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Full text of "Paraphrase de l'Evangile de Iesus Christ selon S. Iean"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/paraphrasedelevaOOamyr 


i^ 


PARAPH  KASX 


DE 


rEvan^tlc  ci.  law  Ckrc/t 
JELON   v5.  IeAN. 


Pa-t.    M  .  AMYP.ATT. 


U   JAVMVJL, 

Pour     C  LA  VI>X      GtT^A'B.T)  ,  XT 

OO^.  J)C.  XJ. 


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ADVERTISSEMENT- 

/  l^jiuteHT  de  cctte  Piece  nen 
auoit  point  dejta  mis  au  jour 
ditierjes  autre  s  demefme  nature j, 
il  feroit oblige  de  rendre  icy  auelques  rai^ 
fens  de  fen  dejjein ,  principalement  feir 
trois  chofes,  V'vne  efe^  qu  tiny  prepare 
point  te^rit  de  fesleSleurspar  vn  ArgU" 
ment  general  de  toutl'Euangite  ^  comme 
cefl  la  coufiume  de  plujieurs  en  cettefertc 
d'ouuragcs.  L' autre .,  mil  employe  en  la 
marge  le  Tcxtc  felon  la  l^erfion  dc  Lou- 
uain^que  chacunfefait  auoir  fort  peud' ele- 
gance dans  le  langage.  La  troifeeme  eji 
touchantfa  proprefacon  de  s''exprimerj&' 
lamethodequiljuit  cnfes  Paraphrafes. 
A4ais  il  a  declare  des  ilyafex  ou  feptans^ 
dans  la  Preface  cpiil  a  mife  au  demntde 
tSxpofetion  de  CSpiji're  auxKomains^que 

a.  ii 


A^dvertissementJ 
fi  Ics  Argumens  ne  feruent  qr/a  donner 
mclqueintrodu^lion  a  I' intelligence  d'vn 
Mfcrit^  il  les  ejlime  icy  comme  abfolument 
inutiles.  Parce  me  fi cctte  mterprctAtion, 
du  Texte  qtiilentrej>rend:,je  trouue  bonne 
en  la  UJkntyil  ncfipas  befoin  dj  introduire 
Ic  monde^  d'vne  autre  f aeon :,  ny  de  j-aire 
commeceux  quiau  hen  decontemplerpar 
le  dedans  J  la  richejfe  ^  la  magnificence 
d^vn  Palais  ^perdroient  le  temps  a  Je  pro- 
mener  dans  les  aduenues.  Et  Ji  le  Texte 
nj  eflpasbien  explique^il  efl  encore  moins 
raijonnable  &  moins  a  propos ,  de  preue- 
nir  les  ledeurs  par  desjentimes  qui  altere- 
roient  lajtncerite  de  Icur  jugcmcnt^  quand 
lis  njiendroienta  s  appliquera  laconjidera- 
tiondcla  chofemefme.  Car  quant  ace  qui 
ejl  de  recommander  U  dignite  de  la  ma^ 
ticrefur  Idquelle  on  s'ejl  exerce  jtEuan^ 
gjlejelon  S.  lean  eft  en  telle  admiration 
cntre  les  Chrejlien^s^  que  toute  rccomman- 
ddtion^  quelle  queUejuftjJetrouueroitin- 
finimentau  dejfous  dejon  excellence  ^de 


Advertissement. 

Jks  loiianges.  Pour  Ic  regard  de  U  tra^ 

du^lion  de  Lcmuatn  ,  \  Auteur  de  cette 

Paraphrafe  a  m'leux  dime  senfermr  icy^ 

commc  ailleurSydautantqucUe  a  ejlf  dref- 

fee  fur  la  njerjtonmon  nommc  f^ulgate^ 

qtiileujlprefereeen  cette  acca/ton  a  toute 

autre  ^Jinon  quelle  esl  en  Latin.  Ne  fe 

propofantdonc  nuUement  defauorifer,  ny 

Catholiques  ny  Reformes  jjinon  autant 

que  la  njeritelj  a  oblige j  &*Jcachant  que 

les  R^eformes  nc  trouuent  pas  grand'  chofe 

a  re  dire  dans  la  tranjlation  ordinaire  des 

Catholiques  en  cetEuangtUy  ilacreu  que 

s'il  en  njjoit  de  la  forte  ^  il  gratijieroit  les 

"vnSy  &  Yi  off  enferoit  point  les  autre s^,  (^ 

que  par  ce  moycn  il  euiteroit  pour  Jon  ou- 

urage  hauerjion  qui  naiji  desprejuges  dont 

on  eflpreoccupe.  Enjin^pour  ce  qui  regar- 

dcja  methode  ^  chacun  ffait  que  la  plus 

partdes  Commentaires  interpretenttEP- 

criture  apeupres  commeji  chaque  paffage 

qui  sy  rencontre^  efloit  "vne  jcntencc  de^ 

tachee  de  ce  qui  precede  ^  de  ce  qui  fuif 


Advertissement. 
T)ans  Jcs  amns  Pamphrafes  ^  I'^u- 
teur  de  celle^cy,  a  monBre  que  les  propos 
desjain^s  Apojlres  s  entnticnnent y  & 
qtiilj/  a  le  plus  fouucnt  "vne  admimblc-' 
mentbeUe  fmte  entre  Iqhys  raifonncmens. 
En  cet  ouurage  it  na  pa^sejle  fonmaUi-^ 
fede  fuiure  la  narration  de  tSuangeliJlc 
la  OH  il  raconte  les  chofes   tout  a  fait 
hiftoriquement.  iJMais  ot4  d  rapporte  les, 
propos  de  I  ejus  Chrijlj  tl  a  faliu  beau^ 
coup  d' attention  a  reconnoitre  les  occa- 
Jionsque  nojlre  Seigneur  a  cues  ^  tantoji 
de  parlery  tantoft  de  fc  taire ,  tantoft  de 
dejlourner  oh  d'elcuer  fes  rej^onfcs  & 
Pejj^ritde  Jcs  audit  curs  ^  a  d'autres  chojes 
qua  celles  quefcpropojoicnt  ceux  qui  I'ont 
interrogue.  ^eji  noflre  Sdgneur  pour- 
JuitoH  njne  matierCy  ou  vnepriere  "vn  pen 
au  long  J  ilny  apoi  moins  de  d^jjiculte 
foit  a  trouuer  les  jointures  des  mcmbres 
qui  la  compofentjfoit  arcmarquer  les  en- 
droits  ou  tl  n  cjl  pas  necejfaire  derecher- 
cher  des  jointures  f0  d'objcrucr  des  liai- 


Advertissement, 
Jons.Le^  LeBeur  jugerx  ec^muhlemcnt  de 
ce  quis'cfi  icy  fait  en  cet  egard^  <&  stly 
rencontre  quelque  matiere  de fatisfaSlion, 
il  en  donnera  la  gloire  toute  enttere  a  ce~ 
luy  qui  eft  le  Pcre  des  lumieres  ^  I'Au- 
teurdc  tmtebonne  donation.  le  nediray 
rien  icy  nonplus  de  I'elocmion  de  I'Au- 
teuren  cette  Paraphrase ,  parce  que  dans 
Ics  precedentes  il  a  fait  profejfton  de  nj 
affeSier  autre  loiiange  quecelle  de  laclar- 
te^  er  d'vfer  indtfferemment  des  fa^ons 
deparler  les  plus populaires .  Outre  Ics  au- 
tre s  raifons  qu'il  en  a,  il  eft  manifefte 
far  leftile  de  Saint  lean,  que  cc  dtuin 
Hiftoricn  n'a  point  recherche  la  gloire  de  ■ 
I' eloquence;  ^  dans  cc  quilnousalaif- 
fe  desdifcours  de  noftre  Seigneur y  il  j  a 
des  marques  tres-euidentes  que  cette  Sa- 
pience du  Pcreceleftcriapas  dedaigne  les 
faroles  &  les  phrafes  du  vulgaire  de  ce 
temps -la.  Or  il  Jeroit  cnt  iercment  hors 
d'apparence  de  raifin  ,  &  direSlcment 
emtre  T intention  du  Saint  EJ^rit ^'qui  a, 


Ad  VERT  IS  SEME  NT. 

^ohIu  que  cet  Euangile  fkfl  compof^auec 
tant  de  Jimflictte^  de  tafcher  a  le  reuejUr 
dc  tcrmes  bompeux  &  magnifiques.  le 
riay  done  point  icy  d* autre  adnertijj}— 
menta  donner ^fnon  quejlant  arriue  di- 
ner fes  interruptions  a  timprejjion  de  ce 
liure^quiont efle  caufe quit cji  tomheen- 
tre  les  mains  deplufieurs  Compofiteurs  ^ 
ilsy  ontfuiui  ojne  orthographe  dtjjeren-- 
tc^dinfque  hon  leur  a  ^emhie^  de  la  cor-^ 
re  Si  ion  de  quoy  on  ne  s^  eft  pas  heaucoup 
mis  en  peine,  JMais  qui  pis  cflJ'Auteury 
qui  J  vacquoit^en  ay  ant  cjle  Jouuentc^ 
fois  diuerty^  par  maladie^  par  ^voya- 
gcSy  &  par  autres  diftraSiions^  ily  efi 
echappe  quantite  de  fautes  de  toutesfa- 
pns  ^  d&nt  ily  en  a  quelqucs-vnes  aj?es 
irnport antes.  On  amis  a  la  Jin  du  Lmre 
^n  Errata  duquel  on  fe  pourra    aider 
pour  les  corriger^  de  quoy  le  Le^eur  efi 
ajfe^ueufement  fupplie ,  &  de  fupporter 
auec  equite  ceUes  qtion  y  ^eut  auoir  oti^ 
hhees.  . 


0 


■^-^■■^^^^^■^'.m^^'^^ 


PARAPHRASE 

SVR  L'EVANGILE  Dfi 

lESVSCHRISTSELON 

SAINCT   l£AN. 


CHAP  IT  KE   L 

Evxqui4irentqueL?LL 
cette  Diuine  Sapien-  ^'"""^^^ 

1  efioit  U  pit* 

cequi  a  paru  de  no-  ^-^^^ .  &  i^ 


hommes,afeulement,%/;j;::!' 

commence  d'eftre  lors  quelle  s'eft 
reueftvie  de  noftre  chair  ,   n  one 

pas  aflezattentiuement  confidere 
cc  que  Moyfe  en  auoit  infinue  das 
le  premier  chapitredu  liure  de  U 
Genefe.  Carapresauoir  die  en  ge- 
^rajque  JDieu  crea  au  commen* 


%  ^ara^hrafc  fur  l^Euangite  de 
cement  ie  Ciel  &  la  Terre;  lors 
qu*il  vient  a  parcicularifer  plus 
cxadement  les  merueilles  de  cettc 
creation  J  ilintroduicDieudifanr, 
Que  la  lumicre  foit  ;  &  derechel^ 
^i/ily  ait  njne  kendue  cntre  les  enHX'y 
6c  ainii  confecutiucmcntdc  tou- 
tcsles  aucres  chofesquifcprodui- 
firent  eneftrc.  De  forte  que  felon 
ie  recit  que  ce  Prophete  nous  en 
fait^  Dieu  n'a  done  leftre  a  aucunc 
creature ,  finon  par  rcntrcmife 
defa  Parole.  Or  outre  que  la  pluf- 
part  des  chofes  que  Moyfe  a  laif- 
fees  par  ecrit  ,  &  nommement 
dans  cc  liure ,  ou  il  nous  rapportc 
roiigine  de  1' Vniuers^font  pieincs 
defens  abftrus  .  &d'iatcllicrences 
iTi}  fterieuies  ,  que  Ie  Saint  E(prit 
y  acoulcesobfcurement  auecvne 
lageflfe  merueilleufe  ,  pour  eftrc 
puisapres  deueloppees  parfonaf- 
liftance  eu  la  plenitude  dcs  temps^ 


fejus  Chrifl  felon  S*  lean.  5 
tettc  narration  de  la  manierc  d^ 
la  creation  par  la  parole  dc  Dieu^ 
aquelque  chofedc  fingulier,  qui 
doit  arrcfter  Tattention  ,  &c  don- 
ner  cette  perfuafion ,  qu  eilc  con- 
tientquelquemyftere*  Ontrouue 
bien  en  diuers  cndroits  de  TEcri- 
ture^que  Dien  a  cree  routes  chofes 
par  fa  parole ,  &  que  par  le  fouflc 
de  fabouclic  les  Gieux  &  la  Terrc 
ont  efte  formes.  Mais  en  quelquc 


lieu  que  fc  rencontre  cette  fenten- 
cc ,  les  Saints  Ecriuains  y  font  tou-^ 
jours  allufion  a  Thiftoire  de  laGe- 
ncfe,  &ne  Taffirment  de  la  forte^; 
finon  parceque  Moyfelenousa 
ainfi  raconte*  Cell  done  la  qu  il 
fautcxaminercequeleSain£t  EC- 
prit  nousa  voulu  enfeigner^quand 
il  a  incite  Moyfe  a  introduir© 
Dieu  parlant  en  la  creation  des 
chofes*  Or  a  quoy  faire  ,  ie  vous 
pric^cft-cc  qucDieufe  feroit  fer-i 

A  k 


4  Taraphrafejur  rEuangtlc  de 
ui  d'Vne  voix  exterieure  pour  tircr 
fes  creatures  du  neant?  Etquand 
pour  quclque  confideration  il 
Fauroit  voulu  faire  vne  fois ,  dc 
quel  vfage  en  euft  efte  vne  fi  fre- 
quence rcpetirion  qu'cft  celleque 
Moyfe  nous  rapporte?  Car  cettc 
parole  prononcec  exterieuremer, 
quelle  qu  elle  fuft  ,  ne  pouuoit 
eftre  finon  vn  fon  &  vne  voix  feu- 
lenient  ^  que  Dieu  formoit&  arti- 
culQit  ainil  que  leProphete  la  nous 
reprefente.  Or  n'yauoit  il  encore 
perfonne  qui  entendift  cette  voix; 
ilny  auoit  point  de  creature  qui 
la  pcuft  rcceuoircommevn  com- 
mandement  qui  luy  fuft  adrefle 
afindeTexecutcr  :  dans  les  chofes 
mefmes  qui  venoient  en  eftre  a 
Hieure  que  Dieu  la  pronon^oit, 
iiiVy  auoit  aucune  fgculcede  luy 
O^bei'r  ;  ni  en  fin  il  n'y  pouuoit 
auoir  aucune  proportion  cntrc 


lefus  ChriftJelonS.  lean,  j 
vne  voix  cxtcrieure:,&  les  effects 
qui  s'en  enfuiuoyent  ,  qui  nous 
doiuc  faire  croire  que  ce  fon  ait 
veritablemcnt  donne  I'origine  a 
toutes  chofes.  La  diftance  qui  eft 
cntrc  le  Non  ejlre  ,  ou  toutes  cho- 
fes eftoyentauparauant,  &c  tEfire^ 
oil  ellesont  efte  amenees,  eftant 
infinie  ,  il  n'y  a  peu  auoir  finon 
Tinfinie  puifTance  de  Dieu  :,  qui 
peull:  conjoindre  enfemble  ces 
deux  termes  fi  elloignes ,  tant  s'en 
faut  qu  vne  fimple  voix  ^  qui  n'a 
point  d'autre  vcrtu  que  cellc  dc  la 
fignification  3  euft  peu  eftre  vn 
inftrument  capable  de  la  produ- 
ction des  creatures.  Il  faut  done 
tenir  pour  certain  que  ni  Dieu  en 
creantle  Monde  ,  nifon  Prophe- 
te  en  nous  racontant  ainii  I'hiftoi- 
re  de  fa  creation  ,  n  ont  point  vfe 
de  cettedifpenfation  ,  finon  pour 
nous  donner  occafion   d*eleuer 

A3 


i  ^araphrafe  fur  tEuan^le  de 
nos  cfprits  a  dcs  connoifTances 
plushautcs  que  ccUes  qui  paroif- 
fent  en  lecorce  de  cette  narration. 
Quand  les  hommes  fe  feruent  de 
la  parole  en  cette  faqon ,  ils  le  font 
pour  commander  que  quelque 
chofe  s^execute :  &  alors  ccluy  qui 
commandc  ^  &  Ton  eommande- 
ment,  &  lavcrtu  qui  puis  aprcs  (c 
deployc  pour  executer  ce  qui  a 
cfte  commande^ne  font  rien  qu  v- 
ne  mefme  chofe ,  &  ncantmoins 
font  deschofesdiftindes  &  diife- 
rentes,  a  les confidcrer en  diuers 
cgards.  Elles  fontdiftin^tes  en  ce 
que  autre  cho{^  eft  la  perfonne  qui 
commander,  felon  Tautorite  qu'el- 
le  en  a  3  &  autre  le  commande- 
mentqui  emane  d'elle,  &  enfin 
autre  la  vcrtu  quece  commandc- 
ment  excite  a  fe  deployer^afin  que 
Teffeds^enenfuiuc.  Elles  fontvne 
|ndfme  chofe ,  en  ce  qu  elles  coa- 


Icfus  Chriji  felon  S  lean,      j 
courenttoutesenfemble  &  feioi^ 
gncnt  tellement  pour  la  produ- 
elion  d Vn  mefmeefFcd,  quellcs 
nc    le  produifenr  point  fepare^ 
jTicnt,  &  que  I'cifednelesrecon- 
noift  que  comme  vne  feulc  caufc 
dc  Ton  eftre.     Parce  que  la  verm 
d'agir  ne  fe  fcroit  point  deployec 
fans  le  commandement ,  &  que  Ic 
commandemcnt  nauroit  point 
efte  fans  celuy  duquel  il  emane. 
En  la  creation  du  monde  il  y  a 
pareillement  cu  trois  chofes  en 
Dieu ,  qui  ne  font  quVnc,  &:qui 
neantmoins  fontpluficurs  ^  felon 
que  vous  les  rcgardes  diuerfement. 
Elles  ne  font  qu'vne  en  cc  que  cc 
n'eft  qu\n  mefme  Dieu,  qui  n'a 
rien  employe  que  foy  mefme  y  &c 
qui  n'a  deploye  autre  vertu  que 
celle  qui  luy  eft  propre  &  effentiel- 
le,a  la  creation  de  rVniuers  y  dc 
forte  que  le  Monde  nereconnoift^ 

A4 


S  ^araphrafe  fur  hEuangile  de 
&nedoitreconnoiftre  autre  cau- 
fede  foneftre,  quVnefeuleDiui^ 
nite.  Mais  elles  font  pluiieurs  &i 
diftin6:es  ,  en  ee  qu'il  nous  fa^uc 
conceuoir  en  cette  Diuinite  vne 
Subfiftancepar  deuerslaquelle  eft 
Tautorite  de  commander  j  vne  au- 
tre qui  eft  reprefentee  par  la  paro- 
le exterieure,  en  laquelle  confifte 
le  commandement  j&  enfinvne 
troifiefme  oii  refide  la  vertu  qui 
execute  effe6tiuement  ce  qui  eft 
ordonne  parlaSubfiftancequela 
parole  &Ie  commandement  re- 
prefentent.  En  efFed  Moyfe  les 
nous  propofe  routes  afles  diftin- 
£temento  Car  pour  cc  qui  eft  dela 
premieredccesSubfiftances,  ilia 
defigneexpreflement  parcenom 
de  Dieu  ^  quand  il  ditque  Dicu  a 
cree  Ics  Cieux  (jr  U  Terre.  Quant  a 
latroificfmCjil  la  dcfignepar  ce 
^Q.m£EfljritdeDicUy  quand  ildi| 


lefus  Chrift  felon  S.  Iean>  ^ 
que  tEJprit  de  Dieu  jemouuoit  fur 
kscapcx :  com  me  s'il  difoit  que  cet- 
te  verm  dc  Dieu  ,  qui  fubfifte  en 
luy  diftindement  d'auec  luy  meC- 
me^enombroit  la  mafle  confufe 
&indigeftedu  monde^  en  atten- 
dant le  commandement  de  la  Pa- 
role 5  pour  y  mettre  ces  belles  for- 
mes &  ce  bel  ordre  que  nous  y 
voyons.  Et  pour  la  (econde  ,  elle 
eft  defigneeparcette  Paro^enla- 
quelle  confifte  ie  commandemet. 
Car  com  me  c'eft  la  Parole  laquel- 
leporte  Ie  commandement  ,  qui 
excite  la  vertu  a  agir ;  c'eft  cette  fe- 
conde  Subfiftance^qui  en  cette  ad- 
mirable oeconomie  ^  a  excite  la 
puiflance  de  la  troifiefme^a  la  pro- 
du£tion  de  routes  les  creatures  de 
rVniuers.  Mais  au  lieu  que  quand 
les  hommes  ordonnent  quelque 
cliofe  par  Tentremife  de  leur  pa- 
role y  cette  parole  eft  horsd'eux^ 


i^  IParaphrafe  fur  I'Euangde  de 
parce  qu'elle  confide  en  vn  Ton  ar- 
ticuie  ,  qu'ils  forment  a  la  verite 
par  le  moyen  dcs  organes  que  la 
nature  leura  donnes  ,  mais  qu'ils 
enoncent  &  qu  ils  pouffent au  de- 
hors, de  force  qu  il  (e  lepare  d'auec 
eux ,  &:  qu*il  s*enuoIe :  cette  Parole 
par  laquelle  Dieu  a  cree  toures 
chofesa  toufiours  cfte  par  deuers 
luy ,  A'vnt  fubfiftance  trcs-  intimc 
a  fon  eflencej&abrolufnentinfe- 
parable  de  fa  Diuinite.  Ce  n'eft 
done  pas  depuis  quelques  annces 
feulement  que  cetce  Diuine  Parole 
a  eu  fa  fubfiftance  &  fon  eftre,  Ellc 
eftoit  des  le  commencement :,  & 
auant  la  creation  du  Monde.  Et 
ne  fe  faut  point  mettre  en  peine  de 
fcauoir  ou  ellc  eftoit  auant  cette 
creation.  Car  elle  eftoit  auec 
Dieu  3  &  par  deuers  Dieu  j  &  bien 
que  conime  le  fay  defia  dit^  elle 
cuft  vne  Siibfiftance  diftinde  d  a-» 


7. 


fiti  commen." 
cement  aues 
Dieti* 


le^us  Chrift felon  S.  lean.  n 
uec  la  premiere  ^  fi  eft  -  ce  qu  cftant 
Dicu  commc  die  ,  clle  nauoit 
qaVnc  mefme  eflencej  &  quVne 
mefme  Diuinite,  Cettc  Parole  ueUeVjick 
done  cftoitau  commencement  du 
Monde  auec  Dieu  ,  afinque  per- 
fonnedeformaisnes'amufe  afub- 
tilifer  qucny  ayant  point  encore 
delieu  auant  la  creation  de^cho^ 
feSjil  eft  difficile  de  comprendre 
oil  elle  pouuoit  fubfifter.  Puis 
qu'cllc  eftoit  &  auec  Dieu :,  &c  en 
Dicu  ,  &  Dieu  mefme  ,  ilnerefte 
plusdoccafion  de  douterquefon 
exiftance&  cclle  de  Dieu  ne  fuf- 
fentd'vne  mefme maniere  &  dV-  , 
ne  mefme  Eternitc.  Ceft  done  Toumcho^ 
cile  proprement  que  ie  SainctPro-  fakes    par 

1  ^     r  /  1  •!  elle: /f' f fins 

phcte  a  delignee  yquandilnousa  eiier^J  n-a 
reprefente  que  toutcs  chofcs  cnt  'fi'  H^  "^i 

I  X  ce     qui    ejr 

cfte  raites  par  la  Parole  de  Dicu.  A^^- 
Car  en  effed  ceft  par  elle  que  tou-  . 
tcs  chofesont  efte  creees  ,  &  ce 


it  n^araphrajc  Jur  I'Euangik  de 
grand  ouurage  du  monde ,  foit 
^ue  vous  les  confideries  en  I'af- 
seblagc  de  Ton  tou  t,ou  que  vous  le 
rcgardaes  en  la  diftnbutio  de  cha- 
cune  de  fes  parties,  a  cfte  forme 
par  fon  entremife.De  forte  que  dc 
toutes  les  creatures  qui  (one  vifi- 
bles  en  TVniuers,  &  mefmesde 
cellcsquifont  inuifibles,  &:dont 
Teftre  eft  fepare  dc  la  nature  &  de 
laconditiondescorps ,  ilny  en  a 
aucune  fans  exception  qui  ne  luy 
doiuefon  origine,  &  qui  ne  foit 
f.  4*  obligee  de  reconnoiitre  que  c'eft 
E»  iceiie  p^  gilg  qu  eUe  eft  ce  qu  ellc  eft.  Et 

erjtott  la  vie:   1  1  ^  -l 

&  la  vie  commeelleaefte  au  commence- 

tnieTB    des  xxizxxi  u  vrayc  cauledeleureltre^ 

hommcs.      ^jj^  Ta  encore  efte  depuis  de  leur 

coferuation.  Car  Dieu  auoit  telle- 

ment  donne  par  elle  I'eftre  &  Texi- 

^zK\cz  a  toutes  chofes.  auelcur 

J. 

fubfiftance  dependoit  de  la  vie 
qu*il  auoit  particulierement  don- 


Jelus  Chrijl  felon  S.  lean,     tj 

tieeal  hommc,&defa  perfeucran*^ 

ccen  Tcftatauquel  il    auoit  eftc 

cree.    Parce  que  le  monde  eftant 

fait  pour  Thommc ,  telle  qu'eftoit 

la  condition  de  Phomme,  telle  de- 

uoit  eftrc  la  condition  de  cet  ou- 

urage  qui  auoit  efte  forme  pour 

luy.  LliommeperfiftatenlaiouiC 

fancc  de  fa  vie  ,  &  en  la  parfaite 

Saintetc  qui  en  cftoit  le  fonde- 

nient,reftredu  Monde  fe  deuoit 

maintenir    pareillemcnt.     Mais 

Thorn  me  degcncrant  de  fon  origi- 

ne,  &tombaut  par lepeche dans 

la  neceilite  de  la  mort^le  monde 

deuoit  pareillement  tomberdans 

la  ncceffite  de  fa  mine  &  de  foa 

abolition.  Partant  quelle  a  efte  la 

caufe  de  la  reftauration  de  la  vie  d@ 

rhomme  ,  depuis  que  par  fa  fau- 

tc  il  fefut  affujctti  a  la  mort :  telle 

a  efte  la  caufe  de  la  conferuation 

iic  rVniucrs  ,  6i  de  rentretene-; 


^4  ^araphrafe  fur  I'  Euangile  de 
inent  dc  touteschofcs.  Or  c  eftoi^ 
en  cctte  mefmc  Parole  qui  Icur 
auoic  donne  leur  eftrc^qu  elloic 
caclofc  la  caule  de  la  vie  de  Tho- 
iiLie&  de  fa  reftauration  i&cny  ^ 
iamais  eu  qu  elle  qui  Tait  foufte- 
nu  ni  ramene  de  ce  precipice  dc 
jtnort  ou  il  scftoit  iette  foy  mef- 
.  mc.  Tellement  quecen'apasefte 
feulemeatencette  lienne  manife- 
ftation  en  chair,  que  nous  auons 
veue  de  nosyeux :,  qu  elle  a  reuelc 
U  vie  aux  hommes ,  &  le  moyeii 
de(e  retirerdelamort,  Elle  en  a 
donne  quelque  connoiflance  en 
tous  les  temps ,  &  dans  tout  le 
cours  des  (iecksil  n'ya  euaucuti 
pcriode  ou  elle  n'en  ait  epandu 
quelque  illuminntion.Iedis  queU 
que  illumination  :parce  que  com- 
melamorteft  vnecfpece  de  tenc- 
bres,laviearoppofitc  eft  vnelu^ 
imcxe.    Et  commc  la  caufe  dc  1% 


lefus  Chrijt  felon  S*  lean,  if 
inort  dcs  hommes  a  confifte  en 
descenebresd'ignoranee&de  deJ 
ceprion  qui  ont  faifi  leurs  enten- 
deinens :  la  caufede  leur  vie  con* 
fifte  en  vne  fplendeur  dlntelli- 
gcnce  5  qui  lesaddreflfe  en  la  con- 
noiflance  dc  leur  Createur  ^  &  dc 
fa  clemence&  bcnignite  enucrs 
eux.  La  lumiere  done ,  &  la  rcuc- 
lation  de  la  clemenee  &  bcnignite 
du  Createur ,  laquelle  cette  Pare-©: 
Ic  a  donnec  aux  hommes  >  leur  dc-| 
couurant  le  chemin  afe  guarantir 
de  la  mort ,  Icura  ouucrtpar  met 
me  moyen  la  voyc  a  la  vie  ,  & 
en  la  leur  ouurant ,  elle  a  de  mef-' 
mcarrefte  la  ruine  du  Monde  ,  & 
conferue  toutes  chofes  en  leur  vie 
&cnleurefl:re.  Tellementquela 
lumiere  des  hommes  a  efte  la  cau- 
fc  de  leur  vie ,  &  de  la  fubfiftancc  ^, ., 
deTVniuers.  Etcommelalumic-  £'  /-^  /^^ 
re  corporelle  eft  dcftmQC  \  chafler  fZZZ'&. 


\e 


^s   tenehres 
Tiel'ont  point 


IC  ^araphrap  Jur  I'Euangilt 
les  tenebres  de  deuant  les  ycux  dii 
(fvmprsnje.  corpSjCcttG  lumicre  rpiriruelle  qui 
confiftc  en  la  reuclationde  Dieu 
&  de  fa  benignite^eftoit  deftinee  a 
cliaflfer  robfcurite  &  Tignoranca 
dont  les  cntendemens  des  hom- 
mcs  eftoient  naturellement  en- 
ueloppes.  Ceftoic  -  la    pro- 

prement  la  fin  pour  iaquelle 
cettc  Parole  cternelle  declarok 
aux  hommes  la  bonte  &:la  patien- 
ce du  Crcateur.  Mais  ces  tenebres 
dont  les  entendemens  des  hom^ 
mes  eftoyent  faifis  &c  enuelopes, 
fc  font  trouuees  fi  epaifles  &  fi  opi- 
niaftres.qu'elles  n'ontpas  permis 
acette  lumieredypenetrer,  &  au 
lieu  de  s'eearter  &  de  fe  diffiper, 
comme  les  tenebres  font  naturel- 
lement oula  lumiere  vient  a  re{- 
plendir,celles  la  fe  font  epaiflies  & 
obftinees  de  plus  en  plus ,  &  one 
cxcluscette  dmine  clartederen- 

tendemene 


auoit 
nomlean* 


lejus  Chriji  felon  S:  lean,     tj 
lcndement&  dela  confcience  de 
laplusgraadc  particdesliommes*      .    ,. 
Cela  n'a  pas  empefche  pourtant     nysutvi, 
quecettc  diuine  peiiqnne  que  i  a-  uoyUebiet, 
pelle  tan  tod  Parole,  pour  lescau-  f, 
les  que  i  ay  deduites  cy  defTus,  tan- 
toft  Lumiere,parce  qu  elle  a  feulc 
apporte&reueleauxliommesref- 
perance  de  la  vie ,  &  la  voye  de  fa- 
lut ,  n  ait  continue  d'epandre  les 
rayons  de  fon  illumination  fur  les 
tenebres  du  Monde.  Elle  a  mefme 
par  des  reuelations  particulieres 
donne  de  temps  en  temps  des  ad- 
uertiffemcns   &    des    efperanccs 
quelle  paroiftroit  quelquc  iour 
entre  les  liommes,reueftue  d  vne 
mefme  nature  auec  cux,  pour  ef- 
pandre  parmy  eux  vne  clarte  de 
connoiflance  incomparablement 
plus  lumineufe  que  celle  quelk 
auoit  reuelee  aiiparauant.Et  en  ces 
dcrniers  temps  il  aparu  vn  certain, 


iS     P^aphmfcfurl'Euangile  de 

pcrfonnage  extraordinaire  ,  en- 

uoye  de  Dieu  pour  eclairer  les 

hommes  au  chemin  de  la  verite 

par  fa  predication ,  a  qui  le  nom  dc 

Iean,qui  fignifie  Grace  de  Dieu,  8c 

qui  luy  auoit  efte  impofe  par  le 

miniftere  des  Angcs ,  concilioit 

beaucoup  de  veneration  &dau- 

toritc.  De  forte  queplufieurs  ont 

doute  s'il  n  eftoit  point  cette  Lu- 

miere  que  les  hommes  attendoyet 

^.7.     fuiuanties  anciens  Oracles.  Mais 

cefiuj-cv  ]3i-nquil  fuft  dignede  beaucoup 

tem^ignage  d  iionneur  &  de  rcuerence  ,  tant  a 

Zndifi  ^/^f  caufe  de  fcs  vertus  &  qualites  per- 

rtX^:  fonnelles ,  que  pour  la  dignit6  & 

afinquetom  autKoritc  cxtraordinairc  de  fa  vo- 

hiy.  catiOjli  n  eitoit-il  venu  Imon  pour 

feruirala  gloire  de  cette  diuinc 

perfonne  dot  les  Oracles  auoyent 

parle.    Car  la  principale  &  quafi 

iVnique  fondion  de  fa  charge^  & 

pour  Tcxcrcicc  de  iaquelle  il  eft 


I  ejus  Chrtji  felon  S.Ickn.  15^ 
i^enu :,  acfte,  non  pas  de  fe  rendrc 
tcfmoignagc  a  fdy-mefme  quil 
fuft  ccluy  quonefperoit,mais  dc 
rendrc  tefmoigrtage  qu  vn  autre 
eftoitprcft  devenir,  fur  lequel  il 
falloit  que  les  cfprits  &  Icispenfees 
deshommcsfeportaflcnt.  Samif. 
lion  confiiloit  a  rendrc  tefmoi- 
gnage  a  cetteLumieredontnous 
parlons,  &  a  porter  par  ce  moyen 
les  hommcs  a  la  receuoir ,  afin  que 
comme  par  fon  tefnloignage  tous 
ceux  a  qui  il  addrcflbit  (a  predi^ 
cation,  deuoienteftreinduitsala 
receuoir,  ils  fufletaufli  introduits 
a  la  vraye  foy  que  nous  deuons 
auoirenDieu  parellc.  Carleana 
dcu  amcnerles  liommes  a  la  Lu- 
mietedont  nous  parlons  J  &cette 
Lumiere  a  deu  les  conduire  aDieu, 
auec  lequel  ils  n'auoyent  point 
auparauant  de  cdninlunion^com- 
me  audi  n'en  aUoyent  ils  aucun^ 


lO    ^araphrafe  fur  tEuangile  dd 
t' h  ■  foUde    connoiflance.    CeluV-la 

11  n'eflott  ^      .       I  .  ' 

fasiainmie  n  cltolt  (jonc  oas  h  Lumiere  que 

re, mats  pour  ,.    *  a       r  l 

tejmoiiner   iious  attcndions ,  &  ii  quclques* 

miJrl  ^"^  vns  one  eudc  iuy  quclques  tellcs 

opinions,  ils  fc  roncmcrucilleu- 

fertient  abufes.    Mais  bien  a-t-il 

eu  cettc  prerogatiuc  &  cec  hon- 

neur^dauoir  cite  choifipour  Iuy 

rendre  vn  expres  &  auchcntique 

lI  vra^e  tefmoignagc.   Quant  a  die,  elle 

tumiere  e-  ^ftoit  la  vravc  Lumicic  ,  &  ceux 

tott    celle  J  ^  ^ 

qui  tiiumi  q^i  I'ont  receue  &  aduoiiee  pour 

ne  tout  horn-     ^  ,|  ,        /*  .  *       / 

7ne  ven^nt  telle ,  nc  sy  lont  point  trompes*. 
..,  mo.de.  ^^j.  ^>^^  ^n^  veritabiemcnt .  & 

non autre,  qui quand elle  eft  ve- 
nue au  monde  ,  a  eclaire  tout 
hommeviuant.  De  forte  que  nyil 
n'y  a  cu  par  le  pafle  aucun  nommc 
eclaire  de  la  vraye  connoiflance  de 
Dieu,  (inon  par  Ton  illumination: 
nyil  n'y  aura  aucun  hommea  Ta- 
ucnir  fur  qui  elle  ne  face  refplen- 
dir  quelque  rayon  de  faclartCj 


lefus  Chrijl  felon  S>  lean.      21 
pour  I'inuitcr  a  cettc  vrayc  con-, 
noiflancc  dc  Dieu,  &  a  la  poflef- 
fiondufalutparellcCctteLumie-    f.  10. 
reeltoitdetoutrcmpsau  mondc^^onde ,  & 
comme  ie  Tay  defia  explique.   Et  ^f'f^'^l^y 
parce  que le  Monde  auoiceft^  for- ^^y  >^  (f 

A      ,  *     ..  11-1  mondeviefa. 

me  par  elle,  &  que  par  eJle  il  auoit  ^ointcomu, 
cfte  conferue  ,  il  cftdit  bicn  rai- 
fonnable  que  le   Monde  la  re- 
connuft  ,  &  que  Ics  hommes  luy 
rcndilfent  Ihommagc  &  la'  gra- 
titude que  Touurage  doit  a  foii 
ouuricr  &  a  fon  confcruateurl  Et 
neantmoins  le  Monde  a    cfte  fi 
ignorant  &fiingrat5  quedenelc 
pasreconnoiftrc.  Mais  c'cft  bien    j^^"/»» 
vne  chofc  plus  cftrange  encore  ^^j^^f^^q^i 
certes,  quuloit  venuches  toy  3  &C  nes»  &  les 
que  Ics  hens  ne  i  aycnt  pas  rcccu,  ^^oim  nceu. 
Car  lerefte  du  Monde  cftoitbicn 
a  luy  a  la  verite,  puis  qu*il  Tauoit  8c 
forme  &  entrctcnu.   Maisil  auoit 
dcteliesSc  fi  particulicres  alliances 

B5 


XL    Paraphrdje  fur  tEuangile  de 
aucc  Ic  peuple  d'Ifrael  ^  qu'en  com- 
paraifon  dc  cc  peuple- la  ^  tous  les 
autres  hommesluy  eftoietit  com« 
me  cftrangers.  Quand  done  il  eft 
venu  entre  les  Iuifs,il  eft  venu  com- 
me  ches  Toy,  &:il  y  deuoit  cftre 
receu  &c  accuciUy  auec  dcs  de- 
monftrations  ex  traordinairesd  af- 
fection ,  de  dcuotion  ,  &  dc  ?euc- 
rence.Et  ncantmoins  ils  ne  Toft  cpas 
voulu  receuoir,  &  luy  one  tefmoi- 
gne  vne  ingratitude  merueilleu- 
fc.  En  quoy  s'lls  ont  efte  iniuricux 
afa  gloire,ilsn'optpasefte  moins 
inconfiderespour  eux-mefmes  ^ny 
moins  aucugles  a  leur  propre  bien. 
t-  »*^     Garfiparmycettegrandemiiltitu- 
ciuxquirot  de  d  homes  qui  1  ontrejette  parin- 
M^donipuif.  credulite,il  s  enelttrouuequclques 
f^nced'.ftre  yns/comele  ttobrc  en  eft  en  quel- 
de  vieu.     que  foite  cofidcrablejqui  Tayet  re- 
ceu, c  eft  adire,quiayent  creu  en 
luy,&  qui  aycnt  embrafle  Tefperaee 


lefus  Shrifi  felon  S.  Icanl      x% 
du  falutlaqucllccftoffcrte  enion 
Norn,  ilsenontremporte  vnaua- 
rage  tres-glorieux,  &vneincomr 
parable  recompenfe.     Car  cette 
diuine  perfonne  de  laquelle  nous 
parlons,  eftantnonlaLumiercdu 
Monde  feulemcnt ,  &  ja  Parole  dc 
Dieu,maisleFils  Eternel  du  Pere 
ccleftcjil  a  voulu  <jue  ceux  qui 
Tont  recjeu ,  fuflcnt  participans  de 
la  gloire  de  cette  <:ondition^au- 
tant  que  leur    nature  lepouuoit 
fouffrir ,  &  leur  a  donne  ce  droit  & 
cette  inenarrable  dignite,  d'eftre 
faits  enfans  de  Dicu,par  la  grace 
par  laquelle  il les  adopte  &  les  con- 
uercit  a  luy.    Car  ils  n'en  doiuent 
la  gloire  ny  a  cux  mefmcs ,  ny  a  qui 
que  ce  foit  d  cntre  les  liommes^ 
mais  a  Dieu  feul.    Parcc  qu'ils  nc     ^^  ,^. 
font  pas  enfans  dc  Dieu  de  la  fa-  ff'^fj^'^ 
condontles  liommes  font  enfans  naisdef^tng^ 
lesvnsdesautrcspar  la  generation  tu^udjjiw 

B  4 


2.4    ^^raphrafe  fur  tEuangile  de 
Titl'tm-  i^atuielle  ,  en  laquelle  ils    proui- 
we  ,  mats  gnent  leurs  fang;  dans  leurs  en-^ 

(ontnais  de    ^  vi      n  y    CL  f 

Dim.  tans.Noltre  nature  neit  pas  ecou- 
leedela  nature  Diuine  par  vnege^ 
nerationfemblable.  Ny  ils  ne  font 
pas  enfans  de  Dicu  par  la  voye  dc 
cette  adoption  par  laquelle  on 
permct  a  ceux  qui  font  deftitues 
^  de  lignee  3  de  fatisfaire  Icr  mieux 
qu'il  le  pent  au  defir  natutel  qu'orl 
a  d  enauoir,  en  prenant  leserifans 
dautruy  pour  feles  approprier  a 
foy-mefrne;,  S^confolant  ainfi  en 
quelque  fa^dn  les  mouuemens  de 
la  nature  &  dela  chair;  Car  Dieu 
n'auoit  point  befoind'eux  pour 
cela,ayantvn  Fils  Eternelj eiigen- 
dre  de  fa  propre  fubftance  auant 
les  fiecles.  Ny  enfin  ils  ne  font 
pasenfansde  Dieu  dela  fa<jon  que 
Ton  permct  a  ceux  memes  qui  ont 
dcs  enfans  ^  d'en  adopter  encore 
d'autres  ^  a  caufe  du  beau  nature! 


i^ 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,  if 
&  des  belles  femences  de  vertu 
<ju  ils  voyent  en  eux ;  pour  fatis- 
faire  non  plus  aux  mouucmens  de 
la  Nature ,  qui  imprimea  tous  les 
hommes  le  defir  d'auoir  des  en- 
fans  ,  maisaux  mouuemens  dela 
vertu  5  qui  infpire  aux  perfonnes 
.genereufes  &  dignes  de  recom- 
mandation,  ledeiir  d'en  auoir  de 
bons  &  de  vertueux.  Car  il  n'y 
auoit  rienen  nous  qui  le  conuiaft 
a  nous  adopter  a  cette  occafion, 
rien  qui  tlb  deuft  pluftoft  deftour- 
ner  {cs  affe<Stions  de  nos  perfon- 
nes. lis  font  done  enfans  deDieu, 
parce  qu  il  les  adopte  purement 
gratuitementj&que  par  la  vertu 
defon  Efpritil  lesconuertit&Ies 
regenere  gratuitement  de  mef- 
mes.  Mais  pourretournerano-  //ijp^],^^^ 
ftrepropos,  cette  Parole  qui  nous  ^  ^fie  faite 
^  rendus  ^  autant  que  noltre  hu-  h^hit^  e^u 
manite  le  peut  fouffrir  ,  parfici-;;  Z7ns  ^vZ 


z  6     n^  ard^hrafe  fur  t  Euangile  de 

^w/di--e '  P^"^  ^^  ^'^  glorieufe  coditio  de  Fils^ 
camme  de  ^  voulu  pouF  cxccutcr  cc  dciTein 
da  p^ro  lerendreauili  participantedel.m- 
«'6»t^^t  firmite  &c  de  la  bafleiTe  de  noftrb 
^^  nature.  Gar  eftanc  Dieu  bcnit  eter^ 

ij^cllcment  .>  elle  a  tellementpris 
noRrc  chair  en  vnitede  perroune^ 
qnt  derrteiirant  ce  qu'elle  eftoit, 
:el}ecft  dcufenue  ce  qu  elle  n*eftoit 
point  auparauant  y&c  m  perdaiitr 
Mi6n  de  reflenceny  de  la  naturexJe 
XaDiuinite,  elle  eft  neant-moins 
deuenue  hcjmme  cpaijrie  nous. 
Ec  c*eft  en  cettc  nature  humaine 
quelle  a  habit6  entre  nous  ^  infix - 
jlL^^ce  fembloit  J  &  aucunemcnt 
^contemptible  en  fon  apparence 
cxterieure.  Mais  neantmoins  tel- 
le pourtantqu'elledonnoit  en  ce 
fien  abbaiflement  ^  alles  de  preu- 
ues  de  ce  quelle  eftoit,  dequoy  nos 
propresyeuxfont  tefinoins&tres- 
cerrains  &  irrefra^ables.  Car  a  tra-* 


Jefus  Chrtji felon  S.  lean.       %j 
ucrs  cette  iafirmite  nous  auons 
contemple  fa  gloire  en  mille  di- 
uinesa6tions,  &rauons  rcconnue 
fi   magnifique    &  fi  eclattantc, 
qu  elle  nc  nous  a  laifleaucune  oc- 
cafion  de  douccr  que  cenc  foit  la 
gloircdu  Fils  vnique&  bicn-aime 
de  ce  grand  Dieu,  qu  en  Tecono- 
mie  d^  la  Diuinite    nous  appelle- 
rons  deformais  fouucnc  le  Pcrc. 
Ainfi  auons-nous  veu  execute  dV- 
pe  fa^on  admirable  ce  que  Dieu 
auoit  promis  autrefois,  c'eft  qu'il 
jfiabitcroit  auec  nous.  Car  la  grace 
&  la  mifcricorde  du  Peres'cft  route 
reuelce  en  hxy ,  pour  fe  refpandre 
fur  toutes  nations  felon  les  ^ro- 
pheties.  Saconfl:ance&:  fa  fidelite 
s'eft  route  deployee  fur  luy,pour  ac- 
complir  pon6tuellernent  les  pro^ 
meflfes  qui  auoient  cftc  donnees  a 
nos  Peres.  En  vn  mor ,  il  s'eft  trou- 
Vie  tcllcment  enrichidelabondan- 


28  Paraphrafc  fur  I'Euangtle  de 
ce  de  ces  deux  vertus ,  que  com- 
me  dVn  cofte  il  a  rempli  tous  les 
types  &  accompli  tous  les  Oracles 
qm  auoicnt  efte  prononces  & 
inftitues  a  fon  occafion  auant  fon 
apparition  ;  il  a  de  Tautre  comble 
de  grace  &  de  benedidion  tous 
ceux  qui  ont  eu  le  bon-hcur  dc 
voir  &  de  fuiurcfon  aduencment» 
lean  rend  Eftatit  teljC'cft  aucc  trcs  boHnc  rai- 
Tiuy"'6^  fonqueleannonfculemcntcnate- 

cl/^ffXv  ^^^^oigP^  y  ^^^^  ^^ffi  que  P^^  f^  f^* 

duquei  iay  (joH  dc rermoigner5&  pat  Ics  tcrmcs 

qui' doit vi  dont  il  s'eft  Icrui,  il  a  donne  vn 

Z^'oyTefido.  poi^s  extraordinaire  a  fon  tefmoi- 

nant  moy:  gnagc.  Cat  Quant  a  la  facon  de  Ic 

ptmier  que  tairc  ,  il  s  clt  ccrie  ,  ahn  que  tout 

^^^'  '       le  monde  rentendift ,  &  qu'aucun 

ne  doutaft  qunl  y  eftoit  porte  par 

les  mouucmcns  d'vne  confcicnce 

viuement  perfuadee.  Ec  pour  ce 

quicftdcstermcs  dont  il  s^eftfcrufj 

en  prcfcranc   11  hautemint  a    ik 


lejus  Chrifi  felon  S.  Icm.  i^ 
perfonnc  celuy  dot  il  t^moignoic, 
il  a  bien  monftre  en  quelle  efti- 
me  iHauoit,  grand  Prophcte& 
plus  que  Prophete  quil  eftoic 
luy-mefme.  C  eft  celuy-^la,difoit- 
il^dontievousay  dit,que  celuy 
qui  vient  apresmoy  pour  excrcer 
la  commiflion  que  Ton  Pere  luy  a 
donnee  ,  eftdVne  dignite  beau- 
coup  plus  excellence  quemoy,  & 
a  efte  coufiours  tenu  pour  tel  en  la 
prefence  du  Pere  celefte.  Ce  qui 
eft  plus  que  iufte  &  raifonnable. 
Car  encore  queic  fois  deuantluy 
en  ce  qui  eft  dc  Pordre  de  Tdxerci- 
ce  de  nos  cliargcs,&  de  noftre  ma- 
nifeftation;{i  eft-ilinfiniment  de- 
uant  moy  en  ce  qui  eft  de  I'exiften- 
ce  de  fa  perfonne^Si  par  cofequcnt 
de  fa  dignite.  En  efFed,'ce  n'eft  |;  J^^ 
pasdanslaperfonne  nydas  lavo-  ^^^^*'^'^^udg 
cation  de  lean  que  Dieu  a  mis  cet-  ce  ^  gr^c^ 
tcabondancedcvertusdontnous  ^'^'^  ^'''^'^ 


30   ^araphraje  [urtEuangile  de 

parlionstantofl::c*eft  dans  lapcr- 

Ibnnc  &  dans  la  charge  de  ccluy 

de  qui  lean  a  porte  cc  tefmoigna- 

ge.  Car  c'eft  dc  fa  plenitude  ,  & 

non  de  cellc  d aucun  autre,  que 

nous  auonstousjtant  Anciensquc 

Modern  cs,  receu  tout  le  bien  que 

nous  pofledons,  &  qu'au  lieu  de  la 

grace  quil  auoitfaitea  nos  Petes 

autrefois ,  &  dont  Ic  cours  femble 

maintcnant  termine  3il  nous  en 

a  communique  vne  autre  plus 

f*  17.     abondante  &  plus  perdurable, 

fepfdnnt  Gar Dicu  auoit  bien  donne  la  Loy 

ll,t?i:  ^ I^^^^'  P^r  Ic  miniftere  de  Mdyfe; 

ee&u  ve^  cn  Quoy  il  luv  auoit  fait  vne  gtace 

f^r  lefHs    merueilleulcmet  lignaleepardel- 

^*"^'       fus  les  autres  nations.  Mais  tant 

y  a  qu'elle  eftoit  rcflerreedas  Ten- 

ceinte  de  ce  petit  peu pie  j  qu'ellc 

confiftoit  prefque  toutc  en  des 

promcflTcs,  en  des  ombres,  &eti 

desrcprcfentationstypiques,  qui 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.  3I 
regardoyentrauenir;  &enfinqu€ 
cette  difpenfation  ne  deuoit  con- 
tinuer  finon  autant  que  perleue- 
reroit  le  miniftere  de  Moyfe^dont 
la  duree  eftoit  prefixe  ala  reuela-^ 
rion  du  Mediateur.  Mais  par  le 
miniftere  de  lefus  Chrift  Dieu 
nous  a  faits  participans  dVne  dif- 
penfation toute  gracieufe  encore, 
foitque  vousayes  egard  auxluifs^ 
a  qui  les  promefles  auoyent  efte 
faites,&les  reprefentations  typi- 
ques  propofees  deuant  les  yeux; 
ou  que  vous  regardies  aux  autres 
nations,qui  n'auoycnc  ny  oui'  par- 
ier  de  ccs  promefles^  ny  rien  con* 
nu  de  ces  ombres.  Neant*  moins, 
fi  vous  la  rapportes  aux  autres  na^ 
tions,  c'eft  grace  purement&jfim- 
plemcnt  \  &c  fi  vous  la  rapportes 
aux  luifs  J  outre  la  grace  c'eft  en- 
core la  verite,  dans  laquellc  tanc 
les  figures  que  les  promefles  trou^ 


|t    ^T^araphrafe^r  I'Euangilc  de 
tient  leur  accompIifTement :  Cho- 
fe  dont  lefusChrift  feulcftoit  ca- 
f..  IS.    pable.    Car  il  nous  eft  bien  rap- 

Kulnevid  /Jar        r  ^-1  t^ 

mcDieu.'ie  portc  de  Moylequila  veu  Dieu 
^  ^ePll  ^^  quelq^c  fa^on  ^  &  il  eft  bien 
jein  du  p^-  vrayque  fi  Vous  Ic  compares  auec 

re,  luym^f    ,        -^    ^        T^  1  •  A./ 

tneL'Adedit^  ks  autrcsProplietcs  qui  ont  cue  ou 
deuant  ou  apres  luy  ,  il  a  eu  en  la 
maniere  &  en  Texcellence  de  fes 
vifions  de  merueilleufement  grads 
auantages.  Mais  cela  ne  fe  die  de 
luyquepar  comparaifon  t  a  par- 
ler  precifement  &  abfolument ,  il 
n'aiamais  veu  la  face  de  Dieu  ,  & 
nc  peut  en  aucune  fa(|on  eftre  dit 
auoir  veu  Dieu  mefme.  En  ejGFed: 
lors  qu  il  demanda  de  le  voir,  Dieur 
le  luy  refufa  nettement ,  &  luy  de- 
clara  tout  ouuertement  que  nul 
homme  viuant  ne  pouuoit  fou- 
ftenir fans  mourir laugufte fplen- 
deur  de  fa  prefencc.  Or  a  ccluy  a 
qui  il  n  a  pas  voulu  decouurir  (a 
"^  face^ 


lefus  Chrifi  felon  5.  Icrn^  ^5 
Facc^  Una  pas  auflifans  doutede- 
couuert  tous  fes  fecrcts,  ny  reuele 
les  plus  belles  lumieres  de  fa  con- 
boiflance,  Le  Fils  vniquc  &  bien« 
airriedeDieu,  &qui  a  vnc  com- 
munion fi  intime ,  &  vne  commu-^' 
nication  fi  familiere  auec  luy ,  que 
nous  pouuons  bien  dire  qu'il  eft 
continuellement  en  Ton  fein  ,  de 
forte  qu'ilne  luy  cele  clidfe  quel- 
conque  de  fes  confeils  ,  eft  celuy 
fcul  qui  les  a  connus  &  penetre$ 
iiifquesaufonds,  &  qui  nous  en  a 
declare, (ans qu*il  faille  deformais 
rienadjoufterafa  declaration  ,  ce 
quinouseneft  expedient  &falu- 
taire.  Et  puis  que  i'ay  defia  tant  ft  t^: 
parle  dutefmoignage  de  lean,  ^  ic^ifJZt 
quauflieft-^ilfouueraiaemet  con-  5J2^  «w 
fiderable  5  ie  veux  commencer  ^^^^«^/>/«/ 

h>  (\      .  •  •      .  >  entioy event 

iltoirequeientreprensjpar  de  unuf^. 

Texplication  plusparticulierc  de/.T./da^I 

|5.^,^J^^ig^^g^  Ade  la  faqon  de  ;^4:- 

C 


34  ^arafhrafe  fur  tEuangile  de 
difanf  ^i  laquelle  il  a  efte  rendu.  Aufli  bieti 
ne  me  propofant  pas  ny  de  parler 
de  la  naiflance  de  lefus  Chrift, 
parce  que  route  cette  matiere  a 
eftededuitepard'autres  fort  exa- 
d;ement ,  ny  de  toucher  cette  par- 
tie  de  fa  vie  qu  il  a  menee  comme 
homme  priue,  auant  que  d'en- 
trer  dans  Teycrcice  de  fa  charge, 
parce  que  la  cognoiflance  de  cela 
n'eft  point  neceflairea  noftre  fa^ 
lut  ^  ie  ne  puis  tirer  le  commence- 
ment de  ma  narration  d'aucunc 
chofe  plus  conucnable  ny  plusim- 
portante.C'eft  done  icy  Ie  tefmoi- 
gnage  que  lean  rendit  a  lefus 
Chnft  ,  non  de  fon  fimple  mou- 
uement ,  quoy  qu  ainfi  il  ne  laif- 
feroit  pas  d'eftre  authentique,  a 
caufe  de  la  qualite  du  tefmoin: 
mais  encore  eftant  interroge  par 
autorite  publique ,  ce  qui  eft  I'oc- 
cafion  pour  laquelle  lestefmoinii 


tefhs  Chrifi  felon  S.  leml      j^ 
font  obliges  dVne  facjon  particu- 
liere  a  nc  rien  dire  que  la  veriteJ 
Les  luifs  donC:,  c  eft  a  dire  ^rajOfem- 
blec  des  principaux  du  peupic,' 
qu  on  appelloit  le  grand  Confeil 
dela  Nation,  a  qui  lembloit  ap- 
partenir  le  iugernent  de  la  voca-- 
tion  de  ceux  qui  fe  difoient  eftre 
Prophetes,  ayarisouy  parler  de  la 
predication  delean  ,  &  du  grand 
concours  dc  peuple  qui  fe  faifoit 
autour  de  luy  pour  Tentendre  Sc 
pour  eftre  baptize  ,  enuoyerenc 
de  lerufalem ,  ou  ils  refidoyent  or- 
dinairement^  des  Sacrificateurs  &C 
desLeuites,  perfonnagcs  fort  con- 
liderables  au  milieu  d  eux,tant  par 
Tautorite  de  leurs  charges,  que  par 
la  reputation  de  leur  erudition, 
pours'addrefferaluydire^tement^ 
&  Tinterroger  fur  la  nature  &  fur 
lapuifTance  de  fa  Million.  lis  luy 
^emandcrent  done  ,  Qui  eft-tu> 

C  a. 


g^  ^araphrdjQ  Jur  fEuangile  dc 
Non  pour  fcjauoir  roriginede  fa 
iiaiflance  :  car  c  eftoit  chofe  que 
toutle  mondefc^auoitafles.  Noni 
mefmespour  lay  contefter  la  qua- 
lite  dc  Prophete :  car  Ic  confente- 
mentdetoutlepeuple  laluydon-^ 
noit  fans  difficulte.  Mais  pour 
auoir  fa  confeflion  &  fa  declara- 
tion fur  les  bruits  que  quelques  vns 
faifoyent  courir  ,  qu  il  eftoit  le 
Mcflie  promis  par  les  Oracles  des 
Prophetes.  Carlcsprincipauxne  le 
croyant  pas  quant  a  eux  ,  il  leur 
fembloit  qu'il  eftoit  fort  impor- 
tant qu  lis  refutaflent  cette  erreur 
paries  propres  paroles de  fa  bK)u- 
t'  ^f'     die.     S'll  euft  efte  vn  ambitieux^ 

Et  zl  con-  %  r 

M^  .  &  oa  bienilfe  fuft  preualu  de  cette 
fmu:iUon.  opinion  popuiairc ,  &  cult  dit  qu  il 
^ihfjl  cftoitleChrift  ,ou  bien  il  euft  ref-^ 
pmt  le  pondu  auecambiguite^^afindete^ 
air  leshommesen  fulpens ,  &  at- 
tendre  les  occafionspour  fc  feruif 


I  ejus  dm jl  felon  S.  lean,       ^j 
de  fes  auantiges.    Mais  il  confeffa 
laveritecoutfranchemcnt  3  &  ne 
la  nia  ny  deguifa  aucunemcnt  ^  & 
repeta  cette  fiennc  confeflion  con- 
ftamment ,  en  difant  ^  le  ne  fuis  du 
tout  point  Je  Chrift  ^  &  i^ue  per- 
fonnenefe  mctteceladansia  ran- 
taifie.    Sur  quoy  ils  luy  demande-    ^  ^^ 
rent  ,  Ques-tu  done  \  es-tuElie!    -^domih 
Car  lesluirs  interpretans  mal  ce  nnt:,  ^^y 
paflfage  de  Malachie  ^  ou  Dieu  pro-  ^l',  f/2 
met  d'cnuoyer  Elie  le  Prophete,  t^r^JpeZ 
deuant  que  le  iour  grand  &  re-  ^smhTn^- 
dou tabic    de     1  Eternel   vienne^  r^^u»^, 
auoyent  imbu  cette  opinio  ^  qu  E- 
liemefme ,  quiauoit  efte  enleueea 
corps dansleCiel  ^  endeuoit  reuc- 
nir  vn  peuauant  I  apparition  dn 
MelTie.  Encore  done  que  lean  foil: 
veritablemcnt    celuy  que    Dieu 
auoit  defigne  par  cenom^  ficil-cc 
querefpondant  a  ceux  qui  ilntcr- 
rogeoicntj  furlhypotiieredc  Icur 

C3 


Nsm 


3^  ^ara^hrafe  fur  I'Euangile  de 
mauuaife  interpretation  :,  il  nia 
difertement  qu  il  fuft  Elie,  &  dit, 
lenele  fuispas.  Et  parce  qu'outre 
cettc  opinion  du  rctour  d'Elie, 
quelques  antres  auoyent  encore 
cette  imagination^que  leremie  de- 
uoit  paroiftre  vne  feconde  fois, 
foit  par  la  refurredion  de  fon 
corps ,  foit  par  Imfafion  de  fon 
^me  en  vn  autre  corps ,  ce  qu'on 
appellemetempfychofefcar  il  yen 
auoit  plufieurs  entre  lesluifs,  qui 
eftoyent  abufcs  de  cette  erreur  )  ils 
luy  demanderent ,  Es-tu  le  Prophe- 
tc  ^  Car  ils  nommoyent  ainfi 
.  comme  par  excellence  leremie, 
^  parce  qu'ils  n'attendoyetit  que  luy 

1. 11.     ^^  ^^^^^  fa(^on.  A  quoy  il  refpondit 
ih  ,uydi'  de  mefmes ,  Non.     Enfin  voulans 

fern      done,      .  i     i  r  r 

^i  ?s-tu,  titer  de  luy  vne  reiponce  ^  non  levx- 
» J;  lit  lement  ncgatiue  de  ce  qu'il  n'eftoit 
7oncUc7l  P^s  >  ^^is  affirmatiue  de  ce  quil 
^mno^^s  em  cftoit^pout  cn  faire  vn  rapport  plus 


lejus  Chrifl  felon  S.  lean.      3j> 
certain  &  plus  authentiqucils  luy  "j^'/^f/'-^' 
direnc,  Qoics-tu?  Di  Ic  nousron- 
dement  ^  &  ne  nous  tien  plus  en 
fufpens  ,  afin  que  nous  donnions 
quelque  refponfe  precife  a    ceux 
qui  nous  ont  enuoyes.  Quedis-tu 
de  toy  mcfme  &  de  ta  vocation? 
Quelle  creance  veux tuque  nous 
en  donnions  aux  autres  ?  Adonc 
voyant  Toccafion ,  tant  de  les  defa- 
bufer  de  la  mauuaife  interpretation 
qu  ils  donnoyent  aux  paroles  de 
Malachie,que  de  |es  aduertir  qu  en- 
core qu  il  ne  fuft  pas  le  Chrift  ^  fi 
eft  ce  qu  ils  fe  deuoyent  preparer  a 
lereceuoir  ^  parce  quildeuoit  pa* 
roiftre  bien  toft,il  leur  dit.   le  fuis     f-  tj.  ^ 
celuy  dont  Dieu  a  parle  quand  il  a  /uis  u  voix 
dit,  La  "voix  de  celuy  qui  crieau  de^  tse'ailT" 
fcrt ,  eji,  applamjfesle  cheminduSei-  {'^^^f/^^^; 
f-ncur.  Car  ce  que  lePropheteEfaie  mtr^d^i  se^ 
enaditainh  ,  &  ce  queMalachie  ^«'^ 
en  a  ecrit  depuis ;  Voicy  ic  men  njay  ^-^fj/^ 
.       '^         C4 


amp 

dit 

le  Frs' 


'  40    ^araphrafejur  I'Euangile  ie 

enmyer  mon  Adejfager^  C>r  ilaccou-^ 

flrera  Ic  chmitn  dmam  moy:  Item, 

Voicyie  men  vayvous enuoycr  Elie 

le  Prophete;  ne  regardent  qu  a  va 

mefmebur^&nefignifientquVne 

^,  j^.    mefme  chofe.    Ox  deuoyent  certe^ 

Or  ceux  ^g^x   qui  auoyent  e|le  enuoyes. 

efieenuoyez.,  eftrc  {atisfaits  de  cetce  reiponfe: 

fifiens.       parce  qu'eftans  de  la  fe6tc  des  Plia- 

lifiens  J  &  fe  van  tans  d'eftre  plus 

entendus  aux  Efcritures  que  les  au- 

tres^ils  dcuoyencaiTescomprendrc 

de  la  quelle  eftoit  la  vocation  de 

lean  J  6<;  ce  que  fon  miniftcre  prela- 

gcoit.  Iviais  en  continuant  de  que- 

ftionner  ,   ils    monftrerent   leur 

ignorance,  &  la  tardiuete  de  leurs 

itihvin.  entendemens,    Voyans  done  que 

tenogerent.   Jean  Baptifoit  d Vne  facjon  fort  (b- 

Tourc^uoy     lenncllc,  &  qu  il  faifolt  Bcaucoup 

feslu^f^L  plusdeDifciples  que  neportoit  U 

cS^'^'i^  condition  dVn   fimple  Dodcur 

;Eite  ne  h  oidioaire  deU  Loy  .&qu  ilaccoHi- 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  41 
pagnoit  (on  baptefme  d Vne  pre- 
dication toute  autre,  &  de  promet 
fes  beaucoup  plus  authentiques 
qu'on  n'auoit  fait iufquesalors^  s'i- 
maginant  que  cela  paiToit  la  me- 
fure  de  fa  charge  ^  ils  luy  dirent: 
Pourquoy  done  baptifes  tu  de  la 
forte,  fi  tu  n'es  ny  le  Chrift,  ny  Elie, 
ny  le  Prophete  que  nous  atten- 
dons?Sur  quelle  vocation  fondes- 
tu  Tautorite  d'entreprendre  vne 
chofe  de  telle  importance  ?  Car 
nous  tenons  bien  par  nos  ancicn- 
nestraditios,  que  nous  fondonslur 
quclques  Oracles  dcs  Prophetes, 
qu  a  Taduenement  du  Meflie  il  fe 

Eratiquera  quelque  chofe  de  fem- 
lable  a  ce  que  tu  fais  maintenant. 
Mais ilfaut que  ce  foitouleChrift 
niefme ,  ou  Ehe,  ou  au  nioins  quel- 
que grand  Prophete  tel  que  celu*y 
que  nous  efperons^qui  f  entreprcn- 
lie ,  nui  autre  nc  deuant  tant  prefu^ 


4^  ^'^y^phrafe  fur  hEuangtle  de 
texTut0  ffiSJ^^^  ^o^  autorice.  A  quoy  lean 
nfpniit,  leur  refpondic  ainfi.  le  n'entrc- 
h^pife  m  prens  rien  aa  dela  de  la  charge  qui 
'/mTvnll  m'eft  comxnife  ,  &nefais  finon  la 
miueu    de  fondion  de  Tauant-coureur    de 

%»©«*  ,    que 

TiffHsne  CO'  Chrift.Carienebaptiiequed'eau. 
^w.        comme  vous  melmes  reconnc#:l- 
fes  qu  Elie^qtti  doit  eft  re  Ton  auant- 
coureur  ,  doic  faire  i  de  fdrte  que 
vous  ne  mepouues  iuftement  ac- 
cufer  de  paffer  les  bornes  de  ma  vo- 
cation.    Miis  vous  verres  bien- 
toft  quelqu'vn ,  qui  eft  defia  au  mi-> 
lieu  de  vouSjConueriant  en  horn  me 
priue5&qua  cette  occafionvous 
lie  connoifles  point  encore  ^  I'liii 
fera  biend'auantage_,  comme  auffi 
a-t'il  vne    bien  plus  haute  &  plus 
y.  17.      emincntc  vocation.  C'eft  celuy  la 
■i^ui  dott  ije-  dont  le  luis  1  auant-coureur ,  &  qiu 
%  quTefi  <luantalordredu  temps,  &  dele- 
fait  deuant  xcrcicc  dc  fa  charge  ,  vient  apres 
ie  nejuis  di-  Hioy  ,  quoy  que  quant  a  ia  dignue 


lefus  Chrijt  felon  S.  lean.       43 
de  fa  perfonne ,  &  a  I'autorite  de  fa  ^f  /*fr'^* 
vocation ,  11  va  11  lorn  deuant  moy, 
que  ie  n'ay  rien  du  tout  qui  luy 
puiffe  eftre  comparable.Car  ileft  Ic 
Maiftrc ,  &c  moy  ie  fuis  le  feruiteur, 
quinefuispas  mefme  dignede  luy 
rendre  les  feruices  Ics  plus  abjets^ 
commefontceuxde  lechaufTcr,  & 
de  le  dechauflfer  ,  &  de  porter  les 
fouliers ,  ou  d  en  deflier  les  cour- 
royes.     Ce  futdonc  laletefmoi-    f.  is, 
gnage  que  lean  rendit  de    lefu?  JJwf.f/ 
Chrift  3  a  ceux  qui  luy  auoyent  efte  ^^  ^^^^^^/"^J 
enuoyes^&qu  ilne  rendit  pas  en  fe-  ^^^^^^^  ^^* 
cret^mais  en  la  pretence  d  vn  grand  zou, 
peuple.Car  ces  chofes  arriuerent  en 
Bethabara  j  au  paffage  du  lordain^ 
ou  lean  auoit  accouftume  de  ba- 
ptifer  au  commencement ,  &  oii 
par  cemoyenily  auoit  vne  grande 
affluence  de  routes  fortes  de  per- 
fonnes.    Et  ce  qu  il  auoit  dit  de  luy     ^,  t,. 
en  fon'  abfence  ^  il  le  dit  encore  en  ^^^  ^7^^;; 


44     Pdraj^hraje  jkr  bEuit/i^ite  de 
"^etir  Ifu^  faprefence  &deuanttoutle  peupk 

ii^dk:  voi^  pareillement.  Car  lelendemain  le- 
ery I'Agneat*   J,  -r  r 

de  jyieu:  lus  venant  vers  lean  ,  taut  aha 
Ip'tes  P-  d*honorer  le  minifteredecs  per- 
^^^  "^'^  fonnage  de  fa  prefeacc  ^  que  pour 
eft  re  notifie  par  fon  tefmorgnage 
aupeuple^duquel  iln'eliok  nulle- 
mencconnuauparauant.Iearil'ap" 
perceut  ,&  dit:  lufques  icy  les  hom- 
ines ont  cherche  lapopitiaaonde 
leurs  peches  en  des  vidrxmes  qui 
a  auoyent  aucune  vertu  de  la  faire. 
Et  quad  quelques  y  nes  en  auroy  en  t 
eu quelque vertu, ce  qui  n'eftnul- 
lement  pourtant,  reftenduc  de  cet- 
te  propitiation  ne  pafTcrok  pas  cel- 
le du  peuple des  luifs ,  dries  borncs 
de  la  ludee.  Maincenant  eft  venu  le 
tern ps  auquel  on  vcrra  les  crimes  de 
tous  les  homines  expies:  Carvoila 
deuant  moy  TAgneau  que  Dieu 
leur  donne  pour  cet  effect ,  &qui 
fera  bien  toft  immole  pour  eff'acei 


fcfhs  Chrifi  felon  S.  tcanl       ^^  ' 
la  coulpc    des  peclies  de   tout  le    ^'  ^^^ 
mondc,    Et  c'eft  celuy  lamefme  ^«W    ^^ 
duquel  vous  m  auescyHdeuantoui  7my   njiem 
parler  ,  quand  ie  difois  :  II  vient  ;:,  ^J^^ 
apresmoyvnperfonnao-e^  deuant  ^'^^nt^or^ 
iequel  le  marclie  ahn  de  vous  en  tremier  qm 
aducitir  ,  qui  eft   dVnc  dignite  ^'^' 
beaucoup  plus  excellente  que  moy, 
&  qui  a  toufioufsefte  tenu  pour  tel 
en  la.prefence  du  Pere  ccle&c.    Cc 
qui  eft  plus  que  iufte  &  raifonna- 
ble.  Car  encore  que  iefois  deuant 
luy  en  ce  qui  eft  dc  I'ordre  de  Fe- 
xercice  de  nos  charges,  &  de  noftre 
manifeftation;  fi  eft-ilinfiniment 
deuant  moy  en  cc  qui  eft  de  I'exi- 
ftence  de  fa  perfonne,  &  par  confe- 
quent  de  fa  di^ice.   Etle  temoi-     ^'  ?^'' 
gnage  que  leluy  rends  en  voltre  cogvotj/b^' 
prefence  nevous  doit  point  eftre  ^T^^^ji 
fufpcd:, comme  s'il  y  auoit  quelque  ffTi/Jilll 
intelligence  entre  nous  deux,  pour  p^^ta^i^ 

^         -r  IT  fms-ievgsm 

»ous  gratiher  mutueUement ,  &  t^ptify^j^ 


€m^ 


'^     Pdraphraje  furt'Euangile  de 
nous  fauorifer  IVn  Tautre.  Car  iuf- 
ques  icy  ie  n'ay  eu  aucun  commer- 
ce auccluy,  &  mefmes  quandil  eft 
vcnula  premiere  fois  amoy,  ie  nc 
leconnoiflbis  point  devifage.Mais 
ayant  receu  de  Dieu  la  commiffion 
debaptifer  d'eau  comme  vousvo- 
yes,  ce  qui  eftoit  prealablea  l*ad- 
uenementduMeffie ,  &eftantve- 
nupourcela.afinde  preparer prc- 
mierement  les  efprits  des  hommes 
alereceuoir^puis  apres  de  ledon- 
nera  connoiftrea  Ifrael,  comme 
eftant  celuy  qui  a  efte  promis  pour 
liberateur a  nos  peres ,  il  a  falu qu'il 
tn'ait  efte  manifefte  a  moy  mefmc 
par  reuelation  ,  &  par  des  preuues 
t*Tt»      indubitables.     Etce  que  leandi- 

"Lots  lean    ^    .  •      r       -1  1  r 

nndit  tef-  loit  amli  5 11  Ie  conhrma  mconti- 
^if^mfr^y  nentparvn  autre  temoignage. Car 
7f  ^y^'''  difoit  ilileftvenuamcy vneautre 
ducieirom  fojs  afiu  d'eftre  baptize  ;  noil  pas 
<5ui  aujft  efi  qu  il  eu  eult  beloin  comme  vou|| 

demeuri  Jm 


lefus  Chrifi  felon  S.  leaHi  ^^ 
inais  parce  qu'il  ne  vouloit  rien 
laifTer  en  arriere  des  chofe  que 
Dieua  commandees  ,  qu'il  nexe- 
cutaft  pond:ueIlement  ^  auanc  que  "^■■ 
d^entrer  dans  Texercicedc  (a  char- 
ge, le  le  baptilay  done ,  parce  qu*il  - 
le  voulut  ainfi :  mais  auffi  toft  qu  il  ^ 

fut  forti  de  Feau  ,  outre  la  reuela- 
tion  quei'enauois  defia  receue 
d  ailleurs ,  il  me  fut  bien  aife  de  re- 
connoiftre  qui  il  eftoit,par  vn  mer-* 
ueilleux  fpec^acle.     Car  ie  vis  dc 
mes  yeux  lesCieux  ouuerts^  &  con- 
templay  tres-attetiuement  &  tres^ 
claifementla  forme  d Vne  colobe 
laquelledefcendoitduCiel  ^  pour 
fymbole  de  TEfpritde  Dieu  ^  qui 
vint  arrefter  fon  vol  iuftemet  &  di- 
reftemet  fur  luy.  Tellement  qu  en-^    J^y^^  ^^ 
core  que  iene  TeulTe  iamais  veu  au-  ^ognoijfoy& 
parauant ,  &  que  le  nc  1  euHe  pomt  ceiuy    ^ui 
connu  devifage,  fieft-cc  quaprcs  tlpti^^^'^J. 
ceUilneme  pouuoitplusrefterau-i  ^*'^^.^#s 


i|.i     ^araphrap  fur  I'Euangile  de 

^!utu  IZ  ^^^  ^^^^  ^^  douter  que  ce  ne  fuft 
ras  cefprit  W .  nials  DIgu  Qui  IH  auoit  enuoy6 
demeuref     pout  taircla  chargc  que  le  rais ,  & 
^tduy{^bl  pour  preparer  les  hommes  parle 
B^^^r  ^'  lauementde  leaUja  la  receptio  du 
-  Meifie  3  m*auoit  expreflement  dit 
en  vifion;CeIuy  (urlequel  tu  vcrras 
TEfprit  defceiidat,  bt  s'arreftant  di- 
re(fiement  fur  fa  perfonne  ^  c  eft  ce- 
luy  qui  baptifera  du  Sain6t  Efprit, 
tant  par  les  dons  extraordinaires  & 
miraculeux  qu'il  feira  defcendre  vi- 
fiblementfur  fesDifciples  au  com- 
mencement de  la  predication  de 
fon  Euangile  3  que  par  les  graces 
ordinairesd'illumination ,  de  con- 
folation,  &  de  fah£tification,qu  il 
communiquera  a  tous  fes    fideles 
pendant  tout  le  coursdecette  dif- 
tllt'va  p^^^i^^rion.    le  Taydonc  veucom- 
meu .  6*  en  me  il  ui  auoit  efte  predit ,    &  eu 
Zoign^ge     ayant  efte  perfuadc  par  de  fi  dl^ 
VihdiDiel  uins & iiirrefragabiesargumens,iQ 


I  ejus  Chriji  felon  5.  Teml    ^p  f 

luy  ay  rendu  cy  deuat,&  luy  rends 
encore  maintenant ,  &  luy  ren- 
dray  toufiours  &  a  toutes  occa- 
fions  a  T^uenir  ,  ce  veritable  tet 
tnoignagc;  Qu/ileftleFils  Eter- 
nel  de  Dieu,  fon  Vnique,  I'objet 
de  fa  diledion  ,  dontles  Oracles 
des  Prophetes  nous  auoyent  don- 
nerefperance.Et  cequc  lean  pro-    ft  i$: 
mettoitainfi,  ill cxecutoit d au-  tLl^'dte. 
tant  plus  foieneufement  ,que  (e  '^'f  .^'^'^ 
jpreiugcant  prcs  de  la  fan  de  la  ^^«^  ^^  /^* 
courfe  j  il  nc  vouloit  perdre  au-   '  "^  '^^ 
cune  occafion  de  s'acquitter  d^& 
ton  de.uoir.  C'eft  pourquoy  des 
le  lendemain^  vacquat  en  mcfmc 
cndroit  a  rexerciec  de  fa  charge^ 
i&deux  de  fesplusparticuliersdi- 
fcjpleseftans  presde  luy  pour  ly 
affifter ,  il  s'arrefta  tout  courts  & 
intertdmpitfon  a£tion,  comme 
poiir  quelquc  caufe  extraordinai- 
re.  i?uis  iettant  les  yeux  fur  lefus    ^'  ^^' 

D 


JO    ^araj^hrdje  Jurl'Euangile  de 
gdfdanf  le^  Q^j[  f^  promenoit-  la  au  lone,con- 

Jus    chemi'     i  1  i,       *^         - 

mr,dit:voi-  tinuant  u  honoter  &  d'autorilef 

deDieti.     par  la  prelencc  le  minuterede 

lean,  &  Icanle  regardant  atten^ 

tiuemcnt,il  dit,  Voila  veritable- 

ment  1' Agneau  de  Dicu,  qui  nous 

a  efte  donne  pour  la  propitiation 

denoscrimes.    Cequincfut  pas 

•Etiesdeiix  fans  clfi  caccCat cclsdeiix  difciplcs 

i^iuyrlm     ayans  ouy  cc  propos ,  en  furent 

%%mt^  touches  ,  &  entendansbieri  que 

ufus^        leur  ancien  Maiftre  lesenuoycit 

acenouueau,  a  peine  lean  eut-il 

acheue  deprononcerces  paroles, 

qulls  le  quitterent ,  &  fc  mirent  a 

lorfiefus  fuiure  lefus.Orcommenorifeu- 

P,  ''\lYVo  ^^^^^^^  D^^^  ^^  reiette  point  ccux 

^ant  qtiiis  qui le cherchent,  mais ileft  fi  bon 

le  fuytioiem  ,.1  t  •  -  ■  "  1 

leu/  dit:  quil  va  volontairement  au  de- 
^el  vous'f  uantd'eux^IefusconnoifTanrque 
lis  luy  di-  ce5  Jeux  difciples  venoyent  a  luy, 
^ui  vaut  il  le  retourna,  &  voyanrqu  lis  le 
fuiuoyent ,  il  leur  demanda ,  pour 


Tefks  Chrifl  felon  S,  leanl     jr 
ticker  leur  aftedion  d'auantage/  7^^*  ^'f 
&  pour  leur  mire  raire  vne  cxpre-  ?»i?«m./»i 
fe  declaration  de  leur  defTein;  Que 
cherchesvous  ?  Quelle  caufevous 
induit  a  me  venir  trouuer^  &  a  me 
fuiure  ?  A  cjuoy  ils  refpondirent: 
Rabbi ;  ( qui  eft  vn  nom  dont  ils 
appclloyent    toutes    perfonne^ 
d  aucorite,  mais  particulteremenc 
ceux  qui  eftoyent  en  reputatiori 
d'eftrc  plus  cntendus  que  lesau- 
tres  en  Tinterpretationdela  Loy, 
&  qui  fe  faifoyent  fuiure  pardes 
difciplcs :  &  de  fait  fi  vous  Tinter- 
prctes  ,  il  fignifie    prbprement 
Dodeur  j<)uMaiftrej  ou  demeu-^ 
res-tu  ?  'En  quoy  ils  vouloyent  te-- 
nioigner  quils   s'approchoyent 
deluy  5  non  pour  vne  legere  & 
briefue  vifite  feulemcnt  ,    mais 
pdwr   rcntettdre  familieremenr^ 
&  pour  demeurer  quelque  temps 
4uec  luy  ^  s'U  leur  vouloit  faire 

JD  ^ 


51  ^araphrap  fur  h  Euangile  de 
rhonneur  de  Ics  admetcre  en  fa 
t  '9'  compagme,  Cequencleui  vou- 
ve^ez.&ie  lant  pas  rcruler , il  leur  die, vcnes 
l?Ier}J,&^^oyts  vous  mefmcs  ou  iede- 
'vtrey^t.  ^,>  ^-jeuix,  lls  vinrcnc  done  auec  lay. 
roit,  e-de.  &virentle  lieu  Oil  il  deuoitpalTer 
^iuc  luy  ce  cettenuit-ia,6<:aemcurerentaaec 
'iui^  71  luy  tout  le  reilc  de  la  iournee,{ans 
mrcn  di:t.  fc  Tetiret  dc  toute  cettenuicaiU 

hearts^  t  i    r'         t 

Icurs  :  parce  qu'eltant  dclia  dix 

heures,c*eft  adire,  tard,commc 

les  Hebrieux  contoyent  les  heii- 

rcs  du  iour  ^  s'ils  fufTent  allcs  cher- 

clier  a  loger  ailleurs ,  ils  n'euflent 

pas  peu  ioui'r  de  la  prefcncc  de  Ic- 

fuscommeilsdefiroyent^nypro- 

fitcr  de  fa  conucrfation.  Or  cftoit 

orAndri.  Andrc, ftete  dc  SimOH  :,  qui  de- 

mou  phrrr,  puistut nomtne  Picrre^  i  vii  de  ces 

tlJ^^i  deux  difciples  qui  auoycnt  ouy 

auojem  ouy^  ^^.^j^j.  ^^  proDos  3.  kao  ,    &  qui 

iean,6>fHi  auoyeHC  luiui  Icfus ^  eftaiis  aduer- 

juiuifenf.  ^.^  ^^^  1^  parole  de  leur  Maiftre, 


J  ejus  Crhijl  felon  S,  lean,    5-3 
A  hmitation  duquel  il  nc  voulut     ^'  ^• 
pas  tenir  cachee  la  connoiflaiice  trouu^    u 

»  1  •  ••      J     T    r  premier   Si»- 

qu  u  auoic  cue  cie  lelus ,  mais  au  mcnfmfr*^ 
contraii:e,il  embraffa  toucauiTi-  ""1^;  f'^^l 
toft  les  occafionsdc  la  commu-  ^'^'''''  '^^«- 
niqucr  aux  autres.  Car  ayant  Ic  {qm  vnut 
premier  d  eux  deux    rencontre  re     que 
fon  here  Simon ,  il  luy  dit,  Aflfeu-  ^^''^-^ 
rement  noftrc  Maiftrene  nous  a 
point  trompes ,  quand  il  nous  a 
ditqu'il  cftoitleprecurfcurdece- 
luy  que  Dieu  a  promis  a  nos  pe- 
res^&  quilnous  a  aduertisquil 
fe  manifefteroit  bien  toft.    Car 
ayansfurfon  aduertilTement  fui- 
ui celuy  qu  on  nomme  lefus^nous 
auonstrouuaquc  c'cft  veritable- 
mentle  Meflias,c  eft  a  dire, fi  on 
I'interprete  envnc  autre  languCji 
leChrift,oulOind  deTEterneL 
le  Roy,  &  le  Liberateur  qu*il  a    * 
'faitefpererafonpeuplc,'  Et  An- 
dre ayant  ebranle  ToivfrereSimon 
.      D5 


54     ^^fi^^  Chrifi  felon  S.  leanl 

parcespropos^&Iuy  ayant  don- 

ne  ledefir  dele  voir,  ill'amena  a 

lefus  au  lieu  ou  il  faifoit  alors  fa 

demeure.    Careftant^commeil 

cftoic :,  du  nombre  de  ceux  qui  at- 

'  tendoycntIadeliuranGe,&Iacon- 

folation  dlfrael ,  qu  eft-ce  qui  le 

pouuoit  toucher  plus    fenfible- 

ment  que  la  nouuelle  de  Taduene- 

ment  de  celuy  qui  en  deuoit  eftre 

Etje  me-\di  caulc  ?  Quand  done  lis  rurent 

jefus  I'ayAt  venus  la^  lelus  ayantietteiesyeux 

?iTi'.t  fur  Simon,  il  luy  die,  Tu  es  Simon; 

^^^^^^^^^'  &  tu  t  es  veritablement  monftre 

feiiecephas,  tel :  car  Simon  fi^uifie  Audiceur^ 

qui       vaut   ^  IT/  t'  11      ^  1  : 

lutam^dt  &tuasprelteloreiliea  celuy  qui 
r^ejue^HT  ^'^  |^  prcniier  annonce  de  mes 

nouuelles.  Tu  es  outre  cela  fils  dc 
lona,  c'eftadire  ,  delagrace  de 
Dieu ,  car  c'eft  la fignification  du 
too  de  ton  Pere;$«:  fi  tu  n'auois  efte 
teL  ficette  diuinc  grace  n'auoir 
premierement  prepare  ton  cgeur^ 


lefus  Chrijl  felan  S .  lean,     jy  i 

tu  n'aurois  pas  ii  promptement  ^  I 

re^eu  vne  ii  bonne  fem  tncc.  Mais  \ 
a  1  aduenir  tu  (eras  appelle  Ce^ 

f)has  3  c'eft  a  dire  ^  Pierre,  cc  qui  eft  I 
e  Symbolc  dc  la  coftance  &:  de  la 

fermete ,  que  ie ne  reinterprete  pas  \ 
maintenant :,  mais  quetu  enten- 

drasquelque  iourpar  rcxpcrien*  i 

ce  Acs  chofcs.  Le  lendcmain  de  la    ^-  ^r,  \ 

venue  deSimon^  leius  fitdeflein  mamu-voH^  \ 

ailer en  Galilee,  ahn  que  com-  caiiUe ,  ^  i 

nieiUuoit  commence  d^afl^ni-J-^  i 

bier  a  lentour  de  foy  des  difciples  '^  ^'^ »  ^v  i 

qui  n  auoyent  rien  d'eminent  ny  ; 

de  recommandable  en  Tapparen-  i 

cede  la  chair  ,  ilcontinuaft  d'cn  \ 

recueillir  encore  dela,  quieftoit  ] 

le  lieu  Ie  moins  confiderable  de  \ 

la  ludec.  Car  il  vouloit  amener  | 

les  chofes  qu'il  entreprenoit,  de  ^ 

petits  &  meprifables  commence-  \ 

mens, a  des  grandeurs  emerueil-     .  \ 
lables.Eftant  done  venu  la  il  trou- 

D4          ^  I 


j<S    ^araphraje  furtEtiangile  de    ■ 
ua Philippe,  &  fans  luy  tenir  au- 
tre plus  long  propos^Iefusluy  dit, 
Suy  moy  ,  c  eft  a  dire  ,  fois  mon 
difciple  familicr  ,  &  te  ioins  a  la 
troupe  de  ceux  qui  maccompa- 
QrAtip'  gnent.  OrPhilipeeftoitdeBeth- 
%ethflut.    faida%  ville  en  laquelle  demeu- 
-viUe  d'An.  rovent  Andre  &  Pierre,  dequi  il 

are    (^    de  'f  .        .     ^  .  .      ^       , 

j^ierre.       pouuoit  delia  auoir  apprisquel- 
quc  chqfe  de  lefus.  Maisfoit  qu  lis 
y  cuflent  defia  prepare  fon  efprit^ 
ou  non ,  tant  y  a  que  la  parole  de 
lefus  eut  vnemcrucilleufe  efficace 
enuers  luy ,  &  qu  il  fe  difpofa  in- 
continent a  luy  rendreobei'ifan^ 
kiiippe    cc.  Ce  qui  parut  bien  par  cc  qu  il 
':Z:il  fit  auffi  toft  apres.  Car  ce  Philip.. 
luydit.Nous  pg  avant  rencontre  NathanaeL 
w  lefus  de  perfonnage  de  connderation  &c 
fu^7/L  defaconnoiflfance,  il  ne  luy  ceU 
^'AjyfeJt  rien  de  ce  qui  luy  eftoit  arriu6  ,  & 
i!o  /X  les  Itiy  tint  tout  hardimet  ccpropos^ 
^t4fhe$»3.    pour  luy  donnerles  mcfmcs  ini-3 


lejks  Chr'tfl  felon  S.  lean,     $j 
prefllons  qu'il  auoit  receues.    Tu 
f(jaiSjNathanaeI,  ce  queMoyfe  a 
efcrit  en  la  Loy ,  &  ce  que  les  Pro- 
phetes  ont  depuis  predit  &  con- 
firme  ,  touchant  le  Meflic  que 
nousattendons ,  ainfi  qu  ila  efte 
attendu  par  nos  Peres.    Scjaches 
done  maintenant  pour  certain 
que  nous  1  auons  trouue  ^  &  que 
c'eftlefuSjleFilsdelofephjde  la 
ville  deNazareth ,  de  cette  region 
de  Galilee.Car  Philippe  parloit  de 
Torigine  &  de  la  naifTance  de  le- 
fus felon le'bruitcommun,&  fe- 
lon Topinionpopulaire.  Aquoy    ^,  46, 
Nathanael  ,  qui  eftoit  imbu  des  ,™:;; 
opinions  desDodeurs  de  laLoy,  ^'/'^■'''  ;^" 
que  pour  ce  qua.  n'eftoit  iamais  ^onne  choje 
forti  deProphete  de  cette  contree,  myVmp- 
il  n  en  deuoit  iamais  fortir  a  IV  ^^^-^^  % 
uenir,&que  lepeupledela  eftoit  *^^i* 
en  grand  mefpris  deuant  Dieu  en 
cpinparailon  des  autres  con  trees 


j8  Paraphrajc  Jur  I'Euanple  dc 
de  la  ladee  ,  refpondit  felon  cc 
fien  preiuge,  comme  les  liommes 
oritaccouftume  de  faire,  A  grand 
peine^dit-il,  mepeiTuaderois-tu 
que  le  Meflie  peuft  venir  de  la, 
d'ou  iln  eft  iamaisforti  le  mom«- 
dre  Prophete.  Car  en  effect  peut-- 
il  venir  quelque  chofe  de  bon 
Nazareth?  En  a  ton  vn  feul  exem- 
ple  en  toute  Tantiquite  ?  Mais 
Philippe  nes'eftonnant  point  de 
cette  refponfe ,  &  tenant  ferme  la 
perfuafionde  la  verite  contrc  les 
preiuges  de  ces  pretendus  Do- 
£teurs3  il  repartitaNathanae!jNc 
t'amufe  point  a  ces  difcours ,  &C 
prens  toy-mefme  connoifTance 
dela  chofe.  Vien  auec  moy ,  & 
voy  quel  perfonnage  c'eftquece 
lefus  dontie  t'ay  parle  ,&  puis  tu 
iugerasfi  tudoistant  deferer  ala 
mauuaife  opinion  qu'on  a  com- 
munement  de  la  ville  de  Naza- 


lefus  Chrift  felon  S.  lean.     $9 
reth,'de  rejetter acetteoccafion 
vne  chofe  fieuidente&fi  impor- 
tance tout enfemblc. Ce quiayant   ^^J^l^^ 
fembl^  raifonnablea  Nathanael,  ,^^^^^^ 
ii  s'achemina  auec    fes  dilciples  nirhiuydit 
verslefus ,  &  Ictus  le  voyant  ve-  ,^    <^,^^,. 
nir  ^  foy  .  fsachant  bienquel  il  -- ,^ - 
cftoit.car  il  connoiffoit toutes  ^^^/^'^'^j; 
chofes,  il  dit  de  luy  en  le  voyant;  fraude. 
Il  y  en  a  plufieurs  qui  fe  van- 
tent  d'cftre  des  cnfans  dlfi'a'el,  & 
qui  de  fait  en  font  iflfus  felon  la  , 

chair.  Mais  cettuy-cy  eft  verita- 
blement  ifraelite ,  en  ce  qu'en  la 
fincerite  de  fes  penfees,  &en  la 
rondeur  de  fes  paroles  &  de  fes  de- 
portemens,iltefmoignequ  il  n7 
a  point  de  fraude  en  luy  ,  &  qu  il 
imitc  la  candeur  desPatriaiches 
fes  anceftres.    Nathanael  furpris     f,  48. 

,        .  T    /"      1  Nathanael 

de  cc  telmoignage  que  lelus  luy  iuydit,ve- 
rendit,nonqu'il  ne  fentift  bien  j-^X 
enfaconfcience  qu'ileftoit  con->.;  -(?;^ 


6o    n^araphrafe  fur  tEuangile  dc 
fueiZ^  forme  a  la  vcrite ;  maisparce  qu  il 
pereufi^p.  s'cftonnoitdefe  voir  li  bieo  con- 
fuefioisfcus  nu  par  vn  perlonna^e  quinera- 
n'^y^^u    uoit  lamais  veu  auparauamc ,  & 

quifclon  toiitc  apparencen'auoit 

f>asfortouy  pc^lerdefacoiaduite, 
uydit,  D'ou  tncconnois  tu?  A 
quoy  lefus  rcpartit  incontinent 
&  luy  dit  :  Auanc  que  Philippe 
t^euft  appelle  ,  comme  tii  eftois 
fous  le  figuier ,  tu  croyois  eftrc 
tout  feul,&  que  perfonne  ne  pou- 
uoittevoirla,  nyauoir  connoif- 
faiace  de  ce  que  tu  y  faifbis.     Et 
neantmoins  des  lors  ie  t'^y  voyois^ 
&fi  ie  vbulois  ie  t'en  donnerois 
f-  49'    bicndeseiifeio;nes.    SurquoyNa- 
%  ref}>on-  tlianael  tout  cltonne  ,  &  recon- 
%/Msijire  noiffant  bien  qu4ly  auoit  en  le- 
i'^esUFiis  [^^  quelque  chofe  d'extraordi- 

de  Diet* ,  tu  1  i  r     r 

#w*A<.;/<fi. naire&dediuin,iine  le  louuint 
plus  de  cette  mauuaiie  opinion 
qu  il  auoit  auparauantde  to^t.ce 


Tejus  Chrijl  felon  S.  lean.     4% 
qui  pouuoit  venir  de  Nazarcth;,& 
xnettant  aparttoutes  autrcs  con- 
fiderationsj  vaincu  par  Teuidcncc 
de  laveritc,  il  luy  dit,  Maiftre^ic 
Yoy  bicn  que  tu  cs  vcritablemcnt 
ie  Fils  de  Dieu ,  &  le  Roy  dlfrael 
que  nous  atcendions  ^  &  ceux  qui 
mcrontaixifi  rapporte,nefefonc 
pastrompesenleurccfmoignagc- . 
Alors  lefus  (atisfait  decc  que  ce    f.^. 
^      annagc    auoit  li    promptc-  pondu ,  4 
ment  &  fi  volontaircment  em-  ^i*^     ^'^^ 
braile  la  verite,  luy  dit :  Parce  que  ^^  ^'^y  ^'*' 

».        ,         1  '     \  p       ^  .      que     is    tt 

le  taydit,  que  le  tay  veu  lous  le  wyoye  Com 
figuier  ,  tu  as  creuque  ie  fuis  ce-  t{i!^tuiZ 
luy  a  qui  Icstikrcsquetumedon-  ^^^^«^ff 
nesconuiennent.  Tu  as  bien  fait:  3«*«***.  .- 
car  tu  fc^aisbien^cu  cgardaulieu 
ou  tueiiois,  &  a  celuy  auqucl  ta 
m'as  trouue,que  ie  ne  te  puisauoir 
veu  la^,  qu'iln  y  aitquelqucchofe 
dc  diuin ,  &  de  miraculeux  en  ma 
veue.  Mais  a  Taucnir  tu  verras 


4i    ^drajyhrafe  furtEuangilede  \ 

bien  d'autres  chofes  plus  grander  ; 

que  cclles-la,  qui  te  rendront  dc  \ 

beaucoup  plus  expres  temoigna-  | 

ge  de  ce  que  ie  fuis  ,&  qui  re  con  -  \ 

firmeront   merueilieufcment  en  ! 

cettecreance.    Eneffed^luyad-  I 

joufta-t-il ,  vous  nc  lifes.iamais  i 

vous  autres  luifs,  Thiftoire  de cec-  \ 

te  vifion  de  Lacob ,  en  laqueile  il  | 

vid  vne  echellequi  atteignoitdc  ; 

la  terre  au  Ciel ,  &  fur  laqueile  il  \ 

fembloit  que  Dieueuft  particu-  '\ 

lierc  communicatio  auecluypar  j 

Ie  miniftere  de  fes  Anges.,    que  I 

vous  ne  fo yes  rauis  en  admiration  | 

dc    rhonneur  qu'a  re,ceu  ce  Pa-  - 

triarche.    Et  vous  en  aues  beau-  { 

coup  de  fujet.    Mais  neantmoins  j 

ce  qu  il  en  a  Veu  /ce  n'a  efte  qu'en 

fongeant;  la  chofen'efloit  point 

effedtiuement  ce  qu'elle  luy  pa-. 

roilToic  eftre.  Dcrechef ,  cequll 

caaveu^cen'a  eftequVncfoisea 


tefus  Chrijl felon  S.  lean,  ^j 
tout  le  cours  de  (a  vie  {eulement: 
iamais  depuis  ccttc  vifion  ne  luy 
a  efte  addrelTeeo  En  fin,quoy  qu  il 
Tak  ainfi  veritablemenr  fonge  ^  fi 
eft-ce  qa  il  n*y  a  eu  que  luy  qui  ait 
eii  cette  vifion.  Il  eftoit  tout  feul 
alorsj&quandilyeufteuquelques 
autrcs  auec  luy,  ils  n^en  euffent 
pourtant  ny  ricn veu  ny  rien  f(^eu 
finon  parfon  tefmoignage.  Mais 
quant  au  Fils  de  riiomme  ,  (  & 
vous  fc^aues  qui  ie  fuis^  &  qui  eft  ce- 
luy  que  Daniel  a  defigne  par  ce 
nom  )le  vous  aflfeure  en  verite ,  & 
ma  parole  vous  ddit  tenir  lieude 
ferment^  qu  ilarriueraa  fon  occa- 
fion  dcschofes  plus  emerueilla- 
bles.  Car  deformais  il  y  aura  vne  ^ 
cffediue  communication  entre  JJ^^^^^f^ 
Dicu&luy,  fieftroirte,ficonti-  '^ff.\/l'^'^ 
nucllevficonniie,&fimanifeftea  ^/  ,  v^us 
tcux  qui  voudronty  eftre  atten-  ITfi^ouuer^, 
tifs^uefivous  voyies  reellement  J;  j^^^; 


jr* 


64  ParaphraJepirlEuangile  de 
^mans  &  q^^q  fait  les  Gicux  ouuerts  i  & 
f«w^ /?/^flftf  quaflidueliement  les  Anges 
montaflfcnt  &t  defcetidiffcnt^pout 
luy  apporterfans  ccfle  des  aflfeu- 
ranees  dc  ladiledlion  de  fon  Pe- 
re^  &  la  reuelation  de  ies  fecrets, 
&  pour  reporter  a  fon  perc  les  teC- 
moignages  de  fes  refpe6ts  ^  &  de 
la  deference  abfolue  qu  il  rend  a 
routes  fes  volontes  &  a  tous  fes 
ordres,  vous  n'auriespas  plus  dc 
fujet  d'eftre  indubitablement 
perfuades  qu'il  eftveritablement 
ce  Fils  de  Dieu  &  ce  Fils  dfc  llio- 
me.  De  forte  qu'apres  tant  d  ar- 
gumens  de  cette  verite  ^  vous 
pourres  bien  dife  que  vous  n  aues 
pas  befoin  de  routes  cesvifions 
pour  nous  en  attefter,  &  que  vous 
aues  afles  veu  les  Cieux  ouuerts^ 
&  les  Anges  montans  &  defcen- 
dans  fur  luy  ,  puis  que  vouisaures 
veu  tant  depreuues  de  cette  in- 

uiola'bJ© 


lefus  Chrifi  felon  S.  tern.     ^  Cha.  7}.      \ 
iiiolable  vnion  qui  eft  entre  luy 
&  fon  Pere. 

CHAPITRE    IL 


R  lefus  ayant  aiiifi  com-     ^-  ^'  , , 
mence  a  dreflfer  la  famil-  Mn 


le  de  fes  difciples ,  com-  Z^Jpcfsl 
menqa  auffi  pcu  de  temps  apres  a  ^^^^'^  •  ^ 
fe  manifefter    plus    clairement  ^^  ^'^^^  ^^ 
qu  11  n  auoit  rait  auparauant.  Car 
trois  iours  apres  que  Simon  fut 
venu  aluy,s'eftantfaitdesnopces 
en  Cana,  petite  Ville  de  Galilee^ 
dans  le  yoifinage  de  Nazareth, 
Marie  fa  Mere ,  vefue  delofeph, 
&parentedesmaries  ,y  futcon- 
uiee  5  &  s'y  trouua.  Et  parce  que      .  ^ 
fon  Fils  demeuroit  lencore  alors    e?  lefus 
ordmairement  auec  eile  ^  on  le  peus    aux 
conuia  pareillement a  ces  nopces,  fi^Zj^i^, 

E 


Cha.  1.  66  ^araphraje  fur  I'Euangile  de 
^mefmes  lesdifciples  quilauok 
alorsautourde  luy  ;  commec*eft 
la  couftume  en  tellesoccafions, 
de  nelaifTerenvncmaifon  aucun 
de  ceux  qui  y  pcuucnt  eftre  con- 
{iderables ,  a  qui  on  ne  fafle^com- 
meon  ditjllionneur  de  I'y  inui- 
ter.  Et  les  pouresmcfmesfont 
plus  liberaux  dc  ccs  inuitations 
que  les  richcS;,  parce  que  fc^aclians 
bienqu^on  n'ignore  pasleurpo- 
urete  :>  ils  ne  craignent  pas  le  des- 
honncur  d'cftre  trouues  defe- 
itucux  en  ce  qui  eft  de  I'abondan- 
ce  oudcla  magnificence  dcs  ap- 
prefts,  &  croycntquon  aura  plus 
d*egard  a  leur  bonne  volonte, 
^^  qu'a  leur  puiflance.  La  compa- 
orie  z-'m  gnig  s^cftaut  ainfi  accrue  ,&  la 

efiamfailly.    ^  .^  .  V 

u  Here  de  prouiiion  dc  vin  ne  seitant  pas 
dit'.iun^ont  trouuee  proportionnee  a  la  del- 
tointdevtn.  p^^f^  quis'cn  fit,il  manqua  auant 

qu  onfuft  venu  a  la  fin  du  repas: 


lefus  Chriji  felon  S^  lean.  Cj  Cha7  zl 
cc  qui  eftoit  pour  dionncr  ou 
beaucoup  de  confufion,  ou  au 
moins  beaucoup  de  fafcherie  a 
ceux  qui  faifoycnt  les  nopces.  De 
quoylaMere  dc  lefuseftanttou- 
chcCjCommeceft  le  nacurel  des 
bonnes  ames^  que  de  compatir  au 
defplaifir  dc  fcs  amis,  &  de  tafcher 
<1  y  remcdier  autant  qu  il  fe  peur, 
il  luy  vint  en  Tefprit  que  fon  Fils, 
done  clle  fc^auoit  qu'il  auoit  efte 
prcdit  de  fi  grandes  cliofcs,  pour- 
roit  apporter  quelque  remede  a 
cet  accident.  Et  bien  qu'il  euft 
mene  vnevie  priueeauec  elle  au- 
parauant ,  &  qu  il  n'euft  encore 
Fait  aucune  preuuedefa  puiflance 
en  miracles ,  fi  eft-ce  quevoyant 
qu  il  commencjoit  a  aflembler  des 
difciples  a  I'entour  de  luy  ,  elle 
crcut  que  deformais  il  pourroic 
bien  fe  declarer  plus  ouuertemet 
par  quelques  actions  fignalees.La 

E    2. 


Clia.  z^  ^8    n^amphrafc  Jurl'Euangile  de 

compajGfion  done  qu  elle  auoit 
de  la  honte  &  de  rincommodite 
oil  elle  voyoit  tomber  fes  amis 
par  cet  accident ,  la  porta  iufques 
a  le  folliciter  qu  il  y  vouluft  pour- 
uoir  parquelque  chofe  d'extra- 
ordinaire.  lis  nont  point  devin, 
luy  dit-elle; comme  pourladuer- 
tir  de  VocczCion^&c  cela  auec  quel- 
quedemonftration  d  afFe6tion,& 
quelque marque  decofiance  qu'il 
y  feroit  confideration  ou  de  fon 
defir ,  ou  de  fon  autorite ,  qu'il 
auoit  toufiours  fort  refpedee. 
f.  4.  Mais  Iefus,en  partie  parce  quil 
luf  ^1>'  apperccuoitenelle  quelque  pre- 
^mUe  cho^  cipitation,  en  partie  parce  qui! 

Je  y  a-il  en-         i  \     -      C   ■        r  •  1 

tre  may  ^  luy  vouloit  rau'elcauoir ,  &  don- 

toy ,  femwef  \  1         v     *  1  1 

man  heme  ^tt  a  entcndte  a  tout  le  monde, 
"imore^'vl  ^^  dcformaisil cntroit ctt Tcxcr- 
»^^-  cice  dVne  charge  dont  la  gran- 

deur &  la  Majefte  deuoit  obfcur- 
cir  toute  autorite  foit  paternelle 


lejus  Chrifi  felon  S.  lean,  6^  Clia.  2. 
foit  maternelle  ,  &  luy  concilier 
le  refpeddetoutes  fortes  de  gens, 
il  luy  rcfpondit  d Vne  facjon  dont 
elle  n'auoit  point  encore  veu  d'e- 
xemple.Qu^ya  t-il,dit-il  ,  cntrc 
toy  &  moy  ,  femme  ?  mon  lieure 
n  eft  pas  encore  venue.  Comme 
s'il  luy  euft  dit,  que  ce  n  eft oit  plus 
deformais  le  temps ,  ny  dVfer  en- 
uers  luy  de  Tauthorite  de  Mere, 
ny  de  luy  donner  confeil  de  ce  qui 
eftoit  expedient  comme  s'il  euft 
encore  efte  enfant.  Que  dVn  co- 
fte  la  dignite  de  fa  perfonne^  qu  il 
commencjoit  a  manifefter ,  &  cel- 
lede  fa  charge^qu  il  commen^oit 
aexerccr,  empefchoientque  ces 
relations  de  Mere  &  de  Fils  leur 
deuffenteftreconfiderablcs^pour 
donner  a  Ivnc  la  puiffanqe  d  or- 
donner,  &:enjoindrea  Tautre  la 
n«ceflite  d'obeir ,  ou  de  deferer  a 
fes^y olotes.  Et  que  de  Tautre,  la  fa- 

E   3 


Cha.  z.  JO    n^araphraje  fur  tE^angile  dc 
pience qui  cftoit  en  luy^fcjauoit 
bienles  temps  aufquels  il  eiloit 
couenable  quil  agilt,&:  quiln'en 
laifTeroit  pas  echapper  vn  mo- 
ment, de  forte  qu'elle  ne  s'endc- 
tf:j,      uoit  point  mettre  en  peine.    Or 
J^.u^M  quoy  queccttereponfe  euft  quel- 
ukeurs.Fai-  q^^  |-j;ait  (je  fcuetite ;,  fi  eft-ce  que 

tes   tout   ce    ^  11 

qa'ii  vous  fa  Mere,  qui  en  reconnutbien  la 
iuftiee ,  &  qui  fentit  elle-mefme 
fa  propre  precipitation  ,  ne  s'en 
rebutanuUement  ,  &ncnaban- 
donnapasTefperace  qu'ellcauoit 
conceue  qu'il  apporteroit  quel- 
quc  ordrc  a  cet  inconuenicnt, 
C*cft  pourquoy  elle  qui  cftoit 
fortconnue,&  qui  auoit  beau- 
coup  de  credit  en  cettc  maifon, 
dit  a  ceuxqui  feruoycnta  table: 
Soyesattentifsa  toutcequ'ilvous 
dira  ,  &  executes  hardrmcnt  fes 
^. ^.      commandemens.    Oryauoit-il- 

Or  y  ^Hoit.  \^  j^j^g  j^  £^i^  J^  icHdn  fix  erandcs 


lejns  Chrijl felon  S.I e an.      71  Clia.  z] 
cruchesdepierre  ,quiyauoyent  ,^,uepier. 
efte  mifes  lelonla  couftume  des  7'  ^^^fi^f^- 
luirs ,  pour  contcnir  1  cau  dont  fi^^tto-a  des 
ils  feferuoycnt  continuellement  ^ZLs  J^l 
a  leurs  lauemens  &  a  leurs  purifi-  [ZZZ 
cations.  Car  ils  lauoyent  fortfou-  ^'«^^«^''''« 
uent  leurs  vtenliles  ^  &  les  vaii- 
feaux  oii  ils  bcuuoycnt ,  &  leurs 
mainsj  &  generalemcnt  tottt  cc 
qu'ilspouuoyet  des  autres  parties 
de  leurs  perfones.  Ceft  pourquoy 
ils  auoycnt  bcfoin  de  beaueoup 
dcaUjtellementque  chacunc  de 
ces  cruches  tcnoit  deux  ou  trois 
cens  liures  d*eau  ,  a  qui  les  euft 
mefurees.     Alors  s'eftant  pafTe       . 
quelque  pcu  de  temps ,  eommc    ^^  ^<«^ 
tout  lemonde  eltoit  en  cxpeCta-  /./#^    ces 

1  1     •        •  cruches 

tion  de  ce  que  produiroit  ce  pro-  ^.^^  Etn, 
pos  qu'il  auoit  eu  auec  fa  Mere  en  {'''^P^'^'^^i 

IT.  ^    tujques    ftu 

cette  occurrence ,  il  dit  a  ceux  qui  ^'»«^ 
feruoyent ,  Emplifles  ces  cruches 
d'cau.    Ce  qu  ils  firent  inconti- 

'"  E4 


Cha.  z.  j%     ParaphraJefurl'EHangilcde 

nent  J  &  les  emplirent  iufqucs  aa 

haut;  de  forte  que  tout  le  monde 

cftanttefmoin  dc  la  nature  de  la 

liqueur  qu'ils  y  verfoyent,  perfoa- 

ne  des  affiftans  n  y  pouuoit  foup- 

^,8.      (jonner  aucune  fraude,    Comme 

uff'^^'dit:  ils  eurent  fait,  &  que  toute  Tafli- 

^.^''^'^.,    ftance  eut  affes  reconnu  qu'il  n'y 

f^enportez.  auoit ,  &  Qu  u  D V  pouuoit  auoit 

d'hofiei.  Et  natureliement  rien  que  de  I  eau 

iisiuy  pom.  ^^^^  ^^^  vaiflfeaux ,  il  leur  dit;  Pui- 

fesmaintenantdece  qui  eftlade- 
dans,&  en  portes  au  maiftre  d'ho- 
ftel,qui  a  la  charge  de  ce feftin^ 
afin  qu'il  en  goufte.  Car  c  eft  a  luy 
afairereflfaydetout  ce  quife  fert 
icy,  pour fcjauoir  sil  eft bon pour 
le  contentenaent  des  conuies  ^  & 
pourl'lionneur  de  celuyqui  fait 
lesnopces.  Aquoy  les  feruiteurs 
obtempererent  incontinent ,  & 
^  9.  luy  en  porterent.  Quand  done  le 
m§^fin%o\  mdiiiirc  d^hoftel  eut  gouft4^de 


marte* 


I  ejus  Chriji  felon  S.  lean.      73  Cha.^  2. 
cetteeau  ,  mais  qui  n  eftoit  plus^,^^.,^^^^- 
eau ,  &  qui  auoit  efte  conuertie  'J'''^  .  f^ 
dans  les  cruches  en  vin  par  la  puil-  ^^  ff^^ou  a 
lance  de  Ielus,(or  ne  Ic^auoit-il^^^.r,  mais 
rien  ny  d  ou  il  eftoit  venu  3ny  dciZrs  ^!% 
ce  qui  eftoit  arriue  .  parce  qu  il  f '''"''/  '/^^ 
n'eftoit  pas  dans  la  lale  du  feftin  fioient  hienj 
aiors;  mais  les  leruiteurs  Ic  Icja- 
uoyentbien  jComme  eftansceux 
qui  auoyent  puife  Teau ,  &  qui  I'a-- 
uoyentverfee dans  les  cruches)  il 
appellale  marie  ,  quele  mecon- 
tentenien t  du  defaut  de  vin  rcgar- 
doit  particulierement,  &quipar 
confequent  deuoit  auoir  le  plus 
de  fatisfadtion  de  voir  cette  in- 
commodite  reparee.    Puis  il  luv    I-]""' , 
dit:  D'ouqueviennece  vinicya  ^^«^  ^-^om- 
Iheuredela  necellitC;,  ily  adou-  bon  vi^i  u 
ble  fujct  pour  toy  den  auoir  du  ^^Tt^ 
contentement.&ficefttoy-mef-  f'  ^'^'^^^ 
me  qui  en  ayesainii  dilpofe  ,    tu  ^^^^  •  ^^-^^^ 

J  r   '  toy  ,  tu  as 

nasals  rait  commc  ont  accoit-  gm-d^hbo?!. 


nant 


Clia.  z.  74    Paraphrap  Jurl'Euangile  de 
,    .  ^     ilumedefairclesautres.Card'or--^ 

a  »5^/»/^.  c[inaire,&  quau  vniuerfellemGnt^ 
ceux  qui  font  des  feftins  tels  que 
celuy-cy,  fontfcruir  aleurs  con- 
uies  le  meilleur  vin  le  premier, 
afin  de  Icur  en  donner  ic  bon 
gouft  d  abord  ,  lors  que  le  fenti- 
menten  eft  fort  cxquis  au  pa- 
lais:,  &  que  la  foif  aidea  le  faire 
trouuer  encore  plus  dclicieux. 
Puis  quand  on  a  beu  largement, 
&  qu'on  ne  difceriK  plus  fi  bien 
les  qualites  du  breuuagc ,  alors  on 
faitvolontiersferuircelijy  qui  eft 
le  moins  gcnereux  &  Ic  moins  re- 
commandable.  Au  lieu  que  quant 
a  toy ,  tu  as  referue  le  meilleur  iuf- 
qu  a  maintenant ,  pour  le  donner 
furlafin^commepourlaiflerates 
amis  vn  bon  gouft  de  ta  bonne 
chere.  Ainfi  par  le  tefmoignagc 
du  maiftredlioftel  feverifia  non 
feulement  que  ccftoit  du^vin, 


creanm  en 


lefus  Chriji felon  S,  lean,      yj  Cha.  i, 
mais  du  vin  fort  excellent ,  ce  qui 
fut  auili  aprcs  rcconnu  par  toute 
lacompagnie,    Cefutdonc  la  le      , 
commencement  des  miracles  de    lefusjitce 

nr    f>  5.1  I         r   •  ^^  commence- 

lelus,  quil  voulut  raireen  Cana  ment  de  fi~ 
dc  Galilee  encrefesamis&  fes  fa-  Z':^l 
millers,  afin  qu  ilscuflent  les  pre-  ^/^*^''^  & 
mices  dc  la  manifeftation  de  la  f^gUire:^ 
glou'e.Carayant  delormaisa  rai-  creu 
re  paroiftre  la  merueille  de  fa  ^''^' 
puiffance  par  des  adlions  furna- 
turellcs,&des  fignes  prodigieux, 
il  eftoit  conuenablc  que  (es  plus 
familicrs  difciplcs  en  euflentpar 
manierc  de  dire  les  eflais,  afinde 
lesconfirmcr  en  la  bonne  opi- 
nion quilsen  auoientdciia  con- 
ceue.  Et  defait, bien  qu'ils  euilent 
defia  creu  &  confefle  qu  il  eftoit 
le  Mcflie &  le  Fils  de  Dieu, fi  cft- 
ce  que  par  la  vcue  dc  ce  miracle  ils 
xeceurent  vne  telle  augmentation 
defoY,qQ'on  pcut  quafibicndi-- 


Cha.  z.  76    n^araphrafe  Jkrt Euangile  de 

re  que  ce  fut  alors  qu'ils  commen- 

^  ^^^    Cerent  a  croire.  Apres  cela  ^  lefus 

jipresceia  fe  voulaiit  manifcfter  peu  a  peu 

tn  caphar-  &pardegres ,  pournele  produi- 

&fa  Mere,  rciit  pas  tout  d  VH  coup  en  la  gra- 

%/'/difc/.  delumiere  dumonde  ,  ildefcen- 

pies:^de^  dlt  en  vnc  Yillc  vtt  peu  plus  cele- 

/«  pen  de  bre  que  cellede  Cana  ,  a  Icauoir 

Capernaum;  mais  ilnydelcen- 

dit  pas  leul.  Car  fa  Mere, en  par- 

tie  par    les  affeitions  naturelles 

qu  elle  auoit  pour  luy  ,en  parcic 

par  I'admiration  de  ce  premier 

miracle  ,  qui  auoit  excite  en  elle 

vne  merueilleufe  attente  de  ce 

qu'il  pourroit  fairea  I'auenir;  &c 

fes  proches  parens  que  les  He- 

brieuxnommentfreres;  &  fes  di- 

fciples :,  qui  deformais  ou  crai- 

gnoientquilneleslailTaftjOU  qui 

auoyent  prisrefolution  de  ne  le 

laiflTer  aucunement  quant  aeux,  y 

defcendirent  auec  luy.  Makils  n  y 


Icfus  Chriji  felon  S.  lean.     77  Cha^  £ 
demcurerent  enfembie  que  fort 
peu  de  iours.  Parce  que  la  fo-  , 

lemnite  de  la  fefte  que  les  luifs  ap-    ^f  u  r©. 
pellent  Pafque ,  eftant  prochaine,  iT'^pa/qZ 
I'intention   de  lefus  eftoit   d  y  J^,,  ';^[ 
monter  ^  comme  ilauoit  accou-  ^^f^^^'^^^ 
Itume  de  raire  auparauant  lelon  ^^  umja- 
imftitution  de  laLoy ,alaquelle 
ils'eftoit  aflujetti  vol5tairemcnt; 
&  principalemenc  recherchoit-il 
alors  5  qu'ilauoitafles  donne  de 
preuues  dece  qu  il  eftoit  entre  fes 
plus  proches ,  &  entre  ceuxdela 
cotree  ou  il  habitoit,roccafion  de 
paroiftre  en  cette  grande  afleblec 
qui {e  faifoit  en  lerufalem  ;>  &  de 
faire  d'autant  plus  de  fruit  par  fes 
adions  &  par  fa  dodrine.    Et  ce 
qu  ilauoit  ainfipropofe,  il  Texe- 
cute.  Car  eftant  venula^&  ay  ant     f  •  14: 
monteauTempie^iIy  trouuavn  au  Tempu 
defordremerueilleux,  que  la  cor-  i^W^r* 
ruptifixi ,  &  la  licence  du  fiecle  y  ^^^^  '  1 


CliaJ  I.  78  ^araphrafe  fur  I'Euangile  de 
pigeons :  ^  ^uoit  inttoduit.  11  y  auoit  vne 
changeufs  partie  du  pourpris  du  Temple* 
^i^^-  que  ron  appelloit  les  Porches.qui 
eftoic  dcftinec  a  receuoirlepcu- 
ple  qui  y  venoit  falrc  i^cs  deuo-- 
tions,  &mefmeslesGennls  &  les 
etrangers  qui  auoyent  quclquc 
refpcit  pour  la  Loy  de  Dieu.  Au 
lieu  de  ce  bon  &  faint  vfage,  au- 
queices  licux  deuoyent  eftre  em- 
ploy es,  il  s'y  eftoit  eft  abli  des  gens 
qui  vendoyent  desboeufs ,  &  des 
brebis^&des  pigeons,  &y  auoit 
mefmcs  des  changeurs  qui  y  te- 
noyent  leurs  tables  &  leurs  ban^ 
qucs  ouuertes.  Tout  cela  fous  pre- 
texte  d  aider  a  la  commodite  de 
ceux  qui  auoyent  a  acheter  les 
chofes  neceflfaires  pour  les  obla- 
tios  &  les  facrifices  ,&  de  changer 
la  monoye  qui  leur  feruoit  a  cela. 
Mais  ourrc  que  cela  eftoit  contrc 
linftitution  de  Dieu  ,  l^^raye 


IcfusChrifl  felon  S,  lean.      79  Cha,  i, 
caufe  dc  ce  trafic  eftoit  le  defir  du 
gain, que  la  faintetedu  lieuren- 
doit  de  bcaucoup  plus  infame. 
lefus  done  cftant  vcnu  pour  re-    f'  rf, 
ftablir  toutcs  chofes  en  Icur  pu-  fait  '''^T» 
rete ,  &  pour  corriger  Ics  abus  qui  tVIeiemf! 
s'eftoient  glifles  en  la  religion  &  f^ J^^^^f^^ 
dans  TEglife  jdcfqucliesle  Tern-  Temple,  (^ 
pie  eftoit  le  domicile  5  Timage  ,&  hsZufl,^ 
la  reprefentation  ,  ileftima  que  ->;^^f,^ 
c'eftoit  par  la  qu  il  deuoic  com-  ch^ngeurs 
mencercettcrerormation,  com-  ustMes. 
mecefutpar  vnc  pareille  a6lion 
qu  il  acheua  Texercice  de  fa  char- 
ge de  Prophetc  ,  ainfi  que  les  au- 
trcs  Euangeliftes  le  rapporteur. 
Ayant  done  trouue  vn  amas  de 
cordelcttes ,  apportees  pour  Iv- 
fage  de  ces  marchands,&  en  ayant 
faitvnfouetjilfemita  enfrapper 
fur  ceux  qui  exercoient  ce  com- 
merce,&  les  chafta  tous  hors  du 
Temple  .  auec  Icurs  brebis  & 


Chal  z.  8a    ^ara^hrafefur  I'Euangile  de 

leurs  boEufs;  &parce  que  les  ban*^ 

ques  des  changeurs  demeuroyent 

encore  debout  'apres  le  depart  de 

ceuxqui  fuyoyent  deuant  luy,  il 

refpandit  a  terreleur  argent ,  & 

f.  i6.    mit  leurs  tables  a  la  renuerfe.Mais 

,eul'  ^'\ui  comme  il  agifToit  par  vne  fagc 

-vendoyent    ferueur  dc  zele,  &  nonpar  impe- 

les    pigeons,  r    f    \  j1> 

ofiei^    ces  tuolite  de  courroux  ^  &  qu'il  n  e- 

chofes   d'ici:    n  •  \  I  / 

&ne  f^ites  Itonnoit pas  a  Deaucou p  prcs tant 
S"'  ^:  ^e  fes  coups ,  qu'on  obeifToit  a 
mon    Fere  Tautorlte  dc  fk  volx  .  &  a  Taugu- 

i;n  Itea   de  •    n_  /     1     r  T 

marche.      ite  majelte  delon  viiage  ,  parce 
que  ceux  qui  vendoyent  des  pi- 
geons eftoyent  en  grand  nombrc^  i 
&quilslestenoyent  enfermes  en 
descages^qu  on  ne  pouuoit  pouf- 
fer  auec  violence  fans  quelque 
confufion ,  il  leur  dit  auec  vn  ex- 
traordinaire ton  de  voix,Oftes  ces 
chofesladicy  ,  &les  emportes  la   | 
ouellesdoiuenteftre^&ne  faites   ' 
point  de  la  Maifon  de  mon  Pere^ 

qui 


lefus  Chrifl  felon  S.  Icm.     %i  Chal»  i. 
'^uieft  vnc  maifon  de  priere&dc 
piece  :,vne  place  de  tnarche.    Or    ^  ^^- 
fes  difciples :,  qui  oyoyent   fou-     ^•^s   ie$ 
uent  chanter  les  Pieaumes  de  Da-  rem  (oum. 
uid  , entendans  ainfiparler  lefus,  Tfi^'efjfX 
&le  voyans  ainfi  ardent  dezcle  *^^%^v^^ 
pour  la  gloirc  du  Temple   de  mmgt. 
Dieu&  de  fon  feruice  ^  fe  refTou- 
uinrent  de  ce  que  le  Prophcte 
auoit  dit  autrefois  ,  Le  "zdc  de  ta 
maifon  rna  mange.  Non  qu  ils  en- 
tendifTent  encore  bien  exaite- 
ment  le  rapport  qu  il  y  a  entre  cet- 
te  figure&  la  verite.  Car  ces  con- 
noiflances  paflfoyent  la  condition 
des  teps  d'alors ,  &  eftoyent  refer- 
ueespour  vnefaifon  plusillumi- 
nee.Mais  neatmoins  la  coformite 
qu  lis  remarqueret  entre  ces  paro- 
les &c  Tadion  de  lefus,  leur  donna 
Toccafion  de  faire  reflexion  6cC^ 
fus ,  &  d'admirer  en  quelque  fa- 
^on  ccttc  rencontre:  iufquesa  ce 


Cha,  z.  St    ^dra^hrdfefurl'Eudn^Jlede 

que  quelquc  temps  apres  ils  en- 
tendirent    diftin6tement  ,  quil 
neft  rienarriucde  fort  memora- 
ble aDauid,  &qu*il  n*arien  pro- 
nonce  dansfesCantiquesd'extra- 
ordinairemcnt  fignaie  ^  qui  n*aic 
rcprefente  connne  figure ,  ce  qui 
deuoit  arriuer  a  noilre  Seigneur, 
ouquinaiteu  parladifpenfation 
dc  Dicu  quclque  vHee  fur  leius, 
poureftre  accompli  &  verifie  en 
la  perionne.    Or  eft-cebien  vne 
j^es  lui^s  ciiolecerraine,  c]u  encore  que  ce 
^reJ^%  tJ-afic  qui  fc  faifoit  fi  deborde- 
luy  dtrent:  n^eut  daus  ie  Temple  ,  full  vn 
n'y'us  man-  merueiUeux  abus  ^  li  cir-ce  que 

fires  ?»  etue  >  •  1       n       •      •  1      •       1      '  /^ 

ttifaisteUes  pourcequ  II  eltoit  mtroduitde  it 
'^''^'''  longue-main  ,  &  tolcre  par  tous 
ceux  quiauoyent  quelqueautho- 
riterantenl^Eglifequ'enlaRepu* 
blique  parmy  ce  peuplc ,  la  refor- 
mation par  voyedc  fait  n'cn  de- 
uoit pas  etlre  entreprife  par  Tau^^ 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean!     83  Cha.  Zi? 
torite  d Vn  particulier  ,    &  que 
pour  en  vfer  de  la  fac^on ,  il  faloit 
y  auoir  vne  vocation  diuine.  De 
forte  que  fi  lefus  n  euft  point  eit 
de  marque  certaine   qui!  eftoit 
appelle  de  Dieua  cela,  ce  que  les 
luifs  firent  a  cette  occafion  ne 
deuroit  paseftretrouueeftrange; 
Car  pource  quils  croyoyentqu'il 
faloit  auoir  vne  vocation  extra- 
ordinaire pour  cela ,  &  quVne  tei^    ^ 
le  vocation  nefe  peut  bieniufti- 
fier  ny  autorifer  finon  par  des  ac-. 
tions  miraculeufes ,  iis  prirent  la 
parole,  &dirent a  lefus :  Qm  t  a 
d.onne  le  droit  de  faircdes  chofes 
de  cette  nature,  &  par  quel  figne 
monftres-tu  que  Dieu  t'y  ait  ap- 
pelle ?    Mais  outre  que  Tadlion     f  t^.' 
eftant  fort  bonne  5  a  la  confiderer  ^, ^^^^^,v,^^ 
en  elle  mefme  ,  elle  fe  defendoit^r"^/^'' ■^''- 
cn  erande  partie  contre  leurac-  Tempu ,  ^ 

P     .  1      ^  J  11  •     en  trots  tours 

culanon  *,  la  tacon  dont  elle  auoit  i^  i^  nUm^ 
\  r  % 


Cha.  1.  84  ^araphrafeJurtEuangile  de 
cite  cxccutee  par  Icfus ,  cftoit  vn 
argument  afTes  certain  de  (a  voca- 
tion ,  s'ils  y  euffent  cfte  attcntifs. 
Car  i  auoir  entrcpris  fcul  contre 
tat  de  gens^aucc  vne  arme  11  con- 
temptible que  cellc  quil  auoita 
la  main, contre desliommesmal- 
endurans  &  fenflbles  aux  outra- 
ges; &  enfin  Pauoir  execute  aucc 
tant  de  facilite  ,  qu^l  ny  auoit 
point  trouuedereliftance ,  quoy 
qu  il  agift  contre  des  hommes 
merueillcufement  attaches  a  leurs 
intcrefts,&  quiquand  on  leur  ofte 
le  gain  y  nc  s'en  irritent  pas  moins 
que  fi  on  leur  arrachoit  la  vie, 
eftoit  vne  preuue  afles  euidentc 
quille  faifoitpar  Imftinft  de  la 
Diuinite ,  puis  qu*elle  luy  preftoit 
vne  fi  puiiTante  &  fi  vifible  affi- 
ftance.  C*eft  pourquoy  lefusvo- 
yant  que  leur  aueuglement  eftoit 
affe6be^  &  qu  ilsluy  demandpyent 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.  8;  Cha, 
dcscrifcignesdefa  vocation  ^  non 
pas  pour  y  acquiefcer,  mais  pour 
ycontredire^  il  nc  €ondcfcendit 
point  a  'cur  dcmande, parcc  qu  ils 
nc  le  meritoyent  pas  ^  &  ncant- 
moins  nc  leur  refufa  pas  vn  mira- 
cle abfolumcnt ,  afia  qu  ils  n  en 
prifTcnt  point  occafion  de  triom- 

f)her ,  commc  s'il  Teufl:  rcfufe  par 
c  fentiment  dc  fbn  inxpuiflance. 
Il  mefiiagca  done  tellement  (a  re- 
ponlcj  qucd  Vncofte  il  Icur  pro* 
mitlc  plus  grand  miracle  qullait 
iamais  fait ,  &  que  dc  I'autrc  ils 
n  entendircnt  pas  fa  promcfle.  De 
forte  que  s'imaginans  qu'il  leur 
ofFroitvnfignelcquel  il  ne  pou- 
uoit  cxecuter^qu  ils  ne  fiflcnt  eux- 
mefmcs  vne  adion  contre  laqucl- 
Icils  auoyentvnc  auerfion  extre- 
me ,  ils  pcrdircnt  le  delir  devoir 
dcs  miracles  de  fa  main ,  &  fe  mi- 
rent  a  nontillcr  fur  Icurs  prop  res 


Cha.  z.  8<^  Paraphraje  fur  I'Euangile  de 
imagmations,  &  fur  la  dilSculte 
qu'ils  croyoyent  qu'il  y  auoit  a 
executer  ce  qui  Icur  eftoit  venu 
en  penfee.  11  leur  rcpcndit  done  & 
leurdit :  Abbates  ce  Temple  icy, 
&  en  trois  iours  le  le  releueray. 
%  10.  Maislcsluifs  furpris  de  ce  nom 
\es  ^uifs  de    Temple  ,  &  ebloiiis  de  la 

done  dirP72t:  ^  i  in-  1 

Ce  temple  ^^  prelencc  de  ce  baltiment  ,  dans 

e(le        edtfie    t  •  j  i  \^  C 

par  NfpL  rencemteduqueices  propos  lale 
PalTZie  renoycnt,  &  ne  prcnans  pas  garde 
feieueras  en  ^y  acftc  dc  Icfus.  quifc  monilroit 
du  doigt  loy-nKlme  en  parlanr, 
commeauffi  n'auoyent  ils encore 
iamais  pcnle  a  fa  mort ,  ny  a  ce  qui 
s*endeuoicenfuiure,creurent  ai- 
fement  qu'il  paiioitde  la  deftru- 
dion  &  de  la  reilauration  Acctt 
edifice.  Sur  cette  opinion  ils  for- 
merentleurobjedion  ,  &rendi- 
rentlarefponredelefuslaplusab- 
furde  qu'ils  peurent.Car  il  eft  bien 
yrav  que  le  fecond  TempJkauQit 


ifots  tours » 


Icfus  Chrfl  felon  S,  lean.     S7  Cha.  z. 
efte  long- temps  a  baftir;   mais 
neant  uoins cetcc longueur eftoit 
en  grande  partie  venue  des inter- 
ruptions furuenues  en  la  conti- 
nuation de  Touurage/  Mais  eux 
contans le  temps  des  interruptios 
auec  celuy  auqucl  on  y  auoit  tra- 
uaille ,  &  eftendans  le  tout  en- 
fembleleplus  quil  fepouuoit^ils 
luy  re(pondirent;  on  a  efte  qua- 
rante  fix  ans  a  baftir  ce  Temple 
icy  :  qu'elle  apparence  done  y  a- 
t-il  en  ce  que  tu  nous  dis ,  qu  en 
trois  iours  tu  le  peux  refaire  ?  Mais     ^  ^^^ 
quant  a  luy  ,  n'eftant  pas  oblige    ^^^^    '^ 
de  lesdeliurerde  cette  erreur  ^  11  Temph  ds 
les  y  laifra,&  ne  leur  dift  point  que     '^'^'^ 
par  vn  effort  tout  a  fait  extraordi- 
naire de  la  puiflance  de  fadiuini- 
te^il  reflufciteroit  quclque  iour 
fonCorpS:,dontilparloit  commc 
^^vl  Temple  facre  ,  ou  habitoic 
non  feulement  vneame  pleinc  dc 

'  \  F  4 


Cha.  2»  88     n^araphrafe  furl'Euangilede 

fainftete,  mais  vnediuinite  ega- 

le  acelle  du  Grand  Dieu  fon  Pe- 

f* "     re.    Et  fcs  difciples  non  plus  que 

quandiifut  ks  autres  n  entendirent  point  lur 

teffulcite  des    \^\  r 

worn  ,  jes  1  hcurc  cc  Iicn  propos  ,  preuenus 
tfni^lLlT-'  ^^'^Is  eftoyent ,  non  pasde  la  paf- 
»ance  quit  fion  oul  DofTcdoit  Icsluifs  ^  mais 
^1/  ^^/^ ;  e^  de  ces  autres  cholcs  qui  dans  1  ob- 
TZ'ZrJ!  fcuritedcs  paroles  de  lefus  ,  leur 
^ku  pa-  auoient  donne  Toccafion  de  les 

role  que  U-    ^  ,         ,_-,  ,  -  J,    . 

jusauoitdi-  interpreter  du  Temple,  Mais 
quand  ils  le  virent  quelques  an- 
nees  apres  refifufcite  des  morts^ 
alors  fe  rcflfouuenans  de  fes  paro- 
les ,  &  rapportans  enfemble  ce 
qu'il  auoit  dit  des  troisiours  de  la 
reftauration  du  Temple  dont  il 
parloit  ,  auec  les  trois  iours  qui 
coulerent  depuis  famortiufqua 
fa  Refurredion^  &  auec  ce  que  les 
Prophetesen  auoyentprcdit  au- 
trefois ^  ils  entendirent  ce  que 
ccftoit  ,  &  ne  heiitcrcntjiefor- 


lefns  Chrijl  felon  S.  lean.      89  Cha.  z. 
mais  plus  que  la  parole  de  lefus,  & 
que  TEcritu  re  du  vieil  Teftament, 
nefuflent  abfolumentveritables. 
Audi  eftoit-ce  apres  la  Refurre- 
(Stion  de  Chrift  que  Dicu  auoit  re- 
ferue  le  temps  de  leur  ouunr  Tin- 
telligence  ,  afin  depouuoirbicn 
comprendre  le  fens  des  Oracles 
des   Prophetes.      Depuis    cettc    ^-^^^ 
a6tioti,  lefusdemcuraen  lerufa-  en  semfa. 
lem pendant  le  temps  de  la  cele-  ^'^,UCur 
brite  de  la  fefte  de  Pafque,  &  fit  ^f  i^  /^>' 

I  f  .  t         ^     I  plufieurs 

beaucoup  de  miracles  en  la  pre-  creurem  en 
fence  du  peuple ,  felon  que  les  oc-  lontem^um 
cafionss*en  prefentoyent.  Etcela  ^'l^nf^fJi 
fit  que  plufieursquilesluyauoyet 
veu  faire :,  en  eftans  touches  d  v- 
ne  grande  admiration  :»  en  con- 
ceurent  cette  opinion ,  que  cc  de~ 
uoiteftrequelque  grand  Prophc- 
te ,  ou  mefmes,  peut-eftre,  le  Mef- 
fie  3  comme  fes  difciples  le  Ai^ 
foyent.  Cell  pourquoy  >  comme 


Cha.  z>  50  ^araphrafc  Cm  I'Euangilc  de 
en  telicschoies  les  Iiomnies  font 
promptsa  fe  declarer  tandis  qa  ils 
nc  voyent  point  de  peril  qui  les 
oblu2,^"  i  celerleurs  fentimcns,  ou 
que  .|uelv|ue  autre  objetneiolli- 
cite  point  leurs  aife£tions  contre 
laboaneopi-nonqu  ilsont  con- 
ceuefoic  d'vnepcrforuieoud'vnc 
do£lrine  , il  y  en  cue  quaiuite  qui 
iircnt  ouuerce  proft  ffion  i  croi- 
re  en  fonNom  &quiici'a.'ge- 
rent  au  nombrc  dc  fes  ditcrpies. 
Mah'^je-  Mais  encore  que  lelus  nc  les  u 

fus  ne   /^  empefchall   pis  ,   ^\  cil  ce  que 

feit  point  en  1       ^  l  ' 

iux  ,  parce  quaut  a  luy  il  ne  les  tmtpas  pour 
snoijfoit  hdelesiulquesatelpouit  ,  que  dc 
'*""'•  vouloir  demeurer  parmi  eux  .  & 
fe  comettre  aleur  ndchte  ,  au  rai- 
lieu  de  tant  d^ennemis  qu'il  auoi t- 
la3&  detant  d'embufches  qui! 
preuoyoic  luy  deuoir  eftre  dref- 
sees.  Car  il  les  conoiflfoit  tons  ioit 
bien^  &  fcauoit  qu  encore  quils 


lefus  Chrijl  felon  5.  lean,  pr  Cha.  x. 
ne  fe  dcclaraflent  pas  alors  pour 
luy  a  celle  fin  de  le  tromper,fi  eft-  * 
ce  que  leur  foy  n  ayant  point 
d'autres  racinesque  Tadmiration 
defes  adionSjSc  n  ayant  pas  pe- 
netre  bien  auant  iufques  dans  le 
coeur,  quandquelque  autre  plus 
puilTant  objet  viendroita  faifir 
leurs  entendemenSjCetteimprcf- 
fion  s'euanouiroit ,  &  qu  ils  luy 
feroyent  quelque  manuals  tour: 
ce  qu  il  vouloit  euiter  ,  parce  que 
fon  heure  de  fouffrir  n'eftoit 
point  encore  venue.  En  eflfed  il  ^.  ^y. 
n'auoit  pas  befoin  ny  du  tefmoi-    ^;    ^f^ 

i  J  ne  luy  ejtott 

gnage  queles hommcs  fe  peuuent  point  de  be- 
rendrc  les  vns  aux  autres ,  ny  de  cuniuyren- 
leurs  proprcs  adlions  pour  iuger  f^^^f""''";^ 
deleur  interieur.  Penetrant^com-  thomme.rar 

.\  r  '  r   •  r         •     C     -      r       ^^  Jf^uett  ce 

meiUailoit  5  par  Ion  innnie  la-  quieftoitm 
piencciufqu'au  plus  profondde  ^'^''"''"'''* 
leurs  reins,  quelque  legere  im- 
prclfion  qu  lis  reccuflent  en  leur 


cntcndement  pour  vn  temps  ,  il 
luy  cftodt  aife  dcprcuoircequils 
auoyent  au  fond  du  coeur  ^  &  que 
cctte  ombre  de  foy  ne  fercic  pas 
de  durec. 

CHAPITRE    III. 

f'  T-     ^^^®  R  y  auoit-il  en  lerufalem. 
«»w?  ^«^^  ^^^^  ^^  ^^^^^  eitoit  alors  ,  vn 
tuTs  il7^  ^^^^  certain  perfonnagc  ,  dc 
^^tmcZi'  l^fe^edes  Pharificns ,  la  plusre- 
meA'vndes  ucrec  dc  toutcs,  qui  auoit  nom 
treiesimfs.  Nicodemei  icquel  auoit  bienaul- 
fi  reqeu  quelque  teinture  de  la  foy 
par  radmiration  des  mcrueillcs 
qu  il  auoit  veu'es.    Mais  la  condi- 
tion dontileftoit^rauoit  empef- 
che  de  fe  declarer  difciple  de  le^ 
fas  tout  ouuertement.Car  il  cftoit 
iVn  des  principaux   d'entre  Ics 


leCus  Chrifl felon  S.  lean.     53  CKi.  f. 
Iuifs,&  auoit  part  en  cereftc  d  au- 
toriteque  les  Romains  auoyent 
laiflfeeau  Conieil  public  3  pour  cc 
<q\ii  rcgardoit  Ic  gouuerncment. 
Or  outre  quctcllcs  gens  oc  vont 
pasfiviftecn  Icursadtionsque  Ic 
commun ,  le  rang  qu  il  tcnoit^luy 
faifoitapporter  plus  dc  circofpc- 
£tion  a  fit  coduite,  afin  de  ne  per- 
dre  pas  fon  credit  ny  auConfeil  ny 
parmyicpcuple*  Ncantmoins,&: 
les  propos ,  &  les  merueilles  de  le- 
fiis  Tauoycnt  touche  ,    de  forte 
qu  il  auoit  defir  de  communiquer 
auec  luy  3  pourueu  que  cela  fc  fill 
fans  offcnlc  de  pcrfonne.  Cepcr-    ^  ^^ 
fonnage  vint  done  de  nuit  a  lefus,  ^f '^^I'^f 
afia  que  perloruie  ne  le  vift,  &c  luy  Jefus.&  luy 
tint  vn tel langage. Maiftre, il n'y  Zm   J^'t!-^ 
a  perfonnequi  ne  puiflc  rccon-  "^^^r^lt 
noiftre  que  tu  meritcs  ce  xx\ttc\  fi""' '^'^'^ '^^ 
tout  autre  droit  que  ne  tont  les  nui  ne  feut 
autrcs Dodeurs.  Affeurement tu {Z'sq'i^  m 


Cha.  J.  94    n^araphrafe  Jurl'Euangilede 

portesde  routes  autres  enfeigncs 
%'^^JZ  deta  vocation  quGux,  &ceuxqui 
^«>  y  feront  attentifs ,  nedouteront 

aucunementqueDieu  net  ait ex- 
traordinairement  enuoye  pour 
eftreleDodcurdeshomcs.  Caril 
eftabfolumentimpofrible  qu'au- 
cun  falTe  Jes  fignes  &  les  merueil- 
les  que  tu  fois^tant  elles  paflent de 
loin  la  puiflance  des  hommes  & 
dcs  Anges  mefmes,  fi  Dieu  n'eft 
auec  luy  dVne  alliftance  de  fa  ver- 
tu  tout  a  fait  particuliere.  Puis 
ayant  tafche  de  s'infinuer  ainfi 
vers  luy ,  fe  reflfouuenant  qu'en  fes 
difcoursilluyauoit  oui'parlerdu 
Royaumede  Dieu, dont les luifs 
attendoyent  la  reuelation ,  A  luy 
en  tint  quelque  propos ,  comme 
pour  luy  demander  en  faueur  de 
qui il  deuoit  eftre  reuele ,  veu  qu'il 
yauoit  fi  peude  gens  qui  receuf- 
fent  fa  predication  ^  &  qui  s  y  pre- 


IDUH, 


leftisChrifi  felon  S,  lean,  95  Cha.  $1 
paraflcnt.  lefiisdoncpritlaparo-  ^.  ^^ 
Ic  pour  refpondre.&voyant que  ^^(^^  ^^^ 
ce  qu  11  y  aiioit  11  peu  de  gens  qui  ^«/  dit .-  i» 
receufifent  fa  Dodrine,  choquoit  lllTe  'u 7e 
Nicodeme  ,  il  luy  die,  QiTilne  '^:/Z^ 
£iIioic  pas  qu'il  trouuaft  cela  ""^^^f »  ^^ 
eltrange.  (,)u^ilnyauoitrien  de  i^e>"»^</»^ ^^ 
plus  certain ,  &  quil  en  deuoit 
croire  a  (a  parole  ,  comme  aux 
plus  inuiolablcs  fermes,  que  com- 
me le  Royaume  de  Dieu  eftoit 
d Vnc  nature  toute  diiterentc  de 
ceu^^^  Monde, aufli  y  entroit- 
on  par  des  moyens  merueilleufe- 
ment  differens.  On  entre  ,  dit-il> 
d'ordinairedanslcsRoyaumcsdu 
monde  par  le  droit  dela  nailFan- 
ce.  Pour  cntrer  dans  le  Royaumrc 
des  Ciea^Tjil  flmt  naiftre  derechcf; 
alTeurcment  il  n'y  a  pas  moyen  d  y 
auoir part autrcmcnt ,  ny  d'en  ve- 
nir  en  iouiflance  que  p^r  cecte 
voye,    Defquclles  paroles rNico- 


f^  ^      dcme  fe  trouuant  farpris,&  s*ima- 
Nicodeme  ginaHt  quelciue  chofe  d'extraua- 

luydtt:Co'    O  T  1 

w^»f  /.(.«^  eantou  a*impoflibleen  cette  fc- 

naifirequad  concle  nailiance  ^  &  particuliere- 

ff  71:  meat  faifant  reflexion  fur  Toy. 

rechef   en  q^i  eftolt  fortl  da  ventre  de  fa 

tredeftmc^  mcrc  11  v  auolt  dclia  lone-temps, 

matjirei      lUaydit:  Comment  le  pourroit-* 

ilfairequVnhomme,  qui  eft  par- 

uenu  a  fa  parfaiteftature,  &  qui 

mcfmeseft  defiavieux  ,  nafquift 

encore vne autrefois?  Peut-Ure-. 

tourner  dans  le  ventre  de  fa  mere, 

ou  il  eftoit  autrefois  petit  enfant^ 

&  puis  reuenir  au  monde  par  vne 

^,  y,      nouuelle  naiflance  ?    A  quoy  le- 

ufusref  fusrefpondit.  A  prendre  mespa-t 

1/mVe  ,  en  Tolcs  come  tu  Ics  prciis,  il  n'y  a  pas 

ly[lJe\ui  fajetdes*eftonner  fi  elleste  cho- 

"dfau  ,  ^  quent.  Mais commeie parted' vn 

d'efprit    ne  Rovaumc   de  nature  fort  diffe- 

feut    entrer  J  i»-         1 

an  Koyau-  rente  dcs  Royaumes  d'icy  bas ,  tu 
dcuois  auUi  conceuoir  qu  il  elt 

'queftioii 


lejtis  Chrifi  felon  S.  lean.     99  Cha.  {. 
queftion  d  Vne  difFerentenaijGTan- 
ce»  Ic  te  le  repete  done  dercchcf 
auec    la   mefnie     afTeueration, 
qu  en  verite  fi  on  nt  naift  encore 
vnefois^maisdVnenaifTancefiir^  " 
naturel[e,&  qui  aic  pour  principe 
TEfprit  de  Dieu,  &c  la  vertu  de  ces 
diuines  eaux  que  les  Prophetes 
ont  autrefois  promifes  pour  le  de- 
figner  ^  il  eft  impollible  d'auoir 
aucune  part  au  Royaume  de  Dieu 
dont  ie  te  parle.  Telle  qu*eft  la  co-       f.  ^.. . 
dition  du  principe  ,  telle  eft  la  J^/^iJ 
condition  de  tout  ce  qui  en  de-  'fi    '^''j^'i 

r  Ion'  1  t^ceqmejt 

Icend  5  &  telle  encore  la  propor-  mdejef^ritt^ 
tionquil  a  aux  cliofes  aufqueU  '^'^^'*^' 
Ics  on  le  deftine.  Parce  que  la 
chair  eft  vn  principe  naturel  & 
corrompu  ,  tout  ce  qui  en  naift 
eft  naturel  &  corrompu  pareil- 
lement  ^  &  n'eft  propre  qu  a  la 
ioui'lTance  &  a  la  participation 
deischofes  naturelles  ^corrom- 


Cha.  J.  lOO  Paraphrajejur  l*Euan^ile de 
pues.  Mais  parcc  que  TEfprit  eft 
vnprincipe  furnaturcljCc  qui  en 
naift  eft  furnaturel  &  fpirituel 
comme  lay,  &proprealaiouif- 
fance&ala  participatio  dcscho- 
fes  fpirituelks  &  furnaturellcs.  Et 
Ke  ^'t'ef  que  ce  que  ie  te  di :,  qu'il  faut  nai- 

!!!!r'^'     ftrederechef,  ne  te  donne  point 

potm  que  ie  ■>  I 

raydtt:ii  ij^ot  dcftonnement  .comme  fi 

-vozis     f^ut  ^      -  .  r  1 

eflrenahde^  louDs  ombfe  ouc  cctte  leconde 

rec^ej.       naiflancc  a  pour  principe  iTfprit, 

lequel  on  nevoid  point  ^c'eftoit 

vne  chofe  incroyableou  impofli- 

ble.  II y  abien  dautres  chores,& 

mcfmes  dans  la  nature,  dont  on 

ne  f^air  point  ny  Torigine  ny  la 

fin  3  qui  nelaiflentpas  d*eftreve- 

^,  8.      ritables  pourtant.  Le  vent,  pour 

fi^p^a  exempIe,fouffleouil  veut  ,  e'eft 

-umt ,  t^  tu  \  Jii'e  ^  Qi^  1^  prouidence  de  Dieu 

teiuy :  mats  conduit  les  agitations  &  les iialci- 

'dokuvtent,  nes.  Et  tuentens  bienle  fon  &  Ic 

ZSiZ  bmit  quil  fait  ,  qui  ne  tc  laifTe 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.  loi  Cha^  ^ 
hullement  douter  que  cc  ne  (oit  ^,^^,  ^^^ 
vne  cliofe  reellement  cxiftente.  ^^^^vw^; 
Neantmoins  tu  ne  fc^ais  point 
d'oii  il  vient;  car  qui  a  iamais  fceu 
lafource  dcs  vens  ?  Ec  tu  ne  fc^ais 
non  plus  ou  il  va :  car  qui  a  iamaiis, 
rcmarqu6  Tendroit  oti  precife- 
ment  Icur  mouuement  fe  termi- 
ne?  S(^ache  done  quilen  eft  a  peu 
pres  ainfi  de  tousceux  en  qui  cc 
principcde  I'Efpriteft  caufedV- 
ne  nouuelle  naifTance.  II  agic  ou 
illuyplaiftj&commela  Iibievo- 
lonte  de  Dieu  le  difpenfe.  On  eri 
void  bien  quclques  effeds  en  ce- 
luy  en  qui  il  deploye  fa  vertu. 
Mais  neatmoins  on  ne  void  point 
quand  ny  coment  il  commence 
d'agir;  &  la  fin  a  laquelle  il  con- 
duit 5&011  il  ceOfera  d'agir  de  la 
fac^on^  eft  chofe  qui  maintcnant 
ne  s  appercjoit  pomt  a  la  veucc 
Maisquoy  queces  chofcs  la  fuf-*     f.  9. 


Cha.  3.  lOi    n^ara^hrajQ  fur  lEuangilede 
refpondh,  6*  ^^^^^  ^^^^  intclligiblts  d'elles  mef- 
/«r      ^/>:  jYies,  fieft'CC  que  Nicodeme  ne 

Comment  (e  ■'  i 

fern  fatre  les  entendit  Dolnt  cncore      Ceft 
pourquoy  y  trouuac  touiioursdes 
difficultes   qui  paroifloyent  in- 
fiirmontablesafonErprit3ilcon- 
tmuade  demanderalefus;  Com- 
ment fe  peuucnt  faire  ccschofes? 
f:  lO'    Tellement  que  lefus,  comme  s'll 
pondit,  &  euitelte  lurpnsde  1  Ignorance  & 
^el^^^ochUr  de  la  tardiueted  vn  homme  qui 
d'lfr^d,  6^  deuoit  auoir  Tentendement  plus 

ne      cognois  -    1 

point  ces  ouuert  &  plusexerce  encelaque 
le  communjuy  dit:TuesDo6teur 
en  Ifrael ,  &  de  la  (efte  qui  s'en  fait 
le  plus  accroire ,  &  ncantmoins  tu 
ne  comprens  point  encore  ce  que 
ie  te  dis;  cela  n'eft-il  pas  honteux 
f'ii.^  en  vn  homme  deta  forte  ?    Mais 

Enverite.  .  1 

en  -veriteie  ton  ignorancc  ne  change  nen  en 

Zt^s  d.fZ  1^  v^^'^^^  ^^  ^^  q^^  ^^  ^^  ^^^^  ^^ 

ce  que  nous  auaut.  Carcn  veriteie  te  di:>  & 

Jfauons,  c^      .  •       1     I    •      1   1  /* 

tefmoignons  tieH-le  pout  mduDitable,  que  a 


lefusChrifl  felon  S.  lean.     io$  Cha.  3, 
tuasiamaisouiprononceraqucl-  ^^^  .  ^^.^ 
queDodcurquc  ce  foic.  ccqu  lis  ^^^^  «^  ^^- 
one  afles  louucnt  en  la  bouche,  noflre    tef 
quand  ils  veulet  dire  quelque  clio-  ^'''^^''^' 
fe  bicnaffirmatiuemec  ;Nous  di- 
fons  ce  que  nous  fcjauos  tres-  bien, 
&  ne  tefmoignons  de  ricn  que  de 
ceque  nospropresyeux  ontveu; 
ielepuis  prononccr  incompara- 
blement  en   plus  forts  tcrmes. 
Mais  ii  y  faut  adjoufter  ce  que  les 
aucresn  y  adjouftent  pas ;    Ceft 
que  vous  nc  croyes  pas  a  ce  que 
nous  vous  difons  ^  &  que  vous  ne 
receues  pas  noftrc  tcfmoignage. 
Car  tu  vols  quelle  refiftance  la 
plufpart  du  Monde  y  fait ,  &  toy 
mefme  en  monftres  vnc  prcuue 
en  tes  paroles.  Et  fi  ny  toy  ny  les    i^.  ni 

/  J  •  Si  ie  x;ous 

autres  ne  croyes  pas  quand  le  vous  ^^  ^.^  ^^,y^, 
di  des  chofcsfi  accommodecs  a  ^W^^^^©* 

vous   ne  le 

voftre  capacite  ,  &  fi  clairement  croyex^^dnt 
xUuitrees  par  des  cgnlidcrationsnr  t^o.^^,/ 

G5 


Clia.  3-  io4  TaraphraJeJkrtEuangilc  de 

te  mm  dy  pnfcs  dc  la  Natuic  mcfme  ^&  quc 

eh0jes  ceu-  ^q^-  \q  HioHcle  coiinoift  3  que  fe- 

X2l  ce  11  le  viens  a  mcttre  en  auant 

desfecretsbeaucoup  plus  releues, 

&  que  ic  les  enonce  d Vne  fac^on  6d 

par  des  termes  diuins  &celeftes  > 

Combien  feres  vous  encore  alors 

^,  y,       plus eloignes  de  Ics  croire ?  Et  cela 

Car  per.  (cYo'it  HOtt  difficilc    fculement, 

lonne    nefi  ^      ,  m    t  ^     '  ^ 

monte    au  mais  irnpoilible  a  tout  autre  :  a 
cduy  c^uiefi  m oy  il ne  I'eft  nullcment.Car  plu- 
u7uuv%  ficurspeuuentbienauoir  tire  di- 
^'J^'>^^^  uerfes  connoiflances  de  la  confi- 
cicu         deration  des  chofes  du  monde, 
que  yous  aues  continuellement 
dcuant  les  yeux.  L  9UIC& la  le6tu- 
rede  la  Loy^  a  laquelle  vousau- 
tres  Do£teurs  faites  profeflionde 
V       vous  adonner  fi  foigneuiementj 
vous  peut  auoir  elcues  bcaucoup 
plus  Iiaut  que  ne  portent  les  con- 
noiflancesquedonne  la  contem- 
plation des  chofcs^u  m5de.  Mais 


lefus  Chrijiftlon  S.  lean,  105  Cha.  3* 
quant  a  la  fublimite  deces  hauts 
myftcres,  done  la  rcuelation  nc  fe 
peut  tirer  fino  du  Ciel^aucun  n'eft 
monce  la  haur  pour  Ics  en  tirer^  ny 
naapprofondila  fapienceduPc- 
re  ceiefte  ,  finon  cclujtqui  en  eft 
defc€du,&  qui  en  a  efte  cnuoye  dc 
parluy,&quiavncfi  etroittc,  fi 
familierc,&:  fi  continucllc  com- 
munication auec  luy  \  que  c'eft 
comme  sil  cftoit  toufiours  dans 
le  Ciel ,  d  ou  aufli  ne  bpuge-t-il 
point  quant  a  fa  diuinite^'dpnuer- 
fant  afliduellemcnt  auec  fon  Pere. 
Or  afin  que  tu  ne  t*abufes  plus  en  o^^^Jmme 
rmtelligence  de  la  nature  de  ce  f^^/^^A^^ 

C>  le  ferpent  ati 

Royaume  aesCieux,ny  du  moyen  v^M  .•  atnft 

11-1  r  f^^t  il    que 

^        equel  il   en  taut  entrer  en  u  jus  de 

ioui'fTance,  il  faut  que  ie  t'en  parle  Jj^f''^'^ 
vn  peuplusouuertement.Tuf^ais 
iHiftoire  du  Serpent  que  Moyfe 
eleua  au  defcrt^Si  comment  ayant 
la  figure  cxtcrieure  &  la  couleur 
'  G  4 


Cha.  5.  lo<J*  ^araphrafe  fur  tEuangtkde 
des  ferpens  bruflans  ,  non  feule- 
ment  il  n  en  auoit  pas  le  venin, 
mais  mefmes  il  auoit  la  vertu  dc 
rcndrelavie&lafantea  ceux  qui 
en  eftoyent  blefles.quand  ils  y  ad- 
drefToyent  attentiuement  Icur 
veue.Celaa  vne  toure  autre  figni-- 
fication  ,  &  regarde  beaucoup 
plus  loin^que  vous  autres  dod:eurs 
de  la  Loy  ne  penfes.  Ceft  vne 
figure  a  laquelle  refpond  cette  ve- 
rite :,  qu il faut que ce  Fils de Iho- 
me, aqui  le  Royaume  des  Cieux 
eft  donne  en  Daniel,  foit  premie- 
rementefleuefurvn  bois,  &  puis 
apres  exalte  deuant  les  yeux  des 
f'  15-     hommes  par  la  predication.  Afin 

Ajin     que  ^  -    r       r        - 

quicmque  quc  tous  ccux  qui  le  lentiront 
;f  7i#  bleir^s  dupech^  auquel  ils  font 
pomt,  mais  tousfuiets.&dontleremordscau- 
siiMff.  lediiorribles  flames  de  douleur 
&dedefefpoir  en  laconfcicncCs 
ycnans  a  le  co/itempler  attend- 


lefus  Chrijl  felon  S,  lean.     107  Cha.  ^. 
ucment  desyeux  d  vne  viue  foy, 
luy  qui  n'eft  point  liomme  pc- 
cheur,  quoy  qu'cxterieurcmentil 
en  ait  la  reffemblance ,  ne  fuc- 
combent  point  au  peril de  more 
&  de  malcdidion  auquel  ils  font 
naturellement  aflfujettis   ,   mais 
qu  ils  obtiennent  par  lay  falut  & 
vie  eternelle.  Car  Dieu  de  fa  pure     f-  ^^' 
compaliion,  &lans  y  eitreinuite  atant^jmi 
^        a    conlideration  daucune  quHUdon- 
bonne  qualite  qui  fuft  de  refte  %J;''^  g 
dans  les  hommes  ^a  tant  aime  le  ^"^^  5'«'^^'^' 

•t  .  X-  I  , , «  <  '^ue  cro'tt  en- 

monde  vnmerlel  ^  qu  11  a  volon-  luy.nepnf^ 
onne  Ion  Fils  ^  Ion  •vieEtemei^ 
Vniquc  ,  le  Fits  de  fa  diledion,  ^'' 
pour  eftre  efleue  de  la  facon  que 
ieviens  dete  reprefenter  ,    afin 
qu  indifferemmcnt  tousceux  qui 
le  contempleront&  quicroiront 
en  luy ,  euitent  la  perdition  ,    & 
qu  ils  obtiennent  la  vie  cternelle. 
Car  vousaues  bien  leu  dans  les    c^i* -d/v« 


Cha,  ;?.  io8    n^araphrafe  furtEuangile  de 

n'afcinten  Prophctes  quc  Dicu  doit  quclque 

my^fin  fib  jQ^J.  apparoiftrc  en  la  perfonne 

four    con-  (l^  Mcflic  ,  afia  d'exercer  luec- 

i?^^;^^^.70/»ix  ment  lar  toutela Terre.    Et ccia 

"t^jr/oit  doit  eftre  execute  eomme  il  a  efte 

>w   ^^r  pi;eJi^,  Mais  il  y  a  vn  autre  temps 

que  cettuy  cy  prdonne  pour  cela. 

Pour  le  prefenc,^  Dicu  n  a  point 

enuoye  Ton  Fils  au  monde  afin  de 

iuger  le  monde  &  de  prononcer 

arrcft  de  con  damnation  contre 

luy.  La  fin  de  cette  venue  du  Fils 

deTHommeau  monde^eft  de  luy 

reueler  lefperance  du  fakit^&r  d'en 

mettre  efted:iuement  en  poflfef- 

lion  tous  ceux  du  mode  quicroi- 

ront  en  luy  ,  &  a  la  parole  de  fon 

^  18.     Euano;iIe.     Partant    quiconque 

erTiuy  ,  ne  crou'a  cn  luy  ,  qui  qu  il  (oit,  n  au- 

tndJnT  i*a  point  dc  part  en  cette  condam- 

mais  qutne  j^^tio  Dour  la  prouociation  dcia- 

efidefuc6n-  quelleilyavn  temps  determine. 

il  nl^^Z  Lafoy  au  Fils  le  deliure  abfolu-- 


lefus  Chrijl  ftlon  S,  lean.    105^  Cha.  ^. 
mentdc  ce  peril  &  de  cettccrain-  ..enaunmn 
tc.Mais  quant  a  celuy  qui  nc  croic  J/jf;-^: 
pas,ccttuy-la  ,  quiconquefoiMl 
pareillement,cft  des  maintenant 
fi  irreuocablcmcntafTujettiacct- 
te  condamnation ,  qu'on  peut di- 
re en  quclque  faqon  que  la  fenten- 
ce  en  eft  defia  prononcee.  Car  n'y 
ayant  point  d'autre  moyen  de 
1  euiter  ,  linon  de  croire  au  nom 
du  FilsvniquedeDieujen  mefpri- 
fan  t  ce  moyen ,  non  feulcment  il  a 
melprife  Texemptio  de  cette  con- 
damnation  ,  mais  par  fon  incre- 
dulite  ilen  a  meritevne  nouuel- 
le.     Et  nya  perfonne qui puifle    J^^X^u 
douter.nyque  cette  condamna-.  ^^^damna- 
tionquilauoitdeliameritee  ,  ny  lumieu  efi 

11  t  -]  •       venue 

quecellequedenouueau  uaatti-  n^ende 
ree  fur  foy  en  ne  croyancpas ,  ne 
foit  tres-iufte  J  de  forte  que  celuy  ^/f^'^*^ 
quiladoitloufirirn  aaucune  ex-  u  lumiere. 
cufc  a  y  oppofer.   Car  il  n  y  peut  TJrs 


venue       au 

& 

les  hommes 
ont  mkux 
■s  te- 


fource     qtii 
oetihres 


Cha.  5.  no    Paraphrajefur  lEuangile  de 
4oientmef  ^uoir  dc  plus  raifonnablc  ny  de 
€hMes.      p^^5  euidente  caufe  de  condam- 
nation  que  celle-la:  que  la  lumiere 
qui  feule  pouuoit  reueler  le  mo- 
yen  d'en  efchappcr ,  eftant  de  fori 
bon  gre  venue  au  monde,  &  s'e- 
ftant  prefentee  aux  yeux  des  ho  m- 
mes  5  afin  de  lesconduire  a  falut^ 
les  liommes  one  mieux  aime  les 
tenebres  quelle ^&fe font  inuin- 
eiblemcnt  obftines  a  (uiure  Icurs 
egaremens.    Et  ce  qui  leur  ofte 
encore  toute  apparence  d'excufe 
eftjque  cen^eftque  leur  malice, 
&  I'obftination  qu  ils  y  ont,  qui 
leur  afaicrejetterla  Gonduite  de 
cecte  lumiere,  &  fonillumina-- 
tion  :  parce  qu  eftant  adonnes  a 
mauuaifes  adions,  ilsnolit  pcu 
fouffrir  I'eclat  de  cette  lumiere 
f.  zo.     qui  les  en  a  redargues.     De  fait^ 
conque  fait  c  clt  Ic  naturel  de  tous  ceux  qui 
'chimesjjt'i  font  mal^de  hair  la  Lumiere^&^fle 


lefusChrifl  felon  S  lean,  in  Clia^  ^^ 
Bevouloirpaseftreeciaires,  Ny  u  Umfen, 
ils  ne  s'approchent  pas  de  la  clar-  ^.  ""^  ?^^f ^ 

rr         _       _^  L  point aialu^ 

te:,iiyils  nelouftrent  pas  qu'ori  ^i^^t  ,  de 

1>  1        J»  ^     '    11      f^^^  que  fes 

1  approche  a  cux  ,  parce  quelle  oeuHres  m 
feroit  voir  combien  leurs  jmau-  ^Zmerml" 
uaifcs  adions  font  hontcuresy& 
dignes  de  haine  &  de  detella- 
tion.Ecc'eft  ce  qu'ilsne  vculetpas 
que  Ton  voye  J  parce  quaimanslc 
vice  3  ils  nes'en  veulent  pas  deta- 
clier;&  que  s'aimaiiseux-mefmes, 
ilsne  peuuentfouffrirla  hontcdc 
s'y  voir  fi  opiniaftrement  enga- 
ges. Car  quoy  que  ce  foit  ,  & 
pourfiaueugles  qu*ils  foyent,  le 
Vicea  toufiours  vne  laideur  quife 
fait  remarquer  a  eux  malgre  qu'ils 
en  ayent.    Mais  quant  aux  gens      %  tu 

dl    .  .  ^  1    ^     ^        Mais  es' 

e  bien  ,  qui  prennentplailira  luy  ^m  ft 

cheminer  en rondeur&en  fince-  ^^.^^^ 

rite, ils ont  vne  affedion ,  &  vne  ^'l  ^**rniere 

dilpolition  toute  contraire.    lis  <^^»res 

.  It  o       »  foientmani" 

aiment  la  Lumiere  ,  &  s  appro-  fefi^s.t^^m^ 


Cha.  f  lit    n^araphrafefufl'Euangtlede 

tHHt^t^eUes  client  d^elle  ,  &  prcnncnt  pliifit 

i^«r  Ato  qu'elle  erclaire,&  qu  die  farfc  voir 

leurs  actions ;  parce  qu  ils  fc- auent 

bien  qu'cftant  conformes  a  la  vo- 

lonte  dc  Dieu^&  faitespar  la  ver- 

tude  fon  Efprit,  &  parTafTiftan- 

cede  fa  Grace,  cllcs  nc  peuuent 

eftrc  iugecs  que  belles  &  bones,  & 

qu'elles  ne  redoutent  point  Tcxa- 

.  ,  ^^^     me.  lefas  ayant  tcnu  ce  diuin  pro- 

^pres  ces  DOS  a  Nicodemc .  &  iugeant  Qu'il 

auec  fes  di  auoit  all  cs  demeure  en  Icrulalem 

^tuterrZlre  pouf  cettc  heurc  la>il  fe  retira  luy 

de  udie:o;  & fo difciples a k  capa^ne.dans 

UdemeuYoit  ^    n      •         rP  /  \  1  I 

auec  eux,6*  Ic  oavs  Qui  eftoit  ailiene  a  la  tribu 
de  luda ;  &  la  il  demeura  quelque 
temps  auec  eux  J  commencjant  a 
fe  faire  d'autres  difciples  par  leBa- 
ptefme,  lequel  ilfaifoit  admini- 
ftrer  par  ces  premiers  qui  Tacco- 
pagnoyent  ordinairemcnt.  Ce 
qui  a  fait  dire qu*ilbaptifoit luy- 
mefme ,  parce  que  ce  qu  ils  en  f^i-^ 


lefus  Chrifi  felon  5.  IcdfL     113  Ch£  5 
foient,  e'cftoit  par  fon  comman- 
dcment.    lean eftoit aujffi encore     f^,- 
alors  en  Enon ,  proche  du  lieu  dc    ^^  i«^»^ 
Salirft  jOu  11  eontmuoitlexerci-  aufienEn^ 
ce  de  fa  charge  par  la  predica-  7alm-pJr. 
tion  dc  la  repentance  3  &  par  7«'',i/'*'^i| 
i'adminiftration  du     laaement  ^^^^^^^^^^ 
qu  li  auoit  accouitume  de  taire  vemitmi^, 
donncrenfigne  de  remiflion^des  T^^aftl^. 
pechcs.    Et  il  choififfoit  volon- 
tiers  ce  lieu-la  pour  la  comodite 
de  TeaUjdont  il  y  auoit  beaucoup 
en  cct  end  roit,&  parcequ'il  eftoit 
propre  pour  y  plonger  ceux  qui  fe 
raifoyent  baptifer  ^  comme  c'e- 
ttoit  lors  la  couftume.     Telle- 
mentque  le  pcuple  affluantla,il 
les  y  faifoit  ainjfilauer.  Car  alors    fy  *4 
leann  auoit  point  encore  elte  mis  »'^«^^> 

•  /  r>  ^  point  encore 

cn  prilon  ,    &  tout  ce  que  nous  efn  n. 
auonscy  deflusracontedes  paro-  ^^'^''''^ 
les  &des  actions  de  lefus, aprece- 
dqfon  emprifonnement ,  au  lieu 


mis  en 


Cha.  5.  1I4  ^araphrafc  Jurl'Euangile  de 

quelcs  autrcs  Eaangcliftes  pren- 

nent  de  la  fin  de  rexercice  dela 

charge  de  lean ,  le  commecement 

de  la  narration  des  fon6tions  de 

f.  IS     celle  du  Sauueur  du  Monde.    Or 

-^IqJefiZ  pen  auat  que  lean  ccfTaft  de  pref-< 

«i.«.4f^.^/.  chenilarriuavnechofe  biencon- 

Jetplei        ae  ^ 

lean  auee  fiderable,&:  qu'ilne  fautpaslaiC- 
four  lapu,  ferfous  filence.  Il  auoit  desdifci- 
pies  qui  1  accompagnoyent  ordi- 
nairement,  commenousTauons 
defia  remarque^auec  lefquels  les 
luifs  qui  venoyent  pour  (e  faire 
baptifer ,  auoyent  affes  fouuent 
quelque  conference.  Envnede 
ces  confereces-la.:,  il  s'emeut  vne 
<}ueftio  entre  les  difciples  de  lean, 
&  quelques  vns  d'entre  les  luifs, 
touchant  la  nature  de  fon  baptef- 
me,  &refficacede  cette  purifica- 
tion. Car  les  difciples  de  lean  fou- 
ftenoyetque  fon  baptefmefeftoit 
d'inftitution  diuine ,  &par  co^n- 

fequenc 


lefns  Chrifi  felon  S.  lean.  115  Chi.  $1 
fequcnt  dVne  excellentc  vertu. 
Au  lieu  que  ces  luifs-la  difoyent 
que  ce  n  eftoit  finon  vne  fimple 
ceremonie ,  que  chaque  Do£teur 
auoit  la  liberte  dmftituer&de 
pratiquer  de  fon  mouuement 
particulicr,pourfignalerenquel- 
que  facjon  fa  dodrine ,  fans  en 
auoir  rec^eu  aucun  commande- 
mentdcDieu.  Et  pource  quele- 
fus ,  comme  nous  auons  dit  cy 
defTus,  baptifoit,  &que  ces  Imfs 
centre  qui  les  difciples  de  lean 
difputoyent  ,  ne  croyoyent  pas 
quileuft  devocatio  diuine^pour 
cela ,  ils  en  alleguoyent  I'exemplc 
pourconfirmer  leur  opinion, & 
mefmes  infulcoyent  a  lean  ^  parce 
que  lefus  fe  rendoic  beaucoup 
plus  celcbre  que  luy,&  que  beau- 
coup  plus  de  gens  couroyent  a  re- 
ceuoirfon  bapcefme.  Lcsdifci-  f,i6. 
pl^.s  delean  done  picques  en  quel-  ^i„4r7?!t  '^ 

H 


tout     vteri' 


Clia.  3.    \'l6  ^araphrafc  JurtEuangilc  de 
ie^n,&iuy  quc  fac^oH  dc  cequonleur  alle-^ 
dirent:Mat   g-uoit  cct  cxemplc  pour  rabaifler 

^re  ,    celuy    t>  far  '        1  •  / 

^M  efiott  Ion autorite,&lur tout  indigncs 
'ITe'^u^Tor-  decette  infultationj  &  ialoux  de 
dam,de^td  i^gjoij-e  de  leurMaiftre  .vinrcnt 

tu  as  re 77 an  o  ' 

tejmotgna^  a  luv &  luv dircnt ,  comme  pour 
hapnfe,  &  1  mcitera  s  oppoleraucourantdc 
^  /^^  cette  reputation  que  lelus  alloit 
tous  les  iours  acqucrant :  Maiftre, 
cepcrfonnage  quivint  a  toy  lors 
que  tu  cftois  au  paiTage  du  lor- 
dain^&qui  demeurala  auectoy 
quelques lours ;cetliomme  a  qui 
tu  rendis  tefmoignage ,  &  que  tu 
mis  ^1  credit  parmy  la  nation^ 
s'eft  aufli  mis  a  baptifer  a  ton  imi- 
tation. Que  fic'eftoit  pour  tefai- 
redcs  difciplcs  ,bien;  encore  quil 
ne  le  deuroit  pas  faire  fans  ton 
confentement,  ou  fans  ton  ordrc. 
Car  autrement  quelle  vocation  y 
a-t-il?  Maistant  s'en  fautqu'illc 
falTe  J  qu  au  contraire,  il  fait  b^a- 


IcJusChrifl  felon  S  lean.      117  Cha.  3^ 
ptifer  en  fdnproprenom,&pour 
tc  recompenfer  du  temoignagc 
que  tu  lay  as  rendu :,  il  te  fouftrait 
toustes  difciples,  car  tout  le  mon- 
de  va  a  iuy.    Ainfi  penfoyent-ils 
exciter  dans  TEfprit  de  lean  de  la 
ialoufie  cotre  Iefus,&  Tinduire  ou 
afaiieouadire  quelque  chofequi 
rabbatift  &:  obfcurcift  Teclat  de 
fa  reputation  nailTante.Mais  ils  fe 
trouuerent  bieneloignes  deleur    je'J/ref 
pretention,  quand  ilsentendirent  ^'J  f  l'W 
IarefponfedeIean,&:qu'ilsvirent  ^^  »e  peut 
Teftime  qu  il  faifoit  de  lefus  au  cum  chofe, 
deflus  de  foy-mefme.    Car  il  leur  \fld7nriUH 
dit.  Nc  vous  imagines  pas  que  ce  ^"^• 
perfonnage  dont  vous  paries,  en- 
treprennc  vne   telle  chofe  lans 
vocation,  nyquily  reiifrift  com- 
me  ilfait  ,  fi  Dieu  naccompa- 
gnoit  fa  Miflion  de  quelque  fin^ 
guliere  efficace.    Ny  Iuy  ny  moy 
neiious  fommes  pas  fairs  ce  que 

H  % 


Cha.  {.  118    ^araphrafe  fur  VEuangile  de 

nous  fommes,  &  noftre  accroif- 
fement   ou  noftre    diminution 
n  eft  pas  en  noftre  difpofition: 
c  eft  Dieu  qui  nous  a  affigne  a 
tous  deux  ce  que  nous  deuions 
eftre.     Et  de  rait  l*homme,quel 
quil  foit,  ne  recjoit  chofequel- 
conque  en  matiere  d'agrandiiTe- 
ment ,  foit  en  autorite  ,  foit  en  re- 
putation, finon  autant  qu  ilplaift 
aDieuluyen  difpenfer  d'enhaut. 
if,  18.    Qii^nt  a  moy  ,  ce  que  vous  dites 
vommef-  q^g  Taycontribue  par  mesparo- 
tefmoins,     ics  a  ion  auancement  ,  vous  de- 
rV/'^>L  uroitempefcherd'elTayerdem'en 
^i''^.     ^'  donnerdela  ialoufie.    Car  vous 
iefuis  enuo  mcfmes  tefmoignes  que  ie  ne  me 

ye      defiant    ^    .      .  .  -1/1  »-l 

/«y.  luis  iamais  attribueplus  quil  ne 

m'appartenoit  ^  &  que  ie  n*ay 
point  tafche  de  rien  diminuer  de 
la  gloire  qui  luy  eft  deue.  Fay 
toufiours  dit  expreflement  que  ic 
n  eft ois  point  leChrift;  maisfeu- 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      iip  Cha.  3. 
lement  que  i'eftois  enuoye  deuant 
luy ,  comme  pour  luy  preparer  le 
chemirijafin  qu'il  fuft  recjeu  auec 
plus d'honneur  &  de  reuerence.  Il    f*  19- 

^       \  •  11       1  ■  rt*      -•  Celuy  qui 

y  a  a  peu  pres  pareiile  diirerece  en-  ^/^  ^Jie'e 
treluy  &moy,  quil  y  a  entre  le  ;{.  ^;  ^^ 
marie  ,  &  lamy  qui  raccompa-  ^'^^^^y,    '^«! 
gne.  Lemaneclt  celuy  pour  qui  Ajjifie,6>q^i 
toutle  rait,  &  pour  qui  1  cipoule  efwui  pur 
eft  ornee  &  prepar^e.   ^ox^  ^^  t:^':^:^* 
quiraflifte:,&  qui  lefert  en  cettc  cemmknne 
occalion  ,  &  qui  oit  les  propos  QomtUe. 
qu  il  tient  a  Tepoufe   felon  fon 
coEur,  S^lesafleurancesdefonaf- 
fedion  qu  il  luy  donne^  n  en  rem- 
porte  rien  finon  la  ioye  d'auoir 
contribue  quelque  chofe  a  fon 
contentement ,  &  de  Tauoir  (erui 
en  vne  telle  occurrence.  lay  par 
ma  predication  prepare  le  peuple 
des  luifs  a  celuy  dontvous  par- 
ies ;  c  eft  done  a  luy  qu'il  doit 
alltr  deformais^  &  non  pas  a  moy: 

H3 


no  Paraphrajcjlir  tEuangile  (Ic 
^  tout  ce  qui  m  en  reuient  eft  voe 
incomparable  fatisfad:ionj&  vn: 
ioye  toute  entierede  cequeieiuy 
ay  rendu  feruice  felon  la  comm.if 
fion  qui  m'enauoit  efte  donnec 
II  jauf  Ce  qui  refte  deformais  eft,,qu  u 
qu'ii  crctfe.  croifle  eontinuellemcnt  en  auto  - 

Cf  que  te  Jots  ^     ,^ 

^moindry.    rite&en  fplendeur  ,  &  que  moy 

faille  diminuant  a  proportion, 

comme  vne  eftoile  s'obfcurcit  a 

f'  51-      rheure  que  le  Soleil  fe  leue.Com- 

Celny  qui  J'  .     .  n     1    rT 

€fi     vmu  me  noltre  origme  eit  dirterente. 


d  enhnut,  efi 

par 

tons 


P^r   '%jt  nos charges  lelbnt  aufli ,  &  dif- 


'  /^^2^  ferentes  par  confequent  les  fuites 
«r^^.rr^,.y?_qui  en  dependent.  Quant  a  luy, 
fJrh^de  u  fon  origine  eft  celefte  :,  &  n'y  a 
Z7k"^7  iamaisrien  eu  defemblable  en  la 

qut  eft  venu 

duciei  ,efi  naiffancede  qui  que  foit.  Comme 
tons.  done  ion  origme  eit  d  enhaut,  la 
dignite  &  fon  autorite  eft  par  def- 
fustous,  de  forte  quil  ny  eut  ia- 
mais  rien  non  plus^qui  luy  ait  efte 
comparable.     Pour  ce  qui efbde 


lefus  Chriji  felon  S.  Iea.n,  in  Clia.  3. 
moy,mon  origineeftdelaterre, 
&  ie  n  ay  point  d'autre  principe  de 
mon  eftre,  que  celuy  qui  eft  com^ 
mun  a  tous  les  hommcs.  Eftant 
tcl ,  ma  charge  &  man  autorite ,  a 
la  comparer  duec  la  fienne  ^  eft 
commune  pareillement  ,  &  dc 
mefme  nature  aucc  celles  que 
d'autresfimples  hommescommc 
moy  ont  pofTedecs.  Et  mes  con- 
noiflfances  ne  paflfent  non  plus 
cette  mefure-la  ,  d  ou  vient  que 
vous  voyes  que  par  mes  paroles  ie 
ne  vous  reuele  rien  qui  ne  foit  pro- 
portionne  aux  reuelations  dc 
ceux  qui  ont  efte  fimplemenc 
hommcs.  Mais  quant  a  celuy  qui 
eft  venu  d'enhaut,comme  ie  vous 
Ie  difois  prefentement  3  ie  Ie  vous 
repeteray  encore  :  cettuy  la  nous 
furpafle  tousinfinimcntjtant  en 
ladignite  defaperfonne  ,  qu'en 
lautorite  de  fa  charge,  &  en  la  fu-- 
•  .  H4 


Cha.  3.  lit  ^araphraJeJurtEuangilede 

J-  V*     blimite  de  fcs  connoiflanees.  Car 

gne  ce  quH  pour  Hous, nousfcaiioDs  des  my- 

ot4y  ,  mats  Itcrcs  dcs  Cicux  ccqu  ila  pleu  a 

"«  "S-  Dieu  nous  en  faire  dcfcendre  icy 

^»^x^.        [5^5  p^j;  fgs  reuelatios.  Mais  quant 

a  luy  y  il  temoigne  de  ce  que  fcs 

yeux  ont  veu  la-haut ,  &  de  ce  que 

fes  oreillesontentendu  delabou- 

che  mefme  du  Pere  celefte.    Et 

tant  s'en  faut  que  vous  deuies  vous 

eftonner  de  ce  qu  il  va  quelques 

troupes  degcns  a  luy,  qui  font 

profeflion  de  Tecouter  ;  qu*il  y  a 

fujet  de  s  emerueiller  qu  il  y  en  ait 

{i  peu  qui  Ten  entendans  parler 

comme  il  fait ,  deferent  a  fon  tcf- 

moignage.  Car  ceuxquilerecjoi- 

uent/ont  tres-peu  veritablement^ 

en  comparaifon  du  nombre  de 

f^  5?-   ^  ceux  qui  le  reiettent.  Cependant, 

\  receuM  voycs  quclle  cft  k  fautc  des  vns,  & 

jf^TfieU  qiicile  au  contraire  la  gloire  &  la 

V'fifJbu^  lou^ngc  des  autres.  Ccluy  qui  tt- 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     113  Cha.  5 
iettefontefmoignage  ,  reictte  Ic 
tefmoignage  de  Dieu  :  car  il  nc 
dit  rien  quil  n'ait  oui  dire  a  fon 
Pere.  Au  contraire  ,  celuyquilc 
re^oit :,  il  fait  commc  (i  Dieu  mef- 
meayant  depofe  de  quelqucfait, 
ilauoitnonfeulemet  reqeucome 
certainecette  depofition  ,  mais 
comme  fi  encore  il  y  auoit  adiou- 
ftefon  fing  ^  &  fon  fccau,  pour 
confirmer  &  teftifier  que  Dieu  eft 
fidelle&  veritable.    Carcettuy*      f,^^. 
la  ,  dont  vous    paries  ,  cnuoye  ^^,Z;,^Z 
qu  il  eft  de  Dieu ,  dVne  facon  en-  ^^«'y  '*"- 

*  r*  i«  nonce  lespa^ 

tieremcnt  linguhere ,  ne  pronon-  rates  de 
ce  &  ne  propofe  finon  les  paroles  p-J«  1,^  7Jy 
de  Dieumefme^&cela  auecvne  fTJf/r 

'  lefprtt    par 

telle  euidence,  &  vne  telle  certi-  m^^^* 
tude  de  verite,  que  fi  Dieu  mef- 
me  apparoijGToit ,  il  n  yenauroit 
pas  dauantage.  Et  il  n'en  eft  pas 
de  luy  commc  il  en  eft  de  moy ,  & 
des  autrcs  Prophetes  qui  m  ont 


114  ^^^Tdphrdfcfur  hEuangile  de 
deuance.  Dicu  ne  nous  a  donne 
de  fon  Efpric  finon  en  quelquc 
quantke^autantqu'ila  efte  expe- 
dient pour  les  fondions  des  char- 
ges aufquelles  il  nous  a  appelles^ 
&  felon  la  condition  des  temps 
aufquels  chacun  de  nous  eft  venu 
au  monde.  Etcela  eftantdiuerfe-- 
ment  limite,  &  chaque  periode  de 
temps  diuerfement  illumine  3  la 
mefure  de  la  reuelation  nous  a 
efte  diuerfement  difpenfee  de 
mefmes.  Mais  quant  a  luy,Dieu 
ne  luy  donne  point  fon  Efprit  par 
mefure  de  cette  fa(jon  ,•  la  fource 
de  fes  connoiiTances  eft  abfolu- 
*^^  ment  inepuifable  &;  infinie.EtIa 
^ymeieFtb,  raifon  n'cn  eft  pas  mal  aifee  a  ren- 
donnetoHtes  dtc.  Nous  autixSjUous  fommcs  de 

choies  en  fa     r  {  \  •         ■> 

limples  tiommes  ,  qui  n  auons 
point  de  plus  eftroiteliaifon  auec 
Dicu  5  finon  celle  de  la  creature  au 
Createur ,  qui  nous  choiiic  com- 


te      Fere 


mam 


Icfus  Chrifl  felon  S,  lean,  uy  Clia,  }. 
me  il  luy  plaift  ,  pour  (eruira  la 
gloire de  (on  Norn  ,  &  a  iVtilite 
Ics  vas  des  auires.  Mais  pour  luy,  il 
cfl  FilsdeDicu.&par  confcquent 
Fobjctdeso  uienarrable  diledtio, 
a  qui  il  fe  communique  tout  en- 
tier  &Cins  referue.  Tellement  que 
coaimeiUuy  adonne  vn  Earipirc 
fouueram,  &  vne  puifTance  abfo- 
lue  fur  routes  chofes  ,  afinde  Ics 
gouuerner  a  fa  volonte  ,  il  luy  a 
auifi  donne  de  fon  Efprit  infini- 
ment,afin  deles  gouuerner  auec 
vne  fouueraine  &  abfolument  in~ 
faillible  fapience.  Prenes  done  t' ■'^^' u 
bieneardeacequevousdireSj&a  ^«  fHs  ^ 

^  ^ .     /  .      I        •  "vie  eterneU- 

ce  que  vous  croires ,  tant  de  luy  u, mats  qui 
quedeceux  qui  vontaluy  pourfe  ]lir,tJ7as 
fairefes  difciples.  Carceluy  qui  "^  ,'^^*'''^ 
croiten  ce  Filsdeladilection  de  ainsbmde 
leu  ,  aura  la  vie  eternelle  pour  meufe  fur 
pnx  &  recompenfe  de  {a  foy.  ^''^* 
Mais  quant  a  ceux  qui  ne  croiront 


Cha*  ^.  iz^  n^araphrafefurPEuangile  de 
point  en  ce  Fils,ils  n*auront  point 
de  part  en  la  vie^  &  nela  verront 
iamais.  L'ire  de  Dieu  qui  leur 
pcnd  naturellement  fur  la  tcite^ 
demeure  fur  eux ,  puis  que  par  in- 
credulite  ils  rejettent  le  feul  mo-- 
yen  par  lequel  elle  en  pouuoit 
cftredeftournce. 

CHAPITRE    IV. 

^land    ^^^  ^^^^  merueilleufe  abon- 
donc  lefus  ^\^^^  dancc  de  fapienceque  ie 

««/    eegneti   m^S^       •  J      J-  •        A.  / 

^^eiesph^^  ^^^^  viensdedireauou'eiteen 
"^^Iknf  any  noftre  Scigncur  lefus ,  nele  laif- 
iire<itteu,  fant  ie^orer  chofe  quclconque 
fius  de  di.  q\x  i\  vouiuit  icauoir  ,  li  connut 
f^aptifih  que  les  Phanliens  auoyent  enten- 
^ll.  ^""^  duquilfaifoit&baptifoitplusde 
difciplesquelean5&  qu'ilacque- 
roitbeaucoup  de  reputation  par- 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,     ny  Cha«  j^ 
my  le  peupie.  ( II eft  vray  que  luy      .  ^ 
inefme  ne  baptifoit  pas ;  c  eftoict    C  OiimUf» 
les  dilcipks.  Mais  parcc  qu  lis  le  bafti/oit 
faifoyent  par  fon  commande- ^,'^^;,;^j*j 
ment  ,  &  que  c'eftoit  a  luy  qu'ils 
faifoicnt  des  difciples  &  des  fc- 
£tateurs^&non  a  eux  mefmes,la 
chofe  luyeftoit  imputee.)    Sea-      f.  ^ 
chant  done  que  tous   ceux  qui  j^die ,  %^ 
auoientquelque  credit  parmy  la  'll%^3''^^^ 
nation  ,  &  particulieremcnt  les  g^h^^^* 
Pharifiensja  fe6te  la  plus  orgueii- 
leufe  &  la  plus  ambitieufe  de  tou~ 
tes  ^  cftoyent  pour  brafler  quel- 
que  mauuais  deflcin  contre  luy 
par  leur  enuie,  le  temps-n'^ftant 
pas  encore  venu  qu  il  s'expofaft  a 
ce  danger  ^  il  laiflfa  la  ludee,  ou 
ilsdominoyent,&  s'en  alia  dere- 
chef  en  Galilee  ,  d'ou  fa  reputa- 
tion ne  leur  pouuoit  pas  donner 
tant  de  ialoufie.    Or  eftoyent  ces    ^  - 
deuxcontrees  tellementfituees  a  .  .^^'^Af; 

9 


Cha.  4?  itS    n^araphrafe  fur  tEuangilede 

paf.fip.rie  I'egardl  vne  de  1  autre  ,  que  pour 

milieu    de  allet  Icdroit  cheminde  iudee  ea 

Galilee  ,  ilfalldit  neceirairement 

paffer  par  le  pays  de  Samanc,  qui 

eftoit  habite,non  pas  de  luifs  fim- 

plement,  mais  d  vne  nation  met 

lee  de  diuerfes  fortes  degens  ,  & 

particulieremet  des  relies  d'lfrael^ 

qui  y  eftoyent  demeureslors  de  la 

tranfmigration ,  &  de  ceux  qui  y 

eftoyent    autresfois    venus   des 

ii^y^lint  contreesd'AfTyrie.    Ilvint  done 

done  en  -one  ^ j^  paflfant  vers  vneville  de  ce  pays- 

uilie  de  5«-      ^    X  \  r 

marie,  U-  k ,  qui pour lors  ie  nommoit  Si-< 

\7uestcht,  char  ,  &  qui  eftoit  pres  de  cette 

Trr^'n.t  poflfeflion  ,  dont  lacob  parloit 

lacob  don  autrerois  par  Elprit  Prophetique 

finals,       a  lofeph  fonfils,  quand  proche 

delamort  il  luytenoitce  langa- 

ge.  Ie  te  dnnnc  njne part  outre  tcsj^r e- 

res  y  laquellc  toy  prtfe  auec  monej^ 

pee  (^  mon  arcade  U  main  des  Amor-- 

f>/f'      rheens.    Or  yauoitil-Iavnefon^ 

£tl/fefifift  J 


lefus  Chrifl felon  S.  lean.      119  Cha.  4? 
taine  de  lacob,  c'eft  a  dire,  vn  lieu  ^^^  y^,^^^,.^ 
que  lacob  auoit  autrefois,caue^&  f /^  ^""^^^^ 
ou  il  seitoit  trouue  vnc  lource  i^jruucu. 
eaux    qui   seltoit    conleruee,  ainfi    ags 
&que  Ton  auoit  entrecenuc  iuf-  {^^j'*  flX 
ques  alors  pour  Tvlaeedela  villc  ^««'>^»  i*^ 
&de  lacontree.  lelusdoncayant 
beaucoup  chemine ,  &  quoy  qu  il 
fuft  Dieu  benic    eternellemenr, 
eftanc  d'ailleurs  homme  commc 
nous,  &remblabIeanousen rou- 
tes chofes ,  excepte  le  peche  feu- 
iement  ,  il  fe  trouua  fatigue  du 
chemm,  &ce  d'autant  plus  qu'ii 
auoit  marche  pendant  lachaleur 
du  Soleil.  Car  quand  il  arriua  fur 
cettc  fontaine ,  il  eftoit  enuiron 
fix  heures  s  c'eft  a  dire  ,  com  me 
I'on  conte  ailleurs,  enuiron  midy; 
la  couftume  des  luifs  eftant  de 
partagcr  le  iouren  douze  heures, 
depuis  le  leuer  iufques  au  coucher 
duSoleiL   Commeilferepofoit-     ^-7; 


Cha.  3.  130    ParaphraJeJurlEuangilede 
4,  la,  &  quil  attendoit  quelquVn 


me  vtent 


samane     g^  luvfournift  vii  vailfcau  pour 
i'eati»  lefiis  prendre  del  eaudansia  rontaine 
-Donne  moy  &  pour  Doirc^  11  Vint  vne  rcmme 
^hotre.      j^  cepaysdeSamaric  quiportoit 
auec  elle  vn  vaifTeaU:,  comme  c'e- 
ftoit  la  couftume.  Elle  done  s  c- 
ftantapprochee  ,  &  s'eftant  mifc 
apuifer^  lefus  luy  dit ,  le  teprie, 
panchevn  peu  ta  cruche  fur  le 
bord  de  la  fontaine ,  &  me  don- 
car%di'  ne  aboire.  Gar  non  feulement  il 
faciei  s\n  n  auolt  polnt  de  plus  petit  vaif- 
ui^aUvii^  leau    auec  ioy  pour  sen  ayder, 
ul^'TmtZ  mais  il  n  y  auoit  point  la  d'autre 
^''''  perfonne  qui  luy  peuft  rendre  cct 

office:  parecquefesdifcipleSjqui 
eftoyent  venus  auec  luy,auoyent 
pafle  outre ,  &  eftoyent  alles  iuf- 
qua  lavillepoury  acheterdesvi- 
^.  9.     ures.  Alorslafemmereconnoif- 
Jrfr;  fantbienalalrdefonlangage,  & 
tnarimne   \  fes  habUlcmens  ,  qu'il  eftoit 


Tefus  Chrijl  felon  S.  lean,  y  i  Clia^  4^ 
luif  de  nation  ,  &  foit  qu'cUe  fuft  comment. 
veritablement  imbue  de  Tauer-  ''^..^'^'  '' 
fion  que  Ics  Samaritains  auoyent  ^^m^^des 
contrc  Ics  luirs  ^  ou  qu  elie  luy  moy  ^ui/uis 
vouluft  rcprocher  ccUe  que  les  ^^^/^,ff [, 
luifs  temoicrnoyent  centre    les  <^f^^''[''*f^ 

O         J  n  ont  point 

Samaritains ,  clle  luy  refpondit:  d-accotntace 
Comment  elt  ce  que  toy  qui  es  maritawh 
luif  J  me  demandcs  a  bdire  ja 
moy  qui  fuis  vne  femme  Samari- 
taine?  Car  Ics  luifs  ont  les  Sama- 
ritains en  tcl  mefpris  ^  &  mefmes 
en  telle  liortcur; que  nefecon- 
tentans  pas  de  n'auoir    aucune 
communication  auec  cux en  ma- 
tiere  de  religion  ,  ils  n  y  yeylent 
pas  mefmes  auoiraucun  comerce 
en  ce  qui   eft  des  deuoirs  de  \i 
eommiine  liumanite  ^  &  de  la 
copuerfation ,  quelle  qu  elle  puifr 
feeftre.  Alors  lefus  ,  qiiirielaif-     f.  16, 
oit  lamaispaller  aucune  occz-  pondit,  ^ 
fiondlnftruire  en  la  dd£i:rincde  ^f^^/H'^,^ 

/  J 


Cha.  4*  13^     Paraphrafejur  tEuangilc  de 
dondejyieu  ^^'^^  ccux  auGG  qul  il  fe  rencon- 
e^   qm  efi  troic, voyanccelle que cecte fern- 

cehiy  qui  te  'J  1 

«!/^ :  T>onne  Hie  &  cctte  rciicbntreluy  prelen- 
^H^tuy'ln  toit,  il  prit  la  parole  &luy  dit.Ce 
^w/  %  1^'^^ P^^  merueille fine iugeant  de 
utc.^^idon^  mby  findn  parcet  exterieur  qui 
'vme.  enparoiit  a  tesyeux^tume  traic- 
tes  de  la  forte.  La  fa<^on  de  laquel- 
lelesluifs  bnt  accouftume  d'agir 
aue<:  vous^  texcufe  en  quelque 
rnMiere.  Mais  fi  tu  f^auois  quelle 
grace  Dieu  te  fait  ,  combien  eft 
graiidLluantage  qu*il  te  prefente^ 
&  dui eft  celuy  quien  cette  fiennc 
apparenteneccftife^  tedit,  Don- 
fiemoy  a  boire ;  tu  ferois  refle- 
xion ftir  la  tiei^fiej&luy  deriian- 
derois  dequoy  y  fubuenir,  car  fans 
doure  elle-cft  beaucoup  plus  pref- 
fafite  &  plus  imporrante.  Ei  fi  tu 
luy  en  demandois^  ilne  feroit  pas 
comme  toy, qui  differes  &  tergi- 
uerfes ,  &  cherchcs  des  cxcufcs 


lefus  Chrijl  felon  S,  lean.     133  Cha.  4} 
t)Our  eloigner  fon  contentement, 
Sanstoutesces  reproches  &  tou- 
tes  CCS  tergiuerfations ,  fi  tu  luy  en 
eufTcs  demande  ^  ilt*euftdonn6 
de  Teau  d'vne  toute  autre  verm 
que  celle  la.  Car  celle-Ia  iVcft  pro- 
pre  qu  a  humeiter  &a  rafraifchir 
feulement :  celle  quil  t'euft  don- 
nceeft  capable  de  donner  la  vie. 
Surquoy  la  femme  ,  furprife  d Vii     f.  u: 
propos  que  non  feulement  elle  /^^^{''^^^•! 
n'attendoit  pas  y  mais^  mefmes;^;^7^;^;;; 
quelle  entendoit  encore  moins.  ^^^^^>  &^'^ 
luy  reparcit  incotmentrSeigneury  fi?ad  ,  d\ 
qui  que  tu  fois  :>  cartti  ne  paries  ^ 
pasen  homme  de  pen  d'impor- 
tance ;  tu  n'as  ny  vaifleau ,  ny  cor- 
dage pourpuifer  de  cette  eauicy^ 
&  ccpendant  lepuits  eft  fi  pro- 
fond  qu*onn'y  peut  atteindr  eau- 
trement.  D  autrd^cofte  ie  ne  voy 
ity  autour  aucunendroit  d'ou  ta 
puiiTesauoir  le  moyend'executer 

/  I  2,  ' 


on 
as  /«  done 
cette  efkUt 
vine  ? 


Clia.  4. 154    nPardphrafeJur  hEuannlede 

C:ette  promefle.      D'ou  peux-tu 

done  auoir  cette  eau  capable  dc 

donner  lavie^que  tu  diseftre  en 

f .  T^.     ta  difpofition  ?  As-tu  plus  d'mtel- 

gfsir.d  qtte  ligence  &  d  mduitne  a  trouuer  icy 

w/J«i  d^s  fources  &  falutaires  &  abon- 

mm  n  don  daiites ,  Quc  iVcH  auolt  lacobno- 

nt   le  pmts,  ^   i 

^luy  mej  Itreperc,  duquel^quoy  quevous 

het4  ^  jes  autrcs  luirs  dilics ,  nous  croyons 

;;{|,^,;,^  eftredefcendus?  Car  ceftiuyqui 

a  creufece  puits^  &  qui  en  ayant 

trouue  I'eau  afles  bonne  pour  IV- 

fagedefoy  S^dcfesenfans,  &  af- 

,  fes  abondante  pour  en  abreuuer 

festroupeauXjTa  donne  a  fa  po- 

fterite  ^  qui  Ta  conferue  d  aage  ^n 

h^f'ref  aage.    Mais  lefus  voyant  qu'ellc 

^'^'^.^  u^n'auoit  pas  compris  ce  qu*il  luy 

luy  f'zi;  ^a-  1  t  i  / 

con^ne  ^<:'^>  auoit  dic ,  &  u  voulant  am^ncr 

MuxA  encore  comme  par  degres  &  peu  a  peu 

•^'•^*         ale  comprendre ,  le  luy  expliqua 

encestermes.  le  ne  tc  me  pas  que 

ce  puitsne  foit  bon  pour  1  Vfage 


Icftis  Chrijl  felon  S,  lean.  .  135  Cha.  4! 
auquel  il  eft  employe  ^  &  que  la- 
cob  n'aic  eu  non  feulement  du 
bon-heur  ,  mais  mcfmesdcrin-^ 
telligence  a  le  connoiftre  S4a  le 
faire.  Mais  tantyaquereau  que 
vousen  puifes  j  n  a  point  d'autre 
vertu  finon  de  rafraiciiir  &  de  des- 
alterer  pou^r  quelque  temps  feule- 
ment. Apr es  cela  celuy  qui  en  a 
beu^  tant  par  la  chaleur  naturelle, 
qui  confume  I'humidite  de  fon 
corps  J  que  par  Texercice  &  Ta- 
ction qui  la  dillipe^  redeuient  al- 
terecomme  auparauant;  Et  s'il 
ne  veut  mourir  de  foif,  il  faut  qu  il 
retourne  ou  a  cette  eaU:,ou  a  quel- 
que autre  pareille  ,  pour  boire. 
Mais  quant  a  I'eau  que  ie  donne  a  j,^^;/^*  » 
ceux  qui  m'en  deniandent  en  leur  f^^^^     ^,^ 

^    .  ^     1  -  .  leau  que  te 

loir ,  quiconque  en  aura  beu ,  il  en  iny  donne^ 
fentira  vn  fi  puiiTant  rafraifchifle-  Zmall!!!/: 
ment^&vnehumedationfipro'  ^J"/'  /'^^^ 
fonde  &  fi  permanent^,  que  ia-  f^^'^^^^y- 

I  I  '    ^  ferafatte  en 

I3 


Cha.  -f.  ij/(    n^araphrajeJurl'Euangilc  de 

luy  vnefcn^  vci2iis  il  nc luy  reuicudra  de  foif qui 

p!uLft!7n  I'J^^q^i^tc  ny  qui  letrauaillc.  Etla 

-vie  etermi.  raifpn  de  ceJa  cft^que  ceuxqui 

boiuent  de  cette  eau ,  n'en  pren- 

nent  qu'vne  petite  portion  ^  au- 

tanc  qu'en  contient  la  capacite  de 

leureftomach:  dou  quandelle  y 

a  fejourne  quclque  ten^ps^elle  paf- 

fe  incontinent  aillcurs^&  s'enva, 

nelaiflant  point  dans  le  corps  de 

perdurable    imprcflion  ^  ny  de 

principe  d'oii  le  rafraichifTement 

feproduife&fc  continue.  Au lieu 

que  i'eau  que  ie  donne  deuient  en 

celuy  qui  en  boit^vne  Fontaine 

qui  coule  toufiours.  De  forte  que 

eomme  tu  vois  d'ordinaire  que 

J'eau  qui  vient  dVne  fource  bien 

eleuee  ^communiquee  &;recueiU 

lie  au  lieu  qu  on  a  prepare  pour  ce- 

la,  fait  vn  ie£t  qui  s'cleue  aufli 

liaut  que  la  fource  mefme:  celle 

que  ie  donne  venant  d'cnhaut^re- 


may 
eau  ^ 

afin  que  ie 
n'aye  plus 
foi'f  ^  ^ que 

ie  ne  wenne 
^us  ic$    H"^ 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      137  Cha.  4> 
cueilliedansvacoeurbien  difpofe 
pour  cec  efFec ,  outre  quelle  ne  ta- 
nllpoint,  remonte  encore  &  fail- 
lit  lufqueseu  vie  eternelle.  Alors     f.is. 

1r  1    '         \  La.     femtHs 

a  remme  commen^a  bienaen-  uydiySei. 

treuoir quclquc chofe de la digni«  ^Z''*moy''7e 
te  &c  de  la  puiiTance  deceluyqui  '^'^^^ 
parloicaelle  ,  &  de  la  nalquit  ie  n-aye  plus 
defir    quelle   fentit  de  receuoir 
quelque  gratification  de  luy^  &  de  ^Jj 
retirer  quelque  vtilite  de  fa  con- 
uerfation  ;  mals  neantmoins  ne 
conceuantpasbien  encore  nette- 
ment  que  cequilluy  difoitcon- 
cernoit  Tefprit^^:  pcnfantparti- 
culierementauxneceflitez  &  aux 
fatigues  corporelles  aufquelles  (a 
pauureteraflfujettiffoit,  elledit  a 
lefus :  Seigneur ,  puis  que  tu  es  &  fi 
pleindebone  volonte  pour  ceux 
qui  implorent  ton  afliftance ,  &c  fi 
puiflfant  a  leur  en  faire  fentir  les  ef- 
feds^  ie  te prie  donne  moy  de  cet- 
/  .  I    4 


Ch^»  4«  ^38    ^draphrafe  fir  I'Euangilede 

te  eau  dont  tu paries;  afin  que icn 

cfteignemafoifpouc  vne  bonne 

fois^ikquedorefnauanc  ie  nefois 

plus  obligee  de  venir  icy  querir 

f.  1^.     de  Teau  auec  tant  de  peine.  Alors 

Jtlva  ap.  Icfus  connoiflanc  qu  elle  com- 

puetonm^^  HienGoit  a  prendrecTouftafado- 

^cr*  ftrincj  &  a  receuoirles  diipoli- 

tions  necellaires  pour  y  profiter 

de  plus  en  plus ,  luy  voulut  temoi- 

gner  qu'il  ne  la vouloit  pas  econ- 

duire.    Neantmoins  fon  deiTeiti 

cftant  de  la  preparer  encore  da- 

uantage5&  au  refte  de  luy  faire  pa- 

roiftre  qu'il  ne  faifoitrien  quine 

fuft  das  routes  les  regies  de  labie- 

feance,  neftant  pas  ce  femble  fore 

conuenable  de  communiquer  au- 

^  cun  bienfait  a  vne  femme  qui  pa- 

roift  eftre  mariee ,  fans  le  f^eu  &  Ic 

confentementdefon  mary^illuy 

di  c :  Va  t'en  dans  la  ville^&  ap  pellc 

ton  mary,  &  Tamene  icy  auec  toy^ 


Icfus  Chrift  felon  S.  lean.     139  Cha.4 
&  puis  tu  verras  par  Icseffcdsla     . 
veritcdcmes  paroles.     Ace  mot     .  ^  , 
la  femme  Samaritaine ,  en  partie    l^/^/^«»« 
par  le  telmoignage  que  luy  rcn-iuydit  .-  le 
doit  fa  confcience  de  Teftat  au-  ''d7mJy'!'!L 
quel  elle  eftoit  lors  auec  celuy^^^^-^^^; 
auecquielleviuoit;  en  partie  par  ^'>-  i^^'^y 

\      -y    r  11  -1  •  point  demit-' 

le  deiir  qu'elle  auoit  de  ne  voir  pas  y.. 
difFerer  d*auantage  Texecution  de 
cette  magnifique  promefle  qu'el- 
leauoitentenduedelabouche  de 
lefus  ,  luy  refpondit  tout  nette- 
ment^Ie  n  ay  point  de  mary.Com- 
me  pour  luy  dire ,  le  te  prie  ne  re~ 
mets  point  a  vne  autrefois ,  il  n'y  a 
rien  qui  empefche  que  tu  ne  me 
faces des cette  heurelebienqueie 
te  demande.  Adonc  lefus  voyant 
laconftitution  dc  fon  efprit ,  & 
fcjachant  qu  il  eftoit  neceffaire, 
pour  Tamener  entierement  a  fa 
connoiflancej&larendre  capable 
de  la  remiflionde  fes  peches ,  de 


Clia.  4.  140  Taraphraje  furl'Euangilede 
les  luy  faire  connoiftre  &c  fentir 
bien  viuetnent,  afin  quelle  en  eult 
vne  bonne  c5pon£lion5il  luy  die: 
C'eft  bien  refpondu  a  coy ,  de  di- 
f-  Tg.     re,  le  n'ay  point  de  mary.Car  tu  as 

Carfu  as  *  1  I 

eucinqma^  cu  cittq  mansles  vns  apresks  au- 
"^ue^t'u^s  ^^^^  J  ^^^  ^^  as  concraincs  par  ta 
vMintenant  mauuaife  liumeur  ,  de  fe  fe oarer 

nefi     point     -,  ^  i    . 

tonmary.en  d  auec toy.    Lcs  Quatre preniiers 

cela    tu    as      i  \  p  1  /    1 

ditUverhe.  t  ayanc  a cctte occalion  donne  la 
lettre  diuorce ,  ils  one  tous  le^iti- 
mement  luccede  les  vns  aut  au- 
tres,non felon  rinftitucion  de  la 
nature, mais  felon  la  difpofition 
de  la  Loy ,  a  laquelle  vous  autres 
Samaritains  vous  eftes  aflujettis. 
Mais  parce  quelecinquiefme  ne 
t'a  point  encore  donne  cette  let- 
tre ,  &quain(i  lelien  dernariage 
n  eft  point  rompu  auec  luy ,  celuy 
que  tuas  mamtenant  n  eft  point 
ton  mary  3  &  la  conuerfacion  que 
tu  as  auec  luyn'a  aucuntiltre  de 


lefus  Ckrifi  felon  S-  lean.  141  Cha.  4- 
legitime  mariage.En  cela  done  tu 
as  dit  la  verite ,  &  c'eft  chofe  a  la- 
quelle  il  faut  que  tu  penfes  ferieu- 
femcnt  en  ta  confcience.Car  defia 
ce  n'eft  pas  peu  de  chofe  que  d'a- 
uoir  ainfi  oblige  tantde  maris  Ics 
vns  apres  les  autres  a  te  laiifler  J  &  a 
niefpriferlesinftitutionsde  la  na- 
ture 5  qui  rend  le  mariage  abfolu- 
mentindifTolublejfi  ce  n'eft  par 
la  padlardife^ou  par  la  mort.Mais 
tu  as  vn  grand  furcroift  de  peche, 
en  ce  qu'en  cette  dernicre  rencon-  . 
tre  tu  as  encore  mefprife  Tinftitu- 
tion  dt  Dieu ,  qui  par  la  Loy  t'o- 
bligeoita  netefeparer  point  de 
tonmary,&  n'en  prendre  point 
vn  autre  ^quau  moins  tu  n'eufles 
vne  letcre  dediucrce  3  quide- 
noiiaftle  liendu  mariage  prece- 
dent. Ce  propos  de  noftre  Sei-  J^J^;,^, 
eneurtoucharefpritde  la  Sama-  I'^ydtt.sei^ 

O  i  gneur    ,    te 

ritaine  plus  que  n'auoyent  encore  voya^uetues 

I  Frefhete, 

1 


GBao.  4.  141  Parathrafe  fur  tEuangile  de 
fait  Geux  d  auparauant.  Parce 
q;u  outre  les  cliofes  de  droit dont 
clle  n'auoit  iamais  oui'  parier  de  la 
liorte ,.  clle  voyoit  que  lelus  luy 
en  reuelpit  quelqucs  vncs  de  fa it^ 
dont  il  ne  pouuoit  auoir  vne  (i 
cxafteconnoiflance ,  sil  n  y  euft 
cuquelque  cliofe  d'extraordinaU 
re  en  luy  .Oeft  pourquoy  elle  con- 
(jeut  vne  merueiileufc  opinion  do 
ia  fapience.  Neantmoins  I'opi- 
nion  qu'eile  en  auoit  n'eftant  pa5 
encore egale ala  veriie  delacho- 
fe^  ellc feconccntade  luy  dire  j  Sei- 
gneur, ie  voyquetues  Propliete^ 
&  tu.  me remets  TiJee  de  ces  Pro- 
plietes  d'autresFois deuac  les  yeux, 
f.  to.    p^j^  s'imacrinant  que  puis  qu  il 

ama.dori.n  luyauoit  taut  dit  de  choles  que 

cettemonta-    -     •'  .^  o  t 

gne,&vous  ics  autres  ne  l(^auoyentpas,&«:  mel- 
feru/Je^'  mesquilsue  pouuoycntpas  f^i- 
efiieUeHch  uoir , il  luv  Dourroit  bicn  decider 
'•^''*  vne  queftion ,  qui  non  leuicmear 


lefusChrift  felon  S.  leanl      143  Clia^^r 
cxer^oit  alorsbeaucoup  d'eiprits, 
mais  qui  outre  cela  tenoitenfuCc 
pens  pluficursconfciences ,  &  qui 
mefmesdonnoit  de  la  peine  a  la 
fienne ,  elle  continua  de  la  forte. 
Vous  auties  luifs  dites  qu  ilfauc 
adoTerenlerufalem  j&quelefer- 
nice  qu  on  rend  a  Dieu  en  vn  au- 
tre lieu,  ne  luy  peut  eftre  agreabla 
Cependant ,  il  eft  certain  que  nos 
Peres  ont  adore  enccttemonta- 
crne  deGarizim^que  tu  vois  de- 
uant res  yeux ,  non  feulemenr  de- 
puis  que  leTempIey  aefte  bafti 
par  Sambalat ,  mais  plufieurs  fic- 
clesauparauant,&  du temps  des 
Patriarches.  CarAbraharn  bailit 
vn  autel  la  aupres  ,  dcs  auant  la 
naiflance  dlfaacEt  depuisjacob 
y  en  baftit  vn  autre  au  retour  de 
Paddan- Aram  ,comme  il  eft  rap- 
porteauXII.&  auXXXIII.de  la 
Genefe.    Si  ce  lieu-  la  eiloic  des- 


Cha,  4«  144  TaraphrafefurtEuangiletie 

agreable  a  Dieu ,  comme  vousle 

pretcndes  ,  ees  Patnarches  rau- 

royentilschoiiipourybaftir  des 

autels ?    Qaand  il  n'auroit  pas  eu 

plus  de  faintcte  que  les  autrcsau 

commencement,  natilpaselte 

facre  par  la  piece  de  ces  grancis 

hommes?  Et  quelle  nouuellecon- 

fecration  de  la  ville  de  lerufalem, 

venue  depuis'ce  temps-la,  a  peu 

deroger  a  la  faintete  acquifeace- 

lieu  icy  par  la  deuotion  des  Pa- 

triarches?Di-moyie  te  prie  ceque 

tu  crois  de  certe  queilion  ,  qui 

nous  donne  auiouraliuy  tant  d*a  - 

tfi^T'iu  uerfion  les  vnspourlesautres  ?  A 

dit:Femme.  QuoY  Roftre  Sei^Hcur  refpondit.^ 

croy       moy,   J^    V  1  \      C    \        •  \ 

que  I'heurc  Danspeucle  temps  la  lolution  de 

"vient  ,  que  C\  '  C  C 

-vous  nJdo.  cetrcqueitionnekra  pas  tort  ne« 
rerei^ie  pere  ceflaire  Cat  tu  me  peus  bien  croi- 
mont  gne,   xz  ^  6  femoie , ctt  cc  quc  ievaisdi-^ 

net  lernfii,  .  ^  -  ,     , 

lem.         re.     L  hcure  vient ,  &approcne 
fort,  que.  i Vn  de  ces  deux  licuxi 


Icfus  Chrifi  felon  S.  lean.'  145  Gha^  4! 
h'aura  ppint  d'auantagepar  def- 
fus  raiitre ,  &  qu'ils  perdront ega- 
lement  les  priuilegesqueles  luifs 
&  vous  leur  attribues.  Alors  on 
nerendra  plusau  Perc  celefte^ny 
encetteMontagne  icy^fnyenle- 
rufalem  jlefeniice  corporel  d  o- 
blationsSc  de  vi(3:imesquonluy 
a  rendu  iufqu  a  maintenantrparce 
que  toute  cette  ancienne  oecono- 
mie  laferaabolie.Neantmoinsie  ^.  ^^ 
te  refoudray  la  difpute  puis  que  tu    ^'^«^'^^'^- 

>•  J  1  r  1  rez.  ce    que 

leveux.  VousautresSamaritains,  --'ousne/fa^ 
ce  que  vous  adores  en  cette  Mon-  adoro^  cs 
tagne  ,  ce  n'eft  pas  que  vous  fca-  17..™ 
cliies  certainement  fi  c'eft  chofe  ^j  >^^J,  'fi 
agreable  a  Dieu  ,  parce  qu  11  ne 
vousen  a  point  declare  fa  volon- 
te.    Ainfi  vous  y  fuiues  la  voftre 
feulement  5  &  les  imaginations  de  ' 
voftre  propre  fantaifie.    Or  qui 
fait  vne  telle  chofe  a  Tauanture 
quant  a  la  determination  du  lieu, 


Cha.  4.  14^  n^ drachm fe furl Euangilede 
n  eft  pas  mefmes  bienaflfeure  de 
robjetfurlequelil  porte  fa  vene- 
ration. De  forte  qu'a  peine  aues 
vous  aucune  certaine  connoifTan- 
ce  delaDiuiniteaqui  vous  ren- 
desvoshommages.  Mais  quant  a 
nous  luifs  ,  nonfeuIementD'ieu 
s'eft  reuele  a  nguspar  les  oracles 
de  fa  Parole,  niais  il  nous  a  expref- 
fenient  defigne  par  fes  Prophc- 
tes  le  lieu  ou  il  vouloit  que  nous  le 
feruiffions.  De  forte  quenoftre 
pietea  vn  fondement  certain  ^  & 
pour  ce  qui  eft  defon  objet  ,  & 
pour  ce  qui  eft  dela  maniere  en 
laquelleillaluyfautrendre.  C'eft 
pourquoy  la  dodtrine  &  I'efpe- 
ranee  du  falut  eft  indubitable 
parmy  les  luifs;  au  lieu  que  parmy 
•  vous  iln'eri  eft  pas  de  mefmes. 
Af^//^  Mais celanete  doit  paseftonner, 
&ej!mam'  ny  donner  de  lalarme  a  ta  con- 
]ir\Z  fcience.Ietelay  defiadxt,&tele 

repcte 


lefus  Chrifl felon  S.  lean.      I47  Cha.  4- 
repete  eneorc.  Llieure  vient^&:  ^^.^ateun 
mefmcs  elle  eft  defia  venue  .  &  tu  i^^'''^'^'  ^f 
t'en  pells  preualoirfi  tu  veux^que  prtt^^veri^ 

1  1  o  '   r  ^^  •  car  nuJIi 

lesvraisadorateurs  ,&qui  leront  u  pere  en 
feuls  agreables  a  Dieu,  fe  feparans  '27u^lt 
de  toutcs  ces  chofes  charnelles  '^^^^''^• 
aufquelles  le  fcruice  de  Dieu  a 
cfte  attache  iufqu  a  maintenant, 
luy  rendrontvn  fcruice  fpitituel, 
qui  confiftera  principalement 
dans  lesmouuemensdVn  enten- 
dement  bien  pur ,  &  d Vne  chafte 
&finccreconicience.  Ercefcrui- 
ce-laauracetauantage  ,  queTau- 
tre  eftcomnierombre&  lafio-u- 
re  J  &  cetuy  cy  au  conitraire  eft  le 
corps  &  laverite.  Carceluy  Ian  a 
quafiefte  inftitue  autrefois  ,  fi- 
non  pour  faire  vne  obfcure  deli- 
neation du  feruice  fpirituel  au- 
quel  deformais  s'adonneront  les 
fideles.  Et  c'eftde  telsadorateurs 
que  le  Pere  requiert  :  fans  cette 

K 


Cha«  4.  14^  Tdraphrafc  fur^Eumgde  de 
intcrieure  difpofition  de  Tefprit^ 
tout  ce  Culte  cercmoniel&cor- 
porei  ne  luy  peut  eftrc  agreable. 
En  cfFed  quelle  eft  la  nature  de 
i'objcci  de  la  deuotion  ^  telle  doit 
Bieu'eft  eftrefansdoutcauffi  la  deuotion 

frit  :  o'  rnefme.  Orcft-ilqueDicueftef- 

jmit       que  J. 

ceux^uip^.  prit  :  cettc  benite  effcnce-la  n'a 

dorem.   I' a-    ^-  .  *  «  « 

d^rent    en  du  tout  ricH  de  corpotel  iiy  de 
ejm & ve-  jj^^ij^  ^^^^  j^  matiereil  faut  done, 

que  fi  ceux  qui  Tadorent  meflent 
dans  Ton  Cuke  quelque  chofe 
de  corporel,  d  autant  qu'eux  meC 
mes  ils  font  en  partie  compofes 
de  corps ,  le  principal  pourtant 
de  leur  feruice  foit  aecommode 
a  la  condition  de  Ton  objet^  & 
confifte  en  des  mouuemens  du 
coeur  J  &  en  cetteveriteque  i'ay 
defia  dit  auoir  cfte  reprefentec 
paries  figures  anciennes.  Ce  pro- 
L^femme  pos  ttiit  cn  1  elpnt  dc  la  remmc 
t^fque  \l  Samaritaine  la  penfee  du  Meflias, 


nous  annon- 
cera    toutes 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.  145)  Cha.'  4? 
parce  que  c'eftoit  comme  vne  ^^^;,^^^^,. 
commune  notion  tant  entre  les  '^,  ,J[PP\?^ 

^     .r  r  I        r  Chrtfi)viet, 

Iuirs,quemclmesentrcles  Sama-  ^«^'?^  ^^/^tf 
ntains :,  quequand  11  leroit  vena  venu  ,  a 
ilporteroitla  religion  a  vn  met- 
ueillcufemcnt  hauc  point  de  pu-  ^^''/^^ 
rete  &  d*cx€ellcnce.  Nedoutant 
<lonc  pas  que  lefus  nc  vouluft  de- 
figner  le  temps  de  fa  manifefta- 
tion,cllc  luy  refpondit  :  lefc^ay 
bienqueleMefliaSjC^cft  a  dire  Ic 
Chrift,  ou  rOind  de  Dieu  y  doit 
venir ;  Dicu  Taainfi  promis  y  &  Ta 
ainfifaitpredire  paries  Prophe- 
tes.  Et  quand  il  fera  venu  il  nous 
enfeigncra  toutes  ces  chofes-la 
que  nous  ne  fcjauons  point,&  tou- 
tes les  autres  qui  feront  necefifai- 
respour  faireque  nous  rendions 
aDieu  vnfcruicedigne  de  luy,& 
quilui  foit  agreable.  Mais  quand 
cft-ce  qu  il  paroiftra  ?  &  quand  il 
yiendra^  qui  nous  annoncera  i% 


Cha<.  4.  150   ^araphrafe  furtEuangilede 

^  ^^^     venue  ?    Alors  lelus  qui  Tauoit 

..^\f  .''^  amenee  iufques-la  par  fon  pro- 

ie  tftft^arU  pos ,  voyant  Ic  poliit  de  fc  mani- 

ftfter  a  rJlc  plcincment ,  luy  dit : 

Ta  n'as  pas ,  6  femnie ,  a  attendrc 

bicnior.g  tempSjtiya  c^  mettre 

bcaucoup  en  foucy  par  qui  tu 

pourras  apprcndre  la  nouuelle  de 

fon  aduenement.    Ie  fuis  ce  Met 

fie-  la  que  vous  attendes,  moy  qui 

parle  a  toy  \  c'eft  moy  qui  vous 

cnfeigaeray  tout  cc  qui  fera  de  la 

gloire  de  Dieu  &:  de  voftre  propre 

falut;  &  n'en  efpcre  point  d  autre. 

f,  17.     luftement  comme  lefus  eftoit  fur 

fcTsfipks  cepropos,  &  qu'ilacheuoit  dele 

<vmdrem,6>  i-ej^if  I  cette  femme,  fcsdifciples 

Ursntde  ce  q^  il  auoit  cnuoycs  enlaville,ar- 

kvn^fem^  riuctent  &  Ie  trouucrent  comme 

Toi^nTne  ^  finifloit  dc  parkr.N'ayans  dottc 

dit.euede^  rienentendudece  quil auoit  dit, 

m  Andes  tu>  i  ' 

cu  ,  ?our  &feulement  ayans  appercjcu  de 
VZueceiiei  loin  qu*il  parloit,  &  oui'  quelquc  ' 


leCus  Chrijl  felon  S.Iean.      iji  Cha.  4^ 
fon  confus  de  fa  voix  ^  ils  s'efton- 
nerent  comment  il  parloit  auec 
vne  femme,  parcequ'ils  ne  le  luy 
auoyent  point  veu  faire  aupara- 
uat,&que  cc  n'cftoit  point  la  cou- 
ftume  iJes  Do£teurs  d'entre  les 
luifi.  Idint  que  le  Seigneur  nayac 
pointaccoultume  de  parler  (inon 
de  chofes  fpirituelles,  &  qui  con- 
cernoyent  le  falut ,  ils  ne  slmagi- 
noyent  pas  aifement  ny  qull  en 
difcouruft  auec  vne  femcSamari- 
taine  ,  ny  qu  elle  eftant  SamarL 
taine,elle  prift  beaucoup  de  gouft 
a  s'en  entretenir  auec  luy.  Neant- 
moins  le  rc{pe6t  qu*ils  luy  por- 
toyetlesrctintiurquesa  ce  pointy 
qu'iln'yen  cut  pasfeulement  vn 
d'entr'euxquiluydift ,  Q^  de- 
mandes  tu  a  cette  femme  y  oil 
pourquoy  paries  tu  auec  eile?Seu- 
lement  par  leur  arriuee ,  le  pro- 
pos  de  part  &  d  autre  fe  rompit. 


isfis- 


Cha.  4.  lyi    n^araphrafefurl'Euangilede 

^  ^g.     En  partie  done  parce  que  la  fem- 

"L^f^rnmf  me  creut  que  Icfus  auoit  affaire 

facruche.&  (j^c  la  cruche ,  atin  de  s  cii  Icruir  a 

u  vtUe,  ^  raire  puilcr  de  1  eau  pourle  rcpas 

^'^      '^"^  quefesdifciplesluyappreftoyent; 

en  partie  audi  &  principalemenc 

parce  qu  el!e  fuc  comme  tranf- 

portee  dece  quelle  auoit oui& 

appris  en  ce  pourparler  ,  elle  le 

laifla-U  >  &:s'cn  alia  vifte  en  la  vil- 

le,&  s'addrc  (Tant  aux  gens  du  lieu  ^ 

clle  leur  difoita  mefurequ  elleles 

f .  19     rencontroit.  levousprieaunom 

^e:{7fkom   de  Dieu,mesamis^venes  vnpeu 

^VLr^  ^^^^  rnoy icy presvcrsla Fontaine, 

que     i'ay  ^  voycs  vti  perfoiinage  que  iy 

point      le  viens  de  rencotrerinopinement. 

Pour  moy  le  n  en  ay  lamais  veu  vn 

tel  ^  &ne  croy  pas  qu'il  s'en  puifle 

trouner  vn  feblable. Outre  les  au- 

tres  belles  chofes  que  Tay  enten- 

du'esdefabouchc^  iln  yaprefque 

li  petite  particularite  de  ma  vie  & 


leCns  Chrifi  felon  S.  lean,     ijj  Cha.  4I 
de  mcs  actions  qu'ilne  f^achcj  & 
qu  il  ne  m'ait  racontee  :  de  forre 
qu'il  faut  qu  il  ait  vn  efprit  de 
Prophetic , qui  luy  reueleainfi  les 
cliofes  que  nul  homme  ne  peut 
fcjauoir..  Oral  je  QUI  dire  que  c  eft 
icy  le  tem  ps  auquel  le  Meme  doit 
venif  ,  &  quelesluifs  1  attendent 
felon  les  Oracles  de  leurs  Prophe- 
tes,    Ne  feroit  ce  point  celuy-la 
quile  fuft  ?  car  aflfeurement  c'eft 
vn  homme  diuin  ,  &  tout  a  fait 
extraordinaire,    demotion  auec    f ,  jo.  ^ 
laqueIleelIcparloit,&  ce  quelle  r/J'/Z7e 
difoit  (i  affirmatiuement.que  ce  ^'^.^f^'  ^ 
perlonnage  qu  elle  auoit  trouue^  /«/. 
luy  auoit  dit  quantite  de  chofes, 
qu  il  ne  pouuoit  fc^auoir  fans  reue- 
lation  celeftc,  ayant  touche  les 
liabitans  de  Sichar  de  quelque  cu- 
riofite,  il  y  eneutplufieurs  qui 
fortirent  de  la  villc  pour  venir  au 
lieu  qu*clle  leur  auoit  defigne ,  & 


Clia.  4.  154    Paraphrdjefur  lEuangile  de 

voir    celuy  done   die  difoic  des 

^•i^-     chofes  fi  merucilleures.     Entre- 

dant/esdi'  tcmps  Ics  difciplcs    delefus  luy 

/rt/L,  dL  ayanc  mis  au  deuant  les    viures 

fans:  Mai-  qulls auovent apportcsJls Ic oric- 

rent  de  prendre  \os\  repas,  en  luy 

di(ant,Maiftre  mange.    Carvo-r 

yansqu*il  eftoit  perpetuellement 

attache  ouades  propos  fenten- 

tieuXjOuadespenfees  eleuees,  ils 

croyoyent  qu  il  cftoit  befoin  de 

le  folliciter  a  ne  negliger  pas  la 

nourriturc  de  Ton  corps.Ioint  que 

le  trauail  du  chemin,&  la  haute 

heurequileftoit ,  rendoita  leur 

adaiscette  exhortatioplusneceC- 

Ellis'  il  ^^i^e.    Or  bien  que  lefus  trouuaft 

hurdtnray  houne  leur  affe£tion,  &c  qu  il  ne 

a      manger         .  x     r    -  ^1 

d'vne  vun^  reiettait  pas  le  lorn  qu  lis  auoyent 

de  que  uotts     y      r  C  > 

ne  fcauez.  dc  laperlonne :,  parce  quencette 
^^''''*        economie  de  fa  chair  ,  la  nourri- 
turc luy  eftoitabfolumentnecef- 
faire  ,  fieft-ce  que  leurvoulant 


lejus  Chrifi  felon  S.  lean.  155  Cha.  4. 
donner  vn  belexcmple  depreie-. 
rerles  chofesderefprita  celles  da 
corps  5  &  raccompliflcmeiit  de 
leur  deuoir  a  la  fatisfaclicn  de 
leursappetitsnaturels ,  &  mefmes 
des  plus  legitimes,  enprenantoc- 
cafion  de  Icurs  paroles  ,  &:y  fai- 
fant  allufion,  il  leur  fit  cette  ref- 
ponfe.  Tay  a  manger  dVne  viande 
que  vous  ne  fcjaues-pas ;  amfi  ne 
vous  mettes  pas  en  peine  de  ma 
nourriture.  Cequeies  difciples  ^^^^^ 
n  avant  point  entendu ,  &  s'cntre-  ,  H'  "^'^i' 

-'I  ^  pies  doncdt* 

demandans  les  vns  aux  autres^M^^^  ^» 
Quelqu  vn  lay  auroit-il  apportea  ^«w^/«^ 
manger  pendant  que  nous  fonv  ;:;;^^;^,t 
mes  allesa  la  ville,  de  forte  que ^^''• 
nous  n  en  ayons  rien  veu  ?  II  les  f.  ^4. 
tira  de  cette  perplexite  en  conti-  dil'^T^Ml 
tinuant  fon  allufion  ,  mais  en  la  ^^'-^^^^  .  ^/ 
propolant  en  termes  plus  eten--^^^-  vMmi 
dus  &  plus  intelligibles.  le  ne  re-  m-'JeLlyl 
putepas.dk-il,  que  ce    foit-laytlliSr 


Cha.  4*  1$^    n^araphrafe  fur  hEuangilede 

proprenient  la  viande  de  Uquelle 

il  me  faat  nourrir.  Celle  la  iVeft 

cjuepour  fouftcnir  le  corps  j  i'eu 

ay  vnc  qui  nourrir  &  qu\  iuit'TBte 

refpric^ce  qui  fait  quelle  eft  m-. 

comparablemenc  plusexceiicute. 

La  viande  que  ie  defirc  ic  plusai- 

demment  ,  &  qui  rcmpiit  aion 

ame  de  plus  de  contenrement  S^ 

d'alle^refTc,  eft  que  ic  fallela  vo- 

lonre  de  mon  Pcrc  qui  m*a  cnuoye 

de  la  haur.que  i'execurc  poiictuci- 

lement  rous  les  ordrcs  qu'il  m*a 

donneSj&que  ie  parhiceroeiiure 

dela vocation dcs  hommesaref- 

perance  duialuE  ,  quilmacom- 

mife  pour  la  faire.    Ec  veritable- 

Ne  diies  mentle  temps&roccafiony  con- 

'7^iiyJeZ  uie  5  qui  fe  prefente  fi  belle  &a 

7o^s^7Z  vous&amoy.  Commenousche- 

nioijjonvit-  minions    tancoft  a    trauers  ces 

ie  -uom  dy  cliamps ,  &  que  vous  conliderics 

^eux,<^H  enpaitant  Ics  blesqui  monftrent 


\ 


IcfHsChrifl  felon  S  lean.       157  Cha.  4^ 
belle  apparcncc,nevous  ay- ie  pas  ^^,^,^   /,, 
entendus  que  vous  difies  qu  il  y  ^'fj '",^^7^^ 
auoit encore  quatrcmois  pour  la  bUnches 
faifondcla  moilTon  ,  &  bien  que  ^pmrT'" 
cefoiteiicorcvnafreslon^-temps, 
ncn  anticipies  vous  paspourtant 
la  ioyc   &  le  concenrc.«ent  p^t 
Tefperance  ?    Or  ie  vous  dis  moy, 
(&  en  difant  cela  il  tounia  les  yeux 
vers  vnegrande  troupe  de  Sama- 
ritains   qui    venoieor  de  Sichar 
pour  le  voir  &pour  Touirparler) 
leues  vos  yeux  maintenant,  &  re- 
gardes  deuat  vous  les  carnpa^nes. 
La  moifTon  fpirituelle  a  laquelle  ie 
vousdeftine,  eftfi  preftequ'elles 
enfontdefia  routes  blanches.  De 
forte  que  volHe  courage  &  voftrc 
zele  fedoiraUumer  &renforcera 
mefure  qu*^eft  proclie  le  conten- 
temenc  que  vous  aures  dVn  fi 
grand  &  ii  plantureux  fruit  dc 
voilre  trauail.    Car  ne  craignes     t.  ^c 

Or    celuy 


Cha.  4. 158     n^araphraje  fur  tEuangilede 
qm  moifon  P^s  qiic  vofttc  conditioii  (bit  pire 
Tjahi''^ 6^  quecelle  des  moiironneurs.  Vous 
mfembie  le  yoycs quc  c'cit  U  coi^ltume  qae  le 
iterneue ,     Maifti'c  dc  la  moijOfon  rende  le  fa- 

Afin  que  ce»  a     •  1  \ 

iny  \m  /^^.  lairc  aux  ouutiers  qu  il  y  a  em- 
TmCuiTe  p'oyes^  &  qui  one  allembie  les 
&ciiuy  qui  fruicsde  festerrcsenfcs^ra^cs:  & 
il  n  y  a  lortc  de  remuneration  qui 
foiteftimeefi  raifbnnable  que  cel- 
le-la.  Ceux  done  qui  moitT:>nne- 
ront  dans  Icscampagucs  de  la  Pa- 
leftine,  aufquelles  le  vous  appcl- 
le  a  moiflbnner  ,  receuront  de 
Dieu  leur  falaire  pareillement, 
apres  auoir  introduit  les  hommcs 
fideles  &  conucrtis ,  qui  font  le 
fruit  de  leur  predication  5  dans  les 
grandes  &  glorieufes  demeuraces 
de  vie  eternelle.  Et  bie  qu'il  arriue 
aflfesfouuentque  celuy  quia  tra- 
uailleen  lafemence,n'a  point  de 
part  en  la  ioye  ny  en  la  remunera- 
tion de  la  moifTon^il  n'enfcrapas 

'   ■    \ 


le^s  Chrifi  felon  5.  lean,     159  Cha.  4. 
icy  de  mefme.  Car  celuy  qui  feme 
&ccIiiyquimoi(ronne  participc- 
rone  a  vtiemcfmtrecomptnfe,& 
recucilierent  de  ieur  labeur  vn 
mefmc  contentement.    C*eft  vn 
prouerbcaffes  commun  ,que  I'vn    cJeTce^ 
feme  &  que  Tautre  moifionne,  ^^/j/Jli/-^ 
quandon  veut  dire  qu  affes  fou-  g5'^»  fi- 
uentil  y  en  a  qui  lont  11  heureux  tre  moijjcn^ 
qu'ils  rccucilleiit  le  fruit  des  la-  ^' 
beurs  d'autruy.  Ecicyccttefa^on 
ordinaire  de  pailer  fe  trouue  ve- 
ritable en  vollre  egard  y  fans  que 
ceux  qui  ont  trauaille  auant  vous^ 
ayenrfujctdefcplaindre.  Cari'ay      f,^%, 
refolu  de  vous  enuoyer  moiflfon-  elmyTm^f. 
nerparla  predication  del'Euan-  >«^*''"*« 
gile  ,  ce  que  vous  n*aues  point  n-anez^pint 
feme  &  ou  vous  nauez  y^oxnt  ms^nttr^- 
trauaille.  D'autres  y  ont  trauaille  !^^^f  ^^^ 
auant  vous  :  car  ce  font  les  Pro-  f  "^    ,'^ 
phctes vos  anceitrcs.qui  ont  epars  ^^«ri; 
de  Ieur  temps  les  femences  de  la 


Cha#  4.  Uo  ^araphrafefurtEuangitc  de 
dodrinedefalutjefqucllcsfefont 
conferueesentiercsparmi  le  peu- 
plc  dlfrael  en  la  ludee  ,  &  dont 
memes  il  eft  dcmeure  quelques  re- 
ftes  en  Samarie  ,  nonobftanc  Ty-r 
uroye  des  erreursdont  la  plufpart 
descfpritsontefteremplis.  Etce 
fontccsfcmenccs  la  que  vouisvo- 
yes  qui  germent  &  quipouflent 
maintenant ,  &  qui  vous  mon- 
ftrent  Tefperance  d Vne  moifTon 
prochaine  &  bien  abondante. 
Ainfi  d'autres  ont  trauaiUe ,  &.ils 
ont  efte  auec  ioyc  falaries  dc  leur 
peine.  Et  quant  a  vous,  vous  eftes 
venusen  leur  trauail  pour  en  rem- 
porter  auffi  lagratuiteremuncra- 
*\  ?9-     tion  de  la  voftre.cn  vie  &  en  gloire 

^tdt  cefte  11  1  n 

viue  ikpiti^  cternelle.  Pendant  que  lelus  te- 
Samaria  noit CCS  propos a Ics  dilciples,  la 
^rentenluy,  fcmme  Samaritaine  parloit  a  fes 
fouruparo.  concitovens  ,&  leur  racontoit  la 
tne  uqueue  coHuerlation   qu  elk  auoit  cm 

t^HQif  rendt*  -    a 


lefhs  Chrijl  felon  S.  lean,     i^i  Cha.  ^. 
auec  iuy.  Et  fcs  paroles  eurcnc  vne  ,,,,w,;^«^. 
telle efiicacc  ^  &  trouucrcnt  en  ces  ^'^''^'»^'^^' 
gens  VRC  telle  docilite  a  rcceuoir  '^vM- 
la  verite  ,    qu'il  y  cut  plufieurs 
Samaritainsliabitansde  cette  vil- 
le  deSichar^qui  fe  laifferent  emou- 
uoir  a  croire  fur  Ic  tefmoignage 
qu  elle  rcndoit^qu  il  !uy  auoit  ain- 
n  decouuert  quafi  toutes  fes  ac- 
tions^ qu  il  cftoit  impofliblc  de 
i^auoir  fans  quelquc  infpiration 
diuine.    Etces  bonscommence- 
mens  de  foy  ne  demeurans  pas  oi- 
(euxeneux  ,  ils  vinrent  inconti- 
nent a  lefus  afin  de  le  connoiftre 
de  plus  p res,  &d'eftrecux  mefmcs 
tefmoins  des  merueilles  qui  leur     f.  4^. 
cftoycrit  rapportees.Quand  done  d^d^s^. 
lesSamaritains  furent  venus  vers  ^^,^ftl«w 
Iuy,  &  qu'ils  eurent  veu  fa  perfon-  ^  %-  *^'  '* 
ne,  &  entendu  Ics  proposiis  en  demeumfi 
furent  tellement  non  feulement  7y7em€Sm 
fatisfaits ,  mais  rauis ,  qu  ils  le  prie-  ^"^ '"'^'* 


Cha.  4.  161  n^draphrafe  JurYEuangilcdc 

rent  ardemment  de  demeurer 
auec  eux  ,  afin  quils  iouiflfent  de 
fa  prefence.  A  quoy  il  condefcen- 
dit  cii  quelque  fa^on  ,  car  il  y  de- 
meuradeuxiours.  Maisilny  vou- 
lutpas  demeurer  d*auantage,par- 
ce  que  fon  miniftere  eftant  delli- 
ne  aux  luifs ,  s'il  en  deparroit  Ics 
fon£tions  a  quelques  vns  des  au- 
tres  nations  ,  ce  n*eftoit  que  par 
economic  fculement ,  &  comme 
pour  vne  efpcce  de  preparatif a  ce 
quife  deuoit  faireen  la  vocatio 
Ft'te^u^  des  Gentilsparle  miniftere  de  fes 
C9uppiusde  Apoftres.  Ccpcndantladcmeu- 
renten  luy,  Yc  CO  CCS  quamcrs  la  y  ne  rut  pas 
fourjapHTo^  fans  fruit.  Car  encore  qu'iln'yfifl: 
point  de  miracles ,  fi  eft-  ce  queles 
beaux  propos  qu'il  y  tint  aux  oc- 
ca{ions,eurent  tant  de  vertu  fur 
les  cfprits  des habitansdu  lieu  ,  & 
trouuerent  en  eux  par  la  benedi- 
ction de  Dieu  vne  fi  grande  dif- 

polition 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean,      ii^j  Cha.  4^ 
pofition  a  les  receuoir :,  qu  ils y  en 
eut  beaucoup  plus  qui  creurent 
par  fa  parole  ,  qu  il  n  y  en  auoit 
euquifeiaiifafrent  emouuoiraux 
rapports  qu  on  leur  en  auoit  fairs. 
Tellement  qu  ils  difoyent    a  la     f,  41} 
femme.    Tu  nous  as  bien  donne  ////^Zl 
les  premiers  commencemens  de  ^''''   J^ 

I  crojom  plus 

cette  perfuafion  ,  que  lefus  eft  le  f^»r  tap^. 

^^         ^    j  .      ^  role    ,     car 

Meliias ,  &  le  recit  que  tu  nous  en  nousmefmef 
as  fait  5  en  a  mis  la  premiere  im-  ^""'J^^uZs 
prelTionennosames.  Maisdefor-  f«^^c(?«y/^ 
mais  ce  n'eft  plus  a  caule  de  ta  pa-  menthsau. 
role  que  nous  croyons.  hn  com-  ^^^ 
paraifon  de  la  foy  laquelle  nous 
enauons  maintenant  ^  lacreance 
que  tunous  enauois  ddneeeftoit 
legere.    Nous  mefmes  nous  la- 
uons  oui" ;  &  auons  (iGlairement 
apperc^eu  la  vetite  dans  la  mer- 
ueille  de  fes  propos y  que  nous  fcja- 
uons  maintenant  d  vne  fcience 
indubitable  que  c  eft  luy  qui  eft 

L 

y  > 


Cha.  4*  ^^4    P^raphraJeJurl'Euangflede 

veritablemcnt  Ic  Chrift  que  M  oy-^ 
fe&lesProphetes  ont  promise,  &c 
qui  doit  cftre  Ic  Sauucur  non  de 
la  nation  dcs  luifs  fculcmcnt,  ou 
de  nous  autres  Samaritains ,  mais 
generalement  dctout  Ic  mondc. 
^4?.  Apres que  les deux  ioursquclcfus 
ef^xwurs  auoit  rcfolu  de  demeureren  Si- 

L't    tl    le        ,  _  _.  . 


D 

farntdeu,  cliar  furcnt  pafles,  il  en  fortit ,  &c 
e»  GMie,    parachcuat  le  deliein  de  Ion  voya-^ 
ge,il  sen  alia,  non  pas  en  Naza- 
reth 5  ou  il  auoit  efte  efleue :,  ny 
dans  les  autres  villes  ou  il  auoit 
autrefois   beaucoup    frequcntCi 
maisdanslacampagnedeGalilec^ 
t'  ^tr    Car  ilfcauoit  bien  laverite  de  ce 
nmu  rc^du  qui    (e    diloit    communement^ 
quvn  Pro.  quvnPropheten  ell  point hono- 
^i^  honfre  Tc  eu  Tou  paysny  enttc  ceux  defa 
enjonp^p.  connoiflfance ,  &  luy  mefmc  de- 
puis  ilen  porta  tefmoignage  ,  &r 
^^        le  declara    hautement.      Voila 
pourquoy  il  ne  vouloitpas  aller 

'  ■    \ 


Icfti's  Chrifl  felon  S,  lean.     \6$  Cha.  4* 
fexpofer  fadodrine  &  fes  acStions 
au    mefpris  qu  en  feroyent  des 
gens  preuenus  des  preiuges  de  la 
bafTefle  defa  vie  priuee.  Mais  eftat     %  ^f. 
Venu  dans  ce  pays  de  Galilee,  ou  il  d^^'iffut 
n  auoit  point  couerfc  auparauant,  liu!^ie%V. 
les  Galileens  le  receurent  fauora-  ^'-^^'^^  ^'^'^- 
blcment,&  luy  donnerent  beau-  tres    qu^us 

^  e  temoignages^non  d  hoi-  umes  ies 
pitalite fculemct^maisaufli de  ref-  "^^ ;^[ 
peft.parcedu'ilauoyent  veudua-  f  ^*'"''^''' 

^ .    f    -}-         .       ^«       '       ,,/  .     p  .^  tern  an  tour 

tite  de  miraeies  qu  il  auoit  raits  en  de  u  fejie. 

t  r  \  -1     n      '       -1     »       car  i!s  efioiet 

lerulaiem^  commeiieltoitjilny  aup  vems 
auoit  gueres,  a  la  fefte.     Car  ils  y  ^  ^''^'^'' 
eftoyerit  auffi  alles ,  felo  la  couftu-    jf'  ^^r^^ 
medesluifs,  Apres  auoir  ainfife-  ^^»^  ^ere^ 

,  I  *•  ^  ,  chef  en  C4- 

)OurnequelquetempsalaGampa-  n^tviue  de 
gne,  lors  qu  il  voulut  fe  retirer  das  ^vlt^'  'fH 
les  villes ,  encore  ne  s'en  alla-t-il  ^'.  ^"^'^  'f^ 
pas  pour  lors  en  Nazareth  ^  mais  il  ^^i''^  ^« 
retoutna  en  Cana  de  Galilee,  ou  il  cour  dnqmi 

•  f    r  '1  le  au  e[loit 

auoit  commence  les  miracles  par  „,^iad^ 
k  conuerfion  de  Teau  en  vin,  &  ^""^^ 


/ 


en 
arnaS, 


Cha*  4. 1^6    n^araphrafe  fur  tEu,angile  de 
oulamemoirede  cettc  merueillc 
eftoit  encore  recente.  Oryauoit- 
il  en  ces  quartiers-la  vn   certain 
fcigneur  deCour  ,  officier  d 'He- 
rode  le  Tetrarque  y  qui  auoit  vn 
f .  47.    ills  fore  malade  en  Capernaum. 
^yar^^uy  Ccluy-U  doHcayantoui  dire  que 
^ue    lefus  celefasj  done  la  reputation  eftoit 

ejtotf    'Venn  1 

de  xujee  en  {]  arande,  a  caufe  des  chofes  mi- 

coulee, s'f.n        ^    \        n  ^•\  C   -  C    '         n      - 

^Ua-versiHY  raculeules qu  11  railoit, eitoit venu 
%'iUefcet  ^^  lerufalem  en  Galilee  :,  &  que 
dii}     pour  pour  lorsil  eftoit  en  la  villedeCa- 

guariT     Jen  *  •    ,, 

ps :  car  il  na  ,  il  1 V vint trouuer, & layant 

fir.  aborcle,iliepriarortmitamment 

qu  il  luy  pleuft  de  defcendre  en 

Capernaum  ,  pour  y  guerir  fon 

fils,que  la  maladie  auoit  mis  a  Tex- 

t'  4S.    tremite ,  de  forte  qu'on  n'y  atten- 

Jus  iny  dtt,  doit  plus  de  vie,    Alors  lelus  vo- 

ZyJzfigZ  yant  qu'il  n7  auoit  autre  chofe 

&tntrades,  q^•  induifift  ce  perfonnage  a  le 

'uoutnecro-  H        ,  \       ^    r  11/* 

^ei^P^int,  venir  rechercher ,  Imon  le  delir 
ardent  de  la  conualefcence  de  fon 
fills ,  &  que  d  ailleujcs  il  ne  faifoit 


leCus  Chrifi felon  S.  lean.     i6j  Cha.  4. 
pas  grande  coafideration  ny  de  fa 
dodrine ,  ny  de  fa  pcrfonne^com- 
me  il  y  en  auoit  la  plufpart  qui 
n  eftoycnt  touches  d  autre  chofc 
que  de  fadmiration  de  fes  adions, 
il  voulut  en  luy  faifant  vne  cfpe- 
ce  de  refus  d^abord ,  exciter  daua- 
tage  fan  efprit,&  donner  par  meC- 
me  moyen  vne  bone  inftrudion 
a  tousles  autres.  Il  luy  dit  done: 
Vous  venes  a  moy  parce  que  vous 
en  efperes  du  fecours  en  vos  necef* 
fites ,  &  qu  outre  Teftonnement 
que  mes  oeuures  vous  donnent^  il 
vousenreuient  delVtilite,    Sans       ^_ 
cela  vous  me  laiiferies-la  ,  &  ne     .  Jp 
croiries  nuUcment  fi  vous  nc  vo- 
y  ies  continuellemerit  des  fignes  &c 
des  miracles.     Croyes  vous  done 
que  ie  fois  oblige  d'en  faire  a  tou- 
tes  Ies  fois  que  vous  le  defireres^ou 


que  voftre   befoin    le  requerra? 

•    -     rcrai-    Z'^'' 


Alois  ce  Seip-neur  de  Cour  crai-    ^^Jc'cfji 


Clia.  4. 1^8    "T^araphrafe  furtEuan^ilede 
hommt  ^.  g^^nt  jpnerueilleufcmentquele- 
couriuydh:  {y^j^e  luv  rcfufaft  abfolumcnt  cet« 

Setgneur ,  '  ' 

dejcen   de^  tc  aflillancc  ,  &  recounoiflaat 

«ant       que  I  r»  •  1 

mon     pis  auec  quelquc  co  tnponClion  la  ve- 
'"''''''       ri te deep  qu'il luy difoit, il  redou- 
bU  fa  fuppUcatipn  auec  ardeur,  & 
luy  ditj  Seigneur,  ie  te  prie  de  rou- 
tes mes  affedions^  ne  regardepas 
a  nos  infirmites  :  regardc  feule- 
ment  a  moti  afHi£tion  pour  en 
aupir  Gompaflion  j  &tehaftedc 
defccndre  vers  mon  fils^auant  que 
Taye  cet  inconfolable  deplaifir 
f-  yo.     que  la  niort  mele  rauifTe,  Adonc 
d\!'!va,ton  lefusle  voyant  efmeu  ,  non  do 
m^'^l  crainte  &  follicitude  feulement, 
f J'* /"^^^^^^  mais  de  quelquerepentir,il  ref- 
luy ^uoit  di-  pondit ;  Va  t-en ,  ie n'ay  point af- 
u^    senai.  j^^.^^  dallcr  vers  ton  fils  pourle 
guerir.  C'eft  afles  que  i'aye  veu  1  e- 
motion  de  ton  efprit ,  &  ta  repen- 
tance.   De  riieure  que  ie  te  parlc^, 
ton  fils  eft  hors  de  peril  demon; 

'  ■    \ 


lefus  Chrifl  felon  5.  lean.    \6^  Clia.  4I 
^feporte  bien.  L'amoureftvne 
chofe  pleine  de  follicitude  &  de 
crainte3&  le  peril  auquelce  per- 
fonnagef^auoitquefon  filseftoir^ 
le  pouuoit  faire  hefiter  fur  cettc 
parole  delcfus.  Maisncantmoins 
il  profica  fi  bien  en  peu  de  temps, 
&Dieu  donna  vnc  telleefficacea 
ce  que  lefus  luy  difoit,  quille 
creutfermement,  &  qu'inconti- 
xient  il  parcit  pour  s'en  aller  en 
Capernaum  voir  fon  fils ,  &  ioui'r 
par  fes  propres  yeux  du  contente- 
menc  de  fa  deliurance.    Com-     .     . 
me  doncil  eftoit  en  chemin  ,  &    ^tcomfm 
qu  lis  auan^oit  versla  vilJe,les  ler-  jcendonjis 
uiteurs  qui  auoyent  veu  fon  fils  fu-  ^^emlZll  '* 
bitement  releue,  &  qui  enpartic  ''''*:  ^^^-^ 
rauis  de  ioye .  en  partie  tranfpor-  dij^m ,  que 
tes  d'admiration  de  ce  qu  vne  telle  uoiu 
guerifon  luy  eftoit  venue  fi  pron- 
tement ,  n'auoyent  peu  fe  tenir 
qu  lis  ne  vinflent  a  la  rencontre  du 


Cha.  4-  170  Pdraphrajc  Jiir  tEuangtlc  de 
pere  Je  trouuerentcnchemin^& 
luy  raconterent  que  fon  fils  eftoic 
inopinement  reuenu  en  vne  par- 
f$t-    faite  conualefccnce.  Or  encore 
hHrd^m^L  qu'il  ne  doutaft  pas  que  ce  ne  fuft 
tfreufl  I^  vertu  de  lefusquirauoitgueri, 
fioit  trouHi  fi  eft-.ce  que  prenant  plaifir  a  fe 
/«/  dirent,  confarmer  de  plus  en  plus  en  la 
heuresufi^,  toy  qu  il  auoit  en  luy  ,  &  clier- 
ureuu./..  change  moyendmduire  fes  fer- 
'  uiteursacroiredemefme,>il  leur 
demanda  a  quelle  heure  precife- 
menc il  auoit  CQmence  a  fe  mieux 
porter.   Aquoy  ilsluy  refpondi- 
rent.  Hier,  iuftemcnta  feptheu- 
res^la  fieure  le  laiflfa  fi  abfolumerit, 
fansaucunccaufc  apparente,qu'il 
'  fe  trouua  tout  dVn  coup  en  plei- 
ne  vigueur  ,  comme  s'll  n'auoit 
f.  ,5.      point  efte  malade.  Le  Pere  done 
i^lcogneut  ayant  connu  que  c  eftoit  propre. 
r* /f  ^'^  mentacette  lieura-laquelefusluy 
^iki^ueu.  ak^Ton  fils  eft  norsde  peril  de 

•  ■    \ 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.      171  Cha.  4I 
more,  &  fc  porte  bien ,  &  ainfi  ne  j^siuy^udt 
reftant  pas  le  moindre  fujet  dc  ^'./"^/^ 
doLiterque  ce  ne  fuftla  vertu  de  ^reut  ,  <^ 
Chrift  qui  s'y  efloit  defployee,  il  maijom 
fe  forcifia  de  plus  en  plus  en  la  foy 
quilauoicenluy  ,  &  paries  mef- 
mes  raifohs  &  les  mefmcs  argu- 
menstous  ceux  defa  maifonfu- 
rentpareillementinduitsa  croire. 
De  forte  quilsfedeclarerent  ou- 
uertement  eftre  du  nombre  de 
ceux  qui  letenoyent  pourleMef- 
fie.  lefus  done  ayant  fait  le  pre-     ^^^^ 
mier  de  fes  miracles  en  Galilee  en  ^  cefecond 
la*ville  de  Cana  ,  done  les  autres  mes  le/m, 
Euangeliltes  n  ont  point  parle,  &  venudein 
cela  auant  qunl  allaft  en  lerufa- 
Iem,ily  en  fit  encore  vn  fecond  a 
fon  retour  de  ludee ,  dont  les  au- 
tres Euangeliftes  n'ont  point  fait 
de  mention  non  plus.  Maistanty 
aquece  fut  ainfi  ^quil  commencja 
de  fefaire  connoiftre  en  ce  pays- 


die  en  Gaii- 
U'e, 


Cha.  4.  ijz  n? araphmje Jiirl' Euangile dc 

la ,  par  ces  deux  actions  ii  celebres 
&fi  folennelles. 


f.  I. 

Apres  ees 


CHAPITRE    V. 

Velquc  temps  apres  que 

celafefuc  ainli  pafle,  il  y 

cho'^es  ,iiy  ^SSi'eac  vne  fcfte  foiennelie 

fefie     d6s  des  luifsen  lemfalem,  a  laquelle 

fuf'tll  felon  l*inftituti6  de  Dieu  les  horn- 

/L.  ^"^■^^'  ^^^  eftoycnt  tenus  de  monter  Jc-- 

fus done y  monta aufli  comme  les 

autres ,  tanc  pour  cc  qu'il  voulgit 

donner  bon  exemple  de  refpedt 

&d*obei(rance  aux  ordonnances 

de  Dieu,  que  parcc  qu  en  ce  grand 

concours  de  peuple  il   pouuoit 

tant  par  fa  do6trine  ,  que  par  fes 

actions  miraculcufes,  proiiter  a 

i.  ^.      plus  de  gens.  Orya-t-ilenlerufa- 

^\lruj4'  l^iT^j  presdelaportequ  onappcl- 

'  ■    \ 


Or 

en- 


lefus  Chrifl felon  5.  lean.      I73  (plia,  j. 
le  des  moutons  ,  parce  qu'on  les  i,^^  ,„  u 
fait  entrcr  par  la  lors  qu  on  les  ^/;;;^,/:^ 
amenepourlcsfacrifices.vn  cer-  uuatr,q«i 
tamrelcruoirdcauxou  onlauoic  n^^teuBe^^ 
ccsvidimesauantque  dc  les  of-  f/J^^iy7her. 
fnr.SonnomeftenHebrieu  Be- 
thclcla  ,  commc  qui  diroit^,  mai-- 
fbnoulieude  gratuite,  parce  que 
Dieu  y  diftribuoic  encore  alors 
aux  Ifraelites  des  graces  fort  con- 
j[ide^ables  :  &a  lentourde  ce  la- 
uoiril  yauoitcinq  porches,  baftis 
pour  receuoirbeaucoup  de  gens. 
Dans  ces  porches  s'amaiToic  vne     f.^^ 

1  !    .  11  Efqueh 

grande  multitude  de  poures  ma-  gifoitgmnde 
lades,  quieftoyent-lagifans  par  ^tw. 
terre,  &  pour  lors  ilyauoitquan-  ^«^V^^»  . 
tite  d  aueup;les ,  de  boiteux  ,  de  amient  les 
gens  quiauoyet  les  membres  lees  p^s ,  atten- 
&toutafaitdeftituesdufuc  &de  tZlTl 
la  vjgueur  de  la  vie  ,  qui  atten-  ^'^^«- 
doyent  du  mouuemcnt  de  Peau 
vne  guerifon  miraculeufe,  que  les 


Cha.  J.  174   HP draj^hrafe  fur  I Euangile  de 

remedes  ardinaires  &lcscaufcs  de 

la  Nature  ne  leur  pouuoycnt  don- 

J'  f-      ner.    Car  dautant  que  Dieu  dc- 

Car  I  An-  11.  ^       r 

ge  dH  sei'  puis  MalaGhienauoitfufciteaux 

^neur  ^    en    \^      ,y.  , 

certam  leps  Ilraelites  aucun  Prophete  ,  pour 
lf'''/^«,,>  leurdonncrdcs  tefmoignages  de 
&  troubioit  f^  faueur  iineuliere  .  comme  il 
L'  premtcr  auoic  fait  autrcfois^  &  que  n  auec 
doh  an  u-  cela  il  les  eult  tout  a  rait  priues  de 
^Zbtmell  I'affiftance extraordinaire, furna- 
de  I'eat,  turclle,  & fcnfible  defes  Anges, 
de  queic^ue  doxM  il  icut  auoit  11  louuent  lait 

jnaladie  .  1  •  rC  o  1 

qii'iifHtde-  experimenter  la  puiliance,&  ad- 
drefle  les  apparitions ,  il  y  auoit 
danger  qu  lis  ne  fe  iugcaflent  en- 
tierement  abandonnes  de  luy  ^  & 
quils  ne  rabandonnaflenttout  a 
fait  de  mefmes^illeur  auoit  enco- 
re referue  ce  miraculeux  efFe£t  dc 
fa  fauorable  Prouidcnce  ,  que  de 
temps  en  temps&par  interualles 
vn  Ange  defcendoit  dans  le  la- 
uoir,&  la  il  troubloitreaudVne 


tmui 


leJksChnfi  felon  S.  lean.       175  Glia.  j. 
faqonextremement  reconnoifla- 
ble.  Celuy  done  d'entrc  ccs  mala- 
desquitrouuoit  le  moyen  de  de*- 
fcendrc  k  premier  dans  Teau  apres 
fontroublement  ,  ne  manquoit 
iamais  d'en  fortir  pleinemcc  gueri 
de  quelque  maladie  done  il  peuft 
cftre  decenu.    Or  y  auoit-illa  vu     ^,  ^, 
certain  hommequilyauoit  defia   op'aueit- 
tretehuitansentiersqu'vne  mala-  weqmefon 
le  auoit  rendu impo ten tj& dent  maUdiede. 
la  longueur  du  tempsauoit  rendu  XhJ'1^'' 
le  mai  abfolument  incurable  aux:. 
caufes  dc  la  Nature.    lefus  done 
paflant  par  la,  il  vit  ce  poure-hom-    ufm    i^ 
me gifant  \  & fcachant  bien,com-  ""teiT^&Z 
me  il  n  ignoroit  aucune  chofe,  ^^f^^^^^ 
qu'ily  auoit  defia  fort  lono;-teps  ^'^  ^fl^  ^^ 
quileltoitla,!!  luydit^nonpour  luy     dit^ 
apprendre  de  luy  fes  intentions,  ^eftre%*^. 
qu  il  eftoit  alTes  aife  de  iuger  a  vne 
beaucoup  moindre  intelligence 
que  la  fienne  ,  mais  pour  le  faire 


) 

^ 


Cha/j,  vj^  ^draphrafeJurl^Euangile  de 

parler ,  &  en  prenant  de  fon  pro- 
posoccafionde  leguenr ,  rcndrc 
les  afliftans  plus  attcntifs  a  fon  mi- 
racle :  Veux-tu  eftre  gueri?  eil-  ce 
pour  cela  que  tu  te  tiens  icy  de- 
puis  fi  long  temps  ellendu  def- 
f,  J.      fous  ce  porche  ?    Alors  le  malade 
lu'Tefpm-  croyant  quil  neftoit  pas  befoin 
dit  .  Set.  de  Imformer  plus  particuliere- 
n'ay  perfon^  Hient  dc  fon  dcfir ,  qui  eftoit  afles 
ZeuTdS^'  apparent, fecontcnta  de  luy  ref- 
T!1u'^''''%  pondre.    Helas, Seigneur, iefuis 
troubUe:car  fi  pourc  &  fi  aBandontt^  de  tout 

cependant       -     -t  .  .  ^ 

queiyvien,  Ic  mondc  ,  que  le  n'ay  perlonne 

•vn  M$tir§    y  .  -if  IIP-  ^1 

defcmd  di  qui  vueiUe  prendre  le  loin  ny  la 

uantmoy,    peine  dc  me  icttcr  danslc  lauoir  a 

rheure  que  Teau  eft  troublee.    Et 

fi  demoy  mefme  ie  veux  faire 

quelque  effort  pour  y  aller  ,  ou 

pour  m'y  trainer ,  ma  lenteur  & 

mon  impuiflance  fait  que  quel- 

f.  8.      que  autre  me  preuient,&  qu  d  y 

dlfilJtly  defcent  auant  de  i  y  vienne.    Ce^ 


lefm  Chrljl  felon  S,  I  em.      177  Cha.  {. 
paroles  prononcees  auec  grande  . 

1  r  111^  charge    ton 

demonfhanon  de  doulcur,  ayant  ^^^c^  ^f^^- 
excite  la  compaiTion  de  noftre 
Seigneur,  il  luydit^  Leue  toy  fur 
tespieds :  fais  vn  pacquet  de  ton 
petit  lit,  &le  charge  fur  tesepau- 
les  5  puis  marchc  &  t*cnva  ou  tu 
voudras.    Deformais  il  n'y  a  rien 
qui  r  en  empefche.  Cela  n'eut  pas    i-  9. 
cite  11  tolt  dit  par  Ielus,c[u  mcon-  unit  thom. 
tincnt  ce  poure  homlTie  deuint  "^  /iSgZ 
fain  ,  vigoureux  :,  &  difpos  :    de^'^^'f  >.  ^ 
forte  qu  ayant  charge  fon  petit  lit  or  efich-n 

fs       r      /  1  r    r       1  SMath   en 

lur  les epauks  ,  commelelus  luy  ceiomih. 
auoit  ordonne,il  marchafousce 
fardeau  auffi  alaigrement  que  fi 
iamaisil  n  euft  euaucune  indifpo- 
fitionenfes  membres.  Oreftoiu 
il  iour  de  Sabbat  lors  que  ce  mira- 
clefcfit.    Qaelquesvns  doncdes     ^  ^^ 
principaux  d  entre  les  luifs,  qui  y^  ^"^fi 
rroyoyentauoirautorire  d  inlpe-  ^  ceiuy  qui^ 
€tionfurlesadions  des  homines, ^«^^^,,-/:^ 


Clia.  5.  17^   n^dmphrafc  furtEuangilcde 
sMath,  ii  &  cle  les  permcttre  ou  de  les  re-^ 
liJifd^p.  primer  felon  qu'elless  accordoyet 
urunua:    ounon  ,tantaux  inftitutios  de  la 
Loy,  c]u'aleurspropres  traditions 
&  interpretations ,  s'addreflerent 
acetliomme  qui  auoit  ainfi  efte 
gueri,  &  luy  dirent:  Compagnon, 
il  eft  auiourdliuy  iour  de  Sab- 
bat: il  ne  t'eft  pas  permis  de  porter 
ainfi  ton  lit ;  ne  f(^ais  tu  pas  que  dc 
porter  ainfi  des  fardeaux  au  iour 
du  Sabbat,  c'eft  vne  chofe  defen- 
f  n     due?    Alors  ce  perfonnages^ap- 
refpondk,'*''  perceuant bien  que  deproposde- 
ceiuy   ^ui  libere  ils  laiflbyent  en  arricre  ce 

m  ^    rendu  •       1       1  11  t  > 

fain  .  m'a  qu  il  y  auoit  d  admirable  en  1  a- 

dit :  charge     J:  .  1      t    r  >  t  ^ 

ton  lici  %  ction  de  Iclus  ,  pour  s  attacher  a 
tnarche.      ^^  q^' jj  fcmbloit  y  auoir  d'odieux, 

&lereprendre;leur  refpondit  en 
cestermes.  len'ignore  pas  cela, 
&  fi  c'eftoit  de  mon  chef  ou  dc 
de  mon  mouuement  que  i'euflfe 
entrepris  ce  dont  vousmerepre- 


nes. 


( 
( 


lejus  Chrijl felon  S.  lean.  179  Cha 
ties ,  ie  n  aurois  rien  a  vous  dire. 
Maisceluy  quinVagueri,  c'eftce- 
luy-la mefme qui  ma dit,  Charge 
ton  petit  lit  &  cliemine.Ife  me  re- 
mets  done  a  vous  d^examiner  fon 
adion.  Cars'iln'eft  point  Pro- 
phete,iene  puis  pas  comprendrc 
comment  ilm  a  peu  guerirpar  fa 
feule  parole  fi  fubitement^mala- 
de  que  i  eftois  depuis  trente  liuid: 
ans  dVne  maladie  dcfefperement 
incurable.  Ets'ilcftProphete  ^  ie 
me  rapporte  a  vouss'il  eft  permis 
de  vioier  Ie  Sabbat  par  Ie  com- 
mandement  d'vn  Prophece.  Car 
il  me  femble  que  vous  mefmes  en- 
feignes  qu'il  ne  nous  eft  pas  dcfen- 
du  ^  &  que  c'eft  la  commune 
creance  de  la  Synagogue.  Eax  ^.u 
done  ne  fcachans  que  luy  repli-  ^/ 
quer^&voyans  bienque  quant  a  ^^^^»^'S:^^ 

1^         .|  -^  *  ■*■  -eft  cet  hom' 

iuy  lis  ne  luypouuoyent  tourner  r»e  qui  ^4. 

^      r  r\  '  "^         •  /-     ^/r ,  Charge 

cette  lienne  action  a  crime,  el-  to^,uci,  % 

J 


A  done  ils 


Cha.  J-  180    ^amphrajefur  I'Euangile  de 

fayerent  de  s'en  prendre  a  celuy 
qui  laluyauoitcommandce.  Car 
fc  perfuadans  que  c'eftoita  eux  a 
iuger  fi  vn  hommc  eftoit  Prophe- 
te,  &c  sil  auoit  de  bonnes  marques 
dela  vocation  deDieu  ,  ils  efpe- 
royent  que  s'lls  pouuoyenc  ame- 
ner  lefus  deuant  leur  Tribunal^ils 
t-rouueroyent  bien  le  moyen  dc 
luy  donncr  des  affaires.  Oeft 
pourquoy  ilsinterroguerent  cet 
homme  &:luy  dcmanderent^Qui 
eft  donccepcrfonnagequitadit^ 
Charge  ton  petit  li6t  &chemine. 
Monilre-le  nous  afin  que  nous 
nous  adreffions  a  luy,puis  que  c*eft 
fur  Ton  commandemcnt  que  tu  te 
st'  ll'iuy  dcfcharges.    Mais  celuy  qui  auoit 

^ui    moh  efte  gueri  ayant  iette  les  yeux  de 

ejUguarune  n    f  1  1  1 

jf auoit  qui  tous  coites  pour  le  ciiercher^  ne 
\tms'efiZt  le  reconnut  point  :  parce  qu  y 
ZmiJudl''  ayant  grand  peuplcen  ce  lieu- la, 
^iu4oit_m  lefus,  qui  preuoyoit  bien  I'enuie 


ne 


lejks  Chrifi  felon  S.  lean.     181  Cha.  y? 
&la  malice  de  ces  gens  ,  s'eftoit 
doucement    &    infenfiblcmenc 
ecouleparmylafouleo    Quelcjuc  , 

pcu  de  temps  apres  que  cela  fut  mpuisie*. 
amli  arriue^  lelus  eltant  dans  Ic  ^«  Tempu. 
Temple  ,  ou  il  frequentoit  fort  fjl'^.^'l', 
fouuentjil  rencontra  ce  perfon-  guen-.nepe. 
nage  ,  qui  y  eltoit  alle  pour  les  firm^is, 
exercices  de  piete  ,  &  particulie-  f^iuiemt 
rement  pour  y  rcndre  graces  de  fa  ^"^ 
deliurance;&  s'eftant  addrcfle  a 
luy  ^illuy  dit :  Tu  as  eft e  rendu 
fain  par  la  grace  &  par  la  puiffan- 
deDieu.  Tuf^ais  bienpourquoy 
Dieu  t'auoitainfi  autrefois  affli- 
gCj&quelpcche  auoir  attire  fur 
toy  vn  cliaftimcnt  fi  fafcheux  & 
de  fi  longue  duree.  le  le  fc^ay  bien 
auflirmaisiln'eft  pasbefoinde  tc 
le  ramenteuoir  puis  qu  il  t  a  eftc 
pardonne.  Seulement  ie  t*aduer- 
tis  de  nepecherplusde  la  fa(jon: 
de  peur  quadjouftant  encore  a 

M  % 
i 


Cha,  J.  182    Paraphraje  fur  I'Euangile  de 

ton  pcchela  meconoilTanccde  ta 

deliurancc ,  tu  ne  fufles  aufli  clia- 

ftie  plus  rigoureufemcnt ,  &  qu  il 

ne  rarriuaft  pis  que  parle  pafle. 

Car  tu  n  ignores  pas  que  les  gran- 

des  calamites  de  cette  nature  tien- 

nentlieucntre  les  peinespar  lef- 

quelles  Dieu  a  denonce  qu  il  cha- 

flieroit  les  crimes  des  hommes* 

c}/Lm-  ^^^  horn  me  ayant  a  cette  lieure 

mes'e'aAi/4,  la  confidcrc  lefus  plus  attentiue- 

a^x    luifs  ment  qu  il  n  auoic  rait  aupara- 

Te}us'%y^^^^  y  &  reconnuqueceluyqui 

i:^.Hmt  Ycn.  i'auoit   gueri  ^  &  celuy  donton 

parloit  rant  J  a  caule  de  la  lapien- 

ce  de  fa  predication ,  &  de  fes  au- 

tres  miracles ,  eftoit  vn  mefmc 

liomme,ils'en alia dece pas  tout 

plein  de  zele  &  d'affedtion  pour 

luy  ,  raconter  aux  luifs  qui  la- 

uoyetinterrogue ,  que  c'eftoit  luy 

quirauoitgueridefa  maladie.Ea 

quoy  il  penfoit  d Vn  cofte  feruir  a 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      183  Clia.  5^ 
fa  gloire,  &  de  Tautre  donncr  a  ces 
gens  dequoy  s'inftruire  en  la  veri« 
te.    Mais  la  mauuaife  difpofition 
de  leurs  coeurs  fit  reiiilir  cette  der- 
nierepartie  de  fon  deflein  ,tout 
au  rebours  de  fon  attente.  Car  ces     ^.  ,<5. 
luifsprenansoccafion  dela,per-  J^'^'^^'l'^ 
fccuterent  lefus  de  leurs  calom-  ^/f^  /w- 
nies^  &  luy  imputans  a  crime  ce  lejus  j^u^ 
qu  11  auoit   tait  ces  clioles  la  au  ^mk  fait 
iour  du  Sabbath ,  leur  enuie  de-  ^ttiV^ 
uint  fi  furieufe  peu  a  peu,  &  mon- 
ta  iufques  a  vn  tel  cxces  ^  qu  ils  taf- 
cherent  d 'intenter  accufation  de 
mort  centre  luy  a  cette  caufe.    Et     r.17: 
de  fait  ils  Ten  attaquerent  haute-  faf^i^^t  uf 
ment  &  ouuertemen t,&  luy  firent  ^Zf'hfjZ 
afles^connoiftrc  par  leurs  paroles  ^^^  ^V^»^^ 

,11'         ,-,  ^1  .        ^     .  »    m^inte' 

quelles  eltoyent  leurs  intentions*  n^m  ^  k 
Mais  Icfus  non  eftonne  de  leur  ^g^f"^  ' 
mauuaife  volonte  ,  &    f(jachant 
bien  qu'ellene  viendroit  a  aucun 
effcd:  iufques  au  temps  qui  ^uoic 

M^ 


Cha.  J.  184  "T^arafphrajc  JurtEuangikde 
cfte  determine  par  le  Pcre^Ieur 
refpondit  aflfes  ouuertementpa- 
reillement ,  &  fe  defendit  de  la 
forte.  Oeft  mon  Pere  qui  a  donne 
la  Loy  du  Sabbath,  que  vous  vou- 
les  qu  onobferucaucc  rant  de  re- 
reuerence.  Neantmoins  cette  Loy 
qu  il  vous  a  donnee  j  ne  rempeC- 
che  pas  quant  a  luy  d  agir  conti- 
nuellement.  Car  a  la  premiere 
creation  ,  il  fe  rcpofa  bien  de  fes 
CBUuresaufeptiefmeiour  ,  parce 
qu*il  lesauoitacheuees.  Mais  de- 
puis  il  ne  s'eft  pafTe  aucun  iour 
qu  il  n*ait  perpetuellement  pro- 
duit  quelquecliofeen  eftre  ,  &C 
qu'il  n  ait  fouftenu  &  gouuerne  le 
monde  par  fa  puiflance  ,&:  par  la 
conduire  de  (a  main.  le  ne  fai 
doncrien  quant  a  moy,  qui  fuis 
fon  Fils ,  finonhmitcr^  lors  que 
fans  diftindion  de  iours  j  i'agis 
ainfi  pour  le  bien  &  ladeliurancc 

f 

Vv 


IcfusChrifi  felon  S.  lean,       iSy  Clia.  y. 
deshommes.    Quauesvousa  re- 
prcndreencela  ,  que  leFilsfuiiie 
rexempledcfon  Pere?    Maisau      ^^^^ 
lieu  de  demeurer  fatisfaits  de  cctte    ^-^r  cep 

•  n  »      CAUje     done 

refponfe ,  &  dy  rcconnoiitre  la  usimfstmf^ 
verite,laliaine  de  cesluifs  alcn-  \{uTdru 
contre  de  Chrift  s^cn  cnflamma  ^^J^ 
dauantagc.  De  forte  quilsen  re-  ^«*«W^«- 
cnercherentdautant  plusardem-  Muoitrom^u 

kt     \      C  '        .«.»,       l^  Sabbath, 
moyen  de  ie  taire  mou-  ^^,,  ^«^ 

rir  ,  parcc  que  non  feulement  il  ^«';^  ^(i;^ 

auoit,  comme  ilsdifoyentjViole  ifiohrmFe^ 

,  ,   ,        ,  '     n      '  •  rejefatfant- 

le Sabbath 5 ce qui eltoitvn  crime  SgaUiyteH, 
de  rebellion  contre  Dicu  ,  mais 
encore  parce  qu'ayant  appelle 
Dieufon  proprePere  ,  non  com- 
me lesluifs  Tappelloyent  leur  Pc- 
re  en  commun  ,  mais  comme  le 
MelTie  dans  les  Prophetes  eftoit 
appelle leFils  &  Ie  Germede  TE- 
ternel^cequi  le  faifoitd  vnemef- 
me  nature  &  dVne  egale  puiflan- 
ce  auec  Ie  Per e ,  il  s  eftoit  ainfi  fait 

M4 


Cha*  J.  18^    Taraphrafe Jur  FEuangile  de 

egala  Dieu ,  cc  qui  ,  a  leur  aduis^^ 

,  ^       eftoit  vn  blafpheme  infupporta- 

Far^uoy   blc.    Malslcfus  noHobftant  cou- 

iC^Cy  tinua  ainfi  fa  refponfe  dc  Ta  de- 

t^nZ^  fen^e,     Vous  vous  eftonnes  & 

teievousdy.  yous  fcaiidalifcs  bien  fort  de  ce 

pent     fien  queievous  ay  dit,  queiimiteles 

"tJjmonce  adions dc  iTion  Pcte.    Veritable- 

T-f/'^T!  i^ent  vous  aues  tort  j  car  de  qui 

jatre  a  Jon  ^  1 

Fere    :   car  VOulcS  VOUS  QUC  Ic   Flls  tlrC  plu-< 

je  qtiiceiny  Itolt  exemple  pour  iimiter>  que 

face  le  fils  le    J       Ti  I  1  p  1 

fait  \f,(p  du  Pere  qm  iuy  donnc  les  regies 
^mmf^'^  d*agir,lefquellcsilnefautpasqu'il 
tranfgrefle?  Le  Eils  ne  nie  pas  la 
coniequence  que  vous  tires  de  cc 
qu  il  a  appelle  Dieu  fon  Pere.Mais 
tant  y  a  que  pour  ce  qui  eft  de  fe? 
adions  ,  vous  n'y  fc^auries  rien 
r.  trouuer.  a  reprendre.     Ses  ordres 

iuy  ont  cfte  (i  ponituellemcnt 
donnes3  &  il  les  fuit  fi  exa£tement, 
qui!  eft  impodible  qu  il  arriue 
quilenrreprenne  rien  defonfeul 


Vv 


Icfus  Chrift  felon  S.  lean.     187  Gha/  p 
&propre  mouuemcntj,  &  fans  la 
volonte&rexemple  defon  Perc. 
Carilnefaitdu  toucrien  finon  a 
fon  imitation,     Mais  a  la  vQrite 
tout  ce  qu  il  void  que  fon  Pero 
fait ,  il  fcait  qu  il  luy  eft  permis  & 
niefmes  ordonne  de  le  faire ;  6c  il 
le  faitdc  mefme.    Car  ne  penfes     f,  to. 
pas  que  le  Pere  fe  referue  aucune  ^f'^^/^^'f, 
cholc  ,  qu'il  ne  donne  pas  a  fon  ^/'  ^  &  ^^y 
Fas  la  puiflance  d'executercom-  tomes  c^es 
me  luy.  Comme  vn  Pere ,  qui  ai-  Yuy  demons 
me  fon  enfant ,  &  qui  le  veut  for-  ^;- ^^  ^j- 
mer  deffus  fon  propre  modelle,ne  ^^^^  ?«^  ^5- 
luy  ceic  rien  de  ce  qui  elt  de  la  que     -vous 
Icience  oudelon  artjmaisluyen  ^.y//^^,.  • 
decouure  tous  les  fecrets^afin  qu  il 
n  y  ait  rien  qu'il  ne  puifle  prati-^ 
quer  a  fon  exemple :  Ainfi  le  Pe^ 
reCelefte^  quiaime  tendrement 
fon  Fils  3  luy  monftre  toutes  les 
ceuures  qu'il  fait  3  &ne  luy  en  re-- 
tient  du  tout  rien ,  qu'il  ne  vueille 


Clia.  J.  i§8    ^araphrajc  fur  I'Euangilede 

qu  il  falTe  femblablcmenr.  Et 
quant  ace  qui  eft  de  guerir  des 
im potens ,  &  de  n'cft re  pas  empef- 
che  dc  le  fairc  par  laconfidera- 
tion  du  Sabbath^  c'eft  bien  vne 
grandecliofe  a  lavcrite.  Mais  ce 
n'eft  pas  tout  ce  que  le  Fils  a  ordre 
de  fon  Pcre  de  fairc,  Vous  verres 
araduenirqu'illuya  donne  &  la 
reigle  ,  &  Tautorite  d'en  faire  de 
bcaucoup  plus  grandes  que  celle- 
*^  la  :  tellement  que  quelqucauer- 
fionquevousayescontrcleFilsjfi  ' 
eft-ce  que  vous  feres  contraints.  ' 
malgre  que  vous  en  ayes  d'en  eft  re 
^  ^  ^^     rauis  d  cftonnement.    Il  y  a  bien     , 

Car  co^'  t         1.  rr  •      1         • 

me  u  Fere  ^^  ja  difterencc  entre  euerir  les- 

reffufdte  Us  ,      -  rT    C  -  I 

n;ms,^ics  malaacs5&:  reiiulciter  les  morts, 
huLm,^r  Et  ccpendant  ^  comma  le  Perc 
AHfz  le  fils  refrufcitcles  morts ,  &c  les  viuific 
qttiiveut,  quand  illuyplaift^  ainfi  que  dans  " 
le  VicuxTeftamcnt  vous  cnaues 
quelquesexcmples ;  de  mefme  le 


h 


re  ne    iugt 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     i8p  Cha.  5 
Fils  refllifcite  &  viuifie  pareille- 
mentceiix  quilveut^&  dans  peu 
dcrcmps  vous  en  auresdespreu- 
ues  tres-euidentes.  Et  que  cela  nc     t-  »^ 
vous  eftonne  point,  commc  fi  le 
Fils  s'artribuoit  plusde  puifTance  ^^i'Z'd.n* 
qu  il ne  luy  en appartient.    Car  a  «^'  '^^'  '''- 
quoy  ne  peut  point  etendre  Ion  ?//. 
autorite  ccluy  qui  a  le  pouuoir  . 
d'abfoudre^  de  condamner  ,  de 

'  faireviure&defairemourir,&  de 
difpofer  abfolument  de  toutes  <^ 
chofes  a  fa  volonte,  tant  au  Ciel 
commcenlaterre  ?  Sqaclies  done 
que  deformaisceneft  pluslePe- 
re  qui  iugc  le  mpnde  ,  commc 

Touuerain  arbitre  de  TVniuers.  Il 
Ta  fait  autrefois  fous  Teconomie 
des  fiecles  palTes.  Maisd'ores  en 
auant  il  ne  iugera  perfonne/  ce  le- 

-  ra  le  Fils  qui  excrceraiugemcnt/e- 
l9n  que  le  Pere  luy  en  a  donne 
toute  puiflfance.  Afin  que  tout  le     f.if. 

Afin    que 


i-^ 


^ 


Clia.  J.  IpO   T ara^hrafe  fur  I' Euangile de 

sous  hono  mondegeneralemcnt,rende!ion- 

remie  Ftis  ncut & liomniagc au Fils .c?'  qaa- 

honorem  le  Hte  cleluEe  &  (jc  Rov  cle  iVni- 

n'honeyr"    ucrs ,  tout  dc  la  mclme  lacoii ,  & 

T'niZt'e  ^^^c  1^  mefme  refpcdqu  ils  lent 

M^//.  p.r^  iufqu  a  maintenaot  rendu  au  Pc- 

uoj/i'  iQ,  Parce  que  qui  mauqiiera  alio- 

norerle  Fils;,  il  manqucra  dliono- 

rerle  Pere  qui  la  enuoye  ,  &  en- 

courra  la  mefme  candamnaiion> 

le  Pere  s'eftaacdemisde  {oVi  Em- 

4s      pire  entre  fes  mains ,  &;  Tayant 

eftably  Ton  Lieutenant  en  toute 

fan  autorite  ^  Gamme  de  toute 

cternite  il  iuy  a  communique  fa 

Tr^vtrits,  nature  &  fan  effence.    Et  fi  vous 

enveriti.ie  ^^  dcmaudes  ouel  eft  riionneur 

'VOUS  dy  que  ^  1  ^ 

cduyqutoh  Que  ie  Dtetends  qu'on  rende  a  ee 

mn     parole   _}  i        „  11     r       •  > 

&  croii  k  Fils,  &quellerruitquenrempor- 
^^aenulyl  tcront  ccux  qui  s  en  acquitteront 
a  -vie  Eter^  commc  il  faUt ,  (  cat  s'il  V  a  pein® 
x'/>«^^'^      eitablic  pour  ceux  qui  le  iuy  rem- 

point  en  con-    r*  .i  p        i   i  j-i  r*    •  • /^ 

.j'.^«j«/?/;.«.  ieront, il iemble  qu  il  loit  raiion- 


h; 


lefus  Chrijl felon  S.  lean.       ipi  Cha.  f, 
hablc  qu  il  y  ait  remuneration 
poui  ceux  quile  lay  rendront )  ie 
levousdirayrondement,&::  tcnes 
Ic  pour  audi  certain ques'ilvous 
eitoic  confirme  par  les  fermens 
ics  plus  venerables.     Ie  vous  iure 
en  vcrite  ^quequiconque  efcoute 
jma  parole  &c  ma  dodrine  attcnti- 
uement,  &  quiy  croit,  fen  quoy 
il  ne  croitpastant  a  moy,quil 
croit  a  celuy  qui  m'a    enuoye, 
parce  que  ie  n'enfeigne  &  n'an- 
noncerienqueparfonordre)  co- 
me celuy- la  rend  au  FilsThonneur 
qui  luyappartientjaufTien  rem- 
portera  til  la  remuneration  de 
falur&de  vie  eternelle.  Et  quant 
a  la  condamoation  ^  il  n'y  vien- 
dranuUement^&ilcft  fi  certain 
iju'ilne la fubira point, que  fides 
maintenant  il  eftoit  pafle  de  la 
mcrt,  qui  eft  Teffed  de  la  con- 
damnation^  a  la  iouiiTance  de  la 


ri 


Cha.  J-  ipz   ^araphrafefurl'Euangtle  de 

vie^quicft  la  {aite  infaillible  de 

,  ^       la  iuftification  ,  il  ne  feroit  pas 

E« veriti,  plus  indubitablc.  Et  afin  que  vous 

-vousdis^qu,  nedounes  pas  dc  lapuUiance  du 

ST^S  ^^'^ .  &  de  la  verite  de  ce  qu^il  vous 

queiesm^m  dit.quc  c  ell  le  Pere  qui Ta  enuoye, 

vaixdHFHs  il  VOUS  en  donnera  bien  tolt  des 

^leux'^^'^i  enfeignes  irrefragables.    Car  ie 

I'aurot  ouye  ^q^^  lyxtc  ciicore  eii  verite  ,  que 

riieurevientj&elleeftn  procnai-^- 

ne  qu'on  peut  dire  qu'elle  eft  def- 

ja,  queleFilsderiiommeparlera 

aux  morts  qui  font  nonfeulemenc 

dansla  biere  ,  mais  mefmes  dans 

lestombeaux,  &Ies  morts,  quoy 

que  deftitues  de  tout  fentiment, 

entendront  fa  voix^  tant  elle  fera 

pleine  de  vertu  &  d  efficace ,  & 

fayant  entendue  ilsviuront  ,  & 

f,i6.  i  retourneront  en  la  iouyflance  de 

'  ^^fV""""  lalumiere  dumonde.    Parceque 

-vie  en  foy^  comme  k  Pere  a  en  loy  le  princi- 

tnefmcainji  it-  1j     n    -1  I 

All  donns  pe  de  la  vie,  d  ou  il  la  communis 


u 


auotr   vie 


Icfus  Cimfi  felon  S.  Icarh     ip5  Cha. 
que  a  routes  chofes  comme  il  luy  ^. 
plaift ,  ainfi  a  t-il  donne  au  Fils  '^  fij-rf^^f- 
dauoirenfoylc  melnic  pnncipe 
de  la  vie  3  pour  la  communiquer 
a  qui  bon  luy   femblc  parcille- 
inent.    Et  de  la  vient  qu  il  la  don- 
ne a  ceux  qui  rauoyent  perdue. 
Ce  qui  eft  vn  argument   indu- 
bitable   que  le  Pcre  la  enuoye, 
car  s'il  ne  Tauoit  enuoye  il  n'au- 
roit  pas  certe  abfoluc  authorite 
fur  la  vie  &  fur  la  mortdeshom- 
mes.    Mais  le  Pere,  comme  i'ay    ^,'IJ' 
dit.reftabliffantfon  Lieutenant  jonns  puif 
au  GGuuernemcnt  de  rVniuers,  rctugement, 
uy  a  donne  vne  puiflanceablolue  efi  u  ihdt 
fur  toutes  chofes  ^  &mefmescel-  ^'^'''""''''t 
le  de  faire  &c  d'exercer  lugcment: 
parce  qu  il  eft  ce  Filsderiiommc 
dont  Daniel  auoit  parle  au  VII.  de 
fesreuelations^a  qui  deuoit  eftre 
donnee  Seigncurie  ,  &:  honncur, 
&regne  6c  domination  eternelle, 


char  y.  15)4    PdraphrafeJurl'Euangilede 

&  Empire  qui  ne  fera  point  difli- 
pe.  Carainfiontdeu  s'accomplir 
'^  »^  les  Proplieties  en  fa  perfone.  Et  nc 
pintefmer^  tautpasquc  voustrouuies  eltran- 
Te'u'',^  car  g^  quc  Ic  Fils  vousdle  quil  doit 
^27ZnZM^^  toft  reflfufciter  quelques 
queUe  tons  jnorts ;  ouis  qu*il  a  le  pouuoir  de 
foHthfepui^  raire  beaucoup  dauantage.  L  lieu- 

chns  orront  •  o    1    *  *    11  r   ' 

u  -voix  d-i-  re  vient ,  &  bien  qu  elle  ne  loit  pas 
ceitty.  jQ  pi;oche  qu'on  puifle  en  quelque 
forte  dire  cornme  de  I'autre  qu'el- 
leeft  defia  ,  fi  viendra  t  elle  cer- 
tainement,  enlaquellenon  deux 
ou  trois.ou  quoy  que  e'en  foit,peU 
de  morts  ,  mais  vniuerfellement 
tous  ceux  qui  font  couches  dans 
les  tombeaux,entendront  la  voix 
du  Fils  de  Thomme ,  c'eft  a  dire, 
cellequ'ilcommanderaafes  An- 
'  ges  de  faire  eclatter  pour  les  en 
^-  »9'    fairc  fortir.    Et  par  cette  mefme 


lEt     ceux 


^ui  auront  vcrtu  dout  vous iuy verres  donner 
foTjmt\n  des  preuues  dans  peu  de  temps ,  il^ 

fortiront 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean,    ipj  Cha\  j* 
fortironc  tous    des  nionumens  ^,^^,,^,^.^^ 
pour    cntrer  en  des  conditions  ^^^'>-^''« 
mcrueilleulementclitrerentes.Car  rom    ma 
quant  a  ceux  qui  ont  palle  cette  ront  en  re. 
vie  en  bien  faifant,  &  qui  ont  eii  ^ZtZt 
cela  donne  des  tefmoignages  de  ^^^^' 
leur  foy  &  de  leur  repentance ,  ils 
reflufciterontpourviure  &iouir 
de  felicite  eternellement.     Mais 
quant  a  ceux  qui  fe  font  adonnes 
amaUils  refufciterontala  verite, 
mais  ce  fera  pour  fubir  &;  en  efprit 
&    en    corps  la  condamnation 
qu  lis  meritent    Or  ne  penfes  pas 
que  pour  vous  tenir  de  ii  magnih-    u  nepeux 
^     ^    ^        uFilSjie  mattnbue  ^^^^  ;,;e/»?^. 
plus  qu  il  ne  faut,  ou  que  ie  cher-  ''  '^1"  ""'f 

r  i  -'  1  que  toy  y& 

che  en  cela  ma  propre  eloire  &^>«?»    ^^^'- 
mes  auantages.  Vniuerlellementy?^;  r^r;^ ^^ 

_         _  •      C    '        •     \  C  cher che  point 

tout  ce  que  lerais,  leleconrorme^^  ^,^^„,^ 
a  la  volonte  deceluy  qui  m'aen-  f^'^/l^  '^"'^ 

/       J  ^  ^  lonU  de  ce» 

uoye,&ien'entreprensrien  de  mo  ^^y  ^«»  ^'^ 
feul  &  propre  mouuement,  quel-  '''''''^'* 

'      N 


Ciia*  fAp6  ^ardphrafefurl'Euangiledc 

que  choie  que  ie  die  ou  que  ie  fat 
fc.  Ence  iugement  la  mefme, 
ou  ie  diftribueray  aux  hommcs 
les  peines  &  les  recompenfes,ain- 
ii  que  ieviens  de  propofer  5  auec 
vne  abfolue  autorite  ,  ie  ne  pro- 
nonceray  point  nics  Arrcfts  que 
conformcs  a  Tordonnancc  dc 
mon  Pere.  Ec  fi  des  maintenant 
ie  m*en  explique  dc  la  fac^on  ,  fi 
i  afligne  la  vie  eternellc  a  ceux  qui 
ont  bien fait,  &c  au  contraire  ,  a 
ceux  qui  ont  malfait^la  condam- 
nation  &  la  mort ,  ie  iuge  en  cela 
Gommerayentendude  mon  Pe- 
te qull  faut  iuger ,  &  felon  la  loy 
qu  il  en  a  faite,  Tellement  que 
mon  iugement  eft  iufte ,  puis  qu'il 
s'adiufte&  conuient  entierement 
a  la  toy.  Et  certes  il  ne  peut  qu  il 
nelefoit.  Car  cequidetournelcs 
luges du  droit  fentierde  laiufticc 
&  de  la  verite,  c  eft  quandils  fer- 


r 


H 


Tefus  Chrift  felon  S:  Icanl     1^7  Cha^  y 
iient  a  leurs  propres  affedions ,  &: 
qu'ils  cherchent  dy    fatisfaire. 
Mais  quant  a  moy  ie  ne  cherche 
point  ma  volonte ,  &  ne  me  pro- 
pofe  nullementde  contenter  au- 
cunepallion  particuliere  qui  me 
domine  ,  iene  cherche  llnon  de 
fuiureenticrement  la  volonte  du 
Pere  qui  m'a  enuoye :,  &  de  m*ac- 
quiter  fidellement  de    la  charge 
qu'il  m'a  donnee.    Peut-eftre  que    st  ie  reni 
vousdiresqueie  me  rens  tefmoi-  ^ti7chiT/^ 
gnageamoy-mefme  ,  &:quetel-  ^^y-'^'f'^^ 
le  forte  de  tefmoignagca  accou-  g^^^s^  ^;'fi 
ftumed^eftre  fufpedt.  Ecienenie  2%. 
pas  certesqueieneparle  de  moy- 
mefme,  &queie  ne  rende  tcfmoi- 
gnagedecequieftdemoy.  Ets'il 
n'y  auoit  que  moy  qui  en  tefmoi^ 
gnali  de  la  force ,  quoy  que  ie  n  en 
differien  quede  veritable:,  ie  ne 
refufrrdis  pourtantpas  que  vous 
4ie  jnappliquaffies  ce  commun 

N  X 


Cha.  f  198    TaraphrafeJiirl'Eudn^ilede 
dire,  que  qui  porte  tefmoignagc 
de  foy-me(me,  n'cft  pasdigne  dc 
f.  ft,     foy.    Mais  il  y  en  a  vn  autre  qui 
^''^  """  tefmoiffne  de  moy  les  mefmes 
read  ttfmoi  chofcs  Que  IC  VOUS  Ctl  Ql  :  &  le  luis 
IT 6-  ie  tres  afleure  que  comme  le  tefmoi- 
fci;:5"  gnagequ'il  rend  de  moy  eft  tres- 
rL;::?  veritable .  auffi  ne  nieres  vous  pas 
diincde'fo}.  qy'ii  ne  le  foit , &  que  tout  le  mon- 
de  le  iugera  digne  qu  on  le  re^oi- 
*,»•     ue.    Vous  mefmes  aues  enuoye 
2:;r%  verskan,  lors  qu'il  baptizoitcn 
/««  ,  d-gethabara.&rauescommelom- 
d«  ufmoi  meparautonte  publiquedevous 
S'  ''  due  s'll  eftok  le  Chrift.     len  ay 
point  a  faire  de  vous  rememorer 
ce  qu'il  refpondita  ceux  que  vous 
auies  enuoyes :  car  vous  le  f^aues 
anes,&  il  n'y  a  point  fi  long-temps 
que  vousnen  ayes  la  memoire 
toutefraifche:tanty  a  qu'il  ren- 
f,,+.    dittefmoignagealaverite.  Etce 


Jefus  Chriji  felon  S,  lem,      195?  Clia.  $. 
i'aye  befoin  de^J'atteftation  dVn  p^-^^    ^^y: 
homine  pour  m'autorifer.    le  ne  ^'z":?^*^^ 
recours  pas  a  Ion  telmoignage  ^^  dy    ces 
comme  a  vne  chole  qui  me  loit  que 


vous 


fortneccflfaire  ,  ayanc  tant  d'au-  ^Z^  ^'''' 

trcsmoyens  de  iulHfier  auihenti.- 

quement  ma  vocation.  Maisiedi 

cela  pour  m'accommoder  a  vous^, 

&  par  le  foin  que  i  ay  de  voftre  fa- 

lut:  parce  qu'ayanteu  vous  mef- 

mes  cettc  opinion  de  ^ean,  que 

c  eftoit  vn  grand  Prophete,fi  vous 

voulesperfifler  au  iugement  que 

vous  en  aues  fait ,  il  faut  que  vous 

deferies  a  ce  qu'il  a  prononce  de 

moy;  &cette  facjon  de  vous  per- 

fuaderdoit  auoir  quelque  effica- 

ce  fur  vos  confciences.     Mais  ie     ^,  ^^. 

preuoy  bien  qu'encorc   cela  ne  J^'j''^ ^^^^ 


e      at' 


vous  conuertira-t-il  pas  ,  &  que  i^^p 

1  opmion  que  vous  auies  conceuc  [ana     & 

c  luy  naura  pas  rait  vne  alles  ^^     ^,4/^ 

profondeimprefTionenvosames.  '"'"'^^^^  ^^J 

N    5 


Clia.  5.  100  ^araphraje  fur  tEuangilede 
e/gayer  m  I^aii  a  cftc  tandi^u'iU  prefche^ 
fa  lumie-  commc  vHc  cliandclle  bien  ar- 
dente&r  bien  luifanteallum^e  an 
milieu  de  vous,  Et  tandis  que  fa 
fplendeur  a  reluy  dedansvos  yeux  ^ 
vous  en  aues  recjeu  ducontente- 
ment  ,  comme  on  ell  bien  aile 
pour  vn  peu  de  temps,  de  voir 
flotcer  &  briller  la  flamme  dVne 
cliandelle.  Mais  comme  quandia 
chandelle  eft  ou  retiree  ou eftein- 
te  ,  il  n'en  refte  du  tout  plus  rien 
danslesyeux  d?  ceujc  qui  la  regar- 
doyent  auparauant ,  il  ne  vous  eft 
du  tout  rien  demeur^  des  con- 
^-  ?^-     noiflanccsqu'il  vous  donnoit ,  &: 

Mais  may  n        •  •  /     '^ 

i'aj  uimoi-  vpuseitesmcontmentretcurnesa 
f^iw  y^,' vosanciennestenebres.    Or  quel 

«?««.^.  ^^.  qu^aitdeuauoirfontefmoio-nag-e., 
m'a  donneei  taHt  y  a  que  i'en  ay  vn  beaucoup 
iTmpiir,  7e's  P^^s  grand  que  le  lien,  que  voqs  nc 
'-'^«f/>  r^auries  reiecter  fans  vnaucugle- 


J 


ceuurei- 


H 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.     lOl  Cha.  5. 
mcnt&vneobftination  extreme,  f^^  ,,rmoi> 
Vous  voy^slesoeuures  que  iefais,  ^^^^ 
&quemonPerem'adonne  dac-  p^*'«  ^  ^*^ 
complir  auec  tant  de  vertu&  de 
merucille,  Ces  oeuures-la  fans  dou- 
te  J  que  ie  fais    a  la  veu'e  de  tous^ 
portecvn  euident  &  authentique 
tefmoignagc  que  c'eft  monPere 
celeftc  quim'aenuoye.Car  m^at- 
tribuant  comme  ie  fais  d*eftre  fon 
Fils,  &  Ie  Lieutenant  quila  efta- 
blipour  gouuerner  en  fa  place  & 
en  fon  autori  te,  (\  ce  que  ie  dis  n  e- 
ftoit  vray ,  ie  luy  rauirois  la  gloire 
qui  luy  appartient ,  &  blafpheme- 
roiscontrefaMajeftefainte.  Les 
ceuures  done  que  iefais  3  ne  fe 
pouuant  exccuter  finon  par  vne 
diuine  &  infinie  vertu ,  Dicu  pre- 
fteroit~ilfavertu.,diuine&infinie 
quelle  eft  ^  pour  fauorifer  les  at- 
tentats   dVn    blafpliemateur  & 
dVn  facrile^c  >Partant  ces  oeuurcs    f-  57. 

N  4 


V^ 


Clia»  J.  102   Paraphrdje  fiir  tEuangtlede 
re  qui  m^a  tcfmoignent  de  moy  ,  &  puis 
enuoyL  luy^  ^^^  ^'^(j-  Y)\z\x  Qui  Ics  fait  par  la 

me\me        a     i  1  ^  1 

yf;?^«    /^A  verruquilmecommunique^Dieu 

tnoignagede   ,  ^^  •     /1 1     rk  *       ' 

moy.iamms  luymelme,  quieltlePerequim  a 

jr/ZJ'Z;  enuoye^rend  parcemoycn  tef- 

tjTmhuZ  ^oignage  a  ma  Mifiion  &  a  ma 

^''  perfonne.    Car  aurefle  quel  plus 

expres  tefmoignage  defires  vous 

quilrendedemoy  ?  Voules  vous 

quil  parledes  cieux  ?  Il  nel'a  pas 

accouftume  j&vousn'oui'ftes  ia- 

mais  fa  voix  retcntir  en  oracles  a 

vosoreilles.    Voules  vous  qu'ilfc 

prefente  vifi  blement  ou  a  vous  ou 

a  moy  en  voflre  prefence  ?  II  le  fait 

auffi  peu en  cesderniers temps :,&: 

aucun  de  vous  ne  fe  pent  vanter 

d  auoiriamais  veu  fa  refTemblan- 

f'  5^-     ce.  Refte  done  fa  Parole  ,  de  h^ 

p&mtfa  pa  quellc  ,  II  VOUS  receuies  bien  les 

vole  demeU'    •      it         n  '  •  /        • 

ya^ts  en  mltructions  ,  vouspournes  tirer 
^Z  '  'Z  de  tres- certains  &trcs- indubita- 
isroyeijoint  blcs  atgumeBs  de  ce  que  iefuis^ 


I 


lefus  Chrifl felon  S.  lean,      zoj  Clia.  5. 
pour  le  vous  perfuader  a   falut.  ^,,/^^^«»,/ 
Mais  quoy  que  cetre  parole  re-  ^'^^¥' 
fonne  continuellemetavos  orcil- 
les  y    elle  n'entre  point  en  vos 
coeurs ,  ou  (1  elle  y  entre  quelques 
fois,  elley  pafle  comme  vn eclair, 
&  n  y  demeure  pas  vn  moment,  a 
caufedela  malice  de  vos  ames.Et 
dccela  ilne  faut  point  d  autre  ar- 
gumentfinon  que  vous  necroyes 
pas  en  celuy  qu'il  a  enuoye.  Af- 
feurement  fi  vous  receuies  les  en- 
feignemcns  de  fa  Parole  ^  &  qu  el- 
le demeuraft  en  vous ,  elle  vous 
donneroic  tant  de  lumieres  en  ce 
qui  elide  ma  perfonne  &de  ma 
vocation,  que  vousreceuries  in- 
continent r  vne  &  I'autre  auec  foy 
&  reuerence. Non,non;ne  vous     ^,^0. 
arreftes  pas  a  cette  legere  &eua-  ^,,l^^'''//i^ 
iiouiflfante     connoiflance     que  £f XL. 
vous  aues  desEcritures;  maisfon-  res:  car  vous 
^  es  les  &  les  exammes  diligem-  moir   fAr 


Clia.  5.  Z04    ParaphrapJurl'Euangilcde 

iceues    -vie  mcat.     Car   vous  eftimes  bien 

Tejntlt  q^'^lles  font  capables    de  vous 

qui  portent  donnex  la  VIC  eternelle.c*eft  Dout- 

demoj,       quoy  VOUS  les  appeiles  la  Parole 

de  vieaffesfouuents&iene  vous 

contefte  pas  ropinioa  que  vous 

en  aues.    Et  fi  vous  les  exaniinies 

bien  comme  il  faut  ,  vous  trou- 

ueries  qu'elles   rendent  tefmoi- 

gnage  de  moy  ,  &  que  c  eft  par 

moy  qu'elles  vous  addrelleac  a 

f.  40.     paruenir  a  la  vie.    Mais  vous  aues 

-vZe^o^nt  vnc    fi  grande   &fi  inumcible 

-vemramoy  auerfiou coHcre  mov ,  ou'encore' 

-^i^*  quellesvousenieigaentque  vous 

ne  fcauries  paruenir  a  (alut  finon 

par  moy,  vous  nevoules  pas  pour- 

tant  venir  a  moy  ,  ny  croirc  en 

moy  y  &  aimes  mieux  renoncer  \ 

f*  ^\.,  Tefperance  de  la  vie.    Vous  vous 

ie  ne  pre  as  i  /*  1 

point  -hire  imag-inesque  quand  ie  faisquel- 

lies  hommesm  >  j  •  r 

qu  vne  de  ces  oeuures  qui  caulenc 
la  iaioufie  que  vous  aues  contra 

\\ 


lefus  Chrifl felon  5.  lean.      zoy  Cha.  j 
moy ,  ou  que  ie  di  quelque  chofe 
auanrageufementde  ma  vocation 
&  de  nia  perfonne  ^  ie  cherehc 
d  acquerirde  lagloire  &  de  la  re- 
putation parmy  Ie  monde.  Vous 
aues  tort ,  &c  vous  vous  trompes; 
ie  ne  cherche  point  de  gloire  de  la 
partdeshommes.     Mais  quanta     f 
vous,  vous  faites  profeflion  que 
c'eft  Ie  zclede  Dieu  qui  vous  obli-  ^'^^^'^wt- 
ge  a  me  contredire  &  a  me  perle-  mcur     de 
cuter  :  &moy  le  connoi  bien ,  ol  ^,,,,, 
ne  me  trompe  nuUement,  quel'a- 
mour  de  Dicu  n  eft  point  en  vous> 
&  que  ce  ne  font  point  les  interefts 
de  fa  gloire  qui  vous  incitent  a  me 
perfecurer,maisles  voftres.Etvo^     ^  ^j. 
lemonftreresvous  mefmesmani-  J/[l''ZZ 
feftementa  la  premiere  occafion  ^f^^^^p^:>-' 
quis'en  prefentera.     Ie  fuisvenu  uez.    potm 
au  nom  de  mon  Pere^c^  vous  aues  amre  -vum^ 
deuantvosyeuxdespreuuesindu-^^/"^J^7. 
bitables  que  c  eft  luy  qui  m'a  en-  Jj"«^' 


Mais    ie 
cognoy     que 


yez.  ce^ 


Cha*  J.  2.o<J  n^araphrafc  Jurl'Euangile  de 
uoye.  Neantmoins  parce  que  la 
reconnoifTance  &  Tadueu  de  ma 
vocation  ,  ne  s  accorde  pas  auec 
les  interefts  de  voftre  ambition^ 
&  que  la  fplendeur  de  mes  actions 
ofFufque  la  voftre ,  vous  ne  me  re- 
ceues  point.  Si  quelque  autres'in- 
geredefoymefme  ,  &c  fans  auoir 
de  Dieuny  de  vocation  nyd^en- 
feignes  de  fa  vocation  comme 
moy^a  tafcher  defaircceque  ie 
fais,  &  a  fe  dire  ce  que  ie  fuis , pour- 
ueu  quilflattevofl:reambition3& 
qu  il  ne  fafife  point  de  tort  a  cette 
autorite  que  vous  aues  empietee 
fur  les  homes,  vous  Ie  reccures  fans 
diflScuIte.  Pouues  vous  riieux 
monftrer  que  ce  font  vos  paflions 
f.  44,  qui  vousgouuernentf  Etcom- 
po^™us  ^ent  pourries  vous  croire  en 
c'oire,  veu  mov,  ouc  uiou  Pcrc  a  cnuove.puis 

c^ie  vous  re-  J  ^i  J     'l 

1euet.gioire  qucpour  me  receuoir il  nefautvi- 
Ic  fcrqu^alafeulegloir:  deDiea,& 


l*t7%  ae  L  du- 
ne ,  e-' 


V 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.    107  Cha,  ^ 
iqu  life  faut  defpouillertouta  fait  chenhez 
de  fes  propres  interefts3&  particu-  /^'«^^^^.^^^'- 
lierementdeceluyde  rambition^  deDienjcHii 
afin  de  s'approuuer  feulement  a 
luy?  Au  lieu  que  tout  au  contrairc:, 
Youseftesfi  ambitieux  que  vous 
ne  cherches  autre  chofe  finoa  la 
gloire  les  vns  des  autres,  &  ne  met- 
tes  enaucune  confideration  nyla 
gloire  de  Dieu  que  vous  deues 
procurer^  ny  celle  qui  reuient  aux 
hommes  de  fon  approbation ,  qui 
quand  ils  n  en  receuroyent  point 
d^ailleurs  jdeuroit  toute  (eule  fa- 
tisfaire  Icurs  confciences.    le  fcay    j^;  fj„^,^ 
bien  que  com  me  vous  mehailfes,  ^^2]  ^^h^ 
vous  vous  perfuades  que  ie  vous  ^^^«/^'"  ^«* 
haisdemelmes,&  vousinterpre-  vemMoyfe 

f  1  o  auquel  vous 

tes  routes  mes  paroles  &  toutes  ^J;^  ^^^^^ 
mesadionscommefiellcsproce-  "'/''''' 'fi  '" 

r  Ifiy  qui  vous 

doyentdeceprincipe-la.Etcom-  ^^^^'t 
me  vous  faites  tout  ce  que  vous 
pouues  pour  m'accufer  deuant  Ics 


lera. 


Cha*  J*  ic8  ^ardphrafefurhEuangilede 
Tribunaux  dcs  puiflfances  ,  vous 
Vous  imagines  que  fi  ie  le  pouuois 
ie  vous  accuferois  pareillement. 
S'll  y  auoit  quelque  Tribunal  de- 
nantlequel  ie  voulufle  vous  tirer 
en  iugement,  ce  feroit  ccluy  de 
Dieu  y  car  ien'ay  rienademefler 
auec ceux  des  liommes.  Mais  ne 
penfes  pas  que  ie  vous  doiue  accu- 
fer  enuers  mon  Pcrc  qui  eft  aux 
Cieux.  lenevous  liai's  point, 6^ 
n'aypointcette  intention  de  vous 
accufer  deuantluy  :  &  veritable- 
ment  il  n'cft  pas  bcfoin  que  ie 
m'en  mefle.  ParcequeMoyfcs'eft 
mis  autrefois  entre  rErernel&  Ic 
peuple^,  &qu*il  a  intercede  pour 
le  peuple ,  a  ce  qu'il  ne  fuft  point 
extermine  parlacolere  delEter- 
ncl  ,  vous  autres  Dodeurs  aues 
cette  opinion  ,  &  la  donnes  a 
ceux  qui  vous  veulent  ecouter, 
queMoyfe  faittouilours  en  quel- 


\. 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean.  2.09  Clia]  '5^ 
ique  falcon  cette  fondion  dc  mc-» 
diateur,  &quil  defend  deuant  h 
TrodiedeDicuIesbons  Ifraelites 
quony  acGufe.  Ceft  vtie  imagi- 
nation mal  fondee  en  tomes  fa-^ 
^ons.  Moyfc  ny  n  accufe  ny  ne  de-r 
fend  a  cette  heureperfonnefinon 
par  !c  moyen  de  fes  cfcrits ,  &  dc  la 
dodrine  laquelle  y  eft  contenue. 
Car  felon  qu  on  s'y  eft  conforme 
ou  non  y  felon  cela  cette  Loyac- 
cufe  les  hommes,  ou  les  excufe. 
Mais  quant  a  vous^tant  s'en  faut 
que  felon  que  vous  vousyatten- 
dcs  y  vous  puifliestrouuer  aucun 
fupport  ny  enMoyfeny  en  fa  Loy, 
quece  fera  luyqui  vous  accufera 
de  telle  fa<5on  par  fes  efcrits  ,  que 
vous  ne  pourres  efchapper  la  con- 
damnation  &  la  peine.  Vous  fai-  ^^'/^' 
tesprofemon  defaire  grand  eflat  ^^9^<  ^ 
de  Moyle  feruiteur  de  TEterneL  vous  '  me 
Vous  vous  abufes  pourtanc  ^  &  fiT'J^rT/^ 


-^■^ 


Cha^  J.  xio  ^arafhrafefurl'Eiiangile  dc 
,  abufeslesautresdemefme.Sivous 

w^j/'  croyies  a  Moyle,  vous  croiries  aul- 
fi  a  moy.  Car  quand  il  a  dit  que 
Dieu  vous  fufciteroir  vn  grand 
Prophete  tel  que  luy ,  lequel  vous 
deuries  efcoucer^il  a  efcrk  de  moy; 
S>L(i  vous  confideries  (esefcrits  & 
moy  audi  fans  prejuge&  fans  paf- 
lion^  vous  trouucries  que  ce  quil 
a  dit  dc  ce  grand  Prophete  la  ^  nc 
peutconuenirqu'a  maperfonne. 
M^«   /  Mais  puis  que  vous  ne    croyes 

voHs         ne  •  '        •         1     X  i         /^  'A 

<:^^<;Kt^^«^  pomt  aux  ecrits  de  Moyle,  ce  n  clt 
7ueiuf.'cl  P^^  merueille  li  vous  ne  croyes 
memcroirez  point a  mcs  Datoles.  Car  fi  Moyfc 

'VOUS  a  mes    ^      .  ,  /  \  n  - 

t^ryUii  qui  a  park  a  vos  anceltres ,  qui 
vous  a  lailTe  fa  Loy  par  efcrit ,  qui 
depuis  vn  fi  long- temps  eft  tenU 
pour  le  Lcgiflateur  &  le  Dodeur 
de  voftre  nation ,  &  que  vous  fai- 
tes  profeflion  Aq  venerer  ;  bien 
que  vous  luy  deferies  tout  en  pa- 
roles^ nepeutpourtaAitobtcnirdc 

vous 


jtcfus  Chrifi  felon  S.  I  can.  in  Gha7~j; 
vous  qu'il  n'en  foit  rejette  en  ef- 
fed  ^  que  puis-je  attendre  moy, 
que  vous  ne  voyesquedepuis  peu, 
contre  qui  vous  aues  de  fi  mail- 
uais  preiuges ,  &  de  qui  vous  pen- 
fes  eftre  choques  dans  les  chofes 
pourlefquelles  vous  aues  des  paf- 
fionsfi  vehemences? 

CHAPITRE    VI. 


res  ces 
lefus 


'Eftant  pafle  vn  teifips  af-      ^  ,. 
fes    confiderable   depuis   ,-4^''" 

,  ^  1.  chofes,  lejHs 

que  ces  cholesrurent  amli  s^enau^  oh. 

•      f         c     \  11       1      1  treia  merde 

arnuees,&  la  nouuelie  de  la  mort  GaiiUe.qm 
de  lean  Baptiftc  eftant  encore  'J^Jl^*^^' 
toute  recente,  lefus,  de  Galilee  oil 
ileftoit:,  pafTa  au  dela  du  Lac  de 
Genefaret  ,  a  Tendroit  ou  il  eft 
appelle  la  Merde  Tiberias ,  par- 
ce  que  cette  Villey  eft  fituee.  Car 

O 


Clia.  <f.  2.11    TaraphrapJurl'Euangilede 
fon  heure  de  fouffrir  n  eftant  pas 
encore  venue ,  &  Herode  eftant 
en  humeur  d*cpandre  du  fang  ,  il 
nevouloit  pas  par  fa  prefence  ny 
par  fa  cclebritc  fe  rendre  Tobjet 
J'^'s'nde  defaviolence.    Orlespeuplesluy 
muimudeh  ayancveu  faire  vne    fortgrande 
eaufe  ^u'i/s  quantitc  de  miracles  lur  routes 
jignes  qnti  lortcs uc  maladcs  5  ainli qu  on  les 
^f  ^Z  ^^Y  prefentoit,  en  auoyent  eftc 
eftoientm^'  faifisdVnc  telle admiration,qu  en 
quelquclieu  qu  ii  fuftils  s'affem- 
bloyent  a  Tentour  de  luy ,  telle^ 
ment  qu'il  fut  lors  fuiui  d'vne  fort 
^5.      grandefoule.  Sacouftume  eftant 
fufmmtlln  ^^^^j  ^^rs  qu  il  voyoit  ainfi  gran- 
u   mmt^-  (Je  quantitc  de  gensaupres  deluy, 
i'aftt  atiec  de  cherclier  quelque  lieu  ccartc, 
jes  difcipies.  ^pj;es  les  auoircnfeigncs/oit  pour 
prier  tout  feul ,  foit  pour  inft ruire 
fes  difciples  en  particulier^&  ayant 
trouucen  cet  endroitla,quicftoit 
conime  defert,  vne  petite  monta- 


IcfusChrifl  felon  S,  lean.       113  Q\\£  £ 
gnejilsy  retira,  &s'aflitauec  fes 
difciples  ,  pafTant  le  temps  auec 
eux,  commeil  auoitaccouftumc^ 
en  propospleins  denfeignemens 
&d  edification.  Apres  celailde-      f.4{ 
fcendit  de  la  montagne^&  fejour-  de  Values 
na  quelques  iours  en  cette  contrce  |j^^  '^'''j^^ 
la.  Cependant  le  ioiir  de  Pafque^  ^"J{l\f''' 
qui  eftoit  la  fefte  la  plus  folcnnel- 
le  des  luifsj  approchoit.    Iln'eut      f.  s- 
pas  eltc  la  long-temps  ,  que  les  ajyant  uui 
troupes  qui  le  cherchoyent  ayant  ^ZyTm\te 
entenduqu  ily eftoit, sy  achemi-  r^^femui^ 
nerent  mcontinent.     lelus  done  nokaiuydifi 

^  \        f    r  o  ^    Philippe* 

ayant  leue  les  yeux  ,  &  apper^eu  dv«  /de^ 
vne  grande  trouppe  qui  venoit  7^/,^^ 
vers  luy  il  preuit  bien  ques'il  n'y  ^^«     ^«« 
pouruoyoitjtant  degens  iouftri-  hm/mg^r^ 
royent  de  Hncommodite  en  ce 
iieudefert  &  deftitue  des  chofes 
neceflfaires  a  la  vie,  &  eut  compaf- 
fiond'eux.  Neantmoins  voulant 
efprouuer  Thumanite  defes  difci^ 


Ghi.  ^.  iH  ^^raphrapJurrEuangilc  de 

pies  5  &  fe  faire  prefenter  par  eux 
roccafion  d'executer  la  vn  grand 
miracle,  il  attendit  iufques  vers 
le  foir  fans  faire  {emblant  d  y  pen- 
fer.  Alors  fes  difciples  en  ayant 
parlc  entr'eux :,  &  Philippe ,  qui 
cftoitaflcshardi,  Tayant  conuie 
au  nom  d'eux  tous  de  donner 
conge  a  CCS  troupes ^afinqu  elks 
s'en  allafl'ent  acheter  dequoy  ma- 
ger,  il  luy  refpondit  qu'il  eftoic 
beaucoiip  plus  apropos  qu'ils  en 
achetafl'ent  eux  melnies  ,  &  luy 
demanda dou  onpourroic  auoif 
dcs  pains,  afin  que  ces  poures  gens 
euflTent  dequoy  faire  leur  repas. 
for%foif  Ce  q^'i^  difoit  pour tirer de'luy fa 

il  ceu  poHv  penfte,  afin  d'en  prendre  fujet  de 

lefprotmcY'.    f,       ^         .  i       l  i        rT 

cariiffauon  1  inltruire  &c  de  le  redrefler ;    car 

hien.  ce  qu'il  \  i  -IP  •  1    • 

feroit.)      quant  a  luy  il  i^auoittres-bience 

quilauoitafaire.    Philippe  done 

Thiui^pe  le  hgurant  que  veritablement  le- 

dl  y^otlr  fus  vouloit  eftre  cclarci  du  moyen 


lefus  Chrifi  felon  5.  lean,     iij  Cha.  S. 
quilypouuoic  auoirde  fournira  ^^^^    ^^^^ 
cette  neceffitc ,  &  fcachant  bien  t'^'^^^   ^^ 
qu  encore  que  lelus  hit   porter  leurjujfiroit, 
auec  luy  vil  peu  dargent   pour  cunenprmt 
foumiraux  fictines  &:a  celles  de  IZ^    ^''^ 
ks  difcipleSjli  eft-ce  quil  s'cri 
falloit  beaucoup  qu  il  y  en  euft  af- 
Icspoiir  ccla;illuyrcfpondittout 
aufli  toft.  Seigneur ,  il  ne  faut  pas 
s'il  te  plaift  parler  d'acheter  des 
viures  pour  eux.  Nos  facultcsne 
fe  peuuentpaseftendreiufquesla. 
Car  quand  nous  aurions  achetc 
du  pain  pour  deux  cens  deniers, 
qui  eft  vne  fomme  plus  grande 
que  nous  ne  fcjaurions  trouuer 
maintenant ,  &  qu'on  n'en  don- 
naft  a  chacun  deux  finon  vn  petit 
morceau :,  comme  pour  en  gou^ 
fter    feulement  ,    encore    cela 
ne     fuffiroit    il  pas  pour    vne 
fi     grande     multitude.      Ceft 
pourquoy   il  eft  beaucoup  plus 

O  5 


Cha.  6.  ii6    Taraphrafc  furtEuangilc  de 

^  g^      expedient  de  Ics  renuoyer.  Com- 

i^tvvnde  tneilseftoycntfurcepropos .  vn 

a     f^aupir  dc  Ics  dilciples :,  a  l^auoir  Andrc^ 

d^  "^'simln  frerede  Simon  Pierre,  sauanqade 

r^n ,  im  ^^^  propre  mouuement ,  &  tef- 

inoigria  qu'il  auoit  hien  defir  do 

facilifer  a  noftre  Seigneur le  def- 

fcin  qu  il  auoit  de    dojiner  aux 

troupes  dequoy  manger  /  &  qu  ii 

y  cocribueroit  tout  ce  qu'il  pour- 

rpit;  mais  qu  il  voyoit  bien  pour- 

tant    que  la  chofe-  n'eftoit  pas 

f*  9' .    pour  reiiflir :  car  il  dit.    Il  y  a  icy 

<un   gavfon  vn  petit  garcjon  qui  a  cmq  pams 

fainuCgl  dorge,&  deux  poifrons,que  nous 

tofffonfT  ^urionsaifcment;parcequil  lesa 

mat4  ^u'efi^  jcv  apportcs  exprefTcment  pour 

ce  que    ceU    .     ^         ^  '  i  r     •  r      • 

pour  tant  de  ics  vcndrc  Mais  tu  l^ais  comment: 

^'^''         on  a  accouftumc  de  faireicy  les 

pains  aiTes  petits  :  &  quand  ils  fe- 

roient  beaucoup  plus  grands ,  que 

feroit-ee  que  cela  pour  tant  ds 

'^.  TO,     perfonnes?  Alors  lefus,  comme  il 


IeJf4S  Chrifl felon  S.  lean.  217  Cha.  6. 
eftoit  me'rueilleufement  patient  r^s^kyFai^ 
&  debonnaire ,  aimant  mieux  que  ^^^^f^^'rUs 
les  dilciples  corrigeallent  kur  ^udt-ii 
precipitation  &leur  inconfidera-  JherhLce 
tionpar  laveue  de  fes  aa:i6s,que  p/^[lZ 

non  paslaleurreprocherluy  mef-  ^'^jT^^enten^ 

r  111  ^r    ^   .     «'^^»    "'^^ 

me  par  les  paroles ,  11  leur  dit :  Fai*  ^tUe      de 

tesalleoir  par  rengccstoute  cettc 
multitude  deflfusriierbe  j  ( car  il  y 
en  auoit  beaucoup  en  ce  Iieulaj 
afin  qu  on  leur  puiiTe  commode- 
ment  diftribuer  leur  nourriture. 
A  quoy  fes  difciples  obeiflfans,  ils 
firent  aflfeoir  tousces  gens  la  par 
rangces ,  &  quand  ils  les  eurent 
contcs,  cequileurfutaifc,  par  ce 
quils  les  mettoyenten  nombre 
ou  egal  ou  certain  ,  par  ccntaines 
ou  par  cinquantaines :,  ils  trouue- 
rent  qu  il  y  en  auoit  enuiron  cinq 
millc  dc  contc  fait.  Alors  lefus  ^.  n. 
prit  les  cinq  pains  qu  on  auoit  ^,f,],,ltZ 
achctcs  du  petit  garcon  ,&apres  ^..^  ""^''j 

O  4  '"" 


Clia.  L  ziS    Paraphrajefur  I'Euangilc  de 

du  graces,  ^^  Telon  fa  couftume^  il  les  euE 

les  dfpibu^  benits  ,enrendanto;races  au  Pere 

eftoientaffls,  celelle  dc  ce  qu  il  fourniuoit  la 

hiement  des  noumture  a  foti  peuple,  il  lesdi- 

^\Z  ftribuaa  fes  difciples,  &  fes  difci- 

sn  voHiom.  pl^s  Igs  diftribuerent  a  ceux  qui 

eftoyentaffis,  comme  aufll  fem- 

blablement  les  poiflbnso    Mais  il 

fe  trouua  qu'ils  fe  multiplierent 

teIlement,quenon  feulement  ils 

eurentdequoy  en  donnera  tout 

lemondejmaismefmes  qu'ils  en 

departirenta  chacun  autantqu'il 

t.ii-     enyouloit.    Or  cela  donna  bien 

qu'iufurent  vn  gtand  eftonnenient  a  fesdifci- 

a  (crdifci  pies,  devoir  que  Cinq  petits  pains 

fifs.  Am4-  foifonnoyent    fi     merueilleufe- 

jez.  lei  pieces  J 

qui  font  de  ment  entre  leurs  mains.  Mais  leur 

cjue  Tien  ne  adiniration  creut  beaucoup  a  a- 

jottperd^u    uantage  ,  quand  ils  virent  ce  qui 

arriua  puis  apres.  Carlefusayant 

donne  aux  troupes  le  temps  de 

faireleurrepasa  loifir  ^  quand  ils 


lefusChrljl  felon  S.  lean.  215?  Cha.  <^* 
ceflerent  de  manger ,  parce  qu'ils 
eftoyent  tous  raSafics ,  &  qu  ils 
lailferent  chacun  ce  qui  leur  re- 
ftoitdepairij  ildit  afcsdifciples; 
AmafTcs  les  pieces  qui  font  de  re- 
fte ,  &  les  ferrcs,  afin  que  rien  ne 
fo  it  perdu;  car  elles  pourront  eftre 
vtilespour vne autre  occafion.Ce 
qu'ilne  difoit  pas  parce  qu'il  luy 
fuft  neceflaire  de  faire  cette  refer- 
ue,mais afin  que  tout  le  monde 
reconnuft  dautant  mieuxla  mer- 
ueille  defon  adion  :  ioint  qu'il 
vouloit  donner  cet  enfeignement 
quilnefautpas  mepriferles  dons 
de  Dieu,ny  laifTer  par  nonchalan- 
ce peririnutilement  les  biens  que 
fa  main  nous  fournit  pour  noftre 
vfage,  lis  fe  mirent  done  a  les  f.  \s. 
amaffer^&ayantprisdouze  cor-  jf^^^. 
bellies^  c*efta  dire,  chacun  la  fien-  »'f  ^^e- ^^ 
ne,  car ils eftoyent au  nombre  de  tf  corbeiUes 

J  •111-  \        dcs  pieces  de 

douze  ,  ilslesemplirenttoutesaes  dn^  p^ins 


Clia.  6.  xio    ParaphrafcJkrlrEuangilede 
d'orge    6^  pieces  des  cinq  pains  d  orge  qui 
tm    ^%  eftoyentdemeuresderefiduapres 
ejioyent  de-  \c  rcpas  dVn  fi  ^tand  peuple.  Tel- 

menries      ^    \  ,  1  i 

€eux  ^m  en  lemcnt  qu'aprcs  auon* abondam- 

Z7^L       mentfuffiacinq  mille  perfonnes 

ouenuiron  ,  il  en  rcftoit  encore 

beaucoup  plus  que  ne  montoyent 

les  cinq  pains  tous  entiers  au  com  - 

f .  14.     mencement,    Lcs  autres  adions 

doTt  les  gens  miraculeules  de    lelus    auoyent 

TZiZl  t^i^^  donnc  de  Tadmiration  aux 

que    lefus  troupes  qui  lcs  auoyent  veues. 

auott    fan,    ,   ,     .^      ,1  ^ix  nfC- 

ih  difoyent.  Mais  ceiie-la  ayant  cite  taitc ,  par 
x>er:tabie^     iTianicrede  dire  ,  entre  les  mams 
pZ7J'%  ^^  tantdegens,&a  vne  occafion 
doit    venir  qui Icur  cftoit  a  tous fi  prcflTante  & 
linecellaue:,  ils  en  rurent  beau- 
coup  plus  rauis.  De  forte  que  s'e- 
ftans  contcntes  auparauantde  le 
tenir  pour  quclque  Prophete  que 
Dieu  eull  extraordinairement  lU- 
fcite^ilscommencerentlorsadire 
encraixj  Ailcurementccttuy  cy 


Tefus  Chrijl  felon  S.  lean,      zii  Cha.  6. 
n  eft  pas  vn  Prophete  tel  que  Dieu 
en  a  enuoyeanos  peres  autrefois. 
Aucun  d'entr'eux  n  a  iamais  fait 
d'adionspareilles  a  celle-la.  Sans 
doute  c'eft  ce  grand  Prophete  qui 
deuoit  venir  au  monde  ^  &  que 
lesautresont  promis  fouslenom 
de  MelTie  ou  de  Chrift.     Cette    ^-^  ^^ 
penfee ayant faifi  leursefprits,  ils  ^j'^^^    co^ 
en  con(jeurent  tout  incontinent  deptoj^emve^ 
vneautre.     Car  ayant  appris  des  ^j;"^^ 
mefmesEcrituresSaintes^d'ouils  ^^  ^'  ^f"'^ 
auoyent  tire  lelperance    que  Ic  chef je retire. 
Meffias  viendroit  ,  qu'il  deuoit  ^^^^^^L^ 
eftre  Roy  dlfrael  ^  &c    mefmes 
eftendre  fa  domination  par  tout 
le  monde  ,&  simaginansques'ils 
faifoyent  lefus  Roy ;,  outre  qu  ils 
accornpliroyent    les  Propheties^ 
ilsfeprocureroyentaeux  mefmes 
abondance  de  tous  Liens  ^    puis 
qu  il  auoit  lapuifTance  de  multi- 
plier le  pain  comme  il  vouloit;,  ils 


Cha.  V.  Ill  nPamphrafefurhEuangilede 
formerent  entreux  la  refolution 
de  fe  faifir  de  luy ,  afin  de  le  mener 
en  cjuelque  lieu  celebre  &  com- 
mode pour  cela,  &de  luyconfe- 
rer  la  Royaute  par  vne  proclama- 
tion folennelle.  Maislefuscon- 
noiffant  leur  delTein,  car  on  ne  luy 
pouuoit  celer  chofe  quelconque 
quece  pcuteftrc^&bienqu'ilfuft 
de  droit  le  Monarque  de  rVni- 
uers ,  ne  voulant  pas  qu  on  fe  figti- 
raftqu'ilvouluftrien  atcenter  au 
preiudice  des  puillances  qui 
cftoyenc  etabliesen  la  terre^ils'o- 
fta  de  deuanteux3&  fe  retira  de- 
f-  I'J-  recheffeulenlamonragne.Com- 
le  fair  fat  mc  il  laiflfoic  paflTcr quelque tcmps 
fcipus  de^  arm  que  les  troupes  secouiallent 
famiT'  ^  ^P^^s  ^^^^^  perdu  I'efperance  de 
le  trouuer ,  le  foir  eftant  venu :,  fes 
difciples  mefmes  ne  le  voyans 
point  reuenir^&fefigurans  quil 
pourroits'eftre  remis  fur  h  route 


lefusChriJl felon  5.  lean.      zij  Clia;  C. 
de  Galilee  ,  defcendirent  vers  la 
merafindclefuiure.  Etnelayans    ^ 
point  rencontre  fur  Ic  riuage  ^ils    £f  epam 
ne    laiflerent  pas  de   pourlumre  u  napue, 
leur  deflein.    lis monterent  done  '^f '^^'  21 
dansvnenaiTelleqii'ilstrouuerent  '^'/'     ^^' 
la  5  &{e  mirentavoguer^tendans  &   Mfou 
el  autre  coitcde  lamer  vers  Ca-  i^fin-eftoit 
pernaum.    Or  efperoyent-ils  ou  ^^'^^^^l^^ 
que  s'll  seftoit  embarque  auant 
€ux  J  illes  attendroit ,  &  qu'ils  le 
pourroyent  attraper ;  ou  que  s'il 
venoit  apres  eux  y  il  les  attraperoit 
luymefme^ouquen  quelque  au- 
tre facjon  que  ce  foit  il  fc  ioindroic 
a  leur  troupe ,  &  qu'il  ne  les  laifTe- 
roit  pas  aller  feuls.    Maiscontrc 
leur  attente  la  nuit  vint ,  que  lefus 
n'eftcit  point  encore  venu a  eux* 
La  nuit  d  elle  niefme ,  &  fans  au-     ^  ^^^ 
cun  autre  accident  ^  eft  terrible  a  .^'^^^  *»^ 
ceux  qui  nauiguent.  Mais  elle  1  elt  -vn    grand. 
beaucoup   dauatitage  quand   l^fiufpitF' 


Clia.  L  %tAc  ^araphrafe  fur  FEuangile  de 

tempefte  s  y  ioint :  ce  qui  aririua 
pourlors.  Car  lamer  deuintora- 
geufe  &  impetueufe  par  le  leuer 
d  vn  grand  vent  qui  fouffloit  auec 
beaucoupde violence;  la  Proui- 
dence  de  Dieu  Tayant  exprefle- 
ment  excite  afin  de  donner  a  no- 
ftre  Seigneur  Toccafion  de  faire 
f'  ^9'     quelque  chofe  merueilleux.     lis 

done  q»uh  luittoyent  done  tant  qu  lis  pou- 

eurent  rame  i  n       n         r 

e72mrovingt  uoycnt  contre  la  tempeitc^&tal- 
tel^des'lis  clioyent  d'auancer  a  force  de  ra- 
vojoientie-  Hics  j  mais  Timpetuoiite  duvent 
nant  fur  u  &  dcs  vagucs  ics  cn  empelchoit. 
frochant  de  Tellement  quayant  rame  prel^ 
^nt^'uflZ  quetoutelanuit,  ilfetrouua  que 
rentpeuu     fur  la  quatricme  vciUe,  c*eft  a  dire, 
fur  le  matin,  ils  nauoyentfait  fi- 
non  vingt-cinq  ou  trente  ftades^^ 
oUjCommequelques  autres  con- 
tent^ enuirontroismilles,  qui  eft 
fort  pcu  de  chemin  pour  vn  fi 
long-temps.  Commeilseftoyent 


lefus  Chrifl  felon  S,  lean,     zi^  Cha.  <f. 
en  cette  peine,  ils  apperceurent  vn 
homme  venant  vers  eux  qui  che-< 
minoit  fur  la  mer  comme  s'il  euft 
efte  furlatcrre,&  qui  vint  pafler 
au  long  de  leur  barque.  Alotsne 
reconnoilTantpas  quec'eftoit  le- 
fus ,  non  tanc  parcc  qu  il  faifoit 
encore  vn  peu  obfcur  ^  que  dau- 
tant  que  ieurs    yeux    eftoycnt 
eblou'is  ,  ils  s'imaginerent  aife- 
nient  que  ce  deuoit  eftre  quelque     ^ 
fantofme  ,  &  eurent  vne  extre- 
me peur.     Maislefus  reconnoif-    f.io. 
fant  leur  trouble ,  il  ne  les  y  laiffa  ;,^''"  J^^ 
pas  Ions-temps ;  &c  luy  fuffifant  Cefi^^j^'^' 
d  auoir  excite  Ieurs  clpnts  a  en  p^mu 
eftre  dautant  plus  attentifs  a  fes 
a6tions3afin  qu'ils  s'auanc^aflent 
enlafoy,  &  quilssy  cofirmaflent 
de  plus  en  plus,  il  IcsaiTeuraparfa 
parole,  &c  leur  dit ;  Necraignes 
point ,  c'eft  moy.  RafTeures  qu  ils      f,  v: 
furentdonc  ,  &c  refiouis  tout  en-  J.^^f  Z^ 


Cha*  <7,  iiiff  ^araphrafe  ^rl'Euangilede 
receuoir  en  fcmble ,  quand  ils  eurent  recon- 
u  nafeue,  j^^  ^  [^  y^ix  &  foil  vifagc.ils  fe 
nent u  n4  mirent  en  deuoir  de  le  receuoir  en 
/m^auHra  leumaflelle  auec  vne  grande  af- 
Toyenu   ""^  fcdioH /&  dc  fait  ily  entra.  Il  n  y 
futpaspluftoft  queToragequi  les 
trauailloits'appaifa,  &la  barque 
continuant  alorsfa  nauigationa 
I'aife ,  ceux  qui  eftoyent  dedans 
fe  trouuerent  merueilleufement 
eftonnes^quands'imaginans  que 
c  eftoyent  leursrames  qui  lespor- 
toyent,  ilsvirent  que  lavertude 
lefus  auoit  donne  vn  fi  miracu- 
leux  cours  a  la  barque  ^  que  de 
quarante ftades  que  certe  mer  a  de 
largeur,  n'enayant  fait  que  vingt 
cinq  feulement  en  vn  fi  long- 
temps,  ils  firent  lesquinze  quire- 
ftoyent  en^vm^moment,  &  fe  trou- 
uerent a  terre  a  Tendroit  ou  ils 
^  2t     auoyent  deftine  d  aller.    Gepen- 
Y   "''''  dant  les  troupes  qui  s'eftoyent  af. 

lemblees 


Tcfus  Chrifi felon  S.  Icanl    iiy  Cliar< 

aflTemblees  pour  rauir  Icfus  afin  /^  ^^;,.^^ 

dele  faireRovjCftant  demctixees  i'T^"'  f^*^ 

dela  la  mer ,  auoyent  diligem-  ^^utn  c^^ 

ment  obferue  quil    117   auoit  -v.ymJl^h 

point  fur  leriuagcd  autre  barque  ^^^^  """^'W 
finon  cclle  dans  laquelle  les  difci-  ^^»f^^»^f- 

1  n  '  It  r^^     Jfno» 

pies  cltoyent  partis  >  &  de  plus^  i^ne.^^^^e 
que  quandilssyeftoyent  embar-  ji^t'  ^X 
ques  y  lefus  neftoit  point  auec  }T'difi!^Z 
eux  5  mais  quails  s'ea  eftoyent  aU  ^^^^^^f^^- 
les  ieuls.     Tenement  quayant  y^^  difc^ie>^ 
len  penle  quelelas  ne  s  en  iroit  aiie:^^Hk. 
point  decefbir  la  ,  elles  creurent 
qu  il  potirroit  fe  rendre  au  riuage 
lelendemainau matin,  afinde  fs 
mcttre  dans  quelqu  vne  des  naf^ 
felles  qui  y  arriueroyent.    Ceft 
pourquoy  elles  y  retournerent  k 
iourfuiuant  ^vfant  dc  toutc  forte 
de  diligence  a  ce  quil  ne  leur 
echappaft  pas.    Eftarit  venu'esla^    f*  ^^' 
elles  trouuerent  que  dautresnai-  d'autrcs 
felles effoyent venues  deTiberias>  ^^/J/  'V^. 

P 


Clia.  L  zi8    "T^araphrafeJurl'Euangilede 

nuesdeT.he  &  qu'cllcs  auoycHt  abotde  pres  du 

tiade presit  \[q^ qu  lls auoyciit mangcle pain, 

auoientma.  apics  quc  Ic  Scigrieur  eut  rendu 

^Jprfs  quZe  gtaccs^  &  qu  cn  fuitc  dela  benedi- 

lenir^t  ^^^^^  q^'^^  ^^^^^  prononcee  def- 

'''-  fus^ilauoitefte  multiplie.  Mais 

€H^and  voyant quc  Icfus  n*efl:oit point  la, 

mukitud!''  &  que  fcs  difciples  n  y  eftoyenc 

'jus  ^n'Uoi't  pointieuenus^ellescreurentqu'ils 

pomtu,  ne  auovent  quantaeux  pafle  lamer. 

Us  monteret  mais  quc  pour  luy  il  pouuoitse- 

nagiue ,  &  ftrc  acliemlne  par  terre^afin  de  les 

.indnnt  en  aller  trouucr  de  I'autre  cofte.Ceft 

Capharna- 

umcherchdp  pourquoy  fansperdre  temps,  elles 
monterent  dans  ces  naflelles^&  ti- 
r  ant  droit  vers  Capernaum  ,  ou  el- 
les prefumerent  qu  ils  eftoy  ent  aU 
les ,  elles  y  arriuerent ,  &  fe  mirent 
incontinent  a  chercher  Icfus.  Ec 
parce  qu'il  connut  que  cettc  fan- 
taifie  de  le  faire  Roy  eftoit  paflee, 
&  que  deformaisil  n  y  auoit  plus 
de  peril  de  ce  cofte-Ia,  il  fe  laifla 


lefiis  Chrijl felon  S.  lean.     115)  ChaT  ^,, 
aifement  trouuer.    Quand  done     ^  ^^, 
CCS eensleurent  rencontre  au de-   ^^^/^y^^^ 
la  de  lamer  ^  &  qu ils  vinrent  a ^* w^'* ,  ^/^ 
conliderereneux  meimes  ,  c^c  uaifire ,  de 
luy  n'eftant  point  venu par  mer,  J.^^"^ '' ^"^ 
lechemin  par  terre  eftoitfilong 
qu  il  ne  le  pouuoit  auoir  fait  en  fi 
pen  de  temps  fans  quelque  mira- 
cle, pour  en  eftre  plus  plein^ment 
eclarcis  ,  ils  luy  demanderent  j 
Maiftre^  de  quand  es  tu  arriue  icy, 
veu  qu  il  y  a  fi  peu  de  temps  que 
tueftoisde  laurrecofte  de  lamer? 
Par  quel  chemin  es  tu  venu ,  ou 
par  quelle  voiture  ?    Alors  lefus  , 

prenant  la  parole  leur  relpondit^  ufus  iluf 
Vous  trouues  cela  niierueilleux,^,,^^;,^,^,. 
que  ie  fois  venu  en  fi  peu  de  temps,  ^f  ZoZdy, 
&  foupconnes  qu  il  y  a  eu  quelque  "^f «^  "^^  '''"' 
miracle.    Et  vous  voules  amli  me  point  pmu 

faire  croire  que  ce  font  mes  mira-  \ 

d. 

n 

9 


que       vous 
uez.      vef^ 


clesqui  vous'ont  rauis,&  que  vous  tjf'^Z 
ne  me  cherches  que  pour  m'en  ^«^,    *""* 


Clia.  ^'  t30  n^ardphrafefHrtEuangile  de 

^     .     ,  voir  fairc.    Si  vous  auies  en  cela 

auez.    eft^  deilcin  de  voir  Ics  etteas  dc  la 

ra  ajiiz,,    ^yj^^^^iVLCt  de  Dieu^  &  les  enfeigncs 

de  ma  vocation  pour  y  croire :,  ie 

iouifrois  voftrc  intention,   Mais 

certescc  neft:  pas  proprcmcnt  cc 

qui  vous  meut ,  vous  aues  d'autres 

penfecs.    Vous  no  chcrches  en 

mes  adions  finon  voftre  propre 

vtilite,&nemcfuiues  paspource 

que  vous  m'ayes  vcu  faire  des  fi- 

gnes  j  vous  mc  fuiucs  parce  que 

vous  aues  mange  des  cinq  pains^ 

&  que  vous  en  aues  efte  raflaffies, 

&  vous    promettes  que  ie  vous 

nourriray   toufiours  de  mefme. 

^'  "7- .,  Ne  penfans  qu  a  cela  vous  em^ 

hi  ,   n^u  ployesmalvoure  peine.  Ne  vous 

point     pour  ^        ^  f  *•  f 

auoir/^x/m.  tourmentcs  pas  tant  aprcsla  nour- 
tacf^ZI/e  f  iture  de  ce  corps ,  qui  ne  f^auroit 
qui  efi  per^^  \q  gatentir  de  mourir  ^  &  qui  pe- 
u  vieeter  rit  cllc  mefmc.  Mcttcs  voftrc  foiH 
ufefirde  dz voftre trauail a acquerir U vi^ 


lefus  Chriji  felon  S.  Icm\    151  Cha.  ^. 
de  quinourrit  refpric  &  le  corps  ;{,,«,„, 
coniointcment,&dontrefficacc  --^t^Z: 
&lc fruit cftpcrmanent,dc forte  ^-  il 
qu'cUe  donnc  vie  eternclle.    Si  j<.»  cacht. 
vouscherchesccttc  forte  dc  nour- 
riturc ,  leFils  de  riiommc  la  vous 
donnera.  Etnccraignespasquil 
vous  promcttc  chofc    qu'il   ne 
vueillc,ouqu'ilnc  puiflc  pas  te- 
ivir.  Il  n'auancc  ricn  de  cctte  natu- 
re,quc  le  Pcrc,  qui  eft  Dieu ,  ne  ra- 
tifie  plcinemcnt.  Car  il  a  &  fa  per- 
foi\ne&  fa  charge  pour  agrcables, 
Sileteftificentouteschofes  aufli 
clairement,quc  fiparmanicrede 
dire ,  il  appliquoit  fon  fqeau  def- 
fusjcommcona  accouftume  de 
faire  quand  on  vcut  rendre  quel-    , 
que  chofe  tres-certainc  &  trcs-au- 
tentique.    Mors  ayans  ouy  par-    ^.  ,j. 
lerdvneviectcrncilc,  &detra-  ^^'-^^^ 
uailler  pour  I'acquerir ,  &  n'ayans  !>.»•  A;""* 
pomtefteimbusiulqucsaceteps-  ,«»,«•    i<fs 


«uure.   ^Jad^autre  opinion  nyd^aut re  do^ 

Dieui        drine  fino  que  c  eft  par  le  moyea 

des  OEUures  qu'il  fauc  obrenir  la 

vie  yi\  leur  vint  cnrefprit  quele 

Seigneur    leur  vouloir    dpnner 

quelque  nouuel  enreigncmen  t  fur 

lanature  des  oeuures  qu  il  faudroit 

fairepour  cela^,  &  fur  les  reigles 

qu  il  faudroit  obferuer  pour  les 

accofnplir.  C'eft  pourquoy  ils  di- 

rent  a  noftre  Seigneur  :  Que  fe- 

jons  nous  done  afin  que  nous  oeu- 

urionsIesopuuresdeDieu?  Nous 

en  ordonneras-tu  quiluy  puiflTcnt 

eftre  plus  agreables  que  celles  qui 

ont  efte  ordonnees  par  Moyfe? 

f'  i?'     Alors  lefus ,  qui  les  auoit  par  ces 

pcndit    &  propos  expreflement  amenes  a 

^i!LJ1  Iny  faire  cetteinterrogation,pour 

DUu  ,  c'eji  auoir  roccafion  dc  les  inftruire 

cuyezence-  toucliantla  vraye  voye  delavie; 

#wjr  *  en  faifant  a  fbn  ordinaire  allufion 

aux  difcours  dc  ceux  a  qui  ilpar- 


lefus  Chrijl  felon  5.  lean.      255  Chai  4^ 
loit  ^  &  reueftant  de  leurs  termcs 
les  chofes  qu'il  auoit  a  dire  ,  ref- 
pondit  a  ces  gens ,  &c  Icur  dit:C*eft 
icy  roeuure  de  Dieu^roeuure,  di- je, 
qui  luy  eft  vcritablement  agrea- 
ble,quevous  croyies  fermement 
en  celuy  qu'il a  enuoye.  Qupy  que      ^  ^^^ 
lefus  euft  enonce  ces  chofes  fort  ,  ^^^j'^  '^'' 
modeftement ,  &  quil  euft  parle  ^^i  pgm 

y     C*        f  r         \  done  fait  t» 

deloyes  termes  elquels  on  aac-  afin  que 
couftumede  parler  dVn  autre,  fi  ]Zs  t  "& 
eft  ce  que  ces  eens  Tentendirent  '''y'"''  f 

^  ^  o  tcy »    quelle 

fort  bien :  Car  ils  luy  repliquerent  oeuure  f^s- 
incontinent.  A  la  bonneheurc^ 
quecefoitlal'oeuure  de  Dieu^de 
croire  en  celuy  qu'il  a  enuoye;  & 
mefmes  de  croire  en  toy ,  fi  c'eft 
toy  que  Dieu  nous  enuoye.  Mais 
encore  n'eft-il  pas  raifonnable  de 
croire  fans  en  auoir  quelque  cer- 
taine  raifon :,  &:  fans  y  eftre  induit 
par  quelque  memorable  figne. 
Quel  figne  fais-tudonC:»  &:  quel 
.""  P4 


Cha-  6*  %{j^  ParaphrafefurrEaangilcde 
miracle  nous  mets  tu  deuant  les 
ycux,ace  que  nousle  voyions,& 
que  nous  croyions  en  toy  ?  Quelle 
ccuurc  fais  ru  qui  foit  capable  dc 
#.  jT.      neusy  induire  l    A  la  vciite  tu  as 

Nos  teres 

6nt  mangi  Houtty  zw  vtt  tepas  quatre  ou 
^au  TfeZ  ^i^q  ^^^^^  perfonnes  3  de  cinq 
tfcm'^'^ii  p2^iJ^s&<^'5^deux  poiflbns.  Mais 
hura  donne  Qu'eft  ce  ouc  cck  au  pi'ix  des  mi- 

a  manger  U     ^     ,  v  r        r        _r   •  J» 

fam  dt^  racles  que  Moyle  a  taits ,  d  auoir 
^—  fait  defcendre  la  mane  des  Cieux^ 
&  d  en  auoir  nourry  fi  long-temps 
Vn  fi  grand  peuple  ?  Gar  nos  percs 
pnt  mange  la  manne  ,  &  n'ont 
rien  mange  autre  chofe  pendant 
toutle  temps  qu  ils  ont  efte  au  de- 
fert;  c'eft  a  dire  quaraote  ans  en- 
tiers,  Ce  que  \t  Pfalmiftc  a  iug© 
digne  d'eftrc  celebre  par  ces  ma- 
gnifiques  paroles;  Dim  leura  don-^ 
Tie  a.  manger Ic pain  duCieL  Cepen- 
dant  nous  nc  tenons  Moyfe  quo 
pour  vn  Prophcte  feulemcni;^  &: 


lefus  Chrift  felon  S.  lean]     135  ChsU  <?. 
non  pas  pour  leMclTie  quidcuoit 
venir.  Scroit-ildoncraifonnablc 
que  nous  tedeferaflions  dauanta- 
ge  ?  A  ccia  noftre  Seigneur  lefus    f .  n* 
leur  repartit.  Sifaire  defccndrele  iJr7it,Tn 
pain  du  CieUft  vn  miracle  dignc  '::;^]:Z: 
que  vous  deferiesbcaucoupa  ce--  dy.M^yfene 

i  1  vous  a  point 

luy  qui  le  fait^commc  ie  ne  Ic  vous  donni    u 
nie  pas ,  vous  m  aduoueres  aulli  '^^i:   mm 
qua  proportion  dc  cequelafigu-  ^J^^  "^'^ 
re  eft  nioins  cxcellente  que  la  ve-  j^9^  ^/^'» 
rite  ^reftimeque  vous  deucsfairc 
de  la  verite  doit  exceller  fur  celle 
que  vous  aues  pour  la  figure.    Or 
ie  vous  proteftc  icy  folennelle- 
ment,  que  Moyfc ,  quelque  grand 
perfonnagequ  ilait  efte,  ne  vous 
a  point  donne  le  vray  pain  du 
CieL  II  nc  vous  en  a  donne  finon 
la  figure /eulement  5  quand  ila 
fait  pleuuoir  la  manne  fur  vos  an- 
ceftres.  C  eft  mon  pere  qui  Vous 
donne  te  vray  pain  qui  eft  defcen- 


Gha.  ^.  %^6  ^draphraje Jurl'Euangiledc 

du  du  Giel ,  &  en  qui  comme  en  fa 

veriteeftaccomplie  cette  figurci 

f  55i      Aufli  encemelnitlieudu  Pfeau- 

r/.  Dim  eft  Hie  ou  la  Hiannc  elt  appellee  le 

XKf  pain  du  Ciel ,  elle  eft  appelle'e  le 

ctei,6^qui  pain  Jes  Anges  feulenient  :  tant 

donneUvie   1  >    n      •  l  •     -n 

^umonde.  paixe  qiie  c  eltoit  par  le  miniite- 
redes  Angesquilfeformoitdans 
les  nucs ,  que  parce  que  tout  ce 
qui  a  quelque  chofe  de  fi  eminent 
en  fes  qualites ,  qu*il  pafle  la  con- 
dition de  la  nature  en  quelque  fa- 
ijon^^onlappelle  Angeliqueconv 
munement^a  caufe  del'exellen- 
ce  de  Teftre  de  ces  creatures,  Mais 
la  verite  que  la  mannea  reprefen- 
tee  eft  le  pain  de  Dieu  ^  tant  parce 

j  qu  il  excelle  infiniment  au  deilus 

de  tout  autre  pain  ,  que  dautant 
cjue  c'eft  Dieu  qui  le  donnc  im^ 
iiiediatement,les  Anges  n'eftant 
pas capables  de  feruir  a  ce  minifte- 
,  re.  Et  derechef  la  manne  eft  ap- 


lefus  Ghrijt  felon  S,  lean.  157  Cha.  i. 
pellee  le  pain  du  Ciel ,  parce  qu  el- 
le  defcendoit  d*enhauc  ,  &  que 
toutcs  les  regions  d*au  deflus  dc 
laterre  onten  rEcriturcSainte  le 
nom  de  CicL  Mais  tant  y  a  qu'el- 
le  n'eft  pas  defcenduc  de  plus  haut 
que  font  ccs  regions  elementaires 
oufe  formentles  nuees.  Maisle 
pain  de  Dieu  que  la  Manne  a  figu- 
re, eft  veritablement  defcendudtt 
Ciel ,  &  mefme  duplus  haut  des 
Cieux,  oil  le  Pere  celefte  habite  en 
gloirc  En  fin  quelle  qu'ait  efte  la 
vertudela  Manne  anourrir  ,  eile 
n a  fuftente  finon  vne  feule  na- 
tion,  qui  eftoit  route  renfermee 
dans  l^eftendue  d  vn  defert  :  au 
lieu  que  le  vray  pain  de  Dieu ,  le- 
quel  eft  veritablement  defcendu 
.du  Ciel ,  donnela  vie  vniuerfelle- 
ment  a  tout  le  monde.  A  ces  pa-  f*  j4-  ^ 
roles  ces  gens  demeurcrentvnpeu  rent  done, 
cftonnes,&  il  leur paflfadans  lef-  ^;|7;,, 


Cha.  i,  t^%  Paraphrafejur  hEumgile  de 
tmftoHrs  n  P^^^  diucrfes  pctifccs.  Car  ils 
taim.  auoyent  bien  cette  opinion  de  Ic- 
fus.qu  il  elloit  quelquc  grad  Pro- 
phete  ,  &  les  merucillcsqu'ils  by 
auoyent  vcufaireleurcnauoient 
donnc  ce  fcntiment.  Sur  tout 
auoyent-ils  Ic  miracle  de  la  multi- 
plication des  pains  bien  auant  im- 
prime  en  Tefprit ,  tant  a  caufe  de 
fa  grandeur,  &  qu  il  n*y  auoit  gue- 
res  qullsTauoyent  veu ,  que  par  la 
grande  vtilite  qu'ils  en  auoyent 
rcceue.  Car  c*eftoic  cela  qui  Icur 
auoit  fait  venirTenuie  de  le  faire 
Roy ,  &  qui  comme  lefus  le  leur 
auoit  exprcflfement  remarquej.  les 
auoit  induits  a  le  fuiuto.  NfcarU- 
moins  ny  ils  ne  pouuoyent  j^as 
conccuoirque  lepain  dontilleui' 
parloitjfuftdela  nature  de  celuy 
qu'illeurauoitdonneamanger^a 
caufe  de  la  magnificence  de  ce 
qu  ilen  difoit,  ny  ils  ne  pouuoyet 


lefus  Chrifl felon  S.  lean.     159  Clia.  i& 
pas  deuincr:,  lefus  s'enon^ant  de 
la  fac^on^qu'il  vou?afl:  parler  de 
luy  mefme.Ccpcndatilseftoyent 
tellement    attaches   aux  chofes 
tcrricnnes ,  &a  la  vie  dcce  corps^ 
qu'ils n'eleuerent  pas  lefprit  plus 
haut  quecctte  conception,  que 
I  efus  ieur  pro  mettoit  quelquc  na- 
ture dc  painfi  e^cciient^qucl  qu  il 
full  5  que  quand  ils  en  feroyent 
nourrisjilspourroyentou  conti- 
nuer  tres-longuemcnt,  ou  mef- 
mcs  en  quelque  facon  pcrpetucr 
Ieur  vie.  C'eft  pourquoy,  comme 
la  Samaritainc  auoit  dit^Seigi^eur, 
donne  moy  dc  cctte  eau  afin  qu« 
ie  n'aye  plus  foif\  &  que  ic  ne  re* 
tourne  plus  icy  pour  puifer  y  ils  dL 
rent  a  Icfus ,  Seigneur  donne  nous 
toufiours  de  ce  pain  la,  afin  qua 
nous  nayons  plus  befoin    d'cn 
■chercher  d'autre.    Alorslefus  vo-     f ,  5?; 
yantle  temps  de  s*ea  c^cpliquer^^'^f^^* 


Cha^  (j"  M^  "TaraphrafcfurtEuangilede 
/uis  lepain  flus difcrtement, Icur  repaitit  en 
^e vie,  qui  cestermes*    II n'cft pas  befoin  de 

njientamoy  11  L         L  •      ^  1    • 

n'aurspoint  vous aller  chercner  ce  pain  la  bien 
^«i  creit  en  loin^puisquc  vDus  aucs  icy  pre- 
may ,  nm^  ^^^^^  dcuaiit vos  vcux la  noumtu- 
/*'/•  re  dont  ie  vous  parle,    Ic  fuis  le 

le  pain  de  vie;  non  pas  feulement 
parce  que ig  fuis  viuant ,  mais  en- 
core parce  que  c'eft  moy  qui  don- 
ne  la  vie.  Et  au  lieu  que  le  pain  or- 
dinaire n  a  point  d  autre  faculte 
finon  de  raflafier,  i  ay  la  faculte  de 
rafrafier  ^  &  de  defalterer  encore. 
Car  qui  viexit  a  moy,non  des  pieds 
du corps  J  maisde  ceux  delame, 
ce  qui  eft  tout  autant  que  s'il  man- 
geoit,  celuy-  la  n*aura  iamais  faim: 
&  qui  croit  en  moy  d Vne  vray e  & 
viue  foy ,  ce  qui  eft  autant  que  s'il 
beuuoit ,  celuy-la  n*aura  iamais 
foif:  parce  que  croire,&boire,& 
manger,  eft  amonegard  vne  mcC 
mc  chofe.    Tcilexnent  que  quj 


lefusChrifl  felon  S.  lean.     241  Cha^S. 
croit  en  moy  ,  mange  &c  boic  la 
viandc&le  breuuage  quidonnc 
vie  etcrnelle.    Et  cela    deufoit     ^ 
eltre  alles  pour  vous  inmter  a  ve-    Mais    ie 
nir  a  moy :,  11  VOUS  cities  loigneux  ^«^    'vous 
dc  voftrc  falut.    Mais  ie  vous  ay  ^JST^ 
defia  cy  deuant  aduertis  ^  qu'en-  tointcrea. 
core  que  vous  m'ayei^eu ,  &  que 
i'aye  deploye  deuant  vos  yeux  les 
chofcs  qui  vous  y  deuoyent  indui- 
re^  neantmoins  vous  Jac  croyes 
point,  &  vous  vous  contentesde 
quelque  euanouiflante  admira- 
tion demes  actions,  qui  ne  vous 
touchc  qu  autant  de  temps  que 
vouslesvoyes^puisvousretournes 
incontinent  a  voftre  incredulite 
naturelle.  Cela  n^epcfchera  pour-     ^.  ,7, 
tantpas  que  Ie  confeil  deDieune     f^^^p^t 
foit  execute.&  que  ceux  qu*il  a  or-  ^^'^^  ^^^^^^ 
c1oncspourcroire,ncmereconoil-  may,  ^  ie 

f/^  r\  neiette  point 

ent.  Car  tousceux  que  mon  Pere  i^^rs    ceiuy 

a  choifis  pour  cela ,  quand  il  a  mis  ^^'l 


vtent  a 


Cha^  6*  ^42,  ^araphmje  fur  hEuangilede 
diftindion  entre  les  hommes ,  & 
tous  ceuxen  quienfuite  dc  cette 
fiennecledion,  il  deploy  era  Tef- 
ficace  dc  fa  grace  pour  me  les 
amener  &  me  les  donner,  vien- 
dront  indubitablement  a  moy ,  & 
ne  s  y  en  trouuera  pas  fculement 
vn  de  mar^e.  Or  quant  a  moy, 
Tonpeutbiencroireque  ienere- 
ietteray  point  ceux  qui  viendrot 
amoydela  fa^onj&queienere- 
fuferay  pas  de  Ics  receuoiren  ma 
^*  58-  ,  difcipline&enmaconduite.  Car 

def^endu  dH  de  mon  chet  xe  n  ay  pomt  d  au- 

del    ,  nen-  .        1 .  .  1 

foint  four  tres  mclmations  que  de  procurer 
{iw  r"^  &  d'accomplir  efFediuement  k 
mais^  u  vo,  f^^^^^  Je  tous  ccux  Qui  viendront  a 

lontg  de  ce-  1 

inyqni  m'(t  xx\o^  ,  &  qui  etttrcront  dans  ma 
•»«*;'•'  communion.  De  forte  que  fi  vous 
y  vouliestousentrer,ie  me  com- 
muniquerois  a  vous,  &  vous  com- 
xnuniquerois  quant  &  quant  la 
vie  que  ie  vous  ay  dcfia  dit  que  ie 

donne^ 


Icfus  Chriji  felon  S  lean.  245  Cha.  6\ 
donne.  Maisquand  demoymef. 
me  ie  naurois  point  ces  inclina- 
tions la ,  ie  ne  fuis  pas  defcendu  du 
Ciel  en  la  terre  pour  fuiure  Ics 
mouuemes  de  mes  propres  volon- 
tes,  i'en  fuis  defcendu  pour  faire 
pon£tuellement  la  volonte  de  ce- 
luy  qui  m'a  enuoye.  Qr  la  volonte  ^  ^^^ 
de  celuy  quim'a  enuoye  ,  tou-  ,  ^^/^ '^''- 

'1  J        -'  Lome  du  Pt- 

chant  tout  ce  qu  u  me  donne^  &  re ,  qui  ma 
qui  par  ce  moyen  vient  a  moy^  ^«/,>  ne 
eft,  que  ie  Ic  rccoiucalapartici-  ^-f^^^^J 
nation  de  mes  inftrud:ions,  que  ^'''^'  ^^^^^'^ 

1     -  X   .         .       I  i-         maii  que  te 

ie  I'admette  a  loiiir  de  mes  conlo-  u  refufdte 

1-     1  r  .      at4    kernisif 

ations ,  que  le  ie  conlerue  au  mi-  i^y, 

lieu  de  routes  tentatios^en  vn  mot, 

que  ie  le  garde  de  perir  ,  de  forte 

qu'il  n*y  en  ait  pas  (eulement  vn 

detous  ceuxquime  font  donncs 

par  luy  ^  quife  perde.  lufques-la 

qu  apreslesauoir  garentis  de  tou- 

tes  fortes  de  perils  qui  peuuent 

concemer  leur  falut  pendant  la 


Cha»  4  2.44  TaraphrafefurtEuafjgilede 

vic .  il  vcut  que  ic  les  retire  dc  la 

puitiance de la  mort,  & qu  au  dcr- 

nieriour,  qui  eft  deftine  pour  Ic 

f.  4Q      lugemenr,  ie  les  reflufcite.   Mais 

eufujL  afin  que  ce  que  ie  vous  di ,  que  tel- 

f/  de  mon  \^^%^  {a  volonte  du  Pcre  qui  m*a 

mu  enuoy^,  ctiuoye  ,  touchaHt  ceux  qu  um  a 

lu,  vGit  Ie  donnes ,  nc  vous  choquc  pas  ,  & 

f,^  crou  j-^eyousdonnepasroccafiond'al- 

'urs  eternei  {^j-  fpeculci  (ut  Telcdion  de  Dieu- 

pour  l^auoir  qui  loiuceux  quil 

a  clioifis  pour  me  donner^  &  vous 

excufcr  la  deflas  de  ce  que  Vous  ne 

croycs  pas ,  ie  vous  expliqueray 

la  volonte  de  mon  Pcre  encore 

dVne  autre  forte.  Ie  vous  di  done 

que  telle  eft  auili  la  volonte  de  ce- 

iuy  qui  m*a  enuoye  ,  que  quicon- 

que,  qui  qu  il  foit,  fans  en  exce- 

pter  aucun  ,  contcmplerale  Fils 

de  Dieu  des  yeux  de  la  foy  ^  com- 

nie  i'ay  dit  a  quelque  autre  occa-*; 

iion  qu'il  ie  fullou  faire  ,  &  qui^ 


refu  Citeray 


'lefus  Chrijl  felon  S.  lean.     145  Clia^  ^- 
conque  croira  en  luy ,  celuy-Ia 
iouiffe  par  luy  de  la  vie  bien-  hcu- 
reure&  eternelle,   Partantquau- 
curl  dc  vous  neslmagineque  la 
promelTequeray  faite  dc  reflfufci- 
ter  celuy  qui  vient  a  moy^foit  fl 
precife  &  fi  limitee  qu  elle  ne  V  ous 
regarde  point.   le  vousprometsa 
tous  fans  rcferue  &c  fans  limita- 
tion J  que  quiconque  croira  en 
moy^  iele  reflTufciteray  au  dernier 
iour  qui  eft  dcftine  pour  le  lu^re- 
ment.    Ce  propos  de  noftreSei-     f,  41. 
gneur  preuintbicnlespenfeesdes  ^Jl  ^^^^i 
luifsen  ce  quieftoitde  la  nature  fjj^l'/f^ 
defapromcfle  /&  leuroftabien  ^«v/  amk 

-  i  '  r        1  '\      tilt  ,  lejuis 

lespretextes&lcs  excules  dont  lis  u  pam  vif 
euflentpeu  colorer  leur  incredu-  },''l^^''^t 
lite.     Mais  comme  ils  eftoyent  ^''^' 
mcrueilleufement  mal  difpofes,  il 
les  fcandalifa   d'vne  autre  forte. 
Car  pouxce  qu  il  auoit  dit ,  le  fuis 
lepaindefccnduduCiel^  &;quils 

03 


Clia,  <f.  14^  n^ara^hrafefuTlEuangilede 
eftimerentque  ceftoit  vne  crop 
magnifique  &  trop  gloricufe  van« 
teriede  Ion  origine&:  de  (on  ex- 
cellence^ ce  qui  leurparoiflbirin- 
fupportableparce  qii'ils  s'lmagi- 
noyenrqu'ilsf(jaiioyeatbien  d'ou 
ilelloitvenu;  ilsfc  mircnt  amur- 
murer  entr'eux  aToccafion  de  fes 
1^  t-'      paroles.    lis  difoyent  done :  Cet- 
N'ejhce  p^,s  tuy- cy  n  elt-il  pas  lelus,  le  his  de 
'il^/^'dl!  lofepiijleciiarpentier  ,  duquchl 
quel    nous     '   ^  p^^    ^^  j^  nous  quinccon- 

lefere  &  u  noifTc  le  Derc  &  la  mere  ?  Qu  e(U 

mers:  Com-  -  >  !  i-  o      1 

772ent  do^c  ce done quiiveut dire,  &aeqaoy 

f  ;f7I:  levante-ril?  Comment dit-ii,  le 

fccndti    dti  ruisdefcendudu  Ciel,luyde  qui 

nous  fcauons  fi  bien  Textraetion, 

laquelle  non  feulement  n  a  rien 

d  extraordinairemet  rcleuc^mais 

qui   mefmes  eft  contemptible? 

f  4V     Neantmoins  leur  murmure  con- 

lefui  done  t    r  »    n      •  •  C 

refpondst,&  tre  lelus n  eltoit  pomt  ii  vniuer- 
murmHTcz    iel ,  qu'il  H  y  eH  cult  queiques  vns 


Icflis  Chrift  felon  S.  lean.    147  Clia.  6. 
que  fes  difcours  auoyent  ebranlcs,  ^,i„,  .rjre 
deforce  qu'il  y  auou  de  la  conte-  '^''''' 
ftation  entr'eux  ^  les  vns  eftans 
pour ,  &les  autres  contre.    Ceft 
pourquoy  lefusles  ayant  entcn- 
dus,  il  vouluc  premicrement  ap- 
paiterleur  conteftation  ,  &  pour 
cct  effed  il  leur  dit ;  Ne  murmu- 
res  point  entrevous,  &  ne  debate 
tes  point  enfemblc.    Pais  apres  il    ^;/^;^ 
remedia  au  fcandale  lequel  ceux  pemvenirk 
que  les  paroles  auoyent  emeus,  T.re^uimU 
pouuoyent  prendre  de  Tincredu-  'HT^''  ie 
Ink  &  delobftination  des  autres.  ^yff j;- 
Il  leur  dit  done.  Il  ne  faut  pas  que  mertoHu 
vousvous  eftonnies  beaucoup  fi 
tantde  gens  refiftent  opiniaftre- 
ment  a  ma  predication  ,  ny  que 
vous  prenies  de  la  fujet  de  foup- 
conner  que  ie  ne  fois  pas  ce  que  ie 
di,  &  que  ien  aye  pas  la  vertu  d  e- 
xccuter  mes promefl^es.  Il y  a  na- 
turcUcment  vnfi  grand  aueugle- 


Cha.  6,  148  n^araphrapJiirl'Euangile  ie 

mcnt  5  &  vne  telle  obftination 

dansrefpritliumain  :,qu*il  eftab- 

folument    impoflible    quaucun 

vienne  a  moy ,  il  Dieu  par  la  vcr- 

tu  interieure  de fon  Efprie,  ne  Til- 

lumine  &  ne  Ie  tire,  Ce  done  qui 

ne    pouuoit  arriuer   autrement 

qu  il  eft  arriue^  ne  vous  doit  point 

donner  matiere  de  roup(^on  ny  de 

feandale.  Caraureftc,quiconque 

yviendra^  comme  ie  levous  ay 

tantoftproniis,il  fc  doit  afleurcr 

que  ie  Je  reflufciterayau  dernier 

iour,  &  que  ie  luy  donneray  vie 

nl/c'crit  ^tc^nelle.    Etlmcredulite  de  ccs 

e^jrophetes,  gens  la  ,  n'empefcliera  pas  qu'il 

tons  enfei-  n  cn  vicnne  beaucoup  a  moy ,  qui 

jDieu.  €^ui.  rendront  par  ce  moy  en  telmoi- 

"^'IpL'  g^^ge  d^  ^^  q^^,  i^  fuis  ,&  qui 
&jt^Pfrms,  rprouueront  auffi  raccompliflc- 

nient  de  mes  promelles,     Vous 

njgnores  pas  qu'il  eft    ecrit  en 

quelquelieu  desProphetes,  &its 


leftis  Chrip felon  S.  lean.     149  Cha.  ^ 
feront  tous  enQt^^nes  de  DieUy  ce  qui 
crtditdesenfans  de  rEglife^&du 
temps dc  foil  reftabliflTemcnr.    Il 
fauc  doc  quecelafaitexecute^car 
TEcriture  nepeut  cftre  enfraincc; 
&c}ueDieudcployclavcrtu  defa        .     . 
grace  dansrerpritdcquclqucsvns^ 
pour  les  inftruirc  intcrieurement^ 
&  leur  faire  comprcndre  fa  vcri- 
te.afin  dc  la  rcceaoir&  dycroi- 
re.  Ainfi,  quiconque  a  oui  les  in- 
ftru£tinns  interieuresduPcrejfcaf 
quant  au  Fils,pour  cette  hcureil 
ne  vous  propofe  fa  do6trinc  finon 
cxtcrieuremcnt:, )  &  quiconque  a 
apprisduPerea  connoiftre  fa  ve- 
rite ,  celuy-  la  vient  afleurement  a 
moy  ^  &  n  eft  pas  poilibic  qu'il  y 
manque.     Cependant  quand  ic      fjf;.^^ 
vous  di  que  le  Pcrc  en  inftruit  qn^^uam 

ues  vns ,  &  que  ceux  qu  11  a  vere ,  finon 
cndodrines  ne  manquentiamais  'll^'liZ'^ct 
dc  veuir  amcy ,  vousnedcuespas  /^t>  -^^^  ^ 

0^4 


Clia.  ^.  tjo  ParaphraJef^rtEuangilede 
penfer  qull  tienne  ecole  vifiblc- 
mentjtellementquevous  lepuiC- 
'  fiescontemplerde  vosyeux,com- 
il  eft  ditqucMoyfe  voftre  Pro- 
phcre la  veu  ^ ou en quelque autre 
rnanicrefemblable.  Vousncde- 
uesrienattendrede  tel^&Iapre- 
rogatiue  de  voir  Je  Pere,  &  d^auoir 
vne  fi  eftroite  communication 
auec  luy ,  que  d'eftre  participant 
detousfes  fecretS:,  nefe  commu- 
nique pas  indifferemment  a  tout 
lemonde.  Ny  Moyfemefme,  ny 
aucunautre  n'a  iamais  veu  le  Pere 
de  cette  fa^on ,  finon  celuy  qui  eft 
venu  au  monde  dc  fa  part ,  &  qui 
vousinftruitafalut,  fivous  vou- 
licsmettre  a  profit  lesenfeigne- 
mensqu'il  vousdonne.  C'eftce- 
luy-lafeul  qui  a  veu  le  Pere,  &  qui 
a  eu&a  toufiours  vne  communi- 
cation fi  eftroitte  &  fi  intime  auec 
luy,  quilne  luy  celechofe  queU 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.      151  Cha,  6. 
conque  defes  fecrcts^&neluy ca- 
che aucune  defesplus  profondes 
connoiflances.    Ne  vous  metres      . 
done  pas  en  refprit  que  le  Perc    e»  w/. 
VOUS  dome  apparoiltrc  viiible-  -vousdy.^i 

hf  J  cYoitenmoY^ 

,.^         esvousdcce- ,7^^,^,;^^; 

luy  qui  eft  venu  de  fa  part  ;,  &  ^'^^• 

vous  faitesfes  difciplcs.  Car  vous 

trouueres  en  luy  tout  cc  que  vous 

pouuesefpererdu  Pere.  lele  vous 

dien  verite,&  tenes-lepour  aufli 

afTcurequefi  ielevous  cofirmois 

par  Ics  fermens  les  plus  inuiola- 

bles  &  les  plusfacres,  qucceluy 

quicroit  en  moya  vn  droit  aufli 

certain  pour  ia  iouiflance  de  la  vie 

cternellc,  alaquelle  vous  afpires, 

que  s'll  en  eftoit  defia  en  pofTef- 

Jion.     De  forte  qu'on  peut  dire 

qu ilia ticnt defia,  &quil  nedoit 

point  craindre  la  mort ,  contre  la- 

quelle  vous  cherchies  tantoft  le 

xemede^quand  vousme  priiesde 


Cha»  S.  iji    PdritphmfefurhEuangilede 

vous  donnertoufioursdc  cepain 

qui  en  garentic,  &  qui  conferuc 

f  "Z^- ,   la  vie.    Ic  le  vous  ay  defia  die ,  & 

le  tuts    le  ^  ^  ' 

fam de  vie-  le  VOUS  rcpccc encorej vous n  aucs 

pas  a  chercher  ce  pain  la  bien  loin, 

puis  que  vous  Taues  dcuanc  vos 

ycux ,  &  par  maniere  de  dire  en- 

tre  vos  mains.  Car  ie  fuisle  pain 

devie^^qui  feuleft  capable  de  la 

vous  donner  ,  mais  qui  la  com- 

muniqueindubitablcaiencaceux 

f-  4f '      qui  le  maneent.  Vous  parlies  tan- 

ont  m^ngi  tolt  de  vos  psrcs ,  &  de  la  nourri- 

l^dTfrn""^  tu^c que Moyfe leur a donnee par 

hnfmoftu    y^  jQ  JQj^g  temps.     C  a  efte  vb 

grand  miracle  a  la  verite ,  &  qui  a 
rendu  vn  tefmoignagc  bicn  ex-, 
pres  &  bien  euident  a  la  vocation 
deceProphece.  Maiscettenouif- 
riturelan'eftoitpas  le  paindevie 
pourtanc  :  Teucnement  a  bica 
monftre  qu  il  n'cftoir  pas  capable 
de  la  communiquer.Gar  vospercs 


lefus  Chrifi  felon  S,  lean.    25*3  Clia.  C. 
ont  tous  mange  de  la  Manne  au 
defert ;  mais  il  n  y  en  a  eii  pas  vn 
d'entreux  qui  nyfoic  more  j  oufi 
deux  ou  trois  font  paruenusiuf- 
qu'en  Canaan ,  tan  t  y  a  qu'ils  y  one 
incontinent,  perdu  la  vie.    Mais     j^  ^o. 
ce  pain  icy  que  vous  voycs  dc  vos  ^^^f  ^fj^ 
yeux,  ( &  en  difant  cela  noftre  Sei-  defcendn  dt* 
gneur  monitroit    par  Ion  gelte  quei'hcmme 
qu  11  parloit  de  luy  melme;  clt  ce-  J,^^^  ^   „^ 
luy  qui  eft  vcritablcment  defcen-  ^^"*'^^/''^»^' 
duduCiel,afin  quequiconquene 
refufera  pas  A'cn  manger  ,   foit 
exemptde  la  fujetion  a  lamort, 
&  qu'il  aye  vie  etcrnelle.     C'eft     f/fr. 
moy  qui  iuis  cepam  la.non  leu-  ^,invif,c-ui 
lementviuant ,  comme  vous  vo-  ^^V'  f'^'T, 
yes ,  mais  aufli  viuifiant.,  comme  /     ^'-^^^^ 

^  -        ^  ,  mnv.ge  dcct 

ayanc  la  lource  de  vie  en  moy>.^i;j, //x/z- 
mcfmeiScc'eftmoy  quifuis  def-  "^'^^h 
cendudu  Ciel,  pour  la  fin  que  ie  ^V""  ^'^' '' 
viens  de  vous  dire.     Celuy  done  ^'^Z      '^^ 

"'      •  1  •      IV       /  o  f/;'>tiV    four 

qui  mangera  de  ce  pain  la  5  ( &  en  u   vie  du 


Cha.  6.  154  Tardphrafefur  I'Euangilede 
ciifant  cela  il  fe  monftroit encore 
foy  mefmej  cettuy  laviura  eter- 
nellement.  Et  afinde  nevous  te- 
nir  pas  plus  long  temps  en  fuf- 
pens,  car  ie  voy  que  mon  propos 
vous  eftonne ,  ie  vous  expliqueray 
plus  netrement  coramentil  faut 
entendre  que  ic  fuis  Ie  pain  que 
vous  deucs  manger  pour  auoir  la 
vie.  Si  vous  me  confideres  bien 
attentiuement  ,  vous  trouuercs 
qu  il  y  a  en  moy  deux  chofes.  LV- 
nceftccllequi  paroiil  avosyeux, 
&  que  Ton  peut  appellcr  de  ce 
nom  de  chair, comme  vous  mef- 
mes  nommes  voftre  nature  cor- 
porelle  en  laquelle  ie  vous  fuis 
femblable.  L'autre  eft  celle  que 
vousnepouu^sapperceuoirfinon 
dans Ics  oeuurcs  que  ie  fais^,  qui  ti- 
moignencaflTcsclaircment  qui-  y 
a  en  moy  quelque  chofe  de  beau- 
coup  plus  grand  &  plus  augii- 


lefus  Chrifi felon  S.  lean,  ijj  Cha.  (f. 
fte  que  cette  chair,  &  qui  m'efleuc 
bien  loin  au  delTus  de  la  condition 
desautreshommes.  Le  pain  done 
que  iedonneray  pour  communi- 
querla  vieeternelleaceux  qui  en 
mangeront,c'eft  ma  chair, que  ie 
fouffriray  eftre  mife  en  tel  eftac,  8c 
reduire  a  telle  condition,  que  le 
moadela  pourra  manger,  com- 
me  ie  vous  difois  tantoft  qu  il  faut 
manger  le  pain  qui  eft  defcendu 
du  Ciel.  Car  vous  vous  (buuen^  s 
queie  vousaydit  que  croire  ^  &C 
manger, a  mon  cgard,  &  pource 
qui  eft  d'auoirla  vie  par  moy ,  ne 
font  qu Vne  feule  &  mefme  chofe. 
C'eft  done  ma  chair,  colidercecri 
Tcftat  de  fouffrance  auquel  ie  la 
laifleray  mettre  dans  quelquG 
temps,  qui  mangeepar  lemoyen 
de  la  foy  ,  eft  feule  capable  de 
comrhuniquer  la  vie.  Et  ie  ne  la 
donneray  pas  feulement  pour  la 


Cha,  6.  %$6  n^araphrdfe  furPEuangile  Je 

nourricure  de  cette  nation;  c'eft 

mon  deflein ,  &  ie  fuis  venu  pour 

cctte  fin  :,  de  Tabandonner  pour 

f .  5^    lavie  de  tout  le  monde.     Mais 

dofi'c  AelL  bien  <ju  il  fe  fuft  ainfi  explique,  fi 

/'w  ,  Zl  eft-ce  que  les  luifs  ne  le  peurent 

fans :  €om^  encoic  entendre.  Carilyenauoit 

ment     nous  J 

feut  tejiuy^  bicn  quelquc  peUj  oui  quoyquils 

cy  donner  fa  ^  " J  •  rT  /T        J    A  • 

,hairk  ma-  ne  1  entendiiicnt  pas  aiifs  diitin- 
^''''  6tement,entreuoyoyentlaverite 

de  ce  qu  il  difoitj&  au  refte  auoyet 
vnetres-haute  opinion  de  (aper- 
fonne.  Maislapluspartdesautres 
ne  conceuant  rien  en  ce  propos 
que  de  materiel  &  de  charnel ,  y 
trouuoyent  vne  eftrange  impof- 
fibilite,  &  vne  mcrueilleufe  ma- 
tiere  defcandalc*  lis  difputoyent 
done  les  vnscontre  les  autres; ;  & 
la  plus  forte  &  la  plus  commune 
voix  qu  on  y  entendoit, eftoit  cel- 
lede  ccux  quidifoyent  ;  Com- 
ment eft-ce  que  cettuy-la   nous 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean,     ijy  Clia.  S. 
pcur  donner  fa  chair  a  manger? 
Qoi  a  iamais  ouy  parler  que  de 
manger  la  chair  d'vn  horn  mc/oic 
viuant  jfoitmort,  cc  foic  Ic  mo- 
yen  :,  8c  efficacc  j    &  agreable   a 
Dicu  3  dauoir  la  vie  cterncllc? 
Alors  lefus  voyant  la  durete  afFe-     ^^  ^^^ 
deedel'intclheencedesvns.  qui  ^<^^'^'^^'' 
ne  meritoyent  pas  qu  il  s'cclarcilt  '^mv^%  e» 
auantage,  &  voulant  exciter  dc  vousdy,  si 
plus  en  pluslattention  dcs  autres^  JJ^^Xt 
quilvoyoit  aills  biendifpofes  a  ^f  fi''  ^* 
receuoirlon  propos ,  lileurdit  a  »^   hHue.^ 
tousgeneralcmentiVoustrouues  1%,  lZi\ 
rftrange  que  ie  vous  die  que  ie  ^^t/'^'"^'^^'^ 
vous  dois  donner  ma  chair  a  man- 
ger.    C'eft  pourtant  v^e  chofe 
tres  indubitable. ,  Et  qui  plus  eft, 
ie  vous  luie  ,  autaiu  qu  il  m'cft 
conuenable  de  iurer,  que  non  feu- 
lement    ie  fuis  capable  de  vous 
ilonncrla  vic/fi  vous  mecroyes, 
fnais  quell  vous  ne  croycs  point 


Cha.  (J.  zj8    TaraphrafeJurl'Euangilede 
en  moy ,  vousny  pouuesrien  pre-- 
tcndre.  Car  qui  ne  mangera  point 
la  chair  du  Fils  de  Thorn  me ,  coax- 
me  il  la  doit  donner  pour  la  re- 
demption du  genre  humain  ,  & 
qui  ne  boira  pomtfon  fang,  com- 
me  il  doit  le  doner  a  boire  epandu 
pour  Ic  falut  de  tous ,  cettuy  la 
t*  ^4-     n'aura  point  la  vie  eternelle.  Mais 
gel^a  rWraum  dc  Tautre  coftc  ,quiconque 
fang  ,  //  a  mangera  maciiair  ,  comme  li  la 
'ZtTnf^^^^  manger,  ainfi  que  ie vous  ay 
Mctteray    dit,  en  crovant,  &  Quiconque  bol- 
iour,        ra ,  mon  fang ,  come  il  le  raut  boi- 
re ,  c'cft  a  dire^  en  croyant  encore^ 
fansencxcepteraucun,auront  la 
vie  eternelle  fans  aucune  difficul- 
tc,&pourcetefFe£tquand  le  der- 
nier iourferavenu,  iele  reflfufci- 
^.  jj.    teray  d'entre  les  morts-     Car  iuf- 
,  ^""^  ^'1  ques  icy  tout  ce  que  vous  ou  v6s 
vrayement  percs  aues  loit  Dcu  loit  mang^, 
monfmg  cfi  pout  VOUS  cntreteuir  en  vie ,  loit 

la  man- 


Icfus  Chrifi  felon  S  lean.     2.J9  Cha.  Gl 
h  manne  du  dcfert,  &  Teau  qui^,^^,^,^^ 
Ibrtit  durocher  ^ou  quelquc  au-  ^^^^^^s'^ 
tre  cliofe  que  ce  puifle  eftrc  ,n'a 
point  efte  ny  le  vray  aliment  ny 
le  vray  breuuage  neceflaire  pour 
vous  prefemer  de  la  mort,&  n  eft 
mefmes  ny  viande  ny  breuuage 
propremet,  fi  vous  eh  faites  com- 
paraifon  auec  celuy  dont  ie  vous 
parle.    Mais  ma  chair  eft  vraye- 
ment  la  viande ,  &  mdn  fang  eft 
vrayement  le  breuuage  qui  pro- 
duifent  ce  grand  cfFe6t ,  &  qui  pair 
cofequent  meritent  feuls  ce  nom^ 
comme  ayans  feuls  la  vraye  ver- 
tudecommuniquerlavie.  Et  de    J* /^-    . 
rait  vous  voyez  bien  a  i^ivcntc  s^rnachmr, 
^         breuuage  &  1  aliment  s  v-  fang  u  d» 
niflfent  tellement  avoscorps^qu-  ^[J'^Zyf 
ils  deuiennentvnepartie  de  vous  '^^"^^^ 
mefmes.  Mais  neantmoins  cettc 
vnion  ne  vous  cojoint  pas  a  voftre 
nourriture  fi  infeparablement , 

R 


Clia.  6,  z^o  n^ araj^hrdfejurl' Euangilc  de 
qu  il  ne  s'en  euapore  tousles  iours 
quelquechofe  par  vne  infenfiblc 
tranfpira  tion,  &  qu  il  ne  s  en  con- 
fume  par  la  force  de  la  chaleur  na- 
turelie.  De  forte  qu'au  bout  de 
quelque  temps  il  ne  reftera  plus 
rien  de  ralitnent  que  vousaurez 
pris,&  celuy  que  vous  aurez  pris 
depuis  aura  fuccede  en  fa  place. 
Mais  Taliment  &  le  breuuage 
que  ie  vous  donneray,auront  bien 
vne  autre  force.  Car  quiconque 
rnangera  ma  chair,  &  quiconque 
boira  mon  fang^cettuy-la  s'vni- 
ratellemcntamoy,&moya  luy , 
quil  demeufera  en  moy,  &moy 
ie  demeureray  en  luy  ^  dVne  infe- 
parable  habitation,  &  d Vne  com- 
munion inuiolable  &  fans  refer- 
ue.  Tellement  qu  au  lieu  que  les 
autrcs  alimens  ne  peuuent  pas 
Gonferuer  toufioursla  vie,  parcc 
quils  ne  font  pas  toufiours  en 


lejus  Chrifl  felon  SI  can.  z^i  Cha.  ^l) 
ceux  qui  les  prennent ,  la  viandc 
&  le  breuuagc  que  ie  communir. 
queray ,  demeuranc  toufiours  en 
ceux  qui  en  vferont  ^  &  les  vnif- 
fant  tellement  a  moy,  qu  lis  de- 
meureront  toujours  en  moy,  &c 
que  ie  demeureray  toujours  en 
cux,  ilslesentretiendronteternel- 
lement  en  vie.  En  efFedjla  four-  ^;JJ;  ^^ 
ce  doc  la  vie  decoule  en  eux  eftant  ^'''  ^'^'^^Z 

m'a  entioye 

innnie  & inepuirable5&  le  moyen  ^t^Iflte  vy  k 

ueleiie  leur  eltcommum-  Fefe.  ^ce. 

quee,  eftant  permanent  &  impe-  ^Zn^LZl 

rifiable,  la  participation  qui  leur  ''^^  ^-'f  ^ 

S  ^  n         r  cau/^demoy 

en  eit  donnee  ne  pent  eltre  linon 
perennelle  &  perpetuclle  pareille  - 
ment.  Car  ccschofesontvnecor- 
refpondance  mutucUej&vne  de* 
pendanceneceflaire.  Or  eft  il  que 
le  Pere  celefte  en  eft  la  fourceile 
Fils  quila  enuoye  eft  le  moyen: 
&  celuy  qui  sVnit  au  Fils ,  eft  ce- 
luy  qui  par  Pentremife  du  Fils  a 

R     % 


Cha.  6.  z^z  ^araphrdfe  furtEuangilc  dc 
communion  auec  le  Pere.  Com- 
me  done  le  Pere  qui  ma  cnuoyc 
eft  viuant  eternellcmcnt^&  TEcri- 
turea  accouftumedeluy  donner 
le  tiltrc  de  Dieu  viuant^  tant  parcc 
qu'il  a  la  vie  en  foy  ^  que  parcc 
qu  il  la  donne  a  routes  chofes  ; 
ainfi  ie  fuis  viuant  de  par  le  Pere, 
non  feulement  par  cequeievis 
effediuement  J  mais  aufli  parcc 
qu'il  m'a  communique  la  vertu  dc 
viuifier  tous  ceux  qui  veulent  a- 
uoir  communion  auec  moy.  Ce- 
luy  done  qui  me  mange,  &  qui 
commei*aydit^entrepar  monen- 
.  tremife  en  la  communion  du  Pe- 
re, viura  aulTi  depar  moy;  cettc 
fc^urce  inepuifable  dc  vie  qui  eft 
en  Dieu,  fecommuniquant  prc- 
mierement  a  moy  come  auchef , 

/  &  puis  (c  repandant  dans  ceux  qui 

croiront  en  moy  ^  comme  dans 

c'J%u  mesmetxibres.    Ie  f(jay  la  bonne 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  16^  Cha.  €^ 
opinion  que  vousauesduminifte-  ^^^^  ^^.  ^^ 
re  dc  Movfe ,  &  1  admiration  dans  i^/^*^^  '^^ 
laquelle  vouseftesdu  miracle  de  pomccmm^ 
la  manne  dont  11  nournt  autre-  ^  m^ngi 


la  manne 


Jont 


foisvosanceftrcsaudefert.  Vous  ^ 
auesacettcoccafion  tantoft  alio-  '^''*'  •^«* 

^  .    mangera  c% 

sue  les  paroles  du  Prophete, qui  ^^'»  »/  ^i. 

d^.  T-^-        t  1/1  •       ura  ttermk 

It  que  Dieu  leur  a  donne  le  pam  unanu 

du  Ciel ,  &  vous  croyes  que  cela 
mcrite  vne  confideration  tres- 
particuliere,  le  vous  veux  done 
encore  vne  fois  repeter  cc  que  ic 
vous  ay  repondu  la  defTus,  afin 
que  vous  le  comprenies  d'autant 
mieux  ,  &  qu'il  simprimc  bicn 
auant  en  voftre  memoire.  Ceft 
icy  le  pain  qui  eft  veritablement 
defcendu  du  Ciel  ( &  en  difant  ce- 
la il  fc  monftroit  j  &  qui  a  bien 
d'autres  vertus  que  celles  que  vos 
anceftres  ont  trouuees  dans  la 
mannc.  Car  vos  Peres ,  qui  ont 
!a  manne  au  dcfcrt,  foiu 


RiaiM'^e  u  manne  au 


Cha.  ^.  164    ParaphraJcfHr  tEnangilcde 
morts  5  &  cette  nourriture  ne  les 
enafqeugarentir.  Maisquiman- 
gera  de  ce  pain  icy,  &  qui  parci- 
cipera  a  cetce  chair  qui  doic  eftre 
donnee  pour  la  vie  du  monde  , 
celuy-  la  viura    eternellement. 
ii'dhces  lufqua  ce  temps  -  la  lefus  auoit 
f'l^oli!''  pi'c%^^  toujours  tenu  les  propos 
en  enjeignat  xmi  coRcernoient  fa  perfonne  & 
nAum,       la  vocation  ,  dans  les  lieux  ou  li 
s*eftoit  rencontre  5  &  oii  les  occa- 
fions  s'eneftoient  prefentces.  Etil 
le  faifoit  d'autantpluslibrement 
de  la  fa(^on  J  quayant  affaire  ou  a 
des  troupes  de  peuple  ,  ou  a  des 
perfonnes  particuUeres  qui  n  a- 
uoient  point  de  particuliere  ani- 
mofite  cotre  luy ,  il  y  auoit  moins 
de  peril  pour  luy  d'y  annoncer  la 
dodrine  de  TEuangile.  Car  il  fe 
menagcoit  auec  vne  finguliere 
prouidence  ^  parce  que  le  temps 
de  f  expofer  aux  dangers  n  eftoit 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,     i^j  Clia.  ^. 
pas  encore  venu.  Mais  pour  cetre 
lieure-lailtint  tout  ce  grand  dif- 
cours  de  la  manducation  de  fa 
chair,&de  la  vertu  de  lafoy^dans 
la  Synagogue  de  Capernaum^ou 
il  eftoit  entre  pour  enfeigner  au 
milieu  mefme  de  {esennemis.  A- 
fin  de  faire  connoiftre  a  tout  le 
monde,  quequandil  luyplaifoit 
vfcr  de  fa  puifTance^pour  fe  def- 
fendre  de  leurs  attentats^il fcjauoit 
bienarrefterleursmouuemensj  & 
reprimer  leur  violence.    Cepen«-     ^pil^l^^s 
dant  ^  quoy  quil  euft  prononcc  ^^«^  ^^/^^ 
toutes  ces  cnoles  aliez  inteliigi-  y^mmy.di- 
blement , fi  on  euft  voulu  y  eltre  '"^Trlu^eflrL 
attentif  :,  tant  s'cn  faut  neant-  ^'^v^'^^ 
moins  que  toute  la  multitude  les 
entendiftj  &en  demeuraft  fatif- 
faide^que  plufieurs  de  ceux  qui 
faifoient  profefTion  de  croire,  & 
qu  a  cette  occafion  on  appelloic 
IcsDifcipleSjlesayantouies  en  de- 


Clia.  (J.  x66  n^araphrafeJurl'Euangilede 
meurerent  offcnfes.  Toutes  les 
autres  inftrudions ,  difoient-ils , 
que  nous  auons  cy-deuant  receues 
dela  bouchede  lefus^nous  ont 
toujours  done  beaucoupdecon- 
tentement.  Ets'ilya  quelquesvns 
de  fes  propos  done  nous  n'ayons 
pas  bien  compris  le  fens ,  tant  y  a 
que  nous  n  y  auons  rien  remar- 
quequiait  fcandalife  nos  efprits , 
ny  offenfe  nos  oreilles.  Mais  quae 
a  cette  parole  qu  il  nous  vientde 
dirc^non  pas  feulement  quil  eft 
le  pain  defcendu  du  Ciel ,  mais 
mefmes  que  pour  auoir  la  vie  cter- 
nelle  il  fauc  necefTairement  man- 
ger fa  chair  &  boire  fon  fang ,  vc- 
ritablement  c'eftvneftrange  dif- 
courSj&  qui  a  quelque  chofedc 
bien  choquant  &  de  bien  rude. 
Et  qui  eft-ce  qui  pourroit  oiiif 
yne  telle  chofe  fans  en  eftre  fur- 
msisM^  p?isou fcandalife? Or  difoient-ik 


lefus  Chrifi felon  S.  lean.     i6j  Cha.  6. 
cela  entr'eux  a  quartier,  nc  pen-  y^^^,^^„, ,« 
fans  pas  que  lefus  en  euft  connoif-  ^^;j;g.. 
fance.  Et  s'ilseuflfent  efte  en  fa  pre-  ?/«w«r«»«. 
lence,  quelquerelpectquils  por-  ujeurditi 
toyentafa  perfonne^Ieseuft  em-  ^aLnpif 
pefchesdeparlerainll  Mais  Icfiis 
n'auoit  pas  befoin  d^ouir  les  paro- 
les des  hommes  pour  f^auoir  les 
fentimens  de  leurs  coeurs.    Sqa- 
cliant  done  en  foy  mefme  que  fes 
Difciples  niurmuroient  decela^ 
il  s'approcha  d'eux  ,  &  leur  (fit : 
Eftes  vous  done  fcandalifezde  cc 
que  ie  vous  ay  dit ,  qu  il  faut  man- 
ger ma  chair  &  boirc  mon  fang 
pour  auoir  la  vie  eternelle  ?  Vne 
chofefiaifee  acomprendred'elle 
mefme  ^  fi  vous  auies  Tentendc- 
mentvnpeu  ouuert^&alaquelle 
i'ay  donne  tantd  adoucilfemens, 
&  tant  d^eclarciflemens.parcelles 
que  i'ay  meflees  dans  mes  propos, 
touchant  la  vertu  de  la  foy  &  de 


Cha.  ^.  z(j8   n^araphrafefur  hEuan^tlede 
la  communion   fpirituelle  qui! 
faut  auoir  auec  moy  par  cllc  , 
vous  femble-t'-elle  defi  difficile 
oude  ficftrange  intelligcnce,que 
vos  cfprits  en  demcurent  offen^. 
Quefcra  CCS? Et  qucfera-ce  done,  poiires 
ce  doncfi    geSj  fivousvoyesleFilsderliom- 
le  Fiisde    nie  raonter  an  CicL  ou  il  eftoit 

Vhomemon-  ,  . 

teroHvedoit  premicremcnt  ?  A  prendre  cette 

premiere*  1  •  1  1       • 

^^g^ii  manducation  de  ma  chair  cor- 
porellement  &  grolTierement  , 
cdkiime  vous  aues fair,  vous  trou- 
uercs  lors  bien  plusdlmpoflibili- 
te  a  cxecucer  mon  commande- 
ment,  &  a  obtenir  parce  moyen 
ae/Wf  1^  vieecernclle.  Que  cela  ne  vous 

t^f/li^"  ^^^^^^  point  en  peine  pourtant. 

chrarnepro-  Pour  clh'c  eloi^ne  dc  vous  com- 

fite  rien  ^  les  ■      r  1  ■  1     ■  n' 

paroUes  que  mc  ic  Icray  lors.ie  nc  lailieray  pas> 

™on7e(  fi  vouscroyes,  de  vousdonncrla 

Fit  &  Vie.  vie  felon  ma  promctle    Car  c'cit 

TEfprit  que  I'cnuoyeray  quand  ic 

feray  monce  la  haut  ^  qui  com- 


Icfiis  Chrifl  felon  S.  lean.  16^  Clia.  6. 
munique  cfl:e6tiuemetla  vie  dont 
ie  vous  parle.  Ceil  luy  qui  la 
commence  dcs  maintenanr  par  la 
cofolation&parla  fandification 
cie  l\ame  ;  c'eft  luy  qui  la  puri- 
fiera  par  la  refurredion  du  corps. 
Ec  quand  ie  vous  aurois  donne 
ma  chair  a  manger  de  la  fa(^on 
que  vous  Ie  vous  imagines ,  cela 
ne  vous  profiteroit  en  rien  du 
tout  ^  ny  pour  la  refurredtion  de 
vos  corps  5  ny  pour  la  confolation 
&c  fandification  de  vos  cfpritsrS^ 
partanc  vous  vous  abufez  etran- 
gement  d'mterpreter  ainfi  mes 
paroles.Les paroles  queievousdi^ 
&  Ics  chofes  que  ie  vous  propofe  y 
fpirituelles  quelles  font ,  doiuent 
eftre  entendues  fpirituellement. 
Et  a  qui  les  entend  fpirituellemec, 
&  qui  les  reqoit  de  cette  facjon  a- 
uecfoy  ^ellesfont  ^Imftrument 
de  I'Efprit  &c  la  communication 


Cha..  6.  tjo  n^ araphrafe  Jur  I' Euangile  de 

delavie  qui  confide  en  confola- 

tion  &  en  fandification  ,  &c  Taf- 

feurance  de  la  vie  dont  le  fidellc 

doit  eftre  iouiffant  en  la  refurrc- 

Oiion;  &c  en  vn  mot,  le  germe  im- 

peri{rable,&  le  principe  immortel 

de  fa  viuification  &:  de  fa  gloire, 

Maisiiy  Mais  c'eft  fort  inutilement  que 

deltrevl  fcxpUque  mes  intentions  a  quel- 

qui  nt       q^g5  y^s  d*entre  vous:  car  il  y  en 

crotent  point     -l         ,  ,    •'        >. 

Car  lefus  a  qui  nc  croyentpas^  &qui  mel- 
tofnmance-'  Hics  ne  vculent  pas  croire,ae  quel- 
72TJeux  q^c  faqon  que  le  leur  propofe  ma 
quinecroi^  dodrine.  Cela  dit.Icfus  fc  teut, 

totent  point,  ,  '  r      \ 

&qui  feroit  commo,  tcmoignant  non  leulc- 
Z^hirlZ  *  ment  quclque  marriifement  dc 
leur  incredulite  ,  mais  mefme 
quelque  indignation  jdc  ce  qu'il 
voyoit  en  eux  vnc  fi  mauuaifedi(- 
pofition^&decequlleftoitcom- 
me  contraint  de  fe  taire  ainfi  tout 
court,  depeurquefesdiiiins  pro- 
pos  nc  fc  foiiillaflcnt  en  Icurso- 


lejus  Chrifi  felon  S.  lean,      zyi  CKa,  & 
rcillcs.  Car  pourcc  que  la  nature 
diuinc  qui  eftoic  en  luy ,  ne  le  laif- 
foit  ignorer  chofe  aucune  ny  pre- 
fente :,  ny  paflee  ,  ny  a  venir ,  qu'il 
euft  enuie  de  f^auoir ,  il  f(^auoit 
fore  blendes  le  commencement 
defa  predicatio  qui  feroientceux 
qui  ne  eroiroycnt  point  en  luy,&: 
mcfmes  qui  feroit  celuy  qui  le  tra- 
hiroit  J  de  forte  que  quelquc  eue- 
nement  qui  arriuaft ,  il  n*cfl:oit 
iamais  furpris  en  chofe  quelcon- 
que.    Cell  pourquoy  reprenant     ^   <^^ 
vn peuapres ion  propos,ilconti-  dit.f^urt^nt 
nuadeieurdire.  Etnevousefton-  'dit!q2nHi 
nes  pas  fi  ie  prononce  ainfiaffir-^'/fl^  ^!:, 
matiuement  qu'il  y  en  a  d'entre  ^^^  %  ^fi 

^  '  .  -      done  d«  mon 

vous  qui  ne  croyent  pomt  ^  &  de  Fire. 
qui  iln'y  a  nulfujet  d'cfperer  que 
jamais  ils  croyent.  Ce  n*eft  pas  a 
la  voice  que ic  laffirme ainfi har- 
diment,oupar  quelquc  precipi- 
tation de  mon  iugement  &  d^ 


Clia.  ^.  27^   "T^^rdphrafefurl'Euangilede 

ma  penfee.  le  le  fcjay  auec  autanc 
de  certitude  qu  il  fe  peutf^auoir, 
&  c'eft:  poLirquoy  ie  vous  ay  die 
cy-deuant,quenulnepeut  venir  a 
moy^s'ilneluy  eft  donne demon 
Pere»    Car  vous  aues  peu  recon- 
noiftre  par  la  que  ie  vouloispre- 
munir  les  efpritsde  mesvraisDi- 
ciples  contre  le  fcandale  quails 
pourroient  prendre  deTincredu- 
lite  de  quelques  vns  d  entre  vous , 
&qu*ainfideslorseliene  m'eftoit 
^ves%e  p^sincontie.  lufques  la&vraye- 
^e^r^./^     mentfideles&autresrauoientin- 
fes  Difcif^ici  ditteremment  ecoute  :  mais  des 
':::i^l'7%  rheare  qu  il  eut  prononce  ces der- 
ne  chemi    ^:^^^^  mots ,  il  fe  fit  vne  manifefte 

notent   plus  -^ 

auec  luy  feparation  entre  ceux  qui  auoicnt 
auparauant  pafTe  pour  fesdifci- 
ples.  Car  ceux  a  qui  leurs  cofcien^ 
ces  rendoyent  temoignage  qu  ils 
necroyoyentpas  veritablement , 
voyant  que  lefus  les  connoifloic 


lefus  Chnft  felon  S.  lean.  Z73  Clia.  6. 
bien,ne  peurent  fupporter  plus 
long-temps  la  hontede  cettere-- 
prehenfion.  C*eftpourquoyils  (e 
retirerent  en  arriere^&nechemi- 
noyent  plusauec  luy,pourn  eftrc 
plus  expofes  aux  reprochesdefes 
regards.  loint  qu  il  eft  naturel  aux 
liommes  qui  font  ainfi  decou- 
uerts  d'auoir  de  rauer{ion3&  met 
mes  de  la  haine  pour  ceux  done 
ils  redoutent  la  rencontre.  lefus  ^*  //' 
done  qui  faifoit  profit  de  routes  «^^^  ^«-v 

^  ■*■  *■  1  •     n  doH':(e.  Vota 

occalions  pour  auancer  rinltru-^^  vouur 
6tio  &  le  falut  de  ceux  qui  cftoient  Xr'^  ''''"^ 
veritablement  fiens ,  prit fujet  du 
depart  de  ceuxla^pour  fairecette 
interrogation  aux  douze.  Ec  vous, 
dit-il  ,  ne  vous  en  voulcs  vous 
point  auffi  aller  ?  L'exemple  de 
ces  gens  la  ne  vous  touche-t'-ii 
point  :,  pour  vous  fcandalifer  , 
comme  ilsont  fait,  &  de  moy  & 
de  mes  paroles  ?  Ce  n  cftoit  pas 


1 


Cha.   (»  174   ^ardphrapjur  I' Euangile  de 
qu'il  ne  fccuft  tres-bien  qu  ils  nc 
les  imitcroyent  pas  :  bcaucoup 
moinslesyvouloit-ilinuiterrmais 
il  vouloit  exciter  leur  foy  ,  &  leur 
prefenter  loccafion  d'en  faire  vne 
belle  &  authentique  confej(Iion 
^si^l„     en  fa  prefencCe  De  fait  ,  Simon 
^IrTndu^    Pierre  ,  qui  par  la  promptitude 
Seigneur,  ^  tant  de  fon  naturel  que  de  fon 
VoJ7Z  ^  zele ,  auoit  accouftume  de  s'auan- 
'Xurnet  cct  plus  que  ks  autrcs,  luy  refpon- 
dit  incontinent ,  felon  la  bonne 
opinion  laquelle  il  auoit  d'eux 
tous.  Si  nous  nous  en  irons,  Sei- 
gneur ?  Et  a  qui  nous  en  irions 
nous  ?  Quel  autre  Maiftre  cher- 
clierions  nous  aulieude  toy,  qui 
feulnouspcusenfeignerladodri- 
ne  de  falut,&  qui  de  fait  nous  tiens 
tous  les  iours  des  propos  dans  lef- 
quels  nous  voyons  clairement  Ic 
vray  &  vnique  moyen  de  paruenir 
a  la  vie  bicn  heureufe  &  eternelle? 

ADicu 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,    i/y  Cha!^   ^ 
A  Dieu  ne  plaifc  que  nous  com-     ^    ^^^ 
mettionsvnefaute&:  (linjurieufe     ^^  ''^^ 
contreEoy,&  iipernicieulepour  &  conneu 
nous ,  car  nous  auons  creu  &  nous  chrinjiu  a^ 
auonsconnu  fde  forte  que  noltre.^'*'"' 
foy  n'eft  ny  aueugle  ny  implicite , 
mais  illumin^e   &  appuytre  fur 
d^inebranlables  fondemensjque 
tu  es  le  Chrift  ,  le  Fils  de  Dieu  vi- 
uanc,  celuy  quelesProphetesont 
promis ,  que nos  Peres  ont  atten- 
du,  &  fur  qui  fe  repofc  Tefperance 
de  tout  le  monde.  Ne  feroit  ce 
done  pas  vn  crime  horrible  de  t*a- 
bandonner ,  vne  fureur  ,  en  tV 
bandonnant,  d^abandonner  I'ef- 
perance  de  la  vie  ?    Alors  lefus     t/Jw 
ayant  tire  de  la  bouche  de  Pier-  "''^P'^'^''^^^ 

J  ^  vous   ay  it 

re  5  qui  parloit  tant  en  fon  nom  /'^'^^  'i^'^^ 
que«  celuy  de  les  compagnons,  &  /w  ue 
vne  confefTion  telle  quil  la  de>  r^T^^'^"- 
mandoit  ,  encore  qu'il  full  fort 
fatisfait  dece  qu  ils  tefmoignoient 

S 


Clia^  ^«  ^7<f    ParaphrafcJurtEuangilcde 
quils  n'eftoietpas  capables  d'etre 
corropuspar  de  fimauuaiscxem- 
ples^eftima  ncantmoins  qu'il  les 
falloit  encore  confirmer  encettc 
bonne  refolution  ,  en  les  aduer- 
tifTant que  mefmes  de leur  troupe 
il  y  en  auroit  vn  qui  fe  reuolteroir, 
afin  que  quand  la  chofe  arriue- 
roit,  ils  n  en  fuflent  non  plus  e- 
meusqu'on  a  accouftume  des'e- 
mouuoir  d'vne  chofe  prcconnue. 
Il  leur  dit  done.  Ceft  bien  die 
a  vous,  que  vous  aues  crcu ,  & 
que  vous  aues  connu.  Car  vous 
deues  vous  tenir  fermement  atta- 
chcza  moy  par  les  liens  de  voftre 
foy  ,  &  par  la  connoiflfance  que 
vous  aues  de  la  verite  j  &  non  par 
Timitation  de  Texemple  de  ceux 
qui  font  profeflion  d'y  croire: 
Vous  voyes  par  le  depart  de  ccs 
gens  la  quelle  fermete  il  y  peut 
auoir  dans  Texemple  de  ceux  qui 


hfiis  Chriji  felon  S.  lean,  2.77  Clia^  ^ 
fe  contentent  de  me,  fuiure  du 
corps feulement,&  qui  au  fonds 
n'ont  point  de  certaine  connoif- 
fance  de  ttia  dodrine.  Mais  vous 
en  aures  d'icy  a  quelque  temps 
vne  preuue  bien  plus  euidente& 
plus  fcandaleufe.  Gar  quant  a  ces 
gens  la  qui  m'ont  laifle  ,  c'eftoit 
comme  de  leur  mouuement  qu*ils 
s'eftoient  attaches  a  moy.  Dc  la 
mefme  fac^on  qu'ils  y  eftoient  ve- 
nus,  de  la  mefme  facjonsen  font 
ils  retourncs^de  maniere  que  com- 
me on  peut  attribuer  leur  venuS 
a  quelque  curiofite ,  ou  tout  au 
plus  a  quelque  eftonnement  que 
mes  a6tions  leur  ont  donne  ^  on 
peut  imputer  leur  depart  a  quel- 
que Icgcretcd'efpritjOU  ,(i  vous 
le  voules  ainfi ,  a  quelque  fcandale  ^ 
qu'ils  ont  pris  de  mes  paroles. 
Mais  quant  a  vous, ne  vous  ay-ie 
pas  choifis  vous  douze  ?  N  eft  ce 

Si 


Gha.  6.  2.78    ParaphmfcJurlEuangilc  de 
pas  moyqui  vousayappellez?Nc 
vous  ay  ie  pas  deftines  a  eftre  mes 
difciplcs  particuliers  ,  a  qui  ie 
communiqucrois   tous   mes  fe- 
crets,  pour  les  publier  puis  apres 
aux  autres  hommes  ?  Ec  partant 
nes'imagineroit-on  pas  que  vous 
deurics  tous  perfeuerer^ fans qu- 
aucune  chofe  fuft  capable  de  vous 
d  tacher  de   mon   feruice.     Et 
neantmoins  il  y  en  a  Tvn  de  vous 
qui  tombera  dans  vne  apoftafie 
&  commetcra  vne  adion  qui  ne 
fcjauroit  venir  finon  dans  la  pen- 
fee  &  dans  la  volonte  d\n  diable. 
tldiflitii  Or  difoit-il  cela  de  ludas  ,  fur- 
eeude  lu  j^omme  Ifcariot ,  fils  de  Simon  •, 
iiu  d^simc:  car  c'eftoit  celuy  a  qui  11  deuoit  ar- 
[duy  ^utie  riuer  de  Ie rrahir, encore  qu'il  fuft 
tnfLTvn  J  vn  de  ces  douze  que  lefus  auoic 
desdouie.    honoresde  fa  confidence  particu- 
here.  Ce  qu  line  declara  pas  alors 
plus  ouuertemenc ,  par  ce  qu  il 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.  279  Cha.  7* 
vouloit  que  ce  fuft  foil  propre 
crime  qui  ledecouunft;mais  il  eft 
befoin  d'en  aduettir  icy  en  paf- 
fant,afinquonnefoupc^onnepas 
qu  il  y  ait  eu  autre  que  luy  dans  cc 
College  la  ,  qui  ait  efte  capable  dc 
conceuoir  de  fi  damnabks  pen- 
fees. 

CHAPITRE     VIL 

t^^  R  quoy  que  ces  chofes     Apre/ces 
^^31  ruUcntarnucesenCaper.  ,,„«,,/,,>,;, 
5^W  naum  ,&  quil  fembloit  ^f!^'''"'^ 
que  les  efprits  de  ceux  du  pays  ne  point 
iuflent  pas  bien  dilpoiez  cnuers  dee  p 
lefus,  fi  eft  ce  qu'aprestoutcelail  lh!rcZl2 
ayma  encore  mieux  conuerfer  en  i'^'  ^''"'^ 
Galilee  ,  que  non  pas  en  vn  autre 
lieu  :  car  quant  a  demeurer  en  lu- 
dec3&  y  conuerfer  parmy  les  luifs. 


ne  T/oaloit 
con.' 
uty'eren  Its* 

OHTCe 

ue  es  luiff 
nt 


Cha.  7.  2l8o  n^araphrafe  Jur  tEuangile  dc 
c  eftoit  ce  qu'il  ne  vouloic  point 
faire  ,  d'autanc    qails  ne  chcr- 
choyent  que  Toccafion  de  le  mec- 
trc  a  more.  Ec  il  eftoit  bien  certes 
Venu  au  monde  pour  la  fouffrir  i 
ceftoit  la  principalle  fin  de  fon 
cnuoy  en  la  terre.  Tellement  qu'il 
ne  lafuyoit  pascomme  vnecho- 
fe  qu  il  euft  refolu  d'cuiter  abfolu-. 
nient.  Mais  le  temps  n'eftoitpas 
encore  venu  qu  il  permift  qu  on 
la  luyfift  endurcriudicicllemeni; 
6c  par  Tauctoricc  de  ceux  qui  a- 
uoyent  eil  main  la  puiflance  poli- 
tique. Et  quant  aux  emotions  po«- 
pulaires,&:  aux  feditions  qu'ila- 
uoit  a  redouter  y  cette  forte  do 
mort,  fi  elle  luy  faft  arriuee  par 
ce  moyen  la ,  n'cftoit  pas  felon  le 
deflein  de  Dieu ,  ny  propre  pour 
la  redemption  du  monde.  C  eft 
pourquoy  il  euitoit  autant  qu'il 
fftUoit  toutes  les  rencontres  de 


Tefus  Chrijl  felon  S.  lean.     181  Clia.  -  j. 
cette  nature  la,  &  difpcnfoic  toute 
fa  conuerfation  auec  vne  merueil-     . 
Icufe  prudence.  Neantmoinsilar-    orUhur 
riua  quelque  temps  apres  vne  oc-  ues  luifs 
cafion  par  laquelle  it  fe  fentit  o-  tmldl'l'^ 
bilge  de  paroiftre  dansla  ludee.  f^'J'""' 
Car  le  temps  de  la  Fefte  des Ta- 
bernacles,  ainfi  nomme  par  cc 
que  le  Peuple  y  celebroit  la  me- 
moire  de  la  demeure  de  fes  an- 
ceftres  fous  des  tentes  dans  lede- 
lert  s'approchoic>  &  cette  folem- 
nite  ne  fouffroitpas  qu  aucun  qui 
fuft  tant  foit  peu  confiderable  en 
cette  nation, fe  difpenfaft  d  y  af- 
fifter  ,  tant  elle  eftoit  venerable. 
Ses  proches  parens  done,  que  IE-     sesfrere^ 
criture  a  accouftume  d'appeller  f^'^p^^J 
de  ce  nomde  freres  .  voyans  le  ^'9' c^ 7» 

j-1    r     r  11     •  1  vaen  ludee, 

temps  venuquii  le  railoit  ache--  afiuque  te$ 
miner  a  cet  eftect  pour  aller  en  fi  /oyenties 
lerafalem.s'en  vinrent  a  luy;  &  "^^^2.  ^'^ 
lay  dirent :  Plufieurs  ont  trouuc 

S  4 


Cha.   7  2.8z    ^araphraJefurtEuangilede 
cftrange  quetu  fois  iufquesacet- 
teheure  demeureencesquarciers. 
Pour  nous  ^  nous  ne  voulons  pas 
nous  enquerir  des  raifons  pour 
lefquelles  tu  Tas  fair ;  nous  vou- 
lons bien  qu*elles  foyenr  bonnes 
&  valables.  Mais  quellcs  qu'elles 
nyent  efte  cy-  deuanr.elles  ne  font 
plus  a  cerre  heure  de  faifon.  La  ce^ 
lebrire  de  cetre  Feftc ,  a  laquelle  ru 
f^ais  bien  que  les  luifs  coulent  de 
toutes  parts,  requiert  principale- 
ment  de  toy  que  tuty  trouues  a- 
uec  les  autres.    Pars  done  d'icy 
deformais  ,  &  t'cn  va  en  ludee  , 
afin  que  les  difciples  que  tu  as  laif- 
fes  la  ^  voy^jpt  les  miracles  que  tu 
fais,  &  qu'ilsteferuentaenepan- 
dre  la  reputation  par  tout  ,  &  a 
t*acquerir  de  Taudoritc  parmy  le 
*•  4,    peuple.  Car  il  ne  faut  pas  quVn 
f^maHcune  tiome  quiieveutrau'econnoiitre, 
eret.'^Hide-  commc  ce  doit  eltre  ton  but  que 


an  monde» 


IcfusChrlfi  felon  S,  lean.      183  Cha.  7. 
de  te  rendre  recommandable  &  ,^^^4,  ./ire 
renommc ,  &:  de  fairc  parler  de  ^^j^^l^ 
toy  auantaeeufemcnt ,  fe  tienne  '^^^f'i  '9  > 
cache  comme  turaiscndeslieux /^^^w;«e 
oil  il  eft  impoffible  que  tesadions 
ecl^ttent.  Si  tu  tc  propofesde  faire 
toufiours  de  grandes  chofcs,&  fi 
tu  en  as  le  pouuoir,  ne  t'arrefte  pas 
icy  dans  vn  coin  de  la  Paleftine , 
outune  f^auroismener  de  bruit  j 
Va  t'-en  ou  le  grand  monde  te 
peutvoir,ou  lesGouuerneurSjIes 
Magiftrats,  les  Sacrificateurs,  les 
Dodeurs  de  routes  fac^ons,  &  la 
multitude  de  la  Nation,  pourront    ^   ^^ 
iueer  de  tes  merueillcs.  Or  di~   <^^^r«^A^' 

O  r.smejmene 

ioyent-ils  cela  pour  voir  ce  qu  il  croyoient 
relpondroit.  &  pour  eliaycr  li 
defait  ils  le  pourroient  inciter  a 
acquerir  quelque  grand  credit 
parmy  le  monde.  Car  s'il  I'euft 
fait  5  ils  efperoient  en  participer^S: 
en  tirer  de  grands  auantagcs  ^ 


Clia*  7.  184  ^araphraje  furtEuangilede 
comme  eftansfesproches  parens^ 
&  les  cliofes  qu  ils  luy  auoyent 
defia  veu  faire  leur  en  auoycnc 
donne  quelque  cfperance,  Mais 
ne  fc  propofans  quafi  autre  vciiice 
de  fa  connoifTance  &  de  fa  con- 
fanguinite,  ils  ne  penfoyent  pas 
auoir  en  fes  actions  precedences 
affcsdequoy  fe  cofirmer  en  cetce 
opinion  3&  n'auoyent  point  en- 
core d  autre  foy  en  luy ,  fmon  que 
quelque  iegere  perfuafion  de  fa 
f  6.      puiffance.  A  cela  donclefus  leur 

lefus  done         p  i  •        /^  r 

hurdit^mon  relpoudit :  Gpmmenousneiom^ 
Xoml encte  ^^^^  P^^  mcnes  dc  mefnies  niou- 
-uemi  mus  uemens ,  noftre  condition  n'eft 

vofiff  temps  /  T    !     1    T  »         /  • 

€iitopifi,Hrs  pas  lemblablc.  Vous  n  aues  rien 
qui  vous  oblige  de  regarder  do 
bienpresauxmomcns  des temps, 
ny  aux  diuerfcs  rencontres  des 
chofcs^pourdifpcnicr  vosadions 
Q  lant  a  inoy  i'ay  mes  temps  de- 
tcrminezpourlesmienneSjque  ic 


lefus  Chrifi felon  S.  lean,      18;  Cha»  7. 
ne  tranfgreiTe  point.      Si  vous 
aucs  quelque  fruid  a  recueillir  de 
paroiltre  dans  ce  grand  monde 
dont  vous  me  parles/ien  ne  vous 
empcfche  d'en  embrafler  rocca- 
iion  qui  vous  eft  prefentee  en  cet- 
te  feite.  De  moy  ie  ne  voy  point 
encore  lli^ure  venue  de  faire  ce 
que  i  ay  deftine  ,&  cen'eft  pas  a 
vousamemarquer  ny  les  occur- 
rences que  i'ay  a  euiter,  ny  les  oc- 
cafiosque  i  y  puis  auoir  de  predrc 
mes  aduantages.  Quand  vous  pa-     l^Znde 
roiftres  en  cecteorrande  folcmni-  ne-vouspent 
te,  &  que  vous  vous  y  Iignaleres  ha)ne:mai$ 
par  quelques  grandes  actions  ;  'lZ^,%l 
vous  n  auez  rien  a  redouter  pour  ''  ''''"^'  ^f- 

l  motgnage  de 

cela.  Comme  vous  nechoquerez  %,  r-*f'' 

«  «  rL  •  ^       oeHures  font 

point  Ie  monde  ny  par  vos  adtios  w^«««i>. 
ny  par  vospropos ,  Ie  monde  ne 
s  ofFenfcra  point  contre  vous,  &c 
ne  vous  prendra  point  en  hayne. 
Il  y  a  tant  de  correfpondance  en- 


Cba»  7.  zt6   n^ardphrdfc  JurtEtiangilc  de 
tre  luy  &  vous  quil  ne  pcut  y  a- 
uoirdemal-cntendu.  Vlais quant 
a  moy  ie  ne  fc^aurois  euiter  qu  il 
ne  me  hayfle  j  paree  que  toucce 
que  ie  fais,&  priacipalemenc  tout 
ce  que  ie  dis ,  redargue  tellement 
toutes  les  oeuures  du  monde ,  d*in- 
iuftice  &  d'iniquite  ,   que  c*effc 
comme  fi  ie  depofoie  concinuel- 
lement  centre  luy  par  mon  te- 
moignage.  Se  pourroit-il  done 
.         faire  qu^iln'euild^eftrangesauer- 
r^/jr^w^jw.  fions  contre  ma  perlonne?  Ainfi 
7Fejie:qHam  VOUS  pouucz  quaHC  a  vous  mon- 
t^l'ri'/'  ^^^  ^  c^^f ^  f^ft^  quand  il  vous  plai- 
pim  ^  cette  ra ,  &  v  aller  tout  a  decouuert  fans 
tdtquemon  aucunc  craiute.  Pour  moy,  ilraut 
^piLlLr^  que  ie  mefnagc  autrement  mes 
^ccom$^y>     aa:ions,&:  ie  n  y  puis  fi  toil  aller, 
ne  voyant  poin:  encore  Ie  temps 
prefix  qui  ma  eftc  determine  par 
lePerc.  Carilfautque  Tyregarde 
bien  exadement  ,  &  que  le  ny 


Tefus  Chr'ifi  felon  S.  lem.    187  Clia.  7* 
pcrdc  pas  feulemcnt  vne  minute. 
Quand  il  leur  cut  dit  ccla,il  dc-    ^,1^1]^^ 
iBcura  en  Galilee.   Ce  n*eft  pas '^'''^'^'^^^y^* 

,1  n  r   1  J  ^  il  demeurm 

null  eylt  rclolu  dc  ne  mont^i  en OfiUUe^ 
pointenlerufalem.  Au  contraire 
c  eftoic  fon  intehtio  que  d  y  aller. 
Maisilvouloitles  laifTcr  aller  dc- 
uant/<^achant  bien  qu'ilsne  crain- 
droyent  pas  de  le  faire  a  la  decou- 
uerte,  &  qu'eftans  connus  com- 
rx\z  ils  eftoient  ,  cela  produiroit 
deux  effeds.  LVn,queceux  qui 
auoycnt  defia  quelque  bonne  o- 
pinion  de  fa  peiTonne&de  fa  vo- 
cation,lesvoyansarriuer  fansluy, 
s'enquerroient  de  la  caufe  de  fon 
abfence ,  &  que  le  defir  de  le  voir 
s  enaiguireroit&  s'en  enflamme- 
roit  dauantage  en  eux.  L  autre , 
que  ceux  qui  auoient  delfein  fur 
fa  perfonnne,s'imaginansvolon- 
tiers  qu  il  n'iroit  pas  ,  feroyent 
plus  lents  &  moins  echauffes  en 


Chai  7.  i88    ^araphrafe  furl'Et^angile  de 

leurs  confpirations ,  &  qu  ainfi 

quand  puis  apresiliroit  tout  feul, 

il  feroit  moins  expofe  a  leurs  en- 

Etco^^we  trepriles*  Q2?nddonciesproches 

^rllaZmt,  parens ,  que  I'Ecriture  nomme  fes 

lorstirnonta  £^q^^^  .furcnt  montcs,  &  que  fe- 

:B'.sie .  nm  \q^  la connoiflance  qu'ilauoit  de 

feftement      toutes  cholcs ,  il  iceut  ce  que  leur 

7nV/cheul  arriuee  auoit  produit^  illes  fuiuit 

auffi  a  la Fefte^&yalla^non point 

en  troupe  ny  a  decouuert  ^  mais 

feul,&  comme  en  cachettejafin 

den'eftre  pas  reconnu  parleche- 

min ,  &  de  ne  caufer  point  d*emo- 

tls^luifs  tion  a  fa  venue.  En  effe6t,  com- 

donc lecher-  nic  les  luifs ,  qui  s'attendovent  dc 

choient  a  la  i\n  1 

fefle,  6^ji.  le  voir  la  paroiitre  en  lieu  emi- 
(eiuj4a^  nentjlevirentrrultrcsdeleurat- 
tente  ,  ils  le  chercherent  de  tous 
coftes  parmy  la  foule,les  vns  pour 
vne  caufe,  &  les  autres  pour  Tau- 
tre  J  &  s'entredemandoient ,  od 
eft  ce  perfonnage  dont  on  a  tanc 


lejus  Chrifl  felon  S.  lean.    289  Cha.  7. 
parlc  &  icy  ^  & ea  diuers  lieux  >  Eft 
il  poffible  qu  il  ne  foit  point  ve- 
nukcette  folemnice,ou  i\  a  tant 
de  moyen  de  fefairevaloir paries 
miracles  ?  Ec  comme  les  efprits&    ^^  ^^'  . 
les  fentimens  eftoyent  partap;es,  ^^-^^^  '»«^- 
cette  enqueue  qu  lis  raiioyent  de  emre  us 
luy  auec  tant  de  foin  ,  caufa  du  ZT/ImdT 
murmure   &  de  la  conteftation  (j"^«^'^^/ 

nommc  de 

entre  les  troupes.  Car  les  vns  .qui  ^^'^«-  &  ^^^ 
citoientbien  dtrcCtionnes  enuers  loient^Kon 
luy,  difoient,  Qupy  qu  il  en  foit  tZle\m. 
c'eft  vn  homme  de  bien^S^  ceux  ^^^' 
qui  en  difent  autrement ,  le  ca- 
lomnient.  Les  autres  que  quclque 
paffionou  quelquepreiugc  auoit 
preocupes^difoientjNon  eftjce 
n  eft  pas  vnliommedebien.  Il  en 
fait  bien  le  femblant  a  la  veritej 
mais  tout  ce  quil  fait,  &  toutce 
quildit:  n'eft  que  pour  feduirele 
peuple,Neantmoins^  encore  que    -rouu^sfoH 
guelques  vns  luy  rendijflfent  bon  ^l Zir'^ 


Clia.  7.  i5)0    ParaphrafeJurlEuangile  de 

qucment  de  tcmoignage  fourdement ,  il  n  y 

luy.pou^ru  g|^  auoit  pourtant  aucun  deux 

i«(/>.         qui rokft  raire  hautement  &  pu- 

bliquement ,  tant  ils  voyoient  la 

paflion  de  la  plufpart  des  Iuifs,& 

des  principaux  d'entr'eux ,  grande 

&  animee  centre  luy ,  &:  tant  ils 

craignoyent  de  leurdonnerquel- 

•    ^        que  prife  pour  les  mettre  en  peine. 

^t  comme  Lmtentlon  de  lefus  n'eftoit  pas  de 

ademypaf.  paroiltre  au  commancement  de 

^montltu    1^  F^ft^^  ^  rheure  que  la  deuotion 

Temph  &'  eftoit  plus  ardente  ^  &  que  les 

elpnts  eltoient  plus  emeus.  11  ne  la 

vouloit  pas  auffi  laifler  pafler  tout 

a  fait  fans  fe  feruir  de  I'occafion 

quelle  luyprefentoitd*auancerle 

regne  de  Dieu  ,  &  de  profiter  au 

falutdes  hommes.  La  fefte  ayant 

done  a  durer  huid  iours  felon 

Imftitution  de  Dieu ,  il  print  Ic 

temps  qu  elle  eftoit  deiia  a  demy 

pafTee^^  lors  il  montaau  Temple, 

&feniit 


apfrijes  ? 


tcfus  Chrtjl  felon  S.  lean]     2.91  Clia,,  7]- 
&  fe  mit  a  enfcigner  ,  les  efprics 
cftans  vn  peu  accoifes ,  &pdr  ce 
moyen  plus  capables  de  rcceuoir 
fes  enfeiencmens.    Or  eftoic  fa     ^    ^^ 

-  .       ^      ,,  ,        .  Tiont  lei 

doGtrme  telle  ,  &  prononcee  de  lutfssemer^ 
telle  racoon  5  qu  elle  donnoic  ton-  fam:  com* 
fiours  de  radmifatioh  a  ceux  qui  ^^^yl''^^, 
recoutoyent  rant  foit  peu  attenti-  ^A^^'^^f^/ . 
ueinent.  Tellemenf  que  les  luirs  i^sa  point 
qui  fe  trouuerent  la  comtne  il  cn- 
feighoit,  emerueilles  dje  ce  qui! 
difoitjs'enti'edemadoyentles  vns 
aux  autres5Mais  ie  vpus  ptie,com- 
iTient  (e  peut-il  faire,  que  ceper- 
f5nagefa€e  paroiftre  vnefigran- 
de  &  fi  profonde  connoiffancc 
des  Efcritures  {ain6les,veuqu'on: 
ne  I'a  iamais  veu  conucrfer  auec 
ceux  qui  foe  profe  iTio  n  d'ett  eftre 
les  Do6tcurs ,  &  d'en  faire  des 
le^oris^  &  qu  il  a  toufiours  vefcu 
parmy  ceux  du  p6pulaire?Eft-ce 
de  luy  xnefme  qu'il  a  toute  cette 

T 


Cha.  7*  2.5?z  ^araphrafefurl'Euanplede 

fcience  la ,  ou  fi  quclqu  vnla  en - 

feigac  en  fecret .  au  lieu  que  les 

autresquideuiennentlcjauas,  ont 

accouftume  d'eftudier  dans  les 

ufusUur  Efcolescelcbres?  Alors  lefus^qui 

'^tu^'^t  non  feulemenc  cntendoit  ieurs 

cjrine  n'eji  difcours,  mals  mefmes  qui  con- 

potnt  mien-  rT    -     \  C         1  C 

ne  ,mau  de  noilloit  Icuis  peniees,leur  relpon- 
Z^ItlZyi.  dit  dc  la  forte.  Ny  ie  n  ay  point 
eftudie  dans  vos  Efcoles;  ny  qui 
quecefoicd  entre  les  liommes  ne 
ma  enfeigne en  (ecret:  &  toutes- 
fois  ie  n  ay  point  ma  doctrine  de 
moy  mefme^de  la  facjon  que  vous 
Tentendes.  Cela  n'eft  point  venu 
ny  dc  mon  eftude  particulicre^ny 
de  ma  meditation  \  ce  n  eft  point 
demoninuention  que  i'aytoutes 
ccsconnoiflances.  Celuyquim'a 
enuoye ,  c'eft  celuy  qui  me  les  a 
CQmmimiquces^&:  m'ordonnant 
pour  eftre  voftre  Dodeur,il  ma 
foiirnj^  de  la  dodrine  defalut  qui 


lefus  Chrijl felon  S.  lean.     t9iCh£  fl 
Vous  ellbit  neccflaire,      Et  cela 
mefme  que  le  ne  tiens  point  de 
vos  Do£teurs  leschofes  quevoas 
entendesde  mabDuche,Vousde« 
uroit  donner  occafion  d-c  penfei: 
au  principe  dont  e'les  font  decou- 
lees  ^  &  reconnoiftre  qu  il  y  a  en 
moy  quelque  ehofe  d'extraordi- 
naire&  de  diuin,  Mais  les  hom-<    tj  !^".« 
mes  iUgent   ordmairement  des  '^^«^M^/^ 
cliofes  Iclon  que  leursefpricsfont  ceiuy^ncon. 
bienoumaldirpofes.  Si  quelqu'-  'dl^te'/t 
vn  a  refolu  de  demeurer  obftinc  ^^^''P^^^ 

,  eji  de  Ttteu^ 

en  fes  peches ,  il  ne  faut  pas  at-  o^^fi^^p^rie 

I       *-     ^        I  i'l  de  par  moji* 

tendre  de  luy  qu  u  trduue  ma  mefme.  ^ 
dodrine  bonne  &  veritable.  Car 
vn  entendement  corrompu  he 
gouftc  pas  volontiers  ce  qui  re^ 
pugne  aux  afFedions.  Or  entre 
ma  dodrine  &  Ics  mauuaifes  afFe- 
dions de  Tcfpric  humain^  il  y  a 
Vne  irreconciliable  repugnance. 
Mais  quant  a  celuy  qui  eft  difpofe 
— '   .      .  t  ^ 


^haT  y.t94    Paraphrafefurl'Et^angtlede 
en  Ton  ame  a  faire  la  volonte  dc 
celuy  qui  m'a  enuoye  ,  il  n'aura 
point  de  peine  a  iugcr  de  ma  do- 
«5trinc,  &  reconnoiftra  inconti- 
nent de  quelle  origine  elle  eft  ve- 
nue yfi  dis-je,  c  eft  Dieu  qui  mc 
Vz  reuelee  ,  ou  fi  elle  eft  de  mon 
*6)ui%ie  cru&de  mon  inuention.  Certai- 
tefmefr  ^^^'^^^^  ^^  fa^ou  dc  kquelle  iy  a- 
therche  fa    gis  dccouurc  aflcs  la  nature  &  Ic 

fropregloire:  ^    .         .  |  \        r  * 

Mais  celuy  prmcipc  dcs  clioles  queiepropo- 

Ta  gUire^L  ^^  Vuliome  qui  met  en  auantles 

ctiuy  quii'a  pfodudions  de  fon  efpl:it,pour  les 

^'m/^^/^c^  tairepallercome  doctnnes  cele- 

Jinitifike    ftes,  monftreaffes  dequelmouue- 

^''^'*^'       met  il  eft  mene^en  ce  qu  on  le  voit 

tdujoursrecercher  fa  propre  gloi- 

re.Ou  bien  il  afFeitelaloiiange  dc 

I'eloquence-  ou  il  veutacquerir  la 

reputation  dVn  profond  f^auoityP 

ou  il  pretend  faire  paroitre  la  fub- 

tilite  de  fon  efprit ,  ou  de  quclque 

fa^on  quece  foit^ilmonftrcquil 


fefus  Chrijl  felon  S.  lean.    2,9  y  Cha»  7», 
defirc  fort  qa  on  reftime,&  qu'on 
radmire.  Mais  celuy  qaicomme 
moy  eloigne   tellement  de  luy 
routes  ces  choles ,  qu  il  n  en  don- 
nc  pas  le  moindre  foupcjon,  &  qui 
ne  vifca  autre  chofe  quaillultrer 
&  auancer  la  gloire  de  Dicu  qui 
Ta  enuoye  ,  il  doit  eftre  reconna 
pour  veritable  en  fes  paroles :,  & 
on  ne  f^auroit  laccufer  de  men- 
fonge,  ny  daucune autre obliqui- 
te.  Le  pr etexte  de  la  mauuaife  vo-    Moyfe  m 
lonte  que  voustemoignescontrc  doniuLit 
moy, eft  que  i'ay  guery  vnhom-  fj^l;^ 
me  au  iour  du  Sabbat :  car  vous  ^i^'^^?, 
voulez    paroiftre    zelateurs  du  pourquoy 
feruicede  Dieu,&desordonnan-  ^dtjjktlT 
ces  qui  vous  ont  efte  laiflees  par 
Moyfe,  &  vous  prctendes  que  ic 
les  ay  violees  par  cette  a6tion  la. 
Mais  en  cela  vous  me  iuftifies  & 
vous  redargues  vous  mefmes,  que 
vous  n'obferues  pas  vous  mefmes 


mouriri 


CCS  ordonnances  la  cxa6temenr. 

Gar  neft-ce  pas  Moyfe  qui  vou$ 

a  bailie  cctte  Loy  dont  vous  vou- 

les  que  la  Ma'ielle  foit  abfolu- 

nient  inuiolable?  Et  neantmoins 

iln*yen  apasvn  de  vous  qui  ne  la 

tranfgrefle  de  quelque  fa(^on.  Si 

vous  eftimes  que  yous  la  pouucs 

tranfgrefler  impunement,  pour- 

quoy  eftes  vous  fi  feueres  ou  fi 

iniqucscotremoy,  quedetafcher 

a  me  fairemourir>parce  que  vous 

vous  imagines  que  ie  Tay  tranf- 

greflee  en  la  guerifon  de  cet  hotrir 

uml'iti'  ^^  •  Alors  Ics  troupes,  qui  n'a- 

^uderefpen-  uoycnt  Das  cncore  vne  exa6tc 

Tuti4iedt^  connoillance  des  machmanons 

^uttafchf^  des  prmcipaux  d  cntre  les  luirs  > 

%Inn      ^   4^^  ^^  fentirent  en  quelque 

faeon  ofFencces  de  fc  voincomme 

dies  penfoienr,  accufees  d  vn  fi  iiir 

iufte  &fi  cruel  attetat,  luy  refpon- 

4if PH?  en  cpkre ;  Tu  n'cs  pas  feu^ 


lefus  Chrift  felon  S.  lean.    25)7  Cha,  /• 
lement  fol&  infenfc:,  maisilfauc 
que  IcDiable  te  poflede  ^  d'auoir 
defiextrauagantes  imaginations. 
Qui  eft-ce  qui  tafch®  a  te  faire 
mounr,  &  a  qui  eft  ce  que  cela 
efttombedans  lapenfee  ?  Alors 
lefus,   qui  quand  on  luy  difoit     iefi!''ief 
outrages ,  n  en  rendoit  point .  f^l,^^^ 
mais  en   fe  remettant  a   celuy  M^»  ^^' 

^    /     ure  O'vom 

qui  iugc  iuftement  ,  pourlui  eneftesim$ 
uoit  touliours  a  raire  les  choles 
qui  eftoient  delagloirede  Dieu^ 
&  de  Tinftrudion  des  hommes :, 
refpondit,  Quand  ie  dis  que  vous 
tafches  a  me  faire  mourir ,  ie  nc 
veux  pas  en  accufer  egalement 
tout  Ie  monde  :  encore  qu'il  pa- 
roiftra  aucc  Ie  temps  quelle  eiVla 
coftitutiondevosefpntsen  mon 
endroit.  Mais  ie  veux  bien  en  cx- 
cepter  plufieurs  d'entre  vous  pour 
Ie  prefent.  Tant  y  a  que  vous  ne 
f^auriesnier  qu'ayant  fait  deuant 

T4 


Cha.  7*  19^  n^ ara^hrdfefurf Euctngilc  de 
yosyc^x  roEULire  done  ie  viensde 
Vous  parler  ,  vous  en  aucz  tons 
eft^  emeus,  non  tat  d.*ad  miration , 
acaufe  de  la  merueille  qui  y  pa- 
roifloit^qued'eftonnemcnt^&de 
fcandale,&  decourroux\, acaufe 
du  iour  da  Sa|)bac ,  dont  vous 
cfoyies  que  i'auois  neglige  la  re- 
^*   "■    uerence.  Etcependantxomme  ie 

Tanty  a  1     r       j-  r 

que  Moyfe  VOUS  ay  deua  ditj  vous  melmes , 
nnactrco  cjui  VOUS  picqucs  taut  dc  la  r^ue- 
cjfi^n  (ncn  j-^ncedu Sabbat , vous  paffes  tous 

fotnt  qu  €ue  .  *  r 

foil ds Moyfe  \^^  loui's  patdefTus ,  fans  fcrupule 
i^res)  ^   de  confciericc.  C*^ft  Moyfe  qui 
dfii  thorn,  vous  a  donne  la  circonciiion;  c  eit 
r//^  ^""^^  ^  Taudorite  de fon  inft;tution  que 
vous  en   rapporterez  rorigine. 
(  Encore  que  proprement  ce  n'eft 
pas  la  qu'il  la  faut  rapportcr:  car 
cea'eft  pas  lay  qui  en  a  eflele  pre- 
mier inftituteur;c'eft  aux  Patriar- 
ches  5  qui  I'ont  precede  de  long- 
I pmps^  quelle  auoit eft^ dpnnee.) 


lefus  Chrijl felon  SJean.      ips>  Cha-  7,' 
Et  enluite  du   commandement 
quil  vous  a  donne  de  circoncir,   » 
voii«  ne  faites  point  de  difficult^ 
de  pratiquer  la  circoncifion,  bicn 
qli'elle  echee  au  iour  du  Sabbat, 
afin  5  dices  vous  ,  de  fatisfaire  a 
lordonnance  de  la  Loy,  qui  com- 
niande   qu*au   huifticme  iour  , 
quel  qu'il  foit,  on  circoncifc.    Si  /;.^;^;^ 
done  vous  donneslacirconcifion^^/^^>^'»<=^«>- 

N   1,1  .  1      r    LI      ^  concifion  att 

a  1  iiomme  au  iour  du  Sabbat  ^  a-  sMatjans 
fin  que  la  Loy  de  Moyfe  ne  foit^f^^^^y-^f 
violee,&  fi  tan ts'enfaut  que  vous ^^^^ '^^'^  , 
en  ayes  du  blalme,  que  Witnntsmoy  pource 
VOUS  en  pretcndes  tirer  de  la  re-  ry  toutvn 
eommandation  ,  aues  vous  ^^]^^^sMatr 
de  vous  courroucer  ainffcontre 
moy,  parce  qu'au  Sabbat  i'ay  guc- 
ry  vn  liomme  tout  entier ,  dVne 
maladie  defefperee?  Si  la  Loy  du 
Sabbat  5  ceremonielle  qu'elleeft  ^ 
doit  ceder  a  la  Loy  dc  la  circonci- 
iion ,  quoy  qu  eilq  ne  foit  que  ce-; 


Cha^  7.  300  ^4raphrafeJurtEuangilede 

remonielle  non  plus  ^  commc 

ayant  plus  cl*authorite  &  dc  ma-- 

.tcfte;  ne  cedera-t>elle  point  a  la 

Loy  de  bien  faire  au  prochain , 

qui  apres  le  feruice  que  Ton  doit 

a  Dieu^eft  la  premiere  &  la  plus 

facrec  de  toutes  les  Loix  de  la 

Nature?  Si  pour  faire  vne  playe  en 

quclque  partie  de  rbomme  ,  on 

peut  laifTer  en  arriere  Fobferua- 

tio  du  Sabbat ,  ne  la  y  laiflfera-t-on 

point  pour  rendre  fa  vigueur  &  fa 

lanteaYne  perfone  touteentiere? 

tr  ^'^'  ^  Vousauesbonbefoinqu'on  vous 

pirn  felon,   ramentolue  le  commandement 

mj*u  iugis   que  Dieu  a  autresrois  donne  Ii 

iuienunu    precilement ,  de  ne  luger  point 

des  actions  dcs  hommes  autre- 

ment  que  par  elles  mcfmes^  &  non 

point  par  les  preiuges  quon  a 

pour  ou  contre  lesperfonnes  qui 

tes  font,  Ceux  qui  regardent  aux 

apparences  cxterieures^  &  qui  ont 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean.     301  Cha  51*. 
acception  de  perfonncs^ne  peu- 
uenc  qu'ils  ne  peruertiflTent  leur 
iugement.  Au  lieii  que  ceux  qui 
mettcnt  a  part  routes  autres  cofi- 
dcrations  ,  &  qui  ne  rcgardent  a 
rien  qu'aux  actions  mefmes  fur 
lefquelles  il  eft  queftion  de  pro- 
noncer  ,  en  font  d'ordinaire  vn 
iugement  droit  &  raifonnable. 
Donnes  vous  garde  d'imiter  ceux 
la^  &  en  routes  occafions  faites  cc 
que  fontceux-cy,  maisnommc- 
ment  en  I'occurrence  prefcnte. 
On  pent  croire  que  ces  propos de     ^ J/^, 
noftre  Seio;neur  donnerenta  par-  '^^'^^  ^^  ''- 
ler  a  beaucoup  de  monde.  Mais  foum,N\ji^ 
entre  les  autres  il  y  en  eut  quel-  fj^^-zf'-^" 
ques  vns  de  ceux  qui  habitoyent  fj[,fl^l^ 
en  lerufalem  ,  &quiauoient  plus  ^^^^^ 
de  connoiflTancedes  mauuaifcsin- 
tcntions  des  principaux  contre  le- 
fas  J  que  n  en  pouuoient  auoir 
ceux  qui  eftoient  venus  de  plus 


Gha.  7.  $0t  ^araphraje  fur  I'Euangile  de 

loin,  qui  dirent:N'eftce  pascet- 

tuy  -  cy  centre  lequel  on  cher- 

choit  n^^gucres  tant  d  occafions 

f.  2g.     pourle  fairemourir!  Ccpendant 

ffru'^l7hL  le  voila  qu  il  parlc  merueilleufe- 

'fnTh!yt'  ^^^t  ouucrtement ,  fans  que  per- 

jent  rien,    fonnc  Tcn  empefclie  ,  ou  cntre- 

Les    Princes  .  *■  \  f^       / 

ont-iisveri'  prcnnc  rien  contre  luy.  Se  pour- 

€anneH  qu'ii  roit-ii  Dicn  tairc  dc  vray  que  ccux 

efiuckrip.  j^  Confeil  de  la  nation,  qui  ont 

rauthorite  du  Gouuernement  en- 

tre  les  mains ,  &  qui  auoyent  na- 

gueres  de  fi  violentes  auerfions 

contre  luy  ,  reuffent  aufli  recon- 

nu  comme  quelques  autres  font, 

pour  eftre  veritablement  le  Chrift 

qui  nous  a  efte  promis  par  les 

Or  mm    Proplictcs  ?  Toutcsfois^  ceb  n'eft 

^Teftul  pasaprefumer.  Carilsn  ignorent 

vurcy:miiis  pas  ce  que  tout  le  monde  fcait, 

chnji  vkm^  d  ou  eit  cettuy-cy ,  &  quiil  eit ,  &: 

jf^:^^* d'll  'qui  font  ion  pere  &  fa  mere.  Or 

'^'^'-         nous  auons  receu  cela  oar  traJi- 


lefus  Chrifi  felon  S.  TeaK     5%  Cha,  7* 
tion  de  nos  anceftres  ^  que  quand 
le  Chriftapparoiftra^cefera  com« 
mes'ilcftoittombe  du  Ciel,  tant 
fbn  origine  fera  inconnue.  Alors    lefusdlni 
lefus  ayant  conceu  quelqueindi-  xTm^u^en^ 
enation  centre  robftmation  de  •^''f'"''*^'^ 
cesincredulesy&  voulant  neant-  -uoumecon^ 
moins  en  prendre  iocc^hon  Ac  /c^uez:  doh 
faire  entendre  fa  voix  a  plus  de  fJl*spoit^L 
sens,  &  de  deffendre  Tauthoritc  '^^  '^^/'^^ 
de  la  vocation  &:  de  la  pcrlonne,  mais  ceiuy 
en  continuant  dcnleigner/eleua  uojje/iveri. 
fa  voi^r ,  &cria:  Heft  vrayrvous  ':^!:'^t:^ 
cftes fort  f9auans,&  fort  entendus,  noijez^^int 
&  ce  n'eft  pas  fans  granderaifon 
que  vous  vous  vantes  d  eftre  tres 
bien  inftruits  &  tres  bien  infor- 
mesde  routes  chofes.  Vous  me 
contioiflcs  dites  vous ,  &  f^aues 
d'ou  ic  fuis ,  &  pens^s  ne  rien  igno- 
re r  du  tout  de  ce  qui  me  concerne. 
Et  neantmoins  il y  a  vne  chofc  ou 
que  vous  ne  f^aues  pas^  ou  que 


Clia^  7^  304    "T^ardphrajQfurtEuangilede 

vous  ne  voules  pa^  f^auoir  ^  c'eft 

que  ie  ne  fuis  point  venu  de  par 

inoy  mefme  ,&  quei^ne  me  fuis 

pas  ingere  de  mon  mouuemenc 

dans  la  charge  que  Tentrcpreps. 

C'eft  cela  que  vous  ignotcs^  qui 

deuroic  faire  le  pdncipal  de  vos 

f '  *9.   connoiflances.   M  lis  cela  n  em- 

cognoy.  ^Ct  pelclie  pas  que  celuy  qui  m  a  en- 

ZfV^Jgnoy  uoye,  &  qui  rend  cefmoignagea 

faint, tefe.  nia  miffiou , nc fo2t  veritableiEt 

fembubu  a  vousne  Ic  counoiflcs  poitit ,  be  ce 

•votls,    Mais  I  ■'■    .  f^f 

ieiecognoy,  quc  VOUS  nc  Jc  connoiHes  pomc 
TJy^&Zfuy  eft  bien  vn  argument  tres^ndu^ 
m^enHoyi.  bitablc  &  tresccrtain  que  vous  ne 
me  connoifles  pas  fi  bien ,  ny  To- 
rigine  d  ou  ie  fuis  venu^que  vous 
ie  vous.  perfuades  a  vous  mefmes* 
Mais  quant  a  moy,  quand  ie  diray 
que  ie  le  connois  ,ie  ne  me  vahte- 
ray  que  de  la  verite ;  parce  que  ie  le 
connois  tres  -  parfai6tement  >  ie 
f^ay  fes  iateutions  &  les  caufes' 


le^s  Clriji  felon  S.  lean.     30J  Cha.  7* 

{)Our  lefquelles  ii  vous  a  donne  les 
oix  que  vous  faites  profeflion 
d'auoir  en  telle  reuerence.  Car  ic 
fuis  procede  de  iuy ,  &  comme  il 
m'acommuniquefoneftre,  aufli 
ma-t-ildonne  ma  vocation5&  m'a 
enuoye  au  mondc  pour  y  faire  fa  ^  ^^ 
volonte.  Aces  paroles  rirrication  it"^  *\ 
deGeuxquiluyvouloientdesjadu  i^  prendre^ 

1     ,       }^  '  «l  mats  nul 

mal^sennamniatellementcontre  ne  mit  h$ 
Iuy, qu ils firent tout cc qu'ils pcu-  ZyVaTfon 
rent  pour  fc  faifir  de  fa  perfonne  heuren-epit 
ann  de  i  amener  deuant  le  Con-  -^enM- 
feiL    Mais  leurs  actions  n  eftant 
pas  en  leur  puifTancc ,  ils  nepeu- 
rentpour  lors  executer  leur  mau- 
uais  deflein ,  par  ce  que  le  temps 
n eftoit  pas  encore  venu,  auquel 
Dieu  auoit  prefix  &  predetermi-     ^ ,  ^t:  ^ 
ne  res  fouffrances.  Mais  d'entre  les  !^f^!!^ 
troupes,  que  la  haine,  &  Tenuie  '^t  ''T^ 
ne  poliedoyent  pas  de  la  racon^  /oient.^uad 
il  y  encut  plulieurs  queladmu^-  v^my/er^^ 


Cha.  7*  3Ctf    Paraphrajc  (urtEuan^ilcde 
iifiu^defi-  tiondefes  miracles  induifit a  croi-^ 

gnes  (^ue  ce- 

iuycyfaie?  rc  cii  luy*  Non  pout  Ic  tcjiir  abfo- 
lument  pour  le  Chrift:  car  lis  flot- 
toient  6c  h-efitoyent   encore  en 
cectc  creance.    Mais  au  moins 
pour  le  tenir  comme  vn  liomme 
extraordinaire  &  diuin ,  en  atten- 
dant quils  s'en  peufleat  mieux 
rcfoudre.  Qopy  qu  il  en  foit,  di- 
foient  ils,  quand  le  Chrift  que 
nous  attcndons ,  &  qui  fe  doit ,  a 
-  -        ce  que  Ton  dit  ^  extraordinaire-^ 
ment  fignaler  pat  des  anions  mi- 
raculeufes,  feroitvenu,  feroit  il 
plusdefignes  &  de  miracles  que 
^.  jj,    ion  n'en  voit  tons  les  iours  faire 
usPhari*  a  ceperfonnase?  Le  bruit  deces 
u  muitim  dilcours  des  troupes,  &:lemurmu- 
fantceicho  tc  iqm  s  cu  cpancloit  par  tout  j 
%<^tml  eftant  vehu  aux  oreilles  desPha- 
tifiens^aHec  nfiens.  k fcdc la  plus ambltieufc 

Us     Pnncet  /  r 

^es  vrefires  dc  toutcs ,  &  pat  conlequcnt  la 
dfiminifim  piusialoule,  ilscraigmrentqucn 

fin 


Tefus  Chrijl felon  S.  lean.      ^07  Clia.  7: 
fin  le  credit  que  lefus  acqucroit  ^^^''^'^'^* 
parmy  le  peuple^  ne  ruinalttouc 
a  fait  leur  reputation.    D  autre 
colleges  principaux  d entre  les 
Sacrificateurs  craignirent  de  mef^ 
nie  qu  ii  n  cbranlall  bien-fort,  ou 
qu'ii  ne  rcnuerfaft  tout  a  fait  Fau- 
torite  dont  ils  fe  preualoyent,  Sc 
qu  il  n  attiraft  a  foy  Teftime  &  la 
deference  de  tout  le  monde.  Ccft 
pourquoy  ils  fe  ioignirent  enfem- 
ble  pour  arrefter  le  cours  de  fes 
progres,  &  enuoyerent  des  Ser- 
genspour  fe  faifirdeluy&I'ame-      ^ 
ner  en  leur  prefence.  lefus  done    i<^^^^»^ 
ic^achantleurmtention^&addrel-  M  enct,re 
fant  fa  parole  tant  a  eux  qu  a  ccux  ^dZeJ^'IuZ 
enquiilreconnoiilbit  vne  pareil-  '^'^f'^^f '> 

I  ^  I  m  e  vay  h  ce- 

le  difpolition  d'efprit,  leur  dit :  t^yq^i^m-^ 
Tous  les  complots  que  vous  raites 
contre  ma  perfonne,  feront  vains 
tant  qu  il  me  plaira,  &  Tcxecution 
j\  en  eft  nuUement  en  voftre  puiCs. 


Cha.  7.  308   ^araphrdfc  JurTE^angile  de 

fance.  Fay  encore  vn  peu  de  temp^ 

a  eilre  auec  vous,  &  ie  raccom- 

pliray  tout  entier  fans  que  vos 

machinations  m'cn  empefchent. 

Apres  cela  ie  m'en  retourneray 

vers  celuyqui  m'a  enuoye,  &  vos 

,    .     ^    confpirationsncm'enempefche- 

Vow  me  rent  nonplus.  Et  fi  vous  me  clier- 

c^  ne  m^  cms  2lIovs  ,  atin  d  executer  vos 

^ZTr&u  mauuaisdefTeins,  vo^nemetrou- 

ci^  ie  fuis,  uercs  point;  de  forte  que  vospaf- 

Hfiz^vemr.    fions  vous  dcmcurcront  inutiles. 

Car  la ou  ie  feray :,  vous  ne fjau- 

ries  venir ;  c'eft  vn  lieu  ou  vous 

^.  ,^,    n'aues  point  d'acces,  &  dont  la 

iH^sZlriZ  voyevouseftinconnue.  Alorsles 

^»r/.«A:,o«  juifs    qui  trouuoyent  toujours 

dolt  ailerce  '      ^      ^  '  11 

fti4y  cy :  que  quclque  aheurt  aux  paroles  de  le- 
trouiUYons  lus ,  &  qui  n  en penetroyet lamais 
^ul'iie^Zn  I'intelligence  y  commencerent  a 
ctHxquifom  dire  entr'eux;  Ou  eft«ce  quecet- 
les  Grecs  ,  tuy-  cy  fc  propofc  d  aller,  en  difanc 
Z^'a^fsTi  qu*il  ira  en  vn  lieu  ou  nous  ne  Ic 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean,    309  Cha^  W. 
trouuerons  point  ?  Sc  propofe-t'il 
d'aller  en  Egypte ,  ou  en  Syrie,  ou 
dans  les  plus  eloignees  regions  dc 
la  difperfiondenotrcnationpar- 
my  les  Grecs,  comnie  font  le  pays 
de  Pontc,  de  Cappadoce,  &  de 
Bythiniejafind'enfeignernosfre- 
ics  epars,que  Ton  appells  les  Grecs 
maintenant ,  a  caufc  du  change- 
ment  de  leur  langue  >  Que  veut  il    ^eujice 
dire  par  la  ,  Si  vous  me  cherclies  ^I'dil.VoL 
vousjie  me  trouueres  point,  &Ia  ^t^l^.t^ 
ou  ie  feray ,  vous  ne  pouues  venir ;  ^^°^^^rez 
Ou  cit  ce lieu  auquel  nous nauos  ok  «  >^, 
point  d'acces ,  &:  dont  la  voye  7e7v//itT 
nous  eft  inconnue?  Amfifepafla    ^*  ^^'. 

r  Or  en  U 

ce  propos  entre  Icrus&:  lesluifs^  ^^rmsre  o> 
lansquil  leur  interpretaitce  qua  »/^  «^^  u 
auoitdit,  &fansquilsrentendif-  {f««waf 
fent  d'eux  mefmes;  &  la  deflus  ils  f '^"'e^^f 
ieleparerent.  Maiscommelader-  ^^"ynnjoif, 
niereiourneedelaFeite,quielloit  ^  w?.?^  ^ 
la  huiticme,  la  plus  grande  &:  la  ^'''''' 

Vz 


J^ha.  7*  5^^  ParaphrafeJurl'Euangilcde 
plus  celeb  re  detoutes,fut  venue  ^ 
lefuS:,  qui  s'eftoitlesiours  prece- 
dens  retire  a  part  auec  Cos  difciples, 
fe  trouua  la  en  vne  occafion  me- 
morable. Carle  peupleauoitac- 
couftumc  de  s'en  aller  ce  iour  la  en 
grande  pompe,  puifer  deTeau  dc 
lafontamede  Siloe,  &  cliantoit  a 
haute  voix  ce  paflfage  d'Efaie , 
J^oHS  pHifcres  des  canx  auec  ioyc  des 
fontaincs  de  Jalut.  Ie(us  donque  , 
qui  auoit  accouftume  de  fe  feruir 
de  toutes  les  chofes  qui  fe  prefen- 
toyent:,  pour  en  titer  des  inftru- 
<3:ions  falutaires  pour  le  peuple , 
voyant  Toccafion  belle,  &  la  mul- 
titude grande  &  attcntiue  a  fon 
a6tion  j  fe  mit  a  crier  pour  cftre 
chtedu  de  tout  le  monde ;  Si  quel- 
cun  a  foif,  qu'il  ne  penfe  pas  £c 
defalterer  par  les  eaux  de  la  Fon- 
taine de  Siloe ;  ce  n  eft  pas  la  qu*il 
doit  cherchcr  fa  confolation  8c  fa 


Jefus  Chrifl  felon  S.  lean.      411  Cha*  yl 
ioy €.  Ceft  a  moy  qu  il  fe  doit  ad  -^ 
dreflfer ,  c'eft  en  moy  qu  il  doit 
chercherlesvrayes  eaux  de  (alut,    ^.  ^g. 
&  en  boire.  Qui  a  fon  recours  I  ^;;::^ 
des  fontaines  tellcs   qu  ell  celle  dttiEfcmn- 
dont  vous  pulses  auiourd  huy^n  a  km  fleuues 
c  rarrailchuiement  que  pour  vn  ^^^^„  ^^j^. 
moment :  La  foif  reuientincon-^'^*^ 
tinent  apres ,  &  la  fechercjfl'e  re- 
tourne  dans  fes  entrailles.   Mais 
qui  boira  de  moy,  c  eft  a  dire  ^  qui 
croira  en  moy^en  tirera  bien  d'au- 
tres  auantages.  Vous  fc^aues  ce  que 
TEcriture  predit  de  ce  qui  doitar- 
riuer  au  temps  du  Mcflie.  ^elcs 
lieux  qui  efioyent fees  deuiendront e-^ 
tangs  J  &c  que  les  lieux  alteresfe  tour- 
ncront  enfources  d'eaux :  Ce  qui  no 
fe  doit  pas  entendre  des  cam  pa- 
gnes,  mais  des  pcrfonncs;  comme 
cet  autre  paflage  le  monftrc;  le 
repandnty  des  eaux  Jur  celuy  qui  efl 
alterej  O*  ^^^  riuiercsjurla  terrejechc. 

V3 


Cha  J.  3it    n^ardphrafeJtirtEuangiledt 

Cettuy  cy  particulierement  eft 

'     confiderable.   VEtemelrajfaJiera 

ton  ame  es  grandesjecherejjfes.j,  ^  tn 

[eras  comme  "vn  lardin  a^rrouse  y  (if 

commc  njne  fourcc  d' vaux y  delaqudlc 

les  eaux  ne  defaillent point.  le  vous 

dis  done  que  voicy  le  temps  de 

raccompIifTement  de  ces  prophe- 

ties.  Car  qui  croira  en  moy  ,  les 

eaux  que  ie  luy  donneray  k  boire^ 

feront  fi  fecondes  &  fi  abondan-- 

tes  en  luy^,  que  non  feulementil 

ne  fera  iamais  alcere ,  niais  qu'il 

aura  danslesehtraillesdesfources 

devie,  qui  comme desriuieresde- 

coulantes  arrouferont  eternelle- 

,   _      ment  routes  les  puiflfances  de  Ton 

Or  difoit-ii  ame.  Or  saccomodoit-il  en  ces 

frit  quede^  facjotts  de  parle:  .ant  au  ftile  de 

ZZl  clL  l^Ecriture,  quaToccafion  prefen- 

qf4i  crotroiet  te  Qu  il  auoit  deuant  lesveux.  Etil 

en  luy :  car  *  ,  ' 

le  iaint  Ef  cft  d'allleuts  afl'es  aise  a  conipren- 
P/L  VnZ'e  dre,  qu  il  entendoit  cela  des  diuer- 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.  415  Cha.  j\ 
fesgraccsderEfprit  que  deuoyet  '^'^^jl'^J^^l 
rcceuoir  ceux  qui  croiroyent  en  'P^^  ^*^* 

t  ^^        •  1      n    I  •  encore  slofi" 

luy.  Car  11  elt  bien  certain  que  fn. 
Dieu  en  auoit  toujours  elargy 
quelque  petite  mefure  a  ceux  qui 
s  cftoient  fies  en  fes  promeflfes,  & 
qui  s'eftoicnt  conuertis  a  luy  aucc 
vne  ferieufe  repentance.  Il  n  a  ia- 
mais  tout  a  fait  deftitue  ny  dc 
confolation^ny  de  fan6tification, 
ny  des  autres  dons  de  fa  grace  & 
de  fa  faueur^ceux  qui  ont  embraf 
se  fes  promeffes  auec  confiancc* 
Mais  Tabondance  en  eftoit  refer- 
uee  au  temps  dc  la  reuelation  du. 
Chrift,&  encore  faut-ilbien  dif- 
tinguer  Ics  diuers  periodes  de  Fe- 
conomie  de  la  charge.  Pendant 
qu'il  a  eftc  en  fon  cftat  d'humilia- 
tion,  il  n'a  point  fait  les  fon^tions 
de  fon  ofl&ce  de  Roy :  &  pendant 
qu  il  n  a  point  fait  les  fondions  dc 
fon  office  de  Roy,  il  n  a  pas  efte 
•      V   4 


Cha.  7.  314  Tara^hrafe  fur  t'Euangilede 
conuenable  quil  en  fill: nonplus 
les  lar^elTes.  La  difthbution  done 
dcs  graces  de  fon  Efprit,  ainfi  plci- 
ne  6c  magnifique,  comme  les  Pro- 
phetes  ont  predit  qu  on  la  ver- 
roit,  eftant  vne  largefle  royale 
du  Mediateur  ,  elle  ne  pouuoit 
point  encore  eftrefaite  alors,  par 
ce  que  Icfusneftoic  point  encore 
entre  dans  cetce  gloiredela  haut^, 
ou  il  deuoit  prendre  pofleflion  dc 
,  la  ma2;nificence  &  des  fondions 

piufieurs  de  fonrep-ne  Oryeut-il^  comme 
trouffe,  ay  11  /  auoit  ordmaircment ,  diuerii- 
Trir,  11  te  de  fcntimens  entre  les  luifs  a 
difom  ceji  1  occafion  de  ces  paroles.     Car 
utM.m.nt  plulieurs  de  la  troupe  les  ayans  en- 
tenviues  y  &c  le  rememorans  tant 
d  autres  chofes  que  lefus  auoic  fai- 
tes  &  dites  ea  leur  prefence  ^  ne 
pouuant  pas  encore  fe  perfuader 
qu'il    eftoit     veritablement     le 
Chrift ,  &c  acantmoins  ayant  de 


Icfus  Chrijl  felon  S.  lean.  3i;Cha.  'p 
fort  hautcs  opinions  de  fon  excel- 
lence, difoyenc;  Cettuy-cy  eft  ve-. 
ritablement  ce  Prophete  dont 
nos  peres  one  efpere  qu  il  reuien- 
droic  au  monde  auant  la  mani- 
feftation  du  Mediateur.    Les  au- ,  ^-  ^^\ 

Lef     autre  f 

tres  cftimant  qu  il  n'y  auoit  plus^^roiem^ce- 
elieu  de  neliter  ,  &  que  delor- e^r^f// .  ^t 
mais  Icfus  auoit  donn6  afles  de;r,::'':^j; 
preuues  de  ce  quil  eftoic  pour  I^  ^/;,^7^^  ^'^ 
reconnoiftre  ,    difoycnt    nette-  i^ite  ? 
ment ,  Cettuy-cy  eft  veritable- 
mencleChrift,  &nenousen  faut 
plus  attendre  d  autre.   En  fin ,  il  y 
en    auoit  d'autres   qui   n'ayant 
point  deconnoifTance  du  lieu  de 
la  naiflfance  de  lefus ,  &  qui   ne 
connoifloyent  que  celuy  de  fon 
education,  auoyent  ce  fcrupule 
en  Tefprit,  que  les  oracles  des  Pro- 
phetes  ne  s'y    accommodoyenc 
pas ,  &  difoyent ;  Mais  pourtant, 
qui  eft- ce  qui  a  iamais  oui  parkr 


Cha.  7.  51(5     n^dra^hrafe  fur  rEuan^ile  de 
rEf^fiture  ^^^  leChrift  deuft  venirde  Gali- 
ve  dit-eiu  lee?L'Ercriture,  furlaquelie  feule 

f/ts     que   le  ^  ^  1       -a  x       1  et 

Qhrift  vie  noltrecipcranccduMediateureft 
vience  de  tondee  ,  lie  dit  elle  pas  que  le 
^ruLut  Chrift  viendra  de  la  femencede 
gadedeBi-  Dauld  .  &  dc  k  boargade  de 
dem^uroit  Bethlehem  ,  ouDauid  a  premie- 
^'*''"^'  rementdemeure,&oLi  eftoklare- 
f'  45.  iidence  ordinaire  de  fon  pere? 
dijfenfionen  Ainfi  les  efprlts  dcs  lulfs  eftoyene 

ire  le  peuble  ^        /  1  •      •  oil* 

fcur  Ly!    partagesenlem'sopimonSj&ladi- 

t:   ^'^    uerfite  de  learsiug-emens  mettoit 

J^eux  u     diUennoentre  lepeuple.  Dequoy 

'voulotent        f  ,  11  ^      J 

predreimais  Ics cnnemis ptenaos auantage,  co- 

"lelm^inTjur  ^^^  ^'^^7  ^^^  ^^  feditioH  a  craindre 
^^>  a  fon  occalion ,  ils  en  fubornerent 

quelquesvns  pour  mettre  lesmains 
far  lay  ^  &  s'en  rendre  maiftres. 
Mais  le  temps  de  Texecuter  n'e- 
ftant  pas  encore  venu^  il  n'y  en  eut 
aucun  qui  fe  mill  en  deuoir  de 
rattenter5&  qui  nc  fentift  eo  Ta- 
bordant  quelque  tacite  remords^ 


Jefus  Chrifi  felon  S.  lean.     317  Cha.  7^ 
&  ciuelque  rcuerencepourfaper-     *Ji„fu, 
fonne.  Tellementquelesfergens,  J;-^-^^; 
que  les  Principaux  {acnficateurs  e»t   /.«« 
&  les  Phaniiens  auoyentenuoycs  ^.^^w,  & 
pourcet  efFea,s'en  eftans  retour-  j;J^^Z, 
nesverseux  fans  auoirfaic  ce  qui  leurdirem. 
leurauoit  efte  commander  ilsles  uuez-vous 
en  gourmanderent  &:leurdirent:  '''^'"'' 
Pourquoy  neTaues  vous  pas  ame- 
ne?  Eft-cc  ainfi  que  vous  execu- 
tes ce  que  vos   fuperieurs  vous     ^^f^^^, 
ordonnent  ?  A  quoy  les  ftreens  gens  reipm> 
ayant   modeftement  relpondu  ,  mats  hom- 
Ce  neft  pas  faute  de  refped  a  ZmlTlefi 
vos  commandemcns ,  ny  faute  ^'^"^'^ 
d'affedion  a  vous  rendre  obeif- 
fance  qui  nous  a  retenus.    Mais  il 
faut  auouer  qu  il  n  eft  pas  poffible 
de  rien  entreprendre  contre  ce 
pcrfonnage la^quad  vne fois on  la 
oui'  parler.     Car  iamais  homme 
Beparla  comme  il  fait,  ny  n  im- 
prima  par  fes  propos  non  feule-. 


Cha.  7  318     PardphraJcCurl'Euangilede 

ment  tant  de  refpecPc ,  mais  encore 

tant  de  tremeur  dans  Tefprit  de 

p^rquoy  ceux  Qui  I'entcndcnt ,  Les  Phari- 

les  Fartftens    r-  \  t  «  \\        r 

liur  teipon-  lieHs,  la  Tacc  la  plus  orgueilleule, 

foTfup  &  la  plus  prefomptucufe  de  tou- 

wous   mef-  tes, les releuercnc incontinent;  & 

auec  indignation  &  mclpris  ,  us 

leur  tinrent  ce  langage.     Quoy 

done?  Nevousa-til point feduits 

vous  auffipar  fcs  beaux  difcours^ 

Ses  illufions  &  (es  preftiges  vous 

.     .     ont  elles    donne  dans  la  veuc^ 

Auctmdes  Entreprcncs  vous  de  iueer  de  luy 

princes    des  .      J-  p  •' 

Th^rtfiens.  ^dcies  actions?Ou  aues  vous  en 
^^-^t^crenen  ^.^l^ p^xemple de  quclcutt  quifoic 
confiderable  parmy  le  peuple  ^ 
Aucun  des  principaux  facrifica- 
teurs ,  ou  de  ceux  qui  ont  Tautori- 
tedu  gouuernement  en  la  maiUj 
aucundesPharifienSj  qui  font  les 
plus  auances  en  la  connoillance 
de  I  Ecriture&delaReligion^  a- 
t4l  iufques  icy  creu  en  luy,  ou  mel^ 


Mais  ee 
'aire 
qtfi  Tie 


Icjus  Chrifi  felon  S.  lean.     319  Cha^  7 
me  monftre  qu  il  fift  quelque  cas 
de  (a  dodrinc  >    Ecneantmoins 
c  eft  a  ceux  la  a  prononcer  de  luy 
&de  ies  fcmblables,  s'lIsfontPro- 
phecesounon;  cefont;euxqaien 
ont&Iepouuoir,  encequieftde 
rautoritc,  &lemoyen,  en  ce  qui 
eft  de  la  fuffifance.  Mais  cette  ra-     mJ^ 
caille  de  peuple  icy,  qui  n  aaucu-  Itf ^^T , 
ne  vocation,&qui  d'ailleursn  adu  ^^^  V' 
tout  point  de  connoiuance  dela  i^y.^fimaa 
Loy  ny  de  fes  dependances , ayant 
bien  Taudace  de  Tentreprendre 
pourtant,  eft  veritablement  di- 
gne  d'eftre  maudite  de  Dieu ,  & 
d*cftre  en  execration  aux  hoin-.     . 
mes.  Comme  ils  eftoyent  en  cette    ^icodemi^ 
emotion, &qu lis  parloyentainli  eftdtvenu^ 

desGouuerneurs&desPharifiens,jT/^^^^^^ 
Nicodeme  ( qui  eftoit  celuy  qui  ^''''^//^^'•' 

citoitvenu  de  nui(£t  a  lelus^  com-  ^*^* 

me  nousTauons  rapporte  cy  def- 

fus,&  qui  outre  cela  eftoit  deleurf 


Cha.  7.  3^0   n^araphrafe fur  I'EuangHe  de 

nobre)  (e  fentiten  quelquefa^on 

touche  en  fa  confcience^&voyant 

que  Je  torrent  dcs  opinions  por-. 

toitia,  que  fans  autre  forme  de 

proces  coijtrc  lefus,  on  feroit  tout 

ce  qu'on  pourroit  pour  le  perdre , 

il  ne  le  peut  fouifrir  fans  y  faire 

quelque  refiftance.  Enpartiedoc 

emeu  par  la  confideration  de  la 

violence  &  de  Tmiquite  de  ces 

gens ,  en  partie  incite  de  lafFe- 

d:ionquenfonameil  nortoitala 

perfonne de  lefus,  il  les  voulut  re- 

^j^{    tenir  par  cctte  parole.  Ceftbien 

Np/treLoy  1        r  n  1 

iuge  eiie  vn  ync  ciiole  ruite  certes,  de  con- 

uZTqmU  damnerlesmalfaideurs^  &  parti- 

^'/J^l^'f^cnlkrcmcnt  dereprimer  feuere- 

^uuuf4it>  mentla  temeritedeceux  quiveu- 

lent  paflfer  pourprophetes  a  fauf- 

fescnfeignes.    Mais  encore  faut- 

il  que  cela  fe  falTe  iuridiquement, 

&  en  yobferuant  les  formes  que  la 

Loy  meiijies  nous  a  commandees* 


lefks  Chrifi  felon  S.  lean.     311  Cha.  jl 
Or  dices  moy ,  ie  vous  prie^noftre 
Loy  permet-elle  que  Ton  iugcou 
on  que  I'on  condamne  vn  horn- 
mc  fans  1  auoir  oui' ,  &  fansauoir 
pris  vne  bien  exa£te  connoiflan- 
ce  defes  actions ,  principalcment 
fi  ne  Tayant  point  cite  ,  on  ne  Ic 
peut  point  encore  accufer  ny  de 
defobei'flance  nyde  fuite  !  Alors    t  fu 
parut  bien  que  la  pallion,  quand  JreJfl''% 
vne  fois  elle  eft  venue  a  cc  de^rc  ^!:!  ^*'''''^* 

O        Nes-tu  pas 

de  rureur  dont  ces  gens  auoyent  ^^jFdeG^^ 
1  ame  taifie,  ne  connoilt  plus  que  quiers  uy 
ceftdciuftice  ny  dequite  ,  &na  ^Ztf 
point  d'autre  conduitequefa  vio-  ^"  ^fj^'^i^- 
iencc.  Car  au  lieu  que  ces  ^cnschesquenni 
euoyent  raire  proht  de  cc  que«v7?A»m4^ 
Nicodemeleur  difoit, ils  luy  ref-  ^""^'^''^    - 
pondirent  brufquement^&d Vne 
fa^on  imperieufe  &c  infolente.Eft- 
tuauffide  Galilee,  toy,  pour  fa^ 
uorifcr   ainfi  ton  compatriote? 
Ou  quel  commerce  as  tu  auec  qc 


Glia.  7.  32.1  ^draphrafe  furl'Euangikde 
Galilcetij  quetuentreprensfadc- 
fenfc^PouryndoCteurdelaLoy, 
tu  te  monftres  bien  peu  f^auant 
en  aoftre  hiftoire.  Eftudie,  Nico- 
demc,  &t'enquier,  &apprensen.. 
fin  que  de  taut  deProphetesquc 
noftre  nation  a  veus ,  aucun  n  a 
iamais  efte  fufcittr  de  Galilee.  Pen- 
fes-tu  que  Dieu  ait  change  fa  me- 
tliode  en  faueur  de  celuy  cy ,  &: 
qu  il  n'y  euft  pas  afles  d'autres 
sens  a  ciioifir  oudeleruCalem  ou 
d  ailleurs,  pour  faire  repofer  fur 
.  cux  IVfprit  de  fapiencc  &  de  Pro- 

Et  chactm  y^l^cticl  Alors  Nicodeme  voyant 

sen  ret  our-  f,  *    /     1      !  rC  o     1 

na  en  fa    1  extremice  de  leur  pallion ,  &  la 

^^^M'      violence  de   leurs  prciuges  ,  fe 

teut;  &  la  compagnie  s'eitantfe- 

paree  en  cette  mauuaife  humeur, 

chacun  fe  retira  ax  fa  maifon. 


CH/VIIL 


I  ejus  Chrijl  felon  S.  lean.      315  Cha.  Sl 
CHAPITRE    V'lIL  f,  .; 

!     ■fiOrV.   ,  i:  ■   i 'J... -'  -.^^     •     ■  ■'    Mais  le/uf 

■  s'en  (tUti  en 

Vant  a  lefus ,  la  iournee  I'^mcntagne 
s'eltant  amli  pallee ,  il  s*en 
alia  le  foii^  en  la  montagne 
desOliuiers,  ouilauoitaccouftur 
me  de  fe  recirer  pdur  fes  priere^ 
particulieres ,  &  puis  il  en  defcen- 
doit  pour  predre  fon  repas,&pour 
pafTer  la  nuic  dans  le  voifinage,  & 
chcsquelcun  de  fes  difciples  plus  Etaupoin^ 
familiers.  Mais  le  matin  eftant  f^^^^^^^J 
vena ,  il  en  partit  des  le  point  du  ^^'^/'/^ » ^ 
iour  ,   pour  retourner  derecher /-^^  vim  a 
au  Temple,  afin  de  continuer  ^^; ^,/,^ 
a vaquer  a  Tinftrudion  du  peuple,  ^''^'^'^' 
comme  it  auoit  commence.    Ec 
quandily  fut  arriue,tout  le  peu- 
ple s'amafTa  alentour  deluy  pour 

X 


-i  •  H      I'^couter  :  tellementque  lefus  les 

Yoyant  cncctte  difpoution^ils'aC- 

fit  J  ainfi  que  font  ccux  qui  vcu- 

icur  tenir  vn  long  propos,  &  fc 

^  *•  5-      niitalesenfcigncrafamaniereac- 

AdoHt  .Us  ,         O 

<y^«i^«  c^  couftumcc.Commedoncileiloit 
tmHi^Zne  W,  Ics  Scdbcs  &  Ics  Pliarificns ,  les 
jT^yrj«/  plus  ruses  de  fes  ennemis,&  qui  taf- 
tere,&Uy.  chovcnt  Ic  plus  a  luv  tendre  quel- 

ant  mtfe  au.   ■   '-  '  -J   ^  t    t  1 

milieu.       que  picge,  le  louuenans  de  cc  que 
JSlicodemeleur  auoit  dir,&  cher* 
clians  quelque  moyen  de  Taccuier 
deuant  leConfeil  felon  les  formes, 
luy  amenerent  vne  certainc  fem- 
mequi  auoit  efte  furprife  en  adul- 
terer & comme ils Icurent  mife la 
au  milieu  decetteafTemblee  ,  en 
t-  4.      vne  place  eminete ,  &  ou  clle  pou- 
uitftrTce't^  uoiteftre  veue  de  tous^ils  luy  Ai- 
'^tiri-  i*ent:Maiftre,(carparcettc  appeU 
fetoutacet.  btion Konorable ils  fevouloyent 
isdniure.     d'abord  infinuer  en  fon  e(prit)cet- 
te  fcmmequetuvoisla^aeftepri-; 


Jcfus  Chrifl  felon  S.  lean.     31  f  Qh£  8^ 
ferutlefaiccommeellecommet- 
tok  adulcere  ^  &Ies  temoinsqui  orenULoy 
Ty  ontlurpritcfont  icy*  Or  eft-il  ^  7oLman^ 
que  par  la  Lay  de  Moyf^  il  nous  ^^g 
eftcommande  demcttrea  more  ^^^^^-^^^^-^ 
cellesquilont  conuamcues  dece 
crime,  &  nous  fondons  en  cette 
loy  la  couftume  que  nous  auons 
de  leslapidcr.  Mais  pource  que  tu 
as  des  lumieres  tout  a  fait  exrraor- 
dinairesen  tbutcschofcs,  nous  ne 
I'audnspas  voulu  faire  fans  ena- 
udir  ton  aduis,  &:  quand  nous  le 
fuiurons  nous  nc  penfons  pas  pou- 
uoir  manquer.  J^ay  nous  doric  la 
faucur  de  nous  dire  eeque  tu  en 
penfes^La  deuons  nous  lapider,ou     ^,   ^. 
hon?Or  vfoyent-ils  de  toutesces  ^'  f-f'"'^ 

J  ^  tlsceUle  ten 

caioleriespourle  teter^&ilscrdy-  t^ns  Afn 
oyent  auoir  li  bien  tendu  leurs  de^us/i\ 
files,qu  ilferbit  ineuitable  qu  ilne  '''^'' 
sy  prift,  &  qu  il  ne  leur  donnaft 
queiquc  apparente  occafion  de 


ent 


Cha.  8.  5»5  Taraphrafefurl^Euangiledc 
riccufei^&de  le  faire  tomber  dans 
rindignation  foic  des  puiflTances 
fupeneures  :,  foic  dupeuplc.  S*il 
cuft  dit  qu  ils  la  deuoyent  ren- 
iioyer  pardeucrs  les  Gouucrneurs, 
qui  adminiftroycnt  la  iufticefou- 
ueraine  dans  les  chofes  capitales 
aunom  des  Remains  ^  ils  penfoy- 
entque  le  peuple  luy  en  f^auroit 
mauuaisgre  ,  parce  qu'il  croyoic 
quecette  puiflance  luyauoit  efte 
donnee  deDieu^Si  tantqu'ilpou- 
Hoit  y  i\  prenoit  les  occafions  de 
Tcxcrcer  J  quoy  que  la  ludee  euft 
cfte  reduite  en  Prouince.  S'il  euft 
cfte  d'aduis  quils  la  iiflcnt  eux 
mefmes  mourir ,  ils  n  euflfent  pas 
manque  de  Taccufer  enuers  les 
Remains ,  comme  vn  ennemide 
leur  autorite,  &  qui  tendoic  a  fai- 
re  fouleuer  le  pcuple.Si  abfolumet 
line  laiugeoit  pas  digne  dc  cha- 
ilimenc,  ils  fe  difpofoyent  a  Ic  era- 


lefus  Chrifl' felon  S.  lean.      ^i^  Gha,  „8l 
duirecomme  vn  infradeur  de  la 
Loy  ,  vn  faut^ur  du  yice.5^  de  Ja^ 
diffolution  ^  vn  cnnemy  de  la  cor> 
mune  fociccc  ,  que  ks  crimes  de 
cette  forte  rument ,  &  vn  homme 
digncdela  haine  nonfeulemcnc 
desluifs  &:desE.omains,maiscn-. 
core  de  tous  les  autres  homm^s^ 
A'itifi  penfoyent-ils  auoirfi  bicix 
cQricer.te  leurcentation » qu  ilaer 
ukcroit  iam^is  de^s'eriferXer  i^m 
quclcunerde:;ces  caufts^d,^ae:cufar 
tion  &c  diS; )fe|>;fochei  t  Mils  autanc 
qa- ils  aMyQT|i  de:bQone;opinioii' 
du  fucces  dcleuf  complot  ^  autari;t 
lefus  leur  YQjubt^ilmaiyir.^r  qu  i|     ^ 
decoiiuroitiiisement  Sfrqu'il  mep 
prifoit  leursfiuelles.Au  lieadono 

quik  pefoyjeittiqii  il  Tecutilleroi!; , ; 
la  route  racEcntion  &  toute  la  for-, 
cede  fon  efpritt^ pour  fe  titer  de  ce 
mauuais  pa^Juy^comme  s'il  n'euft 
pas  feulemcnt  daigne  les  ecouter  j 

X    3 


Cha.  8.3x8  n^arafhrdfc  furtEuangilcde 
prit  la  contcnance  d'yn  homme 
qui  penfe  ailleurs  cp\  ce  qu  oa? 
luy  4it,ou  qvii  n'en  fait  pas-  grands 
c^Hate.Car  1^  ficge  ou  il  eitoic af^i 
fis^,  il  fe  (fdliiba  cotitre  bias ,  &c&> 
Mit  Gbmme^'il  oilMbmfa tracer 
du  doigt^ii^lque^li^^s  &qileU 
cjues  cara^ter^s-  eA  ^terte.  >Non^ 
que  dc "  ^ti '  e  c  ridd  it!  <  fign  ifiafti 
auGunc  cLidfe -pf edfeim^nxi  Mais^ 
it:  ft.ifbi^-  G^i  qci0  n^asj '  suobs  :ajG>-: 
couftufri^,<'04^^a^:^ms  aiions^ 
refprit  ?iiili^mr^^Qyi^qye:/aurrc 
6bjctqti'm-pmfmstjU3ei,'to»  rioup 
0^nt V  0^^ '^n^n^ ixsk\h  ? vGtuIbnk 
t,  7.    ^oaeemibrtfoiidgker^'iquH 
^^/^^^^    que   ca  pq^'il'fnoi^idifta'eft  pas 
royentdei'in gfanid^  cliofe*.  Bt^cdEaii  ^uii i| 
T^njflf^  auoit  aflfee  icn'^iixgaerctit  :a  ipeu 
^iHvfh'vom  p^es  aiixfi;X2atslmaigiii^ans  qu'il  nd 
^«/  ;j?y^«^  les  CGOutoit!  pars  p^ac  I  attention? 
/a'  /,r^mvr*  que    requeroit  1  importance  de 
purr,  conm  jg^j.  demande,  lis  voulurcnt  rap-. 


lejus  Chifi  felon  S.  lean.  315  Cha.  t/ 
peller  fon  efprit  a  eux  par  laper- 
feucrancc  de  leurs  interrogations^ 
&  firent  en  fin  tant  par  leur  im- 
portunitCj  qu  en  fc  rciirefrariitiiffe 
mit  en  fa  poftutc  l^rctc^deiltr,' $^ 
puisiHeurrcfpondit.  Ditesmby* 
y  a- 1-  il  icy  quelcun  d'cntre  voui 
qui  foit  tellerndnc  Fafts  pechq 
quil  n'ait  point  hicritl  quelcunci  -; 

de  CCS  cdrrectr6n$  .que  h  ley 
veut  qu  ori  applrqufe  aux  FaStcrg 
deshortlmesrS'iFyena  c^uefciit^ 
c'cft  a'  Iby  1  comm'thcer  critf  b  kt^ 
cumti  V  &  a' '  i^^^  Ir  prMierd  ^ A Ji^ 


uifen  tetrtj 


pierre^  centre  cfettfefentimc.   IKii^  'f"^*  t": 
quand  il  ent  dit  f d* ,  ii  fe  '|54tt-  «« 
cha  dci'teliefy  M^mn^^ctt^ 
re ,  eii  tBirc'  ddfiifiife -ff  Bifoi^  i^2 
parauant.'  Et  ilitt^Btzirtfr^oi^^ ' 

fufianl  qiic  cct£^  ,f d(|yonrfe'-  ^^t:i^- 

rort.aaWHfe^rprftP;  &  qtie-^^^^^ 

'  tc  fieftttc'contenirtce  fatrftirifc- 

X  A 


Cha.  8.  33P     ParaphrafcJhrtEuangilcde 
roif  la  refolution  qu'ils  auoyent  a 
Jf-  ^'  .  prendre.  EacfFet.ilsfetrouuerent 

Or  quand  f  .  „       w  ■    ^ 

Us  onyrent  njerueillculemeiit  lutpris.  Car  par 
rentvnii'vn  la fcponleil jiedcchargcoit point 
2;::^^^  cette  fVmiixe  duxrimc  c^  de 
ancims  m(^  xjjorj:;]!  xie  choquoit  ppiatk  puiC- 
derniersM'  uxiQ^  dc^  Romaixis;  11  ne  touchoic 

lement    que    ■       .       ^v    \i       '        '.   v  '     ,^        *  * 

ufu^demeu^  ppiAP,  a  l^ajitofife.  qi^? Jc  ^,p?pple. 
/^'^f!  ^r^tefidpit aui^r dcfaired^  telles 
efioitaumi'  ^xecutibriis,:  iljes  laiffpjit-reulc-. 

niei:  ,cp  ieut  iibpff:fi4e  );d9ijdre  ce 

qui''0s  aduijrexo^^ 

^ii^Q^p^^ 'm^^  miquitei 

vp  bqjfam^V.jque^  de,  J^  .monft rer 
aiiift.:rigpureax  contre  foh  pro- 
cHain  y  qn3.4^jl{^^^ 
de  fa  ^e&u  de  jfcmbla- 


lefus  Chriji  felon  S.  lean,  jji  Gha.  8. 
bles.  Le  flecle  eftant  done  alors 
cxtremcment  corrompu ,  &  les 
meurs  des  hommes  fouueraine- 
ment  debordees ,  il  n  y  en  cut  pas 
vn  de  ceux  qui  accufoyisnt  cette 
femmc  le  plus  hautement,  qui  ne 
fe  fentift  conuaincu  en  fa  confci- 
cnce,  qu'encotequepeutcftrefcs 
peches  fufTent  plus  Gaehes^ileftoit 
neantmoins  auili  digne  de  puni- 
ition  quelle.  Tellem-ent que tant 
^[pn  faut  qu'aucun  d'eux  ofaft  s  a- 
jiancer  pouc  commeneer  ak  lapi- 
der^  qu*ils  furent  bien  aifes  de 
prendr^i-occafion  que^I^fiisnele^  ;s«;iv^'[^<*  - 
reg^rdoit p^s^  pour  fe  rc^mx  dpu^  J'^v^^^^^tX 
?^ment,  pcnda^nt  quefesiyeuxn?  ^*,^^T  ' 
leurjrepiochoient  pas  IcM^fepnte^ 
De  fait,  tandi^  qu  il  d^ril  Wja  aiftfi 
ifsyeux  bai(Ies  contre  tqrrc,  ilsfet 
eoulerent  vnta  vn ;  Les  plus^af  ge§ 
s^enallcrcnt  les  premiers^  tomuie, 
ceux  que  la  redargution  du  S^i- 


CHa.  8.  351    Pauphrafe  fur  I'Euangth  de 
gneur  auoit  touches  plus  v mo- 
ment 5  a  caufc  qulls  auoycnt  efte , 
&:qu  lis  cftoyent  encore  en  mau- 
iiais  exemple  Lesautress'enalle- 
rent  tous  apf es  ^  Iciir  imitation , 
Gonuaincus  cjuils  eftoyet  en  leurs 
Gonfciences  de  mefme.     Telle- 
ment  (jiiilne  reftatiaueelepeu-  ' 
pie  qui  recoutoit;  auant  que  ces 
gens  amiialTent ,  finon  lefus  feul , 
&;la  fenVme  ,  qui  '(h  tenoit  en  la 
place  oil  elle  auoi^  efte  mife  au 
Monc7e/us  commcnccment.    Adonc    lefus 
fidref^nui  §  cftant  redrefle ,  ik  ntyoy2im  la 
okjont  perfonne  de  ceux^  qui  reftoyeiit 
ijoieni?  venu  trouu:€ra  1  oGc^lidn  de  c4t-^ 
)f,  te  fenlfrtKi-jfinon  la  femmemcfme 
feulettleht^  il  luy  din  Qu^  ft>rit  de^ 
uenu§  ideiux  qui t^Qtrt icy  amei^eea 
ifttentioa  de  t'^t^i^ft^r    deu.ant 
fti oy ^,' &  de ' £ii re'4 tf t%fu^ mrnhi fe^H 
zwt&ikk  ati^condanihtttion^Q^^l'^ 
cnH  d^riti^^at  ^^-t^il'pfohdii?"^ 


mt 

ceux 

t'afcu 

ntil  ne  Va  il 


lejhs  Chrifi  felon  S.  lean.      333  Cha.  8*^ 
fcntcncc  centre  toy?  A  quoy elle  ^^^'3' 
ayant reponduj  Aueun: Seigneur:  dhnui  ser- 
lelus repartit incontinent; Quand  /«/  dit.u n^ 
ils  I'eufTent  fait,  ils  n'euflfent  ricn  ^^  ;itr«/ 
faitcontrela  Loyrcar  elle  punit  ^'j;^  p""' 
de  mort  teilcs  lortes  de  crimes. 
Mais  puis  qu'ils  ne  Tont  pas  en- 
trepris^  ie  ne  rentrepreixdray  pa^> 
aufnrcar  ie  ne  fuis  pas  icy  ennoye, 
ny  pour  preflTerala  rigueur  Fob- 
feruation  de  cette  par tieide  la  Lay, 
ny  pour  exercer  la  iultic^  (buuci^ 
raifte  entre  les  liommcs.  Va-  t-en 
done  ala  bonne  heure  5  puis  que 
Mas  eclia|jpe  vri  fi  grand  peril; 
Mais  regaTde  a  n  abufer  pas  de  la 
faueur  d^  Dieu  a  diflblucion.  Dan 
formais  aibftien    toy  de  pechcr 
comme  tufaifois  aiipar^uant^Bd 
pour  lerefte  de  tesiours  mcinev-f; 
ne  vie  plus  honnelle  &  plus  con- 
forme  ala  volontediuine.   Voila  OrUfusfitf^ 
ce  quiiepallalors.Depuis^noitre  eux.dtj^ms: 


Gha.  8^  534     n^amj^hrafefur  tEuangile  de 
iefuis  uih'  Seigneur eftant  retourne  auTem-: 
miiredumo^  olc  eti  VH  atttrc  tcmps,  ll  fe  remit 
fmt.  ii  ne    dciaanc  ces: gens  fur  le  mefine  pro- 
pint  en  re-  pos  lur  lequel  11  auoit  eite  autre- 
TuuL'ir  tois^  &  Icur  tint  ouuertement  ce 
^^^i^re  de  JaBgage.  On  fait,  comme  vous 
QpLVLQSy  diners  iugemens:  de  moy , 
&apeinef(^auroit  onjieprefenter 
pomme  Ic^  efprits  des  hommesfe 
pakagent  fur  cette  matiere.  ^  Si 
Ypus  voulcs  quQ  ie  vous  tire  horsL^ 
dc  peine;  &  (c^auoir  certainemciiiix 
qui  &  quel  ie  fuis,  fouuenes  v©u^ 
de  ce  que  Diea  a  dit  autrefois  pafc 
Ie  Prophete  Efaie  touekatle  Mefe 
fie.-  Vous  i^attendes  pour  eftre  lai 
lumieredlfraifl^  &  votis  iue«  rain 
fon  ;  car  il  eft.deftineipour  celai 
Mais  le  Prophete  adidull:eencore> 
a  cela,  qu  iLdoit  eftre  lumiereau^q 
Nations ,  spotter  ie ial  ut  iufques 
au  bout  de  lii  terre.  Ie  fuis  dond 
cette  lumiere  la,  qui  n'arreftc  pas 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean.  35^  Cha.  8* 
fcs  rayons  cntre  les  bornes  dc  la 
ludee  3  mais  qui  les  doit  epandre 
generalemeiitpartout  le  monde. 
Qui  me  fuiura,  ne  fera  pas  comme 
ks  autres  hommes;  qui  condui- 
fent  leur  vie  a  taftons  ^  au  milieu 
destenebresde  leur  ignorance.  ll 
verra  clair  &  pour  conduire  fes 
pas,  &  pour  connoiftre  le  but  au- 
quel  il  doit  tendre.  Car  telle  eft  la 
lumiere  que  ie  refpans,&  qui  ema- 
ne  de  moy ^  quelle  meine  tres- 
certainement  a  la  vie  bien  heureu-  ^,  ,j; 
fe  &  eternelle.  Alors  les  Phari-  ^/^t^'^'' 
liens,  qtu  iecroyoyentcitreieuls  i**y  dirent^ 

II  .  I  '    r  ^^  rends  tef- 

larumiere  de  ceux  qui  lontente-  moignagedt 
nebres,  &  qui  ne  pouuoyent  fup-  'Z'^uFmol 
porterquilparlaft  defoyfiauan-  z'^'fi'  ^'</^ 
tageulement ,  Juy  repartirent  en 
cette  forte.  Si  quelque  autre  difoic 
celade  toy,  pent  eftrc  adjoufte- 
roit-on  quelque  foy a (es paroles; 
^uoy  qu  ellcs  fcroient  bien  ma- 


fcha]  $^  33^  ^araphrafe  furl'Eudngilede 

gnifi(^ues  £  elles  approchoyent 

tant  foit  peu  des  tiennes.  Mais  c  eft 

toy  qui  rends  temoignage  de  toy 

iiiefme^&  par  conrequent  ou  bien 

Eoutes  les  reigles  de  la  prudence  & 

de  la  luftice  font  fauiTes,  ou  il  n  eft 

pas  raifonnable  que  nous  tenions 

€on  temoignage  pour  valable,  & 

leiusrefpon-  pour  digne  de foy.  Sur^elanoftre 

dit.  Encore  Seigueur  leur  reipondit :   Quoy 

VPiX  qi^'ilenfoit,  ileftincomparable- 

demoy-mef  ment  pluSraifonnaWe  de  receuoit 

moignageefl  jc  temoignage  que  le  rends  de 

*vray :  car  ie  r  1         J   T 

ffay  dou  ie  inoy  melme,  que  nonpar  les  dil- 
'^tH'^Zf:  cours  cjuc  vous  tenes  ordinaire- 
TT^ais  -vous  mentdemoy.&rimpreffidnquc 
'd'ohievien,  vous  talches  d  en  donneraux  au- 

ic  vicns,  &  ou  ie  vay^  ie  f^ay  qui 
m'a  donne  xna  commiflidn :,  &  a 
qui  &  comment  il  faut  que  i'eil 
rende  conte,  &  la  fac^on  dont  i^ 
m'en  acquitte  ^  &  m'eii  aei^uifte; 


iejk  Chnft  felon  S.  lean]    537  Cha^  8,' 
ray  a  i'auenir^  iuftifieront  tou*- 
jours  aflfes  la  Verite  <ie  ccque  Ten 
dis,  Mais  quant  a  vous,  vcus  n  y 
cfties  point  quand  ma  commiflio 
m'aeftedonnec^  drnefcjauesd  ou 
ie  fuis  venu ;  vous  n  y  feres  point 
quand  i'en  rendray  conte,  &  nc 
C^aues  ou  ie  dois  retourner  pour 
cela.  Ainfi  mon  temoignage  eft 
fans  doute  plus  digne  de  foy  que 
le  voftre.  Mais  qui  pis  eft ,  outre   ,t  "^ 
cette  grande  ignorance  des  cliofes  f'^^'  ^-^  '^'''''^ 
qui  me  concernent,  &  qui  vous /^r/^^^w^* 
rend  incapables  de  dire  de  moy  ce 
qui  en  eft,  vous  aues  des  affedions 
charnelles^  ^despafTionsd'enuie 
&  de  haine,  dont  vous  fuiues  la 
fuggeftionen  iugeantdemoy  >  ce. 
qui  fait  que  voftte  iugement  eft 
tres-defauantageux  &  tres-iaique 
rout  enfemble.  Quant  a  moy  i^ 
Vous  laiflfela,  &vouS:»  &ceux  qui 
Vous  refTemblcnt,  &  ne  luge  ny  de 


Cha»  8-  3JS  ^araphrafe  fur  tEuangile  de 
vos  perfonnes  ny  dc  vos  condi- 
tions. Auec  le  temps  vous  mani- 
fefteres  afles  qui  vous  eftes,&  n*eft 
pas  befoin  que  par  mon  iugement 
i'anticipe  la  connoiflance  que 
vous  en  donneres  vous  mefmcs* 
tuefiauf-  Encore  que  fi  ie  voulois  dxre  ce 
fiieiuge.mo  n^i  ^^  eft,  & iu^er  de  vouscom- 

tugement  eji     *■  r   •  1  1      • 

'vray:carie  Hic  VOUS  taitcs  de  iTioy ,  k  lUgC- 

ne  (hU  point  •  •     j 

]cui  mats  ment  que  le  prononcerois  de  vous 
T»ov ,  &  le  (leu|-oit  eftre  incomparablemenc 
maenuoyi^  plusautorise ,  que  celuy  que  vous 
prononcesde  ma  perfonne  &  de 
ma  charge.  Car  pofe  le  casque  (1 
leftois  feul :,  vous  puffies en  quel- 
que  fa^on  vous  defendre  du  te- 
moignage  que  ie  redrois  de  vous  j 
pour  ce  qu  vn  feul  temoin  n  a  pas 
accouftumc  d'cftre  creu  en  iuge- 
ment \  tant  y  a  que  quand  nous 
ferons  deux,  qui  rendrons  vne 
mefmc  depofition  de  vous ,  il  fau- 
dra  que  vous  paffies  condamna-* 

tion. 


,    lefus  Chrijl  felon  S.  lean.      539  Cha,    % 
tion.  Orily  a&moy,  qui  vous 
conaois  tres-  bien  ^  &  Ic  Pere  qui 
irt  acnuoye,  qui  ne  vous  connoift 
pas  moms ,  &  qui  ratifie  pleinc- 
menc  la  vcrite  de  tout  ce  que  ic 
dis,  par  miracles^  par  oracles  en- 
uoycsdescieux,  &  par  routes  for* 
tesde  preuues  les  plus  cuidentes. 
Quand  lefcnscommun:,6diarai-    f.  n, 
fon  naturelle   nc  rapprendroit,^^{r.f 
point  aux  hommes ,  voftre  Lov  ^^^^^-^er. 

r  1  r»  J  que     le  tef' 

meime  yous  a  dcu  cnfeigner  CiZ^oignagtdt 
quelle  auroritedoit  cftrcradepo-^^!;?^^^ 
fition  de  deux  temoins  qui  sac-"^'^'-^* 
cordent  exadement  en  vn  mef- 
me  fait.     Car  ily  eft  ecrit  que  le 
tcmoignage  dedcux  hommes  eft 
digne  de  foy^  &  ii  eft  ainfi  vniuer- 
fellemcnt  pratique  parmy  vous  en 
Tadminiftration  de  la  iuftice.    le    j^  >^.^^;^ 
laiflTc  done  lace  qui  vous  touche/«r  ^^^^>^«^ 
&  m'en  remets  a  vous  mcfmes.  'deToyZff. 
Mais  pour  ce  qui  me  regarde,  c  eft  7.uatX 

Y 


Cha^  8.  340    Para^hrafeJurtEuangile  de 

leZiinat  ^^^^  pfopos (juc vous accufcs Ic 

^may.       tcmoignage    que   ie   porte   de 

moy-mefme ,  dc  n  eftre  pas  dighc 

dVftre  receu.   Car  outre  ce  que  ic 

vousay  dit  cy-deflTus,  quciefuis 

parfaitementinftruit  dela  vcritc 

de  ma  Miflion^  &  que  mes  depor- 

temens  me  iuftifieront  toujours 

aflfes /lePere  qui  ma  enuoye  mc 

rend  vn  fi  authentique  temoigna- 

ge  ,  que  vous  ne  pouues  auoir  la 

moindre  apparcnce  de  raifon  de 

reprocher  le  mien  d  eftre  fingu- 

tihy'di^  lier.    Commeilacheuoitdepar- 

redom,  o«  [^f  ^^s  gensaueugles  de  paffion, 

lefusrefion^  luy  icpartirent   en  colere.    Tu 

connotfei^    Hous  paflcs  pcrpetuellemcnt  de 

Zr'LJ"^  ton  Pere  &lenous  alleeuescom- 

fnof^    Fere  ,  O 

/  voui  me  meficeftoitquelquVndefbuue- 

^oustonnoi-  tziTit  autontc*     Di-nous  done, 

^Znterf  o^  ^^'^  *^  ^J V ^^ t-il  point  moyen 

que  nous  k  voyions ,  &  que  nous 

f^achions  s'il  eft  raifomiablcde- 


Icfus  Chrift  felon  S.  ^lean.  341  Cha,  8» 
tant  deferera  fon  temoignage  > 
Qui  eft- ce  quile  connoiftparmy 
nous,  &  oil  a-t-il  accouftumede 
fe  faire  voir ,  afin  que  nous  en  ap- 
prenions  quelques  nouuelles^Car 
quant  a  toy,  nous  voyons  bien  cg 
qui  en  eft,  &  tu  ne  fembles  pas  a 
te  voir ,  eft  re  de  fi  haute  extra - 
(£tion  J  quon  doiue  abfoluinent 
adioufter  foy  aux  paroles  de  ton 
Pere.  Adonc  lefus  voyant  leur 
erreur  &leur  obftination ,  (e  con- 
tentadeleurrefpondre.  Vousdi- 
tes  que  vous  me  connoifTes  ,  &C 
parlaconnoiflance  que  vous  pre- 
tendesauoirde  moy,  vous  iuges* 
de  la  condition  de  mon  pere. 
Mais  moy  ie  vous  dis  que  moy  &C 
mon  Pere  vous  fommes  cgale- 
ment  inconnus ,  &  que  vos  paf- 
fions&vospreiugesvous  empef- 
chent  de  me  connoiftre.  Si  vous 
meconnoiilicsbien,  vous  con- 

Yx 


Cha,  8»  341  ^araphrafejur  I'Euangile  de 
connoiftrics  aufli  mon  Pere  ,  &c 
n'auries  point  befoin  de  vousen- 
querir  ou  il  eft ,  ny  qui  v  ous  en 
f .  10    pourroit  dire  des  nouucllcs.    Or 
dit\iZfZ  parcc que  lefus prononcja  ces pa-- 
i^  threfore.  ^^^^^  ^^^  j^  thrcforenc,  ainfiquil 
nantauTe  alloit deca  &  dela dans Ic Temple 
ne  I'empoi.  cH  enkignant,  &  qu  il  cltoit  au 
%iet7heZ  milieu  de  fes  ennemis  en  vn  licia 
neftoit point  renfcume  .  il  fembloit  qu*ii  luy 
»«^.  fuft  difficile  dcuiter  qu  lis  ne  le 

prilTent,  veu  le  deflfein  qu  ils  en 
auoyent  fait ,  &:  la  nouuelle  irrita- 
tion que  fes  dernieres  paroles  leur 
pouuoyentauoirdonnee.  Neant- 
moins  aucun  ne  mit  les  mains  fur 
luy,  Tefficace  de  la  Prouidence  de 
Dieu  les  en  empefchant  ,  parce 
que  riieure  de  fa  fouffrance  n'e- 
£.VJL  ftoit  point  encore  venue.  Mais  | 
dit4:ncore:\e  dautaut  oue  lefus  fcauoit  bien 
vousmecher  quelles  cltoyent  ieurs    mclma- 
ZZnl  Z  tions  J  &  que  ceftoit,  non  par 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     343  Cha.  ?. 
ftianquedevolote,  mais  par  quel-  ^,ff,,^,,y, 
que  vertu  latente  de  la  Prouidcn-  ^''«*»^^«- 
cediuine,  qu  lis  eltoyent  empel-  uvay. 
ches  dc  luy  mesfaire,  il  leur  repeta 
encore  vne autre  fois  ce  qu  illeur 
auoit  desja  dit  auparauant.    le 
m'enuay ,  leur  dit-il ,  bien  toft:  au 
lieu  de  repos&de  feurete  qui  m'eft 
deftine.  Et  fi  vous  me  cherchcs  a 
lors,  afin  de  me  faire  du  mal^com- 
me  ie  fcjay  bien  que  vous  en  aues  la 
volonte ,  vous  ne  me  trouucrcs 
point,  &  nepourresexecuter  vos 
mauuaifespenfees.  Et  il  n'cn  fera 
pas  de  vous  commc  de  moy .  C^r 
quant  a  vous ,  vous  perir es  mifera- 
blement ,  &  comme  vous  demeu- 
reres  opiniafl:res  au  peclie  de  VQ- 
ftre  incredulite,  vous  tomberes 
indubitablement  dans  la  mortcl- 
le  calamite  qui  luy  eft  ordonnee 
pour  fupplice,  Mais  moy  ie  feray 
a  lauuetc,  &Korsde  Tatteinte  dc 

Y  3 


Cha.  8.344  n^araphrapfurl'Euangilede 
'" ;  Vbs  machinations 3  dans  vn  lieu 
Us  tuifs  .6u   vous  ne  faurics  aller.    Or 
^f'/^rr'//  cftoyent  ces  gens  a  qui  il  parloic  ^ 
joy-mcf^re,  jxierueilleufement  ftupides  d'en- 
ou  te  v^y  teadement ,  de  forte  quils  ne 
ueivemrf   Comprenojcntpoint  1  intelligen- 
ce de  fcs  paroles.  lis  auoientcette 
opinion  qu'ilrne  leur  echapperoit 
pas,&  que  toft  ou  tard  il  viendroit 
en  leur  puiflattce.  Car  de  s'cnfuir 
eti  pays  loin  tain ,  ils  fe  propo- 
foyent  bien  de  ne  luy  en  dcnner 
^pas  le  loiifir,  &  luy  mefme  auoit 
alKs  fouuent  declare  que  Ton  in- 
tention n-eftoit  pas  de  fortir  hors 
desbornesdelaludee.  Defepou- 
tioir  cacjier  parmy  ceux  de  £a  na- 
tibn,  ils  efpeiroyent  de  luy  en  ofter 
lerrii^yeiii,  &  penfoyent  auoir  afles 
pour  cela  de  credit  &  d'intelligen- 
cds  nirmylepeuplc.  Apres  done 
•  ^tioilr  roiil^  diuerlcs  penfees  dans 
'^Tehr  imagination,  ils  fe  diioyent 


:  I  ejus  Chrijl  felon  S.  lean:     545  Cha;  S. 
ks  vns  aux  autres :  Quo y  done? 
Fera-t-il  commc  Samfon,  &  com- 
mequelques  aiitres  de  noftre  na- 
tion one  fait,  pour  fe  tirerdes 
mains  delcursennemis,  &fe  de- 
liurer  dcleurs  pcrfecutions  &  de 
leurs  fafcafmes  B  Se  tuera-t-il  foy 
mcfme^pluftoft  que  devenir  en- 
tre  nos  mains  J  Car  nous  ne  voy- 
ons  point  qu'on  puiflfe  raifonnar 
blenient  donncr  d'autre  fensa  ce 
qu  il  dit ,  La  ou  ie  m'en  iray  hien- 
toft^  vons  ne  pourres  venir,  &  ne     t,  a^. 
my  f^aurics  atteindre.  La  defTus  f  7'^lr 
noftre  Seieneur .  voyantia  tardit  'fi''/''*^^^ 
uete  de  leurs  elprits,  le  vouluten-^  ^auc  vcus 
core  vn  peu  eclaircir  dauantage.  'mmde.moy, 
llleurditdonc:  Chacunadesat  l,Z!^^ 
feftiofts  &  des  fentimens  confor-  ^'"^^^^ 
mcs  au  lieu  dont  il  eft  iiOTu ;  &  il  eft 
raifonnable  que  chacun  ait  auffi 
fa  retraitte  au  lieu  ou  fes  fenti- 
mens &  fcs  afFedions.  le  portent 

Y    4 


V 


Clia.  8*  346    Paraj^hraje  Jhr  tEudngtle  de 
Quant  a  vous ,  vous  cites  d'icy^ 
bas ;  ainfi  nc  faut  il  pas s'cftonner 
ii  vos  penfees  nc  s^eleuent  pas  plu^ 
haut.  Pour  moy,  ic  fiiis  dc  la  haut: 
ainfi  ie  dois  regarder  adcs  lieux  & 
a  dcs  rctraitcs  plus  cJenecs  quek 
terre.  Etfi  vous  voules  que  ic  vous 
die  encore  la  mefmc  chofe  en  ter- 
ines  differcns;  quanta  vous,  vous 
cftes  de  ce  mondc^a  caufc  dc  quoy 
vous  y  auez  le  coeur  attache ,  c'eft 
pourquoy  il  eft  raifonnable  que 
vous  foycs  dc  mefme  coditio  auec 
lemondc.  Pour  nioy^  qui  nefuis 
point  dc cc  monde, ie  ne  my  at- 
tache point ;  mais  aulTi  la  condi- 
tion qui  m'attcnd  eft-elleentierc- 
ment  differente  de  celle  qui  eft 
^;^^^^^  rcferuoc  au  monde.  Voila  pour- 
-v^m  ^y-ie  quoy  ic  vous  difpis  tantoft  y  que 
tnoHrrez.  <?»  VOUS  pciires  milerablemcnt ,  & 
"cl  7^1us  que  I'opiniaftrete  de  voftreincre- 
n,croySsqu,  (JuUte.  fcra  caufc  que  vous  torn- 


lefus  Chrtjl  felon  S.  lean.    347  Cha.  8. 
beres  dans  la  morteUe  calamite  ,,^^,  ^^.^^ 
qui  luy  cftordonneepour  fuppli-  ^^if^'^osfe- 
ce.   Car  fi  vous  continues  a  ne 
cfoire  pas  que  ie  fuis  tcl  que  ie 
vous disily  all  long- temps,  d'au- 
tant  qull  n*y  a  que  moy  fcul  qui 
fuis  capable  de  vous  garentin  dc 
cette  malediition,  Ie  mefpris  que 
vous  faites  de  moy  la  vous  rend 
abfolument  incuitable.   Adonc     Add'c  iu 
eux  voyans  qu  il  infiftoit  tant  a  fe  '^J^tuf 
recommanderfoymefme.  &rque  ^j**'  ^'^^ 
tout  Ie  mal  qui  leur  deuoit  arri-  mencewent, 

^  Iimputoit  lans  exception  /, 
-au  mefpris  qu'ils  faifoyent  de  fa 
pcrfonne ,  ils  luy  repliquerent 
auec  interrogation,  marque  de 
quelque  dedain&  de  quelque  in- 
dignation tout  enfemole:  Ettoy, 
qui  es-tu,  quetute  recommandes 
ainfi  toy  mefme  ?  Ne  fc^aurions 
nous  fauoir  ce  que  tu  te  vantes 
d'eftre,  pour  voir  II  nous  croirons 


a  voHs, 


Gha.  8.  54S   "^araphraJefurt'Euangilede 
en  toy?  Gar  encore,  fi  tout  Icmal 
que  nous  auons  iamais  a  craiadre^ 
doit  venir  de  ce  que  nous  t'aurons 
re jett6 ,  ta  charitc  te  doit  porter  a 
jne  nous  celer  pas  qui  tu  es^  afia 
que  nous  euitios le  maJheur  dont 
nous  fommes  menaces,  ou  au 
moins  que  quand  il  arriuera  on  ne 
te  puiffe  pasaccufer  denousauoir 
par  ta  faute  laifse  perir  dans  notrc 
ignorance.  A  quoy  lefus  connoif- 
fant  bien  la  difpofition  de  leurs 
efprits ,  &  que  cen'eftoit  pas  pour 
^^  apprendre  ,  mais  pour  contefter 

quils  rinterrbguoyent^refpondit 
enpeudemois.  Sivousmevou- 
lies  ecouter^vous  f(^auries  desja  qui 
iefuis.  Abfolumei-it  ie  fuisceque 
ie  vous  dis^  &  ce  que  ie  vous ay  dit 
des  le.  commencement  de  mon 
propos;Lalumieredumonde  Et 
f*  ^2'     ie  n'ay  a  vous  dire  de  moy  mefme 

ray  haU"  ]        r  T       Ik  T     •     J 

^^updecho'  autre  chole  queceU.  Mais  de  vous 


lefus  Chrifi  felon  5.  lean.    349  Cha.  8. 
certes  i'aurois  tcaucoup  de  cho-/,,  ^  ^^,;,, 
fes  &  k  dire  &  I  prononcer,  fi  ie  ^^ff-* 
voulois  parler de  vous  felonle  fu- "{"y  ?«', 
jet  que  vous  m'en  donnes.  Vour  ej^veritahu: 
le  prelent  il  me  lutht  de  vous  ae-  ^uetayifuj' 
clarer ,  que  celuy  qui  m^a  enuoye,  yJ'^^^'^J' 
&  qui  rend  fi  clairement  temoi-  ^^nde. 
gnage  de  ma  miiTion^  eft  verita- 
ble ;  &  ce  fcroit  voftre  deuoir 
d'adjoufter  vne  foi  route  cntiere 
a  fa  depofition.  DepIus,lescho- 
que  vous  voyes  que  iedisau  mon- 
de,(&en  difantcela  ilfe  tourna 
vers  les  aflillans   qui    eftoyent 
alentour  de  luy  ,  en  vn  lieu  oii 
routes  Torres  de  perfones  auoyent 
droirdefe  rrouuer,&:  mefmes  les 
cftrangers)  ie  les  ay  ou'ies  &  appri- 
fesde  luy  ,  &C  ie  n*auance  rien  de 
moy-mefme.    De  forte  quily  a 
long  temps    que    vous   deurics 
auoir  crcu  a  ce  queie  vous  en  ^Y    .    ^  ^ 
annonce.   Mais  ny  pour  tout  ce-  jsr  iis  m  )o. 


Cha.  8.350  nPara^phrafe  furlEtiangilede 

la , ou  ils  ne  parent  ou  ils  ne  vou- 
foint  ^tiii  lurent  iamais  cntcadre  qu  il  leur 
•firtjonu-  parloit  du  Perc  cclelte  :,  &  que 
*''-  c'eftoit  a  luy  qu'il  rapportoit  tant 

roriginede  fa  perfonne,queccllc 
♦•  *«•  de  fa  vocation,  De  forte  quele- 
fusUmrdit,  fusleur  dit.  Puis  qu'il  n*y  a  pas. 
^Z^/iTuS  moyen  que  les  chofes  que  vous 
mffv!u?ct  v^y^s  &  que  vous  oyes  mainte- 
snoifreijors  nant ,  VOUS  perfuadcnt  ce  que  ie 
^queiene  luis,  u  Vousfaudra  quelque  lour 

f^y  rien  de     i>  t 

moymefmB .  Q  autrcs  argumeos  pour  ic  vous 
Vl^'Vr'^^  faire  croirc     Quand  done  vous 
^nfi cinema  aurcs  cfleue  le  Fils  de  riiomnie, 
^igne.        (or  diloiMi  cela  de  ce  qua  leur 
inftigarion  il  deuoic  eftre  inis  en 
croix,  maisii  nele  vouioit  pasex- 
pliquerouuertement,  car  il  n'e« 
toit  pas  encore  cem ps  que  ces  cho- 
fes fuTTent  diftind:cment  conucX 
&  eftoit  encore  moins  de  be-, 
foinde  leur  mettre  dans  Tefpricks 
pensecs  du  crime  qu  ils  commi- 


lefns  Chrijl  felon  S.  Icm,  351  Cha.  %i 
rent  qutlqut  temps  apres )  &  que 
vous  aures  veil  les  chofes  qui  doi- 
ucnt  fuiure  cette  cleuation  >  f  cc 
qu  il  ctitendoit  de  fon  afcenfion 
aux  cieux,&  du  premier  etabliffe- 
mcnt  dc  fon  Eglife  en  la  terre ,  & 
de  la  dcfolation  de  la  ville  de  leru- 
fakm  &  de  la  ludec  ,  qui  deuoit 
bien-tofl:  arriuer  )alorsou  vous 
f^aures,  ou  au  moins  deuresvous 
f(jauoirpar  I'expcrience  des  cho- 
fes, que  ic  fuis  celuy  que  ie  vous 
ay  die  tant  de  fois,  &  que  ce  que  ic 
fais ,  &  que  ic  disa  cette  heure  en 
voftre  prcfencc ,  n'eft  pas  dc  mou 
cru ,  comme  vous  le  vous  figures, 
mais  que  ievouspropofe  ma  do- 
ctrine toute  telle  &  dc  la  mcfme 
fa^on  quelle  m'a  cfte  enfeignee 
demon Pere.  EneffedjCciuyqui  ^/j^J^^ 
ma  enuoye  eft  touiours  auec  ^'"f / ^*- 
moy,  quelque  choic  que  voms  mo^.^n^ 
Gontefties  alcncontrc.  MpftPcre  'utjfi  ^/i2 


Cha.  8.35.1  ^araphrafe  furl'Euangilede 
f6Hrtdt  que  ^^  ^^  laifTc  iaitiais  fcul  j  toujours 
j>  fay  tou-  j}  m'ajGfifte  de  la  faueur  de  fa  pre- 

\0Hrslesch9  rr   i  •    r 

fes  qui  luy  fence.  Auflide  ma  part  iefaistres- 
exailement  &  tres-pon£tuelIe- 
ment  tout  ce  qui  luy  eft  agreable. 
Nedoutesdonc  pas  que  quel  que 
iour  il  ne  vousfaflfe  voir  la  verite 
de  ce  que  ie  vous  dis,  &  que  pair 
les  merueilleufeschofesqui  fe  fe- 
ront  apres  que  vous  m  aures  elcue^ 
il  ne  rcuele  hautement  ce  que  ic 
^.  ,0,  fuis ,  a  la  confolation  des  vns ,  &  a 
commeii  la  confufion  desautres.  Comeil 

dtjott     ces 

ehofes,  phi'  tenoitcesproposjilyencutquel- 
rm  e»  luy.  qucs  vns  d  entrelesauditeurs  j  qul 
nonfeulemet-entendirentvn  peu 
ce  qu  il  vouloit  dire  \  ce  que  les  au- 
tres  ne  faifoyent  pas;  mais  mefmes 
quicommecerent  a  auoir  bonne 
opinion  de  luy ,  &  a  croire  qu'il 
pouuoit  bien  eftre  le  Meflie  ,  de 
quoy  pourtant  ils  ne  s  ofoyent  en- 
core li  bien  afTcurer  ,  qu  ils  en 


Icfus  Chrifi  felon  S.  lean.     553  Clia.  8.' 
euffent  vnc  perfuafion  bien  pro-     . 
fonde  &  bien  conftante,    C'eft    Adoncu. 

^    n  \. f>    {us       diCott 

pourquoy  lelus  voyant  cette  dil-  ^«^   inifs 
poficion  dc  leurs  efprits,  il  dit  a  ZLln'Z 
ceux  d'entrelcs  luifs  qui  auoyent  ^^^^«^f^- 
creu  dela  iorte ;  Vousautres  pre-  p^roie.vom 
tendes  peut-eftrcauoir  part  dans  ^em  '^'^mi 
ies  auantagcs  que  i'ay  promis  a  ^^*^^' 
mes  Difciples.  Si  vous  eftes  verita- 
blemcnt  tels,  vous  auesfans  doute 
raifon.  Mais  afin  que  vous  ne  vous 
y  tro mpics  pas,  ne  penses  pas  qu V-   * 
nelegere  perfuafion  que  vous  au- 
rcs  de  la  veritc  dc  mes  paroles, 
vous  donne  cette  qualitc  ^  fi  elle 
nes'enracine  bien  profondement 
en  vous.  Si  vous  demcurcs  perfe- 
uerans  en  ma  do^rine,  &  que  nul- 
le  tentation  ne  foit  capable  de 
Vous  en  detourner,  ie  vous  tien- 
dray  pour  eftre  vrayement  mes 
difciples^  &  vous  traitteray  com- 
me  tek  Et  le  premier  fruit  que   ^VX». 


Cha.  8*  354    Paraphrafc  fur  I'Euangile  de 
fire^Uv^i,  vous  rcceurcs  de  voftre  perfeue- 
t4,&  Uve^  ranee  fera^que  vous  vous  auaceres 

ftte  V0HS  'V  -      ,  ,  *,  .  ^ 

framhira,    cjc  plus  cu  plus  cti  la  connoiuance 

delaveritc ;  Lefecond:,  cjuaulieu 

de  la  fcruitude  dans  laquellc  vous 

cftes  naturellcment  detenus,  cctte 

veritc  vous  afFranchira.    Ainfi, 

outre  la  fatisfadion  qu  clle  vous 

donnera  par  fa  naturelle  cxcellcn- 

f.   j;.    cc ,  VOUS  en  tirer^s  cet  auantage 

iisiuyref  Qyx'cllc  VOUS  mcttta  enliberte.  Or 

Nms  fern:  cntendoit-il  cela  de  ielclauage  & 

mmce  *£a.  de  k  Ubertc  du  peche ;  mais  com- 

/T^;^  me  ils  auoyent  toujours  Tefprit 

ftfuifmes  k  attache  aux  chofes  charnelles  & 

perf^nne:  .  •     r  r 

comment     tetrienneSjils  toumerentainli  loH 

Vous  "ieni  propos  alUeurs.  Qu^efl:ce,luyreC- 

frmcs  f      pondirent-ils,  que  tu  nous  dis  de 

feruitude  &  de  libert^  ?  Ne  f(jais  tu 

pas  que  nous  fommes  la  pofteritc* 

d' Abraham,  auec  qui  Dicu  a  trait- 

te  fes  alliances  autrefois^  pour  la 

rcndre  via  peuple  non  feqlcment 

'  librcji 


Icfus  Chrifl  felon  S.  lean,     35^  Gha^  Zi 
libre,  mais  triomphant;&qu'en- 
Gojre  quil  foit  airriuc  diuedestra- 
uerfcs  a  noftre  nation^  fi  eftce  que 
nous  ne  feruifmes  iamais  a  perfon- 
ne?  Appelles  tuefclauesceuxqui 
font  defcendus  d  vne  fi  noble  ex- 
tradion ,  &  qui  encore  maintc- 
nant  au  milieu  de  leurs  aduerfires^ 
&fouslegouuernement  des  Ro-. 
mains ,  conferuent  toute  entiere 
la  liberte  de  leur  religion  &  de 
leurs  perfonnes?  Comment  done 
promets-tu  la  liberte  a  ceux  qui 
ne  font  point  en  feruitude  ?  Alors    fvff 
lefus  leur  refponditrC  eft  grand  re^on^u. 
cas  que  quoy  que  le  vous  die ,  le  ne  vemi     u 
f^aurois  eleuer  voftre  efprit  plus  '"^ZoXl^^ 
hautquele  Corps  &  leschofesqui  f^itpeche.n 

k  ^^         .    n  \       '1       efiferfdefe^ 

concernent.    Ceneltpasacela  ./^e. 

que  vous  deues  regarder  :  il  y  a 
bien  vne  autre  forte  de  feruitude 
qui  eft  de  plus  grande  importan- 
ce,   Tcncs  Gcla  pour  affeure  ,  & 

t 


Cha.  8«  35^     ParajphraJeJhrlEuangilcde 

com  me  fi  ie  Ic  vous  attcftois  par 
lesplusexpreffesde  toutesiesafle- 
ucrations  qui  fe  peuuent   em- 
ployer ,  qu'il  n  y  a  point  detel  ef- 
clauage  que  ccluy  par  lequelon 
eft  aflerui  au  p£ch4    Quicon- 
que  eft  fous  la  domination  de  fes 
conuoitifes ,  &  qui  s'y  laiflfe  gou- 
ucrncr,  celuy-ia  eft  (erf  dc  peclie^, 
quoy  qu'il  fe  vante  d'eftre  iibre. 
ttieferfOi  arriue-t-il  aflfes  fouuent ,  & 
r  ^^^^«^^  mefme  c'eft  chofeordinaire .  que 
■ymrscnu  Ics  efclaues  demeurent  quelque 

mxifon  :Je  -  -  r  1        1 

fihfd&mm-  temps  dans  la  mailon  de  leurs 
Jmm^^  maiftrcs.  Mais  ce  n'cft  pas  cliofc 
ordinaire  de  mefme  quilsy  de- 
meurent tou  jours.  On  les  ddn« 
ne^  on les  troque, onies  vend, on 
Ics  chaffe  de  quelque  fa<^on  que 
C€  foit,  &  la  plufpart  du  temps  ils 
fortenc  de  leur  propre  mouue-^ 
ment,  &s*enfuyent.  Mais  quant 
aux  enfans  ^  Ja  demeure  dans  la 


lefks  Chrifl  felon  S;  Jem,    557  Cba.  §. 
maifon  de  leursperes  eft  perma- 
nente  ,  comme  aulii  eft-ce  a  eux 
que  Ilieritage  appartienc,     De 
mefmes  3    ceft   ciiofe    certaine 
qu  il  y  a  maincenanc  en  la  Maifon 
demonPere,  grandequantite  de 
gens  qui  veuleat  pafler  pour  fes      , 
cnfansj  qui  neantmoins  fonteil 
claues  de  leur  propre  vice.  Ceux 
la  n'y  demcureronr  pas  toujours^ 
&  le  temps  approche  ,qu'ils  en 
rortiront.  Mais  quant  a^iiFUs  ,>  il  y 
demeurera  a  pcrpetuite,  taut  lay 
que  ceuiqu  il  afFranchira,  &  aqui 
ilconimuniqueralagloired'aucir.    . 
aue.c  luy  vn  meime  pcrc.  bi  done     6v d^mc u 
vous  eites  du  nombrc  dc  ceux  h  fran.hit, 
que  le  Fils  Aoxt  affranchir ^: &rde-  "'^.i^ 
iiurer.dc  laferuitude  de  Icar  vice,  Z'''^^"' 
alors,  vQus  pourres  vous  va^nter 
d  cftre  :veritablem»''nt  libres ,  6i,  a 
beaucoiip  mcilleur  tilrreque'Vous 
ne  vQus  en  vantes^  main  tenant. 

■  Z  ^ 


Gha*  8.  3|8  T^araphrap  fur  I'Euangile  de 
f^  j7.  Itin'igtiorc  pas  que  vous  nefoyes 
u  /fay que  |^  fcmcncc  d'Abraham,&  ne  vcux 
femenee  pas  VOUS  oftcr  u  p;loire  de  cette 
msu  vous  prerogatiuc.  Mais  pour  cltre  les 
yt^mtZ  enfans  felon  la  chair  ^  vousimites 
puree  qut  j^^i  fcsadions.  Car  ie  n'ignorc 

mx   parole  L  L'/     ^ 

nepred^mt  pas  aulii  ouc  VOUS  IXC  cherchies  a 

meraire  mourir,  tans  que  vous  en 

ayes  autre  caufe,  finon  que  ie  vous 

annonce  vne  doctrine  quine  s'ac- 

commode  pas  auec  vos  mauuaifes 

afFedions .  &  qu  a  cette  occafion 

le  vous  vous  ne  pouues  rcceuoir.   Quel- 

*>^Li!'^queauatage  que  vous  ayes  d'eftrc 

"^UZm  ^^^^  ci^ Abraham  felon  la  chair, 

fAites  les    Yoas  auesen  certain  egard  vne  au- 

^'ous  auex,  tre  origine  de  voftre  eftre :  de  for- 

lljire  prT.  te  qu'il  n  y  a  pasfiijet  de  s  eftonner 

ii  vous  imites  les  adtions  de  celuy 

de  qui  vous  Ie  tenes.  Car  chacun 

fuit  volontiers  le  train  qu'il  a  vcu 

tenir  aceux  qui  Tone  engendre* 

jQuant  a  moy  ie  dis  &  cnfeignc  les 


lefus  Chriji felon  S.  lean.      ^y^  Cha.  8. 
chofes  que  i  ay  apprifes  dc  mon 
pere  y  &  vous  auffi  parcillement 
vous  faites  Ics  chofes  que  vous 
aues  veu  faire  au  voftre.  Ainfi  cha- 
Gun  reprefcnte  celuy  dont  il  eft;  it 
fu.  Cclaeftoitditaflesclairemeni:  j^^.^fl^i^ 
par  noftre  Seigneur  pour  eftre  ca-  ^'«^'  &}^y 
tendu.  Etneantmoinscesgensne  h^mipn*' 
comprenans  pas  encore  ce  qu'il  %]lurdit\ 
vouloit  dire,  ilsluy  refpondircnt  ^^l^^f2 
inconti^nent :    Queft-ce  que  tu  ^rakamjai 
nous  repetes  tant  denoltre  pere?  «w^*^^r>*. 
Noftre  perc  eft:  Abraham,  com-  ^''*"* 
me  tu  le  nous  as  aduotie ,  &  nous 
n  en  connoiflbns  point  d  autre* 
Alors  lefus  leur  refpondit.    le 
vous  ay  dcsja  dit  que  vous  eftes 
cnfansd' Abraham,  &que  toutes- 
fois  vous  ne  Teflies  pas.    Si  vous 
eftics  en  tout  &  par  tout  enfans 
d'Abraham^^afleurementvousfe- 
ri^sles  oeuures  d' Abraham ,  &  fui~ 
uriesfcsbonsexemples,  Etdece-  ormaimt- 


Cha.  8.  3<30  n^araphrafe  fur  FEuangilc  dc 

la  ie  vous  donemv,  fi  vous  vouies, 
tajchez,a?ne  vHc  pteuue ttcs cuidente^  leiuis, 

fdire  moHYir  ^  /  t 

qtiifukhom-  comrae  vous  voyesj  vn  homme 
7yTt!uZ  contre  lequel  vous  n aucs  rien  a 

ritejaquelle   ^'^^^  pQ^j-  ^^  q^J  ^\)^  ^^  f^g  acStioOS. 

vieu:Abm-  Dcfortc  ^luc  iic  fuftce  que  pour  la 

ha  n^.  point  '    1  .     ,      ^         ^  I 

fmtcda:     commune  humanite,  le  vousde- 
urois  cflrerecomandablc.  Quant 
a  ma  dodtrine^  ienc  vous  ay  rien 
enfcignc  que  la  verite,  qui  d'clle 
mefme  doiteftre  venerable  a  tous 
leshommes.  Mais  ce  qui  doit  fou- 
uerainement  augmenter  en  vous 
la  veneration  de  cette  verite  la^  eft, 
que  ie  la  vous  enfeignc  telle  que  ie 
Tay  receuc  de  mon  pere^,  &  en  Ton 
authorite.    Et  au  lieu  que  toutes 
ces  chofes  vous  dcuroyent  obli-- 
ger  a  m'auoir  en  fingulicre  confi- 
deracion^vous  cherches  a  me  faire 
mourir.  Or  eft-il  certain  que  vous 
ne  trouueres  point  en  iHiftoire 
d'Abraham  qu  il  ait  iamais  rien 


3^1      lefus  Chrift  felon  S.  lean.        Cha.  W 
fait  defemblablcj  &s'il  s'eft  pre- 
|- iente  a  luy  quelcun  qui  fe  peuft 
^  dire  tel  qu  eft  celuy  qui  parle  a 
vous^comme  vousfaues  bien  qu  il 
a  eu  d'admirables  apparitions  ^  il 
la  receu  detoute  autre  forte  que     , 
vousneraites.  Amli  nevousvan-  vomfaues 
tes  point  tant  d  eitre  ies  enrans,  oc  vojire  pere, 
enles  point  Ii  le  vous  ^,rem,Nous 
dis  encore  vnefois  que  vousfaites  ''^.  M^.^f 

1  por/2t  nats  de 

les  oeuures  de  voftre  pere.   Alors  pat/i^rdife  .- 
ces  gens  commencerent  a  corfi-  vn  p^re  qui 
prendre,qu4l  n  entendoit  pas  par-  '^^''''^ 
ler  du  pere  dont  ils  eftoyent  iflus 
charnellement,  mais  dequekun 
qui  donne  aux  cfprits  par  rim- 
predion  des  bonnes  ou  des  mau- 
uaifes  meurs^  la  naiflance  fpiri-- 
tuelle  &  Teftre  moral ,  comme  le 
pere  donne  i'eftre  corporel  par  la 
generation  naturelie.  Parce  done 
qu'ilsauoyent  apprisdesProphe- 
tes^  que  ralliance  de  Dicu  auec  fon 

Z4 


Gha.  8.  3^1     ^araphrajejur  I' Euangile  de 
pcuple  eft  accomparee  a  vn  legi- 
time manage,  &  que  quand  la  na- 
tion d'lfrael  s'eft  adonneeau  fer- 
uice  des  faux  Dieux ,  ils  en  ont 
paric  commc  d Vn  adulterc  ,  8c 
a  yne  accointanee  illegitime,  qui 
produit  des  enfans  de  fornica- 
tion y  lis  luy  refpondirent :  A  qui 
que  ce  foit  que  tu  rapportes  I'ori- 
gine  de  noftre  eftre ,  noftre  pere 
ne  nous  peut  auoir  donne  Ics 
niauuais  exemples  que  tu  dis  que 
nous  imitons ;  car  pour  ce  qui  eft 
de  la  generation  fpirituelle ,  nous 
nefommespointnesde  paillardi- 
fe ,  nous  n'auons  point  de  com- 
munication  auec  les  faufTes  diui- 
nites  des  autres  nations,&  n'auons 
f^  ^^:     en  cetegard  autre  pere  que  levray 
IZl'fss  Dieu.  Adonc  lefus,  qui  iufques 
DAr«  ejioit  a  lors  auoit  tellemeut  modetc  foQ 
(ertes  vous  propos,qu  cn  attendant  que  d  eux 
^r7/ /l^  raefnics  il  leur  vint  quelque  com- 


lefas  Chrijl  felon  S.  lean.      5^3  Cha.  8. 
pond:ion,ilnauoitpasvoululeur  i^^ 


(j^   ve^ 


dire  tout  ouuertement  &  par  font  2  ',  . 
propre  nom  celuy  dont  ils  eitoyet  P^^^^  ^^»« 
illusj  voyant  enhn  leur  obltina-  /»^>^,?;?^« 
tion&laftupiditeaffedeede  leur  Zr  "" 
intelligence^  illeurdit:  Ilyafujet 
de  s'eftonner comment  vous  aues 
la  liardieiTe  de  dire  que  Dieu  eft 
voftre  Pere ,  veu  que  ce  que  vous 
faites  vous  refute  fi  difertement. 
SiDieu  eftoit  voftre  perc,commc 
vous  le  dites,  vous  auries  tire  dc 
luy  quelque  chofe  de  fa  nature.  & 
de  fes  inclinations :  &  fi  vous  en 
auies  tire  quelque  chofe,  indubi- 
tablement  vous  m*aimeries.  Car 
le  pere celeftem'aime^&de  plus, 
eftant  venu  de  la  part  de  Dieu 
com  me  ie  fuis,  s'il  y  auoit  en  voijs 
quelque  fibre  dVn  fi  excellent 
principe,  vousafFe£tionneriesfon 
ambafladeur.  Car  comme  ie  Ic 
vous  ay  desja  reprefente  tant  de 


Clia.  2.^6^  ^araphrafefurhEuangikde 

fois  ,iene  dis  riende  mon  chel^ 
&  ne  fuis  point  venu  de  par  moy- 
mefinc  jinaisc'eftluy  qui  m'aen- 
f^  4V    uoyd    Si  voiis  eilies  bien  acten- 
nenundei  UTS  2  mcs  propos^  &  u  vousna- 
Zn  £^l  ^i^s  point  i^cfprit  (kifi  de  cantde 
gefp^rceque  ixiauuais  Dreiuses  &  contre  moy> 
nBiouyrmfi  &pourvotis  mcline s^  vous n'au - 
""^^  '^'       ries  pas  befoin  que  ie  m'explicafTe 
dauantage  ,  &  ii  y  a  defja  long- 
temps  que  vous  m'auries  entendu. 
Mais   pourquoy  ne   comprencs 
vousrien  en  cette  fa<^on  dc  parler 
vn  pea  obfcure  &  refcruee  dont  ie 
mcfuii  iufqu'lcyfemicn  dmerfes 
occa{ios?Parce  que  les  chofes  mef- 
ines  que  ie  dis ,  &  la  dodnne  qui 
cftcontenuif  delTousmesparoIeSj 
Ijevouseil  pas  agreable  ,  &  que 
vous  ncla  pouues  lupporter.  Ainfi 
Tauerfion  que  vous  aues  contre  Ie 
Ie  Tujet,  vous  rend  la  metliode  & 
&  les  expreflions  de  difficile  ou 


Icfus  Chrifi  felon  S-  lean.  36^  Cha.  8. 
impoffible  intelligence.  Afin  1;^^;^^.^ 
elouc  denVferplusde  circuits.  &  -vo^^s ejics if 
de  vous  dire  tout  rondement  ce  duhh  ,  e5> 
quciuiqu  a  niaintenant  vous  n  a-  f^ireies  de^ 
ues  pas  voulu  entendre ,  ie  vous  {''  '^\'f'^'' 
declare  que  le  pere  dont  vous  homicide  dh 
eftes  ifTu  ,  c'eftleDiable,  &  que  mZTi^n^a 
quand  vous  fakes  contre  moy  de  ^^yleTSri 
fi  mal-heureux  complots ,  vous  ^'i-'^r-ven- 

r    '      '      \         .         i.  -^in  te  n  eft  point 

luiues  les  inclinations  de  voltre  ejiiuy.Tou. 

1  /  r  r     t^i    ies  fois 

pere  ,  &  voules  executer  les  pai-  ^uiipro/We 
fions.  Car  d^s  le  commencement  ;:^f  J/^ 
du  mondeil  seft  monftremeur-  Z"'^/"-^-  ^^'^^ 
trier,  &  amateur  deielrulionau  c^  pere  de 
{Imgj&dela  ruinedes  hommes,  ''''''^'''^'' 
ayantfeduit  Adam  pour  le  preci- 
piter  en  la  mort^^  incite  Cain  a 
tuer  Abel  fon  frere;  &:depuisil  a 
toujours  porte  les  liommes  a  de 
lemblables actions.  Etvousmon- 
ftres  encore  par   le  mepris  que 
vous  faites  de  la  verite  que  ie  vous 
annonce  ,quc  vous  eftes  defcedus 


Cha.  ^^66    ParafhrafefurtEHangilede 

cie  cet  eftoc.Car  &  en  fes  adions& 
en  fcs  paroles il  s'eft  toujouis  de- 
taurnc  de  laverite^^parce  quau  de- 
dans il ne  Taime  point ,  &  qu  ileft 
profondementimbu  dliabitudes 
toutescontiaircso  Quanddoncil 
profere  menfbnge,  ilfuitencela 
Ton  genie.  Dautantqu'il  eft  na- 
turellementmenteur^&que  d'en- 
tre  routes  les  creatures  douijcs^ 
d'intelligence,il  a  le  premier  men- 
tis ii  a  depuis  irifpire  le  menfange. 
aceux  qui  Font  voulu  imiter,  &: 
il  le  prouignc  fans  cefie  dc  tout 
fon  pouuoir,  de  forte  que  tres-rai- 
fonnablement  il  en  pent  bien 
t.  4f-     eftre  appelle  le  Pere.    Pourmoy, 

Mais  pie  -       \-  ^  ■  i  f  -  /r* 

dy  -veriii   ic  dis toujours  la  veritc :  mais  aulii 

vous  ne  me  croyes  point :  parce 
que  la  veritc  que  ie  vous  annonr. 

&  le  menfonge  dont  v^        roy 
imbus  par  la   cornm^^^^        ^|u\: 


lejhs  Chrijl  felon  S.  lean]     3^7  Cha.  8. 
vous  aues  auec  voftrc  pere  ^  ne  fe 
pcuuentaccorder  cnfemble.    S'll     f-  4<- 
n  en  elt  ainli^  dites  moy:,  qu  elt-cc  luj^d-entre 
qui  vous  empefchedereceuoir  &  7e^re^2TL 
d'embraflfcrce  queie  vouspropo-  ^''^j'  ^M 

l  r        r  te  dy  vertte, 

fe  aepuis  11  loe- temps?  Aues  vous  pow^uvy  m 
a  dire  quelque  chole  contre  ma  vom? 
perfonne  &  contre  mes  adions, 
qui  vous  oblige  a  foupcjonneria 
verite  de  ma  dodrinc?Que  fi  vous 
ne  pouues  me  redarguer ,  ny  mc 
conuaincrede  riendetelyveuque 
ienevous^nnoncerien  quela  ve- 
ritC)  a  TeuidencedelaqucUe  vous 
nefaurics  refifter  ,  pourquoy  ne 
me  croy^svouspas?Nefaut  ilpas 
que  cela  vienne  de  cette  inclina- 
tion au  mefonge,  &  de  cette  auer- 
iion  contre  la  verite  que  vous 
aucs  tirces  du  principe  de  voftre 
Hire  ?  Certainement ,  comme  ie  *•  ^t* 
ay def-jadit,ciiaqueenc6t  T>ieH.Hf>yt 

_  •  V  1  1      r*  les  paroles  de 

^ii<i^.j  wort  a  la  nature  de  la  cau-  p;>«  .  ^ 


Cha.  8.  5<i8  ^araphrafepr  I'Euangile  de 

paundtvou^  fe  ^chaquepere  tranfmet  quelque 

pinHacJu^  chofe  de  fa  reflemblance  &  de  fes 

^v/"//^^S  inclinations  a  fes  enfans.   Ccluy 

de  Dieii.     Joiic  qui  eft  ne  deDieu,  commc 

vous  vous  en  glorifies,  doit  auoir 

des  difpofitions  conformes   au 

principe  de  {^on  extraction ,  &  ce-- 

luy  qui  a  de  telles  difpofitions 

ecoute  indubitablement  fes  pa-r 

roles.   Puis  done  que  vous^ne  les 

ecoutes  paSj&  que  vous  ne  les  vou- 

les  pas  receuoir ,  il  fautbien  ne^. 

ceffairement  que  vous  ne  foyes  pas 

nes.de  Dieu,  &  qu'en  celavpftre 

^,  48.    vanterie  foit  vaine.  Alorsles  luifs^ 

iufffl7pon-  emeus dece  que  lefus  leur  parloit 

dtre7it.^!uy.^i^{^  ffancliement  ,-&  oiitrcs  dc 

difons  nous  colere  de  ce  qu  il  les  accufoit  d*e^ 

^tuesTalZ  ftreenfans  nondeDicu,  mais  du 

J^'^^^^^^^^^^^  tenir  en  luy 

^^^?  refpondant  de  s'emporcer  en  des 

{)aroles  merueillcufenient  ijifo- 
entes  &  outrageufes.    Ilsluydi- 


lefus  Chriji  felon  S.  Udn,  3^^  Glia,  S. 
rent  done  demy  en  fureur:  N  eft- 
ce  pas  auec  toute  fbrtedc  raifon, 
que  nous  te  tenons  pour  vn  Apo- 
ftat,  vn  fceierat^  vn  homme  ex- 
communie  de  Dieu^  commc  \z% 
SamaricainSj  (carilsauoient  cettc 
nation  en  horreur,  &Ia  tenoyent 
pour  maudite  de  Dicu  &  des 
honimes)  &  quete  vantaiit  d'cftre 
cnuoye-  du  Pere  celcile ,  &  de  nc 
parler  que  par  fes  infpirations :» 
c'eftle  Diable&rlespuifTances  de  ^^  ^,^ 
rEnferquit'ap-itentPVn  autre cfue  i//^^^^^^/'^^-* 

1  ^     n  p  dtt,  le  nay 

lelus  euft  peu  eftre  emeu  de  cxs  point  usi" 
.  1  atrox:eSj&  11  Icandsc^  iionmonFe^ 
Jeux.  Mais  enpartiefahautema-  Z'eMshJm- 
gnanimite,  en  partie  iJ^'douceux  ^'^' 
&fa  debonnairete  incoinparabk !, 
firent  qu:c|)our'<:es  iniii  es  de  Sa  ► 
maritain^  d'Apbftat,  &  d'excom- 
munie,  il  les  laifla  pafl'er  fansy  reC- 
pondrc^  comrne  fi  elles  nel'cuf- 
fent  pbint  touche )  &  pour  le  refte 


Gha.  8.  370  ^ardphrafc  fur  I'EmngtU  de 
il  (e  cdntenta  de  leur  rcpliquer 
ainfi  :  Vous  vous  trompes  mer- 
ueillcufement  ?  Ge  n'eft  pas  le  Dia- 
ble  ny  Igs  Puiflances  de  TEnfcr 
qui  m'agitet.  Maisrhonoremon 
Perc^cnenfeignant  fa  Verite,  5c 
en  monftrant  qu  il  n  a  point  de  fi 
mcfchansenfansquevous.Ceque 
ie  ne  dis  pas  pour  vous  deshonorer 
quant  a  vous :  mais  par  ee  qu  il  luy. 
feroit  ignominieux  de  vous  re^ 
connoiitre  pour  fon  lignage. 
Pour  vous,  en  mlniuriant  ainfi, 
vous  ne  vouspropofcspas  de  rho- 
ndrer;  mais  vous  aues  pour  but 
depandre  de  Tinfamiefur  ma  per- 
Or  ie  ne  ionne.    Si  I'eftois  tcl  que  vous  le 

cherche  point  .  •     /  a  1     n"- 

mag!oire:ii  VOUS  imagmcs ,  &  que  mon  del-, 

lhlrche[  ^  f<^i^  f»^ft  de  chercher  ma  propre* 

5«i  en  iuge,  gloire,&  de  me  procurer  de  Thpn- 

neur,  vos  calomnies  me  toUchc-r 

royent,  &  mon  reflentiment  m'o- 

biigeroit  a  les  repoufTcr  com  me 

clles 


'  lejus  Chriji  felon  S.  lean.      5*71  Cha,  8. 
lelles  meritGnt.  Mais  ce  n'eft  pas  ce 
tjui  me  meine  maintenant ;  ily  a 
cjuelque  autre  que  moy  qui  a  mon 
honneur  en  recommandatiori:,  a 
la  bonte  &  iuftice  duquel  iera'en 
remets.    Il  iugcra  de  la  facjon  dc 
laquelle  vous  me  traittes,  &  don- 
nera'^a  chacun  fa  retribution  &  fa     ^ 
recompenie.   Tout  ce  que  vous    £»  w/. 
me  dices  ne  m  empeiciierapasde  ^ousdiy  que 
vous  inculqucr,  &  de  vous  atteftcr  ^^f^"\^^2 
auectouteslesafleueratiosimagi-  *f  ne  ven^ 
nables^&  pour voftrefalut^fi vous  f^^^r^ 
levouliesainfi  ,  &^  quoyquil  en 
foit,  pourm*acquitterdelacom- 
miflion  que  mon  pere  m'a  don-- 
nee )  que  quiconquc  receura  ma 
dodrine,  &Iagardera  perfeue- 
rahiment^  n  eprouuera  iamais  la 
mort,quoyquilfeniblequepieu      ^  ^^^ 
y  ait  affujetty  toutes  chofcs.  A  ces    ^f"/  {'' 
paroles  les  luits  temoignerent  de  rent ,  mam- 

«♦  ,n  .  rt  r  tenant  nous 

Icltoijnemcnt,  &  peaierent  que  cognotjr<mi 

A  a 


IClia.  8.372.    Pardphrafefurl'Euangilede 

^uetfs  m  k  lefusleurauoitluymefmefourny 

tZhlm  1/?  ^^  J^^^^y^J^  ^^  f^i^^  voir  que  cc 
mart,  &  hs  neitoitpas  pariniure^ny  par  pre- 

JFf0phetes:&      .     .  .  *l  j-t 

tu  dis ,  Si  cipitation  cle  courroux  ,  qu  li^ 
Zr'piZi]  %  auoyentdit  leschofes  quei'ay 
^^^  ""^  s''*^'^^  dcsh  rapportees.  Gar  il  Icur  fern- 
mon.  bloit  qtVil  talloit  eltre  non  leule-^ 
ment  hors  de  fon  bon  fens,  mais 
tout  a  fait  furieux,  S^poflede  par 
le  demon  mefme^pour  promettre 
des  chofcs  fi eloio-nees  de  raifon 
&dapparence.  Quand,  dirent- 
ils,  nous  n'en  aurions  eu  que  de 
foiblts  &  incertaines  prefomp- 
tions  par  le  paffc,  nous  voyonsa 
eette  heure  clairement ,  &  le  iu* 
geons  par  des  preuues  indubita- 
bles,  que  c  eft  le  Diable  qui  te  pof- 
fede,  &quit'in{pireceque  tu  dis.  . 
Nous  ne  te  dironspasquelesau- 
tres  do6tcufs  de  noftre  nation,  ne 
promettent  ricn  de  femblable a. 
leurs  difcipks.  Car  nous  f^auonsj 


Tefi^  Chfifv  felon  S.  leafi.  375  Clia*  8- 
bien  la  bonne  opinion  que  tu  as 
de  toy  mefme,  &  comme  tu  t'c« 
leues  au  dellus  d'eux*  Nous  te 
mettrons  en  auant  des  cxemples  (i 
illuftres  &  fi  glorieux^  quetu  au- 
ras lionte  de  t  y  comparer.  Tu 
f<jaisquela  efte  Abraham :  tufc^ais 
quels  onteft^lesProphetes.  LVn 
a  efte  Patriarche  de  noftre  nation^ 
le  modelle  de  la  foy  que  nous 
deuonsauoirenDieu,  Texemplai- 
re  de  noft re  piete  &  de  toutcs  nos 
vertuSj  celuy  qui  a  receu  les  Pro- 
mefles.  Les  autresont  efte  fouue- 
rains  Do6teurs  en  Ifrael,  &d'vne 
autorite  tout  a  fair  indepedante^ 
fors  de  celle  de  Dieu  mefme.  Et  ce 
pendant  eux  mefnies  font  morts^ 
tat  s'en  faut  qu  ils  ayent  peu  com  - 
muniquer  rimmoitalicc  a  perfoa- 
ne.  Au  lieu  que  quant  a  toy  cu  dis, 
<^ue  fi  quelcun  re^oittadodrinej, 
&  la  garde  perfeueramment,  il  ne- 

Aa  :& 


Clia.  8.  374    ParaphrafcfurtEuangilede 

EsJ\s  prouuera  iamais  la  mort.    Es  tu 
grand  que   Joiic  dIus  grand  &  plus  puijGTanc 

nofire  perg  >        n  '  n  All 

Abraham    quc  D  a  clte  noitre  pere  Abraham, 

C:;iw  qui  eft  mort,  ou  quc  Ics  Proplie- 

^tifi  jont    tes,  qui  font aufli  mores?  Qu'etti- 

faistu  toy  xnes  tu  de  toy  melme,  ou  quelle 

opmion  veux  tu  que  nous  en  ay- 

ons ,  que  tu  t'eleucs  fi  haut  par 

defTus  de  fi  grands  perfonnages? 

ufui  ref-.  A  quoy  lefusleur  refpondit.  le  ne 

we  gior:fie  m  atcriDue  rien  outre  melure  y  & 

^ril^ri^'»'*  (lie  medonoisquelque  louange, 

,(iyien:mon  qu-elqucauantage .  quclquc  gloitc 

^«/;7;#^/^r/-  qui  ne  mappartmt  pas,  le  Ic^ay 

^voHs  ^""dZs  bien  que  de  cette  vanite  il  ne  me 

qutitfi  vo.  feuiendroit  rien.  La  vraye  eloire 

de  qui  que  ce  loit ,  ne  contiite  pas 

en  la  magnificence  des  paroles  par 

iefquelles  il  fe  recommande  loy 

mefmc.  Eticn'aypointamemet- 

tre  beaucoup  en  peine  de  me  rien 

attribuer  pour  m  auantager.  C'eft 


lefus  Chr'ifl  felon  S.  lean.     375  Cha.  8. 
nion  pere  qui  prend  le  foin  de  mc 
procurer  gloire&louange^  celuy, 
dijc,  duquelvous  vousvantes  or- 
dinairement  qu  il  eft  voftre  Dieu.     f-  $s. 
Mais  c'eft  a  faufles  enfeignes  que  u  co^ZfZ 
vousle  faites*  Car  s'ileftoit  voftre  ^"'^  *  "^T 
Dieu, vous  le  connoiftrics,  &  tou-  cognoy:^fiie 
tesrois  vous  ne  le  connoilies  du  Ucognovfott 
tout  point,  le  Icjay  bien  que  vous  ^^  f^yuyi^ 
vous  imagines  lecontraire^  par  ce  ^^^/^^-^'^^ 
quil  a  traitte  les  alliances  auec  &  garde  f^ 
vos  pcres ,  Sc  qu  il  vous  a  laifTe  fes 
oracles  en  depoft.  Maiscelan'eft 
pas  afles  pour  fc  van ter  de  fa  con- 
noiflance ,  fi  on  ne  Thonore  ^  &  fi 
on  ne  le  fert,  &  fi  on  ne  s'afFedion- 
ne  aux  cliofes  lefquelles  luy  font 
agreables.  Etquiconquefeglori- 
fie  de  connoiftre  Dieu,  fans  fairc 
fa  volonte,  celuy-laeftmenteur. 
Quant  a  moy  ie  le  connois  tres- 
bien.  Et  ii  ie  difois  que  ie  ne  le 
connois  point,  ie  ferois  mentcur 

Aa  3 


Cha.  8.  37^    n^araphraJeJurl'Euangilede 
comme  vous.    le  voy  bien  que 
vous  ciTayes  de  me  decourager 
parvosiniares,  &de  m Intimider 
par  vos  complots ,  afin  que  ie  die 
queieneTay  pas  bien  connu  iuf-- 
xju  a  cette  heiire,  ou  au  moins  alia 
que  ic  fupprime  la  connoiflfancc 
que  ie  dis  que  i'ay  dc  luy.    Mais 
cela  ne  ie  peut  en  faxjon  quekon- 
que.  Car  dVn  cofte  ie  le  connois 
treS'parfaitement  ^  &c  de  lautrc 
ie  garde  fa  parole  tellemcnr,  que 
ie  luy  rends  vne  obe'iflfanee  rou- 
te entiere.    De  forte  que  m'ayant 
ordonne  de  publier  la  connoif- 
fance  que  i  ay  de  luy  ,  vous  me 
voules  obliger  a  vne  chofe  qui 
parce  qu'elle  eft;  contre  mon  de- 
Mrah^M  uoir^  m'efl:  abfolumentimpolli- 
r.S"V.  ble.   Pour  ce  qui  eft  d' Abraham, 
defir devoir  que  VOUS  apDellcs  voftrc  pere^  & 
ioumee.  &  a  qui  VOUS  trouucs  cftrangequc 
^'*^fiffim>  ^^^^ ^^  prererer^ s li auoit eu la- 


lefus  Chrifi  felon  5.  lean.  37^  Cha.  £ 
uantage  que  vdus  aues  mainte- 
nantjde  me  voir,  & de  m'enten- 
dre,  &  d  apprendre  de  moy  Ics 
chofes  que  ievous  veux  enfei- 
gner,  il  en  feroit  autant  d'eftimc^ 
&  me  venereroit  autant,  que 
quant  a  vous  vous  en  faites  de 
me(pris,  &  que  vous  conceues 
d'horreur  &  d'indignation  contre 
ma  perfonnc.  Et  ce  quil  a  fait 
autrefois  en  eft  vn  indubitable 
tcmoignage.  Car  ayant  receu  dcs 
PromefTcs  dans  lefquelles  eftoic 
contenue  Tefperance  de  la  ma- 
nifeftation  de  ce  temps  auquel 
ie  parois  deuant  vos  yeux,  quoy 
quil  nc  I'aperceuft  quobfcurc- 
mcnt,  &  quil  nenrcconnuftpas 
a beaucoup  prcs  toutelexcellen* 
ce^  fi  eft  ce  qu  a  peine  £<jauroit-on 
fuffifamment  reprefcnter  au-cc 
quelle  ardeur  il  a  defire  d'en  voir 
raccompliflement.  Les  defirs  les 

Aa  4 


Glia.  8»  378  ^araphraje  fur  I'Euangile  de 
plusvehemens,  &c  quiontaccou-- 
ftume  de  fe  temoigncr  par  Ics 
geftes&Iesmouuemensdu  corpse 
(^comme  chacun  fcjait  qu  en  cetre 
violence  agitation  des  e{prits,  les 
membres  louiFrentordinairemec 
quelque  commotion  confidera- 
bleO  ne  font  point  a  comparer  a 
Tauiditcquilaeue  devoir  la  iour- 
nce  de fon  Seigneur.  Et  Dieu,  qui^ 
bienqnilen  euft  r^fefue  la  claire 
reuelatio  a  la  plcnitadc  des  temps, 
n'a  pas  voulu  fruftrer  le  defi  r  de  cc 
Patriarche,  ny  luy  refufer  abfolii- 
ment  ce  contentement^,  luy  en  a 
fait  voir  quelques  efTais ,  en  des 
apparitions  extraordinaires  &c  e- 
merueillables.  Et  il  n  eft  pas  be^ 
(bin  queieles  vousremarque  plus 
particulierement.    Vous  pouues 
fcjauoir  apeu  prcs  ce  qui  en  eft  par 
la  ledure  de  fon  hiftoirc.  Or  a- 
t-il  fait  paroiftre  vnegrandeioye 


Icfus  Chrifi  felon  S,  learu     375  Cha.  S* 
&  vne  extraordinaire  exultation 
deso  efprit  en  dc  telles  occafions. 
D  ou  vous  pouues  aisement  re- 
cueillir  ce  qu'il  euft  fait  s'il  euft 
veu  de  fes  yeux  la  parfaite  mani- 
fcftation  de  cc  dont  il  n  a  veu  que 
les  eiTais^&^parmaniere  de  dire,lcs    ^ 
ombres.  Quoy  que  ce  propos  de     i-"  ^^'>^' 
noitre  Seigneur  ne  tult  pas  du  tenuTun^a, 
tout  fi clair  qu'il Feuft peu rendre  ^^T^uTnu^ 
sil  euftvoulu.fieft-cequeceuxa  '^»^'C^/«'« 
qui  il  parloit  entendirent  bien  ,  ^^»^i 
qu'iI  vouloit  leur  infinuer  obfcu- 
rement  ^  qu  Abraham  auoit   eu 
quelque  connoifTance  de  faper- 
fonne,  de  quelque  fac^on  que  cc 
full.  Ce  quetrouuanscftrange& 
abfurdaudeladetoute  imagina- 
tion, a  caufe  de  Imterualle  de  tant 
de  fiecles  qui  auoyent  coulc  de- 
puis  la  mort  d*Abraham  iufques 
alors^  ilsluy  repartirent  en  cettc 
forte*  Nous neJf^auons  pas  preci- 


Cha*  8.  580    ParaphrafeJurtEuangilcde 

(emcntquelaagetu  as,  &aconfi- 

dererton  vifage,  il  nc  femble  pas 

que  ta  fois  encore  fortaagc.  QiiPY 

qu  il  en  foit,a  toute  cxtremite,  m 

iie  fqaurois  auoir  cinquante  ans^ 

&cunousveux  faire  accroirc  que 

tu  as  veu  Abraham  !  Il  faut  eftre 

hors  de  fon  bon  fens^,  &  pour 

"^'^  Jf-   auancen&pourreceuoirdescho- 

dit:Enve'  les  dc  ccttc  Hature.    Alors  lelus^ 

TitZmly,  quidVn  cofte  leur  vduloit  mon- 

hfuu,  leurconte,cnraironnant  delafa-- 
^on  y  &  de  Tautre  parler  tellement 
*  defa  diuinite,  qu'il  la  leur  laiflfaft 
pluftoft  a  recueillir  de  fes  propos, 
s'ils  en  euflfent  eftc  capables^  que 
non  pas  la  leur  enfeigner  tout  ou- 
uertement,en  la  diftinguant  net* 
tement  dauec  fon  humanite,  fc 
contcnta  dc  leur  dire.  Sll  n  y  a 
que  ce  grand  intcrualle  de  temps 
qui  vous  empefche  de  compren- 


lefus  Chrijl  felon  5. 1  cm.  381  Cha.  8* 
drc  ce  que  ie  vous  propofe ,  peu  de 
cliofe  vous  arrefte  6c  vous  emba- 
rafTe.  Carcnverite  ievousdis,  & 
vous  Ie  deues  cenir  pour  vne  chofe 
tresindubitable^  que  I'ayefteauac 
qu  Abraham  fuft ,  &  que  vous 
vous  trompes  merueilleufemeBtj 
quand  vous  iuges  de  Tantiquite 
de  mon  cxiftence  par  mon  age,  ^ 
Alors  ces  rens  ne  fe  peurent  plus    -^^^''^'='  *^ 

*^  «  f^^  >/     1         prindrentdes 

coatenir ,  que  leur  rureur  n  ecla-  pierre,,  ^our 
taft:  de  forcequelaiffantlalespa-  ^^^Z 
roles,  ils  fe  mirent  a  leuer  des  pier-  f"/^'  '""'^f 
res  pour  les  letter  contre  luy ,  com-  Tem^u. 
me  ayant  prononce  blafpheme. 
Mais  lefus,  qui  n^eftoit  expose  a 
leur  rage  finon  autant  qu  il  vou- 
loit :,  les  empefcha  d'executcr  leur 
mauuais defleia ,  &s'eftant  cache 
de  deuantleurs  yeux^  ils'ccoula 
doucement  du  milieu  d'eux ,  & 
fortit  hors  duTemple.  Tcllement. 
qu  ayarit  palTe  au  traucrs  d'eux 


Cha.  8.  38r    ^araphrafe  fur  l'EuangiIed€ 

fans  qu'ils  luy  fiflfent  aucun  md^ 
il  s  en  alia  dc  la  force. 

CHAPITRE    IX, 


mnefuspar-  ^^^R  commclefustrauerfoit 
ime  ^«^«.  ^M^idans  ies  ruesdelaville,  u 


^^y^»*-  (^^.^..^appcrceuc  la  vn  certain 

homme  aueugle  des  le  ventre  de 

fa  mere,  qui  imploroit  Tafliftance 

jEifesMfci-  &  la  charite  des  pafTans-  Et  com- 

^InlTuli  ^^  fcs  Difciples  qui  le  fuiuoyenc, 

fre^quiaje.  virettt qu*il  iettoit  Ies  yeux  fur  cet 

€j.oufespa-  homme,  lisenpnrent  loccahon 

w^;^f«^/^.  de  Imterroguer,  pour  auoir  dc 

luy  la  folution  d Vne  difficultc 

qu'ils  ne  croyoyent  pas  eftre  de 

petite  cottfequence.  Ilsiuydirent 

done :  Maiftre^  il  n'y  a  point  d  ap  - 

parence  qu  vne  fi  grande  calami- 

ce  qu'eft  celle  d'eftre  aueugle  de 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  3S3  Cha.  % 
naiflance,  foit  arriuec  a  ce  poure 
miferable,  finon  pour  quelque 
grand  &  confiderable  peche.  Di- 
nous  done,  s'lkeplaift,  a  qui  on 
doit  impiiter  la  caufe  de  fa  mifcre. 
Eft-ce ;  comme  quelques  vns  ont 
cette  opinion  des  ames^  qu'elles 
paflent  d'vn  corps  en  vn  autre; 
que  cettuy-cy ,  du  temps  que  fon 
amc  eftoit  dans  vn  autre  corps, 
ait  commis  quelquc  notable  pc-  ^ 

che  dont  il  porte  a  cette  heure  la 
punition  ?  Ou  bien  fi  cc  font  fon  .^-^ " 
pere  &  fa  mere ,  qui  foit  conjoin- 
tement,  comme  il  arriue  en  qucL 
ques  rencontres,  oufeparement, 
ayent  commis  quelque  faute  qui 
ait  attire  lire  de  Dieu  fur  leur  en^' 
fant?  Il  ne  faut  pas  douter que  fes 
difciples  ne  s'attendiffent  que  le- 
fus par  fa  refponfe  s'engagerbit  aii 
moins  dans  la  refolution  de  IVne 
de  deux  grades  difficultes.  Car  s'il 


difoit  que  c'eftoit  Taueuglc  qui 
auoit  peclie:,  il  donnoit  gam  dc 
caufe  a  ceux  qui  teiioyent  la  me- 
tempfychofe  ,  &  s'obligeoit  a 
leucr  toutes  les  abrurdites&  tou- 
tes  les  mauuaifes  confequcnces 
qui  fuiucnt  de  cette  opinion.  S*il 
imputoitlacaufc  defon  aueugle- 
ment  aupechcdefes parens ,  ilnc 
pouuoitj  celeurfembloit,  euitef 
de  leur  demeflcr  la  queftion  com- 
ment la  punition  des  peches  des 
peres  &  des  meres  peut  tomber 

tefJ^ref  ^^^^^  ^^^^  pofteritc.    Mais  lefusj 

ponMt :  Ne  q^i  voyoit  diuinement  clair  eri 

I'echl.nefes  toutcs  chofcs ,  auoit  accouftume 

TeftTfmque  dc  dounct  des  refponfestoutau^ 

t'/^^'T''^^  ti^es  que  les  hommes  nauoyent 

mantfefl^es  pcnle.  Satts  clonc  touciier,  uy  a  u 

^^  '''^'       metempfychofe,  dot  ils  deuoyent 

reconnoiftre  &  rejetter  Terreur 

d  eux  mefmes,  fans  fon  aduertil- 

fement ;  ny  a  la  queftion  de  lim- 


.  y lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     ^8j  Clia.  %r 
jputationdespechesdcsperes  aux 
cnfans,fur  quoyla  diuine  Parole 
leur  donnoit  d'aflcs  clairs  enfei-- 
gnemens,  illeur  refpondit  ainfi. 
Ce  n'eft  ny  pour  fon  propre  pc- 
clie  ,  ny  pour  le  peche  de  fes  pa- 
rens, que  cet  homme  nc  void 
goute.  Cen'eftpourtantpasquil 
ne  foit  pecheur  des  le  ventre^ 
comme  tous  les  autres  le  font :  ny 
que  fon  pere  &  fa  mere  foyent 
exempts  de  peche  non  plus: car 
tout  le  monde  en  eft  coupable. 
Mais  c  eft  que  Dieu  n  a  point  eu 
d  fgardaaucun  peche  particuUer; 
fbitde  luy  ,foit  deceuxquirpnt; 
engendre ,  comme  vous  le,  vous. 
imagines,  pour  TaifBigei:  comm© 
il;a  fait,  ,11  a  eu  c-e  delfein  de  lei 
choifir  pour  cftre  vn  des  fujcts 
dans  lefquelsii  yeut  faireparoi- 
lire  la  grandeur  de  fa  piiiffancc 
dans  la  ni?rueille  de  fes  adions., 


urer. 


Cha.  9.  3§5  ^araphrdfe  Jur  I'Euangite  de 
MmtjLt  Gar  ilm'aenuoye  pour  faire  tou- 
fMuUso^H.  tes  forces  de  grandes  &  miracu- 
quim'^en-  Icufcs  opcratioHs  pour  Tilluftra- 
"qu'iUfihtr.  tionde  fagloire,  &pour  la  con- 
L^  nuia    firmation  de  ma  Miffion  :  &  il  en 

Viet  que  nut 

pern  oH^  aprcpan61efuje£t&la  matiereeh 
grand  nombrc  de  perfonnes  que 
vous  voyes  en  ce temps,  affligeesi 
de  diuerfes  fortes  de  fleaux,  &  qui 
attcndentmon  affiftance.  Il  faut 
done  que  ie  guerifle  celuy  cy,quc 
la  Prouidence  dc  mon  Pere  me 
prefente,  &  que  decettea6tioni6^ 
vienne  aux  autres  qui  me  font  af- 
fignees  pour  Ie  temps  de  monfe- 
jour  icy  bas.  Car  ce  temps  la  eft 
comme  vne  iournee  qui  m'eft  or- 
doriiiee ,  pendant  la  lumitre  dc^ 
laquetle  ie  dois  iritfetfammenttfa- 
uaillcr  aux  deuures  de  celuy  qui 
m'aenuoye.  Quand  ce  temps  la 
fcra  palTe ,  &  que  ie  mcferay  reti- 
re ,  ce  iera  commc  la  nui6t  /  en 

laquellc 


IefusC%ri]l  felon  S.  leM.  585  Gha*  11 
laquelle  tout  le  monde  (t  rcpofe, 
nul  ne  pouuant  trauailler  pen- 
dant fon  obfcurite.  Lors  done 
que  cette  nuid:  la  fera  venue  ,  ic 
cefleray  dagir  de  la  forte  5&  nc 
feray  plus  de  miracles  comnie  Ten 
fais  maintenant.  Tandis  que  ie  ^;^J' ^.^ 
fliisau  monde,  ie  fuis  lalumiere  ''  /«"  ''^ 

d,  I  monde  ,    ie 

u  monde  ^  &  pour  le  corps  &  >«  u  lu^^ 

pourlefprit.    A  cet  hdrnmeicy  Zlndt^^  - 

ie  rendray  la  lumiere  corporelle 

en  leguerifTant :  aux  autres  i  cclai- 

reray  Tentendement  par  la  fplen- 

deur  de  ma  do6trme  ,  &  par  les 

rayons  dc  ma  verite.   Et  ce  que  ic 

m*en  vay  prefentement  exccuter 

en  fon  corps  ^  vous  fera  vn  fym- 

bole  &  Vn  argument  de  ce  que  ie 

feray  pour  les  ames.    Aulli-toft     f,  g, 

qull  cut  proferi  cela  ,  il  cracha  ,,^;^:2! 

contre  .terre^  &  puis  ayarit  peftri  '^  ''^^'^f  ^ 

vnpeu  depouliiereaueclaiauue,^^  u  boue 

ilenfit  de  la  boue,  qail  r^maffa  %  ci^llZ 

Bb 


Cha-  9-  388    PardphmfefurtEuangiUik 

yefixdc  va-  ^^  oignit  ou  cnduifit  les  yeux  dc 

1  aueugle  qui  eftoit  la  prefent.  Ce- 

la  fait,  il  dit  incontinent  a  Taueu- 

glc  ,  Va-c-en :  laue  toy  dans  le 

iauoir  qui  fe  fait  des  eaux  de  la 

fontaine  deSiloe.Or  choifit-ilce 

f,  7.     lieu  la  particulierement,  a  caufe 

yf.v  w  4e  I  etymologic  de  ce  nom.  Car 

/r»    Iauoir  %\\q^  figmfic ,  Enuoyc  I  cc  qui 

de  St  he  9''**       ^       .      /-  ^  "^  ^^ 

't.^?#r^«fz««f  eltoit  rort  propre  pour  reprelea- 
^»2«^k'.  //;.  cer  que  comme  par  la  vertu  ks 
;  w':'S  cauxqui  portoyentcenora,  fer^ 
reuint  z'oy.  uitoient  a  U  guerifon  de  Taweu- 
glement  du  corps;  la  Grace  &  la 
verite  de  luy  qui  eftoit  veritable- 
mcnt  tEnuoyedc  Dieu,  gueriroit 
Taueuglement  fpirituel  dont  les 
ames  des  hommesfont  naturelle- 
Hient  faifics,  L'aueugle  done 
obeiflant  a  fa  parole ,  sen  alia  ^  & 
felaua  comme  il  luy  auoit  dit,  & 
s  eftant  laue  ils'cn  retourna  voy- 


ant. 


tcfus  Chrifi  felon  S.  lean.  383)  Cha.  pJ 
Snt  jCommc  fi  iamais  il  n'euft  eftc 
priue  de  la  vcue.  li  ieuft  feicn 
gucri  s'il  cuft  voulu ,  tout  fubite- 
ment,  fans  y employer  nyle  lauc- 
ment  de  Teau ,  uy  roigncment  dc 
la  boue.  Car  fa  puilTance  n'cftoic 
point  attachee  a  ces  chofesexte- 
rieur€s ,  &c  dVlles  n:Lefmes  dies 
n'auoyent  aucune  vertu  pour  pro- 
duire  vn  fi  grani  effec.  Mais  ou- 
tre la  raifon  partjculiere  tiree  de 
la  fio-aification  du  nom  de  Siloe . 
lefus  auoit  cncorc*deux  autres  rai- 
fons  dVier  de  ces  moyens  exte- 
rieurs  en  ces  operations  miracu-- 
Icufes.  LVne  eft ,  que  ces  chofcs 
externes  frappant  lesfensdesafli-^ 
ftan#  ,  &  Teffed:  miraculeux  s*en 
enfuiuant incontinent  apres , let 
prit  dc  ceux  qui  voyoyent  k  mira- 
cle en  demeuroit  d'autant  plu# 
viuement  conuaincu^que  c'eftoir, 
nofilcmoycn  externeccrtes,  qui 

Bbi 


lauoit  produit ,  mais  la  verm 
de  celuy  qui  Ty  auoit  voulu  em- 
ployer. Autrement  fi  lefus  euft 
fait  fes  miracles  fans  quclque  tel 
argument  de  fon  operation,  on 
neuft  iamais  manque  derappor- 
ter  ces  effcts  a  toute  autre  caufe. 
L'autre  eft ,  qu'encore  que  ce  ne 
fuflent  aucunement  ces  moyens 
quiproduifoyent  les  miracles ,  fi 
eft-ce  que  par  quelque  foible  a- 
nalogie  qui  fe  trouuoit  ordinai- 
rement  entre  leur  nature,  &  la 
nature  des  miracles  mefmes^il 
vouloit  aduertir  Ics  hommes  que 
par  tout  ou  ils  peuuent  fuiure 
Tordre  que  Dieu  a  mis  entre  les 
cliofes,  ilsnele  doiuentpasnegli- 
gcr ,  mais  appliquer  chaque  chofe 
a  Ivfage  &  a  la  fin  a  laquelle  la  Pro- 
uidence  de  Dieu  la  deftirfse.  Ainfi 
a-t-  il  appellc  les  morts  par  Jeur 
m  pour  les  reflufciter,  parceque 


lejus  Chrifi  felon  S.  lean.  39I  Cha.  % 
la  morteftcommevn  fommeil,& 
que  rien  ne  reueille  fi  toft  vn  honi- 
me  de  fon  fommeil ,  que  quand 
onluy  fait  refonner  vn  peu  hau£ 
sopropre  nom  aux  oreilles.  Ainfi 
a-t-il  mis  les  doigts  dans  les  oreil- 
lesdesfourds,  pourlesdeliurerde 
la  furditc ,  par  ce  qu'on  elargit  & 
qu'on  dcbouche  dc  la  forte  ks 
conduits  que  quelques  empefche- 
mens  tienneht  etouppes.  De  quoy 
il  {e  pourroit  encore  produire 
quantite  d autres  exemples.  Heft 
vray  qu  il  femble  que  de  la  bouo 
n  a  pas  grade  correfpondace  auec 
la  guerifondesyeux.  Mais  outre 
que  la  faliue  d  vn  hommefain  & 
fob  re  tout  enfemble,  a  quelque 
chofe  de  fort  doux ,  &  de  fort 
propre  a  deiTiller  des  paupicres 
que  quelque  humeur  gluante  a 
coilees  Tvne  a  Tautre,  la  pouffiere 
que  lefusy  mePian*cfticy  confide- 

Bbj  .     ^ 


Cha.  5?.  39^    l^araphrap  furtEuangileJe 

reeque  comme  le  corps  qui  don^ 

lie  la  confiftaiace  a  roignement. 

De  forte  que  le  Seigneur  a  voulu 

cnieigner  par  la,  non  quec'eftoic 

ce liniment,  &  le  lauement  qii il y 

adioufl:c,quigueriffoic  cet  aueu- 

gle :  car  la  nature  de  fon  mal 

le  rendoit  abfolument  incurable 

aux  pluspuifTans  &  plus  efftcaces 

medicamens :  mats  bien ,  que  la 

ou  les  oignemcns  &  ks  coUyres 

peuuentprofiter ,  il  lesy  faut  eto^ 

ploycr',.con£ormen3L€nt  a  Tordre 

que Diiu.a  mis dkjisles  cliofes de 

or'iesvffi'  la  Natui^e;  :Ma}is;poui:  recouTiieif 

iZfarZl  aiir€citi.tk  noftre?  liiftoire ,  brs 

suct^ntvef,  qiie  lei.voifirfs  d'u  lieu  oil  cet 

a^.cugie,di.  homme  Letcnoit  ordinairemenr, 

cepa^cej^^y..  &  gaijeralemcnc  rous  ceux   qui 

ZfT'^^qtlt  1  auoyentauparauanc  conu  aueii- 

9»-.eUioti?     glc:,  virem:  leehangement  qui  lui 

eftoit  arriue^  ils  furcnt  tellement 

furpris  d'eftonnement,  qua  peine 


Icfm  Chrifi  felon  S.  lean.     3^5  Cha.  5^. 
fe  poiiuoyent-ils  perfuackr  que  ce 
fuft  luy  mefme ;  de  forte  qu  ils 
s  entredemandoycnt  les  vns  aux 
autres^  N*eft-cc  pas  la  ce  mifera- 
blequi  fe  tenoit  affis  fur  le  paffa-     ^^ 
ge,  &  qui  mendioit  ^  Et  les  vns  di-    l«^»*  '^- 
ioyentathrmatmement.c  eltbiefi  cejiuycy-Et 
uy  ilesautres^encorequ  ilsvilient  ^^.^^,  j^,,, 
bien  que c*eftoit lay, ne lofoycnt  <^»  '^^jf 
nourtant  afleurcr  ouuertement,  lu.uydi. 
&  le  cotentoyent  de  dire jCe  n  eit  ,,^ 
peut  eftrepasluy;mai>  ccrtesil  luy 
reflemble.  Mais  luy,  qui  les  entcn- 
doit  ainfi  parler,  faifoit  tout  ce 
qu  il  pouuoit  pour  les  titer  de  leur 
fufpens,  &difoit;  Ceftbienmoy 
*mefme ,  fans  doute ,  & non autre,     ^  ^^^ 
Conlirmes  <ionc  qulls  furent  pat*  ,  ^^^  ^*''»^ 

^         X  -1     1         a&ncy  Corn- 

ion  propre  temoignage,  lis  luy  ^^^^/o^j^irj^/ 


demanderent  alors :  Comment  ^^;<;^ 
cela  t'eft-il  arriue  ,  que  tes  yeux 
on t  elle  ouuerts,  &c  par  quel  mira- 
cle eft-  ce  que  la  Veue  t'a  eftc  ren- 

B  b  A 


ouuerti     tes 


cpuur&  U 


Cha.?  •  3M  ^ draphmfe  fur  I' Euangih  dc 
^  jj      diie  ?  A  quoy  fans  tergiuerfcr  if 
linfpondit,  xepondic  incontinent,  &leurrap- 

C.eji    horn-         l  ^  F 

w^  ,  ^«w  porta  tout  naimementcomme  la 
TfJ/del^  chofes'eftoitpaflee,  Ccthommc, 
^rii^Z  ^i^-il^  qu  on  appelle  commune- 
jeux^m'a  xncnt  Icfus,  a  faitdelaboue  defa 
Unoirdesi.  \d\vac  aucc  vn  peu  de  pouiiiere, 
loMe^  Et  iy  P^is  apres  en  auoir  doucemcnt 
/"'Vw'  ^  frotte  mes  yeux  ^  comme  fi  c  eufl: 
'V  ^^  cftc  quelque  oignement.  il  ma 
dit^  Va-t-enau  Lauoir  de  Siioe, 
&te  laue.  le  m'y  en  fuisdoncallc, 
&  me  fuis,  comme  vous  pouues 
penfer,  trouuemcrueiUeufement 
&  ioyeu^  ,  &r  cftonnc  ,.de  ee  que 
fans  autre  fa^on  Tay  en  vn  mo- 
Adonciu  ment  recouuie  layeiie.  Alorsils 
oiefie^efiuy  G^c  rurent  pas  moms  lurpris  d  ad- 
miration que  luy,  &  delireax  plus 
qu  on  ne  fcauroit  exprimer  ,  de 
voir rauteur  de  ce  miracle  ^  ils  luy 
demanderent:Ne  f^aurois  tu  nous 
dire  qucfl;  dcuenu  cet  hommela^ 


f.  II. 


latf  tidit:  ie 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.  395  Gha.  9» 
&  ou  il  eft  maintenant  ?  A  qlioy  il 
leur  refpondit :  Ic  ne  f^ay  3  car  en 
racn  allant  au  Lauoir,  ie  Tay  laifse 
au  lieu  ou  il  m'auoit  oint  les  yeux , 
&  n  ay  point  appris  depuis  ou  il 
fe  peuc  eftre  retire.   Alorsnefe    ,f*^^' 

r  lis  I  ame» 

mettant  pas  en  peine  de  le  cher-  nere^t  mx 
cher,  maisextremement perplex  ceinyc^uia- 

r       )       '  .  »*l  ^    uoif    autre- 

lur  le  lugemenr  qu  lis  auoyent  a  ^^^^  ,^i  ^^ 
f aire  &  de  luy  &  de  fon  adion ,  ils  '^"^^^" 
prirent  cethomme^quiauoit  efte 
aueugle  auparauant,  &  le  mene- 
rent  aux  Pharifiens,  gens  de  gran- 
de  reputation  parmylepeuple3& 
dont  en  grande  partie  eftoit  com- 
pose le  Confeil,  a  celle  fin  que  ce- 
luy  qui  auoit  eftcgneri,  ayant 
rendu  temoignage  de  ce  qui 
sxftoit  fait  en  fa  pcrfonne ,  &  ap- 
paroiflant  ainfi  ccrtainement  de 
la  verite  du  fait,  ils  viffentceque 
les  Pharifiensen  prononceroient. 
Or  eft  icy  a  remarqucr  vne  cir-   or'edaitti 


Ch3.  5^,  39(J    ParaphrafcfurtEuan^lcde 
li^lltfr  conftance  notable  encette  hiftoi- 
frnttUBaue^^  jp  &  Qui  fcfa  dc  ersocfe  importa- 
<*tK«»««r  las    ce  pour  ce  qui  arriua depuisrC'eit: 
'^^^**"         que  quad  kfus  fie  de  la  boueaucc 
fa  faliue  &  de  la  pouffiere ,  6c  quil 
ouurit  les  yeux  de  Taueogle  ,  il 
eftoit  ionr  de  Sabbat :»  auquct  les 
luifs  ne  fairoync  aucune  oeuure 
t„  n^     de  Icnr  mains.  Quand  done  cet 
^^d^  homme  fat  en  la  prefence  des 
I'im^o^t^    Pharifiens ,  &  que  ceux  cmi  ly 
we^fcom-  .auoyeint  conduiXjen  eurentexpo- 
m>it  ttmu>-  seIacaufe;quoy  qu'ilsIeureufTent 
^^wTf*  ^it  que  le  perfonnage  arteftoit  de 

!fe  "^u  ZZ  "'^  ^^^'^^^^"^  ^'^  guenfon^fi  eft  ce  que 

fMrms^y,cu.x  ks  Pliarifieus  en  voolurenteftre 

limi^  ^ie  mrormes  de  la  proprc  Douche^ 

^^"  &qu'iIsrinterroguerent  derechef 

fur  la  fa^on  de  laquelle  il  auoit 

recouurc  Tvfage  des  yeux.  A  quoy 

il  refponditclairement,&  brieue- 

mentpourtant,  commevn  lidme 

que  de  fi  frequentes  int  crro  gatios 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.  35)7  Cha.  ^, 
comen^oyenta  importuner.  Il  a, 
jdit-  il,  mis  de  la  boue  fur  mes  y  eux: 
dc  la  ic  m'en  fuis  alle  me  lauei: 
au  Lauoir  de  Siloc  :  Vous  voyes 
vous  mefmele  refl:e,c'eft  que  par 
ia  grace  deDieuie  vay.LesPhari-  jp^t^'«,^'f«. 
fiens   auoyent  bien  monftreiuf-  ^«f^"^^^- 

/  njiens   at' 

quesilorsvne extreme malio-nite,  /^^>«^  c'*/^ 
&  vneobitmanommnciblecnde  point  di 
seblablesoccafiom.-maisen  celle-  ^e'gardc7e 
cy  ihs'y  furmontcret  eux  mefmes.  ^^^^^'^"^•! 
S'lls  euflent  peu  chicaner  fur  la  (dent.comet 
yerite  du  fait,    ils  xiyeuffentpas  S»J^^/ 

'  X  T     1  ''^  viuant  fat- 

manqu^.Neiepouuantpas,acaur  ^,  ,,,fyr.es 
fe  dela  prefence  deceluymefme  fy  .''''^'! 

"V   r         .    T  "•  loll       dtjfenfiQentr 

qw  autz^itlenti  le  miracle^&dela  ««^- 
certitude  du  tenloignagc  quilea 
rendoit,  ils  fe  mircnt  a  pontiller 
j[ur  la  circonftance  du  temps, 
commefi  la  reuerence  du  Sabbat 
euft  rendu  ceite  action  illicitel 
En  quoy  ik  monftroycnt  bictl 
que  la  pallion  les  aueugloit.  Car 


Cha.  5>.  398  ^ardphrafe  fur  I'Euangile  de 

riy  la  Loy  ne  defendoit  point  ainfi 
rigoureufemenc  de  faire  fi  peu  de 
chofe  qu'eftoit  vn  peu  de  boue 
peftrie  de  poulliere&de  cracliat> 
ny  quand  clle  I'auroit  defendu  ^ 
cette  defence  qui  n  eftoit  que  cc- 
remonielle  feulement ,  ne  deupit 
point  preualoir  en  cette  occafion 
fur  la  charitc  qui  encline  les  horn- 
mes  a  fe  bien  faire  les  vns  aux  au- 
tres.  Quelquesvnsdonc  des  Piia- 
rificns  difoyent  >  Qi^py  qi^'il  ^^ 
foit,  &  quelques  oeiiures  qu  on  dia 
que  cet  liomme  la  fafTe,  aflfcure- 
ment  il  n'eft  point  enuoye  de 
Dieu  :  car  ilne  garde  point  fes  or- 
donnances,  &  nobferue  point  le 
Sabbat.  Lesautresrefpondoyenti 
S'll  n  eft  point  enuoye  de  Dieu^, 
puis  que  neantmoins  il  fe  vante  de 
reftre,il faut  qu  il foit  vn  impo- 
fteur,  &  vn  mefchant  homme, 
de  s'attribuervne  iTiifTionde  Dieu 


lefm-  Chrifi felon  S.  h-ayu     39^  Chas  j>^) 
que  toutcsfois  il  n  a  pas.  Or  com- 
ment eft  il  poflible  qu  yn  impo- 
fteur  &:  vn  fcelerattelqucvousle 
vous  figures,  fafle  les  fignes &Ies 
miracles  que  ce  personage  la  fait? 
Dieu  prefteroit-il.fa  puiflance  a 
vn  homme  qui  abuferoit  de  foa 
riom  aueetant  deiacrilege?  Ainfi 
comme  leurs  fentimens  eftoyent 
partagss,  leurs  affedionsfe  diui- 
foyent  pareillcment^de  forte  qu  ils 
cntomberentdansvnediffenfion 
confiderable.    Et  neantmoins  >     *'  ^^'^^ 
comme  ficeuft  eftcde  concert,  f  ''''^f  ^ 
lis  tomberent les  vns& les  autres,  T^yq**edk- 
dans  vne   mefmc    penfee  ,    de  qm  ^rdl 
f^auoir  de  celuy  m^fme  qui  auoit  '*''^^'^''''^ 
efteaueugle,  queliugement  il  en 
faifoit.   Car  encore  quil  nc  fuft 
pas  homme  de  grande  confidera- 
tion,  fi  eft-ce  que  de  part  &  d'au- 
tre  ils  efpcroyent  que  ce  qu  il  en 
prononceroit  confirmeroit  leyr 


Chi.  pi  4^6  ^araphrafcfHrtEuangileJe 
fcntimen»r,  &  s'attendoierit  dc  sen 
preualoir  concre  I'opinion  con- 
traire.  lis  s'adrelTerenc  done  dc 
rcchef  a  lay,  &  luy  direnr:  Ec  toy, 
que  cette  affaire  la  touchc  de  plus 
prcs  qu  aucun,  que  dis  tu  de  cet 
homme,  &  que  penfes  tu  quon 
doiue  iuger  de  cc  qu'il  taouucrt 
lesyfux?  A  quoy  il  refpondit  fan5 
hefiter :  Pour  moy  i'eftime  que 
c'eft  vn  Prophete,  &  ne  m'arrefte 
du  tout  point  a  ce  qu  ii  n'a  point 
obferuc  le  Sabbat.  Car  nous  te- 
nons communement  que  les  Pro- 
phetes  n'y  ont  point  efte  afluiettis 
audi  rigoureufement  que  les  au- 
tiaTus  tresiiommefi.  Alors  parut  bien 
luifs  ne  quelle  eft  robftinationderefpric 
de  luy  quii  humain.  Car  CCS  luirs  la ,  qui  nc 

%ugie&   conteftoycnt  pas  auparauant  que 
fiirccouufi  1^  ^j^^^^  ^^^^^  ^^^  f^-^^  comme 

<^ues  ^  ce    onlaleurauoit  rapportee.  &qui 
hnn$hf«re  s  arreltoycnt  ieuiemcnt  a  la  cir-^ 


Itfus  Chrlji  felon  S.  I  em.  401  Cha,  5); 
cohftance  du  temps  y  &  a  cctte  ^  ^*  ^«^ 
pretendue  violation  du  lour  aa^«fy 
RcpGs  i  fe  voyans  defarmes  dccct-  ''''^ 
te  raifon  parlarerponfederaueu- 
gle ,  &  n'ofans  pasnier  vnc  cliolfe 
communement  rcceue  parmy  Ic 
peuple  J  qu*en  diuerfes  occurreccs 
vn  Prophete  pouuoit  negliger 
robfcruationdu Sabbat;  plu^oft 
<juc  d  acquicfcer  a  la  verite ,  ils 
voulurent  cnGore  rcuoquer  cti 
doutc  fi  veritablemec  ii  auoit  eftc 
fait  vn  miracle.  lis  dirent  done 
qu'ils  nc  croyoyent  point  ny  qac 
celiiy-la  euft  efte  aueuglc.ny  qu  il 
cuftefte  gueri,  iu(quesacequils 
en  euflcnt  oui  dcs  temoins 
plus  autentiqucs  pour  f^auoir  s'H 
ciloitainfi.  Ainfi  ils  doxincrenc 
ordre  qu  on  allali  appeller  le  perc 
&  la  mere  de  celuy  qu  on  difoit 
auoir  recouure  la  veue,  afin  qu'oa 
!es  ctttendift  en  plcin  ConfeiL 


Cha.  ^'  401  ^dra^hrafefurl'Eudngileie 
^  ,^.  Eux  done eftans  venus,  ils  lesin ^ 
zt  ies  in-  terroguerents^il  eftoit  vrayquib 
difms\iE(i.  euflencvn  enrant  qui  eulteite  a- 
fii"que-uous  ueugle  des  fa  naiflance  ?  Ceque 
^IniluZ  cesgensayantineontinehtaccor- 

^^'''""ifii  ^^^  ^^^  ^^^^^  continuerent  de  la 

mainteam?  fortc   Eft-cc  doiic  U  voftrc  fils, 

<?/  pr/>^1^/^.  que  vcus  dites  eltre  ne  aueugle  ? 

Ec  fi  c  eft  luy ,  aues  vous  quelque 

connoiflTance  dc  la  fa^on  de  la- 

quelle  Tvfage  de  fes  yeux  luy  a 

uperTa*  "cfte  donn6  ?  Aldrs  ces  deux  po- 

^iJ^imrTef-  "^^^  g^"^  appeixcuans  bien  au 

pondirent,    toti  dc  ia  voix,  &  a  k  fa(^on  dc  la- 

2c^«;7^^«oI  quelle Icsluifslesinterroguoyenti 

Tole%'l  quilseftoyent  pleins  de  paflion 

^uri  a  ejii  ^j^  ^^^.^.^  affaire , &  particuliere- 

nient  Ic^achans  c^  que  ie  rappbrte- 

ray  tantoft  dc  la  rcfolution  des 

luifsjils  tafcherentdefeconduire 

tellement  en  leut  refponfe ,  qu  ils 

ne  Ies  offenfaflent  point.    lis  leur 

dirent  done: Nous pouuons bien 

vous 


Ay^i  Chrijl  Jelon  S,  lean,  ^oj  Clia  p: 
Srous  dire  cer.tainemient  que  c  eft 
la  nollrc  fils ,  car  ^  comme  vous 
pouues  croire,  nous  le  connoiC- 
ibns  bi^n.  Ec  qu  il  foic  ne  aueu- 
gle  ,  cxft  cliofe  cle  laquelle  nous 
pouuons  bien  encore  vous  atte- 
iter  :  par' nous  Tauons  toujours  .  . 
veuteidepuisunaiflance.    Mais   ^^^^^^om^ 

'^  .1      ^  .      /  ^         me  mmnte" 

comment  it  elt  arriue  que  main«  nmtUvcit, 
tenant  il  voye,&qui  c  eft  qui  luy a  J^J'  ,^ 
^ouuertlesyeux,  c'eft  chofc  dont  f^''^««"'^ 
nous  ne  pouuons  ricn  vous  dire,  ^^^^^^y?^- 
parccque  nous  ne  la  l^auonspas.  i-aage^inur^ 
Mais  vous  voyes  qu  il  eft  grand,  ,X^;%' 
&  en  1  aage  auqucl  les  hommes  *'''^^''' 
ont  accouftume  d  eftre  iuges  ca- 
pablesdc  porter  temoignage  dc 
quoy  que  cc  foit.    S'il  vous  plaift 
dc  i'interroguer,  il  refpodra  enco- 
re mieuxde'ee  qHileconccrne,  & 
qui  luy  eft*  arriue  en  particulier^ 
qti*il  ne  feroit  de  toute  autre  cho- 
fe.    Or  en  cela  parut  bien  quelle   t''a^,lc& 

Cc 


ChaT  5^404  Parkphrafefurl'Euangilede 
/.....^..r/pviifTancc  lapeur  a  furlesefprit^: 
mrK^.,    Carnon  feulement  elle  induifit 
craignoietUi  CCS  gcHs  a  dilumulcr  vnc  cholc 
^'llifs'Zoit't  laquelleilsf^auoienttres-bien^  & 

''f/^rf^  ^^^^^^^P^^^^^^^^  centre  leur 
le  confejfoit  proprc  confcicncc  QU  iIs  u'cn  fca- 
iifiroit  mh  uoyent  ricn;  maiscue  les  portaa 
fiZgogut.  "  reietter  pluftoft-  far  Icur  fils  Ic 
danger  que  pouuoit  caufer  vne 
relponle librc  &  ingenue:,  qu  a  s  y 
engager  eux  mcfmes :  quoy  qu'il 
eft  arriue  quclques  fois  que  les 
peres  &  les  meres  ont  prefere  la 
feurecc  de  leurs  enfans  a  la  leur.^ 
Maistant  y  a  que  la  craintequc 
ceuxcy  eurentdes  luifs ,  fit  cet  ef- 
fect en  leurs  ames.  Car  c  eftoit 
vnechofe  diuulguee  par  tout,qu€ 
les  luifsauoyentcomplotte  &ar- 
refte  entre  eux,  queVil  y  auoit  au- 
cun  qui  ofaft  confefler  que  lefus 
cftoit  le  Chrift ,  on  fulmincroic 
centre  luy  la  premiere  excom- 


J ejiis  Chrifl  felon  S,  lean.     40;  Chzl^} 
inuiiic^tion  ,  qui  eftoit  d*efl:re 
ictte  hots  de  la  fynagoguc^,  & 
qu  on  ledeclarerpit  indignede  la 
fociete  religleufe   des  Ifraelites.    f.  >?;:' 
Voila  pourquay  le  pere  &  la  mere  Juf^^onfL 
de  raueugle,  craighansque  leur  'it.tTI 
refponfe  he  les  enlacaft  dans  ce  '^^^''»^w>- 
mauLiais  &  ignommicux  euend- 
menc ,  renuoyerent  rinterroga- 
tion  a  leur  fils.,  en  difant ^  Iletl 
grand:,  &  a  de  I'aage  ,  demandes 
luy  a  luy  mefme  ce  qu  il  enTcait^ 
&  ce  qu'il  en  penfe.    Ce  que  ces    *•  ^^V 
deux  perlonnes  auoyent  dit  aux  rentdoncde^ 
luifs  J   eftoit  bien   affes    pouir  ^IV^tt'^r 
ies  conuaincre.  Car  puis  qnils'^j^'^^f^^^ 
auouoyentquec'eftoic  leur  fils5&  rem,  Donne 
quilsreconnoilioyentquileltoit  Biem  nous. 
ne  aueugle  ,  &  que  luy  mefme  ijlTJ^j 
confeflbit  que  c  eftoic  lefus  qui  '^'f'^^'''*^ 
I'auoit  gucri  ^  la  nature  du  mira- 
cle 3  qui  ne  pquuoit  auoireftefaic 
que  par  la  feule  puifTance  de  Dieu^ 

Cc  h 


il^Iia.  5?.  406  ^araphrafejur  lEuangile  de 
les  obligeoit  au  moihs  a  recon- 
Xioiftrc,  come  il  fai(bic ,  que  lefus 
cftoit  Prophetc.   Ec  neantmoins 
iisappelleirent  encore  vne  fois  cc 
perfonnage  qui  auoit  efte  aueu- 
gle ;  &  comnie  fi  c'euflenc  efl:6 
quelques  confiderations  ou  de 
craintc^oude  complaifancc,  6u 
de  quelque  autre  telle  vicicufe 
difpofition  d'cfprlt^  quireuflcnt 
induit  a  repondre  la  premiere  fois 
comme  il  auoit  fait ,  ils  tafche- 
rent  a  celle^cy  de  luy  imprimer 
dans  la  confcience  la  terreurdes 
iugemens  de  Dieu  ,  qui  eft  van- 
geur  du  menfonge  ;  &  Tadiure- 
rent  en  cctte  forte.    Souuien-toy 
que  tu  es  icy  en  la  prefence  de 
Dieii,  &  luy  donne  gloire  endi- 
fantla  vcrite.    Nous  fommesaf- 
feuresque  cethomme,  quetudis 
qui  t  a  gueri :,  eft  vn  mefchant,  & 
vn  impofteun  De  quels  prcftigcs 


lefusChrifl  felon  S.  lean.    40 ^  Clia/ 5>^ 
a-t-il  enforcele  ton  efprit,  pour 
tefaireinftrumcnt  de  fon  ambi- 
tion, &luyrendrece  faux  temoi-     ^ 
enaec  ?  Alors  ce  poure  homme    ^^  rejpon- 
toutcitoni;ic,  &neantmoinsDien  ne  f^ny  ni 
afleure  de  la  verit6  Jeur  rclponT  f  yg'tf; 
ditj  S'il  eft  vnimpofteur  ,  &  yn  '^''^'\  '^'fl 
mefchant ,  comme  vousic  ditcs^  ^»etigl  ?^ 
ie  n^en  fc^ay  ricn  ,  &  il  ne  m'ap^  n^!'"'' 
partient  pas  tant  qu  a  vous,  qui 
vous  attribues  cette  autorke ,  de 
prononcer  iugement  fur  ce  qui  eflb 
de  fa  Million  6c  de  fa  perfonnc. 
Mais  vnc  chofe  f^ay-ie  fort  bien , 
&  i*en  puis  fans  doute  mieux  pro- 
noncer que  qui  que  ce  foic ,  puis 
qu  elle  confifte  en  mon  experien- 
ce propre  &  en  mon  fentimejai:  : 
c'eft  qu  ayant  efte  aueugle  des  ma 
naiflance  &  iufqu  a  ce  iour ;  par  la 
o;race  de  Dieu  ie  voy  maintenant.     , 
A  cela  11  n  y  auoxt  riena  rcpliquer;    Done  lu 
carnul  ne  pouuoit  fi  bienr^auqir  %JhlfT 

Cc  ^  " 


Cha.  5t.  408    ParaphraJeJkrtEHa,ngihde 

<s)He  fa^ii  ^J  ce  quil  auoit  efte  autrefois ., 

J^ityoment  ny  ce  quil  eftoit  pfefentement, 

lei^eux}     queluymefmc.  Aumlesluirsne 

le  luy  cbntcft  erent  ils  pas :  mais  ne 

f(^aclians  que  luy  dire  fubitementj 

&pour  effayer  de  le  faire  tomber 

^riquelquecontradidion,  ils  lay 

demanderent  derechef :-  Que ta- 

t~il  fait ?  Cornment  t  a-t-il  ouuert 

Its  yeux  >  Quel  remede  y  a  t-il  em- 

pldye?  quelies  paroles?  quels  ge« 

ifkurllf  ftes?  Alors ccc  homme,importu« 

Clf'iriy:  ^^  de  rimpertinehce  de  ces  que- 

5^  dii ,  &  ftions.&  voyant  feicn  que  c'eftoit 

pourquoy  le  purcpaiuon,  &  pure  opinialtrete 

Tnfor^ZyT?  que  de  leur  fait ,  leur  refpondic 

vcKd,zvom  demy encolere-  lele  vousaydesia 

djfcipiesi     dit;  &  ne  laues  vous  pas  oui?  Le 

vous  puisje  dire  plus  .diftinde- 

jiient  &  plus  nettement  que  vous 

lie  Taues  desja  entendu  de  ma 

bouche?  A  quelle  fin  eft-ceque 

y ous  voules  que  ie  le  vous  repete  li 


lefm  Chrifi  felon  S.  lean,    j^op  Gha.  9. 
fouuent?  Eft-cequelaGhofevous 
plaift,  &  que  vous  y  prenies  da 
gouft:,  &  que  vous  vucillicsvous 
ranger  aunorabredefcsdifciples 5   >.  zs.  ^ 
Mors  ces  gens  prcnansccsparo-^,^;;;^^^ 
Ics  commc  fi  c  euft  efte  vne  cfpc-  f^'f  /J'y 
cc  de  deruion,  entrerent  en  telie  pie.-quanu 

fi  notu ,    nous 

urcur  centre  cet  homme ,  que  /o/nmes  Mf 

perdans  leur  contenance  &  leur  '^^'^}J' 
granite,  ils  luy  dirent  dcs  iniures 
prcmicremeiat ,  puis  fur  cc  mot  de 
difciples^ils  adioufterent  ces  paro- 
les. Ceft  a  ceux  qui^comme  toy, 
parlent  en  fa  faueur,  &  qu  ilafu- 
borncs  pour  publier  fes  faux  rni- 
racles,  a  cftrc  difciples  de  cet  af- 
fronteur.  Sois4e  done  fi  tu  vcux  a 
la  mal  -heure.  Quant  a  nous ,  nous 
fommes  difciples  de  Moyfe ,  &  ne 
nous  repcntirons  iamais  d  auoir 
clioifi  vntelProphetepour  notre 
Maiftre.  Car  nous  fqauonsj&fom-  f,  19. 
mes  tres-aifcuresque  Dicu  a  parle  n^^^uT 

Cc4 


Cha.  9.  410     p4raphrafeJurtEuangiIe  de 
j)hu^paru  ^  Moyfe,&quc  la  Loy  qu  il  nousa 
^  Moyfe  :  donncc cft  dc  diuinc  reuelation, 
€j  nous  ne  Mais  Quant  a  cel,uy  la,  nous  ne  lea- 
//^/^         uons  d  ou  11  cit  vcnu ,  nous  n  a  - 
uonsaucune  connoiflance  dc  ia 
milfion,  &  il  y  a  plus  de  fuiet  de 
croirc  qu  il  parle  &:  qu  il  agit  par 
rinfti£.ation  dumalin,  que  par 
c'cfihcmme  vnc  vocation  celcitc.    La  parut 
wltcf^  la  fcrmcte  de  la  foy  de  ce  poure 
%}Zri!tu  homme  qui  auoiteftcgucri,  bien 
h,  que vt^us  qacWc  n'euft  pas  encore   routes 
d*okiiefi,^  Ics   lumicres    qui  luy    eftoyeni; 
Touummt  neceflfaires.  Car  ny  la  pa  (lion  de 
^"^^^        CCS  gens,  ny  le  peril  done  il  eftoit 
menace,  nylexcmple  deTinfir- 
mite  dc  fes  pcre   &  mere,  qui 
auoycnt  en  quelque  forte  biaifc 
dansleur  rcponce ,  pour  euiterle 
piege  qu'ils  penfoycnt  Icur  cftre 
.    tendu:,nQ  rcmpcfchercnt  point 
dc  perfeucrcr  dans  la  verite  defa 
depofition,  ny  mefmcs  de  main- 


Icftis  ChrljlfclonS.Ican.     411  Clia.  9/. 
tenir  la   dignite   de  celuy    qui 
auoit  faitle  miracle.  Car  il  leiir 
refpondit  ainfi.  C'eft  bien  veri- 
cablement  vne  chofe  dignedvn 
grand  cftonnement ,  que    vous 
ayes  ii  peu  de  certitude,  ou  mef- 
mes  que  vous  ayes  fi  mauuaife 
opinio  delaMiiTionde  celuy  qui 
m'a  guieri.    Car  quoy  qu'il    en 
foit,  c'eft  vne  chofe  conftante 
qu  il  a  ouuerf   mes    yeux  ^  qui 
elloycnt  fermesdes  ma  naiflance 
Ce  qui  napeueitre  execute  par 
luy  linon  auec  Tailiftance   bien 
particuliere  &  bien    extraordi- 
naire de  la  puiflance   de  Dieu.     ^ 
Or  eft  ce  vne  chofe,  cc  fcmbJe,  ,  ^'  ^''.^ 

.  .        ,  .  ff^uons  (pie 

naturellement    imprmice    dans  ^ieji   »v 

1.    r*      .        l  1        I  x^itce  point 

elprit  de  tous  les  horn  mes,  que  ies  mai-vi- 

Dieu  n  exaucc  point  les  nicfchas,^^^^^^^^^ 

&ne  les  aflifte  point  defa  faueur.  fruiteur  de 

Jbc  pour  nous,  il  m  cit  adais  que  /*   -ooiants 

nous  deuons  tenir   pour  con-  /wwf.'  '^ 


Cha.  5.  411     Parafhrapfurl'Euangilede 
ftant,  qu  il  nc  prefte  point  Tv- 
fage  de  fa  puiflfance  pour  auto- 
rifer  les  cntreprifes  de  ceux  qui 
attentent   quelque    chofe  d'ex- 
traordinaire  "en  fon  Eglife ,  fok 
contrc  fes  -ordonnances,  ou  fans 
fa  vocation,  ^'a  faiieur  eft  pour 
ceux  qui  le  craignent&qui  Wio- 
norent  ,  fa  puiflance  fe  drployc 
en    confideration  de  ceux    qui 
fuiuent  religicufement  fes  ordres, 
&  qui  obeiflfenta  fa  volontc.  Ce 
font  ceux  la  qu  il  exauce  quand 
lis  le  reclament/  &  non  pas  les 
impofteurs,  qui  voudroyent  abu- 
fer  de  la  communication  de  fes 
donSja  leur  propre  gloire,&au  des- 
iinefut  honneur  de  fon  Nom.  Or  entre 
q^'aueu  ou.  tant  cic  mitaciesque  nos  peres  ont 
"d^vn^'ImZ  v^^s  autresfois:,  &  dot  nous  auons' 
gieni       oui  parler,  vous  ne  vous  fouue- 
nes  point ,  comme  ic  croy ,  qui! 
•  ait  cite  fait  mention  d Vn  co^mmc 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.     415  Cha.  ^. 
celuy-cy,  &que  les  yeux  ayent 
efteouuercs  avnhommeaueugle     ^ 
des  fa  naiffance,  C'eft  pourquoy  su^/tuyey 
quanc  a  moy  1  en  demeure  la,  qu  il  d»«  ,  n »« 
aut  que  ee  perlonnage,  qui  m  a  y^.y^. 
donne  la  veucj  foit  venu  de  la  pare 
de  Dieu ,  &  qu'ilait  fa  vocation 
de  la:  autrement^tant  s'en  fauc 
qu  il  peuft  faire  de  fi  grands  mira- 
cles, quHl  luy  feroic  impoflible 
d'en  faire demoindres.  Ccs  pro-  ,,^'  ^+', 
posayant encore dauantap-e  irrite.^^'^^*  &  /«y 

*,  '  r>  1  o  -11  direntyTues 

des  gensluperbes  &  orgueilleux  dutoumSen 
comme ceux  la,  ils  luy  refpondi-  ^Zll'^'Zlet 
rent  en  cette  forte.    C'cft  bien  a  "^"-^ \^'  ^^ 

^       ^  ^  tit  tent  hou. 

toy,  mon  amy,>a  dilcourir  dela 
fa^on;  &  tu  as  bonne  grace  de  t'en 
faire  tant  accroire  en  vne  fi  cele-^ 
breaffemblee.  Tun'esqu'vnche-  * 
tif  garncment,  confit  en  iniquitc 
des  le  ventre  de  ta  mere ,  &  qui  dis 
toy-mefmc  que  tu  as  porte  les 
inarques  du  iugenxent  de  Dieu  fur 


Cha.  5>.  414    ^araphrdfc  fur  tEuangilc  de 

,ta  perfonne     des  ta  naiflance  ; 

&  tu  te  viens   mefler  dc  nous 

enfeigner.  Qui  veid  iamais  vne 

temcrite  fi  infuportablc  ?  Alors 

laifTans  lacet  homme ,  ils  fe  mi-* 

renta  dclibererce  quils  auoycnt 

a  faire  de  lny-y&c  Ic  rcfultat  dc  leur 

deliberation  fut,  qu'on  execute- 

roit  cotre  luy  la  refolution  qu  on 

j  auoit  prife   auparauant  ,  d'cx- 

communicr  ceux  qui  reconnoi- 

ftroyent  lefuspour ie  Mcflic.  Ce 

qu'ils  firentfur  lecIianTp,enleiet- 

*►  ^f.     tant  hors  de  la  Synag;ogue.    Or 

ditr  ^uits     pour  ee  que  lelus  eltoit  encore  en 

f/wfc^'^   lavilledelerufalemiorsque  tout 

i^y^tt^ouns  cela  fe  pafla.ijouit  incontinent 

man  ftu  de  dire  qu lis auoyent  excommunie 

cetliornme.  Etparcequ'ilf^auoit 

'    bien  qu  il  y  auoit  en  luy  de  beaux 

commencemens  de  foy ,  dont  il 

auoit  rendu  des  tcmoignages  qui 

luy  auoyent  attire  cctte  infamie 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean.     4IJ  Chat.  9% 
dc  la  part  des  luifs ,  il  le  vouliit 
confoler  &  fortifier ,  en  luy  aug- 
mentant  la  mefure  de  fa  connoif- 
fance.    Ayant  done  fait  naiftre 
Toccafion  de  le  rencontrer ,  il  Ta- 
borda ,  &  luy  dit :  Tu  crois  bien 
en  Dicn  (ans  doute,  &  deferes  tout 
honeur  &  toute  rcuerencc  a  ccux 
que  tupe(eseftreenuoyes  deluy. 
Et  tu  l^ais  bien  qnil  a  pro  mis 
d*enuoyerfon  Filsaumode,  pour 
eftre  le  Liberareur  dlfrael;  de  for- 
te que  pour  eftre  participant  de 
fon  falut  J  il  faut  le  receuoir  &  y 
croire.    Crois  tu  done  au  Fils  dc 
Dieu  ?  Alorsce  pcrfonna^e,  qui    *;  ^f  , 
ne  connoilioit  point  Icjus de  viia-  dis,^dit,Et 
ge^  parce  qu  il  nc  1  auoit  lamais  seigneur, 
veu,  ('caril  eftoit  encore  aucuglc  f^^^^'iJ^^ 
quand  il  fut  cnuoyc  au  lauoir  dc 
Siloe  J  &  qui  neaatmoins  ayant 
tantouiparler  delefus,&fait  vnc 
cpreuue  ii  extraordinaire  dc  Gl 


ChdLop.  4I(J    ^araphrafefurrEumgilede 

puiffance  en  fa  perfonne  ^  defirok 

extremcment  de  le  connoiftre, 

reparfcit  incontinent :  Seigneur  ^ 

ie  te  prie^dimoy  qiiiilcftj  &me 

fai  la  grace  de  me  Ie  faire  voir  , 

afin  que  ie  croye  en  luy.  Car  i'y 

fuis  Dieu  mercy  difpose,  &  ie  ne 

^  j^.     defire  rien  tant  que  le  bonheur 

lefus  luy   defaconiioiflfance.  Sur  quoy lefus 

veu,&c'e/}  lay  relpondit.    Si  experimenter 

pIZ'^llL   fa  bonte  &  fa  puiffance,  eft  le 

^'^''  voir/&ie  connoiftre,  tu  Tasveu: 

cartuen  as  fait  vne  cpreuuebien 

fignalee.   Et  (i  Ie  voir  eft  contem- 

pier  fa  persone  des  yeux  du  corps^j 

iln'eftpas  befoin  que  tu  Taiiles 

chercherbien  loiii  pour  auoircc 

contentement:tu  I'as  deuanttes 

ycux,&celuy  qui  parle  atoy  main- 

tofs^Hdit,  tenant,c'eft  luy  mefme.   Alors  Ie 

rycroy.sei--  rcffentimcnt   de  la  grace   quil 

gneurr   Et /e  .  ..     i      t    r     ^    1     •  J 

maniafes  auQit  reccue  de  lelus  ^  laioyede 
%f  ^""^  Va.UQirprefencafesyeux,radmi^ 


IcJhs  Chrifi felon  S.  learu     417  Cha^  $1 
ration  d'c  fon  emerueillable  puif- 
iancc  ,  le  fouuenir  de  ce  que  les 
Prophetes  en  auoyent  prcdit,  & 
le  rauifTenllnt  dans  lequel  il  fe 
trouua  en  penfant  au  Redem- 
pteur  d'lfiael,  &  alaioye  de  fon 
falutjfirent  que  fansliefiter  feule- 
ment  vn  moment ,  il  refpondit: 
O  mon  Seigneur^i  y  crois  :  &  fe 
proftcrnantfubitemcnt^il  lado- 
ra  d*vne  deuotion  veritable  ,  &     ,      .  . 
dvne  piete  profonde*    Et  lefus    £(  u/ui 
prenat  occaiion  de  Tadiondece  vlnuiTc^ 
pcrfonn^gc  ,.  fc  tourna  vers  la  "^^^^f'JZ^^ 
troupe  qui  3(riftoitla,&  faifant  g'^mtnt.afii^ 
lelon  la  couilume  ^  allulionaGc  ne  voyent 

»•!  .        n  /  .    <      r*  point tvoyeni: 

quiiauoitefte  gueri  a  J  ion  aueu-  ^  ^,«/^«i 
glement  naturel ,  il  dit :  le  fuis  ye-  ;;if ;;^2 
nuen  ce  monde  icy  pour  mettiT^  ^^^^; 
cti  Vne  claire  cuidencc  les  fecrets 
autrcment  inlcrutables  dcs  iuge- 
mens  de  coluy  qui  m'a  enuoyc ,  & 
poiir  faire  paroiflrc  combien  fes 


Cha^  5?.  418  ^araphrafefHrl'Euangilede 

voyes  8c  fes  penfees  |ont  eloigtiee^ 
dcs  voycs  &c  des  penfees  dcs  hom- 
mcs.    Dcfbrmais  comme  celuy- 
cy  cftant aucugle desie  ventrc^eft 
d^ucnu  clairuoyanc  5  il  arnuera 
que  plufieurs  qui  ont  rentende- 
mcnt;  (aifi  d Vn  aueuglement  fpi- 
rituel,  deuiendront  illumines  par 
la  connoiflance  de  laveritc  cele- 
ftc.  Ec  au  contraire^ceux  qui  pen- 
fenc  eftre  bien  clairuoyans  ,  de- 
uiendront par  leur   incredulite, 
aueuglesau  double  de  cc  qu'ilsle 
ttAfems  ^^^^  ^^  naiflancc,    Ces  paroles 
despharifies  fureut  pronouceesd Vu  tel  air ,  & 
!l'r/<J^«^.  cftoyent   fi  intelligibles .  d*elles 
/«/'vLt  mefmes,quc  ceux  d'entre  Ics  Pha- 
£t    nous ,  ripens  qui  eftoyent  lors autour  de 
*jn  ^uew  luy ,  ne  manquerent  pas  de  les 
comprendre ,  &  de  s  en  faire  Fap- 

1)Ucacion.    Car  leur  confcicnce 
eur  rendoit  temoignage  dccc  qui 
cftoiten  tvix\  &  qu'ik  eftoyent 

tout 


MUj 


hfus  Chrtft  felon  S.  lem.     419  Cha^  9} 
tout  autrem^t  difpofcsque  ce 
poure  aueugle  gueri  n  auoit  fait 
paroiftre  dc  Tcftrc.    C'cft  pour- 
quoy  trouuans  eftrange^qu  a  cux^ 
qui  s'eftimoyent  cftre  la  lumiere 
desautreshommcs,  ilrcprochaft 
fi   ouuertement   raucuglemenr, 
ilss'addrcfleretaluy  &luy  dirent; 
Quoy  ?  fommes  nous  done  auifi 
aueuglescommelesautres?  Etne 
metstu  point  de  difference  entre 
les  icrnorans  &nous?  Alorslefus     fv'^^v 
voyant  bien  qu'ils  n'auoyent  pas  ^'^'  ^'  ^^«^ 
beioin  d  eitre  nattcs  en  la  bonne  gies ,  *w 
opinion  qu'ils  auoyent  d'eux  mef-  lotZtpe. 
mes.&queleurprefomptionme-  '^^'  "^"^ 
ritoitqu'onlarabbatift.  leur  ref-  '^^^^  ^'>^^- 
pondit  en  cette  ra^on.  Si  voftre  ons:p,urtat 
aueuglcment  eonfiftoit  fimple-  fir7PL\'^^^ 
ment  en  ignorance,  &  que  vous 
Ic  fcntifltes,  comme  ce  poure 
aucugle  fentoit  le  fien,  voftre  mal 
m  fcroit  pas^comme  il  eft.abfolur 

Dd 


C\\2i.sf.4^o  n?ara^hrafefurl'Euangiledc 
mcnt  incurable,  &jr(>ftre  peche 
vous  pourroic  cftre  pardonnc. 
Mais  vous  penses  voir  bien  clair , 
&  Topinion  que  vous  aues  de  vo- 
ftreiuflSfance&devoftref^auoir, 
vous  Gmpefchedechercher  votre 
guerifon.  Ainfi  vous  vous  rendes 
incapables  du  remede,  &  parce 
moyeii  voftre  pechc  vousdcmcu- 
re,  pour  en  ePcre  quelque  iour  pu- 
nis  commc  vous  Taues  mcrite. 

CHAPITRE     X. 


^'"'^"'t'''  ^^mE  perlonnaee  qui  auoit 

en  verite  ie    ^ f^^^^     z-i  /  t  •»  -i . 

-vousdy^ce  ^^l^tixQ  ,  commc  lay  dit  cy 
tie  p^r  u  ^^^^^^"deflus,  lettc  horsde  la  Sy- 
Kll'ert  des  ^^g^g^c  par  Ics  luifs,  ayancre- 
brebi6>mais  cofinu  Icfus  DOur  leFilsdcDicu, 
naeurs ,  efi  &cit  Redcmpteur  dlirael ,  &  en 
gZ7d^^'''  ^y^^c  donnc  des  preuues  Ci  au- 


lefus  Chrifi  felon  5.  Icanl  '411  Cha^iBg 
thentiques  &  fi  manifcfteSj  il  ne 
faut  pas  dguter  que  Ics  alliftans 
n*cuflcnt  diucrfes  pensees  fur  le 
fujet  de  cettc  excommunication. 
Car  ceux  qui  croyoyent  que  lefus 
eftoic  le  Clirift,  la  renoyent  non 
feulement  pournulle^,  mais  pour 
inique,  &  iniurieufe,  par  ce  qu  ellc 
n'auoit  autre  caufe  finon  le  tc- 
moignage  que  cet  homme  auoit 
rendu  au  Mediateur.  Les  autres  ^ 
qui  nc  croyoyent  point  en  Chrifl:^ 
&  qui  auoyenc  cctte  opinion  que 
toute  excommunication  faite  par 
ceux  qui  ont  vocation  de  Pafteurs 
en  I'Eglife  de  Dieu ,  eft  bonne  &: 
legitime,  iugeoyent  tout  autre- 
ment  de  cctte  action.  Car  ils  ne 
reconnoiffoycnt  point  dautres 
Pafteurs  finon  ceux  qui  Tauoyent 
ainfi  authentiquement  fulminec. 
lefus  done  voulant  inftruire  fcs 
difciples  la  deffus ,  &  leur  cnfei- 

Ddz 


gner  qui  font  Ics  vrais  &  Icgitir^ 
mes  Pafteurs  ^  afin  de  Icur  ofter 
toutfcrupulcderefprk,  leurpro- 
pofa  vne  fimilitude  afa  fac^onac^ 
couftumec.  VousmedeuescroU 
rc,  dit-il ,  en  cc  que  ie  vay  vous  rc- 
prefenter^  tout  auffibien  que  (lie 
Ic  vous  confirmois  par  les  fermcns 
les  plus  facrcs,&  les  plus  inuiola- 
bles.  Vous  voyes  comment  les 
bergerics  font  placees  dans  les 
maifons  de  la  cant^agne.  Il  y  a 
vne  porteau  dcuant  du  pourpris 
de  la  maifon,  de  laquelle  quand 
on  la  paffee,  on  vient  de  cofte  & 
d  autre  aux  toi6ts  fous  lefquels  on 
met  les  beftiaux :,  &  particuliere- 
ment  les  brebis.  Celuy  done  qui 
n'entrepas  par  cette  porte  la,  pour 
venir  a  la  bergerie  des  brebis^mais 
qui  monte  par  ailleurs,  &  fautc 
par  dcffus  les  murailles,  cettuy  la 
eft  vn  larron,  qui  veut  dcfrober 


Jefus  Chrifi  felon  S.  lean]    41  j  Cha.io! 
cc  qui  ne  luy  appartient  pas,  & 
mefmes  vn  brigand ,  qui  s'il  ren- 
contre quelcun  quiVoppofe  a  fori 
larcin,  fe  difpofe  a  luy  faire  vie-     f.  «: 
fence.    Mais  quant  a  celuy  qui  eJ^eT^Z 
entre  par  la  porte ,  celuy4a  ne  ^'^pJ^'^J:, 
donne  point  d'occafion  de  foup-  ^rdis. 
^onner  quil  ne  foit  veritable- 
ment  le  Pafteur  des  brebis :  car 
celuy  qui  eft  vray  Pafteur  ne  cher- 
c$ic   point   d  autre  entree  pour  _, 

aller  a  la  bergerie.  Et  quandi  celuy     Uforthf 
qui  eft  vray  Pafteur  fe  prefente  H^IC^,% 
a  la  porte  pour  entrer ,  le  por-  ^:i^li:,^, 
tier  qui  le  connoift ,  ne  fait  point  &  *^  ^pp^'^^^ 
ae  dimculte  de  luy  ouurir ,  par  hnhh  p^r 
ce  qu  il  fc^ait  bien  qu  il  ne  vient  tr^^ 
qua  bon  dcflein,  &  pour  fairc  ^^''^ 
iegitimement  f^  charge.  Et  quand 
il  approche de  la  bergerie;  &  quil 
commence  a  parler  a  fes  brebi^j 
cUcs  entendent  fort  bien  fa  voix^ 
&  k  difcerncnt  d'auec  les  autres  ^ 

Dd  3 


Cha»ip.  414    ^ardphraje  furl'EuangileJe 
foit  qu  il ait  quelqucs  paroles  pror 
pres&  particulieres  atifquelles  cU 
les    foyent  accouftumees,    foit 
quellcsla  diftinguent  feulement: 
par  fon  ton  &  par  fon  accent. 
Et  d'autre  cofte  il -connoiil  11 
bien  Ics  propres  brebis^  qu'il  ks 
fqait  routes nommercliacune  par 
fon  nom  s  &  c'eft  ainfi  qull  les 
appelle  quand  ii  les  faitrortir  de-* 
_     bors  pour  les  mencr  a  la  pafture. 
,  ^tqnand  PuIs  quand  il  fait  fortir  fes  pro- 
]e^hebis7ii  pres  brcbis  dehors  pour  les  rxie- 
-va  decant  ^^^  ^^  pafturage,  il  nc  les  laifle 
hrebisiefui^  pas  aiier  lans  condmte  a  laban- 
les  connoif  dou :  11  marcheie  premier  deuant 
{.nti^vou.  dies, afin de  leur monftrer le  ehe^ 
ihin'j&dcmpcfclier  quclles  ne 
s'egarent.    Et  s'il  en  a  grand  foin 
dc  fa  part :,  elles  ne  font  gueres 
moins  foigneufes  de  leur  proprc 
conferuation  :  elles  lefuiuent  pas 
apas,  &  nes'ecartent  pointdela 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.    415  Cha.io. 
voye ,  parce  qu  il  parle  toujours  a 
dies  pour  Ics  aduercir  de  leui  dc- 
uoir ,  &  qu'elles  connoiflfent  fa 
voix^&difccrnentfa  parole.  Que      1^.  $. 
s'll  fe  prefentoit  quelque  eftran-  uen!%{Zl 
ger^qui  ne fuft  pas  veritablement  '^J^'^f'^Jlll 
leur  pafteur,  qui tafchaft  ales fai-  f^yetdeiuy: 
re  lornr  dc  la  bergerie ,  ou  a  Ics  cogmijfent 
deftourncr  du  droit  cliemin  dc  ^ZT^rlgm. 
leur  pafturage  ,  &  qui  parlaft  a 
elles  pour  cela  ,  dies  ne  le  fuir 
uroyent  point pourtant;  mais el- 
les s'enfuiroyent  pluftoft  ;  parcc 
que  quelque  peine  quil  mift  a 
leur  rcndrc  fa  voix  agreable  ,  dies 
ny  remarqueroyent  pasce  qu*eU 
icsontaccouftume  deremarqucr 
en  la  voix  de  leur  vray  pafteur. 
Car  dies  ne  connoiffent  point  la 
voix  dcs  eftrangers ,  &  n  y  fant    ufun^^f 
point  accouftumces.    lefus  leur  f^/'^^^^^'J: 
propofa  donccettefimilitude  de  mccgmmtt 
fa  forte  3  &:  il  eft  bien  certain  que  \7urdifct!' 

Dd  4 


Cha.  lo,  415  ^araphraje  fur  I'Euangile  de 
fon  intention  eftoit  de  leur  faire 
entendre,  park  bergerie,  I'Egli- 
ie,  parla  portej  foy  mefme,  par 
les  veritables  pafteurs  ,  ceux  qui 
viennent  a  Texercice  du  faint  mi- 
niftere  par  la  connoiflance  de  (a 
perfonne  &  de  fa  charge ,  &  en  fa 
ieuleautorite.  Etparla  voixdu 
pafteur  ii  entendoit  la  parole  de 
verite,  qui  refonne  en  la  bouche 
des  vrais  miniftres  de  TEuangile; 
par  la  connoiflance  qu'il  a  de  fes 
brebis  ^  il  fignifioit  le  foin  &  la 
vigilance  que  les  fideles  miniftres 
apportent  pour  procurer  le  falut 
de  ceux  qui  font  cotnmis  a  leur 
conduite  ;  &  en  fin  par  Imtelli- 
gerice  que  les  brebis  out  de  la  voix 
de  leur  pafteur ,  &  par  Tauerfion 

a'  li' elles  ontacelle  des  eftrangers^ 
reprefentoit  la  grace  dedifcer- 
I5emcnt  que  Dieu  donne  a  fes  fi- 
ddles^ pour  diftinguer  les  bou? 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     417  Cha.iO- 
pafteurs  qui  enfeignent  la  vcrite^ 
d  auecles  mauuaisqui  les  veulent 
feduirc  par  le  menfonge.    Et  dc 
tout  cela  il  leur  cllok  aife  dc  re- 
cueillir  quel  iugeme  t  ils  deuoycnt 
faire  tant  de  ces  pretedusPafteurs, 
dont  ils  auoyent  iufque  la  rcfpe- 
d:e  la  vocation,  que  de  rcxc5mu- 
nication  qu  ils   auoyent  lancec 
contre  cet  Aueugle:  puis  quau 
lieu  d'entrcr  par  Chrift,  come  par 
la  porte,  a  Texercice  de  leur  char- 
ge, ils  fe  declaroyet  fi  hautemec  fes 
irreconciliables  ennemis,  Mais  ils 
nc  penetrerentpourtantaucune^ 
mentdanslefensdefesparolesjen  ' 
partie  a  caufe  dela  tardiuete  na- 
turelle  de  leurs  efprits ,  &  des  pre- 
iuges  dont  leurs    entendemens 
cftoycnt  faifis  y   en  partie  parce 
qu'outre  que  cette  facjon  d'cnfei- 
gner  par  paraboles  a  ee  seble  d'a^ 
i)ord  quclquc  chofe  d  enigmati- 


ChaJo.  418   n^araphraje  fur  tEuangilc  cle 
quc&d'embarraflant,  il  fautne- 
celTairement  y  meller  toujours 
quelque  particularite,  a  quoy  on 
netrouueriequiferapporce  dans 
la  chofemermequoaveutrepre- 
fenterparelles.Comejpourexcm- 
pic,  eft  le  portier,  dontileftfait 
mention  das cette  fimilitude.  Car 
qui  dircsvous  qui  eft  le  portier  qui 
fait  que  les  vrais  Pafteurs  entree  au 
miniftere  de  lEglife?  Il  y  a  done  de 
tellescirconftances  quifemeflent 
dans  les  paraboles,  ou  pour  les 
fouftenir ,  ou  pour  les  orner  feu- 
lement,  fans  qa'il  y  ait  rienquiy' 
correfponde  dans  la  chofe  mefmc. 
Mais  parce  que  d^ordinaire  en  Tex- 
plication  dvnc  telle  fimilitude, 
on  s  imagine  qu'il  n'y  a  ii  petite 
jparticule  qui  ne  doiue  trouuer  fon 
rapport  dans  la  reddition  de  la 
comparaifon,  on  remplit  &  fon. 
efprit,^  &  ce  que  Ton  veut  expli- 


jejus  Chrljl  felon  S.  lean.  419  Cha.io!! 
quer,  de  tencbres,  &dedcfordre. 
lefus  done  yoyant  qu  ils  ne  coxn-  ^t  ujm  de- 
prenoyent  rien  en  cequildifoic,  Ztf^nTe- 
il  ne  leur  interpreta  pas  toute  la  'l'^i'^^l'J^\ 
parabole  alaverite,  maisilleur  ^utiefuuu 

•*■  1 .  1  •        •        1  •         forte  des  br§*) 

cn  expliqua  la  principale  parae^  ^^. 
&  prit  occafion  de  la  d  y  adioufter 
diuers  autres  excellens  enfeigne- 
mens.  Il  leur  dit  done  dcrechef : 
Vous  deucs  tenir  cela  pour  tout 
afTeurc^  com  me  fi  ie  le  vous  iiirois, 
que  c'eft  moy  quifuislaportepar 
laquclle  on  va  a  la  bergcrie  dcs 
brebis,  &parouilfaut  queles  fi- 
delles paftcurs entrent.Ie  f(^ay  bien  ^J/J^^^^ 
qUjil  en  eft  venu  d  aGtrcs  auant  r^'^^  ^^  ^/? 

^  .  '•  1  1  •    /  "Venn  ,  jont 

i3:i,oy,quiprenoientlaqualiteque  urrons   & 
ic  prens,  &  qui  fe  difans  eftre  le  t^;;;;^, 
ChriftjVouloycntquelesPafte.urs  ^^^''^^^^<'«* 
cntraflcnt  par  eux;  c  eft  a  dire, 
qu  ils  les  rcconnuflent  pour  cc 
quils  fe  difoyent  eftre^  &  qu'ils 
dependiflent   dc  leur   autorite. 


bre- 
u 
pa^  oujes. 


Cha.iO.  430  Tarai>hrafefurhEuangiIede   ^) 
Vous  aues  oui*  parlcr  d'vn  certain 
Theudas ,  d Vn  ludas  le  Gaulo- 
nitc,  &  de  quel  qucs  aut r es  tels  i  m- 
pofteurs,  qui  one  voulu  preridre 
laqualiteduMcffie  Mais  tan ts'eri 
fautqu  ilsfuflent  la  porte  par  la- 
quelle  les  pafteurs  deuoyent  en- 
trer^  qu  ils  n'eftoient  pas  pafteurs 
cux  mefmes ,  mais  eux  tous  ont 
cfte  des  latrons  &  des  brigands, 
tels  que  ceux  dont  ie  vous  parlois 
tatitoft.  Et  ils  ont  bicn  cu  quel- 
ques  fc£kateurs  qui  fe  font  laifi^^s 
feduire  par  eux:  mais  quant  aux 
vrayesbrebis,  qui  font  les  fideles 
de  Dieu,inftruitspar  fon  Efprit& 
par  fa  vcrite,  ellesne  les  ont  point 
ecouteSj  &  n  ont  point  obtempc- 
^  lefu-is  u  realcurparole.  CVftmoyquifuis 
TuTentf^^r  veritablement  la  porte,  &  n  y  en  a 
moy.iifer^  Doint  dautre  que  moy ^  non  pas 
itrer^.o^for  fculement  parcc  que  les  pafteurs 
mmp^jUre^  doiuent  entrer  par  moy  pour 


.  Icfus  Chrtji  felon  S,  I  cm.     '431  Cha^xo! 
iuoir  vnc  legitime  vocation  1  ^ 

mais  encore  parce  queles  brcbis 
mefmes  n'ont  point  d  autre  entree 
que  moy  a  Tefperance  de  la  vie.  Ec 
quiconque  yentrera  parmoy,  la 
trouuera^  &  fe  mcttraa  fauuetc, 
pour  ne  pouuoir  eftre  endomma- 
ge  par  les  ennemis  de  fon  falut. 
Et  comme  les  brebis  qui  font  bien 
conduites^  vont  &  viennent  par 
laporte,  de  la  pafturealaberge- 
rie ,  &  de  la  bergerie  ala  pafture 
en  feurete ,  &  trouuent  dans  les 
paftutages  la  nourriture  dont  elles 
ont  befoin,  tous  ceuxqui  entrenc 
parmoy^  &  qui ont communion 
auec  moy,  font  parcillementhors 
deperildetoutfunefte  accident, 
&  trouuent  la  nourriture  &  la 
cofolation  qui  eft  neceffaire  pour  ^;  ,^. 
leurs  ames.    Ces  gens  que  vous^*'''*'^^'''^^ 

/  .  .         .^  ^  vient  firwn 

yoyes  qui  maltraittent  ceux  qui  pour  deft^, 
»e  rc^oiucnt ,  &  qui  me  rendent  fc|^;^>^^ 


Chalio.'  45^  TaraphrafefurtEuangileJe 
iefuu  mna  Boii  temoignagecnleurprcfencc^ 
sfin  queUes  penfcnc  Quc iciois fcmbkblek  CCS 
^H'eUes  en  larrons  &  a  ces  brigands  qui  one 
dance,  " '"  pris  la  qualitc  de  Chrift  auanc 
moy.  Mais  encelamonftrcnt-ils 
combien  ils  me  connoifTent  mal  y 
&  combien  la  haine  qu'iis  me  por- 
tent aueugle  leur  CDCendement. 
Car  le  larron  qui  talche  J'entrer 
dans  la  bergerie,  n'a  quefon  pro- 
fit particulicr  deuant  ies  yeux.  li 
ne  vicnt  finon  pour  defrober  Ies 
brebis,  afin  de  Ies  tuer  pour  fon 
vfage^  &  deftruireainfi  le  trou- 
peau.E  t  chacun  fc^ait  quels  raua- 
gcs  cesbrigandsdontievouspar- 
lois  tantoft ,  ont  eflayc  de  faire  en 
TEglife.  Quant  a moy,  ic  nay  au- 
cunc  viscc  a  monauantage  parti- 
culicr ,  &  ne  fuis  vcnu  finon  afin 
de  procurer  que  Ies  brebis  du 
troupcau  non  feulementayentla 
vic^  mais  ync  vie  abotidante  en 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     455  Cha.io* 
toute  forte  de  fclicite  &  dc  gloire. 
Car  ie  ne  fuis  pas  fculemcnt  la     lefiUju 
porte  par  laquelle  les  Pafteurs  doi-  ^:i^ 
uent  cntrer  dans  leur  vocation,  &  '^^^  A  ^'^ 

111*1  T  1  P^^^  t^  ^f^" 

Iesbrebisdansietroupeau,&dans  Bis. 
I'efperance  de  la  vie,  ic  fuis  encore 
le  paftcur  lequcl  eft  fuperieur  a 
tous  les  aiTcrcs,  voire  mefmesle 
bon  pafteur,qui  merite  cettc  qua- 
lit6  d'vne  faconfort  fingulicre& 
fort  eminente.En  cfFed  ie  bon  pa- 
fteuravne  telle  affe£lion  pourfes 
brebis:,qu  il  ne  fe  contentepas  dc 
les  coduire,  &  de  les  gouuerner,  & 
dc  leur  fournir  la  pafture  ^  &  de  les 
defendre  contre  les  attaques  dcs 
loups^  &  desautresbeftcsmesfai- 
fames.  Siloccafionle  requicrt,& 
que  le  troupeau  ne  (e  puiife  garan^ 
tir  autrement  J  il  met  fa  vie  au  ha- 
fard  pour  fes  brcbis ,  &  ne  fait 
point  de  diffiqulte  d'epandre  fon 
fang  pour  leur  cofcruation.  Tous  M^i/^^^r, 


Gha.  lol  454    Paraphraje^r  lEuangile  de 
.entire,  &  ccux  qul  prcnnciitlc  tikrede Pa-^ 
seiuy  qui   fteursne  font  pas  demcfme.Ou-^ 

nefi  potnt  ^  i       I  i 

pafieurc^  trc  leslarrons  &les brigands^  qui 

tiemntpdnt  chercheiit  a  rauager  le  troupeau, 

t^vwi  il  y  ^  ^cs  me^rcenaires ,  qui  nc  le 

lotfj  &de^  rauaeent  pas  a  la  verite ,  mais  qui 

Bis,&s'en.  aufli  •  parce  qu  il  ne  Icur  appar- 

ioup  rauit^^  tient  pas ,  &  qu  lis  n  ont  point 

frZi  ^''   d'autres  affe6tions  que  dc  merce- 

naires ,  ne  Taiment,  &  ne  le  pro-^^ 

regent  pas  comme  ils  doiuenn 

Tandis  qu  il  n  y  a  point  de  peril  a 

conduire  &  a  paiftrc  les  brebis, 

ils  le  font  aflfes  volontiers,  parce 

qu  ils  en  tirent  du  profit :,  &  qu  ils 

yiuent  de  leur  lai6t ,  &  s'habillent 

deleurlaine.  Mais  parce  qu  ils  nc 

font  que  mercenaires  ,   &  non 

pas  veritablement  paftears  ^  & 

quelesbrebisne  font  pas  a  eux, 

ilsnc  s'expofent  point  au  peril  de 

laviepourelles.    Tellement  que 

quand  ils  voy cnt  vcnir  le  Ioup ,  & 

qu'il 


''lefus  Chfifl  felon  S.  lean.  44 j  Clia^iQ' 
^uil  fait  mine  dc  vouloir  atta- 
quer  &  les  brebis  &  le  pafteur  in- 
diflPeremment ,  ils  laifTent  la  les 
brebis  alabandon^  &  s'enfuyenc 
tant  qu'ils  peuuenc.  Et  alors  Ic 
loup  voyant  ic  troupeau  deftitue 
dc  prote6tion  5  fe  iecte  aucc  furie 
aitrauers^  &-emporte  quelqucs 
Vnes  des brebis^  &  epard  mifera- 
blementlesautres,    Voilaceque    ^'  '5-\ 

/^   .    *  I  Le  7nerce\ 

taitlcmercenairej  quiparccquil  »^^>^^  sen- 
elt  mercenaire  3   n  ayant  point  qu-iujimer. 
d'aiitre  motif  que  fon  intereft,  ™  .t 
demeurevolontiersa  la  conduite  ^^^^^'^'^t 
du  troupeau  ^  pendant  que  cela 
layeftauantageuxi  Mais  fon  in- 
tereft venant  i  celTer  ^  il  ne  fe  fou- 
eieiplus  dc  ce  que  deuiendront 
ks  brebis  ,    &  aime   beaucoup 
mieux  Venfuir  ^^que  de  courir  rif- 
quepofurleurdefenfe.  Pourmoy    f*  ^^' 
le  ne  rais  pas  amii.    Cane  iuis  le  honfajieuu 
bon  pafteur  J  a  qui  les  brebis  ap-  Z^s  Telu^ 

Ee 


Cha.io.  44<5   PardphraJcfurl'Euangilede 
^  /«"'.'"  partiennent.    Il  yen  a  ala vcritc 
?»^'  qui  femblent  aucunemeiit  citrc  a 

moy,  parce  quelles  fe  rangent 
cxterieuretnec  (bus  ma  conduitc  , 
lefquellcs  ie  n  aduoue  &  ne  re- 
connois  point  pourtant.  Mais 
quant  aux  mienncs^ie  les  connois, 
&  les  aime ;  &  ie  fuis  connu  &  ai- 
me  d'elles  rcciproquement  :com-^ 
me  Ie  pere  qui  ma  enuoye  nic 
connoift  &  m  aime  pareillement, 
ainfi  que  ie  connois  mon  pcre ,  & 
que  ie  I'aime  de  mefme.  Car 
comme  il  y  a  cntre  mon  pcre  & 
moy  vne  communion  treseftroi- 
te  &  tres  inuiolable  de  nature  & 
dafFediions  ,  il  y  a  entre  moy& 
mes  brebis  vne  communion  dc 
nature  &  d  affedions  trcseftroitc 
^' Comme  &  trcsinuiolablc  cncote.  A  cettc 
fr'J^r  occafion  ,  parce  que  i*aime  mes 


Comme 
monPenme    occafil 
€onctfi;auf    ,         .  -  -      .,      , 

fi connois  fe  brebis  ardemment,  il  n  yapomt 
^um^vit  de  peril  auqucl  le  ne  mcxpoie 


Tefus  Chrifi  felon  S  lean.     447  Cha'to.^ 
kesfranchcment  pour  leur  falur,  ^^«''^'*^''*- 
de  forte  que  ie  nc  craindray  pas  de         ^^ 
mettre  ma  vie  pour  dies.   Et  ne    i^y  ^ujj^ 

/  •  1      r      t  d  autre  sbrc' 

penses  pas  que le park  leulcment  his,  qm  m 
des  brebis  que  le  recueille  de  cecte  ^ZlTr^e^ 
nation.  Ic  fuis  bien  certes  venu  ^'^»  ^^^r}'^ 
pourelles  premierement:,  &clles  mener.^^ei^ 
doiueat  auoir  les   premices  de  voix.6*'ir 
mon  miniftere.  Mais  i  ay  encore  l^J^^^-^  "'^ 
d'autres  brebis  qui  nc  font  pas  de  ^»i'*A»^ 
cettebergeriela,  &quemonpere 
a  defigne  de  me  donncr ,  en  fa 
predeftination  eternelle.  Il  faut 
done  que  ie  les  recueille  aufli  d  en- 
trc  les  autrcs  nations,  en  leur  fair 
fant  entendre  ma  voix  par  la  pre- 
dication de  mon  Euajigile.    Et 
parce  que  Dieu  mon  pere  les  a 
defignees  pour  cela^,  &  qu'il  leur 
donnera  les  graces  &  les  facultes 
qui  font  neceflaires,  ellesae  man- 
queront  pas  d'ecouter  ma  voix , 
&  dje  Tentcndre.  Et  lors  tanc  le^ 

Ee  1 


Chalrb.  4^8    n^araphmfeftirtEuangilede 

brebis  de  cette  bergerie,  que  eel- 

Ics  que  i'ameneray  des  autres,  fe 

raflfembleront  enfemble,  dc  forte 

quiin'y  aura  d'ellcs  routes  finon 

vn  feul  troupeau,  &  vn  feul  fouue- 

rain  Pafteur  ,  aflfauoir  celuy  qui 

aura  mis  fa  vie  pour  elles ;  afin  que 

foyent  accomplis  les  oracles  des 

Prophetes  qui  ont  ditj    Eux  tous 

nauront  qt/njn  f{oy  pour  leur  Roy; 

Car  cliacun  fc^ait  le  rapport  qu  il  y 

a  entrelesbons  Roys,  &  les  bons 

Pafteurs,  &lestroupeaux  de  bre~ 

touZltte  bis^&lesroyaumes.  Etnefautpas 

eaufeiePere  que  vous  ttouuies  eftrangefi  cc- 

t^nt  que  ie  luy  qui  aura  misla  VIC  pourks  ore- 

7Z.  ZZ  bis,  doit  eftre  etabli  pour  leur 

^ueieUpre  fcul  fouueraiu  Pafteur  &  gouuer^ 

nedemhef.  ^  ^       ^  r    ^  J 

neur,puisqu  a  s  expole  a  ce  grand 
peril  pour  obeir  a  la  volonte  de 
celuy  a  qui  les  brebis  appartep 
noyentpremierement  en  fa  prc?^ 
dcftination.  Car  le  Pere  celefte  a 


Icfus  Chrifi felon  S.  Jean.     449  .Gha.I'O. 
bien  d'autres  raifons  de  m'aimer  ^ 
&  audi  a-c-il  pour  moy  des  affe- 
ctions tout  a  fait  incomparables. 
Mais  il  m'aime  encore  particulic- 
remen  t  pour  cela,que  ie  laifle  ainfi 
volontairement  ma  vie  pour  les 
brebis  quil  me  veut  donncr,  & 
que  i'oDeis  fi  franchemcnt  a  la 
charge  qu  il  m'en  a  donnee.    Ie 
laifferay  done  trcsvolontiers  ma 
vie  a  cet  effcd,  &  ie  f^ay  que  cc 
fera  pour  la  reprendre  derechef , 
quand  i  auray  pleinemenc  fatis* 
fait  a  la  iuftice  &  a  la  volontc  de 
mon  pere.  Si  ic  ne  Ie  faifois  vo-     f.  u. 
ontairement  comme  le  le  dis^  U  vojie.maisie 
n'y  a  qui  que  ce  foit  en  la  terre^  qui  ^^J^^'J^. 
ait  la  puiflance  de  me  Toiler  mal-  me:i'aypi»tf 

,        ^  ^  1    1  •  fince  de  let 

gre  moy ;  arm  que  quand  11  arrmc-  uijfer ,  ^p 
ra,  perfonnen'en  foit  fcandalisc;,  2upffnZ 
comme  fi  ie  n  auois  pcu  me  ga-  f^'^^'f- 
rantir  de  la  haine  &  de  la  violence  eommande-' 
deshommcs.  Celt  dc  moy  meP  7ere^ 

Ee  ^ 


jCha.io!^  4yo    Para^hrafe furl'Euangik  de 

mc ,  &  de  mon  bon  gre ,  que  ie  la 

laiflc.  Tay  le  pouiioir  d'abandon- 

ner  ma  vie  pour  le  falut  de  mes 

brebis :  i'ay  le  pouuoir  de  la  re- 

predre  &  de  me  reflfufciter,  quand 

i'auray  accompli  cc  qui  m'a  efte 

cnioint :  &  c  eft  mon  pere  celefte 

qui  m'a  ordonne  que  ie  faflervn 

&  Tautre.  Ainfi  i  ay  dc  moy  mef- 

me  la  vertu  d'cxecurer  tout  cela : 

■  &  i'ay  rcceu  de  mon  Pere  Tordre^: 

Tautorite  dele  faire-  L'vn m'a  efte 

donnecomme  ayantefte  cnuoyc 

de  luy  pour  la  charge  de  Media- 

tcur  ^  Tautre  m'eft  propre  &  natu- 

rel  par  leternelle  communication 

Moll'sr  qu'ii  ni  a  faite  de  fon  cfTence.Com- 

fenfion  fut  j^^ \z{\x^  cut  acHcue CCS ma^nifi- 

chefentreies  qucs  oroDOS .  a  Dcine  Icauroic  on 

luifspource  /  rr  r^       ^  •  1   - 

tropos.  lurhiamment  cxprimer  combien 
oppofes  furent  Ics  iugemens  que 
(es  auditeurs  en  firent.  Carcom- 
ine  ils  auoyent  de  differentcs  af- 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     451  Cha.io. 
fcdions,  &  de  difFerentes  difpofi  - 
tions  en  refprit^ildeur  donnoyent 
les  interpretations ,  & ,  s'il  faut 
ainfi  dire ,  les  coulcurs  dont  Icurs 
amcs  cftoycnt  imbues.  De  forte 
qu  li  y  eut  entr'eux  vn  manifefte 
partage  d  opinions ,  &  vne  con-   ^.  j^. 
teftation  cofiderablc.  Car  la  pluf-  ^^^^^f^' 
part  d*entr'eux  (commelesbonS'''>y^«^»  ^i 
&  les  lages  lont  toujours  en  plus  ^ejihorUH 
petit  nombre ,  &  qu  en  compa-  ^^ZJi'!fcZ'^ 
raifon  des  autres  il  y  enauoit  peu  ^^l'^^^'^'^ 
cm  euflent  efte  defignes  pour 
cftreefFe6tiuement  de  fesbrebis ) 
retournerent  a  ieurs  iniurcs  d'au  - 
parauant^  &  dirent;  pourle  cer-- 
tain  cet  homme  eft  agite  des  fu- 
ries de  quclqucs  demons;  tant  il 
eft  extrauagant  &  furieux  en  fes 
paroles.  Pourquoy  vous  amuses 
vous  a  1  ecouter  ?  Quel  plaifir  pre- 
nes  vous aux  grotefques  de  fes  dif- 
cours,  &auxegaremensderafan- 

Ee  4 


Cha.io.  45^    Paraphraje  fur  tEuangile  de 

^'  ^^'  ^^  taific?  Maislesautres,  aquiDieii 
Mfoient.ces  ^omxoit  d'entendrc  ce  que  lefus 
jonf'pciTt  difoit  y  &  d  y  prendre  du  gouft , 
tl^ueTu  leurrepliquoyent,  le  nc  f^aypas 
dubie  ptut  comment  vousprenesleschoies: 

il  ouurir  les  .  ^  \         -  ^  _  ^ 

^enx  des  a-  mais  cc  nc  sot  pomt  la  les  diicours 
fitugies  i     ^,^^  demoniaque  ny  d Vn  force- 

ne.  Il  dit  cc  qull  dit  auec  railpn , 

&fespenfeess'entretiennentbicn, 

&  naefmes  ont  queJque  chofe  dc 

grand  &  de  magnifique  en  lear 

inteiligece.  Maisaufonds,quand 

nouslaifleronsla  fes  proposa  partj 

&  que  nous  nous  arrefterons  a 

la  confideration  de  (es  oeuures, 

dites  nous ,  les  demons    ont-ils 

cette  vertu   la  d  ouurir  les  yeux 

aux  aiieugles  nes  ?  Et  foit  que  vous 

regardies  la  nature  de  la  chofe  en 

clle  mefme,  &  la  proportion  que 

lapuiifance  des  demons  y  peut 

auoir  ^foit  que  vous  en  reclier^ 

chies  des  exemples  en  Thiftoire 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      453  Cha,lO; 
de  nos  predeceffeurs :,  aues  vous 
quelque  raifon  de  le  croire  ?  En 
effed:  Ics  Anges^bons  ou  mauuais, 
pourroyent  bien  guerir  vnaueu- 
gle,  a  la  veue  duqueiil  feroit  feu- 
lemcnt  furuenu  quelque  empef- 
chementtel  que  font  les  fluxions, 
oules  tayes,  ouquelques  obftru- 
diios  dans  les  nerfs  quifont  defti- 
nes  a  porter  les  efprksaux  yeux. 
Mais  quant  a  donner  a  vn  horn- 
me ,  ou  Torgane  des  yeux :,  que  la 
nature  ne  luy  ait  point  donne ,  ou 
ia  vertude  voir  par  le  moyen  de 
cetorgane,  que  la  nature  luyait 
refufee  pareillement ,  il  ny  a  que 
le  feul  createur  qui  par  ia  vertu 
infinie&  immediate  lepuifle  fai- 
re.    Ainfi  fe  pafla  i'iiiftoire  de  ce 
miracle ,  &deschofesqui  arriue- 
rcnt  a  fon  oGcafion,      Quelque    J^*,"* 
temps  apres  vmt  la  lailon  de  la  ae  UDedt- 
f  efte  de  la  dcdicace  del  autel  dcs  Tfrljlim., 


Chaao.  4^4    IPara^hmfe  furt'Euangitede 
&cfiait  A^.  facrificcs,queluda  Maccabee,5i 
r'^*  TEglifc  d'lfracl  de  ce  temps  la, 

auoyent  inftituec  lors  qu  on  re- 
baftitcetautelj&qu'onrepurgea 
le  Temple  &  le  feruice  qui  s'y  fai- 
foiCjdcs  corruptions  que  le  Roy 
Antiochusyauoitintroduites.  Et 
c  eftoit  la  faifon  dc  Thyucr  :  car 
cette  fefte  commencjoit  levingt- 
cinquieme  iiw  mois  dc  Cafleu, 
qui  eftoit  ce  que  1  on  appelle  la 
Lune  de  Nouembre  j  dont  Ic 
vingt- cinquieme  lour  echet  en 
^*  *^  Decembre  ordinairemenc.  Or 
f  f<^t,Pme^  encore  que  cette  Fefte  ne  fuft  pas 
d'inftitution  diuine,  lefus  ne  laif- 
fa  pas  dc  s^'y  trouuer  :  parce  qu  il 
s'y  faifoit  vn  grand  concours  de 
peuple  ,  &  qu  il  prenoit  autant 
qu  il  pouuoit  ces  occafions  pour 
cnfeigner.  Ainfi  vn  des  iours  dc 
cette  fefte,  qui  felon  fon  infti tui- 
tion en  deuoitdurerhuid^  lefus 


mak  Oft  Te- 

pie- » au  for- 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      45;  Chja.io' 
fcpromenoic  au Temple,  fous  le 
porchequ  on  appelloit  commu- 
Bemcntde  Salomon.  Ecilauoic 
choifi  cxpreflemenc  cet  endroit 
la,  parce  qu'au  lieu  qu'en  efteic 
peuplefepromenoit  volontiersa 
decouuerr,  ilfe  retiroitalors  fous 
les  porches  J  poureuitcr  lefroid 
&  les  autres  incommodites  dela 
faifon.   Com  me  done  il  y  auoit     us^tLifs 
lagrande  affluence  dc  perfonnes,  tZ  ^'T-' 
les  luifs  Tenuironnerent  de  tous  ^^y  ^^^^^i> 
coltes,  &  commesil  nelcureult  ^u^njtiens 
point  encore  ouuertement  deck-  'j^./fJXfi 
re  quill  elloit,&  pour  quelle  fin  Jn/'ct/^ 
il  eftoit  venu  au  monde,ilss'a-  ^'  ^'  ^ous 

dec  ^    1  o      I  1-  Jra7ickem'stf 

reflerent  a  luy  ,  &  iuy  dirent. 

S'il  eftoic  queftion  de  chofe  dc 

moindre  importance  ,  a  peine 

pourroic-on   fouffrir  robfcurite 

de  tes  paraboles ,  &  Tambiguite 

de  tes  refponfes  &  de  tes  difcours, 

Mais  quand  en  chofeslcgereson 


^lia^io.  45 (J  ^araphrafcjiirtEuangilede 
te  laifleroit  vfer  en  liberte  de  tes 
tergiuerfations,  eft-il  raifonnablc 
qn'en  vne  chofe  de  fi  grande  con- 
lequencc  qu  eft  la  reuelation  &  la 
connoiiTance  du  Mellie,  tu  t*en- 
ueloppesainfidetenebres,  &nos 
ames  de  perplexice  }  lufques  a 
quand  tiendras-tu  ainii  nos  cfprits 
balances  entre  la  bonne  opinion 
que  quelques  vns  ont  de  toy,  &  les 
blafmes  que  la  plufparc  des  autres 
te  donncnt?  Si  tu  es  le  MelliejCom- 
me  quelques  vns  difent  qu'ils  t'en 
ont  oui  vanter ,  di-  le  nous  a  cette 
heure  franchemenc  en  la  prefencc 
de  tout  ce  peuple.  Or  penfoyent 
lis  bien  lenlacer.  Car  s'll  le  nioit^, 
il  tomboit  en  contradidion,  puis 
qu^ilPauoic  die  tant  de  fois ,  &  rui- 
noit  fon  autorite  entre  les  difci- 
pies.  S'il  repondoit  auec  ambi- 
guite ,  il  fe  rendoit  coupablc  de  cc 
,  quils  luy  rcprochoyent^  &  leur 


lefts  Chrijl  felon  S.  lean.  45-7  Chaiio* 
donnoit  occafion  de  crier  qu  il 
falloit  bien  qu  il  ne  fuft  pas  Ic 
Chrift,  puis  qu'il  n'auoit  pas  la 
hardiefifc  de  le  dire.  S'll  le  difoit 
toutrondement,  ilsenauoyentla 
milIetemoins3pourfouftenirrac- 
cufation  qu*ils  auoyent  refoki 
d'intenter  a  cettc  occafion  centre  ^.  j^- 
luy,  Mais  lefus,  qui  fcauoictres^    i'^*?/"*^ 

1    .  y.t  1  -  rejpondttyiff 

bien  qu  il  ne  lay  pourroitarriuer  ^^  '^ous  ay 
de  mal  finon  quand  il  le  voudroit  nl'u  JoyZ 
iuy  mefme,  leur  refpondit  duuer-  It'SH; 
temcnc,  fans  fefoucier  de  leursfi-  ff^'''*  ''''^ 
nelies.  lele  vous  ay  dcsja  die,  re-  r^ndent  te/^ 
partit4l,&levousaydirars6sclai-::j^^''' 
rement  fi  vous  reulTics  voulu  en- 
tendre.   Mais  vous  ne  le  croyes 
point ;  &  quand  ie  le  vous  repetc- 
ray  encore ,  vous  nele  croiresnoa 
plus.  Que  fi  vous  ne  voules  ad- 
iouter  foy  a  rnes  paroles,  aumoins 
rc^ardes  a  mes  adions.    Gar  Ics 
^uurcs  queicfaisaunom&pa? 


^ha.io.  458    n?araphrafefurl*Euangiledc 

la  puiflance  du  Perc  qui  m'a 

cnuoye ,  rendent  afses  autentiquc 

temoignage  dc  ce  que  ie  fuis,  fans 

que  par  mes  propos  ic  Ic  vous  in- 

Maisvof^s  culque  dauantage.   Mais  c'eft  ce 

plint7c7y   que  ie  difois  il  n  y  a  pas  fort  long-f 

JZ  ^t!  temps.  Mes  brebis ,  que  mon  pere 

hdis,        jYi'a  donnees ,  &  qu'il  prepare  in- 

terieurement  pour  venir  a  moy  > 

entehdent  ma  voix,laquellc  vous 

n  entendes  point  quant  a  vous , 

f.  XT    parce  que  vous  n'cftes  pas  difpo- 

.nnl't."  sesdemefme.  Etc5me  elles  con- 

r""'  ^''  noiflent  ma  voix,  ie  les  connois 

les    eognoy  :  zv*  1 

&auffiei:es  quant  a  elles  aum,  &  les  aime,  & 

de  leur  part  elles  ne  ront  pas  com* 

-EiiTieur  me  VOUS,  car  elles  me  fuiuet.  Pour 

trmuT.'&  vous,  VOUS  verrcsce  qui  vous  en 

ns  feriront  arriucra,  &  comment  vous  vous 

samais :  nul  •     /       1      1  >  x    • 

aujft  ne  les  garautircs  delamort.  Mais  pour 
^em.  ^jj^^^  apresles  auoirrepeucsdela 

pafture  cclefte ,  ie  leur  donneray 
yic  cternelle,  de  forte  qu  elles  nc 


lefus  Chrifl  felon  S.  leanl    459  Cliiao! 
inourront  &  ne  periront  iamais. 
Ec  bicn  qu'clles  ayent  beaucoup 
d'cnnemis,  &qu'ily  ait  beaucoup 
de  loups  rauiflans ,  qui  tafciient  a 
les  dcuorer ,  fi  eftce  qu  il  n  y  en  a 
aucun  qui  les  puifTe  rauir  de  rpa 
main.  Eftant  en  ma  protedion,     f,  ^^^ 
ellesfontenfeureaarde.   Le  oerc    ^'"^  f'*^ 
qui  me  lesa  commifcs,  m'a  com-  ^^^'^^^^ftpim 
munique la  puifTance  de  les  garan-  ^^'«^*  ch!l*^\ 
iir:&enmelacommuniquant,ny  t  l:i^ 
iines'eneftpasdepouillefovmef-  '^^''  f'^ 
mc,nyilnapasabandonnelefoin  ^^''^ 
de  leur  conferuation.    Cc  pere 
done  qui  me  les  a  donnees ,  eftant 
plus  grand  &  plus  puifTanc  que 
tous  leurs  cnnemis, commc  il  n  y 
en  a  aucun  qui  les  puifTe  rauir  de 
ma  main ,  il  n  y  en  a  aucun  non    Moy^u 
plus  qui  les  puiiTe  arracher  de  la  InT""^ 
iienne,   Et  ne  vous  cftbnnes  pas 
que  ic  m'afTocie  ainfi  auec  Ic  pcrc 
pour  cc  qui  eft  dc  la  protcdion 


Cha.io*  466   ^araphrafeJurlEudngilede 
de  nos  brebis*     Gommc  nous 
auons  vne  nature  commune^ 
routes  autres  chofcs  nous  font- 
communes  pareillement*  Nous-^ 
auons   vne    mefme    puifTanee;- 
nous  auons  vn  mefme  foin  te 
vne  mefme  afife£tion  pour  le  fa -^ 
lut  de  rioftretroupeau.    Les  bre-* 
bis  font  a  nous  coniointement;;^ 
en  vn  mot  ^  nous  ne  fommes  paa 
Adoncies  teulement  vnis,  mais  nous  iom-^ 
m'^ie!pZ'  nies  abfolument  vn  moy  &  k 
yjpiden   ^"^  pere.    A presces  paroles  de  lefus^ 
ii  parut  bien  que  gc  n'eftoit  pab 
pour   apprendre  que  les;   luifs 
Fauoyenfc  -interroga^. '  Gar  auiJf 
toft  qivils  leseuren4;  ouies,  com-^ 
s'ilseuiFcntentenduquelqueblaf- 
phemeintokrable  j  fans  autre  de- 
lib  eratioh^&'fans  at^tre  forme  dc 
proces'-,'  dabtant  queddsn^lafphe- 
nies  a'udyeWt  accotrlftttme  de  fe  , 
punkpaclalapidation  ,  ces  luift  J 

com- 


lefus  Chrip  felon  S.  I  em]    4^1  Cha^Qt 
totnmcncerenc  a  Icucr  dercchcf 
dcs  picrres:,  afin  de  Ten  aflfommer. 
Alors  Icfus  prenant  la  parole.     ^*  5^* 

/  .  #  lefiis  lent 

fans  temoigner  aucun  etonne-  >v^^»^/>  le 
menc  ^  rcprima  leur  furcur  en  leur  Zt  %{ufi. 
difant:  Encore  ne  conuientil  pas  ^^'  ^''''T 
a  des  gens  qui  foncprofefliondc  ^'^^  -p^'*''  » 
fuiurclaloyde  Moyfe,  delapider  d'heUe^'^Je 
qui  que  ce  foic,  fi  precnieremcnt  ^'^^'^^^"^^^^ 
on  ne  luy  prouue  qu'il  ramerite 
par  (es  a6tions :  car  la  iuftice  nc 
s  exerce  pas  ainfi  par  fcdition  po- 
pulaire,  &  par  precipitation  de 
courroux.  Orquantademauuai- 
fes  actions ,  Vouk  ne  fcjauries  mon- 
ftrer  que  i'en  aye  fait  aucune.Pour 
de  bonnes,  i'en  ay  fait  grande 
quantitc  en  voftre  prefence  ,  & 
vous  nele  pouues  pas  nicr.  Dites 
moy  done  ie  vous  prie,  pour  la- 
quelle  de  ces  bonnes  oeuures  eft- 
ce  que  vous  me  voules  lapider? 
Car  au  moins  faut  il  que  pourob-^ 


Chai  io.  4<S2,    Para^hrafefur I'Euangile  de 
'^  feruer  quelques  formes  de  la  iuftU 

ce,  vous  me  Tobjedics,  &  que 
quant  a  moy  ie  vous  refponde. 
f.  35.    Alorslesluifsjpoureflayerdeiu- 
'^::!l^i  ftifier  leur  acStion,  luy  refpondi-.; 
^ousne  u  j-^j^^.  Ccft  viie  chofcimpertinen- 
puY  bonnes  te  denous  demander  pour  quelle 
pourbiafihe-  Donue  action  nous  te  voulons 
r;;5:"  I^pi^er.  Situasfaitqueiquesbon. 
homme.tHte  j^^s  adtiotts"  nousnenous  en  en- 
queronspas,  &  ne  te  punillons 
pas  a  caufc  delles.    Mais  nous  te 
voulons  lapider  par  ce  que  tu  as 
prononce  vn  manifefte  blafphe- 
me ,  &c  tu  fc^ais  bien  que  la  loy  de 
Moyfe  nous  ordonne  de  punir 
ainfi  cette  forte  de  crime  la.    Or 
pour  ce  qui  eft  dcs  formes  de  la 
iuftice,  iln'cft  pas  befoin  de  s  y  ar- 
refter  en  vne  chofe^  fi  notoire  a 
toutlemonde,  &  que  toymcfmc 
tu  ne  fc^aurois  pas  nier.  Car  tu  e& 
hommcj  chacun  le  void  &lef^ait; 


'lefus  Chriji  felon  5.  lean.     4/^}  Clia.io| 
^neantmoins  tutefaisDieu,en 
£  egalantjComme  tufais,  au  vray 
Dieu,  &  en  rappellant  tonPere. 
Alors  lefus  voyant  ieurfureurvn.    f-  j^. 
peuralentic,&(ju  ils  fembloyent  re^MtJJlfi 
fe  vouloir  arraifonncr  auec  luy,  li^t^g' 
quoy  quU  les  conniift  bien,  ne  ^'fj^^^^^^^ 
lauia  pas  de  raire  tout  ce  qui  eitoit 
neceflaire  pour  les  inftruire.      Il 
leur  die  dpnc.  Si  c  eft  le  zele  de  la 
gloirc  de  Dieu  qui  vous  tient ,  &c 
riiorreur  que  vous  aues  des  blat 
phemesquitpurnenta  fonpreiu- 
dice ,  il  fault  que  vous  iaccompa- 
gniesde  connoifTancej&qu  auanc 
que  de  vous  emporter  de  la  forte^ 
yous  examinies  bien  foigncufe- 
jnenc  s'il  eft  vray  que^  i'aye  blaf- 
pheme.  Ecvousnc  pouues  auoir 
de  reigle  fi  certaine  pour  cela,  que 
les  liurcs  de  voftre  Loy^  a  qui  vous 
faites  profeflion  de  deferer  vna 
SUtorite  fouueraine.    Dites  moy 


Cha^iol  4^4  ^araphrafefurl'Euangllede 
donCjnaues  vous ''pas  leu  aii 
Pfeaumc  Lxxxii.  quil  eft  eerie 
des  fouucrains  Magiftrats  :  Fay 
dit  J  "vom  efies  Dieux  f  La  le  Pro- 
phete  declare  quil les  tientpour 
Dieux^acaufe  de  lapuiflancein- 
dependante  de  leur  charge.  En 
cfFe£t  5  dans  la  charge  des  fouue- 
rains  Magiftrats  ily  a  trois  chofes. 
L'vne,  qu  ils  adminiftrent  la  iufti- 
ceauxparticuliers  qui  dependent 
de  leur  iurifdi6tion.L  autrc,qu'ils 
gouuernent  auec  auto  rite  les  peu- 
pies  qui  font  foumis  a  leur  con- 
duite.  La  troifieme  ,  qu'ils  nc 
rendent  point  conte  de  leur  ad- 
miniftration  a  ceux  defquels  ils 
font  Princes  ou  Magiftrats.  Et 
pour  la  pren\iere,  sllsnycom- 
mettoyentpointdefaute,  oupar 
Terreurdeleur  iugement,  ou  par 
la  corruption  de  leurs  aflFecStionSj 
ils  auroyent  vne  grande  refTem-- 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.    465  Clia.  10# 
blanceauecDicu  ,  qui  tient  tou- 
joursla  balance droite,&  qui  fuit 
en  toute  fes  actions  la  regie  inua- 
riable  d Vne  iuftice  incorrupti- 
ble.   Mais  au  mefme  Pfeaume 
le  Prophete  Ics  accufc  d  y  com- 
mettre  diucrfes  iniquitcs.   Quanr 
a  la  feconde  ,  s'ils  n  y  faifoyent 
rienqu  aucc  vne  fouueraine  pru-- 
dence  ,  accompagnee  de  routes 
les  autres  vertusmorales,  qui  font 
neceflaires  au  gouuernement,  ils 
approcheroyent  en  cela  de  laDi- 
uinite  ,  autant  que  la  nature  hu- 
mainele  peut.  CarDicugouuer- 
ne  routes  chofes  auec  vne  telle  fa- 
pience  ,  quil  n  arriue  iamais  le 
moindre  dereiglemenr  en  (a  con- 
duite,  Mais  dans  le  mefme  Pfeau- 
me le  Prophete  fe  plaint  de$  hor- 
ribles defordres  qui  arriuent  au 
mondeparla  fautede  ccux  qui  y 
font  en  dignite.  Deforte  qull  ne 

Ff3 


Cha.10,4^^  Pard^hrdfejurl'Euangiledi 

refte  que  cette .  autorite  indepen- 

dante  laquelle  les  exempte  de  H 

fujettion  a  rendre  raifon  de  leurs 

adtions  a  qui  que  ce  foit  d'err- 

tre  les  horn mes  ,  qui  leur  puif-- 

fe  auoit  fait  donner  cc  nom  dd 

Dieux.     En  efFecSfc  ,  il  ny  a  riea 

;ea  quoy  les  liommes  reprefen- 

tenc  fi  exprefsemenc  la  Majeft^ 

dc  Dieu  entant  quil  eft  (ouuerain  , 

comme  il  eft  appelle  dans  le  mef- 

jnepafTage,  qu'en  cette  eleuation 

qui  les  met  au  deflus  des  autres 

,    hoitnmeS:,pour  n  cftrepoint  tenus 

sieUeaap'-AQ  {c\xt  .v6xi^iz  t^iiovi^  Ac  ieUTS 

^dLTZlif  adtibns.  SidoncrEcTibireMppclle 

ToUde^BiTu  Dieux  ceux  a  qui  Dieu  a  donne  le 

eftadrefsee,  commandemcnt  d  adminiftrerla 

Tie  font  efire  luiticc  au  tnonde ,  &  d  y  gouuer-^ 

net  louueramement  ^  &  11  vous 

jnefmes  vous  aduoiiesque  TEcri- 

tare  eft  dVn'e  verite  infaillible,  & 

tl  Vne  autorite  inuiolable^  de  fort^ 

gue  tout  ce  qu  on  pent  alleguer 


Icfus  Chrifl  felon  S,  lean.  4^7  Glia.'  loV 
aIenc6trc,nanyefficacenypoids;  ^  ^^^ 
Commentm aGcuses^vousd  auoir  ^'^^^ ^''«* 
cotnmis  vn  blalpheme  digne  de /'^^^^ ,  ^^^ 
lapidation ,  parce  que  1  ay  die  que  fanMe ,  & 
ie  fuisle  FilsdeDieu:  moy,  dije.  ZZt.Z 
quele  Pere  afan6tifie  d  vncfaeon  ^j»»^?«^'> 

A  .  i  <///     CIH6     IS 

fi  particuliere  &  fi  miFaculeurc  fuh  u  rtu 
des  Ic  ventre ,  pour  me  coniaercr 
a  la  charge  de:  Mediateur;  moy^ 
qu  il  a  enuoye  au  monde  p6ur  fai- 
ic  les  fon£lions  dt  cette  charge 
par  fon  ordre^&  coriime  Ton  Lieit- 
tenant,qui  repreftme  fa  perfonnc 
auec  vne  egalc  |)uiirance ,  &  vnc 
cgale  majefte  ;  moy^qtfil  a  aihfi 
infinittient  eleue  aii  deflus  de  Is 
dignite  de  rous  les  Potejrit^ts&de 
tous  les  fouuerainis  MagiftratsqiiJ 
font  en  la  terre>  Et  ie ne  VOiis diS 
pas  cela  afin  due  vous  penfi^s^que 
cefoit  a:  caufe  de  ma  charge  que  fe 
me  (i^is^riomnie  Filsd-tOieu-C'eiffi 
en  vnr ^urre  egaM/  &:  pour^na 

Ff4 


autre  raifon,  que  ic  prcns  cette 
qualice ,  &  qu*clle  m'eft  donnee 
parmonPere.  leveuxfeulement 
vous  monftrcr  par  ce  raifonne- 
ment^quevousaues  tort,  &  qu?. 
vous  vfes  ou  d  acception  de  per- 
(onneSjOU  de  pafTion^cn  m*appel- 
lant  blafphemateur.  Car  fi  vous 
n'eftes  point  choques  de  ce  que 
TEfcriture  appelleenfansdu  Sou- 
uerain,  ceux  a  qui  Dieuaaddrefle 
fa  Parole ,  &  donne  le  com  man- 
dement  de  iuger  &  de  gouuerner 
fbu^ucrainement  entre  les  hom- 
ines,, quoy  qu'ils  s'en  acquittent  fi 
inal:,  Gomme  ce  Pfeaume  les  en 
reprend  ^  pourquoy  trouues  vous 
fi  etrange  que  ie  me  qualifie  dc 
ce  nom  de  Fils  de  Dieu ,  veu  que 
Dieum'a  communique  vne  Di- 
gnite  infiniment  fureminente? 
Ne  monftresy oiis  pas  en  cela  que 
c  eft  la  haine  que  vous  me  pottcsj^. 


Icfus  Chrift  felon  S.  lean]    46^  Cha.  io 
&  les  preiuges  que  vous  aues  cen- 
tre moy^  qui  font  que  vous  varies 
ainii  en  vos  iugemens^&  que  la  ou 
vous  en  aues  moins  de  fujct ,  vous 
vousoiFensesdauantage?  Carau 
iefte,ie  iuis  Fils  de  Dieu  d  Vne  tou- 
te  autre  forte  quelesPotentatsde 
la  terre ,  &  les  fouuerains  Magi- 
ftrats^ne  fontnommes  enfansdu 
Souuerain,  lis  nelefont  que  par 
Tinfticution  de  fa  volonte ,  par  ce 
quilluyapleu  de  les  mettredans 
vne  autorite  independantc,  qui 
reprefentefamajefte.  A  u  lieu  que 
ie  le  fuis  par  la  communication 
qu il  ma  donnee  de  fa  nature  & 
de  fonelTence^desauat  les  fiecles, 
&  de  toute  eternite.   Et  que  cela     t-  ^^• 
foit,  fi  les  autres  aliofes  vous  font  ^esoeuuresde 
lulpectes:,  colideres  au  moms  mes  me  crop^^ 
acStions ,  comme  ie  vous  ay  dit  fi  ^^'^^' 
fbuuent.    Ie  vous  dis  que  c'eft  le 
Pere  celcftc  qui  ma  enuoyc  , & 


Iph^.io.  476  ^amphrafe  furhEudngik  ie 
qui  non  feulement  m'a  eftabli 
dans  ia  charge  querexerce,  mais 
qui  me  reconnoift  pour  le  Fib 
qu'il  a  engendre.  Si  done  ie  ne 
fais  les  oeuures  de  mon  Pere,  s'il 
ne  paroift  que  c  eft  fa  puifiancc 
infinie  qui  produit  ies  miracles 
que  i'execute  deuant  vous ;  s'il  ne 
rendainfi  luy  mefme  temoigna- 
a  ce  que  ie  vous  dis  de  ma  perfon- 
nc  &  de  ma  vocation  ,  ne  me 

f  f.  jg.     croyes  pas.     Mais  fi  ie  lesfais^ 

"  Mais  fl  ie  1  •»  1    •  >' 

i^^^y -^^  quand  vous  nen  voudnes   pas 
•^^mne^  me  croiix  amesparolcs ,  vousnefau- 

'ueHlez  eroi-  1     r        1  j 

ws:  ,  croyei^  TICS  VOUS  dctcndre  que  vous  nen 
-»/«  ^He  deuies  croire  a  mes  oeuures :,  puis 
Zd-t^i^  quellesy  parlentfi  Iiaut.  Croyes 
fwtie  vere  y  donc :,  &  lors  VOUS  counoiftres 
oy  er^  &croirespareiIIcmentIa  ventede 
ce  que  i  ay  die,  &dont  vous aues 
tantoft  pris  tant  de  fcandale ,  c'eft 
que  moy  &  le  "  Pere  fommes 
vn.    Car  il  n  y  pent  auoir  entrc 


4^f  en  moy 
^   m 


7ejus  Chrifl felon  S.  lean.     4*71  ChajOi 
iious  vne  fi  inuiolable  confpira- 
tion  d'affedions  &devolontes  a 
VnmefmedeiTein  y  ny  vne  com- 
munication fi  intime  d'autoritc 
&  de  puiflance  5  pour  la  produ^ 
€tionde  nos  adions^quilny  ait 
milli  cntre  nous  vne  emerueilla- 
tle  communion  &de  nature  & 
deflence.  Ces  paroles  confondi-    %ll^^^ 
rent  &  conuainquirent  bien  Ics  '^^oiemdonc 

-Y     '  r  •         11  I  •       ale  prendre: 

luirs,  mais  elks  ne  les  conuerti-^  wais  n  ef^ 
rent  pas  pourtant.  lis  reconnu-  tT.l.itl 
rentobien  qulls  nepouuoyent  ref^ 
pondre  a  ce  raifonnement,  &_,  ce- 
ia  pofequ  ilfift  des  oeuures  tellcs 
que  celles  dont  il  fe  vantoit^qu  on 
^e  le  pouuoit  accufer  de  blafphe- 
mes'ilfedifoitFilsdeDieu.    Gar 
Targument  qu'il  auoit  tire  des  pa- 
roles duProphete,leurfermoitla 
touche^  &  leur  faifoit  toucher  au 
doigt  la  paflion  de  leurs  efprits. 
Mais  leur  limine  n'en  diminuapas 


Cha.io*  472.  n^ixra^hmfe  fur  lEuangtle  de 
pour  ccla :  de  forte  qu  ayant  defi- 
fte  dudeflein  dele  lapider,  parce 
•quils  voyoyec  qu  ils  n  y  eftoyent 
pas  bien  fondes^  puis  qu'ilfede- 
fcndoitfi  bien  du  crime  que  Tpn 
punifloit  ainfi ,  ils  effayerent ale 
faifirau  corps,  pourle  mencrde- 
uant  le  Grand  Confeil  de  la  Na- 
tion, afin  d'y  examiner  (ts  actions 
&  fa  vie.  Mais  luy  ,  qui  n  eftoit 
fujet  a  leursentreprifesfinon  au- 
tant  qu'ii  vouloit  y  echappa  de 
leurs  mains  par  quelque  miucle^ 
f .  40.    commc  il  auoit  accouftume.  Puis 

u  derefhef  luojeant  expedicut  de  renouueiier 

outre  te  lot"   |     ^  .  ^         •  / 

dain.au lieu  la  mcmoire  du  temoignage  que 

t//rZ!nt'  Iea«  luy  ^uoit  ^^^du  ,  dautant 
baptifoit:&  que  ce  pcrfonnage  auoit  eu  vne 

demetJirala»     ^  11        r*  •  f 

nierueilleule  reputation  parmyle 
peuplcj&que  communementon 
letenoitpourvn  grand  Prophe- 
te,  il  s'en  alia  encore  vne  autre  fois 
au  deladulordain  en  Bcthabara^ 


Icfus  Chrifi  felon  S.  lean.  '  475  Chajp^ 
lu  lieu  mefme  ou  lean  baptifoit 
premiercment ,  &   demeura  la    ^     ^, , 
quelque  temps.    Pluficurs  done  stpiufieursf 
1  ayanc  luiui  la ,  &  la  mcmoirc  de  /«^ ,  ^  ^. 
lean  &  de  fon  temoignage  leur  {T/;J««1 
eftant  reuenue  dans  la  pcnfee :,  ils  fi^^^"  •  ^'^'^ 
en  nrent  comparaiion  aucc  ce  chafes  que 
quells  voyoyent  de  leursyeux,&:  deceuny^ef 
tenoyent  ces  apropos  les  vns  aux  tla^L 
autres.   lean  na  quant  a  luyfait 
aucun  miracle :  &  toutesfois  nous 
Tauons  eu  en  vnc  fouueraine  vz^ 
nerationjde  forte  que  pcrfonne 
nedoutequ'on  nedoiuetoutde- 
ferer  a  fon  temoignage.    Outre 
cela  nous  voyons  a  Tcxperience 
que  toutes  les  chofes  que  lean  a 
dites  de  celuy-cy  ^  le  trouuent  ef- 
fe6tiuement  veritables  :tellement 
qu'a  peine  rcfte- t-il  quelque  cho- 
fe  a  defirer,  ou  quelque  iujetdc 
licfiterfur  ce quilditdefoy mef- 
me ,  &  de  fa  vocation.     Ainfi,  t'ttiuflnrj^^ 


t^ha.io^  474    ParaphrafefurtEuangikde 

^•eufent^r,  chacuii  parlantauantagcufement 

^''^  de  luy,  il  y  en  cut  quantite  qui 

paflerentplusauant,  &qui  firent: 

profefliondecroire  en  luy,  &de 

k  reconnoiftre  pour  le  Meffie. 

CHAPITRE    XL 

f.  I. '     \^ .  •  ^ 

oriiyauoii^  ^^^  R  y  auoit-il  vn  eertaiii 

m^ude  ap'  i^^^l  Homme    tort    malade  ^ 
'/i.'w:  ^^^nommeLazarc,quieftoit 
tJedTuZ  deBethanie,  Bourgadeenlaquel- 
rie  ^  uar^  Ic  U  dcmeuroit  auec  deux  fiennes 
leursnommees  Mane  &  Marthei 
Eclefusauoit  accouftume  de  fre- 
quenter auec  fes  Difciples  dans 
kur  maifon ,  tant  pour  y  prendre 
Tesrcpas^  que  mefmespour  y  paf- 
fer  la  nuit ,  quand  il  fejournoit  en 
:(Et  Marie  cctte  contrec.  (  Et  cette  Mark 
^utJ^Jg   eftoic  Gelle  la  racfme,  quiquclqu^ 


lefus  Chrijl felon  S.  lean.  4-^5  Chaii  lil 
peu  de  temps  apres  fit  enuers  le  ^,„^^,^t^_ 
Seigneur  Icfus  cet  adc  qui  a  efte  ^'ts^'^^*&. 
depuis  ficelebrc  entre les  fiddles,  ^>^^/^Vr./«>; 

C»    n  >    IJ  •  I       •  1     .      de  fes  che 

elt  quelle  prit  vne  boite  doi-  ueLrd^u^ 

gnement  fort  precieux ,  &  fans  /^fL^..,^ 

auoiraucunegardafonprix^  ellq  ^^''^  ^"^-^^ 

le  repandit  fur  la  perfonne  de  no- 

ftre  Seigneur,  entemoignagc  de 

rhonneur  quelle  luy.portoit , 

apres  auoirellemefmedefcs  pro- 

pres  cheueux  elTuye  fes  pieds,  auf- 

quels  elle  s'eftoit  profternee  pour 

cet  effed  auec  vne  humilite  pro- 

fonde.  C'eftoit,  dije,  Lazare^  frerc 

de  cette  femme,  qui  eftoit  grieue- 

ment  afflige  de  maladie.j  Scs  feurs     ts  %ufi 

donque  le  voyant  dans vn  euident  tlVZZj 

peril  de  mort,  &  ayant  beaucoup  '^'>''^'  '^^'- 

j  r  It  gneur,  void 

deconnance  tantenlabonneyo-  ceiuyque  ?« 
lonte  de  kfus,  a  caufe  de  fonor-  Z'^udff 
dinaire&  familiere  frequentation 
en  leur  maifon ,  qu'en  fa  puiffan-^ 
ce ,  a  caufe  des  miracles  qu'ii  fai-*' 


Cha.  11*  47^  ^^raphrafeJurl'Eumgiledc 

foir,  cnuoyercnt  incontinent  ver  J 

luy,  &  donnerent  charge  a  leur 

meflager  de  luy  dire  *  Seigneur  5 

( car  fes  difciplcs  Tappelloyec  afses 

communcment  ainfi:)  voila^  cc 

perfonnage  a  qui  tu  fais  ilionneut 

de  raimer,eft  extremement  mala-^ 

de,&  a  bicn  befoin  de  ton  fecourSo 

Or  efperoyent  elles  que  cela  Tin- 

uiteroit  a  venir  prontement ,  & 

qu  elles  receuroyent  quelque  no- 

f,  4,     table  afliftancede  luy  en  cetteoc-= 

oufZuf  currence.  lefus  ayant entendu ce 

ieurdit:cet'  meflager.  ne  s'cn  emeut  pas  com- 

n'e(i  point  h.  me  cUes  auoycut  pcnsc  ;  maisilie 

fnahpluru  coutcnta  de  dire  en  la  prefence  dc 

^BUu  %r.  fesdifciples:Ceftemaladien'au- 

^ueiefiisde  f^  par  Ic  (ucccs  que  ces  femmes 

giori§s  par  crai^ncnt.  Car  elles  ont  peur  que 

la  mort  ne  leur  rauifle  pour  tou- 

j ours  leur  frere  :  nais  elles  ne  le 

perdront  pas.  Get  accident  luy 

eft  fculement  arriue  pour  Pillu* 

ftration 


lejtis  'Chrifl felon  S.  Tearu     477  Cha.  lil 
Itration  de  la  gloire  de  Dieu  en  la 
manifcftationdc  fapuifiance,  &c 
afin  que  le  Fils  de  Dieu  en  foit  pa- 
reilkmenc  glorifie,  par  raffiftan- 
ce  vifible  6c  extraordinaire  que 
fon  Pere  luy  donnera.  Ce  n'cft  pas  o^jlfJ;ay 
quelefusneconnuftbienlagran-  T'^  ^'*'l' 
deur  de  ia  maladie :  car  11  n  igno-  (^^^  Af<«m> 
roit  rien  de  ce  qu  il  vouloit  fauoir:       '^'^''''' 
&monftrant  par  fes  paroles  qu  il 
auoit  tresbonne  connoilTance  de 
la  fin  pour  laquclle  Lazare  eftoic 
ainfi  trauaille^  il  tcmoigiioitafses 
qu  il  n  ignoroic  pas  iufqu'a  quel 
point  elie  eftoit  pour  le  reduire. 
Ce  n  eft  pas  aufTi  qu  il  manquaft 
d'affcdion  versce  perfonnage^ny 
cnuers fes  feur s:  car  il  aimoit  Mar- 
tlie,&Maric,&  Lazare,&  fe  fouue- 
jioitdesfoins  qu'ils  auoyent  tous 
cus  pour  luy  eri  Jiuerfesoccafions, 
&  auoit  du  reffentiment  de  leur 
hofpitalite.Mais  neantmoins  il  nc 
"^  / '     Gg 


Ch^*  t£  478    ParaphrafcJurl'Euangtlede 

\itioir  cuj   f^  h^ft^  P^s  d  y  aller.  Parce  que  s'i! 

"^'^T'^ii  y  ^^^  arriue  pendant  le  temps  de 

demeur^     la  maladlc  de  Lazare  ^  il  cuft  elle 

JuUen'me/--  inftammcnt  prie  dele  guerir.  Ce 

^^         que  faifant  Je  miracle  n  en  euft  pas 

cfte  fi  coliderable.  Et  s*il  y  fuft  vc-. 

nu  peu  ap res  la  mort,  le  miracle  de 

fa  refurredio^qu  il  auoit  refolu  de 

faire,  euft  cfte  grand  &  fignalc  ala 

verite ,  Mais  la  certitude  ^  pour  la 

conuidion  dcs  contredifans,n'en 

cuft  pas  cfte  fi  euidente  qu  ellc 

fut,  apres  que  quatre  iours  cntiers, 

commeie  diray  cy  apres :>  eurent 

fuffifamment  attefte  de  la  verite 

de  la  mort  de  ce  perfbnnage. 

Quand  done  lefus  cut  entendu 

quil  eftoit  malade,  il  demeura 

encore  deux  iours  entiers  au  lieu 

f,  8.    ou  il  eftoit^  en  attendant departir 

fXYfes  ^  v^^  lieure  conucnable.   Apres 

^''^''^^Zfef  ^^^^'  ^^^  ^^^^  ioxxxs  eftant  expires, 

fnif4d0e,     dc  lefus  f^achant  bicn  ce  qui  eftoit 


— „ '-i 


'lefm  Chrifi  felon  S.  Icanl  4  79  Ghi^  if^ 
Srriue ,  il  dit  a  fcs  difciples :  Par- 
cons  d'icyy  mcs  amis,  &  nousea 
allonsdcrcchcf  ducofte  dc  la  lu- 
dee,  vers  Icrafalem.  Car  la  bour- 
gade  dc  Bethanie  cftoic  dc  cc 
cofte  11:,  &  neftoiteloigneedela 
villc  de  Icrufalem,  finon  d  cnui- 
ron  Ic  chemin  dVn  fabbat,  qui  eft 
fculemcnc  comme  dVne  lieue. 
Alors  fes  difciples  fc  refouuenans 
combien  dc  fois  il  auoit  cfte  en 
peril  de  (a  vie  parmy  les  luifs  de 
lerufalem ,  en  partie  emeus  de  Taf- 
fe£tion  qu'ils  luy  portoyent,  en 
partie  touches  de  la  confideratioit 
dc  ieur  propre  danger  a  eux  mef^ 
mes:,  tafcherent  dc  le  diuertir  do 
ccttc  refolution ,  &  luy  dirent  ^ 
Maiftre,  (car  c*efl:oit  aulli  vn  nom 
dont  ils  Tappelloyent  afses  ordi- 
nairement ,  &  dont  les  difciples 
auoycnt  accouftume  d*honorer 
ieursDodeurs  en  cc  temps  la, )  il 


teh£  ih  480  ^ardphrdfcfur  I'Euangile  de 
ya  fi  peu  de  temps  cjue  Ics  luifs 
cherchoyent  a  te  lapider,  Sc  ce- 
pendant  tuveuxretourncrparmy 
cux.  Penfes  tu  que  leur  mauuaife 
volonte  ait  ckange  depuis  ton 
depart,  &  quelle  (eurete  crois  tu 
quil  y  ait  pour  toy  entredes  gens 
quit'ontTA^agueres  temoigne  vne 
f-  9-     paflion  fi  demefuree  ?  Si  le  Sei- 

dtt.Ny  a-ii  gneur  lelus n*euft  efte  remply  d V- 

point  douZe   ^      .         ^  111  >    n      • 

heures  ^h-  ue  incoparaDie  douceur:,  c  eltoit 
iZ'femL  afses  pour  Tirritcr,  que  d'entre- 
deioHr.tine  prendre  de  le  confeiller,  luy  qui 

choppe  point?  I  %       r      • 

cariivottu  eftoit  la  prudence  &  la  lapience 
£6monde.  jmelmc.  Maisd  vn  colte  leurl(ja- 
chant  bon  gre  de  I'afFedion  qu ils 
luy  portoyent ,  &  de  Tautre  fup- 
portant  leur  infirmite^qui  leur  fai- 
loit  apprehender  de  courir  quel- 
que  rifque  en  fa  compagnie,  il  fe 
mit  a  Ics  enfeigner ,  &  a  les  forti- 
fier contre  le  peril  qu'ils  s*imagi-^ 
noycnt  en  1  entreprifedecc  voya^ 


lefus  Chrift  felon  S.  lean.     4S1  Ch£ 
ge.  Nevoyesvouspas,  leurdit-il^ 
que  la  iournee  neconfifte  pas  en 
vn  moment,  &querefpaccenefl: 
li  long  qu'on  la  diuifcj  en  douzc 
heures,  qui  font  douzeinterualles 
confiderables!  Or  la  dernierc  dc 
ces  heures  eft  aulli  bien  eclairee  dc^ 
la  lumicre,  que  la  premiere  par 
laquelle  la  iournee  a  commences 
teliement  que  fi  quelcun  s'eft  oti^  v '"^ 
propose  ou  oblige  de  cheminer 
pendant  tout  le  iour/il  cftauffi; 
bien  tenu  par  fa  refolution  ,  ou 
parfon  deuoir/de  fiiarcherfur  la 
fin, qu'au  commencement ouaujr. 
milieu  de  la  iournee.   Faitcs  done, 
cftat  que  la  courfe  que  mon  perc> 
m'a  affignee,  eft  com  me  vnc  iour- 
nee laquelle  ilfaut  que  ie  parfaee^^j^ 
&  qu'cncore  quei'approchedefa^ 
fin  J  il  ne  faut  pas  que  le  me  rclaf-  i 
che.pour  cela.     Gependant  vousi? 
fc^aues  que  qui  chcmine  de  iouJ>r. 


ir- 


Chal  H-;  48^  TaraphrafefirtEmngilede 
cii  qticljqiie  interualle  ou  heure^ 
tdc  la  lournec  que  cc  (ok .,  il  ne 
trouuc  point  d'achoppemcnt  ^ 
^m^ais  qulipairc  fans  incommodi- 
te  6c  fans  peril  en  tous  endroits  ^ 
dautant  quil  eft  cclaire  de  cette 
^   j^i    hcllc  lumicre  que   vous  voyes 

Maisfiau^  refplendiraumonde.  Aulicuquqr 
^  nui^^ii  cday  qui  fe  met  a  marcher  pen- 

£hoppi:cAtil     11*.  . 

»>  a  point  dant  la  nuit,  rencontre  toujour^ 
f»  4^'^'^'  quelque  ckofe  ou  fe  hcurter  a  cha- 
que  pas :  dautant  que  cette  belle 
lumiere  du  mondcne  leclairant 
^'  pas ,  il  n'en  a  point  en  foy  mcfme 

,qui  raddreffe.Pour  moy>  ma  iour- 
nee  eft  eclairee  dc  la  Vocation 
que  le  pere  ma  addrefsee ,  &  de 
fon  commandement.  Et  tandis 
que  ic  le  fuiuray  ^  ie  n*ay  point  a 
craindre  toutcs  ccs  mauuaifes  ren- 
contres defqucUes  vous  m*aduer- 
tifses.  Il  n'y  a  que  ccux  qui  paffcnt 
les  borncs  d^  leur  vocation,  ou 


Tefus  Chrifl  felon  S.  lean.     483  Cha.  ii«' 
quioutrepafTcntle  temps  qui  leur 
a  cfte  prefix  pour  rcxcrcer,  qui 
ayent  k  rcdoater  les  aheurts  ou 
les  embufchcs.  Quant  a  vouSjVous? 
vous  fouuenes  alses  que  ie  me  (uk 
fouucntappelle  dc  ce  nom  de  lu- 
micre  deuant  vous.  Ccftavousa 
pcnferquelfujet  vous  auesd  auoir 
peur  y  tandis  que  ie  fuis  auec  vous,     .  ^  -j. 
&  que  ie  vous  eclaire,   Ccla  dit^    ^^  ^*^  '^ 
noftre  Seigneur  s'ouurit  d auan^  \uk\\ris 
tage  queique  peu  apres  fur  toe-  ^^it'n^fira 
cafion  de  fon  defTein ,  &  tint  ce  ""^y  .f'"^^ » 
langagcalesdilciples,  Vous  aues  four  Untiii^ 
apris  par  lemeflTager  que  Marie  & 
Marthe  m'ont  cnuoye,quc  noftre 
amy  Lazareeftoit  fort  maladc.  A 
cette  heureieTous  dis  qu'il  dort. 
Mais  ie  m'enuay  pour  Icueiller, 
Or  entendoit  il  cela  du  fommeil 
delamort,  &dureueildefarefur- 
redion,  qu  il  auoit  refolu  de  fairc- 
Car  outre  la  rcflcmblance  que  ccf 

Gg>    7 


Clia*  Ifl  4^f-  l^araphrapJurtEuangileie 

chofesont  entr'elles,  c'eftoit  vne 
fac^on  de  parler  ordinaire  dans  la 
ludee,  que  de  nommer  la  mort  du 
nom  de  fommeiL  Mais  ce  qu'il 
auoit;  dit  en  fens  figure ,  fes  difci- 
pies  i*entendirent  commes'ileuft: 
cfte  dit  en  vne  intelligence  pro-- 
pre.  A  quoy  contribiioit  en  quel- 
qucfortc^que  lefus  n  auoit  point 
accouftume  de  fe  vanter  dcs  mira- 
cles qu  il  alloitfaire;  afin  de  don- 
ner  exemple  de  modeftie,  &  d  e« 
loigncr  de  foy  tout  foupcon  d'am- 
bition.&  de  vanite.  Et  de  fait ,  en 
cettc  occafion  il  ne  pafla  par  def- 
fus  fa  CQuftume  ,  &  nc  dit  qu'il 
en  alloit  faire  vn ,  finon  par  cc 
qu  il  s'en  pouuoit  enoncer  en  ter- 
mes  metaphoriques ,  &  qui  d  a- 
bord  reprefentoyent  vne  adion 
^^^  qui  de  foy  n  a  rien  dc  merueilleux 
D^nc  ces  ny  de  releue.  Eux  done  Tentcn- 

Jtrent':  sZ  dans  CO mmc s'il  cuft  cfte  queftioji 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      4%  Clia^  ir| 
^ Vn  fommeil  &  d Vn  reueil  aiiifi  ^„,„,  ^  ,,.^ 
proprement  nomme  ;&quoy  que  ^'^'^J^  -^'^^ 
noftre  Seigneur  leur  euft  dit  au- 
parauant  pour  leur  ofter  route 
crainte  de   reuenement  de  fon 
voyage,  defiranspourcantderen 
dilluader  J  &  fe  feruans  de  routes 
fortes  de  raifons  pour  cela  ^  ils  luy 
repartijent  en  cetrc  forte;  Sei- 
gneur^ s'ildort  tun  as  point  afai- 
re  d  y  aller.  Car  fans  doute  il  en 
echappera  :  le  fommeil  ayantac- 
couftume  d^eftre  pris  pour  vn  ar- 
S;ument  comme  indubitable  de  la 
diminution  du  mal,  &  comme  vn 
figne  fur  lequel  on  fonde  vn  fa- 
iiorable  prognoftic  de  conualef- 
cence.  Or, comme ielay defia de-     '  o, ]%s 
dare,  Icfus  lauoit  dicdu  dormir  f'^ff^'^^^- 
de  la  mort  qui  cftoit  arriuee  a  ^Vr^^'^r  •  ^'^ 
Lazare ,  &  ill  auoit  amli  nommc  p^ruji   dt* 
par  ce  que  comme  dans  le  fom-  "^fJZ^.u^  ^"^ 
meii  on  eft  priue  de  fentimcnt& 


la.  iL 


4§(S   TaraphrafeJurrEuangile  de 
dadion,  la  mortoftcau  corps  le 
moyen  de  faire  fes  fondions  &  fes 
operations  natureiles.  Etcomme 
dans  le  fommeil  on  eft  fequeftre 
du  monde,&n  a-t-on  aucun  com- 
merce auec  ccux  qui  font  eueiiles  \ 
dans  la  more  on  eft  fepare  du 
monde  pareillement  ^  &c  on  n  a 
aucun  commerce  auec  les  viuans. 
Et  come  dans  le  fommeil  le  corps 
fe  rcpofe  des  fatigues  de  la  iour- 
nee,  dans  la  mortchacunferepo^ 
fe  des  trauaux  de  la  vie ,  &  du  tra- 
casauquelilyaefteaflujetty.  Et 
commedans  le  fommeil  il  arriue 
fouuent  que  par  le  moyen  desfon- 
Cjesonadefort  ag-reables  vifions'5 
dans  la  mort  les  fidelles  ioulilent 
quant  a  Tame  de  pensees  &:  de 
contemplations  fouuerainemcnt 
agreables ,  en  attendant  la  louif- 
fance  d Vne  plus  entiere  felicite. 
Et  en  fin,  card  feroit  long  de  re-. 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  487  Cha.  11] 
prefentcr  tous  Ics  rapports  qui  fe 
treiiuent  entrc  ccs  chofes^  comme 
apres  auoir  dormi  on  fe  reucille 
de  fon  fommeil  ^  &  reuient-on: 
dans  la  vie  plus  frais  &  plus  vigou- 
reux  qu*on  n  eftoit  quand  on  s  eft 
coucne^  apres  la  mort  on  refTuf- 
cicera  du  fepulcrc,  en  vnc  condi- 
tion bcaucoupplusauantagcufe, 
&  pour  entrer  dans  la  poflcffion 
d  Vne  vie  a  laquclle  celie  de  main- 
tenant  n'a  du  tout  rien  a  compa  - 
rer.  Mais fesdifciples,  qui  nc  pe- 
netroyent  pas  fi  auant  dans  fon 
intention  ,  s*arrefterent  a  la  pre- 
miere intelligence  des  mots  y  &c 
3*imaginerent  qu  ilparloitdu  dor- 
mirdu  fommeil  feulement.  Alois  Btp^unant 
leiusvoyantieurtardiuete,  lugca  dUcuH^rfe- 
qu'il  les  falloit  inftruire  tout  ou-  Z'l^'^onT 
uertement  de  Taccident  arriuc  a 
leur  amy,  &  du  dcifcin  de  i^on 
voyage ,  a  fin  qu  y  eftant  prepares 


^^ha.  11.  4S8  n^araphrafe  fur  I'Euangile  de 
de  bonne  licure,  ils  fa  (Tent  plus 
artcntifsace  qu  il  auoitafaire,  & 
moinsfurprisdefbn  action.  C'eft 
pourquoy  il  leur  die  tout  franche- 
menc  ^  &  fans  vfer  ny  de  circon- 
^^  ^^^  locution  nydemetaphore.Lazarc 
Mifuis  ioy>  eft  more.  Et  pour  Tamour  de  vous 

esx    pur       .     p   .    ,   .  ^r       1  •  ' 

Umau^  \de  ic luis Dien  ailc  accc  que  le  nay 

"S^nyefiZ  point  efte  la  pendant  qua  dure  fa 

^^^IcuT  ^^^l^die;  ^fin  q--^^  felon  que  vous 

^7r^  mak  en  aurcs  du  fuiet,  voftre  foy  s'ac- 

croille  &  le  rortihe.  Farce  que  li^ 

iyeufleefte,  vousmefmeseuffies 

contribue  a  ce  que  ie  leulTe  gueri, 

&  vous  fuflies  ainfi  priues  de  la 

fatisfadiion  dc  voir  de  plus  gran- 

des  cliofes.    Mais  ie  ne  vous  en 

vcux  pas  dire  dauantage  :  feule- 

AdMncTh^  mentallonsversluy.  -  Commefes 

^^i^L>  difciplesvirentqu'ildemeuroitin 

vms  ]  dn  k  flexible  en  cetterefolution,  d'au- 

fnom  difci.  tant  qu'il  leur  euft  efte  honteux 

-  Iv/^f'S  derabandonner,&:quedaiIleurs 


lefus  Chrifl  felon  S.  leanl    4%  Cha!]  ii3 
lis  I'aimoicnt  cordialement^  ils  fe  ^,^,,^,^^,^' 
difpofercnt  a  la  fuiure.  lufques  la  ^''>. 
que  Thomas,  furnomme  Didy- 
me J  ou  Ic  lumeau ,  ('car  les  luifs 
conuerfans  auec  les  autres  nations, 
& particulieremet  auec  les  Grecs, 
auoycnt  accouftume  ou  de  ploy  er 
Icurs  noms  a  la  forme  &  a  la  ter- 
minaifon  Grccque,ou  d'en  pren- 
dre de  Grecs  qui  refpondiflent  a 
leur  fignificationj  bien  qail  fe 
full  toujoursmonftrele  plus  lent 
a  croire  aux  paroles  de  fon  Maiftre, 
&  qu'encore  alors  il  ne  fe  full  pas 
afses  fortifie  par  lesdernierspro- 
pos  qu  il  leur  auoit  tenus  j  par 
quelque  faillie  d  aflfe6tion  8c  dc 
courage  dit  a  fes  condifciples  : 
Allons-nous-y-en  done  auffi,  afin 
•que  s'il  a  a  perdre  la  vie^  nous  la     ^,  j^; 
perdions  auec  luy.  Ils  s'achemine-    .^^^^/^y 
rent  done,  &  lefus  eftant  venu,  trouu^qun 
fion  pas  luiauesdans  la  bourgade  ^ja  qustn 


Cha^  ir!  490  l^araphrafe  furl'EuangiUde 
Uwf  A^  yg-  mcfme,  mais  iufqu  au  lieu  du  fe-^ 
fHkhn.^      pulcre  de  Lazare  y  qtii  en  eftoit 
fort  pres,  il  trouua  qu  il  y  auoit 
dcsja  quatrc  iours  que  le  mort 
auoit  cfte  mis  fous  la  tombe,  &fe 
le  fift  ainfi  attefter  en  ia  prefence 
(orBelL-  dc  tous  Ics  afliftans.  Or  eftoit  la 
^rS'  bourgadedeBethanie  prochela 
uminuiron  yille  dekrufalem,  enuironquin- 
^des.)        ze  ftadesj  dont  leshui£bfaifoyent 
cc  qu  on  appelle  tin  mille,  &  les 
quinze  a  peu  pres  vne  commune 
^  ^•,  V^-    lieue  francoife  fculement.  De  for- 
des  imfs  e-  tc  Qu  a  caule  de  ia  proximite  du 
aMarohec^  licu  ^  Martlie  &  Marie  auoyent 
puHeZn-  dans  la  ville  diuerfesconnoiilan- 
foUrje  uur  ^^^  ^  diucrs  amis  cntre  les  luifs, 
dontily  eneut  plufieurs  qui  leur 
voulurent  rendre  les  offices  d  ami- 
tie  &d1iumanite  accouftumes  en 
tellesoccurreces.  Car  ils  vinrcnt 
vers  elles  en  leur  maifon ,  pour 
leur  fairc  Icurs  co^tdolean^es,  &C 


I  ejus  Chrijl  felon  S.  lean.     491  Cha.  5^ 
pour  Ics  confoler  en  Tafflidion 
que  raccident  de  la  mort  de  leur 
frere  leur  caufoit  Et  ccs  deuoirs 
ferendoyent  par  quelquc  notable 
cfpacc  de  temps,  nommement 
pendant  la  premiere  femaine  du 
dueiU  lorsque  lapertecftant  plus 
recente ,  les  reflentimens  en  Tone        ^^; 
plus  vifs.  lefus  donceftant  arriue  ^«^»/^^»^ 
au  lepulcredeLazare,  le  bruit  en  q»eufujve^ 
tutmcontmentporteala  mailon  andeudtdQ 
de  fes  foeurs,  &  Marthe  louit  la  1^/^: 
premiere,  parce  quelle  alloit  &>'«/^«=»^i- 
venoit,  vacquant  aux  affaires  de  la 
families  de  forte  quetoutetranf- 
portee,  elle  fortit incontinent, & 
sen  alia  au  deuant  de  lefus  pour  Ic 
rencontrer.    Cependant,  Mane , 
qui  cftoit  plus  auant  dans  le  fonds 
dela  maifon,  affife  auec  la  com- 
pagnic,  n  en  ay  ant  point  encore 
GUI  parler^  ne  bougea  de  la.  Mar-  Marthe  m§ 
the  done  s'eftant  auancee,&  ay  ant  s%nm^ 


Cha.  li.  4^2.   ^araphraJefurl'Eudngik  dc 
tueufe ,/,  rencontre  lefus,  elle  luy  tint  vil 
icy.monfre^  proDOs  QUI  Hionftra  bien  qu  clle 
f"'^f>        auoit  bonne  opinion  &de Ion ar-o 
fe6tion,  &  de  fa  piiifTance  en  quel- 
que  forte,  mais  que  neantmoins 
elle  ne  la  connoiiToit  pas  encord 
commeilfalloit.  Car  elle  luy  dit,, 
Seigneur ,  fi  tu  euffes  efte  icy  mou 
frere  ne  feroit  pas  mort  j  comme 
s'il  luy  euft  efte  plus  malaise  de 
ii     refifufciter  les  mores,  que  de  guerif 
Ui^l'^maiL  les  malades.  Neantmoins,  il  luy 
'fw  ^I«  ^^^^  incontinent  quelque  bonne 
d,m;tnderf,.s  pensce  eu  refprir.quelapuilTancc 
ktiiiranern,  dc  lelus  nc  pouuoit  eltrclimitee 
par  la  grandeur  ny  par  la  difficult 
te  d'aucun  accident;  parce  que 
Dieu  laimoit  fingulierement^  & 
qu  il  ne  luy  refuferoit  fon  affiftan- 
ce  en  quelque  occurrence  que  cc 
peufteftre.  Elle  adjoufta  done  fur 
le  champ  :  Toutesfois ,  encore 
maintcnant  en  Teftat  auquel  Ics 

affaires 


Tefus  Chrifi  felon  S.  lean.     495  Cha^  IL 
affaires  font,  ie  f^ay  que  tu  ne  f^au- 
rois  rien  demander  a  Dieu,  que 
Dieu  ne  rodroye  Uberalcment. 
Icfusdonclavoyanteticctccbon-   7*^^  % 
ilpoliaon,  il  lay  voulutcon-  njiucit^rA^ 
firmer  par  cette  p.romefTc  ,  pleine 
non  feulement  dVne  grande,  mais 
dVne  prompte  confolation  pour 
elle^  fi  elle  Teull:  bien  cntendue: 
Marthe^    ton  frere  refluflitera. 
Mais  Marclie  ,  qui  auoit  appris  MmlTiuy 
quelque  chofe  de  la  refurredion  ^«v/^r^/^ 
generale,  par  les  oracles  des  Pro  -  "^'^  ^"  ^"^ 
phetes,  &  par  la  doctrine  qui  en  ^«  ^rmi^ 
eftoic  communement  receue  en 
r.Eglife  alors ,  n'ofant  encoire  con- 
ceuoir  certainement  cette  efpc- 
rance,  que  lefus  deiift  ramener 
fon  frere  en  vie  tout  prefente- 
ment,  tourria  incontinent tant (a 
pensee  que  les  paroles  dc  noftre 
Seigneur  fur  le  dernier  iugement  ^ 
&  luy  refpondit  en  ces  termes. 

Hh 


tOUVm 


Cha.  II.  4^4   ParaphraJefurl'Euangilede 

Otty,  Seigneur^  ie  f^ayqu'ilrefluC- 

citera  lors  dela  refurre6tion  vni- 

uerfelle  de  tous  les  fideles  en  la 

derniere  iournee :  ce  qui  eft  vne 

grande  confolation  pour  les  gens 

de  bien.Mais  cependant  Tabfence 

,   ^      denos  amis  ne  laifle  pas  de  nous 

lefus  luy  eftre  fort  fcnfible.  Or  lefus  ne 

refumaion  jtianquoit  lamais  de  prendre  tou- 

croitenmoy,  tes  ks  occalions  qu  on  luy  prelen- 

encove  qu^ii  ^^j^  d'clcuer  les  eforits  des  hom-^ 

fott  mart ,  ^/  '  I 

'^'uiura,  iYics  de  la  confideration  descho- 
fcs  temporelles,  a  la  contempla- 
tion du  falut  eternel  qu'il  nous 
preparoit.  Ceft  pourquoy  il  prit 
fujet  decesparolesdeMarthe,  de 
meller  auec  Tefperance  qu  il  luy 
donnoit  de  la  prochainc  refur- 
•re£tion  de  fon  frere,  la  mention 
de  quel  que  chofe  de  plus  grandi|,& 
la  declaration  de  la  puiflance 
quil  auoit  de  donnerafes  fideles 
yne  vie  beaucoup  meilleurc,  plu$ 


.  lejhs  Chrifl  felon  5.  leanl     45>5  Cha.  ill 
auantageufc,  &  plus  durable,  que 
celle  quelle  defiioit  quilredon- 
naftafonmort.  Carilluydit:Et 
cette  refurredion  done  tu  paries, 
Marthe^  &  la  vie  etcrnelle  quila 
fuit  5  eft  en  moy  comme  dans  fa 
fource  &  dans  fa  caufe ,  &c  c'eft 
moy  quila  donneray  a  ceuxqui 
Tauront.    Qmconque  croit  en. 
moy^  fuft^  il  desja  entre les  mains 
de  la  more,  il  reuiura :  car  la  more 
n*a  point  de  puiflance  fur  mes  fi- 
delles  :  Ec  quiconque  d'entre  les    ^tquidn^ 
viuans  croira  en  moy, celuy-la ne  IZt'^^'^t 
mourra  iamais,  mais  iouira  eter-  ^'  mourra, 
nellement    dVne  vie  bien-neu-  tuceu. 
reufe.  Crois  tu  cela,  Marthe,  ou  fi 
tu  hefires  encore  fur  la  perfuafion 
que  tii  dois  auoir  &  de  ma  per- 
fonne&  demavertu.^  AlorsMar-    J^;  ,'^^- 
the  excitee  par  la  m^iefte  de  ct  ^^'''^setgneur, 
propos,  &en  quelquelorte  coa-  et  u  chrifi 
fufe  de  ce  qu  clle  auoit  donne  I  {Lt^^l 

Hh  % 


Glia.  II.  49S    ParaphrafeJurl'Euangilede, 

eftcemonde  grauemcnt  a  caufe  de  fa  hefita- 
tionjuy  repartitauflitoft  :Non, 
Seigneur,ie  ne  doutc  point:Ie  croy 
que  tout  ce  que  tu  dis  de  toy  main- 
tenant  eft  rouuerainement  veri- 
table :  Et  i'ay  desja  creu  des  cy 
deuant  que  tu  es  le  Chrift,leFils 
-    deDieU:,  ccluy  qui  dcuoit  venir 
au  monde,  &que  1  Eglife  dlfrael 
attend  auec  tant  d'expedtation 
depui;^  fi  long  temps.  Or  ayant  de 
longuemain  cette  perfuafion  de 
toy^tu  ne  faurois  a  cette  lieure  me 
rien  dire  li  grand  ny  fi  glorieux 
de  ta  perfonne,  queie  netienne 
pour  veritable^&que  ie  ne  rcqoiue 
comme  tel  auec  foy  &  humilite. 
^HiandeUe  Icfus  cftant  fatisfait  de  cette  ref- 
Z-fl:  ponfeilluydift quelle  sen  allaft 
^   ""p^f*  Querir  fa  feur,  Martlie  done  voy- 

Maru    fa       ^  i       n  i  / 

>«r  tn  fc>  ant  qu  11  eftoit  demeure  content 
TJ'talfire  defes paroles,  S^eftant  pleinede 


Icfus  Clmjljelon  S.  lean.     45)7  Gha;  iD 
ioye  &  d'efperance  de  voir  quel-  ^^  >^^^.  ^ 
que  grand  effec  de  fa  puiflance  ^'"^P^^"' 
pour  fa  confolation  ^  elle  retour- 
na  dans  la  maifon,  &  fans  rien  dire 
ala  compagnie^elle  fit  tirer  fa  feur 
Marie  a  part,  comme  fi  elle  euft 
eu  quelque  affaire  prefsee  auec  el- 
le, fear  f^acharit  bien  la  difpofi- 
tion  de  I'efprit  des  luifsenucrs  le- 
fus,  elle  ne  vouloit  pas  dire  liaute- 
ment  quil  eftoit la)  &  luy  ditv 
lefus,  que  nous  appellons  ordinal- 
rementle  Maiftre,eftvenu  rtrou- 
ue  done  moyen  de  venir  parler  a:    ^,  ^^^ 
luy;cariltedemande.  Cettenou-  .  ^^f  f^*"^ 
uelle  emeut  Marie  de  telle  facon  eUe  fe  Uua 
^       ans  auoir  egard  a  la  compa-  ^  ^/^w  a 
gnie  qui  eftoit  la,  ellcfeleuafubi-  %Vi;v 
tcment,  &s'en  alia  vers  lefus,  tant 
pour  auoir  Thonneur  &  le  con- 
ten  tementde  le  voir  &  de  Touir^ 
que  pour  voir  fi  pent  eftreenlcur 
faueur  jl  neferoit  point  paroiftrc 


aViwV^'^ 


CHa.  II.  45)8     ParapfjraJcJurtEuangilede 

quelque  effet  extraordinaire  de  fa 
^carufti^  puiflatice.  Elle  fortit  donc^non 

n*efioit  point     j      i  -T         /"      1  -1 

encore  vena  de  la  mailon  iculcmcnt,  mais  de 

mlt^^Toit  la  bourgade:  parce  quelefus  n'e- 

^«  lieu  oh  toit-point  encore  venuiufqueslL 

uoit  rencon^  &  H  auoit  pas  voulu  paller  outre 

le  lieu  ou  Marthe  luyeftoit  venue 

ak  rencontre.  Car  (Radiant  bieni 

qu'il  y  auoif  grande  compagnicT 

duns  la  maifon  y  il  nc  vouloit  pas 

qubncreuft  qu'il  les  allaft  querin 

luy  mefme  comme  par  oftenta- 

tiDn,  pour  faire  vn  miracle  en  leur 

,    ,    prefence :  quoy  que  d-'ailleurs  il 

nignoraft.pas  ce  qui  deuoit  arri- 

-^^  ^^    ncr^  Sc  qajls  y  viendroyent  afses 

AdoncUs  deux  mefmes.  En  effect,  lesluifs 

lutfs        qH%  r         •  1  1 

efloientauec  QUI  eftoycnt  aucc  Mane. dans  la 
Tnaifon,^  maiion,  &  qui  eltoyent  venus^ 
';g:^i  pour  la  confoler,  voyant  qu  elle 
fitqueu^.  s'cftoitainfi  leuee  fubitement.,  & 

rte,efloitle~  ,  ,  11/       1      1      r 

u^efitoft,^  qu  elle  s  en  eitoitallee  de  la  lorte, 

foYtie,Ufui-     ,-  •  >    n      •  I 

uiret.dij^ns:  s  imaginans  que  c  eltoit  quelque 


'    lefus  Chrifllfelon  S.  lean.    495^  Cha.  n.' 
tranfporc  de  douleur  &  dafRi-  Eius-env* 
6tion,partirent  incontinent  pour  ^^{'^"^^^^'; 
lafaiure.  Car  ils  difoient  en  eux*  //^«»^^  ^^. 
mefmes  les  vns  aux  autres  :  Ellc 
s'en  va  fans  doute  au  fepulchre  de 
Ton  frere  3  pour    s'abandonner 
la  aux  pleurs  &aux  lamentations.     ^.  ^^^ 
Comme  done  Marie  fut  venue    §i^^»^f' 
au  lieu  ou  euoitlelus,  &  qu'elle  -venue la  eh 
1  eut  veu  &  reconnu,  eile  le  letta  xayam  -veu, 
a  fes  picds  qomme  pour  Tadorer,  ^^'y,f  ^tX! 
&  luy  tint  le  mefmelaneage  qiie  ^«^  ^'Z^'^^; 
laloeurMartheluyauoit  tenu^u-  tneufesep 
parauant :  Seigneur ,  u  tu  eufles  ,/  ne  fufi 
efte  icy  mon  frere  ne  fuft  pas  ^''^  ^'''• 
mort ;  &  en  difant  cela  elle  fon-^' 
doit  a  fes  pieds  en  larmes,&  par 
fes  foufpirs  &  fes  criselle  emou-- 
uoft  a  compaflion   tous  les  af- 
fiftans;  de  forte  que  les  luifsqui 
Tauoyient  fuiuie ,  nc  fe  pouuoyent 
tenir  def^|)leurer.    '  Alors    lefus    f.   3?- 
mariftra  bien  non  feulement  qu  il  jS^^u  ^^u 
•      "  ~~     ~  Hh4 


>"* 


Cha.ir.  500   n^ araphraje furl' Euangik  dc 
fieuram,  6-  ^^^^^  liomme  qui  auoic  re^Gil:^ 
lesiutfsqui  toutcs   nos   paiTions   naturcllcs, 

ejtoyent  la  X  * 

-venus  auee  quov  qu'cxantcs  depcche^  inaisi 
pieur^ns,  ii  eHcorc  qu  il  auoit  ies  attcdtions 
^ef^tl{v  tendres,  &  aifees  a  emouiiain  Car 
tnutfoy.mef,  ]^^^^  Qu'il cuft  rcfolu  dc  refTuciterf 
'  I^azare  >  &  que  s'll  eftoitcapablei 
d'eftre  touche  de  la  perce  de  foa 
aray,  il  auoit  en  main  Ic  moyen  de 
s'en  confoler^  &  d*en  confoler  Ies 
autrcs ,  fi  eft-ceque  quand  ilvid 
Marie pleuranteainfi  amerement, 
&tousIesIuifsquieftoyent  venus 
aueQ  elle ,  pleurans  de  mefme ,  la 
compaflion  de  leur  douleur,  la 
Veue  &  Texemple  de  leurs  larmeSj 
&  Tidee  de  Teftat  auquel  efto i  t  Ion 
ami ,  furprircni:  &  faifii  ec  tellemcE 
fonimagination^qu^il  en  fcntk  en 
fes  entraillesvneforrgraiideeHlPi 
tion ,  &  de  lagitacicn  que  fes  eA 
prits  en reccurent,  il fremit y^^^ 
trouble,  deforce  que  cecte  iAno- 


I  ejus  Chrift  felon  S.  lean.       foi  Ch^.  It. 
centepafTionde  fon  efprit  parut    ^.  ^^ 
mefmedefrus*fon  vifasc.  Neant-  ^'^*^'-  o« 
moins ,   comme  routes  les  affe-  '^'^  '^^^^«/ 
ctions  &  les  paliions  de  la  nature,  pieur^vten 
eftoycnten  \\xj  dans  vne  parfaite  ^^^'^'*'- 
piodcration  ,  cela  ne  rempefche 
pasdeparler,  &:  dedemander^ou 
Taues- vous  mis  ?  comme  ayant  de^ 
fir  d'aller  fur  le  lieu.   Alors  ceux 
c|ui  eftoyent  la  prefens  s'offrirent 
aTy  mener  en  difant :  Vien,  Sei- 
gneur, noust'yconduirons,  &  tu 
verrasle  lieu  toy- mcfme.  Et  lefus 
lesyfuiuit  :  ndnqu'il  euft  bcfoin 
de  leur  conduite  ,  car   il  f^iuoit 
bien  ou  il  eftoit :  mais  il  aimoic 
encore   mieux  qu*ils   y  allaflcnt 
d'eux-mefmes^ques'il  s'y  fut  fait 
fuiure  pareux^parcequ^en  routes 
chofes  rl   euitoit  tres-foieneufe-    ^ 
ment  loltentation.    lelus  done     Et  ufus 
eftantvenula^commelaprcfence  ^^^'^'*' 
dc  ces*  objcts  renouuelle  &  rend 


Cha.ri.  501    n^ara^hrafe  furhEuangile  de 

bcaucoupplusfenfible  riaeettnr 
des  perfonnes  que  l*on  a  aimees^ 
•  que    du  miferabie  eftac   auquel 
elles  fe  trouucnt  lors ,  lemocion 
qu*il  en  auoit  defia  receue  aupara- 
uant,  fe  redoubia  iufques  a  tel 
pointy  qu'il  en  epandit  des  larmesj 
ce  qui  caufa  diuerfes  penfees  dans 
f'    ^^^    les  efprits  des  luifs  qui  eftoyeat  la 
doncdirent,  prekns.Cat  la  plus  part  d'entr  eux 
^mlntiiui^  en  iugerent  aflez  equitablementy 
^'"^^         &c  prenans  cecte  emotion  de  foa 
corps  >  &  ces  iarmes  de  fesyeutx, 
pour  vne  marquede  la  difpofition 
interieure  de  Con.  efprit :,  ils  dirent 
auec  quelquc  efpece  d'eftonemet 
de  la  vehemence  de  fes  afFe6lions, 
voyezcomment  il  aimoitLazarel 
cohime  s'lls leuiTent  voulu  louer 
f,  37.     d'auoir  Tame  tendre,  &  d'eftrede 
d'ZrZT  b^^  naturel.   Mais  quelques  vns 
direnf'.cet-  d^cntt'cux  Y  trouucrc t  mcotinent 

tny-ci  qui  a    ^  •'  , 

r  ies    a  reprendre.   Car  ks  vns  »nrent 


oHuert 
yeux 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.     503  Clia.  11. 
occa(ion  de  redarguer  de  faux  la  «,«^/,„/^;,, 
commune  reiiommee  ,  qui  pu-  p;j;^^^ 
blioic  quil  auoit  ouuert  lesyeux  /qf^ecetho- 
del' aueuglene  ;  parce  quesileult  rujipoim, 
qfte  capable  de  faire  ce  miracle  la^, 
il  pouuoit  bien  empefcher  Lazare 
de  mourif  ^  ce  quieneuft  efte  vn 
beaacoup  moindre.    Les  autres 
qui n'ofoient  pas  choquer  la  certi-- 
tudedVn  fait  qui  eftoitfi  notoire 
&  fi  public,  accufoyent  Imcon- 
ftance&lavariete  de  faconduite, 
d'auoir  voulu  guerir  vn  aueuo;le 
qu'il  n*auoit  iamais  veu  aupara- 
uant^  &  de  n  auoir  pas  gueri  vn 
perfonnage  auec  qui  il  auoit  eu 
rant  de  familiarite.    En  fin  les 
autres  qui  ne  doutoyent  point  dc 
fon  affe6tion  enuers  le  deffun£V, 
&  quil  n^euft  efte  bien   aife  de 
le  voir  plein  de  profperite*  &  de 
vie  ^ne  fauoient  que  iuger  de  fa 
puiflfancc  a  produirc  des  miracles. 


Cha.  ii.  JO4  Taraphrafcfkrl'Euangilede 
.  ny  fi  elle  auoit dcs  temps  deto'mi'^ 

nesaufquelselle  fedeployaftj  ou 
non.  De  forte  que  xous  ceux  la 
difoient,  les  vns  par  ironie,  &les 
autres  par  admiration; Celuy-la^ 
quia ouuert  les  yeux de  raueugle, 
&c  qui  par  ce  moyen  a  rempli  rou- 
te la  ludee  de  fa  reputation^  ne 
pouuoitil  point  faire  en  forte 
^^  .^  que  ce  pauure  homme  icy  qu'il 
tors  isfus  aimoittant-  ncfuft;  pas  emporte 

fremtjfant  .    \.         1.  r     •      t     T  1 

derechef  en  par  u  maladie  ?  Mais  lelus  en  les: 
-mma^se,  laiflTant  difcourir  ,  sauancoit  dc 
^ah'-Z  pl^s^^  plus  vers lefcpulchre,&: 
^''^.uerne,^  ^  mefure  qu'il  sen  approchoit:, 

y^mtoit   vne  r     \  •  n       r     V        1        1 

perre  mife  couime  11  \c  trilte  lpe6tacle  QU 
*^'''*  cadaure  de  fon  amy,  full:  venu  au 
deuant  de  luy  ,  il  fremit  encore 
tout  de  nouueau  en  foy-mefmC:, 
&  vint  ainfi  iufques  fur  le  bord  du 
tombeau.  Or  eftoit  ce  tombeaa 
la  caue  comme  vne  grotte  dans 
vn  rocher  ^  ce  qui  fefaifoit  affcs 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.      505  Clia*  iL 
fouuent  pour  mcttre  repofer  des     * 
corps  He  perfonnesvn  peu  confi- 
derables.    Et  fur  1  ouuerture  de 
cettegrotte,  qui  auoitefte  faite 
comodement  pour  cela,  on  auoit 
mis  vne  pierre  qui  feruoit  de  cc 
quon  appelletombe^  pour  cou-    ^^     ; 
urir  le  corps.  Si  lefus  euft  voulu,  ^f^"'  f'^* 
a  fa  feule  parole,  ou  mcfmes  au  perre.  Et 
feulmouuemcntdefa  volonte  Ja>«rX  rl 
pierre  {^  fljft  retiree  ,  &  le  f^-  1::^S;^ 
pulchrc  fe  fuft  decouuert.   Mais  ^^^g^^^^-n 
afinqueles  afliftans  n'eufTent  en  ^^r  a  ^4^ 

p  r  J      cjHatre  tours 

cette  occalion  aucunloupcon  de 
preftiges,  d'i}lufi5,  ny  de  charmes, 
&  qu  ils  fuffent  eux-mefmes  te- 
moins  &  de  la  reelle  ouuerture  dii 
fepulchre  ,  &  de  la  prefence  du 
corps  mor  t,  il  dit  aux  feruiteurs  dc 
Marie  &  de  Marthe  qui  eftoyent 
la venusaucclesautres.'Leuescet'  . 
te  pierre,  &  I'oftez'dc  la.  Mais 
comme  d  ordinaire  les  objets  les 


Clia  Ji*  yo(J  ^araphrafe  fur  I'Euangile  de 
plus  prefes  chafTet  pour  vn  peu  de 
temps  de  refprit  Ics  autres  pefees^ 
Marthe  foeur  du  mort ,  croyaric 
qu  a  cette  ouuerture  il  ne  fortift 
quelquc  mauuaife  cxalaifon  qui 
ofFenfaft  les  narines  de  lefus,  le- 
quel  eftoit  la  (urlebord  dutom- 
beau  y  s'auan^a  de  Ten  auertir  en 
difant :  Seigneur ,  il  eft  dcfia  cor- 
rompu,  &  put  fans  doute  :  car  il 
^N^faye  J  ^  quatre  iourseutiers  qu  ileft  la. 

pasdit.que  Surquoy noftre  Seigncurauecque 

fitucroh.tu  1/  ^ir  1 

-verras  u    la  douceur  &  la  condelcendance 

i)iil  '     acouftumec^  luy  ramena  dans  la 

fouuenance  les  propos  qu  il  luy 

auoittenusauparauant.   Ne  t'ay- 

je  pas  dit  J  refpondit-il,  que  fi  tu 

crois  veritablemcnt  en  moy,  tu 

verrasla  puiflTance  de  Dieu  fe  ma- 

^   ^,.    nifefter  auec  eclat  &  glorieufe- 

iisieuercnt  nient  cu  dcs  adions  fouueraine- 

doncUpter-  -  y        r  a 

re.   Adonc  Tsxtwt  mu'aculeules  ?    Apres   ces 
^fJ7£;'*'f^ paroles,  ceux  aquiUauoitcom- 


as. 


lejks  Chrifl  felon  S.  lean.  50^  Cha.  ll. 
inande  d'ofter  la  pierre  de  Toii-  haut ,  *//>.• 
ucrture  da  lieu  ou  le  mort  eftoic  ^'^'  ''  ^^ 

•  r  y  '  1  ^    ^^^^^  graces 

gilant  J  s  en  mirent  en  deuoir ,  &  5«^  ^^^^ 
n'eftans  plus  rctenusny  par  la  pa- 
role de  Marthe ,  ny  par  aucune 
autre  confideration  ,  ils  Texecu- 
terent.  Alors  le  ^fepulcre  eftant 
ouuertj  &le  corps  eftendudeuant 
lesyeux  de  toutlemonde,  lefus 
pour  exciter  dauantage  Inatten- 
tion desaffiftans,  pour  monftrer 
qu'il  rapportoit  au  Pere  celefte  la 
gloire  de  tous  fes  miracles,  &  pour 
temoigner  de  plus  en  plus  qu  il 
n'entreprenoit  rien  que  par  fon 
ordre,  &n'executoit  rien  que  par 
fa  vertUjleua  lesyeux  en  haut,  & 
prononcja  ces  paroles.  Pere  ie  te 
rends  graces  de  cequ'auant  mef- 
mes  que  ie  t  aye  inuoque  de  viue 
voix  pour  ladion  de  maintcnant, 
tu  m'as  desja  exauce.  Car  ie  fuis 
plen^mcr^t  affeure  que  tu  feras  ce 


Cha.  11.  jo8     TaraphmfefpirlEuangilede 

f.  42.  que  ie  me  fuis  propofe  d'executer 
huirueZ a  cette  heure  pour  ta  gloire.  Et 
m'exai^ces  j^  ^^  contcntcrois  de  t'en  benir 
2w^i. /W^r^  incerieurement  cnmon  ame,  s'il 

dit ,  a,  can  ,        .  ^    .      .  .  ^ 

jedeu  mui  DC  s  agilloit  icy  quede  mon  rel- 
T^lnZf,  fentimenr.  Parce  que  ie  f^ay  bien 
afin   quits  q^g  tu  m'exauc>:stoujours.  &que 

eroyent    que    I  f  i.    r 

tu  m^s  en-  meltnes  tu  me  preuiens  par  1  ai- 
^0)^*  fiftance  de  ta  vertu ,  S>c  par  la  de- 
monftration  de  ta  diledion  pa- 
ternelle.  Mais  ie  t'en  temoigne 
ainfi  hautement  ma  reconnoif- 
fance,  a  caufe  dela  multitude  qui 
efticy  alentourde  moy,  afinque 
voyaat  la  communion  qui  eft 
entrenous,  comment  tu  fais  ccs 
grandes  merueilles  a  ma  parole^ 
&enma  confideration^  &  com- 
ment ie  t'en  rapporte  toute  la 
gloire  &  tout  Thoneur ,  ils  croyet 
que  c'eft  toy  qui  m*as  enuoye ,  & 


Ay^nt  dit  que  c'eft  en  ton  nom  que  ie  leur 
''' ' Ihmte  parle.  Ces  paroles  ainfi  pronon- 


eees 


lefiis  Chrtjl  felon  S.  lean.     50^  Gha^  il,' 
tees  auec  vn  ton  dc  voix  plein  de  ^.^^  ,  l^. 
grauite  &  de  fcriieur ,  il    cria  a  ^/^^^^  '^'''^ 
haute  voix,  commc  s'il  euft  voulu 
reueiller  vn  liomme  profonde- 
ment  endormi ;  Lazare^  leue  toy, 
fors  dehors  ^  &  reuien  en  la   lu-    f.  ^f, 
miere  du  monde.    Or  eft-il  bien  J//"; 
certain  que  ce  ne  fut  pas  fa  voix  ''^''y    ?«« 
quiredonna  iavie  a  ce  mort  rear  mon.^yant 

>    n      •        •  5  C  f     \  les  mains  ^ 

cen  cltoit  rien  qu  vn  Ion ,  eclat-  lespeds  nez. 
tanta  la  verite,  maisvn  fon  pour-  ^  ^rfZl 
tant  qui  n  auoit  en  Toy  aucune  'fi;^^  f  «^^^ 
vertude  redoner  la  vie  aux  nom-  fuaire  ufus 
mcs.    Ce  Icroit  vne  grande  raute  iiez,.u.&u 
de  iugemet  d  attribuer  vn  fi  grand  ^^#^,^^^*^t 
&  (i  merueillcux  cffet,  a  vne  Ti  foi- 
blecaufe.Auflinollre  Seigneur  ne 
la  profera-t- il  pas  en  cette  intenti- 
on;mais  bie  certcs  a  ce  que  les  luifs 
quiroyoyentainfiparler,  &  com- 
mander aux  morts  de  fortir,  re- 
connulTent    quentre   celuy    qui 
parloit ,  &  celuy  dont  la  vertu 

li 


Cha.ii.  510    Paraphrafcjhr  I'Euangilede 

faifoit  reiiflir  fon  c5mandemenr^ 
ily  auoitvne  communion  tres- in- 
time.  En  effet  il  n  cut  pas  pluftoft 
prononce  ce  comandement,  que 
lemortfe  leua,  &  fortit  du  tom^ 
beau,  comme  il  y  auoit  efte  mis^ 
c'efta  dire,  les  pieds  &  les mains 
encore  lies  de  bandes  ,&  le  vifage 
enueloppe  d Vn  fuaire  ,  ainfi  que 
c'eftoit  lors  la  couftume  dac- 
couftrer  les  corps  des  morts;  &en 
cet  eftat  il  (e  tint  debout  fur  le 
bord  de  fon  monument.  Ce  que 
tous  ceux  qui  eftoyent  prefcns 
cbnfideransauecvn  cftonnement 
incroyable,  &c  ne  pouuans  encore 
gueres  biens'afleurerde  ceque  ce 
pouuoit  eftre  ,  lefus  pour  leur 
ofter  tout  fcrupule  ,  &  leur  don- 
ner  vne  pleine  certitude  de  cette 
refurre6tion ,  dit  a  quelques  vns 
d'entr'eux,  qui  pouuoyent  feruir 
a  ce  miniftcre  j  Deflies-le ,  &  luy 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,     yii  Cha\  ii^ 
bftesfonlingc  &:fes  bandes,  &lc     ^,  ^^ 
laifTes  aller  ou  il  luy  plaira.  Vne  /^''«7^^- 

J    *-        ^  .  pears    des 

chofe  de   cette  nature ,  raite  en  i«^/>  ^«r* 
la  pretence  detant  deteinoms3&  nm^Mftne 
auec  des  circonftances  ii  remar-  %fZ'jem 
QuableS:,  deuoic  fans  doute  con-  '"/'^  ^'''^^' 
uaincrc  les  plus  obltincs  centre-  amitfaites, 
dilans.    Et  de  rait  il  y  cut  plulieurs  i^y, 
de  ces  luifs,  qui  eftoyent  venus 
pour  voir  &  pour  confoler  Marie 
qui  ayans    bien    attentiuemenc 
confidere  ce  que  noftre  Seigneur 
auoit  fait ,  ouurirent  en  fin  les 
yeux  de  Tefprit  a  cette  merueille3&: 
creurentenluycomme  au  Meffie    ^,  ^^^ 
lequel  auoit  efte  promis.    Mais    ^^^^.^«- 
comme  il  y  en  a  dont  la  durete  de  ^'^«  ^//^^^«f 
coeureft  abfolument  inuincible,  y7.»;,^/^«r 

1  T,  a  '    ^        1      dirent  les 

quelques  vns  d  entr  cux  s  en  al-  ,h^f,,  ^^^ 
lerent  trouuer  les  Phanfiens,  qui  ^^^^f^^''' 
auoyenc  beaucoup  d'autorite  au 
gouuernement  da    peuple ,     &; 
fc^achans  ranimofitequilsauoyec 

lii 


Cha.  lu  512,   n^araphrafe  furl'Euangilede 

contrelefus^de  qui  ils  preuoioyenc 

bien  que  ce  miracle  augmenteroit 

grandement   la   reputation  ,  ils 

leur   rapporterent  tout    ce  que 

lefus  auoit  fait  ,  afin  qu  ils  ad- 

f.  47-     uifaflfent  entr'eux  comment  ils  y 

FrlnTe7des'  donncroycnt  ordre.     Et  Taduis 

hf^Fha^.  qu  ilsen  donnerent  ne  fut  nulle- 

fpem  ajfem-  mcnt mefprife.  CarlesPrincipaux 

hlerent   te  .  ^         *■  ,^1T^1         -  r  r 

confeii,  <^  Sacrincateurs,  &  ksPnariiiensal- 
fltfonsiih?  Temblerent  incontinent  le  grand 
career  hom-  Confcil  dc  kNation  ,  &  y  ayans 

ms  cy  fait  ^  *      ^J 

beauconpde  racontc  cc  qui  leur  auoit  efterap- 
portc  ^  lis  mu'ent  la  chole  en  deli- 
beration  ,  &  parloyent  ainfi  aux 
autres.  Cefta  nous  aaduiferbien 
fakement  &  bien  meurement  a  ce 
que  nous  auons  a  raire  en  cette 
occurrence.  Car  c'eft  vne  chofe 
certaine:,  &  qui  nefe  pent  defor- 
mais  ny  cacher  nier  ,'  que  cet 
homme  fait  beaucoup  de  chofes 
bien  merucilleufes.  Il  en  a  fait  en 


Icfus  Chrifl  felon  S.  lean.  /15  Cha»  ir. 
diuers  lieux ,  qui  luy  ont  donne 
vn  grand  bruit  parmy  le  peuple. 
il  en  a  fait  en  cette  ville  ,  qui  ont 
eftonne  la  plufpart  de  fcs  habitas. 
Il  en  vient  de  faire  vne  en  ce  pro- 
chain  voifinage  ,  en  la  prefence 
de  grande  quantite  de  gens,  qui 
eft  la  plus  eftrange  &  la  plus 
eclatantc  de  toutes ,  &  qui  don- 
nera  encore  le  plus  d*admiration.  ^^  ^^ 
De  forte  que  fi  nous  le  laiflfons    si  nous  u 

r^    r  '  r  r  laijfons  ainp 

ainli  raire,  lans  nous  oppoler  au  chacuncfoi^ 
courantde  la  reputation  quil  ^c-^ '^ZlTnJ'' 
quiert  ,  nous  nous    trouuerons  ^^^»^^''«'»^ 
eftonnes  que  tout  le  mode  croira  teront,<^ie 
en  luy  ,  &  le  reconnoiltra  pour  r^mm^ 
eftre  le  Roy  dlfrael,  &lc  Libera- 
teur  de  la  Nation,  comme  nous 
nommons  le  MefTie.   Or  il  faut 
eftre  bienpcu  intelligent  dans les 
affaires  ,  qui  ne  void  la  confe- 
qucncc  de  cela.  Noftre  pays  eft 
des  il  y  a  long  temps  rcduit  ^en 

Ii5     ' 


Cha.  II.  J 1 4.  I^araphraje  Ji^rl'  EHangile  de 

Prouince  fous  la  puifTance  clesi 
Remains,  &  tout  lemonde  f^ait 
combien  TEaipereur  eft  iaioux 
de  Tautorite  de  (on  Empire.Quad 
le  bruit  aura  couru  iufques  a  Ro- 
me que  les  luifs  ontfait  vn  Roy, 
lesRomains  croiror  que  c'eft  pour 
fe  reuolterdeleurdominationj&; 
tout  aufTi  toft  vous  les  verres  vc- 
nir  auecde  grandes  armees,  auf- 
quelles  chacun  fc^aitque  nous  ne 
f^aurions  refifter.  De  forte  que 
nous  n'auons  autre  chofe  a  at- 
tendre  decethomme^finonqui! 
feracaufe  delaruineentiere^&du 
renuerfement  vniuerfel  tant  du 
^.49.    pays  que  de  la  nation,     Telles 

Alors  L'vn   1      *  i  ^  .  .. 

d*euxa^pei.  eftoyent  les  conliderations  poli^ 
qui  efiottie  tiqucs  dont  cesgenscouuroyent 
f^/if2  1^  h^inc  &  Tenuie  laquelle  ils 
M^nUikuuf  portoyent  alefus,  &  qui  faifoit 
jfHHei^rien^  quc  de  fcs  miraclcs  ,  qui  leur 
deuoyent  cftrc  vn  fi  puilTant  ar- 


lejus  Chrijl  felon  S.  lean.  jij  Clia.  ii 
gument  pour  croire  en  luy ,  ils 
prenoyentroccafiondes'cffdrcer 
de  Ic  perdre.  Mais  bien  qu  ils 
temoignaffent  tant  de  pafTion 
contre  luy ,  &  qu  ils  milfent  en 
auant  toutes  ces  belles  raifons 
d'Eftat  pour  induire  les  autres  a 
desfentimens  femblables^&qu  ils 
propofaflfent  diuers  aduispour  y 
remedier  ^  fi  ne  fe  pouuoyent- 
ils  refoudre  de  la  faqon  de  laquelle 
ilsy  procederoyetjiufques  a  ce  que 
leplus  qualified  le  plus  author! - 
fe  deleurnombre,  leur  en  donna 
les  ouuertures.  LVn  d'encr'eux 
done  J  nommeCaiphe,  qui  par- 
tageant  felon  la  corruption  du 
temps 5  les  fon6tions  de  la  fouue- 
raine  facrificature  auec  Anne  fon 
beau  perc,  eftoit  en  exercice  cet- 
te  annee  la,  &  partant  prefidoit 
en  raflemblee  du  Confeil  ^  pre- 
nant  occaiion  de  ce  que  les  autres 

Ii4, 


fcha.  II.  jl^    T^araphrafefirtEuangile  de 

auoyentmisenauantdela  crain- 
te  des  Romains&  de  leur  arnies, 
leur  dit :  Vous  autres  voyes  bien 
le  mal  dontla  reputation  decec 
homme  nous  menaccjraais  quand 
^  ^Q,    ileft  qucftion  du  remede,  vous 

:Btnepeurez  ^g  touclics  nullcmcnt  au  but.  le 

point  qu  tl  ' 

not4i  efi  ex-  voy  bteu  qu'il  y  cu  a  quelques  vns 

home  meure  Q  entix  VOUS  qui  lont  Tctcnus  de 

^fiT,  ^Km  q^ielque  fcrupule  de  confcience, 

foint  que    comme  s'il  y  auoitderinjuftice  i 

iionperijfe.   procuixr  k  Tuiue  d Vn  perionna« 

ge  duquel  il  n  y  a  perfonne  qui  (e 

plaigne  en  particulier.    Mais  ie 

m'eflonne  que  vous  ne  compre- 

nes  qu  il  nc  fc  fait  point  de  grands 

exemples  qui   n  ayent    toujours 

quelques  veine  d'lnjuftice  qui  par 

ce   qu  elle  eft  recompenfee  par 

I'vtilite  publique,  ne  doit  point 

venir  en   coniideration,    Il  eft 

beaucoup  plus  expedient  quVn 

feul  homme  meure  pour  le  falut 


lefm  Chrifl  felon  S,  lean.  5I7  Clia.  if- 
de  tout  le  peuple,  que  non  pas  que 
toute  la  nation  vienne  a  peril*.  On  o.'J/i»e 
void afles  par  lecomencementdu  "^'^'^  p^^^^ 
proposde  ccpcrlonnage,  qu  elle  mefme:mai$ 
cftoit  la  eonftitution  de  fon  ef-  fouufrltl 
prit.   Ileftoit  imbu  de  ces  ma-  ^yf^^^ 

1  ^  cette   anne 


ximespolitiques^  que  I'vtiliteeft  ^^  prophetic 


moU' 


nation^ 


la  regie  de  toutes  Ics  actions  de  ueuoit 
ceuxqui  font  eftablis  au  gouue^-  ''''  ^'"""^  ^"^ 
nement ;  &  que  fi  la  iuftice  &  Te- 
quite  s  y  peuuent  accommodcr, 
ilslcsy  peuuent  bien  employ  erii 
bon  leur  fcmble  i  mais  que  fi  elles 
nes'yadjullent  pas  ,  ilnyaforte 
de  moyes  dot  on  ne  fe  doiue  feruir 
pour  paruenir  a  fon  but,  princi- 
palcmentquandil  y  va  de  lacon- 
feruationdeTEftat.  Mais  encore 
que  ce  fuflfent  la  les  mouuemens 
de  cet  homme ,  fi  vous  le  regardes 
enluymcfme,  &dans  fes  propres 
intentions,  fieft-ce  que  fur  la  fin 
de  fon  difcours  il  prononca  vne 


Cha.  II.  ji8     Paraj^hrafefurl'Euangilede 

fentence  en  laquelle  on  doit  re- 
connoiftre  vne  fi  notable  con- 
duite  de  Tefprit  de  Dieu  ^  qu'il  la 
faut  pluftoft  raporter  a  (on  in- 
ftind  y  que  non  pas  aux  mouue- 
mens  de  la  prudence  charnellc 
dcCaiphe.  En  eftet  ^  encore  qu'il 
n'y  penfaft  pas,  fi  eft- ce  qu*eftant 
dans  la  fon6lion  de  fouuerain  Sa- 
crificateur  de  cette  annee  la,  Dieu 
pratiqua  enuers  luy  quelque  cho- 
fede  ce  qu'il  pratiquoit  autrefois 
enuers  les  fouuerains  Sacrifica- 
teursj  a  qui  il  donnoit  auxocca- 
fionsde  [on  Efpritde  Prophetic, 
ou  pour  predire  les  chofes  futures, 
Gu  pour  decouurirlescachees,  ou 
pour  approfondir  cellcs  iufques 
aufquelles  Tefprit  humain  ne 
pouuoit  allcr.  Tellement  qu'en- 
core  qu'il  penfaft  dire  quelque 
chofe  de  fon  chef  pour  (eruir  a 
fon  intention  ^  Dieu   prefidoit 


lejus  Chrijlfelon  S.  lean.  519  Cha.  n. 
tellemecen  fonefprit  par  I'efiica- 
ce  du  fieri ,  qu'il  la  luy  faifoic  dire 
pour  vne  route  autre  fin  ^  & 
qu'ainfi  il  prononca  pluRoft  vne 
prophetic  de  la  pare  de  Dieu, 
cjuVne  maxime  de  mauuaife  & 
tyrannique  Politique.  U  predit 
done  que  lefiis  deuoit  mourir 
pour  toute  la  nation  des  luifs,  a 
cclle  fin  de  la  racheter  de  la  per- 
dition das  laquelle  elle  eftoitna*  f^  ^^^ 
turellcment.    Ec  non  feulemcnt  ^^'''^f'''- 

Icment  pour 

pour  cette  nation  la,  quoy  qu'il  cettenation. 
luy  auoit  eite    parriculieremenc/«^«';/ ^/ 
dcftme  paries  oracles  du  Souuc-  ^I'^fufenfd, 
rain;mais  aufiia  cellefin  que  par  ^^'^-^  f; 
la  vcrtude  la  morr^  iiralicmDlait  priez.. 
en  vn  ceux  que  Dieu  auoit  eleus 
poureftre  du  nombre  de  fcs  en- 
fans,  qui  pour  lors  eftoyent  ef- 
pars  &  mefles    auec  le  rede  du 
genre  humaiU:,  en  routes  les  con- 
creesdumonde.  Carc*eft  la  lef- 


Clia.  11.  510    Paraphrajefur  I'Euangilc  de 
fe£t  de  la  more  par  laquelle  il  a  fa- 
tisfait  a  la  iuftice  aucrement  ine- 
xorable de  fon  Pere,  &   fait  la 
propitiation  de  nos  peches,  c*eft 
qa  il  a  ouuert  la  voye  non  leule- 
ment  a  la  predication  exterieure 
dufalut,  maisauffia  k  diftnbu- 
tion  de  TejEficace    interieure  de 
f    f5-     TEfpric :,  qui  conuertit  les  hom- 
imriadonc.  mcs a  1  Euaogile.  Mais  cettelen- 
m^t^^Uu  de  teceauili  proaoncee  parCaiphe, 

pas  felon  Imtelligence  du faind: 
Efprir.  De  forte  que  tout  le  con- 
feil,  iiigeant  que  le  fouuerain  Sa- 
crificateur  auoit  extremement 
bien  rencontre  ^  ils  firent  pafler 
par  les  voix,  comme  vne  refolu- 
tion  de  I'affemblee,  ce  qui  iufques 
la.  n  auoit  eile  finon  fourdemenc 
complotte  entre  quelques  vns, 
quede  quelque  fa(jon  que  cc  full 
PJaivfi  ils  feroienc  mourir  Icfus*    C  eft 


etJUS 

let 
mats 
alia  en 


lefus  Chrifi  felon  S,  lean'.     )n  Clia." i? 
pourquoyle  Seigneur  ne  fcvou-  ;,^,, ,,,,,, 
lant  point  expcfer  a  leur  paflion,  ""T'^  P^ 
dautanc  que  le  tempsordonepar  ^^^^^ 
le  Pere  celefte  pour  fes  fouffran-  /vfl/ 
ces,  n'eftoit  point  encore  ahiue,  Jy;^^;^' 
il  ne  conuer(a  plus  ouuertement '^^'^^/^''^»*® 

o  T   !•  1        r     •  r     1     ^  vnevilleap^ 

<k  en  public  entre  les  luits  de  Jeru-  peiihEphm^ 
falem,  &  de  toute  cette  contrce,  :::/.ttf; 
mais  il  fe  retira  dela  au  pays  qui  ^'' ^'^^'^"^'^ 
eft  proclie  du  defert ,   dans  vne 
ville  qui  eft  nommee  Eplirai'm, 
Et  la  il  pafla  quelque  temps,  vi~ 
uant  &  conuerfant  auec  fes  Dif-. 
ciples  quafi  en  homme  particu--' 
lier,  fans  exciter  dauantageparla 
fplendeurdefes  adions,  laialou- 
fiedeshommes  contre  fa  perfoii- 
ne.   Or  la  Fefte  des  luifs,  la  plus  o.twl/, 
fainde  &:  la  plus  cclebre  de  tou-  !L''"/t^, 
tes,que  Ton  appelle  la  Vdi^^Quc'^'^'P''- 

a,       .     A  J'  ^     ,     chain ,  ^ 

oit  prochame.    Et  parce  qu'ils  P^^^f^^^rs  dc- 

ne  croyoycnt  pas  qu  on  y  peuft  le-  7,  'ZlZe. 

gitimem£c  participer,  fi  Ton  ne  fe  ZuZ%2 


Cha^  II.  jii  ^araphrapfurl'Euangilede 

ques,  aHn   ncttoyolt  premierement  de  tou^ 

^t4^tis/e  pu-  tesles  pollutions  ceremoniales  & 

legalesdefquelles  on  eftoic  fouil- 

le ,  il  y  en  eut  plufieurs  qui  dcs 

quelques    lours  auant  la   Fcftc, 

monterentde  cecte  contree  la  en 

Ieruralem,afin  des'y  purifier  par 

-.    ,      leslauemens  &  les  Sacrifices  ac- 

Us  cher.  couftumes.    Ceux  la  donceftans 

choient  done  ^.  .        t-TiI 

leftis  ^di'  venusenlerulalem^  les  luirsde  la 
ejiant  aH  villc  qui  auoycttt  oui  dire  quil 
Temph :  ef^oic  cn  leur  contree  ,  s'imagi- 
fcmbiciide  nans  qu'il  pourroit  eftre  vena 
nefi  lotlt  auec  eux,  comme  il  auoit  accou- 
ftume  de  fetrouuer  a  toutes  les 
grandes  folennites  de  ce  peuple, 
femirent  a  le  chercher  parmy  la 
troupe  ;  &  nc  le  trouuans  point, 
ils  s'entredemandoyent  les  vns 
auxautresdans  le  Temple,  oii  ils 
fe  rencontroyent  tous  les  iours; 
Nefc^aues  vousriendefon  inten- 
tion !  Que  conje£tures-vous  de 


'uenu  a  ce 
tour  defejh! 


Tejiis  Chrijl felon  S.  lean,      515  Cha^  ir. 
luy*  Qif  die  eft  voftre  opinion 
sil  viendra^  ou  s'il  ne  vicndra 
point  a  cecte  Fefte  5*  Car  Ics  vns 
auoyent  vne  fi  merueilleufc  cnuic 
de  le  voir^  &  les  autres  vne  fi  eftri^ 
ge  paliion  de  mettre  les  main^  fur 
luy ,  &  de  Tarrefter^qu  lis  portoy  c.t 
fon  abfcnceauec  vne  incroyable    f-  sr- 
impatience.  Etcequiammoit  &  nfes  ^  Ui 
^enhardifToit  daiiantagecesder-  it&^ 
niers^c'eftqueles  Principaux  Sa-  ''f'oj;^^^^- 

■r  o     1         T^l  r  demet,quefi 

crihcateurs  &  les  Piiarihens  ^  en  ^^^cun  ^con- 
luite  de  la  relolution  dont  lay  iiefioit,tiu 
parlecy:4defrus,  auoyent  exprefTe^ 
mentdonne  commandement  a  ^^"^/'^':?»<- 
toutes  fortes  de  gens,  que  fi  quel- 
cunf^auoit  oi\  ileftoit,  il  le  vine 
reueler  a  ceux  du  Confeil ,  afin 
qU'ils  enuoyaffent  de  leurs  Ser- 
gens  pour  le  prendre. 


Cha.  ii»  J14  Taraphrafc^rl'Euangilec^e 


CHAPITRE    XIL 


f.    T- 


lefks  done  ^^^  E  Que  Icfus  s'eftoit  ainfi 

(ix  tours  de-    Xu  fMj^^^  •     /    1     1  .1 

uantPafq^e  ^W^t  I'ctirc  dc  u  vcuc  clu  mon- 

thanie,  oh  ^^^^^^  dc  3  H  cftaiit  pas  pourle 

L^i^re  a-  fouftralrc  a  la  cliarge  ouc  (on  Pcrc 

lequei  leftM  juy  auolt  comtnifc ,  ou  pour  fe 

site'.  mettle  ablolument  a  couucrt  de 

I'effet  de  la  confpiration  des  luifs , 

mais  feulcmcnt  pour  attendre  le 

temps  que  Dieu  auoit  prefix  &c 

determine  pour  fes  fouffrances^ 

quand  la  Fefte  de  Pafque  appro-*^ 

cha ,  il  fe  difpofa  a  retourner  da 

cofte  de  Icrufalem.  Et  de  fait,  fix 

ioursdeuant  la  Pafque,  apres  que 

ceux  delavilled'Ephraim  furent 

partis  pour  y  monter,  il  vint  en 

Bethanie  ,  Bourgade  ou  demeu- 

roitLazare,  qui  auoit  eftemort^ 

& 


fcfus  Chrffi  felon  S  Jean.      51;  Cha  12^ 
&  cpa'il  auoitreflufcite.  Or  cftoit      ^   ^ 
cc  la  couftu me  dcs  luifsdc  fe  trait-  ^'^^y/^^^^f 

Uvn/ouper. 

tcr  lolemnelkment  les  vns  lesau-  &  M^rihs 
tres  auant  la  Fclte, en  temoignagc  bu-.^rL^T^. 
deleur  commune  rcfiouiffance  ^  2rl'i%1i 
&  de  Tamitie  qui  eftoit  entr'eux.  '>'*»^^/'*- 
Ec  fuiuant  cette  couftume,  ceux 
que  lefus  honoroit  de  fa  familia- 
rite  en  ce  lieu  la,  luy  dreflferent  vn 
fouper  vn  peu  extraordinaire^ 
tant  pourlenombredesconuies, 
que  pour  les  autres  chofes  que  I'ort 
pratique  dans  les  feftins.  Et  la  (e 
trouuerent  Lazare,  &Marthefa 
Seur :  celle-  cy  pour  y  feruir,  par 
ce  qu'outre  quelle  eftoit  de  fa  na- 
ture fort  agilTante  elle  vouloit  eti 
cela  donner  quelque  temoignagc 
de  Ton  refped  a  noftre  Seigneur  t 
celuy  la^  poury  eftreaflisa  table 
auec  les  autres  conuies,  &  parti-» 
culieremcnt  auec  Icfus,  ahn  ds 
lenouueller  la  mcmoire  du  mira- 


Clia.  11.  fi6    Paraphrafejur  I'Euangilc  de 

cic  de  fa  refurredion ,  &  d'eir^at* 

tefterpubliquement,  s'll  y  auoit 

encore  quclcim  qui  le  reuoquaft 

f .  |.     en  doute.  Quant  a  Marie ,  elle  s  y 

Aionc  Met'  fT  .  r   ^  \  •     . 

rie^rmt'vne  trouua  auHi ,  iTiais  ce  rut  a  vne  in- 
Uiirc  dva  j-gfj^ioj^  route  differcnte.  Elleprit 
^pprofiue  de  (loiic  vDc  liuFc  d^liuilc  de  fenteur, 

grand  prix ,  p,  %       C  \      r 

^  otgriitus  compoie  auecde  rranc  nard,  le- 
%]'^Lef.  Ion  la  couftume  d'alors^  &  qui 
fiiya.  d^.  jh  eftoir  exquifc  .  non  fculement 
Utnaisofut  pour  i  excellence  de  ion  odeur, 

remplie     de     *■        .  rT    \  r       y        r  1 

Vodeur  de  mais  auHi  a  caule  de  ion  grand 
longrtem.  prlx.  Puis  cllant  venue  dans  la 
fale  du  fcflin ,  elie  s'approcha  de 
la  perfonne  de  lefus,  &  ne  luy 
pouuant  autremcnt  temoigner 
Mionncurau'elleluy  portoir^elle 
luy  verfa  cette  huile  fur  les  pieds, 
&  les  efluya  de  fes  propres  che- 
ueux,  quoyquelesfemmes  ayent 
accouftume  defaire  erandcas  de 
leurs  cheucleure,  parce  que  la  na- 
ture h  leur  a  donnee  pour  cou;^ 


iefusChriji  felon  S.  lean,  ji-^  Cha.  11} 
lierture  de  leur  tefte,  &c  pour  or- 
nement  de  leur  beaute.  Cette 
femme  s'approchant  ainfi  des 
pieds  denoflre  Seigneur  a  riieure 
quil  eftoitacable,  &  que  tousles 
afliftans  ciloyent  attentifs  a  route 
autre  chofe  qu  a  elle  &  a  fori 
acStion,  nc  fe  propofoit  pas  de  fe 
faire  connoiftre  a  beaucoup  de 
monde.  Mais  la  fenteur  dc  fon 
huile  Tayant  decouuerte  par  ce 
quelle  remplit  en  vn  moment 
toute  la  maifon,  chacun  tourna 
incontinent  les  yeux  du  cofte  d'oii 
venoit  Todeur,  rant  pour  con- 
noiftre la  perfonne  ^  que  pour 
f(^auoirexa6i:eme tee  quelleauoit  , 

fait.    Les  iugemens  en  furent,  a  Lorsiud^ 
Tordinaire,  difFerens,  &c  mcCmcs  ^^.'J.Tfiifct 
entre  les  Difciples  de  lefus :  mais^j^;;^^^^^^^^^ 
ludas  Ifcariot,  filsde  Simon^  ce-  «^'>. 
luy  a  qui  il  deuoit    arriuer  de 
trahir  le  Seigneur  ,  commen(^a 


Cha.u.  ji8  Taraphrafe  [urtEuangilede 

bienlorsamonftrerqu'elle  eftoic 
la  difpofition  de  fon  ame.  Car 
fous  ombre  que  cet  oigncmcnt 
cftoit  de  grand  prix,  comme  fi 
Teffufion  que  Marie  en  auoit  faitc 
euft  efte  fans  aucun  vfage ,  il  vou- 
lut  paroiftre  charitable  ,  &  quant 
f,  ^  &c  quant  prudent  &c  bon  mefna- 
Fffur^uoy  ^^^^  H  dit  donc :  Pourquov  cft-ce 

get   onguent  o  1       -1       iv        >  •  n 

n^a-iiejUve'  que  cctte  huile  la  na  point  eftc 

deniers  &  vcttdue  ttente  denierSj  c  elt  a  dite, 

'pLr  vne    fomme  fort   confiderable 

d'argent,  comme  on  le  pouuoic 

fi  on  euft  voulu  ,&  employee  au- 

f.  &.     foulagement&alanourrituredes 

^;J:  ''  poures  ?  Ceft  le  fait  des  ames  ve- 

^u'ii  eufl    nales&mercenaireSjtellcqu'eftoic 

fotndesfatt.         ii  i        t      J  J  -J 

ures :  mais  ccUc  Qc  ludas  ,  dc  couutir  de 
^epuunon  lafchcs  pcnfccs  aucc  despretextes 
toiTfe''  %  fpecieux.  Non  que  ccux  qui  font 
^ortoit  €e  ainfi  faitsayent  en  aucune  eftime 
si^joit,  1  honneltete  &  la  vertu  ,  de  1  ap- 
parcnce  dcfquelles  ils  cflayent  d« 


lefm  Chrifi  felon  S.  lean.        519  Cha.Ii, 
colorer  leurs  mauuaifcsintcntios. 
Mais  c  eft  que  s'lls  decouuroyent 
leur  incerieur  tout  a  nu^  il  feroit  de 
Thorreur  a  tout  lemonde.  Enef- 
fe6t  ludas  ne  difoit  pas  cela  par  ce 
qu'il  eaft  aucun  foin  des  poures^ 
ouque  Icur  incommodicc  &  leur 
difette  le  fouciaft.     Mais   parce 
quil  eftoitde  fa  nature  larron,  & 
que  lefub  luy  ayant  donne  la  hour- 
fe  a  garder,  il  portoitcequeron 
mettoit dedans, il  luy  fafchoit  dc 
fe  voir  priue  de  ce  qu'il  euft  defro* 
be  du  prix  de  cet  oignement.fi  on 
Peuft  mis  dans  fa  boite.  Car  en- 
core que  noftre   Seigneur  euft 
bien  peu,  s'il euft  voulu ,  fe  nour-- 
rir  luy  &  route  la  compagnic  dc 
fes   Difciples,  fans  faire  aucune 
prouifion  ^  fi  eft-ce  que  no  iugeat 
pas  a  proposde  faire  des  miracles 
de  moment  en  moment,  &:pour 
vne  chofe  a  laquclle  il  pouuoit 

Kk5 


Cha.u.  530    'TdraphrdjQjHrtEMangiledc 

pouruoir  pardes  voyes  comunes 

&  ordinaires,  il  vouloitbien  c]uc 

Ton  mift  a  part  quelque  cliofe 

pourfubuenira  fes  ncceflices,  &c 

que  quelcim  de  la  troupe  priftle 

loin  d'adminiftrer  ccttc  depenfe. 

ludasdoncayantefte  chcifi  pour 

cela ,  ilfoullrayoit  tous  les  iours 

quelque  chofe  dcs  deniers  com- 

muns^afin  d'auoirdequoy  en  cas 

d  accident ;  &  mefmes  a  deflein 

f,  7,     de  laiflerlefus,  &  des'enfuir  auec 

^.!S^:cequilauroitama{r^.    Or  lefus 

n^n^fveu.ie  fcauolt  bicn  tout  cela  ,  &  le  luy 

garde  pour  le       ^  •      1    •  1  -In 

iour  de  ms  pouuoit  bicn  rcprocher  s'll  eult 
^«''^'  YQ^I^  ^  pour  le  couurir  de  home 
deuanttoutlemonde.  Maisil  ne 
le  voulut  pas  faire  pourtant,  & 
attendant  fans  le  diffamer  qui! 
fe  manifeftaft  foy-mefme  parfcs 
proprcs  crimes, il  fe  contenta  de 
dircXaillelafaireJudas.&nerim- 
portune  p  oint.    Si  i'ellois  mort^ 


Icfus  Chrifi felon  S.  lean.  531  Cha.  11? 
til  ne  deurois  pas  trouuer  mau- 
uais  quelle  cud  employe  cet 
oignement  a  m'embaumer,  com- 
metuf^aisqu'o  employe  a  oindre 
&c  a  embaumer  lesperfonnes  de 
confideration  :&  aucun  ne penfe 
que  ce  foit  vne  depenie  inutile^  & 
dont  ceux  qui  la  font  merirent 
d^eftre  blafines.  Parce  qu'on  croit 
que  ceux  qui  ne  coufteront  iamais 
plusrien,  pcuuentbienemporter 
quelque  telle  cliofe  auec  eux  dans 
le  tombeau,  &  que  pour  la  der- 
niere  fois  on  eft  oblige  de  faire 
quelque  honeur  a des  corps  qu  on 
ne  fcjauroit  plus  deformais  em- 
pefcher  d  eftre  cxpofes  a  la  pourri- 
ture  &  a  la  vermine.  Figure  toy 
done  qu  elle  Ta  conferue  pour 
cela,  &  iuge  de  fon  a6tion ,  com- 
me  fielle  auoitvoulu  anticiper 
de  me  rendre  ce  deuoir,  qu'elle  ne 
s'attend  pas  de  me  rendre  en  autre 

Kk  4 


Cha.  !!•  J52    p-araphrapJurtEuangilede 

occurrence,  quoy  que  le  temps 

.  n'eft  pas  fort  loin  qu'elle  en  aura 

carvous  Icfujct-    Vous  aurcs  tou|ours  af- 

]oHr}re!pMu  fes  d'occafi5de  temoignervodre 

ZoL  ^Zais  charite  aux  (cuiFreteux :  car  vous 

vo^nem'att-  j^g  manqucres  pas  de pourcs.Mais 

f*r0r    point  V    *  ^  ^  , 

toufiQurs,  quant  a  mpy,  vous  ne  nVaures  pas 
toujours  V  de  forte  que  tu  peus 
bien  fouflfrir  que  cctce  femme 
prenne  ce  temps  de  me  monftrer 
par  cette  a6tion  le  refpcft  dont 
die  m'honore.  Ainfi  noftre  Sei- 
gneur repoufla  doucement  I'ac- 
culationde  cet  hypocrite  contre 
Marie,cn  approuuantfonadtion: 
Bon  pas  qu  a  confiderer  la  chofe 
en  elle  mefme,  il  fill  aucun  con- 
te  de  fesfoins  &:deces  bonneurs, 
pource  qui  efkoit  de  fon  corps; 
mais  il  vouloittemoigner  par  la 
que  la  deuocion  intcricure  de  cec- 
tc  femme  eftoit  a  loiier,  &  que 
quantaluy^onne  pouuokiamais 


lefusChriJl  felon  ^  lean.       535  Cha.u^ 
trop  rend  re  de  rcfpeds  a  fa  per- 
fonne.    Or  ne pull  ilellre  la  tant  Adonci^ra»: 
loic  peu  dc  tern ps conucrlant ainli  dt.  vnfs  co- 
auec  quantity  de  fes  amis,  que  %'XiaVl 

frandc  multitude  des  luifs  qui  yvtndrent, 
^  i  non  pour  le^ 

abitoycnt  en    lerulalcm  ,  nen  fusfeuiemets 

cullent  connoiliance  en    vn   11  ^^„  ^^./^ 

proche  voifinage.  Commedonc  "^f'^'j^^^ 

ie  vous  ay  reprefente  cy-defTus  le  ^^  ^^oh  ref. 

delir  extreme  qu  us  auoicnt  de  le  mons. 

voir,  ilsy  vinrcntincontmcnt  en 

grande  troupe.     Et  n  y  vinrent 

pas  feulement  \  caufe  de  lefus, 

mais  le  bruit  de  fa  vcnuif  ayant  ra- 

fraichi  la  memoire  du   miracle 

qu'il  auoit  fait  peu  de  temps  aupa- 

rauac  au  mefme lieu,  ilsy  allerent 

auili  pour  voir  Lazare,  que  lefus 

auoit  rcfTufcite ,  afin  de  pouuoir 

ioui'r  de  deux  contentcmcns  tout     ^ 

enfemble.Or  cela  eftant  fccu  tout      -Dom  /« 

aufli  toft  paries  ennemis  de  lefus,  p^J" 

cjmeftoycnc  IcsprincipauxSacri-  ^'^ 


res  COTI' 

terent    ^'<? 

mtttrt  aujjl 


Clia.u.  5J4     ^ara^hrafe furl'Eumgile de 

a  mon  u    ficateurs ,  &  les  autres  du  Confeil 

%^^^Y6.      j^  pcuplc ,  ils  adioufterent  a  leur 

refolution  preccdente  ,  par  la- 

quelle  ils  auoyent  conclu  de  fairc 

mourir  Icfus  a  quelque  prix  que 

ce  fuft,  vne  autre  deliberation  qui 

monftroit  bien  cobien  ils  auoyet 

Tame  fanguinaire  ;  qui  cftoit  de 

^  '^'  V*     tuer  Lazare  aufli.     Et  leur  motif 

des  luifs  fe  cltoit ,  qu  li  y  en  auoit  pluiieurs 

detartoient       *,  i         r     •  n  •      n 

^cAHfed'ice:  d  entre  les  luiis  qui  eitoyent  in- 
l%ltie/^,  duits  par  la  confideration  de  ce 
miracle^afortirdela  ville  de  le- 
ruralem,&  a  croire  en  Icfus Chrift, 
commeauMeflie ,  &  au  Rcdem^ 
pteur  d'IfraeL  Par  ce  que  slls  nc 
pouuoyent  venir  a  bout  de  leur 
deflfein  de  faire  mourir  lefus ,  la 
prefence  de  Lazare  feroit  touf- 
joursvnmerueilleufement  grand 
argument  de  la  puiflfance  &deia 
'  vocation  de  ccluy  qui  Tauoit  ref- 

fufcite ,  pour  attirer  les  hommes  a 


Icfus  Chrifl  felon  S.  lean.     535  Cha.lz^ 
luy.  S'ils  faifoient  mourir  Icfus, 
&quilslai{rafrent  Lazare  en  vie, 
fa  prcfencc  leur  feroit  vnc  conti- 
nuclle  reproche  deuant  les  yeux 
de  tout  je  monde ,  d*auoir  ainii 
traitte  celuy  que  fi  grandes  &  li 
diuines  vertus iigiialoicnt   Ainfi 
adiouftans  crime  fur  crime^  il  n*y 
auoit  chofe  a  laquelle  ils  ne  fe  por- 
taflfent  pour  contenter  leur  paf- 
fion.    Or  fe  paffa-t-il  tout  aufli    ze  und^: 
toft  vne  chofe  qui  Texcita ,  &  qui  JriVZi^ 
I'enilamma  beaucoup  dauatap;e.  ''^"'^^'  ^''.^ 

t      n      '  r*  T  1  n  ejioti-  venae 

Il  eftoit  venu  felon  la  couftume  ^  i^  M^, 
^        e  quantite  de  gens  queufusve^ 
detouscoftesalaFcfte.  Lclende-  "^j^Z''^ 
main  done  vne  grande  multitude 
de   ceux  la  ayant  oui  dire  que 
lefus  venoit  en  lerufalemf^com- 
me  de  fait  il  eftoit  en  cliemin 
pour  cela )  il  fe  difpoferent  a  luy 
aller  au  deuant ,  &  a  luy  faire  vne 
icception  &  vne  entree  la  plus  hoj; 


Glia. li.  55<3    nPara^hrafeJhrl'Euangile  dc 

norable  qu  ils  pourroyenc  ^  felon 

qu*en  vne   chofe  fabite  &  im- 

prcueu*e,&quife  faifoit  fansPor- 

dre  &  fans  I  afliftance  des  Gou- 

uerneurs,  ils  en  auroyentlacom- 

'  Trindrent  moditc.  llsprircnt  done  en  leur 

^r^-Z  ^^^^^^^t>ranchesdepalme,dont 

^jortirent  {\  y  ^i  erandc  abonJancc  dans  la 

d»  luy,  &  campagned^autourdelerufalem, 

/anna:  Be  oc  sacheminans  a  la  renommee 

Rlyd'ifrJ^i  fur  la  route  par  laquelle  il  venoit, 

i[^i'^if»f^^2LprcsqniU  Teurent  ioint.its  fe 

nom  du  Set-      11.  '  ' 

^neur.       Hiirent  a laccompagner , &  por- 

tans liaut  leurs  branches  de  palme 

en  figne  de  ioye ,  &c  fe  fouuenans 

de  ce  qui    eft  ecrit  au  Pfeaumc 

cxviii.  touchant  le  Meflie^  ils 

crioyent  a  haute  voix  ^  Ofanna, 

Ofanna,  benit  foit  le  Mcflias,  Ic 

f.  i4»    Roy  d  Ifrael  qui  vient  au  nom 

trmuJ'vn  du  Scigueur.  Or  lefus  auoit  bien 

"fl^tdeffts,  preueucela^commevne  des  cho- 

comm.  il  efi  f^g  qQ^  auoycHC  cfte  predites  de 


Icfus  Chrifi felon  S.  learu      J37  Clia.  iu 
luy  par  lesProphetes.  Cell  pour- 
quoy  3  afin  de  donner  vn  enticr 
accomplifTeiiientaux  Prophecies, 
qui  auoycnt  predit  que  ce  feroic 
fur  vn  afnon  qull  feroic  fon  encree 
Royale  en  lerufalem  ^  il  auoic 
quelque  peu  de  cemps  auparauant 
donne  ordre  a  (es  Difciples ,  qu  ils 
s'en  allaflec  en  la  prochaine  Bour- 
gade  querirvn  afnon  qui  y  eftoic 
accache.    En  ayanc  done    ainfi     Ne train 
trouu6  vnil  s'alTic  deffus,  felon  ^.r/'tS 
quil  eft  eerie  au  ix.  deZaearie  ;  ^^«R;;'^'^'> 

1  ajjts  fur  vn 

Ne  crain  pointy  fille  de  Sion  ^  mats  pouUm  d'v^ 
egdye  toy   grandement  ;  lette  ens 
d'efouijfanee  y  fille  de   lerufalem; 
%Joicj  ton  R^oy  vtendra  a  toy ,  efi:ant 
iufle  5    c^  qui  f  garentit  de   par 
foy-  mefme  ^  ahjc^^  (Sf  monte  fur  "vn 
afne  J  &  furvn  afnon  paulain  d'af-    ,.      ., 
nejfe,  Orparut-ilbienencecceoc-  ^^^difcipki 
cafion  ^  quelle  eft  la  lenceur  &J'iX'rI^ 
rinaduer  tancc  de  I'efpric  humain,  ^Zi^^'Z'^ 


ChUn.  538    ParaphrafefurtEHangitede 
tn^i.  quand  iors  qu  il  eft  queftion  des  chofcs 
^f'/""'.  diuines,  s'il  n eft  illumine  d'en- 

g  fort  fie,  adoc  '     ^ 

ihcuncme^  haut.  Lcs  troupes  appelioyent 
ZTehofes  lefus  le  Roy  dlfrael  ;  dies  pro- 
£Uj,  nonijoyent  a  haute  voix  vnpafTa- 
^qu'iisiHy  ge  qui  notoirement  eftoit  ccric 
^eichojes,  duMeflie,  &:quetousIesfagesin* 
terpretes  auoyent  cntendu  de  luy. 
lefus  entrant  au  milieu  de  cette 
pompe  de  lerufalem  fur  vn  afnon, 
prefentoit  en  fa  perfonne  toutes 
\cs  preuues  imaginables  quil 
feftoit  celuy  dont  Zacharie  auoic 
prophetife^  &  la  chofe  parloit 
d*e!Ie  mefme.  Et  neantmoins  fes 
Difciples  nentendiret  point  tout 
cela,  ny  pour  lors,  ny  quelque 
temps  apresquilfutarriue ,  &ne 
firent  aucune  comparaifon  de  cg 
memorable  euenement  auec  les 
oracles  des Prophetes.  Maisapres 
la  refurrcdio  de  lefus,  quand  il  fut 
moate  au  ciel,  &  que  pour  vn  p  re- 


leftis  Chrip  felon  S.  lean.  J39  CHaaiiJ 
mier  effed  dcfa  glorification,  il 
cut  cnuoye  TEfprit  d  enhaut  fur 
fcsDifcipIes,  alorsleurscntendc- 
mens  en  cftans  eclaires,  ils  fe  ra*-^ 
mcncrent  en  memoire  routes  ces 
chofes,  &  cntendirent  quelles 
auoyent  cfte  ecrites  de  Iuy\,  & 
qu  eux-mefmes  en  faifant  enuers 
lefus  ce  qu  ils  auoyent  fait  en  cet- 
teoccafion^  auoyent  fans  ypcnfer 
commeilfalloit,  contribueaTac- 
copliffement  des  fain6ts  Oracles.  ^ 

Quand  lefus  fut  entre  en  lerdfa^   itUmuU 
lem  auec  route  cettc  multitude,  %'*oh  aHec 
ceuxqui  s'eftoyent  trouues  prefes  1*^'  ^-''^'^^ 
au  miracle  rait  en  ia  perlonnc  de  ^^''^^  ^^ 
Lazare,&  ceuxqui  en  auoyent  ap-  zazare  dn 
pris  la  certitude  en  Bethanie,  de-  ^qjju^ltp 
puisqu  il  yeftoitretourne,mcfles  ^^f'*^ 
qu  ils  eftoyent  auec  les autres  luifs 
dans  la  Ville,  leur  rcndoyent  te- 
moignage  que  c'eftoit  luy  qui 
auoic   rappelle   Lazarc   du  fc- 


raclt* 


Gha,u«  y40   ^araphrafcfurl'Eudngihie 

pulchrca  haute  voix  ,  &  qui  en  fc 

^^      rappellant   Tauoit   refl'ulcite  cjcs 

pourtam  mores.  Car  la  p'usparcauoyec  bie 

feupie  au    oui  dirc  quccc  miracle  auoit  elte 

tyTLflh  fait  &  que  ceftoitce  lefusdontoa 

auoytntouv  parloit  taiit,  qui  Tauoit  execute, 

qutl     auott    l        .  '     *■  -  ' 

fatt  ce  mt  voik  pourquov  la  multitude 
excitec  par  ladmiration  dViic 
chofe  fi  extraordinaire  &  fi  cftra-* 
ge,  eftoit  allee  au  deuatit  de  luy. 
Mais  peu  conoiflbyet  alors  fa  per- 
fonne  en  comparaifon  des  autres; 
tellement  que  ceux  qui  le  con- 
noifloyent  bien  ,  difoyent  aui 
autres  que  c'eftoit  luy-  Oreflil 
bien  certain  que  cette  pompe  en 
laquclle lefus  eftoit  entre  en  Icru- 
falem,eftoitjfivous  la  compares 
aux  entrees  triomphantes  des 
grands  Roysdeccmondc^abjcde 
&  contemptible  en  elle  mefmc; 
AulTideuoit^clle  eftre telle, pour 
auoir  quclquc  rapport   conue- 

jiable 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean,     5^1  ch£  ui 
Bable  a    rabbaiffemcnt   de  ce 
premier  aduenement  de  lefus,  & 
a  la  mort  a  laquclleilfe preparole,     f.  t^: 
Mais    neantmoins ,  apres    tant  ^J:;^!^  ^ 
d'autres  preuues  que  lefus  cftoic  *»^;:*^«* 
IcChriltquelesProphetesauoyet  ^er^t  '^''»* 

11       1  >  *  t  pas  que  noHs 

promis,elIe  deuoit encore  beau-  ne  profited 
coupcocribuer  a  enperfuaderles  'IZ'utld^ 
luifs.&aencouaincrcfesennemis  '"'*  ""P^^. 
melmes:parcequoypouuoitvoir 
clairement  raccomplilTementde 
deux  notables  prophecies  Cepen- 
ndant  tant  s'enfautque  les  Pha.- 
rifiens  en  priflec  occafion  de  s'in* 
ftruire  dela  verite  J  que  cc  leur  fut 
vn  fujet  de  s*endurcir  &  de  s'eti- 
uenimer  dauantage  Ne  voyez- 
vouspas,  difoyent  ilslesvnsaux 
autres,que  cette  pretcndue  pru-e 
dence,  qui  vous  a  iufqaa  cettc 
heurefait  proceder  fi  lentemenc 
en  cettc  affaire,  ne  vous  profite  de 
rien,&:  qu  au  contraire  lenial  va 

Ll 


Cha.U.  J42.   "Taraphraje furtEuangile  de 

toufioursen  empirant  ?  AfTeure- 
ment  fi  nous  nc  remedions  a  ce 
defordre  prontement^  &  fi  nous 
n  y  vfons  &  de  la  feuerite  ^  &  de  la 
celerite  quedemanderimportan- 
ce  de  la  chofej  tout  le  mode  cour- 
ra  apres  luy ,  &  nous  ne  retiendros 
pas  vn  feul  homme  de  cepeuple 
dans  la  profellion  de  la  Loyj&: 
dans  la  creance  de  nos  anceftres. 
Ainfis'cguillonnoyent-ilsles  vns 
les  autres  par  leurs  proposa  exe- 
cuter  viftenient  la  rigueur  dc  leur 
^'  ^^v    fentence.  Pendant  cela,  la  repu- 
ii  aucuns    tatlott   de  lelus  Chrift  croifloit 
ceux  qui ef  touliours, tton  pas  leulemet entre 
't1Cto7rZ  ceux  qui  eftoyent  luifs  de  nation, 
dorera  u    xi^^i^  mefmes  entre  les  autres  qui 
Ictrouuoyentalorsenludee.  Car 
il  yauoit certains  Grecs,de  ceux 
qui  auoyent  eu  quelque  commer- 
ce aucc  les  luifs  dc  la  difperfion, 
&  receu  quelque  inftrudio  d'cux^ 


Tcfus  Chrijl  felon  S   lean.    /45  Gha^U* 
qui  auoyecaccouftumede  mocer 
en  Icrufalem  a  la  FcIl:e,pourauoir 
quelque  pare  a  cctte  folcnnite ,  & 
adorer  le  Dieu  d'ifrael ,  ainfi  que 
faifoyent  Ics  autrcs  Ceux  laayans     f.  xi: 
oui  parlcr  de  Iclus  &  de  fes  mer-  ,i^f 
ueillcs ,  conceurent  vn  ei'and  de-  ^^'^'PP/'^^ 
lir  de  le  voir.    lis  vinrent  done  (^^f^deGa, 
trouuer  Philippe,  qui  eftoit  de  prwLt  aI 
B.cfaida  de  G.lil^e  ,  lequel  lis  ^r/'/Z' 
connoilToycnt    mieux  que     les  '^'P'''''^^ 
aucres    Ditciplcs  ^    parce   quils 
auoyenr  eu  auparauant  quelquc 
communication  auecluy,  &que 
BrhfciiJan'eftoir  pas  fort  eloigne 
de   la  Syropho^nicie  ,    d'ou  ces 
Grecs    eftoyenc    ordinairemenc 
natifs  :  &  Tayans  aborde,  ils  le 
prierent,  difans^SeigneurJa  gran- 
de  reputation  de  ce  lefus ,  &  les 
merueilles  que  nous   en   oyons 
dire  a  tout  le  mondc,nous  ont  fait 
irenirvn  grand  deiirdc  le  voir,& 


Cha.  12. .  54  4    Paraphrafefur  I'Euangilc  de 

de  communiquer  auec  luy.  Nc 

pourrions-nous  point   auoir  ce 

contentement  partonmoyen5& 

1^.  21     nousy  voudrois  tubienfauorifer 

'vm/!'&^ie  <ie  ton  aiTiftance  ?  Philippe  les 

dk^Audre:  ^v^iWi  cntcndus.  cut  biende  Tin- 

Andrew     clination  a  leur procurer ccttefa- 

Thittppe  le         .    c    ^.  .^  ,.i 

difentk  le^  tisraction;  maispar  ce  qu  ilauoit 
^'''*  oui  dire  a  lefus  qu'il  n'eftoit  venu 

finon  pour  les  brebis  peries  dela 
maifon  dlfrael  ^  &  quil  n  ofoit 
pas  les  luyprefenter  que  premie- 
remcnt  il  n'en  fceuft  fa  volonte,  il 
s'addreflfa  a  Andre,  qui eftoit  plus 
ancien  dans  lacopagnie  de  Icfus 
que  luy  ,  pour  en  auoir  Ton  aduis^ 
&  fe  fortifier  de  la  familiarite 
qu'il auoitauecle Seigneur.  Puis 
tous  deux  enfemble  ,  a  fc^auoir 
Andre  &  Philippe,  enparlerent 
^  »?•     a  lefus  d Vn  commun  accord.    A 

Et  lefus  ,  1     1     o     •  r 

leur  refpofi-  cctte  demandc  Ic  Seigueur  tit  vHe 
fh;.^^  refponfe  felon  fa  fageffe  accou^^ 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.      545  Cha.ii 
ftamee.  S'llleureuftaccordekur  ^,„ue.que 
requefte   oaucrtement  ,    outre  |;f^  ^^;.^ 
qu  ileufl:  peu  fembler  a  quelques  ejire giorifii. 
vns  contreuenir  a  ce  qu  il  auoit 
enfeigne  deladeftination  defon 
Mmiftere  aux  luifs   feulement; 
peut-eftre  que  de   plus  on  euft 
eftime  qu  il  affedoit  d*ellre  veu 
deshomes^  &qu'il  prenoitplaifir 
acontenterleurcuriofite.  S'il  les 
en  euft  auffi  refufes  ,  quelques 
autres  Teuflent  peu  accufer  d Vn 
peu  de  durete ,  &  de  rejetter  ceux 
qui  cherchoyentde  Hnftrudion 
de  luy,  qui  auoit  accouftume  dc 
dire  qu  il  eftoit  venu  pour  en 
donner  a  tout  le  monde  II  leur  fit 
done  vncrefponfe  generale,  dans 
laquelle  ne  leur  refufant,&  ne  leur 
accordant  pas  non  plus  ce  qu  ils 
luy  demandoyent ,  il  les  laiflfoit 
en  leur  liberce  ,  &  neantmoins 
leur  donnoitalTez  a  entendre  qu  il 

LI3 


clia.  iz.  j4^   n^araphraTe  furt F uangile  de 

prenoic  ce  defirdesGrecs,  com-. 

me  vn  auant-jeu  ,  s  il  faur    dire 

ainfi,  de  la  vocation  des  Gentik 

qui  s  approchoic ,  &  par  conle- 

quent  comme  vn  argument  de 

rapproche  dela  manifellation  de 

fagloire.  Mais  parce  que  TesfQuf- 

frances  deuoyent  neceffairemcnt 

preccdcr,il  en  mcflal  auertiflemec 

en  fon  propos^afin  que  les  ames  s'y 

preparaflent.  11  dit  done.   Mes 

amis^foyes  deformais  bie  attennfs 

a  toucce  que  vous  verres  de  vos 

yeux,  &  que  vous  entendres  de 

vosoreilles.   Car  le  temps  de  la 

manifertatio  du  filsde  Thome  eft  fi 

pres  ,  qu'on  peut  dire  qu'il  eft 

t.  1*:  ^  venu.    Vray  eft  qu'il  vous  faut 

en  verttite  aducrtir  commc d  vnc  choletres- 

lZ-K%rl  indubitable,quauantcettefienne 

mentcheant  alorification  il  doit  fouffrir  vne 

en   la   terre  ^  i  i       z-  it 

nemeurt.ii  grandc  ccliple ,  &  vn  grand  ob- 
/eTi'Tmsis  fcurcifTement,    Mais  quoy  ?  Le 


leffis  Chrifl  felon  S.  lean.  ^547  Cha.iiv 
grain  de  froment  qui  to  ribe  en  s'Hmeurt.n 
terre,  vous  fournitvn  bel  enfei-^  apportjbeau 

^  coup  aejfUif 

gnement  de  ce  que  vous  en  deuc^ 
penfer.  Car  vous  voyc's  que  s'iln© 
meurtjil  demeure  feul  &c  fans 
fruit:  maisenmourant,  il  germe, 
&s'epand,&  produit  du  fruit  en 
abondance,  Etpartant  vouspou- 
ues  aflfes  iuger  ce  que  c'cft  qui  doit 
arriuer  au  Fils  de  I  homme,  auant 
quil  produife  ce  fruit  de  la  con- 
uerfiondesNationSjdanslapro^ 
du6tion  duquel  cofiite  vne  gran- 
de  &  notable  partie  de  fa  gloire, 
Alaveritec'eftvnechofe  quipa-^  f.  ly. 
roift  fcandalqufe  au  fens  de  la  f,^ZT,Ts 
chair,  &quimeftnesdonne  de  la  ^'''f^?*.t/t 

^  I  /^        11       ^^'  hatt  Jon 

terreurparl'exemplc.  Car  fi  telle  '^'^^ '»  ^^ 
eft  la  condition  du  Fils  deThom-  g^rderaen 
me,  il  eft  bien  raifonnable  que  "'^"^^'^^'^' 
ceux  qui.voudront  eftre  de  fes 
Difciples,  s  y  reconnoiffent  auffi 
fujets.  Et  fe  trouuera  de  ces  gens 

Ll  4 

•   w^ 


Qh^.  lu  54S  Taraphrafe  fur tEuangile  dc 
quidefirent  ainfi  ardemmenc  de 
le  voir  &  de  conuerfer  auec  lay, 
qui  fe  rebuteront  quand  ils  ver- 
rontles perils  aufquels  feront  ex- 
pofes  ceux  qui  embraflerontfon 
Euangile.  Mais  telle  a  efte  la  vo- 
lonteduPere  celeftc,  de  ioindre 
cesdeuxchofes  uifeparablemenr, 
tant  ai'egard  de  fon  Fils^que  de 
fesmembres ;  a  fcauoir  la  tribu- 
^  larion  &  la  gloire.  Tellement  que 
qui  aimcra  fa  vie,  &  les  chofes  qui 
larendent  douce  &fouhaittable, 
iufquesatel  point,  quedela  pre- 
ferera  ma  connoifTance  &  a  ma 
conuerfation  ,  non  feulement  il 
ne  la  garentirapas,  mais  il  tom- 
bera  dans  vne  perdition  lamen- 
table. Mais  auifi  certes  au  con- 
trairc,  quiconque  liaira  fa  vie  en 
ce  mondejCeftadire,  quineTai- 
mera  pas  en  comparaifon  du  Fils 
de  riiome&:  de  faverite,  (  car  en 


lefus  Chri  ft  felon  S.  lean.       549  Gha.m 
rEfcriture  vne  moindre  amour 
comparee  auee  vne    beaucoup 
plus  grande  &c  plus  vehemcntc, 
s*appelle  haine  ^)   ccluy  la  non 
feulemet  la  gardera^mais  il  la  pot 
federa    eternellement   tres-hcu-  si^ucltme 
reufe.  Voilapourquoyfiquelcun  fe';'^7; 
veut  venir  a  mon  fcruice,  il  ne  ^^  '^f^ray, 
taucpas  qu  u  s  imagine  y  venir  a  teuryfem 
la  condition  quefe  propofent  &  TJunme 
quefpcrcnt  ceux  qui  fc  font  fer-  (^.^TZ.. 
uiteurs  des  Rois ;  qui  eft  y  d'cftre  rera, 
d'abord  participant  de  leur  gran- 
deur &  de  leur  gloire  fans  au- 
cune  incommodite.     Qui  quil 
foit,  il  faut  quil  fade  ainfi  fon 
contC:,  de  me  fuiure  tel  que  ie  fuis, 
&  de  nauoir  point  de  meilleurc 
condition  que  la  miennc.  Mais 
aufli  faut-il  que  quiconque  mc 
voudra  ainfi  feruir,  demeurc  af- 
feure  qu  il  ne  perdra  pas  fa  recom- 
penfe.  Parce  que  la  ou  ic  feray ,  il 


Cha.lz.  550  ^araphrafeJurl'Euangilede 

il  feraaufliauecmoycn  gloire&s 

en  felicite.     Car  c'cft  la  ce  que 

mon  Pere  celefte  s'eft  ineuoca- 

bletncntpropofe,  derendre  bien 

heureuXj&de  glorifiereternelle- 

iTient  ceux  que  Tamour  de  la  vie, 

&    des  chofes  de  ce  fiecle  icy, 

n'auront  point  deftourne  de  la 

./•  ^7'  ^  fi  Jelite  de  mon  feruice.    Et  que 

»».«  ^«j^./?  perfonne  ne  die  en  foy  mefme 

^uedimiie?  quil  mcft  Bicn  aife  defouftenir 

;^.;^^.r.r..  ces  combats,  a  moyqui  luis  ce 

iTJrLu^''  4^^  ^^  fuis;maisquc  quant  aux 

fuisievenu  autrcs  Ic  Icut  propofe  vne  dure 

encetteheU'  <•    .  !>*■      r  •    /      1 

re,  condition  en  1  uihrmite  de  cctte 

nature.  Qniel  que  ie  fois^  ie  Tuis 
homme  comnie  vous  pourtanr, 
fujet  aux  mefmes  foiblefTes  de  la 
chair ,  11  vous  en  mettez  a  part  la 
corruption  de  la  nature.  Voila 
pourquoy  des  maintenant,quand 
i'attache  mon  efprit  a  la  confide-- 
ration  de  ce  qui  m'eft  prepare^ 


lefus  Chrifil^lon  S.  Tearu       jfi  Clia  n. 
bndis  que  cet  objet  faific  mon 
imagination  .  ie  ne  puis  que  ie 
n'en  con(5oiue  de  rhoneur  ,  & 
que  mon  ame  ne  fe  trouble.  Mais 
ce  trouble   pourtant   n'ebranle 
point    ma  refolution  ,   ^_^^ 
in  empefchera   iamais  de  fuiure 
conftamment  ma  courfe.    Car 
quoy  ^  Que  feray-ie,  ouque  dU 
ray-je  en  cette  occurrence  ?  Di- 
ray  je  a  celuy  qui  m*a  cnuoye, 
Pere  giranti-moy  &  me  dcliure 
de  cette  heure  fi  terrible  ?  Qiiand 
ie  Ie  luy  demanderoisen  me  fous- 
mettac  neantmoins  a  fa  volonte^ 
il  n'auroit  pas  ma  requefte  pour 
dcfagreable.     Mais  ie  fuis  venu 
expreflcment  pour  cette  terrible 
heure  la  •,  c'eft  pourcela  que  i'ay 
comparuau  monde.    Et  partanc 
quelque  repugnance  qu'yayent 
les  mouuemens  de  la  nature ,  & 


Cha..Iz.  yjz   ^araphrafcfurt Euangile  dc 

quoy  que  la  frayeur  de  la  chairmen  ' 
vne  telle  occafion/oitinnocente, 
jQ  eft  ce  qu  il  faut  que  le  refped  a 
la  volonte  du  Pere  celefte,  Tetn- 
portepar  deffustout,  &  que  fans 
inurmurer,&  fansm'impatienter^ 
f.i8.     racquiercevolontairement  a  fon 
^ItZmm.  ordonnance.     Alors,  comme  fi 
i.ors  viie    Jgf^s  ^^{^  ^^^   tranfporte  d  vn 
ducieLdi'  mouuement   extraordinaire    de 
I'ay  giorifi^,  pictc ,  li  touma  les  yeux  vers  le 
ttforl  Ciel.  &  s'addieffant  au  Pere  .  il 
i^*>        luy  dit :  Pere ,  puis  que  la  gloire  de 
ton  grand  nom  depend  mainte- 
nant  de  mes  foulfrances ,  &c  que 
c*eften  celaque  tu  paroiftras  in- 
comparablement  plus  que  tun  as 
iamaisfait,  &iuftej  &  miferi- 
^  cordieux,  &  fage  ;  ie  fuis  preft  de 

feruir  a  ee  bon  deffcin  ;  Glorifie 
ton  Nom  quand  tu  voudras,  & 
n  efpargne  pas  pour  cec  efted  ton 
Vnique.    Comme  il  elloit  dans 


Icfks  Chrifi  felon  S,  If  an.      555  Clia/fi^ 
cctteferucurd'efpric,  &:danscet-- 
te  profonde  foumifllon  a  routes 
les  volontes  de  fon  Perc ,  Le  Pere^ 
qui  voulut  d Vn  cofte  3  le  voyanc 
en  cet  eftat ,  luy  procurer  quel- 
que  extraordinaire  confolatio,  & 
de  Tautre  luy  rendre  vn  authen- 
tiquetemoignageen  la  prefence 
d'vn  grad  pcuple^fit  entendre  vnc 
voix  du  ciel ,  qui  pronon^a  des 
parolesdont  c'efticy  rinteliigen- 
ce  :  Et  i'ay  defia  glorifie  mon 
Nom  par  les  admirables  adions 
que  i'ay  faites  en  confideration  de 
monFils^  &  iele  glorifieray  en- 
core a  Tauenir,  tant  par  la  decla- 
ration de  ma  iuftice  ^  &  de  ma 
mifericorde ,  &  de  ma  fagefle  en 
fes  cobats,  que  par  la  manifeftatio 
demapuiflanceen  favi£toirc,  8c 
de  ma  clile6tion  enuers  luy  dans 
la  gloire  que  ie  luy  orcpare.    Or    f ,  i>: 
y  auoit-illa  vne  grande  troupe  de  luitfiluu. 


Chii.ii.  jf4    Paraphrafc  JurtEuangile'de 
&  qui  u  gens  qui  fe  tenoyent  debour  i 
uofiouy.di^  lentourdenolke  Seigneur,  &  qui 

Jost  que  cef  O  ^  1 

uitivnton-  entcndirenc  biea  tousle  (on  dela 
mtt.fiefait:  voix,  nuis  parcc  qu  cUe  le  prore- 
%iem'vn  raiurtemenc  alendroit  ou  Icfus 
Aogeaparie  eftoit,  ils  Hc  Tentendirent  pasrous 
egalementdiltincrement,  ce  qui 
fuccaufcqu*ils  cnfirentdes  luge- 
mens  fore  difleniblables.  Car 
ceuxquieftoyetles  pluseloignes> 
&  qui  entendirent  bien  vn  fon 
eclattant  en Tair ,  mais  ne  peurent 
difcerner  fon  articulation, difoyec 
quilseftoitfaitvntonnerre.  Les 
autresquiTauoycntoui  auec  plus 
de  diftindion ,  mais  qui  eftoyenc 
imbusdecette  opinion  que  Dieu 
ne  forme  point  de  voix  en  Taifj 
finon  par  I'entremife  &lemini- 
ftere  de  fes  Anges,  difoyent  que 
ceftoitvn  Angequiauoit  parlea 
luy,  &  ne  temoignoyet  pas  d'eftrc 
emeus  de  eela  coaimc  il  falloic 


le^usChrifi  felon  S*  /cart,      jy^  Cha.izr 
tftre.  Acettccaufelefuslesvoulat    ^.  ^^ 
obligcr  a  faire  vne  plus  grande    /^^' ff" 
application  fur  cetoracle^  pritla  ^'f  :  cette 
parole  &  leur  dit  :  Ce  nelt  pas  potm  -venm 
tant  pour  moy  que  cette  voixs'eft  ^^J^'J^^;^ 
fait  oui'r,  que  pour  vous.    Car  '^*^'- 
quanta  moy,  monPere  me  pou- 
uoit dormer  des  afleurances  defa 
diledion  dVne  autre  faqon ;  mais 
quant  a  vous  ^  vous  auiesbefoin 
d*eftre  plusrcnfiblcmentaduertis 
de  ce  que  ie  fuis,  par  cc  temoigna- 
ge.    Vous  voyesce  que  Dicu  pre-  /•   j^-^ 
pare  pour  le  lalut  de  1  Vniuers.  efi  uj^^ 
Quand  il  vouloit  autrefois  de-  ZTl.mJin. 
liurer  la  nation  d^Ifrael  de  la  main  'p^-^f  ^^',, 
de  quelque  ennemy,  il  difoit  qu'il  '"^"'^^  ;''* 
aiioit  raire  lugement  pour  Ion 
peuple.    A  cette  heure  ilfedif- 
pofe  a  faire   quelque  chofe    de 
beaucoup  plus  grand,  &la  chdfe 
eft  fi  pres  de  Ton  execution,  qu  on 
peat  dire  des  maintenant  qu  il 


Cha.u.  y/5  ^araphraJeJurfEuangiledc 

fait  lugemeC:,  non  pour  vn  peuple 
feulemenc  ,  mais  generalement 
pour  tout  ce  grand  monde.  Le 
Prince  de  tcnebres  y  a  euiufques 
icy  vn  empire  merueilleufement 
abfolu  par  le  moyen  de  Tignoran- 
ce,  &de  la  corruption  du  pecke. 
Mais  voicy  arriuele  temps  auquel 
il  (era  iette  hors  de  fa  domination^ 
par  le  moyen  de  la  connoiflfance 
de  la  verite,  &  par  Tcfprit  de  la 
fan£tification  qui  Taccompasne. 
-Etmoy.fiie  tt  cc  leralerruit  de  ces  epreuucs 
^TeuZret  par  Icfquclles  ie  vous  aduertiflbis 
lireray  tout  tantoft  Quc  ic  dois  paflcr.     Car 

^  may  mtf'  J     ^      /?    •         J     1  T       1 

t»es.  quandvnerois^  delaterre  lur  la- 
quelle  vous  me  voyes  marcher 
maintenant ,  i'auray  efte  eleuc 
hautenlair  ;  ainfi  que  leferpent 
d'airain  attiroit  fur  foy  les  yeux 
de  tous  les  Ifraelites  dans  le  defert, 
i'attireray  auffi  a  moy  les  efprits 
de  tous  les  hommes  du  monde. 
^  Of 


Icfus  Chrifl  felon  S.  lean,    yjy  Cha.  i%l 
('Or  difoic-il  cela  pour  fignificr     ^^  ^^; 
la  facon  de  la  mort  dont  il  deuoit  J^''':f^li  ^'!- 
mourir,  a  leauoir  la  crucinxion,  §^t dequeue 

I  11  /I  -If  '^ort  il  de* 

enlaquelieon  elcuoitleshommcs  mitm&Hmj 
en  haut  fur  vn  bois ,  ou  on  les  at- 
tachoit  de  cloux.   Mais  il  ne  Ic 
vouloit  pas  dire  tout  ouucrte* 
liiet^parce  que  cela  ne  deuoit  eftrc 
clairement  connu  linon  par  Te- 
uenement   de  la  chofe  mefme.)    i^  tltupe 
Mors  les  troupes,  qui  nauoyent  ^L™; 
pas  bicn  diftinitement  compris  y  P"""  ^f 

^  ,-1     ir    .  .  i  Loy  que    h 

ce  quil  diloir,  mais  qui  neant-  chriji  de^ 
nloins  auoyent  entendu  (\nt  vc  neUement- 
Fils  derhomme,dont  il  parloit,  ;:~t 
deuoit  par  foneleuation,  quelle  ff^  ^^/^^/-^ 

i    U      r    n  n  '/I  it     l^omme  foit 

qu  cUe  mil ,  eltre  tire  hors  de  la  enUuiiiiui 
veuedu  monde,  ne  pouuanspasJJ^^^/,  * 
bienadiuftercela  auec  les  preiu- 
gesqu'ils  auoyent  de  laduree  du 
regnc  duMcflie.prirent  la  parole 
&  luy  repondircnt.  Nous  auons 
appris  des  liutes  dc  la  Loy ,  que  k 

Mm 


Cha.ii.  J/S    Taraphrafefurl'Euangiledc 

Chnft,&fonRoyaumc,cloiu€nt 
demcurcr    eterncllement.     Car 
c'eft  la  difference  que  les  Pro- 
plietes  mettent  cntre  le  Royaumc 
dcs  Cicu  x^  &  les  rcgnes  &  empires 
delaterre-  Comment  done  eft- cc 
quetudisque  leFils  de  Thomme 
doit  eftreeleue  enhaut  ?  Qui  eft 
ce  Fils  de  Thommela  ?  Eft-ce  Ic 
Meffie  ou  quelquc  autre?  Car  fi  cc 
Tcft,  comment  peut-  il  s'cn  aller^S^ 
neantmoins  demeurer  icy  eterncl- 
lement ?  Et  fi  ce  nc  Teft  pas,  com- 
raexit   s'eft-on    trompe    iufqua 
maintcnant  en  Imtelligence  de  ce 
paffage  de  Daniel^  ouil  parle  du 
Adcnc I'efm  ¥lIs dcl^hommc'>  Adonc  lefusles 
^cZstnpe'^iu'^oy^^^  cmbarafTescn  cette  diffi- 
^uiumt,re  ^^[^^   ^  Hcantmoins  n*eftant  pas 
chemtnez    cttcorc  cxpcdicnt  qu  lila  ieur  re- 
vous'auel  foluft  diftin^temct,  d'autant  qu'il 
^^jTrtl  cuft  fallu  parler  plus  claircmcnt 
vebres  ne   j^  [^  ^^^^^  j^  £^  rclurrcaion ,  & 


iejus  Chrifl  felon  S.  lean.  yj9  Clia.  li^ 
dereftabliflementdcfonRoyau-  ^,^„^^„^, ' 
meealaterre.quc  ne  fouffroit  la  ^^^ quiche 
condition  des  temps,  ramena,  ^^^'^^f^,"*  ^ 

1  *  n  /I  ffait  oh  il 

commeilauoitaccoultume^lcurs  va. 
efprits  a  dcs  chofes  plus  neccC- 
faires.  Nc  vous  mettes  pas,  dit-il, 
en  peine  de  foudre  ccs  difficultes. 
Dieu&le  temps  pouruoirontaf^ 
fes  a  toutes  ces  chofes.  Rcgardes 
feulement  a  ce  qui  eft  de  voftrc 
bien  &devoftredeuoir^&a  tirer 
profit  des  auantages  que  vous 
aues  felon  la  commodite  que  Ic 
Pere  celefte  vousenprefente.  La 
lumiere  ne  doit  plus  demeurer 
qu'vn  fort  peu  de  temps  auec 
vous  J  apres  quoy  ellc  retournera 
au  lieu  d*ou  elle  eft  defcendue* 
Vfes  done  d'elle  tandisque  vous 
Taues ,  pour  clieminer  en  la  voye 
du  falut  &  pour  vousy  auancer; 
de  peu  r  que  fi  vous  la  negliges,  ellc 
ne  vo^  foit  oftee  a  Theure  que  vo^ 

Mm  % 


Cha.  II.  §60    Pardphrafefurl'Euangile  de 

n  y  penfcres  pas ,  &  que  les  te- 

nebres  ne  vous  furprcnnent.  Car 

fi  vous  vous  en  laifles  furprendrc^ 

ilvousenarriueracomme  a  ceux 

qui  cheminent  pendant  la  nuit. 

Ilsncfcauentou  ilsvontj&  apres 

^.  5^.    auoir  long- temps  erre^,  enfin  ils 

Tandisque  tombent  en  des  precipices.    Et  (i 

u  lumiere,  yous  voulcs  ouc  ic  VOUS  parleeii- 

croye7  en  U  -^1  * 

lumtere.afin  covc  vti  pcu  plus   ouuertcment^ 

aue    vous  1  •  /It* 

foyei^§is  de  tandis  quc  vous  aues  la  Lumiere 

cTms    ^^Verite  deuantvos  yeux,  rece- 

ditiefuspHis  ues  la  &  croyes  en  elie.   Si  vous 

fe  cacha    neieraitesjlestenebresde  lerreur 

^^■^^        &  de  Tignorance  s'epaifHront  par 

le  iufte  iugcment  de  Dieu^  fi  hor- 

riblementau  milieu  de  vous,  que 

vous  en  feres  en  mefpris  &  en  de- 

teftation  aux  autres  nations,&que 

vo^  toberes  enfin  en  perditio  eter- 

nelle.  Au  lieu  que  fi  vous  y  croyes, 

outre    Tincroyable    fatisfa6lion 

qui  vous  reuiendra  de  la  connoif- 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.    $61  Cha.  U^ 
fance  dela  vcrite,  &:  la  confola- 
tion  inenarrable  que  vos  ames  ea 
receuront  en  ce  fiecleicy,  vous 
feres  quel  que  iour  poireflfeurs  dc 
riieritage  qui  eft  lahaut  enlalu- 
micre.     Voila  les    propos   que 
noftre  Seigneur  lefus  leur  tint 
alors,  puis  apres^f^achant  bien 
quelle  eftoit  lamauuaifevolonte 
defesennemis^&rheuren'eftant 
pas  encore  venue  des*y  expofer,'il 
fe  retiradoucement^&fecachade 
leur  prefence.    Ory  a-t-il  certes,     f^  37. 
aregarderla  chofe  en  elle  mefme,  ^«v/T«/?** 
vn  merueilleufemcnt  grand  fujet  ^fXiTTJdt 
d'eftonnement.  que  lefus  ayant  ^«^^  ^^  »« 

£•  r      •  .  Ill  crenrent 

ait  de  miracles  de  leur  temps,  ^imen  luy. 

&  en  leur  voifinage^,  &  mefmes 

deuant  leurs  yeux ,  leur  aueugle-- 

ment  fut  neantmoins  fi  grand,& 

rendurciflfement  de  leurcoeurfi 

extreme  J  quilsne  creurent  point 

en  luy,  &:  ne  Ic  reconnurent  point 

Mm  3 


Cha.il*  j6z    ParaphraJeJurl'Euangilede 
f.  38.    pourle  Meffie.    Mais  toutesfois 
jifinqueu  qj^    j^g    s'^ii     emeruciUera    pas 

fame    dl  1     r 

/Aide  Fro^  tant,  fi  on  conlidere  qail  rauc 

thetefufl  ac  •  n  /  1  • 

€9mfiie,u   que  tout   cc   qui  a    elte  prcdit 
rvt^L'^r!  par  les  fainds  Oracles  ,  arriue. 

quiacreua    Q^j-    ^jj^fj    ^    ^jfl-^        aCCOmpll     CC 
nojtreparole^  T 

&  a  qui  eji  qui    a    efte   die     par   le    Pro- 

reueie  le  has    ^t  m  -  1       -1 

dHSeiinenr.  ptiete  tlaie  ,  quaud  11  com- 
mence ainfi  cet  admirable  en- 
droit  de  fes  reuelations  ou  il  de- 
crit  fiexadementles  fouffrances 
duMeflie.  ^Sfi^^e/zr^dit-il,  com- 
me  tout  eftonne  de  ce  qu'il  y 
auoit  fi  peu  de  gens  qui  priffent 
garde  &  a  la  parole  de  rEternel,  & 
aux  admirables  oeuures  de  fa  puif- 
fance ,  ^ui  cfl- ce  d'entre  Icshommes 
qui  iX  creu  a  nojlre  Predication  j  &  a^ 
qui  cfice  m'd  efleconnn  ^  reueie  ce 
Lras  de  i* Eterncl  qui  faitdes  chofesjt 
mcrueilleHCcsf  Carcela  ne  s'eftant 
iamais  fi  hautemcnt  verifie  que 
lors  que  lefus  s'eft  manifefle  aux 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     565  Cha.  li^ 
luifs,  ileft  particulierement  ap- 
plique a  cc  temps  la ,  come  ayanc 
cfte  deftinea  predire  leurincrc- 
dulice    &   Tincroyable    mefpris 
qu  lis  one  fiit  de  toutes  fv s  ocuurcs, 
Et  rant  s'en  faut  qu'il  y  ait  fujct  de      T'Xtf^nt 
s>cftonnerde  ce  quMeft  ainfiar-  -^^-fi 
riue,  quHi  y  en  auroit  bcaucoup  '^^^^^^\^ 
plus   s*il    eftoit    arriue     autre-  fa^edu^ 
ment.veuceque  le  mefme  Pro- 
phete  auoit  encore  dit  d'eux  en  vn. 
autre  paflage.  Carcftant  impof- 
fible  qu  il  arriue  que  les  hommcs 
croyent,  fi  Dieu  ne  deploye   en 
eux  Tefficace  de  fon  efprit^Si  Dieu 
ne  la  deployant  iamais  en  ceux 
de  qui  il  a  predit  qu'ils  ne  croi- 
royent  point,il  eftoit  abfolument 
impoflible  qu'il  arriuaft  que  ceux    ^   ^^^ 
cv  creuffent.  Et  voicy  coinrne  en  ii^^^^tH^^ 
parle   le  Prophete.    //  ^,    dit-il^  ,i^aendur- 
Mctigleieursycux  y  ila  cndurctleHrs  ^fn  ^uiu 
cmrs  :  tellement  quils  ne  ojerront  2sJZT& 

Mm  4 


Cha.Ii.  $64.  n^draphrdfeJurl'Euangiledc 
n'entendent  foitit  dc  kursjeux,  &  qHils  n'en^ 
dftcasur,  &  tendront  point  de  leurs  cceurs  ^   & 


€onuertu»       aU  lls  Ylt  fc    COYlUCTtlYOnt  pOlYlt^ 
f^  que  teles    ^    ^  1  /  .   ^  ^ 

fuerife  ,  c^H  US  nejtront^omt guens,  Sepeut- 
il  dire  plus  exprefTement  que 
ceux  dont  il  eft  parle  la^  auront 
leurs  entendemens  pleins  de  te- 
nebres ,  &  Tefprit  infenfible  au 
bien  ;  de  forte  qu'ils  n'appcr- 
ceurontpointIaveritedcDieu,& . 
qu'ils  n  en  connoiftront  aucune- 
ment  la  beauteny  ['excellence  ^&: 
qu'ilsdemeurerontimpenitens  & 
cndurcis  en  leurs  peches,  &  qu*en 
fuite  ils  n  en  receuront  point  la 
remifTion  ny  la  grace?  Car  quant 
a  ce  qu  il  eft  dit  que  c  eft  Dieu  qui 
le  fait  3  cela  fe  doit  entendre  quii 
nefait  pas  les  chofes  quiferoyent 
abfolumentneceffaires  pourpro- 
duirevn  effetcontrairc  :tellemec 
qu  il  eft  dit  aueugler^qudind  il  n*il- 
lumincpas^cjT'  endurcir  ^  quand  il 


Icfus  Chrifi  felon  S,  lean.  f6$  Cha.  lu 
namollift  pas lecoeurdes homes. 
Car  au  refte  rentendement  de 
riiommeeft  de  fa  nature afleste- 
nebrcuxj  &  fon  cocur  naturellc- 
mencaflesdur,  fansquil  foitbe- 
foin  que  Dieu  y  employe  quelquc 
cfficacedefa  vertupour  Tobfcur- 
cir&  rcndurcirdauantage.  Mais 
parce  quece  qu  il  n*illumine  pas, 
&  ce  qu  il  n'amollifl:  pas,  illcfaic 
pour  de  bonnes  &  fages  raifonSj&r 
parvnevolontearreftet ;  &  parce 
que  Teuenement  de  Tincredulite 
&de  rendurciflement  sen  enfuic 
audi  ccrcaincment  &  aulliineui- 
tablemenr,  que  s'ily  deployoit  fa 
vertu  ;  &  enfin  parcc  mefmes  que 
Tobjet  exterieur  de  fa  parole  qu  il 
fait  annoncer,  &  desoeuures  ad- 
mirables  qu'il  prefente  a  con- 
templer,  feruent  encore  contre 
leur  nature,  &  comme  on  dit,  par 
accident,  aaugmentcr  Taueuglc- 


pha.  II.  s^6    Paraphrafefur  lEuangile  de 
ment    &  rendurciflemenc     des 
incredules,  TEcriture  ne  fait  point 
t,  4t.    dedifflculte  d'en  parlercommc 

dTiSyt'  ^  ^^y  "^^^^^  y  agifloit.    Ainfi  ne 

^H^ndiivid  ^^^x.{\    point    trouuer  eftran^e 

<r^/«;.,c^     qua  en  ioit  arriue  de  la  racon. 

^Y»  e  uy.  (^^j.£f^j^  j[j.  ces paroles,  lors  que 

le  Seigneur  Icfus  luy  apparut,  & 
qu'ille  videnfa  gloire  ,  feant  fur 
fon  Trone  haut  eleue,  remplif- 
fant  le  Temple  defespans,  enui- 
ronne  de  Seraphins  ,  qui  fe 
tenoycnt  en  toute  forte  de  reue- 
renceen  fa  prefencc  ,  &  qui  le 
louoyenr  &  magnifioyet  d  accla- 
mations qui  ne  conuiennent  fi- 
non  a  celuy  qui  eft  Dieu  benit 
eternellement  ,  &  TEtcrnel  des 
armees.  Car  c'eft  de  lefus  qu  il 
faut  entendre  cette  admirable  vi- 
iionqueleProphetcrapporte  au 
V  I.  de  fes  Reuelations  ,  &  qu'il 
faut  interpreter  \z^  propos  ^u  il 


lefus  Chrifl  felon  S.  Tern.  ^6j  Cha.ii? 
tintaroccafionde  fadiuine  pre- 
fencc.^  Neantmoins,  pour  re-  /;j^^^^. 
ucnir  a  mon  propos ,  Taucusle-  p^^^fi^^rs  des 
ment  de  ces  gens  n  a  point  cite  li  mtimes 
vniucrkl,  &  Dieu  na  point  tel-  /^^^  ^^i^ 
Icment  abandonne  cette  nation  a  i\"'-!ff'''l 

fejotet  point 

fon  incredulite,  qu'il  n'ait  touC  ^^^«A^  ^« 
jours lait  relplendir  quclquc  rayo  defeur^uHs 
de  fa  veriteau  milieu  des  tenebres  Zi7h7rlds 
les  plus  epaiflfes.     De  forte  que  '^Jx*"^^'". 
parmy  cette  obftination^il  ne  laiC 
la  pasde  s'en  trouuer  plufieurs,  & 
mefmes  des  principaux ,   &  de 
ceux  quiauoient  autorite  au  gou- 
uernement,qui  reconnurent  bien 
que  lefus  eftoit  ce  qu'd  fe  difoir, 
&  qui  en  demeureret  conuaincus 
en  leurs   coufciences.     Mais  ils 
n'eurent  pas le  courage  dele  con- 
feflfer  ouuertement,  acaufe  dela 
violence  des  autres,  &  desPhari- 
fiensnommement;de  peurqu'on 
n'executaft  contre  eux  cet  igno-; 


Cha.Ii.  j(58  ^araphrafeJiirtEuangilede 

minicux  arreft  d'excommunica- 

tion  dont  i  ay  parle  cy-deflus,  & 

^   ^^^    qu  ils  ne   fuflfenc  honteufement 

cariisont^  icttcs  Kors  dc la  Syna^oeuc.    Car 

Ugioiredes  ils  oiit  micux  aimc  ie  conlerucr 

Ugioirede^  -leur  propre  gloire ,  que  procurer 

^'''''        celle  de  Dieu  en  faifanc  profef- 

fiondefaveritc.    Aufli  a-t-ilfal- 

lu  qu  lis  fe  foyenc  contentes  de 

ccUe  quivienc  des  homnics.  Car 

quant  acclle  que  Dieudonnej&: 

dont  il  remunere  gratuitement 

ceux  quicroyentde  coeur  aiufti- 

ce  y  &c  qui  font  cpnfelTion  de 

bouclie  a  (alut,  il  n*eftoit  pas  rai- 

fonnable  qu  ils  y    pretendififenc 

f.44-      aucuneparr.  Er  toutesfoiF,  6  ad- 

s'ef^ria&    mitable  cliarite :,  lefus^pour  Mn- 

fi/Z^/I'  credulite toute entiere& lendur- 

fronpomte^  ciflement  des  vns ,  &  pour  lafoy 

ceUyqui     tiede,  langjuiflante,  &euanouiU 

lante  desautres,   nelailia  pasde 

continuer  a  procurer  le  lalut 


hju$  Chrifl  felon  S.Itanl  $i^  Chalxx? 
d*eux  tous^redoublatjCefembloit, 
foil  afFedion  &  fon  zele  ,  a  tne- 
furcque  le  mal  des  autrcs  feren- 
ioiQpit.  Carilfcmit,non  plusa 
dire  fimplement ,  mais  a  crier, 
afind'exciter  leurs  efprits  par  Te- 
clattant  &  extraordinaire  fon  dc 
fa  voix  ;  Ne  vous  figures  pas ,  6 
hommcs^qucce  foitchofede  pen 
d*importance,&que  vous  denies 
tenirapeu  presindifFerente^^que 
de  croire en  moy,ou  de  n  y  croirc 
pas ,  de  rcceuoir  ma  parole,  ou 
de  la  rejetter.  Celuy  quim'a  en- 
uoye  eft  le  grad  Dieu^^qui  tient  en 
fa  main  la  vie  &  la  mort,les  peines 
&lesrecompenfes  eternclles.  Sca- 
ches  done  que  qui  croit  en  moy, 
ne  croit  pas  tat  en  moy  qu'il  croit 
en  luy  ,  &  que  c'eft  fur  luy  que 
lafoy  parlaquclle  on  me  rcqoic, 
commefonEnuoye^feporte.  Et  i^t^ulm^ 
ne  luges  pas  de  moy  par  hnfirmi-  7eiu{ 


veit ,  il  voiP 


cha.  u.  57^^    TaraphrafeJurtEuangilede 

m'^  enu^je.  ^^  ^^  laquellc  vous  inc  voyes  re- 

ueftu,  ny  parlepeu  de  pompc  & 

d  orncment  qui    enuironne  ma 

perfonne.    Il  y  a  en  moy  infini- 

ment  plus  que  vousne  iuges  des 

yeux  de  vos  corps  -,  &  11  vous  y 

cftes  attentifs  de  ceux  de  vosef- 

prits,  vo^y  apperccures  emprein-' 

te  Timage  du  Pere  celefte.    De 

forte  que  qui  me  contemplejCon- 

temple  celuy  qui  ma  enuoye,  & 

remporte  de  cette  contemplatioa 

la  mefme  fatisfadlion  &  le  met 

lefuist'nu  ^^  auantage.  le  le  vous  ay  defia 

««  wonde    ditdiuerfes  fois.  &le  vous  repetc 

afnquequi  eiicore ,  &  le  vous  inculqueray 

'ePmoTne  iufquesa  la  fin.  le  fuis  laLumiere 

demeHre      j^  yerite  &  dc  vle ,  qui  fuis  venii 

fomt  en  te^  '     i 

nshns.  au  monde,  &  qui  y  dcmeure  pour 
Teclairer  ;  c'eft  pourquoy  tandis 
que  i'y  fejourncrayj  la  fplendeur 
de  cette  lumiere  rayonera  fur  mes 
paroles  :  afin  que  quiconque  ^ 


'lefis  Chrifi  felon  S.  lean.      571  Cha.Ili 
ouurirales  yeux,&s'en  laiiTeraiU 
Iuminer3&:  croira  veritablement 
en  moy  ,  celuy  la  forte  des  te- 
nebresdanslefquelles  il  chemine 
naturellementj&marcheenreu- 
reteverslefalut&la  vie.  Quanta   Etfilllum 
ceux  qui  ecoutentmes  paroles,  &  tT&Z7Z 
qui  neantmoinsn  y  croyetpointj  ^^'^^^  /""'^^^ 

r    •  1     •         r       J      1'  ^.    ,     .      ienele  tuge 

11  le  voulois  vler  de  lautonte  de  foim: carte 
luge  de  laquelle  mon  Pere  ma  re-  ZnupouT 
ucllu ,  ie  les  condamnerois  dcs  '^^ZlZZ 
maintenant.  comme  ils  en  don-  >««<^''  ^« 
ncnt  trop  de  lujec,  &  lis  auroyent 
a  rem  porter  autantderuine  &de 
defefpoir  de  leur  cbndamnation, 
que  ceux  qui  croyent  en  moy 
remporteront  de  confolation  & 
de  ioye.    Mais  pour  maintcnant 
iedifFereTexercicede  cettepartie 
de  ma  charge  de  iuger  &  de  conJ 
damner:  parce  qu'en  ce  mien  pre* 
micraduenementiene  fuis  point 
ycnu  pourcxercer  cettc  forte  dc 


Cha.il.  57^  H^araphrafe  JurtEuangilede 
iugement  centre  le  monde.  La 
fin  &:ledefrein  de  ma  venue,  eft 
rillumination  da  monde  par  la 
parole  de  mon  Euangile,  la  re- 
miffion  despechespar  mafatisfa- 
6tion ,  &  la  iou'i flance  du  falut  en 
confequence.  C'eft  pour  cela  ' 
que  ie  parle  a  vous  :  c'eft  pour 
cela  que  ie  vous  exhorte  ,  &c  que 
ie  vous  tends  les  brasatousrc'eft 
pour  cela  que  ie  vous  inuite  a 
venir  a  moy  j  c'eft  pour  cela  que  ic 
m'approche  de  vous ,  &  que  ie 
fais  routes  chofespofliblesencet- 
te  miennefondion  d'Enuoyedu 

^^    ^3      Pere  de  la  haut,  pour  vaincre  la 
ceiuy  qui  (lm;ete  de  vos  ames.    Car  quant  a 

me  fciette ,  n     1  1*1 

a^ne  revolt  ceQuicft  dc  VOUS  condamner  ,  il 

point  met  >  n  \      r    ' 

paroles,  il  ^  n  cn  elt  pas  belom  mamtenanr 
r;p:  Celuy  qui  me  rejette  ,  &  qui  ne 
^uefaypor^  Tcc^oit  polnt  Ics  paroles  de  vie  que 
ceUe  qui  le  ic  luy  anttonce,  il  ne  manquera 
'dfrnurtolr'  p^s  ny  dc  tcmoin  ny  deiugelors 

^  qu'il 


•    jejks  Chrifi felon  S.  ledru       J75  Gha.  j^ 
quilfera  temps  delecondamnen 
La  Parole  de  verite  dc  kqueflc  ic 
fuis  porteur  de  la  part  du  Pcre, 
dont  la  bcaute  &  rexccllencCj&  la 
VGrtuparoiftradasvne  haute  eui- 
dence  au  iour  dii  dernier  iugcmetj 
^  dot  il  demeurera  lots  couaincu 
en  fa  confcience ,  fera  celle  qui 
ferales  fonitions  St  d  accufateur 
&  de  ternoiii ,  pour  procurer  fa 
condamnation  deuant  le  grand 
luee  derVniuers  en  cettc  iournee.     ,      , 
Si  la  doctrine  que  i'annoce  eftoit  carienay 
de  mon  cru,&  que  ie  me  fulTe  tc-  ^^Jl^tll'yj 
merairement inhere  dans  les  fon-  f  ^M-'^^'*: 
^ioris  de  ma  charore^  vous  pour-  ^*'»  ^»^ey^^ 
fies  penler  que  les  choks  que  le  commande 

1  •  r  J       ment  de  ce 

^ous  dis  mamtenant^eroyent  dc  ^«,  i,^,i, 
-vaincs&  d'inutiles  terreurs.Mais  f^[  ^^^^' 
teh€s  pour  indubitable  tout  ce 
'que  ie  vous  mets  en  auant  tant 
en    promelTes  quen    menaces* 
Car  ie  n'ay  point  parle  de  par 
■  -M- :     Nn 


Cha^ri^  J74  n^^rdfhrafefurl'Euangilede 
nioy-mefmc,&n'ay  point  ciitre- 
pris  la  charge  que  Tex^rce^de  mon 
iimple  mouuement.  Le  Perc 
qui  m*a  enuoye  ,  m'a  donne  mes 
inftru6tions  &  fes  comman^^ 
mens  {iexa£tement,  que  tout  ce 
que  ie  dis,  tout  ce  que  iepropofe, 
foiten  particulier,{oit  en  public, 
tout  cela  eft  abfolumentconfor-^ 
f'  50-      me  a  fes  ordrcs.   Et  comme  ie  nc 

[mcommm  mc  ((^autoy  tromper  en  cequeie 

t^ZrL,  fais3ainfinetrompe>j.e  perfonne. 

Les  cho!ei_  Q^j.  j^  fcav  Quc  fon  commander 

done  que  te  1     '  |  • !        >  1  /    J» 

dis.ieiesdts  mentjiequelilm  aordonne  d  an> 
7^  p.ro;?'^  noncer  ,  donnera  mdubitable- 
"^'^^  ment  la  vie  bien-heureufe  &  cter- 

nelle  a  ceux  qui  le  -rceeuront. 
Tenes  done  cela  pour  certain,quje 
toutesles  clioles  que  ie  dis^ieles 
dis  ainfi  que  monPeremeraor- 
donne,  &pourtant  fi  vous  aues 
quelque  foy,  &  quelque  reueren- 
ce  pour  luy,  vouslesdeues  rccc^ 
uoir  comme  tellcs* 


iejks  Chrifi  felon  5.  leani    575  Cha/13^ 
CHAPITRE    XIIL 


Rvn  iour  deuant  la  fo-    ^;J;,^^ 

fennite    ordinaire  de  la  ^^pdevaf 

?efte   de  Pafque  ^  fur  le  ff^chant 

foir,  lefus  fcjachant  que  Theure  t^y/venua 


que  s'eheurs 
ejloit  venue 

eftoit  venue  enlaquelle  il  deuoit  ^^l*'Jf'^^^ 
a  traucrs  fcs  combats  ^  &  par  le  ^  /^«  ^^^j 

r         fir  •  rL     ■  rr       J       comme  awfi 

lucces  de  ies  vidtou'es ,  paiier  de  /«/  qu'u. 


il  Ies 


p  .   , 

J        •  -n  '  -1-.   eufi  atmeles 

ce    monde  icy  au  Pere,  vouiut  y^/^,  ^«,- 
monftrcr  que  cbmiiie  il  auoic  'fi'^'fi' 

.  i  ^  monde  ^  tilt 

aime  fcsDifcipIes  pcndat  le  temps  ^tmajuf 

».|  .         />  .       ^         /  \       ques  k  l(h 

quil  auoit  icjourne  au  monde /^>. 
auee  eux  ,  il  continubit  en  Ies  y 
laiflant^ deles  aff&^ion^er  touf- 
jours  ardemment  Uifqucs  ala  fin. 
Ce qu  il  fit  en cette  forte.  line laif- 
foit pafifer  aucune des  ceremonies 
deIaLoy,qu'il  ne  pratiquaft  foi- 
gncufemet,  parce  qu'elles  eftoyet 

Nn  a 


de  rinftitution  de  Dieu ,  & fi  I'E- 

glifecl'irrael  auoitadjoufte  quel- 

que  chafe  a  leur  celebration ,  par 

quelque     couftume    innocente 

d'elle  mefmej  &  au  refte  cofirmee 

par  rvfage  d'vn  long-temps :,  il 

s'y  accommodoit  volontiers,  afia 

de  ne  donner  aucuji  fcandale  a 

peifonne.Or  c  eftoit  la  couftume 

ence  temps-lade  fairelaceremo- 

nie  de  la  Pafque  de  deux  foupers 

.  Gpntinues^  mais  difFerens  pourtat, 

auecquelqiiesparticulieresobfer- 

uations^  commeles  autfes  Euan- 

geliftesen  ontlaifTedes  enfeio;ne- 

^ meni?  afles  ciiides  dans  leurs  Euan- 

giles.  lefus  done  eftat  obligt^a  cau- 

fe 'd^  riiSure  (©fa  paflioA  qui  s'ap- 

proclipit^  ou  de  ne  celebrer  point 

du  tout  cettc/ceremonie  a  cette 

Yois  >  6u  de  deuancer  de  quelque 

temps  lesautres  ^  &  dene  la  pra- 

tiqucr  pasprecifemedt  au  ibur  at 


leftls  Chrifl  felon  S.  lean,      fjj  Cha.  ly^ 
iigncjiugeabeaucoupplusa  pro- 
pos ,  &  pour  de  tres  fages  &  tres- 
importantes  raifons  3  de  ne  s'ad- 
iufterpasaueclcrefte  de  la  nation 
qiiantautempSj  que  d'obmettrc 
abfolumet  la  pratique  de  la  chofc 
mefme.   Comme  doncil  faifoii:    Et  ^a^res 
la  Pafque  auec  fes  Difciples  a  la  }t4M!^ 
facon  ordinaire,  ils  vinrent  a  la^^^'^^  ^^A-* 
hn  du  premier  louper.   (Or:  Ic delude i/. 

D.    1    1  -11  cariotfils  de 

lable,  qui  de  long- temps  cor-  simoHde  h 

jrompoit  de  plus  enplusTefprit  de^''''^''^ 

ludas  Ifcariot  fiis  de  Simon^auoit     . 

par  fes  tentations  porte  fa  m^f- 

chancete  a  vntcl  degre,  quilluy 

auoit  mis  au  coeur  &  fait  conce- 

uoirledeflfeindetrahirlefuSj&de    '^.  ,. 

le  liurer  a  fes  aduerfaires  )  Ce  pre-  'ff^^f^f 

mier  fouper  eftant  acheue,  lefus^^^^^^^'^^- 

le  mit  a  raire  vne  a£tion  qui  eult  chores  entre 

pen  fembler   d*abord  beaucoup  ^-J^y^,^; 

deroo-er  a  fa  dignite,  mais  a  la-  '^*f'^Z 

quelle  il  fut porte  par des  motifs^  »»»• 

Nn  3 


Cha^  13^  578!    Pdraphrafc  furl'Euangile  de 

cntierement  admirables.  Caril^ 
nignoroit    nullement    ce  qu'il 

,  eftoit  ,  ny  quelles  eftoyent  les 

gloires  qui  luy  eftoyent  pre- 
parecs.  Il  fcjauoit  bien  que  fon 
Pere  luy  auoit  donne  puiflance 
fur  toutes  chofes ,  tant  aux  cieux 
que  dans  la  terre,  pour  en  difpofer 
abfolumcntafavolote.  Il  fc^auoit 
que  fon  Pere  Tauoit  cnuoye  da 
del  icy  bas,  &  luy  auoit  donne  la 
Commiflion  la  plus  glorieufe  &5 
la  plus  fouueraine  qui  pouuoit 
tombercn  lapenfeedeshommes. 
Il  f^auoit  enfin  qu'il  deuoit  bien 
toft  ifetourner  vers  fon  Pere  dans 
le  del  ,  &  que  fes  foulFraneesne 
rempefchcroyent  pas  demonter 
la  liaut,  pours^affeoir  a  fadextrc 
en  magnificence.  Etneantmoins 
il  nc  laifla  pas  de  s'abbaiffer 
iufques  au  point  que  ie  vais  vous 

^  tchH^dfi  reprcfenter,    Il  fe  leua  done  dc 


If  Jus  Chri  ft  felon  S.  lean     57^  Cha.  i^l 
table  dcuant  tous,  &corames'iI  /,«^,^,^ 
cuft  efte  le  feruiteur  de  la  com-  l^^'^^'/^f^ 
pagnie,il  mit  bas  fon  habillemcnt  ^^^»f  pris 
cxcericur ,  &  ne  garda  que  la  tu-  s-m  cetgnit, 
nique  qu*il  portoit  la  plus  prochc 
defaperfonne,  comme  auoyent 
accouftume  de  faire  ceux  qui  fc 
VouloyentappUquerauec  plusdc 
facilite  a  quel  que  miniftere  cor- 
porel.  'Puis    ayant   mis  deuant 
foy  vnlingc  proprca  efluyer^ils'en 
ceignit  a  lentourdes  reins  ^  pour 
empefcherquelatuniquene  flot- 
taft  J  &  qu'ellc  ne  rembaraflaft 
dans  Tadion  qu  il  entreprenoit, 
Cela  fait  ^  pour  ne  rien  oublier  dc    t.  r. 
ce  que  ies  leruiteurs  ont  accoultu-  i^e^dans 
me  de  faire.  il  verfa  de  Teau  dans  J^rflt 
vn  baflin.  puis  en  cet  cftat  la  il  "^f^^jpi^^s 
sapprocha  de  ies  Diicipies,  &  le  &iesefuyer 
mit  a  leuriaueriespiedSj&puisa  queui  eftoit 
Ies  efluver  auec  le  linee  dot  il  etoit  ''"'''• 
cemt.  Ayant  done  comcnce par  ^  ^  ^,v^ 

Nn  4 


Cha/i3-  ySo  Paraphrafe  fur  tEuahgile  dc 
dmc  ^  Si-  vnboutde la  table,  &ceux  a  qui 
^cn  Pierre:  il  s'eftoit  addrcfle  premieremenc 
luy  dit :  Set'  k  laifl  as  tairc  par  relpect ,  dau rant 
wJ./«  X;  qu  ils   n  ofoyent    controller   les 
^'^'''"        adios  de  celuy  enquiilsauoyent 
iufques  alors  reconnu  vne  /i  ad- 
mirable fapienccil  continua  vers 
les  autres  dVn  mefme  train.    Il 
yint  done  a  Simon  Pierre,  &  luy 
envoulutfaireautant.  Mais  Pier- 
re ne  rcgardan  t  pas  tant  a  la  fagef- 
fc  que  lefus  auoit  fait  paroifte  en 
toutes  fes  autres  anions,  qu'a  fa 
dignite.,  au  deffous  delaquelle  il 
luy   fembloit    qu'il  sabbaiiToit 
trop ',  &  principalementen  leur 
cndroit:,  refufa  dabord  qu'il  ne 
le  fift  a  fa  perfonne,  &  luy  dit:  Sei- 
gneur, qu'eft-ce  que  cela^^  que 
veux-tu  dire,  que  turnelaues  les 
pieds?Toymon  Maiftre,  a  moy 
tonDifciple?  Toyle  Filsde  Dicu 
benit  eternellement,  a  moy  mi- 


Jefus  Chrifi  felon  S.  lean.       )U  Cha.  I5'. 
fcrable  pccheur  ?  Ce  mouucmcnt     ^.  ^^ 
de  rcfped^  dliumilite  nc  de-  ';/;;f';^; 
pleut  pas  au  commcnccmei\t  a  ^'^•*  r«  »^ 

■T  r  _/^/j«i  point 

noftre  Seigneur  ^  par  ce  que  Ion  mamtenant 
adion  ayant  quelque  chofe  d'c-  Zlullu 
ftrange  a  la  premiere  rencontre  /i^^«^^^9'^ 
de  la  raifon,  Pierre  n'en  auoic 
encore  pu  confiderer  ny  appro- 
fondir  les  caufes.  Etneantmoins 
n'eftant  pas  a  propos  que  lefus 
les  lay  decouurift^  il  fe  contenta 
de  luy  dir^  doucement  :  Tu  nc 
f^ais  pas  encore  pour  cette  heure, 
Pierre ,  pour  quelle  occafion  ic 
fais  cecy.  Tu  lefc^auras  dans  peu 
de  temps.    Pour  le  prefent  con- 
tente-toy  que  i  en  ay  de  bonnes     ^.  g. 
laifons ,  &  me  laiffc  faire.   Mais  5'>^^;^«r 
Pierre,  quieftoitdVn  naturel  vn  rneUuer^s 
peu  vehement,  &  qui  d  aiUeurs />/v;i.  lefm 
voyoit  que  lelusnauoit  pas  pris  ^,v  „/,w^. 
cette  premiere  refiftanceen  mau-  ''"'  ^«5^«' 
iiailepart^parccquelleprocedoit  p^''  ^«^p 


Cha.  13.  581  ParaphraJeJurtEuangile  de 
.  de  la  reuerencc  qu'il  auoicpouria 
dignite  dc  fa  perfonne,  fe  per- 
fuadaaifement  quesilyperfcuc- 
roit,  cela  luy  feroit  encore  plus 
agreable.  C'cftpourquoyil  ref- 
pondit  incontinent  i  Non  ,  Sei- 
gneur, ie  n'endurcray  iamaisquc 
tutefaflesatoy-mefme  cettein- 
dignite  ,  que  de  lauer  les  pieds  a 
vne  fi  chetiue  creature  que  ie  puis 
cftre.  Alors  lefus  voyant  que 
deformais  c'eftoit  trop,  &  quil 
deuoit  auoir  cede  en  prenant  fon 
commandement  pour  routes 
xaifonsjil  luy  fit  vne  repliqueplus 
ferme  qu  au  parauant ,  &  dans  la- 
quelle  iieantmoins  felon  fa  cou- 
ftume  il  tira  Tefprit  de  Pierre  de  la 
confideration  de  cette  adion^qui 
lieregardoit  que  le  corps^a  des 
chofesplus  eleuees  ,  &  qui  con- 
cernoyentlefalutde  I'ame.  lefus 
luy  dit  done :  Si  ie  ne  te  laue,  il  no 


lefus  Chrtft  felon  S.  lean.    j8j  Cha/jj^ 
faut  pas  que  tu  efperes  d  auoir 
aucunc  part  auec  moy  dans  les 
gloircs ,  &  dans  les  felicites  qui 
m'attendcnt.  Uintentiondelefus    #.  9» 
n'eftoit  pas  de  luy  dire  que  ce  la-  iuydit,sei^ 
uement  exterieur  &  corporel  dc^"^/)^^/*! 
fes  pieds  fuft  de  fa  nature  fi  necef-  j;-;  ^.^ 
faireoufieflficacleuxpourlefalut,  ^»ff  i^j 

.  ,  in  maim  &  l^ 

que  la  pratique  en  donnalt  ^  ou  u^e, 
que  romiflion  en  oftaft  Tefpe- 
ranceafesDifciples.  Vne  fi  petite 
caufenepeutproduirevn  fi  grad 
effed :  il  faut  que  ce  foit  vn  laue- 
ment  fpirituel  qui  nettoyc  Tame 
de  fes  ordures.  Mais  il  luy  vouloit 
dire  qu'eftant  tel  qu  il  ne  pouuoic 
cfperer  aucune  part  en  luy  ny  en 
fonfalut^s'il  ne  le  nettoyoit  fpi- 
rituellemcnt  ,  il  fe  deuoit  bien 
rapporter  a  luy  des  raifons  pour 
Icfquelles  il  vouloit  ainfi  lelauer 
corporellement,  &acquiefcer  en 
humilite^fans  contcfter  dauatage. 


Cha.  Ij.  5S4  n^araphraJeJurtEuangilede 

Et  cette  admonition  fut  de  telle 
jcfiicace  enuers  Pierre  ^  qu'encore 
qu  il  ne  fceuft  pas  pourquoy  le 
Seigneur agifroitainfi,&  qu  il  ne 
comprift  pas  mefmes  parfaitc- 
ment  ce  qu  il  difoit  de  la  vertu  de 
fon  lauement^  &  dcs  fruids& 
auantages  qui  reuiennent  de  fa 
fainte  communion  a  ceux  qu'il 
nettbye  ,  (i  eft-ce  que  connoif- 
fant  bienqu  il  luy  difoit  quelque 
chofe  de  iingulierement  impor- 
tant, &de(irantfurtQUtcschofe5 
den'eftre  point  exclusde  la  parti- 
cipation a  fa  felicite^  il  luy  ref- 
pondit :  O  Seigneur,  cela  eftant 
ainfi,ie  fouffriraynon  feulemenc 
que  tu  me  lauesles  pieds,  maisie 
te  prieray  de  ne  t'en  arrefter  pas 
la^&de  melauer  encore  la  tefte& 
les  mains,  de  forte  qu  il  n  y  ait  rien 

en  toute  ma  perfonne  que  tu  ne 
f'   10.  _  r  1      7^ 

M^i^tuydih  nettoycs.   Par  ces  paroles  Pierre 


Icfus  Chrifi  felon  5*/  lean.     585  Cha.  ijj 
reconoiflbic  que  depuis  les  pieds  ceiuy  qui 
iufquesa  la  teftc  iln  y  auoit  rien  f/^"*^'/^ 
d*entier  enluy,  &  que  naturelle'  ^^  ^^^^^  i^» 

.%     r\      '  piedsy  mats 

mcntileltoitcorrompuentoutes  eA^m  net. 
lespuiirances  de  fon  corps  &  dc  ^nVtfTmll 
foname.  Deforte  quiiauoifbe-  «'»»?^^*«^- 
foin  d'eftre  nettoye,  tant  a  Tegard 
de  la  coulpe  du  peche^,  par  fon 
abolition  3  qu^aTegard  de  fa  cor- 
ruption &de  fon  vice,  par  la  fan- 
dification.    Car  le  lauement  eft 
prorprc   a/  reprelenter  Wne     & 
rautre  decesdeux  chofes.  Etcet- 
te  reflexion  que  S.  Pierre  fit  ainfi 
fur  fa  nature^fut  agreable  a  noftrc 
Seigneur.  Maisneantmbitisilluy 
voulut  faire  coprendre  qu  encore 
quil  fuft  tcl  naturellemenc  ^  (i 
cft-ce  que  la  connoiffaricc  qu'il 
auoit  eucde  luy^&la  foy  par  la- 
quelle  il  lauoit  embraffe  y  neluy 
auoit   pas   efte    inutile;     Parcc 
qu  outre  la  remilfio  defespechefe 


Cha/ilj.  ^U  ^araphrafe  fur  rEuangitede 

qu  il  auoit  obtenue  en  fa  com^ 
munion  ^  il  auoic  dcfia  bien  auan- 
ce  Foeuure  de  fa  fan6tification; 
de  forte  qu  iliie  falloitplus  finon 
continuer  de  le  purifier  par  I'ef- 
ficace  de  fa  grace.  Or  eftoit-il 
bien  vray  que  la  ^regeneration 
commence  par  Tintelligence,  qui 
eft  la  plus  haute  partie  de  nos 
ames,queDieufan£tifie  parlillu- 
mination  ;  &  qu'elle  paffe  de  la 
dans  la  volonte,  dont  elle  con-, 
uertit  &  redreflfe  les  mouuemens 
a  la  piete  &  a  la  vertu  ;  &c  que  ce 
qui  refte a  fandifier  daifs  les  vrais 
Difciples  de  lefus  Chrift  ,  afon 
iiege  principalement  dans  les. af- 
fections, dont  la  corruption  fe 
reueirlle  &  fe  manifefte  a  tous 
coups  par  la  conuerfation  du 
monde,  T ellement  que  fi  n^oftre 
Seigneur  euft  voulu  refpondre 
tout  a  fait  conformement  a  lana- 


IcfusChriji felon  S Jean.  f%y  cha/ij* 
ture  de  la  chofe  ,  il  euft  deu  fe 
feruir  de  termcs  accommodes  a 
celledeccsfacultes.  Maisilaima 
mieux  sea  enoncer  en  paroles 
propres  a  Tadion  quil  faifoit 
alors ,  Sc  continuer  fon  propos 
aucccefienDirciple,deIamefmc  - 
fa(jon  done  il  Tauoit  commence* 
Celt  poutquoy  il  luy  refpondic 
en  cette  maniere  ^  Celuy  qui  eft 
lidefia  net  quant  a  la  teftc,.  ( infi- 
Buant  tacitcment  le  fiege  de  Ten- 
-tendement)  &qui  eftlauc  quanc 
aux  mains  (deiignant  par  ce  ter-* 
me  kvolontejq.uieft  le  principal 
:i:eirort  de  nas  actions )  n'a  befpin 
iirion  qu  or^  luy  laue  les  pieds}  (fi-* 
gnifiant  pac la  les  affeitions ,  qui, 
vComme les  pieds,  tirenttoufiours 
delordurc de  la  communication 
aux  chofes  du  monde  &  aux  iji- 
terefts  de  la  terre  J .  mais  il  eft  tout 
f^^  eu  egard  au  rcftc  des  puif- 


lun 


*   Gliali^*  588    TaraffhrafeJurl'Euangilede 

fanccs  de  fori  atne.  Puis  ayant 
ainfi  prononce  cela  generale^ 
ment,  encore  que  fesDiTcipIesne 
fulTent  pas  parfaitemec  fanitifies, 
mefmcs  a  regard  deces  plus  hautes 
&  prineipales  parties  de  leurs 
*  cfprits ,  ii  eft-  ce  que  par  ce  que 
les  chofes  bien  commenGeeSj& 
qui  s*auancent  de  telleforte  quin- 
dubitabletnent  elles  viendront  a 
perfec^ioii  ,  font  affes  fouuent 
confidereescome  fi  elles  eftoyenc 
^cheueG^o  illeai  chHt  rapplica&- 
tion  >  aiiec  l*exceptibn  neceiTairc. 
II  leur  dit  done;  Or^eftes  vous  nets 
"quant  a  vousj  defoxte  que  v6us 
n  aues  plus  belbin'finon  qubn 
vdus  laue  IcsprcdsiCe  queicne 
di^  pas  pourt^nt  d^q  vous  tous 
fi  abfolument  que  ie  vucillG 
qu'ii '  ^'cftende  vniuerfellcment 
c^riiffauohz  touteUa  compagnie.  Etil  ad- 
^^lui7fHoit  joufta  cela  parce-quil  f^auoit  bien 

qui 


iefus  Chrifl  felon  S.  ledH.      '589  Cha,  13 
iqui  cftoit  celuy  qui  le  dcuoic  .rMr.pJ., 
trahir  :  car  il  nc  vouloit  pas  que  ''»»^^''f 
cotttte  la  verite  11  priit  part  en  t^^  "*^« 
cei:telouangc.  C'eftpourquoy  il  '*'"' 
vfa  decettc  ccrrrcdion^  qu*il  ne 
le  (Iifoic   pas  abfolumcnt  d'eux 
tous ;  &ainfienconleruant  a  fes 
paroles  la  gloirede  leur  verite  :,  il 
vouloit  encore  toucher  &  reueil- 
lerlaconfcience  dece  miferable, 
Tcls  furent  les  propos  qu  il  tint    ^;m^^„i 
tsncetteadion.    Uayantfinie,  &  ^^jf^^^^^^^^^^^ 
acheue  delauer  les  piedsafesDif-  ^  refrisfts 

.1  1  rill!  'veflemgns, 

ciplcs ,  11  reprit  les  iiabillemens,  &  qu-n  ft 
s  eltant  remisa  table  auec  eux  tabiejiuur 
pour  le  fecond  fouper  felon  la  'l^f^-^l'll 
couftumc  ,  fcachant  bien  que  ?«*  '*  '^''^^ 
deux-melnnesilsne  penetroyent 
pasaflfes  auant  dans  les  inftrudios 
qu  ils  deuoyent  tirer  de  ce  qu  il 
auoit  fait,  &  quau  rcftefaparo-* 
le  y  adjouftcroit  beaucoup   de 
poids&d'autorite^  ilcommencja 

O 


a  les  cnfeigncrpar  cette  interro- 
gation. Aprcs  auoir  ainfi  atteil- 
tiuemcnt  confidere  mon  a6tion, 
cntcndes-vous  bien  a  quoy  clle 
t.  ij.     vife?  Et  come  aucun  d'entr'eux  ne 
/>e/I^*^^^^^  refpondoit,  il  continua  ainfi.  Si 
'gnt^,&    n eft-il  pas  malaife  pourtant,  a 
dtteshien:  confidcrerk  perfonne  de  celuy 

CAT  tele JHts.  .  1^/1  •     J  1. 

qui  vous  a  laue  les  pieds,  den 
tirer  des  enfeignemens  qui  vous 
foyent  fortablcs.  Vous  auesac- 
couftumede  m'appeller  Maiftre, 
&  Seigneur  j  &  vous  faites  fans 
doute  tres-bien.  Car  pour  cc 
qui  eft  de  la  qualite  de  Maiftxc^ 
vous  fcjaues  comment  iufqucs  icy 
ie  vous  ay  enfeignes.  Et  quanta 
cellc  dc  Seigneur,  outre  la  digni- 
tequi  m'eftintime  6c  cflentielle; 
outre  Tautorite  que  monPerc  m*a 
donnee  fur  vousj  il  paroiftra  dans 
peu  de  temps  de  quel  droit  vous 
m  appartenes,  &:  quel  prixi  auray 


^'lefus  Chrifl  felon  S.  leml     J91  Cha.  ij^ 
^aye  pour  vous  acquerir  a  moy. 
Si  done  moy  qui  fuis  le  Seigneur  sVdon^mcy 
&  le  Maiftre,  comme  vous  le  re-  f«'  /^"  ^' 
connoiflfes,  ipefuis  abaifle  11  has,  le  uaipe, 
nonfeulemetau  deflbus  de  moy-  fiefs  !Zm 
mefme,  mais  encore  au  defifous  ^^£/tT 
dc  vous/ que  de  vous  rendrc  vn  p^^^^i^^''' 
leruicen  abje6t  qu  eft  le  lauement 
de  vos  pieds ,  vous  iuges  afles  de 
quelle  humilite  vous  deues  eftre 
reueftus ,  &  a  quels  offices  vous 
vous  deues  tous  porter^pour  vous 
temoigner  du  refped  &  de  la  de  - 
ferencelesvnsauxautres.  Car  en  ^  ^  '^-^ 

Car  te  vous 

cctte  a£tion  ie  vous  ay  donne  vn  ^y  ^^«»^' 
•:modelle  pour  route  voltre  con-  ^nainfiqus 
uerfation  ,  afin  que  vous  ne  de-  '/^,v^'"t^«^ 
daignies  pas  de  vous  rendre  ref-  f^^'^lf'*'!''' 
pe(9tiuement  le  Teruice  que  ie  vous 
ay  rendu ;  c'eft  a  dire ,  qu*il  n  y 
^aitriendefivilny  defiabicdique 
Joyous  ne   fades  pluftoft,  que  de 
manquer  aux  deuoirs  d'humilite  ^^:r, 

Oo  %  I 


Glia- 13.  5^1   Paraphrajejur  lEudngile  de 

Sc  de  charite  aufqucls  la  profef- 

,  ^       fionqucvousfaites  vous  appelle. 

En  verite^  Si  vous  auics  Quclquc    qualite 

•vousdis,     eminente  qui  vous  releualt  au 

r«V'ilT  deflus  dc  moy ,  vous  pourries 

point  phs    trouuereftrange  que ic  VOUS  obli- 

fon  Maijire^  gcaflTe  a  VOUS  rabaifl'er  fi  bas.Mais 

pL^frifd'  toutc  la  dignitea  laquelle  vous 

^fie  ceiuy    fcaurlcs  iamais  afpirer ,  &c  qui  dc 

^ut  Is  en-  ^  n        r        /  n 

^•j^'  fait  vous  eft  referuee,  eft  que  vous 
feres  mes  feruiteurs ,  pour  pro- 
curer la  gloirc  de  mon  nom ,  & 
mes  AmbafTadeurs  ,  pour  an- 
noncer  ma  dodrine  &  ma  volon- 
te  aux  liommes.  Or  eft-cc  vnc 
chofc  tres-certaine  &  hors  dc 
toutc  conteftation  ,  que  le  (er- 
uiteur  n'eft  point  plus  grand  que 
Ton  Maiftre^  ny  rAmbaflfadcur 
plus  grand  que  celuy  qui  Ta  en- 
uoye.  Ainfi  cela  ne  vous  doit 
nullement  choquer^  fi  ie  vous 
cxhorcc  a  des  adions  aufquclle^ 


lefus  Chrlft felon  S.  learu      j^j  Cha.  ij^ 
ic  n  ay  pas  dedaigne  de  mc  rabaif- 
fcrmoy  mefme.    A  cette  heurc  stvollhs^ 
done    fans   doure    vous   fcaues  ^^^ceschofa 
diftinctemenc  a  quel  but  cctte  bnn  heu^ 
mienne  humiliation  teJoit.  Mais  ZTflttZ^ 
ccschofes  la  nc  font  pas  de  la  na- 
ture de  celles  de  la  connoiflancc 
defquelles  on  fe  pent  contenter, 
fans  eftre  oblige  de  ks  rcduirc  a 
Taftion.  Pour  lesf^auoir^Si pour 
faire  de  belles  fpeculations  dcC- 
fus,  fi  on  neles  pratique  point,  on 
n  en    eft  pas    meUleur  ny  plus 
lieureux  pour   cela,   Elles  font 
telles   que  leur^^onnoiffancc  & 
leur  contemplation  tend  a  for- 
mer la  conuerfation  &  la  vie,  Dc 
forte  qu  alors  pourres  vous  bien 
dire  que  vous  eftesheureux,  fi  en 
les  fcjachant  vous  les  faites.    En    il\]*'j^ 
leur  addreffant  ces  exhortations,  toimdevous 
11  auoit  rait ,  comme  li  paroilt,  ceux  que 
mention  deTApoftolatauquel  il  'J^i,  f^iiu 

Ooj 


clia.  13^  594  Paraphrdje  fun  tEuangile  de 
in  que  rEf-  ^^^  deftinoitj  &  leur  en  auoic  don- 
triture  foit  nerafTcurancc.  Et cck eftattt alnfi 

aecomflie^  ^  .  n 

ceiuy  qui    prononcc  gencralement^eult  peii 

mange  le  r\  f     CL  J  t 

pain  auec  cltre  trouuc  eltrange ,  quand  lu- 
Z;;^'''  das  dccheutde  cette dienite,  file 
fintaiion,  ^eigneur  neuft  premierement 
donne  quclque  clair  aduertifTe- 
ment  de  fa  cheute.  Voila  pour- 
quoy  il adjoufta  incontinent czt^ 
te  exception,  comme  vneefpece 
de  corre£tion  a  £cs  paroles.  Aix 
furplus ,  quand  ie  vous  dis  que 
vous  feres  mes  AmbafTadeurs,  ie 
ne  parle  point  de  vous  tous.  Ie 
fqay  ceux  que  i  ay  efleus  pour  cela: 
&  quand  il  fe  fera  quelque  breclie 
en  voftrc  college:,&  que  quelcun 
de  voftre  nombre  tombera  ,  il 
n  arriuera  rien  en  cela  que  ie  n'aye 
tres  diftindrementpreueu.  Mais 
ie  ne  m'en  ouure  pas  dauantage 
inaintenant ,  &  ne  veux  point 
preucnirPadionde  ccluy-la,quel 


lefpts  Chrifl felon  S.  lean.       55?;  Cha»  15? 
qu  il  foit,  en  le  tirant  du  milieu 
de  vous.  Car  il  faut  qu'il  fe  de^ 
coqure  luy  mefmc,  en  accomplif- 
fantrEcriturequiditrCeluy  qui 
mange  le  painaucc  moy,  &  que 
i'ay  traitte  commc  mon  amy& 
mon  familicr,  ccluy-  la  a  leue  fon 
talon  contre  moy,  comme  pour 
me  fouler  des  pieds  fur  le  ventre. 
Cela  femble  dit  d'Achitophel  & 
de  Dauid.    Mais  Dauid  a  cfte  Ic 
type  du  Fils  de  Thomme:  Achi- 
tophel  ccluy  de  ce  deferteur.    Or 
TEcriture  n'eft  point  accomplic 
en  telle  nature  de  chofes,  finon 
quandcequi  eft  reprefente paries 
types,  arriue  effe6tiuement.    Et    f-  ^f* 
encore  nevous  diroy-jepomt  des  namie  u 
mamtenant  qu'il  arriuera,  &iail-  «^„j  ^J,/ 
fcroisareuenemetale  remarquer  ''^'J'^^'-^f^ 
&  a    commenter    la  Prophetie,  itf*r»  '»^«*- 
finonqu*ileftainfiexpedicc  pour  i:r<?V*^«*<« 
Yous.  Afin  que  quand  vous  ver^  ^'*''''^ 

Oo  4 


resaducnir  cct  accident,  non  feu- 

lemcnt  vous  nc  vous  en  fcanda- 

lifies  pas,  &  que  yoftre  foy  aen 

rcqoiuc    point    d'ebranlemcnt , 

maismcfmesqu'ellefe  fortifie  dc 

plus  en  plus ,  &  que  vouscroyies 

dautant  mieux  que  ie  fuisceluy 

.     que  ie  vous  ay  dit ,  &  que  vous 

f  *o/    aues  reconnu  eftrc.    Enfin.quc 

'ueri(e\it     ccux  Q  cntre  vous  que  cette  pre- 

'vous  dti ,  ft    \  '  1  r     if 

eenuoyequei  dicatiou  Hc  rcgarde  pas ,  ne  Ie  de« 

r^P/H^:  couragent  point,  ny  par  ce  grand 

foit ,  me  re  abaiflfcme  t  d'efprit  que  le  vous  re- 

fnerefoit.re-  comandc  Ii  eltroittemcnt,  com- 

m'^eliojL  nie  fi  ie les reduifois  a  la conditioa 

dcs  pcrfonnesles  plus  contem- 

ptibles  \  ny  par  la  confideration 

de  ce  (candale  que  iVn  d'entrc 

vous  donnera  ,  comme  fi  cela 

imprimoit  quelque  flefl-riflure  fur 

TApoftolat.  Ladignitealaquellc 

vous  eftcs  deftines,  n  en  fera  du 

toutenrienmoindrc.  Car  ccux 


^^  Icfus  Chrifi  felon  S.  lean. '  597  cha,  13, 
que  i'cnuoyeray,  dc  la  fa^on  que 
ic  defigne  devous  cnuoycr,  au- 
rontcctauantage&cet^honneur^ 
que  quiconque  les  rcceura ,  com- 
me  mcs  Ambaflfadcurs  ^  ce  fera 
commc  s'll  me  receuoit  moy- 
mefme  ;  &iln'cn  aura  pas  tnoins 
de  gloirc  que  s'il  auoit  reccu  ma 
perfonne,  nymoinsde  remune- 
ration. Or  quiconque  me  re- 
ccura,  la  reception  qu'il  me  fera 
fera  reconnue  par  celuy  qui  m'a 
cnuoye.toutainfique'fi  elle  auoit 
cfte  faite  a  luy-  mefme.  Voyes  dc 
quelle  gloirefe  priue  celuy  qui 
machine  la  reuoltc  dontie  yous  ^  ^^y 
parlc.    A  mefure  que  lefus  difoit   ^^^^f  ^^- 

r  n  fi^eut  duces 

ces  cholcsj  Ion  elprit  y  eltant  ch<,jes>iifut 

|.        .  ^  ' r       '\   trouble   en 

cxtraordmairement  attentir,  li  effm ,  dont 
semouuoit  peu  a  peu  /  tant  dc  'j^f'f^^^ 
Tatrocite  de  Tadion  que  ce  mal-  fif^.'nveri^ 

%  _  A .  te  ,  te  voui 

neureux  ludas  meditoit,  que  dc  dii.queivm 
Thorrcur  dc  la  pallion  &  dc  la 


de  vous  me 
trAhirf^: 


:ha,  ij.  y5?8  n?araphrafcfurH*EHangilede 

croix  a  la  quelle  il  fe  voyoit  expo- 
fe,  &  dont  llieure  eftoit  li  proche. 
Neantmoins,  tandis  qui!  park, 
parce  que  la  parole  diuertifToit  vn 
peu  Ton  efprit,&  cmpcfchoit  qu  il 
nes  attachaft  fi  fermement  flir  ces 
ob  jeds,  fon  emotion  nc  parut  pas 
au  dehors,  finonea  quclque  ton 
de  fa  voix  &  en  quelquc  air 
defaprononciation.  Maisquand 
il  eut  acheue  de  parler^  &  que  11- 
dee  de  ces  deux  chofes  vint  a  faifir 
tout  a  fait  fa  fantaifie  y  elles  luy 
parureut  egalement  fi  epouuan- 
tables  ,  qu  il  en  fentit  du  trouble 
&  de  Tagitation  en  fon  efprit. 
Tellement  qu*au  lieu  qu  aupara- 
uantfes  proposfefuiuoyentd Vn 
filcontinuel,  comme  d Vnhom- 
raequialeloifird'arrangcr  &  dq 
pourfuiurc  diftindemenc  fes|)en- 
fees,il  eclatta  tout  d'vn  coup^ 
comme  pour  protefter  de  queU 


lefus  Chrifl  felon  5*.  lean.      /^^  cha.  13!" 
que  chofe  auec  grandc  emotion, 
&  declara  tout  ouuerrement  cc 
que  iufques  alors  il  s'eftoit  con- 
tente  d  mfinuer  par  dcs  paroles 
vn  peu  vagucs&  vn  peuindeter- 
nlinees.    C'eft  chofe  »  dit-il ,  cc 
femblc:,  incroyable,mesamis,& 
quineantmoins  eft  tres-certaine^ 
&  dont    vous  ne   deues  point 
douter  ,  qu  vn  d'entrc-vous  ,  6 
horrcur  l  me  trahira  dans  peu  urshsdif- 
d'heurcs.  Cette  parole  eftant  ainfi  'gli'doLtUs 
prononcee,  elle  donna  bicn  vn  "'''  ^^J*"*: 
grad  eftonnementaux  Dilciples^  duqueiupHv 
mais  elie  mit  encore  en  leur  efprit     * 
vne  beaucoup  plus  grande  per- 
plexite.    Car  Icfus  nayant  point 
nomme  celuy  duquel  il  parloit,& 
mcfmesnerayat  point  nydefcrit 
ny  defigne  par  aucune  circonlo- 
cution  ,  ny  par  aucun  trait  de  la 
veue  ,  ils  ne  pouuoyent  deuiner 
quic'eftoit,  S^nef^achant  fur  qui 


cha.  15.  goo  Taraphrafefurl'Euangtledt 
porter  leurs  foupcjons ,  ils  fe  re- 
f .  1      g^rdoyenc  auec  ebahiflfement  les 
or;.^««N  vns  les  autrcs.  Fay  die  cy-deiTus 

il  vn  des  1       r«     •  •  r* 

difeipiesde   c[\xz  \c  ScigHeur  auoit  touliours 

ufm!!Zlt^^^^  tous  fes  Difciples,  &  qu'il 

f*"' ^' 7'- continua  de  les  aimer  iufqu  a  la 

^miux.     hn.  Mais  cette  aftedion  done  il 

les  cmbraflToit^tous  generalement, 

n'cmpefchoit  pas  qu  il  n'y  en  cuft 

vn  d  entr'eux  pour  qui  il  auoit 

vne  inclination  particulierc.  Car 

ce  bon  Seigneur  ,  bien  qu'ilfiift 

Dieu  benitetcrncllementj  eftoit 

homme  commc  nous ,  &  capable 

d  eft  re  touche  en  fes  affciStions  par 

la  douceur  de  Thumeur  ,  par  la 

tendrefTe  du  naturel  ,  &  par  les 

autres  qualites  qui    pouuoyent 

rcndrc  vn  fujet  recommandablc. 

Il  y  auoit  done  vn  des  Difciples 

de  lefus ,  auqucl  (a  modeftie  nc 

pcrmetpas  ^z^z  nommer,queIc 

Seigneur  aimoit  plus  particulie- 


lefp^  Chrijl  (clonS.  lean,     ^oi  Cha,  1)1 
rcment,  &c  qu  acctte  occafion  il 
auoit  colloque  en  telle  fituation 
a  table  aucc  luy,  qu  il  auoit ,  com  - 
me  onie  couchoit  alors  fur  cer- 
tains lits  drefles  pour  cet  eflfet ,  la 
telle  dans lefein  cleIefuS:,comm® 
cftantdansfa  plusintime  fami-    \^^  ^^z 
liarite,  &  plus  fauorife  de  fes  bon  •  ^'"^r  ^*f' 
nes  graces.   Simon  Pierre  done,  HtfignequH 
que  cette  parole  de  noltre  Sei^  quiejioitce^ 
neur  auoit  cxtraordinaircment  iZhifr'*^ 
emeu,  &qui  neantmoins  n  ofoit 
interroguer  lefus  fur  cela^fit  fignc 
i  cet  autre  Difciple  plus  familier, 
qu  il  luy  demandaft  de  quiil  par- 
loit.  Car  il  efperoit  bie  qu  a  caufc 

derafFedidn  qu  il  iuy  portoit.il    ^      , 
c  r      '  11  1  f*^S' 

nereruleroit  pas  deluy  en  don-  T^r^uoy  at 

nerconnoiffance.   Alors  ce  Dif-  Zttf/ur 
ciple  fe  confiant  en  la  bonte  de  ^//f^^* 

^l  de  I  efusj  luy 

so  Maiftre/approcha  le  plus  pres  '^'>-  •^^' 
quilpeutde  lelus  ^  &  cnsendi-  #/.rf, 
^anc  dcflfus  fon  cftomac ,  il  luy  die 


filsAc  Simo, 


Cha»  I3.  6o^    PdraphrOrfc  fur  tEuangile  de 

tout  bas a  roreille :  Seigneur  ^  qui 

eft-ce?  Aprestantd'autres  temoi- 

f .  z6,    gnagcs  deriioaeur  de  ton  affedio 

^dlr^cZ  wie  le  reueleras-tu  pas  ?  A  quoy 

^u<^uei  ie    lefus  refpondit  dVne  fac^on  en  la- 

h  at  Her  ay   le  11  n  •  rC^  1 

faintrewpi,  qucUe  Oil  Hc  ^autoit  alles  aa- 
%miru  i^i^^^  lincomparable  bonte  qui 
pain  iite  e;ftoit  enfaperfonne.  Car  il  nc 
das  ic^riot  refufa  pas  a  ce  fien  Difciple  de  luy 
donnerlaconoiflfancede  ce  quil 
luy  demandoit.  Mais  parce  qu  il 
luy  fafchoit  de  nommer  pour  vne 
telle  occafion  ,  vn  homme  qui 
auoit  eu  Hionneur  d'eftre  fonDiC- 
ciplcj  qui  auoit  mange  dupain^a 
ia  table  :,&conuerfeaucc  luy  fa- 
milierement  fi  long- temps  ^  il  le 
luy  fit  connoiftre  dVne  autre 
fac^on^maisde  telle  forte  pourrant 
que  les  autres  ne  pouuoyent  riea 
foupconner  de  fon  gefte.Il  y  auoit 
deuant  eux  des  plats ,  &  dans  ces 
plats  quelque  liqueur  ,  dans  la- 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean,    (foj  cha.  if. 
quelle  chacuntrcmpoitfon  pain 
comme  bon  luy  fembloit  en  Ic 
mangeant.    Et  ccftoit  mcfmes 
vn  temoignage   de   familiarite, 
que  d'entremper  pour  vn  autre, 
&  de  leluy  prefenter.  Ie{jLis  done 
choifit  ce  figne ,  pour  monftrer 
ludasacefienDilciple^fans  que 
iesautrcs  s'en  doutaflent^&luy  dit 
tout  bas :  C*eft  celuy  a  qui  ie  m*en 
vay  donner  vn  morceau  dq  pain 
trcmpe,  Etde  fait,  incontinent 
ilrompitvn  morceau  de  pain,  & 
apres  Tauoir  trempe,  il  Ie  donna  a 
ludas  Ifcariot^  fils  de  Simon ,  qui 
eftoit  affis  a  tableaupres  de  luy,  & 
afa  rencontre.    Cette  adion.qui  Et\pre7u 
procedoit  d  vn  xefte  d'afFedion  rr^.!: 
enuers  luy  ,  &  qui  deuoit  outrer  f^:,^!;j'^^^ 
fon  ame  de  mille  aiguillons  de  ^v^^*^*ofi 
regret  &  de  repentance  ,  pro-  p/\ 
duifit  vn  efFed  tout  contraire  en 
cedefefperc.    Car  fa  confciencc 


Gha*  Iji  66^  ^araphrafeJurl'Euangilede 
luy  rendant  temoignagc  de  fori 
malheurcux  defTcin  ,  &  n'y  ayant 
rien  de  fi  foupcjonneux  qu'vnc 
ame  qui  fc  reprochc  quelque 
chofe,  il  deuina  vne  paftie  decc 
que  c'eftoit,  &  s'imagina  que 
lefus,  qui  auoit  tcnu  fon  crime 
couuert  iufques  a  lors  ,  Tauoit 
Voulu  par  la  faire  connoiftrea  fes 
condifciplcs  La  honte done, qui 
Tauoit  retcnu  iufques  la  :,  tandis 
qu'il  penfoit  eftrc  cache  aux 
autrcs  ( car  quant  a  ce  qui  cftoit 
de  lefus,  il  f^auoit  bien  qu'il  eftoit 
decouuertj  fetourna  en  indigna- 
tion &  en  fureur  contre  Chriftj 
qui  luy  procuroit  ,  ce  luy  fern- 
bloit  3  ce  diffame.  Ayant  done 
defia  cu  contre  luy  des  penfees  &i 
traiftrefles  &  fanguinaires  ,  au 
temps  auquel  il  n  auoit  de  luy 
aucunfujet  de  mecontentement, 
ill  eft  bien  aife  de  iuger  combien 

Topinion 


,.  lejus  ChrifiJelonS  ,  ledru  ijoj  Clia*  ij^ 
l-opinion  qu'il  conceut  d auoir 
rcccu  yn  fi  grand  afFront,  caufa 
cnluy  dlrricacioii  ,  &  combicn 
cllc  adjoufia  datrocite  a  la  bar- 
baric de  fespenfees.  Nerefpirant 
done  alors  finon  la  vengeance 
contrclcfus,  &c  lecoeurderliom- 
me  neftant  iamais  fiexpofenyii 
ouuert  a  la  tcntatioh  du  Malin^ 
que  quand  cet  appetit  dc  ven- 
geance regnc  en  luy,  le  Diablq 
ne  manqua  lors  dentrerdansce- 
laydeludas&  des^enfaifir^  pour 
luy  infpirer  deformais fans  aucun 
remorsdespefeespleincs  derage. 
Ce  que  connoiflant  le  Seigneur 
Icfus,  qui  penetroit  Tefpric  des 
homes  iufques  aufond^&voyant 
que  deformais  ce  malheureux 
cftoitabfolumet  defcfpere,  il  ne 
iugea  plus  qu  il  fuft  a  propos  de  le 
tant  efpargner  comme  il  auoit 
faitauparauant,  &  luy  temoigni 


Cha.  13.  60^  ^^raphrafeJurt'Euangiledc 
qu  il  abandonnoic  tout  foin  da 
luy  &  de  fon  amendement,  par 
cette  fa<5on  de  parler  prouerbiale: 
Fay  hien  toji  ce  qne  tufais:  Com- 
nie  s'il  luyeuftdir^  Dcformais  la 
bride  eft  lafchee  a  ta  paffion  :  il 
n'ya  plus  rien  qui  t  arrcfte  que  tu 
n^executes   ton  pernicicux  def- 
fein :  &  moy  ie  fuis  tout  difpofe  a 
f.  zp.     fubir  ce  que  la  volonte  de  Dieu 
de  cer^xq^i  mimpole.Etneantmoins encore 
f5/t«f«  le  Seigneur  lefusfe  rednt-il  d*ex» 
se^Mtpour-  pliquer  ccia    expreflfement  .  de 
atioit  dtt     forte  que  tout  ce  qui  auoit  prece- 
de, n'ayant    engendre    aucuns 
foupc^ons   dans  Tcs    efprits    des 
autres  Difciples  contre  ludas ,  il 
n  y  en  eut  aucun  d'entr'eux  qui 
cntendift  a  quel  deflein  le  Sei- 
gneur luy  auoit  dit  ces  paroles. 
t-  i9^     Ainfi  arriua-il  qu'ils  leur  don- 
ctddoyenty    ncreut  diueries  interpretationSc 
Car  pourcc  que  ludas  auoit  Ijt 


poufce  que 


"^     Icfus  Chrip  felon  S.  lean.     607  Chk.  ij . 
Bourfecomune  dclacompagnic,  /^^^^^^^ 
d  oil  on  droit  ce  dont  il  falloit  ^^/«*  ^«;"«- 
acheter  les  ncceliices,  comeaulu  ^^hete  ce 
ce  dont  on  faifoir  fes  liberalites  &  Velef^le 
fcs  aumoOies ,  ily  en  mt  quel-  ^^jj^ 
ques  vnsd'entfeux  qui  creurent  '"'^f  t^'^j- 
tqu  lUuyaaoitdu^  Acherecedont  anx^oHm{ 
nous  auons  befoinpourlafolen- 
nite  de la  Fefte ;  ou  bien  qu'il  luy 
auoitcomande  dc  doner  quelque 
chofe  aux  pourcs.  Les  autres  cjt 
eurent  d'autres  fcntimens  *,  mais 
pas  vn ne  toucha  au  butde  Im- 
tention  de  noftrc  Seigneur  ,  tanc 
il  fut  foigncux  de  mefnagcr  cet 
abominable  iufques  a  la  fin,  ace 
qu  il  ne  fuft  decouuert  que  par 
fon  propre  Crimea  luy-mefmeo    . 
Mais  quant  a  luy,  qui  en  penfoic   ApreTdonc 
tout  autrement ,  ces  paroles  luy  ]'*2ll''mZ 
ayant  encore    auemente   I'opi- ^^'^"''^/^ , 

*    r      \  t-inT  purtitinconm 

monquelelusIevouioitdiiTamer,  tinem  -.<&> 
qun  ie  rcnoncjoit  tout  a  rait 

Ppa 


Clia,  ij.  ^araphrafefurl'Euangtle  de  .  Cot 
pour  fon  Difciple,  il  n'eut  pas 
pluftoft  pris  le  morceau  trempc^ 
&c  oui*  ce  que  le  Seigneur  auoit 
die  en  fuitc ,  quelaliontc,ie  depir, 
le  courroux,  &  Ic  dcfefpoir,  luy 
firent  abandonner  la  compagnic, 
&  ^artir  tout  incontinent  .Ec  il  le 
fit  d'autant  pluftoft  3  que  le  temps 
cftoit  proprc  pour  aller  tramer 
Texecution  de  fa  trahifon  :  car 
c  cftoit  iorsla  nuit  de  la  Prepara- 
tion ,  &  il  f^auoit  bien  que  les 
luifsauoyent  refolu  de  fairetout 
ce  qu'ils  pourroyent  pour  fairc 
^  .^  mourir  le  Seigneur  auant  la  Fefte. 
Lrty  ifiant  Comme  donc  lefus  le  vid  forti ,  il 

Jony,    lefus      .  ^^ 

dtt  :Mam.  tint  alors  ces  beaux  propos  a  les 

tenant  eji        -r^  •  r  •     1  A  1  / 

giorifieiefih  Ditciples.    Aprcstant  de  temoi- 

^mm'ed  gtiages  que  le  JFils  de  Thomme  a 

^lorifi^  en    rcccu dcs cicux^ADtestat  d^oeuures 

miracuieuies  qu  il  a  raites :  Apres 

tant  d'oracles  desProphetes  ac- 

compUs  en  fa  faueurpar  des  euc- 


IcfHS  Chriji  felon  S.  lean.     609  Cha;  itp 
nemenseuidcns ,  ilnereftoit  plus 
que  raccompliflemeut  de  celuy 
qui  concernoit     cct     Apcftaty 
pour  fau'c  paroiftre  qu'il  ell  vcrU. 
tablement   Ic  Fils  de  rhomme. 
MaintenantdoncleFilsderhom- 
me  eftglorifie,  maintcnantDicii 
eft  glorifie  en  luy  ,  parce  qu^e    f.   51; 
Ihonneur  da  Fils  redondc  a  b^^^^ 
gloire  du  Perc.  Et  fi  Dieu  eft  glo^  5^  ^'- , 
rifie  en  luy ,  il  le  elofificra  aufli  de  rtfiera  enf^f 
plus  en  plus  quant  aluy ,  de  torte  ,,„,,„,;2,  n 
que  la  gloire  qu  il  luy  a  comnvii-  inionfi^r^^ 
niquee  par  le  pafle  ,  fera  enc^di'C 
beaucoup  furmofltee  par  lafilb^ 
fequente.  lufqu'I  maintenarir'll 
s'eft  ferui|)oair la  plufpart  de  X^m 
tremifedWtruy  pour  faire  coti-^ 
noiftre  Ton  Vniqucv '  Les  hoxrimcs 
deDieu  ont  parle,  comfnc  Team 
Les  Angesy  ont  eft.e  employes ,  &S 
des  fa  naiflfance,  &  depis  encord 
Le  Filsmefme  eft  celuy  quia  fai| 

Pp5 


les  oeuures  miraculeufes  par  leP 
quellesla  PuiflTacediuinea  teftifie 
de  fa  voCcUion  ;  &  la  plufpart  des 
Prophecies  ont  receuleur  accom- 
pliflement paries  mouuemeasde 
la  y^olonte  des  melchans  hom  mes, 
A  I'auenir  ce  ferale  Pcre  mefme, 
qui  fans  rcntremifed'aucun  autre, 
,.  glorifiera  fon  propreFils,  parlei 
'f  .^^^  lignes  qu  a  la  more  il  rera  dans  les 
'^l^?''^'!  cieux  en  haut ,  &dansla  tcrreen 
bas,&  dans  les  lieux  les  plus  faints 
&  les  plus  facres  de  fon  Temple. 
Cc  fcra  le  Pere  qui  le  refTufcitera 
luy-nicfmedentre  les  mores,  & 
cjuile  rect^anoiftra  ainfi  pour  foa 
pik  auec  ;rtiiagnificencci:Ge  fcra? 
luy  finalemient^ qui  1  ■enkuerji A^ 
hauto  qui  le  fexa  feoif  a  fa  dexrrq 
pout  luy  donner  la;  conduite  de 
rvniuers,  &  qui  park  vertu  d^ 
fon  Efprit  fera  que  faCroix  triom. 
pjiti:a  de  toutes  les  puiflfance  du 


tenant* 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.      Cil  Cha^  15^- 
monde,  Et  cette  gloire  deformais 
ne  tardcra  point  a  venir  :  Ic  Perc 
eft  fur  le  point  de  la  faire  ref-    Mepeiits 
plendir  dvne  racoon  tout  a  iditjuts encore 
emerueiHable.    Cc  fut  bien  aucc  'ZTlT: 
vn    grand  rauilTement   d^cfprit  ^^'>«^^*^^*^ 
que  ie  Seigneur  Iclus  prononc^a  €omme  i'ay 

1  t  /  ■  ditauxluifs^' 

lorsces paroles,  pour  temoigner  ^ueu<^^'U 
que  ces  foufFrances  ne  luy  faifoyct  '^^2u%7t 
point tant  dliorreur,  qu  il  ne  vift  ^^«'>-  ^'"^ 
bien   au  trauers  les  gloirqs  qui  auffl  mam^ 
deuoyent  les  fuiure.    Mais  aufll 
regardoit-il  certes  a, fortifier  &a 
confoler  fes  Difciples,  a  qui  fon 
abfence  ,  dont  il  les  menaqoit 
qu  elle  arriueroit  bien  toft ,  don- 
noit  &  beaucoup  d*cpouuante- 
ment ,  &  beaucoup  de  trifteflfe 
tout  enfemblc.  Et  c*cft  la  raifon 
pourquoy  il  tourna  fon  propos 
vers  eux,  pour  les  appeller  par  des 
noms  qui  temoignoyent  plus  ex- 
preffement  la  tendreiTe   de   fes 

Pp   4 


affections,  &  pour  leur  donner  les 
cnfeignemens,^  lescommandc-tL 
mens  neceflaires  en  cetre  occurs; 
rence.  Mes  pecits  enfans^  leur  dit- 
il,  ne  vous  decofortes  ppinc^maij 
^luftoft  prenes  courage  par  moa' 
cxemple.    A  la  verice  ie  ne  fuis 
plus  que  pour  vn  peu  de  temps: 
auec  vous  :  &c  quand  ie  me  feray 
retire,  vous  me  chercheres  &  re- 
gretteres  ma  prefence.  Maiscom- 
xnc  ie  difois autrefoisen  vn  cer- 
tain (ens  aux  luift ,  que  la  ou  ic^ 
vais  ilsne  pouuoyent  venir,  ielcr 
vous  dis  a  vous  en  vn  autre.  Il  faut 
que  nous  nous  feparions  quelque 
f .  5^.     terripsjiufquesa  cequelePereea 
ait  autrement  difpofe  pour  noftrc 


It  Vous  don- 
ne   vn  nou 


nt^ucom-    commune  ioye.    Mais  comme 


mandement 


quevous^i-  Quand  Ics  bons  amis  fe  feparent 
r^Htre:com-  i^s  vns  dcs  autrcs,  lis  ont  accou-^ 
^'J™  ^^^^  ^^  ^^  recommander  quel- 
jtfin  ^ue     q\xt  chofc  particulierement ;  a  ce 

vem  tons        J-  A 


Autre, 


7cfus  Chrtfl  felon  S.  lean.      C\i  Cha.  15^ 
stiicn  depart  ic  vous  en  veux  re-  ^^^,v^;.^ 
commander  vne  que  i'ay  fouue-  ^' 
raincmentacoeur,&dontla  pra- 
tique vous  fera(!$<:  honorable  &jfa- 
lutaire  a  merueiile.Qjand  Moy{e 
vouluc    laiflfer  la    conduite  du 
peupledlfraeljil  donna  cecom- 
mandement  aux  Ifraelires ,  de  ne 
fe  departir  point  des  ordpnnances 
de  la  Loy  ,  &  <^  a  cfte  iufqucs  a 
maintenant  la  marquealaquelle 
on  a  reconnu  fes  DifcipIes^Qoand 
Jean  Bapcille  quitta  les  fondiions 
du  Minifterc  qui  luy  auoit  efte 
commis  ,  il   recommanda    aux 
fiens  de  fe  difpofer  par  Ic  baptef- 
mc  de  repentance  a  receuoir  le 
Meffias  lors  qull  ie  prcfenteroit 
a  cux  ,  &  ils  ont  receu  ce  com- 
mandemet  auec  Timitation  de  {z% 
jeufncs  &  de  Ton  aufterite  \  &c  vous 
voyes  encore  maintenant  qu'il  y 
en  a  plufieurs  qui  fe  jGgnalcnt 


Cha.  13.  (^14    Pam^hraJefurfEuangile  de 

cftre  Difciplcs  de  lean  par  certc 

marque.  Pour  moy,ievous  don- 

ne  vn  commandement  nouueau, 

que  ie  veux  que  vous  tenies  com- 

medemoydVne  fac^on  fpeciale. 

I  Et  c*eft  icy  mon  comandement^ 

que  vous  vous  aimies  veritable-^ 

mentrvnTautre.  Dcrechcf,  iele 

vous  rccommande  tres-affedlu^ 

cufemcnt ;  Comme  ie  vous  ay  mes 

tendrement  tandis  que  i'ay  cfte 

'  far^eu  aucc  VOUS,  aimes VOUS  dc  mctmes 

tra^t  que    reciproquciTient  dvne  dilection 

r.?;/„,  cordiale.  Qoe  Ics  Difciples  des 

fivous  aues  autics  fc  faflent  rcconnoiftrc  Dat 

istitre.       tel  autre  carailere  qu  lis  voudrot^ 

quant  a  vous ,  c  eft  a  ce  cara£tcrc 

feulement  que  Ton  reconnoiftra 

ccrtainement  fi  vouscftes  veri- 

.^-  5^     tablement  lesmiens:,quand  vous 

Stmon  Tier-  .  ^      .  ^  - 

re  luy  dtt :  VOUS  aimcrcs  les  vns  les  autres. 

Seigneur  ou    ><x     -'  1  t    r»  1  / 

v/s-tuue   Quad  lelus cut  acheuecc  propos^ 
Simon  Pierre  ,  qui  n  auoit  pas 


""  Jefus  Chriji  felon  S,  lean.  G\f  Cha.  15} 
bien  cntcndu  ce  qu'il  auoit  dit  J'^j^^,!^ 
de  Ton  depart  &  dc  fon  aBfcnce,  oktev^y,  - 

V  I  .  ^  .  _      tu   m  me 

&  a  qui  la  mention  qu  11  en  auoit  pem  mamte 
airc,auoitlaille  vnaiguiUon  dans  ^^ts  w  me 
iecoeur,luydemanda.  Seigneur^  -^'''^^^'*^  '^' 
ouvas-tu  ?  Car  commeilaimok 
lefus,  &comme  ileftoit  fcruenr, 
il  euft  bienvoulu  fqauoirfi  lelieu 
ou  Icfus  fc  propofoitd'aller,  luy 
{eroit   abfolument  maccefTible. 
G'eft  pourquoy  lefus  luy  refpon- 
dk  ;  Laou  ic  m'en  vais,  tu  ne  me 
peus  maihtenant   fuiure.     Mais 
aye  vn  peu  de  patience  :  il  n  eft 
pasfi  inacceflibleque  tun*y  puif- 
fe&(|uelqueiourvenir  ;  &  tu  nvy 
faiuras  cy-apres.  Ce  que  lefus  en~ 
tendoit  de  quand  Simon  Pierre 
feroitrecueilli  daslecieljmaisluy    ^,  ^7. 
il  Tentcndoit  d Vne  autre  forte.  //:;';JZ 
Car  il  apperceut  bien  en  quelque  ^»^y  »^  ^^ 
ra^onja  la vcrite, que ie  Seigneur  maint,nant 
parlant  de  fon  depart  dc  de  fon  IZlrsiymon 


Cha.  13.  (^16    TaraphrdJefurtEuakgite  de 
mrnef^Hf    abfcncc ,  fignifiolc  qu*il  dcuoit 
*^>  ou  mourir  ou  tombcr  dans  vn 

eminent  peril  de  morn  Mais  fe 
figarant  que  dans  le  rcftc  de  fes 
paroles  noHre  Seigneur  luy  auoit 
voulu  donner  a  entendre,  que 
pour  lors  il  n'auoit  pas  aflcs  de 
fermete  de  courage  pourle  fuiure 
au  trauers  detous  dangers,  &  que 
dans  quelque  temps  raccroifle- 
ment  de  connoiflTance  quil  leur- 
auoit  fouucnt  fait  efperer  ^  luy-- 
apporteroit  augmentatioia  de. 
vertu;  lardeur  defon  zelc  &  de 
fon affection  fe  piquacn quelque 
forte  de  cela:  ce  qu  tl  .tenioigna 
par  ces  paroles.  Seigneur,  dit-il^ 
qu eft-ce qui empefcheque  ie  nd 
te  puifle  fuiure  des  maintenant? 
As-tu  cette  mauuaife  opinion  de 
moy  que  tu  penfes  qu'il  y  ait 
chofe  quelconque  qui  mem- 
pefche  de  te  fuiure  par  tout  ou  tu 


iefiis  Chrifi  felon  S.  lean.      <bij  cha,  if, 
iras,  fuft-ccau  peril  dc  ma  vie? 
Aflfeure-toy,  Seigneur, ie  teprie, 
que  ie  metcray  ma  vie  pour  toy, 
&    que  cette  confideration  ne 
t'empefche pointde  me mencr  en    ^    ^. 
quelque  part  que  tu  ailles.  Alors  i^f^^itiyref^ 
lelus  connnoiliant  bien  qu  auec  menras  ton 
rafFcdion  que  Simon  Pierre  luy  Z;,iTL 
portoit,  il  mefloit  beaucoup  de  ^^f^''^^''^- 

r  •  n  t    I  te   it  te  dts> 

prelomptionjii la rabbatit  incon-  q»e^^ ^^<i^^ 

I         t-^  chanter  X 

tmentparces  paroles.  Tumettras;^,^^,  t^n^ 
ta  vie  pour  moy , Simon ?  ce  qu  il  j^7 
dit  vn  peu  en  fouriant,  comme  ^roisfm. 
d'vne   chofe    plus  difficile    que 
Pierre  nepenfoit ,  &  qu  il  auan-- 
^oit  fort  a  la  legere.  Puis  il  ad- 
joufta  :  Certainement,  mon  amy^ 
ie  n'ay point  de  toy  plus  mau- 
uaifc  opinion  quil  ne  faut ;  mais 
i'euenementmonftera  que  quant 
itoy  tu  las  trop  bonne.  Car  tune 
troispasacetteheurede  toncoix- 
^agc  ce  que  ie  t'en  vais  annonccr  ^ 


rsnte 


cha,  f^.  (fiS    Paraphrafc  Jur  tEudngile'de 

ccft  qu'il  n  yarien  deplus  vray^^ 
(  Sc  in  vols  rhcure  a  lacjuclle  ie 
parle  a  toy  )  que  nous  ne  ferons 
pas  encore  venus  au  chant  du 
coq  ,  qui  s'entcnd  auant  que  la 
lumicre  foit  leuee,  que  par  trois 
fois  tu  n'ayes  renie  que  tu  me 
connoiflTes  ^  ny  que  tu  ayes  ia  mais 
euaucune  familiarite  auec  moy. 
Voila  quelle  fera  la  preuue  que  tu 
donnerasde  ton  grand  courage; 

'^.^^^^^^^^^^^^^^.^^^ 

^  J  CHAPITRE    XIV. 

^^'^'^'^^  /^i^Ovs  cesproposdenoflrc 
vo/ire  cceur  ^|S  Scigneur^  mirettt  vn  mer- 
r;^?^.C::;  ^^ueHleux  trouble  dansref. 
eroyh  en  pj-^,-  j^  fesDifciplcs.  Ce  qu  il  auoit 
^Hfsienmoy  dit  dcfon depart  &  de  fonablen- 
celesaffligeoitiCe  qu'il  auoit  in- 
finuequecefien  depart confifte^ 


r.:m^ 


lefus  Chrifi felon  S.  lean.       6i^  cha^  if  i 
roit  en  la  more,  adjouftoit  tant 
&  plus  a  leur  afflidion ,  &  Ics 
eftonnoit  encore  :Cc  que  ludas 
s'en  cftoii"  alle  de  la  facjon^  &  le 
propos  que  lefus  auoit  tcnu  dc 
luy    depuis   fon  depart  ^    leur 
caufoit  de  Thorreur :  ce  qu  il  auoit 
predit  a  Simon  Pierre  ,   auoit 
rempli  ce  perfonnage  de  confu- 
fion  ,  &  donne  a  tous  les  autres 
vne  merueilleufe   alarme,  auec 
quelque  dcffianced*eux-mefmes; 
Enfin  ce  qu'ils  prcuoyoyet  qu  ils 
s'en  alloyent  demeurer  fculs,  ex- 
pofes  a  routes  fortes  detentatios 
fansfupport&  fans  defenfe,  leur 
donnoit  vne  grande  crainte  dc  la 
mort^  &  les  faifoit  penfer  a  Tinfir- 
mite  de  lachair^  dans  laquelle  il 
eft  raal  aife  de  maintenir  la  perfe- 
uerance.  lefus  done  les  voyant  en 
ceteftat,  fe  mit  a  les  fortifier  &  a 
les  confoler  felon  fa  boixte  accou- 


clia.  i4o  (Jio  ^araphrafe  fkr  tEuangilede 

ftumec.  Etparceque  leurscfprits 
cftoyenc  agices  de  diuers  mouuc* 
mens,  il  mefla  dans  fondifcours 
toutes  les  chofes  ncceflaires  pour 
leur  confolation  ,  en  tcrmcs  ac- 
commodes  a  la  condition  des 
temps  &  a  leur  portec.  Il  com- 
men^a  done  par  cette  preface, 
dans  laquelle  aprcs  auoir  tafche  dc 
calmer  leur  emotion  :,  pour  les 
rendre  capables  de  receuoir  fes 
propos^ilexiged'euxqu'ils  pren-» 
nent  vne  entiere  cdnnance  en  fa 
diledion  &  en  fa  perfonne.  Mes 
pctitsenfansjleurdit-il^vouscftes 
nourris  &c  eleues  a  croire  en  ce 
grand  Dieu,  quiaclree  lescieux& 
■  iaterre:»  &  que  vospercsont  ado- 
re. Or  tant  s'en  faut  que  ie  fois 
venu  pour  vous  defiourner  de  la 
foy  laquelle  vous  aues  en  luy> 
comme  les  luifs  m'en  accufent, 
que  vous  eftes  temoins  du  foin 

que 


lefus  Chrifi  felon  S.  leanl     4ii  Cha.14^ 
que  i'ay  cu  de  vous  y  confirmcr, 
&  de  feruir  a  fa  gloire»  Mais  com- 
me  vous  croyes  en  luy  y  ic  vous 
ordonne&vouscoiurc  de  croire 
pareilJementeii  moy,  &de  vous 
repofer    abfolument    fur   moy 
pour  routes  les  chofes  qui  vous 
concernent,  &  dont  ic  voy  que 
vos  ames  font  maintenat  agitees.    ^ 
le  vous  ay  dit  queie  m'en  allois    liy/piu^^ 
vers  mon  Pcre^  &  que  vous  ny 'meumnces 
pouuies  venir  auec  mov  :&  cela  ^j'^^^^^^'*^ 
eft  vray  pour  main  tenant.  Mais  ^''ii^Pi^au, 

,        ^  .      f  r» ,  trement  ie 

lenclc  vous  aypasainhpropole  vomhufe 
afin  de  vous  ofter  Feiperance  de  ZyJ^npi 
vous  recueillir^  &de  vous  loger   ^''** 
en  fa  Maifon  auec  moy ,  quand  le 
temps  en  fera  vcnu.    Ne  croyes 
pas  que  dans  la  maifon  de  mon 
Pere  il  n  y  ait  logement  que  pour 
moy.  C  eft  vn  Palais  dans  lequel 
il  y  a  plufieurs  appartcmcns  ca- 
pablesdcvousy  receuoirtous;  & 

04 


lChaj4^  6^^    ^dTdfhrafefurl'Euagilede 

sA  en  euft  efte ,  s'il  en  eftoit  au-^ 
trement,  ielevous  aurois  dit,  ic 
le  vousdirois  encore  maintenantj 
&  ne  vous  allaittcrois  pasdevai- 
nes  &  friuoles  cfperances.  le  .ne 
my  en  vai  done  pas  a  cette  heure 
afindyeftrc  feul  atoujours^&ie 
ne  vous  ay  pas  choifis  pour  eftrc 
ma  famille&  mesdomeftiquesfi 
long 'temps,  &  pour  viure  auec 
vous  fi  familierement  que  i'ay 
faiCjafin  que  noftre  feparation 
foit  perpetuelle.  ly  vai  comme 
voitre  auant-coureur^  pour  vous 
y  preparer  voftre  lieu,  commc 
vous  voyes  que  cela  arriuc  fou- 
ucnt  dansla  compagnie  des  bons 
amis  y  afin  que  quand  vous  y 
viendres,vous  y  trouuies routes 
fortes  decommoditesjdefclicites 
^tfiiem'en  ^  Je  ioyes.Et  quand  apres  my  en 


njay 


&P' 


-^ousprep^re  ciktc  allc  ie  VOUS  y  auray  prepare 


mrmrJd^  ^  pUcc  quc  VOUS  y  dcucs  aijpir^  i^ 


i 


tejus  Chrift felon  S.  learP.       6i^  Ch£ij^l 
fcray  encore  comme  Ics  bons  rechef,  ^ 
amis  font  quand  ils  ont  fait  la  IZyrmly; 
fon6tiond'auant~coureurs:  iere-  ^?''.  ^"^  ^^ 
tourncray  derecher  vers  vous,  &  -vous  jo^h 
viendray  audeuant  de  voiis  ,  afin      "  ' 
que  la  ou  ie  feray  5  vous  foye s  auffi 
auec  moyj&:  que  nous  demeurios      ,     , 
cternellcment  enfemble.    Et  ie      ^^  \^^i 
e  rois  dit  quel  eft  le  /.  'vay  ,  ^ 
lieu  oil  ie  m'en  vay^  que  vous  le  f^ZiJ' 
f^aues   fans    doute  maintenant: 
comme  aulfi  ne  dcucs-vous  pas 
ignorer,  parce  que  ie  vous  en  ay 
iouuentaducrtis,  quel  eft  le  che- 
min  par  lequel  i  y  dois  aller  ,  & 
qui  vous  y  doit  auffi  conduire.  . ., 

Or  entendoit-ii  cela  de  fa  mort  rhoma/iu^ 
&de  fa  refurre£tion ,  par  lefquel-  ^neur,  'mm 
lesil  eft  entre  dans  fa  gloire,  en  ""^^TZ 
fouffrant  quantaluy,  &:enre{fuf-  '^'^^  •'  ''^' 

. ,    -l  I      i     •'  ment     done 

citant  d  entre  ies^^  morts  j  &  par  p^utas  nous 
lefquelles  il  faut  que  fcs  fideles  y  f^^.^'^l  ^^ 
entrent  aufli^en  embraflfant  quant 

94^ 


Ghajf.  6i4  Paraphrafe fur  tEuangite  de 
a  eux  iVne  8c  I'autre  par  vne  foy 
vrayc,  fincerc^  &  perfeuerante. 
Mais  en  partielatardiuete  de  YcC- 
pric  de  Thomas,  qui  s'cftoit  touC- 
jours  rendu  plus  lent  a  croire  que 
Ics  autres :,  en  partie  la  crainte  & 
remodon  qui  luy  auoit  trouble 
Teiprit  ,  Tayant  empefche  de 
comprendre  cc  que  le  Seigneur 
en  auoit  dit :,  il  prit  Toccafion 
dVn  petit  interualle  de  filence 
dont  le  <Seigneur  fit  lors  fuiui^e 
fon  propos ,  &c  Imterrogua  de 
cette  forte.  Seigneur,  dit  il,  nous 
n€r(5auonslaoutu  vas;(&  ilpar- 
loit  ainfi  en  commun^  parce  que^ 
comeilarriucfouuent^  iliugeoic 
des  autres  par  foy-mefine  j  com- 
ment doc  pourrions-nousf^auoir 
le  chemin  qui  y  mene  ?  Car  nous 
Voyons  bien  le  lieu  d'ou  tu  dis 
que  tu  veMx  partin  Mais  nc 
l^acbans  point  ccluy  oil  tu  te  pro* 


leflis  Chrifl  felon  S.  lean.     Ci$  Cha-i^ 
pofes  dialler,  comment  pouuons- 
nous  deuiner  ny  quelle,  ny  dc    ^    ^ 
quel  cofte  en  eft  la  voye  ?  Alors     lefus  luy 

1  .  .  •'  ^  dit  :  le  fnif 

lelus  3  qui  voyoit  en  ce  perlon-  ichemin,^ 
erautspnncipalemet:  i^  ^,,^  ^^^ 
a  f^auoir  la  tardiuete  de  fa  com-  7^J/^^^^„''^ 
prchenfion  a  entendre  cc  c^'A^tnop 
auoit  dit  duchcmin  quimeneau 
Pere  :  lahefitation  dc  fon  efprit,  a 
croire  aux  chofcsqu'il  auoit  dites; 
&lacrainte  delamort^^dont  il  fe 
voyoit  menace  en  fuiuant  noftrc 
Seigneur  enfes  perils ,  luy  fit  yne 
refponfe  quicorrefpondoit  a  ces 
trois  chofes,  mais  qui  tiroir  fon 
efpritbeaucoup plus  loin qu'ilne 
Tauoit  porte ,  &  qui  1  elcuoit  au 
deflfus  des  objets  des  chofcs  pre- 
fentes.    le  fuis,  luy  dit-  il,la  Voye^ 
qui  fcule  mene  au  but  ou  vous 
deues  afpirer:  &  qui  ne  la  fuit  ^  ou 
s'cn  ecarte  ,  il  fe  perd  dans  vn 
cgarement  irremediable.    le  fuis 

0^3 


^ha.41.  ^i-6    Pardj^hrafeJurl'Euangileie 

la  Verite  mefme,  &  hors  de  moy^ 

&  de  ce  que  Ten  epans  au  monde, 

il  n  y  en  a   pas  vn  rayon   qui 

puifle  feruir  a  falut.  le  fuis la  Vie^ 

&foit  quevous  aycsegard  a  celle 

du  corps,  ouque  vous  regardies 

.   celle  de  de  I'efprit^  IVne  &  Fautre 

coule  de  moy  feul  comme  de  fa 

caufe.  Ne  craindonc  pas  que  la 

more  aic  aucune    puiiTancc  fur 

Yous;  puis  que  ie  vousprenden 

-rma  fauue- garde.   Ne  hefite  pas 

fur  ce  que  le  ce  dis ,  quand  tu  ne 

Tentendrois    pas  diftinitemenr. 

Et  ne  cherchc  point  d'autre  che- 

min  que  moy  pour  paruenir  ou 

ie  yous  ay  dit  que  vous  deues  aller, 

c'eft  adireyau  Pere  cclefte.   Car 

Si  vcJsme-  Hul  ne  vient  au  pere  fino  par  moy, 

;rS'  nul  nadaccesversluy  que  celuy 

fiei^^fsiQu^ic  luy  donne.    Ayant  ainfi 

de^  nj^inte  :xc[^ox\d\x  a   1  mterrogation    de 

h^omotjius  Thomas  ,  xl  le  retourna  vers  la   . 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean]     6ty  Cha.41^; 
troupe  de  fes  autres  Difciples,  &  f /'"'''' 
apperceut  dans  leurscfprits,  que 
ce  qu  il  auoit  dit,  que  c  eft  par 
Juy  feulquonadel'accesau  Pcre 
celeftejeur  auoit  fait  naiftrccct- 
Xc  penfce,  que  puis  qu  il  les  aimoit 
tant^  puis  quils  auoyenttant  de 
familiarice  auec  luy.ils  pourroyct 
bien  obtenir  de  luy  cettc  parti- 
culiere  gratification  de  voir  le 
Pere  par  fon  moyen.    Ce  quils 
croyoyet  leur  deuoir  eftrc  d'autant 
moins  refufe  :»  que  Dicu  s'eftoit 
monftre    autrefois   a    des  gens 
qu  ils  deuoyent   ou   egaler    ou 
furpalTcr  dans  la  dignite  de  Icm 
miniftere.  Il  les  voulut  done  pre- 
uenir  par  ce  propos  qu  il  adjoufta* 
incontinent.  Et  fi  vous  me  con- 
noillies  bien  3  moy  qui  parle   a 
vous  4  fi   vous  me   confideries 
affes   attcntiucment  ,  par  mcl- 
me   moyen    vou3   connoiftrie$ 


Cha44«  ^2.8'  n? dra^hrafe  fur  r Euangile  de 

auffi  monPerc*     Ec  de  faitvous 

\c   connoiftres  a  raduenir   plus 

clairement,  quand  par  Ics  chofcs 

qui    m'^rriueronc    vous  fcaures 

micux  qui  ie  fuis :  mais    neant- 

moins  dcs  maintenant  en  m  e  con- 

tcmplant  vous  Ic  connoifTes ,  & 

auffi  bien  que  qui  quece  foit,vous 

^,  g^      vous  pouuesglorifier  defa  vcuei 

miippeiuy  Quelque  clairemenc  quil   Icur 

gneur,mo»  parlait,  ils  H  enteiidirent  point 

i'ere7&  li  eucoTe  blca diftin£temec  cc  quil 

nmsjufflt.    ]g^j,  vouloit  ditc !  &  qucique  foia 

qu  il  euft  de  preucnir  leur  curiofi- 

te,ou  d'arreijerleurprefomption^ 

il  n'empefcha  pas  que  Philippe 

ne  iepoiidaftenauant^  pour  luy 

fair^cette  replique.OSeigneur^fi 

tuvoulois  nous  doner  ceconten- 

temcnt  que  de  nous  faire  voir  le 

Pcre,  puis  que  c*eft:  par  toy  qu'on 

vientaluy^puisquilne  fe  mani- 

fellc  point  finon  a  ceux  a  qui  tUy 


""Jefus  Chrift  felon  S.  lean.      619  Ch:a.x4' 
le  rcueleras ;  en  vn  mot ,  puis  qu  il 
£  a  donne   cc  pouuoir  la   d  ap- 
procher  dc  luy  qui  il  te  plaift, 
nous  nc  te  demanderions  plus 
rien ,  &  ce  feroit  Ic  comble  des    ^.  ^^^ 
graces  que  tu  nous  as  faitcs.  Alors,  ^.^^'^^^  ^^^ 
bien  que  Icfus  connufl:  lufques^^/W 
au  fonds  la  difpofition  de  leurs  -vous.  ^fi 
efprits,  &  que  rien  ne  le  peuft  fur-  "oiZcol7u? 
prendre,  fi  eft  ce  que  pour  rendre  ^^^^;^l^ 
fa  refponfe  &  fa  reprehenfion  plus  '^oh  mm 
emcace,  lidit  aPhilippc  comme  mentdistu, 
auecquelqueeltonncmenr.N  clt-  /^p,,^? 
ce  pas  vne  cliofe  etrangePhilippe, 
&  de  laquelle  tout  autre  fe  deuroit 
emerueiller  ^  quil  y  a  fi  long- 
temps  que  ie  conuerfe  auec  vous, 
que  vous  voyes  continueilemenc 
mes  oeuures  ,  &  ncantmoins  tu 
ne  me   connois    point  encore  5 
Philippe  mon  amy,  ne  tc   laifTe 
point  emporter  a  ta  curiofite ,  &: 
ne  te  diftile  point  Tefprit  en  ces 


|3ha.i4.  ^30  Paraphrap  Jkr  tEuangile  de 

fpeculations  y  que  c  eft   que  dc 
voir  la  face  deDicu,ny  quels  ont 
cfte  les  contentemens  de  ceux  a 
quiil  s'eft  prefente  autrefois  en 
quelque  apparence  vifible.  le  le 
repWfcnte     incomparablement 
plus  viucmenc&  plusefficacemet 
que  n'a  iamais  fait  la  plus  expreflfe 
&  la  plus  admirable  de  ces  appa- 
ritionsjde  forte  que  qui  m'a  vcu^  il 
a  veu  mon  Pere.  A  quoy  pcnfes  tq. 
done  quand  tu  me  demandes que 
ie  te  le  faffe  voir,  come  quelques 
autres  Tont  veu  autrefois  ?  Qu^ef- 
peres-tu  de    ces  vifions,,   aprcs 
auoir ,  co mme tu las fait,& com- 
me  tu  le  peus  encore  faire  main- 
tenant  ,  contemple  fi  familiere- 
rement&fi  continuellement  ma 
xr^'  ^*l/perfQnne?  As-tufipeu  prefiteen 
point- que  ie  nfa  conuoiflfance  ,  que    tu    ne 
Fere,&ie  ctoycs  pomt  cttcote  imtime  oc 
i7rp^oiJs  indifloluble  communion  qui  eft 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.       (J31  Cha.4.' 
cntrele  Pere  &  moy  ?  Nc  fcais-tu  ^«,  ,v  vom 
point quayant  mcfme  nature,  &  l;;-;^- 
mcfmeeflTence^mcfmes  vertuSj^  /^^  ^^y- . 
mefmes  proprictes,  mclmes  in-  h  pere  qui 
clinations,&  mefmes  volontes,  ie  l^^'YeYct 
fuis  au  Pere,  &  Ie  Pcre  en  moy,&  ^;^  '^«^^^^ 
qu  en  toutesccs  cliofes  ie  luy  iuis 
aufficoniointques'il  eftoit  moy, 
il  m'eftaufli  coiointquefii'eftois 
luy,  fans  confufion  pourtant^  & 
fans  meflange?  Que  ii  cette  chofe 
paifle  la  portee  de  ton  efprit,  a 
laconfidererenelle  mefme,  tuen 
as  deux  manifeftcsenfeignemens, 
qui  peuuent  tomber  fous  ta  con- 
noiflance.    Car  tu  voisbien  que 
Ics  paroles  que icprononce^,  fi  tu 
les  regardesaufon  &  dans  Tarti- 
culationdela  voix,  precedent  dc 
moy.   Et  neantmoins  elles  con- 
tiennent  de  fi  grandcs  merucilles 
defapience  ,  que  fi  ie  n  eftois  au 
Pere  &:  dans  fonfein,  il  feroit  ab-* 


Clia.l4.  ^it    n^araphraJeJurtEuangilede 

foiumcnc  impoflible  que  ie  les 
vous  rcuclaffe.    Et  tu  vols  encore 
que  c  eft  moy  qui  fais  les  oeuures 
qui  fortent  tous  les  iours  de  mes 
mains.  Et  neantmoins  fi  Ie  Pere 
ncftoiren  moyilferoit  pareille- 
ment  abfolumcnt  impoflible  que 
ie  les  fiflc  nonplus.  Dc  forte  que 
les  chofes  que  ie  propofe ,  ie  ne  les 
propofe  pas  depar  moy-mcfme  : 
ie  les  tire  de  la  connmunicatioa 
intimeque  i'ay  auec  Ie  Pere  cele- 
fte,  &  les  puife  dans  Ton  fcin  .*  &  les 
ocuures  que  iefais,  ie  ne  les  fais 
pas  de  par  moy-mefme  non  plus, 
cell:  la  vertu  du  Pere  lecHuel  eft  en 
Ne  croyez  moy^  qui  sV  deployc.     Quand 

-voiis  pm  que     ■•  .  *.  •       C   ■ 

ie  fuis  en  donc  le  vous  dis  que  ic  luis  an 
r;J;:>l  Pere,&quelePere  eft  en  moy,  de 
^oy-.  atout  ^^roxi  Que  Qui  me  contcmple:^ 

le     motns  5  11  i 

0royei^par  contemple  mon  Pere,  vous  en 
deues  croire  a  mes  paroles  ,  par 
ce  que  ie  fuis  la  verite.    Mus  fi 


'lefus  Chrifi felon  SJearL       )^{i  Oxi.l^. 
mes  paroles  ne  peuucnt  auoir 
afles  de  poids  &  de  recommanda^ 
tion  enuers  voiis  pour  vous  le  pcr< 
fuader,  au  moins  en  deues  vous 
crpire  a  mes   oeuurcs^   qui    en 
portentvntemoignagefi  irrefra- 
gable.   Leproposdc  Philippe  a     f;J^|. 
noftre  i'eip-neur,  auoit  eu  deux  '^  '^T'"  ^ 
parties.  Dans  IVne,  il  auoit  de-  crottenmo^, 
mandepourluy  &  pour  fes  com-  Zuffifer^u, 
pagnons.  quelcfusleur  fift  voir  le  T^.^c^^^: 
Perc.   DansTautrc  il  auoit  quafi  f^'^i^P^^' 

^  /  I  grandei  que 

protelte  qu^apres  cela  ils  ne  luy  ',''^\'y' 
demandcroyentplusrien^  &  que  Z^fZ 
ce  feroit  Ic  comble  des  gratifi- 
cations qu  ils  auoyent  receues  de 
^  faueur.  lefus  done  auoit  fatis- 
iait  a  la  premiere  dans  la  reponfe 
que  ie  vicns  de  rapporter.  Dc 
Tautre ,  il  prit  Toccafion  de  leur 
tenircelangagc.  Puis  que  vous 
aues  veu  Dieu  en  ma  perfonne,' 
}rous  deues  eftre  contens:  &touto 


car 
ie  m'envaj 


autre  fatisfadion  que  vous  pour- 

riesdemandcrcncetegard  J  vous 

feroicou  impo{Iible,fi  vous  dcfi^ 

ries  de  voir  rcffence  deDieu,  ou 

inutile,  fi  vous  ne  fbuhaitties  rien 

finon  qu'il  vous  apparuft  en  quel- 

que  efpece  vifible,  De  forte  que 

felon  les  paroles  de  Philippe,  ilne 

vous  refte   plus  rien  a  me  de- 

mander.  Mafaueur  pourtant  ne 

s'en  arreftera  pas  la  :  desmainte- 

nant  ie  veux  vous  promettre  du 

bien5quoy  que  vous  ne  me  lede- 

mandies  pas ,  &  de  plus  vous  af- 

feurer  que  cy-apres  quand  vous 

m'en  demanderes,ie  vous  en  feray 

encore.Car  il  ne  faut  pas  que  vous 

penfies  que  vous  n*ayes  plus  be- 

foin  de  moy  ,  ny  que  quand  ie 

m'en  feray  alle ,  ienefoisplusfoit 

en  pouuoir,  foit  en  volonte  de 

vous  bien  faire.  Ie  vous  protefte 

done  icy  folenneUement,  &t  vcnx 


Ifefus  Chrifi felon  S.  lean.  'g3j  CKa'x4? 
que  vous  tenies  cette  micnnc  pro- 
teftation  pour  indubitable ,  que 
quiconque  croira  en  moy  ^  com- 
me  ie  vous  ay  tantoftexhorted'y 
croire,  ilexperimentera  mon  af- 
fiftance  dVnefacon  entierement 
admirable.  Vous  voyes  les  ccuures 
que  ie  fais,  combien  elles  font 
grandes  &  mtTueilleufes ,  &  ic  ^ 
yous  ay  dit  que  ie  les  fais  par  la 
vertu  du  Pere  laquelle  eft  en  moy, 
Et  puis  que  ie  dis  que  ie  fuis  vn 
aucc  Ie  Pere,  &d  vnemefme  ef- 
fence  auec  luy,  &  que  fa  puiflfan^e 
fe  deploye  ainfi  en  moy  en  oeuures 
fi  miraculeufes  3  ilfautbien  que 
ie  die  vray  y  autrement  il  ne  me 
comuniqueroit  pas  ainfi  fa  vertu. 
Or  bien  qu'elle  foit  en  moy  ef- 
fentiellement,  &  d'vnefa^on  in- 
communicable a  tout  autre  ,  fi 
cft-ce  qu  autant  que  les  liommes 
font  capables  d'en  icccuoir  la.* 


Clia.I4-  ^3^  TaraphrafefHrtEuangiJe  dc] 
communication ,  ie  la  comma-- 
niqueray  a  celuy  qui  croira  en 
moy.  Il  fera  done  des   oeuures 
fcmblables  a  celles  que  ie  fais,  & 
qui  vous  ont  donne  tant  d'admi- 
ration  ;  &^  ce  que  vous  pourres 
trouuer  cftrange  d  abord  ,  il  en 
fera  mefmesde plus grandes.  lay 
confirmepar  mes  oeuures  la  do- 
ctrine que  i'annonce,  au  milieu 
dVne  fcule   nation  3  ceux  qui 
croiront  en  m  oy  la  confirmeront 
de  la  mefme  forte  en  toutes.  Parce 
queien'ay  euafairequavnc  met 
me  nation  ,  ie  nay  parle  quVn 
langage    feulemcnt  s    ceux  qui 
croiront  en  moy  parleront  a  tou- 
tes nations  en  leurs  langues.  Fay 
guerilesaueugles,  &  les  fourds:,&: 
les  boiteux,  &  lesmanchots ;  ceux 
qui  croiront  en  moy  les  gueriront 
pareillement  ^  &  de  plus,  ils  deC- 
mlcront  les  yeux  des  entende- 

mens 


lejus  Chrifl  felon  S.  lean.  C^-j  Cha^xf > 
mens,  ils  ouuriront  les  oreillcs  des 
coears,ils  fcront  marcher  les  hom- 
ines fermcmcnt  &  conftamment 
dans  les  fentiers  de  rEterncl ,  ils 
feront  que  les  hommes  appliquc- 
rontlcurs  volontes  &  routes  Icurs 
puilTances  de  leurs  efprits ,  aux 
ccuuresduPereceleftc.  raychaf- 
fe  les  demons  des  corps  des  hom- 
mes ;  ceux  qui  croiront  en  moy 
les  chafleront  des  coeurs  &  des 
efprits.  lay  repurge  le  Temple  dc 
Dieudu  fale  trafic  desmarchansj 
ceux  qui  croiront  en  moy  con- 
uertiront  en  Temples  de  Dieu 
ceux  qui  ont  ferui  aux  demons 
&auxidoles.  Ma  prefence&ma 
voix  ont  fait  quelques  grandes 
adions :  &ceux  qui  croiront  en 
moy  en  feront  encore  plus  abfens 
&  de  leur  fcule  ombrc.En  vn  mot, 
foit  en  nombre,foit  en  vtilite/oit 
en ia  facjon deles  excGuter,  quoy 

Rr 


Cha.i4^  ^38    TaraphrafeprtEuangile  de 
que  vous  m'ayes  veu  faire  de  vos 
yeux^il  y  aura  quelque  chofe  de 
plus  grand  &  de  plus  eclattanc 
dans  leurs  miracles.  Et  ilne  faut 
pas  que  vous  vous  cftonnies  ny  dc 
cc  que  le  n  ay  pas  fait  toutcs  ces 
cliofes  la  quant  amoy^ny  de  cc 
que  ie  n  ay  point  encore  commu- 
nique a  ceux  qui  croyenten  moy, 
la  vertu  de  Ics  faire,  Ic  ne  les  ay 
point  faites  quant  a  moy,  parcc 
que   le  peu  de  temps  qui  a  efte 
donne  a  mon  Miniftere  ^  nc   Je 
permettoit  paS:>  &qu'aprcs  auoir 
accompli  maCommiffion  cnuers 
la  nation  a  laquelle  ellc  cftoit  de- 
ftinee,il  faut  que  iem*enailleau 
Pere.  Ie  ne  Tay  point  encore  com- 
muniquee  a  ceux  qui  croyent  en 
moy  3  parce  quetoutesces  chofes 
la  ne  fe  doiuent  cxecuter  finon 
quand  ie  m'cn  feray  alle.     Mais 
^umd  ie  m  en  feray  alle  ^  &  qui  ie 


'icfus  Chrtfi  felon  S>  lean.     6y9  Cha.i4'^ 
feray  auec  mon  Pere,  alors  iere-- 
ueftiray   ceux  qui  croiront   en 
inoy,deIa  puiflance  neceflaire  a 
rexecution  de  ces  grandes  chofeSo     f.  tf, 
Etquantavous,  demandes  alors  JuTdlmll 
hardimentau  Pcre  toutes  chofcs  ^^^^71 
en  mon  Nom ,  &  en  ma  confide-  ^'"^  >  ''i" 

feray  :  afin. 

ration.  Car  toutes  les  choles  que  q^e  u  Fere 

1  .    1        /  r  foit  9  lorifii 

Vous  demanderes  en  ma  raueur,  parujiu, 
&  que  Vous  voudres  obtenir  par 
monentremifej  &parmoninter-s 
ceffion^  il  les  vous  ottroycra,  &c  ie 
les  executeray  3parce  que  le  Pere 
m'en  a  donne  la  puiflance.  Ainfi 
paroiftra  de  plus  en  plus  que  ie 
luis  auPere  ,  &  que  lepere  eft  en 
moy^  &  la  gloireque  vousdon- 
herez  au  Fils  de  vous  auoir  obtenii 
par  fon  interceflionj,  &  de  vous 
auoir  effediuement  confere  par 
fon  infinie  vertu  ,  ce  que  vous 
aures  demande ,  ne  fcra  pas  feule- 
ment  pourluy,  mais  redondera 

Rr  z 


Ciia.i4^  640  Paraphrafe  furlEuangilede 
J'  '^     furlepere.  lele  vous  rcpete  derc- 
dem.^.niez.    chc^ahrique  vous  en  (eyes  afleu- 

quelquecho        ,  \        ri^  r 

J,  en  mon  Tcs 3 &  quc  VOUS  iic  VOUS  adrcllies 

%%] ''  ^'  point  a   d^aucres  pour  obtcnir 

quelque  chofe  du  rere  par  leur  fa- 

ueur.  Car  nul  nevientaupere5& 

n  y  a  d'acces finon  par  moy.T  out 

^    ty.     ce  que  vous  demanderes  au  perc 

maiml{7  ^^  monNom^icle  feray.Aureftc 

gardez  ^es  Quelque  cliofe  que  ie  vousdie^,  ie 

mens,        voy  quc  vous  cites  ainiges  de  mon 

depart.    Erie  ne  vous  en  fi^ay  pas 

mauuais  gre;  c'eft  vn  temoignagc 

que  vous  m'aimes.  Neantmoins 

fi   vous    voulcs  me    temoigner 

voftre  affeition  dVne  fa(^on  qui 

me  fera  incomparablement  plus 

agreable^ gardes  apres  mo  depart 

ks  commandemens  quc  ic  vous 

ay  donncs ,  &  particulierement 

celuy  de  vous  aimer  iVn  I'autre. 

Cette  diledion  que  vous  vous 

cntreporteres  ,  fcra  vn  meilleur 


lefhs  Chr'ifi  felon  S.  lean,     ^^i  Clia.T4 
&  pluscertain  argument  de  voftre 
amour  enuers  moy,  que  nc  peu-     ^ 
uenteftre  vos  larmcs.   Pour  moy  Et'tepnemy 

,  .  .  le   Pere  ,   U 

de  ma  part  le  nc  manqueray  point  ^ous  don- 
d'affe£lion  enuers  vous ;  &  ie  la  ZLcZfo^ 
vous  temoi^neray  dVne   facon  i^teur  pouv 
extraordinaire.    Tandis  que  i  ay  auec  vom 

emeureauecvous,ma  prelencq 
vous  a  donne  vn  fingulier  con- 
tement.  Ec  fi  ie  ne  m'en  ailois 
point,  vous  ne  penferies  pas  auoir 
befoin  d'vne  autre  copagnie  que 
delamienne,  pour  vous  confo- 
ler  dans  les  afflidions  &  dans  les 
incomodites  dela  vie.  A  cette  heu- 
reque  ie  m'en  vais,  vous  eneftes 
contriftes,  &craignes  d'eftreex- 
pofes  a  beaucoup  d'ennuis,  fans 
auoir  de  confolatcur  qui  vous 
foulage.  Mais  il  n'cn  fera  pas  ainfi* 
Car  quand  ie  m'en  feray  allc  3  ic 
prieray  le  Pere,  de  qui  vous  fcjaues 
qui  ne  me  refufenen  ,  &  il  vous. 

Rr  J 


Cha.14"  ^4^  nParaphraJcfurtEuangiUie 
donnera  vn  autre  Confolateur, 
dans  la  venue  duqucl  vous  aures 
cet  auantage ,  qu'il  ne  fera   pas 
comme  moy ,  &  ne  fe  departira 
point  d  auec  vous.  La  nature  de 
ma  commiflion  m'oblige  a  vous 
lailTer  quelque  temps : au  lieu  que 
quant  a  luy  ^  il  dcmeurera  auec 
vous  eternellement.  Telle  eft  la 
fin  de  fon  enuoy,  telle  eft  k na- 
ture de  la  difpenfation   qui   le 
concerne.   Et  ce  Confolateur  la, 
c'eft  TEfprit  de  Verite  ainfi  appel- 
le  parce  que  c'eft  luy  qui  la  vous 
rcuelera   interieurement  ,   pour 
Tannoncer  enmon  Nom,  &  qui 
puisapreslaperfuaderaauxhom- 
mes.  Car  quant  a  moy  ie  fuis  la 
Verite  comme  iefuis  la  Lumiere^ 
G^eftadire,  que  iefuis  robjctqui 
eft  cxterieurement  prefente  aux 
hommcs^afindecroireen  luy  &c 
JJf/^e  de  le  receuoir.  Mais   cet  autre 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.     ^45  Cha.14^ 
Confolateur  eft  I'efpnt  tie  Verite,  ^sritiquei, 

parce  que  c  eft  luy  qui  I'appUquc  ;::t,::v 
intcrieurement,  &  qui  la  fait  re-  ^-m«J 
ceuoir  aTefprit  au  dedans ^  en  il 


ne    le    con- 


'  I  nfiifi ,  mats 

luminant  lenrendement ,  ^oui  ^omiecon^ 
lay  en  faire  voir  I'excellence,  Et  ic  "I^^IZ 
fuis  la  Verite  &  la  Lumiere  dc  tcl-  ™;^;^ 
le  forte  que  ie  me  prefente  exte-  vo^is. 
rieurementa  tous^&  c  eft  en  par- 
tie  pourquoy  Von  m'appellerala 
Lumiere  qui  illumine  tout  hom- 
me  venant  au  monde.Mais  quant 
a  cet  Efprit  de  Verite,il  ne  fe  com- 
muniquera  finon  a  vous,  &  a  ceux 
qui  font  veritablement  mes  Dif- 
ciples ,  &  non  point  au  monde. 
En  effet  le  monde  ne  le  peut  re- 
ceuoir.  Car  pour  le  receuoir ,  il 
faut  Tauoir  defiaconnu  enquel- 
que  faqon,  &  Tauoir  veu.  Or  le 
monde nc  l^a point  veu,  &  ne  le 
connoift  point  du  tout.    Parce 
que  quand  aux  yeux  du  corps^ 

R  r   4 


Clia.i4-  644  Paraphrafc  fur  I'Euangile  de 
dcfquelsle  Monde  eft  pourueUjil 
ne  ie  laifTe  point  voir  par  eux, 
eftant  d'vne  nature  immatericUe, 
&  qui  n  a  rien  de  corporel.  Ec 
pour  ce  qui  eft  des  yeux  de  Tefprit, 
life  void  &  fe  connoift:  par  eux  a 
la  veritc ,  mais  le  monde  n  en  a  du 
tout  point  ,  eftant  abfolumcnt 
aueugle  par  fa  corruption  natu- 
relle.  Mais  quant  a  vous^vous  le 
connoifles  defia  3  parce  qu'il  a 
defia  commence  d'habiter  en 
vous,  lots  qu'il  a  illumine  les  yeux 
de  vos  cntendemens  pour  vous 
faire  croire.  Eftant  done  defia 
venuvers  vous  comme  Efprit  de 
Vcrite^afin  de  la  vous  faire  voir, 
vous  le  receures  comme  Confo- 
lateur,  pour  vous  donner  le  fen- 
timent  dc  la  paix  de  Dieu,  auec 
vneioye  incnrrrable&  glorieufc. 
Et  quand  vous  Taures  vnc  fois 
rcceujil  dcmeureratoufioursen  . 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     64^  Chai.4: 
vous,  ainfi  que  ic  vous  ay  dit^Si  ne 
vous  delaiflcra  iamais :,  quelque    ^  ^^ 
chofe  qui  arriue  au  mondc.  ta    ^enevous 
promcfTe  que  lefus  faifoit  a  Ccspomt  orphe- 
Difciples  de  leur  enuoyer  vnCon-  tl.' ^4  ^ 
folateur,  deuoit  bien  auoir  vne  '^'^'• 
merueilleufe  cflicace  enuers  eux, 
pour  adoucir  &  diminuer  I'ennuy 
qu'ils  conceuoyent  de  fon  ab- 
fcnce.  Mais  Icfuspreuoyoit  bien 
que  cela  ne  le  leur  ofteroit  pas 
tout  afait^&quilnercniiedieroit 
pas  a  routes  leurs  craintes ;  parcc 
que  quoy  que  e'en  foit,  ils  auoyec 
cntendu  que  cette  abfencc  deuoic 
arriuer   par   la  mort ,  &  ils  ne 
voyoyent  pas  encore  clair  dans 
cette difficulte^combien  (a  more 
dureroit,  &  comment  vn  hommc 
mort  leur  pourroit   enuoyer  le 
Confolateur  de  la  part  du  Pere. 
Dc^  forte  qu  en  attendant  ce  Con- 
folateur a  venir,  ils  fc  voyoyent^ 


Clla.  14  /  646  Taraphrafefur  l^Euangile  dc 
ce  leur    fembloit,  cntierement 
deftitues  de  fupport  &  de  con- 
duite.    Cell  pourquoy  il  voulut 
mefler  das  fcs  propos  I^efpcrance 
de  fa  refurre^tion  ;non  fort  clai- 
rcment  a  la  verice  ,  parce  qu  il 
n*eftoit  pas  expedient  alors,  mais 
en  telle  fa(^on  pourtant  qu'apres 
reuenement  il  leur  fat  aife  dc 
Tcntendre.  Il  adjoufta  done  ces 
paroles  aux  preceden^tes.  le  voy 
bien^mespeticsenfans:,  que  vous 
craignes  de  vous  trouuer  bien 
cftonnes  quand  il  faudra  que  ie 
vous  laifle  dans  peu  de  temps.  Et 
certes  fi  ie  n*y  pouruoyois  pron- 
tcment,  voftre  compagnie,  feroit 
comme  quand  par  la  perte  d'wn 
pere  fage  &  bien  aime,  vne  famiL 
ledemeure  entierement  defolee. 
Mais  nc  craignes  point  j  &c   nc 
vous  affliges  point :  car  ie  nc  vous 
laifleray  pas  en  cctcftat  d  orfciins 


^ lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     (^47  Clia.i4^' 
iereuiendraybien  tofta  vous,de 
forte   que   vous  ne  demcureres 
point  dcftitues  de  confolation  ny 
de  conduite.    Il  n'y  a  plus  que    f'  t?; 

ft  ^  rC        '     r  Encores  vn 

ortpeudetempsapaller  lulquesp^^i,,  ^  u 

ace  que  ie  difparoiftray  de  deuant  ''J^^i'J^ 

lesyeux  dumonde.    Etlemonde  z*^"^  '"^'^ 

croira  que  1  Ecliple  qui  me  doit  voyez,:^oHf- 

r  >      t^nt   que  ie 

arriuer,  lera  comme  vne  mort  vt.vom^uf- 
fans  reflfource.  Auffi  depuis  que  >^^'^^-' 
ie  me  feray  vne  fois  retire  de 
deuant  lay  ^ie  nemy  prefenteray 
plus,  de  forte  qu'il  ne  me  verra 
iamais.  Mais  quant  a  vous,  vous 
me  vcrres  encore.  Car  apres 
m'eftre  deueloppe  de  Tobfcurcif- 
fement  qui  me  doit  derober  a 
vosyeuXjie  me  feray  con  tern  pier 
a  vous  en  diuerfes  occurrences. 
Et  quant  a  la  mort  dont  vous 
penfes  voir  Ie  peril  deuant  vous^ 
ne  la  rcdoutes  point.Par  Taccidcnt 
qui  arriucra  a  ce  qu  il  ya  de  vifible 


'Cha.i4.  6^S  ^araphraje  Jurl'Euangilede 
en   ma  perfonnc  ^  plufieurs  iu- 
geront    que  ie  fcray  tellemcnt 
mort ,  que  ie  nc  m'cn  releueray 
iamais:  &  vousmefmes  penferes 

!  auoir  beaucoup  de  fujct  d'appre- 

liender  qu'oane  vous  la  faflc  fouf- 
frir  a  monexemple.  Mais  en  ma 
perfonne  il  y  aquelque  chofc  que 
les  yeux  des  hommes  napper- 
(joiuent  point ,  ou  eft  Ie  principe 
d'vne  vie  immortelle  &  miperif^ 
fable.  Ie  vis  donque  ,  &  vi- 
ueray encore  a rauenir, &c  cc que 
ieviueray^fera  caufe  que  vousde- 
^^  ^^,  meureres,  &  que  vous  nemourres 
E»  ceiour  point.    Et  en  ce  temps  la  quand 

la  zf Otis  con     1  -^  r         i   i 

notfirez.  que  Hous  nous  retrouueros  enlemble 

ie  fuis  en  .  y  f         a 

monPere,&  viuaus ,  &  quc  vous  m  aurcs  & 
"''''^'  contemple  &  reconnupour  cftrc 
celay  que  Ton  croyoit  eftre  mort, 
de  forte  qu  il  n'en  pourroit  re- 
uenir^  alors  comme  vous  aures. 
encore  de  nouucaux  argumens  de 


vous  en  i 


Tcfus  Chrijl  felon  S.  lean.    649  Cha.14!!' 
croire  en  moy ,  voftrc  foy  s'en 
augmetcra  a  proportio  Car  a  cet- 
te  heurc-  lavous  conoiftres  ce  qu'il 
femble  que  vous  ayes  eu  quelquc 
peine  a  vous  perfuader  iufqu'a 
maintenant  ^  c  eft  que  ie  fuis  aa 
Pere^  &que  vouseftesenmoy,& 
que  pareillement  ie  fuis  en  vous, 
d'vne communion  inegale&  dif- 
ference a  la  verite^mais  femblablc 
en  celapourtant,  qu'elle  eft  tres- 
intime.    Il  paroiftra  que  ie  fuis  au 
Pere,  puis  que  ce  mefme  principc 
cternel  &  imperiflablede  vie  qui 
eft  en  luy ,  eft  en  moy ,  &  qu'il 
m*empefchc  de  fuccomber  a  vn 
accident,  qui  depuis  quil  eft  ar- 
riue,  paroift  a  tout  Ie  monde  ab- 
folument  inuincible.   Et  il  pa- 
roiftra que  vous  eftesen  moy ,  & 
que  ie  vous  porte  tellement  en- 
graues  dans  mes  affcdions ,  & 
commc  logesdans  mon  coeur. 


que  ie  ne  vous  oublie  point  ^  & 
nabandonne  point   le  fom  de 
voftre   conferuation  ^    mefmes 
iufques  dans  cet  accident,  qui  a 
accouftume  d'ofter  la  memoire 
detoutes  chofes.   Et  cnfin  il  pa- 
roiftra  encore  que  ie  fuis  en  vous, 
en  ce  que  ie  vous  auray  commu- 
nique ce  germe  imperiflable  de 
vie  qui  me  garentit  de  la  mort:» 
pour  vous  en  garentir  auffi,  afin 
f .  It.     que  noftre  condition  foit  fcm- 
c&LartT!  blablc,    Pource  que    toutes  ccs 
sarJe^Jefi  ^^^^^^^  ^^  rcgardoycnt  Taucnir ,  & 
*^eiuy  qui    quileftoit  neceflaireque  lespre- 
quim-aime.  diccions  quc  noltre  Seigneur  en 
VZon'l'^e,  faitoit,  fuflent  beaucoup  moins 
&ieVaime-  claitesque  lachofe  mefme,il s'en 

ray ,  &  me  i         1     r  r      1  1 

decUreraj^  cnotti^a  dc  k  facjon  ,  &  lembk 
mefmes  mefler  la  promefle  deles 
garentir  du  peril  de  mort,  qui  les 
mena^oit  en  (a  paflion  ,  auec  la 
promefle  de  k  refurredion  qui 


IcfusChrifi felons:  lean:      es^Ch^x^l 
les  deuoic  introduire  dans  vne       '     ' 
vie  immortelle.    Mais  outre  les 
raifons  particulfercsqu'ilcn  auoit 
en  cette  oceafion ,  il  fuiuoit  en 
celal'air  &  la  fa^on  ordinaire  des 
Propheties.  Car  pource  que  les 
Prophetcs  regardent  les  ehofes 
commedeloin  a  I'auenir,  ils  con- 
ioignent  afles  fouuent,  commc 
vn  adecontinu.deux  ehofes  que 
Teuenemcnt  monftre  puis  apres 
eftrc  (epare'csdVne  interualle  & 
d'vne  interruption  confiderable. 
Maisquand  ilfut -queftion  de  re- 
tourner  a  leur  donncr  des  com- 
mandemens&  des  enfeigncmens 
touchant  leur  deuoir  ^  d'autanc 
que  cela  deuoit  auoir  vn  efFet  pre- 
lent,  il  s'en  expliqua  en  termcs 
bcaucoup  plusintelligibles.  Ilre- 
commen^a  done  de  la  forte.    Ic 
reuiens ,  leur  dit-il ,  a  vous  parler 
"des  affcdions  que  vous  aues  pour 


Cha.4^  ^5^  ^araphrafeJurtEuangile  dc 
nioy,  &qi3i  me  font  fouacraine^ 
mcnc  agreables.  Car  c'cft  vnc 
chofe  douce  deftre  aime^^tanta 
caufe  de  la  bien-vueillance,  en  la- 
quclle  Gonfiftc  I'amour,qa  a  caiifc 
de  Teftime  dont  clle  eft  vnc  mar- 
que indubitable.  Toutesfois  ic 
vous  repeteray  cc  que  ie  difois 
tanco{l,&  que  ie  ne  vous  fcjautois 
trop  inculquer  ,  que  ie  me  re- 
put  eray  eftre  veritablementaime 
de  ceuxqui  retiendr5tferme  mes 
commandemens ,  &  qui  ies  gar- 
deront  comme  il  faut.  Et  vous 
n  aues  pas  befoin  que  ie  vous  die 
quels  ils  font  j  vous  vous  reflbu- 
uenes  afifes  de  ce  que  ie  vous  ay 
particulieremcnt  recommande 
de  la  charite  de  iVn  enuets  Tautre. 
Qoiconque  aimera  fon  frere  ^  ie 
connoiftray  quil  m'aimera,&il 
ne  manquera  pas  d'eftre  recom- 
pehfe  d'vne  diiedion  reciproque. 

On 


iefus  Chrifl  felon  S.  lean.  6$^  Cha.t4l 
On  die  comunement  que  Tamour 
cngendreramour,  &  (e  void  ra- 
rcment  quon  aimcceuxdont  on 
n'eft  pas  rcfpediucment  aime. 
Or  ic  veux  bien  que  vous  receuies 
mon  commandcment  a  cettc 
condition ;  mais  ie  ne  veux  pas 
quevousrinterpretiescommeon 
a  accouftume  de  faire.  Quand 
ceux  que  ie  vous  recommandc 
d'embraflfer  de  voftre  diledion, 
n'y  correfpondroyentpas  deleur 
part  J  ie  ne  veux  pas  que  cela 
cfteignevdftre  charitc  ^  mais  que 
Vous  en  attendies  voftrc  remu- 
neration de  ma  part  ,  &  de  celk 
du  Pere  cclefte.  Car  ccluy  qui 
^imera  fon  prochain ,  c  eft  aind 
que  ic  vous  ay  dit  j  comnie  s'il 
m'aimoit^  &celuy  qui  m'aimera 
fera  aime  de  mon  Pere.  Or  eft 
Tamour  de  nion  Pere,  la  fource 
dc  toutc  bcncdidion,  de  toute  f©^ 

Si 


licite,&dctouteioye.  Pourmoy^ 
il  peut  bien  eftre  afTcure  que  ic 
.     Taimcray  pareillcment  ,  &  il  nc 
tardera  pas  long  temps  que  ie  nc 
luy  en  donnedes  marques.  lefus 
auoit  remarque  qaa  proportion 
dc  cc  que  fcs  Difciples  eftoycnt 
eftonnes  &  contriftesde  fon  de- 
part, ils  auoyentaulli  reccu  vnc 
girande  confolation  dc  cc  qu  il 
auoit  promis  dc  fe  faire  voir  a 
eux,&  dc  rctourncr   dans  leur 
conuerfation^apresquilfc  feroit 
deueloppe  dc  Taccident  dont  il 
cftqit  menace.  C*cft pourquoy  il 
nc  dirpas  feulement  en  general 
qu  il ,  tcmoigncroit  a  .^eux  qui 
Taimeroycnt  fon  affedion  par 
dcs  marques.  Mais  pour  rendrc 
fon  exhortation  plus  efficace,  & 
la  douceur  de  fa  promefle  &  dc 
fa  confolaxion    plus  fenfiblc,  il 
adJQuftfi,  Etic  mc manifcftcray 


fefusChrtfi  felon  S.  leanl     6$\  Clia.i4^ 
aIuy^,  come  parlant  d Vne  faucur 
tres  particulierc.  Commecncf- 
fee  die  rcftoit  5  car  il  ne  s'eft  fait 
voir  aprcs  fa  refurredion  finon  a 
ceux  a  qui  il  vouloit  donncr  par 
ce  mpyen  augmentation  de  foy, 
&  vnc  picine  certitude  de  la  jouiC- 
fance  du  falut  eternel,&  de  la  re»     ^j  ^^^ 
fuiredion  glorieufe.   Auffi    fes  ^*^f^^ 
Difciples  Tcntendircnt-ils  bicn  iuydh:sei^ 
ainfi.  Mais  paree  qu'ilsfc  rcflTou-  i1I«Ir*^«^ 
ucnoyent  qu  ilauoit  dit  peuau-  ;:,l^,/::Lt 
barauant  qu*ilmettroitcette  di-  &^'>ntomt 

L  .  ,  ^  ,  ,  ^      an  monde  p 

Itmctionla  cntrele  mondc  &ies 
Difciples  3  qu'apres  (a  mort  Ic 
liiondcne  le  verroit  plus^  mais 
que  fes  Difciples  le  verroyent  ^  &c 
quits  eftdyent  imbus  de  cettc 
opinion ,  que  le  regne  du  Meflia% 
qu'ils  efperoyent  deuoit  cftre  ^x- 
compagne  de  la  prefence  de  la 
pcrfonnc ,  fe  feroit  auea  grand  - 
gciat^&;  comme  a  la  v^tie  dcrv*^ 

Sfi 


Clia.i4'  <^5^  Paraphrafe  fur  tEuangihide 

niuerSjlVnd'cux  pritoccafionde 

rintcrrompre  furcc  propos,pour 

luy  dcmander  la  raifon  de  cettc 

difFerence.  Ec  cc  fut  lude,  ( non 

pas  llfcariotjCari  ay  dit  cy-dcfTus 

quileftoicfortidcla  compagnie,^ 

inais  celuy  qui  eftoit  furnomme 

Lebec  &  Thaddec,j  quiluydit; 

Seigneur,  d'ou  vient  cclaquetu 

re  manifeftcras  a  nous ,  &  que  m 

me  te  feras  point  Voir  au  mondc! 

Comment  fe  pourra  eftablir  Ic 

Royaume  des  cieux  auec  la  fplen- 

deur  &c  Teclat  que  nous  attendons, 

ix  tu  reflerres  ainfi  la  manifcfta- 

f^  1,     tion  dc  ta  gloire  entre  tes  parti- 

itf'^^T  cullers  Difciples.  lefus  auoit  ac- 

^it:siau  couftume,  quand  on  luy  faifoit 

tigardera    quciquc  qucition  impertmentej 

'!^^ron''ere  ^^  ^^ut  la  refolutiou  u'cftoit  pas 

/•^/«..r^  e:^  encore  de  faifon.dedcftournerle 

nous     vten  ^  i  zv 

iirons  a  luy  oroDos  aiUcurs  ,  ou  de  la  paflcr 
cnticrernenclouslilcnce.  Voyanc 


mtHYii  n:e 


lejus  Chrifi felon  S.  lean.      €p  Cha  14^ 
done  que  cclle  que  ludeluy  pro-  ^^^^'«y 
pofoit,  etablic  fur  vn  faux  fon- 
dement:,  &  d'ailleurs  n'eftant  pas 
encore  temps  qu  il  explicaft  di- 
fertement  quelle  deuoit  cftre  la 
nature  de  fon  Royaume,  ilne  ref^ 
pondit  du  tout  rien  a  ce  qu  on  luy 
demandoif,  mais  en  continuant 
Ic  propos  qu  il  auoit  commence 
au  parauant ,  il  s  adrefla  dired:c- 
ment  alude^commepour  Tad- 
uertir  qu  il  fe  precipitoit  vn  peu 
trop  &  qu  il  deuoit  remettre  cettc 
fienne  curiofirea  vn  autre  temps, 
&luy  dit :  Si  quelcun  m'aime ,  il 
gardcra  ma  parole  ,  &  me  te- 
moigncra  fon  amour  par  Tobfer- 
tio  dc  mes  comandempsj  &  come 
ie  lay  defia  dit^moPere  raimera,& 
ie  raimciayauffi,&n  y  aura  point 
de  fi  exprefles  declaratios  dc  notrc 
afFedion,dont  nousn  vfionstous 
deux  cnuers  luy,  afm  qu  il  en  ait 

Sf3 


CW.14?  ^5^  ^araphrafijurl*  Euangile  de 
vnc  cnticrc  &  plcinc  afleurance* 
Siquclquc  Gradvous  permcttoic 
lacces  f amilier  a  lay  3  vousvous 
en  fcntiries  honores.  S'il  venoit 
Juy-mefmc  vers  vous  pour  vous 
Vifitcr^ce  temoignagc  de  fa  fa- 
ucur  vous  fcroit  encore  plusfefiblc 
&  agrcablc.Mais  fi  tout  afait  il  ve- 
noit eftablirfa  demcurc  ches  vous, 
afin  d'auoir  toutes  chofes  cornu 
lies  aucc  vous,  alors  il  n  y  auroit 
rauifTemet  ny  tranfport  qui  peuft 
fuffifammcnt  reprefenter  voftre 
ioye.  OrlePerc&moy  vicndrons 
vers  vous,  &  demcurerons  aucc 
vous,  de  forte  que  nous  ri'aurons 
quVnc  habitation  ,  &  que  vous 
^'  i-*'     entreres  auec  nous  en  commu- 
me  point, il  nautc  dc  noltre    rehcite  &  de 
pinT^'mes    noftregloire.  Mais  quant  ^ceux 
Cl;X//..  q^i  ^^  m^aiment  point ,  &  qui 
-vous  ey^i^,  ne  eatderont  point  mes  com- 

n'efl  point  <^  I  A  f. 

tnitnne,      mandemcns  ,  (car  vous  l^aues 
maudu?cn  ^^^imizn^Xit  que  ces  deux  chofes 


lefus  Chrifl  felon  S-  lean,      ^jp  Cha.i4^ 
foatreciproquesj  il  n  eft  pas  rai-  ^^.  ^.^  ^„. 
fonnablc  qu  ils  parricipent  a  ccs  "^'y^- 
auantages.Car  la  parole  que  vous 
cntendes  de  moy^  &  Ics  com- 
mandemens  que  ie  vous  donne, 
n'eftans  pas  de  moy  propremenc, 
parce  que  ie  n'agis  pas  icy  de  mon 
chef,  mais  au  notn  du  Perc  qui 
jn  a  enuoye,  &  done  i  execute  la 
Commiflion  qu*il  ma  donnee, il 
ne  faut  pas  penfer  que  Ie  Perc 
vueille  honorer  de  fa  prefece  &  de 
la  communication  de  (a  felicite, 
ceux  qui  les  reiettent.    Puis  lefus   ^/^^^J]\ 
fe  retournant  vers  tous  fes  Dif-  ditceschofes 
ciple^, li  leur  dit ;  Voila  les  propos  auu  vous. 
c[ue  ie  vous  tiens  pour  voftrc 
confolation  ,  &  pour  vous  for- 
tifier en  la  foy  &  en  Tatcentedc 
.  mon  retour^  tandis  quil  m'eft 
permis  de  demeurer  auec  vous 
au  monde.    Et  la  condition  du 
temps  ^  &  Teftat  auquel  vous  vous 

Sf4 


Cha-i4  ^^o  Paraphrap  Jur  tEuangile  de     , 

trouues,  &  la  nature  des  chofes^ 

qui  doiuent  tircr  Icur  principalc 

lumiere  dercuenemenc,ncfouf- 

frent  pas  que  ie  vous  en  die  da- 

J^isieLn  vantage.    Mais  quand  ce  Con^ 

foUuffr  qui  folateur,  qui  cftic  Sain6t  Efprit„ 

e!prit,queie  lequci  ic  VOUS  ay  promis^&que 

ra  en  won  Hion  Perc  ne  manqucra  pas  dc 

^nZl'^rT  vousenuoyerenmonNom, &ca 

toute>ch0fes,  maconfideration^fera  venu,  ce- 

C^  vous  re-    *  ^s,  />  - 

duim  en  me  i\xy 'id.  VOUS  enleignera  toutcs 
7e7cVfT^He  chofes,,&  eleucravos  efpritsadcs 
ie  -vom  an   penfces  BcaucouD  plus  hautcs.  Ec 

ray  dtteu       X      ^  11  ^        ^ 

quae  aux  propos  que  vous  m'aues 
oui  tenir  \  &  que  vous  aues  ou 
oublies ,  oupeu  entendus^  illcs 
vous  ramenera  tous  dans  la  me- 
moire  ^  &  vous  ouurira  Tentcnde-^ 
ment  pour  Ics  conceuoir,  &  re- 
pcndra  fur  les  idees  qu'il  en  re- 
nouuellera  dans  vosefprits ,  tant 
de  lumiere  &  de  fplendeur^  que 
vous  mcfmes feres  emerucilles  de 


.    '  lefus  Chrififclm  S.  lean.     66i  Cha.14' 
vos  eoniioiffances.  Adieu  done     ^   ^^ 
mcsamis.  Adieu  vousdi-ic  dcre-  \*^ousUif^ 
clier.  En  cette  nation ,  &  lelon  '>  ^ous  don- 

1,    .  «  f  \    ne  ma  patx: 

air   dc  cette  langue  ,   quand  ^neUvont 

les  hommes  difent  Adieu  ,  ils  tZ/T 

s'entredonnentrefpediuementia  ^.'^^^/'^ ' 

paix  ,  comme  s'ilssentrcfouhait-  ec^^me  /*/> 

*  r  ^  point  troubt& 

toyent  toutc  iortc  de  contente-  ^  ne  fan 
mcnt,  &  deprofperite  ,  &debe-  t-^'^'^*^ 
ncdi^tion  encore.  Ic  vous  laiffc 
done  aulTi  la  Paix ,  ie  vous  donne 
done  auffi  ma  Paix  *,  mais  ie  nc  la 
vous  donne  pas  comme  Ie  mon- 
de  la  donne.  Ouil  faitfemblant 
dela  donncr,  comme  leshommes 
font  pleins  dc  fimulation  :  ou  il 
la  donne  par  couftumc  &  fans  y 
penfer,  comme  ils  font  pleins  dc 
nonchalance  &  dlnaduertance ; 
ou  s'ily  pcnfe,  &  s*il  y  a  de  Taf- 
fcdion  5  tout  cc  qu  il  pcut  fairc 
cefont  des  fouhaits,  comme  les 
liommcs  n'ont  point  de  vertu 


Cha.i4»  ^^2,  ^araphrafcjur  I'EuangilrJe 
pourrendrc  Icursvceuxcffedif^, 
&  lescouronner  deschofesmeC- 
mes.  Pour  moy  ,  vous  f(^aues 
quellesfont  mesaffedionsenuers 
vous ;  vous  n'ignores pas  i'appli- 
cation  d'cfpric  que  Tapporte  a 
tout  ce  que  ie  dis;&  pour  ce  qui 
eft  de  I'cxecution  dcs  fouhaits 
que  ie  fais  pour  voftre  paix ,  pour 
voftrc  confolation  &  falut ,  vous 
aues  defia  expcrimenre,vous  ex- 
perimenteres  encore  a  laduenir, 
quelle  eft  ma  puiflance.  Aiofi^^ 
que  voftre  coeur  ne  fe  trouble 
point,  que  la  erainte  ne  Ie  {aififle 
point,  puis  que  vous  eftes  fi  af- 
^  ^  feures  de  mon  affc£lion,de  ma 
vousauez.  proteitiou  ,  &  de  ma  derenle. 

euy    sue  ie   ^  -,  ,  i 

-vous  ay  dit:  VOUS  aucs  cntenclu  que  le  vous  ay 
'^'liri  dit,  Ie  m*en  vais,  &  puis  ie  re- 
vous ,  Si  uiendray  a  vous  ;  &  ces  paroles 
tniei^,vous  VOUS  ont  comDies  de  tnltelle. 
X^lxlqueiB  Dercchef  c^eft  vn  cft^'et  de  voftre 


Jefus  Chrifi  felon  S,  lean.  €6^  Cha.  14  ^ 
affedion  enuers  moy^quc  ic  prens  ^^y  ^«p,,/, 
en  bonne  part,  Mais  confidcres  ^J J^  J;^^ 
bienficette  forte  d  afFe6tion  que  ^««  n^oy. 
Vous  me  portes,  eft  afles  raifon- 
nable.  Car  nousdeuons  aimer 
nos  amis  5  non  en  noftre  confi- 
deration ,  mais  en  la  leur,  &  pour 
cux  mcfmcs  ;autrementilfemble 
^ue  c  eft  nousj  &  non  pas  eux  que 
nous  aimons.  Or  a  examiner  les 
affeitionsparla,  fivous  maimes 
veritablemcnt ,  vous  feres  bien 
aifes^nonfimplcment  de  ce  que 
ie  m'en  vai^  mais  de  ce  que  ie  vous 
ay  dit  que  ce  que  ie  m  en  vais, 
c'eft  pour  aller  a  mon  Pere.  Car  ie 
vous  ay  bien  attefte,  &  c'eft  chofe 
tres- veritable,  que  ie  fuis  auPere, 
&  que  Ie  Pere  eft  en  moy;  deforce 
que  qui  me  void  ,  il  void  mon 
Pere.  Mais  encore  que  nous  foyos 
de  mefme  nature  &  de  mefme  ef- 
lence,  &  que  nous  pofTedions  ab- 


Cha.i4.  ^64.    ^araphrafeJurl'Euangile  de 
folument  mcfmes  proprictcs ,  11 
cft-cc  que  par  la  difpenfation  dc 
maintcnant  en  ma  chair  ,  il  y  a 
grande  difference  cntre  fon  eftat 
&c  lemien,  entre  rinfirmitede  cc 
mienabaiffemcnt,  &rcxaltation 
de  fa  gloire  &  dc  fa  PuifTanceo 
Tandis  queiefuis  icy  bas,  &  que 
cette  difpenfation  durcra  y  cettc 
inegalite  durera  auffi  ^  &  ie  de- 
meurerayexpofe  a  la  cotradidlo 
des  pecheurs  ,  &aux  embufches, 
de  mcs  cnnemis,  qui  penferont 
pour  quelque  temps  triomphcr 
de  mon  humilite  &  de  ma  foi- 
bleffe.  Au  lieu  que  quand  ie  feray 
auec  mon  Pere,  alors  ie  feray  tout 
a  fait  cgalaluy,  &hauteleuc  au 
deflus    dc   ce  que   Ics  hommes 
peuuent  faire.  Ainfi  voyesvous 
qu'cftant  auec  luy :,  ma  condition 
i  t9'      fera  incoparablement  plusauan- 

lit  mamte-  ^        ^  •        1    • 

n^mtivoHs  tagculc,    Ic  pouuois  Dieu  vous 


Icfus  Chrifi felon  S.  learu      ^gy  Chaei4* 
celcr  &  Taccident  qui  me  doit%rf,>,  ^r- 
arriuer  en  ce  mien  abbaiffement,  /J,7J^/» 
&IegIoricux  euenement  a  quoy  J^r.J'^r^ 
tout  fetermincraquand  iemon-  v^^^mj**. 
tcrayamon  Pere.  MaisTvn  vous 
furprendroit  dc  trop  d'epouuen- 
tement  ^  fi  vous  n'en  auies  efte 
aduertis ;  &c  Tautre  vous  rauiroit 
bicn  d  admiration  a  la  verite^mais 
il  ne  vous  feruiroit  pas  cant  pour 
la  confirmation  dcvoftrcfoy,  fi 
vous  ne  pouuies  faire  comparai- 
fon  de  lachofe  mefme  auecmes 
paroles.  le  vous  dis  done  le  pre- 
mier des  maintenant  auant  qu  il 
arriue,afin  quequand  ilarriuera 
voftre  foy  n'en  rc<^oiue   point 
d  ebranlemenr.    Ec  ie  vous  dis 
des  maintenant  le  fecond  auant 
qu'il  arriue  pareillement   ^   afin 
que  quand  vous  le  verres,  vous 
reflouuenanc  de  ce  que  ie  vous 
en  ay  predic^  voftre  foy  recoiuc 


Cha.i4.  S6^  Paraphrafe  fur  I'Euangile  de 
Jnellrie.  ^^  raceroiflrcmcnc ,  cH  voyant 
fray  plus  gut-  quc  Icfuis  toufiours  vcritablc;  Et 
-vokiicaru  deformais  vous  aues  befoin   dc 

Prince  de  ce  r  •  J  •     1    • 

mode  vient,  conlcruci'  ce  que  le  vous  dis  bica 
&  »w  tim  foicrneufemcnt  en  voftre  me-^ 
raoire,&  de  recueiUir  mes  paroles^ 
comme  on  a  accouftume  de  fair© 
celles  de  fes  amis  a  leur  depart^ 
quand  on  n  efpere  pas  les  oui'r 
parlcr  de  long-temps.  Car  de~ 
formais  ie  ne  pourray  vous  tenir 
beauGoup  de  propos  :  parce  quc 
le  Prince  de  ce  monde ,  i'ennemy 
de  ma  gloire  &  de  voftre  falut, 
dontrefficace  eft  fi  grande  dans 
IcS  cnfans  de  rebellion,  &  qui  do-- 
mine  abfolument  enleurs  coeurs 
par  ieurs  pafsions,  leurs  haines  ^  & 
leurs  enuieS:,  comence  a  auancer 
fes  machinations  contremoy ,  & 
s'approchede  moy  pourelfayera 
me  perdre.  Mais  abfolument  il 
n'a  point  dc  puiflance  fur  iaou 


Icfns  Chrijl  felon  S.  Iran.     (S6y  Ciia.^r 
hfpnu&c  quant  a  mon  corps^il  n  y 
en  a  point  non  plus ,  finon  celle   J^J\ 
que  ie  lay  donne.  Mais  ie  luy  per-  ^*^  ^^  ^^n. 
mets  d  cxecutcr  vnc  partiede  les  r^^tUime 
mauuaisdcfleinscontrcmoyjafin  flyZilf^ 
cjuil  paroiflfe  combien  i  aime  Ie  '''^'  '^  ^;* 
Pere  qui  m  a  enuoye.  Car  com-  Leutiyous 
me  le  vous  dilois  tantolt ,  que  ^^v^. 
voftre  amour  enuers  moy  pa- 
roiftra  p*ir  Tobferuation  de  mcs 
commandemcns ,  ie  veiix  fairc 
paroiftre  Tamour  que  i'ay  pour 
mon  Pere  ,  par  Tobferuation  des 
fiens3&  en  fuiuant  pondtuellcmet 
fes   ordres,    Parce  done  quil  a 
voulu  queie  fouffrifleicy  bas  en 
mon  corps  par  la  haine  du  Malia 
&  de  fes  fuppots,  ie  m  y  abandon- 
nc  volontairement,  &c  fais  tout 
ainfi  qu  il  me  I'ordonne.  Ayant 
dltcela,  lefusfe  leuade  table,  ou 
il  auoit  tenu  tous  ces  propos  aprcs 
lefQuper^SfVoulantcifc^tmcmet 


Cha.if.  1:^8  Paraphraje  fur  tEuangile  de 
cxecuter  ccqu  il  difoit  dc  ia  pron- 
titude  dc  fon  courage  a  s'aban- 
donncr  volontaircmcnt  a  la 
mort,  &  s'en  aller  au  lieu  ou  il 
deuoit  eftre  pris,  ilcommanda  a 
fes  Difciples  de  le  fuiure,  enleur 
difant  fimplcmeiit,Leuonsnous^ 
&  partons  d'icy  ,&  fans  Icur  de- 
clarer ouuertement,  de  peur  dc  les 
alarm er  tropjlelieuouil  lesallok 

conduirci 

* 

CHAPITRE   XV. 

^^  M  u  ^^^  O  ST R E  Seigneur  s'cftai 

lZ::f::  ^m  ^^^fi  achemme  vers  la 

'iirt.""*'  ^^^niontagne  des  Oliuiersi 

comme  il  cftoit  merueilleufemec 

foigneux  d'inftruire  fes  Difciples^ 

&  de  Ics  premunir  centre  routes 

fortes  de  fcandales  &d'accidcns, 

\      ~ '  "■"' ^ ""'■      ^ 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  66$  Cha.  if. 
&  come  ir^uoitvnc  prcuoyance 
vrayemecdiuinejtat  dcstentatios 
qui  pouuoyent  les ebranlcr ^  que 
du  temps  auquel  il  falloit  y  rc- 
mcdier ,  deux  chofes  luy  vinrent 
alors  en  penfee.  L'vne ,  que  Ic 
nombre  de  fes  Difciplcs  s'eftant 
diminueparle  depart  deludas^  & 
€ux,  quiauoyent  accouftume  do 
levoir  dansleur  focicte,le  trou- 
uans  a  dire  en  cetteoccafion^  ik 
pouuoyet  faire  la^dciTus  quelques 
reflexions  peu  auantageufes  a  leur 
foij  t&  a  la  ebnfolation  de  leurs 
ames.  L'autre,  ques'acheminans 
auec  lefus  en  lieu  perilleux,  &  ou 
lis  auoyent  conccu  par  fes  ptopos 
qu  il  courroit rifque  de  fouffnr  la 
mort,  il  eftoit  acraindre  que  la 
prefence  du  danger  n'euft  tant 
depuiflance  fureux,que  de  fairc 
qu'ils  iabanddnnaffcnt  Ccft 
pourquoy  il  continua  de  leur 

Tt 


Cha;ir.  670  Taraphmfe  fur  fMumgile de 
donnei  les   cnreignemens  quil 
cftimaneceiraires,  tantpourleur 
diminuer  le  fcandale  que  la  rcuol- 
tedeludaspouuoitapporter,  en 
leur  monllrant   qu'il  n'y  auoic 
point  dcquoy  s'eftonner  fi  la  Pro  - 
uidencc  de  Dieu  Tauoit  retranchc 
deleureompagnie;  que  pour  les 
^cncourager  a  fubir  pluftoft  toutes 
fortes  de  perils^  que  de  laiiTer  fa 
fainde  communion,  en  laqueile 
fcule  iis  pouuoyent  auoir  la  vie. 
Ilrecommencja  done  fon  propos 
comme  tout  de  nouueau,  par  vne 
iimilitude  admirablement  belle 
en  elle  mefme,  &  de  plus,extre^ 
niement  accommodee  afaircces 
deuxeffets.  Pcrfonnedcvous^dit-. 
il^n  ignore  quelle  eft  la  plante  la- 
queile on  appelle  vn  fep^quellc  eft 
la  neceffite  que  fcs  farmens  ont  de 
demeurer  indiflblublement  at- 
laches  a  fon  tronc  pour  cftre  par-' 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.  ^71  Cha^  i^ 
ticipansdcla  feue,afiade  porter 
du  fruit;  &  quel  eftle  foin  que  Ics 
vigncronsprcnncnr  d'en  retran- 
cherlesfarmensinutiles  &quinc 
portent  point  de  fruit  ^  &  de- 
monder  ceux  qui  portent  frui£tj 
afin  qu'ils  en  portent  dauantagc. 
GVft  vn  des  plus  beaux  &  des  plus 
profirablcsouufagesde  Fagricui- 
ture,&  ou  on  eftime  que  les  foins 
dc  ceux  qui  cultiuentla  terrc  fot  Ic 
plus  vnlement  employes.  Vous 
aues  en  cela  vn  cmbleme  de  ce 
queiefuisj&  fi  vousy  eftcs  atten- 
tifs,  vouscrouueres  que  tout  cela 
eft  beaucoup  plus  veritable  dc 
inoy,&(ic;  ceux  qui  fot  profeflion 
d'eftrcen  ma  communion,  quil 
ne  Teft  de  la  vigne  ordinaire  &c  na- 
iturelle.  Ic  fuis  le  vray  fep  ,  &  n'y 
eft  a  point  d  autre  que  moy  ;  touc 
autre  ne  peut  cftre  finon  vignc 
baftardc&kmbrunche.  Etraon 

Tea,. 


Cha.  I J.^72'  Paraphrajefur  TEuangilede 

Pcrc  eft  le  vigneron ,  cjui  m'ayanc 
plante  &  eftabli  pour  cftre  lara- 
cihe,la  fouche,  &  la  caufe  du  falut, 
&:  le  Chef  de  tous  ceux  qu'ilin- 
troduiten  macomunionj  prend^ 
commevousvoyespar  experien- 
^^  ^.  ce  >  le  foil!  de  ce  qui  concerne  ma 
^^  j/?^^'*  culture.  II  fait  done  cnuers  moy 

tout€  bran-  r  >  \  i      l 

ehe  qui  ne  par  fa  ProuideHce  ce  que  le  bon 

^rte     point  ^  .  /•    .  I     V"  •«        •! 

w^/f«/^ .«  Vigneron  rait  cnuers  le  lep  :il  tail- 

Jmglrtuu.^^^  retranche  comme  vn  far- 

^Lfu%M  Wentinutilejquicoque faifat pror 

M^n  -?«w/efefsiond'eftreamoy,&  dcs cftre 

^ifruia,    tnte  dans  ma  communion  >  ny 

porte  point  Ic  fruit  conuenablc, 

qui  gift  en  fan<£tificationvdc  forte 

que  quelque  belle  apparcncc  qu'il 

kitcxterieuremet  quclquc  temp^^ 

comme   s'il   faifoit   parade   de 

pampres  &  de  fueillagcs ,  fi  faut-il 

qu  en  fin  iltombe,  n*ayant  point 

dcpartcn  itioy*  Etquantaccux 

tqui  ^ntaiitc  moy  yne  comniu* 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.      $-y^  Chaa;.) 
nion  nonexteFnefeulement^mais 
interne  &  veritable, &  qui  tirent 
de  moy  le  fuc  de  vie  qui  gift  en  la 
communication  de  TEfprit,  dc 
forte  que  come  de  bons  &  fertiles 
farmens^  ils  portent  leur  fruit  en 
faintete  jilles  emonde  par  fcsad- 
monitionseontinuellcs,  &  paries 
affliitions  qail  leurenuoyey  & 
les  rcpurge  dcsfuperfluitesdti  vice 
&de  la  corruption  de  ce  prefent 
fiecle,  afin  quils  portent  encore 
plusde  fruit  de  piete  &c  de  vcrtu, 
qu'ils  nc  faifoyent  auparauant,     *•  j- 
CeladitjComme  il  clpargnoit  les  uneN.pouv 
Difciples  Ic  plus  qu^il  eftoit  pof-  %tTi„, 
fible  y  afin  qu*ils  ne  tournaflcnt  ''-^'^'^^' 
pas  ce  propostellementfur  Icurs 
perfonnesj  qu*ilsen  priflfentocca- 
iio  dc  craindrc  d'cftre  retranches 
commc  ludasl^auoitcfte^oumef- 
mes  dc  trop  apprchcndcr  les  af- 
flidions,  dont  ils  n'eftoyent  pas 


Cha.ij*.  6'74  "T^araphrafe  furFEuangile  dc 
encore  fort  capables  defouftenir 
la  rencontre ,  il  s'adrefTa  a  eux  & 
&;adjoufl:a  incontinent.Or  quanc 
avous^mcsamisj  vouseftes  defia 
cmondes  &  repurges  dc  la  cor- 
ruption de  ce  monde  ;  non  par 
les  afflictions ,  dcfquellcs  ievous 
ay  garentis  iufqul  maintenant^ 
mais  parrefficaee  de  la  Parole,  dc 
laquclle  ie  vousay  inftruits  &  ad- 
moneftes  pendant  le  tem  ps  de  ma 

Tiemeurez  couetfatio  auec  vous.Derortc  quc 

9n  may  ,  /^  • »  v    r  • 

moyenvous.  cc  que  1  ay  a  rairemaintenant  en 
^T;.t/-;  voftreegard.eft,  que  ievous  ex- 
dejoy.mej*  liorte  de  demeurer  perfeueram- 

*ne  porter  ^ 

fruit,  s'iine  ment  en  moy,&  que  par  ce  moyen 

demeure  en  -  rT  -  f       \      C   • 

uugne  .ne  vousvous  cftorcies  oc  rairequeic 
JZbZfL  demeure aufli  en vous,  Carlaper- 
mentfivom  feuerancc  en  la  foy  par  laquellc 

yte  demeurex,  --,  /  ^    *'  n    I 

en  may.  on  elt  cute  cu  mou  corps,  clt  le 
lien  de  la  perfeuerance  deTefprit 
de  Confolation  &  de  fandifica- 
tion^  par  lequel  ie  me  commu- 


Icfus  Chrifl  felon  S.  learii      6j^  Cha.  i/I 
nique  a  mes  fideles.    Et  pour  cela 
confidercs   bien    attcntiuemcnt 
combien  ma  communion  vous 
eftabfolumentncceflfaire.  Gom- 
me  le  farment  n'a  point  Ic  prin- 
cipe  du  fuc  &  dc  la  vie  en  foy, 
maisil  la  tire  dufepauec  lequelil 
eft  conjoint  J  de  forte  que  fcpare 
d'auec  fon  tronc  ^  il  ne  fi^auroit 
porter  fruit  quelconque  de  foy- 
mefme  ,  &  fautque  pour  fru6ti- 
fierildemeureaufep:  ainfi  quant 
a  vous,  vous  n'aucs  point  en  vous 
mefmes  le  principe  de  vie  &  dc 
fan£tification :  vous  tires  tout  ce 
quevouscnaues,  demoy,  en  qui 
vous  aues  efte  entes  ^  &  hors  dc 
moy  vous  ne  f(^auries  porter  non 
pas  le  moindre  fruit  dVne  adion 
bonne  &  fain te.   Etie  levous  re~    *i,f^i,u 
peteray  &  le  vous  inculqueray  ^^  -^'^nei^ 

1  J       ^  ^  .       -l  '    vous  lis  far' 

encore, arm qu'il  s'imprime  pro-  w#»i  ••  ?«^^ 
ondement  dans  vos  clpnts :  le  .^^  ^  «,^ 
Tt4 


Cha,  I/.   <^7^    n^ardphrafefurl'Euangile  de 
tniuy.pom  f"is  le  fep ,  la  on  eft  Tcfprit  de 
hjAucoufde  f^ndificacion    commc   dans  fa 

frm£t  :  car    ^  \         r 

fans  moy  fourcc  c  &  vous  cftcs  Ics  farmcns^ 
Vix^'^rilT'  dans  lefquels  il  fc  refpand  par 
^"^^■^  communication.  Celuy  qui  de- 
meure  en  moy,  &  moy  en  luy^ 
dVjne  communion  interieure,fpi- 
rituclle ,  &  veritable  ,  celuy  la 
porte  du  fruit  en  abondance,  do 
forte  que  fa  conuerfation  donnc 
de  la  ioyc  a  ceux  qui  la  regardent^ 
tant  eile  eft  pleine  de  bonnes 
ceuures&d'edification.  Aucon* 
traire ,  celuy  qui  fe  fepare  d'auec 
moy ,  ne  porte  point  de  fruit  du 
tout,  de  forte  que  fa  conuerfation 
eft  toute  denuee  &  toute  vuide 
d'a6tions  dignes  de  loiiange ,  & 
qu  elle  fait  de  Thorreur  a  ceux  qui 
la  rcgardent;  Car  hors  de  moy  il 
eft  impolfible  que  ny  vous  ny 
aucun  autre  puiife  rien  faire  de 
^iancunnt  bon*  Or faut  ilquc  vousf^achics 


lefus  Chrifi  felon  S .  lean.      Cjy  C\\£\$. 
encore ,  que  la  comparaifon  ne  ^7''',7/^ 
s'cn  arrcftc  pas  la.  Commc  on  ne  ^^'^^  ^or* 
laifle  pas  Ics  larmens  inutiles  &  went  ^  [e 
cpares  du lep,  guans  a  terrc,  mais  ^„  ^^^^. 
on  les  eloip-ne  bien  loin  hors  de  ^'''''*»  ^T^ 
fesenuirons  \  ^s'lls  auoyent  tire  etiUrftfera. 
du  fep  quelque  petit  filet  d*hu- 
meur  qui   paruft    en   quelques 
fueillages,  ils  (e  fechent  tout  aulli 
toft,   puis  on  les  amafle  :»  &  les 
met  on  en  faifceaux,  &  on  les  iet- 
teaufeUj&ilsbrullcnt  :  ainfi  en 
arriue-t>il  a  ceux  qui  ne  portent 
point  de  fruit  en  moy ,  &  qui  fc 
feparent  d*auec  moy,     Ils  font 
premierement  eloignes  &  recules 
de  ma  communion   exterieure, 
dans  laquelle  ils  s'eftoyent  tenus 
quelque  temps  :&  s'lls  en  auoyent 
tire   quelque   petit  commence- 
ment, &  quelque  effay  de  cettc 
viefpirituclle  que  ie  comuniquc 
a  mes  vrays  fideles,  qui  paruft  en 


Cha/ 1;.  ^78    Pardphrafe  fur  tEuangilede 

quelquc  precipitec    fcrucur   de 

,  zele,&  enquelquelegcreteintarc 

dc  piete  &  de  vertu  ,  tout  ccla 

s'efteint  &  s'amortit  incontinent. 

Puis  aprcs  le  temps  viendra  que 

ccuxqui  font  tels,  feront  parciU 

lement  amafles  &  entafles  en  faiC 

ceaux,  &  iettes  dans  le  feu  de  la 

gefne,  ou  ils  brufleront  cternelle- 

sTvJsde-  ment.  La  noftre  Seigneur  ccflfa 

meurei  ^^  dc    pouffuiuie  cette  fimilitude 

paroles  di-   exactenient;&  ce  qu  il  dit  depuis 

m  voHs.    qui  s  y  rapporte,  il  ne  1  employa 

^enftZ^ce  quepourlefaire,a  fon  accouftu- 

que  vcus     mee,  feruirdepartagre&deliaifon 

iivous  fera  aux  propos&  aux  cnleienemens 

qui  venoyent  apres.  II  continua 

_    done  en  ces  tcrmes.  Si  vous  de- 

Bipures  peileueramment  en  ma 

communion,  &:  que  les  paroles 

que  vous  aues  reccues    de  ma 

bouches'enracinent  en  vous,  fans 

s'en  feparer  iamais^  vous  en  tireres 


'  lefus  Chrifi felon  S.  lean.     ^79  Cha.  If, 
vn  auantagc  ineftimable^  que  ic 
vous  ay  defiapromis.   Ceffc  que 
toutcc  que  vous  voudres/  &  qui 
fcra  digne  de  vos  fouhaits ,  com- 
me  eft-ce  qui  concerne  la  gloire 
deDieUj&voftrefalut  J  fivousle 
demandes  a  mon  Pete,  vous  ne    ^,  g. 
manqueres  pas  de  i  obtenir    Et  ^^^Ijf^ 
vous  lobtiendres  d'autat  pluftoft,  g'orifie,  que 
qu  lien  reuiendra  de  la  gloire  au  r/>^  be^u^ 
Pere  celefte  ,  de  qui  vous  Taures  '^^^teZ^s 
impetre.    Car  vous  nc  fcjauries  ^^^^*  ^^j.^^ 
eftre  exauccs  dans  les  voeux  que  ^^*^- 
vous  feres  pour  chofe  de  cette  na- 
ture, que  voftre  conuerfation  n'em 
foic  plus  abondante  &  plus  fru- 
itueufe  en  routes  aitions  de  fan- 
£tificati6.  Ortellcschofcsferuent 
ailluftrerla  gloirede  Dieu,  qui 
feul  par  fon  Efprit  les  peut  pro- 
duiredansles  liommes.Etdcplus 
encore^  vous  monftrercs  par  la 
<pe  vous  elles  veritablcment  mes 


Cha*  V-*  ^S^  Pamphrafc  furtEuanpleie 

Difciplcs,  en  quoy  il  y  aura  pareiL 
lement  de  la  gloire  &  pour  vous' 
&  pour  moy.  Pour  vous,  en  ee 
que  vousmonftreresque  ce  n*cft 
pas  a  fauflfes  enfeigncs  que  vous 
portes  m6Nom,&  que  vous  vous 
reclames  de  may.  Pour  moy,  en 
cc  que  par  la  conucrfation  des 
Difciples,  on  iugera  de  rexccllen- 
cc  du  Maiftre :,  &  de  fon  inftitu- 
clmme  u  tlon.  Et  VOUS  m^cftcs  certes  bien 
Mhrj.  auft  obliges  a  procurer  1  auancement 
TJeZ^L  <ie  magloire,eu  egard  a  Ja  gran- 
""""Ifn  jjgijj.  (Je  Taffedion  que  I'ay  cue 
pour  VOUS.  Vous iugesaues  com- 
ment mon  Pcre  m'aimc,  &  il  vous 
en  a  rendu  des  temoignages  des 
cieux.  Et  cependant  ^  commeil 
m'aaime^ie  vousayaimesxeft  a 
dire ,  qu'en  la  relation  de  mcs 
vraysDifcipIes,&  depetitsenfans 
que  vous  aues  enuers  moy,  ic  v ous 
ayautantaimes,qu'en  la  relacioa 


fefus  Chrifl  felon  S.  Team,     €Si  Ch^lf 
dc  Fils  vniquc  que  lay  cnucrs 
Dieu^  i'ay  efte aime  de  men  Perc, 
Donnes  done  aufli  ordre  que  de 
voftre  part  vous  dcmcuries  pcr- 
feuerans  &  conftans  dans  lamour 
que  vous  aues  monftre  mc porter^ 
Et  de  celaienevous  demandc  ^,*«J^- 
autrepreuuefinoquevo^  gardies  ^^*^'^'^f'» 
mes  commandemens.Caruvous  vousdemtif^ 
gardes  mes  commandemens,  &  mon^rnvm. 
particulierementceluydela  cha-  ~i^ 
rite  que  ie  vous  ay  cnioint   fi  '^'^'^^''^^ 

i  /  '  mens  demon 

tftroittcment ,  vous  rercz  pa-  Pere.  &d^ 

.  /-|  /"     '  r  meure  en 

roiltre  que  VOUS  leres  pcrleuerans  /mamom^ 
en Tamour  que  vous  m'aues  te- 
nioignee,  Comme  quant  a  moy 
i*^y  garde  les  commandemens  dc 
ffion  Perc,  de  forteqailnyen  a 
cu  aucun  que  ic  n*ayc  execute ,  &  ^  ^^. 
que ien execute  tousles  iours.  Ic  j^-^om^y 

^  1     r»        I*  duces  choftf 

vous  ay  dclia  dit  que  vous  mc  afinquem^ 
deucs  bien  cela  pour  reconnoif-  Ztsf'^/^g 
fance  dclamour  que  i  ay  eue  pour  Jf/^lf^^ 


Chai  If.  6it  Paraphrafe  fur  tEuangile  de 
vous,  &  ie  m'afleure  que  vous  me 
I'auoiics  en  vos  conlciences.  Et 
lieancmoins  qiiand  ic  vous  ay  dit 
toutes  ces  chofes^  &  que  ie  vous 
ay  fait  toutes  ces  exhortations ,  ic 
n'ay  pas  tant  regarde  a  moil  in- 
tereft  ^  qu  au  voftrc.  Car  quand 
ie  vous  ay  dit  que  vous  gardafsies 
mescomandemcns^  &  que  vous 
portaflies  beaucoup  de  fruit,  ^'a 
cfte  a  celle  fin  que  ma  ioye^  c*eft  a 
dire,  celle  que  ic  vous  ay  fait  fentir 
de  ma  prefence,  &  de  ma  pro- 
tc£tion,  demeure  permanentc  en 
vous,  &  que  vous  ea  ayes  vn  con^ 
tinuel  fentiment  ;  &  a  celle  fin 
que  vofl:feioye,c*eftadire>  celle 
que  vous  fentes  en  vos  cocurs,  dcr 
,^  uicnnc  fi  pleinc  &  fi  abondantc 
qu  elle  rempliflfe  toutes  les  parties 
devosefprits.  Parce  que  robfer-^ 
uation  de  mes  commandemens^ 
&:  Tabondance  dcs  fruits  de  voftre 


Tefus  Chrifi  felon  S.Ieanl    (JSjCha.  i^i] 
fan6tifi  cation  3  feront  des  preuues 
indubitables  de  voftrc  commu- 
nion auec  moy,  & raflfeurancc de 
voftre  comunion  auec  moy,  eft  Ja 
matierc  infailliblc  &  incoparable 
de  voftre  cofolation  &  dc  voftre    ae/mon 
ioye.    Or  cft-ce  icy  mon  com^.  'r«77«t' 
mandement,  queicvousaytouf-  *^^«^.  '^.f'*' 
jours  recomniaade,&  que  ie  vous  i'autre,com>> 
recommande  encore  par  acims  ay  amis, 
tous  les  autrcs:  c'eft  que  vous  vous 
aimiesreciproquement:3Commc    ^  ^^^ 
icvous  ay  aimesl  Etvousenaucs^  ^''[  "^^^p^ 
lans  doute  8c  vn  beau  motir3&  vn^  q^^  cenuy 

bill  I  . -    quand  QUeU 

eau  modellc  en  mon  cxemplc.  ^u^vnmetso 

Car  rechercys  ,^  ievous  prie,  '^-^^^^^^^ 

routes  les  preuues  d'arfe6tioti,  que 

les  liommesfe  font  iamais  dones;, 

ou  qu  ils  fe  peuuent  donner  a  la- 

uenir  les  vns  aux  autres.  Quelques 

vns  ont  perdu  gayement   Icurs 

biens  en  confideration  de  leurs 

amis  :  c  eft  quelque  chofe  ,  cu 


amtf* 


Cha.'fj.  ifS^  Pdraphraje  fur  rEuangile  de 
-egard  aTardcur  que  la  plus  part 
des  hommes  ont  pour  cc  qu'on 
appelledu  bien.  Quelcjues  autrcs 
n'onc  pas  rcfufe  de  fouffr ir  pour 
leurs  amis  quelque  dommage  en 
leur  honneurrc'eft  quclque  chofc 
deplus,  principalcment  pour  des 
ames  vn  pcu  genereufes.  On  en  a 
veu  qui  n  ont  pas  refufe  dendurer 
aloccafion  de  leurs  amis^quelque 
notables  tourmens  en  leurs  corps, 
ou  quelquefafcheufe  &  honteufe 
mutilation  de  leurs  membres : 
cell  fans  doute  vn  degre  d'afFe- 
6fcion  encore  plus  eminent^  s'il 
fautiuger  des  actions  des  hom- 
mes par  les  fentimens  &  Ics  mou-» 
tiemens  de  la  Nature.  Enfin  il  s'en 
eft  veu,  quoy  que  rarement,  qui 
ont  abandonne  leur  vie  pour  ra- 
cheter  cellede  leurs  amisjc'eftl^ 
Textreme  effort  de  Tamitie,  & 
apres  cela  il  n'yaplus  de  preuuc 

d'afFcitioij 


lefus  Chrifi  felon  S.  Irani      ggy  Cha.  jf) 
d'affedion  a    donner  entrc   Ics    p^Jt^l 
hommes.  Icy  la  nature  dc  la  chofe  mesamis.fi 
rcqucroit   que  lelus    adioultalt  um  ee  que 
que  c'cftoic  U  le  temoignage  di^  L7r/"^ 
niour  qu  il  eftoit  preit  dc  leur 
donner,  parcequ'ils'acheminoit 
au  lieu  d'oii  il  deuoic  eftre  mene 
fouflfrir  vne  mort  ignominieufe 
pour  leurs  crimes-  Ec  fes  paroles 
la  le  leur  infinuoyent  aflfcs  princi- 
palement    en    Ics  rapportant  a 
toutcs  les  autres  chofes  prlcce- 
dentes.    Derechef  ,1a  nature  dc 
fon  exhortation  demandoit  qu'il 
leur  dift  que  puis  qu*il  ferefoluoit 
a  mourir  pour  eux,ils  eftoyet  obli, 
gcs  derccefoudre  a  mourir  pour 
lui  parcillemet.Et  dc  faitilseftoyet 
beaucoup  plus  tenus  de   mourir 
pour  luy  fi  Toccafion  le  requeroit, 
que  non  pas  luy  d*endurer  la  mort 
tp,  leur   place.    Parce   qu'outre 
Pextrcme  &  infinie  inegalite  qui 

Vu 


Cha^i/.  (f8(S    TaraphrafeJurl'Euagilede 

eftoitcntreluy&eux,  illesauoit 
preuenus  de  fon  affic£tion  tandis 
qu  ils  ne  le  connoiflbyent  point/ 
&  qu  ils  eftoyent  fescnncmis  ,  au 
lieu  que  quant  a  cux  ils  n'auoyent 
fait  que  correfpondre  en  quelque 
fac^on  a  Ton  amour  ,  &  fuiure 
.  Texem  pie  qu'il  Icur  en  auoit  don^ 
ne.  Et  neantmoins  il  ne  leur 
voulut  dire  ouuertement  ny  iVn 
by  Tautre.  Nonle  premiered  au- 
tant  que  fi  les  termes  vn  peu 
obfcurs  par  Icfquels  ils'en  eftoit 
cnonce  auparauant ,  &  qui  n'a- 
uoycnt  cngendre  finon  quclques 
foupcjons  de  fa  mort  en  leurs 
cfprits,  auoyent  cfte  capablcs  de 
lescontriftcr  commc  ils  auoyent 
fait ,  la  declaration  cxprefle  de  la 
chofe,&  la  prononciation  precilc 
decenomde mort, les euft  touta 
fait  accables  de  triftefle  &  dc 
doulcur.  Oril  les  auoit  toufiours 


lefis  Chrifi  felon  S.  lean.  687  Chai  i  }1 
epargnes  auec  dcs  tcndrcfles  in- 
imaginables.  Non  le  fecond; 
parce  quen  cetteinfirmiteen  la- 
quellc  ils  eftoyent ,  &  en  cette 
proximite  du  peril  auquel  ils  fe 
rencontroyent  ,  ils  n'eftoyent 
point  encore  capables  de  ces 
hautesrefolutions:,  eomc  Simon 
Pierre  le  monftra  bien  par  fon 
exemple.  C'cftoit  a  TefpriE  Con- 
folaceur  a  leur  infpircr  ces  mou- 
uemens  5  lors  qu'ils  en  verroyenc 
clairement  Ics  motifs  dans  la 
mort  &  dans  la  refurredion  du 
Seigneur  ,  &c  dans  routes  ces  di- 
uines  verircs  qui  leur  deuoyent 
citre  reuelce.  Il  fe  contenta  done 
decontinuer  fonpropos  dc  cette 
forte.  Vous  feres  mcs  amis,  c'eft 
adirCjVousvous  monftreres  tels^ 
( car  en  TEcriture  les  chofes  font 
fouuet  dites  eftre ,  quand  elles  ap- 
paroifTentnotablcmcnt  J  fi  vous 


Cha»i/.  (>88  Taraphrafefurt  Euangilede 
fakes  leschofesque  ie  vouscom- 
mandc.  Mais  bien  que  ie  vous 
Ie  'ne  vous  commande^&  vousfcjaues  quelle 
fij!teur7"  eft  ordinairement  Temphafe  de 
IZXiTait  ^^  terme  la  y  ie  ne  vous  tiens  pas 
ciuefonM^i  (Jeformais  pourtanten  qualitede 

ftre  fait  :        ^        .  ^  1     i  j-    •  n         r 

mmiievom  leruitcurs.  Cat  Ic  Mailtre  Ie  con- 
vey dit  mes  1  y        <     r      r 

amis, pour-  tente  de  commander  a  les  Icr- 
ta,nt  que  ie  y^em^sce  Qu  ll  vcutqu  ils  faflfent, 

'VOHi  ay  jatt  \  i.  ■ ' 

connoiiire     f^j^s  leur  en  decouurir  les  caufes. 

tout  ce   que  -  r      \     \ 

ta^  ouy  de  Son  commaudcment  ieui  leur 
monvere.    j^-^  tcnirlicude  raifon  ,  &  leur 

gloire  confifte  en  robeiflfance. 
Mais  ie  vous  appelle  mes  amis ,  & 
vous  traittc  comme  tels  ,  parcc 
que  toutes  les  chofes  que  i'ay 
ouics  &  apprifes  de  mon  Pere,  il 
ny  en  aaucune,  qui  concerne  fa 
gloire ,  &  les  fccrets  de  voftre  fa- 
%  \i.  ^^^j  queienevons  donne  a  con- 
voHi   ne  noiftre.   Ie  fcay  bien  que  vous 

fsraues point  i    J  1  • 

ejieu,n,ai^ie  cftes  mes  amis ,  non  feulement 

"VOUS    ay  i-  .  ,  -  ff 

ieus6>vi^us  parcequeie  vousaime^maisaulu 


lefus  Chrifi  felon  5.  lean.  6^^  Clia.  15.^ 
parcc  que  vous  m'aimes,  &  que  ^j^-^-^^^ 
noftre  diledion    eft   mutuellc.  ^m^i^&^p 

.,  port  iez  fruit 

Mais  ncantmoins  lay  cet  auan-  ^quevoftre 
tage  pardefTus  vous  dans  la  lou-  ^ZJnt7tTk 
ange  de  noftre  amiti6,  que  pre-  f ;^«^  ^^- 
mierement  ceft  moy   qui  lay  -vomdimtiYu 
commencee  &  qui  vous  ay  pre-  Fereenm»n> 
uenus ,  puis  apres  que  c  elt  a  vous  ^^  ^^„„^, 
qu  elle  eft  vtilc  &  glorieufe.   Car 
ce  n  eft  pas  vous  qui  m'aues  eleu 
pour  me  coftituer  voftre  Maiftre, 
&voftreChef:  vousne  me  con- 
noiflies  point,  &ne  penfiespoint 
en  moy  ,  lors  que  noftre  focietc  a 
premieremet  pris  naifTance.  Mais 
ceft  moy,  comme  vous  fc^aues^ 
qui  vous  ay  eleus,  &  qui  vous  ay 
appellesvnparvn,  &  qui  vous  ay 
eftablispour  eftremes  AmbafTa- 
deurs,  afin  que  quandle  temps  en 
fera  venu ,  vous  aillies  de  tous 
coftesepandrela  eonnoifTance dc 
ma  Verite,  pour  porter  beaueoup 

Vu3 


1  autre. 


Cha.lj,  ^5?o  n^araphrafcjur  tEuangiLde 
de fruit alagloire  deDieti^&a  la 
conuerfion  du  genre  humain,  & 
que  voftre  fruit  foit  permanent, 
comnie  vne  riche  &c  precieufe 
moiiron^qui  fe  conferue  foigneu- 
fement ,  pour  eftre  rccuellie  la 
. ,  J  liaut  dans  les  greniers  du  Pere  ce« 
levouscom  lefte.  Telleoient  qu'en  rexercice 
chofes.afin  cle ccttc cliarge^a laquciie  ic  vous 
Vhniei^i'vn  ayeleus  &  deftines,  &  pour  en 
fairelesfon6tios,&yreuilir  auan» 
tageufement  comme  il  faut,il  n'y 
a  rien  de  fi  grand  ny  de  fi  glorieux 
que  vous  demandies  a  mon  Pere 
en  mon  nom  ,  que  ie  ne  fafleen 
voftre  confideration,  &  que  ie  ne 
vousottroye  liberalement.  Ecce 
que  ic  vousremcmore ainfi  les ef- 
fets  de  mon  amitie,  ce  que  ie  vous 
en  inculque  fi  fbuuent  la  finccritej 
&  la  vehemence  ,  ce  que  ievous 
ordonne  de  confiderer  que  ie 
vous  y  ay  prcuenus,  ce  que  ie  vous 


Icfus   Chrl ft  felon  S.  lean.     6pl  ChaajJ 
mets  dcuant  les  ycux  la  gloire  & 
les  auantagcs  qui  vous  en  reuien- 
ncnt ,  ce  n  eft  pas   ny  que  i*ea 
vucille  faire  oftentation,  ny  que 
iclevousvueillereproclier,  com- 
me  fi  vous  ne  Ic  reconnoiflies  pas 
&  que  vous  n  en  cullies  pas  la  fou- 
uenance.  Ce  que  ie  vous  en  disne 
tend  aautrebutfinonquc  parces 
confiderations   i'engendrc    plus 
efficacement  en  vous  la  charite 
que  vous  deues  auoir  IVn  pour 
Tautre.    Au  refte  il  nc  faut  pas    ^;  '*•  ^ 
doutcr  que  lors  que  ie  vous  ay  vous  h^h. 
ramentu  1  Apoitolat  pour  lequel  rn-^  eu  en 
ic  vous  ay  defignes ,  &  la  gloire  tr  P 
que  ce  vous  eft  d'eftrc  appellesa  ^''«^- 
cctte  charge  ^  ilncvousfoitvcnu 
en  refprit  que  Vous  aures   quel- 
quesincommodites  a  y  fouftenir 
dc  la  part  dcs  hommes.  Et  Tcftat 
auquel  vous  me  voyes  maintcnat, 
preft  d  eftre  furicufcment  pcrfe- 

V-u  4 


Cha.lj.  ^p^  Paraphrafc  fur  lEuangik  dc 
cute  par  cux,  vous  en  doiccoa- 
jfirmer  la  penfec.  Cars*ils  com- 
mcncent  ainfi  par  moy,  ilscon- 
linueront  cnvous^ficen'eftauec 
tant  d'animolite ,  de  violence ,  & 
d  ardeur,  au  moins  ne  fera-cc  pas 
fans  mauuaife  volonte  ,  &  fans 
haine.  Mais  cela  mefme  qui  vous 
cncftvnaduertiflement,  vousy 
doit  feruir  d'vn  extreme  ac- 
couragement ,  &  d Vne  confola- 
tion  incomparable.  Si  done  le 
monde  voushai't3VOUS;,di-je,mes 
Difciplcs  Ik  mes  Ambaflfadeurs, 
fcjaches  qu'il  m^a  eu  en  haine  pre- 
mier que  vous ,  moy  voftre  Sei- 
gneur &  voftre  Maiftre.  Car  il 
n  eft  pas  railonnabie  que  vous 
prenies  en  mauuaife  part,  ny  que 
vous  vous  decouragieS:,  fi  le  mon- 
de a  de  i'auerfion  pour  vous,quad 
S'vou.euQ  I  m  auratraittede  la  lorte.  htce 
mon^e\u   vous  fcra  mcfmcs  vne  marque 


IcCus  Chrifl felon  S-  lean.  6^^  Cha.  ij. 
quevo^eftes  dVne  autre  c6diti5,  ^J^-^J 
que  luy&eleues  pour  de  bieautres  Ieroitfun:ot 
cfperances.  Car  ii  vous  cities  du  vous  nefits 

*         I        1  r  •    /    1  point  du  mo- 

monde ,  la  conrormite  de  nature,  ^,  ^  ^^^ 
d^humcurs,  &  dHnclinations  qui  I'^/j^J'Z 
(eroitenvous.feroit  quele  mon-  ^^nde.pour- 
de  vous  aimcroit ,  comme  vous  hauiemon- 
cftimant  de  fon  corps :  parce  que 
chacun  aimc  ce  qui  luy  appar- 
tient,&qui  luy  eft  come  proprc. 
Mais  parce  que  vous  n'eftes  point 
du  monde,  &:que  ie  vous  en  ay 
fepares,afin  de  vous  donner  noti 
feulement  de  differentes  afFediios, 
mai's  vne  Commiilion  qui  tend 
toute  a  combattre  les  liennesj 
cette  cotrariete  qui  eft  entre  vous 
&  luy,  feraians  doute  qu'il  vous     f-  i^ 
ait  en  hainc.  Partant  (ouuen^s-  JanceTA^ 
vous  dela  parole  que  ie  vous  ay  Cfjr.' 
dite,  quele  fcruiteurneftant  pas  '^^ (f^^^^^''^ 

-  ^  -  I  ne^     point 

plus  grand  que  Ion  Scieneur^  ii  ^^«^  gra.-^d 
n  elt  pas  lulte  qu  li  dciire  vne  ftrt,  6^. 


Ch^oi;.  694  Paraphraje  fHrtEuangilc  de 
m'antperie^  mciUcurc  cojidition,  ny  vn  meil- 
'•vausperfecu  leur  traittcmcnc^  quc  celuy  qa  oa 
i'iUontglr^  faitafonMaiftre.  S'ilsm'ontper- 
ll^S:  ^cute  .^  ils  vous  per(^cuteront 
ronp^iis  u    ^^{{i  .  s'jJs  Q^.  aarde  ma  parole, 

(&  VOUS  Icaues  cequi  eti  eft)  us 
garderont  auffi  la  voftrc.  En  vn 
motjtcllc  qu  a  efte  lacodition  du 
chef,  telle  doit  aufifi  cftre  celle  dc 
fesmembres.  Carcomme  ie  fuis 
le  patron  par  lequel  vous  dcues 
former  touces  vos  adions,  &  le 
modelle  dela  vie&  de  la  gloire 
que  Ic  Pere  cclefte  vous  deftine 
pour  voftre  remuneration :,  il  eft 
t^ul^' ih  parcillemenc    ordonne   &  pi'e- 
^om  fcront  Jeftinc  Quc  VOUS  v  entreres  par 

ioiitei  ces  1  J  ^  J- 

sbofesacau  quclqucs   tribulations    a     mon 

fe  de  mon         ^  -^1  k       rC  r  \  TJ 

'}^-iom:pomce  cxemple.  Auili  lera-ceacaule  de 


tii    m 


coZotjfent    I'l^on  nom ,  que  vous  annonceres, 
poirit  cciuy  &  en  confideratioo,  Hon  de  VOUS, 

quj.  tn  a  en*  ^  .     ; 

^/.         mais  de  moy ,  a  qui  vous  rendres 
temoigaagc,  quils  vous  fcroat 


lepis  Chrifl  felon  S.  lean.      6^^  Cha.ij. 
routes  ces  cbofes.    De  force  que 
ce  ne  fcra  pas  tant  vous  qu'ils  per- 
fecuteront/que  moy,a  qui  par 
confequenc  toucliera  le  foin  de 
vous  confoler,  de  vous  fortifier, 
&  de  vous  defendrc.  Et  encore  la 
cliofe  n  en  demeurera-t-elle  pas 
H.    Car  ce  qu'ils  vous  perfecute- 
ront,  c  eft  qu'ils  ne  me  conoiflTent 
point  ;  &  ce  qu'ils  me  perfecu- 
teront  en  vous,  c'eft  qu'ils  ne  con- 
noiffcnt  point  le  Pcre  qui  ma 
enuoye.  Tellementquela  perfe- 
cution  pafTeiufquesaluyjpouren 
auoir  Ics  relTentimens  necellaires 
pour  voftre  protedion  &  pour 
voftre  ioye.Etilmefufficdpvous     f-  *^' 
du'e  cela  prclentement  \  cariene  'venu  ,   ^^ 
rcgarde  qu  a  ce  qui  eft  de  voftre  YSIIZ, 
confolation;pourle  refte,lePere  fj^^^2'^l[ 
qui  m'a  enuoye  fcaura  bien  en  '^''  -  '»-*» 

*  o     1  •  r  1       mainienant 

temps  &  licu  vanger  lur  cux   Ic  tisno: point 
mefpris  qu  lis  aurot  fait  &  de  mo  /,«7/.!,t'. 


Cha.I/.  6p6  Paraphrafe  Jur  tEnangile  de 

Norri;,  &  de  fa  gloire.  Etverita- 
blement  ils  le  meritent  plus  que 
des  paroles  font  capables  de  le  re  - 
prefenter.  Car  (lie n'cftois point 
vena  au  monde;(i  lene  m'eftois 
point  manifefte  fi  clairement  a 
cux^fi  ieneleur  auois  point  don- 
ne  dans  ma  parole,  6c  dans  ma 
dodrine  tantd'enfeignes&fiin- 
dubitables  de  ma  miflion  de  la 
part  du  Pere  ,  fi  tant  d'oracles 
venus  des  cieux ,  tant  de  miracles 
fairs  en  la  terre^tantd'euenemens 
arriuespour  monftrcr  que  ie  fuis 
celuy  que  les  Prophetes  ont  pro- 
mis ,  nMuoyenr  mis  cette  verite 
liors  de  douce  &  de  conteftation, 
ilsfe  pourroycc  en  quelque  fac^on 
excufer.  Ilsdiroyent:,  ou  bienil 
ne  s'eftpas  prefcnte  a  nous,  ouil 
s'y  eft  prefente  de  telle  forte  qu  il 
n'y  auoic  pas  moyen  de  le  recon- 
noiftre.  Ec  leur  excufe  ne  feroit 


lefus  Chrift  felon  S.  lean.  ^-jOx^Af. 
pas  fans  quelque  fondement.  Far- 
ce qu  on  ne  connoift  finonles 
objers  qui  fe  prefentent  &  aux 
yeux&arintelle6t,  &  qu'encorc 
faut-il  queces  objets^  pour  attirer 
extraordinairementlcsyeux  &  les 
entendemens  des  liommes  fur 
eux ,  &  donner  d'eux  quelque 
eftime&  quelque  impreilion  fin- 
guliere^  fe  tirenthorsdu  pair  des 
autres  par  quelqucsnotablescha- 
ra6l:eres.  Mais  maintenant  aprcs 
tantdechofes  quails  ontveues  & 
ouies  demoy^  il  neleur  refte  ny 
excufe  ny  couleur  mefme  d  excu-* 
fe  a  mettre  en  auanc  ^  qu  ils  nc 
foyent  coupables  d  vn  grand  & 
horrible  peche,  &  qui  merite  vnc 
epouuantable  vengeance.  Car  f,  15. 
quandon  ne  confidereroitfinon  ^yff'^^^ 
lepecliequilscommettenteniTie  J"^^^  *^'^ 
haiflantjfe  feroitafles  pour  at- 
tirer fur  eux  vn  horrible  iuge- 


Clia,  ij.  65)8     ^araphrafefurtEuangile  de 

ment  de  Dieu.Mais  la  haine  qu  ils 

mepQrtetnes'arreftepasen  moy. 

Qui  mc  hai't,   il  halt  egalcment 

f.  24.     monPere.Ainfirhoncur demon 

MUsZti  Pere  y  eltantinterefle ,  il  eft  iufte 

ures  entte   qu'a  proDoi tlo  la  codamnatios'e 

eux  que  nut     111 

autre  n^ci   aggrraue.Ie  diray  quelquechofe  dc 
roiem  point  pius  quc  le  11  ay  dit  cy- dellus  pour 
mXmlm  Hionftrer  daucaiit plus claircmcnt 
tenant  ils  Us  leur  obftiiiation ,  &  la  malice  de 
&^cnt  hay  Icm* aueuglement.  Quelquesvns. 
^ere.         qui  loiit  veHus  auaiit  moy,  one 
fait  des  (xuures  extraordinaires 
deuant  les  ycux  de  cette  nation. 
Moyfe  en  a  fait  dc  grandes  en 
Egypte  ,  dans  la  mer  rouge  ^  &c 
dans  le  defert.    La  vie  d'Elie  & 
d'Elifee  en  font  particulierement 
fignalees.  Quelques  autres  Pro- 
phetes  en  ont  fait/qu'il  n  eft  pas 
befoin  que  ie  vous  rapporte.  Si 
done  ie  n  en  auois  point  fait  de 
plus  grandes  &  en  plus  grand 


iejus  Chfisl felon  S,  lean.  699  Clia,  i/l 
nombre  que  quiconquc  foit  que 
Dieu  ait  iamais  rendu  illuftreaa 
milieu  d'eux  par  de  telles  adions^ 
&quils  n'euffent  point  eud'autre 
opinion  de  moy  que  cellc  qu  ils 
ont  cue  de  ces  gens  ia^  ils  en  pour-- 
royet  encore  aileguer  vnccxcule 
qui  paroiftroitaucunemet  legiti- 
me. Ils  diroycnt  que  n'ayat  point 
d  autre  conoiflance  de  la  dignite 
dcma  pcrfonne,  que  celle  quils 
pouuoycnt  tirer  de  la  contempla- 
tion de  mes  adions,  ils  nepou- 
uoyent  finon  memettrc  au  rang 
de  ccux  aux  ceuures  de  qui  Ics 
miennes  cftoyentegales.  Maisla 
creation  de  tant  de  pains ,  la  rc- 
furrcdionde  tantdemorts,rou- 
uerturedesyeuxdetatdaucugles, 
&  qui  mcfmes  eftoyent  nes  tels^la 
guerifon  de  tant  dr.  malades  ab- , 
folumcntdefefpcres,  Tcxpulfion 
dc  tant  de  demons  ^  font  chofcs 


Cha  ij.  700  Paraphrajc  furl'Euangile  de 
aufquelles  ils  fcjaucnt  bien  quil 
n  y  a  iamais  ricn  eu  de  compa- 
rable.  Et  ils  ont  veu  toutes  ces 
chofes  de  leurs  yeux  ^  &  neant- 
moins,  non  feulemec  ils  ne  m'ont 
pas  reconnu  pour  ce  que  ie  fuis, 
non  feulement  ils  ne  m'ont  pas 
mis  au  rang  des  Prophetcs  qui 
m  ont  deuance ,  non  feuletnent 
ils  ne  m'ont  tenu  pour  indiiFcret, 
Maii^'e/i  mais  ils  m'ont  hai3&moy&  mon 
pti!7^  Pcre.  Mais  il  ne  s*en  faut  pas 
aecompiie.    eftonncr.   Il  faut  que  toutes  les 

qui  ejt  ecrtte  ^  i 

en  leurLoy.  cliofes  oui  ont  eftc  dites  de  moy^ 

lis m*tnt  eti  ,  ^  \-  rC  o 

en  haine    ayent  kur  accompliliement ,  & 

types  qui  m'ont  reprefente^Tont 
eftedema  perfonneen  plus  forts 
termes.  Or  fc^aues  vous  ce  que 
dans  le  liure  des  Pfeaumes ,  qui 
fait  bonne  partie  de  laLoy  qu  lis 
font  profeflion  d'auoir  en  (i  gran- 
de  recommandation ,  Dauid  a 

autre 


lefus  Chrip  felon  S.  lean.    701  Cha.  15* 
autrefois  ecritde  fes  aducrfaires. 
Ilsm'onr^^it-ilycu  en  hainejans  cauje.  , , 

Aiiifi ,  que  pcrfonne  dc  vous  ne  ^^isqu^nd 
s  en  cltonne.  La  gloire  de  mon  teurfemve. 
Norn  ne  fcra  pas  toufiours  etouf-  ^^^f^l;': 
fee.    Q  land  Ic  Confolateur  que  """"y  ^'  P""^ 

^^»^  X  m&n  Fere, 

ic  vous  ay  promis ,  &  que  ie  ne  I'eipritdeve 

*  1  ^  rile,  qtiiprom 

manqueray  pas  de  vous  enuoyer  cede  demon, 
de  par  Ic  Perc.(car  le  Pere  ell  bien  'iTilfr^Z' 
la  premiere  iburce  &  Ie  premier  ^^'^''^  ^^ 
prmcipc  de  toutes  choics  quicon- 
cernenc  noftre  falut  j  mais  il  en  a 
mis  lestrcrorsimmenfes&inepui- 
fables  en  moy,  &  ma  donne  la 
pui fiance  de  les  diflribucr  a  fes 
Hdellcs)  quand^  di- jc^cet  Efprit  dc 
veritc,  doc  ie  vous  parloistanroft, 
icquel  procede  at  moa  Pere ,  fera 
venu  a  vous,  celuy-  la  rendra  vn  fi 
auchcncique  temoignagedc  moy^ 
qu'il  ecartera  &  dillipera  toute 
Tobfcurite  dont  vous  voyes  que 
ma  qualite  de  Fils  eft  maintenant 


Ch^.\f.  yoi  TaraphrafeJurtEuangilede 
eiiueloppee,  Sa  venue  fera    vnc 
preuue  indubirable  de  ma  glori- 
fication :  ies  dons, qu'il  rendra  il- 
luftres  en  vous ,  lors  qu/il  vous 
rendia  capables  de  parler  a  toutes 
nations^  publieront  par  tout  quel 
eft  leMaiilre  que  vous  auesluiui; 
&Ia  merucille  des  fecrecs  dontil 
vous  donnera  la  rcuelation,&  qui 
tous  concerneront  la  dignite  de 
ma  pcrfonne,  la  diuinite  de  ma 
charge,  la  vertude  mesfouffran- 
ces,  lagloire  de  mesvidoires,la 
magnificence  de  mon  exaltation, 
Tetcndue  de  mon  Royaumc^,  &C 
I'cruure  de  voftre  falut  par  moy, 
attefteront  a  tout  IVniucrs  qui  ic 
TAvollauf^  fiiis,  &  quel  eft  mon  Pere.  Et  vous 
'{nVe'jTcZ  mefmes  vousen  temoigneres  auC 
-vousejiisdes  fi:Car  ccft  pour  cela  que  ievous 

le   cowmen-  t        •  r-  • 

cement anec   aV   clioifis  ,  &  GUC  i'aV  VOuIu  QUC 

vousruliies  dcs  le  comencem.ent 
auecmoy,afinque  vous  puiflies 


I c fus  Chrifl felon  S.  lean.      yojCha  iSi' 
cftre  des  irreprochablcs  temoins 
des  choles  que  vousaues  veues  & 
ouies 

CHAPITRE   XVI. 

^f^VIS   lefus    continuant    ^-   '•' 
ion   propos ,  &  railant  dit  ccs  cho. 

fl/>  fes.  afin  que 

exion  lur  ce  que  ce  vomiefoySi 

quilauoitdit  afes  Difciples,  ^(^s^^^^l^J^f'^ 
perfecutions  aufquelles  ils  feroyec 
cxpofes,  pouuoic  cauferde  trif- 
tcflc  &  de  trouble  dans  leurs  cC- 
pries,  il  leur  die :  le  vous  ay  decla- 
re routes  ces  chofes  toucliant  la 
condition  a  laquelle  vous  feres 
affujettis  a  caufe  de  mon  Nom, 
non  pas  afin  de  vous  affligcr^^  mais 
afin  que  quand  elles  arriueronr^ 
voasn'enfoyes  point  (candalifes* 
Car   les  aducrciflemens  donnes 

XX   2. 


Cha.  16,  704  Taraphraje  fur  I'Euangilede 

auant   rcucnetnent    des   chofes 

mcfmcs,  icsfont  preuoir3&  dan- 

ncncoccafion  desy  preparer.  Et 

ks  chofes  preueu'es,  &c  aufquelles 

ons'eft  prepare :,  ne  fiirprennent 

pas,come  cellcsquKotinopinees. 

Or  eft-ce  la  furpnfe  quid5ne  da 

troublca  I'efprit ,  &  refprit ,  quad 

il  eft  trouble^  eft  plus  expofe  a  la 

tencation,  oc  dansvne  beauccup 

moins  fernieaftiette  pour  refifter 

aux  accidens  qui  deftournent  de 

la  profelTio  de  maverite;  &.c'eft 

,    ^      en  cela  que  confifte  le  feandale 

Il  vcus  doncie  vous  parle.Mesennemis, 

hots  dts  fi-  &les  voltres,,  rulmineront  done 

"JfTuieps  contre  voustantles  petites  que  les 

-viendrs.quc  afandcs  exc6munications,&:  vous 

-vom  fnz    retrancheront  ienominculemcnt 

f9m  faire   de  ieur  comunion^  en  vo   bannil- 

fi^rutcs  ^    fantdcleurs  Synagogues.  Etvous 

fc^aues  quels  arrefts  ils  ont  don- 

nesdansleursConfcils,,&  quelles 


Diei4, 


lefus  Chrijl  fc4on  S.  lean.  70;  Cha.  1^, 
epreuues  ceux  c[ui  ontcu  le  cou-- 
rage  de  s  y  declarer  pour  moy,  en 
ont  defia  faites.  Ec  maintenant 
que  ie  vous  voy  fortifies  par  mes 
propos,  le  diray  encore  plus.  Le 
temps  viendra  ,  non  pas  li  toil, 
mais  il  viendra  pourtant,  que  la 
fureurdeleurzclclestranrportera 
iufques  a  tel  point ,  que  quicon- 
que  vous  fera  mourir,  s'imaginera 
auoiv  fait  quelque  feruicc  a  Dieu, 
comme  s*il  luy  auoit  offert  vnfa- 
crifice  fort  agreable.  Tay  dit  ex-  £/^W«,% 
preilement  que  cefera  la  (^^^^^  V.^'/JrltT^ 
de  leur  zelc  quilesytranfportera.  5«*''^  ^'^f 

_^  A   .  •;.,  A    ^  conntt,nele 

Parce  que  puis  quits  penleront  p/r^;?^?^?>- 
faireferuice  aDieu,ilfaudrabiea 
qu  il  y  ait  en  cela  du  zele  mefle: 
mais  du  zeie  deftitue  de  connoif- 
fance.  Car  ilsvousferottoutesces 
chofcs  parce  qu'il  ne  connoiiTcnt 
nylePerenymoy.  Nonmoy.  lis 
lemonftrent  bienen  ce  qu'ilsme 

Xx  3 


Cha.K?.  ^06  Paraj?hraje  furl'Euangilcie 
rejettcnt  &  me  perfecutent  fi  vio  - 
lemment.  Non  le  Pere  aufTi.  lis 
fc  font  bien  accroire  quails  one 
quelque  connoilTance  de  liiy, 
dautant  qu'il  s'eft  dccrit  en  Li  Loy 
qui  refonne  tous  les  iours  a  leurs 
oreiiles.  Maisilsnereconnoiirenc 
ny  fa  nature  fiinte  &  fpiritucllc, 
puis  qu'ils  s'imaginenc  que  i^oa 
feruice  gift  tout  en  ceremonies, 
quincregardentquelc  corps;N/ 
fa  iufticc  inexorable,  puis  qu'ils 
feperfuadentdefaire  la  propitia- 
tion de  Jeurscrimes  parleursfa- 
crifices  :  Ny  fa  fageHe  emerueil- 
lable,  puis  qu'ils  fc  figurent  qu  il 
prend  plaidr  a  la  pompe  &  a  la 
magnificence  du  monde  ,  & 
que  c'eft  en  ces  chofes  la  que 
la  manifeftation  de  fon  regne 
doit  confifter  /  Ny  fa  miferi- 
eorde  infinie,puis  quils  pcnfent 
qu  elle  ne  fe  doit  etendre  finon 


lefus  Chrifi felon  S,  lean,     707  Clia»  i5. 
far  eux  feulement  ^  a  Texclufion 
des  autres  nations  :  Ny  fa  puif- 
fance    finalement  ,    puis  quils 
croyent  que  de  petits  comracn- 
ceniens  &  contcmptibles  en  ap- 
parence ,  tels  que  font  ceux  de 
mon  apparition  cntr  eux ,  il  ne 
pent  pas  tirer  ces  grands  &  me- 
morableseffets  queles  Proplietes 
ont  attribues  a  la  manifeftation 
du  Meflie.  le  vous  ay  done  ad-  MaUievom 
uertis  que  ces  perfecutions4a  vous  J^y^f ^^  J"^ 
actendoyent  ,  afia    que    quand  ?.^*  ^""^""^ 

J  '  1  \l  Iheure  /era 

rheure  en  fera venue,  vous  vous  venue  ,  n 
louuenies  demesaduertiltemens^  uienn^  que 
&  que  icles  vous  ay  predites  auat  ''J"7offu5 
qu elks arriuaflenc. Car  ainfijtant  f'''  '^^^ 
sen  raut  que  vous  en  loyes  lean-  pom^ditces 
dalifes ,  que  voftre  foy  s'en  aug-  lommeJcs' 
mentera,  &s'enfortifiera  deplus  ^^fv/^. 
en  plus,  quand  vous  verres  que  ie  auecvouu 
fuisla  Verite^,  comme  ie  vousdi- 
fois  tantoft ,  &c  que  les  euenemens 

Xx4 


Cha.iC.  708  ParaphrafcfurtEuangiledc 
auront  confirmemesprophcties. 
Ec  ce  que  ic  nc  vous  les  ay  pas 
dites  ily  a  long  temps  &  des  le 
commcncement,cen*eft  pasque 
ie  ne  les  (ceufle  bien  :  car  les  chofcs 
a  venir  me  font  auffi  claires  y  & 
'  aulli  aifees  a  voir  que  les  prefcntes: 
mais  parce  que  i'cftoisauec  vouS:, 
vous  n*en  auiespas  befoin ,  dautac 
que  cen'cftoitpasa  vous^  mais  a 
moy  ,  que  la  haine  dp  monde 
s'addrefloic ,  &  que  fi  vous  en  aucs 
veu  quelque  echantiilon^mapre- 
fence  vous  proregeoit  &  vous 
Nlismain'  confoloit  tout  enfcmble:  Main- 
tinnntte     tcttant  ic^OT'cH  Tetoume  vers  ce- 

fn  eft  vsy  a  ^  /  n 

uiuy  qui  luy  qui  m'a  cnuoye,  c'cft  pour- 
&  per^nne  Quoy  11  clfc  neccliaire  que  le  vous 
lltZ7t^'  rortifie  par  mes  aduertifTemens, 
dautant  que  ce  fcra  centre  vous 
que  dcformais la  haine  du  monde 
fe  porrera ,  &  que  vous  aures  be- 
foin de  p  lus  de  courage  &  dc  for- 


lefus  ChrififcloriS*  lean.      709  Cha.  16. 
ce  d'c(prit,n'eftans  plus  fouftcnus 
&  confoles  par  ma  prefence.  Or 
cy-deuanc,  quaiid  le  vous  difois 
que  ie  m'en  allois  ^  yous  me  dc- 
mandies  ou  i'allois ,  &  vous  en  cn- 
queries  foigneufement.    A  cetre 
lieurevous  vouscenes  tous  enfi- 
lence ,  &  perfone  de  vous  ne  m'in- 
terrogue,  &  ne  me  dem ande ,  Ou 
¥as-  tu  ?  Mais  au  lieu  de  cette  cu-  Maispour- 
riolite   que  vous  auies  lors  dele ^t;^^/^^^,> 
fcauoir,  levoy  envoustousdc  la  ^'^^f/^^''^ 
conftcrnation,  &  que  les  cliofes  r^y  '^'J^^' 
que  le  viens  de  vous  dire  prelcn- 
tcment  de  mon  prochain  depart 
(car  iufque  lail  ne  s'cftoit  point 
expliquefidifertemeiatde  lapro- 
ximite  dc  fapaffion>  maisauoit 
toufiours  tcllemcnt  difpenfe  fes 
propos,  qu'encorc  qu*il  ne  parlaft 
que  d Vn  peu  dc  temps  ^  il  n*en 
auoitpoint defigne  I'heure  fi  pre- 
cife&li  prochain e)  out  coble yos 


Clia.  16,  710  Paraphrafc  fur  tEuangtle  dc 

coEurs  de  douleur  &  de  triftefle. 

Toutesfoh  Et  cependant,  mes  amis,  re  vous 

-verkk  ii     dis  la  verite ,  &  que  1  emonon  de 

-vomeftexpe  ^^^  efptits  DC  VOUS  ctApefche  pas 

dtent  que  tg  l  ^f  1 

m'en  aiiie :  Jc  le  cioirc  ;  11  VOUS  cft  louucrai- 

car  fi  ie  ne  , .  .  , 

jwVwt/4/,/^  nement  expedient  que  le  men 
»;:^r  aillc.  Car  telle  eft  la  fage  ceco- 
pimaveHs.  nomiequllapleuau  Pere  celefte 
future  en  TcEUure  de  voftre  Re- 
demption ^  que  moy  &  le  Confo- 
lateur  que  ie  vous  ay  promis,  ne 
pouuons  eftre  en  mefmc  temps  en 
laterre.  Ie  ny  dois  eftre  que 
pendant  le  temps  dc  mon  abbaif- 
fement^quaadceluy demon  ex- 
altation fcra  vcnu  ,  il  faut  que  ic 
me  retire  au  lieu  qui  m'eft  deftine 
pour  ma  gloire.  Ec  le  Confolateur 
ne  pent  venir  icy  basqu'au  temps 
de  mon  exaltation ^  parce  qu'il 
eft  deftine  pour  fuppleer  a  mon 
abfence.  EtdepluSjfonenuoyeft 
vrie  adion  de  ma  glorification^ 


leius  Chrifr  felon  5.  lean.  711  Ch^- 16\ 
&  la  premiere  &  plus  gloricufe  lar- 
gelfe  que  ie  dois  repandrc  fur 
vous/quand  i'auray  pris  poflef- 
fion  de  mon  tt one  en  mon  Roy- 
aume.  Car  les  Rois  de  ce  monde, 
&:  les  Conquerans,  combattent 
premierement  dans  les  terres  dc 
leurs  ennemis ,  &  puis  quand  ils 
les  ont  vaincus  ,  ils  retournent 
triomphansen  Icurs  proprespays, 
ornes  de  depouilles ,  &  accom- 
pagnrs  decaptifs,  &  puis  quand 
ils  font  paruenus  au  lieu  le  plus 
eminent  dc  leur  domination,  ils 
epandent  des  richcilcs  fur  leurs 
fujets  en  abondance.  Si  done  ie  ne 
m'en  vais  point,  le  Confolateur 
ne  viendra  point  vers  vous :  car 
c'eft  en  fes  dons  que  cofiftent  mes 
largeflfes.  Mais  fiiem'en  vais,  ie 
le  vous  enuoyeray  ,  &  quoy  que 
vouscftimies  maprefencetant&: 
plus^comme  vous  en  aues  bien  du 


Cha.  iC.  712,    Paraj^hraje  fur  I' Euangile  de 

fujet,fieft-cc  qu  alcxperiece  voiis 
f.  g.      trouueres  que  laficnne  vous  fcra 
£'/'^  plus  auantao-eufe.  Cariufquicya 
ie  V0US  #».  la  vcnceie  vousay  enlcignes  tout 
^S^/vT!  autantqucla  condition  du temps 
/«y/.r*  t...  &voftrepropreinfirmitele  pou- 
uMincm  u  uoit fouffrir.  & cc  n'cft  que  voftrc 
sU,  deiu  rautc,  11  vous  n  aues  acquis  plu- 
^uismmf'  fieurs  belles  connoiirancesenma 
compagnie.     Mais  outre  qu*en 
cela  vous  ciles  bicn  loin  au  def- 
fous  de  laperfcdiona  laquelle  il 
vous  faut   afpirer  ,   vous  voyes 
quelle   ignorance  regne  dans  le 
monde.   Il  ne  fcaic  nv  Ie  com- 
mencemenc ,  nylc  milieu,  nyla 
iin  de  la  relioion  feule  falutaire. 
Non  le  commencement  :  Carii 
ignore  la  grandeur  de  la  corru- 
ption du  peche,de  laquelle  il  eft 
natureliemcnt  faifi ,  &  Thorreur 
de  la   maladidion    du  mefme 
peche  3  a  laquelle  il  eft  naturelle- 


lefis  Chrifi  felon  S,  lean,    jij  Ch^ASv 
menc  aflujetti  y  &  tant  les  pecits 
que  les  grands ,  tant  les  Difciples 
que  lesDodeurs^tant  les  fages  que 
ics  idiots,  tant  le  populaire  que  ics 
Philofophes/e  flattent  en  la  bon- 
ne opinion  quils  ont  deux,& 
s'cndormenc  en fecurite ,  comme 
li  Tire  de  Dieu  ne  leur  pendoic 
point  duciel  fur  la  tefte.  Non  le 
milieu:  Carii  ignore  la  nature  de 
lavrayciuftice  par  laquelleil  doit 
eflre  iuftifie  deuant  Dieu ,  &  la 
nature  dc  la  vraye  iuftice  ou  fain- 
tete  lacjuclle  eft  agreable  a  Dieu. 
Lesluifs^  &  les  Grecs,&  generate^ 
ment    routes  nations   &   tons 
pcuples,  s'imaginent  qu'ilsferont 
iuftifies  par  Ic  merite  de  leurs 
aaions,&  fontcofifteria  piete&: 
la  fainteteou  en  Tobferuation  de 
quelquc  ceremonies  de  peu  de 
poids^   ouen  quelque    retenuc 
dans  Jcs  adions  dij  corps,  fans  fc 


Cha.I^.  7H  P^raphrafe  furtEuangile  de 

foucicr  du  fonds  de  1  anie.  Non  la 
fin:  Car  toutes  les  nations  ignorec 
que  Dieu  ait  cftabli  vn  iour  au- 
quel  il  doit  iuger  le  monde  vni- 
uerfelpourladclturancedcsfiens^ 
&:pour  la  punicion  dcs  mefchans; 
&  les  luifs  qui  bnt  quclque  peu 
plus  de  connoiflfance  dc  cccte  ve- 
rite,l'ont  neantmoins  corro  m  pue 
de  diuerfes  imaginations  extraua- 
gantcs.  Orquandccttuyla, que 
le  vousay  defia  defigne,  ce  Con^ 
folateur,  cet  Efpritdc  verite ,  fera 
venu,  il  mettra  toutes  ces  trois 
chofes,  le  Peche,  laluftice,  &le 
lugemetjdansvneficlaireeuiden- 
ce,  qu'il  faudra  que  le  monde  ca 
demeure  neceflfaircmetconuain- 
cu,  n'eftantpaspofliblederefifter 
f,  p.  aux  preuues  qu'il en  fera  voir,tant 
De  P^-^^^cllesferont  irrefraeables.  Ilcon- 

dt  ie,  pDHtce  O 

quth  nom  uaincradonc  le  monde  de  Peche 

point  creu  m  .  « 

moy^        premierement  ,  parcc    que  les 


lefus  Chri  ft  felon  S,  leanl      "^15  Clia.  ifi; 
homes  ne  croycnt  point  en  moy. 
Car  ypeui-il  auoir  ou  vn  plus 
certain  argument  de  rinuinciblc 
&  incorrigible  corruption  deTcC- 
pric   humain,  que  ilncredulite 
auec  laquelle  on  me  rejette  ,  veu 
que  le  Vray,  THonnefte ,  &  I'Vci- 
le^  qui  font  les  naturelsobjets  de 
refpritderiiomme^font  enmoy 
en  vn  degre  fouuerainement  emi. 
nent :  ou  vn  plus  grand  &:  plus 
iufte  fujct  defairetomber  la  ma- 
lediction de  Dieu  fur  cux  ,  que 
cette    mefme  incredulite  ,  veu 
1  outrage  qu  ellc  fait,  &  a  moy ,  & 
aU'Pere  tout  enfemble  ?  Il  con-    ^vy- 
uaincra  auHile  monde  deluftice  poune  que 

C  .   1 .  .  >         itf  men  vay 

cnleconci  lieu, parce que le  men  ^  n;onFere 
vai  a  mon  Pcre,  &  que  vousne  trZ^us, 
me  verres  plus.  Car  tandis  que 
Ton  m*a  veu  en  la  terrc  ,  &  que 
Talliance  qui  dit,  Fat  ccs  chofcsy  & 
w  u'mras ,  a  fubfifte^^cs  homes  le 


font  nourris  de  cctte  imagina- 
tion, que  leur  iuftice  dependoic 
de  leurs  bonnes  actions  Q^nd 
on  me  verra  dans  mes  fouffrances, 
on  commencera  a  connoiftre 
eombien  I'lre  de  Dieucll  inexo- 
rable concre  le  peche5&  toutes- 
fois,  iufqucsla^ks  Iiommes  n'au-;^ 
ront  point  encore  de  certaineaf- 
feurance  que  ie  Ics  en  puiflfe  ga- 
rentir,commeen  eftant  accable 
moy-mefme.  Mais  quand  on  me 
verra  fortir  de  dcfFous  la  male- 
didion  de  la  Loy ,  &  me  retirer 
Vers  mon  Pere,  alors  il  n  y  aura 
plus  defujet  de  douter  dc  la  ple- 
nitude de  la  fatisfa6tion5&  de  lac- 
quifition  de  la  Iuftice.  Et  dere- 
chef,  tandis  que  Ton  m'a  veu  en 
la  terre,&  que  Talliance  qui  gift  en 
ceremonies  a  fubfifte,  le  monde 
s'cft  entretenu  en  cette  opinion, 
:  que  la  faintete  conliftoit  ou  en 


tout^ 


lefus  Chrifl  felon  S,  lean.     717  Gha.l^ 
tour,  ou  en  la  plus  grandc  parcie, 
en  CCS  chofes  terrienncs  &  corpo- 
lellcs.    Mais  quandieferayauec 
mon  Pere ,  &  qu'on  ne  me  verra 
plus,alorson  fi^auraque  la  vraye 
fainteteeften  efprit  &  en  vcrite, 
&  qu  elle  gift  aimiterdes  icy  bas, 
en  me  cherchat  du  coeur  &des af- 
fections au  lieu  ou  ie  feray ,  la  vie 
que  ie  meneray  auec  le  Pere  ce^ 
lefte,  Carcommelorsieferay  vi*^' 
uanc  a  Dieu,  il  faudra  que  chacun 
faflfe  Ton  conte  d'eftre  viuant  a 
Dieu  dc  mcfme.    Enfin,  il  con-  Tfe'iuiemtt. 
uaincra  le  monde  de  lugement,  ^ZlZ^dLl 
parceque  le  Princede  ce  monde  '^'''f''^fi'^ 
cftdeuaiuge.  Gary  peut-ilauoir 
yn  plus  grand  argument  que  les 
fideles  feront  quclque  iour  de- 
liures  de  la  mainde  la  Mort^  &c 
delapuiflance  du  Malin  qui  en  a 
iempirc,  que  de  le  voir  bicn-toft 
Srquafi  dcsmaintcnant  chaffede^ 


Ch^r  i6.  718  Pardphrafefnr  I'Euangile  de 
la  domination  qu'il  a  cue  fi  ab- 
folaeenceiiecleicy?  Ellantpre- 
micrement  chafle  des  corps  des 
hommespar  ma  voix,  &  le  deuant 
cftrc  dans  pcu  de  temps ,  &  de 
leurs  coeurs  &  dc  leurs  Temples, 
par  la  force  de  ma  vente,  rctien- 
dra>t  il  a  perpetuitc  le  regne  qii'il 
a  fur  eux  par  I'encremife  de  la 
Mort&du  fepuIcrc?Et  dercchef, 
y  peut-il  auoir  vnplus  grand  ar- 
gument dela  condamnation  des 
impenitens,  &  des  perfecutcurs  dc 
mon  Euangile,  que  de  voir  leur 
chef  condamnc  a  eftre  abyfme 
fouschailnes  d  obfcurite  dans  des 
peines  eternelles  ?  Telle  eftant  la 
condition  du  chef ,  quelle  doit 
eftre  celle  de  fes  fcdateurs  &  dc 
{cs  membres  ?  Etfi  apres  tant  de 
fiecles  d'impiete  ,  qu'il  a  regne 
dans  le  monde  fi  mfolcmment^ 
cnfin  il  a  efte  lie  pour  eftre  puni; 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.      719  Cha  i&. 
comme  vn  homme  fort,  quVn 
autre  plus  fort  que  luy  defarme, 
quelle  doit  eftre  Tattentede  ceux 
qui  rimiteront  cy-apres  en  me 
perfecutant:,  finonquapresauoir 
cfpere  que  leurs  crimes  demeu- 
rerontimpuni^^&s'eftremocques 
de  la  promefTe  demon  aduene- 
mentjilsferont  auffi  lies  comme 
luy  pour  eftre  adiuges  a  mefmcs 
pemes?  Voilalesprmcipaies  bales  Vayetjcore'^ 
de  la  religion  que  le  m5de  ignore  ;;«^,,t"^, 
profondement^  SrauerEfprit  de  ^"  '  '^^^ 
verite  ,  lors  qu  vne    rois  li  Icra  touuez.  por^ 

ansvnepiemeem-  nmt. 
dence.  Ec  i  aurois  encore  beau- 
coup  de  ciiofes  a  vous  dire  des 
diuers  autrcs  myfteres  dont  le 
corps  de  la  religion  doit  eftre 
compofe,  fi  vosentendemensen 
cftoyent  capables.  Mais  ils  con- 
fiftent  en  dodrincs  aufquelles  on 
a  fi  peu  penfc  iufqu  a  maincenanr^ 


ter  fnamte- 


Cha.i(f.  710  Tamphrafcjurt  Euangilede 

&  qui   par  confequent  font   (i 

eloignees  des  comunes  opinions 

aufquellcson  eft  accouftumc,  &c 

des  preiuges  dont  les  efprics  des 

iiommes  iont  prcoccup^s  ,  que 

vous  mefmes,quelque  inftru6lion 

que  vous  ayes  reccue  dc  moy,  en 

feries  pour  le  prefent  crop  furpris 

&  tropeftonnes,  tant  ils  palTenc 

MJsquar/d'dc  loiu  voftrc  portee.Maisquand 

::^r4^^^ttuy4^,  afcauoirl'E(pritde  ve- 

de-v.rite,  ii  riccXcra  vcnu.  il  nV  aura  aucun  dc 

-vom    enfei-  n  1  -I  1 

g7iem^  toute  ccs  myltercs  dont  line  vous  don*^ 
ne  p^r'er^  Hc  u  leuelation  ,  aucune  de  ces 
p/^^^ ^^p^r  A'lUimc^  Verites  aufquelles  il  nc 

Joy  :  mats  il  ^  J:. 


dnatom  ce  ^^QXi^  addrefle  par  (a  conduite. 

^tiUt     aura  ^r^        r  r      '  1 

ouy:(^vcus  De  lorte  que  vous   leres  alors 

^yaioncera  /  •It''        0JI'  11 

les  chofei  a.  ^ous  emerueiUes,  &de  I  excellcn- 
venir,  ^^  bcautc  dcs  connoiflanccs  que 
vousacquerres  par  fa  reuclatio,  & 
de  la  pleme  &  infailhble  certitu- 
de auec  laquelle  vous  les  pofle- 
tieres^  pourlesepandrcparlapre- 


lefiis  Chrifl  felon  S.  lean.  711  Ciia.  iC. 
dication  de  mon  Euang-ile  en 
route  la  terre.  Qnandiefuisvenu 
au  monde^  &  pendant  Ic  temps 
que  i  y  ay  conuerfe,  i'ay  toufiours 
fait  profcflion  de  ne  rien  direde 
moy  mefmc ,  mais  d'annonccr  les 
paroles  de  celuy  qui  m'a  enuoye* 
Parcc  que  c*eft  le  deuoir  d Vn 
AmbafTadeur ,  de  n'auoir  rien  dc 
fon  chef,  mais  de  fuiure  pon6tuei- 
lemcnt  fes  inftru6tibns,  s'il  veut 
remporter  la  loiiangc  d*auoir 
bien&fidelement  exerce  fa  char- 
ge. Or  ay-ie  fait  la  fon£tion 
d'Ambafladeur  pendant  mon 
feiour  icy  bas  cntre  les  hommes. 
Quand  cc  Confolateur  que  ie 
vous  promets/era  venujil  en  vfera 
tout  de  mefme.  Il  ne  parlera  point 
de  par  foy-  mefme  ,  parce  qu*il 
fera  la  fondion  d'Ambaflfadeur, 
mais  il  vous  annoncera  les  do- 
d  rmes  qu^l  aura  ouies  de  ceux  au 

Yy5 


Gha.  iS,  71  z  ^araphrafejiir  I'Euangile  de 

nom  de  qui  il  viendra;  &c  ne  fe 

contentera  pasdevous  ramener 

en  memoire  les  chofes  paflees.que 

vous  aures  mifes  en  oubli^ny  d'e- 

pandre  de  la  lumiere  furies  pre- 

fentes ,  que  vous  n'encendes  pas 

maintenant^afinde  les  vous  faire 

connoiftre  &    approfondir.    II 

vous  reuelera  mefmes  celles  qui 

font  a  venir,  de  forte  qu'iln'arri^ 

ueraaucun  memorable  accident, 

ny  a  la  nation  des  luifs ,  ny  aux 

Empires  de  la  terre,  ny  aTEglifo 

de  Dieu ,  iufqu'a  la  confomma- 

tion  des  fiecles,  dont  il  ne  vous 

donne  des  connoiffanccs^  ou  ne 

vous  addrefl'e  des  vidons ,  que 

vouslaifTcres  a  la  poilerite,  pour 

feruir  d'aduertiflement  &  d'in- 

\?eUyme  ftru(fliona  tous  les  ages   Surtout 

gi.onfiem:    ^^  f^^^  ^^y  ^^^ j  j^^^  alotifiera  liau- 

cur  il  prenv  J     x  1     ^  /*   . 

dr^  du  mte  icmQ.ntzx\ixz  les  horn  mes,  en  rai- 

©«    le  vous  f  n  f     • 

finmnetra.  lantparoulrc  ciairement  ce  que  le 


lefusChrijl  felon  S,  lean.     713  Clia»  16. 
fuis ,  &  mcttant  la  diuinire  de  ma 
pcrfonnc,  &ch  fouuerame  excel-  - 
Icnce  de  macharcre.&lavertude 
ma  padion  &c  de  mcs  combats, 
&  la  magnificence  de  ma  vidoire, 
a  vn  fi  hauc  point  de  clarte,  qu'il 
yen  aura fujetd'admiration pour 
les  hommcs  &  pour  les  AngeSo 
Cependat  toutcequil  vous  dira> 
il  le  prendradc  moy,  &  tircra  de 
mes  trefors  toutes  les  chofes  qu'il 
vous  doit  annonccr,  commc  ve- 
nantde  ma  part,  6c  n'ayant autre 
but  de  fa  commiflion  que  de  me 
faire  connoiftre.   Et  ne  trouues  xtutJj^u^^ 
point  eftrange  que ie  vous  ayedit  '^^i'^^*^^  ^(2 
qua  prcndra  du  mien,  &  quil  tam   fiyie 
puucradans  mes  archm^s,  parcc  prendm  //* 
qu'il  viendra  de  ma  part  j  vcu  que  ;^; -^^.ti' 
ievous  ay  aufli  dit  cy  delTus  qu'il  '^«''*- 
viendra  de  la  part  duPcre.  Car    ' 
pource  que  le  Pere  5c  moy  fom- 
me  vUiainfi  que  ie  vous  en  ay  fou- 

Yy4  '  ' 


Clia.  I<J.  714  Paraj^hrajejur  tEuangile  dc 

uentaducrtis^  &  que  nous  auons, 
vne  mcfme  eflence ,  nous  auons 
auili  mefmes  proprietes ,  &r  des 
trefors  inepuifables  dc  fipience' 
communs ,  de  forte  que  toutes 
les  lumieres  de  vcrice  qui  font  a 
mon  Pere  ,  m'appartiennenr/ 
Voila  pourquoy  ie  vous  ay  die 
qu'iltireroit  toutes  les  cliofes  quil 
vouscommuniquera^  de  moy  & 
de  mes  trefors^  &  qu'il  les  vous^ 
annoncera  telles  que  ie  les  luy 
f.  1^-    auray  fournies.  Et  confoles-vous^ 

Vh  petit  de  '         .  I 

umfs ,  &  mes  amiSjCn  ce  que  vous  Ie  re- 
Z^'LrrTi  ce^J^es  bien-toft,  &  que  la  Pro- 
point: 6*  de^  tncffc  Oiic  ie  VOUS  en  fais,  ne  fera 
titde  temp's  pas  long-temps  dirieree.  Car  il 

^  votts  me       s  \  r  j      ^ 

-uernx,,  car  H  y  a  plus  quc  fort  peu  de  temps, 
'ImonZri  lufques  a  ce  quil  m'arriuera,com- 
me  ie  vous  ay  defia  dit,  vn  tel  ob- 
fcurciflfemenr,  que  vous  nc  me 
verres  plus.  L'heure  de  cette 
iiiienne  eclipfe  eft  fort  prdclie. 


Icjiis  Chriji  felon  S.  learu      715  Cha.l^, 
Ec  dercclief,  il  n  y  aura  que  fore 
peu  de  temps  a  pafTer ,  iufques  a 
ce  que  vous  me  verres  reuenir  a 
vous,  deueloppedeccttemienne 
obfcurice ,  &c  reftablidanslalu- 
naiere  de  la  vie.  Car  pourcc  que 
ie  m'en  dois  bien-  toft  aller  a  mon 
Pere,  dautant  que  ma  Commif- 
fion  s'en  va  finie ,  &  que  i'auray 
incontinent  accompli  fa  volon- 
te^ilfaut  que  tout  cela  fe  falfe 
prontementjdWivientque  vous 
verres  bien-toft  Pexecution  de 
ma  PromefTe.  Iufques  ia  fes  Dif-    j^',„/^;^. 
ciplesrauoyentecoutecnfilencCj  ^«»^  ^^  f^^ 
ans  attentirs  a  ce  qu  11  aiioii,  ret emteux. 
Et  bien  qu'ils  n'entendiflcnt  pas  fJ.i-^^'Zm 
diftin6tement  Ie  fens  de  routes  fes  i'^'  ^'"^  ^'" 

itt  ,^  vous 

paroleS:,u  eft-ce  qu'ilsne  difovent  »^  ^^  ^^^'- 

■*•  •  i'       n  "^  Tf  X,  point  :0' 

mot,  enpartieparreipcct,  pour  derecheftn 
ne  Ie  pasinterrompre,  en  partie  t'l'lJ^.^'^^, 
auffi  parce  qu'ils ne  voyoyent  pas  ^""^ '''"''' 


querintelligececlaire  &diftind€  ^^re. 


vaj  a  lb  en 


Cll3. 16.  -JIG  Paraphraje  fur  tEuangile  de  - 
de  cc  qu  il  leur  difoit^  leur  fuft 
neceflaire  fi  toft.  De  forte  qu  lis 
portoyent  en  patience  lobfcurite 
quils  y  rencontroyent.  Mais 
quand  il  vintadirc  &  a  repeter 
deux  fois  ces  mots,  liny  a^lus que 
fortpcudctem^s ;  dautant  quciuf- 
ques  a  lors  ilsn  auoyentpeu  con- 
ceuoir  quefafouffrace,  dontilles 
auoitaduertis,  fuft  fi  prochaine, 
&  qu  ils  ne  pouuoyenc  non  plus 
comprendre  comment  ce  fien 
depart  ^  dont  il  leur  auoit  parle^, 
deuft  fi  peu  durer  qu  il  reuinft 
tout  incontinent  pour  fe  faire 
voiraeux,  quclques  vns  d'en- 
tfeuxnefepiirent  tcnir  defe  dire 
les  vns  auxautres ,  Queft-ceque 
ccla  qu  il  nous  dit  j  11  n  y  a  plus 
quVn  peu  de  temps :»  &  vous  ne 
nieverrespIus^Etderechef  jllny 
a  plus  qu'vn  peu  de  temps,  &  vous 
me  verres ;  Et  encore :  Car  il  faut 


'    lefus  Chrijifclon  S.Iem.    717  Cha.i6;» 
que  ie  m'en  aille  a  mon  Pere  ?  Ec    l]^llll^, 
les  premiers  qui  firent  cctte  de-  donc^u-eji 
mandealeurs  compagnons,  nen  ditvnpem^ 
receuant  point  de  relponle  ny  dc  uons  quii 
fatisfadion  ,  ils  la  faifoyeat  en-  ^''• 
core  a  d  autres :  de  forte  que  cet- 
tc  parole,  Qu^eft  ce  que  cela  qu  il 
dit,  Il  ny  a  plus  qu  vn  peu  de 
^temps  y  Et ,  Nous  n  entendons 
point  cequ'il  dit,  couroitabafle 
voix  entrc  fes  Difciples  derrierc 
luy ,  aucan  n'ayant  pourtant  la 
liardieHe  de  luy  demander  ce  que 
c'eftoit:,  quoy  qu'il  n'y  en  euft 
pas  vn  qui  n  en  euft  fort  bonne 
enuie.Car  cesmots  auoyet  beau- 
coupadjouftc  a  Icurs  inquietudes 
precedentes.Or  bie  qu  ils  paiiafTet     eI  \lfm 
ainfi  bas  entr  eux,  &c  qu  aucun  '^l^^^^Zn 
d'euxnefc  fuft encore auace pour  loiintwtef 
linten:oguer,Ielus,quin  ignoroit  dtt.v^usde 
nen  de  ce  qu'il  vouloit  Icjauou',  ;,^  ^^,,,  ^v 
vid  &c  connutdansleurscceurs  le  ^l^''/'/{ 


Clia.  itf.  718   n^araphrafeJurtEuangiledc 
t/ven/i  ^^fi^  quilsauoycnt  de  le  faire.  It 
plus,  e^^'.'lespreuint  done,  &rcacliantbieii 
tk  &  votis  que  c  eltoit  laproximite  de  Ion 
msvirnz^  coiiibat  qui  Iciir  donnoit  de  la 
frayeur,d  mefnagea  tellement  fon 
propos ,  felon  fa  figeffe  accou- 
ilumce,  que  dVncofte  ilneleur 
determina    pas    precifement    le 
temps  de  fon  affliction  ,  &::  de 
Tautre  il  ne  leur  diflimula   pas 
quelle  deuoit  eftre  leur  condi- 
tion, afi  a  qn'ilssyrefoluflfcnt.  EE; 
neantmoins,  acequ'ils  s'y  difpo-* 
faffent  plus  courageufement,  il 
leur  en  promit  vn  bpn  fucces  &C 
vnc  ifTue  glorieufe.    Il  leur  die 
doc :  le  voy  bicn^encore  que  vous 
ne  me  le  difies  pas ,  que  vous  vous 
dcmandes  les  vnsaux  autrcs,  ce 
que  fignifie  ceque  ievousaydir, 
QtVil  n'y  a  plus  qu*vn  petit  de 
temps  iufqu'a  ceque  vousne  me 
vcrres  plus^  &:derechef,  qu'il  n  y 


lefhs  Chrifi  felon  S.  lean.    719  Cha.  i^T* 
a  plus  qu  vn  petit  de  temps  iu(- 
ques  ace  que  vous  me  verres  j& 
que  vouseftes  fort  en  peine  &  de 
ce  que  ie  vous  ay  voulu  dire^  & 
principaiement  du  temps  auquel 
il  doit  arriuer.  Pour  cc  qui  eft  du  ^\,^;-^^^ 
tempsauqueicela  doitarriuer,&  '^''^'^^  " 
pour  ce  qui  elt  de  ladureej  li  ne  vouspieure^^ 
vous  importe  pas  qu'on  le  w ous  Zinterei^' 
determine  precifement.  Ainiine  f/^^^^^^V" 
vous  en  inquietesdu  tout  point  ^^^^^^or.tri^ 
Fefprit,  &  laifles-cntout  a  fait  le  -vcflretu/ief, 
foin  &c  a  moy ,  &  a  mon  Pere.Mais 
voicy  ce  qu'il  vous  importe  de 
f(^auoir,&  fur  quoy  vous  deues  ar- 
reftcr  routes  vos  penfees.Ceft  vne 
cliofe  tres-ccrtaine  &  tres-indu- 
bitable,  &  delaquelle  vous  deues 
cftre  aufli    pleinement  alTcures 
que  fi  ie  la  vous  confirmois  par 
ferment  :  (^'en  quelque  temps 
que  ce  que  ie  vous  ay  voulu  dire, 
^oiue  arriuer,  ('^  ie  vous  ay  die 


fe  (era  con*, 
uertie  4» 

ioye. 


Clia.itf.  730  Paraphrafe  fur  I' Eudngile  de 
qu  il  n'y  a  plus  iufques  la,  quVn 
petit  de  temps  j  vouspleureres,& 
lamenteres ,  a  caufe  de  la  nature 
&  de  la  grandeur  de  I'accident,  &^ 
affligeres  vos  ames.  Et,  ce  qui  aug- 
naentera  voftre  doulcur^le  monde 
s'cjouiralors,  &vousinrultera,  & 
triomphera,comepour  vne  gran- 
deprofperitCjOucome  pour  vne 
vi6toire  fignalee.  AMieuredonc 
que  le  monde  fera  plein  d'exulta- 
tion  ,  vous  feres  quant  a  vous 
pleins  de  triftefle  &:  d*amercume 
en  voRre  coeur.  Mais  voftre 
triftefle  ne  fera  pas  pour  toujours, 
&  en  quelque  temps  que  cela 
doiue  arriuer ,  (&  ie  vous  ay  dit 
que  vous  n  attendres  qu  vn  peu 
de  temps)  tant  y  a  que  voftre  af- 
^,  „.  flidion  fera  couertie  en  ioye.  Puis 
^emme'*'  ^^^^^ fi^acliant combien  les fimili- 
enfante.eiu  tudcs,  quand  elles  font  bien  prifes 
'loHrce''qHc  &  bien  naiuesj  aident  a  rintelli- 


'  lefus  ChriB  felon  S.  lean.      731  Cha.  \6l 
gencc  des  chofes ;  &  combicn^''^^^'''^"^ 
elles  lerucnt  ales  impnmer  plus  ^pres^ju^iih 
auant  dans  les  cfprits ,  il  illuftra  lnpe7ten. 
fon  propos  de  la  comparaifonla  f:;},^:!;;. 
plus  belle  &  la  plus  elegante  du  f'^'J^i^^- 
mondc.  Car  iladjoulta  tout  auiu  uhytqu'ei 
toft.  Vous  voyes,  mes  amis,  ce  LmJeV/ 
ce  quiarriue  aux  fcmmes  encein-  '!/''''  ^'""^ 
tes.    Quand  vne  femme  eft  en- 
ceinte,&  quele  temps  de  Taccou- 
chement  eft  venu  ,  elle  fent  des 
uanchees  &  desdoulenrsquiluy 
oftent  tout  autre  objcd  de  la 
penfee.     On  n*oic  autre   chofe 
dVlle  que  des  cris,'&  il  femble  que 
fonefpritfoit  toutafaitenglouti 
dans  la  triftefle.  Mais  outre  que 
cela  ne  dure  pas  long- temps ^  la 
Nature  ayant  ainlifagementdiC- 
penfe  les  chofes ,  que  les  douleurs 
liviolentesne  font  pas  de  longuc 
duree^  de  peur  qu  elles  ne  con-    • 
funnent  les  forces,    &  qucllcs 


Cha.  16  7jr    Paraphrafefur  tEuangile dc 

nepuifent  les  e(J3rits,  Ic  fuccei 

que  la  femme  en  void  arriuer^ 

change  toute  la  conftiturion  dc 

foname.  Carquand  elleafaitva 

petit  enfant,  la  memoire  de  foil 

angoifTe&defadouleur  fort  tout 

afaitdefon  efprit,  qui  neft  de- 

formais  plus    rempli  que  de  la 

ioye  qu  elle  a  de  voir  le  mondc 

-,  accreu  d^vne  creature  humaine  a 

vousdonc  quielleadonelanaifTance.  Faites 

^aLellZ  done  vous  mefmes  Tapplication 

triMe.mah  j^  ^^^^^  fimilitude  a  vous.    Car 

te  vous  ijer- 

rayderechef,  yous  aucs  a  cettc  lieure  de  la  trif- 

cceurs-eCiouy  telle  qui  k  tengtcgera  Dien  tort 

fine  tellZ  daus  quelqucs  momcns,  &  a  peiuc 

ofier^  vojire  inaiuteuant  vos  ames  font  elles 

capables  dautrespcnfees.  Maisic 

vous  verray  derechef  ^  comme  (i 

ic  renaiflbis  tout  de  nouueau  ^  & 

voftre  coEur  en  fera  raui  d'aife  & 

de  contentement.    Et   au  lieu 

quafles   fouuent  h  ioye  d Vne 

femmd 


,  lefus  Chrifi  felon    S.  lean.  753  C\l^\iC.  - 
Fetiime  qui  a  fait  vn  petit  enfant, 
nc  dure  pas ,parce  que  quclque  fu- 
nefte  accident  le  luy  rauit;quant  a 
vous,  vo^  vous  rejoui'res  tou  jours, 
parce  que  perfonne  ne  vous  en 
i^auroit  ofter  le  fujet,  &  que  la 
matierc  de  voftre  ioye  (era  per-     ^.   ^ ; 
inanente.  Ces  paroles  denoftre  ^f'^'^^iour 
Seigneur  ayant  elte  auili  pronon-  m'mtcrrege- 
cees  toucliant  fa  refurredion,  &  £«w^r« 
par  confequent  eftans  capables  T^'^j^^j;;!^^ 
de  donner  a  fes  Difciples  cette  '^^^^^A^^^«« 
opinion,  que  quand  il  (croit  re-  d^nias^ 
uenu  a  eux ,  li  ne  s  en  lepareroit  N,m ,  ui^ 
iamais ,  deforce  qu  apres  ce  petit  ^j**^^^^^^'' 
interualle  de  temps,  qu  il  deuoit 
tftre  abfcnc  d'eux,  ils  iouiroyent 
perpetuellementdefaprefence,il 
nelcsen  voulutpasdcliurer'touta 
fait,  parce  que  leur  cilat  &  la  con- 
dition du  temps  ne  le  permet- 
toitpas:  mais  il  les  voulut  pour- 
tant  preuenir  d  Vn  aduertiflfemenE 

Z  z 


dia.  is.  734  Paraphraje  Jur  FEuangih  de 

par  lequel,  quand  y  ils  firent  re- 
flexion aprcs^ilsconnurcnt  bien 
Sue  cc  n'auoit  pas  efte  fa  penfee. 
adjoaftadonc ;  Ileft  vray  quea 
cettc  ioiirnee  la  ,  c'eft  a  dire,  ea 
cette  faifon ,  vous  ne  m  mterro- 
gueres  pas ,  &c  n  aures  point  re- 
coursamoy^comme  vous  Taues 
eu  iufqu  a  maincenac  /oit  pour  la 
folutiode  vosdouteSjOU  mefmes 
pourvoftredcfcnfc,  quand  vous 
leresprefles  de  quelque  peril. Car 
ii  vous  fouuient  que  vous  Taues 
fait  en  toutes  occafionSj  &  fur  la 
mer^  &  fur  la  terre.  Mais  auffi  en 
recompenfc,  &  pour  fuppleer  a 
ce  defaut,  ie  vous  afleure  en  veri- 
te^  Sc  vous  f^aues  de  quelle  auto- 
rite  doit  cftre  ma  parole ,  que 
toutes  les  chofes  que  vous  deman- 
deresen  vosprieresa  monPereen 
mon  Norn  ^  en  quelque  occur- 
ffence  que  ce  foit,  ou  il  ira  dc  fa 


lefus  Chfijl  felon  S.  hm^    Zjj  Cha  i(?» 
^Ioire,de  Texercicc  devos  char- 
gesy  &  de  voftre  propre  bien  &: 
falut  j  illesvousotcroyeralibera- 
lemenr.     Souuenes.vous    com-     t.  14^ 

/  '  f     »     C       '"^  \ufques  a 

menc  vous  aues  prie  lulqu  a  pre-  ^^..y/J,  ^;^^ 
fent.  Vous  n'aues  point  encore  '''''**"  !!'^ 
meflemon  Nomdansvospiieres,  «»^»  ^''^^ 

^       ,         ,        .         J  J^   V  T-i-  demanded, ^ 

&naues  nendemande  aDieu  en  6*vomrece 
maconfideration.  le  nen  ay  pas  "^^^uHofi"^ 
mefmesfak  mention  dans  lefor-  ^^j^/^^^/'^^': 
mulaire  d  oraifon  que  ie  vous  ay 
donne  a  voilre  requcfte  ^  pairce 
que  le  tempsn  enelloitpasenco- 
re  venu.  Iliailoitquelefujetpour 
lequel  ie  fuis  venu  au  monde,  fuft 
accompli  auparauant^  pour  fon- 
der la  confiance  que  vous  de- 
nes deformais  auoir  en  mon  in- 
terceflion  ,  iur  la  confideration 
que  mon  Pere  fcra^tant  de  robeif- 
fance  que  ie  luy  auray  rendue  en 
Tappaifant  enuers  vous,  que  de 
i  affedion  enticre  auec  laquelle 

Z  z  z 


iem'y  porce.  A  Tauenirclemandes 

cnmon  Norn  tout  ce  dont  vous 

aures  befoin,  &  lie  doutespasque 

vous  nc  le  receuies  ,  tellement 

qu'aulicu  delatriftefle  que  vous 

aues  de  mon  dcpart.vous  receures 

lors  en  vos  coeurs  abondance  &c 

plenitude  de  ioye.  Car  outre  les 

biensquele  Perevousfera  en  ma 

faueur^Si  qui  meriterot  afles  d'cux 

mefmes  que  vous  vous  enrejouit ! 

lies ,  ce  vousfera  vn  comble  ine- 

narrable  de  contcntement ,   de 

vous  voir  fi  bienvoulusdu  Pere 

jousay  celefte.  La  plus  part  des  ptoposj 

m  fmiiitu-  que  levous  ay  tenuspar  le  paiie, 

fw".t  ont  cfte  ombrag^s  de  quelques 

^ue  ie  nt   fitTiilitudes  3  parce  que  voftrein- 

^  voHs  par  hrniite  ,  &  le  pen  d  auancement 

mtiiii^yous  que  vous  auics  dans  la  connoiU 

f^riemiou-  ^^^^^  j^^  grandcs  chofes,  &  la 

mmFae.    Condition  du  tanps,  ne  fouffroitj 
pas  que  ie  Ics  vous  propofaffci 


Je  voui 
dtt  ce: 


lefus  Chrifl  felon  S  lean.       737  Cha.k. 
toutadecouuert.  Maisvoicyve^ 
nir  la  faifon  que  ce  que  I'auray  a 
vous  reuclcrtouchant  monPere 
&  fa  connoiflancc  ,  ie  Ic   vous 
decouuriray  tout  anu,  &le  de- 
uelopperay  de  robfcurite  &  des 
difficultes  que  peuuent  auoir  les 
paraboles  ,&  tourc  cettc  methode 
oeconomiquc  dont  ic  me   fuis 
ferui  iufqu  a  maintenant.  Et  pour    i^  *^'  ^ 
le  VOUS  repcter encore,  ahn  que  voHs^emA?!. 
VOUS  n  en  douties  nullement,en  Nom.&  it 
ce  temps  la  vous  formeres  toutes  ''^.  '"''*'  ^J 

r  potnt  que  ss 

vos  prieres  en  mon  Nom,  vous  p^^^^^y  ^* 
n  en  teres  aucune  qui  n  en  loit  veus. 
routeparfemee,  &quinaitpcur 
claufule  pcrpetuelle  la  mention 
tres-expreffe  de  mon  interuen- 
tion.  Et  ie  vous  ay  defia  afles  die 
que  ie  prieray  le  Perc  pour  vous: 
c'eft  pourquoy  ienelevous  redis 
p  ointicy^,  parce  que  vouseftesaf- 
icurcs  de  Taffedion  que  ievous 

Zz  5 


Gha.i(^.  738   ^araphraje  fur  t Euangile  dc 
llel'ere  po^tc.   Mais  bicii  vous  diray-je. 


Car 


tnefme  vous  ccttes,  cc  doHt  vousH  clles  oas  fi 
cejue'yous  allcures^  pour  neiiauoir  pasdes; 
Zf,"^Jlz  preuues  (i  fenfibles  que  celles  que 
Zf  ^^''j  vous  aues  demon  amour,  que  le 
T^ieti.  Pere  luy  meime  vous  aime  ,  & 
qu  ainfi  les  propres  inclinations  le 
porteront  a  vous  donner  ce  que 
vous  luy  demanderes.  Ec  fi  ie 
vous  difois que  fon  afFe£tion  vous 
apreuenus  ,  de  forte  qu'il  vous  a 
aimes  des  auant  que  vous  con- 
nuflies  ny  luy  nymoyjiene  vous 
diroisquela  verite,Iaquelle  vous 
deuriescroire^  &enauoir  duref-^ 
fentiment.Carentre  egaux^celuy 
qui  commence  a  aimer  ,  oblige 
fonamy^  &  acquiert  fur  luy  de 
Tauantage  ,  lequel  fon  amy  doic 
reconnoiftre.  Beaucoup  plus  ou 
il  y  a  vne  fi  grande  &  fi  im- 
menfeinegalite.  Maisiemecon- 
tenteray  de  vous  afleurer  qu'il  a 


lejiis  Chrifi felon  5.  lean.    739  Cha.KJ^ 
beaucoup  adjoufte  a  la  bonne  vo- 
lontequ'ilauoitpourvous,quand 
il  a  veu  que  vous  m'aimics ,  &  que 
vo^  croy  ies  que  ic  fuis  ifTu  dcDieUi 
&  que  c  eft  lay  qui  ma  cmxoy  e  au 
monde.  Car  ce  qui  me  touchc,  Ic 
touche,dautant  que  luy&moy 
fommcs  wn-y&c  puis,  quiconquc 
me  revolt ,  en  croyant  aux  temoi- 
gnages  que  le  Perc  a  rendus  de 
moy,il  feelle  quil  eft  veritable.  En, 
effet ,  c  eft  la  pure  verice.   le  fuis.    f-  is- 
ifluduPere,  &  c'eft  luy  qui  m'a  duinet 
enuoye  s  de  fon  fern  odi'eftois,  ^:™r. 
ie  fuis  venu  au  mode,  pour  y  faire  ^^^H^i^f 
S^pouryiouftrir  ies  choies  que  &m'envaji 
vous  auesveues,&celles  que  vous  "*"* 
ne  voy es  point  encore-  Tout  aufli 
toft  que  cela  fera  accompli  ,ie  de- 
laiflferay  le  monde ,  &  rebroufle- 
ray^par  maniere  de  dire,  fur  mes 
pas  ,  comme  vn   AmbafTadcur 
qui  a  accompli  fa  legation  3  & 

Zz  4. 


Cha.  i<J.  740  Paraphrafe  fur  I'Euangtlc  de 
^  ^-i.'t;   m'en  retourneray  au  Pere.  Alors 

Ses  Dijctpies  ^  J 

iny  dinnt.  fgg  Difciolcs  vovans  qu  il  auoic 

Voicymmn     t        .      /     1  r^  > 

tenant  tu  dcuiiie  Icurs  pcniees  ,    &  qu  aix 
^^'^'^''''''^rcftepourfatisraire  aleursefprirs. 


tement 


fLiUtudJ!'  ^^  ^uoit  tommencc  a  leur  parlcr 
beaucoup  plusclairementqu'au- 
parauant;  maisprincipalementfe 
fentas  vn  pcu  chatouiUesde  la  loti- 
ange  qui  leur  auoic  donee  d'auoir 
creu,  comme  Tefprit  de  rhomme 
eft  merueilleufement  fujet  a  fe 
laifTer  prendre  par  les  louanges; 
ils  prirent  la  parole  &  luy  direnr. 
Alaverite,  Seigneur ,  tespropos 
nous  ont  cy-deuantparuvn  peu 
obfcurs,  deforce  que  nous  auons 
eu  quelques  fois  afles  de  peine  a 
les  cncendre.  Mais  pour  ces  der- 
niers  icy ,  nous  les  crouuons  incel- 
ligibles  couc  a  fait ,  &  tu  as  com- 
mence d  y  exccuter  ce  que  tu  nous 
auois  promis,  &  de  ne  les  om- 
bragerplusdeHmilitudes.  Cartu 


lefus  Chrijl  felon  S  lean.     741  Cha.  i^^ 
n*y  en  as  point  mcfle  pour  ce 
coup  J  &  Tans  circuits ,  fans  cir- 
conlocutions,  tunous  as  diferte- 
mentexpliquece  que  nous  defi-     f  ?*- 
rions  de  toy,  &  que  tu  nous  as  nomjfauons 
voulu  faire  entendre.  An  rcfte,  VomeUCL 
nous  auons  bien  admire  ta  fapi-  f'/'^'/r 

1         join  qu  au- 

cnce  par  le  pafle ,  felon  les  fuiets  ^««  ^''»'^^- 
que  tu  nous  en  as  toujdursdon-  nouscroyons 
nes ;  mais  li  raut  auouer  qu  a  pre-  f^^  4^  mm. 
fent  nous  Tadmirons  bien  dauan- 
tage.  Car  parce  que  tu  as  apper- 
ceu  iufques  dansnos  coeursce  qui 
y  eftoit,  nous  reconnoiflfons  que 
tu  fc^ais  tout,  &c  que  pour  con- 
noiltre  les  penfees  de  qui  que  ce 
foit,  &  les  difficultesqui  trauaiU 
lent  fon  efprit^tu  n'as  pasbefoin 
qu'il  te  les  decouure  en  t'inter- 
rogant,  puis  que  fans  eftre  inter- 
rogue  de  nous,  tu  as  apperceu 
les  noftres.  Or  cela  eftant  le  plus 
grand  &  ie  plus  magnifique  ar- 


Ciia^Kj.  74Z  Paraphrafe  Jur  tEuan^ilc  de 

gument  queronpuiireauoir^  &C 
derexcellence  incomparable  de 
la  perfonne  dVn  homme,&dela 
diuinite  de  fon  Enuoy ,  fi  nous 
auons  creu  par  !e  paiTe  ,  comme 
tu  nous  en  as  donne  la  crloire.nous 
en  lommes  encore  maintenant 
beaucoup  plus  efficacemcnt  ia- 
duitS:»  &  a  croire  &  a  confcflTer 
hautement,  que  tu  es  iflu  de  Dieu^ 

lejus  leur    &  qu  il  n*en  fauc  point  attcndre 

prononcees  d  vn  air  qui  ne  tcnoit 
pas  tant  dela  modeilie  que  dela 
prefomption  ,  &  qui  donnoit  a 
connoiilre  qu'ils  fe  vouloyent  en 
quelque  forte  vanter,non  pas  feu- 
lemcnt  de  croire ,  mais  de  faire 
paroiftre  ieur  foy  ou  les  occafions 
s'en  prefenteroyent  J  voire  mef- 
xiQe  dans  Ics  occurrences  peril- 
leufeSj  lefus^  qui  voyoit  iufques  au 
fonds  ce  qu  il  y  auoic  de  bon  & 


mmntsnat. 


lefu^  Chriji  felon  S\  lean.      745  Cha.i^^ 
£c  qu  il  y  pouuoit  auoir  de  mau- 
maisen  cctte  coftitution  deleurs 
efprits,  les  reprima  douccment,  & 
leur  fie  fentir  leur  foible  en  cet- 
te  maniere.    Vous  croyes  done     f-,$^. 
mamtenanc,  leur  dit-il ,  &  paroil-  viem,  ^ejt 
fesbienfatisfaitsde  voftre  coura-  %TvouJfi^ 
gc  :  Vous  ne  vous  connoifTes  pas ''%  '-^^V 
il  bienvous  melmes,  que  ie  vous  h.&mede 
connois  ,    &  vous   aues  beloin  m^M  ie  ne 
d'eftre  aduertis  que  vous  n'at- gf,^";;, 
tendres  pas  long  temps  que  vous  ^^j^^-/?**'^^^ 
n*en  donnies  des  preuues.  Voicy, 
riieure  vient ,  & ellc  eft  fi  pres que 
ie  vous  dirois  volontiers  qu  elle 
eft  venue  5  que  ce  mouuement  dc 
courage  &  de  refolution  que  vous 
fences  en  vo^  mefmes,s'^uanouira, 
&ne  tiendra  pas  coup^  mefme  a  la 
premiere  attaque.   Car  quand  on 
viendra  pour  me  prendre,  vous 
vous  epardres    qui  c^a    qui    la, 
chacunchesfoy^  commc  les  bre- 


Cha.  16.  744  n^araphrafe  fur  fEuangile  dt 

bis  fuyent  de  pcur  quand  oti 
frappele  Paftcur,  &  me  lailTcres 
tout  feul/ans  defcafe  &  fans  com- 
'pagnie.  Mais  quoy  que  vous 
nVabandonriKs,  ie  ne  fcray  pas 
feuIpcurcantrcarlePere  eft  tou- 
joursauec  moy,&  ne  m'abaudon- 
neiamais.come  ie  fuis  toufiours. 
auec  luy  d'vnc  communion  tres- 
intime  &  indilToIuble.  Or  celuy 

'  levms  ay  qui  a  ainfi  Ie  Pcre cclcftc  touuours 

ditces  chafes  p  •  . 

sfinque-jo^  preienc,  nepeutiamais  manquer 
^fez  paix  J  fecours  ny  d  affiftance.  Ec  ie 
^urez^an.  vousdis  ccla  pour  vollre  inrereft,. 
-j?7onde,mms  a  cc  quc  tant  s  CO  tau t  quc  Ics  acci- 
*y'\,  ^^    j^^g    ^,^^.    j^^g  doiuenc   arriuer^ 

troublent  Ie  repos  devoftre  cf- 
prit,  quauconcraire^vouspoflc- 
dies  roujoursvoftreamc  entran- 
quillite  &  en  paix  ^  &  que  vous 
I'ayes  toujoursen  bonne  affictte- 
Mais  au  refte  cen'eft  pas  en  vous 
ny  dans  ia  force  devoftre  eiprir, 


iiourstge^  t  ay 
'vaincti  ie 


lepis  Chrifl  felon  S.  lean.  745  Cha.  i& 
^ue  vous  deues  fonder  cette  tran- 
quillite  de  vos ames:c*eft  en  moy^ 
<jui  en  quelque  eftat  que  ie  me 
puiflfe  rencontrer^  eftant  vn  auec 
le  Pere ,  comme  ie  fuis  ,  &  alTifte 
^lefonfccours,  vous  fouftiendray 
toufiours  dans  vos  combats  ^  & 
cmpefcheray  que  vous  ne  fuc- 
combies  aux  affauts  de  vos  ad- 
uerfaires.  Ie  vous  le  predis  done, 
afin  que  vous  n'en  fbyes  pas 
furpris.  Vous  aures  angoiflfe  au 
monde  ,  &  il  vous  attaquerade 
coutes  parts.  Mais  ne  vous  de- 
courages  point,&  ne  vous  effrayes 
point  de  luy.  II  eft  aufli  aflfeure 
que  i'acheueray  de  Ie  vaincrc, 
que  fi  ie  Tauois  dcfia  vaincu. 
Eftant  done  voftre  Chef,  &  vous 
combattant  fous  moy,  vousn'a- 
ues  rien  a  faire  finon  a  fuiureics 
rcftcs  dc  ma  vidoifCe 


Cha.ij.  7f^  Para^hrafc  furl'Euangik  de 
CHAPITRE  XVII. 


^'  '•     ^^^^PRES   que   noftre  Sei- 


chofes:  ptiis  W^^  gHcur  cuc  pronoiice  cous 

^Z^uM  ^^^^ces  propos^remplis  d^cx- 

dit:  ?ere    hortations    &  de    conrolations 

-uenucgiori'  poui  Ics  Diiciples  ^  11  y  voulut 

aiin'^ueton  ioiiidre  lesprieres.pour  leurob- 

fiutegurifie.  tciiirdeDieu  la  grace  delaquelle 

tome  U'cfficace  des  exhortations 

&  des  confolations  depend. D*ail- 

leurs  3  la  fouffrance  a  laquelle  il  fe 

preparoit,  Tyinuitoit  manifcfte- 

mcnt.   Car  quand  le  Soiiuerain 

Sacrificateur  faifoic  autrefois  fa- 

crifice  pourle  peuple  folennelle- 

ment,  il  prioit  &  pour  le  peuple  & 

pour  Toy-mefme.   Pource  done 

que  le  Seigneur  eftoit  le  vray  fou- 

uerain  Sacrificateur  ^dont  Pautr? 


'  ^  Icfis  Chrijl felon  S.  leanl  ^^47  Cha:i^: 
ii'eftoitque  le  type,  lors  quilfe 
vid fi proche de  loblacion de fon. 
facrifice/il  voulutpder  dela  fa- 
cjon.  Ec  dantanc  qu  aprcs  cette 
lienne  oblation  il  dcuoit  entref 
dansle  San£l:uaire^dontcc!uyqui 
cftoicenlaterreneftoit  que  lare- 
prcfentation ,  afin  d'interceder 
pour  ceut^pour  lefqucls  il  alloit 
offdr;  il  voulut  encore  en  cette 
priere,  autantqueles  chofes  qui 
conuiennent  a  fon  abaiflement, 
pouuoycnt  auoir  de  rapport  a 
ccllesdefon  exaltation,  faire  volt 
comme  vnefiayde  rinterceflioa 
qu'il  fe  propofoit  d  exercer  ca 
faucurde  fesfidelles.il  efleua  done 
resyeuxauciel,&auec  vne  ardeur 
extraordinaire  dezele,  &fesDir- 
ciples  Tecoutans,  il  pronon^a  la 
prierc  qui  senfuit.  Pere,  dit-il, 
rhcureque  tu  asde*touteeternite 
predctermineeen  tonConfeil,  & 


Cha*I7*  748  Paraphmfe  fur  tEuangileJc 

que  i'actens  depuis  filong  remp^ 
pour  te  donner  la  plus  grandc 
preuuedemonobeiffmcCj  eilfi 
proche,  quec  eft  tout  autant  que 
ii  ic le  voyois  defia.  Ec pour  moy, 
ie  fuis  parfaitcnient  difpofe  a  (u- 
bir  toutes  les  chofes  que  tu  nVy 
prepares ,  &a  acquiefcer  a  ta  vo- 
lonte.  Mais  apres  cela ,  Pere,  glo- 
line  tonFils,  enfaifant  paroiftre 
ce  qu  il  eft^,  &  en  cafTant  par  fa  de- 
liurance ,  la  fentence  que  le  mon- 
de  veut  prononcer  &  executer 
contre  luy,  parce  qu  il  s'eft  decla- 
re tel.  Puis  eleue  enfin  ce  tien 
Fils  ata  dextre  felon  taprotneflej 
pour  y  prendre  la  pofTeflion  du 
gouuernementderVniuers ;  afin 
que  ton  filsde  fon  cofte  employe 
fon  autorite  &  fa  puilfance,  a 
auancer  ta  gloire  au  monde,  eri 
faifant  aufsi  paroiftre  ce  que  tu 
cs,  par  la  predication  de  fa  Verite. 

Car 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     749  Clia.  17^ 
Car  aufsi  eft-ce  pour  cela  ,  Perc,     Jf'  '- 
que  tu  luy  as  donne  le  droit  de  ^^y^sdonn^ 
prendre   vn  empire   ablolu  lur  uute  chair, 
tous  les  Iiommes,  & d'en  difpofer  folne^lfe 
a  fa  volonre ,  a  ce  qu  il  n  y  ait  rien  ^^^'''^^^^^  ^ 
qui  1  empelche  de  pouuoir  exe-  ^»y  ^s  ^om 
cuter  ioeuure  du  lalut  de    ceux 
que  tuluyas  donnes.  Tcllemenc 
que  lesayantefleusetcrnellement 
efi  tonConreil^&  les  ayant  amenes 
a  ton  Fils  par  vne  vocation  eflica-    , 
ct,  pour  auoir  part  en  fa  commu- 
nion, il  les  introduife  effcdiue- 
ment  en   la  poiTefTion  de  la  vie 
bien-heureure&  cternelle.  Enef-   ^^-  5'_ 
fe6t,  quant  au  droit  de  la  pofTe-  i^  -^te  em^ 
er,  ceux  que  tum'as  amiidon-  u  conoijfmt 
nes ,  Pont  defia ;  de  forte  qull  ne  ^^IjJ^,. 
refte  plus  finon  de  les  en  mettre  i^yq^^/^f 
actueiiement  en  louiuance.  Car  chriji. 
c  eft  veritablementia  la  vie  eter- 
nelle ,  &  la  voye  certaine  8c  indu- 
bitable par  laquelle  on  y  paruienr,. 

Aaa 


Cha.iy.  750  "^araphrafefHrtEudngilcdc 

que    les  hommes  rcnonc^ans  a 

touces    idolatries  aufquelles    ils 

font    addonnes,  &  ail  Culte  de 

taut  dc  faulTes  diuinites,  que  la 

fuperitition  &c  la  folie  de  lefpric 

humain  a  introduites  au  monde, 

reconnoiflfent  qu'il  n  yaque  toy 

feul  qui  foit  vray  Dieu,  coniointe- 

mencauec  celuyque  tuasenuoye 

pour  etke  Mediateur  entre  toy  &c 

eux,af^auoirIefusClirifl:,  auquel 

ils  doiuent  mefme  honneur  &c 

^         mefme  feruice  qu  a  toy,  comme 

cftant  de  mefme  ccernite^  &c  de 

te'tj'gh^  mefme  eflfence.  Et  ie  n'ay  pas  at- 

rifi^  iar  u  tciidu ,  Pere,  a  te  glorifier  apres 

farache^ie    Quc  tu  m  auroisgiorihe  toy-mel- 

toetture  que      *■  11-  I     f  •        1 

tu  nici^  hail  me,  en  me  deliurant  de  la  mam  de 
u  afmu.  ^^^  ennemis.  Ie  Tay  fait  pendant ! 
tout  le  temps  de  mon  (eiour  en  la  I 
terre  ,  autant  que  la  fin  de  monjj 
enuoy,  &la  condition  des  temps |j 
ie  pouuoyent  porceir.   Car  i*ay 


'iejus  Chrifl  felon  S.  lean,  yji  Cha.iy^ 
celleaienc  accompli  Toeuurc  que 
tum'auois  ordonne  defaire  ,par 
la  manifeftation  de  tcs  vertusa'ay 
fait  paroiftre  ta  iuftice,  i  ay  aa*^ 
nonc^  td  mifencorde  ,  i'ay  ma- 
nifefte  tafapience^  lay  fait  voir 
les  raerucilles  de  ta  puifTaiice ,  ii 
clairement  a  tel  point, qu  en  tous 
les  fiecles  precedens  il  ne  s'eft 
iamais  veu  de  telle  reuelation.  Et 
s'il  refte  encore  quelaue  cliofc, 
comme  il  eft  vray  que  le  dernier  & 
le  plus  grand  ade  refte  a  faire 
pour  rentier  accompliflement  de 
ton  deflcin,  la  chofe  eft  fi  proche 
de  Ton  execution,  &  ie  fuis  11  par- 
faitement  refolu  a  y  fuiure  ta  vo- 
lote^qu  il  en  faut  tenir  leueneme c 
pour  arriue :,  parce  qu'il  eft  indu- 
bitable.Qoand  a  ce  qui  eft  de  toy, 
Pere ,  tu  m'as  bien  donne  diucrs  ztlamu- 
temoignages  que  tu  m  aduoiiois  ^^,7  y^.^ 
pour  ton  Fils  ^  &  fi  les  hommes  rte  fi'  '"'y  ^''- 

A  aa  1 


Cha.ly.  752,  Taraphrafcjiir  tEuangilede 
medeUgioi  m  ont  poiiit  voulu  reconnoiftre^ 

re    laqueUe  -1  r  i      1 

z^^ymeaMec  cc  n^cft  Das  hutc  dc  Iciir  cH  auoit 

toy    deitant  -if  \       \    -  •  C 

queiemonde  mis  dcuant  Ics  yeux  de  bien  virs 

f^^""'^'     &  de  bien  preignans  argumens. 

Mais  neantmoms.ny  la  condition 

du  temps,  ny  reftat  de  mon  ab-  ' 

baificment,  nont  pas  iufqu'icy 

permis  que  tu  mifles  ma  gloire 

dans  cetce  haute  euidence,  &  dans 

cet  eclat  de  fplendeur  qui  con- 

uient  a  ma  dignite,  &  tu  as  rcferue 

celapour  le  temps  qui  doit  fuiure 

madcliurance.  Ce  temps  la  done 

'     cftant  fi  pres^que  ieletienscom- 

me  s'ileitoit  dcfia  venu,  ie  te  de~ 

mande  maintenant  Pere,  que  tu 

me  glorifies  moy  aufli ;  non  d^vne 

o;Ioire  obfcure  &  imparfaite^fem- 

biable  a  celle  que  tu  m  as  donnee 

icy  bas  entre  les  hommes ;  mais 

dVne  gloire  que  ie  poiTede  la  haut 

par  dcuers  toy  mefme  ^  conue- 

nablc  a  la  iftaMificence  de  ton 


lefus  Chrijl  felon  5.  lean.    7/3  Clia.  17. 
habitation :  Non  d  vne  gloife  qui 
ne  reluife  qu  a  trauers  les  ombres 
&  les  obfcurciflfemens  que  luy 
donne  rinfirmite  de  la  chair  que 
i'ay  prifc  en  raccompUfFement 
des  temps  ;  mais  dVne  gloire 
vrayment  diuinc,  qui  eclatte  tou- 
te  pure  &  toutc  rayonnantc  ,  & 
telle  qu  eft  la  gloire  que  i'ay  eue 
pardeuers  toy  des  auant  que  le   . 
Monde  fuft  cree.  Tu  fcjais  Pere^  la   raymani^ 
diftindion  qui  eft  entreks  horn-  ^uxhommTs 
mes  du  monde ,  puis  que  c  eft  toy  ^^^^l!^ 


donne 


quirasfaite,  &  quelle  difference  ^«  ff^ondei 

•  1  '  x^   r        y  ils  tjieyent 

ily  aentreccsmi€nsDucipIes,&  nens  6^  n 
le  reftc  dont  ils  ont  efte  fepares 


Bien  que  ie  me  fuis  prefente  aux 
autres  pour  leur  annonccr  tes 
vertus  y  6c  pour  Icur  faire  con- 
noiftre  ta  gloire  ,  ie  nc  t'en  parle 
point  maintenantpourtant^parce 
qu  ils  m'on:  rejette ,  &C  qu'en  me 
rejettant  ils  ont  mefprife  &  ton 

Aaa  5 


Nom ,  &  Icur  falut ;  dc  forte  qu$ 
n  ayant  point  dc  communion 
auecmoy:,  ilsnontriendccom- 
mun  auec  toy  non  plus ,  ce  qui 
m'empefche  d'cu  faire  a  cette 
heure  mention  en  ta  prefence. 
Mais  quant  aux  autres,  que  par 
ton  eflettion  tu  as  fepares  du 
xnonde ,  &  que  tu  m'as  donnes  en 
.  fuitc  par  I'efficace  de  ta  vocation, 
ie  te  diray^Perc,  &  c*efl:  cliofe  qui 
tc  (era  fouuerainement  agreabie, 
que  ie  leur  ay  manifefte  tonN  om^ 
&  que  par  mes  paroles  &  mes 
a6tion-s,ie  leur  aymisdeuant  les 
yeux  la  fplendeur  de  toutes  tes 
vertusacontemplcr,  dansvnelu- 
miere  merueilleufe.  Tous  les 
hommes  font  a  toy  par  Ie  droit  de 
leur  creation ,  &  ils  fc  font  alienes 
dc  toy  par  leur  reuolte.  Maistu 
auois  fait  ceux-cy  tiens  dVne 
fa^on  particuliere,  par  Ie  chois 


Icfus  Chrtfi  felon  S.  lean,  -fff  Cha.  17^ 
queta  en  as  fait  en  tonctcrnelle 
eleition  ,  &  en  les  tirant  par  la 
vertu  de  ton  Efpnt ,  tu  Ics  as 
amenes  a  moy ,  &  me  les  as  don- 
nes,afin  que  ic  les  inftraififFe  & 
que  ie  les  confirmafle  de  plus  en 
plus  en  ta  eonnoifTance ,  par  mes 
enfeignemeos  continuck^  &  par 
mes  exhortations.  Enquoyilsont 
fi  bien  profite ,  qu  ils  ont  garde  ta 
parole ,  laquelle  ie  leur  ay  aianon-  , ,, 

cee,  &  qu  ils  font  demeures  per- 
feuerans    en   ma   communion. 
Quels  done  qu  ils  ayent  efte  au- 
trefois, &  quoy  que  dans  les  com-   J .  ^-  ^ 
mencemens  ils  ayenr  peu  auoir  HsontccnnH 
quelque  doute,  &  quclque  licfita-  IT  qu!  tu 
tion  fur  cc  queie  leurs  cnfeignois  "^'fjToy!' 
de  ma  perfonne  &  de  ma  voca- 
tion de  ta  part ,  tant  y  a  que  main- 
tenant  ils  ont  connu  &  croyent 
tres-fermement   que  \z^    diofes 
que  ie  leurs  difois  que  tu  m'auois 

Aaa  4 


Cha.  17^  75^  _  ^araphrafefur  I'Euangile  de 
commifesppurlesleurannoncer^ 
font  vcritablement  de  toy3&  que 
carieieur  ie  Hc  Ics  av  Doint  trompes.   Enef- 

ay  donne  Its    n  •      1  1  /I  1 

paroles  qm  1  ct ,  ic  Icui  ay  donnc  les  paroles 
'n/^T&ls  ^^^  ^^  ^'^^  donnecs^,  &  ne  leur 
ont  recenes,  ^v  ricii  cnfeignc  finoB  Ics  chofes 

ment  connu    HUC    I  aUOlS  apprilGS  dc  tOY\&^  lls 

que  iefuis  if  1  ..      j 

(Hdetoy,  ^  les  ont  receuesde  mamaincom- 
cmcjf4que  j^g  vehantes  de  la  tienne;  deforce 

fH  m  as  er^m  ' 

«¥*  que  ie  te  puis  affeurer  qu'ils  ont 
veritablement  connu  que  ie  fuis 
iflu  de  toy  comme  Ie  Fi!s  eftiffu 
duPerc,  &qu'ilsontcreu  que  tu 
m*as  enuoye  au  monde,  pour  y 
faire  les  fon£tions  de  Clirift  &  de 
t=  9'      Mediateur.  Ie  te  prie  done  pour 

le  prie  pour  v  ^1  .     ^  . 

eux:&  ne  eux, Pere,a ce que tu Ics mainticn- 
^illrieZln^  ^^s,  &  quc tu Ics conferues  encet 
de  ,  mais    ^{^^j.    ^  q^g   malntenant  quil 

pour   ceux       ^  ^  -      \         i    -  rC 

tefqudstu     taut  que  le  les  lame  pourvnpeu 

m'as  d«nnes:      1 

Hffonttuns.  de  temps,  tu  ne  permettes  pas 
qu  aucune  tentation  efteigne  ea 
cux  cette  connoiflancei,  oa  ar« 


lefm  Chrifl  felon  5".  lean.  757  Qh.z.vf, 
rache les  raciaes de leurfoi.Ie ne  te 
priepoinrpourle  monde  3  parce 
que  Ic  mondc  n  a  point  crcu  en 
moy,  &  qu  il  n'eft:  ny  conuenaBIe 
de  demander  laperfeuerance  en 
lafoypour  ceux  qui  ne  Tontpas; 
ny  raifonnable  d  obtenir  de  toy 
ehofe  quelconque  pour  ceux  qui 
ont  rejette  ta  connoi{rance,&  que 
tu  tiens  par  confequent  pouren- 
ticrement  fepares  de  toy.  Mais  ie 
te  prie  pour  ceux  lefquels  tum'as 
donnes^  a  ce  que  tu  vueillescon-  J 

feruer  la  foy  que  tu  as  mile  en  \ 

leurs  ames  ,  &  que  i  y  ay  etitre- 
tenue  &  augmenteedepuisqu'ils 
font  en  ma  compagnie  &  en  ma 
communion.  Et  le  fuis  affeure 
que  ie  Tobtiendray,  parce  qu'ils 
font  tienS:,  &  que  tant  s'en  faut 
qu  en  me  les  dormant  3  tu  ay^s 
perdu  quel  que  partie  de  ton  droit 
fur  cux,  ou  relafche  quelque  cho- 


Cha.  i^,  758  Paraphrafe  fur  tEuangile  ic 

fedetes  affections  enuers  cux,,& 
dcsfoins  quetu  auois  de  Icur  (a- 
lut,  qu  aa  contraire ,  ils  font  de- 
roeures  tiens  encore  en  plus  fores 
termes  qu  auparauanc,  &  queca 
diIe£tion  enuers  eux  s'eft  redou- 
^  j^,  blee.  De  faic,mne  perds  point 
:Ettoutce  ceux  que  tame  donnes,  maistute 

quteft  mten  I  ' 

€fi  iten,f^  les  acquiers  de  nouueau ,  parce 
tienefimiett  qu  tn  uic  Icsdonnant  tu  crecs  la 
f/'p'lr^eux-  foyenleursccsurs,  &  que  parce 
moyen  ie  dcuicns  Icur  chef^,  & 
euxdeuiennent  mes  membres.Et 
ie  ne  les  pcrds  point  non  plus, 
quand  ie  les  laiffepour  quelque 
temps  en  te  les  recommandant 
&ren  lesmcttant  entre  tes mains; 
parce  qu'eftant  vne  mefme  chofe 
auec  toy,tant  en  vnited'effence^ 
qu'en  vnion  de  voiontcje  reticns 
toufiours  ce  que  ie  te  commets^&r 
pofiede  ceux  que  ie  mets  en  ta 
iauuegarde.    Auifi  toutcequieft 


hfus  Chri  ft  felon  S.  lean,  y^p  Cha.17 
mien ,  eft  cien ,  &  tout  ce  qui  eft 
tien  5  eft  mien ,  de  fac^on  cjue  pof^ 
fedant  tpus  deux  ceux-cy, que  tu 
m  as  donnes  2  par  indiuis^ ie  m'af- 
feurc  qu'ils  teferont  de  tant  plus 
recommandes,  qu*ils  ne  font  pas 
fculement  a  toy ,  mais  aufli  qu  ils 
ni'apparticnncnt.    Et  comme  ie  ; 

t'ay  glorifie  en  eux  enleurmani- 
feftant  ton  Nom,  &  en  leur  fai- 
fant  connoiftre  tes  vercus.iefuis 
afleure  quetu  feras  encore  induit 
alesconferuer  par  cette  confide- 
rationj  qu  en  leur  confcruation 
gift  Ie  moyen  dema  gloire.  Car 
ce  font  eux  que  i'ay  clioifispour 
porter  temo^gnage  de  ce  que  ie 
fuisj&  pourepandrc  la  connoif- 
fance  de  ma  verite  par  tout  Ie 
monde.  lufqu  a  cetre  Iieure  ie 
ne  te  les  ay  point  recomandes  de  ^  . 
la  ra(^on  que  le  rais^  parce  que  de^   rr  m^tnte^ 

_  •      1.  •  riant  , 

meurant  auec  eux  lelesauois  en  /^spu 


Us  au 


Cha.  17.  7(Jo  Paraphrafe  Jur  tEuangilc  'ie 
Z^^^Tfont  ^^  coaduite  ,  &  les  garantifTois 
^«  monde,  movmefme  cotretoiis  lesaffauts 
tof.  Feu  qui  Icur  ppuuoycnt  ettre  liures. 
V^r*;^^^;^  ^  Ainfi  nauoyenr-ils  pas  befoin 
^jam.  ceux  ^^^  j^  faddrefTafTe  rnes  prieres 

dt-^te  que  tii     i  I 

tn'ssdonnSs.  DOur  c\x%  aucc  taHt  (Ic  foin  &  de 
/^/m  1;;.  vehemence.  Mais  roamtenant  le 
^l*f.  ^«*  jf^j.^  j:^Qj.5  j^  monde,&  ceftdes 
cette  licurecomme  fi  ien  y  eftois 
plus.  Quandaeux  ilsy  demeuret, 
&  y  demeurent  expofes  en  cette 
mienne  occurrence^  &  en  cette 
conjond:ion  de  mon  depart,  a  di- 
uerfes agitations  5  cependant  que 
pour  moy  ie  m*en  vais  a  toy, 
&  les  laiifant,  ce  femble^defti- 
tucs  de  conduite  &  de  fup- 
port,comme  vn  vaiffeau  fansPi- 
lote  &  fans  gouuernail ,  entreles 
vagues  &r  les  tcmpeftes.  Ceft 
PoLirqaoy  ,  Pere  Saint,  qui  es  la 
fource  de  la  faintcte,  d*ou  elle  de- 
code en  toutlemondc^  ic  mad* 


lefus  Chrift  felon  S.  lean]  jCi  CKa/17^. 
drefTe  maintenant  a  toy  pour 
cux,  &c  te  demande  inftammenc 
que  tu  pfennes  foin  de  leur  con- 
feruation  &de  leurperfeuerance, 
a  cequ  eftans  gardes  par  toy  dans 
la  connoifTance  &  dans  la  reuc- 
rence  de  ton  faint  Nom,  ils  de- 
meurcnt  vid-orieux  de  toutes 
tentations.  le  dis  ceux  que  tu 
m'asdonnes,  Pcrefaint;car  quant 
aux  autres,  qui  a  caufc  de  leur  in- 
credulite,  nenous  appartiennent 
point  ,  ie  ne  tc  les  recommande 
pas ,  pource  qu'ils  n'ont  point  de 
part  en  nous,  &  que  n  ayant  point 
creu  en  moy ,  ils  nc  peuuent  eftre 
lefujet  de  mon  iatcrcelTion  en- 
uers  toy,  ny  de  mcs  prieres.  Mais 
quant  a  ceux  que  tu  m  as  donnes, 
ainfi  quenme  lesdonnant  tules 
asvnis  a  moy  ,&  les  as  vnis  en- 
treux  J  ie  te  requiers  que  tu  les 
conferues  en  ce  bon  cftat,  telle^ 


Cba?  17.  j62.    n^araphrdpjur  lEuagile  de 

meat  que  comme  toy  6c  moyl 
Percj  fommes  vn  ,  de  forte  qu*il 
ne  peut  riea  arriuer  qui  foit  ca- 
pable de  nous  defunir  ^  ils  de- 
meuret  pareillementvnentr'eux, 
fans  qu'ils  puiflent  rompre    leur 
vnidn,  nyy  faire  aucunebreche. 
f.  II.    Pendant  le  temps  que  i'ay  fejour- 
fioye  auec   Hc  aucc  cux  au  monde,  i  ay  vie  en 
etix    ie  Us  tonNom,&cottlmetumerauois 
ton   Norn:  otdonuc ,  dc  tcllc  affcdtioil  &  de 

iar  garde  ,.  .   ,  .1  r 

ceuxqueiii  telle  prouideflcc  en  ieurconier- 
&ZlTe}x  uation ,  qu  il  n'en  eft  point  airriu^ 
n^.fipen.fi-  j^  faute.    fay  ,  di- je,  garde  ceuX- 

nonle  Jils  de  J    ^  f    ^  ZD 

perduton.^-  Quc  tu  m  as  donncs^  &c  n'en  ay 

cwure  fufl  laille  perdrG  pas  vn  comme  tu 
accompiic.    ^^ -^  ^^^,'1^  ip^^^  -^y  j.^^g  perfeue- 

rans  en  ta  prefcnce.  Seulemenc 
cft-il  aduenu  que  ce  miferable 
Fils  de  perdition ,  cc  malheureux 
qui  s'eft  luy-mefmc  deuoiie  au 
crime  &  a  la  condamnation,  s'eft 
retire  de  leur  compagnie.  Mais 


Icjks  Chriji  felon  S,  lean.     7^5  Cha.  Ijl 
tu  ne  me  Tauois  pas  donne  com- 
me  tum'auois  donne  ceuxcy^&: 
puis  il  falloit  que  rEfcriturc  ^  qui 
Tauoic  ainfi  predic,  fuft  accom- 
plie.    Tellement  qu  on  n'eri  peut 
acGuferny  tontfledion,  nymon 
loin,  come  fituauois  manque  de 
fermete  en  ton  Cofeil^ou  moy  de 
preuoyance  &:  d'affiduite  en  ma 
conduite.     M'eftanc  done  ainfi   Ettnlfnu. 
fidclement  acquitte  de  cc  quetu  Yt^j^^y 
m'auois  commis,  ie  laifie lemon-  «^^^;>^« 
de^&viensatoy  ;mais  auant  que  quUs  ay^nt 
e  parcir,  &  eltant  encore    au  compiueti\ 
monde,  ila  efte  neceffaire^Peie,  ^^^-^'f^'' 
que  ie  te  diffe  routes  chofes  en 
faueur  de  ceux  lefquels  tu  m'as 
donnes,  Scqueux  mefmcslesen- 
tendillent.   Car  ils  ont  bien  iuf- 
qu  icy  rcceu  beaucoup  de  ioye  &: 
de  contentement  de  ma  prefen- 
ce  ;  &  fi  ie  demeurois  toufiours 

aucceux.cette  ioye  continucroit. 

> —   ....  .. ....  ",^ ...»_  ._.  •  ^ ■ I  — ^ • ^-. .  -  - '■^ 


Cha.17.  764  PardphrafefurtEuangile  d^ 

Maisparce  que  lors  que  ie  m*eri 
feray  alle,  Ie  fujet  de  leur  ioye  leur 
eftant  olle  ,  il  fcroit  a  craindre 
quelle ne  feperdift^ouau  moins 
qu'elle  ne  fediminuaft  bien  fort 
eneux,  ie  ce  demande  toutesces 
chofes,  Pere  ^  eux  rncfmes  1  oyans, 
afin  que  cette  mienne  loye,  que  ie 
leur  donne  parmespropos  &par 
ma  prefence^,  ne  s'affoiblifTe  point 
en  eux  a  Tauenir  ;  au  contraire; 
qu'elles'accroifTe^  &s  accomplif- 
fe^  quand  ils  fe  fouuicndront  des 
prieres  que  ie  t'ay  faitespoureux^ 
demeures    qu'ils  feronc   pleine- 
ment  perfuades  que  tu  les  auras 
exaucees.  Car  t'eftant  prefentees 
de  ma  part^  quifuis  leFilsde  ta 
diledion,  &  leur  Mediateur,  & 
qui  commence  par  cet  eflfay ,  de 
faire  la  fon£tion  dlntercefleur 
enuers  toy  pour  eux^  ma  priere  &c 
mon    interccflidn   ne  peuuent 

eftre 


.  lefus  Chrijl felon  S.  lean,  yg^  Cha.  17^ 
cftre  rejectees.  le  leur  ay  donne  f-  *+• 
ta  parole  Iclon  1  ordre  que  len  donnit^p^. 
auoiseutietoy.&ilslont  reccue  Zonde%l 
comme  de  ta  part .  &  n  one  pas  ;:^,;::;j, 
craint  dVn  faire  vne declaration,  ^f*''^"'*'"*' 

^  .-*  dt  .  tommt 

&  vne  prdrcliion  toute  ouuerte-  nupiem 
Acette  occafion,  le  monde,  du-  mond\l^  "* 
quel  lis  ontcllc  feparespar  ta  Pa- 
role^ lesaeuenhaine.parcequ'ils 
n*ont  plus  de  commerce  ny  dc 
communion  auec  luy.  Car  ils 
ne  font  plus  au  monde  ,  ny  par 
Tinterieur  de  leurs  inclinations^ 
que  ta  parole  a  fandifiees,ny par 
rexterieurdeleurprofcflion,  par- 
te qu'ils  ont  pris  mes  liurees,  & 
quMs  fe  font  declares  eftre  pour 
moy.  Ec  quant  a  moyienefuis 
point  du  monde  non  plus ,  ny 
pour  cequi  eft  de  loriginc  dont 
ie  fuis  iltu,  ny  pour  ce  qui  eft  de  la 
vocation  a  laquelle  i*ay  cfte  ap- 
pelle,  ny  pource  qui  eft  de  mes 

Bbb 


Cha,l7.  7^^  Pardphrafefurl'Euangilede 

inclinations  &  de  reconomie  dc 
ma  vie,  que  i'ay  toufiours  coduite 
dVnefai^otres-eloigneedes  cou- 
ftumcsdece  monde&defonor- 
1^'  M-     dinaircvanite.Neantmoins.Pcrc, 
point  que  tH  quano  le  dis  quilsne  font  pouit 
monde.mah  ^c  cc  mondc,  &  qu  ilsun  ont  point 
^lldtTdi"  ^^  communion  auec  luy,  mon  in- 
^<         tcntion  nefi:  pas  de.  demander 
que  tu  lescntirespour  les  metcre 
en  vn  lieu  plus  conuenable  &c 
mieux  proportionne  a  leur  con^ 
dicion  &  a  leurs  inclmations.  ll 
n'eft  pas  encore  temps  qu  ils  en 
fortent ,  par  ce  que  ie  les  ay  defti- 
nes  a  feruira  Tauancement  de  ta 
gloirc,&:  a  epandre  par  tout  la 
connoiffancedemonNom.  lete 
demandc  feulement  qu'ayant  a 
conuerfer  danslemondc,expofes  ^ 
a  tant  de  tentations ,  &a  tantdc 
perfecutions,  qui  leur  ferontfuf- 
:       citees  de  la  part  du  Malin,  tu  les 


I 


'hfus  Chrifi  felon  S.  lean.    j6y  Cha.lj? 
gardes  en  telle  forte  qu  ils  nc  fuc- 
combent  point  aux  aflauts  dcs 
cnnemis  de  leur  falut  /  &  qu'ils  nc 
commettent  point  de  mal  ;  & 
que  quant  a  celuy  qu  lis  auront  a 
fouffrir^  ils  y  expcrimentent  tout 
jours  ton  afliftancc  fauorable.lls    iisn]%f 
font  maintenant  bien  difpofes,  f''''^.  ^"^ 
Perefaint,a  renfter  courageufe-  f^e  aufi  le 

{I     *^  ne  fnisfoint 

ement  aux  corruptions  de  ce  pre-  uh  nande. 

fent  ficclc  \  car  commc  ie   lay 
defia  dit ,  &  ie  Ie  repetcray  encore^ 
&  Icur  rendray  ce  temoignage en 
leurprcfence,  ils ne  font  point  du 
mondc,comme  ien'enfuis  point 
non|  plus.  Neantmoins  ,  parce  sanatfie'^ 
qu  en  cectc  infirmite  de  la  chair,  ZT^'r!u^^ 
dans  laquelle  il  rcfte  toufiours  '^'^'^^' 
bcaucoup  de  corruption  ,  &  au 
milieu  de  tant  de  tentations,  auf- 
quellcs  rinfirmite  &:  la  corru- 
ption de  la  nature  donne  tant  dc 
prife^ily  auroittou)oursdu  peril 

Bbb  % 


Clia.17.  7<^8  n^araphraje  furl'Euangiledc 

pour  cux  Ci  cii  nc  Ics  premuniflois 
de  la  grace  de  perfeuerance&  de 
fandiiication  ,  Ic  te  dcmande^ 
Pere,  que  tu  Ics  rendes  inuinciblcs 
en  les  fandifiant  par  ta  Verite, 
cell  a  dire  par  ra  parole.  Car  ta 
Parole  eft  la  feule  Verite,  qui  feu- 
le  contient  les  motifs  de  la  vrayc 
faintetCj  qui  feulc  eft  accompa- 
gnee  dc  la  vertu  qui  la  produit, 
Ik  qui  fcule  en  fin  eft  capable  de 
Ics  rendre  infurmontables  a  toutes 
les  attaques  de  leurs  aduerfairef?. 
cmIV«  Et  tufcais,  Pere,  quel  befoin  ils 

ma*enyye    qj^j    ^^  ^q   ^[^^    feCOUrS  daDS     IcS 
aumonde.te     /-.  «  •        n  1    • 

les  ay  aujft  tonctions  du  miniltere  auquel  le 
mondc/  les  ay  deltjncs.  Car  ainii  que  tu 
m*as  enuoye  au  nionde,comme 
dansvnpays  ennemij  expofea  la 
contradiction  despecheurs,&ala 
hainequ'ils  portent  a  la  Verite  dc 
ton  Euangilc  ,  ie  les  enuoye  au 
monde   parcillement  parmi  les 


lefus  CPjrifl felon  S.  lean.     j6<^  Cha.ij. 
mefmescnnemis,  pour  annonccr 
ceccc  mefme  veritecn'qualite  de 
mes  AmbaflTadeurs,  comme  Tay 
cu  celle  du  cien  j  de  forte  que  Icur 
condition  doit    eftre    fujettc  a 
iTiefmcsperils,&  a  mefme  contra-     .    ^^ , 
diction  que  la  mienne.  Il  y  a  cet-  ^^t^^'*^  '«^ 
tc  dmerlite  entre  ma  Comilsion  fiemoymef^ 
&  la  leur,  que  ie  fuis  venu  pour  P/^J'lV- 
cftre  leur  Sauueur,  &  eux  doiuent  f^fou^^m- 
eftre  fauues  par  moy,  &  que  la  rUL  ' 
fandification  de  laquelle  ie  mc 
fandifie  pour  eux ,  eft  aucune- 
mcnt  difFcrentc  de  celle  laquelle 
ie  te  demande  que  tu  leur  donncs. 
Car  ce  que  ie  me  fandifie  pour 
eux,  c'eft  que  ie  me  confacre  &  mc 
dcuoue  aux  fouflFrances  que  tu 
m  ordonaes  pour  leur  falut^  com- 
me vne  vidtime  deftmee  au  Sacri- 
fijze,  auec  vne  entiere  foumiflion 
a  ta  volonte.  Et  cc  que  ie  te  de- 
mande que  tu  les  fanftifies,  c'eft 

Bbbs 


Cha.  17.  770  Paraphraje  fur  tEuangite  ie 
que  ic  tc  pric ,  Perc ,  que  tu  les  rc^^ 
generes  de  plus  en  plus,  &  que  no, 
les  rendesperfeueras&vidorieux 
en  toutes  fortes  de  combats,  par 
la  force  de  ta  Verite.  Et  ie  nVaf- 
feure  quetu  auras  egard^pouren- 
teriner  la  requefte  que  ie  te  fais  en, 
leur  faueur,  a  ce  que  c'eft  pour 
cux  que  ie  me  confacre  ainfi,  & 
que  foitqueturegardesames  af- 
fe£tionS:,foit quetu  confideicsle 
butde  mon  oblation,  tout  cela 
ne  tend  qu  a  produire  en  eux  la 
fainteteque  icterequiersdevou* 
loir  former  en  Icurs  confciences, 

orneptLieOr  ay-jc  blcn  certcs,  Pere,  de 
^''Zi'"*^'  grandes    &    fortes  inclmations 

fnent  pour       O 

eux .  Wilis  poMt  ccux  Qui  font  icv  prefcns 

Aufsi  pour     *,  ^  -  r     ■ 

ceux  quL    deuant  toy  ;  &  la  conueriatioa 

croyem  en      r         '\' 

PTJcyparUur  lamuiere  que   nous  auons  eue     ^ 
parois.        cnfemble  j  iointe  auec  la  defti- 
nation    que  iay  faite  de  leurs 
perfonn^s  pour  PApoftolat, my 


lefus  Chrijl  felon  5.  lean.  771  Cha.  7- 
conuie  particulieremcnt.  Ne- 
antmoins ,  la  principalc  confi- 
derationqui  attache  mesaffcitios 
a  eux ,  c'eft  qu  ils  eftoyent  tiens^  & 
quctu  meles  asdonnes,  &  quils 
out  receu  ta  parole.  Tellemenc 
qu'y  ea  ayant  encore  beaucoup 
d'autres  qui  font  aufsi  tiens 
comme  eux ,  &  que  tu  as  re- 
folu  de  me  donncr  chacun  en  fon 
temps,  comme  il  ne  faut  pas  que 
mes  affedions  febornenta]ccux- 
cy  feulement,  audi  ne  faut-il  pas 
que  mes  prieres  s'arreftent    fur  : 

eux, ny  que  ce  foit  a  produirc 
leur  falut  que  Tefficace  dc  cette 
mienne  interceflion  fe  terminc. 
le  ne  tc  pric  done  pas  feulement 
pour  eux,  ictepric  pareillemenc 
pour  tous  ccux  qui  a  Tauenir  fe- 
rontpar  lavcrtudetonEfprit,  & 
en  confequence  de  ton  etprnelle 
<le£lion,  amencs  a  croire  en  moy 

Bbb  4 


Cha.iy*  y?!'  ^araphrafejkr  tEuangiledc 

Afin  que  P^^  ^^^^  parole.   Afin  qu'il  iVy  ait 
tons  ioient   p^g  feulcmcnt  vne  etroitte  &  in- 

vn.atKfitjue        .111 

mperees  uiolabic  vnioii  entre  ceux-cy, 
woy"in\^.  ^irifi  que  ie  te  le  demandois  ran- 
^fin  qu'eux  j^a  maisaufli  entrcux  &rous  les 
vn  ennoHs:  clcus  qui  cfoironc  cti  moy  dans 

tncndecr6ye  tOUS  IcS  fieclcS.  Dc  forte  qUC  €01X1- 
qnetu  m  as  t\  '  o 

fnmjS,  nie  toy  ,  Pere ,  es  en  moy,  &  moy 
en  toy  par  la  communion  d'vne 
mefme cflence ,  &  par lynion in- 
difloluble  dc  nos  voldntes ,  & 
qu'ainfi  nous  n'auons  ricn  de  fe- 
pareentrenous,ricn  qui  nenous 
foit  rcciproqucmenc  tres  con- 
joint, &  tres-intime ;  non  feulc- 
mcnt ils  imitent  entr'eux  cettc 
vnion  de  toy  &  de  moy  par  la 
perfeuerance  en  mefme  foy ,  & 
par  la  communion  inuiolable 
dVnc  mefme  charitc,  mais  encore 
qu'ils  foyent  vn  en  nous,autant 
que  la  difference  de  leur  nature  & 
d^  lanoftrc  Ic  peut  pcrmettrc. 


lefus  Chr'ijl  felon  5.  lean.  773  Cha,  17, 
Car  commc  tu  es  vn  auec  moy 
par  la  communication  que  tu 
ni'as  donnee  de  ton  cflTencc,  &c 
par  la  liaifon  indiilblublc  dc  tcs 
paternelles  affections  ^&  commc 
ie  mc  fuisfait  vn  auec  eux  par  la 
participation  dVnemefme  natu- 
re, &  par  la  communication  du 
falut  que  tu  m'ayois  donne  en  dc- 
poft  pour  eux  J  il  eft  tres-conue- 
nablc,  Pere,  queTvnion  que  cela 
produit  entr'eux,  retourne  vers 
nous ,  &  qu'eftans  fairs  vn  auec 
inoyparlafoydontilsm'embraC- 
fent,  &  par  la  di!e6tion  de  leur 
charite ,  lis  deuiennent  encore  vn 
auec  toy  par  monentremife.Afin 
que  le  mode  voyantqu  lis  s'entre- 
ticndront  fi  indiffolublcmenc 
vnisamoy^commeiele  fuis  a  toy, 
Pere, dVne liaifon  abfolument  64: 
eternellement  infeparable,il  foic 
qblige  a  reconnoiftre  3  si\  ne  fc 


Cha.iy.  774  Paraphrafe  fur  tEuangile  de 

creve  volontairement  les  yeux, 
que  c'ell  toy  qui  m'as  enuoye 
pour  eftre  le  Sauueur  du  mondc. 
Car  il  ny  a  rien  de  plus  raifon- 
nable,ny  de  plus  nature!,  que  do 
remoiiterde  lacofideration  dVn 
^,  jj^  fi  bel  effe£t ,  a  la  connoiflance  dc 
jeieuray^  fa  caufc.    Et  ce  Quc  le  demandc, 

ate/St  donne  A  ■' 

Ugioireu>  Pere,  par  mon  intercemon,  que 

quelle    tH  \         ^  *  ^  .  ^ 

mas   dm   tu  Ics  gardes  ennoltrevnionpar 
^^u'L^'tunt  ^^  perfeuerance  en  la  foy&  enia 
^»  com^e  faintetCj  eft  pour  amener  a  fon 
-mei vn.      accompliHement  loeuure de  leur 
falut  que  tu  m'as  donne  a  fairc. 
Car  ie  leur  ay  promis  la  commu- 
nication de  la  gloire  que  tu  m'as 
donneCj  &:  me  luis  engage  de  pa- 
role de  les  en  rendre  participans, 
&tuvoiscommeie  fuisparfaite- 
men  t  difpof  e  a  la  leur  acquerir  das 
fort  peu  dc  temps  par  mes  fouf- 
frances.    le   te  demande  done, 
Pere^quetulesconferucsen  eftat 


I efus  Chrijl  felon  S.  lean,     'yyf  Ch^Ayl 
de  ioui'rdecc  que  ic  Icur  ay  don- 
ncj&que  ma  promefTe  foit  ae- 
compile  3  afin  qu  ds  foyenc  vn, 
non  feulemenc  dans  la  commu- 
nion dVne  mcfme  foy,  mais  en- 
core dans  la  participation  dVnc 
mcfme  felicicc:,  comme  toy  ^ 
moy  fommes  vn  ,non  pas  feule- 
ment  dVnite  d'e(rence5&  d  Vnion 
de  volonte  ,  mais  auffi  dans  la    ^ 
communion  dVne  mefme  gloire..    le/uis'm 
le  ie  repeteray  encore,  non  pas  en  moy,  afin 
afin  que  tu   m'entcndes  mieux,  ^''''^'  ■^'''''^ 
Perc"  cartufcaistoutesmcs  pen-  ^»  •^«,  6* 
lees  &  mes  volontes,  mais  arm  ^e  connoife 

•  >  /  ^        ^  que  tu  tnas 

que   ceux  -  cy   qui    m  ecoutent  l^^.^s .  ^ 
voyent  &  ce  quils  doiuent  ap-  l"'J^^'J.^j; 
prendre  du  deuoir auquei  ils  font  ^«^  /«  mm 
obliges ,  &  ce  qu'ils  doiuent  el- 
perer  de  TeflScace  de  mes  priercs 
enucrs  toy,  puis  que  deformais 
leurs  interefts  &r  les  miens  font  in- 
feparablcment  mefles  cnfcmble. 


Cha.  17.  776  Paraphrafe  fur  lEuangtlc  it 

le  fms  en  eux  par  Tinflacnce  de  ma 

grace,  &  parle  fcntimencde  ma 

charite,  &  tu  es  en  moy  par   la 

communication     d'vn     mefmc 

cftrc:,  &  par  la  dilcdion  inenar- 

rabledcta  bonne  volonte.  Amfi 

ils  font  vn  auec  moy  dVne  vnion 

immediate3&  ilsfont  vn  aucc  toy 

parlinteruentio  dc  mon  moyen. 

Deceladonc  riaftru£tion  quails 

onta  tircreft  quails  doiuent  cftVc 

fi  parfaitement  vnis   enfcmble, 

qu'ils  foyent  comme  fondus  en 

vn  :  Et.ce  qu'ils  ont  aefpercreft^, 

que  le  monde  ayanc  en  cela  vn 

argument  indubitable  que  c'eft 

toy  qui  m'as  enuoye,  puis  que  tu 

as  mes  interefts  a  cceur  ,  tu  ac- 

compliras  cneuy  tout  ce  que ietc 

demande.    En  cffe£t,  Pcre,   tu 

m'aimes,&  par  ce  que  tu  m  aimes, 

nonfeulemeat  tu  parferas  encux 

cc  que  ic  defire  de  toy ,  d'autanc 


lefus  Chrifl felon  S  Iem\      777  Cha.ty, 
qu'ils  doiucnc  feruira  ma  gloirei 
mais rules aimeras  aufsi,  comme 
tu    as  fait  iufqua  maintenant3 
d'autanc  que  tu  finals  qu'ilsfont  a 
moy ,  &  que  i'ay  pour  cux  des  af- 
fcarionstres-cordiales.  Etcefont  ^I'devL 
ces  affe6lioslaqui  me  portent  ate  ^«'^'«*^«* 
aire,  l^ere, que  le  dclire  louuerai-  nezAyhie 

hi    n         1  {Hts,  {Is  foief 

antceuxlcfquelstu  au/si  Le^ 

m*as  donnas,  que  la ou  ic  m'en  p:,/^^«. 
vaiseftre  bien-toft,  dans  ce lieu/^'^'^^r'  , 
di  )e,del  habitatiDndetaMajefte,  queiie  tn  ^ 
dont  ma  penfee,  &  la  certitude  de  7J\um'Z 
mon  efperancc  anticipe  tellemet  l^t^ZZ 
laiouiflance  ,   que  ie  puis  dire  ^^^*»^- 
que  iy  fuisdefia,  ils  foyent  aufsi 
auecmoy,  felon  les   promeffes 
que  ie  leur  en  ay  faites  il  n  y  a  que 
fort  peu  dc  temps.    Afin  quils 
contemplentcettegloirelaquellc 
tu  m'as  aufsi  promife,  &  qqe  tu 
me  prepares  la  haut,  felon  que  tU 
m  as  aime  deuant  la  fondation  du 


Cha'X7.  77^  TarafhraJe]furtEHangilede 

mode  \  &  que  de  cette  contempla- 

"    tion  qu  ils  feront  de  ma  gloire^ 

ilstiretit  premieremj^tcetce  ioyc^ 

de  voir  ccluy  en  qui  ils  auront 

creu,  &  lequclils  ontaime, cou- 

ronne  degloire  &d'honncur;& 

puis  apres  cet  auantage   d'eftre 

transformes  en  lamcfme  imagej 

en  vertu  de  lacomunion  laquel- 

t-  V.   leilsont  auecmoy.    Etbienquc 

/*  monde   Qt  quc  le  te  demandepour  eux 

'VonnHmll  foit  cn  leut  cgatd  vn  effct  de  ta 

ie  t'ay  con-  p^J.g  mifedcorde,  &  qu  a  les  con- 

eicutconnu  fiderei*  CH  cux-mefmcs ,  &  dans  la 

^ue  tu  mas  .  11  1 

r»«^;'^.  corruption  de  Icur  nature, ils ne 
font  nullementdignes  d'vne  telle 
&  fi  glorieufe  remuneration :  Si 
eft-ccquefituregardes  a  la  pro- 
meflfc  que  ie  leur  en  ay  faite  en 
ton  Norn,  &  fi  tu  les  compares 
aueclesautres^qui  ont  rejetteton 
Euangile,  c'eft  en  quelque  forte 
vn  effcd  dc  ta  iuftice  quils  en 


Icfus  ChriH  felon  S.  lean.     775  Clia.iyi 
voyent  raccompliflement.  Car, 
Pere  iufte ,  le  mondc  nc  t'a  point 
connn  ,  &  rcfiftc  toufiouts  opi- 
niaftremcnt  a  ta  verite  ,  laquellc 
eft  Ivnique  moyen  d'auoir  ta  fa- 
lutaire  connoiflance.  Mais  moy, 
qui  te  recommande  ces  miensDiC- 
ciples  fi  affedueufcment,  ic  t*ay 
connu  5  cVft  pourquoy  tu   ne 
manqueras  pas  d*executer  en  eux^ 
en  ma  confidcration^ce  que  ie  leur 
ay  fait  efperer  ;  &  eux  ils  ont  auf- 
fi  &  connu  &  creu  que  c'eft  toy 
qui  m*as  enuoye  ,  ceftpourquay 
tuneles  traitteras  pas  come  ceux 
quiontrejettemoy&monEuan>   ^^,  ^^^ 
eile.   Et  comme  i'ay  commence  f^'>^'«''^/ 
a  leur  declarer  la  merueilledetes  nddre  ton. 
vertus ,  dont  ils  ont  efte  rauis .  ie  lTa;t!:T 
continueray  encore  a  Tauenir  de  ''''fi\f^4r*' 

s  y  inltruire  de  plus  en  plus,  '^"^"'^  f** 
tant  de  viue  voix  ,  apres  que  tu  ///>  #«  eux\ 
m  auras  dcliuredelafouffrancca  tj"'^  '" 


Cha.i7'  7S0  n^^araphrafeJurtEudngilede 

laquclleie  m*expo(e  poureux  pat 
ton  commandement,  que  par  la 
communication  de  mon  Efprit 
&dutien,  duquel,  quand  ie  feray 
allc  a  toy  J  ie  leur  fcray  fcntir  la 
vertu  &  Ics  influences.  A  fin  que 
comme  tu  m'as  aime ,  parce  que 
ie  t*ay  connu,&  que  fay  accompli 
tavolonte^  tulesaimes  pareille- 
mentquandtu  lesverrasamdac- 
crcus  en  la  connoiiTance  de  tori 
Norn,  &c  fi  bien  difpo^  a  tc 
rendrevne  promte&  volontairc 
obei'flance.  Etde  plus, afin  que 
comme  tuescnmoy  par  lacom-r 
municaticn  de  la  plenitude deta 
Deite,  ie  fois  aufsi  en  eux  par  la 
participation  de  mon  Efprit,  qui 
les  rcmpIifTe  de  toutes  graces. 
Ainfi  feront  -  ils  d'autant  plus 
dignes  que  tu  executes  ce  que  ic 
tedemandc  pour  eux, quieft,  que 
tu  Ics  logcs  auc'c  moy  dans  ton 
^  Paradi^^ 


iefis  Chriji  felon  S.  lean.     781  Cha.i&' 
Paradis,  pour  y  contempler  ma 
gloire. 

CHAPITRE  XVIII. 

PRES  que  noftre  Sei-    -^/>^^/^«ff 
euttait  cetcc  Oraiion  z  ceschofes.n 
Dieufon  Pcrc ,  &c  c^iiZ.^sU 
cut  ainfi  donne  toutes  les  ureu-  f^''^'  '''''''^ 

.         ,    I  ,  ^  A  *^  torrent  de 

ues  imagmablcs  du  foin   qu'il  ^^^''■'^  >  ^^ 
auoit  dc  ia  confolarion  &  de  la  'irriZ. 
pciTcuerancc dcs flens, il  quitta  le  /l^S";;^ 
le  lieu  oil  il  auoic  fait  cctce  priere,  ''^'''' 
&s*en  allaauec  fes  Dilciples  au 
dela  du  torrent  de  Cedron,  en  vn 
certain,  endroit  de  la  Bourgade 
de  Gethfemane^  ou  il  y  auoit  vn 
iardin  dans  lequel  il  frequentoic 
ordinairement.     Il  entra  done 
dans  ce  iardin  ,  luy  ,  &  ^z^  Dil- 
ciples  auecluy,  aimant  mieux 

Ccc     ^ 


Cb^e  i8.  781  Paraphrafe  fur  lEudngile  de 
eftre  pris  la^  que  dans  la  maifon 
ou  il  auoit  foupe^,  &  mefmes  que 
danslamontagnedesoliuiers,  ou 
il  auoit  tenu  la  plufpart  de  ces 
propos,  &ou  il  auoit  prie/afin 
qu  il  paruft  que  c'eftoit  volon-'* 
taircment  qu  il  s*abandonnoit  a 
fes  ennemis,puisqu'il  fe  rendoic 
de  foy-mefme  au  lieu  ou  fa  captu- 
re eftoit  plus  certaine  &  plus  ai- 
Etiudasqui  fee.Or  Iudas,qui eftoit  forty  pour 
jfauoitzuffi  aller  mettre  en  train  1  execution 
ut'*s-cpL  ^^  fa^ahifon^fcauoitbienlclieu 
u  fouuent  ou  lefus  auoit  accouftume  de  fc 
ante  fes  Dif  rctircr  quand  11  cltoit  dans  ccs  en- , 
*^'^^^'        uirons  pendant  les  Feftesfolen-^ 
nelles^  &  lors  qu'il  y  auoit  grand 
concours  de  peuple  en lerulalem. 
Car  il  s'y  eftoit  fouuent  aflemble 
auec  fes  dif  ciples  en  de  telles  oc-  1 
cafions,  deforte  que  ludas  eftant  j 
en  ce  temps  la  de  leur  troupe,  il  s  y  j 
imd^sd^iic   eftoit  trouue  auec  eux.Iudas  done 


mes* 


r 

^'hfus  Chrifl  felon  S.  lean.  783  Clia,  it, 
nc  doutanc  nullement  qu  ilnc  fc  ^^^„,  ^^-^ 
f aft  retire  la  felon  fa  couftumc,&  T'r,t'''"^y 
ayant  arrcfte  fon  complot  auec  ^^^  ^^^^^^ 
les  luifs  pour  le  lcurliurer,ilprit  Lnlifet  '^ 
labandede  foldatsqui  eftoitlors  pLf^'^f . 
en  garde  dans  Ic  Temple  pour  '^''''\  ^^ 
cmpefcher  qu  il  ne  fe  fift  quelque  »^^ ,  &  />- 
trouble  pendant  la  Fefte^  &  fc  '^''^''''' 
fortifia  encore  de  Sergcns  four- 
nis  par  Ics  principaux  Sacrifica-^ 
teurs&parlesPharifiens.Car  en- 
core qu  il  fceuft  bien  que  lefus 
n  auoit  que  fes  difciples  autour  de 
foy,  (i  eft-ce  que  craignant  que 
laffedion  quilsauoientpourluy 
ne  les  fift  mettre  en  quelque  de- 
fence J  il  fe  voulut  faire  accompa- 
gner  de  telle  faqon,  qu'ils  neuf- 
fent  pas  le  courage  de  rienentre-- 
prendre.  Ec  quoy  que  la  nui6t  fuft 
claire:>acaufequil  eftoit  enuiron 
la  pleine  Lune,  fi  eft-ce  qu'ilsy 
allercnt  ainfi  auec  lanternes  $C 

w  c  c  2* 


Cha.  18,  784  Paraphrafcfur  tEuangile  dc 

flambeaux, pour  le  chercherpar 

tout ,  en  cas  qu'il  fe  vouluft  letter 

dans  quelques  cachettes,  ou  fe 

preualoir  de  la  commodite  de 

f.   4.     quelques  ombres.  Commc  done 

ffa'^Lnttu  cette  grande   coliorte  de  gens 

''liift'^  eftoit  prefte  d'arriuer  en  ce  iar- 

uoientadue  din^Icfus,  QUI  fcauolt  tout  ce  qui 

uan^^nt     iuy  cleuoit  attmer ,  tant  s  en  laut 

cherchexS'    <^  il  1^  retirait^  comme  il  auoit 

"^'"^  •        fait  autrefois ,  &  qu  il  fe  feruift  de 

la  faueur  de  la  nuid ,  &  dc  Tauan- 

tage  du  temps  qu'il  auoit  pour  s'e  - 

carter  sll  euft  voulu,  qu'il  alia 

volontaitement  au  deuant  d'eux^ 

&Jesayant  rencontres,  il  leurde- 

manda  hardiment;  Qui  cherches 

vous  ?  afin  qu  ils  reconnuffent 

qu'ilneIesfayoitpas,&  qu'iln'a- 

^   ^.     uoit  pas  peur  de  leur  cntreprife. 

^dinn'^^'^L  ^^^  ^onc  ayans  refpondu,Nous 
fusicNaza^  cherchons  lefus  le  Nazarien ;  le- 

rien  ,    lefus    n  .     .  .  «, 

^Htdit.  Ci  lus  repartitmcontmentavncpa- 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     7S5  Cha.  18,^ 
role  aflfeuree ;  C  eft  moy.  Ec  ce  fc-  y^,;,.,-,.   ^^ 
roitchofeeftrangede  ce  qu'ilsnc  \^^^^'f^J,\^' 
le  connurent  pas  a  Tabord,  veu  ^P^^  '»«'*^ 
qu'ils  auoyent  tant  de  clartes,  & 
qu  il  y  en  auoit  tant  d'entr'eux  qui 
I'auoyent  veu  aflfes  fouuent,  & 
principalement  que  ludas,  qui  Ic 
trahifToitjeftoit  la  au  milieu  d'cux  j 
finon  que  faprefenceles  ebloui't, 
que  lefus  les  frappa  de  quelque 
elpece  d  aueuglement.  Mais  lis    Apusdom  ^ 
fentirent  bien  encore  vn  autre  ef-  "^cef^litlu 
fed  de  fa  puiflfance.  Car  tout  auf-  {^f  ''^^"''^' 

r  ^  a  la  rtnuer- 

ii-toftquuleureutditjC  eft  moy,  fe&cheurk 
lapeur  les  faifit  de  telle  faqon,& 
mit  vn  fi  etrange  trouble  dans 
Icurs  efprits,que  commefifa  pa- 
role euft  cfte  quelque  vent  impc- 
tueuXjOu  quelque  violent  tour^ 
billon ,  dont  ils  n'euflent  peu  fou- 
ftenir  I'effort ,  ils  s'en  allerent  tous 
a  la  renuerfe,  &  tomberent  de 
frayeur  a  terre.  Or  eftoit-ce  bien    %elnh^f 

Ccc   ^ 


Cha.  18.  78<>    Taraphrafejur  bEuagile  de 
donciiiesin  ^^^^  pour  Icsfairc defiftcr  dc  \c\xiL 
XZZ'^'*'  attentat,  fi  refprit  de  Hiomme 
vot4s?EPiis  n'auoit  au  mal  vne  obftination 
Nai^rkn.    inumciDie.  Mais  ceux-cy  mon- 
ftrerent  bien  quels ils  eftoyent  ea 
ccttc  occafion.  Car  eftans  vn  pea 
rcuenus  de  cette  pamoifon,  & 
puis  apres  s'cllans  releues  de  terre, 
&  lefus  les  ayant  derechef  inter- 
roges  ainfi,  Qui  cherches  vous?, 
au  lieu  de  le  reconnoiftre  auec  ref^ 
pe6t ,  &  d'admirer  fa  puilTance  qui 
les  auoit  renuerfes,&defaire  re- 
flexion fur  la  confiance  qu'ilauoit 
en  fon  innocence,  en  ce  quil  ne 
s'eftoit  pas  euade  pendant  qu'ils 
eftoyent  a  bas,  ils  per fifterent  a  di- 
re. Nous  cherclions  lefus  le  Na- 
lefuiYe]]^on'  zatien.  Alors  lefus  ayant  afles  don- 

Hit .  fe  vons        /I  •  1  :  ^  f  :    ^ 

mdhi^tisce  ne  de  preuaes  qu'il  pouuoit  bien 
^doc'v'oHsme  s'echapper  s'il  cuft  voulu,  &  que 
cherchei,  c'cftoit  Volontairement  quil  fe 
6iux-cC  '^  lailToit  prendre  ^nonfeulcment  il 


Icfus  Chri^  felon  S.  lean.  -787  Cha»  18* 
les  laiflafaire^^mais  il  leur  dit;Ie 
vous  ay  defia  repondu  que  c  eft 
moyjAinfi  ne  vousmcttespasen 
peine  de  me  chercherdauantage. 
Nean  tmoins,  en  fe  remettant  ainfi 
entre  leurs  mains,  il  ne  laifla  pas 
de  monftrer  auec  raffe£lion  qu  il 
auoit  toufiourseuepourlesfiens, 
vn  trait  de  fon  authorite  &  de  fa 
puiflance.  Car  il  leur  dit ,  com  me 
par  commandement ,  en  leur 
monftrant  fes  difciples*}  Si  done 
vous  me  cherches,&:  fi  vous  aues 
abfolument  determine  de  me 
prendre , ie  n  y  refifte  pas:  faites  de 
moyce  que  vous  voudres;maisne 
touches pasa ceux-cy ,  &  Ics  laifles 
aller  libres.  Ainfi  cetteclaule  de  fa      t.  9. 

J-       ,         ,         .  1  Afin  que  U 

^ncicCyylenayperdt^pas  vn  de  ccux  paroie\  qui 
que  tu  mas  donnes ^  qu il  auoit  dite  Te%fl\t 
principalement  touchant  le  loin  'T^^''-  /■' 
qu  11  auoiteuaeconleruer  les  dil-  »«^^^  ctu>^ 
ciples  en  la  communion  lalutaire,  donmx^ 

Ccc    4 


Cha.iS.  788  Paraphrafe  fur  tEuangile  de 

nonobftant  toures  fortes  detcnra- 

tionSjfe  trouuade  plus  verifiee& 

accomplie  en  cette  occafion,  ou  il 

s'asifloit  dc  la  conferiiatioa  de 

^'  J^,'*'    leur  liberre  &  de  leurvie.  Orpi- 

Tierre  ayat  rut  biett  a  la  veritc  en  cetce  ren- 

lira.&frap  contrc  1  atTection  que  Simon  Pier- 

uJjulZ^^  portoit  a  lefus,  mais  aufii  y 

(ife,  6>itiy  monftra-illafcrueur&laprecipi- 

retiie droite:  tation  de  lon  elpnt  a  ne  pas  mena- 

t€ur   nZit  gcr  Ton  zele.Ilfc^auoitbien  delon- 

rC  ^''^'  gue-main  quelle  eftoit  la  puifTan- 

ce  de  lefus ,  s'il  luy  eufl:  pleu  d'en 

vfer,  &  il  en  venoit encore  de  voir 

des  preuucs  tres-indubirables.  Il 

ne  deuoit  rien  entreprendre  pour 

la  dcfenfe  de  fon  Maiftre,  finon 

parfoncommandemcnr,  puifque 

ces  genseftoyent  venus  par  Tau- 

thoritederordrepubIic:&il  pou- 

noit  bien  iuger  que  fi  lefus  ne  fe 

defendoit  pas,  ny  luy  ny  tous  fcs 

condifciples  n'eftoyent  pas  pour 


I  ejus  Chrijl  felon  S.  lean.  78^  Cha.lS. 
Ictirer  des  mains  dVne  telle  trou- 
pe de  Sergens  &c  de  gendarmes. 
Et  au  lieu  que  lefus  employoit  fon 
foin  &  fon  authorite  pour  le  con- 
feruer  luy&fes  compagnons^^luy 
au  contraire  en  viant  des  voycsde 
faic  J  fe  mettoit,  &  eux  quand  & 
quand,  en  vn  manifefte  danger 
d^eftre  mis  en  pieces.  Neantmoms 
il  ne  laiflTa  pas  de  mettre  la  main  a 
vne  cfpee  qu  il  portoit  felon  la 
couftume  des  voyageurSj&  Tayant 
tiree  du  fourreau^,  il  en  frappa  Ic 
feruiteur  du  fouuerain  Sacnfica- 
teur^qui  efioit  en  la  bande  des  Ser- 
gens 3  &  ducoup  il  luy  emporta 
Toreille  droire.  Or  ce  feruiteur  la 
auoit  nom  Malchus ,  ce  qui  fe  doit 
remarquer  comme  vne  circon- 
ftance  particuliere  d'vne  hiftoire  ^.  ^^ 
fort  notable.  Mais  cet  accident^    lefusdonc 

^  ,  ait  a  Pierre, 

quoy  que  grand  ,  n  eut  aucune  Relets  ton 
mauuaiie  luite.  Car  outre  que  le  g^int  .•  ne 


Clia.  iS.  790    Paraphrajcjlir  tEuangtlc  de 
veux-tup^sl^  Seigneur  y  remedia  inconti- 
queieboitie  neiit .  aiufi  quVh  autre  EuanseH- 

lecdltce  que  -'  i  O 

mon  pere^  ftc la rapportCj u  improuua  hau- 

tement  1  action  de  ce  lien  dilciple, 

comme  faite  fans  fon  comman- 

dement ,  &  die  a  Pierre  :  Remets 

ton  efpee  en  fbn  fourreau^car  ce 

n'cftpasicyl*occafion  de  s'enfer- 

uir.  Qjioy  ?  ne  boyroy-je  point  la 

coupe  que  lePere  m'adonnee?  Nc 

fubiroy-je  point  le  fupplice  auquel 

il  m'a  defline  ?  As- tu  iamais  recon- 

nu  en  moy  quelque  inclination  a 

zturb^n  refifter  a  fa  volonte  ?  Par  ce  moyen 

i'-  ^  /*  i[    empefcha    que     ny  la    ban- 

&  ies  Mi^  de  de  foldats^ny  le  Capitaine  qui 

nrfires      des  .  I       C    ■  \         c  J 

L'ufsempoi  ks  couduiloit ,  Hy  Ics  Sergcns  des 

^rserentlefus   t     •  T  •  1  '  ^ 

&ieiierLt.  luitsqui  ics  accompaguoycnt ,  nc 
fiffent  aucune  violence:  feulemeni: 
ils  prirent  lefus,  &  le  lierent ,  pour' 
s'aileurer  de  fa  perfonne ,  fans  tou- 
cher a  ceux  qui  eftoyent  auecluy. 

iLtl emmts.  L'ordrc  dcs  cliofcs  voulolt C|U  ils k! 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  jOi  Clia.  iS. 
menajQTent  a  celui  qui  eftoit  le  chef  „,^^„;  ^^^. 
du  Confeil  public:  &  toutefois  ils  '^^^^^'^'^ . 

1  ^  a  Amie,  qut 

le  menerenr  premieremenra  An^  eftohuheau, 
ne,  parce  que  Caiphe,  qui  eltoic  ^he  ,  ^m 
le  fouuerain  Sacrificateur^&r  par  f/de^Zl'l 
confequent  le  Prelldenc  duCon-  '^'^'^^'^ ^'^• 
feil  en  cette  anneela,  eftoit  fon 
gendre,  &  qu  outre   cela  Anne 
eftoit homme  de  grandeaurhori- 
tcjde  forte  qucCaiphc  ne  faifoit    ^ 
nen  que  par  ion  aduis.OrceCai-    Etc^^phe 
pile eftoic le mefme qui auoit don-  \'ui\uoi7 
ne  cec  expedient  aux  luifs  pour  fe  f,T\uT 
defaire  de  lefus,  qu  ilfalloit  quVn  ^'f' '  ^^'^^ 
iiomme  mouruit  pour  tout  le  peu-  '^^^nt  ^wv^^ 
pie.  icliementquayantacompa'  ^^.y?  /^^^.^/^ 
roiftre  deuant  vn  tel  jucrc^  &  qui  ^'''^'' 
luy  meftne  auoit  donnc  le  confeil 
delemettreamort,auant  qucd'a- 
uoir  pris  aucune  connoiflance  de 
facaufc,nyqu'il  yeuftd'niforma- 
tion  faite  contre  luy,  iieftaifcde 
iugcr  quel  deuoit  gftre   reuenc- 


Cha.iS.  75?L   ^araphrafe  fur  I'Euangile  de 
nient  de  cctte  afFaire,  &  dc  quels 
prejugesferoicprcuenu  fon  beau- 
pere  ^  auquel  il  communiquoit 

f.    If.     tout.  Or  lefuseftantainfientreles 

Or  Simort'  •  1      r*  '        r        \    r  •     \ 

rn,re,auec  maius  de  ics eunemis,  tes  dilciples 
l^dple%-  s'ecartercnt  qui^a  qui  la^excepte 
mhiefuj     Simon  Pierre,  &  vn  autre difciplc 

^cedifcifle  .  1      r   •  r 

t$cit  connii  auec  luy^quileluiuoyentpourlc^a- 
^rr^r^yT'  uoir  ce  qui  en  arriueroit.  Ce  qui 
Z;iZilie  procedoit  alaventede  raffedion 
d-*  Faniifs,  que  rvn&raiitreauoyent  pour  vn 
fi  bon  Maiftre;  maisneantmoins 
le  tout  eftoit  conduit  par  laPro- 
nidence  de  Dieu,  afin  que  ce  que 
lefus  auoit  predit  touchant  IVn 
d'eux  fuft  execute. En  effet  les  cho- 
fes  s'y  acheminerent  de  la  forte.Ie- 
fus  eftant  forty  de  la  maifond' An- 
ne, &  ayant  eftc  mene  de  la  vers 
celle  de  Gaiplie;  Pierre,  &  celuy 
dont  Tay  parlc  ,rcjoignirent  tous 
deux  ala  malticudc^&rautre  dif- 
ciple  cftant  connu  da  (buuerain 


lefus  Chriji  felon  S.  lean.      75)5  Cha.  18. 
Sacrificateur,  &  de  fes  domefti- 
ques,ileuc  le  credit  de  pouuoir 
cntrer  dans  la  cour  auec  lefus. 
Mais  Pierre,  quin^auoit  pas  la  mef^     f^  i€, 
me  faueur,fuc  oblig^  de  fe  tenir  .^tm 
dehors  a  la  porte  dela  mairon,en  ^'-^'"j'f.^f 

JL  ■'  tre  atjctpU 

attendant cequedeuiendroic  Taf-  ^onc^qmef 
taire.  Commedonc  rautre  dilci-  ^«  vomift. 
ple,qui  eftoitconnudufouuerain  ^tS 
Sacrificateur.vid  que  Pierre  ne  la-  ^''''''''-  ^ 
uoit  pas  liiiui ,  il  fe  douta  bien  ^^*'"'^*-    • 
qu  on  luy  auoit  refufe  la  porte. 
Ceft  pourquoy  il  fortit,  &:  s'cn 
vint  trouuer  la  feruante  qui  gar- 
doit  la  porte,  comme  c  eftoit  la 
couftume  en  plufieurs  puifTantes 
maifons  alors , d'employer  a  cette 
fondion  desperfonnesdecefexe, 
&  ayant  parle  a  elle  en  faueur  de 
fon  compagnon,il  obtint  aife- 
ment  d*elle  qu  elle  le  fift  aufTi  en- 
trer.Il  eftoit  malaife  que  la  triftef-    ^.  17; 
fe  que  Pierre  auoit  au  coeur,  ne  pa-  tL'^Tu 


Clia.iS.  794  n^araphrafc  Jur  tEuangitede 
pone.dita  ^uft  ^^^  fon  vifage:  &  de  plus,Ii 
pierreXes'  pcur.qui  decouurc  quafi  cous ceux 

tu  point  auf  ^      .       ^  r  r  -r  i 

fidesdifcipies  qui  en  lonr  lailis  ^  donnoit  occa- 

de  cethom      r*  \  -  \  r  -i 

me  1  iceiuy  iioii    a   quiconquc  le    conlide- 
%;^il^  ^oit  ^  defoupconner  Ci  perfonne. 
Voila  pourquoy  la  Portiere  ayant 
rcmarquequelque  chofe  de  foa 
emotion  a  (a  contenance,  s'ima- 
gina  incontinent  qu'il   p5uuoit 
cftre  de  la  fuitte  de  lefus,    Elle 
done  dita  Pierre  ;N*es- tu  point 
audi  dcs  difciplesde  cethomme 
la  ?  Et  lors  parut  combien  c  eft 
vne  chofe  fragile  que  rhomme. 
Car  ce  perfonnage  qui  aupairauat 
auoittanttemoigne  d  afFed:ion  a 
lefus  J  &  promis  tant  de  conftan- 
ce^  n*eut  pas  pluftoft;  oui'  cette  pa- 
role, que  craignant  que  cette  fer- 
uantc  ne  rallaft:  decouurir  s'il  Ic 
confefloit,  &  qu  elle  ne  Ic  mift  en 
peine,  ilaima  mieux  le  niertout 
net,  &  repondrc  ;  Non  ie  neri 


iefus  Chrijl  felon  S.  lean,    y^y  Glia.  iS, 
fuis  point.  Ec  ce  fut  la  premiere 
des  trois  fois  que  Iefus  luy  auoit 
predit  qu  il  le  deuoit  renoncen 
Or  les  feruiteurs  de  lamaifon,  &     f.  n: 
les  Sergens  qui  auoyent  cfte  a  la  u^:;l7ffi- 
prife  de  Iefus  ,  fear  quant  aux  f'.'/y^''' 
loidats  J  lis  le  retirerent  quand  lis  'fl^y^^  ^f> 

1j  jT    .  -11      fo^yce  qu'il 

eurcnt  vne  rois  mis  en  \\q\x  ac  f^ifoitfrdd, 

feuret^;  auoyent  fait  vn  grand  ^1/:;';^ 
feu  decharbonsdanslacoui\&  fe  ^^^^/^^  ^A 


tenoyent  la debout alentour^pour  &fi  ^^^^'^P* 
fc  chauffer.  Car  il  faifoit  froid, 
come  c'cft  I'ordinaire  des nuits  du 
Printemps.Et  Pierre  fe  tenoit  aufli 
la  debout  auec  eux^  &  fe  chaufoit 
pareillementjcn  attendant  ce  qui 
feroit  ou  fait  ouordonne  de  fon 
Maiftre.  Cependant  ,  le  fou-  f.  x^. 
uerain  Sacnficateur  interrog-uoit  ^^'^'"^'^f^ 

r    r       J  111  11  O  done    tnter- 

ielusdans  ie  dedans  de  la  maifon/''.^^*  ^'f^*' 
&  s'enqueroit  de  luy  qui  cftoyent  cipus  c^'^de 
fes  Difciples,  &particulicrement  ^'  '''^''"'' 
lesplusfamiliers,  &  quelle  eftpit 


Cha.lS.  75)tf  Paraphrafe  Jur  tEuangile  de 
fa  dodrine  ,  laquellc  cftoit  caufe 
queleCofeilauoic  dccrete  centre 
luy.  Non  qu  il  euft  grand  befoin 
dinftrudion  la  deflus ;  mais  il  ef- 
peroic  enlacer  lefus,  &  luy  faire 
dire  quelque  chofe  qu  il  luy  tour- 
u/L  luy  naft  puis  apres  a  crime.  Ce  que  le- 

f^^ondit     {Ijsfcachant  forcbien,il  luy  re- 

t  ay    publt-  i  ^  J 

quementp^r  pondic  en  CCS  termes.  Tu  m*inter- 

le  ait  mon"*   »■  -,  \       r  •  i      • 

de.i'aytouf  to^yit^  d  vnc  ciiole  qui  te  doit 
gne  en  u  sy  cltrc  toute  notoire.l  ay  parie  rran- 
n^^gogue  &  chemenc  &  en  public  a  tout  le 
ch  [es  luifs  monde,&ne  me  fuis  point  caclie^ 

s*  ajfemblefit:  ^  •         r  1  n 

tous,6^n'ay  commc  tont  ceuxquitalclient  a 
""fZct^  '^  f^i^c  des  monopoles  &  des  fa- 
ctions. Fay  toufiours  enfcigne  en 
des  lieux  celebres  &  frequentes, 
comme  font  les  Synagogues  &:le 
Temple  ,  la  ou  les  luifs  s'affem- 
blent  de  tons  coftes.  le  n'ay  rien 
dit  en  cachette,  qui  puiife  eftre 
vour^noy  fufpcdt  a  qui  que  ce  foit.  Pour-. 
tn^xntenoge^  quov  dottc  cft-ce^^ou  cn  vne  telle 

noto- 


Icfus  Chrifl felon  S.  lean.  797  Cha.  18^ 
notoriecedc  tout  ce  que  Tay  fait,  ^,,,«^  ^^^ 
&  de  tout  ce  que  ray  dit^  tu  m'in-  '""^  ""f^y  '^ 

^         I  J  •'  que  te  leur 

terroguesa  cctteheure  comme  fi  ^^dh.-vou^ 
acholeteltoicuiconnue?  Qoe  11  ce  ^uc  I'v 
tu  as  bcfoin  dVne  plus  grande  in-   *^* 
ftrudioa  la  defTus^tu  ne  peux 
maaquerdetemoinsdausvne  af- 
faire telle  que  la  mienne.  Appclie 
ccux  qui  nVoiit  oiiyj  &  les  interro- 
guc  touchant  les  chofes  que  ie  " 
leur  ay  dices.  Ilsfc^auent  fort  bien 
ce  qui  en  eft  j  &  au  refte  ie  ne  les  ay 
ny  gaignes^ny  preuenus,pour  te 
dcgaifer  la  vericej  &  tu  as  aiTes 
d'auchorire  fureux  pour  la  tirer  de 
leur  bouche.Commc  lefusparloit    ^^^^j  n 
ainfi^  il  y  eut  vn  dcs  Sergens  qui  ^''^  ^'^ '" 
affiftoyent  la  felon  la  couftume  des  pfficiers 
de  la  iuftke,qui  croyantqu  il  ne  }Zfhl!iZ 
portoit  pas  aifes  de  refped  a  celuy  ^l^^f^-lf^^ 
qui  tenoit  la  comme  fouuerain  «^>»^-^« 
Sacrmcateur,Ia  place  de  premier  ufe. 
Magiftrat  parmy  Ie  peuple,donna 

Ddd 


Cha.  18.  798  Paraphrafc  fur  tEuangile  ^ 
vn  foufflet  a  lefus  en  luy  deman- 
dant, Eft- ce  ainfi  que  tu  rcfpons 
au  fouuerain  Sacrificateur  ?  Car 
la  dignite  de  cette  charge  eft oit  en 
grande  rccommandation  entre 
les  iuifs  3  &  Dieu  mefmc  auoic 
ordonne  qu  on  Teuft  en  vne  fin- 
lf-  »?.     guliere  reuerencc.  Neantmoins, 

lefus  luyref^  j    . .  ^  •»/!.• 

pondit ,  St  quand  ilyeult  eu^ce  qui  neltoic 
]t!nndZ  P'^s,  quelque  chofe  a  rediredans 
woignage     \^  rcponfc  dc  lefus .  ce  n'eftoit  pas 

du  mat :  &    ^         I  ^    ^  .  r 

/  i'ay  bien  a  vn  SergcHt  a  le  corriger  de  la 
q'Lyme%p  fa^on  ,  &c  le  fouuerain  Sacrifi- 
^  cateur  deuoit  reprimer  cette  in- 

folence.  Car  ceux  qui  font  entre 
les  mains  de  la  luftice,  font  aufli 
en  fa  protedion ,  &  les  luges  ne 
doiuent  pas  fouffrir  qu'on  leur 
faflfe  aucun  outrage.  Mais  le 
fouuerain  Pontife  conniuant  a 
cette  adion  Jefus  fut  oblige  d*en- 
treprendre  luy-mefme  fa  propre 
dcfcnfe.    Il  refpondit  done  a  ce 


I  ejus  Chrifl  felon  S. /ean.  799  Cha.iS* 
Sergcnt.    Siiaydirquclquecho- 
fe malapropos,  &  qui  ofFenfc  la 
dignice  du  Souuerain  Sacrifica- 
teur^dihardimeccn  quoy  fay  fail- 
li:  ie  fuis  icy  pour  ca  raire  la  repa- 
ration ,  comme  il  fera  luge  iufte 
&  raifonnable.  Mais'fi  i  ay  bicn 
parle ,  de  forte  qu  on  nc  me  puif- 
fecoauaincre  dauoir  manque  cii 
rien ,  pourquoy  entreprens~tu  de 
me  frapper ,  &c  qui  t'a  donne  Tau- 
torite  de  le  faire  ?  Mais  ny  pour 
cela  le  fouuerainSacrificateur  ne 
s'en  fouciadu  tout  point  3  de  forte 
que  cette  infolente  temerite,com- 
mife  a  la  face  de  la  lufticc ,  de- 
meura  fans  autre  reprelienfion, 
tant  s  en  faut  qu  elle  fuft  punico    f,  t^„ 
Heft  icy  a  remarquer  que  quand  u/,,,^Z 
Anne  renuoya  lefus  a  Caiphe,  «^^*'  ^'^  * 
qui  eftoit  lors  fouuerain  Sacrifi-  c/?^^;  A/|^' 
cateur  :,  illc  renuoya  tout  lie :  ce 
qui  eftoit  a  ccux  qui  le  voyoyenc 

Pddi 


Gha.  iS»  800  ParaphraJejurtEuangilede 

zinCi,  vn  fort  mauuais  prcjug6 

pour  riflTuc  de  fon  affaire.  Car 

quand  les  foldats  Tauoyent  em- 

meiie  lie,  on  pouuoic  dire  que 

c'cftoic   pour   safleurer  de  luy, 

d'aucanc  que  s'eftant  echappe  tanc 

de  fois  a  Wicure  qu'on  le  penfoic 

tenir,  ijs  auoycnc  peur  qu'il  n  en 

fiit  encore  de  mefme,  &c  que  les 

Magiilrats  ne  ies  accufaflenc  de 

n'auoir  pas  faic  leurdeuoir.  Mais 

aprcs  qu  il  eut  comparu  deuanc 

Anne^  le  ccnir  touliouis  garrotte, 

c'eiloic  vn  cemoignage  que  les 

luges  auoycnteiiuiedes'en  defai- 

re.  De  forte  que  cela  donnoit  dc  la 

Et  st^non  trcmGur  a  ceux  qui I'aimoycnt.Si- 

p^mv^;^:^  men  Pierre  done  eftant  la  de- 

cUpijjou  •    |3()m.  dans  la  cour  ou  il  auoit  paf- 

dmnt.  N'es  fe ,  &  fc  cliaufaut  auec  les  ferui- 

ds  les  d^j.  reurs  dc  la  mailon ,  comme  le  1  ay 

''^*  ''*         reprefente  cy-defTus,  cet  eftat  de 

ion  Maiftre  Tauoit  effraye.  Telle- 


lefus  Chriji felon  S\  lean,    8oi  Cha.i8. 
nienc  que  ceux  qui  eftoyent  la 
prefens ,   foupcjonnans   quelque 
chofede  luy^aufli  bien  qu'auoic 
fait  ia  Portiere  auparauant,  &  luy 
ayantdemandejN'es  tu  pas  auffi 
de  fes  difciples?  la  prefence  du  pe- 
ril cut  vne  telle  puifl'ance  fur  Ton 
efprit,  qu  il  le  nia  encore  tout  a 
plat  J  &  dit ,  Non  ;  ie  n'en  fuis 
point.  Cc  qui  fut  pour  la  feconde 
fois.  Mais  a  peine  eut'il  refpondu  Efvndfsfer 
a  ces  p;ens-la.  qu  vn  des  affiftans  ^^''^rsdn 
1  engagea  dans  la  troilieme  abm-  rent  k  aiuy 

r^         '\   r  1  ^  \         a  qui  Pierre 

ration.  Car  il  le  trouua  la  vn  des  audt  ccutk 
feruiteursdu  fouuerain  Sacrifica-  ['^'["^i^J- 
teutj  qui  eitoit  parent  de  celuy  a  ^"^-^'^  ^^'- 
qui  Pierre  auoit  coupe  1  oreille,  & 
qui   auoit  efte    prefent  a  cette 
aftion.  Celuy-la  done  ayant  veu 
Pierre  Tefpee  a  la  main  a  la  lucur 
des  flambeaux,  ne  lauoitpas  af- 
fes  bien  enuifage  pour  le  recon- 
noillre  certaincmcnt,  &  neant- 

Ddds 


Clia.  l8.  8oL  ^araphrajejur  tEuangile  dc 

moins  auoit  rctcnu  quclque  idee 

dc  {a  perfonnc  dans  fa  fancaific. 

Qaand  doncaduerti&  excite  pai^ 

rintcrrogationdesautrcs,il  vine  a 

Ic  confiderer^il  fe  rememora  ea 

quelque  fa^on  qu'il  Tauoit yeu  la^ 

&  luy  dit:  Maisnetay  jepasveui 

^    ^^     au  jardin  auec  cet  homme?  Cc 

jLors  Pierre  quc  Picrrc  avant  otiv,  il  fe  creut 

€hcf:  ^in-  tint  cn   bcaucoup  plus  grand 

continent  li     ^  •  .        *■  ^      , 

<^r>^ 'chanpa.  danger  que  lamais,  parcc  quau 
lieu  que  Ics  autres  nauoyent  que 
de  fimples  foupcjons  centre  luy, 
celuy- la  parloit  de  lauoir  veu, & 
au  refte  auoit  fujet  d  eftre  particu- 
liere»ient  palTionne ,  a  caufe  de  ce 
qui  cftoit  arriue  a  fon  parent.Tel- 
lement  que  Pierre,  qui  fqauoit 
bien  qui  eftoit  celuy  qui  aupit. 
fait  le  coup,ncdouta  point  que 
s'il  eftoit  reconnu  a  cette  fois ,  il 
ne  fuft  perdu  ^  &  qu  on  ne  luy  fift 
fon  procesfur  crime  de  rebellion. 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean,     803  Cha.  18. 
quand  il  ny  en  auroic  point  cu 
d'autrecaule.C'eftpourquoy  il  le 
nia  derechef :  &  tout  auifi-toft 
qu'il  Tcut  nie,  on  ouit  de  tous  co- 
ftes  Ic  chant  du  coq,qui  aduertic 
Simon  Pierre  de  fon  peche ,  com- 
me  il  aduertifloit  tous  les  autres       ,8 
de  la  venue  de  la  lumierc.  Apres  ./^'^  ^/"^^^ 
que  cela  Icrut  amii  pane,  quelque  \efusde  cay 
pcu  de  temps  s  eitant  ecoule,  on  toire:^ejh,t 
mena  lefus  de  la  maifon  de  Cai-  ^^^.,7^; 
phe  au  lieu  qu'on  appelloitence  p^^^^^^^'^- 
temps  h  le  Pretoire,qui  eltoit  le  quiUnefuf' 
Palais  ou  demcuroit  le  Gouuer-  'J^liiJfin^ 
neur  enuoy6  de  la  part  des  Ro- 1^^% 
mains,&  dans  les  depen  dances  du-  ^^/^^^  ^^^''^ 
quel  il  auoit  accouftume  de  tenir 
fa  iurifdidion ,  &  de  rendre  iufti- 
ce.  Etceux  qui  le  firent^auoyent 
la  condamnation  de  lefus  fi  fort  a 
ccEur  J  qu  ils    n'attendirent   pas 
1  heure  ordmaire  a  laquelle  on 
auoit  accouftume  de  iuger  les  crt- 
Ddd  4 


/Cha.lS,  804  n^araphrafe  fur  I'Euangtle  de 
minelsj  mais  y  allerent  de  bon 
matin ,  depeur    qu'il    n^arriuaft 
quelque  changcment  a  la  venue 
de  la  Fefte.  Or  eftoit-ce  vneafles 
ancienne   fupcrftition  entre    Ics 
luifs,  de  n'entrer  point  dans  les 
maifons  des  Gentils  lors   qu'ils 
eftoyent  dans  la  celebration  de 
quelque    facree     folcnnite  ^  oii 
qu'ils  fe  preparoyen t  a  la  faire,efti- 
itiant  que  ce  commerce  particu- 
lier  &familierauec  leseltrangers, 
les  contaminoit.SeulernenCjfi  la 
neceflitc  le  requeroic ,  its  leur  par- 
loyentcommepar  rencontre, ou 
trouuoyent  moyen  de  les  fairc 
forth*  de  leur  demeure^  pour  leur 
parler  en  public.  Ceux  done  qui 
ne  faifoyent  point  defcrupulede 
pourfuiureauectantd  ardeurlef- 
fufion  du  fang  innocent ;,  firent 
confcience  d  entrer  dans  le  Pre- 
toire  y  de  peur  dc  fe  polluer ,  &  fe 


lefus  Chrijl  felon  5.  lean.    Soy  Gba.  18. 
voulurcnt  preferuer  de  la  conta- 
gion de  la  maifon  d  vn  Gentil, 
pour  pouuoir  manger  TAgneau 
dePafque.  Pilate,  Gouuerneur  de     f-  »9. 

Ji-       I  /  I  TiUte  done 

aludeepour  lors,n'ignorant  pas  forth  -vers 

lesfac^onsdefairede  cette nation,  Zueit'^ac- 

codefcenditaleiirhumeur,&for-  ^^^Jon^^p- 

tit  hois  du  lieu  oil  il  faifoitfade-  co^itre  cet 

meure,  pour  parJer  a  eux  au  lieu 

ou  fon  tribunal  eftoit  dreffe,  & les 

ayant  rencontres,  &  appris  d  eux 

le  fu|ec  de  ieur  venue,  il  leurdit: 

Ce  n'eft  pas  afles  de  venir  deman- 

derlacondamnation  d Vn  crimi- 

nel;  il  fliut  premierement  mon- 

ftrerqu'il  raicmeritee  Quelle  ac- 

cuGtion    done    apportes  -  vous 

done   contre   cet   homme  icy?    ^ 

Qu/aril  fair  pourquoy  vous  leli- 

uriesala  luftice?  Alors  en  partie  //.tvC-^. 

aueuglesdelcurpaflion, en  partie  f- ^'*'^ '^^^ec, 

D  I  'I  Stceiiuycy 

fondesfur.cequelesRomainsIeur  n^i-fionmal 
auoyent  laifle  quelque   lurildi- 


nt    le    itu 


Gha.lS.  8o($  'Pam^hrafe  furl'Euangikdt 
font  pas  u.^^^^  dans  leur  Confeil,  pour 
^''^'»  prendre  la"^  premiere  connoiflfane 

de  la  nature  des  crimes^  &  pour 
les  punir  de  diuerfes  peines  iuf- 
ques  a  la  more  exclufiuement  -,  an 
lieuderaccureriudiciairement,& 
de  produire  contre  luy  des  te- 
nioins  felon  les  formes  de  la  lulli- 
ce,  comme  (i  c*euft  efte  affes  qu  ils 
TeufTent  eftime  criminel,  ils  ref- 
pondirent  a  Pilate.  Nous  n  auons 
pas  accouftume  de  pourfuiurc  la 
condamnation  des  innocens,  &  ft 
celuy-cy  n'eftoit    mal-faiteur, 
.    ^      nous  ne  le  mettrions  pas  entre  tes 
Adoc?iUte  mains  pour  en  faire  laiuftice.  Pi- 
le  voHs  &  latercconnutbienlmiquitedcce 
Vafhe'^^ioy'-  procedc ;  &  neantmoins  ne  vou- 

iui^s'iJ"di  ^^^'^^ P^^ ^y r^^'^^cl'^^^' lefus, de peur 
ntn ,  ii  ne  de  les  mecontettter,  ny  le  punir 

tiouseji point   «  r-  y'%  > 

ioifibie  de     luy-melme  ,    parce    quil    nen 

'Zn^mo!^  voyoit  pas  la  caufe  ,  &  qull  ny 

auoic  point  de  jugement  legiti- 


leftis  Cimft  felon  S.  lean.    807  Cha^  i%l 
incmcnt  prononce,  il  trouua  cc 
temperament:,  de  leleur  remettrc 
cntre  les  mains,  afin  qu'ils  en  fif- 
fcnt  ce  qulls  voudroyent  y  f^a- 
chant  bien  que  de  quelque  fa^on 
qu'il  fuft  traitte  par  eux :,  touf- 
iours  auroit-il  la  vie  fauue.  Parce 
qu'encore  qu  on  leur  cuft  laifTe 
la   puilTance    d'infligcr    diuer- 
fes  peines  corporelles ,  les  Re- 
mains s'cftoyent  referue  Tautori- 
te  de  punir  de  mort.    Il  leur  dit 
done:  Prenes  le,vous,&le  iuges 
iilon  voftre  Loy^,  &  felon  la  puif- 
fance  que  les  Romains  &  TEmpe- 
reur  vous  en  one  laiflee.  Mais  des 
gens  quiauoyent  refolu  la  more 
de  lefus,  ne  fe  peurent  contenter 
de  cette  reponfe.  Les  luifs  luy  re- 
partirent  done :  Tu  f(jais  bien  que 
cette  puiflance  que  les  Romains 
&  TEmpereur  nous  ont  laiflee ,  ne 
s'eftend  pas  iufques  a  mcttre  au- 


rtr^ 


Gha.  18.  8p8  PAraphrafc  fur  lEuangile  dc 

can  a  mort.  Or  ccluy  <y  eft  digne 

dc  ccttc  punition,  &  tout  autre 

fupplicefera  bien  loin  au  deflbus 

f'  5^.     de  ion  crime.  Ctftoit ,  comme  it 

^ueuparo.  paroilt ,  leur  cruaute  &:  leur  pal- 

%ft\Jom!  fion  qui  les  faifoic  parlcr  ainfi: 

piieja^ueiu  mais  ncantmoins  tout  cela  eftoit 

//  UHott  dtte,  1        •       1    I         rr 

fignifiant  de  conduit par  vnc  admu*able  erhca- 
iUeloiTmm  cc  dc  la  Prouidencc-  Car  lefus 
auoit  dcs  long-temps  auparauant 
fignifie  dc  quelle  mort  il  deuoit 
mourir,  lors  qu'il  auoit  dit  quil 
deuoit  eftre  eleue.  Si  done  les  luifs 
TeufTent  iuge  felon  la  puifTancG 
quMls  auoyent  alors^,  ils  nc  Teuf- 
fent  pas  execute  a  mort:  &  quandi 
ils  euflent  paflTe  les  bornes  de  leur 
pouuoir ,  &  qu'ils  reuffent  fait 
mourir^  toufiours  ne  Teuflent-ils 
pas  crucifie^parce  que  lefupplice 
de  la  Croix  n'eftoit  point  vfite-| 
entre  les  Iuifs,&  qu'il  n'y  auoit  que^ 
les  Romainsqui  reuffent  pratique^ 


des 


lefus  Chrijl felon  S.  lean.      8op  Cha*.  iS. 
dans  la  ludee.  Afin  done  que  la 
parole  de  lefus :,  par  laquelle  il 
auoic  dcfigne  qu'ildeuoit  foufFrir 
ce  genre  de  mot  t,  euft  fon  accom- 
pIifTcfmcnt,  la  Prouidence  de  Dicu 
voulut  que  leur  inhumanite  leur 
fuggeraft  cette  penfee.  Pilate  fe    p,Ll, 
voyant  prefle  de  la  facon,  &  nc  'f?  '^^''• 
voulant  pointjSil  pouuoit,  don-  '*/>^>6'^^ 

/  pelU  lefus 

ner  aucun  mecontentement  aux  (^luydu.Es 
luifs,  &  toutefois  n  eftimant  pas  %f^^^ 
raifonnable  de  condamner  vn 
homme  a  la  mort,(ans  Tauoir 
oiiy,  &  fans  auoir  pris  connoiflfan- 
ce  de  fon  crime,  laiffa  les  luifsla, 
&c  s'en  retourna  dans  fon  Palais.oii 
il  fit  appeller  lefus  afin  de  Pinter- 
roguer.  Et  dautant  qu'ilauoitap- 
pris  que  le  pretextc  que  les  luifs 
prenoyent  de  le  luy  liurer,eftoic 
qu^il  fe  difoit  eftre  le  Roy  dcs 
luifs ,  parce  qu'ils  prefumoycnt 
^ue  Pilate  a  cette  oecafion  le  con-*         , 


Cha.  if.  8id  Paraphrafe  fur  lEuangile  de 
dereroitcdmmc  vn  chef  de  fetlL 
tion,  qui  choquoit  Taurorite  de 
rEmpereur,  &  quifollicitoit  cette 
nation  a  la  reuoltc,  il  eommencja 
par  la  fon  interrogatoirc.  Il  luy 
demanda  done,  Es-tu  le  Roy  des 
.  luifs?  Icfus  feauoit  biend*ou  vc- 

ufus  iuy  nf"  noit  cettc  demande.Mais  voulanc 

pont^'it.  Ms  tit  .     .  -  .  , 

cecy  de  par  Gonduirc  Pilate  par  dcgres  aux 
ITfiic^lu-  ientimens  aufquels  il  auoitrefola 
^u  de  mT  ^^  I'atnencr,  il  lay  reponditainfi: 
Me  demandes  tu  cela  de  toy-met 
me,&comme  eftant  inftruit  de 
longue-main  des  cfperances  dlt- 
rael ;  ou  s*il  t'a  efte  fuggere  depuis 
peu  par  mes  aduerfaires  ?  Car  fi  tu 
le  dis  de  toy  mefme,  tu  dois  f^a- 
uoir  quelle  eft  la  nature  duRoyau- 
me  dont  eft  queftion ,  &  que  les 
luifs  n'ont  point  de  fujet  de  m  ac- 
cufcr  en  cet  egard  ,ny  toy  dc  re^ 
ceuoir   leur   accufation   contre 
^        mov.  Si  mes  aduerfaires  te lone 


leftis  Chrijl  felon  S.  lean.      8ll  Cha.  i8, 
Tuggere,  c  eft  vne  autre  chofe.  Sur    ^  p^]l^^ 
cela  Pilate  eftonne  de  cc  qu'il  ne  ^^fp^ndit 
luyrepondoic  pasafademande,&  r7 »!?/«[ 
de  ce  qu'il  fembloit   quil  euft^t'r^ 
quelque  opinion, quvn  Gouuer-  ^^^fj'"''''' 
neur^Romaindenatio,  fuftimbu 
de  quelqueteinturede  laReligio 
ludai'que  ,  luy  repartit  inconti-. 
nent :  Voila  vne  belle  demande^  fi 
ie  te  dis cela  de  moy-mefme.  Suis- 
ieIuif,pour  me  paiftre  de  vos  ef- 
perances ,  on  pour  m'amufer  a  vos 
fpeculations?  Ce  font  ceux  de  ta 
nation ,  Ik  les  principaux  Sacrifi- 
teurs  entre  les  autres,  qui  tot  liure 
entre  mes  mains,  &  qui  te  mcttent 
ce  crime  fus.  Qo^as  tu  fait  pour- 
quoy  ils  t*accufent  de  la  forte  ^ 
.  comme  fi  tu  auois  voulu  foulcuer 
le  peuplc^&te  faire  Port'cnfei- 
gne  de  quelque  fedition?  Alors     f^  3^- 
clus  Ic  voyanr  en  ce  tram,  luy  dit:  Mt.Monrei^ 
Puis  qu'il  en  va  ainC.  il  eft  raifon-  fj/t  ^ 


Cha.iS.  8ix    ParaphrafefHrtEuangilede 
monde ,  fi    Hablc  quc  ic  tc  refpondc,  &  que  ie 
man  retgne  t  mformc  du  meritc  dc  Icui  accu- 

tftotP  de    ce  i      >       i  r 

monde  mes  fatioii.  Tu  dols  doiic  icauolr  Quc 

gens  combat'  ^  »    A.  J  -^ 

troientquete  moiiRoyaume  n  elt  pas  de  ce  mo» 
^«f-^/S  deiciA  qu  iln  adu  toutrien  a  de- 
mais  mam>  meflcr  aucc  Ics  empires  &  les  puif- 

tenant    man  .  f  i 

rets^ne  n'efl  faiices  de  U  tefre.  Tcllement  quc 
nentreprenanc  rien  contre  leur 
authorice^  ceux  qui  font  eftablis 
pout  leur  defenfc  ne  me  doiuenc 
poincauqirpour  fufpeit. Simon 
Royaume  eiloitdecemondeicy^ 
raurois  fait  amas de  ferui teurs ,  de 
facelliccs ,  &c  de  gendarmes ,  com- 
meontaccouftume  de  faire  ceux 
qui  afpirenc  a  la  Royaute.  Ec 
quand  on  eft  vcnu  pour  me  iaifir, 
ie  ne  me  ferois  pas  laifle  prendre 
comme  i'ay  fait.  Teufle  fait  com- 
battrc  mes  gens  pour  fac  defen- 
drc,&  pour  empefchcr  que  ie  ne 
fuffe  mis  entre  les  mains  des  luifs; 
&  encore  main  tenant  ils  feroyent 

quelque 


Jefus  Chrifi felon  S.  lean.      8ij  Clu^  iS* 
quclque  effort  pour  ma  deliuran- 
ce.  MaismonRoyaume  n'eftant 
point    d'ici   bas  ,  il  n  employe 
point  les  moyens  d'icy  bas  pour 
scftablir  ;  il  en  employe  de  con- 
formes  a  la  nature  de  fon  originc, 
Pilateayan t  oui  cette  repofe,iugea    ^fr.  p^J^^^ 
bien  qu  il  n  y  auoit  rien a  craindre  ^^>^;^^^^'* 
pourlEmpereur  dccecoftela,&  fusrepondu, 
le  ngura  qu  li s  agiiioit  dequelque  ie  f^s  roj, 
cfpece  de  Royaute  femblable  a  'poJr*!eiJ!% 
celle  que  certams  Philofophes  at-  ^«^^'^^A«'> 
tribuent  a  leur  Sage,ou  qui,quelle  ^'^^^<^ ,  ^/^ 
quelle fuft> condftoit  piuftoften  %moignlgi 
quelque  hiagnificence  deparoles  ^^J^;.^ 
be  de  penfees^qu  en  quelque  reelle  *^:^  '^'  ^"^^^^' 
domination. Ettoutesrois  s  eton- 
nant  de  Ce  que  lefus  s  attribuoit 
afles  clairement  cctte  dignite  en 
particulier":>  ce  que  peut-eftre 
iamais  aucunPhilofophe  n  auoit 
bfe  faire;il  lily  dit:De  quelque  na-- 
turequefoitccRoyaumcdont  td 


Cha .  18.  81^    ^araphrap  Jur  lEuagile  de 

parleSj&dequelquc  originequ'il 
doiue  venir,  tu  me  veux  donner  a 
entendre  que  tu  es  quelque  chofc 
de  grand; Es-tu done  Roy?  Alors 
noltre  Seigneur  voyantqu'il  n'e- 
ftoit  plus  temps  de  menager  da- 
uantage  fesreponfes,  luy  repliqua 
tout  ouuertemcnt.  Tu  dis  toy- 
mefme  ce  qui  en  eft.  Oui.,  iefuis 
Roy  :  &  ne  le  fuis  point  ny  par 
vfurpation  furperfonne,  ny  par 
cledion  daucun  peuple,  ny  par 
quelque  autre  telle  voyc  par  la- 
quelle  leshommes  de  condition 
priuee  puiflfent  paruenir  a  la  Roy- 
aute.  le  fuis  ne  pour  eftrq  Roy, 
&en  ayle  droit desle  ventre:  ie 
fuisvcnuau  mondeacettefin,  & 
celuy  qui  m'y  a  enuoy4  ma  defti- 
ne  a  cette  di^nite,  mefmes  des  j 
auant  ma  naiflance,  Et  mon 
entree  dans  Texercice  de  ma  Roy- 
aute  commence  par  la  publica- 


Icfus  ChriH  felon  S.  lean.     815  Gha.  18* 
tion  de  la  Verite,  a  laquelle  il  faut 
que  le  rende  vn  authentique  te- 
moignage,tantdeuat  toy  que  de- 
uant  les  aucres, &  que  ie  la  feelle  &: 
la  confirmed  vne  extraordinaire 
fac^on.Or  il  ne  faut  pas  que  tu  Vc- 
ftones  (1  celuy  qui  eft  ne  pour  eftre 
Roy^trouue  fi  peu  de  re6lateurs,& 
rencontre  cant  d'ennemis.   Tous 
leshommes  ne  fontpasdifpofesa 
receuoir  la  verite  dont  ie  te  parlc. 
Mais  ceux  qui  Taiment,  &  qui  one 
receu  d'enhaut  de  bonnes  difpo*. 
iitions  a  cela,  ceux  la  oyent  ma 
voix  :,  &c  la  reconnoififentj&me 
fuiuent.  Pilate  auoit  iuge  par  les     i^-  jg. 
propos     precedens   quil   eftoic  ^^,^ J'^^^^^ 
quelbon  de  quel  que  Royaume  I"*"  J^'^'j'.^ 
qui  conliftoit  pluftoft  en  opi- ^^'^^'^^^^'», 
iiions  d  elprit,  que  non  pas  en  er-  the/  vers  u^ 
fediue  domination  &  puiflfance  '^"j^JZ 
corporelle.  Etce  propos  que  Ie- '''^"''^  '''''* 
lusluy  tint  de  la  Verite,  n  eltoit  ^v^ 

Eee  i 


Cha.  x8.  8i<^    Paraphrafe  fur  {'Euangile  de 
pas  J  ce  fembloit,  pour  luy  ofter 
eette  pcnfee.  Neantmoins  ce  que 
le   bruit  commun  luy  auoit  ap- 
pris  des  miracles  delefus,  Tinno- 
cence  qu  il  auoit  luy-mefme  re- 
connue  en  fes  actions,  &  cctte  de- 
claration qu  il  luy  oyoit  faire  fi 
preciC:!menc,  qu'ileftoit  ne  pour 
cftreRoy,  commencerent  aluy 
donncr  delmquietude.  Car  quoy 
qu'il  eh  foit ,  c'eftoit  vne  chofe 
bien  extraordinaire,  de  voir  vn 
liomme  qui  ne  paroifloit  nulle- 
ment  hors  de  fon  fens  ,  &c  qui 
d  ailleurs  auoit  acquis  tant  de  re- 
putation, &  excite  tant  de  ialou- 
iiecontre  foy  par  la  fplendeur  de 
fes  a6tions,fouftenir  fi  hautemenc 
qu  il  eftoit  ne  pour  la  Royaute, 
iors  mefme  qua  cette  occafion  il 
eftoit  entre  les  mains  de  la  luftice. 
Toutesfois  J  parce  quil  n*auoit 
c^ucunc  connoiflance  du  ludaif^ 


IcJhs  Chriji felon  S.  lean.  817  Cha.  18; 
OTC&quiltenoic,  come  faifoienc 
les  Romains ,  la  nation  des  Iiiifs 
pour  la  plus  abufee  &  la  phis  ex- 
trauagantede routes,  en  matiere 
de  religion ,  il  demeura  bicn  dans 
cette  perfuafion ,  que  lefus  n'e- 
toit  coupable  de  chofe  quelcon-< 
que ,  &  que  quelle  que  fuft  la 
Royaute  dont  il  parloit,  les  pre- 
tentions quil  y  auoit,  ne  con- 
cernoierjt  point  Fautorite  dc 
FEmpereur ,  ny  la  tranquillite  de 
FEftat;  maiscnfiii  ne  fcjachant  fi 
c'eftoit  grotefque  ou  non ,  il  nc 
s'imagina  pas  quiF  s'en  deuft 
mettredauantage  en  peine.  Ceft 
pourquoy  s'eftant  contente  de 
demander  a  lefus,  Qu^eft-ce  que 
cette  Verite?  &  au  reftc  ne  s'eftant 
pas  donne  loifir  d'attendre  la  ref- 
ponfe,  parce  que  cela  nc  regardoie 
ny  fa  qualite  de  luge,  ny  fa  pro- 
feflioo  ordinaire  d'homme  da 

Eec  J 


l^iia.  i8.  818  Paraphrafc  fur  I'Euangtle  dc 

guerte,  ny  b  creance  qu*il  auoic 
en  fait  de  Religion  comme  Ro- 
main,  il  fortit  derechef  vers  les 
luift,  &  leur  die  :  Fay  interroge 
riiomme  que  vous  m'auesamcnej 
ie  lay  examine  fur  le  crime  que 
vous  m'aues  propofe ;  ie  ne  trou- 
ueen  luychotc  quelconque  qui 
meritele  moindrefafcheux  &ri~ 
f.  !9.     goureux    traittemcnt.     Neant- 

Orauesvofii    O 

-vne  couflii  moitts  ^  puls  quc  vous  Ie  lu^es 
Indiimrevn  coupable,  &  quc  ie  1  eftime  in- 
p£ijfj.f!  tiocent  ,  fuiuons  quclque  cxpe- 
Us-vousdonc  dient    par     lequel    ny     vollre 

^ue    ie  vous    .  ■*-  l'  •  r    • 

deiiHreieRoy  lugement,  ny  k  micn  ,  ne  loit 
point  Ghoque  ,  &  qui  nous 
puiflTe  cotenter  de  part&:  d'aucre. 
Vous  aues  vne  certainecouftumc, 
a  laquelle  nous  condefcendons 
volonriers^  qu*en  faueur  decetce 
Fefte  de  Pafque  ^  qui  vous  eft  en 
iinguliere  recommandation  ,  & 
pour  temoigner  voftre  ejouifl'an- 


lefus  Chriji felon  S.  lean.  819  Clia.i8. 
ce  publique,  ie  vousdeliure  quel- 
que  criminel  fansle  punir>  Vou- 
les-vous  done  que  ie  vous  deliurc 
ce  pretendu  Roy  des  luifs  ?  Car 
ainfi  vous  &  moy  nous  aurons  cc 
que  nous  demandons.  Il  fortira 
des  liens  comme  criminel,  &la 
fleftnfTure  luy  en  demeurcra.  Et 
neantmoins  il  nc  fera  point  puni 
de  more  /qui  eft  ce  qucie  defire 
quanta  moy,  parcc  que  ie  ne  Ie 
treuue  pas  coupable.  Mais  routes  ^'z^^'^^^,,, 
ces  remonftrancesneferuirent  de  ^^rechef /e'- 

1_     .  /•  . ,  crierent ,  di' 

eS     luirS:,   &     Vn2itQ  fam:Non^as 

n'eutpaspluftoft  pranonce  cela,  '^JsBana^ 
que  pour   temoigner   combien  ^^,  ^'■^*'* 
violent   eltoit    Ic    delir    quils  vn  brigand^ 
auoient    de  pcrdre   lefus  ,    ils 
s  ecrierent  derechef  a  haute  voix, 
en  difantrNon^Non^nenousde- 
liure  point  celuy-cy  ;  cen'eftpas 
celuy  que  nous  demandons.  Mais 
deliure  noiis  Barrabas  ,  &  que 

Ece  4 


Clia.  18,  Sio  Paraphrafejkr  tEuangile  de 
celuy~cy  periflTc.  Or  ce  Barrabas 
cftoit  vn  brigand,  emprifonne 
pour  fedition  ,  dans  laquelle  il 
sxft.oit  fignale  par  quelque 
meurtre.  Ainfi  pourfuiuirenMls 
auec  vne  extreme  ardeur  l*impu- 
.  nice  d Vn  mefGhant,& la  condam-^ 
nation  d^vniuftco 

CHAPITRE  XIX. 

ti  ';     SJ^LORS    Pilate    voyant 

Jllors  done    fM^MB        ,.,  .        .        ' 

i?iUte  pim  ^^X^iuil  n  auancoit  rien  en- 
fouitta.  2^s2iJs^3*^^eJ.s  Ics  luits ,  &c  que  1  ex- 
pedient qu*il  auoit  propofe  ne 
leur  eftoit  pasagreable ,  il  fe  refo- 
lut  a  leur  donner  quclque  con- 
tentement.  Il  prit  done  lefus,  & 
Ic  fit  fouettcr ,  efperant  que  par 
cet  indigne  traitiiemcnt  il  afTou-* 
uiroit  leur  palTion,  &  que  d  ail-- 


m 


lefus  Chrifi  felon  5.  lean.  8ii  Cha.lj^ 
Icurs  on  nc  troiiueroit  pas  fort 
cftrange,  qu'aprcs  Tauoir  iuge  in- 
nocent, il  le  traittaft  dc  lafa<jon,  ^ 
parcequc  Ic  fouec  elVoitcomme 
vnc  efpecc  dc  queftion ,  qu'on 
cxer^oit  enucrs  les  perfonncs  dc 
bafle  condition  ,  quand  cllcs 
cftoientaccufecs  dc  quelquc  cri^ 
mc.  Outre  cela  les  foldats,  qui    /•,  '- 

Tin-  Usgen» 

auoient  cntendu  que  lelus  s  eftoit  d^rmet  /.//>. 
It  Roy  ,  &  qui  nc  voyoyent  en  rome  de'pi. 
luy  apparence  quelconque  d  vnc  Z^yij;  J^ 
fi  haute  dio;nite  .voulurent  tour-  ^^^f  ^^,  ^* 
ner  ce  crime  en  dcriiion,&  rcnoxc  vejiemtntde 
lefus  ridicule  a  la  populace.    W^^""''^^'* 
plierent  done  des  epines  en  for- 
me dc  couronnc  ,  &  les  luy  mi- 
rent  ainfi  fur  la  telle:  puis  ils  Ic 
reueftirent  d Vn  liabillement  dc 
pourprc,  qui    eftoit  la  couleur 
dont  les  Rois  fe  veftoient  en  ce 
temps-la.Et  comme  cette  forte  dc     f-  ?• 
gens  lont  ordmaircment  petulans  vtn  % ,  d^ 


Clia.  1^.  Sir   ^draphrafefHrl'Euangiledc 
difoient  Kay  &  infolcns^  aprcs  Tauoir  ainfi  ac- 
ttfEt]7y  couftreilss'apprpchoyentde  lay, 
dnnnoiet  des  &  dlfoyent ,  Boniour  le  Roy  des 
luits^bienteloit.  Pmsadjoiiltanc 
a  la  derifion  des  geftes  &  des  pa- 
roles J  outrage  des  a6tions,ils  lay 
^   ^     donnoient  des  foufflets.    Apres, 
cefait.pi^  quoy  Pilate  fortit  derechef  hors 

i/ite  derechef    \       A  .  r*  i  t       T 

fortithors.^  de  la  mailon;,  vers  les  luirs  qui 
^Tieu'vo^'s  l^attendoyent  en  grandefoule,  & 

W.,t  1^^^   ^1^  •  I'^y  ^x^^^ine   par  Ic 

•^''«^^'^««<-  fouet  ceiuy    que   vous   m'aues 

ttortueattcu  ameue  j  &  n  ay  rien  oubue  dece 

^^^    ^       qui  elt  necellaire  pour  apprenarc 

la  verite  de  quelque  crime  que  cc 

puifle  eftre  ;  de  Ibrtc  que vousen 

deues  eftre  contens.  Cela  fait,  & 

n'eftant  pas  plus  fc^auant  qu'aupa- 

rauant,  ie  levous  amene  dehors, 

afin  que  vous  le  voyies :,  &  queie 

vous  fafle   enteadre  que  ie  ne 

trouue  pas  en  luy  la  momdre  cau- 

le  de  lay  faire   fouffrir  quelque 


lejks  Chrifi  felon  S.  lean,    813  Cha.lpJ 
peine    que    ce  foic  5  beaucoup 
nioinscelledelamort,  qui  eft  la 
derniere  ,  &  la  plus  ^rande  dc 
routes.  Comme  i!  difoit  cela,  le-     f.   j. 
US  lortit  portant  lur  la  telte  la  /omtponanf 
couronne  d'epines,  &  cftanccou^  %ZTIZ 
uert  du  manteau  de  pourpre  de-  -^^fiememde 
puis  les  epaules  en   bas.    Pilate  riUte  uur 
done  le  regardant,  le  monftra  du  /homme!'^ 
bout  du  doigt  en  cet  equippage 
auxluifsj&leurdit,  Voila  1  horn- 
me  :  Voila  celuy  que  vous  aues 
accufe  dauoirattere  a  la  Royau- 
te:  avoftre  aduis  n'en  a-t-il  pas 
bien  laEi^on?  Dautres  que  ceux  ^tj^^„^ 
a  qui  il  parloit^  euflent  peu  eftre  ^';^^ntifei, 
touches    de    quelque    compal~^^»w^r/r^f, 
jfion  a  la  veue  de   ce  fpcftacle.  'Jifam'cm^ 
Ou  fi  Icur  a  me  cftoic  tout  a  fait^'^^^f  ^-- 
(  infenfiblea  la  pitie^  au  moins  w^dn^Prems-^e 
deuoient-ilspas  eltre  plus  inhu-c^/c  cmn- 
mains  &  plus  barbarcs  que  Pilate.  Co»l7plh2^t 
Mais  tant  s'en  faut  que  ces  gens  ^^  ^^^'^^  ''' 


Cha.i5^.  Hz  4  Tara^hrafe  fur  tEuangite  de 
fcntiflent  aucun  mouuementdc 
compallion  en  leurs  coears  ^  &rque 
les  propos  dc  Pilate  Ics  amollit 
fent  5  que  leur  fureur  s'en  en- 
flamma  dauantage.  Car  iugeans 
qu'ilauoit  deflein  de  tircr  lefus 
d'entre  leurs  mains  ,  des  aufli- 
toft  que  les  Principaux  Sacrifi- 
cateurs ,  &c  leurs  Serpens  &  fa- 
teliites  ietrerent  lesyeux  furluy> 
ils  fe  mirent  a  crier  comme  des 
infenfes ,  en  difant  :  Crucifie-ley 
crucifie-le  ;'afin  de  donner  a  en- 
tendre a  Pilate  que  ny  le  fouet,  ny 
quelconque  autre  fupplice  qu  vne 
mort  cruclle  &ignominieu(e^  ne 
lesfatisferoitiamais.  Ce  que  Pi- 
late entendant ,  &  n  ofant  allcr 
centre  ce  torrent,  depeurques'il 
les  ref ufoit ,  ils  ne  luy  fifleat  quel- 
que  frafquc,  &  toutesfois  ne  pou- 
uant  encore  eft  re  induit  a  fe  faire 
le  miniftre  deleur  paiTion,  lileuF 


'fefu^  Chrifi  felon  S.  lean.      %tj  Clia,I9« 
dit :  Puis  qu'abfolument  vous  de- 
fires  qu  ilfoit  crucifie,  &  que  vous 
iuges  qu'ilencftdigne,  prenes-.le 
Vous-mefme  &  ['executes.    Car 
quanta  moy,ie vous  aduoue  en- 
core cette  fois^queie  ne  trouue  en 
luychofeaucune  quile  rendedi- 
gnede  cefupp!ic€.   Etiln'eftpas 
raifonnable  que  moy  qui  le  iuge 
innocentjle  fafTe  execucer  a  mortj 
&  que  vous  qui  follicitcs  fa  mort, 
vous   defchargies  de  Tenuie  dc     f.  7. 
cctte  adion  fur  vn  autre.    Alors  .^^^t.^ 
parut  ce  que  peut  la  haine  &la  fT  ^f?* 
pallion,  quand  ciic   elt  venue  ^onnojiretoy 
a  fon  comblc.     Car  les   luifs  \w:Tar7iT^ 
voyant  que  Pilate  abfoluoitlcfus  ^^/^  "^^ 
du  crime  de  IczeMajefte,  &  d'a- 
uoir  ricnattente  centre  Tautorite 
de  Cefar,  ils  changerent  de  bat- 
terie,&  tournerent  leur  accula-  lA 

lion dvn autre  coftc.  Dieuauoic  ■' 

commande  en  fa  Loy  que  celuy 


Cha.ij^.  82.^  Paraphrase  Jlir  tEnangile  de 
quife  feroitingeredefoy-mefme 
a  faire  la  charge  &  la  fondion  de 
Pfophetc,  fuit  irremilTiblemcnc 
fait  mourir.  OrlcMeffic  deuoic 
eftreplus  que  Prophere,  6c  tous 
les  luifs  le  reconnoifloienc  ainfi. 
De  forte  qu'ileftoitaifede  iuger 
que  quiconque  fe  diroit  eftre  le 
Meffie^ne  Teftant  pointjauroit  ea 
beaucoup  plus  forts  termes  me- 
rite  la  punition  de  morr.  lefus 
done  s'eftantouuertement  porte 
pourtel^  &s'ell:antappellele  Fils 
de  DieU:,  qui  eftoit  le  nom  que 
TEcriture  auoit  donneauMeffic, 
&  que  toute  TEglife  ludai'que  en- 
tendoit  ainfi  ;  ccux  a  qui  Pilate 
auoit  tenu  ce  propos  luy  repon- 
direnten  ces termes.  Q^jandilne 
feroit  point  coupable  de  mort  fe- 
lon les  LoixdesRomainSjil  left 
indubitablement  felon  la  noftre. 
Car  il  s'eft  fait  Fils  de  Dieu :  &  qui 


lefus  Chri  ft  felon  S.  lean.    %ij  Cha,  i% 
ie  dita  fauflescnfeigneseftre  tcl, 
celuy-la  doit  mourir  par  la  dit 
pofition  de  noftre  Loy.  lufques     f.  «. 
la  Pilate  auoit  efte  combattu  dc  ^S'/*^^'^''^ 
diucrs  mouucmens  en  ccttc  af- ^'''^^^^'*^^'' 
aire.   Lautonte  de  lEmpereur ^«i^  //«*^ 
luy  cftoit  en  recommandation/'''" 
mais  il  auoit  incontinept  recon- 
nuque  lefus  neTauoit  point  vio- 
Ite.  Uemotion  de  ce  pcuple  luy 
eftoit  en  confideration ,  &  s'll  ne 
trouuoit  moyen  de  la  calmer ,  il  y 
auoit  danger  qu  elle  n'euft  queU  ; 

<]uefuittepernicieure.  Iln'auoic 
pas  perdu  tout  refped  alaiufticc 
&  a  1  equitc,  &  euft  bien  dcfirc  dc 
k  falre  paroiftre  a  Icfus ,  en  pro- 
tegeant  fon  innocence  .  Ce  que 
lefus  luy  auoit  dit  fi  aiTeuremcnc 
qu  il  eftoit  fle  pour  eftre  Roy, 
n  auoit  pasefte  bien  entcndu  par 
luy  ,  &  neantmoinsiln  auoit  pas 
laifle  de  faire  quelque  impref- 


Cha.  ip  818  Paraphrafe  fur  tEuangitc  de 
iion  en  fon  amc.  Dc  forte  qu'en-^ 
tre  Ics  caufes  qu  il  auoit  de  ne  le 
fairepas  mourir,  on  peut  conter 
celle-cy^  qu  il  craignoit  de  fairc 
quclque  action  inconfidcree  con- 
trevn  pcrfonnage  dude  naifTan- 
ce  ou  de  merite  extraordinaire. 
Miis  quand  il  vine  a  oui'r  ce  pro- 
pose quelefusseftoitditeftreFils 
de  Dieu  y  quoy  qu  il  ne  coniprift 
pas  le  fens  de  ce  niot ;  &  qu  il 
ne  fill  auculie  raifonnable  re- 
jflexion  ny  fur  la  dignite  inenar- 
table  de  la  pcrfonnc  de  celuy 
dont  il  s'agirfbit,  ny  fur  Teycel- 
lencc  de  fa  charge,:^  fi  eft-ce  que  la 
fplendcur  dVn  tiltrc  fi  glorieux, 
luy  fit  penfer  felon  fa  portee  a 
quelque  chofe  de  grand,  &  luy  re- 
mit en  refpricTideetlcs  Hcros  & 
desDemi-dieux,  dontonparloic 
entre  les  Payens,  de  forte  qu'il 
H-  >T^-  rrrrig:nit  bcaucoup  dauancage^ 
"'"'■■     ■      "  Tl 


iejus  Chrifl  felon  S,  lean.    ^29  Clia.i^J 
11  encra  done  encore  vne  fois  au  ^;,,^^«p,^. 
Pretoire,  &c  fie  venir  lefus  aprcs  ^^^^.'&dit 
luy,  ahn  de  senquerir  pluspreci-  e^-m^Etie^ 
femenc  de  fon  originc  &  de  fa  Tonnl^otli 
nailfance.  Puis  il  die  a  lefus  ^D  oil  ^^  '•'^-*^^^^- 
es-tu?Qm  eft  ton  perCjOUta  me- 
re? Quelle  eft  I'occafion  pour- 
quoy  ces  gens  t^accufent  de  rap- 
porter  ton  origine  a  la  Diuinite! 
Et  il  efpcroit  bien  que  lefus  luy 
decouuriroit  quelque  chofe  de  ra- 
re, &  digne  de  fa  connoiffance. 
Mais  il  fe  crouua  tout  a  fait  truftre 
defonattente.  Car  lefus  f^achanc 
bien  que  s'il  luy  euft  parle  de  fa 
generation  etcrnelle,  &  de  la  mer- 
ueille  de  fon  incarnation^,  &  de  la 
facjon  de  laquelle  la  Vierge  TauQit 
conceu  par  Toperation  du  Saint 
Efpnt,&  de  toutes  les  profon- 
deurs  &  les  circonftances  de  ce 
myftere ,  vne  ame  comme  la  fien- 
I  ne,qui  n'cftoit  imbue  d'autres 

Fff     . 


Cha.ip.  830  n^araphrafc  Jurl^Ekangilcde 
fentimens  que  dc  ceux  duPaga- 
nifme  ^  n  en  pourrok  fairc  aucun 
raifonnable  iugement  ^  il  cftima 
plu^  apropos  dc  s'en  taire  en  tout 
&  par  tout;  &  de  fait  ii  ne  luy- 
l'ao»c%i  donna  aucunercfponfe.  Dequoy' 

uteiuydit,  Pilate  fe  trouuanc  furpris^  &  nc 

Ne    paries^  ,  .      .        I 

iu  point  ^  Radiant  s  11  dcuoit  interpreter  ce 
Tu'p^s^'que  lilencc de lefusa mefpriSjOuI im- 
f/Xrf  X  P^^^^  aquclque  autre  caufc^il  luy 
tmrer&p^if  dit  aucc quclque emotion^ Quoy? 
rrucffter.     Nc  parks-tu  poittt  a  moy  ?  Ne 
confidercs-tu  point  Teftat  oii  tu 
es ,  ny  rauthorite  &  la  puiflance 
dc  celuy  qui  t'intetrogue  ?  Ne 
f(^ais-tu  pas  que  ie  fuis  icy  etably 
auec  plein  pouuoir  de  iuger  de 
toy  &detes  actions,  &  qu'il  eft  en  j 
moy  ou  de  te  fairc  crucifier,  ou 
de  te  deliurer  fi  ie  veux ,  &  de  te  ti« 
rer  dcs  mains  de  ceux  qui  t  ont  li- 
ure  a  moy:,  &  qui  te  pourfuiuenc 
&  i  acci^fcnt ?  Si  c'cfto^cot  les  laifs 


fefus  Chrifi  felon  S.  lean.      SjrCha.i^^ 
qui  tlnterroguaflent ,  tu  pourrois 
bien  nerefpondrc  pas  fi  tu  vou- 
lois.Maisquanc  a  moy  qui  ay  cette 
puifTance  fur  toy,  a  quelle  confe- 
qucnce  pcnfcs-tu  que  ton  filencc 
toutne?  Alors  Icfus  voyant  qua  ufusrefpon: 
cctte  interrogation  ilpourroit  re-  t^fp"rn^2 
pondre quclque chofe de Imtelli-  /'"^^^^^^A" 
crence  de   la  quelle  Pilate  feroit  ^y^'f  ^^«* 

^1  11'  1      1>  !•  •  ned*enhauti 

plus  capable,  qiicde  1  explication  pour  cem 
de  ce  quilluyauoitdemandeau-  '^ufm'Juuri 
parauant.il  luy  refponditeh  cette  ^l^iulltl 
forte. Ny  toy,  ny  ceuxqui  m'ont 
liure  a  toy ,  n  aues  naturellement 
point  de  puiflfance  fur  ma  perfon- 
nc  ;  ma  naiflfance  &  mon  inno-        ' 
cence  m'efleuant  bien  loin  au  def- 
fus  de  vous.De  fa<^on  que  fi  entre- 
prendre  de  iuger  &  d'accufer  vu 
homme  parfaitement  innocent, 
&  dc  plus  haute  dignite  que  foy, 
eft  vn  attentat  digne  de  blafme^ 
fty  Ics  viis  ny  Ics  autrcs  vous  n^ 

Fff    2, 


Clia,  !?•  832,  Paraphraje  Jur  lEuangile  de 
fi^auries  vous  en  dire  exempts. 
Neantmoins  il  y  acette  difference 
encre  toy  &  eux,  que  la  puiflancc 
qui  c*eft  donnee  en  qualite  dc 
Gouuerneur  &  de  luge  en  la  place 
de  rEmpereur,vient  d'enliaut,& 
qu'en  cet  egard^puis  que  ie  fuis  ac- 
cufe  deuanc  ton  Tribunal, &  que 
ie  ne  veux  pas  mettre  en  auant  la 
dignice  foit  de  maperfonne  ou  de 
ma  charge^  pour  declinerta  iurif- 
di<9:ion  ,  tu  as  quelque  droit  de 
prendre  connoiffance  de  mes 
adions.  Au  lieu  queqiiantaeux 
ils  ne  peuuent  raifonnablement 
rien  pretendre  defemblable.Voi- 
la  pout quoy  encore  que  ny  toy  ny 
cux  ne  foyes  pas  fans  peche  en 
mon  efgard ,  fi  eft-ce  que  le  peche 
de  ceux  qui  m'ont  liureatoy,eft 
de  beaucoup  plus  grand  &c  plus 
Tfepuis  ceu  inexcufable.Depulsque  Pilate  cut 

'dilate    tsf-  J  1>         •     • 

^^^^/.^i^cntendu  ce  propos ,  1  opinion. 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.      833  Cah.  \9^ 
quoy  que  cbnfufe^qu  il  conccur  ,,,,,,  ^,J 
de  la  perfonne  de  lefus,  fie  qu  il  ^'r  ^^^/^ 
ciiercna  routes  lortcs  dc  nioyens/^^^  •  si  m 
&  d'expediens  pour  le  d^lmrerw';'7:T 
Mais  plus  il  tcfmoignoit  auoir  *^'  ^f^^'^^ 
cetteintention^plus  Icsluifsferoi-  A'*^^''?^^ 
difToienc  en  Icur  refolution,  &  'ZJ*'comrL 
voyant  quecequils  auoicnt  alle-  '^'''^  ^'^^'' 
gue  de  leur  Loy ,  ne  faifoit  rien  fur 
fon  efpritjils  retoiirnerent  cnco^ 
re  vne  fois  a  rcbattrc  le  crime  de 
Lcze  .  majefte ,  &  a  tafchcr  dc  lln- 
timider  par  la  confideration  dcs 
foupcjons  &  de  rhumeur  de  Tibe- 
re.  lis  crioyent  done,  &  difoientrSi 
tu  deliures  cet  homme-  Ia,tu  n  es 
ny  amy  ny  feruiteur  de  Cefar;  & 
la  confcruation  dc  fon  authority 
n'eft  pas  en  ton  endroit  dupoids 
done  elle  y  doit  cftre.Car  quicon- 
que  fe  fait  Roy,  comme  celuy-  cy 
a  voulu  eftre  rcconnu  tcl,il  clio- 
que  Tautlioritc  de  rEmpcrei|r,a 

Fff3 


pha.  19.  8^4  P^raphrafc  furlEuangik  ic 

^ui  feul  apparticnt  la  puiflanc? 

.    ^      Royale  &  Souucraine  en  toute 

MtquandPi.  Tcftendue  de  rEmpire.  Tous  Ics 

late  et$t  euy  \        r     •  r 

(itte  p^r/e,  auucs  propos  dcs  luirs  auoienc 

p:Z!Z  ^^^"  ^^^"^  ^^  J^  P^^^Va  Pilate: 
s'a[ittaufH>  j^^ig  iufquc-Ia  pourtanc  il  y  auoic 

^«  //r/i  ap   reiilte.  (>iand  il  cut  ouy  ces  der- 

fnent^c^eft  nicrs , ils vainquircnt tout a tait  la 

ZiT^''^  refiftance.  Parcc  que  fe  rcmct- 

tant  dcuant  les  yeux  combien  les 

Princes  fouuerains  font  ialouxdc 

leur  authorite,  &c  que  dc  tous  les 

Princes  du  monde  Tibere  eftoit 

le  plus  foupcjonncux ,  &  celuy  qui 

chaftioit  le  plus  feuerementtou- 

tcsleschofesqui  fembloient  ten- 

dre  a  donner  attcintc  a  la  fienne^^il 

craignit  que  la  cliofe  luy  eftant 

rapportee  de  loin,  il  ne  prift  en 

mauuaife  part  qu'il  euft  abfous  vn 

hommc  qui  s'cftoit  donne  la  qua- 

lite  de  Roy,  quel  qu  il  fuft  ,&  que 

4c  fon  mouuement^  ou  par  rinfti- 


lejus  Chrifl  felon  S.  lean.     83/  Clia.  ,«>. 
gation  dc  ceux  qui  luy  en  feroicnt 
le  rapport ^  il  ne  luy  en  fift  rendfcc 
conte.  Il  amcna  done  lefus  de-^ 
hors,&s'afficen  Ton  (iegciudicial,. 
aulieu  oii  il  auoit  accouftume  de 
rendre  iuftice  ,  lequel  s'appelloic 
en  Grec  Pauement ,  parce  cju'il 
eftoit  tout  pane  de  placques  de 
pierre  a  la  Mofaiqiic,&  en  THe- 
brieu  du  temps  on  le  nommoit 
Gabbatha,  mot  qui  fignifie  lieu 
efleue^  parce  que  c  eftoit  la  cou- 
tume  des  Romains  d'elleucr  leurs 
Tribunaux,  &  de  prononcer  Icurs 
iugemens  en  vne  place  eminente. 
O  r  le  iaur  auqucl  tout  cela  fe  paf-    olefioi^u 
foit,  eftoit  celuy  de  deuant  la  Paf-  pZj^JZ] 
que  3  quon  appelle  a  cetteocca-  1^1^^^ r^""' 
lion  la  Preparation  ;&  pour  lorsil  ^'«y«c^pi 
eftoit  cnuiron  fix  hcures ;  c*eft  a  iuifslvo"cy 
dire  5  que  cela  echeut  dans  ce  pe-  '^'^''^^'^* 
riode  de  temps  qui  coule  depuis 
les  neuf  heures  du  matin  iufques 

Fff4 


Cha.I^.  Sj6  [Paraphrafe  fhr  tEuangile  de 
a  midy.  Car  felon  ladiuifion  que 
lesluifs  faifoicnt  duiour^  il  auoic 
quatre  parties.  LVne  cftoit  depuis 
le  leuer  du  Solcil  iufques  a  trois 
heures,  qui  fpnc  les  neuf  heures 
ailleurs.  L'autre  eftoit  depuis  les 
^  trois  heures  iufques  a  fix^qui  eftoic 
la  moitie  duiour.  La  troifiefme 
cftoit  depuis  les  fix  heures  iufques 
a  neuf,  qui  eft  ce  que  les  autres 
appellent  troisheures  apresmidy« 
Etla  quatriefme  cftoit  depuis  les 
neuf  heures  iufques  au  coucher 
du  Solcil,  ce  qu  ailleurs  on  nom- 
me  fix  heures  du  foir^  quand  le  So- 
lcil eft  venu  a  lequinoxe.  Maisar- 
'  riuant  quelquefois  qu'on  defi- 
gnoit  chacune  de  ces  parties  da 
iour  pluftoft  par  I'heure  a  laqucllc 
elle  finiffoit,  que  par  celle  a  la- 
quellecllecotnmcncoit.ilne  faut 
pascraindre  de  dire  que  cccy  arri- 
U2L  cnuiron  fix  heures,  c  eft  a  dire. 


lefus  Chrift felon  S,  lean.  837  Cha.lpT 
cnuiron  midy,  parce  qu  encore 
que  cette  partie  du  iour  ne  fuft 
pas  beaucoup  auancee ,  fi  eft  -  ce 
que  cc  fut  en  cec  interuallc  de 
lemps,  que  Pilate monta  aufiege 
iudicial.  S'y  eftant  done  aflis,il 
die  aux  luifs,  comme  pour  faire 
vne  derniere  tentatiue,  &  leur  re- 
procher  leur  impertinence, dac- 
cu(er  ce  perfonnagedauoirvou- 
lu  fe  faire  grand;  Or  voicy  done 
vcftre  Roy :,  voila  celuy  que  vous 
accufes  d'auoir  afpire  a  la  Monar- 
chic. Mais  eu^  entendans  bien  cc  ^^als  iu 
qu  il  vouloit  dire,  continuerent  ^rhie>7t,oj}e. 
decner^Oite-lejOlte-le, Cruel-  /* ,  pi/aie, 

e-ie,  &  ne  permets  pas  qu  11  vi-  ctfieray^tc 
ue.  Et  Pilate  ayant  reparty  ,  com-  ^tfiwrj^ 
me  pour  (e  mocquerd'eux.Cru^  refpondhent , 
eray-)evoitre  Roy?Iesprmci-  uom  feint  de 
paux  Sacrificateurs  prenans  cela  c^>r,"* 
comme  fi  c'euftefte  vn  reproche 
qu  il  leur  euft  fait,  ou  d  auoir  en 


c 


h^.  i^.  838  Taraphrafe  Jur  lEuagtte  ie 
quelque  forte  confenty  a  I'atten- 
"  ratdeceluy-cy,  oubien  attendre 
quelqu'autre  a  qui  ils  donne- 
roient  cette  qualite,rerpondirent 
hautement^pourefloigner  d'eux 
tous  ces  foup^ons :  Nous  n  auons 
point  de  Roy  finan  rEmpereur, 
&  ne  reconnoifTonsaucune  autre 
fouucraine  PuifTance  en  la  terre. 
Paroles  qui  portoient  beaucoup 
plus  loin  qu'eux-mefmes  ne  s'ima- 
ginoLcnt.  Car  ainfi  dVn  colle  ils 
rcnoncjoient  a  Tefperance  du  Li- 
berateur  que  Dieu  leur  auait  pro- 
mis,  &  qu  ils  auoient  fait  profef- 
lion  d'attendre  iufques  a  lors;  & 
de  Tautre  ils  rcconnoiffoient  la 
fouueraine  domination  des  Ro- 
xn^ins,  contre  laquelle  ils  auoientr 
toufiours  nourry  de  fecrettes  pen- 
fees  dereuolte,  lefquelles  eclatte- 
rent  quclque  temps  apres  fous 
Tempire  de  Vefpafian ,  a  leur  rui- 


Icfus  Chrtfl  felon  S.  lean.  %^9  Ch^^^i 
nc  entiere  &  vniucrfclle.  Pilate  p^;,//;^, 
done  ayant  cntendu  cette  rcfpon-  *^  '^«''  jf'*'** 
le,  &c  penlant  que  delormais  1  at-  cruajie.  its 
aire  eltoit    tellemenc    engagee /^/«,^/ 


em 


f'      V7, 


qu'il  ne   pouuoit  deliurer  lefus 
fans  fe  mettre  en  peril  d  encourir 
rindignacion  derEmpercur,ille 
remit  entrc  les  nnains  des  luifs, 
auec  pcrmiilion  de  le  crucifier  par 
fon  autliorite,  &  comme  ayant 
efte   iudiciairemcnt    condamne 
par  luy.  Ainfi  ils  prirent  lefus,  & 
femmenerent.    Or  cftoit-cc  la   "^ztuliui 
couftume  que  ceux  qui  cftoient^'^^^'^^^ 
condamnes  a  ce  fupplicc,  por- ^''^'*  ^'^' 
toient  eux-mcfmes  leur  croix  au^^  caiuaire. 
lieu  ou  lis  deuoient  eftre  crucifies.  brieuGotgo. 
Ce  quils  firent  pratiquer  a  lefus  ^^''' 
en  cette  occafion.  Il  fortit  done 
de  la  ville,  ou  il  auoit  efte  con-- 
damne,&  s'en  alia  portant  fa  croix 
au  lie  u  communement  nomme 
Caluairepu  bien^Ia  place  du  Tcft, 


&  en  rHebrieu  de  cc  temps J35. 
Golgotha^  mot  de  mefmc  fignifi- 
cation, &impofe  acelicu-ta/par- 
ce  qu'on  y  dccapitoit  les  hommeSj, 
&  que  la  telle  dVn  homme  s'ap- 
pcUe  quelquefois  de  ce  nom  de 
^.  ^g,  Teft.  Ladoncilslecrucilierent,& 
ohiuiecruj  pour  accomplir  ce  qui  auoit  eile 

etfierent,  &    i  ^,  T  1 

attec  luy     Dtedit,  qu  il  letoit  mis au TaHg  des. 

deux  autres  \r    •  •  i  -  r  i 

d'vn  cojii6^  malraiteurs,  ils  cruciherent  deux 

fff^saum-  autrcshommes  auecluyj'vn  de- 

^''^^  ca ,  Tautre  dela .  &  mircnt  lefus  en- 

-Et  Fiute  ef  ttedeux.  Et  parce  qu'il  eftoitaf- 

eriteati ,  &  tcs  ordmairc  qu'an  mettoit  au 

fjJ'oK  ^^^^^^  ^^ ^^  ^^^^  ^-^ fupplicids , va 
auoit  en  ef-  tablcau  Qui  Dortoit  vn  abbrege 

^  Az  A.  descautesde  leur  condamnation^ 
Ror  D£^  Piiateen.mitvnalacroixdelelus^ 
xYivg.  j^j^^  Icquel  il  auoit  fait  ecrire  ces 
paroles:  I ESVS  NAZARIEN 
LE  ROY  DES  IVIFS.  Ce 
qu  il  faifoit  tant  pour  faire  honte 
aux  luifs  3  d  auoir  creu  que  ce  per-- 


>  leftfs  Chrifl  felon  S.  lean.    841  Cha.i9- 
fonna^e  eiift  voulu  fe  faire  leur 
Roy, que  pour  ofter  toute  occa- 
fion  a  qui  que  ce  fuft  dc  faire  dcs 
rapportsalEmpereur,commesil 
euftle  moins  du  mondeconniue 
aux  attentats  faits  contre  la  Ma-    .    ^ 
lefte  Souucraine.Ce  tableau  done  _  pi^^M^s 
cltant  en  lieu  eminent ,  il  rut  leu  invent cetef. 
de  beaucoup  de  gens  d'entre  les  'humohu- 
luifs,  &  ce  dautant  plusque  le  lieu  -^/j^f'^'/^ll 
ou  lefus  auoitefte  crucilie  eftant  pesdeuci 
proche  dc  la  villc,  ilsyht  grand  cnt  en  He* 
concours  de  peuplejacaufe  de  la  cZ'^^^ 
reputation  de  Ciirift,  ioint  que  ^^''''* 
d'ailleursTecriteau  eftant  en  trois 
langues, afcauoir  enHebrieu,en 
Grec  ,&  en  Latin ,  il  ny  auoit  au- 
cun  pour  lors  dans  la  ville  de  le- 
rufalem;,dequelque  nation  qu'il 
fuft,qui  nentendift  quelcun  dc 
cts  idiomes.  Cela  ayant  picque  Ics     ^'    ^' 
luirs,  parce  qu  lis  s  imaginerent  fontifes  des 
<jue Pilate lauoit faicpour donner  Tp^JI'X 


Cha.  I5>.  841  n^ara^hrafe  furl'Euangilede 

Riy!u"ilifsj  ^  entendre  qu'ils  auoient  en  quel- 

m^issquuia  que  forte  confcnty  a  rentreprife 

■Koydisiuifs  dc  celuy  qui  auoit  youlu  le  raire 

Roy,&  pour  leur  imprimer  par  ce 

moyen   quelque    fletnlTure  ,  Ics 

principaux  Sacrificateurs  s'en  vin- 

rcnt  a  luy ,  &  luy  dirent.  Nous 

voudrions  bicn  obtcnir  de  toy 

vne   chofe,  que  nous  efperons 

que  tu  ne  nous    refuferas  pas: 

eeft  que  tu    fifles  changer  Ics 

termes  de  I  ecriteau  de  la  eroix 

de  ce  miferable  ;  &  qu'au  lieu 

qu'onyamis,  LE  ROY   DES 

IV IPS:,  tucommandaflesquon 

ecriuift  ,    QVI    S'EST    Dit 

LE  ROY  DES  IVIFS.Ainfi 

n'ayans  point  dc  part  au  crime 

pour  lequel  il  a  cite  condamnc, 

nous  n  aurions  point  auflide  part 

t.  %i,    cji  fon  infamie.  Mais  Pilate,  eii  j 

Pilate  rej*  ,  ^      /-  I  .| 

fondit,  Ce  partie  parce  que  de  Ion  haturclil 
m/  'i7i'a]  eftoitmalaifcaramcnerd  vneTc-* 


lefus  Chrijl  felon  S.  jfcan.    84}  Cha.  if. 
folution  prife  vne  fois ,  en  partie  ^^''*^' 
pource  qu'il  eftoic  irrite  centre 
lesluifsde  cc  qucjilaffairede  le- 
fus il  nc   Ics  auolt  pii  flechir  a 
fuiurc  fes inclinations:,  repondit; 
Ce  que  Tay  ecrit,  ic  lay  ecrit/&  ne 
vous  attcndes  pasqu'il  sy  change 
vnc  fyllabc.  Ainfi  dcmeura  1  e- 
criteau  ,  qui  fans  que   Pilate   y 
penfaft,  &  centre  1  intention  des 
luifsj  porta  temoignage  a  toutcs 
nations  de  ce  que  lefus  eftoit  ve~ 
ritablemcnt ,  c'cft  a  f^auoir  Roy 
de  cepeupiela,  comme  il  auoit     ^'  *?• 
lefteditparlesProphetes.  Cefont  gensdayrnj 
ia  Ics  chofcs  qui  fe  pafierententre  'alTuJml 
iesluifs  &  Pilate.  Pour  ce  qui  eft  fP'"^^^ 
<les  autres  choles  qui  lumirent  la  ^  en  fit^rm 
crucifixion  de  lefus^,  celles-cy  font  /^^r  IhZ 
Ics  plus  confiderables. Premiere^  'mevnfp, 
ment,  des  aufli-toft  que  les  gen-  ^j'^^^r^^'d 
darmesl  curent  mis  dans  la  croix,  Urobbe  qui 
ils    prirent   [cs    veftemens    qui  f^r/T^ 


Cha.ip.  844  Paraphraje  fur  tEuangilcde 
puis  lehaut  eftoicntdemeuresau  bas^&parce 
tcHtduiong.  qu  lis  eftoient  quaere, ilsenlirent 
quatre parties,  afin  de  partager 
egalemetfadepouille  entrVux.Ec 
cela  leurfut  bien  aife pour  ce  qui 
cftoicdelarobbequil  portoitex- 
terieurement,parce  qu'ellecftoic 
compofee  de  quatre  pans  attaches 
par  des  boucles  &  par  de  la  cou- 
ture les  vns  aux  autres.Mais  quand 
ce  vint  a  predre  le  faye  qu'il  auoit 
deiTous,  ilfe  trpuua  qu'il  eft:oit& 
fanscoufture  &  fans  boucles, tiflu 
a  la  broche,  comme  de  Teftame, 
depuis  Ic  haut  iufqu'au  bas,de  for- 
te qulls  ne  le  pouuoient  mettrc  1 
t-  »4.     en  pieces  fansle  perdre.  lis  dirent 
dirent  enire  douc  d  vn accord  ctttr  cux;  Nek  ii 
coupos point,  diuilons  point^maistailonscom-j 
iettonsufort  j^^^ Ics  foldats ontaccouftumc  del 
eiUjera.  Et  taire  ctt  teUes  rencontres.  letton^ 
i'Efcriture     Ic  lott  delius ,  &  voyons  a  qui  1  au- 

^f ,  diM^n  ^^-  E^  ^^  ^^^^  ^^^  n  auoienc  point 

d\iutl:si 


lefus  Chr'tjl  felon  S.  lean.  84;  Clia.  15)* 
cl>utre  intention  finon  d  empef-  ju,„,p,,,^ 
cherquele  faye  de  Chrift  ne  leur  ^'^-^^fi^rnh 
deuint  inutile  par  Icpartaee.Mais  om  mUte 

J     n  -J  J      r\  •  fort  fur  mon 

laProuidence  de  Dieu^qui  gou-  h^merr^et. 
uernoic  d Vne  fa^on  trcs-parti-  il'Tocf^e, 
culiere  la  Pailion  de  Icfus  &c  toutes  ^''  ^^/*** 
fcs  circonftances,  regardoit  plus 
loin  en  celle-cy.  CarDauidayant 
autrefois  prononce  ccs  paroles  au 
Pfeaumexxi  I.  lis  ont panagemes 
halpillemens  entreux ,  &  ont  ictte  le 
le  fort  fur  mon  nj^Jlcmcnt^  il  falloit 
que  cette  Efcriture  fuft  acconi^ 
plie.   Ne  Tayant  done  pas  erte  en 
laperfonnedcDauid^  dansrhif- 
toire  duquel  nous  ne  lifons  rien 
detelj'accomplifiementsen  de- 
uoit  fairc  en  la  perfonnc  de  ccluy 
que  Diuid  a  reprefente,  &  aiiquel 
'  toutes  Ics   anciennes    Efcriture^ 
«  viennent  aboutir  ^  comme  a  leur 
'  bur  &  a  leur  centre    Lesgendar« 
^  mcs  done  firenc  cela :,  &  exccu- 


Cha.i^,  84<J  ^araphrdCc  furtEuangilcde 

tcrent  aindfinsy  pcnfer^  ce  qui 
auoit  cfte  die  par  le  Prophcrc. 
^   i^     Aorcscelailarriua  vneautic  cho*" 
^a^fdJu  ^^  fouucrainement  rcmarquable. 
crotxde.e-  L'horrcul'  du  fupplice  de    lefus 
f^iaturde  n  audt  pas  cmpctche  la  mere  de 
rie,  f^mme  Ic iuiurc  lul^u  au  iicu  ou  illauoit 
decuopha^.  en  Jure.  Car  outre  la  vehemence 
M^gdiUine  (Je  fcsaffciSl'onsnaturellcs, quinc 
luy  pcrmetroyent  pas  de  I'aban- 
donner  en  cet  accident,  Ics  chofcs 
quelle  luy  auoit  veu  fairc ,  & 
celles  qu'ellc  auoit  ouics  de  luy^ 
tenoient  fon  amc  en  vnc  merueil- 
leufe expectation  dece  qui  luy  dc^ 
uoic  enfin  arriuer.   loint  qu'cUc 
dcfiroit  entend  re  fes  dernicres  pa- 
roles, &  (^auoir  de  luy  s'll  n  auoit 
ricn  aluy  recommander.  La  foeut 
defa  mere,  Marie,  qu*on  appel- 
loit  de  Cleopas ,  &  Marie  Magdc- 
lene  Tauoyenr  aufTi  (uiui,  tant  pat 
taffcdiOnqueUesluy  portoient. 


lefns  Chrifi  felon  S.  lean.    847  ChzA^ 
cjue  pour  nabandonner  pas  la 
Vicrge  cti  cette  triftc  &  lamen- 
table occurrence.  Tcllemcntque 
ny  le  fpcdacle^  ny  Ic  peril,  ny  la 
prcfenee  des  gendarmes ,  n'em- 
pefcherenc  pas  ces  femmcs  de  fe 
tenir  la  debout  pres  de  la  croix, 
tandis  que  kfas  y  fat  viuant.  le-    ^  ^^' 
fas  done  ay  ant  du  haut  de  la  croix  voyam  /^ 
lette  les  yeux  en  bas,&:  apperccu  la  dtfcipu^H^u 
mere  la,  &  voyantau  mcfmelieu  'j^l'^tufli 
le  Difciplc  qu'il  auok  particu>  dithjami-^ 
lierenlent  atrettionnc^qui  ne  1  a-  voiuunfsi 
uoit  point  abandonne  non  plus, 
il  dit  a  fa  mere  :  Femme,  defor- 
mais  ne  fai  pliis  d*eftac  de  ma  pre- 
fence  en  laterre^,  &  ne  me  confi- 
dere  plus  comme  tori  fils.    En 
Teftat  auquel  ie  m'cn  vais  eft?  e  a 
Tauentr  ^  ces  relations  la  n'auronc 
plus  de  lieu,  ny  Ics  tendreflcs  qui 
'  en  naiflenc,  "Neantmoins,  pour  ne 
*^^te  priuer  pas  tout  a  fait  de  la  con- 

I  Ggg  2;     ;. 


Cha.  19.  848  Paraphrafe  fur  l*Euangilc  de 

folationauetu  as  cue  iufques  icy 

dauoirvn  fiIsjenvoiUvn,dic  il, 

en  lay  moaftrant  fon  Dtfciplc, 

que  ie  te  donnc,  &  ie  tc  rccom- 

mande  dc  Ie  receuoir  pour  eel  dU 

J:pr!il{dit  lieudcmoy.  Puis fctournant  vers 

a*  difeipie,  leDifciplCiilluy  dit :  Ec  quant  a 

nEtdiseeu  toy,  men  amy,  lete  donnc  cctte 

Z  dtjcipie  u  fcmme  pour  ta  mere,  &  te  recom- 

receut  poHr  xnandc  de  luy  en  rendre  les  de- 

uoirs.    Ce  que  ce  Dilciple  ayanc 

receu  auec  refpcdt  y  des  Theurc 

mefme  quMs  fe  retircrent  de  la,  il 

la  prir,  &  la  mena  en  fa  maifonjOu 

ils  fe  font  mutuellement  rendus 

les  offices  aufquelsles  relations  dc 

^^      mere&defils  obligee.  Aprescela, 

Tuts  ^prcs  lefus  fcachac  qu'ayant  cfte  conda- 

que   toute.  ttc  &  crucitie  comn^c  il  eltoit^dc- 

It^i;lf  Tormais  il  ne  rcftoit  plus  rien  a  fai- 

aiinqHeVE  redecequc  IcsProphetcsauoient 

ficcompit^,    prcdit  que  Icsennemis  deuoient 

^     cxecutcrpourk  raire  mounr^  &| 


^    I 


lefus  Chrfi  felon  S,  lean.  849  Cha.  i5>. 
ique  pour  rentier  accompliflemec 
dcsPiophetiesilnefalloit  plusfi- 
noa  qu'il  Jonnaft  lay  mefme  les 
occafionsd'acheuer  ce  qui  regir- 
doiclescirconftancesde  fa  mort, 
altcr^  quM  citoit  par  la  violence 
des  douleurs  de  fon  corps,  &c  des 
angoilFes  de  fon  ame,  il  dit , lay 
foif.  Or  y  auoir-il  la  felon  la  ^f'/a*^;,, 
couftume^aupied  deia  croix  de  ^isv^vaif- 

r    r  Vr  1     •  I  •     feaupUtnde 

Ictus  ^  vn  vaiiieau  plein  de  vi-  vinaigr^.  1^ 
naigremixtionne,  done  on  don-  finntdtvi- 
noicaboireaux  fupplicies,  pour  J/J^^^% 
leur  troubler  en  quelque  forte  '^'''^f'['^^ 
la  fantaifie,  &  leur  ofter  le  fenti-  fipe,  &  % 

dl  ^^  prefenterent 

e  leurs  tourmens.   Ceux  ^^  houch^^ 

done  qui  eftoient  la  prefens,ayans 

retnpli  de  ce  vinaigre  vnc  epon- 

ge,  &  entortiUe  I'eponge  autour 

d'vn  bafto  de  ccrtaine  forte  d  hyf- 

fope,  qui  en  ce  pays  la  croifl:  a  la 

hauteur  dVn  petit  rolcau^ils  la  luy 

prefenterent  a  la  bouchc  pour  la 

Ggg  5 


Cha.ip.  850  ^araphraJefm-tEuangilecle 

^,  JO.     fuccer.  Etquandlefuseutvnpeq 

jX  ^^^/''^  goufte  de  ce  vinaigre,  fculcmcnt 

fr,m  le  vi  pout  accompUrcc  quiauoit  cfte 

Voi7efilc-  dit  par  le  Prophetc  au  Pfcaume 

Z"lnt  b^fe  LX IX.  Its  montahreuuedcvinaigrs 

Uife»ren^  cn  ma  foif;  ils'ecria.  Tout  eft  ac^ 

compli ;  &  vn  moment  apres, 

ayant  baifle  la  tefte, parce  que  Ics 

forces  luy  defailloicnt,  il  rcndit 

%onc)tf  rcfprit.    Chacun  fc^ait  que  Dieu 

luifs,  afin  auoitdefendu  en  la  Loy.de  laiP. 

^ue  les  corps  y  > 

n^demeura/:.  (cr  viugt&quatre  heurcspendus 

/tnt potnt  en  .       ,^  *  .,  r  •  r    • 

erotxauiour  au  Dois  ccux  que  Ion  y  railoic 
pHrci^%l'e  niourir  ;  parce  que  cette  forte  de 
hrs  e^it  le  ^q^  eftant  maudite  de  Dieu,  la 
fMYxuo:(car  icxic  en  eult  elte  contammee. 
VouTT'^ce  C'eft  pourquoy  on  les  enfeuelif- 
IrtnlVvi  ^ok  des  le  mefme  iour.  De  la  les 
ute    f«>«  luifs  auoient  tire  cette  opinion 

leur    rompit  r  !i     •     f  ^ 

i,siamhes&  quiliesy  ralloit  Deaucoup  moms 
qujn  eioi.  i^j^j'^j.  3yx  iouts  folenncls  dVne 

grande  Fcfte,  depeur  que  la  fam- 
tcce  de  la  Fefte  n'cn  fuft  fouillee 


lefus  Chriji  felon  S.  learu  ,8yi  Cha.  \f^. 
pareillement.  Parce  done  que  le 
iour  auqucl  on  auoit  crucifie  Ic- 
fus  eftoit  ccluydela  preparation 
du  S  ibbat,  &  que  mefincs  en  cc 
Sabbaf  la  deuoit  echoir  h  cc'e- 
briEe  de  la  Pafque^  de  forte  que  cc 
deuoit  cftre^  comme  ils  auoienc 
accouftume  de  parler,vn  Grand 
Jour,  c*efta  dire,  fort  faint  &fort 
folennt'l;pour  empcfclici:  quelcs 
corps  dc  ceux  qui  auoient  cfte 
crucifies  ne  dempuraiTent  la  pen- 
dant cette  iournee ,  les  luifs  vin-^ 
rent  a  Pilate  le  prier  qu  on  Icur 
rompift  lesiambes,  &  cju'on  les 
oftaft  dt:  la.  Car  on  ne  les  vou- 
Iroit  pas  ofter  viuansjc'cft  pour- 
quoy  on  leur  acccleroit  la  more 
par  la  fracture  de  leursiambcs,fai- 
lant  ainfi  compcnfation  dc  la  Icn- 
teur  de  leur  fupplice  &  dc  leur 
more  ,  aucc  la  grandeur  dc  la 
doulcmr  qu'bn  lour  caufoit  en  b 


Cha.i5>.  851  Paraphrafc  fur  tEuangite  dc 
Zs  endar^  liaftaiit.     Ayaiit   done  imperre 
fnes  doc-uin-  cck  clc  Pilatc,  Ics  ecndarmcs ,  qui 
prenf/es  ta   taiioient  loTs  CCS  ronctions  d  exe- 

h«s    du  pre-  1      •     rL  •  .  •  ^         t 

tnier,^ de  cutcufs dc  lulticCj  vmrcnt  a  ccluy 

I'autre  quj  q^xAs  rcncontrcrent  le  premier  a 

Mueciuy,     coftede  leluSj&Iuyrompirentles 

iambes  5  puis  de  la  ils  paflerent  a 

celuy  quiefloitde  rautrecofte,& 

M^isquftnd  luyenlirent  autant.  Maisquand 

*kiefm'!%  iJs  vinrenta Icfusjils  reconnurenr 

vmm  quti  aifement  a  fon  vifaee  ^  &  a  la 

mou,  ils  ne  jtacou  dc  laquclle  11  auoit  la  tcltc 

fomt  les      pendante^  qu  il  cltoit  deiia  mort: 

mmhes.       tellemerit  qu'iIsHc  luy  rompirent 

pas  les  iambes.comme  n'en  cftant 

t-  14-      pas  befoin.  Neanrmoins,  pour 

Ainsl'vndes     /  .|  ^         i 

gedarmisiuy  cpfouucr  s'll  auroit  encore  quel- 
TJeV^nlfl  que  fentimenr.vndes gendarmes, 
'tinti!T(hr  ^^  portoit  vne  lance  ,  felon  la 
iit  fang  ^  coultumedc  ce  temps  la,  luy  en 
donna  vn  coup  dans  lecolte,&le 
perc^aiufqu'aupericarde,  deforce 
^u  il  en  coula  incontinent  du  fang 


iitt^ 


lefus  Chrifl  felon  S.  Teanl     853  Cha.ijj 
&  de  Tcau.   Car  il  y  auoit  fi  peu 
dc temps quileftoic  trepafle^quc 
Icfang  n'eitoit  pas  encore  abfolu- 
mentfige  dans  fesveines.    Etce-     f   jr. 
uy  quientemoigncainlijlavcu:  c^veuel  ^ 
de  forte  que  fon  temoignage  eft  '^;:^ 
diene  de  foi.&ne  pent  eftre  re-  ^'i^^^g^^g^ 
uoque  en  doute;  car  il  parlc  oc  for&afiuy^ 
ce  dontlesyeuxlont  temoms,  &  di/vray.afin. 
que  par  confequcnt  il  fc^ait  trcs-  l':jfZ%h. 
cercainement  eftre  veritable,  Etil 
leraconteainfijohommes,  cncrc 
les  mains  de  qui  cetEaangile  tom- 
bera,afin  que  vous  en  ciries  dcs 
argumcns,lesvns,  qui  ne  croienc 
point  encore  ,  de  croirc  ,    les 
autres.quiontdcfiacreu,  dc  s'a- 
uancer  &  de  fe  fortifier  de  plus  en 
plusenlafoy.    Car  ceschofcs  ne  ctce^'ha 
lont  point    adaenues    forcuire-  >'  ^'-^  ^A' 
ment,  mais  parvne  dilpenLuion  que  nc-r^ 
tres-particuUcredela  Prouidencc  7Zl!ti\'l'Z 
diuine^afiaque  tout  ce  qui  auoit  ^^^/^ '%^/ 


Cha.  i^.  8^4  Parapf}raje  Jur  tEuangih  de 
cfte  &  prefigure ,  &  prcdit  de  Ic- 
fus  en  I  Elcrirure  full  cnticrement 
accompli.  Encffcc ,  pour  cc  qui 
eft  de  ce  que  Ics  iambes  ne  luy  ont 
point  cfte  caflTecs ,  outre  ce  qu  il 
auoitefte  dcfcndu  de  rompre  les 
osdel  Agncau  Pafchal,quieftoie 
figure  tres  exprelfe  de  ccluy  qui 
deuoic  cftrc  facrifie  pour  nouSj, 
Dauid  parlant  du  lufte  au  Pfeau- 
mexxxiv,dit  c]uc pas  vn  ac [ts 

05  na  efle  cajfL  Cc  qui  a  deu  cftre 
verifie  en  celuy  qui  eft  le  plus 
iufte  de  tous ,  &  par  qui  fcul  tous 
les  autres  font  iuftes ,  d  autant  que 
TEcriturene  pcuc  eftre  enfrainte, 

6  qu'il  n'y  a  en  elle  aucun  en- 
droit  fignale  de  cette  forte  ,  qui 

t-   57.    n  ait  (a  vifee  fur  kfus.    Et  quant 

JEf  encore  11  •    1  A.  ^ 

^vneuHtreef  ^^  coup  dc  laucc  qui  Juy  a  cite 
trtture  dtt ,  (Jottne,  outrc  que  Teau  &  le  fang 

lis    'vertont  '  1  p 

eeiuy  qniis  qui  font  dccouU  s  de  Ion  cofte, 
■ifnt^en*,     ^^^  attefte  de  la  veute  de  fa  more^ 


lefus  Chrifi felon  S.  lean.  8yf  Cha*  19* 
parce  que  les  playes  en  ce  lieu  la 
lont  ineuitablcmcnt  mortcllcsv 
outre  que  cclafignifiequcde  Tcf^ 
ficaccdc  lamortdelefusnousde- 
couleroic  le  benefice  tant  de  la 
propitiumn  de  nos  peches,  qui 
fefairparrcffjfion  dufang  ,  que 
de  la  fandificanon  ,  qui  fe  fait 
par  lelauement  de  TEfprit,  done 
Icauala  rcfleniblance  : outre  fi- 
nalcment  que  ceia  nous  donne  a 
cnrendre,que  nous  deuonslVn 
&  Taurrc  de  ces  bien-faits ,  a  la 
charire  de  Chrift,&  a  fon  inenar- 
rabledilcitionenucrsaous ,  par- 
ce que  celaeft  couledu  lieumcf- 
me  ou  eftoit  fon  coeur ,  il  y  a  en- 
core vne  autre  Ecriture  qui  dir, 
lis  "verront  celuy  quils  ont  perce. 
Cc  que  Zacharie  ayant  ecrit  de 
Dieu,audouzieme  de  fes  reuela- 
tions,  &n'ayant  neanrmoms  efte 
execute qu'en  lefus, il eft aife  den 


Cha.  I^.  Sytf    H^araphrafe  fur  I'Etugile  de 

rccueillir,&  quil  eft  robjcc  de 
noftre  foy,  commeeftant  Dica 
benit  eternellement,  &  que  c'eft 
en  lay  qu*ont  concouru  tous  les 
argamens  qui  nous  indui(ent  a 
%fcei  croirc.    Eccertcsce  quiarriuain- 

eh.jes,!oreph  continent  aptcs  CCS  cHofcs,  eft  en- 

d  Anmathte  I 

(  qui  efioit  core  vne  preuue  trcs-euidcntedu 
jm ,  (ecret  loin  incomparable  que  la  Proui- 
'pmuLu  dcnce  prenoit  de  luy,  8c  de  la  re- 

*r/f'p//{^l  ^^^^^^^^^^^^^  en  laquelle  if 
^u'iiiuyper^  cftolt  enucTs  Dieu ,  mefmcs  au 

•mtji(toflerle       »  f  \      \      r  \    \       •  rC         '' 

sorps  de  le  plusprorond  aelonabbauiemet 
{7u%r!mt.^  de  foa  ignominie.  Car  com- 
11  vim  done  ^^  j[  eftoit  en  cet  eftat,  lofcpb, 

^   print    le  ^  l      ' 

eorps  de  le.  qu'oi  appelloic  d\Arimathee3 
p  irce  que  c  eftoit  le  lieu  de  fa  naiC 
fance  ,  perfonnage  de  confidera- 
tion  entrc  les  Iuifs3&  riche  ,  qui 
auoit  efte  difciple  de  lefus,  maisj 
fecret  toutesfois  iufques  a  lorsJ 
parce  qa\l  craignoit  la  perfecu- 
tion  desluifs^  ^linfamie  d'eftn 


/«^ 


icfus  ChriB  felon  S.  lean,     gjy-  Cha.  l% 
feanni  dela  Synagogue,  monftra 
fans  comparaifon  plus  de  courage 
en  la  morcdc  fon  maiftre^qull 
nauoitfait  pendant  fa  vie  en  tout 
ie temps d'auparauanr.  Carils*en 
vint  a  Pilate  ,  &  le  pria  inftam- 
mentquilluy  fuft  permis  d'enle- 
uerle corps  dclcfus,  afin  de  Ten- 
fepulturer  honorablement ,   &, 
comme  dit  I'Ecriture  ,   de  faire 
qu'il  furt  auec  le  richc  en  fa  mort. 
Ce  que  Pilate  luy  ayant  permis,il 
vint,&  print  le  corps  delefus  pour 
luy  rendre   les  derniers  deuoirs 
<i'vn  bon&fideicdifciple.   Et  dc 
mefmes  Nicodcme  ,  ccluy  qui    f:  ?• 
comme  ic  lay  raconte  au  com-  ^^.^Ifi > i^^ud 
mcncement,  cltoit  auparauant  ^^««^  ve^ 
vcnu  de  nuitalefus,  y  vint  aiors  T^rJ 
en  plcin  iour,  &ala  veue  de  tout  ''''*'  ""^^"^ 

I        *  J         1  tatvnen.tie, 

le  moncle  il  apporta  pour  Tern-  ^'ondemir- 
baumer  vne  mixtion  dt  myrrhe  tV.ZuirZ 
&  d  aloes  ,  qui  pefoit  enuiron  ""'^'"'"- 


Gha.  1^.858  T^araphraJefurl'Euangilcde 
cent  liurcs  ,  &  qui  par  con- 
fequent  eftoicde  grand  prix.  Ce^ 
Lorsiisprm^  dcnx-l^L  done  scitaiis  iointscn- 
Je%usT&  f^^iT^ble  ,  auec  les  autres  difciplcs 
/r //.r.;;/ ^^  qyj   cftoicnt  dcmeuresla  ,    i!s 

Itnge  auec       1  ' 

/imeuTsaro->  ptirent  Ic  corps  de  Icfus^&  Tayar^c 

tomme  u    couucrt  par-dcIl US  dcces  drogues 

7Sf!7fidZ  de   fenteur  aromatique  ,   parcc 

ietitiiu        quils  n'auoient  pas  le  loifir  de 

rembaumer  autrement ,  ils  Teii- 

uclopperent  tout  a  lenrour  dc 

larges  bandes  de  iinge,  comme 

ceiUacouftumedes  luifs  d'enfe- 

^    4^     pulturer.     Or    y    auoit-il   fort 

sUuiieuoh  proche  du  lieu  ou  lelus  rutcru- 

fi/%Tur-  ^^fi^  5  vn  iardin  appartenant.  a 

din^  6>  ^u  quelcun  de  ccux  qui  i'aimoient,&: 

iardmvnfe-      1  11  •  r 

fuichreneuf,  dans  \c  iardiH  il  y  auoit  vn  le- 

auquel  per>  1  r*   •       1  r      '    ^  C 

jonnen^f^oit  pulcreraitdc  neur  ^  ou  perlonne 
^me  efie    ^'^^^ij  cHcorc  cfte  mi$,  &  que 

Ton  tenoit  prcft  pour  la  premiere 

t«  4».     occafion.  Cette  cornodite  dond 

Mcihu[m,  le  prclentantj  lomt  que  la  bne-^ 


ie<us  Chnfl  felon  S.  lean.  8.9  Cha  19? 
iictedu  tcmps^a  caufequclciour  ^  ^^^^^  ^^ 
delaPrcparationfiaifloir.ncpci'- '*'"'  '^^  ^* 

I  '  I  preparattott 

tnetcoitpasaux  diicipies  de  por-  ^^^  /«^/>, 
terle  corps  de  lefus  plus  loin  ,  ils  fepuuhle''^^ 
le  tnircnc dqyis cc monumcnt,&  fc  '^''' ^''^' 
feruircncdc  la  proximite  du  licu^ 
&  dc  la  faueur  de  la  rencontre. 
Mais  cela  cftoit  ainfi  difpcnfe  dc 
plus  haut.  Car  outre  qu  il  eftoit 
plus  honorable  qu  il  fuft  mis  dans 
vn  monument  tout  neuf,  &:  qui 
n'auoit  encore  feruia  aucun,  la 
Proiiidence  de  Dieu  pouruoyoit  K 
ccque  quand  d  reflTufciteroit,  on 
ne  peuft  pas  dire    que  ce  fuft 
quelque  autre  corps  qui  fuft  forti 
de  cc  fcpulcre. 


Ch.  zo.  8<5o  Paraphraje  Jur  I'Euangile  de 

CHAPITRE  XX. 

orlfr^  !»  R   M^ne     Magdel^nc, 
r^seriourde  3|«J|  aucc  Jcs  autics  fcmmes 

M^rteMag    ^s^^ss-***^  qui  auoicnt   aliilte  a  la 

deleine  vine  •  C     •  A       x    C  At* 

le  matin  AH  crucihxion  de  lelus,  auoic  dcl- 
fepuichre,     (^jj^  d'embaumcr  fon  corps  plus  a 

co»}e  encore  F     i 

iif*ifoitoh-  loifir  quon  n'auoit  pcu  le  faire 
^«e/^;/.rr^  le  lour  quon  lauoic  cnlcucJi. 
tpMnf''  Ayant  done  laiiTe  pafTer  le  iour  du 
Repos,  que  les  luifs  obferuoienc 
tres-exadement ,  &c  auquel  ellc 
n'euft  pas  voulu  rien  cntre- 
prcndre  ;  comme  audi  la  nui6fc 
qui  le  fuiuoit  immediatemenr, 
pendant  lobfcurite  de  laquellc 
vnc  femme  ne  pouuoicforrirde 
la  maifon ;  elle  fe  Icua  le  premier 
iour  de  la  femaine  ,  qu  ona  de- 
puis  nomme  Dimanche ,  de  fort 

grand 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.  8(Ji  Ch.  i(^ 
grand  matin, &commc  il  faifoit 
encore  obfcur  eile  fe  mitenche- 
min,  afin  de  venir  au  fepulcrc. 
Mais  elle  fe  trouua  fort  furprifc 
quand  y  eflant  arriuee  ,  elle  vid 
que  la  pierre  dont  on  auoit  cou- 
ucrt  Ibuucrture  du  tombeau, 
eftoit  roulee,  &  que  le  corps  dc 
lefus  n  y  eftoit  plus,  S'imaeinant     f    »•  ■. 

I  ^  1  I  >  •  Adonc  elle 

done  que  quelcun  1  auoit  empor-  coumt  6* 
te  de  la 5  loit  pour  auoir  les  dro-  ^,^  ^i^rre 
gues  aromatiques  dont  il  auoit  ^.^  f"''^''^ 

O  1  atjciple  que 

efte  couuert,  ou  pour  quelque  ^efHsaimoit 
autre  occalion  quelle  ne  peult  on  ^enieae 
pas   conicdurer  ,  elle   retourna  ^//IXT, 
bien  vifte  &  tout  en  courant  vers  e^"^/f^^^' 
la  ville,  &  sen   alia   droit   ou 
clloient  lesDifciplcs,  pour  le  leur 
annoncer.  Et  ayant  rencontre  Si- 
mon Pierre ,  &  Tautre  Difciple    • 
que  lefus  aimoit ,  les  prcmiers,elle 
leur  dit;  Nous  fommes  allees  au 
fepulcrc  denoftreScicrneur  pour 

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Ch.  20.  S^Ji    Paraphrdfe  fur  I' Euangile  de 

rernbaumer,mais  nous  nc  1  auon^ 

point  trouue.  Sans  doutc  on  la 

cnleue  de  la ,  &  la- 1-  on  tranfpor- 

te  ailleurs  bicn  loin ;  car  ayant  let- 

te  les  yeux  de  cofte  6c  d'autre  dans ' 

les  cnuirons^  nous  n'auons  pea' 

remarquer  cii  on   le   pourroic 

^^  ,      auoir  mis.  Ccs  deux  n'eurcnt  pas 

-LoyfViene  pluftoft  ouv  les  parolcs  de  cett^ 

v^utre  drf^  tcmmc ,  quc  lurpris  d  eltonne- 

7remau7e'  mcnc  aufli  Bicn  qu clle,  6c  defi- 

^''^''^'       reux  de  fcjauoir  fi  tile  nc  feftoit 

point  trompee,  &  cc  que  leur 

bon  Maillre  efloit  deucnu,Pierre^ 

dis-^ej&rautreDifciplejpartirent, 

&  s'en  vinrent  en  dilip-ence  au  j 

jr, cmroie^t  monuiTicnt.Et lis coururent quel- 

jUmbe^mZ  <Y^^  efpacc  cux  deux  enfcmble, 

I'aum  dif  commc  eftans  parris  de  mefmc 

fUsvteque  temps;  mais  rautreDifcipIe^^qui 

Pierre  ,    C^      n      •  1  •  1 

t^intu  p^e^  eiioit  plus  icune  ,  courant  plus 

TJi'^r^'viftc  que  Pierre,  le  deuan^adc 

bcaucoup ,  6c  arriua  le  premier  au 


lefus  Chrijl  felon  S.  1cm,      gijj  Cli.  2.6» 
lieu  oil  le  Seigneur  auoitcfte  tilis, 
Comnic  done  il  fut  fur  le  bord    i^-  .^' 
de  la  grottc  oil  le  fepulcre  eftoic  haijfi\ "" h 

U/        1      >  I  vidleslmjres 

e ,  11  s  auancja  vn  peu  le  corps  ^  tofii:tou^ 

en dedas en fc  baiflfant , &  vid  bicn  ''f'^'l  ""^ 
les  Unges  dbnt  on  auoit enuelop- 
pe  Icfas,  recules  a  cofte  de  fori 
tombeau  j  mais  fe  contentant  dc 
tela  ,il  n  auan^a  pas  le  pied  dans  la 
grotce,  pour  eonfiderer  le  fond 
du  monument  de  plus  pres.  Ce-    ^^J^su 
pendant  Simon  Pierre  le  fuiuoit  '^^'*  ^"^''^^ 
plus  vilte  quit    pouuoit ;  &  //^^^c^^^i- 
cftantvcnufurlclieUjilentraiuf-  p,,r.  % 
ques  au  fepulcre,  &  confiderant  ^'^^'^^^^'^^f 
Ic  tout  plus  attentiuement  que 
Vautrc n  auoit  fait, il  vid  premie- 
rement  Ics  enueloppes  &  les  linges     t 
qu  on  auoit  mis  a  cofte.  Puis  ilap-  ^^•"''^ 
\  percent lecouure-chefouiefuai-  ^!^i  ^«''  /^ 

A  1  n       '^      n'e  point 

i  re,dont  on  auoit  couuertla  tefte  ^^^  auedes 
;  &  le  vilagc  du  Seigneur ,  qui  n  a-  enneUppien. 
:  lioit  pa$  cfte  cnucloppe  auec  les  J^"^^  ^'''*  ^ 

Hhh  i 


7' 

uaiire 
auoit 


Ch.  ou  864  '^Paraphraje  furtEuangilede 
autres  linges  pefle-mcfle,  mais 
quonauoitplie.cefcmbloicaucc 
quelque  foin,  &  mis  en  vn  autre 
endroit  a  part.  Ce  qui  luy  donna 
occafion  de  iugerquequi  quece 
fuft  qui  euftenleueic  corps  ^  il  ne 
Fauoicpas  fait  a  la  iiafte^comme 
ont  acGouftume  de  faire  les  lar- 
ronSjpuis  qu'ils'eftoit  donne  le 
loifir  de  mettre  tout  cela  en  ordrc. 

Ado?ic^auc  Comme  done  il  eftoit  la,  1  autre 

fiy  emraie  Difciplc  Qui  cftoic  vcnu  Ic  orc^ 
M/ctpie  qui  r      ^  r  ^ 

eftoitvenuie  niicr,  mcu  par  Ion  excmplej  sa- 
fepHicre,&  uan^a plus suant ,& cntra  dans  la 
^creZt  *  "^  grotte  iufqucs  a  la  fofle  du  fepui- 
crCj&ayant  regarde  letout  aucc 
plus  d'attenticn  quauparauant, 
au  lieu  quil  n'cftoit  pas  encore 
pleinement  afleure  fi  lefus  auoit 
efte  enleue  de  la  ou  non,  il  Ic  crcut 
alors  fermemcnt,  bien  quil  ne 
conceuft  point  encore  cnfonef- 
prit,ny  comment,  ny  a  quelle  iin 


lejlcs  Chri  ft  felon  S.  lean.     %6f  Ch.  id. 
ccla  s'eftoit  peu  faire.    Car  en-     J    ?/ 

r  ^  Car  th  ns 

core  quel'Efcriture  du  Vieux  Te-  ff^tioient 
ftamentcuft  aflfes  donne  d*enfei-  i^Efcrimre 
gnemens  que  le  Seigneur  lefus  de-  ^,7  {^j^^ 
uoit  reflufciter  des  morts,&  que  "'^f  '^'' 

'  X         marts. 


luy-mefme  Icur  cuft  die  quantite 
de  chofes  qui  leur  deuoient  fairc 
entendre    ccs    anciens     oracles 
quandilyeuft  cu  ijuelque  obfcu- 
rite,fi  eft-cc  que  la  tardiuete  des 
hommes  eft  fi  grande,  qu'ilsn*en 
comprenoient  point  encore  Hn- 
telligence,&  qu  lis  n'cn  pouuoient 
faire  ['application  a  Teuenemcnt. 
Ccs  deux  Difciples  done, &:lesau-     t-  10. 
tres  quiy  eitoient  venus  aprcs^,  doncs-Jst. 
chacun  d  eux  s'cftant  emeu  par  le  'j^^^^  ^'^*^ 
rapport  qui  leur  auoit  efte  fait  par  ^»^' 
les  femmes,  &  ne  doutant  point 
qu  dies  ne  leur  euflent  dit  vray, 
mais  ne  fe  pouuant  demellcr  dc  la 
perplexite  que  cet  accident  auoit 
mis  dans  Icurs  clptits,  s'en  retour- 

Hhh  5 


ph.  zo.  8(J^  Paraphraje  fur  l*Euangilc  de 

nerent  en  la  ville  au  lieu  d  ou  i|s 
Mais  Marie  ^^^^^^^  pattis.  Sculcmcnt  Matic 
jetenoitpres  Map-delcinc y  QUI  eftoic  rcucnuc 
^ehor.  in  auec  cux ,  retome  dattendre  da- 
t7meln.  uantage,  pour  voir  fi  elle  n ap- 
ttfZ^t/f*  p^^^^^^oit  point  ou  on  pouuoic 
&  regaraa  auoif  pofte fon  Seigueur,  s'atrcfta 

dedans  le/e^    1  f  Q  = 

isiUhre.  hors  du  monument ,  mais  prochc 
de  lapourtantj&dctriftcfl'equ'cl- 
le  auoit,  elle  fondoit  en  lar  mes,  Et 
comme  en  telles  perplexiteson  a 
ramc  inquiete,  apres  auoir  cftela 
quelque  peudetemps,clleretour- 
na  en  plcurant,  pour  regarder  en- 
core dans  le  fepulcre  en  fe  baif- 
-Etviddeuic  f^nt.Etalorselle  vidcequeny  elle 
Aigesvefus  nv  Icsautrcs  n'auoient  point  ap- 

di-  blanc,  afm       ^  ^  *  A 

fs  I'vnhia  perceu  auparauat^parcequequci- 
TfatJpl^ds  q^ic  efficace  dela  Prouidcnce  les 
%tmts'*"ie  cnempefchoit  :  c'eft  qu'ilyauoit 
i^^ps  dele.  ladeuxAngesvcfl;usdeblanc,a0is 
aux  deux  bouts  du  fepulcre,  IVn  a 
I^  tefte ,  &  Tautre  aux  pieds,  felon 


Icfus  Chrift  felon  S.  lean.     8^7  Ch.  10* 
la  fit  iation  qu'y  auoit  Ic  corps  da 
Seigacur  quand  il  y  eftoit  gifanr. 
Commc  done  clle  eftoit  la  a  Ics     iisiuydu, 
contempler,  lis  parent  Ics  pre-  wepur^uoy 
micrs la  parole^Sc  luy  dirent : Fern-  fZZurL. 
me,  pourquoy  pleures  tu?  On  el  p^^^^^^^fo^^ 
eft  le  lujet  de  ta  douieur^  qui  te  seignenr^^ 
fait  cpandre  tant de  Tarmes?  Elle,  7^^$^'^ 
qui  voyoit  bien  la  deux  perfonna- 
ges:,  maisqui  neks  recoanoiflfoit 
pas  encore  pour  eftre  des  Anges^ 
parce  quen  la  figure   humainc 
qu  ils   portoient :,  ils  ne  paroiC- 
foient  point  auoird^eclat  extraor- 
dinaire enleurpreftance^croyant 
que  ceftoient    feulement  deu^ 
hommcs,  leur  refponditen  cettc 
facjon.  Nous  anions  vn  Seigneur 
&  vn  Maiftre  incomparable ,  que 
Ton  fit  mourir  ily  3  auiourdhuy 
trois  iours.Et  nous  auions  appo  rte 
fon  corps  icy  3  &  I  auions  nnsen  cc 
monument  ^  en  refolution  d'y  ve- 
Hhh  4 


Ch.  lo.  868    n^araphrafe  jiirhEuagile  de 

nir  auiourd'huy  pour  luy  rendre 
lesdeuoirs  d'vnc  fepulcure  hono- 
rable. Et  voila,  y  cftanc  venue, 
i'ay  trouue  qu*on  la  enleue5&  ic 
ne  fc^ay  ou  on  la  tranfporte;  ce  qui 
acheuede  rendre  ma  douleur  in«- 

^tquadeiie  confolable.  Aces  paroles les  An- 

eut  dit  ceU  i  >        r  1 

eiie{e  retour  gcs  tarderent  vn  peu  a  relpondre : 

Z7e,lViT^  Et  cependant  elle,  quand  e!le  cut 

fm  quiefio.t  parle^  fc  retourna  en  arricre^par- 

uottp^sque  ce  quelleyenteditqueique  bruit. 

<  comme  du  marcher  de  quelcun 

qui  s'approchoit:,&  yid  lefusqui 

fe  trouua  la  a  fa  rencontre.  Mais 

la  Prouidence  de  Dieu  retint  &: 

gouuerna  tcllemet  fa  veue^  qu'elle 

nereconnut  aucunementquec'e- 

y.  ij.     iloit  luy.  Etiefus  de  Tautre  cofte, 

femmepoHr-  mcnagcant  1  apparence  exterieurc 

Tu'!\liZ.  ^e  fa  perfonne,  &  quand  &  quand 

che'tu?Eiu  le  ton  de  fa  voix^,  pour  n'eftre 

f enfant  que  1>    11        N    P    1  J      I 

cefudieUt^  pas  reconnu  d  elle  a  labord,  luy 
J!^f^ne^,  dit  ^  comme  les  Anges  auoient  fait 


lefus  Chrifl  felon  5.  lean.    S69  Gh,  lo. 
auparauant:FemmC:,  poiirquoy  (ituv^senr 
plcures-  tu;  &  qui  cherclies-tu!  ^'"'^"'''^^7''^ 
afin  de  fc  decouurir  peu  a  peu ,  &  '^^  »  ^  '> 
dene  la,  pas  trop  furprendre.  EUe  '  ^''*'^* 
done  nayant  rien  rroins  en  TcC- 
prit  que  Tidee  du  Seigneur  Icfus, 
&s'imaginant,parcequ'elleeftoic 
en  ce  iardin,  que  ce  pouuoit  eftrc 
celuy  qui  en  auoit  la  garde,  qui 
parloit  a  elle^,  luy  die;  Seigneur, 
(car  c'eftoit  lori  vn  terme dc  rcC- 
pedt^comme  celuy  de  Monfieur 
en d'autres  nations, dont  on  vfoit 
prefque  indifferemment   enuers 
coutes   fortes   de  perfonnesj  tu 
f^ais  bien  que  nous  auons  mis  icy 
noftre  Maiilre  dans  le  tombeau  3 
&  ie  penfe  que  tu  n'ignores  pas 
quil  n  y  eft  plus,  iz  qu  on  Ten  a 
cmporte.  Si  c'eft  toy  qui  pour 
quelque  raifon  que  ce  foit  I'ayes 
enleue  de  la.dy-  moy  ou  tu  las  mis; 
&  ie  Ten  ofteray  volonticrs ,  de- 


ell.  zo.  870  n^amphrafc  pirl'Eudngileie 

^^^    peur  qu'cn  quelque  lieu  qu'il  foic, 
le'miHy  dit  il  Hc nncomtnodc cncorc.  Com- 
h^'eiuntre  melclus  tardoit  vn  peualuyrel- 
X^yi^,  pondre^elle  fe  retournade lautrc 
^Hiephdtre  cofte  vers  ceux  a  qui  ellc  auoit 
parle  auparauant :  &  alors  lelus 
changeant  le  ton  de  fa  voix,  &  luy 
redonnant  les  mefmcs  cara£tcies 
par  lefquels  ellc  fe  faifoit  autre- 
fois  reconnoiftre  a  ceux  qui  Ta- 
uoient  oui'e  ^  il  Tappella  pa,r  foi;i 
noiTijMarie.  Et a  cette  parole, qui 
remit  dans  Timagipation  de  cet- 
te  femme  Tidee  de  la  voix  &c  de  la 
perfonne  da  Seigneur,  elle  fe  re- 
tourna  promprement,&  refpon- 
dit,  Rabboni,  c'eft  a  dire,Maiftre,^ 
qui  eftoit  Ic  tiltre  dont  clle  &  les 
autres  Difciples  le  qualifioient  en 
fon  viuant.Uayant  done  reconnu 
pour  ce  qu'il  eftoir,  elle  fe  iettaai 
fes  pieds  pour  rembrafler,  aucd^ 
des  tranfports  incompaiables  de 


"  lejus  Chrifi  felon  S.  lean.  871  Ch.  ip. 
joyc.  Or  comme  lapenfeedelef-  Jj^^^.^^ 
prit  humain  va  mcrueilleufement  ^*  '^'^  f^^* 

*■  .  n  11  /  •  chepotnt'car 

vilte  en  telles  emotions ,  cctte  h  ne  /ms 
femmcvoyantlefusrcflurcite^eJ-  ^Zl^t/l'Z^^ 
le  Ic  ramenteut  incontinent  les  ^^' : '"'''' 

va    a    met 

chores  qu*il  auoit  dites  peu  dc-  f^^^^^y  & 
uantfa  mcrt  touchant  fa refurrc-  u  m^me'k 
6tion 5  &  fe  ramena  dans  Tefprit  Tvofire'pte 
les  promcflTes  quil  auoit  donnees  ^'"^'^^^^ 
a  les  Dilciples,  de  rcucnir  pcu  ^'^«- 
apres  qu  il  s'cn  feroit  alle ,  &  de  dc- 
meurer  auec  eux  ,  dc  forte  que 
deformais  leur  fociete  feroit  ab- 
folument    infeparable.    Si  bien 
qu'elle    fe    pcrfuada    que     tout 
cftoit   accompli,    &    Tcmbraf^ 
fant  auec  vne  merueilleufe  ten- 
tendreflfe  d'affcftion^  comme  ^i 
elle  luy  euft  voulu  dire,  Nous  te 
tenonsacettcheure,§«:tunenous 
laiiferas  plus;  elle  fe  figuroit  qu'el- 
je  &  les  autres  Difciples  Ic  pofle- 
4eroient   tellement   a  Tauenir, 


Ch.  zo.  871  Faraphrafe  fur  fEuangite  de 
que  iatnais  ils  nc  perdroicnt  la 
ioiiifTance  de  fa  prefence.  lefos 
done  la  voy ant  en  cct  cftat.la  vou- 
lut  doucement  defabufer  de  cettc 
opinion  par  ces  paroles.  Non  ^ 
Marie,  non,  ne  me  touche  pointy 
&netelaifrepasain(i  tranfportcr 
aces  mouuemens.  le  vous  ay  bicn 
promisqueic  reuicndrois  a  vpus^ 
Sc  que  vous  me  vcrnes ;  &  voila  en 
cec  egard  ma  promcfTe  pres  d  c- 
ftrc  accomplie.  I'y  ay  adioufte 
que  ie  demeurerois  auecvouS:,& 
vous  auec  moy,&  que  iamais  nous 
,  ne  nous  feparcrions :  mais  ie  vous 
ay  auffi  die  qu'il  falloit  premicre- 
ment  que  ie  m'en  allaile  a  mon 
Pere.N  aye  done  pas  encore  cette 
pcnfee  que  ce  que  ie  me  prcfente  a 
vous  maintenant^foit  pour  yde^ 
meurer  toufiours.  Cette  partie  de 
ma  promcflfe  n'cft  pas  encore  en 
cftat  de  s  executer :  car  ie  nc  fuis 


hfus  Chrifi felon  S.  leanl  875  Cli^iO^ 
point  encore  monte  a  mon  Pere. 
Mais  comme  tu  vois  que  ie  nc 
vous  ay  pas  manque  dc  parole  en 
reucnant  a  vousjafleurc-toy  que 
quand  le  temps  en  fera  venu  ie  nc 
manqueray  pas  non  plus  d  ac- 
complirlercfte.  Et  pour  temon- 
ftrer  que  ie  ne  veux  pas  differer 
voftre  contentcment  plus  qu'il  nc 
fautj  Va-t-en  de  cepas  amesfre- 
rcs^  car  ie  leur  veux  donner  cc 
nom,  parce  que  deformais  touc 
nous  ell  commun  par  I'adoptioft 
que  Dicu  fait  d  eux  en  ma  perfoa- 
ne,  &  Icur  rapporte  ces  paroles  dc 
ma  part :  Ie  m'en  vais  monter  a 
mon  Pere>.&  a  voftre  Pere,  car 
d'orefnauant,  fauf  la  diftindioa 
&  Tauantage  de  la  primogenita- 
re,  qui  me  donne  Ie  premier  rang, 
il  nous  confiderera  tous  comme 
fes  cnfans:  Ie  m'en  vais  monter  a 
mon  Dieu,  &  a  voftre  Dicu  j  car 


Ch.  10.  874  Paraphrafe  fur  lEuangile  dc 

cjuelquc  egalite qu*il  y  ait  ei» autre 

egard  cntre  luy  &  moy,  fieft  cfc 

<juacaufedeceque  i'ay  commun 

aucc  vous,  ic  le  regardea  peu  pres 

aucc  le  mefmc  rc{pe6t  auec  lequel 

ilfaut  quechacun  dcvouslecon- 

MmteMag  fidcrc.  Marlc  Magdeleine  done 

tt;.r  ayant  rcceu  de  (a  bouche  cecad- 

auxutjttpies.  uertiiTement  &  ee   cominandc- 

setgaeHr,&  mciit  tout  cnlemblc , elle  modera 

chtfjesf  "'  fa  paflion ,  &  laiflant  la  lefus  ^  ellc 

sachemina  vers  lesDifcipleSja  qui 

cllc  vine  apporter  les  bonnes  &• 

agreables  nouuclles  qu'cllc  auoit 

veu  le  Seigneur,  &  leur  recita  dc 

fa  part  les  chofes  qu  il  luy  auoit 

dites    Ce  qui  mit  les  cfprits  des 

Difciples  en  vnemcrueilleufecx- 

ff^Jndu  pedation.  llsauoientauparauant 

fiirfutvenu  p^^fque  toufiours  cftc  cnfemblc^ 

de  ce  tour  //ar,    r  i  r«    r         •  /* 

^ui  eftoit  le  pour  fe  confoler  ,&  fe  fortifier  les 

premier  de  la    *■         • 

jepmMne,<f}p.  vns  ks  autre$  en  cettc  commune 
l}liJn!fiZ  contternation  que  la  mort  de 


leflis  Chrijl  felan  S.  lean.  §75  Gh,  lol 
Chrift  Icur  auoitcaufee.Maiscec-  ^,/,,.  ,,^,  z,^ 
tc  nouuellc  de  fa  re(urrt6ti6nles  ^''^^^"//"- 

1,.  ,  n        •  totem  aJiem^ 

rallia  encore  plus  eltroirement,  ^>ry.  f^^> 
pour  en  atcendie  dvncommun  'm  %tm%. 
accord  les  preuues  plus  certaines  {"^iu^tdTx 
&  plus  autentiques.    Cc  mefme  '*^  ^''*'^  ^'^ 
lour-la  done  J  qui  cltoit  le  pre-  Soiu 
mier  de  la  femaine^quand  Icfoir 
fut  venu,  s'eftans  tous  aflembles 
dans  vne  mairon,&  renans  les  por- 
tes  fcrmecs ,  parce  qu  ils    crai- 
gnoient  que  les  luifs  nc  les  vinf- 
icnt  troublcr  &  perfecuter ,  ils  en 
eurcnt  vne  prcuuc  irrefragable. 
Car  kfus ,  a  la  volonte  duquel 
routes  chofes  rendoient  vne  pron- 
tc  obeifiTancejayant  fait  que  Ics 
portcss'ouuriflentdVUcs  tncfmes 
fans  que  perfonnc  ymiftla  main, 
cntra,  puis  les  ayant  encore  mira- 
culcufemcnt  fait  refermer,  il  fc 
trouua  inopinement  au  milieu  dc 
fesDifcipIcs  i  Sc  les  faluant  a  fa  fa- 


Ch.  20.  87(J  ^araphrafe  [urtEuangtlede 
^on  accouftumeCj  en  Icur  difanti 
Paix  vous  foit^ou.Dieu  vous  don- 
ne  toute  forte  dc  profperitejil  fe 
fie  connoiftre  a  cux.  Et  daucanc 
qu'il  ((^auoit  bien  leur  infirmice,& 
latardiuete  deleursentendemens 
a  croirc ,  apres  qu'il  leur  euc  dit  ce- 
la,  pour  leur  oiler  toute  matierc 
de  doute  &  dc  hefitation^il  leur  fit 
voir  fes  mains  &  fon  Goftc,  ou  ii 
auoit  confcrue  les  cicatrices  de  fes 
playes,  tant  pour  eftre  de  glorieu- 
fes  marques  de  fes  combats,  que 
pour  eftre  des  enfcignes  que  c'e- 
ftoit  Juy,  &non  autre,  qui  eftoic 
reffufcite  des  morts.  Qoand  done 
fes  Difciples  I'eurent  veu,&quil 
leur  cut  monftre  tant  dc  temoi* 
gnages  de  fa  prefence,  on  ne  fc^au-- 
roit  exprimer  la)oyequilseneu- 
»V.      rent  tous.  Comme  il  les  vid  en 

-Etilleuv  ^ 

ditderechtfi  ccttc  dilpoiition,  <x  qu  lis  ne  dou- 
%'ucommit  toicnt  plusqu'ilnefuft  veritable-- 

ment  \ 


lefks  Chrifi  felon  S.  lean.    877  Ch.  io7 
mcnt  leur  Niaiftrc,qui  Icsauoit  msperem^^ 
^hoifis  pour  eftre  fcs   Difciples  '»'''y^  *^»fi 
particuliers ,  &  qui  Ics  auoit  de-  »er'« 
ftines  a  rApoft:olat,Ie  temps  s'ap- 

f)rochant  qu  ils  en  deuoient  fairc 
es  fo  n6ti6s/il  leur  y  voulut  doner 
Miffionde  fapropre  voix,  com- 
meeftantvhe  charge  qui  deuoit 
proceder  immediatcment  deluy: 
&  par  mefme  moyenilvoulutlcs 
alTeurer  qu*il  Te  propofoit  de  les 
infpirer,  &  de  Ics  munir  de  tou^  , 
les  dons  qui  leur  cftoient  nccefTai- 
res.  Il  commencja  done  par  la  re- 
petition deccttefalutation,  Paix 
vous  foit.afin  qu'ils  demeuraflfcnc 
pleinemcnt  perfuadesde  fa  bon- 
ne volonte;&  puisil  pourfuiuit 
en  ces  termes.  Comme  mon  Pere 
m'a  enuoye  auec  vnc  fouueraine 
autoritea  kquelleilneft  permis 
a  hommc  mortel  de  refliler ,  ie 
v^ons  enuoye  pareillement  auec 

lii 


Ch.  ^o.  S78    Para^hrafefurtEuangttede 

vae  fouucrainc  auto<rire,a  laqucl- 

k  qui  rcfifteta  3  me  rcfiftcra  a 

»^-  ,.,  moy-mefme.    Puis  aprcs  auoir 

^«r^/f  r.//».  prononce  ces  mots,  elqucls  elt  Ic 

tIr.'&iZ  tiltrc  de  Icur  Vocation  a  TApo- 

f^^Receues  Q^^\^^    \\  fouffla  fuF  cux ,  &  ad- 

joufta  CCS  paroles.    Rcccuesdans 
ce  fQuffle^&  dans  Ics  mouuenicns 
mterieursquiraccompagnent  en 
vQus,vn  fymbolc  extcrieur,  & 
<|iiand  &  quand  vn  commence- 
ment &  vne  arre  indubitable  de 
Tabondancedu  Sain£t  Efprit  qui 
vous  fera  communique  <,  pour 
vous  rendre  capablcs  de  faire  les 
foncflionsdeiaCharge  incompa- 
rable a  laquelle  ie  vous  appellc. 
JionVceu^  Car  il  vous  addreflcra  tellemcnt, 
Auf^ueisvo'  j^j^j.  ^j^  la  predication  des  Verites 
lespeches.iis  Je  U  creaucc  defquclles  Ic  falut 
dom&^.&k  des  hommes  depend  ^  quen  la 
VsTJZre^:  conHoiflancc particuliete  dc  ceux 
■4is  ferotrete.  ^ui  feront  profeffioji  de  lesaiioii; 


tefis  Chnfijelon  S.  Icanl  879  Ch.  zo? 
dtobraflecs ,  qua  ccux  a  quivaus 
dcclareres  abfolumcnt  que  Icurs 
pcches  leur  font  pardonnes ,  ils  le 
icront  effcdiuenient;  &a  ccux  a 
qui  vous  dcclareres  abfolumcnt 
parcillement  qu  lis  font  rctenus 
pour  eftrc  punis ,  ils  feront  eflPc- 
(Stiucmenc  rctenus.  Parce  quela 
certitude  dc  ces  chofes  depen- 
dant prcmidrement  de  la  Verite 
de  TEuangile  ,  qui  proniettra  la 
remiffion  des  pcches  a  ccux  qui 
croiront  J  puisapresdela verite  & 
fyncerite  dc  la  foy  en  ccux  qui 
feront  profclTion  de  croire  :ny 
cet  Efprit  ne  vous  fouffrira  point 
errer  en  ce  qui  eft  de  la  verirc  dc 
TEuangile  dc  Dieu  ,  que  vous 
aucs  charge  d*annoncer  ;  ny  ce 
mefme  Efprit  ne  vous  fouffrira 
point  manquer  a  iugcr  de  la  fyn- 
cerite delafoydequiquc  ccfpitj 
quand  pour  Tedification  publi- 

lii  JL 


Ch,  zo.  880  PMa^hmj^-Ji^fWua^^h 

•quc3&  pourvous  auroTirer,il  fcri 


neceffkire   <]ue  vous  appliquies 
vos  entendemens  a  en  auoir  la 
t.  t4'     cohnqiirance.    Orncfauc-il  pas 

Or  Thomas  f  i-.  •  rfi 

^ndesdo  IS  oublier  vne  circonltanct  mer- 
r*^^^  ueilleufement  notable  tn  cettc' 
^'^Mtpomf  )^;^^Q^  Thomas,  appelle  auffi 

Auec   eux  .  s  t  »         '11 

quandie-m  Didyme,  rvnde  ceux  qui  com- 

'^^''^^         pofoient  ce  college  que  Ton  nom- 

n:ie  des  douze  ^  parcc  qu^il  y  eh 

aubitautantau  commencement, 

n'cftoit    point   auec   les    autres 

quand  le  Seigneur  Icfus  y   vine, 

quclque    occafion     particuliere 

i*ayant  oblige  de  s*en  abfenter. 

lefus  done  s  en  eftant  alle  apres 

qu'il  leur  cut  tenu  ces  propos,  & 

Thomas  n'y  ayant  point  afliftej 

quand  il  fut  retourne  quelque  peu 

apres,  les  autres   Difciples   luy 

jfftt  uoy  les  dirent  >•  Nous  auons  veu  Ic  Sei- 

lie,  lay  d,-  gneur;,  &  il  n  y  a  que  tort  peu  qu  il 

ZZmvJ^,  ^^  difparu  de  noftre  prefencc. 


Tcfus  Chrift  felon  S.  lean.  88r  Ch.  lo* 
Mais  com  me  cc  pcrfonnage  auoit  seign^ur.  Et 
touiours  efte  plus  lent  que   les.  *^^<^^rdu.si 

'    ^  I  I  tene  voy  let 

autrcsa  receuoiFiimprcllioades  enfeignes de^. 
veritesque ledis Icur eofeignoit, il  VJ'metsmm 
fe  mpnftra  encore  incrcdulc  en  S/t/' 
cette  occafion,  quiluy  paroiffoic  ^^''''^'  ^^ 

1  111  te    ne   mets 

entre  les  autres  eltrelc  plus  hors  mam^men 
apparence.  Ec  comme  li  c  eult  ne  u  crotray 
efte  vne  chofedignc  deloiiange  ^^'^*' 
en  iuy,  que  de  vouloir  auoir  dc§ 
preuiKs  bien  (enfibles  &  bien  pail- 
pablcs  de  ce  qu  on  Iuy  difbic  ^  it 
leur  refpondicen  ces  termes.  Pour 
moy,  ie  ne  me  flatte  pas  ainfi  en 
mes  penfees,  &  ne  fuis  pas  comme 
ceux  qui  fe  perfuadent  aifement 
ce  qu  ils  defirent  ardemment.  Si 
ie  ne  voy  rnpy-mcfme  les  mar- 
ques des  cloux  en  fes  mains  5  car 
i'en  puis  approcbcr  mcs  yeux  aC- 
fes  prcs  pour  cela  :  fi  ie  ne  mets 
mon  doigc  dans  Ie  lieu  ou  cftoient 
les  cloqix  en  fes  pieds  ^  d*ou  il  eft 


Ch.  zo.  88z   ^araphrafcfur  TEuatigile  de 

malaifequc  i'ap^prochemes  ycux 

fi  pres ;  &  fi  ie  he  mecs  ma  main 

dans  la  playe  que  ie  fcjay  bien  qu'il 

a  reccue  fi  grandeau  code  que  Ty 

puis  fourrcr  plufieurs  doigcs  en- 

femble^,  icvous  declare  franche- 

mencque'ie  ne  croiray  point  que 

E/  hni^   vous  Tayes  veu  relTufcite.    Cela 

TZhef%  s'cftant  ainfi  paflfe  ,  hoftrc  Sei- 

Sl^  gncur,quin ignoroitaucune cho- 

dmit^Tha.  fe,  voulutapparoir  a  fes  Difciples 

eux. Lots  le-  cncorc  vnc  tois,  tant  pour  conhr- 

ffis  vint  les  i  I  ! 

porta  eji^m  Hiet  de  plus  en  plus   ceux  qui 

fermiei^  ^  auoicnt  dcfia  creu  \    que  pour 

iiefid'eux,&  vaincrerobftination  de  Thomas 

vomfoit.     encondclccndatalon  delir ^  ann 

qu'il peuft  eftre  vn  fidcile&  au- 

thentique  temoin  de  fa    refur^ 

re£tion  commeles  autres.  Ce  qu'il 

ficiuftcmcntiiuidioursajpres,  Ic 

premier  iour  delafemaiue,  que 

les  Apollres  commencercnt  lors 

a  faniStifier  dVne  facjon  particu; 


lejus  Chriji  felon  S.  lean.  '%  Ch.  2:0. 
liere  en  memoirc  de  la  refur- 
re£tiondeleurMaiftre,&  etc  cet- 
te  fienne  premiere  stpparicion. 
Car  fcs  Difciplcs  cftans  derechef 
aflcmbles  au  mefmc  Iicu,&  Tho- 
mas Y  cftant  aucc  cux,  lefus  y  vint, 
les  portcscftantfcrmees,  comme 
il  auoic  faic  la  premiere  fdis,  &  les 
faliia  toutdc  mefmc  ^  en  leur  di- 
fant,  Paix  vous  foir*  Puis  aprcs  l^i]Yuk 
lesauoir  tous.faliies  encommun,  ^T^^omfu, 

Ul,  Mets    ton 

e  tourna  particuliercment  vers  doigncy,  & 

Thomas,  &:  auec  vnc  bonte  in-  ""^aimZZ 
conceuablc  ^  il  luy  die  en   luy  «^'''^^'^^^ 

-*  /  J    to,  mam  (^ 

monftrant  les  trous  dc  fcs  pieds^  i^  mets^en 
Mets  ton  doigt  icy.  Cc  cjucTho-  nefoispoiu 
mas  ayant  fait ,  il  luy  monftra  fes  4%7^k 
mains,  &Iuy  dit,  Regardc  mcs 
mains  de  tant  pres  que  tu  Vou- 
dras ,  &  voy  fi  tu  y  trouucras  les 
enfeignes  que  tu  demandes.  Tho- 
mas les  ayant  regardes  attentiue- 
nlcnc  ;,  lefus  luy  monftra   foB^ 

1114 


Ch.  io.  884    Paraphrafe  fur  I'Euangile  de 

code,  &  luy  dit  j  Auance  ta  main, 

&Ia  mcts  dans  cettc  playc,  &  quit- 

tc  cnfin  cette  incredalite  que  tu 

as  monftree  iufqu'icy  ,  pour  tc 

laifler  pcrfuadcrlaverite,&  pour 

ThomL^re^^  croirc.    Thomas  done  ayant  fait 

pondit.^iuy  cette  dcrnierc  epreuue  dela  veri- 

jn^^r^^mo  tc  oc  la  cholc ,  nott  leulemcnt  u 

n'en  douta  plus ,  mais  en  eftant 

raui  en  admiration^  &  comme 

tranfporte  hors  de  luy-mcfme ,  il 

luy  reponditcn  s'ecriant,  Ceft 

done  toy ,  mon  Seigneur  &  mon 

uiusiuydit.  Dieu  1  Alors  lelus  en  partie  pour 

/*  w^l  I7u  approuuer  entre  fcs  Difciples  le 

Itri.::  t^moigmgc    que  Thomas   luy 

hemeuxjont  auoit  dounc  dc  fafoy,  en  partie 

pomtveu(^  pour  le  cliaitier  doucement  deec 

...  cr.u.     ^^, .  J  ^,^^^ .^  monftre  fi  difficile  I 

vainere  en  fon  incredulite  ^  luy 
repartit  de  la  forte.  Parce  que 
tu  m  as vcu, Thomas,  tuasenfin 
creaatesyeux^  &leurasplusde- 


lefus  ChriB  felon  S.  lean.     88/  Ch.  zo^ 
fere  qu'atant  d'enfeigncmens  dc 
la  Parole  dc  Dieu^a  tant  de  propos 
que  ic  vous  ay  cy  deuant  tcnus  a 
tous ,  &  au  remoignage  de  tcs 
frcres.  A  la  vcrite  encore  vaut-iF 
mieux  s  cftrc  laiflTe  perfuadcr  dc 
cette  facjon-Ia,  qued'auoirtouf- 
jours  rcfifte.  Mais  fcjaches  que 
CGUx  la  font  plus  digncs  deloii- 
angc  &  de  rccommandation,  qui 
fans  eftre  aides  du  temoignagedc 
leurs  yeux  ny  de  leurs  autres  fens 
corporels,  re^oiucnt  cette  falu- 
taire  verite  a  caufe  des  argumens 
dont  ie  viensdetefaire  mention, 
quiferapportent  a  Tintelligence. 
Parceque  das  Ics  chofcs  qui  ne  sot 
point  fouftenues  d  autres  rairos,&  . 
qui  cofiftenten  certains  faitsqui 
ontquelque  etrangete,  ilnefaut 
pas  croiredeleger,  Niais  en  celles 
dont  Ics  oracles  des  Prophetes  ont 
aducrti:,  &  que  mes  propos  ont 


Ch.  i6>  886  ^araphraje  (ur  t Euangik  ie 

tantdefois  confirmees,  &dontfr 

confentemcnt  &  le  rapport  de 

tant  de  pcrfonncs  attcftc  ,  ne  fe 

laiflfer  vaincre  finon  a  la  depofi- 

tion  dc  fcs  ftns  ^  eft  vnc  marque 

liVnc  grande  obftination  en  Ta- 

itfHsi^aujTt  ^^-  Tek  furent  les  propos  que 

^/«/7.«»^«.  noftrcSeiencurtinra  Tomas,  & 

u  pre/ence   qui  OHC  dcu  eltre  rapportes  a  la 

fUs.ufqueis  luite  de  cette  diume  hiltoire.  Ic 

»e  font  Point  -  . 

*/mfi  i»  ^/pourrois    encore  icy    raconter 
bm€,        grande  quantite  d*autres  chofes 
miriculeufes  que  Icfus  a  faitesen' 
la  prefence  dcfcs  Difciples  parti- 
culiers  :  mais  aprcs  en  auoir  tant 
rapporte  qu  il  a  faites  deuant  tout 
le  peuple  ,  il  me  fuffit  d*en  re- 
citer feulement  quelques  vnes  dc 
cclles  que  fes  feuls  Difciples  ont 
veues,  en  paflfant  en  cc  liure-cy 
*•  .5^-    touteslesautresfous  filcnce.  Car 
chojesfomi.  auffi  n'eil-ii  pas  necclTaire   d*en 
quevo^a^l  remplir  cet  abbregede  fa  vie* 


vou:  ayes  via 


I  ejus  Chriji  felon  S.  lean.    887  Ch'.  zol 
Mais  Ics  chofesqui  y  font  ecritcs,  ^^,  ^,^«,  ,^ 
commeellesontcfte  ecritcs  afin,  ^'^^  ^' 
o  hommcs  entre  les  mams  dc  qui  ^«*»  ^^^ya^ 
ce  Imrc  tombera  ^   que    vous^^,^ 
croyies  que  lefus,  le  Fils  de  Marie, 
eft  le  Chnft  que  les  Prophetcs 
auoknt  promis,  &  qu  encroyant 
en  fon  Norn  vous  obtcnies  par 
luy  falut  &  vie  eterncllc;  aufli  font 
elles  fuffi  (antes  pour  feruir  de  fon- 
dement  a  voftrc  foy,&  pour  vous 
amener  a  la  pofTcffion  de  lim- 
morcalite  gloricufc. 

CHAPITRE  XXI. 

Efurent  la  les  apparitions     f*  i. 
par    Icfquelles   Icfas    fc  ufmfeZn^ 
manifcfta  clairemeRt  li^r^f^^^f 
fesDifciplescnIerufalcm  aprcsfa  ^^  Tyberta-* 
rcfutrcdion.  Depuis^  ilfc  maai;-;/^^^/;^/;.' 


Cfia.2i^88a   Para^hmfeJurl\Euangle  ih^  ' 

fefta  encore  vne  autre  fois  pres  de 

la  mer  de  Tiberias  en  Galilee,ou  il 

auoic  faitannonccr  afesDitciplcs 

quilalloit,  &Te  ficvoircn  cette 

Simon  I'hf.  force.   Simon  Pierre  &:  Thomas 

:.^,^%^PF11^  Didyme,  celuy  dontil  a 

duDiiyme^^^^  oarle  cy  deuant,  &:  Natha- 

n^ei  qm  k  nael  ^  qui  eltoit  de  Gana  de  Ga- 

n^  de  G^u  liiee,  ou  lelus  auoit  rait  le  pre- 

tse,sie>^ii  j^jgj.  lYiij^acle  en  conucrtiflant 

6^dtHXP.H^  1  eau  en  vin  j&lesfilsdeZebedee, 

tr  lice  dtf-  ^  f,  .     _  _    _  ^       , 

af;ies^roie?ft  a  i^auoir  lacqucs  &Iean,  &  deux 
'^''''*  autres  des  Difciples  de  lefus 
eftoient  enfemblc  ,  attendans  le 
temps  auquci  il  piairoit  au  Sei- 
gneur d'executer  ce  qu  il  leur 
auoit  promis.  Car  il  ne fe  tenoit 
plus  ordmairement  auec  eux, 
comme  il  faifoit  auparauanr^ 
mais  apparoiiToit  tantoft  icy 
tancoft  la,  pour  ne  leur  laifTer  au- 
cune  doute  de  fa  rcfurredion, 
iufquace  queles  enayantpieine- 


1' :  'lefus  Chrift  felon  5.  lean.    W  Clia.  in 
mtnt  certifies,  il  fe  retiraft  vers 
Ibn  Pere.  Come  done  ilscftoient  sir^^on^pur- 
xn  cet  eftat , Simon  Pierre  ,  qui  -f-j-^ 
n  auoit  pas  encore  abtolument  'f:*^  ^^  ^^^^ 
abandonne  le  meliier  qua  tyi- y^uomaug 
cr<^oitauant  la  vocation,  &  c\\yi  pamrent^^ 
depuis  que  lefus  ies  auoit  laif-  '^^''ll'^lJ^, 
fes/auoit  cu  quelquesfois  befoirl  6*  nepin> 
de  k  {)ratiquer  pour  rournir  a  cene  nmS: 
fa  nourricure,  dit  a  fes  coinpa-  '"** 
gnons  ;  le  m'cnvais  pefclier.  Et 
cux ,  qui  n'auoient  autre  chofe  a 
"faire  pour  lors,  &  qui  n  auoient 
pas  d  ailleufs  plus  de  moyen  dc 
iiibfifter  que  luy^,  luy  repondirent 
incontinent  *,  Nous  y  allons  aufli 
'^uec  toy,  &  tetiendrons  compa- 
gnie.  Ilspartircnt  donc,&  mon- 
terent   dans  vnc   naflelle  quils 
auoient  a  eux  toutc  prcfte ,  &:  fc 
mircnt  a  ietter  Ics  rets.  Ceftoit 
lacouftume  de  lefus,  pendant  le 
temps  de  fa  conuerfation  aucc  fes 


Cha.  2u  890  Pamphrajc  fur  I'Etungile  de  p 
Difciplcsjdc  prendre  occafion  des 
chofes  prerentcs^  pour  Icur  don- 
ncr  fes  inftrudtions  ;  &  bien  que 
depuis  fa  refurredion  il  changea 
lOEConotnie  de  fa  conduite  en 
diuerfes  chofes,  parce  cju'clle  ne 
conuenoit  plus  a  Teftat  auquel  il 
fe  trouuoit,  ii  cft-ce  qu'cn  cette 
occurrence  il  continua  encore  de 
leurdonnerdiuers  enfeignemens 
a  rpccafipn  de  cette  action.  Il 
4eur  auoit  dit  autrefois  qu'il  les 
vpuloit  faire  pefchcurs  dliom- 
tnesviuans,  accomparantlc  fruit 
deleur  ^poftolat  en  la  conuer- 
fiondes  hommesa  fon  Euangile, 
aux  fon^ions  de  leur  mcftier 
quand  ellcs  auoient  vn  bon  fuc- 
ces.  Afin  donque  de  leur  eii- 
feigner,  que  qui  entrcprendroit 
Fexcrcice  dc  TApoftoIat  fans  (a 
vocation  tres-exprcffe ,  ny  reiiP 
firoit  aucuaement,  mais  que^de 


,   leJusChriflfitonS.Ieanl    t9iCh£u. 
ceux  qui  rcxcrccrpicnt  par  fon 
comtnandcment  ,  il   accompa- 
gncroit  Ic  minift^rc  dVnc  admi- 
rable eflScace ,  il  gouuerna  tcllc- 
ip,ent  cetre  pefclic  par  fa  Proui- 
dence,  qu'ils  en  pouuoienc  aife- 
ment  titer  cette  lec^on.   Car  s  c- 
ftans  mis  a  pefcher  de  Icur  mou- 
uement ,  ils   trauaillerenc  route 
cette  nuit-la  fans  rien  prendre.     .,     . 
Maisle  matin  eftantvenu,  com-  ualstema-^ 
me  lis  eltoicnt  encore  lur  la  mer,  /mfetroua^ 
lefusfe  trouua  furleriuage,com-  iJ^f^^Z 
me  s'il  euft  voulu  leur  donnera  ^'^"'^^^' "^ 
entendre  qu  il  elloit  dcformais  toint^t^eti- 
quant  a  Juy  fur  le  ferme  apres  fa  *"^      ' 
refurreAion,&  qu*iIneferoitpIus 
fuiet  a  aucunes    agitations ;  au 
lieu  que  pour  cux  ils  auroient  a 
fouffrir  diucrfes  tcmpeftes  de  per- 
fccutions  en  1  cxercice  de  Icurs 
charges,  Ncantmoins  les    Dif- 
ciples  nc  peurexit  point  encore  a 


^'^s 
Nm 


Cha.ii.  8^1    n^arafhrafe  Jurl'Euagile  de 
Cc  moment  lirer  cettc  inftrudion 
de  (a  ptefcncc,  parce  qu*ils  ne 
P   y.     connurcrit  point  que  c*eftoit  Ic- 

huJdit'^Enl  ^^^°  lis  n'eftoient  point  pourtant 
fam  auSs   fi  eloiMes  du  riuaec  ,  qu'ils  nc 
^e  chofi    pculientparlcrlesvns  autres;tel- 
P'  i^luy  lementque  lefus  leurdir,  Enfans, 
^fpon^innty  /termedc  priuaute  &defamilia- 
rite,  quileurdeuoit  ramenteuoir 
CO  mnlcnt  il  auoit  parle  a  eux  peu 
dcuant  fa  mortOaues  vou^quel- 
que  cliofe  a  manger  ?  En  pour- 
ries-vous  bien  affifter  ceux  qui 
en  auroient  befoinJCe  qu'il  nc 
difoit  pas  parce  qu'aucune  neceC* 
fite  le  preflfaft  jcar  il  eftoit  dcfoi:- 
mais  exempt  dccesinfirmitesna- 
turelles :  maisafin  de  ks  engager 
aluy  rcfpohdre3&  de  lesamener 
a  cequi  dcuoit  fuiutc  puis  aptcs* 
lis  luy  refpondircntdonc;Non , 
nous  n'en  auons  point,  noftrc 
trauailnous  ayant  tout  a  fait  mal 

fuccede 


7cJHS  Chrifi  felon  S.  learu      ?pj  Chair 
laccede  la  nuit  paflee.  Leur  ba-     ^  ^ 


Et  it  leur 


teaii  cftoit  colloque  de  telle  ft-  ^'>  :^  lene:^ 
^on,qua  prendre,  lelon  la  cou-  tUrohdeu 
Hume ,  la  proue  pour  le  deuant,  :f  t..t 
il  auoit  le  cofte  droit  tourne  vers  "*''"  ^^'  ^* 

I        .  \      n      •     T    r  ^1  ttitt event  doc 

le  riuage  ou  clrcit  lelus,  &  le  gau-  &neiepu. 

hi  4    •  \        1-    f^oient    plus 

e  vers  la  pleine  mer,  ou  lis  tirerpoJru 

auoient  iufques  a  lofs  tafclie  de  T!flijr,m. 

pefclier.  Car  il  y  auoit  apparcncc 

queie  poiflfon  eftoit  pluitoft  de 

Gc  colle  la ,  que  non  pas  au  log  du 

riuage,  vers  lequel  il  y  a  moins 

d*cau  &  moins  dc  profond  pour 

lecontenif/&doii  le  bruit  qui  fc 

fait  fur  terre  a  accouftume  de  le 

clialTer.  Ge  que  noftre  Seigneur 

ne  voulant  pas  laifler  pafler  fans 

cnfeignement,  il  leur  dit:  letted 

le  file  a  eofte  droit  de  voftre  naf- 

felle  en  de(^a,&  vous  y  trouueres 

delapefche  Cequ'ildifoitafinde 

Ics  aduerrir  quen  Texercice  de 

leur  Apoftolat,  que  leur  meftier 

Kkk 


Chaai.  85>4  ^amphrafe  fur  bEuangile  de 

de  pcfcheurs  reprefentoit ,  ils  dc^ 
uoient  toufiours  auoir  le  vifage  & 
Ic  ccEur  tournes  vers  luy^  pour 
dependre  de  fes  ordres,  &  pour  re- 
ceuoir  de  fonaffiftance  Tefficacc 
Scla  vertu  qui  deuoit  rendre  leur 
miniftere  rru<Stucux.  De  plus^^il 
vouloit  qu  ils  en  tirafTcnt  cette  in- 
ftru6tion,  que  comme  ils  n'a- 
uoientrien  pris  au  lieuou  Tappa- 
rence  eftoit  que  la  pefche  fe  ren- 
contreroit    plus    fauorable  j  & 
qu  au  contraire  ils  trouueroient 
beaucoup  a  prendre  oil  ils  ne  iu- 
geoient  pas  auparauailt  qu  il  y 
euft  fujet  de  Tefperer,  leur  Apo- 
ftolat  feroit  prefque  fans  effect 
cnuers  les  luifs  ,qui  par  routes  for- 
tes   de    raifons    deuoient  eftrc 
mieux  prepares  a  la  conuerfion 
&  a  la  foy ,  mais  qu*il  produiroit 
vn  grandfruit  entre  lesautresna- 
tions,  ou  les  chofes  paroiffoicnt  y 


icffis  Chrifl  felon  S.  lean,  SpjCha.^U 
tftre  fi  pcu  difpofees.  lefus  done 
leur  ayanc  donne  ce  commandc- 
ment,  lis  y  obtempercrent  incon-^ 
tmcnt;nonparrefpe£tafa  paro- 
le,car  ils  ne  le  connoiiToient  point 
encore:  mais  parce  queftans  re- 
bates d'vnfilong&:  fi  inutile  tra- 
uail  qti'ils  auoiec  pris de  Tautre  co- 
fte,ils  eftimerent  qu  ils  pouuoient 
bien  encore  faire  ce  coup  de  re 
fur  Taduis  qui  leur  en  eftoic  don^ 
a  quelque  fin  &:  auec  quelque  fuc- 
cesque  ce  peuft  eftre.  Orfe  trou- 
uerent-  ils  bien  eftonnes  quand  ils 
virenc  que  la  chofe  reiiffilToit  au 
dela  de  leur  efperance  &  de  leuir 
imagination,(kque  quand  ils  vou- 
lurenc  ramener  leur  file, ils lefen- 
tircnt  fi  charge  dt  la  multitude 
des  poiflbns  qui  s  y  elloient  pris^ 
qu  ils  ne  pouuoient  le  retirer  dans 
leur  naflelle.  Sur  quoy  ils  curent 
tncorc  cctte  reflexion  a  fairc  auec 
Kkk  a 


Ciia.ii.  85)6    Pardphrafe  furfiEuanpIede 

fc  tempsyqu  en  obci  (Tant  au  com^ 

mandement  du  Seigneur,  &  en 

(uiuant  fa  vocation,  il  faut  tous- 

jOurs  efperer  abondancc  dt  fuc- 

ces  &:  de  bcnedi£tion,  quelque  ap- 

parenre  que  Ton  voye  eftre  au 

pltaJo^ie  contraire.Ceteuenemcnt  leurde- 

di/cfpie  que  yoit egalement doHuer de  Tcfton- 

dita?ietre,  ncmcnt  a  tous,&  leur  faire  con- 

•gneurlsim'6  Hoiftrc  Icut  Maiftrc.    Ec  ncant- 

^oTJltr^l  moins encore  nes'en auiferent-ils 

toit  le  set  pas.iufquesacequeledifcipleque 

gneur  fe  cet    \    ^  .  i        .  i  i    - 

gnit  dc  >  iclus  aunoicparticuliercmentjtai'- 

Zq'Jiuftlv  fant  vne  plus  forte  application 

^d)  &f^  d'efprit  fur  cette  occurence  que 

^'''^'         les  autres,  il  dit  a  P  i  erre,  qui  eft oit 

le  plus  proche  de  luy  :  Aflfcure- 

ment  c'cft  le  Seigneur, &ie  m'e- 

ftonne  que  nous  ne  nous  en  fom- 

mes  apperceus  pluftoft.  A  peine 

cette  parole  eut  elle  efte  pronon- 

cce ,  qu  elle  ouurit  en  vn  moment 

.,  Tefprit  de  Pierre  &  de  fes  compa^ 


''  lefus  Chriji  felon  S.  lean.  897  Gha.2]i^ 
gnons,&  quelle  leur  fit  venir  le. 
defir  de  s'approcKer  pourenuifa- 
ger  lefas  &  pour  le  connoiftrc.  Ex 
commc  Simon  Pierre  cftoic  d  va 
naturcl  prone  &  ardent^  &  que 
d'aiUeurs  il  auoit  touflours  eu ,  & 
auoit  encore  plus  que iamais,de- 
puis  I'accident  qui  luy  eftoit  arri- 
ue,  vne  grande  afte6tion  pour 
fon  Maiftre^toutaufli-toft  quil 
cut  oiiy  que  c  eftoit  le  Seigneur ,  il 
luy  prit  enuie  de  fe  ietter  eala 
mer^  pour  arriucr  ou  lefus  eftoit, 
fans  aucun  retardement.  Mais 
parce  que  s  eftant  eehautte  a  trar- 
uailler^il  s'eftoit  misnu  en  chemi- 
fe  j  ayant  quclque  lionte  de  fc  pre- 
(cnter  dcuant  lefus  en  cet  cftat  ^  il 
pritalahafteleiupponqu'il  auoie 
accouftume  de  mettre  fur  fa  che- 
miCs,  &  s'en  eftant  ccint  fur  les 
reins,  pour  empefcherquefache- 
inife  ne  flottaft  &  ne  le  decouui:i(| 

Kkk  3 


Cha.  ZT.  85>8  Pamphraje  fur  l^Euangile  dt 
par  en  bas,  il  fe  ietta  ainfi  dans 
TeaUy&fe  mit  a  nager  vers  le  ri- 
^tUsautres  uage.  Pour  les  autres  difciples, 
Jnn/lnZ  dautant  quils  n'eftorcnt  ny  fi 
:^S:::  pronts,  ny  fi  bons  nageurs,  & 
fointiomde  que  d'aiikurs  ils  ne  iup-erenr  pas  a 

terre ,  mass     ^  \      \    -  rC       .11  1 

feuiement    proDos  de  lailier  &  le  bateau  &Ie 

enuiro  deux       '  n  l  11  •  1     r* 

€es  cotidees)  re  a  la  mercy  de  la  mer,  lis  Ic  mi- 

^fiuTeTpoiL  ^^^^^ pouffer auec Tauiron k naf- 

/ens.         fellc  Ycrs  le  bord,  dou  ils  ne- 

ftoiec  pas  fort  eIoignes,ma:isd'en- 

uiron  deux  cen^  coudecs  feule-. 

ment  ^  &c  y  tireretit  I^  file  auec  tou^ 

^J,uandiis  ^^  ^^^^  capture.  Quand  ils  furenc 
furent  def  dcfccndus  cH  t^f IC .  &  cu'ils  eu- 

cendtis  enter  ^    r  1 

re.iistjirintxcwt  rcGonnu  leiiis  vn  peu  plus 

^mi]e,  ^^fu  certainement  &de  plus  pres,  ils  fe 

^dlfm6^dl  ^^ouucrent   furpris  de    rencon- 

fam^         tfer   la  de   la    braife    eftertdue 

fur  le  riuage,  &  du  poifldn  mis 

defTus  pour  le  roftir^auec  du  pain 

qui  eftoit  auprcs,  comme  quand 

on  a  delfein  de  fairc  vn  repas;  ^ 


masntenam 


lefus  Chrip  felon  S.  lean.      %99  Cha.ii. 
ils  auoient  fujec  de  s'cn  eftonncr, 
veu  que  lefus  leur  auoit  aupara- 
uant  demande  de  quoy  mangen 
Mais  il  leur  donna  toft  apres  Toe-    le/urLr 
cafion  de  rechercher  &  de  trou-  tpifZf 
uer  rintellieence  de  ce  myfterc.  ^'^^^^^ 
Carcomme  ainfi  loit  qu'ils  n'euf-  /-w* 
fenc  point  encore  tire  leur  pcfclic 
du  file :,il  leur  dit:  La ^  mes  amis, 
tires  a  cctte  heure  les  poiffbns  que 
vous  aues  pris^&  en  apportes  pour 
les  roftir  auec  cettuy-la,  fans  y 
mettreaucune  difference.  Paroles 
par  lefquelles,en  fuiuant  les  traced 
de  fes  enfcignemcnsprecedcnsj  i! 
leur  donnoit  a  entendre,  qu'cntrc 
ceux  qu  il  aupit  cottuertis  par  fa 
predication,  &  ceux  qui  le  de- 
uoient  eftre  par  leur  miniftcre^,  il 
n*y  auroit  point  a  Tauenir  d'autrc 
diftindion,  finon  que  quant  a  loy 
il  en  auoit  peu  amene  a  la  foy^pa?- 
ce  qu  il  n^auoit  prefche  qu  entro^ 

KK4 


Cha.zi.  900  n^araphrafefur  tEuangile  de 
les  luifs  y  nation  obftinee  contrc 
rEuangile^&^bandonee  dcDieu: 
au  Iicu  que  quant  a  eux  ils  auoienc 
^  en  conuertir  vn  merueillcufe- 
rnent  grand  nombre  d'entre  les 
autrts  peuples  de  rvniuers.Neant- 
moins  il  ne  laiffoit  pas  de  leur 
donner  encore  vne  autre  lec^on  a 
recueillir  de  cette  adtion  j  c'eft 
qu*encore  qui!  fembjaft  quvn 
rnelme  miniftere  cxterieur  leur 
fuft  commis,  fa  puifTance a  Texer- 
<:er  eftoit  nierueilleufemcnt  diffe- 
"rente.  Car  luy-mefme  auoit  cree 

^  le  poiiFon  qu  il  auoit  mis  fur  Ic 

brafier,  pour  monftrer  que  c'eft; 
la  vertu  de  TEfprir  qui  cree  la 
foy  dans  les  co^urs,  &  qui  fait  les 
hommes  fiddles.  Au  lieu  que 
quant  a  eux  ilsn'auoient  rien  faic 
finon  pefcher  les  poiflbns  que 
IDieu  auoit  formes  tels^  pour  ii- 
gnifierque  leur  miniftere  deuok 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.     9oi  Cha.ijt. 
cftre  cxtcricur  fculcrpcnt ^ &  qu  ils 
n  auoient  point  la  vcrtu  dc  for- 
mer inteneurcment  la  foy  dans 
lesefpritsdeshommes.  Aufli-toft    f^  U^ 

/  .  /  Simon  Pier" 

que  le  Seigneur  eut  prononce  ce  nmoma  6^ 
commandement,  Simon  Pierre,  uTj'fLi 
qui  auoitle  premier  fait  le  deflein  ^^^ '^^^f  ^^^■- 

11  r  i      r.  ■    1'    -11  '^uantf.trots 

dc  la  peiche^&quid  ailleursmon-  gro.potfons: 
roit  toutiours  quelque  particu-  qu'iiyenei.i; 
liere^rontitude  en  ce  que  leSei-  "^^if^ 
gneur  ordonnoit,  monta  dans  le  ^'** 
bateau 5  &aflifte  qu'il  fut  des  au^ 
treSjil  tira  le  file  hors,&le  trou- 
Via  plei^  de  cent  cinquante-trois 
grands  poifions,  Nom  bre  qui  fuf- 
fifoit  bienpour  monftrer  que  ce 
coup  de  re  ne  s^eftoit  pas  fait  fans 
vn  grand  miracle, mais qui auoit 
outre  cela  quelque  chofc  d  aliego- 
rique  &  de  fublime  en  fa  fignifi- 
cation.  C*eft  que  s'cftant  trouue 
du  temps  de  Salomon  cent  cin- 
quante-trois mille  fix  cens  eftran-^ 


gcrs'  profelytes ,  employes  a  b 
conftru6tion  du  Temple  y  qui 
eftoient  autant  d'eflfais &  de  types 
de  la  vocation  des  Gentils,  la  peC- 
che  de  ces  poiflTons  reprefenunr 
ia  conuerfion  des  Nations^corref- 
pondoit  exa6tementacette  figu- 
re. Car  quant  aux  fix  cens,  parce 
que  c'eft  vnnombre  imparfait:»& 
qui  ne  pouuoit,  comme  chaquc 
mille^cftre  reprefenteparvn  feul 
poifTon^il  n'y  en  a  point  efte  fait 
de  confideration.  Mais  comme  il 
n  arriua  pas  fans  miracle  non  plu5> 
qu  y  ayant  dans  Ic  file  vne  fi  gran- 
dequantite  de  diffcrens  poiflbns^ 
ilne  fe  rompit  point  pourtant> 
parce   qu*ils    ne   fe    debatoient 
'*'      point,  &  que  Dieu  foufleuoit  la 
pefanteur  naturelle    de  chacun 
d  eux ,  pour  ne  faire  point  d  effort 
contre  le  re  qui  les  contenoityauffi 
cela  n  eftoit  pasainC  difpenle  fans 


Jefus  Chrijl  felon  S,  lean.  503  Cha.iir 
quelque  inftru£tion  myfterieufc^ 
Car  il  fignifioit  qu  encore  quily 
ait  naturellemenc  dans  les  hom- 
ines quelque  inclination  a  rcfi-- 
fter  a  cette  vnion  a  laquelle  TE- 
uangile  nous  appelle  tous^  &  quel- 
que humeur  capricieufe  &  con- 
tentieufe,  capable  de  caufer  des 
diflenfions  8c  des  fchifmes^fi  Dieu 
ne  la  corrigcoit  en  nous,  fi  eft-cc 
qu'ildonncvne  telle  vcrtu  a  la  pa- 
role de  la  Predication  ,  qu  elle 
nous  reiinit  tous  en  vn ,  &  que  fi 
quelquesfois  il  arriue  cntre  les  fre- 
res  quelque  emotion^  elle  ne  doit 
pourtant  iamais  venir  afaire  des 
raptures  fcandaleufes,  Ce  n'eftoit     ^'  "• 
pas  inutilement  que  noftre  Sei-  ^^t  .•  vet:^: 
gneur  auoit  voulu  qu  il  y  cuft  du  »«/  yf  res 
poiflTonaroftirfur  cette braife^^  f^t^Z 
dull  auoit  commandeafes  difci-  '''^'''  •  ^' 

1  >  •  f  rr  .       es  tu  r  I  fa-- 

pies  quils  y  en  apportaflent  du  ^w    que 
Icur.  DVn  cofte  il  f^auoit  qu  ils  'gmurl'^''^ 


Clia.  zl.  5)04  Pardphrafe  fur  tEuangile  de 
auoicnt  trauaille  toute  la  nuit, &5 
qu'ils  auoienc  befoin  de  prendro 
quelqucrefedioii:  &il  leurvou- 
loit  monftrer  que  dans  Ics  foa- 
6tions  de  leur  Apoftolat-ils  ira- 
uoient  pas  befoin  de  fe  mettre  en 
peine  des  neccdites  de  leur  viej 
parce  que  kur  Maiftre  y  pour- 
uoiroit,  De  Tautre^  il  vouloit 
continues  de  leur  donner  des 
preuues  bien  conuainquantcs  Sc 
de  la  verire  de  la  refurredlion  de 
fon  corps  J  quand  ils  Ic  verroiens 
manger;  &  de  la  perleucrance  de 
fa  dilection  eauers  eux^en  ce  qu'cn 
ce  grand  cliangementquefamort 
&  rarefurredion  auoiec  apporte 
dans  reconomie  de  cette  iienne 
nouuelle  vie^il  ne  lailToit  pas  dc 
vouloir  prendre  fon  rcpas  auec 
cux  en  (igne  de  communion.  Il 
Icur  ditdoncjVencsicy  mesamis^ 
&:  d^faes^&lcsayantainii  conuies^ 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean,    i^oj  Glia^ziV 
tnacun  d'cux  s  approcha  du  lieu 
ou  leur  nourriture  eftoic  prcpa- 
ree.  Et  plus  ils  s'approclioient  de 
Iuy,&plusiIparloiCacux,pIusfe 
confirmoien  t  lis  en  cctte  creance 
que  ceftoit  luy-mefme.  Ncant- 
moins,  bien  qu  il  n  y  en  euft  pas 
vn  qui  n  euft  bonne  enuie  de  luy 
demander ,  comme  il  fe  fait  en 
femblablcs  occafions,  ou,  Qui  es- 
tu  ?  ou,  N'eft  ce  pas  toy.  Seigneur? 
ou  quelqu  autre  cliofe  fcmblablej 
fi  eft  -  ce  qu'il  n'y  en  eut  pas  vn 
d'entre  les  difciples  qui  l^ofaft  fai- 
re.parce  qu'ilsf^auoientbien  que 
c  eftoit  lefus,  ^  que  s'ils  Teulfent 
fait,  il  eftoit  a  craindrc  quails  ne 
luy  fourniflent  eux-mefmes  Toc- 
cafion  de  lesaccufcr  d'increduli- 
te,  puis  quapres  deux  autres  appa- 
ritions, il  Jcur  auoit  encore  don- 
ne  lors  tant  de  prcuues  de  fa  pre- 
fence.Gommedoncil  Ics  vidainfi    f^J';,^ 


Cha.  II.  ^66    ^araphraje  fur  I'Euagile  de 
^;/T^6'/.r.»^-pcrfuades,  &  quand  &  quaiid 
iLrZ\^u  plci^^sde  veneration  pourJuy^  & 
u&dupoif  tnefmes  touches  de  quelquc  trc- 

fon  JembU'  sn  r       n       t      -        I  r 

biemenu  Hicur  a  lon  alpedt,  il  vmt  luy-mel- 
.  me  au  lieu  ou  ce  repas  eftoitap- 
prefl:4  &c  ayant  pris  du  pain,  il  leur 
en  baillaa  tousj&du  poiflbn  fern- 
blablement,  tant  de  celuy  quil 
auoit  cree,  quede  celuy  qucux^ 
mefmes  auoient  pefche  ;  afin 
que  chacun  d*eux  fuft  aduerty 
qu  encore  que  Dieu  pouruoyc 
par  fa  Prouidence  a  la  nourriturc 
dc  fes  feruiteursjil  eft  iufte  qu  ils 
viuent  auili  des  labeurs  de  leur  mi- 
niftere.  Or  eft  il  aiTe  a  chacun  de 
iuger  quil  en  goufta  aulli  indiffe- 
rcmment,  pour  lescaufesquei'ay 
touchees.Car  il  les  vouloit  pleine- 
ment  afTeurer  delaveritedeTare-. 
furre6tion;  de  quoy  cette  adtion 
de  manger  cftoit  vnepreuuetres^ 
ceflTu  euidente.Etcefutdeiiala  troifie- 


il 


lefus  Chrifi  felon  S.  lean.    907  Cha.ur 
itie  foisquc  Icfusfc  manifcftaau  ,.^;^^^^,v^^^^ 
troupe  dcfesdifciples^ceft  afca-  '"^^"  ^^^ 
uoir  deux  rois  en  Ierulalcm,&  gel-  tra  afes  dif. 
celle-cy  fur  le  bord  de  la  mcr  de  X"  H^fr 
Tiberias )  fans  conter  les  appari-  '^^^f'' 
tions  efquelles  il  s'eftoit  fait  voir 
en  diuers  lieux  a  des  perfonnes 
particuliercs  de  Tvn  &  de  Tautrc 
Cexe.  Tandis  quils  furent  a  pren*    f.  ^: 
dre  leur  repas,  lefus  nc  leur  tint  ^^^^^  ^^'^^ 
pas  grand  propoS:,  afin  de  ne  les  ^'/"^  •*  ^'fi*' 
diuertir  pas  d  vne  action  qui  leuf  pierre.sim^ 
eftoit     abfolumcnc     necelfaire.lwi^:: 
Mais  apres  quails  eurent  difne,  ^^""^   ^7,, 

opportunite  eftant  lors  belle  de  /«y^^^o«j, 
lesenfeigncr,iIs'addre{raaSimon  iT^«^  't 
Pierre  nommement ;  tanc  parce  JZvi 
qu  il  auoit  befoin  d Vne  particu-  *""    "'' 

ere  loitcorredion,  foic  confir- 
mation en  fa  charge  &  en  fon  de- 
uoir;  que  patce  qu  il  eftoit  necef 
faire  qu^elle  luy  fuft  faite  en  lapre- 
Cence  dcsautrcs.Ils  fe  fouuenoicnc 


Cha-.  ih  908   Paraphrdfe  fur  tEuahgilc  de 
dc  ce  que  Pierre  s'eftoit  autrefois 
vante ,  quil  auoit  de  fi  fortes  affe- 
£tions  pour  lefus ,  qu  il  fubiroic 
volontiersJa  mortpourluy^quoy 
quen     le    reniant    incontinent 
apres  iufqu'a  trois  f ois ,  il  s'cftoic 
honteufement  demcnty  luy-me(l 
me.  lefus  auoit  aufli  reconnu  que 
nonobftant  cetre  honteufe  abiu- 
ration  ,  ces  afFedions  s'eftoient 
tellement  reueiUecs  en  luy  ,  que 
mefmes  en  cette  derniere  occa- 
fion  il  s  eftoit  d  ardeur  iette  du  ba- 
teau dans  la  mer,  pour  arriuer  a 
lefus  pluftoft  que  les  autres.  Il  luy 
voulut  done  premiercmentdou- 
cement  reproclicr  &  la  precipira- 
tion  de  fa  vanteriej&lafoiblcflfe 
de  fa  refolution  i  puis  apres  le  con- 
foler  en  luy  donnant  a  connoiftre 
qu  il  auoit  bien  remarque  cette 
derniere  adion  ^  &  qu'clle  luy 
auoit  efte  agreable.  Et  dautant 

que 


lefusChrifl  felon  S\  learu  po^  Chaoir^  ,■ 
que  par  fa  reuoltc  il  auoit  mcrite 
dc  dcchoir  dc  la  dignice  de  T  Apo- 
ftolac  auquelil  auoit  cfte  appelle, 
il  I'y  vouluc  reflablir  en  la  prcfen- 
ce  de  tous ,  d  vnc  manicre  fort  au- 
thetiauc&  fort  folennclle.Cc  qu  il 
fit  en  luy  parlant  dc  cette  facjon. 
Simon  ^fils  de  lona ;  (car  il  auoit 
accouftumc  dc  rappcllcr  ainfi;) 
puis-je  prendre  vn  certafn  argu- 
ment de  tes  adions^  que  tu m  ai- 
mcs  vericablement  plus  que  nc 
font  ceux-cy?  Etendifancccla  il 
fc  tourna  vers  les  autrcs.  A  quoy 
Pierre  refpbndit  d  vnc  faconqui 
meritcd*eftre  pefee.  Car  fa  con- 
fcience  luyrendant  tefmoignagc 
quil  auoit  Icfus  danslecoeur^  & 
cftat  bieaife  que  nbftre Seigneur 
euft  cette  opinion  de  luy ,  &c  qu'il 
luyprefentaftroccafion  dele  luy 
attefter  de  bonne  forte^il  refpodit 
tout  aulTutoftj  Oiiy  vraymcnt^ 
""  ^^  Lli 


21.910    ParaphrafeJurl^Euangilede 
Seigneur.  Et  ncantmoins,  parce 
queChrift  auoit  fait  comparai- 
fon  de  luyauec  fes  compagnons, 
&  <qu  outre  que  s'il  fc  faftprefere 
a  eux ,  cela  cuft  cu  quelque  chofe 
d'odieux^  il  (e  fouuenoit  bien  que 
fa  prefomption   en   cet  egard, 
auoit  ellc  rudcmet  chaftiee  il  n'y 
auoit  que  fort  peu  de  temps,  il 
adoucit  fa  refponfe  en  ad jouftant; 
Tu  fqais  que  le  t'aime  j  fe  conten- 
tant  d'affeurer  dc  la  fincerite  &  de 
la  vehemence  de  fa  dilcdion,  & 
nc  voulantpas  qu  on  creuft  qu  il 
s'auantageaft     orgueillcufement 
par  delTus  lesautrcs.  Ce  quelefus 
ayant  eu  agre,  remunera  miferi- 
cordieufement  &  fon  amour  &  fa 
modcftie,  enluy  difant.  Pais  mes 
aigneaux^  commcsllluyeuftdit, 
que  puis  quil  Tafleuroit  ainfi  de 
fon  affedion ,  il  luy  redonnoit  la 
charge  de  Pafteurdefesbrebis^dc 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     9ii  Clia.ili 
iaquclle  il  s'eftoitpriue  luy-mef- 
jtne  par  fa  propre  fautc.    Outre  la     ffi^^'^if. 
difcretion  done  Pierre  auoit  vfe  ^^ccresdere^ 

r        f  r  r  chef  .Simon- 

en  la  reponle  ,  en  ne  le    pre-  nu  de  un^ 

erant  point  a  les  compagnons^  ,/  z^^  ^,v, 

dequoy  lefus  cftoit  dcmcuie  fa-  ^''^  •  '^''''■ 

tisfait  ,  Ic  Sci2;neur   auoit   en-  /p^^  ^«^  '> 

I     .p  ,  /  aime  :    il 

core    pris   plailir    en  ce    qu  en  luy  dit  en- 
lay  difanc .  Tu  f^ais  qu«  ie  t'ai-  :^Xtr 
me  ,    il   Tauoic    appelle  a    tcf- 
moin   de  la  verite  de    Tamour 
quilluy  porcoit^  aduoUant  ainfi 
que  Icfus  le  connoiffoit  encore 
mieux  quil  ne    fe   connoiflfoic 
foy-mefme.    Ce  qu'il    auoit  au~ 
parauant  cxperimente  ,   quand 
a  l*hcure  qu  il  fe  croyoit  eftre  bien 
fermedebout,  Icfus  luy  auoit  (i 
ccrtainementpreditfacheute.  Ec 
neanrmoins  cilimant  qu'il  cftoit 
neceflfaiire  de  Ic  luy  faire  rcpcrer/ 
,  tanta  caufe  dcluy ,  que  pour  la- 

I;  rnour  des  autres  Difciplcs,  qui 
Lll     2. 


Cba.ii.  5>i2.  Paraphrafe  fur  I* Euangtle  de 
auoient  befoin  de  prendre  gard^ 
acette  lc(jon,  illuy  demanda  de- 
rechcf ,  Simon  ,  fils  de  lona^ 
m'aimcs-tu  ?  PuiCje  tenir  la  pro- 
teftation  que  tu  viens  de  m'en 
faire,  pour  veritable  ?  A  quoy 
Pierre  ayanc  incontinent  reparti 
comme  il  auoit  fait  auparauarit; 
Ouivrayment:,  Seigneur;  tu  fcjais  j 
que  ie  t'ainie,  ilen  rapporta  auffi 
comme  a  Tautrefois  pour  remu- 
neration ^  vn  fecond  rcftabliflfe- 
ment  dans  la  pofleiTion  de  fa  char- 
ge. Car  lefus  luy  repondit  fans 
f*  17'     tarder  ,  Pais  mes  brebis.    Et  a 

£t  il  luy  dit  r\  ^     •  .  '1 

fourutroi.  noftre  Seigneur,  qui  voyoit  le 
itonfitje  fonddu  coeur  de  ce  pcrfonnage, 
Ursa  mat,  ^  ^  [q^  autrcs  Dlfciples  y  qui 
re  fnt  con-  lauoicntouy  par  deux  tois,  cela 
;.^/  /J  Z  fans  doutc  fuflifoit ,  fi  noftre  Sci- 
uoi^dupou^  gneur  n  euft  cu  de  bonnes  raifons 

Utrotjtejme   ^        ,       ,         ^   .  I 

fms,  M'm^  de  le  luy  raire  rcpeter  pour  la 
g«e/  '^  i^y  troilieme.    Mais  li  vouloic  a  vn 


I 


lefus  Chrifl  felon  S.  lean.     91}  Cha.iK 
cofte  egaler  Ic  nombre  dcs  eon-  dit.seigmur 
fefTionsde  Pierre,  au  nombre  de  ;:',^^^^7^' 
fes  abiurations ,  afin  d  y  propor-  //^"  ?«*  «> 
tionner  aulh  le  nombre  des  de-  >  luy  dit: 
clarations  qu'il  luy  vouloit  faire  f^v'""^'  '"^ 
de  fon  rcftabliflement  ;  &   dc 
Tautre  il  eftimoit  qu'il  luy  falloit 
faire    vn  peu   plus  fcntir  quil 
n'auoic  fait  iufqiics  a  lors ,  la  fautc 
qu  il  auoit  autrefois  commife.  Il 
luy  dit  done  pour  la  troifiemc 
fois ,  Simon,  fils  dc  lona ,  m'ai- 
meS'tu  ?  m'cn  dois-je  affeurer  en 
tcs  paroles  ?  Alorsla  ioye  que 
Pierre  auoiteuede  cette  interro- 
gation au  commencement ,  fe 
tourna  en  trifteflc,  quand  il  la  vid 
fi  fouuent  reiteree.  Parce  qu'il 
creutquc  lefus  luy  vouloit  tacitc- 
ment  reprocber  qu  il  nc  I'auoit 
pas  aimc  autrefoisjcncore  qu*il  s  e 
vantaft,  &  quil  luy  temoignoit 
par  la  que  la  fidelite  de  fes  pro- 

Lll   3 


Cha.  II.  5)14  ^araphrafcfur  tEuangile  de 
teftations  luy  deuoit  cftre  fuf- 
pc6te.  Il  perfeuera  done  a  luy  af- 
'  feurer  qu  il  raimoic  ,  parcc  que 
c'eftoit  la  verite:  mais  il  adjouta 
quelque  chofc  a  fa  precedence 
protcftation  pour  la  confirmer 
dauantagc.  Sil  euft  eu  a  faire  a  vn 
autre  qu'a  luy  ,  il  ne  luy  reftoit 
plus,  apres  fes  confeffions  &  fes 
proteftarions  fi  exprefies,  finon 
de  le  prier  de  confiderer  Tardeur 
auec  laquell?  il  venoit  rout  fraif- 
chcment  de  fc  ietter  en  la  mer 
pour  Taller  trouuer ;  &  de  luy 
promettre  encore  pour  Tauenir 
des  preuues  de  Ton  affr:6tion  dans 
des  occafions  &  des  actions  plus 
confiderables  &  plus  perilleufes. 
Maisil  luy  vouluttemoignerqu'il 
auoit  cette  opinion  de  luy  &  de  la 
toute-fciencedefa  Diuinite,qu'il 
n  etoit  mcfmes  pas  befoin  d  auoir 
recours  aux  adions  pour  la  luy 


Iefu$  Chrijl  felon  S.  lean.  8lj  Cha.il. 
prouucr,  puis  qu'il  n  y  auoitrien 
qui  luy  full  cache,  &  qu  ilvoyoit 
iufquesdans  lefond.dc  Ton  amc. 
II  luy  rcfpondic  done  aucc  emo- 
tion ;  Seigneur,  pourquoym'en 
interroges-ru  fi  fouuent,  &qu'efl: 
il  befoin  que  ie te  le  confimie  da- 
uantagc  ?  Tu  connois  toures 
chofes,  Seigneur,  &  tu  f<jais  ccrtai- 
nement  que  ie  t'aime:  tcUcmcnt 
que  ie  ne  t'en  allegueray  point 
d  autre  tenioignagefinon  la  con- 
noiflance  que  tu  en  as.  Et  lors 
lefus  voyant  que  fes  paroles 
auoient  fait  Tcffcdt  qu*il  voulovt, 
&  que  dailleurs  Pierre  Tauoit 
deformais  autant  de  fois  confef- 
fe,  commeil  Tauoit  renie  aupa- 
rauant,illuyditpourIa  dernierc 
fois.  Pais  mes  brebis ;  &  luy  re- 
donna  ainfi  la  derniere  impref- 
fion  du  caraderede  TApoftolat, 
dVne  maniere   incffa^able.    Or 

Lll  4    . 


Gha.  %i.  9i6    Taraphrafe  furhEuagik  de 

^   ^8.    noftrc  Seigneur  auoit  bien  apr 
SKverhe.en  perceu  daiis  la  pcnfee  de  ce  fiea 
dy^quandtfi  Dilciple  y  qu'il  raifoic  quelquc  re- 
ne.tHteeei   ncxion  lur  cette  preuue  de  ion 
un^'^^'ll  amour qu'ilvcnoitdeluy  donner 
-voMu'wais  en  fe  iettant  dans  la  mer,&:  qu'il 
fas  ancien ,  auoitcu  quclque  peinc  a  Ic  rctenir 
usm^im.^  deluyen  promettre  encore  pour 
'^ndZ'!^  i'^^cj^i^^  q^i  feroicnttout  autres 
tenjener^ok  quc  les  precedentcs.  Maisilauoic 
drcuftu,     aulli  r.econnu  que  la  louuenancc 
de  la  faute  parfee  Ten  auoit  en 
partieempefche,  tantacaufedu 
fentimcnt  qu  il  auoit  de  fa  propre 
infirmite^  que  parce  qu'il  auoit 
pcur  que  Ie{us  ne  la  luy  obje£taftj 
foitouuerrement,  outacitcment, 
s'il  fe  vantoit  de  quelque  chofe  en 
faprefence.  Deladocilpritocca- 
fion  de  Taduertir  des  foufFrances 
qui  deuoient  accompagner  fon 
Apoftolat^&mefmcsde  laflcurer 
qu'il  JafTifteroit  tellemcnt  dc  la 


lefus  Chrifl  felon  S.  han.    9I7  Cha.zi! 
vcrtu  de  fon  Efprit ,  qu*il  en  para- 
chcucroit  la  courfc  aucc  vnc  in- 
uinciblc  perfcuerance.   De  forte 
qu'ilne  fetrouucroitpastrompe:, 
comme  il  auoit  fait  auparauanr, 
dans  la  bonne  opinion  qu*il auoit 
dcsmouuemens  defon  coeur,  & 
de  Taffcdion  qu  il  portoit  a  fon 
Seigneur^  parcequ'il  le  fouftien- 
droit  de  fa  main  au   milieu  de 
toutes  tentations,  pour  ne  le  laif- 
feriamais  fuccomberalafoiblef- 
fe  de  la  chair  dans  les  epreuues  les 
plus  rigourcufcs.   Et  il  luy  tint 
vn  propos  qui  fcruoit admirable- 
ment  a  cet  effed ,  &  qui  aueccela 
contenoit  de  trcs-belJes  allufions 
a  toutes  les  cliofes  preccdentes.  Ic 
ne  te  rcdonne  pas,  luy  dir-jil,  la 
charge  de  paiftre  mcsbrebis :,  en 
leurannon^antla  parole  de  mon 
Euangik  3  &  en  les  gouuernant 
cammc  d  vne  houlettc  par  Tau- 


Cha.  lu  piS    Paraphraje  fur tEuangile  Je 

torite  de  TApoftolat ,  fans  y  at- 
tachcr  vne  condition  difficile  a 
cxecutcr,  fionen  faitcomparai- 
fon  aucc  Tinfirmite  de  voftrc  na- 
ture. Mais  neantmoins  ic  te  dis 
en  veritCo&tudois  tenir  ma  pa^ 
role  plus  certaine  que  ne  font  tous 
lesiure mens,  que  tu  t*en  acquit- 
teras  fidelement.  Quandtucftois 
ieunc,  tu  te  ceigaois  a  ta  volonte, 
comme  tu  as  encore  nagueresfaitj 
tualloisou  bontcrembloit,com- 
me  q  a  nagueres  encore  cfte  de  ton 
pur  &fimple  mouucmentque  de 
ton  bateau  tu  t'es  mis  a  venira 
nage  versle  riuage.  Auffina-til 
pas  efte  iufqu'a  maintenant  con- 
ucnable  que  ie  t'expofafle  a  des 
chofes  ou  il  falluft  que  tu  appor- 
taffes  aucune  notable  contrainte 
a  tes  inclinations  naturelles ,  &  au 
defir  que  tousles hommes  ont  de 
leur  proprc  conferuation.    Toy 


teftis  Chrijl  felon  S.  lean.  5)i9  Clia.  th 
jnefme  fqais  que  rexpcriencc  a 
jnonftre  que  tu  n'en  cftois  pas 
encore  capable.  Mais  quand 
ayantreccude  moy  la  participa- 
tion demonEfpriCy&ayantpafle 
vnlong  tempsdanslesfoncStions 
de  la  charge  que  ie  te  commets,  tu 
feras  dcuenu  ancien ,  &  que  tu  fe- 
rasrendupropreaconfirmcr  au- 
tentiquementmaverite,  alorstu 
etendras  tes  mains,  non  pas  com- 
me  tu  faifois  tantoft  dans  Teau  en 
nageant  5  mais  dans  Tair^en  vne 
beaucoup  plus  fafchcufe  occa- 
fion  ;  &  vn  autre  que  toy  te  cein  - 
dra;nonpascomme  tu  t*es  ceint 
roy-mefme  dc  ton  iuppon;  mais 
comme  on  fait  ceux  que  Ion  lie 
au  bois  par  le  faux  du  corps  j  &c 
ainfion  temenera  laou  toy  mci- 
me  tu  n*irois  iamais ,  (i  tes  mou- 
uemens  eftoient  abfulument  re- 
mis  aux  inclinations  Je  ta  nature* 


Clia.  2.1.  pto   Pardphrajc  fur  tEuangite  ie 
:Et^cludit^  Etiefus  difoit  cela  vn  pcuobfcu- 
iuftgnifi^nt  rement  a  la  verite,  parce  quil 
wort  it  de-  auoic  accoultume  de    dilpcnlcr 
itig^;  ainfi  a  fes  Difciples  k  reuclation 
iieutdtcce^  descuenemens  avcnir,  principa- 
^uy  my.     lemec  quand  ils  les  mena^oicnt  de 
quelques  fafchcufes  fouffrances, 
bL  dont  ils  n'eftoient  pas  encore 
fort  capables  de  fouftcnir  I'ap- 
prchenfion.  Mais  c  eftoit  en  telle 
facon  pourtant  qu'il  n'eftoit  pas 
difficile  ny  a  ce  (ien  Difciple  ny 
aux  autres,  de  recueillir  de  ces  pa- 
roles, qui!  luy  vouloit  fignificr 
cette  forte  de  raortqu'onappellc 
crucifixion^,  dont  il  dcuoit  quel- 
que  iour  glorificrDieu  ,  en  ren- 
dant  ainii  hautement  vn  excel- 
lent temoignageala  veritcdefon 
Euangile.  Quand  done  Icfus  luy 
cut  tenu  ce  propos,  il  partit  du 
Heu  ou  il  eftoit ,  &  en  commen- 
^ant  a  s'achemincr.il  dit  a  Pierre, 


Icjus  Christ  felon  S.  lean.    9tl  Cha.  zu 
Sui  moy  J  comme  s'il  euft  voula 
fairc  vn  commentaire  a  fon  dif- 
cours  precedent ,  &  donncr  a  en- 
tendre a  fon  feruiceurjCju  i!  dcuoic 
fe  propofer  do  Ic  fuiure  en  por- 
tant  fa  croix,&:  d  eftre  rendu  con- 
forme  a  luy  par  rimication  de  les 
fouffranccs.    Or  ainfi  que  Pierre  p^tV.^T^. 
marchoic  aprcs  lefus,  il  entendit  '^«^«^>'^^"^ 
quclquc  chofe  dcrricre  luy,  &  fc  ^f^eiejJsttl 
retournant  il  vid  que  c'eftoic  Ic  ZlX^ 
Difciple  que  lefus  aimoit.  qui  ;f  ,f>^ 
fuiuoif,ccluy  la^di  le^quiauder-  >«/*/''»•  M 
nier  iouper  que  lelus  auoic  rait  d>cfiuy ,  ^ 
auec  (es  Difi:iples,  sVftcit  encli-  ^;^:^$ 
ne  furreftomach  defonMaiftre.  '"J"*^  K'^ 
dont  il  citoir  plus  prcchc  qu  au- 
cun3&  qui  luy  auoic  dcmade.  Sei- 
gneur, qui  ell:  ccluy  a  qui  il  ad- 
uiendra  de  ce  trahir?  Quand  done  ^LJL. 
Pierre  le  vid,illuy  vine  en  Tefpric  S^^t^^t 
que  comme  le  Seigneur  aimoit  ce  llT""*"'  ^ 
Difciplcparticuliercmcnt^ce  Dif-.  'w^''^ ' 


Cha.il.5ii  n^draphrafe  furl'EuangiUde 

cipleauoit  aufli  reciproqucment 
des  affeitions  fore  ardentes  ic 
prefquc  toutes  parciculieres  pour 
fon  Maiftre.  Parc^c  done  qu'il 
creuc  que  des  proteftations  qu'il 
auoit  fai  tes  a  lefus  qu'il  raimoit,& 
dutemoignage  qu'il  auoit  tafche 
dc  luy  en  donner  en  ne  craignant 
point  de  fe  ietter  en  la  mcrpour 
Taller  trouuer,  il  auoit  pris  occa- 
fionde  luypredircce  qui  luy  de- 
uoit  arriuer  ,  &  de  quelle  mort  il 
deuoit  mourir^  &  mefmcs  de  luy 
commander  de  le  fuiure  ,  il  creut 
qu  il  y  pourroit  bien  auoir  qucl- 
que  chofe  de  femblable  prepare 
pour  fon  compagnon.  C'eft 
pourquoy  delireux  de  fcjauoir  cc 
qui  en  eftoit,  il  s'addrefTa  a  lefus^ 
&luydit;  Et  celuy-cy^,  Seigneur^ 
.  xt:  q^<^y  •  ^c  quelle  fa^on  finira-  t-il 
Ufuiiuydit,  fonApoftolar&favie?  Alors  le- 
e^HiiMmati'  lus,  quirequeroitcnlcsDilcipIes 


lefus  Chrijl  felon  S.  lean.  5)2.3  Cha.zi. 
robeiflfance, &  nonpasla  curio-  ^,  i„f^„,^  ^ 
(Ice,  &  qui  fur  toutes  chofes  vou-  ^''.f  ^**',^ 
loit  enfeigner  aux  Miniftrcs  de  mtuaf^utM 
fonEuangile,  dont  fcs  Apoftrcs  ^''^'^'*^^^^ 
deuoicnceftrccommcicspatrons^ 
a  ne  ricn  entrcprendrelesvns  fur  . 
Icsautrcs  ,  &  a  regardera  eux&a 
Icur  deuoir  feulement,  il  luy  re- 
pondicenccstcrmes.  Ccflamoy 
adifpofcr  deluy,  &  de  toy,com- 
mc  ie  veux.    Ceft  a  moy  a  vous 
afligner  le  temps  de  la  durec  dc 
voitre  vie  ,  &  des  fondions  dc 
voftre  Apoftolatj&  a  vous  en  de- 
finir  le  tcrme.    Si  done  ceftoic 
mon  intention  qu'il  demeuraft 
iufqu  a  rant  cjue  ie  retourne    a 
vous,  commeic  vous Tay  promis^ 
quenas-tua  faire  \  Eft-ce  chofe 
qui  te  concerne  en  quclque  fa^on^ 
que  tu  t'en  mets  ainfi  en  peine  ? 
Regarde  feulemcnta  ccquieftde 
toyj&  en  me  fumant  cofnme  ie  te 


Cha.lL  5;2,4  Taraphrap  Jur  I'Euangifc  de 

Tay  ordonne,  lailFe  moy  le  foin  dc 

' ^   ^      tous  les  autrcs.    Or  comme  les 

orc^tte^^  Difciplcis  eftoient  bien  foieneux 

rote    courut     ,  •  1 1  •  I  i  i 

tmreUsfre  clc  rccucillir  toutcs  les  paroles  de 
'alf4u^u  noftrc  Seigneur,  mais  n'auoient 
ZnTTot^  pourcanc  pas  efte  iufques  a  lors  ex- 
fesfois  lefus  tremcment  Iieureux  a  Icur  donnct 

ne  luy  anott   r*        l         i  1        • 

^oi?u  du.,ii  lur  le  champ  des  interpretations 
pm^mll^,  conuenables,  il  leur  arnua  ericorc 
St  te  -venx  jefc  mcprendrc  en  ecllc  \h  Car 
te  if4fqHvs^  ilscreurcnt  que  Iclusauoit  voulu 
ne,qH\.nas-  cMt  quc  cc  DiiGiple-lanc  mour- 
itikfmre.    Toit  point,  &  qu'il  fcroit  encore 
trouue  en  vicaTheuredc  fon  fe- 
cond  aducncment.  De  forte  que 
cctte  opinion  s'epandit  fort  en 
lEglife,  &  de  tant  plus  y  fut  elle 
receue   de   beaucoup    de  gcns^ 
quon  ne  croyoit  pas  que  ce  fe- 
cond  aduenementfuftdifferea  fi 
long  temps  commc  il  s'eft  trou- 
ue par  Texperience.  Et  toutesfois 
€c  fut  la  vne  meprife  qui  n'auoit 

pas 


leffis  Chrifi  felon  S.  lean.    91J  Clia.  lU 
pas  grand  fondcmcnto  Car  noftre 
Seigneur  nauoit  pas  ditj  II  ric 
mourra  point*,  cc  qui  prononce  a 
cctte  occafion  ,  cuii  cu  quelqiic 
chofe  de  bicn  precis.  Il  auoit  die 
feulementjSic'eiloJt  mon  inten- 
tion qu  il  demeuraft  iufqu  a  tant 
que  ie  retourne  a  vous,  commc 
ic  le  vous  ay  promis,qu  en  as-tu 
afaire?Geqm  ne  detcrminoit  du 
tout  rien,&  portoitmefmes  en  la 
facon  &  en  lair  dont  lefus  le  pro- 
honcjoitjvnc  afles  manifette  oc- 
cafion  de  iugcr  qu  il  ne  le  difoic 
ainfi  que  pour  rcprimer  aucc  au-     ^  ^ 
tortte  la curiofite  de  Pictreo  Airifi  l^^^'fi^^^  ^if 
laiflTa-t-il  en  fufpens  I'efprit  Ac^rendtefmZ 
ceux  qui  Pecoutoient,  touchant  i^' ^'^7^ 
ce  qui deuoit  arriuer a ce  fien  Dif-  "",  f''l  "^ 
ciplcquilaimoit,&Dien  quil  ait  ^f^'^'^^'  f«* 
eaucbup  plus  vcicu  quelescom-  gnnge  efiui^ 
pagnons  en  lApoftolat,  fi  cft-ce^"'^'^^' 
qu  en  fin  Texpericnce  deuoit  faire 

Mmm 


(pha.iL  5)z^   Paraph  rafejur  lEuangilcde 
voir  que  Clirift  n'auoit  pas  cu 
dcflfcin  dc  dire  qu  oh  nc  vcrroic 
point  la  findefa  vie.  Ceft  ccDif- 
ciple  la  qui  rend  temoignage  dc 
toutcs  les  chofcs  qui  font  compri- 
fcsdanscctabregederiiiftoire  dc 
noftre  Sauueur ,  &  qui  les  a  ecritcs 
dc  fa  main;  ^  p.arce  quilya  cftc 
prefcnt^  &quc  d'ailleurs  tpute  TE- 
glife  f(jait  comment  Dieu  I'a  fa-* 
uorife  des  graces  extraordinaires 
defonEfpritjpour  nc  point  errer 
en  la  verite,  tout  le  mondc  doit 
tenir  fon  temoignage  pour  tres 
iiyitMjp  certain  &   tres -indubitable.  Il 
/r^f'*7^!^/  en  cuft  bien  peuecrire  beaucoup 
%\m^**ht  ^^^^^^^ge  s'il  euft  voulu;  &  h 
^H$iulejidt  c'euft  cfte  fon  dcflfcin  dclaiflfera 
fowi?  en  '  lapoltcnte  tout  cc  qu  li  en  pou- 
\1ntt^n7  "oit  reciter,  iamais  la  matierc 
que  le  ih7ode  n'cuft  manquc  a  fon  hiftoire.Car 

mejme  feufi  _    >-  r*  •        i         -       r        T      1 

tenir  les     Iclus  a  tant  tait  d?  cholcs  dc  la 
Z'lfniloi!,  nature  dc  celles  qui  font  rappot-- 


I^fus  ChriB  felon  S.  lean.  917  Chalili 
tecs  en  cc  liurc  icy,  que  11  dies 
eftoicnt  ecritcs  de  point  en  point 
i^par  Ic  menu,  aucc  tqutesles  cir- 
conftanccs  confidcrablcs  qui  les 
accompagnent ,  ic  nc  penle  pas 
que  le  mbnde  mcfme ,  s'il  eft 
befoiri  dc  parlcr  ainfi,  fuft  afl 
fes  grand  pour  coptenir  les  liurcs 
qu'on  en  poijrroit  faire.Mais  cecy 
{uffit  pour  la  connoiflancc  falu- 
taire  de  la  Vc^ite,lors  qu  il  plai- 
ra  a  Dieu  dy  epandre  la  bene-- 
didion  de  fa  Grace&  la  vertu  dc 
fon  Efprit,  Amen. 

F  I    R 


kRRjfJ. 

P5gci4.  Iignct.lifi5s,lcur,  P.jf  I  ajl  Quicsta? 
P  64  1.1^  I  pour  voas  en  P.yy.l.io.l  cxccuti. 
P  ito  i  1^.  I. que  ce  foifc  P.  lyi.  I  p  1  ellela.  P  iq8. 
I.  II  r.hiis  P.ii}  1. 1<»  I.  vnc  graride.  P.  2,58. 1. 16  h 
aura.P  1^9,1  y,  &  «.l.  plrfcra.  P.iSi.l  8.1  nomm^es. 
P.185.I.J8  I.  refpondrbit.  P.28^.1  9«l  dcpofois  P  ;ij, 
iiSl  connoiflarts  P,  jir.l.io  I  Es-tu.  P.*449.1 1*. 
I.  rcprendrt.  p.  460  1  17. 1.  comme.  P  499  I.4  1  55 
Ics  vns  P  500,1.13  I  troubla  P  501  1  6  1  lempefcha. 
V.J06  1.5  pourcroyant,  1  craignant  P  yii  i.i  I  ccrc- 
moniclles.  P.  yj'  ^-  4-  ^'  o"  «"  employe;  P.  yjy,  i.  ft.  1. 
^qucideIi.P.55^.l.  lo-  ppur  rcnomm6c,  1. rencontre^ 
^•55T1  5-1.  application  d'elprit.P  567  I  8  I  fdit  P  ^74. 
Itzr!  *pattant  P.  586. 1  6  I  eft  il.  P  596  I  10  &  ix« 
i  -prediftion-  P.  6oj  1  itf  eiFac(Js,a(ris  P  605  1  ii« 
l.manquapas«P.6i4  1  10  lay  aim^s  P  607  I  io, 
I.  monftrera  p.  ^i^.  I- u.  1  prens.  p  6?7.1^  1  toutei 
!es  p.  64I.  1.  ij  1  qu'il  nc  p.  648  1  t^$c  t^  1  vjuray, 
j>  6f7  l.i  l.donqucp.  68ytl.  17.1.  fcrcroudte.p  687. 
1.17  I  reudlSes-pt  6»8. 1.  16  1  que  dc  toutcs.  p.<9  4, 
l.xi.1  fur  lequcl  p  7oc»l.ro,l  oc  in'ontpas  tchu.p  701. 
1.  II  l.Voftre  faiut.  p.7ia.l  11  1  malcdidion  p  711. 
I,9l.  n'auanccrricn  p«740  1  9  l-qu'il  leur.  p  7-^8. 
1.  y.l.  icla  Pr75i.l  9.  I.  nc  s'en  eft  p.  7Jj  1  17  l.loi$- 
p.7^0  Ui?.l.coniondure  p. 760  1  16.  efFaci^s,&o 
p. 765.  l.itf.  I  toutesces,  p.778.1  4*1.  iUont  p.  785.!. 
lo.l  &  que  p^op  I  t}  Kconfi  p. 8^*  It  I  d'cnat- 
tendtc.p.88^l.»j  I.  regatd^es.  p. 89*  .1,6.1.  les  vns  aux, 
p»  53i»  ^'^y  apres  le  mot  dc  pourcs,  adjouft^s .  11  y  cii 
aura  dans  mon  £gUlc  en  cous  lieuJE  *  &  en  tou$ 
£emps. 


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