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Full text of "Les graveurs du dix-huitième siècle"

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S(^' 


LES 


GRAVEURS 

DU 

DIX-HUITIÈME    SIÈCLE 


TOME    SECOND 

DEUXIÈME    PARTIE. 


LES 


G  RAVE  U  R  S 

DU 

DIX-IIUITIÈME  SIÈCLE 

PAR    MM, 

LE     BARON     ROGER     PORTALIS 

ET 

HENRI     BÉRALDI 

TOME    SECOND 

DEUXIÈME   PARTIE. 


PARIS 
DAMASCÈNE  MORGAND  et  CHARLES  FATOUT 

55,    PASSAGE    DES    PANORAMAS,    55 

1881 

Tous  droits  réservés. 


NE 
95 

p6 


i-t  le.  •    -^ 


LES 


GRAVE  URS 


DIX-HUITIÈME   SIÈCLE. 


HELMAN   (Isidore-Stanislas 

1743-1 800. 


Le  graveur  du  Roman  dangereux  de  Lavreince, 
Helman  (en  flamand  homme  d" enfer),  est  né  à  Lille  en 
1743,  et  fut  l'un  des  premiers  élèves  de  l'école  gratuite 
de  dessin  de  sa  ville  natale.  Il  reçut  aussi  des  leçons 
de  Guéret ,  auquel  il  a  dédié  deux  de  ses  meilleures 
estampes,  et  de  Louis  Watteau,  avant  de  venir  se  per- 
fectionner chez  Le  Bas. 

Il  grava  d  abord  quelques  vignettes  pour  le  Temple 
de  Gnide  de  Golardeau  (1773),  les  Chefs -d" Œuvre 
drainatiques  réunis  par  Marmontel  (1773) ,  VOrlando 
furioso.  le  Molière  de  Bret ,  etc. 

Ces  premiers  travaux,  l'habileté  qu'ils  annonçaient , 

et  probablement  plus  encore  ses  relations  de  l'atelier 

Le  Bas  où  il  avait  connu  Moreau,  le  firent  choisir  pour 

graver  quelques-uns  des  plus  agréables  sujets  de  la 

n.  26 


390         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP  SIECLE. 

Seconde  suite  d'Estampes  pour  servir  à  l'Histoire 
des  modes  et  du  costume  en  France  pendant  le 
XVHP  siècle  ,  parue  en  1776.  Quand  on  regarde  nos 
gravures  de  modes  actuelles,  la  gaucherie  des  attitudes 
forcées  pour  laisser  voir  telle  gai'niture  ou  tel  pare- 
ment ,  on  en  admire  davantage  les  charmants  artistes 
qui  ont  su  avec  tant  d'art  et  d'esprit  dissimuler  le  côté 
prosaïque  et  commercial  de  ces  figures.  Qui  se  dou- 
terait, en  feuilletant  les  estampes  gravées  d'après 
Freudeberg ,  retraçant  les  divers  incidents  de  la 
journée  d'une  femme  légère,  ou  bien  en  s'intéressant, 
grâce  à  Moreau,  aux  menus  événements  de  l'existence 
d'une  jeune  femme  de  la  cour,  aux  occupations  de 
la  vie  d'un  petit-maître ,  qu'il  ne  s'agit  que  de  figures 
de  modes  destinées  à  donner  le  ton  et  à  fournir  des 
idées  aux  couturières  d'outre-Manche  ou  d'outre-Rhin? 
C'est  que  Freudeberg  et  Moreau  surtout  ont  jeté  à 
profusion ,  dans  les  scènes  familières  qu'ils  ont  dé- 
peintes, la  finesse  et  l'observation,  la  grâce  et  le  goût, 
ce  qui  en  fait  encore  à  l'heure  actuelle  de  précieux 
documents  de  la  vie  intime.  C'est  aussi  qu'ils  ont  choisi 
avec  discernement ,  pour  les  reproduire,  des  graveurs 
de  grand  talent ,  parmi  lesquels  il  faut  citer  en  pre- 
mière ligne  Helman,  Dans  les  planches  intitulées 
N'ayez  pas  peur  ma  bonne  amie ,  les  Délices  de  la 
Tnaternité ,  l'Accord  parfait ,  comme  dans  le  Souper 
fin,  il  s'est  montré  interprète  harmonieux  et  fidèle  des 
belles  sépias  de  son  modèle. 

Puis  Helman  grave  deux  très  jolies  estampes  qui 
achèvent  de  le  faire  connaître,  le  Charlatan  français 
et  le  Charlatan  allemand ,  travaillées  avec  beaucoup 
de  goût  et  de  relief  d'après  les  dessins  à  la  mine  de 


HELMAN.  394 

plomb  de  Duplessi-Bertaux  (1777).  Le  premier  débite 
son  orviétan  sur  la  place  de  la  colonnade  du  Louvre 
devant  un  public  parisien.  L'autre ,  à  cheval ,  cherche 
à  placer  sa  drogue  à  des  gens  d'un  aspect  plus  fau- 
bourien ;  dans  les  deux  pièces  figurent  des  militaires 
que  le  dessinateur  aimait  tant  à  reproduire.  Elles  sont 
dédiées  à  M.  Guérèt,  professeur  à  TEcole  de  dessin  de 
la  ville  de  Lille,  par  son  élève  et  ami  Helman,  graveur 
du  duc  de  Chartres  ,  qui  donne  ici  son  adresse  :  rue 
des  Mathurins  au  petit  hôtel  de  Gluny. 

Le  Jardinier  galant ,  gravé  d'après  Baudouin  en 
1778 ,  est  une  des  bonnes  estampes  d'Helman ,  qui 
produisit  quelques  autres  sujets  d'un  moindre  intérêt , 
d'après  Le  Prince,  Lagrenée,  etc. 

Notre  graveur  est  déjà  de  l'Académie  de  Lille,  et 
exécute  deux  estampes  se  rapportant  à  sa  ville  natale, 
Quatorzième  expérience  aérostatique  de  M''  Blan- 
chard faite  à  Lille  en  Flandre  le  26  août  1785  ,  et  son 
pendant,  Y  Entrée  de  M'' Blanchard  et  du  chevalier 
de  Lépinard  à  Lille,  cinq  jours  après  leur  ascension  . 
toutes  deux  d'après  Louis  Watteau. 

Helman  entreprit  ensuite  de  réduire  les  estampes 
des  Batailles  de  la  Chine  gravées  sous  la  direction 
de  Gochin.  Sous  le  règne  de  Kien-Long  (1736-1795) , 
plusieurs  jésuites  purent ,  grâce  à  leur  talent  de 
peintres  et  de  dessinateurs,  rester  en  faveur  malgré  la 
proscription  qui  atteignait  le  culte  cathohque.  L'em- 
pereur eut  à  réprimer  une  révolte  des  Tartares  ;  il  fît 
faire  parles  PP.  Attiret,  Jean-Damascène  et  autres,  les 
dessins  représentant  les  épisodes  de  cette  expédition  , 
et  voulut  les  multiplier.  Ces  dessins  furent  envoyés  par 
l'entremise  de  la  Compagnie  des  Indes  et  arrivèrent  à 


392         LES   GRAVEURS   DU    XYIII^   SIECLE. 

Paris  vers  1765  pour  y  être  gravés.  M.  de  Marigny 
chargea  Gochin  de  diriger  l'exécution  des  planches  ; 
Le  Bas ,  Ahamet ,  Choffard  ,  A.  de  Saint- Aubin  ,  Pré- 
vost et  Née  furent  choisis  comme  graveurs  ;  les  seize 
estampes  étaient  terminées  en  1774. 

Mais  par  suite  des  arrangements  pris,  tout  dut  être 
envoyé  en  Chine,  sauf  quelques  collections  réservées 
à  la  famille  royale,  et  les  planches  devinrent  par  suite 
immédiatement  un  objet  de  rareté.  Ainsi  M.  de  Marigny 
avait  cru  pouvoir  promettre  un  exemplaire  au  peintre 
Attiret ,  frère  du  Jésuite  auteur  de  la  plus  grande 
partie  des  dessins  ,  et  son  successeur  M.  d'Angiviller 
était  obligé  de  lui  écrire  en  1775  : 

«  Lorsque  M''  de  Marigny,  M^  vous  fit  espérer  le 
»  don  des  estampes  gravées  d'après  les  dessins  du  P. 
»  Attiret  votre  frère ,  il  avoit  lieu  de  croire  que  s'il 
»  restoit  en  Europe  quelques-unes  de  ces  estampes , 
»  elles  lui  seroient  remises  pour  en  faire  la  distribution. 
»  Mais  les  choses  ayant  changé  sous  le  ministère  de 
»  M''  l'abbé  Terray,  il  m'est  impossible  de  vous  pro- 
»  curer  la  satisfaction  à  laquelle  vous  aspirez  depuis 
»  tant  d'années.  Il  faudroit  vous  adresser  ou  à  M"^  le 
»  contrôleur  général  ou  à  la  Compagnie  des  Indes. 
»  Mais  comme  il  intéresse  fort  pour  cette  Compagnie 
»  qu'aucune  de  ces  estampes  ne  restent  en  Europe  (car 
»  l'Empereur  de  la  (^hine  l'a  recommandé  fortement), 
»  et  il  y  iroit  peut-être  pour  elle  de  se  voir  fermer  les 
»  portes  de  cet  empire  ,  elle  vous  répondra  sûrement 
»  qu'il  n'en  a  point  resté,  et  cela  est  fort  probable.  Je 
»  n'en  ai  point  moi-même  ,  qui  ai  donné  les  premiers 
»  ordres  pour  l'entreprise  ,  ce  qui  probablement  dimi- 
»  nuera  votre  sensibilité  sur  cette  privation.  » 


HELMAN.  393 

Helman  arrivait  donc  à  propos,  pour  satisfaire  la 
curiosité  du  public ,  avec  ses  réductions  qui  sont 
encore  de  fort  grandes  planches  in-folio.  Encouragé 
par  son  succès ,  il  entreprit  ensuite  les  Faits  mèmo- 
rahles  des  Empereurs  de  la  Chine,  24  estampes  in-4, 
à  Paris  chez  V auteur  graveur  de  Madame ,  rue  Si- 
Honorè  315 ,  vis-à-vis  Vhôtel  de  Noailles  (1788) ,  et 
une  autre  suite  du  même  genre  mais  d'un  médiocre 
intérêt,  V Abrège  historique  des  principaux  traits  de 
la  vie  de  Confucius,  24  estampes. 

Gomme  la  plupart  des  artistes  ses  confrères,  Helman 
accueillit  avec  faveur  les  doctrines  révolutionnaires, 
mais  sans  se  faire  remarquer  comme  d'autres  par  son 
exaltation.  Il  grava  deux  compositions  de  Watteau 
de  Lille ,  le  Banquet  civique  donné  par  les  gardes 
nationales  de  Lille ,  le  27  juin  1790,  et  la  Fête  de  la 
fédération  des  Départements  du  Nord,  faite  à  Lille, 
le  14  juillet,  2  p.  in-fol.  en  largeur,  remplies  de  ces  pe- 
tits personnages  que  le  peintre  savait  si  bien  costumer. 

Le  travail  le  plus  considérable  d'Helman  est  le 
recueil  des  Principales  journées  de  la  Révolution , 
d'après  les  dessins  de  Monnet.  Depuis  les  tableaux  des 
guerres  du  XVP  siècle ,  remarque  Renouvier,  les 
graveurs  n'avaient  pas  eu  des  compositions  aussi 
émouvantes  à  populariser.  Il  faut  rendre  à  Monnet 
cette  justice  que  malgré  son  incorrection,  il  s'est 
surpassé  dans  l'ordonnance  et  la  vérité  de  ces  quinze 
compositions,  dont  les  dessins  originaux  passèrent  en 
1808  à  la  vente  d'Augustin  de  Saint- Aubin  ^ .  Elles  furent 


1  Les  15  dessins  des  Journées  de  la  Révolution ,  avec  les  figures 
avant  la  lettre,  furent  adjugés  pour  150  fr.  à  Naudet 


394  LES    GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

terminées  au  burin  par  son  ami  Helman ,  mais  le 
travail  du  buriniste  paraît  bien  lourd  si  on  le  compare 
à  celui  des  aqua-fortistes,  Duclos  et  Duplessi-Bertaux. 
Helman  fît  hommage  au  Conseil  des  Cinq-Cents ,  le 
8  Floréal  an  VI  (1797) ,  des  planches  déjà  gravées. 

Puis  notre  artiste  salue  l'avènement  de  César ,  en 
graA^ant  un  grand  cartouche  allégorique  confié  à  l'ins- 
piration de  Monnet  par  un  nommé  J.-B,  Picquenard. 
Surmontant  cet  Hommage  à  r Empereur  se  trouve  , 
de  la  main  d'A.  de  Saint-Aubin,  un  profil  de  Napoléon, 
médaillon  remarquable  de  finesse,  un  véritable  camée  : 
«  Le  crayon  et  le  burin,  est-il  dit  dans  l'adresse  gravée, 
»  se  sont  réunis  dans  cet  hommage  pour  retracer  à 
»  la  fois  et  sous  un  seul  point  de  vue  les  principaux 
»  faits  civils  et  militaires  par  lesquels  vous  êtes  par- 
»  venu  à  refonder  l'Empire. . .  » 

C'est ,  avec  le  Joueur  de  cornemuse  de  Téniers  , 
pour  le  Musée  français  (1803),  une  des  dernières  pro- 
ductions d'Helman ,  qui  meurt  en  1806. 


ESTAMPES. 


I.    DAPRES    BAUDOUIN. 

1.   LE  JARDINIER   GALANT,   1T78  ;  in-fol. 

L'eau-iorte,  215  fr.  1881.  —  Les  premières  épreuves  ont  le  nom  de  Baudouin 
écrit  Baudoin . 


II.    DAPRES    DUPLESSI-BERTAUX. 

2.  LE  CHARLATAN  ALLEMAND,  —LE  CHARLATAN  FRAN- 
ÇAIS, 2  p.  grand  in-4. 

Les  deux  eaux-fortes,  285  fr.  1881 . 

Les  premières  épreuves  sont  avant  la  dédicace. 


HELMAN.  395 

3.  Fanfan   et   Colas,    Scène  X;    in-4   (eau-forte  par  Duplessi- 

Bertaux). 

III.  d'après  lavreinge. 

4.  LE  ROMAN  DANGEREUX,  HSl  ;  in-fol. 

Voilà  bien  une  estampe  dans  le  goût  léger  de  l'époque  1  Dans  une  riche  alcôve, 
une  jeune  femme  couchée  sur  un  canapé,  à  moitié  pâmée,  une  jambe  pendante, 
un  pied  posé  sur  un  tabouret.  A  gauche  un  jeune  homme,  caché  derrière  un  petit 
paravent ,  la  considère,  un  doigt  sur  la  bouche.  Par  terre,  un  livre  entr'ouvert. 

L'eau-forte,  750  fr.  1881 . 

ï^'  état  :  Avant  la  dédicace,  500  fr.  1881 . 

IV.  d'après   le  prince. 

5.  La  Précaution  inutile,  mO;  in-fol.  en  largeur. 

6.  La  Leçon  inutile,   1781;  in-fol.  en  largeur. 

I.  Le  NÉGROMANTIEN,   1785;  in-fol. 

8.  Le  Marchand  de  lunettes;  in-fol. 

9.  Le  Médecin  clairvoyant;  in-fol. 

V.  d'après  moreau. 

10.  NAYEZ    PAS    PEUR    MA   BONNE   AMIE;    in-fol. 

II.  LES   DÉLICES   DE    LA    MATERNITÉ;    in-fol. 

12.  L'ACCORD    PARFAIT;    in-fol. 

13.  LE    SOUPER    FIN;    in-fol. 

Ces  quatre  estampes  appartiennent  au  Monument  du  Costume. 
Sur  l'eau-forte  du  Souper  fin,  une  des  deux  femmes  a  la  gorge  découverte.  — 
1,200  fr.  1876;  1,000  fr.  1881. 

VI.  d'après  divers. 

14.  Joseph  et  Putiphar,  —  Suzanne  et  les  "Vieillards,  —  la  Mort  de 

Cléopàtre,  3  p.  d'après  Lagrenée  ;  in-fol.  en  largeur. 

15.  Tivoli,  d'après  H.  Robert. 

16.  Les  Pêcheurs  fortunés,  d'après  Vernel. 


396         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

n.  Départ  d'une  caisse  conique  en  présence  de  Louis  XVI  ;  —  Immer- 
sion d'une  caisse  conique  dans  la  rade  de  Cherbourg  le  T  juin  1785; 
2  p.  d'après  Chatry  de  la  Fosse  ,  in-fol.  en  largeur. 

18.  Quatorzième  expérience  aérostatique  de  Blan- 

chard, faite  à  Lille  ;  —  ENTRÉE  DE  M.  BLANCHARD  ET 
DU  CHEVALIER  DE  LÉPINARD  A  LiLLE;  2  p.  in-fol.  en 
largeur,  d'après  Watteau  de  Lille. 

19.  FÉDÉRATION  DES  DÉPARTEMENTS  DU  NOR  D ,  — BANQUET 

CIVIQUE  DE  Lille;  2  p.  d'après  Watteau  de  Lille. 


PORTRAITS. 

20.  Le  Duc,   la  Duchesse  de  Chartres  et  leurs  en- 

FVNTS ,  d'après  Le  Peintre.  —  Gravé  par  Helman  (l'eau-forte  par 
Saint-Aubin),  1779  ;  in-fol. 

21.  LA  COMTESSE   DE   PROVENCE.— C.  Monetiuv.,  Ludovicus 

Le  Brun  effigiem  pinxit,  Helman  sculp. 

Petit  portrait  de  la  plus  grande  finesse,  compris  dans  la  vignette  de  dédicace 
des  Faits  mémorables  des  empereurs  de  la  Chine.  «  Madame,  la  protection  éclairée 
»  que  vous  accordez  aux  arts  m'a  enhardi  à  vous  présenter  cet  hommage. . .  •• 

L'eau-forte  pure  très  vraisemblablement  de  la  main  de  Clioffard. 

22.  Napoléon,  allégorie  oflérte  à  l'Empereur.  —  C.  Monnet  del., 

Aug.  St- Aubin  effigiem  ,  Helman  sculp.:  in-fol. 

L'eau-forte  pure  dans  l'œuvre  de  Cboffard  au  Cabinet  des  Estampes. 


VIGNETTES,   etc. 

23.  Batailles  de  la  Chine ,  16  planches  in-folio,  réduites  des  planches 

originales. 

24.  Faitx  mémorables  des  Empereurs  de  la  Chine .  dédiés  à  Madame, 

ornés  de  24  estampes  gravées  par  Helman  ;   Paris,  chez  l'auteur, 
1*788;  in-4. 

Outre  les  estampes,  cette  publication  comprend  le  joli  en-tête  de  Monnet, 
dont  nous  venons  de  parler  sous  le  n"  21 . 


HELMAN.  397 

25.  Abrégé  historique  des  principaux  traits  de  la  vie  de  Confucius , 

orné  fie  24  eslnmpes  gravées  par  Helinan  ,  d'après  les  dessine 
originaux  envoyés  à  Paris  par  M.  Annot ,  ministre  à  Pékin.  Paris, 
1788;  in-4. 

26.  PHINCIPALES  JOURNÉES  DE  LA  RÉVOLUTION,  15  pi. 

in-fol.  en  largeur,  d'après  Monnet. 

Voini  les  titres  de  ces  planches  :  L'ouverture  des  Èlals-Qéniraux  à  Versailles, 
le  Serment  du  Jeu  de  Paume,  la  Prise  de  la  Bastille,  la  Nuit  du  4  août,  lu  Fête  de  la 
Fédération,  la  Journée  du  10  août  1792,  la  Pompe  funèbre  en  l'honneur  des  victimes, 
l'Exécution  de  Louis  XVI,  la  Fontaine  de  la  Régénération,  la  Mort  de  ilarie-Antoi- 
nette,  la  Journée  du  9  Thermidor,  la  Tête  de  Féraud  présentée  à  Boissy-d'Angliis,  le 
/j  Vendémiaire,  l'Assassinat  des  Plénipotentiaires  de  Rastadt,  Bonaparte  à  Saint- 
Cloud  le  ip  Brumaii  e. 

La  suite  des  eaux-fortes  ,  provenant  de  la  coUeotion  Pixérécourt,  est  actuel- 
lement dans  la  bibliothèque  du  Sénat  au  Luxembourg. 

Les  cinq  dernières  eaux-fortes  sont  de  Duplessi-Bertaux. —  Les  dix  premières 
sont  signées  de  A.-J.  Duclos . 

On  ne  peut  s'empêcher  de  trouver  ces  planches  terminées  bien  lourdes  et  bien 
diiruses,  h  côté  de  ces  superbes  eaux-fortes,  si  nettes  et  si  lumineuses,  ceUes 
surtout  qui  portent  la  signature  de  Duclos. 

27.  Allégories  sur  la  Constitution  :  la  Sagesse  ,  la  Raison  ,  la  Consti- 

tution, ^  la  Chambre  des  Députés^  d'après  Monnet;  in-4. 
Voyez,  pour  les  eaux-fortes,  le  catalogue  de  Duclos. 

28.  Vignettes  d'après  Gravelot  pour  Voltaire  (  le  Tentple  de  la  Gloire, 

la  Femme  qui  a  raison  )  ;  in-4. 

29.  Thétis,  —  Hermès;  2  vignettes  pour  Emile,  d'après  Cochin  ;  in-4, 

et  les  mêmes  réduites  in-8,  terminées  par  Helman  sur  des  eaux- 
fortes  de  Prévost. 

30.  La  Traite  des  noirs,  vignette  in-8  d'après  Eisen  [Raynal). 

31.  Vignettes  d'après  Eisen  pour  Tarsis  etZélie,  —  les  Chefs-d'œuvre 

dramatiques  publiés  par  Marmontel. 

32.  Illustrations  d'après  Moreau  pour  les  Incas,  —  VHistoire  de  France, 

—  le  Molière  de  Bret, —  le  Théâtre  du  Monde, —  la  Henriade  in-4. 

33.  Illustrations  pour  le  Temple  de  Gnide,  d'après  Monnet;  —  YArioste 

de  Baskerville, —  le  Théâtre  du  Monde, —  le  Rousseau  de  Poiuçot, 

—  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non. 

34.  Titre  pour  Suite  de  douze  bouquets  de  fleurs  dessinés  par  M.  Pil- 

lemenl,  à  l'usage  des  demoiselles  pensionnaires  des  dames  Ursu- 
lines,  joli  cadre  in-4,  d'après  Guibert. 


HÉMERY  (Antoine-François; 


1751 


HÊMERY,  né  à  Paris  en  1751 ,  a  graA'^é  «  avec  appro- 
bation »  une  Création  d'Eve ,  d'après  Procaccini , 
in-fol.  (1782) ,  qui  fut  qualifiée  «  une  des  belles  pièces 
des  graveurs  modernes  français  ». 

Le  Repos  du  plaisir,  d'après  Carlo  Cignani. 

Gaspard Neischer  et  sa  Femme,  2  p.  in-4. 

Nymphe  repoussant  les  caresses  de  Pan ,  d'après 
Lagrenée,  in-fol.  La  Mélodie,  d'après  le  même,  in-fol. 

La  Promesse  approuvée,  d'après  Lépicié,  in-fol., 
à  Paris  chez  Hémery  r^(e  Cassette,  maison  du 
sellier. 

La  Joyeuse  orgie,  bacchanale  d'après  Caresme. 

La  Fidélité  surveillante,  d'après  Deshayes.  in-fol. 

La  Fidélité  en  défaut,  jolie  pièce  d'après  Le  Bel, 
in-4  en  largeur. 

Il  était  temps,  d'après  Borel. 

Petit  garçon  portant  son  polichinel  sur  le  dos  et 
Petite  fille  qui  relève  sa  robe  ,2  p.  d'après  Drouais. 

La  Marchande  de  noisettes  et  la  Marchande 
dœufs,  1772  ,  in-fol.  d'après  Touzé. 

Ce  Touzé  était  un  jeune  peintre  qui  avait  mis  à  la 
mode ,  vers  1771 ,  un  genre  de  facétie  consistant  à 


HEMERY.  399 

contrefaire  à  lui  seul  une  infinité  de  phénomènes 
collectifs.  «  Ainsi  il  exécute  un  motet  à  grand  chœur 
»  et  à  plein  orchestre  ;  il  se  met  derrière  un  paravent 
»  et  contrefait  le  chœur  de  tout  un  couvent  de  reli- 
»  gieuses  avec  un  art  et  une  finesse  que  vous  jugeriez 
»  qu'il  y  en  a  une  douzaine,  et  que  vous  devinez  jus- 
»  qu'à  rage  ,  au  caractère  et  à  la  physionomie  de  ces 
»  béguines.  »  Bref,  comme  il  n'y  a  rien  de  nouveau 
sous  le  soleil ,  Touzé  faisait  des  imitations,  en  tout 
temps  si  chères  au  public  parisien.  Tout  le  monde 
voulut  le  voir.  Il  donna  même  une  représentation 
chez  la  Dauphine . 

Inauguration  de  la  statue  du  roi  sur  la  place 
Louis  XV,  d'après  De  Machy,  belle  estampe  in-tbl.  en 
largeur. 

Louis  XVI  et  Marie- Antoinette  en  présence  du 
huste  de  HenyH  IV,  jolie  vignette  allégorique  in-8, 
d'après  Quéverdo. 

Planches  pour  Recueil  d'Ornements  à  I usage  des 
Jeunes  artistes,  d'après  Gauvet ,  1777. 

Hémery  a  travaillé  pour  le  Cabinet  Poullain. 

Une  Tète  d'enfant  qui  rit ,  et  une  Tète  de  jeune 
fille  qui  pleure ,  d'après  Greuze ,  sont  signées  de 
Louise-Rosalie  Hèmery.  La  même  signature  se  trouve 
sur  un  Mendiant  dessiné  à  Rome  par  Masson,  pièce 
in-8  au  lavis. 

Marguerite  Hèmery,  sœur  aînée  de  notre  graveur, 
née  en  1745,  épousa  le  graveur  Ponce. 

Enfin  Thérèse -Éléonore  Hémery,  née  en  1753, 
devint  Madame  Lingée.  Nous  consacrons  plus  loin  un 
article  à  cette  aimable  artiste. 


HENNIN   (Pierre-Michel 

1728-1807. 


Le  Manuel  énumère  à  l'article  de  ce  dessinateur  et 
graveur  amateur,  né  le  30  août  1728  ,  mort  à  Paris  le 
5  juillet  1807,  diverses  pièces  de  format  in-4  ,  signées 
de  ses  initiales. 

Charrette  à  un  cheval  avec  trois  tonneaux. 

Brouette,  d'après  Berthault. 

Brouette  à  transporter  une  personne ,  Berthault , 
1760. 

Voiture  vue  de  face.  Berthault. 

Paysage,  d'après  Weirotter. 

Paysage,  d'après  S.  délia  Bella. 

Paysage  avec  cascade,  d'après  Échard,  1774. 

Le  Blanc  signale  encore  un  autre  amateur,  N.  Hênin, 
contrôleur  des  bâtiments  du  roi ,  qui  vivait  vers  1750. 
Il  signait  de  ses  initiales. 

Groupe  de  femmes,  d'après  Raphaël. 

Quos  ego,  petite  pièce  en  largeur. 

Deux  femmes  enchaînées  par  VAm^our,  in-4  en 
largeur. 

Les  Deux  Paysans,  paysage  in-4. 


HENRTQUEZ    CBenoît-Louis). 

1732-1806. 


Malgré  la  forme  espagnole  de  son  nom  ,  Henriquez . 
élève  de  G.  Dupuis ,  est  parisien,  ou  tout  au  moins 
né  à  Paris  en  1732.  Son  tout  premier  travail  ne 
serait-il  pas  ces  Gravures  de  chasse  ,  signées  Henri- 
quez, et  qui  se  vendaient  tout  bonnement  chez  un 
serrurier  de  la  rue  de  la  Tixeranderie  ?  Ses  premières 
estampes  sont  fort  médiocres  :  la  Négligence  aper- 
çue ,  avec  son  adresse  ,  maison  du  Limonadier 
qui  fait  le  coin  de  la  rue  du  Haut-Moulin  à  côté  de 
St-Denis  de  la  Chartre  au  bas  du  Pont  N.-Dame  ; 

—  l'Optique  et  ÏEspiegleyne ,  d'après  deux  peintures 
comiques  d'Eisen  le  père  qui  irisent  l'inconvenance  ; 

—  Nymphes  d'après  Boucher  (1759),  deux  pièces  in-4 
en  largeur  ;  — Mort  de  Lucrèce  d'après  Ghalle,  dédiée 
à  M.  de  Damery  (1761),  in-fol.:  —  Jupiter  et  lo  et 
Mercure  et  Argus,  d'après  Van  Eckout  ;  —  Minerve 
écarte  le  Dieu  de  la  guerre  et  protège  la  fécondité  , 
d'après  Rubens,  in-fol.  en  largeur  :  —  le  Joueur  de 
Balalaye,  d'après  Le  Prince ,  in-fol.  (1765) ,  et  A'tnu- 
sements  russes,  d'après  Schenau  (1767),  in-fol  ,  pièces 
formant  pendant  :  — Jeune  femme  à  sa  toilette,  d'après 
Boucher,  in-4. 


402         LES   GRAVEURS    DU    XYIII*   SIÈCLE. 

En  1768 ,  Henriquez  grave  :  Échec  et  Mat ,  d'après 
Améclée  Van  Loo  :  —  Jugement  de  Paris  ,  d'après 
Séb.  Bourdon,  in-fol.  en  largeur;  —  Princesse  tenant 
une  épée  (la  Chasseuse  aux  cœursl ,  d'après  Nattier. 
En  1769,  Pan  et  Syrinx,  d'après  de  Troy,  estampe 
agréablement  gravée  :  —  GaJathèe  sur  les  eaux , 
d'après  Nattier. 

Citons  encore  V Amour,  d'après  Greuze ,  estampe 
dédiée  au  beau  sexe,  avec  un  trophée  formé  de  cœurs, 
de  flèches  et  de  roses  ,  in-fol.  en  rond  ,  à  Paris  chez 
Henriquez ,  rue  St-Jacques  dans  la  maison  en  face 
du  collège  du  Plessis  ;  —  la  Prière  à  V Amour, 
d'après  Greuze ,  in-fol.  ovale;  —  Femmes  au  bain , 
d'après  J.  Vernet  ;  —  la  Musicienne ,  le  Buveur, 
d'après  Grimou  ;  —  le  Miroir  de  la  vérité,  petite  pièce 
in-8. 

Toutes  ces  planches  sont  gravées  par  un  procédé 
régulier,  mais  sans  originalité  ;  on  en  retrouve  ,  dans 
l'œuvre  du  Cabinet  des  Estampes,  la  plupart  des  pré- 
parations à  Teau-forte,  qu'Henriquez  exécutait  lui- 
même. 

A  quelle  date  exacte  doit  se  placer  le  voyage  et 
le  séjour  d'Henriquez  en  Russie?  Nous  nous  rappro- 
cherons fortement  de  la  vérité  en  le  plaçant  vers 
1770,  époque  à  laquelle  le  graveur  ne  produit  plus  rien 
avec  son  adresse  en  France.  La  gravure  de  la  Tête 
de  la  statue  équestre  de  Pierre  le  Grand  {B.  L. 
Henriquez  sculpsit  PetropoU],  d'après  Marie-Anne 
Gollot,  l'élève  préférée  du  sculpteur  Falconet,  et  plus 
tard  sa  bru,  fît  nommer  Henriquez  graveur  de  S.  M.  1. 
de  toutes  les  Russies,  et  membre  de  l'Académie  Impé- 
riale de  St-Pétersbourg.  11  eut  aussi  des  commandes 


HENRIQUEZ.  403 

et  dut  graver  des  tableaux  de  l'Ermitage  ,  parmi  les- 
quels nous  remarquons  la  Dame  lisant  une  lettre ,  de 
Terburg. 

A  son  retour  à  Paris ,  nous  retrouvons  Henriquez 
travaillant  aux  livres  illustrés  du  moment  :  à  la  Geru- 
salemme  liber ata  (1771)  pour  deux  pièces ,  dont  le 
frontispice  avec  portrait  du  Tasse,  hVOrlandofurioso, 
édition  de  Baskerville  (1773),  à  Y Heptaméron  (1780), 
aux  Fastes  d" Ovide  (1783),  et  h  un  livre  assez  singulier  : 
Mémoires  turcs,  par  un  auteur  turc,  licencié  en  droit 
/wrc  (Godard  d'Aucourt),  1776,  2  vol.  in-12,  frontispice 
et  4  vignettes  d'après  Jollain.  —  Frontispices  et 
vignettes  pour  l'Académie  militaire  ou  les  Héros 
subalternes  (1777) ,  in-12,  d'après  Jollain. 

Il  grave  aussi  quelques  portraits  dont  nous  donnons 
plus  loin  la  liste. 

Henriquez  fut  présenté  par  Le  Bas,  le  2  mars  1782 , 
aux  suffrages  de  l'Académie  royale ,  qui  l'accepta 
comme  agréé ,  à  la  condition  de  graver  pour  sa  ré- 
ception les  portraits  de  Pierre  et  de  Pigalle ,  qu'il 
n'exécuta  pas,  car  il  ne  fut  jamais  reçu. 

Ce  graveur  nous  paraît  avoir  procédé  un  peu  à  la 
manière  de  Fessard,  et  avoir  eu  une  tendance  à  s'im- 
poser de  gré  ou  de  force  comme  le  traducteur  d'œuvres 
et  de  tableaux  que  leurs  auteurs  se  souciaient  peu  de 
lui  confier.  Les  procès -verbaux  de  l'Académie  ont 
gardé  la  trace  d'un  dissentiment  survenu  à  la  suite  de 
sa  gravure  des  Honneurs  rendus  au  connétable 
Duguesclin ,  d'après  la  peinture  de  Brenet ,  estampe 
où  se  trouvent  de  louables  efforts  d'ailleurs.  Notre 
graveur  désirait ,  paraît-il ,  exécuter  six  grandes  plan- 
ches de  sujets  relatifs  à  l'histoire  de  France ,  et  avait 


404         LES   GRAVEURS   DU    XVIII»   SIÈCLE. 

imaginé,  pour  décider  les  auteurs  des  tableaux  à  se 
laisser  interpréter  par  lui,  d'affirmer  qu'il  avait  l'ordre 
du  directeur  des  bâtiments.  11  avait  en  même  temps 
mis  en  mouvement  Pierre ,  premier  peintre  du  roi , 
pour  obtenir  une  autorisation  officielle.  Celui-ci  en 
avait  référé  à  son  supérieur  le  comte  d'Angiviller, 
dont  il  était  le  conseil  ordinaire  : 

^<  M''  Henriquez  graveur  vous  avoit  présenté  un 
»  mémoire  pour  que  vous  lui  donnassiez  la  permission 
»  de  graver  en  suite  tous  les  tableaux  du  Roy,  projet 
»  qui  a  toujours  été  rejette  parceque  l'on  connoît 
»  comment  sont  traittés  les  arts ,  lorsqu'ils  sont  à 
'>  l'entreprise.  Aujourd'huy  M''  Henriquez  se  restreint 
»  à  demander  la  permission  de  graver  la  suite  des 
»  sujets  de  l'Histoire  de  France  exécutés  pour  le  Roy; 
»  un  morceau  de  ce  genre  qu'il  vient  de  mettre  au  jour 
»  lui  a  donné  cette  idée.  Je  consenti  à  vous  en  parler 
»  mais  en  même  tems  je  l'ai  prévenu  que  dans  le  cas 
;>  ou  vous  accorderiés  sa  demande  il  seroit  obligé 
»  d'aller  dessiner  ses  traits  aux  Gobelins  et  d'y  retou- 
»  cher  ses  épreuves.  Ce  M'  Henriquez  se  plaint  du 
»  nombre  de  ses  jaloux ,  de  ses  enemis  qui  peuvent 
»  exister.  Vous  serés  donc  entouré,  Monsieur,  par 
»  les  protecteurs  qu'il  a  rassemblé.  Dans  le  fait  il  n'y 
»  a  aucun  inconvénient  à  lui  accorder  sa  demande, 
»  ce  sera  à  lui  à  s'en  tirer.  Mais  en  même  temps ,  il 
»  seroit  bon  de  lui  parler  des  morceaux  de  réception 
»  auxquels  comme  tant  d'autres ,  il  ne  pensera  que 
»  quand  il  n'y  verra  plus 29  Déc^"'^  1784.  » 

C'est  donc  sur  cette  autorisation  assez  vague  que 
Henriquez  affirmait ,  dans  un  prospectus  .  être  chargé 
par  ordre  supérieur  de  graver  ces  sujets  de  l'histoire 


HENRIQUEZ.  406 

de  France  et  s'en  vantait.  Les  peintres  s'émurent  et 
l'Académie  tint  à  faire  publiquement  une  enquête 
dont  le  résultat  semble  avoir  été  peu  favorable  au 
graveur  ; 

«  Le  5  mars  1785,  le  secrétaire  fait  lecture  d'une 
»  lettre  de  M""  le  Comte  d'Angiviller  écrite  à  M''  Pierre 

»  relativement  à  un  prospectus  de  M'  Henriquez 

»  L'Académie  a  cru  devoir  interroger  plusieurs 
»  de  ses  membres  présens  à  l'assemblée,  auteurs  des 
»  tableaux,  à  l'effet  de  dire  leur  avis  sincère.  En  con- 
»  séquence  M''  Brenet  interrogé ,  a  déclaré  que  si 
»  avant  de  se  déterminer  à  graver  son  tableau  de  la 
»  Mort  de  Duguesclin  .  W  Henriquez  fut  venu ,  aux 
»  termes  des  statuts,  lui  demander  son  consentement, 
»  il  ne  lui  auroitpas  donné,  mais  qu'une  fois  l'ouvrage 
»  en  train ,  il  a  dû  finir  par  des  termes  généraux  de 
»  politesse.  M''  Ménageot  a  dit  que  M""  Henriquez  est 
»  venu  le  trouver  et  lui  a  annoncé  qu'il  avoit  l'ordre 
»  de  M''  d'Angiviller  pour  graver  six  tableaux  du  Roy 
»  dont  la  Mort  de  Léonard  de  Vincy  en  étoit  un.  Qu'à 
»  ce  début ,  M""  Ménageot  lui  avoit  dit  que ,  puisqu'il 
»  avoit  l'ordre  du  supérieur  il  n'avoit  rien  à  y  voir, 
»  mais  qu'il  auroit  fait  d'autres  vœux.  Enfin  un  des 
»  officiers  de  l'Académie  s'est  levé  et  a  déclaré  qu'il 
»  n'hésitoit  point  d'assurer  que  M''  Vincent ,  absent , 
»  auteur  du  tableau  du  Président  Mole  au  milieu 
»  des  révoltés  étoit  loin  de  consentir  à  être  gravé  pai' 
»  M""  Henriquez  et  qu'il  avoit  d'autres  désirs  sur  cet 
»  objet.  D'après  ces  déclarations,  il  paroît  prouvé  que 
»  M""  Henriquez  n'a  point  eu  le  consentement  d'aucun 
»  des  trois  artistes  susnommés.  L'Académie  a  arrêté 
»  que  la  présente  délibération  sera  mise  sous  les  yeux 

II.  2'7 


406         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF    SIECLE. 

»  de  M""  le  Directeur  général  et  qu'il  sera  suplié  de 
»  prononcer.  ^  »  Henriquez  était  jugé! 

Tout  le  monde  ne  fut  pas  aussi  sévère  pour  lui  que 
l'Académie  ;  Petit  de  Bachaumont ,  par  exemple  ,  lui 
décerna  des  éloges  dans  ses  Mémoires  secrets .  au 
sujet  d'un  de  ses  meilleurs  ouvrages  ,  représentant  la 
Duchesse  de  Chartres  étendue  sur  le  gazon  au  bord 
de  la  mer,  portrait  d'une  exécution  très  agréable. 

Henriquez  eut  encore  des  difficultés  au  sujet  de 
l'estampe  de  la  Mort  de  Léonard  de  Vinci.  Il  avait 
vendu  la  planche  au  marquis  de  Cavalcabo.  Celui-ci 
en  fit  tirer  des  épreuves  par  un  imprimeur  inexpéri- 
menté qui  l'abîma.  11  voulut  forcer  Henriquez  à  la 
réparer.  Le  graveur  fit  observer  qu'il  n'avait  garanti 
deux  mille  bonnes  épreuves  qiià  la  charge  que  Vim- 
primeur  serait  de  son  choix ,  et  eut  gain  de  cause. 

La  dernière  partie  de  l'existence  d'Henriquez  est 
bien  remplie.  Il  collabore  à  la  gravure  delà.  Galerie 
du  Palais-Royal ,  de  la  Galerie  de  Florence,  du 
Musée  français.  Quand  arrive  la  Révolution  et  que 
les  Académies  sont  abolies,  il  signe  Henriquez,  de  la 
ci-devant  Académie  Royale  et  de  celle  Impériale  de 
St-Pétershourg,  un  grand  nombre  de  planches  d'une 
exécution  de  plus  en  plus  lourde  :  S*"-Famille,  d'après 
Péjarès  ;  5'  Jean-Baptiste ,  d'après  Ribéra  ;  Joseph  et 
Zaluca ,  d'après  Van  der  Werf  [an  lY),  Jupiter  et 
Calisto,  d'après  Halle  ,  et  le  Repos  de  Diane,  d'après 
Le  Sueur  (1795)  formant  pendant  ;  Bacchanale,  d'après 
Poussin  (messidor  an  9). 

*  Procès-verbaux  inédits  de  l'ancienne  Académie  (  École  des  Beaux- 
Arts). 


HENRIQUEZ.  407 

Une  série  de  Costumes  Turcs,  d'après  Le  Barbier  ; 
et  les  portraits  de  Tm^get,  l'anl*^'",  Louis  XVI,  d'après 
Boze,  et  Pascal  Paoli ,  beau  portrait  peint  Van  IP  de 
la  Liberté  parDroUing  et  gravé  la  même  année,  in-fol. 
ovale  ;  Séb.  Mercier,  d'après  Pujos,  in-8. 

Henriquez  mourut  à  Paris  en  1806.  En  résumé,  s'il 
a  gravé  un  grand  nombre  de  pièces,  il  n'a  eu  que  très 
rai'ement  la  main  heureuse.  11  pèche  surtout  par  une 
lourdeur  excessive.  Nous  ne  voudrions  retenir  de  son 
œuvre  que  les  quelques  pièces  suivantes  : 

ESTAMPES. 

1.  L'AMOUR,   DÉDIÉ   AU   BEAU   SEXE,  d'après  Greuze ;  in-fol 

l"  état:  Avant  les  vers  Sexe  charmant etc. 

2.  La  Prière  a  l'Amour,  d'après  Greuze  ;  in-fol. 

3.  GalathÉE    sur    les    eaux,     d'après   Nattier,    —   Pan   ET 

Syrinx,  d'après  de  Troy;  2  p.  in-fol.  en  largeur. 

4.  LA   CHASSEUSE   AUX   COEURS,  d'après  Nattier  ;  in-fol. 

5.  Les  Enfants  jardiniers,  d'après  Schenau  ;  in-fol. 

6.  Les  Amusements  russes,  d'après  Schenau,  —  Le  Joueur 

DE  BalalayE,  d'après  Le  Prince  ;  2  p.  in-fol. 

T.   Vénus  désarmant  l'Amour,   d'après  G.  Van  Loo ,    mi  ;   in-fol.   eu 
largeur. 

PORTRAITS. 

8.  Alembert  (D'),  d'après  Jollain  ;  in-fol. 

9.  BOSSUT,  de  l'Académie  des  Sciences,  d'après  Duplessis  ;  in-8. 

1^'  état  :  Avant  toute  lettre. 

10.  BouvaRT,  médecin  ,  d'après  Bourgoin ,  l'7'76  ;  grand  in-4. 


408  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE 

11.  Cadet,  pharmacien  ,  d'après  Bourgoin ;  m-4  orné. 

12.  CHARTRES  (Louise-Marie- Adélaïde  de  Bourbon,  Duchesse  de), 

étendue  au  bord  de  la  mer,  près  d'un  rocher,  d'après  Duplessis  ; 
in-fol.  en  largeur.  —  Chez  l'auteur  rue  Vieille-Boucherie . .  . , 
État  d'essai  au  Cabinet  des  Estampes,  les  fonds  seuls  sont  faits. 

13.  Diderot,  d'après  L. -M.  Van  Loo;  in-fol. 

1^''  état  :  Avant  toute  lettre. 

14.  Le  Cat ,  d'après  Restout ,  mi;  in-4  {Galerie  française). 

15.  Louis  XIV,  d'après  Rigaud;  in-4  {Galerie  française). 

16.  Louis  XVI,  d'après  Boze;  ia-fol. 

11.  Mercier,  d'après  Pujos  ;  in-8. 
l^r  état  :  Avant  toute  lettre. 

18.  Montesquieu,  profil,  l'7'76;  in-fol. 

Existe  avant  toute  lettre.  État  avant  l'inscription  sur  la  marge  inférieure. 

19.  PAOLI,  d'après  Drolling;  in-fol. 

pf  état  :  Avant  la  lettre. 

20.  Pierre   le   Grand  (Tête  de  la  Statue  équestre  de).  — Maria- 

Anna  CoUot  fecit,  B.-L.  Henriquez  sculpsit  Petropoli;  in-fol. 
1^''  état:  Avant  la  lettre. 

21.  Rigoley    de   Juvigny  ,    Conseiller  au  Parlement  de  Metz, 

d'après  Briard  ,  1*769  ;  in-8. 

22.  Saussiers  (P.  de);  in-4. 

23.  Target,  d'après  Boze;  in-fol.  —  L'an  F'' de  la  liberté. 

N'envions  plus  l'antique  Athènes 
L'innocence  a  son  protecteur 
La  Liberté  son  Déinosthènes 
Et  la  France  un  législateur. 

!«■'  état  :  Avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

24.  Tasso  (Torquato) ,  frontispice  d'après  Gravelot. 

A  l'eau-forte  et  avant  la  lettre  au  Cabinet  des  Estampes. 

25.  Voltaire,  d'après  Barat ,  mT;  in-fol. 

1^^  état  :  Avant  l'inscription  sur  la  marge  inférieure. 


HÉRISSET   (Antoine 


Hérisset ,  graveur  -  géomètre  ,  a  exécuté  d'après 
Juste-Aurèle  Meissonnier  : 

Elévation  gèomètrale  de  la  chapelle  de  St-Sulpice 
de  Paris. 

Élévation  gèomètrale  de  V église  de  St-Aignan 
d'Orléans. 

Élévation  gèomètrale  de  V  autel  de  St-Leu  de  Paris. 

Élévation  gèomètrale  d'un  autre  autel  de  St-Leu. 

Élévation  du  projet  d'un  feu  d'artifice  sur  l'eau 
pour  le  mariage  de  M""^  Première. 

D'après  J.-F.  de  Troy  :  Saint  Vincent  de  Paul 
recevant  la  comm,union  à  ses  derniers  moments.  — 
Saint  Vincent  de  Paul  prêchant  dans  les  châteaux 
et  dans  les  villages ,  2  pièces  grand  in-fol.  à  l'eau- 
forte  par  Hérisset ,  terminées  par  Jeaurat. 

Planches  pour  Versailles  immortalisé  de  Monicart. 
—  Planches  pour  la  Description  de  Paris  de  Piganiol 
de  Laforce. —  Recueil  des  différentes  modes  du  temps 
(1729) ,  suite  de  12  pièces.  —  Acteurs  du  Théâtre- 
Italien,  6  pièces. 

C'est  Hérisset  qui  donna  à  Le  Bas  les  premières 
notions  de  gravure. 


HOGARTH   (William 


1698 -'1764. 


Le  satirique  violent  qui  a  fustigé  d'une  main  parfois 
un  peu  rude  les  hypocrisies  et  les  vices  de  son  temps, 
l'observateur  sagace  de  l'expression  des  passions  sur 
la  physionomie  humaine  ,  William  Hogarth  ,  fils  d'un 
petit  fermier,  est  né  à  Londres.  Il  eut  une  jeunesse 
sévère  et  occupée.  En  apprentissage  chez  un  graveur 
sur  métaux ,  il  traçait  sur  le  cuivi^e  des  adresses,  des 
écussons  ;  entre  temps  ,  il  allait  dessiner  à  l'Académie 
publique  et  s'était  même  exercé  à  graver  quelques 
vignettes  pour  des  éditions  nouvelles  du  poëme  de 
Butler,  Hudibras,  et  du  roman  d'Apulée,  l'Ane  d'or. 

Son  début  dans  la  satire ,  qui  attira  l'attention  sur 
lui,  fut  la  caricature  d'un  tableau  de  Kent,  mauvais 
peintre  d'un  académisme  outré  ,  alors  dans  tout  l'eni- 
vrement du  succès.  Celui-ci  ne  se  releva  pas  du  coup 
qui  lui  était  porté  et  le  peintre  du  roi ,  Thornhill ,  son 
rival ,  enchanté  de  sa  chute  voulut  connaître  le  jeune 
artiste  qui  en  était  la  cause  et  l'admit  dans  son  atelier. 
Hogarth  profita  de  l'occasion  pour  y  prendre  quelques 
notions  complémentaires  en  art ,  mais  comme  on  y 
enseignait  à  peindre  la  même  histoire  de  convention , 
la  même  mythologie  et  la  même  sentimentalité  fausse 


HOGARTH.  m 

qui  l'exaspéraient ,  ce  qu'il  trouva  de  mieux  dans  ce 
milieu  fut  la  fille  de  Thornhill ,  qu'il  épousa  sans  le 
consentement  de  son  père, 

Hogarth  dut  alors  faire  des  portraits  pour  vivre, 
mais  son  amour  de  la  vérité  le  rendait  un  portraitiste 
par  trop  cruel  et  réaliste  pour  obtenir  beaucoup  de 
succès,  aussi  dut-il  bientôt  abandonner  ce  genre  pour 
revenir  à  celui  qui  l'avait  fait  connaître.  C'est  donc 
dans  la  peinture  satirique  des  mœurs  qu'il  se  lança  et 
trouva  sa  voie.  The  Harlofs  progress  (vie  d'une  fille 
publique) ,  série  de  six  compositions  qu'il  peignit  et 
grava  en  1733  et  1734 ,  est  le  tableau  ,  d'un  réalisme 
effrayant ,  des  diverses  phases  de  dégradation  par  les- 
quelles passe  une  malheureuse  jeune  fille  arrivant  de  la 
campagne ,  embauchée  par  une  vieille  trafiquante  des 
charmes  des  autres,  débauchée  par  un  vieillard  qu'elle 
trompe,  et ,  de  prison  en  hôpital ,  finissant  par  mourir 
misérablement  dans  un  galetas.  Le  succès  obtenu  par 
la  vérité  criante  et  l'énergie  brutale  de  ces  composi- 
tions, était  encore  augmenté  par  ce  fait  que  l'artiste  y 
avait  donné  aux  principaux  personnages  les  traits  de 
gens  connus  et  y  avait  représenté  jusqu'à  «  l'ignoble 
»  vieille  qui  faisait  tous  les  matins  les  antichambres 
»  de  la  jeunesse  débauchée,  v 

Encouragé  par  la  réussite  de  son  œuvre ,  qui  le 
réconcilia  avec  son  beau-père,  l'artiste  continua  dans 
la  même  voie  par  le  Rake' s  progress  (vie  d'un  jeune 
libertin),  daté  de  1735,  autre  curieuse  étude,  plus 
audacieuse  cette  fois ,  en  ce  que  si  les  malheurs 
d'une  fille  dévoyée  n'inspiraient  que  peu  de  pitié,  les 
sarcasmes  sur  la  conduite  d'un  jeune  homme  que 
ses  débauches  conduisent  à  Bedlam  (maison  de  fousj 


412  LES   GRAVEURS   DU    XVllF   SIÈCLE. 

touchaient  aux  mœurs  même  de  la  haute  classe 
anglaise  ,  et  visaient  ses  habitudes  déréglées. 

Le  succès  n'en  fut  pas  moins  complet,  et  Hogarlh 
publiait  vers  le  même  temps  la  Foire  de  Souihivark , 
les  Buveurs  de  punch ,  les  Quatre  heures  du  jour 
(1738),  et  beaucoup  d'autres  tableaux  de  la  vie  du 
peuple.  Pour  répondre  au  reproche  que  l'on  ne  man- 
quait pas  de  lui  faire  de  toujours  prendre  ses  modèles 
dans  la  rue,  il  peignit  sa  plus  célèbre  suite,  le  Mariage 
à  la  mode  (1745),  qui  eut  un  immense  succès  et  dont 
les  originaux  sont  encore  conservés  h  la  National 
Gallery.  Hogarth  a  pris  cette  fois  ses  types  dans  la 
plus  haute  société  et  fait,  avec  les  désordres  d'un  jeune 
ménage,  suites  d'une  union  mal  assortie,  un  tableau 
vraiment  saisissant  des  mœurs  anglaises  du  XVIIP 
siècle. 

D'autres  travaux  aussi  bien  observés,  frappant  fort  et 
juste,  mirent  le  comble  à  sa  réputation  :  Tndustry  and 
Idleness  (industrie  et  paresse) ,  daté  de  1747  ;  il  s'agit 
d'un  jeune  ouvrier  qui  à  force  de  travail  et  de  bonne 
conduite  devient  lord-maire,  tandis  que  la  paresse  d'un 
autre  le  conduit  à  Tyburn  ;  an  Election  entertain- 
ment ,  où  les  mœurs  électorales  anglaises  sont  saisies 
sur  le  vif  ;  des  scènes  populaires,  Beerstreet,  Gin  lane, 
ô  ihe  Roastheef  of  old  England!,  Cockspit,  Crudelty 
superstition  and  fanaticism ,  où  l'allure ,  les  habi- 
tudes ,  les  expressions  et  les  types  de  ses  compatriotes 
sont  saisis  avec  autant  de  réahté  que  d'observation. 

Hogarth  était  fort  lié  avec  le  célèbre  acteur  anglais 
Garrick ,  qu'il  a  dessiné  et  gravé  dans  le  rôle  de 
Richard  III.  Garrick  possédait  au  plus  haut  degré  la 
faculté  de  modifier  son  visage  ;  il  en  profita  pour  obte- 


HOGARTH.  4i3 

nir  du  capricieux  Hogarth  un  portrait  qu'il  désirait. 
Fielding  étant  mort  pendant  qu'on  achevait  d'imprimer 
ses  œuvres  ,  les  éditeurs  prièrent  l'acteur  d'obtenir  de 
son  ami  le  portrait  de  l'auteur  pour  le  mettre  eu  tête  de 
l'édition.  Garrick  s'y  étant  engagé,  se  rendit  un  matin 
chez  l'artiste,  en  le  priant  de  lui  donner  à  déjeuner. 
Hogarth ,  qui  finissait  un  tableau ,  lui  dit  d'entrer  dans 
la  pièce  voisine  où  il  trouverait  ce  qu'il  désirait.  Aus- 
sitôt Garrick  ,  resté  seul ,  se  drape  d'un  manteau  qu'il 
avait  apporté,  donnant  à  ses  traits  la  phj'^sionoraie  de 
Fielding ,  et  appelle  le  peintre  en  changeant  le  son 
de  sa  voix.  Hogarth  étonné  d'entendre  une  voix  qui 
ressemblait  à  celle  du  romancier  anglais  se  lève  et 
croit  le  revoir  lui-même  s'écriant  :  «  Hâte-toi  de  me 
peindre,  Hogarth!  ^  Se  prêtant  à  la  plaisanterie,  il 
dessina  le  portrait  de  Fielding  dont  on  lui  fournissait 
ainsi  le  modèle. 

Le  peintre-graveur  anglais  avait  été  touché  du  re- 
proche qu'on  lui  adressait  continuellement  du  manque 
de  recherche ,  d'élévation  et  de  beauté  dans  ses  ou- 
vrages, ou  même  de  la  laideur  qu'il  semblait  afiecter. 
Pour  y  répondre,  il  réunit  sous  le  titre  de  Analysis  of 
Beauty  (1753),  ses  idées  et  ses  réflexions  sur  ce  sujet, 
avec  planches  à  l'appui ,  ouvrage  paradoxal  et  curieux 
où  il  cherche  à  démontrer  que  plus  l'on  s'éloigne  de 
la  froideur  rectihgne  et  des  types  convenus,  plus  on 
reste  fidèle  aux  lois  de  la  beauté  suprême.  Mais  cette 
analyse  fut  plus  nuisible  qu'utile  à  sa  réputation,  et 
ses  détracteurs  saisirent  cette  occasion  de  tourner  en 
ridicule  ses  théories  étranges. 

On  a  beaucoup  parlé  du  gallophobisme  do  Hogarth. 
L'artiste,  comme  tous  ses  compatriotes  alors,  n'aimait 


4U  LES   GRAVEURS   DU    XYIII*   SIÈCLE. 

guère  la  France ,  mais  de  plus  il  lui  gardait  rancune 
de  ce  qu'un  jour,  dessinant  les  fortifications  de  Calais, 
il  avait  été  pris  pour  un  espion  et  reconduit  à  trois 
lieues  en  mer.  Il  s'en  vengea  par  quelques  caricatures 
où  l'urbanité  anglaise  est  mise  en  parallèle  avec  la 
grossièreté  française  et  dont  la  plus  connue  est  The 
Gaie  of  Calais  (1749). 

Hogarth  attaqua  Pitt  dans  une  estampe  satyrique, 
The  Times,  où  il  le  montrait  soufflant  le  feu  sur  l'Eu- 
rope. Wilkes  prit  la  défense  de  Pitt.  Hogarth  répondit 
parle  portrait  en  charge  de  Wilkes.  Churchill  se  jeta 
dans  la  bagarre  par  la  publication  d'une  mordante 
épitre.  Hogarth  de  répliquer  par  la  charge  du  poète , 
représenté  en  ours,  avec  les  traits  de  sa  physionomie, 
tenant  d'une  main  un  tricot,  de  l'autre  un  pot  de  bière. 
Jamais,  dit  Walpole,  des  hommes  de  talent,  aigris  par 
l'orgueil  blessé,  ne  se  sont  jeté  de  la  boue  avec  plus 
de  gaucherie. 

William  Hogarth  mourut  à  Chiswick,  le  26  octobre 
1764.  «  Implacable  bourreau  de  tous  les  travers  ,  il  a 
»  laissé  dans  l'histoire  de  l'art  une  trace  profonde  et 
»  originale.  Pour  frapper  le  vice  rien  ne  l'arrête.  Il  ose 
»  tout.  Il  brave  toutes  les  convenances.  Philosophe, 
»  conteur,  romancier  cynique  doué  de  puissance  dra- 
»  matique  et  d'observation,  il  touche  à  la  comédie  et 
»  atteint  la  tragédie  de  la  vie  privée.  Ne  pas  l'admirer 
»  serait  injuste,  l'imiter  serait  dangereux  »  (Ph. 
Chasles). 

1 .  Wm  Hogarth  serjeant painter  to  his  majesty,  29  marck  i  758  ; 
in-foL  en  hauteur. 

Portrait  d'Hogarth  esquissant  un  tableau  avec  le  crayon  blanc.  La  gravure 
peut  lui  en  être  attribuée. 


HOGARTH.  446 

2.  Voyage  de  la  Motraye,  1723,  30  pi. 

3.  L'Ane  d'or,  d'Apulée,  n24;  7  petites  pièces. 

4.  Beavefs  MUitary  Punishments  of  the  aniients:  15  têtes  do  page. 

5.  A  Mascarade  of  Heidegger,  l'725;  in-fol.  en  lar^reur. 

6.  HUDiBRAS  by  Butler,   1726;   10  pi.  in-4  en  largeur,  publiées  par 

Robert  Sayer,  et  une  grande  planche  in-fol.  en  largeur  avec  le 
titre  :  Hudibras  encounter  the  Skimmington. 

I.  A  inidnight  modem  conversation  (ou  les  Buveurs  de  punch)  ;  in-4 

en  largeur. 
Cette  pièce  a  été  souvent  copiée,  ainsi  que  les  suivantes. 

8.  SoUTHWARK  F\IR  (ou  Foire  de  Southwark),  invent,  paint.  and 

engr.  by  "W.  Hogarth,  1733;  in-fol.  en  largeur. 

9.  RAKE'S    PROGRESS   (Scènes  de  la  vie  d'un  mauvais  sujet), 

inv.  paint.  and  engr.  by  Hogarth ,  1735  ;  8  pi.  in-fol.  en  largeur. 
Un  des  meilleurs  ouvrages  de  l'artiste,  très  bien  gravé. 

10.  HARLOT'S    PROGRESS   (Vie  d'une  fille  publique),  Hogarth 

inv.  pinx.  et  sculp.,  1733-34;  6  pi.  in-fol.  en  largeur. 

II.  Company  of  underlakers  (types  et  têtes) ,  1736;  3  pi.  in-4. 

Satire  contre  les  médecins. 

12.  Refoke  ,  —  After  ,  1736;  2  pi.  in-fol.  en  hauteur. 

Pièces  par  trop  réalistes.  Sur  un  papier  placé  dans  la  seconde,  on  lit  :  Omne 
animal post  coïtinn  triste. 

13.  Strolling  adresses  dressing  in  a  barn.  —  Inv.  paint.  and  engr.  by 

Hogarth  ;  in-fol.  en  hauteur. 
Scène  curieuse  des  coulisses  d'un  théâtre  ambulant. 

14.  MORNING,  —  NOON,  —  E  VENING ,  —  NiGHT  (ou  les  Quatre 

Heures  du  jour). —  Inv.  paint.  by  Hogarth,  and  engr.  by  Hogarth 
and  Baron,  1738;   4  pi.  in-fol.  en  hauteur. 

Ces  compositions  furent  faites ,  paraît-il,  pour  le  directeur  du  Vauxhall  de 
Spring-Garden. 

15.  The  Distrest  Poet,  —  The  Enraged  Musician,  inv.  paint.  engrav. 

and  publish.  by  Hogarth,  1740-41;  2  pi.  in-fol.  en  largeur. 


416  LES   GRAVEURS   DU    XVIIie   SIÈCLE. 

16.  LE  MARIAGE  A  LA  MODE.  —  Inv.  paint.  and  published  by 
Hogarth ,  engraved  by  G.  Scotin  and  Ravenet ,  1745  ;  6  pi.  in-fol. 
en  largeur. 

Bien  que  ces  pièces  si  curieuses  ne  soient  pas  exécutées  par  Hogarth ,  mais 
seulement  sous  ses  yeux  et  sa  direction ,  elles  tiennent  une  place  trop  impor- 
tante dans  son  œuvre  pour  les  passer  sous  silence. 

n.   M""  G.\RRICK    IN    THE    CH.\R.\CTER    OF    RICHARD    THE    3^. 

—  Painted  by  Hogarth ,  engr.  by  Hogarth  and  Grignion ,  n46  ; 
in-fol.  en  largeur. 
Beau  et  intéressant  portrait . 

18.  Simon  Lord  Lovât.  —  Drawn  from  the  life  and  etch'd  in  aqua- 

forlis  by  W™  Hogarth ,  1746;  in-fol.  en  hauteur. 

19.  IndusTRY    .\ND    IdlenESS    (ou  Travail  et  Paresse)  ,    1747; 

10  pi.  in-4  en  largeur  et  2  pi.  in-fol. 
Une  des  bonnes  suites  de  l'artiste. 

20.  The  Stage  coach,  an  Election  procession  in  the  yard,  1747. 

21.  The  Gâte  of  Calais  (la  Porte  de  Calais),  1749  ;  in-fol.  en  largeur. 

Pièce  contre  la  France,  gravée  par  Hogarth  et  Mosiey. 

22.  0  the  Roast  beef  ofthe  England  I  in-fol.  en  largeur. 

23.  Beef  Street ,  —  Gin  Lane,  designed  by  Hogarth.  —  Sans  nom  de 

graveur,  1751 ,  2  pi.  in-fol.  en  hauteur. 

24.  First  stage  ofcruelty,  —  Second  stage  ofcruelty,  — Cruelty  in 

perfection,  —  The Rewari  ofcruelty,  4  pi.  in-fol.  en  hauteur, 
sans  nom  de  graveur,   1751 . 

Dans  ces  morceaux ,  Hogarth  a  exprimé  avec  une  vérité  effrayante  les  tour- 
ments qu'on  fait  souffrir  aux  animaux.  On  raconte  qu'un  charretier  maltraitait 
un  jour  à  outrance  ses  chevaux;  un  passant,  ému  de  pitié,  lui  cria  :  A/ts^raWe .' 
tu,  n'as  donc  pas  vu  l'estampe  d'Bogarth  ? 

25.  Paul  before  Félix.  —  Desig.  and  etch'd  in  the  ridiculous  manner  of 

Rembrandt,  1751  ;  in-4  en  largeur. 
Charge  de  la  composition  suivante. 

26.  S'  Paul  before  Félix.  —  Engraved  by  W"  Hogarth  from  his  ori- 

ginal painting  in  Lincoln's  Im  Hall ,  1752  ;  in-fol.  en  largeur. 


HOGARTH.  4<7 

21.  France  Plate,  —  England  Plate,  1756  ;  2  p.  petit  in-fol.  en  largeur. 
Pièces  satiriques  contre  la  France. 

28.  Analyds  of  the  beauty.  —  Desig.  engr.  and  publish.  by  W.  Ho- 

garth,  ry53;  2  grandes  pi.  in  fol.  en  largeur. 

29.  An  Election  Entertainment,  —  Cauvassing  for  votes, — 

The  Polling,  —  Charing  the  members.  —  Paint,  and  engr.  by 
W^Hogartb,  Grignion,  Le  Cave  and  Aveline,  1755-58;  4  pi. 
in-fol.  en  largeur. 

Ces  pièces  sont  dédiées  à  Fox ,  Walpole,  G.  Hay  et  Ch.  Handbury. 

30.  TVie  BewcA ,  n58  ;  pi.  en  hauteur. 

Caricature  contre  les  médecins. 

31.  The   Cockpit.  —  Paint,  and  engr.  byHogarth,  1759;  in-fol. 

32.  Les  Cinq  ordres  de  Perruques ,  1761  ;  in-4  en  hauteur. 

33.  The  Times,  l'762;  2  pi.  in-4  en  hauteur. 

Pièces  satiriques  contre  Pitt. 

34.  Credulity,  Superstition  and  Fanaticism .  —  Design,  and  engr.  by 

Hogarth  ,  1762;  in-fol.  en  hauteur. 

35.  John  Wilkes,  esq"".  —  Drawn  from  the  life  and  etched  in  aqua- 

fortis  by  Hogarth ,   1763  ;  in-fol.  en  hauteur. 

36.  The  Bruiser  C.  Churchill,  in  the  Character  ofa  Russian  Hercules, 

1763;  in-fol. 
Caricature  contre  le  poète  Churchill . 


L'œuvre  de  William  Hogarth,  reproduit  et  gravé  par  Cook  en  160  pi.,  a  été 
publié  à  Londres  en  1808,  en  2  vol.  in-4. 


HOIN   (Claude-Jean). 


1750-1817. 


Hoin,  élève  de  Devosge  et  de  Greuze,  fit  des  por- 
traits au  pastel  et  des  paysages  à  la  gouache. 

Comme  graveur  au  lavis  et  à  l'eau-forte,  Hoin  fut 
principalement  l'interprète  du  sculpteur-dessinateur 
Boicliot ,  de  Dijon  comme  lui  :  Lèda  et  Danaè,  in-8  ; 
la  Toilette  deVénus,  frise  ;  Hercule  et  Omphale  (1786); 
Jésus  au  tombeau ,  frise  ;  Assemblée  de  philosophes 
(1788). 

On  trouve  encore  dans  l'œuvre  de  Hoin  :  le  Serpent 
d'airain ,  Jésus-Christ  entrant  à  Jérusalem, ,  d'après 
VanDyck,  Apothéose  de  Mirabeau,  dédié  aux  amis  de 
la  Constitution  ;  la  Mort  de  Marie-Madeleine,  d'après 
Greuze  ;  la  Mort  d'un  Moine ,  d'après  Fragonard  ; 
Génie  tenant  une  lampe  et  une  couronne. 

J.  J.  L.  Hoin  maître  en  a,rt  et  en  chirurgie  à  Dijon , 
dessiné  de  souvenir  et  gravé  par  son  fils,  1786,  in-8. 

Son  propre  portrait ,  C'^^J.  Hoin,  peintre  de  Mon- 
sieur, associé  aux  Académies  Royales  de  peinture 
sculpture  et  architecture  de  Toulouse .  de  Lyon , 
correspondant  de  celle  des  sciences ,  arts  et  belles- 
lettres  de  Dijon,  né  à  Dijon  le  25  juin  1750. 


HORTHEMELS   (Frédéric). 

4688- 


Ce  graveur  (dont  le  nom  s'écrit  aussi  Hortemels), 
frère  aîné  de  Marie -Madeleine  Hortliemels  ^  qui  fut  la 
femme  de  Cochin  père,  a  principalement  gravé  pour 
le  Recueil  de  Grozat  : 

Portement  de  Croix,  d'après  Giorgion  ;  —  l" Ado- 
ration des  Rois  et  le  Mariage  de  sainte  CatheiHne, 
d'après  Paul  Véronèse  ;  —  la  Naissance  de  saitii 
Jean-Baptiste,  d'après  le  Tintoret  ;  —  la  Mort  d^Abel, 
d'après  A.  Sacchi  ;  —  le  Recueillement  de  la  Vierge  . 
d'après  D.  Feti  ;  —  Jésus  parlant  à  la  Samaritaine , 
d'après  Garofalo;  —  la  Pentecôte,  d'après  G.  Ferrari. 

Bethsabée,  d'après  G.  Vanloo,  1729,  pièce  terminée 
par  N.  Tardieu. 

Philippe  d'Orléans,  d'après  Santerre  ,  in-fol. 

Ou  a  reproché  avec  raison  à  Horthemels ,  l'abus 
qu'il  a  fait  de  l'emploi  des  gros  points  pour  traiter  les 
chairs. 


1  Pour  Marie-Madeleine  Hortemels  ,  voyez  l'article  Cochin  père. 


HOUBRAKEN   (Jacques). 

1698-1780. 


Jacobus  Houbraken  naquit  à  Dordrecht ,  le  25 
décembre  1698 ,  et  mourut  dans  la  môme  ville  le 
14  novembre  1780 ,  sans  avoir  voulu  accepter  les 
brillantes  propositions  qui  lui  étaient  faites  s'il  voulait 
résider  en  Angleterre.  Ce  graveur  qui ,  d'après  les 
biographes ,  s'est  formé  lui-même ,  avait  un  talent 
remarquable ,  quoique  inégal ,  de  la  facilité  et  à  un 
haut  degré  le  sentiment  de  la  couleur. 

Houbraken  a  travaillé  à  la  collection  des  Portraits 
des  hommes  illustres  de  la  Grande-Bretagne,  dont 
le  premier  volume,  publié  à  Londres  en  1743,  est  su- 
périeur au  second  daté  de  1752.  11  avait  déjà  collaboré 
avec  son  père ,  Arnold  Houbraken ,  aux  portraits 
destinés  à  orner  les  Vies  des  peintres  flamands  et 
hollandais ,  ouvrage  qui  commença  à  paraître  à  Ams- 
terdam en  1718,  et  dont  une  nouvelle  édition  avec  les 
mêmes  figures  fut  donnée  à  La  Haye  en  1729.  Il  s'est 
occupé  toute  sa  vie  à  graver  des  portraits  de  person- 
nages hollandais  ,  séries  de  Princes  et  Princesses  de 
la  maison  d'Orange  (1750-53) ,  de  Bourg^nestres  de 
la  ville  d'Amsterdam.  Le  recueil  le  plus  important 
dans  ce  genre  est  la  Collection  de  quatre-vingt-quinze 


HOUBRAKEN.  421 

portraits  des  personnes  illustres  qui  se  sont  rendues 
célèbres  dans  les  Provinces-Unies  des  Pays-Bas, 
Amsterdam  ,  1761 ,  grand  in-4. 

Signalons  en  dehors  de  ces  collections  quelques 
portraits  intéressants  : 

Petrus  Primus  Russorum  Imperator. — Catharina 
Imper atrix  Russorum ,  2  pièces  très  grand  in-fol. 

Le  peintre  Cornèlis  Eversdyck ,  in-fol. 

Pascal  Paoli,  général  des  Corses,  in-fol.  ovale. 

Le  Cardinal  de  Fleury ,  médaillon  soutenu  par 
Diogène ,  frontispice  in-fol.  —  Louis  XV. 

Cornèlis  Troost,  peintre.  —  Franz  Van  Mieris. — 
Henriette  Wolters ,  portrait  curieux  à  rapprocher  de 
celui  qui  a  été  gravé  par  Ficquet  pour  l'ouvrage  de 
Descamps. 

Simon  Fokke,  dessinateur  et  graveur,  in-8, 1773. 

Houbraken  était  également  habile  dans  la  gravure 
des  tableaux  ,  nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  les 
planches  qu'il  a  gravées  d'après  Troost ,  la  Fête  de 
St-Nicolas  et  le  Second  corps  de  garde  d'officiers 
hollandais ,  du  cabinet  Muilman  à  Amsterdam  ;  le 
Divertissement  de  la  Foire  d'Amsterdam,  du  cabinet 
Neyman  ;  la  Belle-Mère ,  du  cabinet  de  Pinto  à  Ams- 
terdam; le  Capitaine  Ulric,  du  cabinet  Van  der  Mark, 
à  Leyde  ;  et  Tartuffe  ou  V Imposteur,  du  cabinet 
Braancamps  à  Amsterdam. 

J.  Houbraken  a  encore  gravé  pour  la  Galerie  de 
Dresde  ,  Daniele  Barbare ,  d'après  P.  Véronèse, 
et  le  Sacrifice  de  Manoah ,  d'après  Rembrandt. 

D'après  le  même  maître ,  l'Ange  et  la  famille  de 
Tobie.  —  Tobie  préparant  le  foie  du  poisson .  etc. 

Houbraken  a  gravé  deux  fois  son  propre  portrait. 
n.  28 


HOUEL   (Jean). 

1735-1813. 


L'auteur  du  Voyage  pittoresque  de  Sicile,  de  Malte 
et  de  Lipari ,  texte  et  gravures ,  est  de  Rouen. 
Jean-Pierre-Louis-Laurent  Houël ,  né  en  1735 ,  était 
l'aîné  d'une  nombreuse  famille  ;  son  père  le  mit  dans 
l'école  publique  fondée  par  Descamps  et  le  plaça  en- 
suite pour  apprendre  l'architecture  chez  Thibault  père, 
l'architecte  le  plus  instruit  de  la  ville.  Enfin  s'étant 
décidé  pour  la  gravure  ,  le  jeune  Houël  arriva  à  Paris 
se  mettre  sous  la  direction  de  Le  Bas,  ou  plus  exacte- 
ment sous  celle  de  son  compatriote  Le  Mire ,  l'un  des 
meilleurs  élèves  du  maître. 

«  Un  amateur  distingué  par  sa  naissance  et  sa  for- 
»  tune ,  et  son  goût  passionné  pour  les  arts,  Blondel 
»  d'Azincourt ,  fils  de  Blondel  de  Gagny,  demande  à 
»  Le  Bas  un  élève  avec  lequel  il  puisse  s'exercer  à  la 
»  gravure.  Houël  est  désigné  comme  très  propre  à 
»  remplir  cette  tâche  glorieuse.  Honoré  du  choix  de 
»  son  maître,  il  se  rend  chez  cet  amateur,  où  il  trouve 
»  de  quoi  satisfaire  son  goût  pour  l'étude.  Il  est  placé 
»  au  milieu  d'une  des  plus  riches  collections  de  la 
»  capitale,  dont  il  a  la  libre  jouissance  et  la  direction. 
»  L'amabilité  de  son  caractère,  son  désir  de  s'instruire 


HOUEL.  423 

»  lui  font  trouver  dans  cet  asyle  tous  les  moyens  de 
»  satisfaire  ses  goûts  ;  il  y  trouve  en  même  temps  les 
»  aisances  de  la  vie  jointes  aux  douceurs  de  l'amitié.^» 

Sous  l'hyperbole  habituelle  à  ce  bon  Le  Garpentier, 
on  peut  pourtant  saisir  que  notre  jeune  artiste  com- 
mençait bien  et  que  ses  débuts  n'eurent  rien  de  dur, 
seulement  la  fréquentation  des  beaux  tableaux  de 
Blondel  de  Gagny  eut  cette  influence  sur  son  caractère 
un  peu  versatile  de  lui  faire  désirer  apprendre  à 
peindre,  sans  toutefois  abandonner  la  gravure.  Il  prit 
donc  les  leçons  de  Casanova  «  qui  se  fit  un  plaisir  de 
»  lui  dévoiler  les  secrets  de  son  art.  » 

Nous  pensons  que  c'est  pendant  ces  années  d'études 
passées  avec  le  jeune  d'Azincourt  qu'il  faut  placer 
deux  Livres  de  paysages  de  six  pièces  chacun ,  datés 
de  1758,  et  des  paysages  d'après  Boucher.  C'était  aussi 
l'époque  où  le  duc  de  Choiseul  le  faisait  venir  à  Chan- 
telou  pour  y  peindre  des  panneaux  décoratifs  et  c'est  à 
ce  protecteur  qu'il  dut  de  partir  pour  l'Itahe  avec  une 
pension  du  roi  : 

«  J'apprens,  M"",  par  votre  lettre,  écrivait  le  26  avril 
»  1770  M.  de  Marigny  à  Natoire  ,  que  le  S^  Houël  est 
»  forcé  par  le  dépérissement  de  sa  santé  et  les  conseils 
»  du  médecin  de  changer  d'air  et  qu'en  conséquence  il 
»  est  parti  pour  Naples  qu'il  a  choisy  de  préférence 
»  comme  plus  propre  à  sa  santé  et  à  ses  études ,  à 
»  cause  des  beaux  points  de  vue.  Les  bons  témoi- 
»  gnages  que  vous  me  rendes  de  la  conduite  et  des 

1  Ces  détails  sont  extraits  de  la  Notice  sur  Houël,  par  Le  Carpenlier, 
lue  à  la  séance  de  la  Société  libre  d'Emulation  de  Roueu  en  décembre 
1813  ,  notice  qui  nous  a  été  très  obligeamment  communiquée  par 
M.  Jules  Hédou. 


424         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF   SIECLE. 

»  talens  de  cet  artiste  me  portent  à  consentir  que  vous 
»  continuiés  sa  pension  comme  s'il  étoit  toujours  à 
?>  l'Académie.  Dans  ce  cas  il  convient  que  vous  la 
»  retrancliiés  de  la  dépense  du  cuisinier  qui  ne  doit 
»  pas  être  payé  pour  onze  élèves  comme  pour  douze.  » 

Le  désir  de  changer  de  place  devait  bien  être  aussi 
pour  quelque  chose  dans  la  maladie  du  jeune  artiste. 
Il  avait  imaginé  une  manière  large  et  expéditive 
de  peindre  ses  études  à  la  gouache ,  et  les  gravait 
promptement  au  lavis  :  il  cherchait  déjà ,  dans  un 
premier  voyage  en  Sicile ,  à  réunir  rapidement  des 
matériaux  pour  l'idée  qui  germait  dans  son  esprit.  Il 
écrivait  donc  en  1771  au  directeur  des  bâtiments  pour 
réclamer  une  prolongation  de  séjour,  dans  le  but 
d'achever  des  études  commencées  et  quelques  tableaux 
qu'il  lui  destinait.  Cependant  Houël  dut  revenir  à  Paris 
dans  le  courant  de  1772 ,  et  les  nombreuses  et  belles 
études  qu'il  rapportait  et  que  plusieurs  amateurs  admi- 
rèrent ,  contribuèrent  à  asseoir  sa  réputation  et  le 
firent  agréer  à  l'Académie. 

Mais  il  n'oubliait  pas  quelle  mine,  pour  un  artiste 
archéologue  et  paysagiste,  était  la  Sicile,  ni  quels 
projets  il  avait  formés  dans  sa  première  excursion. 
Il  partit  donc  pour  la  seconde  fois  de  Paris,  le  16  mars 
1776 ,  pour  s'embarquer  à  Marseille ,  et  c'est  à  ce 
nouveau  voyage  que  nous  devons  le  beau  Voyage 
pittoresque  des  Iles  de  Sicile ,  de  Malte  et  de  Lipari 
(1782-89).  Après  avoir  vu  à  Naples  la  liquéfaction  du 
sang  de  saint  Janvier,  il  débarque  à  Palerme  : 

«  Je  me  sentois  né  pour  faire  un  voyage  avec 
»  quelque  succès  et  d'une  manière  un  peu  nouvelle. 
»  Une  santé  robuste  me  permettoit  de  longues  fatigues, 


HOUËL.  425 

»  une  grande  activité  qui  s'irrite  par  les  obstacles ,  et 
»  la  passion  de  faire  des  découvertes  dévoient  me 
»  rendre  les  travaux  que  je  m'iraposois  plus  faciles  et 
»  plus  agréables.  Je  parfois  aussi  le  langage  du  pays  ; 
»  d'ailleurs  j'étois  peintre  et  architecte  et  je  pouvois 
»  avec  les  connoissances  de  ces  arts  non-seulement 
»  m'intéresser  plus  qu'un  autre  aux  objets  que  j'allois 
»  visiter,  mais  encore  les  reproduire.  » 

Dans  la  première  des  estampes  de  son  livre  ,  gravées 
par  lui  au  lavis  avec  une  extrême  aisance,  Houël  s'est 
représenté  de  dos  à  cheval  accompagné  de  son  escorte, 
et  s'est  ainsi  décrit  :  <\  J'étois  vêtu  comme  le  plus  simple 
»  des  voyageurs  sicihens.  J'avois  un  fusil  en  travers 
»  sur  le  pommeau  de  ma  selle ,  un  fourniment  en 
»  bandouillère  sur  le  côté  gauche  qui  contenoit  des 
»  balles  et  des  bourres  et  tout  ce  qui  est  nécessaire 
»  pour  charger  une  arme.  Jeportois  en  sens  contraire 
»  une  grande  et  grosse  corne  ornée  de  bronze  ;  elle 
»  contenoit  de  la  poudre.  J'avois  les  cheveux  enve- 
»  loppés  dans  un  filet  au  milieu  duquel  étoit  un  i^land 
»  très  orné  qui  flottoit  sur  les  épaules ,  ajoutez  à  cela 
»  un  chapeau  rabattu,  des  bottes  courtes  à  l'ancienne 
»  mode,  vous  aurez  la  peinture  complète  de  mon 
»  ajustement.  » 

Nous  ne  suivrons  pas  notre  artiste  dans  toutes  les 
péripéties  et  aventures  de  son  voyage,  racontées  fort 
agréablement  d'ailleurs,  cela  nous  entraînerait  trop 
loin  ;  nous  nous  contenterons  de  signaler  les  princi- 
pales planches  de  l'ouvrage,  toujours  traitées  avec 
beaucoup  de  soin ,  de  goût  et  de  vérité  architecturale, 
et  toujours  animées  de  personnages  bien  dessinés  : 
Vues  intérieure  et  extérieure  du  Temple  de  Ségeste, 


42G  LES   GRA"VEURS   DU    XVIIF    SIÈCLE. 

le  Théâtre  de  Sègeste ,  les  diverses  Vues  des  Ruines 
des  Temples  de  Sélinonte,  Vue  du  théâtre  de  Tindare. 

Puis  ce  sont  des  scènes  de  mœurs,  Salaison  d'An- 
chois, Char  de  la  Moisson ,  la  Pêche  et  la  Prise  du 
TJion,  les  Bains  de  Termini,  les  Religieuses  de  Li- 
pari,  les  Bains  du  temple  de  Bacchus  à  Catane, 
Intérieur  de  la  Cathédrale  de  Catane  pendant  les 
fêtes  de  S^^- Agathe,  Fête  de  la  Moisson,  Mariage 
Albanais,  la  Fête  de  S*^ -Rosalie  à  Palerme,  la 
Procession  de  la  Bar  a. 

Des  paysages,  Vue  de  la  Naumachie  de  Palerme. , 
Vues  de  Vile  de  Volcano,  de  Stromboli,  des  Côtes  de 
Caldbre,  du  Tliéâtre  de  Taormine,  de  nombreuses 
Vues  de  VEtna ,  qui  prouvent  surabondamment  que 
Houël  était  un  remarquable  paysagiste  ;  le  Tremble- 
ment de  terre  de  Messine  ;  des  cartes ,  des  plans  et 
coupes  de  monuments,  etc. 

Bien  que  ce  volumineux  ouvrage  ,  en  quatre  tomes 
in-folio  et  261  planches,  soit  peu  recherché  maintenant, 
nous  n'en  persistons  pas  moins  à  le  trouver  rempli 
d'intérêt. 

Il  paraît  que  l'impératrice  Catherine  de  Russie, 
goûtant  le  talent  de  Houël ,  fit  acheter  les  dessins  de 
ce  Voyage  en  même  temps  que  plusieurs  de  ses 
tableaux.  Houël  avait  été  d'ailleurs  bien  accueilli  à  son 
retour  à  Paris.  Il  allait  aux  réunions  de  M""^  Geoffrin 
et  s'y  rencontrait  avec  Diderot,  d'Alembert,  Marmontel 
et  Cochin  qui  nous  a  laissé  de  lui  un  profil  qui  devait 
être  bien  ressemblant  (Société  des  Enfants  d'Apollon), 
et  que  M"*'  Lingée  a  gravé.  Il  était  encore  l'ami  de 
Fourcroy,  Boucher,  Vien,  J.Vernet,  Moreau  qui  ne 
l'appelait  jamais  que  son  Van  der  Houël. 


HOUEL.  427 

11  était  aussi  lié  avec  J.-J.  Rousseau.  Invité  par  le 
philosophe  à  dîner  dans  son  hermitage  de  Montmo- 
rency, il  y  avait  été  reçu  avec  simplicité.  Le  philo- 
sophe s'étant  assoupi  près  de  la  cheminée ,  son  chat 
sur  les  genoux ,  Houël  prenait  déjà  son  album  et  son 
crayon.  Rousseau  qui  n'aimait  pas  à  être  surpris  se 
réveille,  voit  le  peintre  en  position  et  sourit.  Cette 
petite  anecdote  est  devenue  le  sujet  d'un  tableau  que 
le  peintre  avait  conservé. 

Nous  trouvons  de  lui ,  gravé  d'après  Carmontelle, 
le  portrait  du  critique  d'art  et  courriériste  Petit  de 
Bachaumont ,  avec  cette  épigraphe  :  Columna  stante 
quiescit. 

Par  quel  enchaînement  d'idées  le  paysagiste  Houël 
fut-il  amené  à  graver  une  série  de  planches  sur  les  élé- 
phants, dignes  d'un  naturaliste  de  profession?  Toujours 
est-il  que  fort  âgé  déjà,  en  1803,  le  graveur  mit  au  jour 
une  Histoire  de  deux  Éléphants  mâle  et  femelle  du 
Muséum,  de  Paris ,  en  20  planches  in-4 ,  d'après  na- 
ture. Il  avait  pris  la  peine  d'aller  les  dessiner  au  Jardin 
des  Plantes  «jusque  dans  le  silence  des  nuits»,  afin  de 
les  observer  dans  tous  les  moments  et  dans  toutes  les 
attitudes.  L'existence  des  éléphants  n'a  plus  rien  de 
mystérieux  après  ces  planches.  On  les  voit  buvant  en 
deux  temps,  au  bain,  se  donnant  les  premières  caresses, 
se  Hvrant  à  l'acte  de  la  reproduction  ;  on  assiste  à  la 
naissance  du  petit  éléphant,  à  son  allaitement,  etc.,  le 
tout  très  soigneusement  gravé  à  l'eau-forte. 

A  la  fin  de  sa  carrière,  ennemi  du  repos,  aussitôt  que 
le  gouvernement  demandait  des  projets  de  Temples  à 
élèvera  la  gloire  des  armées  françaises,  de  Colonnes 
ou  à' Arcs  trioTYiphaux ,  Houël ,  se  remémorant  ses 


428         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE. 

études  architecturales  ,  présentait  les  siens ,  délaissés 
il  est  vrai  pour  ceux  de  ses  jeunes  rivaux  plus  au 
courant  des  goûts  et  des  nécessités  du  temps. 

Célibataire,  ayant  traversé  sans  grande  secousse  la 
Révolution,  Houël  mourut  le  14  novembre  1813,  d'une 
attaque  d'apoplexie. 

Nous  citerons  de  lui,  comme  jolies  petites  pièces  de 
portefeuille  : 


1 .  Revue  de  la  Maison  du  Roi  à  la  plaiue  des  Sablons.  —  Inventé  et 

dessiné  par  Houël  ;  in-4  ,  cadre  orné. 

Eau-forte  pure  au  Cabinet  des  Estampes.  On  retrouve  dans  cette  petite  pièce 
le  mouvement  de  la  grande  composition  de  Moreau. 

2.  Le  Comte  et  la  Comtesse  de  Crissé,  2  portraits  réunis 

dans  le  même  cadre;  petite  pièce  in-8. 

3.  PROFIL  DE  JEUNE  FEMME  (Madame  Blondel  d'Azincourt?) 

dans  un  gracieux  encadrement  de  fleurs;  charmante  pièce  in-4 , 
avec  ce  madrigal  : 

Son  cmur  est  pur,  son  âme  est  belle, 
Elle  est  douce,  tendre  et  fidèle. 
Yoicy  le  trait  qui  la  peint  bien  : 
Elle  est  parfaite  et  n'en  sait  rien. 

4.  Encadrement  pour  portrait,  in-4.  Houël  in.  et  se.  1760. 

5.  Projet  de  ballon  dirigeable.  Au  lavis,  in-8. 


HOUSTON    (Richard 


-1728-17... 


Bien  que  nous  ne  nous  occupions  qu'incidemment 
des  graveurs  étrangers  ,  nous  ne  pouvons  passer  sous 
silence  cet  artiste,  l'un  des  meilleurs  graveurs  en  ma- 
nière noire  qu'ait  produit  l'École  anglaise.  Il  s'est 
piincipalement  appliqué  au  genre  du  portrait  : 

Marie,  duchesse  (TAncastre,  —  Eliza ,  duchesse 
d'Argyll ,  —  Mistress  Berrington ,  —  Miss  Kiily 
Fisheï%  en  Gléopâtre,  —  Maria  Walpole ,  duchesse 
de  Glocester,  avec  sa  fille,  —  Lady  Selyna  Hastings, 

—  Caroline  duchesse  de  Marlborough  et  Lady  Char- 
lotte Spencer,  —  Eliza ,  duchesse  de  Northumbeer- 
land,  —  Miss  Nancy  Par  sons,  en  Junon,  —  Har- 
riett  Poioell,  —  Miss  Rudley,  en  Léonora,  —  Matie, 
comtesse  de  Waldegrave,  —  tous  portraits  in-fol. 
d'après  Reynolds. 

George  II,  —  George  III,  —  Sophie-Charlotte,  — 
V Amiral  Byng  —  Christian  VII ,  d'après  A.  Kauff- 
mann,  —  Paoli,  Glyn ,  John  Wilkes  et  John  Home, 

—  William  Pitt,  1766,  —  Général  J.  Wolf,  etc. 


Les   HUBER. 


1721-1804, 


Joseph-Ignace  Huber  ,  né  à  Augsbourg  en  1759 , 
vint  se  perfectionner  à  Paris  sous  la  direction  de 
Wille  ,  chez  lequel  nous  le  voyons  travailler  en  1782. 

Il  a  surtout  gravé  pour  la  Galerie  du  Palais-Royal', 
et  assez  convenablement  :  la  Vierge,  d'après  Raphaël; 
Erigone ,  d'après  le  Guide  ;  la  Musique ,  d'après 
Valentin  ;  la  Mort  de  Maxence,  d'après  Rubens  ;  la 
Vieille  à  la  lampe,  d'après  G.  Dow. 

Deux  pièces  d'après  Tischbein  :  le  Point  du  jour  et 
la  Petite  Boudeuse. 

Portrait  de  Mademoiselle  d'Oligny,  in-fol. 

Le  journal  de  Wille  nous  le  montre  accompagnant 
jusqu'à  quelques  lieues  de  Paris,  en  octobre  1783,  son 
compatriote  Klauber  qui  s'en  va,  puis  plus  tard  ,  assis- 
tant à  une  expérience  aérostatique  chez  Réveillon  au 
faubourg  St- Antoine ,  et  encore  aux  préparatifs  de  la 
fête  de  la  Fédération. 

«  12  mars  1792.  —  M.  J.-J.  Huber,  d'Augsbourg, 
»  mon  élève,  vint  avec  un  clerc  de  notaire  m'apporter 
»  son  contrat  de  mariage  pour  le  signer,  cequej'ay 
»  fait  avec  plaisir.  Il  m'avait  invité  et  prié  d'assister 
»  à   cette  opération,   mais  je  m'excusai,  n'étant  pas 


HUBER.  431 

»  complètement  bien  portant.  En  outre  le  froiri  étoit 
»  trop  excessif  pour  me  faire  sortir  ces  jours-cy.  » 

Le  graveur  dont  nous  venons  de  parler  n'a  rien  de 
commun  avec  Michel  Huber,  né  à  Frontenhausen 
(Bavière)  en  1727,  qui  vint  fort  jeune  en  France,  fut 
nommé  en  1767  professeur  de  langue  française  à 
l'université  de  Leipsick,  et  mourut  en  1804. 

Michel  Huber  est  le  traducteur  bien  connu  de  plu- 
sieurs ouvrages  de  littérature  allemande,  entre  autres 
des  Œuvres  de  Gessner.  Écrivain  d'art  distingué,  c'est 
encore  à  Michel  Huber  qu'on  doit  une  traduction  de 
Y  Histoire  de  Vart  de  Winckelmann ,  et  enfin  une 
Notice  générale  des  graveurs  divisés  par  nations 
(1787) ,  ouvrage  qui ,  entièrement  refait  et  considé- 
rablement développé  .  avec  la  collaboration  de  Rost , 
est  devenu  le  Manuel  des  curieux  et  des  aynateurs 
de  Vart ,  Paris ,  chez  Fuchs,  et  Zurich ,  chez  Orell , 
Gessner,  Fuessli  et  Gomp.  1797-1808,  9  vol.  in-8.  Un 
travail  étendu  sur  la  gravure  avait  été  demandé  par 
les  libraires  de  Zurich  à  Rost,  celui-ci ,  connaissant  le 
goût  particulier  d'Huber  pour  ce  genre  d'étude,  le  per- 
suada facilement  de  se  charger  de  la  majeure  partie 
de  l'exécution,  et  d'écrire  l'original  en  français  :  «  Nous 
»  pensâmes  qu'un  pareil  livre  devoit  être  écrit  dans 
»  une  langue  plus  universelle  que  l'allemand ,  et  que 
»  l'ouvrage  ne  pouvait  manquer  d'être  aussi  goûté 
»  hors  des  hmites  de  l'Allemagne.  Il  fut  convenu  entre 
»  nous  que  nous  travaillerions  de  concert.  A  mesure 
»  que  je  compose,  M.  Rost  traduit  d'après  mon  manu- 
»  scrit  et  s'attache  à  donner  une  traduction  libre  en 
»  allemand.  »  (Préface  du  Manuel). 


432         LES    GRAVEURS   DU    XVIII'    SIECLE. 

Cet  ouvrage  est  fort  remarquable  comme  travail 
d'ensemble  :  précis  sans  être  sec,  très  riche  en  ren- 
seignements ,  il  a  joui  d'une  grande  réputation  et  n'a 
encore  rien  perdu  de  son  intérêt. 

Michel  Huber  est  mort  en  1804.  Son  portrait  a  été 
gravé  par  Alex.  Tardieu  pour  être  placé  dans  l'édition 
de  Gessner  publiée  par  Renouard. 

Il  est  encore  un  autre  Huber  dont  nous  voudrions 
parler  ici ,  bien  qu'il  ne  soit  pas  précisément  un  gra- 
veur. 

Jean  Huber  ,  né  à  Genève  en  1721  (ou  1722)  mort  à 
Lausanne  en  1786  (ou  1790),  peintre,  est  célèbre  par 
son  aptitude  toute  particuHère  à  saisir  la  physionomie 
de  Voltaire  et  à  la  reproduire  de  toutes  sortes  de  façons. 
La  reproduction  des  traits  de  Voltaire  lui  était  si 
famiUère  que  ,  même  sans  ciseaux ,  les  mains  derrière 
le  dos,  il  découpait  son  profil  en  déchirant  une  carte. 
Mieux  encore,  il  faisait  faire  le  profil  de  Voltaire  à  son 
chien,  en  le  faisant  mordre  en  différents  sens  dans  une 
croûte  de  pain ,  ou  à  son  chat  en  lui  présentant  une 
tranche  ne  fromage. 

Huber  cultivait  aussi  un  genre  de  plaisanterie  parti- 
cuher,  la  mystification.  Une  de  ses  meilleures  est  celle 
qu'il  fit,  dit-on,  à  Malle!  du  Pan.  On  raconte  qu'il  avait 
fait  insérer  dans  les  feuilles  publiques  que  l'automate 
joueur  d'échecs  devait  s'arrêter  à  Lyon  et  décida  Mallet 
à  l'aller  voir  avec  lui.  Huber  manque  au  rendez-vous  , 
Mallet  arrive  seul,  joue  avec  l'automate,  perd  et 
revient  émerveillé.  Là  dessus,  son  ami  lui  apprend 
qu'il  a  été  mystifié  et  que  c'est  lui,  Huber,  qui  déguisé 
a  ioué  le  rôle  de  l'automate. 


HUBER.  433 

Ayant  vécu  de  longues  années  dans  la  société  intime 
de  Voltaire,  il  en  profita  pour  reproduire  sous  toutes 
les  formes  les  scènes  de  la  vie  du  patriarche  deFerney 
en  une  série  de  tableaux  qu'il  apporta  avec  lui  dans  un 
voyage  qu'il  fit  à  Paris  en  1772, 

Dans  l'un,  on  voyait  Voltaire  au  lit,  ravi  en  extase  à 
l'aspect  des  pelleteries  que  lui  envoyait,  par  un  officier 
de  ses  gardes,  l'impératrice  Catherine.  Dans  un  autre 
tableau  ,  le  patriarche  était  à  table  prenant  son  café 
versé  par  «  la  belle  Agathe  » .  avec  ses  disciples, 
d'Alembert,  Marmontel ,  Huber  lui-même  :  il  existe  de 
ce  tableau  une  petite  reproduction  à  l' eau-forte.  Dans 
une  autre  composition  encore ,  on  voyait  Voltaire 
debout ,  au  milieu  de  paysans  ,  enthousiasmé  des  mer- 
veilles de  la  campagne ,  tandis  que  ses  auditeurs 
avaient  l'air  de  se  moquer  de  lui. 

Ces  tableaux,  naturellement,  étaient  fort  peu  du  goiit 
de  Voltaire,  qui  les  considérait  comme  des  caricatures, 
un  surtout,  celui  de  son  réveil,  qui  a  été  gravé  sous  le 
titre  de  le  Lever  du  philosophe  deFern...x  d'après  le 
tableau  de  M.  Bayer  de  Fonscolombe  à  Aix ,  avec 
ces  vers  ; 

Tandis  que  plein  de  sa  marotte 

Au  lieu  de  mettre  sa  culotte 

Volt,  .re  se  livre  à  son  feu, 

Dal t  et  Fré.  .n  n'ont-ils  pas  fort  beau  jeu  ! 

Dal t  pour  baiser  humblement  son  der. .  .re. 

Et  ce  Jean  Fré.  .n  sans  pitié 

Pour  en  faire  à  coups  d'étrivières 

Un  écrivain  plus  châtié. 

L.  B. 

On  y  voyait  Voltaire  «  sortant  de  son  lit  et  sautant 
»  dans  ses  culottes ,  ce  qui  est  de  vérité  historique  et 


434         LES   GRAVEURtf   DU    XV1II«    SIECLE. 

»  rigoureuse,  et  dictant  à  son  secrétaire  placé  au  pied 
»  du  lit  et  devant  une  table.  Ce  petit  tableau  a  été  volé 
»  à  M.  Huber  par  un  fripon  de  graveur  qui  l'a  gravé 
»  furtivement,  et  y  a  mis  des  vers  aussi  plats  que 
»  grossiers ,  dont  le  sel  consiste  à  dire  que  Voltaire 
»  montre  son  cul,  que  d'Alembert  le  baise  ,  tandis  que 
»  Fréron  le  fesse.  Cette  détestable  polissonnerie  se 
»  vend  chez  les  marchands  d'images,  et  M.  de  Vol- 
»  taire  n"a  pas  encore  pardonné  à  son  historiographe 
»  d'avoir  été  la  cause  innocente  de  cette  vilaine  plai- 
»  santerie.  » 

D'après  Huber ,  on  a  également  un  curieux  portrait 
de  Voltaire,  coiffé  d'un  bonnet ,  in-4  à  la  manière  du 
crayon,  avec  la  légende  :  la  Liberté  que  tout  mortel 
adore,  etc.  Huber  genev.  delin.  —  Une  autre  pièce 
très  connue  d'après  Huber,  est  une  feuille  contenant 
trente-cinq  têtes  différentes  de  Voltaire. 

Mais  c'est  surtout  par  ses  découpures  qu'Huber 
s'est  rendu  célèbre  ;  Tune  d'elles  est  fameuse  entre 
toutes ,  et  a  été  reproduite  pai^  la  gravure.  Voici 
dans  quels  termes  Grimm  nous  en  a  peint  le  sujet 
(août  1764)  : 

«  Lorsque  j'étais  à  Genève  il  y  a  quelques  années, 
»  M.  de  Voltaire  avait  fait  acquisition  d'un  étalon  da- 
»  nois  bien  vieux  ,  avec  lequel  il  se  proposait  d'établir 
»  un  haras  dans  sa  terre.  Il  avait  une  demi-douzaine 
»  de  vieilles  jumens  qui  le  tramaient  lui  et  sa  nièce. 
»  Un  beau  matin  l'oncle  se  mit  lui  et  sa  nièce  à  pied 
»  pour  abandonner  les  six  demoiselles  aux  plaisirs  de 
»  l'étalon  ;  il  espérait  être  dédommagé  de  cette  petite 
»  gêne  par  une  belle  race  de  chevaux  danois  nés  aux 
»  Délices,  près  Genève.  Ses  essais  ne  furent  point 


HUBER.  435 

»  heureux  ;  les  efforts  du  vieux  danois  ne  fructifièrent 
»  point;  cependant  son  maître  nous  en  donnait  tous 
»  les  jours  le  spectacle  dans  son  jardin  ,  au  sortir  du 
»  dîner  :  Venez  mesdames,  s'écriait-il,  voirie  spectacle 
»  le  plus  auguste  ;  vous  y  verrez  la  nature  dans  toute 
»  sa  majesté.  » 

C'est  cette  scène  un  peu  vive  qu'Huber  entreprit  de 
reproduire  plaisamment  en  une  découpure  qu'il  envoya 
à  Paris  à  un  commissionnaire  pour  la  vendre  dix  ou 
douze  louis.  «  On  voit  au  milieu  du  tableau  la  jument 
»  saUlie  par  l'étalon.  A  côté,  sur  une  butte  un  peu 
»  élevée  on  voit  Voltaire,  son  habit  boutonné,  sa 
»  grande  pejruque,  et  par  dessus  un  petit  bonnet  ; 
»  c'est  son  accoutrement  ordinaire.  11  est  parlant ,  il 
»  est  plein  d'enthousiasme.  Il  a  saisi  une  jeune  fille 
»  par  la  main  pour  lui  montrer  l'auguste  spectacle . 
»  Elle  recule  et  fait  les  plus  grands  efforts  pour  se 
»  dégager.  A  côté  d'elle  sa  compagne  se  met  à  courir 
»  de  toutes  ses  forces  de  peur  d'être  aussi  saisie  par 
»  Voltaire.  Derrière  ce  groupe  on  voit  deux  hommes 
»  qui  se  tiennent  les  côtes  de  rire.  Dans  le  fond  on 
»  voit  un  château  et  sur  un  balcon  de  ce  château  une 
»  femme  que  les  mauvais  plaisants  disent  ressembler 
»  à  Madame  Denis  :  Cette  femme  regarde  le  spectacle 
»  auguste  avec  une  lunette  d'approche.  De  l'autre 
»  côté  de  la  jument,  on  voit  une  paysanne  avec  son 
»  mari ,  ayant  un  petit  enfant  sur  les  bras  et  regar- 
»  dant  paisiblement  l'auguste  spectacle.  Cette  dernière 
»  idée,  pleine  d'esprit  et  de  délicatesse,  achève  de 
»  rendre  ce  morceau  précieux  ;  elle  tempère  ce  que 
»  le  reste  pourrait  avoir  de  trop  libre.  C'est  une 
»  idée  que  notre  Greuze  n'aurait  pas  dédaignée.  » 


436         LES    GRAVEURS   DU    XVIIie   SIECLE. 

Et  Grimm  conclut  ainsi  :  «  Ce  Huber  est  un  homme 
»  plein  de  génie  et  d'un  talent  unique.  Il  peut  dire 
»  hardiment  à  Voltaire  et  à  Greuze  et  à  tous  les 
»  peintres  du  monde  :  Anch'io  son  pittore.  » 

La  scène  découpée  par  Huber  a  été  gravée  avec 
quelques  variantes  ;  cette  eau-forte  a  pour  titre  Traité 
du  sublime  ;  in-4.  De  toutes  les  pièces  qui  ont  été 
gravées  sur  Voltaire,  c'est  une  des  plus  curieuses 
et  des  plus  rares  * . 

Jean  Huber  s'occupa  d'aérostation  et  fut  atteint ,  lui 


f  Puisque  nous  parlons  de  Voltaire,  rappelons  ici  que  son  portrait  est, 
avec  ceux  de  Louis  XV,  Louis  XVI  et  Marie-Antoinette,  celui  qui  a 
été  le  plus  souvent  reproduit  au  XVIIF  siècle  par  la  gravure. 

Nous  citerons  les  principales  des  pièces  gravées  relatives  à  Voltaire. 

D'abord  son  portrait,  jeune,  d'après  Largillière,  gravé  par  Tardieu. 
C'est  le  seul  sui-  lequel  la  physionomie  de  Voltaire  soit  agréable. 

Le  même,  in-12 ,  par  Demautort. 

Son  portrait ,  d'après  La  Tour,  gravé  par  Balechou ,  par  Cathelin 
quatre  fois,  par  Langlois  deux  fois,  par  Ficquet,  par  Guyol  au  lavis, 
par  Alix,  en  couleur,  deux  fois. 

Puis  les  portraits  de  Voltaire  plus  âgé  :  par  Saint-Aubin,  profil  in-4  ; 
par  Po«ce,  dans  la  collection  des  Illustres  Français;  par  Saint-Aubin, 
sur  un  titre,  avec  La  Baumelle  et  Fréron  ;  par  P.  Duflos,  sur  un  fron- 
tispice ;  par  Henriquez  ,  d'après  Barat ,  in-fol.  ;  dans  la  collection 
d'Esnmits  et  Rapilly,  avec  une  vue  de  son  tombeau;  d'après  Houdon, 
par  Al.  Tardieu;  par  Croutelle,  vignette  allégorique  de  Moreau. 

Types  divers ,  où  Voltaire  est  représenté  très  vieu^  ,  ou  grimaçant  : 
par  Barbie,  in-8  ;  par  iV.  de  Launay,  in-18;  par  Dagoty,  en  couleur; 
par  Brichet,  in-8;  par  Miger,  in-4;  par  Chodowiecki,  coiffé  d'un 
bonnet,  écrivant;  par  Berger,  petit  buste;  T^av  Saint-Aubin ,  profil, 
pour  Renouard  ;  par  J.-B.  Michel,  coiffé  d'un  bonnet  de  fourrure,  in-4  ; 
autre,  d'après  Huber,  in-4,  manière  de  crayon  ;  Y>^r  Saint-Aubin,  d'après 
Denon,  fort  curieux. 

Pièces  diverses  : 

Couronnement  de  Voltaire  sur  le  Théâtre-Français,  par  Gaucher, 
d'après  Moreau  ; 

La  Folie  de  notre  âge,  —  l'Homme  unique  à  tout  âge,  —  le  Vieux 


HUBER.  437 

aussi ,  de  la  manie  de  chercher  à  diriger  les  ballons  ; 
il  publia  sur  ce  sujet  une  note  dans  le  Mercure  de 
France,  et  plus  tard  à  Genève ,  des  Observations  sur 
le  vol  des  oiseaux  de  proie. 

La  Biographie  générale  le  fait   mourir  à  Genève 
vers  1790. 


Malade  de  Fernex  tel  qu'on  l'a  vu  en  Z*'"»  1777 ,  eaux-forles  par 
Caylus  ; 

Trente-cinq  petiles  têtes  de  Voltaire  sur  une  seule  feuille,  d'après 
Huber  ; 

Voltaire  debout ,  par  Carmontelle,  in-12  ,  pièce  plusieurs  fois  copiée; 

Voltaire  se  promenant  dans  son  jardin,  in-8,  gravé  par  B.-L. 
Prévost  ; 

M.  de  Voltaire  dessiné  à  Ferney  et  gravé  par  M.  B. .  .  neS,  in-4  ; 

Vue  au  levant  de  Ferney,  d'après  le  tableau  du  S''  Huber; 

Voltaire  debout  dans  sa  chambre  :  J'ai  interrompu  mon  agonie. . .; 

Silhouette  de  Voltaire  en  pied ,  sur  satin  blanc  ; 

Credo  de  Voltaire  ; 

Le  Déjeûner  de  Ferney,  d'après  Denon ,  in-4  ; 

Le  Lever  du  philosophe  de  Fern .  .x,  d'après  Huber,  in-8  ; 

Voltaire  couronné  par  Jlf«W«  Vestris,  par  Dupin,  in-1; 

Jijelle  Clairon  aux  genoux  de  Voltaire,  eau-forte  satii'ique,  in-4; 

Voltaire  à  table  avec  ses  amis,  d'après  Huber,  in  4  ; 

Voltaire  et  l'étalon  {Traité du  Sublime),  in-4  eu  largeur; 

Voltaire  et  Rousseau  s'invectivant ,  in-8  ; 

Chambre  du  cœur  de  Voltaire,  in-fol.  en  largeur; 

Tombeau  de  Voltaire,  allégorie,  in-fol.  en  largeur;  G.  M.  sculpsil; 

Apollon  se  couvrant  du  masque  de  Voltaire ,  allégorie  par  Dardel , 
gravée  par  A.  Le  Grand; 

Allégorie  in-fol.  à  la  sanguine,  par  Ransonuette  ; 

Voltaire  au  sabbat ,  in-4  en  largeur  ; 

Etc.,  etc. 

Au  Cabinet  des  Estampes,  le  recueil  des  portraits  de  Voltaire  forme 
plusieurs  volumes  in-fol.  (Collection  des  alphabétiques). 

Mais  les  pièces  que  nous  citons  ici  sont  de  beaucoup  les  plus  inté- 
ressantes. 

II.  29 


Les  HUBERT. 


17i0- 


François  Hubert  ,  né  en  1740  à  Abbeville,  est  un 
assez  bon  élève  de  Beauvarlet.  On  lui  doit  : 

La  Nouvelle  Hèloïse ,  d'après  Lefèvre. 

Le  Retour  de  la  nourrice^  d'après  Greuze. 

Deux  estampes  à  intention  grivoise,  d'après  Garesme 
et  Lefèvre  :  Honny  soit  qui  mal  y  voit  (1775),  une  jeune 
fille  qui  lit  l'Art  d'ai^ner,  mais  qui  semble  fort  distraite  ; 
Honny  soit  qui  mal  y  pense  (1777),  un  jeune  garçon 
qui  mange  des  cerises  en  faisant  avec  deux  d'entre 
elles  et  son  doigt  une  figure  parfaitement  indécente 
quoiqu'en  dise  le  titre  de  l'estampe.  Tout  cela  est  d'un 
goût  douteux. 

Planches  pour  la  Galerie  de  Le  Brun. 

François  Hubert  est  encore  l'auteur  d'une  suite  de 
portraits  in-4 ,  représentant  des  marins  célèbres , 
d'après  Graincourt  :  Jean  Bari,  Duquesne ,  le  Comte 
de  Forhin,  Du  Guay-Trouin ,  le  Compte  de  Toulouse, 
Touy^ille,  Vivonne,  Châleaurenaud,  le  Duc  de  Brézé, 
le  Duc  de  Beaufort,  La  Galissonnière,  La  Bourdon- 
naye,  le  Chevalier  de  la  Roche  St- André. 

Madame  de  '"  en  Hébé  (L.  V.  Bourbon-Conti , 
duchesse  d'Orléans),  d'après  Nattier,  belle  pièce  in-fol. 


HUBERT.  439 

Liotard , 

Miromènil , 

Buffon ,  in-fol., 

Lètanduère ,  chef  d'escadre , 

Panard  ,  in-12 , 

Marie-Antoinette ,  dauphine,  d'après  Davène,  iii-8. 

Hubert  fut  un  des  graveurs  très  employés  par 
Esnauts  et  Rapilly  ,  poui'  lesquels  il  a  gravé  beaucoup 
de  ^ovlvaiis  :  Louis  XV,  Marie-Antoinette,  d'après 
Quéverdo,  le  Comte  d'Artois ,  le  Duc  d'Orléans,  père 
d'Égalité,  le  Duc  de  Chartres,  Louis  XVI,  profil, 
C.  de  Beaumont,  archevêque  de  Paris,  le  Maréchal 
de  Cossé-Brissac ,  la  Chalotais ,  l'évêque  d'A.miens 
de  la  Motte ,  que  le  procès  du  chevalier  de  la  Barre  a 
rendu  célèbre ,  le  Cardinal  de  la  Roche-Aymon , 
Hue  de  Miromènil,  Sage,  chimiste,  Fréron,  etc. 

Jean-Jacques  Hubert  est  un  élève  de  Le  Roy,  qui  a 
gravé  des  vignettes  pour  le  Nouveau  Testament  et  le 
Précis  de  la  Révolution  de  Moreau ,  le  /.  /.  Rousseau 
édition  de  Poinçot ,  la  Henriade  et  le  Gonzalve  de 
Cordoue  de  Quéverdo ,  la  Bible  de  Marillier ,  le 
Roman  comique  de  Le  Barbier,  les  Romans  de  la 
Place  de  Borel,  le  Crébillon  de  Peyron  ,  les  Œuvres 
de  Berquin  de  Renouard. 

Histoire  de  Gil  Blas  de  Santillane,  par  Le  Sage, 
Didot  jeune,  1795,  4  vol.  in-8.  Cette  édition  renferme 
100  figures  par  Bornet ,  Charpentier  et  Duplessi-Ber- 
taux,  qui  ne  portent  pas  de  nom  de  graveurs,  mais  qui 
sont  toutes  signées  /.-/.  Hubert  direxit.  Il  est  facile 
de  reconnaître  dans  la  plupart  des  eaux-fortes  des 
cinquante  dernières  vignettes ,  la  main  de  Duplessi- 
Bertaux. 


HUÈT   (Jean-Baptistej. 


Jean-Baptiste  Huët,  bien  connu  pour  les  scènes 
champêtres  qu'il  compose  si  agréablement,  et  pour  les 
paysages  qu'il  peuple  d'animaux  ,  qui  grave,  à  côté  de 
Ghoffard  et  de  Moreau ,  de  magnifiques  fleurons  que 
ne  désavoueraient  pas  ces  maîtres,  pour  le  Voyage  en 
Grèce  du  comte  de  Choiseul-Gouffier  (1778-1779) ,  a 
traduit  lui-même  sur  le  cuivre  quelques  unes  de  ses 
compositions. 

Intérieur  d'écurie  et  Intérieur  d'étable,  Berger  gar- 
dant ses  bestiaux  et  Bergère  gardant  son  troupeau. 

Sujets  de  ta  Fable,  16  petites  pièces.  —  Chasses 
d'après  J.-B.  Oudry,  3  pièces  in-fol.  —  Des  planches 
de  Têtes  de  Renards,  de  Loups  et  de  Chiens,  d'une 
exécution  très  vivante.  —  Frises  d'ornements ,  bril- 
lamment exécutés  à  l'eau-forte  ,  an  Y II.  —  Le  Cal- 
vaire, d'après  GasteUi  (1792),  in-fol. —  Annonciation, 
petite  pièce  au  trait  (1788),  in-12. 

Berger  se  reposant  auprès  de  son  troupeau.  — 
Bergère  appuyée  sur  une  vache. 

Études  d'animaux  et  de  paysages  dessinés  par 
J.-B.  Huet  et  gravés  par  Huetfils,  suite  de  12  pièces 
in-fol.  et  un  frontispice. 


H  U  L  K. 


17. .-ii 


On  ne  commenco  à  voir  le  nom  de  ce  graveur  que 
dans  les  dernières  années  du  XVIIP  siècle. 

L'Orage  d'après  Grœnia,  pièce  politique,  in-4.  Deux 
moines  se  désespèrent  en  voyant  la  foudre  renverser 
la  croix.  L«  Fontaine  de  la  régénération,  d'après 
Monnet ,  1796,  in-fol. 

Frontispice  de  Rousseau  ou  V Enfance ,  poëme  de 
Desorgues. 

Œuvres  philosophiques  de  M.  Hemsterhuis,  Paris 
1792 ,  2  vol.  in-8.  —  26  culs-de-lampe  signés  Hulk. 

Vignettes  de  Marillier  pour  la  Bible ,  8  pièces. 

Frontispice  pour  le  Voyage  en  Syrie,  de  Cassas. 

Aaha  ou  le  Triomphe  de  Vinnocence ,  an  X ,  in-18, 
frontispice  et  4  figures  d'après  Brion. 

Nous  retrouvons  Hulk,  plus  tard,  sur  des  vignettes 
de  Moreau  pour  le  Comte  de  Valmont ,  les  Œuvres 
de  Racine  (suite  de  1811,  les  Plaideurs)  et  Y  Ovide  de 
Viilenave. 

Et  c'est  avec  si  peu  de  chose  qu'un  homme,  un 
artiste  a  gagné  sa  vie,  et  a  fourni  peut-être  aux  besoins 
de  toute  une  famille.  Gela  demeure  toujours  pour  nous 
un  sujet  d'étonnement. 


HUOT    (François). 


17. .-18.. 


Inspiré  par  la  lecture  du  fameux  roman  de  Restif 
de  la  Bretonne,  le  Paysan  et  la  Paysanne  pervertis, 
Borel  dessina  deux  compositions  qui  furent  gravées 
par  Huot  :  l'Innocence  en  danger  est  une  jolie  scène 
qui  représente  la  jeune  paysanne  débarquant  à  Paris 
et  exposée  à  toutes  les  séductions  de  la  capitale  ;  le 
Voilà  fait  !  nous  montre  le  Palais-Royal  avec  son  café 
de  la  Rotonde  où  le  paysan  se  trouve  compromis, 

Huot  a  gravé  quelques-uns  des  portraits  au  crayon 
de  Pujos ,  ceux  de  Court  de  Gébelin ,  La  Harpe , 
Delille ,  1783 ,  in-8  orné  ,  et  le  portrait  de  son  maître 
de  gravure  Nicolas  de  Launay,  d'après  le  dessin  de 
Aug.  de  Saint-Aubin. 

Petit  portrait  de  Frédéric  II,  et  vignettes  d'après 
Borel  pour  les  Mémoires  du  baron  de  Trench. 

On  retrouve  son  nom ,  sur  une  vignette  de  Gatel 
pour  Herman  et  Dorothée,  Didot ,  1800,  et  dans  les 
Œuvres  complètes  de  Berquin,  Paris,  Renouard,  an 
XI  (18031. 


Les   HUQUIER. 

1695 -1792. 


Le  9  novembre  1772  commençait,  rue  des  Mathurins 
vis  à  vis  l'hôtel  de  Clugny,  la  vente  des  tableaux ,  des- 
sins précieux  et  estampes  choisies  de  l'homme  que  les 
contemporains,  pour  le  distinguer  de  son  fils,  appelaient 
le  Père  Kuquier,  du  graveur-ornemaniste  de  talent 
qui  avait  tant  contribué  à  vulgariser  les  compositions 
ingénieusement  contournées  des  Meissonnier,  des 
Oppenord  et  des  Watteau,  du  marchand-amateur 
entre  les  mains  duquel  étaient  passées  tant  de  belles 
choses  et  dont  les  cartons  remplis  de  dessins ,  où  les 
anciens  frôlaient  les  bacchanales  de  Gillot  ou  les 
nymphes  peu  vêtues  de  Boucher,  étaient  libéralement 
ouverts  aux  jeunes  artistes  venant  y  puiser  des 
inspirations ,  de  l'éditeur  accueillant  enfin ,  qui  les 
encourageait  en  publiant  leurs  premiers  travaux ,  de 
Jacques-Gabriel  Huquier  ,  né  à  Orléans ,  le  9  mai 
1695.  Joullain  le  fils  s'était  chargé  de  faire  la  descrip- 
tion des  objets  laissés  par  le  vieux  graveur  et  de  les 
mettre  en  vente. 

C'est  toujours  avec  un  vif  sentiment  de  curiosité 
que  Ton  parcourt  les  catalogues  des  collections  dis- 
persées. On  y  saisit  bien  les  tendances  et  les  goûts  des 


444         LES    GRAVEURS   DU    XVIIP    SIECLE. 

amateurs  disparus  qui  les  avaient  formées  et  l'on  y 
devine  presque  leur  caractère.  Celle-ci  était  fort  belle 
et  consacrée  surtout  à  l'Ecole  française.  Huquier, 
pour  arriver  à  satisfaire  ses  goûts  ,  s'était  mis  à  faire 
le  commerce  des  curiosités  ,  happant  au  passage  pour 
sa  propre  collection  les  morceaux  les  plus  précieux 
qui  lui  passaient  par  les  mains,  et  revendant  ceux  d'un 
moindre  mérite.  Cette  méthode  infaillible ,  disons-le 
en  passant ,  a  toujours  été  pratiquée  ,  et  de  nos  jours 
nous  pourrions  citer  maint  amateur,  nous  disons  des 
plus  huppés ,  en  qui  le  collectionneur  passionné  est 
doublé  d'un  brocanteur  redoutable.  On  remarquait 
dans  la  collection  d'Huquier  des  dessins  de  Michel- 
Ange,  de  Piètre  de  Cortone,  du  Cavalier  Bernin  ,  une 
Sainte-Famille,  précieux  dessin  de  Raphaël,  des  Jules 
Romain,  des  Guido  Reni,  des  Dominiquin,  des  paysages 
du  Titien  ;  douze  compositions  coloriées  d'Ostade  ; 
des  Wouvermans  ,  des  Berghem  et  des  spécimens  de 
presque  tous  les  flamands  et  hollandais  ;  six  belles  aqua- 
relles de  Freudeberg  ;  dans  l'Ecole  française  des  des- 
sins de  Le  Brun,  de Bouchardon,  deux  cents  paysages 
de  Pérelle  ;  de  nombreuses  études  et  compositions  de 
Boucher  parmi  lesquelles  les  dix-huit  dessins  des  Cris 
de  Paris,  six  dessins  d'Ecrans,  les  Arts  représentés  en 
six  dessins  par  des  enfants,  les  Saisons,  les  Eléments, 
presque  tous  gravés  par  Huquier  ou  La  Rue.  J.Vernet, 
Fragonard ,  Le  Prince,  Eisen ,  C.  Van  Loo,  Watteau 
y  brillaient  par  d'excellents  ouvrages  ;  on  y  trouvait 
encore  des  recueils  uniques  ;  les  247  dessins  d'orne- 
ments de  riconologie  de  Jacques  de  Bie,  216  dessins 
d'une  Iconologie  par  Huquier  ,  100  feuilles  d'attributs 
par  C.  de  la  Fosse,  les  charges  de  Léonard  de  Vinci , 


HUQUIER.  445 

100  dessins  originaux  de  théâtre  et  d'ornements  par 
Oppenord  ,  enfin  de  magnifiques  compositions  orne- 
mentales du  même  artiste  et  de  Meissonnier  en  quan- 
tité considérable. 

Huquier  contribua  plus  que  personne  à  répandre  on 
France  et  à  l'étranger  le  goût  des  luxueuses  décora- 
tions d'appartement ,  de  ces  meubles  d'une  si  grande 
richesse  de  formes  ,  en  gravant  les  nombreux  dessins 
de  maîtres  ornemanistes  qui  remplissaient  ses  porte- 
feuilles. 

Voici  d'après  Claude  Gillot  des  Principes  d'orne- 
ments^, des  Scènes  de  la  comédie  Italienne . 

D'après  Bouchardon ,  Apollon  et  les  Muses,  dédié  à 
Bernard  de  Rieux  ,  deux  Livres  de  Vases  et  aussi  les 

1  C'est  dans  un  cadre  du  goût  le  plus  exquis,  c'est  entourée  des  plus 
beaux  spécimens  des  meubles  sculptés  de  la  Renaissance  italienne  et 
française,  de  tableaux  de  vieux  maîtres,  de  bronzes  et  de  marbres  d'un 
grand  prix  ,  que  se  trouve  placée  la  remarquable  collection  de  livres 
d'ornements  de  toutes  les  époques  de  M.  Edmond  Foule. 

Ces  sortes  de  collections  n'ont  été  que  rarement  entreprises ,  sans 
doute  parce  que  les  livres  et  recueils  de  ce  genre  sont  fort  rares  ;  ils 
forment  pourtant  ici  un  charmant  et  instructif  ensemble  qui  va  des  pre- 
miers nielles  aux  arabesques  de  la  fin  du  XYIII"  siècle. 

Signalons ,  dans  la  Renaissance ,  les  admirables  livres  d'heures  de 
Geoffroy  Tory,  l'orfèvrerie  de  Brosamer,  les  livres  de  bijouterie  de 
Virgile  Solis  ,  les  damasquines  de  Fletner  et  de  Sylvius  ,  les  vases  et 
les  calices  du  maître  de  1551,  l'œuvre  de  Du  Cerceau  composé  d'environ 
1,500  pièces,  la  conquête  de  la  Toison-d'Or  de  noti-e  vieux  maître  fran- 
çais René  Boyvin  et  ses  livres  d'orfèvrerie  et  de  bijouterie  ,  les  suites 
d'ornements  d'Etienne  Delaulne  ,  celles  du  maître  orfèvre  Zundt  ,  les 
bijoux  et  les  épées  deVoëriot,  les  pendeloques  de  CoUaert,  les  ouvrages 
de  Dietterliu,  et  tout  à  la  fin  du  XVI''  siècle,  les  agraphes  et  boutroles 
des  de  Bry ,  les  bijoux  de  Daniel  ^lignot  et  les  damasquines  de  Gourinont. 

Au  XVir',  Mathurin  Jousse  et  sa  Fidèle  Ouverture  .Jarqinrt  et  ses 
entrées  de  serrure,  pommeaux  d'épées  et  boîtiers  de  montres ,  Gilles  et 
Gédéon  Lègaré  et  leurs  bijoux  ,  l'œuvre  de  Jean  et  Daniel  Marot ,  les 


446         LES   GRAVEURS    DU    X\II1'    SIECLE. 

belles  planches  d'académies  pour  VAnatomie  néces- 
saire pour  Vusage  du  dessin. 

D'après  l'élégant  La  Joue,  des  Livres  de  Buffets,  de 
Vases ,  d'Ornements  et  de  Rocailles ,  d'Écrans,  de 
Paysages ,  d Architectures ,  de  Fontaines ,  de  Grif- 
fonnements  et  de  Cartouches. 

D'après  Watteau,  des  compositions  encadrées  d'ara- 
besques ;  des  panneaux  décoratifs  intitulés  : 

le  Bouffon ,  la  Chasseuse  ; 

le  Berger  empressé ,  le  Jardinier  fidèle  ; 

la  Grotte ,  le  Berceau ,  le  Théâtre ,  la  Déesse  ; 

les  Oiseleurs ,  le  Repos  des  Pellerins ,  V Innocent 
Badinage ,  les  Plaisirs  de  la  jeunesse  ; 

Apollon ,  Diane  ; 

la  Danse  bachique  ,  la  Voltigeuse  ; 

r Empereur  chinois,  Divinité  chinoise  ; 

la  Pellerine  altérée  ; 

décorations  de  Lepautre ,  de  Charmeton  et  de  Bei'ain ,  les  meubles  de 
BouUe,  les  bijoux  de  Daudet  et  de  Bourguet,  etc. 

Pour  le  XVIIF  siècle ,  si  babile  en  décorations  de  toutes  sortes ,  la 
collection  Foule  est  également  des  plus  complètes.  Les  œuvres  entiers 
d'Oppenord  ,  J.-A.  Meissonnier  et  Babel .  les  grilles  de  Fourdrin  et  de 
Lamour,  les  ornements  à  la  grotesque  de  Gillot  pour  tapisseries  et 
panneaux  gravés  par  notre  Huquier,  ainsi  que  ses  culs-de-lampe  et 
devises,  ses  clavecins  gravés  par  Caylus,  une  Iconologie  en  216  planches 
inventée  et  gravée  par  le  même  Huquier,  un  Recueil  de  600  vases, 
imaginé  et  en  partie  gravé  par  lui ,  l'œuvre  complet  de  Watteau  ,  de 
Bernard  Picart  ,  des  Cuvilliès ,  les  décorations  intérieures  de  Leroux  , 
Blondel ,  De  La  Fosse  ,  Toro  ,  les  rares  recueils  de  Forty,  Neufforge  , 
Gauvet,  Lalonde,  Ranson.  Puis  c'est  Ghoffard,  Eisen,  Marillier,  Lajoue, 
Boucher  fils  qui  sont  représentés  par  leurs  plus  ingénieuses  fantaisies 
ornementales.  Citons  enfin  les  chifires  de  Mavelot ,  la  menuiserie  de 
Roubo,  les  séries  de  Salembier,  Saly,  Germain  de  Saint-Aubin  ,  etc., 
et  disons  que  cette  collection  est  l'une  des  plus  précieuses  et  des  plus 
complètes  qui  aient  été  formées. 


HUQUIER.  447 

le  Temple  de  Neptune ,  le  Temple  de  Diane  ; 

le  Rendez-vous,  l'Amusem,ent  ; 

le  Chasseur  content ,  le  Repos  gracieuse  ; 

le  Duo  champêtre,  le  Repas  champêtre  ; 

les  Jardins  de  Cythère,  les  Jardins  de  Bacchus  : 

les  Éléments,  suite  de  4  pièces  ; 

les  Sens ,  suite  de  6  pièces  ; 

les  Saisons  ,  trois  séries  différentes  ,  dont  l'une  en 
forme  d'écrans  ; 

Etc..  etc. 

D'après  Boucher,  des  suites  de  Cartouches  pour 
adresses,  frontispices,  diplômes  ;  Sujets  et  Pastorales. 

D'après  Oudry,  Panneaux  décoratifs  de  chasse. 

U Œuvre  de  Juste  Aurèle  Meissonnier ,  peintre, 
sculpteur ,  architecte  et  dessinateur  du  cabinet  du 
Roy,  est  encore  l'un  des  ouvrages  les  plus  importants 
du  graveur,  tant  par  l'importance  des  pièces  repré- 
sentées que  par  leur  haute  valeur  artistique.  C'est 
dans  ce  recueil  qui  se  vendait  chez  Huquier,  rue  St- 
Jacques  au  coin  de  celle  des  Mathurins,  mais  dont 
il  n'a  gravé  qu'une  partie,  qu'il  faut  chercher  les  plus 
beaux,  modèles  de  style  rocaille.  Huquier  s'est  vraiment 
surpassé  dans  ces  motifs  de  mobiher,  enlevés  à  l'eau- 
forte  avec  un  brio  très  remarquable.  Une  grande  partie 
de  ces  beaux  objets  aux  riches  contours  étaient  exé- 
cutés pour  le  roi  :  les  ornements  de  sa  Carte  chro- 
nologique, de  son  Écriloire  en  porcelaine,  de  sa 
Cuvette,  de  ses  Candélabres  et  de  ses  Chandeliers  ; 
le  Traineau  de  jardin  de  la  reine  d'Espagne,  des 
Tables,  des  Tabatières,  des  Boites  de  montre,  des 
Gardes  d'épées,  des  Pommeaux  de  cannes.  dc^Sur- 
touts  de  table ,  Porte-Huilier ,  Terrines  d'argent , 


448         LES   GRAVEURS   DU    XYIII»    SIÈCLE. 

Sceaux  à  rafraîchir.  Salières,  Pot-à-oil,  Porte- 
mouchette,  Bougeoir,  Girandoles,  Miroir  de  toilette, 
YÈcritoir^e  de  M'  de  Maurepas,  Croix,  Ciboires. 

Puis  ce  sont  les  intérieurs  d'appartements ,  la  Porte 
de  salon  de  la  baronne  de  Bezenval ,  le  Trumeau  de 
glace  pour  un  cabinet  en  Portugal ,  le  Canapé  du 
comte  de  Bielenski ,  le  Plafond  d'une  maison  rue 
Rochouard ,  une  Grande  pendule  sur  un  panneau , 
le  Cadran  à  vent  du  duc  de  Mortemart ,  le  Grand 
Surtout  de  table  pour  le  duc  de  Kinston,  etc.,  etc. 

GestHuquier  enfin  qui  a  popularisé  les  compositions 
d'Oppenord  ,  le  décorateur  plein  d'imagination  du 
Palais-Royal. 

Pendant  qu'en  Hollande  et  qu'en  France  on  exprimait 
le  regret  de  ne  pouvoir  appliquer  les  compositions  si 
ingénieuses  et  si  riches  de  ce  décorateur ,  et  que  l'on 
semblait  les  croire  ensevelies  pour  toujours  dans  la 
nuit  des  collections  particulières,  Huquier  qui  possédait 
plus  de  2000  de  ses  dessins,  s'occupait  de  graver  les  plus 
beaux:  le  fameux  recueil  qui  les  contient  parut  sous  ce 
titre  :  Œuvres  contenant  différents  fragments  d'ar- 
chitecture et  d'ornements  à  l'usage  des  Bâtiments 
sacrés,  publics  et  particuliers,  gravés  et  mis  au  jour 
par  Gabriel  Huquier,  in-fol.  Le  volume,  dédié  à  Le 
Normand  de  Tournehem,  s'ouvre  par  un  remarquable 
portrait  librement  gravé  à  l'eau-forte  de  Gille-Marie 
Oppenord,  écuyer,  directeur  général  des  bâtiments  et 
jardins  du  duc  d'Orléans,  et  contient  des  Livres  de 
Consoles,  de  Cartels,  de  Trophées,  de  Portes,  de  Chan- 
deliers, de  Lutrins,  de  Cheminées,  de  Tombeaux , 
de  Fontaines ,  de  Lambris ,  de  Décorations  d'ap- 
partements, d'Autels,  etc.  Le  style  et  le  dessin  n'en 


HUQUIER.  449 

sont  pas  simples,  il  faut  l'avouer,  ils  sont  même  tous 
deux  singulièrement  contournés,  mais  l'invention  est 
toujours  neuve,  originale  et  riche,  c'est  une  mine  iné- 
puisable ,  comme  l'a  dit  Huquier,  pour  les  architectes 
et  metteurs  en  œuvre. 

Trophées  de  fleurs  chinoises,  d'après  Peyrotte. 

Fondation  pour  marier  dix  filles ,  grande  estampe 
d'après  Gravelot  (l'eau-forte  par  Moreau). 

De  son  cru,  Gabriel  Huquier  a  inventé  et  gravé  Trois 
livres  de  serrurerie  et  d'autres  de  Balcons ,  Rampes 
pour  escaliers ,  Grilles  à  divers  usages .  Grilles  à 
r usage  des  églises,  Projets  de  portes.  Fragments  de 
décorations  à  V usage  des  églises  et  de  la  Serrurerie. 

Accusé  d'être  l'auteur  d'une  estampe  satirique  sur 
les  jésuites,  Huquier,  dit-on,  pour  échapper  aux 
poursuites  de  la  justice,  se  réfugia  en  Angleterre  et  y 
mourut  en  1772.  Toutefois  Herluison  le  fait  mourir  à 
Paris  le  11  juin  1772, 

Son  Adresse  gravée,  qui  nous  a  été  communiquée 
par  M.  Loizelet ,  représente  une  bibhothèque  remplie 
de  recueils  d'estampes  de  toutes  les  Ecoles.  A  droite 
une  table  et  un  carreau  dépoli  pour  graver,  et  un 
carton  portant  l'inscription  :  Huquier  gy^aveur,  rue 
des  Maihurins  au  coin  de  la  rue  de  Sorhonne.  Tient 
tnagasin  de  Desseins  et  Estampes  pour  les  curieux 
et  ayHistes.  A  Paris.  In-8. 

On  consultera  avec  fruit  la  liste  de  976  pièces 
d'Huquier  donnée  par  Le  Blanc  dans  son  Manuel. 

Gabriel  Huquier  ,  son  fils  et  son  élève ,  naquit 
à  Paris  en  1725 ,  épousa  le  30  novembre  1758 , 
Anne-Louise  Ghéreau ,  fille  de  Jacques  Chéreau ,  et 


450         LES    GRAVEURS    DU    XVIir    SIECLE. 

mourut  en  1792.  C'est  dans  l'œuvre  de  Boucher  qu'il 
convient  d'aller  chercher  ce  qu'il  nous  a  laissé.  Pour 
trouver  des  modèles,  le  jeune  graveur  n'avait  qu'à 
ouvrir  les  cartons  de  son  père.  Bien  qu'exécutées 
d'une  pointe  un  peu  sèche  ,  ces  eaux-fortes  sont  tout 
à  fait  dans  lo  sentiment  de  l'artiste. 

La  Nativité  ,1756),  in-4. —  P''  et  2'  Corps  de  garde. 
—  Le  Repos  champêtre.  —  Chasse  Chinoise. 

Jeune  fille  à  l'oiseau,  Jeune  fille  aux  cages,  2 
pièces  petit  in-4.  —  Le  Sommeil,  le  Réveil ,  le  Cheval 
fondu,  la  Caravane ,  Scènes  pastorales  et  autres,  24 
pièces  in-4. 

Signalons  aussiune  jolie  vignette  à  l'eau-forte  repré- 
sentant une  Vente  à  t encan,  qui  fut  placée  comme 
frontispice  de  divers  catalogues  de  vente,  et  particu- 
lièrement à  celui  du  duc  de  Tallard  rédigé  par  Glomy. 

Vue  de  Paris,  prise  du  Po7't  des  Invalides ,  à 
Paris  chez  Huquier  fils,  in-fol.  en  largeur.  Nombreux 
personnages  dans  des  barques. 


Les   HUTIN. 


1715-1780. 


Charles  Hutin  l'aîné,  né  à  Paris  en  1715,  étudia  la 
peinture  dans  l'atelier  de  Le  Moine  ;  il  alla  à  Rome  en 
1736  et  abandonna  la  peinture  pour  se  livrer  à  la 
sculpture,  sous  la  direction  de  Slodtz.  A  son  retour,  en 
1747,  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  de  peinture. 
Il  se  fixa  ensuite  à  Dresde,  où  il  exécuta  des  travaux 
de  peinture  importants.  Il  y  est  mort  en  1776. 

Son  œuvre  forme  un  Recueil  de  diffèy'ents  sujets 
coîïiposés  et  gravés  par  Charles  Hutin  à  Dresde , 
1763,  et  comprend  :  un  Titre  ;  deux  sujets  de  l'Ancien 
Testament  {Agar  et  Tobie)  ;  onze  sujets  du  Nouveau 
Testament;  un  Milon  de  Crotone,  Tarquin  et  Lucrèce, 
Amours  jouant  avec  un  bouc,  la  Bergère ,  le  Jeune 
ménage,  le  Dessinateur,  6  Fontaines,  8  Tombeaux, 
les  Habitants  de  Listre  voulant  offrir  un  sacri- 
fice aux  apôt7^es  St-Pierre  et  St-Paul,  d'après  le 
Poussin,  et  un  Choc  de  cavalerie,  d'après  Casanova. 

Un  éditeur  a  réuni  toutes  ces  pièces  en  séries, 
marquées  dune  lettre  d'ordre  de  a  à  e.  ïl  y  a  joint 
l'Œuvre  de  Miséricorde  de  François  Hutin ,  en  substi- 
tuant dans  la  signature  un  C  à  l'F  pour  faire  passer  les 
pièces  comme  étant  de  Charles  Hutin. 


452         LES   GRAVEURS   DU    XVIII^'    SIECLE. 

François  Hdtin,  frère  du  précédent,  a  gravé  : 

Les  Sept  Œuvres  de  miséricorde,  in-4 ,  qui  repré- 
sentent la  mise  en  pratique  de  ces  préceptes  :  Donner 
l'aumône,  Donner  à  boire  à  ceux  qui  ont  soif,  Donner 
Vhospitalité  aux  voyageurs,  Vêtir  ceux  qui  sont  nus. 
Secourir  les  malades ,  Visiter  les  prisonniers,  Ense- 
velir les  m,orts. 

La  Maladie  d'Antiochus ,  in-4. 

Apollon  et  Daphnè ,  —  Pan  et  Syrinx,  2  p.  in-4 
d'après  J.  de  Troy. 

Une  grande  estampe  en  lai^geur,  Décoration  du  feu 
d  artifice  tiré  à  Rome,  le  soir  de  la  fête  de  St-Pierre 
en  1741,  à  la  suite  des  réjouissances  publiques 
données  par  V Ambassadeur  de  Naples. 

Pierre  Hutin  vint  s'établir  en  Saxe  en  même  temps 
que  son  frère  Charles  ;  il  a  gravé  à  l'eau-forte  quelques 
morceaux  d'après  les  tableaux  de  la  galerie  du  comte 
de  Briihl.  Sainte- Famille,  d'après  Charles  Hutin  , 
in-fol. —  Allégorie  sur  la  peinture,  in-fol.  en  largeur, 
également  d'après  son  frère.  —  Satyre  sur  la  scène 
parlant  au  parterre,  1755,  in-12.  —  Enfant  monté 
sur  un  lion,  in-32.  — Quatre  Amateurs  dans  V atelier 
d'un  peintre.  1754,  in-8.  —  Paysanne  saxonne,  in-6. 
—  Recueil  de  différents  caractères  de  tètes  tirés  de 
la  colonne  Trajane,  dessiné  par  F.  Boucher,  12  p. 

Il  mourut  en  1763. 

Jean-Baptiste  Hutin  ,  grand  prix  de  peinture  en 
1748  ,  fut  envoyé  à  Rome  ,  où  il  a  gravé  en  1750  une 
Annonciation  d'après  J.  F.  de  Troy.  On  lui  doit  encore 
une  Nativité  et  une  Adoration  des  mages  d'après  Pit- 
toni,  et  enfin  une  suite  ào,  Prophètes  et  une  à' Apôtres. 

Il  est  mort  à  Dresde  vers  1780. 


IGONET  (Marie-Madeleinej. 


Une  très  jolie  estampe,  la  Peinture  (mai  1752), 
charmante  eau-forte  oii  l'on  croit  voir  Bouclier  lui- 
même  peignant  un  paysage  dans  son  atelier,  suffirait 
pour  conserver  le  nom  de  cette  graveuse  peu  connue. 

La  Sculpture,  d'après  Pierre. 

L'Amusement  de  la  Bergère,  d'après  Boucher. 

La  Petite  heurrière,  d'après  Boucher. 

La  Petite  ménagère  ,  d'après  Boucher. 

L'Enfance  chimiste,  d'après  E.  Jeaurat. 

V Education ,  d'après  Villebois. 


n.  30 


Les  INGOUF. 


1746-1812. 


Pierre-Charles  Ingouf  l'aîné  ,  né  à  Paris  en  1746, 
mort  en  1800,  est  un  médiocre  élève  de  Flipart.  Nous 
nous  bornerons  à  citer  de  lui  : 

Les  Mœurs  du  temps,  estampe  d'après  Freudeberg, 
avec  cette  légende  :  On  épouse  une  femme ,  on  vit 
avec  une  autre  et  fon  naime  que  soi ,  in-fol.  (deu- 
xième état,  avec  le  titre  de  la  Surprise)  ;  —  la  Bonne 
éducation,  la  Paix  du  ménage,  2  pièces  d'après 
Greuze  (  les  eaux-fortes  par  Moreau  le  jeune  )  ;  —  les 
Sevreuses,  d'après  Greuze,  par  Tilliard  et  Ingouf. 

Et,  toujours  d'après  Greuze,  la  Rêveuse,  Petite  fille 
tenant  un  chien.  Petite  fdle  jouant  avec  sa  poupée , 
l'eau-forte  de  la  Fille  confuse ,  terminée  par  Ingouf 
le  jeune,  et  une  suite  de  Tètes  tirées  du  tableau  du 
Paralytique,  titre  et  6  pièces,  dédiées  à  Wille. 

Une  scène  de  Torïi  Jones ,  la  Mère  contente ,  et  la 
Mère  m^écontente,  d'après  P.  A.  Wille. 

La  Comtesse  d'Artois  et  ses  trois  jeunes  enfants , 
médaillon  rond  dans  un  encadrement  orné  in-4 ,  dédié 
et  présenté  par  sa  très  humble  servante  femme  Ingouf, 
gravé  par  P.  G.  Ingouf  d'après  la  boëte  donnée  à  cette 
princesse  par  M.  Busson ,  son  premier  médecin.  — 


INGOUF.  465 

Jérôme  Bignon.  —  Louis  XV,  portrait  placé  sur  la 
porte  de  l'hôtel  du  Département  de  la  guerre  et  de  la 
marine  à  Versailles,  Ingouf  l'ainé  del.  et  sculp.,  grand 
in-4.  —  Le  Duc  de  Luynes ,  en  uniforme  de  colonel 
général  des  dragons,  grand  in-4.  —  Dortous  de  Mai- 
ran,  dans  la  Galerie  française,  in-4.  — Pie  VI.  — 
Wille,  graveur  du  roi,  gravé  par  P.  C.  Ingouf  1771,  à 
Paris  chez  l'auteur  rue  et  au  coin  de  celle  du  Fossé 
St-Victor  chez  l'Epicier  au  2™,  in-4. 

Wille  nous  apprend  qu'lngouf  l'aîné  épousa  la  fille 
d'un  boulanger,  qui  était  fort  jolie. 

François-Robert  Ingouf  le  jeune,  né  en  1747, 
mort  en  1812,  fait  plus  d'honneur  que  son  frère  à  son 
maître  Flipart.  11  avait  un  burin  très  fin,  comme  en 
témoignent  les  estampes  gravés  pour  le  Monument 
du  costume ,  d'après  Freudeberg  :  la  Soirée  dliiver, 
la  Promenade  du  soir,  V Evénement  au  hal,  et  les 
quelques  vignettes  qu'il  nous  a  laissées. 

Ingouf  le  jeune  semble  du  reste  avoir  été  fort  apprécié 
de  son  temps.  Sur  l'épreuve  d'une  figure  gravée  par  lui 
pour  le  Théâtre  de  Crébillon,  Marillier  a  écrit  :  «  Je  suis 
»  très-content  de  la  planche  de  M'"  Ingouf.  Je  lui  en  ferai 
»  mon  compliment  lorsque  je  serai  à  Paris.  Dès  qu'il 
»  aura  fait  la  retouche  que  je  lui  envoyé  il  pourra  faire 
»  tirer  son  nombre  et  le  mien  (qui  est  de  22  épreuves) 
»  etrendre  sa  planche.  J'en  suis  si  content  quejedési- 
»  rerois  fort  que  M""  Ingouf  voulu  (sic)  se  charger  d'un 
»  autre  dessin  de  la  même  suite  dont  le  sujet  est  bien 
»  intéressant.  Il  m'obhgeroit  sensiblement.  » 

Au  bas  d'une  autre  pièce  pour  le  Rousseau  de  Cazin, 
Marillier  a  ajouté  :  «  Cette  planche  sera  charmante , 


4S6         LES    GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

»  mais  je  n'en  suis  pas  étonné.  M''  Ingouf  se  fait 
»  distinguer  en  petit  comme  en  grand.»  Ingouf  en  effet 
semblait  destiné  surtout  à  graver  de  petites  pièces.  Il 
a  laissé  notamment  une  série  de  portraits  de  poètes 
français  ,  in-12,  dont  quelques-uns  sont  fort  précieuse- 
ment exécutés,  comme  Boileau,  Corneille,  Deshou- 
lières.  Chatoies  Perrault ,  Sarrazin,  Voiture. 

Il  mourut  en  1812.  Sa  vente  fut  faite  par  Regnault- 
Delalande  en  mars  1813.  Voici  la  liste  de  ses  gravures. 


ESTAMPES. 

1 .  La  Liberté  du  braconnier,  —  le  Retour  du  laboureur,  2  p.  d'après 

Benazech;  in-fol.  en  largeur. 

2.  Le  Négociant  ambulant,  —le  Soldat  en  semestre, 

2  p.  d'après  Freudeberg,  en  largeur,  mT. 

3.  LA  SOIRÉE  D  HIVER  ,  —  LA  PROMENADE  DU  SOIR    — 

L'ÉVÉNEMENT   AU  BAL  (eau-forte  par  Duclos),  3  p.  in-fol. 
d'après  Freudeberg  [Monument  du  Costumé). 

4.  Le  Petit  Napolitain  ,  d'après  Greuze. 

5.  La  Fille  confuse ,  d'après  Greuze;  in-fol.  en  largeur,  terminé  par 

Ingouf  jeune  sur  une  eau-forte  d'Ingouf  l'aîné,  1773. 

6.  La  Fille  pensive,  d'après  Greuze. 

7.  Scène  de  l'opéra  de  ZÉMIRE  ET  AZOR,  d'après  P. -G.  Ingouf. 

8 .  Les  Canadiens  au  tombeau  de  leur  enfant ,  d'après  Le  Barbier,  1786  ; 

in-fol. 


Gérard  Dow  jouant  du  violon  à  sa  croisée ,  d'après  lui-même. 

Planches  pour  le  Musée  français  (  l'Adoration  des  Bergers ,  la  Vierge  au  linge  ) , 
la  Galerie  d'Espagne  [l'Annonciation  d'après  Murillo  ) ,  la  Galerie  du  Palais-Boyal 
{Tête  de  femme  d'après  Rembrandt),  \e  Cabinet  Choiseul  [le  Retour  du  chasseur, 
Metzu  ),  le  Cabinet  Poullain  [l'Enfant  au  chat,  Van  der  Werff). 

Six  sujets  de  la  Vie  de  saint  Bruno. 


INGOUF.  457 


PORTRAITS. 

9.  Alleaume,  médecin,  médsille  et  revers,  ms. 

10.  Aristophane,  1119\  in-8. 

11.  Côme  (le  Frère) ,  n82.  Artem  litholomiœ  ampliflcavit  et  perfecit; 

in-8. 

12.  CrÉBILLON,    d'après  La  Tour,   ornements  de  Marillier,   1784, 

in-8. 

13.  FlipaRT  (J.-J.)  ,  graveur  du  Roi  ;  dessiné  et  gravé  par  son  élève 

Ingouf  le  jeune,  1112;  in-4. 

14.  Gessner,  frontispice  d'après  Le  Barbier,  n86;  in-4. 

15.  Henri  IV,  non  signé;  in-8  (Cabinet  des  Estampes). 

16.  La  Chalotais,  in-4,  et  le  même  in-8,  portraits  non  signés. 

n.   L.VL.4ISDE  (Jérôme  de),  de  l'Acad.  royale  des  Sciences,  d'après 
Pujos,  m4;  in-12. 

Des  mondes  étoiles  il  nous  transmet  l'Histoire, 

A  ses  calculs  savants  le  Ciel  même  est  soumis , 

Mais  cherchant  le  bonheur  qui  vaut  mieux  que  la  gloire 

Pour  jouir  sur  la  terre  il  s'est  fait  des  amis. 

DORAT. 

18.  Laporte  (Joseph  de),  d'après  Pougin  de  Saint-Aubin  ,  1*780  ;  in-8. 

19.  Lorry  (Paul-Charles);  in-4. 

20 .  M  A  R I VAU  X  ,  d' après  Pougin  de  Saint- Aubin  ;  élégants  ornements 

de  Marillier,  l'781  ;  in-8. 

21.  Miroménil,  allégorie  d'après  Goulin  ,  1775:  in-4. 

22.  MoTTiN  DE  LA  Balme.  —  Postwe  à  chevnl ,  dessinée  d'après 

nature.    —    Moreau  junior  del.,   Ingouf  junior  sculp.,    1773; 
in-12. 

Frontispice  des  Essais  sur  l'Équitation  ,  par  Mottin  de  la  Balme ,  capitaine  do 
cavalerie . 


458         LES   GRAVEURS    DU    XYIII"    SIECLE. 

23.  Necker  (Le  Compte  rendu ,  portrait  allégorique  de)  ;  iii-8. 

Rare  en  premier  état,  avec  l'adresse  d'Ingouf  dans  la  marge  du  bas. 

24.  Petit  (François)  ;  grand  in-4. 

25.  Regnault,  curé  de  St-Étieune-du -Mont,  d'après  MeUe  Loir  ;  in-4. 

26.  Rousseau  (J.-J.),  d'après  Marillier,  m9;  in-18. 

Frontispice  de  l'édition  Cazin . 

Eau-forte  et  premier  état  terminé,  avant  que  le  cadre  ait  été  augmenté  et 
porte  des  palmes  sous  le  médaillon  ovale. 

27.  Rousseau  (J.-J.),  m9;  in-4. 

28.  Sartine,  lieutenant-général  de  police;  in-8. 

29.  Simon,  imprimeur  du  Parlement ,  nSô;  in-4. 

Un  commencement  de  lettre  manuscrite  accompagne  ce  portrait  au  Cabinet 
des  Estampes  :  «  A  Monsieur  Lenoir,  Conseiller  d'Etat.  — Cette  estampe  a  paru 
»  d'une  grande  vérité  pour  la  ressemblance,  elle  est  si  supérieure  par  la  finesse 
»  du  burin  qu'à  ce  dernier  titre  j'ose  prendre  la  liberté  de  la  mettre  sous  les  yeux 
»  de  Monsieur » 

30.  Xénophon  ,  d'après  Le  Barbier  ;  in-8. 

31.  Michel  Leclerc,  —  Charles  Minart ,  né  dans  le  diocèse  de  Beauvais 

le  l^r  octobre  n04;  2  p.  in-4. 

Curieux  types  de  mendiants  bien  vêtus,  bien  chaussés,  portant  un  blssac  bien 
rempli  et  une  gourde  pleine,  et  ne  manquant  de  rien  toute  leur  vie. 

32.  POÈTES   FRANÇAIS,  suite  de '26  portraits  in-12,  gravés  pour 

les  Annales  poétiques  :  Boileau,  Chapelle,  Charles  IX,  Corneille, 
Crébillon ,  M*"^  Deshoulières ,  Destouches ,  Du  Perron  (Davy) , 
Fontenelle ,  La  Chaussée,  La  Fontaine,  La  Mothe  fH.  de).  Le 
Moyne,  Maynard,  Molière,  Moncrif,  Montreuil,  Perrault  (Charles), 
Piron,  Racine,  Regnard,  Régnier,  Rousseau  (J.-B.),  Sarrasin, 
Scarron,  Voiture. 

1^''  état:  Le  nom  du  personnage  légèrement  tracé  sur  la  tablette  blanche.  — 
Rare. 
2^  état  :  Le  nom  du  personnage  en  caractères  plus  forts  sur  la  tablette  ombrée. 

33.  Portrait  d'homme,  d'après  Vestier,  n76-,  in-18. 

34.  Portraits  pour  VHistoire  de  Hollande,  9  pièces. 


INGOUF.  451J 


VIGISETTES,    ETC. 

35.  Ex-libris  de  Viatimille. 

36.  Ex-libris  Gheve»"  d'Autun. 

3T.  Planches  de  costumes  "pour  l'Histoire  du  Théâtre,  in-8. 

38.  Élégants  costumes  de  ville,  d'après  Desrais;  in-8. 

89.  Dame  créole  vêtue  suivant  l'usage  de  Lima ,  —  Indienne  du  Pérou 
vêtue  suivant  l'usage  du  pays,  2  p.  grand  in-4. 

40.  Planches  de  costumes  gravées  avec  Trière,   pour  V Histoire  des 

inaugurations  des  rois,  empereurs,  de  G.  J.  de  Bévy,  me,  14  p. 

41.  Gul-de-lampe  allégorique  d'après  de  Sève. 

42.  Gul-de-lampe  d'après  Hilair  et  planches  pour  le  Voyage  en  Grèce 

de  Ghoiseul-Gouffier. 

43.  Vignettes  pour   r/co«oiO(/ie  (d'après  Gochin)  ;  pour  les  Œuvres 

de  Crébillon  et  les  Œuvres  de  Pope,  d'après  Marillier;  pour  les 
Lettres  d'une  Péruvienne ,  d'après  Le  Barbier  ;  pour  le  Voltaire 
de  Renouard,  d'après  Moreau  ;  pour  Gonzalve  de  Cor  doue, 
d'après  Quéverdo. 

44.  Le  Lévite  d'ÉphraÏM,  belle  vignette  in-4,  d'après  Le  Barbier, 

pour  les  Œuvres  de  J.-J.  Rousseau.  —  Chères  et  précieuses 
larmes. . .  pour  le  même  ouvrage. 

45.  Maladie  de  Julie,  vignette  pour  le i?ottsseaM  de Gazin. 

46.  Planches  d'histoire   naturelle.  — Costumes  et  antiquités ,  d'après 

Dugoure,  etc. 


INGRAM    (John). 


1721- 


Né  à  Londres  en  1721 ,  Ingram  a  principalement 
travaillé  à  Paris.  On  connaît  de  lui  : 

La  Jardinière ,  la  Bouquettière  Fanchonette,  la 
Marchande  d'œufs,  la  Jeune  ménagère,  le  Savoyard 
avec  sa  marmotte,  la  Vendeuse  de  scéléry,  cahier  de 
6  pièces  d'après  Boucher. 

La  Bonne  mère,  V École  domestique,  la  Crémière, 
la  Quêteuse  de  grand  cheTuin ,  d'après  Boucher. 

L'eau-forte  de  la  vignette  de  Boucher  pour  Cythère 
assiégée,  opéra  -  comique  de  Favart,  terminée  par 
Cochin  ,  in-8.  —  Figures  allégoriques ,  d'après  La 
Joue ,  12  pièces  gravées  avec  Cochin  et  Tardieu.  — 
Projet  de  tombeau  de  M.  le  baron  de  Bezenval, 
d'après  Meissonnier. 

Décoration  de  la  grande  illumination  faite  à  Ver- 
sailles à  l'occasion  du  second  mariage  du  Dauphin, 
le  9  février  1141 ,  eau-forte  par  Cochin. 

Vignette  de  la  dédicace  des  Èlém^ents  de  fortifi- 
cations de  Le  Blond  :  le  Dauphin  instruit  par  Minerve, 
d'après  Cochin,  1759,  in-12, 

Ex-libris  Levassor  de  la  Touche,  d'après  Cochin. 

Adresse  du  S^  Magny  (l'eau-forte  par  Eisen). 


JACOB   (Louis 


4712- 


Louis  Jacob,  graveuraii  burin,  né  à  Lisieuxenl712, 
vint  jeune  à  Paris  et  eut  pour  maîtres  dans  son  art 
Gérard  Scotin  le  jeune  et  Jean  Audran.  «  Ses  ouvrages 
»  ne  sont  ni  fort  nombreux  ni  d'un  mérite  bien  émi- 
»  nent,  on  lui  reproche  de  l'incorrection  dans  son 
»  dessin  et  en  général  un  manque  d'effet.  Les  meil- 
»  leures  pièces  de  cet  artiste  sont  celles  qu'il  a 
»  gravées  pour  le  recueil  de  Crozat.  ^ 

Persée  et  And?'07nècle ,  les  Israélites  sortant  d'E- 
gypte ,  r Adoration  des  bergers ,  Rèhecca  et  Éliézer, 
d'après  Paul  Véronèse  {Cabinet  Crozat). 

Les  Noces  de  Cana  {Galerie  de  Dresde) . 

St  André,  St  Mathieu,  St  Thomas,  d'après  Boucher, 
1776,  chez  Jeaurat. 

Le  Marais,  l'Abreuvoir,  le  Déparât  des  comédiens 
italiens,  d'après  Watteau, 


JANINET  (François 


1752-1813. 


La  gravure  en  couleur  est  venue  réellement  à  son 
heure  au  XVIIP  siècle.  Elle  convenait  parfaitement  à 
ce  monde  de  blasés  qui  trouvait  dans  la  coloration  de 
sujets  risqués  et  de  formes  entrevues  un  régal  nouveau. 
Elle  était  bien  faite  aussi  pour  rendre  les  gouaches 
voluptueuses  des  Baudouin ,  des  Lavreince,  des  Char- 
lier  et  des  Garesme.  Le  goût  était  d'ailleurs  aux  nou- 
veaux procédés  récemment  découverts.  Le  Prince 
exploitait  celui  de  la  gravure  au  lavis,  rapidement 
imité  parHouël  et  tant  d'autres;  François  inventait  ou 
perfectionnait  la  manière  du  crayon ,  découverte  que 
lui  disputaient  immédiatement  Magny  et  Demarteau  ; 
Bonnet  inventait  la  gravure  en  imitation  du  pastel; 
le  pointillé  allait  bientôt  faire  fureur;  quant  à  la 
gravure  en  couleur,  elle  trouvait  pour  l'exploiter  de 
véritables  artistes  :  après  les  tentatives  de  Le  Blond  et 
de  Dagoty,  d'autres  plus  experts ,  comme  Descourtis , 
Sergent ,  Guyot ,  Debucourt  surtout,  s'en  servirent 
avec  une  extrême  habileté.  Janinet  doit  être  placé  sur 
la  même  ligne  que  ce  dernier  pour  le  rendu  délicat  et 
l'aspect  harmonieux  de  ses  planches. 

Et  qu'on  ne  s'y  trompe  pas  !  il  faut  un  réel  sentiment 


JANINET.  463 

d'artiste  et  une  dextérité  extrême  pour  donner  à  ces 
estampes  un  aspect  agréable  et  de  bon  goût ,  pour 
harmoniser  ces  couleurs,  les  raccorder  et  les  fondre. 
Le  graveur  doit  aussi  donner  aux  physionomies  les 
intentions  fines  des  originaux  et  c'est  à  quoi  Janinet 
n'a  pas  manqué.  Il  mérite  donc  des  éloges  ,  et  il  faut 
excuser  en  faveur  de  l'artiste  de  talent  les  essais  mal- 
heureux ,  nous  le  verrons,  de  Faéronaute. 

Le  début  de  notre  graveur  en  couleur  est  une  petite 
pièce  de  forme  ronde,  intitulée  r  Opérateur,  et  qui 
porte  cette  mention  :  gravé  à  Vimitation  du  lavie  en 
couleur  par  F.  Janinet ,  le  seul  qui  ait  trouvé  cette 
manière ,  chez  fauteur,  maison  de  M.  Vahhé  Lucas, 
rue  du  Plâtre  Saint-Jacques. 

A  voir  la  coloration  encore  un  peu  dure  des  com- 
positions de  Philippe  Garesme,  la  Bacchante  enivrée, 
le  Satyre  impatient ,  le  Culte  sistématique,  nous  les 
placerions  volontiers  au  début  de  l'œuvre  de  Janinet, 
ainsi  que  le  Berger  couronné,  la  Bergère  couronnée, 
signés  de  lui ,  d'après  le  même  artiste.  Le  Baiser  de 
V amour  et  le  Baiser  de  V amitié,  pièces  rondes  d'après 
le  dessinateur-amateur  Louis  Doublet ,  ne  doivent  pas 
être  de  beaucoup  postérieures. 

Janinet  grave  alors  d'après  nombre  de  maîtres  di- 
vers, Houël,  Freudeberg, Wille  le  fils,  Eisen,  Charlier, 
Gravelot.  Fragonard  lui  fournit  le  sujet  de  deux  de 
ses  meilleures  estampes ,  les  médaillons  de  CAm^our 
et  la  Folie  (1777) ,  représentés  par  deux  ravissants 
bambins,  et  le  graveur  y  rend  à  merveille  les  chaudes 
et  délicates  colorations  du  maître. 

Puis  viennent  les  curieuses  imitations  des  précieux 
dessins  d'Adrien  Van  Ostade  ,  qui  ornaient ,  rue  Ser- 


464         LES    GRAVEURS    DU    XYIII^    SIÈCLE. 

pente,  le  cabinet  de  l'éditeur  Basan  :  la  Tabagie  Hol- 
landaise (1778),  la  Baraque  rustique,  la  Chaumière 
flamande  et  la  Foire  Hollandoise  (1779),  gravées  au 
trait  et  imprimées  avec  des  teintes  plates  imitant  assez 
bien  les  aquarelles  du  maître  flamand.  En  même  temps, 
Janinet  aborde  le  portrait  et  produit  en  ce  genre 
plusieurs  morceaux  remarquables  ;  sa  Marie-Antoi- 
nette (1774),  et  sa  M"*"'  du  T...,  in-4,  sont  deux  pièces 
des  plus  curieuses  et  des  plus  estimées.  Quant  au  por- 
trait de  M^'^^  Berlin ,  modiste  de  Marie- Antoinette  , 
médaillon  ovale  in-8,  il  décèle  une  incroyable  dextérité 
de  la  part  de  Janinet  dans  lemploi  de  son  procédé. 
C'est  un  chef-d'œuvre  de  gravure  en  couleur. 

Janinet  est  aussi  un  excellent  graveur  de  paysages, 
habile  à  rendre  la  légèreté  des  ciels,  la  diaphanéité  des 
eaux,  toutes  les  finesses  du  pinceau  de  Hubert  Robert 
et  tout  le  fouillis  de  ses  ruines.  Il  faut  citer  dans  ce 
genre,  les  Restes  du  palais  du  Pape  Jules  (1775)  et  la 
Colonnade  du  palais  Médicis,  à  Rome,  dédiées  toutes 
deux  au  comte  de  Baudouin ,  capitaine  aux  gardes 
françaises,  qui  possédait  les  originaux  dans  sa  galerie  ; 
et  deux  aspects  de  Paris,  d'après  De  Machy,  Vue  prise 
du  Pont-Royal  et  Vue  prise  du  Port  Saint-Paid . 

Janinet  a  gravé  pour  les  frères  Le  Campion,  mar- 
chands d'estampes  ,  et  en  collaboration  avec  Guyot , 
AF®  Guyot,  Chapuy,  Roger  et  les  Campion  eux- 
mêmes,  ces  séries  de  petites  vues  rondes  des  Monu- 
m,ents  de  Paris ,  teintées  légèrement  de  couleur 
et  assez  fines,  d'après  les  dessins  de  Durand  :  Sainte- 
Geneviève,  à  l'extérieur  et  à  l'intérieur;  Notre-Dame, 
id.  ;  Saint-Eustache  ;  Saint-Sulpice  ;  la  Place  Dau- 
phine;  le  Collège  des  Quatre- Nations  ;  l'Ambigu- 


JANINET.  465 

Comique  ;  la  Halle  au  bled  ;  le  Palais  de  Justice  : 
les  maisons  de  AI.  de  Marigny  ,  de  M.  Alexandt^e  . 
du  Clos-Payen ,  de  M.  Demonville,  de  AI.  Rousseau , 
de  M.  de  Sainte-Foix ,  de  M.  de  Sinéty  ;  etc. . . 

Notre  graveur  exécuta  d'après  Huet  une  pièce  en 
l'honneur  de  la  famille  royale ,  à  l'occasion  de  la  nais- 
sance du  Dauphin  (1781),  sous  le  titre  de  Sentiments 
de  la  Nation.  C'est  la  reine  ,  assez  peu  ressemblante, 
assise  en  face  du  buste  de  Louis  XVI  et  tenant  le 
dauphin  dans  ses  bras.  L'estampe  se  vendait  chez 
Isabey,  rue  de  Gesvres.  C'est  un  des  plus  délicats  spé- 
cimens de  la  gravure  en  couleur.  L'estampe  des  Trois 
Grâces ,  d'après  Pellegrini ,  n'est  pas  d'un  aspect 
agréable.  Combien  plus  gracieuse  est  la  Toilette  de 
Venus  (1783),  dédiée  à  M""'  la  comtesse  de  Coislin,  où 
Janinet  a  rendu  à  ravir  les  colorations  opalines ,  les 
roses  perlés  de  son  modèle  Boucher. 

Janinet  s'intitulait  physicien,  et  les  nombreuses 
expériences  et  combinaisons  de  couleurs  auxquelles 
il  avait  dû  se  livrer  pour  la  bonne  exécution  de  ses 
planches  justifieraient  jusqu'à  un  certain  point  cette 
prétention ,  si ,  après  la  mésaventure  qui  le  rendit  la 
risée  de  Paris  et  que  nous  allons  raconter,  ce  titre  ne 
fût  devenu  ridicule. 

On  sait  l'enthousiasme  auquel  toute  la  nation  fut  en 
proie  au  moment  des  premières  expériences  sur  les 
ballons.  Les  lauriers  de  Montgolfier ,  de  Charles  et 
Robert,  du  marquis  d'Arlandes  et  de  Pilâtre  deRozier, 
empêchaient  sans  doute  notre  graveur  de  dormir. 
Toujours  est-il  qu'il  résolut ,  avec  son  ami  l'abbé 
Miolan,  qui  allait  être  son  compagnon  d'infortune,  de 
s'élancer,  lui  aussi ,  dans  les  airs. 


466         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

«  Point  d'expérience  aérostatique  depuis  celle  de 
»  M.  Charles ,  écrivait  Bachaumont ,  qui  ait  plus 
»  occupé  le  public.  Ils  y  travaillent  depuis  le  mois  de 
/>  mars  dernier.  L'Observatoire  était  leur  atelier. Outre 
»  les  deux  auteurs ,  il  doit  monter  dans  la  machine 
»  deux  autres  voyageurs  ,  le  marquis  d'Arlande  et  M. 
»  Bredin  méchanicien.  C'est  au  Luxembourg ,  dans  la 
»  partie  vague  et  dépouillée  d'arbres  ,  que  l'ascension 
»  doit  se  faire.  On  n'y  entrera  que  par  le  Luxembourg, 
»  qui ,  lui-même,  sera  fermé.  Toutes  les  précautions 
»  sont  prises  pour  qu'on  ne  puisse  être  admis  que  par 
»  billet  de  3  livres.  Un  emplacement  destiné  pour  les 
>'  voitures  de  la  famille  royale  annonce  d'augustes 
»  personnages.  » 

La  reine  ,  en  effet ,  avait  désiré  y  assister,  et  vou- 
lait que  le  jour  choisi  fût  autre  qu'un  dimanche  à 
l'heure  des  offices  ,  mais  le  lieutenant  de  police  eut  le 
courage  de  lui  résister,  par  la  raison  que  cela  ferait 
perdre  un  temps  précieux  aux  ouvriers  ;  aussi  semble- 
t-elle  avoir  renoncé  à  assister  à  l'expérience. 

Les  deux  physiciens  s'assurèrent  par  des  essais ,  les 
17  et 30 juin  1784,  du  succès  de  leur  tentative,  fixée 
au  11  juillet.  Une  estampe  publiée  chez  Esnauts  et 
Rapilly,  nous  montre  cette  machine  aérostatique  beau- 
coup plus  gonflée  qu'elle  ne  fut  jamais  et  la  légende 
nous  apprend  que  plusieurs  personnes  de  distinction  , 
le  duc  de  Chartres  et  M.  de  Cassini  entre  autres,  s'inté- 
ressaient à  l'expérience.  Malheureusement  pour  les 
expérimentateurs,  «  par  plusieurs  causes,  entre  autres 
»  par  suite  de  la  grande  chaleur ,  la  machine  ne  put 
»  s'enfler.  »  Le  peuple,  qui  s'était  rassemblé  en  grand 
nombre  et  qui  attendait  le  spectacle  promis,  franchit 


JANINET.  407 

les  barrières ,  déchire  le  ballon ,  met  en  pièces  les 
instruments,  brûle  ce  qu'il  ne  peut  emporter  et  met 
ainsi  les  infortunés  aéronautes  dans  une  situation  déli- 
cate vis-à-vis  des  nombreuses  personnes  qui  avaient 
payé  leur  place. 

11  est  intéressant  dans  cette  circonstance,  de  re- 
trouver le  récit  d'un  témoin  oculaire,  le  graveur  Wille, 
qui  connaissait  Janinet ,  et  qui  raconte  ainsi  le  fait 
dans  ses  Mémoires  : 

«  G'étoit  un  dimanche  destiné  pour  l'ascension  de 
»  la  machine  aérostatique  faite  par  M.  l'abbé  Miollan 
»  et  M.  Janinet ,  graveur.  Cette  machine ,  la  plus 
»  grande  de  toutes  celles  qui  avoient  été  déjà  lancées 
»  en  l'air,  devoit  partir  du  jardin  du  Luxembourg , 
V  où  elle  avoit  été  transportée  le  jour  d'auparavant. 
»  Gomme  il  faisoit  un  temps  admirable,  je  proposai  à 
»  ma  femme  de  la  mener  au  Luxembourg  même , 
»  moyennant  la  somme  de  3  livres  par  personne, 
»  pour  y  voir  de  près  l'élévation  de  ce  ballon  qui  avoit 
»  110  pieds  de  haut  et  devoit  être  monté  par  les  deux 
»  amateurs,  le  marquis  d'Arlande  et  un  mécanicien  , 
»  mais  elle  ne  voulut  point  consentir  à  être  dans  une 
»  foule  de  monde  aussi  considérable  que  celle  qui 
»  devoit  y  être.  Nous  allâmes  donc  au  nouveau  bou- 
»  levard,  chez  un  jardinier  de  notre  connoissance  ;  là 
»  nous  étions  très  commodément  à  l'ombre,  mais  aussi 
»  le  mieux  du  monde  pour  voir  le  départ  de  la  ma- 
»  chine.  Il  y  avoit  dans  cette  partie  également  un 
»  peuple  infini  :  MM.  Preisler,  Baader ,  Guttenberg  , 
»  M"'"  Guttenberg  et  son  frère  étoient  de  notre  bande. 
»  La  machine  devoit  partir  à  midi  précis ,  mais  les 
»  pauvres  auteurs ,  apparemment  faute  de  science , 


468         LES   GRAVEURS   DU    XVIII«   SIECLE. 

»  n'ayant  pu  parvenir  à  remplb  leur  ballon  d'air  in- 
»  flammable  ,  y  mirent  au  contraire  le  feu,  qui  le  con- 
»  somma  entièrement,  et  nous  ne  vîmes  de  notre  place 
»  qu'une  fumée  épaisse.  Gela  arriva  vers  les  deux 
»  heures.  L'abbé  Miollan  et  l'ami  Janinet,  voyant  que 
»  tout  étoit  perdu,  jugèrent  prudent  de  prendre  la 
»  fuite,  cependant  sous  la  protection  de  la  garde,  dont 
»  bien  leur  en  prit ,  car  de  ce  moment  les  spectateurs 
»  arrachèrent  la  barrière  composée  de  planches  et  de 
»  charpentes  et  les  jetèrent  dans  le  feu  ballonique  et 
»  toutes  les  chaises  qui  leur  avoient  servi  par-dessus, 
»  si  bien  que  ce  feu  étoit  un  feu  d'enfer,  La  garde 
»  même,  quoique  nombreuse  ,  n'a  pas  osé  s'opposer  à 
»  la  fureur  du  peuple. 

»  Le  lendemain  et  toute  cette  semaine  on  n'a  vendu 
»  et  chanté  que  des  chansons  satiriques  sur  MM. 
»  Miollan  et  Janinet  ;  de  même  plusieurs  estampes 
»  parurent  pour  les  rendre  aussi  ridicules  que  faire  se 
»  pouvoit,  » 

Non  !  Ce  qui  s'abattit  de  caricatures  et  de  pièces 
satiriques  sur  Janinet  et  son  associé  n'est  pas  croyable. 
Ce  fut  une  avalanche  de  quolibets ,  de  plaisanteries 
et  de  chansons  plus  ou  moins  spirituelles. 

L'une  d'elles  a  pour  titre  les  Deux  Midas  et  cette 
épigraphe  :  Chacun  son  métier  et  les  vaches  seront 
mieux  gardées ,  et  au-dessous  du  ballon  à  plat  dans 
le  jardin ,  cette  légende  :  Vue  de  l Elévation  du  Globe 
aérostatique  par  un  détachement  des  gardes  suisses 
sous  la  direction  de  MM.  Miollan  et  Janinet.  Une 
autre  représentant  grossièrement  le  pillage  de  la  ma- 
chine ,  est  intitulée  :  Globe  des  mécontem,ps  au  Lu- 
cembourg.  Janinet  a  l'air  navré ,  l'abbé  lève  les  bras 


JANINET.  469 

au  ciel  pendant  qu'un  monsieur  et  une  darne  crient  : 
J'en  arracherai  pour  mes  6  livres. 

Sur  une  autre  caricature  qui  a  pour  titre  V Ignorance 
prouvée ,  où  l'on  aperçoit  le  ballon  qui  brûle  et  les 
deux  associés  évanouis  ,  on  lit  ces  vers  où  se  cachent 
deux  pauvres  jeux  de  mots  : 

Ce  globe  qui  s'enfume  est  d'un  minet 
Méritant  qu'on  l'e'trille  ainsi  que  Vasinet. 

Sous  le  titre  de  V Honnête  retraite  de  Minet  et  de 
Janot,  on  a  représenté  le  ballon  mis  en  pièces  auprès 
d'un  poulailler  dans  lequel  on  chasse  l'abbé  Miolan 
en  chat  et  Janinet  en  âne,  avec  cette  épigraphe  mé- 
chante à  tous  les  points  de  vue  : 

Jusqu'au  ciel  dans  la  grande  et  la  petite  Ourse, 
Au  siècle  des  ballons,  un  chat  voulut  voler; 
En  effet,  il  vola,  mais  ce  fut  dans  la  bourse 
Des  curieux  qui,  sans  doute,  ont  le  droit  de  siffler. 

On  abusait  de  ce  que  le  pauvre  abbé  avait  un  nom 
rappelant  les  chats  pour  le  déguiser  en  chat-huant 
avec  un  rabat,  sous  le  nom  de  chai-hué.  Dans  le  Ballon 
enflammé  ou  grande  troupe  d'animaux  curieux , 
l'abbé  est  fouetté  par  un  suisse  : 

Au  chat  !  au  chat  I  au  chat  I  qu'on  s'arme,  qu'on  le  fesse. 
Tandis  qu'on  est  tranquille  il  emporte  la  pièce. 

On  le  représentait  encore  ramassant  des  pièces  de 
monnaie  et  s'enfuyant  avec  Janinet ,  dans  la  bouche 
duquel  on  met  ces  vers  : 

Je  pars  enfin  sans  tambour  ni  trompette , 
Mon  carton  sous  le  bras,  j'emporterai  le  chat. 
J'ai  vendu  mes  torchons  pour  dorer  ma  palette; 

Partons,  Janot,  il  ne  fait  plus  bon  là. 
II.  31 


470         LES    GRAVEURS    DU    XVIIT'    SIÈCLE. 

Puis  les  chansons  se  mettent  de  la  partie.  Nous 
détachons  les  deux  premiers  couplets  de  l'une  d'elles , 
gravée  au-dessous  de  la  caricature  de  Janinet  tenant 
un  chat  à  rabat  par  la  patte  : 

Certain  abbé  rempli  d'intelligence, 
Certain  Janot  physicien  savant. 
Certain  abbé  pétri  de  conscience. 
Certain  Janot  vivant  très  saintement , 

D'un  ballon  leste 

Qui  toujours  reste, 

Sont  inventeurs. 
Chantons  ces  deux  voleurs. 

Ce  Janot  donc  que  l'on  dit  si  grand  homme, 
Cet  abbé  donc ,  ce  génie  étonnant , 
Ce  Janot  donc  Janinet  on  le  nomme. 
Cet  abbé  donc  se  nomme  Miolan. 

Ah!  je  vous  jure, 

Cette  gravure, 

De  ces  savans 
Sont  les  portraits  vivans. 

Faut-il  encore  parler  du  clystère  que  l'on  donne  à 
l'artiste  pour  le  guérir  de  sa  maladie,  de  la  Montagne 
accouchant  d'une  souris,  de  leur  Réception  à  l'Aca- 
dè7nie  de  Montmartre ,  académie  d'ânes  ,  où  «  les 
chardons  sont  les  lauriers  » ,  de  Ils  font  ce  qu'ils 
peuvent ,  chanson  satirique,  et  de  tant  d'autres  pièces 
en  telle  quantité,  que  l'on  arrive  à  prendre  le  parti  des 
infortunés  aéronautes  et  à  trouver  que  leur  échec  et 
leur  déconvenue  ne  méritaient  pas  tant  de  sarcasmes. 

Janinet  retourna  donc  à  son  ateher  et  à  ses  planches 
et  se  consola  dans  le  travail  de  ses  expériences  man- 
quées.  C'est  même  pendant  les  années  qui  suivirent 
qu'il  produisit  ses  meilleures  pièces. 


JANINET.  471 

La  Comparaison  ,  datée  de  1786,  est  l'une  des  plus 
attrayantes  estampes  du  XVIIP  siècle.  Deux  amies 
sont  occupées  à  comparer  leurs  gorges  dévoilées , 
dont  elles  ne  craignent  pas  de  faire  apprécier  au 
spectateur  invisible  les  fermes  contours.  Lavreince  a 
rencontré  là  l'une  de  ses  plus  heureuses  inspirations, 
et  Janinet  a  mis  à  son  service,  pour  interpréter  cette 
scène  indiscrète,  un  moelleux  de  circonstance  et  une 
souplesse  heureuse.  La  gravure  en  couleur  ainsi  traitée 
donne  l'illusion  de  la  gouache  même. 

U Aveu  difficile  (1787),  qui  sert  de  pendant  à  cette 
jolie  pièce ,  est  fort  agréable  aussi.  L/'une  des  deux 
amies  qui  montrait  naguère  ses  charmes  avec  com- 
plaisance, a  voulu  sans  doute  en  éprouver  le  pouvoir  ; 
son  corsage  délacé ,  une  rose  emblématique  sur  le 
point  de  s'effeuiller,  tout  l'indique  :  l'épreuve  a  mal 
tourné  et  l'amie,  plus  sage,  semble  lui  dire,  en  manière 
de  consolation  :  «  Que  veux-tu  ?  Cela  arrive  à  tout  le 
monde  »,  ou  bien  encore  :  «  11  n'y  a  pas  de  remède  !  » 

Dans  l'Indiscrétion ,  de  même  format,  les  couleurs 
sont  moins  harmonieuses,  peut-être  à  cause  des  verts 
et  des  bleus  des  draperies ,  quoique  les  blancs  laiteux 
des  chairs,  et  les  têtes  délicatement  modelées ,  soient 
traités  avec  une  fraîcheur  d'aquarelle. 

Il  faut  bien  en  arriver  pourtant  à  dire  un  mot  d'une 
des  plus  jolies  pièces  de  Janinet,  en  même  temps 
qu'une  des  plus  risquées,  nous  voulons  parler  de  celle 
qui  a  pour  légende  :  Ahl  laisse -moi  donc  voir! 
Messire  Priapus  paraît  bien  rire  de  la  curiosité  plus  ou 
moins  naïve  de  la  jeune  femme  et  de  l'embarras  de  son 
ami  qui  cherche  à  cacher  de  son  chapeau  à  la  curieuse 
quelque  monstruosité.   Mais    que   de    finesse,   dans 


472         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIÈCLE. 

ce  petit  tableau  de  Lavreince ,  digne  de  figurer  dans 
le  musée  secret  du  XVIIP  siècle  ! 

Le  Petit  conseil ,  et  son  pendant ,  Ah  !  le  joli  petit 
chien ,  d'après  le  même  artiste  ,  sont  aussi  de  petites 
merveilles  d'exécution,  mais  beaucoup  plus  convena- 
bles cette  fois.  Citons  encore  l Elève  discret ,  et  son 
pendant ,  Pauvre  Minet  que  ne  suis-Je  à  ta  place  ! 

L Oiseau  privé,  d'après  Lagrenée  ,  pièce  que  l'on 
trouve  toujours  avant  la  lettre  et  que  l'on  pourrait 
également  intituler  les  Indisc7'ètes ,  est  incontestable- 
ment de  notre  artiste,  bien  qu'elle  ne  porte  pas  de 
signature,  et  l'un  de  ses  meilleurs  morceaux. 

Nous  aiTivons  à  la  partie  de  l'œuvre  de  Janinet  qui 
touche  au  théâtre  ,  et  ce  n'est  pas  la  moins  intéres- 
sante. Une  de  ses  bonnes  estampes  est  le  portrait  de 
la  célèbre  M""^  Dugazon  dans  le  rôle  de  Nina  ou  la 
folle  par  amour  (1787),  opéra-comique  de  Dalayrac. 
L'artiste  a  été  représentée  par  Hoin  et  gravée  par 
Janinet  au  moment  oii,  assise  sur  un  banc,  elle  dit  avec 
âme  la  romance  sentimentale  : 

Hélas  !  hélas  I  le  bien-aimé  n'appelle  pas  l 

En  1786,  Levacher  de  Chamois  entreprit  la  publi- 
cation hebdomadaire  des  Costumes  et  Annales  des 
grands  théâtres  de  Paris ,  ouvrage  destiné  à  repré- 
senter exactement  les  meilleurs  comédiens ,  à  donner 
un  compte-rendu  soigné  des  débuts ,  des  pièces  nou- 
velles, des  détails  sur  la  vie  des  acteurs  et  actrices 
distingués,  des  anecdotes  les  concernant ,  etc.  L'illus- 
tration de  ce  recueil ,  où  la  gravure  en  couleur  était 
nécessaire,  fut  confiée  à  Janinet ,  qui  a  signé  le  plus 


JANINET.  473 

grand  nombre  des  planches  et  nous  a  fourni  un  des  plus 
curieux  documents  qui  soient  restés  sur  le  théâtre  d'il 
y  a  cent  ans.  Le  bureau  de  ce  journal  était  au  Palais- 
Royal,  arcades  dujardin,  au-dessus  du  café  du  Caveau 
et  du  Salon  des  Arts  :  «  On  s'attachera,  disait  l'aver- 
»  tissement,  plus  à  la  vérité  des  attitudes  qu'à  l'exac- 
»  titude  des  portraits ,  mais  l'on  reconnaîtra  chaque 
»  personnage  à  sa  stature  et  à  son  maintien,  si  ce  n'est 
»  à  la  régularité  des  traits,  que  l'optique  du  théâtre  et 
»  l'action  qu'exige  le  rôle  changent  presque  toujours.  » 
Notons  parmi  les  planches  exécutées  par  Janinet , 
d'après  Dutertre,  Duplessi-Bertaux  ou  Le  Barbier, 
M'^^  Contât  dans  le  rôle  de  Suzanne,  sortant  du 
cabinet  où  elle  vient  de  prendre  la  place  de  Chérubin  : 
Je  le  tuerai ,  je  le  tuerai;  tuez-le  donc  ce  méchant 
page.  La  pose  de  l'actrice  est  charmante  de  grâce 
et  de  naturel ,  et  cette  jolie  pièce  est  fort  recherchée 
pour  être  placée  dans  la  Folle  Journée  de  1785.  — 
M"*  Olivier,  jolie  femme  qui  créa  le  rôle  de  Chérubin 
et  mourut  à  la  fleur  de  l'âge.  —  M"^^  Vestris,  dans  le 
rôle  de  Gabrielle  de  Vergy,  prête  à  découvrir  la  coupe 
qui  contient  le  cœur  de  son  amant.  A  ce  dénouement 
de  la  tragédie  de  De  Belloy,  il  fut  de  bon  ton  parmi 
les  femmes,  pendant  les  premières  représentations,  de 
s'évanouir  et  de  se  faire  transporter  dans  les  couloirs 
pour  s'y  faire  délacer.  —  La  même  M'"^  Vestris  dans  le 
rôle  de  Pauhne.  —  M'""  Saint  -  Huberti ,  d'après 
Lemoine.  —  La  figure  éveillée  de  ikf™^  Favart , 
dans  la  comédie  des  Trois  Sultanes ,  où  furent  portés, 
pour  la  première  fois ,  les  véritables  costumes  turcs. 
—  M"**  Dugazon,  dans  le  rôle  de  Babet ,  et  Michu 
dans  le  rôle  de  Biaise.  —  M""*  Dugazon,  dans  une 


474         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

petite  planche  où  elle  est  encore  représentée  en  Nina. 

—  M"''  Guimat'd,  dans  le  ballet  des  Navigateurs  : 

Elle  unit  les  vertus,  l'esprit  et  la  bonté 
A  la  grâce  plus  belle  encor  que  la  beauté'. 

M"^  Guimard  était  laide  et  maigre  comme  chacun 
sait ,  et  l'estampe  le  prouve  de  reste.  —  Gardel  le 
jeune  dansant  un  de  ces  pas  qui  faisaient  les  délices 
d'alors.  —  La  blonde  ikf'^  Colombe  V aînée ,  qui  exci- 
tait tant  d'admiration  et  d'émotion  dans  la  Colonie , 
qu'on  admirait  jusqu'à  ses  larmes  :  «  Les  amateurs 
»  jugeront  que  lorsque  ces  yeux  que  la  nature  a 
»  voilés  d  une  humidité  voluptueuse ,  sans  laquelle 
»  il  y  a  de  beaux  yeux ,  mais  sans  laquelle  les  plus 
»  beaux  yeux  ne  touchent  pas,  laissent  ou  semblent 
»  laisser  échapper  des  larmes  véritables ,  il  n'y  a 
»  pas  d'hyperbole  à  dire  que  ces  larmes  sont  belles.  » 

—  Sophie  Arnould,  dans  Iphigènie  enAulide.  — 
Caillot,  —  M"*  Raucourt ,  —  M"'  Dumesnil ,  —  Le 
Kain ,  —  Lainez  et  Rousseau ,  de  l'Académie  de 
musique,  dans  des  costumes  empanachés  et  ridicules. 

—  Advienne  Lecouvreur,  —  Mole,  i¥"*  Renaud 
cadette,  Garrick,  Brizard  et  beaucoup  d'autres.  — 
Préville,  enfin,  dans  le  rôle  de  La  Rissole  du  Mercut^e 
galant,  où  il  tenait  la  salle  charmée  pendant  une 
longue  scène  d'ivresse  sans  tomber  dans  la  trivialité. 
On  raconte  qu'il  avait  pour  ami  un  grenadier  appelé 
Montauciel ,  vieux  soldat  qui  cultivait  volontiers  la 
bouteille.  Préville  lui  fit  apprendre  son  rôle  ,  le  grisa 
et  étudia  son  allure  et  ses  gestes,  qu'il  porta  au  théâtre 
en  les  corrigeant  avec  goût.  Montauciel  donna  son 
nom  à  un  personnage  de  la  pièce  du  Déserteur. 


JANINET  475 

Nous  voici  arrivés  aux  approches  de  la  Révolution. 

Le  Projet  d'un  monu?nent  à  ériger  pour  le  Roi 
est  une  grande  estampe  d'une  certaine  importance. 
Janinet  eut-il  plus  de  facilité  à  se  faire  payer  le  prix 
de  sa  gravure,  par  l'huissier  d'honneur  de  l'Assemblée 
nationale  ,  Devarenne  ,  qui  en  avait  conçu  l'idée,  que 
Moreau  qui  réclamait,  sans  pouvoir  l'obtenir,  celui  du 
dessin  qui  lui  avait  été  commandé  ?  Nous  ne  savons. 

Puis  Janinet,  donnant  dans  l'actualité,  entreprend  la 
publication  de  Gravures  historiques  des  principaux 
événements  depuis  Vouverture  des  États  généraux. 
Il  grave  les  figures  de  la  Liberté ,  de  Y  Egalité ,  ou 
interprète  tristement  au  lavis  les  froids  dessins  en 
forme  de  bas-reliefs  du  sculpteur  Moitte ,  et  donne  à 
ces  sujets  de  la  sécheresse  et  de  la  tension  ;  «  un  lavis 
»  bistre  ou  rouge  et  un  fond  sombre  viennent  leur 
»  donner  l'effet  violent  exigé  par  le  goût  du  jour.  » 

Le  Barbier ,  pour  la  sévérité  du  dessin  et  la  froi- 
deur solennelle  des  compositions,  le  dispute  à  J,-G. 
Moitte,  et  ses  estampes  bibliques,  la  Création,  Adam 
et  Eve,  la  Mort  d'Abel,  la  Mort  de  Caïn,  n'ont 
guère  été  réchauffées  par  le  lavis  de  notre  graveur. 

En  somme,  Janinet  fut  un  initiateur  dans  l'art  amu- 
sant de  la  gravure  en  couleur.  Il  perfectionna  les  essais 
tentés  jusque-là ,  et  montra  à  Debucourt  la  voie  qu'il 
fallait  suivre.  S'il  n'a  pas  été  comme  lui  un  observa- 
teur, un  vrai  peintre  de  mœurs  ,  il  a  du  moins  repro- 
duit avec  goût  des  sujets  extrêmement  gracieux ,  et 
qui  feront  longtemps  encore  la  joie  des  amateurs. 

Sophie  Janinet ,  sa  fille,  a  gj^avé  au  lavis. 

Nous  essayons  d'établir  ici  le  catalogue  de  l'Œuvre 
de  Janinet. 


476         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP    SIECLE. 


ESTAMPES. 


I.    D  APRES   BAUDOUIN. 

1.  L'Agréable  Négligé;  grand  in-4 ,  cadre  orné. 

C'est,  en  couleur,  la  même  estampe  que  celle  qui  a  été  gravée  au  burio  par 
Chevillet  sous  le  titre  de /e  t^jer  V(?^eme»t.  Elle  forme  série  avec  trois  pièces  , 
l'une  d'après  Saint-Quentin,  les  deux  autres  d'après  Le  Clerc,  citées  plus  bas. 
Elle  existe  avant  la  lettre. 


II.    DAPRES   BOUCHER. 

2.  L'Amour   rendant  hommage   a  sa  mère  ;   petit  in-folio 

ovale. 

Cette  estampe  forme  série  avec  trois  pièces  de  Charlier  citées  plus  bas . 
205  fr.  avant  la  lettre,  vente  Béhague. 

3.  LA  TOILETTE  DE  VÉNUS,  n83  ;  in-fol. 

1^'  état  :  Avant  la  lettre.  500  fr.  vente  Béhague. 
2^  état  :  Avec  la  lettre. 

30  état  :  Avecla lettre;  l'Amour  qui  joue  avec  les  cheveux  de  Vénus  a  été 
supprimé.  Cet  état  n'est  pas  estimé. 

4.  Les  Nourrices.  —  F.  Janinet  sculp.  le  15  aoust  1184;  étude  in-4 

au  lavis. 

5.  Jeune  fille  tenant  un  pot  au  lait;  étude  in-4  à  la  sanguine. 

III.  d'après  garesme. 

6-7.  Le  Berger  couronné,  —  La  Bergère  couronnée, 
2  p.  in-4  en  largeur. 

8-9.  La  Bacchante  enyvrée,  —  Le  Satyre  impatient, 

2  p.  in-4  en  largeur. 

l^i"  état  :  Avant  la  lettre. 

Pour  la  Bacchante  enyvrée,  il  y  a  un  état  d'essai,  avant  toutes  lettres  et  avant 
que  les  figures  d'une  bacchante  et  d'un  satyre  que  l'on  voit  à  droite  sur  les 
nuages  aient  été  supprimées. 

10-11.  Le    Culte   systématique,     faunes    et    bacchantes;  — 
Bacchus   préside    a    la    fête  ,    satyre  poursuivant  une 
bergère  ;  2  p.  in-4  en  largeur. 
1*''  état  :  Avant  la  lettre . 


JANINET.  477 

12.  Les  Plaisirs  champêtres,  —  la  Danse  champêtre,   2  p.  in-4  en 

largeur.  —  Wossinck  sculp. ,  à  Paris  chez  Janinet. 

13.  Satyre  versant  à  boire  à  une  nymphe  :  au  fond  ,  un  jeune  homme 

tenant  une  coupe  devant  la  statue  de  Priape  ;  in-4  en  largeur. 

Cette  estampe,  non  signée ,  nous  a  été  montrée  par  M.  Lacroix ,  qui  l'attribue 
à  Garesme  et  à  Janinet. 

IV.  d'après  gharlier. 

14-16.  VÉNUS  EN  RÉFLEXION,— VÉNUS   UÉS\RM\NT  L'AMOUR, 

—  Le  Sommeil  d'Ariane  ,  3  p.  petit  iu-fol.  ovale. 

La  quatrième  pièce  de  la  série  est  l'Amour  rendant  hommage  à  sa  mère,  d'après 
Boucher. 
!<"■  état  :  Avant  la  lettre. 

n-18.  VÉNUS  SUR  LES  EAUX,— VÉNUS  SUR  UN  LIT  DE  REPOS, 

2  petites  pièces  ovales  en  largeur. —  Chez  Janinet,  place  Mauberl. 

19-20.  Le   Sommeil  de  Vénus,  —  Le   Réveil  de  Vénus, 

2  petites  pièces  ovales  en  largeur. 

V.  d'après  doublet. 

21-22.  Le  Baiser  de  l'amitié,  —   Le  B\iser  de  l'amour, 

2  p.  in-4  ovale. 
P''  état  :  Avant  la  lettre. 

VI.  d'après  g.  eisen. 

23-24.  Tarquin  et  Lucrèce,  —  Joseph  et  Zaluca,  2  p. 

in-4  en  largeur.  —  Chez  Janinet ,  place  Maubert ,  hôtel  de  la 
Limace. 
1^''  état:  Avant  la  lettre.  Très  rare. 

VII.  d'après  fragonard. 

25-26.  L'AMOUR  ,  —  LA    FOLIE  ,  2  p.  in-4  ovale. 

Ces  pièces  sont  parmi  les  plus  estimées  de  l'œuvre  de  Janinet. 
l^r  état  :  Avant  la  lettre.  565  fr.,  vente  Mtthlbaoher. 

27-28.  L'Amour,  —  la  Folie  ;  mêmes  sujets  que  le?    leux  pièces  ci- 
dessus,  mais  in-8  en  noir. 
Ces  deux  pièces  rares  peuvent  être  attribuées  à  Janinet. 


478         LES   GRAVEURS    DU    XV1II«    SIÈCLE. 


viii.  d  apres  freudeberg. 

29-30.  La  Confiance  enfantine,  1175  ;  —  La  Crainte 
ENFANTINE  ,  l'774  ;  2  p.  in-fol.,  dédiées  au  duc  de  Gallean  et 
au  comte  de  Baudoin. 

IX.   d'après  GRAVELOT. 

31.  NiNET   A   LV  Cour,    tiré  du  Cabinet  de  M.  Godefroy  de  Ville- 

laneuse.  —  Gravelot  del.;  frise  en  largeur,  au  lavis  bistre;  in-4. 

32.  Le   Roi   et   le   Fermier,  autre  pièce  en  forme  de  frise,  in-4 

en  largeur,  même  dédicace.  —  Chez  Janinet  rue  de  l'Hirondelle 
la  Porte  cochère  vis-à-vis  de  l'École  gratuite  du  dessein  près  le 
Pont  St-Michel. 

33.  Le  Repas  des  moissonneurs,  autre  pièce  en  forme  de  frise, 

in-4  en  largeur,  un  peu  plus  grande  que  les  précédentes  ;  même 
dédicace.  —  Chez  Janinet  rue  de  l'Hirondelle  à  l'hôtel  de  Lasala- 
mandre  (sic)  vis-à-vis  l'Ecole  gratuite  de  dessein. 

34.  Le   Maréchal,  pièce  in-8  carré,  au  bistre,  dédiée  comme  les 

précédentes  à  M.  Godefroy  de  Villetaneuse. 

X.  d'après  hoin. 

35.  NINA  (Portrait  de  Madame  Dugazon  dans  la  Folle  par  amour)  , 

in-fol. 
l'i  état  :  Avant  la  lettre.  3,550  fr.,  vente  MûMbacher. 

XI.  d'après  huet. 

36-3'7.  Jeune  bergère  tenant  un  panier, —  Jeune  bergère  tenant  des  fleurs 
dans  son  jupon,  2  p.  in-8  à  claire-voie.  A  Paris  chez  Janinet. 

.    LES  SENTIMENTS  DE  LA  NATION.  —  Voyez  N"  134. 

XII.  d'après  lagrenée. 

38.  L'OISEAU   PRIVÉ;  in-fol. 

Un  jeune  paysan  semble  tenir  sur  ses  genoux  un  oiseau  caché  sous  son 
ctiapeau;  de  petites  paysannes  l'observent  curieusement.  L'intention  de  cette 
estampe  est  très  libre. 

Nous  D'en  connaissons  que  des  épreuves  sans  lettre  :  125  fr.  vente  Béhague. 


JANINET.  479 


XIII.    D  APRES    LAVREINGE. 

39.  L'AVEU    DIFFICILE,    1787;  in-fol. 

Très  belle  pièce  représentant  une  femme  en  chapeau ,  à  sa  toilette,  le  jein  nu, 
se  retournant  vers  une  autre  jeune  femme  dont  le  corsage  est  délacé  et  qui  lient 
une  rose  à  la  main. 

505  fr.  avant  la  lettre,  vente  Béhague.  —  3,000  fr.,  vente  MûUbacher. 

A  été  copié  par  Chapuy  sous  le  titre  de  la  Réponse  embarrassante . 

40.  LA  COMPARAISON,   1786;  in-fol. 

Deux  jeunes  fam.mes,  dans  un  cabinet  de  toilette,  comparent  la  beauté  de 
leurs  seins . 
Avant  la  lettre,  585  fr.  vente  Béhague.  —  610  fr.,  vente  MUhlbacher. 
A  été  copié  par  Chapuy. 

41.  L'INDISCRÉTION;  in-fol. 

Une  jeune  femme,  debout,  coiffée  d'un  grand  chapeau  à  plumes,  arrache  une 
lettre  à  une  autre  jeune  femme  assise  auprès  d'elle. 

Avant  la  lettre,  455  fr.  vente  Béhague.  —  1,500  fr.,  vente  Muhlbacher. 

Le  prix  de  l'estampe,  quand  elle  parut  en  1788  ,  était  de  9  livres  (voyez 
E.  Hocher,  Lavreince). 

Ces  trois  pièces  :  l'Aveu  difficile,  la  Comparaison ,  l'Indiscrétion,  sont  du  même 
format.  Ce  sont  les  plus  belles  et  les  plus  recherchées  de  l'œuvre  de  Janinet. 

42.  L'Élève  discret;  in-4.  —  Chez  Janinet,  rue  Hautefeuille  , 

N05. 

Une  jeune  femme,  coiffée  d'un  grand  chapeau,  étendue  sur  un  canapé,  com- 
mande à  un  petit  chien  de  se  tenir  debout  sur  les  pattes  de  derrière. 
Même  format  que  la  pièce  suivante.  Rare.  755  fr.,  vente  Muhlbacher. 

43.  Pauvre  Minet,  que  ne  suis-je  a  t\  pl\ce!  in-4. 

Ainsi  doit  s'exclamer  un  amoureux  absent,  en  pensant  à  ce  petit  chat  qu'une 
jeunefemmetientsur  ses  genoux  en  le  caressant.  —  800  fr.,  vente  Miihlbacher. 

On  a  vendu  quelquefois  ,  comme  état  d'essai  de  cette  estampe,  des  morceaux 
de  papier  sur  lesquels  le  graveur  avait  essayé  la  teinte  dos  couleurs  qu'il  allait 
appliquer,  ce  qui  n'est  pas  précisément  la  même  chose  1 

44.  HA!    LE   JOLI   PETIT   CHIEN;    in-4.  —  A  Paris  chez  Janinet 

rue  de  l'Eperon ,  la  1'''^  porte  cochère  par  la  rue  S*  André  des  Arts. 

Deux  jeunes  femmes  dontl'une,  debout,  tient  un  chien  soas  le  bras. 
Il  y  a  de  premières  épreuves  où  le  nom  du  peintre  est  écrit  Lavrince  pour 
Lavreince . 
Vendu  330  fr.,  vente  Béhague.  —  1,180  fr.,  vente  Miihlbacher. 


480         LES   GRAVEURS    DU    XVIir    SIÈCLE. 

45.  LE  PETIT  CONSEIL;  in-4. 

Deux  jeunes  femmes  dont  l'une  est  debout ,  et  l'autre,  assise,  écrit. 

Même  format  que  la  pièce  précédente. 

Vendu  255  fr.,  vente  Béhague.  —  1,160  fr.,  vente  Milhlbaclier. 

46.  AH,  LAISSE-MOI  DONC  VOIR!  in-4. 

Ces  mots  sont  adressés  par  une  jeune  femme  à  un  jeune  homme,  au  bras 
duquel  elle  se  promène  dans  un  parc,  et  qui  cache  vivement  de  son  chapeau  la 
nudité  d'une  statue  de  Priape. 

Cette  estampe  risquée,  mais  très  finement  exécutée,  a  été  vendue  1,100  fr. 
avant  la  lettre  ,  eu  mars  1881 . 


XIV.    D  APRES   LE    CLERC. 

47-48.  La  Compagne  de  PomoNE,  jeuue  femme  tenant  un  panier 
de  fleurs;  —  L.\  RÉUNION  DES  PLAISIRS,  jeune  femme 
buvant  et  tenant  des  cartes  ;  2  p.  grand  in-4 ,  cadres  ornés. 

Ces  deux  pièces  sont  du  même  format  qne  l'Agréable  Négligé ,  d'après  Bau- 
douin, eil'Âmable  Paysanne,  d'après  Saint-Quentin. 
V  état  :  Avant  la  lettre. 

XV,  d'après  moreau  le  jeune. 

49.  Projet  d'un  monument  a  ériger  pour  le  Roi,  d'après 

de  Varène,  huissier  de  l'AssemLlée  Nationale  ;  dessiné  par  Moreau, 
1790;  in-foL  —  Présenté  au  Roi  le  30  mars  n90  par  MM.  de 
Varène  et  Janinet.  Sa  Majesté  a  témoigné  sa  satisfaction  par  ces 
paroles  remarquables  :  Je  suis  en  bonne  compagnie. 

Sur  une  place  pubUque ,  des  personnages  regardent  ce  monument ,  qui  repré- 
sente les  statues  de  Henri  IV  et  de  Louis  XVI  réunies. 
1^'  état  :  Avant  la  lettre . 

XVI.    d'après   SAINT-QUENTIN. 

50.  L'Aimable   Paysanne;  grand  in-4 ,  cadre  orné. 

Ce  même  sujet  a  été  gravé  au  burin  par  Anselin ,  sous  le  titre  de  ta  Coquette  de 
village . 

L'Aimable  Paysanne  forme  série  avec  l'Agréable  Négligé,  d'après  Baudouin,  et 
avec  la  Compagne  de  Pomone  et  la  Réunion  des  plaisirs,  d'après  Le  Clerc. 

1*''  état  :  Avant  la  lettre. 

xvii.  d'après  watteau. 

51-52.  Les  Comédiens   comiques,    —   les  Rendez-Vous 
comiques  .  2  p.  petit  in-4. 
140  fr.,  vente  Béhague. 


JANINET.  48i 

XVIII.  d'après  willb  fils. 

5:5-54.  La  Noce  de  village,  —  le  Repas  des  moisson- 
neurs, 2  p.  in-fol.  en  largeur. 
État,  très  rare,  avant  l'encadrement. 

XIX.  d'après  divers. 

55.  L'Opérateur,  petite  pièce  représentant  un  saltimbanque ,  et  ainsi 
annotée  sur  l'épreuve  du  Cabinet  des  Estampes  :  Cette  planche 
gravé  à  l'imitation  du  lavie  en  couleur  par  F.  Janinet,  le  seul 
qui  ail  trouvé  celle  manière. 

50.  La   Joueuse    de    guitare. —  Jeune  femme  jouant  de  la 
guitare,  debout  devant  une  table  à  ouvrage  sur  laquelle  est  un 
miroir.  Un  fauteuil  renversé  à    gauche.   A  droite    deux  petits 
chiens  sur  un  fauteuil  ;  in-4 ,  sans  aucune  lettre. 
Rarissime.  150  fr.  1881. 

57.  Les  Saisons,  par  Bouchardon  ,  4  p.  au  bistre  sur  une  seule  feuille 

fond  bleu.  Monet  del. 

58.  L'Arrêt  du  destin ,  d'après  Brion  de  la  Tour. 

59.  L'Offrande  à  l'Amour;  in-fol.  en  largeur. 

60.  Les  Trois  Grâces,  d'après  Pellegrini  ;  in-fol. 

61.  Hébé ,  —  la  Jeune  Vestale,  2  p.  in-4  ovale,  d'après  Le  Barbier. 

62-63.  Le  Sommeil  de  Diane,  —  "Vénus  aux  Colombes,  2  p.  in-4  ovale, 
d'après  Le  Barbier. 

64-67.  La  Création,  —  Adam  et  Eve,  —  la  Mort  d'Abel,  —  la  Mort 
de  Caïn ,  4  p.  in-fol.  en  largeur,  d'après  Le  Barbier. 

68.  Le  Combat  des  Horaces  et  des  Curiaces,  d'après  Le  Barbier;  in-fol. 

69  74.  Les  Muses  présentées  à  Minerve,  —  Hercule  présenté  a  Jupiter 
et  à  Junon ,  —  la  Vertu  de  Lucrèce,  —  les  Derniers  Moments  de 
Démosthène,  —  la  Constance  de  Coriolan,  —  la  Conspiration  de 
Catilina  découverte  ;  bas-reliefs  d'après  J.-G.  Moitte. 

75-';9.  La  Baraque  rustique,  —  la  Chaumière  flamande.  —  la  Tabagie 
hollandaise,  —  la  Foire  hollandaise,  m9,  —  le  Nouvelliste,  5  p. 
d'après  A.  Van  Ostade. 


482         LES    GRAVEURS    DU    XVIII''   SIECLE. 

80.  Vues  de  la  Grèce ,  2  p.  in-8  rond  ,  d'après  Pernet. 

81.  l'''' et  2'' Ruines  romaines,  d'après  Pernel  ;  in-foL  ovale. 

82.  Vestiges  d'un  temple  de  la  Grèce,   d'après  Pannini  ;  iu-fol.  en 

largeur. 

88.  COLONADE   (sic)   ET   JARDINS   DU   PALAIS   MÉDICIS  , 

d'après  H.  Robert  ;  belle  pièce  iu-fol. 

84.  Restes  du  palais  du  pape  Jules  II ,  d'après  H.  Robert. 

85-86.  Villa  Madama ,  —  Villa  Sachetti ,  2  p.  d'après  H.  Robert,  n*78  ; 
iu-fol. 

87.  Restes  d'un  temple  aux  environs  de  Pouzzole,  d'après  Clérisseau  , 

me.  Pendant  de  la  Colonade  du  Palais  Médicis. 

88.  Fontaine  soutenue  par  des  cariatides,  d'après  Saint-Quentin  ;  pièce 

imprimée  sur  fond  bleu  et  rehaussée  de  crayon  blanc  ;  in-fol. 
Chez  Janinet. 

89-90.  Vues  de  Paris,  d'après  de  Machy;  2  p.  gr.  in-fol.  en  largeur. 

1.  Vue  intérieure  de  Paris,  du  Port  StPaul,  prise  au  bas  du  parapet. 

2.  Vue  de  Paris,  du  Port  St  Paul,  prise  au  bas  du  parapet. 

91.  Projet  d'un  palais  de  législature,  dédié  à  l'Assemblée  Nationale  et 

présenté  le  20  mars  1791,  d'après  Gilbert. 

92.  Chute  du  Staubbach,  d'après  Wolff. 

93.  Paysage,  in-fol.  en  largeur.  —  J.  Houël  f.  1768.  Gravé  en  l'T74, 

au  lavis.  Dédié  à  M.  Guilliet,  peintre  de  la  Ville. 
Passage  d'un  ruisseau  devant  les  vieux  remparts  d'un  village. 

94.  Marine  (l'île  de  Wight) ,  d'après  Atkins  ;  in-fol.  en  largeur. 

95.  Vues    pittoresques    des   principaux   édifices   de 

Paris,  "73  planches  en  couleur,  in-8,  par  Janinet,  Guyol  . 
Roger,  Sergent.  —  Chez  les  Campion. 

96.  Vues  des  plus  beaux  édifices  publics  et  particuliers  de  la  ville  de 

Paris,  dessinés  par  Durand,  Garbizza  et  Mopille,  archi  ectes,  et 
gravées  par  Janinet,  J.-B.  Chapuis,  etc. —  Frontispice  par  Janinet 
et  88  planches  en  noir,  in-4  en  largeur. 

Ouvrage  publié  sous  l'Empire.  11  y  a  eu  une  première  édition,  avec  4*2  plancbe- 
seulement,  tirées  en  couleur. 


JANINET.  483 

91.  XI V  Cahier  do  principes  de  desseins  d'après  nature,  faits  par 
Thomas  Le  Clerc  et  gravés  par  Janinet ,  dédiés  à  M.  Pierre, 
premier  peintre  du  Roy.  —  6  feuilles,  à  la  sanguine. 

98.  Têtes  d'étude,  d'après  Greuze  (Homme,  Femme,  Enfant,  Juive). 

99.  Recueil  de  différents  vases,  2  cahiers  de  4  pièces. 

100.  Rosaces,  2  cahiers  de  4  pièces. 

101.  Sujets  galants  de  forme  ronde,  imprimés  à  quatre  par  feuille. 

—  BotTONS  ,  etc. 
Janinet  a  gravé  un  grand  nombre  de  ces  feuilles,  qui  sont  fort  intéressantes; 
les  boutons,  les  petites  scènes  avec  costumes  ou  vues  d'intérieur  sont  très 
recherchées . 

102.  Planches  de  costumes  pour  les  Costumes  et  Annales  des  grands 

théâtres  de  Paris  ;  in-8,  d'après  Duplessi-Bertaux  et  Le  Barbier  : 
la  Colère,  la  Vengeance,  la  Terreur,  le  Rire,  la  Douleur,  l'Ava- 
rice, Cateau  et  Lucas  dans  la  Partie  de  chasse  de  Henri  IV,  etc. 

103.  Mémorial  pittoresque  de  la  France,  ou  recueil  de  toutes  les  belles 

actions,  traits  de  courage,  de  bienfaisance,  de  patriotisme  et 
d'humanité  arrivés  depuis  le  règne  de  Henri  IV  jusqu'à  nos  jours, 
par  M.  L.  B. ,  ouvrage  proposé  par  souscription  ;  in-4. 

Quelques  livraisons  seulement  ont  paru.  Elles  contenaient  des  planches  de 
Janinet  :  Henri  IV  jouant  au  cheval  avec  ses  enfants. —  Henri  IV  à  l'assemblée 
de  Rouen.  —  Trait  de  bonté  du  duc  de  Bourgogne.  —  Où  vas-tu  malheureux? 
Mourir. . . —  Trait  de  courage  de  Catherine  Vassent. —  J.-J.  Rousseau  secourant 
une  vieille  femme. 

104.  La  Valeur  l'écompensée  ,   allégorie   (  Neptune  offre  à  la  France 

l'empire  de  la  mer),  d'après  Le  Barbier;  in-4  au  lavis. 

105.  Gravures  historiques  des  principaux  événements  depuis  l'ouverture 

des  États-Généraux ,  1789  ;  suite  de  pièces  in-8  au  lavis. 

106.  Prise  de  la  Bastille  par  les  gardes-françaises  et  les  bourgeois  de 

Paris;  iii-4  au  lavis.  —  Chez  Janinet,  l'ue  Haulefeuille. 

107.  L\  FÉDÉRATION,   n90  ;  in-fol.  en  largeur. 

108.  La  Liberté,  —  l'Égalité,  2  p.  in-fol.  d'après  Moitié. 

109.  La  Prison  du  Temple  ;  iu-4  rond. 

110.  La  Naissance  de  Monseigneur  le  Dauphin ,  pièce  allégorique  gravée 

au  burin ,  avec  médaillon  de  Louis  XVI  par  Duvivier,  nsi  ;  iu-4 
en  largeur.  —  Se  vendait  Chez  Janinet ,  place  Maubert. 


484         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 

111.   Pièce  allégorique ,    avec   divers  médaillons  appliqués    sur    une 
colonne,  Louis  XVI,  etc.;  grand  in-4,  au  lavis. 

Dans  les  catalogues  de  ventes,  on  met  quelquefois  sous  le  nom  de  Janinet  des 
pièces  qui  ne  sont  pas  signées,  mais  qui  se  rapprochent  de  sa  manière.  Il  faut 
se  défier  de  ces  attributions .  Par  es.emple  l'Ambigu,  petite  pièce  copiée  d'une 
vignette  de  Moreau  pour  les  Chansons  de  La  Borde,  est  signée  en  toutes  lettres 
Simpson  ;  une  sanguine,  la  Belle  Jambe ,  in-1 ,  chez  Janinet ,  est  signée  Gilbert 
sculp.,  etc. 


PORTRAITS. 

112.  Janinet  ,  né  à  Paris  en  1752,  célèbre  physicien;  in-8  ovale. 

11  est  coifTé  d'un  grand  chapeau  de  feutre ,  et  louche  fortement. 

1 1 3.  Arnould  (Sophie),  rôle  d'Ipliigénie,  dans  Iphigénie  en  Aulide  ;  in-8 

ovale. 

Ce  portrait  est  intéressant ,  puisque  c'est  le  seul  passable  qui  nous  reste  de 
la  spirituelle  actrice.  Comme  beaucoup  d'autres  que  nous  indiquons  ici ,  il  a  été 
fait  pour  les  Costumes  et  Annales  des  grands  théâtres  de  Paris,  par  M.  de  Chamois, 
publication  qui  paraissait  tous  les  samedis.  On  y  rendait  compte  des  débuts, 
des  pièces  nouvelles ,  des  anecdotes  relatives  au  théâtre  ;  on  y  donnait  des 
détails  sui  la  vie  des  auteurs  et  acteurs.  L'ouvrage  coûtait  36  livres  par  an. 
11  forme  4  vol.  in-4  ou  in-8 ,  avec  nombreuses  figures  en  couleur  par  Janinet  et 
autres . 

114.  BERTIN  (Mademoiselle),  marchande  de  modes  de  Marie -Antoi- 

nette. —  F.  Janinet  sculp.;  in-8  ovale,  sans  légende. 

Elle  est  presque  de  face.  Cheveux  bouclés  et  étages,  recouverts  d'une  mous- 
seUne  formant  bonnet.  Corsage  décolleté,  les  épaules  couvertes  d'un  fichu  noué 
sur  le  devant  du  corsage. 

Chef-d'œuvre  de  gravure  en  couleur;  jamais  on  n'a  obtenu  plus  de  fondu  et 
plus  d'harmonie  dans  les  teintes.  Le  modelé  est  aussi  très  remarquable. 

On  ne  connaît  de  ce  portrait  que  quelques  rares  épreuves  ;  elles  ne  portent 
point  le  nom  du  personnage.  M.  Didotl'a  catalogué  comme  étant  M^^Dugazon. 
351  fr.  1881.  —  Une  épreuve  avant  la  signature  de  Janinet,  vendue  en  février 
1881. 

115.  Brizard ,  rôle  du  vieil  Horace ,  in-4.  [Costumes  et  Annales.) 

116.  Caillot,  dans  To m  Jones;  in-4.  [Id.) 

m.  Colombe    (Mademoiselle),    en  pied,    rôle  de  Belinde  dans  la 
Colonie  ;  in-8.  (Id.) 

118.  Colombe  l'Aînée  (Mademoiselle),  dans  la  Colonie ,  de  profil; 
in-8  ovale.  [Id.) 


JANINET.  485 

119.  CONTAT  (  Mademoiselle) ,  rôle  de  Suzanne  :  Je  le  tuerai.  Tuez-le 

donc  ce  méchant  page;  d'après  Dutertre  ;  in-4.  (/d.) 
Jolie  pièce  très  rechercliée  des  bibliophiles ,  qui  la  placent  dans  l'édition  du 
Mariage  de  Figaro  de  1785. 

120.  Contât  (Mademoiselle),   rôle  de  Suzanne:   Suzanne  sort  en 

riant... — Réduction  in-8  de  la  pièce  précédente.  Rare.  [Id.) 

121.  Dugazon  (M') ,  rôle  du  Chevalier  de  Forbignac  dans  les  Curieux 

de  Compiègne.  [Id.) 

122.  Dugazon  (Madame),  rôle  de  Babet,  dans  Biaise  et  Babet.  — 

J t  se;  in-8.  (Id.) 

a  II  faut  voir  la  pantomime  du  rôle  de  Babet. . .  que  de  nuances  fines  et  déli- 
»  cates  la  voix  de  Madame  Dugazon  ne  donne-t-elle  pas  dans  ce  rôle  aux  expres- 
»  sions  les  plus  simples.  Il  n'y  a  pas  un  mouvement  de  son  jeu  qui  n'ajoute 
»  aux  mouvements  de  la  scène ,  et  la  varie  avec  autant  de  vérité  que  de  grâce.  » 
(Grimra.) 

123.  Dugazon  (Madame),  rôle  de  Nina  :  Paix...  il  appelle ,  hélas  ! 

hélas  !  —  D'après  Dutertre  ;  in-8.  {Id.) 

Nina,  ou  la  Folie  par  amour,  de  Marsollier  des  Vi  vetières,  musique  de  Dalayrac, 
fut  représentée  pour  la  première  fois  le  mardi  15  mai  1786,  sur  le  théâtre  italien, 
avec  un  succès  qui  ne  peut  se  comparer  qu'à  celui  du  Mariage  de  Figaro.  Ce  fut 
un  triomphe  pour  Madame  Dugazon .  «  S'il  est  vrai ,  —  dit  un  contemporain ,  — 
»  que  cette  actrice,  toute  charmante  qu'elle  est  au  théâtre,  hors  delà  scène 
»  manque  également  d'esprit  et  de  goût,  il  faut  se  mettre  à  genoux  devant  son 
»  talent ,  et  l'adorer  comme  le  prodige  de  quelque  inspiration  divine.  » 

n    DUGAZON  (Madame),  sous  le  nom  de  Nina  (V.  plus  haut,  u°  35). 

124.  DUT....  (Mademoiselle),  de  face,  assise  devant  sa  table  de  toilette  ; 

elle  tient  des  roses  de  la  main  droite,  une  lettre  de  la  main  gauche  ; 
son  miroir  la  reflète  de  profil.  —  D'après  Lemoine  ;  grand  in-4 
ovale,  cadre  carré.  —  Chez  Basan  et  Poignant. 

Belle  et  intéressante  pièce,  rare  à  rencontrer  dans  une  condition  satisfaisante. 
La  plupart  des  épreuves ,  au  lieu  d'avoir  leur  marge ,  sont  coupées  à  l'ovale  et 
rapportées  dans  un  cadre. 

125.  FavART  (Madame),  rôle  de  Roxelane  ;  in-8.  [Costumes  et  Annales .) 

126.  Franklin;  in-4  ovale. 

l^i^état:  Avant  la  lettre. 

12*7.  GuiMARD  (Mademoiselle),  dans  \e  haWel  dn  Navigateur  ;  in-8. 
[Costumes  et  Annales.) 
On  se  rend  bien  compte,  par  cette  petite  estampe,  de  la  laideur  de  cette  actrice. 
«  Sa  maigreur  la  fait  ressembler  à  une  araignée  ;  elle  a  le  son  de  voix  rauque 
»  et  dur  » ,  disait-on  d'elle. 

u.  32 


486         LES   GRAVEURS   DU   XYIIP   SIECLE. 

128.  Henri  IV,  —  Grillon,  —  Sully,  3  p.  in-4  ovale. 

129.  Joseph,  sourd  et  muet,  1173;  ia-8,  au  lavis. 

130.  Lekain,  dans  Mahomet,  d'après  Brion  de  la  Tour;  in-8  ovale. 

{Costumes  et  Annales.) 

131.  LOMÉNIE  DE   Brienne,   Archevêque  de Toulouse,  Principal 

Ministre  d'État  et  Chef  du  Conseil  royal  des  Finances ,  d'après 
Cossard  ;  in-4  ovale. 

132.  MARIE -ANTOINETTE,  jeune,  portrait  à  mi-corps,  de  trois 

quarts  à  droite,  corsage  décolleté,  grand  manteau  royal  fleurdelisé 
couvrant  le  bras  gauche,  coiffure  haute  avec  plumes  et  aigrette  ; 
in-fol.  ovale,  avec  un  encadrement  mobile  carré,  colorié  et  doré. 

Un  des  plus  remarqxiables  portraits  de  la  Reine,  et  une  des  pièces  les  plus 
recherchées  de  la  gravure  en  couleur. 

L'estampe  est  le  plus  souvent  accompagnée  d'un  cadre  mobile  qui  en  recouvre 
les  marges,  et  qui  est  percé  dans  le  milieu  pour  laisser  voir  le  portrait. 

Le  prix  du  portrait ,  lors  de  sa  publication ,  était  de  13  livres  10  sols  avec  le 
cadre.  —  Vendu  440  fr.  vente  Béhague.  700  £r.  1881 . 

11  existe  des  épreuves  avant  la  lettre,  très  rares .  2,850  û.  vente  Mûhlbacher. 

133.  MARIE-ANTOINETTE,  petit  profil  à  droite,  dans  un  cercle  de 

40  mm.  de  diamètre.  Elle  est  représentée  plus  âgée  que  dans  le 
portrait  précédent.  La  robe  est  décolletée ,  un  manteau  doublé 
d'hermine  est  attaché  sur  l'épaule  droite.  La  coiffure  est  haute, 
avec  trois  plumes  et  une  petite  aigrette.  Un  double  trait  rond 
forme  le  cadre.  Au-dessus,  en  deux  lignes  :  Marie-Antoinette, 
Reine  de  France.  (Collection  Béraldi.) 

134.  MARIE -ANTOINETTE    et   le  Dauphin   devant  le  buste  de 

Louis  XVI  ,  estampe  d'après  Huet,  intitulée  LES  SENTI- 
MENTS   DE   LA  NATION. 

La  Reine,  portant  la  couronne  royale,  est  assise  et  tient  dans  ses  bras  le  jeune 
Dauphin.  L'intérieur  du  cartouche  est  orné  d'nn  ruban  bleu  ondulé,  auquelse 
mêlent  du  lierre,  des  lys  et  des  roses  ;  on  voit  à  gauche  un  épagneul. 

Antoinette,  des  Lys  espérance  bien  chère, 

Ce  beau  jour  met  le  comble  à  la  Félicité. 

Vous  êtes  dans  nos  cœurs,  Roi ,  Reine,  Dauphin  et  Mère  (sic) 

Réunis  par  l'Amour  et  ta  Fidélité. 

GUICHAHD. 

Cette  jolie  pièce  fut  publiée  chez  Isabey,  à  l'occasion  de  la  naissance  du 
Dauphin ,  le  22  octobre  1781. 
Vendu  235  fr.,  1876. 

135.  Michu,  dans  Biaise  et  Babet]  in-8.  {Costumes  et  Annales.) 


JANINET.  487 

136.  Ollivier  (Mademoiselle),  dans ilwipAy<rton;  in-S.  (/d.) 

137.  Préville,  rôle  de  Crispin,  d'après  Dutertre;  in-4.  (/d.) 

138.  Raucour  (Mademoiselle),  rôledeMédée;  in-4.  {Id.) 

139.  SAINT-HUBERTI  (Madame),  de  l'Académie  Royalle  de  Musique, 

d'après  Le  Moine,  profil  in-8,  ovale  dans  un  encadrement  carré. 

Une  épreuve  de  cette  jolie  pièce,  avant  la  lettre,  a  été  vendue  en  1880 . 
Les  belles  épreuves  sont  à  l'adresse  de  Janinet,  place  Maubert,  vis-à-vis  la 
rue  des  3  Ports. 
Les  épreuves  provenant  du  volume  des  Costumes  et  Annales  sont  faibles. 

140.  Saint-Huberti  (Madame),  rôle  de  Didon,  d'après  Dutertre  ; 

in-8.  {Costumes  et  Annales.) 

141.  Vestris  (Madame),  rôle  de  Gabrielle  de  Vergy.  {Id.) 

Dans  la  dernière  scène  delà  tragédie  de  De  Belloy,  Gabrielle  prenant  une  coupe 
qu'elle  croit  être  pleine  de  poison ,  la  découvre  et  y  trouve  le  cœur  sanglant  do 
son  amant  Raoul.  Cette  scène  produisit  une  impression  immense;  au  même 
instant ,  la  salle  retentit  d'applaudissements  et  de  buées,  de  cris  d'admiration  et 
de  cris  d'borreur  ;  plusieurs  femmes  s'évanouirent ,  d'autres  tombèrent  en  con- 
vulsion. «  Madame  Vestris  a  porté  l'illusion  au  dernier  degré  :  ses  regards  en 
»  découvrant  la  coupe,  les  sanglots  qui  lui  échappent ,  l'image  de  la  mort  qui  se 
»  répand  sur  ses  traits ,  toute  cette  pantomime  est  d'une  vérité  déchirante!  » 
(Grimm.)  —  Cette  scène  devint  ce  qu'on  appellerait  aujourd'hui  le  clou  de  la 
pièce .  Nos  pères  ne  connaissaient  pas  le  mot ,  mais  ils  connaissaient  la  chose . 

142.  Portraits  divers  pour  les  Costumes  et  Annales  des  grands  théâtres 

de  Paris  :  Garrick  ;  —  Melle  Dumesnil  ;  —  Madame  Gonthier  ;  — 
Madame  Vestris  dans  Polyeucte  ;  —  Madame  Dugazon  ,  rôle 
d'Azémia  ;  —  Gardel  le  jeune  ;  —  Desessarts  dans  le  Glorieux  ; 
etc. 

143.  PORTRAIT    D'UNE    JEUNE    PRINCESSE     (  Frédérique- 

Sophie-Wilhelmine  ?  ) ,  de  face,  le  corps  tourné  vers  la  gauche. 
Elle  est  dans  un  parc,  accoudée  à  l'angle  d'une  balustrade.  Elle 
tient  dans  la  main  droite  une  couronne  de  fleurs,  dans  la  gauche 
un  portrait  d'homme.  Un  panier  de  fleurs  est  placé  sous  son  bras 
droit;  un  ruban  bleu  s'en  échappe,  sur  le(juel  on  lit  Frider.  — 
Rond ,  in-8. 

Charmant  portrait,  sans  signature,  dans  le  genre  de  Janinet.  L'exécution  en 
est  très  fine. 


JARDINIER   (Glaude-Donat). 

1726-1174. 


Cet  excellent  élève  de  N.  Dupuis  d'abord ,  puis  de 
Laurent  Gars ,  né  à  Paris  en  1725,  a  très  peu  gravé, 
mais  ses  estampes  sont  exécutées  d'un  burin  ferme  et 
agréable.  Il  passe  pour  avoir  travaillé,  lui  aussi ,  à  la 
grande  planche  de  il/"*  Clairon  en  Médée. 

Les  quelques  pièces  signées  de  Jardinier  sont  : 

Le  Silence ,  ou  Ne  réveille  pas ,  d'après  Greuze,  in- 
fol.  en  largeur,  belle  pièce  que  Beauvarlet  a  presque 
entièrement  gravée  et  que  Jardinier  a  seulement 
terminée. 

La  Tricoteuse  endormie ,  d'après  Greuze ,  estampe 
d'une  grande  harmonie,  petit  in-fol. 

Les  Caresses  réciproques,  d'après  Jeaurat. 

Soldats  jouant  aux  cartes ,  d'après  Valentin ,  et 
des  planches  pour  la  Galernc  de  Dresde. 

Un  portrait  du  chirurgien  Moreau,  d'après  Ducreux, 
1758,  in-8. 

Jardinier  est  mort  en  1774. 


JEAURAT    (Edme; 

1688-1738. 


Edme  Jeaurat  le  graveur  et  son  frère  cadet  Etienne 
Jeaurat  le  peintre  sont  nés  à  Vermenton  près  d'Au- 
xerre.  Il  faut  pour  bien  comprendre  l'œuvre  d'un 
artiste,  connaître  ses  alliances  et  ses  relations ,  c'est 
ce  que  démontre  clairement  celui  d'Edrae  Jeaurat , 
qui  n'a  pour  ainsi  dire  interprété  que  trois  peintres, 
Sébastien  Leclerc  fils  dont  il  avait  épousé  la  sœur, 
Vleughels  son  ami  ,  et  surtout  son  frère  Etienne 
Jeaurat  dont  il  a  été  le  graveur  attitré. 

Edme  Jeaurat  prit  les  leçons  de  Bernard  Picard  , 
avant  son  départ  pour  la  Hollande,  et  conserva  tou- 
jours dans  sa  manière  ce  goût  de  pointillé  dans  les 
chairs  qui  est  particulier  à  son  maître.  Après  avoir 
copié  des  estampes  de  Vosterman  et  de  P.  de  Jode , 
d'après  Rubens ,  et  avoir  gravé  quelques  planches 
d'après  les  maîtres,  Pan  et  Syrinx  d'après  Mignard , 
Femmes  au  Bain ,  Venus  et  l'Amour  (1708),  d'après 
Poussin ,  Enlèvement  d'Europe  (1709) ,  d'après  Vé- 
ronèse ,  et  divers  tableaux  pour  le  cabinet  Crozat  : 
d'après  le  même  Véronèse ,  Moïse  sauvé  des  eaux , 
et  d'après  Mola ,  Jacoh  et  Rachel  et  le  Repos  en 
Egypte ,  il  semble  s'adonner  complètement  à  repro- 


490         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

duire  les  compositions  de  son  beau-frère  Sébastien 
Leclerc  fils. 

Cet  artiste  peu  connu  maintenant,  bien  qu'il  ait 
été  de  l'Académie  et  peintre  du  roi ,  était  le  fils  du 
fameux  Sébastien  Leclerc.  Son  père  était  logé  aux 
Gobelins  comme  professeur  de  perspective  :  le  fils  lui 
succéda ,  ce  qui  le  fit  nommer  Leclerc  des  Gobelins 
pour  le  distinguer  des  personnes  du  même  nom. 
Jeaurat  a  beaucoup  fait  pour  conserver  la  mémoire 
des  tableaux  de  son  beau-frère.  Achille  reconnu  par 
les  filles  de  Lycomède  (1713)  est  une  des  bonnes  com- 
positions du  peintre  et  une  des  meilleures  planches  du 
graveur  ;  Enlèvement  d'Europe  (1714)  ;  les  Cinq  Sens 
(1712) ,  in-4  en  largeur  ;  les  Quatre  Passions  de 
Vhomme  (  1713  ) ,  c'est-à-dire  l'Ambition  ,  l'Amour, 
l'Avarice  et  la  Haine  ;  in-4.  En  1715,  Jeaurat  gravait 
le  portrait  du  graveur  Sébastien  Leclerc  son  beau- 
père,  puis  plus  tard,  toujours  d'après  Leclerc  fils,  des 
allégories  décoratives,  V Histoire,  la  Poésie ,  les  Ma- 
théînaliques  et  la  Peinture  (1724) ,  et  enfin  la  Mu- 
sique ,  la  Géographie ,  le  Dessin  et  la  Danse  (1734), 
et  en  1737,  Mardocliée  conduit  au  triomphe. 

Edme  Jeaurat  avait  fait  connaissance  de  Vleughels , 
fils  d'un  peintre  anversols  qui  était  venu  s'installer  à 
Paris.  Nicolas  Vleughels  prenait  de- ci  de-là  son  bien 
pour  composer  ses  tableaux,  mais  n'avait  aucune  ima- 
gination. Il  n'a  pas  moins  beaucoup  produit  et  Jeaurat 
beaucoup  gravé  d'après  ses  peintures. 

Les  jolies  planches  des  Saisons ,  in-8  en  largeur; 
les  Èlèjnents  (1716),  Jésus  apparaissant  à  la  Made- 
leine (  1716  ) ,  la  Naissance  de  la  Vierge  (  1717  ) , 
V Adoration  des  mages  (1717)  ;  la  Résurrection  de 


JE  AU  RAT.  491 

Jésus-Christ  (1718)  ;  Apollon  et  les  Muses,  4  pi.  in-4; 
Thètis  plongeant  son  fils  Achille  dans  les  eaux  du 
Styx  (1719)  in-fol.;  Ahigaïl  et  David  (1720)  ;  Salomon 
adorant  les  idoles  (1723)  ;  la  Mort  de  Creuse  et  la 
Mort  de  Didon  (1721),  2  p.  ;  S'"  Geneviève  (1721)  ; 
Pyrame  et  Thishè  (1722)  ;  Jeaurat  demeurait  alors 
au  bas  des  Fossés  St-Victor,  maison  de  M^  Lebrun  ; 
Télémaque  dans  Vile  de  Calypso  et  la  Cène  (1724). 
11  termine  en  1725  par  le  portrait  de  Vleughels  d'après 
Pesne. 

A  cette  époque  Edme  Jeaurat  avait  déjà  placé  depuis 
plusieurs  années  son  frère  Etienne  dans  l'atelier  de 
son  ami  Vleughels.  Nommé  directeur  de  l'Académie 
de  France  à  Rome  en  1724,  le  peintre  emmena  avec 
lui  son  jeune  élève  alors  âgé  de  vingt-deux  ans  et 
donnant  les  plus  brillantes  espérances.  Edme  Jeaurat 
grava  dix  ans  plus  tard  ,  d'après  son  frère ,  des  études 
de  Femmes  du  peuple  de  Rome  et  des  environs  (1734) 
que  celui-ci  avait  rapportées  d'Italie  ,5  p.  in-4. 

A  cette  époque ,  il  consacre  presque  complètement 
son  burin  à  la  reproduction  des  tableaux  de  son  frère. 
Etienne  Jeaurat  après  un  séjour  de  quelques  années 
à  Rome,  loin  d'être  influencé  par  la  grande  peinture 
d'histoire,  trouva  sa  voie  et  son  succès  dans  la  pein- 
ture des  scènes  famihères  et  même  populaires.  Son 
goût  le  ramenait  vite  à  des  scènes  de  la  rue  comme 
la  Place  des  Halles  ou  l'Enlèvement  de  Police,  etc. 

Parmi  les  premières  planches  qu'Edme  Jeaurat  ait 
gravées  d'après  son  frère,  il  faut  cHqy  T Amour  coquet 
et  VA^nour  petit-maître  (1732),  et  à  la  même  date  une 
série  de  huit  compositions  dont  les  sujets  sont  tirés 
des  Fables  de  La  Fontaine,  et  qui  font  plutôt  ressortir, 


492         LES    GRAVEURS   DU    XYIII*   SIECLE. 

a  dit  M.  Puychevrier  ^  le  talent  du  graveur  que  celui 
du  peintre.  Les  voici  par  ordre  de  date  :  le  Savetier  et 
le  Financier,  V Amour  et  la  Folie  (1732)  ;  V Huître  et 
les  Plaideurs  ,  la  Fortune  et  le  Jeune  enfant  (1733)  ; 
V Astrologue  qui  se  laisse  tomber  dans  un  puits, 
V  Asne  portant  des  reliques,  la  Montagne  qui  accouche 
d'une  souris  et  la  Femme  noyée  (1736),  portant  cette 
mention ,  à  Paris  chez  Jeaurat,  rue  Si-Jacques  vis- 
à-vis  V église  des  Mathurins. 

Nous  ne  devons  pas  oublier  de  signaler  encore 
parmi  les  estampes  d'Edme  Jeaurat  deux  des  pièces 
du  Roman  comique ,  illustré  par  Pater  :  la  Bataille 
arrivée  dans  un  tripot  et  le  Poëte  Roquebrune 
rompant  la  ceinture  de  sa  culotte  (1732)  ;  la  planche 
du  chant  IX  de  la  Henriade  de  Voltaire  (1728)  gra- 
vée d'après  Vleughels  ;  Y  Entrevue  dans  Vile  des 
faisans  et  la  Cérémonie  du  m,ariage  de  Louis  XIV 
d'après  Gh.  Le  Brun  ,  des  pièces  d'après  Bonnart  fils, 
Bernard  Picart,  Tournières,  Ch.  de  La  Fosse  et  même 
un  Pierrot  content  et  des  Figures  chinoises  et  iartares 
d'après  Watteau  (suite  de  12  pièces). 

Edme  Jeaurat  fut  le  père  de  l'astronome  Sébastien 
Jeaurat  de  l'Académie  des  sciences  et  du  peintre 
Jeaurat  de  Bertry.  Il  mourut  en  1738. 


1  Le  Peintre  Etienne  Jeaurat,  par  Sylvain  Puychevrier  (1862). 


JONXIS    (Pierre-Henri 


1759- 


L'estampe  des  Vestales,  d'après  le  tableau  do  Raoux, 
gravée  par  Jonxis  en  1784  et  son  meilleur  ouvrage,  se 
vendait  chez  Nicolas  de  Launay,  ce  qui  donne  à  croire 
que  Jonxis,  né  à  La  Haye  en  1759,  était  son  élève, 
et  qu'il  était  venu  à  Paris  pour  se  perfectionner  chez 
lui. 

Nous  relevons  encore  de  Jonxis,  Vénus  et  T Amour, 
d'après  Luca  Giordano,  in-4  en  largeur,  P.  H.  Jonxis 
sculpsil  PayHsii ,  1783,  estampe  dédiée  à  MM.  les 
Régents  de  la  fondation  de  feuM""^  Duysede  Vorhout. 

Jonxis  a  gravé  quelques  pièces  pour  le  Cabinet 
des  Fées  d'après  Marillier,  et  quelques  portraits  peu 
importants. 


JOULLAIN   (François). 


1697 -'•779. 


François  Joullain,  ou  Jollain,  appartient  à  une  vieille 
famille  parisienne  de  marchands  imagiers ,  graveurs- 
libraires  et  mouleurs  de  bois  ;  il  est  né  en  1697, 
suivant  Mariette  qui  l'intitule  disciple  de  Gillot. 

On  sait  que  Gillot  eut  pendant  un  temps  la  direction 
des  décorations  et  des  habillements  de  l'Opéra.  De  là  la 
nécessité  d'imaginer  sans  cesse  de  nouveaux  costumes 
pour  les  divertissements ,  et  de  les  faire  reproduire. 
La  série  de  pièces  connue  sous  le  nom  de  Nouveaux 
desseins  d'habillements  à  l'usage  des  Balets,  Opéras 
et  ComAdies . . .,  à  Paris  chez  Joullain  rue  Froid- 
manteau  chez  M.  Dolibeau ,  cordonnier ,  a  été 
gravée  très  agréablement  par  Joullain  sur  les  dessins 
et  indications  de  Gillot.  Également  d'après  Gillot, 
Arlequin  soupirant.  Arlequin  glouton,  la  Révérence 
d' Arlequin  .  Mezzetin  ,  Scaramouche  ,  14  autres 
Figures  d'acteurs,  IIom,me  et  Femme  de  qualité,  et 
quatre  pièces  curieuses  ,  l'Enfance ,  l'Adolescence,  la 
Virilité,  la  Vieillesse. 

Les  types  d'acteurs  pour  une  Histoire  du  théâtre 
Italien  de  L.  Riccoboni ,  capitans  ,  arlequins,  scara- 
mouches  ,    scapins  ,   pierrots  ,   mezzetins  ,   sont   très 


JOULLAIN.  495 

intéressants  et  gravés  par  JouUain  d'une  façon  fort 
expressive. 

Charles  Goypel,  encouragé  par  le  brillant  succès 
de  la  suite  d'estampes  des  Aventures  de  Don  Qui- 
chotte (1724)  qu'il  avait  fait  graver  par  Surugue . 
Lépicié,  et  dont  plusieurs  sont  signées  JouUain  .  avait 
entrepris  d'illustrer  de  même  les  principales  scènes 
des  comédies  de  Molière.  Il  avait  chargé  JouUain  d'in- 
terpréter ses  dessins,  et  s'adressant  au  public,  il  avait 
fait  graver  sur  le  frontispice ,  figurant  un  rideau  de 
théâtre  avec  spectateurs  attendant  l'ouverture  ,  l'avis 
suivant ,  placé  après  ce  titre  :  Suite  d'Estampes  des 
principaux  sujets  des  Comédies  de  Molière  gravées 
sur  les  esquisses  de  Charles  Coypel,  dédiée  aupuhlic 
en  il 26  : 

«  Très  respectable  et  redoutable  juge  .  tu  n'ignore 
»  pas  que  c'est  au  désir  de  te  plaire  que  les  beaux-arts 
»  doivent  leur  naissance.  C'est  ce  même  désir  qui  nous 
»  porte  à  les  cultiver  et  à  les  perfectionner.  Ne  sois 
»  donc  point  surpris  de  l'homage  que  j'ose  t'offrir. 
»  Daigne  le  regarder  comme  une  marque  de  recon- 
»  noissance  que  j'ay  cru  te  devoir  pour  le  favorable 
»  accueil  que  tu  as  bien  voulu  faire  aux  gravures  de 
»  D.  Quichotte.  ...  Je  suis  avec  tout  le  respect  que 
»  te  doivent  ceux  qui  osent  s'exposer  à  tes  regards  , 
»  ton  très  humble  et  très  soumis  serviteur,  Charles 
»  Coypel.  » 

Ce  petit  préambule  n'eut-il  pas  l'heur  de  toucher  le 
pubUc-amateur  du  temps  ?  Charles  Goypel  fut-il  appelé 
à  de  plus  urgents  travaux?  Nous  ne  savons,  mais  nous 
avons  le  regret  de  ne  trouver  après  ce  frontispice  que 
cinq  planches  petit  in-4  en  largeur ,    pour   George 


496         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF    SIÈCLE. 

Dandin,  M"  de  Pourceaugnac,  V École  des  femmes, 
les  Femmes  sçaimntes  et  Psyché  (1726). 

Plus  tard  Joullain  collabora  à  la  belle  édition  des 
Œuvres  de  Molière  illustrée  par  Boucher  (1734). 
D  en  grava  la  plupart  des  culs-de-lampe.  Exprimons 
ici  un  regret,  c'est  que  les  mêmes  fleurons  se  répètent 
plusieurs  fois.  Cette  petite  lésineriedes  éditeurs  donne 
à  l'illustration  quelque  chose  de  maigre.  On  voit  bien 
que  nous  ne  sommes  pas  encore  au  temps  de  Dorât. 

Joullain  a  encore  gravé  d'après  C.  Goypel  le  por- 
trait de  Du  Fresny  et  ceux  des  Enfants  du  Duc 
d'Orléans ,  deux  charmantes  pièces  exécutées  en 
1725  et  1727.  Au  bas  de  cette  dernière  où  ces  enfants 
sont  représentés  faisant  des  châteaux  de  cartes  ,  on  a 
inscrit  ce  quatrain  : 

Tel  qui  rit,  voyant  ces  enfants 
Élever  un  château  soumis  aux  moindres  vents, 

Aurait  passé  pour  homme  sage 
Si  des  cartes  jamais  il  n'eut  fait  d'autre  usage. 

Toujours  d'après  G.  Goypel,  VEcce  Homo,  peint  pour 
l'église  des  RR.  PP.  de  l'Oratoire,  dont  Joullain  grava 
l'esquisse  .  et  une  planche  à' Etudes  des  principales 
Têtes  de  ce  tableau  ;  Armide  abandonnée  par  Renaud, 
planche  dédiée  au  comte  d'Argenson  ;  un  Christ  au 
tombeau,  une  Annonciation. 

En  dehors  de  ces  travaux  ,  de  deux  Véronèse  pour 
le  Cabinet  Crozat ,  et  de  quelques  planches  d'après 
Watteau  [les  Agréments  de  l'Eté),  et  d'après  Lancret, 
[les  Agréments  de  la  Campagne,  le  Concert  pasloyml. 
la  Récréation  champêtre),  François  Joullain  n'a  que 
peu  gravé.  Il  abandonne  de  bonne  heure  la  pointe  et 


JOULLAIN.  497 

le  burin,  qu'il  maniait  pourtant  avec  goût  et  sûreté, 
pour  se  livrer,  quai  de  la  Mégisserie ,  au  commerce 
des  estampes  et  de  la  curiosité.  11  grave  bien  encore 
la  Chasse  au  Loup  et  la  Chasse  au  Sanglier,  et  même 
le  portrait  de  François  Desportes  (1733) ,  et  un  por- 
trait de  Le  Tonnelier  de  Breteuil,  mais  c'est  dès  lors 
à  la  vente  des  estampes  qu'il  s'applique  comme  tant 
d'autres  graveurs,  les  Basan,  les  Le  Bas,  les  Claude 
Drevet,  etc.  En  1760,  il  publiait  un  catalogue  des 
estampes  qui  se  vendaient  chez  lui.  11  avait  associé 
son  fils  à  sa  maison.  C'est  ce  filsP\  C.  Joullain  qui  s'est 
plus  particulièrement  adonné  à  la  direction  et  à  l'ex- 
pertise des  ventes  d'estampes,  de  tableaux  et  de  curio- 
sités, à  la  même  époque  que  Remy,  Basan,  Paillet,  Boi- 
leau,  Lebrun.  Il  a  dirigé  des  ventes  importantes,  parmi 
lesquelles  celles  des  tableaux  de  Paris  de  Montmartel, 
des  planches  gravées ,  tableaux  et  estampes  de  Benoist 
Audran  ,  de  Huquier  ,  des  estampes  de  Lallemand  de 
Betz  ,  du  chevalier  de  Damery,  de  Claude  Drevet ,  de 
Le  Bas,  do  Macret,  des  tableaux  et  marbres  du  marquis 
de  Lassay,  des  tableaux  ,  dessins  et  estampes  de  l'édi- 
teur Jombert,  du  sculpteur  Saly,  de  l'abbé  Terray,  du 
peintre  Chardin,  du  marquis  de  Brunoy. 

En  1779 ,  l'expert  Buldet  vend ,  assisté  de  Joullain 
fils,  une  collection  nombreuse  d'estampes  encadrées, 
en  feuilles  ,  et  de  recueils  provenant  de  la  succession 
de  M.  Joullain,  graveur  et  marchand.  C'est  le  vieux 
François  Joullain  qui  vient  de  mourir,  et  la  date  de 
1790  que  les  biographes  donnent  comme  celle  de  sa 
mort  doit  s'appliquer  à  son  fils  l'expert. 


JUBIER. 


Ce  graveur  à  la  manière  du  crayon,  procédé  dont  il 
avait  appris  le  maniement  de  son  maître  Bonnet ,  est 
l'interprète  attitré  des  dessins  au  crayon  mélangés 
d'aquarelle  de  Jean-Baptiste  Huet. 

Il  rend  indifféremment  ses  scènes  mythologiques  : 

Diane  et  Endymion ,  Pygmalion  amoureux  de  sa 
statue  (on  trouve  Galathèe  avant  le  nuage),  Procris 
tuée  par  Céphale,  Offrande  au  Dieu  Pan  \ 

Ses  scènes  pastorales  :  la  Bergère  récompensée ,  le 
Départ  de  la  cam^pagne,  le  Goûter  champêtre,  V Arri- 
me de  la  Ferm^ière  ; 

Ses  paysages  :  les  Pêcheurs ,  les  Laveuses,  le  Mar- 
chand de  poisson.  Vue  d'une  fontaine  antique ,  Vue 
intérieure  d^ une  ferme  ; 

Et  ses  compositions  sentimentales  :  Offrande  à 
V Amour,  Offrande  à  V Amitié,  Offrande  à  V Espé- 
rance. Tout  cela  est  aussi  fade  comme  sujets  que  plat 
comme  exécution. 

La  Confidence  d'après  Bounieu,  le  Berger  surpris 
et  les  Baigneuses ,  d'après  Sarrazin ,  Jeune  femme 
assise  sur  un  banc,  d'après  Garesme. 


JULIEN   (Simon). 

1737-1800. 


Simon  Julien  ,  qu'on  appelle  à  tort  Julien  de  Tou- 
louse, né  à  Toulon  en  1737,  fut  élève  de  Carie  Van  Loo 
et  obtint  en  1760  le  grand  prix  de  peinture  ;  il  partit 
pour  Rome  où  il  resta  plusieurs  années.  Revenu  à 
Paris  il  fut  agréé  à  l'Académie  en  1779 ,  mais  son 
tableau  de  réception,  l'Aurore  et  Titan,  ne  fut  exposé 
qu'en  1800,  huit  mois  après  sa  mort.  Baudicour  décrit 
huit  pièces  fort  rares,  gravées  par  Julien  :  Loth  et  ses 
filles. —  Les  Tables  de  la  loi  judaïque,  grande  estampe 
dédiée  à  M.  Possel ,  commissaire  de  la  marine  ,  1773. 
—  La  Sainte  Famille  servie  par  les  anges,  et  la  même 
composition  en  sens  inverse.  —  Apollon  et  Daphnè.  — 
Flore  et  Zèphire.  —  Deux  planches  de  Têtes  d'études, 
faites  à  Rome  en  1764. 

Joseph  -  Laurent  Julien  ,  son  neveu  ,  a  gravé  : 
l'Amour  et  sa  mère ,  la  Rose  défendue ,  Titon  et 
V Aurore,  V Étude  répand  des  fleurs  sur  la  vie, 
l'Amour  de  la  gloiy^e ,  la  Folle  par  amour  écossaise, 
d'après  Simon  Julien  ,  et  d'après  ses  propres  composi- 
tions :  Desilles  à  Nancy,  Guerre  aux  tyrans,  l'Amour 
en  réquisition,  Pauvre  rentier  ruiné,  Merlan  à  frire, 
le  Riche  du  Jour  ou  le  prêteur  sur  gages. 


JULLIENNE    (Jean  de). 


1686-1766. 


Les  noms  de  Watteau  et  de  Jullienne  sont  insépa- 
rables pour  la  postérité.  Ce  sera  l'éternel  honneur  du 
teinturier  des  Gobelins  ,  appréciateur  des  choses  d'art 
sous  toutes  les  formes  et  admirateur  fanatique  de  toutes 
les  productions  du  peintre  de  Valenciennes  d'avoir  fait 
reproduire  les  dessins  si  élégants,  si  vrais  et  si  spiri- 
tuels de  son  ami.  Il  en  possédait  près  de  quatre  cents, 
croquis  de  militaires .  têtes  de  jolies  femmes  ou  de 
caractère  ,  études  de  costumes  et  types  divers.  Il  eut, 
après  la  mort  prématurée  de  Watteau ,  l'idée  de 
répandre  ces  morceaux  inachevés,  mais  plus  savou- 
reux et  expressifs  que  bien  des  ouvrages  plus  terminés  : 
«  Ils  sont  d'un  goûst  nouveau,  disait-il  dans  son  préam- 
»  bule,  ils  ont  des  grâces  tellement  attachées  à  l'esprit 
»  de  l'auteur  qu'on  peut  avancer  qu'ils  sont  inimi- 
»  tables ,  »  ajoutant  qu'il  n'avait  rien  négligé  pour  que 
les  habiles  graveurs  auxquels  il  s'était  adressé  ne  leur 
fissent  rien  perdre  du  feu  et  de  l'esprit  de  l'auteur. 
Jean  de  Jullienne  avait  eu  la  main  heureuse  en  effet  en 
choisissant  le  jeune  François  Boucher  pour  cette 
besogne ,  Boucher  tout  jeune  alors  et  trop  heureux  de 
gagner  ainsi  24  livres  à  la  journée.  Sa  pointe  légère  a 


JULLIENNE.  50i 

tiré  un  excellent  parti  de  ces  croquis  dans  des 
eaux-fortes  qu'il  se  faisait  un  jeu  de  graver;  les 
planches  du  même  recueil  signées  du  C  du  comte  de 
Caylus  sont  également  interprétées  avec  justesse, 
ainsi  que  quelques-unes  signées  C.  N.  C.  (Charles- 
Nicolas  Gochin).  D'autres  d'une  main  plus  timide, 
signées  /.  A.,  sont  du  voisin  de  Jullienne ,  Jean 
Audran ,  qui  habitait  aux  Gobelins  ;  enfin  quelques 
autres  signés  d'un  /.,  gravées  avec  beaucoup  de 
simplicité ,  nous  semblent  pouvoh'  être  attribuées  à 
Jullienne  lui-même.  Ce  sont  :  un  Vielleur ,  Jeune 
femme  assise  un  éventail  à  la  main ,  Jeune  fem^ne 
vue  de  dos.  Jeune  chasseur,  Soldat  en  marche.  Tam- 
bour de  face ,  Tambour  de  dos ,  Feinme  à  cheval , 
Soldat  saluant ,  Officier  assis.  Soldat  un  verre  à 
la  m^ain,  Jeune  femm^e  assise,  etc.  Cette  réunion 
curieuse  de  planches  parut  en  deux  volumes  sous  le 
titre  de  Figures  de  différents  caractères,  etc.  Nous 
en  avons  déjà  parlé  à  l'article  de  Boucher. 

Jean  de  Jullienne,  propriétaire  des  manufactures  de 
draps  fins  et  écarlates  des  Gobelins,  ainsi  qu'il  est  dit 
au  bas  de  son  portrait  gravé  par  Balechou  en  1752 , 
naquit  à  Paris  le  29  novembre  1686,  et  succéda  en  1721 
à  ses  oncles  Jean  Gluck  et  François  de  Jullienne,  pro- 
priétaires d'importantes  teintureries  établies  sur  le  bord 
de  la  Bièvre,  à  côté  des  établissements  du  même  genre 
d'Etienne  Gobelin,  acquis  par  Colbertpour  le  roi.  Mais 
avant  de  s'occuper  d'industrie  ,  c'était  un  jeune  ama- 
teur passionné  pour  les  arts ,  et  même,  au  dire  de 
Mariette  qui  le  donne  comme  un  des  principaux 
connaisseurs  de  son  temps  en  tableaux ,  dessins , 
estampes  et  tout  ce  qui  est  du  ressort  de  la  curiosité, 
n.  33 


502         LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

il  avait  eu  l'idée  d'être  peintre.  Watteau  l'en  dissuada, 
et  lui  rendit  un  grand  service ,  car  il  n'aurait  pas  fait 
dans  cet  art  une  aussi  brillante  fortune. 

Jean  de  JuUienne  épousa  en  1721  Marie-Louise  de 
Brécy,  réunit  alors  les  deux  grands  établissements  de 
ses  oncles  et  s'y  accommoda  une  demeure  où  placer 
les  tableaux  et  objets  qu'il  avait  déjà  collectionnés. 
11  fit  construire  à  cet  effet  en  1730  une  galerie  qui  existe 
encore.  L'expert  Gersaint,  dans  la  notice  du  catalogue 
Quentin  de  Lorangère  ,  écrite  en  1743 ,  parlait  ainsi 
de  cette  collection  :  «  Le  goût  naturel  pour  les  belles 
»  choses  et  l'amour  que  M''  de  Jullienne  a  toujours  eu 
»  pour  les  arts,  qu'il  a  même  cultivés  dans  sajeunesse, 
»  se  reconnoissent  aisément  dans  le  fameux  cabinet 
»  qu'il  possède  aujourd'hui  et  à  la  perfection  duquel  il 
»  travaille  depuis  une  trentaine  d'années.  Ce  cabinet 
»  est  l'ouvrage  de  ses  moments  de  loisir  qu'il  y  a 
»  sacrifiés.  Il  a  toujours  eu  une  attention  particulière 
»  pour  en  ôter  les  pièces  de  moindre  mérite  à  mesure 
»  qu'il  a  pu  en  acquérir  de  plus  recommandables.  En 
»  effet  ce  n'est  qu'avec  du  temps,  du  goût  et  du  discer- 
»  nement  que  l'on  peut  parvenir  à  ce  choix  délicat.  » 

Julliot ,  l'expert  chargé  de  la  vente  des  meubles  et 
curiosités  de  Jullienne,  disait  aussi  de  son  côté  : 

«  Des  tableaux,  des  statues,  des  vases  de  bronze  et 
»  de  marbre  des  plus  célèbres  artistes  décoraient  sa 
»  galerie  et  ses  appartements  :  leur  réunion  à  de  riches 
»  meubles  du  fameux  Boule,  à  des  porcelaines  des  plus 
»  recherchées  par  les  qualités  et  les  montures,  le  tout 
»  avantageusement  distribué,  avec  de  rares  morceaux 
»  de  laque,  formoit  un  accord  qui  donnoit  aux  ama- 
»  teurs  l'agrément  le  plus  complet.  » 


JULLIENNE.  503 

Son  catalogue  nous  montre  en  efifet ,  côte  à  côte 
avec  les  objets  les  plus  précieux ,  des  tableaux  célè- 
bres et  sa  magnifique  collection  de  dessins.  C'est  au 
milieu  de  toutes  ces  belles  choses ,  se  délassant  dans 
le  commerce  des  artistes  et  la  recherche  des  objets 
d'art  des  occupations  de  sa  grande  industrie ,  qu'il 
passait  son  existence.  C'est  de  là  qu'il  surveillait  la 
grande  publication  des  dessins  de  Watteau  ,  sorte  de 
monument  élevé  à  la  gloire  de  son  ami  ;  c'est  dans 
sa  tranquille  demeure  qu'il  s'amusait  à  graver  avec 
beaucoup  de  goût  des  planches  à  l'eau-forte ,  dont 
il  ne  faisait  tirer,  dit-on ,  que  deux  épreuves  :  «  A 
»  voir  ces  essais,  a  écrit  M.  le  comte  Clément  de  Ris  , 
»  on  regrette  que  Jullienne  ait  été  aussi  modeste  et 
»  n'ait  pas  dirigé  de  ce  côté  son  goût  et  l'emploi  de 
»  ses  loisirs.  Son  burin  (ou  plutôt  m  pointe)  ressemble 
»  beaucoup  à  celui  du  comte  de  Caylus  dans  ses  fac- 
»  simile.  Il  est  moins  habile  et  moins  exercé,  mais  il 
»  possède  plus  d'accent  et  de  couleur.  »  Le  Mendiant 
et  V Estropié,  d'après  D.  Téniers ,  deux  Têtes  de 
soldats  casqués  et  une  Académie  d'homme ,  d'après 
Restent ,  justifient  cette  appréciation. 

Le  roi  créa  Jullienne  chevalier  de  l'ordre  de  Saint- 
Michel  ,  et  sur  la  présentation  d'un  exemplaire  rehé 
en  maroquin  de  l'Œuvre  de  Watteau ,  l'Académie  le 
nommait  séance  tenante  conseiller  honoraire-amateur. 
Pendant  vingt-cinq  ans  ,  il  fut  assidu  aux  séances  ,  où 
il  aimait  à  se  retrouver  avec  tout  ce  qu'il  y  avait  alors 
de  plus  distingué  en  fait  d'artistes  et  d'amateurs. 

Jean  de  JulUenne  mourait  le  20  mars  1766. 

«  Une  complexion  naturellement  foible ,  avoit  été 
»  réparée  par  des  mœurs  sages,  honnêtes  et  tran- 


304         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

»  quilles  ;  un  exercice  pris  dans  la  nature,  c'est-à-dire 
»  une  vie  continuellement  active  mais  uniforme,  lui 
»  avoit  formé  un  tempérament  décidé  qui  l'a  conduit 
»  jusqu'à  un  âge  fort  avancé.  On  l'a  vu  jusqu'à  78  ans 
»  se  lever  à  son  ordinaire  à  cinq  heures  du  matin, 
»  même  en  hiver,  et  rester  jusqu'à  midi  sans  feu,  animé 
»  du  zèle  de  veiller  à  ses  affaires  et  récréé  seulement 
»  par  la  vue  de  ses  cabinets  où  son  goût  le  rappeloit 
»  sans  cesse.  On  l'a  vu  s'y  faire  promener  encore  pen- 
»  dant  deux  heures  sans  feu ,  dans  la  plus  grande 
»  rigueur  de  1765 ,  quoiqu'il  fût  âgé  de  80  ans.  » 

Deux  portraits  bien  connus  nous  ont  conservé  les 
traits  de  l'ami  de  Watteau.  Il  est  représenté  dans  un 
parc  jouant  du  violoncelle  dans  le  tableau  peint  par 
cet  artiste ,  qui  s'est  fait  figurer  dans  le  fond.  Ce 
portrait  qui  nous  le  montre  encore  jeune ,  de  figure 
intéressante  et  douce,  a  été  gravé  parTardieu.  Au  bas 
sont  ces  vers  : 

Assis  auprès  de  toi  sous  ces  charmants  ombrages. 

Du  temps,  mon  cher  Walteau ,  je  crains  peu  les  outrages 

Trop  heureux  si  les  traits  d'un  fidelle  burin 

En  multipliant  tes  ouvrages 
Instruisaient  l'univers  des  sincères  hommages 

Que  je  rends  à  ton  art  divin. 

Le  second  portrait ,  un  peu  postérieur,  a  été  peint 
par  J.  F.  de  Troy  et  gravé  par  Balechou  pour  servir 
d'en-tête  aux  eaux-fortes  d'après  Watteau ,  dont  il 
tient  le  portrait  à  la  main. 

La  collection  de  Jullienne  fut  vendue  en  1767,  dans 
le  salon  carré  du  Louvre. 


KAUFFMANN   (Angélica 

1741-1807. 


Née  à  Coire  dans  les  Grisons  le  30  octobre  1741  ,  la 
célèbre  A.ngélica  Kauffmann  suivit  dans  son  enfance 
son  père,  peintre  médiocre  qui  changeait  de  résidence 
suivant  le  hasard  des  commandes.  C'est  à  Côme  qu'à 
l'âge  de  onze  ans  elle  peignit  avec  succès  le  portrait 
de  l'évêque  de  cette  ville  ,  ce  qui  commença  sa  répu- 
tation. Elle  visita  l'Italie  et  arriva  à  Rome  en  1763. 

A  cette  époque  c'était  une  charmante  jeune  fille, 
sachant  quatre  langues,  également  douée  pour  la  mu- 
sique et  la  peinture.  Mais  si  elle  réussissait  le  portrait, 
ses  travaux  de  gravure  sont  plutôt  traités  en  manière 
d'essais  et  n'ont  pas  grande  valeur  artistique.  Elle  gra- 
vait à  l'eau-forte  à  Ischia,  dans  la  baie  de  Naples  ,  en 
cette  année  1763,  des  Etudes  de  têtes  d'hommes,  à 
Rome,  Bologne  et  Venise  en  1765  et  1766,  des  Etudes 
de  femmes,  le  portrait  de  Winckelmann ,  le  tout  sans 
aucune  originalité. 

C'est  dans  cette  dernière  viUe  qu'ayant  fait  connais- 
sance de  seigneurs  anglais,  Lady  Vervort  lui  offrit  de 
la  conduire  à  Londres  ,  l'assurant  d'un  bon  accueil  et 
d'un  grand  succès.  Elle  y  arriva  le  22  juin  1768,  et 
s'attacha  de  suite  à  Reynolds  qui  eut  dès  lors  une 


506         LES   GRAVEURS   DU   XYIIF   SIÈCLE. 

grande  influence  sur  son  talent.  Mais  Angélica  eut  le 
tort  de  se  laisser  prendre  aux  grands  airs  et  aux 
séduisantes  paroles  d'un  aventurier  qui  se  faisait 
passer  pour  le  comte  de  Horn ,  et  qui  l'épousa.  Elle 
put  obtenir  sa  séparation  en  1760,  et  libre  de  préoccu- 
pations, se  livrer  entièrement  à  son  art.  Nous  n'en- 
trerons pas  dans  le  détail  des  nombreuses  compositions 
sentimentales  ou  pseudo-historiques  de  l'artiste ,  non 
plus  que  dans  la  nomenclature  de  ses  nombreux  por- 
traits de  l'aristocratie  anglaise  reproduits  par  les 
meilleurs  pointilleurs  de  Londres.  Elle  donnait  de 
temps  à  autre  quelques  petites  planches  à  l'eau-forte, 
Suzanne,  Sainte-Catherine ,  Vénus  et  Adonis  mort, 
d'après  A.  Carrache  (1770)  ;  Hèhé ,  Junon ,  Vierge  et 
enfant  Jésus,  etc..  Boydell  ayant  obtenu  les  cuivres 
de  ses  premières  études  ,  elle  les  retoucha  ,  et  en  1780 
il  les  fit  reparaître  avec  des  travaux  à  l'aqua-tinte 
ajoutés. 

Cependant  son  cœur  avait  parlé  de  nouveau.  C'était 
pour  le  peintre  italien  d'origine  Antonio  Zucchi  qu'il 
brûlait  maintenant.  Elle  avait  gravé  d'après  lui  une 
U7''anie,  les  Amours  d'Ulysse  et  de  Calypso,  la  Shn- 
plicité ,  et  l'épousait  la  même  année  1781 ,  où  eUe 
gravait  une  Sapho  s  entretenant  avec  Homère. 

Plus  tard ,  Angélica  voulut  revoir  l'Italie  et  y  sé- 
journer. EUe  mourut  à  Rome  le  5  novembre  1807. 

Le  Blanc  donne  une  liste  de  35  pièces  gravées  par 
Angélica  Kauffmann. 


KLAUBER    (Ignace-Sébastien 


1754-1820. 


Klaiiber  est  l'un  des  meilleurs  élèves  de  Wille  .  qui 
lui  avait  communiqué  sa  belle  conduite  de  burin,  et  tels 
de  ses  portraits  ,  ceux  notamment  de  Carie  Van  Loo 
et  (V AUegrain  n'auraient  été  désavoués  par  aucun  de 
nos  meilleurs  artistes.  D'abord  élève  de  son  père , 
graveur  à  Augsbourg ,  oii  il  naquit  en  1754 ,  Ignace 
Klauber  fut  envoyé  à  Paris  chez  Wille  qui  l'aimait 
comme  son  enfant ,  et  le  témoigne  dans  son  Journal 
avec  sa  chaleur  de  cœur  habituelle.  Quand  après  un 
premier  séjour,  il  doit  retourner  dans  sa  ville  natale 
pour  revoir  sa  famille ,  en  octobre  de  l'année  1783, 
Wille  a  bien  soin  de  lui  remettre  une  lettre  pour  son 
oncle  le  sénateur  pour  le  prier  instamment  au'on  lui 
renvoie  son  élève  chéri ,  qui  donne  de  si  belles  espé- 
rances. Le  jeune  homme  ayant  acheté  un  cabriolet  pour 
voyager  à  petites  journées,  trouve  un  Anglais  pour  com- 
pagnon de  voyage  :  «  M""  Klauber,  après  avoir  déjeuné 
»  avec  son  camarade  de  voyage  chez  nous,  s'est  mis 
»  avec  lui  dans  sa  voiture  de  poste  devant  notre  porte 
»  et  est  parti  accompagné  par  M"^  Preisler,  également 
»  notre  pensionnaire  et  M""  Huber  son  compatriote.  Ils 
»  ont  conduit  M""  Klauber  tous  à  cheval  à  six  lieues 


508         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP   SIÈCLE. 

»  d'icy  et  là  ils  ont  versé  des  larmes  en  se  séparant. 
»  J'ay  donné  à  M*"  Klauber,  outre  une  lettre  à  M''  son 
»  oncle,  une  à  M''  Eberts  à  Strasbourg  et  comme  il 
»  doit  passer  par  une  partie  de  la  Suisse  pour  voir 
»  vers  le  lac  de  Constance  une  de  ses  sœurs,  religieuse 
»  d'un  couvent  de  ces  quartiers ,  une  lettre  à  mon 
»  ancien  élève  M""  de  Méchel  à  Basle  et  une  à  M" 
»  Salomon  Gessner  à  Zurich ,  pour  y  voir  cet  auteur 
»  célèbre.  J'avoue  sincèrement  que  nous  étions  tous 
»  pénétrés  du  départ  de  M""  Klauber ,  parfaitement 
»  grand  et  bel  homme,  mais  dont  les  quahtés  du  cœur 
»  et  de  l'âme  sont  admirables  et  aussi  parfaites  qu'il 
»  est  possible.  Je  souhaite  de  tout  mon  cœur  que  son 
»  voyage  soit  des  plus  heureux  :  Il  le  fait  principale- 
»  ment  pour  contenter  sa  mère,  le  sénateur  son  frère, 
»  son  oncle  et  toute  sa  famille  qui  est  des  plus  consi- 
»  dérées  à  Augsbourg.  » 

De  retour  à  Paris  après  six  mois  d'absence,  Klauber 
continuant  à  mériter  par  ses  progrès  et  son  talent  les 
éloges  de  son  maître  ,  celui-ci  lui  conseilla  de  briguer 
les  suffrages  de  l'Académie  royale  et  de  graver  pour 
s'y  faire  recevoir  agréé  le  portrait  de  Carie  Van  Loo, 
d'après  la  peinture  de  Pierre  Le  Sueur.  La  belle  planche 
que  produisit  le  jeune  graveur  sous  les  yeux  de  Wille 
est  exécutée  d'après  les  principes  les  plus  purs  de  l'art 
classique  ;  on  reconnaît  aux  souples  et  larges  tailles 
qui  contournent  les  chairs  et  les  draperies  la  manière 
brillante  de  couper  le  cuivre  qu'enseignait  le  graveur 
hessois. 

«  C'était  M''  Pierre ,  premier  peintre  du  Roi,  dit 
»  encore  Wille,  qui  présenta  l'ouvrage  de  M""  Klauber 
»  à  la  Compagnie  qui,  après  l'avoir  examiné  ,  l'agréa 


KLAUBER*  509 

»  à  sa  satisfaction  et  à  la  mienne.  M'  Klauber  en  en- 
»  trant  dans  l'assemblée  ,  se  présenta  très  bien  ,  étant 
»  bel  homme  ,  grand  et  bien  fait ,  avec  un  extérieur 
»  rempli  de  candeur  ;  il  se  tira  en  faisant  ses  diverses 
»  cérémonies  et  révérences  au  mieux,  et  chacun  disoit  : 
»  Voilà  un  bel  homme  qui  paroit  bien  honnête.  Il  doit 
»  faire  un  second  portrait  et  j  ay  donné  ma  parole  à 
»  l'Académie  qu'il  le  feroit  incessamment.  Cet  événe- 
»  ment  heureux  a  rempli  dejoye  et  grand  contente- 
»  ment  ma  femme  et  mon  fils  comme  toute  ma  maison 
»  et  plusieurs  amis  ,  parce  que  M"^  Klauber  mérite  la 
»  distinction  qu'il  a  reçue  à  l'Académie  par  son  talent 
»  comme  il  mérite  d'être  estimé  de  chacun  par  ses 
»  mœurs.  Il  doit  faire  pour  sa  réception  le  portrait  de 
»  M""  Allegrain  sculpteur  dont  il  a  déjà  le  tableau.  » 

Ce  second  portrait ,  gravé  d'après  Duplessis  par 
Klauber,  fut  terminé  en  1787,  et  lui  fait  aussi  beau- 
coup d'honneur  ;  l'exécution  en  est  pourtant  un  peu 
trop  méthodique. 

Après  ce  nouveau  succès,  Klauber  repartait  pour  sa 
ville  natale  ,  rappelé  par  sa  famille,  il  s'agissait  pour 
lui  d'un  mariage.  Wille  lui  adressait  alors  25  épreuves 
de  son  Écolier  de  Hmiem  que  notre  graveur  avait 
exécuté  d"après  Poelenburg  en  1786 ,  et  c'est  pendant 
ce  voyage  qu'il  gravait  les  portraits  à'A7n?nan  et  de 
Rembold,  conseillers  de  la  ville  d'Augsbourg.  La  jeune 
fille  lui  ayant  déplu  ,  quoique  des  plus  riches  ,  il  reve- 
nait à  Paris  en  août  1788,  avec  l'intention  de  s'y  fixer. 

Klauber  étant  dans  une  situation  aisée ,  ne  tra- 
vaillait qu'à  ses  heures.  Nous  relevons  quelques  pièces 
signées  de  lui  dans  la  Galerie  de  Florence  :  l'Amour 
clairvoyant,  d'après  Van  Loo,  le  portrait  de  Gaspard 


510         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIÈCLE. 

Netscher  et  celui  de  la  Femme  de  François  Mièris. 

La  Révolution  étant  arrivée  ,  KJauber,  bien  qu'ins- 
crit comme  grenadier  du  bataillon  des  Cordeliers , 
prit  le  parti  d'abandonner  Paris  pour  aller  se  fixer  à 
Nuremberg.  Il  avait  déjà  épousé  la  veuve  du  graveur 
Garle  Guttenberg  (1791).  Il  y  entreprit  un  ouvrage  qui 
n'a  pas  été  continué  et  dont  il  ne  parut  que  22  planches 
en  deux  livraisons,  sous  le  titre  de  Figures  delà  my- 
thologie exécutées  en  taille  douce  d'après  les  pierres 
gravées  antiques  du  Baron  de  Stosch,  aujourd'hui 
dans  le  cabinet  du  roi  de  Prusse,  Nuremberg,  J.-F. 
Frauenholtz.  Le  portrait  de  Hertzberg  fut  aussi  gravé 
à  Nuremberg  ainsi  que  celui  du  graveur  Bause. 

Puis  Klauber  partit  pour  Saint-Pétersbourg  où  sa 
réputation  d'excellent  graveur  l'avait  précédé  et  où  il 
exécuta  de  nombreux  travaux  :  Stanislas  -Auguste , 
roi  de  Pologne  ,  d'après  M"*^  Vigée-Lebrun ,  dédié  à 
L.  A.  les  princes  Poniatowski  (1798).  Èlisabeth-Ale- 
xiewna,  grande-duchesse,  d'après  M"''  Vigée-Lebrun 
(1798) ,  charmant  portrait.  Le  Comte  de  Pouckin , 
d'après  Lampi  (1798).  Joseph,  archiduc  d'Autriche, 
d'après  Ritt  (1799).  Maximilien  archiduc,  Madeleine 
archiduchesse.  Le  Comte  de  Rostopsin,  d'après  Tonci 
(1800).  Le  Comte  de  Strogonoff,  d'après  Lampi  (1802). 
Platon ,  métropolitain  de  Moscou ,  d'après  Gutterbrun 
(1803).  Le  Comte  Litta  ,  d'après  Wigby  (1804). 
Paul  i«^  empereur  de  Russie,  d'après  Voille.  Marie- 
Feodorowna,  impératrice  (1805) ,  d'après  Kugelgen. 
Le  Prince  Kourahin.  Le  Comte  Potocki  (  1807  ) , 
d'après  Lampi. 

Klauber  se  fixa  définitivement  à  Saint-Pétersbourg 
et  y  mourut  en  1820. 


KOBELL  (Ferdinand) 


4740-1796. 


Ferdinand  Kobell,  peintre  et  graveur  à  l'eaii-forte,  né 
à  Mannheira  en  1740 ,  eut  beaucoup  de  peine  à  décider 
sa  famille  ,  qui  voulait  le  voir  homme  d'affaires,  à  le 
laisser  suivre  le  penchant  qu'il  montrait  pour  les  arts. 
Il  fut  envoyé  à  l'université  de  Heidelberg  et  nommé 
à  son  retour  secrétaire  de  chancellerie.  L'électeur 
palatin ,  auquel  il  fit  parvenir  un  de  ses  essais ,  lui 
accorda  une  pension  et  l'envoya  à  Paris  oii  il  séjourna 
à  plusieurs  reprises  de  1760  à  1770.  Si  l'on  vante  la 
fraîcheur  de  coloris  de  ses  peintures  ,  le  fini  précieux 
de  ses  dessins  ,  on  ne  doit  pas  passer  sous  silence  les 
séries  nombreuses  de  sujets  champêtres  qu'il  a  gravées 
d'une  pointe  fine  et  agréable.  Nous  citerons  parmi  ces 
planches  datées  tantôt  de  Paris,  tantôt  de  Mannheim  , 
quatre  Paysages  de  ruines,  cinq  Scènes  de  Tabagies 
(1771)  dans  le  goûtd"Ostade,  huit  pièces  de  Jeux  d'en- 
fants, six  Paysages  datés  de  Paris  (1770) ,  les  Ponts  , 
six  pièces  datées  de  1778  ;  les  Portes  de  ville ,  six 
pièces. 

Les  uns  le  font  mourir  en  1796,  et  les  autres  en  1799. 

Son  fils  Guillaume  Kobell ,  né  à  Mannheim  en  1766 . 
(îst  un  habile  graveur  au  lavis  et  à  l'aqua-tinte. 


KOHL   (Clément). 

1752-'I8... 


Clément  Kohi ,  né  à  Prague  en  1752,  apprit  les  élé- 
ments de  la  gravure  dans  sa  ville  natale  et  alla  se  per- 
fectionner à  Vienne  chez  Schmutzer.  11  a  gravé  d'un 
burin  très  fin  un  certain  nombre  de  portraits  de  petit 
format  : 

Frédéric  II. 

Le  Duc  de  Brunswick- Lunebour g ,  auteur  du 
fameux  manifeste, 

Léopold ,  duc  de  Lorraine  et  Bar,  1791 . 

Gessner,  médaillon  avec  cadre  orné,  1789,  in-12. 

Gellert,  1792,  in-12. 

Frédéric-Guillaume ,  prince  de  Rohenlohe  ,  1790. 

L'Archiduc  Charles,  1802,  avec  une  vue  de  bataille. 

Un  petit  portrait  du  poète  Burger,  presque  aussi 
célèbre  par  ses  excentricités  matrimoniales  que  par 
ses  ballades. 

Johanna  Saicco,  célèbre  actrice. 

Les  deux  pièces  les  plus  délicates  qu'ait  produits  le 
burin  de  Kohi  sont  les  portraits  du  Py^nce  et  de  la 
Princesse  Gagarin,  née  Galitzin  ,  2  p.  in-4 ,  d'après 
Posch. 


LAGRENÉE    (Jean-Jacques). 

1740-1821. 


Le  peintre  Jean-Jacques  Lagrenée  ,  né  à  Paris  en 
1740 ,  fut  élève  de  son  frère  Louis-Jean-François 
Lagrenée  l'aîné,  plus  âgé  que  lui  de  seize  ans.  C'est  lui 
et  non  son  frère  aîné  ,  qui  est  l'auteur  d'un  certain 
nombre  de  pièces  gravées  ,  ainsi  que  l'indique  claire- 
ment la  signature  Lagrenée  M.  {Minor)  : 

La  Vierge  et  V  enfant  Jésus,  d'après  Lagrenée  l'aîné, 
jolie  eau-forte  in-4  datée  de  1762 ,  et ,  à  peu  près  de  la 
même  époque,  quelques  petites  pièces  assez  habiles 
de  facture  ;  différents  Sujets  mythologiques ,  d'autres 
tirés  de  la  Bible  :  Retour  d'Abraham  ,  le  Sacrifice 
d'Abraham ,  Loth  et  ses  filles  [1763),  le  Sacrifice  de 
Gédéon,  Tobie  et  le  poisson,  V Annonciation,  la  Nati- 
vité,  r Adoration  des  Bergers,  Jésus  et  la  Sam,ari- 
taine,  le  Christ  au  tombeau,  le  Baptême  de  V Eunuque 
par  Si  Philippe  ;  tout  cela  ne  dépasse  pas  le  format 
in-4. 

La  plupart  des  pièces  de  J.-J.  Lagrenée  ont  été 
gravées  en  Russie ,  où  il  avait  accompagné  son  frère 
appelé  par  l'impératrice  Elisabeth  et  où  il  séjourna 
trois  ans  :  quelques-unes  portent  même  l'indication 
expresse  qu'elles  ont  été  faites  à  Saint-Pétersbourg  : 


514         LES   GRAVEURS    DU    XVIII*'   SIÈCLE. 

Sacrifice  au  dieu  Pan,  Sainte-Famille,  la  Fuite 
en  Egypte,  le  Sommeil  de  Jésus  d'après  le  Guide, 
Si-Jérôme,  le  Testament  d'Eudamidas,  une  étude 
de  Vieillard  russe  assis,  et  une  grande  Allégorie  sur 
rimpérairice  Elisabeth  Petrowna ,  d'après  le  tableau 
de  Lagrenée  l'aîné. 

En  1765,  J.-J.  Lagrenée  est  à  Rome  ;  une  pièce  qui 
représente  f  Offrande  d'un  satyre  est  signée  Lag^^enée 
inv.  etsculp.  1765,  Romœ  ;  il  en  est  de  même  de  deux 
Fragments  d'antiquités. 

Puis  Lagrenée  reste  dix-sept  ans  sans  graver,  jus- 
qu'en 1782  ;  alors  il  reprend  la  gravure ,  mais  cette 
fois  avec  un  autre  procédé,  l'eau-forte  combinée  avec 
le  lavis.  De  cette  seconde  manière  sont  la  Toilette  de 
Vénus  et  Apollon  couronnant  les  arts,  estampes  in- 
fol.,  un  Recueil  de  cinq  co7npositions par  Lagrenée 
Jeune  (1782),  in-4  en  largeur;  Anacréon,  l'Amour  dé- 
say^mé,  les  Apprêts  du  sacrifice,  la  Charité  r^omaine, 
le  Cotisée ,  VAnge  gardien ,  le  Sommeil  de  Jésus ,  la 
Sainte-Famille  aux  anges  et  la  jolie  pièce  les  Petits 
Moissonneurs  et  la  chèvre,  in-4. 

En  1775,  Lagrenée  avait  été  admis  à  l'Académie  de 
peinture,  sur  le  plafond  de  l'Hiver,  exécuté  pour  la 
galerie  d'Apollon.  11  fut  aussi  professeur,  et  attaché  à 
la  manufacture  de  Sèvres. 

Il  s'occupa  vers  1800  d'un  procédé  de  son  invention 
pour  dessiner  sur  le  marbre  en  incrustations  et  pour 
peindre  à  l'huile  sur  verre. 

Il  est  mort  le  22  février  1821. 

Baudicour  a  décrit  son  œuvre  gravé  en  53  pièces. 


LA  LIVE  DE  JULLY  (Ange-Laurent  de] 

'1725-'!  779. 


Avec  ce  graveur  amateur  nous  entrons  dans  le 
monde  de  la  haute  finance  du  siècle  dernier.  Société 
spirituelle,  artiste,  élégante  s'il  en  fut ,  mais  légère  à 
l'avenant  que  celle  des  La  Live ,  fermiers  généraux 
de  père  en  fils  ,  de  M""*^  d'Épinay,  de  M'"''  d'Houdetot, 
de  Dupin  de  Francueil ,  du  chevalier  de  Valory  et  de 
M"®  d'Ette,  des  Duclos  et  des  Saint-Lambert.  C'est 
un  monde  folâtre  où  chacun  cherche  à  tout  faire  mar- 
cher de  front,  l'amour,  les  arts ,  la  bonne  chère .  la 
galanterie,  à  la  Chevrette  comme  à  Chenonceaux  ou 
Place  Vendôme.  Et  que  de  petits  vers  !  que  de  madri- 
gaux !  que  de  fins  portraits  et  que  de  griffbnis  ! 

Un  des  premiers  essais  de  paysages  de  notre  ama- 
teur est  dédié  à  son  père,  le  fermier  général  La  Live  de 
Bellegarde.  Au  bas,  ces  vers  d'un  fils  respectueux  : 

Vous  avez  formé  mes  talens 

Ma  main  vous  devait  cet  ouvrage; 

Vous  inspirés  mes  sentimens 

Mon  cœur  vous  devoit  cet  hommage. 

Lorsque  le  jeune  La  Live  ,  qui  vient  de  se  marier, 
grave  à  l'eau  forte  ,  très  agréablement ,  le  profil  de  sa 


516  LES    GRAVEURS    DU    XVIII*    SIECLE. 

femme  M""^  de  La  Lire  de  Jully ,  dont  le  minois 
chiffonné  a  été  crayonné  par  Cochin^  il  inscrit  au- 
dessous  du  portrait  ces  vers  : 

Pour  charmer  tous  les  yeux ,  le  Dieu  qui  nous  enflante 
Réunit  dans  He'bé  les  grâces ,  la  beauté. 
Pour  la  faire  adorer  les  Dieux  ont  dans  son  âme 
Imprimé  tous  les  traits  de  la  divinité. 

On  pourrait  croire  qu'une  fois  par  hasard,  au  milieu 
de  tous  ces  ménages  disloqués  et  rassortis  à  côté,  à  la 
convenance  et  à  la  mesure  de  chacun ,  on  se  trouve 
enfin  en  présence  d'époux  qui  s'estiment  et  s'aiment. 
Et  de  fait  La  Live  est  très  amoureux  de  sa  femme. 
Voici  un  paysage ,  anodin  comme  facture ,  qu'il  lui 
dédie  et  qui  témoigne  de  son  affection  : 

Iris  ds  mon  essay  recevés  les  prémices 
Que  n'ai-je  le  burin  qui  grava  dans  mon  cœur 
Les  tendres  sentiments  dont  je  fais  mes  délices 
Je  surpasserais  larl  des  plus  fameux  graveurs. 

jyime  d'Èpinay,  la  belle-sœur  de  M™^  de  La  Live, 
apporte  aussi  sur  le  jeune  ménage  un  témoignage 
flatteur  et  trace  de  la  jeune  femme  le  portrait 
suivant ,  dans  ses  Mémoires  :  «  Je  suis  en  vérité 
»  tous  les  jours  plus  contente  de  M™**  de  Jully. 
»  Elle  a  de  l'esprit,  et  la  tournure  en  est  très  plai- 
»  santé.  Son  extérieur  est  très  froid  mais  elle  a  de 
»  la  gaité  dans  l'imagination.  Elle  cause  très  agré- 
»  ablement  lorsqu'elle  est  tête  à  tête  et,  quoiqu'elle 
»  soit  fort  décidée,  il  semble  que  le  monde  lui  impose. 
»  Elle  adore  son  mari  et  je  crois  que  c'est  une  des 

1  On  dit  aussi  que  ce  portrait  est  celui  de  la  Marquise  d'Etampes. 


LA    LIVE.  Ml 

»  raisons  qui  l'empêchent  de  se  livrer  autant  à  la 
»  société,  parce  que  toute  son  activité  ou  plutôt  tous 
»  ses  sentiments  sont  dirigés  vers  ce  seul  objet. 
»  Cependant  elle  aime  la  dissipation  ,  les  plaisirs  ,  le 
»  spectacle  ;  je  ne  sais  trop  comment  tout  cela  s'ar- 
»  range  mais  cela  est  pourtant  ainsi.  Je  suis  très  cir- 
»  conspecte  avec  elle ,  car,  aimant  son  mari  comme 
»  elle  l'aime ,  elle  auroit  sûrement  très  mauvaise 
»  opinion  de  moi ,  si  elle  pouvoit  savoir  à  quel  point 
»  je  suis  loin  de  penser  comme  elle.  » 

Mais  hélas  !  l'influence  d'un  entourage  aimant  trop 
le  plaisir  et  d'une  société  corrompue  ne  tarde  pas  à  se 
faire  sentir  et  l'opinion  de  M™^  d'Épinay  sur  la  fidélité 
conjugale  de  sa  belle-sœur  se  modifie  sigulièrement 
quand  ce  modèle  d'épouse  s'enthousiasme  pour  le 
chanteur  Jéliotte  dont  elle  fait  son  amant ,  et  quand 
elle-même  doit ,  sans  trop  se  faire  prier,  servir  leurs 
amours  à  son  château  de  la  Chevrette.  Un  beau  jour 
M™^de  Jully  lui  signifie  qu'elle  veut  prendre  un  amant, 
que  son  mari  est  fort  bon  pour  elle,  mais  qu'elle  ne  l'a 
pas  épousé  par  amour.  Une  partie  de  la  conversation 
de  M™^  d'Epinay  avec  sa  belle-sœur,  rapportée  par  elle, 
mérite  d'être  citée  :  «  Plus  je  connais  M'"  de  Jully,  lui 
»  disait  sa  femme  et  plus  je  m'applaudis  de  mon  choix.  11 
»  est  bon  enfant,  doux  ,  complaisant ,  foible  ,  sans  nerf, 
»  mais  sans  vice  ;  en  un  mot  il  est  tout  propre  à  jouer 
»  son  rôle  décemment  et  je  lui  en  sais  gré.  Au  reste 
»  il  a  cru  être  amoureux  de  moi,  mais  il  s'est  trompé. 
»  —  Que  dites-vous  donc ,  ma  sœur  ?  Il  vous  adore 
»  comme  le  premier  jour.  —  Le  dit-il  ?  Eh  bien  ,  il  se 
»  trompe  encore.  11  y  a  une  fille  de  la  comédie  à  qui 
»  il  fait  des  présents  toute  la  journée.  Dans  le  fond, 
n.  34 


518         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

»  c'est  l'homme  du  monde  que  je  vois  le  moins  et  celui 
»  qui  fait  le  moins  ma  volonté.  —  Ma  sœur,  ma  sœur, 
»  vous  êtes  injuste.  Pouvez-vous  nier  que  votre  mari 
»  ne  soit  uniquement  occupé  de  vous  plaire  ?  —  Quoi  ! 
»  parce  qu'il  me  donne  continuellement  des  bijoux 
»  dont  je  ne  fais  nul  cas  ,  des  robes  qu'il  choisit  pres- 
»  que  toujours  contraires  à  mon  goût  ;  qu'il  me  loue 
»  des  loges  aux  spectacles  le  jour  où  je  veux  rester 
»  chez  moi  ?  Eh,  mais  !  ne  voyez-vous  pas  que  ce  sont 
»  ses  fantaisies  qu'il  caresse  et  non  les  miennes  ?  mais 
»  priez-le  de  faire  céder  un  de  ses  caprices  ou  de  ses 
»  goûts  aux  miens,  vous  verrez  cette  perle  des  maris 

»  devenir  tout  en  douceur  le  sultan  le  plus  despote 

»  Mais  nous  voilà  bien  loin  de  ce  que  je  voulois  vous 
»  confier.  J'aime,  je  vous  l'ai  dit  ;  savez-vous  qui  ?  c'est 
»  Jéliotte.  —  Jéliotte!  vous  n'y  pensez  pas  ma  sœur, 
»  un  acteur  de  l'opéra ,  un  homme  sur  qui  tout  le 
»  monde  a  les  yeux  et  qui  ne  peut  décemment  passer 
»  pour  votre  ami. —  Doucement,  s'il  vous  plaît,  je  vous 
»  ai  dit  que  je  l'aimois  et  vous  me  répondez  comme 
»  si  je  vous  demandois  si  je  ferois  bien  de  l'aimer.  — 
»  Gela  est  vrai  ;  mais  vous  m'avez  dit  en  même  temps 
»  que  vous  exigiez  que  je  vous  rendisse  service  et  je 
»  vous  déclare  queje  ne  veux  pas  être  la  confidente 
»  de  M''  Jéliotte ,  ni  servir  ses  amours.  —  Il  ne  s'agit 
»  pas  ici  du  nom  de  mon  amant,  ma  sœur,  c'est  moi 
»  qu'il  s'agit  d'obliger  :  le  voulez-vous  ou  non?  — 
»  Quant  à  vous  ,  ma  sœur,  je  n'aurois  jamais  rien  à 
»  vous  refuser,  mais...  —  Fort  bien  ;  à  présent,  dites- 
»  moi,  Jéliotte  n'est-il  pas  un  homme  estimable?  Tout 
»  le  monde  ne  le  trouve-t-il  pas  au-dessus  de  son  état? 
»  —  Gela  est  vrai  ;  et  cette  phrase  là  même  vous  con- 


LA   LIVE.  519 

»  damne  :  le  monde  ne  vous  pardonnera  pas.  —  Eh, 
»  mon  enfant  le  monde  est  un  sot  et  celui  qui  l'écoute 
»  aux  dépens  de  son  bonheur  Test  encore  plus.  Bref, 
»  Jéliotte  arrive  ce  soir.  Il  faut  que  vous  le  logiez 
»  dans  la  chambre  bleue  ,  à  côté  de  la  mienne.  Je  me 
»  plaindrai  pendant  le  dîner  du  bruit  que  fait  mon 
»  mari  en  sortant  le  matin  pour  la  chasse.  Alcrs  vous 
»  m'offrirez  de  lui  donner  le  petit  appartement  qui  est 
»  derrière  le  mien,  je  l'accepterai  et  tout  ira  bien.  — 
»  Ah  !  lui  dis-je,  si  vous  n'exigez  que  cela  de  moi ,  à 
»  la  bonne  heure.  —  Eh!  qu'avez-vous  donc  cru,  s'il 
»  vous  plait? » 

Tout  s'arrangea  en  effet  comme  il  avait  été  con- 
venu. M.  de  Jully  convint  qu'il  faisait  beaucoup  de 
bruit  et  accepta  de  changer  de  chambre.  Jéliotte  arriva  : 
«  Le  bonheur  éclatoit  dans  leurs  yeux ,  dit  encore 
»  M"'®  d'Epinay,  et  ce  tableau  si  séduisant  me  rappela 
»  des  temps  plus  heureux  pour  moi  et  me  fit  verser 
»  des  larmes.  Francueil  qui  s'en  aperçut  et  qui  était 
»  dans  la  confidence  me  dit  en  me  regardant  tendre- 
»  ment  :  seront-ils  les  seuls  heureux?...  » 

W^^  de  La  Live  ne  goûta  pas  longtemps  son  bon- 
heur. Peu  après  elle  tomba  malade  de  la  petite  vérole 
et  mourut  dans  les  bras  de  sa  belle-sœur,  pleurée 
par  son  mari  qui  n'avait  perdu  aucune  illusion  :  «'  La 
»  douleur  où  M""  de  Jully  étoit  d'avoir  perdu  sa  femme, 
»  écrit-elle  ,  fut  poussée  jusqu'au  délire  et  parut  d'au- 
»  tant  plus  étrange  que  la  dissipation  à  laquelle  il  s'était 
»  livré  jusqu'au  dernier  moment  de  sa  vie  ne  l'y  avoit 
»  pas  préparé.  Sa  première  sortie  fut  pour  commander 
»  un  superbe  mausolée  en  marbre  qu'il  destina  à  être 
»  placé  dans  un  cabinet  au  fond  de  son  appartement. 


520         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP    SIÈCLE. 

»  Il  fit  faire  une  demi-douzaine  de  portraits  qu'il 
»  rangea  tout  autour  de  sa  chambre  et  il  passoit  son 
»  temps  à  se  nourrir  de  sa  douleur.  » 

C'est  à  Falconnet  que  La  Live  commanda,  en  effet , 
le  médaillon  en  marbre  qui  se  trouve  encore  main- 
tenant à  St-Roch  sur  le  tombeau  de  cette  femme 
légère  et  charmante.  J.-J.  Rousseau  écrivait  alors  à 
Dupin  de  Francueil ,  propriétaire  de  Ghenonceaux , 
cette  appréciation  suffisamment  sceptique  :  «  Vous 
»  êtes  en  peine  de  M''  de  JuUy  ;  il  est  constant  que  sa 
»  douleur  est  excessive  ;  on  ne  peut  être  rassuré  sur  ses 
»  efiets  qu'en  pensant  au  peu  d'apparence  qu'il  y  avoit 
»  il  y  a  deux  mois,  par  la  vie  qu'il  menoit ,  que  la  mort 
»  de  sa  femme  put  laisser  dans  son  âme  des  traces 
»  bien  profondes  de  douleur.  D'ailleurs,  il  l'a  modelée 
»  sur  ses  goûts  et  cela  lui  donne  les  moyens  de  la 
»  conserver  plus  longtemps  sans  nous  alarmer  sur  sa 
»  santé....  » 

Dupin  de  Francueil,  le  même  qui,  sur  le  tard,  épousa 
Aurore  de  Saxe  et  fut  le  grand-père  de  Georges  Sand, 
était  alors  comme  on  sait  l'amant  de  M™^  d'Epinay  et 
l'ami  intime  des  Jully.  La  Live  lui  dédiait  un  paysage 
avec  cette  légende  itaiïenne  :  Studio  di  paesi  dedicato 
al  IIV^'^  Dupin  de  Francœuil  signor  viy^tuosissimo 
ed  amicissimo  del  autore  de  La  Live  de  J.  Le  pro- 
priétaire de  Ghenonceaux  s'amusait  aussi  à  peindre  : 
la  Vue  du  château  de  la  B riche ,  propriété  des  La 
Live,  celle  du  Château  de  la  Chevrette,  résidence  de 
M™*'  d'Épinay,  ont  été  gravées  par  La  Live  d'après 
ses  peintures.  La  Live  dédiait  à  M""®  de  Roissy,  une 
de  ses  bonnes  amies  ,  la  suite  des  Éléments ,  repré- 
sentés  par  Natoire  sous  la  forme  d'enfants,  et  les 


LA    LIVE.  521 

accompagnait  d'un  cartouche  historié  au  milieu  duquel 
on  lit  ces  vers  dignes  de  Dorât  : 

Sous  les  traits  du  Dieu  de  Cythère 
Pour  rendre  homage  à  la  beauté 
Les  Éléments  se  font  la  guerre 
Chacun  veut  être  préféré. 
Vous  les  accorderés,  Thémire 
Mais  si  j'en  crois  mes  sentimens 
L'air  qu'auprès  de  vous  l'on  respire 
Est  le  premier  des  élémens. 

Il  gravait  aussi  un  fleuron  de  Boucher  pour  le  titre 
de  Y  Essai  sw  VArt  de  la  Guerre,  de  Turpin  de  Crissé. 

Pour  se  consoler  de  son  veuvage  ,  La  Live  s'était 
plus  que  jamais  adonné  à  ses  goûts  de  collectionneur. 
Il  achetait  objets  d'art  et  tableaux ,  et  s'était  tout 
spécialement  épris  de  l'école  française ,  que  le  gou- 
vernement du  roi  soutenait  bien  de  ses  commandes , 
mais  à  laquelle  les  collectionneurs  préféraient  d'ha- 
bitude les  écoles  italienne ,  flamande  et  hollandaise. 
Encouragé  dans  cette  voie  par  son  ami  Mariette  ,  aidé 
de  ses  conseils ,  il  formait  cette  belle  collection 
d'œuvres  nationales,  ce  cabinet  de  peinture  et  de 
sculpture  française  dont  Mariette,  en  1764,  lui  dressait 
le  Catalogue  historique.  Le  portrait  de  La  Live  de 
Jully  de  profil,  très  agréablement  gravé  par  lui-même 
d'après  le  dessin  de  Cochin  ,  fut  ajouté  à  ce  catalogue 
ainsi  qu'une  allégorie  ,  Minerve  enseignant  un  jeune 
artiste,  dont  l'invention  était  due  à  Le  Fèvre  et  la 
gravure  à  notre  artiste-amateur  :  «  L'amour  que  j'ai 
»  pour  ma  patrie ,  dit-il  dans  la  préface ,  et  pour  les 
»  talens  qu'elle  produit,  joint  à  la  connoissance  que 
»  j'ai  prise  peu  à  peu  de  la  peinture ,   m'ont  fait 


522         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

»  observer  dans  divers  ouvrages  des  artistes  françois, 
»  qu'il  seroit  possible  de  former  un  très  beau  cabinet 
»  d'école  françoise  en  peinture  et  en  sculpture  et 
»  que  notre  école  pouvoit  soutenir  la  comparaison  de 
»  l'école  flamande  et  souvent  celle  de  l'école  d'Italie. 
»  Pour  exécuter  ce  projet  de  façon  qu'il  fit  honneur 
»  à  nos  arts,  j'ai  fait  cette  collection  sous  les  yeux  et 
»  avec  les  lumières  des  amateurs  et  des  artistes  les 
»  plus  éclairés ,  n'ayant  rien  voulu  admettre  dans 
»  mon  cabinet  qui  ne  fût  du  meilleur  temps  de  chaque 
»  auteur.  » 

Ami  de  presque  tous  les  artistes  de  son  temps,  en 
relation  avec  les  grands  amateurs  et  les  marchands  , 
La  Live  put  mettre  de  point  en  point  ce  projet  à 
exécution  et ,  de  Simon  Vouët  à  Greuze  ,  des  Anguier 
à  Pajou,  réunir  en  peinture  et  en  sculpture  les  plus 
beaux  spécimens  de  l'école  française.  Lancret  était  re- 
présenté dans  sa  galerie  par  deux  tableautins  figurant 
des  jeux  d'enfants,  que  leur  propriétaire  a  gravés  sous 
le  titre  de  rAge  d'or;  Greuze,  d'après  lequel  il  a  gravé 
les  Fermiers  brûlés ,  par  huit  toiles  dont  le  célèbre 
tableau  du  Père  de  famille  lisant  la  Bible  à  ses  enfants. 
Boucher  aussi  était  l'objet  d'une  prédilection  marquée 
de  la  part  du  collectionneur,  qui  a  galamment  interprété 
quelques-uns  de  ses  plus  jolis  dessins,  Pastourelle 
portant  des  cages  d'oiseaux.  Jeune  fille  sacrifiant 
sur  V autel  de  V Amour,  la  Correzione ,  Jardinière 
à  l'air  mutin  (1754),  mais  jardinière  de  fantaisie,  sortie 
un  instant  du  salon  pour  s'amuser  à  ratisser. 

La  Live  avait  tenté  pour  la  sculpture  française 
ce  qu'il  avait  si  complètement  mené  à  bien  pour  la 
peinture  ;   seulement  comme  l'achat  de  marbres  im- 


LA    LIVE.  523 

portants  aurait  pu  compromettre  la  bonne  administra- 
tion de  son  bien ,  il  s'était  d'habitude  contenté  des 
terres  cuites,  premier  jet  qui  rend  souvent  mieux  la 
véritable  impression  de  l'artiste.  Anguier,  Puget , 
Michel-Ange  Slodtz  ,  Girardon  ,  La  Datte  ,  Goustou  , 
Coysevox ,  Gaffieri ,  Pigalle  ,  Falconet ,  étaient  repré- 
sentés dans  ses  salons  par  des  œuvres  intéressantes  et 
choisies  avec  goût.  Saly,  ce  sculpteur  de  talent  que  le 
Danemark  nous  enleva ,  s'y  trouvait  pour  un  groupe 
de  Pan  et  Syrinx  et  un  faune.  G 'était  un  dessinateur 
original,  très  jaloux  de  ses  dessins  ;  Mariette  raconte 
qu'il  avait  eu  beaucoup  de  peine  à  en  obtenir  quel- 
ques-uns. La  Live  fut  plus  heureux  en  obtenant  du 
sculpteur  deux  séries  qu'il  s'empressa  de  graver  :  une 
série  de  Vases,  ornés  de  figures  décoratives  d'un  effet 
original ,  datés  de  1754 ,  et  une  suite  de  Caricatures 
en  16  pièces  ,  dont  le  trait  principal  réside  dans  l'exa- 
gération de  la  longueur,  et  qui  manquent  un  peu  d'in- 
térêt, maintenant  que  nous  ne  savons  plus  quels  sont 
les  types  qui  ont  servi  de  modèles. 

On  voit  qu'au  milieu  de  l'existence  dissipée  que 
M""^  d'Épinay  attribue  à  son  beau  -  frère ,  La  Live 
trouvait  encore  bien  des  instants  à  consacrer  aux  arts. 

Il  gravait  le  portrait  de  La  Borde  de  Mèrèmlle,  ban- 
quier de  la  cour,  d'après  Roslin  ;  il  gravait  encore,  ou 
plutôt  il  signait  un  délicieux  portrait  de  femme,  qu'il 
est  impossible  de  ne  pas  attribuer  à  Saint-Aubin,  celui 
de  Madame  Lètine ,  sa  seconde  belle-mère  {Tendre, 
sensible,  heureuse  mère...),  d'après  Bernard ,  1765, 
in-fol.  :  «  Une  eau-forte  qui  est  l'idéal  de  la  gravure  de 
»  femme,  et  qui  vous  fait  regretter  qu'il  n'y  ait  qu'un 
»  portrait  de  femme  du  XVIIP  siècle  ainsi  exécuté,  et 


524         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

»  encore  un  portrait  de  vieille  femme.  »  (E.  de  Gon- 
court ,  la  Maison  d'un  Artiste.) 

Les  rapports  étaient  des  plus  suivis  entre  Saint- 
Aubin  et  notre  amateur  :  Saint-Aubin  gravait  le  por- 
trait de  La  Live  d'après  Greuze  ,  ou  bien  il  retouchait 
ou  regravait  les  portraits  gravés  par  celui-ci. 

La  note  manuscrite  ci-dessous  se  trouve  à  côté  de 
l'épreuve  de  son  portrait  au  Cabinet  des  Estampes  : 

«  Portrait  de  M*"  de  La  Live  de  Jully,  introducteur 
»  des  ambassadeurs,  dessiné  par  J.-B.  Greuze  en  1754 
»  et  gravé  par  Auguste  de  St- Aubin  en  1765.  Ce  por- 
»  trait  devait  servir  de  frontispice  à  la  suite  cy-j  ointe 
»  des  50  portraits  que  M""  de  La  Live  a  gravé  et  qu'il 
»  devait  donner  au  public  avec  un  précis  de  la  vie  des 
»  grands  hommes  qu'elle  présente  pour  faire  suitte 
»  avec  les  hommes  illustres  dePérault.  M""  de  La  Live 
»  avait  d'abord  gravé  cette  suitte  et  s'était  fait  aider 
»  pai^  un  nommé  Charpentier  méchanicien  ;  M'"  de 
»  La  Live  s'adressa  ensuite  à  Auguste  de  St-Aubin 
»  qui  effaça  presque  toutes  les  têtes  et  les  refit  dans  le 
»  genre  de  l'auteur  qui  les  avoyent  commancées.  » 

M.  le  comte  Clément  de  Ris  rapporte  dans  les  Ama- 
teurs d'autrefois  une  note  de  La  Live  prise  sur  le 
manuscrit  de  ses  Hommes  illustres  dont  le  texte  ne 
parut  jamais  :  «  J'avois  d'abord  eu  le  projet  de  faire 
»  graver  tous  les  portraits  par  des  artistes,  mais  outre 
»  que  les  planches  terminées  eussent  demandé  beau- 
»  coup  de  temps ,  le  goût  que  j'ai  toujours  eu  pour 
»  la  gravure  que  j'ai  pratiquée  dès  ma  plus  tendre 
»  jeunesse ,  m'a  déterminé  à  les  graver  moi-même  à 
»  l'eau-forte,  en  ayant  fait  faire  des  dessins  d'après 
»  les  meilleurs  porti  aits  connus  pour  les  réduire  tous  à 


LA    LIVE.  525 

»  la  même  grandeur.  J'ai  cherché  dans  ces  estampes 
»  la  manière  de  Van  Dyck.  Je  sais  que  je  suis  resté 
»  bien  loin  de  mon  modèle.  »  Tenons  compte  à  La  Live 
de  sa  modestie ,  mais  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
malgré  les  retouches  de  Saint-Aubin ,  cette  série  de 
portraits  in-4,  d'une  exécution  honorable  pour  un 
amateur,  est  en  définitive  restée  assez  faible. 

En  voici  la  liste  :  le  Cardinal  de  Retz,  le  Car- 
dinal de  Polignac ,  Bossuet,  Fènèlon,  Fléchier , 
Mascaron,  Nicole,  Quesnel ,  Malebranche ,  Bayle , 
VAhhè  de  Rancé,  le  Maréchal  de  Crèquy,  le  Comte 
de  Bussy-Rahutin ,  Vauhan ,  Câlinât,  Bourdaloue, 
Massillon,  Morèri,  Bernard  de  Montfaucon,  le  P. 
Porèe,  le  Duc  de  Villars,  Duguay-Trouin,  Mathieu 
Mole,  Orner  Talon,  le  Comte  d'Avaux,  le  Chancelier 
Boucherai,  La  Moignon,  D'Argenson,  René  Pucelle, 
Mézeray,  Saint-Évremond,  Félibien ,  Cassiny,  La 
Bruyère,  Dacier,  Rollin,  Rapin  de  Toyras,  Segrais, 
Thomas  Corneille ,  Boileau- Despréaux ,  Chaulieu , 
J.-B.  Rousseau,  Duf7^esnoy,  Jouvenet,  H.  Rigaud , 
François  Lemo  y  ne ,  Puget,  Girardon,  André  Le 
Nosire  et  La  Lande.  Us  portent  des  numéros  ,  de  65 
à  114. 

Ce  serait  donc  comme  suite  aux  Hommes  Illustres 
de  Perrault  que  ces  portraits  auraient  été  exécutés. 
La  Live  ne  les  vendit  pas.  Il  les  ofirit  à  ses  amis  et  en 
envoya  un  exemplaire  à  Jean-Jacques  Rousseau  qu'il 
avait  souvent  rencontré  à  la  Chevrette.  Celui-ci  lui 
répondait  de  son  ermitage  :  <^  J'ai  reçu  votre  présent 
»  avec  le  plaisir  et  la  reconnaissance  que  me  donnent 
»  tous  les  témoignages  de  votre  souvenir.  Venés , 
»  Monsieur,   quand  il  vous  plaira ,  voir  ma  retraite 


526         LES   GRAVEURS   DU    XVIir    SIECLE. 

»  ornée  de  vos  bienfaits  ;  ce  sera  les  augmenter  et  les 
»  moments  que  vous  aurés  à  perdre  ne  seront  pas 
»  perdus  pour  moi.  » 

La  Live  a  gravé  le  portrait  de  son  père  le  fermier- 
général  La  Live  de  Bellegarde  ;  ceux  de  Louis  Bontens 
et  de  Pierre  Oilhert  de  Cangè,  du  duc  Alexandre  de 
La  Rochefoucauld ,  du  marquis  de  Montcalm  ;  le 
Mausolée  de  la  princesse  de  Condè,  d'après  Vassé. 

Par  des  motifs  que  M""^  d'Epinay  ne  donne  pas , 
notre  amateur  sollicita  d'être  envoyé  à  Genève  pour 
représenter  la  France.  Quelques  années  après  il  reve- 
nait à  Paris  avec  le  titre  d'introducteur  des  ambassa- 
deurs. Il  avait  été  nommé  dès  1754  à  une  place  d'ho- 
noraire amateur  à  l'Académie  royale.  Mariette,  son 
ami ,  nous  apprend  que  sur  le  tard  il  avait  perdu  la 
tête.  «  Son  état  fait  pitié  »,  écrit-il  vers  1770.  Diderot 
annonçait  la  môme  nouvelle  à  Falconnet  en  ces  termes  : 
«  M.  de  La  Live  est  devenu  fou  furieux,  vous  n'auriez 
»  jamais  cru  que  ce  fût  de  cette  maladie  dont  il  fût 
»  menacé.  Ce  qu'il  y  a  de  plaisant  c'est  qu'on  dit  que 
»  c'est  d'avoir  trop  aimé  sa  femme.  »  Aussi  dut-on 
vendre  dès  1770 ,  par  mesure  de  conservation ,  ce 
fameux  cabinet  réuni  à  la  gloire  de  l'école  française. 

Le  pauvre  La  Live  ,  devenu  littéralement  gâteux  , 
mourut  le  18  mars  1779. 


Les   LANGLOIS. 


1754-48... 


Pierre  -  Gabriel  Langlois  l'aînè  ,  tié  à  Paris  en 
1754 ,  élève  de  Simonet ,  et  Vincent-Marie  Langlois 
LE  JEUNE  furent  surtout  des  graveurs  de  la  Galerie  de 
Florence  ,  et  par  conséquent  leur  œuvre  se  compose 
presque  exclusivement  de  reproductions  de  tableaux 
des  anciens  maîtres. 

D'après  les  artistes  de  leur  temps,  ils  ne  gravèrent 
guère  que  quelques  vignettes,  éparses  dans  le  Théâtre 
des  Grecs  du  P.  Brumoy,  le  Cabinet  des  Fées,  les 
Voyages  imaginaires ,  les  Œuvres  de  Le  Sage ,  le 
Théâtre  du  'inonde ,  les  Figures  de  F  Histoire  de 
France  de  Moreau  .  le  Nouveau  Testament,  le  Précis 
de  la  Révolution,  Héloïse  et  Abailay^d  de  Moreau , 
les  Liaisons  dangereuses ,  la  Jérusalem  délivrée , 
le  Gessner  et  le  Racine  de  Le  Barbier,  les  Œuvres  de 
J.-B.  Rousseau ,  le  grand  i?acme  de  Didot ,  V Ovide 
de  Villenave.   Dans  tout  cela  rien  de  bien  saillant. 

Nous  relevons  à  l'actif  de  Langlois  le  jeune  une 
estampe  d'après  Lavreince ,  la  Pat^tie  de  musique , 
in-fol.  en  largeur,  publiée  chez  Basan. 

Nous  donnons  ci-après  la  liste  de  quelques  portraits 
gravés   avec   soin  par  Langlois  l'aîné ,    et  qui ,  en 


o2S  LES    GRAVEURS    DU    XVIIU    SIECLE. 

épreuves  de  choix ,  peuvent  encore  être  regardés  avec 
plaisir. 

1.  CHATELET  (Madame  du),  d'après  Meiie  Loir,  1786;  in-S  [Vol- 

taire de  Kehl). 

Trois  états  d'essai  inaclievés.  — État  terminé  ,  avant  toute  lettre,  tablette 
blanche.  —  État  avec  la  lettre  sur  la  tablette  blanclie;  très  rare.  —  État  avec  la 
lettre  sur  la  tablette  ombrée . 

2.  Fontenelle,  d'après  Voiriot ,  an  V  ;  grand  m-4. 

3.  Frédéric   II,  d'après  A.  Van  Loo  ;  in-8  [Voltaire  de  Kehl). 

État  d'essai,  avec  les  vêtements  inacbovés. 

4.  JOLY  (  Marie  -  ÉlisaLeth  ) ,  du  Théâtre  -  Français  ,  morte  à  Paris  , 

l'an  6,  âgée  de  31  ans  ;  grand  in-4. 

Éteinte  dans  sa  /leur,  cette  Actrice  accomplie 
Pour  la  première  fois,  a  fait  pleurer  Thalie. 

État  avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

5 .  Pierre  I ,  d'après  Caravaque  ;  in-4. 

6.  Pierre    I,  d'après  Caravaque;  in-8  [Voltaire  de  Kehl). 

État  d'essai,  l'ovale  du  portrait  seul,  sans  le  cadre.  —  État  avant  toute  lettre, 
tablette  blanche.—  État  avec  la  lettre  sur  tablette  blanche.—  État  avec  la  lettre 
sur  tablette  ombrée . 

I.  R0USSE.\u  (J.-J.);  in-4. 

État  avant  toute  lettre . 

8.  Vertot  (l'Abbé  de),  d'après  Delyen  ;  in-8. 

L'eau-forte  pure  par  Aug.  de  Saint-Aubin. 

État  avant  toute  lettre,  tablette  blanche.—  État  avant  la  lettre  sur  la  tablette 
ombrée. 

9.  Voltaire,  d'après  La  Tour  ;  in-4. 

État  avant  toute  lettre,  tablette  blanche.—  État  avant  la  lettre,  mais  avec  les 
signatures  des  artistes. 

10.  VoLTViRE,  d'après  La  Tour  ;  in-8  [Voltaire  de  Kehl). 

Etat  inachevé.  —  État  avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

II.  Garrel ,  prêtre;  in-4.  —  Le  Dominiquin  ;  grand  in-4. 


LARMESSIN   (Nicolas  de 


1684-1755. 


Jal  pense  que  les  Nicolas  de  Larmessin  père  et  fils, 
graveurs,  doivent  descendre  de  Nicolas  de  Larmessin, 
libraire ,  fils  lui-même  d'un  Philippe  de  Larmessin  , 
maître  peintre,  qui  au  commencement  du  XVIP  siècle 
demeurait  près  de  St-Germain  l'Auxerrois. 

Nicolas  de  Larmessin,  le  graveur  de  Lancret,  naquit 
le  28  janvier  1684 1;  il  épousa  le  8  septembre  1705  Louise 
Marchand,  fille  d'un  pâtissier  de  la  rue  St-Jacques,  et 
en  secondes  noces,  le  26  janvier  1716,  Marie  Seudre, 
fille  d'un  niarchand  d'Angoulême.  Il  mourut  le  28 
février  1755,  rue  des  Noyers,  et  fut  enterré  dans  le 
caveau  de  la  chapelle  de  S*'' -  Geneviève  ,  en  présence 
de  son  gendre  Jean  Adoubeau  de  Franqueville. 

C'est  à  son  père,  l'auteur  des  Augustes  Repy'èsenta- 
lions  des  Rois  de  France  depuis  Pharamond  Jusqu'à 
Louis  XIV,  qu'il  faut  rapporter  cette  fâcheuse  mention 
inscrite  sur  les  registres  de  la  Bastille  :  «  Nicolas  de 
»  Larmessin,  graveur,  entré  à  la  Bastille  le  15  nov'*'"^ 
»  1704,  mis  en  liberté  le  20  mars  1705,  accusé  d'avoir 


1  Gaucher  dit  pourtant  28  février,  et  remarque  que  les  principales 
actions  de  sa  vie  sont  arrivées  ce  même  jour  du  28  lévrier. 


530         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP'    SIÈCLE. 

»  gravé,  distribué  des  estampes  injurieuses  au  Roy  et 
*  à  la  religion  et  d'en  avoir  vendu  à  un  étranger,  on  a 
»  saisi  chez  Larmessin  une  planche  représentant  deux 
»  figures  ;  l'une  d'un  homme  qui  vomit,  au-dessous  de 
»  laquelle  on  lisoit  le  Roy,  l'autre  d'une  femme  qui  lui 
»  soutient  la  tête,  indiquée  ikf^rf.  de  Maintenon,  et  au 
»  bas  de  la  planche  ces  mots  :  Décadence  de  la 
»  France.  >- 

C'est  Nicolas  de  Larmessin  le  père  qui  naturellement 
enseigna  au  futur  graveur  des  Contes  de  La  Fontaine 
les  éléments  de  son  art ,  lui  fit  faire  de  fortes  études 
de  dessin ,  et  le  poussa  surtout  à  graver  le  portrait, 
dont  il  avait  fait  lui-même  sa  spécialité,  et  l'estampe. 

Nicolas  de  Larmessin  fils  était  donc  bien  préparé 
lorsque  le  célèbre  amateur  Crozat  le  choisit  pour 
graver  dans  son  Recueil,  réunion  des  chefs-d'œuvre 
des  plus  belles  collections  françaises  et  étrangères  , 
quelques-uns  des  tableaux  célèbres  de  Raphaël .  la. 
Vierge  du  grand  Duc ,  la  Vision  d'Èzèchiel ,  placés 
maintenant  au  palais  Pitti  à  Florence  .  Saint  George 
et  le  Dragon  et  Saint  Michel  terrassant  le  Démon , 
le  poi-trait  de  Raphaël,  Jésus  succombant  sous  le 
fardeau  de  sa  croix ,  Saint  Jean  VÈvangéliste ,  les 
portraits  du  Cardinal  Polus  et  de  Carondelet. 

Quoiqu'il  se  soit  tiré  à  son  honneur  de  l'exécution 
de  ces  planches  importantes,  nous  devons  mentionner 
ce  qui-  dit  M.  Daplessis  ,  que  le  genre  élevé  du  peintre 
italien  ne  sied  pas  bien  au  tempérament  coloriste  du 
graveur.  11  y  laisse  voir  en  effet  une  certaine  gêne, 
mais  non  ï insuffisance  fiagranie  que  lui  reproche  le 
savant  écrivain  d'art. 

11  se  montre  plus  habile  et  plus  à  l'aise  dans  Tinter- 


LARMESSIN.  531 

prétation  des  œuvres  de  ses  contemporains ,  surtout 
dans  leurs  portraits.  Ceux  qu'il  a  gravés  pour  sa 
réception  à  l'Académie  en  1730,  le  peintre  Claude 
Halle,  d'après  Legros,  et  le  sculpteur  Guillaume 
Coustou,  d'après  De  Lien,  en  font  foi.  Ils  sont  vivants 
et  colorés  et  d'une  très  bonne  exécution.  Il  n'est  donc 
pas  étonnant  que  l'artiste,  qui  jouissait  de  la  répu- 
tation méritée  d'un  habile  homme ,  ait  entrepris  la 
gravure  des  portraits  de  la  famille  royale  peints  par 
J.-B.  Van  Loo.  Celui  de  Louis  XV,  in-fol.  en  pied,  se 
vendait  à  Paris  chez  N.  De  Lar messin,  graveur  du 
Rjy,  rue  des  Noyers ,  àla  7'  porte  cochère  à  main 
droite  entrant  par  la  rue  St-Jacques.  M.  Duplessis 
l'attribue  au  burin  de  G.  S.  Petit,  son  élève,  qu'il  au- 
rait seulement  dirigé  ;  quant  au  portrait  de  la  reine 
Ma7'ie  Leckzinska  son  pendant ,  très-bien  gravé , 
il  est  sûrement  de  Larmessin.  Les  planches  de  Louis 
Dauphin  de  France,  d'après  Tocquè,  et  de  Marie- 
Josèphe  de  Saxe  sa  femme,  d'après  Van  Loo,  sont 
encore  supérieures ,  comme  science  et  exécution. 
Nous  donnerons  plus  loin  du  reste  le  catalogue  des 
portraits  de  Larmessin. 

Les  biographes  qui  ont  consacré  quelques  lignes  à 
Nicolas  de  Larmessin  fils  disent  volontiers  qu'à  un 
certain  moment,  entraîné  malheureusement  par  le 
torrent  de  la  mode ,  d'autres  même  disent  par  le 
mauvais  goût  régnant ,  il  n'a  plus  consacré  son  burin 
qu'à  des  sujets  d'un  genre  léger,  indignes  de  son  talent. 
Combien  l'époque  où  l'on  écrit  influe  sur  la  manière  de 
voir  !  Larmessin  ne  survit  maintenant  que  par  ces 
planches  légères  d'après  les  gracieuses  compositions 
de  Lancret,  les  Quatre  Saisons,  ou  bien  les  Quatre 


532         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

âges  de  la  vie,  et  surtout  par  les  Contes  de  La  Fon- 
taine, c'est  là  sa  gloire  et  son  succès.  Nous  nous  gar- 
derons bien  en  ce  qui  nous  concerne  de  lui  en  faire 
un  reproche,  d'abord  parce  que  sans  fausse  pruderie 
quelques  estampes  gaies ,  produits  naturels  d'un  art 
qui  n'est  pas  nécessairement  sérieux,  ne  nous  effraient 
pas,  mais  aussi  parce  que  nous  estimons  qu'il  faut  qu'un 
artiste  soit  de  son  temps  ,  que  sans  chercher  à  lutter 
contre  le  courant  mystérieux  qui  l'entraîne ,  il  doit 
sacrifier  au  goût  du  jour,  qui  pour  le  XVIIP  siècle 
était  une  expression  bien  caractérisée  du  génie  de  la 
nation  et  le  reflet  fidèle  de  ses  mœurs.  Laissons  donc 
gémir  les  esprits  chagrins  et  constatons  l'heureuse 
idée,  que  notre  graveur  eut  et  mit  à  exécution,  de 
réunir  en  une  série  d'estampes  les  compositions 
peintes  que  les  contes  grivois  du  bon  La  P'ontaine  ins- 
piraient aux  artistes  d'alors. 

Sans  être  absolument  dans  leur  nouveauté,  puisqu'ils 
étaient  publiés  depuis  une  cinquantaine  d'années  ,  ces 
contes  étaient  fort  à  la  mode  et  fort  lus  ;  Vleughels, 
Lancret,  Pater,  Boucher,  Le  Clerc,  LeMesle  et  autres 
avaient  choisi  pour  les  peindre  les  sujets  les  plus  vifs. 
Larmessin  entreprit  de  les  graver  d'un  format  uni- 
forme, petit  in-folio  en  largeur.  11  choisit  pour  sa  part, 
et  grava  avec  facilité  et  liberté  d'après  les  peintures 
de  Vleughels ,  le  Villageois  qui  cherche  son  veau , 
la  Jument  du  compère  Pierre,  Frère  Luce  et  le  Bast. 
11  emprunta  à  Boucher  le  Magnifique ,  la  Coiirtisane 
amoureuse,  le  Calendrier  des  vieillards  et  le  Fleuve 
Scamandre  ;  à  Le  Clerc  le  Rossignol  et  le  Faiseur 
d'oreilles.  Enfin  il  dut  évidemment  s'entendre  avec 
Lancret ,  dont  il  a  gravé  toutes  les  planches ,  pour 


LARMESSIN.  633 

l'exécution  de  ces  jolis  tableautins,  si  fins  et  si  amu- 
sants ,  dont  on  peut  voir  encore  quelques  spécimens 
au  Louvre  (  galerie  La  Gaze  ) ,  et  qui  ont  pour  titres 
le  Gascon  puni ,  les  Deux  amis,  les  Rémois,  On  ne 
s'avise  jamais  de  tout ,  le  Petit  chien  qui  secoue  des 
pierreries ,  les  Oies  de  frère  Philippe ,  le  Pâté  d'an- 
guille,  la  Servante  justifiée  et  les  Troqueurs.  Le 
galant  escroc  de  la  pièce  A  femme  avare  galant  escroc 
passe  pour  être  le  propre  portrait  du  graveur  Schmidt, 
élève  de  Larmessin  ,  qui  l'a  aidé  dans  ce  travail. 

C'était  le  début  de  Schmidt  qui,  venant  d'arriver  à 
Paris  avec  WiUe,  était  entré  en  qualité  d'élève  ou 
mieux  d'aide  chez  notre  graveur,  car  Wille  dit  expres- 
sément dans  ses  Mémoires  qu'il  allait  souvent  voir 
Schmidt  «  lorsqu'il  aidait  M''  de  Larmessin  dans  la 
»  gravure  des  Contes  de  La  Fontaine»;  aussi  pensons- 
nous  qu'en  outre  de  la  pièce  de  Nicaise  qui  est  de  lui 
bien  que  signée  du  nom  de  l'éditeur,  il  faut  lui  attri- 
buer aussi  une  partie  du  travail  de  quelques  autres 
planches. 

Les  Contes  de  La  Fontaine  de  Larmessin  forment 
une  fort  belle  réunion  d'estampes  qui  porte  bien  le 
cachet  de  son  époque  :  on  a  pu  faire  de  plus  gracieuses 
illustrations  pour  cet  ouvrage,  on  n'a  rien  fait  de  plus 
important  et  de  plus  magistral. 

Larmessin  fut  surtout  l'interprète  fidèle  de  Lancret. 
Nous  avons  signalé  ses  Quatre  Ages,  ses  Quah^e 
Saisons,  gracieuses  compositions  décoratives  pour 
d'élégants  intérieurs.  Il  faut  signaler  encore  les  Quat?'e 
heures  du  Jour,  gravées  en  partie  par  lui  ou  tout  au 
moins  sous  sa  direction  et  se  vendant  à  son  domicile, 
ainsi  que  les  Amours  du  Bocage,  le  Jeu  de  Cache- 
n.  35 


53V         LES    GRAVEURS   DU    XVIIP    SIECLE. 

cache,  le  Jeu  des  quatre  coins ,  le  Jeu  du  pied  de 
bœuf,  la  Coquette  de  village  et  le  beau  et  intéressant 
portrait  de  M'"  Salle. 

Larmessin  a  gravé  d'après  Watteau  dont  il  était  le 
contemporain,  le  Passe-Temps ,  V Accordée  de  village, 
le  Départ  pour  Cythère. 

ESTAMPES. 

I,  d'après  langret. 

1.  L'ENFANCE,  —  L'ADOLESCENCE,  —  LA  JEUNESSE,  ou 

le  Tir  à  Varc,  —  LA  VIEILLESSE,  suite  de  quatre  pièces 
in-foL  en  largeur. 

2.  Les  Amours  du  bocage  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

3.  La  Coquette  de  village;  in-fol.  en  largeur. 

4.  Le  Jeu  de  cache-cache  mitoulas,  —  Le  Jeu  du  pied 

DE  BœuF,  —  Le  Jeu  des  quatre  coins;  3  p.  in-fol.  en 
largeur. 
La  4^  pièce  de  la  série  :  le  Jeu  de  Colin-Maillard,  est  gravée  par  Cochln  père. 

5.  Les  Quatre  Parties  du  Jour,  suite  de  quatre  pièces  in-fol. 

en  largeur  :  le  Matin  ,  le  Midi ,  l'Après-Dînée ,  la  Soirée. 

6.  Les  Saisons,  suite  de  quatre  pièces  in-fol. 

T.  Estampes  pour  les  CONTES  DE  LA  FONTAINE,  d'après  Lan- 
cret ,  Boucher,  Pater,  Vleughels,  Le  Clerc,  gravées  par  de  Lar- 
messin (aidé  quelquefois  de  Schmidt"),  Fillœul,  Tardieu,  Le  Grand, 
Sornique,  Aveline  ;  38  p.  petit  in-fol.  en  largeur. 

Larmessin  a  gravé  pour  sa  part ,  d'après  Lancret  :  A  Feumb  avark  galant 
BscRoc. —  Les  Deux  Amis. —  Le  Faucon. —  Le  Gascon  puni.  —  Nicaise. — 
Les  Oies  de  Frère  Philippe. —  On  nb  s'avise  j.\mais  de  tout.  —  Le  Pâté 
d'anguille.  —  Le  Petit  Chien  qui  secoue  de  l'argent....  — Les  Rémois. 
—  La  Servante  justifiée.  —  Les  Troqueurs. 
A  quoi  il  faut  ajouter  : 

Le  Magnifique  ,  —  Le  Calendrier  des  vieillards  ,  —  Le  Fleuve  Sca- 
MANDRE ,  —  La  Courtisane  amoureuse  ,  d'après  Boucher. 

Frère  Luge,  —  La  Jument  du  compère  Pierre,  —  Le  Bat,  —  Le  Villa- 
geois qui  cherche  son  veau  ,  d'après  "Vleughels. 

Lb  Rossignol  ,  —  Le  Faiseur  d'oreilles  ,  d'après  Le  Clerc. 


LARMESSIN.  535 

ïi.  d'après  divers. 

8.  Le  Savoyard,  —  La  Savoyarde,  2  p.  d'après  Pierre. 

9.  Vénus  sur  les  eaux  ,  d'après  Vleughels. 

10.  Le  Feu  (Alceste  délivré  des  Enfers  par  Hercule),  —  l'Eau  (Vénus 

sortant  de  l'onde),  2  p.  d'après  VIeughels. 

11.  Apparition  de  Jésus  à  Marie,  d'après  Vleughels. 

12.  L'Ile  de  CythÈRE,  d'après Watteau. 

13.  L'Accordée  de  village,  d'aprèsWatteau;in-fol.  en  largeur. 

14.  Le  Passe-Temps,  d'après  Watteau. 

Planches  pour  le  Cabinet  Crozat,  d'après  Raphaël,  etc.  —  Sujets  des  Contes  de 
La  Fontaine,  d'après  L.  GaUoche,  3  p.  —  Batailles  de  Pierre  I*',  d'après  Martin  , 
gravées  avec  Baquoy  et  Simonneau.  —  Tètes  de  pages,  d'après  Eisen ,  pour  un 
livre  in-folio  :  David  écrivant ,  l'Arche,  et  autres  sujets  bibliques. 

PORTRAITS. 

15.  Bion,  ingénieur;  in-4. 

16.  COLBERT  (Baptiste);  in-fol. 

n.  COUSTOU,  d'après  de  Lien ,  1*730;  in-fol. 
Morceau  de  réception  à  l'Académie. 

18.  Duguay-Trouin  ;  in-8. 

19.  H  ALLÉ,  d'après  Le  Gros,  1730;  in-fol. 

Autre  morceau  de  réception  à  l'Académie. 

20.  Lamet,  curé  de  Saint-Laurent  à  Paris,  d'après  Merelle  ;  in-fol. 

21.  LORRAINE  (Ch.  de),  prince  de  Vaudemont,  d'après  Ranc;  in-fol. 

22.  Louis  XIV  mettant  le  cordon  bleu  au  duc  de  Bourgogne ,  d'après 

Watteau  ;  estampe  in-fol.  en  largeur. 

23.  Louis  XV,  jeune,  en  cuirasse  et  en  manteau  royal,  d'après  Rigaud, 

l'720;  in-foL 


536  LES   GRAVEURS   DU    XVIII*-    SIÈCLE. 

24.  Louis  XV,  jeune,  à  cheval,  d'après  Parrocel;  grand  in-foL 

25.  Louis  XV,  à  mi-corps,    —  MARIE  Leczinska,  à  mi-corps; 

2  p.  d'après  Van  Loo  ;  in-fol.  • 

26.  LOUIS  XV,  en  pied,  —  MARIE   LECZINSKA,  en  pied;  2  p. 

d'après  Van  Loo  ;  grand  in-fol. 
On  a  substitué  plus  tard  la  tête  de  Marie-Antoinette  à  celle  de  Marie  Leczinska. 

2~.  LOUIS,  Dauphin,  fils  de  Louis  XV,  d'après  Tocqué,  — MA  RIE- 
JOSÈPHE  DE  SAXE,  dauphine,  d'après  Van  Loo,— MARIE- 
THÉRÈSE   D'ESPAGNE,    dauphine,   d'après  Van  Loo  ;  3  p. 
grand  in-fol. 
1er  état  du  portrait  du  Dauphin  :  Avant  la  Toison-d'Or.  La  tête  est  très  jeune. 

28.  Lowendal ,  d'après  Boucher  ;  in-fol. 

29.  M  A  BILE  AU,  prêtre;  in-fol. 

30.  Majeur,  ahbé  de  Clairvaux ,  d'après  Loir;  in-fol. 

31.  Morel  (Dom  Robert),  religieux,  d'après  Restout  ;  in-fol. 

32.  SALLE  (MeUe),   dansant,   dans  un   décor  de  paj'sage ,   d'après 

Lancret  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

Maîtresse  dans  un  art  que  guide  l'harmonie 
Je  peins  les  Passions,  j'exprime  la  Gaîté 
Je  joins  des  Pas  brillants  au  (eu  de  mon  génie 
Les  Grâces,  la  justesse  à  la  légèreté 

Sans  offenser  l'aimable  Modestie 

Qui  de  mon  sexe  augmente  la  Beauté. 

33.  STANISLAS   LECZINSKI,  Roy  de  Pologne,  —  CATHERINE 

OPALINSKA,  Reine  de  Pologne;    2  p.  grand  in-fol.  d'après 
Van  Loo. 

34.  Turenne  (le  Vicomte  de),  d'après  Meissonier. 

35.  Vleughels  ,  d'après  Champagne.  —  Vleughels  filius ....  curavit , 

1*732;  in-fol. 


LA   RUE   (Louis-Félix  DE). 


Peintre,  dessinateur  et  graveur,  élève  de  Parrocel , 
bien  connu  comme  dessinateur  de  bacchanales  ,  aux 
personnages  desquelles  il  a  donné  des  rondeurs  et  des 
bouffissures  qui  lui  sont  particulières  et  font  aisément 
reconnaître  ses  ouvrages. 

Six  pièces  in-8  en  largeur  représentant  des  Danses 
de  Satyres,  signées  L.  F.  de  la  Rue  inv.  etsclup.  (sic). 
Ce  sont  de  jolies  estampes  àl'eau-forte  dans  le  goût  de 
Fragonard.  Elles  se  vendaient  à  Paris  chez  Roland 
rue  du  Sépulchre,  inaison  du  vinaigrier  au  S""*. 

En  sa  qualité  d'élève  de  Parrocel ,  La  Paie  a  gravé 
une  suite  de  Divers  sujets  militaires  ,  pièces  en 
largeur  de  divers  formats. 

Deux  Etudes  de  chiens ,  d'après  Van  Bloemen  ;  — 
Figures  d'académies ,  d'après  Pierre  ;  —  portrait  du 
Prince  Beljoioso ,  in-12,  en  médaillon  (1788)  ;  —  por- 
trait de  Salvator  Rosa ,  in-fol.  à  l'eau-forte  ,  d'après 
Carie  Maratte,  dans  un  encadrement  formé  d'enfants, 
pièce  intéressante  et  qui  doit  être  fort  rare.  —  Troi- 
sième livre  de  groupes  d'enfants,  d'après  Boucher. 


LAUNAY   (Nicolas  de). 

'1739-n92. 


Nicolas  de  Launay  !  Voilà  le  graveur  par  excellence 
des  estampes  de  l'école  française  du  XVIII^  siècle. 
Parcourez  son  œuvre  et  dites  si  aucun  graveur  de 
cette  école  fut  plus  remarquable  dessinateur ,  plus 
habile  interprète  ,  si  aucun  sut  préparer  ses  planches 
à  l'eau-forte  avec  plus  d'éclat,  et  les  terminer  au  burin 
avec  plus  d'harmonie  ;  dites  aussi  quel  graveur  a 
mieux  que  De  Launay  montré  plus  de  conscience  et  de 
spirituelle  habileté  lorsqu'il  s'est  agi  de  descendre  de 
l'estampe  pour  se  renfermer  dans  le  cadre  de  la 
vignette  ! 

Nicolas  de  Launay  (  que  nous  soupçonnons  fort  de 
s'être  appelé  tout  simplement  Delaunay),  né  à  Paris  en 
1739,  élève  de  L.  Lempereur,  fut  le  graveur  affectionné 
des  maîtres  élégants  de  l'école  française,  qui  lui  don- 
nèrent à  graver  leurs  plus  séduisantes  compositions. 

Deux  noms  dominent  surtout  dans  l'estampe  galante, 
Baudouin  et  Lavreince. 

Baudouin ,  le  gouacheur  exquis  ,  à  la  facture  large 
et  amusante,  le  véritable  gendre  de  Boucher  auquel  il 
a  pris  sa  grasse  et  facile  manière  de  comprendre  le 
corps  onduleux  de  la  femme,  mais  un  Boucher  beau- 


LAUNAY   (Nicolas  de).  539 

coup  plus  libertin  quoique  plus  habillé.  Il  faudrait  la 
plume  de  Diderot  pour  décrire  ces  sujets,  si  vifs  que 
l'extrême  élégance  du  dessin  peut  seule  les  faire 
passer.  On  l'a  bien  vu  quand  des  artistes  du  second 
ordre  ont  voulu  donner  dans  ce  genre  semi-érotique  ; 
quelle  trivialité  !  Mais  quel  goût  au  contraire  dans  les 
estampes  de  Baudouin.  Les  titres  font  pressentir 
assez  les  sujets  et  sont  par  eux-mêmes  provoquants. 
Les  Soins  tardifs  !  On  voit  d'ici  la  mère  et  le  petit 
frère  d'une  paysanne  qui  est  en  train  de  s'ébattre 
sur  une  botte  de  paille  avec  un  jeune  gars  de  village, 
monter  par  la  trappe  pour  mettre  un  terme  à  ce 
duo  trop  tendre.  Ah,  certes  oui,  leurs  soins  sont 
tardifs  !  La  Sentinelle  en  défaut  est  une  vaiiante  :  la 
mère  est  endormie,  on  l'entend  ronfler  et  le  sacripant 
profite  de  l'occasion  pour  se  glisser  dans  la  couchette 
de  sa  belle.  H Épouse  indiscrète  !  Et  n'a-t-elle  pas  le 
droit  de  l'être,  son  mari  ne  s'est-il  pas  avisé  de  vouloir 
faire  violence  à  la  jolie  soubrette  ,  il  y  a  eu  lutte,  le  lit 
est  dans  un  désarroi  qui  l'atteste  ,  mais  les  forces  de  la 
jeune  fille  vont  s'épuiser ,  il  est  temps  que  la  dame 
surgisse,  vengeresse.  Notez  que  cette  estampe  fort 
vive  est  dédiée  à  un  souverain ,  le  duc  régnant  de 
Deux-Ponts.  Et  le  Carquois  épuisé,  quel  chef- 
d'œuvre  !  Gomme  le  jeune  homme  nonchalamment 
appuyé  sur  les  coussins  d'un  lit  défait  a  l'air  abattu ,  à 
peine  peut-il  soutenir  sa  tête;  ses  mains  retombent  sans 
force ,  ses  yeux  se  ferment  ;  comme  la  jeune  femme 
le  regarde  d'un  air  méprisant ,  l'ingrate  !  Et  derrière 
elle,  un  petit  amour,  sur  son  piédestal ,  ne  peut  s'em- 
pêcher de  rire,  cai'  son  carquois  est  complètement 
vide  et  il  ne  reste  plus  une  seule  flèche  à  son  arc. 


S40         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP    SIECLE. 

Cette  fois  l'estampe  est  dédiée  au  prince  de  Guéménée, 
commandant  les  gendarmes  de  la  garde. 

A  côté  de  Baudouin ,  le  suédois  Lafrensen ,  dont 
nous  avons  fait  Lan'eince  ,  peint  ses  aquarelles  adou- 
cies de  gouache,  d'un  travail  froid  et  peiné,  mais  d'un 
fini  précieux.  Rendant  d'un  reflet  fidèle  la  société  de 
son  temps,  il  nous  introduit  dans  les  salons,  dans  les 
chambres  à  coucher  du  grand  monde ,  sous  les  om- 
brages des  parcs  et  aussi  dans  les  dortoirs  des  jeunes 
ouvrières.  Ce  n'est  plus  le  débraillé  de  Baudouin,  mais 
ce  n'est  pas  non  plus  son  faire  harmonieux  et  souple. 
L'amour  aussi  est  de  la  fête,  mais  c'est  un  amour 
convenable  et  de  meilleure  compagnie.  C'est  aussi  à 
De  Launay  qu'ont  été  confiées  les  meilleures  gouaches 
de  Lavreince  :  le  Billet  doux,  Qu'en  dit  Vahhè?, 
V Heureux  moment,  et  la  Consolation  de  V absence, 
une  perle  !  Le  travail  du  graveur  fut  plus  important 
encore  qu'on  ne  le  croirait ,  car  il  dut  retoucher  et 
mettre  à  point  tous  les  détails,  il  fit  pour  ainsi  dire  un 
second  dessin  de  ses  sujets. 

Enfin  De  Launay  fut  aussi  le  graveur  attitré  de  Fra- 
gonard.  Rien  de  plus  connu  que  le  Chiffre  d'amour, 
le  Serment  d"  amour ,  la  Bonne  mère,  et  surtout  la 
célèbre  estampe  des  Hasards  heureux  de  VEscar- 
poleite.  Cette  estampe  est  le  fin  du  fin,  la  quintessence, 
le  dernier  mot  de  l'art  galant  de  l'époque.  C'est  vif, 
mais  que  c'est  joli  ! 

Collé  raconte  dans  ses  mémoires  qu'il  rencontra  un 
jour  le  peintre  Doyen  qui  venait  d'exposer  à  St-Roch 
un  tableau  qui  y  avait  le  plus  grand  succès  et  dont  le 
sujet  était  S*®-Geneviève  des  Ardents  :  «  Croirait-on  , 
»  disait  le  peintre,  que  peu  de  jours  après  l'exposition 


LAUNAY   (Nicolas  de).  5i< 

»  de  mon  tableau  au  Salon ,  on  m'envoya  chercher 
»  de  la  part  d'un  seigneur  de  la  cour.  Il  était  dans 
»  sa  petite  maison  avec  sa  maîtresse  lorsque  je  me 
»  présentai  à  lui  pour  savoir  ce  qu'il  me  vouloit.  11 
»  m'accabla  d'éloges  et  finit  par  m'avouer  qu'ayant 
»  vu  mon  tableau,  il  se  mouroit  d'envie  d'avoir  celui 
»  dont  il  alloit  me  tracer  l'idée  : 

»  Je  désirerois,  dit-il,  que  vous  peignissiez  madame 
»  (en  me  montrant  sa  maîtresse)  sur  une  escarpolette 
»  qu'un  évêque  mettroit  en  branle.  Vous  me  placerez 
»  de  façon,  moi,  que  je  sois  à  portée  de  voir  les  jambes 
»  de  cette  belle  enfant  et  mieux  même  si  vous  voulez 
»  égayer  davantage  votre  tableau. 

»  J'avoue ,  me  dit  Doyen ,  que  cette  proposition  à 
»  laquelle  je  n'aurois  jamais  dii  m'attendre,  me  con- 
»  fondit  et  me  pétrifia.  Je  me  remis  pourtant  assez 
»  pour  lui  dire  :  Ah  !  Monsieur,  il  faut  ajouter  à  l'idée 
»  de  votre  tableau,  en  faisant  voler  en  air  les  pantoufles 
»  de  madame ,  et  que  des  amours  les  retiennent. 
»  Mais  comme  j'étais  bien  éloigné  de  vouloir  traiter 
»  un  pareil  sujet ,  si  opposé  au  genre  dans  lequel  je 
»  travaille ,  j'ai  adressé  ce  seigneur  à  M''  Fragonard 
»  qui  l'a  entrepris  et  qui  fait  actuellement  cet  ouvrage 
»  singulier.  » 

Ajoutons  que  le  seigneur  en  question  dut  rabattre 
un  peu  de  ses  prétentions ,  et  renoncer  à  avoir  un 
évêque  pour  tenir  l'escarpolette. 

Les  maîtresses  pièces  dont  nous  venons  de  parler 
nuisent  à  une  série  d'estampes  gravées  par  De  Launay, 
toutes  dans  le  même  format  :  l'Abus  de  la  crédulité 
d'après  Aubry,  r Éducation  fait  tout,  le  Petit  Prédi- 
cateur, r Heureuse  fécondité ,   Dites  donc  s'il  vous 


512         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

plait ,  les  Beignets,  d'après  Fragonard  ,  la  Gaieté  de 
Silène,  d'après  Bertin,  le  Bonheur  du  ménage,  V En- 
fant chéri ,  d'après  Le  Prince,  etc.  ;  ces  pièces  sont 
cependant  bien  loin  d'être  sans  mérite .  celles  de 
Fragonard  surtout  sont  charmantes. 

Quittons  maintenant  les  grandes  estampes,  et  pas- 
sons à  un  genre  opposé  ,  la  très-petite  vignette  :  nous 
allons  retrouver  De  Launay  aussi  soigneux ,  aussi 
merveilleux ,  principalement  dans  une  suite  de  petits 
Frontispices  de  Marillier  pour  les  éditions  de  Gazin 
qui  sont  des  chefs-d'œuvre. 

De  Launay  fut  un  remarquable  graveur  de  vignettes. 
Nous  ne  voulons  indiquer  ici  que  les  meilleures  :  les 
Noces  de  Bacchus  et  d'Ariane,  d'après  Cochin  (pour 
r Origine  des  Grâces),  les  fleurons  d'Eisen  pour 
les  Saisons  et  pour  les  Chefs-d'œuvre  dramatiques 
publiés  par  Marmontel ,  et  un  fleuron  de  titre  pour  les 
Contes  mis  en  vers  par  un  petit  cousin  de  Rabelais 
(n'est-ce  pas  une  véritable  estampe  que  ce  maître  luti- 
nant  sa  servante  à  la  cave  sur  un  tonneau,  et  ne  dirait- 
on  pas  un  Baudouin  en  miniature  ?  ) ,  les  vignettes 
de  Gravelot  pour  VHonnête  criminel  de  Fenouillot 
de  Falbaire  ,  celles  de  Moreau  pour  les  Bienfaits  du 
sommeil  et  surtout  cette  Foire  dans  un  parc  qui  sert 
de  frontispice  à  un  volume  des  Chansons  de  Laujon, 
et  qui  est  une  des  merveilles  de  la  vignette. 

De  Launay  s'était  marié  le  2  mai  1768.  Le  30  juin 
1770,  Madame  Wille  tint  sur  les  fonts  de  baptême,  avec 
L.  Lempereur,  une  fille  dont  Madame  de  Launay  avait 
accouché  la  veille.  «  Gela  nous  a  procuré  force  dra- 
gées »,  ne  manque  pas  de  signaler  le  gourmand  Wille. 
Madame  de  Launay  mourut  des  suites  de  ses  couches 


LAUNAY    (Nicolas  de).  543 

De  Launay  fit  partie  de  ce  voyage  au  Havre  que 
nous  avons  raconté  quand  nous  avons  parlé  de 
Gaucher.  Il  est  désigné  dans  la  relation  sous  le  pseu- 
donyme de  de  Valnay.  Ce  pseudonyme  de  Valnay, 
nous  le  retrouvons  sur  des  vignettes  du  Cabinet  des 
Fées,  des  Œuvres  de  Le  Sage  et  de  l'Abbé  Prévost. 
De  Launay  avait  la  direction  de  la  gravure  de  ces  suites 
d'illustrations  ;  Renouard  l'accuse  à  ce  sujet  d'une  in- 
délicatesse. 

«  On  sait  que  Delaunay  l'aîné,  chargé  de  la  direction 
»  des  gravures  destinées  à  l'édition  de  Lesage  15  vol. 
»  et  Prévost  39  in-8 ,  se  permit  d'en  faire  tirer  à  son 
»  profit  cent  exemplaires ,  quelques-uns  disent  cent 
»  cinquante,  avant  de  livrer  les  planches  à  leur  pro- 
»  priétaire.  Il  en  fit  de  même  pour  les  Voyages  imagi- 
»  naires,  les  Contes  des  fées  ,  les  œuvres  de  Caylus  , 
»  deTressan  ainsi  que  pour  la  jolie  suite  des  portraits 
»  et  vignettes  des  nombreux  in-18  de  la  collection  de 
»  Lyon,  et  pour  plusieurs  autres  encore,  car  il  aimait 
»  beaucoup  à  diriger  les  entreprises  de  gravure ,  et 
»  pendant  plus  de  quinze  ans  les  libraires  ont  semblé 
»  ne  pouvoir  se  passer  de  son  officieuse  direction.  Son 
»  infidélité  ne  fut  notoirement  connue  que  lorsque 
»  après  sa  mort ,  ces  frauduleux  tirages,  vendus  à  vil 
»  prix ,  se  répandirent  dans  la  circulation  et  y  res- 
»  tèrent  à  peu  près  sans  emploi ,  tous  les  exemplaires 
»  de  ces  éditions  étant  garnis  de  leurs  gravures.  » 

Quoi  qu'il  en  soit ,  cette  supercherie  ne  paraît  pas 
avoir  attiré  de  désagréments  à  De  Launay,  qui  fut  plus 
heureux  en  cela  que  ne  le  fut  Balechou,  accusé  d'une 
indélicatesse  du  même  genre,  comme  nous  1  avons  vu. 

De  Launay  fut  agréé  à  l'Académie  en  1777  ;  l'expo- 


545  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

sitioii  de  notre  graveur  au  Salon  de  cette  année  fut 
importante. 

«  M""  de  Launay,  écrit  Bachaumont ,  dernier  agréé, 
»  sans  avoir  un  burin  aussi  hardi  que  celui  de  Por- 
»  porati ,  l'a  fécond  et  étendu.  Sa  Marche  de  Silène, 
»  d'après  Rubens ,  est  une  preuve  que  les  groupes 
»  multipliés  ne  l'embarrassent  point ,  qu'il  a  de  la 
»  gaieté.  Son  Endymion  etsâLéda  sont  d'une  grande 
»  correction  de  dessin.  On  trouve  un  faire  doux  et 
»  moëUeux  dans  sa  Complaisance  maternelle  et  son 
»  Heureuse  fécondité,  d'après  M"'  Fragonard.  Les 
»  Ruines  Romaines  sont  frappantes  ,  attristent  par 
»  une  grande  vérité ,  et  ses  divers  sujets  pour  la 
»  Nouvelle  Hèloïse ,  pour  le  Télé^naque  et  le  Roland 
»  furieux  sont  pleins  d'esprit.  L'Académie  ne  peut 
»  que  faire  une  excellente  acquisition  dans  un  pareil 
»  Membre.  » 

Les  morceaux  de  réception  de  De  Launay  furent 
les  portraits  de  Sébastien  Le  Clerc  fds,  et  de  /.  B.  F. 
deTroy.  Il  avait  demandé,  sans  pouvoir  l'obtenir,  à  ne 
présenter  qu'un  seul  morceau.  Le  grand  portrait  ne  le 
tentait  guère ,  en  effet  ;  il  n'avait  pas  assez  d'ampleur 
pour  aborder  ce  genre,  son  talent  convenait  mieux  au 
petit  portrait  de  livre.  Il  en  ût  de  très  fins  pour  la 
collection  Gazin. 

11  fut  aussi  membre  de  l'Académie  des  Beaux-Arts 
de  Danemark. 

Nicolas  de  Launay  mourut  le  22  mars  1792. 

11  a  formé  de  nombreux  élèves  ;  l'un  d'eux ,  Huot , 
nous  a  laissé  un  profil  de  son  maître ,  gravé  sur  le 
dessin  d'Augustin  de  Saint-Aubin. 

Nous  dressons  ici  le  catalogue  abrégé  de  son  œuvre. 


LAUNAY   (Nicolas  de;.  545 

Nous  ferons  observer  que  tout,  absolument  tout  ce  qui 
a  été  gravé  par  De  Launay  existe  à  l'état  d'eau-forte, 
ainsi  que  l'on  pourrait  s'en  convaincre  en  parcourant 
l'œuvre  du  Cabinet  des  Estampes.  11  existe  aussi  un 
premier  état  des  estampes  de  De  Launay  qui  est  géné- 
ralement avec  le  titre  mais  avant  la  dédicace. 


ESTAMPES. 

I.    d'après    aubry. 

1.  L'Abus  de  la  crédulité,  petit  in-fol.  en  largeur. 

2.  Première  leçon  d'amitié  fraternelle;  petit  in-fol.  en  largeur. 

II.    d'après   BAUDOUIN. 

3.  LE  CARQUOIS  ÉPUISÉ;  in-fol. 

L'eau-forte,  805  fr.  vente  Béhague.  —  Avant  la  lettre,  380  fr.  même  vente. 

4.  LES   SOINS   TARDIFS;  in-fol.,  même  format  que  le  Carquois 

épuisé. 

Eau-forte  avancée,  295  fr.  vente  MUbIbacher.  —  Avant  la  lettre,  389  fr.  vente 
Béhague. 

5.  L'ÉPOUSE  INDISCRÈTE,  mo  ;  in-fol. 

L'eau-forte,  1,100  fr.  vente  Wasset  ;  500  fr.  vente  Mûhlbacher.  —  Avant  la 
lettre,  500  fr.  vente  Mûhlbacher.  —  Avant  la  dédicace,  300  fr.  vente  Béhague. 

6.  LA    SENTINELLE    EN    DÉFAUT;    in-foL,    même   format  que 

VEpouse  indiscrète. 
L'eau-forte,  190  fr.  1881. 

1.  Le  Poëte  Anacréon  ;  petit  in-fol.  en  largeur. 

III.  d'après  bertin. 
8.  La  Gaieté  de  Silène;  petit  in-fo:.  en  largeur. 

85f  r.  avant  la  dédicace,  vente  Béhague. 


546         LES  GRAVEURS   DU    XVIIP   SIÈCLE. 

IV.  d'après  fragonard. 

9.  LE   CHIFFRE   D'AMOUR;  in-fol.  Dédié  à  Madame  de  Polastron. 

l^f  état  :  Avant  la  dédicace,  tablette  blai-clie. 

10.  LE   SERMENT   D'AMOUR;  grand  in-foL 

11.  LA   BONNE   MÈRE;  grand  in-fol.,  pendant  de  la  pièce  précé- 

dente. 
L'eau-forte,  161  fr.  1881. 

12.  LES  HASARDS  HEUREUX  DE  L'£SCARPOLETTE  ;  grand 

in-fol.  Dans  le  bas,  un  fleuron  aux  initiales  de  Fragonard,  composé 
par  Choffard. 

L'eau-forte,  1,000  fr.  vente  Milhlbacher. 

1^''  état  :  Le  mot  escarpolette  écrit  avec  une  «  à  la  fin.  700  fr.  vente  Bébague. 

13.  L'ÉDUCATION    FAIT    TOUT;  petit  in-fol.  en  largeur. 

370  fr.  avant  la  dédicace,  vente  Béhague. 

14.  LE   PETIT   PRÉDICATEUR;  petit  in-fol.  en  largeur. 

15.  L'HEUREUSE   FÉCONDITÉ;  petit  in-fol.  en  largeur. 

16.  DITES    DONC    S'IL  VOUS    PLAIT;  petit  in-fol.  en  largeur. 

n.  LES   BAIGNETS;  petit  in-fol.  en  largeur. 
59  fr.  avant  la  dédicace,  vente  Bébague . 

V.  d'après  FREUDEBERG. 

18.  LE  PETIT  JOUR;  in-fol. 

Pendant  de  l'Heureux  Moment,  de  Lavreince. 

L'eau-forte,  700  fr.  vente  Béhague;  710  fr.  vente  Mûblbacher.  —  Avant  la 
dédicace,  480  fr.  vente  Bébague  ;  480  fr.  vente  Mtlblbacber. 

19.  La  Complaisance  maternelle;  in-fol. 

190  fr.  avant  toute  lettre,  vente  Béhague. 

20.  La  Gaieté  conjugale;  petit  in-fol.  en  largeur. 

120  fr.  avant  la  dédicace,  vente  Béhague. 

21.  La  FÉLICITÉ  villageoise;  petit  in-fol.  en  largeur. 

745  fr.  avant  la  dédicace,  même  vente. 


LAUNAY   (Nicolas  de).  547 


VI.  D  APRES    M^"°    GERARD. 

22.  Les  Regrets  mérités  ;  petit  in-fol.  en  largeur. 

VII.  d'après  lavreinge. 

23.  LE  BILLET  DOUX,  dédié  à  M.  Ménage  de  Pressigny,  fermier 

général  ;  in-fol . 

L'eau-forte,  401  fr.  vente  Béhague;  2,300  fr.  vente  Wasset;  460  fr.  vente  Mûhl- 
bacher.  —  Avant  la  lettre,  405  fr.  vente  Béhague  ;  510  fr.  vente  Mûhlbacher. 

24.  LA  CONSOLATION  DE  L'ABSENCE,  dédiée  à  Milady,  com- 

tesse de  Douglas  ;  in-fol. 

Avant  la  dédicace ,  tablette  blanche ,  300  fr.  vente  Béhague  ;  700  fr.  vente 
Mûhlbacher. 

25.  L'HEUREUX   MOMENT,  dédié  à  Louis  Lempereur,  graveur  du 

Roi;  in-fol. 

L'eau-forte  ,  430  fr.  vente  Béhague  :  "700  fr.  vente  Mûhlbacher.  —  Avant  la 
dédicace,  410  fr.  vente  Mûhlbacher. 

26.  QU'EN  DIT   L'ABBÉ?  dédié  à  Madame  la  Comtesse  d'Ogny, 

in-fol. 

L'eau-forte ,  401  fr.  vente  Béhague  ;  920  fr.  vente  Mûhlbacher.  —  Avant  la 
lettre,  400  fr.  vente  Béhague  ;  980  fr.  vente  Mûhlbacher. 

21.  Le  Séducteur-,  in-fol. 

Cette  estampe  n'est  connue  qu'à  l'état  d'eau-forte.  Elle  représente  un  père  qui 
veut  tuer  le  séducteur  de  sa  fille  (sept  personnages).  M.  Era.  Bocher  l'attribue 
pour  le  dessin  à  Lavreince  et  à  De  Launay  pour  la  gravure.  C"est  la  môme  déco- 
ration d'intérieur  que  celle  du  Billet  doux.—  120  fr.  1881 . 

VIII.  d'après  le  prince. 

28.  Le  Bonheur  du  ménage;  petit  in-fol.  en  largeur. 

29.  L'Enf.VNT  chéri;  petit  in-fol.  en  largeur. 

40  fr.  avant  la  dédicace,  vente  Béhague. 

30.  L.v  Lettre  envoyée,  — la  Lettre  rendue,  2p.  in-fol. 

ovale  ,  dédiées  à  M.  Radix  de  St^-Foix  ,  trésorier  général  de  la 
marine  en  n68. 


548         LES   GRAVEURS  DU   XVIIP   SIÈCLE. 

IX.  d'après  pierre. 

31.  LÉDA,  —  Endymion  ,  2  p.  in-fol.  ovale  en  largeur. 

X.  d'après  divers. 

32.  La  Marche  de  Silène,  d'après  Rubens;  in-fol.  en  largeur. 

—  Les  Vierges  sages  et  les  Vierges  folles,  d'après  Shalken.  — 
Les  Vendeurs  chassés  du  Temple,  d'après  Jordaens.  —  La  Partie 
de  plaisir,  d'après  Wœninx.  —  L'Emplette  inutile,  d'après  Char- 
pentier. —  Angélique  et  Médor,  d'après  Raoux  ;  in-fol.  —  Le 
Four  à  chaux  ,  d'après  Loutherbourg.  —  La  Chute  dangereuse, 
d'après  F.  Meyer.  —  l'*'  et  2"^^  Ruines  romaines,  d'après  Dietricy. 

—  Miracles  opérés  par  l'intercession  de  St  Vincent  de  Paul , 
d'après  A.  Beaufort.  —  Planches  pour  la  Galerie  du  Palais- 
Royal. 


PORTRAITS. 

33.  Bignon  (A.-J.),  d'après  Drouais,  HôQ  ;  in-fol. 

34.  BONNARD  (Bernard  de),  d'après  Vestier  ;  in-8  orné. 

35.  Choiseul  (le  Duc  de) ,  dessiné  et  gravé  par  N.  de  Launay,  d'après 

L.-M.  Van  Loo  ;  in-4.  —  Chez  l'auteur,  rue  de  la  Bucherie ,  la 
porte  cochère  au  coin  de  la  rue  des  Rats. 

36.  La  Fontaine  ,  vignette-frontispice  pour  les  Contes  mis  en  vers 

par  un  petit  cousin  de  Rabelais.  —  Voyez  aussi  n"  63. 

3T.   Le  BloY,  abbé  de  Clairvaux ,  d'après  Roslin  ;  in-fol. 

38.  LE  CLERC  tils  (Sébastien),  d'après  Nonnotte;  in-fol. 

Morceau  de  réception  à  l'Académie. 

39.  Louis  XV,  petit  médaillon  soutenu  par  des  amours,  tête  de  page 

pour  un  in-12.  —  H.  Gravelot  del.,  N.  de  Launay  sculp. 
En-tête  de  la  dédicace  du  livre  de  Raulin  sur  la  Conservation  des  enfants. 

40.  Louis  XV,  tête  de  page  pour  la  description  de   son  mausolée  , 

d'après  Moreau. 


LAUNAY   (Nicolas  de\  549 

41.  Louis  XV,  autre  tête  de  page  pour  la  description  de  son  mausolée, 

d'après  Moreau. 

Les  premières  épreuves  sont  signées  N.  de  Launay.  Les  suivantes  portent  ]a 
signature  de  Lempereur. 

42.  Louis  XVI  prononce  un  discours  pour  le  bonheur  de  son  peuple, 

vignette  d'après  Borel  ;  in-8. 

43.  Necker,  d'après  Duplessis  ;  in-4. 

Saint-Aubin  reprocha  à  De  Launay  d'avoir  copié  ce  portrait  sur  celui  qu'il 
avait  gravé  lui-même.  L'Académie  apaisa  la  querelle. 

44.  Necker,  d'après  Duplessis  ;  in-8. 

4.5.  Oultremonl  (C.-N.-A.  d'),  évêque  de  Liège,  d'après  Rhenasteine; 
in-fol. 

46.  Raynal  (l'Abbé),  d'après  Cochin  ;  in-4  orné. 

47.  Raynal  (l'Abbé),  d'après  Cochin;  in-8. 

48.  TresSAN  (le  Comte  de),  d'après  Borel-   in-8  orné. 

49.  TROY  (J.-B.-F.  de),  d'après  Aved;  in-fol. 

Morceau  de  réception  à  l'Académie. 

50.  PORTRAITS  GRAVÉS  POUR  LA  COLLECTION  CAZIN, 

d'après  Marillier  ;  in-18  ornés  :  BOILEAU.  —  Charron.  — 
DesHOLILIÈRES.  ~  Do  RAT.  —  Fénélon.  —  Fontenelle.  — 
Gessner.  —  Graffigny.  —  Jeanne  d'Ai-c. —  La  Bruyère. 
—  La  Fontaine.  —  Malherbe.  —  Marot.  —  Mil  ton.  —  Mon- 
tesquieu. —  Ovide  —  Pascal.  —  PiRON.  —  RABELAIS.  — 
De  Reyrac.  —  J.-R,  ROUSSEAU.  —  Sapho.  —  Le  Tasse.  — 
Voltaire. 


VIGNETTES. 

I.    d'après   cochin. 

51.  Le  Triomphe  du  goût,  vignette  in-8  pour  la   Bibliothèque 
du  Théâtre-Français  du  duc  de  LaVallière,  1768. 
I.  86 


550  LES    GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE 

52.  Figiires  pour   Orlando  FURIOSO  DI  LODOVICO  ARIOSTO, 

Birmingham,  Baskerville,  1773,  4  voL  in-8  ;  6  p. 

De  Launay  est  le  graveur  qui  a  le  plus  travaillé  à  cette  illustration ,  pour 
laquelle  il  a  encore  gravé  d'après  Eisen ,  Monnet ,  Cipriani  et  Moreau. 

Les  figures  avant  la  lettre  et  les  eaux-fortes  des  figures  de  l'édition  de  Basker- 
ville (moins  celles  gravées  par  Bartolozzi ,  qui  n'existent  qu'avec  la  lettre)  dans 
l'exemplaire  de  Renouard . 

53.  LE    TRIOMPHE    DE   BACCHUS   ET    D'ÉRIGONE  ,    in-8. 

{l'Origine  des' Grâces). 

54.  Adieux  de  Télémaque  et  de  Narbal.  —  Télémaque  explique  les 

lois  de  Minos;  2  p.  in-8  [Télémaque,  texte  gravé  par  Drouet). 

55.  Confiance ,  vignette  pour  VIconologie. 


II.    D  APRES    EISEN. 

56.  L'Age  d'airain  et  l'Age  de  fer.  —  Panthée  déchiré  par  les  bac- 
chantes. —  Orphée  jouant  de  la  lyre.  —  Naissance  d'Adonis. 
(Métamorphoses  d'Ovide). 

51.  Figures  pour  VArioste  de  Baskerville  ;  3  p. 

58.  L'ABEILLE  JUSTIFIÉE,—  LA  FAUSSE  PUDEUR,  — LES 
JALOUX  TROMPÉS,  —  LES  OMBRES,  têtes  de  pages  pour 
les  Baisers  de  Dorât.  —  Culs-de-lampe  pour  le  même  livre. 

Sur  l'eau-forte  de  la  Fausse  Pudeur,  le  jeune  génie  qui  offre  le  livre  de  Dorât  à 
trois  jeunes  femmes  est  dans  l'état  que  Cohen  qualifie  de  <>  brillant  ».  Dorât  a 
écrit: 

Ce  que  vous  fuyez  dans  mon  livre 
Vous  le  cherchez  dans  un  amant. 

Les  Jaloux  trompés  sont  une  sorte  de  contre-partie  de  la  figure  dite  des  petilt 
pieds,  de  Daphnis  et  Chloé.  Ou  voit  ici  non  les  petits  pieds,  mais  les  deux  têtes. 

."9.  Tête  de  page  pour  VHistoire  des  ordres  royaux  de  Notre-Dame 
du  Mont-Carmel ,  etc.,  par  Gautier  de  SLbert ,  17'72. 

60.  Fleurons  et  vignettes  pour  les  CHEFS  -  D'OEUVRE    DRAMA- 

TIQUES publiés  par  Marmoutel ,  l'7'73,  in-4. 
Très  belles  illustrations.  De  Launay  en  est  le  principal  graveur. 

61.  Cul-de-lampe  poiir  les  ÉPREUVES  DU  SENTIMENT,  de  Bacu- 

lard  d'Arnaud. 


LAUNAY   (Nicolas  de).  S51 

62.  RayNAL  écrivant  son  livre,  devant  lui  défilent  des  troupes 
coloniales.  —  L'ANGLAIS  QUI  VEND  SA  MAÎTRESSE;  2  p. 
in-8  {Histoire  des  Indes,  de  Raynal). 

03.  LA    SERVANTE    QUI   ROIT   A    LA   CAVE,    très joU  fleuron 
de  titre  des  Contes  mis  en  vers  par  un  petit  cousin  de  Rabelais 
(d'AquindeChâteaulyon),  lllô,  in-8. 
En  tirage  hors  texte,  vendu  200  fr.  1880. 

G4.  En-tête  pour  un  in-4  ,  IT^S.  Un  phénix ,  deux  torches,  etc. 

65.  En-tête  allégorique.  Les  armes  de  la  maison  de  Condé  ;  à  gauche 

un  cabinet  d'histoire  naturelle,  à  droite  une  bataille. 

III.  d'après   GRAVELOT. 

66.  De  la  Conservation  des  enfants,  parRaulin,  1768,  in-12.  —  Un 

frontispice. 

Ql.  Vignette  pour  les  Saisons  de  Saint-Lambert ,  n69. 

68.  Modères  vos  transports. ...  —  Voici  l'instant  affreux  I. . .  2  très 

jolies  vignettes   pour  L'HONNÊTE  CRIMINEL,    de   Feuouillot 
de  Falbaire,  no^,  in-8. 

69.  Vignette  pour  les  Annales  de  Tacite,  1768,  in-12. 

10.  Illustrations  pour  le  Voltaire  in-4  [Mariamne,  Nanine,  etc.) 

11.  Afrique. —  Amérique. —  Apollon.  —  Génie.  —  Janvier.  —  Justice. 

—  Loi.  —  Polymnie.  —  Pratique.  —  Septembre.  —  Thalie. 
(vignettes  pour  VIconologie). 

IV.  d'après  marillier. 

•72.  L'Incendie.  —  La  Surprise.  —  L'Orage  favorarle, 

vignettes  in-12  pour  les  Idylles  de  Berquin. 

73.  Femme  assise  sur  un  lion  et  tenant  un  cartouche  d'armoiries,  1764; 

in-12. 

74.  Epitre  de  Pierre  Bagnolet ,  citoyen  de  Gonesse,  aux  grands  hommes 

du  jour;   1  figure. 

75.  Frontispice  pour  les  Fables  de  Dorât,  in-8. 


552         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE. 

76.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Le  Sage  et  les  Voyages  imaginaires. 

11.  C'était  bien  assez  d'être  coupable. . .  etc.,  2  jolies  vignettes  pour 
les  Contes  moraux  de  Mercier,  1769. 

Les  deux  autres  par  De  Ghendt. 

78.  En-tête  pour  un  in-4.  Turc  accoudé  sur  un  ballot  de  moka.  1779. 

79.  Titre  et  vignettes  pour  les  ŒUVRES   DE   GESSNER,  édition 

de  Cazin.  Genève,  1777,  3  vol.  in-18. 

C'est  peut-être  ce  que  De  Launay  a  gravé  de  plus  fin ,  avec  les  vignettes 
suivantes. 

80.  FRONTISPICES  POUR  LES  ÉDITIONS  DE  CAZIN,  ravis- 

santes petites  illustrations  in-18. 

Amours  d'Ismène  et  d'Is.ménias.  —  Œuvres  de  Bernard.  L'Art  d'aimer. 
P7-esse,  ose  tout,  et  Delphirc  est  à  toi.  —  Œuvres  de  M.  le  Cardinal  de 
Bernis.  — Voyage  de  Chapelle  et  Bachaumont.  Hélas  !  que  Von  serait  heu- 
reux. —  '20^  Baiser.  //  faut  des  couronnes  de  roses. . . —  Œuvres  de  Grécourt. 
Philotanus.  —  Daphnis  et  Chloé.  Les  petits  pieds.  Tout  se  passa  à  l'ordinaire. 
—  Imitation  de  Jésus-Christ.  Le  Christ  en  croix.  0  vos  omnes.. .  —  Poésies 
DE  La  Fare.  —  Fables  choisies  de  La  Fontaine.  Monument  avec  le  buste 
du  poète.  —  Lettres  persanes.  —  Régnier.  —  La  Pucelle  ,  titre.  —  La 
Reine  de  Golgonde,  conte  de  Boufjflers .  —  Les  Grâces.  — Les  Saisons.  — 
Vert-Vert. 

81.  Figures  pour  la  Bible  de  Defer  de  Maisonneuve,  10  p. 


V.    DAPRES  moreau. 

82.  Iphis  changée  en  garçon.  —  Hippomène  et  Atalante.  —  Cybèle  et 

les  vaisseaux  d'Énée  (les  Métamorphoses  d'Ovide,  in-4,  1769). 

83.  Les  Grâces  ,  vignette  pour  les  Grâces  de  Meunier  de  Querlon, 

1769,  in-8. 

84.  Vénus  recevant  la  pomme  des  mains  de  Paris ,  in-8  {le  Jugement 

de  Paris,  1772). 

85.  Vignettes  pour  VArioste  de  Baskerville ,  4  p.  iu-8. 

80.  Vignettes  pour  les  chants  V  et  XII  de  VArioste  de  1775,  1783. 

Elles  étaient  destinées  à  remplacer  celles  d'Eisen ,  de  l'édition  de  Baskerville, 
jugées  trop  mauvaises. 

87.  LE    COCU    IMAGINAIRE.    —    La   Comtesse   d'Escarbagnas 
[Molière  de  Bret ,  1773). 


LAUNAY   (Nicolas  de).  oo3 

88.  St-PBEUX   PROVOQUANT   MYLORD   EDOUARD.    —   LA 

SORTIE  DU  MAUVAIS  LIEU.  -  LE  MORCEAU  DE 
MUSIQUE. -PIQUÉ  DE  MA  RAILLERIE. ..- SOPHIE 
REMETTEZ-VOUS. . . ,  illustrations  pour  le  Rousseau  in-4  de 
l'774. 

89.  PVGMVLION   REGARDANT  SON   OUVRAGE,    —    PyGMALION 

POSANT  SUR  SON   COEUR  LA   MAIN  DE   GALATHÉE,   2  têtes 

de  page  [Pygmalion,  par  Imbert). 

90.  Marie-Thérèse  au  milieu  des  Hongrois ,  in-8  (  Annales  de  Marie- 

Thérèse,  par  Fromageot). 

91.  Apollon  sur  son  char,  frontispice  des  Saisons  de  Saint-Lambert, 

in-8,  ms. 

92.  LES  BIENFAITS  DU  SOMMEIL,  ou  les  Quatre  Rêves  accom- 

plis, TparlmberL  Paris,  Brune t,  me,  in-12.  Ouvrage  allégorique 

au  ministère  de  Maurepas. 
Un  titre  et  quatre  jolies  figures. 

Les  eaux-fortes  dans  l'œuvre  de  De  Launay  au  Cabinet  des  Estampes. 
1^'  état  :  Avant  l'encadrement. 

93.  UNE    FOIRE    DANS    UN    PARC,    frontispice  du  tome  I-t  des 

A-propos  de  société  ou  Chansons  de  Laujon.  —  Colin  et 
Colette,  —  l'Inauguration  du  temple  de  l'Amitié,  culs-de- 
lampe  pour  le  même  ouvrage. 

La  vignette  de  la  Foire  dann  un  parc  est  non-seulement  l'une  des  perles  de 
l'œuvre  de  De  Launay,  mais  encore  une  des  plus  merveilleuses  que  cette  époque 
ait  vu  se  produire. 

L'eau-forte  pure  au  Cabinet  des  Estampes. 

État  d'essai  avant  toute  lettre.  —  \«'  état  :  Avant  l'indication  du  tome. 

94.  Arrête,  commence  par  moi!—  Ah,  laisse-moi  et  sauve  Télasco. 

2  p.  in-8  [les  Incas). 

95.  Esclaves  conduits  par  des  marchands,  —  Les  Anglais  demandent 

pardon  à  Aurengzeb ,  —  Ouragan  aux  Antilles ,  3  p.  in-8.  — 
Un  Anglais  qui  vend  sa  maîtresse,  —  Voilà  la  monnaie. . . ,  2  p. 
in-4.  (Rayual). 

96.  En-tète  pour  les  actions  de  la  COMPAGNIE  POUR  LE   DESSÈ- 

CHEMENT DES  MARAIS  DE  BOURGOIN,  etc.;  in-8  à  claire- 
voie,  n'79. 


55i  LES    GRAVEURS   DU    XYIIIf   SIECLE. 

VI.  d'après  divers. 

97.  Pyrame  et  Thisbé,  —  Paysans  changés  en  grenouilles,  —  Glaucus 

et  Scylla,  3  p.  d'après  Monnet  {Métamorphoses  d'Ovide). 

98.  Figures  de  Monuet  et  de  Gipriani  pour  VArioste  de  Baskerville  , 

5  p. 

99.  Vignette  d'après  Monnet  pour  le  Temple  de  Gnide ,  mis  en  vers 

par  Colardeau. 

100.  Lettres  portugaises,  Paris,  Delance,  1796,  2  vol.  in-18;  une  fig. 

d'après  Monnet. 

101.  Titre  pour  un  ouvrage  italien  ,   publié   à  Londres  et  Paris  par 

Molini,  mS,  in-12. 

102.  AÉBOSTATS  ,  4  p.  grand  in-8  pour  le  livre  de  Fauj as  de  Saint- 

Fond  ,  Description  de  la  machine  aérostatique  de  MM.  de 
Montgolfier,  1783  (un  frontispice).  —  Suite  de  la  Description 

(3  vignettes). 

103.  PomoNjE  GalliCjE  ,  titre  in-4  ,  d'après  de  Sève. 

104.  Adam  et  Eve,  d'après  de  Sève;  iu-8. 

105.  La  Religion  prosternée  devant  la  croix,  d'après  Belle;  in-12. 

106.  Noce  russe  interrompue.  — Expérience  sur  l'électricité.  —  Danse 

russe.  — Le  Knout ,  etc.;  illustrations  d'après  Le  Prince  pour  le 
Voyage  en  Sibérie,  de  Ghappe. 

107.  Mascarade  des  jésuites  ;  in-4. 

108.  La  Société  des  jésuites  sur  la  bôle  de  l'Apocalypse.  —  St  Ignace 

éclairant  les  nations  ;  2  p.  in-8. 


LAUNAY   (Robert  de). 


Robert  de  Launay  le  jeune  l'ut  élève  de  son  frère, 
qui  en  fit  un  graveur  habile  ;  mais  son  œuvre  est  loin 
d'avoir  l'importance  de  celui  de  Nicolas  de  Launay. 
On  y  remarque  quelques  bonnes  estampes,  et  de  jolies 
vignettes.  Il  fut  très  employé  à  la  gravure  de  la 
Galerie  du  Palais -Royal.  Laurent  lui  payait  une 
planche  pour  le  Musée  français  jusqu'à  1,800  livres. 


ESTAMPES. 

1.  LES    ADIEUX    DE    LA    NOURRICE,    d'après  Aubry  ;  in-fol. 

en  largeur. 
L'eau-forte,  150  fr.  1879.  —  Avant  la  dédicace,  40  fr.  vente  Béhague. 

2.  La  Reconnaissance  de  Fonrose  ,  d'après  Aubry  ;  in-fol. 

en  largeur. 

3.  Le  Mariage  conclu,  — le  Mariage  rompu,  2  p.  faisant 

pendant ,  d'après  Borel  et  Aubry  ;  in-fol.  en  largeur. 

4.  J'y  passerai!  d'après  Borel,  HSS,  in-fol.  eu  largeur  ;  imitation 

de  la  Sentinelle  en  défaut  de  Baudouin. 

5.  Mort  de  Mirabeau,  allégorie  d'après  Borel;  in-fol. 

6.  Trait  de  charité,  d'après  de  Fraine;  in-fol.  en  largeur. 


556         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

I.  La  Cachette  découverte  {l'Armoire),  d'après  Fragonard  ; 

in-fol.  en  largeur. 

8.  Le  Malheur  imprévu,  d'après  Greuze  ;  in-fol. 

9.  LES   SOINS   MÉRITÉS,  d'après  Lavreince. 

Le  titre  ne  fait  pas  comprendre  le  sujet;  il  s'agit  simplement  d'un  lavement 
administré  à  un  petit  chien.  —  210  fr.  avant  la  lettre,  1881. 

10.  LES   ADIEUX,   d'après  Moreau ,   mT  ;  in-fol.    [Monument  du 

Costume). 

II.  C'est   papa,    d'après  Vangorp  ;  petit  in-fol.  en  largeur,   com- 

mencé par  N.  de  Launay,  terminé  par  son  frère. 

12.  Bain  public  des  femmes  mahométanes,  d'après  Le  Barbier  ;  in-fol. 
en  largeur. 

R.  de  Launay  a  gravé  pour  le  Cabinet  Choiseul ,  le  Cabinet  PouUain ,  la  Galerie 
du  Palais-Royal ,  les  Campagnes  d'Italie,  etc. 


PORTRAITS. 

13.  Robert  de  Launay  le  jeune  ;  in-8. 

14.  Les  frères  Montgolfier  ;    in-8.    —   Le  Comte  de  Caylus,   d'après 

Cochin;  in-8.  —  Dazincourt ,  acteur;  in-8.  —  Fénélon,  vignette 
d'après  Monnet.  —  Frédéric  II  ;  in-8.  —  M""*"  de  Graffigny  ; 
in-18.  —  M"^  de  Tencin  ;  in-18.  —  Voisenon  ;  in-12. 

15.  J.-J.  Rousseau,  jolie  vignette-frontispice  pour  Emile,  in-4.  — 

La  même  pièce,  réduite  in-8. 

M*"®  DuchesDois,  Faipoult,  Macartney,  etc. 


VIGNETTES. 


16.  Ex-LiBRiS  Duché,  d'après  Marillier,  1*779;  in-12. 

n.  Titre,  d'après  Marillier,  pour  Le  CÉLIBATAIRE,  comédie  de 
Dorât. 


LAUNAY    (Robert  de  i.  557 

18.  lUuslrations  d'après  Marillier,    pour  Colomb  dans  les  fers. . .  p:ir 

de  Langeac  ;  3  p. 

19.  Illustrations  d'après  Marillier,  pour  les  Œuvres  de  Le  Sage  ,   de 

l'abbé  Prévost ,  de  Tressan  ,  de  Pope  ,  les  Fables  de  Dorât  ,  les 
Romances  de  Berquin ,  le  Gessner  de  Gazin ,  la  Bible. 

20.  Vignette,   tête  de  page  et  cul-de-lampe,  d'après  Marillier,  pour 

Pauline  et  Suzette,  dans  les  Épreuves  du  sentiment, 
de  Baculard  d'Arnaud. 

21.  Frontispice  d'après  Moreau  :  Mercure  tenant  une  sphère  sur  laquelle 

on  lit  le  mot  Amérique  ,  1778  ;  in-8. 

22.  Vignettes  d'après  Moreau  peur  le  Voltaire  de  Kehl,  Rousseau  in-l, 

les  Incas,  Raynal. 

23.  Vignettes    d'après  Cochin    pour    HÉRO  ET  LÉANDUE  ,    1"84  , 

in-12  ;  Em,ile,  VHistoire  de  France  du  président  Hénault,  l'Iliade, 
la  Jérusalem  délivrée. 

24.  Répoblique  française,  tête  de  page  allégorique,  d'après  Gatteaux  ; 

in-4. 

25.  Vignettes  d'après  Freudeberg  pour  l'Heptaméron  ;  d'après  Desrais 

pour  les  Nouvelles  de  Cervantes  et  les  Confessions  du  Comte 
de  ***  ;  d'après  Monnet  pour  Gressel  ;  d'après  Le  Barbier  pour 
VOvide  de  Villenave  ;  d'après  Borel  pour  le  Berquin  de  Renouard  ; 
d'après  Quéverdo  pour  Télémaque  ;  d'après  Myris  pour  l'Histoire 
romaine;  d'après  Vignaud  pour  Eliézer  et  Nephtali  ;  etc.  — 
Réductions  des  figures  de  Bernard  Picart  pour  le  Lutrin.  — 
Nombreuses  vignettes  d'après  Challiou  ,  Ghasselat ,  Garnerey, 
de  Fraine,  etc. 


On  distingue  les  vignettes  de  R.  deLaunay  à  ce  qu'elles  sont  signées  DeLaunay. 
Son  frère  signe  toujours  N.  de  Launay. 


LAURENT   (Pierre). 

4739-'!  809. 


Bien  qu'il  ait  gravé  quelques  morceaux  tels  que  la 
Mort  du  chevalier  d^Assas ,  de  Casanova,  et  les  por- 
traits du  Prince  de  Montbarey  et  de  sa  femme  née 
Mailly-Nesle,  Pierre  Laurent,  né  à  Marseille  en 
1739,  élève  de  Balechou  ,  reste  surtout  connu  comme 
l'éditeur,  avec  Robillard-Péronville,  du  Musée  Fran- 
çais ,  recueil  complet  des  tableaux ,  statues  et  bas- 
reliefs  qui  composent  la  collection  nationale ,  et  dont 
la  publication  commença  en  1803.  A  cette  époque,  nos 
armées  victorieuses  avaient  fait  main  basse  dans  les 
pays  conquis  sur  les  plus  beaux  objets  d'art  qu'ils  ren- 
fermaient, et  le  Musée  National  était  la  plus  splendide 
réunion  de  chefs-d'œuvre  qui  se  pût  imaginer. 

Depuis  longtemps  d'ailleurs,  Pierre  Laurent  nour- 
rissait le  projet  de  cette  publication  artistique.  Il  s'était 
précautionné  auprès  du  ministre  de  la  liste  civile  De 
La  Porte,  en  avait  obtenu  l'autorisation  de  reproduire 
les  tableaux  et  statues  renfermés  dans  les  maisons 
du  roi,  et  s'était  associé  pour  cette  entreprise  avec 
Jean-Esprit  Bonnet,  prêtre.  La  Révolution  n'arrêta 
pas  les  travaux.  Laurent  s'associait  ensuite  avec 
Robillai'd-Péronville,  et  en  1803  paraissait  le  Musée 


LAURENT.  559 

Français.  Les  gravures,  de  format  in-folio,  ont  été 
exécutées  avec  beaucoup  de  soin,  et  tout  l'ouvrage, 
dont  la  partie  descriptive  était  confiée  à  Groze- 
Magnan,  Visconti  et  ensuite  à  Emeric  David,  con- 
duit avec  habileté.  Laurent  s'était  adressé  aux 
meilleurs  graveurs  de  son  temps,  à  Robert  Daudet , 
à  Audouin ,  à  Delignon ,  à  Dupréel ,  à  Massard ,  à 
Dequevauviller,  à  Helraan ,  à  Godefroy,  à  Girardet ,  à 
Robert  de  Launay  ;  en  même  temps  il  faisait  graver 
par  de  nombreux  artistes  à  l'étranger  les  dessins 
qu'il  leur  envoyait .  exécutés  avec  soin  d'après  les 
peintures,  à  Vienne  par  Schmutzer,  à  St-Pê!ersbourg 
par  Klauber ,  à  Anvers  par  Claessens  ,  à  Augsbourg 
par  Eichler,  à  Carlsruhe  par  Aldenvang  ,  à  Stuttgart 
par  Muller,  à  Rome  par  Galendi,  à  Bologne  par  Rosas- 
pina,  à  Vienne  par  Fislier,  etc.,  etc. 

Lui-même  s'est  employé  ainsi  que  son  fils  à  la  con- 
fection de  son  magnifique  ouvrage.  Il  a  gravé  avec 
Audouin  les  Muses  ,  d'Eustache  Le  Sueur ,  avec 
Duplessi-Bertaux  dont  il  termine  l'eau-forte  le  Passage 
du  Rhin  de  Van  der  Meulen ,  enfin  seul,  la  Vie 
champêtre  de  Feti ,  les  Ruines  du  Colysée  de 
Bergliem,  le  Manège  de  Wouverraans ,  le  Coup  de 
soleil  de  Ruysdaël.  Le  Pacage  de  Paul  Potter  est  pour 
l'eau-forte  de  Laurent  fils ,  et  a  été  terminé  au  burin 
par  le  père. 

«  C'est  grâce  à  la  persévérance  et  au  courage  qu'a 
»  montrés  Pierre  Laurent ,  dit  Joubert ,  —  chez  les 
»  parents  duquel  Laurent  avait  travaillé  à  Lyon ,  — 
»  que  cette  grande  entreprise,  contrariée  par  les  trou- 
»  blés  politiques,  a  pu  être  menée  à  bonne  fin.  Une 
>  direction  de   cette  nature   était    une   chose    bien 


560         LES    GRAVEURS    DU    XVIII«   SIECLE. 

»  délicate.  Il  fallait  stimuler  réraulation  saiis  blesser 
»  les  amours-propres,  faire  accueillir  des  observations 
»  souvent  nécessaires,  difficiles  à  présenter,  pénibles 
»  à  entendre.  La  douceur  naturelle  de  Laurent ,  sa 
»  politesse  et  d'adroits  ménagements  lui  concilièrent 
»  à  cet  égard  tous  les  suffrages.  » 

Le  portrait  de  Laurent  a  été  gravé  par  Miger,  in-8. 

Pierre-Louis-Henri  Laurent,  né  en  1779 ,  a  gravé 
quelques  pièces  pour  le  Musée  ft^ançais  :  à  la  mort 
de  son  père  il  reprit  et  continua  cette  publication  qui 
fut  terminée  en  1811  et  qui  forme  quatre  volumes  in-fol. 

Quelques  extraits  des  conventions  passées  en  1792 
entre  Laurent  et  les  graveurs  donneront  l'idée  des 
prix  élevés  qui  leur  étaient  payés.  Le  prix  convenu 
par  Laurent  avec  De  Launay  pour  la  planche  de  la 
Bacchanale  du  Poussin,  était  de  1,880  livres,  avec 
Miger,  1,200  livres  pour  la  gravure  d'un  tableau  de 
Van  Mol ,  d'après  le  dessin  fait  par  Touzé ,  avec  Le 
Mire ,  2,200  livres  pour  l'Annonciation  de  Solimène  , 
avec  Maviez,  2,000  livres  pour  la  S^'-Cécile  de  Mignard, 
avec  N.  Thomas,  1,700  livres  pour  la  gravure  du 
tableau  de  Raoux  représentant  son  atelier,  etc. 

Pierre  Laurent  le  père  a  encore  gravé  d'après  Bou- 
cher, Greuze  ,  Pierre  ,  Dietrich  ,  Loutherbourg ,  etc.; 
des  vignettes  dans  le  poëme  des  Jardins  de  l'abbé 
Delille  d'après  Cochin  et  dans  le  Voyage  littéraire  de 
la  Grèce  de  Guys,  1776. 

Il  y  a  un  autre  graveur  du  nom  de  Laurent ,  André 
Laurent,  que  Basan  fait  naître  à  Londres  en  1720  et 
travailler  à  Paris  sous  la  direction  de  Le  Bas.  Le  Blanc 
lui  a  attribué  à  tort  des  planches  de  Pierre  Laurent 
[le  Bénédicité,  d'après  Greuze,  etc.). 


LAVALLÉE-POUSSTN   (Etienne  de). 


Malgré  son  nom  retentissant,  Etienne  de  Lavallée- 
PoussiN  est  ce  qu'on  peut  appeler  un  fruit  sec  de 
l'école  de  Rome.  Ses  tableaux  n'ont  jamais  dépassé  le 
niveau  de  la  médiocrité,  mais  il  a  pour  nous  ce  mérite 
d'avoir  attaché  son  nom  au  petit  livret  que  les  jeunes 
artistes  de  l'Académie  de  France  à  Rome  firent 
paraître  pour  célébrer  le  passage  au  milieu  d'eux 
de  Marguerite  Le  Comte,  qui  voyageait  en  Italie 
avec  ses  amis  Watelet  et  l'abbé  Copette.  C'est  pour 
ce  livre,  intitulé  Nella  venuta  in  Roma  di  madama 
Le  Comte  e  dei  signori  Watelet  e  Copette,  compo- 
nimenti poetici  di  Luigi  Sitbleyras  colle  figuy^e  in 
rame  di  Stephano  délia  Vallée-Poussin,  1764,  que 
notre  jeune  prea?  de  Rome  grava  par  galanterie  avec 
Weirotter  de  petites  estampes  à  l'eau-forte  où  la 
réalité  se  mêle  d'une  façon  bizarre  à  la  fiction ,  et 
un  portrait  delà  charmante  graveuse.  On  voit  dans  ces 
figures  Watelet  arrivant  à  Rome,  son  carton  d'un  bras 
et  M™''  Le  Comte  en  chapeau  de  paille  de  l'autre; 
Minerve  les  conduit  admirer  l'Apollon  du  Belvédère 
et  les  Ruines  du  Colysée.  Ils  sont  reçus  ensuite  solen- 
nellement par  Apollon  à  l'Académie  de  St-Luc  et  bénis 


o62  LES   GRAVEURS   DU    XYIIP   SIECLE. 

parle  pape...  Enfin  ils  s'extasient  devant  la  cascade 
de  Tivoli  :  le  tout  agrémenté  de  culs-de-lampe  et 
d'entourages  emblématiques.  Ce  petit  recueil  entière- 
ment gravé  est  fort  curieux. 

Nous  rencontrons  encore  de  Lavallée-Poussin  deux 
petites  pièces,  Mort  de  la  Madeleine  et  Mort  de  Saint 
Jérôme  ,  in-12.  —  Jeux  de  Faunes  et  de  Bacchantes, 
2  p.  in-4  à  l'eau-forte. 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  graveur  précédent  avec 
Jacques  Lavallèe,  graveur  au  burin ,  né  à  Toulouse, 
élève  de  Beauvarlet  et  qui  demeurait  à  Paris  rue 
Galande  65.  Ce  graveur  a  travaillé  pour  le  Musée 
Français  de  Laurent ,  pour  la  Galerie  de  Florence, 
r Egypte ,  et  pour  les  Œuvres  de  Racine ,  grande 
et  belle  édition  préparée  dans  les  dernières  années 
du  siècle  par  Pierre  Didot.  C'est  à  propos  d'une 
planche  de  cet  ouvrage  qu'il  y  eut  contestation  *  entre 

1  Voici  la  pièce  qui  concerne  cette  affaire  ,  elle  fait  partie  de  la  col- 
lection de  M.  Portails  : 

«  L'an  4"  de  la  République,  le  6  thermidor,  6  heures  du  soir,  nous 
«  soussignés  Noël  Le  Mire  graveur,  Pierre  Choffard  aussi  graveur, 
v>  appelés  par  le  citoyen  Jacques  La  Vallée  pour  arbitrer  une  planche 
»  qu'il  a  gravée  pour  les  Œuvres  de  Racine  pour  le  citoyen  Didot,  et 
'1  nous  Jean-Baptiste  Tilliard  graveur,  et  Nicolas  Ponce  aussi  graveur, 
0  appelés  par  le  citoyen  Didot  pour  la  même  affaire,  et  ce  en  présence 
»  du  citoyen  Charles-Louis  Rigault  son  fondé  de  procuration  ,  nous 
.1  avons  procédé  au  domicile  du  citoyen  Tilliard  à  l'examen  de  la  dilte 
'1  affaire,  nous  avons  entendus  les  deux  parties  les  unes  après  les  autres. 

n  Le  citoyen  Lavallèe  nous  a  déclaré  avoir  gravé  la  ditte  planche 
n  pour  laquelle  il  n'avoit  fait  aucun  prix  et  qu'il  avoit  refusé  même  de 
•>  recevoir  de  l'argent  quand  le  citoyen  Didot  lui  en  avoit  offert  et  qu'il 
n  estimoit  que  dans  ce  moment  il  pensoit  que  son  travail  valoit  quinze 
»  cents  livres  valeur  métallique.  Le  citoyen  Rigault  nous  a  dit  avoir 
■'  connoissance  qu'à  l'époque  où  le  citoyen  Didot  avoit  donné  le  dessin 
■1  au  citoyen  Lavallèe,  ily  aàpeu  près  dix-huit  mois  ou  deux  ans,  il 


LAVALLEE-POUSSIN.  563 

l'éditeur  et  lui  et  qu'on  dut  appeler  les  graveurs  de 
vignettes  les  plus  compétents  en  la  matière  pour 
régler  le  différend. 


■1  avoit  dit  au  citoyen  Lavallée  qu'il  espéroit  que  cette  planche  ne  lui 
•••  coûteroit  pas  plus  de  deux  mille  livres  en  assignats  ,  que  quand  le 
"  citoyen  Lavallée  lui  avoit  rapporté  sa  planche,  il  lui  avoit  offert  six 
>i  cents  livres  en  numéraire  métallique,  que  sur  la  non-acceptation  du 
■>  citoyen  Lavallée,  il  lui  en  avoit  offert  huit  cents,  que  le  dit  citoyen 
■>  l'ayant  refusé,  ils  éloient  convenus  de  nommer  chacun  deux  arbitres, 
»  que  le  citoyen  Lavallée  avait  nommé  les  citoyens  Le  Mire  et  Choffard 
<i  et  le  citoyen  Didot  les  citoyens  Tilliard  et  Ponce. 

>  Les  deux  citoyens  Lavallée  et  Rigault  étant  retiré,  les  quatre  arbi- 
">  très  ont  discuté  les  intérêts  de  leurs  comettans  avec  l'attention  la  plus 
"  scrupuleuse  ,  les  citoyens  Tilliard  et  Ponce  ont  été  de  l'avis  que  vu 
'■  l'excessive  rareté  du  numéraire,  et  le  prix  accepté  aussi  en  numéraire 
«  par  d'autres  artistes,  ils  fixoient  le  prix  de  la  ditte  planche  (qu'ils  ont 
n  trouvé  très  bien  exécutée)  à  la  somme  de  mille  livres  espèce  métallique. 
11  Les  citoyens  Le  Mire  et  Choffard  ont  pensé  que  cette  même  gravure 
'1  valoit  douze  cent  livres ,  persistant  tous  quatre  dans  cette  différente 
'■>  opinion,  ils  ont  rappelé  les  citoyens  Lavallée  et  Rigault  et  ont  cher- 
'1  chés  par  tous  les  moyens  en  leur  pouvoir  à  les  concilier,  ce  qui  n'ayant 
■>  pas  réussi,  ils  sont  convenus  à  l'unanimité  d'appeler  le  citoyen  Ingouf 
■>  pour  débarrer.  Après  lecture  du  dit  procès-verbal  les  parties  et  arbitres 
'■>  ont  signés  :  Le  Mire,  Choffard,  Ponce,  Tilliard,  Lavallée,  Rigault 
"  pour  Didot  l'ainé. 

■■>  Nous  soussignés  ,  nous  étant  rassemblés  au  domicile  du  citoyen 
"  Tilliard  poui-  prendre  un  parti  définitif  sur  la  planche  du  citoyen 
"  Lavallée ,  en  présence  du  citoyen  Ingouf ,  appelé  pour  donner  son 
'1  opinion  d'une  manière  prépondérante  comme  surarbitre.  Après  avoir 
"  discuté  entre  nous,  nous  avons  arrêtté  d'après  l'avis  du  citoyen  Ingouf, 
rt  que  le  citoyen  Didot  païroit  au  citoyen  Lavallée  douze  cents  livres 
■>  pour  le  prix  de  sa  planche,  et  ce  en  raison  des  soins  qu'il  a  mis  à  la 
-1  terminaison  de  cette  planche  qui  a  atteint  uue  perfection  particulière. 
'>  Fait  à  Paris  ce  9  thermidor  an  IV*.  Le  Mire  ,  Choffard  ,  Ponce  , 
"  Ingouf  le  jeune,  Tilliard  ,  Lavallée,  Rigault. 

'1  J'ai  reçu  de  M""  Didot  la  somme  de  douze  cent  livres  en  écus  de 
■'  France  pour  l'objet  mentionné  cy  dessus  et  pour  solde  de  tout  compte. 
"  A  Paris  ce  onze  thermidor  l'an  quatrième.  Lavallée.  « 


LE   BAS    (Jacques-Philippe 


Ce  n'est  pas  une  exagération  de  dire  que  Le  Bas  est 
l'incarnation  la  plus  complète  de  la  gravure  du  XVIIP 
siècle.  Il  naît  presque  avec  lui  et  s'éteint  aux  appro- 
ches de  la  Révolution  et  dans  ce  long  espace  ,  par  ses 
ouvrages  si  nombreux ,  par  ceux  dont  il  surveille 
l'exécution,  par  son  atelier  bien  français  de  gravure 
d'où  sortent  les  artistes  les  plus  exquis  de  la  seconde 
moitié  du  siècle  ,  Cochin  ,  Moreau  le  jeune,  Ficquet, 
De  Launay,  Gaucher,  De  Longueil  et  Le  Mire,  pour 
ne  citer  que  les  plus  connus  ,  il  exerce  une  influence 
prépondérante.  Enfin  ses  reproductions  de  collections 
célèbres ,  ses  estampes  d'après  les  maîtres  de  l'école 
française ,  sa  collaboration  aux  Ports  de  France  de 
Vernet ,  et  son  œuvre  deïéniers  ,  peintre  avec  lequel 
on  peut  dire  qu'il  s'est  identifié  ,  mettent  le  comble  à 
sa  réputation  et  lui  assurent  une  place  importante 
dans  l'histoire  de  la  gravure  de  notre  pays. 

Une  longue  notice  manuscrite  de  l'expert  JouUain  fils, 
placée  en  tête  du  bel  œuvre  de  Le  Bas  au  Cabinet 
des  Estampes,  œuvre  formé  de  pièces  que  Le  Bas 
«  choisissait  lui-même  avec  le  plus  grand  soin  la  loupe 
à  la  main  »  pour  les  donner  au  futur  rédacteur  de  son 


LE    BAS.  565 

catalogue  de  vente ,  nous  renseigne  sur  bien  des  par- 
ticularités de  sa  vie. 

Jacques-Philippe  Le  Bas  naquit  à  Paris  le  8  juillet 
1707,  d'un  maître-perruquier  et  de  Françoise-Etien- 
nette  Le  Cocq.  Sa  mère  lui  apprit  à  lire,  mais  ses  res- 
sources modiques  ne  lui  permettant  pas  de  lui  donner 
plus  d'éducation,  elle  se  contenta  de  le  mettre  chez  un 
graveur  d'architecture  nommé  Hérisset.  11  avait 
quatorze  ans.  Elle  le  conduisit  à  la  friperie,  l'habilla 
des  pieds  à  la  tête  et  le  lança  dans  la  vie  avec  mission 
de  s'y  débrouiller  tout  seul ,  en  lui  disant  ce  mot  qu'il 
rapportait  volontiers  :  «  Jacquot ,  tu  connais  ma  posi- 
tion ,  voilà  mon  ami ,  tout  ce  que  je  puis  faire  pour  toi.  » 
Par  bonheur  l'enfant  était  doué  de  volonté,  d'intel- 
ligence et  d'une  grande  facilité.  Devant  l'insuffisance 
de  son  premier  maître  ,  il  dut  chercher  d'autres  con- 
seils auprès  de  Nicolas  Tardieu  et  trouver  ses  modèles 
dans  les  estampes  des  graveurs  célèbres  et  surtout 
dans  celles  de  «  l'immortel  Audran  ». 

Le  Bas  fut  encouragé  à  ses  débuts  par  l'amateur 
Crozat  qui  lui  confia  plusieurs  des  planches  de  son 
Recueil  :  la  Prédication  de  S^-Jean ,  d'après  Mola , 
la  Charité  romaine,  d'après  Noël-Nicolas  Goypel  qui 
s'empressa  de  faire  l'éloge  du  travail  du  jeune  graveur 
à  Crozat.  Celui-ci  doubla  le  prix  convenu  et  confia 
encore  à  Le  Bas  la  gravure  d'un  autre  tableau , 
V Adoration  des  rois  de  Véronèse. 

C'est  chez  Crozat  que  lui  serait  arrivée  la  petite 
aventure  suivante.  On  y  donnait  d'excellents  concerts 
et  Le  Bas  était  amateur  et  se  croyait  virtuose.  Il  avait 
appris  tout  seul ,  comme  pour  la  gravure ,  à  jouer 
un  peu  de  violon ,  et  de  cette  main  agile  qui  faisait 

II.  3T 


566         LES   GRAVEURS   DU   XVIII«   SIECLE. 

merveille  sur  le  cuivre,  il  donnait  quelques  bons  coups 
d'archet  et  surtout  il  préludait.  Un  jour  que  le  concert 
tardait  chez  Grozat,  Le  Bas  se  mit  à  préluder.  Le  maître 
de  la  maison  court  à  lui  :  «  Ah  !  M*"  Le  Bas,  que  je  suis 
»  enchanté  de  la  découverte,  vous  allez  remplacer  mon 
»  premier  violon.  »  Le  Bas  accepte.  Gomme  la  salle 
était  au  rez-de-chaussée ,  il  complotait  de  sauter  et  de 
se  sauver  au  dernier  moment.  Mais  le  violoniste  arriva 
et  le  prestige  de  Le  Bas  fut  sauvé.  A  quelque  temps  de 
là ,  obligé  d'aller  à  la  campagne  chez  le  financier,  il 
n'oubUe  point  qu'il  a  une  réputation  de  virtuose  à 
soutenir  ;  il  s'enveloppe  d'un  linge  le  doigt  du  miheu 
de  la  main  gauche.  Arrivé  chez  Grozat,  on  le  prie 
d'exécuter  de  la  musique  nouvelle  qu'une  demoiselle 
venait  de  recevoir  de  Paris.  Il  s'excuse  sur  la  bles- 
sure qu'il  dit  s'être  faite  en  aiguisant  son  burin  et 
se  dispense  ainsi  d'avouer  son  peu  de  savoir. 

Le  succès  des  planches  faites  pour  Grozat  avait  en- 
gagé le  jeune  graveur,  qui,  on  le  voit,  ne  doutait  de  rien, 
à  se  présenter  à  l'Académie  et  il  y  était  agréé  en  1735  ^ . 
Mais  on  exigeait  alors  d'un  graveur  deux  portraits 
d'académiciens  pour  la  réception,  et  ce  genre  de  travail 
n'était  pas  son  fort.  Plusieurs  délais  lui  furent  accordés 
pour  présenter  les  portraits  gravés  de  Cazes  et  de  Le 
Lorrain,  enfin,  aidé  des  uns  et  des  autres,  il  les  apporta 
à  la  séance  du  30  décembre  1741 ,  où  «  ils  furent  re- 
»  jettes,  pour  vice  de  médiocrité,  à  la  grande  pluralité 
»  des  voix.  »  Dumont  le  Romain ,  qui  ne  mâchait  pas 

1  Malgré  JouUain  fils  qui  affirme  (  probablement  pour  diminuer  le 
désagrément  de  son  échec)  que  c'est  âgé  de  23  ans  qu'il  fil  une  première 
tentative  pour  entrer  à  l'Académie,  nous  maintenons  nos  dates  qui  sont 
celles  des  Procès -Verbaux  de  l'ancienne  Académie. 


LE    BAS.  567 

ses  expressions ,  s'écria  :  «  Vous  venez  de  refuser 
»  Le  Bas  ;  eh  bien ,  mettez-lui  un  porte-crayon  dans 
»  le  c,  il  dessinera  encore  mieux  que  vous  tous  !  » 

Comme  notre  graveur,  par  suite  de  ce  refus,  se  trou- 
vait déchu  de  son  titre  d'agréé  et  qu'il  lui  avait  été  fait 
défense  de  prendre  la  qualité  de  graveur  du  roi ,  «  Le 
»  Bas  représenta  que  s'il  n'avait  pas  eu  le  bonheur  de 
»•  satisfaire  l'Académie  par  les  deux  dites  planches, 
»  c'avait  été  par  l'obhgation  de  travailler  dans  un 
»  genre  sur  lequel  il  n'était  nullement  exercé,  ne  s'é- 
»  tant  jamais  appliqué  à  graver  le  portrait  ;  qu'il  osait 
»  se  flatter  n'être  pas  indigne  des  bontés  de  la  Com- 
»  pagnie  dans  la  partie  de  son  art  à  laquelle  il  s'était 
»  dédié  par  préférence ,  et  demandait  qu'il  lui  fut 
»  accordé  de  se  représenter  de  nouveau  sur  des 
»  planches  d'après  Wouvermans  ,  Berghem  ou  autres 
»  maîtres  semblables.  La  Société  vota  de  nouveau 
»  et  Le  Bas  fut  chargé  de  gi-aver  pour  sa  réception 
»  deux  planches  d'après  Lancret ,  représentant  des 
»  Conversations  galantes  dans  un  parc  ^ .  » 

Le  Bas  fut  enfin  reçu  le  23  février  1743.  Sa  Conver- 
sation galante,  travaillée  avec  beaucoup  de  soin  et 
dans  le  sentiment  du  modèle,  prouve  que  l'Académie 
eut  raison  de  revenir  sur  sa  décision.  Elle  fit  d'ailleurs 
plus  tard  ,  amende  honorable  de  sa  sévérité  en  rache- 
tant à  la  vente  après  décès  de  Le  Bas  les  planches 
gravées  des  portraits  de  Gazes  et  de  Le  Lorrain. 

C'est  vers  1733  que  Le  Bas  songea  à  se  marier  : 
«  Il  avait  alors  vingt-six  ans  ,  ont  écrit  MM.  de  Gon- 
»  court ,  et  vit  par  rencontre  une  belle  demoiselle , 

1  Procès -Verbaux  inédits  de  V  Académie,  à  l'École  des  Beaux-Arts. 


568         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP   SIÈCLE. 

»  majestueuse  de  taille,  blanche,  rose,  éblouissante, 
»  avec  de  grands  traits  réguliers  et  une  peau  incom- 
»  parablement  fine.  Il  suivit,  s'informa.  La  jeune  fille 
»  n'avait  en  dot  que  son  teint  de  santé  et  son  port  de 
»  déesse.  » 

Le  Bas  épousa  donc  Elisabeth  Duret ,  et  racontait 
volontiers  avec  sa  gaieté  habituelle  comment ,  sans 
position  solide  encore,  il  était  entré  en  ménage  : 

«  Lorsque  je  me  suis  marié ,  disait-il ,  j'ai  fait  du 
»  jeune  homme,  j'ai  donné  des  dentelles,  des  diamants, 
»  de  belles  robes.  Le  lendemain  de  mon  mariage,  je 
»  n'avois  plus  d'argent.  Cela  me  rendoit  sérieux. 
»  Sans  rien  dire,  j'ai  pris  les  diamants  et  les  dentelles 
»  dans  la  forme  de  mon  chapeau  ;  j'ai  tout  vendu.  De 
»  retour  chez  moi,  j'ai  montré  tout  mon  argent  à  ma 
»  femme  en  lui  disant  :  ma  bonne  amie,  j'ai  vendu  tes 
»  parures,  mais  j'ai  fait  de  l'argent,  je  vais  en  acheter 
»  du  cuivre.  Prends  patience,  soutiens  mon  courage  , 
»  je  ne  te  demande  que  le  temps,  nécessaire  pour  gra- 
»  ver  quelques  planches  et  les  mettre  au  jour  et  je  te 
»  promets  de  te  rendre  avec  intérêts  ce  dont  je  te 
>  prive  aujourd'hui.  J'ai  tenu  parole.  Je  me  .suis  ren- 
»  fermé.  J'ai  pioché  le  cuivre  (c'étoit  son  mot),  M*"^  Le 
»  Bas  a  secondé  mon  ardeur  par  son  économie.  Elle 
»  faisoit  son  ménage  et  balayoit  elle-même  son  esca- 
»  lier.  Dans  très  peu  de  temps  je  me  suis  vu  dans  le 
»  cas,  non-seulement  de  lui  rendre  tout  ce  que  je  lui 
»  a  vois  enlevé  sans  qu'elle  en  eût  joui .  mais  encore 
»  de  la  faire  servir  et  de  lui  procurer  toutes  les  dou- 
»  ceurs  de  la  vie  qui  tiennent  à  une  honnête  aisance.  » 

Ce  fut  en  effet  pour  soutenir  tout  ce  monde  qui 
l'entourait,  les  parents  de  sa  femme ,  sa  mère   qu'il 


LE    BAS.  569 

avait  logée  près  de  lui ,  qu'il  entreprit  de  faire  du 
commerce ,  de  former  un  fonds  de  planches  et  de 
rassembler  pour  l'aider  tous  les  jeunes  gens  qui  mon- 
traient quelque  aptitude  pour  la  gravure  ou  seulement 
même  un  peu  de  bonne  volonté.  C'est  ainsi  qu'il  créa 
cet  atelier  sans  rival ,  véritable  fabrique  de  gra- 
vures bien  souvent  excellentes  ,  et  qu'il  forma  cette 
merveilleuse  pléiade  de  graveurs  de  talent  dont 
on  recherche  avidement  les  ouvrages  aujourd'hui  : 
Aliamet,  CatheUn  ,  Gochin  ,  Eisen,  Ficquet,  Gaucher, 
Godefroy,  Helman,  Le  Mire,  DeLongueil,  Masquelier, 
Moreau  le  jeune,  Née  ,  des  étrangers  comme  Strange 
et  Ryland.  On  lui  envoyait  des  disciples  des  quatre 
coins  de  la  France  et  de  l'Europe ,  et  tout  ce  petit 
monde  d'apprentis-graveurs  vivait  en  famille,  travail- 
lant ,  mangeant  et  s'amusant  sous  l'œil  maternel  de 
M"®  Le  Bas ,  brave  femme  soignant  avec  dévouement 
ses  pensionnaires  pendant  que  Le  Bas  leur  indiquait 
par  ses  conseils  et  ses  exemples  la  bonne  voie  pour 
réussir  et  arriver  :  «  Bonne  pension ,  bonne  école.  » 
«  Il  avoit ,  dit  Joullain  qui  nous  a  conservé  la  physio- 
»  nomie  de  ses  leçons,  une  manière  de  les  enseigner  et 
V  de  les  reprendre  qui  lui  étoit  particulière.  Un  mot , 
»  un  seul  de  ses  gestes ,  étaient  plus  expressifs  que 
»  les  dissertations  les  plus  sçavantes.  Le  persiflage 
»  étoit  l'arme  la  plus  acérée  dont  il  se  servoit  pour 
»  aiguillonner  ceux  qui  marchoient  plus  lentement  que 
»  les  autres.  Un  jeune  homme  amoureux  de  ses  pro- 
»  ductions  ,  ainsi  qu'il  est  d"usage,  lui  présentoit-il  un 
»  desshi  ou  une  planche  que  Le  Bas  trouvoit  inférieure 
»  à  ce  qu'il  pouvoit  attendre  de  cet  élève  :  Vous  mé- 
»  ritez  ,  disoit-il ,  que  je  vous  embrasse ,  et  se  levant 


570  LES   GRAVEURS   DU    XVIIP'    SIECLE. 

»  avec  un  air  naturel,  il  l'embrassoit  en  efifet.  Le  jeune 
»  homme  qui  recevoit  le  premier  baiser  de  ce  genre  , 
»  s'en  retournoit  dans  l'atelier,  bien  satisfait  de  lui- 
»  même.  Les  camarades  le  désabusoient  et  bientôt  la 
»  crainte  de  la  raillerie  ,  plus  active  sur  une  âme  bien 
»  née  que  celle  de  la  douleur ,  le  portoit  à  redoubler 
»  d'efforts  pour  se  soustraire  aux  embrassements  de 
»  son  maître.  » 

L'œuvre  de  Le  Bas  est  très  considérable  ;  cela  se 
conçoit  quand  on  sait  de  quelle  facilité  il  était  doué, 
et  quand  on  connaît  son  activité  et  ses  besoins  inces- 
sants d'argent  qui  le  forçaient  à  produire ,  car  il  ne 
pouvait  jamais  se  refuser  une  fantaisie  ,  un  tableau  , 
un  dessin.  Ayant  à  sa  disposition  toutes  les  belles 
collections  qui  lui  étaient  libéralement  ouvertes  , 
comme  celles  de  la  comtesse  de  Verrue,  de  Crozat , 
de  Blondel  de  Gagny,  du  duc  de  Valentinois ,  du  duc 
de  Praslin ,  du  duc  de  Ghoiseul ,  du  duc  de  Gossé , 
du  marquis  de  Brunoy,  du  comte  de  Vence,  du  comte 
de  Baudouin ,  il  en  gravait  les  tableaux ,  soit  que 
les  planches  lui  fussent  commandées,  soit  qu'il  les 
exécutât  pour  alimenter  son  propre  fonds.  Pour  arri- 
ver à  ce  résultat,  il  était  aidé  par  tous  ces  jeunes 
graveurs  auxquels  il  distribuait  suivant  leurs  apti- 
tudes la  besogne  qu'il  payait  généreusement.  Tout  ce 
qui  est  signé  de  Le  Bas  n'est  donc  pas  de  lui,  mais 
les  planches  qu'il  n'a  pas  gravées,  il  a  dû  tout  au 
moins  les  retoucher  après  en  avoir  surveillé  l'exécu- 
tion. Le  nombre  de  celles  commencées  à  l'eau-forte 
par  ses  élèves,  et  terminées  au  burin  par  lui ,  est  con- 
sidérable. Gette  extrême  facilité  de  Le  Bas  fut  son 
défaut ,  et  ce  n'est  pas  sans  raison  qu'on  lui  reproche 


LE    BAS.  574 

d'avoir  trop  répandu  l'usage  de  la  gravure  expéditive. 

Nous  allons  rapidement  passer  en  revue  les  travaux 
divers  de  notre  graveur.  Nous  ne  suivrons  pas  cette 
fois  l'ordre  chronologique  à  cause  de  la  confusion 
qu'un  aussi  grand  nombre  de  pièces  ne  manquerait 
pas  de  produire. 

En  fait  de  vignettes  et  de  recueils  :  Livrées  de  divers 
paysages  pour  apprendre  à  dessiner  à  la  plume, 
à  Paris,  chez  fauteur  rue  de  la  Harpe  chez  un 
fayencier  à  la  Roze-Rouge.  —  Études  de  différentes 
figures  militaires.  —  Premier  livre  de  principes  de 
paysages ,  destinés  aux  jeunes  gens  de  qualité  qui 
sont  dans  les  collèges,  in-4. 

Les  Cris  de  Paris  ,  gravés  avec  Ravenet ,  d'après 
Boucher,  12  pièces. 

Avant  de  parler  de  ses  travaux  d'après  les  peintures 
de  l'école  française,  disons  que  Le  Bas  composait 
dans  la  première  partie  de  sa  carrière  et  qu'il  a  gravé 
d'après  lui-même,  f  Amant  aimé  et  le  Temps  m,al 
employé,  2  p.  in-4.  —  La  Marchande  de  Beignets, 
pièce  assez  fine,  in-4  en  largeur.  —  Les  Gentilles 
villageoises  et  les  Belles  vendangeuses,  in-4  en  lar- 
geur. —  Pierrot  et  sa  progéniture  et  CGllin-Maillard, 
2  p.  in-4  en  hauteur.  —  Saint  Antoine  de  Padoue 
prêchant  aux  oiseaux,  pièce  curieuse  destinée  à 
servir  de  pendant  à  une  pièce  très  fine.  Saint  Antoine 
de  Padoue  prêchant  aux  poissons,  qu'il  avait  gravée 
d'après  Salvator  Rosa. 

Les  Cérémonies  des  Francs-maçons,  curieuse  série 
de  sept  pièces  in-4  en  largeur,  avec  cette  mention  : 
dessinées  par  M'""  la  Marquise  de  '^'^  et  gravées  par 
M"'  *"*.   «  Bien  qu'elles  ne  portent  pas   le  nom  de 


572         LES  GRAVEURS   DU   XVIIIi   SIÈCLE. 

»  Le  Bas ,  il  n'est  pas  possible  de  douter  qu'elles 
»  ne  fassent  partie  de  son  œuvre ,  on  reconnaît  sa 
»  manière  dans  la  composition  et  son  goût  pour  la 
»  charge.  N'ayant  pas  voulu  mettre  son  nom  à  ces 
»  estampes  qui  sembloient  lever  en  partie  1>?  voile 
»  qui  dérobe  les  mystères  maçonniques  aux  regc^rds 
»  du  vulgaire  profane,  il  paroît  que  Le  Bas  a  trou\é 
»  plaisant  de  rejetter  cette  sorte  d'indiscrétion  sur  un 
»  sexe  sujet  à  caution  à  cet  égard.  » 

Ne  pouvant  faire  profiter  tout  le  monde  de  ses 
leçons ,  Le  Bas  avait  tenté  d'y  suppléer  en  publiant 
un  Livre  de  desseins  qui  représentent  les  parties  du 
corps  humain  et  des  Figures  entières,  gravé  d'après 
les  plus  grands  maîtres,  en  20  feuUles. 

Continuant  la  série  des  recueils,  nous  indiquerons 
une  Suite  de  chiens,  d'après  Desportes. —  Un  Recueil 
de  divers  animaux  de  chasse  dessinés  d'après  nature 
par  Oudry  et  tirés  du  cabinet  du  comte  de  Tessin ,  12 
pièces.  —  Suite  de  sujets  dessinés  d'après  V antique 
par  Edme  Bouchardon  et  gravés  à  l'eau-forte  par  le 
comte  de  C***  (Caylus)  et  terminés  au  burin  par  Le 
Bas.  —  Recueil  des  plus  belles  ruines  de  Lisbonne, 
causées  par  le  tremblement  de  terre  du  l***"  novembre 
1755;  in-fol.  en  larg.  —  Ruines  de  la  Grèce,  24  pièces 
gravées  avec  goût  à  l'eau-forte  pour  l'ouvrage  de  l'ar- 
chitecte Le  Roi,  imprimé  à  Paris  en  1758. 

Estampes  des  Batailles  de  la  Chine  ;  Le  Bas  fut 
chargé  par  Cochin  de  graver  quatre  de  ces  planches, 
dont  on  connaît  l'extrême  rareté.  Nous  avons  rapporté 
les  détails  qui  les  concernent  à  propos  de  Cochin ,  qui 
avait  été  chai^gé  par  le  mai^quis  de  Marigny  de  diriger 
et  de  surveiller  l'entreprise. 


LE    BAS.  573 

Descaraps,  fondateur  de  l'École  des  Beaux-Arts  de 
Rouen ,  était  l'ami  intime  de  Le  Bas  et  s'interposait 
souvent  pour  remettre  la  paix  dans  le  ménage  du  gra- 
veur. Quand  le  roi  Louis  XV  se  rendit  au  Havre  en 
septembre  1749,  on  fît  des  préparatifs  pour  le  recevoir. 
Descamps  dessina  d'après  nature  les  diverses  circons- 
tances de  ce  voyage  et  les  fit  graver  par  Le  Bas  qui 
s'y  est  distingué.  Ces  six  grandes  pièces  peuplées  de 
personnages  sont  intitulées  Arrivée  du  Roy  au  Havre 
de  Grâce,  V Illumination  de  la  grande  rue,  Ca7'enne 
d'un  navire  dans  le  bassin  du  Havre ,  le  Roy  étant 
sur  le  Balcon  des  cazernes  de  la  marine ,  le  Roy 
étant  sur  la  plage  de  la  rade  du  Havre,  le  Roy  étant 
sur  les  hauteurs  d'Ingouville.  Ces  compositions 
«  dessinées  sur  les  lieux  »  furent  gravées  de  1751  à 
1753. 

Déjà,  du  reste,  Le  Bas  avait  été  le  graveur  des  Fêtes 
données  à  Louis  XV  à  Strasbourg  en  1744  :  Arrivée 
du  Roi  le  5  octobre,  Entrée  par  le  faubourg  de 
Saverne ,  Représentation  d'une  Place,  A^^rivée  à  la 
Cathédrale,  Feu,  d'artifice  sur  l'Ill,  Illumination  de 
r Hôtel  de  Ville,  Illumination  de  la  Cathédrale,  Illu- 
mination du  Palais  Épiscopal,  Jeux  et  exercice  aux 
épées,  le  Vin  d'honneur,  etc.;  ces  compositions  sont 
deWeiss,  dessinateur  strasbourgeois. 

Le  Bas,  dont  l'atelier  fut  la  pépinière  des  graveurs 
de  vignettes,  n'a  pas  joué  par  lui-même  un  grand  rôle 
dans  l'illustration  des  livres.  Mentionnons  seulement 
quelques  figures  gravées  pour  un  Bréviaire ,  d'après 
Boucher;  la  Bohémienne,  Ninetteàla  Cour,  comédies 
de  Favart ,  2  fig.  d'après  Boucher  ;  Manon  Lescaut, 
célèbre  édition  de  1753 ,  d'après  Gravelot  ;  Réflexions 


574  LES   GRAVEURS    DU    XVIII''    SIÈCLE. 

critiques  sur  la  poésie  et  la  peinture  de  l'abbé  Dubos, 
d'après  Eisen  ;  Dictionnaire  portatif  des  Beaux- Arts , 
de  Lacombe ,  d'après  de  Sève  ;  Mémoires  de  Du 
Guay-Trouiii ,  1740  ;  Fables  de  la  Fontaine ,  d'après 
Oudry  ;  Fables  nouvelles  ,  de  Pesselier  ;  Histoire  du 
Ciel,  de  Noël  Pluche  ;  Histoire  de  V Académie  royale 
de  Chirurgie,  frontispice  d'après  Boucher  ;  Aventures 
de  Télémaque,  Paris  Legras,  1755;  Vies  des  peintres 
flamands,  de  Descamps,  frontispice;  la  belle  figure  de 
Don  Juan  d'après  Moreau  dans  le  Molière  de  Bret , 
1773.  Beaucoup  de  ces  pièces  ont  dû  être  gravées  pai^ 
des  élèves.  Les  fleurons  du  Térence  de  Gravelot, 
par  exemple ,  sont  quelquefois  signés  de  Le  Bas ,  et 
nous  les  retrouvons  tous  dans  l'œuvre  de  Le  Veau  au 
Cabinet  des  Estampes  ,  œuvre  qui  a  été  formé  par  ce 
graveur  lui-même. 

L'école  française  contemporaine  du  graveur  lui  a 
souvent  fourni  des  modèles  ;  Le  Bas  a  gravé  nombre 
d'estampes  que  nous  indiquerons  à  la  fin  de  cet  article, 
d'après  G.  Coypel,  Watteau,  Lancret,  Parrocel,  Ghan- 
treau  ,  Boucher ,  Eisen  ,  Greuze  ,  Oudry  ,  Le  Paon  , 
Le  Prince  et  Ghardin. 

Le  graveur  s'était  de  bonne  heure  hé  avec  ce  dernier, 
Un  jour  qu'il  vit  dans  son  atelier  un  lièvre  qu'il  venait 
de  peindre  ;  —  Je  voudrais  bien  avoir  ce  tableau,  mais 
je  n'ai  point  d'argent.  —  On  peut  s'arranger,  répond 
Chardin ,  tu  as  une  veste  qui  me  plaît  fort.  —  Va , 
s'écrie  Le  Bas ,  et  tout  aussitôt  il  se  déshabille,  remet 
son  habit  sans  veste  et  emporte  le  tableau. 

N'oublions  pas  deux  beaux  Claude  Lorrain,  exécutés 
d'après  des  tableaux  appartenant  au  Roi,  V Ancien  port 
de  Messine,  lumineuse  peinture  bien  connue  dont  Le 


LE    BAS.  575 

Bas  dédia  la  planche  au  roi  de  Danemark  Christian 
VII ,  et  la  Récompense  villageoise,  dont  le  marquis 
de  Marigny  accepta  la  dédicace. 

A  propos  de  cette  dernière  estampe  on  a  raconté 
que  Le  Bas,  ayant  dû  en  interrompre  l'exécution,  avait 
gardé  fort  longtemps  le  tableau  qu'on  avait  oublié  de 
lui  redemander.  Quand  il  le  rapporta,  le  garde  de  la 
galerie  du  Luxembourg  ne  voulut  plus  le  reconnaître 
et  refusant  pour  ainsi  dire  de  le  reprendre,  répétait  à 
Le  Bas  qu'il  se  trompait  de  propriétaire  :  «  Eh  bien  ! 
»  répondit-il,  le  Roi  profitera  de  mon  erreur.  Si  comme 
»  vous  dites  le  tableau  n'est  pas  à  lui,  je  le  lui  donne.  » 

Si  Le  Bas  a  gravé  avec  goût  d'après  quelques 
maîtres  français,  il  réservait  pourtant  ses  préférences 
pour  l'école  flamande ,  surtout  pour  David  Téniers, 
dont  il  s'était  attaché  à  reproduire  les  œuvres  qui  lui 
inspiraient  une  véritable  passion. 

«  Redevable  à  Téniers  .  écrit  Joullain ,  d'une  partie 
»  de  sa  réputation  et  de  sa  gloire  ,  Le  Bas  payait  à  sa 
»  mémoire  la  dette  d'un  cœur  reconnaissant.  Il  ne 
»  voyait  pas  un  tableau  de  ce  maître  sans  avoir  envie 
»  de  le  graver  et  sans  regretter  de  ne  pouvoir  en 
»  devenir  propriétaire.  On  peut  dire  que  Téniers  n'a 
»  jamais  eu  d'admirateur  plus  vrai ,  plus  zélé ,  ni  de 
»  traducteur  plus  exact  et  plus  propre  à  étendre  sa 
»  gloire  en  multipliant  ses  productions  et  en  en  faisant 
»  connaître  la  naïveté  et  l'expression.  » 

Il  paraît  même  que  Le  Bas  aurait  voulu  faire  élever 
un  monument  sur  le  lieu  de  naissance  de  son  peintre 
favori  et  qu'il  n'en  fut  empêché  que  par  les  représen- 
tations de  son  ami  Descamps.  La  comtesse  de  Verrue, 
dont  les  belles  collections   sont  si   célèbres  ,   avait 


576         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

plusieurs  bons  tableaux  du  maître  :  c'étaient  des 
allégories,  la  Terre,  le  Feu,  l'Air,  l'Eau,  la  Vue, 
le  Toucher,  VOdorat,  le  Goust  et  VOme,  caractérisées 
par  de  bons  flamands  et  flamandes.  Elle  les  avait  prêtés 
au  graveur  et  à  la  première  estampe  qu'elle  vit ,  elle 
s'écria  :  «  Ah  !  Téniers,  quel  doraage  que  tu  n'existes 
»  plus  ou  que  Le  Bas  n'ait  point  existé  de  ton  tems, 
»  quelle  auroit  été  ta  satisfaction  de  te  voir  gravé  de 
»  la  sorte  !  »  Le  Bas  avouait  n'avoir  jamais  entendu 
une  louange  plus  agréable. 

Et  de  fait.  Le  Bas  avait  parfaitement  compris  son 
modèle  et  s'il  l'a  quelquefois  alourdi,  presque  toujours 
il  a  bien  rendu  ses  intentions  et  donné  une  brillante 
couleur  à  ses  estampes.  On  comprendra  que  nous  nous 
dispensions  d'énumérer  ici  les  cent  pièces  et  plus  que 
Le  Bas  a  gravées  d'après  son  maître  de  prédilection. 
Nous  nous  contenterons  de  citer  les  principales  : 

Le  Vièleur,  du  cabinet  de  M.  Le  Noir.  —  Les  Phi- 
losophes Bachiques  et  les  Pécheurs  flamands ,  du 
cabinet  du  comte  de  Vence.  —  Le  Bon  père  et  le 
Vieillard  content ,  du  cabinet  du  duc  de  Valentinois. 

—  Les  Joueurs  de  boule.  —  La  Feste  de  village ,  du 
cabinet  du  marquis  de  Voyer  d'Argenson.  —  i'"*  Vue 
de  Flandres,  du  cabinet  de  M.  de  Lorangère  et 
2"  et  3"  Vues  de  Flandres,  du  cabinet  du  chevalier  do 
La  Roque.  —  Jeu  de  Boule  ou  4"  Vue  de  Flandres. 

—  Réjouissances  flamandes ,  du  cabinet  du  marquis 
d'Argenson  ;  Téniers  s'y  est  peint  avec  sa  famille.  — 
Le  Château  de  Téniers.  —  La  Ferme  et  la  Basse- 
Cour,  dédiés  au  marquis  de  Mirabeau.  —  Le  Sifteur 
de  Linoie,  du  cabinet  d'Orry  de  Fulvy.  —  Le  Rémou- 
leur, du  cabinet  de  M.  de  Fontpertuis.  —  Vue  et  Por^i 


LE    BAS.  577 

de  mer  de  Flandres  (  1746  ) ,  dédié  au  comte  de 
Maurepas,  et  du  cabinet  de  M.  Lempereur. —  Téniers 
et  sa  Famille ,  dédié  au  duc  de  la  Vallière ,  pos- 
sesseur du  tableau.  —  L'Enfant  prodigue ,  dédié 
au  comte  de  Noailles  ;  c'est  lorsque  Le  Bas  gravait 
ce  tableau  dans  la  galerie  de  Blondel  de  Gagny  qu'il 
lui  arriva  de  donner  à  cet  amateur  la  petite  leçon  que 
nous  rapportons  plus  loin.  Belle  estampe  très  bien 
gravée.  —  Les  Œuvres  de  miséricorde,  dédiée  au 
Roy  (1747).  Cette  estampe  gravée  d'après  l'un  des  plus 
beaux  tableaux  de  Téniers  était ,  de  l'avis  des  contem- 
porains de  Le  Bas,  l'une  de  ses  meilleures. 

Nous  trouvons  la  remarque  suivante  dans  les  Lettres 
d'un  voyageur  à  Paris,  à  propos  de  ces  estampes  : 

«  Si  les  tableaux  des  peintres  flamands  et  hollandais 
»  doivent  être  mis  au  nombre  des  tableaux  d'histoire. 
»  c'est  avec  raison  que  M""  Le  Bas  peut  passer  pour 
»  un  habile  graveur  dans  ce  genre  :  Mais  se  persua- 
»  dera-t-on  jamais  que  tous  les  magots  de  Téniers  ont 
»  assez  de  mérite  pour  passer  à  la  postérité  la  plus 
»  reculée,  ne  resteront-ils  pas  dans  l'oubli  et  notre 
»  siècle  qui  les  a  vus  naître  ne  les  verra-t-il  pas  mourir 
»  en  finissant?  La  France  elles  étrangers  même  sau- 
»  ront  toujours  bon  gré  à  M''  Le  Bas  de  ses  Points  de 
»  France  d'après  M""  Vernet.  Ces  morceaux  seuls 
»  l'immortaliseront  avec  plus  de  justice  que  les 
»  Œuvres  de  m,isèricorde  et  V Enfant  prodigue  de 
»  Téniers,  qui  sont  cependant  deux  estampes  où  il  a 
»  le  plus  fait  connoître  l'étendue  de  ses  talens.  » 

La  Tentation  de  St-Antoine,  tableau  appartenant  au 
duc  de  Valentinois  ,  en  son  hôtel  de  Matignon.  —  Le 
Flûteur. — Le  Chimiste. — Les  Pêcheu7^s  et  le  Fugueur, 


578  LES    GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE 

du  cabinet  du  comte  de  Vence.  —  La  Boudinière,  à 
M.  le  marquis  de  Refifuge.  — Le  Retour  de  guinguette. 
—  6'  Vue  de  Flandres.  —  La  Vessie.  —  La  Feymne 
jalouse,  du  cabinet  du  comte  de  Vence.  —  9"  Vue  de 
Flandres,  dédiée  au  comte  de  Castlemain.  — 3*  et 
4'  Fêtes  Flamandes ,  ces  deux  tableaux  du  cabinet 
du  comte  de  Ghoiseul. 

Cette  dernière  estampe  fort  belle  est  dédiée  à  la 
marquise  de  Pompadour.  Joullain  rapporte  à  ce  propos 
l'anecdote  suivante  : 

«  M"""  de  Pompadour  étoit  à  sa  toilette  environnée 
»  des  seigneurs  de  la  cour,  lorsque  Le  Bas  fut  admis 
»  à  lui  présenter  son  estampe.  Elle  en  fît  l'éloge  en 
»  connoisseur  et  la  fit  admirer  par  tous  les  courtisans. 
»  Soit  par  distraction  ou  soit  qu'elle  fût  embarrassée 
»  pour  reconnoître  l'boraage  que  Le  Bas  lui  faisoit  de 
»  son  ouvrage,  elle  attendit  qu'il  fût  sorti  de  son  appar- 
»  tement  poui'  lui  faire  demander  son  mémoire.  — 
»  Dites  à  M*"®,  répondit  Le  Bas,  que  je  ne  suis  point 
»  apotliicaii'e ,  que  je  ne  donne  jamais  de  mémoire, 
»  qu'elle  pourroit  trouver  trop  fort  celui  que  je  lui  four- 
»  nirois  et  que  je  ne  connois  personne  en  droit  de  le 
»  régler.  —  Cette  réponse  énergique  fut  sans  doute 
»  envenimée  auprès  de  la  favorite  et  Le  Bas  ne  reçut 
»  aucune  espèce  de  dédomagement  des  frais  que  lui 
»  avoit  occasionné  cette  dédicace.  » 

Le  graveur  a  fait  une  réduction  de  la  Kermesse  ou 
4^  Fête  Flamande ,  pour  son  confrère  Basan,  dans  le 
Cabinet  de  Choiseul.  —  5*  et  6^  Fêtes  de  village, 
dédiées  au  comte  de  Baudouin.  —  Le  Marché  conclu  , 
de  la  même  collection  (1772).  —  Le  Matxhé  à  faire 
(1774).  — La  Récréation  Flamande,  même  collection. 


LE    BAS.  879 

—  7*  et  S«  Fêtes  Flamandes ,  dédiées  au  comte  de 
Brissac  et  au  duc  de  Gossé.  —  Environs  d'Anvers, 
dédié  au  marquis  de  Brunoy  (1775).  —  Le  Lendemain 
des  nopces,  l'eau-forte  par  Martiny  et  terminé  au  burin 
par  Le  Bas  (1775).  —  Environs  de  Dijon,  Environs 
de  Caudebec,  Envù^ons  de  Nieuport ,  Environs  de 
Bruges,  quatre  petites  pièces  dédiées  à  Blondel  de 
Gagny.  —  Blanchisserie,  dédiée  à  M.  Vernet.  —  Vue 
d'Anvers,  dédiée  à  M*"  M.  A.  Slodtz.  —  Canards  sau- 
vages, 2  pi.  dédiées  au  baron  de  Nagel.  —  La  Maison 
7^ustique,  dédiée  à  M.  Fortier,  conseiller  du  roi  et 
notaire  à  Paris.  —  Kermesses,  appartenant  au  duc  de 
Praslin  ;  les  eaux-fortes  pai^  Martini.  —  Pense-t-il  à 
la  7nusique,  l'eau-forte  par  Moreau ;  etc.,  etc. . . 

Après  Téniers  c'est  Berghem  ,  peintre  aux  tableaux 
si  heureux  d'arrangement  et  de  naturel ,  si  attrayants 
par  les  animaux  dont  il  les  peuple,  qui  eut  le  privilège 
d'être  traduit  par  le  burin  habile  et  coloré  de  Le  Bas. 
Le  Matin ,  dédié  au  peintre  anglais  A.  Pond  par 
son  amy  Le  Bas,  est  lumineux  d'effet  ;  le  Midy , 
moins  soigneusement  exécuté ,  est  dédié  au  baron 
de  Thiers  ainsi  que  V Après-Disnèe  ;  le  Soir  peut 
rivaliser  avec  le  premier  de  délicatesse.  — Etnbarque- 
mentde  vivres,  dédié  au  comte  de  Saint-Florentin.  — 
Les  Satyres  et  les  Dryades  ,  belle  estampe  gravée  à 
l'eau-forte  par  Martini  et  terminée  au  burin  en  1772 
par  Le  Bas  ,  est  dédiée  à  S.  A.  le  prince  d'Orange.  — 
Le  Retour  à  la  ferme  ,  belle  pièce  dédiée  au  duc  de 
Gossé,  l'eau-forte  est  de  Weisbrodt  (1775). 

Les  estampes  d'après  Ph.  Wouvermans,  sont  habi- 
lement exécutées  aussi  :  le  Pot  au  lait,  dédié  à  messire 
Palamède  de  Forbin  (1739),  la  Chasse  à  r italienne, 


580         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

dédiée  au  comte  de  Gaylus  (1739),  les  Sangliers  forcés , 
dédiés  au  comte  de  Tessin  (1741) ,  Halte  de  cavalerie  , 
dédiée  à  M.  Dupleix  de  Bacquencourt ,  Attaque  de 
troupes  légères  ,  dédiée  au  comte  de  Baudouin  ainsi 
que  la  Matinée  de  printemps  (1778)  et  la  Soirée  d'été, 
tableaux  qui  lui  appartenaient. 

Citons  encore  dans  cet  œuvre  immense ,  les  Van 
Falens  du  comte  de  Briilil ,  le  Rendez-vous  de  chasse, 
le  Chasseur  fortuné,  Prise  du  Héron  et  Départ  de 
chasse; —  les  A.  Van  de  Velde,  le  Point  du  jour 
(1773)  et  le  Déclin  du  jour  (1777),  présentés  au  duc  et 
à  la  duchesse  de  Gossé  ;  la  Chasse  royale ,  dédiée  au 
prince  de  Condé  ,  terminée  au  burin  sur  une  eau-forte 
de  Malbeste  ;  —  les  Breughel  de  Velours  ,  Vues  des 
Environs  de  Bruxelles,  d'Anvers,  de  Lockey^en , 
dAlost  et  de  Bruges  ;  —  les  Ruisdaël ,  Environs  de 
(jueldi^es,  dédiés  au  comte  de  St-Priest,  Environs 
de  G?'oningue,  dédiés  au  comte  de  Baudouin  (1771)  ; 
—  les  Karel  Du  Jardin ,  la  Fraîche  matinée ,  dédiée 
à  M.  Trouard  ,  intendant  des  bâtiments  du  roi ,  et  la 
Belle  Apres-disnée  ,  au  duc  de  Bourbon-Gondé  ;  —  le 
Taureau  de  Paul  Potter,  dédié  au  prince  d'Orange, 
pour  lequel  Le  Bas  et  Gaucher  terminent  une  eau-forte 
de  Masquelier  (1773)  ;  —  des  Ostade,  des  Rubens  ,  des 
Pynacker,  des  Van  der  Meer,  etc.,  etc.. 

Nous  avons  gardé  pour  la  fin  les  estampes  gravées 
d'après  Joseph  Vernet ,  qui  forment  pour  ainsi  dire  un 
œuvre  à  part.  Avec  Téniers  ,  c'est  le  célèbre  peintre 
de  marines  que  Le  Bas  a  le  plus  interprété. 

Les  onze  Vues  d Italie,  qu'il  a  gravées  d'après  lui , 
et  qui  étaient  dédiées  à  Soufflot ,  à  La  Live  de  Jully,  au 
fermier-général  Ferrand  et  à  d'autres,  le  disposaient 


LE   BAS.  581 

admirablement  à  graver  les  grandes  compositions 
remplies  de  personnages  des  Ports  de  la  France. 
Cochin  avait  obtenu  de  son  ami  le  marquis  de  Marigny 
la  permission  de  reproduire  ces  tableaux  commandés 
par  le  roi  et  s'était  associé  son  ancien  maître  Le  Bas 
dont  l'habileté  et  le  savoir-faire  lui  étaient  bien  connus. 
Très  habile  à  mettre  une  planche  en  train,  à  l'ébaucher, 
Cochin  s'était  réservé  le  travail  d'eau-forte,  laissant  à 
Le  Bas  dont  c'était  la  spéciahté,  le  soin  de  les  terminer 
au  burin. 

«  Le  Bas  et  Cochin,  écrivait  Diderot  dans  un  de  ses 
»  Salons,  gravent  de  concert  les  Ports  de  mer  de 
»  Vernet.  Mais  Le  Bas  est  un  libertin  qui  ne  cherche 
»  que  de  l'argent  et  Cochin  un  homme  de  bonne  com- 
»  pagnie  qui  fait  des  plaisanteries,  des  soupers  agréa- 
»  blés  et  qui  néghge  son  talent.  11  y  a  à  Avignon  un 
»  certain  Baiechou  ,  assez  mauvais  sujet,  qui  court  la 
>^  même  carrière  et  qui  les  écrase.  » 

N'en  déplaise  à  Diderot  et  à  Baiechou  ,  les  graveurs 
qui  s'étaient  chargés  de  ce  travail  furent  à  la  hauteur 
de  leur  tâche  et  le  succès  les  récompensa  de  leurs 
efforts.  Il  est  impossible  de  voir  les  préparations 
à  l 'eau-forte  de  ces  estampes  et  les  belles  épreuves 
avant  la  lettre  sans  être  frappé  du  talent  qu'ils  y  ont 
déployé.  Le  Bas,  habitué  à  une  manière  un  peu  expé- 
ditive,  avait  peut-être  besoin  d'être  surveillé,  mais 
Cochin  était  là  et  il  écrivait  à  son  ami  Desfriches  p'Or- 
léans  :  «  Mon  camarade  s'était  un  peu  discrédité  auprès 
»  du  public.  Ce  n'est  pas  que  le  drôle  n'ait  les  plus 
»  grands  talents ,  mais  il  courait  après  l'argent  et 
»  voulait  le  gagner  à  son  aise.  Quand  maître  Cochin 
»  est  venu  le  prêcher  qu'avant  toutes  choses,  il  fallait 
n.  88 


582  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

»  bien  faire,  il  a  bien  fallu  que  la  conversion  se  fît. 
»  Aussi  est-elle  exemplaire  et  j'ose  promettre  que 
»  jamais  Le  Bas  n'a  rien  montré  d'aussi  soigneusement 
»  fait.  » 

On  n'ignore  pas  combien  Joseph  Vernet  savait  don- 
ner de  vérité  d'allures  à  ses  personnages  et  avec  quel 
naturel  il  les  groupait.  Le  Bas  eut  l'idée  d'en  regraver 
séparément  quelques-uns ,  et  de  composer  ainsi  une 
suite  de  12  pièces  fort  jolies  sous  le  titre  de  Groupes 
de  Figu7'es  tirés  des  tableaux  des  Ports  de  France. 
Plusieurs  de  ces  planches  furent  gravées  à  l'eau-forte 
par  Moreau,  mais  le  travail  de  burin  est  de  Le  Bas. 

Les  anecdotes  abondent  sur  Le  Bas  ,  dont  le  carac- 
tère vif  et  original  avait  dautant  plus  de  primesaut 
qu'aucune  éducation  première  n'était  venue  l'altérer. 
Ainsi  au  sujet  de  son  peu  d'ordre  qui  lui  faisait  oublier 
de  réclamer  à  ceux  auxquels  il  vendait  à  crédit  et  aussi 
d'inscrh'e  ses  billets,  Joullain  raconte  qu'un  jour  à  son 
ordinaire,  il  fut  surpris  par  l'échéance  d'un  de  ses 
billets  et  demanda  au  porteur  jusqu'au  lendemain  pour 
le  payer.  L'autre  lui  ayant  répondu  qu'il  allait  le  faire 
protester,  il  se  lève  furieux ,  pousse  rudement  son 
créancier,  l'assied  dans  un  fauteuil ,  sort  en  robe  de 
chambre,  l'enferme  et  revient  quelque  temps  après  avec 
son  argent  qu'il  avait  été  emprunter  à  un  de  ses  amis. 

En  voici  d'autres  rapportées  par  le  même  et  qui 
pemdront  bien  le  cai'actère  droit  et  vif  de  l'artiste  : 
«  Le  Bas  avait  eu  dans  sa  jeunesse  plusieurs  jeunes 
»  gens  de  qualité  auxquels  il  donnoit  des  leçons  de 
»  gravure.  Une  dame  de  la  cour  l'ayant  choisi  pour 
»  enseigner  son  fils ,  lui  avoit  recommandé  d'avoir 
»  pour  son  élève  beaucoup  de  ménagement.  On  le 


LE    BAS.  583 

*  faisoit  ordinairement  attendre  et  le  plus  souvent  le 
»  jeune  seigneur  ne  paroissoit  que  pour  lui  donner  un 
»  cachet  payé  très  chèrement.  Le  Bas  trop  honnête 
»  homme  pour  prendre  ainsi  l'argent  qu'il  n'auroit 
»  point  gagné  et  trop  noble  par  les  sentimens  pour 
»  s'avilir  par  une  complaisance  servile  vis-à-vis  de  qui 
»  que  ce  fût,  ne  mit  pas  beaucoup  de  tems  à  prendre 

*  sa  résolution  de  se  retirer.  Il  voit  dans  l'antichambre 
»  un  laquais  d'une  figure  intéressante.  Il  se  fait  annon- 
»  cerpai'lui  dans  l'appartement  de  la  mère  de  son 
»  élève  :  Madame,  dit-il  en  entrant,  je  viens  vous  prier 
»  de  me  permettre  quand  M' le  Comte  ne  sera  pas  en 
»  état  ni  en  disposition  de  prendre  sa  leçon ,  de  la 
»  donner  à  ce  jeune  homme;  je  ne  perdrai  pas  mon 
»  tems,  ni  vous.  Madame,  votre  argent,  et  comme  votre 
»  domestique  prendra  leçon  plus  souvent  que  son  maî- 
»  tre,  il  en  profitera  probablement  davantage  et  sera 
»  promptement  en  état  de  la  lui  donner  suffisamment 
»  pour  ce  que  Mr  votre  fils  paroit  vouloir  apprendre 
»  et  ce  que  vous  semblez  désirer  qu'il  apprenne.  La 
»  proposition  de  Le  Bas  fut  reçue  comme  il  s'y  étoit 
»  attendu.  De  ce  jour,  il  cessa  de  retourner  dans  cet 
»  hôtel  et  se  décida  de  quitter  tous  les  élèves  qu'il 
»  pou  voit  avoir  hors  de  chez  lui.  » 

Le  Bas  ,  nous  l'avons  vu  ,  avait  épousé  une  femme 
fort  jolie,  mais  aussi  vive  qu'il  était  brusque.  C'étaient 
toujours  des  bouderies,  des  querelles  suivies  de 
réconciliations  et  d'embrassades.  Quand  sa  femme 
commandait  par  trop  :  «  Mamour,  disait-il,  vous  oubliez 
»  que  vous  parlez  à  votre  maître.  »  Et  se  tournant 
vers  ses  élèves  souvent  témoins  de  ces  algarades  : 
«  Messieurs,  prenez  garde  de  ne  pas  causer  à  Madame 


584         LES   GRAVEURS   DU   XVIII«   SIECLE. 

»  Le  Bas  de  révolution ,  elle  se  purge.  »  Et  les  élèves 
de  sourire  sans  méchanceté,  car  M™"  Le  Bas  était  pour 
eux  une  garde  malade  et  une  seconde  mère. 

Dans  son  jeune  temps  Le  Bas  avait  été  jaloux.  Il 
voyait  souvent  sortir  sa  femme  en  voiture  ou  à  pied  et 
avait  flairé  quelque  galant  dans  ce  manège.  Il  n'osait 
pas  en  demander  le  motif ,  mais  pour  se  renseigner, 
il  dit  un  jour  à  ses  élèves  :  «  Messieurs,  quand  Madame 
»  Le  Bas  priera  l'un  de  vous  d'aller  lui  chercher  une 
»  voiture,  on  en  amènera  deux ,  l'une  avancera  jusqu'à 
»  la  porte  et  l'autre  attendra  au  coin  de  la  rue.  » 

«  Peu  de  temps  après,  raconte  Joullain ,  un  jour 
»  qu'il  pleuvoit,  M™®  Le  Bas  prie  un  des  élèves  d'aller 
»  lui  en  chercher  une.  Docile  aux  ordres  de  son  maître 
»  le  jeune  homme  en  amène  deux.  Sa  femme  monte 
»  dans  l'une.  Son  mari  ne  prend  pas  le  temps  de  s'ha- 
»  hiller,  la  suit  et  monte  dans  l'autre  en  robe  de  cham- 
»  bre,  pantoufles  et  bonnet  de  nuit.  Il  recommande  au 
»  cocher  qui  le  conduit  de  suivre  la  voiture  de  sa 
»  femme  et  de  prendre  bien  garde  de  la  perdre  de  vue. 
»  Malgré  la  recommandation  ,  le  cocher  suit  un  fiacre 
»  pour  un  autre.  Celui  dont  il  a  pris  la  trace  le  conduit 
»  à  Belleville  et  s'arrête  devant  une  porte-cochère  qui 
»  se  referme  sur  la  personne  descendue  du  fiacre  et 
»  que  notre  jaloux  s'est  bien  gardé  de  vob  dans  la 
»  crainte  d'en  être  reconnu.  Le  Bas  tenait  son  argent 
»  à  la  main  pour  ne  pas  perdre  son  tems.  Il  paye  étour- 
»  diment  son  conducteur  sans  réfléchir  que  même  en 
»  retrouvant  sa  femme ,  il  auroit  besoin  d'une  voiture 
»  pour  s'en  retourner  et  la  ramener....  » 

Là-dessus  ,  Le  Bas  frappe  à  la  porte ,  déclare  avec 
colère  qu'il  est  le  mari  de  la  dame  qui  vient  d'entrer, 


LE    BAS.  685 

réclame  sa  femme  à  grands  cris ,  fait  un  vacai'me 
épouvantable ,  si  bien  que  le  maître  de  la  maison  le 
laisse  monter  et  parcourir  l'appartement ,  dans  lequel 
Le  Bas  ne  trouve  qu'un  abbé.  Notre  graveur,  honteux 
et  légèrement  ridicule ,  s'en  va  sans  demander  son 
reste.  Il  fut  obligé  de  revenir  de  Belleville  rue  de  la 
Harpe,  «  par  une  pluye  battante  et  dans  les  crottes  », 
à  pied  ,  en  robe  de  chambre  ,  pantoufles  et  bonnet  de 
nuit.  Sa  femme ,  et  probablement  aussi  ses  élèves , 
se  moquèrent  de  lui.  On  dit  du  reste  que  cette  leçon 
fut  la  seule  dont  il  eut  besoin. 

Elle  est  encore  rapportée  par  JouUain ,  cette  jolie 
boutade  : 

«  En  1782  nous  fûmes  à  Trianon.  Nous  étions  dans 
»  l'appartement  de  M™"^  la  princesse  de  Monbazon  dont 
»  les  croisées  étoient  ouvertes  sur  un  petit  parterre 
»  d'eau  dans  lequel  Monseigneur  le  Dauphin  qui  n'a- 
»  voit  pas  encore  un  an  se  promenoit  ou  plutôt  étoit 
»  promené  par  ses  femmes.  Nous  nous  mîmes  à  la 
»  fenêtre  pour  voir  passer  le  jeune  prince  qu'on  nous 
»  fit  l'honneur  d'arrêter  devant  nous.  Le  Bas  en  fai- 
»  sant  des  grimaces,  gonflant  ses  joues  et  frappant 
»  dessus,  faisait  rire  cet  enfant.  On  lui  fit  observer  que 
»  ces  singeries  étoient  peu  respectueuses.  Il  les  inter- 
»  rompit  pour  adresser  les  paroles  suivantes  à  l'héritier 
»  du  trône  :  On  dit,  Monseigneur,  que  je  vous  manque 
»  de  respect  parce  que  je  vous  fais  rire.  C'est  Jacques 
»  Philippe  Le  Bas ,  graveur  pensionnaire  de  votre 
»  ayeul,  dont  il  s'estime  heureux  d'avoir  fait  rire  le 
»  petit-fils.  L'enfant  qu'on  eut  la  sotise  d'éloigner  de 
»  nous,  dédomagea  Le  Bas  de  ce  que  l'orgueil  ridicule 
»  de  ceux  qui  l'environnoient  pouvoit  avoir  de  morti- 


686  LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

»  fiant  pour  cet  artiste  ,  en  témoignant  par  ses  pleurs 
»  et  par  ses  cris,  le  regret  qu'il  avoit  d'en  être  séparé.  » 

Le  Bas  trouvait  avec  raison  que  le  talent  rapproche 
les  hommes  et  comble  les  distances  créées  par  la 
fortune.  Très  susceptible  sur  les  procédés  de  gens  que 
leur  naissance  seule  faisait  ses  supérieurs  ,  il  répétait 
volontiers  alors  qu'il  était  fils  de  perruquier,  ou  bien 
s'il  était  question  de  perruque  ou  de  quelque  chose 
d'analogue  il  s'écriait  :  «  Je  m'y  connais ,  je  suis  fils 
»  de  maître.  »  Aussi  fut-il  très  sensible  au  manque  de 
mémoire  de  Blondel  de  Gagny.  Nul  tableau  ne  sortant 
du  cabinet  de  cet  amateur,  Le  Bas  avait  obtenu  d'y 
venir  graver  V Enfant  prodigue  de  Téniers  et  appor- 
tait de  quoi  manger  en  travaillant.  Un  jour  le  financier 
l'invita  à  dîner,  puis  oublia  son  invitation.  Le  graveur 
qui  n'avait  rien  apporté  mourait  de  faim.  Le  lendemain 
les  garçons  rôtisseurs  envahissaient  l'hôtel ,  dressaient 
une  table  dans  la  galerie  et  la  couvraient  de  plats,  puis 
restaient  pour  le  servir.  Le  maître  accourt  au  bruit 
pendant  que  Le  Bas ,  après  avoir  goûté  de  quelques 
mets ,  donne  l'ordre  d'envoyer  le  reste  au  portier. 
Blondel  de  Gagny  compre^id  la  leçon  : 

«  Vous  venez  de  me  faire  apercevoir  d'un  tort  invo- 
»  lontaire,  dit-il  ;  vous  m'avez  refusé  tant  de  fois  que  je 
»  suis  excusable  d'avoir  oublié  que  vous  aviez  accepté 
»  pour  hier.  Je  veux  réparer  demain  ma  faute,  mais  je 
»  vous  préviens  que  vous  ne  serez  pas  aussi  splendi- 
»  dément  traité.  » 

11  ajouta  qu'il  ne  croyait  pas  que  les  graveurs  fissent 
si  bonne  chère  :  «  L'argent  est  fait  pour  circuler,  répond 
»  vivement  Le  Bas  ;  je  travaille  bien,  je  me  nourris  de 
»  même.  Ce  n'est  pas  à  un  artiste  qu'il  convient  de  s'oc- 


LE    BAS.  587 

»  cuper  du  lendemain.  Jamais  embarrassé  du  moment 
»  qu'il  a  du  talent ,  il  ne  doit  être  jaloux  de  laisser 
»  après  lui  que  de  la  gloire.  Une  ou  deux  estampes 
»  que  je  vends  payent  mon  dîner.  Je  n'en  vends  jamais 
»  pour  si  peu  dans  un  jour.  Mes  planches  me  restent 
»  et  j'en  fais  de  nouvelles.  » 

Veut-t-on  une  réponse  plus  topique  ?  Un  grand  sei- 
gneur lui  avait  prêté  un  tableau.  La  gravure  terminée, 
l'artiste  sollicita  la  permission  d'en  faire  hommage  au 
propriétaire  du  tableau  par  une  dédicace.  Gomme 
celui-ci  faisait  demander  s'il  en  coûterait  quelque 
chose ,  auquel  cas  il  ne  voulait  pas  l'accepter  :  «  Je 

»  ferai  présent  à  M"" ,  répondit  Le  Bas,  du  droit  de 

»  se  dire  le  protecteur  des  arts  et  je  lui  donnerai  mon 
»  estampe  encadrée  à  ses  armes ,  avec  une  douzaine 
»  d'épreuves  de  ma  planche  pour  lui  servir  de  titres.  » 

Le  Bas  perdit  sa  femme  le  23  juin  1781.  Il  fut  vers  la 
même  époque  obligé  de  quitter  le  logement  qu'il  occu- 
pait depuis  quarante-huit  ans.  Il  avait  dépensé  sans 
compter  et  sans  se  créer  une  situation  indépendante, 
ce  qui  lui  aurait  été  si  facile.  Des  spéculations  moins 
heureuses  étaient  survenues  et  sa  femme  n'était  plus 
là  pour  remettre  un  peu  d'ordre  dans  la  maison  du 
vieil  artiste.  Il  considérait  les  Figures  de  lliisloire  de 
France,  dont  Moreau  s'était  engagé  h  lui  fournir  les 
dessins,  comme  une  entreprise  qui  devait  être  hono- 
rable et  lucrative,  mais  les  lenteurs,  calculées  ,  dit-on  , 
de  Moreau  qui  désirait  reprendre  l'affaire  pour  lui  seul, 
les  souscriptions  qui  rentraient  mal ,  les  avances  qu'il 
était  obligé  de  faire ,  tout  contribuait  à  épuiser  ses 
ressources.  Il  vendait  pour  continuer  l'ouvrage  la 
garde-robe  de  sa  femme  ,  ses  bijoux ,  son  argenterie , 


S88         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP   SIÈCLE. 

et  dans  ses  moments  de  défaillance,  il  s'écriait  :  «  Je  ne 
»  tiens  plus  à  rien  de  tout  cela.  Je  vendrai  tout  ce  que 
»  j'ai,  si  j'y  suis  forcé,  mais  je  veux  me  réserver 
»  au  moins  une  épreuve  de  chacune  de  mes  planches  , 
»  de  quoi  prendre  une  voiture  pour  me  faire  conduire 
»  à  Bicêtre  et  de  quoi  planter  dans  ma  route  des  po- 
»  teaux  sur  lesquels  je  ferai  coller  toutes  mes  estampes 
»  afin  que  les  passants  s'en  amusent  et  plaignent  leur 
»  auteur.  » 

11  ne  vit  pas  en  effet  la  réussite  de  son  ouvrage.  C'est 
Moreau  qui  acheta  après  sa  mort  pour  993  livres  les 
119  dessins,  les  planches  et  les  épreuves  et  cela  dans 
des  circonstances  qui  ont  toujours  été  vivement  cri- 
tiquées. 

Les  soucis  que  lui  causèrent  cette  dernière  entre- 
prise furent  peut-être  pour  quelque  chose  dans  les 
progrès  de  la  maladie  qui  l'enleva ,  mais  il  en  portait 
depuis  longtemps  le  germe.  Le  2  février  1783 ,  il  fut 
forcé  de  s'aliter,  après  avoir  encore  gravé  la  veille , 
et  depuis  ce  jour,  il  ne  se  releva  plus  jusqu'au  mois 
d'avril  qui  fut  celui  de  sa  mort.  Sur  la  fin  ,  le  médecin 
ayant  averti  d'un  air  effrayé  qu'il  était  temps  de 
penser  aux  secours  de  la  rehgion  ,  Joullain  alla  enga- 
ger le  curé  de  la  paroisse  à  venir  assister  son  ami.  Il 
vint  peu  de  temps  après.  Le  Bas  dormait,  le  pasteur 
attendit  longtemps,  ne  voulant  pas  troubler  son  som- 
meil ,  et  chargea  deux  anciennes  domestiques ,  qui 
avaient  la  confiance  de  leur  maître,  de  lui  dire  qu'ayant 
appris  sa  maladie  il  était  venu  pour  le  voir  et  reviendrait 
le  lendemain.  Le  Bas ,  prévenu  de  la  visite  du  curé 
dont  il  pressent  le  motif,  se  fait  habiller  dès  sept  heures 
du  matin ,  non  en  robe  de  chambre  comme  d'habitude, 


LE    BAS.  589 

mais  en  redingote.  Il  s'assied  sur  un  canapé,  le  coude 
appuyé  sur  un  oreiller.  Dès  qu'il  aperçoit  le  prêtre  ,  il 
se  met  à  tousser  d'une  voix  forte.  Le  curé  lui  demande 
des  nouvelles  de  sa  santé  :  «  Vous  voyez ,  répond  le 
»  malade,  j'ai  un  assez  bon  creux,  »  et  sans  lui  laisser 
le  temps  de  parler,  il  s'empare  de  la  conversation  : 
«  Vous  êtes  bien  avec  Monseigneur  l'archevêque.  Ne 
»  pourriez-vous  le  déterminer  à  prêter  à  l'un  de  mes 
»  élèves  pour  le  graver,  un  superbe  tableau  que  j'ai  vu 
»  plusieurs  fois  dans  les  salles  de  l'archevêché?  Le 
»  jeune  homme  a  beaucoup  de  talent  et  la  planche 
»  qu'il  graverait,  suffirait  pour  sa  fortune.  » 

Le  curé  ne  trouvant  pas  le  malade  en  danger  et 
craignant  de  le  fatiguer  se  retira  sans  lui  avoir  fait 
connaître  le  but  de  sa  visite,  et  Le  Bas  put  ainsi  échap- 
per à  des  exhortations  que  sa  nature  voltairienne  lui 
faisait  redouter. 

On  retrouve  d'ailleurs  le  gamin  de  Pai'is  jusque 
dans  ses  derniers  moments.  La  veille  de  son  décès , 
Joullain  alla  le  voir  avec  un  de  ses  amis  que  Le  Bas 
connaissait.  «  Aussitôt  qu'il  nous  vit,  il  voulut  se  lever. 
»  Nous  lui  aidâmes  et  mon  ami,  se  trouvant  incommodé 
»  par  l'odeur  et  la  chaleur  de  la  chambre  ,  passe  dans 
»  la  pièce  voisine  pour  prendre  l'air  à  la  fenêtre. 
»  Quelques  instants  après  Le  Bas  me  dit  :  —  Appelez 
»  votre  ami ,  je  veux  lui  jouer  un  tour.  Celui-ci  étant 
»  rentré  :  —  Je  veux  me  coucher,  dit  le  malade.  Nous 
»  le  conduisons  jusqu'à  son  lit,  en  le  soutenant  chacun 
»  par  un  bras.  Arrivé  devant,  il  s'y  jette  à  plat  ventre 
»  en  travers.  Aidé  de  la  plus  forte  de  ses  deux  domes- 
»  tiques,  nous  eûmes  une  peine  inexprimable  a  le  tirer 
»  de  cette  posture  dans  laquelle  nous  appréhendions 


590         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP'    SIÈCLE. 

»  de  le  voir  expirer.  Quand  il  fût  bien  couché,  sans 
»  même  se  donner  le  tems  de  se  remettre  de  la  secousse 
»  qu'il  venoit  d'éprouver  et  pouvant  à  peine  articuler 
»  il  me  dit  en  souriant  :  —  Elle  est  bonne  la  niche.  » 
11  mourut  le  lendemain  14  avril  1783 ,  et  quelques 
moments  avant  de  mourir  il  s'écria  :  Voici  V édifice  qui 
s  écroule.  Ce  furent  ces  dernières  paroles. 


ESTAMPES. 

I.   d'après  boucher. 

1.  Pensent-ils  au  raisin?    in-fol.   en  largeur.  —  L'Agréable 

Solitude.    —   l^c  et  2^  Vues  de  Beauvais.   —   l^^  et  2«  Vues  de 
Gharenton.  —  Cris  de  Paris,  12  p.  gravées  par  Le  Bas  et  Ravenet. 

II.  d'après  canot. 

2.  Le  Gâteau  des  Rois. —  Le  Maître  de  danse.  —  Le  Souhait  de  bonne 

année  au  grand-papa. 

m.  d'après  ghantreau. 

3.  Rue  d'un  camp.  —  Distribution  de  fourrage  au  sec,  2  p.  in-4  en 

largeur. 

IV,  d'après    CHARDIN. 

4.  Le  Négligé  ou  la  Toilette  du  matin.  —  La  Bonne  édu- 

cation. —  L'Étude  du  dessin.  —  L'Économe. 

V.  d'après  n.  coypel. 

5.  Le  Bain  de  Diane.  —  L'Alliance  de  Bacchus  et  de  Vénus.   —  La 

Charité  romaine. 

VI.  d'après  desgamps. 

C.  Le  Négociant.  —  Estampes  sur  le  voyage  de  Louis  XV  au  Havre 
en  n-lO. 


LE    BAS.  691 

VII.  d'après  eisen. 
~.  La  Comète.  —  Le  Trictrac;  2  p.  in-foL 

VIII.  d'après  greuze. 

8.  L'Aveugle  trompé.  —  L'Enfant  gâté.  —  Les  Écosseuses  de  pois. 

IX.  d'après  langret. 

9.  CONVERSATION  GALANTE,  morceau  de  réception  de  Le  Bas 

à  r  Académie  ;  in-fol.  — LE  REPAS  ITALIEN. —  Le  MAÎTRE 
GALANT.  —  Le  Jeu  de  Colin-Maillard.  —  GRANDVAL;  in-f'ol. 
en  largeur. 

X.  d'après  le  bas. 

10.  L'Amant  aimé,  le  Temps  mal  employé,  2  p.  in-4.  —  Les  Gentilles 

villageoises  ,  les  Belles  vendangeuses  ,  2  p.  in-4  en  largeur.  — 
Pierrot  et  sa  progéniture,  Colin-Maillard,  2  p.  in-4. 

XI.  d'après  le  paon. 

11.  REVUE  DE  LA  MAISON  DU  ROl    AU  TROU  D'ENF 

grand  in-fol.  en  largeur  (eau-forte  par  Moreau). 

XII.  d'après  natoire. 

12.  Allégorie  sur  le  mariage  du  Dauphin. 

XIII.  d'après  oudry. 

13.  Les  Abois  du  cerf.  —  La  Curée.  —  Le  Cygne  efi'rayé.  —  Recueil 

des  animaux  de  chasse,  12  p. 

XIV.  d'après  parrogel. 

14.  Danse  à  l'italienne,  Départ  pour  la  chasse  à  l'italienne;  2  p.  — 

Détachemens  de  cavalerie  ,  Halte  des  gardes-suisses  ;  2  p.  in-fol. 
en  largeur.  —  Halte  des  gardes-françaises  ,  Halte  des  gardes- 
suisses;  2  p.  petit  in-fol.  en  largeur.  —  Rencontre  de  cavalerie. 
—  Le  Matin ,  le  Midi,  le  Soir,  la  Nuit  ;  4  p.  in-fol. 


592  LES   GRAVEURS   DU    XYIIl^    SIECLE. 

XV.    d'après    PATER. 

15.  Mp"c  D'AngevillE  la  jeune;  in-foL  en  largeur.  —  L'Officier 

galant.  —  Les  Vivandières  de  Brest. 

XVI.  d'après  les  van  loo. 

16.  L'Amour  à  l'école,  d'après  J.-B.  Van  Loo. 

n.  Charges  dessinées  à  Rome  par  C.  Van  Loo  ;  12  p.  gravées  par  Le 
Bas  et  Ravenet. 

XVII,  d'après  vernet. 

18.  LES  PORTS  DE   FRANCE,   16  p.  très  grand  in-fol.  en  largeur. 

Nous  avoD s  donné,  au  catalogue  de  Cochin  flls,  la  liste  des  14  premières 
planches  de  cette  magniflque  série,  un  des  plus  importants  travaux  de  gravure 
que  le  XVllI^  siècle  ait  vu  exécuter. 

Les  épreuves  d'eau-forte  ,  gravées  par  Cochin  ,  sont  des  plus  intéressantes  , 
par  l'esprit  avec  lequel  sont  traités  les  nombreux  personnages  qui  animent  les 
tableaux . 

Les  deux  dernières  planches  sont  les  vues  de  Dieppe  par  Vernet  et  du  Havre 
par  Cochin  ,  gravées  à  l'eau-forte  par  Martini. 

19.  Groupes  de  figures  pris  dans  les  tableaux  des  Ports  de  France  ; 

12  p.  in-4  (eaux-fortes  par  Moreau). 

20.  Départ  pour  la  pêche.  —  Les  Pêcheurs  fortunés.  —  Fin  de  la  pêche. 

—  Les  Marchandes.  —  Les  Jardinières.  —  La  Source  abondante. 

—  Les  Occupations  du  rivage.  —  L'Entrée  du  Havre.  —  Port  de 
mer  d'Italie.  —  Vue  de  Naples.  —  Vue  des  galères  de  Naples. — 
pc  à  XI P  Vues  d'Italie. 

XVIII.  d'après  vleughsls. 

21.  Vénus  ordonnant  à  Psyché  d'aller  aux  enfers. 

XIX.  d'après  watteau. 

22.  L'Assemblée    galante.   —   La  Balançoire.   —    La   Gamme 

d'amour.  —  L'Ile  enchantée. 

XX.   d'après  WEISS. 

23.  Estampes  sur  le  Voyage  de  Louis  XV  à  Strasbourg. 


LE  BEAU   (Pierre-Adrien). 

1748-18... 


Le  Beau,  bien  qu'il  ait  eu  le  titre  de  graveur  de  M.  le 
duc  de  Chartres,  n'est  pas  un  buriniste  bien  recomman- 
dable  :  sa  main  est  pesante,  il  grave  noir.  Ce  défaut  fut 
cause  apparemment  qu'on  ne  lui  confia  pour  ainsi  dire 
pas  d'estampes,  et  pas  beaucoup  plus  de  vignettes.  Ma- 
rinier lui  en  donna  quelques-unes  et  Le  Beau  les  grava 
généralement  trop  sombres.  Et  cependant  il  montra 
parfois  qu'avec  du  soin  il  aurait  pu  faire  tout  aussi  bien 
que  ses  confrères  les  plus  renommés ,  par  exemple 
dans  une  vignette  des  Idylles  de  Berquin  {les  Délices 
de  V Hymen)  qui  est  un  véritable  petit  chef-d'œuvre. 

Mais  Le  Beau  ne  devait  pas  avoir  le  loisir  de  soigner 
sa  besogne.  Il  était  le  graveur  le  plus  accrédité  des  édi- 
teurs Esnauts  etRapilly  qui  lui  faisaient  exécuter  force 
portraits  pour  leur  collection.  Dans  la  quantité  beau- 
coup sont  médiocres,  mais  quelques-uns  sont  d'une 
facture  très  finie. 

Le  Beau  reproduisait  plus  particulièrement  les  traits 
des  membres  de  la  famille  royale  ;  il  n'a  pas  gravé 
Marie- Antoinette  moins  de  dix  fois. 

Les  ornements  de  ses  portraits  sont  souvent  dessi- 
nés par  Marinier  ou  Quéverdo. 


694  LES    GRAVEURS   DU    XVIII^    SIECLE. 

La  femme  de  Le  Beau  coloriait  des  gravures  de 
modes  pour  Esnauts  et  Rapilly. 


ESTAMPES. 

1.  Sa  taille  est  ravissante,  d'après  Baudouin  ;  in-4. 

Le  titre  de  cette  estampe  est  tire  de  sa  légende  : 

Sa  taille  est  ravissante 
Et  l'on  peut  déjà  voir 
Une  gorge  naissante 
Repousser  le  mouchoir. 

Avant  toute  lettre,  400  fr.  1881. 

2.  La  Vertu  sous  la  garde  de  la  fidélité,  d'après  Eisen. 

3 .  La  Réalité  du  plaisir,  ovale  en  hauteur. 

4 .  La  Sollicitation  amoureuse.  —  L'Intrigue  découverte  ;  2  p.  d'après 

Le  Brun. 

5.  La  Naissance  des  désirs.  —  Le  Danger  des  boscjuets  ;  2  p.  petit  in- 

fol. ,  dédiées  à  Monsieur  et  à  Madame  de  Damery. 

(i.   Le  Présent  du  fermier,  d'après  Freudeberg. 
1.   L'Amant  victorieux  ,  d'après  Touzé. 


PORTRAITS. 

8.  Le  comte  d'Artois,  Marillier  del.  ITiO.  —  La  duchesse  de  Chartres. 

d'après  Le  Clerc.  —  L.  F.  prince  de  Conti ,  d'après  Desrais.  — 
Louise-Marie  de  France ,  religieuse  carmélite  sous  le  nom  de 
S''  Thérèse  de  St  Augustin.  —  L.  P.  J.  duc  d'Orléans.  —  Le  duc 
de  Peuthièvre.  —  Le  comte  de  Provence.  —  La  comtesse  de 
Provence,  Madame, 

9.  BOURBON  (le  Duc  de),  d'après  Le  Noir,  présenté  au  duc  par  son 

serviteur  Le  Beau.  —  LA  DUCHESSE  DE  BOURBON,  pen- 
dant du  précédent;  2  p.  in-4  orné.  —  A  Paris  chez  Le  Beau.  — 
A.  P.  D.  R. 


LE    BEAU.  695 

10.  Éltsabeth  de  France,  sœur  de  Mgr.  le  Dauphin  ,  d'après  Fon- 

taine ,  gravée  deux  fois  successivement  dans  le  même  cadre.  — 
Marie-AdÉLAïde-Clotilde-XaviÈre,  sœur  de  Mgr.  le 
Dauphin  ,  d'après  Fontaine  ;  2  p.  in-4  (Esnautsj. 

11.  Louis  XV,  —  Marie  Leczinska  ;  2  p.  ornées,  dans  les  tablettes,  de 

vues  de  la  place  Louis  XV  et  de  l'église  de  St-Denis. 

12.  Marie-Antoinette,  dauphine,  Fossier  del.  ;  grand  in-4.  —  Louis, 

dauphin ,  pendant  (Esnauts). 

13.  Marie-Antoinette,    dauphine,    profil   à  droite.    Du  sang  le  plus 

auguste. .. .  Marillier  del. ;  in-4  (Esnauts). 

14.  Marie -Antoinette  ,  Reine  de  France,  profil  à  droite.  Digne 

fruit  des  Césars . . . .  Fait  par  Le  Beau  ,  etc.  (100  fr.  18'76).  — 
Louis  XVI,  pendant;  2  p.  in-18. 

15.  MARIE-AiNTOINETTE  ,  Reine  de  France,  de  trois  quarts  à 

droite;  gravé  d'après  le  tableau  original  de  Mauperin  ,  m4  ; 
in-4.—  LOUIS   XVI,  pendant  (Esnauts). 

16.  MARIE-ANTOINETTE,  Reine,   presque  de  face,  légèrement 

tournée  à  gauche,  huute  coiffure  avec  plumes,  cadre  orné;  dessiné 
par  Le  Beau  (c'est  le  même  type  que  celle  de  Janinet)  et  gravé  par 
le  même;  in-4  (105  fr.  1876,  avant  le  numéro).  —  LOUIS  XVI  , 
profil  à  droite,  pendant  (Esnauts,  vers  m5). 

n.  MARIE-ANTOINETTE,  en  pied  ,  d'après  Le  Clerc  ;  grand  in-4 
(106  fr.  vente  Béhague).  —  LOUIS  XVI ,  pendant  (Esnauts). 

18.  Marie-Antoinette,  Reine,  profil  à  gauche ,  coiffure  basse  ; 

dessiné  et  gravé  par  Le  Beau;  in-4  orné  (Esnauts). 

19.  Marie-Antoinette,  Reine;  Binetdel.;  grand  in-4  orné. —  Louis  XVI, 

pendant,  1781  (chez  Mondhare). 

20.  Marie-Antoinette,    Reine,   profil  à  gauche,   coiiTure  très 

haute.  Publié  à  Paris  l'année  de  la  paix  1183  ;  chez  Isabey, 
deuxième  adresse  chez  Mondhare.  —  Louis  XVI ,  pendant ,  des- 
siné par  B.-A.  Nicollet. 

21     Marie-Antoinette ,  publié  le  l"^""  de  l'an  1788  ,  avec  les  vœux  de  la 
Nation ,  profil  à  droite  :  in-12.  (Cité  par  M.  de  Vinck  ,  n"  90.) 


596  LES   GRAVEURS   DU    XYIII^-   SIECLE. 

22.  Madame  Victoire-Louise-Marie  de  France,  dessiné 

et  gravé  par  Le  Beau. 

23.  Catherine  IL  —  Charles-Emmanuel.  —  Clément  XIV.  —  Frédéric- 

Guillaume.  —  Joseph  IL  —  Paul  Petrowitz  ;  in-4.  —  Marie 
Fœderowna. 

24.  Marie-Thérèse;  dessiné  et  gravé  par  Le  Beau. 

25.  Paul  Petrovich,  grand-duc,  d'après  Voille ,  finement  gravé, 

petit  in-8. 

26.  V.-F.  duc  de  Broglie.  —  Le  duc  de  Choiseul.  —  Le  maréchal  de 

Cossé-Brissac.   —  La  chevalière  d'Eon  en  capitaine  de  dragons. 

—  Le  comte  d'Estaing. —  Franklin. —  Hyder  AUy.  —  De  Juigné. 

—  La  Motte-Piquet.  —  Le  duc  de  La  Vrillière.  —  Lenoir,  lieu- 
tenant général  de  police.  —  Lowendal.  —  Le  chancelier  Meaupou. 

—  Miroménil  ;  chez  Le  Beau ,  rue  St-Jacques ,  maison  de 
M.  Duchesne,  libraire,  au  Temple  du  Goût.  —  Necker. —  Sartine. 

—  Le  maréchal  de  Saxe.  —  L'abbé  Terray.  —  Turgot. 

27.  Madame  du  Barry,  ornements  par  MariUier ;  in-4  (Esnauts). 

28.  Madame  de  PompADOUR,  en  nymphe  ,   ornements   par  Qué- 

verdo  ;  in-4  (Esnauts). 

29.  De  Belloy,  d'après  Desrais.  —  Bouvart.  médecin,  d'après  Desrais. 

—  Charles  aux  Tuileries.  —  Diderot.  —  Goldoni,  d'après  Cochin, 
1T87.  —  Hobbes.  —  Joseph,  sourd-muet.  —  La  Harpe.  —  La 
Peyronie. —  Antoine  Louis,  chirurgien. —  Antoine  Petit,  médecin. 

30.  DORAT,  Quéverdo  inv.  1T75 ,   médaillon   orné  de  fleurs  par  les 

Grâces  ;  in-4  (Esnauts). 

Peintre  heureux  des  plaisirs,  sa  verve  est  dans  son  cœur. .. 

31.  Pope;  Kneller  pinx.,  Marillier  ornam.  del.;  in-8. 

32.  Julie  de  Villeneuve -Vence  de  St -Vincent. 

33.  Madame   de  Wareus.  —  Victoire-Françoise  Salmon  ,    l'Innocence 

reconnue. 

34.  Melle  Desbrosses  ,  de  la  Comédie-Italienne  ,    2  portraits  différents. 

—  Melle  Maillard ,  de  l'Académie  royale  de  musique.  — 
MeUe  Olivier,  de  la  Comédie-Française. —  Préville. —  Mme  Saint- 
Huberti. 


LE    BEAU.  897 

35.  M™''  DuGAZON  ,  reçue  à  la  Comédie-Italienne  en  1T76.—  Le  Beau 

sculp.;  in-4  (Esnauts). 

36.  Melle  DuTEY,  peint  en  miniature  par  l'Aine;  in-4  orné  (Esnauts). 
21.  MeUe  LesCOT,  de  la  Comédie-Italienne;  in-4  orné  (Esnauts). 

38.  Melle  Raucour,  avec  une  scène  dans  la  tablette;  in-4  (Esnauts). 

39.  Louis  XIV,  Boileau  ,  Bossuet,  Fénélon ,  Turenne,  Tourville,  etc. 

VIGNETTES. 

I.   d'après  marillier. 

40.  LES  DÉLICES  DE  L'HYMEN;  in-\S  {Idylles  de  Berquin). 

41.  Titre  pour  les  Victimes  de  l'amour,  ou  Lettres  en  vers  de  quelques 

amants  célèbres,  in-8. 

42.  Minerve  sculptant  une  statue  de  l'Amour,  en-tête, 

ms. 

43.  Le  Faux  Ibrahim,  frontispice,  me. 

44.  Vignettes  pour  Les  PrônEURS,  de  Dorât;  2  p.  in-8. 

45.  En-tête  et  cul-de-lampe  (Fables  de  Dorât). 

46.  Frontispice  pour  VÉpitre  d'He'loïse  à  Aùailard  ,  par  Mercier,  in-8. 

4*7.  Vignettes  pour  les  Poésies  fugitives  de  la  comtesse  de  Beauharnais, 

—  les  Œuvres  de  Pope,  —  les  Œuvres  de  Poullain  de  Saint-Foix, 

—  les  Aventures  de  Charles  le  Bon  ,  sire  d'Armagnac  ,  —  le 
Cabinet  des  Fées,  —  les  Œuvres  de  Le  Sage,  —  les  Œuvres  de 
Vabbé  Prévost ,  —  la  Bible. 

II,     DIVERSES. 

48.  Vignettes  pour  les  Nouvelles  espagnoles  de  Cervantes ,  d'après 
Desrais  ;  —  les  Œuvres  de  Gessner,  d'après  Le  Barbier  ;  —  le 
Rousseau  de  Defer  de  Maisonneuve  ;  —  Contes  pour  ceux  qui 
peuvent  encore  rire,  l'789,  in-18.  —  Médaillons  sur  les  événe- 
ments de  la  Révolution  ;  2  feuilles  d'après  Desrais. 
U.  39 


LE   BERT. 


On  a  fort  peu  de  chose  de  ce  graveur,  qui  travaillait 
à  Paris  dans  la  seconde  moitié  du  XVIIP  siècle.  Hubert 
et  Rost  ne  le  citent  pas  plus  que  Basan,  ce  qui  n'a  rien 
d'étonnant  vu  le  peu  d'importance  de  son  œuvre. 

Nous  connaissons  de  lui  quelques  jolis  portraits  delà 
famiUe  royale,  médaillons  ornés  publiés  chez  Niquet  : 

Henri  IV. 

Louis  XV, 

Louis- Auguste,  dauphin. 

Marie- Antoinette,  d'après  Kernoski. 

Le  Comte  d'Artois. 

Le  Bue  d'Orléans,  père  d'Egalité. 

Le  Blanc  cite  :  les  Quatre  parties  du  monde  ado- 
rant le  Très-Haut ,  d'après  Lemoine,  in-8. 

Le  Temple  de  la  Renoînmée,  frontispice  d'après 
MariUier,  1768. 

Citons  encore  un  Baron  de  Trenck  dans  sa  prison  , 
vignette  in-8  ;  et  des  portraits  pour  le  petit  volume  de 
la  Conspiration  de  Chalais  {Marion  Beloryne,  etc.). 

Frontispice  d'après  MariUier  pour  VAlmanach 
Bauphin,  livre  d'adresses  des  principaux  marchands, 
1768. 


LE   BLOND   (Jacques-Christophe). 

1670-1741. 


Le  père  de  la  gravure  en  couleur,  Christophe  Le 
Blond,  peintre  et  graveur,  nous  offre  un  singulier  type 
d'inventeur  malheureux.  Son  existence  fut  des  plus 
nomades.  Né  à  Francfort  en  1670,  on  le  trouve  à  Rome 
en  1696,  à  la  suite  de  l'ambassade  du  comte  de  Marti- 
nitz.  Il  rencontre  à  Rome  Overbeck  qui  le  décide  à 
l'accompagner  à  Amsterdam.  Sur  ces  entrefaites  Le 
Blond  qui  gravait  à  la  manière  noire,  s'occupe  de  divers 
essais  de  gravure  en  couleur,  ses  tentatives  le  satisfont 
et  il  passe  à  Londres  pour  entreprendre  l'exploitation 
en  grand  de  son  procédé  et  son  application  à  la  repro- 
duction des  tableaux.  Il  trouve  des  fonds  mais  ne  peut 
mener  son  entreprise  à  bien.  Il  crée  une  manufacture 
de  tapisseries  et  aboutit  à  une  banqueroute.  Découragé, 
il  vient  en  France  en  1738,  déjà  vieux,  pour  tenter  en- 
core l'exploitation  de  la  gravure  en  couleur.  Louis  XV 
dont  il  a  gravé  le  portrait,  lui  accorda  un  privilège 
exclusif  pour  son  procédé ,  mais  sous  condition  qu'il 
serait  tenu  de  fak^e  graver  et  imprimer  en  présence 
de  commissaires  nommés  et  qu'il  leur  déclarerait  tous 
les  secrets  de  la  pratique  de  son  art. 

Le  procédé  de  Le  Blond  consistait  à  grainer  trois 


600         LES    GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

planches  avec  un  berceau  et  à  les  graver  au  racloir, 
comme  pour  la  manière  noire  ordinaire.  Le  blanc  du 
papier  rend  les  luisants  du  tableau,  la  première  planche 
imprime  le  bleu  et  rend  les  tournants  et  les  fuyants  ; 
la  seconde  planche,  jaune  ,  donne  les  couleurs  tendres 
et  les  reflets,  enfin  la  planche  rouge  anime  le  tableau 
et  fortifie  les  bruns  jusqu'au  noir.  La  combinaison  des 
trois  couleurs  simples  donne  tous  les  tons  intermé- 
diaires. Les  trois  planches  concourent  à  la  formation 
des  ombres  *. 

Quand  Le  Blond  eut  fait  en  France  deux  ou  trois 
essais  d'impression  en  couleur,  on  lui  prouva  que  les 
frais  rassemblés  montaient  à  une  somme  considérable. 
Il  demanda  alors  à  avoir  un  entretien  secret  avec 
les  commissaires  qui  lui  avaient  été  nommés  et  leur 
annonça  que  ,  le  privilège  qu'il  avait  obtenu  le  mettant 
en  sûreté,  il  allait  leur  faire  part  d'une  façon  d'opérer 
beaucoup  plus  expéditive. 

Cette  nouvelle  manière  consiste  à  employer  quatre 
planches ,  la  première  imprime  en  noir  et  donne  du 
premier  coup  toutes  les  ombres  ,  on  se  trouve  ainsi  en 
présence  d'une  sorte  de  dessous,  sur  lequel  les  trois 
dernières  planches  viennent  appliquer  les  couleurs. 
Ces  dernières  ne  sont  que  très  légèrement  grainées, 
et  partiellement,  dans  les  endroits  utiles.  Une  cin- 
quième planche  vient  quelquefois  ajouter  des  rehauts 
de  blanc.  Un  élève  de  Le  Blond,  Gautier  Dagoty,  pré- 

1  UArt  d'imprimer  les  tableaux ,  traité  d'après  les  écrits ,  les  opé- 
rations et  les  instructions  verbales  de  J.-C.  Le  Bien.  Paris  ,  Le  Mer- 
cier, n56.  —  Ce  volume  contient  également  l'Harmonie  du  coloris 
dans  la  peinture,  réduite  à  des  principes  infaillibles  et  à  une  pratique 
nécessaire,  ouvrage  publié  par  Le  Blond  en  n30. 


LE    BLOND.  604 

tendit  aussi  avoir  trouvé  de  son  côté  l'emploi  de  la  pre- 
mière planche  noire.  Mais  il  est  bon  de  remarquer  que 
Le  Blond  n'estimait  pas  ce  procédé ,  il  le  considérait 
comme  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  une  ficelle. 

Le  Blond  n'eut  pas  de  succès  en  France.  Son  procédé 
était  cher.  A  Londres  ,  il  travaillait  dans  le  pays  des 
habiles  graveurs  en  manière  noire  ;  à  Paris  ,  au  con- 
traire la  manière  noire  était  complètement  abandonnée. 
Malgré  son  incontestable  talent ,  il  demeura  inaperçu 
et  mourut  à  l'hôpital  âgé  de  soixante-et-onze  ans. 

Rien  n'est  plus  rare  que  les  bonnes  épreuves  de 
l'exécution  de  cet  habile  homme.  Ses  pièces  les  plus 
marquantes  sont  : 

La  Fuite  en  Egypte ,  Jésus  mis  au  tombeau , 
S^^ -Cécile,  S^^ -Agnès,  Portrait  d'un  seigneur  véni- 
tien, Vénus  couchée,  d'après  le  Titien  ;  le  Tt^iomphe 
de  Galathée,  d'après  Carie  Maratte,  la  Chasteté  de 
Joseph,  d'après  G.  Gignani. 

Les  Enfants  de  Charles  P" ,  Ruhens ,  Van  Dyck , 
d'après  Van  Dyck. 

Le  Blond  faisait  les  portraits  de  grandeur  naturelle  : 

Le  Roi  George  II,  et  la  Reine  sa  femme.  —  Shakes- 
peare, d'après  Robusti. 

Le  Prince  Eugène  de  Savoie,  Amsterdam  1710. 

Les  deux  estampes  qui  nous  intéressent  le  plus  dans 
son  œuvre  sont  naturellement  celles  qu'il  a  gravées  à 
Paris  : 

Le  portrait  du  Cardinal  de  Fleur  y,  in-fol. 

Et  celui  de  Louis  XV,  toujours  de  grandeur  natu- 
relle, rarissime  pièce  qu'on  peut  voir  exposée  dans  la 
première  salle  du  Cabinet  des  Estampes,  et  qui  est  un 
très  beau  spécimen  du  talent  de  Le  Blond. 


LECŒUR    (Louis). 


Graveur  en  couleur  et  au  lavis  d'une  certaine  habi- 
leté, Lecœur,  élève  de  Debucourt ,  nous  a  laissé  : 

1.  La  Vieillesse  d'Annette  et  de  Lcbin,  d'après Swebach; 

in-fol.  en  couleur,  pendant  à'Annette  et  Lubin  de  Debucourt. 

2.  Une  promesse?  ah!  laissez  donc!  —  Ne'ant  à  la  requête]  2  p. 

petit  in-fol. 

La  seconde  pièce  est  assez  vive  ;  on  pourrait  l'appeler  la  Putiphar  et  le  Joseph 
du  XVIII'^iiècle. 

0.  L'Innocente.  —  Ne  vous  y  fiez  pas  ;  2  p.  in-8  ovales.  —  Si  tu  vou- 

lais. —  Eh  vite,  l'on  nous  voit;  2  p.  genre  de  Lavreince. 

4.  Les  Ch.\GRINS  de  l'enfance,  d'après  Mouchet  ;  in-fol.  en 
couleur. 

5  Gare  l'eau!  —  Les  Folies,  cai-icature  sur  Mesmer,  d'après  Watteau 
de  Lille.  —  La  Visite  au  grand-papa ,  d'après  Smith. 

6.  SERMENT  FÉDÉRATIF  DU  14  JUILLET.  —  BAL  SUR 
L'EMPLACEMENT  DE  LA  BASTILLE  2  belles  pièces  in- 
fol.  en  couleur. 

1 .  Portraits  des  Constituants  célèbres;  in-12,  à  l'aqua-tinte. 

8 .  D'Imbert ,  Cte  de  la  Platière. 

9.  Zadig,  Londres,  n99,  in-32.   Portrait  de  Voltau'e ,  13  figures  et 

2  fleurons,  dessinés  et  gravés  à  l'aqua-tinte  par  Lecœur. 

10.  Où  irai-je?  —  Chez  moi;  2  p.  signées  Cor  (Lecœur). 


LEGOMTE    (Marguerite; 


C'est  l'affection  de  Watelet  pour  elle,  plus  encore 
que  ses  travaux  artistiques  ,  qui  sauve  de  l'oubli  cette 
charmante  femme.  Aimable  faux  ménage  au  demeu- 
rant ,  que  celui  de  cet  académicien  ,  artiste  et  poète 
à  la  fois,  et  de  cette  femme  de  procureur  griffonnant 
une  eau-forte  sous  les  ombrages  du  Moulin-Joli. 

«  11  faut  avoir  du  courage  philosophique  »,  écrivait 
M™^  de  Genlis  qui  avait  rencontré  le  couple  en  visite 
chez  M™°  Necker,  «  pour  oser  produire  ainsi  sa  vieille 
»  maîtresse  de  55  ans  très  ennuyeuse  et  très  bornée.  » 

Mais  avant  d'être  une  vieille  maîtresse,  Marguerite 
Lecomte  avait  été  une  charmante  femme  ,  d'une  agré- 
able physionomie ,  sans  grande  régularité  de  traits , 
telle  du  moins  que  nous  le  montre  le  joli  profil  dessiné 
par  la  main  de  l'amoureux  Watelet  et  gravé  par  leur 
ami  Louis  Lempereur.  Les  vers  qui  l'accompagnent 
sont  aussi  de  la  façon  d'un  amant  : 

L'heureux  talent  de  plaire  en  n'y  pensant  jamais. 
Un  bon  cœur,  un  sens  droit  et  le  don  d'être  aimée. 
Une  humeur  franche  et  libre  embellissant  tes  traits, 

La  grâce  enfin  à  la  raison  unie  : 
Le  Comte  c'est  pour  toi  ce  que  nature  a  fait 
Et  que  l'art  ne  peut  rendre  en  gravant  ton  portrait. 


604         LES    GRAVEURS   DU    XYIIF   SIÈCLE. 

Quand  elle  voyageait  en  Italie  avec  son  amant  en 
1764,  toute  l'Académie  de  France  était  en  émoi  et  les 
jeunes  pensionnaires  composaient  en  souvenir  de  son 
passage  le  curieux  petit  livre  intitulé  Nella  venuta  in 
Roma  di  madama  Le  Comte...  etc.,  et  dont  nous 
avons  parlé  à  l'article  de  Lavallée-Poussin. 

Elle  ne  néglige  pas  d'ailleurs  ses  devoirs  pieux. 
Gomme  il  est  de  bon  ton  d'avoir  une  audience  du  Pape 
ne  serait-ce  que  pour  passer  l'éponge  de  l'absolution 
sur  la  noirceur  de  ses  péchés  mignons,  Marguerite  Le 
Comte  se  prosterne  devant  Clément  XIII.  La  Vallée- 
Poussin  nous  a  conservé  la  scène  où  elle  lui  demande 
la  permission  de  faire  son  portrait.  C'est  une  petite 
eau-forte  assez  méchante.  Elle  fit  aussi  à  Rome  ,  cette 
même  année  1764 ,  le  portrait  du  Cardinal  Albani. 

«  M'"*'  Lecomte,  écrivait  Watelet ,  est  toujours  com- 
»  blée  de  politesses,  de  prévenances  et  d'attentions... 
»  Il  y  a  ici  un  cardinal  Albane  qui  l'a  prise  dans  la  plus 
»  singulière  amitié  ainsi  que  la  princesse  Borghèse. . .  » 

Et  puis  après  avoir  bien  dessiné  et  bien  gravé,  — 
quelques  petits  Paysages  italiens  en  font  foi,  —  ils  re- 
viennent tous  deux  se  réinstaller  au  Moulin-JoU  ,  au 
bord  de  la  Seine  ,  à  deux  pas  d'Argenteuil.  C'est  dans 
cet\asile  chanté  par  Delille,  que  la  jolie  meunière  rece- 
vait une  société  agréable,  ai'tiste  et  choisie.  M'"'^  de 
Genlis  en  parle  dans  ses  souvenirs  :  «  Figurez-vous 
»  une  grande  île  couverte  de  bois,  de  jardins,  de  ver- 
»  gers  que  la  Seine  coupait  parle  milieu.  On  passait 
»  d'un  bord  à  l'autre  sur  un  pont  de  bateau  garni  de 
»  caisses  de  fleurs  et  des  bancs  placés  de  distance  en 
»  distance  permettaient  de  jouir  longtemps  d'un  air 
»  parfumé  et  de  points  de  vue  admirables.  Des  arbres 


LECOMTE.  605 

»  de  haute  futaie  d'un  ton  vigoureux ,  bordaient  la 
»  rivière  à  droite,  à  gauche  la  rive  était  couverte 
»  d'énormes  peupliers  et  de  grands  saules  pleureurs 
»  dont  les  branches  tombaient  en  berceau.  Je  ne  puis 
»  dire  combien  je  me  sentais  heureuse  dans  ce  beau 
»  lieu,  auquel  je  n'ai  rien  vu  de  comparable.  » 

Tous  ces  points  de  vue,  Watelet  et  Marguerite  Le 
Comte  les  dessinèrent  sous  tous  leurs  aspects.  La 
maison  était  un  assez  élégant  pavillon  carré.  Watelet 
qui  l'a  gravée  a  écrit  au  bas  :  Maison  de  Marguerite 
Le  Comte,  meunière  du  Moulin-Joli  ;  sur  une  autre 
eau-forte  toute  fraîche  d'eaux  et  d'ombrages,  on  lit 
côte  à  côte  leurs  deux  noms  avec  cette  mention  :  una 
eademque  die  sculpsere. 

Un  tel  goût  pour  la  campagne  et  l'idylle  devait  faire 
aimer  les  œuvres  du  poétique  Gessner  à  la  belle  péche- 
resse. C'est  aussi  à  l'amitié  qu'ils  portaient  tous  deux  à 
Huber,  le  traducteur  des  œuvres  du  poète  de  Zurich, 
qui  le  dit  formellement ,  que  nous  devons  les  illustra- 
tions du  Daphnis  et  du  Premier  Navigateur. 

Quand  nous  aurons  dit  que  Marguerite  Le  Comte 
employait  ses  loisirs  à  graver  à  l'eau-forte  des  contours 
de  papillons,  qu'elle  s'amusait  ensuite  à  colorier  {Suite 
de  Papillons  gravés  et  coloriés  par  Madame  Le 
Comte,  des  Académies  de  Rome,  Florence,  Parme  et 
de  r Institut  de  Bologne,  1766),  qu'elle  imitait  à  l'instar 
de  Watelet  les  eaux-fortes  de  Rembrandt ,  et  qu'elle  a 
eu  la  délicatesse  de  pas  nous  laisser  le  portrait  de  son 
mari ,  le  plus  heureux  des  trois,  brave  homme  à  qui 
Watelet  avait  offert  l'hospitalité  et  qui  s'était  empressé 
d'accepter,  nous  aurons  suffisamment  esquissé  cette 
physionomie  de  femme  artiste. 


LE  GOUAZ   (Yves-Marie). 

<  742-'!  816. 


Né  à  Brest ,  Le  Gouaz  devait  être  et  fut  en  effet  un 
graveur  de  marine.  Le  peintre  Ozanne,  professeur  des 
gardes  du  pavillon  à  Brest ,  lui  donna  les  premières 
leçons  de  dessin  et  de  gravure  et  les  débuts  de  l'élève 
ayant  fait  concevoir  de  grandes  espérances,  ses  parents 
quoique  dans  une  position  peu  aisée ,  l'envoyèrent  à 
Paris  se  perfectionner  chez  Aliamet.  Encouragé  par 
ce  maître  habile,  Le  Gouaz  fut  bientôt  en  état  de  gra- 
ver des  planches  assez  importantes  pour  lui  valoir  une 
certaine  réputation.  Un  de  ses  premiers  travaux  fut  la 
Fin  d'orage,  d'après  B.  Peters,  publiée  en  1765.  Peu 
de  temps  après,  il  grava  d'après  Joseph  Vernet,  Temps 
serein  ,  Temps  de  brouillard ,  la  belle  exécution  de 
cette  dernière  planche  lui  valut  les  éloges  du  peintre  ; 
r Embarquement  de  la  Jeune  grecque,  in-fol.  en 
lai^geur  ;  la  Pêche  de  jour,  la  Pêche  de  nuit.  2  pi.  en 
largeur  ;  le  Choix  du  poisson ,  in-fol.  en  largeur  ;  les 
Déb?^is  du  naufrage. 

Caudebec ,  d'après  Hackert  ;  le  Port  et  le  Golfe  de 
Calvi,  Vue  du  Golfe  de  Messine,  d'après  Lacroix. 

Son  ouvrage  de  prédilection  fut  le  recueil  des  Nou- 
velles vues  perspectives  des  Ports  de  France,  dessi- 


LE    GOUAZ.  607 

nées  pour  le  Roi  par  M.  Ozanne,  un  titre  ,  une  carte 
géographique  et  60  vues  en  largeur,  pittoresquement 
peuplées  de  petits  personnages  qui  donnent  de  la  gaieté 
à  ce  travail  considérable  ,  et  l'empêchent  de  paraître 
trop  monotone. 

Vers  la  même  époque  Le  Gouaz  fait  accidentellement 
une  incursion  sur  le  terrain  de  la  vignette  :  il  exécuta 
un  certain  nombre  de  fleurons  pour  les  Fables  de 
Dorât  et  des  vignettes  pour  les  Idylles  de  Berquin 
d'après  Marillier,  et  se  tira  de  cette  besogne  à  son  grand 
honneur.  Il  a  gravé  aussi  quelques  figures  d'Eisen  in-4 
pour  l'opéra  comique  des  Moissonneurs,  et  deux  pièces 
de  Saint-Quentin  pour  le  poëme  de  Rosset ,  r Agricul- 
ture. Voici  la  quittance  qu'il  donnait  pour  une  de  ces 
illustrations  : 

«  M.   Tronchin ,  trésorier  du  marc   d'or ,  riie  de 

>/  Richelieu.  Je  vous  prie,  Monsieur,  de  vouloir  bien 

»  faire  payer  à  M*"  Le  Gouasse  graveur,  la  somme  de 

»  quatre  cent  quatre  vingt  livres  pour  la  gravure  qu'il 

»  a  faite  du  second  frontispice  du  poëme  de  Tagricul- 

»  ture  ,   sur  les    fonds  de  l'excédant  du  marc    d'or 

»  assignés  pour  les  Départements  des  mines  et  de 

»  l'agriculture. 

»  Parent  fils. 

»  Pour  acquit  de  la  somme  de  quatre  cent  quatre 
»  vint  livres.  Le  Gouaz.  A  Paris  le  22  mars  1774.  >^ 

Pourquoi  ne  continua-t-il  pas  dans  cette  voie  où  il 
réussissait  ?  Faute  de  temps  ,  probablement.  Dès  1770, 
Le  Gouaz  avait  été  nommé  grav^eur  de  l'Académie  des 
Sciences  en  remplacement  d'Ingram.  11  exécuta  jus- 
qu'en 1790 ,  pour  les  volumes  publiés  par  celte  acadé- 
mie, 241  planches  techniques. 


608         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP'   SIECLE 

Revenant  à  ses  sujets  maritimes  favoris  il  grava  : 

Différents  ports  et  rades  de  France  et  des  Antilles, 
18  p.  d'après  Ozanne,  par  LoGouaz  et  J.  F.  Ozanne. 

Vues  de  lieux  célèbres  de  diverses  parties  du 
monde ,  d'après  les  dessins  d'Ozanne,  gravées  par 
Goiny,  Garreau,  Filhol,  Masquelier,  Pillement,  Racine 
et  Le  Gouaz. 

En-têtes  pour  Lettres  démarque  et  Congés  délivrés 
aux  bâtiments.  —  Suite  de  bâtiments  ,  4  sujets  ronds. 

Planches  pour  le  Voyage  pittoi^esque  de  Constan- 
tinople  et  pour  la  Description  de  V Egypte. 

Recueil  des  combats  de  Jean-Bart,  Paris,  Le  Gouaz 
1806,  19  p.  —  Recueil  des  combats  de  Duguay- 
Trouin,  par  J"''  F^'^  Ozanne  et  le  Gouaz  ,  29  p.  —  Le 
Combat  du  Vengeur,  d'après  Ozanne. 

Ornements  de  proues  de  divers  bâtiments,  d'après 
Ozanne,  24  p.  par  Le  Gouaz  et  Goiny. 

Figures  pour  le  Traité  du  grèem^ent  des  vaisseaux, 
pour  le  Vocabulaire  des  term.es  de  marine. 

Le  Gouaz  avait  épousé  Marie-Jeanne  Ozanne,  sœur 
de  son  premier  maître,  plus  âgée  que  lui  de  six  ans, 
mais  «  aussi  recommandable  par  ses  talens  que  par  son 
»  heureux  caractère  »  ,  nous  apprend  sa  fille ,  M"°  Le 
Gouaz  devenue  M™°  Goiny ,  dans  une  notice  placée  en 
tête  de  l'œuvre  de  son  père  :  «  Citoyen  vertueux,  dit- 
»  elle  encore,  bon  époux,  père  tendre,  ami  sûr  et  fidèle, 
»  M.  Le  Gouaz  joignait  à  des  quahtés  aussi  rares  et  à 
»  l'égahté  de  cai^actère  dont  la  nature  l'avait  doué,  une 
»  douceur  qui  lui  a  concilié  pendant  le  cours  d'une 
»  vie  sans  reproche,  jusqu'à  ses  derniers  moments,  le 
»  respect  et  l'amitié  de  tous  ceux  qui  l'entouraient.  » 

Le  Gouaz  est  mort  à  Paris  le  12  janvier  1816. 


Les  LEGRAND. 


Louis  Legrand  est  un  fort  bon  graveur  de  vignettes 
dont  les  Manuels  se  sont  peu  occupés,  ou  point  du  tout. 
Quand  est-il  né.  quel  fut  son  maître,  nous  ne  savons, 
mais  comme  il  commença  à  signer  des  vignettes  en 
1751 ,  il  faut  admettre  qu'il  devait  avoir  alors  au  moins 
vingt  ans  et  qu'il  est  né  vers  1730. 

Ces  premières  pièces  datées  de  1751 ,  sont  des  vi- 
gnettes d'Eisen  pour  Clarisse  Harloioe  et  pour  Y  Éloge 
de  la  folie;  nous  retrouvons  ensuite  le  nom  de  Legrand 
dans  divers  ouvrages  : 

Pu/fendorf,  175^-1759,  fleurons  d'Eisen. 

Histoire  amoureuse  des  Gaules,  1754,  5  vol.  in-12, 
jolis  titres  d'après  Choffard. 

Épigrammes  de  Martial,  1754, 2  vol.  in-12,  en-têtes 
d'Eisen. 

Portraits  pour  la  Vie  des  peintres  flamands ,  de 
Descamps  {Éras^neJuellyn ,  Jacques  Vaillant). 

Fables  de  La  Fontaine,  d'Oudry,  1755  {la  Mort  et 
le  Bùche7^on,le  Lion  et  le  Rat, le  Renard  elles  Raisins). 

Le  Congrès  de  Cythère,  Prault,  1756,  in-12. 

Le  Décam,éron  de  1757. 

Racine  de  De  Sève,  1760. 


610         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIECLE. 

En  1761 ,  Legrand  grave  à  lui  seul  l'illustration  d'un 
petit  ouvrage  assez  estimable  :  les  Amours  de  Myrtil, 
Constantinople  1761  ;  in-8 ,  six  figures  d'après  Gra- 
velot ,  plus  un  joli  titre  dessiné  et  gravé  par  Legrand. 

En  continuant  à  suivre  chronologiquement  les  vi- 
gnettes gravées  par  Legrand  nous  le  voyons  collaborer 
aux  ouvrages  suivants  : 

Titre  pour  VAlmanach  iconologique  de  1764  et  pour 
VIconologie. 

Le  Temple  de  Gnide,  Prault,  1767;  in-12,  frontispice 
et  figure  d'Eisen. 

Titre  pour  l'Isle  m.erveilleuse  ou  Irza  et  Marsis, 
d'après  Eisen,  1768. 

Les  Moissonneurs,  deFavart;  in-8, jolie  vignette 
d'après  Eisen,  1768. 

Métamo)'phoses  d'Ovide,  1767-71. 

Le  Royalisme ,  par  Limairac,  1770,  frontispice,  en- 
tête et  cul-de-lampe. 

Les  Aventures  d'Abdallah,  1773 ,  fleuron  de  titre , 
d'après  Eisen. 

Fables  de  Dorât,  1773. 

Molière  de  Bret,  1773  {les  Amants  magnifiques). 

La  Muse  lyrique ,  dédiée  à  la  Reine,  par  Patouart 
fils,  titre,  frontispice  de  Huet, 

Les  Épreuves  du  sentiment,  de  Baculard  d'Arnaud. 

Valmon,  par  Loaisel  de  Tréogate,  1776,  figure 
d'après  Quéverdo. 

Les  Quatre  heures  de  la  toilette  des  dames,  1779. 

Cabinet  des  Fées. 

Théâtre  de  Collé,  1784. 

Louis  Legrand  a  gravé  quelques  autres  pièces  qui  se 
rapprochent  du  genre  de  la  vignette  : 


LEGRA.ND.  644 

Fragments  d'une  grande  bordure  pour  un  Plan  de  la 
ville  de  Rheims,  d'après  Cochin  ,  1769  ;  la  Statue  de 
Louis  XV,  gravée  au  bas  du  plan  ;  grand  Cai^tel  pour 
le  même  plan  (recommencé  par  Massard). 

Le  Rhin  et  la  Moselle,  allégorie  pour  une  carte  géo- 
graphique d'après  Monnet. 

Conce?'io  de  violon  à  plusieurs  instruments,  dédié 
au  prince  de  Prusse,  composé  par  le  baron  de  Bagge  , 
titre  in-fol.  d'après  Cochin. 

Le  Ballet  des  Muses ,  petite  pièce  allégorique  pour 
les  menus-plaisirs  du  roi,  présentée  aux  gentilshommes 
de  la  chambre  par  Picquet,  officier  du  gobelet  et 
confiseur  ordinaire  des  menus-plaisirs. 

Très  joli  et  rare  encadrement  pour  Programme  de 
concert  (?),  cadre  enguirlandé  de  fleurs  ,  dans  le  haut 
les  armes  du  Dauphin  ,  un  dauphin  ,  un  phénix  ,  dans 
le  bas  une  harpe.  Legrand  del.  et  sculp.  ;  in-8. 

Adam  et  Eve  dans  le  paradis  terrestre,  belle  com- 
position de  Moreau  ,  avec  encadrement ,  grand  in-4. 

Planches  d'histoire  naturelle  d'après  de  Sève. 

Petit  portrait  de  Mada^ne  Bu  Barry. 

Nous  ne  savons  à  quel  Legrand  il  faut  attribuer  les 
portraits  de  Mesmes,  d'après  Pujos  ,  de  M "«  d'Oliva, 
de  Pilaire  des  Roziers,  signés  Legrand. 

Augustin  Legrand,  que  le  Manuel  appelle  Auguste 
Claude  Simon  et  fait  fils  de  Louis  Legrand.  est  un  gra- 
veur au  pointillé  des  plus  fades  : 

Le  Bonheur  au  village  et  les  Amis  curieux,  d'après 
Aubry  ;  Ma  Chemise  brûle,  Tèlèm.aque  et  Eucharis  , 
d'après  Fragonard  ;  la  Bèclaration,  V Amant  py^essant, 
d'après  Huet  (chez  Bonnet);  la  Saison  des  amours,  les 
Petits  savoyards,  les  Cerises,  Geneviève  de  Bradant, 


612         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIECLE. 

V Enfance  e\,V Adolescence  de  Paul  et  Virginie, à' Z-'^ves 
Schall  ;  Récit  d'un  invalide  chez  un  fermier  de  la 
Haute-Normandie  en  lui  montrant  le  portrait  du 
Roi,  d'après  Debucourt;  la  Cocarde  nationale,  d'après 
Boilly  ;  le  Bât,  le  Rossignol ,  V Accord ,  Apothéose  de 
Voltaire  (Apollon  tenant  le  masque  de  Voltaire). 

Legrand  signa  de  l'anagramme  Denargle  deux  es- 
tampes de  Lavreince  publiées  chez  Bonnet  :  Jamais 
d'accord  et  le  Serin  chéri. 

Petit  buste  de  Necker ,  ovale  in-18,  Legrand  sculp. 
Londres  1781  ;  le  Duc  de  Crillon ,  profil ,  pointillé  de 
couleur,  ovale  in-S,  gravé  par  Legrand  rue  Si-Jac- 
ques vis-à-vis  celle  des  Mathurins  n°  41 .  Il  demeurait 
aussi  rue  St-Julien  le  pauvre  n"  18. 

Au  XIX*^  siècle,  Augustin  Legrand  grave  des  por- 
traits de  la  famille  royale  et  une  grande  quantité  de 
planches  de  fleurs. 

Pierre-François  Legrand  est  un  autre  graveur  au 
pointillé  et  au  lavis  de  la  fin  du  XVIIF  siècle. 

Le  Berger  des  Alpes,  d'après  Gandat  :  Érigone, 
d'après  Vallin  ;  les  Bey^gers  d'Arcadie ,  r Amour 
d'été,  V Amour  ram^oneur,  Ariane  abandonnée,  les 
Saisons,  la  Reine  présentant  le  dauphin  à  la 
France ,  d'après  Le  Roy  ;  Mariage  républicain  et  le 
Divorce,  2  p.  au  lavis  ;  Fénélon  ou  les  religieuses  de 
CawJ)rai ,  suite  au  lavis  ;  Flora .  d'après  Cipriani  ; 
Persévérance,  Patience,  d'après  A.  Kauffmann; 
Security,  Appréhension,  etc. 

Portrait  de  d'Épréménil. 

P.  F.  Legrand  continue  à  graver  au  XIX''  siècle , 
et  il  fait  de  plus  en  plus  horrible.  Sortons  vite  de  ces 
bas -fonds  de  la  gravure. 


LEGRAND.  6<3 

Le  Manuel  indique  un  graveur  du  nom  d'HYACiNXHE 
Legrand,  né  en  Lorraine  en  1755,  et  lui  attribue  une 
estampe  de  Jupiter  et  lo  et  une  copie  de  la  Gimbleite 
de  Fragonard. 

Il  y  a  encore  un  P.  Legrand  (Paul?)  dessinateur  et 
graveur,  qui  a  dessiné  des  vignettes  pour  les  Contes 
en  vers  de  l'abbé  Bretin  ,  1797,  et  le  roman  des  Trois 
Feinmes  ,  de  M'"®  de  Charrière,  ces  dernières  ont  été 
gravées  par  Duplessi-Bertaux ,  Ghoffard  et  Couché. 

Legrand  était  allé  passer  un  an  à  Berne,  et  en  1798, 
de  retour  à  Paris,  il  se  trouvait  dans  une  misère  noire. 
«  Le  désespoir  le  plus  sombre  est  dans  mon  cœur,  — 
»  écrivait-il  à  M™^  de  Charrière  ,  —  ce  qui  me  fait  le 
»  plus  de  chagrin ,  c'est  que  je  vois  tous  les  fous  de 
»  Paris  se  livrer  à  toutes  sortes  de  plaisirs  plus  ou 

»  moins  licencieux  et  qu'ils  paient  fort  chèrement 

»  Oui ,  j'ai  lieu  de  me  plaindre  de  toute  la  nature  et 
»  de  son  auteur...  je  ne  connais  qu'un  moyen  de 
»  m'affranchir...  le  grand  tais-toy...  » 

Ce  Legrand  paraît  être  le  même  que  celui  qui  de- 
meurait 63  rue  de  Thionville  et  entreprit  pour  Treuttel 
et  Wurtz  la  gravure  d'un  «  choix  de  tableaux  distin- 
»  gués  du  musée  Napoléon  »  :  il  devait  livrer  par  mois 
douze  planches  très  soignées,  de  format  in-8. 

Mais  la  convention  signée  entre  le  graveur  et  les 
éditeurs  fut  rompue  d'un  commun  accord  quelques 
mois  après,  en  août  1808. 


40 


LE  LORRAIN   (Louis-Joseph), 

1715-1760. 


Le  peintre  Le  Lorrain,  élève  de  Dumont,  qui  fut 
membre  de  l'Académie,  donna  les  premières  leçons  de 
dessin  à  Moreau  le  jeune  qu'il  emmena  en  Russie,  et 
mourut  en  1760  à  Saint  -  Pétersbourg ,  où  il  avait 
été  appelé  par  Catherine  II  pour  diriger  l'Ecole  des 
Beaux- Arts.  Il  a  gravé  quelques  morceaux  à  l'eau- 
forte. 

Le  Jugement  de  Salomon,  Salomon  adorant  les 
faux  dieux. 

Esther  et  Assuérus,  la  Mort  de  Lucrèce,  d'après 
De  Troy. 

Le  Bouclier  d'Hercule ,  pièce  ronde,  1756,  —  les 
Enfers,  in  fol.  en  largeur. 

Le  Dessin  du  feu  d'artifice  représentant  Vunion 
de  V Amour  et  de  VHi/niènèe,  ordonné  à  Rome  pour 
le  mariage  du  Dauphin ,  mai  1745  ,  d'après  Pannini  ; 
un  autre  Feu  d'artifice  représentant  le  Temple  de 
Minerve,  1746. 

Planches  pour  la  Description  des  fêtes  célébrées  à 
Naples  pour  la  naissance  d'un  prince  héritier  (1748). 


LELU    (Pierre). 


Le  peintre-graveur  Pierre  Lélu,  de  l'Académie  de 
Marseille,  est  né  à  Paris  en  1741.  Sa  famille  le  desti- 
nait à  la  médecine,  mais  elle  ne  put  vaincre  son  goût 
décidé  pour  les  arts.  Il  fallut  céder.  Cependant  on 
raconte  que  lorsque  Lélu,  élève  de  Bouclier  et  de 
Doyen,  entreprit  à  l'âge  de  vingt  ans,  le  voyage  d'Ita- 
lie, ses  parents  ne  lui  donnèrent  que  six  louis,  espé- 
rant le  dégoûter  des  arts  par  les  difficultés  matérielles 
de  la  vie.  On  ajoute  que  le  jeune  peintre  obtint  par 
l'entremise  de  son  frère,  commissaire  des  guerres,  un 
passe-port  de  la  cour,  qui  lui  tint  lieu  de  recomman- 
dations et  de  protections,  en  lui  permettant  de  se  pré- 
senter partout  chez  les  plus  considérables  amateurs  , 
auxquels  il  montrait  son  portefeuille  et  vendait  des 
dessins.  11  put  donc  se  suffire  à  lui-même,  et  arriver  à 
Rome  ayant  encore  cinq  louis  sur  les  six  qu'on  lui 
avait  donnés.  Telle  est  la  légende. 

Lélu  travailla  assidûment  en  Italie  ;  il  étudia  les 
grands  maîtres  et  s'inspira  de  leur  manière,  «  mallieu- 
»  reusement  il  ne  sut  pas  rompre  entièrement  avec 
»  les  principes  qu'il  avait  puisés  à  l'école  de  Boucher, 
»  ce  qui  fut  cause  que  souvent  dans  ses  compositions 


616         LES   GRAVEURS   DU    XVIIie   SIECLE. 

»  à  côté  des  types  les  plus  grandioses  ,  on  retrouve 
»  tous  les  défauts  des  maîtres  maniérés  qui  dirigèrent 
»  ses  premières  études.  »  De  retour  en  France,  il  se 
lia  avec  le  comte  Vialart  de  Saint-Morys  et  grava  plu- 
sieurs tableaux  de  son  cabinet. 

Il  parcourut  comme  attaché  d'ambassade  du  marquis 
de  Clermont  d'Amboise  l'Espagne  et  le  Portugal  ;  se 
trouvant  à  Lisbonne  en  1775,  l'ambassadeur  lui  de- 
manda le  plan  d'un  catafalque  pour  le  service  funèbre 
de  Louis  XV. 

Il  retourna  en  Italie  deux  fois  encore ,  en  1777  et 
en  1789. 

Lélu  est  mort  le  9  juin  1810. 

La  vente  de  son  cabinet  fut  faite  par  les  soins  de 
l'expert  Regnault-Delalande.  Lélu  avait  peint  seule- 
ment un  petit  nombre  de  tableaux ,  mais  grâce  à  sa 
facilité  prodigieuse  et  même  désordonnée,  ses  porte- 
feuilles contenaient  une  quantité  immense  de  dessins. 

«  Entraîné  par  sa  bouillante  imagination,  il  ne  pen- 
»  sait  qu'à  produire  de  nouvelles  choses  et  négligeait 
»  trop  son  dessin,  le  nombre  de  ses  compositions  est 
»  extraordinaire,  tout  était  de  son  ressort,  l'histoire, 
»  l'allégorie,  le  paysage,  l'architecture,  les  ornements 
»  et  partout  on  retrouvait  l'homme  instruit  et  l'homme 
»  de  génie.  » 

C'est  à  Prosper  de  Baudicour  qu'on  doit  le  cata- 
logue descriptif  de  l'œuvre  gravé  de  Lélu,  travail  d'au- 
tant plus  intéressant  que  rien  n'est  plus  rare  que  les 
estampes  des  peintres-graveurs.  Nulle  part  on  n'en 
trouve  de  collection  complète  ;  à  peine  peut-on  en  voir 
une  de  loin  en  loin.  Les  pièces  décrites  par  Baudicour 
sont  au  nombre  de  75,  à  l'eau-forte  et  au  lavis.  On  y 


LELU.  en 

remarque  quelques  morceaux  d'après  les  dessins  des 
grands  maîtres  : 

Un  Prophète ,  d'après  Michel- Ange  ;  le  Père  éter- 
nel, d'après  le  Corrège  :  Dieu  bénissant  le  monde, 
V Annonciation ,  V Évanouissement  de  la  Vierge ,  le 
Massacre  des  Innocents  ,  d'après  Raphaël  ;  la  Mort 
d'Adonis,  d'après  Jules  Romain ,  etc. 

Mais  Lélu  a  principalement  gravé  d'après  ses  propres 
compositions  : 

Sacrifice  au  Dieu  Pan  (1760) ,  première  eau-forte 
du  maître  âgé  de  dix-neuf  ans ,  Vllarmonie  de  la 
nature  (1762) ,  Vénus  et  V  Amour  (1784) ,  la  Toilette 
de  Vénus  et  Am,phitrite,  V Amour  et  Psyché ,  grande 
pièce  d'après  un  dessin  exposé  en  1793. 

Diverses  pièces  d'après  l'Ancien  et  le  Nouveau-Tes- 
tament : 

Judith,  Apparition  de  Dieu  à  Abraham,,  Abeletsa 
^emme  priant  pour  leur  père,  dernière  pièce  gravée 
par  Lélu  en  1808,  la  Nativité,  la  Sainte-Famille , 
les  Quatre  Evangélistes ,  la  Vierge ,  V Assomption , 
V Enfant  Jésus  et  S^" -Catherine,  la  Foi,  r Espérance 
et  la  Charité. 

Tancrède  et  Herminie. 

Différents  sujets  de  genre  : 

L" Amour  maternel ,  semant  des  fleurs  sur  les  en- 
fants d'une  jeune  mère,  johe  pièce  au  lavis  ;  Jeune 
chasseur  offrant  un  bouquet  à  une  bergère,  in-4  ;  la 
Lanterne  magique  et  le  Ménage  champèty^e,  2  p.  in-fol. 

La  Dictée  (B.32),  la  Lecture  i^S),  V Astronome  (35), 
le  Philosophe  (36),  le  Sermon  (37),  VEscalier  (38),  le 
Concert  (39),  la  Confidence  (42),  Berger  caressant 
une  bergère  (43),  les  Regrets  (44). 


648         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

Un  titre  pour  Seis  trios  para  dos  violines  y  haxo, 
1769. 

Divers  Paysages. 

Le  portrait  de  Rome  de  Vlsle,  1783. 

Une  Allégoyne  à  la  mémoire  d'Henri  IV,  1780. 

Notons  encore  une  suite  de  quatre  pièces  numérotées, 
les  deux  premières  in-4  en  largeur,  les  deux  dernières 
en  hauteur,  et  représentant  des  scènes  de  ballets  : 
i.  Attitudes  de  danse  exécutées  à  V opéra  par  le  S. 
Doderval,  M"**  Allard  et  Pelin  en  1779,  dessinées 
et  gravées  par  P.  Lélu  peintre  ,  à  Paris  chez  l'auteur 
rue  du  faubourg  Montmartre  n°  17.  —  2.  Attitudes  de 
danse  exécutées  par  le  S.  Boberval,  et  M""  Gut/nard 
et  Allard  en  1779.  —  3.  La  Diseuse  de  bonne  aven- 
ture. —  4.  Le  Devin  du  village. 

Pendant  la  Révolution,  Lélu  «  mit  son  talent  au  ser- 
»  vice  des  événements  et  des  idées  nouvelles  et  se 
»  lança  dans  les  compositions  les  plus  grandes  et  les 
»  plus  scabreuses  sans  avoir  la  force  nécessaire.  » 

Les  Avilis  de  la  Constitution  aux  m^ânes  de  Mira- 
beau ,  par  Lélu ,  peintre,  de  l'académie  de  Marseille, 
rue  St-Avoye  23  ;  grand  in-fol.  en  largeur.  Dessin 
fautif,  juge  Renouvier,  composition  amphigourique, 
les  allégories  et  le  costume  empruntés  à  la  défroque 
académique  ;  mais  il  y  a  de  l'énergie  dans  l'expression 
et  les  mouvements.  —  Le  Triomphe  de  la  Montagne, 
grand  in-fol.  —  La  Raison  soutenant  la  vérité  ap- 
puyée sur  la  force,  in-4. 

Nous  relevons,  pour  finir,  un  Monument  à  la  mé- 
moire  de  Desaix ,  et  une  Allégorie  sur  Napoléon  P'' 
terminée  par  Alix 


LE  MIRE   (NoEL^ 

1724-1801. 


NoEL  Le  Mire  occupe,  à  côté  de  Choffard,  de  Gau- 
cher, de  Nicolas  de  Launay  et  d'Augustin  de  Saint- 
Aubin,  le  premier  rang  parmi  les  artistes  qui  ont 
gravé  la  vignette  et  le  portrait  de  livre.  Ce  graveur 
célèbre,  qui  a  eu  pour  dessinateurs  les  plus  fameux 
vignettistes,  Gravelot,  Eisen  et  Moreau,  qui  a  colla- 
boré aux  principaux  livres  à  figures  du  XVIIP  siècle , 
qui  a  même  gravé  à  lui  seul  un  des  plus  beaux,  le 
Temple  de  Gnide,  qui  a  exprimé  la  grâce  de  la  femme 
comme  aucun  autre  ,  le  seul  peut-être  qui  ait  su  tra- 
duire jusqu'à  la  perfection  les  voluptueux  dessins 
d'Eisen,  mérite  d'être  appelé,  dans  un  petit  genre  bien 
entendu,  un  grand  maître. 

11  était  né  à  Rouen  le  24  novembre  1724 ,  et  était 
l'aîné  d'une  famille  de  treize  enfants.  Les  premières 
leçons  lui  furent  données  par  Descamps.  Il  vint  à  Paris 
vers  1745  se  perfectionner  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts 
et  dans  l'atelier  de  Le  Bas ,  d'où  sont  sortis  tant  de 
graveurs  de  premier  mérite.  En  1750 ,  il  remporta  le 
premier  prix  du  modèle  au  concours  de  l'École  des 
Beaux- Arts. 

Le  Mire  était  lancé.  Dès  le  9  mai  1751,  Le  Bas  écri- 


620  LES   GRAVEURS   DU   XVIIF   SIECLE. 

vait  à  un  de  ses  anciens  élèves,  Rehn ,  une  lettre  qui 
se  termine  ainsi  :  «  Notre  normant  Lemire  gagne  par 
»  jour  ses  dix-huit  livres.  11  a  pour  une  petite  figure 
»  debout  qu'il  fait  en  six  jour  cent  livre.  Le  temps  a 
»  bien  changé  depuis  que  vous  étiez  à  Paris.  » 

Les  figures  d'une  petite  HenHade  d'Eisen  in-i2,  de 
rÉloge  de  la  Folie,  de  la  Christiade  de  Labaume 
Desdossat,  du  Lucrèce  de  Marchetti,  de  Métastase, 
sont  ses  premiers  essais.  En  1755,  il  est  dans  la  pléni- 
tude de  son  talent,  et  grave  une  grande  partie  du 
Boccace  de  Gravelot,  soixante  vignettes  et  culs-de- 
lampe.  On  lui  doit  aussi  nombre  de  pièces  des  Contes 
de  La  Fontaine  des  fermiers  généraux,  d'après  Eisen, 
notamment  la  fameuse  figure  du  Rossignol ,  de  toute 
rareté  lorsqu'elle  est  découverte.  Les  bibliophiles  es- 
timent qu'un  exemplaire  contenant  cette  petite  gail- 
lardise, vaut  considérablement  plus  qu'un  exemplaire 
qui  n'a  que  le  rossignol sans  le  rossignol. 

Car  Le  Mire  se  plaisait  à  commencer  ses  figures 
découvertes  ;  les  épreuves  à  remarque  abondent  dans 
son  œuvre,  et  font  les  délices  de  certains  iconophiles 
qui  les  recherchent  avec  passion,  l'une  avant  la  rose, 
l'autre  avant  le  nuage,  celle-ci  avec  le  petit  trait, 
cette  autre  avant  le  voile  ! 

Le  Mire  fait  plus  que  collaborer  à  VOvide  de  1767, 
il  est  avec  Basan  le  metteur  en  œuvre  de  ce  magni- 
fique livre,  il  prépare  une  grande  quantité  de  planches 
à  l'eau-forte,  et  de  plus  vingt-six  pièces  terminées 
sont  signées  de  lui.  Les  plus  belles  sont  VAge  d'or, 
V Automne,  Persée  et  Andro7nède,  d'après  Eisen, 
Alars  et  Vénus,  Pygmalion,  Vénus  pleuy^ant  Adonis, 
d'après  Boucher,  et  enûn  Jupiter  et  Zo  d'après  Monnet, 


LE    MIRE.  624 

autre  pièce  à  remarque ,  dont  il  existe  des  épreuves 
très  découvertes. 

Le  Mire ,  qui  paraît  n'avoir  pas  eu  un  caractère 
facile ,  quoique  droit  et  généreux ,  eut  des  démêlés 
avec  Basan  au  sujet  de  V Ovide.  Wille  fut  leur  média- 
teur, et  ils  se  séparèrent  d'intérêts  :  Basan  resta  seul 
propriétaire  du  livre  ,  en  donnant  à  Le  Mire  dix  mille 
six  cents  livres  et  douze  exemplaires  complets,  (Voir 
l'article  Basan). 

Nous  retrouvons  encore  Le  Mire  interprétant  Gra- 
velot  dans  le  Racine  et  le  Corneille.  Il  fut  le  principal 
graveur  de  la  suite  de  Corneille,  qui  est  un  de  ses  chefs- 
d'œuvre,  -les  gravures  des  comédies  notamment  sont 
exquises  par  la  légèreté  et  l'esprit  de  leur  touche  ,  et 
l'une  d'elles,  la  Galerie  du  Palais,  est  une  petite  es- 
tampe renommée,  elle  est  fort  curieuse  ;  les  Ahnanachs 
Iconologiques ,  dont  il  a  gravé  le  titre  aux  armes  de 
Poisson  de  Marigny  son  protecteur,  les  Contes  mo- 
raux, la  Pharsale,  traduction  de  Marmontel,  V Histoire 
de  Miss  Jenny  par  madame  Riccoboni ,  V Histoire  de 
St-Louis  de  Joinville  (1761),  les  Œuvres  deLafargue, 
la  Nouvelle  Héloïse.  Les  figures  de  V Anthologie  sont 
toutes  gravées  par  Le  Mire,  une  d'elles  est  découverte. 

Le  Mire  a  gravé  d'après  Eisen  des  illustrations  pour 
les  Opuscules  du  marquis  de  Pezay,  puis  VHisioire 
des  guer?'es  civiles  de  France ,  le  Joujou  des  demoi- 
selles, etc.  Nous  n'y  insistons  pas  ici,  nous  y  revenons 
plus  au  long  dans  le  catalogue  que  nous  donnons  à  la 
suite  de  cette  notice. 

En  1762  paraît  son  œuvre  principale,  le  Temple  de 
Gnide  avec  dix  figures  gravées  par  lui  d'après  Eisen. 
C'est  en  regardant  des  épreuves  de  premier  état  de  ces 


622         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIÈCLE. 

merveiUeuses  figures, chefs-d'œuvre  de  gravure  d'après 
des  chefs-d'œuvre  de   dessin \  qu'on  saisit  le  côté 

1  C'est  chez  l'un  de  nos  meilleurs  bibliophiles ,  pour  la  science,  la 
prodigieuse  richesse  de  sa  collection,  la  passion  qu'il  a  mise  à  en  réunir 
les  éléments  et  le  soin  jaloux  qu'il  prend  de  la  conserver,  que  se 
trouvent  ,  en  face  des  lumineuses  eaux-fortes  de  Le  Mire  qui  les  tra- 
duisent ,  les  suaves  mines  de  plomb  d'Eisen.  Ce  merveilleux  exem- 
plaire du  Temple  de  Gnide  n'est  pourtant  qu'une  perle  au  milieu  du 
plus  riche  des  écrins. 

Quelqu'incomplète  que  puisse  être  la  rapide  revue  que  nous  allons 
faire  d'une  des  plus  belles  réunions  de  livres  qui  aient  été  formées , 
nous  ne  résistons  pas  au  plaisir  de  donner  une  idée  des  richesses  biblio- 
philiques  de  M.  de  Lignerolles  : 

Notons,  dans  le  XVIIF  siècle  qui  nous  occupe  plus  spécialement, 
les  Fables  de  La  Fontaine,  d'Oudry,  aux  armes  du  duc  d'Aumont;  les 
Coules  moraux  de  Marmontel ,  aux  armes  de  M.  de  Sartines  ;  un 
Temple  de  Gnide  aux  armes  de  la  comtesse  d'Artois ,  de  merveilleux 
exemplaires  de  l'Heplaméron ,  des  Contes  des  Fées  ,  et  des  Contes  de 
La  Fontaine  des  Fermiers-Généraux  ,  dans  de  fraîches  reliures  de  De- 
rôme  ;  un  Décaméron  de  Boccace  avec  dentelles  ;  enfin  la  collection  des 
Bleuet,  figures  avant  la  lettre  et  eaux-fortes,  habillée  parTrautz. 

La  vieille  reUure  est ,  dans  cette  bibliothèque,  d'une  extrême  richesse, 
tant  pour  sa  perfection  artistique  et  sa  conservation  exquise,  que  par  les 
souvenirs  historiques  qu'évoquent  les  personnages  auxquels  les  livres 
ont  appartenu  et  les  bibliophiles  célèbres  qui  les  ont  possédés. 

Voici ,  pour  le  XVF  siècle,  ï Architecture  de  Vitruve  et  la  Géomé- 
trie de  Bouvelles,  aux  armes  de  François  F"";  VEntrée  de  Henri  II  à 
Paris,  dans  une  reliure  à  compartiments  de  couleur;  le  Catulle  d'Aide, 
de  Grolier  ;  le  Thucydide  et  le  Plutarque  en  reliure  molle  aux  insignes 
de  Henri  III  ;  le  Du  Fouilloux,  s.  d.,  aux  armes  de  Frédéric  le  Pieux, 
duc  de  Bavière  ;  les  Généalogies  des  rois  de  France,  aux  rares  insignes 
de  Gouffier,  duc  de  Rouannois  ;  les  Propos  de  Ladulphi  reliés  avec  le 
Lazarille,  aux  armes  de  DeThou,  ainsi  que  les  Œuvres  de  La  Boé'lie, 
les  Essais  de  Montaigne ,  édition  de  1595,  aux  armes  de  Sullj.  Le 
Plutarque  de  Vascosan  est  là  représenté  par  le  plus  bel  exemplaire 
connu,  relié  en  maroquin  bleu  doublé  de  maroquin  citron  par  Padeloup  ; 
enfin  des  Maïoli ,  des  Canevarius,  etc . .  . . 

Le  grand  siècle,  c'est  dire  le  XVIF,  est  éblouissant  par  l'exquisité 
de  ses  reliures  et  la  variété  autant  que  l'intérêt  des  provenances.  Voici 
le  Molière  de  la  rarissime  édition  de  1673,  exemplaire  du  grand  Colbert, 


LE    MIRE.  623 

personnel  du  talent  de  Le  Mire  ;  il  est  un  des  rares 
artistes  dont  les  productions  ont  un  cachet  individuel 

à  côté  de  l'Eseole  des  femmes ,  édition  originale  aux  armes  d'Anne 
d'Autriche;  le  Racine  de  Madame  de  Chamillart  ;  Esther  et  Athalie  , 
in-12 ,  reliées  ensemble  aux  armes  du  maréchal  de  Montmorency-Lu- 
xembourg ;  une  autre  Esther  in-12 ,  exemplaire  de  Madame  de  Main- 
tenon;  Athalie,  in-4,  aux  armes  de  la  marquise  de  Caylus,  née  de  Vil- 
lette,  élève  favorite  de  la  directrice  de  Saint-Cyr,  qui  la  chargea  d'un 
rôle  dans  la  représentation  de  la  pièce  devant  Louis  XIV.  —  Des  livres 
aux  chiffres  de  Louis  XIII  dans  ces  belles  reliures  à  compartiments  si 
estimées  des  amateurs  ;  le  Livre  de  Prières  d'Anne  d'Autriche,  avec 
miniatures  et  pages  découpées  en  guipures,  dans  une  curieuse  reliure 
à  son  monogramme  ;  un  Balzac  aux  mêmes  armes  ;  le  Voiture  et  les 
Mémoires  de  Rabutin ,  exemplaires  du  prince  Eugène  de  Savoie  ; 
VHistoire  de  saint  Louis  et  des  Homélies  couvertes  de  dorure ,  pour 
le  Président  Séguier  ;  les  Mondes  de  Fontenelle ,  avec  la  levrette  de 
Madame  de  Chamillart  ;  les  Lettres  du  Cardinal  d'Ossat ,  aux  armes 
du  cardinal  Aldobrandini  ;  le  Temple  des  Muses  de  1655,  en  maroquin 
doublé,  exemplaire  de  Hohendorf;  V Imitation  de  Jésus-Christ  de  Hen- 
riette de  France  ;  une  autre  Imitation ,  celle-ci  de  l'abbé  de  Choisy, 
avec  la  figure  Audi  filia  ,  au  lion  des  d'Aubigné,  ce  qui  veut  dire  que 
c'est  à  la  vue  de  cet  exemplaire  même  que  Madame  de  Maintenon 
ordonna  la  suppression  de  la  vignette  qui  la  représentait.  Cette  vignette 
est  un  des  oiseaux  rares  de  la  bibliophilie  ! 

De  la  belle  bibliothèque  du  comte  d'Hoym  ,  de  nombreuses  épaves  : 
un  Virgile,  son  Pétrone,  son  Marol  de  HOO,  ses  Mémoires  de  Du  Bellay 
et  l'édition  originale  des  Amours  de  Psyché  par  La  Fontaine. 

Dans  les  Bossuet ,  les  Divers  écrits  à  la  croix  de  Saint-Cyr,  les 
Etats  d'oraison  du  duc  de  La  Vieuville ,  \  Histoire  Universelle  de 
Marie-Thérèse  d'Autriche,  VHistoire  des  Variations  du  ducdeLuynes, 
le  Traité  de  la  Communion  du  prince  de  Condé ,  et  des  exemplaires 
de  l'évêque  de  Meaux  lui-même,  marqués  de  ses  trois  roues  ;  la  Confé' 
rence  avec  Mr  Claude  et  les  Réponses  à  farchevêque  de  Cambray. 
Un  autre  exemplaire  de  VHistoire  Universelle  est  aux  armes  de  la 
Duchesse  de  Bourgogne. 

C'est  d'ailleurs  une  des  plus  riches  séries  que  celle  des  livres  de 
piété ,  et  près  des  volumes  ornés  des  masses  d'armes  des  Gondy,  qui 
ont  appartenu  à  la  duchesse  de  Lesdiguières  ,  brillent  d'un  éclat  sans 
pareil  les  Sermons  et  les  Homélies  de  saint  Jean  Chrysostàme,  quatre 
volumes  couverts  d'une  reliure  en  mosaïque  de  couleur,  dorée  à  petits 


624         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

qui  peut  se  reconnaître  au  premier  coup  d'œil  ;  il 
excelle  à  rendre  le  nu,  sa  qualité  maîtresse  est  le  bril- 

fers  par  Le  Gascon ,  et  qui  est  un  vrai  chef-d'œuvre.  Il  faut  encore 
mentionner  le  Missel  du  Cardinal  de  Richelieu  ,  écrit  par  Nicolas 
Jarry  et  relié  à  ses  armes  ,  et  provenant  du  même  homme  d'Etat , 
l'intéressant  exemplaire  des  Sentiments  de  VAcadémie  française  sur 
la  tragédie  du  Cid. 

Arrachons-nous  aux  reliures  anciennes,  car  il  faudrait  tout  citer  et 
établir  un  vrai  catalogue ,  pour  dire  un  mol  de  l'extraordinaire  corps 
de  hibliothèque  rempli  de  deux  mille  volumes  ,  reliés  par  le  célèbre 
Trautz-Bauzonnet  avec  cette  solidité  ,  ce  bon  goût ,  ce  gras  dans  la 
dorure  qui  en  font  le  digne  descendant  des  Le  Gascon ,  des  Boyet  et 
des  Padeloup. 

C'est  là  que  se  trouve  la  plus  extraordinaire  réunion  de  plaquettes 
rarissimes  sur  l'histoire  de  France.  Nous  n'en  citerons  qu'une ,  le  seul 
exemplaire  connu  de  V Entrée  de  Charles  VIII  ;  là  aussi  que  sont  rangés 
eu  bon  ordre  tous  les  poètes  les  plus  rares,  les  séries  des  chansonniers, 
des  mystères ,  les  pièces  de  Corneille  ,  Molière  et  Racine  en  éditions 
originales;  les  conteurs,  parmi  lesquels  les  Cent  Nouvelles  nouvelles, 
première  édition  de  Vérard,  et  la  première  édition  des  Amants  fortwiés  ; 
romans  de  chevalerie  ,  livres  sur  l'Amérique  ,  sur  la  dentelle  ,  sur  la 
chasse,  livres  à  figures  du  XVP  siècle,  éditions  originales  de  tous  les 
grands  classiques,  tout  s'y  trouve  en  exemplaires  de  choix  et  dans  les 
reliures  du  grand  artiste. 

Enfin  ,  pour  terminer  cette  notice  bien  longue  et  cependant  trop 
courte,  disons  qu'il  se  trouve  encore  chez  M.  de  Lignerolles  trois  volumes 
précieux  à  différents  titres  : 

Une  Semaine-Sainte  à  riche  reliure  ,  ofièrte  à  la  princesse  de  Lam- 
balle  pour  le  jour  de  sa  fête  par  la  famille  royale,  avec  des  autographes 
de  Louis  XVI,  de  Marie -Antoinette  et  de  leur  fille  la  duchesse 
d'Angoulême  ; 

Un  exemplaire  unique  des  Oraisons  funèbres  de  Bossuet ,  offert  par 
les  typographes  à  leur  avocat  Berryer  en  1863  ; 

Et  un  livre  inestimable  et  précieux  entre  tous  dans  sa  modeste  reliure 
en  vélin  ,  les  Essais  de  Montaigne  de  1588  ,  exemplaire  adressé  par 
l'auteur  au  jurisconsulte  Antoine  Loysel ,  avec  un  touchant  envoi  écrit 
de  la  main  du  grand  philosophe  peu  de  temps  avant  sa  mort. 

Honneur  au  bibliophile  éminent  autant  que  modeste  qui  a  su  réunir 
d'aussi  précieux  souvenirs  du  passé,  et  qui  a  voulu  leur  consacrer  son 
existence. 


LE    MIRE.  62B 

lant.  Aucun  graveur  de  vignettes  ne  l'a  égalé  sous  ce 
rapport  ;  les  belles  épreuves  de  Le  Mire  sont  à  la  fois 
veloutées,  fondues  et  lumineuses. 

Après  le  Temple  de  Gnide,  Le  Mire,  qui  n'a  guère 
gravé  jusqu'alors  que  d'après  Gravelot  et  Eisen ,  de- 
vient le  traducteur  de  Moreau.  Presque  toutes  les  pro- 
ductions qui  portent  les  noms  réunis  de  Moreau  et  de 
Le  Mire  sont  des  chefs-d'œuvre  :  nous  citerons  la  plus 
belle  des  gravures  du  Rousseau  in-4  ,  le  Premier 
baiser  de  V amour,  qui  représente  Julie  s'élançant  dans 
les  bras  de  St-Preux  ;  dans  le  même  ouvrage,  V Ino- 
culation de  l'amour,  Pygmalion ,  figure  qui  existe 
découverte  ;  les  vignettes  des  Conversations  d'Emilie 
in-8 ,  de  Shakespeare  in-8  ;  surtout  les  magnifiques 
portraits  allégoriques  de  Louis  XVI  et  Marie-Antoi- 
nette in-4,  ainsi  que  le  petit  médaillon  àe  Marie- 
Antoinette  soutenu  par  des  amours  ;  celui  de  La  Fon- 
taine pour  les  Fables  en  vers  gascons,  et  enfin  la 
fameuse  allégorie  sur  le  partage  de  la  Pologne,  le 
Gâteau  des  Rois,  pièce  interdite  par  la  censure  ,  bien 
que  par  amitié  M.  de  Sartines  ait  laissé  à  Le  Mire  un 
répit  de  vingt-quatre  heures  pour  en  faire  tirer  des 
épreuves. 

D'après  Cochin  ,  on  a  de  lui  le  frontispice  et  l'une 
des  six  figures  du  Télémaque  gravé,  dont  la  publication 
ne  fut  jamais  achevée.  Naturellement  c'est  la  plus 
voluptueuse ,  Téléinaque  dans  le  temple  de  Venus 
à  Cythère.  Elle  est  fort  jolie  surtout  en  eau-forte  ; 
Romanet  l'a  terminée. 

Les  eaux-fortes  de  Le  Mire  méritent  d'ailleurs  d'être 
recherchées  entre  toutes  pour  leur  inexprimable  dou- 
ceur qui  n'exclut  pas  l'éclat.  Le  Mire  tirait  aussi  des 


626         LES   GRAVEURS   DU    XVIII>'   SIECLE. 

épreuves  très  avancées ,  avant  de  procéder  aux  der- 
niers travaux. 

Le  Mire  a  gravé  quelques  petits  portraits  très  re- 
marquables comme  finesse,  Joseph  II,  Miroménil,  etc. 

Sur  la  fin  de  sa  vie ,  ruiné  par  la  Révolution ,  il 
continua  à  graver  quelques  vignettes,  pour  le  Rousseau 
in-4  de  Gochin  et  Monsiau,  Gessner,  Hèloïse  et  Ahai- 
lard  de  Moreau,  les  Amours  de  Faublas  de  1794,  les 
Liaisons  dangereuses ,  Arsace  et  Ismènie,  etc.  Le 
graveur  du  Temple  de  Gnide  d'Eisen,  exécuta  même 
en  1796  une  vignette  d'après  Peyron  pour  le  Temple 
de  Gnide  :  la  Vision  du  fils  d' Antiloque.  Hélas , 
quantum,  tnutatus ,  dessin  et  gravure ,  que  cela  est 
donc  laid  ! 

Son  œuvre  se  termine  en  1799  par  ce  sujet  bien 
rebattu ,  le  Gouverneur  du  Sérail  choisissant  les 
feîïimes  ,  d'après  Taraval.  La  planche  est  médiocre , 
mais  Le  Mire  n'eut  pas,  du  reste,  la  prétention  de  se 
hausser  jusqu'à  l'estampe. 

Le  Mire  mourut  à  Paris  le  21  mai\s  1801,  rue  de  la 
Harpe.  11  était  membre  de  l'Académie  Impériaile  et 
Royale  des  Arts  de  Vienne  (1768),  de  l'Académie  de 
Rouen  (1769)  et  de  celle  de  LiUe  (1783). 

Généreux  et  bon,  il  aimait  à  encourager  le  débuts 
des  jeunes  artistes,  et  ce  n'est  point  de  sa  faute  si 
aucun  de  ses  élèves  n'est  arrivé  à  la  réputation.  Mais 
il  était  susceptible  et  peu  d'humeur  à  supporter  les 
observations.  Un  jour ,  c'était  en  1759 ,  Eisen  lui 
ayant  signalé  quelque  défaut  dans  une  planche  qu'il 
lui  avait  donnée  à  graver.  Le  Mire  se  mit  dans  une 
colère  furieuse,  se  répandit  en  invectives  contre  le 
dessinateur,  le  traita  de  j....  f....  et  lui  dit  que  si  ce 


LE   MIRE.  627 

n'était  par  égard  pour  sa  femme  et  ses  enfants ,  il  lui 
passerait  son  épée  au  travers  du  corps  ;  et  Eisen 
épouvanté,  de  s'enfuir  et  d  aller  porter  plainte  au  com- 
missaire du  Châtelet ,  comme  quoi  Le  Mire  lui  avait 
fait  courir  risque  de  la  vie  ! 

Le  Veau  était  son  élève  favori  ;  Le  Mire  s'est  fait 
aider  par  lui  dans  beaucoup  de  travaux. 

Antoine-Louis  Le  Mire,  frère  cadet  et  élève  de  Noël, 
montrait  des  dispositions  heureuses  pour  la  gravure  , 
mais,  entraîné  par  un  tempérament  ardent  il  se  livra 
à  de  tels  excès  de  jeunesse  que  sa  constitution  ,  bien 
que  robuste  ,  ne  put  résister  ;  il  mourut  jeune  à  Paris 
entre  les  bras  de  son  frère. 

Louis  Le  Mire  a  donc  laissé  fort  peu  de  chose,  une 
Parade  exécutée  par  des  singes  ,  in-4,  L.  A.  Le  Mire 
inv.  sculp.;  une  estampe  d'après  VanDer  Meer,  Temps 
•roid  et  neigeux ,  et  des  planches  pour  les  Fables  de 
la  Fontaine,  d'après  Oudry  :  la  Mort  et  le  Mourant, 
les  Deux  amis,  le  Singe  et  le  Chat,  Tircis  et  Amarante, 
le  Singe  et  le  Léopard. 

Cette  dernière  vignette  est  bien  connue  des  bibUo- 
philes  ;  elle  sert  à  distinguer  le  premier  tu^age  du  livre 
lorsque  l'enseigne  de  la  baraque  ne  porte  pas  encore 
ces  mots  :  le  Léopard. 

11  existe  un  excellent  catalogue  raisonné  de  l'œuvre 
de  Noël  Le  Mire.  Ce  travail,  fort  intéressant  et  très 
complet,  est  dû  à  M.  Jules  Hédou  ,  de  Rouen  K 

1  Noël  Le  Mire  et  son  œuvre ,  suivi  de  l'Œuvre  gravé  de  Louis 
Le  Mire,  par  M.  Jules  Hédou.  Paris,  Baur,  1875,  1  voLia-8.  Portrait 
à  l'eau-forte  par  Gilbert. 


628         LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 


ESTAMPES. 

1 .  Le  Berger,  —  la  Bergère,  2  p.  d'après  Berghem;  in-4  en  largeur 

2.  La  Curiosité,  d'après  Brakenburg  ;  in-fol. 

3.  La  Grande  Rade  hollandaise  ,  nSS.  —  Vue  du  Bassin  et  de  la  Ville 

de  Bruges,  1*759,  2  p.  d'après  Minderhout  ;  in-fol.  en  largeur. 

Le  titre  et  la  dédicace  de  la  seconde  estampe  sont  signés  M""*  Lemire  scrip. 
Cette  demoiselle  Le  Mire  ne  peut  être  qu'une  sœur  du  graveur,  suivant 
M.Hédou. 

4.  L'Étang  du  Château  de  Téniers,  d'après  Téniers,  l'748  ;  in-4. 

a  Ce  morceau ,  gravé  par  Le  Mire  à  24  ans ,  promettait  déjà  tout  ce  que  ce 
■>  talent  aimable  a  tenu  depuis.  On  y  trouve  quelques  parties  un  peu  faibles, 
»  en  somme  la  planche  est  fort  estimable.  »  (Hédou.) 

5.  Les  Nouvellistes  flamans,  pendant  du  précédent. 

6.  Latone  vengée,  d'après  Téniers,  l'754  ;  in-fol.  en  largeur. 

T.  Mort  de  Cléopâtre,  d'après  Le  Guide.  — Visitation  de  la  Vierge  , 
d'après  Morandini.  —  Statues  antiques  (Psyché  et  l'Amour, 
Ganymède  et  Esculape)  ,2  p.  —  Pierre  gravée  antique.  {Galerie 
de  Florence.) 

8.  La  Vierge,  d'après  Le  Parmesan.  {Galerie  de  Dresde.) 

y.  La  Mort  de  Lucrèce,  d'après  André  del  Sarte.  —  Jupiter  et  Danaé, 
d'après  A.  Carrache.  —  La  Décollation  de  St  Jean-Baptiste , 
d'après  Le  Guide.  —  Offrande  à  Vénus,  d'après  Netscher.  {Galerie 
du  Palais-Royal.  ) 

10.  Planches  pour  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non. 

La  Madone  du  Rosaire.  —  Nativité  de  la  Vierge.  —  La  Marchande  d'amours 
d'Herculanum.  —  Bacchante.  —  Statues  équestres  des  Consuls  M.  N.  Balbus 
père  et  fils. 

11.  L'Annonciation.  —  Solimène  inv.  et  pinx. —  Gravé  par  N.  Le  Mire 

en  1793  ;  grand  in-4  en  largeur. 


12.   La  Pupille,  d'après  Descamps;  in-fol. 


LE   MIRE.  629 

13.  Les  Vivandières,  —  Les  Négotians  du  levant,  —  Le  François  à  la 

découverte ,  —  Le  Matelot  hollandais ,  —  La  Promenade ,   — 
L'Heureuse  rencontre,  6  p.  d'après  Eisen  ;  in-4  en  largeur. 
Rare.  Mauvaise  exécution. 

14.  La.  Crainte,  d'après  Le  Prince  ;  in-fol.  en  largeur. 

Morceau  de  réception  du  graveur  à  l'Académie  de  Lille. 

15.  LE   GATEAU   DES   ROIS.    The  troelfth  cake .  Allégorie  sur  le 

partage  de  la  Pologne,  dessinée  par  Moreau  el  gravée  par  Le  Mire, 
qui  a  signé  de  l'anagramme  Erimeln. 

Sur  cette  estampe  sont  représentés  Frédéric  II ,  Catherine  II ,  Joseph  II , 
découpant  la  carte  de  la  Pologne ,  en  présence  du  roi  Stanislas  Poniatowski 
qui  perd  sa  couronne. 

États  d'essai  à  l'eau-forte  et  terminé  avant  la  lettre.  État  avant  la  signature 
Erimeln. 

16.  Le  Gouverneur  du  sérail  choisissant  les  femmes, 

d'après  Taraval.  —  Gravé  par  N.  Le  Mire  ,  ci-dev^-  de  plusieurs 

Académies;  in-fol. 

Cette  estampe,  «  sur  le  sujet  le  plus  vieiUi  »,  fut  exposée  au  Salon  de  1799. 

n.  Plafond  de  la  salle  de  spectacle  de  Bordeaux  ,  d'après  Robin  ;  grand 
in-fol.  rond. 

18.  Arc-de-triomphe  de  Titus  ,  —  Vue  du  mont  Vésuve  tel  qu'il  était 
en  nsT,  —  Vue  d'un  temple  de  Vénus  dans  l'île  de  Nisida  ,  3  p. 
d'après  Lacroix, 


PORTRAITS. 

19.  Bernis  (le  Cardinal  de) ,  d'après  Callet ,  an  II  ;  petit  ovale  pour 

être  placé  sur  un  titre  de  livre. 
Les  premières  épreuves  sont  tirées  hors  texte. 

20.  Boccace.   —  Un  petit  buste  de  Boccace  se  trouve  sur  le  titre  du 

premier  volume  du  Décaméron  de  l'75'7,  dessiné  par  Gravelot. 

L'eau-forte  pure  porte  la  signature  de  Le  Mire,  à  la  pointe. 

ler  état  :  Le  titre  en  italien  ,  la  signature  de  Le  Mire  comme  graveur. 

ii®  état  :  Le  titre  en  français,  la  signature  d'.\liaraet. 

>i    G^;therine  II ,  Frédéric  II ,  Joseph  II  et  Stanislas  II  (voyez  n°  15, 
le  Gâteau  des  Rois). 
II.  41 


630         LES   GRAVEURS   DU    XVIII'^^    SIECLE. 

21.  CLAIRON    (MeUe)^    composition  allégorique  d'après  Gravelot, 

grand  in-8  ,  avec  encadrement  orné  ;  iTôS.  —  On  lit  à  la  partie 
supérieure  du  cadre  :  Prophétie  accomplie ,  et  dans  le  bas  ces 
quatre  vers  de  Garrick  : 

J'ai  prédit  que  Clairon  illuslreroil  la  scène 
Et  mon  espoir  n'a  point  été  déçu  : 
Elle  a  couronné  Melpomène , 
Melpomène  lui  rend  ce  qu'elle  en  a  reçu. 
Gabrick. 

«  Jolie  p'èce ,  dit  M.  Hédou  ,  dans  laquelle  on  ne  sait  qui  l'emporte  en  esprit 
»  de  Gravelot  ou  de  Le  Mire,  et  certes  l'un  et  l'autre  étaient  loin  d'en  manquer. 
»  La  pose  de  la  Muse  est  pleine  de  dignité  ,  et  Clairon  est  bien  toute  entière  à 
»  Apollon.  Quant  au  burin ,  le  graveur  l'a  conduit  avec  une  adresse  et  un 
»  charme  tout  particuliers.  » 

On  signale  un  état  avant  la  lettre. 

22.  Daviel  ,  chirurgien  du  Roi ,  oculiste.  —  Audaces  fortuna  juvat. 

—  Composition  allégorique  d'après  F.  de  Voge,  1760  ;  in-4. 

Cette  allégorie  se  rapporte  à  l'opération  de  la  cataracte  par  extraction  du 
cristallin  ,  méthode  créée  par  Daviel. 

Hé  quoi!  des  mains  intelligentes 
Dirigent  un  trait  acéré 
Dans  ces  tuniques  transparentes 
Dont  l'œil  fragile  est  entouré.. . 

Le  principal  défaut  des  allégories  est  d'être  incompréhensibles.  Aussi  on  ne 
manquait  pas  de  joindre  aux  compositions  de  l'espèce  une  longue  explication 
imprimée ,  dans  laquelle  le  dessinateur  expliquait  ce  qu'il  avait  voulu  faire. 
L'explicalion  de  la  planche  qui  nous  occupe  est  un  modèle  du  genre.  On  la 
trouvera  reproduite  in  extenso  dans  l'ouvrage  de  M.  Hédou. 

23.  Frédéric   II,    roi   de   Prusse,    profil   dans  une   médaille.   — 

N.  Le  Mire  del.  et  sculp.;  in-B. 

Le  dessin  des  ornements  ,  consistant  en  drapeaux  ,  timbales  ,  lyre  et  canons , 
est  attribué  à  Moreau  le  Jeune. 

24.  GausSIN  (Mademoiselle),  jouant  le  rôle  de  Constance  abandonnée 

dans  une  île  déserte  {l'Ile  déserte,  tragi-comédie  par  Collet,  Paris, 
1158),  d'après  Cochin  ;  in-8. 

Quand  tu  nous  peins  l'horreur  de  ton  destin  affreux, 
Gaussin  ,  gui  ne  ressent  comme  toy  les  disgrâces  ! 
Mais  à  tort  tu  te  plains  d'être  seule  en  ces  lieux 
Car  près  de  toy  toujours  on  appercoit  les  Grâces 

État  d'essai ,  à  l'eau-forle  ,  avant  les  inscriptions  sur  le  rocher.  (Collection 
Béraldi.) 


LE   MIRE.  63< 

25.  GriMàLDI  (Louis-André  de),  des  Princes  de  Monaco,  évêque  du 

Mans,  de  profil  à  gauche.  —  Dessiné  et  gravé  par  Le  Mire  ;  in-4. 
Fine  exécution. 
Etat  d'essai  avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

26.  Jeanne   d'Arc,    d'après   un   ancien  tableau   de  l'hôtel-de-ville 

d'Orléans;  in-8. 

1"'  état  :  Avec  la  légende  :  La  France  n'a  point  vu  de  cœur  plus  magnanime. . . 
etc.  —  Rare.  (Hédou ,  30). 

2'  état  :  La  planche  retouchée  et  un  peu  diminuée  de  format.  La  pointe  de 
l'épée  de  Jeanne  d'Arc  touche  le  trait  carré.  Un  écusson  sur  le  socle.  Dédicace 
à  M.  de  Cypierre.  (H.  29), 

21.  Joseph  II ,  Empereur  le  18  aoust  1765,  né  à  Vienne  le  13  mars 
1741.  —  Profil  de  la  dimension  d'une  bague,  dans  un  petit  enca- 
drement orné.  —  Dessiné  et  gravé  par  N.  Le  Mire,  17*72  ;  in-12. 
Le  motif  d'ornementation  est  de  Moreau  le  Jeune. 

28.  La  Fayette  (M.  le  Marquis  de  ) ,   en  pied;  près  de  lui  un  nègre 

tenant  la  bride  de  sou  cheval;  d'après  Le  Paon.  —  Liberté. 
Conclusion  de  la  campagne  de  1781  en  Virginie.  —  Dédié  au 
Général  "Washington;  in-fol. 

Pendant  du  portrait  de  Washington  dédié  à  La  Fayette.  M.  Hédou  le  signale 
avant  la  lettre. 

On  remarquera  que  Le  Mire  s'est  montré  inférieur  à  lui-même  dans  les  pièces 
de  grandes  dimensions. 

29.  LA   FONTAINE,    portrait  allégorique  d'après  Moreau  le  Jeune  , 

servant  de  frontispice  aux  Fables  causides  de  La  Fontaine  en 
bers  gascouns,  Bayonne,  1776  ;  in-8. 

L'eau-forte  pure  de  cette  jolie  pièce  a  figuré  à  la  vente  Sieurin. 
Une  eau-forte  plus  avancée,  dans  la  collection  de  M.  E.  PaUlet. 
Une  épreuve  avant  les  signatures  des  tirtistes  autour  de  l'ovale  et  sous  le 
trait  carré ,  dans  la  collection  de  MM.  Béraldi. 

»    Laure  (voyez  n°  48). 

30.  Louis  XV,  médaillon  contenu  dans  un  petit  titre  allégorique  de 

VAlmanach  pour  la  ville  de  Rouen,  présente  à  M. de  Luxembourg, 
gouverneur  de  Normandie ,  pour  1755.  D'après  Eisen;  in-12 
(Hédou ,  59). 

31.  Louis  XV,  vignette.  —  Le  portrait  du  roi  est  sur  un  médaillon 

appliqué  sur  une  colonne  élevée  au  milieu  d'un  cadran  ;  un  jeune 
homme  et  une  jeune  femme  sont  au  pied  de  cette  colonne.  — 
H.  Gravelot  inv.,  N.  Le  Mire  sculp.,  1758;  in-8  (H.  388). 


632         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

32.  Louis  XV  (Ludovico  XV,  Patri  Patrice) ,  médaille  avec  profil  du 

roi ,  gravée  par  Le  ilire,  et  insérée  dans  un  en-tète  de  page  pour 
livre  in-foHo  composé  par  Boucher  et  gravé  par  Cochin  père. 

Le  portrait  du  roi ,  très  délicatement  gravé  et  signé  iV.  Le  Mire  del  ij&f ,  ne  se 
trouve  que  dans  le  second  état  de  la  planche ,  où  il  remplace  un  cartouche 
d'armoiries  (voyez  catalogue  de  Cochin  père,  n"  19).  —  Rare  (H.  54). 

33.  Louis  XV,  de  profil  à  gauche ,  sur  un  petit  médaillon  attaché  par 

un  nœud  de  rubans  à  la  partie  supérieure  d'un  encadrement. 
Dans  le  bas  du  médaillon ,  la  signature  N.  Le  Mire  sculp. 

34.  Louis  XV,  vignette  tii'ée  de  VAlmanach  iconologique  de  Gravelot 

pour  1765 ,  intitulée  Sculpture ,  et  signée  Baquoy ,  avec  cette 
mention  :  la  Tête  du  Roi  est  gravée  par  N-  Le  Mire  (H.  55). 

1"'  état  :  Avant  la  lettre.  Rare. 

35.  Louis  XV.  —  Six  pièces  représentant  diverses  statues  du  roi, 

avec  les  plans  de  ces  monuments  ;  in-fol .  (  Monuments  érigés  à 
la  gloire  de  Louis  XV,  par  Patte,  1*765.) 

1.  Statue  équestre  de  Louis  XV  à  Paris,  composée  et  exécutée  en  bronze  par 
M.  Bouchardon.  Planche  F*.  Dessiné  par  Marvie.  —  Sur  le  piédestal  on  lit  : 
Dessiné  et  gravé  par  N.  Le  Mire  1764  (Hédou,  420). 

2.  Statue  de  Louis  XV  à  Bordeaux ,  inventée  et  exécutée  en  bronze  par 
M.  Lemoine.  PI.  XIV  (H.  417). 

3.  Statue  de  Louis  XV  à  Valenciennes  ,  composée  et  exécutée  par  M.  Saly. 
PI.  XVII.  Dessiné  par  Marvie.  Gravé  par  N.  Le  Mire  (H.  415). 

4.  Statue  de  Louis  XV  à  Rennes ,  composée  et  exécutée  en  bronze  par 
M.  Lemoine.  PI.  XX  {H.  416). 

5.  Statue  de  Louis  XV  à  Nanci ,  composée  et  exécutée  en  bronze  par 
M.  Guibal.  PI.  XXIII  (H.  418). 

6.  Statue  de  Louis  XV  à  Rouen.  PI.  XXXIII.  Le  Carpentier  invenit  (H.  419). 
Dans  toutes  ces  planches,  la  tête  du  roi  a  été  gravée  avec  un  soin  extrême. 
Nous  ne  connaissons  ,  comme  épreuve  de  remarque ,  que  l'eau-forte  de  la 

statue  de  Louis  XV  à  Paris ,  par  Bouchardon. 

36.  LOUIS   XV,   LE   BIEN-AIMÉ,    profil  dans  un  médaillon  ovale 

appliqué  dans  un  cadre  orné  ,  avec  boule  fleurdelysée  ,  casque , 
palmes  ,  collier  du  Saint-Esprit ,  et  deux  amours  tenant  une  épée 
et  une  massue.  —  Signé  N.  Le  Mire  sculp.  et  del.;  in-8  (H.  33). 

C'est  un  des  meilleurs  portraits  de  l'œuvre  de  Le  Mire. 
Les  premières  épreuves  sont  avant  la  signature  du  graveur  et  l'inscription  : 
Gravé  par  N.  Le  Mire,  etc.,  dans  la  marge  inférieure.  —  Rare. 


LE   MIRE.  633 

87.  Louis  .XV  et  Henri  IV,  deux  portraits  de  la  grandeur  d'un 
chaton  de  bague  ,  dans  des  encadrements  ornés ,  formant  pendant 
sur  la  même  planche.  —  N.  Le  Mire  scu.  1769  ;  in-12  en  largeur 

État  d'essai  :  les  portraits  seuls  sans  l'encadrement. 

Les  premières  épreuves  terminées  sont  celles  qui  portent  dans  la  marge  infé- 
rieure l'inscription  :  Gravé  par  Le  Mire,  etc.,  qui  a  été  effacée  ensuite. 

38.  Louis  XVI ,  auquel  on  présente  le  portrait  de  Henri  IV.  —  Com- 

position allégorique  de  Gochin ,  servant  de  frontispice  au  Télé- 
maque  gravé  de  Drouet,  lllô  ;  in-8  (H.  405). 

Nous  en  avons  vu  une  épreuve  d'eau-forte  avancée  chez  M.  Lefllleul,  libraire, 
l'i'' état:  Avant  la  lettre.  Il  faut  l'avoir  avec  la  signature  des  artistes,  snr 
papier  vergé.  Les  épreuves  sans  la  signature  des  artistes  ,  sur  papier  vélin  , 
nous  paraissent  de  mauvais  aloi. 
2^  état  :  Avec  la  légende  : 

Allez ,  vous  êtes  maintenant 
Digne  de  marcher  sur  ses  pas. 

Cette  composition  a  été  copiée  in-fol. 

39.  LOUIS  XVI,    Ludovicus  Decimus  Sextus  Francorum  Rex.  — 

D'après  Duplessis  ;  in-4,  orné  des  armes  de  France  (H.  36). 
État  d'essai  avant  toute  lettre,  tablette  blanche. 

40.  LOUIS  SEIZE,  Roi  de  France  et  de  Navarre,  d'après  Duplessis  ; 

in-8,  orné  des  armes  de  France  (H.  37). 

Une  des  meilleures  pièces  de  l'œuvre. 

Existe  avant  la  lettre  ,  très  rare,  et  avant  l'inscription  :  Peint  par  J.  Ph.  Du- 
plessis, etc.,  dans  la  marge  inférieure. 

M.  Hédou  signale  de  ce  portrait  une  copie  allemande  signée  Nach  Le  Mire. 

41 .  Louis  XVI ,  coiffé  du  bonnet  rouge  ;  in-8. 

Cette  pièce  est  décrite  par  M.  Hédou  sous  le  n"  38.  Elle  est  assez  grossière- 
ment gravée  à  l'eau-forte  et  a  pour  légende  :  Bonnet  des  Jacobins  donné  au  Roi  le 
2o  Juin  7792.  —  Mareau  deltneavit ,  Le  Mire  sculpsit.  —  Le  bonnet  est  colorié. 
Rarissime. 

Nous  ne  voyons  pas  de  raison  pour  attribuer  ce  dessin  à  Moreau  ,  sous  le 
prétexte  que  cette  pièce  est  signée  Mareau. 

42.  LOUIS   XVI,    médaillon  dans  une  composition  allégorique.  — 

Au  Roi.  Le  Portrait  de  Sa  Majesté'  est  soutenu  par  la  Justice , 
la  Sagesse  et  r Abondance  soulagent  ses  Peuples  par  leurs  bien- 
faits,  et  la  Vérité',  délivrée  du  joug  de  la  fourberie  et  du  men- 
songe, réclame  ses  droits.  —  Dessiné  par  J.  M.  Moreau  le  Jeune, 
gravé  par  N.  Le  Mire ,  graveur  de  LL.  Majestés  Impies,  et  Ries. 
1774;  in-fol. 


634         LES   GRAVEURS   DU    XYIIV    SIECLE. 

43.  MARIE-ANTOINETTE,    médaillon  dans  une  composition  allé- 

gorique. —  A  LA  Reine.  Le  Portrait  de  Sa  Majesté  est  soutenu 
par  la  Bonté  et  par  la  Tendresse ,  les  Grâces  l'ornent  de  fleurs. 
Au  bas  est  la  France  qui  lui  présente  ses  Enfants.  La  Poésie  et 
la  Peinture  s'empressent  d'immortaliser  ses  vertus.  —  Pendant 
de  la  pièce  précédente. 

Chefs-d'œuvre  de  composition  et  de  gravure. 
Les  eaux-fortes  des  deux  pièces  dans  la  collection  de  MM.  Béraldi. 
M.  Mahérault  signale  une  épreuve  de  la  seconde  allégorie  avant  la  lettre ,  et 
un  état  des  deux  pièces  avant  l'adresse  de  Petit. 

44.  MARIE-ANTOINETTE  ,  profil  à  droite  dans  un  petit  médaillon 

posé  sur  un  nuage,  et  que  deux  amours  enguirlandent  de  roses  ;  à 
claire-voie.  —  Le  médaillon  est  signé  à  la  pointe  N.  Le  Mire  del. 
et  sculp.  1775.  —  On  lit,  sous  le  nuage,  les  signatures  de 
Moreau  et  de  Le  Mire. 

Très  jolie  pièce  des  plus  estimées.  Rare.  599  fr.  vente  Sieurin  ,  1819. 

Etat  d'essai  avant  les  signatures  des  artistes. 

»  Une  des  plumes  de  la  coiffure  de  Marie-Antoinette  sort  du  médaillon.  Si 
»  Moreau  avait  dessiné  la  tête  de  la  reine  ,  U  n'aurait  pas  fait  cette  sottise.  » 
(Mahérault). 

45.  MIROMÉNIL  (Hue  de),  composition  allégorique  en  forme  de  tête 

de  page  pour  un  in-folio.  —  N.  Le  Mire  sculp.  ms  ;  in-4  en 
largeur. 

Le  portrait  de  MiroménU  est  dans  un  médaillon  appliqué  à  un  obélisque.  Le 
génie  de  la  Normandie  est  à  droite,  la  Normandie  à  gauche,  tenant  un  livre  sur 
lequel  on  lit  :  Lois  de  Normandie.  Au  fond  ,  la  ville  de  Rouen. 

Cette  pièce  est  remarquable  par  sa  grâce  et  sa  finesse.  On  en  attribue  généra- 
lement l'invention  à  Moreau. 

1*'  état:  Avant  les  mots  Lois  de  Normandie  sur  le  livre. 

M.  Hédou  signale  1  existence  d'une  explication  de  cette  allégorie  dans  une 
planche  gravée  par  Bacheley  et  représentant  un  encadrement  composé  des 
produits  de  la  Normandie  et  portant  les  armes  de  MiroménU. 

46.  Montesquieu.  Tête  de  page  pour  un  livre  in-4.  —  De  Sève 

inv.,  N.  Le  Mire  sculp.  1151. 

Le  profil  de  Montesquieu  est  à  gauche ,  sur  la  face  d'une  médaille  dont  le 
revers  représente  la  Justice  debout ,  et  la  Vérité  (?)  assise  sur  un  nuage.  — 
Très  rare. 

État  d'eau-forte. 

47.  MONTESQUIEU   (  Charles-Secondat  de).   Médaillon  dessiné  et 


LE    MIRE.  635 

gravé  par  Le  Mire,  dans  une  composition  allégorique  dessinée  par 
Eisen  et  gravée  par  Le  Mire,  mi. 

C'est  le  frontispice  du  Temple  de  Qnide  (voyez  plus  loin  n"  115). 

Sur  l'eau-forte ,  la  figure  de  la  Nature  ,  qui  tient  une  lyre  ,  à  gauche  du  mé- 
daillon ,  est  découverte.  Cette  remarque  subsiste  sur  les  premières  épreuves 
terminées. 

lor  état  :  Avant  l'inscription  Dessiné  par  Eisen ,  etc.,  sur  la  marge  inférieure. 

48.  Pétrarque,  —  Laure,  2  p.  ovales  de  très  petite  dimension  ,  dans  un 

encadrement  {Voyages  en  France,  Paris,  Chaigneau,  an  IV). 

1"'  état  :  L'ovale  seul ,  sans  aucune  bordure.  —  Dortu  del.,  N.  Le  Mire  sculp. 
l'an  2'ne. 

49.  PlRON,  d'après  N.B.  Lépicié,  ITTS  ;  in-8  orné. 

Tout  en  lui  d'un  poïte  annonce  le  cerveau , 

Une  belle  âme  encore  illustre  sa  mémoire  ; 

Cet  Ecrivain  nerveux  ,  saillant ,  toujours  nouveau, 

Fit  peu  pour  nos  plaisirs,  mais  assez  pour  sa  gloire. 

GUICHARD. 

1"''  état  :  Avant  l'adresse  de  Le  Mire  sur  la  marge  inférieure. 

50.  PouLLAiN   DE   Saint-Foix.  Si  genium  ex  ahimâ.  —  Pongin 

deSt-Aubineffig.pinx.,  Marillier  ornam.  del.,  N.  Le  Mire  sculp  , 
in-8  orné. 

pf  état:  Le  nom  du  personnage  en  lettres  grises,  sur  un  fond  formé  d'un  seul 
rang  de  tailles  verticales.  La  plume  qui  est  dans  l'encrier,  à  droite,  est  blanche. 
—  Rare. 

•26  état  :  Ce  nom  en  lettres  ombrées,  sur  le  fond  formé  de  deux  rangs  de  tailles 
croisées.  La  plume  est  ombrée. 

3'  état  :  Avec  l'adresse  de  Duchesne. 

51.  Rouelle  (  Hilaire-Marin ) ,   du  Collège  de  Pharmacie  de  Paris  , 

Apothicaire  de  S.  A.  S.  Mgr  le  Duc  d'Orléans,  Démonstrateur  de 
chimie  au  Jardin  du  Roi. .  .  etc.  —  Frédou  del.  1762 ,  N.  Le  Mire 
sculp.;  in-4  orné. 
C'est  le  frère  du  célèbre  chimiste  RouèUe. 

52.  Rousseau  (J.-J-),  assis  au  pied  d'un  sapin.  Deux  enfants  lui  appor- 

tent des  plantes  qu'il  examine  à  la  loupe.  —  Le  Barbier  l'aîné  inv., 
N.  Le  Mire  sculp.  l'783  ;  in-4. 

Frontispice  du  Dictionnaire  de  Botanique  pour  l'édition  des  Œuvres  de  Rousseau 
de  n'74-83. 


636         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIÈCLE. 

53.  Rousseau  (  J.-J.j.  Buste  sur  un  fût  de  colonne  ,  dans  un  paysage  , 

avec  des  enfants  qui  se  livrent  à  divers  exercices.  —  Cochin  inv. 
et  del.,  Le  Mire  sculp.  l'an  2*  ;   in-4. 

Frontispice  d'Emile  pour  l'édition  de  Defer  de  Maisonneuve.  C'est  la  copie 
agrandie  d'une  vignette  de  Cochin,  déjà  gravée  in-8  et  petit  in-1  par  R.  de  Launay 
le  Jeune,  en  1782. 

54.  RoussELET  (Claude),  abbé  de  Ste-Geneviève  ,  d'après  Robin, 

nse  ;  in-fol.  orné. 

55.  Scarron  ;  in-8  [le  Roman  comique,  Paris,  Didot,  an  IV,  1796). 

56.  Voltaire,  vignette  allégorique.  —  Ch.  Eisen  inv.,  gravé  par  Noël 

Le  Mire,  HSl  ;  in-8  (Hédou,  324). 

Frùnlispice  de  la  Benriade ,  dans  une  petite  édition  des  Œuvres  de  Voltaire 
dont  nous  parlons  plus  loin  (voyez  n»  108). 

L'eau-forte,  vendue  en  1880. 

Etat  avec  le  buste  de  Voltaire  peu  ressemblant ,  tourné  vers  la  droite. 

Etat  avec  le  buste  de  Voltaire  gravé  à  nouveau  (  par  WUle,  dit-on  ;  mais  cela 
est  peu  vraisemblable)  et  tourné  vers  la  gauche. 

Le  même  sujet  en  contre-partie,  le  buste  esta  droite  du  petit  temple  circulaire 
au  lieu  d'être  à  sa  gauche.  Signature  à  la  pointe  :  C.  Eisen  inv.,  N.  Le  Mire  sculp. 

57.  "Washington  ,  d'après  Le  Paon  ;  in-fol. 

Pendaut  du  portrait  de  La  Fayette,  et  morceau  de  réception  du  graveur  a 
l'Académie  de  Lille.  —  Gravure  très  froide. 
1*''  état  :  Avant  la  lettre. 


EX-LIBRIS,   ADRESSES. 

58.  Ex-libris  J.  B.  Descamps.  —  Une  femme  assise  sur  des  nuages  et 

peignant  une  toile.  —  N.  Le  Mire  inv.  et  sculp.;  in-18. 

59.  Ex-LlBRIS  J.  J.  ISAMBERT.  —  Écu d'armoiries  appliqué  contre 

une  grotte,  1746  ;  in-12. 

o  Cette  pièce  est  celle  de  l'œuvre  de  Le  Mire  qui  porte  la  date  la  plus 
»  ancienne,  ce  n'est  déjà  plus  l'œuvre  d'un  écolier  ;  eUe  présente  même  une 
»  composition  bien  équilibrée.  »  (Hédou). 

60.  Ex-LiBRiS    DE    MONTAYNARD.    —  Blason  soutenu    sur  des 

nuages  par  deux  lions.  Fond  rayonnant.  —  C.  Eisen  del.,  N.  Le 
Mire  sculp.;  in-18. 


LE    MIRE.  637 

fll.  Ex-LiBRis  Marquis  de  Rognes.  —  Éou  d'armoiries  sur 
un  nuage.  Fond  rayonnant.  Au-dessus ,  une  banderoUe  avec  la 
devise  Latrantibus  ostro.  —  D'après  Moreau  ,  HIT  ;  in-12. 

62.  Ex-libris  ?  —  Écu  d'armoiries  soutenu  par  des  amours  ;  ballot , 

caducée,  etc.  —  N.  Le  Mire  inv.  et  f.  1757  ;  in-8  (H.  398). 

63.  Adresse   du   relieur   Dubuisson.  —  Dubuisson,  relieur 

et  doreur  ordinaire  du  Roy,  relie  et  entreprend  toutes  sortes  de 
bibliothèques ,  fait  les  armes  en  or  et  migniature  de  toutes  les 
noblesses  de  France  et  étrangère ,  il  possède  un  cabinet  généa- 
logique de  titres,  minutes  et  renseignements  nécessaires  à  la 
noblesse,  et  il  vend  toutes  les  cartes  héraldiques  et  nobiliaires. 

—  A  Paris,  rue  S^-Jacques  ,  près  la  Fontaine  Saint-Benoist.  — 
D'après  Eisen  ;  in-12. 

64.  Adresse  d'une  fabrique  de  cire. —  Une  Renommée  s'envolant.  Deux 

chaudrons  sur  des  fourneaux  ,  dégageant  une  épaisse  fumée.  — 
A  la  Renommée.  Secret  d'Hollande.  Nouvelle  fabrique  de  la  cire 
d'Espagne  du  véritable  secret  d'Hollande ,  de  toutes  espèces  et 
cotdeurs,  supérieure  en  toute  qualité  à  celle  qui  s'est  fabriquée 
jusqu'à  présent,  parfumée  ou  non ,  le  tout  ajuste  prix,  la  ditte 
cire  se  vend  à  Paris  dans  la  fabrique  rue  de  l'Arbre-Sec ,  à  la 
Renommée ,  près  la  rue  des  Fossés-St-Germain-l'Auxerrois.  — 
Manière  de  se  servir  de  la  ditte  cire  :  il  ne  faut  point  brûler 
cette  cire  sur  la  lumière  comme  on  fait  ordinairement,  il  suffit 
de  l'en  approcher,  elle  l'attire  d'elle-même.  —  N.  Le  Mire  inv.; 
in-4. 
Mauvaise  gravure. 

65.  Adresse   d'un   M.xItre    d'armes  (?).  —   Petite  composition 

représentant  une  salle  d'armes  dans  laquelle  des  élèves  s'exercent. 
Dans  la  tablette,  ces  quatre  vers  : 

Art  glorieux  et  plein  (Tune  sage  industrie , 
Lorsque  Von  te  joint  au  grand  cœur, 
Tu  serf  à  conserver  la  vie, 
Tu  sers  à  soutenir  l'honneur. 

Par  M.  Moraine. 

—  N.  Le  Mire  in.  et  f.;  in-8  en  largeur  (Cabinet  des  Estampes). 

66.  Répertoire  pour  la   Comédie- Franc  mse.  —Cadre 

orné,  avec  les  armes  de  France  à  la  partie  supérieure.  L'intérieur 


638         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

du  cadre  est  divisé  par  des  lignes  horizontales  en  sept  cases,  desti- 
nées à  recevoir  les  titres  des  pièces  j'^uées  pendant  une  semaine. 
A  gauche  des  cases ,  sept  petits  sujets  allégoriques  aux  jours: 
Mars,  Mercure,  Jupiter,  Vénus,  Saturne,  une  porte  fermée,  Phébé. 

Au-dessous ,  l'inscription  :  Semainiers,  Messieurs En  tête, 

la  légende  :  Répertoire  de  la  semaine ,  Comédie-Française.  — 
N.  Le  Mire  inv.;  petit  in- fol. 
Pièce  d'une  exécution  assez  grossière.  Très  rare. 

67.  Carte  de  la  Société  populaire  de  Caen.  —  La  République  assise  sur 
un  rocher  qui  porte  le  mot  Calvados  ;  elle  est  appuyée  sur  les 
Droits  de  l'homme.  Exergue  :  Société  populaire  et  républicaine 
régénérée  de  la  Commune  de  Caen.  —  Prignet  invenit.,  Le  Mire 
sculp.  l'an  2®;  in-12  ovale. 


TITRES. 

Voir  aux  Vignettes  : 

Le  Joujou  des  demoiselles ,  Lucrèce  de  Marchetti ,  Zétis  au  bain  .  le  Temple  de 
Gnide,  d'après  Eisen  ; 
Le  Décaméron,  le  Devin  de  village,  Iconologie,  d'après  Gravelot; 
Fables  causides  de  La  Fontaine  en  bers  gascouns,  d'après  Moreau  : 
Arsace  et  Isménie,  d'après  Ghoffard. 
Armoriai  de  Dubuisson. 


FLEURONS. 

I.    d'après  goghin. 

68.  En-têtes  poui-  le  Lucrèce  de  Marchetti ,  2  p. 

Sacrifice  d'Iphigénie.  —  Tombeau  de  Scipion. 

69.  En-tête  de  la  dédicace  à  Madame  de  Pompadour,  pour  les  Poésies 

de  Métastase,  V^eQuiUau,  1755,  in-12. 
Minerve,  à  laquelle  des  femmes  offrent  des  fleurs  et  des  manuscrits. 

II.  d'après  descamps. 

70.  Armes  du  comte  de  Vence,  —  de  La  Live  de  Jully,  —  du  marquis 

de  Marigny,  3  p. 

En-têtes  pour  la  Vie  des  Peintres  flamands  et  le  Voyage  pittoresque  de  la 
Flandre ,  par  Descamps. 


LE   MIRE.  639 

III.  d'après  eisen. 

11.  Fleuron  sur  le  litre  de  VEloge  de  la  Folie,  d'Érasme,  \lb\. 

12.  En-tètes  et  culs-de-lampe  pour  17tt/rodMC<io«  à  l' histoire  moderne. . . 

par  le  baron  de  Puâèndorf ,  Paris,  n53-59. 

1.  Destruction  de  l'Empire  romain  par  les  barbares.  —  2.  L'Espagne  livrée 
aux  Maures.  —  3.  La  Louve  romaine.  —  4.  La  France  reçoit  des  mains  de  la 
Lorraine  l'étendard  de  ce  duché.  —  5.  Minerve  debout,  tenant  une  médaille  avec 
le  portrait  de  Stanislas.  —  6.  Le  Tibre  ,  caractérisé  par  des  lauriers  et  par  la 
figure  de  la  louve.  —  1.  Le  Vésuve  et  l'Etna.  —  8.  La  République  de  Grnes 
recevant  le  tribut  de  la  Corse.  —  9.  Le  Roi  et  la  Reine  d'Angleterre  sous  un 
dais ,  entourés  de  seigneurs.  —  10.  Lapon  dans  son  traîneau.  —  II.  Le  czar 
Pierre  \^'  tondant  Saint-Pétersbourg.  —  12.  Deux  chasseurs,  hongrois  et  polo- 
nais. —  13.  La  reiue  Vanda  triomphante  de  Kitiger,  prince  allemand. 

"73.  En-têtes  pour  la  Christiade,  n53,  4  p. 

"74.  Galerie  de  Dresde.  —  Deux  grands  fleurons  de  titres. 

Le  Génie  de  la  peinture,  assis  devant  un  chevalet,  en  train  de  peindre  Vénus. 
—  Génie  faisant  arranger  une  galerie  de  tableaux. 

"75.  Une  femme  assise  sur  une  croix  et  tenant  une  corne  d'abondance. 

76.  Deux  fleurons  de  titres  et  deux  têtes  de  pages  pour  l'Histoire  des 
guerres  civiles  de  France,  par  l'abbé  M.,  Amsterdam,  nST.  in-4. 

1.  Homme  debout  près  d'un  autel  antique,  brandissant  un  poignard. 

2.  Homme  nu  se  précipitant  avec  un  poignard  et  une  torche. 

3.  Rentrée  de  Henri  lll  à  Paris. 

4.  Henri  IV  reçoit  la  soumission  des  Parisiens. 

T7.  En-tête  pour  une  oraison  funèbre  in-4  ,  l'760. 

La  Justice  assise  sur  un  lion  ,  la  Religion  portant  la  croix.  In  morte  quoque 
non  sunt  divisi. 

78.  Fleuron  de  titre  pour  les  Poésies  sacrées  de  Lefranc  de  Pompignan, 
1763. 

■79.  Fleurons  pour  les  Œuvres  du  marquis  de  Pezay. 

En-têto  du  Pot-Pourri ,  une  charrette  chargée  de  tonneaux.  Le  Mire  direxit.  — 
En-tète  et  cul-de-lampe  de  la  Lettre  de  Vénus  à  Paris  ,  1764.  —  Cul-de-lampe 
pour  Zilis  au  bain  ,  11Q3. 

"    En-tête  aux  armes  d'Angleterre  pour  le  Temple  de  Guide  (  V.  n"  1 15). 


640         LES   GRAVEURS   DU    XYIII''   SIECLE. 


IV.    D  APRES    GRAVELOT. 

80    Cartouches  pour  V Atlas  de  géographie  de  Bourguignon  d'Anvll  e 

1.  Première  partie  de  la  carte  d'Europe,  1154.  —  Seconde  partie  de  la  carte 

d'Europe,  1158.—  Orbis  veteribus  notus apud  auctorem,  in  œdibus  regiis,  vulgo 

les  galeries  du  Louvre ,  1163 . 

81.  Fleurons  pour  LE  DÉCAMÉRON  de  Boccace  ,  édition  de  Londres 

(Paris),  n57-61. 

Un  très  joli  en-tête  pour  la  Vie  de  Boccace  ,  représentant  les  trois  Grâces  sur 
des  nuages,  faisant  des  couronnes. 

Trente-cinq  culs-de-lampe  ;  dans  ces  petites  compositions,  très  soigneusement 
gravées,  les  personnages  sont  généralement  des  amours  ou  des  enfants. 

82.  Minerve  appuyée  sur  un  bouclier  aux  armes  de  la  famille  d'Orléans, 

tête  de  page  pour  un  in-4  ,  1760. 

83.  La  Charité  et  la  Religion ,  assises  près  d'un  mausolée,  avec  de 

petits  génies  ;  en-tête  pour  une  oraison  funèbre  in-4 ,  1760. 

84.  En-tête  pour  une  oraison  funèbre  in-4  ,  1761. 

Deux  femmes  assises  près  d'un  cénotaphe  ;  celle  de  gauche  se  cache  la  figure 
avec  un  voile.  Au  milieu  ,  les  lettres  L.  M. 

85.  Deux  amours  pleurant  sur  une  urne  funéraire  ;  cul-de-lampe  pour 

une  oraison  funèbre,  1761. 

86.  La  Mort ,  armée  d'une  faulx  ,  appuyée  sur  des  armoiries  ;  en-tête 

pour  une  oraison  funèbre  in-4  ,  1762. 

87.  Histoire   de    Saint   Louis,  par  le  sire  de  Joinville ,  Paris, 

Imprimerie  royale,  1761,  in-fol. 

Un  fleuron  de  titre,  six  fleurons  et  trois  lettres  ornées . 

«  Toutes  les  vignettes  de  cet  ouvrage  sont  charmantes  de  composition.  Quant 
»  au  travail  de  la  gravure.  Le  Mire  y  a  mis  tout  son  savoir  et  tout  son  esprit.  » 
(Hédou). 

"    Fleurons  pour  les  Œuvres  de  La  Fargue  (voyez  n°  128). 


V.    DAPRES   MARILLIER. 

88 .  Femme  coiffée  d'un  turban  ,  tenant  un  sabre  et  appuyée  sur  l'Al- 
coran,  tête  de  page  pour  un  in-4. 


LE   MIRE.  641 


VI.    DAPRES    MOREAU. 


89.  Donation  du  Dauphiné  a  la  France  :  me,  in-4. 

Très  bel  en-tète  pour  l'Histoire  généalogique  de  la  Maison  de  Beaumont  en  Dau- 
phiné,  Paris,  IT79,  in-fol. 


VII.    DAPRES   DIVERS. 

90.  Assaut  d'uue  ville  antique,  tête  de  page  (H.  373). 

91.  Vue  de  La  Rochelle. 

Tête  de  page  pour  X'Histoire  de  la  ville  de  ta  Rochelle  et  du  pays  d'Autnis , 
La  Rochelle,  Desbordes,  1156,  iu-1. 

92.  Un  buisson,  deux  amours.  —  N.  Le  Mire  sculp.    1157;  cul-de- 

lampe  (H.  367). 


VIGNETTES. 

I.  d'après  boucher. 

93.  Vignettes  pour  le  Décaméron  de  1751,  3  p. 

94.  MARS    ET    VÉNUS.    —    UERGULE    ET   OMPHALE.    — 

PYGMALION  AMOUREUX   DE   SA  STATUE.  —VÉNUS 
PLEURANT  ADONIS. 

Remarquables  illustrations  pour  les  Métamorphoses  d'Ovide,  nâ'-mi . 

II.  d'après    GOGHIN. 

95.  Vignette  pour  le  livre  III  du  Lucrèce  de  Marchetti,  in-8  avec  cadre. 

Vieillard  assis  sur  l'herbe.  Dans  le  fond  ,  une  ronde  déjeunes  gens. 

96.  Vignettes  pour  le  Décaméron  de  1757,  2  p. 

97.  TÉLÉMAQUE    DANS    LE    TEMPLE    DE  VÉNUS.  —  N.  Le  Mire 

sculp.  1773;  in-8  [Télémaque  àe  Drouët). 

98.  Ulysse  et  Circé,  1795-,  in-4  (/{oMSseau  de  Defer  de  Maisonneuve) 


642         LES   GRAVEURS   DU    XVIII«   SIÈCLE. 

III.  d'après  eisen. 

99.  Éloge  de  la  Folie,  d'Érasme,  in-8  ;  3  vignettes. 

100.  Persée  et  Andromède.  Chant  1^'' p .  4  \  vignette  in-S,  1751 . 

101.  L'Autruche,  le  Rhinocéros  ,  le  Léopard  ,  le  Loup-Cervier,   4  p. 

pour  un  ouvrage  d'histoire  naturelle  ,  in-32. 

102.  Guerriers  antiques,  2  p.  in-8  (Hédou,  396-391). 

103.  Titre  et  frontispice  pour  LE  JOUJOU  DKS  DEMOISELLES, 

Paris,  n52  ;  2  p.  grand  in-8. 

Titre.  Encadrement  de  g:uirlande  de  fleurs  ;  dans  le  bas  ,  une  femme  nue , 
assise  et  enlaçant  un  petit  Amour. 

Frontispice.  Une  femme  nue  cherche  à  enchaîner  avec  des  fleurs  l'Amour 
endormi. 

104.  Vignettes  pour  la  Christiade,  ou  le  Paradis  reconquis,  par  l'abbé 

de  Lahaume-Desdossat ,  17.53  ;  6  p.  in-12. 

105.  Titres  et  frontispices  pour  Ll'CRÈCE,  traduction  de  Marchetti, 

1154  ;  4  p.  in-8. 

Les  deux  titres  représentent  des  Amours  qui  tendent  des  draperies  sur  des 
cadres. 

Frontispices  :  1.  Lucrèce  assis  dans  un  jardin.  —  2.  Allégorie  :  une  femme  nue 
tenant  le  médaillon  de  Lucrèce,  le  Temps.  Ces  deux  pièces  sont  entourées  d'un 
cadre. 

106.  Frontispice  pour  les  Épigrammes  de  Martial,  Paris,  Barbou , 

1754  ,  in-12. 
Une  femme  nue  ,  couchée  sur  un  tertre  ,  cherche  à  se  défendre  contre  deux 
petits  amours. 

107.  Pygmalion  et  Galathée.  —  Gh.  Eisen  inv.,  Noël  Le  Mire  sculp.; 

in-8. 

108.  Vignettes  pour  la  Henriade  et  Zaïre,  dans  les  Œuvres  deVoltaire, 

Paris,  1757,  20  vol.  in-8. 

L'édition  des  Œuvres  de  Voltaire  ,  dont  ces  vignettes  font  partie  ,  est  rare  et 
peu  connue  des  bibliophiles.  Elle  n'est  pas  décrite  par  Cohen. 

109.  Jocondf,  —  le  Cocu  battu  et  content ,  —  les  Muletiers,  3  vignettes 

in-12. 
Ces  vignettes  sont  d'un  format  sensiblement  plus  petit  que  celles  de  l'édition 
des  Fermiers-Généraux.  On  ne  sait  à  quelle  édition  eUes  étaient  destinées. 


LE   MIRE.  643 

110.  Le  Rossignol, —  Les  Lunettes,  —  Joconde,  3 planches. 

—  La  Servante  justifiée  ,  —  la  Gageure  des  trois  commères  ,  — 
A  femme  avare. . . ,  —  le  Gascon  puni ,  —  le  PiUé  d'anguille,  — 
le  Magnifique  ,  —  Deuxième  imitation  d'Anacréon  ,  —  Richard 
Minutolo,  —  l'Oraison  de  St-Julien,  —  le  Villageois  qui  cherche 
son  veau  ,  —  Mazet ,  —  Nicaise  ,  —  Gomment  l'esprit  vient  aux 
filles,  —  les  Troqueurs,  —  la  Jument  du  compère  Pierre,  —  les 
Quiproquos  ,  —  la  Couturière. 

Vignettes  pour  les  Contes  de  La  Fontaine  ,  édition  des  Fermiers-Généraux. 
Le  Mire  et  de  Longueil  sont  les  deux  graveurs  qui  ont  le  plus  travaillé  à  cette 
remarquable  suite  de  figures. 

Le  Rossignol  et  (es  Lunettes  jouissent  d'une  réputation  spéciale  parmi  les 
bibiophiles,  réputation  d'assez  mauvais  aloi ,  du  reste,  qui  tient  à  ce  qu'il  en 
existe  de  rares  épreuves  découvertes. 

111.  L'Oraison  de  St-Julien,  —  Comment  l'esprit  vient  aux  filles, 

vignettes  refusées  pour  les  Contes  de  La  Fontaine  ,  édition  des 
Fermiers-Généraux . 

On  sait  qu'indépendamment  des  figures  contenues  dans  l'édition  des  Fermiers- 
Généraux,  il  existe  un  certain  nombre  de  plancbes  doubles,  qui  ont  été  refusées 
par  les  éditeurs,  mais  que  les  bibliophiles  ajoutent  à  leurs  exemplaires  lorsqu'ils 
peuvent  se  les  procurer.  Les  deux  pièces  indiquées  ici  font  partie  de  ces  doubles. 

112.  Titre  et  vignette  pour  ZÉLIS  AU  BAIN;  2  p.  in-8,  1763. 

Titre.  Encadrement  avec  arbres  sur  les  côtés  ,  guirlande  de  fleurs  à  la  partie 
supérieure,  et  dans  le  bas  un  chapeau  de  berger,  une  corbeille,  une  houlette,  etc. 

Vignette.  Hilas  aux  pieds  de  Zélis  ,  dans  un  bosquet.  Au-dessus  d'eux  ,  un 
amour. 

Très  belles  illustrations. 

113.  Le  marquis  de  Pezay  et  son  compagnon  de  voyage,  guidés  par  un 

Suisse ,  dans  la  cour  du  château  de  Blois. 
Pour  le  Pot-Pourri. 

114.  L'AGE    D'OR    ET    L'AGE    D'ARGENT.    —    L'ÉTÉ.    — 

L'AUTOMNE.  —PERSÉE  DÉLIVRE  ANDROMÈDE.— 

Ovide  reçoit  de  sa  Muse  une  plume.  —  Dieu  débrouille  le  chaos. 

—  Le  Déluge. —  Calisto  chassée  de  la  suite  de  Diane. —  Cadmus 
et  Hermione  métamorphosés  en  serpents.  —  Vénus  prie  l'Amour 
de  percer  le  cœur  de  Pluton.  —  Médée  sur  son  char.  —  Hercule 
étouffant  Antée.  —  Enlèvement  de  Ganymède. 

Illustrations  pour  les  Métamorphoses  d'Ovide,  1767-1771,  4  vol.  in-4 ,  livre 
célèbre  dont  Le  Mire  fut  l'éditeur  conjointement  avec  Basan. 
Notre  graveur  prit  une  part  considérable  à  l'exécution  de  cette  suite  remar- 


644         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIÈCLE. 

quable.  Outre  les  figures  citées  ici ,  qui  portent  sa  signature ,  outre  celles 
qu'il  a  gravées  d'après  Boucher,  Monnet  et  Moreau  ,  Le  Mire  ,  cela  nous  paraît 
incontestable  ,  a  exécuté  les  préparations  à  l'eau-forte  d'un  grand  nombre  de 
figures ,  que  d'autres  artistes  ont  terminées  et  signées.  Voici  les  eaux-fortes 
qu'on  peut  attribuer  à  Le  Mire: 

Le  Combat  des  Centaures  et  des  Lapylbes ,  gravé  par  Ponce  ;  —  Mercure 
tranchant  la  tète  d'Argus,  Longueil  ;  —  Phaëton  foudroyé.  Née  ;  —  Atlas  changé 
en  montagne ,  Legrand  ;  —  Persée  épouse  Andromède ,  Massard  ;  —  Alphée  et 
Aréthuse  ,  Basan  ;  —  Apollon  et  Marsyas  ,  Massard  ;  —  Philomèle  délivrée  de 
prison  ,  Baquoy;  —  Éson  rajeuni ,  Baquoy  ;  —  Thésée  tue  le  minotauie.  Ponce  ; 

—  Icare  tombe  dans  la  mer,  iV^e  ;  —  Perdix  changé  en  oiseau  ,  Legrand  ;  — 
Enlèvement  de  Déjanire,  Le  Veau  ;  —  Luoine  et  Alcmène ,  Basan;  —  Dryope 
changée  en  lotus,  Lejmmi  ;  —  Eurydice  mordue  par  un  serpent ,  Legrand;  — 
Vénus  et  Adonis  sur  un  gazon,  Massard  ;  —  Orphée  mis  en  pièces  par  les  Bac- 
chantes, Baquoy ; 

Et  les  eaux-fortes  de  toutes  les  planches  qui  sont  signées  de  Binet ,  ainsi  que 
nous  l'avons  dit  à  l'article  de  ce  graveur. 

115.  LE  TEMPLE  DE  GNIDE  ,  suivi  de  Cépliise ,  par  M.  de  Mon- 

tesquieu, Paris,  1112,  1  vol.  grand  in-8. 

Les  illustrations  de  ce  livre,  merveilleuses  comme  dessin  et  comme  gravure, 
sont  toutes  gravées  par  Le  Mire  ;  elles  comprennent  : 

Un  titre.  Le  premier  état  est  sans  texte  au  verso. 

Un  en-tète  aux  armes  d'Angleterre,  pour  la  dédicace. 

Dix  vignettes  :  1.  Le  frontispice  allégorique  ,  avec  portrait  de  Montesquieu  , 
que  nous  avons  décrit  plus  haut  sous  le  n"  47.  —  2.  Vulcain  enlevant  Vénus. 
Sa  rohe  fuit  se,'  genoux.  —  3.  Vénus  sur  son  trône.  Tu  mourras  accablée  de  refus. 

—  4.  Vénus  donne  à  Thémire  le  prix  de  la  beauté.  Elle  appela  les  Grâces.  — 

5.  Apparition  d'une  des  Grâces  au  fils  d'Antiloque.  Une  nuit  que  j'étais....  — 

6.  Aiistée  et  Camille  dans  une  forêt.  Je  sens  couler  mes  larmes.  —  1.  L'Antre  de 
la  fureur.  Elle  détacha  un  de  ses  serpents.  —  8.  ïhémire  cachant  un  amour  sur 
ses  genoux.  Il  se  cacha  sous  ses  genoux.  —  9.  Cophise  coupant  les  ailes  de 
l'Amour.  Elle  coupa  le  sommet.  —  10.  Vénus  et  l'Amour.  Embrassez-moi ,  elles 
croissent. 

La  suite  des  eaux-fortes  dans  la  collection  de  MM.  Béraldi.  Une  autre  suite 
dans  un  exemplaire  appartenant  à  M.  Fontaine,  libraire,  1819. 

1*"'  état  :  Avant  la  lettre.  Rare  et  très  estimé. 

2"=  état  :  Avec  la  lettre,  mais  avant  les  numéros  des  chants.  Rare. 

3*  état  :  Avec  la  lettre. 

4"  état  :  Épreuves  sur  papier  vélin,  avec  tablette  pour  la  légende,  formée  par 
un  tiait  carré.  Sans  valeur. 

116.  Allégorie. 

M.  Hédou  décrit  cette  vignette  sous  le  n»  402  de  son  catalogue.  C'est  un  jeune 
guerrier  qui  se  trouve  en  présence  de  l'Ignorance  et  de  l'Ivrognerie.  A  gauche  , 
le  Temps  tient  un  miroir  que  l'Amour  regarde  en  s'appuyant  sur  son  arc.  Les 
signatures  sont  :  C.  Eisen  inv.,  Aliamet  aqua-forti  et  fini  par  Le  Mire. 

Nous  ferons  remarquer  ici  qu'Aliamet  et  Le  Mire  ont  souvent  signé  des 


LE    MIRE.  645 

vignettes  dans  les  mômes  ouvrages,  que  dans  te  Décaméron,  Aliamet  a  signé  des 
titres  et  des  vignettes  sur  lesquelles  on  trouve  également  la  signature  de 
Le  Mire  ;  il  est  probable  qu'en  général ,  Aliamet  a  dû  peu  travailler  à  ces  sujets 
de  minime  importance:  il  les  faisait  exécuter  sous  ses  yeux  ,  retouchait  peut- 
être  quelquefois,  et  signait.  Nous  serions  donc  tentés  d'attribuer  à  Le  Mire  la 
gravure  de  beaucoup  de  vignettes  signées  d'Aliamet. 


IV.    D  APRES    GRAVELOT. 

in.  Titres,  vignettes  et  fleurons  pour  LE  DÉCAMÉRON  DE  JEAN 
BOCCACE,  Londres  (Paris),  Hsi-noi,  5vol.in-8. 

Le  Mire  est  le  graveur  qui  a  fourni  le  plus  grand  nombre  de  planches  à  cet 
ouvrage  très  estimé.  Tout  ce  qui  porte  sa  signature  est  exécuté  avec  ses  qualités 
ordinaires  de  netteté  et  de  brillant. 

Nous  avons  déjà  signalé  un  en-tête ,  trente-cinq  culs-de-lampe  d'après  Gra- 
velot ,  et  cinq  vignettes  d'après  Boucher  et  Cochin.  Le  Mire  a  encore  gravé  : 

L  Le  titre  du  tome  I.  Amours  ornant  de  fleurs  le  buste  de  Boccace,  nST  Ce 
titre  porte  les  deux  signatures  de  Le  Mire  et  d'Aliamet  (voyez  n»  20). 

2.  Le  titre  du  tome  IL  Deux  amours  appuyés  sur  le  globe  terrestre,  et  tenant 
une  corne  d'abondance  et  une  draperie,  \lôl. 

3.  Le  titre  du  tome  III.  Femme  nue  appuyée  sur  une  roue.  Couronne,  sceptre 
chaîne.  nST  Ce  titre  porte  les  deux  signatures  de  Le  Mire  et  d'Aliamet.  ' 

Et  environ  trente  vignettes  d'après  Gravelot ,  si  l'on  tient  compte  de  ce  fait 
que  vingt-trois  sont  signées  Le  Mire,  que  d'autres  portent  à  la  fois  la  signature 
de  Martenasie  ou  d'Aliamet  et  de  Le  Mire  ,  et  qu'on  ne  sait  si  Le  Mire  n'a  pas 
travaiUé  aux  planches  signées  uniquement  d'Aliamet. 

118.  Almanach  utile  et  agréable  de  la  loterie  de 

l'Ecole   royale   militaire   pour  l'année  1759  et  1760, 

Amsterdam  et  Paris,  Prault  et  Laurent ,  1759  ,  iu-12. 

Un  frontispice  signé  de  Le  Mire  et  représentant  la  Fortune  tirant  les  numéros 
de  la  roue  de  la  loterie.  JV.  le  Mire  lyjS. 

Quatre-vingt-dix  figures  non  signées  ,  ayant  trait  aux  mœurs ,  caractères  et 
métiers  du  sexe  féminin.  Chaque  planche  est  entourée  d'un  petit  cadre  orne- 
menté. 

119.  Soliman  II,   frontispice  in-8,  1761. 

A  servi  plus  tard  de  frontispice  au  tome  IV  des  CEuvres  de  Favart. 

120.  Le    Premier   Baiser    de    l'amour,    —    l'Inoculation   de 

l'amour,  —  Claire  I  les  enfants  chantent  la  nuit  quand  ils  ont 
peur,  —  Mort  de  Julie  ,  4  p.  in-8,  avec  cadre. 

Pour  Lettres  de  deux  amanl.t  habitans  d'une  petite  ville  au  pied  des  A  Ipes,  Ams- 
terdam ,  HGl ,  et  pour  l'édition  publiée  à  Paris,  en  n64,  sous  le  titre  définitif  de 
la  Nouvelle  Héloïse. 


n. 


42 


646         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP   SIÈCLE. 

121.  Le   Devin   de    village,    1763,  in-8  avec  cadre  (Œuvres 

diverses  de  Rousseau,  1*764). 

Ah  !  berger  volage! 
Faut-il  t' aimer  malgré  moi! 

L'eau-forte  de  cette  jolie  pièce  au  Cabinet  des  Estampes. 

Etat  avant  l'inscription  Titre  du  tome  second  au-dessus  du  cadre. 

122.  IcONOLOGlE  ,  frontispice-titre  ,  —  Art  militaire,  —  Chirurgie, 

Indigence,  4  p.  in-18. 

Pour  les  AlmanacAs  iconotogiques. 

VIconologie ,  frontispice-titre,  a  deux  états  : 

1"  Avec  les  armes  du  marquis  de  Marigny  et  la  légende  :  Iconologie ,  première 
suite  des  Arts. 

2"  Sans  les  armes  du  marquis  de  Marigny  ;  avec  la  légende  :  Iconologie  ou 
Traité  de  la  science  des  Emblèmes. 

Pour  la  Sculpture,  voyez  Portraits,  n"  34. 

123.  La  Thébaïde  ,  —  Andromaque  ,   2  p.  in-8  {Œuvres  de  Racine , 

édition  de  Luneau  de  Boisgermainj. 

124.  LA  GALERIE  DU  PALAIS  [Ce  visage  vaut  mieux  que  toutes 

vos  chansons),  —  le  Menteur, —  Mélite, —  Clitandre, 
LA  Veuve,  —  la  Suivante,  —  la  Place  Royale, 

T  p.  in-8. 

Ces  sept  pièces  sont  des  vignettes  de  premier  ordre.  Elles  illustrent  les 
CEuvres  de  Corneille  ,  édition  de  Genève  ,  1764 ,  avec  commentaires  de  Voltaire  , 
12  vol.  in-8. 

Le  Mire  fut  le  principal  graveur  de  cette  illustration  ,  pour  laquelle  il  a  encore 
exécuté  les  planches  de  :  le  Cid  ,  Pompée,  Théodore,  Héraclius ,  Don  Sanche  , 
Nicomède,  Œdipe,  Sertorius,  Othon,  Agésilas,  Pulchérie,  le  Comte  d'Essex. 

Quelques  épreuves  d'eau-forte  au  Cabinet  des  Estampes  et  dans  diverses 
collections. 

On  ne  connaît  pas  de  suite  du  Corneille  de  Gravelot  avant  la  lettre.  Il  y  a  un 
choix  à  faire  entre  les  épreuves;  celles  avec  cadres  ajoutés  sont  inférieures. 

125.  Mort  de  lady  Alderson  ,  —  Miss  Jenny  secourue  par  le  ministre 

Peters,  2  p.  in-12  {Histoire  de  miss  Jenny,  par  M"'®  Riccoboni , 

n64). 

126.  Anthologie  française,  par  Monnet ,  neS,  3  vol.  in-8. 

Cette  édition  est  ornée  de  quatie  vignettes,  toutes  gravées  par  Le  Mire  : 

1.  Ballade  de  Thibault,  comte  de  Champagne  ,  les  Rois,  les  Troubadours. 

2.  Autre  ballade,  Thibault  fut  roi  galant. 

3.  Les  trois  Grâces  ,  Retenez  cette  vérité.  —  Cette  figure  a  d'abord  été  gravée 
découverte,  c'est-à-dire  avec  la  nudité  de  l'une  des  Grâces  accentuée. 

4.  Vénus,  Bacchus  et  l'Amour. 


LE    MIRE.  647 

12T.  Le  Bon  Mari,  —  le  Misanthrope  corrigé,  2p.  in-8 
{Contes  moraux,  parMarmontel ,  1765). 

128.  OEUVRES  MÊLÉES  DE  M.  DE  La  Fargue,  Paris,  Duchesne, 

n65,  2  vol.  in-12. 

Les  illustrations  de  ce  livre  sont  toutes  gravées  par  Le  Mire  et  datées  de  n6-1. 
Elles  comprennent  trois  fleurons  et  trois  figures  : 

1.  Les  trois  Grâces  assises  sur  un  nuage ,  une  lyre  et  un  caducée  ;  fleuron  do 
titre. 

2.  Femme  jouant  de  la  lyre,  deux  amours,  Pégase  ;  en-tête. 

3.  Femme  tenant  un  caducée  et  la  foudre;  en-tête. 

4.  Damon  et  Pythias.  Denis  attendri. 

5.  Quatre  ctianoinesses  dans  un  salon.  L'une  d'elles  lient  un  chat  sur  les 
genoux.  On  s'étonne  de  son  maintien.  —  Très  jolie  vignette. 

6.  Jeune  bomme  à  l'entrée  d'un  temple  grec ,  trois  amours.  La  lecture  nous 
forme. 

129.  Deux  vignettes  pour  la  Pharsale  de  Lucain  ,  n66,  in-8. 

1.  Mariage  de  Marcie  et  de  Caton.  Junguntur  laciti..,. 

2.  Pompée  vaincu  regarde  le  champ  de  bataille  de  Pharsale.  Stetit  aggere.. .. 

130.  Lycaon  métamorphosé  en  loup  ;  in-8  [Métamorphoses  d'Ovide, 

n69-71). 


V.    D  APRES    MONNET. 

131.  Orphée  et  Eurydice.  —  Euridice  amor  tirende.  -  Alto  II , 

sce.  II;  in-4  à  claire-voie,  1764. 

132.  JUPITER    AMOUREUX   D'iO.    —   Céphale  et  Procris.    — 

Cyparisse   métamorphosée   en   cyprès.    —    Protée  et   Thétis. 
[Métamorphoses  d'Ovide,  1769-71.) 

L'eau-forte  et  quelques  premières  épreuves  de  Jupiter  et  la  sont  découvertes. 
La  nudité  d'Io  y  est  très  accentuée. 

133.  Oh  I  mon  ami,  lui  dis-je,  pardonne-moi  mes  torts . . .  — Valmont 

enfonçant  d'un  coup  de  pied  la  porte  de  la  comtesse  ;  2  p.,  l'an  4" 
[les  Liaisons  dangereuses). 

134.  Deux  vignettes  pour /osep/i ,  de  Bitaubé,  1799,  in-8. 


648         LES   GRAVEURS   DU    XVIIie    SIECLE. 


vi.  d  apres  moreau. 

135.  Diane  fait  sacrifier  une  biche  a  la  place  d'Iphi- 
GÉNIE,  —  lo  métamorphosée  en  vache,  —  Méléagre présente 
à  Atalante  la  hure  du  sanglier,  3  p.  (Métamorphoses  d'Ovide, 
1169). 

J36.  Hercule  entre  le  devoir  et  le  plaisir,  n72,  in-32. 

Très  fine  vignette  pour  le  De  officiis  de  Cicéron ,  Paris,  Barbou  ,  1773. 

137.  Frontispices  pour  un  ouvrage  inconnu  ,  3  p.  in-8. 

1.  Tombeau  avec  trophée ,  sur  lequel  sont  assises  deux  Renommées;  au- 
dessous,  une  grotte  dans  laquelle  sont  deux  enfants  auprès  d'une  urne;  1773. 

2.  Hercule  assis,  tenant  sa  massue  et  une  lyre  ;  au  fond,  un  temple  circulaire 
et  Pégase  ;  1774. 

3.  Un  homme  en  costume  Louis  XV,  avec  une  plaque  et  un  grand  cordon, 
debout ,  appuyé  à  uu  tombeau  et  tenant  une  lyre  et  un  livre  ouvert  ;  lo  fond  est 
un  paysage  avec  clair  de  lune  ;  1775. 

138.  LE  PREMIER  BAISER  DE  LAMOUR,  —  le  Soufflet 

(Julie  frappée  par  son  père),  — l'InocuLATION  DE  l'amouR 
(Saint-Preux  à  genoux  près  du  lit  de  Julie),  —  l'Orage  (Julie 
et  Saint-Preux  en  bateau),  —  RETOUR  DE  CLAIRE,  5  p.  in-4 
[Rousseau  de  1774-1783,  la  Nouvelle  Héloïse).  —  Courons  vite, 
l'astronomie  est  bonne  à  quelque  chose,  —  Un  violent  exercice 
étouffe  les  sentiments  tendres,  —  Il  en  est  navré,  Je  l'entraîne 
avec  peine ,  3  p.  in-4  [Idem,  Emile).  —  PYGMALION  ,  in-4 
[Idem,  Mélanges). 

L'art  de  la  vignette  n'a  rien  produit  de  plus  admirable  que  ces  merveilleuses 
illustrations.  Le  Premier  Baiser  de  l'amour  est  un  des  chefs-d'œuvre  de  Moreau 
et  de  Le  Mire,  ainsi  que  Pygmalion. 

Les  eaux-fortes  dans  les  collections  de  MM.  Vanloo,  Paillet.  —  7,000  fr.  1880. 

L"eau-forte  de  Pygmalion  est  découverte. 

Les  premières  épreuves  sont  avant  l'indication  pour  le  placement  dans  les 
volumes,  au-dessus  du  trait  cane. 

Les  figures  de  la  Nouvelle  Héloïse  et  de  Pygmalion  sont  toujours  sans  légende. 
Celles  A'Émile,  au  contraire,  en  ont  toujours  une. 

139.  Titre  pour  les  Fables  causides  de  La  Fontaine  en  hers  gascouns. 

Rayonne,  1766,  in-8. 

Voyez  n"  29,  portrait  de  La  Fontaine. 
L"eau-forte  porte  déjà  la  légende. 


LE    MIRE.  649 

140.  Les  Conversations   d'Emilie,   par  Madame  de  Lalive 

d'Épinay,  Paris,  HSl,  2  vol.  in-12. 

L'Illustration  se  compose  de  deux  très  jolis  frontispices ,  qui  sont  toujours 
sans  légende. 

1.  Une  dame  se  promenant  dans  un  jardin  et  causant  avec  sa  fllle,  1T79. 

2.  La  mère  et  la  fllle  visitant  une  famille  malheureuse,  1T79. 

141.  Timon  d'Athènes,  —  Troïlus  et  Cressida  ,  —  Jules  César,  — 

Coriolan  ,  —  Titus  Andronicus,  5  p.  in-12. 

Pour  les  Œuvres  de  Shakespeare,  Londres,  1785-81. 

Les  sujets  sont  dans  des  médaillons  ronds  ,  avec  tablettes  au-dessus  et  au- 
dessous. 

142.  Le  Dépositaire,  1185,  —  Irène,  nSG,  2  p.  in-8 
Pour  les  Œuvres  de  Voltaire,  édition  de  Kehl. 

143.  HÉLOÏSE  ET  Abailard.    Plura  de  amore  quatn  de  lectione 

verba  se  ingerebant ,  plura  erant  oscula  quam  sententiœ , 
sœpius  ad  sinus  quam  ad  libros  reducebantur  manus. . .  in-4. 

Pour  les  Lettres  d'Héloïw  et  d' Abailard ,  Paris,  Didot ,  1796. 

144.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Gessner,  Paris,  Renouard  ,  HQQ  , 

4  p.  in-8. 
Daphnis,  liv.  I.  —  Évandre.  —  IdyUe  42,  Glycère.  —  Idylle 45,  Iris,  Églé. 


VII.    D  APRES    DIVERS. 

145.  Soldat  d'infanterie  faisant  l'exercice,  et  tenant  son  fusil  ùonzoatR- 

lement.  —  Signé  sur  la  gravure  Le  Mire  f   1757  ■  iu-4. 

146.  Soldat  d'infanterie  faisant  l'exercice  du  fusil,   au  port  d'arme. 

Planche  10.  —  Signé  sur  la  gravure  N.  Le  Mire  1766  ;  in-fol. 

141.  Vignette  du  livre  IV  du  Lucrèce  de  Marchetti,  d'après  Le  Lorrain, 
1754;  in-8. 

148.  Génie  ailé  embrassant  une  femme  nue  ;  au-dessus  d'eux ,  l'Amour 
avec  son  arc  brisé.  Cadre  orné.  —  D'après  Vassé  ;  in-8. 

Cette  vignette  est  une  planche  double  pour  le  chant  IV  du  Lucrèce  de  Mar- 
chetti. EUe  était  destinée  à  remplacer  la  composition  de  Le  Lorrain  ,  qui  est  par 
trop  mauvaise. 


650         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP'    SIÈCLE. 

149.  Le  Cheval  s'étant  voulu  venger  du  cerf  ^  —  le  Vieillard  et  ses 

enfants  ,  2  p.  d'après  Oudry  ;  in-foL  [Fables  de  La  Fontaine , 

1755). 

150.  Ésope  dictant  ses  fables  à  Phèdre,    d'après  Descamps  ;    in-12 

{Fables  de  Phèdre,  Rouen,  1758  ). 

151.  Alexandre,  d'après  de  Sève;  in-4  {Œuvres  de  Racine,  1760). 

152.  ARSACE  et  IsmÉNIE,  frontispice-titre  d'après  Choffard,  1796, 

—  J'allais  la  préférer  à  elle-même,  vignette  d'après  Le  Barbier, 
l'an  2"';  2  p.  in-8  {Arsace  et  Isménie). 

153.  Agnès  Sorel  renversée  de  cheval.  —  Moncieau  (sic)  del.;  in-8 

avec  cadre. 
Pour  le  chant  VI  de  la  Pucelle  de  Didot ,  l'an  III. 

154.  Songe  de  Saint-Preux  ,  d'après  Monsiau  ,  1796;  in-4   {Rousseau 

de  Defer  de  Maisonneuve). 

155.  PYGMA.LION,  d'après  Regnault  ;  in-4  (même  ouvrage). 

156.  Vénus  veut  te  rendre  heureux,  vignette  pour  le  Temple  de  Gnide, 

d'après  Peyron. 

157.  Catilina,  d'après  Peyron;  in-8  { Œuvres  de  Crébillon  ,  Didot, 

1797). 

158.  Créature  amphibie  vous  me  direz .. .  —  Mais  f  ai  vu  ses  longs 

cheveux  bruns  ,  vignettes  d'après  Dutertre  pour  le  Faublas  de 
l'anVI;  in-8. 

159.  Autel  antique  représentant  Silène,  d'après  Adam  (H.  407). 

160.  Deux  vignettes  pour  les  Deux  Biscuits,  tragédie  traduite  de  la 

langue  que  Von  parlait  jadis  au  royaume  d'Astrakan  ,  1752. 

161.  Armoriai  alphabétique  des  principales  maisons  et  familles  du 

Roïaume...,  parDabuisson;  Paris,    1757,  in-8.  Titre  dessiné 
et  gravé  par  Le  Mire. 


LEMPEREUR   (Jean-Denis). 


1710-17... 


Jean-Denis  Lemperedr,  échevin  de  la  ville  de  Paris, 
était  un  graveur-amateur  qui  avait  formé  un  très  beau 
cabinet  de  tableaux  et  de  dessins  de  grands  maîtres. 
Il  a  gravé  à  l'eau-forte  ,  par  manière  de  distraction  , 
plusieurs  pièces  d'après  Piètre  de  Gortone ,  B.  Gasti- 
glione,  Van  Dyck  et  autres. 

Son  portrait  a  été  gravé  au  lavis  par  Gonord  en 
1761,  d'après  Gochin.  Il  y  est  désigné  comme  ècuyer, 
ancien  échevin,  doi/en  de  ikT"  les  Conseillers  du  Roy 
quartiniers  de  la  ville  de  Paris. 

Jean-Baptiste-Denis  Lempereur  ,  son  fils  ,  né  vers 
1740,  hérita  des  goûts  et  des  connaissances  de  son  père. 
Il  a  aussi  gravé  à  l'eau-forte  plusieurs  pièces  de  sa 
composition  ou  d'après  différents  maîtres  :  l'Ange 
annonçant  aux  bergers  la  naissance  du  Sauveur 
d'après  Boucher,  in-foL;  le  Massacre  des  Innocents 
d'après  Pierre  ,  Paysages  d'après  Ruysdaël. 

«  Je  me  rappelle  d'avoir  (sic)  vu  à  Paris  chez  mon 
»  ami  Wille  un  recueil  assez  considérable  des  gra- 
»  vures  du  père  et  du  fils.  »  (Huber.) 


LEMPEREUR    (Louis-Simon 


1725-17%. 


Louis-Simon  Lempereur  ,  l'ami  de  Watelet ,  né  en 
1725,  fut  élève  de  P.  Aveline  :  «  Il  a  gravé,  dit  Huber, 
»  d'un  meilleur  goût  que  son  maître.  Les  belles 
»  estampes  que  nous  avons  de  sa  main  témoignent 
»  qu'il  a  réfléchi  sur  son  art ,  et  qu'il  s'est  attaché  à 
»  rendre  le  caractère  des  tableaux  qu'il  gravait.  Il 
»  réussit  également  le  portrait  et  l'histoire.  » 

Voici  un  éloge  exagéré.  Bien  que  graveur  du  roi 
et  académicien ,  Lempereur  est  un  artiste  estimable  , 
rien  de  plus,  et  n'a  produit  aucune  pièce  hors  ligne. 

En  fait  de  portraits ,  il  a  gravé  un  Watelet  et  une 
Marguerite  Le  Comte  assez  agréables ,  Etienne 
Jeaurat ,  son  morceau  de  réception  à  l'Académie , 
et  une  grande  allégorie  sur  De  Belloy ,  d'après 
Jollain,  dont  Diderot  parle  avec  le  plus  parfait  mépris: 

«  Je  ne  connais  pas  le  portrait  de  M""  Watelet,  quant 
»  à  l'apothéose  de  M*"  de  Belloy,  tant  que  Voltaire 
»  n'aura  pas  vingt  statues  en  bronze  et  autant  en 
»  marbre,  il  faut  que  j'ignore  cette  impertinence. 
»  C'est  un  médaillon  présenté  au  génie  de  la  Poésie 
»  pour  être  attaché  à  la  pyramide  de  l'Immortalité. 
»  Attache,  attache  tant  que  tu  voudras,  pauvre  génie 


LEMPEREUR    (Louis).  653 

»  si  vilement  employé,  je  te  réponds  que  le  clou  man- 
->  quera  et  que  le  médaillon  tombera  dans  la  boue. 
»  Une  apothéose!  Et  pourquoi?  Pour  une  tragédie 
»  sur  un  des  plus  beaux  sujets  et  des  plus  féconds, 
»  d'un  style  boursouflé  et  barbare,  morte  à  n'en  jamais 
»  revenir.  Gela  fait  hausser  les  épaules.  On  dit  le 
»  Watelet  assez  bien.  Pour  le  De  Belloy,  mauvais  de 
»  tout  point.  J'en  suis  bien  aise.  »  (Salon  de  1764). 

En  fait  d'estampes  :  Vénus  retrouvant  Adonis 
blessé,  Clorinde  blessée  ,  d'après  Barbieri  (Galerie  de 
Dresde),  Céphale  et  Procris,  d'après  le  même,  le  Jardin 
d\imour,  d'après  Rubens  ,  une  des  bonnes  pièces  du 
graveur  ;  on  dit  qu'elle  eut  tant  de  succès  que  le  pre- 
mier jour  de  sa  publication  il  s'en  vendit  700  épreuves; 
son  pendant  le  Festin  espagnol ,  d'après  Palamèdes  ; 
les  Amusements  et  les  Délices  des  flamands,  d'après 
Téniers,  V Attente  du  plaisir,  d'après  Carrache,  et 
quelques  pièces  de  l'école  française  que  nous  citerons 
tout-à-l'heure.  Enfin  quelques  vignettes. 

Lempereur  fut  le  maître  de  Nicolas  de  Launay  ;  le 
30 juin  1770,  nous  le  voyons  tenir  sur  les  fonts  de 
baptême ,  avec  la  femme  de  Wille ,  une  fille  dont 
M'"'  De  Launay  a  accouché  la  veille. 

Lempereur  est  mort  en  1796.  11  demeurait  rue  et 
porte  St-Jacques  au-dessus  du  petit  marché.  Il  était 
de  l'Académie  depuis  le  23  août  1759,  comme  agréé  ; 
sa  réception  eut  lieu  le  2  mars  1776. 

Catherine-Elisabeth  Gousinet,  femme  de  Lempe- 
reur. «  s'est  distinguée  parmi  les  graveuses  françaises.  » 
On  a  d'elle  :  les  Compagnons  d'Ulysse  ,  dans  les 
Fables  de  La  Fontaine  ,  d'Oudry  ;  le  Moulin  de 
Quincjuengrogne,  d'après  Lancret,  in-fol.  en  largeur. 


664         LES    GRAVEURS    DU    XVIII<'    SIÈCLE. 


ESTAMPES. 

1 .  Les  Présents  du  berger ,  —  le  Retour  de  la  foire  ;  2  p.  d'après 

Boucher. 

2 .  Sylvie  fuit  le  loup  qu'elle  a  blessé ,  d'après  Boucher. 

3.  Pjrame  et  Thisbé,  d'après  Gazes;  in-fol. 

4.  L'Enlèvement   de   ProserpINE,    d'après  Gh.  de  la  Fosse  , 

in-fol.  en  largeur. 

5.  Paysages,  d'après  Desfriches;  6  p. 

6.  Les  Grâces  lutinant  les  Amours,  —  les  Amours  lutinant  les  Grâces  ; 

2  p.  d'après  Lagrenée  l'aîné  ;  in-fol.  en  largeur. 

I.  Le  Bâcha  en  promenade,  d'après  Mettan  ;  in-fol.  en  largeur. 

8.  Sacrifice  au  dieu  Pan,  —  Bacchus  et  Ariane;  2  p.  in-fol.  d'après 

Pierre. 

9.  Les  Forges  de  Vulcain ,  —  l'Enlèvement  d'Europe,  2  p.  d'après 

Pierre  ;  in-fol.  en  largeur. 

10.  Titon  et  l'Aurore,  d'après  Pierre;  in-fol. 

II.  Halte  foraine,  d'après  Pillement. 

12.  Le  Triomphe  de  Silène,  d'après  Vanloo  ;  in-fol.  en  largeur. 

13.  Les  Baigneuses,  d'après  Vanloo. 

14.  LES    CONSEILS    MATERNELS,    —    LA    MÈRE    INDUL- 

GENTE, 2  p.  d'après  P.-A.  Wille;  in-foL 

PORTRAITS. 

15.  Belloy  (  P.-L.  Buirette  de)  ,  grande  allégorie  d'après  JoUain  , 

neS;  in-fol. 

16.  Boccace,  vignette  du  Décaméron  de  1757. 

17.  Boyer  de  Fores  ta,  second  président  du  parlement  de  Pro- 

vence, d'après  M.  Vanloo  ;  in-4. 

18.  Gayeux  ,  d'après  Cochin  ;  in-4.  Chez  Lempereur,  graveur  du  Roy, 

rue  et  porte  St- Jacques  au-dessus  du  petit  marché. 


LEMPEREUR    (Louis).  65o 

19.  Charles-Emmanuel  III ,  roi  de  Sardaigne,  en-tôte  pour  la  descrip- 

tion de  son  mausolée  ,  d'après  Moreau. 

20.  Ghàtelet  (Madame  du)  ;  in-4  {Galerie  française). 

21.  Goppette  (L'abbé)  ;  ia-4. 

22.  Je  AU  RAT  (Etienne);  morceau  de  réception. 

23.  Lecomte  (Marguerite),  des  Académies  de  Rome,  Boulogne  (sic) 

et  Florence,  d'après  Watelet  ;  in-4. 

24.  Louis  XV,  frontispice  allégorique  d'après  Boucher  ;  in-4. 

25.  Louis  dauphin,    fils  de  Louis  XV,   et  LouiS  fils  du  dauphin  , 

depuis  Louis  XVI;  2  petits  portraits  pour  l'oraison  funèbre  du 
Dauphin. 

26.  Marcorelle  (J.  F.  de) ,  baron  d'Escale  .  de  l'Académie  des  Sciences 

de  Toulouse:  in-4  ,  d'après  Bourgoin. 

27.  Rolland  (B.  G.),  président  au  Parlement;  in-4,  d'après  Suvée , 

n88. 

28.  Tonelli  (Mademoiselle),  cantatrice;  in-8.  Rare. 

29.  Watelet,   portrait  orné  d'après  Cochin ;  in-4. 

30.  Antoine,  architecte.  —  Bocciardi ,  sculpteur.  —  Lemit ,  architecte. 

—  Percenet,  architecte  ;  4  p.  in-4  d'après  Trinquesse. 

VIGNETTES. 

31.  Illustrations  pour  Boccace,  Corneille,  Racine,  la  Nouvelle  Héloïse, 

d'après  Gravelot  ;  —  pour  Puffendorf,  1753-59  ;  —  le  Quinte- 
Curce  et  le  Tacite  de  Barbou,  d'après  Eisen  ;  —  pour  les  Fables 
de  La  Fontaine  {Belphégor,  2*"  et  3^  planches,  etc. ,  etc.)  ;  —  pour 
la  Pariseïde  de  Godart  d'Aucourt  ;  —  pour  Racine ,  d'après  de 
Sève  ;  —  pour  l'Amitié,  de  M'"'^'  d'Arconville.  —  Louis  XV  visi- 
tant l'Ecole  militaire .  médaille  d'après  Eisen ,  ornements  par 
Choffard. 

32.  Extrait  de  différents  ouvrages  publiés  sur  la  vie  des  peintres , 

par  Papillon  de  la  Ferté  ,  n~6  ,  2  ft-ontispices  d'après  Moreau  , 
in-8. 

Lempereur  a  signé  deux  têtes  de  pages ,  d'après  Moreau ,  pour  la  description 
du  mausolée  de  Louis  XV,  qu'on  trouve  aussi  en  premier  état  avec  la  signatui'e 
de  N.  de  Launay. 


LÉPIGIÉ    (Bernard). 


1698-1765. 


Bernard  Lépicié,  le  graveur  de  Chardin ,  naquit  à 
Paris  le  8  octobre  1698  et  pour  premier  maître  eut  le 
graveur  Jean  Mariette,  dont  le  fils  ne  lui  consacre  pas 
une  ligne  dans  non  Abecedario.  A  l'âge  de  quinze  ans, 
il  entra  dans  l'atelier  de  Gaspard  Ducliange,  et  tout  en 
apprenant  la  gravure  ,  il  put  par  son  intelligence  et  sa 
facilité  réparer  les  lacunes  d'une  éducation  négligée. 
Il  lut  surtout  les  poètes  ,  composa  lui-même  des  odes, 
et  l'on  retrouve  les  traces  de  son  goût  pour  la  poésie 
dans  les  petits  vers  placés  au  bas  de  ses  estampes. 

Ses  premières  amours  ne  furent  pas  heureuses  ,  pa- 
raît-il :  «  Son  âme  sensible  et  tendre,  nous  dit  Gaucher, 
»  étoit  faite  pour  ressentir  vivement  les  irapre.'^sions 
»  de  cette  passion  violente  qui  fait  le  tourment  et  les 
»  délices  de  la  vie  ;  mais  après  avoir,  comme  Anacréon, 
»  chanté  l'objet  de  son  amour,  il  se  vit  contraint , 
»  comme  Tibulle,  de  soupirer  des  regrets.*  » 

Lépicié  «  brisa  sa  lyre  »,  mais  afin  de  ne  pas  être 
témoin  du  triomphe  de  son  rival ,  plus  heureux  parce 
qu'il  était  plus  riche  ,  il  passa  en  Angleterre  où  il  fut 

1  Dictionnaire  des  Artistes  de  l'abbé  de  Fontenav. 


LEPICIÉ.  G67 

employé  à  graver  avec  Dubosc  et  Beauvais  les  Car- 
tons (THampton- Court  de  Raphaël.  Consumé  de 
langueur  et  de  chagrin  ,  il  quitta  bientôt  l'Angleterre 
et  arriva  chez  son  frère,  directeur  des  monnaies  à 
Amiens.  Ne  pouvant  s'y  fixer,  il  acquit  une  charge 
à  Rennes  et  ne  la  garda  qu'un  an.  De  retour  à  Paris, 
il  fit  enfin  ce  qu'il  aurait  dû  faire  dès  le  principe ,  il 
se  consola  dans  le  commerce  des  arts  de  ses  déboires 
amoureux  et  chercha  un  nouvel  objet  pour  qui  brûler, 
ce  qu'il  trouva  bientôt.  Il  fit  la  connaissance  d'une  jeune 
personne  de  seize  ans ,  Renée-Élisabeth  Marlié ,  qui 
annonçait  beaucoup  de  goût  pour  les  arts  ,  et  l'épousa 
en  1729.  Nous  dirons  plus  loin  ce  qu'elle  a  gravé. 

Lépicié  a  été  employé  par  (^rozat ,  dans  la  gravure 
de  son  Recueil  :  Jupiter  et  Junon  ;  Jupiter  et  la , 
de  Jules  Romain  ,  d'après  des  cartons  appartenant  au 
duc  d'Orléans:  Prédication  de  Saint  Jean -Baptiste 
d'après  Gauli  ;  la  Circoncision .  d'après  Jules  Ro- 
main.—  VeHumne  et  Pomone ,  d'après  Rembrandt. 

—  Une  pièce  pour  la  Gale?'ie  de  Versailles  ,  d'après 
Le  Brun  :  Prééminence  de  la  France  reconnue  par 
r Espagne.  —  Les  Francs-Maçons  fiaw^ands  en  loge, 
d'après  D.Téniers  (1747),  du  cabinet  de  M.  Bellanger. 

Lépicié  a  surtout  gravé  d'après  ses  contemporains. 

—  D'après  Rosalba  Garriera ,  le  Printemps ,  in-8 
carré ,  le  pastel  au  comte  de  Morville  ;  Flore.  — 
D'après  Nattier,  Vénus  châtiant  PAm^our,  avec  cette 
épigraphe  :  nul  amour  sans  peine,  nul  (sic)  rose  sans 
épine  :  B.  L Epicier  sculp.  —  D'après  Pater,  deux 
pièces  pour  son  Rotnan  co?nique.  in-fol.  en  largeur  : 
Piramide  d'ailes  et  de  cuisses  de  poulets  élevée  sur 
V assiette  du  Destin  par  M"  Bouvillon ,   1733,   chez 


658  LES    GRAVEURS   DU   XYIII^   SIÈCLE. 

Surugue ,  et  Ragotin  trouve  des  Bohémiens  dans  la 
maison  de  campagne,  1735.  —  D'après  Grimoux, 
VEspagnolète  et  le  Flùteur  {il ■iO). —  Plusieurs  pièces, 
le  Jeu  des  échecs,  d'après  C.  de  Moor  (1746),  le  Jeu 
de  piquet,  d'après  Netscher(1746),  l'Accouchée  (1744), 
la  Relevée  (1744),  la  Jeunesse  et  la  Vieillesse ,  d'après 
É  tienne  Jeaurat  (1749)  sont  ainsi  indiquées  ;  à  Paris 
chez  Lépicié  et  chez  L.  Surugue.  M™"  Lépicié  n'y 
aurait-elle  pas  travaillé? 

Notre  graveur  a  très  agréablement  aussi  interprété 
Charles  Goypel.  L'A^nour  de  village  ou  l'Am^our 
naïf  et  VA7nour  de  ville  ou  V Amour  coquet,  son 
pendant  (1732) ,  se  vendaient  à  Paris  chez  l'auteur 
rue  St-Louis  au  coin  de  fabàreuvoir  du  quay  des 
orfèvres.  L  Amour  précepteur  est  une  de  ces  amu- 
santes compositions  où  le  peintre  aime  à  faire  figurer 
des  enfants.  Lépicié  qui  a  gravé  cette  pièce  en  1730, 
d'après  un  pastel  appartenant  à  M.  le  comte  de  Mor- 
ville,  met  dans  la  bouche  d'un  amour  en  costume  de 
précepteur  ces  vers  : 

L'air  grave  que  je  fais  paroîfre 
Belles,  ne  doit  point  allarmer 
Il  caractérise  le  maître 
El  ne  le  fait  pas  moins  aimer. 

Les  Jeux  d'enfants ,  grande  estampe  in-folio,  sont 
dans  le  même  goût.  Des  enfants  nus  se  costument  et 
se  courtisent  d'une  manière  comique.  —  La  Veuve , 
in-4,  du  cabinet  de  M.  Fagon. 

Mais  c'est  surtout  d'après  Chardin  que  Bernard 
Lépicié  a  gravé  avec  plus  de  succès.  Il  a  interprété 
avec  goût  et  mesure  les  compositions  d'intérieurs  et 


LEPICIE.  659 

de  famille,  si  simples ,  si  bien  observées  et  si  atta- 
chantes du  peintre.  La  Gouvernante  date  de  1739; 
la  Maîtresse  d'école  de  1740 ,  le  Château  de  cartes 
Bile  Tôfon,de  1742,  la  Ratisseuse  (id.),  la  Mère 
laborieuse  de  1743,  le  Bénédicité  de  1744  ainsi  que  le 
Sou/leur,  la  Pourvoyeuse ,  V Aveugle ,  le  tout  agré- 
menté de  petits  vers  anodins  de  la  façon  du  graveur. 

Signalons  enfin  une  estampe  que  Gaucher  appelle 
«  un  morceau  capital  »,  le  Bâcha  faisant  peindre  une 
de  ses  femmes ,  d'après  la  peinture  de  Carie  Van  Loo. 
L'expert  Remy,  dans  le  catalogue  de  la  vente  de  Jul- 
lienne  (1767),  disait  à  propos  de  ce  tableau  bien  connu 
par  l'estampe  gravée  en  1748  par  Lépicié  :  «  Ce  tableau 
»  est  touché  moëlleusement  et  les  figures  bien  dessi- 
»  nées  ,  mais  ce  qui  donne  une  grande  preuve  de  sa 
»  distinction  c'est  qu'il  se  trouve  placé  dans  ce  cabinet 
»  entre  plusieurs  morceaux  du  premier  mérite  et  qu'il 
»  s'y  soutient  parfaitement.  » 

En  devenant  en  1737  secrétaire  perpétuel  de  l'Aca- 
démie de  peinture  à  la  mort  de  Dubois  de  St-Gelais 
qu'il  remplaçait,  Lépicié  abandonna  presque  complète- 
ment la  gravure  pour  se  consacrer  à  ses  nouvelles 
fonctions,  d'autant  qu'il  fut  aussi  nommé  historiographe 
de  ladite  Académie.  Il  avait  été  un  graveur  habile,  il 
maniait  également  la  plume  avec  facilité  et  se  mit 
immédiatement  à  l'œuvre.  Ayant  formé  le  plan  d'écrire 
l'histoire  de  l'établissement  de  l'Académie  et  la  vie  des 
peintres  et  des  sculpteurs  qui  en  avaient  fait  partie  , 
il  ne  put  mener  à  bien  un  plan  aussi  vaste  et  se 
contenta  d'écrire  des  notices  séparées  sur  Le  Brun , 
Le  Sueur,  Mignard ,  Sarazin.  Lépicié  était  en  même 
temps  l'éditeur,  en  sa  qualité  de  secrétaire  perpétuel , 


660  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

des  Vies  des  premiers  peintres  du  Roi  (1752) ,  et  fut 
chargé  par  M.  de  Tournehem  de  rédiger  le  Catalogue 
raisonné  des  tableaux  du  Roi,  avec  un  abrégé  de  la 
vie  des  peintres,  ouvrage  sorti  de  l'imprimerie  royale 
en  1752-1754  ,  fait  avec  soin  et  que  la  mort  l'empêcha 
de  terminer. 

Bernard  Lépicié  a  gravé  un  certain  nombre  de  por- 
traits, dont  plusieurs  intéressants.  D'abord  pour  entrer 
à  l'Académie  où  il  fut  reçu  le  31  décembre  1740,  il 
dut  graver  le  portrait  de  Louis  de  Boullongne,  belle 
planche  exécutée  dès  1736  d'après  H.  Rigaud  .  et  celui 
du  peintre  Nicolas  Berlin  ,  d'après  De  Lien. 

Tout  le  monde  connaît  et  apprécie  l'excellent  por- 
trait de  Molière  d'après  Coypel,  placé  en  tête  de  la 
belle  édition  de  ses  Œuvres,  1734. 

Antoine  de  la  Roque ,  ancien  mihtaire  blessé  à  la 
guerre,  auquel  le  roi  avait  donné,  comme  dédomma- 
gement, la  ferme  du  Mercure  de  France.  C'était  un 
amateur  des  beaux-arts  que  Watteau  ,  qui  l'a  peint ,  a 
placé  dans  un  paysage  égayé  par  des  naïades  et  des 
faunes.  Il  est  assis  ,  son  chien  près  de  lui  et  sa  canne 
à  portée.  Au-dessous  ces  petits  vers  du  graveur  : 

Victime  du  dieu  Mars,  les  filles  de  mémoire 
Occupent  à  présent  son  cœur  et  son  esprit 

Il  a  combattu  pour  la  gloire 

Et  c'est  pour  elle  qu'il  écrit. 

Un  bon  portrait  encore  de  notre  graveur  est  celui , 
d'après  H.  Rigaud,  de  Messire  Philibe^-t  Orry,  con- 
trôleur général  des  finances  et  directeur  des  bâtiments 
du  roi ,  grande  et  belle  estampe  exécutée  avec  goût 
en  1737. 


LEPICIE.  66i 

Mentionnons  les  portraits  de  l'Abbé  Capperonnier, 
bibliothécaire;  de  l'actrice  Charlotte  Desmares  dans  le 
rôle  de  Thalie,  d'après  Ch.  Goypel  (1736);  de  Catherine 
de  Seine,  femme  Dufresne ,  dans  celui  de  Lucrèce  , 
d'après  Aved  ;  de  Ch.  de  Rhodes  de  la  Morlière, 
d'après  La  Tour.  —  Pour  la  suite  d'Odieuvre  ,  ceux  de 
Watteau ,  de  la  Rosalba  et  de  M"**  de  Maintenon.  — 
Boucon ,  amateur,  d'après  F.  de  Troy ,  gravé  avec 
Thomassin  ;  enfin  le  portrait  de  Messire  Pierre  Gras- 
sin ,  conseiller,  offert  par  son  très  humble  serviteur 
Lépicié  l'aîné. 

«  M""  Grassin  (d'après  une  note  manuscrite]  prétend 
»  ne  l'avoir  point  fait  graver  ;  que  c'est  le  frère  d'un 
»  de  ses  commis  qui  le  grava  en  1718,  et  qu'il  n'en  fut 
»  pas  plutôt  informé  qu'il  retira  la  planche  et  tous  les 
»  portraits  qui  avoient  paru  et  il  se  défit  de  son 
»  commis.  » 

Voilà  un  homme  qui  n'aimait  pas  la  gravure  ,  car  le 
portrait  n'était  pas  déjà  si  mal  ! 

Bernard  Lépicié  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie 
le  17  janvier  1755,  dans  son  logement  au  Louvre.  Il 
fut  inhumé  en  présence  de  son  fils ,  le  peintre  bien 
connu. 

«  Egalement  cher  aux  artistes  et  aux  gens  de  lettres, 
»  a  écrit  Gaucher,  Lépicié  emporta  les  regrets  de  tous 
»  ceux  qui  l'avoient  connu.  Il  avoit  la  physionomie 
»  ouverte  et  gracieuse,  le  caractère  gai ,  affable  ;  sa 
»  société  étoit  douce  et  intéressante.  Il  s'exprimoit 
»  avec  autant  de  facilité  que  de  grâce.  Ses  vers  ont  de 
»  la  noblesse ,  de  l'expression,  du  sentiment  :  l'on 
»  retrouve  dans  ses  estampes  les  mêmes  qualités  réu- 
»  nies  :  du  caractère ,  de  l'énergie,  une  touche  large 
n.  43 


662         LES    GRAVEURS    DU    XVIII''   SIECLE 

»  et  moelleuse,  dirigée  par  une  profonde  connoissance 
»  du  dessin.  » 

Renée-Elisabeth  Marliê  Lépiciê,  fille  d'un  maître- 
écrivain,  avait  épousé  le  graveur  Bernard  Lépicié,  qui 
lui  mit  le  burin  à  la  main  et  s'en  fit  aider,  dit  Mariette, 
dans  plusieurs  de  ses  ouvrages.  Il  ajoute  que  c'était 
une  femme  sage  et  qui  a  fait  le  bonheur  de  son  mari  et 
de  ses  enfants. 

Elle  a  signé  de  son  nom  diverses  estampes  :  la  Vie 
chmnpêire,  d'après  Bouclier  (1741)  ;  l'Amour  tnois- 
sonneur  et  l'Amour  oiseleur,  du  même  artiste.  Le 
Déjeuné ,  jolie  estampe,  porte  cette  seule  mention  : 
gravé  à  V eau-forte  par  Lépicié,  mais  Le  Blanc  la 
lui  attribue.  Au-dessous  ces  vers  signés  également 
Lépicié  : 

Caffé  charmant  ta  liqueur  agréable 

De  Bacchus  calme  les  accès  ; 
Ton  feu  divin  dissipe  de  la  table 

Et  les  dégoûts  et  les  excès. 

Le  Contrat  de  ^nariage,  d'après  Gh.  A.VanLoo  ;  la 
Piéniontaise,  d'après  N.  Halle  ;  les  Eléments,  4  pièces 
in-4,  d'après  E.  Jeaurat;  la  Jeunesse  sous  les  habille- 
Tnents  de  la  Décrépitude  ,  d'après  Ch.  Coypel  ;  une 
copie  du  Bénédicité  de  Chardin  ;  le  Philosophe,  le 
Buveur  et  le  Cuisinier  flamand,  d'après  D.  Téniers  ; 
les  portraits  de  C.  Mellan  et  de  Fléchier,  pour  la  suite 
d'Odieuvre,  etc.. 

Elisabeth  MarUé  Lépicié ,  née  en  1714 ,  mourut  à 
Paris  le  27  mars  1773 ,  dans  le  logement  qu'occupait 
son  mari  au  Louvre  et  qui  lui  avait  été  laissé. 


LEPICIE.  663 

Le  fils  de  Lépicié  a  dessiné  dos  planches  pour  la  suite 
de  VHisioire  de  France  qui  a  été  continuée  par 
Moreau. 


ESTAMPES. 

I.  d'après  boucher. 

1 .  Cérès  endormie  ;  in-fol. 

2.  Le  Déjeuner;  in-fol. 

3.  L'Amour  oiseleur,  —  l'Amour  moissonneur;  2  p.  in-fol. 

II.  d'après    CHARDIN. 

4.  LE   BÉNÉDICITÉ.  —  Lépicié  sculp.,  1744;  in-fol. 

1^''  état  :  Avant  la  lettre. 

Copies  par  R.  Elisabeth  Lépicié,  par  Petit  et  Simon. 

5.  LE  CHATEAU  DE   CARTES;  in-4  en  largeur. 

6.  LA  GOUVERNANTE,  1739;  in-foL 

Copié  par  Le  Moine. 

1.   Petite  fille  jouant  au  volant ,   1742;  in-4. 

8.  LA   MAITRESSE   D'ÉCOLE,   1741;  in-4  en  largeur. 

l"'  état  :  Avant  les  contre-tailles  sur  le  haut  du  bonnet. 

9.  LA  MÈRE   LABORIEUSE.  —  Lépicié sculpsit ,  1740,  in-fol. 

l"''  état  :  La  marguerite  que  l'on  voit  à  terre  près  du  dévidoir  est  complète- 
ment blanche  (E.  Bocher,  35) . 
Gravure  plusieurs  fois  copiée . 

10.  LA    POURVOYEUSE,   1742;  in-fol. 

Il  faut  l'avoir  avec  la  légende  :  A  votre  air  j'estime  et  je  pense.. .  ,  et  l'adresse 
de  Lépicié.  Cette ostampe  a  été  plusieurs  fois  copiée.  M.  Emm.  Bocher  indiqua 
sept  copies. 

U.   LA   RATISSE  USE. —Lépicié  sculpsit,  1742;  in-fol. 

Il  faut  l'avoir  avec  la  signature  et  l'adresse  de  Lépicié.  M.  Bocher  en  signale 
plusieurs  copies. 


664  LES   GRAVEURS    DU    XVIIU    SIÈCLE 

12.  Le  Souffleur,  gravé  par  Lépicié,  l'744  ;  in-fol. 

13.  Le  Toton,   n42;  in-4. 

III.  d'après  g.  goypel. 

14.  L'Amour  précepteur.  V air  grave  que  je  fais  paraître  1730. 

15.  L'Amour  de  village  ou  l'Amour  naïf.  —  L'Amour  de  ville  ou 

l'Amour  coquet;  2  p.  in-fol.  ovale. 

16.  Thalie  chassée  par  la  peinture,  1733.  —  Les  Amours  à  la  toilette. 
l'7.  Jeune  femme  se  mirant.  Entre  deux  mouvements . . . 

18.  Le  Curé  et  Cardenio  rencontrant  Dorothée.  [Don  Quichotte.) 

19.  Le  Dépit  de  l'absence.   —  La  Veuve  coquette;  2  p.  gravées  avec 

Surugue. 

20.  Jeux  d'enfants  ;  in-fol.  en  largeur. 

IV.  d'après  grimou. 

21.  L'Espagnolette,  —  le  Flùteur;  2  p.  in-fol.,  1740 

V.  d'après  jeaurat. 

22.  L'Accouchée,  —  la  Relevée;  2  p.  in-fol.,  1744. 

23.  La  Jeunesse,  —  la  Vieillesse;  2  p.  in-fol.,  1745. 

VI.  d'après  nattier. 

24.  Nul  amour  sans  peine,  nulle  rose  sans  épines. 

25.  Vénus  éprise  d'Adonis. 

VII.  d'après  rosalba  garriera. 

26.  Le  Printemps;  in-4 ,  avec  ces  vers  de  la  facture  du  gravent 

L'éclat  des  fleurs  est  peu  durable, 
La  Beauté  s'altère  aisément; 
Il  n'est  qu'un  instant  favorable, 
Et  cet  instant  c'est  le  présent. 

LÉPICIÉ. 


LEPICIE.  665 

VIII.  d'après  c.-a.  vanloo. 
27.  B\CH.\  FAISANT  PEINDRE  S.V  MAITRESSE;  ia-fol.  en  largeur. 

Tombeau  de  Pierre  Mignard,  d'après  Le  Moyne  flls. —  Planches  pour  leflomon 
Comique,  d'après  Pater. —  Jupiter  et  Europe,  d'après  Vleughels.  —  Planches  pour 
les  Cartons  d'Hamptoncourl. — La  Circoncision,  Jupiter  embrassant  Junon,  d'après 
Jules  Romain.  —  La  Prédication  de  saint  Jean-Baptiste ,  d'après  G.  Gauli.  — 
Yertumne  et  Pomone,  d'après  Rembrandt. —  Le  Jeu  des  échecs,  d'après  G.  de  Moor, 
et  le  Jeu  de  piquet,  d'après  G.  Netscher.  —  L'Agneau  Pascal,  Saturne  amoureux 
de  Phylira,  d'après  le  Parmesan . 


PORTRAITS. 

28.  Bertin  (Nicolas),  peintre  du  Roi ,  d'après  de  Lien,  1746;  in-fol. 

Morceau  de  réception  à  l'Académie . 

29.  Boucon ,  amateur,  d'après  F.  de  Troy  ;  in-fol.  Vétude  fui  toujours 

Vohjet  de  mes  désirs. 

30.  Boulongne  (Louisde),  premier  peintre  du  Roi,  d'après  Rigaud  ; 

in-fol. 

Morceau  de  réception  à  l'Académie. 

31.  CapperonNIER  (Claude),  abbé,  d'après  Aved  ,  1741;  in-fol. 

32.  DESMARRS  (Charlotte),  actrice,  en  Thalie,  d'après  C.  Coypel  , 

1733;  in-fol. 

Touchante  dans  les  pleurs,  piquante  dans  les  ris, 
De  l'une  et  l'autre  scène  également  maîtresse, 

Au  théâtre  tu  réunis 

Les  dons  partagés  au  Permesse. 

33.  Dufresne  (  Catherine  de  Seine ,    épouse  du  S''  ) ,    dans  le  rôle  de 

Cléopâtre,  d'après  Aved  ,  1737  ;  in-fol. 

L'art  ne  vous  prête  point  sa  frivole  imposture 
Dufrêne,  vos  attraits,  vos  talents  enchanteurs, 

N'ont  jamais  dû  qu'à  la  nature 
Le  don  déplaire  aux  yeux  et  d'attendrir  les  cœurs. 

34.  Grassin  (Pierre),  directeur  général  des  monnaies,  d'après  Lar- 

ffillière. 


666         LES    GRAVEURS    DU    XVIII''    SIECLE. 

35.  La  Roque  (  Antoine  de  ) ,  vieux  militaire,  se  reposant  dans  un 

paysage  orné  de  nymphes  et  de  faunes,  d'après  Watteau  ;  in-foL 
en  largeur. 

36.  Maintenon  (la  Marquise  de),  d'après  Mignard  (Odieuvre). 

37.  MOLIÈRE,  d'après  Charles  Coypel  ;  in-4  (édition  de  1734). 

38.  ORRY  (Philibert),  comte  de  Vignory,  ministre  et  conseiller  d'Etat, 

contrôleur  général  des  finances,  d'après  Rigaud;  in-fol. 

39.  Richer  de  Roddes  de  la  Morlierre  (Charles),  d'après  La  Tour  ;  in-fol. 

40.  Rosalba  Carriera  ,  d'après  elle-même;  in-8.   Chez  Odieuvre. 

41.  Watteau  ,  se  ipsum  pinx.;  in-8.   Chez  Odieuvre. 


LE  PRINCE    (Jean-Baptiste). 


1734-  1781. 


«  Un  original ,  qui  tout  jeune  encore  va  carrément 
»  trouver  le  gouverneur  de  sa  province  ,  lui  demande 
»  sa  protection  et  l'obtient  ;  puis  à  peine  adolescent 
»  épouse  "une  femme  presque  vieille,  rompt  peu  de 
»  temps  après  avec  elle,  s'enfuit  à  l'étranger,  est  pris 
»  par  des  corsaires  qu'il  charme  avec  son  violon , 
»  explore  la  Russie  d'un  bout  à  l'autre  ,  est  présenté 
»  au  Gzar  et  choyé  à  Saint-Pétersbourg,  revient  en 
»  France,  est  nommé  académicien ,  séduit  Diderot , 
»  invente  un  procédé  de  gravure  dont  il  tire  des  effets 
»  ravissants  et  qu'il  ne  trouve  pas  à  vendre  ,  gagne 
»  beaucoup  d'argent ,  dépense  sans  compter ,  achète 
»  une  maison  de  campagne  dans  laquelle  il  doit  bientôt 
»  mourir,  en  léguant  pour  tout  héritage  à  une  jeune 
^>  nièce  qui  l'a  soigné .  une  jolie  collection  de  créan- 
»  ciers ,  »  telle  est ,  spirituellement  résumée  par 
M.  Jules  Hédou  ,  la  vie  du  peintre  des  mœurs  et  des 
types  russes  .  de  l'illustrateur  des  Saisons  de  Saint- 
Lambert  et  du  Voyage  en  Sibérie  de  Ghappe,  de  l'in- 
venteur de  la  gravure  au  lavis. 

Jean  Le  Prince  ,  né  à  Metz  en  1734  ,  prit  les  pre- 
mières leçons  de  peinture  dans  sa  ville  natale ,  mais 


668  LES    GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE. 

bientôt  il  sentit  un  impérieux  désir  de  venir  à  Paris 
recevoir  les  conseils  de  maîtres  renommés.  Sa  famille 
était  pauvre  ,  et  ne  pouvait  lui  fournir  l'argent  du 
voyage  :  le  jeune  homme  trouva  le  moyen  de  plaire  au 
maréchal  de  Belle-Isle,  alors  gouverneur  de  Metz  ,  de 
l'accompagner  dans  un  voyage  à  Paris  ,  et  de  se  faire 
placer  par  lui  dans  l'ateher  de  Boucher. 

Le  Prince  aimait  la  dépense,  il  avait  de  pressants 
besoins  d'argent,  il  épousa  en  -1752  ,  lui  garçon  de  dix- 
huit  ans,  Marie  Guiton,  qui  en  avait  quarante,  et  com- 
mença à  dévorer  consciencieusement  la  petite  fortune 
de  sa  femme.  L'existence  à  deux  devint  bientôt  impos- 
sible. Le  Prince  abandonna  sa  femme  ,  en  lui  rendant 
ce  qui  restait  de  sa  dot,  et  alla  faire  un  voyage  en  Italie. 
11  y  dessina  quelques  vues  qui  ont  été  gravées  à  l'eau- 
forte  par  Saint-Non,  mais  en  somme  l'Italie  ne  l'inspira 
pas.  Lorsqu'il  revint  à  Paris,  il  se  sentit  bientôt  en- 
nuyé des  difficultés  qu'il  éprouvait  à  percer.  Prenant 
alors  une  grande  résolution  qui  devait  avoir  une 
influence  décisive  sur  sa  carrière  artistique,  il  partit 
pour  la  Russie,  probablement  sur  les  incitations  de 
ses  frères,  musiciens,  qui  s'étaient  fixés  à  Moscou. 

Il  passa  par  la  Hollande ,  où  il  s'embarqua  sur  un 
navire  qui  faisait  voile  pour  la  Russie.  On  dit  que  ce 
navire  fut  pillé  par  des  corsaires  anglais,  et  que  Le 
Prince  put  seul ,  en  jouant  du  violon  ,  obtenir  de  con- 
server son  bagage  intact.  Quoiqu'il  en  soit  de  cette 
anecdote.  Le  Prince  arriva  sans  autre  encombre  à 
Saint-Pétersbourg  où  il  fut  admirablement  accueilli. 

Il  demeura  cinq  ans  en  Russie,  vivant  de  ce  que 
rapportaient  ses  peintures ,  exécutant  des  travaux 
pour  le  palais  impérial ,  voyageant  dans  cet  immense 


LE    PRINCE.  669 

empire,  amassant  dans  ses  portefeuilles  les  croquis 
de  toute  sorte,  matériaux  de  ses  futurs  tableaux  et  de 
ses  gravures,  se  liant  avec  Ghappe  d'Auteroche,  à  qui 
il  devait  bientôt  fournir  les  illustrations  de  son  voyage 
en  Sibérie.  11  revint  en  France  à  la  fin  de  1763. 

Nous  n'avons  pas  ici  à  suivre  Le  Prince  dans  sa 
carrière  de  peintre.  Rappelons  seulement  qu'en  1765, 
à  trente-et-un  ans,  il  fut  reçu  à  l'Académie,  sur  la  pré- 
sentation du  Baptême  Russe.  Ajoutons  que  nombre 
d'estampes  ont  été  gravées  d'après  les  tableaux  de  Le 
Prince,  par  Le  Veau,  Née,  Le  Mire,  Godefroy,  Lon- 
gueil,  N.  de  Launay,  Gaillard,  Pruneau,  etc. 

Ce  qui  nous  concerne  particulièrement .  c'est  Le 
Prince  considéré  comme  graveur;  à  ce  titre  il  a 
le  mérite  d'une  double  originalité  :  celle  des  sujets , 
puisqu'il  s'appliqua  surtout  à  graver  les  types  et  les 
paysages  «  russiens  ».  ce  qui  donne  à  son  œuvre  un 
parfum  exotique  qui  attire  forcément  l'attention  ;  et 
celle  du  procédé  puisqu'il  a  imaginé  un  nouveau 
mode  de  gravure,  dont  il  s'est  sorvi  avec  une  remar- 
quable habileté. 

Dès  son  retour  en  France,  Le  Prince  commençait 
à  mettre  à  profit  les  matériaux  qu'il  rapportait  de 
ses  voyages ,  et  il  gravait  à  l'eau-forte  de  petites 
suites  d'ajustements  russes,  d'habillements  des  femmes 
russes,  des  prêtres  russes  ,  des  stréhtz  :  des  cahiers 
représentant  les  marchands  de  Saint-Pétersbourg  et  de 
Moscou  ;  des  paysages  de  Livonie,  et  de  petites  scènes 
comme  le  Cabaret  livonien ,  la  Cuisine  livonienne. 
le  Marchand  de  cowasse ,  le  Rémouleur.  Tout  cela  . 
il  faut  bien  le  reconnaître ,  est  touché  d'une  pointe 
assez  grêle,  et  l'effet  nous  en  semble  des  plus  minces. 


670  LE8    GRAVEURS    DU    XVIIU'    SIECLE 

Le  Prince  devait  faire  mieux.  En  1768  se  produit 
un  événement  capital  dans  son  existence  de  graveur, 
l'ingénieux  artiste  trouve  du  premier  coup,  semble-t-il, 
et  sans  tâtonner,  le  procédé  de  la  gravure  au  lavis , 
qui  imite  le  dessin  avec  une  vérité  surprenante. 

Voici  en  quoi  consiste  ce  procédé  : 

D'abord,  on  grave  le  trait  à  Teau-forte,  comme  pour 
une  gravure  ordinaire.  Une  fois  le  trait  mordu ,  on 
couvre  de  nouveau  la  planche  de  vernis,  et  c'est  sur  ce 
vernis  qu'on  lave  au  pinceau  ,  avec  une  encre  grasse 
composée  de  noir  de  fumée  délayé  dans  un  mélange 
d'une  partie  d'huile  d'olive  et  de  trois  parties  d'essence 
de  térébenthine.  Cette  encre  dissout  le  vernis,  plus  ou 
moins,  suivant  que  la  teinte  est  plus  ou  moins  vigou- 
reuse, et  le  dispose  ainsi  à  être  pénétré  plus  ou  moins 
par  l'eau-forte  ;  de  là  résulteront  plus  tard  les  diffé- 
rentes teintes  du  lavis. 

Le  vernis  ayant  été  attaqué  comme  il  convient  par 
cette  encre  grasse ,  on  essuie  la  planche,  et  on  la  dé- 
graisse avec  de  la  poudre  à  poudrer  ;  puis  on  passe 
sur  la  planche  un  tampon  imbibé  d'une  eau  savon- 
neuse et  sucrée,  qui  doit  retenir  la  résine  dont  on  va 
se  servir. 

A  travers  un  tamis  ,  on  répand  sur  la  planche  de  la 
poudre  de  résine  très  fine.  On  fait  chauffer .  et  la 
planche  se  trouve  ainsi  recouverte  d'un  vernis  très- 
poreux  qui  donne  facilement  accès  à  l'eau-forte  et  la 
laisse  pénétrer  en  un  nombre  infini  de  grains  qui  re- 
produisent l'aspect  du  lavis. 

On  fait  enfin  mordre  à  l'eau-forte. 

Dès  qu'il  eut  trouvé  son  procédé  ,  Le  Prince  mit  au 
jour  une  quantité  dejolies  pièces  ainsi  gravées,  et  dont 


LE    PRINCE.  674 

nous  doiiiioiis  plus  loin  la  liste,  ce  sont  encore  pour  la 
plupart  des  vues  de  Russie,  des  scènes  de  mœurs,  des 
paysages,  sa  maîtresse  pièce  fut  une  grande  pastorale 
en  largeur,  portant  comme  légende  le  vers  de  Virgile 

0  Fortunatos  niTuimn ;  une  très  jolie  pièce  est 

encore  le  Jésus  au  milieu  des  docteurs . 

Le  Prince  reproduisit  à  l'aqua- tinte  un  de  ses 
tableaux ,  le  Repos ,  qui  représente  une  jeune  fille 
endormie  sur  son  lit  et  surprise  par  ses  parents  qui 
semblent  se  demander  ce  qui  s'est  passé.  L'intention 
est  assez  leste,  à  n'en  pas  douter. 

Le  Roué  vertueux ,  incompréhensible  élucubration 
de  Goqueley  de  Chaussepierre,  publiée  en  1770,  fut 
illustré  de  six  aqua-tintes  par  notre  artiste.  En  1774, 
Le  Prince  donna  ses  derniers  travaux  au  lavis,  une 
suite  de  cinq  pièces  sur  les  Sens. 

En  1775,  il  fut  nommé  conseiller  à  l'Académie.  Il 
avait  beaucoup  travaillé  ,  exposé  nombre  de  tableaux, 
gagné  pas  mal  d'argent .  et  dépensé  encore  plus,  car 
il  était  fort  libertin  et  dépensier.  «  Cet  artiste  à  la 
»  fleur  de  l'âge ,  trop  livré  au  plaisir  et  recueillant 
»  les  fruits  amers  d'une  vie  licentieuse  que  favorise 
»  sa  profession,  est  attaqué  de  vapeurs,  de  vertiges,  et 
»  dans  un  état  d'épuisement  qui  fait  désespérer  qu'il 
»  puisse  jamais  reprendre  la  palette  »,  écrivait-on  de 
lui  en  1779.  Il  avait  acheté  une  maison  de  campagne 
à  Saint-Denis  du  Port  ;  il  ne  travaillait  plus  que  diffi- 
cilement, sa  position  devenait  précaire,  il  voulut  vendre 
son  procédé. 

Dès  1769,  l'artiste  avait  apporté  à  l'Académie  ,  pour 
les  soumettre  à  l'appréciation  de  ses  collègues .  des 
«  dessins  à  l'encre  de  Chine  et  au  bistre  gravés  par 


672         LES   GRAVEURS    DU    XVIIP    SIÈCLE. 

»  un  procédé  nouveau  de  son  invention ,  différent  de 
»  tous  ceux  qui  ont  été  trouvés  jusqu'à  présent,  et  qui 
»  permet  d'exécuter  sur  le  cuivre  avec  presqu'autant 
>  de  promptitude  que  le  dessin  même.  »  Tout  en 
approuvant  ces  essais ,  l'Académie  ne  crut  pas  alors 
devoir  acquérir  le  fameux  secret.  Ce  n'est  qu'après  la 
mort  de  l'artiste  qu'elle  se  décida ,  surtout  pour  venir 
en  aide  à  sa  nièce ,  iVP"®  Le  Prince.  Voici  la  lettre 
qu'écrivait  à  ce  sujet ,  le  30  novembre  1781 ,  le  comte 
d'Angiviller  à  Pierre,  directeur  de  l'Académie  :«  J'avais 
»  eu,  M"",  une  idée  tout-à-fait  semblable  à  la  vôtre 
»  relativement  à  M^"®  Le  Prince  ;  je  veux  dire  que 
»  j'avais  pensé  que  l'acquisition  du  secret  de  M''  Le 
»  Prince  pour  la  gravure  en  forme  de  dessin  lavé , 
»  pouvoit  présenter  à  la  fois  un  moyen  de  venir  au 
»  secours  de  la  nièce  de  cet  artiste  et  celui  d'enrichir 
»  les  arts  de  ce  nouveau  procédé.  J'approuve  donc 
»  très-fort  la  proposition  que  vous  avés  faite  sur  ce 
»  sujet  à  M^"®  Le  Prince  ,  et  je  pense  que  l'Académie 
»  aujourd'hui  assés  riche  tant  par  la  dotation  du  Roi 
»  que  par  la  concession  des  baraques  à  son  profit ,  ne 
»  peut  faire  de  partie  de  son  revenu  un  meilleur  usage 
»  que  de  l'emploier  à  l'acquisition  du  secret  de  feu 
»  M""  Le  Prince  ,  soit  au  moyen  d'une  pension  de 
»  1200  livres  sur  la  tête  de  M""^  Le  Prince,  soit  par 
»  le  payement  d'un  capital  et  même  en  ajoutant  à 
»  la  pension  une  petite  gratification  en  forme  de  pot- 
»  de-vin....  *  » 

C'est  après  la  conclusion  de  cette  affaire  que  la  nièce 
de  l'artiste  envoya  à  l'Académie  un  carton  renfermant 

1  Procès-verbaux  inédits  de  l'Académie. 


LE    PRINCE.  673 

le  secret  de  son  oncle  écrit  de  la  main  même  de 
Le  Prince. 

M.  Jules  Hédou  a  publié  sur  Le  Prince  un  ouvrage 
fort  intéressant  *  contenant  une  notice  biographique 
et  un  catalogue  raisonné  de  ses  gravures.  On  aime 
aujourd'hui  les  renseignements  précis  et  détaillés,  et 
l'on  veut  connaître  les  choses  par  le  menu.  Si  l'on 
tient  à  savoir  ce  qu'un  artiste  a  gravé,  l'on  n'est  point 
fâché  d'apprendre  aussi  combien  U  a  payé  sa  maison 
de  campagne,  de  quels  meubles  il  la  garnissait,  quels 
livres  il  avait  dans  sa  bibliothèque,  on  ne  dédaigne 
point  d'apprendre  que  Le  Prince  avait  six  chemises, 
dix  mouchoirs  ,  trente-sept  serviettes  et  trois  nappes, 
cinq  douzaines  et  demie  de  torchons  et  dix  tabliers  de 
cuisine,  une  seringue  en  étain,  et  «  dans  un  petit  carré 
»  précédent  les  lieux  utils  »  trois  tables  de  nuit  en 
noyer  et  six  pots  de  chambre  de  faïence.  On  se  repor- 
tera donc  avec  intérêt  aux  documents  inédits  dont 
l'auteur  a  fait  suivre  son  travail  :  la  description  dé- 
taillée du  procédé  de  la  gravure  au  lavis,  le  prospectus 
de  la  souscription  tentée  par  Le  Prince  pour  la  vente 
de  son  procédé,  le  procès-verbal  de  l'apposition  des 
scellés  à  Saint-Denis  du  Port,  le  testament  de  l'artiste, 
l'inventaire,  l'acte  d'achat  et  l'acte  de  vente  de  la 
propriété  de  Saint-Denis  du  Port  et  le  catalogue 
de  la  vente  après  décès,  qui  fut  faite  le  28  novembre 
1781  et  jours  suivants ,  par  les  soins  de  l'expert 
Le  Brun. 


1  Jean  Le  Prince  et  son  œuvre,  suivi  de  nombreux  documents  inédits, 
portrait  gravé  à  l'eau-forte  par  Gilbert.  Paris,  Baur  et  Rapilly,  18^9, 
1  vol.  in-8. 


674  LES    GRAVEURS   DU    XVIII'    SIÈCLE 


EAUX-FORTES. 

1 .  Divers  ajustements  et  usages  de  Russie,  dédiés  à  Monsieur  Boucher 

peintre  du  Roy,  par  son  élève  Le  Prince,  1764;   10  p.  in-4. 

Titre.  —  La  Diseuse  de  bonne  aventure.  —  La  Bonne  Sœur.  —  Femmes  de 
Valday.  —  Femmes  du  peuple  revenant  du  marché.  —  Femme  de  la  province 
d'Ingrie,  de  face.  —  La  même,  de  profil.  —  Manière  dont  les  femmes  portent 
différents  fardeaux.  —  La  Promenade  en  hiver.  —  La  Complaisance. 

2.  Divers  habillements  des  femmes  de  Moscovie  ,  dédiés  à  M.  de  La- 

grenée,  1764;  6  p.  iu-12. 

Femme  du  peuple,  titre.  —  Habillement  des  vieilles.  —  Paysanne. —  Servante 
en  habit  d'hiver.  —  Marchande  d'Agourtzi .  —  La  Conversation . 

3.  Deuxième  suite  d'habillements  des  femmes  de  Moscovie,  1768;  6  p. 

in- 18. 

Femme  voliac,  titre.  —  Paysanne  moscovite. —  Femme  moscovite. —  Fille  de 
Finlande.  —  La  Marchande  de  champignons.—  Ajustement  des  vieilles  femmes 
moscovites. 

4.  Divers  habillements  de  prêtres  de  Russie,  les  mêmes  qui  étaient  en 

usage  avant  la  désunion  des  deux  Églises ,  dédiés  au  comte  de 
Caylus;   10  p.  in-8. 

5.  Les  Strélitz,  ancienne  milice  détruite  par  Pierre-le-Grnnd  ;  8  p.  in-4. 

6.  Première  suite  de  cris  et  divers  marchands  de  Pétersbourg  et  de 

Moscou,  dessinés  d'après  nature,  dédiés  à  Chardin,  176.5  ;  6  p.  in-4. 

Le  Marchand  de  gâteaux ,  titre .  —  Marchand  de  poulets .  —  Marchand  d'oeufs 
et  de  beurre.  —  Marchand  de  limonade.  —  Marchande  de  pain .  —  La  Petite 
Marchande  d'œufs  d'Œtha. 

1.   2'"^  Suitte  de  divers  cris  de  marchands  de  Russie,  n65  ;  G  p.  in-4 
en  largeur. 

Titre.  —  Finlandaise  apportant  des  provisions  au  marché.  —  Marchand  de 
poisson  gelé.  —  Marchand  de  poisson  vivant.  —  Retour  du  marché.  —  La  Lai- 
tière d'Œtha . 

8.   IIP  Suitte  de  divers  cris  de  marchands  de  Russie,  1768  ;  6  p.  in-12. 

Le  Marchand  de  beurre  finlandais,  titre. —  Boucher.  —  Marchand  de  branches 
d'arbres .  —  Cocher  de  traîneau  public .  —  Marchand  de  poisson  vivant .  —  Mar- 
chand de  volaille  et  de  gibier. 


LE    PRINCE  (375 

9 .  Habillements  de  diverses  nations,  dédiés  à  M.  Pajou  ,  sculpteur  du 

Roi ,  n65  ;  6  p.  in-32. 

Xitre. — Juif  polonais. —  Femme  juive  polonaise. —  Officier  tartaie. —  Officier 
turc.  — Ahbé  russe. 

10.  Suite  de  divers  habillements  des  peuples  du  Nord,  1765;  6  p.  in-4. 

Femme  du  peuple,  titre  avec  dédicace  à  Cochin. —  La  Jeune  Bergère.  —  Coif- 
fure des  filles  et  des  femmes  en  été.  —  Retour  de  la  promenade.  —  Femme 
mariée  et  ses  enfants.  —  Femmes  du  peuple. 

11.  Diverses  vues  de  Livonie,  dédiées  à  Veraet,   1765;  6  p.  in-18  eu 

largeur. 

12.  Paysages  des  environs  de  Pétersbourg,  1764  ;  2  p.  in-4  en  largeur. 

13.  Le  Cabaret  livonien  ,  —  la  Cuisine  livonienne  ;  2  p.  in-8  en  largeur. 

14.  Le  Marchand  de  cowasse,  espèce  de  tisane  aigre  (ju'on  vend  com- 

munémeiiL   au   coin  des  rues.  —   Le  Rémouleur;    2  p.  in-8  en 
largeur. 

15.  La  Basse-Cour,  —  le  Colombier;  2  p.  in-8. 

16.  La  Pêcherie;  in-4  en  largeur  (Hédou  ,  91). 
n.   Le  Printemps,  —  l'Hiver.  nST  ;  2  p.  in-4. 

18.  La  Conversation  russe,  1768  ;  in-8. 

19.  La  Demande,  —  le  Refus  (H.  83-93).  —  La  Marchande  de  fruits 

(H.  87).  —  L'OfBcier  et  les  trois  soldats  (H.  88).  —  L'OfScier 
tartare  saluant,  1768  (H.  89;. 
Pièces  très  vares,  décrites  par  M.  Hédou  d'après  les  épreuves  de  sa  collection 

20.  Pastorale  en  frise  (H.  90). 

21    Jésus  au  milieu  des  Docteurs,  1760;  in-4. 


GRAVURES   AU   LAVIS. 


•22.   IV  suitte  d'habillemens  de  diverses  nations,  1768;  6  p.  in-32. 

Femmes  sctiouvaches,  titre.  —  Femme  schouvache.  —  Femme  des  environs 
de  Moscou.  —  Femme  schou vache,  vue  de  dos.  —  Femme  d'.\rkhangel.  — 
Géorgien . 


676  LES    GRAVEURS    DU    XVIII'    SIÈCLE. 

23.  F*  suitte  de  coeffures  dessinées  d'après  nature,  1768;  6  p.  in-18. 

24.  La  Vertu  au  cabaret ,  —  le  Chartier  et  la  Laitière  ;  2  p.  in-4,  eau- 

forte  reprise  au  lavis  ,  1768. 

25.  Le  Joueur  de  balalaye,  —  le  Joueur  de  chalumeau,  1769  ;  2  p.  in-8. 

26.  Le  Berceau  ,  1769  ;  in-8  en  largeur. 

27.  Le  Marchand  de  gâteaux  ,  —  Halte  de  Kalmoucks,  177-2  :  2  p.  in-4 

sur  fonds  de  paysages. 

28.  La  Musicienne,  —  la  Jardinière,  1768;  2  p.  in-4  sur 

fonds  de  paysages. 

29.  Le  Poêle,  —  la  Lampe  polonaise,  1770;  2  p.  in-4  en 

largeur. 

30.  La  Nourrice,  —  les  Nouvellistes,  —  le  Pont  russe,  —  la  Baraque 

russe,  sujets  in-4  en  largeur;  1768. 

31.  Les  Œufs  cassés,  —  le  Berceau,  pièces  in-4  en  largeur;  1769. 

32.  Les  Barques,  —  la  Cuisine  d'été;  in-4  en  largeur,  1769. 
3'd.  La  Ferme,  —  la  Pompe;  grand  in-4  en  largeur,  1771. 

34.  La  Cascade,  —  les  Filets;  grand  in-4  en  largeur,  1771. 

35.  Le  Chariot,  —  le  Port;  petites  pièces  in-8  en  largeur,  1769. 

36.  Vue  des  environs  de  Nerva.   —  Le  Cabaret  de  Moscou  ;  2  p.  in-4 

en  largeur,  1773. 

37.  Les  Bateaux  russes,  —  le  Coche  d'eau-  2  p.  en  largeur,  1773. 

38.  Calmouck;  in-4,  1771. 

39.  Officier  des  janissaires  polonais,  —  Janissaire  polonais  ;  2  p.  in-4, 

1770. 

40.  Le  Pope  ;  in-8,  1768. 

41.  Le  Paysan,  —  la  Ménagère;  2  p.  in-8,  1768. 

42.  La  Servante,  —  le  Page;  2  p.  in-S,  1769. 


LE   PRINCE.  677 

43.  Les  Laveuses,  —  les  Pêcheors,  paysages;  in-fol.  mi. 

44.  La  Danse  russe,  — la  Récréation  champêtre,  sujets 

in-fol.  n69. 

45.  Le  Repos;  in-fol.  Chez  l'auteur,  cour  du  Vieux-Louvre,   mi. 

46.  Vue  perspective  d'un  reposoir  exécuté  à  Versailles  par  Le  Roy,  sous 

les  ordres  de  M.  de  Fontanier;  grand  in-4  en  largeur  (Gaiinet 
des  Estampes). 

4-7.  0   FORTUNATOS   NIMIUM,  pastorale,  où  l'on  voit  un  satyre 
endormi;  in-fol.  en  largeur. 

48.  F^  Pastorale,  —  IF  Pastorale;  2  p.  in-fol.  en  largeur,  1769. 

49.  Le  Cabaret  ambulant ,  1T71. 

50.  Le  Bœuf,   IT71. 

51.  L'Art  de  plaire,  —  la  Gazette,  sujets  russes;  in-12,  mi. 

52.  Les  Voyageurs,  —  les  Soldats,  2  petites  pièces  en  hauteur. 

53.  Le  Magicien  ;  in-8,   1768. 

54.  La  Maîtresse  d'école,  d'après  Boucher  ;  in-4. 

55.  Jésus  au  milieu  des  docteurs,  jolie  composition  in-4  en 

largeur,  1768. 

56.  L'Adoration  des  Anges,  d'après  Vien  ;  in-4. 

57.  Le  Roué  vertueux,  poëme  en  prose,  en  quatre  chants,  propre 

à  faire,  en  cas  de  besoin,  un  drame  à  jouer  deux  fois  par  semaine. 
Lausanne,  1770,  in-8. 

Cet  ouvrage  de  Coqueley  de  Chaussepierre,  bizarre  jusqu'au  point  d'être 
incompréhensible ,  est  illustré  de  six  pièces  :  un  fleuron  de  titre ,  les  Génies,  un 
frontispice,  la  Nouvelle  Poésie,  et  quatre  figures,'  les  Pleureuses,  les  Tragiques, 
le  Guet ,  la  Catastrophe. 

58.  Les  Sens,  jolie  suite  de  cinq  pièces  in-8,  1774. 


44 


LE   ROY   (J.). 

4739-18... 


Cet  artiste  peu  connu  ,  né  en  1739 ,  a  joué  un 
rôle  d'une  certaine  importance  dans  la  gravure  des 
vignettes,  comme  le  prouvera  le  catalogue  qui  va 
suivre.  On  remarquera  qu'il  a  gravé  à  lui  seul  trois 
illustrations  importantes  :  les  fleurons  de  la  Secchia 
rapiia  de  1766  et  de  la  Jérusalem  délivrée  de  1771 , 
et  les  étranges  figures  du  Paysan  perverti. 


1.  Adresse  de  l'opticien  Letellier.  Cadre  carré  enguir- 
landé ,  dans  le  bas  des  Amours  jouent  avec  des  instruments  de 
physique  ;  in-8. 


AU 
MICROSCOPE 

Quay  des  Augustins  vis-à-vis  le  Pont-Neuf 

A  PABIS 

LETELLIER 

Ingénieur  en  Optique  et  I\ld  Miroitier  : 

Fait  Télescopes,  Microscopes,  Lunettes  de  longue  vue, 

Lunettes  à  Nez,  de  Jalousies  et  d'Opéra:  Miroirs  ardens, 

Lanternes  Magiques,  Cilyndres,  Cônes,  Chambres  obscui 

Cristeaux  de  Montre  et  tous  Ouvrages  d'Optique. 


J?  Le  Roy       fecit  rSI 


LE    ROY.  679 

2.  Adresse  de  l'horloger  WaltRIN.  Cadre  oblong  en  lar- 
geur, avec  guirlandes.  Dans  le  haut,  un  sablier,  la  faux  et  les 
ailes  du  Temps  ;  à  gauche  une  armille,  ù  droite  une  pendule  ; 
in-18. 


Waltrin  Fils 

horloger  du  Roi 

Rue  S'  Antoine 

Près  celle  de  Geoffroy-l'Asnier, 

A  Paris 

J*  Le  Roy  feclt. 

3.  Suite  complète  des  fleurons  de  Gravelot  pour  LA  GERUSALEMME 

LIBERATA  ,  Paris,  Delalain ,  mi  ,  2  vol.  grand  in-8. 

Cette  suite  comprend  :  2  fleurons  sur  les  titres ,  1  en-tête  pour  la  dédicace , 
20  en-tête  avec  portraits  ,  9  grands  culs-de-lampe  et  \\  petits. 

On  en  a  mis  en  vente  des  collections  tirées  à  part ,  mais  ce  ne  sont  que  de 
bonnes  premières  épreuves  et  non  des  épreuves  d'artiste . 

4 .  Suite  complète  des  fleurons  de  Gravelot ,  Huet ,  Marillier  et  Qué- 

verdo  pour   LA    SECCHIA   RAPITA,    Paris,  Prault ,   1766, 

2  vol.  grand  in-8. 

Cette  très  belle  suite  comprend  :  2  fleurons  de  titre,  une  allégorie-frontispice, 
un  portrait-médaillon  de  Tassoni  par  Gravelot,  12  en-têtes  et  H  culs-de-Iampe. 
Existe  en  tirage  hors  texte. 

5.  Vignette  allégorique,  d'après  Gravelot,  sur  l'Incendie  de  l'Opéra  ; 

in-8. 

«  L'Administration  de  la  police,  sous  la  figure  de  la  Prudence,  console  la  Ville 
»  de  Paris,  en  lui  montrant  les  secours  qu'elle  fait  préparer.  »  Ces  secours  sont 
symbolisés  par  un  tonneau  et  une  pompe  ;  ce  qui,  comme  chacun  sait,  n'a  point 
empêché  l'Opéra  de  brûler  depuis  I 

6 .  Titre  pour  les  Quatre  heures  de  la  toilette  des  Dames ,   d'après 

Leclerc  ;  in-4.  —  Titre  pour  Feuilles  de  Terpsichore,  ou  Journal 
composé  d'ouvertures ,  d'airs  arrangés  et  d'airs  avec  accom- 
pagnement de  clavecin.  Il  parait  une  feuille  de  ce  journal  tous 
les  lundis . . .  chez  Cousineau  ;  petit  in-fol. 

T .  Frontispice  d'après  Le  Clerc  pour  Galerie  des  modes  et  costumes 
français,  dessinés  d'après  nature  et  coloriés  avec  le  plus  grand 
soin  par  M^i^  Lebeau.  — Esnauts  et  Rapill}',  commencée  en  1773, 

3  vol.  in-fol. ,  324  planches. 


G80         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

8.  Cartouches  pour  titres  de  cartes  de  géographie. 

9.  LE  PAYSAN  PERVERTI ,  ou  les  Dangers  de  la  ville,  par  Restif 

de  la  Bretonne.  La  Haie  et  Paris,  ITTô,  8  parties  en  4  vol. 

8  frontispices  et  76  figures  par  Binet.  Les  frontispices  sont  gravés  par  Berthet, 
et  toutes  les  figures  par  Le  Roy. 

10.  LA   PAYSANNE    PERVERTIE,    ou   VHistoire  effrayante   et 

morale  d'Ursule^  par  Restif  de  la  Bretonne.  La  Haie  et  Paris, 
1784 ,  4  vol. 

8  frontispices  et  28  figures  par  Binet ,  gravés  par  Berthet ,  Giraud  le  jeune  et 
Le  Roy. 

11.  Planches  pour  Recueil  d'ornements  à  r usage  des  jeunes  artistes, 

d'après  Cauvet ,  1111  ;  in-fol. 

12.  Vignettes  pour  les  Nouvelles  espagnoles  de  Cervantes ,  d'après 

Desrais  ;  —  la  Secchia  rapita ,  Ovide ,  la  Jérusalem  délivrée , 
VIconologie ,  d'après  Gravelot  ;  —  VHeptaméron ,  d'après  Freu- 
deberg  ;  —  le  Cabinet  des  Fées,  les  Fables  de  Dorât,  d'après 
Marinier  ;  —  les  Mémoires  du  baron  de  Trenck,  les  Romans  de 
La  Place,  Regnard,  d'après  Borel  ;  —  VAlmanach  du  père  Gérard 
pour  1792,  d'après  Charpentier  ;  —  VElève  de  la  nature,  d'après 
Watteau  de  Lille  ;  —  les  Nouvelles  de  d'Ussieux  ,  le  Rousseau 
de  Poinsot ,  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non.  —  Vue  du  jardin 
de  Monceaux  ,  d'après  Garmontelle. 

13.  Pièces  révolutionnaires  :  Déclaration  des  droits  de  Vhomme,  Leroy 

perfecit;  in-fol.  —  Les  dix  Commandements  de  la  République, 
d'après  Desrais.  —  Droits  de  l'Homme,  avec  portraits  de  Marat 
et  Lepelletier.  —  Marie-Antoinette  à  la  Conciergerie ,  Marie- 
Antoinette  séparée  de  sa  fille  et  de  sa  belle-sœur,  2  petites  pièces 
au  trait  (Renouvier).  —  Médaille  allégorique  sur  Napoléon  , 
d'après  Palloy. 

14.  Joseph  Rullier,  âgé  de  105  ans.  —  Portraits  de  Voltaire  pour  la 

collection  Esnauts,  —  de  Washington  en  pied  ,  in-4  ,  —  de  Beaur 
marchais,  d'après  Cochin  ,  in-8  ,  1802. 

Plus  tard ,  sous  l'Empire,  Le  Roy  termine  sa  carrière  en  gravant  des  alphabets 
pour  les  enfants  et  des  étiquettes  pour  la  parfumerie  de  Dussey  et  Piver,  A  la 
Beine  des  Fleurs,  111  et  113,  rue  St-Martin:  Colonafina,  Eau  de  rose,  Pastilles 
odorantes,  Eau  du  sérail,  etc. 


LE  SUEUR   (Nicolas). 

1690-1764. 


Toute  la  famille  Le  Sueur,  grand-père,  père,  frères, 
sœurs,  gravait  sur  bois  et  en  clair-obscur  ;  Nicolas  Le 
Sueur  est  celui  de  tous  qui  s'est  le  plus  distingué  par 
ses  curieuses  reproductions  en  fac-similé  de  dessins 
de  maîtres  dans  le  Recueil  de  Grozat.  Ce  grand  ama- 
teur d'art ,  aidé  de  ses  amis  Mariette  et  Caylus,  avait 
entrepris  l'ouvrage  connu  sous  son  nom  mais  que  son 
titre  expliquera  mieux  :  Recueil  d'estampes  d'après 
les  plus  beaux  tableaux  et  d'après  les  plus  beaux 
desseins  qui  sont  en  France  dans  le  cabinet  du  Roy, 
dans  celui  du  duc  d'Orléans  et  dans  d'autres  cabi- 
nets. Paris  ,  Imprimerie  Royale  ,  1729-1742.  —  2  vol. 
grand  in-fol. 

Non  content  de  faire  graver  des  tableaux ,  Crozat 
avait  voulu  faire  reproduire  également  les  plus  beaux 
dessins,  dont  lui-même  possédait  une  collection  ma- 
gnifique,  sachant  bien  que  rien  n'est  plus  propre  à 
faire  connaître  le  caractère  et  le  génie  des  artistes  : 

«  On  l'a  fait  avec  la  plus  scrupuleuse  exactitude , 
»  écrit-il  dans  sa  préface,  sans  y  rien  omettre  et 
»  sans  y  rien  changer.  Ainsi  les  desseins  à  la  plume 
»  et  au  crayon  ont  été   gravez  à  l'eau-forte    dans 


682  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE. 

»  l'esprit  des  originaux  dont  l'on  a  suivi  les  moindres 
»  traits,  persuadé  qu'il  valoit  mieux  les  faire  paroistre 
»  avec  certaines  négligences  qui  échappent  aux  pein- 
»  très  les  plus  habiles...  C'est  en  suivant  ces  mêmes 
»  idées  que  lorsqu'il  s'est  présenté  des  desseins  lavez 
»  avec  des  couleurs  légères  (ce  que  les  Italiens  expri- 
»  ment  par  le  mot  à'aquarella] ,  et  rehaussez  de  blanc 
»  sur  les  jours,  on  a  pour  lors  abandonné  la  graveure 
->  ordinaire  pour  avoir  recours  à  une  autre  pratique 
»  plus  propre  à  représenter  tout  l'effet  de  ces 
»  desseins.  » 

Grozat  exphque  ensuite  comment  Nicolas  Le  Sueur 
a  repris  l'ingénieuse  invention  de  Hugo  da  Carpi,  per- 
fectionnée par  le  Parmesan,  sorte  de  gravure  à  l'aqua- 
tinte résultant  de  la  combinaison  de  planches  de  cuivre 
gravées  à  l'eau-forte  pour  imiter  le  trait  de  plume  et 
de  planches  de  bois  gravées  en  relief  pour  obtenir 
d'autres  effets. 

Il  faut  convenir  que  les  résultats  obtenus  sont  sur- 
prenants, grâce  à  la  collaboration  du  comte  de  Caylus, 
habile  entre  tous  à  saisir  la  manière  et  le  goût  des 
artistes  et  à  imiter  leurs  dessins,  unie  à  celle  de  l'adroit 
Le  Sueur. 

L'Invention  de  la  Croix ,  d'après  le  Pérugin,  VEn- 
Uvement  d'Europe  et  la  Chute  de  Phaëton  de 
Farinati ,  sont  de  Nicolas  Le  Sueur  seul ,  mais  il  a 
gravé  avec  Cajdus  les  dessins  tirés  au  bistre  ou  en 
camaïeu  verdâtre  cV Alexandre  etRoxane,  de  Raphaël, 
des  Pêcheurs  retirant  leurs  filets ,  de  Jules  Romain , 
le  Sacrifice  de  la  messe ,  de  Polydore  de  Caravage , 
le  Passage  de  la  mer  Rouge ,  du  Fattore  ,  Jésus  au 
milieu  des  apôtres,  de  Raphaël  del  Colle,  l'Homme  et 


LE    SUEUR.  (383 

le  Lion,  de  Peruzzi,  V Empereur  Henri  IV  aux  pieds 
du  Pape  Grégoire  VIT,  de  Zuccaro,  le  Martyr  de 
SI- Ange,  de  Pietro  Testa,  la  Mort  de  Saint  François 
Xavier,  de  Gimiani ,  la  Pentecôte  ,  de  Lenardi ,  V An- 
nonciation ,  de  Morandi ,  la  Vierge  appat^aissant  à 
Saint  Philippe  de  Néri,  de  Garzi. 

Dans  d'autres  fac-similé  de  dessins ,  l'Hercule  gau- 
lois, Jésus  donnant  les  clefs  à  Saint  Pien^e ,  Etudes 
pour  l'École  d'Athènes,  de  Raphaël,  le  trait  est  tantôt 
de  G.  N.  Gochin  ou  de  P.  A.  Robert,  et  c'est  Nicolas 
Le  Sueur,  quelquefois  Vincent  Le  Sueur  qui  fait  le 
travail  sur  bois. 

Bien  que  ces  reproductions  n'aient  pas  la  valeur 
d'une  estampe  au  burin ,  elles  méritent  toujours 
l'attention.  Elles  rendent  d'une  manière  aussi  rappro- 
chée que  possible  les  dessins  des  maîtres  destinés  à 
disparaître  et  mettent  en  lumière  le  talent  curieux  de 
Nicolas  Le  Sueur. 

Celui-ci  a  laissé  beaucoup  de  ses  gravures  sur  bois 
et  ornements  dans  les  livres  de  son  temps  et  plus  par- 
ticulièrement dans  la  grande  édition  des  Fables  de  La 
Fontaine,  avec  figures  d'Oudry,  où  il  a  gravé  les 
grands  bouquets  formant  culs-de-lampe  dessinés  par 
le  peintre  de  fleurs  Bachelier. 

Nicolas-Biaise  Le  Sueur,  né  comme  le  précédent  à 
Paris,  passe  pour  être  son  frère.  Peintre  d'histoire,  de 
paysage  et  dessinateur,  il  fut ,  en  1750,  directeur  de 
l'Académie  de  peinture  à  Berlin. 


LE  TELLIER   (Charles-François; 

1743-1800. 


On  a  de  ce  graveur,  qui  demeurait  rue  des  Vieilles- 
Étuves  St-Honorè ,  maison  (Tun  houtonnier  : 

Le  Studieux ,  la  Fainéante ,  d'après  Dumesnil  le 
jeune.  —  La  Fille  grondée  ,  et  des  cahiers  de  Têtes , 
d'après  Greuze. 

Nymphe  au  hain,  Nym,phe  sortant  du  bain,  d'après 
Bounieu. —  L'Amour  en  gaieté,  le  Sommeil  agréable, 
d'après  J.-B,  Regnault.  —  La  Glorieuse ,  d'après  F. 
Imbert. 

Allégorie  au  sujet  de  l'élévation  de  M.  d'Ormesson 
à  la  dignité  de  premier  Président ,  d'après  Brion  de 
la  Tour. — Le  Tombeau  de  Voltaire  foudroyé,  d'après 
Desrais. 

Planches  pour  le  Cabinet  Le  Brun ,  la  Description 
de  l'Egypte,  la  Galerie  du  Palais-Royal. 

Vignettes  pour  Gessner  d'après  Monnet,  et  pour 
Faublas  (dans  les  figures  doubles]. 

Portraits  de  ^.  /.  B.  d'Origny;  du  célèbre  rebelle 
Pougatcheff,  d'après  Le  Mailly,  in-4;  joli  portrait 
à' Anne  Vallayer  Coster,  de  l'Académie  royale  de 
peinture,  dessiné  pareUe-même,  in-4.  —  La  Chevalière 
d'Eon,  en  capitaine  de  dragons,  profil  d'après  Baader. 


Les   le  VACHEZ. 


17. .-18.. 


Le  Vachez  père  et  fils  ,  qui  avaient  boutique  à  Paris 
sous  les  colonnades  du  Palais-Royal  n°  258,  et  à  Ver- 
sailles rue  des  Chantiers  n"  14,  exploitaient  la  gravure 
au  lavis ,  en  couleur  et  au  pointillé  de  couleur , 
d'une  manière  assez  subalterne,  plutôt  en  marchands 
d'images  qu'en  artistes.  Travaillant  à  l'époque  de  la 
Révolution,  il  se  bornent  à  produire  des  pièces  de  cir- 
constance :  les  Atnbassadeurs  du  nabab  Tipon  reçus 
au  cwque  par  M"^^  la  duchesse  d'Orléans ,  le  13 
septembre  1788,  Le  Vachez  fils,  in-fol.;  Serment  du 
Jeu  de  Paume,  in-4  ;  etc. 

Ils  s'appliquèrent  surtout  aux  portraits  :  leur  ouvrage 
le  plus  considérable  est  la  Collection  générale  des  por- 
traits de  MM.  les  Députés  à  l'assemblée  nationale 
tenue  à  Versailles  le  4  mai  1789.  Il  est  inutile  de 
dire  qu'on  ne  recherche  plus  aujourd'hui ,  dans  cette 
vaste  collection ,  gravée  par  Le  Vachez ,  Sergent,  Alix 
et  autres  ,  que  les  portraits  des  quelques  Constituants 
qui  se  sont  rendus  célèbres. 

Les  pièces  suivantes  offrent  de  l'intérêt  : 

1 .  Portraits  gravés  pour  les  Tableaux  de  la  Révolution  française,  au- 


i;86         LES   GRAVEURS    DU    XYIIF    SIÈCLE. 

dessus  des  scènes  gravées  par  Duplessi-Bertaux  ;  66  médaillons 

ronds,  au  lavis. 

Il  faut  les  avoir  de  premier  tirage,  avant  qu'ils  aient  été  retouchés.  Le  portrait 
de  Marie-Antoinette,  en  premier  état,  est  d'après  le  tableau  de  M^^  Vigée- 
Lebrun  ;  U  a  été  modifié  ensuite. 

2.  LOUIS   XVI,  —  MARIE-ANTOINETTE;  2p.  in-12. 

Portraits  rares  et  estimés.  —  Rien  de  plus  difficile  que  de  trouver  une  bonne 
épreuve  de  la  Marie- Antoinette. —  Les  deux  ,  vendus  500  fr.  en  1880. 

3.  Louis  XVI,  Marie-Antoinette  et  le  Dauphin  ,  dans  un  médaillon. 

—  Pointaut  sculp.  —  Chez  Le  Vachez. 

4.  Louis  XVI  et  M.\RIE-AnT0INETTE,  au  milieu  d'un  calendrier 

rond  en  forme  de  cocarde  aux  trois  couleurs. 

5.  Louis  XVI ,  Henri  IV  et  Louis  XII  ,  médaillon  de  tabatières  (sic)  ; 

pièce  en  couleur. 

6.  Louis  XVI  et  La  Fayette,  pièce  ronde  en  couleur. 

I.  Médaillon  contenant  les  portraits  de  Cazalès,  Maury,  Malouet.  Chez 

Blin.  —  Autre  contenant  Barnave,  Alexandre  et  Charles  Lameth. 
Chez  Levachez. 

8.  Luckner,  ovale  in-8. 

9.  JÉRÔME    PÉTION,    député  de  Chartres.    Dédié  et  présenté  par 

Le  Vachez  père  et  fils  à  la  Société  des  Jacobins  ;  in-4. 

10.  Marat;  in-8. 

II.  Bonaparte,  Premier  Consul,    —    le  Général    MOREAU,    — 

M  ASSÉNA  ,  général  en  chef,  surnommé  l'Enfant  gâté  de  la 
Victoire,  —  CHARLES- LouiS  ,  Archiduc;  4  p.  in-12.  A  Mon- 
ceaux ,  près  Paris,  chez  Levachez  père. 

12.  Bonaparte,  premier  Consul  ;  in-fol.,  d'après  Boilly,  avec  une 

vue  de  la  Revue  du  Quintidi,  d'après  Duplessi-Bertaux. 

13.  CambacÉRÈS,  second  Consul,  d'après  Boilly,  avec  la  Pre'seM^a- 

tionpar  le  Sénat  de  l'acte  constitutif  du  Consulat  à  vie,  d'après 
Duplessi-Bertaux . 

14.  Napoléon,  empereur,  à  cheval,  suivi  de  son  état-major  ;  pièce 

en  couleur  fort  curieuse,  vu  sa  dimension  très  grand  in-fol. 


LE  VASSEUR   (Jean-Charles). 

1734-1816. 


Le  graveur  de  la  Laitière  de  Greiize,  du  Testament 
déchiré,  de  la  Belle-Mère,  de  la  Veuve  et  son  curé, 
Jean-Charles  Le  Vasseur,  est  né  à  Abbeviile ,  le  21 
octobre  1734.  Il  reçut  les  premières  leçons  de  dessin 
et  de  gravure  dans  sa  ville  natale ,  nous  apprend 
M.  Delignières ,  chez  un  sieur  Philippe -Augustin 
Lefebvre ,  qui  fut  aussi  le  premier  maître  de  Danzel 
et  de  Dequevauviller. 

A  dix-neuf  ans  il  vint  à  Paris  se  perfectionner  dans 
l'atelier  de  son  compatriote  Beauvarlet ,  qu'il  quitta 
bientôt  pour  celui  de  son  autre  compatriote  DauUé. 
Probablement  ne  se  sentait-il  pas  de  goût  pour  la 
manière  recherchée  et  précieuse  du  premier,  et  préfé- 
rait-il les  procédés  plus  larges  de  Daullé.  Il  dut  d'abord 
aider  Daullé  dans  les  nombreuses  estampes  que  ce 
maître  expédiait  si  hâtivement  dans  les  derniers  temps 
de  sa  vie.  Les  premières  planches  que  Le  Vasseur 
signa  furent ,  en  eflet ,  comprises  dans  le  volume  de 
l'œuvre  de  Daullé  publié  par  sa  veuve. 

Mais  bientôt  Le  Vasseur  comprend  que  cette  gravure 
par  à  peu  près  ne  saurait  mener  bien  loin  ;  il  corse  sa 
manière ,  serre  ses  travaux  ,  et  commence  une  nom- 


688         LES   GRAVEURS   DU    XVIII''   SIECLE. 

breuse  série  d'estampes  dont  beaucoup  lui  font  hon- 
neur. Il  interprète  Boucher  dans  la  Mort  d'Adonis , 
VanLoo  dans  Mars  et  Vénus ,  Lépicié  dans  Narcisse 
et  dans  la  grande  estampe  du  Quos  ego ,  de  Troy  dans 
l'Enlèvement  de  Proserpine  et  dans  Diane  etActéon, 
compositions  mythologiques  qu'D  semble  affectionner, 
parce  qu'elles  lui  permettent  de  montrer  ses  aptitudes 
à  modeler  le  nu  ;  il  fait  preuve  d'un  talent  remarquable 
en  traduisant  les  grandes  scènes  dramatiques  de 
Greuze;  il  aborde  avec  succès  les  sujets  de  genre 
dans  l'Age  agréable  et  le  Larcin  toléré ,  d'après  Lam- 
bert, dans  la  Jardinière  au  repos  et  le  Vigneron 
galant,  d'après  Peters  ,  dans  V Atnour  paternel  et  les 
Amants  curieux,  d'après  Aubry,  dans  l'Occasion 
favorable,  d'après  Lagrenée ,  et  dans  deux  composi- 
tions de  Jeaurat,  le  Carnaval  des  rues  de  Paris  et  le 
Transport  des  filles  de  joye  à  l'hôpital,  deux  pages 
de  l'histoire  de  l'ancien  Paris. 

Il  descend  même  jusqu'à  la  vignette  et  grave  quel- 
ques bonnes  illustrations  d'après  Gravelot ,  mais  c'est 
un  travail  de  ses  premières  années  et  dans  la  suite  il 
n'y  persévère  pas,  il  est  trop  occupé  à  des  travaux  plus 
considérables.  Il  essaie  aussi  le  portrait  et  nous  laisse 
ceux  ào,  Louis  XVI  Qi%  àQ  Ma^He- Antoinette,  et  le  sien, 
/.  Ch.  Le  Vasseur,  graveur  du  roi,  d'après  Greuze  : 
le  peintre  avait  voulu,  en  retraçant  ce  portrait,  donner 
une  preuve  d'affection  et  de  reconnaissance  au  gra- 
veur habile  qui  reproduisait  ses  tableaux  ,  et  aussi  à 
l'ami  dévoué  qui  plus  d'une  fois  ,  dit-on,  intervint  pour 
calmer  les  orages  de  ce  ménage  si  profondément 
troublé. 

Le  Vasseur  épousa  en  1769  Angélique  de  l'Isle,  dont 


LE    VASSEUR  689 

il  eut  deux  enfants.  En  1771 ,  il  fut  reçu  à  l'Académie 
sur  la  présentation  de  l'estampe  de  Diane  et  Endymion 
d'après  J.-B.  Van  Loo. 

Pendant  la  Révolution ,  Le  Vasseur  ne  cessa  pas  de 
travailler,  mais  il  ne  fit  pas  tirer  ses  planches,  il  atten- 
dait des  temps  plus  calmes.  Il  conserva  jusqu'au  der- 
nier moment ,  dit  son  biographe,  toute  la  verdeur  de 
l'âge  mûr ,  et  s'éteignit  sans  secousse  le  29  novembre 
1816. 

«  Dans  son  intérieur,  Le  Vasseur  était  bon  père  et 
»  bon  ami,  sans  prétention,  d'une  tranquilUté  et  d'une 
»  égalité  d'humeur  incomparables ,  d'une  simplicité 
»  touchante  dans  ses  manières,  franc  par  principe 
»  autant  que  par  inclination...  Le  Vasseur  n'ambi- 
»  tionna  jamais  d'autre  place  que  celle  qu'il  occupait 
»  à  l'Académie  dont  il  était  le  doyen.  Etranger  à 
»  toute  espèce  d'intrigues ,  il  rendit  toujours  justice 
»  au  mérite  de  ses  confrères  ,  parmi  lesquels  il 
»  compta  beaucoup  d'amis.  Son  caractère  doux  et 
»  liant  lui  faisait  porter,  dans  le  commerce  de  la 
»  Société,  une  aisance  et  un  abandon  qui  lui  conci- 
»  lioient  tous  les  cœurs.  Indulgent,  charitable  et  bon , 
»  il  exposa  plusieurs  fois  son  repos  et  sa  vie  en  don- 
»  nant  asile  à  des  ecclésiastiques.  » 

Ainsi  nous  parlent  de  Le  Vasseur  ceux  qui  l'ont 
connu. 

M.  Emile  Delignières  ,  d'Abbeville ,  a  décrit  d'une 
façon  complète  l'œuvre  de  Le  Vasseur  dans  un  cata- 
logue raisonné  arrêté  à  166  articles  *.  Nous  reprodui- 
sons ici  quelques  appréciations  extraites  de  la  notice 

1  Publié  par  le  Société  d'Émulation  d'Abbeville. 


690         LES   GRAVEURS   DU    XVIIie   SIÈCLE. 

biographique  dont  M.  Delignières  a  fait  précéder  son 
travail. 

«  Comme  graveur,  Le  Vasseur  réunit  d'excellentes 
»  qualités  et  si  toutes  ses  gravures  ne  sont  pas  à  la 
»  même  hauteur,  cela  tient  plutôt  au  peu  de  valeur  des 
»  tableaux  qu'il  consentit  parfois  à  reproduire.  Il  est 
»  aussi  de  ces  pièces  qu'il  fit  dans  sa  jeunesse  et  pour 
»  lesquelles  la  critique  ne  saurait  être  rigoureuse. 

»  D'un  talent  consciencieux  et  discret ,  Le  Vasseur 
»  n'a  jamais  sacrifié ,  comme  tant  d'autres,  au  genre 
»  de  l'époque,  ni  cherché  à  courir  après  la  vogue  par 
»  la  reproduction  de  sujets  grivois  ou  licencieux.  11 
»  travailla  d'après  des  peintres  de  genres  très  diffé- 
»  rents,  et  sut  s'inspirer  tour  à  tour  de  ceux  dont  il 
»  grava  les  œuvres.  Mais  il  suffit  de  parcourir  son 
»  œuvre  poui^  voir  qu'il  est  supérieur  et  de  beaucoup 
»  dans  les  sujets  larges,  où  le  nu  et  les  draperies  per- 
»  mettaient  à  son  burin  de  se  donner  libre  carrière  : 
»  C'est  alors  qu'on  reconnaît  la  facture  de  Daullé 
»  son  maître  dont  il  procède.  Il  avait  dû  étudier  sérieu- 
»  sèment  l'anatomie,  ses  nus  sont  parfaitement  modelés 
»  et  avec  une  déhcatesse  dans  les  moindres  détails  qui 
»  n'exclut  pas  une  certaine  vigueur  de  touche  et  ne 
»  nuit  pas  à  l'ensemble.  » 

ESTAMPES. 

I.     d'après    AUBRY. 

1.  Les  Amants  CURIEUX,  —  L'Amour  PVTERNEi-,  2  p.  in-fol. 
en  largeur. 

Bonnes  gravures,  surtout  rAmour paternel. 

Existent  à  l'eau-forte  pure,  —  avant  toute  lettre,  —  avec  le  titre  mais  avant 
la  dédicace,  — avec  la  dédicace. 


LE    VASSEUR.  691 


II.    DAPRES    BOIZOT 


2.   Allégorie  relative  au  mariage  du  comte  de  Provence  (?)  ;  in-fol. 

Deux  personnages  au  pied  d'un  autel  antique  ;  une  femme  les  entoure  d'une 
guirlande  de  fieurs  ;  deux  amours  portant  les  armoiries  de  France  et  de  Savoie. 
Avant  toute  lettre,  avec  retouches  à  la  main ,  au  Cabinet  des  Estampes. 


III.    DAPRES   BOREL. 

3.  L'Amérique  indépendante  et  Franklin  ,  allégorie,  ms  ;  in-fol. 

IV.  d'après  boucher. 

4.  La  Mort  d'Adonis;  in-fol. 

5.  VÉNUS   SUR   LES    EAUX.   —  Dédié  à  Boucher  par  Laurent 

Cars;  in-fol.  en  largeur. 
L'eau-forte  au  Cabinet  des  Estampes. 

G.   Amoui's  portés  par  des  monstres  marins  ,  —  Amours  faisant  de  la 
sculpture,  2  p.  in-fol.  en  largeur. 

I .  Les  Fruits  du  ménage  ;  grand  in-fol.  (Le  Blanc). 

V.  d'après  greuze. 

8.  Thaïs,  ou  lv  Belle  Pénitente.  —  Dédié  à  Madame  la 

Marquise  de  Rougé  ;  grand  in-fol. 

9.  LA    LAITIÈRE.  —  Dédié  à  M.  Daché ;  grand  in-fol. 

Très  belle  estampe,  qui  fait  le  pendant  de  la  Cruche  cassée  gravée  par  Massard. 
Elle  représente  une  jeune  flUe ,  coiffée  d'un  bonnet,  penchée  sur  le  cou  d'un 
cheval. 

Épreuve  inachevée,  avant  la  tablette,  450  fr.,  vente  Muhlbacher,  1881. 

État  avec  le  titre  la  Laitière,  mais  avant  la  dédicace  à  M.  Daché.  Rare.  -100  fr. 

10.  Le  Testament  déchiré;  grand  in-fol.  en  largeur. 

II.  La  Belle-Mère  [Oui,  elle  lui  donne  du  pain...).  —  La  Veuve 

ET  SON  Curé,  dédiée  à  Messieurs  les  Curés  qui  portent  la  paix 
et  la  concorde  dans  les  familles ,  par  leur  très-humble  et  très- 
obéissant  serviteur  Greuze  ;  2  p.  grand  in-fol.  en  largeur. 

Il  y  a  deux  planches  différentes  de  la  Belle-Mère.  La  plus  grande  fait  le 
pendant  de  la  Veuve  et  son  Curé.  La  seconde  mesure  seulement  :  H.  32,  L.  43  ; 
c'est  la  mieux  gravée. 


692         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIECLE. 

12.  Le  Petit  Polisson. 

13.  La  Jeunesse  studieuse,  d'après  Greuze,  —  la  Jeunesse  folâtre, 

d'après  Voiriot. 

VI.    D'APRÈS    JEAURAT. 

14.  Les  Citrons  de  Javotte  ;  in-fol.  en  largeur. 

15.  Le  Carnaval  des  rues  de  Paris;  in-fol.  en  largeur. 

De  ces  sortes  de  mascarades 
Les  artisans  (ont  leur  plaisir. . . 

16.  Le  Transport  des  filles  de  jote  a  l'hôpital;  in-fol. 

en  largeur,  pendant  de  la  pièce  précédente. 

Réjouissez-vous,  belle  jeunesse, 
Vos  Kymphes  vont  se  rafraîchir, 
Non  pas  avec  du  lait  d'ânesse, 
Il  ne  suffit  pour  les  guérir. 

Souvent  un  père  de  famille 
Ne  pense  pas  dans  cet  instant 
Que  sa  femme  ainsi  que  sa  fille, 
A  petit  bruit  en  font  autant. 

Voilà  une  bien  grosse  accusation  lancée  à  la  légère  contre  une  classe  entière 
de  femmes.  Les  Français  de  tous  les  temps,  remarquons-le,  ont  toujours  aimé 
se  calomnier. 

VII.  d'après  lagrenée. 

11.  L'Occasion  favorable  ;  in-fol.  en  largeur. 

VIII.  d'après   LAMBERT. 

18.  L'Age  agréable,  —  Le  Larcin  toléré,  2  p.  in-fol., 

dédiées  à  Madame  la  Mai-quise  de  Coutances. 

Ces  estampes  représentent ,  la  première  une  jeune  fille  tenant  des  fleurs  sur 
un  voile ,  la  seconde  une  jeune  dame  tenant  des  fleurs  dans  les  plis  de  sa  robe  , 
un  amour  lui  dérobe  une  rose.  La  gravure  en  est  soignée  :  ce  sont  vraisembla- 
blement des  portraits. 

IX.  d'après    LE    BARBIER. 

19.  Bienfaisance  du  Roi,  dédiée  à  la  patrie. 

Louis  XVI,  au  milieu  des  seigneurs  de  la  Cour,  honore  Boussart,  que  la  ville 
de  Dieppe  lui  présente,  du  titre  de  brave  homme.  (Voyez  à  ce  sujet  la  Correspon- 
dance deGrimm.) 


LE   VASSEUR.  693 

X.  d'après  lépigik. 

20.  Narcisse;  iu-fol.  en  largeur. 

21.  QUOS   EGO...;  in-fol.  en  largeur. 

«  Cette  gravure  est  généralement  citée ,  et  avec  raison  ,  comme  l'une  des 
o  meilleures  du  maître  ;  Basan  ,  dans  son  Dictionnaire  des  graveurs  ,  la  inen- 
0  tionne  comme  supérieurement  bien  exécutée  ;  l'appréciation  n'est  pas  exa- 
»  gérée.  »  (Delignières). 

XI.  d'après  peters. 

22.  La  Petite  Marchande  de  carpes;  in-fol. 

23.  Le  Vigneron  galant,   —  La  Jardinière  au  repos, 

2  p.  d'après  les  tableaux  de  Peters,  peintre  de  S.  M.  Christian  VII  ; 

in-fol. 

Les  eaux-fortes  au  Cabinet  des  Estampes. 

XII.  d'après  de  troy. 

24.  L'Enlèvement  de  Proserpine,  —  Triomphe  de  Galathée,  —  Diane 

et  Actéon  ,3  p.  grand  in-fol.  en  largeur. 

XIII.  d'après  les  van  loo. 

25.  MARS  ET  VÉNUS,  d'après  C.  Van  Loo;  in-fol. 

«  Le  corps  de  la  Vénus  est  très  bien  dessiné  :  la  tête  surtout  est  d'un  gracieux 
0  achevé  ;  genre  chatoyant ,  burin  bien  assuré  et  ferme  ;  une  des  meilleures 
»  gravures  de  Le  Vasseur.  »  (Delignières). 

L'eau-forte  au  Cabinet  des  Estampes. 

26.  DIANE   ET   ENDYMION.   —  Peint  par  J.-B.  Van  Loo  pour  sa 

réception  à  l'Académie  en  nSl,  gravé  par  J.-C.  Levasseur  pour 
sa  réception  à  l'Académie  en  mi  ;  in-fol. 
L'eau-forte  au  Cabinet  des  Estampes. 

XIV.  d'après  divers. 

27.  Hercule  et  Achéloiis,  d'après  Christophe;  in-fol.  en  largeur. 

28    Pyrame  et  Thisbé,  —  Circé  et  Ulysse,  d'après  A.  de  Giorgi,  2  p. 
in-fol.  en  largeur. 
II.  45 


694         LES   GRAVEURS   DU    XYIIP   SIÈCLE. 

29.  Apollon  et  DaphnÉ,  d'après  Luc  Jordane ;  in-fol.  en  largeur. 

«  Très  bonne  gravure,  une  des  plus  belles  du  maître  ;  dessin  gracieux  et  très 
»  pur  ;  le  corps  de  Daphné  est  parfaitement  modelé.  »  (Delignières). 

30.  Antiope  réveillée  par  l'Amour,  —  le  Satyre  amoureux,  2  p.  d'après 

Mettay  ;  in-fol.  en  largeur. 

31.  L'Education  de  l'Amour,  —  Tancrède  et  Herminie,  d'après  Roma- 

nelli;  2  p.  in-fol. 

32.  Les  Saisons,  suite  de  quatre  pièces  :  Sacrifice  à  Junon  (le  Prin- 

temps), Sacriiîce  à  Cérès  (l'Eté),  Sacrifice  à  Bacchus  (l'Automne), 
Sacrifice  à  Saturne  (l'Hiver"!  ;  in-fol. 
Les  deux  premières  pièces  sont  de  Rembrandt,  les  deux  autres  de  Le  Bas. 


33.  Glaucias ,  roi  d'Illyrie  ,  prend  Pyrrhus  sous  sa  protection  ;  d'après 

Gollin  de  Vermont;  in-fol.  en  largeur. 

34.  Le  médecin  Érasistrate  découvre  l'amour  d'Antiochus ,  d'après  le 

même  ;  in-fol.  en  largeur. 

35.  Retour  de  Bélisaire  dans  sa  famille,  d'après  Du  Rameau. 

36.  Antiochus  dictant  ses  dernières  volontés  .  d'après  Halle  ;  in-fol.  en 

largeur. 

37.  La  Continence  de  Scipion  ,   d'après  Le  Moyne  ,  estampe  dédiée  au 

Marquis  de  Marigny  ;  in-fol.  en  largeur. 

38.  Léonard  de  Vinci  mourant  dans  les  bras  de  François  F"",  d'après 

Ménageot;  in-fol. 

39.  Tarquin  et  Lucrèce,  d'après  de  Peters;  in-fol.  en  largeur. 

40.  Les  Adieux  d'Hector  et  d'Andromaque  ,  —  Confiance  d'Alexandre 

dans  son  médecin  Philippe,  d'après  Restout,  2  p.  in-fol.  en  largeur. 

41.  Octavien  rendant  visite  à  Cléopâtre,  d'après  Verdier  ;  in-fol.  en 

largeur. 

Ces  sujets  d'histoire  sont  généralement  bien  exécutés  ,  mais  le  mérite  de  la 
gravure  ne  rachète  point  la  froideur  de  la  composition. 


LE    VASSEUR.  695 

42.  La  Gayeté  sans  embarras,  —  la  Chaufferette,  2  p.  d'après  Krause; 

in-foL 

43.  Le  Génie  du  commerce  découvre  l'Amérique,  tableau  de  la  Chambre 

de  commerce  de  Rouen,  d'après  LeMonnier;  grand  in-fol.  en 
largeur. 

L'œuvre  de  Le  Vasseur  comprend  encore  d'autres  estampes  : 

Saint  Georges  tuant  le  dragon ,  d'après  Téniers  • 

le  Martyre  de  saint  Barthélémy,  d'après  Augustin  Carrache  [Galerie  d'Orléans)  ■ 

le  Sacrifice  d'isaac,  d'après  Michel-Ange  de  Caravage  {Oalerie  d'Orléans)  :       ' 

Sainte  Famille,  d'après  Raphaël  Minge  (sic)  ; 

les  Plaisirs  de  s  Satyres,  d'après  Polemburg ,  179-2  ; 

le  Faune  enchaîné,  d'après  Ph.  Lor  ; 

le  Jardinier  fleuriste,  le  Faucheur,  le  Vigneron,  le  Frilleux,  d'après  Téniors  • 

le  Voyageur  rafraîchi,  d'après  Lingelbach  ;  ' 

le  Villageois  satisfait,  la  Villageoise  à  la  fontaine,  d'après  Le  Nain  ; 

la  Vie  rurale,  l'Abreuvoir  au  lion,  d'après  Casanova; 

les  Blanchisseuses  italiennes,  le  Ménage  italien,  d'après  Gambarini  ; 

Chasse  au  sanglier.  Chasse  à  l'oiseau,  d'après  Hodeu-yns  etVandermer; 

r Approche  du  camp,  les  Soldats  en  repos,  d'après  Dietricy  ; 

le  Passe-Temps  des  soldats,  d'après  Bourdon  ; 

Fureur  bachique,  d'après  Brouwer  ; 

te  Bepos  du  chasseur,  d'après  Gryef  ; 

Maisons  de  pêcheurs  à  Abbeville,  Maisons  de  pêcheurs  à  Saint-Va  lery-sur-Somme, 
d'après  Hackert  ; 

Village  proche  de  Mordyck,  Village  proche  de  Harlem,  d'après  Van  Breda  ; 

Divers  sujets  sans  légende,  qui  se  trouvent  dans  l'œuvre  de  Le  Vasseur  au 
Cabinet  des  Estampes  :  Adam  et  Eve  chassés  du  paradis  ,  la  Chaste  Suzanne 
Jésus  au  mmeu  des  docteurs  ,  Jésus  guérissant  le  lépreux  ,  Madeleine  péche^ 
resse,  Zeuxis  choisissant  ses  modèles,  etc.,  etc. 


PORTRAITS. 

44.  Le  Vasseur  (J.-Ch.),  graveur  du  roi ,    né  à  Abbeville.  —  Greuze 

pinx.,  Le  Vasseur  sculp.;  in-4. 

45.  Argenson  (le  Comte  d')  ;  grand  in-4  [Galerie  française). 

46.  Louis-Auguste,    dauphin  de  France,   d'après  Monnet,   — 

Marie-Antoinette,   dauphine  de  France,  d'après  Kran- 
zinger,  2  p.  in-4. 

4*7.  Luynes  (Paulus  d'Albert ,  card.  de)  ;  in-8. 


696  LES   GRAVEURS   DU    XVIII«   SIÈCLE. 

48.  Olivet  (l'abbé  d'),  à  l'âge  de  43  ans,  d'après  Restout;  in-4. 

49.  Pomme  (Pierre),  médecin  consultant  du  roi,  d'après  Kimli;  in-4. 


VIGNETTES. 

50.  L'Indiscret,  —  Œdipe,  —  Tancrède,  —  Olympie,  —  etc., 

vignettes  d'après  Gravelol  pour  le  Théâtre  et  la  Henriade  dans 
les  Œuvres  de  Voltaire,  in-4. 

51.  Vignettes  in-8  ,  d'après  Gravelot ,  pour  Eugénie  ,  drame  de  Beau- 

marchais {Laissez  faire  mon  fils) ,  —  pour  l'Honnête  Criminel , 
de  Fenouillot  de  Falbaire  (  Grand  Dieu  ,  qu'allais-je  dire ?) ,  — 
pour  le  Fabricant  de  Londres,  du  même  (Hélas,  j'ai  été  père. . . 
—  Tenez,  mes  amis),  —  pour  Lettre  de  Don  Carlos  à  Elisabeth, 
de  Panckoucke  [Mais  on  vient  disputer). 

52.  Bajazet ,  —  Iphigénie  ,  vignettes  d'après  Gravelot ,  pour  le  Racine 

de  Luneau  de  Boisgermain,  in-8. 

53.  Bélisaire,  par  M.  Marmontel,  de  l'Académie  française  ;  frontispice- 

titre  d'après  Gravelot  ;  in-8. 

54.  Gabrielle  d'Estrées  à  Henri  IV.  par  Poinsinet,  176'7,  une  vignette 

d'après  Gravelot  ;  in-8. 

55.  Orphée  tenant  sa  lyre  et  charmant  les  animaux,  d'après  Gravelot; 

in-4. 

56.  Tête  de  page  allégorique,  d'après  de  Sève. 

57.  Annuaire  du  républicain  ,  ou  légende  physico-économique  avec 

explication  des  372  noms  imposés  aux  mois  et  aux  jours ,  par 
Millin,  an  II,  in-12;  frontispice  d'après  Monnet. 


LE  VEAU    (Jean-Jagques-André). 


1 729  - 1 785. 


Voici  encore  un  des  bons  élèves  de  l'atelier  de 
Le  Bas.  Le  Veau ,  l'émule  et  l'ami  de  Le  Mire  dont  il 
était  le  compatriote  et  le  protégé ,  est  né  à  Rouen  le 
dimanche  9  janvier  1729,  d'un  pauvre  cordonnier  de 
la  rue  Malpalu  et  de  Marie-Marthe  Gatelin  sa  femme  ^ . 
Souffreteux  et  malingre  ,  il  dut  être  placé  à  l'hospice 
et  presque  toute  son  enfance  s'écoula  dans  cette  fosse 
commune  de  la  douleur.  En  proie  à  une  nouvelle 
attaque  de  son  mal  (les  écrouelles),  il  avait  dû  vers 
seize  à  dix-sept  ans,  entrer  de  nouveau  à  l'hôpital  ;  au 
pied  de  son  lit  se  trouvait  un  tableau  de  la  Madeleine 
et  l'idée  lui  vint  de  le  copier  à  la  plume.  Son  dessin 
encore  bien  rudimentaire  sans  doute,  attira  pourtant 
l'attention  des  religieux  de  la  maison ,  et  l'un  d'eux 
vint  le  soumettre  à  Descamps  ,  fondateur  et  directeur 
de  l'Ecole  gratuite  de  dessin  de  Rouen  ,  et  véritable 
providence  des  jeunes  gens  de  cette  ville  qui  se  sen- 
taient quelques  dispositions  pour  les  arts. 

1  Nous  puisons  la  plupart  des  détails  biographiques  sur  Le  Veau 
dans  une  notice  rédigée  avec  le  plus  grand  soin  par  M.  J.  Hédou  ,  le 
consciencieux  auteur  de  la  biographie  de  Le  Mire ,  notice  qu'il  a  bien 
voulu  nous  envoyer. 


698  LES    GRAVEURS    DU    XYIII*    SIECLE. 

Cet  artiste  promit  de  s'intéresser  au  jeune  malade. 
Dès  qu'il  alla  un  peu  mieux ,  —  il  lui  restait  alors  à 
peine  un  souffle  de  vie,  dit  Haillet  de  Couronne ,  son 
panégyriste  à  l'Académie  de  Rouen  ,  —  Le  Veau  com- 
mença à  suivre  les  cours  de  la  classe  de  dessin  où  il 
se  fit  remarquer  par  son  application ,  et  en  1750  il 
mérita  le  prix  de  hon  copiste.  Pour  subvenir  à  ses 
besoins  pendant  ces  années  d'études,  Descamps  lui 
avait  trouvé  des  protecteurs,  M""' Roland,  femme  bien- 
faisante qui  avait  pris  l'engagement  de  lui  donner  cinq 
sols  par  jour,  et  le  négociant  Blondel  qui  lui  remettait 
à  titre  de  don  deux  pains  de  six  livres  par  semaine. 
Tout  cela  lui  permit  d'être  moins  à  charge  à  sa  famille 
et  d'arriver  au  moment  où  il  pourrait  gagner  quelque 
chose  par  lui-même.  C'est  vers  1749  que  le  jeune  Le 
Veau  fut  placé  chez  un  graveur  en  argenterie  nommé 
Couvel. 

Grâce  encore  à  Descamps  ,  qui  recommandait 
partout  son  élève  pour  un  garçon  «  sage ,  instruit , 
»  assidu  et  rempli  de  mérite  »,  Le  Veau  fut  présenté  à 
Madame  Duhamel,  qui  désirait  faire  donner  à  ses  deux 
filles  des  leçons  de  dessin  :  «  Elle  l'accueillit  chez  elle 
»  et  lui  fournit  logement,  linge,  habit  et  nourriture. 
»  Jamais  notre  jeune  professeur  ne  s'était  trouvé  à 
»  pareille  fête  ;  mais  si  M"'*'  Duhamel  poussa  envers 
-»  son  protégé  la  bienfaisance  jusqu'à  ses  dernières 
»  limites,  il  est  juste  d'ajouter  que  Le  Veau  conserva 
»  pendant  toute  sa  vie  la  plus  respectueuse  recon- 
»  naissance  pour  toute  cette  famille  chez  laquelle  il 
»  avait  trouvé  l'accueil  le  plus  honorable  et  le  plus 
»  digne.  De  près  ou  de  loin  il  n'oublia  jamais  la  femme 
»  vertueuse  qui  lui  avait  été  si  secourable.  » 


LE    VEAU.  699 

Délivré  du  souci  de  subvenir  à  ses  besoins,  Le  Veau 
dans  cette  maison  trouva  presque  le  bonheur  ;  il  dut 
bien  encore  par  suite  de  nouveaux  accès  de  sa  terrible 
maladie  retourner  à  l'hôpital  ;  mais  il  fut  cette  fois  si 
bien  guéri  par  le  chirurgien  Bonamy  qu'il  ne  s'en 
ressentit  plus  et  qu'il  put  se  livrer  tout  entier  à  la  gra- 
vure des  estampes.  Il  abandonna  à  cet  effet  l'atelier  du 
graveur  d'argenterie  et  se  mit  à  copier  avec  ardeur 
des  portraits  d'Edelinck  que  lui  prêta  Descamps. 

Mais  le  talent  de  notre  graveur  réclamait  la  consé- 
cration de  Paris.  Un  nouveau  protecteur  devait  encore 
se  présenter  sur  son  chemin  pour  lui  en  faciliter 
l'accès.  M^is  Roland,  amie  de  ses  élèves  M^"''^  Duhamel, 
allait  épouser  M.  Antoine  Le  Gouteulx ,  d'une  des 
bonnes  familles  de  la  ville  de  Rouen.  Le  père  de  la 
future  avait  mis  de  côté  40  louis  pour  être  distribués 
en  bonnes  œuvres  à  l'occasion  de  ce  mariage  ;  à  l'insti- 
gation de  sa  fille  et  de  ses  amies,  il  réserva  12  louis 
pour  le  jeune  Le  Veau ,  et  son  gendre,  suivant  son 
exemple,  lui  renouvela  sa  garde-robe. 

Il  ne  restait  plus  qu'à  ménager  au  jeune  graveur  un 
bon  accueil  dans  la  capitale,  et  c'est  ce  que  fit  encore 
Descamps  pour  son  élève  avec  un  dévouement  parfait. 
Profitant  des  loisirs  que  lui  laissaient  les  vacances  de 
l'École  gratuite  de  dessin ,  il  mit  à  profit  l'un  de  ses 
fréquents  voyages  à  Paris  pour  aller  trouver  Philippe 
Le  Bas  avec  lequel  il  était  très  lié  ,  et  auquel  il  avait , 
quelques  années  auparavant ,  procuré  l'un  de  ses 
meilleurs  élèves  ,  Le  Mire ,  dont  son  maître  était  déjà 
très  fier.  Descamps  montra  au  célèbre  artiste  les  pre- 
miers essais  de  Le  Veau  et  réussit  k  le  faire  admettre 
«  au  nombre  des  jeunes  gens  auxquels  Le  Bas  foui'- 


700  LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

»  nissait  du  travail  à  l'année  en  même  temps  que  le 
»  logement  et  la  nourriture.  » 

Le  Veau  arrivait  donc  plein  d'espérance  en  1749 
dans  cet  atelier  fameux.  Il  y  retrouvait  son  com- 
patriote Le  Mire  qui  dut  faciliter  ses  premiers  pas. 
Les  quatre  années  d'apprentissage  terminées  ,  Le  Bas 
s'empressa  d'offrir  à  son  élève  la  continuation  du 
logement  et  de  la  nourritui^e ,  plus  600  livres  par  an  , 
propositions  qui  furent  acceptées.  C'est  donc  en  1753 
et  1754 ,  chez  Le  Bas ,  que  Le  Veau  grava  deux 
estampes  ,  une  Tempête ,  cinquième  vue  d'Italie,  sans 
nom  de  graveur,  avec  la  mention  Le  Bas  direœit ,  et 
une  Vue  entre  La  Haye  et  Rotterdam ,  d'après  Van 
der  Neer,  et  signée  de  Le  Bas. 

Vers  cette  époque ,  Le  Veau  éprouva  le  besoin 
de  revoir  sa  ville  natale.  Il  retrouva  à  Rouen  ses 
premiers  protecteurs  et  c'est  pendant  son  séjour  qu'il 
emprunta  à  un  amateur,  M.  Marye,  secrétaire  du  roi 
à  Rouen ,  c'est-à-dire  notaire,  deux  autres  tableaux 
de  Van  der  Neer,  une  Vue  de  Lille  en  Flandre  et  une 
Vue  du  canal  d'Ypres  à  Fumes,  qu'il  s'empressa  de 
copier.  Encouragé  par  le  succès  qu'obtinrent  les 
épreuves  dont  il  avait  emporté  les  planches  à  Paris  , 
Le  Veau  entreprit  la  gravure  de  deux  autres  marines 
de  B.  Peteers. 

C'est  à  son  retour  que  Le  Veau  dut  se  loger  auprès 
de  Le  Mire,  rue  St-Jacques.  en  face  le  collège  du  Plessis 
oti  nous  savons  que  son  ami  habita  de  1753  à  1761. 
Artiste  arrivé  ,  chargé  déjà  de  commandes,  le  travail 
abondait  chez  Le  Mire  à  ce  point  qu'il  avait  besoin , 
comme  son  maître  Le  Bas,  de  collaborateurs ,  et  qu'il 
donnait  les  planches  de  ses  vignettes  à  préparer  à  des 


LE    VEAU.  70< 

jeunes  gens  habiles  qu'il  employait.  Le  Veau  dut  avoir 
immédiatement  sa  part  de  ces  travaux  et  s'en  montrer 
fort  satisfait .  malgré  le  caractère  un  peu  vif  de  Le 
Mii'e  tempéré  par  la  bonté.  L'anecdote  suivante  rap- 
portée par  Guilbert  en  est  la  preuve ,  en  même  temps 
qu'elle  nous  montre  sur  le  vif  le  procédé  employé 
par  les  graveurs  de  l'époque,  de  faire  exécuter  par  un 
élève  l'eau-forte  ou  certaine  partie  d'une  planche  et 
de  se  réserver  soit  les  figures  ,  soit  la  terminaison  de 
la  planche  au  burin  :  «  Un  jour  que  Le  Mire  avait 
»  chargé  Le  Veau  de  faire  le  paysage  dans  une  grande 
»  vignette,  celui-ci  se  permit  de  graver  l'eau-forte  des 
»  figures.  Au  bout  de  quelques  jours  Le  Mire  vint  voir 
»  si  son  paysage  était  gravé.  A  la  vue  du  travail  fait 
»  par  Le  Veau  qui  avait  outrepassé  ses  ordres,  il  se 
»  mit  en  colère.  11  gratta  aussitôt  la  planche  en  pré- 
»  sence  de  Le  Veau  et  puis  l'emporta  avec  le  dessin. 
»  Après  ce  premier  mouvement  de  colère  dont  il 
»  n'avait  pu  se  défendre,  Le  Mire  eut  regret  de  s'être 
»  emporté  de  la  sorte.  Etant  revenu  trouver  Le  Veau 
»  quelques  jours  après,  il  lui  rapporta  la  planche  et 
»  se  contenta  de  lui  dire  en  la  lui  rendant  :  Vous  vous 
»  souviendrez  de  ne  graver  que  le  paysage.  Le  Veau 
»  cette  fois  ne  fit  que  ce  qui  lui  était  commandé. 
»  L'ouvrage  étant  terminé ,  Le  Mire  dit  à  son  con- 
»  frère  :  Je  vous  dois  six  louis  ,  trois  pour  la  première 
»  planche  et  trois  pour  la  seconde.  —  Le  Veau  voulut 
»  lui  représenter  qu'il  ne  devait  pas  la  première,  mais 
»  Le  Mire  ayant  insisté,  il  lui  fallut  céder.  Non  content 
»  de  ce  procédé  généreux ,  il  prit  affectueusement  la 
»  main  de  Le  Veau  et  le  quitta  comme  s'il  n'avait 
»  jamais  eu  lieu  d'être  mécontent.  » 


702         LES    GRAVEURS    DU    XVIIF    SIÈCLE. 

Enfin  Le  Veau  est  associé  par  Le  Mire  à  la  grande 
entreprise  des  Métamorphoses  d'Ovide,  et  il  y  grave  , 
entre  autres  pièces ,  la  vignette  du  Printemps ,  un 
chef-d'œuvre,  ainsi  que  deux  pièces  d'après  Boucher, 
la  Naissance  de  Bacchus,  Vertumne  et  Pomone, 
commencées  à  l'eau -forte  par  A.  de  Saint -Aubin. 
L'on  sait  que  les  dessins  de  Boucher,  qu'il  avait  bien 
voulu  faire,  sur  les  instances  des  éditeurs,  pour  les 
Métamorphoses,  étaient  beaucoup  plus  grands  que 
ceux  des  autres  dessinateurs  du  livre,  le  grand  artiste 
n'ayant  pas  voulu  sans  doute  s'astreindre  aux  petites 
dimensions  exigées  par  le  format  adopté.  Ces  compo- 
sitions devaient  donc  être  réduites  et  Le  Veau  n'étant 
qu'un  simple  copiste,  on  a  dû  prendre  pour  lui  faciliter 
le  travail  dans  ces  deux  dernières  pièces ,  un  artiste 
plus  exercé,  qui  a  exécuté  la  réduction. 

Le  Veau  est  encore  l'un  des  principaux  graveurs 
des  Ahnanachs  Iconologiques,  des  Contes  Moraux 
de  Marmontel ,  du  Molière  de  1773 ,  des  Fables  de 
Dorât,  etc.,  etc. 

Tous  ces  travaux  avaient  peu  à  peu  amené  l'aisance 
et  l'indépendance  dans  l'atelier  de  notre  graveur  ;  il 
avait  pu  recevoir  quelques  élèves,  enfin  il  avait  éprouvé 
le  besoin  de  prendre  une  compagne  et  avait  choisi  la 
sœur  d'un  de  ses  élèves  ,  fille  d'un  imprimeur  chez 
laquelle  il  trouva,  dit  M.  Hédou,  «  une  série  de  qualités 
physiques  et  morales  ». 

Les  succès  de  Le  Veau  n'avaient  pas  été  sans  arri- 
ver jusqu'à  sa  ville  natale.  Haillet  de  Couronne,  qui 
devait  plus  tard  en  qualité  de  secrétaire  perpétuel  de 
l'Académie  de  Rouen  prononcer  son  éloge ,  proposa  à 
l'instigation  de  Descamps  la  candidature  du  graveur 


LE    VEAU.  703 

à  cette  société  savante  qui  le  reçut  à  l'unanimité.  Le 
Veau  l'apprit  et  remercia  aussitôt  l'Académie  par  la 
lettre  suivante  : 

«  Messieurs  j'apprens  avec  le  plus  sensible  plaisir 
»  que  vous  avez  agréez  la  proposition  qui  vous  a  été 
»  faites  de  m'haunorer  d'une  place  parmi  vous;  je  vous 
»  prie,  Messieurs  de  croires  que  ce  titre  est  le  seul 
»  que  j'ambitionne.  C'est  à  vos  bontés  que  je  dois  mes 
»  foibles  talents  et  c'est  à  vous  que  je  vais  devoir  des 
»  nouveaux  encouragements  ;  la  gloire  d'une  compa- 
»  gnie  célèbre  dans  ma  ville  rejaillira  sur  moi  ;  trop 
»  heureux  si  mes  ouvrages  peuvent  me  mériter  votre 
»  indulgence  et  votre  estime.  Je  suis  etc.. 

»  Jean-Jacques-André  Le  Veau.  —  De  Paris,  ce  7 
»  février  1775.  » 

Le  Veau  entretint  du  reste  toute  sa  vie  des  relations 
avec  quelques  honorables  personnes  de  Rouen.  Haillet 
de  Couronne  était  de  ce  nombre  et  s'intéressait  à  ses 
travaux.  Il  avait  à  plusieurs  reprises  demandé  au  gra- 
veur la  liste  de  ses  ouvrages.  Après  avoir  longtemps 
tardé,  le  3  août  1776 ,  il  se  décidait  à  la  lui  envoyer 
accompagnée  de  cette  lettre  :  «  Monsieur,  je  ne  sçais 
»  comment  je  pourai  mescuser  auprès  de  vous,  davoh* 
»  été  si  longtems  à  vous  envoyer  la  notte  de  mes  ou- 
»  vrages  ;  le  premier  retardement  a  occationné  par  les 
»  titre  que  je  n'ai  point  à  touttes  les  estampes  que  j'ai 
»  de  moi  dans  mon  portefeuille  :  et  que  le  tems  a  les 
»  avoir  (vu  qu'il  sont  à  diférant  marchand)  et  avec  ma 
»  négligense  ont  commencé  à  mettre  un  tems  déjà 
»  trop  longt  ;  et  comme  dans  ce  tems  je  comraençois 
»  à  ne  sçavoir  déjà  comment  mescuser,  j'ai  désii'é  finir 
»  la  planche  que  je  gravois  pour  M"'  Leprince,  enfin  de 


704         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP    SIÈCLE. 

»  VOUS  l'envoyer,  avec  ma  notte  ;  je  contois  que  cette 
»  planche  ceroit  finis  pour  la  fin  d'avril  mais  M""  Le- 
»  prince  mayant  retardé  les  retouche ,  par  diférant 
*  voyage  qu'il  a  fait  à  une  maison  de  campagne  qui  a 
»  achetté  cette  année,  a  retardé  ma  planche jusqua 
»  mercredi  de  cette  semaine  ;  et  pour  comble  de  peine 
»  il  ne  la  veut  mettre  au  jour  qu'avec  le  pendant  que 
»  Ion  ne  fait  que  commencer  ;  et  que  je  craint  qui  ne 
»  dur  plus  dune  année.  Voilà  comme  bien  souvent 
»  par  sa  négligence ,  on  perd  d'heureuses  occations 
»  d'obhger  et  d'avoir  des  amis,  je  ne  me  le  pardonnerai 
»  de  ma  vie  ;  je  suis  tout  pénétré  de  confusion,  après 
>  la  lecture  que  je  revient  de  faire  de  votre  lettre  ,  ou 
»  vous  me  comblé  d'amitié!  que  je  ne  sent  pas  méritter. 
»  Si  j'osois  espérer  que  vous  voudrée  bien  oubher  ma 
»  faute  ;  et  ne  rien  diminuer  de  l'amitié  que  vous  m'a- 
»  vés  dévoué  ce  ceroit  y  mestre  le  comble.  Recevés , 
»  etc..  Le  Veau. 
«  de  Paris,  ce  3  aoust  1776. 

»  tourné  si  vous  plait  » 

«  Je  croirois  manquer  Monsieur  à  vos  bontés  si  je 
»  ne  vous  faisois  part  de  ma  satisfaction.  Mon''  Leprince 
»  a  paru  si  satisfait  de  moi  tant  par  mon  ouvrage  que 
»  par  mon  exactitude  m'a  promis  de  me  donner  200  1. 
«>  de  gratification  et  me  recommandant  de  nen  parler 
»  a  personne  dans  la  crainte  que  cela  ne  vienne  au 
>>  aureille  de  ceux  qui  grave  pour  lui  et  qui  pourait 
»  lexiger.  Voissi  ma  notte  *  :  » 

Suivait  une  liste  des  planches  exécutées  par  Le  Veau. 

*  Ces  deux  lettres  ont  été  publiées  dans  une  Etude  sur  Le  Veau  par 
M.  Hédou ,  qui  n'a  pas  été  mise  dans  le  commerce. 


LE    VEAU.  705 

Bien  qu'assez  mal  faite ,  elle  permet  de  lui  restituer 
la  Tempête  et  la  Vue  entre  La  Haye  et  Rotterdam , 
qui  toutes  deux  ne  portent  que  le  nom  de  Le  Bas  ,  et 
la  Vue  d'un  Temple  de  Venus  dans  l'île  de  Nisida  , 
signée  de  Le  Mire.  Quant  à  l'estampe  de  laquelle 
Le  Prince  se  montra  si  satisfait,  elle  a  pour  titre 
le  Corps  de  garde ,  et  son  pendant  dont  Née  avait 
commencé  la  planche  en  1776 ,  l'Amour  de  la  gloire, 
ne  fut  terminé  par  Le  Veau  et  mis  en  vente  qu'en 
1778. 

Indiquons  encore  quelques  autres  estampes  de  Le 
Veau.  11  n'a  pas  gravé  moins  de  dix  grandes  Marines 
d'après  Joseph  Vernet  ;  une  composition  de  la  Bergère 
des  Alpes  d'après  Aubry,  sujet  tiré  des  Contes  moraux 
de  Marmontel;  la  pièce  expressive  d'après  Debucourt, 
connue  sous  le  titre  le  Juge  ou  la  cruche  cassée  ;  la 
gracieuse  composition  intitulée  la  Rencontre  dange- 
7'euse  d'après  Baudouin ,  dont  l'eau-forte  est  char- 
mante ,  enfin  des  Vues  d'après  le  peintre  Julhard  son 
ami. 

Les  vignettes  gravées  par  Le  Veau  ne  sont  pas 
inférieures  à  celles  des  bons  graveurs  ses  contem- 
porains. 11  s'était  bien  formé  à  l'école  des  Le  Bas  et 
des  Le  Mire,  et  plusiem's  de  ses  planches,  surtout  dans 
les  Métamorphoses  d'Ovide,  sont  parmi  les  meilleures 
du  livre. 

«  Le  Veau  ,  a  écrit  M.  Hédou  ,  préparait  toutes  ces 
»  petites  planches  avec  un  soin  tout-à-fait  remarquable. 
»  Comme  Le  Mire  et  tous  les  bons  graveurs  du  temps, 
»  il  indiquait  d'abord  sa  composition  dans  les  ombres 
»  par  un  trait  intelligent  et  dans  les  lumières  par  un 
»  pointillé  spirituel ,  le  tout  mordu  à  l'eau-forte,  et  il 


706         LES   GRAVEURS   DU    XVIII"   SIECLE. 

»  ne  travaillait  son  cuivre  avec  le  burin  et  la  pointe 
»  que  lorsque  ce  procédé  avait  donné   tout  ce  qu'il 
»  devait  produire.  » 
Le  Veau  est  mort  en  1785. 


ESTAMPES. 

1.  La  Bergère  des  Alpes,  d'après  Aubry. 

2.  La  Rencontre  dangereuse,  d'après  Baudouin  ;  in-fo. 

3.  La  Consultation  appréhendée,  —  le  Retour  de  la  consultation;  2  p. 

d'après  Bilcoq. 

4 .  Le  Baiser  pris  de  force,  —  l'École  de  l'amour  ;  2  p.  d'après  Clermonl. 

5.  Le  Juge,  ou  la  Cruche  cassée,    d'après  Debucourt,  in- 

fol.  en  largeur. 

L'eau-forte,  100  fr.  1881 .  M   de  Goncourt  attribue  cette  préparation  à  Debu- 
court lui-même,  ce  qui  nous  paraît  fort  vraisemblable. 

6.  Vue  perspective  d'une  place  projetée  devant  la  colonnade  du  Louvre 

à  la  Gloire  de  Louis  XVI ,  d'après  Doucet ,    1784  ;    in-fol.  en 
largeur. 

I .  La  Cascade  de  Tivoli ,  in-fol.  —  Tour  du  Grec  au  golfe  de  Naples  ; 

—  Vue  de  Naples  du  côté  du  Château-Neuf,  in-fol.  en  largeur  ; 
3  p.  d'après  Lacroix. 

8.  Le  Corps-de-Garde,  d'après  Le  Prince  ;  in-fol. 

9.  Vue  des  environs  de  Lagny,  d'après  Le  Prince  ;  in-fol.  en  largeur. 

10.  L'Amant  curieux,  —  L'Agneau  chéri,  2  p.  in-fol.  en  lar- 

geur, d'après  Loutherbourg  ,  mi. 

II.  La  Fontaine  d'Arcadie,  d'après  de  Machy  ;  in-fol. 

12.   Arrivée  de  Flessingue,  —  Port  de  Flessingue,  2  p.  d'après  Peters, 
in-fol.  en  largeur. 


LE   VEAU.  707 

13.  Vue  d'un  moulin  sur  la  rivière  d'Étampes,  —  Vue  de  Quillebœuf , 

—  Vue  des  environs  de  Rouen,  3  p.  d'après  Sarrazin  ;  in-4. 

14.  La  Jeune  Napolitaine  à  la  pêche.  —  La  Pêche  en  eau  douce.  — 

Les  Amans  à  la  pêche.  —  Les  Femmes  à  la  pèche.  —  L'Ancienne 
Forteresse. —  La  Cuisine  ambulante  des  matelots. —  Les  Pêcheurs 
des  monts  Pyrénées.  —  L'Aurore  d'un  beau  matin.  —  Vue  proche 
du  Mont-Ferrat.  —  l^  et  2''  Vues  des  environs  de  Bayonne.  — 
Le  Vaisseau  submergé. 

15.  12  vues  d'après  Weirotter. 

Ajoutons  à  cette  liste  : 

Vue  des  campagnes  de  Rome,  le  Bain  des  villageoises,  d'après  Julllard. — L'Entrée 
d'une  ville  maritime,  d'après  Lalleinant.  —  Vue  de  Brixen  en  Tirol ,  d'après  H. 
Robert. —  Les  Bergers  romains,  d'après  Mettay. — Agar  répudiée,  d'après  Dietricy. 

Vestiges  d'anciens  monuments  romains,  d'après  Poelerabourg.  —  Vue  de  Lillo 
sur  l'Escaut,  d'après  Van  der  Neer.  —  Le  Jeune  piqueur  vénitien,  d'après  Ferg. — 
La  Blanchisseuse  flamande ,  d'après  Wouverraans.  —  Troupeau  de  chèvres  et  de 
moutons,  d'après  Weenix. 

Planches  pour  le  Caiinet  JVeymaTi  et  le  Cabinet  Poullain. 

Le  Clair  de  lune,  petite  pièce  in-8,  datée  de  1748. 

Vue  de  Passy ,  dessinée  d'après  nature  par  J.-J.  le  Veau  (  Description  de  la 
France). 


EX-LIBRIS,  ETC. 

16.  Ex-libris  d'Aubusson.  —  Cartouche  d'armoiries  supporté  par  ul 

lion  ot  un  griffon.  Sur  le  socle,  la  légende  :  Ex-libris  d'Aubusson  ; 
in-12. 

17.  Ex-libris  de  Brinon. —  Panneau  d'armoiries  avec  légende  :  Biblioth. 

Rothomag.  Ecclesiœ  ex  Dono  D.  D.  Caroli  Renati  De  Brinon 
Docf.  Paris,  insignis  ecclesiœ  Metrop.  Roth.  et  Norm.  Prima- 
tialis  Canonici  honorarii  1749.  Leveau  fecit  ;  in-18. 

18.  Ex-Ubris  de  Jouvencel.  —  Cartouche  d'armoiries  surmonté  de  trois 

casques.  Des  palmes  sur  les  côtés.  Nobilis  D.  D.  Petrus  de  Jou- 
vencel Eques  Monetarum  Lugdunœus  Senator,  i749  ;  in-8. 

19.  Adresse  de  l'horloger  Silvestre.  Cadre  d'arabesques,  in-18  en  lar- 

geur, orné  de  fleurs  ,  avec  une  couronne  à  la  partie  supérieure. 
Légende  :  Silvestre,  Horloger,  Rue  Dauphine  au  coin  de  la  Riie 
Christine.  Paris. 


708  LES   GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 


VIGNETTES. 

I.    d'après   goghin. 

20.  Vignettes  pour  VIconologie,  10  p. 

21.  Psyché,  la  figure  noire  ,  agenouillée  devant  Vénus,  vignette  pour 

les  Fables  de  l'abbé Aubert  (l'eau-forte  par  A.  de  Saint-Aubin. 

22.  Minerve  et  la  Folie  ,  joli  frontispice  pour  les  Œuvres  de 

Saint-Marc.  —  En-tête  et  cul-de-lampe  ;  3  p. 

II.  d'après  eisen. 

23.  Préparation  de  planches,  terminées  par  Le  Mire  et  Longueil ,  pour 

les  Contes  de  La  Fontaine,  édition  des  Fermiers-Généraux. 

24.  LE    PRINTEMPS,    très  belle  vignette  pour  les  ilfe'/amorpAoses 

d'Ovide,  n69. 

Le  Veau  a  gravé  13  autres  pièces  d'après  Eisen ,  Gravelot ,  Monnet  et  Moreau 
pour  les  Métamorphoses  d'Ovide. —  Il  a  aussi  terminé,  sur  des  eaux-fortes  d'Aug. 
de  Saint-Aubin,  deux  vignettes  de  Bouclier  pour  le  même  ouvrage  :  la  Naissance 
de  Bacchus,  Vertumne  et  Pomone. 

25.  Le  Prix  de  la  beauté,  —  la  Nymphe  enlevée,  —  la  Grotte  de  Vénus, 

—  la  Prudence,  4  p.  in-8  avec  cadre,  plus  Vénus  et  l'Amour, 
d'après  Boucher. 

III.  d'après  gravelot. 

26.  Fleurons  pour  les  Comédies  de  Térence  ,   Paris,   Leloup ,   1758, 

2  vol.  in-12. 

Les  27  fleurons  de  cette  série  sont  anonymes  ou  portent  le  nom  de  Le  Bas. 
Maison  les  trouve  tous  dans  l'œuvre  de  Le  Veau  au  Cabinet  des  Estampes.  Il 
est  plus  que  probable  qu'il  y  a  travaillé,  au  moins  pour  les  eaux-fortes. 

27.  Vignettes  pour  la  Jérusalem  délivrée ,  —  le  Décameron  ,   —  les 

Contes  moraux  de  Marmontel ,  —  Bélisaire,  par  le  même,  —  les 
Almanachs  iconologiques  ,  —  Eugénie,  drame  de  Beaumarchais, 

—  le  Voltaire  in-4  de  1768,  —  Horace  de  Baskerville,  —  Oh  mon 
père.  Ma  fille,  quoi  !  c'est  vous. . .  —  l'Amour  priant  une  ber- 
gère près  d'une  grotte,  —  la  Partie  de  chasse  de  Henri  IV,  in-8. 

IV.  d'après  marillier. 

28.  Fleurons  pour  les  Fables  de  Dorât,  10  p. 


LE    VEAU.  709 

29.  Vignettes  pour  les  Œuvres  de  Vabbé Prévost  et  le  Cabinet  des  Fées. 

V.  d'après  moreau. 

30.  Frontispice  des  [ncas  (l'eau-forte  par  De  Ghendt),  et  une  figure. — 

Pandore,  la  Femme  qui  a  raison  ,  le  Pauvre  Diable  (  Voltaire  de 

Kehl). 

31.  Tai  tort,  mon  cher  Valère. . .  {Rousseau  de  1174,  in-4). 

32.  Prologue  de  la  Princesse  d'Elide.  —  Mélicerte.  —  George  Dandin. 

—  Les  Fourberies  de  Scapin  [Molière  de  Brel). 

33.  MARIE-ANTOINETTE.    Melpomène  présente  au  buste  de  la 

Reine  les  Œuvres  de  Métastase  ,  in-8  (vignette  pour  les  Œuvres 
de  Métastase,  1780,  in-8  et  in-4). 

L'eau-forte,  200  fr.  1879. —  État  d'essai,  signalé  par  M.  Jules  Hédou. 
Terminé,  avant  la  lettre,  les  noms  des  artistes  à  la  pointe.  —  Autres  épreuves 
avec  les  noms  des  artistes  et  la  date.  —  Avec  la  légende. 
Le  Veau  a  encore  gravé  la  vignette  d'Aténaïde  pour  le  même  ouvrage. 

34.  Petit  fleuron  représentant  deux  femmes  assises  sur  l'herbe  ;  celle  de 

gauche  est  endormie  et  a  laissé  tomber  un  livre  ;   1774. 

35.  ChYMIE  expérimentale  et  RAISONNÉE,   par  m.  Baume 

1773,3  vol. 

Trois  fleurons  de  titre,  et  un  fleuron  pour  un  quatrième  volume  qui  n'a  point 
paru. 

36.  Philoclès  dans  l'île  de  Samos  (  Etudes  de  la  nature  ,  par  Bernardin 

de  St-Pierre),  17     ,  in-12. 

37.  Frontispice  pour  un  ouvrage  in-12.  Minerve  soutenant  un  tableau 

sur  lequel  est  tracé  le  carré  de  l'hypothénuse,  etc.  1783. 

38.  Figures  pour  VHistoire  de  France. 

VI.   d'après  divers. 

39.  Figure  de  Le  Barbier  pour  les  Fastes  d'Ovide  et  fleuron  de  titra 

pour  /.-/.  Rousseau.  —  Figure  de  Loutherboui'g  et  fleuron  de 
Saint-Quentin  pour  V Agriculture.  —  Figiu'es  de  Duclos  pour 
Biaise  et  Babet ,  publiées  par  Martinet ,  etc. 

40.  Louis  XV,  profil  à  gauche,  médaillon  rond  dans  un  encadrement 

carré,  formant  tête  de  pagepour  un  in-4. —  Gravé  par  Le  Veau, 
associé  de  l'Académie  Rie  de  Rouen. 
n.  46 


LÉVEILLÉ   (Pierre; 


Le  Manuel  le  fait  naître  à  Orléans,  et  Basan  nous 
apprend  qu'il  était  élève  de  Janinet,  ce  qui  est  du 
reste  facile  à  reconnaître  à  la  vue  de  ses  planches.  On 
a  de  lui  des  frises,  des  ornements  et  quelques  estampes 
en  couleur  : 


1.  LE   CHARLATAN,  d'après  Borel  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

2.  LA   BASCULE,  d'après  Borel ,  pendant  de  la  pièce  précédente; 

1785.  Chez  Vidal. 

Ces  deux  compositions  sont  pittoresques  et  animées  ;  le  charlatan  débile  son 
boniment  avec  feu.  Dans  la  seconde,  on  voit  toute  une  société  qui  s'ébat  à  une 
fête  villageoise  etjoue  à  la  bascule.  Une  jeune  femme  fait  la  culbute  et  montre. . . 
bien  des  choses  à  ses  joyeux  compagnons. 

Les  deux  pièces,  495  fr.  vente  Mûhlbacher. 

3.  La  Circassienne  à  l'encan,  d'après  Borel  ;  petit  in-fol.  en  largeur. 

4 .  Le  Bain  interrompu  ,  d'après  Borel  ;  pendant  de  la  pièce  précédente. 

5.  Etude  de  paysan  russe,  d'après  Le  Prince  ;  in-8,  au  lavis. 

6.  Profil  de  femme,  d'après  Huët;  in-4. 


LEVESQUE   (Pierre-Charles). 


1727-1812. 


Gravei]r  à  l'eau-forte,  amateur  et  littérateur,  Pierre- 
Charles  Lévesque  naquit  à  Paris,  en  1727  d'après  Le 
Blanc  ,  et  en  1736  d'après  la  Biographie  liniverselle. 
Ses  parents  lui  jBrent  apprendre  la  gravure ,  mais  con- 
trairement à  l'habitude,  ce  fut  le  jeune  Lévesque  qui  les 
supplia  de  lui  faire  apprendre  le  latin.  11  fut  pourtant , 
par  suite  de  revers  de  fortune,  forcé  de  vivre  pendant 
quelque  temps  de  son  talent  de  graveur.  Ses  premiers 
travaux  littéraires  lui  ayant  acquis  l'estime  de  Diderot, 
celui-ci  le  recommanda  à  l'impératrice  Catherine  qui 
le  nomma  en  1783  professeur  de  belles-lettres  à  l'école 
des  cadets.  Pendant  un  séjour  de  sept  années  à  Saint- 
Pétersbourg  où  il  fut  nommé  de  l'Académie  des  beaux- 
arts  de  cette  ville,  il  écrivit  une  Histoire  de  Russie 
qui  est  estimée  et  revint  à  Paris  en  1780  pour  la 
publier.  Grâce  à  ce  travail,  il  fut  nommé  de  F  Académie 
des  Inscriptions ,  fit  beaucoup  d'ouvrages  et  de  tra- 
ductions, entre  autres  celles  de  presque  toute  la  collec- 
tion des  anciens  moralistes  ,  mais  pour  nous  Lévesque 
est  surtout  connu  comme  le  continuateur  ou  mieux 
comme  le  principal  auteur  du  Dictionnaire  des  arts 
de  peinture,  sculpture  et  gravure  de  Watelet  (1792). 


712         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF   SIÈCLE. 

Cet  artiste-écrivain  avait  entrepris  depuis  longtemps 
cet  ouvrage ,  mais  d'autres  occupations  le  lui  firent 
délaisser  et  quand  il  mourut ,  le  travail  n'allait  guère 
au-delà  de  la  lettre  G.  C'est  alors  qu'on  demanda  à 
Lévesque  de  travailler  à  son  achèvement  : 

«  Treize  années  entières  de  ma  vie ,  écrit  -  il , 
»  consacrées  sans  relâche  à  l'étude  et  à  la  pratique 
»  de  l'un  des  arts  qui  dépendent  du  dessin,  m'ont 
»  donné  la  confiance  d'accepter  la  proposition  qui 
»  m'a  été  faite,  de  remplir  les  lacunes  laissées  par 
»  M""  Watelet.  Ce  n'est  pas  que  je  croie  avoir  acquis 
»  le  droit  de  donner  impérieusement  des  préceptes 
»  aux  artistes,  mais  j'ai  du  moins  l'avantage  d'avoir 
»  appris  leur  langue,  de  connoître  une  partie  de  leurs 
»  procédés,  de  tenir  quelques  anneaux  qui  peuvent 
»  m'aider  à  suivre  la  chaîne  entière  des  arts  ;  j'en  ai 
»  pratiqué  un  seul  par  état ,  mais  j'ai  fréquenté  ,  j'ai 
»  entendu,  j'ai  vu  prati(juer  des  artistes  dans  tous  les 
»  genres  et  j'ai  pu  me  rendre  compte  de  leur  théorie 
»  familière.  » 

Ajoutons  que  si  Lévesque  s'est  fait  aider  pour  beau- 
coup d'articles  de  son  dictionnaire  ,  il  a  écrit  les  plus 
importants.  L'article  Gravure ,  en  particuHer,  est  à 
lui  seul  un  petit  traité  de  cet  art. 

Lévesque  a  joint  l'exemple  au  précepte ,  mais  ses 
travaux  ne  sortent  pas  d'une  honnête  médiocrité.  — 
Le  Sommeil  et  le  Réveil  (1765) ,  d'après  F.  Boucher. 
—  La  Gaîté ,  d'après  C.  A.  Van  Loo.  —  Vénus  et 
l'Amour,  d'après  Pierre  (1770). —  L'Amour  aiguisant 
une  flèche,  d'après  Cazes  (1770).  —  Jupiter  et  Danaé, 
d'après  de  Troy.  —  Èrigone  vaincue ,  d'après  Des- 
hayes.  —  La  Toilette  hollandaise ,  d'après  Metzu.  — 


LEVESQUE.  743 

Loth  et  ses  filles ,  d'après  Diépenbecke.  —  Planches 
pour  Abrégé  de  VHisloir'e  romaine ,  d'après  G.  de 
Saint-Aubin. —  Planches  pour  le  Cabinet  de  Choiseul. 

Quelques  portraits.  —  Gilbert  de  Voysins,  d'après 
Duplessis  (1771)  ;  in-4.  —  Balland  d'Augustebourg , 
d'après  Colson;  in-fol. —  M"»*  de  Graffigny. —  Sedaine, 
d'après  L.  David  ;  in-4  en  rond.  —  Le  Maréchal  de 
Lowendal;  in-4  (1772).  —  Le  Duc  de  La  Vrillière, 
(1772),  en  rond,  d'après  G.  Van  Loo.  —  Le  Kain,  dans 
le  rôle  de  Gengis-Kan  (1765) ,  in-4.  —  Jean  Causeur, 
bouclier  de  profession,  âgé  de  130  ans,  d'après  Caffieri 
(1772). 

Lévesque  mourut  le  12  mai  1812. 


LE  VILLAIN    (Gérard-René). 

1740-48. 


C'est  le  graveur  du  Repentir  tardif,  d'après  La- 
vreince,  charmante  estampe  au  titre  significatif. 

Le  Villain  a  gravé  la  Jeunesse  laborieuse  et  la 
Jeunesse  studieuse ,  d'après  Grimou ,  1768.  —  Le 
Sommeil  de  Venus,  d'après  Ghalle.  —  Planches  pour 
la  Galerie  de  Florence  et  la  Galerie  du  Palais- Royal. 

Les  portraits  de  Dufour  de  Villeneuve ,  lieutenant 
civil  au  Chàtelet,  1767,  et  de  Ribero  Sanchez,  médecin. 

Des  vignettes  pour  le  Cabinet  des  Fées,  les  Voyages 
îinaginaires.  les  Œuvres  badines  de  Caylus,  d'après 
Marinier,  les  Œuvres  de  Gessner,  d'après  Le  Barbier, 
le  Plutarque  de  Gussac,  Racine,  édition  de  Didot. 

Le  Comte  de  Valmont  ou  les  Égarements  de  la 
raison,  par  l'abbé  Gérard,  1774  —  3  vol.  in-12,  et 
lOjohes  figures  parLiot,  gravées  par  Le  Villain,  avec 
un  écusson  en  tête  de  la  dédicace. 

Voyage  sentimental ,  Dijon  .  1797  et  Paris ,  1801 ,  2 
vol.  in-8 ,  —  6  figures  d'après  Monsiau ,  réduites  de 
celles  de  la  grande  édition  de  Dufour,  an  VII. 

Adresse  :  A  la  Tabatière  d'or,  rue  neuve  des  Petits- 
Champs,  Tellier,  nv^joailler,  bijoutier, —  in-8. 

La  femme  de  Le  Villain  a  aussi  gravé. 


LEVILLY  (J.-P. 


Graveur  au  pointillé  peu  connu.  On  relève  à  son 
actif  quelques  pièces  «  passant  de  la  fabrique  italienne 
»  anglomanisée  à  des  façons  tout-à-fait  françaises  et 
»  encore  toutes  frottées  du  goût  des  merveilleux.  » 

Venus,  l'Amour  et  les  Grâces  ,  petite  pièce  ronde  ; 
r Enlèvement ,  r Abandon  ,  2  p.  in-4;  f  Instant  favo- 
rable,  r Heureux  présage  .  2  p.  dessinées  et  gravées 
par  Levilly,  in-4  :  les  Cerises,  petit  médaillon  en  cou- 
leur ;  le  Bain  de  Virginie  ;  What  you  will,  a  Widoio, 
2  p.  in-4  ;  la  Rivale  désabusée  ,  dessiné  et  gravé  par 
Levilly  ;  la  Valse  ;  Beautés  dansant  à  la  musique  de 
l'Amour  ;  Faites  la  paix  ;  C'est  inconcevable,  tu  n'es 
plus  reconnaissable. 

Les  Croyables  au  Perron  ;  Tiens,  c'est  mon  valet, 
petites  pièces  rondes. 

L'Amant  poète,  d'après  Boilly,  in-fol.  «  Un  adoles- 
»  cent,  en  culotte  collante  et  bottes  à  revers,  le  cale- 
»  pin  à  la  main,  s'inspire  auprès  delà  statue  d'Apollon 
»  au  coin  d'un  bosquet  où  deux  jeunes  filles  l'épient. 
»  C'est  le  chef-d'œuvre  du  graveur  et  une  charmante 
»  vignette  pour  les  poésies  dont  raffolèrent  ceux  et 
»  celles  qui  avaient  leurs  seize  ans  vers  l'an  VI.  » 


LIÉNARD    (Jean-Baptiste 

1750- 


Liénard  ,  né  à  Lille  en  1750 ,  élève  de  Le  Bas ,  fut 
l'un  des  graveurs  du  Voyage  de  Saint-Non  et  plus 
tard  du  Musée  Français,  et  l'un  des  trois  graveurs  de 
la  Plaine  des  Sablons,  de  Moreau. 

Nous  ne  trouvons  guère  dans  son  œuvre  que  deux 
estampes  notables  : 

Les  Délices  de  l'été ,  d'après  Le  Prince  ;  in-fol.  en 
largeur. 

Vue  des  principaux  7nonu7nents  de  Rome,  d'après 
H.  Bobert  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

Mais  nous  devons  particulièrement  signaler  la  colla- 
boration de  Liénard  à  un  ouvrage  des  plus  estimés  : 


LA  FOLLE  JOURNÉE,  ou  le  Mariage  de  Figaro,  comédie  en  cinq 
actes  par  M.  de  Beaumarchais  (Kehl,  de  l'imprimerie  de  la  société 
typographique),  Paris,  Ruault ,  nss,  in-8. 

Cinq  figures  par  Saint-Quentin ,  gravées,  celles  des  actes  1, 3  et  5  par  Liénard, 
les  deux  autres  par  Halbou  et  Lingée. 

Jolies  illustrations,  et  des  plus  estimées  en  épreuves  de  remarque. 

La  suite  des  cinq  gravures ,  avant  la  lettre ,  entourées  d'un  cadre ,  3,000  fr. 
vente  Sieurin. 

Un  exemplaire  contenant  les  cinq  gravures  dans  le  même  état  et  quatre 
eaux-fortes,  3,000  fr.  vente  Desbarreaux-Bernard. 

Ces  eaux-furtes  sont  aujourd'hui  dans  la  collection  de  M.  E.  Paillet.  —  M.  de 
Villeneuve  les  possède  également. 


LINGÉE    (Charles-Louis). 


1751- 


Lingée,  qui  demeurait  rue  des  Maçons  près  l'Hôtel 
des  quatre  Nations,  a  collaboré  à  la  gravure  du  Monu- 
ment du  Costume,  et  nous  a  laissé  aussi  quelques 
vignettes  excellentes. 

ESTAMPES. 

1.  L'OCCUPATION,  —  LA  PROMENADE  DU  MATIN,  —  LES 

CONFIDENCES,  3p.  in-fol.  d'après  Freudeberg  (Monument 
du  Costume). 

PORTRAITS. 

2.  Me"e  RAUGOUR  ,  portrait  dédié  à  la  comtesse  Du  Barry  par  son 

très-humble  serviteur  Lingée.  —  J.  H.  E.  inv.,  Freudeberg  , 
J.  M.  Moreau  ornamenta  delin.,  Lingée  sculp.;  petit  iu-fol. 

3.  Le  Tourneur,  d'après  Pujos ;  in-4  ,  au  pointillé. 

4.  Pelletier,  peint  par  lui-même,  gravé  par  son  ami  Lingée  ;  in-4  orné. 

Très  rare. 

5.  Profil  de  femme,  médaillon  rond  in-18.  M.  E.  Lingée  del.  ad  vivum 

1791.  CL.  Lingée  sculp.  lld'i. 

Victime  de  la  calomnie, 
Gertrude  !  l'avenir  gémira  sur  ton  sort; 
L'Amour  et  les  Vertus  embellissaient  ta  vie 

Et  l'honneur  l'a  donné  la  mort. 

Patrat. 


718  LES    GRAVEURS   DU    XVIIP    SIÈCLE. 


VIGNETTES. 

6.  LE   COLIN-MAILLARD  (en-tête  pour  Zes  Baisers  de  Dorât).  — 

Gul-de-lampe. 

7.  Fleurons  pour  les  Fables  de  Dorât.  —  Très  jolie  tête  de  page  pour 

la  première  édition  des  Fables  de  Dorât,  l'7'72. 

8.  Fleurons  et  vignettes  pour  Baculard  d'Arnaud  ,  LlEBMAN  ,  etc. 

9.  Les  Femmes  vengées,  opéra-comique  en  un  acte,  de  Sedaine, 

1775;  in-8. 

Une  jolie  figure  de  Cochln,  qu'on  utilise  souvent  pour  les  Rémois ,  conte  de 
La  Fontaine. 

10.  JOCONDE,   2'"*' planche.  —  LE   P.\YS.\N  QUI   .VV.\IT   OFFENSÉ 

SON  seigneur,  d'après  Fragonard.  —  LE  BAISER  RENDU, 
d'après  Touzé  [Contes  de  La  Fontaine). 

11.  Vignettes  d'après  Gravelot  pour  la  Jérusalem  délivrée  ;  —  d'après 

Marinier  pour  V Iliade  ;  —  d'après  Cochin  pour  VArioste,  la  Jéru- 
salem délivrée  ,  VIconologie  ;  —  d'après  Saint-Quentin  pour  la 
Folle  Journée  ;  —  d'après  Loutherbourg  pour  l  Agriculture  ;  — 
d'après  Chevalier  pour  le  More  de  Venise,  tragédie  précédée  d'un 
discours  par  M.  Douin ,  capne  d'infanterie,  1773;  —  d'après 
Moreau  pour  la  Henriade  (ch.  IV)  in-4  ;  —  d'après  Le  Barbier 
pour  les  Lettres  d'une  Péruvienne  ;  —  d'après  Monnet  pour  le 
Théâtre  des  Grecs  du  P.  Brumoy,  le  Lucrèce  de  Bleuet  et  le 
Gil  Blas  de  Chaigneau  ;  —  d'après  Regnault  pour  le  Temple  de 
Gnide.  —  Vignettes  pour  les  Liaisons  dangereuses,  les  Voyages 
en  France,  et  les  Deux  Chasseurs  et  la  Laitière,  opéra-comique. 

12.  Trinité  conventionnelle ,  format  de  cocarde  et  dessus  de  boîte  (sic) , 

dédiée  à  la  République  ;  pièce  en  couleur.  —  Lingée  del.  et  sculp. 
A  Paris  chez  l'Auteur,  rue  St-Thomas,  porte  St-Jacques,  n°710. 


LINGÉE   (Madame; 


1753- 


Thérèse-Éléoiiore  Hémery ,  sœur  du  graveur  Hémery 
et  de  Madame  Ponce,  avait  un  agréable  talent  de  gra- 
veur à  la  manière  du  crayon.  Elle  a  montré  qu'elle 
connaissait  supérieurement  l'emploi  de  ce  procédé , 
dans  des  portraits  d'après  Pujos  ou  d'après  Moreau-, 
et  dans  des  sujets  de  genre  d'après  Cochin.  Elle  a 
aussi  gravé  quelques  vignettes  au  burin.  Elle  faisait 
partie  de  l'Académie  royale  de  Marseille. 

On  doit  particulièrement  rechercher  d'elle  le  por- 
trait de  la  jolie  Mat^quise  de  Villette  ,  la  même  à  qui 
nous  avons  vu  Gaucher  dédier  son  estampe  du  cou- 
ronnement de  Voltaire  sur  le  Théâtre-Français.  Rien 
de  plus  fin  aussi  que  les  portraits  des  membres  de  la 
Société  des  Enfants  d'Apollon,  le  musicien  Francœur, 
les  peintres  Jeaurat ,  Houël,  etc. 

L'œuvre  de  Madame  Lingée  peut,  en  somme,  former 
un  très  agréable  portefeuille  dans  la  collection  d'un 
amateur  d'estampes  du  XVIIP  siècle. 

ESTAMPES,  ETC. 

1     Panis  ANGELORUM.   —  PanIS  HOMINUM;    2  p.   in-4  d'après 
Cochin. 


720         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP   SIÈCLE. 

2.  L'Enlèvement  des  Satines,  d'après  Cochin  ;  in-fol.  en  largeur. 

3.  Télémaque  dans  le  temple  de  Vénus  à  Chypre.  —  Les  Nymphes 

jouent  avec  l'Amour;  2  p.  in-4  pour  Télémaque,  d'après  les  dessins 
de  Cochin ,  publiés  chez  Bonnet  comme  sujets  gracieux. 

4.  Le  Plaisir  des  bonnes  gens,  jolie  pièce  in-4  en  largeur, 

d'après  Cochin. 

5 .  Têtes  d'étude  d'après  Greuze,  grandeur  naturelle  ;  4  p.  à  la  sanguine. 

6.  Validé,  —  Odalisque  ;  2  p.  in-4  ,  d'après  A.  de  Saint- Aubin  qui  a 

signé  ad  vivum  del. 

1 ,  Vignettes  au  burin  pour  les  Contes  de  La  Fontaine  de  Desrais ,  les 
Confessions  du  comte  de  X***. 

8 .  Éléments  de  dessin  par  Moreau  jeune ,  depuis  les  premiers  prin- 
cipes jusqu'à  Vacadémie ,  avec  Véchelle  des  proportions  du 
corps,  30  feuilles  in-fol.  à  la  manière  du  crayon. 


PORTRAITS. 

PORTRAITS   DE   DIVERS   MEMBRES   DE   LA   SOCIÉTÉ 
DES   ENFANTS   D'APOLLON;  in-8  carré. 

Breval  ,  violoncelle  et  compositeur,  d'après  Moreau. 
Chardiny,  compositeur,  d'après  Moreau. 
Chenard,  basse-taille  et  violoncelle,  d'après  Cochin. 
COTTEREAU,  avocat  et  procureur  au  Châtelet,  d'après  Cochin. 
Du  Port,  violoncelle  et  compositeur,  d'après  Cochin. 
FRANCœUR,    surintendant  de   la  musique  du  roi,   d'après 

Moreau.  Très  rare. 
Hou  EL  ,  peintre  du  Roy,  d'après  Cochin. 
Je  AU  RAT,  peintre,  d'après  Cochin. 
Lancez,  violon,  d'après  Moreau. 
LOCHON  ,  violon  ,  d'après  Moreau. 
M  A  N  D I N I ,  proff'". ,  d'après  Moreau. 
Moline  ,  avocat,  auteur  lyrique,  d'après  Cochin. 
Nau-Deville,  amateur,  d'après  Moreau. 
PlOT,  amateur,  commissaire  des  guerres,  d'après  Cochin. 


LINGEE   (Madame).  721 

10.  CaglIOSTRO  (Madame);  in-4.  Rare  et  curieux. 

11.  Canavas,  Gaurier,  Séjan  ,  médaillons  ronds  in-12,  d'après  Cochin. 

12.  Colardeau  ,  d'après  Trinquesse,  profil  in-4  ,   \11B. 

13.  Jarente  d'Orgeval ,    coadjuteur  de  l'évèché  d'Orléans,    de  face, 

d'après  Cochin  ;  in-fol 

14.  JoANNIS  (de),  de  trois  quarts,  d'après  Cochin  ;  in-4. 

15.  Le  Noir,  lieutenant  général  de  police.  Pujosdel.  advivum;  in-4. 

16.  Louis  XVI,  Marie-Antoinette,  le  Dauphin  et  Madame;  in-8. 

n.  M  AL  0  ET,  conseiller  d'État,  premier  médecin  de  Madame  Victoire, 
de  trois  quarts,  d'après  Cochin;  in-4.  —  Antoine  l'ETrT, 
docteur  régent,  d'après  Cochin,  n86  ;  pendant.  —  LOUS- 
TAUNAU  ,  conseiller  d'État. 

18.  Marchand,  avocat ,  censeur  royal,  d'après  Pujos;  in-4. 

19.  Trumeau  de  la  Consy,  prêtre,  d'après  Trinquesse  ;  in-4. 

20.  VILLETTE  (M"""  la  Marq**"  de),  surnommée  Belle  et  Bonne  par 

Voltaire ,    d'après  Pujos  ;    in-4 ,    avec  ces  vers  du  marquis  de 

Villette  : 

Elle  eut  Voltaire  pour  parrain 
Belle  et  Bonne  est  le  nom  que  lui  donna  Voltaire 
Et  ce  nom,  mieux  que  le  burin, 
Peint  sa  grâce  et  son  caractère. 


Les  LIOTARD. 


4  702-1790. 


Né  à  Genève  en  décembre  1702,  Jean -Etienne 
LioTARD  fut  d'abord  peintre  en  miniature.  Il  vint  à 
Paris  en  1725  et  s'y  fit  remarquer  par  ses  pastels  et 
ses  émaux.  Liotard  passa  quelque  temps  à  Naples,  où 
il  avait  suivi  le  marquis  de  Puysieux ,  ambassadeur  de 
France.  Il  vint  à  Rome  en  1736  et  y  fit  la  connaissance 
d'anglais  qu'il  accompagna  dans  le  Levant.  AConstan- 
tinople  il  eut  du  succès  et  adopta  le  costume  du  pays. 
Quand  il  revint  à  Vienne,  il  était  vêtu  à  l'orientale  ,  et 
portait  une  longue  barbe  ;  sa  singularité  et  aussi  son 
talent  le  firent  bien  accueillir  ;  il  fut  même  admis  à 
peindre  la  famille  impériale.  A  Paris  son  talent  fut 
plus  contesté  ;  on  trouva  sa  manière  sècbe  et  sa  couleur 
peu  agréable.  Ce  peintre  nomade  passa  ensuite  en 
Angleterre,  puis  en  Hollande ,  où  il  se  maria,  en  fai- 
sant le  sacrifice  de  sa  longue  barbe,  mais  non  de  son 
costume  qui  l'avait  fait  surnommer  le  peintre  turc  ; 
on  le  retrouve  ensuite  en  Allemagne,  puis  à  Venise  ; 
il  revint  enfin  à  Genève  sa  patrie  où  il  mourut  vers 
1790. 

Il  a  gravé  son  propre  portrait,  /.  E.  Liotard ,  in-4, 
et  une  seconde  fois  en  clair-obscur;  —  Hérault, 


LIOTARD.  723 

lieutenant  de  police,  in-fol.;  —  /.  E.  Goupil ,  écuyer  ; 
—  la  Veui^e  Lullin. 

A  Vienne  il  a  gravé,  outre  un  portrait  de  Joseph  II, 
deux  compositions  intitulées  Dame  franque  de  Pèra 
recevant  visile,  et  Darne  franque  de  Galata,  etc..  la 
première  représente ,  suivant  Huber ,  Timpératrice 
Marie-Thérèse  et  sa  fille  l'archiduchesse  Marie-Chris- 
tine. Liotard  a  gravé  les  visages ,  et  Camerata  les 
accessoires. 

Une  estampe  bien  connue ,  le  Chat  malade ,  a  été 
gravée  par  J.  E.  Liotard  d'après  Watteau  ;  in-fol. 

J.  E.  Liotard  a  tenté  quelques  essais  malheureux  en 
manière  noire,  comme  la  Vénus  auce  belles  fesces  (sic); 
in-fol.  1780.  Plusieurs  portraits  ont  été  gravés  d'après 
lui ,  notamment  sa  nièce  M"*'  Liotard  ,  par  Daullé  ,  et 
divers  sujets  par  un  graveur  nommé  Reinsperger. 

Jean-Michel  Liotard,  frère  jumeau  du  précédent, 
vint  à  Paris  et  fut  un  bon  élève  de  Benoît  Audran.  C'est 
pendant  ce  premier  séjour  qu'il  aurait  gravé  son  propre 
portrait  et  des  pièces  pour  la  Galerie  de  Versailles. 
Il  fut  appelé  à  Venise  par  le  consul  anglais  Smith  , 
grand  amateur  de  tableaux  ,  qui  lui  confia  la  gravure 
de  sept  grands  cartons  de  Carlo  Cignani,  et  de  sept 
autres  morceaux  de  Ricci  (1743). 

Pendant  ses  séjours  à  Paris  ,  J.  M.  Liotard  a  gravé 
plusieurs  compositions  de  Watteau  :  les  Co?ncdiens 
français  ;  la  Conversation  ;  les  Deux  cousins  ;  En- 
tretiens amoureux  ;  le  So7nmeil  dangereux  ;  la  Plus 
belle  des  fleurs  ne  dure  quun  matin. . . 

Et  d'après  Boucher  :  le  Château  de  cartes  et  la 
Bergère  labotneuse. 

J.  M.  Liotard  est  mort  vers  1760. 


LIPS    (Jean  -  Henri 


1758-1817. 


Peintre  et  graveur.  Lips  naquit  à  Kloten  près  de 
Zurich  en  1758.  Son  père,  barbier  du  village,  balançait 
simplement,  dans  le  choix  d'une  carrière  pour  son  fils, 
entre  la  charrue  et  le  rasoir.  Il  commença  par  l'en- 
voyer à  l'école  où  son  vif  penchant  pour  le  dessin  se 
manifesta  en  remplissant  de  souvenirs  les  livres  d'é- 
glise de  ses  camarades.  A  une  physionomie  avenante, 
il  joignait  un  esprit  ouvert.  Le  curé  du  village  le  prit 
en  affection,  lui  donna  quelque  instruction  et  engagea 
son  père  à  l'envoyer  à  Win terthour  auprès  du  graveur 
Schellenberg.  Mais  quand  le  barbier  eut  appris  qu'il 
lui  en  coûterait  200  florins  pour  le  faire  instruire , 
il  fut  exaspéré  :  «  Deux  cents  florins  !  mon  fils , 
»  reprends-moi  le  bassin  !  vraiment  nous  avons  bien 
»  besoin  de  peintres ,  ce  sont  des  barbiers  qu'il  nous 
»  faut!  » 

Le  curé  ne  se  rebuta  pas  ,  s'adressa  à  Lavater,  qui 
à  première  inspection  et  en  sa  quahté  de  physionomiste 
crut  voir  dans  les  traits  du  jeune  homme  les  signes 
certains  d'une  organisation  exceptionnelle  pour  la 
gravure  et  lui  prédit  les  plus  brillantes  destinées.  En 
même  temps  il  l'employa  à  graver  ses  planches  des 


LIPS.  725 

Fragmens  physionomiques  et  se  l'attacha  pendant 
plus  de  vingt  ans. 

Lips  partit  ensuite  pour  Rome ,  puis  alla  plus  tard 
s'établir  à  Weimar  comme  professeur  à  l'école  gra- 
tuite. Il  y  grava  quelques  portraits  et  revint  finalement 
dans  sa  patrie. 

Il  a  gravé  deux  fois  son  portrait  pour  l'ouvrage  de 
Lavater,  et  ceux  de  Lavater,  Bach ,  Herder,  Cathe- 
rine II ,  Beatrix  Cenci  et  beaucoup  d'autres  pour  le 
même  ouvrage. 

Dans  le  grand  nombre  de  portraits  qu'il  a  exécutés, 
ceux  qui  nous  paraissent  les  plus  intéressants  font 
partie  d'une  série  de  personnages  de  la  Révolution 
française,  comprenant  Rœderey\  Lanjuinais,  Sièyès, 
Condorcet,  M"'*  Roland,  Vergniaud,  Bonaparte,  etc. 
Quelques-uns  de  ces  portraits  sont  d'une  ressemblance 
douteuse.  Le  plus  recherché  de  cette  suite  est  celui  de 
Charlotte  Corday,  d'après  Bréa,  de  face,  coififée  d'un 
bonnet  (vendu  43  fr.  1876). 

Lips  a  gravé  les  portraits  de  Ke^s,  Bunker,  Gœthe, 
j[fme  ]\iecker,  Joseph  II ,  Pestalozzi ,  Shakespeare , 
Cervantes ,  M"^  Clairon ,  Gessner,  in-12  ,  le  même 
in-8,  et  un  autre  en  médaillon  de  profil,  Marmontel, 
d'après  le  portrait  de  Gaucher,  etc . . . 

Le  buste  de  Ft^anklin  couronné  par  la  Liberté,  très 
jolie  pièce  in-8. 

Portraits  pour  le  supplément  des  Vies  des  peintres 
Suisses  de  Fuesslin. 

Le  Général  de  Hoze,  in-8,  médaillon  en  couleur. 


47 


LITTRET  DE  MONTIGNY  (Claude -Antoine). 

1735-1773. 


Son  morceau  capital  est  le  Concert  du  grand  Sultan, 
estampe  d'après  G. -A.  Van  Loo  (1766),  qui  forme  pen- 
dant au  Bâcha  faisant  peindre  sa  maîtresse,  gravé 
par  Lépicié.  Les  figures  principales  sont  les  portraits 
du  peintre,  de  sa  femme,  de  sa  fille  et  de  ses  deux  fils. 


ESTAMPES,  ETC. 

1 .  Le  Sommeil  de  Vénus,  1764.  —  Diane  endormie  ;  2  p.  d'après  Saint- 

Quentin  ,  in-foL  en  largeur. 

2.  L'Amour  distribuant  ses  dons,  —  l'Amour  conduit  par  la  Fidélité; 

2  p.  in-fol. ,  d'après  Schenau. 

3.  LE   CONCERT  DU   GRAND- SULTAN ,  d'après  A.  Van  Loo , 

1766  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

4.  1"  et  2°"*  Vues  du  Rhin  ,  d'après  Weirotter. 

5.  V Alphabet  de  V Amour,  ou  recueil  de  chiffres  à  l'usage  des  amants 

et  des  artistes.  A  Paris,  chez  Pouget .  joyallier,  et  chez  Tilliard  ; 
frontispice  in-4. 


PORTRAITS. 

6 .   Baron  ,  doyen  de  la  faculté  de  médecine  ;  in-fol. 


LITTHET    DE    MONTIGNY.  727 

7.  Belloy  (de),  profil ,  dessiné  et  gravé  par  Littret,  1765  ;  in-4. 

8.  Belloy  (de),  allégorie  in-8.  G.  A.  Littret  inv.  sculp.  1765. 

9.  Bonneval ,  en  turc.  Schmidt  del.  ;  in-8. 

10.  Gaylus  (le  Comte  de),  profil.  Littret  del.  el  sculp.;  in-4  orné. 

11.  Clairon  (Mel'e),  médaille  et  revers.  Litlretdel.  et  sculp.  1766;  in-8. 

12.  Clairon  (M^'le),  médaillon  dans  un  obélisque,  d'après  Schenau;  in-4. 

13.  Dante  Alighieri,  1767;  in-l'Z» —  Machiavel. — Arioste. —  Pétrarque. 

—  Fortiguerra.  —  B.  Corsini. 

14.  FavART,  d'après  J.  E.  Liotard  ;  in-8. 

15.  Hénault  (le  Président) ,  dessiné  et  gravé  par  Littret ,  1765  ;  in-4. 

16.  La  Mettrie,  d'après  Schmidt  ;  in-4. 

17.  Le  Kain.  Littret  de  Montigny  ad  vivum  del.  et  sculp. 

18.  Louis  XV,  vignette  allégorique  d'après  G.  de  Saint-Aubin,  pour 

l'année  jubilaire  ;  in-8. 

19.  LOUIS,  DAUPHIN,  dans  un  médaillon  soutenu  par  la  France 

affligée;   dédié  à   Madame  la  Dauphine ,    1766.    —    MARIE- 
JOSÈPHE    DE    SAXE.    Dauphine,   1767,  2  allégories  in-4. 

20.  Louise-Marie  (Madame)  de  France. 

21.  Malesherbes,   médaillon  à  la  partie  supérieure  d'une  composition 

allégorique  in-4.  Monet  inv.  Eau-forte.  Rarissime. 

22.  Malvin  de  Montazet,  archevêque  de  Lyon,  d'après  L.-M. 

Van  Loo  ;  in-fol. 

23.  Montesquieu  ,  d'après  de  Sève,  frontispice  allégorique  in-4  ;  1766. 

24.  PoMPADOUR  (Madame  de) ,  buste  de  profil  dans  un  encadrement 

orné.  Schenau  del.,  1764  ;  in-4. 

25.  Rousseau  (J.-J.),  d'après  La  Tour,  1763;  in-8. 

26.  Rousseau  ,  d'après  La  Tour  ;  in-4  à  claire-voie. 

27.  Sartines,  d'après  Vigée,  1765;  in-4. 

28.  Sauvé  de  la  Noue  (J.-B.),  d'après  Monnel ;  in-8  orné. 


LONGUEIL   (Joseph  de), 

1730-1792. 


Joseph  de  Longueil,  un  des  artistes  du  XVIIP  siècle 
qui  ont  porté  à  un  haut  degré  de  perfection  la  gravure 
des  vignettes,  fut  l'interprète  le  plus  accrédité  d'Eisen, 
si  bien  que  ces  deux  noms  semblent  presque  insépa- 
rables. On  ne  saurait ,  pour  ainsi  dire  ,  compter  le 
nombre  des  petits  chefs-d'œuvre  dus  à  la  collaboration 
du  dessinateur  célèbre  et  de  son  graveur  de  prédi- 
lection ,  mais  rappelons  ici  que  le  fait  seul  d'avoir 
été  l'un  des  deux  principaux  graveurs  des  planches 
des  Contes  de  La  Fontaine ,  dans  la  fameuse  édition 
des  fermiers  généraux,  suffirait  à  mettre  en  réputation 
durable  le  nom  de  Longueil. 

Longueil  est  né  à  Givet  en  1730.  Ce  fut  le  prince 
évêque  de  Liège  qui  lui  fit  donner  les  premières  leçons 
de  dessin.  11  apprit  la  gravure  à  Paris,  sous  la  direc- 
tion de  Le  Bas,  d'Aliamet ,  et  enfin  de  Wille,  avec 
lequel  il  conserva  toujours  d'excellentes  relations.  Il 
parcourut  l'Italie ,  l'Allemagne  et  les  Pays-Bas ,  dut 
beaucoup  étudier,  s'essayer  à  bien  des  planches ,  mais 
ce  n'est  qu'assez  tard  qu'il  osa  voler  de  ses  propres 
ailes  et  laisser  paraître  les  premières  pièces  portant 
sa  signature.  Il  est  vrai  que  ce  début  est  celui  d'un 


LONGUEIL.  729 

maître  ;  en  1762,  à  l'âge  de  trente-deux  ans,  il  donne 
les  illustrations  d'après  Eisen  pour  les  Contes  de  La 
Fontaine  et  se  place  ainsi  du  premier  coup  sur  la 
même  ligne  que  Le  Mire  et  Ghoffard, 

Dès  lors  il  est  connu,  sa  réputation  est  établie,  il  est 
sûr  de  ne  manquer  jamais  de  travaux.  Les  maîtres  de 
la  vignette,  Gravelot,  Moreau,  Marillier  lui  demandent 
la  gravure  de  quelques-unes  de  leurs  planches,  mais  il 
est  surtout  accaparé,  littéralement  absorbé  par  Eisen  : 
ces  deux  artistes  créent  ensemble  plusieurs  illustrations 
fort  remarquables ,  ils  parsèment  de  fleurons  les  opus- 
cules de  Dorât,  du  marquis  de  Pezay  et  de  D'Arnaud  , 
ils  mettent  au  jour  les  gravures  de  deux  agréables 
volumes,  les  Sens  de  Du  Rozoi  et  les  Tableaux  de  la 
Volupté  de  Du  Buisson  :  les  fleurons  de  ce  dernier 
livre  sont  de  délicieux  petits  tableaux.  Le  Matin, 
c'est  Diane  assise  sur  des  nuages  et  conduisant 
le  bras  de  l'Amour  qui  lance  ses  flèches  ;  le  Midi 
nous  montre  l'inévitable  déclaration  d'amour  à  une 
jeune  femme  qui  repose  au  pied  d'un  arbre;  le  Soir 
arrivé,  la  jeune  femme  semble  réparer  le  désordre  de 
sa  toilette  en  écoutant  les  conseils  d'une  amie,  l'amant 
s'enfuit  dans  les  bois ,  les  amours  s'envolent  ;  la  Nuit 
est  représentée  par  une  déesse  sur  son  char  répandant 
l'ombre  autour  d'elle.  Une  des  grandes  vignettes  est 
assez  plaisante ,  c'est  celle  de  la  nuit,  l'alcôve  est  fer- 
mée, les  rideaux  bien  clos,  mais  de  petits  amours  cu- 
rieux trouvent  moyen  de  s'y  glisser  sans  bruit.  Voilà 
qui  est  bien  d'Eisen  ! 

Enfin ,  cet  artiste  fait  graver  au  seul  Longueil  les 
dix  fleurons  et  les  onze  figures  de  la  HemHade  in-8 
de  1770.  Les  fleurons  sont  dignes  du  dessinateur  des 


730         LES   GRAVEURS    DU    XVIIF    SIECLE. 

Baisers,  mais  nous  n'en  dirons  pas  autant  des  grandes 
vignettes  qui ,  sauf  celle  d'Henri  IV  et  Gabrielle, 
sont  mal  venues  et  pour  un  rien  tourneraient  au  ridi- 
cule, quoi  que  Voltaire  en  puisse  dire  dans  cette  lettre 
bien  connue,  adressée  à  Eisen  :  «  Je  commence  à 
»  croire.  Monsieur,  que  la  Henriade  ira  à  la  postérité, 
»  en  voyant  les  estampes  dont  vous  l'embellissez,  je 
»  suis  sûr  que  l'édition  oîi  elles  se  trouveront  sera  la 
»  plus  recherchée...  » 

Une  petite  merveille ,  le  portrait  de  la  Comtesse  de 
Mareilles,  mérite  une  mention  spéciale,  ainsi  qu'une 
suite  de  compositions  d'Eisen  ,  in-4  en  largeur,  rela- 
tives aux  ^Saz'sons  ,  aux  Quatre  parties  du  jour,  a.ux 
Divertissements  champêtres.  A  cette  série  viennent 
s'ajouter  encore  deux  pièces,  la  Jolie  fermière  <di  la 
Belle  nourtnce. 

Une  des  plus  fines  pièces  de  l'œuvre  de  Longueil  est 
encore  gravée  d'après  Eisen,  c'est  un  tout  petit  en-tête 
pour  le  Théâtre  de  Favart,  il  représente  la  scène  VIII 
du  Supplément  aux  soirées  du  Boulevard  :  M.  et  M"^ 
Roger  promènent ,  assise  sur  une  canne  ,  leur  petite 
fille  Marton.  Ce  petit  bijou  est  exécuté  avec  une  in- 
croyable dextérité  de  main. 

Gravelot  fut  quelquefois  interprété  par  Longueil  ; 
dans  les  Contes  Moraux  de  Marmontel ,  notamment, 
le  graveur  s'est  surpassé.  Moreau  lui  confia  aussi 
quelques  vignettes ,  pour  la  Lettre  de  Dulis  à  son 
aîni ,  de  Mercier,  et  l'Orphelin  anglais,  de  Bongal. 
Enfin  De  Longueil  participa  assez  activement  à  la 
gravure  des  fleurons  des  Fables  de  Dorât,  d'après 
Marinier. 

Au   dos  d'un  en-tête  tiré  à  part ,  pour  la  fable  de 


LONGUEIL.  731 

Dorât  le  Chemin  perdu  et  retrouvé,  que  nous  avons 
vu  dans  l'exemplaire  de  M.  Eugène  Paillet ,  est  écrit 
au  crayon  rouge  :  Fait  dans  la  pr'ison  du  châlelet 
1773  le  jour  des  Roy  s.  Pourquoi  notre  graveur  se 
trouvait-il  en  prison  ?  C'est  qu'il  lui  était  arrivé  une 
aventure  fort  désagréable.  Il  se  trouvait  rue  Saint- 
Séverin,  lorsque  survint  un  embarras  de  voitures.  La 
voiture  de  Madame  Duparc ,  femme  d'un  avocat  au 
Parlement ,  se  trouva  prise  dans  la  bagarre ,  son 
cocher,  nommé  Antoine  Bacquelin  voulut  avancer 
quand  même  en  criant  gare ,  et  selon  toute  vraisem- 
blance ,  nous  le  parierions ,  avec  force  injures  ,  et  au 
risque  d'écraser  quelqu'un.  Bref  un  passant  tira  son 
épée  et  en  porta  au  cocher  un  coup  si  malheureux , 
en  plein  cœur,  qu'il  en  mourut  sur  le  champ  ,  dans  un 
cabaret  où  on  l'avait  fait  transporter.  Madame  Duparc, 
ne  pouvant  désigner  à  coup  sûr  l'auteur  du  meurtre,  fit 
honnêtement  arrêter  deux  personnes,  un  «  particulier 
en  habit  noir  »  qui  se  sauva ,  —  c'était  apparemment 
le  bon  ,  —  et  Longueil. 

M.  Panhard,  dans  l'important  travail  qu'il  vient  de 
publier  sur  Longueil ,  entre  dans  tous  les  détails  de 
de  cette  malencontreuse  affaire  et  reproduit  le  procès- 
verbal  de  l'interrogatoire  subi  devant  le  commissaire- 
enquêteur  du  Châtelet  :  Joseph  de  Longueil .  âgé  de 
quarante-trois  ans  ,  graveur  en  taille-douce,  habitant 
à  Paris,  rue  du  Plâtre  Saint-Jacques  ,  paroisse  Saint- 
Séverin,  «  enquis  s'il  ne  passait  pas  dans  le  moment 
»  que  le  cocher  dont  le  corps  est  présent  a  crié  garre. 
»  et  s'il  n'a  pas  appréhendé  qu'il  le  blessât  : 

»  A  dit  que  le  fait  est  vray  et  qu'il  avoit  si  sujet 
»  d'appréhender  d'être  blessé  qu'il  en  est  tombé  sur 


732         LES   GRAVEURS   DU    XVIII"   SIÈCLE. 

»  le  côté  droit  dont  son  habit  est  crotté  ainsi  qu'il  nous 
»  le  fait  voir 

»  A  dit  qu'il  n'a  point  tiré  l'épée  :  que  s'il  avoit  eu 
»  à  corriger  un  cocher  insolent  et  maladroit  il  ne  se 
»  seroit  point  servi  d'autres  armes  que  du  bâton  qu'il 
»  portait  à  la  main  ;  que  le  fait  est  si  vray  que  lorsqu'il 
»  a  été  arrêté  ,  son  épée  étoit  encore  à  son  côté  dans 
»  le  fourreau  et  qu'elle  n'étoit  pas  teinte  de  sang. 

»  Enquis  s'il  a  vu  donner  le  coup  d'épée,  a  dit  que 
»  non. 

»  Enquis  s'il  n'est  pas  vray  qu'il  s'est  mis  en  devoir 
»  de  sucer  la  plaie  dudit  Baquehn  pour  la  guérir  :  a 
»  dit  que  le  fait  est  vray,  mais  qu'il  ne  l'a  fait  que  par 
»  un  principe  d'humanité. 

»  Enquis  s'il  connaissait  le  particulier  habillé  de  noir 
»  qui  avait  été  arrêté  en  même  temps  que  lui  et  qui 
»  s'est  évadé,  a  dit  qu'il  ne  le  connaissoit  en  aucune 
»  manière...  » 

Les  amis  du  graveur,  Wille  surtout,  firent  démarches 
sur  démarches  ;  son  innocence  était  évidente ,  il  fut 
relâché  au  bout  d'un  mois. 

Longueil  était  d'ailleurs  d'humeur  assez  bouillante 
et  querelleuse.  On  dit  qu'il  se  battit  une  fois  avec  un 
adversaire  qui  l'avait  provoqué  par  erreur,  le  prenant 
pour  un  autre,  sans  chercher  à  le  détromper.  Wille 
fait  aussi  plusieurs  fois  allusion  dans  son  journal  à  ce 
cai'actère  difficile. 

Pour  revenir  aux  travaux  artistiques  de  Longueil , 
nous  devons  mentionner  ici  la  grande  estampe  du 
Dècmtrement  du  pont  de  Neuilly,  cette  belle  pièce 
est  la  plus  considérable  de  l'œuvre  du  graveur. 

A   l'occasion    du    couronnement    de  Louis  XVI, 


LONGUEIL.  733 

Longueil  termina ,  sur  les  dessins  de  Cochin  et  les 
eaux-fortes  de  Saint-Aubin,  deux  Allégories  qu'il  dédia 
au  roi  et  à  la  reine.  Il  obtint  bientôt ,  en  septembre 
1776,  un  brevet  de  graveur  du  roi  i.  Le  prince  de 
Gondé  nomma  aussi  Longueil  son  graveur  particulier. 
La  Société  des  graveurs  de  Vienne  et  la  Société 
d'Emulation  de  Liège  se  l'associèrent. 

En  1773,  le  graveur  alla  demeurer  rue  de  Sèvres  167 
vis-à-vis  les  Incurables.  Dans  sa  nouvelle  demeure  ,  il 
fit  la  connaissance  de  la  fille  de  Jacques-Denis  Guérin, 
entrepreneur  des  bâtiments  du  roi ,  et  bien  que  plus 
âgé  qu'elle  de  vingt-sept  ans,  il  demanda  sa  main  et 
l'obtint  ;  le  mariage  fut  célébré  le  27  novembre  1780. 
Leur  union  fut  heureuse  ,  deux  fils  et  deux  filles  en 
naquirent  ;  mais  la  jeune  femme  fut  prématurément 
enlevée  en  1790  à  rafi"ection  de  son  mari.  Cette  perte 
fut  pour  Longueil  un  coup  dont  il  ne  put  se  relever. 

1  Nous  empruntons  le  texte  de  ce  brevet  à  M.  Panhard  : 
•'  Brevet  de  Graveur  du  Roi  ,  16  septembre  me.  — 
'■>  Aujourd'hui ,  seize  septembre  mil  sept  cent  soixante-seize  ,  le  Roi 
■1  étant  à  Versailles,  bien  informé  du  talent,  du  mérite  et  de  la  probité 
->  du  sieur  DE  LONGUEIL,  graveur,  a  jugé  à  propos  de  lui  accorder 
'^  un  titre  qui ,  en  faisant  connaître  la  protection  que  Sa  Majesté  accorde 
n  à  ceux  qui  cherchent  à  se  distinguer  dans  leur  état,  puisse  en  même 
•>  temps  l'encourager  à  acquérir  de  nouveaux  degrés  de  perfection  dans 
■1  celui  de  graveur,  veut  et  permet  qu'il  puisse  en  prendre  la  qualité 
''  dans  tous  les  actes  qu'il  passera  tant  en  jugement  que  dehors ,  sans 
'1  que,  pour  raison  de  ce,  il  puisse  être  troublé  ni  inquiété  pour  quelque 
«  cause  et  sous  quelque  prétexte  que  ce  puisse  être  ;  et  pour  assurance 
"  de  sa  volonté ,  Sa  Majesté  m'a  commandé  d'expédier  au  dit  sieur 
•1  de  Longueil  le  présent  brevet  qu'Elle  a  signé  de  sa  main  et  fait 
<■>  contre-signer  par  moy,  Conseiller  Secrétaire  d'Etat  et  de  ses  Com- 
>i  mandements  et  Finances. 

"   Signé  :    LOLIS. 

n  Et  plus  bas  :  Amelot.  " 


734  LES    GRAVEURS   DU    XYIIF   SIECLE. 

Il  alla  déclinant ,  et  le  17  juillet  1792  ,  faisant  quelques 
courses  dans  Paris  ,  il  se  sentit  indisposé ,  descendit 
de  sa  voiture,  entra  dans  un  café  pour  demander  un 
verre  d'eau,  et  tomba  foudroyé  par  une  attaque  d'apo- 
plexie. 

Il  avait  beaucoup  produit  dans  les  dernières  années 
de  sa  vie ,  et  nous  signalerons ,  parmi  ses  derniers 
travaux .  les  vignettes  gravées  d'après  Moreau  pour 
le  Voltaire  de  Kehl ,  un  délicieux  frontispice  pour 
Y  Essai  de  deux  amis .,  de  Laya  et  Legouvé,  les  illus- 
trations d'après  Le  Barbier  pour  Gessner,  d'après 
Borel  pour  les  Idylles  de  Berquin ,  celles  enfin  gra- 
vées d'après  les  dessins  de  son  élève  Quéverdo  pour 
la  Henriade  et  les  Œuvres  de  Florian.  Longueil  fut 
aussi  employé  à  la  gravure  de  plusieurs  publications 
importantes  :  la  Galerie  de  Florence,  la  Galerie  du 
Palais-Royal,  les  Tableaux  pittoresques  de  la  Suisse, 
et  à  la  Galerie  des  peintres  hollandais  et  flamands  de 
Lebrun.  Voici  une  lettre  qu'il  écrivait  au  fameux 
expert  et  qui  montrera  que  l'habile  buriniste  était  un 
pauvre  clerc  en  fait  d'orthographe  : 

«  Monsieur ,  je  vien  da  voire  Ihoneur  de  resoivoire 
»  une  laitre  de  votre  par  par  laquel  vous  me  fait  re- 
»  proche  de  navoire  pas  repondut  a  cel  que  vous  mavé 
»  fait  Ihoneur  de  meccrire  je  puis  vous  asseure  Mon- 
»  sieur  que  je  n'ay  pas  manqué  a  repondre  quand  j'ay 
»  eu  l'honeur  de  resoivoire  de  vos  laitre. 

»  A  le  gare  de  votre  planche  je  suis  Ihomme  le  plus 
»  malheureux  je  crois  que  M""  Quéverdo  a  qui  j'ay 
»  donnez  lauforte  a  faire  a  juré  me  faire  an  ragé  et 
»  garde  le  tablaux  au  sis  lontent  quil  a  gardé  le  Jor- 
»  dansse  que  Monsieur  De  Gand  vous  a  gravé.  Je  vous 


LONGUEIL.  736 

»  asseure  Monsieur  que  cela  me  mortifie  daitre  obligé 
^>  de  vous  faire  attendre.  Quand  les  graveur  on  besoins 
»  les  un  des  autre  il  sanble  quil  fons  ce  quil  peuve 
»  pour  leur  prochuredesmortificasionsje  vous  asseure 
»  Monsieur  quau  sistôt  que  jaurais  Iho-forte  que  je  me 
»  raeterais  a  près.  Je  vous  prie  de  croire  qu'il  ni  a  pas 
»  de  mauvaise  volonté  de  ma  par.  Je  suis  parfaitement. 
»  Monsieur,  votre  très  humble  serviteur  De  Longueil.  » 

»  Ce  24avriUel779  ^  » 

Joseph  de  Longueil,  nous  le  répétons,  fut  un  des 
plus  habiles  graveurs  de  vignettes  de  cette  époque, 
mais  nous  n'irons  pas  jusqu'à  dire  avec  son  biogi'aphe 
que  ce  graveur  «  termina  la  vignette  avec  un  fini  pré- 
»  cieux  et  délicat  qu'on  n'était  pas  habitué  à  voir 
»  jusque  là  dans  ce  genre  de  travail,  et  que  par  la 
»  belle  ordonnance  des  tailles  qui  donnait  un  velouté 
»  et  un  charme  particuliers  aux  planches  sorties  de 
»  ses  mains,  il  ouvrit  à  l'art  de  la  vignette  une  route 
»  nouvelle  que  ses  contemporains  ont  tous  suivie, 
»  sans  jamais  atteindre  cependant  l'élévation  où  il 
»  s'était  placé.  »  C'est  là  un  éloge  excessif  auquel  nous 
ne  pouvons  souscrire.  Longueil  n'est  pas  le  premier 
des  graveurs  de  vignettes.  Sa  touche  n'a  pas  toujours 
le  brillant  et  l'éclat  de  celle  de  Le  Mire  ou  de  De 
Ghendt  ;  combien  aussi  Saint-Aubin  et  Ghoffard  sont 
plus  incisifs  et  plus  clairs  !  De  Launay,  Ponce  et 
Simonet  n'ont  -  ils  pas  atteint  d'ailleurs  ,  et  même 
dépassé  le  mérite  de  Longueil? 

Cette    réserve  faite ,  reconnaissons  que  Longueil 

^  Cette  lettre  fait  partie  du  cabinet  de  M.  le  baron  .Jérôme  Pichon  , 
qui  nous  l'a  gracieusement  communiquée. 


736         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIECLE. 

n'en  fut  pas  moins  un  artiste  remarquable.  11  fut  sur- 
tout buriniste,  et  se  borna  bien  souvent  à  terminer  des 
planches  préparées  par  d'habiles  aqua-f or  listes,  Saint- 
Aubin  [Allégories  dédiées  au  roi  et  à  la  reine) ,  Duclos 
(figures  du  Voltaire  de  Kehl),  Pélicier  [Dévouement 
du  Sénéchal  de  Molac).  De  Ghendt  (suite  des  Diver- 
tisseinents  champêtres,  vignettes  des  Saisons ,  des 
Idylles  polonaises) ,  Quéverdo  [la  Henriade) .  Giraud 
le  jeune  [Précis  de  la  Révolution),  peut-être  même 
Gaucher  (vignettes  de  Florian). 

11  existe  un  catalogue  raisonné  très  complet  de 
l'œuvre  de  Longueil*.  Il  est  dû  à  M.  Félix  Panhard  , 
parent  par  alliance  du  graveur,  qui  l'a  dédié  à  M.  H. 
de  Longueil,  et  contient,  avec  une  notice  biographique, 
la  description  minutieuse  de  cinq  cents  pièces.  Ce  tra- 
vail nous  a  été  fort  utile  pour  la  rédaction  du  catalogue 
succinct  qui  va  suivre. 

L'auteur  nous  avait  obligeamment  communiqué,  du 
reste,  sa  collection  d'estampes  de  Longueil,  réunie 
avec  une  patience  rare ,  et  formant  l'œuvre  entier  du 
graveur. 

M.  Panhard,  grâce  à  ses  recherches  incessantes,  a 
pu  préciser  la  provenance  de  toutes  les  vignettes  de 
Longueil,  et  n'a  point  été  obhgé  (le  fait  vaut  la  peine 
d'être  cité  parce  qu'il  est  rare  )  d'ouvrir  dans  son  cata- 
logue le  chapitre  des  «  pièces  sans  destination  connue  » 
ce  désespoir  des  iconographes ,  —  nous  en  savons 
quelque  chose  ! 


1  Joseph  de  Longueil ,  graveur  du  Roi ,  1730-1792.  Sa  vie,  son 
œuvre,  par  F.  Panhard.  Paris,  Morgand  et  Fatout,  1880.  —  Un  fort 
vol.  grand  in-8 ,  avec  portrait  et  reproductions  de  gravures. 


LONGUEIL.  737 

ESTAMPES. 

I.    d'après   aubry. 

1 .  La  Correction  maternelle  ;  in-fol.  en  largeur. 

II.  d'après  boucher. 

2.  Les  Caresses  dangereuses  ;  m-4. 

m.  d'après  eisen. 

3.  Concert  MÉCFianique,  inventé  par  R.  Richard,  exposé  à  la 

bibliothèque  du  Roi,  1769;  in-4  en  largeur. 

Cette  estampe  représente  trois  automates  exécutant  un  morceau  de  musique. 
A  droite  le  comte  de  Saint-Florentin ,  à  qiii  la  pièce  est  dédiée,  reçoit  les  expli- 
cations do  l'inventeur. 

4.  LE  PRINTEMPS,  —  L'ÉTÉ,  —  L'AUTOMNE,  —  L'HIVER, 

suite  de  4  p.  in-4  en  largeur. 

5.  LE  MATIN,  —  LE  MIDY,  —  L'APRÈS-MIDY,  —  LE  SOIR, 

suite  de  4  p.  in-4  en  largeur. 

6.  LES  AMUSEMENTS  CHAMPÊTRES,  —  LES   PLAISIRS 

CHAMPÊTRES , —  LE  CONCERT  CHAMPÊTRE , —  LE 
BAL   CHAMPÊTRE,  suite  de  4  p.  in-4  en  largeur. 
Les  eaux-fortes  dans  l'œuvre  de  De  Ghendt  au  Cabinet  des  Estan)pes. 

1.   LA   JOLIE   FERMIÈRE,  —  LA  BELLE  NOURRICE,  2p. 

in-4  eu  largeur. 

Les  1 J  pièces  qui  précèdent ,  et  que  M.  Panhart  appelle  les  Saisons,  les  Quatre 
Parties  du  jour,  la  Vie  champêtre  et  les  Beautés,  sont  un  des  meilleurs  ouvrages 
d'Eisen ,  et  aussi  l'un  des  mieux  réussis  du  graveur. 

Nous  en  avons  vu  quelques  épreuves  d'eau -forte  dans  la  collection  de 
M.  Panhard  et  au  Cabinet  des  Estampes. 

11  existe  des  épreuves  avant  la  lettre,  très  rares. 

Les  bonnes  épreuves  avec  la  lettre  ont  l'adresse  de  Daumont.  Cette  adresse  a 
ensuite  été  remplacée  par  celle  de  Crespy,  puis  par  celle  de  Pillot. 

IV.   d'après  LÉPIGIÉ. 

8.   Le  Ménage  des  bonnes  gens,  dédié  à  la  Comtesse  de  Matignon, 
in-fol.  en  largeur. 


738         LES   GRAVEURS   DU    XVIIP    SIÈCLE. 

V.  d'après  le  prince. 

9.  Les  Modèles,   1 789  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

Peintre  esquissant  deux  femmes  nues,  dans  un  riche  atelier. 

VI.   d'après  METTAY. 

10.  Naufrage  près  de  Naples ,  —  Vue  des  environs  de  Naples ,   2  p. 

in-fol.  en  largeur,  dédiées  à  Wille  et  à  M™*^  Wille. 

Wille  paya  1,300  livres  à  de  Longueil  la  gravure  de  ces  deux  planches. 
Madame  Wille  donna  au  graveur  deux  paires  de  manchettes  de  dentelle  et  un 
nœud  d'épée  brodé  en  argent. 

VII.  d'après  moreau  le  jeune. 

11.  Fidélité  héroïque  à  la  bataille  de  Pavie,  ou  dévouement  du  sénéchal 

de  Molac  ;  in-4  en  largeur. 
L'eau-forte  par  Pélicié. 

VIII.  d'après  saint-far. 

12.  VUE  DU  DÉCINTREMENT  DU  PONT  DE  NEUILLY,  tait 

en  présence  du  Roy  le  22  septembre  m2.  —  Dédié  à  Monsieur 
Perronet ,  premier  ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées. . . .  par  son 
très-respectueux  serviteur  et  élève  Eustache  de  Saint-Far,  le  l^"" 
janvier  mô  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

Il  faut  avoir  cette  superbe  estampe  avec  l'encadrement,  c'est-à-dire  avant  que 
la  planche  ait  été  dinùnuée  pour  être  utilisée  dans  l'ouvrage  publié  par  Perronnet 
sur  la  construction  de  plusieurs  ponts  élevés  sous  sa  direction . 

IX.  d'après  vernet. 

13.  Les  Pêcheurs;  in-fol.  en  largeur.  —  Gravé  à  l'eau-forte  par  Lon- 

gueil et  terminé  par  Nicolet. 

On  trouve  encore  dans  l'œuvre  de  De  Longueil  : 

Le  Cabaret  flamand,  Halte  flamande,  2  p.  bien  gravées,  d'après  I.  Van  Ostade. 

Le  Maître  d'école,  d'après  A.  Van  Ostade. 

La  Visite  à  la  nourrice,  d'après  Téniers.  «  Cette  estampe,  l'une  des  plus  grandes 
»  qu'ait  exécutées  le  graveur,  est  assurément  la  plus  mauvaise.  »  (Panhard) . 

Cabaret  1  d'après  A.  Van  Ostade  (Cabinet  Poullain). 

Diane  et  Action,  d'après  Titien. —  L'Amour  piqué,  d'après  Giorgion. —  Le  Para- 
lytique, d'après  Bassan.  —  Les  Fleuves,  d'après  M.  de  Vos.  —  L'Assemblée  dei 
dieux,  d'après  Th.  Rombouts.  [Galerie  du  Palais-Boyal.) 

Le  Bain  de  Diane,  d'après  C.  Poelembourg.  —  Le  Repas  des  dieux ,  d'après  G. 
Hoet.  — Ruines  romaines,  d'après  B.  Breemberg.  (Galerie  Lebrun.) 


LONGUEIL.  739 

Planches  pour  la  Galerie  de  Florence,  les  Tableaux  pittoresques  de  la  Suisse,  le 
Tableau  général  de  l'Empire  ottoman,  le  Voyage  à  Naples  de  Saint-Non,  le  Voyage 
en  France  de  Laborde. 

X.  ESTAMPES  EN  COULEUR. 

H.  LES  DONS  IMPRUDENTS  —LE  RETOUR  A  LA  VERTU, 

estampes  dédiées  à  M.  Guillaume  de  Grandjean,  chirurgien  oculiste 
du  Roi  ;  in-4. 

La  facture  de  ces  compositions  ,  qui  ne  portent  pas  de  nom  de  dessinateur, 
rappelle  la  manière  de  Borel.  —  400  fr.  1881 . 

15.  Statue  du  dieu  Pan  ;  ovale  in-4. 

Nous  empruntons  à  M.  Panhard  la  description  de  cette  pièce  :  «  A  gauche  la 
»  statue  du  dieu  Pan  à  moitié  cachée  par  le  feuillage  d'un  bosquet.  Un  jeune 
»  homme  tenant  sa  maîtresse  enlacée  écarte  les  branches  pour  découvrir  la 
•>  statue.  La  jeune  femme  se  détourne  oirusquée,  et  sa  compagne,  assise  sur  un 
"  banc,  paraît  reprocher  au  jeune  homme  son  acte  inconvenant.  » 

M.  Panhard  cite  encore  les  Deux  Valets  de  chambre,  estampe  en  couleur,  —  et 
deux  estampes  en  couleur  relatives  à  l'Hymen  et  à  l'Amour. 


PORTRAITS. 

16.  Bossuet ,  d'après  Rigaud  ;  in-8.  Très  mauvais. 

n.  Fontanieu  (G. -M.  de).  Conseiller  d'Etat,  d'après  Que verdo  ;  in-4 


18.  FOSSEUSE  (Ma rie- Judith  de  Champagne,  Marquise  de) ,  mariée 

en  nei ,  morte  en  1763  âgée  de  18  ans,  d'après  Veslier  ;  médaillon 
in-8. 

A  la  raison  dès  l'âge  le  plus  tendre 
Réunissant  les  qualités  du  cœur. 
Douce,  aimable,  sensée,  elle  a  fait  le  bonheur 
D'un  Epoux  qui  te  sçut  et  sentir  et  comprendre, 

Il  n'a  duré  que  le  tems  d'une  fleur, 
Cest  des  biens  d'ici-bas  tout  ce  qu'on  doit  attendre. 

19.  Hulin  (J.),  Ministre  de  S.  M.  le  Roi  de  Pologne  iluc  de  Lorraine 

et  de  Bar,  d'après  Sonois  ;  in-4. 

20.  Louis  XV  et  Henri  IV,    médaillons  accolés.  —   Eisen  del., 

de  Longueil  sculp.  mO;  in-8  en  largeur. 
Tête  de  page  pourYÉloge  de  Henri  IV,  par  le  marquis  de  Villette. 


740  LES    GRAVEURS   DU    XYIIl*   SIECLE. 

21.  Louis  XVI,  —  Marie-Antoinette,  2  p.  allégoriques  sur 

leur  avènement  au  trône  ,  dessinées  par  Cochin  ,  gravées  à  l'eau- 
forte  par  Aug.  de  Saint- Aubin  ,  terminées  et  présentées  au  Roi  et 
à  la  Reine  par  de  Longueil.  L'encadrement  par  Choffard. —  In-4. 

Ces  pièces  représentent  Louis  XVI  soutenu  par  Minerve  et  Thémis  { V Abon- 
dance et  tes  Arts ,  les  Talents,  la  Justice ,  refleurissent  enfin....)  et  Marie-Antoi- 
nette accueillant  les  vœux  de  la  France  (  Les  Grâces  sur  son  front  soutiennent  la 
couronne ....).  On  les  a ,  par  la  suite ,  modifiées  à  l'occasion  de  la  naissance  du 
Dauphin.  Les  légendes  sont  alors  :  Peuple  de  ton  bonheur  vois  ce  précieux  gage . 
et  0  Reine,  quel  prisent  vous  faites  à  la  France. 

22.  MAREILLES  (P.  B.  H.  de  Létancourt ,   Comtesse  de) ,  d'après 

Eisen  ,  1765  ;  in-4  orné. 

L'Art  ne  peut  exprimer  les  dons  qu'à  cet  Objet 

Avoit  prodigués  la  Nature  ; 

Et  le  cœur  d'un  Epoux  murmure 
De  n'en  offrir  ici  qu'un  emblème  imparfait. . . . 

Cette  délicate  pièce  est  la  perle  de  l'œuvre  de  Longueil. 

23.  Ossat  (le  cardinal  d'),  d'après  Bardin  ;  in-8. 

Pour  la  Vie  du  Cardinal  d'Ossat ,  1771.  Il  y  a  aussi  une  vue  de  son  tombeau. 


VIGNETTES. 


I.      D  APRES     EISEN. 

24.  Illustrations   pour  les    CONTES   DE   LA   FONTAINE,  édition 

des  Fermiers-Généraux  ,  Amsterdam  ,  n62. 

LongueU  est,  avec  Le  Mire,  le  graveur  qui  a  le  plus  travaillé  à  ce  bel  ouvrage. 
Il  a  signé  les  planches  de  Joconde,  le  Cocu  battu  et  content,  le  Mari  confesseur,  la 
Gageure  des  trois  commères  (2) ,  le  Petit  Chien  qui  secoue  de  l'argent. . .  (2) ,  le  Ber- 
ceau, la  Mandragore ,  les  Rémois,  la  Courtisane  amoureuse ,  Féronde ,  le  Psautier, 
le  Roi  Candaute  (2),  le  Diable  en  enfer,  la  Chose  impossible,  le  Tableau ,  le  Faiseur 
d'oreilles.. .,  le  Contrat;  toutes  ces  pièces  sont  d'une  remarquable  exécution, 
notamment  la  première  du  Roi  Candaule  ;  elles  sont  le  plus  beau  titre  de  gloire 
de  Longueil. 

25.  Deux  frontispices  pour  les  Œuvres  d'Ovide,  Paris,  Barbou,  1762, 

in-12. 

26.  Thétis  plongeant  Achille  dans  les  eaux.— Orphée- 

2  p.  in-8  (Emile  de  J.-J.  Rousseau,  La  Haye,  1762). 


LONGUEIL.  744 

27.  M.    ET  M""^  Roger  et  leur   petite   fille  Marton  , 

qu'ils  promèaent  sur  le  boulevard  assise  sur  une  canne. 

Cette  ravissante  petite  pièce  est  un  fleuron  pour  le  tome  IV  du  Théâtre  de 
Favart,  Paris,  Duchesne,  n6a-72. 

28.  Titre,  vignette  et  fleurons  pour  ZÉLIS  AU  BAIN,  poème  du  mar- 

quis de  Pezay,  1763,  in-8. 

29.  Illustrations  pour  Lettre  d'Alcibiade  à  Glycère,  Épltre  à  la  mal- 

tresse que  j'aurai,  le  Pot-Pourri,  opuscules  du  marquis  de  Pezay. 

30.  Catulle,  TibullE  et  GalluS,  traduction  du  marquis  de 

Pezay,  Paris,  mi,  in-8. 

Un  titre,  sur  lequel  on  voit  un  petit  Amour  voltigeant  qui  soulève  la  draperie 
d'une  statue  de  faune,  et  trois  culs-de-lampe. 

31.  Lettre  de  Barnevelt par  Dorât ,  1763,  in-8. 

Une  vignette  et  deux  fleurons. 

32.  Vignette  et  fleurons  pour  Lettre  du  comte  de  Comminges  à  sa 

mère  et  Lettre  de  Philomèle  àProgne',  par  Dorât ,  1764. 

38.  Lettre  de  Zeila  à  Valcourt ,  par  Dorât,  1765,  in-8. 
Une  vignette  et  deux  fleurons. 

34.  Vignette  pour  Réponse  de  Valcourt  à  Zeila,  par  Dorât,  1765,  in-8. 

35.  Vignettes  pour  Lettre  de  lord  Velford  à  mylord  Dirton,  par  Dorât, 

1765,  2  p.  in-8. 

36.  Épltre  à  Catherine  II,  par  Dorât,  1765,  in-8. 

Deux  fleurons. 

37.  Les  De'virgineurs  et  Combabus,  par  Dorât,  1765,  in-8. 

Ceux  vignettes. 

38.  Re'gulus,  par  Dorât ,  1765. 

Une  vignette  et  deux  fleurons. 

39.  LES  TOURTERELLES  DE  ZELMIS,  par  Dorât,  1766,  in-8. 

Un  titre,  une  vignette  et  deux  fleurons  composent  l'illustration  de  cet  opuscule. 
Le  titre  représente  un  bassin  et  une  fontaine  avec  des  dauphins  ;  des  arbres 
sont  sur  les  côtés. 
I.  48 


742         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF   SIÈCLE. 

40.  Titre  et  fleurons  pour  LETTRES  EN  VERS,  par  Dorât ,  ItQQ, 

in-8. 

Le  titre  est  fort  joli.  A  ua  encadrement  de  feuillage  sont  suspendus  par  des 
rubans  cinq  petits  médaillons  représentant  le  sujet  des  Lettre»  :  l'abbé  de  Rancé, 
Héro  et  Léandre,  Zeila  etValcourt,  etc. 

41.  Amilca,  ou  Pierre-le-Grand ,  par  Dorât,  1761,  in-8. 

Une  vignette. 

42.  Titre  pour  MES  FANTAISIES,  par  Dorât,  1768,  in-8. 

Une  couronne  de  roses  enrubannée  occupe  le  milieu  de  ce  joli  titre.  Au-dessus, 
à  gauche,  déjeunes  femmes  dansent  une  ronde  avec  un  satyre. 

43.  risle  merveilleuse,  par  Dorât ,  1*768,  in-8. 

Deux  vignettes . 

44.  Les  Cerises,  ou  la  Double  Méprise ,  conte  en  vers  par  Dorât , 

neg,  in-s. 

«  Dans  un  riclie  salon ,  un  gros  flnancier  est  assis,  entouré  de  plusieurs  amis, 
»  et  tous  regardent  avec  admiration  et  sensualité  une  jeune  paysanne  entière- 
»  ment  nue  qui  ramasse  des  cerises  répandues  surle  tapis,  pendant  qu'un  artiste, 
•  assis  sur  la  droite,  dessine  la  jeune  fille.  » 

45.  Frontispice  et  fleurons  pour  LES  BAISERS  et  LE  MOIS  DE 

MAI,   mO,  in-8;  T  p. 

Le  frontispice  et  l'en-tête  du  Mois  de  Mai  sont  allégoriques  au  mariage  du 
Dauphin  et  de  Marie-Antoinette. 
L'eau-forte  du  frontispice  dans  la  collection  de  M.  E.  Paillet. 

46.  Lettre  de  l'abbé  de  Rancé  à  un  ami par  Barthe,  1765,  in-8. 

Une  vignette  et  deux  fleurons . 

47.  En-tète  et  cul-de-lampe  pour  Lettre  de  Biblis  à  Caunus ,  de  Blin 

de  Sainmore,  1765,  in-8. 

48.  Frontispice  pour  Choix  de  Poésies  allemandes,  par  Huber,  1766, 

4  vol.  in- 12. 

49.  Lettre  en  vers  de  Gabrielle  de  Vergy. . .  par  MaiUiol,  1766,  in-8. 

Une  figure  et  un  cul-de-lampe. 

50.  LES  SENS,  poëme  en  six  chants  par  Du  Rozoy,  1766,  in-8,  et 

aussi  1767, 
Titre  (dans  l'édition  de  1767)  ;  la  Musique,  l'Ouïe,  la  Yue,  le  Tact,  le  Goût,  l'Odorai. 


LONGUEIL.  743 

et  la  Jouissance ,  figures  d'après  Bisen  et  WOle  fils  ;  six  en-téte  d'après  Bisen  et 
WUle  fils,  et  deux  culs-de-lampe  d'après  Eisen . 

Les  eaux-fortes  des  figures  dans  l'œuvre  de  De  Ghendt  au  Cabinet  des 
Estampes. 

51 .  Frontispice  pour  le  Recueil  de  romances  historiques ,  tendres  et 

burlesques,  de  De  Lusse,  1767,  in-8. 

52.  En-tête  pour  V Oraison  funèbre  d'Adrien-Maurice  duc  de  Noailles, 

par  l'abbé  de  Lubersac,  1768. 

53.  Prométhée,  —  Argus,  vignettes  pour  les  Métamorphoses  d'Ovide, 

1769. 

54.  Frontispice   des    NOUVELLES    HISTORIQUES.   —    Fayel.   — 

Mérinval. —  Lucie  et  Mélanie. —  Julie. —  SYDNEY  ET  ValsAN. 
—  Basile  ;   il  figures  et  fleurons  pour  les  opuscules  de  Bacu- 
lard  d'Arnaud,   n67-l'7'74. 
Le  frontispice  des  Nouvelles  historiques  représente  la  Muse  de  l'histoire, 

55.  Fleurons  pour  le  Théâtre  DU  PRÉSIDENT  HÉNAULT,  1770, 

3  p. 

Le  fleuron  du  titre  est  une  des  plus  jolies  petites  pièces  de  l'œuvre  de  Lon  • 
gueil.  Dans  un  encadrement  ovale  senties  trois  Muses  de  la  comédie,  delà  tra- 
gédie et  de  la  poésie  lyrique .  Au-dessus  la  devise  Musis  Amicus. 

56.  Les  Militaires  au-delà  du  Gange ,  par  de  Lo-Looz  ,  1770  ,  in-8  ; 

2  figures. 

57.  Les  GÉORGIQUES,   traduites  par  Delille,  Paris,  Bleuet,  1770  , 

in-8. 

Frontispice  par  Casanova  et  quatre  figures  par  Eisen,  gravés  par  de  Longueil. 

58.  LA   HENRIADE,  par  M.  Arouet  de  Voltaire ,  nouvelle  édition  , 

Paris,  Vve  Duchesne,  etc.,  1770,  2  vol.  in-8. 

Un  titre  avec  portrait  de  Voltaire ,  que  nous  avons  décrit  au  catalogue  de 
Cathelin. 

Un  frontispice  allégorique  ,  dix  figures  médiocres ,  et  dix  très  jolies  têtes  de 
page  par  Eisen  et  Longueil.  C'est  l'ouvrage  le  plus  considérable  du  graveur  en 
fait  de  vignettes . 

59.  Jeune  femme  étendue  dans  un  bosquet ,  un  jeune  homme  s'avance 

vers  elle ,   cachant  un  poignard  derrière  son  dos  (  les  Nuits , 
d'Young,  1770,  in-8). 


744         LES    GRAVEURS    DU    XVIIP   SIECLE. 

60.  LE   TABLEAU  DE   LA  VOLUPTÉ,  ou  les  Quatre  Parties  du 

jour,  par  M.  D.  B.  (Du  Buisson),  Cythère,  au  Temple  du  Plaisir, 
mi,  in-8. 

Charmant  petit  livre  contenant  un  titre ,  quatre  figures ,  quatre  têtes  de  page 
et  quatre  culs-de-lampe.  Les  figures  sont  assez  lourdes,  mais  les  fleurons  sont 
gracieux  et  fins . 

61.  Illustrations  pour  V Histoire  des  ordres  royaux  de  Notre-Dame  du 

Mont-Carmel,  etc.,  par  Gautier  de  Sibert,  1112  ;  4  p. 

62.  Deux  figures  pour  VArioste  de  Baskerville,  m3. 

Elles  sont  tellement  mauvaises  qu'on  en  a  fait  refaire  de  nouvelles  par  Moreau, 
gravées  par  N.  de  Launay. 

63.  Trois  fleurons  pour  Tarsis  et  Zélie,  ni4. 

64.  Illustrations  pour  V Histoire  philosophique . ...  de  l'abbé  Raynal , 

l'7'74,  in-4. 

65.  Idylles  polonaises,  Varsovie,  ms,  in-8. 

Un  frontispice  avec  médaillons  représentant  des  poètes  polonais,  et  ^  figures. 
L'eau-forte  du  frontispice  dans  l'œuvre  de  De  Ghendt  au  Cabinet  des  Estampes. 

66.  Deux   frontispices  pour  le   Troisième  et  le   Quatrième  livre  de 

fragmens  à  Vusage  des  artistes,  par  Eisen. 

II.  d'après  gravelot. 

67.  Frontispices  pour  Justin  ,  Lucain  ,  V Imitation  de  Jésus-Christ , 

V Éloge  de  la  Folie  ,  le  Prœdium  rusticum  de  Vanière  ,  éditions 
de  Barbou,  in-12. 

68.  Vignettes  pour  les  Almanachs  iconologiques,  in-12  ;  19  p. 

69.  Rodogune,  —  Pertharite,  —  Sopbonisbe  {Œuvres  de  Corneille, 

1764,  in-8). 

70.  Deux  -vignettes  ovales,  in-4,  pour  la  Partie  de  chasse  de  Henri  IV, 

de  CoUé. 

71.  Illustrations  pour  les  CONTES  MORAUX  de  Marmontel ,  1765, 

3  vol.  in-8. 

Soliman  II.  — Les  Deux  Infortunés.  —  Le  Philosophe  soi-disant.  —  La  Mau- 
vaise mère.  — La  Bonne  mère.  — Annette  et  Lubin.  — Les  Mariages  samnites. 
—  La  Femme  comme  il  y  en  a  peu.  —  L'Amitié  à  l'épreuve. 

Toutes  ces  illustrations  sont  ravissantes. 


LONGUEIL.  7*6 

•72.  Prométhée,  —  l'Amour  maternel ,  vignettes  in-8  {Œuvres  de  J.-J. 
Rousseau). 

13.  L'Orphelin  de  la  Chine,  —  Socrate  (Voltaire  in-4,  Genève,  n68j. 

74.  Réductions  des  figures  de  Gravelot  pour  la  grande  édition  in-4  de 

Voltaire,  n68  ;   15  p.  in-12. 

75.  Trois  figures  pour  les  Deux  Avares  et  le  Fabricant  de  Londres, 

de  Fenouillot  de  Falbaire. 


III.    DAPRES   MARILLIER. 

76.  De  Imitatione  Christi ,  Barbou  ,  1764  ,  in-12. 

Frontispice  et  quatre  figures. 

77.  Fleurons  pour  les  Fables  de  Dorât  ,   14  p. 

La  Tulipe  et  les  Bluets ,  en-tête  représentant  un  jardin  à  la  française,  est  une 
pièce  estimée  et  recherchée . 

Le  Chemin  perdu  et  retrouvé,  en-tête,  représente  une  jeune  paysanne  assise  au 
bord  d'un  ruisseau. 

L'eau-forte  est  dans  l'œuvre  de  De  Ghendt  au  Cabinet  des  Estampes. 

La  pièce  terminée  existe  avec  deux  coiffures  différentes  pour  la  paysanne. 
C'est  la  planche  que  LongueU  a  faite  dans  la  prison  du,  Châtelet  le  jour  des  Rois 
de  1773. 

78.  En-tête  pour  LOREZZO,  —  cul-de-lampe  pour  LiEBMAN  (Bacu- 

lard  d'Arnaud ,  1775). 

Le  fleuron  de  Lorezzo  est  une  très  jolie  pièce.  On  y  voit  une  jeune  femme  au 
lit,  un  vieux  médecin  à  son  chevet  appuyé  sur  sa  canne.  Un  jeune  homme  est 
debout  au  pied  du  lit. 

79.  Les  Jardins,  poème  du  P.  Rapin,  1773;  un  frontispice-titre. 

80.  Illustrations  pour  le  Théâtre  du  monde  de  Richer  ;  5  p.  in-8. 

81.  Vignettes  pour  le  Cabinet  des  Fées,  les  Œuvres  de  Le  Sage  et  les 

Œuvres  de  l'abbé  Prévost  ;  in-8. 

82.  Vignette  pour  le  Rousseau  de  Cazin  ,  in-18. 

IV.  d'après  moreau. 

83.  En-tête  et  figure  pour  Lettre  de  Dulis  a  son  ami ,  par  Mercier, 

1768,  in-8. 


746         LES   GRAVEURS   DU   XVIIP   SIÈCLE. 

84.  Le  voilà,  le  voilà  mon  enfant  I  vignette  in-8  ,  1769  (  VOrphelin 

anglais,  drame  de  Bongal). 

85.  Progné  et  Térée  ,  —  l'Oracle  de  Delphes  ,  2  p.  [Métamorphoses 

d'Ovide,  Vim,  in-4). 

86.  Les  Grâces  président  aux  plaisirs,  in-8  (^es  Grâces , 

par  de  Querlon,  1769]. 

S"?.  Illustrations  pour  le  Voltaire  de  Kehl. 

L'Orphelin  de  la  Chine.— La  Prude.— Chariot.—  Memnon.  —  Le  Blanc  et  le 
Noir.  —  La  Pucelle,  chants  VIII,  XII,  XIU. 

Plusieurs  de  ces  vignettes  sont  terminées  par  Longuell  sur  des  eaux-fortes  de 
Duclos . 

88.  ESSAI  DE  DEUX  AMIS  ,  par  Laya  et  Legouvé,  1786,  in-8. 

Très  joli  frontispice  :  deux  enfants  nus  dans  un  paysage  ;  au  fond,  un  berger 
aux  pied.s  d'une  bergère. 

89.  Vignettes  pour  VHisloire  de  France  ,  Paul  et  Virginie  (  2  p.  dont 

une  d'après  Vernet),  Regnard,  le  Nouveau-Testament,  Jehan  de 
Saintré,  le  Précis  de  la  Révolution. 

90.  Frontispice  pour  VHistoire  des  religions  de  Stanislas  Delaunaye  , 

in-4. 

M.  Panhard  nous  apprend  en  outre  que  c'est  par  Longueil  qu'a  été  terminée, 
sur  une  eau-forte  de  Giraud  le  jeune,  la  Procession  de  la  déesse  Isis. 


V.    DAPRES    DIVERS. 

91.  Énée  abandonne  Troie,  d'après  Monnet  [Métamorphoses  d'Ovide  , 

92.  Figures  d'après  Borel  pour  le  Siège  de  Calais  de  de  Belloy,  les 

Œuvres  de  Berquin,  idylles  et  romances,  in-18. 

93.  Figure  d'après  Brandoin  pour  les  Poésies  Helvétiennes . 

94.  Chasse  à  l'épervier,  dédiée  à  Monseigneur  le  Duc  de  Chevreuse. 

Martinet  inv.,  Longueil  del.  ;  in-4. 

95.  Vignette  d'après  Hamilton  pour  Shakespaere.  in-8. 

96.  Vignette  d'après  Marchand  pour  Plutarque,  in-8. 


LONGUEIL.  747 

97.  Illustrations  d'après  Le  Barbier  pour  les  Idylles  de  Gessner,  in-4  ; 

12  p. 

98.  Frontispice  d'après  Le  Barbier  pour  les  Mélanges  de  littérature  du 

baron  de  Villenfagne,  HSS,  in-8. 

99.  Kailaz,  ou  les  Jeunes  Sauvages,  drame,  1770,  in-8. 

100.  Les  Malheurs  de  l'inconstance,  par  Dorât,  17~2,  in-8. 

Deux  figures  d'après  Quéverdo . 

101.  Deux  fleurons  d'après  Quéverdo  pour  les  titres  de  LA  DERNIÈRE 

HÉLOÏSE  ,  de  Dauphin  ,   1784. 

102.  Figures  d'après  Quéverdo  pour  la  Henriade  in-4  ;  2  p. 
Les  eaux-fortes  par  Quéverdo . 

103.  Figures  d'après  Quéverdo  et  Flouest  pour  les  Œuvres  de  Florian, 

1783-99,  in-12  ;   16  p. 

104.  Cul-de-lampe  d'après  Hilair  pour  le  Voyage  pittoresque  de  la 

Grèce. 

105.  Mes  Promenades  champêtres,    poésies  pastorales  de 

Leclerc,  1786,  in-8. 

Joli  frontispice  d'après  Marchand.  L'auteur,  assis  sous  des  arbres;  au  fond, 
des  bergers . 

106.  Illustrations  d'après  Freudeberg  pour  l'Heptaméron  ;  22  p. 

107.  Figures  d'après  Myris  pour  V Histoire  romaine. 


LORIEUX. 


Aucun  ouvrage  ne  fait  mention  de  ce  graveur.  On 
trouve  portant  son  nom  dans  la  Galerie  du  Palais- 
Royal  et  dans  un  Faublas  en  13  volumes  in -18, 
Paris,  chez  l'auteur  et  chez  Farre,  1796,  illustré  de 
treize  mauvais  frontispices  de  Ghalliou. 

Un  travail  un  peu  meilleur  est  une  assez  jolie  petite 
réduction  in-18  des  célèbres  illustrations  que  Moreau 
avait  exécutées  pour  Emile  et  pour  la  Nouvelle 
Hèloïse  dans  les  Œuvres  de  J.-J.  Rousseau ,  édition 
de  Londres ,  1774-1780. 

Ces  réductions  de  Lorieux  sont  bien  moins  connues 
et  du  reste  méritent  bien  moins  de  l'être  ,  que  celles 
de  Delvaux  pour  l'édition  de  Gazin.  Nous  ne  savons  à 
quelle  édition  elles  étaient  destinées. 


LORRAINE    (Jean-Baptiste  de 

4737- 


De  Lorraine  ,  né  à  Paris  en  1737,  était  le  fils  d'un 
imprimeur  en  taille-douce.  11  a  laissé  peu  de  pièces. 

Venus,  se  prèparanl  pour  le  jugement  de  Paris , 
reçoit  dC avance  la  pomme  des  mains  de  l'Amour  ; 
in-fol.  d'après  Boucher,  1764. 

Hommage  à  l'Arnour,  d'après  C.  Van  Loo,  1772; 
in-fol. 

L'Onde  tranquille,  d'après  Vernet  ;  in-fol. 

Allégorie  sur  le  mariage  du  Dauphin  et  deMa?'ie- 
Antoinette,  d'après  S.  Beauvais  ;  in-fol. 

Estampes  pour  la  Vie  de  Saint  Grégoire ,  d'api'ès 
C.  Van  Loo  ,  et  pour  les  Sens ,  d'après  Dumesnil.  Ces 
suites  ont  été  gravées  avec  d'autres  artistes. 

Ruines,  d'après  Pannini. 

Divers  Paysages. 

Duhus  de  Champville,  acteur;  —  le  Maréchal 
d'Estrées,  d'après  M.  Van  Loo,  in-4;  —  Forbin,  col- 
lection d'Odieuvre  ;  —  le  Comte  de  Caylus,  in-4  ;  — 
l'Abbé  Aubert ,  in-4. 

Vignettes  d'après  Gravelot  pour  la  Henriade,  in-4, 
et  Y  Histoire  de  Sophie  Francourt. 


LOUTHERBOURG  (Philippe-Jacques). 

n40-'1812. 


La  gravure  ne  joue  qu'un  rôle  fort  secondaire  dans 
l'existence  artistique  de  Loutherbourg,  et  nous  n'avons 
ici  à  considérer  en  lui  ni  l'habile  peintre  de  paysages, 
ni  même  le  dessinateur  qui  composa  des  illustrations 
pour  les  Œuvres  de  Shakespeare  et  pour  le  poëme 
de  Rosset,  r Agriculture.  Nous  ne  dirons  donc  que 
quelques  mots  de  sa  vie. 

Loutherbourg  est  né  à  Strasbourg  le  1"  novembre 
1740  ;  son  père,  peintre  de  miniatures,  lui  donna  les 
premières  leçons.  A  l'âge  de  quinze  ans ,  le  jeune 
Loutherbourg  vint  à  Paris  ,  passa  quelque  temps  dans 
l'atelier  de  Carie  Van  Loo ,  puis  entra  dans  celui  du 
peintre  de  batailles  Casanova.  Ses  progrès  furent  pro- 
digieux. 

Au  bout  de  peu  de  temps,  Loutherbourg  faisait  haut 
la  main  des  «  Casanova  »  parfaitement  réussis.  Il  fai- 
sait aussi,  dit-on,  la  cour  à  la  femme  de  son  maître,  et 
avec  succès.  A  vingt-deux  ans,  sa  première  exposition 
publique  fut  un  triomphe.  On  le  compara  à  Berghem. 
Diderot  prodigua  les  éloges  au  jeune  peintre  et  l'encou- 
ragea à  lutter  de  vigueur  de  pinceau  avec  le  «  terrible 
Vernet  ».  L'Académie  le  reçut  par  acclamation. 


LOUTHERBOURG.  764 

Loutherbourg  était  d'un  extérieur  agréable,  il  aimait 
le  faste,  la  parure,  le  plaisir.  Il  épousa  une  jeune  veuve 
fort  jolie,  mais  fort  coquette  à  ce  qu'il  faut  croire. 
Rappelons  le  malicieux  trait  que  lui  décocha  Diderot 
au  sujet  de  sa  femme  :  «  Votre  femme  est  jolie,  insi- 
»  nuait-il  au  peintre,  on  le  lui  disait  avant  qu'elle  vous 
»  appartînt,  on  continue  à  le  lui  dire  depuis  qu'elle  est 
»  à  vous  ;  à  la  bonne  heure  si  cela  vous  convient 
»  autant  qu'à  elle ,  mais  faites  en  sorte  qu'on  puisse 
»  oublier  sans  conséquence,  sur  son  lit  et  sur  le  vôtre, 
»  son  chapeau,  son  épée,  et  sa  canne  à  pomme  d'or  ; 
»  M'"*  Vassé  et  tant  d'autres  moitiés  d'artistes  que  je 
»  nommerais  bien  ont  aussi  des  lits,  mais  on  y  retrouve 
»  tout  ce  qu'on  y  oublie.  » 

En  1771,  Loutherbourg  passa  en  Angleterre,  appelé 
pai'  Garrick  qui  lui  offrait  mille  livres  sterling  par  an 
pour  faire  les  maquettes  des  décorations  du  théâtre  de 
Drury-Lane.  11  y  retrouva  son  succès  habituel.  Il  y  fit 
la  connaissance  de  Cagliostro ,  fut  en  quelque  sorte 
fasciné  pai'  le  célèbre  aventurier,  donna  dans  l'illumi- 
nisme,  et  chercha  à  guérir  les  malades  et  à  rendre  la 
vue  aux  aveugles.  Il  fit  même  avec  Cagliostro  un 
voyage  en  Suisse.  Loutherbourg  est  mort  à  Londres 
en  1812. 

Il  a  laissé,  comme  pièces  gravées  de  sa  main  : 


1.  Première  suite  de  soldats  ,  dessinée  et  gravée  par  P.-J.  Louther- 

bourg, peintre  du  Roy.  Se  vend  chez  l'auteur  rue  du  Bacq  à  côté 
des  Missionnaires  étrangers  ;  6  p.  in-8. 
2' état:  Adresse  de  Lenfant,  rue  Poissonnière. 

2.  Seconde  suite  des  Figures  dessinées  par  Loutherbourg  ,  6  p.  numé- 

rotées, in-8. 


752         LES   GRAVEURS    DU    XVIII«   SIÈCLE. 

3.  Troisième  suite  :  le  Matin,  le  Midy,  le  Soir,  la  Nuit  ;  4  p.  in-4  en 

largeur. 

4.  Tranquillité  champêtre,— la  Bonne  petite  sœuR, 

2  p.  in-fol. 

Ces  pièces  ont  porté  successivement  les  adresses  :  1"  de  Lenfant,  2"  de  Niquet, 
3"  de  Martinet;  un  4*  état  est  avec  la  lettre  grattée. 

5 .  La  Vache  et  l'Anon  ;  in-8  en  largeur. 

6.  Le  Repos  du  pâtre  ;  in-4  en  largeur. 

"7.   Les  Travaux  rustiques  ;  in-4.  Chez  Basan. 

8.  Berger  jouant  du  hautbois.  Loutherbourg  fecit  London  ;  in-4. 

9.  Jeune  berger  tenant  une  cage  entre  ses  jambes  ;  in-4. 

10.  Douaniers  cherchant  dans  une  malle.    —    Dedicated    to    David 

Garrick,  as  testimony  of  his  Regard  ;  in-4  en  largeur.  —  Paysage 
au  bord  de  la  mer,  au  premier  plan  un  homme  monté  sur  un 
cheval  qui  rue  ;  pendant  de  la  pièce  précédente. 

11.  Savetier  devant  sa  table,  embrassant  une  jeune  fille;  pièce  ano- 

nyme, in-8  (Baudicour). 

12.  Joueurs  de  trictrac  au  café  Procope  ,  pièce  burlesque ,  in-4  en  lar- 

geur,  1763. 

13.  La  Boutique  d'un  barbier,  pièce  humoristique  ;  in-8  en  largeur, 

1770. 

14.  An  Exhibition.  Personnages  comiques  en  contemplation  devant  des 

tableaux  ;  in-4  en  largeur,  au  lavis,  1776. 
Sur  un  premier  état,  très  rare,  le  titre  est  The  Àcademy  (Baudicour) . 

15.  M.  Weston  and  Dragon  in  the  Rival  Candidates  ;  in-8. 

16.  Portraits  en  charge  de  divers  personnages  anglais  ;  6  p. 

17.  Vignette  de  l'École  des  Femmes,  pour  un  Molière  publié  en  anglais. 

18.  Matelot  oriental  ;  in-8,  non  signé  (Baudicour). 

19.  Études  de  têtes  ;   1  p. 

20.  Costumes  maronites  ;  4  p.  au  lavis. 


LOUVION   (Jean-Marie). 

4  740- 


Louvion ,  né  à  Versailles  en  1740 ,  fut  élève  de 
Fessard.  Il  n'eut  jamais  aucun  talent  et  ne  mit  au  jour 
que  des  choses  pitoyables ,  traitées  d'une  pointe  que 
Renouvier  qualifie  de  «  sale  ». 

Pendant  la  Révolution  il  s'appliqua  à  la  gravure  des 
pièces  de  circonstance  :  Allégorie  sur  les  secours 
donnés  aux  malheureux  par  les  francs-maçons  pendant 
l'hiver  de  1789  ;  Généreux  dévouement  des  gardes 
nationales  pensionnés;  Louis XVI ,  Mirabeau,  etc. 

Frontispice  pour  le  Procès  cynminel  de  Marie- 
Antoinette,  Paris,  Deuné,  an  II  ;  in-8. 

Quelques  pièces  sont  d'une  rare  violence,  comme 
Appel  au  diable  pour  les  corps  sans  têtes  sur  les 
jugements  de  Dieu.  Le  roi ,  la  reine  et  le  dauphin  , 
portant  leur  tête  sous  le  bras  ,  se  présentent  à  Minos  : 
«  Infâmes  scélérats ,  monstres  affreux,  vous  n'êtes 
seulement  pas  dignes  des  enfers.  »  —  Tableau  d'his- 
toire naturelle  du  diable,  collection  de  têtes  coupées. 

La  Surprise  anglaise,  an  III. 

Adresse  de  Prudhomme  père  et  fils ,  imprimeurs 
en  taille-douce,  rue  Si-Jean  n°  12,  à  Paris  ;  in-8. 


LUCIEN    (Jean-Baptiste). 

i748-<806. 


Lucien,  étant  graveur  dans  la  manière  du  crayon,  ne 
pouvait  pas  manquer  de  faire  des  figures  académiques 
et  autres  têtes  d'études  pour  servir  de  modèles  aux 
jeunes  élèves  :  Juif,  Jeune  homme ,  Femme,  Ange 
pleurant,  Vierge  de  douleur,  Christ  mort,  d'après 
Bouchardon,  St-Pierre,  d'après  Siodtz  ,  Apollon,  St- 
Jèrome  et  autres  d'après  C.VanLoo  et  Pierre. 

En  dehors  de  ces  études,  nous  trouvons  dans  son 
œuvre  :  la  Petite  sœur,  d'après  Greuze  ;  les  Jeunes 
italiennes  ,  la  Vendange ,  Danse  d'enfants ,  la  Belle 
persane,  S'^-Cécile,  l'Automne ,  la  Danse ,  Jeunes 
Femmes  italiennes ,  d'après  le  Guerchin  ;  l'Enlève- 
ment de  Céphale,  d'après  P.  de  Cortone  ;  Musiciens 
italiens,  d'après  Bouchardon  ;  Sylvains  et  Amours , 
d'après  Gipriani;  le  Lever  de  l'Aurore,  d'après  Pierre; 
Andromaque  pleurant  sur  les  cendres  d'Hector, 
d'après  A.  Kauffmann.  —  Très  belles  vignettes  d'après 
Gochin  pour  les  livres  X  à  XIII  de  Tèlèmaque  ;  in-4  , 
en  couleur  ou  à  la  sanguine. 

Bas-relief,  pour  l'arc  de  triomphe  de  la  Fédération, 
grande  frise  d'après  Moitte. 

Napoléon  i**" ,  d'après  Le  Barbier. 


MAC-ARDELL   (James; 


1710-1765. 


Mac-Ardell  est  originaire  d'Irlande.  «  Admirable 
»  mezzo-tinto  engraver  »,  s'écrie  Bryan.  Ce  graveur 
fut ,  en  effet ,  un  des  plus  habiles  dans  l'exécution  de 
la  manière  noire.  Il  a  traduit  des  tableaux  de  Rem- 
brandt ,  Murillo  ,  Rubens  et  Van  Dyck  ;  mais  les  plus 
belles  pièces  de  son  œuvre  sont  les  portraits ,  qu'il 
réussissait  supérieurement.  Citons ,  les  Enfants  du 
Duc  de  Buckingham,  d'après  Van  Dyck  ;  de  très  jolis 
portraits  de  femmes  d'après  Reynolds  :  la  Comtesse  de 
Cardigan  ,  Lady  Dawson  ,  Comtesse  de  Berkley , 
Lady  Fortescue,  la  Comtesse  Stanhope,  Comtesse  de 
Waldegrave ,  la  Comtesse  de  Kildare ,  Lady  Mon- 
tagu,  Lady  Russel,  la  Duchesse  de  Marlhorough. 

Lady  Lennox  et  la  Duchesse  d'Argyll,  d'après 
Ramsay  ;  la  Comtesse  de  Coventry,  d'après  Hamilton; 
la  Duchesse  d'Ancaster,  d'après  Hudson. 

Parmi  les  portraits  d'hommes,  Washington,  d'après 
Pond  ;  Lord  Anson  ,  B.  Franklin ,  d'après  Wilson  ; 
l'acteur  Garrick  ;  l'acteur  Woodwarde  ;  le  peintre 
John  Pine  ;  et  les  portraits  ,  grandeur  nature  ,  du  roi 
George  d'Angleterre ,  de  la  reine  Charlotte  (1761)  et 
du  Prince  de  Brunzwick-Lunehourg . 


MACHY  (Pierre-Antoine  de). 

1722- 


Pierre-Antoine  de  Machy,  né  à  Paris  vers  1722 ,  et 
élève  de  Servandoni ,  était  un  peintre  d'architecture 
de  talent ,  qui  fut  reçu  à  l'Académie  ,  et  d'après  lequel 
ont  été  gravées  en  couleur  quelques  pièces  intéres- 
santes par  Janinet  et  Descourtis. 

Lui-même  s'est  appliqué  à  la  gravure  à  l'aqua-tinte , 
et  son  fils  a  aussi  produit  quelques  pièces  en  couleur. 

Costumes  des  régiments  d'infanterie,  avec  Guyot. 

Portraits  des  grands  hommes,  femmes  illustres  et 
sujets  ^néinorables  dédiés  au  Roi,  titre  in-fol.  au 
lavis. 

La  Victoire  et  la  Renommée,  fleuron  de  dédicace 
d'après  Monnet,  au  lavis. 

Dévouement  à  la  Patrie ,  Talamona  inv.  Machy 
sculp. 

Déclaration  des  droits  de  l'homme  ;  in-fol.  lavis. 

De  Machy  le  fils  était  peintre  :  il  exposa  en  1791 
une  Vue  de  l'intérieur  de  l'égUse  de  la  Madeleine ,  et 
en  1793  un  tahleau  de  la  Fédération  et  des  vues  de 
Paris.  C'est  d'après  son  dessin  qu'Hémery  a  gravé 
l'Inauguration  de  la  statue  de  Louis  XV. 


Les   magret. 


1751-18... 


Charles-François- Adrien  Magret  est  né  à  Abbe- 
ville  le  12  mai  1751  *  ;  il  fut  élève  deDupuis,  de  Littret, 
d'Aliamet  et  de  Saint- Aubin. 

L'Offrande  à  l'Atnour,  d'après  Greiize,  in-foL,  est 
sa  meilleure  estampe.  Elle  n'avait  pourtant  pas  trouvé 
grâce  aux  yeux  de  l'auteur  peu  bienveillant  des 
Lettres  d'un  voyageur  anglais ,  qui  ont  pour  sujet 
les  estampes  gravées  d'après  les  tableaux  de  Greuze. 
Après  avoir  dit  que  les  travaux  du  graveur  n'indiquent 
pas  si  l'Amour  est  d'airain  ou  de  marbre  ,  et  qu'on  est 
tenté  de  prendre  le  plus  beau  des  immortels  pour  «  un 
»  petit  marmot  descendu  des  montagnes  de  la  Savoie 
»  et  monté  sur  le  piédestal  pour  faire  une  niche  à  la 
»  nymphe  »,  il  ajoute  : 

«  La  gravure  de  cette  estampe  est  en  général  d'un 
»  travail  maigre  et  indécis.  On  ne  peut  cependant 
»  refuser  à  l'artiste  un  burin  souple  et  gracieux  pour 
»  rendre  les  chairs ,  et  on  doit  lui  savoir  gré  de 
»  n'avoir  pas  mis  dans  sa  couleur  cette  âcreté  de 

1  M.  Delignières  a  bien  voulu  vérifier  pour  nous  les  dates  sur  les 
actes  de  baptême  conservés  à  Abbeville. 

n.  49 


758         LES   GRAVEURS   DU    XVIIF    SIECLE 

»  teintes  justement  reprochée  aux  artistes  qui  gravent 
»  sous  la  direction  de  M'Greuze.  Il  semble  même,  par 
»  la  manière  dont  il  corrige  les  épreuves ,  qu'il  ne 
»  compte  pour  rien  la  variété  des  tailles,  la  pureté  des 
»  travaux,  la  netteté  du  burin.  Aussi  ne  doit-on  pas 
»  espérer  de  trouver  dans  les  gravures  faites  sous  ses 
»  yeux ,  des  objets  caractérisés  par  les  tailles  savam- 
»  ment  inégales  d'un  burin  libre  et  varié ,  et  encore 
»  moins  ces  tons  transparents  ,  argentins  ,  qui  flattent 
»  agréablement  l'œil  de  l'amateur  dans  les  gravures 
»  des  Edelinck ,  des  Poilly,  des  Drevet.  » 

On  a  encore  de  Macret  : 

La  Fontaine  enchantée  de  la  vérité  d'amour, 
grande  pièce  en  largeur ,  d'après  Cochin ,  terminée 
sur  une  eau -forte  de  Saint -Aubin.  Céladon  et  Sil- 
vandre  s'exposent  à  la  fureur  des  lions  qui  gardent 
la  fontaine  enchantée ,  les  licornes  prennent  leur 
défense. 

La  Fuite  à  dessein,  d'après  Fragonard,  par  Macret 
et  Couché. 

La  Méprise,  d'après  Mouchet,  terminée  par  Anselin. 

Arrivée  de  Rousseau  aux  Champs  -  Èlysées , 
d'après  Moreau. 

Réception  de  Voltaire  aux  Champs-Elysées  par 
Henri  IV,  d'après  Fauvel. 

Les  Prémices  de  l'amour -propre  (enfant  se  regar- 
dant dans  une  glace),  d'après  Gonzalès. 

Vue  de  l'explosion  du  magasin  à  poudre  d'Ahhe- 
ville  en  1753;  in-fol. 

Portraits  de  Joseph  Legros  ,  de  l'Académie  royale 
de  musique,  de  l'oculiste  Degravers,  dessiné  et  gravé 
par  C.  Macret  en  1777,  in-4  orné  ;  du  médecin  Antoine 


M  ACRE  T.  759 

Petit,  1775  ;  de  La  Fontaine,  in-8  orné,  pour  la*con- 
trefaçon  de  l'édition  des  fermiers-généraux. 

Vignettes  pour  les  Épreuves  du  sentiment  et  les 
Epoux  malheureux,  de  Baculard  d'Arnaud, /e'remze, 
poëme  de  Desmarais  (1771) ,  Œuvres  de  Le  Sage,  de 
Pope,  de  Crèbillon ,  d'après  Marillier,  Voyage  de 
Saint-Non,  etc. 

Il  mourut  à  Paris  le  24  décembre  1789,  n'ayant  pu 
terminer  une  planche  du  Siège  de  Beauvais,  qui  devait 
lui  ouvrir  les  portes  de  l'Académie. 

Jean-César  Magret  ,  né  le  1*"'  mars  1768,  à  Abbe- 
ville  ,  fut  graveur  et  marchand  de  tableaux  à  Paris. 
M.  Loizelet  nous  a  communiqué  son  adresse  gravée, 
deux  amours  qu'un  troisième  fait  danser  au  son  du 
chalumeau  :  Macret  graveur  et  m''  d'estampes .  rue 
de  Thionville,  n^  1744,  à  Paris.  Tient  les  tableaux 
et  donne  des  leçons  de  dessin. 

Ce  qu'il  a  gravé  n'a  aucune  importance  :  Mayne-An- 
toinette  (1789),  M"»*  du  Châtelei  au  pointillé  ,  Duporl- 
Dutertre  au  lavis.  Le  Satyre  et  la  Bacchante  endor- 
Tnie,  la  Joyeuse  bacchante,  2  p.  au  pointillé ,  d'après 
Caresme. 

On  retrouve  encore  César  Macret  dans  le  Racine 
de  Moreau  (1811) ,  dans  le  Bouf/îers  (1813) ,  etc. 


MAILLET   (JosEPH-C). 

1751-180.. 


J.-G.  Maillet,  né  en  1751 ,  élève  de  Née,  a  gravé 
plusieurs  paysages  pour  le  Cabinet  Choiseul  et  la 
Galerie  Le  Brun,  Diane  au  bain,  d'après  Trémolières  ; 
Vénus  et  Adonis,  d'après  Gazes  ;  divers  sujets,  la 
Fille  à  Simonette  et  l'Heureuse  Jeannette,  d'après 
Colibert ,  le  Bon  Berger  et  le  Mauvais  joueur , 
d'après  Boucher. 

Des  vignettes  pour  différents  ouvrages  :  Œuvres 
de  M.  de  Belloy,  d'après  Borel ,  le  Berquin  de  Re- 
nouard,  Œuvres  badines  de  Caylus  et  Voyages  ima- 
ginaires, d'après  Marillier,  Nouvelles  de  Cervantes 
et  Contes  de  La  Fontaine,  d'après  Desrais,  Œuvres 
de  J-J.  Rousseau  ,  édition  de  Poinçot ,  Histoire  de 
France,  d'après  Moreau,  Tableaux  pittoresques  de 
la  Suisse. 

Un  très  joli  en-tête  d'après  Marillier  pour  Makin, 
nouvelle  de  Baculard  d'Arnaud. 

J.  G.  Maillet  a  travaillé  jusqu'en  1807. 

Il  y  a  aussi  un  G. -F.  Maillet  qui  a  signé  l'Inno- 
cence reconnue ,  d'après  Binet ,  et  un  portrait  du 
botaniste  Miller. 


MAJOR   (Thomas). 


1714-1768. 


Thomas  Major,  un  des  bons  graveurs  au  burin  de 
l'Angleterre  ,  a  passé  une  grande  partie  de  son  exis- 
tence en  France ,  où  il  fut  employé  par  les  éditeurs 
d'estampes,  et  particulièrement  par  Basan  ,  à  graver 
des  planches  d'après  Berghem  ,  Van  der  Neer.  Cuyp  , 
Wouvermans ,  Claude  Lorrain  ,  Poussin .  et  surtout 
d'après  Téniers  (le  Chirurgien  de  campagne,  la  Ker- 
messe, le  Laboratoire  de  V alchimiste ,  la  Chasse  aux 
oiseaux,  etc.).  Il  en  a  signé  quelques-unes  par  ana- 
gramme Jorma  ou  par  abréviation  Jor.  C'était  un 
habile  graveur  de  paysages. 

Major  retourna  en  Angleterre  où  il  exécuta  quelques 
portraits,  Lord  Granville,  le  Cardinal  Pôle,  et  publia 
l'année  même  de  sa  mort ,  à  Londres  ,  un  recueil  de 
24  planches  ,  The  Ruins  ofPœstum  ,  d'après  les  des- 
sins de  Barra  (1768). 

Major  a  gravé ,  en  1744 ,  de  jolies  pièces  d'après 
Gravelot ,  Jeunes  gens  et  jeunes  filles  dans  diverses 
attitudes. 


MALAPEAU    (Claude-Nicolas 


1 755-'!  804.. 


Cet  élève  de  Moitte  a  signé  la  Ruelle,  d'après 
Ghalle ,  et  des  vignettes  pour  le  Cabinet  des  Fées, 
l'Histoire  de  France  de  Moreau  et  le  Gil  Blas  de 
Ghaigneau  (1796) ,  le  Montesquieu  de  Plassan  (1796), 
l'Histoire  romaine  de  Myris,  le  Bréviaire  des  enfants 
de  la  joie,  an  IX,  le  Nouveau  Testament,  d'après 
Monsiau ,  des  planches  pour  le  Voyage  de  la  Suisse, 
sous  la  direction  de  Née,  TponrV Essai  sur  la  musique 
de  La  Borde,  la  Description  générale  et  particulière 
de  la  France. 

Malapeau  grava  sur  le  dessin  de  Cochin,  fait  d'après 
une  peinture  deRoslin,  la  planche  représentant  le  Roi 
reçu  à  r  Hôtel  -  de -Ville  de  Paris  à  son  7^etour  de 
Metz.  Diderot  disait  ceci ,  dans  son  Salon  de  1761 ,  du 
portrait  du  roi  qui  s'y  trouve  :  «  Ce  Louis  XY  long  , 
»  sec ,  maigre  ,  élancé ,  avec  une  petite  tête  couverte 
»  d'un  chapeau  retapé ,  est-ce  là  ce  monarque  que 
»  Bouchardon  a  immortalisé  par  sa  figure  de  bronze  ? 
»  Celui  de  RosHn  a  l'air  d'un  escroc  qui  a  la  vue  basse.  » 

Une  eau-forte  de  vignette  d'après  Cochin  pour  le 
livre  YIII  de  Tèlèmaque.  Elle  était  destinée  à  l'édition 
de  Drouët  et  n'a  pas  été  terminée. 


MALAPEAU.  763 

La  Folle  journée  ou  le  Mariage  de  Figaro ,  Paris 
Ruault,  1784,  in-8,  5  fig.  de  Saint-Quentin ,  gravées 
par  Malapeau,  la  dernière  par  Roy.  Nous  croyons  ,  en 
ce  qui  nous  concerne,  que  C(3s  figures  sont  simplement 
des  retouches  des  planches  gravées  par  Halbou ,  Lié- 
nard  et  Lingée  ,  et  non  des  planches  nouvelles.  Elles 
sont ,  du  reste ,  infiniment  moins  estimées  que  ces 
dernières,  quoique  sur  la  figure  du  cinquième  acte , 
on  se  soit  amusé  à  découvrir  la  gorge  de  Rosine,  qui 
était  couverte  dans  la  gravure  primitive . 

Parmi  les  planches  préparées  par  Malapeau  pour  la 
Description  de  la  France  de  La  Borde ,  on  remai'que 
une  amusante  eau-forte  représentant  la  grande  cour 
du  château  de  Versailles ,  avec  une  parade  de  mili- 
taires. 

L'eau-forte  de  Y  Intérieur  d'un  comité  révolution- 
naire, estampe  curieuse  des  Tableaux  de  la  Révolu- 
tion ,  porte  le  nom  de  Malapeau.  Gomme  le  dessina- 
teur, Fragonard  fils ,  n'y  a  pas  flatté  les  citoyens 
membres  du  comité ,  Renouvier  ne  peut  s'empêcher 
d'être  fort  dur  pour  lui. 

fin  l'an  V,  Malapeau  publia  chez  le  libraire  Saillior, 
60  planches  des  bizarres  gravures  dites  Contes  drola- 
tiques de  Pantagruel,  copies  des  bois  originaux  parus 
en  1565 ,  et  qui  ont  souvent  été  attribués  ,  mais  sans 
grande  vraisemblance,  à  Rabelais. 

Portrait  de  i¥"*  Raucour,  en  Médée,  dessiné  d'a- 
près nature  et  gravé  par  Malapeau,  an  VII  ;  in-fol. 


MALBESTE   (Georges). 

1754- 


Cet  élève  de  Le  Bas  est  surtout  connu  par  ses  nom- 
breuses préparations  à  l'eau-forte.  Il  a  travaillé  pour 
V Histoire  de  France  de  Moreau  ,  la  Galerie  de  Flo- 
rence, le  Musée  français,  la  Galerie  du  Palais-Royal, 
les  portraits  de  la  Collection  de  Déjahin ,  le  Voyage 
en  Egypte  de  Denon,  le  Voyage  de  Cassas,  le  Voyage 
en  Grèce  de  Choiseul-Gouffier,  le  Voyage  à  Naples 
de  Saint-Non ,  Y  Histoire  de  l'Empire  ottoman  de 
Mouradja  ,  le  Voyage  d'Espagne ,  etc.  Deux  pièces  , 
signées  de  lui ,  attirent  surtout  l'atLention  : 

1.  LA  SORTIE  DE  L'OPÉRA,  d'après  Moreau  le  jeune  (Monument 

du  Costume  . 
Il  est  à  remarquer  que  cette  estampe  parait  plutôt  représenter  un  mariage. 

2.  LA  PLAINE  DES  SABLONS  (Revue  des  Gardes-Françaises  et 

Suisses) ,  estampe  des  plus  intéressantes,  tirée  de  la  Description 
de  la  France  par  deLaLorde,  etc.,  gravée  par  Malbeste,  Liénard 
et  Née  ;  grand  in-fol.  en  largeur. 

L'eau-forte,  245  fr.,  et  avant  la  lettre,  400  fi'.  1881 . 

Cette  estampe  offre  cette  particularité,  qu'elle  fut  annoncée  non-seulement  par 
prospectas,  mais  encore  par  spécimen.  Malbeste  a  gravé,  en  effet,  un  Groupe  tiré 
du,  superbe  dessin  de  M.  Moreau  le  Jeune,  et  qui  représente  quelques  personnages 
du  premier  plan ,  l'homme  dont  le  vent  emporte  le  chapeau ,  etc .  On  promettait, 
dans  le  prospectus,  que  l'estampe  serait  aussi  bien  gravée  que  le  spécimen. 
Voilà  un  curieux  exemple  de  réclame. 


MALŒUVRE    (Pierre). 


nw-isos. 


Né  à  Paris,  et  ayant  appris  la  gravure  sous  la  direc- 
tion de  Beauvarlet,  Malœuvre  a  passé  plusieurs  années 
à  Londres  chez  Strange.  A  son  retour  il  grava  quelques 
portraits  :  le  Comte  d'Aranda ,  le  Roi  de  Suède , 
d'Alemberi,  Lalande,  d'après  Pujos  (1775).  in-8  ; 
Poullain  de  Saint-Foix ,  Bèlidor,  Coustiirïer,  supé- 
rieur de  Saint-Sulpice,  d'après  Duplessis  (1772) ,  Bou- 
rachot,  autre  supérieur  de  St-Sulpice  ,  d'après  Gallet, 
le  Chevalier  d'Aguesseau ,  d'après  Tournière ,  et 
divers  sujets  pour  la  Galerie  du  Palais-Royal  et  le 
Cabiftet  Poullain.  On  lui  doit  aussi  quelques  bonnes 
estampes. 

1.  La  Nuit  passe,  l'Aurore  paraît,  portrait  de  la  duchesse  de 

Châteauroux  ,  d'après  Nattier  ;  in-fol. 

2.  Flore  a  son  lever,  portrait  de  Louise-Henriette  de  Bourbon- 

Gonty,  duchesse  de  Chartres,  d'après  Nattier  ;  in-fol. 

3.  L'Enfant  gâté,  garçon  donnant  sa  soupe  à  un  chien,  d'après  Greuze. 

4.  LE  CURIEUX,  d'après  Baudouin  ;  in-fol. 

5.  LE  BOUDOIR,  d'après  Freudeberg  ,  in-fol. 

6.  Aux  mânes  de  J.-J-  Rousseau,  allégorie  d'après  Paul. 

"7.   Les  Bains  de  Diane,  copie  agrandie  d'une  vignette  de  Marillier. 


MANSFELD    (Jean-Ernest). 

1738-1796. 


Né  à  Prague  en  1738 ,  élève  de  Jacob  Sclimutzer, 
Mansfeld  vint  ensuite  se  former  à  l'Académie  impériale 
et  royale  de  Vienne.  Gomme  Jacob  Adam  ,  il  a  excellé 
dans  les  portraits  de  petit  format. 

Joseph  II,  1781. 

Maximilien,  archiduc  d'Autriche,  1782. 

Marie-Thérèse,  femme  de  Léopold  II. 

Èlisaheth-Wilhelmine-Louise ,  princesse  de  Wur- 
temberg, née  le  20  avril  1767  ;  ce  portrait  est  un  petit 
chef-d'œuvre. 

Gustave  III,  1784. 

Comte  de  Kollowrat. 

Pie  VI,  1782. 

François-Joseph,  grand  prince  de  Toscane. 

Paul  Pètrovich ,  grand  duc  de  Russie. 

Le  Général  Wurmser. 

Marie-Thérèse-Charlotte,  fille  de  Louis  XVI. 

Anna  Morichelli,  cantatrice. 

Frédéric  baron  de  Trenck. 

Joseph  Haydn. 

Garrick. 

Métastase,  etc.,  etc. 


MARAIS   (H. 

1768-^8... 


Marais,  né  à  Paris  vers  1768,  fut  un  des  graveurs 
de  la  Galerie  de  Florence,  pour  laquelle  il  a  exécuté  : 
un  Frontispice  (1789) ,  d  après  Moitte  ;  Apollon  et  les 
Muses,  d'après  Jules  Romain;  Amphitrite  sur  les 
eaux,  d'après  L.  Giordano  ;  les  Parques,  d'après 
Michel- Ange  ;  Andromède,  d'après  Furino;  l'Her- 
maphrodite et  plusieurs  statues  antiques  ;  F.  Miéris, 
jouant  de  la  guitare ,  d'après  lui-même.  Il  a  aussi 
travaillé  à  la  Galerie  du  Palais-Royal. 

Les  deux  pièces  les  plus  marquantes  de  son  œuvre 
sont  : 

LHermite,  d'après  Greuze  ;  in-fol. 

V Apothéose  de  Racine,  d'après  Prudhon,  grande 
vignette  qui  sert  de  frontispice  à  la  belle  édition  de 
Didot.  —  Dans  le  même  ouvrage  ,  Marais  a  gravé  une 
figure  d'après  Gérai^d.  L'exécution,  fine  et  serrée, 
n'est  pas  sans  mérite,  quoique  très  froide. 

On  retrouve  encore  Marais  dans  une  composition 
de  Gérard  pour  le  Daphnis  et  Chloè  in-4 ,  de  Didot 
(1800). 

Un  portrait  de  Basan ,  profil  d'après  Cochin  .  in-4. 


TABLE 


DU    TOME    SECOND. 


Pages 

Drevet  (Les) -1 

Dl'bosc 26 

duchange 27 

DucLOS 37 

DucROS 49 

DuFLOS  (Claude) ...  50 

DiiFLOs  (Claude-L.) 54 

DuFLOs  (Pierre) 58 

DUGOURE 62 

Duhamel 65 

DuMONT  LE  Romain 66 

DUNKER 67 

DupiN  (Les) 73 

Duplessi-Bertaux 76 

duponchel. 90 

Dupréel 9-1 

Dupuis  (Cbaries) 93 

Di;PL!iS  (Nicolas) 96 

Duret -1 03 

DURUISSEAi: 1 04 

duvivier 1 05 

Earlom 106 

Eberts UO 

ÉCHARD Il  2 

Édelinck 4 1 3 


Pages 

Eichler -114 

ElSEN 115 

Elluin 118 

Favanne 1 25 

Fay 126 

Ferté  (Papillon  de  la)...  127 

Fessard  (Etienne) 129 

Fkssard  (Mathieu) 152 

Ficquet 154 

FlESINGER 1 78 

FiLHOL 180 

FiLLŒUl 1 81 

Flipart 1 83 

Floding 203 

FOKKE 204 

FOLKÉMA 205 

fosseveux 206 

Fourdrinier 207 

Fragonard 208 

François 211 

Fratrel 21 7 

Freudenberger 21 9 

Gaillard 220 

Gallimard .  228 

Gamelin 231 


770 


TABLE. 


Carreau 233 

Gaucher 234 

Gautier 292 

GÉRARD  (Marguerite) 293 

Germain 294 

Gessner  295 

Geyser 299 

Ghendt  (De! 300 

Gibelin 314 

GiLLOT 318 

Girard 318 

Girardet 319 

GiRAUD  (Les; 323 

GoDEFROY  (François) 328 

Godefroy  (Jean) 335 

Gois 337 

GoxNORû 338 

GouPY 339 

Goya 340 

Grateloup 345 

Gravelot 35(; 

Green 35-2 

Greuze 354 

Grignio\ 355 

GucHT  (Van  der) 35o 

GuÉRiN 357 

Guttenberg  (Les) 358 

GuYOT 366 

Haokert  (Les) 373 

Hagedorn 375 

Halbou 376 

Hai.lé  380 

Haussard 381 

Heinecken 383 

Helman 389 

HÉMERY 398 

Hennin 400 


Heinriquez 401 

hérisset 409 

HOGARTH 410 

HoiN 418 

HORTHEMELS 41 9 

HOUBRAKEN 420 

HouiÉL  422 

Houston 429 

HuBER  (Les) 430 

Hubert  (Les) 438 

HuËT 440 

HuLK 441 

HuoT  442 

HuQuiER  (Les) 443 

HuTiN  (Les) 451 

Igo.nêt  (Marie) 433 

Ingoif  (Les) 454 

Ingram 460 

Jacob 461 

Jani.net 462 

Jardinier 488 

Jeaurat 489 

JoNTiis 493 

JOULLAiN 4  94 

Jubier 498 

Julien 499 

jullienne 500 

Kauffmann  (Angeiica) 505 

Klauber 507 

KOBELL 51 1 

KoHL 512 

Lagreniîe 513 

La  Live  de  Jullv 51S 

Langlois  (Les) 527 

Larmessin 529 

La  Rue 537 

Launay  (Nie  >las  de) 538 


TABLE 


771 


Pages 
Launay  (Roberl  de) 55'. 

Laurent ;i58 

Lavallée-Poussin 561 

Le  Bas ;i64 

Le  Béai    593 

Le  Bert  598 

Le  Blond    599 

LecoI':ur (i02 

Lecomte  (Marguerite) 60.'! 

Le  Gouaz 606 

Legrand  (Les) 609 

Le  Lorrain 614 

LÉLU 616 

Le  Mire 619 

Lemperelr  (Jean) 651 

Lempereur  (Louis) 662 

LÉPiciÉ 656 

Le  Prince 667 

Le  Roy 678 

Le  Si'ECR 68! 

Le  Tellier 684 

Le  Vachez  (Les) 685 

Le  Vasseur 687 

Le  Veau 697 

léveillé 710 


Pages 
Li^.VESQnî  711 

Le  ViLLAiN  714 

Levilly 715 

LiÉNARD 716 

LiNGÉE  (Charles) 717 

Lingée  (M"»*) 719 

LiOTARD  (Les) 722 

Lips  724 

LiTTRET  DE  MONTIGNY 726 

LONGl^EIL 728 

LoRiEux 748 

Lorraine 749 

loutiierbourg 750 

LouviON 753 

Lucien 764 

Mac-Ardell 755 

Machy 756 

Macret  (Les) 757 

Maillet 760 

Major 761 

Malapeau 762 

Malbeste 764 

Maloeuvre 765 

Mansfeld 766 

Marais 767 


IMPUIUBRIB   L     UAtiKl. 


NE  Portails,   Roger 

95  Les  graveurs  du  dix-huitieme 

P6  siècle 

t. 2 
ptie.2 


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