  &  ori^^inaire  ir.rf-.tiijn.  (  ^  ) 
Jijt  fex propofinones  ,  quatenut  afferurjt  vcl  irjerunt,  VOTESTATEM 
JUiUSDlCTlONlS  CURATORUM  NON  ESSE  IMMEOIATE 
A  lHRISTO  QUANTUM  AD  I.WSTlTUTlOStlM  PRIMA- 
RIAM  ,  f'alj'jt  funt  6»  decretis  facrje  facuUatts  contrarix, 

Lcs  (loflv*urs  de  Taris  dtablitrcr.cie  pouvoir  des  curcs  de  droit  di« 
▼in  :  I**.  Siir  Ic  faint  ^v.in^ile  ,  Lucchap.  x,  v,  17,  qui  nous  •[iprciid 
que  les  dtfciplcs  ont  cre  cnvoyes  tmmeJiatcmerit  de  Jeiu.Chntl,  de 
mcme  que  lcs  Apotres  ;  Ite ,  ecce  ejo  mitto  v..s.  2^.  S.ir  '.a  :: '  iruiei 
de  TApo^re  S.  Paul ,  (4  )  qui  .iire-n-<!4  .t  Mi^oc  ,  ielon  rexp..«.aTioa 
de  laint  Ircn^e  •  lescvi-ques  «X  lcs  prc^rrs  d*hpl)cie  Ik  d£«  villes  voi(i- 
ne\  ,  &  Icur  dit :  preneij^arde  a  voub-memes  ,  it.  a  tj.it  ie  tro:iie.ui  lur 
lequel  tc  S.iint-Elprit  vous  .ictjblucve-^iics  pour  gi>-iverncr  i  t-;iife  de 
Dicu.  Attendite  vobis  ,  &  untvfjo  i?'-^/  ii  q:.o  ros  ^p  ruus  San:}ut  po' 
fuit  epijcopos  rcgere  ecdejiam  Dtt.  ^*.  SLtt  r«ato»ite  <\k%  Sb.  rcie%  ,  ncs 
concilcs  dc  Hes  anciens  doileurs  qui  no<is  enteunent  q.!c  !os  'ijror^et  , 
&  principalcnient  les  cures  ,  foni  lo  Uuceirci  r^  Ak»  loixJiice  -  (ituiio 
difciplet,de  mcmequc  let  cvcqucs  fout  lcs  lucccucurs  dck  Apotrc^,^:  ^ai 


} 


1  )  lUd.  pa$€  I7|. 
2)  Ibid.  page  S18. 
^1)Uud.M«<i74ac  1?« 
^)  AAt  XX.  T.  17. 


fj^iu*4t^^wr;  t  »'1  * 


(lO      DISCOI/RS   SUft   LES  LIBERT6S 

en  chaque  pardifle ,  &  ce  n*eil  que  quant  4  Tordre  de  Pr£triib 

que  rinfticurion  desCures  eft  de  droicdivin. 

^^^y  ,        Si  chaque  Eveque  a  tant  de  pouvoir  ,a  plus  forte  rairon 

rEglife  Gsil-  plufieurs  Eveques  affembles  dans  un  Concile  :  car  Jefus* 

licnne   fur     Chrifta  di t :  5i  deux  ou  trois  font  aJfcmhUs  cn  mon  nom  ^je  fuis 

raucoric^det  aumilicu  d^cuxic^QA  pourquoi  nous  recevonsles  decinons 

du  Pape  eo  ^^  ^oi  &  les  regles  de  difcipline  que  ]es  Conciles  nous  ont 

ce  qui  con*  donnees  ;  mais  differemment.  La  foi  etant  invariable  & 

ceine  la  foi.   univerfelle ,  nous  recevons  comme  de  foi  ce  qui  a  et6  d6- 

cide  dans  les  Conciles  mSme  particuliers ,  fi  le  refte  de  TE- 

glife  les  approuve.  Quant  a  la  difcipline ,  nous  y  admettons 

des  changemeriSautorifesexprefftiment  ,ou  tacitement,  par 

TEglife  univerfelle  ;  mais  nous  parlerons  enfuite  de  la  di& 

cipline  y  achevons  ce  qui  regarde  la  foi. 


appliquent  aux  pr^tres  de  r^gHfe  dT.ph^fe  les  innru^ions  qu«  S.  Paut 
donne  au  iS  verlf.  6es  AAes  » ch,  20.  Voy.  les  preuves  dans  la  cenfure  de 
la  facult^  contre  lc  livre  de  Jacqiies  Vemant,  p.  176  >5rc.  dansle  fe^ 
cond  tonne  de  la  d^fenfe  de  ta  puiuiince  ccclefiailique  &  politique  de  M« 
Richer ,  page  62,  63  ,  79  ,  80 ,  81 ,  &c.  &  dans  I'apclogie  des  cur^  de 
Paris  contre  M.l'archev^que  de  Reims ,  paf^e  66  ,  en  1717.  H  fufHt  de 
rapporter  ici  ce  que  dit  l*dtr^que  aux  pr^tres  k  leur  confifcratton :  Prcfi 
hyuri  fucciffores  feptuaglnta  difcipulorum.  Pontifical.  Roman.  &  in  Or- 
<hn.  ad  Sinod.  part.  3  ,  paec  66.  L'^v^ue  dit  aux  pretres  :  Cooperaro» 
res  criinis  nofiri  eftis, , .  kos  ad  fo^-mam  feptuaginta  eftis.  Rien  n*eff 
plus  exafl  que  ce  que  nous  enfeigne  faint  Thomas  fur  cette  matiere  , 
in  cap,  I  ad  Philipp.  Exipf^  evangeiio  hoe  tegitur  ,  qubd  pofl  defigna» 
tionem  duodeeim  apoftolorum  quorum  perfonas  gerunt  eplfcopi.  ,  dejzgna» 
yit  feptuiiginta  duos  difcipulos ,  quorum  locum  faccrdotes  tencrnt, 

Le  cardinal  d*AiiIy  ne  s'exprim8  pas  avec  moins  de  nettete  dans  le 
livre  quM  iit  au  concile  de  Conftance  ,  contre  Jean  patriarche  d'AQ«> 
tioche  :  De  eccUfia aucioritate ,  1  part.  cap.  i.Sicut  apoftoli  &  difcipuU^ 
fic  epifcopi  &  preshyteri  eccUfitt  minifiri  ,  d  Chrifio  immcdiate  pote/tatem 
eccUfiafticam  fufceperunt. 

Jean  Poilly  do^eur  ,  in  quodlibttis  ,  dans  tes  ouvragcs  du  cardinal 
Turrecremata  ,  Uh,  1.  Summx  de  ecclcfia  ,  eap,  ^9,  eft  encore  plas 
clair :  Status  &  potefias  &  jurifdiciio  "^i  difcrpulorum  eontinuatur  im 
facerdotibus  curutis  ,  ficut  ftatus  &  pot:ftas  6»  junfdiHio  apoftoiorum  im 
epifcopls.  Namfuccedunt  fncerdotes  curati  72  difcipuUs  ,  ficut  fucccdunL 
epifcopi  apofiolis.  Lq  cdivdin:i\Ti\tTecrcmdtii(jiittov\s  fes  eflforts  pour 
affoibiir  les  raifonnemens  du  dofteur  Poilly ,  &  pruuver  que  les  ^viqucs 
&  les  cures  ticnncnt  leur  autorit^du  pape  ,  mais  c'eft  inutiiemenr. 

Enfin ,  Gerfon  :  Depotefiate  eccUfiaflica ;  Confid.  12.  Traci,  de  StatiK 
eccUfiafiicis  ;  Confid.  2  de  fiatu  pralatorum ,  de  ftutu  curatorum  ;  Comfid^ 
I  &c  dit  la  mdme  chofe.  Status  curatorum  fucccdit  ftatui  72  difcipm* 
lorum  Chrifii. .  . ,  ac  proinde  fiutus  curatorumeft  de  inftitutione  Chriflt» 

Lcs  cures  tiennent  doncleur  pouvoir  immcfdiatement  de  J.  C.  de  ni&ae 

3ue  lcs  ^veques ;  &  par  conf^quent  Pinditution  des  cur6$  eft  de   droit 
ivin  ,  non-feulement  quanta  Tordrede  pr^trife  ,  mats  eacore  «^"aatfc 
1«  juridi^ion,  Notc  des  £ditions  dc  iji^&  dc  ly^i» 


DE   L'£GLISE   GALLICANE.  6tt 

Puifquc  rEc;ale  cll  infuillible.  lc  Concilc  univcrfcl  qui 
la  rcprckntcioute  cnticre  doit  ctre  infailhblc  aulli  ;  c'cfl: 
pourquoi  noub  rcccvors  lcs  de.ilicns  dc  foi  i\is  Ccncilcs 
cominc  di^tccs  par  le  SaintLfprir :  fuivjnc  lcs  p»roiCS  (!ii 
prcniicr  Concilc  :  Jl  a  jcmbU  bon  au  Sdint-t.jP'it  6*  J  nous, 
Nousy  voyonsUint  Picrrc  parler  Icprcinicr  ,  mais  ic  Dc- 
crci  fc  fuii  au  nom  dc  tous*  ;  uinfi ,  dans  cous  lcsConcilcs 
gcncraux  k  Papc  prcfulc  cn  pcrfonno  ou  pir  lcs  Lcl^jci  ; 
mi..  tous  lcs  Lvoqiics  ju^,cnc  avcc  lui.  Cc  ncfl  p.is  lui  \cw\ 
qui  y  donnc  aurontc  ,  auirct'.'.c::t  il  fcruit  ir.Lic.Ic  dc  f^ire 
atrcniLicr  a  fi  i;rar.v!s  haistai.c  d*i:.vcqu«.s  pour  lui  dont:cr 
dc  liniplcs  conicils,  Ci;  on  trouvcroic  p,'MC  crr:  plus  pris 
d*aurrcs  Thco!oj;icijs  aiiffi  tcluircs,  L  dl  vi:n  (;iij  !c  Papi: 
coniimiL  lc  Con;::le;maii  cctrc  c;jn:iriti.uij  i  ncX  en  c-iTcC 
qM'un  con'cncc:ncnc ,  convnc  ii  [riroic  par  Ics  anc:cnn;:s 
foiifcriptions  ou  cous  Ics  Kvcqujs  in.iiircu-nmcnt  le  fcr- 
voi.nc  dc  ce  ccrme de ca;.j^;;:..7;c;;  pcur  f(K::*crirc  aux  De- 
crccs  dcs  Concilcj  &  dcs  papcs  mc;iie.  L'£g!ifc  **  fans  etre 


^  A-nfi  ^  ians  iou$  Us  coneiUs  giatrjus  ,  U  pape  p^  JfiJe  €t  perfonnt  ou 
farfcs  iedJts.  l).*  co  que  luiki:  l'ierre  »  par!c  le  premier  u*:  s  !i*  cc.ci^a 
<!.  jLrufalcn  ,  oii  vnprut  hicii  conclurv  liuc  J%.'A  xii|.3pe  a  crclif-er  .jX 
conciifs  j;cnerA'.ix  ,  •oirq»*il\'y  trouTccii  peruri  ■.•  i  ■»»;'i*  il  t»e  t*eniuic 
pjSs{.i'il  .iit  droit  J'v  picfi.ie:  p;ir  (c^  '.i^  ;t,!jr]i{-.i*ii  c.t  .b.  ji.r  );  !^  pre« 
li-ncc  (!e  i«iiit  l'i«rre  djns  le  Concii«  de  Jtf>i:t.i<tm  •^onii.!  ce  riic-«r  .>.:< 
paj.C5 »  pu.irijiioi  n\u  onf-ils  pjs  JHiii  H.*ns  'vS  pviri  rs  c  'i;ci.'cs  jei.c- 
raiix  ?  Cc  f  t  jii  cuncite  cIj  (!.i!cci{wirie  ,  >;iii  c!'.  Iv  i{-.ijtri^nie  g^.icr..!  p 
qiic  Ic  p.ipf  prehci;!  pour  U  premicrc  tois  p.ir  tei  lc^ati  S.  Lcuu  lc  de« 
m  li.da  ii  r(.ni,-oreur  M.ircien  »  r.on  comrne  .ine  thote  <'i.e  j  f.i  p^tm^u- 
II-  ,  noii  eii  vcriu  dc  !.i  ci^utiimi-  o'j  ri«  I*expnip7e  ric  les  pr^  '^ctfTju'!  ; 
in.tik  •in!.^-..cnu'iit ,  p:ircc  q.ril  ii'c'.oit  pis  conven.  b!e  que  lei  parriai- 
cliesi!\^-*  nt ,  .'oi  n*.ivui«j»ir  pas  rn  !.*  cJtir.  tj^ec^e  lc.'iircontrcl*tfrrcirr  p 
fe  trouv.itri  1 1  4  i  I  tetc  ciu  conci'-'.  Q^.Jj  *e-if  qunijm  Jtjrjtrhus  .  aubd 
JiKi:  iiulore  n,.n  .-ii  m-.s  ^  cjr:t-j  rurpinci  f.i  jituris  nun  wi^erc  caf'.-y'i» 
€um  renerijtnt<mt'jm  ^  p.xii  il  .m  Jr^.ftm  o»  c%-tp'fei.fp:.m  minm  wice  meS 
fynoiloconven-e  p'.cjiii->^' :  S.  Lf-on  ,  £"/.  60.  i)n  ;  cii»lire  fjr  cerariictc 
le  cn.(pirre  XXIX  i)e.*h.iluiiei!a<!iur  c^monique  pcr  M  ISriiie»,  im- 
pr:iT  i*  .1  ^'arik  eii  1720,  6c  a^^prouvc  ('-r  M.  Cu.iei.  Arure  d<t  EdittonM 
i/.-  r  24  w*  I7''j. 

**  L' . ilije ^ J\ias  lire  affemyic tm concils  ,nene^p^s  ma:»M  ififtitU* 

f.'  .  11  )■  .i  c  e.i»  lurttv^ie  iui..in«i  :lei  iin%  lunt  c.j"«.w*fii  i^veir  Hjni 
rccrit'  tk'  ,  r^rii-^iiev  iinuriMicment  Cic  contV^inmcnt  c!  p  roui  Li  fieclef  , 
c:is  in -i.!iiict  iient  iljut  touti.s  U*b  •'  :;vm  :  !i:s  aiif  «  ne  lunr  ytHM 
cl  rcmii  r  revclc^  Hjiii  lei  livroi  lai-  '  ,  ;'ii  f..inr  cun  eilci  djnt  rcjLtle, 
p.ircccfu'  l.u?lunt  puifi'  rncorc  fnffitiiiii-nent  Cwl.  irciS.  A  Vi^tta  c'cA 
rio^n-cs  q  11  L>nt  clairement  rtfve'.^iriffns  r^criTurc  .  cnfei^n.*!.  unani-* 
min^iir&c:u\  inriiftiriiement  ;  lcciRioi(:n^^e  cle  la  foi  Ciimmund  im 
tv  iti's  \ti  c^iifei ,  iV  !eiif  cunfcnt^mciil  iiniiiimt «  aririler  cvft  •^u^tr^s  « 
B'cft  p2k  nigmi  iaftfiiUblc  qa'uB  iMSCOMBt  ccodu  i.'ai  tu.i:c  l'£|gliic  *l'- 


f^uni^^rt^  t  ff  < 


6ti      DISCOURS  SUR   LES   LIBERTfeS 

aflTefnbUe en  Concile,  n*en  efi  pas  moins  infaillible :  elle Teft 
toujours,  &  pouretre  afTure  de  ce  que  nous  devons  croire, 
il  fuffit  de  voir  fon  confentement  unanlme ,  de  quelque 
mani^re  qu*il  nous  paroiflfe.  Donc ,  fi  le  Pape  confulte  par 
des  iiveques  a  decide  une  queftion  de  foi ,  &  que  rEglife 
reqoive  fa  dt^cifion  ,rafraireeft  terminee  *,  comme  autre* 
fois  celle  des  Pelagiens  ** ,  il  ne  faut  point  de  concile.  Si 


fembl^e  enconcile ,  &  fufHt  pour  nous  aiTurer  de  ce  que  nous  devons 
croire.  Par  rapport  aux  autres  dogmes  difficiles  &  obfcurs  ,  qui  ne  font 
pas  rdv^l^s  clairement  dans  recriture,  Sc  dont  on  difpute :  reglife  ne  peuC 
exercer  l*autorit<^  infaillible  ,  qu'elle  a  toujours,  fans  etre  afl^embl^e 
en  concile.  Car  pour  delioir  ces  dogmes,  iledn^ceifaire  qu'el!e  s*^{^ 
fure  de  la  do^rine  de  toutes  les  ^g-ifes  particulieres  ;  ce  qu*eUe  ne  peue 
faire ,  que  les  mir.i(lrcs  de  Jefus-Chrift  ne  s*airemblent  pour  conitrer 
entre  eux  ,  examiner ,  &  ^claircir  la  doArine  dont  il  s'agit .  expliquer 
les  difficult^s  ,  en  un  mot ,  pour  r^unir  tous  les  efprits  dans  les  memes 
points  de  do^rine. 

Quand  il  s'^leve  en  mati^re  de  foi  des  difputes  &  des  conteftations 
dans  r^glife  ,  pour  ^trcaflur^s  de  ce  que  nous  devons  croire,  il  fuflfic 
devoir  le  conlentement  unantme  dei'^glife;  cela  eft  vrai.  Mais  par 
quelle  autre  voie  pouvon:>>nous  voir  ce  cor.fentenient  unanimc  ,  que 
parcelle  des  affembl^es  ?  Comment  l'^glife  difperf^e  nous  fera-t^elle 
connoiire  autremem  foa  unanimit^  fur  les  points  de  do£lrine  cootef* 
t^s ,  quedansles  concilcs?  II  n*e{l  pas  podible  d'envoyer  par-tout  des 
depures  ,  pour  (avoir  ce  que  ch.^que  ^gliie  enfti^ne  en  particulier.  Oa 
ne  peut  pas  interroger  toute  la  terre  ,  6c  faire  venir  des  t^moignages 
de  toutes  les  parties  du  monde.  On  ne  fait  que  trop  combien  ces  for* 
tes  de  t^moignagcs  font  fujets  i  cjution.  Quel  moyen  donc  d*aYoir 
une  connoifiitnce  alTur^edc  la  croyance  (k  de  !a  preHication  unanime  d» 
toutes  les  ^glifes  ,  fi  des  d^put^s  dc  toutes  ces  cglifes  particulieres  ne 
fe  r^unilTcnt  en  concile,  pour  nous  apprendre,  en  expofant  la  doc* 
trine  &  la  tradition  de  leurs  ^glifes  »  ce  qui  e(l  cru&  enfei^n^  daas  touC 
Funivers  ?  Noee  dcs  Editions  de  1714  6*  176^. 

*  Donc ,  fi  It  Dtipc  confuiti  par  dcs  cvzqucs  a  ddcidi  unt  ^eftion  i€ 
foi ,  &  quc  Vcs^lifc  rcfoivcfa  dccifion ,  Vaffairc  cjl  tcrniinic  :  U  nc  f^mt 
point  </«  cof2ci/£«  Si  la  deciiion  e(l  reque  de  toutes  les  ^glifes,  comme 
conformc  acequi  a  toujours  ^te  cru  &  enfeigne ,  raffaire  t(k  termi- 
n^e »  il  nc  faut  point  de  concilc.  Mals  fi  queiques  dof^eurs  ou  m^me 
quelques  dv^ques  ,  quoiqu*en  petit  nombre  ,  ont  encore  des  diffi» 
cultes  raifonnables  fur  la  decifion  ,  &refurcnt  de  s'y  foumettre  ,  on  doit 
les  ^couter  ;  rafTjire  n'e{l  pas  termin^e ,  il  faut  un  concile.  II  peut  ar- 
riverquc,  fur  une  qnedion  di/Hcile  &  obfcure  ,  un  petit  nombre  de 
perfonnes  ,  ou  nieme  une  feule  penfe  raieux  que  ne  font  plufieurs.  Noa 
quia  fitri  non  potuit  ut  in  obfcuriffimd  quxjliom  veriut  plurihus  mnut 
paucivc  fcntirent.  S.  Aug.  lih,  3  dc  Bapt.  c.  ^.  num,  6.  Notc  dcs  Edi^ 
tions  de  1724  &  1763. 

*«  Commc  autrcfois  ccilc  dcs  Pclagiens.  La  caufe  des  Pefagiens 
n'^toIt  point  du  nombre  de  ce$  queftions  fur  lcfquclles  il  y  a  du  par- 
t.ige  entre  les  catholiques.  Tout  le  monde  eut  horreur  de  la  doArine 
de  ces  hdrctiques  ,  aulfitot  qu'el!e  parut.  Lcurs  erreurs  furent  profcri- 
tes  au  moins  dans  vin^t-trois  conciles.  Cependant  r.ifiT^ire  ne  fut  ter- 
min^e  en  dcrnier  reffort  que  dansle  concileg^ndral  d'Ephife,  comme 
il  e(l  aif4  de  s*en  convaincre  par  ies  a^es  du  concile  ,  8c  par  tous  ceux- 


DE    L*feGLISE    GALLICANE.         6.5 

qiieiqucs  Doftciirs ,  ou  meme  qiicIqMos  Kvcqucs  cn  perit 
nombrc  murmurciit  encoro,  (•:!  n*:  Moit  pis  lcs  etOi::Jt; 
mais  i\  unc  f;r;!n:lc  p.jrti-jdc  rMiii!^'.*  rj  ic  ioi':net  p.:s  ,  cojti- 
inc  (lans  U  c:\ui\i  crLurychls,  rr^ypio  t^  rOriciir,  alors 
c'cft  le  cas  d^affcmblcr  un  Corit.lc  univcrfel ,  qui  cxaminera 
]a  decifion  du  Piipe ,  &'  nc  rapprouvcrn  qiranros  Tavoir  rc- 
connueconforme  :i  la  tradiiinn  de  toutes  ies  Eglifes.  Ainfi , 
dans  cette  caurcd'i.utyclijsle  Coniiie  dc  CalLcdoinc  c\a- 
mina  la  l'.-frrc  Cu  PapcS.  Lcon  ,quitoutefcis  fervicdc  fon- 
dcmcni  iai  Deciet  dc  foi. 

Au  contraire,  dans  ic  f:x!jme  Concilc,  Ics  Lcttrcs  du 
P.ipc  ayant  e:c  e\'aminecs,  comrno  urlles  de  Pyrrlius,  de 
Cyrus,dcScrgius&dcPaul,I]crctiqucs.Monc>tlic[ifos,furs?nt 
rcjcrccs  de  mcmc,  commc  fjvoii{".ini  ieurs  orrcjrs,  &  ic 
PapeHonorius  anatlicmatifc  nommemcnt ,  Ic  tout  du  con- 
jontcment des  Lep;.its du  Pape  Ap:arho,i,qiii  prefuloient  au 
Concilc,  &:  Aj^athon  &  (es  fucccfu-uis  ,  rcnouvcicrcnt 
piuficurs  fois  certo  cor.damn.itioii  d'Honorius. 

Saint  Cypriendes  le  troificme  iviAi: ,  foutint  avcc  tous 
Ics  Evcques  d*Afrique  ,  &  p!ufiours  de  I^Afie  mineurc ,  quc 
lcs  hereiiquos  devoient  etrc  rcbaptifjs  ,  contrc  la  decifion 
cxprclTc  dc  fiint  Eticnne  ;  qui  p  -ifici  jufqu'a  rcxcommunica* 
tion  au  moins  comminatoire;  &  faint  Auj^uAin  ,  pour  ex- 
cuicr  f:iint  Cypricn  d  avoir  fcureru  cottc  crrcur  ,  nc  dit  au- 
frechoic,  fir.on  quc  la  quclVion  etoit  diilicile,  &  n*avoit 
pointcncorc  cce  decidoo  par  un  conciij  univcrfol ;  donc  ni 
faint  (iyprion ,  ni  faint  Auf^uftin  ,  nc  croyoientpasque  Von 
futobliire  dcfe  foumcttre  (liotque  le  Pape  avoit  prononce. 

Ccu\  qui  vculont  que  lo  Pape  toit  infaliibic ,  ne  nicnt  pas 
toutefois  qu'i!  puilib  dcvcnir  hcreiiquc,  commc  i!s  n*ofont 
pas  dirc  qiUifcit  impoccable ,  quoiqu*il  n*ait  pas  tenu  au 
Pape  Grtgoire  Vll  do  lo  fairc  croirc.  Mais  rcxpcrience  n'a 
qjo  trop  fair  vcir  qu'il  n*y  a  uucuno  miforc  humaine  a  la- 
«iujilo  !c3  Pancs  nc  (oicnt  fujcts.  lls  difenc  donc  quc  le  Pape 

<|.i  onr  t. :'.:'. 'hi^jirc  dcs  P<£!A^;ier.s.  Le  P.  Maimbourg  i'c]ipnnie  trop 
r'-''or.iC'.'i  fur  te!  nrrx.c  ,  ivut  re  point  r.ippcrter  lon  iifmoi^nj^e : 
T.-.::t:  J.e  l\*!  jcde  K^m£  ,  chjn.  iS.  Qii.Tr.ii  S.  Aiit^i-iiin  Hii  cn  jur- 
l.t:  '  ics  l\-I.'i,ii'ns  ;  //  rous  tji  rtnu  ^cf  Rejcfits  ii  Rome :  /j  cauje  eji 
Jlric  :  ce"..i  iVr.teii '  <iu'e:le  clt  fir.ica  K.Tiri.',L«ii  cps  h^rvii^ucs ,  qnt  iiprei 
■(\oir  c'ccu:i-.'  mr.j;  r'.'iis  lct  concile»  (I.Xfiiqjc  ,  s'ertiienc  adr«(TtiS  la 
|*-.;.tf,  crovviic:  f  j-.t^fncr  lcur  caiile  pjr  lcjr  «rtirice  qvi  leur  avoii  itne 
l%Mi  rc  i'\:.  l  <:•.•  ;'.(.*  tut  )u;;ce  en  dcrnier  rcliurt  qu*au  corM;iii  d'£f beiCb 
IiJytt  iUj  LaititfRs  J«  1724  6^  ^7^}* 

Qquj 


iSi4      DISCOURS  SUR  LES  UBERTtS 

j>eur  errer  dam  la  foi,  comme  un  tel  homme.  oumjme 
coifime  Dofleur  parikulier ,  mals  non  pas  comme  Pape  »8c 
pronon^ani  ix  Cjihtdra.  La  difBcuIte  eft  tl'etablir  cetre  dif- 
tinflion  ;  car  ks  Letrres  duPjpe  Honorius  ,  tjiii  furenicoil- 
damnC-es.i^toieni  adrcfTees  aux  Pairiarches  d'Alexandne, 
«l'Antioche  &  de  Conftantinople ,  qui  l'avoient  confuUifur 
une  qucflion  dc  foi ,  &  le  Pape  f^int  Etienne  avoit  auffi  de< 
cide  l'jtfaire  dubapEcme  de  louie  fon  auioriie. 

Enfin  de  quelque  maniere  que  ce  foit,  qu'un  Pape  fut 
Iier^tique,  on  convient  qu'il  devoit  etre  depofe  ,  &  par 
confequem  [uge-  On  ne  voit  point  d'autre  Tribunal  au- 
deflus  deSui  quc  le  Concile  univerfel ;  aufB,  eft  ce  le  pre- 
mier  cas  auqucl  le  Concile  de  Conflance  a  defini  que  ie  Pa- 
pe  efl  foumis  au  Concile.  Le  fecond  eft  celui  du  lchifme.  Le 
troifieme  eft  la  refoimation  de  lEglifc  dans  le  chef  &  dans 
lcs  membres.  Pour  bien  entcndre  ce  Decrct  du  Conule,  U 
faui  en  exphquer  Toccafion  &  les  fuites. 

Apr^»  que  les  Papes  eureni  rifidi  70  ans  i  Avignoa ,  le 

XIV.        Pape  Gregoire  XI  reiDurna  aRome,  &mourut  eti  1378. 

Dierew  do  Urbain  VI ,  Iralien  de  naiffance  fut  elu  a  fa  place ,  mais  les 

Conitjnce     Carditiaujt  Fran^ois,  dont  la  faftion  etoit  tres  puiflante, 

toiieh»iKl'aiu  fe  plaignirent  que  !'ele^ion  n'avoit  point  ete  libre  ,  &  s'e- 

tDmerjuCon-  „„[  retires  de  Rome,  ^lurent  iin  Francois,  qu'ils  nomini- 

fet,   OtiRiiie  ''^'"  Clement  VU,&quivints'etab!ir  >)  Avignon.Lefctur- 

dt  cci   o£- me  dijraenviron4oans;Urbain  VLmourui  en  1389,  & 

f '.•■•  ^ '"'"  Bonif^ice  IX  lui  fucceda  a  Rorae.  Clement  VII  mourut  eo 

1394,  &  Pierre  de  Lune,  autrement  Benoii  XIII  liu  fuc- 

ceda  a  Avignon.  A  Rome,ily  eut  cncore  Innocent  Vl[, 

en  1404  ,  &  Ange  Cortario  ou  Gregoire  Xil,  en  1406. 

Touie  laChreiientc  eioitpartageeentrecesdeuz  obMles- 

ces ,  &  le  fa'<t  qui  avoit  donne  occafion  au  fchifme  itoit  ul- 

lement  embrouilie  par  les  difpuies ,  qu'il  n'etoit  pius  p<^> 

biedereconnoitrequeleioitle  Pape  ligitimei&aucimdn 

deuxne  vouloit  renoncer  a  fes  pretentions  ;  ainfi,  Iss  pn^ 

Ibnii.iues  le.s  plus  favans  &  les  pluj  pieuz   ne  trouvirait 

point  (l'aiitrevoiepourfinirle  fthifniequ'un  Concile  gint- 

ral  qui  depofa  les  dcux  preiendus  Papes,  &  en  fit  ilire  un 

aurre.  Ce  fut  I  Univerfiie  de  Paris  qui  travaiila  le  plus  i 

cetie  ^r;imleauvrc.Onconimen;apar  lafbuftradion  d'0^ 

bcd  euce  .lui  deuitPapes ;  puis  lcs  Cardinaus  des  dcnx  p.ir- 

tls ,  3u  fnotns  ia  pit^ar t ,  «'aflembl^rent  k  PiTe ,  en   i .)  0  >■ , 


DE   L*iGLISE  GALLICANE.  «15 

avec  grand  nombre  d*£v^ques  &  de  Dodeurs.  Le  Concile 
fit  le  proc^s  aux  deux  precendus  Papes ,  Gr^goire  &  Be- 
noit ,  &  ^itirent  pour  Pape  Alexandre  V  «  qui  mourut 
Tannee  fuivante.  Jean  XXlil  lui  fucceda.  Cependant  Gre- 
goire  &  Benoit  fe  difoicnt  toujours  Papes  dans  leurs  Obe« 
diences,  quoique  cres  raccourcies.  Pour  achever  d*etein- 
dre  ]e  fchiime »  Jean  XXlII  aflembla  en  1 4 1 4  le  Concile  de 
Conftance,  c^i,  dans  la  feffion  quatri^aie,  fit  cette  de« 
claratioQ  :  m  Le  Concile  univerrel ,  reprefentant  toute  i'E- 
9>  glife  militante,  tieotfon  pouvoir  immediatement  de  Je- 
n  fus-Chrift,  &  toute  perfonne  <ie  quelque  etat  &  dignite 
»  qu^elle  foit,  meme  le  Pape»  eft  tenu  de  lui  obiir  en  ce  qui 
«  concerne  la  foi «  Textirpation  du  fchifme  ,  &  la  refor* 
n  mation  gen^rale  de  i'£glife  de  Dleu  dans  le  chef  & 
n  dans  les  membres.  Et  dans  la  feffion  cinquieme ,  le  Con- 
cile  reitere  le  mSme  Decret  ,  &  ajoute  :  «  Quiconque, 
9f  de  quelque  condition ,  etat  &  dignit^,  meme  Papale  ,me- 

V  prifera  opini^trement  d*obeir  aux  Mandemens  &  Ordon- 
-ii  nancesde  ce  (aint  Concile  general,  fur  les  chofes  fufdites, 

V  (c*eft-i-dire  la  foi,  le  fchifme  &  la  reformation,  )  foic 
9)  foumis  a  penitence,  &puni  convenablement.  »  Ainfi,  le 
Concile  de  Conftance  a  etabli  la  maxime  de  tout  temps  en- 
feignee  enFrance»  que  tout  Pape  eft  foumis  au  jugement 
de  tout  Concile  univerfel ,  en  ce  qui  regarde  la  foi ,  i*ex- 
tinSion  d'un  fchifme  &  la  reformation  generale.  Ce  Con* 
cile  reduifit  en  pratique  la  maxime.  Jean  XXill ,  reconnu 
pour  Pape  legitime  par  le  Concile ,  &  par  la  plus  grande 
partie  de  l*£glife ,  fut  accufe  &  convaincu  de  plufieurs  cri- 
mes  9  juge  &  depofe.  U  acquief^a  a  fa  condamnation.  En  fa 
place ,  fut  elu  Martin  V,en  1417,  dans  le  meme  Concile 
de  Conftance.  Cependam  Gregoire  XII  avoit  cede  fes  pre- 
tentions  ,&  s*etoit  foumis  au  Concile.  BenoitXIII,  perfe- 
verant  dans  fa  contumace  etoit  abandonne  de  tout  le  mon- 
de.  Ainfi  ,  on  peut  compter  des^ors  le  fchifme  fini,  quoi- 
que  Benott  ait  v^cu  fufqu^en  1414 »  &  que  deux  Cardi- 
nauxqu*il  avoit  faits,  lui  euflent  fubftitui  un  nomme  Gii- 
lesMugnos  qu*ils  nommerent  Clement  VIII ,  domrObe- 
jdience  itoit  reduite  au  Ch&teau  de  Panifcole  en  Arragon»  , 
&  qui  fe foumit  «nfin  a  Martia  en  1 429 »  onze ans  apris  la 
£n  du  Concile  de  Conftance. 

Ce  Concile  oxdoana  que  Ton  tleadroit  an  autre  Concilc    /w^  g. 

QqiY 


'6j6      DISCOURS  SUR  LES  UBERTfeS 

Mle  inquel  g^niral  cinqansapres,  puisfepians,  puis  dedix  endixani.' 

£ug«ne     'V  Martin  V  en  avoit  convoqueun  quand  ilmourut  en  1431. 

Conale  de    Eugetie  IV ,  fou  rucceiTeur ,  fut  donc  oblige  de  le  tenir ,  & 

Feriare,qu'll  ce  fut  le  Concilo  de  Bale.  D'abottl  on  y  renouvela  les  De- 

traiiiftfaen-  ^^^^^  de  celuideConftaiice ,  louchant  ia  fuperiorite  du  Con* 

r^ace.  ^'^  •  ^  comine  le  Pape  vouloil  difToudre  celui-ci  ,  ou  du 

moins  le  transfercr  ,  il  y  eut  des  proc6dures  du  Concile  g^- 

neral  comre  lc  Pape,  &  du  Pape  contre  le  Concile;  mait 

enfuite  lePapc  fe  rcn[lii,&  adhera  au  Concile  par  une 

bulle  folennelle ,  &  revoqua  tout  ce  qu'il  avoit  fait  contre 

le  Concile ,  Heclaram  qu'il  avoit  ete  legiiimement  commen- 

ce,  &  continue  jufqu'alors.  Cette  rcconciiiaiion  fe  di  le  14 

Avril  1434  ,  maisla  divifion  recommen^a  bientot  apres. 

L'Empereur  &  le  Pairiarche  de  Conllantinople  demande- 

rcni  d'etre  ouis  dans  un  Concile,   pour  reunir   TEglife 

Grecque  avcc  la  Lattne,  &  ils  demandoient  le  Concile  en 

Iialie  pour  ncpas  alfer  plus  loin.  LcPape  ['indiqua  a  Farra- 

re  ,  &  y  invita  les  Peres  de  B41e ,  qui  regarderent  cette 

Iranflation  comme  un  preiexte  pour  dilToudre  le  Concile. 

Les  Grecs  les  prioicnt  de  venir,  Si  refnfoient  d'aller  ^ 

B^!e;lePapcirrited'ai1[eursdcqiielques  Decrets  derefbr- 

maiion  qu'avoit  fdit  leConcile  ,  particulieretnemcontre  les 

annates,dec'ara  le^  Avril  1438  ,que  le  Concile  fedevoit 

reniraFerrare,  oii  les  Grecs  s'ctoient  rendus :  depuis  il  fut 

transferea  Florence,  &rimion  desdcuxEg1iress'yacheva. 

Une  partie  des  Pt:res  de  Bi!e  s'y  rendit  ;  mais  plufieurs  de- 

meurerenti  Balc,  oiiilspretendoienttoujoursetreleCoR- 

cile  univerfel ,  quoique  leur  nombre  &  leur  autorit^  diroi- 

nuSt  toujours  de  jour  en  jour.  On  ne  doit  plus  compterle 

Concilc  de Biile depuis cette  derniere  dLvifion,c'eft-a-dire 

depuislafeiTlonvingt-cinquieme,  renuele?  Mai  1437.  Le 

pretendu  Conciie  de  Bale  proccda  contre  le  Pape  Eug^ne 

cn  toute  rigilkur  ,  jufqui  !e  depofer ,  &  elire  en  fa  place 

Amedee  Duc  dc  Savoie,  fous  !e  nom  de  Felii  V.  lls  tin- 

rent  encore  vin^t  fcfTons  a  Bale  jifquau  16  Mai  144^. 

Jtvr.  En  France,IeRoi  Charies  Vil.  voyani  cette  divilion  du 

Originc  '■  Papg  g;  duConcile  dc  Bdle,  &  les  dcux  Conciles  qui  fe  te- 

liie-Sj^ia^on  "'"^'"  ^"  mcmc  temps  a  Biiie  &  a  Florence.afiembla  les 

S  da  Con-  Evequcs  de  France  a  Bourges  cn  1438;  ils  furent  d'avis 

*ociiit.  dadherer  auConciledeBale  ,  & recurent  pluCeurs Decret» 

de  difcipliaij  iiiiis  k  Bale  qut  parurent  ialuiaires,  Si  que  |e 


DE    VtGLlST.    GALLICANE.  f.17 

Roi  autorirj  p:ir  (^m  Ordonnnncc  ,  &  c'eft  la  Pragmariquc 
Sanclion.  Touretbis  la  rrjince  rcLonnut  roujours  F.ut^cne 
poiir  R«|)^  Iji^lriinc,  &  n\icl!vjra  point  au  lclufme  dc  Fciix. 
Tout  IcCaiuliIc  Uc  IJ.ilo  tans  (l.lHn<^lion  cioit  odicux  au  Papc 
Kuj;ciic,  &  par  conicqnciit  i.i  Prae:naiiquequi  cn  ctoit  tiree. 
Lcs  Papcs  kiivans  !a  ici;ar.!cro:'ir  dc  mcmc&  cn  pourluivircnt 
Tabroiiation.  Lc  Iloi  Lou'",  \Li'.iccordaa  Ficll.  &  en  donna 
lics  lctircs  quc  Ic  (!nr.i:ii.il  dcia  B.i!u-J  poriaau  Parlcmcnt  ; 
iiJiiis  lo  ProcurciT  (ics  criti  Jc;«.i  cc  S.  llomriin  s'y  oppofa 
nomni.nicnt.  L'Uni\  crlitc  tic  Paris  t"c  joi^iiit  a  cctrcoppo- 
lirion ,  c^:  cctto  tjnt.:i:vc  t''i:  lans  eiFct  ;  enfi.T ,  lo  Papc 
Lcon  X.  ili  ic  Tv^i  rr;ir<j'.MsL  cn  i  s  i^'»^  fir^'i't  lcOojicordat 
q.ii  coiiicrvc  i  :s  RC'!;  cnr.-r.s  lcs  moins  importans  dc  ia  Prag- 
m.itiq«ic  ,  iji  ai):)l:t  tout  Ic  rclLr. 

M  lis  quoi  qu'il  c.i  f.jit  du  Concllc  de  Ba^e  ,  lo  Concilc  de      XVII. 
Confhr.co  n'.i  point  rccu  d'a*rci::ro  ,■  6:  it  domourc  pour     t)«>itrine 
coiitmt  quj  lc  Concilc  Ur.ivcrlj;  tic:u  \on  autorir-- nondu  pKgiife  Gal- 
l"*  ipc ,  n\iis  immcdiatemcnt  do  Jcrus-Uiriil ,  &  quc  le  Pape  Hcanc    fur 
eii  ib.imis  au  0/.".cile  aux  trois  cas  qui  y  foni  exprimes.  De-  **^"'°^J**  |^'J 
h  vicnr  qu'au  Concile  dcTrente  lcs  Prelats  Francois  rcfu-  concile  uai- 
fCrcnt  d  j  dcclarcr  rautorite  du  Papc  dans  les  rermes  du  De-  verfel. 
crct  d'union  du  Concilc  de  Florence,  qui  porte quil  a  la 
jm-irjnce  de  trouvcrner  rHpiifc  ur.iverfcllc ;  carcncoreque 
cc!to  dwtinition  ait  un  bon  fons  * ,  cn  ce  qu*il  n*y  a  aucune 


♦  r-icD":  (,•-«  c^tti  dJfinition  alt  un  honfens ,  &c.  Le  concile  '!e  FIo* 
TiTvO  ci.Miiiic  nt-tc«;m'ji.t  qiie  le  pape  a  un  puuvoir  «bfolu  &  l\>uverain 
1.  r  t^  :>:  !*t'* -.'.';'.«.  I.e«  tcrniJS  (!j.'is  lcfqucls  h  cicfiniiiun  rft  cun^ae  .  n« 
i-  \v  \-  >i.t  i.i!jep:il)!tfS  d'iin  «lutre  ii;n«.  Ipfi{  RomaaQ pontijici  )  in  beato 
i\;ii , y..7<ri-'7rf.,  rc^tnAi  ac  f^uhcrnardi  uniM'fultm  teclefiam  a  Domina 
n  •,/•(•  /.-.'v  C/f-jij  pt^njnpot:JiJtcrK  triid.tam  cffi,  Concil.  rom.  I}./M^. 
51;.  .-\.i  cjncilc  (le  Tren:r ,  penor.nc  nc  s^avifa  de  leiir  en  Honner  un 
aa^-o  ;  wVil  ct;  4  li  fi:  q.ie  les  prcjjts  Franqois  rcfufereoc  canftammeDt  . 
c!*ex[>rinier  i';iurLuiti  c!.?s  pipus  en  ccf  rerm^s  :  ««  rcile  i  cetre  heare, 
i<  (!i:  !c  ccrc^injl  i!e  Lorr^inc  dans  unc  lecrrea  fonagent«  lc  dermerdit 
^'  tirrcs '|Li'on  veut  metrre  pour  notre  fainc  l*irC|  pris  du  concilc  dn 
*•  I^i.rrrK-e;  &  nc  puis  nier  que  jefuts  Fran^ois , nourri  en  l'univcr- 
••  fi..'  cie  F.ti-is ,  en  la-^iicKe  on  fisnt  rautorittf  du  concilc  par-dcflai 
••  le  p.-ipe  ,  &  font  csiilurcs  commeher<:tiqiies  crjx  qui  liennent  lc  con- 
«•  tr  i-fc  :  q-ren  I'>.  r.ve. . . .  Ton  tienc  le  concile  de  rlorcncc  pour  non 
'*  Iv'.;i:i[;ie ,  nt  i;cnLra!;  &  pour  ce  Ton  fera  plucdt  nonrir  le«  Fran- 
••  r  i;n  ,  (i.ie  cj'..!  er  aj  coniraire  ••  Mais  fuppofoni  quc  ceite  (i^hnition 
|>L  -te  1"  .nVirie  lens  q:r  lui  cjonne  M.  Fleurv  :  que  fijsnifie,  i/  aS  « 
«;..  ■.':  i:".:.i7l'  pjri.c-  .'.■-r.r  .^t-j  nc  Joil  /oumi/e  au  pape  ?  Frt-ce  k  dir*  \\v» 
U  .  -.sfl.r^  Uiii:  uii!i;;t\  lie  le  lOnnne^tre  t'cs  qu'!!.*!  porlc?  Sclon  M,i*ab  • 
t'\^i'i-y  ,  I.I  cicciiion  citi  pspe  n*ob'.ijc  poii.:,  ^u'eUe  n'ait  6t6  ■ccep'^ 
par  i*C|;iiie.  Kii-cc  a  dire  quc  le  pape  a  uoc  jufidicUoa  iwaddiatt 


Ki8      DISCOURS  SUR  LES  LIBERT£S 

EgUfe  paiticuUere  qui  ne  foit  foumife  au  Pape»  eUepeoi 
en  avoir  un  mauvais  en  lui  foumettant  touce  rEgtife  dStoh 
biee.  C*efi  pourquoi  les  Dodeurs  de  Paris  «  en  cenfurant  les 
crreurs  de  Luther ,  aimerent  mieux  dire  que  les  Chredens 
ibnt  tenus  d'obeir  au  Pape.  £n  1 663  ,  la  Faculte  de  Theolo- 
<gie  de  Paris  donna  au  Parlement  quelques  Arciclesquele 
Roi  fit  pubUer  :  entre  autres,  ce  neftpas  la  doBrine  de  U  Fs" 
€ul:c  de  Paris  que  le  Pape  foit  infaillible.  Mais  cette  propO- 
fition  efl  captieufe  ;  car  elle  dit  feulement  que  la  Faculte  a'a 
point  adopte  ce  dogme  ;  mais  il  ne  s^enfuic  pas  qu^eUe  Tait 
rejete ,  &  qu'eHe  defende  de  Tenfeigner. 

Nous  ne  croyons  pas  toutefois  que  les  Conciles  doivent 

etre  regardes  comme  un  Tribunal  regle  &  ordinaire  au-def- 

fus  du  Pape  ;  mais  comme  un  remede  extraordinaire  dons 

\es  maux  extrcmes ,  &  dans  Ics  grandes  divifions  de  rEglife. 

Nous  croyons  qu'il  e(l  permis  d*appeler  du  Pape  au  fiitur 

Concile ,  nonobftant  les  Bulles  de  Pie  II.  &  de  Julcs  II.  qui 

]'ont  defenda,  mais  ces  appellations  doivenc  etrerares,  & 

pour  des  caufes  tr^s-graves. 

Fiuiies  con-      Quelques  Politiques  ont  pretendu  decrier  cette  dodrine 

fequences      de  la  fuperiorite  dp  CoRcile,  en  le  comparantaux  Etais  Ge* 

9u'on  tire  de  neraux.dont  on  fait  que  les  preteutions  tendoient  a  leur  ar- 

fon  dc$  Con-  'oger  dans  le  gouvernement ,  une  autonte  qui  ne  leur  appar- 

ciles    g^n^-  tenoit  point ;  &  ce  fut  parla  principalement  qu^on  rendit 

«uxavec  les  odieuxIeDofteur Richerquiavoitttjzelepour la  Ligue,  & 

liiux.      "  ~  Qu^  ^^  ^^^^  pouiToit  troploin  fa  pretendue  Ariftocratie  dans 


toute  r^glife  ,  &  qu'il  n  drolt  de  gonverner  tous  les  fidelles  &  toutes  les 
^glifcs  particulieres  par  lui'Tneme ,  de  lestirer  de  la  conduite  naturelle 
de  leurs  pafteurs,  d'envoyerpar  toutes  les  paroilTe^  &  les  diocifes  tels 
ouvriers  qu'il  lul  plait,  pour  precher  ,  y  enteodre  les  confefnons.j 
Adminidrer  les  fjcremens  ,  &c.  ?  M.  Fleury  dic  expre(r<£ment  le  con« 
traire.  EA-ce  a  dire  qu*il  a  le  pouvoir  de  nommer  les  ^v^ques  dans 
toutes  les  ^glifes  qui  ne  font  pointdefa  m^tropole  ,  deles  ordonner, 
de  lcs  appeler  a  Ccs  conciles  ,  de  les  citer  a  fon  tribunal »  de  les  juger, 
de  les  excommunier  ,  de  les  d^pofer  non-feulement  pourcrime  d*b^^« 
fie  ,  mais  encore  pour  leurs  moeurs  ?  M.  Fleury  refufe  au  pape  ce  pon- 
voir.  Enfin,  efi-cc  k  dire  qu'il  foitcharg^  feul  de  conferver  le  d^pot  ^c 
la  foi ,  dc  veiller  a  robfervatlon  des  canons  dans  toute  r^glife,  d*^trt 
artentifittous  fes  befoins,de  s'^!ever  contre  les  abus  naiuans  ?  Tout 
eveque  a  les  m^mes  obligations.  Evifcopaeus  unus  eft  ,  cujus  pars  k 
/zngulis  in  folidum  tenctur.  A  quoi  lc  r^duit  donc  la  iuridi^tion  du  pape 
dans  1'^glire  ?  Le  voici ;  c'eft  qu*en  qualit^  de  premier  dc  tous  les  ^ve- 
t^ues ,  ileft  plus  oblig^qu*3uciin  autre  k  tous  ces  devoirs ,  8c  r^glife  a 
^roit  de  lui  demander  raifon  dcs  abus  qui  s'introduiro!ent par  £i  o^^lt- 
^encc.  Non  dtt  Ediiions  dc  17^4  ^  17^J« 


DE   UfeGLISE   GALLICANE.  6if 

TEglife.  Maisdoit-on  H^cidcrdcmatiercsfi  importantcs  par 
une  comparaiibn  ?  Oii  trouve-t-on  que  rEgiile  &  I*Etat  doi- 
veni  i  tre  regJes  par  les  mfimes  maximes  ?  En  quei  endroit  dc 
rAncien  &  du  Nouveau  TeliamcnT  Dicu  nous  Ta- 1  ii  reveie  ? 
La  comparailon  d*ailleurs  cntre  lc  Concile  general  &  lc« 
Ltats  Generaux,  pcche  abiolument  dans  le  principe ;  les  ttats 
n  ayant  jamais  eu  lcgitimement  quc  la  voie de  reprefentatioa 
aupres  du  Souvtrain  ,  a  la  diffeienceduConcile  general, 
lequcl ,  qi  ant  au  fpirituel ,  a une  autorit^  iegitimc  fur  tous  les 
Fiiielfes,  Ceft  principalement  fur  ccs  comparaifons ,  &  fur 
des  ruifonncmens  purcment  humainsque  fe  fondoient  quel- 
ques  ^  c  '.olaftiques ,  pcur  etublir  rinfdiilibilite  du  Papc  &  fon 
pcuvoir  ^jr  le  tcmporcl  des  Rois. 

Pour  nous,  nous  nous  appuyons  fur  rEcriturc  faintefic 
la  Tradition  conftante  des  dix  premiers  fiecles.  Nous  ne 
cherchons  pas  commcnt  JefusChrift  a  du  etablir  fon  Eglife, 
conform^ment  aux  principes  de  la  politique  d*Ariflote  ou 
de  fa  Mctaphyfiquc  ;  mais  comment  il  ia  etablie  cncfFet; 
^  cpmme  il  ncnous  a  rien  revele  touchant  legouverncment 
temporel ,  nous  nous  en  rapportons  au  droit  naturcl ,  &  aux 
anciennes  Lois  de  chaque  Nation.  Nous  croyons  que  la  Re- 
ligion  s'accommode  avec  toutcs  les  formcs  ligitimcs  dc  gou- 
vernement  :  que  Ton  peut  ctre  Chrcticn  k  Venifc  &  en 
Suifle  ,  auflibicn  qu*en  Efpagnc  &  cn  Francc  ;  &  chacuti 
<ioit  dcmeurer  foumis  &  fidelie  au  gouvernemcnt  fous  lequcl 
la  Providence  Ta  fait  naitre.  Les  autrcs  Souvcrains  defen- 
^ont  chacun  leurs  droits.  Pour  la  Francc ,  nous  favons  qus 
des  lc  tcmps  de  Charlemagnc  les  aiTemblees  dc  la  Nation » 
quoique  frequcntcs  &  ordinaircs ,  nc  fe  faifoient  que  pour 
donncr  confeil  au  Roi ,  &  quc  lui  feul  decidoir.  II  ne  faut 
donc  pas  fur  un  vainecomparaifon  rendre  odieux  Tufage  per- 
petuel  de  rEglife ,  d^aiTembler  des  Conciles  generaux ,  quand 
iis  font  ndccilaires. 

On  ne  pourroit  pas  non  plus  furun  prf  tcxte  fi  frivole ,  eift-       ^}^' 
pccherdetcnirdesConcilesProvinciaux,  lesdernicrsCon.  ConcU«ftS! 
cilcs  avoient  ordonne  de  les  tenir  tous  les  trois  ans ,  ce  qui  viitciaox. 
a  ete  confirme  par  les  Ordonnances  de  nos  Rois. 

On  les  tenoit  meme  au  commencement  tous  les  fix  mois ,    Edh  Je  Bfe* 
parcc  quc  ce  font  les  v^ritables  Tribunaux  pour  toutcs  les  '""».«"''•  «• 
(granclesaffairesdertgnfc.  Ilsfurcnrauflileprincipalmoycn  ^^"g/p^ 
^m  S.  Chaiks  fe  fervir  pour  rctablir  h  difciplioe;  mais  flar.  i6U. 


^Jl«*#»«*»;*^'  • 


^6x0      DISCOURS  SUR  LES  LIBERTiS 
le  ne  vois  pctf  que  depuis  lui  il  s*en  foit  tenu  cn  IraTie  \ 
Les  derniers  Conciles  provinciaux  qui  aient  6te  tenusea 
France,  font ,  celui de  Narbonne en  1 609 ,  fur  la  Dirdpline 
EccleriaAique,  &  celji  de  Bourdeaux  fur  la  Foi  &  la  Difci- 
plfce  Tan  1624.  La  difficulte d*afiembler  ces  Conciles ,  les 
depen!'es  qulls  caufent ,  les  difputes  qu*its  occafionent  fou- 
vent,  foit  fur  ia  Dodrine  y  (oit  fur  la  Difclpline»  fontque 
Ton  evite  d*en  aflembler  lans  une  neceflite  abfolue. 
Dodrioe  de      Qu^nt  a  la  diicipline ,  nous  croyons  que  la  puiflance  da 
TE^c  Gal-  Pape  doit  etrc  reglee  &  exercee  fuivant  les  Canons ,  &  n'eft 
Itcaae  fur     fouvcraine  qu'en  ce  qu'il  a  droit  de  les  faire  obferver  ^  tous 
p^       cn  cc  ^^  autres.  Car  J.  C.  a  dit :  Les  Rois  des  Nations  lcs  domin<nt^ 
qm  concernc  ^  H  ncnferdpds  ainf,  ic  vous.  Lt  S.  Pierre :  Condulfc^  U  trOU' 
Im  «iifcipline»  p^^^  ^^  DieUynon  commeen  dominant.  Donc ,  le gOU vernement 
remcntla  Jol  ^^  l'EgIife  n'eft  pas  un  Empire  defpotique ;  mais  iine  con- 
fiJiaionco3- duire  paternelle  &  charitable  ,  oii  rautorite  du  Chef  ne 
tecncufe.      paroit  point ,  tant  que  les  inferieurs  font  leur  devoir ,  mais 
2j,     '        *  eclate  pour  les  y  faire  rentrer ,  &  s'eleve  au-deiTus  de  tout 
I.  Fa.  V.  pour  maintenir  les  rcgles.  II  doit  dominer  fur  les  vices  ,  & 
*•  ?•  non  fur  les  perfonnes.  Ce  font  les  maximes  du  Pape  S^Gre- 

,y,  '     '  ^"  goire.  Ainfl,  nous  ne  reconnoiffons  pour  droit  canonique, 
^'^«  7.  ^p»  que  les  Canons  reguspar  toute  TEglife ,  &  lesandens  ufages 
^^*  de  TEglife  Gallicane,  conferves  a  la  face  de  toute  TEglife  de 

tcmps  immemorial ,  &  par  confequent  autorifes  par  un  con- 
fentement  au  moins  tacite.  Nous  ne  croy ons  pas  que  la  feule 
volonte  du  Pape  faffe  ou  aboliffe  les  Lois  de  TEglife ,  ni  que 
cclle-ci  foit  obligee  en  confciencc  d*obeir,  fitdt  qu'il  y  a 
une  BuUe  plombee  &  afHchee  au  Champ  de  Flore. 

Les  anciennes  Decretales  des  Papes  fe  faiioient  dans  des 
Concilcs  nombreux  des  Eveqiiesd*ltalie :  encore  n'etoient- 
elles  re^ues  dans  les  Provinces  qu'apres  qu'elles  avoient 
ete  reconnues  conformes  a  Tancienne  Difcipline.  Depuis, 
ils  prenoient  au  moins  Tavis  de  leur  Clerge,  c'eft  a  dire  des 
Cardinaux.  A  prefent  ils  ne  croient  plus  y  etre  aftreints  , 
ils  fe  coritentent  de  fe  faire  inftruire  par  des  Moines  ou 
d'aiurcs  Do6leurs  particuliers  qu'ils  choififfent  tels  qu'il 
leur  plait ,  &  encore  le  plus  fouvent  met-on  la  claufe  motu 


*  "^i  ce  n'€ft  ce!ui  He  Home  ,  tenu  «^  ns  la  Bsfilique  de  Lstran  en  i-tj?, 
f  '  '    pnpe  Hiiioit  XUI ,  lur  latiilwi|.lif4e  eccUiia(li<iUC.  A^ou  dt  r£Ji^ 


t.i^r»  ^c  I7^jf 


DE    ffiGLISE    GALLTCANE.  «ii 

fToprio ,  de  peiir  qu'il  ne  femble  que  te  Pape  ait  pris  Ta- 

vi«  de  quctqirun.  Donc  les  nouvelles  Conflitutions  des 

Papes,  c'tA'a-dtre  h  plupart  de  celles  qui  font  depuis  quatre 

cenisans,  ne  nousobligent  qu'autant  quenoireufagelesa 

approuvocs.  Nous  nc  craignons  point  ks  cenfurcs  de  la 

Ciillc  Jn  lffnj£>i»nfni.LesUuIle«quironiappontesenFran- 

ce  de  nouveau ,  ne  pcuvent  y  eire  publiies  ni  exicuties 

qu'envcriu  de  Lcttrcs  Pdientcs  du  Roi ,  apr^s  avoir£t6exa- 

min^esen  Parlement ,  eicept^  les  provifions  d<;s  Bcneficcs, 

&lesau[res  Bullesde  llyle  ordinaire.  II  n*y  a  queirotsou 

quatre  dcs  r^glcs  de  la  Chancellerie  de  Rome,  que  nous 

fuivons  en  maiicres  Beneiiciales.  Nous  n'avons  point  re^u 

leTribunal  de  rinquifition,^tabli  en  d^auires pays pour 

connoitre  des  crimes  d'h£refie  ou  d'autres  femblables.  Nous 

fommes  dcmeures  k  cet  egard  dans  leDroit  commun,  quien 

donne  la  connoilTance  aux  Ordinaires ,  &  nous  nc  d^fjrons 

pas  ^  !a  pretention  de  rinquifition  particuli^rc  de  Rome, 

qui  veut  que  fon  pouvoir  s'etende  par  touie  la  Chrctiente. 

Quani  k  la  Juridiftion  desCongregationsdesCardinaux, 

eiablies  depuis  environ  ccnt  ans  pour  juger  d^s  <lif!i:rcntes 

niaiicres  Eccl^fiaAiques ,  comme  la  Congregation  du  faint 

Officeou  de  1'Inquiiition , celle  de  rindice  des  Livres  d4fen- 

dus,  celle  du  Concile,  c'efl-4  dire  de  rimerpr^tation  du 

Concile  de  Trente,  cclle  des  Evcques  &  des  R^gulieis, 

cellc  dc  la  Propagande,  c'efl'i-dire  de  la  Propagation  de  ta 

Foi ,  celle  des  Riis ,  celle  dc  rimmuniie  Eccl;fiaftiqui,  qui 

{buiient  les  afiles  de  rEglife  &  les  privileges  dcs  Cler<:s. 

Noiis  honorons  les  Dicrets  de  ces  Congri'gaiions,  comme 

des  Confuliations  de  Dofteurs  graves;  miis  nous  n'y  re- 

connoilTons  aucune  autoriie  fur  Ij  France  \  ainfi ,  nous  li- 

fons  fans  fcrupule  tous  Ics  Livrcs  qui  ne  font  point  d'Au- 

teurs  manifeftemem  noies  comme  di;s  herciiqnes,  ou  ncm- 

mement  defendus  par  I'Eveque  Uioccf.iin.  Le  Nonce  du  Pa- 

pe  n'a  aucune  Juridi^ion  en  Francc;  il  i;ft  rcgjrde  fimple- 

menicomme  Ambafladeur  d'un  Prince  i-tranger;  Scquand 

quelque  Nonce  a  voulu  s'attribucr  un  terriioire,  dcs  sr- 

chives  ou  qu;:!q!ie?  atiircs  marq^jes  il'autoriie,  lc  Parlcment 

»'y  eft  oppor^.  Lc  LcJat  a /j(;v  a  Jundiftion:  maisdepeur 

qu'il  n'en  abufo  ,on  obfi-rvc  pUiricurs  formalites.  Le  Pape 

ik;  peot  en  envoycr  cn  France  qu'i  ta  pricre  du  Roi,  au 

moiiis  de  fon  conlenteinent.  Eiant  arrive,  il  promet  avcc 


^^M<««a#V«ri^^  I  f-1  4   ■      '   '    ■ 


JSax      DISCOURS  SUR   LES  LIBERT^S 

ferment  &  (>ar  ecrit « de  n\irer  de  fes  Facult^s  qu^autam qu*3 
plaira  au  Rot,  &  conform(^nient  a  nos  uiages.  Ses  Buiief 
font  examinees  au  Pariement  pour  recevoir  ies  modi&^ 
tions  n^ceilaires.  II  ne  peut  fubdeicguer  perfonne  pour  Te- 
xercice  de  l'a  Legation  fans  ie  confenrement  expres  du  Roi. 
Quand  il  fort,  il  iaifTe  en  France  les  Regiilres  &  lesSceaux 
de  fa  legation.  Les  deniers  provenans  de  fes  expedirions, 
font  employes  en  a?uvres  pies.  Les  facuhes  du  Vice-Lci;af 
d*Avignon  font  fujcrtesaux  memts  reilridions»  quandelies 
$'etendeni  fur  les  terrcs  de  robeiffance  du  Roi. 

Ourre  les  defenfes  generales  d'obeir  aux  ordres  du  Papc 

pour  forrir  du  Roynume,  il  y  en  a  de  parriculteres  pour 

ce  qui  concerne  ies  citations  qn'il  pourroit  decerner  contre 

les  Fran^ois ,  pour  venir  comparoitre  a  Rome.  Oes  Ibnt 

repuices  abufivcs :  il  n*a  point  de  preicntion  fur  les  Juges 

ordinairts  en  premiere  ini^ance :  il  ne  peut  evoquer  lescau« 

fes  a  Rome :  a  la  dii^ance  de  quatrc  journees  de  Kome^toa- 

iajf.  au  Droit  tcslescaufes  doivent  etre  tcrminees  fur  les  lieux.  On  ne  peut 

Ftfrr  </k/i7.  **PP^^^^  ^"  ^^P^  ojwjfj  meJio.  Les  appellations doivent, par 

&  ch.  2%,       un  Refcrit  delegatoire ,  erre  commifes  in  partibus  ^  jufqu*i 

Scg,  xiii.  findecaufe  inclufivement.  Ceft  ie  droit  du  Conconiar.Le 

x'4.V,  4.        Concile  de  Trente  y  cft  conforme,  &  ajoute  les  qualites 

de  ceux  a  qui  le  Pape  doit  adrcfler  les  Refcrits  delegatoi« 

res  :  ce  doivent  etre  les  Ordinaires  des  lieux,  ou  ceuxqui 

auronr  eie  defignes  en  chaque  Diocefe  pour  recevoir  ces 

Commiifions.  Le  choixs*en  doitfaire  par  le  Concile  de  la 

Province,ou  parle  SynodeDiocefain.il  doir  y  en  avoir 

quatre  au  moins  conftitues  en  Dignites  Ecclefiaftiques ,  oa 

Chanoincs  de  Cathedrales.  Mais  entre  les  perfonnes  capa* 

bles,  on accorde  toujours  a  Rome  ceux  que  demande  la  P::r- 

tie  qui  s'y  pourvoit  la  premiere.  Ceft  ainfi  que  Ton  ref- 

traint  les  pretennons  cle  ia  Cour  de  Rome  touchant  ia  Ju- 

ridi6tion  conteniieufc. 

3^X1.  II  n'en  eft  pas  de  meme  dela  JuridiSion  vo^ontaire,  qul 

rERlti^*  Gai-  <^on{if(Q  aux  provificns  de  Benefices ,  aux  difpcnfes  &  aux 

Jicane   fur     privileges :  les  interets  particuliersont  pr^valu  en  ces  ma- 

Tiiutorit^  du  tj^res ,  &  il  n'y  a  point  de  parrie  de  difcipline  oii  Ton  fe 

quf !onceriie  ^^^^  pius  eloignc  des  anciennes  regles,  meme  en  France, 
laJuridiaion  i^.  Qimnt  aux  Eveches ,  depuis  p!uficurs  hecles  le  P^pe 
volontaiieou  feul  eft  en  droit  d'en  er'-r;er  de  nouveaux  &  de  nouveKes 
iraueuie.      Maropoles »  ou  dc  les  fupprimer  i  de  transferer  des  Ev&» 


DE   L'£GLISE    GALLICANE.  iSa^- 

^ucs,  ou  ie  leur  donner  des  Coadjuteurs.  Tout  ceb  fe 
fairoit  sutrefoii  par  le  Concile  de  U  Province.  Le  Pape  feul 
depuis  le  Concordat ,  a  la  Provifion  des  Ev^qucs  fur  la  no- 
mination  du  Roi.  Auparavant  il  ne  falloit  que  la  conArma» 
tion  duMeiropolitain  fur  TilefHon  duCha[Hire  ,oula  con- 
firmationduPape,  t'i]  s^agiflbit  de  remplir  une  Mitropo-  . 
le.LeslndultspanicuIierspourlesEvechisdespaysconquis 
fdon  le  Concordai,  fom  de  pures  frices  du  Pape. 

3".  U  pourvoii  de  meme  auz  Abbayes  d'faointnn  fur  la 
nomination  du  Roi ;  &  pour  obtcnir  ces  nominations ,  on 
1  confenti  qu'i!  prtt  les  Annates  defendues  par  le  concile  da 
Bale  &  la  Pragmatiquc.  Suivant  leConcordat,  il  ne  diHi 
y  avoir  quc  des  Abb^s  Reguliers.  Les  Commendes  ront  des 
grices  que  le  Pape  donne  par-defTus ,  fans  y  ^tre  oblig^ ;  fic 
cela  c(l  encore  plus  eloigne  de  Tancienne  rigle ,  fuivanc 
bquelle  les  Moines  doiveni  ^lire  leur  Abbe  pour  lc  prefen- 
fer  i  rEvcque  de  qui  il  re^oit  la  Jurididion. 

5^.  Quant  aux  Abbayes  de  iilles,  elles  ne  font  point 
comprifes  non  plus  dans  le  Conctfrdat.  Le  Pape  n'y  pour* 
Toit  qu'en  fuppofant  toujours  relefiion  des  RcligietiTef , 
&  ne  fait  mention  de  la  nominatioa  du  Roi ,  que  comme 
d'une  fimple  recominandation.  Suivant  Tancien  Droit,  c'i- 
loii  rEv^cpie  qui  donnoit  letitre  i  TAbbefle  fur  relc&on 
des  Religieufes. 

Ceft  encoreconira  rancien  Droit ,  &  fiiivant  kt  nou- 
velles  prctemions  de  la  Cour  de  Rome ,  que  nous  avon» 
rcf  u  la  pr«'ention  du  Pape  fur  les  Ordinaircs  en  la  colla- 
tion  des  moindres  Bcn^iiccs.  Ce  droit  ne  s'ell  itabli  que 
jtar  Tufage ,  &  ne  peut  s'etre  ^abli  lur  un  auire  fondement 
que  fur  ceite  Juridi^ion  immediate  par  loute  rEglife  ,  que 
les  nou%'eaux  Canoniftes  attribucnt  au  Pape.  Dans  les  paya 
queTon  appelle  A' Ohe.iitnee ,  c'eft-^  direceus  oii  Icsrefer- 
ves apoftoliqucs  &  les  r^gles  de  la  Ctiancellerie  font  requcs, 
comme  en  Provcnce  &  en  Urct3j>ne ,  on  obfcrve  les  r^gles 
de  la  Chancellcrie  de Rome, fuivant  icrqueHes  le Pape  fe re- 
ferve  la  difpofition  di:s  Beiielices  pendani  fix  mois  de  Tan- 
nee ,  &  n'en  lailTc  que  quatre  aux  ordinaircs ,  St  deux  de 
plus  en  favcur  de  la  refidcnce.  Ainfi ,  les  Eveques  conf^ 
renf  pendant  fix  mois  aliernativement  avec  le  Pape.  Cetie 
difference  vicni  de  ce  que  ces  pays  D'ont  eie  riunis  a  la 
jCouronne  que  depuis  la  Pragituitique,qui  itoit  1«  foadc- 


«34      DISCOURS    SUR   LES  LIBERT^S 
tnent  du  Concordat  ,pour  abolir  ces  referves  des  Ben^fices 
avant  la  vacance :  &  les  Expeftatives  ont  eie  eiiblies  par  le 
Condle  de  Trente. 

Ainli,  tout  ce  qu'en  difent  ceux  qui  iraiteni  de  nos  Liber* 
t^,  n'eft  plus  d'ufage.  U  y  a  une  referve  qui  a  ete  confer- 
vee ,  &  c'eft  celle  des  B^nefices  qui  vaquent  aii  lieu  oii  ell 
la  CourdeRome,  &  ui^e  Expe^aiive  qui  vient  de  concef- 
fion  du  Pape ,  favoir :  Tlndult  des  OIKciers  du  Parlement. 
Toutes  les  autres  provifions  de  Benefices  que  Ton  prend  li 
Roine,vienneni  du  meme  prlncipe  de  l'opinionde  la  puif- 
fance  fans  bornes  du  Pupe  ,  pour  difpenfer  des  Canons  & 
difpofer  des  biensEcdeliailiques.  Ccft  le  fondement  des 
refignations  en  faveur,  des  conilicucions  de  penfions,  des 
pluraliiesde  Benefices;  &  pour  agir  conrpquemment  &fui- 
vre  notre  principe  jufquau  bout ,  il  nc  faudroit  poiat  de- 
mander  ces  fortes  de  graces. 

11  ne  faudroit  point  non  plus  demander  tar.t  de  Difpetl^ 
fes,  foit  pour  lesMariages  entre  les  parens ,  foii  pour  relU- 
tution  ,contredes  Voeux ,  pour  relinbiiitation  concre  lescen- 
fures  &  lcs  irregularites ,  &  lant  d'autres  griices  femblables, 
dontune  partie  efl  devenueconimc  n^cclfaire  parla  cou- 
tuineetabIiedepuis]ong-temps,de  rccouciraKome  toutes 
les  fois  qu'on  veut  obcenir  quelque  chofe  con:re  les  regles. 

Ce  n'efi  pasquenousne  reconnoiflions  dans  le  Papc  le 
pouvoir  dedifpenfer.  LesConciIes,&  enir^aucres  ceiui  de 
Trente ,  le  lui  accordent  noirimement  en  plufieurs  cas;  mais 
il  ne  s'enfuit  pas  que  les  Difpenfes  doivent  etre  prodiguees , 
enforte  que  lcs  exceptions  foient  plus  frequences  que  les  re- 
gles.  La  Difpenfe  ed  legitime  dans  les  cas  que  la  Loi  meme 
auroit  exceptes,  fielle  avoiipules  prevoir,  &ourobrer- 
vation  rigoureufe  de  la  Loi  cauferoic  un  plus  grand  mal. 
Celui  qui  accorde  la  Difpenfe  charge  donc  fa  confcience, 
s'il  raccorde  pourfavoriier  un  particulier  contre  rinrer^ 
gencral  de  TEglifc ;  &  ie  pariiculier  fe  charge  aufli ,  s'il  la 
demandefanscaufclegiiime,&  encorepluss'ilexpofefaux 
pour  robtenir. 

Les  privileges  des  R^guliers  font  du  genre  des  Difpen- 
fes ,  &  il  faut  croire  que  !cS  Eveques  &  Us  Papes  qui  leur 
«n  ont  accorde  les  premiers,  onc  juge  qu'ils  riToient  uti- 
les  a  fEglife  univerfelle  par  le  fervice  que  lui  rendroient 
les  R^gulieps.  Les  privU^ges  font  de  deux  foites :  Texemp- 
tion 


DE   rfiGtlSE   GALLlCANf.  «n 

tion  de  la  JuridiAion  des  Ordinaircs.Sc  lcpouvotr  d'est.T- 
cer  par-ioui  les  fondiont  Ecclcfuftiques.  L'un  &  rautrC 
ruppofent  la  Jurldiflion  fouveraine  &  immijiare  du  Pupe 
partome  )'EgIile,  enforte q(i'il  aitdroiide  fc  rclervcr  une 
jiante  du  Troupeau  pour  la  tircr  de  la  conduiie  naiurclle 
de  r£v6([ue ,  &  la  gouvcrner  par  lui-oicinc,  &  ({u'il  ait 
drott  d'envoyef  aulC  par  tous  les  Dioc^fes  teh  ouvricit 
^u'il  lui  plaii,  pour  prechcr  &adminijtrer  les Sacremcns. 

Teb  fDnc  les  Religieui  Mendians  &  les  Clercs  Regulicrs 
qui  panicipent  a  lcurs  privilcges.  Ils  ne  reconnoifTcnt  pour 
^upcrieur  que  ie  Pjpe ,  &  pr^endent  tenir  de  lui  tous  leurt 
pouvoirs  :  S:  aiiircfois  ils  ptechoient  &  faifoient  louics 
fondionsfjns  permiffiondesEveques.  LcConciledjTrcn- 
tca  reprime  ceseic&si  &  fuivant  laDilciprinc  de  ccCon* 
cile ,  aucun  Riguiicr  ne  peui  pticlier  nt  cnt^-mlrc  ies  toii- 
fcflions  des  becuhcrs  fans  la  pcrmiiTion  cTprclTe  de  TEve- 
^c ,  qui  peni  lui  impofer  filcnce,  mcme  dans  ks  Msiri^ns 
dc  fonOrilre,qu3nd  ille  juge  i  propos;ilnepcui,  di^>ic, 
Duir  lcs  confeffions :  TEv^que  a  droii  dc  rexamincr  aupa- 
ravant,  &  de  limiterlbn  approbarion.  Tous  lcsRjguIicri 
ayant  chargc  d'amcs,  comme  pluricurs  Chaiioinei  Rii^u- 
liers,  font  entieremeni  fonmisa  rEveiiue,  eRtouiceq.u 
regardc  les  fondions  PjOonles.  Tous  les  Reguliers  lont 
Iiirus  dc  fe  conformer  a  i'ufa)>e  des  DiocWijs  ou  iS  fc  iTuu- 
veni ,  quant  i  robfervition  dcs  Feies ,  les  ProcclHons  &  les 
autres  cenimonies  publiques.  On  ne  pcut  ctablir  de  nou- 
veau  un  Mon.iil^ic ,  ou  unc  CommuTL^ut^ ,  fans  lc  confen- 
temcnt  de rtveque.  Lcs  reflriftiont  que  tcCon^ilc  dc  Trcn- 
tc  a  apporii>:$  auK  poiivoirS  des  Ri^uUers,ont  cic  auto- 
lif^-s  en  France  par  les  Ordonnances  &  les  Arrcis. 

Ccpcndant  ces  grands  Corps  dc  tant  dc  dilTurcns  Rceu-       XKlt 
fiersnelailTentpasvlcfiiiri:  d^nsrEglifecommcun.-  H:crjr-  i-^*'  ^"^^'1 
chieapart^didindederancicnncHi^rarctiicdcs  Evcqiii.iS{  itipiMjiit 
desPreires  Seculiers,fli  d'iin;ndre  continueliemcnc  lcurs  pri   -  'ef^iKlrciei 
vilcgcs.  II  ne  Faui  donc  pas  ^'etanncr  qu^ils  aient  etc  les  plus  ^'['"''l"""" 
zclc*  a  d^fcndrc  Ics  pretcntions  dc  la  Cour  cic  Roine ,  i'ils  iic>  .-  1i,  i,i 
r'en  ont  iii  lcs  autcurs.  Car  ccux  qui  oni  po^jlT^  lc  plus  loin  ""■  '^,'"- 
Ics  opinions  modcrnci  de  U  puHrrfnce  dirccic  ou  ladijciic  "'".'*  "\l'*' 
iur  lc  temporcl ,  &  du  pouvoir  nbiolu  du  P.ir>e  fur  loate  \'L-  f,nc'k  e.iA^ 
giifc.onc  ctc  lapiuDdriReguIicr.s. Sair.iT!jo.:i.is  n  'u\d>r.c  it.atg^M. 
,Tcrs  ces  opiiiions ;  61 U  eft  bicn  dilucil.;  dc  reii  iiilU:':c.-.  Tur- 
Tm*  11.  Kf 


62^      DISCOURS  SUR   LES  LIBERT^S 

recretnata ,  qui » du  temps  d*£ugine  IV  foutint  la  fuperiodte 

du  Pape  fur  le  Conciie ,  etoit  Dominicain.  Cajetanrctcu 

aufii,lui,  qui  fousJules  II  commencaa  foutecirrtoiai^- 

bilit^.  Le  P.  Lainez  fecond  Geniral  des  Jtfuites,  foutiatsa 

Concile  de  Trente  que  les  Eveques  ne  tenoient  leur  Juh- 

didion  que  du  Pape,  &  que  lui  feul  la  teaoit  immeiiiste' 

mcntde  Dieu.  Bellarmini  Suarez,&  une  infimte d^auirK 

de  la  meme  Compagnie,  ont  foutenu  la  puiflance  iDdire£e 

fur  le  temporel  &  rinfaillibilit^ ,  qu*ils  auroieQtfait|a& 

pour  un  article  de  foi,  s*ils  avoient  ofe.  De-Ii  vientq:^ 

.  ces  opinions  ont  pris  le  deffus  en  Italie,  en  Efpagne&a 

Allemagne,  oii  les  Reguliers  dominent.  La  dofoioe  aa- 

cienne  e&  demeuree  a  des  Dodeurs  Ecclefiaftiques^cp' 

quefois  meme  ceux  qui  ontrefifle  aux  nouveautes,  msi 

des  Jurifconfultes  Seculiers  oudesPolitiques  d^unecoc^i* 

te  peu  reguliere  qui  ont  outre  les  verites  qu*ils  foutenoies 

&  les  ont  renducs  odieufes.  C*efl  une  merveille  que  !'«:' 

cienne  &  faine  Do£lrine  fe  foit  confervee  au  milieu  ceor. 

d'obfiacIes.  La  merveille  eft  d*autant  plus  grande,  qoec 

font  les  Dodeurs  des  Univerfitesqui  ont  refifl^auiecs* 

prifcs  de  la  Cour  de  Rome ,  quoiqu*iIs  euflfent ,  cefeni:^^^ 

les  memes  interets  que  les  Reguliers  i  la  foutenir;  czr^ 

les  Univerfites  ne  font  fondees  que  fur  les  privilegesc? 

Papes,  quantace  qui  regarde  le  fpirituel,  c'eft-a-(Ur«lt 

droit  d*enfeigner,  en  tant  qu'il  a  rapport  i  la  Religisr» 

elles  font  fondees avec  exemption  de  la  Juridi£tion  des&^ 

ques ,  elles  donnent  au  moindre  Maitre  es-Arts  le  pourc<^ 

d  enfeigner  par  toute  la  terre.  Cependantii  femblecpieiV 

nivcrfite  de  Paris  ait  oubli6  depuis  long-temps  cette  r«> 

tion  particuli^reavec  IeSaintSi^ge,comme  lajuridiSx^ 

des  Fondareurs  Apofloliques  qui  n*a  plus  aucun  exercict 

XXIII.  Mais  il  faut  dire  la  verite ,  ce  ne  font  pas  (eoleisedtks 

Lcs  deten-  etrangers&  les  partifans delaCour de Rome  quiomaS)^ 

irc"nos  nbcrt  ^^  vigueur  de  Tancienne  difcipline ,  &diminu^nosIibcntf, 

tcsanc  quei-  ceux-Ia  menie  qui  ont  fait  fonner  le  plus  hautce  noai^ 

que^oU  don-  Hbertc,  y  ont  quelquefois  donne  atteinte  en  pouflaatk^ 

vlnllcnM     c^^^^^s  jufqu'a  Texces,  fous  pr^texte  de  (buteair  le$  drc^ 

difcipllne       du  Roi. 

fons  prctckte  j»ai  dija  parle  de  la  provifion  des  Evechcs  accordee« 
1«  droi»  du  '^^P^  P^'"  ^^  Concordat,  d'ou  il  eft  aifi  de  juger  qud  eft  « 
Rdi.  la  part  du  Roi  le  droit  d*y  nommer,  &  combica  i{  cAc^ 


DE    L'£GL15E   GALLICANE.  «17 

tnire ,  non-reulement  i  rancien  droit ,  fuivant  lequel  Yile^ 
tion  Ce  faiibit  par  lout  1e Clerg^ du  conrcmcmenc  du  peuple; 
tnais  metneaudroit  noiiveau  que  Ij  Pragmatique  avojt  voulu 
confervcr,  qui donnoii r^lefiton  aux  Chasitres.  La  nomi- 
raiion  du  Roi  n'a  donc  au:re  fond<.-itteni  legitime  que  la 
COncelHon  cki  Pape ,  auiorifec  du  conreniemcnt  tacite  de 
louteiVglire,  encoren'yat  ilpasfoixanicansqueleClcrgS  Mtaefr.  ifa 
ii  Francc  a  Jetlari  qu'il  nc  pretendoii  poini  approuver  le  *-W  >  """■ 
Concordai.  Je  faii  bien  que  les  Rois  oni  toujours  eu  grande    '  * 

part  a  la  provifion  des  Eveques ,  &  que  les  ilcAions  ne  1« 
faifoiem  que  de  ieur  confentement ,  comtne  les  piemiersda 
pcuplc ;  maiscela  e&  bicn  difLrent  dc  les  noinmer  feulf  St 
fans  &ITC  a<lreims  ie  prendie  confeil  de  perfonne.  Sous 
rtmpire  Uomain ,  les  eleflions  fe  fjifoienr  ordinairement 
f:ins  la  pariicipation  du  Prince  ou  du  Magillrai.  Pendant  lei 
dixpremiersfi^clesd^  rEglifc,  \]e{l  inoui  qu'aucun  £nip«t 
rcur  ou  qu'aucun  Roi  Chrctien  fe  foii  aitribui  les  revenus 
de  ri-lglilie  vacanie ,  beaucoup  moins  la  difpofiiion  des  pri> 
faendcs  &  des  ot&ces  Lcclefiaftiq-ies :  on  r^fervoit  toui  ail 
fuccefTcur ,  &  les  vacances  n'eioient  pas  long-iei. 

AulTi ,  quelqu'ancient]e  &  quelque  legitime  que  foit  li 
rfgale ,  on  n'en  irouve  aucunc  prcuvc  folide  que  roui  li 
tioifi^mc  race  de  nos  Rois;  &  Ii  premiire  piice  rapponte 
dans  les  prcuves  d=  nos  libertes  efl  de  Tan  1 1 47  *.  Le  Par- 
lemenc  de  Parts,  toujours  i^le  pour  nos  liben^s,  a  ddve- 
lopp^parfes  Arreisles  principesdece  droit.  Ilfuffitquelt 
benefice  ait  vaque  de  fait  ou  de  droit ,  parce  que  la  r^le 
li*admct  point  de  fiftion.  Le  Roi  confere  en  geo^lau  prt 
judice  dupatronEcclefiafiique.  iladn.etdesrjfitiitationseil 
favcur  ,  il  crec  dcs  pcnfions ,  il  aeA  point  fujet  ^  )*  preveit* 
tion  du  Pape ;  en  un  mot ,  quoiqu'il  exerce  le  Hroit  de  TE- 
veque  ,  il  rcxerce  bien  plus  librement  qui  nek-roir rEveqwB 
'  mcme ,  &  i)  a  cn  cc  poinc  la  mcnie  puiflance  que  le  Pape ;  fic 
cela,  parce  quc  le  Roi  n'a  point  de  fiipericur  dans  foa 
Royaume.  Le  Roi  pourvoii  encore  aunepribcndedcchaque 
cathedrale  en  deux  cas  ,  i  fon  avencment  i  la  couronnc ,  8c 


*  On  nr  pcut  Cc  i<lwit{n  i'MtrTCT  qu«  le  droii  it  R^file  ri 
pionic  bejutoup  plut  him  qut  ne  1'»  ptnU  M.  Fieutj  ;  roii^in«r 
efl  fi  a.iticime  i^ut  \'on  t.'.n  tiou»e  point  le  comm»n<-mei.ii  l)  Ri 
gilE  lui  recijnnuc ,  &  lei  •rait  ixincipcl  en  Ijni  fi>l)U>  i*nt  1«  Coi 
cilld'Oiluni  to  jit.  t^9t$dt  Vhiitittt  it  i7«j> 

Jlrij 


'6%9      DISCOURS  SVR   LES  LIBERT£S 

lorfqu^un  Evdque  lui  fait  rerment  de  fid&lit^.  11  pounrciti 
tous  les  benefices  de  fondation  Royale,  noa  pasparca 
fimple  droit  de  patronage ;  en  efiet,  tous  les  patroos  b: 
ques  ont  drott  de  pourvoir  aux  benefices  de  leur  foodatic-fl. 
msis  i  leur  egard  ce  n'eft  qu*une  fimple  nominanofl,f:r 
laquelle  TEvdqueexamine  le  Clercprifente,  &  Iuicor.f.rt 
le  ben^fice,  s*il  Ten  trouve  capable.  LeRoi  confiredep^eii 
droitcomme  pourroit  faire  rEveque,  &  perfonne  n*enci:^ 
apr^  lui.  Avant  la  derni^re  Declaration  *  fur  la  regak,i! 
confefoit  meme  les  benMces  k  charge  d*ame5. 

Le  droit  de  patronage  en  g^neral,  foit  qu*il  foir  ancis 

Du  univerfel  dans  toute  l*EgIife  Latine ,  n*eft  pas  de  la  pumi 

de  Tancrenne  difcipiine,  il  vaudroit  mieux  que  lesLve^ps 

fuflent  plus  libres  dans  la  collation  des  b^nefices,  parik.- 

lierement  des  Cures,  &  que  TEglife  eut  moins  derorj 

temporeU  ,  car  le  droit  de  patronage  ne  vtent  quedehto^ 

dation  ou  de  la  dotatlon  des  Eglifes,  &  il  devrott  plus  er: 

reftreint  k  Tegard  des  patrons  Laiquesque  dts  Eccle&ift?^'^ 

cepandantc'eft  tout  le  contraire,  lepatron  Laique  peut  wr 

ou  accumuler  deux  prefentations.  En  France,  il  n*eflp^ 

fiiietl  la  prefvention  du  Pape,  &r£vequenepeutad3:^:^ 

de  permutati^n  i  fon  plr^judice ,  parce ,  dit-on ,  que  ccierc- 

diminuer  indireAement  la  Sergneurie  terapordk  a  b^.^ 

e&droit  fpirituel  eft  annexe. 

XXIV.      .  V  Les  Eviques  ont  encore  (buvcnt  Ics  mains  liecs  pr'i 

teintif^I^porl  ^f^St'  «*is  graduis  o« 'deS  indultaires  introtluits  dansk 

t6es  a  l'an.  derniers  temps ;  celui  des  gradues  par  le  Concilc  de  5.^ 

cieniie  difci-  depuis  la  divifion ;  celuidesinduirairespardesgr^cespr 

ges.  I^utre;  mais  il  fcmbie  avoir  retabli  celui  desgrsduis,^ 

ce  qu*il  Sr  ordonne  contre  ces  droits  eff  un  des  griefs  li:  '^ 
France  contre  ce  Concile. 

Vrolt^Ecd        C'eft  «ncore  une  coutume  particuli^re  a  la  Francc  qo*  3? 

ti.  P.  tf.  14.  patens^ des Ev£qu^s& de tous  les  Ecclefiaftiques  leur  tu::^' 


'<■» ' 


•  j» 
f? 


*  L*£4tc4u*fliiois'4(*  /NiiHCf  i^St,  ^oe  M.  Fieuryptrettircrfl 

en  vue,  cunrerve  au  Roi  U  collation  en  Kigaledei  Btfc^fic<si«>^ 
<i'aincs.  llorHonrfe  (eulemene  qiie  ceux  qui  en  feront  pourvusace 
fe  pr^renteront  aux  Vicaires  «^n^ranx  ^tablis  par  !es  Chapitref .  -  ^ 
F^Hfes  fijnt  encore  vacantes  >  &  aux  Pr^lacs,  s'il  y  en  a  de  p«Jr*-*- 
pour  obrerfirfapprobation  &  miflion  canonit^ae  aYanc  dt  pouvo^t  ^^* 
luciine  fon^ion.  Nott  Jc  l*£dirian  dt  lyC^» 


DE   UtGLISE   GALLICANE.  619 

dent  ab  intejlat^  fans  diftinQion  det  biens  proOines  otf^Ec*   Cuutume  d 
ciefiadiques ;  cependant  Tancienne  difcipline  donnoit  a  !*£•  '''"'"*  ^*^* 
glife  les  biens  dont  un  Clerc  fe  trouvoit  en  poireflion  a  (a  '^ 
mort ,  excepte  ce  qui  icoit  evidemoient  du  patrimoine  de 
fa  famiile&  des  libiralices  faites  k  fa  perfonne.  Cet  ufage  de 
France  s*efi  itabli  en  haine  du  droit  de  depouille  que  les 
Papes  ont  introduit  &  levi  avec  grande  rigueur  depuis  le   ifow,  v.  6 
fchifme  d*Avignon ,  &  qu*ils  continueot  d*exercer  en  kalie  4*  ^o^  it| 
&  en  Lfpagne.  '•  **' 

Suivant  Tancien  droit,  les  MonaA^res  itoient  capablet 
de  recevoir  les  fucccflions  ichues  aux  Moines,  comme  ib 
font  capables  de  contra£ler  &  de  plaider.  Notre  ufage  y  eft   Cowtmme  dn 
contraire ,  &  quoiqu*il  foit  fond^  fur  de  bonnes  raifons ,  il  ParU.  Ars. 
ne  femble  pas  favorable  ii  la  liberti  de  T^glife.  H7« 

Ce  n'eft  plusle  /uge  Eccl^fiaftiquequi  connoitde  la  fepa- 
ration  d*habitation  entre  les  maries ,  quoique  rien  ne  fok 
pJus  eflentiel  au  iien  du  mariage,  c*eft  le  Juge  Laique« 
iondi  fur  ce  que  cette  feparacion  emporte  toujours  celle 
des  biens.  Toutes  lcs  matiires  bin^ficiales  fe  traitent  auffi 
devant  le  Juge  Laique ,  i  caufe  du  pofteftbire,  &  le  poft*ef- 
foire  etant  jug6,  quoique  TOrdonnance  dife  expreflement 
(^e  pour  le  peticoire  on  fe  pourvoira  devant  le  Juge  EccM* 
fiaftlquc  9  les  gens  du  Roi  ne  le  permectent  pas. 

Sur  le  meme  fondement  du  poflTeflbire,  lcs  Juges  Laiquee 
connoiflent  des  dixmes ,  non-feulement  inf^odees ,  mais 
Eccl^fiaftiques;  &  par  connexiti ,  ils  jugcnt  auflli  les  por- 
tions  congrues  des  Cur^. 

Quant  aux  caufes  perfonnelles  entre  les  Clercs ,  ellet 
font  de  la  comp^tence  du  Juge  Ecclefiaftique ,  m^me  fuivant 
Us  Ordonnances ;  mais  on  les  attire  devant  le  Juge  feculier, 
lorfqu^ii  s*y  trouve  quelque  aSion  reelle  ou  hypoth^caire 
melee ;  cela  fe  fait  ai^  fouvent  du  confentement  des  Qercs 
qui  aiment  mieux  plaiderau  tribunal  le  plus  frequente,  & 
(lont  les  jugemens  ont  ex^cution  par^e.  Le  plus  grand  mal 
ei\  que  lcs  Eveques  ne  puifllent  empecher  leurs  Clercs  de 
plaider. 

£n  matiere  criminelle ,  les  Juges  Laiques  ont  ramen^  les  InJI.  iti.  f 
diofes  a  peu  pres  dans  le  mdme  ^tat  oiielles  etoientdans  les  '*  ^^ 
premiors  fi^cles;  car  nous  nevoyonspasavantquatrecents 
.-uis  (uie  ics  Cierss  criminels  fuflent  i  couvertdes  Lois  &  des 
iMagiltriits. 

Rr  iij 


<)<y      DtSCdURS  SUR   LES   LIBERTiS 

IKpiris  rEglife  fe  imr,  du  eonrentetnent  des  Princes, ot , 
pofleflion  d*en  connottre  feule ,  &  de  ne  Ie$  abaodoniKria  , 
bra»  feculier  qu*apr^  lesavotr  juges  &  depoiesoudegrsdes» 
Cetre  pofleffion  a  duri  pendanr  cinq  ou  ftx  fi^ies ,  &  pir ' 
ckMifSquent  e*itoir  un  drotc  l^gttimemenc  acquis.  Dips 
^nviron  trois  cents  ans,  les  lages  Laiqoes  om  innx)o1iitU 
dHltr.fiion  des  cas  privil^gi^ ,  c*eft  a^ire  des  crimes  plQS 
arroces  iOAt  ila  pouvoienc  prendre  connoifiance  nonoU* 
tant  le  privil^e  Clerical»  quiavoitpafieen  droitcomfflQd 
lls  ont  ^ceridu  les  cas  pri  vil^gies  a  tout  ce  qui  eA  rujet  i  peice 
afflidive.  Quotque  le  Juge  Ecclefiaftique  ait  drott  d*lnftriirt 
le  procils  coti^intement,  ils  ne  croient  pas  ^re  ob&^i 
Tiippeler,  &  encore  moins  la  atcendre  la  degradation  pcQ 
executer  leur  Jtigement. 
iK/lii,  1 1  f .      Quant  aux  jugemens  des  Ev^ues « les  plus  ciUbresdnt 
P.  c.  7.        le^  ancieils  CaHons ,  tls  font  devenus  fi  rares ,  qu'tl  tA  B 

de  Trente  les  caufes  majeures  ou  il  echeoit  depofitiori)  s; 
peuvent^reinftruitesque  par  desComir.ifratres  du  Pape,  c 
jugees  IqUe  par  kii  nndme.  Mais  otKre  que  ce  Concife  n^ 
pas  re^u  en  France,  le  Clerge  protefla  dis-lorsconirea 
Decret ;  &  raflemblee  de  1650  fit  fignifier  au  Nonceu:« 
proreftation  contre  le  Bref  donni  pnr  Urbain  VIIl  en  163 :, 
pour  faire  le  proc^s  a  TE v^ue  de  Leon.  En  1 6 5  4 ,  le  Pirk* 
ment  de  Paris  accepta  une  commiflion  du  grand  fceaupour 
fatre  le  procis  au  Cardinal  de  Rets ,  Archevdque  de  Piris; 
mais  le  Clerge  fit  revoquer  la  comntiflton  &  obtint  m 
Dechration  du  16  Avril  1657 »  portant  que  les  proc^<^ 
Ev^ques  feroient  inftruits  &  juges  par  des  Juges  Ecc!diaf* 
tiques ,  fuivartt  les  faints  D^rets ,  ce  qoe  nous  emendoos 
srinfi  ;  que  les  caufes  majeures  des  Eveques  ^oivert  e:re 
jugees  par  le  Concile  de  la  provitice,  y  ajourant  les  £vc- 
ques  voifins ,  pour  (aire  en  tout  le  nombre  de  doHae>  i^'^ 
Tappel  au  faiitt  Si^e. 
Jnfi.  P.  iit.      Enfin,  les  «ppellations  contme  d*abus  ont  achevi  d« 
*•  *^  limiter  la  Juridiftion  Lcclefiaftiqi:e.  Suivant  les  Ordonnsfl' 

ces ,  c^t  appel  ne  doit  avoir  lieu^  qtl*en  m^ti^  tris*grav<e ; 
lorfque  le  Juge  EccKfiaflique  exciile  notoirement  fon  pca- 
voir ,  ou  qu*il  y  auiieentrepri(emanifeftecontrelesliben& 
de  rEgllfe  Gatlicane ;  mais  dana  retticution ,  r^ppel  com(D6 
d*8bus  eft  devenu  d'ua  ufage  iree-fir^uent:  on  apftUtd*u) 


DE   L'fiGL!SE    GALLICANE.         «31 

lagement  interlocutoirey  d^une  fimple  Ordonnance :  fi  quel* 
ques  Ecclifiafttques  fe  fervent  de  cette  voie  pour  fe  main- 
tenir  dans  leurs  b^nefices ,  malgri  les  Eveques,  les  Parle- 
mens  aufli  attentifs  i  maintenir  la  purete  de  la  difcipline 
Eccl6fiaftique  qu*a  foutenir  les  drotts  du  Roi  &  de  la  Juri- 
diition  feculiire ,  ne  manquent  pas ,  lorfque  Tappel  eft  ma) 
fondi ,  de  diclarer  qu*il  n^y  a  abas. 

Si  les  Juges  Laiques  entreprenoient  fur  la  Jurtdtdion 
Ecclefiaftique ,  les  Lvdques  ou  autres  Ecclefiaftiques  qui 
croiroient  ayoir  fujet  de  fe  plaindre^  aurotent  ia  voie  de 
recourirauconfeildu  Roi,  lequel  eft  compofe  comme  les 
Cours,  de  Confeilkrs  Ecd^aftiques  &  Laiques,  afin  que 
TEglife  trou  ve  par-cout  des  Juges  eclaires  &  ^es  defenfeurs. 

Voici  donc  a  quoi  fe  reduifent  nos  libert^ :  i .  A  n'avoir      XXV. 
pointre^u  leTribunal  de  rinquifition,  ou  plut6t  k  Tavoir  ^  ?"°» {*  •^j-- 
aboli,  car  ii  avoit  et&  quelque  temps  a  Touloufe  dans  le  bert^sdci'£- 
commencement  des  Freres  Pr^cheurs ,  &  le  titre  i^ln^uifi'  glife  Gaiiica- 
teur  de  U  Foi  fut  renouvele  meme  i  Paris  fous  Francois  L  "J  f"»vaiit  lei 
Enfin,  nousn'avonspointceTribunalterribIequiobrcurcit  ae,nes, 
ii  fort  rautorite  des  Evdques ,  donne  tant  de  credit  aux 
reguliers ,  &  offufque  m^me  la  puiffance  Royale. 

2.  Nous  ne  reconnoiflbns  point  que  le  Pape  avoit  pou- 
voir  de  conferer  les  Ordres  k  toutesfortes  de  perfonnes  ,  & 
lesCiercs  ordpnnes  a  Rome  de  fon  autorke  fans  dimilToire 
dc  leurs  Eveques,  ne  font  re;us  en  France  a  aucune  fonc- 
cion. 

^.Nousnerecevonsles  nouvelles  Bulles  qu*apr^s  qu'elles 
ont  ete  examinees,  comme  11  a  itt  dit. 

4.  Nous  ne  prenons  \ts  nouvelles  BuIIes,  &  ncus  ne 
payons  les  annates  que  pour  les  bencfices  confiftoriauic. 
Pour  les  autres ,  il  fuffit  d'une  fimple  fignature ,  qui  eft 
comme  la  minute  de  la  Bulle ,  &  dont  les  frais  font  bcau<- 
coup  moindres.  En  Efpagne»  on  prend  desBuIIes  pour  les 
moindres  b^nefices. 

5.  Nous  ne  fouflrons  point  que  Ton  augmente  les  taxes 
des  benefices ,  ni  des  exp^dttions  de  cour  de  Rome. 

6.  Nous  ne  recevons  pas  toute  forte  de  penfions,  mats 
feulement  fuivant  les  rigles  du  Royaume. 

7.  Nous  ne  recevons  pas  non  plus  toute  forte  de  difpenfes » 
comme  celles  qui  feroient  contre  le  droit  divin ,  contre  la 
defcnfe  exprefle  de  difpenfe  pon^  par  les  Canons,  contrer. 

Rr  iv 


/■•.=      DISCOURS   SUR    lES    LIBERTfS 

lt.s.'.''Jibie54.'ountni»,  &  les  IkiRirs  aurorircfs  dss  Eg'!i<f<* 

H.  Lm  emrrccr*  ne  peuvent  poufeder  en  Fra.iee ,  n:  bi- 
rvn^es.  r.i  p^nfions  ,  lans  exprelTe  permillioD  du  Roi,  ai 
etre  lup-.Tieurs  dc  monailt^res. 

n.  L~s  uisTs  Ju  Roi  ne  peuventetre  tires  hore  da  Rcyau- 
ine .  lous  ^Ti.'texTe  dectninons.  appellations  ou  procei^urcs. 

j^.  L.-\c:t=c  JuPapenaauGune  juridi^ion  en  France, 
au  iieu  i^iL-n  Elpagne  il  diminue  notablement  celle  des  Ev^ 
qt:!:^ .  ;n'orre  que  ce:  jrt:c!e  eft  un  des  plus  imporrans. 

I  I.  Li  ^urididion  du  kgiit  eil  iimitee,  coniaie  il  a  ere  dir. 

:  1.  Nuus  r.e  recnrnioiiTotis  paint  le  droir  de  depuiiilie, 
«1  vertu  dui^uifl  '.e  Pape  pretend  la  LucccUJon  des  bv^^uei 
&  -ies  .lurres  beneHLii^rs. 

n.  On.i.iboiiifnFrance,  rousFran^oisl.lesrranchiies 
cuau(^.-siicsE||;'iliis&  desatonalleref  quirubGlleri  en  ltal:e 
S:  eu  L'p:i^,t-e.  &  quoiquece  droi:  tut  ancien ,  on  en  avoii 
tcileirent  jbui'ii  \him  !es  derniers  temps,  qu'il  a  eti  d:!^ci!s 
d'i.-n  biim-JT  rextin^ion.  Dans  les  pays  ou  il  iiifaiirij ,  LI 
aniteiicnpuQiiedcsGriines,  &c'eilunercurce  continuelle 
dedic^rcrts  .^trelapu^QancelicdeliailiqueSi:  la  fiicuiiere, 

VkCiX  ::npcJibic.  (^ujnii  on  veut  raitbnpcr  iuil^;  ,  dac- 

*^  cotuer  !CU5  ces  un^s  ti  diH^rens ,  &  entr^eut ,  &  avec  r:os 

m^ix-nesmrLipu.ntnceduPape,  &  fur 'i'3Utorire  des  Con- 

n.  Ctlcs  uuiv  jrti:;«.  yi  ie  Pape  n'a  pas  un  pouvoir  immcci]:  Car 

'-  r^slesiideiles,  comircnt  peut-il  relervertanE  de  peches, 

"  &ilorr:ertantii'irdiiigences&dedirpenres.''Comnient3  t  il 

pji  .;nvi'ver  ii  'oR^-rempspar-rout  des  Predicateuis  8c  des 

C^irrtiieurs  .-  C^r  du  commeitcemeni  les  Frir^s  mcn.:iians 

'    ai{t  Jl-ient  de  l'a  leuie  autorite.  S'il  n~a  pas  tin  pouvoJr  imir:c- 

ilijtdjnstous  lesiiiott-tesiurlesClercs.  Si  ies  biens  Eccle- 

ujtiiq-.<es.  comtnent  peui  il  pcurvoir  a  tous  Ics  btfn^tices, 

adiiMitre  lies  refiptanons.  creer  des  penCi^ns ,  Uonntfr  pcur 

ics  Urtires  JesM!'j  .'i-vfau,  des  dttpenfes  d'a^e  ou  dirre- 

gir.irittf.  oudesrchabilimtioss? 

A  tout  cela  ie  ne  vois  d'4Uir«  niponl^e ,  finon  de  cotr^-crlr 
d.-  bcni:e  foi.  qu'en  ccs  matien:s,  comme  en  touies  les 
ji!:t'es,  i'ui~at;e  ne  s'accord<;  pas  toiilours  avec  1j  droit^ 
i;.iiL'n:  :n.iis  il  ne  s'enl'uit  pasque  nousilevionsabaniionncr 
ro>  ;•.  irt-pes  que  ncus  voyons  torues  cijirement  tur  lEtri- 
lu  !?  i  itr  !j  :ruuitioii  'ie  ia  piivs  l;i.:c  a-iiiquiie ;  ii  t'dut  les 
fuiiicf^^r  coiouw  upi:unt:i:i:«Ci^iJ,&3e:^::trp.isa:oL-:s 


\ 


DE  L'£GLISE   GALLICANE.  6yi 

chires  le  pcu  de  praf Iques  que  nous  avons  gardues  en  con- 
ft-quence  de  ces  principes.  Quant  i  celles  qui  ne  s'y  accor- 
deritpas,  eliesne  laifTinipasd^etrelcgitimcs,  eiantfondMS 
en  coummes  noroires,  &  reques  depuis  long-Tcmps  au  vu 
&  lu  de  toute  ITglife  -,  ainri ,  la  prevemion  du  Pjpe  rubfifle 
par  un  conrentemeni  tacite  des  EvSques  depuis  trois  cencs 
ans,  &  quoique chacun  fut  en  droiid'yreriAerau'commen- 
cement ,  it  ne  lcur  cA  pas  libre  prefentement ;  ainfi ,  oa 
peut  accorder  !es  annaies  comme  un  fubfide  pour  Tentre- 
tien  de  la  cotir  de  Rome ,  quoiqu'eIle  n'ait  aucun  droit  de 
les  eTiger.  11  n'y  a  qu'iin  confeniement  de  rEglife  univer- 
felle ,  foit  dans  un  Concile  ou  fans  Concile ,  qui  puifie  abolir 
desufagcs  ainfi  iiablis. 

II  efl  bon  cependant  que  la  cnur  dc  France  Ie«  conTidire 
pour  garder  une  grande  modcTaiion  iTegardde  lacourde 
Rome.  II  ef)  julte  d'avo!r  pour  elle  lout  le  refpcfl  &  les 
igaids  qiii  lui  fontdus,  d'autant  mieux  qu'on  lui  demandc 
desgraccs,  lelies  que  les  tranfisciQns  d'Ev^ques,  lcs  nomi- 
naiions  d'Abb^  commcndaiairesSi  d^Abbeffes ,  les  creations 
de penfions , les  riftgnations  en  faveur,  lesindultsdesOfii- 
ciers  du  Pariement,  &  tant  d'auTres  difpcnfes  &  d<:  gr^ccs 
ordinaires&cxtraordinairesquerondcmandetouslctjourf. 
Si  i'onnepeutferefoudrcdfepa(Tt:rdecesgr3ces,  il  ne  ftut 
pas  pour  cela  abandonner  nos  maximes  ,  ni  donncr  d.ins 
toutes  les  bafTenes  des  ultramontaint ,  mais  il  Taut  du  moins 
conrervcrlabonneintelligcncc,  &demeurerdanslestcrnies 
de  rhonnctete ,  &  du  reipeft  qiti  ell  du  a  celui  qui  lient  le 
pr emxr  ntng emre  ies  Princeschretiens,  fans  compier  qu'il 
eft  le  chef  de  TEglife.  Si  Ton  pouvoii  de  part  &  d'autrc 
rcnoncer  a  loures  preteniions  contraires  a  lanctcnne  dif- 
cipIine,ceferoitfansdoutelcnioyenleplusriirdelaretkblir. 
Notisofonslpeine  fou!iaiierun  figrjnd  bien ,  mais  du  moini 
D'y  metions  pas  de  nouvcaux  oblbdes. 


#^ 


,^if^W««ff *?r7^  I  ft 


6)4  D  I  S  C  O  U  R  S 

DISCOURS 

iSl/iJ    VtCRITURE    SAINTE. 

...'•.  T  A  Biblc  eft  le  livre  le  plus  ancten  qui  foit  au)ourd*hut 
divinet  ^cri-  -"-^  ^^^  ^^  terre;aumoins1es  Livres  de  Moyfe  ,  &  tes  fui- 
torei.  vans  jufques  au  troiA^e  Livre  des  Rois. 

Le  pius  ancien  livre  profane  eft  Hom&re :  ta  plupart 
croient  qu'il  a  v6cu  du  temps  de  Salomon ;  mais  tt  eft  foieti 
certain  qu*il  ne  peut  etre  gueres  pius  ancien,  puifque  la 
guerre  deTroye  eftarrivee  fous  les  derniers  Juges  d*Ifracl. 
Le  plus  ancien  Hiftorien  eft  Herodote ,  &  cependantit 
n^eft  que  du  temps  d'£fdras  &  de  Nehemias.  It  n*y  a  point 
de  livres  Latins qui  approchent  de cetre  antiqtiite  ;  il  y  ena 
encore  moins  d*aucune  autre  Langue,  au  moins  que  nous 
fachions. 

II  eft  vrai  que  le  P^re  Martini  cite,  dans  fon  Hiftoire» 
des  Livres  Cliinois  fon  anciens ;  mais  nous  ne  les  avons 
pas,  &  nousne  fommes  pas  affez  inftruits  de  fHrftoire  & 
dePetat  de  cetteNation,  pour  juger  fi  leur  antiqiiiie  eft 
bien  prouvie.  II  femble  afiez  vraifemblable  qu'ils  ont  des 
livres  de  Confucius ,  qui ,  fuivant  la  Chronologie  du  Pere 
Martiniavecu  cinq  cents  ans  avanr  Jcfus  Chrift,  c'cft-a- 
dire  vers  le  temps  des  premiers  Rois  de  Perfe ,  Darius  » 
Xerxes,&c. 

Je  ne  parle  donc  que  des  Hvres  qui  nous  reftent ,  &  que 
iious  avons  entre  les  mains.  Car  je  ne  doute  pas  que  les  An* 
ciens,  particuli^rement  les  Orientaux  n'en  euffent  quanti< 
t6,&  de  fort  anriques.  Salomon  fe  plaint  de  foa  temps, 
que  Ton  ecrivoit  fans  fin  :  nous  ne  voyons  pas  toutcrois  ^ 
qu^entre  les  Livres  dont  on  nous  cite  des  fragmens ,  il  y  en 
ait  de  plus  anciens  queceux  qui  nous  reftent. 

Berofe  etoit  du  temps  d*AIexandre  le  Grand ,  M.methon 
fous  les  Ptolomecs ,  Sanchoniaton  du  tenips  de  Gedeon  , 
Juge  d'Ifrael.  Les  preuves  que  nous  avons  de  rantiqulte 
d'Homere  &  d'Herodote ,  fonc  le  confenrement  de  touslcs 
fiecles ,  &  la  tradition  des  Savans  qui  nous  les  ont  confer-. 


SUR    rfiCRITURE-SAINTE.        «3^ 

vis:  les  m^mes  fervcnt  pour  rantiquite  de  ]*Ecriture  raime ; 
&  nous  avons  de  plus  la  Religi on  ^  avcc  laquelle  nous  favons 
que  les  Juifs  &  lcs  Chreriens  Tont  conferv^e,  commeetanc 
la  parole  de  Dieu  :  auffi  n*y  at-il  poinr  d^homme  un  pcu 
iclair^quiofe  r^voquer  endoutecetre  antiq-jite. 

Ncus  avons  donc  la  f.itisfuftion  de  connoitre  les  penfies 
que  Dieu  a  infpir<ie$  h  Moyfe  11  y  a  3  1 60  ans ;  &  ceux  qui 
favent  rH<ibrcu,d*entcndrf  lesm^mcs  parolcs,  dontil  les 
a  ciprimies.  Ceuxquiont  unpeu  degofttdes  Langues&ies 
Ayles  connoitroicnt  par  la  feule  ledure ,  que  ce  Livre  eft 
flusancienqu^aucun  autreque  nousayons. 

On  fuppofe  ordinairement  que  les  Livres  facri^  font  mal        IT. 
icrirs ,  que  le  fly le  en  eft  bas  &  groffier ,  &  quc  le  Saint-  Ef-  *.^"'**^ 
p;it  a  voulu  nots  marq  ler  par  la  le  m^pris  quM  faiioit  de  („r^,   miM 
la  fageffi*  &  de  Teloquence  huniaine:  &  Toa  lait  Icdcgout  pourU  ftyS^ 
quequelqucsSavansdesdeuxderniersC^cles  ont  temoigne  *^**"l^*'^-j 
pour  TEcriture  &  pour  fa  maniire  de  pirlcr.  ^^,    autrei 

Tourefois,  on  nc  pcut  nier  que  Moyfe  r.e  fiir  un  rr^s-ha-  anciea»  fr. 
bilc  homme ;  &  Saint  Etienne  nous  apprend  qu'il  avoit  cte  ^'*** 
inftruit  danstoutesles  fciences  dcs  Egyptiens.Or ,  lcs  Egyp- 
tiens  en  ce  temps-l^,  c*eft  tout  dire.  On  hz  pcut  nier  qu3 
David&Salouion  n^eulTent  refprittresgrand£:trcs-beau, 
&  il  y  a  apparcnce  que  des  Rois  d*un  pays  trcs-hturcux  nt 
manquoient  pas  de  politefle. 

D'ailleurs  ,  ce  que  nous  eftimons  avoir  i:k  les  plus  f<i* 
vans  cn  eloquence  &  cn  tout  co  qui  regarde  les  beiles  Let- 
tre.'5,  comme  Platon  &  Ariftore,  Ciceron,  Vire/ils  &  Ho* 
race  ,  ont  fdir  trts  grand  tas  d'Homere  ,  de  Pindare  ,  de 
Sophocle,  d*£uripide  ,  &  particuli^remcnt  d^Herodor?, 
queCicerondii  avoirete  le  premier  qui  a  orne  l'Hii\oirc, 
&  norame  trcs-cloquenr. 

Cependant  lc  ftyle  d*IIomirc  &  celui  d*II}rcdcte  for.t 
trt*s-femblables  a  celui  de  rEcriturc,  parti:i;*.;wTemcnt  telv.i 
d  Homcre.  II  n*y  a  rien  dans  Job  S:  dans  les  P;c.iijr.os 
cle  fi  emporte  &  de  fi  pcu  fuivi  en  appr.rcnie  cjue  d.ins  Pir,- 
darc &  dans les  chopurs  des  Tmp.etlics  :  St  Ton  t rouve  ^•ns 
tcus  ces  anciens  PotJtes  ,  une  iiinnitc  dc  chofcs  du  mcnic 
penie  &  des  memcs  idees,  que  l*on  voit  dans  TLxriturc 
Aulfi ,  ccux  qni  ne  jugentde  ces  Autcurs  quepar  leurspro- 
pres  lumicres  &  les  prejuges  dc  leur  enfance ,  en  font  pcu 
dc  cas  ;  &  s*ils  en  parlent  bien,  cc  n*cft  t^uc  fur  la  foi  des 
Ancicns,  qu*il(aVectpas  dcaiemiri 


«,<  DISCOURS 

Ttmnsixs ,  fi  ri^c  vck  bicD  tartrwncr  ,  o3  uoiitsn  ({oe 
hs  Adcxasa-aowct  raioa :  ^"BotCTy  &  Ics  xmres  ^ui 
fl£iDoient,e;oi<£Trt  ^uKaUes ;  flcque  rEarinirc  Uinie ,  a^ec 
b^uali^  lerm  aavn^es  (xk  ok  de  rappcMT  ,  cft  peot  en 
autE  :::i;::  csiK^seces  uui.jjid  uni  Tanrs  ,  &  peui-eae 

BC  Ij  basre  ca  pTiB  sadeot  ovmges  t{iii  cous  rcftest, 

«■^Sman*  *^  tpueitfjit  Ji!C«qiie«ftw,  DccoaCifieiii  daasb  fupeTi- 

teCiw.^1  ^'^•oi^ai^  Lapedsorneoiem,  noisdaos  lc  dcAna&U 

BiEi^   as    cmpcfcca  AiK>groa»ray:&  roo  *oit  qoe  rouvrier  a 

cwiiJ^^ti.  **  pfc^^ioient  poor  bai  ie  preodre  le  moyea  le  piis 

■insi  ccrtnb-pf^^prepcursrr.-.ff  aUiia,&e3tiiitede  rexecuter  d'nae 

•"  rT"«  Biaai<^ri337«4bie.  Lo  prraiDidcs  d'E^ypte  ft>or  des  awfo 

^^        ^piierrvian&a^icjaoraesert^xaiselks  Ibnt  delafizuce 

bpiinprc^^^^t -vjnr  saantfpie  lemonde,  cequi  etcii 

jppanmniert  l:  bat  ie  crai  q---i  I«s  oct  Jaites  ;  Sl  cette  n- 

fj^e  eu^n  cunie  tesipi  negulieie  &  plaii  k  a  vne. 

Ccl^f  arsichc^lcrous  kiouvra^»  antiqaes,  &  p!tB 
ir3:b.-;cr.:u^.criiux  il  eft  ir.aTque  :i!s  fo::!  Tr^- fo!iiies, 
t  tis:cr;ci*r;i!ji«,  rroins  par  "les  oinesicns  p3rtii.-ulien 
^ae  par  l«K.-r  i^^t  entiire.  Ainfl  \is  aiKitrns  Pce:es  ont 
pr3>i«i3^;]re=iI<»cI:i$p70[itApoureau>uvcirles  p^SI-o;:!. 
&  par-ij. ifocncr  du  pUc&r,qui  etoit,  ce  oie  CcrRble,  leur 
iioL  ii^3.  .*:& ,  Hirccoti  a  f=i:  ce  qu'»!  lalloit  pour  inf- 
tTttife  pletacmect  la  po&erite^det  frsads  ev^nemens  de 
£m  ttxm.  &-  particutiereiBea!  de  i*on^>ne  des  guerres  en- 
tre!isGr^&  I.^B3rb3:es,&(t^reiabliffoiT)eat  dela  Mo- 
netc[t:e  dePerte;  &  il  Ta  tait  ile  maniere,  que  ceux  u^itie 
qiB ne  s^aper^iveni  pas  tWla  beaut^,  le  iilcnt  avecgrand 
piaifir. 

SiTon  ciamtnerEcriture  fainierur  cetreg;Ies,  ontrou- 

^era  que  les  bcautes  esterieurcs  rc  lio  manquent  pas ;  & 

roo  fem  porie  a  croire  que  Dieu  notis  y  a  vouiu  donner  des 

ciodeles  ie  la  virii^ble  eloquencc  &  de  U  bonne  pocfie. 

ir.  I^es  cir.q  Livres  dc  Moyfc  font  d"on  ft;ul  defTcin ,  6;  coiii- 

T:t.U:  itt  prennent  tout  cc  qui  eioit  neccSliire  pour  ['infiruirilon  du 

jj"j.'|'j^"  .  petipleiie  Dicu  ;toutfcrapporie  a  trolschefs.  Le  pre:nicr 

n-.lir-.       cAIHifiolre,  Is  iccond  lcs  Prs=ept«,  &  le  iroirieaic  ks 

^  Fihortaiions.  La  Gencfc  &  b  nioitie  dc  ri:  lode  ne  fo::t 

qu'hilioirc,  le  DeuteronomenVftptefque  qu'cihortaiions; 

I«rc{lceQ  iiieli  detousltfsirois  ;j>ct:r-eir?j'cur  liiifcntiuycr 


SUR    rfiCRITURE-SAINTE         «57 

par  cette  diverfiti ;  &  le  tout  enfemble  ne  fait  qu*un  ouvra- 
ge  enchatn^  par  une  fuite  d*hiftoire«  qui  comprend  les  pr^ 
ceptes  &  les  eihortations ,  enracontant  les  dilcours  de 
Dieu  ou  de  Moyfe. 

I!  eft  ^tonnant  combien  il  y  a  d*hiftotre  dans  le  livre  de  la 
Gencfe  >  qui  ci\  fi  court ;  avec  combicn  de  choix  &  d*or- 
dreelleeii  ^crite;  c*eft  la  feule  hiftoire  qui  ait  un  commen- 
cemenr.  La  creation  eft  icrite  fans  rien  donner  a  la  cu* 
riofit^ ,  quoiqu*il  eut  iti  facile  a  Moyfe,  s*il  eut  ecrit  par 
des  motifs  humains « de  faire  le  favant ,  &  de  d^biter  la  Phi- 
lofophie  Egyprienne :  tous  les  Auteurs  des  fauflfesReligions 
cnt  donni  dans  cette  vaniti.  II  n*empIoie  que  des  mots  fim- 
ples  &  connus  en  la  Langue  ou  it  icnvoit  ;il  nedit  desat 
tres  que  ce  qui  pou  voic  fcrvir  ^  ditourner  de  ridoUtrie ,  (aoft 
s^etendre  fur  leur  fituation ,  &  leurs  mouvemens ;  &  ne  dtt 
rien  des  chofes  naturelles  ,  que  Texperience  ait  fait  voir  d^ 
jpuis  n*etre  pas  vrai ,  au  lieu  qu*elle  a  convaincu  de  faufleci 
les  Auteurs  profanes  en  une  infinite  de  chofes :  il  s*arr£fe  i 
la  creation  de  rhomme,  Vicnt  fort  en  detail  &  ripite  luf- 
qu*i^  trois  fois  que  Dieu  Ta  fait  a  fon  image ,  parce  que  Toa 
Jie  peuc  trop  inculquer  une  verit^  fi  importante :  il  narque 
en  un  mot  la  dignite  de  Thomme ,  les  devoirs  de  la  fociM 
conjugale ,  Vix^t  d*innocence,  Tetat  de  p^ch6 «  la  fource  de 
toutes  les  mif^resde  la  vie,  enfin  les  pius  grands  principes 
de  la  Morale. 

Avant  le  dcluge  ,  il  marque  avec  grand  foin  T^e  &  la 
fiiite  des  Patriarches,  pour  faire  voir  Tordre  des  temps; 
c*cft  pourquoi  il  nc  met  que  ceux  dequi  Noe  defcendoitt  & 
ne  parle  de  !a  pofterite  de  Catn  que  jufqu*^  celui  qui  exe- 
cuta  fur  lui  Li  juftice de  Dieu,  & ne  met  point  le  nombre  des 
annies. 

Tout  ce  qui  rcgarde  le  Deluge  ,  fes  caufcs ,  fa  durie ,  ia        V. 
mani^re  dont  Noe  fiit  conferve  ;  tout  cela  eft  ecrit  tris- 1^*"*2  .^* 
exaflement  :on  voit  les  mefures  de  TArche  ,  ladate  de  Ten-  q^^^^^^ 
trie  &  de  la  fortie  deNoe  ,&  touteslesautres  circonftances; 
&  dans  tous  lcs  Livrcs  facr^  on  a  grand  foin  d'ecrire  les 
nombres  &  les  mefures ,  parce  que  Ton  ne  peut  les  recenir 
de  memoirc. 

La  G^nealogie  des  enfans  de  Noe  comprend  en  un  cha- 
pitre  rorigine  de  toutes  lesNations  qui  pouvotent  ^tre  con- 
nues  au  peuple  pour  lequel  il  ecrivott.  II  commence  par 


tf,«  D  I  S  C  O  U  R  S 

ceui  aoxqnh  ils  avmeni  )e  BOiM  d^iDterdc  ,  &  s*^nd  priiH 
cipatemeiK  iur  les  habitans  de  la  terre  oii  il  conduilMt  le 
fwuple  de  Dieu ,  fur  la  &inille  doat  Abrahaoi  itaiT  ;  &il 
y  mircju^Ia  Tu  ce  des  annees.  Dani  toutle  reAe  dulivre, 
il  Biarcjue  roigneureoient  l'ongine  de  loutefi  les  Naiioas 
^i  «n^ironnoient  Ic  peuple  dlfr.cl ,  &  qui  etoiem ,  pow 
ainfi  dire,  f^s  pattas  i  coaitne  Mactian,  Ifmael,  Amalec, 
Moab,  Animon,  Edon;  &i'ctend  particuliirenient  (urce 
dcrnier  comme  le  plut  prodw.  Avec  lanr  de  maii^^re  k 
Livre  cA  coun ,  St  neaninoins  il  y  a  det  HiAtHres  partico- 
lieres  coniees  fori  a  loifir ,  entr^autres  celle  dc  Jofeph : 
aulEil  n'eciii<|uece  qui  laitaron  defiein,qui  £toit,coiD- 
flie  je  crois ,  de  momrer  i  (oa  peuple  d'ou  il  ^toit  venu ,  & 
k  droic  qu'ii  avoii  4  la  terre  de  Chanaaoi ,  tant  par  les  pro- 
atcHes  de  Dieu ;  &  ralliance  qu'!!  avoit  faiie  avec  fes  P^ 
m,  c]ue  par  la  pofleflion  qu'ils  en  avoient  prife  ,  dreflant 
des  Autels  ,fouilIant  des  puits ,  achetant  un  tambeau ,  nom- 
nant  les  lieui  &  leshabiransen  diverfespartiesde  ce  pays. 
On  voU  auiTi  avec  quel  foin  il  ^crit  les  mariages  d'Ifdac  & 
de  Jacob,&  la  Dailljnce  de  leursen&ns.  II  fMidroii  coa>- 
■nenier  chaque  Chapiirc  &  tn^ine  cEuque  verret,  pour 
en  reoiarquer  lotiics  les  beauEes. 
Vt.  Vn  exemple  pariiculier  fera  mieux  connoirre  ce  que  je 

Itetuifi  dn  disdecc  (tyle  dtirEcriture:  prenonsleSacrifice  d'At>rabam. 
^««'diw       "  ^P^"  "'^  •  Dieutenia  Abrahim  ,  &  lui  dir :  Abraham  , 
le  r<cic  du   h  Abrabam.Ec  ii  r^pondii:mevoici;&  Dieu  luidit :  Prends 
f>cri&ced'A-  nionl]lsuniquequetuaimes,ir3ac,&  vaen  la  lerre  de  la 
^*^""        n  Vifion  ou dc  Moiia,  &  li  tu meroffriras  en  holocaufle  fur 
>  une  tnontagne  que  je  le  monrrerai.  <>  S'i[  avoit  dit,  pour 
epargner  les  paroEes ,  Dieu  commandj  a  Abraham  de  lui  fa- 
crilier  fon  fiis,  ce  recit  ftroit  beaucoup  moins  loucliant; 
ir^is  fiifant  parler  run  &  i'autrc ,  on  s'ii;iagine  voir  la  cho- 
fe,&  l'efprit  a  le  loifirdefe  repofur  &  de  confiJerer  To- 
beiCance  d'Abraham  pret  4  executer  rous  les  ordres  de 
Dieu,  avant  que  d'enteniire  ceterrible  comniandemenr. 
Comhien  d^encrgie  onc  ces  paroles  :  Ton  fils  uniquc  que  tu 
«imes,  tr.iac:  Ya  t  i!  rien  depluscbir  &Ldeplus  rude  tout 
enfeniWe  ?  Ctimme  cela  eft  nienage  !  Dieu  ranpelie  ;  puis 
lui  dit:PrenJs  ton  filsicnfuite,  vaenun  tel  lieu  ;  &  enfin 
lui  declare  ce  qu'ilcndoiifaire. «  Abraham  felcvaavam  t« 
» jour ;  prepiura  fa  nionture  ,  c'el\-4-dire  bilia  fon  ane ,  oil 


SUR    L'fiCRITURE-SAINTE.         «^* 

ti  fella  fon  cheval ;  prit  avec  lui  deux  jeunes  ferviteurs  & 
»)  fon  fils  Ifaac  ;  coupa  du  bois  pour  le  facridce ,  &  s*en  alla 
»  oii  Dieu  lui  avoit  cominandi. »»  Un  bel  efprit  moderne 
n'auroit  pasmanquede  dicrire  le  combat  de  Tamour  qu*A« 
braham  avoit  pour  fon  fils  avec  la  crainte  de  Dieu ,  &  de 
lui  faire  pafler  la  nuit  eR  foliioque :  le  Prophete  ne  s*amufe 
pas  a  ces  petites  r^flexions,  il  fuppofe  que  vous  aiirez  aflez 
de  fens  pour  juger  qu*il  6toit  touch6  apr^s  ce  qui  a  ith  dit ; 
maisil  obfervecequietoitimportant,  la  diligence  avecla- 
quelle  il  obiitdes  lelendemaia ;  &encore  il  feleve  devant  le 
jour :  le  refte  descirconftancesn*e(l  que  pour  peindre  mieuxla 
chofe.  Y-a  t-il  rien  de  plus touchant  que  ce  qui  futt  ?  a  II  prit 
I»  le  bois  du  facrifice  &  le  mit  fur  fon  fils  Ifaac » &  lui  portoit 
»  en  fes  mains  le  feu  &  le  couteau ;  comme  ils  marchoient 
n  enfemble,  Ifaac  ditafon  p^re  :  Mon  pere;&  il  repon* 
it  dit,  que  veux-tu  ,  mon  fik  ?  Voilji ,  dit-il,  le  feu  &  le 
I»  bois ,  ou  eft  la  vidime  du  facrifice  ?  £t  Abraham  dit :  Moa 
t)  fils  9  Dieu  pourvoira  i  la  vifiime  de  fon  facrifice ;  &  ils 
9>  continu^rent  leur  chemin. » II  ne  fait  point  d*exclamation, 
ni  fur  la  fimplicit^  de  la  demande »  ni  fur  la  fermeti  de  la 
riponfe  ;  il  ne  dit  point  que  ces  paroles  du  fils  etoieiu  au- 
tant  de  coups  de  poignard  dans  le  fein  du  pire  ;  il  ne  fait 
point  emouvoir  fes  entrailles :  mais  par  lechoix  qu*il  fait  de 
«es  paroles  pour  les  rapporter ,  plut6t  que  d*autres ,  on  voit 
bien  qu*il  en  connoiiFoit  Timportance. 

Tout  le  refle  de  THifioire  efl  femblable :  les  chofes  im- 
portantes  font  peintes  comme  ii  on  les  voyoit ;  vous  y 
trouvez  tout  ce  qui  vous  doit  toucher ,  &  fi  quelque  chofe 
y  manque ,  c*eflquerAuteur  ne  vous  avertit  pas  (fxe  vous 
devez  etre  touchi. 

Tel  eft  le  fly le  hiflorique  de  coute  TEcriture  fainte ,  &  ^       yj^^ 
jl  ce  que  Ton  dit ,  de  tous  les  Livres  des  Orientaux  :  les  La  fimpiicit^ 
Hifloriens  rapportent  iimplemcnt  les  faits  fans  y  rien  meler  ||"  ^^*  **• 
du  leur,  fansraifonnement,  fansreflexion.  On  voit  toute-  fainte^nVft 
fois  que  ce  n*efl  pas  partgnorance,  puifqu^il  y  a  tant  d*art  pas  ua   d^<« 
dans  la  conduite  de  tout  Touvrage ;  tant  de  choix ,  pour  ne  ^'^ 
dire  que  des  chofes  importantes ,  felon  le  defiein  de  chaque 
Livre  ;  taot  d'ordre ,  pour  conter  de  fuite  tout  ce  qui  ap- 
partientaun  mcme  ^v^nement,  fans  fuivre  fcrupuleufe- 
ment  rordre  des  temps  ;  &  tant  de  netteti,  caufee  &  par 
la  clarte  de  relocution,&parIesfr^quentespropofition8, 


<40  D  I  S  C  O  U  R  S 

conclufions,  recapirulattons ,  qui  marqueat  &  oii  co» 

mcnce  &  o\x  &m  chaque  panie.  Mais  pour  fflomrtr(|e 

Ja  iimpUcitc  du  ftyle  des  Hiftoriens  iacr^ne  vieat  pas;i- 

gnorance,  il  n'en  faut  point  d*autre  preuve  que  cau  b 

plicite  meme.  Ceux  qui  ont  ecrit  fans  art  ont  marqus  t&j 

les  mouvemensde  leur  coeur ,  comme  ViUe-HardouiQ,2 

Joinville ;  &  Philippe  de  Commines  qui  avoit  beaoc» 

d'efprit  &  de  bon  fens ,  mais  point  d*etude  ,eft  pkiotf 

ratfonnement.  llfauc  doncfavoirecrire  pour  nepasfiiris 

les  ecarts  que  fait  faire  naturelletnent  refprit  ou  la  ^*^ 

On  ne  dourera  pas  que  les  Evangeliftes  ne  fuffenttc.iCi 

des  foufTrances  de  nocre  Seigneur,  &  que  s*ils  eu&nt  Ji> 

les  mouvemens  de  la  nature ,  ils  n^euflent  fait  de  gras:^ 

exciamations  fur  fa  patience  &  fur  la  cruaute  des  Ij^ 

inais  ils  favoient  qu*i]s  ecrivoient  une  hiftoire. 

VIU.  Quant  i  relocuiion,  il  faut  diftinguer  VAnasnk: 

cnw«*'"^n"  Nouveau  Teftament :  a  l'egard  de l'Ancien  Teftametu, cr4 

e\cn    &    le  qui  favent  THebreu  difent  qu*il  eft  tres^bien  tcrn  ta  iC 

KduveauTet-  Jangue ,  &  qae  cette  langue ,  aufli  bien  que  les  aurr^sJ 

f^.n«iic  ,       ^gj  avantaees  &  fes  bcautes ;  elle eft  tres-fimple,  ellea> 

Uiutioa.       prunre  nen  d  aucune  autre,  &  ne  fe  iert  que  d  exprt:^ 

iblides ,  fcnfibles  &  intelligibies  aux  plus  ignorans,  pocr" 

qu'ils  fachent  la  iangue.  Rien  n'eft  fi  eloigne  du  galuDi::^ 

pompeuz  des  modcrnes.  Nous  difons  en  grands  oosfi! 

pccites  chofes ,  &  ils  difoient  les  chofes  les  plus  gramleii^ 

termes  famiiiers.  De-Ia  vient  que  fouvent,  danslatni* 

tion  y  les  expreflions  nous  fembSetit  bafles ,  car  noiisa;^^) 

fiiieux  n'ecre  point  entendus  que  de  parler  de  chofss  v. 

gaires ,  &  nommer  la  pluparc  de$  chofes  par  leur  fic^ 

Comme  on  a  ete  fort  religieux  a  traduire  fidellement  5 

livres  facris,  on  s'eft  attach^  aux  maoteres  de  ^aif^* 

fouvenc  aux  mots,  &  cela  fait  qu*ils  font  beaucoupp 

figures  par  les  tradufiions  que  ne  font  les  livrespro&n^' 

ce  qui  paroit  particuli^reincnc  aux  iivres  poetique$.  <>•' 

qui  cntendent  le  Grec  &  qui  lifent  les  tradudioos  h^^- 

d'Uomere  &  de  Pindare,  peuvent  juger  du  mauvaisi^ 

que  doit  faire  ce  changemenr. 

LelJouveau  Teftament  n*a  point  Tavantage  de  rt^l^^ 
tion ,  il  eft  ecric  en  Grec  par  des  Hebreux  ;  ainfi ,  quor 
les  mocs  foient  rous  Grecs ,  ou  mel6s  feulement  de  quel^ ' 
icots  irrangers  qui  etoient  alojrs  en  nfage,  la  phraiit' 

tc.-' 


SUR  L-feCRITURE-SAINTE.  K^f 
VOuieHebnique,  &  il  ftut  favoir  lHibreu  pour  bieneo* 
'  tendre  ceiie  eip^ce  de  Grec ;  c'iioit  la  Langue  de  comnKrctf 
dci  Juifs ,  dirperles  par  toui  rEinpire  Grec ,  depuis  la  domi- 
nation  d'Alexandre ;  c'etoii  la  langue  de  la  iraduflion  det 
Sepiante ,  &  c'etoii  cell»<]oni  (e  fervoieni  les  Ap6trcs  par- 
lout  oii  le  Grec  avoit  cours.  Tout  le  refte  du  flyle  du  Nou- 
veau  TeHament  eft  du  meme  genre  que  celui  de  rAnciea , 
cjccepte  ceiie  ^corce  d'elocution. 

On  dira  que  Moyfe  dii  lui-meme  qull  n'ell  pas  eloquent,        jg'. 
&  que  faint  Paul  dit  qull  a'ure  point  de  mots  rublimes ,  ni  E"  fn*]  rcnf 
des  moyens  de  pcrfuader  que  la  faeeSe  humaine  a  invenies.  ^^S'  ^  '* 
Moyle  vouloiidire  feulement  qu  il  parloit  avec  peine,  &  dir*  qa']!»  > 
il  s'exp]ique  en  difant  qu*il  n^avoiipash  langue  bien  libref  «'^lentpM 
ce  qui  n'empeche  pas  qu'il  ne  loumli  bien  fes  penfees,  &  ««iwm. 
ne  les  exprimdt  en  bons  termes,  &  c]u'il  n'^crivit  fort  biem 
Quiconque  a  iu  le  Deuteronome ,  ne  peui  pas  douier  qu'il 
ne  fut  ir^s-eloquent ;  &  fon  Caniique  feul  montre  combien 
il  avoit  refprit  beau  &  eieve.  Sainc  Paul  veui  dire  qu'il  ne 
parle  pas  elegammeni,  comme  je  viens  de  marquer,  & 
qu'il  nc  (e  fert  poini  des  artilices  que  tes  Rheteurs  Grecs 
employoieni  de  fon  lemps ,  dont  on  peui  volr  un  exemple 
dans  U  declamation  fade  de  Teriulle  que  les  Juifs  firent 
parlercontre  lui:  carles  Hebreux  m^prilcrentioujours  les 
^iudes  des  Grecs ,  &  s'en  tinreni  a  ceiles  que  leurs  p£re4 
avoientconfervees,quieioicntplusfo]ides,quoiquemoint 
dclicates ,  particulierement  dans  les  dernicrs  temps  oii  la 
iniltre  cies  Juifs  !es  rendoii  neceSairetr.ent  grolTiers  &  nif- 
tiques,  comme  foni  au)ourd'hui  les  Grecs.  Mais  on  peut 
voir  Tcloqucncc  de  fjint  Paul  dans les difcours  dovant  Feiit 
&  dcvant  le  Koi  Agrippa ,  &  pariiculicrcmcni  dans  cclui  de 
I'Areop3ge  :  on  la  voit  aulTi  dans  toutes  ies  Epitres ,  m^ine 
dans  la  pctiie  a  Piiilemon :  il  e(l  vrai  que  la  politcire  Grec- 
qiie  n'y  elt  pasi  mais  pour  la  grandeur  du  geni^ ,  le  loiir 
des  penlees  ,  la  vigu;ur  des  eiprellioiis ,  tout  ceia  c(l 
admiiabb. 

Poiit  ttrc  memc  Dieua  voulu  quc  r.\ncien  Teflament  fijt  x- 
mieut;  ctrit  qin:  le  Nouve:)u  ,  peui-cite  a-t-il  voulu  que  ilu  .  I*ourqiioi 
temps  ilti  omhres  &  ilcs  tii^urc';,  Ibn  peopk  poiTedat  cci  tjnMm  ft 
av.iiiiaiie  icmpurcl,  aulli-bienque  lesautres,  pour  montrcr  micux  fcrit 
que  rifioqucncc  &  la  poelit:  cioieni  des  choli:s  bonnes  de  ^''*  U  Nou^^ 
Jbi;  &  par  lc  meme  motif  qui  leut  avoii  donn£l>:srich<.*flcs,  ***"' 
Time  U.  S I 


%4&  D  I  S  C  O  U  R  S 

U  liberte  &  b  domiRarion  fur  leurt  voifuis ;  &  en  ef&t  H  ' 

(H'\citi  tempprelle  dc  iialoiiiOR  eut  iti  imparfaiie  ,  s'ii  eur 

manquedecesavamagesderefprit.Aucontraire,  ilavoulu 

montrer  aux  chretiens  quHls  ne  doivent  point  ^re  attach^ 

i  ces  biens  naturels.  non  plus  qu'a  tous  les  auires,  par  le 

ineprisquUIenfait  lui-m^me,  s'accommodant  i  lamaniire 

de  parler  fimple  &  gTofTiSre  des  Jui&  dsfon  temps. 

XI.  D'oii  vieni  donc  que  Ton  croit  ordinairement  que  fEcri- 

eT  prflle*'  """^  faintt:  n'eft  pas  bien  ictite  ?  C'eftqu'on nc s'attachequ'jb 

^c  1'Ecriiu-  recoice ;  on  nc  goute  que  ce  qui  efl  conforme  k  nos  mceurs 

r«riiAteD'ell  &^ nos  prejugcs ; on  n'appelle beau  que les brillantes  eiprefi 

NJM  ""    '  iions  &  les  petits  ornemens ;  on  >'eft  g^te  par  la  ledure  ds 

Juflin,  de  Florus,  de  Vellelus  Patetculus ,  &c.  je  dirai 

meme  de  Tacitc;  car  quoiqu'il  ait  ^crit  avec  plus  de  fens 

<que  ces  auires ,  ce  font  plutot  fes  raifoimeniens  que  rHif-, 

toire. 

J'oferai  dire  que  les  piresde  r%life  n'oDt  pas  ite  exempts 
de  ce  dcfaut ,  &  qu'ils  n'ont  pas  toujours  bien  juge  des 
Ayles  ;  ils  ont  vecu  la  plupari  dans  des  fiecles  dont  le  gouc 
etoit  fon  mauvais ,  &  ils  n'ont  pu  rififler  au  torrent ,  outrc 
qu'en  ceschofes  indiffirentes  le  bon  fens  &  la  vertu  les  obli- 
geoient  i  fe  conrormcr  aux  autres.  On  voit  la  difFerence 
qu'il  y  acntre  les  Livrcs  que  raint  Auguftin  a  compofcs  pour 
£tre  lus,  &  fcs  Scrmons ,  &  combien  fa  charlte  lui  a  faii  m£- 
{triferfarepuiation,  pours'accommoderila  portie  defon 
pettple.  De  plus ,  Ics  peres  n'ont  lu  TAncien  Teftament 
-  que  fur  la  tradu3ion  des  Septante ,  ou  fur  les  anciennes  ver- 
fions  Laiines  qui  avoient  ete  faites  fut  lcs  Septante ,  car  celie 
de  fsint  J^tome  n'a  ^i^  cn  ufagc  que  long  temps  apres  ;  or 
les  Scpiante  avoient  traduit  nrot  pour  mot,  fans  s'accoiD- 
modsr  aucunement  a  la  phrafe  Grecque ,  ce  qui  fait  paroitre 
rEcritutefortimparfaiie;  &  faint  J£r6me ,  qui  entendoitfi 
bien  roriginal,  a  parle  avec  eloge  de  la  grandeur  du  ftyle, 
particulieremem  des  prophctes  &  des  Livres  po^tiques.  U 
faui  prcndre garde ,  en  lifant  lcs  perei , de  ne  pas  s'imaginer , 
parccqueleurdo^rineeft  excellente,  quc  lcur  ftyie  lefoic 
aufll  II  y  a  eu  de  tr^s-grands  Saims  qui  ont  eu  le  gout  tres- 
inauvals  pour  lcs  beaux  aris  &  les  belles  Lcttres ,  &  qui 
n'enroni  pas  moins  dignes  de  ven^ration ,  en  quoi  fans  doute 
u.|^  les  favans  des  derniers  fiecles  ont  beaucoup  manqu^ 
$it  eaan^      Aurcfte,  il  ne  fautpoint  craiudre  quecette  connoiflancq 


SUR    L^feCRiTURE.SAINTE.         643 

fSes  beautis  extirieures  de  rEcriture  fainte  diminue  quelque  raace   itfl 
chofe  dc  notrc  foi  &  de  notrc  foumiffion.  Ce  fcroit  i  la  J^*"^»  J*^ 
v^rit^  unc  impicti horriblc«de  penfcr  quc  Moyfe  n'cut  etabii  vEctiturt 
b  ioi  quc  par  fon  habileti  &  fon  tioqucncc ;  &  cc  fcroit»  raintc»fiedoii 
en  lc  louant  mal-i-propos ,  lui  fairc  la  derniere  injurc.  "^"   dimi- 
Aufficroyons-nousqu*ilaitablifadodrincuniquementpar  foi  ,  ni  d# 
Ics  grands  miracles  quc  Dicu  iui  a  donni  pouvoir  dc  &irc ,  ootre   fo«« 
&  dont  il  cft  impoffible  qu'un  hommc  de  bon  fcns  puiffc  °^^** 
doutcr  :  mais  fuppofi  ccs  miraclcs  comme  dcs  prcuvcs  in« 
vinciblcs  de  (a  miffion ,  il  faudroit  avoir  rcfprit  bicn  mal  £uc 
pour  trouvcr  mauvais  quc  cc  mdmc  hommc,  qui  avoit  tant 
dc  graccs  fumaturcUcs ,  eut  auffi  de  grands  talens  naturcls » 
&  quc  Dicu  cut  pris  plai(ir  i  lc  formcr  tr^accompli  de 
corps  &  d^cfprit»  i  lui  donncr  unc  cxccllcntc  Mucation»  k 
rexcrccr  par  fc^tgrands  travaux ,  &  unc  vie  fort  divcrfe ,  i 
Ic  mcttre  dans  Tadion  &  dans  la  folitudc ,  lui  donncr  l'cxpi- 
ricncc  &  la  mcditation ,  pour  fervir  i  cxecutcr  dc  (i  grandcs 
chofcs. 

Dicu  s'c&  fcrvi  quand  il  a  voulu  dcs  ignorans  6l  dci 
fimplcs;  maisil  nc  s*cft  pas  difcndu  d*cmploycr  Ics  favans 
&  lesgrands  g^nies;  &  la  plupart  dcs  faints,  qui  ont  agi 
pour  lc  bien  commun  de  rEgUfe ,  ont  cu  dc  grandcs  qualit^ 
iiaturcllcs. 

II  eft  donc  ccrtain  quc  rEcritUre  faintc  cft  la  parole  de 
Dicu ,  lcs  miradcs  &  Tautoriti  dc  r£glife  ne  nous  pcrmet- 
icnt  pas  d'en  doutcr  ^  &  il  eft  ccrtain  auffi  qu*cllc  cft  bieil 
icritc ,  puifquc  pour  lc  voir  il  ne  faut  que  la  lire  &  avoir  de 
la  rairon. 


© 


un 


€44 


D  I  S  C  O  U  R  S 

SUR     LA     PO£SIE, 

ET  EN    PARTICULIER 

SUR   CELLE   DES   ANCIENS    HmEUI, 

Selon  r£diuon  dt  Dom  CALUtr  \ 

T.  ^^  OMBffE  il  eft  naturel  en  certaines  occafions  de  cooriraf 
Origihe  de  \^  ^e  danfer ,  de  cbanter  ou  decrier,  quoique  ccs«^" 
ces  de  voix  &  de  mouvemens  oe  foient  pas  les  plus  fiopifi 
ou  les  plus  feciles ;  ainfi  les  grandes  palSons  foot  fsS 
d*une  maniire  qui  paroit  forceey  k  ceux  qui  foot  <ie^ 
froid,  en  ce  qu*ellea  beaucoup  plus  d*exagintiocs,^ 
comparaifons ,  de  figures  fortes  &  de  paroles  wnot^' 
res  y  que  le  langage  commun.  De  plus ,  le  meme  prtQcrpe? 
fait  cbanter  ,  faic  auffi  que  l*on  mefure  des  parold  ^ 
les  cbanter  pluscommodiment,  y  obiervantla  quasneS 
lenombre  des  fyllabes,  lefon  &  rfaarmonie,&  eofiii 
cadence  qui  doit  revenir  de  temps  en  temps.  CA  ce  ^ 
produic  les  vers  &  les  couplets  des  chanfons ,  coa»  ^ 
grands  mots  &  les  figures  fortes  font  le  fiyle  qut ki^ 
pius  remarquer  pour  Poetique.  II  ne  faut  donc  pas  i*c^ 
ner ,  que  Ton  trouve  dans  tous  les  temps,  chez  tootcii 
cations»  quelque  efpice  de  Vers&  de  Poifie,  coousii 
nes*itonne  pas  d*y  trouver  le  chant  &  la  daofe.  Au  rd^ 
il  ne  fautpas  en  excepterlespeuplesqui  om  pafle  porl 
plusbarbares.  Les  Ancien»  ont  obfervi  que  les  Gaulc^ 
les  Germains  avoient  de  la  Poefie  &  de  la  Mufique;&  ' 


*  Ce  Dikoun  de  M .  Pletiry  a  ^t^  mis  au  }oar  par  DO0  02 
k  ta  t^ce  du  II  Volurae  de  fon  ConiDfientaire  far  les  Pt<i^ 
avec  ce  courc  Avertiflement :  «  M.  l'Abl>^  Pleiiry  aToit  c^' 
»>  ce  Diifcours  rly  a  plufleurs  ana^c»,  pour  rinfi^rer  daDsi*'^ 
N  de  la  Po^fie  antique  »  qu'llavoit  deflein  de  donner.  tta  ^'' 
»f  nous  le  comnnuniquer  &  nous  perinettre  d'ea £iire  partisP^' 
Ainfl  s*exprime  Dom  Catmet  dans  fon  Comniencaire  ^}/af* 
mcs  imprim^  eo  1711,  Ngtt  dt  ia  ^rifsutt  tditionm 


SUR  LA  PO£SI£  DES  HiBREUX.      64^ 

<n  voitehcoreaujourd*hui  parmi  iesNigres,  les  Caiibes 
^  les  Iroquois. 

MaiscommelesOrientatixrontles  peuples  les  premiers        n. 
polis,  &  qu'ils  font  naturellement  plus  ipirifuels  &  plus  q^^^®*  ^** 
paflionnes ,  ils  font  auffi  les  premiers  qui  ont  cultive  &  re- 
^uitenartcette  inclination  naturelle.  Ceux  dont  les  Grect 
110US  ontplusconfervela  memotre,  ibnt  les  Egyptiens  & 
les  Syriens.  Nous  avons  encore  dans  les  Poetes  Grecs  un    Thsacrii.  k 
chant  (\M[  la  mort  d'Adonis,  q*ji  femble  etre  une  imitation  ^' 
decelni  dontileflparle  dans  le  Proph^te  Ezichiel,  &  qiii 
«ertainement  eft  Syrien  d'origine ,  aulli  bien  que  toutc  cette   ^f*-  ▼"*• 
Fable.  Et  la  menace  que  Dicu  fait  dans  le  mimeProphice »     ' 
de  faire  cefler  k  Tyrla  multitude  des  cantiques&  lefon  des  ^f  *  "^*- 
Cythares,montre  aflez  combien  la  mufiqae  y  regnoi t.  Et  dans  '  '* 
leProphiteIfaie,parIantauxfemme$debauchees  deTyr,U    lf**i'  xxiii^ 
leurditde  prendrelacithare,&decourirIavilIeenchantant.  *^* 

Pour  les  Egyptiens ,  Piaton  nous  apprend ,  non-feule-  Plat  Hh.  |. 
ment  que  la  Mufique ,  fous  laquelle  il  comprefld  auffi  la  ^  Ug*^* 
Pocfie  ,  ^toit  tr^-ancienne  chez  eux  ;  mais  encore  quMlt 
la  confervoient  avec  un  tres  grand  foin  ,  comme  fai- 
fant  partie  de  la  Religion&  des  Lois.  II  dit  qu*i!savoienc 
confacre  toutes  les  efp^ces  de  chants  &  de  danfes  a  certai- 
fies  divinit^s ,  r^glantles  jours  &  les  cirimonies,  ou  cha- 
cune  devoit  etreemployee,  fans  qu*il  fut  )amais  permis 
d'y  rien  changcr  :  enforte  que  fi  quelqu*un  y  eut  voulu 
innover ,  les  Prctres  &  les  Pretreflbs ,  avec  le  fecours  des 
Magiftrats ,  !*en  cuflent  empechi  ;  &  s*il  n*eut  pas  obii  , 
i  eut  paflctoutc  fa  vie  pour  impie. 

De  tous  !es  anciens  Orientauz ,  il  n*y  a  que  les  Hi-        in. 
breux ,  dont  il  nous  refte  des  ecrits ,  &  dont  par  confequeor     'odiie  Jes 
«ous  puiflions  connoitre  la  Poefie.  Or ,  tout  ce  qui  nous  en  g^^  objet, 
rcfte  eft  dans  TEcriture  fainte ,  par  oii  nous  voyons  qu*ils  ap- 
7)Iiquoient  cet  Art  a  la  Rcligion ;  &  quoiqu*iIs  euflentauffi  des 
Pocfics  profanes  ,  on  peut  juger  qu*ils  avoient  fur  ce  point 
lesmemes  maximes  queles  £gy ptiens ,  foit  que  les  Egyp- 
tiens  les  euflTent  apprifes  d'eux,  ou  qu'ellesleur  vinflent  aux 
'iins&  aux  autres  delam^me  fource.  On  peuccroire  le  md« 
me  desautres  peuples  de  la  premiire  antiquiti  ;car  la  Po6- 
iie  Grecque  en  particulier ,  faifoit  une  grande  partie  de  1a 
Rcligion ,  &  elle  paflbic  pour  une  choJe  facree  &  divine 
^dans  les  cotnmencemens. 

Ss  ii| 


SUR  LA  PO£SIE  DES  H£BR£U3r.      C^f 

affisfur  les  Chirubins,  porti  fur  les  nuies ,  doncle  regard 

fairtremblerlaterre,  dontla  colere  ebranle  les  fondemens 

des  niontagnes ,  qut  voit  au  fond  Ats  abimes.  Les  compa- 

raifons  y  font  tris-frequentes ,  &  font  toutes  tir^es  des  cho- 

fes  fenfibles&  familiires  k  ceux  pour  qui  on  ecrivolc:  car 

les  palmes  &  les  cedres ,  les  lions  &  les  aigles ,  font  chofes 

communes  en  Paleftine  ;  c*eft  pourquoi  il  ne  faut  pas  non 

plus  s*imaginer  que  chaque  mot  doive  ecrc  applique :  toute 

la  comparaifon  netombe  d*ordinaire  que  furunfeul  poinr» 

&toutlerefie  eft  a)outi,non  pour  fervir  4la  comparaifon  , 

inais  pour  d^peindre  naivement  la  chofe  dont  on  la  tire. 

\Vos  dentsfont  comme  dcs  brtbis  fraichement  tondues ,  quifortent  Cant.  iv«  i^ 

du  lavoir :  chacune  a  deux  agneaux  ^  &  il  rij  en  apas  uru  dt 

fterile  :  c'e{l-a-dire  vos  dents  font   blanches ,   igales  & 

ferrees. 

Pour  le  fiyle,  il  eft  fi  diff^ent  de  la  Profe ,  que  c*eft  pref • 
que  un  autre  langage :  enforte  que  tel  qui  fait  aflez  THebreu 
pourentendreleftylehiftorique,  ayantlu  toute  laGen^fe, 
lorfqu*il  vient  aux  b^nedi&ions  de  Jacob ,  n*entend  plus 
rien,  &  n*entend  que  le  commencement  &  la  fin  du  livre 
de  Job. 

Cette  difilirence  vient  &  des  mots ,  qui  fouvent  font  au* 
tres  quedans  la  Profe,&  desmetaphores  qui  font  tres-fr^ 
quentes  &  tres-hardies,  &  de  la  conftrudion  qui  eft  fort 
irr^guliere  ,&fuppofebeaucoup  deparoles  fous-entendues. 
D*un  autre  cdte  le  ftyle  eft  plein  de  r^pititions ;  &  la  plu« 
part  des  penfees  y  font  exprimees  deux  fois  en  differens 
mots  :  Afon  Dieu,  aye^pitiide  moipar  votre  grande mifericof'  pf,  t^  ^ 
de ;  6*  fjf*tce^  mon  pechc  par  la  multitude  de  vos  hontes,  Ce  qUQ 
Ton  peut  obferver  dans  ce  Pfeaume  prefque  par  couc.  IIs  le 
faifoient ,  ou  pour  donner  plus  de  temps  k  Tefprit  de  gouter 
la  meme  penfee ,  ou  parce  que  ces  Cantiques  fe  chantoient 
a  deux  choeurs ,  ou  pour  quelqu*autre  raifon.  Mais ,  quoi- 
qu*il  en  foit,  ces  r^p^titions  font  la  marque  la  plus  fenfible 
&  la  pluscommune  du  ftyle  poetique.  C*eft  par-Ii^  principa* 
lement  que  je  prends  pour  un  Cantique  le  difcours  de  La^ 
mech  a  fes  femmes ,  Iorfqu'il  leur  apprend  qu*il  a  tue  Catn , 
&  C  cette  conjeflure  cft  v6ritable ,  c'eft  la  plus  ancienne  .^*  '^*  * 
Poefie  que  nous  connoiflions. 

Les  penfees  qui  font  revetues  de  certe  elocution  &  de    -    ^*    .. 
Cis  figures»  nc  font  pas  feulemenc  viritables,  folides  &  supaieii^iii 

i^siv 


«48  D  I  S  C  O  U  R  S 

utiles  ,cotame  on  n*en  peut  douter ,  fachant  que  le  Saiflr* 
Efprit  les  ainfpirees  ;  mais  encore  tres-fouvent  beUeSybni* 
kntes,  fublimes,  delicates.  On  peut   voir  entr*3iitres  l^e 
Pfeaume  CXXXVIII ,  oii  la  fcience  de  Dieu  &  runpoflibi' 
hti  de  fe  d^rober  a  fa  connoiflance ,  font  mervetlleafemcit 
exprim^es:le  XVIil  ou  Pon  voit  un  Jufte  qoi  rediercbe 
juiqu'^  fes  piches  caches ,  &  ceux  d*aurrui ,  oii  il  a  pan :  k 
Clil»  oii  Ton  voit  une  defcription  agreable  &  magnit- 
qte  de  la  nature ,  &  de  la  providence  de  Dieu ,  qui  la  con- 
ierve :  &  la  plugyirt  des  autres ;  car  renumeratioaen  fcroh 
trop  longue.  Mais  ces  penfees  ne  font  pas  placees  au  h- 
fard  ,  &  Ton  voit  encore  dans  ieur  arrangement  beaucai» 
d*art  &  de  defietn ,  chaque  cantique  &  chaque  Pfeaume  6 
une  piice  enti^re ,  dont  les  parties  ont  leur  ordre  &le^ 
fuite  natureile.  Quelquefois  il  y  en  a  pluiieurs  qui  fe  (i- 
venr ,  comme  I«s  Pfeaumes  CII ,  CIII ,  CFV ,  CV ,  CVi 
qui  font  tous  des  Cantiques  d*adions  de  gr^ces.  Le  C 
loue  Dieu  pour  les  befoinsde  ia  grdce  ;  ie  Cill,  pour  m 
de  la  nature ;  le  CIV ,  pour  les  faveurs  qu*il  a  faites  a  (n 
peupie;Ie  CV,  de  fa  bonteiiui  pardoiuier  fes  crifn6. 
&  ces  deux  font  une  fuite  d*hiftoire.  Le  CVI,  reser- 
de  Dieu  au  nom  de  tous  ies  faommes ,  du  iecours  qu1I  !£'«? 
a donni  en  quatre  des plus  grandes  af&idions  de  1a  \\c\^ 
famine ,  la  captivit^  ,  la  maladie ,  ie  naufrage.  Le  deffei: 
paniculier  parbit  entr*autres  dans  ies  Pfeaumes  XV'llt 
XVIU,  XXI,  LXXVII ,  LXXVIII ,  XC ,  &  dans  les  ifn 
Cantiques  de  Moy fe :  celui  de  TExode  apres  le  paflage  de  li 
Mer  rouge  ,  $e  celui  du  Deut^ronomie ,  uo  peu  avam  d 
mort. 

Dans  quelques  piiccs  oii  Tordre  itoit  cntieremcntarln- 
traire,  parce  qu*il  n*y  a  que  des  mouvemens  depaffion,ct: 
des maximes  de  morale ,  qui  n*ont  aucune  liaifon  nece&irc' 
on  a  fait  les  couplets  acroftiches«  &ivantl*ordredcraIplu* 
hct ,  apparemment  pour  foulager  la  m&moire.  Telles  {<n 
ies  lamentations  de  Jirimie  ,'  les  Pfeaumes  XXXUl  ^ 
CXVHI ,  &  quelques  autres.  Tel  eft  aufS  ie  portrait  dc  li 
femme  forte ,  par  oii  fioiflent  tes  Proverbes  de  SalotDoa. 

i1  faut  obferver ,  fuf  .c$  Livre  des  Proverbes ,  &  fur  Is 
autresPoifies  tout-i-fait  morales,  comme  les  ffcBamh 
XIV,  XXXVl,  &  plufieurs  autres,  &  une  grandc  parttf 
it  Sdb  ,  que  le  defaut  de^nouvemeot  y  <fi  blen  cmp^y 


SUR  LA  POeSIE   DES  HtBREUX.      CAi 

par  ies  peintures  naives ,  les  mitaphores  &  les  riches  com- 
paraifons ,  d'oii  eft  venu  !e  nom  dc  PjrjtoUi ,  Provtrbti 
ou  Enipnts.  11  n'y  a  de  robrcurir^  dans  cc  ftyle  ,  qu'auiant 
<iu'il  en  faut  pour  exercer  agr^ablemenr  refprit :  mais  il 
fait  cntrer  bien  avant  dans  le  cccur  lcs  grandes  verit^s, 
par  des  imagcs  vivcs  &  fimples.  Aufli  il  me  femble  quc  , 
comme  la  Po^fie  de  Moyfe  elt  la  plus  male  &  la  plus  forie  ; 
celledeSalomoncHIa  plusdelicateSi  la  pluspolie.QueroR 
voieentr'autrcs,  comme  il  reprcfente  en  divcrs  cndroits' 
dela  PrefacedesProverbes,  lesartificesdes  femmcs,  pour 
feduire  lcs  jeuncs  gens,  &  lcs  funefles  effets  de  ramour 
crimtncI:ony  vcrra  &  le  feu  deramour,  &  resliens,& 
fes  flcchcs  dont  il  perce  le  cwur ,  &  fes  atles  qui  porteot 
famcurcuxdarK  les  fiiets  qui  Iui  fonitenilus,  &  toutcequi 
paroii  lc  plus  galant  dans  les  Poeics  profanes ;  avec  cctie 
difFcrenceefrentielle,  que  Salomon  ne  fair  ces  defcriptiont 
quc  poiir  donner  de  Thorreur.  Ceft  tout  ce  que  nous  pou- 
vons  connoitrc  dcs  Poefics  Hebraiques  :  le  deffein ,  les 
penfees  ,  lcs  figures ,  relocution.  Encore  cette  derni^re 
partie  n'e(l-elle  connue  qne  de  ceux  qui  favent  fort  bicn 
1'Hebreu  :  les  autres  ne  voient  ces  beaui^s  qu*i  travers  une 

.  traduftion  qui  en  ote  loute  la  grlce  ;  fur-tout  dans  les 
Pfeaumes ,  oii  ce  voile  efl  double ,  puifque  la  veifion  que 
nous  cn  avons  dans  la  Vulgate  ,  eft  faite  fur  la  VerfioQ 
GrccquedesSeptante.  Que  Ton  traduife  ainfilitteralement 
les  plus  faeaux  endroirs  dcs  Poctes  Latins ;  ou  pour  faire  la 
comparaifon  lout-a-fait  jufle ,  quc  Ton  mette  en  Fran^is 
!es  Verfions  latines  dcs  Poctes  Grecs ,  on  verra  fi  elles  fc- 
Tom  fupporiabies  ;  &  on  pourra  jugcr  par-la  de  la  beauii 
rfesPo^fres  Hebraiques  ,  qui  ne  laifTent  pas  d'^ire  apcr- 
^es  de  bicn  dcs  gens ,  qui  ne  les  lifent  qu'en  Latin. 

Mais  ces  Poefies  avoicnt  encore  dss  agrimens  confidi-        vi. 
Tablcs,  que  perfonne  nc  connoit  plus,  non  pas  m^me  les  LiTeili<!n- 
Juifs  les  plus  favans  cn  Hebrcu.  Car  ctimme  on  a  perdu  'i"?''*  ''**"* 
1  anciennc  prononc[;ition  de  cettc  Langue  ,  attlEbicn  que 
detoutes  les  autres  langues  niDrtcs,  on  ne  peut  rcniirni 
Tharmoniedcsparoles.ni  iaquantiti  desfylhbes,  qui  foiit 
cependant  toute  la  bcaui^  dcs  Vers.  On  n'a  pas  m^me, 
comme  pourIeGrec&  pourlcLatin,  des  rcglcs  pour  de- 
"viner  la  quantite  des  fyllabcs ,  les  nons  &  le  nombre  des 
jtieds  &  la  cOKflniclioo  des  Vers :  &  toutefots  il  eH  cenaia 


¥(d  d  I  S  C  OU  R  S 

que  les  H^breux  obfervoiem  tout  cela.  On  voit  das  tsoa 
Poefies  des  )ettres  ajouties  ou  retranchto  ala  fin  des  bx^ 
qui  fpnt  des  marques  de  fu)etton  a  une  certaine  Ddare» 
frmf,  M  M.  fyUabes ;  &  un  certain  mot  ScU  ,  qui  femble  ne  fcrvircBi 
reinplir  un  efpace  vide :  eniin ,  S.  Jerdme  parle  deces  tcs 
comme  les  connoiflant  tr^bien ,  &  compare  ceui  des  li- 
vres  de  Jobaux  hexametres,&  ceuxdes  Pfeaumes,desli* 
mentations  &  des  Cantiques »  auz  vers  d^Horace,  deF& 
dare  &  des  autres  lyriquesGrecs;  mais  depuis  (bo  temp$. 
les  Juifsont  enti&rementperdurartde  cette  andeQoeVer- 
fification,  &  en  onta  prifenttme  modeme»  qo^ilsoQta- 
pruntee  des  Arabes. 

On  ignore  encore  plus  le  chant  &  la  danfe ,  qui  vm 
pagnoient  les  Poefies  H^braiques.  On  Ciit  qu'elle$  fc  » 
toient  &  qu^elles  n'itoient  fiiitesque  pour  cela:  &pv<tf 
noms  de  Sir^  ou  (^ntique,  &  Miimor^  ou  Pfeauine;&:r 
rHiftoirederEcritureyqui  ledit  quelque(biseipefleas< 
comme  au  pafiage  de  la  Mer  rouge ;  &  par  les  iofcripus 
des  Pfeaumes  qui  font  fouvent  mention  de  Aiaiire  dt  }L* 
fue,  Enfin ,  oo  peut  juger  que  la  Mufique  en  etoit  beCss 
la  beauti  desparoles,  &par  toutTartifice  qui  viemd^- 
remarqui. 

II  eft  certain  aufli  que  les  chants  etoient  accompapei  r^ 
danfes ;  car  Us  chcturs  dont  TEcriture  parle  fi  fouveot ,  i^'* 
les  troupes  de  danfeurs  ou  danfeufes.  Llle  £ut  fflentioc» 
danfes  dans  les  rijouiiTances  pour  les  vifioires,  &  o^ 
dans  les  cirimonies  de  religion ;  comme  a  la  proceffionq^ 
fitDavid  pour  amenerTArche  d^Alliance  enSion,^^' 
dedicace  de  Jerufalem  ,  fous  Nihimias ,  oii  deui  choBtf^ 
qui  avoient  chant6  fur  les  muraiUes  de  la  ville ,  vimts^ 
nirenfemble  dansleXcmple.  Nous  neconnoifibosdoocc^ 
tris-imparfaitement  ces  Poefies ,  puifque  nous  n*en  voj^c 
tout  au  plus  que  la  lettre  depouiJlee  de  tous  fes  omeige^ 
exterieurs.  £Ues  itoient  fans  doute  tout  autres  dam  iabc. 
che  des  Muficiens,  accompagnto de  toute  la  magnificec: 
desFetes  auxqueUes  eUes  etoient  deftinies ;  &  pour  eocc' 
cevoir  la  beauti ,  il  faudroit  nous  placer  dans  le  Templi^ 
Salomon ,  au  miUeu  de  ce  peuple  innombrable  qui  eo  rff^ 
pliifoit  les  cours  &  les  galeries ,  &  voir  rautel  cbarge  c: 
vidimes,  &environni  des  Pr^tres  revetus  de  leursha^' 
>lancs;  &pliis  loin  lesL^vites  diftribues  eo  plufieur&trv^- 


SUR  LA  POfeSlE   DES    HfeBREUX.      6^t 

peSf  lcsunsjouant  des  inftrumenSy  Ics  autrcs  chantant  & 
daniant  avcc  n)0(lc(iie  &  gravite. 

Les  Hcbrcux  r.'ont  jainais  eu ,  que  nous  fachions,  dc  Vfl. 
Comcdics,  dc  Tragcdics  ,  dc  Pocmes  epiqucs,  ni  aucune  j/s^,^*'*ji„ 
autre  elpece  de  cetie  PocfiC  ,  quc  Platon  appelle  PocJIe  Si-  HJbreuJu 
mitjtlon.  II  eil  vrai  que  le  Cantique  de  Salomon  eil  un 
Pocmc  dranutiqiie,  oii  Ton  voit  parlcrdiffercnsperfonna- 
ges.  Mais  on  cn  voit  de  mome  dans  Ics  Prcaumc» ,  &  dans 
cous  les  autrcs  Ouvragcs  poctiqucs  de  rEcriiure ;  6i  il  n*y 
apoint  dc  Pocfie  fans  ccld.  Do  p!us,  le  Cantique  n*expri- 
mc  que  dcs  icntimens  &  non  pas  une  fuitc  d*a£tions ,  cc  qui 
nic  fcmble  une  condition  circnticllc  a  tous  Ics  Pccmes  d*imi- 
fation.  On  ne  rcmarque  dans  TEcriture  quedcs  Cantiqucs, 
Pfeaumes,  Odcs  cu  Chanfons,  comme  on  voudrales  nom- 
mer ;  cVft  a-dire  ce  gcnre  dc  Poefie  que  Plaion  ditavoir 
etii  la  fculo  ancicnnc.  Kn  cffet ,  il  ne  paroit  pas  que  les 
Grecs  aiont  cmprunte  d*ailleurs  le  Poeme  Dramatique : 
tous  les  Poctes  qu'ils  ont  cu  cn  ce  genre  font  plus  nouveaux 
que  la  captivitc  de  Babylone. 

Lc  Pieautier  eft  un  recueil  de  cent  cinquante  pieccs , 
compofces  fur  diflfjrens  fujcts  &  par  dilTcrentcs  perfonnes. 
Quand  on  Ics  lit  d'abord,  ou  qu*on  Ics  rccitc  fans  f;rnndeat- 
tention,  on  croitn'y  voirqucdcsparoles  quidifenttoujours 
]a  mcme  cliofc :  mais  plus  on  s*y  appliquc ,  plus  on  les  trou- 
ve  plelncs,  &  plus  on  y  rcmarqueue  ponfees  difTercntes  & 
de  figures  toujours  nouvelies.  Cotte  variete  fe  trouvodan» 
toutes  les  bonnes  Po^fies  de  Tantiquite ;  mais  elle  eft  trts- 
rare  dans  nos  moderncs :  aufli  la  plupart  font  fort  ennuyeu« 
fcs.  5es  figures  font  forres ,  mais  naturclles,  des  interroga« 
tions ,  des  npoftrophes,  des  exclamations. 

Dans  les  Pfeaumes  qui  demandent  du  dcflein ,  on  le  voic       VlTI. 
tres-bien  fuivi  &  tres-bicn  cxecute.  Par  exemplc  ,  le  Pfeau-  ^"[^^  ^* 
me  XVII  eftune  afHon  de  gruces  de  David ,  apres  que  Dieu  dciii^iM. 
Teut  delivri  de  tous  fes  ennemis.  i  ^.  II  y  propofe  d*abord 
fon  defletn.  %^,  II  y  reprefente  fon  afHidion.  3  ^.  Sa  priere. 
4^.  Comment  Dieu  Ta  exauce.  f  ^.  Comment  il  a  reiblu  de 
le  fecourir:  \i  ilexprime  poetiqucment  la  puiflfance  deDieu, 
qui  ebranie  toutc  la  nature.  6^.  Comment  Dicu  a  d^fait 
tousfes  ennemis.7®.CommentiiadeiivreOavid.  S^.Pour* 
quoi  il  Pa  fait :  k  caufe  de  la  venu  &  de  la  jurtice  de  David. 

if^,  L*h«uretti  im  oii  U  Ta  mis.  1  o^.  L^avaota^e  qu*il  a  fur 


<Ii  D  I  S  C  O  U  R  S 

f«  ennemU :  leur  misire,  lear  abattement.  1 1 ',  Les  gra- 
ces  qull  efpire  encore.  ii^.  llconclut  parla  louange, 
comine  il  a  comracRci.  Ce  Pfeaume  contient  tout  cela  pre- 
ciftment  dans  le  meme  ordre ;  &  cette  fuite  me  paroit  trcS- 
belle ;  de  marquer  qu'il  etoit  affligfr,  qn'il  aprie,  que 
Dieu  Ta  fecouru ,  que  fes  ennemis  oni  M  iliBiits ;  qull  a 
iii  oon-rculement  dilivri ,  mait  mis  au  deSiu ,  8t  qu'il  z 
ruini  i  fon  tour  fes  perficuteurs. 

U  eft  a  remarquer  fur  les  Pfeaumes  hlltoriques ,  qtie  Ii 
narration  y  eft  tr^diffirente  de  celle  des  fimples  hiftoires. 
Onn'y<n3rquequelespriiidpauzendroits,IespIusiinportaa$ 
& lesplus illudres;  &s'i]  y  aquelque circonftance qui donne 
jeu  a  la  Po^fie,  le  Proph^te  ne  manque  pas  de  la  relever. 

Voici  rbiftoire  de  Jofeph  dant  le  Pfeaume  CIV.  Diai 
^ptU  U  famintfur  la  uirt ;  il  brifa  toui  lei  appuii  de  la  aour- 
ritart  i  ilem/oya  devant  eux  (  devant  les  enfans  de  Jacob  ,doiR 
ilaparle)  ua  homnu;  Jofeph  fut  vtniu  comim  unefclavt.Ke- 
marquez  la  i^andeur  de  cette  narration ,  qui  remonte  d'a- 
bord  aux  delTeins  de  Dieu ;  &  la  beauie  de  la  figure  ;  Dieu 
commande  i  la  famine  ;  vous  diriez  qu'il  lui  parle  comme 
aune  perfonne.Je  ne  trouve  point  d^espreffions  ennoire 
langue  pour  rendre  ce  qut  fuit :  fEcriture ,  en  ce  lieu ,  &  en 
<l'autres, compare  ^<;>din,  c'eft-i-direIanourriture,  k  un 
baton  fur  lequel  un  homme  foible  s'appule  pour  marcher : 
de  fone  qu'dterle  pain  auz  hommes ,  c'eft  dter  i  un  vieil- 
lard  ou  i  un  malade ,  le  b^ton  qui  le  foutient.  Mais  au  lieu 
de  touies  ces  circonlocutions ,  TEcriture  dit  hardiment ,  & 
la  langue  le  foufTre ,  que  lafamint  rompi  It  hd/on  dt  notrtpain. 
Voili  de  fes  mtophores.  Enfuite  le  Pfeaume  nous  repre- 
fenie  Jofeph  chargi  de  fers ,  pour  nous  peindre  en  un  mot 
fa  prifon ;  ti  revient  aufli[6t  i  Dieu ,  qui  le  dilivre  par  fa 
parole  &  par  la  fagelTe  dont  il  Tanime ;  &  en  efTet  le  Roi 
tnvoii  ltdelivrer\le  Prince  des  Peuples  lemti tn  libtrtii  d lefaii 
Seigneur  de  fa  maifon  &  gouvtrneur  di  tnui  fes  biens,  afin  qu'il 
rendilfet  Prineesfavans  ,comme  il  riloit  lui-meme,  6r<fu'ilap- 
prti  lapruJtnce  aax  vitUlardt ,  c'eft  i-dire  aux  plus  fages  de 
fon  ^at.  Voila  toute  rhiftoire  de  Jofeph ;  fa  captiviri,  & 
delivrance  ,  fa  puifTatice ;  &  lout  cela  par  Tordre  de  Vfim» 
On  voit  deceKeefp^cede  narrationdans  VirgilCilorlqa^ir 
repr^fente  fur  le  bouclier  d'En^eks  plus  beaux  en<lr(ritl4l 
rHiftoite  Romaine. 


SUR  LA  PO£SIE  DES  H£BREUX.      '6^f 

Si  ron  veut  voir  de  la  hauteur  &  de  la  dilicatefle  dans        JX, 
les  penftes:  Sagneur^vous  nu  forulei  &  m  eonnoiffe^^  vous  f  ^,*"^^?/* 
connoiffei  mon  repos  &  mon  aBionfCdX  iaffeoir  fignifie  fe  re-  petifiet. 
pofer  9  &  fe  lever » fe  difpofer  a  radion ;  &  c'eft  ainfi  qu*il       PfaU 
cft  dit  dans  un  autre  Pfeaumi ;  Ltve^-vous  aprh^  yous  itrt  ^^"W* 
repofe ;  comme  qui diroit :  Repofez* vous ,  &  puis  vous  agt-  /*   ^ 
rez.  Dieu  connoit  donc  Tadion  extirieure.  Ce  n'eft  pas 
^aflez :  Vous  comprene^  mespenfies  &  mime  de  hin.  Vous  dicou^ 
^re^  ma  conduite  &  mes  deffeins.  Bien  plus :  Fous  privoye^^  tou» 
tcs  mts  voies ,  ma  conduite  &  mes  adions,  quoiqueje  neparte 
point.  Oui^  Seigneur^  vous  connoiffe^  touus  chofes^  nouvelles 
&  ancitnnes^  le  futur  &  le  pair<&.  £t  revenant  au  particulier : 
Vous  m^ave^fome  &  vous  tene^fur  moi  votre  main,  pour  rae 
conferver  &  me  conduire.    Votre  fcience  efi  admirahle  pour 
moi^  &figrande  queje  ne  puisy  atteindre.  Puis  changeant  de 
figure  tout  d*un  coup,  il  s'ecrie :  Oit  irai-je  pourme  diroker  Jk 
votre  efprit}  Oitfuiral-je  devant  vousi  U  preod  toute  I*eten« 
due  du  mondedans  toutesfes  dimenfions  :5iy€/7io/z/e  au  Ciel, 
vous  y  ites ;  fi}e  defcends  aux  enfers  ^je  vous  y  trouve,  Autre 
figure  encore  plus  riche :  QUandje  prendrois  des  ailes ,  &  quc 
je  partirois  dks  le  matin  pour  m^aller  loger  au-dela  des  mers  qui 
bornent  le  monde  ,ou ,  fuivant  TH^breu :  QuandfemprunU'» 
rois  les  ailes  de  Paurore pourvoUr  comme  elle  en  un  moment 
jjifqu^d  Cextrimhi  des  mers ;  il  ne  dit  pas  fimplement,  cela  fe« 
roit  inucile ;  ou  bien ,  comme  au  verfet  pr^cident,  je  vou&. 
y  trouverois ;  mais  par  une  expreflion  bien  plus  favante  & 
bien  plus  delicate,  comme  un  homme  qui  s*accuferoit  d^ex*» 
travagance  de  vouleir  fe  cacher  i,  Dieu :  Bien  loin  de  me 
d^rober  i  vous,  c*eft  vous  qui  me  foutenez  &  qui  me  por- 
tez  dans  ma  fuite  mlme.Quelque  chim&re  que  je  me  figure» 
)e  ne  puis  m*imaginer  de  pouvoirfubfifter  faos  vous:  quand 
)e  pourrois  voler ,  comme  j*ai  dit ,  eeferoit  vatre  maiaqui  mt 
conduiroit ,  &  vous  me  tiendriei  de  votre  droite.  11  femble  qu*il  aic 
ipuif6  fon  imagination.  Mais  voici  encore  une  idee  plus 
itudi^e  d*un  moyen  de  fe  cacher  a  Dieu :  Je  dis  en  moi-memei 
peut-itre  que  Us  tinkhres  pourroient  me  couvrir ,  &jeferois  mes 
diUcesde  la  nuit ,  comme  ttn  autre  de  La  lumihre.  Mais  je  fuis  en« 
core  un  infenfe ;  Lestinehres  ne  fontpoint  tinibres  pour  vous  ; 
Ja  nuit  d  votre  igard  eft  iclairie  comme  U  jour  ;  les  tinibres  de 
Tunefont  commela  Utmiere  de  rautre. 

Que  les  beauz  efprits  modemes  viennent  apris  cela  trai- 


6j4  D  1  S  C  O  U  A  S 

ter  de  groffiers  nos  bons  laboureurs  de  la  Paleftiiie:&(;;rilf 
nous  trouvent  dans  les  Aureurs  profanes  des  penfies  ib 
hautes,  plus  fines  &  mieux  tournees ,  fans  parler  de  tapro- 
fonde  theologie  &  de  lafolide  piete  que  renferffieotcesp- 
roies.  Le  refte  des  Pfeaumes  contient  encore  des  redeiion 
admirables  fur  la  formation  de  rhomme  dansle  vemredeii 
mere,  &  fur  ia  predeftination:  d*oii  )e  Propherepreodoc- 
cafion  de  marquer  fon  refpeSpour  les  Saints  &foQ  aMpn 
pour  les  p^cheurs. 
X.  La  variete  des  figures  fe  trouve  par*tout  dans  ces  (fivis 

jSxemplcf  de  Cantiques: toutefoisdans  les  Pfeaumes  deprieresou  d'exfajr- 
^urtf.  tations ,  pius  que  dans  ceux  de  narration.  Dans  le  neaoae 
XC.  Qui  hahitat  in  adjutorio  aUiffimi:  un  de  ceux  qui  flocs 
font  les  plus  familiers  * ;  d*abord  c*eft  le  Poete  qui  pirie. 
pour  propofer  fon  deflein ,  qui  eft  d*expliquer  ia  prote&ss 
de  Dieu  envers  les  hommes «  &  il  le  propofe  en  deox  ^ 
fes,dont  ies  mots  fe  repondent  avec  une  grande  \vAdL 
Dans  les  deux  verfers  fuivans  il  £iit  parler  rhomne  ^ 
re^oit  cette  grice ;  mab  il  fe  fert  de  deux  iigures  difbena 
dansle  fecond  verfet,  il  adrefle  la  parole  i  Dieu^dans^ 
troifiime,  il  en  parleen  tierce  perfonne.  Dans  le  qustrieie 
verfet ,  c'eft  le  Poece  qui  parle,  adrefl^nt  toujourslapiroSe 
ii  l*homme  prot^gi  de  Dieu ;  mais  avec  une  grande  djveree 
de  comparaifons  &  de  mitaphores,  &  une  enuffleratioa^ 
diffiirentes  efp^ces  de  proteSion.  Au  neuvi^me  TeriiB, 
rhomme  jufte  I*interrompt  i  pour  s^ecrier:  0«,  SapsTf 
vous  itcs  mon  efperance^  comme  pour  marquer  la  raifoii^ 
ce  qui  vient  d^etre  dit ;  &  le  Poete  r^pond  auffitor,  fVJ 
ave;^  pris  le  Trh-haut  pour  votre  refuge  ;  le  mal  rCappro^* 
point  de  vous^  &c.  Et  il  continue  dans  les  quatre  verletstin- 
vans ,  (  adreflant  toujours la  parole  a  l^homme  jufte, )  ^^ 
pliquer  d*autres  eftets  plus  grandsde  la  protedion  de  Dieu^ 
entreautres  l*afliftance  continuelle  des  Anges,  &lapuiib0 
fur  les  demons,  figures  dans  TEcriture  par  les  betesvai* 
meufes.  Enfin  dans  les  trois  derniers  verfets  ,  c^eft  D>A 
m^me ,  qui  parle  pour  confirmer  &  autorifer  tout  ce  ^ 
vient  d*erre  dit,  &  qui  explique  d*autres  efiets  de  ia  pro' 


mi^ 


"*  Stflon  riiiage   de  rEgUfe  de  Rome  &  de  plafieun  tatreit^ 
r^cice  le  Preaume  XC.  Kous  ies  )Odn  i  CompUcs,  }i»te  dt  Up* 
Jtnti  Edithn» 


SUR  LA  POtSIE  DES  HiBREUX.      «jf 

ledion ,  finiffiint  par  la  promefle  de  la  vie  ^emelle ,  &  de 
la  vifion  b^tifique.  Ctux  qui  qnt  un  peu  lu  les  Poetes ,  oe 
«'etonneront  point  de  ce  changenient  de  perfonnes,  fans 
que  TAuteur  en  avertifle.  Rien  n*eftplus  fr^quent  dans  Ho- 
race ,  nonfeulement dans fes Odes ,  mais dans fes letrres 8c 
fes  fatyres,  &  je  ne  vois  pas qull  foit nteeflaire pour cela de 
dire, que  le  Pfeaume  XC  eft  dramatique,  ou  il  faut  dire 
qu*ils  le  font  pour  la  plupart. 

Ce  peu  d*exemples  fuffira  pour  donner  ouverture  k  ea 
trouver  une  infiniti  d*autres :  car  tous  les  Pfeaumes  en  font 
pleins:  &  non-feulement  les  Pfeaumes,  mais  Job  dont  la 
poefie  eft  univerfellement  plus  hardie  &  plus  magnifique ,  & 
tous  les  autres  ouvrages  po^tiques  qui  font  dans  rEcriture. 
Qu*on  life  ennr*autres,  le  Cantique  de  Moyfe  ik  la  fin  du 
Deutironome ,  &  le  cantique  de  Baruc  &  de  Debbora. 

Cependant  nous  ne  connoiflbns  qu*une  partie  de  la  beauti       XI» 
de  ces  ouvrages.  Sans  compter  la  diffSrence  denosmoeurs,  ^^^  "L^iJSlJ 
&  des  id^s  que  nous  avons  des  chofes^  il  eft  ceruin  que  ce  ptnie  dc  cct 
quenouspouvonsconnoitredanscespoifies,  efttoutauplus  Ouvragcf. 
ledeflein,  lespenf(ie$&lesfigures.Pourr6IocutioniIn*ya  ?„"J^*^,^5 
que  ceux  qui  favent  THibreu,  qui  puiflent  en  juger :  &  qui  dc  li  bctot^ 
peut  fe  vanter  parminous  delebien  favoir  i  Mais  pour  tout  da  cbuM^ 
le  refte,  je  veux  dire,  rharmonie  des  paroles,  la mefure des 
vers  &  Tair  du  chant ,  je  dis  hardiment  qu*il  n*y  a  homme 
fur  la  terre  qui  en  fache  rien.Or,  on  fait  combien  tous  ces 
crnemens  font  eflentielsi  lapoifie. 

Nous  ignorons  enti^rement  la  prononciation  de  IHibreu, 
comme  du  Grec  &  du  Latin ,  &  de  toutesleslangues  mortes. 
11  y  a  m^me  long- temps  qu*elle  eft  perdue ,  comme  on  le  voic 
par  les  diflerentes  mani^res  dont  les  Septante,  St.  J£r6me 
&  les  autres  Auteurs  expriment  les  memes  notes  en  lettres 
grecques  ou  latines.  Nous  n*a vons  pas  meme  en  cela  Tavan- 
tage  qut  nous  refte  pour  les  poefies  grecques  &  latines ,  de 
favoir  la  mefure  des  vers  &  la  quantit^  des  fyllabes.  Enfin 
nous  ignorons  les  airs  des  Pfeaumes  &  des  Cantiques,  aufli- 
bien  que  des  Odes  grecques  &  larines.Toutefois  ces  piices 
^toient  compofees  ecpris  pour  etre  chant^es,  comme  on  le 
voit  par  rhifloire  &  par  les  infcriptions  des  Pfeaumes. 

Platon  tient,  fuivant  les  maximes  delabonne  antiquiti, 
que  lcs  airs  &  les  paroles  devroient  etre  infeparables ;  &  que 
c  ctoit  un  tres-grand  abus  de  compofer  des  vers  pour  n*£trc 


i 


'€^6  D  I  S  C  O  U  R  S 

poimcbantes,  ou  de  coropofer  des  airsqui  D^en&nt;^ 
de  paroles,  comme  ceux  des  inftrumens.  Quelesainde 
Cantiques  fufTent  beaux,  nous  en  avonsde  grandespreaf& 
I  ^.La  beaute  desparoles,  &  le  grand  artqui  paroitcbnslf /> 
poefiespeuvent  fairejuger  que  ie  refte  y  repondoitiMi 
diverfiti  des  inftrumens  qui  font nommes  en  diversendrc: 
de  ]*Ecriture.  3  ^.  La  multitude  des  Muficiens ,  qui  etam i> 
truits  apparemment  par  leurs  peres,  &  ayant  la  muu^ 
pour  profeftion  capitale ,  s*y  rendoient  habiles,  &  etr: 
lefquels  on  peut  croire  qu*il  y  en  avoic  au  moins  (p)e!qj& 
uns  d*excellens. 

S*il  eft  permis  de  juger  dece  qu*on  ne  connoit  pasdt&T' 
tement ,  je  crois  que  cette  mufiqueetoit  fort  fimple,  &  ^^ 
fa  beaut^  confiftoit  a  bien  exprimer  le  fens  des  prola* 
^mouvoir  agreablement  les  ccBurs,  &  a  les  remplir  ^ 
fentiment  que  lePoete  vouloitinfpirer;  inaisqu'elleQ> 
pas  ce  milange  de  dift^rentes  parties,  &  ces  adouufe::;^ 
delamufiquemoderne.  Jele  devinepar  rairgeneralda:. 
vrages  de  ce  temps-la. 
XIl*  Quant  i  la  beaute  des  paroles ,  nous  ne  pouvons  ^ 

X»fiinpW"t<  juger,  comme  on  Ta  di]k  dit;  parce  que  nos  tradui 
ti^i  obfcoN  fonttrop  fimples  &  trop  litterales.  Qu*on  traduife  mots^ 
cit  u  bcaut^  ennotreIanguele$Odesd'Horace,ellesperdrontt03:e .' 
det    expref-  grice.  VargtntfCapointdiCouleur^  CrifpeSaUufie,  txiss^^ ' 
*  lamc  cachic  dans  lcs  tcrrcs  avarcs ,  s^il  rCc^  ccUirci  panui^ 

modirc.  J*ai  prisce  couplet  au  hafard.  Prenons  toutk^- 
mier  de  fes  ^uyTes.Micinasdcficndu  (taUuls  Rois^nuns'^ 
&  mon  doux  orncmcru.  llycna  quifc  plaifent  ^avQix  js^  ^ 
courant  lapouj/i^rc  OlympiquCy  &quclabornc  cviticpsrlt:' 
&  la  palmc  illufirc  ilcvc  aux  Dicux  maitrcs  des  tcrrcs,  Oxs^\ 
n*ai  pas  choifi  ces  endroits ,  je  crois  que  tout autre  fenip^ 
pr^sle  meme  effer.  Toutefois  je  n*ai  point  fuivi  h  \xzdp 
tion  latine ,  parce  que  le  Fran^ois  ne  peut  la  foufiirir.  b  \ 
a  quelques  paroles  que  je  pouvois  r«ndre  plus  litteral^^^ 
llnya  nullc  coulcur  a  Vargcnt ,  pour  Pargcnt n^apoiaidcci^' 
&  dans  rautre,  magamifon^  pour  monappui.  Et  ilde^Ti  | 
avoir  plus  de  rapport  entre  le  Frangois  &  le  Latiadrl 
defceod,  qu'entre  le  Grec  ou  le  Latin  &  rHebres,*^ 
lequel  ils  n'ont  aucune  liaifon  que  nous  connoiffiom-  Vi 
cette  traduAion  eft  faite  immediatement  de  Latio  ec  F  «^ 
^ois;  &  pour  bien  exprimercelledes  Pfeaumes,  doffi^l 


SUR  LA  POfeSlE  DES  HfiBREUX.  €^f 
ne  connoiflbiu  commtin^nent  l'original  que  par  notre  ver- 
fion  latine ,  il  faut  traduire  quelque  Strophe  de  Kndare  Tur 
U  tfadudion  latin«,  en  voici  une  des  pluf  facilet. 

Hyinntt  rignMs  fur  tt  luth,  ^ucl  Diiu,  ^utlHim,  yutl 
hommdoutroru-ntuj  i  Ctriaintmtnt  Pift  tfl  d  Jupiitr ,  SrHtrculr 
a  inpiiui  It  coiaiM  Olympiqut,  ttt  primicet  Ju  iuiin  dt  U  gutrrt: 
lu»  e'ijl  Thiron  qail  faut  chtmltr  de  la  voix  ,  i  cauft  it  [a 
eourft  dans  un  cliar  J  quatrt  chtvtux  vainquturs.  Ci  jujlt  h6tt , 
ofpui  ^Agrigtnlt  ,  fitur  i'aacittts  illujlrts  ,  Gvuverneur  Jit 
Vtttis.  II  y 3  plurieursendroiudePindarequi,  traduitsaioli 
lans  paraphrafe ,  ne  paroitroieni  avoir  aucun  fens. 

Ce  que  je  dis  ici  de  la  beautd  de  rOrJginal  ne  doit  pat  ^  ^^tL 
diminuer  le  refpef)  que  nous  avons  pour  notre  Verfion  ai<pri^'"iM 
Vuigate.  Ceft  un  malheur  necefTaire ,  comme  les  exemples  Varf  0«  ni 
que  |eviensd'apporterlefontvoir,({uelesPoifiespeTdent  ■■'ft"B*[  k 
I>eaucoup  de  leur  beaute  dans  la  TraduQion ;  niais  ce  n'eft  ^****» 
pasla  faute  dc  laTradufiion. 

Les  Septante  traduifant  rEcriture  en  Grec  l'ont  tournte 
le  plu!  litieralement  qu'ils  ont  pu ,  craignant  que  )a  moindre 
paraphrafe  n'en  alterftt  le  fens.  S'ils  n'en  avoient  u(2  ainfi 
daiis  les  Pfeaumef ,  nous  n'y  verrions  ni  les  figures ,  ni  let 
expreflions  de  TOriginal ,  &  il  feroit  i  craindre  tjue  nous 
ne  viflions  les  penfSes  de  rinterpr^te ,  plutdt  que  celles  du 
Proph^ie.  Comme  les  premiers  Chretiens  de  Rome  &  des 
autrespaysoiionparloitLatin^nefavoient  point  TH^breu, 
ilffurentobJigesde  traduire  rEcriture  fur  le  GrecdesSep- 
tanie,  &  Ton  fait  (|ue  toute  TEglife  Te  fervoii  de  cette  Veriion 
avant  quecelledefaintJirdme  futrc^ue,  c'eft-i-dire  pen- 
dani  plus  de  fix  cents  ans ,  de  forte  que  tout  le  peuple  Chri- 
tien  6t3nt  accoutumi  depuis  un  fi  long-temps  i  chanter  les 
Pfeaumes,  futvant  ceite  ancienne  verfion ,  rEglife  Catho- 
lique  qui,  mdmc  dans  les  chofes  ext^rieures,  ne  chang« 
que  !e  moins  qu'il  eft  pofliblc ,  a  retenu  cet:e  Verfion  faite 
fur  lc  Grec.  II  ell  vrai  qu'el]e  efl  en  bcaucoup  d'endroiT9 
diffilTente  du  Teite  Hebreu ,  tel  qu'on  le  lit  aujourd'hui , 
&  meme  lel  qu"il  iioit  du  temps  de  faint  Jer6me  ,  &  qu'il  y 
a  quelcjues  palTliges  plus  obrcurs  &  p!us  difficiles,  fuivani 
notre  Vcrfion:  maisily  en  aaudioiiron  voir  que  les  Scp- 
lante  ont  Cuivi  un  meilleur  exemplaire,  ou  ont  mieux  liL' 
Eten  quelque  lieu  (]uc  cc  foit,  notre  Verfion  ne  reprifenia 
uicun  fens  qui  ne  foit  boo  &  Cattiolique ;  c*;  qui  luffi^ 
TomtU.  T( 


«58  D  I  S  C  O  17  R  S 

Kous  ne  devons  pas  £tre  plus  difficilcs  gue  tant  de  &aiD&pi 
depuis  la  naifiatice  de  r£glif« «  ont  puile  dr  \^.ettc  VtT&cc, 
telle  que  nous  Tavons ,  les  fujets  de  leurs  oraifons  &  ^c<^' 
trudions  du  peuple. 

UEglife  trouve  bon  n^moins  qu'ii  j  ait  despsnkcli^ 
qui  confultent  les  differens  Textes  pour  £nre  yck  tjc!  •:! 
fens»  &  toutes les  beantis  des  Pfeaucries,  coor^*^  •  ^r^ 
fdit  entr^autres  le  Cardinal  Bellarmin.  Quam  imi  lurs 
Ouvrages  Poetiques  de  TEcFiture,  nous  les  avoos  urjs  i 
la  Verfion  de  faint  Jer6me ,  faite  fur  I'Hebreu. 
XIVi  Au  reAe,  il  ne  faut  pas  s*itonner  fi  nous  fomssi 

Ibr  h^  P^^fie  *'^*'5n*5  ^u  gout  de  rantiquite  fur  le  fujet  de  la  Poefc :  < cj 
«Qd<rae«  qu*en  effet,  pour  ne  nous  point  flatter,  toute  notreio; 
modeme  eft  fort  mif^irable  en  comparaifon ,  quoiqiv: 
ecrive  au)0urd*hui  d*une  mani^re  plus  polie  &  piusoaturs^t 
que  ne  feifoient  nos  anciens  Poeces ,  &  m£me  que  cod: 
fiicle  paffi,  le  fond  n*en  vaut  gu^res  mieux  qu*il  n  a  ja:: 
valu.  Les  principaux  fujets  qui  occupenr  nos  beaux  dps^ 
font  encore  les  amourettes  &  la  bonne  ch^re ;  tootes^i 
chanfonsne  refpirent  autre  chofe;  &  on  a  trouve  moe 
malgre  toute  Tantiquite  qu'on  pretend  imitcry  de  fo:^ 
Famouravectoutes  fes  baffeffes  &  fes  folies ,  danslesT^ 
gedies  &  dans  les  Poemes  Heroiques,  (ans  refpe&rJ 
graviti  de  ces  Ouvrages  qu*on  dit  etre  fi  ferieux ,  &  i^*^ 
craindre  de  confondre  les  carad^res  des  PoemeSydcat:^ 
Anciens  ont  fi  religieufement  obferve  la  diftindion. 

Pour  moi  je  ne  puis  me  perfuader  que  ce  foi  t  liile  veris^ 
ufage  du  bel  efprit :  non ,  je  ne  puis  croire  que  Dia  ^ 
donniik  quelques  hommes  une  beUe  imagination ,  des  p 
fies  vives  &  brillantes,  de  Tagrement  &  de  la  jufiefie  C2i 
Texpreffion ,  &  tout  le  refte  de  ce  qui  fait  des  Poetes;  2:^ 
^*ils  n*empIoyaffent  tous  ces  avantages  qu'i  badioer.i 
flatter  leurspaffionsaiminelleSy  &en  exctterdanslesaco: 
Jecroirois  bien  plutdt  qu*il  a  voulu  que  toutes  ces  pxA 
exterieures  ferviffent  k  nous  faire  gouter  les  vMtes  ioH 
&  les  bonnes  maximes ,  &  qu^elles  nous  attiraffem  acsd 
peut  nourrir  nos  efprits;  commeles  faveursqu*iladfieil 
aux  viandes,  nous  font  prendre  ce  qui  entretient  noscai^ 
Car  enfin  pourquoi  f^parer  rutilederagr^ablePPourd 
faire  de  la  dodrine  du  falut  &  des  difcours  de  pieteJ 

j&Mecin«6  am^res,  par  la  f(&chereffe  &  la  duretc  du  im 


l 


SUR  LA  POfeSIE  DES  HfiBREUX.  '6^§ 
bu  dcs  viandes  fades  &  digoutaixes  par  la  longueur  &  Idl 
ptKtiliie  }  Enforte  que  pour  s'en  approcber ,  ii  faille  fe 
■nunir  dc  beaucoup  de  reflexions,  &  faire  de  grands  efforts 
de  raifon.  Et  pourquoi  au  contraire  einployer  Ic  gcnie* 
1'etude  &  l'art  de  bien  ecrirc ,  k  donncr  aux  feuncs  gcns  & 
aux  efpriis  foiblcs  des  ragoijts  &  di;s  friandifcs  qui  lesem-; 
poifonneni  &  qui  les  corronipeni ,  fous  preiexie  dc  llitier 
leurgoiiiMI  faut  donc  ou  condamner  tout-d  fait  la  Pocfie, 
ce  que  nc  feront  pas  aifement  les  perfonnes  favantes  &  equi- 
tables:  011  lui  donner  des  fujeis  dignes  d'cl!e  ,  &  la  recon- 
cilier  avcc  la  veritable  Philofophie,  c'eA4-dire  avcclz 
bonnc  morale,&  la  tolide  pict^. 

Jc  fai  quc  cc  genre  d'ecrire  feroit  nouveau  en  notre 
langue ,  &  que  nous  n'avons  point  encore  d'exemples  de 
Poi^ficsChretiennesquiaienteuun  grandfucccs;  &jecroi3 
bien  que  la  corruptiondu  ficcle  &  Tefpriide  libertinage  qui 
'  r^gne  danilcgrandnvondey  fortncnt  dc  grands  obllacles; 
piais  peut-etre  aufTi  y  a-t-il  de  la  tauie  des  Auicurs :  je  ne 
voispoint  qu'onait  faiides  Cantiquesducaraflcre  de  ccux 
6e  fEcriiurc ;  &  dans  les  Pfeaumes  m^mcs  qu'on  a  iraduits, 
on  n'a  pas  eu  affez  de  foin  de  coalcrver  Ics  figures  qui  en 
font  une  dcs  principales  beautes ,  ni  dc  reprelenier  la  force 
4es  exprefllons ;  &  ce  qu'on  appelle  Ttjduaiont,  font  des 
paraphrafes  fi  longues  qu'on  n'y  trouve  les  penf^  du 
Prophete  qu'avcc  plufieurs  autres  qui  les  ofTurqueni.  Pcut- 
^tre  vaudroit-il  mieux  les imiter queles  traduire ;  & comme 
ces  Poemcs  contienncnt  pluficurs  chofcsqui  ne  font  point  de 
notre  ufage ,  ni  felon  nos  mocurs ,  il  faudroit  eflayer  d'en 
-  iairc  de  (emblables  fur  des  fujcts  qui  nous  fufleni  plus  fami- 
licrs  :fur  les  myftcresde  la  Loi  nouvellc,  fur  fon  ciatihfle- 
■icm  &  fon  progr^s;  fur  ks  verius  de  nos  Saints;  fur  les 
bienfaitsquenotrenation,  noircpays,  notre  ville,  a  r&jus 
dc  Dieu,  &fur  des  fujcts  gcuijraux  de  morale,  comnic  le 
bonhciir  dcs  gens  de  biens,  le  mepris  dct  richeircs,  &c. 
Maispjrrapport  3  nos  roocurs  &  k  nosidccs,  je  ncfaispas 
fi dans Icxecuiion  ces  fortcs  d'Ouvrages  ne  irouvcroicnc 
point  de  grandes  difliculies:maiion^vuucTadiinioinsqu« 
lc  ilcffcincnert  beau;  &fiondcfefp\;redcpouvoirr3CL-om- 
piir,  il  nc  f:iut  pas  etre  envieux  de  ceux  qui  nnt  reL;(!i.  H 
faut  donc  cilimer  &  admirer  la  Pocfie  dcs  IIoEireux  quand 
tnenic  elle  ne  feroii  pas  imitablct 

Ttii 


D  I  S  C  O  U  R  S 


DI S  COU  RS 

SUR  LA   PO£SIE  DES  H£BREUX, 

Suivant  rEdition  du  Pcre  DtfmoUu.  * 

I,  T  "^  Po^fie  &  la  Mufique  itoient  confiderto  par  les  A> 
Qoelieid^e  JLi  ciens  comme  des  chofes  ferieufes  &  importaotes,^ 
Jef  Anciens  qyj  appartenoient  i  la Politique  &  i  la  Religioo.  Coniix c 
Vo^fie  &  de  '^"^  ^^^  inftrumens  tres-puiflans  pour  poner  lesbofB-ss 
"la  Mufique.  ou  au  bien  ou  au  mal ,  leurs  Legiflateurs,  <iai  avoient  pr^ 
«ntimentde  cipalement  pour  butderegler  les  rooeurs,  cn  avoientp 
tres  grand  foin. £n  effet,  la PoeCe  eft  fori  proprea6iirer- 
trer  dansTefprit  desopinions  qui  s'y  attachent  forteoo^ 
&  la  Mufique  a  emouvoir  les  paffions.  De-la  vient  c 
Piaton  a  traite  cette  matiere  fiafond  dans  fa  R^bliqce- 
dans  fes  Lois  II  ne  condamne  pas  toute  (brte  de  Poefi^ 
mais  feulement  celles  dont  les  fables  ou  les  fenteoces  ^ 
contrairesaux  bonnes  moeurs ,  &  dont  la  maniire  de^:^ 
preflion  tient  plus de  Timitation  que  du  r^cit,  parce,c^ 
il  9  que  rimitation  tend  a  repaitre  rimaginatioo  au  pt 
]udice  de  U  raifon ,  &  a  fortifier  les  pafiions  aui  6ep0 
de  la  vertu  :  de  plus,  parce  que  rexecution  &  !a  coo^'"^^ 
tion  de  ces^  fortes  d*Ouvrage$  eil  indigne  d*an  boiv: 
homme,  qui  ne  reprefente  volontiers  que  les  difcou:>^ 
les  gefles  qui  produifent  la  vertu  ou  la  raifon.  Or,  ce  'i 
font  pas  ceux  quL  donnent  le  plus  de  marieres  a  Fiffli^ 
tion  ;  &  d'ailleurs  il  aimera  mieux  favoir  une  chofea  foe;. 
que  de  favoir  toutes  chofes  fuperficielleoient ,  coiebc^ 
fuflit  pour  les  imiter  ;  &  pouvant  acquerir  unegioire^'^^ 
de  par  fes  propres  adions,  il  ne  fe  conrentera  pas  der: 
prefenter  celles  des  autres.  Ce  font  en  fubftance  les  prtr: 
pales  raifons  de  Piaton  contre  la  Poefie  dlmttarioo;c'ei?-' 
dire  comme  il  2*explique  lui-meme,  contre  les  pleces* 
thisltre,  oii  rimitarion  eft  toute  pure,  &  lePoemeeprc^ 


*  Cette  feconde  Edidon  fort  differente  de  la  prciri^,  U^* 
dans  !cs  Mimoires  de  UtUrature  &  d*Hifioirc  recueiU:s  r«f  •'»  ^ 
VafmoUts ,  toaie  II »  Partie  1«  Ifotc  dt  la  frif€nt€  Eddm^ 


SUR  LA  POfiSTE  DES  HfeBREUX.  cr.t 
.  kni  elle  eft  m^lee  de  r^it.  U  nous  apprend  rjui:  cetce  Poiifie 
itoir  nouvcllc,  &  que  chez  les  Grecs  plusanuens  il  n']r 
«navoit  poiniil'autre  quela  lyri({ue,  comme  les  Savanslx 
nommeroient  aujourd^hul ,  qui  comprenoit  cinq  fones  <te 
chancs:  ■».  les  Hymncs  pour  prier  les  Dieux,  &  (e  Ics 
rendre  propiccs;  a^.  une  autre  comraire  i  la  premicre, 
qull  dit  que  Ton  pouvoit  appcler  peut-  erre  Elegle  ou  chanc 
plaindr;  ]''.  le  Peon  ou  Peanne,  ctoii.fi  je  ne  mc trompe , 
un  cham  milicaire,  4*^.  leDithyrambc,  quiavoitpourfujet 
lanaiflancede  B^cchus;  ^*'.  une  auire  elpece  que  Ton  ap- 
peloit  les  lois  de  la  Cyihare.  Ces  cliants  &  quciqu'autres 
cncore  etoieni  r^gles  par  les  Lois ,  enrorte  qu'il  n'e[oit  pas 
permis  de  s'en  fervir  indifferemment ,  ni  dc  chanter Tun pour 
Tautre ,  il  n'y  avoit  que  des  gens  fages  &  indruits  qui  en 
jugeoient,  &  le  peuple  les  icoutoit  en  rilence.  Ceci  n'<A 
poioi  une  id^e  de  Platon ,  mais  un  fait  hiiloriqite  qu'il  rap- 
porte;  Sc  ilajouteenruitequelesPocccsquivmrcntdepuis, 
ignorant  les  rairons  folides  de  ces  Lois,  confondirent  lcs 
difTeremes  efpeces  de  chants ,  melant  les  chanis  lugubrcs 
avec  les  Hymnes,  &  les  Dithyrambes  avec  lcs  Peones,  & 
perfuad^rent  au  peuple  que  toui  le  monde  pouvoit  juger  de 
ces  fortes  d'ouvrages ,  &  qu'il  n'y  a  poini  d'auire  rci;lc  Je 
leurbonte,  qiie  le  pLifir  qu'i1s  donnoicm;  ceqtii  produirit 
une  licence  efrrenee  daus  Im  fpcft.>cles,  lc  peiiple  s'accou- 
tumantajuger  afafancaifiedcsouvraEesdel'erprit,  &ales 
condamner  ouiesapprouver  pardesfi(Hemcns&  tlt:sapp!au- 
dilTemens  publics ,  d'ou  vient  enfin  le  delbrdre  da.-is  loutcs 
les  afTembl^es  publiques ,  mcme  Ics  plus  ferieulcs ;  &  cct!e 
libene exceJTivc  du  peuple  d'Athenes,  qul  fe  croyoit  cajMble 
de lout ,  dccidoitde  touies  chofes par  fon  caprice,  &  n^oijOiI- 
foit  plus  ni  aux  M.igi(trais,  ni  itiix  Lois:c'dl  ce  que  rap- 
portePlaion,  quidit  quelL-sLE;yptiensaucontr3ireav.>.cnt 
confacre  toutesles  efpi:(.esdk'cliants&dedank-^:Kcr[a'ncs 
divinites,  &  reglc  dans  qucj  joiir  &  cn  qui:Is  laLrlitcs  iin 
devoitfcfcrvir  dechacune,  aprisqnoi  il  noioit  pus  |>erniis 
derienchanger ;  cnrortc  quc  fi  qiii:li|truri  cui  vouu  innovor 
quelque  cholc ,  les  Preirci  &  Ics  PrJtrcfi-.-s ,  .iv--c  lc  Iccours 
des  Magillrais ,  gardes  des  Lois,  rcuircnt.NnjiCLlic,  &cciui 
qui  n'y  eiit  pas  ob^-i ,  etii  p^tlFj  louic  U  vic  pour  iuipic, 

CeA  fur  ces  fondcmcns  quu  Platon  ne  vouloit  permcttrj 
j(ue  ccgenre  de  poeiie,  c'eli-^-(lire  deschanrom  pour  louer 
Tt  iij 


*  SJ6i  D  I  S  C  O  U  R  S 

les  Dieux,  les  remercier  &  les  prier »  ou  potir  Io8i:V 
hommes  vertueux  apr&s  leur  mort  feuleinent ,  avec  ce$: 
ditions  que  dans  aucunes  de  ces  poefies  il  n*y  eutmn: 
digne  des  Dieux,  ou  de  contraire  aux  bonnes  morars,! 
de  capable  dHnfpirer  la  Idchete  ou  la  volupte,  &queledr 
&  la  danfe  fuiTent  parfaitement  accommodes  au  fens  dcs  y 
roles;  enforte  qu'entre  ces  differentes  efpeccsd^hannr 
&  de  cadence^ .  on  choisit  celles  qui  expriment  les  iQer>- 
mens  courageux  d*un  homme  brave  dans  le  combat,cL 
joie  tranquille  d*un  homme  vertueux  dans  le  repos.  lt\c 
le  jug&ment  dc  Platon  fur  la  poefie  &  la  mufique;  au  rd 
il  croyoit,  comme  les  anciens  Legiflateurs ,  quec^etoi:- 
mati^re  de  la  derni^re  importance,  &  qu^il  ne  pou\*c 
avoir  de  bonne  education,  fans un foin  particulicr  dui^ 
&  de  la  danfe. 
TUt,  di  Rep*      La  raifon  qu'il  en  donne»  eft  que  naturellement  les  ci 
fl9  ifS'        fontportes  a  chanter  ou  crier,  afauter  &  fe  mouvoiri 
violence,  &  font  ennemis  du  filence  &  du  repos,  ti 
que  fi  on  les  accoutume  k  chanter  avec  confbnnsnce  t^ 
fure ,  &  a  dire  des  paroles  qui  aient  un  beau  fens ,  &en  zr 
temps  a  fauter  avec  regle  &  cadence ,  tenir  leur  corpsr  ^ 
poftures  faienfeantes,  c'eft-^*dire  k  danfer,  on  pro&er. 
ce  qu*ils  font  naturellement  avecplaifir  pour  les  dre&' 
fenfiblement  au  bien ,  leur  infpirant  la  venu  par  le  hcti- 
des  paroles  qu*ils  chanteront ,  &  par  les  airs  propres  a  drj 
les  paffions  qui  y  feront  ajufi^ ,  &  les  accoucumam  pr . 
danfes^  bien  manier  leurs  corps,  &  lui  donner  lesposL": 
&  les  mouvemens  les  plus  honn^tes ;  enfin  ,  par  toc  - 
exercice  leur  donnant  de  bonne  heure  le  gout  des  bti 
chofes ,  on  les  accoutume  i  n^imiter  que  ce  qu*il  y  a  dc ;  i 
beau  dans  la  na ttve ,  &  c^  chercher  en  tout  la  raifon  &  b  t :: 
feance.  II  pr^tend  que  dans  un  Etat  bien  r^gle ,  on : 
devroitrien  foufFrir,  enqui  que  ce  fut,  de  contrairei<^ 
snaximes ,  qu*il  dit  avoir  ^t^  celles  des  andens  X^iffBir^- 
,  particulierement  des  Egyptiens. 

Donc ,  pour  bien  juger  de  la  poefie  &  de  la  mufiqce  J 
^Anciens,  il  faut  quitter  toutes  les  idees  triftes  de  nos  p>* 
Frangois ,  &  tout  ce  qui  refie  dans  nos  moeurs,  de  la  curei 
&  de  !a  barbarie  des  peuples  du  Nord.  H  ne  faut  pas  ac^ 
que  ces  Arts  ne  foient  que  des  jeux ,  mais  recoQnoitrt  ^-  - 
pnt  quelqii^  chpredetrisgrand&detsb-folidc, 


SUR  LA  POfeSIE  DE«  HfiBREUX      «<j 

Lcs  Hebreux  n'ont  jamais  cu  »  quc  nous  fachions ,  dc        Ip 
Comcdies,  dc  TragWics,  de  Poemcs  ipiqucs.  ni  aucune  ^J"®,,  pj^, 
autre  eip^cc  dc  ccttc  Pocfieque  Platon  appcllc  Poefie  d'iml-  fie  4%§  IU« 
taticn.  Quelquesuns  vculcnc  quc  lc  Cantique  de  Salomon  breus. 
foit  un  Pocme  dramatique,  parce  que  Ton  y  voit  parler 
diiTercns  pcrfonnagcs ;  mais  on  cn  voit  aufli  parlcr  dans  lcs 
Pfeaumcs ,  &  dans  tous  les  autres  ouvrages  poetiqucs  de 
rEcriture,  &  il  n*y  a  point  de  Poifie  fans  cela.  Dc  plus,  Is 
Canticjue  n*exprime  que  des  fentimens,  &  non  point  uno. 
faite  dV&ions ,  ce  qui  fcmble  cflrentiel  k  tous  Ics  Pocmct 
d^imitncicn.  On  ne  voi:  J:ns  rEcriturc  quc  des  Cantiques, 
dcs  Pfctumes  oudes  Clisnfons,  commeronvoudra  Icsnom- 
mcr ,  c*cft-  ?.•  dirc  lc  genrc  dc  Poefie  quc  Platon  dic  avoir  it& 
la  feu!e  r.ncienne. 

Eneflfc,  cn  ne  voitpoint  que  lcs  Grccs  aicnt  cmprunti 
d'aillcurs  le  pocme  dramatlqric ;  &  tous  les  Poercs  qu*ils  ont 
«ni  cn  ce  gearc ,  font  plus  uouveuux  quc  la  captiviti  de 
Babylonc 

Pour  parlcr  avec  ordre  de  la  poj£c  des  Hibrcux » tl  (aut 
7  confKlerer  les  paroles,  qui  cft  cc  quc  nous  appelons 
propremcnt  pocfie ,  &  Tair  ou  lc  chant  que  nous  appelons 
mufique,  Dans  les  paroles  il  y  a  le  fcns  &  rcxpreflion  ,  le 
dcifein  &  Ics  penfces,  lcs  figurcSy  T^Iocution,  rharmonie. 

La  matiire  des  pocmes  Hebreux  font,  i^.  les  louanges    .  ''J* 
!de  Dieu ,  les  adions  de  grace  &  les  prieres ;  la  plupart  dcs  |^  Poif fi^de» 
priires  font  des  Cantiques  d*afHi£lions;  t^.  les  louanges  des  H^breux. 
grands  hommes,  qui  font  toutefois  plus  rarcs ,  &  feulemcnt 
melees  cn  quelques  lieux  avec  les  louanges  de  Dieu;  3  ^.  les 
exhortations  a  la  vertu  &  les  pr^ccptes  de  morale ,  comme 
lc  prcmier  pfcaume ,  &  grand  nombre  d*autres. 

Les  Grecs,  dans  leur  plus  grande  antiquite ,  avoient  de 
ces  Poemes  dc  morale  ,  commc  Ics  Elegics  de  Solon ,  lcs 
vers  dort^s  de  Pithagore,  ccux  de  Theognis,  dc  Phocili- 
de,  &c.  Peut-ctre  les  Hebrcux  avoient-ils  auffi  quelqucs 
clianfons  profanes ;  mais  il  ne  nous  en  paroit  rien  :  &  s*ils 
en  avoicnt ,  il  y  a  apparence  qu'ils  les  empruntoient  des  Ido- 
latres ,  comme  le  chant  fur  la  mort  d*Adonis ,  que  le  Pro- 
phete  Ez^chiel  voyoitchanter  dans  leTcmpIc.  Chaque  Can- 
tique,chaquePfeaume,  &chaqueouvrage  de  Poefie  a  foa 
deflein  particulier  oii  tout  fe  rappote ,  &  qu*il  faut  con- 
coirre ,  ii  Ton  veut  cntcndre  Touvragc. 

T  t  iv 


i64  D  I  S  C  O  U  R  S 

Voici  ce  que  nous  avons  de  Poefie  dans  rEcriiart-/^ 
Livre  de  Job,  comporii,  comme  Ton  croit^par  Mo%^, 
dont  le  deflein  eft  de  montrer  queDieu  afflige  qQeI<|tieta& 
les  juftes,  non  pour  ies  punir,  maispour  lesevercer.Us 
Cantiques  de  Moyfe ,  des  Proph&tes  &  des  autres  perfoc* 
nes ,  rapponis  dans  les  Livres  hiftoriques  ou  dans  k&  Frc- 
phetes. Le Pfeautier  qui eft un recueil de ceat  cinquame pr^ 
ces,  compofdesfur  difFerens  fujets  &par  diff^entesper^ 
fonnes ,  la  plupart  de  David.  S.  Jerdme ,  Pr^face  fur  Je:^ 
mie,  femble  compter  auffi  pour  Poefie  les  deux  autresLH 
vres  de  Salomon ,  le  Cantique  des  Cantiques ,  les  LaiDez:^' 
tions  de  Jirimie.  II  y  a  encore  dans  les  Livres  inftofiquts 
quelques  endroits  dont  le  ftyie  eft  poitique,  coauDe  les  bv 
nediSions  de  Jacob,  i  la  fin  de  la  Gen^fe;  ceile  deMcj' 
fe ,  i  la  fin  du  Deuteronome :  la  Prophetie  de  Balaa:. 
dont  on  trouve  le  ftyle  tris-conforme  it  celui  de  Job;3: 
quelques  fragmens»  comme  ce  que  Lamech  dit  a  fes  fcr- 
mes  9  apris  avoir  tu£  Cain,  qui  feroir  (fi  ma  conjefiure^- 
veritable)  la  plus  ancienne  Po6fie  que  nous  eullions :  ccc 
nie  le  pafiage  du  Livre  ^es  Juftes,  qui  decrit  le  mirac.'c  '^ 
Soleil ,  que  Jofu6  fit  arreter ;  car  le  ftyle  en  eft  poetic^ 
dans  TH^breu :  &  quelques  autres  endroits  que  Ton  fw* 
roit  rechercber  plus  k  loifir. 
lY^  Quand  on  lit  d*abord  les  Pfeaumes ,  ou  que  ron  les  rcc^' 

Hts  figuret  fans  grande  atrention ,  on  croit  n*y  voir  qu<  des  parold 
fL  foa  fiyle.  qui  difent  toujours  la  m^me  chofe;  mais  plus  on  s*y  apfi' 
que,  pluson  ytrouvededifierenceyplus  onyremarqas^ 
penfees  folides  ou  delicates :  je  dis,  fans  parler  des  fem  10'- 
rituels,  &  de ce  qu'y  decouvrent  les  gens  d*oraifoa  H ny 
a  pas  une  penfee  qui  n*ait  (a  figure ,  &  cela  avec  une  tae 
variet^ ,  que  les  figures  changent  prefque  a  tous  les  vene?- 
Ceft  une  des  preuves  les  plus  clairesdu  grand  art  decrti 
qui  ont  compof(&  ces  Cantiques :  car  cette  variete  fe  tro3>*' 
dans  touics  les  bonnes  Po^fies  de  Tantiquiti;  mais  eilee^ 
tr^s-rare  dans  nos  Modernes.  Auffi,  la  plupart  (bntfortec- 
nuyeufes:  ces  figures  font  fortes»  mais  naturelles;desi> 
terrogations,  dcs  apoftrophes,  des  exclamatioos ;  tacn)^ 
c'eft  le  Proph^te  qui  parle,  tantdt  Dieu»  taotdt  k»'^ 
cheurs. 

II  adrefie  la  parole  aux  chofes  les  plus  infenfibles  &  ^^ 
^onne  de  Ta^on  &  du  mouvement.  Les  comparaifocs  (cf^i 


SUR   LA   POeSIE  DES  HfeBREUX.      «tf< 

tris  fr^uentes ,  toutcs  iirei.-s  dc  chofes  lenfibles  &  r^mi- 
liires  k  c«ux  pour  <{vii  romicrivoit.  Dou  vieni  que  qiieique- 
fois  elles  nous  pJroilTciit  bHlFcs  a  caufe  de  la  ditrcrcncc  de 
nos  mceurs.  II  ne  f^ut  pas  preiendre  que  lcs  chofLi  compa- 
rees  convicnnent  en  tout :  b  comparaiion  ne  lombe  orui- 
nairemeotque  fur  un  point.  t'ot  dtait  foni  comme  dts  hnhit  > 
fraichement  lonJuei  ,  ijui  furient  du  ijvoir  :  chdcune  a  d-^ttx  *  *  *•  S* 
jgne^ux  ,ilny  en  a pji  une  di  /(Vi/e;c'eft-a-dire  vosdeot» 
font  blanchcs,  egules  &  fcrrees. 

L'Elocuiion  efl  trus  ditfijrenic  de  ta  Profc.  J'ai  oui  dire 
qu'il  en  eft  dc  meme  des  uuires  Orientaux ,  &  cela  eA  cer- 
tain  dans  les  Grecs.On  peui  eniendre  fori  bien  DcmoAhe- 
neou  Xi:nophon,&  nepoint  entendredutoutHoni^re. Le 
langage  des  Poetes  t&  un  auire  langage,  principalement 
des  Lyriques.  II  en  cft  de  mcme  en  Hebreu :  tel  qui  cniend 
le  {lylehiAorique.ayant  luioutelaGen^fc,  lotfquilvieni 
aus  benediflions  de  Jacob ,  n'y  entend  plus  rien, 

II  entendra  bien  le  prcmier  &  Ics  derniers  Chapiircs  de 
Job  i  icui  le  rcAe  fera  pour  lui  comme  de  TArabe  en  Fran- 
qoii:  au  concrairc,!!  femble  quenouselevionsautantque 
nous  pouvons  la  profe  a  1a  majsde  du  flyle  Poetique ,  & 
que  nous  abail^ons  la  roefie  i  la  facilit^  de  la  profe.  Soit 
(]u'ils  connufTent  mieus  quc  nous,  ou  non,  la  difictencc 
des  ftylcs,  ils  robfervoient  invioUblement.  lU  fc  fcrvenc 
<le  paroles  moins  ordinaires ;  les  metaphores  font  ir^s-fro- 
qucntes  &  ir^s  hardics;  ils  fous-entendcnt  beaucoupde 
mots  qui  s'exprimeroient  en  profe:  mais  d'un  autre  cti& 
le  (lyle  Poctiqueefl  pluslong,  cn  ce  que  laplupartdes 
penfecs  font  repetees  &  exprimees  dcux  fois  en  deux  ma- 
nicres  diffiirenies.  MonDieii,jyt{piiie  dcmoiparvoirt  grjit-  pr^  jgj 
Jt  mifiricorje ,  Cfeffjici^  mon  peclie  par  la  multiluJe  dtvot  bon- 
tii.  El  ainfi ,  prefque  Jjns  lous  les  Plcaumcs ;  foit  qu'ils  le 
fillent  pour  donncr  plus  de  tenips  a  refprit  de  goiiier  la  m^- 
me  penfce,  foit  parcc  cjuc  ces  Cantiqucs  fe  chantoient  a 
dcux  choeurs.  Ccs  repctiiions  font  la  marquc  la  plusordi- 
naire  du  flylc  Poctiquc.  II  y  a  quelques  Poemes  qui  font 
acronichcs  ,  c^cftadire,  dont  les  verfets  commencent  PyidunKi  14; 
par  lcs  Jetircs  de  rAiphabct;  icls  font  le  Pfeaume  33  ,  le  "■  »*■  ''^ 
P("e;iume  118,  la  femnie  fonc  de  Salomon ,  les  Lamcnia-  ,^ 
lions  de  Jeremic  :  peui-cire  le  faifoicm-ils  poui  aider  U 
Di^moire. 


266  D  I  S  C  O  U  R  S 

II  y  a  une  raifon  particuliere  pour  le  Pfeatime  i  iS  ,(^: 
comme  ii  ne  contient  qu*une  feule  fentence  exprimtcci 
vne  infinite  de  manieres  diff^entes ,  il  imporroit  peu  r 
^uel  ordre  ces  expreffions  fuffent  rangees;  fliais  U  eft  iwp 
de  pr6uver  tout  ceci  par  des  exemples. 
^  ^'  .  On  voitun  deffein  tr^s  bien  fuivi  dans  le  Pfeaume  r. 
la  beaut^  du  quieft  une  aAion  de  gracedeDavid  ^apres  queDieui'::' 
clefleln.  d^livrede  tous  fes  ennemis.  i.D'abord  il  propofe  fon  it 
DJligam  icf  fgjn  ^  n  rcprefenie  fon  affliaion.  3.  Sapriere.  4X001:: 
Dieu  l'a  exaucee.  5.  Commeil  arefolu  de  le  fecourir,:. 
il  exprime  poetiquement  la  puiiranccdeDieuparrei^r^^.* 
tnent  de  toute  la  nature.  6.  Comment  Dieu  a  de&it  (ts:'^ 
fiemis.  7.  Comment  il  a  deiivre  David.  8.  Pourquoll' .. 
fait :  k  caufe  de  la  vertu  &  de  la  juAice  de  David.  9.  L^bf. 
reux  etat  oii  il  Ta  mis.  10.  L'avantage  qu^il  a  fur  f^se:::* 
mis,  &  I^ur  misere.  1 1.  Les  graces  qu*il  efpere  encc 
12.11  conclut  par  la  louange,  comme  il  a  commenctv' 
Pfeaume  contient  tout  cela  precifement  dans  le  mems^'* 
dre  :  &  cette  faite  me  paroit  tr^sbelle ,  de  marquer^* 
etoit  afflig^  ;qu*il  a  prie ;  que  Dieu  Ta  fecouru  ;  que  (^c- 
nemisont^te  defaits;  qu'il  a  ete  non-feulementdeli^r^ 
mais  mis  au*deffus,  &  qull  a  ruin^  k  fon  tour  fes  pene& 
teurs.  On  voit  encore  beaucoup  de  deflein  dans  leso^ 
Pfeaumes,  qui  font  depuis  le  102  |ufqu*au  107  ;&:&»! 
tous  enfemble  ils  fon  t  une  fort  belle  fuite  de  Cantiques  iTk 
tlon  de  grace.  Le  102 ,  font  les  louanges  de  Dieu  pocr  J 
biens  de  la  grdce ,  pour  le  bonheur  quHl  nous  prepare ,  pcJ 
fa  mifericorde  envers  les  picheurs.  Le  loj  le  bcnitpal 
les  biens  temporels  ,  par  une  magnifique  defoipcioo  J 
toutela  nature.  le  ib^^desbiens  qu'ila  faits  4  fonpeap^ 
&  c'eft  un  abregi  de  toutes  les  gdlces  que  Dieu  a  ttd 
aux  Hebreux  depuis  la  vocation  d*Abraham  jufipies  a  k-J 
^abliflementenlaterrepromife.  Le  105  le  reoiercie  dei:S 
mifericordes ,  par  le  r^i t  de  toutes  les  revoltes  &  des  pr  - 
cipaux  pechisdefonpeuple,  depuis  foa  tobliflemeffif^ 
quesau  temps  de  David,  ou  des  dernieres  capdvites: :  i 
c*eftla  continuationderHiftoireprecedente,  maisdaEi^ 
autre  deflein.  Le  106,  remercie  Dieu  au  noin  de  tcss '^ 
hommes,  du  fecours  qu*il  leur  donne  dans  quatre  desp^ 
grandes  afflidions  de  la  vie ;  la  ^mine « la  captivire  ,hc: 
ladie,  le  naufrage ;  chacune  des  quatre  parties  eft  mir^ 


SUR  LA  POfeSIE  DES  H^BREUX.  Uf 
Ti  nettetnent  par  des  conclurtons  toutes  remblables,  qu'il  eft 
impofTtble  de  douter  du  d^fTem.  II  eA  \  remarquer  fur  lcs 
Preaumes.coqimele  104, le  10;,  1^77,  & qiielqiiss au- 
tres,  que  lanarraiionyeAires-difrerence  decelledesHif- 
toires  ;  on  n'y  marque  que  lcs  principaux  endroits,  les 
plus  tmportans  &  les  plus  illuflret ,  &  s'il  fe  prcfente  quel- 
que  circonHancc  qui  donnc  jcu  a  la  Poeric ,  le  Prophete  nc 
manque  pas  de  la  relever.  Voici  rHiftoire  de  Joreph  ,dans  le 
Pfeaume  104.  Dleu  appela  lafaminc  fur  la  terre,  il  bnf* 
loui lciiippuii dcljnDurriiare,ilcnvoyjd(viint  fux,  (c'eft  les 
£nfans  de  Jacobdonciia  parli);  un  komme  (c'eft  Jofeph) 
fut  vtnda  cor.me  un  efdjvt.  Remarqucz  la  grandeur  dc  cette 
narration  ,  qui  rcmonte  d'abord  3ux  delTuins  de  Dieu  ;  8c 
Ja  bcauiide  !a  figure.  Dieu  coTimande  a  la  faminc:  vous 
diriez  qu'il  lui  parlc  commc  a  unc  pcrfonne.  Jc  ne  trouve 
})ointd'exprctl]onsennotrelangiie  pourrcndrece  qui  fult. 
L'Ecriture&cnceIieu&cnd'autre5,comp3reIepain,c'ell- 
d-dire  la  nourriiure,  a  un  baton  fur  Icquelun  hommc  foible 
5'appuie  pour  marcher ;  dc  fone  qu*6icr  le  pain  aux  hom- 
tnes ,  c'c;ft  6ter  4  un  viciltard  ou  ^  uii  malade  le  b^ion  qui  le 
fouticni:  maisaulicu  dc  toutescescirconlocutions,  rtcri- 
turc  dit  hardiment ,  &  fa  langue  le  fouiTre ,  que  la  famine 
romptlebaionde  notrepain:voilac!e  fes  meiaphorcs.  En- 
Ajiic,  le  Pfeaume  vous  reprefente  Jofeph  chargc  de  fers, 
pourvou^  pcindreen  un  mot  fa  prifon,&  tcvicni  aulTiiuC 
a  Dicu ,  qui  le  d^Iivrc  par  fa  parolc  &  par  fa  fagclTe  donc 
il  ranime.  Et  en  effet  le  Roi  envoie  le  (lclivrer :  lc  Prince 
des  peuples  le  met  en  libcne ,  il  1e  fait  Scigneur  de  fa  mai< 
fon ,  &  Gouverneur  de  tous  fcs  biens ,  afin  qu'il  rendit  fes 
Princcs  favans ,  comme  il  reioit  lui-meme ,  &  qu'il  apprit 
la  prudt.ncc  aux  vieillards,  c'eft-ii  dirc  aux  plus  fages  de  fon 
Eiai.  Voili  toute  riiilioire  de  /ofeph ,  fa  captivite ,  fa  deli- 
vrance,  fapuilTance,  &  tout  ccla  par  ordre  deDieu.  On 
voit  (lecettccfpcccde  narration  dans  Virgile ,  Iorfqu'il  re- 
prerenie  fur  lc  bouclier  d"Eneeles  plus  beaux  endroits  da 
J'Hiftoire  Romaine. 

Si  Ton  veut  voirdc  !a fiauieur ,  &  de  la  delicatelTe dans lcs        VF. 
^n(i:&i:Si:igntur,vousmefondei&mieonr.oip^:\ottsConnoiJfti       Escraple» 
„,,,,.,&«,  „7i™;or,'#™,,lignifiofercK«ri&/,:I:"',5;';| 
/i-v.T,  fe  djfpofer  a  ra£lion;&  c'cft  ainfi  qu'il  dit  dansun 
puirc  Pfeaume :  i.tvt^-vout aprit  jutvout aurt^iie  ajfti^  c'rit 


L 


Ui  D  I  S  C  O  U  R  S 

a-dire,  repofez-vous,  &  puis  vousagirez.Diea  coniKmfeac 
radion  ext^ieure?  Ce  n*eft  pas  siflez:  yous  ccafreae^ms 
penfecSf&memedt  loin,  Fous  dicouvre^macondulie  &wus  dijcr, 
Bien  plus:  Fous  prevoye^  toutes  mes  vous,  ma  condsitt^  ^ 
uQions ,  quoiqueje neparlepoint ;  oul^ Seigneur ^vous  CQun».y 
toutes  chofes  nouvelles  &  anciennes^  lefutur  &  U  pajft.  Et  re^^ 
nant  au  particulier:  Vous  nCave^formc^  &vous  teneifor^l 
votre  mainpourme  conferver  &  me  conduireivotrefcience  epfii^r. 
rahlepourmoi&Jigrande^  quejenepuisy  atteiadre.  Puis  dsc* 
geant  de  figure  tout  d*un  coup ,  il  s*^crie :  Oit  iraijepcsf^ 
derobera  votre  tfprit^oiifuirai-je  de  devant  vous  ?  11  preml  \s^:t 
Tetendue  du  monde  Aiivant  toutesies  dimenfions:  Sije^^-i 
au  Cielf  vous  y  etes.  Sije  defcends  aux  Enfers  »  je  vaus  y  t-vr^ 
Autre  figure  encore  plus  riche:  Quandjeprendrois  iesdL^ 
quejepartirois  des  legrand  matin  pour  tfC alUr  loger  au-dcU^ 
Mers  qui  bornent  U  monde ,  ou  fuivant  l*Hebreu  ,  quaiUjo- 
prunterois  Us  ailes  de  f  Aurore  pour  voUr  comme  eUe  euusgs^ 
jufques  a  rextremite  des  Afers.  U  ne  dit  pas  fimpleinem ,  kt 
cela  feroit  inutiie;  ou  bien  cotnme  au  verfet  pr^edec:  •* 
vous  y  trouverois:  mais  par  une  expreffioa  bien  phfi-- 
vante  &  bien  plus  d^licate ,  comme  un  honame  qui  sa^ 
feroit  de  fottife,  de  vouloir  fe  cacher  de  Dieu :  Biezl^^  a 
me  derober  a  vous »  c^efl  vous  qui  me  foutene^  &  qui  me  pom{i^^ 
mafuite  mime :  quelque  chimere  queje  mefigure ,  je  ne  piussi^' 
giner  depouvoirfubfifierfans  vous :  quandje  pourrois  v^  is^ 
fai  dit  9  ce  feroit  votre  main  qui  me  conduiroit^  £*  votts  metJG^r^ 
de  votre  droite,  U  femble  qu*il  ait  epuife  foQ  imapiuc^' 
ixiais  voici  encore  une  id6e  plus  creufe  d*un  moyen  cz  i 
cacher  a  Dieu :  Je  dis  en  moi-meme :  Peut-etre  Us  tenikts  fl 
pourroient  couvrir^  &  jeferai  mes  delices  de  la  nuit »  csm»'^ 
autre  dela  lumiire :  mais  jefuis  encore  un  infenfe  ^  Us  leaih-i  i 
fontpoint  tinebrespourvous ;  U  nuit  a  votre  egardefl  ecl^fie  ur^ 
Ujour:  les  tinebres  de  Punefont  comme  U  lumiere  de  Faucre.  Q-J 
les  beaux  efprits  modernes  viennent  apres  cela  cralisr  •- 
grofliers  nos  bops  Laboureurs  de  Paleftine  «  &  qulls  '^^^ 
trouvent  dans  les  Auteurs  profanes  des  penfees  pluslu^^^^ 
plus  (ines  &  mieux  tournees,  ians  parler  de  la  profc^^ 
Theologie ,  &  de  la  foUde  pietc  que  renferroent  cesprc  -^ 
Le  refte  du  Pfeaume*contient  encore  des  reflexions  arJac? 
bles  furla  formation  de  Thomme  dans  le  feia  de  fa  sf-^i 
&  fur  la  predeftination;  d'ou  le  Proph&te  prend  occafic?  ^ 


H 


SUR  LA   PO^SIE  DES  H^BREUX.      66^ 

ftnarquerfon  refped  pourlesSainis,  &  fon  miprii  pour  les 
pccheurs.LaPoerieLyfiquefoufirebcaucoupdedigreffioni, 
£i  meme  elle  les  demande ,  ii  l'on  en  juge  par  les  exemples 
d'Hor3ce  &  de  Piadare. 

La  varietc  des  figures  toutefois  fe  trouve  paMout  pluf  ni. 
idans  les  Pfeauines  de  pri^re  ou  d'exhonaiion ,  que  dans  ccux  ?"*"?i3 
«le  narration.  Dans le Pfeaunie  90,uadeceuxquinou5font  dMSniM 
les  plus  familiers  * ,  d'abord  c'ell  le  Poete  qui  parle  pour 
propofer  fon  defftfinjqui  efi  d'exp!iquer  la  proteflion  de 
Dieu  envcrs  les  hommes,  oiiil  lepropofeendeuxphrafes, 
rfont  les  mots  fe  repondent  avec  une  grande  jullefle.Dans  les 
deux  vcrfets  fuivans ,  il  fait  parler  rhomme  qui  re^oit  cette 
grace;  mais  en  deux  figures  difierentcs:  dans  le  deuxiime 
verfet,  il  adrelTe  la  parole  a  Dicu :  dans  le  troifiime,  il  ea 
parle  en  lierce  perfonne.  Dansle  cinquiime  verfet  fuivantt 
c'cftlePoetequiparle,3drefranttoujourslap3roleal'homme 
protegi  de  Dieu;  mais  avec  une  grande  diverfii^  de  com- 
paraifons,  &de  m^iaphores,  &  une^num^ration  des  difie- 
tentes efpicesde  proteflion.  Oui, Seigiuur,  vousiittmontfpi- 
r.)nM,commepourmarquer!araifondetoutcequivient()'ctTe 
dit.  tt  !e  Poeie  reprend  auflicdt :  Voiii  avc^  pris  U  Trishjut 
four  volrt  rifugt,U  nutl  n^approchtra  poinl  de  vout,SiC.  U 
continue  dans  les  quarre  verfets  fuivans ,  ( adreflant  tou- 
jourslaparolei  rhommejufte, )  d'expliquer  d'au(res  effets 
plus  grandsdela  protefllon  de  Dieu ;  entr'autres  raJliftance 
continuelle  dcs  Anges.  &  la  puilTance  fur  les  Demons  * 
figur^s  dans  rEcriture  par  les  b^tes  venimeurcs.  Enfin ,  dans 
Ics  trois  dernicrs  verfets,  c'e(l  Dieu  mome  qui  parlc  pour 
confirmer  &  autorifer  tout  ce  qui  vicnt  d'dtrc  dit ;  &  qui  ex- 
pliquc  d'autres  efFets  dc  fa  proieAion,  finifTam  par  la  pro- 
meffe  de  U  vie  dternelle,  &  dc  !a  vifion  beaiilique.  Ceux 
qui  ont  un  peii  lu  lcs  Poetes,  ne  s'etonncront  point  de  ce 
changement  de  perfonnes  fans  que  TAuieur  en  averiilTe: 

Rien  n'ell  plus  frequent  dan»  Horace,  non-fculemcnc 
danslesOdes,  maisdanslcsLetires,&!csSatyres;  &iene 
vois  pas  qu'i!  foitneceiTjirepourcela  dedireque  cc  Pfeaume 
<joe.  e(l  dramaiique ,  ou  il  faut  dire  qu'i!s  le  font  pour  la 
plupari. 

*  Sclon  VaUgt  it  l'Fglire  J«  Rome,  Et  de  loucci  ce'let  qui  |e 
riiivcnt  ,  on  rf cite  le  Pleaume  ga  coui  let  jou»  i  Cuinpliei.  Hou  dl 
ta  yri/tnif  Ettiiian, 


«70  D  I  S  C  O  U  R  S 

Ce  peu  d'exemples  fuflira  pour  donner  ouverture  a  eii 

trouveruneinfiniied'autres;  car  tousJes  Preaumesenfoiit 

pleins;&  non-feulemcnt  Ics  Pfeaumes,  mais  Job  dont  la 

Poefie  eft  univerfellemcnt  plus  hardie  &  plus  magntfique; 

mais  tous  les  auires  ouvrages  poeiiques  qui  font  dans  rEcri- 

ture :  (]uc  Ton  !ife  entr'autres  le  Canrique  de  Moyfe  a  la  fia 

du  Deuteronome ,  &  )e  Canrique  de  Baruc  &  de  Debbora. 

VIII.  Cependant  nous  nc  connoiffons  qu'une  part  ie  de  la  beaute 

Oii  ne  peut  ^g  jgj  ouvrages.  Sans  compter  la  difTeTence  des  mceurs  & 

quW  partje  ^'^^  •'^^"  1"'^  "O"*  avons  des  chofes ,  I)  eft  ceriaia  que  ce 

de  u  beaui^  que  nous  pouvons  connolire  dans  ces  Poetes,  efl  tout  ait 

deceiOuvi».  pjuj  ]g  delTein,  lespenf^es,  &lesfigures.  Pour  I'^locuiion, 

nVrion   ,      ''  "'y  ^  ^^^  ""*  •!"'  *3vent  THebreu  qui  puifTent  en  juger. 

cluatt  tlaare.  Et  qui  fe  peut  vanicr  parmi  nonsdele  bien  favoir  ?  Abis 

pour  tout  le  refte ,  jc  veui  dirc  rharmonie  des  paroles ,  la 

mefure des  vers ,  &  Tairdu  chant;  jc  dis  hardimem  qu'il 

1        n'y  a  tiomme  fur  terre  qui  en  fachc  rien.  Or ,  on  fait  coiH'^ 

bien  tous  ces  ornetnens  font  elTcntiels  a  la  Poefle. 

Malherbeeftlepremierde  nosPoetes,  qui  afaitdesvers 
agr^ables  &  dous ,  parce  qu'II  e(l  le  premier  qui  a  obfcrve 
rhartnonie  des  paroles,  c'eft-a-dire,  cc  qui  les  faitfonnei 
le  mieuxanosorcilles  ,  &  lacadence  des  vers.  Au  lieu  que 
du  Bartas  a  fait  des  vers  dont  le  fcns  eft  trcs-beau  &  le  fon 
tres-choquant.  Nousignoronsenti^rcmenilaprononciation 
de  THebreu,  comme  du  Grec  &  du  Latin ,  &  de  toutes  les 
.Languesmortes.il  y  ameme  long-temps  qu'elleeflperdue, 
comme  on  le  voit  par  les  differentes  manieres  dont  les  lxx,  ' 
S.  JerSme ,  8i  les  aittres  anciens  expriment  les  menies  mots 
en  lettresGrecquesouLatines.Nousn'avonsp3s  feulemenc 
Tavantage  que  nous  avons  pour  les  Poefics  Grecques  &  La- 
tines,  de  favoir  la  raefure  des  vcrs  &  la  quancii^  des  fy!- 
labes :  cependant  lcs  HebreLix  avoient  Tun  &  Tautre ,  &  leurs 
Tersetoicnt  compofcs  de  cert^tin  nombrc  de  pieds  de  certaine 
efp^ce,  commeS.  Jer6menousrapprcnd.  II  eftvtai  queSca- 
iLgerletraiicdc  ridicule;  mais  il  me  paroiibienridicule  lui- 
meme,  deconteftera  ceSaim  unfait  d'antiquiie  qu'il  pou- 
voiifavoirparlatraditiondesJuifs,&leconteflerfansautre 
fonden-.ent ,  (inon  que  les  Savans  d^aujourdTiui  l'ignorent , 
meme  enire  les  Juifs.  Au  coniraire,  ilnous  refte  dans  ies 
Pfcjumcs  plufieurs  marques  de  fujetion  a  certatnes  mefiires 
dcmctsoudefyllabes;fouvent  ilyadeslettresaiouteesoa 


SUR  LA  POfiSlE  DES  HfiBREUX.      Zji 

tetranchies  k  la  fin  des  mots:  quelquefois  il  y  a  des  mots 
entiers  qui  paroilTent  n'avoir  point  de  fignification.  Enfin  « 
nous  ignorons  lcs  airs  dcs  Pfeaumes  &  des  Cantiqucs ,  aufli- 
bien  que  des  Odes  Grecques&  Latines:  toutcfois  ces  pieces 
itoient  compofees  expr^s  pour  etre  chantees,  comme  Voa 
voitparTHiftoire,  &  parles  inrcriptionsdesPfeaumes.Pla* 
fontient,  fuivantlesroaximesdelabonneantiquiti,  queles 
airs  &  lesparolesdevoientetreinfeparables,  &quec*itoit 
un  tres-grand  abus  de  compofer  des  vers ,  pour  n  etre  poinc 
chantes,ou  de  compofer  des  airs  qui  n^cuflTent  point  de 
paroles,  comme  ceux  desinflrumers.  Quelcs  airs  dcsCan* 
tiques  H^breux  fuffent  beauXyUous  en  avons  de  grandes 
preuves.  i  ^.  La  beaute  des  paroles ,  &  le  grand  air  qui  paroic 
dans  leur  Poefie,  peut  faire  juger  que  le  reftc  y  repondoir. 
2^.  La  diverfit^  des  inftrumens  qui  font  nommes  dans  les 
titres  des  Pfeaumes,  &  en  divers  endroits  de  TEcriture.  3^. 
La  multitudedes  Muficiens;  il  y  avoittroisgrandes  familles 
de  Levites  defiinees  Ji  cettefeulefondionpar  Tordre  de  Eh* 
vid y  &  des principaux Officiersde  fon  Etat.  Afaph,  Heman; 
&  Idithun  en  etoient  les  cheft,  &  avoient  chacun  grand 
nombre  d'enfans  &  de  parens ,  enforte  que  toutes  les  trois 
famillesenfemble  faifoicnt  deuxcentsquatrevingt-huitMai- 
tres  de  Mufique,  pour  chanter  dansIeTemple,  &inftruira 
lesautres.  Ces  deux  cents  quatrc-vingt-huitMuficiensetoienc 
diftribuis  en  vingt-quatre  troupes»  de  douze  chacune,  qui 
fervoient  au  Temple  tour-i^tour :  &  comptant  tous  les  Lc- 
Vites dcftines i  la  Mufique,  il  y  avoiten  tour  quatre  cents 
Joueurs  d'inftrumens.  On  peut  croire  quc  ces  gens  etant  inf- 
truits  par  leurs  p^res,  &  ayant  la  Mufique  pour  profefTioii 
capitale  ,  s*y  rendoient  habiles;  &  qu'entre  un  fi  grand  nom- 
bre,  il  yen  avoitaumoinsquelquesuns  d'excellens.  Enfin  , 
rinclination  dcsRoisfert  beaucoupa  Tavancement  des  Arts. 
Or,  on  faitqucDavid  futtoutefa  vie  grand  Muficicn.  S*il 
eftpermisde  juger  de  ce  que  Ton  ne  connoit  pas  diftin6b- 
ment,  jecroisquecctte  Mufiqueetoit  fortfimple,  &  quefii 
bcaut^confiftoit  i  bien  exprimer  le  fens  desparoles,  aemou* 
voir  fortement  les  coeurs ,  &  les  rcmplir  du  rentiment  qucle 
Poete  vouloitinfpirer;  maisqu'elle  n'jvoit  pas  ce  mjlane;e 
dc  difTerentes  panies,  &  ces  avloucifrsrmons  de  la  Mufiquc 
moderne :  je le devine  par  I 'air  general  des  ou vrages. 

Outrelecbant^Ia  Po«fie  etoit  ^ccompa^j^ncc  de  Danfes; 


(^tuitimn^  I  ft  i 


^j%  D  I  S  C  O  U  R  S 

c^eft  ainfiqull  faut  entendre  les  Choeursde  Mufique  dont  par« 
le  r£criture:elle  parle  de  Choeur,  non-feulement  dans  les 
rejouifiances  pour  les  vi^loires,  mais  encore  dans  les  cere- 
monies  de  Religion ,  comme  lorfque  David  amena  TArche 
en  Jerufalemi  &  non-feulement  dans  les  Proceffions,  mais 
dans  le  Temple  meme,  commeon  voitdansEfdras,  oii  deux 
CboeurSj  qui  avoient  chante  fur  les  murailles  de  la  Ville , 
vinrent  finir  dans  le  Temple.  Auffi ,  il  en  eft fouvent  fait  men- 
tion  dans  les  Pfeaumes.  Ces  Choeurs  etoient  des  troupes 
d'hommes  ou  de  femmes,  de  filles  ou  de  gar^ons,  aflbrtis 
enfemble,  vetus&  ornes  de  meme  maniere,  chantans  le  me- 
me  air  en  danfant  les  memes  pas,  qui  devoient  etre  comme 
des  branles.C'eftainfiquej'en  jugepar  les  ChoeursdesGrecs^ 
dontnousconnoiflbns  ledetail,  &  qui  lesavoient  imit^s  des 
Orientaux.  Les  Intcrm^des  des  Comedies  Efpagnoles  y  onc 
beaucoup  de  rapport.  Comme  donc  lesTragediesantiques 
font  fort  defigurees  fur  le  papier ,  parce  quenous  n'y  voyons 
ni  Tappareilde  la  fcene,  nilesgrandes  troupes  d'Afteurs, 
ni  les  Concerts  &  les Danfes ;  ou,  comme  lesrecits  des  plus 
belles  P.iffion$ ,  &  les  parolcs  dcs  airs  ne  font  rien  hors  de  la 
reprefentation:  ainfi^  ii  nefiaut  pasdouter  queles  Cantiques 
des  Hebrcux  ne  foient  tr^s-difierens  dans  nos  Livres,  de  ce 
qu'ils  etoient  dans  la  bouche  des  Muficiens  accompagn^  de 
toute  la  magnificence  des  FStes;  &  pour  en  concevoirla  beau- 
te ,  il  faudroit  nous  placer  dans  le  Tcmple  de  Salomoo ,  au 
milieu  de  cette  multitude  innombrable  de  Peuple,  qui  en 
rempliflfoit  les  cours  &  lesgaleries;  voir  FAutel  charge 
de  Viftimes ,  &  tout  autour  les  Pretres  revetus  de  leurs  ha- 
bits  blancs ,  &  les  Levites  diftribues  en  pIuAeurs  troupes ,  les 
uns  jouant  des  inftrumens,  les  autres  chantant  &  danfant 
avec  modeftie  &  gravite :  peutetre  pourroit-on  par  cette 
voie  en  deviner  quelque  chofe. 
IX.  De  tout  cela  il  ne  nous  refte  que  les  paroles  qui ,  pour 

L«  fiinplicit^  ceux  qui  n*enrendcnt  que  le  Latin,  ne  font  qu*une  traduc- 
H  ^^"^"  tion>&  encore  a  Tegard  de»  Pfeaumes,  une  traduflion  de 
cit  la  beaut^  tradu6Hon  &  fort  litterale.  Que  Ton  traduife  mot  a  mot  ea 
At%  txpnC'  notre  langue  les  Odes  d'Horace,  elles  perdront  toute  leur 
•  grace.  Vargini  na  point  de  couUur ,  CrifpeSallufle ,  enncmi  dt 

la  lam:  cachze  dans  Us  terrcs  avares ,  j'i/  n^eft  eclairci  par  un 
ufc^e  modiri,  J'ai  pris  ce  coup;ot  ?.u  hafard  :  prenons  tout  le 
prcmier  de  fes  osuvres.  Mccenas  defccndu  d^aleux  Rois ,  6 

moa 


SUR  LA  f>0£SIE  DES  H^BREUX.      67^ 

ifion^ppai  &  mon  doux  omement ;  ily  tna  qui  fe  pldifcnt  ttavQir 
4maffi  en  courant  la  poujjiire  Olympique  ,  &  que  la  bome  Mtei 
par  les  roues  hruiantes  6e  la  palme  illujlre  ,  ilhre  aux  Dieux  mai" 
ires  des  Terres.  Comme  je  n*«ii  poinc  choifi  ces  endroits ,  je 
crois  que  tout  autre  fera  a  peu  pres  le  m^me  effet.  Toutefois 
je  n'ai  point  fuivi  la  tranrporition  Latine,  parce  quele  Fr^n- 
(ois  ne  la  peut  fouffrir.  li  y  a  quelques  paroles  que  je  pou vois 
rendre  plus  littiralement.  11  n'y  a  nulle  couleur  i  TArgent  * 
pour  tArgent  na  point  de  couleur ,  &  dans  Tautre ,  ma  gami» 
fon  pour  mon  appui ;  &  il  devroit  y  avoir  plus  de  rapport  en- 
tre  le  Fran^ois  &  le  Latin »  dont  il  defcend ,  qu*entre  le 
Grec  ou  le  Latin  &  rHebreu,  avec  lequel  ilsn*ontaucune 
liaifon  que  nous  connoidions ;  maiscette  tradudion  eft  faite 
immediatement  de  Latin  en  Fran^ois.  Pour  biea  exprimer 
celledes  Pfeaumes,  il  fauttraduire  quelque  Arophe  de  Pin- 
dare,  fur  latradufHon  Latine;en  voici  une  des  plus  faci* 
les.  Hymne  regnante  fur  le  luth :  Quel  Dieu  ,  quel  Heros ,  quel 
komme  envoyeronsnous  ;  certainement  Pife  efl  d  Jupiter  ^  & 
Hercule  a  inftitue  le  combat  Olympique ,  lespremices  du  butin  di 
la  Guerre  ;  mais  ceft  Tkeron  quil  faut  chanter  de  la  voix ,  i 
caufe  defa  courfe  dans  un  char  a  quatre  chevaux  vainqueur  ,  C€ 
jufte  hote  ,  appui  £  Jgrigente  y  fixur  dans  ce  trh-illuflre  Gom^ 
vemeur  de  yilles, 

Ilyaplufieurs  endroits  de  Pindare»  qui  traduits  ainfi, 
H^ont  aucun  fcns. 

Ce  que  je  dis  ici  de  la  beaute  de  Toriginal ,  ne  doit  pas        x% 
(diminuer  le  refpeft  que  nous  avons  pour  notre  Verfion  Vul-   '*  "*  f*'*^  "^ 
gate :  c'efl  un  malheur  neceflaire ,  comme  les  exemples  que  Ver^oiis  nl' 
je  viens  d'apporter  le  font  voir ,  que  les  Poifies  perdent  n^giiger  le 
beaucoup  de  leur  beaute  dans  la  tradudion  :  les  Scptante  ^^''^^* 
traduifant  r^criture  enCrec ,  Tont  tournee  le  plus  litterale* 
ment  qu*ils  ont  pu  ,  craignant  que  la  moindre  paraphrafe 
n^en  alierat  le  fens  ;s'ils  n*ea  avoientufe  ainfidans  lesPfeau- 
mts  ,nousn'y  verrions  ni  les  figures ,  ni  les  expreffions  de 
Toriginal ;  &  il  feroit  ^  craindre  que  nous  ne  viflions  les 
penfees  de  Tinterprete,  plutdt  que  celies  du  Prophete.  Com* 
me  les  premiers  Chretiens  de  Rome  &  des  autres  pays  ou 
Ton  parloit  Latin,  ne  favoient  point  THebreu,  ils  furenc 
oblig^de  traduire  TEcriture  fur  le  Grec  des  Septante  :  & 
on  &it  que  toute  TEglife  fe  fervoit  de  cette  Verfion  avant 
que  celle  de  faint  Jerome  fut  recue  ;  c'eft-ji  dire  peadaoi 
Tomell.  Vv 


«74  D  I  S  C  O  U  R  S 

plus  de  fix  cefits  ans :  de  force  que  toutle  peuple  Qro^ 
itant  accoutum^  depuis  un  fi  longtempsachanter  lesPb:- 
mes  fuivant  cetteancienne  verfion  ,rEglife  Catholi<]ue  cc . 
meme  dans  les  chofes  exterieures  ne  change  que  le  xo  - 
qu*ileft  poffible,  a  retcnu  cetre  verfion  faite  fur  leGrecI 
eft  vrai  qu^elleeften  beaucoup  d*endroits  differentedutei:'. 
H6breu  tel  que  Ton  1e  Itt  aujourd*hui  ,  &  meme  te)  7/. 
itoit  du  temps  de  faint  Jerome ,  &  qu'il  y  a  quelques  ptl- 
ges  plus  obfcurs  &  plus  difficiles  fuivant  norre  verfioorm- 
il  y  en  a  auffi  ouTon  vott  que  les  Septante  ont  fiiivi  uo  c&- 
leur  exemplaire,  ou  ontmieux  lu ;  &  en  quelquelteu  qiKc: 
foit ,  notre  verfion  ne  prdfenteaucun  fens  qui  ne  foit  hoci 
Catholique ,  ce  qui  fuffit.  Nous  ne  devons  pas  etre  plusdf- 
ciles  que  tant  de  Saints  qui,  depuis  la  naiflancede  fEci  *t 
ont  puif^  dans  cette  verfion ,  telle  que  nous  Tavons ,  ks .- 
jets  de  leurs  oraifons  &  des  inftru6lions  du  peuple.  L*£: 
trouvebon  neanmoins  qu*il  y  ait  des  particuliers  qui  n 
fultent  les  difterens  textes ,  pour  faire  voir  tout  le  fcc: 
toutes  les  beautes  des  Pfeaumes,  comme  a  fi  bien&it£^ 
tr*autresle  Cardinal  Bellarmin.  Quant  aux  autres  ourr: 
Poetiques  de  rEcriture ,  nous  les  avons  tous  de  la  Teu* 
de  faint  Jirdme  faite  fur  TH^breu. 
XT.  Au  refte ,  il  ne  faut  pas  s*^tonner  fi  nous  fommes  fi  i^- 

Kiftexions  gn6s  du  go&t  de  Tantiquite  fur  le  fujet  de  la  Poefie;:'- 
fur  la  Po^fic  qy.gj^  ^g^^^  ^^^  ^^  ^^^^  p^j^^  flatter ,  toute  ootre  Kv : 

moderne  eft  fort  mifdrable  en  comparaifon  :  elle  a  cc~ 
menc^par  lesTroubadours  Proven^aux,  &  les  ConreLT? 
Jongleurs  &  Meneftrels,  dont  Fauchet  nous  a  donne  T:! 
.  toire.  C*etoient  des  dibauch^  vagabonds  qui ,  lonqoe':^ 
hoftilit^suniverfeIIescommenc6renticeirer,&  labarban 
i  diminuer,  c*eft-idire  vers  le  douzieme  fiecle ,  coma>d 
c^renta  courir  les  Cours  desPrinces,  pour  chanter  a  !eci 
teftins  dans  les  jours  de  grande  affi^mbl^.  Comfce  il 
avoient  aflaire  a  des  Seigneurs  tris-ignorans,  &  qu'ik  .'J 
toient  fort  eux  memes ,  tous  leurs  fujets  n'etoient  (pc  ^ 
fablesimpertinentes&monftrueufes  ,  ou  des  hiftoiresi.  Js 
^figurces,  qu'elles n*etoient pasconnoiflables ,  oa  des  ccrd 
medifafisde  Clercs  &  de  Moines ;  &  comme  ilsneru^^ 
16ierit  qiiepar  interdt  ^  ils  ne  parloient  que  de  ce  qui  pccr^ 
Tejouir  leurs auditeuirs, c*eft-i^-diredecombats & d^aircsfj 
itfait'd*amours  broiales  &  fottes,  comme  celles  desjif 


SUR  LA  POfeSlE  DES   HfiBREUX.      Cjf 

groffiers ;  ourre  que  ces  auditeurs  iroient  euz-m^nies  de  fort 
mal-honn^tes  gens :  pour  ce  qui  eft  de  Telocution ,  ils  furenc 
les  premiers  qui  ofi^rent  ^crire  en  langues  vulgdires;car 
elles  avoient  pafli^  jufques-la  pour  jargons  fi  abfurdes ,  que 
Ton  avoit  eu  peur  d'en  profaner  le  paoier.  De  14  vient, 
comme  Ton  fait ,  ie  nom  de  Romans  Fran^ois  ,  &  de  Ro- 
mans  Efpagnols.  II  nous  refte  aflez  de  ces  vieilles  chanfons  » 
pour  prouver  tour  ce  que  j'ai  dit ;  &  le  Roman  de  la  Rofe , 
qui  a  dure  le  plus  long-temps ,  eft  un  des  plus  pernicieux 
livrespourlamorale,  des  plus  fales  &  des  plus  impies,  qui 
aient  ete  ecrits  dans  lesderniers  fiedes  ;  aufli ,  de  tous  temps 
les  gens  vertueux ,  les  faints  Eveques ,  les  bOns  Religieux , 
ontcriehautementcontre  les  Poefies  profanes,  contre  les 
Jongleurs  &  les  Bouffons  des  Princes ;  &  de-Ia  eft  veniie  la 
guerre  que  les  Predicateurs  ont  declar^e  auxRomans&  aux 
Comedies. 

Dans  la  fuite ,  ces  mSme^  Contes  furent  diverfement 
dianges  d*un  langage  a  Tautre ,  de  rime  en  profe  ,  &  de 
vieux  ftyle  en  plus  nouveau  ;  mais  toujours  c*eroient  les 
memes  fujets  d*armes  &  d'amours  :  &  on  ne  voit  point  que 
'on  ait  fait  en  ces  tempsla  de  Poefies  vulgaires  pour  ho- 
lorer  Dieu ,  ou  pour  exciter  a  la  piere  ,fi  ce  n'eft  que  Poa 
r^euille  mettre  en  ce  rang  certaines  chanfons  tr^s-vieilles, 
iont  le  petit  peuple  conierve  encore  quelque  n/emoire ,  & 
es  Noels  que  Ton  trouve  encore  ecrits  *.  OA  voit  aufli 
]uelques  unes  de  ces  pi^ces  de  Theatre  qui  fe  jouoient  k 
'horel  de  Bourgogne  il  y  a  environ  deux cents  ans,  que  Toii 
ippeloit  moralit^s ,  parce  que  c'etoient  des  Hiftoires  fain* 
es.  Maisellesfontfiimpertinentes  &  fi  indignes  des  fujets 
[u*elles  traitent ,  qu'il  faut  en  bien  connoitre  les  Auteurs , 
l^  etre  fortement  perfuade  de  la  fottife  de  leur.  fii^cle,  pour 
'empecher  de  croire  qu'eiles  ont  ^te  compoieesjpar  desim- 
ies  en  derifion  des  Myft^res.  Je  n'ai  pas  entrep\^  rhiftoire 
enotre  Poefie,  je  dirai  feulement  qu'encore  *^ie  Tetude 
es  Lettres  humaines ,  &  la  le6lure  des  andennes ,  y  aic 


*  Cette  remarque  n*eft  pas  exdftc.  II  y  a  des  Pociici  fur  dci 
ijets  pieux,  qui  font  du  ix  &  ue  fiecles.  M.  VMiM  Lebeuf  ea 
rapport^  des  morceaux  dans  une  letcre  fur  ce  fij«C(  infer.e  daui 

Toine.  II.  du  Menurc  de  D^ccmbie  i7Ji  ,  pa$c  i^^^o,  Njtc  d$ 
Zdiiion  dc  176}. 

yy  ij 


^76  D  I  S  C  O  U  R  S. 

apporti  un  prodigieux  changemeni  pour  l'art ',  eQe  n'ea  3 
gu^res  apporii  pour  la  Morale. 

D'abofd ,  la  vanite  p^dantefque  des  nouveaux  SaTaiu 
leurfit  remplir  leursPoeltes,  des  (ablesdes  Grecs,  &de« 
noms  de  leurs  divinites ;  enfbrte  qu'i  tire  Bocace  &  Ron- 
iari,onnedevineroit  jamaisqu'ilsaieni  ^t^  Chr£tiens:& 
quoique  i'on  ecrive  aujourd^hui  d'une  maniere  plus  naiu-- 
relleSit  plus  inielligible  a  tout  le  monde,  Iefondn*en  vauc 
gueres  mieux  qu'i)  n'a  jamais  valu ;  &  les  principaux  Aijets 
qui  occupeat  nos  beau^c  efprits ,  roni  encore  les  amouret- 
tes  &  la  bonne  ch^re :  toutes  les  chanfons  ne  rerpirent  au- 
tre  chofe  ;  &  l'on  a  trouv^  le  inoyen,  ma1gr£  toute  l'3iiti- 
quiteque  Ton  pr^iendimiier,defourrerramour  avectou- 
tes  fes  bafleffes  &  fes  folies  dans  les  Tragedies  &  daiu  les 
Poemes  heroiques ,  fans  refpeQer  la  gravlt^  de  ces  ouvra- 
ges,que  Ton  dit  etre  fi  ferieux,  &  fans  craindre  dc  coa- 
fondre  les  cara^^resdes  Poemes ,  dont  les  Anciens  ont  li 
religieufeinent  obferve  la  diflinflion.  11  e&  vrai  que  deputs 
environ  irenteans^onamoinsculiivilegenreferieuxque 
'laraiIlene,foiiburIefque&foIIe,  roitratyrique&  piquante. 
i{^_  Pour  moiijenepeuxmeperruader  que  cefoicla  le  veri- 

Quci  ell  1*  talileufagedubelefprit,  non,  jene  puiscroiiequeDieu^t 
r'""rf'*  ktT ^*""'^  **  •P'^''P'*  homme  une  belle  iniagination  ,  des  pen- 
«rp^it."  fees  vivesS:  brillanics,  de  l'agrement  &  de  la  juflcfiedans 
rexpreQtOBa  &  tout  le  icAt  de  ce  qui  faii  des  Poetes ,  afin 
qu'lls  n'emp]oyaflent  tous  ces  avantages  qu'a  badiner ,  i 
flaicer  leurs  paflions  criminelles ,  &  a  en  exclter  dans  les  aa- 
ires.  Jecroiroisbienplucot qu'Ua  vouluquetoutes  cesgri- 
ces  ext^rieures  fervilfenta  nousfaire  gouterles  v^rit&folt- 
des,&  les  bonnes  maximes,  S:qu'eliesnousattiraffentace 
qui  peut  nourrirno5cfprit$,commelesraveursqu'il  adon- 
nees  aux  vJRrides  nous  font  prendre  ce  qui'  entretient  nos 
corps.  C^'  enBn,  pourquoi  faire  delaDo£trinedufalui  & 
dudifcour^  de  piete ,  des  medecines  ameres  par  1a  lecherefle 
&  la  dureie  du  Ayle,  ou  des  viandes  fades  &  degoutantes 
par  la  longueur  &l3puerHite;enforieque  pour  s'en  appro- 
cher  il  faille  fe  munir  de  beaucoup  deredexions ,  &  fatre  ds 
grands  efforts  de  raifon  ?  Et  pourquoiau  contraire  employer 
Iegenie,retudc&rart  debien  ecrire,^  donner  aux  jeunes 
gens  &  aux  efprits  foibles  des  ragouts  &  des  friandifes  qiu 
les eoipoifonnent  &  qui  les  corrompeni,  fous  pretextc  de 


SUR   LA  PO£SIE  DES  HfeBREUX.      677 

flatter  leur  goiit  ?  11  faut  donc,  ou  condamner  tout-ifait  la 
PoifieyCeque  ne  feront  pasaifement  les  perfonnet  favan- 
tes  &  ^quitables ;  ou  lui  donner  des  fujets  dignes  d*elle,  & 
lareconcilieraveclaviritable  Philofophie  ,c'eft-i-direavec 
labonnemorale  &  la  folide  picti.  Je  fais  que  ce  genre  d*e- 
crire  feroit  nouveau  eo  notre  langue, &  que  nous  n*avons 
point  encore  d'exemple  de  Poefies  Chritiennes  qui  aienc 
eu  un  grand  fucces  ;  &  je  crois  bien  que  la  corruption  du 
fiicle ,  &  Tefprit  de  libertinage  qui  r^gne  dans  le  grand 
monde ,  y  forment  de  grands  obftacles :  mais  peut-6tre  auffi 
y  a-t-il  de  la  faute  des  Auteurs.  Je  ne  vois  point  que  ron  ait 
fait  des  Cantiques  ducarad^re  de  ceux  de  TEcriture ;  &  dans 
les  Pleaumes  mdme  que  Ton  a  tradui  ts ,  on  n*a  pas  eu  aflfez  de 
foin  de  conferver  les  figures ,  qui  en  font  une  des  principa* 
les  beautes ,  ni  de  reprifenter  la  force  des  expreflions ;  & 
ce  que  Ton  appelle  traduflion ,  font  des  paraphrafes  fi  lon- 
gues,que  Ton  n*y  trouve  les  penfees  du  Prophere  qu'avec 
plufieurs  aurres  qui  les  of&ifquent.  Peut-^tre  vaudrott-il 
mieux  les  imiter  que  les  traduire  ;  &  comme  ces  Poemes 
contiennent  plufieurs  chofes  qui  ne  font  point  de  notre  ufa- 
ge ,  ni  felon  nos  moeurs ,  il  faudroit  eftayer  d*en  faire  de 
femblables  fur  des  fujets  qui  nous  fuflTent  plus  familiers ,  fur 
les  Myfteres  de  la  Loi  nouvelle ,  fur  fon  ^rabliflfement  & 
ibnprogr^ ,  fur  les  vertus  de  nos  Saints ,  fur  les  bienfaits 
que  notre  nation  ,  notrepays ,  notre  ville  a  re;us  de  Dieu ; 
&  fur  des  fujets  gineraux  de  Morale,  comme  le  bonheur 
des  gens  de  bien  ,  le  mipris  des  richeflfes,  &c.  mais  par  rap- 
port  a  nos  mceurs  &  k  nos  id^es.  Je  ne  fais  pas  fi  dans  Texi- 
cution  ces  fortes  d*ouvrages  ne  trouveroient  point  de  gran« 
des  difficultes  :  mais  on  avouera  du  moins  que  le  deflfein  ea 
eftbeau  ;  &(i  Ton  defefpere  de  lepouvoiraccompUr  ,il  ne 
fautpas  dtreenvieux  de  ceux  qui  y  ont  reufli :  il  faut  donc 
eftimer  &  admirer  la  Poifie  des  H^breux,  quaid.8ivme  ellc 
ne  feroit  pas  imitable. 


* 


Yv  ii) 


«78  D  I  S  C  0  U  R  S 

DI  S  C  OUR  S 

SUR      LA     PREDICAT  lON. 

I.         T^^  *°"'  teaips  lc  premier  dcvoir  des  Eveques  a  eii  de 

Le  minlftire  JL^prether,  &  il  leur  eft  encore  recommandi  par  ie 

de  la  PriJi-  (;(,„tile  ds  Trcnte  :  cepcndant  ils  oni  a  remplir  dauires 

se    11  A*      devoirs  qui  ne  leur  permt^ttent  pas  d'employer  un  temps 

irjnd)  taleni  conriJ^rable  a  preparet  leurs  Sermons ;  &  lorfque  les  Eve- 

niiureli ,   ni  ^^^j  prechoieni  aflidument,  c'etoit  Iorfqu'ils  eioient  le  plus 

ptipardiion.  accablesd^autres  affjires,  quoique  toutes  de  chariie.  On  le 

Siff  %  denf.  voit  par  faint  Ambroife  &  rdini  AuguAin  :  de  plus ,  on  n'a 

*"/'■  *•  iBmaiscompteeiurelesqualitcsneccffaires  a  un  Eveque,  le 

brilbnt  de  refprit ,  la  poUtelTe  du  langage ,  la  beaute  de  la 

voix  ou  du  gelie.  Ni  dans  les  Lpiires  de  S.  Paul ,  ni  dans  les 

Canons  des  Concilcs ,  on  ne  trouve  rien  de  lout  cela.  On 

peut  donc  fort  bien  precher  felon  riniention  de  TEglife , 

fans  tous  ces  talens  naturels  &  fans  grande  preparation  ,  fi 

ce  n'cA  que  Ton  veuille  dire  que  ta  predication  ed  demeuree 

imparfaiicdansrEglifejufqu'^  cequ'il  y  aiteu  des  predica- 

teurs  de  profcJHon ,  comme  ks  mendians  &  les  aiitres ,  tant 

feculiers  que  reguliers,  qui  dans  les  derniers  fi^cles  fe  font 

appliquesuniquementaceiiefonflion,  fi(enont  faitunart 

fi  diQicile  que  tres  peu  y  reuffilTent  entre  pluljeurs  qui  t'y 

occupeni  louie  leur  vie. 

it.  Dans  les  premiers  fiklcsla  plupart  des  Evequesn'av<ueiK 

I.C1  yires  ccudie  ni  dialeOique,  ni  rhetorique,  &  ne  laiflbient  pas  de 

•vec  "'i)"«ii-  P''^''"^''  coniinuelleinent ,  &  de  convcrtir  noD-feuleiBeiit 

cnupilc  fruit  tlos  pecheurs,  maisdespayensmeme,  Rhinun &  Philofo* 

ftnt  empio-  phes.  lIsfaifoientHesmiraclei,  dira-t-ooi  ilsn^en&ifotent 

dVt."""'"'''  P^*  tous,  &faifoientbe3ucoup  defruit,  meQedepuii  que 

les  miracles  fureni  plus  rares.  ll  eftvrai  quc  Icnrs  vertui 

^tolent  un  miracle  continuel.  On  pent  cnciire  objw-ilcr  qu'i! 

ya  eu  des  peres  forreloquens;  i:i.iis  qifell-C':  n;..'  i.inij  oii 

fix  Evequesen  un  fiicle,  eniri;  pliifiiMi;-.       ..,,■-    ri-.vcqii^is 

qui  preclioient  parioutcrEglife:  (  •  ,-1  tc  iro"« 

voient  avec  un  plus  beau  gcnii: .  ■.m  ■., .. .  .;v  sn'  qiie  ^ 
chrciiens,  avoient  itudie  les  leiirvs  liunb.»:t;i  uvcc  phu  >^ 


SUR    LA    PR£DICATION.  679 

iucc^,  car  on  n'a  jamais  m^prife  la  vraie  &  folide  ^loquen- 
ce ,  ni  meme  les  ornemens  du  langage  felon  le  gout  de 
chaque  fibclQ^  pourvu  qu*ils  ne  coutent  gu^res  i  cherchef  j^ 
&  que  le  foin  de  bien  parler  ne  nutfe  pas  4  des  occupations 
plus  importantes.  S.  Auguftin»  dans  le  livre  de  la  dodrlne 
chretienne.,  fait  bien  voir  le  veritable  ufage  de  Tiloquence» 
mais  on  voit  dans  fes  fermons  combien  il  meprife  les  pri- 
ceptes  de  rhetorique  qu*il  avoit  lui-mSme  en(eign6s  fi  long- 
temps,  puifque  ce  font  les plus  fimples  de  tous  fes  ouvrages , 
cependam  il  emploie  tout  ce  que  Teloquence  a  de  plus  fort 
&  de  plus  beau  dans  fes  ecritsde  controverfe  ,  comme  dans 
les  livres  contre  Julien ;  c^etoit  donc  k  deflfein  qu*il  s*abaif- 
ibir  dans  fes  fermons  pour  s*accommoder  k  la  portee  de  fon 
peuple.  II  parloit  dans  une  petite  ville  i  des  gens  de  mer  &  k 
des  marchands :  il  falloit  un  ftyle  net  &  coupe ,  des  compa- 
raifons  fenfibles,  des  allufions  de  mots,&  autres  petits 
ornemens  de  leur  gout :  il  ne  dedaigne  point  tout  cela ;  mais 
il  fait  regnerfur-toutdans  fes  difcours  rafiedion  &  la  ten« 
drefle.  S.  Cyprien  eft  plus  magnifique  dans  fon  ftyle ,  aufli 
parloit-il  a  Carthage ;  S.  Chryfoftome  a  Antioche  &  k  Conf- 
caatinopte :  peut-^tre  trouveroit-on  ainfi  la  raifon  de  toutes 
les  differeaces  de  ftyles. 

Quoiqu*iI  en  foit ,  les  vains  efForts  que  Ton  faic  aujour-        ^* 
d'hui  pour  remplirridee  que  Ton  s'eft  formce  de  la  pridi-  J;"^"'^*^^^!* 
catioQ,  rendentla  plupart  des  fermonsinutiles  au  peuple  qui  fotm^e  de  la 
n*eft  niiaftruit,  ni  touchefenfiblement,  &meprifables,  ou  Pr^dication, 
du  moins  ennuyeux  aux  gens  d'efprit ,  qui  y  trou vent  tou-  ^*"^  ^j^^  ^^^* 
)ours  desdefauts;  que  fi  dans  un  ^ge  il  y  a  deux  ou  trois  monfinuciies 
predicateurs  qui  r^uffifieat,  ils  attirent  ^  la  verite  un  grand  &    mdprira- 
nooibre  d*auditeurs;  mais  on  ne  voit  pas  qu'ils  faflent  beau-  j^"  prdtexte 
coup  plus  de  converfions  que  les  aucres,  cependant  ils  font  d  ceux    qui 
un  grand  mal ,  car  tous  les  PridicateAirs  m^diocres,  afpirans  i^'^"^  P>'  }^* 
i  les  copier,  forcent  leur  genie,  &  font  plus  mal  cju^ils  ne  y /xigc?"'^'* 
feroient  naturellement,  pour  vouloir  faire  mieuxquUIs  ne 
peuvent.  On  voit  tous  les  jours  de  jeunes  Cordeliers  & 
d*autres  ftationnaires  decampagne  debiter  devant  des  pay- 
iani  de  grands  mots  &  de  pretendues  belles  penfees  qu*ils 
ont  prifes  dans  des  Auteurs  de  reputation ,  &  qu*ils  efpirent 
faire  valoir  un  jour  dans  les  bonnes  villes;  d'ailleurs  cette 
faufle  idee  de  bt^lle  predication  fert  d'excufe  &  de  pritext^ 
a  la  plupart  des  Eveques  &  des  Cures.  Ils  difent  hardimenc 

Vviv 


<So  D  I  S  C  O  C  R  S 

quVjcefofSFoi-it  prciicitesin,  ^tse^^d  efi  ■vni  t^Ha 
itoRf  pas ti ne (oat pai obl^zb  ii'*T9ir cn  a!±cs  frrTMc- 
4iu'm,  ci  cetis  habirjde  de  cc!3:e''«T  &  ^rrocoocer 

^  siajr*      J'ai  "lit  q=J<  it  p  «p!i  «'eft  ?<»"•  inftrwt,  car  pocr  inT- 

fi  i':,!-  tru^re  ii  fsut  parlcr  iris-c'aireii:er.t,  &  c!«ceni->e  puqyi 

rj  :tj-  ^jj  printipiiquiroicnrfan^aensrj-jiiiieyr.  Or  !a  p^uparx 

7f^tT.'-  '^^  '■■''icai;*  'cn  gro:£ers,  firs  cfuie,  (ar.s  habituoe  de 

s  dc {k.t-  f^appliquer ;  ii  ne &ui dorx pas iesasici  quili  e.-.ccndect a 

''  deim-moi,  ou  ifLi'ili  fijivent  il^  niior.nsicsas  de  ioazas 

kleir.c.  La  p!'JparT  mime  i^  gerrt  d'e;'prir  ou  da  iivuts 

{or.t  t^noTitn  de  la  reilgicn.  Onn^eipiiqueisituis  ?et  dogines 

queparoccafion,  reionq-yiisenrrentdjriledefdn  &(lans 

la  div;r:on  <i'un  rerinon.  On  ne  fe  doane  point  une  libene 

enitre  pour  en  cipliquer  toure  !a  fuite ,  &  faire  eDteodre 

reconomie  admir;>b!c  de  la  conduiEe  d:  DieuftirieshoEnmes, 

il  faudroit  pour  cela  fuivre  l'ordrc  de  i'hiIloire  ,011,  ce  qui 

revient  au  oiente ,  fuivre  !'ordre  dc  l'Ecrifure  isiiite  ,  &  les 

exp!tqucr  picd  i  pied ,  a-j  moiiu  ce  qui  efl  le  plus  oeceOaire 

pour  liiiflruftion  des  fidelles. 

Ainfi,  1'Eglire  n'ett  pius  une  ecolc  ou  ron  eofeigne  aux 
dircipjes  de  Je'us-C)ir<<l  la  fcience  du  falut ;  on  ne  loucbe 
gucres  p!us  qu'on  n'inllruit ;  pour  etre  touche  ,  il  faut 
emsndre  bien  ce  dont  il  5*agit;  it  faui  qu'il  ne  psroifl^e  nul 
artiAce  dans  cc!ui  qui  parle ,  &  qu'on  le  croie  le  premier 
per  fuade ,  oui  re  que  pour  reformer  les  Qiceurs ,  il  faut  enirer 
dant  un  grand  detai!  des  erreurs  &  des  prejuges  de  chacun  , 
&  Li  bien  metire  dev  ani  les  yeux  les  objets  particuliers  des 
vices  &  dcs  vcnus ,  aiin  qu'il  fache  appliquer  a  fa  vie  &  a  (es 
aAions  orriiuaircs  ce  qu'on  lui  dit  cn  general.  Or  ce  d£taU 
ne  »'4CCorde  gueres  avec  cc  qu'on  appetle  graiid  ftyle  ,' 
be!Ies%iires,  elocuiion  ncbtci  auffi  les  AiKicns  vouloienc 
quv  )a  predication  fiii  fsmili^re.  Strmo  cn  Latiit,  booiifie 
cnGrec,  lignifte  un  cnrreticn,  une  converratioft;  cxr  les 
Kveques  fuilorcnt  profelEon  dc  n'etre  point  onieun.  Satat 
CltryCotlome ,  avec  touie  fon  eloquence ,  y  faifbit  peu  d» 
ftgon.  U  n'a  point  dc  delTein  qui  le  coniraigne ,  point  de 
divifion,  point  d'e!£orde.  LepluifouveniileipIiqucrErri- 
ture.  puis  il  faii  unc  digrelTion  dc  morale  fuivan'.  '■ 
de  (i;s  auditcurs  qu'i!  connoiiroit ,  fans  s'aftreii;.i,  ^  . 

ti«re  dont  il  vient  de  parier. 


SUR    LA    PRADICATION.  6«r 

Les  divtfions  femblent  6tre  vehues  des  fcholaftiques  ac-  V' 
roanimfa  i  dire ,  dico  i\  probo  i*.  On  dit  qu^elles  foulagent  ^J?^!^"*  ^** 
a  mimoirc ,  oui  pour  le  pridicateur ,  mais  pour  Fauditcur  dan$  ks  Ser- 
jlles  ne  font  que  rcmbrouiller  le  plus  fouvent, Vil  n*a  ni  mons :  elies 
"*erude  ni  beaucoup  d^efprit ,  &  puis  ces  divifionsne  fcrvcnt  5".eI["^^^Y 
oujours  qu*i  aider  la  mimoire.  fervenc» 

Or  il  n'y  a  que  les  (aits  hiftoriques  ou  Ics  dogmes  efTenticls 
[u'il  importe  de  retenir ;  mais  i  quoi  fert  de  favoir  qu*un 
el  myfi^re  a  fait  eclater  particuli^rement  trois  attributs  de 
>ieu  ,  ou  qu*un  tel  Saint  a  pratique  trois  vertus  entre  les 
lurres ,  puifquece  qtt*il  faut  retenir ,  font  les  adions  parti- 
uli^res  que  l*on  ne  rapporte  i  ces  trois  vertus  que  pour 
aire  une  divifion  i 

Pour  les  maximes  de  morale ,  il  ne  faut  pas  craipdre  que 
auditeur  oublie  celles  dont  il  ayra  iti  effedivement  per- 
lade  :  ce  qui  fiiit  que  Ton  retient  fi  peu  les  fermcns  ,  c*eft 
u*ils  touchentpeu :  au  refte,  cesdivifions  coupentdefagria- 
lement  le  fermbn  en  deux  ou  trois  difcours,  dont  chacun' 

fon  exorde,  fa  propofition,  (a  confirmation,  fa  pero- 
iffon ,  &  font paroitregrofliirement  Tartifice  de  Torateur, 
uifqu*apris  s*£tre  bienechauffeitafinde  la  premi^re  partie, 
>ut  d'un  cpup  il  s*apaife,  s*effuie  &  fe  r*aflied  pour  com- 
lencer  fa  feconde  d*un  grand  fang-froid ,  il  vaudroit  mieux 
e  point  parler  fi  long-temps,  &  n'avoir  point  tant  befoin 
2  repos ,  oa  le  partager  plus  igalement  avec  le  mouve« 
lenr ,  le  r^pandant  en  plufieurs endroits  du  dtfcours. 

Ces  mouvemens  fi  violens  ne  femblent  gueres  s'accom-    .    ^^*    « 
oder  avec  rinftitution  premiere  de  la  pridication ,  car  elle  mouvemens 

faifoit  toujours  it  la  meffe  apres  la  ledure  de  TEvangile  "^  convien- 
ir  TEveque  ofliciant,  pret  a  ofirir  &  i  confacrer ;  il  n'6toit  J t^ji^l^on  * 
is  rrop  convenable  a  la  graviti  de  Id  perfonne  ni  aux  cir* 
>nftances  de  Padion  de  crier  fi  haut ,  de  faire  des  geftes  fi 
olens ,  de  fe  mettre  en  fueur  &  hors  d'haleine :  outre  qu*il 
avoit  pas  le  loifir  de  fe  mettre  au  lit  au  fortir  de  la  chaire, 
de  fe  faire  frotter ,  il  falloit  paffer  encore  trois  ou  quarre 
ures  a  TEglife ,  car  on  fait  comblen  la  meffe  ^toit  longue 
ns  ies  premiersfiecles,  oii  il  n*y  en  avoit  qu*une  pour  tous 
»  iidelles  d'un  lieu ,  qui  la  plupart  y  offroient  &  y  com« 
jnioienr«  Apres  cela  on  ne  doit  pas  s*etonner  du  peu  de 
hcmence  des  fermons  de  faint  Auguftin  &  du  pape  fatnc 
H^goire;  lesinouvemen$doux&  tendres  de  charite  &  do 


682  D  I  S  C  O  U  R  S 

piete,  dontils  font  pleins,  convenoient  beaucoup  mieuf 

a  l'etiii  (fe  c^ux  qui  parloient.  On  etoit  aflez  touche-<l'ail- 

leurs  par  leur  reputation ,  leur  amorite  &  Inir  prereoce. 

Notre  vehemence  n'efl  donc  propre  qu'a  des  gens  qui  a'ef- 

p^rent  perruaderqueparleurdifcourstoutfeul  ,&quin'oat 

autre  ctiofe a  faite  qu'il  prechcr :}e fais bien  que  les  Prophetes 

font  pleins  des  figures  le$  plus  fortes  &  les  plus  terribles  pour 

reprefenter  riiorreur  du  peche  &  la  colere  de  Dieu ;  inais 

c'etoi[  un  veritabJe  zele  qui  les  animoit ,  non  pas  une  etude 

ni  un  exercicc ;  je  ne  dis  pas  autTi  que  s'ii  vient  des  mouve- 

mens  femblables  il  ne  les  fdille  fuivre  ,  pourvu  qu'ils  vicn- 

Dentnaturellement  de  ce  que  le  predicateur  fera  bien  per< 

fuade  de  fon  objet ;  on  en  a  des  exemples  dans  faiot  Jeaa 

Chry-foAonie ,  &  dans  quelqu'autres  peres. 

y"/ .  1'  "  y  ■'  gueres  lieu  d'efperer  que  U  predicatioa  fe  puifie 

lion  «  peut  'stabUr  que  parceuxpar  qul  elle  a  commenci ,  c'€ft-i  dite 

gucics  fe  li-  par  les  paiieurs:des  predicateurs  etrangers,  qui  prScbeni 

t>blirf|iiepjre[,  pafljnidans  une  Eelife  d'emprunt ,  n'3uroiit  iamaisa&i 

queife.  rceiei  ^  '"^'O''"''  po^"^  precber  tacilement ,  &  lis  ne  peuvent  entre- 

iii  doiveut  j  prendre  des  inllrudions  fuivies  comme  celui  qui  efl  attacbi 

fuirre,  ^  „^g  certaine  Itgltre,  ni  entrer  dans  le  detail  des  oiixurs, 

comme  celui  qui  connolt  le  befoin  de  ion  troupeau.  Pour 

les  Eveques  &  les  cures  qui  veulenc  s'appliquer  ferieufemeat 

Stj:  {.  c.  1.  i  cette  fonflion ,  il  femble  que  les  meilleurcs  r^gles  qulls 

^'  "/•  puilTent  fuivre  font  celles  du  Conclle  de  Trente  ,  &  des 

Conciles  de  faint  Charles,  qui  en  font  les  meilleurs  com- 

mentaires. 

vni.  LeConciledeTrente,  apresavoir  d^clar^que  les  Eve- 

f/     ,  ^*i'  quesfontobliges  de  precheren  perfonne,  s'il5n'oniempe- 

Cpncile  de    chement  legitime  ,  prefcrit  aui  Cures  la  :neme  loi,  &  veui 

Trenie.  qu'i!s  repaifTent  lcur  troupeau  de  paroles  faluiaires  ,  au 

^ff  ii.t.4.  ^QJnj  igj  Dimanches  &  les  Fetes  folennelles  ,  lcur  enfei- 

gnant  ce  qui  leur  eft  neceflaire  i  tous  de  favoir  pour  le  fa- 

lut ,  en  leur  annon^ant  dans  un  difcours  facile  &  peu  eiendu 

les  vices  qu'ilsdoivent  fuir  ,  Scles  vertus  qu'ils  doivent 

pratiqucr  ,  pour  eviter  la  peine  ^ternelle  ,  &  acquerir  la 

gloire. 

Etailleurs  le  Concileajoute,  queTondoit  pricherpen- 
dant  le  Careme  &  TAvent  tous  le«  jours ,  ou  du  moins  troit 
fois  la  femainc ,  annoti^ant  les  fiiintes  Ecritures ,  &  la  L(h 
divine ;  &  lou^es  les  autres  fois  que  ies  PaAeurs  jugeai  le 


SUR     LA    PR£DICATION.  6S\ 

poiivoir  faire  commocliment.  II  ordonne  a  rtveque  d'aver- 

tir  le  peuplequechacun  eft  obliged^aller  afaParoifiti.au- 

tant  qu'il  peut  cDmmo<leineni,pour  t:ntendre  la  parolc  de 

Dicu,  &  il  veut  qu'au  motns  les  Dimanches  &  les  F<£tei 

on  enleigneaux.enfans  les  principes  de  la  foi,  &  !'obetf- 

fance  envcrs  Dieu  &  les  parens  :  &  en  un  auire  endroii  oii 

le  Concile  dcclare ,  quencore  que  )a  Meffc  contienoe  une  ^  _  ^^^ ^  ^ 

grande  inDrufiion ,  il  ne  juge  pss  a  propos  de  la  dire  com- 

mun^ment  en  langue  vulgaire.  II  ordonne  aux  PaA.-urs  d'eX' 

pliquer  fouvent  dans  la  MelTe  quelque  cKofe  de  ce  qui  s'y 

lit,  &  prtncipalement  de  declarer  quelque  myllere  de  ce 

Jaint  Sacritice  ,  fur-iout  les  Dimanches  &  1«  Feies. 

Le  premier  Concile  de Milan  fous faim  Charles, ordonue   p^  ,„'     _^ 
aux  Cur^ ,  qui  ne  peuvent  faire  de  Sermons ,  d'en  prendre  pof^fi   d,„t 
dans les Peres ,  de les  iraduire  & de  les lire  au peuple.  11  re-  *•■*  t^ofciie» 
commande  de  pr^cher  tous  ies  Dimanches ,  les  Fetes  &  les   '  jiul'. 
fouri  de  je&nes  dans  Ics  Villes ;  &  tous  les  mois  a  Ij  C3m<     Tit.  tt. 
pagne,  de pr^cher ce  qui  eA  contenu  dans rtcriture-fatnie , 
fuivant  lc  fens  des  P^res ,  &  de  ne  gjueres  s'arreter  auz 
interpr^ations  myfliques. 

Lc  fecood  Concile  recommande  d'eKpliquer  les  Feces , 
&la  dlffi^rence  destcmps  de  Tann^  Ecclefiallique. 

Le  quatri^me,  d'in{truire  chaque  efp^ce  de  gens  en  foi) 
paniculier,  jeunes,  vieux,  maitres,  valeis ;  & ,  fuivant  le 
precepte  de  faint  Pjul ,  de  pr^cber  au  milieu  de  la  MefTe  , 
de  lire  rEcriiure ,  &  de  rexpiiquer  verfet  a  verfci ,  fuivant 
rancicn  ufage ,  qu'il  exhorte  les  Evequei  dereiabiir. 

Le  cinquieine ,  inflruii  le  peuple  dc  la  mani^re  d'ecou- 
ler  les  Sermons ,  &  recommande  le  Cat^chifme.  Totis  ces 
endroiis  dts  Conciles  de  Milan  miriient  d'etre  etudies  foi- 
gneufement  par  ies  PaAeurs. 
Onvoitparcesrt-glcsqtieliedoic^trelamaiiircdetSermons.        y,- 

I ".  Les  verites  n^ceffaires  au  falut ;  cViiadire  Its  mc-  .Q"*''»  do"' 
mes  qui  font  la  maiiere  des  Catechifmes  ,  avec  cetie  dif-  (ii.7e  d*t  Sei- 
titiflion  ,  que  parlant  aux  adultes  &  i  toui  !e  peuple  ,  on  mnm  :    ■■. 
doit  ics approfondir  davantagc ,  &  y  faire  plus  voir  la  fuite ,  '*' ."f  ^*'''  "*' 
&  la  liaifon  ,  qu'en  parljnt  aux  enfdns  :  mais  il  ne  faut  pas  quj^-y   npt 
laiffcr  les  adulies  dans  une  ignorance  grofli^re  dcs  myfl^res  poite, 
&  des  dogmes  effenticls ,  fout  pretexie  des  Cai^chifmes  , 
que  plufii:urs  n'ont  point  appris  etant  enfans ,  &  doni  les 
autres  pour  la  plupart  n'oiit  rien  retenu. 


'694  D  I  S  C  O  V  R  S 

i^.  LTcriture-fainte  que  l'on  doit  expliquer  ,  a  quoi  Tott 
ne  fatisfait  pas ,  en  prenant  pour  la  foroie  un  texte  de  Aeia. 
ou  trois  mots,  fur  lequel  on  bStit  un  difcours  tel  que  ron 
veui>  il  &udroit  expliquer  au  moins  tout  ce  qui  fe  dit  a  la 
MeJTc.  puifque  c'eft  ce  que  TEglife  3  jugile  plusurilepour 
rinftniSion  des  Fideltes,  en  faire  voir  la  fuite  daos  le  U- 
vre  dont  il  eft  tir6 ,  &  en  d^couvrir  tout  le  fens ,  non  pas 
en  chercbant  des  my{l^res  fur  chaque  parole ,  oiais  en  en- 
trant ,  auiant  qu'il  fe  pent ,  dans  la  penf^e.  Par  la  m^me 
laifon  on  devroit  expliquer  aulli  toui  ce  qui  fe  dit  darn  l'Of- 
fice ,  foit  les  le^ons  des  Matines ,  foit  les  Chapitres  des  au- 
tres  Heures ,  puifqu'on  le«  lit  pour  tout  le  peuple  ,  &  fur- 
tout  les  Pleauines ,  qui  font  le  corps  de  rOffice ,  fii  les  vrais 
nod^les  de  pri^res  pour  touies  les  rencontres  de  la  vie.  11 
eft  vrai  qu'il  y  a  des  Pfeaumes  fort  difficiles  A  expliquer 
fclon  la  Vulgate ,  que  le  Concile  nous  oblige  toutefois  de 
fuivre  dans  les  explicarions  publiques ;  il  faudrmt  fur  ce 
point  confulter  les  Evetiues ,  &  peut<£tre  ne  jugercut  -  oo 
pas  temeraire  d'appeler  au  fecours  la  Verfion  de  Saint 
Jer^mc. 

3  '.  On  doit  expliquer  dans  les  Sermons  le  faint  Sacrifice 
de  la  Meffe ,  non  pas  cn  cherchant  des  myfl^res  fur  chaque 
ornement ,  &  fur  chaque  cer^monie  pariiculi^re  ,  comme 
ont  fait  la  plupart  des  Modernes ;  roais  entrant  dansTefprit 
de  l'£giife  pr  la  connotflance  de  rantiquit^ ,  &  la  compa- 
raifon  des  difierentes  Liturgies  ,  pour  diftinguer  ce  qui  eft 
effentiel ,  de  ce  qiu  ne  l'ell  pas ;  monirer  quelle  eft  rintea- 
tion  de  rE^Iife ,  &  quel  eA  le  devoir  du  peuple  dans  cette 
fainte  aftion ,  &  le  meitre  en  etat  d'y  afliHer  uttlemeiit ,  8c 
de  concourir  avec  le  Pretre  i  une  meme  fin. 

^''.Tout  lereflede  l'Oifice  doiTauirieireexpliqu£,afiii^ 
que  le  peuple  connoiffe  les  pri^res  publiques  oii  il  doit  at; 
fifier,  qu'il  les  honore ,  qu'il  s'y  aficAionne. 

5  **,  Les  ceremonies  du  Bapteme  &  Ae  rous  les  autres  Sa- 
cremens ,  des  Enterremens ,  de  rEau-Beniie ,  de  la  Coore- 
cratioR  des  Auteis  &  des  Eglifes  ,  de  la  BeDedi£tion  des 
Cloches. 

6".  L'annie  Ecclifiaftique,  ce  que  c'eft  que  TAvent; 
le  Careme  ,  les  Quatrc-Temp* ,  les  F^tes  principales ,  les. 
Dimancbes ,  les  jours  d«.PArie.*  le  devoir  dec  Chririem 
en  chaque  temps.  ^        ''4|t4«jcMet  4  eaA^a  avaat 


SUR    LA    PRfiDlCATION;  iif 

tt'ei)  venir  aux  queftions  fcholaHiqiies ,  aux  penlScc  my^'; 
ques ,  &  aux  alluiions  inginieufes. 

1*.  La  Morale  iburnii  encore  plus  de  mui^re ,  il  n'y  en        XI. 
B  point  dc  partie  qui  ne  doivc  etre  prcchie  foigneuremeni.    ^ei  princ!- 
Un  Pridicateur  fe  doit  regarder  comme  un  viritable  Pro-  Mor*!*  , '  ae 
felTeur  de  Moralc  ,  &  n'etre  polnt  content  qu'il  n'en  au  ton   ca  qai 
compofi  un  cours  eniier ,  &  qu'il  ne  Tait  enfeigni  pluficurs  '"'  "PP"«"i 
fois.  La  m^thodc  de  rEcole  peut  lui  fervir  pour  pr^parer 
les  matiriaux  ,  &  l'iflurer  qu'il  n'a  rien  ocnis ;  mais  il  ne 
doit  point  en  parler  publiquement ,  oi  s'y  attacbcr  pour 
precher  chaque  pariie  dans  rordrc  ou  il  Taura  itudi^  ; 
qu'il  s'accommode  k  Toccafion  det  Evaagiles  que  TOffice 
Jui  fournit ,  ou  des  autres  le^res  de  TEcriture  -  fainte.  U 
aura  donc  des  Scrmons  ,  i ".  pour  montrer  la  aiceZxi  de 
la  Morale  ,  &  il  en  tirera  Ics  preuvcs  du  commencement 
des  Proverbes  &  des  auircs  lieus  de  rEcriiure  qui  eshor- 
teni  a  remde  de  la  fageffe.  CcA  un  des  plus  importaos  fu- 
jets ,  puifque  la  plus  grande  fource  de  la  corruptioo  vienc 
de  cc  que  la  plupart  des  gens  ne  s'im3ginent  pas  m^me  quH 
y  ait  une  Moralc ,  ni  qu'tls  doivent  faire  des  rMeiions  fur 
leur  conduiie,iIsvivcnt  au  hafard,  &fuiventaveug!iment 
leurs  paffions ,  fans  fonger  meme  s'il  y  a  des  paflions ,  oi  li 
elles  font  bonnes  ou  mauvaifes ;  ou  s'tls  croient  que  Ton 
peut  r^ler  fa  vie ,  ils  croient  que  cela  ne  convient  qu'a 
des  Rcligicux. 

a".  II  iaut  traiier  encelieu.la  Fin  derni^re.leSouve*' 
ratn  bien ,  la  Beatitude  ,  montrer  en  gin^ral  la  neceffiti 
d'une  finourerapportcnt  toutcslesa^tonsdelavic.  Osm- 
jne  chacun  a  fon  but  pariiculier  ,  fic  quc  cette  fin  ne  peuc 
etrc  que  IKeu ,  &  qull  n'y  a  point  d'autre  Beatitude  que  la 
polTeflion ,  ce  fujet  comprendroii  plufieurs  Sermons  ,  ua 
pour  montrer  que  le  bonheur  ne  confifie  pas  dans  les  ri- 
chefles ,  un  autre  contre  le  plaifir ,  ainfi  du  refte :  uq  autre 
ou  plufieurs  pour  montrer  en  quot  il  confille  dans  cette 
yie  &  dans  rauire. 

)o.  On  pourroit  traitcr  des  Lois ,  de  la  necefliti  de  fa- 
▼oir  les  Lois ,  Sc  de  les  obferver  ;  &  a  proportion ,  de  toui 
ceque  iraitent  les  Philofophcs  &  les  Theologiens  en  Mo- 
rale,  choififlant  ce  qui  eft  de  praiique ,  &  fe  gardant  bicn 
|de  lei  traiier  i  leur  mani6re. 

i^i,lM_ynoa  qui  fouriuroieat  la  priocipalc  &  ia  plus 


686  D  I  S  C  O  U  R  S 

ample  matUre.  On  pourroit  (e  fervir  du  paraltele  q^je  faint 
Thomas  en  a  fait  (tans  d  Seconde-Seconde ,  Tans  5'attacher 
a  la  methode ,  ni  a  (ei  divirions ,  choirillant  dans  rEcrinire 
&  dans  les  Peres  ce  qui  paroitroit  de  plus  Con  &  de  p'us 
touchant  fur  chacune.  Lc  iraite  de  chaque  vertu  eoiporte 
par  necefTite  1e  traite  du  vice  ,  qui  lut  ell  contraire. 

j**,  Les  paffions  qii'il  faudroit  auffi  traiiijr  chacune  en 
patticulier ,  faifant  voir  leur  naiure  ,  leur  cauCe,  &  leurs 
efTeis.  A  cela  pourroit  fervir  la  Rhetorique  d'Ari{lote  ,  & 
plufieurs  endroits  des  Orateurs  &  des  Poetcs  qui  en  four- 
niflem  des  peincures ,  a  la  charge  que  l'on  fe  ^ arderoit  bieo 
delesciier;maiscequi  ferviroicle  plus,  feroii  de  bien  ob- 
fervcr  les  bommes  ,  pour  etiidier  leurs  pallions  fur  le  na- 
turel.  VoJla  ce  que  )'appelle  un  cours  de  Moralc  tjue  le 
Pr^dicaceur  lieniiroiitoujoursprct  pour  s'en  fervirauxoc- 
cafions,ransfemettreenpeined'obrerveraucunordreenire 
les  Sermons.  Par  exemple  ,  apres  avoir  parli  le  premier 
Dimanche  de  careme  Acs  lentations,  qui  font  les  obflaclef 
des  Vertus ,  i1  ne  laifleroit  pas  de  parler  le  Lundi  dti  Juge- 
ment ,  qui  fera  voir  notre  veritable  fin ,  &  le  Mardt  de 
]'Envie ,  qui  efl  unc  palTion.  II  n'imporie  nullcment  de  fa- 
voir  la  Morale  par  meihode ,  parce  qu'on  nc  doir  pas  Pap- 
prcndrc  pour  en  difcourir  ,  mais  pour  la  praiiquer  ,  &  on 
ne  peut  ia  pratiquer  par  ordre.  II  fdut  fuivre  plutot  les  ren- 
contres  de  1a  vie.  Ceite  methode  d'Ariftoie  &  des  Theolo- 
giens  modernes  ne  fcrc  de  rien  pour  toucher  les  coeurs  ; 
aulTi  n'en  voyons-nous  point  de  fcmblables  dans  les  livrcs 
Moraut  de  l'Ecriiure ;  mais  nous  y  voyons  loutes  les  maxi- 
mes  utiles  pour  U  conduite  de  la  vie ,  renferm^s  dant  des 
fentcnces  courccs  &  revetues  d^images  vives  ,  &  de  com* 
paraifons  ingenieufes  pour  les  faire  mieux  retenir. 
KII.  Cell  peu  pour  la  Morale ,  de  preparer  les  mat^iaux» 

"'1  M^'  fi  Ton-ne  fdit  les  mettre  en  ocuvre.  Les  preuvcs  doivettt  itre 
'  lirces  du  bon  fens,  de  revp^rience,  &  dcs  chofes  conouei 
de  la  vie.  11  faut ,  autant  quil  fe  peui ,  profiier  des  prijugcs, 
qui  font  d^jd  dans  refpiii  de  rAuditeur,  fans  fe  metrre  ta 
peine  de  remonter  mx  premiers  principes ,  ni  d'erDployer 
ics  mcilleures  raifons ;  fi  ron  voit  que  de  moindres  fa^nt 
pkis  ct'c(ret.ilfauttoujoursa11cr  par  techeminle  plus  courc 
au  bui ,  qui  etl  dc  convenir. 

Mais  le  principaldaasla  morale,  c'eA  de  toiiclwr,  1.: 


SUR    LA    PRtDICATION.  69f 

<|ui  nefe  peut  fiaire  que  par  des  images  qui  faififlent  vive- 

memrtmagination,  &par  des  figures  qui  remuent  les  paf- 

fjons.  Onen  trouve  beaucoup  plus  dans  TEcriture  fainte, 

particulierement  dans  les  Proph^tes ,  que  dans  quelques  au* 

tres  livres  que  ce  foit.  On  y  peut  apprendre  i  ne  fe  point 

fervir  des  propofitions  g^n^ales  qui  ne  donnent  que  des 

ideesconfufes;mais  des  propofitions  finguUires  &  indivi- 

duelles,  &a  repr^fenter  leschofes  plut6t  que  de  les  nom- 

mer. «  Le  boeuf  connoit  celui  qui  Ta  achet^,  &  Tane  con      j^;^  ^^  ^ 

n  noit  Tetable  de  fon  Maitre  ;  mais  Ifrael  ne  me  connoit  v.  |. 

n  point.  n  Ceft  ainfi  que  parle  Ifaie.  Nous  aurions  plutdc 

dit :  Ifrael  efl  plusingrat  que  les  betes.  Au  lieu  de  dire ,  Ba- 

bylone  etoit  fuperbe  &  enflee  de  fa  profp^riti ,  le  Prophete 

la  reprefente  commeune  femme  ,  &  lui  parleainfi:  a  Ecou- 

II  te ,  ddicate^quidemeuroisen  alTurance,  &difoisen  toi- 

•>  meme :  Je  fuis ,  &  il  n'y  a  perfonne  que  moi ;  je  ne  fuis  ni  Idem.  c.  67^ 

)  veuve  ni  fterile. »  Sans  nommer  Torgueil ,  il  lepeint  par-  ^' 

iaicement ,  montrant  les  penfees  qu'il  infpire.  Ceft-I^  le 

2;rand  fecret  pour  rendre  le  difcours  touchant,  de  mettre 

es  chofes  fingulieres  devant  les  yeux,  &  faire  fouvenc 

>arler  di vers  perfonnages ;  mais  il  faudroit ,  pour  y  arriver, 

btudier  beaucoup  les  livres  des  anciens  du  fiecle  d*Augufte 

ic au-deflus ,  &  ^tudierencore  plus  la  nature  que  les  livres. 

Le  moyen  le  plus  (ur  pour  perfuader  la  Morale ,  eft  de       ^uj^ 
aire  aimer  la  verru.  Or ,  il  n'y  a  point  d'efprit  fi  mal  faitik  Pour  ptrfui* 
[ui  on  ne  larenditaimable,  fi  on  favoit  la  prefenter  du  bon  dcrla  Mora- 
;6te.  II  n'y  a  point  d*homme qui  ne  foit  fenfible  k  la  juftice ,  J?.^'^  aimcru 

la  liberalit^ ,  a  la  valeur :  s'il  ne  les  fent  en  lui-  meme ,  du  vKrtu ,  tnfpU 
[loinsil  les  aime  dansles  autres  par  lebien  qu*il  en  re^oit ;  '«'  ^»  cruiu- 
u  moins  il  reflent  le  mal  que  lui  fait  le  vice  contraire ;  &  [f^MtgaQtl^ 
1  on  Texamine  bien  ,  on  trouvera  que  ce  qui  rend  les  ver- 
J5terribles&  fScheufes  i  laplupart  des  hommes ,  c*eft  les 
luflfes  idees  quHls  en  onr.  IIs  ne  voient  dans  la  tempirance 
ue  de  la  contrainte  &  de  Tennui ;  le  mepris  des  richefles 
ur  paroit  infeparable  de  la  pauvrete&delamif^re.  II  faut 
>nc  detruire  cesfauflTes  id^es,  &  faire  connoitre  la  vertu 
>ur  ce  qu*eHe  eft.  Au  contraire ,  il  faut  rendre  bien  fenfible 

laideur  &  la  mif^re  des  vices  parlesexemples  ordinaires 
ms  lavie  humaine,  &  fairetoucher  audoigtque  tout  ce 
li  nous  afilige  &  nous  incommode ,  ne  vient  que  de  nos 
ces  &  de  ceux  des  autres.  Sur«tout  il  faut  s*attacber  a  de 


iW  D  I  S  C  O  U  R  s 

certaines  vem»  coinuuniment  moins  eftimies,  cofmnell 
paticRce  &  l'humilite ,  8t  montrer  combien  il  eft  deraifbn- 
nabledelcsrouhaicer  dans  !es  auires;&  de  ne  pas  travail* 
lcriles  acquerir  nous-memes.  Or,  comme  en  parlant  en 
public  ona  toutes  Tortes  de  gens  k  perfuader ,  il  faut  ^udier 
dans  les  convetrations  parriculieres  les  difiereiu  efprits  des 
hommes ,  pour  voir  les  divcrres  manieres  dont  les  veiites 
Ibni  re;ues,&  les  difT^rens  tours  qui  les  font  entrer  dans 
lesefpriis.  II  faut  obferver  les  obje&ons  les  plus  ordinairet, 
&  mekr  touicela  dans  le  Difcours  public ,  afin  que  ce  qtii 
ne  fera  pas  d^impreflion  fur  l'un ,  en  ia.Ss  fur  rautre  ,  ou 
qu'une  feconde  preuve  touche  celui  qui  n'aura  pas  ere  at- 
tentif  a  la  premi^re.  Ccd  pourquoi  le  Pr&dicaieur  accou- 
lume  a  indruire  ou  i  exhorter  en  particulier  des  malades  ou 
d'autrcs  pcrfonncs,  comme  un  Pafleur  y  eft  obligi  par  & 
charge.ell  Sien  plus  propre  a  perfuadcr  que  celui  quine 
fait  que  compofer  des  Scroions  dans  fon  cabioet  ,  &  les  re- 
citer  en  Chaire. 

Ceux  qui  nc  font  pas  alTez  raifonnables  pour  gouter  ces 

nobies  iilees  de  la  vertu ,  ont  befoin  de  crainie  &  d'efpe- 

rance.  En  un  mot ,  il  faut  les  prondre  par  leurs  paOions ,  6t 

c'ell  a  ccla  que  fcrvcnt  principalement  ces  vives  images  Bc 

ces  grandes  tiguresdontj'3ipaile  ;  maisil  feutprendre  gar- 

ilequ'elles  foient ferieufes. Si  eliesparoiirent^tudi^eSiSE  fi 

Ton  peut  rcmarquer  la  molndre  affsdation  dans  les  penfees , 

l'£[ocution,  IcgcAe&  la  voix,  ellcs  ne  fontpoint  fainilii- 

res.  Si  les  images  fontiireesde  troploin,  foit  dansla  m- 

ture,foit  dans  rhiftoire,  elles  ne  touchent  point;cequi 

fait  qu'un  grand  nombre  d'eipref1ionsde  TEcriture  ne  foat 

point  anotreufage,  a  caufe  dc  la  diverfui  des  temps&det 

mccurs ;  car  perfonne  n'e&  louchede  ce  qu'il  n'entend  potnt 

XIV.  ^  P'''^  grande  difHcuIte  de  la  Pr^dication  eft  de  £ut« 

X.ipiuigrin-  que  rAudiieur  s'interefn:  aux  veritesdont  onlui  parlef  qui 

de  <iiftii.uiti  „'Qn[  ,.;g(j  j^  fenfible ,  de  palpable  &  de  matiriel ,  riea  qui 

«tio*ii  Vft  de  ^^'^'^  ^"  temporel  &  a  la  vie  prefcnte  ;  car  it  ite  feroit  pn 

piri-eniriin- ditficile  detoucherdes  gensaqui  Ton  propoferoitder>r* 

t^reflerrAu-  gg„[  ou  desplaifirs;  mais  toutcequi  neregarde  quel^ameft 

la  vie  fuiure,  femble  forc  creuK  a  la  plupui  des  httfHNSi 

oudumoinsfort  doigne.  II  efldoticbefoin  d'uaetioqiKiiM 

tres-folide  &  tr^s  puifTantc  pour  les  ele«er  au-di&ii  im 

fcns ,  les  faire  converfer  arec  les  efpriis*  &  U»!f? 


SUR    LA    PR£DICATI0N.  CS9 

kn  Tautre  monde.  Le  rcfpcft  de  h  Rcligion  nuit  encore  cn 
qudlque maniure ; il  n^cH  pas  pcrmi! Uintcrrompre  le Prc- 
dicareur,  ni  dc  !ui  tdire  dcs  objefiions.  II  rcmbJc  qu'il  n*iRi- 
porrcpas  aufli  d'etre  pcrfuadcdece  qu'il  tlit ,  &  qucce  n'eft 
pasime  preuve  qu'il  le  foir  lui-nii:me  ,  commc  ceux  qui 
Duniendcni  pas  le Latin ,  rcpondent  j la  Mcfte  & aux  Orai- 
i^oni,  aufli-bienquelcs  Butres';&quc  ccut  qui  rentendcnt, 
y  repondcnt  le  plus  fouvenc  fLinspenfcracc  quils  difenr.  , 

On  5'eil  accoucume  a  re^arder  tout  ce  qu\  fe  fjit  a  rEglife 
commc  des  cer  jmonies ,  &  (out  ce  qui  s'y  dir  comme  dn 
formules  qu'jl  faiit  rcpcicr  ,  fans  fc  foucicr  dc  lcs  entcndre, 
&: fans les  prendre au  picd  dc  laleitre ,  <i  on les entcnd  ;  com- 
mc  on  ne  prcnd  pas  a  !a  rigucur  ccs  formules  dans  lcs  aAct 
publics  dc  la  Jul^ice  &  d'autres  affaires.  Ainfi ,  c'e(i  unc  r^i- 
fon  ii  pluficurs  de  nc  pas  croirc  qu'une  maximc  foic  exafte- 
mcntvraie,  torfqu'clle  n'a  cicouie  qu'au  Sermon.  Ainfi  , 
c'cft  uncdevotion(ies'ennuycr  auSermon  commer.itx  Ve- 
pres&auxauircsparcicsdci'Oflicc,  pourvu  queTon  y  jf- 
lifle  aiTidiJmcnt  avec  unc  contenance  modefte  ;  tcimoinces 
Lonnes  femmes  quidifenr  leur  chnpclct  pcndanc  que  roti 
prechc.  IX'-laricntencorequ'ilcfl  (iordinairc  d'y  dormir; 
car  011  ne  don  gucrcs  quand  on  croit  avoir  un  intcrer  con- 
fiderablc  a  cc  qui  fc  dii. 

Pour  reveiller  Ics  Chreticns  &  les  tirer  de  cettc  indifte-        XV. 
rcncc  ,  il  faut  leur  raraener  fouvent  les  grands  principes :  "W"'  '■ '"- 
Croycz-vousunDii^UgUn  7ugement,unEnfcr.'Soyczdonc  chn-cieai 
dans  le  rcfpcA  continucl  devani  ce  Dieu  totii-puilTanr ,  ne  ■■>*  v^rit^i 
faitcs  rien  mic  vous  ne  puifliez  fouicnir  u  cc  Jueemcnt.  Evi-  '"  ""        ' 
tc?  ce  qui  cll  capable  dc  vous  precipiier  dans  cei  Enfer,  II 
faut  joindre  aulTi  toutes  lcs  verites  de  pratitiue  fi  diOicilcs  i 
perTuader, avcc  Ics  verites fpiculatives  dont on  convieni  d 
aifvment;&en  fairc  voir  laliaifon  nicelTaire.  Vous  ne 
croiricz  pasetreChrciicn,  fi  voiudoutiez  que  Jefus-Chrilt 
zic  fut  laSagefreciernelle:  necroyezpastioiiplusqu^ilftHt 
pcrmisdedouter  que  la  pauvrete  ne  vailtc  mieux  que  lesri- 
chclTes ;  qu'il  ne  faille  porter  fa  croii ,  renoiKer  a  roi-mi- 
ne,  aimer  fesennemis,  &  ainfidnrefle.  Nevoiuflattez 
point  du  titre  &  de  la  profeflion  de  ChrMen ,  puifqu*il  cft 
inutilefans  le5ccuvres.lln'yaqucdeiiz  fortcs  dc  gcti^  fur 
^uicesfortes  de  raifonnemeni  ne  &frenc  |>as  iirand  uircti 
pules  libenint  qui  fK  con^nnent  pa^  du  principc ,  ou  dM 
Tomtll,  Xk 


«90  D  I  S  C  O  U  R  S 

efpritsfibornss  &fi  frivoles,  qu'i's  aient  peiae  i  y  ioiirlrb 
les  confequences.  Or ,  comtnc  la  Eorce  de  l*exeniple  &  de 
laccurume  font  t<s  plusgrands  obilacles^  ces  veritet,  il 
hax  infiAer  fouvent  fur  ces  masiines  de  rEvangile ;  Que 
tres  peu  de  g;r.s  fc  fauver.t ;  que  le  monde  eft  cnnemi  de  Je- 
fus-ChriA;qu*iln'yap3sdemilieu  entre  la  voie  etroice  & 
la  voie  brge  ;  qu'il  Caut  eire  Saint  ou  damne.  II  y  a  beiu- 
coup  plus  de  gens  capables  d'eire  louohes  des  exemptes, 
que  des  raifons ,  joini  q je  le  melange  des  faits  &  des  iiarra- 
tions,  rend  le  difcours  fartagreable^&detatTeceuxqui  foat 
les  p'.us  atieniifs  au  raifonnement.  Je  voudrois  oieler  fou- 
veni  des  eiemptes  &  det  hifloires  des  Saincs  ,  les  tirant  rant 
queje  pourroisde  l'Ecriiure,&  y  obfervant  les  reglesfui- 
vanies.  i".  ChoiOr  entre  !es  Hliloires  tes  plus  approuvees 
&  les  plu«  Stires,  &  d'eviter  avec  grand  fo:n  toui  ce  qui 
tieni  tani  foit  peu  de  i'apocryphe  ,  comme  etanc  indigne  de 
la  graviiedelaChaire.  i^.De  choifir  des  exemples  les  pluE 
imitables,  8c  lailTer  ce  qui  ne  peui  produire  qu'une  admira- 
tion  lleriie.  3°.  De  rendre  ces  exemples  bien  renfibles, 
montriinc  que  les  Saincs  etoient  des  hommes  de  cnenne  nature 
que  nons:  que  le  monde  eioii  de  leur  temps  ce  qu'il  efl  pre- 
fer.ieir.eni ;  qu'ils  avoieni  les  memes  centations  &  les  me- 
inesditGcultes,ou  deplus  grd[ides;&  qu'il&  ne  fe  font  faits 
Saints  qu'a  force  de  prier ,  de  fe  monifier ,  &  de  le  vaincre 
eux  memes;  qu'ilsn'avoiene  pas  un  autre  Evangile  ni  d'au- 
tres  Sacremens  ;  qu'ijs  oni  ^e  feulemeni  plus  Bdeliesa  la 
grace.  4°.  Monirer  quelquefois  leurs  dcfauts  ,  &  mane 
leurs  fautes,  pour  confoier  les  pecheurs  &  les  foibles,  & 
peiliiader  d^autant  p!us  que  leurs  vcrtus  n'cioieot  que  Att 
tScK  de  la  Grace. 

Oiiire  les  exemples  particuliers ,  il  e(l  bon  de  repreienrer 

fouvcrt  les  mceurs  ife  tous  les  Chreriens  des  premiers  fii- 

cles,&  partioili^reme^^tde  certains  Ordres  ,  comme  dei 

Moir.es  &  des  Viergcs. 

''I.  Aproposi!ecesexempIes,il(aut  direunmotdes  Pane- 

"f  '''  gyriqucs  ;  c'eft  le  ge.nre  des  Sermons  le  plus  fujei  i  la  fa- 

^rj.      dk^ui  &  a  Tennui ,  &  oii  jj  fe  dit  le  plui  de  cbofes  indignei 

dc  Vi  Chaire.  Cela  vient ,  ce  me  femble ,  de  ce  que  Ton  ik 

croit  obiige  a  ne  parler  quc  du  Saiur,  Or.  U  y  x  bien  dcs 

Saints  dooi  on  connolr  peu  la  vi« :  h  dAroriqa  det  peur^Iei 

kssffodusceUbrescr'-   '-*"  fui: rien  ^plw 


SUR    LA    PRfeDICATlON.         »91 

Tek  font  S.  Nicolas ,  S.  George ,  S.  Chrifiophe ,  Ste.  Ca- 

therine,  Ste.  Marguerite  &  d*autres,  4  qui  ron  attribue 

des  verfus  &  des  qualitds  communes  a  plufieurs.  C*efi  un 

Martyr,  c*eft  une  Vierge»  ils  ont  fait  plufieurs  miracles; 

cependant  il  faut  remplir  un  Sermon  d*une  heure.  On  fe 

jettefur  les  belles  penfi^es  &  fur  les  grandsmots.il  eft  biea 

vrai  que  TEglife,  en  inftituant  des  Fetes  en  Thonneur  des 

Saints  ,  a  voulu  nous  exciter  i  les  imiter  ;  mais  elle  a 

voulu  auffi  les  honorer  en  faifant  du  jour  de  leur  mort, 

vn  jour  de  Fete  ;  c*eft  i-dire  un  jour   de  joie  fembla- 

ble  au  Dimanche,  oii  les  Chretiens  s^aiTemblent  pour  prier » 

chaoter  les  Pfeaumes.lirela  fainte  Ecriture.  ailifter  au  Sa» 

crifice ,y facrifier  &  communiec ; enun  mot ,  pour vaquer 

aux  ezercices  fpirituels.  Mais  il  ne  faut  point  fe  donner  la 

g^ne,  pour  faire  que  tous  ces  exerdces  ne  fe  rapportent 

qu*au  Saint,  &  ne  regardent  que  lui.  Les  Saints  ne  laiffent 

pas  d*Stre  honores,  quoiqu*on  n'ait  pas  toujours  leur  nom 

i  la  bouche ,  pourvu  que  leur  memoire  nous  excite  k 

louer  Dieu. 

On  peut  donc  prScher  a  leur  FSte  ce  que  Ton  prScheroit 
unDimanche  ,expIiquerr£vangiIedujour,&  traiter  quel* 
que  point  de  Morale,  &  il  faut  bien  enufer  ainfi  lorfqu^on 
ne  fait  point  le  particulier  de  leur  hifioire ,  fi  Ton  veut  dire 
quelque  cbofe ,  ou  bien  louer  en  gin^ral  leur  Ordre  de 
Martyr  ,de  PrStre,  de  Vierge.  Enfin  ,  il  fautfe  fouvenir 
toujours  de  la  majefte  de  TEvangile  &  de  la  Pr^dication , 
pour  nepascroire  qu*il  foit  permis  de  debiter  dans  la  Chaire 
dev^rite  des  hiftoires  quine  foutiendroient  pas  la  cenfure 
des  habiles  critiques,  ou  de  vains  Difcours  femblables  Ji  ceux 
desanciens  Sophiftes  quine  cherchoientqu*4amufer  agrea- 
Uement  le  peuple. 

Fin  du  Tomt  ficorul. 


Xx  ij 


f^H^ftmyc^i^^'^  <  ' 


t.:j?j.«^4 


692 


S^ 


^: 


TABLE  DES  SOMMAIRES 

Dcs  Pieccs  contenues  dans  ce  fecond  Volume. 


TRa  I  T  i  dtt  Cholx  &  de  la  Me- 
thode  des  Etudes ,  page  l 

Avis  de  VAuteur,  3 

/.  Dtffein  de  ce  TraitS  ,  / 

//.  Premiere  Partie.  Hiftoirt  des  Etudes, 

Etudes  dcs  Grecs,  ibid. 

III,  Etudes  des  Romains  ,  S 

IK.  Etudes  des  Chrctiens^  12 

y.  Etudes  des  Francs  y  16 

VK  Etudes  des  Arahes  ,  19 

yil.  Etudes  d«s  Scholafiiques  ,  2  ^ 

VIIL  Univerjites  &  lcurs  quatre  Facul- 

tcs .  a6 

IX.  Faculte  des  Arts  ,  37 

A'.  Phyfique  ou  Medccine  ,  J2 

XI.  Droit  Civil  &  Canonique  ,  34 

XII.  Thiolo'^U,  35 

XIII.  Renauvctlement  des   Humanites  , 

XW*  Scconde  Partie,  Du  Choix  desEtu- 

des ,  43 

XV»  MithodepouT  donner  de  1'attention  , 

45 
XVI,  Divifion  des  Etudes ,  5 1 

XVIU  Relision  6*  Morale  ,  5  2 


\ 


XVIII.  Civiliti  :  Polieejfe  ,         page  (5l 

XIX.  Looique&  Metaphyfique^  Cy 

XX.  Qu*il  faut  avoir  Join  du  corps  ,  70 
XXL  ^u*il  nefaut  poeru  itudicrpar  in" 


teret  , 

XXII.  Grammaire , 

XXIII.  Arithmetique  . 

XXIV.  (Sconomtique  , 

XXV.  Jurifprudence  , 

XXVI.  Politique, 

XXVII.  Langues :  Latia ,  6v. 

XXVIII.  Hifioire , 

XXIX.  Hifioire  naturelie  ^ 

XXX.  Geometrie , 

XXXI.  Rhitorique^ 

XXXII.  Poetique  , 

XXXIII.  Etudes  curieufes  , 

XXXIV.  Etudes  inutites^ 

XXXV.  Ordre  des   Etudes  filon 


dges  , 


76 

7» 
J?l 

ibid. 

S6 

9^ 
94 

97 

1C2 

1C4 

ibid. 

1C9 

110 

\\l 

116 
i»7 


XXXVI,  Etudes  du  femmes  , 

XXXV  II.Etudes  des  EccUfiaJiiqucs,  1 20 

XXXVJIL  Etudes  des  Gtns  d^Epee  , 


»14 


XXXIX,  Etudesdes  Gcmm  dg  rohc^  116 


tiJUe 


INSTITUTION 

AU    DROIT    ECCLlfeSIASTIQUE. 

Preface  ,  pag«  131: 

PREMIERE    PARTIE 

Des  Perfonnes. 

/.  TT  ISTO  TR£   du  Droit  Ecclefiaf- 

JJL  tiqiic  ,  pige  135 

Jl.  Divifiondu  Droit  EcclefiafiiquCf  I57 

lil.  Dtt  Cler^i  ^n  ^ineraL ,  165 

J V.  Dn  Iriciiuij.-itJs ,  171 

V.  Dz  la  Ton/urc  ,  177 

VI.  l)et   quiwc  Ordr^s  Miaeurs  ,       iSi 
yil,  Dts  Ordrcs  facris  cn  ^incrcl ,    2S6 


VIIL-Des  Sons^DiMW  &  d€»  Dimsnmi 

/X.  Z7««  /'^«'rfM.  .     t^ 

X.  Dc  la  promoeiam  du  EwimttM.^      istt. 

XI .  Dela  conficratiom  dtPS^me  9  ^ia 
XILDesfonaionsiwtiriturts  dc  l'£vi* 

qrte , 
XlU,  Du  fon^ioiu  ex::r- 


TABLE  DES  SOMMAIRES. 


XjF,  ■  Dts  Arehtveques  ,  des  Patriar-^ 
ches ,  its  Primais ,  11 1 

KF.  Des  irtdions  &  ies  fupprejjions 
d*Evechis.  Des  Eviques  tiiulaires,  Des 
Coaijuteurs  ,  lj6 

KVI.  Dt  la  Tranflation  &  de  la  Renon^ 
ciation.  Dt  la  vacance  du  Siige ,  130 
rn/.  Dts  Chanoines ,  13^ 

mil.  Du  Cures,  Des .  Chorireques, 
Des  Archipritres ,  14I 

7X  Dt  VArchidiacre.  Du  Vicaire  gini^ 
'al.  Du  Piniteneier.  Du  Thioloeal ,  246 
[X.  Dts  Uaiyerfiiis.  Des  Colliges.  Dts 
)eminairts,  2^9 


<9t 

XXI.  De  rorigine  &  duprpgns  dt  ia  Wf 

monafiique ,  P^g^  ^f  7 

XXlf.  Des  autres  Ordrts  Religieux ,  16^ 

XXIII.  Des  Vaux  fy  dc  U  profefiot^ 
religieufe ,  zff 

XXIV.  De   la  Pauvrai  &  des  autrem 
Obfcrvances  rigulieres ,  17S 

XXV.  De  la  Cliricature  des  ReguUeM  » 
&  de  leurs  Esemptions ,  tSf 

XX  VL  Des  Ri/ormes  ,  290 

XXVIL  Des  Gouvermntns  dts  Rjipt^ 

liers  ,  294 

XXVIIL  Des  Religieufes.  Des   Emu^ 

tes ,  30C 

XXIX.  Des  PriviUges  du  Clergi,    30^ 


z' 


SECONDE    PJRTIE, 

Des  Chofes. 


DE  l^Annit.  Des  Fetts,  DesAhfti- 
nences,  page^ii 

De  VOfictdivin  ,  317 

.  Du  Bapteme »  dt  la  Confirmation , 

rEuchariftie,  311 

.  De  la  Pinutnct .  dt  VEstrimtfonC' 
7n ,  de  rOrdrt ,  326 

Du  Mariagt ,  dts  Empiehtmtnts ,  330 
.  Dts  Soltnnitis  du  Mariagt ,  dt  fa 
fffolution  •  33; 

f.  De  la  ConftnHion  &  Conficration 
tEglifes,  341 

7.  Dcs  Reliquts  ,  des  Vafes  facris , 
r  Livres ,  ^^6 

Des  SipuUures,  350 

Des  hiens  dt  VEgUfe  en  giniral ,     354 

Sttitede  titat  des  Biens  de  VEglift , 

.  De  VAtiination  &  dt  VAcquifition 
Biens  de  VEglift ,  3  6j 

L  Dts  Dixmts ,  367 


XIV.  Dts  Binificis  tAginiral,p9^e  37$ 
XV*  Des  CoLlateurs  des  Binifices  ,  374 
XV L  Du  Droit  de  Patronage ,  ^o 

XVI L  Des  Graduis ,  ^g* 

XVIIL  De  rindult.  Dt  la  Rigalt  O  dts 

autres  Nominations  du  Roi ,  3SS 

XIX.  Des   Capaciiis  requifes  pour  Um 

Binifices ,  394 

XX.Des  Rifignations,  Des  DivolatSf^^ 
XX L  De  laforme  des  Provifions  ,  401 
XXIL  De  la  Prife  de  Pofftffion ,  m^ 
XXIIL  De  VUfage  des  Bteas  d*EgUfe. 

Dts  Riparations  ,  ^idi' 

XXIV.  Autres  ehargts  dts  Binifices^ 

XXV.  Dts  Ptnfions ,  41 S 

XXVI.  Dts  Commtndes  ,  ^sz 
XXVIL  De  la  pluraUti  desBinifices,4^6 
XXVIIL  De  fa  Rifidenee ,  ^29 
XXIX»  Des  Vnions  des  Binefices  ,  431 
XXX.  Des  H6pitaux ,                    43% 


TROIS  lEME    PARTIE. 


Des  Jugemen 


\E  la  Jurifprudtnet  EccUfiaftiqut , 
'  page  441 

fs  CoMciies  ,  4CI 

^as  Jugcs  ordinairts  on  diUguts, 

^es  OjJUicrt  d€  U  Jt^ftia  Eccli- 


V.  De  la  compittnct  du  Jugt  d*EgUfi  »' 

page  457 

VL  De  la  Procidurt  eivilt ,  ^7» 

VIL  Suitt  de  ia  Procidure  civile  ,      48  c 

VIII  De  VHirifie  &  des  autres  crimes 

contre  Dieu ,  ^gj; 

/JTi  D€  VIaquifiti9tt$  5$»  grigint  j    49  c 


»94 


T  A  B  L  E 


X»  Dt  U  Trotiiun  ds  tlnquifidon  , 

page498 
'X7.  I>«  Ufimonii ,  503 

jril.  I>e  VHomicUc.  Da  Concuhinagi , 

Xm.DtVUfurt,  5M 

JiriK.  ^K  <<^^f  commun  &  du  Cas  privi^ 

Ugii,  J19 

Xr,  Dts  Jugtnuns  crimintU  tn  giniral , 

X^.  ^<  U  Prociiurt  crimintllt ,      $  «7 
JIC  F//.  /'«'  Jugtmtns  dts  Eviquu »    5  34 


XVIU.  Dts  Paats  cmoBifW.fe^i 
JjTi  JT.  Dt  UDcpofition  m  D^piz.^ 
I><  U  Safptufe  9  <^ 

.^JIT.  DtVExconuuuntcauoM,       -i 
XXL  Dt  Vlnttrdit ,  ^ 

A^JtJ/  Z>e«  AbfoUeioas,  3 

XXIII.  Dcs  ApptUatiotM ,  1 

Jir;)C/K.  /><  rApptlcommiJku,  t 

jiTJirK.  z>tf  Li^rr^  i(  ri:|i//t  Gtii 


ne 


Mimoirt  du  Affnirts  dt  Ucr^^  F-fl 


DISCOURS    SUR   LES  LIBERTtS 

Dt    L^EOLtSE     GALLtCANZl 

Suivant  rEdition  de  1763. 


wf  ^KctXSE  Galllcant  a  conftrvi 
JLj  mitu*  qut  Its  antrtt  Vancitnnt  dif 

cipLint ,  P»Se  591 

II.  Matimts  dts  UUramontains  rtjetits 

Kr  VEgiift  GdHieant ,  /9^ 

Origint  &  progrts  dt  cts  manimts , 

597 

IV.  Its  quatrt  Articlts  dt  U  DieUration 

du  Cltrgi  di  FrAAct ,  oppofis  a  ets  MaMi- 

598 


mts 


\,  Divtrs  txets  auxqutlt  on  s^tfiportitou 
chant  la  puiffanet  ttmportlUj  598 

VI.  5«^«  mititu  qut  VEglift  Galheant 
titnt  tntre  ets  divirs  txets  ,  600 

VU  DifiinBion  dts  dtux  Puijfanets ,  iea- 

'  Iriie  par  VEcriturt,  Avantagti  dt  cettt 

doUrint,     ^        ,     ,         ,      jn-^'^ 

VII I.  DifiinBion  dts  dtux  Jundictions  , 
fuUt  dt  celU  dts  dtux  Puijfanets  ,     ibid. 

IX.  Autrtsconfiqutnets  aui  fuivtnt  dt  U 
diftinBion  des  deux  Puijfances ,  60» 

X*  Autrts  confiqutnett  quifuirtnt  tneort 
dt  U  difiinSion  dts  dtux  Puiffanees.Coy 

XI  Divtrs  txcts  auxqutls  on  s'efi  Itvri 
touchantU  PuiffanetfpiritutiU,       604 

XU.  Doeirint  dt  VEgUft  GalUcantfur  U 
puiffanetfpiritutlU  du  Papt,  dts  Evlquts 
&  dts  Curis ,  ^07 

yiiW.  DoBrint  dt  VEglift  Gallieant  fur 
VautoriUdesConciles&du  Papt,  tnct 

cuieonetrntUfoi,  .,    ^  ^     .         f'° 

XIV.  Dicrtts  du  ConciU  dt  Confianet  tou- 
chant  Vautoritidu  Coneilt  univerfel.  Ori- 
ght  de  ces  Dieras  &  Uursfuitts  ,  61  a 

XV.  ConciU  dt  BiU  ,  nuqual  Eugtnt  lY 


oppoft  U  Concili  da  Vcrrm ,  f  *^'  ^ 
fira  tnfuitt  i  FUrassca ,  PTJ 

XVI.  Origint  dt  U  Pragmati^^ 
&  du  Concordat , 

XVII.  DoBrint  confiantt  dtri^ 
licam  fur  VaMtorita/updritmt  Li»^ 
univtrftl , 

XVIII.  Fauffts  comfiqmnctsa'ci'^ 
U  comparaifon  dcs  Concdts  ^^ 
avtc  Us  £eats  giniraux , 

XIX.  UtUiUdts  CostteltsProfiM^ 

XX.  Do^nt  dt  VEgVrfe  O^ 
Vautoriti  du  Papt ,  tn  ce  qui  emf^^ 
difeiplint ,  &  p^iculiirtmsm  - 
iiSkion  conttntituft  • 

XXI.  Dcarint  dt  PEgUft  C^^ 
VautoritiduPapt,  tn  etq»ttf 
JuridiHion  volontseirt  «a  gfjct»'' 

XXII.  Us  RJgaUcts  ont  iti  Its  ^ 
i  diftndn  Its  prittsuions  ahr^ 
nts  :  iU  lis  ont  r^amdmts  <a  U^ 
Efpagne  &  tn  AlUemagnt , 

XXIII.  Lts  diftnfcurj  mima  it  * 
htrtis ,  ont  qutUiuefoU  doatt  s^ 
Vancitnnt  difeiplina^  fous  f^ 
foutemrUtdroitsdnRoi,       ^. 

XXIV.  Auutsatttintcsponitsi^  ^ 
difeipUnt  par  dt  nomrammx  uff' 

XXV.A  quoife  ridmftms  Us  If^ 
VEglift  GaUicantfmirmmt  ks  ^ 

dtrntt ,  ,     .^ 

XXVI.  DifficmUid^actotdtrU^/^ 

Eglifts  modtmts  cmtn   ca*  >  ^^ 

maximts  dt  VEgUft  GaiUcsnt.  i^ 

qm'onptmt  ttmr  dtu  4^* 


DES    SOMMAIRES. 


«9* 


■•■« 


DISCOURS  SUR  L'£CRITURE  SAINTE. 


I.    ^  S  T  t  ^V  tT  E  det  divines  Ecrh 


A 


turet 


II.  Beauti  det  divines  Ecritures  ,  mime 
pour  le fty!e,compare  avce  celui  des  autres 


aneiens 


"Liv 


res 


III.  En  quoi  cvnjifle  la  he>2ute  des  Ouvra- 
ges  ancent  en  tout  genre  ,  &  ctUe  d<s 
div:nes  Ecrituret  quant  au  ft\!e  ,       6j6 

IV.  Bcautes  des  Livret  de  Muyje  ,  &  par- 
ticutierement  de  la  Genc/e  ,  ibid. 

V.  Suite  des  heautes  de  la  Genefe  ,       C^n 

VI.  Beautis  du  flyle  de  VEcriture  dans 
le  recit  dufacnjice  d^Abrahum  ,         6j8 

VII.  La  flmpliciti  duflyle  dt  VEcriturt 


fainte  n*efl pas  un  difjul,       pBfi^  6^9 

V I .  I  Dift.ndion  entre  V  Ancien  &  le  Sott» 

veau  Tejianent  tjuant  d  telocutioa  »  ^40 

IX.  £fi  queljens  Moyfc  (r  i.  Paulom  pm 
dire  quils  n  *etoient  pa «  e^oq^ens ,       04I 

X.  I*ou-quoi  rAfiden  Tefl^meni  eflm*euM 
ecrtt  que  le  Souveau  «  ibid* 

XL  IXou  vi.nt  ce  preju»e  que  l*Ectituft 
faintc  n'efl  pjt  bien  icrite  ,  64S 

XII.  La  eonnoijfance  dts  beautis  extiriem* 
res  de  i'Ecriture  Jainte  ,  ae  doit  rien  dt» 
minuer  dt  nolrefoi  ni  dt  notrtfotumijioti^ 


DISCOURS  SUR   LA  PO£SIEy 

ET    EN    PARTICULIER 
SC/R  CELLE   DES  ANCIENS  H^BREUX: 

Selon  rEdition  de  Dom  Calmet. 


!•  r\ Rtct  ir  E  de  la  Poifie  ,  644 
t{\J Poifle des  Orientdux ,  page  64^ 
III.  Poifie  de t  Hihreux .  Soa  objtt ,  ibi d . 
iV.Sesfigures  Cefonflyle,  C46 

V   Ses  penfiet&Joa  deffein^  647 

VI.  L«  verfification  It  Aant  &  la  danfe  , 

649 

VII.  CmUkrtit  la  Poifie  det  Hihrevx  « 

yill.  Extmplu  dt  U  htmuti  dm  dcjfein  , 

ibid. 


IX.  Exemplts  de  U  beauti  des  ptnfSn  . 

X.  Exemples  de  la  vaniti  desfigures,f>^4 
XI-    On   ne  eonnoit  qu\ne  partie  de  la 

beautedeces  Ouvcses.   Quelle  idie  om 
peut  ato^r  de  la  beaute  du  ^hjnt ,         655 

XII.  Lafimpliciti  des  TraduHions  ohfemr' 
eit  la  beauti  det  exf.flions  ,  656 

XI I I.  11  ne  fjut  ni  mipnjer  les  Verfions  ni 
nizjttcr  le  texte  ,  6  f 7 

XIV.  Heflixionjurla  Poefie  modernt,  bfl 


L  E    M  £  M  E    D  I  S  C  O  C/  R  S. 
Selon  rEdition  du  Pere  Desmolets. 


tmf^  U£ttM  •iiii  iet  Jneiens  avoient 

*4      \J  d€  U  Ptifit  &dtU  Mufique.  Scn- 

^  tiiCSmi  di  PUtom  M  pa<e  660 

'^L  J  ^fitiitut  U  Poifit  du  Hibrtux  , 

VL  MmtAn  i§  U  Poift  iu  Hibnux, 

ibtd 

^SufiltmruC^fittJfyig,  664 

Biwyfaidh  6  htm^iim  iiftim^  666 

riwy/u  it  U  kimmtiiu  ptmfiu ,  ^67 

^nmifim4§lA9tM$i€if^tnt^6^ 


VIII.  On  ne  peut  convoirre  qu^nnt  pa^iie 
ds  la  tc.i:.ti  de  cts  Ouvrjf*ct.  trono^tciit- 
tion  :  chjti :  danfe  ,  p.ig*.-  ^73 

IXa  hajimp'ic!te  dcs  Tra1:.Hfons  o^/cur^ 
eit  la  hejnti  des  exprejjions  ,  67 1 

X.  //  ne  Jaut  ni  mtprijer  les  Veifions  ni 
nigligerU  Texte,  6-| 

XI.  Rificxions  fur  /j  Poefie  modemt^ 

XII.  Q:ic/  efi  it  riritable  ufage  du  bei  fi'- 
frit,  67« 


•■  ^