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in 2010 with funding from
University of Ottawa
http://www.archive.org/details/paraphrasedelevaOOamyr
i^
PARAPH KASX
DE
rEvan^tlc ci. law Ckrc/t
JELON v5. IeAN.
Pa-t. M . AMYP.ATT.
U JAVMVJL,
Pour C LA VI>X GtT^A'B.T) , XT
OO^. J)C. XJ.
'./.!/ :/.!
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ADVERTISSEMENT-
/ l^jiuteHT de cctte Piece nen
auoit point dejta mis au jour
ditierjes autre s demefme nature j,
il feroit oblige de rendre icy auelques rai^
fens de fen dejjein , principalement feir
trois chofes, V'vne efe^ qu tiny prepare
point te^rit de fesleSleurspar vn ArgU"
ment general de toutl'Euangite ^ comme
cefl la coufiume de plujieurs en cettefertc
d'ouuragcs. L' autre ., mil employe en la
marge le Tcxtc felon la l^erfion dc Lou-
uain^que chacunfefait auoir fort peud' ele-
gance dans le langage. La troifeeme eji
touchantfa proprefacon de s''exprimerj&'
lamethodequiljuit cnfes Paraphrafes.
A4ais il a declare des ilyafex ou feptans^
dans la Preface cpiil a mife au demntde
tSxpofetion de CSpiji're auxKomains^que
a. ii
A^dvertissementJ
fi Ics Argumens ne feruent qr/a donner
mclqueintrodu^lion a I' intelligence d'vn
Mfcrit^ il les ejlime icy comme abfolument
inutiles. Parce me fi cctte mterprctAtion,
du Texte qtiilentrej>rend:,je trouue bonne
en la UJkntyil ncfipas befoin dj introduire
Ic monde^ d'vne autre f aeon :, ny de j-aire
commeceux quiau hen decontemplerpar
le dedans J la richejfe ^ la magnificence
d^vn Palais ^perdroient le temps a Je pro-
mener dans les aduenues. Et Ji le Texte
nj eflpasbien explique^il efl encore moins
raijonnable & moins a propos , de preue-
nir les ledeurs par desjentimes qui altere-
roient lajtncerite de Icur jugcmcnt^ quand
lis njiendroienta s appliquera laconjidera-
tiondcla chofemefme. Car quant ace qui
ejl de recommander U dignite de la ma^
ticrefur Idquelle on s'ejl exerce jtEuan^
gjlejelon S. lean eft en telle admiration
cntre les Chrejlien^s^ que toute rccomman-
ddtion^ quelle queUejuftjJetrouueroitin-
finimentau dejfous dejon excellence ^de
Advertissement.
Jks loiianges. Pour Ic regard de U tra^
du^lion de Lcmuatn , \ Auteur de cette
Paraphrafe a m'leux dime senfermr icy^
commc ailleurSydautantqucUe a ejlf dref-
fee fur la njerjtonmon nommc f^ulgate^
qtiileujlprefereeen cette acca/ton a toute
autre ^Jinon quelle esl en Latin. Ne fe
propofantdonc nuUement defauorifer, ny
Catholiques ny Reformes jjinon autant
que la njeritelj a oblige j &*Jcachant que
les R^eformes nc trouuent pas grand' chofe
a re dire dans la tranjlation ordinaire des
Catholiques en cetEuangtUy ilacreu que
s'il en njjoit de la forte ^ il gratijieroit les
"vnSy & Yi off enferoit point les autre s^, (^
que par ce moycn il euiteroit pour Jon ou-
urage hauerjion qui naiji desprejuges dont
on eflpreoccupe. Enjin^pour ce qui regar-
dcja methode ^ chacun ffait que la plus
partdes Commentaires interpretenttEP-
criture apeupres commeji chaque paffage
qui sy rencontre^ efloit "vne jcntencc de^
tachee de ce qui precede ^ de ce qui fuif
Advertissement.
T)ans Jcs amns Pamphrafes ^ I'^u-
teur de celle^cy, a monBre que les propos
desjain^s Apojlres s entnticnnent y &
qtiilj/ a le plus fouucnt "vne admimblc-'
mentbeUe fmte entre Iqhys raifonncmens.
En cet ouurage it na pa^sejle fonmaUi-^
fede fuiure la narration de tSuangeliJlc
la OH il raconte les chofes tout a fait
hiftoriquement. iJMais ot4 d rapporte les,
propos de I ejus Chrijlj tl a faliu beau^
coup d' attention a reconnoitre les occa-
Jionsque nojlre Seigneur a cues ^ tantoji
de parlery tantoft de fc taire , tantoft de
dejlourner oh d'elcuer fes rej^onfcs &
Pejj^ritde Jcs audit curs ^ a d'autres chojes
qua celles quefcpropojoicnt ceux qui I'ont
interrogue. ^eji noflre Sdgneur pour-
JuitoH njne matierCy ou vnepriere "vn pen
au long J ilny apoi moins de d^jjiculte
foit a trouuer les jointures des mcmbres
qui la compofentjfoit arcmarquer les en-
droits ou tl n cjl pas necejfaire derecher-
cher des jointures f0 d'objcrucr des liai-
Advertissement,
Jons.Le^ LeBeur jugerx ec^muhlemcnt de
ce quis'cfi icy fait en cet egard^ <& stly
rencontre quelque matiere de fatisfaSlion,
il en donnera la gloire toute enttere a ce~
luy qui eft le Pcre des lumieres ^ I'Au-
teurdc tmtebonne donation. le nediray
rien icy nonplus de I'elocmion de I'Au-
teuren cette Paraphrase , parce que dans
Ics precedentes il a fait profejfton de nj
affeSier autre loiiange quecelle de laclar-
te^ er d'vfer indtfferemment des fa^ons
deparler les plus populaires . Outre Ics au-
tre s raifons qu'il en a, il eft manifefte
far leftile de Saint lean, que cc dtuin
Hiftoricn n'a point recherche la gloire de ■
I' eloquence; ^ dans cc quilnousalaif-
fe desdifcours de noftre Seigneur y il j a
des marques tres-euidentes que cette Sa-
pience du Pcreceleftcriapas dedaigne les
faroles & les phrafes du vulgaire de ce
temps -la. Or il Jeroit cnt iercment hors
d'apparence de raifin , & direSlcment
emtre T intention du Saint EJ^rit ^'qui a,
Ad VERT IS SEME NT.
^ohIu que cet Euangile fkfl compof^auec
tant de Jimflictte^ de tafcher a le reuejUr
dc tcrmes bompeux & magnifiques. le
riay done point icy d* autre adnertijj}—
menta donner ^fnon quejlant arriue di-
ner fes interruptions a timprejjion de ce
liure^quiont efle caufe quit cji tomheen-
tre les mains deplufieurs Compofiteurs ^
ilsy ontfuiui ojne orthographe dtjjeren--
tc^dinfque hon leur a ^emhie^ de la cor-^
re Si ion de quoy on ne s^ eft pas heaucoup
mis en peine, JMais qui pis cflJ'Auteury
qui J vacquoit^en ay ant cjle Jouuentc^
fois diuerty^ par maladie^ par ^voya-
gcSy & par autres diftraSiions^ ily efi
echappe quantite de fautes de toutesfa-
pns ^ d&nt ily en a quelqucs-vnes aj?es
irnport antes. On amis a la Jin du Lmre
^n Errata duquel on fe pourra aider
pour les corriger^ de quoy le Le^eur efi
ajfe^ueufement fupplie , & de fupporter
auec equite ceUes qtion y ^eut auoir oti^
hhees. .
0
■^-^■■^^^^^■^'.m^^'^^
PARAPHRASE
SVR L'EVANGILE Dfi
lESVSCHRISTSELON
SAINCT l£AN.
CHAP IT KE L
Evxqui4irentqueL?LL
cette Diuine Sapien- ^'"""^^^
1 efioit U pit*
cequi a paru de no- ^-^^^ . & i^
hommes,afeulement,%/;j;::!'
commence d'eftre lors quelle s'eft
reueftvie de noftre chair , n one
pas aflezattentiuement confidere
cc que Moyfe en auoit infinue das
le premier chapitredu liure de U
Genefe. Carapresauoir die en ge-
^rajque JDieu crea au commen*
% ^ara^hrafc fur l^Euangite de
cement ie Ciel & la Terre; lors
qu*il vient a parcicularifer plus
cxadement les merueilles de cettc
creation J ilintroduicDieudifanr,
Que la lumicre foit ; & derechel^
^i/ily ait njne kendue cntre les enHX'y
6c ainii confecutiucmcntdc tou-
tcsles aucres chofesquifcprodui-
firent eneftrc. De forte que felon
ie recit que ce Prophete nous en
fait^ Dieu n'a done leftre a aucunc
creature , finon par rcntrcmife
defa Parole. Or outre que la pluf-
part des chofes que Moyfe a laif-
fees par ecrit , & nommement
dans cc liure , ou il nous rapportc
roiigine de 1' Vniuers^font pieincs
defens abftrus . &d'iatcllicrences
iTi} fterieuies , que Ie Saint E(prit
y acoulcesobfcurement auecvne
lageflfe merueilleufe , pour eftrc
puisapres deueloppees parfonaf-
liftance eu la plenitude dcs temps^
fejus Chrifl felon S* lean. 5
tettc narration de la manierc d^
la creation par la parole dc Dieu^
aquelque chofedc fingulier, qui
doit arrcfter Tattention , &c don-
ner cette perfuafion , qu eilc con-
tientquelquemyftere* Ontrouue
bien en diuers cndroits de TEcri-
ture^que Dien a cree routes chofes
par fa parole , & que par le fouflc
de fabouclic les Gieux & la Terrc
ont efte formes. Mais en quelquc
lieu que fc rencontre cette fenten-
cc , les Saints Ecriuains y font tou-^
jours allufion a Thiftoire de laGe-
ncfe, &ne Taffirment de la forte^;
finon parceque Moyfelenousa
ainfi raconte* Cell done la qu il
fautcxaminercequeleSain£t EC-
prit nousa voulu enfeigner^quand
il a incite Moyfe a introduir©
Dieu parlant en la creation des
chofes* Or a quoy faire , ie vous
pric^cft-cc qucDieufe feroit fer-i
A k
4 Taraphrafejur rEuangtlc de
ui d'Vne voix exterieure pour tircr
fes creatures du neant? Etquand
pour quclque confideration il
Fauroit voulu faire vne fois , dc
quel vfage en euft efte vne fi fre-
quence rcpetirion qu'cft celleque
Moyfe nous rapporte? Car cettc
parole prononcec exterieuremer,
quelle qu elle fuft , ne pouuoit
eftre finon vn fon & vne voix feu-
lenient ^ que Dieu formoit& arti-
culQit ainil que leProphete la nous
reprefente. Or n'yauoit il encore
perfonne qui entendift cette voix;
ilny auoit point de creature qui
la pcuft rcceuoircommevn com-
mandement qui luy fuft adrefle
afindeTexecutcr : dans les chofes
mefmes qui venoient en eftre a
Hieure que Dieu la pronon^oit,
iiiVy auoit aucune fgculcede luy
O^bei'r ; ni en fin il n'y pouuoit
auoir aucune proportion cntrc
lefus ChriftJelonS. lean, j
vne voix cxtcrieure:,& les effects
qui s'en enfuiuoyent , qui nous
doiuc faire croire que ce fon ait
veritablemcnt donne I'origine a
toutes chofes. La diftance qui eft
cntrc le Non ejlre , ou toutes cho-
fes eftoyentauparauant, &c tEfire^
oil ellesont efte amenees, eftant
infinie , il n'y a peu auoir finon
Tinfinie puifTance de Dieu :, qui
peull: conjoindre enfemble ces
deux termes fi elloignes , tant s'en
faut qu vne fimple voix ^ qui n'a
point d'autre vcrtu que cellc dc la
fignification 3 euft peu eftre vn
inftrument capable de la produ-
ction des creatures. Il faut done
tenir pour certain que ni Dieu en
creantle Monde , nifon Prophe-
te en nous racontant ainii I'hiftoi-
re de fa creation , n ont point vfe
de cettedifpenfation , finon pour
nous donner occafion d*eleuer
A3
i ^araphrafe fur tEuan^le de
nos cfprits a dcs connoifTances
plushautcs que ccUes qui paroif-
fent en lecorce de cette narration.
Quand les hommes fe feruent de
la parole en cette faqon , ils le font
pour commander que quelque
chofe s^execute : & alors ccluy qui
commandc ^ & Ton eommande-
ment, & lavcrtu qui puis aprcs (c
deployc pour executer ce qui a
cfte commande^ne font rien qu v-
ne mefme chofe , & ncantmoins
font deschofesdiftindes & diife-
rentes, a les confidcrer en diuers
cgards. Elles fontdiftin^tes en ce
que autre cho{^ eft la perfonne qui
commander, felon Tautorite qu'el-
le en a 3 & autre le commande-
mentqui emane d'elle, & enfin
autre la vcrtu quece commandc-
ment excite a fe deployer^afin que
Teffeds^enenfuiuc. Elles fontvne
|ndfme chofe , en ce qu elles coa-
Icfus Chriji felon S lean, j
courenttoutesenfemble & feioi^
gncnt tellement pour la produ-
elion d Vn mefmeefFcd, quellcs
nc le produifenr point fepare^
jTicnt, & que I'cifednelesrecon-
noift que comme vne feulc caufc
dc Ton eftre. Parce que la verm
d'agir ne fe fcroit point deployec
fans le commandement , & que Ic
commandemcnt nauroit point
efte fans celuy duquel il emane.
En la creation du monde il y a
pareillement cu trois chofes en
Dieu , qui ne font quVnc, &:qui
neantmoins fontpluficurs ^ felon
que vous les rcgardes diuerfement.
Elles ne font qu'vne en cc que cc
n'eft qu\n mefme Dieu, qui n'a
rien employe que foy mefme y &c
qui n'a deploye autre vertu que
celle qui luy eft propre & effentiel-
le,a la creation de rVniuers y dc
forte que le Monde nereconnoift^
A4
S ^araphrafe fur hEuangile de
&nedoitreconnoiftre autre cau-
fede foneftre, quVnefeuleDiui^
nite. Mais elles font pluiieurs &i
diftin6:es , en ee qu'il nous fa^uc
conceuoir en cette Diuinite vne
Subfiftancepar deuerslaquelle eft
Tautorite de commander j vne au-
tre qui eft reprefentee par la paro-
le exterieure, en laquelle confifte
le commandement j& enfinvne
troifiefme oii refide la vertu qui
execute effe6tiuement ce qui eft
ordonne parlaSubfiftancequela
parole &Ie commandement re-
prefentent. En efFed Moyfe les
nous propofe routes afles diftin-
£temento Car pour cc qui eft dela
premieredccesSubfiftances, ilia
defigneexpreflement parcenom
de Dieu ^ quand il ditque Dicu a
cree Ics Cieux (jr U Terre. Quant a
latroificfmCjil la dcfignepar ce
^Q.m£EfljritdeDicUy quand ildi|
lefus Chrift felon S. Iean> ^
que tEJprit de Dieu jemouuoit fur
kscapcx : com me s'il difoit que cet-
te verm dc Dieu , qui fubfifte en
luy diftindement d'auec luy meC-
me^enombroit la mafle confufe
&indigeftedu monde^ en atten-
dant le commandement de la Pa-
role 5 pour y mettre ces belles for-
mes & ce bel ordre que nous y
voyons. Et pour la (econde , elle
eft defigneeparcette Paro^enla-
quelle confifte ie commandemet.
Car com me c'eft la Parole laquel-
leporte Ie commandement , qui
excite la vertu a agir ; c'eft cette fe-
conde Subfiftance^qui en cette ad-
mirable oeconomie ^ a excite la
puiflance de la troifiefme^a la pro-
du£tion de routes les creatures de
rVniuers. Mais au lieu que quand
les hommes ordonnent quelque
cliofe par Tentremife de leur pa-
role y cette parole eft horsd'eux^
i^ IParaphrafe fur I'Euangde de
parce qu'elle confide en vn Ton ar-
ticuie , qu'ils forment a la verite
par le moyen dcs organes que la
nature leura donnes , mais qu'ils
enoncent & qu ils pouffent au de-
hors, de force qu il (e lepare d'auec
eux , &: qu*il s*enuoIe : cette Parole
par laquelle Dieu a cree toures
chofesa toufiours cfte par deuers
luy , A'vnt fubfiftance trcs- intimc
a fon eflencej&abrolufnentinfe-
parable de fa Diuinite. Ce n'eft
done pas depuis quelques annces
feulement que cetce Diuine Parole
a eu fa fubfiftance & fon eftre, Ellc
eftoit des le commencement :, &
auant la creation du Monde. Et
ne fe faut point mettre en peine de
fcauoir ou ellc eftoit auant cette
creation. Car elle eftoit auec
Dieu 3 & par deuers Dieu j & bien
que conime le fay defia dit^ elle
cuft vne Siibfiftance diftinde d a-»
7.
fiti commen."
cement aues
Dieti*
le^us Chrift felon S. lean. n
uec la premiere ^ fi eft - ce qu cftant
Dicu commc die , clle nauoit
qaVnc mefme eflencej & quVne
mefme Diuinite, Cettc Parole ueUeVjick
done cftoitau commencement du
Monde auec Dieu , afinque per-
fonnedeformaisnes'amufe afub-
tilifer qucny ayant point encore
delieu auant la creation de^cho^
feSjil eft difficile de comprendre
oil elle pouuoit fubfifter. Puis
qu'cllc eftoit & auec Dieu :, &c en
Dicu , & Dieu mefme , ilnerefte
plusdoccafion de douterquefon
exiftance& cclle de Dieu ne fuf-
fentd'vne mefme maniere & dV- ,
ne mefme Eternitc. Ceft done Toumcho^
cile proprement que ie SainctPro- fakes par
1 ^ r / 1 •! elle: /f' f fins
phcte a delignee yquandilnousa eiier^J n-a
reprefente que toutcs chofcs cnt 'fi' H^ "^i
I X ce qui ejr
cfte raites par la Parole de Dicu. A^^-
Car en effed ceft par elle que tou- .
tcs chofesont efte creees , & ce
it n^araphrajc Jur I'Euangik de
grand ouurage du monde , foit
^ue vous les confideries en I'af-
seblagc de Ton tou t,ou que vous le
rcgardaes en la diftnbutio de cha-
cune de fes parties, a cfte forme
par fon entremife.De forte que dc
toutes les creatures qui (one vifi-
bles en TVniuers, & mefmesde
cellcsquifont inuifibles, &:dont
Teftre eft fepare dc la nature & de
laconditiondescorps , ilny en a
aucune fans exception qui ne luy
doiuefon origine, & qui ne foit
f. 4* obligee de reconnoiitre que c'eft
E» iceiie p^ gilg qu eUe eft ce qu ellc eft. Et
erjtott la vie: 1 1 ^ -l
& la vie commeelleaefte au commence-
tnieTB des xxizxxi u vrayc cauledeleureltre^
hommcs. ^jj^ Ta encore efte depuis de leur
coferuation. Car Dieu auoit telle-
ment donne par elle I'eftre & Texi-
^zK\cz a toutes chofes. auelcur
J.
fubfiftance dependoit de la vie
qu*il auoit particulierement don-
Jelus Chrijl felon S. lean, tj
tieeal hommc,&defa perfeucran*^
ccen Tcftatauquel il auoit eftc
cree. Parce que le monde eftant
fait pour Thommc , telle qu'eftoit
la condition de Phomme, telle de-
uoit eftrc la condition de cet ou-
urage qui auoit efte forme pour
luy. LliommeperfiftatenlaiouiC
fancc de fa vie , & en la parfaite
Saintetc qui en cftoit le fonde-
nient,reftredu Monde fe deuoit
maintenir pareillemcnt. Mais
Thorn me degcncrant de fon origi-
ne, &tombaut par lepeche dans
la neceilite de la mort^le monde
deuoit pareillement tomberdans
la ncceffite de fa mine & de foa
abolition. Partant quelle a efte la
caufe de la reftauration de la vie d@
rhomme , depuis que par fa fau-
tc il fefut affujctti a la mort : telle
a efte la caufe de la conferuation
iic rVniucrs , 6i de rentretene-;
^4 ^araphrafe fur I' Euangile de
inent dc touteschofcs. Or c eftoi^
en cctte mefmc Parole qui Icur
auoic donne leur eftrc^qu elloic
caclofc la caule de la vie de Tho-
iiLie& de fa reftauration i&cny ^
iamais eu qu elle qui Tait foufte-
nu ni ramene de ce precipice dc
jtnort ou il scftoit iette foy mef-
. mc. Tellement quecen'apasefte
feulemeatencette lienne manife-
ftation en chair, que nous auons
veue de nosyeux :, qu elle a reuelc
U vie aux hommes , & le moyeii
de(e retirerdelamort, Elle en a
donne quelque connoiflance en
tous les temps , & dans tout le
cours des (iecksil n'ya euaucuti
pcriode ou elle n'en ait epandu
quelque illuminntion.Iedis queU
que illumination :parce que com-
melamorteft vnecfpece de tenc-
bres,laviearoppofitc eft vnelu^
imcxe. Et commc la caufe dc 1%
lefus Chrijt felon S* lean, if
inort dcs hommes a confifte en
descenebresd'ignoranee&de deJ
ceprion qui ont faifi leurs enten-
deinens : la caufede leur vie con*
fifte en vne fplendeur dlntelli-
gcnce 5 qui lesaddreflfe en la con-
noiflance dc leur Createur ^ & dc
fa clemence& bcnignite enucrs
eux. La lumiere done , & la rcuc-
lation de la clemenee & bcnignite
du Createur , laquelle cette Pare-©:
Ic a donnec aux hommes > leur dc-|
couurant le chemin afe guarantir
de la mort , Icura ouucrtpar met
me moyen la voyc a la vie , &
en la leur ouurant , elle a de mef-'
mcarrefte la ruine du Monde , &
conferue toutes chofes en leur vie
&cnleurefl:re. Tellementquela
lumiere des hommes a efte la cau-
fc de leur vie , & de la fubfiftancc ^, .,
deTVniuers. Etcommelalumic- £' /-^ /^^
re corporelle eft dcftmQC \ chafler fZZZ'&.
\e
^s tenehres
Tiel'ont point
IC ^araphrap Jur I'Euangilt
les tenebres de deuant les ycux dii
(fvmprsnje. corpSjCcttG lumicre rpiriruelle qui
confiftc en la reuclationde Dieu
& de fa benignite^eftoit deftinee a
cliaflfer robfcurite & Tignoranca
dont les cntendemens des hom-
mcs eftoient naturellement en-
ueloppes. Ceftoic - la pro-
prement la fin pour iaquelle
cettc Parole cternelle declarok
aux hommes la bonte &:la patien-
ce du Crcateur. Mais ces tenebres
dont les entendemens des hom^
mes eftoyent faifis &c enuelopes,
fc font trouuees fi epaifles & fi opi-
niaftres.qu'elles n'ontpas permis
acette lumieredypenetrer, & au
lieu de s'eearter & de fe diffiper,
comme les tenebres font naturel-
lement oula lumiere vient a re{-
plendir,celles la fe font epaiflies &
obftinees de plus en plus , & one
cxcluscette dmine clartederen-
tendemene
auoit
nomlean*
lejus Chriji felon S: lean, tj
lcndement& dela confcience de
laplusgraadc particdesliommes* . ,.
Cela n'a pas empefche pourtant nysutvi,
quecettc diuine peiiqnne que i a- uoyUebiet,
pelle tan tod Parole, pour lescau- f,
les que i ay deduites cy defTus, tan-
toft Lumiere,parce qu elle a feulc
apporte&reueleauxliommesref-
perance de la vie , & la voye de fa-
lut , n ait continue d'epandre les
rayons de fon illumination fur les
tenebres du Monde. Elle a mefme
par des reuelations particulieres
donne de temps en temps des ad-
uertiffemcns & des efperanccs
quelle paroiftroit quelquc iour
entre les liommes,reueftue d vne
mefme nature auec cux, pour ef-
pandre parmy eux vne clarte de
connoiflance incomparablement
plus lumineufe que celle quelk
auoit reuelee aiiparauant.Et en ces
dcrniers temps il aparu vn certain,
iS P^aphmfcfurl'Euangile de
pcrfonnage extraordinaire , en-
uoye de Dieu pour eclairer les
hommes au chemin de la verite
par fa predication , a qui le nom dc
Iean,qui fignifie Grace de Dieu, 8c
qui luy auoit efte impofe par le
miniftere des Angcs , concilioit
beaucoup de veneration &dau-
toritc. De forte queplufieurs ont
doute s'il n eftoit point cette Lu-
miere que les hommes attendoyet
^.7. fuiuanties anciens Oracles. Mais
cefiuj-cv ]3i-nquil fuft dignede beaucoup
tem^ignage d iionneur & de rcuerence , tant a
Zndifi ^/^f caufe de fcs vertus & qualites per-
rtX^: fonnelles , que pour la dignit6 &
afinquetom autKoritc cxtraordinairc de fa vo-
hiy. catiOjli n eitoit-il venu Imon pour
feruirala gloire de cette diuinc
perfonne dot les Oracles auoyent
parle. Car la principale & quafi
iVnique fondion de fa charge^ &
pour Tcxcrcicc de iaquelle il eft
I ejus Chrtji felon S.Ickn. 15^
i^enu :, acfte, non pas de fe rendrc
tcfmoignagc a fdy-mefme quil
fuft ccluy quonefperoit,mais dc
rendrc tefmoigrtage qu vn autre
eftoitprcft devenir, fur lequel il
falloit que les cfprits & Icispenfees
deshommcsfeportaflcnt. Samif.
lion confiiloit a rendrc tefmoi-
gnage a cetteLumieredontnous
parlons, & a porter par ce moyen
les hommcs a la receuoir , afin que
comme par fon tefnloignage tous
ceux a qui il addrcflbit (a predi^
cation, deuoienteftreinduitsala
receuoir, ils fufletaufli introduits
a la vraye foy que nous deuons
auoirenDieu parellc. Carleana
dcu amcnerles liommes a la Lu-
mietedont nous parlons J &cette
Lumiere a deu les conduire aDieu,
auec lequel ils n'auoyent point
auparauant de cdninlunion^com-
me audi n'en aUoyent ils aucun^
lO ^araphrafe fur tEuangile dd
t' h ■ foUde connoiflance. CeluV-la
11 n'eflott ^ . I . '
fasiainmie n cltolt (jonc oas h Lumiere que
re, mats pour ,. * a r l
tejmoiiner iious attcndions , & ii quclques*
miJrl ^"^ vns one eudc iuy quclques tellcs
opinions, ils fc roncmcrucilleu-
fertient abufes. Mais bien a-t-il
eu cettc prerogatiuc & cec hon-
neur^dauoir cite choifipour Iuy
rendre vn expres & auchcntique
lI vra^e tefmoignagc. Quant a die, elle
tumiere e- ^ftoit la vravc Lumicic , & ceux
tott celle J ^ ^
qui tiiumi q^i I'ont receue & aduoiiee pour
ne tout horn- ^ ,| , /* . * /
7ne ven^nt telle , nc sy lont point trompes*.
.., mo.de. ^^j. ^>^^ ^n^ veritabiemcnt . &
non autre, qui quand elle eft ve-
nue au monde , a eclaire tout
hommeviuant. De forte que nyil
n'y a cu par le pafle aucun nommc
eclaire de la vraye connoiflance de
Dieu, (inon par Ton illumination:
nyil n'y aura aucun hommea Ta-
ucnir fur qui elle ne face refplen-
dir quelque rayon de faclartCj
lefus Chrijl felon S> lean. 21
pour I'inuitcr a cettc vrayc con-,
noiflancc dc Dieu, & a la poflef-
fiondufalutparellcCctteLumie- f. 10.
reeltoitdetoutrcmpsau mondc^^onde , &
comme ie Tay defia explique. Et ^f'f^'^l^y
parce que le Monde auoiceft^ for- ^^y >^ (f
A , * .. 11-1 mondeviefa.
me par elle, & que par eJle il auoit ^ointcomu,
cfte conferue , il cftdit bicn rai-
fonnable que le Monde la re-
connuft , & que Ics hommes luy
rcndilfent Ihommagc & la' gra-
titude que Touurage doit a foii
ouuricr & a fon confcruateurl Et
neantmoins le Monde a cfte fi
ignorant &fiingrat5 quedenelc
pasreconnoiftrc. Mais c'cft bien j^^"/»»
vne chofc plus cftrange encore ^^j^^f^^q^i
certes, quuloit venuches toy 3 &C nes» & les
que Ics hens ne i aycnt pas rcccu, ^^oim nceu.
Car lerefte du Monde cftoitbicn
a luy a la verite, puis qu*il Tauoit 8c
forme & entrctcnu. Maisil auoit
dcteliesSc fi particulicres alliances
B5
XL Paraphrdje fur tEuangile de
aucc Ic peuple d'Ifrael ^ qu'en com-
paraifon dc cc peuple- la ^ tous les
autres hommesluy eftoietit com«
me cftrangers. Quand done il eft
venu entre les Iuifs,il eft venu com-
me ches Toy, &:il y deuoit cftre
receu &c accuciUy auec dcs de-
monftrations ex traordinairesd af-
fection , de dcuotion , & dc ?euc-
rence.Et ncantmoins ils ne Toft cpas
voulu receuoir, & luy one tefmoi-
gne vne ingratitude merueilleu-
fc. En quoy s'lls ont efte iniuricux
afa gloire,ilsn'optpasefte moins
inconfiderespour eux-mefmes ^ny
moins aucugles a leur propre bien.
t- »*^ Garfiparmycettegrandemiiltitu-
ciuxquirot de d homes qui 1 ontrejette parin-
M^donipuif. credulite,il s enelttrouuequclques
f^nced'.ftre yns/comele ttobrc en eft en quel-
de vieu. que foite cofidcrablejqui Tayet re-
ceu, c eft adire,quiayent creu en
luy,& qui aycnt embrafle Tefperaee
lefus Shrifi felon S. Icanl x%
du falutlaqucllccftoffcrte enion
Norn, ilsenontremporte vnaua-
rage tres-glorieux, &vneincomr
parable recompenfe. Car cette
diuine perfonne de laquelle nous
parlons, eftantnonlaLumiercdu
Monde feulemcnt , & ja Parole dc
Dieu,maisleFils Eternel du Pere
ccleftcjil a voulu <jue ceux qui
Tont recjeu , fuflcnt participans de
la gloire de cette <:ondition^au-
tant que leur nature lepouuoit
fouffrir , & leur a donne ce droit &
cette inenarrable dignite, d'eftre
faits enfans de Dicu,par la grace
par laquelle il les adopte & les con-
uercit a luy. Car ils n'en doiuent
la gloire ny a cux mefmcs , ny a qui
que ce foit d cntre les liommes^
mais a Dieu feul. Parcc qu'ils nc ^^ ,^.
font pas enfans dc Dieu de la fa- ff'^fj^'^
condontles liommes font enfans naisdef^tng^
lesvnsdesautrcspar la generation tu^udjjiw
B 4
2.4 ^^raphrafe fur tEuangile de
Titl'tm- i^atuielle , en laquelle ils proui-
we , mats gnent leurs fang; dans leurs en-^
(ontnais de ^ vi n y CL f
Dim. tans.Noltre nature neit pas ecou-
leedela nature Diuine par vnege^
nerationfemblable. Ny ils ne font
pas enfans de Dicu par la voye dc
cette adoption par laquelle on
permct a ceux qui font deftitues
^ de lignee 3 de fatisfaire Icr mieux
qu'il le pent au defir natutel qu'orl
a d enauoir, en prenant leserifans
dautruy pour feles approprier a
foy-mefrne;, S^confolant ainfi en
quelque fa^dn les mouuemens de
la nature & dela chair; Car Dieu
n'auoit point befoind'eux pour
cela,ayantvn Fils Eternelj eiigen-
dre de fa propre fubftance auant
les fiecles. Ny enfin ils ne font
pasenfansde Dieu dela fa<jon que
Ton permct a ceux memes qui ont
dcs enfans ^ d'en adopter encore
d'autres ^ a caufe du beau nature!
i^
lefus Chrijl felon S. lean, if
& des belles femences de vertu
<ju ils voyent en eux ; pour fatis-
faire non plus aux mouucmens de
la Nature , qui imprimea tous les
hommes le defir d'auoir des en-
fans , maisaux mouuemens dela
vertu 5 qui infpire aux perfonnes
.genereufes & dignes de recom-
mandation, ledeiir d'en auoir de
bons & de vertueux. Car il n'y
auoit rienen nous qui le conuiaft
a nous adopter a cette occafion,
rien qui tlb deuft pluftoft deftour-
ner {cs affe<Stions de nos perfon-
nes. lis font done enfans deDieu,
parce qu il les adopte purement
gratuitementj&que par la vertu
defon Efpritil lesconuertit&Ies
regenere gratuitement de mef-
mes. Mais pourretournerano- //ijp^],^^^
ftrepropos, cette Parole qui nous ^ ^fie faite
^ rendus ^ autant que noltre hu- h^hit^ e^u
manite le peut fouffrir , parfici-;; Z7ns ^vZ
z 6 n^ ard^hrafe fur t Euangile de
^w/di--e ' P^"^ ^^ ^'^ glorieufe coditio de Fils^
camme de ^ voulu pouF cxccutcr cc dciTein
da p^ro lerendreauili participantedel.m-
«'6»t^^t firmite &c de la bafleiTe de noftrb
^^ nature. Gar eftanc Dieu bcnit eter^
ij^cllcment .> elle a tellementpris
noRrc chair en vnitede perroune^
qnt derrteiirant ce qu'elle eftoit,
:el}ecft dcufenue ce qu elle n*eftoit
point auparauant y&c m perdaiitr
Mi6n de reflenceny de la naturexJe
XaDiuinite, elle eft neant-moins
deuenue hcjmme cpaijrie nous.
Ec c*eft en cettc nature humaine
quelle a habit6 entre nous ^ infix -
jlL^^ce fembloit J & aucunemcnt
^contemptible en fon apparence
cxterieure. Mais neantmoins tel-
le pourtantqu'elledonnoit en ce
fien abbaiflement ^ alles de preu-
ues de ce quelle eftoit, dequoy nos
propresyeuxfont tefinoins&tres-
cerrains & irrefra^ables. Car a tra-*
Jefus Chrtji felon S. lean. %j
ucrs cette iafirmite nous auons
contemple fa gloire en mille di-
uinesa6tions, &rauons rcconnue
fi magnifique & fi eclattantc,
qu elle nc nous a laifleaucune oc-
cafion de douccr que cenc foit la
gloircdu Fils vnique& bicn-aime
de ce grand Dieu, qu en Tecono-
mie d^ la Diuinite nous appelle-
rons deformais fouucnc le Pcrc.
Ainfi auons-nous veu execute dV-
pe fa^on admirable ce que Dieu
auoit promis autrefois, c'eft qu'il
jfiabitcroit auec nous. Car la grace
& la mifcricorde du Peres'cft route
reuelce en hxy , pour fe refpandre
fur toutes nations felon les ^ro-
pheties. Saconfl:ance&: fa fidelite
s'eft route deployee fur luy,pour ac-
complir pon6tuellernent les pro^
meflfes qui auoient cftc donnees a
nos Peres. En vn mor , il s'eft trou-
Vie tcllcment enrichidelabondan-
28 Paraphrafc fur I'Euangtle de
ce de ces deux vertus , que com-
me dVn cofte il a rempli tous les
types & accompli tous les Oracles
qm auoicnt efte prononces &
inftitues a fon occafion auant fon
apparition ; il a de Tautre comble
de grace & de benedidion tous
ceux qui ont eu le bon-hcur dc
voir & de fuiurcfon aduencment»
lean rend Eftatit teljC'cft aucc trcs boHnc rai-
Tiuy"'6^ fonqueleannonfculemcntcnate-
cl/^ffXv ^^^^oigP^ y ^^^^ ^^ffi que P^^ f^ f^*
duquei iay (joH dc rermoigner5& pat Ics tcrmcs
qui' doit vi dont il s'eft Icrui, il a donne vn
Z^'oyTefido. poi^s extraordinaire a fon tefmoi-
nant moy: gnagc. Cat Quant a la facon de Ic
ptmier que tairc , il s clt ccrie , ahn que tout
^^^' ' le monde rentendift , & qu'aucun
ne doutaft qunl y eftoit porte par
les mouucmcns d'vne confcicnce
viuement perfuadee. Ec pour ce
quicftdcstermcs dont il s^eftfcrufj
en prcfcranc 11 hautemint a ik
lejus Chrifi felon S. Icm. i^
perfonnc celuy dot il t^moignoic,
il a bien monftre en quelle efti-
me iHauoit, grand Prophcte&
plus que Prophete quil eftoic
luy-mefme. C eft celuy-^la,difoit-
il^dontievousay dit,que celuy
qui vient apresmoy pour excrcer
la commiflion que Ton Pere luy a
donnee , eftdVne dignite beau-
coup plus excellence quemoy, &
a efte coufiours tenu pour tel en la
prefence du Pere celefte. Ce qui
eft plus que iufte & raifonnable.
Car encore queic fois deuantluy
en ce qui eft dc Pordre de Tdxerci-
ce de nos cliargcs,& de noftre ma-
nifeftation;{i eft-ilinfiniment de-
uant moy en ce qui eft de I'exiften-
ce de fa perfonne^Si par cofequcnt
de fa dignite. En efFed,'ce n'eft |; J^^
pasdanslaperfonne nydas lavo- ^^^^*'^'^^udg
cation de lean que Dieu a mis cet- ce ^ gr^c^
tcabondancedcvertusdontnous ^'^'^ ^'''^'^
30 ^araphraje [urtEuangile de
parlionstantofl::c*eft dans lapcr-
Ibnnc & dans la charge de ccluy
de qui lean a porte cc tefmoigna-
ge. Car c'eft dc fa plenitude , &
non de cellc d aucun autre, que
nous auonstousjtant Anciensquc
Modern cs, receu tout le bien que
nous pofledons, & qu'au lieu de la
grace quil auoitfaitea nos Petes
autrefois , & dont Ic cours femble
maintcnant termine 3il nous en
a communique vne autre plus
f* 17. abondante & plus perdurable,
fepfdnnt Gar Dicu auoit bien donne la Loy
ll,t?i: ^ I^^^^' P^r Ic miniftere de Mdyfe;
ee&u ve^ cn Quoy il luv auoit fait vne gtace
f^r lefHs merueilleulcmet lignaleepardel-
^*"^' fus les autres nations. Mais tant
y a qu'elle eftoit rcflerreedas Ten-
ceinte de ce petit peu pie j qu'ellc
confiftoit prefque toutc en des
promcflTcs, en des ombres, &eti
desrcprcfentationstypiques, qui
lefus Chrifl felon S. lean. 3I
regardoyentrauenir; &enfinqu€
cette difpenfation ne deuoit con-
tinuer finon autant que perleue-
reroit le miniftere de Moyfe^dont
la duree eftoit prefixe ala reuela-^
rion du Mediateur. Mais par le
miniftere de lefus Chrift Dieu
nous a faits participans dVne dif-
penfation toute gracieufe encore,
foitque vousayes egard auxluifs^
a qui les promefles auoyent efte
faites,&les reprefentations typi-
ques propofees deuant les yeux;
ou que vous regardies aux autres
nations,qui n'auoycnc ny oui' par-
ier de ccs promefles^ ny rien con*
nu de ces ombres. Neant* moins,
fi vous la rapportes aux autres na^
tions, c'eft grace purement&jfim-
plemcnt \ &c fi vous la rapportes
aux luifs J outre la grace c'eft en-
core la verite, dans laquellc tanc
les figures que les promefles trou^
|t ^T^araphrafe^r I'Euangilc de
tient leur accompIifTement : Cho-
fe dont lefusChrift feulcftoit ca-
f.. IS. pable. Car il nous eft bien rap-
Kulnevid /Jar r ^-1 t^
mcDieu.'ie portc de Moylequila veu Dieu
^ ^ePll ^^ quelq^c fa^on ^ & il eft bien
jein du p^- vrayque fi Vous Ic compares auec
re, luym^f , -^ ^ T^ 1 • A./
tneL'Adedit^ ks autrcsProplietcs qui ont cue ou
deuant ou apres luy , il a eu en la
maniere & en Texcellence de fes
vifions de merueilleufement grads
auantages. Mais cela ne fe die de
luyquepar comparaifon t a par-
ler precifement & abfolument , il
n'aiamais veu la face de Dieu , &
nc peut en aucune fa(|on eftre dit
auoir veu Dieu mefme. En ejGFed:
lors qu il demanda de le voir, Dieur
le luy refufa nettement , & luy de-
clara tout ouuertement que nul
homme viuant ne pouuoit fou-
ftenir fans mourir laugufte fplen-
deur de fa prefencc. Or a ccluy a
qui il n a pas voulu decouurir (a
"^ face^
lefus Chrifi felon 5. Icrn^ ^5
Facc^ Una pas auflifans doutede-
couuert tous fes fecrcts, ny reuele
les plus belles lumieres de fa con-
boiflance, Le Fils vniquc & bien«
airriedeDieu, &qui a vnc com-
munion fi intime , & vne commu-^'
nication fi familiere auec luy , que
nous pouuons bien dire qu'il eft
continuellement en Ton fein , de
forte qu'ilne luy cele clidfe quel-
conque de fes confeils , eft celuy
fcul qui les a connus & penetre$
iiifquesaufonds, & qui nous en a
declare, (ans qu*il faille deformais
rienadjoufterafa declaration , ce
quinouseneft expedient &falu-
taire. Et puis que i'ay defia tant ft t^:
parle dutefmoignage de lean, ^ ic^ifJZt
quauflieft-^ilfouueraiaemet con- 5J2^ «w
fiderable 5 ie veux commencer ^^^^«^/>/«/
h> (\ . • • . > entioy event
iltoirequeientreprensjpar de unuf^.
Texplication plusparticulierc de/.T./da^I
|5.^,^J^^ig^^g^ Ade la faqon de ;^4:-
C
34 ^arafhrafe fur tEuangile de
difanf ^i laquelle il a efte rendu. Aufli bieti
ne me propofant pas ny de parler
de la naiflance de lefus Chrift,
parce que route cette matiere a
eftededuitepard'autres fort exa-
d;ement , ny de toucher cette par-
tie de fa vie qu il a menee comme
homme priue, auant que d'en-
trer dans Teycrcice de fa charge,
parce que la cognoiflance de cela
n'eft point neceflairea noftre fa^
lut ^ ie ne puis tirer le commence-
ment de ma narration d'aucunc
chofe plus conucnable ny plusim-
portante.C'eft done icy Ie tefmoi-
gnage que lean rendit a lefus
Chnft , non de fon fimple mou-
uement , quoy qu ainfi il ne laif-
feroit pas d'eftre authentique, a
caufe de la qualite du tefmoin:
mais encore eftant interroge par
autorite publique , ce qui eft I'oc-
cafion pour laquelle lestefmoinii
tefhs Chrifi felon S. leml j^
font obliges dVne facjon particu-
liere a nc rien dire que la veriteJ
Les luifs donC:, c eft a dire ^rajOfem-
blec des principaux du peupic,'
qu on appelloit le grand Confeil
dela Nation, a qui lembloit ap-
partenir le iugernent de la voca--
tion de ceux qui fe difoient eftre
Prophetes, ayarisouy parler de la
predication delean , & du grand
concours dc peuple qui fe faifoit
autour de luy pour Tentendre Sc
pour eftre baptize , enuoyerenc
de lerufalem , ou ils refidoyent or-
dinairement^ des Sacrificateurs &C
desLeuites, perfonnagcs fort con-
liderables au milieu d eux,tant par
Tautorite de leurs charges, que par
la reputation de leur erudition,
pours'addrefferaluydire^tement^
& Tinterroger fur la nature & fur
lapuifTance de fa Million. lis luy
^emandcrent done , Qui eft-tu>
C a.
g^ ^araphrdjQ Jur fEuangile dc
Non pour fcjauoir roriginede fa
iiaiflance : car c eftoit chofe que
toutle mondefc^auoitafles. Noni
mefmespour lay contefter la qua-
lite dc Prophete : car Ic confente-
mentdetoutlepeuple laluydon-^
noit fans difficulte. Mais pour
auoir fa confeflion & fa declara-
tion fur les bruits que quelques vns
faifoyent courir , qu il eftoit le
Mcflie promis par les Oracles des
Prophetes. Carlcsprincipauxne le
croyant pas quant a eux , il leur
fembloit qu'il eftoit fort impor-
tant qu lis refutaflent cette erreur
paries propres paroles de fa bK)u-
t' ^f' die. S'll euft efte vn ambitieux^
Et zl con- % r
M^ . & oa bienilfe fuft preualu de cette
fmu:iUon. opinion popuiairc , & cult dit qu il
^ihfjl cftoitleChrift ,ou bien il euft ref-^
pmt le pondu auecambiguite^^afindete^
air leshommesen fulpens , & at-
tendre les occafionspour fc feruif
I ejus dm jl felon S. lean, ^j
de fes auantiges. Mais il confeffa
laveritecoutfranchemcnt 3 & ne
la nia ny deguifa aucunemcnt ^ &
repeta cette fiennc confeflion con-
ftamment , en difant ^ le ne fuis du
tout point Je Chrift ^ & i^ue per-
fonnenefe mctteceladansia ran-
taifie. Sur quoy ils luy demande- ^ ^^
rent , Ques-tu done \ es-tuElie! -^domih
Car lesluirs interpretans mal ce nnt:, ^^y
paflfage de Malachie ^ ou Dieu pro- ^l', f/2
met d'cnuoyer Elie le Prophete, t^r^JpeZ
deuant que le iour grand & re- ^smhTn^-
dou tabic de 1 Eternel vienne^ r^^u»^,
auoyent imbu cette opinio ^ qu E-
liemefme , quiauoit efte enleueea
corps dansleCiel ^ endeuoit reuc-
nir vn peuauant I apparition dn
MelTie. Encore done que lean foil:
veritablemcnt celuy que Dieu
auoit defigne par cenom^ ficil-cc
querefpondant a ceux qui ilntcr-
rogeoicntj furlhypotiieredc Icur
C3
Nsm
3^ ^ara^hrafe fur I'Euangile de
mauuaife interpretation :, il nia
difertement qu il fuft Elie, & dit,
lenele fuispas. Et parce qu'outre
cettc opinion du rctour d'Elie,
quelques antres auoyent encore
cette imagination^que leremie de-
uoit paroiftre vne feconde fois,
foit par la refurredion de fon
corps , foit par Imfafion de fon
^me en vn autre corps , ce qu'on
appellemetempfychofefcar il yen
auoit plufieurs entre lesluifs, qui
eftoyent abufcs de cette erreur ) ils
luy demanderent , Es-tu le Prophe-
tc ^ Car ils nommoyent ainfi
. comme par excellence leremie,
^ parce qu'ils n'attendoyetit que luy
1. 11. ^^ ^^^^^ fa(^on. A quoy il refpondit
ih ,uydi' de mefmes , Non. Enfin voulans
fern done, . i i r r
^i ?s-tu, titer de luy vne reiponce ^ non levx-
» J; lit lement ncgatiue de ce qu'il n'eftoit
7oncUc7l P^s > ^^is affirmatiue de ce quil
^mno^^s em cftoit^pout cn faire vn rapport plus
lejus Chrifl felon S. lean. 3j>
certain & plus authentiqucils luy "j^'/^f/'-^'
direnc, Qoics-tu? Di Ic nousron-
dement ^ & ne nous tien plus en
fufpens , afin que nous donnions
quelque refponfe precife a ceux
qui nous ont enuoyes. Quedis-tu
de toy mcfme & de ta vocation?
Quelle creance veux tuque nous
en donnions aux autres ? Adonc
voyant Toccafion , tant de les defa-
bufer de la mauuaife interpretation
qu ils donnoyent aux paroles de
Malachie,que de |es aduertir qu en-
core qu il ne fuft pas le Chrift ^ fi
eft ce qu ils fe deuoyent preparer a
lereceuoir ^ parce quildeuoit pa*
roiftre bien toft,il leur dit. le fuis f- tj. ^
celuy dont Dieu a parle quand il a /uis u voix
dit, La "voix de celuy qui crieau de^ tse'ailT"
fcrt , eji, applamjfesle cheminduSei- {'^^^f/^^^;
f-ncur. Car ce que lePropheteEfaie mtr^d^i se^
enaditainh , & ce queMalachie ^«'^
en a ecrit depuis ; Voicy ic men njay ^-^fj/^
. '^ C4
amp
dit
le Frs'
' 40 ^araphrafejur I'Euangile ie
enmyer mon Adejfager^ C>r ilaccou-^
flrera Ic chmitn dmam moy: Item,
Voicyie men vayvous enuoycr Elie
le Prophete; ne regardent qu a va
mefmebur^&nefignifientquVne
^, j^. mefme chofe. Ox deuoyent certe^
Or ceux ^g^x qui auoyent e|le enuoyes.
efieenuoyez., eftrc {atisfaits de cetce reiponfe:
fifiens. parce qu'eftans de la fe6tc des Plia-
lifiens J & fe van tans d'eftre plus
entendus aux Efcritures que les au-
tres^ils dcuoyencaiTescomprendrc
de la quelle eftoit la vocation de
lean J 6<; ce que fon miniftcre prela-
gcoit. Iviais en continuant de que-
ftionner , ils monftrerent leur
ignorance, & la tardiuete de leurs
itihvin. entendemens, Voyans done que
tenogerent. Jean Baptifoit d Vne facjon fort (b-
Tourc^uoy lenncllc, & qu il faifolt Bcaucoup
feslu^f^L plusdeDifciples que neportoit U
cS^'^'i^ condition dVn fimple Dodcur
;Eite ne h oidioaire deU Loy .&qu ilaccoHi-
lefus Chrifi felon S. lean. 41
pagnoit (on baptefme d Vne pre-
dication toute autre, & de promet
fes beaucoup plus authentiques
qu'on n'auoit fait iufquesalors^ s'i-
maginant que cela paiToit la me-
fure de fa charge ^ ils luy dirent:
Pourquoy done baptifes tu de la
forte, fi tu n'es ny le Chrift, ny Elie,
ny le Prophete que nous atten-
dons?Sur quelle vocation fondes-
tu Tautorite d'entreprendre vne
chofe de telle importance ? Car
nous tenons bien par nos ancicn-
nestraditios, que nous fondonslur
quclques Oracles dcs Prophetes,
qu a Taduenement du Meflie il fe
Eratiquera quelque chofe de fem-
lable a ce que tu fais maintenant.
Mais ilfaut que ce foitouleChrift
niefme , ou Ehe, ou au nioins quel-
que grand Prophete tel que celu*y
que nous efperons^qui f entreprcn-
lie , nui autre nc deuant tant prefu^
4^ ^'^y^phrafe fur hEuangtle de
texTut0 ffiSJ^^^ ^o^ autorice. A quoy lean
nfpniit, leur refpondic ainfi. le n'entrc-
h^pife m prens rien aa dela de la charge qui
'/mTvnll m'eft comxnife , &nefais finon la
miueu de fondion de Tauant-coureur de
%»©«* , que
TiffHsne CO' Chrift.Carienebaptiiequed'eau.
^w. comme vous melmes reconnc#:l-
fes qu Elie^qtti doit eft re Ton auant-
coureur , doic faire i de fdrte que
vous ne mepouues iuftement ac-
cufer de paffer les bornes de ma vo-
cation. Miis vous verres bien-
toft quelqu'vn , qui eft defia au mi->
lieu de vouSjConueriant en horn me
priue5&qua cette occafionvous
lie connoifles point encore ^ I'liii
fera biend'auantage_, comme auffi
a-t'il vne bien plus haute & plus
y. 17. emincntc vocation. C'eft celuy la
■i^ui dott ije- dont le luis 1 auant-coureur , & qiu
% quTefi <luantalordredu temps, & dele-
fait deuant xcrcicc dc fa charge , vient apres
ie nejuis di- Hioy , quoy que quant a ia dignue
lefus Chrijt felon S. lean. 43
de fa perfonne , & a I'autorite de fa ^f /*fr'^*
vocation , 11 va 11 lorn deuant moy,
que ie n'ay rien du tout qui luy
puiffe eftre comparable.Car ileft Ic
Maiftrc , &c moy ie fuis le feruiteur,
quinefuispas mefme dignede luy
rendre les feruices Ics plus abjets^
commefontceuxde lechaufTcr, &
de le dechauflfer , & de porter les
fouliers , ou d en deflier les cour-
royes. Ce futdonc laletefmoi- f. is,
gnage que lean rendit de lefu? JJwf.f/
Chrift 3 a ceux qui luy auoyent efte ^^ ^^^^^^/"^J
enuoyes^&qu ilne rendit pas en fe- ^^^^^^^ ^^*
cret^mais en la pretence d vn grand zou,
peuple.Car ces chofes arriuerent en
Bethabara j au paffage du lordain^
ou lean auoit accouftume de ba-
ptifer au commencement , & oii
par cemoyenily auoit vne grande
affluence de routes fortes de per-
fonnes. Et ce qu il auoit dit de luy ^, t,.
en fon' abfence ^ il le dit encore en ^^^ ^7^^;;
44 Pdraj^hraje jkr bEuit/i^ite de
"^etir Ifu^ faprefence &deuanttoutle peupk
ii^dk: voi^ pareillement. Car lelendemain le-
ery I'Agneat* J, -r r
de jyieu: lus venant vers lean , taut aha
Ip'tes P- d*honorer le minifteredecs per-
^^^ "^'^ fonnage de fa prefeacc ^ que pour
eft re notifie par fon tefmorgnage
aupeuple^duquel iln'eliok nulle-
mencconnuauparauant.Iearil'ap"
perceut ,& dit: lufques icy les hom-
ines ont cherche lapopitiaaonde
leurs peches en des vidrxmes qui
a auoyent aucune vertu de la faire.
Et quad quelques y nes en auroy en t
eu quelque vertu, ce qui n'eftnul-
lement pourtant, reftenduc de cet-
te propitiation ne pafTcrok pas cel-
le du peuple des luifs , dries borncs
de la ludee. Maincenant eft venu le
tern ps auquel on vcrra les crimes de
tous les homines expies: Carvoila
deuant moy TAgneau que Dieu
leur donne pour cet effect , &qui
fera bien toft immole pour eff'acei
fcfhs Chrifi felon S. tcanl ^^ '
la coulpc des peclies de tout le ^' ^^^
mondc, Et c'eft celuy lamefme ^«W ^^
duquel vous m auescyHdeuantoui 7my njiem
parler , quand ie difois : II vient ;:, ^J^^
apresmoyvnperfonnao-e^ deuant ^'^^nt^or^
iequel le marclie ahn de vous en tremier qm
aducitir , qui eft dVnc dignite ^'^'
beaucoup plus excellente que moy,
& qui a toufioufsefte tenu pour tel
en la.prefence du Pere ccle&c. Cc
qui eft plus que iufte & raifonna-
ble. Car encore que iefois deuant
luy en ce qui eft dc I'ordre de Fe-
xercice de nos charges, & de noftre
manifeftation; fi eft-ilinfiniment
deuant moy en cc qui eft de I'exi-
ftence de fa perfonne, & par confe-
quent de fa di^ice. Etle temoi- ^' ?^''
gnage que leluy rends en voltre cogvotj/b^'
prefence nevous doit point eftre ^T^^^ji
fufpcd:, comme s'il y auoit quelque ffTi/Jilll
intelligence entre nous deux, pour p^^ta^i^
^ -r IT fms-ievgsm
»ous gratiher mutueUement , & t^ptify^j^
€m^
'^ Pdraphraje furt'Euangile de
nous fauorifer IVn Tautre. Car iuf-
ques icy ie n'ay eu aucun commer-
ce auccluy, & mefmes quandil eft
vcnula premiere fois amoy, ie nc
leconnoiflbis point devifage.Mais
ayant receu de Dieu la commiffion
debaptifer d'eau comme vousvo-
yes, ce qui eftoit prealablea l*ad-
uenementduMeffie , &eftantve-
nupourcela.afinde preparer prc-
mierement les efprits des hommes
alereceuoir^puis apres de ledon-
nera connoiftrea Ifrael, comme
eftant celuy qui a efte promis pour
liberateur a nos peres , il a falu qu'il
tn'ait efte manifefte a moy mefmc
par reuelation , & par des preuues
t*Tt» indubitables. Etce que leandi-
"Lots lean ^ . • r -1 1 r
nndit tef- loit amli 5 11 Ie conhrma mconti-
^if^mfr^y nentparvn autre temoignage. Car
7f ^y^''' difoit ilileftvenuamcy vneautre
ducieirom fojs afiu d'eftre baptize ; noil pas
<5ui aujft efi qu il eu eult beloin comme vou||
demeuri Jm
lefus Chrifi felon S. leaHi ^^
inais parce qu'il ne vouloit rien
laifTer en arriere des chofe que
Dieua commandees , qu'il nexe-
cutaft pond:ueIlement ^ auanc que "^■■
d^entrer dans Texercicedc (a char-
ge, le le baptilay done , parce qu*il -
le voulut ainfi : mais auffi toft qu il ^
fut forti de Feau , outre la reuela-
tion quei'enauois defia receue
d ailleurs , il me fut bien aife de re-
connoiftre qui il eftoit,par vn mer-*
ueilleux fpec^acle. Car ie vis dc
mes yeux lesCieux ouuerts^ & con-
templay tres-attetiuement & tres^
claifementla forme d Vne colobe
laquelledefcendoitduCiel ^ pour
fymbole de TEfpritde Dieu ^ qui
vint arrefter fon vol iuftemet & di-
reftemet fur luy. Tellement qu en-^ J^y^^ ^^
core que iene TeulTe iamais veu au- ^ognoijfoy&
parauant , & que le nc 1 euHe pomt ceiuy ^ui
connu devifage, fieft-cc quaprcs tlpti^^^'^J.
ceUilneme pouuoitplusrefterau-i ^*'^^.^#s
i|.i ^araphrap fur I'Euangile de
^!utu IZ ^^^ ^^^^ ^^ douter que ce ne fuft
ras cefprit W . nials DIgu Qui IH auoit enuoy6
demeuref pout taircla chargc que le rais , &
^tduy{^bl pour preparer les hommes parle
B^^^r ^' lauementde leaUja la receptio du
- Meifie 3 m*auoit expreflement dit
en vifion;CeIuy (urlequel tu vcrras
TEfprit defceiidat, bt s'arreftant di-
re(fiement fur fa perfonne ^ c eft ce-
luy qui baptifera du Sain6t Efprit,
tant par les dons extraordinaires &
miraculeux qu'il feira defcendre vi-
fiblementfur fesDifciples au com-
mencement de la predication de
fon Euangile 3 que par les graces
ordinairesd'illumination , de con-
folation, & de fah£tification,qu il
communiquera a tous fes fideles
pendant tout le coursdecette dif-
tllt'va p^^^i^^rion. le Taydonc veucom-
meu . 6* en me il ui auoit efte predit , & eu
Zoign^ge ayant efte perfuadc par de fi dl^
VihdiDiel uins & iiirrefragabiesargumens,iQ
I ejus Chriji felon 5. Teml ^p f
luy ay rendu cy deuat,& luy rends
encore maintenant , & luy ren-
dray toufiours & a toutes occa-
fions a T^uenir , ce veritable tet
tnoignagc; Qu/ileftleFils Eter-
nel de Dieu, fon Vnique, I'objet
de fa diledion , dontles Oracles
des Prophetes nous auoyent don-
nerefperance.Et cequc lean pro- ft i$:
mettoitainfi, ill cxecutoit d au- tLl^'dte.
tant plus foieneufement ,que (e '^'f .^'^'^
jpreiugcant prcs de la fan de la ^^«^ ^^ /^*
courfe j il nc vouloit perdre au- ' "^ '^^
cune occafion de s'acquitter d^&
ton de.uoir. C'eft pourquoy des
le lendemain^ vacquat en mcfmc
cndroit a rexerciec de fa charge^
i&deux de fesplusparticuliersdi-
fcjpleseftans presde luy pour ly
affifter , il s'arrefta tout courts &
intertdmpitfon a£tion, comme
poiir quelquc caufe extraordinai-
re. i?uis iettant les yeux fur lefus ^' ^^'
D
JO ^araj^hrdje Jurl'Euangile de
gdfdanf le^ Q^j[ f^ promenoit- la au lone,con-
Jus chemi' i 1 i, *^ -
mr,dit:voi- tinuant u honoter & d'autorilef
deDieti. par la prelencc le minuterede
lean, & Icanle regardant atten^
tiuemcnt,il dit, Voila veritable-
ment 1' Agneau de Dicu, qui nous
a efte donne pour la propitiation
denoscrimes. Cequincfut pas
•Etiesdeiix fans clfi caccCat cclsdeiix difciplcs
i^iuyrlm ayans ouy cc propos , en furent
%%mt^ touches , & entendansbieri que
ufus^ leur ancien Maiftre lesenuoycit
acenouueau, a peine lean eut-il
acheue deprononcerces paroles,
qulls le quitterent , & fc mirent a
lorfiefus fuiure lefus.Orcommenorifeu-
P, ''\lYVo ^^^^^^^ D^^^ ^^ reiette point ccux
^ant qtiiis qui le cherchent, mais ileft fi bon
le fuytioiem ,.1 t • - ■ " 1
leu/ dit: quil va volontairement au de-
^el vous'f uantd'eux^IefusconnoifTanrque
lis luy di- ce5 Jeux difciples venoyent a luy,
^ui vaut il le retourna, & voyanrqu lis le
fuiuoyent , il leur demanda , pour
Tefks Chrifl felon S, leanl jr
ticker leur aftedion d'auantage/ 7^^* ^'f
& pour leur mire raire vne cxpre- ?»i?«m./»i
fe declaration de leur defTein; Que
cherchesvous ? Quelle caufevous
induit a me venir trouuer^ & a me
fuiure ? A cjuoy ils refpondirent:
Rabbi ; ( qui eft vn nom dont ils
appclloyent toutes perfonne^
d aucorite, mais particulteremenc
ceux qui eftoyent en reputatiori
d'eftrc plus cntendus que lesau-
tres en Tinterpretationdela Loy,
& qui fe faifoyent fuiure pardes
difciplcs : & de fait fi vous Tinter-
prctes , il fignifie prbprement
Dodeur j<)uMaiftrej ou demeu-^
res-tu ? 'En quoy ils vouloyent te--
nioigner quils s'approchoyent
deluy 5 non pour vne legere &
briefue vifite feulemcnt , mais
pdwr rcntettdre familieremenr^
& pour demeurer quelque temps
4uec luy ^ s'U leur vouloit faire
JD ^
51 ^araphrap fur h Euangile de
rhonneur de Ics admetcre en fa
t '9' compagme, Cequencleui vou-
ve^ez.&ie lant pas rcruler , il leur die, vcnes
l?Ier}J,&^^oyts vous mefmcs ou iede-
'vtrey^t. ^,> ^-jeuix, lls vinrcnc done auec lay.
roit, e-de. &virentle lieu Oil il deuoitpalTer
^iuc luy ce cettenuit-ia,6<:aemcurerentaaec
'iui^ 71 luy tout le reilc de la iournee,{ans
mrcn di:t. fc Tetiret dc toute cettenuicaiU
hearts^ t i r' t
Icurs : parce qu'eltant dclia dix
heures,c*eft adire, tard,commc
les Hebrieux contoyent les heii-
rcs du iour ^ s'ils fufTent allcs cher-
clier a loger ailleurs , ils n'euflent
pas peu ioui'r de la prefcncc de Ic-
fuscommeilsdefiroyent^nypro-
fitcr de fa conucrfation. Or cftoit
orAndri. Andrc, ftete dc SimOH :, qui de-
mou phrrr, puistut nomtne Picrre^ i vii de ces
tlJ^^i deux difciples qui auoycnt ouy
auojem ouy^ ^^.^j^j. ^^ proDos 3. kao , & qui
iean,6>fHi auoyeHC luiui Icfus ^ eftaiis aduer-
juiuifenf. ^.^ ^^^ 1^ parole de leur Maiftre,
J ejus Crhijl felon S, lean, 5-3
A hmitation duquel il nc voulut ^' ^•
pas tenir cachee la connoiflaiice trouu^ u
» 1 • •• J T r premier Si»-
qu u auoic cue cie lelus , mais au mcnfmfr*^
contraii:e,il embraffa toucauiTi- ""1^; f'^^l
toft les occafionsdc la commu- ^'^''''' '^^«-
niqucr aux autres. Car ayant Ic {qm vnut
premier d eux deux rencontre re que
fon here Simon , il luy dit, Aflfeu- ^^''^-^
rement noftrc Maiftrene nous a
point trompes , quand il nous a
ditqu'il cftoitleprecurfcurdece-
luy que Dieu a promis a nos pe-
res^& quilnous a aduertisquil
fe manifefteroit bien toft. Car
ayansfurfon aduertilTement fui-
ui celuy qu on nomme lefus^nous
auonstrouuaquc c'cft veritable-
mentle Meflias,c eft a dire, fi on
I'interprete envnc autre languCji
leChrift,oulOind deTEterneL
le Roy, & le Liberateur qu*il a *
'faitefpererafonpeuplc,' Et An-
dre ayant ebranle ToivfrereSimon
. D5
54 ^^fi^^ Chrifi felon S. leanl
parcespropos^&Iuy ayant don-
ne ledefir dele voir, ill'amena a
lefus au lieu ou il faifoit alors fa
demeure. Careftant^commeil
cftoic :, du nombre de ceux qui at-
' tendoycntIadeliuranGe,&Iacon-
folation dlfrael , qu eft-ce qui le
pouuoit toucher plus fenfible-
ment que la nouuelle de Taduene-
ment de celuy qui en deuoit eftre
Etje me-\di caulc ? Quand done lis rurent
jefus I'ayAt venus la^ lelus ayantietteiesyeux
?iTi'.t fur Simon, il luy die, Tu es Simon;
^^^^^^^^^' & tu t es veritablement monftre
feiiecephas, tel : car Simon fi^uifie Audiceur^
qui vaut ^ IT/ t' 11 ^ 1 :
lutam^dt &tuasprelteloreiliea celuy qui
r^ejue^HT ^'^ |^ prcniier annonce de mes
nouuelles. Tu es outre cela fils dc
lona, c'eftadire , delagrace de
Dieu , car c'eft la fignification du
too de ton Pere;$«: fi tu n'auois efte
teL ficette diuinc grace n'auoir
premierement prepare ton cgeur^
lefus Chrijl felan S . lean, jy i
tu n'aurois pas ii promptement ^ I
re^eu vne ii bonne fem tncc. Mais \
a 1 aduenir tu (eras appelle Ce^
f)has 3 c'eft a dire ^ Pierre, cc qui eft I
e Symbolc dc la coftance &: de la
fermete , que ie ne reinterprete pas \
maintenant :, mais quetu enten-
drasquelque iourpar rcxpcrien* i
ce Acs chofcs. Le lendcmain de la ^- ^r, \
venue deSimon^ leius fitdeflein mamu-voH^ \
ailer en Galilee, ahn que com- caiiUe , ^ i
nieiUuoit commence d^afl^ni-J-^ i
bier a lentour de foy des difciples '^ ^'^ » ^v i
qui n auoyent rien d'eminent ny ;
de recommandable en Tapparen- i
cede la chair , ilcontinuaft d'cn \
recueillir encore dela, quieftoit ]
le lieu Ie moins confiderable de \
la ludec. Car il vouloit amener |
les chofes qu'il entreprenoit, de ^
petits & meprifables commence- \
mens, a des grandeurs emerueil- . \
lables.Eftant done venu la il trou-
D4 ^ I
j<S ^araphraje furtEtiangile de ■
ua Philippe, & fans luy tenir au-
tre plus long propos^Iefusluy dit,
Suy moy , c eft a dire , fois mon
difciple familicr , & te ioins a la
troupe de ceux qui maccompa-
QrAtip' gnent. OrPhilipeeftoitdeBeth-
%ethflut. faida% ville en laquelle demeu-
-viUe d'An. rovent Andre & Pierre, dequi il
are (^ de 'f . . ^ . . ^ ,
j^ierre. pouuoit delia auoir apprisquel-
quc chqfe de lefus. Maisfoit qu lis
y cuflent defia prepare fon efprit^
ou non , tant y a que la parole de
lefus eut vnemcrucilleufe efficace
enuers luy , & qu il fe difpofa in-
continent a luy rendreobei'ifan^
kiiippe cc. Ce qui parut bien par cc qu il
':Z:il fit auffi toft apres. Car ce Philip..
luydit.Nous pg avant rencontre NathanaeL
w lefus de perfonnage de connderation &c
fu^7/L defaconnoiflfance, il ne luy ceU
^'AjyfeJt rien de ce qui luy eftoit arriu6 , &
i!o /X les Itiy tint tout hardimet ccpropos^
^t4fhe$»3. pour luy donnerles mcfmcs ini-3
lejks Chr'tfl felon S. lean, $j
prefllons qu'il auoit receues. Tu
f(jaiSjNathanaeI, ce queMoyfe a
efcrit en la Loy , & ce que les Pro-
phetes ont depuis predit & con-
firme , touchant le Meflic que
nousattendons , ainfi qu ila efte
attendu par nos Peres. Scjaches
done maintenant pour certain
que nous 1 auons trouue ^ & que
c'eftlefuSjleFilsdelofephjde la
ville deNazareth , de cette region
de Galilee.Car Philippe parloit de
Torigine & de la naifTance de le-
fus felon le'bruitcommun,& fe-
lon Topinionpopulaire. Aquoy ^, 46,
Nathanael , qui eftoit imbu des ,™:;;
opinions desDodeurs de laLoy, ^'/'^■''' ;^"
que pour ce qua. n'eftoit iamais ^onne choje
forti deProphete de cette contree, myVmp-
il n en deuoit iamais fortir a IV ^^^-^^ %
uenir,&que lepeupledela eftoit *^^i*
en grand mefpris deuant Dieu en
cpinparailon des autres con trees
j8 Paraphrajc Jur I'Euanple dc
de la ladee , refpondit felon cc
fien preiuge, comme les liommes
oritaccouftume de faire, A grand
peine^dit-il, mepeiTuaderois-tu
que le Meflie peuft venir de la,
d'ou iln eft iamaisforti le mom«-
dre Prophete. Car en effect peut--
il venir quelque chofe de bon
Nazareth? En a ton vn feul exem-
ple en toute Tantiquite ? Mais
Philippe nes'eftonnant point de
cette refponfe , & tenant ferme la
perfuafionde la verite contrc les
preiuges de ces pretendus Do-
£teurs3 il repartitaNathanae!jNc
t'amufe point a ces difcours , &C
prens toy-mefme connoifTance
dela chofe. Vien auec moy , &
voy quel perfonnage c'eftquece
lefus dontie t'ay parle ,& puis tu
iugerasfi tudoistant deferer ala
mauuaife opinion qu'on a com-
munement de la ville de Naza-
lefus Chrift felon S. lean. $9
reth,'de rejetter acetteoccafion
vne chofe fieuidente&fi impor-
tance tout enfemblc. Ce quiayant ^^J^l^^
fembl^ raifonnablea Nathanael, ,^^^^^^
ii s'achemina auec fes dilciples nirhiuydit
verslefus , & Ictus le voyant ve- ,^ <^,^^,.
nir ^ foy . fsachant bienquel il -- ,^ -
cftoit.car il connoiffoit toutes ^^^/^'^'^j;
chofes, il dit de luy en le voyant; fraude.
Il y en a plufieurs qui fe van-
tent d'cftre des cnfans dlfi'a'el, &
qui de fait en font iflfus felon la ,
chair. Mais cettuy-cy eft verita-
blement ifraelite , en ce qu'en la
fincerite de fes penfees, &en la
rondeur de fes paroles & de fes de-
portemens,iltefmoignequ il n7
a point de fraude en luy , & qu il
imitc la candeur desPatriaiches
fes anceftres. Nathanael furpris f, 48.
, . T /" 1 Nathanael
de cc telmoignage que lelus luy iuydit,ve-
rendit,nonqu'il ne fentift bien j-^X
enfaconfcience qu'ileftoit con->.; -(?;^
6o n^araphrafe fur tEuangile dc
fueiZ^ forme a la vcrite ; maisparce qu il
pereufi^p. s'cftonnoitdefe voir li bieo con-
fuefioisfcus nu par vn perlonna^e quinera-
n'^y^^u uoit lamais veu auparauamc , &
quifclon toiitc apparencen'auoit
f>asfortouy pc^lerdefacoiaduite,
uydit, D'ou tncconnois tu? A
quoy lefus rcpartit incontinent
& luy dit : Auanc que Philippe
t^euft appelle , comme tii eftois
fous le figuier , tu croyois eftrc
tout feul,& que perfonne ne pou-
uoittevoirla, nyauoir connoif-
faiace de ce que tu y faifbis. Et
neantmoins des lors ie t'^y voyois^
&fi ie vbulois ie t'en donnerois
f- 49' bicndeseiifeio;nes. SurquoyNa-
% ref}>on- tlianael tout cltonne , & recon-
%/Msijire noiffant bien qu4ly auoit en le-
i'^esUFiis [^^ quelque chofe d'extraordi-
de Diet* , tu 1 i r r
#w*A<.;/<fi. naire&dediuin,iine le louuint
plus de cette mauuaiie opinion
qu il auoit auparauantde to^t.ce
Tejus Chrijl felon S. lean. 4%
qui pouuoit venir de Nazarcth;,&
xnettant aparttoutes autrcs con-
fiderationsj vaincu par Teuidcncc
de laveritc, il luy dit, Maiftre^ic
Yoy bicn que tu cs vcritablemcnt
ie Fils de Dieu , & le Roy dlfrael
que nous atcendions ^ & ceux qui
mcrontaixifi rapporte,nefefonc
pastrompesenleurccfmoignagc- .
Alors lefus (atisfait decc que ce f.^.
^ annagc auoit li promptc- pondu , 4
ment & fi volontaircment em- ^i*^ ^'^^
braile la verite, luy dit : Parce que ^^ ^'^y ^'*'
». , 1 ' \ p ^ . que is tt
le taydit, que le tay veu lous le wyoye Com
figuier , tu as creuque ie fuis ce- t{i!^tuiZ
luy a qui Icstikrcsquetumedon- ^^^^«^ff
nesconuiennent. Tu as bien fait: 3«*«***. .-
car tu fc^aisbien^cu cgardaulieu
ou tueiiois, & a celuy auqucl ta
m'as trouue,que ie ne te puisauoir
veu la^, qu'iln y aitquelqucchofe
dc diuin , & de miraculeux en ma
veue. Mais a Taucnir tu verras
4i ^drajyhrafe furtEuangilede \
bien d'autres chofes plus grander ;
que cclles-la, qui te rendront dc \
beaucoup plus expres temoigna- |
ge de ce que ie fuis ,& qui re con - \
firmeront merueilieufcment en !
cettecreance. Eneffed^luyad- I
joufta-t-il , vous nc lifes.iamais i
vous autres luifs, Thiftoire de cec- \
te vifion de Lacob , en laqueile il |
vid vne echellequi atteignoitdc ;
la terre au Ciel , & fur laqueile il \
fembloit que Dieueuft particu- '\
lierc communicatio auecluypar j
Ie miniftere de fes Anges., que I
vous ne fo yes rauis en admiration |
dc rhonneur qu'a re,ceu ce Pa- -
triarche. Et vous en aues beau- {
coup de fujet. Mais neantmoins j
ce qu il en a Veu /ce n'a efte qu'en
fongeant; la chofen'efloit point
effedtiuement ce qu'elle luy pa-.
roilToic eftre. Dcrechef , cequll
caaveu^cen'a eftequVncfoisea
tefus Chrijl felon S. lean, ^j
tout le cours de (a vie {eulement:
iamais depuis ccttc vifion ne luy
a efte addrelTeeo En fin,quoy qu il
Tak ainfi veritablemenr fonge ^ fi
eft-ce qa il n*y a eu que luy qui ait
eii cette vifion. Il eftoit tout feul
alorsj&quandilyeufteuquelques
autrcs auec luy, ils n^en euffent
pourtant ny ricn veu ny rien f(^eu
finon parfon tefmoignage. Mais
quant au Fils de riiomme , ( &
vous fc^aues qui ie fuis^ & qui eft ce-
luy que Daniel a defigne par ce
nom )le vous aflfeure en verite , &
ma parole vous ddit tenir lieude
ferment^ qu ilarriueraa fon occa-
fion dcschofes plus emerueilla-
bles. Car deformais il y aura vne ^
cffediue communication entre JJ^^^^^f^
Dicu&luy, fieftroirte,ficonti- '^ff.\/l'^'^
nucllevficonniie,&fimanifeftea ^/ , v^us
tcux qui voudronty eftre atten- ITfi^ouuer^,
tifs^uefivous voyies reellement J; j^^^;
jr*
64 ParaphraJepirlEuangile de
^mans & q^^q fait les Gicux ouuerts i &
f«w^ /?/^flftf quaflidueliement les Anges
montaflfcnt &t defcetidiffcnt^pout
luy apporterfans ccfle des aflfeu-
ranees dc ladiledlion de fon Pe-
re^ & la reuelation de ies fecrets,
& pour reporter a fon perc les teC-
moignages de fes refpe6ts ^ & de
la deference abfolue qu il rend a
routes fes volontes & a tous fes
ordres, vous n'auriespas plus dc
fujet d'eftre indubitablement
perfuades qu'il eftveritablement
ce Fils de Dieu & ce Fils dfc llio-
me. De forte qu'apres tant d ar-
gumens de cette verite ^ vous
pourres bien dife que vous n aues
pas befoin de routes cesvifions
pour nous en attefter, & que vous
aues afles veu les Cieux ouuerts^
& les Anges montans & defcen-
dans fur luy , puis que vouisaures
veu tant depreuues de cette in-
uiola'bJ©
lefus Chrifi felon S. tern. ^ Cha. 7}. \
iiiolable vnion qui eft entre luy
& fon Pere.
CHAPITRE IL
R lefus ayant aiiifi com- ^- ^' , ,
mence a dreflfer la famil- Mn
le de fes difciples , com- Z^Jpcfsl
menqa auffi pcu de temps apres a ^^^^'^ • ^
fe manifefter plus clairement ^^ ^'^^^ ^^
qu 11 n auoit rait auparauant. Car
trois iours apres que Simon fut
venu aluy,s'eftantfaitdesnopces
en Cana, petite Ville de Galilee^
dans le yoifinage de Nazareth,
Marie fa Mere , vefue delofeph,
&parentedesmaries ,y futcon-
uiee 5 & s'y trouua. Et parce que . ^
fon Fils demeuroit lencore alors e? lefus
ordmairement auec eile ^ on le peus aux
conuia pareillement a ces nopces, fi^Zj^i^,
E
Cha. 1. 66 ^araphraje fur I'Euangile de
^mefmes lesdifciples quilauok
alorsautourde luy ; commec*eft
la couftume en tellesoccafions,
de nelaifTerenvncmaifon aucun
de ceux qui y pcuucnt eftre con-
{iderables , a qui on ne fafle^com-
meon ditjllionneur de I'y inui-
ter. Et les pouresmcfmesfont
plus liberaux dc ccs inuitations
que les richcS;, parce que fc^aclians
bienqu^on n'ignore pasleurpo-
urete :> ils ne craignent pas le des-
honncur d'cftre trouues defe-
itucux en ce qui eft de I'abondan-
ce oudcla magnificence dcs ap-
prefts, & croycntquon aura plus
d*egard a leur bonne volonte,
^^ qu'a leur puiflance. La compa-
orie z-'m gnig s^cftaut ainfi accrue ,& la
efiamfailly. ^ .^ . V
u Here de prouiiion dc vin ne seitant pas
dit'.iun^ont trouuee proportionnee a la del-
tointdevtn. p^^f^ quis'cn fit,il manqua auant
qu onfuft venu a la fin du repas:
lefus Chriji felon S^ lean. Cj Cha7 zl
cc qui eftoit pour dionncr ou
beaucoup de confufion, ou au
moins beaucoup de fafcherie a
ceux qui faifoycnt les nopces. De
quoylaMere dc lefuseftanttou-
chcCjCommeceft le nacurel des
bonnes ames^ que de compatir au
defplaifir dc fcs amis, & de tafcher
<1 y remcdier autant qu il fe peur,
il luy vint en Tefprit que fon Fils,
done clle fc^auoit qu'il auoit efte
prcdit de fi grandes cliofcs, pour-
roit apporter quelque remede a
cet accident. Et bien qu'il euft
mene vnevie priueeauec elle au-
parauant , & qu il n'euft encore
Fait aucune preuuedefa puiflance
en miracles , fi eft-ce quevoyant
qu il commencjoit a aflembler des
difciples a I'entour de luy , elle
crcut que deformais il pourroic
bien fe declarer plus ouuertemet
par quelques actions fignalees.La
E 2.
Clia. z^ ^8 n^amphrafc Jurl'Euangile de
compajGfion done qu elle auoit
de la honte & de rincommodite
oil elle voyoit tomber fes amis
par cet accident , la porta iufques
a le folliciter qu il y vouluft pour-
uoir parquelque chofe d'extra-
ordinaire. lis nont point devin,
luy dit-elle; comme pourladuer-
tir de VocczCion^&c cela auec quel-
quedemonftration d afFe6tion,&
quelque marque decofiance qu'il
y feroit confideration ou de fon
defir , ou de fon autorite , qu'il
auoit toufiours fort refpedee.
f. 4. Mais Iefus,en partie parce quil
luf ^1>' apperccuoitenelle quelque pre-
^mUe cho^ cipitation, en partie parce qui!
Je y a-il en- i \ - C ■ r • 1
tre may ^ luy vouloit rau'elcauoir , & don-
toy , femwef \ 1 v * 1 1
man heme ^tt a entcndte a tout le monde,
"imore^'vl ^^ dcformaisil cntroit ctt Tcxcr-
»^^- cice dVne charge dont la gran-
deur & la Majefte deuoit obfcur-
cir toute autorite foit paternelle
lejus Chrifi felon S. lean, 6^ Clia. 2.
foit maternelle , & luy concilier
le refpeddetoutes fortes de gens,
il luy rcfpondit d Vne facjon dont
elle n'auoit point encore veu d'e-
xemple.Qu^ya t-il,dit-il , cntrc
toy & moy , femme ? mon lieure
n eft pas encore venue. Comme
s'il luy euft dit, que ce n eft oit plus
deformais le temps , ny dVfer en-
uers luy de Tauthorite de Mere,
ny de luy donner confeil de ce qui
eftoit expedient comme s'il euft
encore efte enfant. Que dVn co-
fte la dignite de fa perfonne^ qu il
commencjoit a manifefter , & cel-
lede fa charge^qu il commen^oit
aexerccr, empefchoientque ces
relations de Mere & de Fils leur
deuffenteftreconfiderablcs^pour
donner a Ivnc la puiffanqe d or-
donner, &:enjoindrea Tautre la
n«ceflite d'obeir , ou de deferer a
fes^y olotes. Et que de Tautre, la fa-
E 3
Cha. z. JO n^araphraje fur tE^angile dc
pience qui cftoit en luy^fcjauoit
bienles temps aufquels il eiloit
couenable quil agilt,&: quiln'en
laifTeroit pas echapper vn mo-
ment, de forte qu'elle ne s'endc-
tf:j, uoit point mettre en peine. Or
J^.u^M quoy queccttereponfe euft quel-
ukeurs.Fai- q^^ |-j;ait (je fcuetite ;, fi eft-ce que
tes tout ce ^ 11
qa'ii vous fa Mere, qui en reconnutbien la
iuftiee , & qui fentit elle-mefme
fa propre precipitation , ne s'en
rebutanuUement , &ncnaban-
donnapasTefperace qu'ellcauoit
conceue qu'il apporteroit quel-
quc ordrc a cet inconuenicnt,
C*cft pourquoy elle qui cftoit
fortconnue,& qui auoit beau-
coup de credit en cettc maifon,
dit a ceuxqui feruoycnta table:
Soyesattentifsa toutcequ'ilvous
dira , & executes hardrmcnt fes
^. ^. commandemens. Oryauoit-il-
Or y ^Hoit. \^ j^j^g j^ £^i^ J^ icHdn fix erandcs
lejns Chrijl felon S.I e an. 71 Clia. z]
cruchesdepierre ,quiyauoyent ,^,uepier.
efte mifes lelonla couftume des 7' ^^^fi^f^-
luirs , pour contcnir 1 cau dont fi^^tto-a des
ils feferuoycnt continuellement ^ZLs J^l
a leurs lauemens & a leurs purifi- [ZZZ
cations. Car ils lauoyent fortfou- ^'«^^«^''''«
uent leurs vtenliles ^ & les vaii-
feaux oii ils bcuuoycnt , & leurs
mainsj & generalemcnt tottt cc
qu'ilspouuoyet des autres parties
de leurs perfones. Ceft pourquoy
ils auoycnt bcfoin de beaueoup
dcaUjtellementque chacunc de
ces cruches tcnoit deux ou trois
cens liures d*eau , a qui les euft
mefurees. Alors s'eftant pafTe .
quelque pcu de temps , eommc ^^ ^<«^
tout lemonde eltoit en cxpeCta- /./#^ ces
1 1 • • cruches
tion de ce que produiroit ce pro- ^.^^ Etn,
pos qu'il auoit eu auec fa Mere en {'''^P^'^'^^i
IT. ^ tujques ftu
cette occurrence , il dit a ceux qui ^'»«^
feruoyent , Emplifles ces cruches
d'cau. Ce qu ils firent inconti-
'" E4
Cha. z. j% ParaphraJefurl'EHangilcde
nent J & les emplirent iufqucs aa
haut; de forte que tout le monde
cftanttefmoin dc la nature de la
liqueur qu'ils y verfoyent, perfoa-
ne des affiftans n y pouuoit foup-
^,8. (jonner aucune fraude, Comme
uff'^^'dit: ils eurent fait, & que toute Tafli-
^.^''^'^., ftance eut affes reconnu qu'il n'y
f^enportez. auoit , & Qu u D V pouuoit auoit
d'hofiei. Et natureliement rien que de I eau
iisiuy pom. ^^^^ ^^^ vaiflfeaux , il leur dit; Pui-
fesmaintenantdece qui eftlade-
dans,& en portes au maiftre d'ho-
ftel,qui a la charge de ce feftin^
afin qu'il en goufte. Car c eft a luy
afairereflfaydetout ce quife fert
icy, pour fcjauoir sil eft bon pour
le contentenaent des conuies ^ &
pourl'lionneur de celuyqui fait
lesnopces. Aquoy les feruiteurs
obtempererent incontinent , &
^ 9. luy en porterent. Quand done le
m§^fin%o\ mdiiiirc d^hoftel eut gouft4^de
marte*
I ejus Chriji felon S. lean. 73 Cha.^ 2.
cetteeau , mais qui n eftoit plus^,^^.,^^^^-
eau , & qui auoit efte conuertie 'J'''^ . f^
dans les cruches en vin par la puil- ^^ ff^^ou a
lance de Ielus,(or ne Ic^auoit-il^^^.r, mais
rien ny d ou il eftoit venu 3ny dciZrs ^!%
ce qui eftoit arriue . parce qu il f '''"''/ '/^^
n'eftoit pas dans la lale du feftin fioient hienj
aiors; mais les leruiteurs Ic Icja-
uoyentbien jComme eftansceux
qui auoyent puife Teau , & qui I'a--
uoyentverfee dans les cruches) il
appellale marie , quele mecon-
tentenien t du defaut de vin rcgar-
doit particulierement, &quipar
confequent deuoit auoir le plus
de fatisfadtion de voir cette in-
commodite reparee. Puis il luv I-]""' ,
dit: D'ouqueviennece vinicya ^^«^ ^-^om-
Iheuredela necellitC;, ily adou- bon vi^i u
ble fujct pour toy den auoir du ^^Tt^
contentement.&ficefttoy-mef- f' ^'^'^^^
me qui en ayesainii dilpofe , tu ^^^^ • ^^-^^^
J r ' toy , tu as
nasals rait commc ont accoit- gm-d^hbo?!.
nant
Clia. z. 74 Paraphrap Jurl'Euangile de
, . ^ ilumedefairclesautres.Card'or--^
a »5^/»/^. c[inaire,& quau vniuerfellemGnt^
ceux qui font des feftins tels que
celuy-cy, fontfcruir aleurs con-
uies le meilleur vin le premier,
afin de Icur en donner ic bon
gouft d abord , lors que le fenti-
menten eft fort cxquis au pa-
lais:, & que la foif aidea le faire
trouuer encore plus dclicieux.
Puis quand on a beu largement,
& qu'on ne difceriK plus fi bien
les qualites du breuuagc , alors on
faitvolontiersferuircelijy qui eft
le moins gcnereux & Ic moins re-
commandable. Au lieu que quant
a toy , tu as referue le meilleur iuf-
qu a maintenant , pour le donner
furlafin^commepourlaiflerates
amis vn bon gouft de ta bonne
chere. Ainfi par le tefmoignagc
du maiftredlioftel feverifia non
feulement que ccftoit du^vin,
creanm en
lefus Chriji felon S, lean, yj Cha. i,
mais du vin fort excellent , ce qui
fut auili aprcs rcconnu par toute
lacompagnie, Cefutdonc la le ,
commencement des miracles de lefusjitce
nr f> 5.1 I r • ^^ commence-
lelus, quil voulut raireen Cana ment de fi~
dc Galilee encrefesamis& fes fa- Z':^l
millers, afin qu ilscuflent les pre- ^/^*^''^ &
mices dc la manifeftation de la f^gUire:^
glou'e.Carayant delormaisa rai- creu
re paroiftre la merueille de fa ^''^'
puiffance par des adlions furna-
turellcs,&des fignes prodigieux,
il eftoit conuenablc que (es plus
familicrs difciplcs en euflentpar
manierc de dire les eflais, afinde
lesconfirmcr en la bonne opi-
nion quilsen auoientdciia con-
ceue. Et defait, bien qu'ils euilent
defia creu & confefle qu il eftoit
le Mcflie & le Fils de Dieu, fi cft-
ce que par la vcue dc ce miracle ils
xeceurent vne telle augmentation
defoY,qQ'on pcut quafibicndi--
Cha. z. 76 n^araphrafe Jkrt Euangile de
re que ce fut alors qu'ils commen-
^ ^^^ Cerent a croire. Apres cela ^ lefus
jipresceia fe voulaiit manifcfter peu a peu
tn caphar- &pardegres , pournele produi-
&fa Mere, rciit pas tout d VH coup en la gra-
%/'/difc/. delumiere dumonde , ildefcen-
pies:^de^ dlt en vnc Yillc vtt peu plus cele-
/« pen de bre que cellede Cana , a Icauoir
Capernaum; mais ilnydelcen-
dit pas leul. Car fa Mere, en par-
tie par les affeitions naturelles
qu elle auoit pour luy ,en parcic
par I'admiration de ce premier
miracle , qui auoit excite en elle
vne merueilleufe attente de ce
qu'il pourroit fairea I'auenir; &c
fes proches parens que les He-
brieuxnommentfreres; & fes di-
fciples :, qui deformais ou crai-
gnoientquilneleslailTaftjOU qui
auoyent prisrefolution de ne le
laiflTer aucunement quant aeux, y
defcendirent auec luy. Makils n y
Icfus Chriji felon S. lean. 77 Cha^ £
demcurerent enfembie que fort
peu de iours. Parce que la fo- ,
lemnite de la fefte que les luifs ap- ^f u r©.
pellent Pafque , eftant prochaine, iT'^pa/qZ
I'intention de lefus eftoit d y J^,, ';^[
monter ^ comme ilauoit accou- ^^f^^^'^^^
Itume de raire auparauant lelon ^^ umja-
imftitution de laLoy ,alaquelle
ils'eftoit aflujetti vol5tairemcnt;
& principalemenc recherchoit-il
alors 5 qu'ilauoitafles donne de
preuues dece qu il eftoit entre fes
plus proches , & entre ceuxdela
cotree ou il habitoit,roccafion de
paroiftre en cette grande afleblec
qui {e faifoit en lerufalem ;> & de
faire d'autant plus de fruit par fes
adions & par fa dodrine. Et ce
qu ilauoit ainfipropofe, il Texe-
cute. Car eftant venula^& ay ant f • 14:
monteauTempie^iIy trouuavn au Tempu
defordremerueilleux, que la cor- i^W^r*
ruptifixi , & la licence du fiecle y ^^^^ ' 1
CliaJ I. 78 ^araphrafe fur I'Euangile de
pigeons : ^ ^uoit inttoduit. 11 y auoit vne
changeufs partie du pourpris du Temple*
^i^^- que ron appelloit les Porches.qui
eftoic dcftinec a receuoirlepcu-
ple qui y venoit falrc i^cs deuo--
tions, &mefmeslesGennls & les
etrangers qui auoyent quclquc
refpcit pour la Loy de Dieu. Au
lieu de ce bon & faint vfage, au-
queices licux deuoyent eftre em-
ploy es, il s'y eftoit eft abli des gens
qui vendoyent desboeufs , & des
brebis^&des pigeons, &y auoit
mefmcs des changeurs qui y te-
noyent leurs tables & leurs ban^
qucs ouuertes. Tout cela fous pre-
texte d aider a la commodite de
ceux qui auoyent a acheter les
chofes neceflfaires pour les obla-
tios & les facrifices ,& de changer
la monoye qui leur feruoit a cela.
Mais ourrc que cela eftoit contrc
linftitution de Dieu , l^^raye
IcfusChrifl felon S, lean. 79 Cha, i,
caufe dc ce trafic eftoit le defir du
gain, que la faintetedu lieuren-
doit de bcaucoup plus infame.
lefus done cftant vcnu pour re- f' rf,
ftablir toutcs chofes en Icur pu- fait '''^T»
rete , & pour corriger Ics abus qui tVIeiemf!
s'eftoient glifles en la religion & f^ J^^^^f^^
dans TEglife jdcfqucliesle Tern- Temple, (^
pie eftoit le domicile 5 Timage ,& hsZufl,^
la reprefentation , ileftima que ->;^^f,^
c'eftoit par la qu il deuoic com- ch^ngeurs
mencercettcrerormation, com- ustMes.
mecefutpar vnc pareille a6lion
qu il acheua Texercice de fa char-
ge de Prophetc , ainfi que les au-
trcs Euangeliftes le rapporteur.
Ayant done trouue vn amas de
cordelcttes , apportees pour Iv-
fage de ces marchands,& en ayant
faitvnfouetjilfemita enfrapper
fur ceux qui exercoient ce com-
merce,& les chafta tous hors du
Temple . auec Icurs brebis &
Chal z. 8a ^ara^hrafefur I'Euangile de
leurs boEufs; &parce que les ban*^
ques des changeurs demeuroyent
encore debout 'apres le depart de
ceuxqui fuyoyent deuant luy, il
refpandit a terreleur argent , &
f. i6. mit leurs tables a la renuerfe.Mais
,eul' ^'\ui comme il agifToit par vne fagc
-vendoyent ferueur dc zele, & nonpar impe-
les pigeons, r f \ j1>
ofiei^ ces tuolite de courroux ^ & qu'il n e-
chofes d'ici: n • \ I /
&ne f^ites Itonnoit pas a Deaucou p prcs tant
S"' ^: ^e fes coups , qu'on obeifToit a
mon Fere Tautorlte dc fk volx . & a Taugu-
i;n Itea de • n_ / 1 r T
marche. ite majelte delon viiage , parce
que ceux qui vendoyent des pi-
geons eftoyent en grand nombrc^ i
&quilslestenoyent enfermes en
descages^qu on ne pouuoit pouf-
fer auec violence fans quelque
confufion , il leur dit auec vn ex-
traordinaire ton de voix,Oftes ces
chofesladicy , &les emportes la |
ouellesdoiuenteftre^&ne faites '
point de la Maifon de mon Pere^
qui
lefus Chrifl felon S. Icm. %i Chal» i.
'^uieft vnc maifon de priere&dc
piece :,vne place de tnarche. Or ^ ^^-
fes difciples :, qui oyoyent fou- ^•^s ie$
uent chanter les Pieaumes de Da- rem (oum.
uid , entendans ainfiparler lefus, Tfi^'efjfX
&le voyans ainfi ardent dezcle *^^%^v^^
pour la gloirc du Temple de mmgt.
Dieu& de fon feruice ^ fe refTou-
uinrent de ce que le Prophcte
auoit dit autrefois , Le "zdc de ta
maifon rna mange. Non qu ils en-
tendifTent encore bien exaite-
ment le rapport qu il y a entre cet-
te figure& la verite. Car ces con-
noiflances paflfoyent la condition
des teps d'alors , & eftoyent refer-
ueespour vnefaifon plusillumi-
nee.Mais neatmoins la coformite
qu lis remarqueret entre ces paro-
les &c Tadion de lefus, leur donna
Toccafion de faire reflexion 6cC^
fus , & d'admirer en quelque fa-
^on ccttc rencontre: iufquesa ce
Cha, z. St ^dra^hrdfefurl'Eudn^Jlede
que quelquc temps apres ils en-
tendirent diftin6tement , quil
neft rienarriucde fort memora-
ble aDauid, &qu*il n*arien pro-
nonce dansfesCantiquesd'extra-
ordinairemcnt fignaie ^ qui n*aic
rcprefente connne figure , ce qui
deuoit arriuer a noilre Seigneur,
ouquinaiteu parladifpenfation
dc Dicu quclque vHee fur leius,
poureftre accompli & verifie en
la perionne. Or eft-cebien vne
j^es lui^s ciiolecerraine, c]u encore que ce
^reJ^% tJ-afic qui fc faifoit fi deborde-
luy dtrent: n^eut daus ie Temple , full vn
n'y'us man- merueiUeux abus ^ li cir-ce que
fires ?» etue > • 1 n • • 1 • 1 ' /^
ttifaisteUes pourcequ II eltoit mtroduitde it
'^''^''' longue-main , & tolcre par tous
ceux quiauoyent quelqueautho-
riterantenl^Eglifequ'enlaRepu*
blique parmy ce peuplc , la refor-
mation par voyedc fait n'cn de-
uoit pas etlre entreprife par Tau^^
lefus Chrijl felon S. lean! 83 Cha. Zi?
torite d Vn particulier , & que
pour en vfer de la fac^on , il faloit
y auoir vne vocation diuine. De
forte que fi lefus n euft point eit
de marque certaine qui! eftoit
appelle de Dieua cela, ce que les
luifs firent a cette occafion ne
deuroit paseftretrouueeftrange;
Car pource quils croyoyentqu'il
faloit auoir vne vocation extra-
ordinaire pour cela , & quVne tei^ ^
le vocation nefe peut bieniufti-
fier ny autorifer finon par des ac-.
tions miraculeufes , iis prirent la
parole, &dirent a lefus : Qm t a
d.onne le droit de faircdes chofes
de cette nature, & par quel figne
monftres-tu que Dieu t'y ait ap-
pelle ? Mais outre que Tadlion f t^.'
eftant fort bonne 5 a la confiderer ^, ^^^^^,v,^^
en elle mefme , elle fe defendoit^r"^/^'' ■^''-
cn erande partie contre leurac- Tempu , ^
P . 1 ^ J 11 • en trots tours
culanon *, la tacon dont elle auoit i^ i^ nUm^
\ r %
Cha. 1. 84 ^araphrafeJurtEuangile de
cite cxccutee par Icfus , cftoit vn
argument afTes certain de (a voca-
tion , s'ils y euffent cfte attcntifs.
Car i auoir entrcpris fcul contre
tat de gens^aucc vne arme 11 con-
temptible que cellc quil auoita
la main, contre desliommesmal-
endurans & fenflbles aux outra-
ges; & enfin Pauoir execute aucc
tant de facilite , qu^l ny auoit
point trouuedereliftance , quoy
qu il agift contre des hommes
merueillcufement attaches a leurs
intcrefts,& quiquand on leur ofte
le gain y nc s'en irritent pas moins
que fi on leur arrachoit la vie,
eftoit vne preuue afles euidentc
quille faifoitpar Imftinft de la
Diuinite , puis qu*elle luy preftoit
vne fi puiiTante & fi vifible affi-
ftance. C*eft pourquoy lefusvo-
yant que leur aueuglement eftoit
affe6be^ & qu ilsluy demandpyent
lefus Chriji felon S. lean. 8; Cha,
dcscrifcignesdefa vocation ^ non
pas pour y acquiefcer, mais pour
ycontredire^ il nc €ondcfcendit
point a 'cur dcmande, parcc qu ils
nc le meritoyent pas ^ & ncant-
moins nc leur refufa pas vn mira-
cle abfolumcnt , afia qu ils n en
prifTcnt point occafion de triom-
f)her , commc s'il Teufl: rcfufe par
c fentiment dc fbn inxpuiflance.
Il mefiiagca done tellement (a re-
ponlcj qucd Vncofte il Icur pro*
mitlc plus grand miracle qullait
iamais fait , & que dc I'autrc ils
n entendircnt pas fa promcfle. De
forte que s'imaginans qu'il leur
ofFroitvnfignelcquel il ne pou-
uoit cxecuter^qu ils ne fiflcnt eux-
mefmcs vne adion contre laqucl-
Icils auoyentvnc auerfion extre-
me , ils pcrdircnt le delir devoir
dcs miracles de fa main , & fe mi-
rent a nontillcr fur Icurs prop res
Cha. z. 8<^ Paraphraje fur I'Euangile de
imagmations, & fur la dilSculte
qu'ils croyoyent qu'il y auoit a
executer ce qui Icur eftoit venu
en penfee. 11 leur rcpcndit done &
leurdit : Abbates ce Temple icy,
& en trois iours le le releueray.
% 10. Maislcsluifs furpris de ce nom
\es ^uifs de Temple , & ebloiiis de la
done dirP72t: ^ i in- 1
Ce temple ^^ prelencc de ce baltiment , dans
e(le edtfie t • j i \^ C
par NfpL rencemteduqueices propos lale
PalTZie renoycnt, & ne prcnans pas garde
feieueras en ^y acftc dc Icfus. quifc monilroit
du doigt loy-nKlme en parlanr,
commeauffi n'auoyent ils encore
iamais pcnle a fa mort , ny a ce qui
s*endeuoicenfuiure,creurent ai-
fement qu'il paiioitde la deftru-
dion & de la reilauration Acctt
edifice. Sur cette opinion ils for-
merentleurobjedion , &rendi-
rentlarefponredelefuslaplusab-
furde qu'ils peurent.Car il eft bien
yrav que le fecond TempJkauQit
ifots tours »
Icfus Chrfl felon S, lean. S7 Cha. z.
efte long- temps a baftir; mais
neant uoins cetcc longueur eftoit
en grande partie venue des inter-
ruptions furuenues en la conti-
nuation de Touurage/ Mais eux
contans le temps des interruptios
auec celuy auqucl on y auoit tra-
uaille , & eftendans le tout en-
fembleleplus quil fepouuoit^ils
luy re(pondirent; on a efte qua-
rante fix ans a baftir ce Temple
icy : qu'elle apparence done y a-
t-il en ce que tu nous dis , qu en
trois iours tu le peux refaire ? Mais ^ ^^^
quant a luy , n'eftant pas oblige ^^^^ '^
de lesdeliurerde cette erreur ^ 11 Temph ds
les y laifra,& ne leur dift point que '^'^'^
par vn effort tout a fait extraordi-
naire de la puiflance de fadiuini-
te^il reflufciteroit quclque iour
fonCorpS:,dontilparloit commc
^^vl Temple facre , ou habitoic
non feulement vneame pleinc dc
' \ F 4
Cha. 2» 88 n^araphrafe furl'Euangilede
fainftete, mais vnediuinite ega-
le acelle du Grand Dieu fon Pe-
f* " re. Et fcs difciples non plus que
quandiifut ks autres n entendirent point lur
teffulcite des \^\ r
worn , jes 1 hcurc cc Iicn propos , preuenus
tfni^lLlT-' ^^'^Is eftoyent , non pasde la paf-
»ance quit fion oul DofTcdoit Icsluifs ^ mais
^1/ ^^/^ ; e^ de ces autres cholcs qui dans 1 ob-
TZ'ZrJ! fcuritedcs paroles de lefus , leur
^ku pa- auoient donne Toccafion de les
role que U- ^ , ,_-, , - J, .
jusauoitdi- interpreter du Temple, Mais
quand ils le virent quelques an-
nees apres refifufcite des morts^
alors fe rcflfouuenans de fes paro-
les , & rapportans enfemble ce
qu'il auoit dit des troisiours de la
reftauration du Temple dont il
parloit , auec les trois iours qui
coulerent depuis famortiufqua
fa Refurredion^ & auec ce que les
Prophetesen auoyentprcdit au-
trefois ^ ils entendirent ce que
ccftoit , & ne heiitcrcntjiefor-
lefns Chrijl felon S. lean. 89 Cha. z.
mais plus que la parole de lefus, &
que TEcritu re du vieil Teftament,
nefuflent abfolumentveritables.
Audi eftoit-ce apres la Refurre-
(Stion de Chrift que Dicu auoit re-
ferue le temps de leur ouunr Tin-
telligence , afin depouuoirbicn
comprendre le fens des Oracles
des Prophetes. Depuis cettc ^-^^^
a6tioti, lefusdemcuraen lerufa- en semfa.
lem pendant le temps de la cele- ^'^,UCur
brite de la fefte de Pafque, & fit ^f i^ /^>'
I f . t ^ I plufieurs
beaucoup de miracles en la pre- creurem en
fence du peuple , felon que les oc- lontem^um
cafionss*en prefentoyent. Etcela ^'l^nf^fJi
fit que plufieursquilesluyauoyet
veu faire :, en eftans touches d v-
ne grande admiration :» en con-
ceurent cette opinion , que cc de~
uoiteftrequelque grand Prophc-
te , ou mefmes, peut-eftre, le Mef-
fie 3 comme fes difciples le Ai^
foyent. Cell pourquoy > comme
Cha. z> 50 ^araphrafc Cm I'Euangilc de
en telicschoies les Iiomnies font
promptsa fe declarer tandis qa ils
nc voyent point de peril qui les
oblu2,^" i celerleurs fentimcns, ou
que .|uelv|ue autre objetneiolli-
cite point leurs aife£tions contre
laboaneopi-nonqu ilsont con-
ceuefoic d'vnepcrforuieoud'vnc
do£lrine , il y en cue quaiuite qui
iircnt ouuerce proft ffion i croi-
re en fonNom &quiici'a.'ge-
rent au nombrc dc fes ditcrpies.
Mah'^je- Mais encore que lelus nc les u
fus ne /^ empefchall pis , ^\ cil ce que
feit point en 1 ^ l '
iux , parce quaut a luy il ne les tmtpas pour
snoijfoit hdelesiulquesatelpouit , que dc
'*""'• vouloir demeurer parmi eux . &
fe comettre aleur ndchte , au rai-
lieu de tant d^ennemis qu'il auoi t-
la3& detant d'embufches qui!
preuoyoic luy deuoir eftre dref-
sees. Car il les conoiflfoit tons ioit
bien^ & fcauoit qu encore quils
lefus Chrijl felon 5. lean, pr Cha. x.
ne fe dcclaraflent pas alors pour
luy a celle fin de le tromper,fi eft- *
ce que leur foy n ayant point
d'autres racinesque Tadmiration
defes adionSjSc n ayant pas pe-
netre bien auant iufques dans le
coeur, quandquelque autre plus
puilTant objet viendroita faifir
leurs entendemenSjCetteimprcf-
fion s'euanouiroit , & qu ils luy
feroyent quelque manuals tour:
ce qu il vouloit euiter , parce que
fon heure de fouffrir n'eftoit
point encore venue. En eflfed il ^. ^y.
n'auoit pas befoin ny du tefmoi- ^; ^f^
i J ne luy ejtott
gnage queles hommcs fe peuuent point de be-
rendrc les vns aux autres , ny de cuniuyren-
leurs proprcs adlions pour iuger f^^^f""''";^
deleur interieur. Penetrant^com- thomme.rar
.\ r ' r • r • C - r ^^ Jf^uett ce
meiUailoit 5 par Ion innnie la- quieftoitm
piencciufqu'au plus profondde ^'^''"''"'''*
leurs reins, quelque legere im-
prclfion qu lis reccuflent en leur
cntcndement pour vn temps , il
luy cftodt aife dcprcuoircequils
auoyent au fond du coeur ^ & que
cctte ombre de foy ne fercic pas
de durec.
CHAPITRE III.
f' T- ^^^® R y auoit-il en lerufalem.
«»w? ^«^^ ^^^^ ^^ ^^^^^ eitoit alors , vn
tuTs il7^ ^^^^ certain perfonnagc , dc
^^tmcZi' l^fe^edes Pharificns , la plusre-
meA'vndes ucrec dc toutcs, qui auoit nom
treiesimfs. Nicodemei icquel auoit bienaul-
fi reqeu quelque teinture de la foy
par radmiration des mcrueillcs
qu il auoit veu'es. Mais la condi-
tion dontileftoit^rauoit empef-
che de fe declarer difciple de le^
fas tout ouuertement.Car il cftoit
iVn des principaux d'entre Ics
leCus Chrifl felon S. lean. 53 CKi. f.
Iuifs,& auoit part en cereftc d au-
toriteque les Romains auoyent
laiflfeeau Conieil public 3 pour cc
<q\ii rcgardoit Ic gouuerncment.
Or outre quctcllcs gens oc vont
pasfiviftecn Icursadtionsque Ic
commun , le rang qu il tcnoit^luy
faifoitapporter plus dc circofpc-
£tion a fit coduite, afin de ne per-
dre pas fon credit ny auConfeil ny
parmyicpcuple* Ncantmoins,&:
les propos , & les merueilles de le-
fiis Tauoycnt touche , de forte
qu il auoit defir de communiquer
auec luy 3 pourueu que cela fc fill
fans offcnlc de pcrfonne. Cepcr- ^ ^^
fonnage vint done de nuit a lefus, ^f '^^I'^f
afia que perloruie ne le vift, &c luy Jefus.& luy
tint vn tel langage. Maiftre, il n'y Zm J^'t!-^
a perfonnequi ne puiflc rccon- "^^^r^lt
noiftre que tu meritcs ce xx\ttc\ fi""' '^'^'^ '^^
tout autre droit que ne tont les nui ne feut
autrcs Dodeurs. Affeurement tu {Z'sq'i^ m
Cha. J. 94 n^araphrafe Jurl'Euangilede
portesde routes autres enfeigncs
%'^^JZ deta vocation quGux, &ceuxqui
^«> y feront attentifs , nedouteront
aucunementqueDieu net ait ex-
traordinairement enuoye pour
eftreleDodcurdeshomcs. Caril
eftabfolumentimpofrible qu'au-
cun falTe Jes fignes & les merueil-
les que tu fois^tant elles paflent de
loin la puiflance des hommes &
dcs Anges mefmes, fi Dieu n'eft
auec luy dVne alliftance de fa ver-
tu tout a fait particuliere. Puis
ayant tafche de s'infinuer ainfi
vers luy , fe reflfouuenant qu'en fes
difcoursilluyauoit oui'parlerdu
Royaumede Dieu, dont les luifs
attendoyent la reuelation , A luy
en tint quelque propos , comme
pour luy demander en faueur de
qui il deuoit eftre reuele , veu qu'il
yauoit fi peude gens qui receuf-
fent fa predication ^ & qui s y pre-
IDUH,
leftisChrifi felon S, lean, 95 Cha. $1
paraflcnt. lefiisdoncpritlaparo- ^. ^^
Ic pour refpondre.&voyant que ^^(^^ ^^^
ce qu 11 y aiioit 11 peu de gens qui ^«/ dit .- i»
receufifent fa Dodrine, choquoit lllTe 'u 7e
Nicodeme , il luy die, QiTilne '^:/Z^
£iIioic pas qu'il trouuaft cela ""^^^f » ^^
eltrange. (,)u^ilnyauoitrien de i^e>"»^</»^ ^^
plus certain , & quil en deuoit
croire a (a parole , comme aux
plus inuiolablcs fermes, que com-
me le Royaume de Dieu eftoit
d Vnc nature toute diiterentc de
ceu^^^ Monde, aufli y entroit-
on par des moyens merueilleufe-
ment differens. On entre , dit-il>
d'ordinairedanslcsRoyaumcsdu
monde par le droit dela nailFan-
ce. Pour cntrer dans le Royaumrc
des Ciea^Tjil flmt naiftre derechcf;
alTeurcment il n'y a pas moyen d y
auoir part autrcmcnt , ny d'en ve-
nir en iouiflance que p^r cecte
voye, Defquclles paroles rNico-
f^ ^ dcme fe trouuant farpris,& s*ima-
Nicodeme ginaHt quelciue chofe d'extraua-
luydtt:Co' O T 1
w^»f /.(.«^ eantou a*impoflibleen cette fc-
naifirequad concle nailiance ^ & particuliere-
ff 71: meat faifant reflexion fur Toy.
rechef en q^i eftolt fortl da ventre de fa
tredeftmc^ mcrc 11 v auolt dclia lone-temps,
matjirei lUaydit: Comment le pourroit-*
ilfairequVnhomme, qui eft par-
uenu a fa parfaiteftature, & qui
mcfmeseft defiavieux , nafquift
encore vne autrefois? Peut-Ure-.
tourner dans le ventre de fa mere,
ou il eftoit autrefois petit enfant^
& puis reuenir au monde par vne
^, y, nouuelle naiflance ? A quoy le-
ufusref fusrefpondit. A prendre mespa-t
1/mVe , en Tolcs come tu Ics prciis, il n'y a pas
ly[lJe\ui fajetdes*eftonner fi elleste cho-
"dfau , ^ quent. Mais commeie parted' vn
d'efprit ne Rovaumc de nature fort diffe-
feut entrer J i»- 1
an Koyau- rente dcs Royaumes d'icy bas , tu
dcuois auUi conceuoir qu il elt
'queftioii
lejtis Chrifi felon S. lean. 99 Cha. {.
queftion d Vne difFerentenaijGTan-
ce» Ic te le repete done dercchcf
auec la mefnie afTeueration,
qu en verite fi on nt naift encore
vnefois^maisdVnenaifTancefiir^ "
naturel[e,& qui aic pour principe
TEfprit de Dieu, &c la vertu de ces
diuines eaux que les Prophetes
ont autrefois promifes pour le de-
figner ^ il eft impollible d'auoir
aucune part au Royaume de Dieu
dont ie te parle. Telle qu*eft la co- f. ^.. .
dition du principe , telle eft la J^/^iJ
condition de tout ce qui en de- 'fi '^''j^'i
r Ion' 1 t^ceqmejt
Icend 5 & telle encore la propor- mdejef^ritt^
tionquil a aux cliofes aufqueU '^'^^'*^'
Ics on le deftine. Parce que la
chair eft vn principe naturel &
corrompu , tout ce qui en naift
eft naturel & corrompu pareil-
lement ^ & n'eft propre qu a la
ioui'lTance & a la participation
deischofes naturelles ^corrom-
Cha. J. lOO Paraphrajejur l*Euan^ile de
pues. Mais parcc que TEfprit eft
vnprincipe furnaturcljCc qui en
naift eft furnaturel & fpirituel
comme lay, &proprealaiouif-
fance&ala participatio dcscho-
fes fpirituelks & furnaturellcs. Et
Ke ^'t'ef que ce que ie te di :, qu'il faut nai-
!!!!r'^' ftrederechef, ne te donne point
potm que ie ■> I
raydtt:ii ij^ot dcftonnement .comme fi
-vozis f^ut ^ - . r 1
eflrenahde^ louDs ombfe ouc cctte leconde
rec^ej. naiflancc a pour principe iTfprit,
lequel on nevoid point ^c'eftoit
vne chofe incroyableou impofli-
ble. II y abien dautres chores,&
mcfmes dans la nature, dont on
ne f^air point ny Torigine ny la
fin 3 qui nelaiflentpas d*eftreve-
^, 8. ritables pourtant. Le vent, pour
fi^p^a exempIe,fouffleouil veut , e'eft
-umt , t^ tu \ Jii'e ^ Qi^ 1^ prouidence de Dieu
teiuy : mats conduit les agitations & les iialci-
'dokuvtent, nes. Et tuentens bienle fon & Ic
ZSiZ bmit quil fait , qui ne tc laifTe
lefus Chrifl felon S. lean. loi Cha^ ^
hullement douter que cc ne (oit ^,^^, ^^^
vne cliofe reellement cxiftente. ^^^^vw^;
Neantmoins tu ne fc^ais point
d'oii il vient; car qui a iamais fceu
lafource dcs vens ? Ec tu ne fc^ais
non plus ou il va : car qui a iamaiis,
rcmarqu6 Tendroit oti precife-
ment Icur mouuement fe termi-
ne? S(^ache done quilen eft a peu
pres ainfi de tousceux en qui cc
principcde I'Efpriteft caufedV-
ne nouuelle naifTance. II agic ou
illuyplaiftj&commela Iibievo-
lonte de Dieu le difpenfe. On eri
void bien quclques effeds en ce-
luy en qui il deploye fa vertu.
Mais neatmoins on ne void point
quand ny coment il commence
d'agir; & la fin a laquelle il con-
duit 5&011 il ceOfera d'agir de la
fac^on^ eft chofe qui maintcnant
ne s appercjoit pomt a la veucc
Maisquoy queces chofcs la fuf-* f. 9.
Cha. 3. lOi n^ara^hrajQ fur lEuangilede
refpondh, 6* ^^^^^ ^^^^ intclligiblts d'elles mef-
/«r ^/>: jYies, fieft'CC que Nicodeme ne
Comment (e ■' i
fern fatre les entendit Dolnt cncore Ceft
pourquoy y trouuac touiioursdes
difficultes qui paroifloyent in-
fiirmontablesafonErprit3ilcon-
tmuade demanderalefus; Com-
ment fe peuucnt faire ccschofes?
f: lO' Tellement que lefus, comme s'll
pondit, & euitelte lurpnsde 1 Ignorance &
^el^^^ochUr de la tardiueted vn homme qui
d'lfr^d, 6^ deuoit auoir Tentendement plus
ne cognois - 1
point ces ouuert & plusexerce encelaque
le communjuy dit:TuesDo6teur
en Ifrael , & de la (efte qui s'en fait
le plus accroire , & ncantmoins tu
ne comprens point encore ce que
ie te dis; cela n'eft-il pas honteux
f'ii.^ en vn homme deta forte ? Mais
Enverite. . 1
en -veriteie ton ignorancc ne change nen en
Zt^s d.fZ 1^ v^^'^^^ ^^ ^^ q^^ ^^ ^^ ^^^^ ^^
ce que nous auaut. Carcn veriteie te di:> &
Jfauons, c^ . • 1 I • 1 1 /*
tefmoignons tieH-le pout mduDitable, que a
lefusChrifl felon S. lean. io$ Cha. 3,
tuasiamaisouiprononceraqucl- ^^^ . ^^.^
queDodcurquc ce foic. ccqu lis ^^^^ «^ ^^-
one afles louucnt en la bouche, noflre tef
quand ils veulet dire quelque clio- ^'''^^''^'
fe bicnaffirmatiuemec ;Nous di-
fons ce que nous fcjauos tres- bien,
& ne tefmoignons de ricn que de
ceque nospropresyeux ontveu;
ielepuis prononccr incompara-
blement en plus forts tcrmes.
Mais ii y faut adjoufter ce que les
aucresn y adjouftent pas ; Ceft
que vous nc croyes pas a ce que
nous vous difons ^ & que vous ne
receues pas noftrc tcfmoignage.
Car tu vols quelle refiftance la
plufpart du Monde y fait , & toy
mefme en monftres vnc prcuue
en tes paroles. Et fi ny toy ny les i^. ni
/ J • Si ie x;ous
autres ne croyes pas quand le vous ^^ ^.^ ^^,y^,
di des chofcsfi accommodecs a ^W^^^^©*
vous ne le
voftre capacite , & fi clairement croyex^^dnt
xUuitrees par des cgnlidcrationsnr t^o.^^,/
G5
Clia. 3- io4 TaraphraJeJkrtEuangilc de
te mm dy pnfcs dc la Natuic mcfme ^& quc
eh0jes ceu- ^q^- \q HioHcle coiinoift 3 que fe-
X2l ce 11 le viens a mcttre en auant
desfecretsbeaucoup plus releues,
& que ic les enonce d Vne fac^on 6d
par des termes diuins &celeftes >
Combien feres vous encore alors
^, y, plus eloignes de Ics croire ? Et cela
Car per. (cYo'it HOtt difficilc fculement,
lonne nefi ^ , m t ^ ' ^
monte au mais irnpoilible a tout autre : a
cduy c^uiefi m oy il ne I'eft nullcment.Car plu-
u7uuv% ficurspeuuentbienauoir tire di-
^'J^'>^^^ uerfes connoiflances de la confi-
cicu deration des chofes du monde,
que yous aues continuellement
dcuant les yeux. L 9UIC& la le6tu-
rede la Loy^ a laquelle vousau-
tres Do£teurs faites profeflionde
V vous adonner fi foigneuiementj
vous peut auoir elcues bcaucoup
plus Iiaut que ne portent les con-
noiflancesquedonne la contem-
plation des chofcs^u m5de. Mais
lefus Chrijiftlon S. lean, 105 Cha. 3*
quant a la fublimite deces hauts
myftcres, done la rcuelation nc fe
peut tirer fino du Ciel^aucun n'eft
monce la haur pour Ics en tirer^ ny
naapprofondila fapienceduPc-
re ceiefte , finon cclujtqui en eft
defc€du,& qui en a efte cnuoye dc
parluy,&quiavncfi etroittc, fi
familierc,&: fi continucllc com-
munication auec luy \ que c'eft
comme sil cftoit toufiours dans
le Ciel , d ou aufli ne bpuge-t-il
point quant a fa diuinite^'dpnuer-
fant afliduellemcnt auec fon Pere.
Or afin que tu ne t*abufes plus en o^^^Jmme
rmtelligence de la nature de ce f^^/^^A^^
C> le ferpent ati
Royaume aesCieux,ny du moyen v^M .• atnft
11-1 r f^^t il que
^ equel il en taut entrer en u jus de
ioui'fTance, il faut que ie t'en parle Jj^f''^'^
vn peuplusouuertement.Tuf^ais
iHiftoire du Serpent que Moyfe
eleua au defcrt^Si comment ayant
la figure cxtcrieure & la couleur
' G 4
Cha. 5. lo<J* ^araphrafe fur tEuangtkde
des ferpens bruflans , non feule-
ment il n en auoit pas le venin,
mais mefmes il auoit la vertu dc
rcndrelavie&lafantea ceux qui
en eftoyent blefles.quand ils y ad-
drefToyent attentiuement Icur
veue.Celaa vne toure autre figni--
fication , & regarde beaucoup
plus loin^que vous autres dod:eurs
de la Loy ne penfes. Ceft vne
figure a laquelle refpond cette ve-
rite :, qu il faut que ce Fils de Iho-
me, aqui le Royaume des Cieux
eft donne en Daniel, foit premie-
rementefleuefurvn bois, & puis
apres exalte deuant les yeux des
f' 15- hommes par la predication. Afin
Ajin que ^ - r r -
quicmque quc tous ccux qui le lentiront
;f 7i# bleir^s dupech^ auquel ils font
pomt, mais tousfuiets.&dontleremordscau-
siiMff. lediiorribles flames de douleur
&dedefefpoir en laconfcicncCs
ycnans a le co/itempler attend-
lefus Chrijl felon S, lean. 107 Cha. ^.
ucment desyeux d vne viue foy,
luy qui n'eft point liomme pc-
cheur, quoy qu'cxterieurcmentil
en ait la reffemblance , ne fuc-
combent point au peril de more
& de malcdidion auquel ils font
naturellement aflfujettis , mais
qu ils obtiennent par lay falut &
vie eternelle. Car Dieu de fa pure f- ^^'
compaliion, &lans y eitreinuite atant^jmi
^ a conlideration daucune quHUdon-
bonne qualite qui fuft de refte %J;''^ g
dans les hommes ^a tant aime le ^"^^ 5'«'^^'^'
•t . X- I , , « < '^ue cro'tt en-
monde vnmerlel ^ qu 11 a volon- luy.nepnf^
onne Ion Fils ^ Ion •vieEtemei^
Vniquc , le Fits de fa diledion, ^''
pour eftre efleue de la facon que
ieviens dete reprefenter , afin
qu indifferemmcnt tousceux qui
le contempleront& quicroiront
en luy , euitent la perdition , &
qu ils obtiennent la vie cternelle.
Car vousaues bien leu dans les c^i* -d/v«
Cha, ;?. io8 n^araphrafe furtEuangile de
n'afcinten Prophctes quc Dicu doit quclque
my^fin fib jQ^J. apparoiftrc en la perfonne
four con- (l^ Mcflic , afia d'exercer luec-
i?^^;^^^.70/»ix ment lar toutela Terre. Et ccia
"t^jr/oit doit eftre execute eomme il a efte
>w ^^r pi;eJi^, Mais il y a vn autre temps
que cettuy cy prdonne pour cela.
Pour le prefenc,^ Dicu n a point
enuoye Ton Fils au monde afin de
iuger le monde & de prononcer
arrcft de con damnation contre
luy. La fin de cette venue du Fils
deTHommeau monde^eft de luy
reueler lefperance du fakit^&r d'en
mettre efted:iuement en poflfef-
lion tous ceux du mode quicroi-
ront en luy , & a la parole de fon
^ 18. Euano;iIe. Partant quiconque
erTiuy , ne crou'a cn luy , qui qu il (oit, n au-
tndJnT i*a point dc part en cette condam-
mais qutne j^^tio Dour la prouociation dcia-
efidefuc6n- quelleilyavn temps determine.
il nl^^Z Lafoy au Fils le deliure abfolu--
lefus Chrijl ftlon S, lean. 105^ Cha. ^.
mentdc ce peril & de cettccrain- ..enaunmn
tc.Mais quant a celuy qui nc croic J/jf;-^:
pas,ccttuy-la , quiconquefoiMl
pareillement,cft des maintenant
fi irreuocablcmcntafTujettiacct-
te condamnation , qu'on peut di-
re en quclque faqon que la fenten-
ce en eft defia prononcee. Car n'y
ayant point d'autre moyen de
1 euiter , linon de croire au nom
du FilsvniquedeDieujen mefpri-
fan t ce moyen , non feulcment il a
melprife Texemptio de cette con-
damnation , mais par fon incre-
dulite ilen a meritevne nouuel-
le. Et nya perfonne qui puifle J^^X^u
douter.nyque cette condamna-. ^^^damna-
tionquilauoitdeliameritee , ny lumieu efi
11 t -] • venue
quecellequedenouueau uaatti- n^ende
ree fur foy en ne croyancpas , ne
foit tres-iufte J de forte que celuy ^/f^'^*^
quiladoitloufirirn aaucune ex- u lumiere.
cufc a y oppofer. Car il n y peut TJrs
venue au
&
les hommes
ont mkux
■s te-
fource qtii
oetihres
Cha. 5. no Paraphrajefur lEuangile de
4oientmef ^uoir dc plus raifonnablc ny de
€hMes. p^^5 euidente caufe de condam-
nation que celle-la: que la lumiere
qui feule pouuoit reueler le mo-
yen d'en efchappcr , eftant de fori
bon gre venue au monde, & s'e-
ftant prefentee aux yeux des ho m-
mes 5 afin de lesconduire a falut^
les liommes one mieux aime les
tenebres quelle ^&fe font inuin-
eiblemcnt obftines a (uiure Icurs
egaremens. Et ce qui leur ofte
encore toute apparence d'excufe
eftjque cen^eftque leur malice,
& I'obftination qu ils y ont, qui
leur afaicrejetterla Gonduite de
cecte lumiere, & fonillumina--
tion : parce qu eftant adonnes a
mauuaifes adions, ilsnolit pcu
fouffrir I'eclat de cette lumiere
f. zo. qui les en a redargues. De fait^
conque fait c clt Ic naturel de tous ceux qui
'chimesjjt'i font mal^de hair la Lumiere^&^fle
lefusChrifl felon S lean, in Clia^ ^^
Bevouloirpaseftreeciaires, Ny u Umfen,
ils ne s'approchent pas de la clar- ^. ""^ ?^^f ^
rr _ _^ L point aialu^
te:,iiyils nelouftrent pas qu'ori ^i^^t , de
1> 1 J» ^ ' 11 f^^^ que fes
1 approche a cux , parce quelle oeuHres m
feroit voir combien leurs jmau- ^Zmerml"
uaifcs adions font hontcuresy&
dignes de haine & de detella-
tion.Ecc'eft ce qu'ilsne vculetpas
que Ton voye J parce quaimanslc
vice 3 ils nes'en veulent pas deta-
clier;& que s'aimaiiseux-mefmes,
ilsne peuuentfouffrirla hontcdc
s'y voir fi opiniaftrement enga-
ges. Car quoy que ce foit , &
pourfiaueugles qu*ils foyent, le
Vicea toufiours vne laideur quife
fait remarquer a eux malgre qu'ils
en ayent. Mais quant aux gens % tu
dl . . ^ 1 ^ ^ Mais es'
e bien , qui prennentplailira luy ^m ft
cheminer en rondeur&en fince- ^^.^^^
rite, ils ont vne affedion , & vne ^'l ^**rniere
dilpolition toute contraire. lis <^^»res
. It o » foientmani"
aiment la Lumiere , & s appro- fefi^s.t^^m^
Cha. f lit n^araphrafefufl'Euangtlede
tHHt^t^eUes client d^elle , & prcnncnt pliifit
i^«r Ato qu'elle erclaire,& qu die farfc voir
leurs actions ; parce qu ils fc- auent
bien qu'cftant conformes a la vo-
lonte dc Dieu^& faitespar la ver-
tude fon Efprit, & parTafTiftan-
cede fa Grace, cllcs nc peuuent
eftrc iugecs que belles & bones, &
qu'elles ne redoutent point Tcxa-
. , ^^^ me. lefas ayant tcnu ce diuin pro-
^pres ces DOS a Nicodemc . & iugeant Qu'il
auec fes di auoit all cs demeure en Icrulalem
^tuterrZlre pouf cettc heurc la>il fe retira luy
de udie:o; & fo difciples a k capa^ne.dans
UdemeuYoit ^ n • rP / \ 1 I
auec eux,6* Ic oavs Qui eftoit ailiene a la tribu
de luda ; & la il demeura quelque
temps auec eux J commencjant a
fe faire d'autres difciples par leBa-
ptefme, lequel ilfaifoit admini-
ftrer par ces premiers qui Tacco-
pagnoyent ordinairemcnt. Ce
qui a fait dire qu*ilbaptifoit luy-
mefme , parce que ce qu ils en f^i-^
lefus Chrifi felon 5. IcdfL 113 Ch£ 5
foient, e'cftoit par fon comman-
dcment. lean eftoit aujffi encore f^,-
alors en Enon , proche du lieu dc ^^ i«^»^
Salirft jOu 11 eontmuoitlexerci- aufienEn^
ce de fa charge par la predica- 7alm-pJr.
tion dc la repentance 3 & par 7«'',i/'*'^i|
i'adminiftration du laaement ^^^^^^^^^^
qu li auoit accouitume de taire vemitmi^,
donncrenfigne de remiflion^des T^^aftl^.
pechcs. Et il choififfoit volon-
tiers ce lieu-la pour la comodite
de TeaUjdont il y auoit beaucoup
en cct end roit,& parcequ'il eftoit
propre pour y plonger ceux qui fe
raifoyent baptifer ^ comme c'e-
ttoit lors la couftume. Telle-
mentque le pcuple affluantla,il
les y faifoit ainjfilauer. Car alors fy *4
leann auoit point encore elte mis »'^«^^>
• / r> ^ point encore
cn prilon , & tout ce que nous efn n.
auonscy deflusracontedes paro- ^^'^''''^
les &des actions de lefus, aprece-
dqfon emprifonnement , au lieu
mis en
Cha. 5. 1I4 ^araphrafc Jurl'Euangile de
quelcs autrcs Eaangcliftes pren-
nent de la fin de rexercice dela
charge de lean , le commecement
de la narration des fon6tions de
f. IS celle du Sauueur du Monde. Or
-^IqJefiZ pen auat que lean ccfTaft de pref-<
«i.«.4f^.^/. chenilarriuavnechofe biencon-
Jetplei ae ^
lean auee fiderable,&: qu'ilne fautpaslaiC-
four lapu, ferfous filence. Il auoit desdifci-
pies qui 1 accompagnoyent ordi-
nairement, commenousTauons
defia remarque^auec lefquels les
luifs qui venoyent pour (e faire
baptifer , auoyent affes fouuent
quelque conference. Envnede
ces confereces-la.:, il s'emeut vne
<}ueftio entre les difciples de lean,
& quelques vns d'entre les luifs,
touchant la nature de fon baptef-
me, &refficacede cette purifica-
tion. Car les difciples de lean fou-
ftenoyetque fon baptefmefeftoit
d'inftitution diuine , &par co^n-
fequenc
lefns Chrifi felon S. lean. 115 Chi. $1
fequcnt dVne excellentc vertu.
Au lieu que ces luifs-la difoyent
que ce n eftoit finon vne fimple
ceremonie , que chaque Do£teur
auoit la liberte dmftituer&de
pratiquer de fon mouuement
particulicr,pourfignalerenquel-
que facjon fa dodrine , fans en
auoir rec^eu aucun commande-
mentdcDieu. Et pource quele-
fus , comme nous auons dit cy
defTus, baptifoit, &que ces Imfs
centre qui les difciples de lean
difputoyent , ne croyoyent pas
quileuft devocatio diuine^pour
cela , ils en alleguoyent I'exemplc
pourconfirmer leur opinion, &
mefmes infulcoyent a lean ^ parce
que lefus fe rendoic beaucoup
plus celcbre que luy,& que beau-
coup plus de gens couroyent a re-
ceuoirfon bapcefme. Lcsdifci- f,i6.
pl^.s delean done picques en quel- ^i„4r7?!t '^
H
tout vteri'
Clia. 3. \'l6 ^araphrafc JurtEuangilc de
ie^n,&iuy quc fac^oH dc cequonleur alle-^
dirent:Mat g-uoit cct cxemplc pour rabaifler
^re , celuy t> far ' 1 • /
^M efiott Ion autorite,&lur tout indigncs
'ITe'^u^Tor- decette infultationj & ialoux de
dam,de^td i^gjoij-e de leurMaiftre .vinrcnt
tu as re 77 an o '
tejmotgna^ a luv & luv dircnt , comme pour
hapnfe, & 1 mcitera s oppoleraucourantdc
^ /^^ cette reputation que lelus alloit
tous les iours acqucrant : Maiftre,
cepcrfonnage quivint a toy lors
que tu cftois au paiTage du lor-
dain^&qui demeurala auectoy
quelques lours ;cetliomme a qui
tu rendis tefmoignage , & que tu
mis ^1 credit parmy la nation^
s'eft aufli mis a baptifer a ton imi-
tation. Que fic'eftoit pour tefai-
redcs difciplcs ,bien; encore quil
ne le deuroit pas faire fans ton
confentement, ou fans ton ordrc.
Car autrement quelle vocation y
a-t-il? Maistant s'en fautqu'illc
falTe J qu au contraire, il fait b^a-
IcJusChrifl felon S lean. 117 Cha. 3^
ptifer en fdnproprenom,&pour
tc recompenfer du temoignagc
que tu lay as rendu :, il te fouftrait
toustes difciples, car tout le mon-
de va a iuy. Ainfi penfoyent-ils
exciter dans TEfprit de lean de la
ialoufie cotre Iefus,& Tinduire ou
afaiieouadire quelque chofequi
rabbatift &: obfcurcift Teclat de
fa reputation nailTante.Mais ils fe
trouuerent bieneloignes deleur je'J/ref
pretention, quand ilsentendirent ^'J f l'W
IarefponfedeIean,&:qu'ilsvirent ^^ »e peut
Teftime qu il faifoit de lefus au cum chofe,
deflus de foy-mefme. Car il leur \fld7nriUH
dit. Nc vous imagines pas que ce ^"^•
perfonnage dont vous paries, en-
treprennc vne telle chofe lans
vocation, nyquily reiifrift com-
me ilfait , fi Dieu naccompa-
gnoit fa Miflion de quelque fin^
guliere efficace. Ny Iuy ny moy
neiious fommes pas fairs ce que
H %
Cha. {. 118 ^araphrafe fur VEuangile de
nous fommes, & noftre accroif-
fement ou noftre diminution
n eft pas en noftre difpofition:
c eft Dieu qui nous a affigne a
tous deux ce que nous deuions
eftre. Et de rait l*homme,quel
quil foit, ne recjoit chofequel-
conque en matiere d'agrandiiTe-
ment , foit en autorite , foit en re-
putation, finon autant qu ilplaift
aDieuluyen difpenfer d'enhaut.
if, 18. Qii^nt a moy , ce que vous dites
vommef- q^g Taycontribue par mesparo-
tefmoins, ics a ion auancement , vous de-
rV/'^>L uroitempefcherd'elTayerdem'en
^i''^. ^' donnerdela ialoufie. Car vous
iefuis enuo mcfmes tefmoignes que ie ne me
ye defiant ^ . . . -1/1 »-l
/«y. luis iamais attribueplus quil ne
m'appartenoit ^ & que ie n*ay
point tafche de rien diminuer de
la gloire qui luy eft deue. Fay
toufiours dit expreflement que ic
n eft ois point leChrift; maisfeu-
lefus Chrifl felon S. lean. iip Cha. 3.
lement que i'eftois enuoye deuant
luy , comme pour luy preparer le
chemirijafin qu'il fuft recjeu auec
plus d'honneur & de reuerence. Il f* 19-
^ \ • 11 1 ■ rt* -• Celuy qui
y a a peu pres pareiile diirerece en- ^/^ ^Jie'e
treluy &moy, quil y a entre le ;{. ^; ^^
marie , & lamy qui raccompa- ^'^^^^y, '^«!
gne. Lemaneclt celuy pour qui Ajjifie,6>q^i
toutle rait, & pour qui 1 cipoule efwui pur
eft ornee & prepar^e. ^ox^ ^^ t:^':^:^*
quiraflifte:,& qui lefert en cettc cemmknne
occalion , & qui oit les propos QomtUe.
qu il tient a Tepoufe felon fon
coEur, S^lesafleurancesdefonaf-
fedion qu il luy donne^ n en rem-
porte rien finon la ioye d'auoir
contribue quelque chofe a fon
contentement , & de Tauoir (erui
en vne telle occurrence. lay par
ma predication prepare le peuple
des luifs a celuy dontvous par-
ies ; c eft done a luy qu'il doit
alltr deformais^ & non pas a moy:
H3
no Paraphrajcjlir tEuangile (Ic
^ tout ce qui m en reuient eft voe
incomparable fatisfad:ionj& vn:
ioye toute entierede cequeieiuy
ay rendu feruice felon la comm.if
fion qui m'enauoit efte donnec
II jauf Ce qui refte deformais eft,,qu u
qu'ii crctfe. croifle eontinuellemcnt en auto -
Cf que te Jots ^ ,^
^moindry. rite&en fplendeur , & que moy
faille diminuant a proportion,
comme vne eftoile s'obfcurcit a
f' 51- rheure que le Soleil fe leue.Com-
Celny qui J' . . n 1 rT
€fi vmu me noltre origme eit dirterente.
d enhnut, efi
par
tons
P^r '%jt nos charges lelbnt aufli , & dif-
' /^^2^ ferentes par confequent les fuites
«r^^.rr^,.y?_qui en dependent. Quant a luy,
fJrh^de u fon origine eft celefte :, & n'y a
Z7k"^7 iamaisrien eu defemblable en la
qut eft venu
duciei ,efi naiffancede qui que foit. Comme
tons. done ion origme eit d enhaut, la
dignite & fon autorite eft par def-
fustous, de forte quil ny eut ia-
mais rien non plus^qui luy ait efte
comparable. Pour ce qui efbde
lefus Chriji felon S. Iea.n, in Clia. 3.
moy,mon origineeftdelaterre,
& ie n ay point d'autre principe de
mon eftre, que celuy qui eft com^
mun a tous les hommcs. Eftant
tcl , ma charge & man autorite , a
la comparer duec la fienne ^ eft
commune pareillement , & dc
mefme nature aucc celles que
d'autresfimples hommescommc
moy ont pofTedecs. Et mes con-
noiflfances ne paflfent non plus
cette mefure-la , d ou vient que
vous voyes que par mes paroles ie
ne vous reuele rien qui ne foit pro-
portionne aux reuelations dc
ceux qui ont efte fimplemenc
hommcs. Mais quant a celuy qui
eft venu d'enhaut,comme ie vous
Ie difois prefentement 3 ie Ie vous
repeteray encore : cettuy la nous
furpafle tousinfinimcntjtant en
ladignite defaperfonne , qu'en
lautorite de fa charge, & en la fu--
• . H4
Cha. 3. lit ^araphraJeJurtEuangilede
J- V* blimite de fcs connoiflanees. Car
gne ce quH pour Hous, nousfcaiioDs des my-
ot4y , mats Itcrcs dcs Cicux ccqu ila pleu a
"« "S- Dieu nous en faire dcfcendre icy
^»^x^. [5^5 p^j; fgs reuelatios. Mais quant
a luy y il temoigne de ce que fcs
yeux ont veu la-haut , & de ce que
fes oreillesontentendu delabou-
che mefme du Pere celefte. Et
tant s'en faut que vous deuies vous
eftonner de ce qu il va quelques
troupes degcns a luy, qui font
profeflion de Tecouter ; qu*il y a
fujet de s emerueiller qu il y en ait
{i peu qui Ten entendans parler
comme il fait , deferent a fon tcf-
moignage. Car ceuxquilerecjoi-
uent/ont tres-peu veritablement^
en comparaifon du nombre de
f^ 5?- ^ ceux qui le reiettent. Cependant,
\ receuM voycs quclle cft k fautc des vns, &
jf^TfieU qiicile au contraire la gloire & la
V'fifJbu^ lou^ngc des autres. Ccluy qui tt-
lefus Chrifl felon S. lean. 113 Cha. 5
iettefontefmoignage , reictte Ic
tefmoignage de Dieu : car il nc
dit rien quil n'ait oui dire a fon
Pere. Au contraire , celuyquilc
re^oit :, il fait commc (i Dieu mef-
meayant depofe de quelqucfait,
ilauoitnonfeulemet reqeucome
certainecette depofition , mais
comme fi encore il y auoit adiou-
ftefon fing ^ & fon fccau, pour
confirmer & teftifier que Dieu eft
fidelle& veritable. Carcettuy* f,^^.
la , dont vous paries , cnuoye ^^,Z;,^Z
qu il eft de Dieu , dVne facon en- ^^«'y '*"-
* r* i« nonce lespa^
tieremcnt linguhere , ne pronon- rates de
ce & ne propofe finon les paroles p-J« 1,^ 7Jy
de Dieumefme^&cela auecvne fTJf/r
' lefprtt par
telle euidence, & vne telle certi- m^^^*
tude de verite, que fi Dieu mef-
me apparoijGToit , il n yenauroit
pas dauantage. Et il n'en eft pas
de luy commc il en eft de moy , &
des autrcs Prophetes qui m ont
114 ^^^Tdphrdfcfur hEuangile de
deuance. Dicu ne nous a donne
de fon Efpric finon en quelquc
quantke^autantqu'ila efte expe-
dient pour les fondions des char-
ges aufquelles il nous a appelles^
& felon la condition des temps
aufquels chacun de nous eft venu
au monde. Etcela eftantdiuerfe--
ment limite, & chaque periode de
temps diuerfement illumine 3 la
mefure de la reuelation nous a
efte diuerfement difpenfee de
mefmes. Mais quant a luy,Dieu
ne luy donne point fon Efprit par
mefure de cette fa(jon ,• la fource
de fes connoiiTances eft abfolu-
*^^ ment inepuifable &; infinie.EtIa
^ymeieFtb, raifon n'cn eft pas mal aifee a ren-
donnetoHtes dtc. Nous autixSjUous fommcs de
choies en fa r { \ • ■>
limples tiommes , qui n auons
point de plus eftroiteliaifon auec
Dicu 5 finon celle de la creature au
Createur , qui nous choiiic com-
te Fere
mam
Icfus Chrifl felon S, lean, uy Clia, }.
me il luy plaift , pour (eruira la
gloire de (on Norn , & a iVtilite
Ics vas des auires. Mais pour luy, il
cfl FilsdeDicu.&par confcquent
Fobjctdeso uienarrable diledtio,
a qui il fe communique tout en-
tier &Cins referue. Tellement que
coaimeiUuy adonne vn Earipirc
fouueram, & vne puifTance abfo-
lue fur routes chofes , afinde Ics
gouuerner a fa volonte , il luy a
auifi donne de fon Efprit infini-
ment,afin deles gouuerner auec
vne fouueraine & abfolument in~
faillible fapience. Prenes done t' ■'^^' u
bieneardeacequevousdireSj&a ^« fHs ^
^ ^ . / . I • "vie eterneU-
ce que vous croires , tant de luy u, mats qui
quedeceux qui vontaluy pourfe ]lir,tJ7as
fairefes difciples. Carceluy qui "^ ,'^^*'''^
croiten ce Filsdeladilection de ainsbmde
leu , aura la vie eternelle pour meufe fur
pnx & recompenfe de {a foy. ^''^*
Mais quant a ceux qui ne croiront
Cha* ^. iz^ n^araphrafefurPEuangile de
point en ce Fils,ils n*auront point
de part en la vie^ & nela verront
iamais. L'ire de Dieu qui leur
pcnd naturellement fur la tcite^
demeure fur eux , puis que par in-
credulite ils rejettent le feul mo--
yen par lequel elle en pouuoit
cftredeftournce.
CHAPITRE IV.
^land ^^^ ^^^^ merueilleufe abon-
donc lefus ^\^^^ dancc de fapienceque ie
««/ eegneti m^S^ • J J- • A. /
^^eiesph^^ ^^^^ viensdedireauou'eiteen
"^^Iknf any noftre Scigncur lefus , nele laif-
iire<itteu, fant ie^orer chofe quclconque
fius de di. q\x i\ vouiuit icauoir , li connut
f^aptifih que les Phanliens auoyent enten-
^ll. ^""^ duquilfaifoit&baptifoitplusde
difciplesquelean5& qu'ilacque-
roitbeaucoup de reputation par-
lefus Chrijl felon S. lean, ny Cha« j^
my le peupie. ( II eft vray que luy . ^
inefme ne baptifoit pas ; c eftoict C OiimUf»
les dilcipks. Mais parcc qu lis le bafti/oit
faifoyent par fon commande- ^,'^^;,;^j*j
ment , & que c'eftoit a luy qu'ils
faifoicnt des difciples & des fc-
£tateurs^&non a eux mefmes,la
chofe luyeftoit imputee.) Sea- f. ^
chant done que tous ceux qui j^die , %^
auoientquelque credit parmy la 'll%^3''^^^
nation , & particulieremcnt les g^h^^^*
Pharifiensja fe6te la plus orgueii-
leufe & la plus ambitieufe de tou~
tes ^ cftoyent pour brafler quel-
que mauuais deflcin contre luy
par leur enuie, le temps-n'^ftant
pas encore venu qu il s'expofaft a
ce danger ^ il laiflfa la ludee, ou
ilsdominoyent,& s'en alia dere-
chef en Galilee , d'ou fa reputa-
tion ne leur pouuoit pas donner
tant de ialoufie. Or eftoyent ces ^ -
deuxcontrees tellementfituees a . .^^'^Af;
9
Cha. 4? itS n^araphrafe fur tEuangilede
paf.fip.rie I'egardl vne de 1 autre , que pour
milieu de allet Icdroit cheminde iudee ea
Galilee , ilfalldit neceirairement
paffer par le pays de Samanc, qui
eftoit habite,non pas de luifs fim-
plement, mais d vne nation met
lee de diuerfes fortes degens , &
particulieremet des relies d'lfrael^
qui y eftoyent demeureslors de la
tranfmigration , & de ceux qui y
eftoyent autresfois venus des
ii^y^lint contreesd'AfTyrie. Ilvint done
done en -one ^ j^ paflfant vers vneville de ce pays-
uilie de 5«- ^ X \ r
marie, U- k , qui pour lors ie nommoit Si-<
\7uestcht, char , & qui eftoit pres de cette
Trr^'n.t poflfeflion , dont lacob parloit
lacob don autrerois par Elprit Prophetique
finals, a lofeph fonfils, quand proche
delamort il luytenoitce langa-
ge. Ie te dnnnc njne part outre tcsj^r e-
res y laquellc toy prtfe auec monej^
pee (^ mon arcade U main des Amor--
f>/f' rheens. Or yauoitil-Iavnefon^
£tl/fefifift J
lefus Chrifl felon S. lean. 119 Cha. 4?
taine de lacob, c'eft a dire, vn lieu ^^^ y^,^^^,.^
que lacob auoit autrefois,caue^& f /^ ^""^^^^
ou il seitoit trouue vnc lource i^jruucu.
eaux qui seltoit conleruee, ainfi ags
&que Ton auoit entrecenuc iuf- {^^j'* flX
ques alors pour Tvlaeedela villc ^««'>^» i*^
&de lacontree. lelusdoncayant
beaucoup chemine , & quoy qu il
fuft Dieu benic eternellemenr,
eftanc d'ailleurs homme commc
nous, &remblabIeanousen rou-
tes chofes , excepte le peche feu-
iement , il fe trouua fatigue du
chemm, &ce d'autant plus qu'ii
auoit marche pendant lachaleur
du Soleil. Car quand il arriua fur
cettc fontaine , il eftoit enuiron
fix heures s c'eft a dire , com me
I'on conte ailleurs, enuiron midy;
la couftume des luifs eftant de
partagcr le iouren douze heures,
depuis le leuer iufques au coucher
duSoleiL Commeilferepofoit- ^-7;
Cha. 3. 130 ParaphraJeJurlEuangilede
4, la, & quil attendoit quelquVn
me vtent
samane g^ luvfournift vii vailfcau pour
i'eati» lefiis prendre del eaudansia rontaine
-Donne moy & pour Doirc^ 11 Vint vne rcmme
^hotre. j^ cepaysdeSamaric quiportoit
auec elle vn vaifTeaU:, comme c'e-
ftoit la couftume. Elle done s c-
ftantapprochee , & s'eftant mifc
apuifer^ lefus luy dit , le teprie,
panchevn peu ta cruche fur le
bord de la fontaine , & me don-
car%di' ne aboire. Gar non feulement il
faciei s\n n auolt polnt de plus petit vaif-
ui^aUvii^ leau auec ioy pour sen ayder,
ul^'TmtZ mais il n y auoit point la d'autre
^'''' perfonne qui luy peuft rendre cct
office: parecquefesdifcipleSjqui
eftoyent venus auec luy,auoyent
pafle outre , & eftoyent alles iuf-
qua lavillepoury acheterdesvi-
^. 9. ures. Alorslafemmereconnoif-
Jrfr; fantbienalalrdefonlangage, &
tnarimne \ fes habUlcmens , qu'il eftoit
Tefus Chrijl felon S. lean, y i Clia^ 4^
luif de nation , & foit qu'cUe fuft comment.
veritablement imbue de Tauer- ''^..^'^' ''
fion que Ics Samaritains auoyent ^^m^^des
contrc Ics luirs ^ ou qu elie luy moy ^ui/uis
vouluft rcprocher ccUe que les ^^^/^,ff [,
luifs temoicrnoyent centre les <^f^^''[''*f^
O J n ont point
Samaritains , clle luy refpondit: d-accotntace
Comment elt ce que toy qui es maritawh
luif J me demandcs a bdire ja
moy qui fuis vne femme Samari-
taine? Car Ics luifs ont les Sama-
ritains en tcl mefpris ^ & mefmes
en telle liortcur; que nefecon-
tentans pas de n'auoir aucune
communication auec cux en ma-
tiere de religion , ils n y yeylent
pas mefmes auoiraucun comerce
en ce qui eft des deuoirs de \i
eommiine liumanite ^ & de la
copuerfation , quelle qu elle puifr
feeftre. Alors lefus , qiiirielaif- f. 16,
oit lamaispaller aucune occz- pondit, ^
fiondlnftruire en la dd£i:rincde ^f^^/H'^,^
/ J
Cha. 4* 13^ Paraphrafejur tEuangilc de
dondejyieu ^^'^^ ccux auGG qul il fe rencon-
e^ qm efi troic, voyanccelle que cecte fern-
cehiy qui te 'J 1
«!/^ : T>onne Hie & cctte rciicbntreluy prelen-
^H^tuy'ln toit, il prit la parole &luy dit.Ce
^w/ % 1^'^^ P^^ merueille fine iugeant de
utc.^^idon^ mby findn parcet exterieur qui
'vme. enparoiit a tesyeux^tume traic-
tes de la forte. La fa<^on de laquel-
lelesluifs bnt accouftume d'agir
aue<: vous^ texcufe en quelque
rnMiere. Mais fi tu f^auois quelle
grace Dieu te fait , combien eft
graiidLluantage qu*il te prefente^
& dui eft celuy quien cette fiennc
apparenteneccftife^ tedit, Don-
fiemoy a boire ; tu ferois refle-
xion ftir la tiei^fiej&luy deriian-
derois dequoy y fubuenir, car fans
doure elle-cft beaucoup plus pref-
fafite & plus imporrante. Ei fi tu
luy en demandois^ ilne feroit pas
comme toy, qui differes & tergi-
uerfes , & cherchcs des cxcufcs
lefus Chrijl felon S, lean. 133 Cha. 4}
t)Our eloigner fon contentement,
Sanstoutesces reproches & tou-
tes CCS tergiuerfations , fi tu luy en
eufTcs demande ^ ilt*euftdonn6
de Teau d'vne toute autre verm
que celle la. Car celle-Ia iVcft pro-
pre qu a humeiter &a rafraifchir
feulement : celle quil t'euft don-
nceeft capable de donner la vie.
Surquoy la femme , furprife d Vii f. u:
propos que non feulement elle /^^^{''^^^•!
n'attendoit pas y mais^ mefmes;^;^7^;^;;;
quelle entendoit encore moins. ^^^^^> &^'^
luy reparcit incotmentrSeigneury fi?ad , d\
qui que tu fois :> cartti ne paries ^
pasen homme de pen d'impor-
tance ; tu n'as ny vaifleau , ny cor-
dage pourpuifer de cette eauicy^
& ccpendant lepuits eft fi pro-
fond qu*onn'y peut atteindr eau-
trement. D autrd^cofte ie ne voy
ity autour aucunendroit d'ou ta
puiiTesauoir le moyend'executer
/ I 2, '
on
as /« done
cette efkUt
vine ?
Clia. 4. 154 nPardphrafeJur hEuannlede
C:ette promefle. D'ou peux-tu
done auoir cette eau capable dc
donner lavie^que tu diseftre en
f . T^. ta difpofition ? As-tu plus d'mtel-
gfsir.d qtte ligence & d mduitne a trouuer icy
w/J«i d^s fources & falutaires & abon-
mm n don daiites , Quc iVcH auolt lacobno-
nt le pmts, ^ i
^luy mej Itreperc, duquel^quoy quevous
het4 ^ jes autrcs luirs dilics , nous croyons
;;{|,^,;,^ eftredefcendus? Car ceftiuyqui
a creufece puits^ & qui en ayant
trouue I'eau afles bonne pour IV-
fagedefoy S^dcfesenfans, & af-
, fes abondante pour en abreuuer
festroupeauXjTa donne a fa po-
fterite ^ qui Ta conferue d aage ^n
h^f'ref aage. Mais lefus voyant qu'ellc
^'^'^.^ u^n'auoit pas compris ce qu*il luy
luy f'zi; ^a- 1 t i /
con^ne ^<:'^> auoit dic , & u voulant am^ncr
MuxA encore comme par degres & peu a peu
•^'•^* ale comprendre , le luy expliqua
encestermes. le ne tc me pas que
ce puitsne foit bon pour 1 Vfage
Icftis Chrijl felon S, lean. . 135 Cha. 4!
auquel il eft employe ^ & que la-
cob n'aic eu non feulement du
bon-heur , mais mcfmesdcrin-^
telligence a le connoiftre S4a le
faire. Mais tantyaquereau que
vousen puifes j n a point d'autre
vertu finon de rafraiciiir & de des-
alterer pou^r quelque temps feule-
ment. Apr es cela celuy qui en a
beu^ tant par la chaleur naturelle,
qui confume I'humidite de fon
corps J que par Texercice & Ta-
ction qui la dillipe^ redeuient al-
terecomme auparauant; Et s'il
ne veut mourir de foif, il faut qu il
retourne ou a cette eaU:,ou a quel-
que autre pareille , pour boire.
Mais quant a I'eau que ie donne a j,^^;/^* »
ceux qui m'en deniandent en leur f^^^^ ^,^
^ . ^ 1 - . leau que te
loir , quiconque en aura beu , il en iny donne^
fentira vn fi puiiTant rafraifchifle- Zmall!!!/:
ment^&vnehumedationfipro' ^J"/' /'^^^
fonde & fi permanent^, que ia- f^^'^^^^y-
I I ' ^ ferafatte en
I3
Cha. -f. ij/( n^araphrajeJurl'Euangilc de
luy vnefcn^ vci2iis il nc luy reuicudra de foif qui
p!uLft!7n I'J^^q^i^tc ny qui letrauaillc. Etla
-vie etermi. raifpn de ceJa cft^que ceuxqui
boiuent de cette eau , n'en pren-
nent qu'vne petite portion ^ au-
tanc qu'en contient la capacite de
leureftomach: dou quandelle y
a fejourne quclque ten^ps^elle paf-
fe incontinent aillcurs^& s'enva,
nelaiflant point dans le corps de
perdurable imprcflion ^ ny de
principe d'oii le rafraichifTement
feproduife&fc continue. Au lieu
que i'eau que ie donne deuient en
celuy qui en boit^vne Fontaine
qui coule toufiours. De forte que
eomme tu vois d'ordinaire que
J'eau qui vient dVne fource bien
eleuee ^communiquee &;recueiU
lie au lieu qu on a prepare pour ce-
la, fait vn ie£t qui s'cleue aufli
liaut que la fource mefme: celle
que ie donne venant d'cnhaut^re-
may
eau ^
afin que ie
n'aye plus
foi'f ^ ^ que
ie ne wenne
^us ic$ H"^
lefus Chrifl felon S. lean. 137 Cha. 4>
cueilliedansvacoeurbien difpofe
pour cec efFec , outre quelle ne ta-
nllpoint, remonte encore & fail-
lit lufqueseu vie eternelle. Alors f.is.
1r 1 ' \ La. femtHs
a remme commen^a bienaen- uydiySei.
treuoir quclquc chofe de la digni« ^Z''*moy''7e
te &c de la puiiTance deceluyqui '^'^^^
parloicaelle , & de la nalquit ie n-aye plus
defir quelle fentit de receuoir
quelque gratification de luy^ & de ^Jj
retirer quelque vtilite de fa con-
uerfation ; mals neantmoins ne
conceuantpasbien encore nette-
ment que cequilluy difoitcon-
cernoit Tefprit^^: pcnfantparti-
culierementauxneceflitez & aux
fatigues corporelles aufquelles (a
pauureteraflfujettiffoit, elledit a
lefus : Seigneur , puis que tu es & fi
pleindebone volonte pour ceux
qui implorent ton afliftance , &c fi
puiflfant a leur en faire fentir les ef-
feds^ ie te prie donne moy de cet-
/ . I 4
Ch^» 4« ^38 ^draphrafe fir I'Euangilede
te eau dont tu paries; afin que icn
cfteignemafoifpouc vne bonne
fois^ikquedorefnauanc ie nefois
plus obligee de venir icy querir
f. 1^. de Teau auec tant de peine. Alors
Jtlva ap. Icfus connoiflanc qu elle com-
puetonm^^ HienGoit a prendrecTouftafado-
^cr* ftrincj & a receuoirles diipoli-
tions necellaires pour y profiter
de plus en plus , luy voulut temoi-
gner qu'il ne la vouloit pas econ-
duire. Neantmoins fon deiTeiti
cftant de la preparer encore da-
uantage5& au refte de luy faire pa-
roiftre qu'il ne faifoitrien quine
fuft das routes les regies de labie-
feance, neftant pas ce femble fore
conuenable de communiquer au-
^ cun bienfait a vne femme qui pa-
roift eftre mariee , fans le f^eu & Ic
confentementdefon mary^illuy
di c : Va t'en dans la ville^& ap pellc
ton mary, & Tamene icy auec toy^
Icfus Chrift felon S. lean. 139 Cha.4
& puis tu verras par Icseffcdsla .
veritcdcmes paroles. Ace mot . ^ ,
la femme Samaritaine , en partie l^/^/^«»«
par le telmoignage que luy rcn-iuydit .- le
doit fa confcience de Teftat au- ''d7mJy'!'!L
quel elle eftoit lors auec celuy^^^^-^^^;
auecquielleviuoit; en partie par ^'>- i^^'^y
\ -y r 11 -1 • point demit-'
le deiir qu'elle auoit de ne voir pas y..
difFerer d*auantage Texecution de
cette magnifique promefle qu'el-
leauoitentenduedelabouche de
lefus , luy refpondit tout nette-
ment^Ie n ay point de mary.Com-
me pour luy dire , le te prie ne re~
mets point a vne autrefois , il n'y a
rien qui empefche que tu ne me
faces des cette heurelebienqueie
te demande. Adonc lefus voyant
laconftitution dc fon efprit , &
fcjachant qu il eftoit neceffaire,
pour Tamener entierement a fa
connoiflancej&larendre capable
de la remiflionde fes peches , de
Clia. 4. 140 Taraphraje furl'Euangilede
les luy faire connoiftre &c fentir
bien viuetnent, afin quelle en eult
vne bonne c5pon£lion5il luy die:
C'eft bien refpondu a coy , de di-
f- Tg. re, le n'ay point de mary.Car tu as
Carfu as * 1 I
eucinqma^ cu cittq mansles vns apresks au-
"^ue^t'u^s ^^^^ J ^^^ ^^ as concraincs par ta
vMintenant mauuaife liumeur , de fe fe oarer
nefi point -, ^ i .
tonmary.en d auec toy. Lcs Quatre preniiers
cela tu as i \ p 1 / 1
ditUverhe. t ayanc a cctte occalion donne la
lettre diuorce , ils one tous le^iti-
mement luccede les vns aut au-
tres,non felon rinftitucion de la
nature, mais felon la difpofition
de la Loy , a laquelle vous autres
Samaritains vous eftes aflujettis.
Mais parce quelecinquiefme ne
t'a point encore donne cette let-
tre , &quain(i lelien dernariage
n eft point rompu auec luy , celuy
que tuas mamtenant n eft point
ton mary 3 & la conuerfacion que
tu as auec luyn'a aucuntiltre de
lefus Ckrifi felon S- lean. 141 Cha. 4-
legitime mariage.En cela done tu
as dit la verite , & c'eft chofe a la-
quelle il faut que tu penfes ferieu-
femcnt en ta confcience.Car defia
ce n'eft pas peu de chofe que d'a-
uoir ainfi oblige tantde maris Ics
vns apres les autres a te laiifler J & a
niefpriferlesinftitutionsde la na-
ture 5 qui rend le mariage abfolu-
mentindifTolublejfi ce n'eft par
la padlardife^ou par la mort.Mais
tu as vn grand furcroift de peche,
en ce qu'en cette dernicre rencon- .
tre tu as encore mefprife Tinftitu-
tion dt Dieu , qui par la Loy t'o-
bligeoita netefeparer point de
tonmary,& n'en prendre point
vn autre ^quau moins tu n'eufles
vne letcre dediucrce 3 quide-
noiiaftle liendu mariage prece-
dent. Ce propos de noftre Sei- J^J^;,^,
eneurtoucharefpritde la Sama- I'^ydtt.sei^
O i gneur , te
ritaine plus que n'auoyent encore voya^uetues
I Frefhete,
1
GBao. 4. 141 Parathrafe fur tEuangile de
fait Geux d auparauant. Parce
q;u outre les cliofes de droit dont
clle n'auoit iamais oui' parier de la
liorte ,. clle voyoit que lelus luy
en reuelpit quelqucs vncs de fa it^
dont il ne pouuoit auoir vne (i
cxafteconnoiflance , sil n y euft
cuquelque cliofe d'extraordinaU
re en luy .Oeft pourquoy elle con-
(jeut vne merueiileufc opinion do
ia fapience. Neantmoins I'opi-
nion qu'eile en auoit n'eftant pa5
encore egale ala veriie delacho-
fe^ ellc feconccntade luy dire j Sei-
gneur, ie voyquetues Propliete^
& tu. me remets TiJee de ces Pro-
plietes d'autresFois deuac les yeux,
f. to. p^j^ s'imacrinant que puis qu il
ama.dori.n luyauoit taut dit de choles que
cettemonta- - •' .^ o t
gne,&vous ics autres ne l(^auoyentpas,&«: mel-
feru/Je^' mesquilsue pouuoycntpas f^i-
efiieUeHch uoir , il luv Dourroit bicn decider
'•^''* vne queftion , qui non leuicmear
lefusChrift felon S. leanl 143 Clia^^r
cxer^oit alorsbeaucoup d'eiprits,
mais qui outre cela tenoitenfuCc
pens pluficursconfciences , & qui
mefmesdonnoit de la peine a la
fienne , elle continua de la forte.
Vous auties luifs dites qu ilfauc
adoTerenlerufalem j&quelefer-
nice qu on rend a Dieu en vn au-
tre lieu, ne luy peut eftre agreabla
Cependant , il eft certain que nos
Peres ont adore enccttemonta-
crne deGarizim^que tu vois de-
uant res yeux , non feulemenr de-
puis que leTempIey aefte bafti
par Sambalat , mais plufieurs fic-
clesauparauant,& du temps des
Patriarches. CarAbraharn bailit
vn autel la aupres , dcs auant la
naiflance dlfaacEt depuisjacob
y en baftit vn autre au retour de
Paddan- Aram ,comme il eft rap-
porteauXII.& auXXXIII.de la
Genefe. Si ce lieu- la eiloic des-
Cha, 4« 144 TaraphrafefurtEuangiletie
agreable a Dieu , comme vousle
pretcndes , ees Patnarches rau-
royentilschoiiipourybaftir des
autels ? Qaand il n'auroit pas eu
plus de faintcte que les autrcsau
commencement, natilpaselte
facre par la piece de ces grancis
hommes? Et quelle nouuellecon-
fecration de la ville de lerufalem,
venue depuis'ce temps-la, a peu
deroger a la faintete acquifeace-
lieu icy par la deuotion des Pa-
triarches?Di-moyie te prie ceque
tu crois de certe queilion , qui
nous donne auiouraliuy tant d*a -
tfi^T'iu uerfion les vnspourlesautres ? A
dit:Femme. QuoY Roftre Sei^Hcur refpondit.^
croy moy, J^ V 1 \ C \ • \
que I'heurc Danspeucle temps la lolution de
"vient , que C\ ' C C
-vous nJdo. cetrcqueitionnekra pas tort ne«
rerei^ie pere ceflaire Cat tu me peus bien croi-
mont gne, xz ^ 6 femoie , ctt cc quc ievaisdi-^
net lernfii, . ^ - , ,
lem. re. L hcure vient , &approcne
fort, que. i Vn de ces deux licuxi
Icfus Chrifi felon S. lean.' 145 Gha^ 4!
h'aura ppint d'auantagepar def-
fus raiitre , & qu'ils perdront ega-
lement les priuilegesqueles luifs
& vous leur attribues. Alors on
nerendra plusau Perc celefte^ny
encetteMontagne icy^fnyenle-
rufalem jlefeniice corporel d o-
blationsSc de vi(3:imesquonluy
a rendu iufqu a maintenantrparce
que toute cette ancienne oecono-
mie laferaabolie.Neantmoinsie ^. ^^
te refoudray la difpute puis que tu ^'^«^'^^'^-
>• J 1 r 1 rez. ce que
leveux. VousautresSamaritains, --'ousne/fa^
ce que vous adores en cette Mon- adoro^ cs
tagne , ce n'eft pas que vous fca- 17..™
cliies certainement fi c'eft chofe ^j >^^J, 'fi
agreable a Dieu , parce qu 11 ne
vousen a point declare fa volon-
te. Ainfi vous y fuiues la voftre
feulement 5 & les imaginations de '
voftre propre fantaifie. Or qui
fait vne telle chofe a Tauanture
quant a la determination du lieu,
Cha. 4. 14^ n^ drachm fe furl Euangilede
n eft pas mefmes bienaflfeure de
robjetfurlequelil porte fa vene-
ration. De forte qu'a peine aues
vous aucune certaine connoifTan-
ce delaDiuiniteaqui vous ren-
desvoshommages. Mais quant a
nous luifs , nonfeuIementD'ieu
s'eft reuele a nguspar les oracles
de fa Parole, niais il nous a expref-
fenient defigne par fes Prophc-
tes le lieu ou il vouloit que nous le
feruiffions. De forte quenoftre
pietea vn fondement certain ^ &
pour ce qui eft defon objet , &
pour ce qui eft dela maniere en
laquelleillaluyfautrendre. C'eft
pourquoy la dodtrine & I'efpe-
ranee du falut eft indubitable
parmy les luifs; au lieu que parmy
• vous iln'eri eft pas de mefmes.
Af^//^ Mais celanete doit paseftonner,
&ej!mam' ny donner de lalarme a ta con-
]ir\Z fcience.Ietelay defiadxt,&tele
repcte
lefus Chrifl felon S. lean. I47 Cha. 4-
repete eneorc. Llieure vient^&: ^^.^ateun
mefmcs elle eft defia venue . & tu i^^'''^'^' ^f
t'en pells preualoirfi tu veux^que prtt^^veri^
1 1 o ' r ^^ • car nuJIi
lesvraisadorateurs ,&qui leront u pere en
feuls agreables a Dieu, fe feparans '27u^lt
de toutcs ces chofes charnelles '^^^^''^•
aufquelles le fcruice de Dieu a
cfte attache iufqu a maintenant,
luy rendrontvn fcruice fpitituel,
qui confiftera principalement
dans lesmouuemensdVn enten-
dement bien pur , & d Vne chafte
&finccreconicience. Ercefcrui-
ce-laauracetauantage , queTau-
tre eftcomnierombre& lafio-u-
re J & cetuy cy au conitraire eft le
corps & laverite. Carceluy Ian a
quafiefte inftitue autrefois , fi-
non pour faire vne obfcure deli-
neation du feruice fpirituel au-
quel deformais s'adonneront les
fideles. Et c'eftde telsadorateurs
que le Pere requiert : fans cette
K
Cha« 4. 14^ Tdraphrafc fur^Eumgde de
intcrieure difpofition de Tefprit^
tout ce Culte cercmoniel&cor-
porei ne luy peut eftrc agreable.
En cfFed quelle eft la nature de
i'objcci de la deuotion ^ telle doit
Bieu'eft eftrefansdoutcauffi la deuotion
frit : o' rnefme. Orcft-ilqueDicueftef-
jmit que J.
ceux^uip^. prit : cettc benite effcnce-la n'a
dorem. I' a- ^- . * « «
d^rent en du tout ricH de corpotel iiy de
ejm & ve- jj^^ij^ ^^^^ j^ matiereil faut done,
que fi ceux qui Tadorent meflent
dans Ton Cuke quelque chofe
de corporel, d autant qu'eux meC
mes ils font en partie compofes
de corps , le principal pourtant
de leur feruice foit aecommode
a la condition de Ton objet^ &
confifte en des mouuemens du
coeur J & en cetteveriteque i'ay
defia dit auoir cfte reprefentec
paries figures anciennes. Ce pro-
L^femme pos ttiit cn 1 elpnt dc la remmc
t^fque \l Samaritaine la penfee du Meflias,
nous annon-
cera toutes
lefus Chrifl felon S. lean. 145) Cha.' 4?
parce que c'eftoit comme vne ^^^;,^^^^,.
commune notion tant entre les '^, ,J[PP\?^
^ .r r I r Chrtfi)viet,
Iuirs,quemclmesentrcles Sama- ^«^'?^ ^^/^tf
ntains :, quequand 11 leroit vena venu , a
ilporteroitla religion a vn met-
ueillcufemcnt hauc point de pu- ^^''/^^
rete & d*cx€ellcnce. Nedoutant
<lonc pas que lefus nc vouluft de-
figner le temps de fa manifefta-
tion,cllc luy refpondit : lefc^ay
bienqueleMefliaSjC^cft a dire Ic
Chrift, ou rOind de Dieu y doit
venir ; Dicu Taainfi promis y & Ta
ainfifaitpredire paries Prophe-
tes. Et quand il fera venu il nous
enfeigncra toutes ces chofes-la
que nous ne fcjauons point,& tou-
tes les autres qui feront necefifai-
respour faireque nous rendions
aDieu vnfcruicedigne de luy,&
quilui foit agreable. Mais quand
cft-ce qu il paroiftra ? & quand il
yiendra^ qui nous annoncera i%
Cha<. 4. 150 ^araphrafe furtEuangilede
^ ^^^ venue ? Alors lelus qui Tauoit
..^\f .''^ amenee iufques-la par fon pro-
ie tftft^arU pos , voyant Ic poliit de fc mani-
ftfter a rJlc plcincment , luy dit :
Ta n'as pas , 6 femnie , a attendrc
bicnior.g tempSjtiya c^ mettre
bcaucoup en foucy par qui tu
pourras apprcndre la nouuelle de
fon aduenement. Ie fuis ce Met
fie- la que vous attendes, moy qui
parle a toy \ c'eft moy qui vous
cnfeigaeray tout cc qui fera de la
gloire de Dieu &: de voftre propre
falut; & n'en efpcre point d autre.
f, 17. luftement comme lefus eftoit fur
fcTsfipks cepropos, & qu'ilacheuoit dele
<vmdrem,6> i-ej^if I cette femme, fcsdifciples
Ursntde ce q^ il auoit cnuoycs enlaville,ar-
kvn^fem^ riuctent & Ie trouucrent comme
Toi^nTne ^ finifloit dc parkr.N'ayans dottc
dit.euede^ rienentendudece quil auoit dit,
m Andes tu> i '
cu , ?our &feulement ayans appercjcu de
VZueceiiei loin qu*il parloit, & oui' quelquc '
leCus Chrijl felon S.Iean. iji Cha. 4^
fon confus de fa voix ^ ils s'efton-
nerent comment il parloit auec
vne femme, parcequ'ils ne le luy
auoyent point veu faire aupara-
uat,&que cc n'cftoit point la cou-
ftume iJes Do£teurs d'entre les
luifi. Idint que le Seigneur nayac
pointaccoultume de parler (inon
de chofes fpirituelles, & qui con-
cernoyent le falut , ils ne slmagi-
noyent pas aifement ny qull en
difcouruft auec vne femcSamari-
taine , ny qu elle eftant SamarL
taine,elle prift beaucoup de gouft
a s'en entretenir auec luy. Neant-
moins le rc{pe6t qu*ils luy por-
toyetlesrctintiurquesa ce pointy
qu'iln'yen cut pasfeulement vn
d'entr'euxquiluydift , Q^ de-
mandes tu a cette femme y oil
pourquoy paries tu auec eile?Seu-
lement par leur arriuee , le pro-
pos de part & d autre fe rompit.
isfis-
Cha. 4. lyi n^araphrafefurl'Euangilede
^ ^g. En partie done parce que la fem-
"L^f^rnmf me creut que Icfus auoit affaire
facruche.& (j^c la cruche , atin de s cii Icruir a
u vtUe, ^ raire puilcr de 1 eau pourle rcpas
^'^ '^"^ quefesdifciplesluyappreftoyent;
en partie audi & principalemenc
parce qu el!e fuc comme tranf-
portee dece quelle auoit oui&
appris en ce pourparler , elle le
laifla-U > &:s'cn alia vifte en la vil-
le,& s'addrc (Tant aux gens du lieu ^
clle leur difoita mefurequ elleles
f . 19 rencontroit. levousprieaunom
^e:{7fkom de Dieu,mesamis^venes vnpeu
^VLr^ ^^^^ rnoy icy presvcrsla Fontaine,
que i'ay ^ voycs vti perfoiinage que iy
point le viens de rencotrerinopinement.
Pour moy le n en ay lamais veu vn
tel ^ &ne croy pas qu'il s'en puifle
trouner vn feblable. Outre les au-
tres belles chofes que Tay enten-
du'esdefabouchc^ iln yaprefque
li petite particularite de ma vie &
leCns Chrifi felon S. lean, ijj Cha. 4I
de mcs actions qu'ilne f^achcj &
qu il ne m'ait racontee : de forre
qu'il faut qu il ait vn efprit de
Prophetic , qui luy reueleainfi les
cliofes que nul homme ne peut
fcjauoir.. Oral je QUI dire que c eft
icy le tem ps auquel le Meme doit
venif , & quelesluifs 1 attendent
felon les Oracles de leurs Prophe-
tes, Ne feroit ce point celuy-la
quile fuft ? car aflfeurement c'eft
vn homme diuin , & tout a fait
extraordinaire, demotion auec f , jo. ^
laqueIleelIcparloit,& ce quelle r/J'/Z7e
difoit (i affirmatiuement.que ce ^'^.^f^' ^
perlonnage qu elle auoit trouue^ /«/.
luy auoit dit quantite de chofes,
qu il ne pouuoit fc^auoir fans reue-
lation celeftc, ayant touche les
liabitans de Sichar de quelque cu-
riofite, il y eneutplufieurs qui
fortirent de la villc pour venir au
lieu qu*clle leur auoit defigne , &
Clia. 4. 154 Paraphrdjefur lEuangile de
voir celuy done die difoic des
^•i^- chofes fi merucilleures. Entre-
dant/esdi' tcmps Ics difciplcs delefus luy
/rt/L, dL ayanc mis au deuant les viures
fans: Mai- qulls auovent apportcsJls Ic oric-
rent de prendre \os\ repas, en luy
di(ant,Maiftre mange. Carvo-r
yansqu*il eftoit perpetuellement
attache ouades propos fenten-
tieuXjOuadespenfees eleuees, ils
croyoyent qu il cftoit befoin de
le folliciter a ne negliger pas la
nourriturc de Ton corps.Ioint que
le trauail du chemin,& la haute
heurequileftoit , rendoita leur
adaiscette exhortatioplusneceC-
Ellis' il ^^i^e. Or bien que lefus trouuaft
hurdtnray houne leur affe£tion, &c qu il ne
a manger . x r - ^1
d'vne vun^ reiettait pas le lorn qu lis auoyent
de que uotts y r C >
ne fcauez. dc laperlonne :, parce quencette
^^''''* economie de fa chair , la nourri-
turc luy eftoitabfolumentnecef-
faire , fieft-ce que leurvoulant
lejus Chrifi felon S. lean. 155 Cha. 4.
donner vn belexcmple depreie-.
rerles chofesderefprita celles da
corps 5 & raccompliflcmeiit de
leur deuoir a la fatisfaclicn de
leursappetitsnaturels , & mefmes
des plus legitimes, enprenantoc-
cafion de Icurs paroles , &:y fai-
fant allufion, il leur fit cette ref-
ponfe. Tay a manger dVne viande
que vous ne fcjaues-pas ; amfi ne
vous mettes pas en peine de ma
nourriture. Cequeies difciples ^^^^^
n avant point entendu , & s'cntre- , H' "^'^i'
-'I ^ pies doncdt*
demandans les vns aux autres^M^^^ ^»
Quelqu vn lay auroit-il apportea ^«w^/«^
manger pendant que nous fonv ;:;;^^;^,t
mes allesa la ville, de forte que ^^''•
nous n en ayons rien veu ? II les f. ^4.
tira de cette perplexite en conti- dil'^T^Ml
tinuant fon allufion , mais en la ^^'-^^^^ . ^/
propolant en termes plus eten--^^^- vMmi
dus & plus intelligibles. le ne re- m-'JeLlyl
putepas.dk-il, que ce foit-laytlliSr
Cha. 4* 1$^ n^araphrafe fur hEuangilede
proprenient la viande de Uquelle
il me faat nourrir. Celle la iVeft
cjuepour fouftcnir le corps j i'eu
ay vnc qui nourrir & qu\ iuit'TBte
refpric^ce qui fait quelle eft m-.
comparablemenc plusexceiicute.
La viande que ie defirc ic plusai-
demment , & qui rcmpiit aion
ame de plus de contenrement S^
d'alle^refTc, eft que ic fallela vo-
lonre de mon Pcrc qui m*a cnuoye
de la haur.que i'execurc poiictuci-
lement rous les ordrcs qu'il m*a
donneSj&que ie parhiceroeiiure
dela vocation dcs hommesaref-
perance duialuE , quilmacom-
mife pour la faire. Ec veritable-
Ne diies mentle temps&roccafiony con-
'7^iiyJeZ uie 5 qui fe prefente fi belle &a
7o^s^7Z vous&amoy. Commenousche-
nioijjonvit- minions tancoft a trauers ces
ie -uom dy cliamps , & que vous conliderics
^eux,<^H enpaitant Ics blesqui monftrent
\
IcfHsChrifl felon S lean. 157 Cha. 4^
belle apparcncc,nevous ay- ie pas ^^,^,^ /,,
entendus que vous difies qu il y ^'fj '",^^7^^
auoit encore quatrcmois pour la bUnches
faifondcla moilTon , & bien que ^pmrT'"
cefoiteiicorcvnafreslon^-temps,
ncn anticipies vous paspourtant
la ioyc & le concenrc.«ent p^t
Tefperance ? Or ie vous dis moy,
(& en difant cela il tounia les yeux
vers vnegrande troupe de Sama-
ritains qui venoieor de Sichar
pour le voir &pour Touirparler)
leues vos yeux maintenant, & re-
gardes deuat vous les carnpa^nes.
La moifTon fpirituelle a laquelle ie
vousdeftine, eftfi preftequ'elles
enfontdefia routes blanches. De
forte que volHe courage & voftrc
zele fedoiraUumer &renforcera
mefure qu*^eft proclie le conten-
temenc que vous aures dVn fi
grand & ii plantureux fruit dc
voilre trauail. Car ne craignes t. ^c
Or celuy
Cha. 4. 158 n^araphraje fur tEuangilede
qm moifon P^s qiic vofttc conditioii (bit pire
Tjahi''^ 6^ quecelle des moiironneurs. Vous
mfembie le yoycs quc c'cit U coi^ltume qae le
iterneue , Maifti'c dc la moijOfon rende le fa-
Afin que ce» a • 1 \
iny \m /^^. lairc aux ouutiers qu il y a em-
TmCuiTe p'oyes^ & qui one allembie les
&ciiuy qui fruicsde festerrcsenfcs^ra^cs: &
il n y a lortc de remuneration qui
foiteftimeefi raifbnnable que cel-
le-la. Ceux done qui moitT:>nne-
ront dans Icscampagucs de la Pa-
leftine, aufquelles le vous appcl-
le a moiflbnner , receuront de
Dieu leur falaire pareillement,
apres auoir introduit les hommcs
fideles & conucrtis , qui font le
fruit de leur predication 5 dans les
grandes & glorieufes demeuraces
de vie eternelle. Et bie qu'il arriue
aflfesfouuentque celuy quia tra-
uailleen lafemence,n'a point de
part en la ioye ny en la remunera-
tion de la moifTon^il n'enfcrapas
' ■ \
le^s Chrifi felon 5. lean, 159 Cha. 4.
icy de mefme. Car celuy qui feme
&ccIiiyquimoi(ronne participc-
rone a vtiemcfmtrecomptnfe,&
recucilierent de ieur labeur vn
mefmc contentement. C*eft vn
prouerbcaffes commun ,que I'vn cJeTce^
feme & que Tautre moifionne, ^^/j/Jli/-^
quandon veut dire qu affes fou- g5'^» fi-
uentil y en a qui lont 11 heureux tre moijjcn^
qu'ils rccucilleiit le fruit des la- ^'
beurs d'autruy. Ecicyccttefa^on
ordinaire de pailer fe trouue ve-
ritable en vollre egard y fans que
ceux qui ont trauaille auant vous^
ayenrfujctdefcplaindre. Cari'ay f,^%,
refolu de vous enuoyer moiflfon- elmyTm^f.
nerparla predication del'Euan- >«^*''"*«
gile , ce que vous n*aues point n-anez^pint
feme & ou vous nauez y^oxnt ms^nttr^-
trauaille. D'autres y ont trauaille !^^^f ^^^
auant vous : car ce font les Pro- f "^ ,'^
phctes vos anceitrcs.qui ont epars ^^«ri;
de Ieur temps les femences de la
Cha# 4. Uo ^araphrafefurtEuangitc de
dodrinedefalutjefqucllcsfefont
conferueesentiercsparmi le peu-
plc dlfrael en la ludee , & dont
memes il eft dcmeure quelques re-
ftes en Samarie , nonobftanc Ty-r
uroye des erreursdont la plufpart
descfpritsontefteremplis. Etce
fontccsfcmenccs la que vouisvo-
yes qui germent & quipouflent
maintenant , & qui vous mon-
ftrent Tefperance d Vne moifTon
prochaine & bien abondante.
Ainfi d'autres ont trauaiUe , &.ils
ont efte auec ioyc falaries dc leur
peine. Et quant a vous, vous eftes
venusen leur trauail pour en rem-
porter auffi lagratuiteremuncra-
*\ ?9- tion de la voftre.cn vie & en gloire
^tdt cefte 11 1 n
viue ikpiti^ cternelle. Pendant que lelus te-
Samaria noit CCS propos a Ics dilciples, la
^rentenluy, fcmme Samaritaine parloit a fes
fouruparo. concitovens ,& leur racontoit la
tne uqueue coHuerlation qu elk auoit cm
t^HQif rendt* - a
lefhs Chrijl felon S. lean, i^i Cha. ^.
auec iuy. Et fcs paroles eurcnc vne ,,,,w,;^«^.
telle efiicacc ^ & trouucrcnt en ces ^'^''^'»^'^^'
gens VRC telle docilite a rcceuoir '^vM-
la verite , qu'il y cut plufieurs
Samaritainsliabitansde cette vil-
le deSichar^qui fe laifferent emou-
uoir a croire fur Ic tefmoignage
qu elle rcndoit^qu il !uy auoit ain-
n decouuert quafi toutes fes ac-
tions^ qu il cftoit impofliblc de
i^auoir fans quelquc infpiration
diuine. Etces bonscommence-
mens de foy ne demeurans pas oi-
(euxeneux , ils vinrent inconti-
nent a lefus afin de le connoiftre
de plus p res, &d'eftrecux mefmcs
tefmoins des merueilles qui leur f. 4^.
cftoycrit rapportees.Quand done d^d^s^.
lesSamaritains furent venus vers ^^,^ftl«w
Iuy, & qu'ils eurent veu fa perfon- ^ %- *^' '*
ne, & entendu Ics proposiis en demeumfi
furent tellement non feulement 7y7em€Sm
fatisfaits , mais rauis , qu ils le prie- ^"^ '"'^'*
Cha. 4. 161 n^draphrafe JurYEuangilcdc
rent ardemment de demeurer
auec eux , afin quils iouiflfent de
fa prefence. A quoy il condefcen-
dit cii quelque fa^on , car il y de-
meuradeuxiours. Maisilny vou-
lutpas demeurer d*auantage,par-
ce que fon miniftere eftant delli-
ne aux luifs , s'il en deparroit Ics
fon£tions a quelques vns des au-
tres nations , ce n*eftoit que par
economic fculement , & comme
pour vne efpcce de preparatif a ce
quife deuoit faireen la vocatio
Ft'te^u^ des Gentilsparle miniftere de fes
C9uppiusde Apoftres. Ccpcndantladcmeu-
renten luy, Yc CO CCS quamcrs la y ne rut pas
fourjapHTo^ fans fruit. Car encore qu'iln'yfifl:
point de miracles , fi eft- ce queles
beaux propos qu'il y tint aux oc-
ca{ions,eurent tant de vertu fur
les cfprits des habitansdu lieu , &
trouuerent en eux par la benedi-
ction de Dieu vne fi grande dif-
polition
lefus Chrifi felon S. lean, ii^j Cha. 4^
pofition a les receuoir :, qu ils y en
eut beaucoup plus qui creurent
par fa parole , qu il n y en auoit
euquifeiaiifafrent emouuoiraux
rapports qu on leur en auoit fairs.
Tellement qu ils difoyent a la f, 41}
femme. Tu nous as bien donne ////^Zl
les premiers commencemens de ^'''' J^
I crojom plus
cette perfuafion , que lefus eft le f^»r tap^.
^^ ^ j . ^ role , car
Meliias , & le recit que tu nous en nousmefmef
as fait 5 en a mis la premiere im- ^""'J^^uZs
prelTionennosames. Maisdefor- f«^^c(?«y/^
mais ce n'eft plus a caule de ta pa- menthsau.
role que nous croyons. hn com- ^^^
paraifon de la foy laquelle nous
enauons maintenant ^ lacreance
que tunous enauois ddneeeftoit
legere. Nous mefmes nous la-
uons oui" ; & auons (iGlairement
apperc^eu la vetite dans la mer-
ueille de fes propos y que nous fcja-
uons maintenant d vne fcience
indubitable que c eft luy qui eft
L
y >
Cha. 4* ^^4 P^raphraJeJurl'Euangflede
veritablemcnt Ic Chrift que M oy-^
fe&lesProphetes ont promise, &c
qui doit cftre Ic Sauucur non de
la nation dcs luifs fculcmcnt, ou
de nous autres Samaritains , mais
generalement dctout Ic mondc.
^4?. Apres que les deux ioursquclcfus
ef^xwurs auoit rcfolu de demeureren Si-
L't tl le , _ _. .
D
farntdeu, cliar furcnt pafles, il en fortit , &c
e» GMie, parachcuat le deliein de Ion voya-^
ge,il sen alia, non pas en Naza-
reth 5 ou il auoit efte efleue :, ny
dans les autres villes ou il auoit
autrefois beaucoup frequcntCi
maisdanslacampagnedeGalilec^
t' ^tr Car ilfcauoit bien laverite de ce
nmu rc^du qui (e diloit communement^
quvn Pro. quvnPropheten ell point hono-
^i^ honfre Tc eu Tou paysny enttc ceux defa
enjonp^p. connoiflfance , & luy mefmc de-
puis ilen porta tefmoignage , &r
^^ le declara hautement. Voila
pourquoy il ne vouloitpas aller
' ■ \
Icfti's Chrifl felon S, lean. \6$ Cha. 4*
fexpofer fadodrine & fes acStions
au mefpris qu en feroyent des
gens preuenus des preiuges de la
bafTefle defa vie priuee. Mais eftat % ^f.
Venu dans ce pays de Galilee, ou il d^^'iffut
n auoit point couerfc auparauant, liu!^ie%V.
les Galileens le receurent fauora- ^'-^^'^^ ^'^'^-
blcment,& luy donnerent beau- tres qu^us
^ e temoignages^non d hoi- umes ies
pitalite fculemct^maisaufli de ref- "^^ ;^[
peft.parcedu'ilauoyent veudua- f ^*'"''^'''
^ . f -}- . ^« ' ,,/ . p .^ tern an tour
tite de miraeies qu il auoit raits en de u fejie.
t r \ -1 n ' -1 » car i!s efioiet
lerulaiem^ commeiieltoitjilny aup vems
auoit gueres, a la fefte. Car ils y ^ ^''^'^''
eftoyerit auffi alles , felo la couftu- jf' ^^r^^
medesluifs, Apres auoir ainfife- ^^»^ ^ere^
, I *• ^ , chef en C4-
)OurnequelquetempsalaGampa- n^tviue de
gne, lors qu il voulut fe retirer das ^vlt^' 'fH
les villes , encore ne s'en alla-t-il ^'. ^"^'^ 'f^
pas pour lors en Nazareth ^ mais il ^^i''^ ^«
retoutna en Cana de Galilee, ou il cour dnqmi
• f r '1 le au e[loit
auoit commence les miracles par „,^iad^
k conuerfion de Teau en vin, & ^""^^
/
en
arnaS,
Cha* 4. 1^6 n^araphrafe fur tEu,angile de
oulamemoirede cettc merueillc
eftoit encore recente. Oryauoit-
il en ces quartiers-la vn certain
fcigneur deCour , officier d 'He-
rode le Tetrarque y qui auoit vn
f . 47. ills fore malade en Capernaum.
^yar^^uy Ccluy-U doHcayantoui dire que
^ue lefus celefasj done la reputation eftoit
ejtotf 'Venn 1
de xujee en {] arande, a caufe des chofes mi-
coulee, s'f.n ^ \ n ^•\ C - C ' n -
^Ua-versiHY raculeules qu 11 railoit, eitoit venu
%'iUefcet ^^ lerufalem en Galilee :, & que
dii} pour pour lorsil eftoit en la villedeCa-
guariT Jen * • ,,
ps : car il na , il 1 V vint trouuer, & layant
fir. aborcle,iliepriarortmitamment
qu il luy pleuft de defcendre en
Capernaum , pour y guerir fon
fils,que la maladie auoit mis a Tex-
t' 4S. tremite , de forte qu'on n'y atten-
Jus iny dtt, doit plus de vie, Alors lelus vo-
ZyJzfigZ yant qu'il n7 auoit autre chofe
&tntrades, q^• induifift ce perfonnage a le
'uoutnecro- H , \ ^ r 11/*
^ei^P^int, venir rechercher , Imon le delir
ardent de la conualefcence de fon
fills , & que d ailleujcs il ne faifoit
leCus Chrifi felon S. lean. i6j Cha. 4.
pas grande coafideration ny de fa
dodrine , ny de fa pcrfonne^com-
me il y en auoit la plufpart qui
n eftoycnt touches d autre chofc
que de fadmiration de fes adions,
il voulut en luy faifant vne cfpe-
ce de refus d^abord , exciter daua-
tage fan efprit,& donner par meC-
me moyen vne bone inftrudion
a tousles autres. Il luy dit done:
Vous venes a moy parce que vous
en efperes du fecours en vos necef*
fites , & qu outre Teftonnement
que mes oeuures vous donnent^ il
vousenreuient delVtilite, Sans ^_
cela vous me laiiferies-la , & ne . Jp
croiries nuUcment fi vous nc vo-
y ies continuellemerit des fignes &c
des miracles. Croyes vous done
que ie fois oblige d'en faire a tou-
tes Ies fois que vous le defireres^ou
que voftre befoin le requerra?
• - rcrai- Z'^''
Alois ce Seip-neur de Cour crai- ^^Jc'cfji
Clia. 4. 1^8 "T^araphrafe furtEuan^ilede
hommt ^. g^^nt jpnerueilleufcmentquele-
couriuydh: {y^j^e luv rcfufaft abfolumcnt cet«
Setgneur , ' '
dejcen de^ tc aflillancc , & recounoiflaat
«ant que I r» • 1
mon pis auec quelquc co tnponClion la ve-
'"'''''' ri te deep qu'il luy difoit, il redou-
bU fa fuppUcatipn auec ardeur, &
luy ditj Seigneur, ie te prie de rou-
tes mes affedions^ ne regardepas
a nos infirmites : regardc feule-
ment a moti afHi£tion pour en
aupir Gompaflion j &tehaftedc
defccndre vers mon fils^auant que
Taye cet inconfolable deplaifir
f- yo. que la niort mele rauifTe, Adonc
d\!'!va,ton lefusle voyant efmeu , non do
m^'^l crainte & follicitude feulement,
f J'* /"^^^^^^ mais de quelquerepentir,il ref-
luy ^uoit di- pondit ; Va t-en , ie n'ay point af-
u^ senai. j^^.^^ dallcr vers ton fils pourle
guerir. C'eft afles que i'aye veu 1 e-
motion de ton efprit , & ta repen-
tance. De riieure que ie te parlc^,
ton fils eft hors de peril demon;
' ■ \
lefus Chrifl felon 5. lean. \6^ Clia. 4I
^feporte bien. L'amoureftvne
chofe pleine de follicitude & de
crainte3& le peril auquelce per-
fonnagef^auoitquefon filseftoir^
le pouuoit faire hefiter fur cettc
parole delcfus. Maisncantmoins
il profica fi bien en peu de temps,
&Dieu donna vnc telleefficacea
ce que lefus luy difoit, quille
creutfermement, & qu'inconti-
xient il parcit pour s'en aller en
Capernaum voir fon fils , & ioui'r
par fes propres yeux du contente-
menc de fa deliurance. Com- . .
me doncil eftoit en chemin , & ^tcomfm
qu lis auan^oit versla vilJe,les ler- jcendonjis
uiteurs qui auoyent veu fon fils fu- ^^emlZll '*
bitement releue, & qui enpartic ''''*: ^^^-^
rauis de ioye . en partie tranfpor- dij^m , que
tes d'admiration de ce qu vne telle uoiu
guerifon luy eftoit venue fi pron-
tement , n'auoyent peu fe tenir
qu lis ne vinflent a la rencontre du
Cha. 4- 170 Pdraphrajc Jiir tEuangtlc de
pere Je trouuerentcnchemin^&
luy raconterent que fon fils eftoic
inopinement reuenu en vne par-
f$t- faite conualefccnce. Or encore
hHrd^m^L qu'il ne doutaft pas que ce ne fuft
tfreufl I^ vertu de lefusquirauoitgueri,
fioit trouHi fi eft-.ce que prenant plaifir a fe
/«/ dirent, confarmer de plus en plus en la
heuresufi^, toy qu il auoit en luy , & clier-
ureuu./.. change moyendmduire fes fer-
' uiteursacroiredemefme,>il leur
demanda a quelle heure precife-
menc il auoit CQmence a fe mieux
porter. Aquoy ilsluy refpondi-
rent. Hier, iuftemcnta feptheu-
res^la fieure le laiflfa fi abfolumerit,
fansaucunccaufc apparente,qu'il
' fe trouua tout dVn coup en plei-
ne vigueur , comme s'll n'auoit
f. ,5. point efte malade. Le Pere done
i^lcogneut ayant connu que c eftoit propre.
r* /f ^'^ mentacette lieura-laquelefusluy
^iki^ueu. ak^Ton fils eft norsde peril de
• ■ \
lefus Chriji felon S. lean. 171 Cha. 4I
more, & fc porte bien , & ainfi ne j^siuy^udt
reftant pas le moindre fujet dc ^'./"^/^
doLiterque ce ne fuftla vertu de ^reut , <^
Chrift qui s'y efloit defployee, il maijom
fe forcifia de plus en plus en la foy
quilauoicenluy , & paries mef-
mes raifohs & les mefmcs argu-
menstous ceux defa maifonfu-
rentpareillementinduitsa croire.
De forte quilsfedeclarerent ou-
uertement eftre du nombre de
ceux qui letenoyent pourleMef-
fie. lefus done ayant fait le pre- ^^^^
mier de fes miracles en Galilee en ^ cefecond
la*ville de Cana , done les autres mes le/m,
Euangeliltes n ont point parle, & venudein
cela auant qunl allaft en lerufa-
Iem,ily en fit encore vn fecond a
fon retour de ludee , dont les au-
tres Euangeliftes n'ont point fait
de mention non plus. Maistanty
aquece fut ainfi ^quil commencja
de fefaire connoiftre en ce pays-
die en Gaii-
U'e,
Cha. 4. ijz n? araphmje Jiirl' Euangile dc
la , par ces deux actions ii celebres
&fi folennelles.
f. I.
Apres ees
CHAPITRE V.
Velquc temps apres que
celafefuc ainli pafle, il y
cho'^es ,iiy ^SSi'eac vne fcfte foiennelie
fefie d6s des luifsen lemfalem, a laquelle
fuf'tll felon l*inftituti6 de Dieu les horn-
/L. ^"^■^^' ^^^ eftoycnt tenus de monter Jc--
fus done y monta aufli comme les
autres , tanc pour cc qu'il voulgit
donner bon exemple de refpedt
&d*obei(rance aux ordonnances
de Dieu, que parcc qu en ce grand
concours de peuple il pouuoit
tant par fa do6trine , que par fes
actions miraculcufes, proiiter a
i. ^. plus de gens. Orya-t-ilenlerufa-
^\lruj4' l^iT^j presdelaportequ onappcl-
' ■ \
Or
en-
lefus Chrifl felon 5. lean. I73 (plia, j.
le des moutons , parce qu'on les i,^^ ,„ u
fait entrcr par la lors qu on les ^/;;;^,/:^
amenepourlcsfacrifices.vn cer- uuatr,q«i
tamrelcruoirdcauxou onlauoic n^^teuBe^^
ccsvidimesauantque dc les of- f/J^^iy7her.
fnr.SonnomeftenHebrieu Be-
thclcla , commc qui diroit^, mai--
fbnoulieude gratuite, parce que
Dieu y diftribuoic encore alors
aux Ifraelites des graces fort con-
j[ide^ables : &a lentourde ce la-
uoiril yauoitcinq porches, baftis
pour receuoirbeaucoup de gens.
Dans ces porches s'amaiToic vne f.^^
1 ! . 11 Efqueh
grande multitude de poures ma- gifoitgmnde
lades, quieftoyent-lagifans par ^tw.
terre, & pour lors ilyauoitquan- ^«^V^^» .
tite d aueup;les , de boiteux , de amient les
gens quiauoyet les membres lees p^s , atten-
&toutafaitdeftituesdufuc &de tZlTl
la vjgueur de la vie , qui atten- ^'^^«-
doyent du mouuemcnt de Peau
vne guerifon miraculeufe, que les
Cha. J. 174 HP draj^hrafe fur I Euangile de
remedes ardinaires &lcscaufcs de
la Nature ne leur pouuoycnt don-
J' f- ner. Car dautant que Dieu dc-
Car I An- 11. ^ r
ge dH sei' puis MalaGhienauoitfufciteaux
^neur ^ en \^ ,y. ,
certam leps Ilraelites aucun Prophete , pour
lf'''/^«,,> leurdonncrdcs tefmoignages de
& troubioit f^ faueur iineuliere . comme il
L' premtcr auoic fait autrcfois^ & que n auec
doh an u- cela il les eult tout a rait priues de
^Zbtmell I'affiftance extraordinaire, furna-
de I'eat, turclle, & fcnfible defes Anges,
de queic^ue doxM il icut auoit 11 louuent lait
jnaladie . 1 • rC o 1
qii'iifHtde- experimenter la puiliance,& ad-
drefle les apparitions , il y auoit
danger qu lis ne fe iugcaflent en-
tierement abandonnes de luy ^ &
quils ne rabandonnaflenttout a
fait de mefmes^illeur auoit enco-
re referue ce miraculeux efFe£t dc
fa fauorable Prouidcnce , que de
temps en temps&par interualles
vn Ange defcendoit dans le la-
uoir,& la il troubloitreaudVne
tmui
leJksChnfi felon S. lean. 175 Glia. j.
faqonextremement reconnoifla-
ble. Celuy done d'entrc ccs mala-
desquitrouuoit le moyen de de*-
fcendrc k premier dans Teau apres
fontroublement , ne manquoit
iamais d'en fortir pleinemcc gueri
de quelque maladie done il peuft
cftre decenu. Or y auoit-illa vu ^, ^,
certain hommequilyauoit defia op'aueit-
tretehuitansentiersqu'vne mala- weqmefon
le auoit rendu impo ten tj& dent maUdiede.
la longueur du tempsauoit rendu XhJ'1^''
le mai abfolument incurable aux:.
caufes dc la Nature. lefus done
paflant par la, il vit ce poure-hom- ufm i^
me gifant \ & fcachant bien,com- ""teiT^&Z
me il n ignoroit aucune chofe, ^^f^^^^^
qu'ily auoit defia fort lono;-teps ^'^ ^fl^ ^^
quileltoitla,!! luydit^nonpour luy dit^
apprendre de luy fes intentions, ^eftre%*^.
qu il eftoit alTes aife de iuger a vne
beaucoup moindre intelligence
que la fienne , mais pour le faire
)
^
Cha/j, vj^ ^draphrafeJurl^Euangile de
parler , & en prenant de fon pro-
posoccafionde leguenr , rcndrc
les afliftans plus attcntifs a fon mi-
racle : Veux-tu eftre gueri? eil- ce
pour cela que tu te tiens icy de-
puis fi long temps ellendu def-
f, J. fous ce porche ? Alors le malade
lu'Tefpm- croyant quil neftoit pas befoin
dit . Set. de Imformer plus particuliere-
n'ay perfon^ Hient dc fon dcfir , qui eftoit afles
ZeuTdS^' apparent, fecontcnta de luy ref-
T!1u'^''''% pondre. Helas, Seigneur, iefuis
troubUe:car fi pourc & fi aBandontt^ de tout
cependant - -t . . ^
queiyvien, Ic mondc , que le n'ay perlonne
•vn M$tir§ y . -if IIP- ^1
defcmd di qui vueiUe prendre le loin ny la
uantmoy, peine dc me icttcr danslc lauoir a
rheure que Teau eft troublee. Et
fi demoy mefme ie veux faire
quelque effort pour y aller , ou
pour m'y trainer , ma lenteur &
mon impuiflance fait que quel-
f. 8. que autre me preuient,& qu d y
dlfilJtly defcent auant de i y vienne. Ce^
lefm Chrljl felon S, I em. 177 Cha. {.
paroles prononcees auec grande .
1 r 111^ charge ton
demonfhanon de doulcur, ayant ^^^c^ ^f^^-
excite la compaiTion de noftre
Seigneur, il luydit^ Leue toy fur
tespieds : fais vn pacquet de ton
petit lit, &le charge fur tesepau-
les 5 puis marchc & t*cnva ou tu
voudras. Deformais il n'y a rien
qui r en empefche. Cela n'eut pas i- 9.
cite 11 tolt dit par Ielus,c[u mcon- unit thom.
tincnt ce poure homlTie deuint "^ /iSgZ
fain , vigoureux :, & difpos : de^'^^'f >. ^
forte qu ayant charge fon petit lit or efich-n
fs r / 1 r r 1 SMath en
lur les epauks , commelelus luy ceiomih.
auoit ordonne,il marchafousce
fardeau auffi alaigrement que fi
iamaisil n euft euaucune indifpo-
fitionenfes membres. Oreftoiu
il iour de Sabbat lors que ce mira-
clefcfit. Qaelquesvns doncdes ^ ^^
principaux d entre les luifs, qui y^ ^"^fi
rroyoyentauoirautorire d inlpe- ^ ceiuy qui^
€tionfurlesadions des homines, ^«^^^,,-/:^
Clia. 5. 17^ n^dmphrafc furtEuangilcde
sMath, ii & cle les permcttre ou de les re-^
liJifd^p. primer felon qu'elless accordoyet
urunua: ounon ,tantaux inftitutios de la
Loy, c]u'aleurspropres traditions
& interpretations , s'addreflerent
acetliomme qui auoit ainfi efte
gueri, & luy dirent: Compagnon,
il eft auiourdliuy iour de Sab-
bat: il ne t'eft pas permis de porter
ainfi ton lit ; ne f(^ais tu pas que dc
porter ainfi des fardeaux au iour
du Sabbat, c'eft vne chofe defen-
f n due? Alors ce perfonnages^ap-
refpondk,'*'' perceuant bien que deproposde-
ceiuy ^ui libere ils laiflbyent en arricre ce
m ^ rendu • 1 1 11 t >
fain . m'a qu il y auoit d admirable en 1 a-
dit : charge J: . 1 t r > t ^
ton lici % ction de Iclus , pour s attacher a
tnarche. ^^ q^' jj fcmbloit y auoir d'odieux,
&lereprendre;leur refpondit en
cestermes. len'ignore pas cela,
& fi c'eftoit de mon chef ou dc
de mon mouuement que i'euflfe
entrepris ce dont vousmerepre-
nes.
(
(
lejus Chrijl felon S. lean. 179 Cha
ties , ie n aurois rien a vous dire.
Maisceluy quinVagueri, c'eftce-
luy-la mefme qui ma dit, Charge
ton petit lit & cliemine.Ife me re-
mets done a vous d^examiner fon
adion. Cars'iln'eft point Pro-
phete,iene puis pas comprendrc
comment ilm a peu guerirpar fa
feule parole fi fubitement^mala-
de que i eftois depuis trente liuid:
ans dVne maladie dcfefperement
incurable. Ets'ilcftProphete ^ ie
me rapporte a vouss'il eft permis
de vioier Ie Sabbat par Ie com-
mandement d'vn Prophece. Car
il me femble que vous mefmes en-
feignes qu'il ne nous eft pas dcfen-
du ^ & que c'eft la commune
creance de la Synagogue. Eax ^.u
done ne fcachans que luy repli- ^/
quer^&voyans bienque quant a ^^^^»^'S:^^
1^ .| -^ * ■*■ -eft cet hom'
iuy lis ne luypouuoyent tourner r»e qui ^4.
^ r r\ ' "^ • /- ^/r , Charge
cette lienne action a crime, el- to^,uci, %
J
A done ils
Cha. J- 180 ^amphrajefur I'Euangile de
fayerent de s'en prendre a celuy
qui laluyauoitcommandce. Car
fc perfuadans que c'eftoita eux a
iuger fi vn hommc eftoit Prophe-
te, &c sil auoit de bonnes marques
dela vocation deDieu , ils efpe-
royent que s'lls pouuoyenc ame-
ner lefus deuant leur Tribunal^ils
t-rouueroyent bien le moyen dc
luy donncr des affaires. Oeft
pourquoy ilsinterroguerent cet
homme &:luy dcmanderent^Qui
eft donccepcrfonnagequitadit^
Charge ton petit li6t &chemine.
Monilre-le nous afin que nous
nous adreffions a luy,puis que c*eft
fur Ton commandemcnt que tu te
st' ll'iuy dcfcharges. Mais celuy qui auoit
^ui moh efte gueri ayant iette les yeux de
ejUguarune n f 1 1 1
jf auoit qui tous coites pour le ciiercher^ ne
\tms'efiZt le reconnut point : parce qu y
ZmiJudl'' ayant grand peuplcen ce lieu- la,
^iu4oit_m lefus, qui preuoyoit bien I'enuie
ne
lejks Chrifi felon S. lean. 181 Cha. y?
&la malice de ces gens , s'eftoit
doucement & infenfiblcmenc
ecouleparmylafouleo Quelcjuc ,
pcu de temps apres que cela fut mpuisie*.
amli arriue^ lelus eltant dans Ic ^« Tempu.
Temple , ou il frequentoit fort fjl'^.^'l',
fouuentjil rencontra ce perfon- guen-.nepe.
nage , qui y eltoit alle pour les firm^is,
exercices de piete , & particulie- f^iuiemt
rement pour y rcndre graces de fa ^"^
deliurance;& s'eftant addrcfle a
luy ^illuy dit : Tu as eft e rendu
fain par la grace & par la puiffan-
deDieu. Tuf^ais bienpourquoy
Dieu t'auoitainfi autrefois affli-
gCj&quelpcche auoir attire fur
toy vn cliaftimcnt fi fafcheux &
de fi longue duree. le le fc^ay bien
auflirmaisiln'eft pasbefoinde tc
le ramenteuoir puis qu il t a eftc
pardonne. Seulement ie t*aduer-
tis de nepecherplusde la fa(jon:
de peur quadjouftant encore a
M %
i
Cha, J. 182 Paraphraje fur I'Euangile de
ton pcchela meconoilTanccde ta
deliurancc , tu ne fufles aufli clia-
ftie plus rigoureufemcnt , & qu il
ne rarriuaft pis que parle pafle.
Car tu n ignores pas que les gran-
des calamites de cette nature tien-
nentlieucntre les peinespar lef-
quelles Dieu a denonce qu il cha-
flieroit les crimes des hommes*
c}/Lm- ^^^ horn me ayant a cette lieure
mes'e'aAi/4, la confidcrc lefus plus attentiue-
a^x luifs ment qu il n auoic rait aupara-
Te}us'%y^^^^ y & reconnuqueceluyqui
i:^.Hmt Ycn. i'auoit gueri ^ & celuy donton
parloit rant J a caule de la lapien-
ce de fa predication , & de fes au-
tres miracles , eftoit vn mefmc
liomme,ils'en alia dece pas tout
plein de zele & d'affedtion pour
luy , raconter aux luifs qui la-
uoyetinterrogue , que c'eftoit luy
quirauoitgueridefa maladie.Ea
quoy il penfoit d Vn cofte feruir a
lefus Chrifl felon S. lean. 183 Clia. 5^
fa gloire, & de Tautre donncr a ces
gens dequoy s'inftruire en la veri«
te. Mais la mauuaife difpofition
de leurs coeurs fit reiiilir cette der-
nierepartie de fon deflein ,tout
au rebours de fon attente. Car ces ^. ,<5.
luifsprenansoccafion dela,per- J^'^'^^'l'^
fccuterent lefus de leurs calom- ^/f^ /w-
nies^ & luy imputans a crime ce lejus j^u^
qu 11 auoit tait ces clioles la au ^mk fait
iour du Sabbath , leur enuie de- ^ttiV^
uint fi furieufe peu a peu, & mon-
ta iufques a vn tel cxces ^ qu ils taf-
cherent d 'intenter accufation de
mort centre luy a cette caufe. Et r.17:
de fait ils Ten attaquerent haute- faf^i^^t uf
ment & ouuertemen t,& luy firent ^Zf'hfjZ
afles^connoiftrc par leurs paroles ^^^ ^V^»^^
,11' ,-, ^1 . ^ . » m^inte'
quelles eltoyent leurs intentions* n^m ^ k
Mais Icfus non eftonne de leur ^g^f"^ '
mauuaife volonte , & f(jachant
bien qu'ellene viendroit a aucun
effcd: iufques au temps qui ^uoic
M^
Cha. J. 184 "T^arafphrajc JurtEuangikde
cfte determine par le Pcre^Ieur
refpondit aflfes ouuertementpa-
reillement , & fe defendit de la
forte. Oeft mon Pere qui a donne
la Loy du Sabbath, que vous vou-
les qu onobferucaucc rant de re-
reuerence. Neantmoins cette Loy
qu il vous a donnee j ne rempeC-
che pas quant a luy d agir conti-
nuellement. Car a la premiere
creation , il fe rcpofa bien de fes
CBUuresaufeptiefmeiour , parce
qu*il lesauoitacheuees. Mais de-
puis il ne s'eft pafTe aucun iour
qu il n*ait perpetuellement pro-
duit quelquecliofeen eftre , &C
qu'il n ait fouftenu & gouuerne le
monde par fa puiflance ,&: par la
conduire de (a main. le ne fai
doncrien quant a moy, qui fuis
fon Fils , finonhmitcr^ lors que
fans diftindion de iours j i'agis
ainfi pour le bien & ladeliurancc
f
Vv
IcfusChrifi felon S. lean, iSy Clia. y.
deshommes. Quauesvousa re-
prcndreencela , que leFilsfuiiie
rexempledcfon Pere? Maisau ^^^^
lieu de demeurer fatisfaits de cctte ^-^r cep
• n » CAUje done
refponfe , & dy rcconnoiitre la usimfstmf^
verite,laliaine de cesluifs alcn- \{uTdru
contre de Chrift s^cn cnflamma ^^J^
dauantagc. De forte quilsen re- ^«*«W^«-
cnercherentdautant plusardem- Muoitrom^u
kt \ C ' .«.», l^ Sabbath,
moyen de ie taire mou- ^^,, ^«^
rir , parcc que non feulement il ^«';^ ^(i;^
auoit, comme ilsdifoyentjViole ifiohrmFe^
, , , , ' n ' • rejefatfant-
le Sabbath 5 ce qui eltoitvn crime SgaUiyteH,
de rebellion contre Dicu , mais
encore parce qu'ayant appelle
Dieufon proprePere , non com-
me lesluifs Tappelloyent leur Pc-
re en commun , mais comme le
MelTie dans les Prophetes eftoit
appelle leFils & Ie Germede TE-
ternel^cequi le faifoitd vnemef-
me nature & dVne egale puiflan-
ce auec Ie Per e , il s eftoit ainfi fait
M4
Cha* J. 18^ Taraphrafe Jur FEuangile de
egala Dieu , cc qui , a leur aduis^^
, ^ eftoit vn blafpheme infupporta-
Far^uoy blc. Malslcfus noHobftant cou-
iC^Cy tinua ainfi fa refponfe dc Ta de-
t^nZ^ fen^e, Vous vous eftonnes &
teievousdy. yous fcaiidalifcs bien fort de ce
pent fien queievous ay dit, queiimiteles
"tJjmonce adions dc iTion Pcte. Veritable-
T-f/'^T! i^ent vous aues tort j car de qui
jatre a Jon ^ 1
Fere : car VOulcS VOUS QUC Ic Flls tlrC plu-<
je qtiiceiny Itolt exemple pour iimiter> que
face le fils le J Ti I 1 p 1
fait \f,(p du Pere qm iuy donnc les regies
^mmf^'^ d*agir,lefquellcsilnefautpasqu'il
tranfgrefle? Le Eils ne nie pas la
coniequence que vous tires de cc
qu il a appelle Dieu fon Pere.Mais
tant y a que pour ce qui eft de fe?
adions , vous n'y fc^auries rien
r. trouuer. a reprendre. Ses ordres
iuy ont cfte (i ponituellemcnt
donnes3 & il les fuit fi exa£tement,
qui! eft impodible qu il arriue
quilenrreprenne rien defonfeul
Vv
Icfus Chrift felon S. lean. 187 Gha/ p
&propre mouuemcntj, & fans la
volonte&rexemple defon Perc.
Carilnefaitdu toucrien finon a
fon imitation, Mais a la vQrite
tout ce qu il void que fon Pero
fait , il fcait qu il luy eft permis &
niefmes ordonne de le faire ; 6c il
le faitdc mefme. Car ne penfes f, to.
pas que le Pere fe referue aucune ^f'^^/^^'f,
cholc , qu'il ne donne pas a fon ^/' ^ & ^^y
Fas la puiflance d'executercom- tomes c^es
me luy. Comme vn Pere , qui ai- Yuy demons
me fon enfant , & qui le veut for- ^;- ^^ ^j-
mer deffus fon propre modelle,ne ^^^^ ?«^ ^5-
luy ceic rien de ce qui elt de la que -vous
Icience oudelon artjmaisluyen ^.y//^^,. •
decouure tous les fecrets^afin qu il
n y ait rien qu'il ne puifle prati-^
quer a fon exemple : Ainfi le Pe^
reCelefte^ quiaime tendrement
fon Fils 3 luy monftre toutes les
ceuures qu'il fait 3 &ne luy en re--
tient du tout rien , qu'il ne vueille
Clia. J. i§8 ^araphrajc fur I'Euangilede
qu il falTe femblablcmenr. Et
quant ace qui eft de guerir des
im potens , & de n'cft re pas empef-
che dc le fairc par laconfidera-
tion du Sabbath^ c'eft bien vne
grandecliofe a lavcrite. Mais ce
n'eft pas tout ce que le Fils a ordre
de fon Pcre de fairc, Vous verres
araduenirqu'illuya donne & la
reigle , & Tautorite d'en faire de
bcaucoup plus grandes que celle-
*^ la : tellement que quelqucauer-
fionquevousayescontrcleFilsjfi '
eft-ce que vous feres contraints. '
malgre que vous en ayes d'en eft re
^ ^ ^^ rauis d cftonnement. Il y a bien ,
Car co^' t 1. rr • 1 •
me u Fere ^^ ja difterencc entre euerir les-
reffufdte Us , - rT C - I
n;ms,^ics malaacs5&: reiiulciter les morts,
huLm,^r Et ccpendant ^ comma le Perc
AHfz le fils refrufcitcles morts , &c les viuific
qttiiveut, quand illuyplaift^ ainfi que dans "
le VicuxTeftamcnt vous cnaues
quelquesexcmples ; de mefme le
h
re ne iugt
lefus Chrifl felon S. lean. i8p Cha. 5
Fils refllifcite & viuifie pareille-
mentceiix quilveut^& dans peu
dcrcmps vous en auresdespreu-
ues tres-euidentes. Et que cela nc t- »^
vous eftonne point, commc fi le
Fils s'artribuoit plusde puifTance ^^i'Z'd.n*
qu il ne luy en appartient. Car a «^' '^^' '''-
quoy ne peut point etendre Ion ?//.
autorite ccluy qui a le pouuoir .
d'abfoudre^ de condamner , de
' faireviure&defairemourir,& de
difpofer abfolument de toutes <^
chofes a fa volonte, tant au Ciel
commcenlaterre ? Sqaclies done
que deformaisceneft pluslePe-
re qui iugc le mpnde , commc
Touuerain arbitre de TVniuers. Il
Ta fait autrefois fous Teconomie
des fiecles palTes. Maisd'ores en
auant il ne iugera perfonne/ ce le-
- ra le Fils qui excrceraiugemcnt/e-
l9n que le Pere luy en a donne
toute puiflfance. Afin que tout le f.if.
Afin que
i-^
^
Clia. J. IpO T ara^hrafe fur I' Euangile de
sous hono mondegeneralemcnt,rende!ion-
remie Ftis ncut & liomniagc au Fils .c?' qaa-
honorem le Hte cleluEe & (jc Rov cle iVni-
n'honeyr" ucrs , tout dc la mclme lacoii , &
T'niZt'e ^^^c 1^ mefme refpcdqu ils lent
M^//. p.r^ iufqu a maintenaot rendu au Pc-
uoj/i' iQ, Parce que qui mauqiiera alio-
norerle Fils;, il manqucra dliono-
rerle Pere qui la enuoye , & en-
courra la mefme candamnaiion>
le Pere s'eftaacdemisde {oVi Em-
4s pire entre fes mains , &; Tayant
eftably Ton Lieutenant en toute
fan autorite ^ Gamme de toute
cternite il iuy a communique fa
Tr^vtrits, nature & fan effence. Et fi vous
enveriti.ie ^^ dcmaudes ouel eft riionneur
'VOUS dy que ^ 1 ^
cduyqutoh Que ie Dtetends qu'on rende a ee
mn parole _} i „ 11 r • >
& croii k Fils, &quellerruitquenrempor-
^^aenulyl tcront ccux qui s en acquitteront
a -vie Eter^ commc il faUt , ( cat s'il V a pein®
x'/>«^^'^ eitablic pour ceux qui le iuy rem-
point en con- r* .i p i i j-i r* • • /^
.j'.^«j«/?/;.«. ieront, il iemble qu il loit raiion-
h;
lefus Chrijl felon S. lean. ipi Cha. f,
hablc qu il y ait remuneration
poui ceux quile lay rendront ) ie
levousdirayrondement,&:: tcnes
Ic pour audi certain ques'ilvous
eitoic confirme par les fermens
ics plus venerables. Ie vous iure
en vcrite ^quequiconque efcoute
jma parole &c ma dodrine attcnti-
uement, & quiy croit, fen quoy
il ne croitpastant a moy,quil
croit a celuy qui m'a enuoye,
parce que ie n'enfeigne & n'an-
noncerienqueparfonordre) co-
me celuy- la rend au FilsThonneur
qui luyappartientjaufTien rem-
portera til la remuneration de
falur&de vie eternelle. Et quant
a la condamoation ^ il n'y vien-
dranuUement^&ilcft fi certain
iju'ilne la fubira point, que fides
maintenant il eftoit pafle de la
mcrt, qui eft Teffed de la con-
damnation^ a la iouiiTance de la
ri
Cha. J- ipz ^araphrafefurl'Euangtle de
vie^quicft la {aite infaillible de
, ^ la iuftification , il ne feroit pas
E« veriti, plus indubitablc. Et afin que vous
-vousdis^qu, nedounes pas dc lapuUiance du
ST^S ^^'^ . & de la verite de ce qu^il vous
queiesm^m dit.quc c ell le Pere qui Ta enuoye,
vaixdHFHs il VOUS en donnera bien tolt des
^leux'^^'^i enfeignes irrefragables. Car ie
I'aurot ouye ^q^^ lyxtc ciicore eii verite , que
riieurevientj&elleeftn procnai-^-
ne qu'on peut dire qu'elle eft def-
ja, queleFilsderiiommeparlera
aux morts qui font nonfeulemenc
dansla biere , mais mefmes dans
lestombeaux, &Ies morts, quoy
que deftitues de tout fentiment,
entendront fa voix^ tant elle fera
pleine de vertu & d efficace , &
fayant entendue ilsviuront , &
f,i6. i retourneront en la iouyflance de
' ^^fV"""" lalumiere dumonde. Parceque
-vie en foy^ comme k Pere a en loy le princi-
tnefmcainji it- 1j n -1 I
All donns pe de la vie, d ou il la communis
u
auotr vie
Icfus Cimfi felon S. Icarh ip5 Cha.
que a routes chofes comme il luy ^.
plaift , ainfi a t-il donne au Fils '^ fij-rf^^f-
dauoirenfoylc melnic pnncipe
de la vie 3 pour la communiquer
a qui bon luy femblc parcille-
inent. Et de la vient qu il la don-
ne a ceux qui rauoyent perdue.
Ce qui eft vn argument indu-
bitable que le Pcre la enuoye,
car s'il ne Tauoit enuoye il n'au-
roit pas certe abfoluc authorite
fur la vie & fur la mortdeshom-
mes. Mais le Pere, comme i'ay ^,'IJ'
dit.reftabliffantfon Lieutenant jonns puif
au GGuuernemcnt de rVniuers, rctugement,
uy a donne vne puiflanceablolue efi u ihdt
fur toutes chofes ^ &mefmescel- ^'^'''""''''t
le de faire &c d'exercer lugcment:
parce qu il eft ce Filsderiiommc
dont Daniel auoit parle au VII. de
fesreuelations^a qui deuoit eftre
donnee Seigncurie , &: honncur,
®ne 6c domination eternelle,
char y. 15)4 PdraphrafeJurl'Euangilede
& Empire qui ne fera point difli-
pe. Carainfiontdeu s'accomplir
'^ »^ les Proplieties en fa perfone. Et nc
pintefmer^ tautpasquc voustrouuies eltran-
Te'u'',^ car g^ quc Ic Fils vousdle quil doit
^27ZnZM^^ toft reflfufciter quelques
queUe tons jnorts ; ouis qu*il a le pouuoir de
foHthfepui^ raire beaucoup dauantage. L lieu-
chns orront • o 1 * * 11 r '
u -voix d-i- re vient , & bien qu elle ne loit pas
ceitty. jQ pi;oche qu'on puifle en quelque
forte dire cornme de I'autre qu'el-
leeft defia , fi viendra t elle cer-
tainement, enlaquellenon deux
ou trois.ou quoy que e'en foit,peU
de morts , mais vniuerfellement
tous ceux qui font couches dans
les tombeaux,entendront la voix
du Fils de Thomme , c'eft a dire,
cellequ'ilcommanderaafes An-
' ges de faire eclatter pour les en
^- »9' fairc fortir. Et par cette mefme
lEt ceux
^ui auront vcrtu dout vous iuy verres donner
foTjmt\n des preuues dans peu de temps , il^
fortiront
lefus Chrifi felon S. lean, ipj Cha\ j*
fortironc tous des nionumens ^,^^,,^,^.^^
pour cntrer en des conditions ^^^'>-^''«
mcrueilleulementclitrerentes.Car rom ma
quant a ceux qui ont palle cette ront en re.
vie en bien faifant, & qui ont eii ^ZtZt
cela donne des tefmoignages de ^^^^'
leur foy & de leur repentance , ils
reflufciterontpourviure &iouir
de felicite eternellement. Mais
quant a ceux qui fe font adonnes
amaUils refufciterontala verite,
mais ce fera pour fubir &; en efprit
& en corps la condamnation
qu lis meritent Or ne penfes pas
que pour vous tenir de ii magnih- u nepeux
^ ^ ^ uFilSjie mattnbue ^^^^ ;,;e/»?^.
plus qu il ne faut, ou que ie cher- '' '^1" ""'f
r i -' 1 que toy y&
che en cela ma propre eloire &^>«?» ^^^'-
mes auantages. Vniuerlellementy?^; r^r;^ ^^
_ _ • C ' • \ C cher che point
tout ce que lerais, leleconrorme^^ ^,^^„,^
a la volonte deceluy qui m'aen- f^'^/l^ '^"'^
/ J ^ ^ lonU de ce»
uoye,&ien'entreprensrien de mo ^^y ^«» ^'^
feul & propre mouuement, quel- '''''''^'*
' N
Ciia* fAp6 ^ardphrafefurl'Euangiledc
que choie que ie die ou que ie fat
fc. Ence iugement la mefme,
ou ie diftribueray aux hommcs
les peines & les recompenfes,ain-
ii que ieviens de propofer 5 auec
vne abfolue autorite , ie ne pro-
nonceray point nics Arrcfts que
conformcs a Tordonnancc dc
mon Pere. Ec fi des maintenant
ie m*en explique dc la fac^on , fi
i afligne la vie eternellc a ceux qui
ont bien fait, &c au contraire , a
ceux qui ont malfait^la condam-
nation & la mort , ie iuge en cela
Gommerayentendude mon Pe-
te qull faut iuger , & felon la loy
qu il en a faite, Tellement que
mon iugement eft iufte , puis qu'il
s'adiufte& conuient entierement
a la toy. Et certes il ne peut qu il
nelefoit. Car cequidetournelcs
luges du droit fentierde laiufticc
& de la verite, c eft quandils fer-
r
H
Tefus Chrift felon S: Icanl 1^7 Cha^ y
iient a leurs propres affedions , &:
qu'ils cherchent dy fatisfaire.
Mais quant a moy ie ne cherche
point ma volonte , & ne me pro-
pofe nullementde contenter au-
cunepallion particuliere qui me
domine , iene cherche llnon de
fuiureenticrement la volonte du
Pere qui m'a enuoye :, & de m*ac-
quiter fidellement de la charge
qu'il m'a donnee. Peut-eftre que st ie reni
vousdiresqueie me rens tefmoi- ^ti7chiT/^
gnageamoy-mefme , &:quetel- ^^y-'^'f'^^
le forte de tefmoignagca accou- g^^^s^ ^;'fi
ftumed^eftre fufpedt. Ecienenie 2%.
pas certesqueieneparle de moy-
mefme, &queie ne rende tcfmoi-
gnagedecequieftdemoy. Ets'il
n'y auoit que moy qui en tefmoi^
gnali de la force , quoy que ie n en
differien quede veritable:, ie ne
refufrrdis pourtantpas que vous
4ie jnappliquaffies ce commun
N X
Cha. f 198 TaraphrafeJiirl'Eudn^ilede
dire, que qui porte tefmoignagc
de foy-me(me, n'cft pasdigne dc
f. ft, foy. Mais il y en a vn autre qui
^''^ """ tefmoiffne de moy les mefmes
read ttfmoi chofcs Que IC VOUS Ctl Ql : & le luis
IT 6- ie tres afleure que comme le tefmoi-
fci;:5" gnagequ'il rend de moy eft tres-
rL;::? veritable . auffi ne nieres vous pas
diincde'fo}. qy'ii ne le foit , & que tout le mon-
de le iugera digne qu on le re^oi-
*,»• ue. Vous mefmes aues enuoye
2:;r% verskan, lors qu'il baptizoitcn
/«« , d-gethabara.&rauescommelom-
d« ufmoi meparautonte publiquedevous
S' '' due s'll eftok le Chrift. len ay
point a faire de vous rememorer
ce qu'il refpondita ceux que vous
auies enuoyes : car vous le f^aues
anes,& il n'y a point fi long-temps
que vousnen ayes la memoire
toutefraifche:tanty a qu'il ren-
f,,+. dittefmoignagealaverite. Etce
Jefus Chriji felon S, lem, 195? Clia. $.
i'aye befoin de^J'atteftation dVn p^-^^ ^^y:
homine pour m'autorifer. le ne ^'z":?^*^^
recours pas a Ion telmoignage ^^ dy ces
comme a vne chole qui me loit que
vous
fortneccflfaire , ayanc tant d'au- ^Z^ ^''''
trcsmoyens de iulHfier auihenti.-
quement ma vocation. Maisiedi
cela pour m'accommoder a vous^,
& par le foin que i ay de voftre fa-
lut: parce qu'ayanteu vous mef-
mes cettc opinion de ^ean, que
c eftoit vn grand Prophete,fi vous
voulesperfifler au iugement que
vous en aues fait , il faut que vous
deferies a ce qu'il a prononce de
moy; &cette facjon de vous per-
fuaderdoit auoir quelque effica-
ce fur vos confciences. Mais ie ^, ^^.
preuoy bien qu'encorc cela ne J^'j''^ ^^^^
e at'
vous conuertira-t-il pas , & que i^^p
1 opmion que vous auies conceuc [ana &
c luy naura pas rait vne alles ^^ ^,4/^
profondeimprefTionenvosames. '"'"'^^^^ ^^J
N 5
Clia. 5. 100 ^araphraje fur tEuangilede
e/gayer m I^aii a cftc tandi^u'iU prefche^
fa lumie- commc vHc cliandclle bien ar-
dente&r bien luifanteallum^e an
milieu de vous, Et tandis que fa
fplendeur a reluy dedansvos yeux ^
vous en aues recjeu ducontente-
ment , comme on ell bien aile
pour vn peu de temps, de voir
flotcer & briller la flamme dVne
cliandelle. Mais comme quandia
chandelle eft ou retiree ou eftein-
te , il n'en refte du tout plus rien
danslesyeux d? ceujc qui la regar-
doyent auparauant , il ne vous eft
du tout rien demeur^ des con-
^- ?^- noiflanccsqu'il vous donnoit , &:
Mais may n • • / '^
i'aj uimoi- vpuseitesmcontmentretcurnesa
f^iw y^,' vosanciennestenebres. Or quel
«?««.^. ^^. qu^aitdeuauoirfontefmoio-nag-e.,
m'a donneei taHt y a que i'en ay vn beaucoup
iTmpiir, 7e's P^^s grand que le lien, que voqs nc
'-'^«f/> r^auries reiecter fans vnaucugle-
J
ceuurei-
H
lefus Chriji felon S. lean. lOl Cha. 5.
mcnt&vneobftination extreme, f^^ ,,rmoi>
Vous voy^slesoeuures que iefais, ^^^^
&quemonPerem'adonne dac- p^*'« ^ ^*^
complir auec tant de vertu& de
merucille, Ces oeuures-la fans dou-
te J que ie fais a la veu'e de tous^
portecvn euident & authentique
tefmoignagc que c'eft monPere
celeftc quim'aenuoye.Car m^at-
tribuant comme ie fais d*eftre fon
Fils, & Ie Lieutenant quila efta-
blipour gouuerner en fa place &
en fon autori te, (\ ce que ie dis n e-
ftoit vray , ie luy rauirois la gloire
qui luy appartient , & blafpheme-
roiscontrefaMajeftefainte. Les
ceuures done que iefais 3 ne fe
pouuant exccuter finon par vne
diuine & infinie vertu , Dicu pre-
fteroit~ilfavertu.,diuine&infinie
quelle eft ^ pour fauorifer les at-
tentats dVn blafpliemateur &
dVn facrile^c >Partant ces oeuurcs f- 57.
N 4
V^
Clia» J. 102 Paraphrdje fiir tEuangtlede
re qui m^a tcfmoignent de moy , & puis
enuoyL luy^ ^^^ ^'^(j- Y)\z\x Qui Ics fait par la
me\me a i 1 ^ 1
yf;?^« /^A verruquilmecommunique^Dieu
tnoignagede , ^^ • /1 1 rk * '
moy.iamms luymelme, quieltlePerequim a
jr/ZJ'Z; enuoye^rend parcemoycn tef-
tjTmhuZ ^oignage a ma Mifiion & a ma
^'' perfonne. Car aurefle quel plus
expres tefmoignage defires vous
quilrendedemoy ? Voules vous
quil parledes cieux ? Il nel'a pas
accouftume j&vousn'oui'ftes ia-
mais fa voix retcntir en oracles a
vosoreilles. Voules vous qu'ilfc
prefente vifi blement ou a vous ou
a moy en voflre prefence ? II le fait
auffi peu en cesderniers temps :,&:
aucun de vous ne fe pent vanter
d auoiriamais veu fa refTemblan-
f' 5^- ce. Refte done fa Parole , de h^
p&mtfa pa quellc , II VOUS receuies bien les
vole demeU' • it n ' • / •
ya^ts en mltructions , vouspournes tirer
^Z ' 'Z de tres- certains &trcs- indubita-
isroyeijoint blcs atgumeBs de ce que iefuis^
I
lefus Chrifl felon S. lean, zoj Clia. 5.
pour le vous perfuader a falut. ^,,/^^^«»,/
Mais quoy que cetre parole re- ^'^^¥'
fonne continuellemetavos orcil-
les y elle n'entre point en vos
coeurs , ou (1 elle y entre quelques
fois, elley pafle comme vn eclair,
& n y demeure pas vn moment, a
caufedela malice de vos ames.Et
dccela ilne faut point d autre ar-
gumentfinon que vous necroyes
pas en celuy qu'il a enuoye. Af-
feurement fi vous receuies les en-
feignemcns de fa Parole ^ & qu el-
le demeuraft en vous , elle vous
donneroic tant de lumieres en ce
qui elide ma perfonne &de ma
vocation, que vousreceuries in-
continent r vne & I'autre auec foy
& reuerence. Non,non;ne vous ^,^0.
arreftes pas a cette legere &eua- ^,,l^^'''//i^
iiouiflfante connoiflance que £f XL.
vous aues desEcritures; maisfon- res: car vous
^ es les & les exammes diligem- moir fAr
Clia. 5. Z04 ParaphrapJurl'Euangilcde
iceues -vie mcat. Car vous eftimes bien
Tejntlt q^'^lles font capables de vous
qui portent donnex la VIC eternelle.c*eft Dout-
demoj, quoy VOUS les appeiles la Parole
de vieaffesfouuents&iene vous
contefte pas ropinioa que vous
en aues. Et fi vous les exaniinies
bien comme il faut , vous trou-
ueries qu'elles rendent tefmoi-
gnage de moy , & que c eft par
moy qu'elles vous addrelleac a
f. 40. paruenir a la vie. Mais vous aues
-vZe^o^nt vnc fi grande &fi inumcible
-vemramoy auerfiou coHcre mov , ou'encore'
-^i^* quellesvousenieigaentque vous
ne fcauries paruenir a (alut finon
par moy, vous nevoules pas pour-
tant venir a moy , ny croirc en
moy y & aimes mieux renoncer \
f* ^\., Tefperance de la vie. Vous vous
ie ne pre as i /* 1
point -hire imag-inesque quand ie faisquel-
lies hommesm > j • r
qu vne de ces oeuures qui caulenc
la iaioufie que vous aues contra
\\
lefus Chrifl felon 5. lean. zoy Cha. j
moy , ou que ie di quelque chofe
auanrageufementde ma vocation
& de nia perfonne ^ ie cherehc
d acquerirde lagloire & de la re-
putation parmy Ie monde. Vous
aues tort , &c vous vous trompes;
ie ne cherche point de gloire de la
partdeshommes. Mais quanta f
vous, vous faites profeflion que
c'eft Ie zclede Dieu qui vous obli- ^'^^^'^wt-
ge a me contredire & a me perle- mcur de
cuter : &moy le connoi bien , ol ^,,,,,
ne me trompe nuUement, quel'a-
mour de Dicu n eft point en vous>
& que ce ne font point les interefts
de fa gloire qui vous incitent a me
perfecurer,maisles voftres.Etvo^ ^ ^j.
lemonftreresvous mefmesmani- J/[l''ZZ
feftementa la premiere occafion ^f^^^^p^:>-'
quis'en prefentera. Ie fuisvenu uez. potm
au nom de mon Pere^c^ vous aues amre -vum^
deuantvosyeuxdespreuuesindu-^^/"^J^7.
bitables que c eft luy qui m'a en- Jj"«^'
Mais ie
cognoy que
yez. ce^
Cha* J. 2.o<J n^araphrafc Jurl'Euangile de
uoye. Neantmoins parce que la
reconnoifTance & Tadueu de ma
vocation , ne s accorde pas auec
les interefts de voftre ambition^
& que la fplendeur de mes actions
ofFufque la voftre , vous ne me re-
ceues point. Si quelque autres'in-
geredefoymefme , &c fans auoir
de Dieuny de vocation nyd^en-
feignes de fa vocation comme
moy^a tafcher defaircceque ie
fais, & a fe dire ce que ie fuis , pour-
ueu quilflattevofl:reambition3&
qu il ne fafife point de tort a cette
autorite que vous aues empietee
fur les homes, vous Ie reccures fans
diflScuIte. Pouues vous riieux
monftrer que ce font vos paflions
f. 44, qui vousgouuernentf Etcom-
po^™us ^ent pourries vous croire en
c'oire, veu mov, ouc uiou Pcrc a cnuove.puis
c^ie vous re- J ^i J 'l
1euet.gioire qucpour me receuoir il nefautvi-
Ic fcrqu^alafeulegloir: deDiea,&
l*t7% ae L du-
ne , e-'
V
lefus Chrifi felon S. lean. 107 Cha, ^
iqu life faut defpouillertouta fait chenhez
de fes propres interefts3& particu- /^'«^^^^.^^^'-
lierementdeceluyde rambition^ deDienjcHii
afin de s'approuuer feulement a
luy? Au lieu que tout au contrairc:,
Youseftesfi ambitieux que vous
ne cherches autre chofe finoa la
gloire les vns des autres, & ne met-
tes enaucune confideration nyla
gloire de Dieu que vous deues
procurer^ ny celle qui reuient aux
hommes de fon approbation , qui
quand ils n en receuroyent point
d^ailleurs jdeuroit toute (eule fa-
tisfaire Icurs confciences. le fcay j^; fj„^,^
bien que com me vous mehailfes, ^^2] ^^h^
vous vous perfuades que ie vous ^^^«/^'" ^«*
haisdemelmes,& vousinterpre- vemMoyfe
f 1 o auquel vous
tes routes mes paroles & toutes ^J;^ ^^^^^
mesadionscommefiellcsproce- "'/''''' 'fi '"
r Ifiy qui vous
doyentdeceprincipe-la.Etcom- ^^^^'t
me vous faites tout ce que vous
pouues pour m'accufer deuant Ics
lera.
Cha* J* ic8 ^ardphrafefurhEuangilede
Tribunaux dcs puiflfances , vous
Vous imagines que fi ie le pouuois
ie vous accuferois pareillement.
S'll y auoit quelque Tribunal de-
nantlequel ie voulufle vous tirer
en iugement, ce feroit ccluy de
Dieu y car ien'ay rienademefler
auec ceux des liommes. Mais ne
penfes pas que ie vous doiue accu-
fer enuers mon Pcrc qui eft aux
Cieux. lenevous liai's point, 6^
n'aypointcette intention de vous
accufer deuantluy : & veritable-
ment il n'cft pas bcfoin que ie
m'en mefle. ParcequeMoyfcs'eft
mis autrefois entre rErernel& Ic
peuple^, &qu*il a intercede pour
le peuple , a ce qu'il ne fuft point
extermine parlacolere delEter-
ncl , vous autres Dodeurs aues
cette opinion , & la donnes a
ceux qui vous veulent ecouter,
queMoyfe faittouilours en quel-
\.
lejus Chrijl felon S. lean. 2.09 Clia] '5^
ique falcon cette fondion dc mc-»
diateur, &quil defend deuant h
TrodiedeDicuIesbons Ifraelites
quony acGufe. Ceft vtie imagi-
nation mal fondee en tomes fa-^
^ons. Moyfc ny n accufe ny ne de-r
fend a cette heureperfonnefinon
par !c moyen de fes cfcrits , & dc la
dodrine laquelle y eft contenue.
Car felon qu on s'y eft conforme
ou non y felon cela cette Loyac-
cufe les hommes, ou les excufe.
Mais quant a vous^tant s'en faut
que felon que vous vousyatten-
dcs y vous puifliestrouuer aucun
fupport ny enMoyfeny en fa Loy,
quece fera luyqui vous accufera
de telle fa<5on par fes efcrits , que
vous ne pourres efchapper la con-
damnation & la peine. Vous fai- ^^'/^'
tesprofemon defaire grand eflat ^^9^< ^
de Moyle feruiteur de TEterneL vous ' me
Vous vous abufes pourtanc ^ & fiT'J^rT/^
-^■^
Cha^ J. xio ^arafhrafefurl'Eiiangile dc
, abufeslesautresdemefme.Sivous
w^j/' croyies a Moyle, vous croiries aul-
fi a moy. Car quand il a dit que
Dieu vous fufciteroir vn grand
Prophete tel que luy , lequel vous
deuries efcoucer^il a efcrk de moy;
S>L(i vous confideries (esefcrits &
moy audi fans prejuge& fans paf-
lion^ vous trouucries que ce quil
a dit dc ce grand Prophete la ^ nc
peutconuenirqu'a maperfonne.
M^« / Mais puis que vous ne croyes
voHs ne • ' • 1 X i /^ 'A
<:^^<;Kt^^«^ pomt aux ecrits de Moyle, ce n clt
7ueiuf.'cl P^^ merueille li vous ne croyes
memcroirez point a mcs Datoles. Car fi Moyfc
'VOUS a mes ^ . , / \ n -
t^ryUii qui a park a vos anceltres , qui
vous a lailTe fa Loy par efcrit , qui
depuis vn fi long- temps eft tenU
pour le Lcgiflateur & le Dodeur
de voftre nation , & que vous fai-
tes profeflion Aq venerer ; bien
que vous luy deferies tout en pa-
roles^ nepeutpourtaAitobtcnirdc
vous
jtcfus Chrifi felon S. I can. in Gha7~j;
vous qu'il n'en foit rejette en ef-
fed ^ que puis-je attendre moy,
que vous ne voyesquedepuis peu,
contre qui vous aues de fi mail-
uais preiuges , & de qui vous pen-
fes eftre choques dans les chofes
pourlefquelles vous aues des paf-
fionsfi vehemences?
CHAPITRE VI.
res ces
lefus
'Eftant pafle vn teifips af- ^ ,.
fes confiderable depuis ,-4^''"
, ^ 1. chofes, lejHs
que ces cholesrurent amli s^enau^ oh.
• f c \ 11 1 1 treia merde
arnuees,& la nouuelie de la mort GaiiUe.qm
de lean Baptiftc eftant encore 'J^Jl^*^^'
toute recente, lefus, de Galilee oil
ileftoit:, pafTa au dela du Lac de
Genefaret , a Tendroit ou il eft
appelle la Merde Tiberias , par-
ce que cette Villey eft fituee. Car
O
Clia. <f. 2.11 TaraphrapJurl'Euangilede
fon heure de fouffrir n eftant pas
encore venue , & Herode eftant
en humeur d*cpandre du fang , il
nevouloit pas par fa prefence ny
par fa cclebritc fe rendre Tobjet
J'^'s'nde defaviolence. Orlespeuplesluy
muimudeh ayancveu faire vne fortgrande
eaufe ^u'i/s quantitc de miracles lur routes
jignes qnti lortcs uc maladcs 5 ainli qu on les
^f ^Z ^^Y prefentoit, en auoyent eftc
eftoientm^' faifisdVnc telle admiration,qu en
quelquclieu qu ii fuftils s'affem-
bloyent a Tentour de luy , telle^
ment qu'il fut lors fuiui d'vne fort
^5. grandefoule. Sacouftume eftant
fufmmtlln ^^^^j ^^rs qu il voyoit ainfi gran-
u mmt^- (Je quantitc de gensaupres deluy,
i'aftt atiec de cherclier quelque lieu ccartc,
jes difcipies. ^pj;es les auoircnfeigncs/oit pour
prier tout feul , foit pour inft ruire
fes difciples en particulier^& ayant
trouucen cet endroitla,quicftoit
conime defert, vne petite monta-
IcfusChrifl felon S, lean. 113 Q\\£ £
gnejilsy retira, &s'aflitauec fes
difciples , pafTant le temps auec
eux, commeil auoitaccouftumc^
en propospleins denfeignemens
&d edification. Apres celailde- f.4{
fcendit de la montagne^& fejour- de Values
na quelques iours en cette contrce |j^^ '^'''j^^
la. Cependant le ioiir de Pafque^ ^"J{l\f'''
qui eftoit la fefte la plus folcnnel-
le des luifsj approchoit. Iln'eut f. s-
pas eltc la long-temps , que les ajyant uui
troupes qui le cherchoyent ayant ^ZyTm\te
entenduqu ily eftoit, sy achemi- r^^femui^
nerent mcontinent. lelus done nokaiuydifi
^ \ f r o ^ Philippe*
ayant leue les yeux , & apper^eu dv« /de^
vne grande trouppe qui venoit 7^/,^^
vers luy il preuit bien ques'il n'y ^^« ^««
pouruoyoitjtant degens iouftri- hm/mg^r^
royent de Hncommodite en ce
iieudefert & deftitue des chofes
neceflfaires a la vie, & eut compaf-
fiond'eux. Neantmoins voulant
efprouuer Thumanite defes difci^
Ghi. ^. iH ^^raphrapJurrEuangilc de
pies 5 & fe faire prefenter par eux
roccafion d'executer la vn grand
miracle, il attendit iufques vers
le foir fans faire {emblant d y pen-
fer. Alors fes difciples en ayant
parlc entr'eux :, & Philippe , qui
cftoitaflcshardi, Tayant conuie
au nom d'eux tous de donner
conge a CCS troupes ^afinqu elks
s'en allafl'ent acheter dequoy ma-
ger, il luy refpondit qu'il eftoic
beaucoiip plus apropos qu'ils en
achetafl'ent eux melnies , & luy
demanda dou onpourroic auoif
dcs pains, afin que ces poures gens
euflTent dequoy faire leur repas.
for%foif Ce q^'i^ difoit pour tirer de'luy fa
il ceu poHv penfte, afin d'en prendre fujet de
lefprotmcY'. f, ^ . i l i rT
cariiffauon 1 inltruire &c de le redrefler ; car
hien. ce qu'il \ i -IP • 1 •
feroit.) quant a luy il i^auoittres-bience
quilauoitafaire. Philippe done
Thiui^pe le hgurant que veritablement le-
dl y^otlr fus vouloit eftre cclarci du moyen
lefus Chrifi felon 5. lean, iij Cha. S.
quilypouuoic auoirde fournira ^^^^ ^^^^
cette neceffitc , & fcachant bien t'^'^^^ ^^
qu encore que lelus hit porter leurjujfiroit,
auec luy vil peu dargent pour cunenprmt
foumiraux fictines &:a celles de IZ^ ^''^
ks difcipleSjli eft-ce quil s'cri
falloit beaucoup qu il y en euft af-
Icspoiir ccla;illuyrcfpondittout
aufli toft. Seigneur , il ne faut pas
s'il te plaift parler d'acheter des
viures pour eux. Nos facultcsne
fe peuuentpaseftendreiufquesla.
Car quand nous aurions achetc
du pain pour deux cens deniers,
qui eft vne fomme plus grande
que nous ne fcjaurions trouuer
maintenant , & qu'on n'en don-
naft a chacun deux finon vn petit
morceau :, comme pour en gou^
fter feulement , encore cela
ne fuffiroit il pas pour vne
fi grande multitude. Ceft
pourquoy il eft beaucoup plus
O 5
Cha. 6. ii6 Taraphrafc furtEuangilc de
^ g^ expedient de Ics renuoyer. Com-
i^tvvnde tneilseftoycntfurcepropos . vn
a f^aupir dc Ics dilciples :, a l^auoir Andrc^
d^ "^'simln frerede Simon Pierre, sauanqade
r^n , im ^^^ propre mouuement , & tef-
inoigria qu'il auoit hien defir do
facilifer a noftre Seigneur le def-
fcin qu il auoit de dojiner aux
troupes dequoy manger / & qu ii
y cocribueroit tout ce qu'il pour-
rpit; mais qu il voyoit bien pour-
tant que la chofe- n'eftoit pas
f* 9' . pour reiiflir : car il dit. Il y a icy
<un gavfon vn petit garcjon qui a cmq pams
fainuCgl dorge,& deux poifrons,que nous
tofffonfT ^urionsaifcment;parcequil lesa
mat4 ^u'efi^ jcv apportcs exprefTcment pour
ce que ceU . ^ ^ ' i r • r •
pour tant de ics vcndrc Mais tu l^ais comment:
^'^'' on a accouftumc de faireicy les
pains aiTes petits : & quand ils fe-
roient beaucoup plus grands , que
feroit-ee que cela pour tant ds
'^. TO, perfonnes? Alors lefus, comme il
IeJf4S Chrifl felon S. lean. 217 Cha. 6.
eftoit me'rueilleufement patient r^s^kyFai^
& debonnaire , aimant mieux que ^^^^f^^'rUs
les dilciples corrigeallent kur ^udt-ii
precipitation &leur inconfidera- JherhLce
tionpar laveue de fes aa:i6s,que p/^[lZ
non paslaleurreprocherluy mef- ^'^jT^^enten^
r 111 ^r ^ . «'^^» "'^^
me par les paroles , 11 leur dit : Fai* ^tUe de
tesalleoir par rengccstoute cettc
multitude deflfusriierbe j ( car il y
en auoit beaucoup en ce Iieulaj
afin qu on leur puiiTe commode-
ment diftribuer leur nourriture.
A quoy fes difciples obeiflfans, ils
firent aflfeoir tousces gens la par
rangces , & quand ils les eurent
contcs, cequileurfutaifc, par ce
quils les mettoyenten nombre
ou egal ou certain , par ccntaines
ou par cinquantaines :, ils trouue-
rent qu il y en auoit enuiron cinq
millc dc contc fait. Alors lefus ^. n.
prit les cinq pains qu on auoit ^,f,],,ltZ
achctcs du petit garcon ,&apres ^..^ ""^''j
O 4 '""
Clia. L ziS Paraphrajefur I'Euangilc de
du graces, ^^ Telon fa couftume^ il les euE
les dfpibu^ benits ,enrendanto;races au Pere
eftoientaffls, celelle dc ce qu il fourniuoit la
hiement des noumture a foti peuple, il lesdi-
^\Z ftribuaa fes difciples, & fes difci-
sn voHiom. pl^s Igs diftribuerent a ceux qui
eftoyentaffis, comme aufll fem-
blablement les poiflbnso Mais il
fe trouua qu'ils fe multiplierent
teIlement,quenon feulement ils
eurentdequoy en donnera tout
lemondejmaismefmes qu'ils en
departirenta chacun autantqu'il
t.ii- enyouloit. Or cela donna bien
qu'iufurent vn gtand eftonnenient a fesdifci-
a (crdifci pies, devoir que Cinq petits pains
fifs. Am4- foifonnoyent fi merueilleufe-
jez. lei pieces J
qui font de ment entre leurs mains. Mais leur
cjue Tien ne adiniration creut beaucoup a a-
jottperd^u uantage , quand ils virent ce qui
arriua puis apres. Carlefusayant
donne aux troupes le temps de
faireleurrepasa loifir ^ quand ils
lefusChrljl felon S. lean. 215? Cha. <^*
ceflerent de manger , parce qu'ils
eftoyent tous raSafics , & qu ils
lailferent chacun ce qui leur re-
ftoitdepairij ildit afcsdifciples;
AmafTcs les pieces qui font de re-
fte , & les ferrcs, afin que rien ne
fo it perdu; car elles pourront eftre
vtilespour vne autre occafion.Ce
qu'ilne difoit pas parce qu'il luy
fuft neceflaire de faire cette refer-
ue,mais afin que tout le monde
reconnuft dautant mieuxla mer-
ueille defon adion : ioint qu'il
vouloit donner cet enfeignement
quilnefautpas mepriferles dons
de Dieu,ny laifTer par nonchalan-
ce peririnutilement les biens que
fa main nous fournit pour noftre
vfage, lis fe mirent done a les f. \s.
amaffer^&ayantprisdouze cor- jf^^^.
bellies^ c*efta dire, chacun la fien- »'f ^^e- ^^
ne, car ils eftoyent au nombre de tf corbeiUes
J •111- \ dcs pieces de
douze , ilslesemplirenttoutesaes dn^ p^ins
Clia. 6. xio ParaphrafcJkrlrEuangilede
d'orge 6^ pieces des cinq pains d orge qui
tm ^% eftoyentdemeuresderefiduapres
ejioyent de- \c rcpas dVn fi ^tand peuple. Tel-
menries ^ \ , 1 i
€eux ^m en lemcnt qu'aprcs auon* abondam-
Z7^L mentfuffiacinq mille perfonnes
ouenuiron , il en rcftoit encore
beaucoup plus que ne montoyent
les cinq pains tous entiers au com -
f . 14. mencement, Lcs autres adions
doTt les gens miraculeules de lelus auoyent
TZiZl t^i^^ donnc de Tadmiration aux
que lefus troupes qui lcs auoyent veues.
auott fan, , , .^ ,1 ^ix nfC-
ih difoyent. Mais ceiie-la ayant cite taitc , par
x>er:tabie^ iTianicrede dire , entre les mams
pZ7J'% ^^ tantdegens,&a vne occafion
doit venir qui Icur cftoit a tous fi prcflTante &
linecellaue:, ils en rurent beau-
coup plus rauis. De forte que s'e-
ftans contcntes auparauantde le
tenir pour quclque Prophete que
Dieu eull extraordinairement lU-
fcite^ilscommencerentlorsadire
encraixj Ailcurementccttuy cy
Tefus Chrijl felon S. lean, zii Cha. 6.
n eft pas vn Prophete tel que Dieu
en a enuoyeanos peres autrefois.
Aucun d'entr'eux n a iamais fait
d'adionspareilles a celle-la. Sans
doute c'eft ce grand Prophete qui
deuoit venir au monde ^ & que
lesautresont promis fouslenom
de MelTie ou de Chrift. Cette ^-^ ^^
penfee ayant faifi leursefprits, ils ^j'^^^ co^
en con(jeurent tout incontinent deptoj^emve^
vneautre. Car ayant appris des ^j;"^^
mefmesEcrituresSaintes^d'ouils ^^ ^' ^f"'^
auoyent tire lelperance que Ic chef je retire.
Meffias viendroit , qu'il deuoit ^^^^^^L^
eftre Roy dlfrael ^ &c mefmes
eftendre fa domination par tout
le monde ,& simaginansques'ils
faifoyent lefus Roy ;, outre qu ils
accornpliroyent les Propheties^
ilsfeprocureroyentaeux mefmes
abondance de tous Liens ^ puis
qu il auoit lapuifTance de multi-
plier le pain comme il vouloit;, ils
Cha. V. Ill nPamphrafefurhEuangilede
formerent entreux la refolution
de fe faifir de luy , afin de le mener
en cjuelque lieu celebre & com-
mode pour cela, &de luyconfe-
rer la Royaute par vne proclama-
tion folennelle. Maislefuscon-
noiffant leur delTein, car on ne luy
pouuoit celer chofe quelconque
quece pcuteftrc^&bienqu'ilfuft
de droit le Monarque de rVni-
uers , ne voulant pas qu on fe figti-
raftqu'ilvouluftrien atcenter au
preiudice des puillances qui
cftoyenc etabliesen la terre^ils'o-
fta de deuanteux3& fe retira de-
f- I'J- recheffeulenlamonragne.Com-
le fair fat mc il laiflfoic paflTcr quelque tcmps
fcipus de^ arm que les troupes secouiallent
famiT' ^ ^P^^s ^^^^^ perdu I'efperance de
le trouuer , le foir eftant venu :, fes
difciples mefmes ne le voyans
point reuenir^&fefigurans quil
pourroits'eftre remis fur h route
lefusChriJl felon 5. lean. zij Clia; C.
de Galilee , defcendirent vers la
merafindclefuiure. Etnelayans ^
point rencontre fur Ic riuage ^ils £f epam
ne laiflerent pas de pourlumre u napue,
leur deflein. lis monterent done '^f '^^' 21
dansvnenaiTelleqii'ilstrouuerent '^'/' ^^'
la 5 &{e mirentavoguer^tendans & Mfou
el autre coitcde lamer vers Ca- i^fin-eftoit
pernaum. Or efperoyent-ils ou ^^'^^^^l^^
que s'll seftoit embarque auant
€ux J illes attendroit , & qu'ils le
pourroyent attraper ; ou que s'il
venoit apres eux y il les attraperoit
luymefme^ouquen quelque au-
tre facjon que ce foit il fc ioindroic
a leur troupe , & qu'il ne les laifTe-
roit pas aller feuls. Maiscontrc
leur attente la nuit vint , que lefus
n'eftcit point encore venu a eux*
La nuit d elle niefme , & fans au- ^ ^^^
cun autre accident ^ eft terrible a .^'^^^ *»^
ceux qui nauiguent. Mais elle 1 elt -vn grand.
beaucoup dauatitage quand l^fiufpitF'
Clia. L %tAc ^araphrafe fur FEuangile de
tempefte s y ioint : ce qui aririua
pourlors. Car lamer deuintora-
geufe & impetueufe par le leuer
d vn grand vent qui fouffloit auec
beaucoupde violence; la Proui-
dence de Dieu Tayant exprefle-
ment excite afin de donner a no-
ftre Seigneur Toccafion de faire
f' ^9' quelque chofe merueilleux. lis
done q»uh luittoyent done tant qu lis pou-
eurent rame i n n r
e72mrovingt uoycnt contre la tempeitc^&tal-
tel^des'lis clioyent d'auancer a force de ra-
vojoientie- Hics j mais Timpetuoiite duvent
nant fur u & dcs vagucs ics cn empelchoit.
frochant de Tellement quayant rame prel^
^nt^'uflZ quetoutelanuit, ilfetrouua que
rentpeuu fur la quatricme vciUe, c*eft a dire,
fur le matin, ils nauoyentfait fi-
non vingt-cinq ou trente ftades^^
oUjCommequelques autres con-
tent^ enuirontroismilles, qui eft
fort pcu de chemin pour vn fi
long-temps. Commeilseftoyent
lefus Chrifl felon S, lean, zi^ Cha. <f.
en cette peine, ils apperceurent vn
homme venant vers eux qui che-<
minoit fur la mer comme s'il euft
efte furlatcrre,& qui vint pafler
au long de leur barque. Alotsne
reconnoilTantpas quec'eftoit le-
fus , non tanc parcc qu il faifoit
encore vn peu obfcur ^ que dau-
tant que ieurs yeux eftoycnt
eblou'is , ils s'imaginerent aife-
nient que ce deuoit eftre quelque ^
fantofme , & eurent vne extre-
me peur. Maislefus reconnoif- f.io.
fant leur trouble , il ne les y laiffa ;,^''" J^^
pas Ions-temps ; &c luy fuffifant Cefi^^j^'^'
d auoir excite Ieurs clpnts a en p^mu
eftre dautant plus attentifs a fes
a6tions3afin qu'ils s'auanc^aflent
enlafoy, & quilssy cofirmaflent
de plus en plus, il IcsaiTeuraparfa
parole, &c leur dit ; Necraignes
point , c'eft moy. RafTeures qu ils f, v:
furentdonc , &c refiouis tout en- J.^^f Z^
Cha* <7, iiiff ^araphrafe ^rl'Euangilede
receuoir en fcmble , quand ils eurent recon-
u nafeue, j^^ ^ [^ y^ix & foil vifagc.ils fe
nent u n4 mirent en deuoir de le receuoir en
/m^auHra leumaflelle auec vne grande af-
Toyenu ""^ fcdioH /& dc fait ily entra. Il n y
futpaspluftoft queToragequi les
trauailloits'appaifa, &la barque
continuant alorsfa nauigationa
I'aife , ceux qui eftoyent dedans
fe trouuerent merueilleufement
eftonnes^quands'imaginans que
c eftoyent leursrames qui lespor-
toyent, ilsvirent que lavertude
lefus auoit donne vn fi miracu-
leux cours a la barque ^ que de
quarante ftades que certe mer a de
largeur, n'enayant fait que vingt
cinq feulement en vn fi long-
temps, ils firent lesquinze quire-
ftoyent en^vm^moment, & fe trou-
uerent a terre a Tendroit ou ils
^ 2t auoyent deftine d aller. Gepen-
Y "'''' dant les troupes qui s'eftoyent af.
lemblees
Tcfus Chrifi felon S. Icanl iiy Cliar<
aflTemblees pour rauir Icfus afin /^ ^^;,.^^
dele faireRovjCftant demctixees i'T^"' f^*^
dela la mer , auoyent diligem- ^^utn c^^
ment obferue quil 117 auoit -v.ymJl^h
point fur leriuagcd autre barque ^^^^ """^'W
finon cclle dans laquelle les difci- ^^»f^^»^f-
1 n ' It r^^ Jfno»
pies cltoyent partis > & de plus^ i^ne.^^^^e
que quandilssyeftoyent embar- ji^t' ^X
ques y lefus neftoit point auec }T'difi!^Z
eux 5 mais quails s'ea eftoyent aU ^^^^^^f^^-
les ieuls. Tenement quayant y^^ difc^ie>^
len penle quelelas ne s en iroit aiie:^^Hk.
point decefbir la , elles creurent
qu il potirroit fe rendre au riuage
lelendemainau matin, afinde fs
mcttre dans quelqu vne des naf^
felles qui y arriueroyent. Ceft
pourquoy elles y retournerent k
iourfuiuant ^vfant dc toutc forte
de diligence a ce quil ne leur
echappaft pas. Eftarit venu'esla^ f* ^^'
elles trouuerent que dautresnai- d'autrcs
felles effoyent venues deTiberias> ^^/J/ 'V^.
P
Clia. L zi8 "T^araphrafeJurl'Euangilede
nuesdeT.he & qu'cllcs auoycHt abotde pres du
tiade presit \[q^ qu lls auoyciit mangcle pain,
auoientma. apics quc Ic Scigrieur eut rendu
^Jprfs quZe gtaccs^ & qu cn fuitc dela benedi-
lenir^t ^^^^^ q^'^^ ^^^^^ prononcee def-
'''- fus^ilauoitefte multiplie. Mais
€H^and voyant quc Icfus n*efl:oit point la,
mukitud!'' & que fcs difciples n y eftoyenc
'jus ^n'Uoi't pointieuenus^ellescreurentqu'ils
pomtu, ne auovent quantaeux pafle lamer.
Us monteret mais quc pour luy il pouuoitse-
nagiue , & ftrc acliemlne par terre^afin de les
.indnnt en aller trouucr de I'autre cofte.Ceft
Capharna-
umcherchdp pourquoy fansperdre temps, elles
monterent dans ces naflelles^& ti-
r ant droit vers Capernaum , ou el-
les prefumerent qu ils eftoy ent aU
les , elles y arriuerent , & fe mirent
incontinent a chercher Icfus. Ec
parce qu'il connut que cettc fan-
taifie de le faire Roy eftoit paflee,
& que deformaisil n y auoit plus
de peril de ce cofte-Ia, il fe laifla
lefiis Chrijl felon S. lean. 115) ChaT ^,,
aifement trouuer. Quand done ^ ^^,
CCS eensleurent rencontre au de- ^^^/^y^^^
la de lamer ^ & qu ils vinrent a ^* w^'* , ^/^
conliderereneux meimes , c^c uaifire , de
luy n'eftant point venu par mer, J.^^"^ '' ^"^
lechemin par terre eftoitfilong
qu il ne le pouuoit auoir fait en fi
pen de temps fans quelque mira-
cle, pour en eftre plus plein^ment
eclarcis , ils luy demanderent j
Maiftre^ de quand es tu arriue icy,
veu qu il y a fi peu de temps que
tueftoisde laurrecofte de lamer?
Par quel chemin es tu venu , ou
par quelle voiture ? Alors lefus ,
prenant la parole leur relpondit^ ufus iluf
Vous trouues cela niierueilleux,^,,^^;,^,^,.
que ie fois venu en fi peu de temps, ^f ZoZdy,
& foupconnes qu il y a eu quelque "^f «^ "^^ '''"'
miracle. Et vous voules amli me point pmu
faire croire que ce font mes mira- \
d.
n
9
que vous
uez. vef^
clesqui vous'ont rauis,& que vous tjf'^Z
ne me cherches que pour m'en ^«^, *""*
Clia. ^' t30 n^ardphrafefHrtEuangile de
^ . , voir fairc. Si vous auies en cela
auez. eft^ deilcin de voir Ics etteas dc la
ra ajiiz,, ^yj^^^^iVLCt de Dieu^ & les enfeigncs
de ma vocation pour y croire :, ie
iouifrois voftrc intention, Mais
certescc neft: pas proprcmcnt cc
qui vous meut , vous aues d'autres
penfecs. Vous no chcrches en
mes adions finon voftre propre
vtilite,&nemcfuiues paspource
que vous m'ayes vcu faire des fi-
gnes j vous mc fuiucs parce que
vous aues mange des cinq pains^
& que vous en aues efte raflaffies,
& vous promettes que ie vous
nourriray toufiours de mefme.
^' "7- ., Ne penfans qu a cela vous em^
hi , n^u ployesmalvoure peine. Ne vous
point pour ^ ^ f *• f
auoir/^x/m. tourmentcs pas tant aprcsla nour-
tacf^ZI/e f iture de ce corps , qui ne f^auroit
qui efi per^^ \q gatentir de mourir ^ & qui pe-
u vieeter rit cllc mefmc. Mcttcs voftrc foiH
ufefirde dz voftre trauail a acquerir U vi^
lefus Chriji felon S. Icm\ 151 Cha. ^.
de quinourrit refpric & le corps ;{,,«,„,
coniointcment,&dontrefficacc --^t^Z:
&lc fruit cftpcrmanent,dc forte ^- il
qu'cUe donnc vie eternclle. Si j<.» cacht.
vouscherchesccttc forte dc nour-
riturc , leFils de riiommc la vous
donnera. Etnccraignespasquil
vous promcttc chofc qu'il ne
vueillc,ouqu'ilnc puiflc pas te-
ivir. Il n'auancc ricn de cctte natu-
re,quc le Pcrc, qui eft Dieu , ne ra-
tifie plcinemcnt. Car il a & fa per-
foi\ne& fa charge pour agrcables,
Sileteftificentouteschofes aufli
clairement,quc fiparmanicrede
dire , il appliquoit fon fqeau def-
fusjcommcona accouftume de
faire quand on vcut rendre quel- ,
que chofe tres-certainc & trcs-au-
tentique. Mors ayans ouy par- ^. ,j.
lerdvneviectcrncilc, &detra- ^^'-^^^
uailler pour I'acquerir , & n'ayans !>.»• A;""*
pomtefteimbusiulqucsaceteps- ,«»,«• i<fs
«uure. ^Jad^autre opinion nyd^aut re do^
Dieui drine fino que c eft par le moyea
des OEUures qu'il fauc obrenir la
vie yi\ leur vint cnrefprit quele
Seigneur leur vouloir dpnner
quelque nouuel enreigncmen t fur
lanature des oeuures qu il faudroit
fairepour cela^, & fur les reigles
qu il faudroit obferuer pour les
accofnplir. C'eft pourquoy ils di-
rent a noftre Seigneur : Que fe-
jons nous done afin que nous oeu-
urionsIesopuuresdeDieu? Nous
en ordonneras-tu quiluy puiflTcnt
eftre plus agreables que celles qui
ont efte ordonnees par Moyfe?
f' i?' Alors lefus , qui les auoit par ces
pcndit & propos expreflement amenes a
^i!LJ1 Iny faire cetteinterrogation,pour
DUu , c'eji auoir roccafion dc les inftruire
cuyezence- toucliantla vraye voye delavie;
#wjr * en faifant a fbn ordinaire allufion
aux difcours dc ceux a qui ilpar-
lefus Chrijl felon 5. lean. 255 Chai 4^
loit ^ & reueftant de leurs termcs
les chofes qu'il auoit a dire , ref-
pondit a ces gens , &c Icur dit:C*eft
icy roeuure de Dieu^roeuure, di- je,
qui luy eft vcritablement agrea-
ble,quevous croyies fermement
en celuy qu'il a enuoye. Qupy que ^ ^^^
lefus euft enonce ces chofes fort , ^^^j'^ '^''
modeftement , & quil euft parle ^^i pgm
y C* f r \ done fait t»
deloyes termes elquels on aac- afin que
couftumede parler dVn autre, fi ]Zs t "&
eft ce que ces eens Tentendirent '''y'"'' f
^ ^ o tcy » quelle
fort bien : Car ils luy repliquerent oeuure f^s-
incontinent. A la bonneheurc^
quecefoitlal'oeuure de Dieu^de
croire en celuy qu'il a enuoye; &
mefmes de croire en toy , fi c'eft
toy que Dieu nous enuoye. Mais
encore n'eft-il pas raifonnable de
croire fans en auoir quelque cer-
taine raifon :, &: fans y eftre induit
par quelque memorable figne.
Quel figne fais-tudonC:» &: quel
."" P4
Cha- 6* %{j^ ParaphrafefurrEaangilcde
miracle nous mets tu deuant les
ycux,ace que nousle voyions,&
que nous croyions en toy ? Quelle
ccuurc fais ru qui foit capable dc
#. jT. neusy induire l A la vciite tu as
Nos teres
6nt mangi Houtty zw vtt tepas quatre ou
^au TfeZ ^i^q ^^^^^ perfonnes 3 de cinq
tfcm'^'^ii p2^iJ^s&<^'5^deux poiflbns. Mais
hura donne Qu'eft ce ouc cck au pi'ix des mi-
a manger U ^ , v r r _r • J»
fam dt^ racles que Moyle a taits , d auoir
^— fait defcendre la mane des Cieux^
& d en auoir nourry fi long-temps
Vn fi grand peuple ? Gar nos percs
pnt mange la manne , & n'ont
rien mange autre chofe pendant
toutle temps qu ils ont efte au de-
fert; c'eft a dire quaraote ans en-
tiers, Ce que \t Pfalmiftc a iug©
digne d'eftrc celebre par ces ma-
gnifiques paroles; Dim leura don-^
Tie a. manger Ic pain duCieL Cepen-
dant nous nc tenons Moyfe quo
pour vn Prophcte feulemcni;^ &:
lefus Chrift felon S. lean] 135 ChsU <?.
non pas pour leMclTie quidcuoit
venir. Scroit-ildoncraifonnablc
que nous tedeferaflions dauanta-
ge ? A ccia noftre Seigneur lefus f . n*
leur repartit. Sifaire defccndrele iJr7it,Tn
pain du CieUft vn miracle dignc '::;^]:Z:
que vous deferiesbcaucoupa ce-- dy.M^yfene
i 1 vous a point
luy qui le fait^commc ie ne Ic vous donni u
nie pas , vous m aduoueres aulli '^^i: mm
qua proportion dc cequelafigu- ^J^^ "^'^
re eft nioins cxcellente que la ve- j^9^ ^/^'»
rite ^reftimeque vous deucsfairc
de la verite doit exceller fur celle
que vous aues pour la figure. Or
ie vous proteftc icy folennelle-
ment, que Moyfc , quelque grand
perfonnagequ ilait efte, ne vous
a point donne le vray pain du
CieL II nc vous en a donne finon
la figure /eulement 5 quand ila
fait pleuuoir la manne fur vos an-
ceftres. C eft mon pere qui Vous
donne te vray pain qui eft defcen-
Gha. ^. %^6 ^draphraje Jurl'Euangiledc
du du Giel , & en qui comme en fa
veriteeftaccomplie cette figurci
f 55i Aufli encemelnitlieudu Pfeau-
r/. Dim eft Hie ou la Hiannc elt appellee le
XKf pain du Ciel , elle eft appelle'e le
ctei,6^qui pain Jes Anges feulenient : tant
donneUvie 1 > n • l • -n
^umonde. paixe qiie c eltoit par le miniite-
redes Angesquilfeformoitdans
les nucs , que parce que tout ce
qui a quelque chofe de fi eminent
en fes qualites , qu*il pafle la con-
dition de la nature en quelque fa-
ijon^^onlappelle Angeliqueconv
munement^a caufe del'exellen-
ce de Teftre de ces creatures, Mais
la verite que la mannea reprefen-
tee eft le pain de Dieu ^ tant parce
j qu il excelle infiniment au deilus
de tout autre pain , que dautant
cjue c'eft Dieu qui le donnc im^
iiiediatement,les Anges n'eftant
pas capables de feruir a ce minifte-
, re. Et derechef la manne eft ap-
lefus Ghrijt felon S, lean. 157 Cha. i.
pellee le pain du Ciel , parce qu el-
le defcendoit d*enhauc , & que
toutcs les regions d*au deflus dc
laterre onten rEcriturcSainte le
nom de CicL Mais tant y a qu'el-
le n'eft pas defcenduc de plus haut
que font ccs regions elementaires
oufe formentles nuees. Maisle
pain de Dieu que la Manne a figu-
re, eft veritablement defcendudtt
Ciel , & mefme duplus haut des
Cieux, oil le Pere celefte habite en
gloirc En fin quelle qu'ait efte la
vertudela Manne anourrir , eile
n a fuftente finon vne feule na-
tion, qui eftoit route renfermee
dans l^eftendue d vn defert : au
lieu que le vray pain de Dieu , le-
quel eft veritablement defcendu
.du Ciel , donnela vie vniuerfelle-
ment a tout le monde. A ces pa- f* j4- ^
roles ces gens demeurcrentvnpeu rent done,
cftonnes,& il leur paflfadans lef- ^;|7;,,
Cha. i, t^% Paraphrafejur hEumgile de
tmftoHrs n P^^^ diucrfes pctifccs. Car ils
taim. auoyent bien cette opinion de Ic-
fus.qu il elloit quelquc grad Pro-
phete , & les merucillcsqu'ils by
auoyent vcufaireleurcnauoient
donnc ce fcntiment. Sur tout
auoyent-ils Ic miracle de la multi-
plication des pains bien auant im-
prime en Tefprit , tant a caufe de
fa grandeur, & qu il n*y auoit gue-
res qullsTauoyent veu , que par la
grande vtilite qu'ils en auoyent
rcceue. Car c*eftoic cela qui Icur
auoit fait venirTenuie de le faire
Roy , & qui comme lefus le leur
auoit exprcflfement remarquej. les
auoit induits a le fuiuto. NfcarU-
moins ny ils ne pouuoyent j^as
conccuoirque lepain dontilleui'
parloitjfuftdela nature de celuy
qu'illeurauoitdonneamanger^a
caufe de la magnificence de ce
qu ilen difoit, ny ils ne pouuoyet
lefus Chrifl felon S. lean. 159 Clia. i&
pas deuincr:, lefus s'enon^ant de
la fac^on^qu'il vou?afl: parler de
luy mefme.Ccpcndatilseftoyent
tellement attaches aux chofes
tcrricnnes , &a la vie dcce corps^
qu'ils n'eleuerent pas lefprit plus
haut quecctte conception, que
I efus ieur pro mettoit quelquc na-
ture dc painfi e^cciient^qucl qu il
full 5 que quand ils en feroyent
nourrisjilspourroyentou conti-
nuer tres-longuemcnt, ou mef-
mcs en quelque facon pcrpetucr
Ieur vie. C'eft pourquoy, comme
la Samaritainc auoit dit^Seigi^eur,
donne moy dc cctte eau afin qu«
ie n'aye plus foif\ & que ic ne re*
tourne plus icy pour puifer y ils dL
rent a Icfus , Seigneur donne nous
toufiours de ce pain la, afin qua
nous nayons plus befoin d'cn
■chercher d'autre. Alorslefus vo- f , 5?;
yantle temps de s*ea c^cpliquer^^'^f^^*
Cha^ (j" M^ "TaraphrafcfurtEuangilede
/uis lepain flus difcrtement, Icur repaitit en
^e vie, qui cestermes* II n'cft pas befoin de
njientamoy 11 L L • ^ 1 •
n'aurspoint vous aller chercner ce pain la bien
^«i creit en loin^puisquc vDus aucs icy pre-
may , nm^ ^^^^^ dcuaiit vos vcux la noumtu-
/*'/• re dont ie vous parle, Ic fuis le
le pain de vie; non pas feulement
parce que ig fuis viuant , mais en-
core parce que c'eft moy qui don-
ne la vie. Et au lieu que le pain or-
dinaire n a point d autre faculte
finon de raflafier, i ay la faculte de
rafrafier ^ & de defalterer encore.
Car qui viexit a moy,non des pieds
du corps J maisde ceux delame,
ce qui eft tout autant que s'il man-
geoit, celuy- la n*aura iamais faim:
& qui croit en moy d Vne vray e &
viue foy , ce qui eft autant que s'il
beuuoit , celuy-la n*aura iamais
foif: parce que croire,&boire,&
manger, eft amonegard vne mcC
mc chofe. Tcilexnent que quj
lefusChrifl felon S. lean. 241 Cha^S.
croit en moy , mange &c boic la
viandc&le breuuage quidonnc
vie etcrnelle. Et cela deufoit ^
eltre alles pour vous inmter a ve- Mais ie
nir a moy :, 11 VOUS cities loigneux ^«^ 'vous
dc voftrc falut. Mais ie vous ay ^JST^
defia cy deuant aduertis ^ qu'en- tointcrea.
core que vous m'ayei^eu , & que
i'aye deploye deuant vos yeux les
chofcs qui vous y deuoyent indui-
re^ neantmoins vous Jac croyes
point, & vous vous contentesde
quelque euanouiflante admira-
tion demes actions, qui ne vous
touchc qu autant de temps que
vouslesvoyes^puisvousretournes
incontinent a voftre incredulite
naturelle. Cela n^epcfchera pour- ^. ,7,
tantpas que Ie confeil deDieune f^^^p^t
foit execute.& que ceux qu*il a or- ^^'^^ ^^^^^^
c1oncspourcroire,ncmereconoil- may, ^ ie
f/^ r\ neiette point
ent. Car tousceux que mon Pere i^^rs ceiuy
a choifis pour cela , quand il a mis ^^'l
vtent a
Cha^ 6* ^42, ^araphmje fur hEuangilede
diftindion entre les hommes , &
tous ceuxen quienfuite dc cette
fiennecledion, il deploy era Tef-
ficace dc fa grace pour me les
amener & me les donner, vien-
dront indubitablement a moy , &
ne s y en trouuera pas fculement
vn de mar^e. Or quant a moy,
Tonpeutbiencroireque ienere-
ietteray point ceux qui viendrot
amoydela fa^onj&queienere-
fuferay pas de Ics receuoiren ma
^* 58- , difcipline&enmaconduite. Car
def^endu dH de mon chet xe n ay pomt d au-
del , nen- . 1 . . 1
foint four tres mclmations que de procurer
{iw r"^ & d'accomplir efFediuement k
mais^ u vo, f^^^^^ Je tous ccux Qui viendront a
lontg de ce- 1
inyqni m'(t xx\o^ , & qui etttrcront dans ma
•»«*;'•' communion. De forte que fi vous
y vouliestousentrer,ie me com-
muniquerois a vous, & vous com-
xnuniquerois quant & quant la
vie que ie vous ay dcfia dit que ie
donne^
Icfus Chriji felon S lean. 245 Cha. 6\
donne. Maisquand demoymef.
me ie naurois point ces inclina-
tions la , ie ne fuis pas defcendu du
Ciel en la terre pour fuiure Ics
mouuemes de mes propres volon-
tes, i'en fuis defcendu pour faire
pon£tuellement la volonte de ce-
luy qui m'a enuoye. Qr la volonte ^ ^^^
de celuy quim'a enuoye , tou- , ^^/^ '^''-
'1 J -' Lome du Pt-
chant tout ce qu u me donne^ & re , qui ma
qui par ce moyen vient a moy^ ^«/,> ne
eft, que ie Ic rccoiucalapartici- ^-f^^^^J
nation de mes inftrud:ions, que ^'''^' ^^^^^'^
1 - X . . I i- maii que te
ie I'admette a loiiir de mes conlo- u refufdte
1- 1 r . at4 kernisif
ations , que le ie conlerue au mi- i^y,
lieu de routes tentatios^en vn mot,
que ie le garde de perir , de forte
qu'il n*y en ait pas (eulement vn
detous ceuxquime font donncs
par luy ^ quife perde. lufques-la
qu apreslesauoir garentis de tou-
tes fortes de perils qui peuuent
concemer leur falut pendant la
Cha» 4 2.44 TaraphrafefurtEuafjgilede
vic . il vcut que ic les retire dc la
puitiance de la mort, & qu au dcr-
nieriour, qui eft deftine pour Ic
f. 4Q lugemenr, ie les reflufcite. Mais
eufujL afin que ce que ie vous di , que tel-
f/ de mon \^^%^ {a volonte du Pcre qui m*a
mu enuoy^, ctiuoye , touchaHt ceux qu um a
lu, vGit Ie donnes , nc vous choquc pas , &
f,^ crou j-^eyousdonnepasroccafiond'al-
'urs eternei {^j- fpeculci (ut Telcdion de Dieu-
pour l^auoir qui loiuceux quil
a clioifis pour me donner^ & vous
excufcr la deflas de ce que Vous ne
croycs pas , ie vous expliqueray
la volonte de mon Pcre encore
dVne autre forte. Ie vous di done
que telle eft auili la volonte de ce-
iuy qui m*a enuoye , que quicon-
que, qui qu il foit, fans en exce-
pter aucun , contcmplerale Fils
de Dieu des yeux de la foy ^ com-
nie i'ay dit a quelque autre occa-*;
iion qu'il ie fullou faire , & qui^
refu Citeray
'lefus Chrijl felon S. lean. 145 Clia^ ^-
conque croira en luy , celuy-Ia
iouiffe par luy de la vie bien- hcu-
reure& eternelle, Partantquau-
curl dc vous neslmagineque la
promelTequeray faite dc reflfufci-
ter celuy qui vient a moy^foit fl
precife & fi limitee qu elle ne V ous
regarde point. le vousprometsa
tous fans rcferue &c fans limita-
tion J que quiconque croira en
moy^ iele reflTufciteray au dernier
iour qui eft dcftine pour le lu^re-
ment. Ce propos de noftreSei- f, 41.
gneur preuintbicnlespenfeesdes ^Jl ^^^^i
luifsen ce quieftoitde la nature fjj^l'/f^
defapromcfle /& leuroftabien ^«v/ amk
- i ' r 1 '\ tilt , lejuis
lespretextes&lcs excules dont lis u pam vif
euflentpeu colorer leur incredu- },''l^^''^t
lite. Mais comme ils eftoyent ^''^'
mcrueilleufement mal difpofes, il
les fcandalifa d'vne autre forte.
Car pouxce qu il auoit dit , le fuis
lepaindefccnduduCiel^ &;quils
03
Clia, <f. 14^ n^ara^hrafefuTlEuangilede
eftimerentque ceftoit vne crop
magnifique & trop gloricufe van«
teriede Ion origine&: de (on ex-
cellence^ ce qui leurparoiflbirin-
fupportableparce qii'ils s'lmagi-
noyenrqu'ilsf(jaiioyeatbien d'ou
ilelloitvenu; ilsfc mircnt amur-
murer entr'eux aToccafion de fes
1^ t-' paroles. lis difoyent done : Cet-
N'ejhce p^,s tuy- cy n elt-il pas lelus, le his de
'il^/^'dl! lofepiijleciiarpentier , duquchl
quel nous ' ^ p^^ ^^ j^ nous quinccon-
lefere & u noifTc le Derc & la mere ? Qu e(U
mers: Com- - > ! i- o 1
772ent do^c ce done quiiveut dire, &aeqaoy
f ;f7I: levante-ril? Comment dit-ii, le
fccndti dti ruisdefcendudu Ciel,luyde qui
nous fcauons fi bien Textraetion,
laquelle non feulement n a rien
d extraordinairemet rcleuc^mais
qui mefmes eft contemptible?
f 4V Neantmoins leur murmure con-
lefui done t r » n • • C
refpondst,& tre lelus n eltoit pomt ii vniuer-
murmHTcz iel , qu'il H y eH cult queiques vns
Icflis Chrift felon S. lean. 147 Clia. 6.
que fes difcours auoyent ebranlcs, ^,i„, .rjre
deforce qu'il y auou de la conte- '^'''''
ftation entr'eux ^ les vns eftans
pour , &les autres contre. Ceft
pourquoy lefusles ayant entcn-
dus, il vouluc premicrement ap-
paiterleur conteftation , & pour
cct effed il leur dit ; Ne murmu-
res point entrevous, & ne debate
tes point enfemblc. Pais apres il ^;/^;^
remedia au fcandale lequel ceux pemvenirk
que les paroles auoyent emeus, T.re^uimU
pouuoyent prendre de Tincredu- 'HT^'' ie
Ink & delobftination des autres. ^yff j;-
Il leur dit done. Il ne faut pas que mertoHu
vousvous eftonnies beaucoup fi
tantde gens refiftent opiniaftre-
ment a ma predication , ny que
vous prenies de la fujet de foup-
conner que ie ne fois pas ce que ie
di, & que ien aye pas la vertu d e-
xccuter mes promefl^es. Il y a na-
turcUcment vnfi grand aueugle-
Cha. 6, 148 n^araphrapJiirl'Euangile ie
mcnt 5 & vne telle obftination
dansrefpritliumain :,qu*il eftab-
folument impoflible quaucun
vienne a moy , il Dieu par la vcr-
tu interieure de fon Efprie, ne Til-
lumine & ne Ie tire, Ce done qui
ne pouuoit arriuer autrement
qu il eft arriue^ ne vous doit point
donner matiere de roup(^on ny de
feandale. Caraureftc,quiconque
yviendra^ comme ie levous ay
tantoftproniis,il fc doit afleurcr
que ie Je reflufciterayau dernier
iour, & que ie luy donneray vie
nl/c'crit ^tc^nelle. Etlmcredulite de ccs
e^jrophetes, gens la , n'empefcliera pas qu'il
tons enfei- n cn vicnne beaucoup a moy , qui
jDieu. €^ui. rendront par ce moy en telmoi-
"^'IpL' g^^ge d^ ^^ q^^, i^ fuis ,& qui
&jt^Pfrms, rprouueront auffi raccompliflc-
nient de mes promelles, Vous
njgnores pas qu'il eft ecrit en
quelquelieu desProphetes, &its
leftis Chrip felon S. lean. 149 Cha. ^
feront tous enQt^^nes de DieUy ce qui
crtditdesenfans de rEglife^&du
temps dc foil reftabliflTemcnr. Il
fauc doc quecelafaitexecute^car
TEcriture nepeut cftre enfraincc;
&c}ueDieudcployclavcrtu defa . .
grace dansrerpritdcquclqucsvns^
pour les inftruirc intcrieurement^
& leur faire comprcndre fa vcri-
te.afin dc la rcceaoir& dycroi-
re. Ainfi, quiconque a oui les in-
ftru£tinns interieuresduPcrejfcaf
quant au Fils,pour cette hcureil
ne vous propofe fa do6trinc finon
cxtcrieuremcnt:, ) & quiconque a
apprisduPerea connoiftre fa ve-
rite , celuy- la vient afleurement a
moy ^ & n eft pas poilibic qu'il y
manque. Cependant quand ic fjf;.^^
vous di que le Pcrc en inftruit qn^^uam
ues vns , & que ceux qu 11 a vere , finon
cndodrines ne manquentiamais 'll^'liZ'^ct
dc veuir amcy , vousnedcuespas /^t> -^^^ ^
0^4
Clia. ^. tjo ParaphraJef^rtEuangilede
penfer qull tienne ecole vifiblc-
mentjtellementquevous lepuiC-
' fiescontemplerde vosyeux,com-
il eft ditqucMoyfe voftre Pro-
phcre la veu ^ ou en quelque autre
rnanicrefemblable. Vousncde-
uesrienattendrede tel^&Iapre-
rogatiue de voir Je Pere, & d^auoir
vne fi eftroite communication
auec luy , que d'eftre participant
detousfes fecretS:, nefe commu-
nique pas indifferemment a tout
lemonde. Ny Moyfemefme, ny
aucunautre n'a iamais veu le Pere
de cette fa^on , finon celuy qui eft
venu au monde dc fa part , & qui
vousinftruitafalut, fivous vou-
licsmettre a profit lesenfeigne-
mensqu'il vousdonne. C'eftce-
luy-lafeul qui a veu le Pere, & qui
a eu&a toufiours vne communi-
cation fi eftroitte & fi intime auec
luy, quilne luy celechofe queU
lefus Chrijl felon S. lean. 151 Cha, 6.
conque defes fecrcts^&neluy ca-
che aucune defesplus profondes
connoiflances. Ne vous metres .
done pas en refprit que le Perc e» w/.
VOUS dome apparoiltrc viiible- -vousdy.^i
hf J cYoitenmoY^
,.^ esvousdcce- ,7^^,^,;^^;
luy qui eft venu de fa part ;, & ^'^^•
vous faitesfes difciplcs. Car vous
trouueres en luy tout cc que vous
pouuesefpererdu Pere. lele vous
dien verite,& tenes-lepour aufli
afTcurequefi ielevous cofirmois
par Ics fermens les plus inuiola-
bles & les plusfacres, qucceluy
quicroit en moya vn droit aufli
certain pour ia iouiflance de la vie
cternellc, alaquelle vous afpires,
que s'll en eftoit defia en pofTef-
Jion. De forte qu'on peut dire
qu ilia ticnt defia, &quil nedoit
point craindre la mort , contre la-
quelle vous cherchies tantoft le
xemede^quand vousme priiesde
Cha» S. iji PdritphmfefurhEuangilede
vous donnertoufioursdc cepain
qui en garentic, & qui conferuc
f "Z^- , la vie. Ic le vous ay defia die , &
le tuts le ^ ^ '
fam de vie- le VOUS rcpccc encorej vous n aucs
pas a chercher ce pain la bien loin,
puis que vous Taues dcuanc vos
ycux , & par maniere de dire en-
tre vos mains. Car ie fuisle pain
devie^^qui feuleft capable de la
vous donner , mais qui la com-
muniqueindubitablcaiencaceux
f- 4f ' qui le maneent. Vous parlies tan-
ont m^ngi tolt de vos psrcs , & de la nourri-
l^dTfrn""^ tu^c que Moyfe leur a donnee par
hnfmoftu y^ jQ JQj^g temps. C a efte vb
grand miracle a la verite , & qui a
rendu vn tefmoignagc bicn ex-,
pres & bien euident a la vocation
deceProphece. Maiscettenouif-
riturelan'eftoitpas le paindevie
pourtanc : Teucnement a bica
monftre qu il n'cftoir pas capable
de la communiquer.Gar vospercs
lefus Chrifi felon S, lean. 25*3 Clia. C.
ont tous mange de la Manne au
defert ; mais il n y en a eii pas vn
d'entreux qui nyfoic more j oufi
deux ou trois font paruenusiuf-
qu'en Canaan , tan t y a qu'ils y one
incontinent, perdu la vie. Mais j^ ^o.
ce pain icy que vous voycs dc vos ^^^f ^fj^
yeux, ( & en difant cela noftre Sei- defcendn dt*
gneur monitroit par Ion gelte quei'hcmme
qu 11 parloit de luy melme; clt ce- J,^^^ ^ „^
luy qui eft vcritablcment defcen- ^^"*'^^/''^»^'
duduCiel,afin quequiconquene
refufera pas A'cn manger , foit
exemptde la fujetion a lamort,
& qu'il aye vie etcrnelle. C'eft f/fr.
moy qui iuis cepam la.non leu- ^,invif,c-ui
lementviuant , comme vous vo- ^^V' f'^'T,
yes , mais aufli viuifiant., comme / ^'-^^^^
^ - ^ , mnv.ge dcct
ayanc la lource de vie en moy>.^i;j, //x/z-
mcfmeiScc'eftmoy quifuis def- "^'^^h
cendudu Ciel, pour la fin que ie ^V"" ^'^' ''
viens de vous dire. Celuy done ^'^Z '^^
"' • 1 • IV / o f/;'>tiV four
qui mangera de ce pain la 5 ( & en u vie du
Cha. 6. 154 Tardphrafefur I'Euangilede
ciifant cela il fe monftroit encore
foy mefmej cettuy laviura eter-
nellement. Et afinde nevous te-
nir pas plus long temps en fuf-
pens, car ie voy que mon propos
vous eftonne , ie vous expliqueray
plus netrement coramentil faut
entendre que ic fuis Ie pain que
vous deucs manger pour auoir la
vie. Si vous me confideres bien
attentiuement , vous trouuercs
qu il y a en moy deux chofes. LV-
nceftccllequi paroiil avosyeux,
& que Ton peut appellcr de ce
nom de chair, comme vous mef-
mes nommes voftre nature cor-
porelle en laquelle ie vous fuis
femblable. L'autre eft celle que
vousnepouu^sapperceuoirfinon
dans Ics oeuurcs que ie fais^, qui ti-
moignencaflTcsclaircment qui- y
a en moy quelque chofe de beau-
coup plus grand & plus augii-
lefus Chrifi felon S. lean, ijj Cha. (f.
fte que cette chair, & qui m'efleuc
bien loin au delTus de la condition
desautreshommes. Le pain done
que iedonneray pour communi-
querla vieeternelleaceux qui en
mangeront,c'eft ma chair, que ie
fouffriray eftre mife en tel eftac, 8c
reduire a telle condition, que le
moadela pourra manger, com-
me ie vous difois tantoft qu il faut
manger le pain qui eft defcendu
du Ciel. Car vous vous (buuen^ s
queie vousaydit que croire ^ &C
manger, a mon cgard, & pource
qui eft d'auoirla vie par moy , ne
font qu Vne feule & mefme chofe.
C'eft done ma chair, colidercecri
Tcftat de fouffrance auquel ie la
laifleray mettre dans quelquG
temps, qui mangeepar lemoyen
de la foy , eft feule capable de
comrhuniquer la vie. Et ie ne la
donneray pas feulement pour la
Cha, 6. %$6 n^araphrdfe furPEuangile Je
nourricure de cette nation; c'eft
mon deflein , & ie fuis venu pour
cctte fin :, de Tabandonner pour
f . 5^ lavie de tout le monde. Mais
dofi'c AelL bien <ju il fe fuft ainfi explique, fi
/'w , Zl eft-ce que les luifs ne le peurent
fans : €om^ encoic entendre. Carilyenauoit
ment nous J
feut tejiuy^ bicn quelquc peUj oui quoyquils
cy donner fa ^ " J • rT /T J A •
,hairk ma- ne 1 entendiiicnt pas aiifs diitin-
^'''' 6tement,entreuoyoyentlaverite
de ce qu il difoitj& au refte auoyet
vnetres-haute opinion de (aper-
fonne. Maislapluspartdesautres
ne conceuant rien en ce propos
que de materiel & de charnel , y
trouuoyent vne eftrange impof-
fibilite, & vne mcrueilleufe ma-
tiere defcandalc* lis difputoyent
done les vnscontre les autres; ; &
la plus forte & la plus commune
voix qu on y entendoit, eftoit cel-
lede ccux quidifoyent ; Com-
ment eft-ce que cettuy-la nous
lefus Chrifl felon S. lean, ijy Clia. S.
pcur donner fa chair a manger?
Qoi a iamais ouy parler que de
manger la chair d'vn horn mc/oic
viuant jfoitmort, cc foic Ic mo-
yen :, 8c efficacc j & agreable a
Dicu 3 dauoir la vie cterncllc?
Alors lefus voyant la durete afFe- ^^ ^^^
deedel'intclheencedesvns. qui ^<^^'^'^^''
ne meritoyent pas qu il s'cclarcilt '^mv^% e»
auantage, & voulant exciter dc vousdy, si
plus en pluslattention dcs autres^ JJ^^Xt
quilvoyoit aills biendifpofes a ^f fi'' ^*
receuoirlon propos , lileurdit a »^ hHue.^
tousgeneralcmentiVoustrouues 1%, lZi\
rftrange que ie vous die que ie ^^t/'^'"^'^^'^
vous dois donner ma chair a man-
ger. C'eft pourtant v^e chofe
tres indubitable. , Et qui plus eft,
ie vous luie , autaiu qu il m'cft
conuenable de iurer, que non feu-
lement ie fuis capable de vous
ilonncrla vic/fi vous mecroyes,
fnais quell vous ne croycs point
Cha. (J. zj8 TaraphrafeJurl'Euangilede
en moy , vousny pouuesrien pre--
tcndre. Car qui ne mangera point
la chair du Fils de Thorn me , coax-
me il la doit donner pour la re-
demption du genre humain , &
qui ne boira pomtfon fang, com-
me il doit le doner a boire epandu
pour Ic falut de tous , cettuy la
t* ^4- n'aura point la vie eternelle. Mais
gel^a rWraum dc Tautre coftc ,quiconque
fang , // a mangera maciiair , comme li la
'ZtTnf^^^^ manger, ainfi que ie vous ay
Mctteray dit, en crovant, & Quiconque bol-
iour, ra , mon fang , come il le raut boi-
re , c'cft a dire^ en croyant encore^
fansencxcepteraucun,auront la
vie eternelle fans aucune difficul-
tc,&pourcetefFe£tquand le der-
nier iourferavenu, iele reflfufci-
^. jj. teray d'entre les morts- Car iuf-
, ^""^ ^'1 ques icy tout ce que vous ou v6s
vrayement percs aues loit Dcu loit mang^,
monfmg cfi pout VOUS cntreteuir en vie , loit
la man-
Icfus Chrifi felon S lean. 2.J9 Cha. Gl
h manne du dcfert, & Teau qui^,^^,^,^^
Ibrtit durocher ^ou quelquc au- ^^^^^^s'^
tre cliofe que ce puifle eftrc ,n'a
point efte ny le vray aliment ny
le vray breuuage neceflaire pour
vous prefemer de la mort,& n eft
mefmes ny viande ny breuuage
propremet, fi vous eh faites com-
paraifon auec celuy dont ie vous
parle. Mais ma chair eft vraye-
ment la viande , & mdn fang eft
vrayement le breuuage qui pro-
duifent ce grand cfFe6t , & qui pair
cofequent meritent feuls ce nom^
comme ayans feuls la vraye ver-
tudecommuniquerlavie. Et de J* /^- .
rait vous voyez bien a i^ivcntc s^rnachmr,
^ breuuage & 1 aliment s v- fang u d»
niflfent tellement avoscorps^qu- ^[J'^Zyf
ils deuiennentvnepartie de vous '^^"^^^
mefmes. Mais neantmoins cettc
vnion ne vous cojoint pas a voftre
nourriture fi infeparablement ,
R
Clia. 6, z^o n^ araj^hrdfejurl' Euangilc de
qu il ne s'en euapore tousles iours
quelquechofe par vne infenfiblc
tranfpira tion, & qu il ne s en con-
fume par la force de la chaleur na-
turelie. De forte qu'au bout de
quelque temps il ne reftera plus
rien de ralitnent que vousaurez
pris,& celuy que vous aurez pris
depuis aura fuccede en fa place.
Mais Taliment & le breuuage
que ie vous donneray,auront bien
vne autre force. Car quiconque
rnangera ma chair, & quiconque
boira mon fang^cettuy-la s'vni-
ratellemcntamoy,&moya luy ,
quil demeufera en moy, &moy
ie demeureray en luy ^ dVne infe-
parable habitation, & d Vne com-
munion inuiolable & fans refer-
ue. Tellement qu au lieu que les
autrcs alimens ne peuuent pas
Gonferuer toufioursla vie, parcc
quils ne font pas toufiours en
lejus Chrifl felon SI can. z^i Cha. ^l)
ceux qui les prennent , la viandc
& le breuuagc que ie communir.
queray , demeuranc toufiours en
ceux qui en vferont ^ & les vnif-
fant tellement a moy, qu lis de-
meureront toujours en moy, &c
que ie demeureray toujours en
cux, ilslesentretiendronteternel-
lement en vie. En efFedjla four- ^;JJ; ^^
ce doc la vie decoule en eux eftant ^''' ^'^'^^Z
m'a entioye
innnie & inepuirable5& le moyen ^t^Iflte vy k
ueleiie leur eltcommum- Fefe. ^ce.
quee, eftant permanent & impe- ^Zn^LZl
rifiable, la participation qui leur ''^^ ^-'f ^
S ^ n r cau/^demoy
en eit donnee ne pent eltre linon
perennelle & perpetuclle pareille -
ment. Car ccschofesontvnecor-
refpondance mutucUej&vne de*
pendanceneceflaire. Or eft il que
le Pere celefte en eft la fourceile
Fils quila enuoye eft le moyen:
& celuy qui sVnit au Fils , eft ce-
luy qui par Pentremife du Fils a
R %
Cha. 6. z^z ^araphrdfe furtEuangilc dc
communion auec le Pere. Com-
me done le Pere qui ma cnuoyc
eft viuant eternellcmcnt^& TEcri-
turea accouftumedeluy donner
le tiltrc de Dieu viuant^ tant parcc
qu'il a la vie en foy ^ que parcc
qu il la donne a routes chofes ;
ainfi ie fuis viuant de par le Pere,
non feulement par cequeievis
effediuement J mais aufli parcc
qu'il m'a communique la vertu dc
viuifier tous ceux qui veulent a-
uoir communion auec moy. Ce-
luy done qui me mange, & qui
commei*aydit^entrepar monen-
. tremife en la communion du Pe-
re, viura aulTi depar moy; cettc
fc^urce inepuifable dc vie qui eft
en Dieu, fecommuniquant prc-
mierement a moy come auchef ,
/ & puis (c repandant dans ceux qui
croiront en moy ^ comme dans
c'J%u mesmetxibres. Ie f(jay la bonne
lefus Chrifi felon S. lean. 16^ Cha. €^
opinion que vousauesduminifte- ^^^^ ^^. ^^
re dc Movfe , & 1 admiration dans i^/^*^^ '^^
laquelle vouseftesdu miracle de pomccmm^
la manne dont 11 nournt autre- ^ m^ngi
la manne
Jont
foisvosanceftrcsaudefert. Vous ^
auesacettcoccafion tantoft alio- '^''*' •^«*
^ . mangera c%
sue les paroles du Prophete, qui ^^'» »/ ^i.
d^. T-^- t 1/1 • ura ttermk
It que Dieu leur a donne le pam unanu
du Ciel , & vous croyes que cela
mcrite vne confideration tres-
particuliere, le vous veux done
encore vne fois repeter cc que ic
vous ay repondu la defTus, afin
que vous le comprenies d'autant
mieux , & qu'il simprimc bicn
auant en voftre memoire. Ceft
icy le pain qui eft veritablement
defcendu du Ciel ( & en difant ce-
la il fc monftroit j & qui a bien
d'autres vertus que celles que vos
anceftres ont trouuees dans la
mannc. Car vos Peres , qui ont
!a manne au dcfcrt, foiu
RiaiM'^e u manne au
Cha. ^. 164 ParaphraJcfHr tEnangilcde
morts 5 & cette nourriture ne les
enafqeugarentir. Maisquiman-
gera de ce pain icy, & qui parci-
cipera a cetce chair qui doic eftre
donnee pour la vie du monde ,
celuy- la viura eternellement.
ii'dhces lufqua ce temps - la lefus auoit
f'l^oli!'' pi'c%^^ toujours tenu les propos
en enjeignat xmi coRcernoient fa perfonne &
nAum, la vocation , dans les lieux ou li
s*eftoit rencontre 5 & oii les occa-
fions s'eneftoient prefentces. Etil
le faifoit d'autantpluslibrement
de la fa(^on J quayant affaire ou a
des troupes de peuple , ou a des
perfonnes particuUeres qui n a-
uoient point de particuliere ani-
mofite cotre luy , il y auoit moins
de peril pour luy d'y annoncer la
dodrine de TEuangile. Car il fe
menagcoit auec vne finguliere
prouidence ^ parce que le temps
de f expofer aux dangers n eftoit
lefus Chrijl felon S. lean, i^j Clia. ^.
pas encore venu. Mais pour cetre
lieure-lailtint tout ce grand dif-
cours de la manducation de fa
chair,&de la vertu de lafoy^dans
la Synagogue de Capernaum^ou
il eftoit entre pour enfeigner au
milieu mefme de {esennemis. A-
fin de faire connoiftre a tout le
monde, quequandil luyplaifoit
vfcr de fa puifTance^pour fe def-
fendre de leurs attentats^il fcjauoit
bienarrefterleursmouuemensj &
reprimer leur violence. Cepen«- ^pil^l^^s
dant ^ quoy quil euft prononcc ^^«^ ^^/^^
toutes ces cnoles aliez inteliigi- y^mmy.di-
blement , fi on euft voulu y eltre '"^Trlu^eflrL
attentif :, tant s'cn faut neant- ^'^v^'^^
moins que toute la multitude les
entendiftj &en demeuraft fatif-
faide^que plufieurs de ceux qui
faifoient profefTion de croire, &
qu a cette occafion on appelloic
IcsDifcipleSjlesayantouies en de-
Clia. (J. x66 n^araphrafeJurl'Euangilede
meurerent offcnfes. Toutes les
autres inftrudions , difoient-ils ,
que nous auons cy-deuant receues
dela bouchede lefus^nous ont
toujours done beaucoupdecon-
tentement. Ets'ilya quelquesvns
de fes propos done nous n'ayons
pas bien compris le fens , tant y a
que nous n y auons rien remar-
quequiait fcandalife nos efprits ,
ny offenfe nos oreilles. Mais quae
a cette parole qu il nous vientde
dirc^non pas feulement quil eft
le pain defcendu du Ciel , mais
mefmes que pour auoir la vie cter-
nelle il fauc necefTairement man-
ger fa chair & boire fon fang , vc-
ritablement c'eftvneftrange dif-
courSj& qui a quelque chofedc
bien choquant & de bien rude.
Et qui eft-ce qui pourroit oiiif
yne telle chofe fans en eftre fur-
msisM^ p?isou fcandalife? Or difoient-ik
lefus Chrifi felon S. lean. i6j Cha. 6.
cela entr'eux a quartier, nc pen- y^^^,^^„, ,«
fans pas que lefus en euft connoif- ^^;j;g..
fance. Et s'ilseuflfent efte en fa pre- ?/«w«r«»«.
lence, quelquerelpectquils por- ujeurditi
toyentafa perfonne^Ieseuft em- ^aLnpif
pefchesdeparlerainll Mais Icfiis
n'auoit pas befoin d^ouir les paro-
les des hommes pour f^auoir les
fentimens de leurs coeurs. Sqa-
cliant done en foy mefme que fes
Difciples niurmuroient decela^
il s'approcha d'eux , & leur (fit :
Eftes vous done fcandalifezde cc
que ie vous ay dit , qu il faut man-
ger ma chair & boirc mon fang
pour auoir la vie eternelle ? Vne
chofefiaifee acomprendred'elle
mefme ^ fi vous auies Tentendc-
mentvnpeu ouuert^&alaquelle
i'ay donne tantd adoucilfemens,
& tant d^eclarciflemens.parcelles
que i'ay meflees dans mes propos,
touchant la vertu de la foy & de
Cha. ^. z(j8 n^araphrafefur hEuan^tlede
la communion fpirituelle qui!
faut auoir auec moy par cllc ,
vous femble-t'-elle defi difficile
oude ficftrange intelligcnce,que
vos cfprits en demcurent offen^.
Quefcra CCS? Et qucfera-ce done, poiires
ce doncfi geSj fivousvoyesleFilsderliom-
le Fiisde nie raonter an CicL ou il eftoit
Vhomemon- , .
teroHvedoit premicremcnt ? A prendre cette
premiere* 1 • 1 1 •
^^g^ii manducation de ma chair cor-
porellement & grolTierement ,
cdkiime vous aues fair, vous trou-
uercs lors bien plusdlmpoflibili-
te a cxecucer mon commande-
ment, & a obtenir parce moyen
ae/Wf 1^ vieecernclle. Que cela ne vous
t^f/li^" ^^^^^^ point en peine pourtant.
chrarnepro- Pour clh'c eloi^ne dc vous com-
fite rien ^ les ■ r 1 ■ 1 ■ n'
paroUes que mc ic Icray lors.ie nc lailieray pas>
™on7e( fi vouscroyes, de vousdonncrla
Fit & Vie. vie felon ma promctle Car c'cit
TEfprit que I'cnuoyeray quand ic
feray monce la haut ^ qui com-
Icfiis Chrifl felon S. lean. 16^ Clia. 6.
munique cfl:e6tiuemetla vie dont
ie vous parle. Ceil luy qui la
commence dcs maintenanr par la
cofolation&parla fandification
cie l\ame ; c'eft luy qui la puri-
fiera par la refurredion du corps.
Ec quand ie vous aurois donne
ma chair a manger de la fa(^on
que vous Ie vous imagines , cela
ne vous profiteroit en rien du
tout ^ ny pour la refurredtion de
vos corps 5 ny pour la confolation
&c fandification de vos cfpritsrS^
partanc vous vous abufez etran-
gement d'mterpreter ainfi mes
paroles.Les paroles queievousdi^
& Ics chofes que ie vous propofe y
fpirituelles quelles font , doiuent
eftre entendues fpirituellement.
Et a qui les entend fpirituellemec,
& qui les reqoit de cette facjon a-
uecfoy ^ellesfont ^Imftrument
de I'Efprit &c la communication
Cha.. 6. tjo n^ araphrafe Jur I' Euangile de
delavie qui confide en confola-
tion & en fandification , &c Taf-
feurance de la vie dont le fidellc
doit eftre iouiffant en la refurrc-
Oiion; &c en vn mot, le germe im-
peri{rable,& le principe immortel
de fa viuification &: de fa gloire,
Maisiiy Mais c'eft fort inutilement que
deltrevl fcxpUque mes intentions a quel-
qui nt q^g5 y^s d*entre vous: car il y en
crotent point -l , , •' >.
Car lefus a qui nc croyentpas^ &qui mel-
tofnmance-' Hics ne vculent pas croire,ae quel-
72TJeux q^c faqon que le leur propofe ma
quinecroi^ dodrine. Cela dit.Icfus fc teut,
totent point, , ' r \
&qui feroit commo, tcmoignant non leulc-
Z^hirlZ * ment quclque marriifement dc
leur incredulite , mais mefme
quelque indignation jdc ce qu'il
voyoit en eux vnc fi mauuaifedi(-
pofition^&decequlleftoitcom-
me contraint de fe taire ainfi tout
court, depeurquefesdiiiins pro-
pos nc fc foiiillaflcnt en Icurso-
lejus Chrifi felon S. lean, zyi CKa, &
rcillcs. Car pourcc que la nature
diuinc qui eftoic en luy , ne le laif-
foit ignorer chofe aucune ny pre-
fente :, ny paflee , ny a venir , qu'il
euft enuie de f^auoir , il f(^auoit
fore blendes le commencement
defa predicatio qui feroientceux
qui ne eroiroycnt point en luy,&:
mcfmes qui feroit celuy qui le tra-
hiroit J de forte que quelquc eue-
nement qui arriuaft , il n*cfl:oit
iamais furpris en chofe quelcon-
que. Cell pourquoy reprenant ^ <^^
vn peuapres ion propos,ilconti- dit.f^urt^nt
nuadeieurdire. Etnevousefton- 'dit!q2nHi
nes pas fi ie prononce ainfiaffir-^'/fl^ ^!:,
matiuement qu'il y en a d'entre ^^^ % ^fi
^ ' . - done d« mon
vous qui ne croyent pomt ^ & de Fire.
qui iln'y a nulfujet d'cfperer que
jamais ils croyent. Ce n*eft pas a
la voice que ic laffirme ainfi har-
diment,oupar quelquc precipi-
tation de mon iugement & d^
Clia. ^. 27^ "T^^rdphrafefurl'Euangilede
ma penfee. le le fcjay auec autanc
de certitude qu il fe peutf^auoir,
& c'eft: poLirquoy ie vous ay die
cy-deuant,quenulnepeut venir a
moy^s'ilneluy eft donne demon
Pere» Car vous aues peu recon-
noiftre par la que ie vouloispre-
munir les efpritsde mesvraisDi-
ciples contre le fcandale quails
pourroient prendre deTincredu-
lite de quelques vns d entre vous ,
&qu*ainfideslorseliene m'eftoit
^ves%e p^sincontie. lufques la&vraye-
^e^r^./^ mentfideles&autresrauoientin-
fes Difcif^ici ditteremment ecoute : mais des
':::i^l'7% rheare qu il eut prononce ces der-
ne chemi ^:^^^^ mots , il fe fit vne manifefte
notent plus -^
auec luy feparation entre ceux qui auoicnt
auparauant pafTe pour fesdifci-
ples. Car ceux a qui leurs cofcien^
ces rendoyent temoignage qu ils
necroyoyentpas veritablement ,
voyant que lefus les connoifloic
lefus Chnft felon S. lean. Z73 Clia. 6.
bien,ne peurent fupporter plus
long-temps la hontede cettere--
prehenfion. C*eftpourquoyils (e
retirerent en arriere^&nechemi-
noyent plusauec luy,pourn eftrc
plus expofes aux reprochesdefes
regards. loint qu il eft naturel aux
liommes qui font ainfi decou-
uerts d'auoir de rauer{ion3& met
mes de la haine pour ceux done
ils redoutent la rencontre. lefus ^* //'
done qui faifoit profit de routes «^^^ ^«-v
^ ■*■ *■ 1 • n doH':(e. Vota
occalions pour auancer rinltru-^^ vouur
6tio & le falut de ceux qui cftoient Xr'^ ''''"^
veritablement fiens , prit fujet du
depart de ceuxla^pour fairecette
interrogation aux douze. Ec vous,
dit-il , ne vous en voulcs vous
point auffi aller ? L'exemple de
ces gens la ne vous touche-t'-ii
point :, pour vous fcandalifer ,
comme ilsont fait, & de moy &
de mes paroles ? Ce n cftoit pas
1
Cha. (» 174 ^ardphrapjur I' Euangile de
qu'il ne fccuft tres-bien qu ils nc
les imitcroyent pas : bcaucoup
moinslesyvouloit-ilinuiterrmais
il vouloit exciter leur foy , & leur
prefenter loccafion d'en faire vne
belle & authentique confej(Iion
^si^l„ en fa prefencCe De fait , Simon
^IrTndu^ Pierre , qui par la promptitude
Seigneur, ^ tant de fon naturel que de fon
VoJ7Z ^ zele , auoit accouftume de s'auan-
'Xurnet cct plus que ks autrcs, luy refpon-
dit incontinent , felon la bonne
opinion laquelle il auoit d'eux
tous. Si nous nous en irons, Sei-
gneur ? Et a qui nous en irions
nous ? Quel autre Maiftre cher-
clierions nous aulieude toy, qui
feulnouspcusenfeignerladodri-
ne de falut,& qui de fait nous tiens
tous les iours des propos dans lef-
quels nous voyons clairement Ic
vray & vnique moyen de paruenir
a la vie bicn heureufe & eternelle?
ADicu
lefus Chrijl felon S. lean, i/y Cha!^ ^
A Dieu ne plaifc que nous com- ^ ^^^
mettionsvnefaute&: (linjurieufe ^^ ''^^
contreEoy,& iipernicieulepour & conneu
nous , car nous auons creu & nous chrinjiu a^
auonsconnu fde forte que noltre.^'*'"'
foy n'eft ny aueugle ny implicite ,
mais illumin^e & appuytre fur
d^inebranlables fondemensjque
tu es le Chrift , le Fils de Dieu vi-
uanc, celuy quelesProphetesont
promis , que nos Peres ont atten-
du, & fur qui fe repofc Tefperance
de tout le monde. Ne feroit ce
done pas vn crime horrible de t*a-
bandonner , vne fureur , en tV
bandonnant, d^abandonner I'ef-
perance de la vie ? Alors lefus t/Jw
ayant tire de la bouche de Pier- "''^P'^'^''^^^
J ^ vous ay it
re 5 qui parloit tant en fon nom /'^'^^ 'i^'^^
que« celuy de les compagnons, & /w ue
vne confefTion telle quil la de> r^T^^'^"-
mandoit , encore qu'il full fort
fatisfait dece qu ils tefmoignoient
S
Clia^ ^« ^7<f ParaphrafcJurtEuangilcde
quils n'eftoietpas capables d'etre
corropuspar de fimauuaiscxem-
ples^eftima ncantmoins qu'il les
falloit encore confirmer encettc
bonne refolution , en les aduer-
tifTant que mefmes de leur troupe
il y en auroit vn qui fe reuolteroir,
afin que quand la chofe arriue-
roit, ils n en fuflent non plus e-
meusqu'on a accouftume des'e-
mouuoir d'vne chofe prcconnue.
Il leur dit done. Ceft bien die
a vous, que vous aues crcu , &
que vous aues connu. Car vous
deues vous tenir fermement atta-
chcza moy par les liens de voftre
foy , & par la connoiflfance que
vous aues de la verite j & non par
Timitation de Texemple de ceux
qui font profeflion d'y croire:
Vous voyes par le depart de ccs
gens la quelle fermete il y peut
auoir dans Texemple de ceux qui
hfiis Chriji felon S. lean, 2.77 Clia^ ^
fe contentent de me, fuiure du
corps feulement,& qui au fonds
n'ont point de certaine connoif-
fance de ttia dodrine. Mais vous
en aures d'icy a quelque temps
vne preuue bien plus euidente&
plus fcandaleufe. Gar quant a ces
gens la qui m'ont laifle , c'eftoit
comme de leur mouuement qu*ils
s'eftoient attaches a moy. Dc la
mefme fac^on qu'ils y eftoient ve-
nus, de la mefme facjonsen font
ils retourncs^de maniere que com-
me on peut attribuer leur venuS
a quelque curiofite , ou tout au
plus a quelque eftonnement que
mes a6tions leur ont donne ^ on
peut imputer leur depart a quel-
que Icgcretcd'efpritjOU ,(i vous
le voules ainfi , a quelque fcandale ^
qu'ils ont pris de mes paroles.
Mais quant a vous, ne vous ay-ie
pas choifis vous douze ? N eft ce
Si
Gha. 6. 2.78 ParaphmfcJurlEuangilc de
pas moyqui vousayappellez?Nc
vous ay ie pas deftines a eftre mes
difciplcs particuliers , a qui ie
communiqucrois tous mes fe-
crets, pour les publier puis apres
aux autres hommes ? Ec partant
nes'imagineroit-on pas que vous
deurics tous perfeuerer^ fans qu-
aucune chofe fuft capable de vous
d tacher de mon feruice. Et
neantmoins il y en a Tvn de vous
qui tombera dans vne apoftafie
& commetcra vne adion qui ne
fcjauroit venir finon dans la pen-
fee & dans la volonte d\n diable.
tldiflitii Or difoit-il cela de ludas , fur-
eeude lu j^omme Ifcariot , fils de Simon •,
iiu d^simc: car c'eftoit celuy a qui 11 deuoit ar-
[duy ^utie riuer de Ie rrahir, encore qu'il fuft
tnfLTvn J vn de ces douze que lefus auoic
desdouie. honoresde fa confidence particu-
here. Ce qu line declara pas alors
plus ouuertemenc , par ce qu il
lefus Chrijl felon S. lean. 279 Cha. 7*
vouloit que ce fuft foil propre
crime qui ledecouunft;mais il eft
befoin d'en aduettir icy en paf-
fant,afinquonnefoupc^onnepas
qu il y ait eu autre que luy dans cc
College la , qui ait efte capable dc
conceuoir de fi damnabks pen-
fees.
CHAPITRE VIL
t^^ R quoy que ces chofes Apre/ces
^^31 ruUcntarnucesenCaper. ,,„«,,/,,>,;,
5^W naum ,& quil fembloit ^f!^'''"'^
que les efprits de ceux du pays ne point
iuflent pas bien dilpoiez cnuers dee p
lefus, fi eft ce qu'aprestoutcelail lh!rcZl2
ayma encore mieux conuerfer en i'^' ^''"'^
Galilee , que non pas en vn autre
lieu : car quant a demeurer en lu-
dec3& y conuerfer parmy les luifs.
ne T/oaloit
con.'
uty'eren Its*
OHTCe
ue es luiff
nt
Cha. 7. 2l8o n^araphrafe Jur tEuangile dc
c eftoit ce qu'il ne vouloic point
faire , d'autanc qails ne chcr-
choyent que Toccafion de le mec-
trc a more. Ec il eftoit bien certes
Venu au monde pour la fouffrir i
ceftoit la principalle fin de fon
cnuoy en la terre. Tellement qu'il
ne lafuyoit pascomme vnecho-
fe qu il euft refolu d'cuiter abfolu-.
nient. Mais le temps n'eftoitpas
encore venu qu il permift qu on
la luyfift endurcriudicicllemeni;
6c par Tauctoricc de ceux qui a-
uoyent eil main la puiflance poli-
tique. Et quant aux emotions po«-
pulaires,&: aux feditions qu'ila-
uoit a redouter y cette forte do
mort, fi elle luy faft arriuee par
ce moyen la , n'cftoit pas felon le
deflein de Dieu , ny propre pour
la redemption du monde. C eft
pourquoy il euitoit autant qu'il
fftUoit toutes les rencontres de
Tefus Chrijl felon S. lean. 181 Clia. - j.
cette nature la, & difpcnfoic toute
fa conuerfation auec vne merueil- .
Icufe prudence. Neantmoinsilar- orUhur
riua quelque temps apres vne oc- ues luifs
cafion par laquelle it fe fentit o- tmldl'l'^
bilge de paroiftre dansla ludee. f^'J'""'
Car le temps de la Fefte des Ta-
bernacles, ainfi nomme par cc
que le Peuple y celebroit la me-
moire de la demeure de fes an-
ceftres fous des tentes dans lede-
lert s'approchoic> & cette folem-
nite ne fouffroitpas qu aucun qui
fuft tant foit peu confiderable en
cette nation, fe difpenfaft d y af-
fifter , tant elle eftoit venerable.
Ses proches parens done, que IE- sesfrere^
criture a accouftume d'appeller f^'^p^^J
de ce nomde freres . voyans le ^'9' c^ 7»
j-1 r r 11 • 1 vaen ludee,
temps venuquii le railoit ache-- afiuque te$
miner a cet eftect pour aller en fi /oyenties
lerafalem.s'en vinrent a luy; & "^^^2. ^'^
lay dirent : Plufieurs ont trouuc
S 4
Cha. 7 2.8z ^araphraJefurtEuangilede
cftrange quetu fois iufquesacet-
teheure demeureencesquarciers.
Pour nous ^ nous ne voulons pas
nous enquerir des raifons pour
lefquelles tu Tas fair ; nous vou-
lons bien qu*elles foyenr bonnes
& valables. Mais quellcs qu'elles
nyent efte cy- deuanr.elles ne font
plus a cerre heure de faifon. La ce^
lebrire de cetre Feftc , a laquelle ru
f^ais bien que les luifs coulent de
toutes parts, requiert principale-
ment de toy que tuty trouues a-
uec les autres. Pars done d'icy
deformais , & t'cn va en ludee ,
afin que les difciples que tu as laif-
fes la ^ voy^jpt les miracles que tu
fais, & qu'ilsteferuentaenepan-
dre la reputation par tout , & a
t*acquerir de Taudoritc parmy le
*• 4, peuple. Car il ne faut pas quVn
f^maHcune tiome quiieveutrau'econnoiitre,
eret.'^Hide- commc ce doit eltre ton but que
an monde»
IcfusChrlfi felon S, lean. 183 Cha. 7.
de te rendre recommandable & ,^^^4, ./ire
renommc , &: de fairc parler de ^^j^^l^
toy auantaeeufemcnt , fe tienne '^^^f'i '9 >
cache comme turaiscndeslieux /^^^w;«e
oil il eft impoffible que tesadions
ecl^ttent. Si tu tc propofesde faire
toufiours de grandes chofcs,& fi
tu en as le pouuoir, ne t'arrefte pas
icy dans vn coin de la Paleftine ,
outune f^auroismener de bruit j
Va t'-en ou le grand monde te
peutvoir,ou lesGouuerneurSjIes
Magiftrats, les Sacrificateurs, les
Dodeurs de routes fac^ons, & la
multitude de la Nation, pourront ^ ^^
iueer de tes merueillcs. Or di~ <^^^r«^A^'
O r.smejmene
ioyent-ils cela pour voir ce qu il croyoient
relpondroit. & pour eliaycr li
defait ils le pourroient inciter a
acquerir quelque grand credit
parmy le monde. Car s'il I'euft
fait 5 ils efperoient en participer^S:
en tirer de grands auantagcs ^
Clia* 7. 184 ^araphraje furtEuangilede
comme eftansfesproches parens^
& les cliofes qu ils luy auoyent
defia veu faire leur en auoycnc
donne quelque cfperance, Mais
ne fc propofans quafi autre vciiice
de fa connoifTance & de fa con-
fanguinite, ils ne penfoyent pas
auoir en fes actions precedences
affcsdequoy fe cofirmer en cetce
opinion 3& n'auoyent point en-
core d autre foy en luy , fmon que
quelque iegere perfuafion de fa
f 6. puiffance. A cela donclefus leur
lefus done p i • /^ r
hurdit^mon relpoudit : Gpmmenousneiom^
Xoml encte ^^^^ P^^ mcnes dc mefnies niou-
-uemi mus uemens , noftre condition n'eft
vofiff temps / T ! 1 T » / •
€iitopifi,Hrs pas lemblablc. Vous n aues rien
qui vous oblige de regarder do
bienpresauxmomcns des temps,
ny aux diuerfcs rencontres des
chofcs^pourdifpcnicr vosadions
Q lant a inoy i'ay mes temps de-
tcrminezpourlesmienneSjque ic
lefus Chrifi felon S. lean, 18; Cha» 7.
ne tranfgreiTe point. Si vous
aucs quelque fruid a recueillir de
paroiltre dans ce grand monde
dont vous me parles/ien ne vous
empcfche d'en embrafler rocca-
iion qui vous eft prefentee en cet-
te feite. De moy ie ne voy point
encore lli^ure venue de faire ce
que i ay deftine ,& cen'eft pas a
vousamemarquer ny les occur-
rences que i'ay a euiter, ny les oc-
cafiosque i y puis auoir de predrc
mes aduantages. Quand vous pa- l^Znde
roiftres en cecteorrande folcmni- ne-vouspent
te, & que vous vous y Iignaleres ha)ne:mai$
par quelques grandes actions ; 'lZ^,%l
vous n auez rien a redouter pour '' ''''"^' ^f-
l motgnage de
cela. Comme vous nechoquerez %, r-*f''
« « rL • ^ oeHures font
point Ie monde ny par vos adtios w^«««i>.
ny par vospropos , Ie monde ne
s ofFenfcra point contre vous, &c
ne vous prendra point en hayne.
Il y a tant de correfpondance en-
Cba» 7. zt6 n^ardphrdfc JurtEtiangilc de
tre luy & vous quil ne pcut y a-
uoirdemal-cntendu. Vlais quant
a moy ie ne fc^aurois euiter qu il
ne me hayfle j paree que toucce
que ie fais,& priacipalemenc tout
ce que ie dis , redargue tellement
toutes les oeuures du monde , d*in-
iuftice & d'iniquite , que c*effc
comme fi ie depofoie concinuel-
lement centre luy par mon te-
moignage. Se pourroit-il done
. faire qu^iln'euild^eftrangesauer-
r^/jr^w^jw. fions contre ma perlonne? Ainfi
7Fejie:qHam VOUS pouucz quaHC a vous mon-
t^l'ri'/' ^^^ ^ c^^f ^ f^ft^ quand il vous plai-
pim ^ cette ra , & v aller tout a decouuert fans
tdtquemon aucunc craiute. Pour moy, ilraut
^piLlLr^ que ie mefnagc autrement mes
^ccom$^y> aa:ions,&: ie n y puis fi toil aller,
ne voyant poin: encore Ie temps
prefix qui ma eftc determine par
lePerc. Carilfautque Tyregarde
bien exadement , & que le ny
Tefus Chr'ifi felon S. lem. 187 Clia. 7*
pcrdc pas feulemcnt vne minute.
Quand il leur cut dit ccla,il dc- ^,1^1]^^
iBcura en Galilee. Ce n*eft pas '^'''^'^'^^^y^*
,1 n r 1 J ^ il demeurm
null eylt rclolu dc ne mont^i en OfiUUe^
pointenlerufalem. Au contraire
c eftoic fon intehtio que d y aller.
Maisilvouloitles laifTcr aller dc-
uant/<^achant bien qu'ilsne crain-
droyent pas de le faire a la decou-
uerte, & qu'eftans connus com-
rx\z ils eftoient , cela produiroit
deux effeds. LVn,queceux qui
auoycnt defia quelque bonne o-
pinion de fa peiTonne&de fa vo-
cation,lesvoyansarriuer fansluy,
s'enquerroient de la caufe de fon
abfence , & que le defir de le voir
s enaiguireroit& s'en enflamme-
roit dauantage en eux. L autre ,
que ceux qui auoient delfein fur
fa perfonnne,s'imaginansvolon-
tiers qu il n'iroit pas , feroyent
plus lents & moins echauffes en
Chai 7. i88 ^araphrafe furl'Et^angile de
leurs confpirations , & qu ainfi
quand puis apresiliroit tout feul,
il feroit moins expofe a leurs en-
Etco^^we trepriles* Q2?nddonciesproches
^rllaZmt, parens , que I'Ecriture nomme fes
lorstirnonta £^q^^^ .furcnt montcs, & que fe-
:B'.sie . nm \q^ la connoiflance qu'ilauoit de
feftement toutes cholcs , il iceut ce que leur
7nV/cheul arriuee auoit produit^ illes fuiuit
auffi a la Fefte^&yalla^non point
en troupe ny a decouuert ^ mais
feul,& comme en cachettejafin
den'eftre pas reconnu parleche-
min , & de ne caufer point d*emo-
tls^luifs tion a fa venue. En effe6t, com-
donc lecher- nic les luifs , qui s'attendovent dc
choient a la i\n 1
fefle, 6^ji. le voir la paroiitre en lieu emi-
(eiuj4a^ nentjlevirentrrultrcsdeleurat-
tente , ils le chercherent de tous
coftes parmy la foule,les vns pour
vne caufe, & les autres pour Tau-
tre J & s'entredemandoient , od
eft ce perfonnage dont on a tanc
lejus Chrifl felon S. lean. 289 Cha. 7.
parlc & icy ^ & ea diuers lieux > Eft
il poffible qu il ne foit point ve-
nukcette folemnice,ou i\ a tant
de moyen de fefairevaloir paries
miracles ? Ec comme les efprits& ^^ ^^' .
les fentimens eftoyent partap;es, ^^-^^^ '»«^-
cette enqueue qu lis raiioyent de emre us
luy auec tant de foin , caufa du ZT/ImdT
murmure & de la conteftation (j"^«^'^^/
nommc de
entre les troupes. Car les vns .qui ^^'^«- & ^^^
citoientbien dtrcCtionnes enuers loient^Kon
luy, difoient, Qupy qu il en foit tZle\m.
c'eft vn homme de bien^S^ ceux ^^^'
qui en difent autrement , le ca-
lomnient. Les autres que quclque
paffionou quelquepreiugc auoit
preocupes^difoientjNon eftjce
n eft pas vnliommedebien. Il en
fait bien le femblant a la veritej
mais tout ce quil fait, & toutce
quildit: n'eft que pour feduirele
peuple,Neantmoins^ encore que -rouu^sfoH
guelques vns luy rendijflfent bon ^l Zir'^
Clia. 7. i5)0 ParaphrafeJurlEuangile de
qucment de tcmoignage fourdement , il n y
luy.pou^ru g|^ auoit pourtant aucun deux
i«(/>. qui rokft raire hautement & pu-
bliquement , tant ils voyoient la
paflion de la plufpart des Iuifs,&
des principaux d'entr'eux , grande
& animee centre luy , &: tant ils
craignoyent de leurdonnerquel-
• ^ que prife pour les mettre en peine.
^t comme Lmtentlon de lefus n'eftoit pas de
ademypaf. paroiltre au commancement de
^montltu 1^ F^ft^^ ^ rheure que la deuotion
Temph &' eftoit plus ardente ^ & que les
elpnts eltoient plus emeus. 11 ne la
vouloit pas auffi laifler pafler tout
a fait fans fe feruir de I'occafion
quelle luyprefentoitd*auancerle
regne de Dieu , & de profiter au
falutdes hommes. La fefte ayant
done a durer huid iours felon
Imftitution de Dieu , il print Ic
temps qu elle eftoit deiia a demy
pafTee^^ lors il montaau Temple,
&feniit
apfrijes ?
tcfus Chrtjl felon S. lean] 2.91 Clia,, 7]-
& fe mit a enfcigner , les efprics
cftans vn peu accoifes , &pdr ce
moyen plus capables de rcceuoir
fes enfeiencmens. Or eftoic fa ^ ^^
- . ^ ,, , . Tiont lei
doGtrme telle , & prononcee de lutfssemer^
telle racoon 5 qu elle donnoic ton- fam: com*
fiours de radmifatioh a ceux qui ^^^yl''^^,
recoutoyent rant foit peu attenti- ^A^^'^^f^/ .
ueinent. Tellemenf que les luirs i^sa point
qui fe trouuerent la comtne il cn-
feighoit, emerueilles dje ce qui!
difoitjs'enti'edemadoyentles vns
aux autres5Mais ie vpus ptie,com-
iTient (e peut-il faire, que ceper-
f5nagefa€e paroiftre vnefigran-
de & fi profonde connoiffancc
des Efcritures {ain6les,veuqu'on:
ne I'a iamais veu conucrfer auec
ceux qui foe profe iTio n d'ett eftre
les Do6tcurs , & d'en faire des
le^oris^ & qu il a toufiours vefcu
parmy ceux du p6pulaire?Eft-ce
de luy xnefme qu'il a toute cette
T
Cha. 7* 2.5?z ^araphrafefurl'Euanplede
fcience la , ou fi quclqu vnla en -
feigac en fecret . au lieu que les
autresquideuiennentlcjauas, ont
accouftume d'eftudier dans les
ufusUur Efcolescelcbres? Alors lefus^qui
'^tu^'^t non feulemenc cntendoit ieurs
cjrine n'eji difcours, mals mefmes qui con-
potnt mien- rT - \ C 1 C
ne ,mau de noilloit Icuis peniees,leur relpon-
Z^ItlZyi. dit dc la forte. Ny ie n ay point
eftudie dans vos Efcoles; ny qui
quecefoicd entre les liommes ne
ma enfeigne en (ecret: & toutes-
fois ie n ay point ma doctrine de
moy mefme^de la facjon que vous
Tentendes. Cela n'eft point venu
ny dc mon eftude particulicre^ny
de ma meditation \ ce n eft point
demoninuention que i'aytoutes
ccsconnoiflances. Celuyquim'a
enuoye , c'eft celuy qui me les a
CQmmimiquces^&: m'ordonnant
pour eftre voftre Dodeur,il ma
foiirnj^ de la dodrine defalut qui
lefus Chrijl felon S. lean. t9iCh£ fl
Vous ellbit neccflaire, Et cela
mefme que le ne tiens point de
vos Do£teurs leschofes quevoas
entendesde mabDuche,Vousde«
uroit donner occafion d-c penfei:
au principe dont e'les font decou-
lees ^ & reconnoiftre qu il y a en
moy quelque ehofe d'extraordi-
naire& de diuin, Mais les hom-< tj !^".«
mes iUgent ordmairement des '^^«^M^/^
cliofes Iclon que leursefpricsfont ceiuy^ncon.
bienoumaldirpofes. Si quelqu'- 'dl^te'/t
vn a refolu de demeurer obftinc ^^^''P^^^
, eji de Ttteu^
en fes peches , il ne faut pas at- o^^fi^^p^rie
I *- ^ I i'l de par moji*
tendre de luy qu u trduue ma mefme. ^
dodrine bonne & veritable. Car
vn entendement corrompu he
gouftc pas volontiers ce qui re^
pugne aux afFedions. Or entre
ma dodrine & Ics mauuaifes afFe-
dions de Tcfpric humain^ il y a
Vne irreconciliable repugnance.
Mais quant a celuy qui eft difpofe
— ' . . t ^
^haT y.t94 Paraphrafefurl'Et^angtlede
en Ton ame a faire la volonte dc
celuy qui m'a enuoye , il n'aura
point de peine a iugcr de ma do-
«5trinc, & reconnoiftra inconti-
nent de quelle origine elle eft ve-
nue yfi dis-je, c eft Dieu qui mc
Vz reuelee , ou fi elle eft de mon
*6)ui%ie cru&de mon inuention. Certai-
tefmefr ^^^'^^^^ ^^ fa^ou dc kquelle iy a-
therche fa gis dccouurc aflcs la nature & Ic
fropregloire: ^ . . | \ r *
Mais celuy prmcipc dcs clioles queiepropo-
Ta gUire^L ^^ Vuliome qui met en auantles
ctiuy quii'a pfodudions de fon efpl:it,pour les
^'m/^^/^c^ tairepallercome doctnnes cele-
Jinitifike ftes, monftreaffes dequelmouue-
^''^'*^' met il eft mene^en ce qu on le voit
tdujoursrecercher fa propre gloi-
re.Ou bien il afFeitelaloiiange dc
I'eloquence- ou il veutacquerir la
reputation dVn profond f^auoityP
ou il pretend faire paroitre la fub-
tilite de fon efprit , ou de quclque
fa^on quece foit^ilmonftrcquil
fefus Chrijl felon S. lean. 2,9 y Cha» 7»,
defirc fort qa on reftime,& qu'on
radmire. Mais celuy qaicomme
moy eloigne tellement de luy
routes ces choles , qu il n en don-
nc pas le moindre foupcjon, & qui
ne vifca autre chofe quaillultrer
& auancer la gloire de Dicu qui
Ta enuoye , il doit eftre reconna
pour veritable en fes paroles :, &
on ne f^auroit laccufer de men-
fonge, ny daucune autre obliqui-
te. Le pr etexte de la mauuaife vo- Moyfe m
lonte que voustemoignescontrc doniuLit
moy, eft que i'ay guery vnhom- fj^l;^
me au iour du Sabbat : car vous ^i^'^^?,
voulez paroiftre zelateurs du pourquoy
feruicede Dieu,&desordonnan- ^dtjjktlT
ces qui vous ont efte laiflees par
Moyfe, & vous prctendes que ic
les ay violees par cette a6tion la.
Mais en cela vous me iuftifies &
vous redargues vous mefmes, que
vous n'obferues pas vous mefmes
mouriri
CCS ordonnances la cxa6temenr.
Gar neft-ce pas Moyfe qui vou$
a bailie cctte Loy dont vous vou-
les que la Ma'ielle foit abfolu-
nient inuiolable? Et neantmoins
iln*yen apasvn de vous qui ne la
tranfgrefle de quelque fa(^on. Si
vous eftimes que yous la pouucs
tranfgrefler impunement, pour-
quoy eftes vous fi feueres ou fi
iniqucscotremoy, quedetafcher
a me fairemourir>parce que vous
vous imagines que ie Tay tranf-
greflee en la guerifon de cet hotrir
uml'iti' ^^ • Alors Ics troupes, qui n'a-
^uderefpen- uoycnt Das cncore vne exa6tc
Tuti4iedt^ connoillance des machmanons
^uttafchf^ des prmcipaux d cntre les luirs >
%Inn ^ 4^^ ^^ fentirent en quelque
faeon ofFencces de fc voincomme
dies penfoienr, accufees d vn fi iiir
iufte &fi cruel attetat, luy refpon-
4if PH? en cpkre ; Tu n'cs pas feu^
lefus Chrift felon S. lean. 25)7 Cha, /•
lement fol& infenfc:, maisilfauc
que IcDiable te poflede ^ d'auoir
defiextrauagantes imaginations.
Qui eft-ce qui tafch® a te faire
mounr, & a qui eft ce que cela
efttombedans lapenfee ? Alors
lefus, qui quand on luy difoit iefi!''ief
outrages , n en rendoit point . f^l,^^^
mais en fe remettant a celuy M^» ^^'
^ / ure O'vom
qui iugc iuftement , pourlui eneftesim$
uoit touliours a raire les choles
qui eftoient delagloirede Dieu^
& de Tinftrudion des hommes :,
refpondit, Quand ie dis que vous
tafches a me faire mourir , ie nc
veux pas en accufer egalement
tout Ie monde : encore qu'il pa-
roiftra aucc Ie temps quelle eiVla
coftitutiondevosefpntsen mon
endroit. Mais ie veux bien en cx-
cepter plufieurs d'entre vous pour
Ie prefent. Tant y a que vous ne
f^auriesnier qu'ayant fait deuant
T4
Cha. 7* 19^ n^ ara^hrdfefurf Euctngilc de
yosyc^x roEULire done ie viensde
Vous parler , vous en aucz tons
eft^ emeus, non tat d.*ad miration ,
acaufe de la merueille qui y pa-
roifloit^qued'eftonnemcnt^&de
fcandale,& decourroux\, acaufe
du iour da Sa|)bac , dont vous
cfoyies que i'auois neglige la re-
^* "■ uerence. Etcependantxomme ie
Tanty a 1 r j- r
que Moyfe VOUS ay deua ditj vous melmes ,
nnactrco cjui VOUS picqucs taut dc la r^ue-
cjfi^n (ncn j-^ncedu Sabbat , vous paffes tous
fotnt qu €ue . * r
foil ds Moyfe \^^ loui's patdefTus , fans fcrupule
i^res) ^ de confciericc. C*^ft Moyfe qui
dfii thorn, vous a donne la circonciiion; c eit
r//^ ^""^^ ^ Taudorite de fon inft;tution que
vous en rapporterez rorigine.
( Encore que proprement ce n'eft
pas la qu'il la faut rapportcr: car
cea'eft pas lay qui en a eflele pre-
mier inftituteur;c'eft aux Patriar-
ches 5 qui I'ont precede de long-
I pmps^ quelle auoit eft^ dpnnee.)
lefus Chrijl felon SJean. ips> Cha- 7,'
Et enluite du commandement
quil vous a donne de circoncir, »
voii« ne faites point de difficult^
de pratiquer la circoncifion, bicn
qli'elle echee au iour du Sabbat,
afin 5 dices vous , de fatisfaire a
lordonnance de la Loy, qui com-
niande qu*au huifticme iour ,
quel qu'il foit, on circoncifc. Si /;.^;^;^
done vous donneslacirconcifion^^/^^>^'»<=^«>-
N 1,1 . 1 r LI ^ concifion att
a 1 iiomme au iour du Sabbat ^ a- sMatjans
fin que la Loy de Moyfe ne foit^f^^^^y-^f
violee,& fi tan ts'enfaut que vous ^^^^ '^^'^ ,
en ayes du blalme, que Witnntsmoy pource
VOUS en pretcndes tirer de la re- ry toutvn
eommandation , aues vous ^^]^^^sMatr
de vous courroucer ainffcontre
moy, parce qu'au Sabbat i'ay guc-
ry vn liomme tout entier , dVne
maladie defefperee? Si la Loy du
Sabbat 5 ceremonielle qu'elleeft ^
doit ceder a la Loy dc la circonci-
iion , quoy qu eilq ne foit que ce-;
Cha^ 7. 300 ^4raphrafeJurtEuangilede
remonielle non plus ^ commc
ayant plus cl*authorite & dc ma--
.tcfte; ne cedera-t>elle point a la
Loy de bien faire au prochain ,
qui apres le feruice que Ton doit
a Dieu^eft la premiere & la plus
facrec de toutes les Loix de la
Nature? Si pour faire vne playe en
quclque partie de rbomme , on
peut laifTer en arriere Fobferua-
tio du Sabbat , ne la y laiflfera-t-on
point pour rendre fa vigueur & fa
lanteaYne perfone touteentiere?
tr ^'^' ^ Vousauesbonbefoinqu'on vous
pirn felon, ramentolue le commandement
mj*u iugis que Dieu a autresrois donne Ii
iuienunu precilement , de ne luger point
des actions dcs hommes autre-
ment que par elles mcfmes^ & non
point par les preiuges quon a
pour ou contre lesperfonnes qui
tes font, Ceux qui regardent aux
apparences cxterieures^ & qui ont
lejus Chrijl felon S. lean. 301 Cha 51*.
acception de perfonncs^ne peu-
uenc qu'ils ne peruertiflTent leur
iugement. Au lieii que ceux qui
mettcnt a part routes autres cofi-
dcrations , & qui ne rcgardent a
rien qu'aux actions mefmes fur
lefquelles il eft queftion de pro-
noncer , en font d'ordinaire vn
iugement droit & raifonnable.
Donnes vous garde d'imiter ceux
la^ & en routes occafions faites cc
que fontceux-cy, maisnommc-
ment en I'occurrence prefcnte.
On pent croire que ces propos de ^ J/^,
noftre Seio;neur donnerenta par- '^^'^^ ^^ ''-
ler a beaucoup de monde. Mais foum,N\ji^
entre les autres il y en eut quel- fj^^-zf'-^"
ques vns de ceux qui habitoyent fj[,fl^l^
en lerufalem , &quiauoient plus ^^^^^
de connoiflTancedes mauuaifcsin-
tcntions des principaux contre le-
fas J que n en pouuoient auoir
ceux qui eftoient venus de plus
Gha. 7. $0t ^araphraje fur I'Euangile de
loin, qui dirent:N'eftce pascet-
tuy - cy centre lequel on cher-
choit n^^gucres tant d occafions
f. 2g. pourle fairemourir! Ccpendant
ffru'^l7hL le voila qu il parlc merueilleufe-
'fnTh!yt' ^^^t ouucrtement , fans que per-
jent rien, fonnc Tcn empefclie , ou cntre-
Les Princes . *■ \ f^ /
ont-iisveri' prcnnc rien contre luy. Se pour-
€anneH qu'ii roit-ii Dicn tairc dc vray que ccux
efiuckrip. j^ Confeil de la nation, qui ont
rauthorite du Gouuernement en-
tre les mains , & qui auoyent na-
gueres de fi violentes auerfions
contre luy , reuffent aufli recon-
nu comme quelques autres font,
pour eftre veritablement le Chrift
qui nous a efte promis par les
Or mm Proplictcs ? Toutcsfois^ ceb n'eft
^Teftul pasaprefumer. Carilsn ignorent
vurcy:miiis pas ce que tout le monde fcait,
chnji vkm^ d ou eit cettuy-cy , & quiil eit , &:
jf^:^^* d'll 'qui font ion pere & fa mere. Or
'^'^'- nous auons receu cela oar traJi-
lefus Chrifi felon S. TeaK 5% Cha, 7*
tion de nos anceftres ^ que quand
le Chriftapparoiftra^cefera com«
mes'ilcftoittombe du Ciel, tant
fbn origine fera inconnue. Alors lefusdlni
lefus ayant conceu quelqueindi- xTm^u^en^
enation centre robftmation de •^''f'"''*^'^
cesincredulesy& voulant neant- -uoumecon^
moins en prendre iocc^hon Ac /c^uez: doh
faire entendre fa voix a plus de fJl*spoit^L
sens, & de deffendre Tauthoritc '^^ '^^/'^^
de la vocation &: de la pcrlonne, mais ceiuy
en continuant dcnleigner/eleua uojje/iveri.
fa voi^r , &cria: Heft vrayrvous ':^!:'^t:^
cftes fort f9auans,& fort entendus, noijez^^int
& ce n'eft pas fans granderaifon
que vous vous vantes d eftre tres
bien inftruits & tres bien infor-
mesde routes chofes. Vous me
contioiflcs dites vous , & f^aues
d'ou ic fuis , & pens^s ne rien igno-
re r du tout de ce qui me concerne.
Et neantmoins il y a vne chofc ou
que vous ne f^aues pas^ ou que
Clia^ 7^ 304 "T^ardphrajQfurtEuangilede
vous ne voules pa^ f^auoir ^ c'eft
que ie ne fuis point venu de par
inoy mefme ,& quei^ne me fuis
pas ingere de mon mouuemenc
dans la charge que Tentrcpreps.
C'eft cela que vous ignotcs^ qui
deuroic faire le pdncipal de vos
f ' *9. connoiflances. M lis cela n em-
cognoy. ^Ct pelclie pas que celuy qui m a en-
ZfV^Jgnoy uoye, & qui rend cefmoignagea
faint, tefe. nia miffiou , nc fo2t veritableiEt
fembubu a vousne Ic counoiflcs poitit , be ce
•votls, Mais I ■'■ . f^f
ieiecognoy, quc VOUS nc Jc connoiHes pomc
TJy^&Zfuy eft bien vn argument tres^ndu^
m^enHoyi. bitablc & tresccrtain que vous ne
me connoifles pas fi bien , ny To-
rigine d ou ie fuis venu^que vous
ie vous. perfuades a vous mefmes*
Mais quant a moy, quand ie diray
que ie le connois ,ie ne me vahte-
ray que de la verite ; parce que ie le
connois tres - parfai6tement > ie
f^ay fes iateutions & les caufes'
le^s Clriji felon S. lean. 30J Cha. 7*
{)Our lefquelles ii vous a donne les
oix que vous faites profeflion
d'auoir en telle reuerence. Car ic
fuis procede de iuy , & comme il
m'acommuniquefoneftre, aufli
ma-t-ildonne ma vocation5& m'a
enuoye au mondc pour y faire fa ^ ^^
volonte. Aces paroles rirrication it"^ *\
deGeuxquiluyvouloientdesjadu i^ prendre^
1 , }^ ' «l mats nul
mal^sennamniatellementcontre ne mit h$
Iuy, qu ils firent tout cc qu'ils pcu- ZyVaTfon
rent pour fc faifir de fa perfonne heuren-epit
ann de i amener deuant le Con- -^enM-
feiL Mais leurs actions n eftant
pas en leur puifTancc , ils nepeu-
rentpour lors executer leur mau-
uais deflein , par ce que le temps
n eftoit pas encore venu, auquel
Dieu auoit prefix & predetermi- ^ , ^t: ^
ne res fouffrances. Mais d'entre les !^f^!!^
troupes, que la haine, & Tenuie '^t ''T^
ne poliedoyent pas de la racon^ /oient.^uad
il y encut plulieurs queladmu^- v^my/er^^
Cha. 7* 3Ctf Paraphrajc (urtEuan^ilcde
iifiu^defi- tiondefes miracles induifit a croi-^
gnes (^ue ce-
iuycyfaie? rc cii luy* Non pout Ic tcjiir abfo-
lument pour le Chrift: car lis flot-
toient 6c h-efitoyent encore en
cectc creance. Mais au moins
pour le tenir comme vn liomme
extraordinaire & diuin , en atten-
dant quils s'en peufleat mieux
rcfoudre. Qopy qu il en foit, di-
foient ils, quand le Chrift que
nous attcndons , & qui fe doit , a
- - ce que Ton dit ^ extraordinaire-^
ment fignaler pat des anions mi-
raculeufes, feroitvenu, feroit il
plusdefignes & de miracles que
^. jj, ion n'en voit tons les iours faire
usPhari* a ceperfonnase? Le bruit deces
u muitim dilcours des troupes, &:lemurmu-
fantceicho tc iqm s cu cpancloit par tout j
%<^tml eftant vehu aux oreilles desPha-
tifiens^aHec nfiens. k fcdc la plus ambltieufc
Us Pnncet / r
^es vrefires dc toutcs , & pat conlequcnt la
dfiminifim piusialoule, ilscraigmrentqucn
fin
Tefus Chrijl felon S. lean. ^07 Clia. 7:
fin le credit que lefus acqucroit ^^^''^'^'^*
parmy le peuple^ ne ruinalttouc
a fait leur reputation. D autre
colleges principaux d entre les
Sacrificateurs craignirent de mef^
nie qu ii n cbranlall bien-fort, ou
qu'ii ne rcnuerfaft tout a fait Fau-
torite dont ils fe preualoyent, Sc
qu il n attiraft a foy Teftime & la
deference de tout le monde. Ccft
pourquoy ils fe ioignirent enfem-
ble pour arrefter le cours de fes
progres, & enuoyerent des Ser-
genspour fe faifirdeluy&I'ame- ^
ner en leur prefence. lefus done i<^^^^»^
ic^achantleurmtention^&addrel- M enct,re
fant fa parole tant a eux qu a ccux ^dZeJ^'IuZ
enquiilreconnoiilbit vne pareil- '^'^f'^^f '>
I ^ I m e vay h ce-
le difpolition d'efprit, leur dit : t^yq^i^m-^
Tous les complots que vous raites
contre ma perfonne, feront vains
tant qu il me plaira, & Tcxecution
j\ en eft nuUement en voftre puiCs.
Cha. 7. 308 ^araphrdfc JurTE^angile de
fance. Fay encore vn peu de temp^
a eilre auec vous, & ie raccom-
pliray tout entier fans que vos
machinations m'cn empefchent.
Apres cela ie m'en retourneray
vers celuyqui m'a enuoye, & vos
, . ^ confpirationsncm'enempefche-
Vow me rent nonplus. Et fi vous me clier-
c^ ne m^ cms 2lIovs , atin d executer vos
^ZTr&u mauuaisdefTeins, vo^nemetrou-
ci^ ie fuis, uercs point; de forte que vospaf-
Hfiz^vemr. fions vous dcmcurcront inutiles.
Car la ou ie feray :, vous ne fjau-
ries venir ; c'eft vn lieu ou vous
^. ,^, n'aues point d'acces, & dont la
iH^sZlriZ voyevouseftinconnue. Alorsles
^»r/.«A:,o« juifs qui trouuoyent toujours
dolt ailerce ' ^ ^ ' 11
fti4y cy : que quclque aheurt aux paroles de le-
trouiUYons lus , & qui n en penetroyet lamais
^ul'iie^Zn I'intelligence y commencerent a
ctHxquifom dire entr'eux; Ou eft«ce quecet-
les Grecs , tuy- cy fc propofc d aller, en difanc
Z^'a^fsTi qu*il ira en vn lieu ou nous ne Ic
lejus Chrijl felon S. lean, 309 Cha^ W.
trouuerons point ? Sc propofe-t'il
d'aller en Egypte , ou en Syrie, ou
dans les plus eloignees regions dc
la difperfiondenotrcnationpar-
my les Grecs, comnie font le pays
de Pontc, de Cappadoce, & de
Bythiniejafind'enfeignernosfre-
ics epars,que Ton appells les Grecs
maintenant , a caufc du change-
ment de leur langue > Que veut il ^eujice
dire par la , Si vous me cherclies ^I'dil.VoL
vousjie me trouueres point, &Ia ^t^l^.t^
ou ie feray , vous ne pouues venir ; ^^°^^^rez
Ou cit ce lieu auquel nous nauos ok « >^,
point d'acces , &: dont la voye 7e7v//itT
nous eft inconnue? Amfifepafla ^* ^^'.
r Or en U
ce propos entre Icrus&: lesluifs^ ^^rmsre o>
lansquil leur interpretaitce qua »/^ «^^ u
auoitdit, &fansquilsrentendif- {f««waf
fent d'eux mefmes; & la deflus ils f '^"'e^^f
ieleparerent. Maiscommelader- ^^"ynnjoif,
niereiourneedelaFeite,quielloit ^ w?.?^ ^
la huiticme, la plus grande &: la ^''''''
Vz
J^ha. 7* 5^^ ParaphrafeJurl'Euangilcde
plus celeb re detoutes,fut venue ^
lefuS:, qui s'eftoitlesiours prece-
dens retire a part auec Cos difciples,
fe trouua la en vne occafion me-
morable. Carle peupleauoitac-
couftumc de s'en aller ce iour la en
grande pompe, puifer deTeau dc
lafontamede Siloe, & cliantoit a
haute voix ce paflfage d'Efaie ,
J^oHS pHifcres des canx auec ioyc des
fontaincs de Jalut. Ie(us donque ,
qui auoit accouftume de fe feruir
de toutes les chofes qui fe prefen-
toyent:, pour en titer des inftru-
<3:ions falutaires pour le peuple ,
voyant Toccafion belle, & la mul-
titude grande & attcntiue a fon
a6tion j fe mit a crier pour cftre
chtedu de tout le monde ; Si quel-
cun a foif, qu'il ne penfe pas £c
defalterer par les eaux de la Fon-
taine de Siloe ; ce n eft pas la qu*il
doit cherchcr fa confolation 8c fa
Jefus Chrifl felon S. lean. 411 Cha* yl
ioy €. Ceft a moy qu il fe doit ad -^
dreflfer , c'eft en moy qu il doit
chercherlesvrayes eaux de (alut, ^. ^g.
& en boire. Qui a fon recours I ^;;::^
des fontaines tellcs qu ell celle dttiEfcmn-
dont vous pulses auiourd huy^n a km fleuues
c rarrailchuiement que pour vn ^^^^„ ^^j^.
moment : La foif reuientincon-^'^*^
tinent apres , & la fechercjfl'e re-
tourne dans fes entrailles. Mais
qui boira de moy, c eft a dire ^ qui
croira en moy^en tirera bien d'au-
tres auantages. Vous fc^aues ce que
TEcriture predit de ce qui doitar-
riuer au temps du Mcflie. ^elcs
lieux qui efioyent fees deuiendront e-^
tangs J &c que les lieux alteresfe tour-
ncront enfources d'eaux : Ce qui no
fe doit pas entendre des cam pa-
gnes, mais des pcrfonncs; comme
cet autre paflage le monftrc; le
repandnty des eaux Jur celuy qui efl
alterej O* ^^^ riuiercsjurla terrejechc.
V3
Cha J. 3it n^ardphrafeJtirtEuangiledt
Cettuy cy particulierement eft
' confiderable. VEtemelrajfaJiera
ton ame es grandesjecherejjfes.j, ^ tn
[eras comme "vn lardin a^rrouse y (if
commc njne fourcc d' vaux y delaqudlc
les eaux ne defaillent point. le vous
dis done que voicy le temps de
raccompIifTement de ces prophe-
ties. Car qui croira en moy , les
eaux que ie luy donneray k boire^
feront fi fecondes & fi abondan--
tes en luy^, que non feulementil
ne fera iamais alcere , niais qu'il
aura danslesehtraillesdesfources
devie, qui comme desriuieresde-
coulantes arrouferont eternelle-
, _ ment routes les puiflfances de Ton
Or difoit-ii ame. Or saccomodoit-il en ces
frit quede^ facjotts de parle: .ant au ftile de
ZZl clL l^Ecriture, quaToccafion prefen-
qf4i crotroiet te Qu il auoit deuant lesveux. Etil
en luy : car * , '
le iaint Ef cft d'allleuts afl'es aise a conipren-
P/L VnZ'e dre, qu il entendoit cela des diuer-
lefus Chrifl felon S. lean. 415 Cha. j\
fesgraccsderEfprit que deuoyet '^'^^jl'^J^^l
rcceuoir ceux qui croiroyent en 'P^^ ^*^*
t ^^ • 1 n I • encore slofi"
luy. Car 11 elt bien certain que fn.
Dieu en auoit toujours elargy
quelque petite mefure a ceux qui
s cftoient fies en fes promeflfes, &
qui s'eftoicnt conuertis a luy aucc
vne ferieufe repentance. Il n a ia-
mais tout a fait deftitue ny dc
confolation^ny de fan6tification,
ny des autres dons de fa grace &
de fa faueur^ceux qui ont embraf
se fes promeffes auec confiancc*
Mais Tabondance en eftoit refer-
uee au temps dc la reuelation du.
Chrift,& encore faut-ilbien dif-
tinguer Ics diuers periodes de Fe-
conomie de la charge. Pendant
qu'il a eftc en fon cftat d'humilia-
tion, il n'a point fait les fon^tions
de fon ofl&ce de Roy : & pendant
qu il n a point fait les fondions dc
fon office de Roy, il n a pas efte
• V 4
Cha. 7. 314 Tara^hrafe fur t'Euangilede
conuenable quil en fill: nonplus
les lar^elTes. La difthbution done
dcs graces de fon Efprit, ainfi plci-
ne 6c magnifique, comme les Pro-
phetes ont predit qu on la ver-
roit, eftant vne largefle royale
du Mediateur , elle ne pouuoit
point encore eftrefaite alors, par
ce que Icfusneftoic point encore
entre dans cetce gloiredela haut^,
ou il deuoit prendre pofleflion dc
, la ma2;nificence & des fondions
piufieurs de fonrep-ne Oryeut-il^ comme
trouffe, ay 11 / auoit ordmaircment , diuerii-
Trir, 11 te de fcntimens entre les luifs a
difom ceji 1 occafion de ces paroles. Car
utM.m.nt plulieurs de la troupe les ayans en-
tenviues y &c le rememorans tant
d autres chofes que lefus auoic fai-
tes & dites ea leur prefence ^ ne
pouuant pas encore fe perfuader
qu'il eftoit veritablement le
Chrift , &c acantmoins ayant de
Icfus Chrijl felon S. lean. 3i;Cha. 'p
fort hautcs opinions de fon excel-
lence, difoyenc; Cettuy-cy eft ve-.
ritablement ce Prophete dont
nos peres one efpere qu il reuien-
droic au monde auant la mani-
feftation du Mediateur. Les au- , ^- ^^\
Lef autre f
tres cftimant qu il n'y auoit plus^^roiem^ce-
elieu de neliter , & que delor- e^r^f// . ^t
mais Icfus auoit donn6 afles de;r,::'':^j;
preuues de ce quil eftoic pour I^ ^/;,^7^^ ^'^
reconnoiftre , difoycnt nette- i^ite ?
ment , Cettuy-cy eft veritable-
mencleChrift, &nenousen faut
plus attendre d autre. En fin , il y
en auoit d'autres qui n'ayant
point deconnoifTance du lieu de
la naiflfance de lefus , & qui ne
connoifloyent que celuy de fon
education, auoyent ce fcrupule
en Tefprit, que les oracles des Pro-
phetes ne s'y accommodoyenc
pas , & difoyent ; Mais pourtant,
qui eft- ce qui a iamais oui parkr
Cha. 7. 51(5 n^dra^hrafe fur rEuan^ile de
rEf^fiture ^^^ leChrift deuft venirde Gali-
ve dit-eiu lee?L'Ercriture, furlaquelie feule
f/ts que le ^ ^ 1 -a x 1 et
Qhrift vie noltrecipcranccduMediateureft
vience de tondee , lie dit elle pas que le
^ruLut Chrift viendra de la femencede
gadedeBi- Dauld . & dc k boargade de
dem^uroit Bethlehem , ouDauid a premie-
^'*''"^' rementdemeure,&oLi eftoklare-
f' 45. iidence ordinaire de fon pere?
dijfenfionen Ainfi les efprlts dcs lulfs eftoyene
ire le peuble ^ / 1 • • oil*
fcur Ly! partagesenlem'sopimonSj&ladi-
t: ^'^ uerfite de learsiug-emens mettoit
J^eux u diUennoentre lepeuple. Dequoy
'voulotent f , 11 ^ J
predreimais Ics cnnemis ptenaos auantage, co-
"lelm^inTjur ^^^ ^'^^7 ^^^ ^^ feditioH a craindre
^^> a fon occalion , ils en fubornerent
quelquesvns pour mettre lesmains
far lay ^ & s'en rendre maiftres.
Mais le temps de Texecuter n'e-
ftant pas encore venu^ il n'y en eut
aucun qui fe mill en deuoir de
rattenter5& qui nc fentift eo Ta-
bordant quelque tacite remords^
Jefus Chrifi felon S. lean. 317 Cha. 7^
& ciuelque rcuerencepourfaper- *Ji„fu,
fonne. Tellementquelesfergens, J;-^-^^;
que les Principaux {acnficateurs e»t /.««
& les Phaniiens auoyentenuoycs ^.^^w, &
pourcet efFea,s'en eftans retour- j;J^^Z,
nesverseux fans auoirfaic ce qui leurdirem.
leurauoit efte commander ilsles uuez-vous
en gourmanderent &:leurdirent: '''^'"''
Pourquoy neTaues vous pas ame-
ne? Eft-cc ainfi que vous execu-
tes ce que vos fuperieurs vous ^^f^^^,
ordonnent ? A quoy les ftreens gens reipm>
ayant modeftement relpondu , mats hom-
Ce neft pas faute de refped a ZmlTlefi
vos commandemcns , ny faute ^'^"^'^
d'affedion a vous rendre obeif-
fance qui nous a retenus. Mais il
faut auouer qu il n eft pas poffible
de rien entreprendre contre ce
pcrfonnage la^quad vne fois on la
oui' parler. Car iamais homme
Beparla comme il fait, ny n im-
prima par fes propos non feule-.
Cha. 7 318 PardphraJcCurl'Euangilede
ment tant de refpecPc , mais encore
tant de tremeur dans Tefprit de
p^rquoy ceux Qui I'entcndcnt , Les Phari-
les Fartftens r- \ t « \\ r
liur teipon- lieHs, la Tacc la plus orgueilleule,
foTfup & la plus prefomptucufe de tou-
wous mef- tes, les releuercnc incontinent; &
auec indignation & mclpris , us
leur tinrent ce langage. Quoy
done? Nevousa-til point feduits
vous auffipar fcs beaux difcours^
Ses illufions & (es preftiges vous
. . ont elles donne dans la veuc^
Auctmdes Entreprcncs vous de iueer de luy
princes des . J- p •'
Th^rtfiens. ^dcies actions?Ou aues vous en
^^-^t^crenen ^.^l^ p^xemple de quclcutt quifoic
confiderable parmy le peuple ^
Aucun des principaux facrifica-
teurs , ou de ceux qui ont Tautori-
tedu gouuernement en la maiUj
aucundesPharifienSj qui font les
plus auances en la connoillance
de I Ecriture&delaReligion^ a-
t4l iufques icy creu en luy, ou mel^
Mais ee
'aire
qtfi Tie
Icjus Chrifi felon S. lean. 319 Cha^ 7
me monftre qu il fift quelque cas
de (a dodrinc > Ecneantmoins
c eft a ceux la a prononcer de luy
&de ies fcmblables, s'lIsfontPro-
phecesounon; cefont;euxqaien
ont&Iepouuoir, encequieftde
rautoritc, &lemoyen, en ce qui
eft de la fuffifance. Mais cette ra- mJ^
caille de peuple icy, qui n aaucu- Itf ^^T ,
ne vocation,&qui d'ailleursn adu ^^^ V'
tout point de connoiuance dela i^y.^fimaa
Loy ny de fes dependances , ayant
bien Taudace de Tentreprendre
pourtant, eft veritablement di-
gne d'eftre maudite de Dieu , &
d*cftre en execration aux hoin-. .
mes. Comme ils eftoyent en cette ^icodemi^
emotion, &qu lis parloyentainli eftdtvenu^
desGouuerneurs&desPharifiens,jT/^^^^^^
Nicodeme ( qui eftoit celuy qui ^''''^//^^'•'
citoitvenu de nui(£t a lelus^ com- ^*^*
me nousTauons rapporte cy def-
fus,& qui outre cela eftoit deleurf
Cha. 7. 3^0 n^araphrafe fur I'EuangHe de
nobre) (e fentiten quelquefa^on
touche en fa confcience^&voyant
que Je torrent dcs opinions por-.
toitia, que fans autre forme de
proces coijtrc lefus, on feroit tout
ce qu'on pourroit pour le perdre ,
il ne le peut fouifrir fans y faire
quelque refiftance. Enpartiedoc
emeu par la confideration de la
violence & de Tmiquite de ces
gens , en partie incite de lafFe-
d:ionquenfonameil nortoitala
perfonne de lefus, il les voulut re-
^j^{ tenir par cctte parole. Ceftbien
Np/treLoy 1 r n 1
iuge eiie vn ync ciiole ruite certes, de con-
uZTqmU damnerlesmalfaideurs^ & parti-
^'/J^l^'f^cnlkrcmcnt dereprimer feuere-
^uuuf4it> mentla temeritedeceux quiveu-
lent paflfer pourprophetes a fauf-
fescnfeignes. Mais encore faut-
il que cela fe falTe iuridiquement,
& en yobferuant les formes que la
Loy meiijies nous a commandees*
lefks Chrifi felon S. lean. 311 Cha. jl
Or dices moy , ie vous prie^noftre
Loy permet-elle que Ton iugcou
on que I'on condamne vn horn-
mc fans 1 auoir oui' , & fansauoir
pris vne bien exa£te connoiflan-
ce defes actions , principalcment
fi ne Tayant point cite , on ne Ic
peut point encore accufer ny de
defobei'flance nyde fuite ! Alors t fu
parut bien que la pallion, quand JreJfl''%
vne fois elle eft venue a cc de^rc ^!:! ^*'''''^*
O Nes-tu pas
de rureur dont ces gens auoyent ^^jFdeG^^
1 ame taifie, ne connoilt plus que quiers uy
ceftdciuftice ny dequite , &na ^Ztf
point d'autre conduitequefa vio- ^" ^fj^'^i^-
iencc. Car au lieu que ces ^cnschesquenni
euoyent raire proht de cc que«v7?A»m4^
Nicodemeleur difoit, ils luy ref- ^""^'^''^ -
pondirent brufquement^&d Vne
fa^on imperieufe &c infolente.Eft-
tuauffide Galilee, toy, pour fa^
uorifcr ainfi ton compatriote?
Ou quel commerce as tu auec qc
Glia. 7. 32.1 ^draphrafe furl'Euangikde
Galilcetij quetuentreprensfadc-
fenfc^PouryndoCteurdelaLoy,
tu te monftres bien peu f^auant
en aoftre hiftoire. Eftudie, Nico-
demc, &t'enquier, &apprensen..
fin que de taut deProphetesquc
noftre nation a veus , aucun n a
iamais efte fufcittr de Galilee. Pen-
fes-tu que Dieu ait change fa me-
tliode en faueur de celuy cy , &:
qu il n'y euft pas afles d'autres
sens a ciioifir oudeleruCalem ou
d ailleurs, pour faire repofer fur
. cux IVfprit de fapiencc & de Pro-
Et chactm y^l^cticl Alors Nicodeme voyant
sen ret our- f, * / 1 ! rC o 1
na en fa 1 extremice de leur pallion , & la
^^^M' violence de leurs prciuges , fe
teut; & la compagnie s'eitantfe-
paree en cette mauuaife humeur,
chacun fe retira ax fa maifon.
CH/VIIL
I ejus Chrijl felon S. lean. 315 Cha. Sl
CHAPITRE V'lIL f, .;
! ■fiOrV. , i: ■ i 'J... -' -.^^ • ■ ■' Mais le/uf
■ s'en (tUti en
Vant a lefus , la iournee I'^mcntagne
s'eltant amli pallee , il s*en
alia le foii^ en la montagne
desOliuiers, ouilauoitaccouftur
me de fe recirer pdur fes priere^
particulieres , & puis il en defcen-
doit pour predre fon repas,&pour
pafTer la nuic dans le voifinage, &
chcsquelcun de fes difciples plus Etaupoin^
familiers. Mais le matin eftant f^^^^^^^J
vena , il en partit des le point du ^^'^/'/^ » ^
iour , pour retourner derecher /-^^ vim a
au Temple, afin de continuer ^^; ^,/,^
a vaquer a Tinftrudion du peuple, ^''^'^'^'
comme it auoit commence. Ec
quandily fut arriue,tout le peu-
ple s'amafTa alentour deluy pour
X
-i • H I'^couter : tellementque lefus les
Yoyant cncctte difpoution^ils'aC-
fit J ainfi que font ccux qui vcu-
icur tenir vn long propos, & fc
^ *• 5- niitalesenfcigncrafamaniereac-
AdoHt .Us , O
<y^«i^« c^ couftumcc.Commedoncileiloit
tmHi^Zne W, Ics Scdbcs & Ics Pliarificns , les
jT^yrj«/ plus ruses de fes ennemis,& qui taf-
tere,&Uy. chovcnt Ic plus a luv tendre quel-
ant mtfe au. ■ '- ' -J ^ t t 1
milieu. que picge, le louuenans de cc que
JSlicodemeleur auoit dir,& cher*
clians quelque moyen de Taccuier
deuant leConfeil felon les formes,
luy amenerent vne certainc fem-
mequi auoit efte furprife en adul-
terer & comme ils Icurent mife la
au milieu decetteafTemblee , en
t- 4. vne place eminete , & ou clle pou-
uitftrTce't^ uoiteftre veue de tous^ils luy Ai-
'^tiri- i*ent:Maiftre,(carparcettc appeU
fetoutacet. btion Konorable ils fevouloyent
isdniure. d'abord infinuer en fon e(prit)cet-
te fcmmequetuvoisla^aeftepri-;
Jcfus Chrifl felon S. lean. 31 f Qh£ 8^
ferutlefaiccommeellecommet-
tok adulcere ^ &Ies temoinsqui orenULoy
Ty ontlurpritcfont icy* Or eft-il ^ 7oLman^
que par la Lay de Moyf^ il nous ^^g
eftcommande demcttrea more ^^^^^-^^^^-^
cellesquilont conuamcues dece
crime, & nous fondons en cette
loy la couftume que nous auons
de leslapidcr. Mais pource que tu
as des lumieres tout a fait exrraor-
dinairesen tbutcschofcs, nous ne
I'audnspas voulu faire fans ena-
udir ton aduis, &: quand nous le
fuiurons nous nc penfons pas pou-
uoir manquer. J^ay nous doric la
faucur de nous dire eeque tu en
penfes^La deuons nous lapider,ou ^, ^.
hon?Or vfoyent-ils de toutesces ^' f-f'"'^
J ^ tlsceUle ten
caioleriespourle teter^&ilscrdy- t^ns Afn
oyent auoir li bien tendu leurs de^us/i\
files,qu ilferbit ineuitable qu ilne '''^''
sy prift, & qu il ne leur donnaft
queiquc apparente occafion de
ent
Cha. 8. 5»5 Taraphrafefurl^Euangiledc
riccufei^&de le faire tomber dans
rindignation foic des puiflTances
fupeneures :, foic dupeuplc. S*il
cuft dit qu ils la deuoyent ren-
iioyer pardeucrs les Gouucrneurs,
qui adminiftroycnt la iufticefou-
ueraine dans les chofes capitales
aunom des Remains ^ ils penfoy-
entque le peuple luy en f^auroit
mauuaisgre , parce qu'il croyoic
quecette puiflance luyauoit efte
donnee deDieu^Si tantqu'ilpou-
Hoit y i\ prenoit les occafions de
Tcxcrcer J quoy que la ludee euft
cfte reduite en Prouince. S'il euft
cfte d'aduis quils la iiflcnt eux
mefmes mourir , ils n euflfent pas
manque de Taccufer enuers les
Remains , comme vn ennemide
leur autorite, & qui tendoic a fai-
re fouleuer le pcuple.Si abfolumet
line laiugeoit pas digne dc cha-
ilimenc, ils fe difpofoyent a Ic era-
lefus Chrifl' felon S. lean. ^i^ Gha, „8l
duirecomme vn infradeur de la
Loy , vn faut^ur du yice.5^ de Ja^
diffolution ^ vn cnnemy de la cor>
mune fociccc , que ks crimes de
cette forte rument , & vn homme
digncdela haine nonfeulemcnc
desluifs &:desE.omains,maiscn-.
core de tous les autres homm^s^
A'itifi penfoyent-ils auoirfi bicix
cQricer.te leurcentation » qu ilaer
ukcroit iam^is de^s'eriferXer i^m
quclcunerde:;ces caufts^d,^ae:cufar
tion &c diS; )fe|>;fochei t Mils autanc
qa- ils aMyQT|i de:bQone;opinioii'
du fucces dcleuf complot ^ autari;t
lefus leur YQjubt^ilmaiyir.^r qu i| ^
decoiiuroitiiisement Sfrqu'il mep
prifoit leursfiuelles.Au lieadono
quik pefoyjeittiqii il Tecutilleroi!; , ;
la route racEcntion & toute la for-,
cede fon efpritt^ pour fe titer de ce
mauuais pa^Juy^comme s'il n'euft
pas feulemcnt daigne les ecouter j
X 3
Cha. 8.3x8 n^arafhrdfc furtEuangilcde
prit la contcnance d'yn homme
qui penfe ailleurs cp\ ce qu oa?
luy 4it,ou qvii n'en fait pas- grands
c^Hate.Car 1^ ficge ou il eitoic af^i
fis^, il fe (fdliiba cotitre bias , &c&>
Mit Gbmme^'il oilMbmfa tracer
du doigt^ii^lque^li^^s &qileU
cjues cara^ter^s- eA ^terte. >Non^
que dc " ^ti ' e c ridd it! < fign ifiafti
auGunc cLidfe -pf edfeim^nxi Mais^
it: ft.ifbi^- G^i qci0 n^asj ' suobs :ajG>-:
couftufri^,<'04^^a^:^ms aiions^
refprit ?iiili^mr^^Qyi^qye:/aurrc
6bjctqti'm-pmfmstjU3ei,'to» rioup
0^nt V 0^^ '^n^n^ ixsk\h ? vGtuIbnk
t, 7. ^oaeemibrtfoiidgker^'iquH
^^/^^^^ que ca pq^'il'fnoi^idifta'eft pas
royentdei'in gfanid^ cliofe*. Bt^cdEaii ^uii i|
T^njflf^ auoit aflfee icn'^iixgaerctit :a ipeu
^iHvfh'vom p^es aiixfi;X2atslmaigiii^ans qu'il nd
^«/ ;j?y^«^ les CGOutoit! pars p^ac I attention?
/a' /,r^mvr* que requeroit 1 importance de
purr, conm jg^j. demande, lis voulurcnt rap-.
lejus Chifi felon S. lean. 315 Cha. t/
peller fon efprit a eux par laper-
feucrancc de leurs interrogations^
& firent en fin tant par leur im-
portunitCj qu en fc rciirefrariitiiffe
mit en fa poftutc l^rctc^deiltr,' $^
puisiHeurrcfpondit. Ditesmby*
y a- 1- il icy quelcun d'cntre voui
qui foit tellerndnc Fafts pechq
quil n'ait point hicritl quelcunci -;
de CCS cdrrectr6n$ .que h ley
veut qu ori applrqufe aux FaStcrg
deshortlmesrS'iFyena c^uefciit^
c'cft a' Iby 1 comm'thcer critf b kt^
cumti V & a' ' i^^^ Ir prMierd ^ A Ji^
uifen tetrtj
pierre^ centre cfettfefentimc. IKii^ 'f"^* t":
quand il ent dit f d* , ii fe '|54tt- ««
cha dci'teliefy M^mn^^ctt^
re , eii tBirc' ddfiifiife -ff Bifoi^ i^2
parauant.' Et ilitt^Btzirtfr^oi^^ '
fufianl qiic cct£^ ,f d(|yonrfe'- ^^t:i^-
rort.aaWHfe^rprftP; & qtie-^^^^^
' tc fieftttc'contenirtce fatrftirifc-
X A
Cha. 8. 33P ParaphrafcJhrtEuangilcde
roif la refolution qu'ils auoyent a
Jf- ^' . prendre. EacfFet.ilsfetrouuerent
Or quand f . „ w ■ ^
Us onyrent njerueillculemeiit lutpris. Car par
rentvnii'vn la fcponleil jiedcchargcoit point
2;::^^^ cette fVmiixe duxrimc c^ de
ancims m(^ xjjorj:;]! xie choquoit ppiatk puiC-
derniersM' uxiQ^ dc^ Romaixis; 11 ne touchoic
lement que ■ . ^v \i ' '. v ' ,^ * *
ufu^demeu^ ppiAP, a l^ajitofife. qi^? Jc ^,p?pple.
/^'^f! ^r^tefidpit aui^r dcfaired^ telles
efioitaumi' ^xecutibriis,: iljes laiffpjit-reulc-.
niei: ,cp ieut iibpff:fi4e );d9ijdre ce
qui''0s aduijrexo^^
^ii^Q^p^^ 'm^^ miquitei
vp bqjfam^V.jque^ de, J^ .monft rer
aiiift.:rigpureax contre foh pro-
cHain y qn3.4^jl{^^^
de fa ^e&u de jfcmbla-
lefus Chriji felon S. lean, jji Gha. 8.
bles. Le flecle eftant done alors
cxtremcment corrompu , & les
meurs des hommes fouueraine-
ment debordees , il n y en cut pas
vn de ceux qui accufoyisnt cette
femmc le plus hautement, qui ne
fe fentift conuaincu en fa confci-
cnce, qu'encotequepeutcftrefcs
peches fufTent plus Gaehes^ileftoit
neantmoins auili digne de puni-
ition quelle. Tellem-ent que tant
^[pn faut qu'aucun d'eux ofaft s a-
jiancer pouc commeneer ak lapi-
der^ qu*ils furent bien aifes de
prendr^i-occafion que^I^fiisnele^ ;s«;iv^'[^<* -
reg^rdoit p^s^ pour fe rc^mx dpu^ J'^v^^^^^tX
?^ment, pcnda^nt quefesiyeuxn? ^*,^^T '
leurjrepiochoient pas IcM^fepnte^
De fait, tandi^ qu il d^ril Wja aiftfi
ifsyeux bai(Ies contre tqrrc, ilsfet
eoulerent vnta vn ; Les plus^af ge§
s^enallcrcnt les premiers^ tomuie,
ceux que la redargution du S^i-
CHa. 8. 351 Pauphrafe fur I'Euangth de
gneur auoit touches plus v mo-
ment 5 a caufc qulls auoycnt efte ,
&:qu lis cftoyent encore en mau-
iiais exemple Lesautress'enalle-
rent tous apf es ^ Iciir imitation ,
Gonuaincus cjuils eftoyet en leurs
Gonfciences de mefme. Telle-
ment (jiiilne reftatiaueelepeu- '
pie qui recoutoit; auant que ces
gens amiialTent , finon lefus feul ,
&;la fenVme , qui '(h tenoit en la
place oil elle auoi^ efte mife au
Monc7e/us commcnccment. Adonc lefus
fidref^nui § cftant redrefle , ik ntyoy2im la
okjont perfonne de ceux^ qui reftoyeiit
ijoieni? venu trouu:€ra 1 oGc^lidn de c4t-^
)f, te fenlfrtKi-jfinon la femmemcfme
feulettleht^ il luy din Qu^ ft>rit de^
uenu§ ideiux qui t^Qtrt icy amei^eea
ifttentioa de t'^t^i^ft^r deu.ant
fti oy ^,' & de ' £ii re'4 tf t%fu^ mrnhi fe^H
zwt&ikk ati^condanihtttion^Q^^l'^
cnH d^riti^^at ^^-t^il'pfohdii?"^
mt
ceux
t'afcu
ntil ne Va il
lejhs Chrifi felon S. lean. 333 Cha. 8*^
fcntcncc centre toy? A quoy elle ^^^'3'
ayant reponduj Aueun: Seigneur: dhnui ser-
lelus repartit incontinent; Quand /«/ dit.u n^
ils I'eufTent fait, ils n'euflfent ricn ^^ ;itr«/
faitcontrela Loyrcar elle punit ^'j;^ p""'
de mort teilcs lortes de crimes.
Mais puis qu'ils ne Tont pas en-
trepris^ ie ne rentrepreixdray pa^>
aufnrcar ie ne fuis pas icy ennoye,
ny pour preflTerala rigueur Fob-
feruation de cette par tieide la Lay,
ny pour exercer la iultic^ (buuci^
raifte entre les liommcs. Va- t-en
done ala bonne heure 5 puis que
Mas eclia|jpe vri fi grand peril;
Mais regaTde a n abufer pas de la
faueur d^ Dieu a diflblucion. Dan
formais aibftien toy de pechcr
comme tufaifois aiipar^uant^Bd
pour lerefte de tesiours mcinev-f;
ne vie plus honnelle & plus con-
forme ala volontediuine. Voila OrUfusfitf^
ce quiiepallalors.Depuis^noitre eux.dtj^ms:
Gha. 8^ 534 n^amj^hrafefur tEuangile de
iefuis uih' Seigneur eftant retourne auTem-:
miiredumo^ olc eti VH atttrc tcmps, ll fe remit
fmt. ii ne dciaanc ces: gens fur le mefine pro-
pint en re- pos lur lequel 11 auoit eite autre-
TuuL'ir tois^ & Icur tint ouuertement ce
^^^i^re de JaBgage. On fait, comme vous
QpLVLQSy diners iugemens: de moy ,
&apeinef(^auroit onjieprefenter
pomme Ic^ efprits des hommesfe
pakagent fur cette matiere. ^ Si
Ypus voulcs quQ ie vous tire horsL^
dc peine; & (c^auoir certainemciiiix
qui & quel ie fuis, fouuenes v©u^
de ce que Diea a dit autrefois pafc
Ie Prophete Efaie touekatle Mefe
fie.- Vous i^attendes pour eftre lai
lumieredlfraifl^ & votis iue« rain
fon ; car il eft.deftineipour celai
Mais le Prophete adidull:eencore>
a cela, qu iLdoit eftre lumiereau^q
Nations , spotter ie ial ut iufques
au bout de lii terre. Ie fuis dond
cette lumiere la, qui n'arreftc pas
lejus Chrijl felon S. lean. 35^ Cha. 8*
fcs rayons cntre les bornes dc la
ludee 3 mais qui les doit epandre
generalemeiitpartout le monde.
Qui me fuiura, ne fera pas comme
ks autres hommes; qui condui-
fent leur vie a taftons ^ au milieu
destenebresde leur ignorance. ll
verra clair & pour conduire fes
pas, & pour connoiftre le but au-
quel il doit tendre. Car telle eft la
lumiere que ie refpans,& qui ema-
ne de moy ^ quelle meine tres-
certainement a la vie bien heureu- ^, ,j;
fe & eternelle. Alors les Phari- ^/^t^'^''
liens, qtu iecroyoyentcitreieuls i**y dirent^
II . I ' r ^^ rends tef-
larumiere de ceux qui lontente- moignagedt
nebres, & qui ne pouuoyent fup- 'Z'^uFmol
porterquilparlaft defoyfiauan- z'^'fi' ^'</^
tageulement , Juy repartirent en
cette forte. Si quelque autre difoic
celade toy, pent eftrc adjoufte-
roit-on quelque foy a (es paroles;
^uoy qu ellcs fcroient bien ma-
fcha] $^ 33^ ^araphrafe furl'Eudngilede
gnifi(^ues £ elles approchoyent
tant foit peu des tiennes. Mais c eft
toy qui rends temoignage de toy
iiiefme^& par conrequent ou bien
Eoutes les reigles de la prudence &
de la luftice font fauiTes, ou il n eft
pas raifonnable que nous tenions
€on temoignage pour valable, &
leiusrefpon- pour digne de foy. Sur^elanoftre
dit. Encore Seigueur leur reipondit : Quoy
VPiX qi^'ilenfoit, ileftincomparable-
demoy-mef ment pluSraifonnaWe de receuoit
moignageefl jc temoignage que le rends de
*vray : car ie r 1 J T
ffay dou ie inoy melme, que nonpar les dil-
'^tH'^Zf: cours cjuc vous tenes ordinaire-
TT^ais -vous mentdemoy.&rimpreffidnquc
'd'ohievien, vous talches d en donneraux au-
ic vicns, & ou ie vay^ ie f^ay qui
m'a donne xna commiflidn :, & a
qui & comment il faut que i'eil
rende conte, & la fac^on dont i^
m'en acquitte ^ & m'eii aei^uifte;
iejk Chnft felon S. lean] 537 Cha^ 8,'
ray a i'auenir^ iuftifieront tou*-
jours aflfes la Verite <ie ccque Ten
dis, Mais quant a vous, vcus n y
cfties point quand ma commiflio
m'aeftedonnec^ drnefcjauesd ou
ie fuis venu ; vous n y feres point
quand i'en rendray conte, & nc
C^aues ou ie dois retourner pour
cela. Ainfi mon temoignage eft
fans doute plus digne de foy que
le voftre. Mais qui pis eft , outre ,t "^
cette grande ignorance des cliofes f'^^' ^-^ '^'''''^
qui me concernent, & qui vous /^r/^^^w^*
rend incapables de dire de moy ce
qui en eft, vous aues des affedions
charnelles^ ^despafTionsd'enuie
& de haine, dont vous fuiues la
fuggeftionen iugeantdemoy > ce.
qui fait que voftte iugement eft
tres-defauantageux & tres-iaique
rout enfemble. Quant a moy i^
Vous laiflfela, &vouS:» &ceux qui
Vous refTemblcnt, & ne luge ny de
Cha» 8- 3JS ^araphrafe fur tEuangile de
vos perfonnes ny dc vos condi-
tions. Auec le temps vous mani-
fefteres afles qui vous eftes,& n*eft
pas befoin que par mon iugement
i'anticipe la connoiflance que
vous en donneres vous mefmcs*
tuefiauf- Encore que fi ie voulois dxre ce
fiieiuge.mo n^i ^^ eft, & iu^er de vouscom-
tugement eji *■ r • 1 1 •
'vray:carie Hic VOUS taitcs de iTioy , k lUgC-
ne (hU point • • j
]cui mats ment que le prononcerois de vous
T»ov , & le (leu|-oit eftre incomparablemenc
maenuoyi^ plusautorise , que celuy que vous
prononcesde ma perfonne & de
ma charge. Car pofe le casque (1
leftois feul :, vous puffies en quel-
que fa^on vous defendre du te-
moignage que ie redrois de vous j
pour ce qu vn feul temoin n a pas
accouftumc d'cftre creu en iuge-
ment \ tant y a que quand nous
ferons deux, qui rendrons vne
mefmc depofition de vous , il fau-
dra que vous paffies condamna-*
tion.
, lefus Chrijl felon S. lean. 539 Cha, %
tion. Orily a&moy, qui vous
conaois tres- bien ^ & Ic Pere qui
irt acnuoye, qui ne vous connoift
pas moms , & qui ratifie pleinc-
menc la vcrite de tout ce que ic
dis, par miracles^ par oracles en-
uoycsdescieux, & par routes for*
tesde preuues les plus cuidentes.
Quand lefcnscommun:,6diarai- f. n,
fon naturelle nc rapprendroit,^^{r.f
point aux hommes , voftre Lov ^^^^^-^er.
r 1 r» J que le tef'
meime yous a dcu cnfeigner CiZ^oignagtdt
quelle auroritedoit cftrcradepo-^^!;?^^^
fition de deux temoins qui sac-"^'^'-^*
cordent exadement en vn mef-
me fait. Car ily eft ecrit que le
tcmoignage dedcux hommes eft
digne de foy^ & ii eft ainfi vniuer-
fellemcnt pratique parmy vous en
Tadminiftration de la iuftice. le j^ >^.^^;^
laiflTc done lace qui vous touche/«r ^^^^>^«^
& m'en remets a vous mcfmes. 'deToyZff.
Mais pour ce qui me regarde, c eft 7.uatX
Y
Cha^ 8. 340 Para^hrafeJurtEuangile de
leZiinat ^^^^ pfopos (juc vous accufcs Ic
^may. tcmoignage que ie porte de
moy-mefme , dc n eftre pas dighc
dVftre receu. Car outre ce que ic
vousay dit cy-deflTus, quciefuis
parfaitementinftruit dela vcritc
de ma Miflion^ & que mes depor-
temens me iuftifieront toujours
aflfes /lePere qui ma enuoye mc
rend vn fi authentique temoigna-
ge , que vous ne pouues auoir la
moindre apparcnce de raifon de
reprocher le mien d eftre fingu-
tihy'di^ lier. Commeilacheuoitdepar-
redom, o« [^f ^^s gensaueugles de paffion,
lefusrefion^ luy icpartirent en colere. Tu
connotfei^ Hous paflcs pcrpetuellemcnt de
Zr'LJ"^ ton Pere &lenous alleeuescom-
fnof^ Fere , O
/ voui me meficeftoitquelquVndefbuue-
^oustonnoi- tziTit autontc* Di-nous done,
^Znterf o^ ^^'^ *^ ^J V ^^ t-il point moyen
que nous k voyions , & que nous
f^achions s'il eft raifomiablcde-
Icfus Chrift felon S. ^lean. 341 Cha, 8»
tant deferera fon temoignage >
Qui eft- ce quile connoiftparmy
nous, & oil a-t-il accouftumede
fe faire voir , afin que nous en ap-
prenions quelques nouuelles^Car
quant a toy, nous voyons bien cg
qui en eft, & tu ne fembles pas a
te voir , eft re de fi haute extra -
(£tion J quon doiue abfoluinent
adioufter foy aux paroles de ton
Pere. Adonc lefus voyant leur
erreur &leur obftination , (e con-
tentadeleurrefpondre. Vousdi-
tes que vous me connoifTes , &C
parlaconnoiflance que vous pre-
tendesauoirde moy, vous iuges*
de la condition de mon pere.
Mais moy ie vous dis que moy &C
mon Pere vous fommes cgale-
ment inconnus , & que vos paf-
fions&vospreiugesvous empef-
chent de me connoiftre. Si vous
meconnoiilicsbien, vous con-
Yx
Cha, 8» 341 ^araphrafejur I'Euangile de
connoiftrics aufli mon Pere , &c
n'auries point befoin de vousen-
querir ou il eft , ny qui v ous en
f . 10 pourroit dire des nouucllcs. Or
dit\iZfZ parcc que lefus prononcja ces pa--
i^ threfore. ^^^^^ ^^^ j^ thrcforenc, ainfiquil
nantauTe alloit deca & dela dans Ic Temple
ne I'empoi. cH enkignant, & qu il cltoit au
%iet7heZ milieu de fes ennemis en vn licia
neftoit point renfcume . il fembloit qu*ii luy
»«^. fuft difficile dcuiter qu lis ne le
prilTent, veu le deflfein qu ils en
auoyent fait , &: la nouuelle irrita-
tion que fes dernieres paroles leur
pouuoyentauoirdonnee. Neant-
moins aucun ne mit les mains fur
luy, Tefficace de la Prouidence de
Dieu les en empefchant , parce
que riieure de fa fouffrance n'e-
£.VJL ftoit point encore venue. Mais |
dit4:ncore:\e dautaut oue lefus fcauoit bien
vousmecher quelles cltoyent ieurs mclma-
ZZnl Z tions J & que ceftoit, non par
lefus Chrifi felon S. lean. 343 Cha. ?.
ftianquedevolote, mais par quel- ^,ff,,^,,y,
que vertu latente de la Prouidcn- ^''«*»^^«-
cediuine, qu lis eltoyent empel- uvay.
ches dc luy mesfaire, il leur repeta
encore vne autre fois ce qu illeur
auoit desja dit auparauant. le
m'enuay , leur dit-il , bien toft: au
lieu de repos&de feurete qui m'eft
deftine. Et fi vous me cherchcs a
lors, afin de me faire du mal^com-
me ie fcjay bien que vous en aues la
volonte , vous ne me trouucrcs
point, & nepourresexecuter vos
mauuaifespenfees. Et il n'cn fera
pas de vous commc de moy . C^r
quant a vous , vous perir es mifera-
blement , & comme vous demeu-
reres opiniafl:res au peclie de VQ-
ftre incredulite, vous tomberes
indubitablement dans la mortcl-
le calamite qui luy eft ordonnee
pour fupplice, Mais moy ie feray
a lauuetc, &Korsde Tatteinte dc
Y 3
Cha. 8.344 n^araphrapfurl'Euangilede
'" ; Vbs machinations 3 dans vn lieu
Us tuifs .6u vous ne faurics aller. Or
^f'/^rr'// cftoyent ces gens a qui il parloic ^
joy-mcf^re, jxierueilleufement ftupides d'en-
ou te v^y teadement , de forte quils ne
ueivemrf Comprenojcntpoint 1 intelligen-
ce de fcs paroles. lis auoientcette
opinion qu'ilrne leur echapperoit
pas,& que toft ou tard il viendroit
en leur puiflattce. Car de s'cnfuir
eti pays loin tain , ils fe propo-
foyent bien de ne luy en dcnner
^pas le loiifir, & luy mefme auoit
alKs fouuent declare que Ton in-
tention n-eftoit pas de fortir hors
desbornesdelaludee. Defepou-
tioir cacjier parmy ceux de £a na-
tibn, ils efpeiroyent de luy en ofter
lerrii^yeiii, & penfoyent auoir afles
pour cela de credit & d'intelligen-
cds nirmylepeuplc. Apres done
• ^tioilr roiil^ diuerlcs penfees dans
'^Tehr imagination, ils fe diioyent
: I ejus Chrijl felon S. lean: 545 Cha; S.
ks vns aux autres : Quo y done?
Fera-t-il commc Samfon, & com-
mequelques aiitres de noftre na-
tion one fait, pour fe tirerdes
mains delcursennemis, &fe de-
liurer dcleurs pcrfecutions & de
leurs fafcafmes B Se tuera-t-il foy
mcfme^pluftoft que devenir en-
tre nos mains J Car nous ne voy-
ons point qu'on puiflfe raifonnar
blenient donncr d'autre fensa ce
qu il dit , La ou ie m'en iray hien-
toft^ vons ne pourres venir, & ne t, a^.
my f^aurics atteindre. La defTus f 7'^lr
noftre Seieneur . voyantia tardit 'fi''/''*^^^
uete de leurs elprits, le vouluten-^ ^auc vcus
core vn peu eclaircir dauantage. 'mmde.moy,
llleurditdonc: Chacunadesat l,Z!^^
feftiofts & des fentimens confor- ^'"^^^^
mcs au lieu dont il eft iiOTu ; & il eft
raifonnable que chacun ait auffi
fa retraitte au lieu ou fes fenti-
mens & fcs afFedions. le portent
Y 4
V
Clia. 8* 346 Paraj^hraje Jhr tEudngtle de
Quant a vous , vous cites d'icy^
bas ; ainfi nc faut il pas s'cftonner
ii vos penfees nc s^eleuent pas plu^
haut. Pour moy, ic fiiis dc la haut:
ainfi ie dois regarder adcs lieux &
a dcs rctraitcs plus cJenecs quek
terre. Etfi vous voules que ic vous
die encore la mefmc chofe en ter-
ines differcns; quanta vous, vous
cftes de ce mondc^a caufc dc quoy
vous y auez le coeur attache , c'eft
pourquoy il eft raifonnable que
vous foycs dc mefme coditio auec
lemondc. Pour nioy^ qui nefuis
point dc cc monde, ie ne my at-
tache point ; mais aulTi la condi-
tion qui m'attcnd eft-elleentierc-
ment differente de celle qui eft
^;^^^^^ rcferuoc au monde. Voila pour-
-v^m ^y-ie quoy ic vous difpis tantoft y que
tnoHrrez. <?» VOUS pciires milerablemcnt , &
"cl 7^1us que I'opiniaftrete de voftreincre-
n,croySsqu, (JuUte. fcra caufc que vous torn-
lefus Chrtjl felon S. lean. 347 Cha. 8.
beres dans la morteUe calamite ,,^^, ^^.^^
qui luy cftordonneepour fuppli- ^^if^'^osfe-
ce. Car fi vous continues a ne
cfoire pas que ie fuis tcl que ie
vous disily all long- temps, d'au-
tant qull n*y a que moy fcul qui
fuis capable de vous garentin dc
cette malediition, Ie mefpris que
vous faites de moy la vous rend
abfolument incuitable. Adonc Add'c iu
eux voyans qu il infiftoit tant a fe '^J^tuf
recommanderfoymefme. &rque ^j**' ^'^^
tout Ie mal qui leur deuoit arri- mencewent,
^ Iimputoit lans exception /,
-au mefpris qu'ils faifoyent de fa
pcrfonne , ils luy repliquerent
auec interrogation, marque de
quelque dedain& de quelque in-
dignation tout enfemole: Ettoy,
qui es-tu, quetute recommandes
ainfi toy mefme ? Ne fc^aurions
nous fauoir ce que tu te vantes
d'eftre, pour voir II nous croirons
a voHs,
Gha. 8. 54S "^araphraJefurt'Euangilede
en toy? Gar encore, fi tout Icmal
que nous auons iamais a craiadre^
doit venir de ce que nous t'aurons
re jett6 , ta charitc te doit porter a
jne nous celer pas qui tu es^ afia
que nous euitios le maJheur dont
nous fommes menaces, ou au
moins que quand il arriuera on ne
te puiffe pasaccufer denousauoir
par ta faute laifse perir dans notrc
ignorance. A quoy lefus connoif-
fant bien la difpofition de leurs
efprits , & que cen'eftoit pas pour
^^ apprendre , mais pour contefter
quils rinterrbguoyent^refpondit
enpeudemois. Sivousmevou-
lies ecouter^vous f(^auries desja qui
iefuis. Abfolumei-it ie fuisceque
ie vous dis^ & ce que ie vous ay dit
des le. commencement de mon
propos;Lalumieredumonde Et
f* ^2' ie n'ay a vous dire de moy mefme
ray haU" ] r T Ik T • J
^^updecho' autre chole queceU. Mais de vous
lefus Chrifi felon 5. lean. 349 Cha. 8.
certes i'aurois tcaucoup de cho-/,, ^ ^^,;,,
fes & k dire & I prononcer, fi ie ^^ff-*
voulois parler de vous felonle fu- "{"y ?«',
jet que vous m'en donnes. Vour ej^veritahu:
le prelent il me lutht de vous ae- ^uetayifuj'
clarer , que celuy qui m^a enuoye, yJ'^^^'^J'
& qui rend fi clairement temoi- ^^nde.
gnage de ma miiTion^ eft verita-
ble ; & ce fcroit voftre deuoir
d'adjoufter vne foi route cntiere
a fa depofition. DepIus,lescho-
que vous voyes que iedisau mon-
de,(&en difantcela ilfe tourna
vers les aflillans qui eftoyent
alentour de luy , en vn lieu oii
routes Torres de perfones auoyent
droirdefe rrouuer,&: mefmes les
cftrangers) ie les ay ou'ies & appri-
fesde luy , &C ie n*auance rien de
moy-mefme. De forte quily a
long temps que vous deurics
auoir crcu a ce queie vous en ^Y . ^ ^
annonce. Mais ny pour tout ce- jsr iis m )o.
Cha. 8.350 nPara^phrafe furlEtiangilede
la , ou ils ne parent ou ils ne vou-
foint ^tiii lurent iamais cntcadre qu il leur
•firtjonu- parloit du Perc cclelte :, & que
*''- c'eftoit a luy qu'il rapportoit tant
roriginede fa perfonne,queccllc
♦• *«• de fa vocation, De forte quele-
fusUmrdit, fusleur dit. Puis qu'il n*y a pas.
^Z^/iTuS moyen que les chofes que vous
mffv!u?ct v^y^s & que vous oyes mainte-
snoifreijors nant , VOUS perfuadcnt ce que ie
^queiene luis, u Vousfaudra quelque lour
f^y rien de i> t
moymefmB . Q autrcs argumeos pour ic vous
Vl^'Vr'^^ faire croirc Quand done vous
^nfi cinema aurcs cfleue le Fils de riiomnie,
^igne. (or diloiMi cela de ce qua leur
inftigarion il deuoic eftre inis en
croix, maisii nele vouioit pasex-
pliquerouuertement, car il n'e«
toit pas encore cem ps que ces cho-
fes fuTTent diftind:cment conucX
& eftoit encore moins de be-,
foinde leur mettre dans Tefpricks
pensecs du crime qu ils commi-
lefns Chrijl felon S. Icm, 351 Cha. %i
rent qutlqut temps apres ) & que
vous aures veil les chofes qui doi-
ucnt fuiure cette cleuation > f cc
qu il ctitendoit de fon afcenfion
aux cieux,& du premier etabliffe-
mcnt dc fon Eglife en la terre , &
de la dcfolation de la ville de leru-
fakm & de la ludec , qui deuoit
bien-tofl: arriuer )alorsou vous
f^aures, ou au moins deuresvous
f(jauoirpar I'expcrience des cho-
fes, que ic fuis celuy que ie vous
ay die tant de fois, & que ce que ic
fais , & que ic disa cette heure en
voftre prcfencc , n'eft pas dc mou
cru , comme vous le vous figures,
mais que ievouspropofe ma do-
ctrine toute telle & dc la mcfme
fa^on quelle m'a cfte enfeignee
demon Pere. EneffedjCciuyqui ^/j^J^^
ma enuoye eft touiours auec ^'"f / ^*-
moy, quelque choic que voms mo^.^n^
Gontefties alcncontrc. MpftPcre 'utjfi ^/i2
Cha. 8.35.1 ^araphrafe furl'Euangilede
f6Hrtdt que ^^ ^^ laifTc iaitiais fcul j toujours
j> fay tou- j} m'ajGfifte de la faueur de fa pre-
\0Hrslesch9 rr i • r
fes qui luy fence. Auflide ma part iefaistres-
exailement & tres-pon£tuelIe-
ment tout ce qui luy eft agreable.
Nedoutesdonc pas que quel que
iour il ne vousfaflfe voir la verite
de ce que ie vous dis, & que pair
les merueilleufeschofesqui fe fe-
ront apres que vous m aures elcue^
il ne rcuele hautement ce que ic
^. ,0, fuis , a la confolation des vns , & a
commeii la confufion desautres. Comeil
dtjott ces
ehofes, phi' tenoitcesproposjilyencutquel-
rm e» luy. qucs vns d entrelesauditeurs j qul
nonfeulemet-entendirentvn peu
ce qu il vouloit dire \ ce que les au-
tres ne faifoyent pas; mais mefmes
quicommecerent a auoir bonne
opinion de luy , & a croire qu'il
pouuoit bien eftre le Meflie , de
quoy pourtant ils ne s ofoyent en-
core li bien afTcurer , qu ils en
Icfus Chrifi felon S. lean. 553 Clia. 8.'
euffent vnc perfuafion bien pro- .
fonde & bien conftante, C'eft Adoncu.
^ n \. f> {us diCott
pourquoy lelus voyant cette dil- ^«^ inifs
poficion dc leurs efprits, il dit a ZLln'Z
ceux d'entrelcs luifs qui auoyent ^^^^«^f^-
creu dela iorte ; Vousautres pre- p^roie.vom
tendes peut-eftrcauoir part dans ^em '^'^mi
ies auantagcs que i'ay promis a ^^*^^'
mes Difciples. Si vous eftes verita-
blemcnt tels, vous auesfans doute
raifon. Mais afin que vous ne vous
y tro mpics pas, ne penses pas qu V- *
nelegere perfuafion que vous au-
rcs de la veritc dc mes paroles,
vous donne cette qualitc ^ fi elle
nes'enracine bien profondement
en vous. Si vous demcurcs perfe-
uerans en ma do^rine, & que nul-
le tentation ne foit capable de
Vous en detourner, ie vous tien-
dray pour eftre vrayement mes
difciples^ & vous traitteray com-
me tek Et le premier fruit que ^VX».
Cha. 8* 354 Paraphrafc fur I'Euangile de
fire^Uv^i, vous rcceurcs de voftre perfeue-
t4,& Uve^ ranee fera^que vous vous auaceres
ftte V0HS 'V - , , *, . ^
framhira, cjc plus cu plus cti la connoiuance
delaveritc ; Lefecond:, cjuaulieu
de la fcruitude dans laquellc vous
cftes naturellcment detenus, cctte
veritc vous afFranchira. Ainfi,
outre la fatisfadion qu clle vous
donnera par fa naturelle cxcellcn-
f. j;. cc , VOUS en tirer^s cet auantage
iisiuyref Qyx'cllc VOUS mcttta enliberte. Or
Nms fern: cntendoit-il cela de ielclauage &
mmce *£a. de k Ubertc du peche ; mais com-
/T^;^ me ils auoyent toujours Tefprit
ftfuifmes k attache aux chofes charnelles &
perf^nne: . • r r
comment tetrienneSjils toumerentainli loH
Vous "ieni propos alUeurs. Qu^efl:ce,luyreC-
frmcs f pondirent-ils, que tu nous dis de
feruitude & de libert^ ? Ne f(jais tu
pas que nous fommes la pofteritc*
d' Abraham, auec qui Dicu a trait-
te fes alliances autrefois^ pour la
rcndre via peuple non feqlcment
' librcji
Icfus Chrifl felon S. lean, 35^ Gha^ Zi
libre, mais triomphant;&qu'en-
Gojre quil foit airriuc diuedestra-
uerfcs a noftre nation^ fi eftce que
nous ne feruifmes iamais a perfon-
ne? Appelles tuefclauesceuxqui
font defcendus d vne fi noble ex-
tradion , & qui encore maintc-
nant au milieu de leurs aduerfires^
&fouslegouuernement des Ro-.
mains , conferuent toute entiere
la liberte de leur religion & de
leurs perfonnes? Comment done
promets-tu la liberte a ceux qui
ne font point en feruitude ? Alors fvff
lefus leur refponditrC eft grand re^on^u.
cas que quoy que le vous die , le ne vemi u
f^aurois eleuer voftre efprit plus '"^ZoXl^^
hautquele Corps & leschofesqui f^itpeche.n
k ^^ . n \ '1 efiferfdefe^
concernent. Ceneltpasacela ./^e.
que vous deues regarder : il y a
bien vne autre forte de feruitude
qui eft de plus grande importan-
ce, Tcncs Gcla pour affeure , &
t
Cha. 8« 35^ ParajphraJeJhrlEuangilcde
com me fi ie Ic vous attcftois par
lesplusexpreffesde toutesiesafle-
ucrations qui fe peuuent em-
ployer , qu'il n y a point detel ef-
clauage que ccluy par lequelon
eft aflerui au p£ch4 Quicon-
que eft fous la domination de fes
conuoitifes , & qui s'y laiflfe gou-
ucrncr, celuy-ia eft (erf dc peclie^,
quoy qu'il fe vante d'eftre iibre.
ttieferfOi arriue-t-il aflfes fouuent , &
r ^^^^«^^ mefme c'eft chofeordinaire . que
■ymrscnu Ics efclaues demeurent quelque
mxifon :Je - - r 1 1
fihfd&mm- temps dans la mailon de leurs
Jmm^^ maiftrcs. Mais ce n'cft pas cliofc
ordinaire de mefme quilsy de-
meurent tou jours. On les ddn«
ne^ on les troque, onies vend, on
Ics chaffe de quelque fa<^on que
C€ foit, & la plufpart du temps ils
fortenc de leur propre mouue-^
ment, &s*enfuyent. Mais quant
aux enfans ^ Ja demeure dans la
lefks Chrifl felon S; Jem, 557 Cba. §.
maifon de leursperes eft perma-
nente , comme aulii eft-ce a eux
que Ilieritage appartienc, De
mefmes 3 ceft ciiofe certaine
qu il y a maincenanc en la Maifon
demonPere, grandequantite de
gens qui veuleat pafler pour fes ,
cnfansj qui neantmoins fonteil
claues de leur propre vice. Ceux
la n'y demcureronr pas toujours^
& le temps approche ,qu'ils en
rortiront. Mais quant a^iiFUs ,> il y
demeurera a pcrpetuite, taut lay
que ceuiqu il afFranchira, & aqui
ilconimuniqueralagloired'aucir. .
aue.c luy vn meime pcrc. bi done 6v d^mc u
vous eites du nombrc dc ceux h fran.hit,
que le Fils Aoxt affranchir ^: &rde- "'^.i^
iiurer.dc laferuitude de Icar vice, Z'''^^"'
alors, vQus pourres vous va^nter
d cftre :veritablem»''nt libres , 6i, a
beaucoiip mcilleur tilrreque'Vous
ne vQus en vantes^ main tenant.
■ Z ^
Gha* 8. 3|8 T^araphrap fur I'Euangile de
f^ j7. Itin'igtiorc pas que vous nefoyes
u /fay que |^ fcmcncc d'Abraham,& ne vcux
femenee pas VOUS oftcr u p;loire de cette
msu vous prerogatiuc. Mais pour cltre les
yt^mtZ enfans felon la chair ^ vousimites
puree qut j^^i fcsadions. Car ie n'ignorc
mx parole L L'/ ^
nepred^mt pas aulii ouc VOUS IXC cherchies a
meraire mourir, tans que vous en
ayes autre caufe, finon que ie vous
annonce vne doctrine quine s'ac-
commode pas auec vos mauuaifes
afFedions . & qu a cette occafion
le vous vous ne pouues rcceuoir. Quel-
*>^Li!'^queauatage que vous ayes d'eftrc
"^UZm ^^^^ ci^ Abraham felon la chair,
fAites les Yoas auesen certain egard vne au-
^'ous auex, tre origine de voftre eftre : de for-
lljire prT. te qu'il n y a pasfiijet de s eftonner
ii vous imites les adtions de celuy
de qui vous Ie tenes. Car chacun
fuit volontiers le train qu'il a vcu
tenir aceux qui Tone engendre*
jQuant a moy ie dis & cnfeignc les
lefus Chriji felon S. lean. ^y^ Cha. 8.
chofes que i ay apprifes dc mon
pere y & vous auffi parcillement
vous faites Ics chofes que vous
aues veu faire au voftre. Ainfi cha-
Gun reprefcnte celuy dont il eft; it
fu. Cclaeftoitditaflesclairemeni: j^^.^fl^i^
par noftre Seigneur pour eftre ca- ^'«^' &}^y
tendu. Etneantmoinscesgensne h^mipn*'
comprenans pas encore ce qu'il %]lurdit\
vouloit dire, ilsluy refpondircnt ^^l^^f2
inconti^nent : Queft-ce que tu ^rakamjai
nous repetes tant denoltre pere? «w^*^^r>*.
Noftre perc eft: Abraham, com- ^''*"*
me tu le nous as aduotie , & nous
n en connoiflbns point d autre*
Alors lefus leur refpondit. le
vous ay dcsja dit que vous eftes
cnfansd' Abraham, &que toutes-
fois vous ne Teflies pas. Si vous
eftics en tout & par tout enfans
d'Abraham^^afleurementvousfe-
ri^sles oeuures d' Abraham , & fui~
uriesfcsbonsexemples, Etdece- ormaimt-
Cha. 8. 3<30 n^araphrafe fur FEuangilc dc
la ie vous donemv, fi vous vouies,
tajchez,a?ne vHc pteuue ttcs cuidente^ leiuis,
fdire moHYir ^ / t
qtiifukhom- comrae vous voyesj vn homme
7yTt!uZ contre lequel vous n aucs rien a
ritejaquelle ^'^^^ pQ^j- ^^ q^J ^\)^ ^^ f^g acStioOS.
vieu:Abm- Dcfortc ^luc iic fuftce que pour la
ha n^. point ' 1 . , ^ ^ I
fmtcda: commune humanite, le vousde-
urois cflrerecomandablc. Quant
a ma dodtrine^ ienc vous ay rien
enfcignc que la verite, qui d'clle
mefme doiteftre venerable a tous
leshommes. Mais ce qui doit fou-
uerainement augmenter en vous
la veneration de cette verite la^ eft,
que ie la vous enfeignc telle que ie
Tay receuc de mon pere^, & en Ton
authorite. Et au lieu que toutes
ces chofes vous dcuroyent obli--
ger a m'auoir en fingulicre confi-
deracion^vous cherches a me faire
mourir. Or eft-il certain que vous
ne trouueres point en iHiftoire
d'Abraham qu il ait iamais rien
3^1 lefus Chrift felon S. lean. Cha. W
fait defemblablcj &s'il s'eft pre-
|- iente a luy quelcun qui fe peuft
^ dire tel qu eft celuy qui parle a
vous^comme vousfaues bien qu il
a eu d'admirables apparitions ^ il
la receu detoute autre forte que ,
vousneraites. Amli nevousvan- vomfaues
tes point tant d eitre ies enrans, oc vojire pere,
enles point Ii le vous ^,rem,Nous
dis encore vnefois que vousfaites ''^. M^.^f
1 por/2t nats de
les oeuures de voftre pere. Alors pat/i^rdife .-
ces gens commencerent a corfi- vn p^re qui
prendre,qu4l n entendoit pas par- '^^''''^
ler du pere dont ils eftoyent iflus
charnellement, mais dequekun
qui donne aux cfprits par rim-
predion des bonnes ou des mau-
uaifes meurs^ la naiflance fpiri--
tuelle & Teftre moral , comme le
pere donne i'eftre corporel par la
generation naturelie. Parce done
qu'ilsauoyent apprisdesProphe-
tes^ que ralliance de Dicu auec fon
Z4
Gha. 8. 3^1 ^araphrajejur I' Euangile de
pcuple eft accomparee a vn legi-
time manage, & que quand la na-
tion d'lfrael s'eft adonneeau fer-
uice des faux Dieux , ils en ont
paric commc d Vn adulterc , 8c
a yne accointanee illegitime, qui
produit des enfans de fornica-
tion y lis luy refpondirent : A qui
que ce foit que tu rapportes I'ori-
gine de noftre eftre , noftre pere
ne nous peut auoir donne Ics
niauuais exemples que tu dis que
nous imitons ; car pour ce qui eft
de la generation fpirituelle , nous
nefommespointnesde paillardi-
fe , nous n'auons point de com-
munication auec les faufTes diui-
nites des autres nations,& n'auons
f^ ^^: en cetegard autre pere que levray
IZl'fss Dieu. Adonc lefus, qui iufques
DAr« ejioit a lors auoit tellemeut modetc foQ
(ertes vous propos,qu cn attendant que d eux
^r7/ /l^ raefnics il leur vint quelque com-
lefas Chrijl felon S. lean. 5^3 Cha. 8.
pond:ion,ilnauoitpasvoululeur i^^
(j^ ve^
dire tout ouuertement & par font 2 ', .
propre nom celuy dont ils eitoyet P^^^^ ^^»«
illusj voyant enhn leur obltina- /»^>^,?;?^«
tion&laftupiditeaffedeede leur Zr ""
intelligence^ illeurdit: Ilyafujet
de s'eftonner comment vous aues
la liardieiTe de dire que Dieu eft
voftre Pere , veu que ce que vous
faites vous refute fi difertement.
SiDieu eftoit voftre perc,commc
vous le dites, vous auries tire dc
luy quelque chofe de fa nature. &
de fes inclinations : & fi vous en
auies tire quelque chofe, indubi-
tablement vous m*aimeries. Car
le pere celeftem'aime^&de plus,
eftant venu de la part de Dieu
com me ie fuis, s'il y auoit en voijs
quelque fibre dVn fi excellent
principe, vousafFe£tionneriesfon
ambafladeur. Car comme ie Ic
vous ay desja reprefente tant de
Clia. 2.^6^ ^araphrafefurhEuangikde
fois ,iene dis riende mon chel^
& ne fuis point venu de par moy-
mefinc jinaisc'eftluy qui m'aen-
f^ 4V uoyd Si voiis eilies bien acten-
nenundei UTS 2 mcs propos^ & u vousna-
Zn £^l ^i^s point i^cfprit (kifi de cantde
gefp^rceque ixiauuais Dreiuses & contre moy>
nBiouyrmfi &pourvotis mcline s^ vous n'au -
""^^ '^' ries pas befoin que ie m'explicafTe
dauantage , & ii y a defja long-
temps que vous m'auries entendu.
Mais pourquoy ne comprencs
vousrien en cette fa<^on dc parler
vn pea obfcure & refcruee dont ie
mcfuii iufqu'lcyfemicn dmerfes
occa{ios?Parce que les chofes mef-
ines que ie dis , & la dodnne qui
cftcontenuif delTousmesparoIeSj
Ijevouseil pas agreable , & que
vous ncla pouues lupporter. Ainfi
Tauerfion que vous aues contre Ie
Ie Tujet, vous rend la metliode &
& les expreflions de difficile ou
Icfus Chrifi felon S- lean. 36^ Cha. 8.
impoffible intelligence. Afin 1;^^;^^.^
elouc denVferplusde circuits. & -vo^^s ejics if
de vous dire tout rondement ce duhh , e5>
quciuiqu a niaintenant vous n a- f^ireies de^
ues pas voulu entendre , ie vous {'' '^\'f'^''
declare que le pere dont vous homicide dh
eftes ifTu , c'eftleDiable, & que mZTi^n^a
quand vous fakes contre moy de ^^yleTSri
fi mal-heureux complots , vous ^'i-'^r-ven-
r ' ' \ . i. -^in te n eft point
luiues les inclinations de voltre ejiiuy.Tou.
1 / r r t^i ies fois
pere , & voules executer les pai- ^uiipro/We
fions. Car d^s le commencement ;:^f J/^
du mondeil seft monftremeur- Z"'^/"-^- ^^'^^
trier, & amateur deielrulionau c^ pere de
{Imgj&dela ruinedes hommes, ''''''^'''^''
ayantfeduit Adam pour le preci-
piter en la mort^^ incite Cain a
tuer Abel fon frere; &:depuisil a
toujours porte les liommes a de
lemblables actions. Etvousmon-
ftres encore par le mepris que
vous faites de la verite que ie vous
annonce ,quc vous eftes defcedus
Cha. ^^66 ParafhrafefurtEHangilede
cie cet eftoc.Car & en fes adions&
en fcs paroles il s'eft toujouis de-
taurnc de laverite^^parce quau de-
dans il ne Taime point , & qu ileft
profondementimbu dliabitudes
toutescontiaircso Quanddoncil
profere menfbnge, ilfuitencela
Ton genie. Dautantqu'il eft na-
turellementmenteur^&que d'en-
tre routes les creatures douijcs^
d'intelligence,il a le premier men-
tis ii a depuis irifpire le menfange.
aceux qui Font voulu imiter, &:
il le prouignc fans cefie dc tout
fon pouuoir, de forte que tres-rai-
fonnablement il en pent bien
t. 4f- eftre appelle le Pere. Pourmoy,
Mais pie - \- ^ ■ i f - /r*
dy -veriii ic dis toujours la veritc : mais aulii
vous ne me croyes point : parce
que la veritc que ie vous annonr.
& le menfonge dont v^ roy
imbus par la cornm^^^^ ^|u\:
lejhs Chrijl felon S. lean] 3^7 Cha. 8.
vous aues auec voftrc pere ^ ne fe
pcuuentaccorder cnfemble. S'll f- 4<-
n en elt ainli^ dites moy:, qu elt-cc luj^d-entre
qui vous empefchedereceuoir & 7e^re^2TL
d'embraflfcrce queie vouspropo- ^''^j' ^M
l r r te dy vertte,
fe aepuis 11 loe- temps? Aues vous pow^uvy m
a dire quelque chole contre ma vom?
perfonne & contre mes adions,
qui vous oblige a foupcjonneria
verite de ma dodrinc?Que fi vous
ne pouues me redarguer , ny mc
conuaincrede riendetelyveuque
ienevous^nnoncerien quela ve-
ritC) a TeuidencedelaqucUe vous
nefaurics refifter , pourquoy ne
me croy^svouspas?Nefaut ilpas
que cela vienne de cette inclina-
tion au mefonge, & de cette auer-
iion contre la verite que vous
aucs tirces du principe de voftre
Hire ? Certainement , comme ie *• ^t*
ay def-jadit,ciiaqueenc6t T>ieH.Hf>yt
_ • V 1 1 r* les paroles de
^ii<i^.j wort a la nature de la cau- p;>« . ^
Cha. 8. 5<i8 ^araphrafepr I'Euangile de
paundtvou^ fe ^chaquepere tranfmet quelque
pinHacJu^ chofe de fa reflemblance & de fes
^v/"//^^S inclinations a fes enfans. Ccluy
de Dieii. Joiic qui eft ne deDieu, commc
vous vous en glorifies, doit auoir
des difpofitions conformes au
principe de {^on extraction , & ce--
luy qui a de telles difpofitions
ecoute indubitablement fes pa-r
roles. Puis done que vous^ne les
ecoutes paSj& que vous ne les vou-
les pas receuoir , il fautbien ne^.
ceffairement que vous ne foyes pas
nes.de Dieu, & qu'en celavpftre
^, 48. vanterie foit vaine. Alorsles luifs^
iufffl7pon- emeus dece que lefus leur parloit
dtre7it.^!uy.^i^{^ ffancliement ,-& oiitrcs dc
difons nous colere de ce qu il les accufoit d*e^
^tuesTalZ ftreenfans nondeDicu, mais du
J^'^^^^^^^^^^^ tenir en luy
^^^? refpondant de s'emporcer en des
{)aroles merueillcufenient ijifo-
entes & outrageufes. Ilsluydi-
lefus Chriji felon S. Udn, 3^^ Glia, S.
rent done demy en fureur: N eft-
ce pas auec toute fbrtedc raifon,
que nous te tenons pour vn Apo-
ftat, vn fceierat^ vn homme ex-
communie de Dieu^ commc \z%
SamaricainSj (carilsauoient cettc
nation en horreur, &Ia tenoyent
pour maudite de Dicu & des
honimes) & quete vantaiit d'cftre
cnuoye- du Pere celcile , & de nc
parler que par fes infpirations :»
c'eftle Diable&rlespuifTances de ^^ ^,^
rEnferquit'ap-itentPVn autre cfue i//^^^^^^/'^^-*
1 ^ n p dtt, le nay
lelus euft peu eftre emeu de cxs point usi"
. 1 atrox:eSj& 11 Icandsc^ iionmonFe^
Jeux. Mais enpartiefahautema- Z'eMshJm-
gnanimite, en partie iJ^'douceux ^'^'
&fa debonnairete incoinparabk !,
firent qu:c|)our'<:es iniii es de Sa ►
maritain^ d'Apbftat, & d'excom-
munie, il les laifla pafl'er fansy reC-
pondrc^ comrne fi elles nel'cuf-
fent pbint touche ) & pour le refte
Gha. 8. 370 ^ardphrafc fur I'EmngtU de
il (e cdntenta de leur rcpliquer
ainfi : Vous vous trompes mer-
ueillcufement ? Ge n'eft pas le Dia-
ble ny Igs Puiflances de TEnfcr
qui m'agitet. Maisrhonoremon
Perc^cnenfeignant fa Verite, 5c
en monftrant qu il n a point de fi
mcfchansenfansquevous.Ceque
ie ne dis pas pour vous deshonorer
quant a vous : mais par ee qu il luy.
feroit ignominieux de vous re^
connoiitre pour fon lignage.
Pour vous, en mlniuriant ainfi,
vous ne vouspropofcspas de rho-
ndrer; mais vous aues pour but
depandre de Tinfamiefur ma per-
Or ie ne ionne. Si I'eftois tcl que vous le
cherche point . • / a 1 n"-
mag!oire:ii VOUS imagmcs , & que mon del-,
lhlrche[ ^ f<^i^ f»^ft de chercher ma propre*
5«i en iuge, gloire,& de me procurer de Thpn-
neur, vos calomnies me toUchc-r
royent, & mon reflentiment m'o-
biigeroit a les repoufTcr com me
clles
' lejus Chriji felon S. lean. 5*71 Cha, 8.
lelles meritGnt. Mais ce n'eft pas ce
tjui me meine maintenant ; ily a
cjuelque autre que moy qui a mon
honneur en recommandatiori:, a
la bonte & iuftice duquel iera'en
remets. Il iugcra de la facjon dc
laquelle vous me traittes, & don-
nera'^a chacun fa retribution & fa ^
recompenie. Tout ce que vous £» w/.
me dices ne m empeiciierapasde ^ousdiy que
vous inculqucr, & de vous atteftcr ^^f^"\^^2
auectouteslesafleueratiosimagi- *f ne ven^
nables^& pour voftrefalut^fi vous f^^^r^
levouliesainfi , &^ quoyquil en
foit, pourm*acquitterdelacom-
miflion que mon pere m'a don--
nee ) que quiconquc receura ma
dodrine, &Iagardera perfeue-
rahiment^ n eprouuera iamais la
mort,quoyquilfeniblequepieu ^ ^^^
y ait affujetty toutes chofcs. A ces ^f"/ {''
paroles les luits temoignerent de rent , mam-
«♦ ,n . rt r tenant nous
Icltoijnemcnt, & peaierent que cognotjr<mi
A a
IClia. 8.372. Pardphrafefurl'Euangilede
^uetfs m k lefusleurauoitluymefmefourny
tZhlm 1/? ^^ J^^^^y^J^ ^^ f^i^^ voir que cc
mart, & hs neitoitpas pariniure^ny par pre-
JFf0phetes:& . . . *l j-t
tu dis , Si cipitation cle courroux , qu li^
Zr'piZi] % auoyentdit leschofes quei'ay
^^^ ""^ s''*^'^^ dcsh rapportees. Gar il Icur fern-
mon. bloit qtVil talloit eltre non leule-^
ment hors de fon bon fens, mais
tout a fait furieux, S^poflede par
le demon mefme^pour promettre
des chofcs fi eloio-nees de raifon
&dapparence. Quand, dirent-
ils, nous n'en aurions eu que de
foiblts & incertaines prefomp-
tions par le paffc, nous voyonsa
eette heure clairement , & le iu*
geons par des preuues indubita-
bles, que c eft le Diable qui te pof-
fede, &quit'in{pireceque tu dis. .
Nous ne te dironspasquelesau-
tres do6tcufs de noftre nation, ne
promettent ricn de femblable a.
leurs difcipks. Car nous f^auonsj
Tefi^ Chfifv felon S. leafi. 375 Clia* 8-
bien la bonne opinion que tu as
de toy mefme, & comme tu t'c«
leues au dellus d'eux* Nous te
mettrons en auant des cxemples (i
illuftres & fi glorieux^ quetu au-
ras lionte de t y comparer. Tu
f<jaisquela efte Abraham : tufc^ais
quels onteft^lesProphetes. LVn
a efte Patriarche de noftre nation^
le modelle de la foy que nous
deuonsauoirenDieu, Texemplai-
re de noft re piete & de toutcs nos
vertuSj celuy qui a receu les Pro-
mefles. Les autresont efte fouue-
rains Do6teurs en Ifrael, &d'vne
autorite tout a fair indepedante^
fors de celle de Dieu mefme. Et ce
pendant eux mefnies font morts^
tat s'en faut qu ils ayent peu com -
muniquer rimmoitalicc a perfoa-
ne. Au lieu que quant a toy cu dis,
<^ue fi quelcun re^oittadodrinej,
& la garde perfeueramment, il ne-
Aa :&
Clia. 8. 374 ParaphrafcfurtEuangilede
EsJ\s prouuera iamais la mort. Es tu
grand que Joiic dIus grand & plus puijGTanc
nofire perg > n ' n All
Abraham quc D a clte noitre pere Abraham,
C:;iw qui eft mort, ou quc Ics Proplie-
^tifi jont tes, qui font aufli mores? Qu'etti-
faistu toy xnes tu de toy melme, ou quelle
opmion veux tu que nous en ay-
ons , que tu t'eleucs fi haut par
defTus de fi grands perfonnages?
ufui ref-. A quoy lefusleur refpondit. le ne
we gior:fie m atcriDue rien outre melure y &
^ril^ri^'»'* (lie medonoisquelque louange,
,(iyien:mon qu-elqucauantage . quclquc gloitc
^«/;7;#^/^r/- qui ne mappartmt pas, le Ic^ay
^voHs ^""dZs bien que de cette vanite il ne me
qutitfi vo. feuiendroit rien. La vraye eloire
de qui que ce loit , ne contiite pas
en la magnificence des paroles par
iefquelles il fe recommande loy
mefmc. Eticn'aypointamemet-
tre beaucoup en peine de me rien
attribuer pour m auantager. C'eft
lefus Chr'ifl felon S. lean. 375 Cha. 8.
nion pere qui prend le foin de mc
procurer gloire&louange^ celuy,
dijc, duquelvous vousvantes or-
dinairement qu il eft voftre Dieu. f- $s.
Mais c'eft a faufles enfeignes que u co^ZfZ
vousle faites* Car s'ileftoit voftre ^"'^ * "^T
Dieu, vous le connoiftrics, & tou- cognoy:^fiie
tesrois vous ne le connoilies du Ucognovfott
tout point, le Icjay bien que vous ^^ f^yuyi^
vous imagines lecontraire^ par ce ^^^/^^-^'^^
quil a traitte les alliances auec & garde f^
vos pcres , Sc qu il vous a laifTe fes
oracles en depoft. Maiscelan'eft
pas afles pour fc van ter de fa con-
noiflance , fi on ne Thonore ^ & fi
on ne le fert, & fi on ne s'afFedion-
ne aux cliofes lefquelles luy font
agreables. Etquiconquefeglori-
fie de connoiftre Dieu, fans fairc
fa volonte, celuy-laeftmenteur.
Quant a moy ie le connois tres-
bien. Et ii ie difois que ie ne le
connois point, ie ferois mentcur
Aa 3
Cha. 8. 37^ n^araphraJeJurl'Euangilede
comme vous. le voy bien que
vous ciTayes de me decourager
parvosiniares, &de m Intimider
par vos complots , afin que ie die
queieneTay pas bien connu iuf--
xju a cette heiire, ou au moins alia
que ic fupprime la connoiflfancc
que ie dis que i'ay dc luy. Mais
cela ne ie peut en faxjon quekon-
que. Car dVn cofte ie le connois
treS'parfaitement ^ &c de lautrc
ie garde fa parole tellemcnr, que
ie luy rends vne obe'iflfanee rou-
te entiere. De forte que m'ayant
ordonne de publier la connoif-
fance que i ay de luy , vous me
voules obliger a vne chofe qui
parce qu'elle eft; contre mon de-
Mrah^M uoir^ m'efl: abfolumentimpolli-
r.S"V. ble. Pour ce qui eft d' Abraham,
defir devoir que VOUS apDellcs voftrc pere^ &
ioumee. & a qui VOUS trouucs cftrangequc
^'*^fiffim> ^^^^ ^^ prererer^ s li auoit eu la-
lefus Chrifi felon 5. lean. 37^ Cha. £
uantage que vdus aues mainte-
nantjde me voir, & de m'enten-
dre, & d apprendre de moy Ics
chofes que ievous veux enfei-
gner, il en feroit autant d'eftimc^
& me venereroit autant, que
quant a vous vous en faites de
me(pris, & que vous conceues
d'horreur & d'indignation contre
ma perfonnc. Et ce quil a fait
autrefois en eft vn indubitable
tcmoignage. Car ayant receu dcs
PromefTcs dans lefquelles eftoic
contenue Tefperance de la ma-
nifeftation de ce temps auquel
ie parois deuant vos yeux, quoy
quil nc I'aperceuft quobfcurc-
mcnt, & quil nenrcconnuftpas
a beaucoup prcs toutelexcellen*
ce^ fi eft ce qu a peine £<jauroit-on
fuffifamment reprefcnter au-cc
quelle ardeur il a defire d'en voir
raccompliflement. Les defirs les
Aa 4
Glia. 8» 378 ^araphraje fur I'Euangile de
plusvehemens, &c quiontaccou--
ftume de fe temoigncr par Ics
geftes&Iesmouuemensdu corpse
(^comme chacun fcjait qu en cetre
violence agitation des e{prits, les
membres louiFrentordinairemec
quelque commotion confidera-
bleO ne font point a comparer a
Tauiditcquilaeue devoir la iour-
nce de fon Seigneur. Et Dieu, qui^
bienqnilen euft r^fefue la claire
reuelatio a la plcnitadc des temps,
n'a pas voulu fruftrer le defi r de cc
Patriarche, ny luy refufer abfolii-
ment ce contentement^, luy en a
fait voir quelques efTais , en des
apparitions extraordinaires &c e-
merueillables. Et il n eft pas be^
(bin queieles vousremarque plus
particulierement. Vous pouues
fcjauoir apeu prcs ce qui en eft par
la ledure de fon hiftoirc. Or a-
t-il fait paroiftre vnegrandeioye
Icfus Chrifi felon S, learu 375 Cha. S*
& vne extraordinaire exultation
deso efprit en dc telles occafions.
D ou vous pouues aisement re-
cueillir ce qu'il euft fait s'il euft
veu de fes yeux la parfaite mani-
fcftation de cc dont il n a veu que
les eiTais^&^parmaniere de dire,lcs ^
ombres. Quoy que ce propos de i-" ^^'>^'
noitre Seigneur ne tult pas du tenuTun^a,
tout fi clair qu'il Feuft peu rendre ^^T^uTnu^
sil euftvoulu.fieft-cequeceuxa '^»^'C^/«'«
qui il parloit entendirent bien , ^^»^i
qu'iI vouloit leur infinuer obfcu-
rement ^ qu Abraham auoit eu
quelque connoifTance de faper-
fonne, de quelque fac^on que cc
full. Ce quetrouuanscftrange&
abfurdaudeladetoute imagina-
tion, a caufe de Imterualle de tant
de fiecles qui auoyent coulc de-
puis la mort d*Abraham iufques
alors^ ilsluy repartirent en cettc
forte* Nous neJf^auons pas preci-
Cha* 8. 580 ParaphrafeJurtEuangilcde
(emcntquelaagetu as, &aconfi-
dererton vifage, il nc femble pas
que ta fois encore fortaagc. QiiPY
qu il en foit,a toute cxtremite, m
iie fqaurois auoir cinquante ans^
&cunousveux faire accroirc que
tu as veu Abraham ! Il faut eftre
hors de fon bon fens^, & pour
"^'^ Jf- auancen&pourreceuoirdescho-
dit:Enve' les dc ccttc Hature. Alors lelus^
TitZmly, quidVn cofte leur vduloit mon-
hfuu, leurconte,cnraironnant delafa--
^on y & de Tautre parler tellement
* defa diuinite, qu'il la leur laiflfaft
pluftoft a recueillir de fes propos,
s'ils en euflfent eftc capables^ que
non pas la leur enfeigner tout ou-
uertement,en la diftinguant net*
tement dauec fon humanite, fc
contcnta dc leur dire. Sll n y a
que ce grand intcrualle de temps
qui vous empefche de compren-
lefus Chrijl felon 5. 1 cm. 381 Cha. 8*
drc ce que ie vous propofe , peu de
cliofe vous arrefte 6c vous emba-
rafTe. Carcnverite ievousdis, &
vous Ie deues cenir pour vne chofe
tresindubitable^ que I'ayefteauac
qu Abraham fuft , & que vous
vous trompes merueilleufemeBtj
quand vous iuges de Tantiquite
de mon cxiftence par mon age, ^
Alors ces rens ne fe peurent plus -^^^''^'=' *^
*^ « f^^ >/ 1 prindrentdes
coatenir , que leur rureur n ecla- pierre,, ^our
taft: de forcequelaiffantlalespa- ^^^Z
roles, ils fe mirent a leuer des pier- f"/^' '""'^f
res pour les letter contre luy , com- Tem^u.
me ayant prononce blafpheme.
Mais lefus, qui n^eftoit expose a
leur rage finon autant qu il vou-
loit :, les empefcha d'executcr leur
mauuais defleia , &s'eftant cache
de deuantleurs yeux^ ils'ccoula
doucement du milieu d'eux , &
fortit hors duTemple. Tcllement.
qu ayarit palTe au traucrs d'eux
Cha. 8. 38r ^araphrafe fur l'EuangiIed€
fans qu'ils luy fiflfent aucun md^
il s en alia dc la force.
CHAPITRE IX,
mnefuspar- ^^^R commclefustrauerfoit
ime ^«^«. ^M^idans ies ruesdelaville, u
^^y^»*- (^^.^..^appcrceuc la vn certain
homme aueugle des le ventre de
fa mere, qui imploroit Tafliftance
jEifesMfci- & la charite des pafTans- Et com-
^InlTuli ^^ fcs Difciples qui le fuiuoyenc,
fre^quiaje. virettt qu*il iettoit Ies yeux fur cet
€j.oufespa- homme, lisenpnrent loccahon
w^;^f«^/^. de Imterroguer, pour auoir dc
luy la folution d Vne difficultc
qu'ils ne croyoyent pas eftre de
petite cottfequence. Ilsiuydirent
done : Maiftre^ il n'y a point d ap -
parence qu vne fi grande calami-
ce qu'eft celle d'eftre aueugle de
lefus Chrifi felon S. lean. 3S3 Cha. %
naiflance, foit arriuec a ce poure
miferable, finon pour quelque
grand & confiderable peche. Di-
nous done, s'lkeplaift, a qui on
doit impiiter la caufe de fa mifcre.
Eft-ce ; comme quelques vns ont
cette opinion des ames^ qu'elles
paflent d'vn corps en vn autre;
que cettuy-cy , du temps que fon
amc eftoit dans vn autre corps,
ait commis quelquc notable pc- ^
che dont il porte a cette heure la
punition ? Ou bien fi cc font fon .^-^ "
pere & fa mere , qui foit conjoin-
tement, comme il arriue en qucL
ques rencontres, oufeparement,
ayent commis quelque faute qui
ait attire lire de Dieu fur leur en^'
fant? Il ne faut pas douter que fes
difciples ne s'attendiffent que le-
fus par fa refponfe s'engagerbit aii
moins dans la refolution de IVne
de deux grades difficultes. Car s'il
difoit que c'eftoit Taueuglc qui
auoit peclie:, il donnoit gam dc
caufe a ceux qui teiioyent la me-
tempfychofe , & s'obligeoit a
leucr toutes les abrurdites& tou-
tes les mauuaifes confequcnces
qui fuiucnt de cette opinion. S*il
imputoitlacaufc defon aueugle-
ment aupechcdefes parens , ilnc
pouuoitj celeurfembloit, euitef
de leur demeflcr la queftion com-
ment la punition des peches des
peres & des meres peut tomber
tefJ^ref ^^^^^ ^^^^ pofteritc. Mais lefusj
ponMt : Ne q^i voyoit diuinement clair eri
I'echl.nefes toutcs chofcs , auoit accouftume
TeftTfmque dc dounct des refponfestoutau^
t'/^^'T''^^ ti^es que les hommes nauoyent
mantfefl^es pcnle. Satts clonc touciier, uy a u
^^ '''^' metempfychofe, dot ils deuoyent
reconnoiftre & rejetter Terreur
d eux mefmes, fans fon aduertil-
fement ; ny a la queftion de lim-
. y lefus Chrifi felon S. lean. ^8j Clia. %r
jputationdespechesdcsperes aux
cnfans,fur quoyla diuine Parole
leur donnoit d'aflcs clairs enfei--
gnemens, illeur refpondit ainfi.
Ce n'eft ny pour fon propre pc-
clie , ny pour le peche de fes pa-
rens, que cet homme nc void
goute. Cen'eftpourtantpasquil
ne foit pecheur des le ventre^
comme tous les autres le font : ny
que fon pere & fa mere foyent
exempts de peche non plus: car
tout le monde en eft coupable.
Mais c eft que Dieu n a point eu
d fgardaaucun peche particuUer;
fbitde luy ,foit deceuxquirpnt;
engendre , comme vous le, vous.
imagines, pour TaifBigei: comm©
il;a fait, ,11 a eu c-e delfein de lei
choifir pour cftre vn des fujcts
dans lefquelsii yeut faireparoi-
lire la grandeur de fa piiiffancc
dans la ni?rueille de fes adions.,
urer.
Cha. 9. 3§5 ^araphrdfe Jur I'Euangite de
MmtjLt Gar ilm'aenuoye pour faire tou-
fMuUso^H. tes forces de grandes & miracu-
quim'^en- Icufcs opcratioHs pour Tilluftra-
"qu'iUfihtr. tionde fagloire, &pour la con-
L^ nuia firmation de ma Miffion : & il en
Viet que nut
pern oH^ aprcpan61efuje£t&la matiereeh
grand nombrc de perfonnes que
vous voyes en ce temps, affligeesi
de diuerfes fortes de fleaux, & qui
attcndentmon affiftance. Il faut
done que ie guerifle celuy cy,quc
la Prouidence dc mon Pere me
prefente, & que decettea6tioni6^
vienne aux autres qui me font af-
fignees pour Ie temps de monfe-
jour icy bas. Car ce temps la eft
comme vne iournee qui m'eft or-
doriiiee , pendant la lumitre dc^
laquetle ie dois iritfetfammenttfa-
uaillcr aux deuures de celuy qui
m'aenuoye. Quand ce temps la
fcra palTe , & que ie mcferay reti-
re , ce iera commc la nui6t / en
laquellc
IefusC%ri]l felon S. leM. 585 Gha* 11
laquelle tout le monde (t rcpofe,
nul ne pouuant trauailler pen-
dant fon obfcurite. Lors done
que cette nuid: la fera venue , ic
cefleray dagir de la forte 5& nc
feray plus de miracles comnie Ten
fais maintenant. Tandis que ie ^;^J' ^.^
fliisau monde, ie fuis lalumiere '' /«" ''^
d, I monde , ie
u monde ^ & pour le corps & >« u lu^^
pourlefprit. A cet hdrnmeicy Zlndt^^ -
ie rendray la lumiere corporelle
en leguerifTant : aux autres i cclai-
reray Tentendement par la fplen-
deur de ma do6trme , & par les
rayons dc ma verite. Et ce que ic
m*en vay prefentement exccuter
en fon corps ^ vous fera vn fym-
bole & Vn argument de ce que ie
feray pour les ames. Aulli-toft f, g,
qull cut proferi cela , il cracha ,,^;^:2!
contre .terre^ & puis ayarit peftri '^ ''^^'^f ^
vnpeu depouliiereaueclaiauue,^^ u boue
ilenfit de la boue, qail r^maffa % ci^llZ
Bb
Cha- 9- 388 PardphmfefurtEuangiUik
yefixdc va- ^^ oignit ou cnduifit les yeux dc
1 aueugle qui eftoit la prefent. Ce-
la fait, il dit incontinent a Taueu-
glc , Va-c-en : laue toy dans le
iauoir qui fe fait des eaux de la
fontaine deSiloe.Or choifit-ilce
f, 7. lieu la particulierement, a caufe
yf.v w 4e I etymologic de ce nom. Car
/r» Iauoir %\\q^ figmfic , Enuoyc I cc qui
de St he 9''** ^ . /- ^ "^ ^^
't.^?#r^«fz««f eltoit rort propre pour reprelea-
^»2«^k'. //;. cer que comme par la vertu ks
; w':'S cauxqui portoyentcenora, fer^
reuint z'oy. uitoient a U guerifon de Taweu-
glement du corps; la Grace & la
verite de luy qui eftoit veritable-
mcnt tEnuoyedc Dieu, gueriroit
Taueuglement fpirituel dont les
ames des hommesfont naturelle-
Hient faifics, L'aueugle done
obeiflant a fa parole , sen alia ^ &
felaua comme il luy auoit dit, &
s eftant laue ils'cn retourna voy-
ant.
tcfus Chrifi felon S. lean. 383) Cha. pJ
Snt jCommc fi iamais il n'euft eftc
priue de la vcue. li ieuft feicn
gucri s'il cuft voulu , tout fubite-
ment, fans y employer nyle lauc-
ment de Teau , uy roigncment dc
la boue. Car fa puilTance n'cftoic
point attachee a ces chofesexte-
rieur€s , &c dVlles n:Lefmes dies
n'auoyent aucune vertu pour pro-
duire vn fi grani effec. Mais ou-
tre la raifon partjculiere tiree de
la fio-aification du nom de Siloe .
lefus auoit cncorc*deux autres rai-
fons dVier de ces moyens exte-
rieurs en ces operations miracu--
Icufes. LVne eft , que ces chofcs
externes frappant lesfensdesafli-^
ftan# , & Teffed: miraculeux s*en
enfuiuant incontinent apres , let
prit dc ceux qui voyoyent k mira-
cle en demeuroit d'autant plu#
viuement conuaincu^que c'eftoir,
nofilcmoycn externeccrtes, qui
Bbi
lauoit produit , mais la verm
de celuy qui Ty auoit voulu em-
ployer. Autrement fi lefus euft
fait fes miracles fans quclque tel
argument de fon operation, on
neuft iamais manque derappor-
ter ces effcts a toute autre caufe.
L'autre eft , qu'encore que ce ne
fuflent aucunement ces moyens
quiproduifoyent les miracles , fi
eft-ce que par quelque foible a-
nalogie qui fe trouuoit ordinai-
rement entre leur nature, & la
nature des miracles mefmes^il
vouloit aduertir Ics hommes que
par tout ou ils peuuent fuiure
Tordre que Dieu a mis entre les
cliofes, ilsnele doiuentpasnegli-
gcr , mais appliquer chaque chofe
a Ivfage & a la fin a laquelle la Pro-
uidence de Dieu la deftirfse. Ainfi
a-t- il appellc les morts par Jeur
m pour les reflufciter, parceque
lejus Chrifi felon S. lean. 39I Cha. %
la morteftcommevn fommeil,&
que rien ne reueille fi toft vn honi-
me de fon fommeil , que quand
onluy fait refonner vn peu hau£
sopropre nom aux oreilles. Ainfi
a-t-il mis les doigts dans les oreil-
lesdesfourds, pourlesdeliurerde
la furditc , par ce qu'on elargit &
qu'on dcbouche dc la forte ks
conduits que quelques empefche-
mens tienneht etouppes. De quoy
il {e pourroit encore produire
quantite d autres exemples. Heft
vray qu il femble que de la bouo
n a pas grade correfpondace auec
la guerifondesyeux. Mais outre
que la faliue d vn hommefain &
fob re tout enfemble, a quelque
chofe de fort doux , & de fort
propre a deiTiller des paupicres
que quelque humeur gluante a
coilees Tvne a Tautre, la pouffiere
que lefusy mePian*cfticy confide-
Bbj . ^
Cha. 5?. 39^ l^araphrap furtEuangileJe
reeque comme le corps qui don^
lie la confiftaiace a roignement.
De forte que le Seigneur a voulu
cnieigner par la, non quec'eftoic
ce liniment, & le lauement qii il y
adioufl:c,quigueriffoic cet aueu-
gle : car la nature de fon mal
le rendoit abfolument incurable
aux pluspuifTans & plus efftcaces
medicamens : mats bien , que la
ou les oignemcns & ks coUyres
peuuentprofiter , il lesy faut eto^
ploycr',.con£ormen3L€nt a Tordre
que Diiu.a mis dkjisles cliofes de
or'iesvffi' la Natui^e; :Ma}is;poui: recouTiieif
iZfarZl aiir€citi.tk noftre? liiftoire , brs
suct^ntvef, qiie lei.voifirfs d'u lieu oil cet
a^.cugie,di. homme Letcnoit ordinairemenr,
cepa^cej^^y.. & gaijeralemcnc rous ceux qui
ZfT'^^qtlt 1 auoyentauparauanc conu aueii-
9»-.eUioti? glc:, virem: leehangement qui lui
eftoit arriue^ ils furcnt tellement
furpris d'eftonnement, qua peine
Icfm Chrifi felon S. lean. 3^5 Cha. 5^.
fe poiiuoyent-ils perfuackr que ce
fuft luy mefme ; de forte qu ils
s entredemandoycnt les vns aux
autres^ N*eft-cc pas la ce mifera-
blequi fe tenoit affis fur le paffa- ^^
ge, & qui mendioit ^ Et les vns di- l«^»* '^-
ioyentathrmatmement.c eltbiefi cejiuycy-Et
uy ilesautres^encorequ ilsvilient ^^.^^, j^,,,
bien que c*eftoit lay, ne lofoycnt <^» '^^jf
nourtant afleurcr ouuertement, lu.uydi.
& le cotentoyent de dire jCe n eit ,,^
peut eftrepasluy;mai> ccrtesil luy
reflemble. Mais luy, qui les entcn-
doit ainfi parler, faifoit tout ce
qu il pouuoit pour les titer de leur
fufpens, &difoit; Ceftbienmoy
*mefme , fans doute , & non autre, ^ ^^^
Conlirmes <ionc qulls furent pat* , ^^^ ^*''»^
^ X -1 1 a&ncy Corn-
ion propre temoignage, lis luy ^^^^/o^j^irj^/
demanderent alors : Comment ^^;<;^
cela t'eft-il arriue , que tes yeux
on t elle ouuerts, &c par quel mira-
cle eft- ce que la Veue t'a eftc ren-
B b A
ouuerti tes
cpuur& U
Cha.? • 3M ^ draphmfe fur I' Euangih dc
^ jj diie ? A quoy fans tergiuerfcr if
linfpondit, xepondic incontinent, &leurrap-
C.eji horn- l ^ F
w^ , ^«w porta tout naimementcomme la
TfJ/del^ chofes'eftoitpaflee, Ccthommc,
^rii^Z ^i^-il^ qu on appelle commune-
jeux^m'a xncnt Icfus, a faitdelaboue defa
Unoirdesi. \d\vac aucc vn peu de pouiiiere,
loMe^ Et iy P^is apres en auoir doucemcnt
/"'Vw' ^ frotte mes yeux ^ comme fi c eufl:
'V ^^ cftc quelque oignement. il ma
dit^ Va-t-enau Lauoir de Siioe,
&te laue. le m'y en fuisdoncallc,
& me fuis, comme vous pouues
penfer, trouuemcrueiUeufement
& ioyeu^ , &r cftonnc ,.de ee que
fans autre fa^on Tay en vn mo-
Adonciu ment recouuie layeiie. Alorsils
oiefie^efiuy G^c rurent pas moms lurpris d ad-
miration que luy, & delireax plus
qu on ne fcauroit exprimer , de
voir rauteur de ce miracle ^ ils luy
demanderent:Ne f^aurois tu nous
dire qucfl; dcuenu cet hommela^
f. II.
latf tidit: ie
lefus Chrijl felon S. lean. 395 Gha. 9»
& ou il eft maintenant ? A qlioy il
leur refpondit : Ic ne f^ay 3 car en
racn allant au Lauoir, ie Tay laifse
au lieu ou il m'auoit oint les yeux ,
& n ay point appris depuis ou il
fe peuc eftre retire. Alorsnefe ,f*^^'
r lis I ame»
mettant pas en peine de le cher- nere^t mx
cher, maisextremement perplex ceinyc^uia-
r ) ' . »*l ^ uoif autre-
lur le lugemenr qu lis auoyent a ^^^^ ,^i ^^
f aire & de luy & de fon adion , ils '^"^^^"
prirent cethomme^quiauoit efte
aueugle auparauant, & le mene-
rent aux Pharifiens, gens de gran-
de reputation parmylepeuple3&
dont en grande partie eftoit com-
pose le Confeil, a celle fin que ce-
luy qui auoit eftcgneri, ayant
rendu temoignage de ce qui
sxftoit fait en fa pcrfonne , & ap-
paroiflant ainfi ccrtainement de
la verite du fait, ils viffentceque
les Pharifiensen prononceroient.
Or eft icy a remarqucr vne cir- or'edaitti
Ch3. 5^, 39(J ParaphrafcfurtEuan^lcde
li^lltfr conftance notable encette hiftoi-
frnttUBaue^^ jp & Qui fcfa dc ersocfe importa-
<*tK«»««r las ce pour ce qui arriua depuisrC'eit:
'^^^**" que quad kfus fie de la boueaucc
fa faliue & de la pouffiere , 6c quil
ouurit les yeux de Taueogle , il
eftoit ionr de Sabbat :» auquct les
luifs ne fairoync aucune oeuure
t„ n^ de Icnr mains. Quand done cet
^^d^ homme fat en la prefence des
I'im^o^t^ Pharifiens , & que ceux cmi ly
we^fcom- .auoyeint conduiXjen eurentexpo-
m>it ttmu>- seIacaufe;quoy qu'ilsIeureufTent
^^wTf* ^it que le perfonnage arteftoit de
!fe "^u ZZ "'^ ^^^'^^^^"^ ^'^ guenfon^fi eft ce que
fMrms^y,cu.x ks Pliarifieus en voolurenteftre
limi^ ^ie mrormes de la proprc Douche^
^^" &qu'iIsrinterroguerent derechef
fur la fa^on de laquelle il auoit
recouurc Tvfage des yeux. A quoy
il refponditclairement,& brieue-
mentpourtant, commevn lidme
que de fi frequentes int crro gatios
lefus Chrijl felon S. lean. 35)7 Cha. ^,
comen^oyenta importuner. Il a,
jdit- il, mis de la boue fur mes y eux:
dc la ic m'en fuis alle me lauei:
au Lauoir de Siloc : Vous voyes
vous mefmele refl:e,c'eft que par
ia grace deDieuie vay.LesPhari- jp^t^'«,^'f«.
fiens auoyent bien monftreiuf- ^«f^"^^^-
/ njiens at'
quesilorsvne extreme malio-nite, /^^>«^ c'*/^
& vneobitmanommnciblecnde point di
seblablesoccafiom.-maisen celle- ^e'gardc7e
cy ihs'y furmontcret eux mefmes. ^^^^^'^"^•!
S'lls euflent peu chicaner fur la (dent.comet
yerite du fait, ils xiyeuffentpas S»J^^/
' X T 1 ''^ viuant fat-
manqu^.Neiepouuantpas,acaur ^, ,,,fyr.es
fe dela prefence deceluymefme fy .''''^'!
"V r . T "• loll dtjfenfiQentr
qw autz^itlenti le miracle^&dela ««^-
certitude du tenloignagc quilea
rendoit, ils fe mircnt a pontiller
j[ur la circonftance du temps,
commefi la reuerence du Sabbat
euft rendu ceite action illicitel
En quoy ik monftroycnt bictl
que la pallion les aueugloit. Car
Cha. 5>. 398 ^ardphrafe fur I'Euangile de
riy la Loy ne defendoit point ainfi
rigoureufemenc de faire fi peu de
chofe qu'eftoit vn peu de boue
peftrie de poulliere&de cracliat>
ny quand clle I'auroit defendu ^
cette defence qui n eftoit que cc-
remonielle feulement , ne deupit
point preualoir en cette occafion
fur la charitc qui encline les horn-
mes a fe bien faire les vns aux au-
tres. Quelquesvnsdonc des Piia-
rificns difoyent > Qi^py qi^'il ^^
foit, & quelques oeiiures qu on dia
que cet liomme la fafTe, aflfcure-
ment il n'eft point enuoye de
Dieu : car ilne garde point fes or-
donnances, & nobferue point le
Sabbat. Lesautresrefpondoyenti
S'll n eft point enuoye de Dieu^,
puis que neantmoins il fe vante de
reftre,il faut qu il foit vn impo-
fteur, & vn mefchant homme,
de s'attribuervne iTiifTionde Dieu
lefm- Chrifi felon S. h-ayu 39^ Chas j>^)
que toutcsfois il n a pas. Or com-
ment eft il poflible qu yn impo-
fteur &: vn fcelerattelqucvousle
vous figures, fafle les fignes &Ies
miracles que ce personage la fait?
Dieu prefteroit-il.fa puiflance a
vn homme qui abuferoit de foa
riom aueetant deiacrilege? Ainfi
comme leurs fentimens eftoyent
partagss, leurs affedionsfe diui-
foyent pareillcment^de forte qu ils
cntomberentdansvnediffenfion
confiderable. Et neantmoins > *' ^^'^^
comme ficeuft eftcde concert, f ''''^f ^
lis tomberent les vns& les autres, T^yq**edk-
dans vne mefmc penfee , de qm ^rdl
f^auoir de celuy m^fme qui auoit '*''^^'^''''^
efteaueugle, queliugement il en
faifoit. Car encore quil nc fuft
pas homme de grande confidera-
tion, fi eft-ce que de part & d'au-
tre ils efpcroyent que ce qu il en
prononceroit confirmeroit leyr
Chi. pi 4^6 ^araphrafcfHrtEuangileJe
fcntimen»r, & s'attendoierit dc sen
preualoir concre I'opinion con-
traire. lis s'adrelTerenc done dc
rcchef a lay, & luy direnr: Ec toy,
que cette affaire la touchc de plus
prcs qu aucun, que dis tu de cet
homme, & que penfes tu quon
doiue iuger de cc qu'il taouucrt
lesyfux? A quoy il refpondit fan5
hefiter : Pour moy i'eftime que
c'eft vn Prophete, & ne m'arrefte
du tout point a ce qu ii n'a point
obferuc le Sabbat. Car nous te-
nons communement que les Pro-
phetes n'y ont point efte afluiettis
audi rigoureufement que les au-
tiaTus tresiiommefi. Alors parut bien
luifs ne quelle eft robftinationderefpric
de luy quii humain. Car CCS luirs la , qui nc
%ugie& conteftoycnt pas auparauant que
fiirccouufi 1^ ^j^^^^ ^^^^^ ^^^ f^-^^ comme
<^ues ^ ce onlaleurauoit rapportee. &qui
hnn$hf«re s arreltoycnt ieuiemcnt a la cir-^
Itfus Chrlji felon S. I em. 401 Cha, 5);
cohftance du temps y & a cctte ^ ^* ^«^
pretendue violation du lour aa^«fy
RcpGs i fe voyans defarmes dccct- ''''^
te raifon parlarerponfederaueu-
gle , & n'ofans pasnier vnc cliolfe
communement rcceue parmy Ic
peuple J qu*en diuerfes occurreccs
vn Prophete pouuoit negliger
robfcruationdu Sabbat; plu^oft
<juc d acquicfcer a la verite , ils
voulurent cnGore rcuoquer cti
doutc fi veritablemec ii auoit eftc
fait vn miracle. lis dirent done
qu'ils nc croyoyent point ny qac
celiiy-la euft efte aueuglc.ny qu il
cuftefte gueri, iu(quesacequils
en euflcnt oui dcs temoins
plus autentiqucs pour f^auoir s'H
ciloitainfi. Ainfi ils doxincrenc
ordre qu on allali appeller le perc
& la mere de celuy qu on difoit
auoir recouure la veue, afin qu'oa
!es ctttendift en plcin ConfeiL
Cha. ^' 401 ^dra^hrafefurl'Eudngileie
^ ,^. Eux done eftans venus, ils lesin ^
zt ies in- terroguerents^il eftoit vrayquib
difms\iE(i. euflencvn enrant qui eulteite a-
fii"que-uous ueugle des fa naiflance ? Ceque
^IniluZ cesgensayantineontinehtaccor-
^^'''""ifii ^^^ ^^^ ^^^^^ continuerent de la
mainteam? fortc Eft-cc doiic U voftrc fils,
<?/ pr/>^1^/^. que vcus dites eltre ne aueugle ?
Ec fi c eft luy , aues vous quelque
connoiflTance dc la fa^on de la-
quelle Tvfage de fes yeux luy a
uperTa* "cfte donn6 ? Aldrs ces deux po-
^iJ^imrTef- "^^^ g^"^ appeixcuans bien au
pondirent, toti dc ia voix, & a k fa(^on dc la-
2c^«;7^^«oI quelle Icsluifslesinterroguoyenti
Tole%'l quilseftoyent pleins de paflion
^uri a ejii ^j^ ^^^.^.^ affaire , & particuliere-
nient Ic^achans c^ que ie rappbrte-
ray tantoft dc la rcfolution des
luifsjils tafcherentdefeconduire
tellement en leut refponfe , qu ils
ne Ies offenfaflent point. lis leur
dirent done: Nous pouuons bien
vous
Ay^i Chrijl Jelon S, lean, ^oj Clia p:
Srous dire cer.tainemient que c eft
la nollrc fils , car ^ comme vous
pouues croire, nous le connoiC-
ibns bi^n. Ec qu il foic ne aueu-
gle , cxft cliofe cle laquelle nous
pouuons bien encore vous atte-
iter : par' nous Tauons toujours . .
veuteidepuisunaiflance. Mais ^^^^^^om^
'^ .1 ^ . / ^ me mmnte"
comment it elt arriue que main« nmtUvcit,
tenant il voye,&qui c eft qui luy a J^J' ,^
^ouuertlesyeux, c'eft chofc dont f^''^««"'^
nous ne pouuons ricn vous dire, ^^^^^^y?^-
parccque nous ne la l^auonspas. i-aage^inur^
Mais vous voyes qu il eft grand, ,X^;%'
& en 1 aage auqucl les hommes *'''^^'''
ont accouftume d eftre iuges ca-
pablesdc porter temoignage dc
quoy que cc foit. S'il vous plaift
dc i'interroguer, il refpodra enco-
re mieuxde'ee qHileconccrne, &
qui luy eft* arriue en particulier^
qti*il ne feroit de toute autre cho-
fe. Or en cela parut bien quelle t''a^,lc&
Cc
ChaT 5^404 Parkphrafefurl'Euangilede
/.....^..r/pviifTancc lapeur a furlesefprit^:
mrK^., Carnon feulement elle induifit
craignoietUi CCS gcHs a dilumulcr vnc cholc
^'llifs'Zoit't laquelleilsf^auoienttres-bien^ &
''f/^rf^ ^^^^^^^P^^^^^^^^ centre leur
le confejfoit proprc confcicncc QU iIs u'cn fca-
iifiroit mh uoyent ricn; maiscue les portaa
fiZgogut. " reietter pluftoft- far Icur fils Ic
danger que pouuoit caufer vne
relponle librc & ingenue:, qu a s y
engager eux mcfmes : quoy qu'il
eft arriue quclques fois que les
peres & les meres ont prefere la
feurecc de leurs enfans a la leur.^
Maistant y a que la craintequc
ceuxcy eurentdes luifs , fit cet ef-
fect en leurs ames. Car c eftoit
vnechofe diuulguee par tout,qu€
les luifsauoyentcomplotte &ar-
refte entre eux, queVil y auoit au-
cun qui ofaft confefler que lefus
cftoit le Chrift , on fulmincroic
centre luy la premiere excom-
J ejiis Chrifl felon S, lean. 40; Chzl^}
inuiiic^tion , qui eftoit d*efl:re
ictte hots de la fynagoguc^, &
qu on ledeclarerpit indignede la
fociete religleufe des Ifraelites. f. >?;:'
Voila pourquay le pere & la mere Juf^^onfL
de raueugle, craighansque leur 'it.tTI
refponfe he les enlacaft dans ce '^^^''»^w>-
mauLiais & ignommicux euend-
menc , renuoyerent rinterroga-
tion a leur fils., en difant ^ Iletl
grand:, & a de I'aage , demandes
luy a luy mefme ce qu il enTcait^
& ce qu'il en penfe. Ce que ces *• ^^V
deux perlonnes auoyent dit aux rentdoncde^
luifs J eftoit bien affes pouir ^IV^tt'^r
ies conuaincre. Car puis qnils'^j^'^^f^^^
auouoyentquec'eftoic leur fils5& rem, Donne
quilsreconnoilioyentquileltoit Biem nous.
ne aueugle , & que luy mefme ijlTJ^j
confeflbit que c eftoic lefus qui '^'f'^^'''*^
I'auoit gucri ^ la nature du mira-
cle 3 qui ne pquuoit auoireftefaic
que par la feule puifTance de Dieu^
Cc h
il^Iia. 5?. 406 ^araphrafejur lEuangile de
les obligeoit au moihs a recon-
Xioiftrc, come il fai(bic , que lefus
cftoit Prophetc. Ec neantmoins
iisappelleirent encore vne fois cc
perfonnage qui auoit efte aueu-
gle ; & comnie fi c'euflenc efl:6
quelques confiderations ou de
craintc^oude complaifancc, 6u
de quelque autre telle vicicufe
difpofition d'cfprlt^ quireuflcnt
induit a repondre la premiere fois
comme il auoit fait , ils tafche-
rent a celle^cy de luy imprimer
dans la confcience la terreurdes
iugemens de Dieu , qui eft van-
geur du menfonge ; & Tadiure-
rent en cctte forte. Souuien-toy
que tu es icy en la prefence de
Dieii, & luy donne gloire endi-
fantla vcrite. Nous fommesaf-
feuresque cethomme, quetudis
qui t a gueri :, eft vn mefchant, &
vn impofteun De quels prcftigcs
lefusChrifl felon S. lean. 40 ^ Clia/ 5>^
a-t-il enforcele ton efprit, pour
tefaireinftrumcnt de fon ambi-
tion, &luyrendrece faux temoi- ^
enaec ? Alors ce poure homme ^^ rejpon-
toutcitoni;ic, &neantmoinsDien ne f^ny ni
afleure de la verit6 Jeur rclponT f yg'tf;
ditj S'il eft vnimpofteur , & yn '^''^'\ '^'fl
mefchant , comme vousic ditcs^ ^»etigl ?^
ie n^en fc^ay ricn , & il ne m'ap^ n^!'"''
partient pas tant qu a vous, qui
vous attribues cette autorke , de
prononcer iugement fur ce qui eflb
de fa Million 6c de fa perfonnc.
Mais vnc chofe f^ay-ie fort bien ,
& i*en puis fans doute mieux pro-
noncer que qui que ce foic , puis
qu elle confifte en mon experien-
ce propre & en mon fentimejai: :
c'eft qu ayant efte aueugle des ma
naiflance & iufqu a ce iour ; par la
o;race de Dieu ie voy maintenant. ,
A cela 11 n y auoxt riena rcpliquer; Done lu
carnul ne pouuoit fi bienr^auqir %JhlfT
Cc ^ "
Cha. 5t. 408 ParaphraJeJkrtEHa,ngihde
<s)He fa^ii ^J ce quil auoit efte autrefois .,
J^ityoment ny ce quil eftoit pfefentement,
lei^eux} queluymefmc. Aumlesluirsne
le luy cbntcft erent ils pas : mais ne
f(^aclians que luy dire fubitementj
&pour effayer de le faire tomber
^riquelquecontradidion, ils lay
demanderent derechef :- Que ta-
t~il fait ? Cornment t a-t-il ouuert
Its yeux > Quel remede y a t-il em-
pldye? quelies paroles? quels ge«
ifkurllf ftes? Alors ccc homme,importu«
Clf'iriy: ^^ de rimpertinehce de ces que-
5^ dii , & ftions.& voyant feicn que c'eftoit
pourquoy le purcpaiuon, & pure opinialtrete
Tnfor^ZyT? que de leur fait , leur refpondic
vcKd,zvom demy encolere- lele vousaydesia
djfcipiesi dit; & ne laues vous pas oui? Le
vous puisje dire plus .diftinde-
jiient & plus nettement que vous
lie Taues desja entendu de ma
bouche? A quelle fin eft-ceque
y ous voules que ie le vous repete li
lefm Chrifi felon S. lean, j^op Gha. 9.
fouuent? Eft-cequelaGhofevous
plaift, & que vous y prenies da
gouft:, & que vous vucillicsvous
ranger aunorabredefcsdifciples 5 >. zs. ^
Mors ces gens prcnansccsparo-^,^;;;^^^
Ics commc fi c euft efte vne cfpc- f^'f /J'y
cc de deruion, entrerent en telie pie.-quanu
fi notu , nous
urcur centre cet homme , que /o/nmes Mf
perdans leur contenance & leur '^^'^}J'
granite, ils luy dirent dcs iniures
prcmicremeiat , puis fur cc mot de
difciples^ils adioufterent ces paro-
les. Ceft a ceux qui^comme toy,
parlent en fa faueur, & qu ilafu-
borncs pour publier fes faux rni-
racles, a cftrc difciples de cet af-
fronteur. Sois4e done fi tu vcux a
la mal -heure. Quant a nous , nous
fommes difciples de Moyfe , & ne
nous repcntirons iamais d auoir
clioifi vntelProphetepour notre
Maiftre. Car nous fqauonsj&fom- f, 19.
mes tres-aifcuresque Dicu a parle n^^^uT
Cc4
Cha. 9. 410 p4raphrafeJurtEuangiIe de
j)hu^paru ^ Moyfe,&quc la Loy qu il nousa
^ Moyfe : donncc cft dc diuinc reuelation,
€j nous ne Mais Quant a cel,uy la, nous ne lea-
//^/^ uons d ou 11 cit vcnu , nous n a -
uonsaucune connoiflance dc ia
milfion, & il y a plus de fuiet de
croirc qu il parle &: qu il agit par
rinfti£.ation dumalin, que par
c'cfihcmme vnc vocation celcitc. La parut
wltcf^ la fcrmcte de la foy de ce poure
%}Zri!tu homme qui auoiteftcgucri, bien
h, que vt^us qacWc n'euft pas encore routes
d*okiiefi,^ Ics lumicres qui luy eftoyeni;
Touummt neceflfaires. Car ny la pa (lion de
^"^^^ CCS gens, ny le peril done il eftoit
menace, nylexcmple deTinfir-
mite dc fes pcre & mere, qui
auoycnt en quelque forte biaifc
dansleur rcponce , pour euiterle
piege qu'ils penfoycnt Icur cftre
. tendu:,nQ rcmpcfchercnt point
dc perfeucrcr dans la verite defa
depofition, ny mefmcs de main-
Icftis ChrljlfclonS.Ican. 411 Clia. 9/.
tenir la dignite de celuy qui
auoit faitle miracle. Car il leiir
refpondit ainfi. C'eft bien veri-
cablement vne chofe dignedvn
grand cftonnement , que vous
ayes ii peu de certitude, ou mef-
mes que vous ayes fi mauuaife
opinio delaMiiTionde celuy qui
m'a guieri. Car quoy qu'il en
foit, c'eft vne chofe conftante
qu il a ouuerf mes yeux ^ qui
elloycnt fermesdes ma naiflance
Ce qui napeueitre execute par
luy linon auec Tailiftance bien
particuliere & bien extraordi-
naire de la puiflance de Dieu. ^
Or eft ce vne chofe, cc fcmbJe, , ^' ^''.^
. . , . ff^uons (pie
naturellement imprmice dans ^ieji »v
1. r* . l 1 I x^itce point
elprit de tous les horn mes, que ies mai-vi-
Dieu n exaucc point les nicfchas,^^^^^^^^^
&ne les aflifte point defa faueur. fruiteur de
Jbc pour nous, il m cit adais que /* -ooiants
nous deuons tenir pour con- /wwf.' '^
Cha. 5. 411 Parafhrapfurl'Euangilede
ftant, qu il nc prefte point Tv-
fage de fa puiflfance pour auto-
rifer les cntreprifes de ceux qui
attentent quelque chofe d'ex-
traordinaire "en fon Eglife , fok
contrc fes -ordonnances, ou fans
fa vocation, ^'a faiieur eft pour
ceux qui le craignent&qui Wio-
norent , fa puiflance fe drployc
en confideration de ceux qui
fuiuent religicufement fes ordres,
& qui obeiflfenta fa volontc. Ce
font ceux la qu il exauce quand
lis le reclament/ & non pas les
impofteurs, qui voudroyent abu-
fer de la communication de fes
donSja leur propre gloire,&au des-
iinefut honneur de fon Nom. Or entre
q^'aueu ou. tant cic mitaciesque nos peres ont
"d^vn^'ImZ v^^s autresfois:, & dot nous auons'
gieni oui parler, vous ne vous fouue-
nes point , comme ic croy , qui!
• ait cite fait mention d Vn co^mmc
lefus Chrijl felon S. lean. 415 Cha. ^.
celuy-cy, &que les yeux ayent
efteouuercs avnhommeaueugle ^
des fa naiffance, C'eft pourquoy su^/tuyey
quanc a moy 1 en demeure la, qu il d»« , n »«
aut que ee perlonnage, qui m a y^.y^.
donne la veucj foit venu de la pare
de Dieu , & qu'ilait fa vocation
de la: autrement^tant s'en fauc
qu il peuft faire de fi grands mira-
cles, quHl luy feroic impoflible
d'en faire demoindres. Ccs pro- ,,^' ^+',
posayant encore dauantap-e irrite.^^'^^* & /«y
*, ' r> 1 o -11 direntyTues
des gensluperbes & orgueilleux dutoumSen
comme ceux la, ils luy refpondi- ^Zll'^'Zlet
rent en cette forte. C'cft bien a "^"-^ \^' ^^
^ ^ ^ tit tent hou.
toy, mon amy,>a dilcourir dela
fa^on; & tu as bonne grace de t'en
faire tant accroire en vne fi cele-^
breaffemblee. Tun'esqu'vnche- *
tif garncment, confit en iniquitc
des le ventre de ta mere , & qui dis
toy-mefmc que tu as porte les
inarques du iugenxent de Dieu fur
Cha. 5>. 414 ^araphrdfc fur tEuangilc de
,ta perfonne des ta naiflance ;
& tu te viens mefler dc nous
enfeigner. Qui veid iamais vne
temcrite fi infuportablc ? Alors
laifTans lacet homme , ils fe mi-*
renta dclibererce quils auoycnt
a faire de lny-y&c Ic rcfultat dc leur
deliberation fut, qu'on execute-
roit cotre luy la refolution qu on
j auoit prife auparauant , d'cx-
communicr ceux qui reconnoi-
ftroyent lefuspour ie Mcflic. Ce
qu'ils firentfur lecIianTp,enleiet-
*► ^f. tant hors de la Synag;ogue. Or
ditr ^uits pour ee que lelus eltoit encore en
f/wfc^'^ lavilledelerufalemiorsque tout
i^y^tt^ouns cela fe pafla.ijouit incontinent
man ftu de dire qu lis auoyent excommunie
cetliornme. Etparcequ'ilf^auoit
' bien qu il y auoit en luy de beaux
commencemens de foy , dont il
auoit rendu des tcmoignages qui
luy auoyent attire cctte infamie
lejus Chrijl felon S. lean. 4IJ Chat. 9%
dc la part des luifs , il le vouliit
confoler & fortifier , en luy aug-
mentant la mefure de fa connoif-
fance. Ayant done fait naiftre
Toccafion de le rencontrer , il Ta-
borda , & luy dit : Tu crois bien
en Dicn (ans doute, & deferes tout
honeur & toute rcuerencc a ccux
que tupe(eseftreenuoyes deluy.
Et tu l^ais bien qnil a pro mis
d*enuoyerfon Filsaumode, pour
eftre le Liberareur dlfrael; de for-
te que pour eftre participant de
fon falut J il faut le receuoir & y
croire. Crois tu done au Fils dc
Dieu ? Alorsce pcrfonna^e, qui *; ^f ,
ne connoilioit point Icjus de viia- dis,^dit,Et
ge^ parce qu il nc 1 auoit lamais seigneur,
veu, ('caril eftoit encore aucuglc f^^^^'iJ^^
quand il fut cnuoyc au lauoir dc
Siloe J & qui neaatmoins ayant
tantouiparler delefus,&fait vnc
cpreuue ii extraordinaire dc Gl
ChdLop. 4I(J ^araphrafefurrEumgilede
puiffance en fa perfonne ^ defirok
extremcment de le connoiftre,
reparfcit incontinent : Seigneur ^
ie te prie^dimoy qiiiilcftj &me
fai la grace de me Ie faire voir ,
afin que ie croye en luy. Car i'y
fuis Dieu mercy difpose, & ie ne
^ j^. defire rien tant que le bonheur
lefus luy defaconiioiflfance. Sur quoy lefus
veu,&c'e/} lay relpondit. Si experimenter
pIZ'^llL fa bonte & fa puiffance, eft le
^'^'' voir/&ie connoiftre, tu Tasveu:
cartuen as fait vne cpreuuebien
fignalee. Et (i Ie voir eft contem-
pier fa persone des yeux du corps^j
iln'eftpas befoin que tu Taiiles
chercherbien loiii pour auoircc
contentement:tu I'as deuanttes
ycux,&celuy qui parle atoy main-
tofs^Hdit, tenant,c'eft luy mefme. Alors Ie
rycroy.sei-- rcffentimcnt de la grace quil
gneurr Et /e . .. i t r ^ 1 • J
maniafes auQit reccue de lelus ^ laioyede
%f ^""^ Va.UQirprefencafesyeux,radmi^
IcJhs Chrifi felon S. learu 417 Cha^ $1
ration d'c fon emerueillable puif-
iancc , le fouuenir de ce que les
Prophetes en auoyent prcdit, &
le rauifTenllnt dans lequel il fe
trouua en penfant au Redem-
pteur d'lfiael, & alaioye de fon
falutjfirent que fansliefiter feule-
ment vn moment , il refpondit:
O mon Seigneur^i y crois : & fe
proftcrnantfubitemcnt^il lado-
ra d*vne deuotion veritable , & , . .
dvne piete profonde* Et lefus £( u/ui
prenat occaiion de Tadiondece vlnuiTc^
pcrfonn^gc ,. fc tourna vers la "^^^^f'JZ^^
troupe qui 3(riftoitla,& faifant g'^mtnt.afii^
lelon la couilume ^ allulionaGc ne voyent
»•! . n / . < r* point tvoyeni:
quiiauoitefte gueri a J ion aueu- ^ ^,«/^«i
glement naturel , il dit : le fuis ye- ;;if ;;^2
nuen ce monde icy pour mettiT^ ^^^^;
cti Vne claire cuidencc les fecrets
autrcment inlcrutables dcs iuge-
mens de coluy qui m'a enuoyc , &
poiir faire paroiflrc combien fes
Cha^ 5?. 418 ^araphrafefHrl'Euangilede
voyes 8c fes penfees |ont eloigtiee^
dcs voycs &c des penfees dcs hom-
mcs. Dcfbrmais comme celuy-
cy cftant aucugle desie ventrc^eft
d^ucnu clairuoyanc 5 il arnuera
que plufieurs qui ont rentende-
mcnt; (aifi d Vn aueuglement fpi-
rituel, deuiendront illumines par
la connoiflance de laveritc cele-
ftc. Ec au contraire^ceux qui pen-
fenc eftre bien clairuoyans , de-
uiendront par leur incredulite,
aueuglesau double de cc qu'ilsle
ttAfems ^^^^ ^^ naiflancc, Ces paroles
despharifies fureut pronouceesd Vu tel air , &
!l'r/<J^«^. cftoyent fi intelligibles . d*elles
/«/'vLt mefmes,quc ceux d'entre Ics Pha-
£t nous , ripens qui eftoyent lors autour de
*jn ^uew luy , ne manquerent pas de les
comprendre , & de s en faire Fap-
1)Ucacion. Car leur confcicnce
eur rendoit temoignage dccc qui
cftoiten tvix\ & qu'ik eftoyent
tout
MUj
hfus Chrtft felon S. lem. 419 Cha^ 9}
tout autrem^t difpofcsque ce
poure aueugle gueri n auoit fait
paroiftre dc Tcftrc. C'cft pour-
quoy trouuans eftrange^qu a cux^
qui s'eftimoyent cftre la lumiere
desautreshommcs, ilrcprochaft
fi ouuertement raucuglemenr,
ilss'addrcfleretaluy &luy dirent;
Quoy ? fommes nous done auifi
aueuglescommelesautres? Etne
metstu point de difference entre
les icrnorans &nous? Alorslefus fv'^^v
voyant bien qu'ils n'auoyent pas ^'^' ^' ^^«^
beioin d eitre nattcs en la bonne gies , *w
opinion qu'ils auoyent d'eux mef- lotZtpe.
mes.&queleurprefomptionme- '^^' "^"^
ritoitqu'onlarabbatift. leur ref- '^^^^ ^'>^^-
pondit en cette ra^on. Si voftre ons:p,urtat
aueuglcment eonfiftoit fimple- fir7PL\'^^^
ment en ignorance, & que vous
Ic fcntifltes, comme ce poure
aucugle fentoit le fien, voftre mal
m fcroit pas^comme il eft.abfolur
Dd
C\\2i.sf.4^o n?ara^hrafefurl'Euangiledc
mcnt incurable, &jr(>ftre peche
vous pourroic cftre pardonnc.
Mais vous penses voir bien clair ,
& Topinion que vous aues de vo-
ftreiuflSfance&devoftref^auoir,
vous Gmpefchedechercher votre
guerifon. Ainfi vous vous rendes
incapables du remede, & parce
moyeii voftre pechc vousdcmcu-
re, pour en ePcre quelque iour pu-
nis commc vous Taues mcrite.
CHAPITRE X.
^'"'^"'t''' ^^mE perlonnaee qui auoit
en verite ie ^ f^^^^ z-i / t •» -i .
-vousdy^ce ^^l^tixQ , commc lay dit cy
tie p^r u ^^^^^^"deflus, lettc horsde la Sy-
Kll'ert des ^^g^g^c par Ics luifs, ayancre-
brebi6>mais cofinu Icfus DOur leFilsdcDicu,
naeurs , efi &cit Redcmpteur dlirael , & en
gZ7d^^''' ^y^^c donnc des preuues Ci au-
lefus Chrifi felon 5. Icanl '411 Cha^iBg
thentiques & fi manifcfteSj il ne
faut pas dguter que Ics alliftans
n*cuflcnt diucrfes pensees fur le
fujet de cettc excommunication.
Car ceux qui croyoyent que lefus
eftoic le Clirift, la renoyent non
feulement pournulle^, mais pour
inique, & iniurieufe, par ce qu ellc
n'auoit autre caufe finon le tc-
moignage que cet homme auoit
rendu au Mediateur. Les autres ^
qui nc croyoyent point en Chrifl:^
& qui auoyenc cctte opinion que
toute excommunication faite par
ceux qui ont vocation de Pafteurs
en I'Eglife de Dieu , eft bonne &:
legitime, iugeoyent tout autre-
ment de cctte action. Car ils ne
reconnoiffoycnt point dautres
Pafteurs finon ceux qui Tauoyent
ainfi authentiquement fulminec.
lefus done voulant inftruire fcs
difciples la deffus , & leur cnfei-
Ddz
gner qui font Ics vrais & Icgitir^
mes Pafteurs ^ afin de Icur ofter
toutfcrupulcderefprk, leurpro-
pofa vne fimilitude afa fac^onac^
couftumec. VousmedeuescroU
rc, dit-il , en cc que ie vay vous rc-
prefenter^ tout auffibien que (lie
Ic vous confirmois par les fermcns
les plus facrcs,& les plus inuiola-
bles. Vous voyes comment les
bergerics font placees dans les
maifons de la cant^agne. Il y a
vne porteau dcuant du pourpris
de la maifon, de laquelle quand
on la paffee, on vient de cofte &
d autre aux toi6ts fous lefquels on
met les beftiaux :, & particuliere-
ment les brebis. Celuy done qui
n'entrepas par cette porte la, pour
venir a la bergerie des brebis^mais
qui monte par ailleurs, & fautc
par dcffus les murailles, cettuy la
eft vn larron, qui veut dcfrober
Jefus Chrifi felon S. lean] 41 j Cha.io!
cc qui ne luy appartient pas, &
mefmes vn brigand , qui s'il ren-
contre quelcun quiVoppofe a fori
larcin, fe difpofe a luy faire vie- f. «:
fence. Mais quant a celuy qui eJ^eT^Z
entre par la porte , celuy4a ne ^'^pJ^'^J:,
donne point d'occafion de foup- ^rdis.
^onner quil ne foit veritable-
ment le Pafteur des brebis : car
celuy qui eft vray Pafteur ne cher-
c$ic point d autre entree pour _,
aller a la bergerie. Et quandi celuy Uforthf
qui eft vray Pafteur fe prefente H^IC^,%
a la porte pour entrer , le por- ^:i^li:,^,
tier qui le connoift , ne fait point & *^ ^pp^'^^^
ae dimculte de luy ouurir , par hnhh p^r
ce qu il fc^ait bien qu il ne vient tr^^
qua bon dcflein, & pour fairc ^^''^
iegitimement f^ charge. Et quand
il approche de la bergerie; & quil
commence a parler a fes brebi^j
cUcs entendent fort bien fa voix^
& k difcerncnt d'auec les autres ^
Dd 3
Cha»ip. 414 ^ardphraje furl'EuangileJe
foit qu il ait quelqucs paroles pror
pres& particulieres atifquelles cU
les foyent accouftumees, foit
quellcsla diftinguent feulement:
par fon ton & par fon accent.
Et d'autre cofte il -connoiil 11
bien Ics propres brebis^ qu'il ks
fqait routes nommercliacune par
fon nom s & c'eft ainfi qull les
appelle quand ii les faitrortir de-*
_ bors pour les mencr a la pafture.
, ^tqnand PuIs quand il fait fortir fes pro-
]e^hebis7ii pres brcbis dehors pour les rxie-
-va decant ^^^ ^^ pafturage, il nc les laifle
hrebisiefui^ pas aiier lans condmte a laban-
les connoif dou : 11 marcheie premier deuant
{.nti^vou. dies, afin de leur monftrer le ehe^
ihin'j&dcmpcfclier quclles ne
s'egarent. Et s'il en a grand foin
dc fa part :, elles ne font gueres
moins foigneufes de leur proprc
conferuation : elles lefuiuent pas
apas, & nes'ecartent pointdela
lefus Chrifl felon S. lean. 415 Cha.io.
voye , parce qu il parle toujours a
dies pour Ics aduercir de leui dc-
uoir , & qu'elles connoiflfent fa
voix^&difccrnentfa parole. Que 1^. $.
s'll fe prefentoit quelque eftran- uen!%{Zl
ger^qui ne fuft pas veritablement '^J^'^f'^Jlll
leur pafteur, qui tafchaft ales fai- f^yetdeiuy:
re lornr dc la bergerie , ou a Ics cogmijfent
deftourncr du droit cliemin dc ^ZT^rlgm.
leur pafturage , & qui parlaft a
elles pour cela , dies ne le fuir
uroyent point pourtant; mais el-
les s'enfuiroyent pluftoft ; parcc
que quelque peine quil mift a
leur rcndrc fa voix agreable , dies
ny remarqueroyent pasce qu*eU
icsontaccouftume deremarqucr
en la voix de leur vray pafteur.
Car dies ne connoiffent point la
voix dcs eftrangers , & n y fant ufun^^f
point accouftumces. lefus leur f^/'^^^^^'J:
propofa donccettefimilitude de mccgmmtt
fa forte 3 &: il eft bien certain que \7urdifct!'
Dd 4
Cha. lo, 415 ^araphraje fur I'Euangile de
fon intention eftoit de leur faire
entendre, park bergerie, I'Egli-
ie, parla portej foy mefme, par
les veritables pafteurs , ceux qui
viennent a Texercice du faint mi-
niftere par la connoiflance de (a
perfonne & de fa charge , & en fa
ieuleautorite. Etparla voixdu
pafteur ii entendoit la parole de
verite, qui refonne en la bouche
des vrais miniftres de TEuangile;
par la connoiflance qu'il a de fes
brebis ^ il fignifioit le foin & la
vigilance que les fideles miniftres
apportent pour procurer le falut
de ceux qui font cotnmis a leur
conduite ; & en fin par Imtelli-
gerice que les brebis out de la voix
de leur pafteur , & par Tauerfion
a' li' elles ontacelle des eftrangers^
reprefentoit la grace dedifcer-
I5emcnt que Dieu donne a fes fi-
ddles^ pour diftinguer les bou?
lefus Chrifl felon S. lean. 417 Cha.iO-
pafteurs qui enfeignent la vcrite^
d auecles mauuaisqui les veulent
feduirc par le menfonge. Et dc
tout cela il leur cllok aife dc re-
cueillir quel iugeme t ils deuoycnt
faire tant de ces pretedusPafteurs,
dont ils auoyent iufque la rcfpe-
d:e la vocation, que de rcxc5mu-
nication qu ils auoyent lancec
contre cet Aueugle: puis quau
lieu d'entrcr par Chrift, come par
la porte, a Texercice de leur char-
ge, ils fe declaroyet fi hautemec fes
irreconciliables ennemis, Mais ils
nc penetrerentpourtantaucune^
mentdanslefensdefesparolesjen '
partie a caufe dela tardiuete na-
turelle de leurs efprits , & des pre-
iuges dont leurs entendemens
cftoycnt faifis y en partie parce
qu'outre que cette facjon d'cnfei-
gner par paraboles a ee seble d'a^
i)ord quclquc chofe d enigmati-
ChaJo. 418 n^araphraje fur tEuangilc cle
quc&d'embarraflant, il fautne-
celTairement y meller toujours
quelque particularite, a quoy on
netrouueriequiferapporce dans
la chofemermequoaveutrepre-
fenterparelles.Comejpourexcm-
pic, eft le portier, dontileftfait
mention das cette fimilitude. Car
qui dircsvous qui eft le portier qui
fait que les vrais Pafteurs entree au
miniftere de lEglife? Il y a done de
tellescirconftances quifemeflent
dans les paraboles, ou pour les
fouftenir , ou pour les orner feu-
lement, fans qa'il y ait rienquiy'
correfponde dans la chofe mefmc.
Mais parce que d^ordinaire en Tex-
plication dvnc telle fimilitude,
on s imagine qu'il n'y a ii petite
jparticule qui ne doiue trouuer fon
rapport dans la reddition de la
comparaifon, on remplit & fon.
efprit,^ & ce que Ton veut expli-
jejus Chrljl felon S. lean. 419 Cha.io!!
quer, de tencbres, &dedcfordre.
lefus done yoyant qu ils ne coxn- ^t ujm de-
prenoyent rien en cequildifoic, Ztf^nTe-
il ne leur interpreta pas toute la 'l'^i'^^l'J^\
parabole alaverite, maisilleur ^utiefuuu
•*■ 1 . 1 • • 1 • forte des br§*)
cn expliqua la principale parae^ ^^.
& prit occafion de la d y adioufter
diuers autres excellens enfeigne-
mens. Il leur dit done dcrechef :
Vous deucs tenir cela pour tout
afTeurc^ com me fi ie le vous iiirois,
que c'eft moy quifuislaportepar
laquclle on va a la bergcrie dcs
brebis, &parouilfaut queles fi-
delles paftcurs entrent.Ie f(^ay bien ^J/J^^^^
qUjil en eft venu d aGtrcs auant r^'^^ ^^ ^/?
^ . '• 1 1 • / "Venn , jont
i3:i,oy,quiprenoientlaqualiteque urrons &
ic prens, & qui fe difans eftre le t^;;;;^,
ChriftjVouloycntquelesPafte.urs ^^^''^^^^<'«*
cntraflcnt par eux; c eft a dire,
qu ils les rcconnuflent pour cc
quils fe difoyent eftre^ & qu'ils
dependiflent dc leur autorite.
bre-
u
pa^ oujes.
Cha.iO. 430 Tarai>hrafefurhEuangiIede ^)
Vous aues oui* parlcr d'vn certain
Theudas , d Vn ludas le Gaulo-
nitc, & de quel qucs aut r es tels i m-
pofteurs, qui one voulu preridre
laqualiteduMcffie Mais tan ts'eri
fautqu ilsfuflent la porte par la-
quelle les pafteurs deuoyent en-
trer^ qu ils n'eftoient pas pafteurs
cux mefmes , mais eux tous ont
cfte des latrons & des brigands,
tels que ceux dont ie vous parlois
tatitoft. Et ils ont bicn cu quel-
ques fc£kateurs qui fe font laifi^^s
feduire par eux: mais quant aux
vrayesbrebis, qui font les fideles
de Dieu,inftruitspar fon Efprit&
par fa vcrite, ellesne les ont point
ecouteSj & n ont point obtempc-
^ lefu-is u realcurparole. CVftmoyquifuis
TuTentf^^r veritablement la porte, & n y en a
moy.iifer^ Doint dautre que moy ^ non pas
itrer^.o^for fculement parcc que les pafteurs
mmp^jUre^ doiuent entrer par moy pour
. Icfus Chrtji felon S, I cm. '431 Cha^xo!
iuoir vnc legitime vocation 1 ^
mais encore parce queles brcbis
mefmes n'ont point d autre entree
que moy a Tefperance de la vie. Ec
quiconque yentrera parmoy, la
trouuera^ & fe mcttraa fauuetc,
pour ne pouuoir eftre endomma-
ge par les ennemis de fon falut.
Et comme les brebis qui font bien
conduites^ vont & viennent par
laporte, de la pafturealaberge-
rie , & de la bergerie ala pafture
en feurete , & trouuent dans les
paftutages la nourriture dont elles
ont befoin, tous ceuxqui entrenc
parmoy^ & qui ont communion
auec moy, font parcillementhors
deperildetoutfunefte accident,
& trouuent la nourriture & la
cofolation qui eft neceffaire pour ^; ,^.
leurs ames. Ces gens que vous^*'''*'^^'''^^
/ . . .^ ^ vient firwn
yoyes qui maltraittent ceux qui pour deft^,
»e rc^oiucnt , & qui me rendent fc|^;^>^^
Chalio.' 45^ TaraphrafefurtEuangileJe
iefuu mna Boii temoignagecnleurprcfencc^
sfin queUes penfcnc Quc iciois fcmbkblek CCS
^H'eUes en larrons & a ces brigands qui one
dance, " '" pris la qualitc de Chrift auanc
moy. Mais encelamonftrcnt-ils
combien ils me connoifTent mal y
& combien la haine qu'iis me por-
tent aueugle leur CDCendement.
Car le larron qui talche J'entrer
dans la bergerie, n'a quefon pro-
fit particulicr deuant ies yeux. li
ne vicnt finon pour defrober Ies
brebis, afin de Ies tuer pour fon
vfage^ & deftruireainfi le trou-
peau.E t chacun fc^ait quels raua-
gcs cesbrigandsdontievouspar-
lois tantoft , ont eflayc de faire en
TEglife. Quant a moy, ic nay au-
cunc viscc a monauantage parti-
culicr , & ne fuis vcnu finon afin
de procurer que Ies brebis du
troupcau non feulementayentla
vic^ mais ync vie abotidante en
lefus Chrifi felon S. lean. 455 Cha.io*
toute forte de fclicite & dc gloire.
Car ie ne fuis pas fculemcnt la lefiUju
porte par laquelle les Pafteurs doi- ^:i^
uent cntrer dans leur vocation, & '^^^ A ^'^
111*1 T 1 P^^^ t^ ^f^"
Iesbrebisdansietroupeau,&dans Bis.
I'efperance de la vie, ic fuis encore
le paftcur lequcl eft fuperieur a
tous les aiTcrcs, voire mefmesle
bon pafteur,qui merite cettc qua-
lit6 d'vne faconfort fingulicre&
fort eminente.En cfFed ie bon pa-
fteuravne telle affe£lion pourfes
brebis:,qu il ne fe contentepas dc
les coduire, & de les gouuerner, &
dc leur fournir la pafture ^ & de les
defendre contre les attaques dcs
loups^ & desautresbeftcsmesfai-
fames. Siloccafionle requicrt,&
que le troupeau ne (e puiife garan^
tir autrement J il met fa vie au ha-
fard pour fes brcbis , & ne fait
point de diffiqulte d'epandre fon
fang pour leur cofcruation. Tous M^i/^^^r,
Gha. lol 454 Paraphraje^r lEuangile de
.entire, & ccux qul prcnnciitlc tikrede Pa-^
seiuy qui fteursne font pas demcfme.Ou-^
nefi potnt ^ i I i
pafieurc^ trc leslarrons &les brigands^ qui
tiemntpdnt chercheiit a rauager le troupeau,
t^vwi il y ^ ^cs me^rcenaires , qui nc le
lotfj &de^ rauaeent pas a la verite , mais qui
Bis,&s'en. aufli • parce qu il ne Icur appar-
ioup rauit^^ tient pas , & qu lis n ont point
frZi ^'' d'autres affe6tions que dc merce-
naires , ne Taiment, & ne le pro-^^
regent pas comme ils doiuenn
Tandis qu il n y a point de peril a
conduire & a paiftrc les brebis,
ils le font aflfes volontiers, parce
qu ils en tirent du profit :, & qu ils
yiuent de leur lai6t , & s'habillent
deleurlaine. Mais parce qu ils nc
font que mercenaires , & non
pas veritablement paftears ^ &
quelesbrebisne font pas a eux,
ilsnc s'expofent point au peril de
laviepourelles. Tellement que
quand ils voy cnt vcnir le Ioup , &
qu'il
''lefus Chfifl felon S. lean. 44 j Clia^iQ'
^uil fait mine dc vouloir atta-
quer & les brebis & le pafteur in-
diflPeremment , ils laifTent la les
brebis alabandon^ & s'enfuyenc
tant qu'ils peuuenc. Et alors Ic
loup voyant ic troupeau deftitue
dc prote6tion 5 fe iecte aucc furie
aitrauers^ &-emporte quelqucs
Vnes des brebis^ & epard mifera-
blementlesautres, Voilaceque ^' '5-\
/^ . * I Le 7nerce\
taitlcmercenairej quiparccquil »^^>^^ sen-
elt mercenaire 3 n ayant point qu-iujimer.
d'aiitre motif que fon intereft, ™ .t
demeurevolontiersa la conduite ^^^^^'^'^t
du troupeau ^ pendant que cela
layeftauantageuxi Mais fon in-
tereft venant i celTer ^ il ne fe fou-
eieiplus dc ce que deuiendront
ks brebis , & aime beaucoup
mieux Venfuir ^^que de courir rif-
quepofurleurdefenfe. Pourmoy f* ^^'
le ne rais pas amii. Cane iuis le honfajieuu
bon pafteur J a qui les brebis ap- Z^s Telu^
Ee
Cha.io. 44<5 PardphraJcfurl'Euangilede
^ /«"'.'" partiennent. Il yen a ala vcritc
?»^' qui femblent aucunemeiit citrc a
moy, parce quelles fe rangent
cxterieuretnec (bus ma conduitc ,
lefquellcs ie n aduoue & ne re-
connois point pourtant. Mais
quant aux mienncs^ie les connois,
& les aime ; & ie fuis connu & ai-
me d'elles rcciproquement :com-^
me Ie pere qui ma enuoye nic
connoift & m aime pareillement,
ainfi que ie connois mon pcre , &
que ie I'aime de mefme. Car
comme il y a cntre mon pcre &
moy vne communion treseftroi-
te & tres inuiolable de nature &
dafFediions , il y a entre moy&
mes brebis vne communion dc
nature & d affedions trcseftroitc
^' Comme & trcsinuiolablc cncote. A cettc
fr'J^r occafion , parce que i*aime mes
Comme
monPenme occafil
€onctfi;auf , . - - ., ,
fi connois fe brebis ardemment, il n yapomt
^um^vit de peril auqucl le ne mcxpoie
Tefus Chrifi felon S lean. 447 Cha'to.^
kesfranchcment pour leur falur, ^^«''^'*^''*-
de forte que ie nc craindray pas de ^^
mettre ma vie pour dies. Et ne i^y ^ujj^
/ • 1 r t d autre sbrc'
penses pas que le park leulcment his, qm m
des brebis que le recueille de cecte ^ZlTr^e^
nation. Ic fuis bien certes venu ^'^» ^^^r}'^
pourelles premierement:, &clles mener.^^ei^
doiueat auoir les premices de voix.6*'ir
mon miniftere. Mais i ay encore l^J^^^-^ "'^
d'autres brebis qui nc font pas de ^»i'*A»^
cettebergeriela, &quemonpere
a defigne de me donncr , en fa
predeftination eternelle. Il faut
done que ie les recueille aufli d en-
trc les autrcs nations, en leur fair
fant entendre ma voix par la pre-
dication de mon Euajigile. Et
parce que Dieu mon pere les a
defignees pour cela^, & qu'il leur
donnera les graces & les facultes
qui font neceflaires, ellesae man-
queront pas d'ecouter ma voix ,
& dje Tentcndre. Et lors tanc le^
Ee 1
Chalrb. 4^8 n^araphmfeftirtEuangilede
brebis de cette bergerie, que eel-
Ics que i'ameneray des autres, fe
raflfembleront enfemble, dc forte
quiin'y aura d'ellcs routes finon
vn feul troupeau, & vn feul fouue-
rain Pafteur , aflfauoir celuy qui
aura mis fa vie pour elles ; afin que
foyent accomplis les oracles des
Prophetes qui ont ditj Eux tous
nauront qt/njn f{oy pour leur Roy;
Car cliacun fc^ait le rapport qu il y
a entrelesbons Roys, & les bons
Pafteurs, &lestroupeaux de bre~
touZltte bis^&lesroyaumes. Etnefautpas
eaufeiePere que vous ttouuies eftrangefi cc-
t^nt que ie luy qui aura misla VIC pourks ore-
7Z. ZZ bis, doit eftre etabli pour leur
^ueieUpre fcul fouueraiu Pafteur & gouuer^
nedemhef. ^ ^ ^ r ^ J
neur,puisqu a s expole a ce grand
peril pour obeir a la volonte de
celuy a qui les brebis appartep
noyentpremierement en fa prc?^
dcftination. Car le Pere celefte a
Icfus Chrifi felon S. Jean. 449 .Gha.I'O.
bien d'autres raifons de m'aimer ^
& audi a-c-il pour moy des affe-
ctions tout a fait incomparables.
Mais il m'aime encore particulic-
remen t pour cela,que ie laifle ainfi
volontairement ma vie pour les
brebis quil me veut donncr, &
que i'oDeis fi franchemcnt a la
charge qu il m'en a donnee. Ie
laifferay done trcsvolontiers ma
vie a cet effcd, & ie f^ay que cc
fera pour la reprendre derechef ,
quand i auray pleinemenc fatis*
fait a la iuftice & a la volontc de
mon pere. Si ic ne Ie faifois vo- f. u.
ontairement comme le le dis^ U vojie.maisie
n'y a qui que ce foit en la terre^ qui ^^J^^'J^.
ait la puiflance de me Toiler mal- me:i'aypi»tf
, ^ ^ 1 1 • fince de let
gre moy ; arm que quand 11 arrmc- uijfer , ^p
ra, perfonnen'en foit fcandalisc;, 2upffnZ
comme fi ie n auois pcu me ga- f^'^^'f-
rantir de la haine & de la violence eommande-'
deshommcs. Celt dc moy meP 7ere^
Ee ^
jCha.io!^ 4yo Para^hrafe furl'Euangik de
mc , & de mon bon gre , que ie la
laiflc. Tay le pouiioir d'abandon-
ner ma vie pour le falut de mes
brebis : i'ay le pouuoir de la re-
predre & de me reflfufciter, quand
i'auray accompli cc qui m'a efte
cnioint : & c eft mon pere celefte
qui m'a ordonne que ie faflervn
& Tautre. Ainfi i ay dc moy mef-
me la vertu d'cxecurer tout cela :
■ & i'ay rcceu de mon Pere Tordre^:
Tautorite dele faire- L'vn m'a efte
donnecomme ayantefte cnuoyc
de luy pour la charge de Media-
tcur ^ Tautre m'eft propre & natu-
rel par leternelle communication
Moll'sr qu'ii ni a faite de fon cfTence.Com-
fenfion fut j^^ \z{\x^ cut acHcue CCS ma^nifi-
chefentreies qucs oroDOS . a Dcine Icauroic on
luifspource / rr r^ ^ • 1 -
tropos. lurhiamment cxprimer combien
oppofes furent Ics iugemens que
(es auditeurs en firent. Carcom-
ine ils auoyent de differentcs af-
lefus Chrifi felon S. lean. 451 Cha.io.
fcdions, & de difFerentes difpofi -
tions en refprit^ildeur donnoyent
les interpretations , & , s'il faut
ainfi dire , les coulcurs dont Icurs
amcs cftoycnt imbues. De forte
qu li y eut entr'eux vn manifefte
partage d opinions , & vne con- ^. j^.
teftation cofiderablc. Car la pluf- ^^^^^f^'
part d*entr'eux (commelesbonS'''>y^«^» ^i
& les lages lont toujours en plus ^ejihorUH
petit nombre , & qu en compa- ^^ZJi'!fcZ'^
raifon des autres il y enauoit peu ^^l'^^^'^'^
cm euflent efte defignes pour
cftreefFe6tiuement de fesbrebis )
retournerent a ieurs iniurcs d'au -
parauant^ & dirent; pourle cer--
tain cet homme eft agite des fu-
ries de quclqucs demons; tant il
eft extrauagant & furieux en fes
paroles. Pourquoy vous amuses
vous a 1 ecouter ? Quel plaifir pre-
nes vous aux grotefques de fes dif-
cours, &auxegaremensderafan-
Ee 4
Cha.io. 45^ Paraphraje fur tEuangile de
^' ^^' ^^ taific? Maislesautres, aquiDieii
Mfoient.ces ^omxoit d'entendrc ce que lefus
jonf'pciTt difoit y & d y prendre du gouft ,
tl^ueTu leurrepliquoyent, le nc f^aypas
dubie ptut comment vousprenesleschoies:
il ouurir les . ^ \ - ^ _ ^
^enx des a- mais cc nc sot pomt la les diicours
fitugies i ^,^^ demoniaque ny d Vn force-
ne. Il dit cc qull dit auec railpn ,
&fespenfeess'entretiennentbicn,
& naefmes ont queJque chofe dc
grand & de magnifique en lear
inteiligece. Maisaufonds,quand
nouslaifleronsla fes proposa partj
& que nous nous arrefterons a
la confideration de (es oeuures,
dites nous , les demons ont-ils
cette vertu la d ouurir les yeux
aux aiieugles nes ? Et foit que vous
regardies la nature de la chofe en
clle mefme, & la proportion que
lapuiifance des demons y peut
auoir ^foit que vous en reclier^
chies des exemples en Thiftoire
lefus Chrifl felon S. lean. 453 Cha,lO;
de nos predeceffeurs :, aues vous
quelque raifon de le croire ? En
effed: Ics Anges^bons ou mauuais,
pourroyent bien guerir vnaueu-
gle, a la veue duqueiil feroit feu-
lemcnt furuenu quelque empef-
chementtel que font les fluxions,
oules tayes, ouquelques obftru-
diios dans les nerfs quifont defti-
nes a porter les efprksaux yeux.
Mais quant a donner a vn horn-
me , ou Torgane des yeux :, que la
nature ne luy ait point donne , ou
ia vertude voir par le moyen de
cetorgane, que la nature luyait
refufee pareillement , il ny a que
le feul createur qui par ia vertu
infinie& immediate lepuifle fai-
re. Ainfi fe pafla i'iiiftoire de ce
miracle , &deschofesqui arriue-
rcnt a fon oGcafion, Quelque J^*,"*
temps apres vmt la lailon de la ae UDedt-
f efte de la dcdicace del autel dcs Tfrljlim.,
Chaao. 4^4 IPara^hmfe furt'Euangitede
&cfiait A^. facrificcs,queluda Maccabee,5i
r'^* TEglifc d'lfracl de ce temps la,
auoyent inftituec lors qu on re-
baftitcetautelj&qu'onrepurgea
le Temple & le feruice qui s'y fai-
foiCjdcs corruptions que le Roy
Antiochusyauoitintroduites. Et
c eftoit la faifon dc Thyucr : car
cette fefte commencjoit levingt-
cinquieme iiw mois dc Cafleu,
qui eftoit ce que 1 on appelle la
Lune de Nouembre j dont Ic
vingt- cinquieme lour echet en
^* *^ Decembre ordinairemenc. Or
f f<^t,Pme^ encore que cette Fefte ne fuft pas
d'inftitution diuine, lefus ne laif-
fa pas dc s^'y trouuer : parce qu il
s'y faifoit vn grand concours de
peuple , & qu il prenoit autant
qu il pouuoit ces occafions pour
cnfeigner. Ainfi vn des iours dc
cette fefte, qui felon fon infti tui-
tion en deuoitdurerhuid^ lefus
mak Oft Te-
pie- » au for-
lefus Chrifl felon S. lean. 45; Chja.io'
fcpromenoic au Temple, fous le
porchequ on appelloit commu-
Bemcntde Salomon. Ecilauoic
choifi cxpreflemenc cet endroit
la, parce qu'au lieu qu'en efteic
peuplefepromenoit volontiersa
decouuerr, ilfe retiroitalors fous
les porches J poureuitcr lefroid
& les autres incommodites dela
faifon. Com me done il y auoit us^tLifs
lagrande affluence dc perfonnes, tZ ^'T-'
les luifs Tenuironnerent de tous ^^y ^^^^^i>
coltes, & commesil nelcureult ^u^njtiens
point encore ouuertement deck- 'j^./fJXfi
re quill elloit,& pour quelle fin Jn/'ct/^
il eftoit venu au monde,ilss'a- ^' ^' ^ous
dec ^ 1 o I 1- Jra7ickem'stf
reflerent a luy , & iuy dirent.
S'il eftoic queftion de chofe dc
moindre importance , a peine
pourroic-on fouffrir robfcurite
de tes paraboles , & Tambiguite
de tes refponfes & de tes difcours,
Mais quand en chofeslcgereson
^lia^io. 45 (J ^araphrafcjiirtEuangilede
te laifleroit vfer en liberte de tes
tergiuerfations, eft-il raifonnablc
qn'en vne chofe de fi grande con-
lequencc qu eft la reuelation & la
connoiiTance du Mellie, tu t*en-
ueloppesainfidetenebres, &nos
ames de perplexice } lufques a
quand tiendras-tu ainii nos cfprits
balances entre la bonne opinion
que quelques vns ont de toy, & les
blafmes que la plufparc des autres
te donncnt? Si tu es le MelliejCom-
me quelques vns difent qu'ils t'en
ont oui vanter , di- le nous a cette
heure franchemenc en la prefencc
de tout ce peuple. Or penfoyent
lis bien lenlacer. Car s'll le nioit^,
il tomboit en contradidion, puis
qu^ilPauoic die tant de fois , & rui-
noit fon autorite entre les difci-
pies. S'il repondoit auec ambi-
guite , il fe rendoit coupablc de cc
, quils luy rcprochoyent^ & leur
lefts Chrijl felon S. lean. 45-7 Chaiio*
donnoit occafion de crier qu il
falloit bien qu il ne fuft pas Ic
Chrift, puis qu'il n'auoit pas la
hardiefifc de le dire. S'll le difoit
toutrondement, ilsenauoyentla
milIetemoins3pourfouftenirrac-
cufation qu*ils auoyent refoki
d'intenter a cettc occafion centre ^. j^-
luy, Mais lefus, qui fcauoictres^ i'^*?/"*^
1 . y.t 1 - rejpondttyiff
bien qu il ne lay pourroitarriuer ^^ '^ous ay
de mal finon quand il le voudroit nl'u JoyZ
iuy mefme, leur refpondit duuer- It'SH;
temcnc, fans fefoucier de leursfi- ff^'''* ''''^
nelies. lele vous ay dcsja die, re- r^ndent te/^
partit4l,&levousaydirars6sclai-::j^^'''
rement fi vous reulTics voulu en-
tendre. Mais vous ne le croyes
point ; & quand ie le vous repetc-
ray encore , vous nele croiresnoa
plus. Que fi vous ne voules ad-
iouter foy a rnes paroles, aumoins
rc^ardes a mes adions. Gar Ics
^uurcs queicfaisaunom&pa?
^ha.io. 458 n?araphrafefurl*Euangiledc
la puiflance du Perc qui m'a
cnuoye , rendent afses autentiquc
temoignage dc ce que ie fuis, fans
que par mes propos ic Ic vous in-
Maisvof^s culque dauantage. Mais c'eft ce
plint7c7y que ie difois il n y a pas fort long-f
JZ ^t! temps. Mes brebis , que mon pere
hdis, jYi'a donnees , & qu'il prepare in-
terieurement pour venir a moy >
entehdent ma voix,laquellc vous
n entendes point quant a vous ,
f. XT parce que vous n'cftes pas difpo-
.nnl't." sesdemefme. Etc5me elles con-
r""' ^'' noiflent ma voix, ie les connois
les eognoy : zv* 1
&auffiei:es quant a elles aum, & les aime, &
de leur part elles ne ront pas com*
-EiiTieur me VOUS, car elles me fuiuet. Pour
trmuT.'& vous, VOUS verrcsce qui vous en
ns feriront arriucra, & comment vous vous
samais : nul • / 1 1 > x •
aujft ne les garautircs delamort. Mais pour
^em. ^jj^^^ apresles auoirrepeucsdela
pafture cclefte , ie leur donneray
yic cternelle, de forte qu elles nc
lefus Chrifl felon S. leanl 459 Cliiao!
inourront & ne periront iamais.
Ec bicn qu'clles ayent beaucoup
d'cnnemis, &qu'ily ait beaucoup
de loups rauiflans , qui tafciient a
les dcuorer , fi eftce qu il n y en a
aucun qui les puifTe rauir de rpa
main. Eftant en ma protedion, f, ^^^
ellesfontenfeureaarde. Le oerc ^'"^ f'*^
qui me lesa commifcs, m'a com- ^^^'^^^^ftpim
munique la puifTance de les garan- ^^'«^* ch!l*^\
iir:&enmelacommuniquant,ny t l:i^
iines'eneftpasdepouillefovmef- '^^'' f'^
mc,nyilnapasabandonnelefoin ^^''^
de leur conferuation. Cc pere
done qui me les a donnees , eftant
plus grand & plus puifTanc que
tous leurs cnnemis, commc il n y
en a aucun qui les puifTe rauir de
ma main , il n y en a aucun non Moy^u
plus qui les puiiTe arracher de la InT""^
iienne, Et ne vous cftbnnes pas
que ic m'afTocie ainfi auec Ic pcrc
pour cc qui eft dc la protcdion
Cha.io* 466 ^araphrafeJurlEudngilede
de nos brebis* Gommc nous
auons vne nature commune^
routes autres chofcs nous font-
communes pareillement* Nous-^
auons vne mefme puifTanee;-
nous auons vn mefme foin te
vne mefme afife£tion pour le fa -^
lut de rioftretroupeau. Les bre-*
bis font a nous coniointement;;^
en vn mot ^ nous ne fommes paa
Adoncies teulement vnis, mais nous iom-^
m'^ie!pZ' nies abfolument vn moy & k
yjpiden ^"^ pere. A presces paroles de lefus^
ii parut bien que gc n'eftoit pab
pour apprendre que les; luifs
Fauoyenfc -interroga^. ' Gar auiJf
toft qivils leseuren4; ouies, com-^
s'ilseuiFcntentenduquelqueblaf-
phemeintokrable j fans autre de-
lib eratioh^&'fans at^tre forme dc
proces'-,' dabtant queddsn^lafphe-
nies a'udyeWt accotrlftttme de fe ,
punkpaclalapidation , ces luift J
com-
lefus Chrip felon S. I em] 4^1 Cha^Qt
totnmcncerenc a Icucr dercchcf
dcs picrres:, afin de Ten aflfommer.
Alors Icfus prenant la parole. ^* 5^*
/ . # lefiis lent
fans temoigner aucun etonne- >v^^»^/> le
menc ^ rcprima leur furcur en leur Zt %{ufi.
difant: Encore ne conuientil pas ^^' ^''''T
a des gens qui foncprofefliondc ^'^^ -p^'*'' »
fuiurclaloyde Moyfe, delapider d'heUe^'^Je
qui que ce foic, fi precnieremcnt ^'^^'^^^"^^^^
on ne luy prouue qu'il ramerite
par (es a6tions : car la iuftice nc
s exerce pas ainfi par fcdition po-
pulaire, & par precipitation de
courroux. Orquantademauuai-
fes actions , Vouk ne fcjauries mon-
ftrer que i'en aye fait aucune.Pour
de bonnes, i'en ay fait grande
quantitc en voftre prefence , &
vous nele pouues pas nicr. Dites
moy done ie vous prie, pour la-
quelle de ces bonnes oeuures eft-
ce que vous me voules lapider?
Car au moins faut il que pourob-^
Chai io. 4<S2, Para^hrafefur I'Euangile de
'^ feruer quelques formes de la iuftU
ce, vous me Tobjedics, & que
quant a moy ie vous refponde.
f. 35. Alorslesluifsjpoureflayerdeiu-
'^::!l^i ftifier leur acStion, luy refpondi-.;
^ousne u j-^j^^. Ccft viie chofcimpertinen-
puY bonnes te denous demander pour quelle
pourbiafihe- Donue action nous te voulons
r;;5:" I^pi^er. Situasfaitqueiquesbon.
homme.tHte j^^s adtiotts" nousnenous en en-
queronspas, & ne te punillons
pas a caufc delles. Mais nous te
voulons lapider par ce que tu as
prononce vn manifefte blafphe-
me , &c tu fc^ais bien que la loy de
Moyfe nous ordonne de punir
ainfi cette forte de crime la. Or
pour ce qui eft dcs formes de la
iuftice, iln'cft pas befoin de s y ar-
refter en vne chofe^ fi notoire a
toutlemonde, & que toymcfmc
tu ne fc^aurois pas nier. Car tu e&
hommcj chacun le void &lef^ait;
'lefus Chriji felon 5. lean. 4/^} Clia.io|
^neantmoins tutefaisDieu,en
£ egalantjComme tufais, au vray
Dieu, & en rappellant tonPere.
Alors lefus voyant ieurfureurvn. f- j^.
peuralentic,&(ju ils fembloyent re^MtJJlfi
fe vouloir arraifonncr auec luy, li^t^g'
quoy quU les conniift bien, ne ^'fj^^^^^^^
lauia pas de raire tout ce qui eitoit
neceflaire pour les inftruire. Il
leur die dpnc. Si c eft le zele de la
gloirc de Dieu qui vous tient , &c
riiorreur que vous aues des blat
phemesquitpurnenta fonpreiu-
dice , il fault que vous iaccompa-
gniesde connoifTancej&qu auanc
que de vous emporter de la forte^
yous examinies bien foigncufe-
jnenc s'il eft vray que^ i'aye blaf-
pheme. Ecvousnc pouues auoir
de reigle fi certaine pour cela, que
les liurcs de voftre Loy^ a qui vous
faites profeflion de deferer vna
SUtorite fouueraine. Dites moy
Cha^iol 4^4 ^araphrafefurl'Euangllede
donCjnaues vous ''pas leu aii
Pfeaumc Lxxxii. quil eft eerie
des fouucrains Magiftrats : Fay
dit J "vom efies Dieux f La le Pro-
phete declare quil les tientpour
Dieux^acaufe de lapuiflancein-
dependante de leur charge. En
cfFe£t 5 dans la charge des fouue-
rains Magiftrats ily a trois chofes.
L'vne, qu ils adminiftrent la iufti-
ceauxparticuliers qui dependent
de leur iurifdi6tion.L autrc,qu'ils
gouuernent auec auto rite les peu-
pies qui font foumis a leur con-
duite. La troifieme , qu'ils nc
rendent point conte de leur ad-
miniftration a ceux defquels ils
font Princes ou Magiftrats. Et
pour la pren\iere, sllsnycom-
mettoyentpointdefaute, oupar
Terreurdeleur iugement, ou par
la corruption de leurs aflFecStionSj
ils auroyent vne grande refTem--
lefus Chriji felon S. lean. 465 Clia. 10#
blanceauecDicu , qui tient tou-
joursla balance droite,& qui fuit
en toute fes actions la regie inua-
riable d Vne iuftice incorrupti-
ble. Mais au mefme Pfeaume
le Prophete Ics accufc d y com-
mettre diucrfes iniquitcs. Quanr
a la feconde , s'ils n y faifoyent
rienqu aucc vne fouueraine pru--
dence , accompagnee de routes
les autres vertusmorales, qui font
neceflaires au gouuernement, ils
approcheroyent en cela de laDi-
uinite , autant que la nature hu-
mainele peut. CarDicugouuer-
ne routes chofes auec vne telle fa-
pience , quil n arriue iamais le
moindre dereiglemenr en (a con-
duite, Mais dans le mefme Pfeau-
me le Prophete fe plaint de$ hor-
ribles defordres qui arriuent au
mondeparla fautede ccux qui y
font en dignite. Deforte qull ne
Ff3
Cha.10,4^^ Pard^hrdfejurl'Euangiledi
refte que cette . autorite indepen-
dante laquelle les exempte de H
fujettion a rendre raifon de leurs
adtions a qui que ce foit d'err-
tre les horn mes , qui leur puif--
fe auoit fait donner cc nom dd
Dieux. En efFecSfc , il ny a riea
;ea quoy les liommes reprefen-
tenc fi exprefsemenc la Majeft^
dc Dieu entant quil eft (ouuerain ,
comme il eft appelle dans le mef-
jnepafTage, qu'en cette eleuation
qui les met au deflus des autres
, hoitnmeS:,pour n cftrepoint tenus
sieUeaap'-AQ {c\xt .v6xi^iz t^iiovi^ Ac ieUTS
^dLTZlif adtibns. SidoncrEcTibireMppclle
ToUde^BiTu Dieux ceux a qui Dieu a donne le
eftadrefsee, commandemcnt d adminiftrerla
Tie font efire luiticc au tnonde , & d y gouuer-^
net louueramement ^ & 11 vous
jnefmes vous aduoiiesque TEcri-
tare eft dVn'e verite infaillible, &
tl Vne autorite inuiolable^ de fort^
gue tout ce qu on pent alleguer
Icfus Chrifl felon S, lean. 4^7 Glia.' loV
aIenc6trc,nanyefficacenypoids; ^ ^^^
Commentm aGcuses^vousd auoir ^'^^^ ^''«*
cotnmis vn blalpheme digne de /'^^^^ , ^^^
lapidation , parce que 1 ay die que fanMe , &
ie fuisle FilsdeDieu: moy, dije. ZZt.Z
quele Pere afan6tifie d vncfaeon ^j»»^?«^'>
A . i </// CIH6 IS
fi particuliere & fi miFaculeurc fuh u rtu
des Ic ventre , pour me coniaercr
a la charge de: Mediateur; moy^
qu il a enuoye au monde p6ur fai-
ic les fon£lions dt cette charge
par fon ordre^& coriime Ton Lieit-
tenant,qui repreftme fa perfonnc
auec vne egalc |)uiirance , & vnc
cgale majefte ; moy^qtfil a aihfi
infinittient eleue aii deflus de Is
dignite de rous les Potejrit^ts&de
tous les fouuerainis MagiftratsqiiJ
font en la terre> Et ie ne VOiis diS
pas cela afin due vous penfi^s^que
cefoit a: caufe de ma charge que fe
me (i^is^riomnie Filsd-tOieu-C'eiffi
en vnr ^urre egaM/ &: pour^na
Ff4
autre raifon, que ic prcns cette
qualice , & qu*clle m'eft donnee
parmonPere. leveuxfeulement
vous monftrcr par ce raifonne-
ment^quevousaues tort, & qu?.
vous vfes ou d acception de per-
(onneSjOU de pafTion^cn m*appel-
lant blafphemateur. Car fi vous
n'eftes point choques de ce que
TEfcriture appelleenfansdu Sou-
uerain, ceux a qui Dieuaaddrefle
fa Parole , & donne le com man-
dement de iuger & de gouuerner
fbu^ucrainement entre les hom-
ines,, quoy qu'ils s'en acquittent fi
inal:, Gomme ce Pfeaume les en
reprend ^ pourquoy trouues vous
fi etrange que ie me qualifie dc
ce nom de Fils de Dieu , veu que
Dieum'a communique vne Di-
gnite infiniment fureminente?
Ne monftresy oiis pas en cela que
c eft la haine que vous me pottcsj^.
Icfus Chrift felon S. lean] 46^ Cha. io
& les preiuges que vous aues cen-
tre moy^ qui font que vous varies
ainii en vos iugemens^& que la ou
vous en aues moins de fujct , vous
vousoiFensesdauantage? Carau
iefte,ie iuis Fils de Dieu d Vne tou-
te autre forte quelesPotentatsde
la terre , & les fouuerains Magi-
ftrats^ne fontnommes enfansdu
Souuerain, lis nelefont que par
Tinfticution de fa volonte , par ce
quilluyapleu de les mettredans
vne autorite independantc, qui
reprefentefamajefte. A u lieu que
ie le fuis par la communication
qu il ma donnee de fa nature &
de fonelTence^desauat les fiecles,
& de toute eternite. Et que cela t- ^^•
foit, fi les autres aliofes vous font ^esoeuuresde
lulpectes:, colideres au moms mes me crop^^
acStions , comme ie vous ay dit fi ^^'^^'
fbuuent. Ie vous dis que c'eft le
Pere celcftc qui ma enuoyc , &
Iph^.io. 476 ^amphrafe furhEudngik ie
qui non feulement m'a eftabli
dans ia charge querexerce, mais
qui me reconnoift pour le Fib
qu'il a engendre. Si done ie ne
fais les oeuures de mon Pere, s'il
ne paroift que c eft fa puifiancc
infinie qui produit ies miracles
que i'execute deuant vous ; s'il ne
rendainfi luy mefme temoigna-
a ce que ie vous dis de ma perfon-
nc & de ma vocation , ne me
f f. jg. croyes pas. Mais fi ie lesfais^
" Mais fl ie 1 •» 1 • >'
i^^^y -^^ quand vous nen voudnes pas
•^^mne^ me croiix amesparolcs , vousnefau-
'ueHlez eroi- 1 r 1 j
ws: , croyei^ TICS VOUS dctcndre que vous nen
-»/« ^He deuies croire a mes oeuures :, puis
Zd-t^i^ quellesy parlentfi Iiaut. Croyes
fwtie vere y donc :, & lors VOUS counoiftres
oy er^ &croirespareiIIcmentIa ventede
ce que i ay die, &dont vous aues
tantoft pris tant de fcandale , c'eft
que moy & le " Pere fommes
vn. Car il n y pent auoir entrc
4^f en moy
^ m
7ejus Chrifl felon S. lean. 4*71 ChajOi
iious vne fi inuiolable confpira-
tion d'affedions &devolontes a
VnmefmedeiTein y ny vne com-
munication fi intime d'autoritc
& de puiflance 5 pour la produ^
€tionde nos adions^quilny ait
milli cntre nous vne emerueilla-
tle communion &de nature &
deflence. Ces paroles confondi- %ll^^^
rent & conuainquirent bien Ics '^^oiemdonc
-Y ' r • 11 I • ale prendre:
luirs, mais elks ne les conuerti-^ wais n ef^
rent pas pourtant. lis reconnu- tT.l.itl
rentobien qulls nepouuoyent ref^
pondre a ce raifonnement, &_, ce-
ia pofequ ilfift des oeuures tellcs
que celles dont il fe vantoit^qu on
^e le pouuoit accufer de blafphe-
mes'ilfedifoitFilsdeDieu. Gar
Targument qu'il auoit tire des pa-
roles duProphete,leurfermoitla
touche^ & leur faifoit toucher au
doigt la paflion de leurs efprits.
Mais leur limine n'en diminuapas
Cha.io* 472. n^ixra^hmfe fur lEuangtle de
pour ccla : de forte qu ayant defi-
fte dudeflein dele lapider, parce
•quils voyoyec qu ils n y eftoyent
pas bien fondes^ puis qu'ilfede-
fcndoitfi bien du crime que Tpn
punifloit ainfi , ils effayerent ale
faifirau corps, pourle mencrde-
uant le Grand Confeil de la Na-
tion, afin d'y examiner (ts actions
& fa vie. Mais luy , qui n eftoit
fujet a leursentreprifesfinon au-
tant qu'ii vouloit y echappa de
leurs mains par quelque miucle^
f . 40. commc il auoit accouftume. Puis
u derefhef luojeant expedicut de renouueiier
outre te lot" | ^ . ^ • /
dain.au lieu la mcmoire du temoignage que
t//rZ!nt' Iea« luy ^uoit ^^^du , dautant
baptifoit:& que ce pcrfonnage auoit eu vne
demetJirala» ^ 11 r* • f
nierueilleule reputation parmyle
peuplcj&que communementon
letenoitpourvn grand Prophe-
te, il s'en alia encore vne autre fois
au deladulordain en Bcthabara^
Icfus Chrifi felon S. lean. ' 475 Chajp^
lu lieu mefme ou lean baptifoit
premiercment , & demeura la ^ ^, ,
quelque temps. Pluficurs done stpiufieursf
1 ayanc luiui la , & la mcmoirc de /«^ , ^ ^.
lean & de fon temoignage leur {T/;J««1
eftant reuenue dans la pcnfee :, ils fi^^^" • ^'^'^
en nrent comparaiion aucc ce chafes que
quells voyoyent de leursyeux,&: deceuny^ef
tenoyent ces apropos les vns aux tla^L
autres. lean na quant a luyfait
aucun miracle : & toutesfois nous
Tauons eu en vnc fouueraine vz^
nerationjde forte que pcrfonne
nedoutequ'on nedoiuetoutde-
ferer a fon temoignage. Outre
cela nous voyons a Tcxperience
que toutes les chofes que lean a
dites de celuy-cy ^ le trouuent ef-
fe6tiuement veritables :tellement
qu'a peine rcfte- t-il quelque cho-
fe a defirer, ou quelque iujetdc
licfiterfur ce quilditdefoy mef-
me , & de fa vocation. Ainfi, t'ttiuflnrj^^
t^ha.io^ 474 ParaphrafefurtEuangikde
^•eufent^r, chacuii parlantauantagcufement
^''^ de luy, il y en cut quantite qui
paflerentplusauant, &qui firent:
profefliondecroire en luy, &de
k reconnoiftre pour le Meffie.
CHAPITRE XL
f. I. ' \^ . • ^
oriiyauoii^ ^^^ R y auoit-il vn eertaiii
m^ude ap' i^^^l Homme tort malade ^
'/i.'w: ^^^nommeLazarc,quieftoit
tJedTuZ deBethanie, Bourgadeenlaquel-
rie ^ uar^ Ic U dcmeuroit auec deux fiennes
leursnommees Mane & Marthei
Eclefusauoit accouftume de fre-
quenter auec fes Difciples dans
kur maifon , tant pour y prendre
Tesrcpas^ que mefmespour y paf-
fer la nuit , quand il fejournoit en
:(Et Marie cctte contrec. ( Et cette Mark
^utJ^Jg eftoic Gelle la racfme, quiquclqu^
lefus Chrijl felon S. lean. 4-^5 Chaii lil
peu de temps apres fit enuers le ^,„^^,^t^_
Seigneur Icfus cet adc qui a efte ^'ts^'^^*&.
depuis ficelebrc entre les fiddles, ^>^^/^Vr./«>;
C» n > IJ • I • 1 . de fes che
elt quelle prit vne boite doi- ueLrd^u^
gnement fort precieux , & fans /^fL^..,^
auoiraucunegardafonprix^ ellq ^^''^ ^"^-^^
le repandit fur la perfonne de no-
ftre Seigneur, entemoignagc de
rhonneur quelle luy.portoit ,
apres auoirellemefmedefcs pro-
pres cheueux elTuye fes pieds, auf-
quels elle s'eftoit profternee pour
cet effed auec vne humilite pro-
fonde. C'eftoit, dije, Lazare^ frerc
de cette femme, qui eftoit grieue-
ment afflige de maladie.j Scs feurs ts %ufi
donque le voyant dans vn euident tlVZZj
peril de mort, & ayant beaucoup '^'>''^' '^^'-
j r It gneur, void
deconnance tantenlabonneyo- ceiuyque ?«
lonte de kfus, a caufe de fonor- Z'^udff
dinaire& familiere frequentation
en leur maifon , qu'en fa puiffan-^
ce , a caufe des miracles qu'ii fai-*'
Cha. 11* 47^ ^^raphrafeJurl'Eumgiledc
foir, cnuoyercnt incontinent ver J
luy, & donnerent charge a leur
meflager de luy dire * Seigneur 5
( car fes difciplcs Tappelloyec afses
communcment ainfi:) voila^ cc
perfonnage a qui tu fais ilionneut
de raimer,eft extremement mala-^
de,& a bicn befoin de ton fecourSo
Or efperoyent elles que cela Tin-
uiteroit a venir prontement , &
qu elles receuroyent quelque no-
f, 4, table afliftancede luy en cetteoc-=
oufZuf currence. lefus ayant entendu ce
ieurdit:cet' meflager. ne s'cn emeut pas com-
n'e(i point h. me cUes auoycut pcnsc ; maisilie
fnahpluru coutcnta de dire en la prefence dc
^BUu %r. fesdifciples:Ceftemaladien'au-
^ueiefiisde f^ par Ic (ucccs que ces femmes
giori§s par crai^ncnt. Car elles ont peur que
la mort ne leur rauifle pour tou-
j ours leur frere : nais elles ne le
perdront pas. Get accident luy
eft fculement arriue pour Pillu*
ftration
lejtis 'Chrifl felon S. Tearu 477 Cha. lil
Itration de la gloire de Dieu en la
manifcftationdc fapuifiance, &c
afin que le Fils de Dieu en foit pa-
reilkmenc glorifie, par raffiftan-
ce vifible 6c extraordinaire que
fon Pere luy donnera. Ce n'cft pas o^jlfJ;ay
quelefusneconnuftbienlagran- T'^ ^'*'l'
deur de ia maladie : car 11 n igno- (^^^ Af<«m>
roit rien de ce qu il vouloit fauoir: '^'^'''''
&monftrant par fes paroles qu il
auoit tresbonne connoilTance de
la fin pour laquclle Lazare eftoic
ainfi trauaille^ il tcmoigiioitafses
qu il n ignoroic pas iufqu'a quel
point elie eftoit pour le reduire.
Ce n eft pas aufTi qu il manquaft
d'affcdion versce perfonnage^ny
cnuers fes feur s: car il aimoit Mar-
tlie,&Maric,& Lazare,& fe fouue-
jioitdesfoins qu'ils auoyent tous
cus pour luy eri Jiuerfesoccafions,
& auoit du reffentiment de leur
hofpitalite.Mais neantmoins il nc
"^ / ' Gg
Ch^* t£ 478 ParaphrafcJurl'Euangtlede
\itioir cuj f^ h^ft^ P^s d y aller. Parce que s'i!
"^'^T'^ii y ^^^ arriue pendant le temps de
demeur^ la maladlc de Lazare ^ il cuft elle
JuUen'me/-- inftammcnt prie dele guerir. Ce
^^ que faifant Je miracle n en euft pas
cfte fi coliderable. Et s*il y fuft vc-.
nu peu ap res la mort, le miracle de
fa refurredio^qu il auoit refolu de
faire, euft cfte grand & fignalc ala
verite , Mais la certitude ^ pour la
conuidion dcs contredifans,n'en
cuft pas cfte fi euidente qu ellc
fut, apres que quatre iours cntiers,
commeie diray cy apres :> eurent
fuffifamment attefte de la verite
de la mort de ce perfbnnage.
Quand done lefus cut entendu
quil eftoit malade, il demeura
encore deux iours entiers au lieu
f, 8. ou il eftoit^ en attendant departir
fXYfes ^ v^^ lieure conucnable. Apres
^''^''^^Zfef ^^^^' ^^^ ^^^^ ioxxxs eftant expires,
fnif4d0e, dc lefus f^achant bicn ce qui eftoit
— „ '-i
'lefm Chrifi felon S. Icanl 4 79 Ghi^ if^
Srriue , il dit a fcs difciples : Par-
cons d'icyy mcs amis, & nousea
allonsdcrcchcf ducofte dc la lu-
dee, vers Icrafalem. Car la bour-
gade dc Bethanie cftoic dc cc
cofte 11:, & neftoiteloigneedela
villc de Icrufalem, finon d cnui-
ron Ic chemin dVn fabbat, qui eft
fculemcnc comme dVne lieue.
Alors fes difciples fc refouuenans
combien dc fois il auoit cfte en
peril de (a vie parmy les luifs de
lerufalem , en partie emeus de Taf-
fe£tion qu'ils luy portoyent, en
partie touches de la confideratioit
dc ieur propre danger a eux mef^
mes:, tafcherent dc le diuertir do
ccttc refolution , & luy dirent ^
Maiftre, (car c*efl:oit aulli vn nom
dont ils Tappelloyent afses ordi-
nairement , & dont les difciples
auoycnt accouftume d*honorer
ieursDodeurs en cc temps la, ) il
teh£ ih 480 ^ardphrdfcfur I'Euangile de
ya fi peu de temps cjue Ics luifs
cherchoyent a te lapider, Sc ce-
pendant tuveuxretourncrparmy
cux. Penfes tu que leur mauuaife
volonte ait ckange depuis ton
depart, & quelle (eurete crois tu
quil y ait pour toy entredes gens
quit'ontTA^agueres temoigne vne
f- 9- paflion fi demefuree ? Si le Sei-
dtt.Ny a-ii gneur lelus n*euft efte remply d V-
point douZe ^ . ^ 111 > n •
heures ^h- ue incoparaDie douceur:, c eltoit
iZ'femL afses pour Tirritcr, que d'entre-
deioHr.tine prendre de le confeiller, luy qui
choppe point? I % r •
cariivottu eftoit la prudence & la lapience
£6monde. jmelmc. Maisd vn colte leurl(ja-
chant bon gre de I'afFedion qu ils
luy portoyent , & de Tautre fup-
portant leur infirmite^qui leur fai-
loit apprehender de courir quel-
que rifque en fa compagnie, il fe
mit a Ics enfeigner , & a les forti-
fier contre le peril qu'ils s*imagi-^
noycnt en 1 entreprifedecc voya^
lefus Chrift felon S. lean. 4S1 Ch£
ge. Nevoyesvouspas, leurdit-il^
que la iournee neconfifte pas en
vn moment, &querefpaccenefl:
li long qu'on la diuifcj en douzc
heures, qui font douzeinterualles
confiderables! Or la dernierc dc
ces heures eft aulli bien eclairee dc^
la lumicre, que la premiere par
laquelle la iournee a commences
teliement que fi quelcun s'eft oti^ v '"^
propose ou oblige de cheminer
pendant tout le iour/il cftauffi;
bien tenu par fa refolution , ou
parfon deuoir/de fiiarcherfur la
fin, qu'au commencement ouaujr.
milieu de la iournee. Faitcs done,
cftat que la courfe que mon perc>
m'a affignee, eft com me vnc iour-
nee laquelle ilfaut que ie parfaee^^j^
& qu'cncore quei'approchedefa^
fin J il ne faut pas que le me rclaf- i
che.pour cela. Gependant vousi?
fc^aues que qui chcmine de iouJ>r.
ir-
Chal H-; 48^ TaraphrafefirtEmngilede
cii qticljqiie interualle ou heure^
tdc la lournec que cc (ok ., il ne
trouuc point d'achoppemcnt ^
^m^ais qulipairc fans incommodi-
te 6c fans peril en tous endroits ^
dautant quil eft cclaire de cette
^ j^i hcllc lumicre que vous voyes
Maisfiau^ refplendiraumonde. Aulicuquqr
^ nui^^ii cday qui fe met a marcher pen-
£hoppi:cAtil 11*. .
»> a point dant la nuit, rencontre toujour^
f» 4^'^'^' quelque ckofe ou fe hcurter a cha-
que pas : dautant que cette belle
lumiere du mondcne leclairant
^' pas , il n'en a point en foy mcfme
,qui raddreffe.Pour moy> ma iour-
nee eft eclairee dc la Vocation
que le pere ma addrefsee , & de
fon commandement. Et tandis
que ic le fuiuray ^ ie n*ay point a
craindre toutcs ccs mauuaifes ren-
contres defqucUes vous m*aduer-
tifses. Il n'y a que ccux qui paffcnt
les borncs d^ leur vocation, ou
Tefus Chrifl felon S. lean. 483 Cha. ii«'
quioutrepafTcntle temps qui leur
a cfte prefix pour rcxcrcer, qui
ayent k rcdoater les aheurts ou
les embufchcs. Quant a vouSjVous?
vous fouuenes alses que ie me (uk
fouucntappelle dc ce nom de lu-
micre deuant vous. Ccftavousa
pcnferquelfujet vous auesd auoir
peur y tandis que ie fuis auec vous, . ^ -j.
& que ie vous eclaire, Ccla dit^ ^^ ^*^ '^
noftre Seigneur s'ouurit d auan^ \uk\\ris
tage queique peu apres fur toe- ^^it'n^fira
cafion de fon defTein , & tint ce ""^y .f'"^^ »
langagcalesdilciples, Vous aues four Untiii^
apris par lemeflTager que Marie &
Marthe m'ont cnuoye,quc noftre
amy Lazareeftoit fort maladc. A
cette heureieTous dis qu'il dort.
Mais ie m'enuay pour Icueiller,
Or entendoit il cela du fommeil
delamort, &dureueildefarefur-
redion, qu il auoit refolu de fairc-
Car outre la rcflcmblance que ccf
Gg> 7
Clia* Ifl 4^f- l^araphrapJurtEuangileie
chofesont entr'elles, c'eftoit vne
fac^on de parler ordinaire dans la
ludee, que de nommer la mort du
nom de fommeiL Mais ce qu'il
auoit; dit en fens figure , fes difci-
pies i*entendirent commes'ileuft:
cfte dit en vne intelligence pro--
pre. A quoy contribiioit en quel-
qucfortc^que lefus n auoit point
accouftume de fe vanter dcs mira-
cles qu il alloitfaire; afin de don-
ner exemple de modeftie, & d e«
loigncr de foy tout foupcon d'am-
bition.& de vanite. Et de fait , en
cettc occafion il ne pafla par def-
fus fa CQuftume , & nc dit qu'il
en alloit faire vn , finon par cc
qu il s'en pouuoit enoncer en ter-
mes metaphoriques , & qui d a-
bord reprefentoyent vne adion
^^^ qui de foy n a rien dc merueilleux
D^nc ces ny de releue. Eux done Tentcn-
Jtrent': sZ dans CO mmc s'il cuft cfte queftioji
lefus Chrifl felon S. lean. 4% Clia^ ir|
^ Vn fommeil & d Vn reueil aiiifi ^„,„, ^ ,,.^
proprement nomme ;&quoy que ^'^'^J^ -^'^^
noftre Seigneur leur euft dit au-
parauant pour leur ofter route
crainte de reuenement de fon
voyage, defiranspourcantderen
dilluader J & fe feruans de routes
fortes de raifons pour cela ^ ils luy
repartijent en cetrc forte; Sei-
gneur^ s'ildort tun as point afai-
re d y aller. Car fans doute il en
echappera : le fommeil ayantac-
couftume d^eftre pris pour vn ar-
S;ument comme indubitable de la
diminution du mal, & comme vn
figne fur lequel on fonde vn fa-
iiorable prognoftic de conualef-
cence. Or, comme ielay defia de- ' o, ]%s
dare, Icfus lauoit dicdu dormir f'^ff^'^^^-
de la mort qui cftoit arriuee a ^Vr^^'^r • ^'^
Lazare , & ill auoit amli nommc p^ruji dt*
par ce que comme dans le fom- "^fJZ^.u^ ^"^
meii on eft priue de fentimcnt&
la. iL
4§(S TaraphrafeJurrEuangile de
dadion, la mortoftcau corps le
moyen de faire fes fondions & fes
operations natureiles. Etcomme
dans le fommeil on eft fequeftre
du monde,&n a-t-on aucun com-
merce auec ccux qui font eueiiles \
dans la more on eft fepare du
monde pareillement ^ &c on n a
aucun commerce auec les viuans.
Et come dans le fommeil le corps
fe rcpofe des fatigues de la iour-
nee, dans la mortchacunferepo^
fe des trauaux de la vie , & du tra-
casauquelilyaefteaflujetty. Et
commedans le fommeil il arriue
fouuent que par le moyen desfon-
Cjesonadefort ag-reables vifions'5
dans la mort les fidelles ioulilent
quant a Tame de pensees &: de
contemplations fouuerainemcnt
agreables , en attendant la louif-
fance d Vne plus entiere felicite.
Et en fin, card feroit long de re-.
lefus Chrifi felon S. lean. 487 Cha. 11]
prefentcr tous Ics rapports qui fe
treiiuent entrc ccs chofes^ comme
apres auoir dormi on fe reucille
de fon fommeil ^ & reuient-on:
dans la vie plus frais & plus vigou-
reux qu*on n eftoit quand on s eft
coucne^ apres la mort on refTuf-
cicera du fepulcrc, en vnc condi-
tion bcaucoupplusauantagcufe,
& pour entrer dans la poflcffion
d Vne vie a laquclle celie de main-
tenant n'a du tout rien a compa -
rer. Mais fesdifciples, qui nc pe-
netroyent pas fi auant dans fon
intention , s*arrefterent a la pre-
miere intelligence des mots y &c
3*imaginerent qu ilparloitdu dor-
mirdu fommeil feulement. Alois Btp^unant
leiusvoyantieurtardiuete, lugca dUcuH^rfe-
qu'il les falloit inftruire tout ou- Z'l^'^onT
uertement de Taccident arriuc a
leur amy, & du dcifcin de i^on
voyage , a fin qu y eftant prepares
^^ha. 11. 4S8 n^araphrafe fur I'Euangile de
de bonne licure, ils fa (Tent plus
artcntifsace qu il auoitafaire, &
moinsfurprisdefbn action. C'eft
pourquoy il leur die tout franche-
menc ^ & fans vfer ny de circon-
^^ ^^^ locution nydemetaphore.Lazarc
Mifuis ioy> eft more. Et pour Tamour de vous
esx pur . p . , . ^r 1 • '
Umau^ \de ic luis Dien ailc accc que le nay
"S^nyefiZ point efte la pendant qua dure fa
^^^IcuT ^^^l^die; ^fin q--^^ felon que vous
^7r^ mak en aurcs du fuiet, voftre foy s'ac-
croille & le rortihe. Farce que li^
iyeufleefte, vousmefmeseuffies
contribue a ce que ie leulTe gueri,
& vous fuflies ainfi priues de la
fatisfadiion dc voir de plus gran-
des cliofes. Mais ie ne vous en
vcux pas dire dauantage : feule-
AdMncTh^ mentallonsversluy. - Commefes
^^i^L> difciplesvirentqu'ildemeuroitin
vms ] dn k flexible en cetterefolution, d'au-
fnom difci. tant qu'il leur euft efte honteux
- Iv/^f'S derabandonner,&:quedaiIleurs
lefus Chrifl felon S. leanl 4% Cha!] ii3
lis I'aimoicnt cordialement^ ils fe ^,^,,^,^^,^'
difpofercnt a la fuiure. lufques la ^''>.
que Thomas, furnomme Didy-
me J ou Ic lumeau , ('car les luifs
conuerfans auec les autres nations,
& particulieremet auec les Grecs,
auoycnt accouftume ou de ploy er
Icurs noms a la forme & a la ter-
minaifon Grccque,ou d'en pren-
dre de Grecs qui refpondiflent a
leur fignificationj bien qail fe
full toujoursmonftrele plus lent
a croire aux paroles de fon Maiftre,
& qu'encore alors il ne fe full pas
afses fortifie par lesdernierspro-
pos qu il leur auoit tenus j par
quelque faillie d aflfe6tion 8c dc
courage dit a fes condifciples :
Allons-nous-y-en done auffi, afin
•que s'il a a perdre la vie^ nous la ^, j^;
perdions auec luy. Ils s'achemine- .^^^^/^y
rent done, & lefus eftant venu, trouu^qun
fion pas luiauesdans la bourgade ^ja qustn
Cha^ ir! 490 l^araphrafe furl'EuangiUde
Uwf A^ yg- mcfme, mais iufqu au lieu du fe-^
fHkhn.^ pulcre de Lazare y qtii en eftoit
fort pres, il trouua qu il y auoit
dcsja quatrc iours que le mort
auoit cfte mis fous la tombe, &fe
le fift ainfi attefter en ia prefence
(orBelL- dc tous Ics afliftans. Or eftoit la
^rS' bourgadedeBethanie prochela
uminuiron yille dekrufalem, enuironquin-
^des.) ze ftadesj dont leshui£bfaifoyent
cc qu on appelle tin mille, & les
quinze a peu pres vne commune
^ ^•, V^- lieue francoife fculement. De for-
des imfs e- tc Qu a caule de ia proximite du
aMarohec^ licu ^ Martlie & Marie auoyent
puHeZn- dans la ville diuerfesconnoiilan-
foUrje uur ^^^ ^ diucrs amis cntre les luifs,
dontily eneut plufieurs qui leur
voulurent rendre les offices d ami-
tie &d1iumanite accouftumes en
tellesoccurreces. Car ils vinrcnt
vers elles en leur maifon , pour
leur fairc Icurs co^tdolean^es, &C
I ejus Chrijl felon S. lean. 491 Cha. 5^
pour Ics confoler en Tafflidion
que raccident de la mort de leur
frere leur caufoit Et ccs deuoirs
ferendoyent par quelquc notable
cfpacc de temps, nommement
pendant la premiere femaine du
dueiU lorsque lapertecftant plus
recente , les reflentimens en Tone ^^;
plus vifs. lefus donceftant arriue ^«^»/^^»^
au lepulcredeLazare, le bruit en q»eufujve^
tutmcontmentporteala mailon andeudtdQ
de fes foeurs, & Marthe louit la 1^/^:
premiere, parce quelle alloit &>'«/^«=»^i-
venoit, vacquant aux affaires de la
families de forte quetoutetranf-
portee, elle fortit incontinent, &
sen alia au deuant de lefus pour Ic
rencontrer. Cependant, Mane ,
qui cftoit plus auant dans le fonds
dela maifon, affife auec la com-
pagnic, n en ay ant point encore
GUI parler^ ne bougea de la. Mar- Marthe m§
the done s'eftant auancee,& ay ant s%nm^
Cha. li. 4^2. ^araphraJefurl'Eudngik dc
tueufe ,/, rencontre lefus, elle luy tint vil
icy.monfre^ proDOs QUI Hionftra bien qu clle
f"'^f> auoit bonne opinion &de Ion ar-o
fe6tion, & de fa piiifTance en quel-
que forte, mais que neantmoins
elle ne la connoiiToit pas encord
commeilfalloit. Car elle luy dit,,
Seigneur , fi tu euffes efte icy mou
frere ne feroit pas mort j comme
s'il luy euft efte plus malaise de
ii refifufciter les mores, que de guerif
Ui^l'^maiL les malades. Neantmoins, il luy
'fw ^I« ^^^^ incontinent quelque bonne
d,m;tnderf,.s pensce eu refprir.quelapuilTancc
ktiiiranern, dc lelus nc pouuoit eltrclimitee
par la grandeur ny par la difficult
te d'aucun accident; parce que
Dieu laimoit fingulierement^ &
qu il ne luy refuferoit fon affiftan-
ce en quelque occurrence que cc
peufteftre. Elle adjoufta done fur
le champ : Toutesfois , encore
maintcnant en Teftat auquel Ics
affaires
Tefus Chrifi felon S. lean. 495 Cha^ IL
affaires font, ie f^ay que tu ne f^au-
rois rien demander a Dieu, que
Dieu ne rodroye Uberalcment.
Icfusdonclavoyanteticctccbon- 7*^^ %
ilpoliaon, il lay voulutcon- njiucit^rA^
firmer par cette p.romefTc , pleine
non feulement dVne grande, mais
dVne prompte confolation pour
elle^ fi elle Teull: bien cntendue:
Marthe^ ton frere refluflitera.
Mais Marclie , qui auoit appris MmlTiuy
quelque chofe de la refurredion ^«v/^r^/^
generale, par les oracles des Pro - "^'^ ^" ^"^
phetes, & par la doctrine qui en ^« ^rmi^
eftoic communement receue en
r.Eglife alors , n'ofant encoire con-
ceuoir certainement cette efpc-
rance, que lefus deiift ramener
fon frere en vie tout prefente-
ment, tourria incontinent tant (a
pensee que les paroles dc noftre
Seigneur fur le dernier iugement ^
& luy refpondit en ces termes.
Hh
tOUVm
Cha. II. 4^4 ParaphraJefurl'Euangilede
Otty, Seigneur^ ie f^ayqu'ilrefluC-
citera lors dela refurre6tion vni-
uerfelle de tous les fideles en la
derniere iournee : ce qui eft vne
grande confolation pour les gens
de bien.Mais cependant Tabfence
, ^ denos amis ne laifle pas de nous
lefus luy eftre fort fcnfible. Or lefus ne
refumaion jtianquoit lamais de prendre tou-
croitenmoy, tes ks occalions qu on luy prelen-
encove qu^ii ^^j^ d'clcuer les eforits des hom-^
fott mart , ^/ ' I
'^'uiura, iYics de la confideration descho-
fcs temporelles, a la contempla-
tion du falut eternel qu'il nous
preparoit. Ceft pourquoy il prit
fujet decesparolesdeMarthe, de
meller auec Tefperance qu il luy
donnoit de la prochainc refur-
•re£tion de fon frere, la mention
de quel que chofe de plus grandi|,&
la declaration de la puiflance
quil auoit de donnerafes fideles
yne vie beaucoup meilleurc, plu$
. lejhs Chrifl felon 5. leanl 45>5 Cha. ill
auantageufc, & plus durable, que
celle quelle defiioit quilredon-
naftafonmort. Carilluydit:Et
cette refurredion done tu paries,
Marthe^ & la vie etcrnelle quila
fuit 5 eft en moy comme dans fa
fource & dans fa caufe , &c c'eft
moy quila donneray a ceuxqui
Tauront. Qmconque croit en.
moy^ fuft^ il desja entre les mains
de la more, il reuiura : car la more
n*a point de puiflance fur mes fi-
delles : Ec quiconque d'entre les ^tquidn^
viuans croira en moy, celuy-la ne IZt'^^'^t
mourra iamais, mais iouira eter- ^' mourra,
nellement dVne vie bien-neu- tuceu.
reufe. Crois tu cela, Marthe, ou fi
tu hefires encore fur la perfuafion
que tii dois auoir & de ma per-
fonne& demavertu.^ AlorsMar- J^; ,'^^-
the excitee par la m^iefte de ct ^^'''^setgneur,
propos, &en quelquelorte coa- et u chrifi
fufe de ce qu clle auoit donne I {Lt^^l
Hh %
Glia. II. 49S ParaphrafeJurl'Euangilede,
eftcemonde grauemcnt a caufe de fa hefita-
tionjuy repartitauflitoft :Non,
Seigneur,ie ne doutc point:Ie croy
que tout ce que tu dis de toy main-
tenant eft rouuerainement veri-
table : Et i'ay desja creu des cy
deuant que tu es le Chrift,leFils
- deDieU:, ccluy qui dcuoit venir
au monde, &que 1 Eglife dlfrael
attend auec tant d'expedtation
depui;^ fi long temps. Or ayant de
longuemain cette perfuafion de
toy^tu ne faurois a cette lieure me
rien dire li grand ny fi glorieux
de ta perfonne, queie netienne
pour veritable^&que ie ne rcqoiue
comme tel auec foy & humilite.
^HiandeUe Icfus cftant fatisfait de cette ref-
Z-fl: ponfeilluydift quelle sen allaft
^ ""p^f* Querir fa feur, Martlie done voy-
Maru fa ^ i n i /
>«r tn fc> ant qu 11 eftoit demeure content
TJ'talfire defes paroles, S^eftant pleinede
Icfus Clmjljelon S. lean. 45)7 Gha; iD
ioye & d'efperance de voir quel- ^^ >^^^. ^
que grand effec de fa puiflance ^'"^P^^"'
pour fa confolation ^ elle retour-
na dans la maifon, & fans rien dire
ala compagnie^elle fit tirer fa feur
Marie a part, comme fi elle euft
eu quelque affaire prefsee auec el-
le, fear f^acharit bien la difpofi-
tion de I'efprit des luifsenucrs le-
fus, elle ne vouloit pas dire liaute-
ment quil eftoit la) & luy ditv
lefus, que nous appellons ordinal-
rementle Maiftre,eftvenu rtrou-
ue done moyen de venir parler a: ^, ^^^
luy;cariltedemande. Cettenou- . ^^f f^*"^
uelle emeut Marie de telle facon eUe fe Uua
^ ans auoir egard a la compa- ^ ^/^w a
gnie qui eftoit la, ellcfeleuafubi- %Vi;v
tcment, &s'en alia vers lefus, tant
pour auoir Thonneur & le con-
ten tementde le voir & de Touir^
que pour voir fi pent eftreenlcur
faueur jl neferoit point paroiftrc
aViwV^'^
CHa. II. 45)8 ParapfjraJcJurtEuangilede
quelque effet extraordinaire de fa
^carufti^ puiflatice. Elle fortit donc^non
n*efioit point j i -T /" 1 -1
encore vena de la mailon iculcmcnt, mais de
mlt^^Toit la bourgade: parce quelefus n'e-
^« lieu oh toit-point encore venuiufqueslL
uoit rencon^ & H auoit pas voulu paller outre
le lieu ou Marthe luyeftoit venue
ak rencontre. Car (Radiant bieni
qu'il y auoif grande compagnicT
duns la maifon y il nc vouloit pas
qubncreuft qu'il les allaft querin
luy mefme comme par oftenta-
tiDn, pour faire vn miracle en leur
, , prefence : quoy que d-'ailleurs il
nignoraft.pas ce qui deuoit arri-
-^^ ^^ ncr^ Sc qajls y viendroyent afses
AdoncUs deux mefmes. En effect, lesluifs
lutfs qH% r • 1 1
efloientauec QUI eftoycnt aucc Mane. dans la
Tnaifon,^ maiion, & qui eltoyent venus^
';g:^i pour la confoler, voyant qu elle
fitqueu^. s'cftoitainfi leuee fubitement., &
rte,efloitle~ , , 11/ 1 1 r
u^efitoft,^ qu elle s en eitoitallee de la lorte,
foYtie,Ufui- ,- • > n • I
uiret.dij^ns: s imaginans que c eltoit quelque
' lefus Chrifllfelon S. lean. 495^ Cha. n.'
tranfporc de douleur & dafRi- Eius-env*
6tion,partirent incontinent pour ^^{'^"^^^^';
lafaiure. Car ils difoient en eux* //^«»^^ ^^.
mefmes les vns aux autres : Ellc
s'en va fans doute au fepulchre de
Ton frere 3 pour s'abandonner
la aux pleurs &aux lamentations. ^. ^^^
Comme done Marie fut venue §i^^»^f'
au lieu ou euoitlelus, & qu'elle -venue la eh
1 eut veu & reconnu, eile le letta xayam -veu,
a fes picds qomme pour Tadorer, ^^'y,f ^tX!
& luy tint le mefmelaneage qiie ^«^ ^'Z^'^^;
laloeurMartheluyauoit tenu^u- tneufesep
parauant : Seigneur , u tu eufles ,/ ne fufi
efte icy mon frere ne fuft pas ^''^ ^'''•
mort ; & en difant cela elle fon-^'
doit a fes pieds en larmes,& par
fes foufpirs & fes criselle emou--
uoft a compaflion tous les af-
fiftans; de forte que les luifsqui
Tauoyient fuiuie , nc fe pouuoyent
tenir def^|)leurer. ' Alors lefus f. 3?-
mariftra bien non feulement qu il jS^^u ^^u
• " ~~ ~ Hh4
>"*
Cha.ir. 500 n^ araphraje furl' Euangik dc
fieuram, 6- ^^^^^ liomme qui auoic re^Gil:^
lesiutfsqui toutcs nos paiTions naturcllcs,
ejtoyent la X *
-venus auee quov qu'cxantcs depcche^ inaisi
pieur^ns, ii eHcorc qu il auoit ies attcdtions
^ef^tl{v tendres, & aifees a emouiiain Car
tnutfoy.mef, ]^^^^ Qu'il cuft rcfolu dc refTuciterf
' I^azare > & que s'll eftoitcapablei
d'eftre touche de la perce de foa
aray, il auoit en main Ic moyen de
s'en confoler^ & d*en confoler Ies
autrcs , fi eft-ceque quand ilvid
Marie pleuranteainfi amerement,
&tousIesIuifsquieftoyent venus
aueQ elle , pleurans de mefme , la
compaflion de leur douleur, la
Veue & Texemple de leurs larmeSj
& Tidee de Teftat auquel efto i t Ion
ami , furprircni: & faifii ec tellemcE
fonimagination^qu^il en fcntk en
fes entraillesvneforrgraiideeHlPi
tion , & de lagitacicn que fes eA
prits en reccurent, il fremit y^^^
trouble, deforce que cecte iAno-
I ejus Chrift felon S. lean. foi Ch^. It.
centepafTionde fon efprit parut ^. ^^
mefmedefrus*fon vifasc. Neant- ^'^*^'- o«
moins , comme routes les affe- '^'^ '^^^^«/
ctions & les paliions de la nature, pieur^vten
eftoycnten \\xj dans vne parfaite ^^^'^'*'-
piodcration , cela ne rempefche
pasdeparler, &: dedemander^ou
Taues- vous mis ? comme ayant de^
fir d'aller fur le lieu. Alors ceux
c|ui eftoyent la prefens s'offrirent
aTy mener en difant : Vien, Sei-
gneur, noust'yconduirons, & tu
verrasle lieu toy- mcfme. Et lefus
lesyfuiuit : ndnqu'il euft bcfoin
de leur conduite , car il f^iuoit
bien ou il eftoit : mais il aimoic
encore mieux qu*ils y allaflcnt
d'eux-mefmes^ques'il s'y fut fait
fuiure pareux^parcequ^en routes
chofes rl euitoit tres-foieneufe- ^
ment loltentation. lelus done Et ufus
eftantvenula^commelaprcfence ^^^'^'*'
dc ces* objcts renouuelle & rend
Cha.ri. 501 n^ara^hrafe furhEuangile de
bcaucoupplusfenfible riaeettnr
des perfonnes que l*on a aimees^
• que du miferabie eftac auquel
elles fe trouucnt lors , lemocion
qu*il en auoit defia receue aupara-
uant, fe redoubia iufques a tel
pointy qu'il en epandit des larmesj
ce qui caufa diuerfes penfees dans
f' ^^^ les efprits des luifs qui eftoyeat la
doncdirent, prekns.Cat la plus part d'entr eux
^mlntiiui^ en iugerent aflez equitablementy
^'"^^ &c prenans cecte emotion de foa
corps > & ces iarmes de fesyeutx,
pour vne marquede la difpofition
interieure de Con. efprit :, ils dirent
auec quelquc efpece d'eftonemet
de la vehemence de fes afFe6lions,
voyezcomment il aimoitLazarel
cohime s'lls leuiTent voulu louer
f, 37. d'auoir Tame tendre, & d'eftrede
d'ZrZT b^^ naturel. Mais quelques vns
direnf'.cet- d^cntt'cux Y trouucrc t mcotinent
tny-ci qui a ^ •' ,
r ies a reprendre. Car ks vns »nrent
oHuert
yeux
lefus Chrijl felon S. lean. 503 Clia. 11.
occa(ion de redarguer de faux la «,«^/,„/^;,,
commune reiiommee , qui pu- p;j;^^^
blioic quil auoit ouuert lesyeux /qf^ecetho-
del' aueuglene ; parce quesileult rujipoim,
qfte capable de faire ce miracle la^,
il pouuoit bien empefcher Lazare
de mourif ^ ce quieneuft efte vn
beaacoup moindre. Les autres
qui n'ofoient pas choquer la certi--
tudedVn fait qui eftoitfi notoire
& fi public, accufoyent Imcon-
ftance&lavariete de faconduite,
d'auoir voulu guerir vn aueuo;le
qu'il n*auoit iamais veu aupara-
uant^ & de n auoir pas gueri vn
perfonnage auec qui il auoit eu
rant de familiarite. En fin les
autres qui ne doutoyent point dc
fon affe6tion enuers le deffun£V,
& quil n^euft efte bien aife de
le voir plein de profperite* & de
vie ^ne fauoient que iuger de fa
puiflfancc a produirc des miracles.
Cha. ii. JO4 Taraphrafcfkrl'Euangilede
. ny fi elle auoit dcs temps deto'mi'^
nesaufquelselle fedeployaftj ou
non. De forte que xous ceux la
difoient, les vns par ironie, &les
autres par admiration; Celuy-la^
quia ouuert les yeux de raueugle,
&c qui par ce moyen a rempli rou-
te la ludee de fa reputation^ ne
pouuoitil point faire en forte
^^ .^ que ce pauure homme icy qu'il
tors isfus aimoittant- ncfuft; pas emporte
fremtjfant . \. 1. r • t T 1
derechef en par u maladie ? Mais lelus en les:
-mma^se, laiflTant difcourir , sauancoit dc
^ah'-Z pl^s^^ plus vers lefcpulchre,&:
^''^.uerne,^ ^ mefure qu'il sen approchoit:,
y^mtoit vne r \ • n r V 1 1
perre mife couime 11 \c trilte lpe6tacle QU
*^'''* cadaure de fon amy, full: venu au
deuant de luy , il fremit encore
tout de nouueau en foy-mefmC:,
& vint ainfi iufques fur le bord du
tombeau. Or eftoit ce tombeaa
la caue comme vne grotte dans
vn rocher ^ ce qui fefaifoit affcs
lefus Chrifi felon S. lean. 505 Clia* iL
fouuent pour mcttre repofer des *
corps He perfonnesvn peu confi-
derables. Et fur 1 ouuerture de
cettegrotte, qui auoitefte faite
comodement pour cela, on auoit
mis vne pierre qui feruoit de cc
quon appelletombe^ pour cou- ^^ ;
urir le corps. Si lefus euft voulu, ^f^"' f'^*
a fa feule parole, ou mcfmes au perre. Et
feulmouuemcntdefa volonte Ja>«rX rl
pierre {^ fljft retiree , & le f^- 1::^S;^
pulchrc fe fuft decouuert. Mais ^^^g^^^^-n
afinqueles afliftans n'eufTent en ^^r a ^4^
p r J cjHatre tours
cette occalion aucunloupcon de
preftiges, d'i}lufi5, ny de charmes,
& qu ils fuffent eux-mefmes te-
moins & de la reelle ouuerture dii
fepulchre , & de la prefence du
corps mor t, il dit aux feruiteurs dc
Marie & de Marthe qui eftoyent
la venusaucclesautres.'Leuescet' .
te pierre, & I'oftez'dc la. Mais
comme d ordinaire les objets les
Clia Ji* yo(J ^araphrafe fur I'Euangile de
plus prefes chafTet pour vn peu de
temps de refprit Ics autres pefees^
Marthe foeur du mort , croyaric
qu a cette ouuerture il ne fortift
quelquc mauuaife cxalaifon qui
ofFenfaft les narines de lefus, le-
quel eftoit la (urlebord dutom-
beau y s'auan^a de Ten auertir en
difant : Seigneur , il eft dcfia cor-
rompu, & put fans doute : car il
^N^faye J ^ quatre iourseutiers qu ileft la.
pasdit.que Surquoy noftre Seigncurauecque
fitucroh.tu 1/ ^ir 1
-verras u la douceur & la condelcendance
i)iil ' acouftumec^ luy ramena dans la
fouuenance les propos qu il luy
auoittenusauparauant. Ne t'ay-
je pas dit J refpondit-il, que fi tu
crois veritablemcnt en moy, tu
verrasla puiflTance de Dieu fe ma-
^ ^,. nifefter auec eclat & glorieufe-
iisieuercnt nient cu dcs adions fouueraine-
doncUpter- - y r a
re. Adonc Tsxtwt mu'aculeules ? Apres ces
^fJ7£;'*'f^ paroles, ceux aquiUauoitcom-
as.
lejks Chrifl felon S. lean. 50^ Cha. ll.
inande d'ofter la pierre de Toii- haut , *//>.•
ucrture da lieu ou le mort eftoic ^'^' '' ^^
• r y ' 1 ^ ^^^^^ graces
gilant J s en mirent en deuoir , & 5«^ ^^^^
n'eftans plus rctenusny par la pa-
role de Marthe , ny par aucune
autre confideration , ils Texecu-
terent. Alors le ^fepulcre eftant
ouuertj &le corps eftendudeuant
lesyeux de toutlemonde, lefus
pour exciter dauantage Inatten-
tion desaffiftans, pour monftrer
qu'il rapportoit au Pere celefte la
gloire de tous fes miracles, & pour
temoigner de plus en plus qu il
n'entreprenoit rien que par fon
ordre, &n'executoit rien que par
fa vertUjleua lesyeux en haut, &
prononcja ces paroles. Pere ie te
rends graces de cequ'auant mef-
mes que ie t aye inuoque de viue
voix pour ladion de maintcnant,
tu m'as desja exauce. Car ie fuis
plen^mcr^t affeure que tu feras ce
Cha. 11. jo8 TaraphmfefpirlEuangilede
f. 42. que ie me fuis propofe d'executer
huirueZ a cette heure pour ta gloire. Et
m'exai^ces j^ ^^ contcntcrois de t'en benir
2w^i. /W^r^ incerieurement cnmon ame, s'il
dit , a, can , . ^ . . . ^
jedeu mui DC s agilloit icy quede mon rel-
T^lnZf, fentimenr. Parce que ie f^ay bien
afin quits q^g tu m'exauc>:stoujours. &que
eroyent que I f i. r
tu m^s en- meltnes tu me preuiens par 1 ai-
^0)^* fiftance de ta vertu , S>c par la de-
monftration de ta diledion pa-
ternelle. Mais ie t'en temoigne
ainfi hautement ma reconnoif-
fance, a caufe dela multitude qui
efticy alentourde moy, afinque
voyaat la communion qui eft
entrenous, comment tu fais ccs
grandes merueilles a ma parole^
&enma confideration^ & com-
ment ie t'en rapporte toute la
gloire & tout Thoneur , ils croyet
que c'eft toy qui m*as enuoye , &
Ay^nt dit que c'eft en ton nom que ie leur
''' ' Ihmte parle. Ces paroles ainfi pronon-
eees
lefiis Chrtjl felon S. lean. 50^ Gha^ il,'
tees auec vn ton dc voix plein de ^.^^ , l^.
grauite & de fcriieur , il cria a ^/^^^^ '^'''^
haute voix, commc s'il euft voulu
reueiller vn liomme profonde-
ment endormi ; Lazare^ leue toy,
fors dehors ^ & reuien en la lu- f. ^f,
miere du monde. Or eft-il bien J//";
certain que ce ne fut pas fa voix ''^''y ?««
quiredonna iavie a ce mort rear mon.^yant
> n • • 5 C f \ les mains ^
cen cltoit rien qu vn Ion , eclat- lespeds nez.
tanta la verite, maisvn fon pour- ^ ^rfZl
tant qui n auoit en Toy aucune 'fi;^^ f «^^^
vertude redoner la vie aux nom- fuaire ufus
mcs. Ce Icroit vne grande raute iiez,.u.&u
de iugemet d attribuer vn fi grand ^^#^,^^^*^t
& (i merueillcux cffet, a vne Ti foi-
blecaufe.Auflinollre Seigneur ne
la profera-t- il pas en cette intenti-
on;mais bie certcs a ce que les luifs
quiroyoyentainfiparler, & com-
mander aux morts de fortir, re-
connulTent quentre celuy qui
parloit , & celuy dont la vertu
li
Cha.ii. 510 Paraphrafcjhr I'Euangilede
faifoit reiiflir fon c5mandemenr^
ily auoitvne communion tres- in-
time. En effet il n cut pas pluftoft
prononce ce comandement, que
lemortfe leua, & fortit du tom^
beau, comme il y auoit efte mis^
c'efta dire, les pieds & les mains
encore lies de bandes ,& le vifage
enueloppe d Vn fuaire , ainfi que
c'eftoit lors la couftume dac-
couftrer les corps des morts; &en
cet eftat il (e tint debout fur le
bord de fon monument. Ce que
tous ceux qui eftoyent prefcns
cbnfideransauecvn cftonnement
incroyable, &c ne pouuans encore
gueres biens'afleurerde ceque ce
pouuoit eftre , lefus pour leur
ofter tout fcrupule , & leur don-
ner vne pleine certitude de cette
refurre6tion , dit a quelques vns
d'entr'eux, qui pouuoyent feruir
a ce miniftcre j Deflies-le , & luy
lefus Chrijl felon S. lean, yii Cha\ ii^
bftesfonlingc &:fes bandes, &lc ^, ^^
laifTes aller ou il luy plaira. Vne /^''«7^^-
J *- ^ . pears des
chofe de cette nature , raite en i«^/> ^«r*
la pretence detant deteinoms3& nm^Mftne
auec des circonftances ii remar- %fZ'jem
QuableS:, deuoic fans doute con- '"/'^ ^'''^^'
uaincrc les plus obltincs centre- amitfaites,
dilans. Et de rait il y cut plulieurs i^y,
de ces luifs, qui eftoyent venus
pour voir & pour confoler Marie
qui ayans bien attentiuemenc
confidere ce que noftre Seigneur
auoit fait , ouurirent en fin les
yeux de Tefprit a cette merueille3&:
creurentenluycomme au Meffie ^, ^^^
lequel auoit efte promis. Mais ^^^^.^«-
comme il y en a dont la durete de ^'^« ^//^^^«f
coeureft abfolument inuincible, y7.»;,^/^«r
1 T, a ' ^ 1 dirent les
quelques vns d entr cux s en al- ,h^f,, ^^^
lerent trouuer les Phanfiens, qui ^^^^f^^'''
auoyenc beaucoup d'autorite au
gouuernement da peuple , &;
fc^achans ranimofitequilsauoyec
lii
Cha. lu 512, n^araphrafe furl'Euangilede
contrelefus^de qui ils preuoioyenc
bien que ce miracle augmenteroit
grandement la reputation , ils
leur rapporterent tout ce que
lefus auoit fait , afin qu ils ad-
f. 47- uifaflfent entr'eux comment ils y
FrlnTe7des' donncroycnt ordre. Et Taduis
hf^Fha^. qu ilsen donnerent ne fut nulle-
fpem ajfem- mcnt mefprife. CarlesPrincipaux
hlerent te . ^ *■ ,^1T^1 - r r
confeii, <^ Sacrincateurs, & ksPnariiiensal-
fltfonsiih? Temblerent incontinent le grand
career hom- Confcil dc kNation , & y ayans
ms cy fait ^ * ^J
beauconpde racontc cc qui leur auoit efterap-
portc ^ lis mu'ent la chole en deli-
beration , & parloyent ainfi aux
autres. Cefta nous aaduiferbien
fakement & bien meurement a ce
que nous auons a raire en cette
occurrence. Car c'eft vne chofe
certaine:, & qui nefe pent defor-
mais ny cacher nier ,' que cet
homme fait beaucoup de chofes
bien merucilleufes. Il en a fait en
Icfus Chrifl felon S. lean. /15 Cha» ir.
diuers lieux , qui luy ont donne
vn grand bruit parmy le peuple.
il en a fait en cette ville , qui ont
eftonne la plufpart de fcs habitas.
Il en vient de faire vne en ce pro-
chain voifinage , en la prefence
de grande quantite de gens, qui
eft la plus eftrange & la plus
eclatantc de toutes , & qui don-
nera encore le plus d*admiration. ^^ ^^
De forte que fi nous le laiflfons si nous u
r^ r ' r r laijfons ainp
ainli raire, lans nous oppoler au chacuncfoi^
courantde la reputation quil ^c-^ '^ZlTnJ''
quiert , nous nous trouuerons ^^^»^^''«'»^
eftonnes que tout le mode croira teront,<^ie
en luy , & le reconnoiltra pour r^mm^
eftre le Roy dlfrael, &lc Libera-
teur de la Nation, comme nous
nommons le MefTie. Or il faut
eftre bienpcu intelligent dans les
affaires , qui ne void la confe-
qucncc de cela. Noftre pays eft
des il y a long temps rcduit ^en
Ii5 '
Cha. II. J 1 4. I^araphraje Ji^rl' EHangile de
Prouince fous la puifTance clesi
Remains, & tout lemonde f^ait
combien TEaipereur eft iaioux
de Tautorite de (on Empire.Quad
le bruit aura couru iufques a Ro-
me que les luifs ontfait vn Roy,
lesRomains croiror que c'eft pour
fe reuolterdeleurdominationj&;
tout aufTi toft vous les verres vc-
nir auecde grandes armees, auf-
quelles chacun fc^aitque nous ne
f^aurions refifter. De forte que
nous n'auons autre chofe a at-
tendre decethomme^finonqui!
feracaufe delaruineentiere^&du
renuerfement vniuerfel tant du
^.49. pays que de la nation, Telles
Alors L'vn 1 * i ^ . ..
d*euxa^pei. eftoyent les conliderations poli^
qui efiottie tiqucs dont cesgenscouuroyent
f^/if2 1^ h^inc & Tenuie laquelle ils
M^nUikuuf portoyent alefus, & qui faifoit
jfHHei^rien^ quc de fcs miraclcs , qui leur
deuoyent cftrc vn fi puilTant ar-
lejus Chrijl felon S. lean. jij Clia. ii
gument pour croire en luy , ils
prenoyentroccafiondes'cffdrcer
de Ic perdre. Mais bien qu ils
temoignaffent tant de pafTion
contre luy , & qu ils milfent en
auant toutes ces belles raifons
d'Eftat pour induire les autres a
desfentimens femblables^&qu ils
propofaflfent diuers aduispour y
remedier ^ fi ne fe pouuoyent-
ils refoudre de la faqon de laquelle
ilsy procederoyetjiufques a ce que
leplus qualified le plus author! -
fe deleurnombre, leur en donna
les ouuertures. LVn d'encr'eux
done J nommeCaiphe, qui par-
tageant felon la corruption du
temps 5 les fon6tions de la fouue-
raine facrificature auec Anne fon
beau perc, eftoit en exercice cet-
te annee la, & partant prefidoit
en raflemblee du Confeil ^ pre-
nant occaiion de ce que les autres
Ii4,
fcha. II. jl^ T^araphrafefirtEuangile de
auoyentmisenauantdela crain-
te des Romains& de leur arnies,
leur dit : Vous autres voyes bien
le mal dontla reputation decec
homme nous menaccjraais quand
^ ^Q, ileft qucftion du remede, vous
:Btnepeurez ^g touclics nullcmcnt au but. le
point qu tl '
not4i efi ex- voy bteu qu'il y cu a quelques vns
home meure Q entix VOUS qui lont Tctcnus de
^fiT, ^Km q^ielque fcrupule de confcience,
foint que comme s'il y auoitderinjuftice i
iionperijfe. procuixr k Tuiue d Vn perionna«
ge duquel il n y a perfonne qui (e
plaigne en particulier. Mais ie
m'eflonne que vous ne compre-
nes qu il nc fc fait point de grands
exemples qui n ayent toujours
quelques veine d'lnjuftice qui par
ce qu elle eft recompenfee par
I'vtilite publique, ne doit point
venir en coniideration, Il eft
beaucoup plus expedient quVn
feul homme meure pour le falut
lefm Chrifl felon S, lean. 5I7 Clia. if-
de tout le peuple, que non pas que
toute la nation vienne a peril*. On o.'J/i»e
void afles par lecomencementdu "^'^'^ p^^^^
proposde ccpcrlonnage, qu elle mefme:mai$
cftoit la eonftitution de fon ef- fouufrltl
prit. Ileftoit imbu de ces ma- ^yf^^^
1 ^ cette anne
ximespolitiques^ que I'vtiliteeft ^^ prophetic
moU'
nation^
la regie de toutes Ics actions de ueuoit
ceuxqui font eftablis au gouue^- '''' ^'"""^ ^"^
nement ; & que fi la iuftice & Te-
quite s y peuuent accommodcr,
ilslcsy peuuent bien employ erii
bon leur fcmble i mais que fi elles
nes'yadjullent pas , ilnyaforte
de moyes dot on ne fe doiue feruir
pour paruenir a fon but, princi-
palcmentquandil y va de lacon-
feruationdeTEftat. Mais encore
que ce fuflfent la les mouuemens
de cet homme , fi vous le regardes
enluymcfme, &dans fes propres
intentions, fieft-ce que fur la fin
de fon difcours il prononca vne
Cha. II. ji8 Paraj^hrafefurl'Euangilede
fentence en laquelle on doit re-
connoiftre vne fi notable con-
duite de Tefprit de Dieu ^ qu'il la
faut pluftoft raporter a (on in-
ftind y que non pas aux mouue-
mens de la prudence charnellc
dcCaiphe. En eftet ^ encore qu'il
n'y penfaft pas, fi eft- ce qu*eftant
dans la fon6lion de fouuerain Sa-
crificateur de cette annee la, Dieu
pratiqua enuers luy quelque cho-
fede ce qu'il pratiquoit autrefois
enuers les fouuerains Sacrifica-
teursj a qui il donnoit auxocca-
fionsde [on Efpritde Prophetic,
ou pour predire les chofes futures,
Gu pour decouurirlescachees, ou
pour approfondir cellcs iufques
aufquelles Tefprit humain ne
pouuoit allcr. Tellement qu'en-
core qu'il penfaft dire quelque
chofe de fon chef pour (eruir a
fon intention ^ Dieu prefidoit
lejus Chrijlfelon S. lean. 519 Cha. n.
tellemecen fonefprit par I'efiica-
ce du fieri , qu'il la luy faifoic dire
pour vne route autre fin ^ &
qu'ainfi il prononca pluRoft vne
prophetic de la pare de Dieu,
cjuVne maxime de mauuaife &
tyrannique Politique. U predit
done que lefiis deuoit mourir
pour toute la nation des luifs, a
cclle fin de la racheter de la per-
dition das laquelle elle eftoitna* f^ ^^^
turellcment. Ec non feulemcnt ^^'''^f'''-
Icment pour
pour cette nation la, quoy qu'il cettenation.
luy auoit eite parriculieremenc/«^«';/ ^/
dcftme paries oracles du Souuc- ^I'^fufenfd,
rain;mais aufiia cellefin que par ^^'^-^ f;
la vcrtude la morr^ iiralicmDlait priez..
en vn ceux que Dieu auoit eleus
poureftre du nombre de fcs en-
fans, qui pour lors eftoyent ef-
pars & mefles auec le rede du
genre humaiU:, en routes les con-
creesdumonde. Carc*eft la lef-
Clia. 11. 510 Paraphrajefur I'Euangilc de
fe£t de la more par laquelle il a fa-
tisfait a la iuftice aucrement ine-
xorable de fon Pere, & fait la
propitiation de nos peches, c*eft
qa il a ouuert la voye non leule-
ment a la predication exterieure
dufalut, maisauffia k diftnbu-
tion de TejEficace interieure de
f f5- TEfpric :, qui conuertit les hom-
imriadonc. mcs a 1 Euaogile. Mais cettelen-
m^t^^Uu de teceauili proaoncee parCaiphe,
pas felon Imtelligence du faind:
Efprir. De forte que tout le con-
feil, iiigeant que le fouuerain Sa-
crificateur auoit extremement
bien rencontre ^ ils firent pafler
par les voix, comme vne refolu-
tion de I'affemblee, ce qui iufques
la. n auoit eile finon fourdemenc
complotte entre quelques vns,
quede quelque fa(jon que cc full
PJaivfi ils feroienc mourir Icfus* C eft
etJUS
let
mats
alia en
lefus Chrifi felon S, lean'. )n Clia." i?
pourquoyle Seigneur ne fcvou- ;,^,, ,,,,,,
lant point expcfer a leur paflion, ""T'^ P^
dautanc que le tempsordonepar ^^^^^
le Pere celefte pour fes fouffran- /vfl/
ces, n'eftoit point encore ahiue, Jy;^^;^'
il ne conuer(a plus ouuertement '^^'^^/^''^»*®
o T !• 1 r • r 1 ^ vnevilleap^
<k en public entre les luits de Jeru- peiihEphm^
falem, & de toute cette contrce, :::/.ttf;
mais il fe retira dela au pays qui ^'' ^'^^'^"^'^
eft proclie du defert , dans vne
ville qui eft nommee Eplirai'm,
Et la il pafla quelque temps, vi~
uant & conuerfant auec fes Dif-.
ciples quafi en homme particu--'
lier, fans exciter dauantageparla
fplendeurdefes adions, laialou-
fiedeshommes contre fa perfoii-
ne. Or la Fefte des luifs, la plus o.twl/,
fainde &: la plus cclebre de tou- !L''"/t^,
tes,que Ton appelle la Vdi^^Quc'^'^'P''-
a, . A J' ^ , chain , ^
oit prochame. Et parce qu'ils P^^^f^^^rs dc-
ne croyoycnt pas qu on y peuft le- 7, 'ZlZe.
gitimem£c participer, fi Ton ne fe ZuZ%2
Cha^ II. jii ^araphrapfurl'Euangilede
ques, aHn ncttoyolt premierement de tou^
^t4^tis/e pu- tesles pollutions ceremoniales &
legalesdefquelles on eftoic fouil-
le , il y en eut plufieurs qui dcs
quelques lours auant la Fcftc,
monterentde cecte contree la en
Ieruralem,afin des'y purifier par
-. , leslauemens & les Sacrifices ac-
Us cher. couftumes. Ceux la donceftans
choient done ^. . t-TiI
leftis ^di' venusenlerulalem^ les luirsde la
ejiant aH villc qui auoycttt oui dire quil
Temph : ef^oic cn leur contree , s'imagi-
fcmbiciide nans qu'il pourroit eftre vena
nefi lotlt auec eux, comme il auoit accou-
ftume de fetrouuer a toutes les
grandes folennites de ce peuple,
femirent a le chercher parmy la
troupe ; & nc le trouuans point,
ils s'entredemandoyent les vns
auxautresdans le Temple, oii ils
fe rencontroyent tous les iours;
Nefc^aues vousriendefon inten-
tion ! Que conje£tures-vous de
'uenu a ce
tour defejh!
Tejiis Chrijl felon S. lean, 515 Cha^ ir.
luy* Qif die eft voftre opinion
sil viendra^ ou s'il ne vicndra
point a cecte Fefte 5* Car Ics vns
auoyent vne fi merueilleufc cnuic
de le voir^ & les autres vne fi eftri^
ge paliion de mettre les main^ fur
luy , & de Tarrefter^qu lis portoy c.t
fon abfcnceauec vne incroyable f- sr-
impatience. Etcequiammoit & nfes ^ Ui
^enhardifToit daiiantagecesder- it&^
niers^c'eftqueles Principaux Sa- ''f'oj;^^^^-
■r o 1 T^l r demet,quefi
crihcateurs & les Piiarihens ^ en ^^^cun ^con-
luite de la relolution dont lay iiefioit,tiu
parlecy:4defrus, auoyent exprefTe^
mentdonne commandement a ^^"^/'^':?»<-
toutes fortes de gens, que fi quel-
cunf^auoit oi\ ileftoit, il le vine
reueler a ceux du Confeil , afin
qU'ils enuoyaffent de leurs Ser-
gens pour le prendre.
Cha. ii» J14 Taraphrafc^rl'Euangilec^e
CHAPITRE XIL
f. T-
lefks done ^^^ E Que Icfus s'eftoit ainfi
(ix tours de- Xu fMj^^^ • / 1 1 .1
uantPafq^e ^W^t I'ctirc dc u vcuc clu mon-
thanie, oh ^^^^^^ dc 3 H cftaiit pas pourle
L^i^re a- fouftralrc a la cliarge ouc (on Pcrc
lequei leftM juy auolt comtnifc , ou pour fe
site'. mettle ablolument a couucrt de
I'effet de la confpiration des luifs ,
mais feulcmcnt pour attendre le
temps que Dieu auoit prefix &c
determine pour fes fouffrances^
quand la Fefte de Pafque appro-*^
cha , il fe difpofa a retourner da
cofte de Icrufalem. Et de fait, fix
ioursdeuant la Pafque, apres que
ceux delavilled'Ephraim furent
partis pour y monter, il vint en
Bethanie , Bourgade ou demeu-
roitLazare, qui auoit eftemort^
&
fcfus Chrffi felon S Jean. 51; Cha 12^
& cpa'il auoitreflufcite. Or cftoit ^ ^
cc la couftu me dcs luifsdc fe trait- ^'^^y/^^^^f
Uvn/ouper.
tcr lolemnelkment les vns lesau- & M^rihs
tres auant la Fclte, en temoignagc bu-.^rL^T^.
deleur commune rcfiouiffance ^ 2rl'i%1i
& de Tamitie qui eftoit entr'eux. '>'*»^^/'*-
Ec fuiuant cette couftume, ceux
que lefus honoroit de fa familia-
rite en ce lieu la, luy dreflferent vn
fouper vn peu extraordinaire^
tant pourlenombredesconuies,
que pour les autres chofes que I'ort
pratique dans les feftins. Et la (e
trouuerent Lazare, &Marthefa
Seur : celle- cy pour y feruir, par
ce qu'outre quelle eftoit de fa na-
ture fort agilTante elle vouloit eti
cela donner quelque temoignagc
de Ton refped a noftre Seigneur t
celuy la^ poury eftreaflisa table
auec les autres conuies, & parti-»
culieremcnt auec Icfus, ahn ds
lenouueller la mcmoire du mira-
Clia. 11. fi6 Paraphrafejur I'Euangilc de
cic de fa refurredion , & d'eir^at*
tefterpubliquement, s'll y auoit
encore quclcim qui le reuoquaft
f . |. en doute. Quant a Marie , elle s y
Aionc Met' fT . r ^ \ • .
rie^rmt'vne trouua auHi , iTiais ce rut a vne in-
Uiirc dva j-gfj^ioj^ route differcnte. Elleprit
^pprofiue de (loiic vDc liuFc d^liuilc de fenteur,
grand prix , p, % C \ r
^ otgriitus compoie auecde rranc nard, le-
%]'^Lef. Ion la couftume d'alors^ & qui
fiiya. d^. jh eftoir exquifc . non fculement
Utnaisofut pour i excellence de ion odeur,
remplie de *■ . rT \ r y r 1
Vodeur de mais auHi a caule de ion grand
longrtem. prlx. Puis cllant venue dans la
fale du fcflin , elie s'approcha de
la perfonne de lefus, & ne luy
pouuant autremcnt temoigner
Mionncurau'elleluy portoir^elle
luy verfa cette huile fur les pieds,
& les efluya de fes propres che-
ueux, quoyquelesfemmes ayent
accouftume defaire erandcas de
leurs cheucleure, parce que la na-
ture h leur a donnee pour cou;^
iefusChriji felon S. lean, ji-^ Cha. 11}
lierture de leur tefte, &c pour or-
nement de leur beaute. Cette
femme s'approchant ainfi des
pieds denoflre Seigneur a riieure
quil eftoitacable, & que tousles
afliftans ciloyent attentifs a route
autre chofe qu a elle & a fori
acStion, nc fe propofoit pas de fe
faire connoiftre a beaucoup de
monde. Mais la fenteur dc fon
huile Tayant decouuerte par ce
quelle remplit en vn moment
toute la maifon, chacun tourna
incontinent les yeux du cofte d'oii
venoit Todeur, rant pour con-
noiftre la perfonne ^ que pour
f(^auoirexa6i:eme tee quelleauoit ,
fait. Les iugemens en furent, a Lorsiud^
Tordinaire, difFerens, &c mcCmcs ^^.'J.Tfiifct
entre les Difciples de lefus : mais^j^;;^^^^^^^^^
ludas Ifcariot, filsde Simon^ ce- «^'>.
luy a qui il deuoit arriuer de
trahir le Seigneur , commen(^a
Cha.u. ji8 Taraphrafe [urtEuangilede
bienlorsamonftrerqu'elle eftoic
la difpofition de fon ame. Car
fous ombre que cet oigncmcnt
cftoit de grand prix, comme fi
Teffufion que Marie en auoit faitc
euft efte fans aucun vfage , il vou-
lut paroiftre charitable , & quant
f, ^ &c quant prudent &c bon mefna-
Fffur^uoy ^^^^ H dit donc : Pourquov cft-ce
get onguent o 1 -1 iv > • n
n^a-iiejUve' que cctte huile la na point eftc
deniers & vcttdue ttente denierSj c elt a dite,
'pLr vne fomme fort confiderable
d'argent, comme on le pouuoic
fi on euft voulu ,& employee au-
f. &. foulagement&alanourrituredes
^;J: '' poures ? Ceft le fait des ames ve-
^u'ii eufl nales&mercenaireSjtellcqu'eftoic
fotndesfatt. ii i t J J -J
ures : mais ccUc Qc ludas , dc couutir de
^epuunon lafchcs pcnfccs aucc despretextes
toiTfe'' % fpecieux. Non que ccux qui font
^ortoit €e ainfi faitsayent en aucune eftime
si^joit, 1 honneltete & la vertu , de 1 ap-
parcnce dcfquelles ils cflayent d«
lefm Chrifi felon S. lean. 519 Cha.Ii,
colorer leurs mauuaifcsintcntios.
Mais c eft que s'lls decouuroyent
leur incerieur tout a nu^ il feroit de
Thorreur a tout lemonde. Enef-
fe6t ludas ne difoit pas cela par ce
qu'il eaft aucun foin des poures^
ouque Icur incommodicc & leur
difette le fouciaft. Mais parce
quil eftoitde fa nature larron, &
que lefub luy ayant donne la hour-
fe a garder, il portoitcequeron
mettoit dedans, il luy fafchoit dc
fe voir priue de ce qu'il euft defro*
be du prix de cet oignement.fi on
Peuft mis dans fa boite. Car en-
core que noftre Seigneur euft
bien peu, s'il euft voulu , fe nour--
rir luy & route la compagnic dc
fes Difciples, fans faire aucune
prouifion ^ fi eft-ce que no iugeat
pas a proposde faire des miracles
de moment en moment, &:pour
vne chofe a laquclle il pouuoit
Kk5
Cha.u. 530 'TdraphrdjQjHrtEMangiledc
pouruoir pardes voyes comunes
& ordinaires, il vouloitbien c]uc
Ton mift a part quelque cliofe
pourfubuenira fes ncceflices, &c
que quelcim de la troupe priftle
loin d'adminiftrer ccttc depenfe.
ludasdoncayantefte chcifi pour
cela , ilfoullrayoit tous les iours
quelque chofe dcs deniers com-
muns^afin d'auoirdequoy en cas
d accident ; & mefmes a deflein
f, 7, de laiflerlefus, & des'enfuir auec
^.!S^:cequilauroitama{r^. Or lefus
n^n^fveu.ie fcauolt bicn tout cela , & le luy
garde pour le ^ • 1 • 1 -In
iour de ms pouuoit bicn rcprocher s'll eult
^«''^' YQ^I^ ^ pour le couurir de home
deuanttoutlemonde. Maisil ne
le voulut pas faire pourtant, &
attendant fans le diffamer qui!
fe manifeftaft foy-mefme parfcs
proprcs crimes, il fe contenta de
dircXaillelafaireJudas.&nerim-
portune p oint. Si i'ellois mort^
Icfus Chrifi felon S. lean. 531 Cha. 11?
til ne deurois pas trouuer mau-
uais quelle cud employe cet
oignement a m'embaumer, com-
metuf^aisqu'o employe a oindre
&c a embaumer lesperfonnes de
confideration :& aucun ne penfe
que ce foit vne depenie inutile^ &
dont ceux qui la font merirent
d^eftre blafines. Parce qu'on croit
que ceux qui ne coufteront iamais
plusrien, pcuuentbienemporter
quelque telle cliofe auec eux dans
le tombeau, & que pour la der-
niere fois on eft oblige de faire
quelque honeur a des corps qu on
ne fcjauroit plus deformais em-
pefcher d eftre cxpofes a la pourri-
ture & a la vermine. Figure toy
done qu elle Ta conferue pour
cela, & iuge de fon a6tion , com-
me fielle auoitvoulu anticiper
de me rendre ce deuoir, qu'elle ne
s'attend pas de me rendre en autre
Kk 4
Cha. !!• J52 p-araphrapJurtEuangilede
occurrence, quoy que le temps
. n'eft pas fort loin qu'elle en aura
carvous Icfujct- Vous aurcs tou|ours af-
]oHr}re!pMu fes d'occafi5de temoignervodre
ZoL ^Zais charite aux (cuiFreteux : car vous
vo^nem'att- j^g manqucres pas de pourcs.Mais
f*r0r point V * ^ ^ ,
toufiQurs, quant a mpy, vous ne nVaures pas
toujours V de forte que tu peus
bien fouflfrir que cctce femme
prenne ce temps de me monftrer
par cette a6tion le refpcft dont
die m'honore. Ainfi noftre Sei-
gneur repoufla doucement I'ac-
culationde cet hypocrite contre
Marie,cn approuuantfonadtion:
Bon pas qu a confiderer la chofe
en elle mefme, il fill aucun con-
te de fesfoins &:deces bonneurs,
pource qui efkoit de fon corps;
mais il vouloittemoigner par la
que la deuocion intcricure de cec-
tc femme eftoit a loiier, & que
quantaluy^onne pouuokiamais
lefusChriJl felon ^ lean. 535 Cha.u^
trop rend re de rcfpeds a fa per-
fonne. Or ne pull ilellre la tant Adonci^ra»:
loic peu dc tern ps conucrlant ainli dt. vnfs co-
auec quantity de fes amis, que %'XiaVl
frandc multitude des luifs qui yvtndrent,
^ i non pour le^
abitoycnt en lerulalcm , nen fusfeuiemets
cullent connoiliance en vn 11 ^^„ ^^./^
proche voifinage. Commedonc "^f'^'j^^^
ie vous ay reprefente cy-defTus le ^^ ^^oh ref.
delir extreme qu us auoicnt de le mons.
voir, ilsy vinrcntincontmcnt en
grande troupe. Et n y vinrent
pas feulement \ caufe de lefus,
mais le bruit de fa vcnuif ayant ra-
fraichi la memoire du miracle
qu'il auoit fait peu de temps aupa-
rauac au mefme lieu, ilsy allerent
auili pour voir Lazare, que lefus
auoit rcfTufcite , afin de pouuoir
ioui'r de deux contentcmcns tout ^
enfemble.Or cela eftant fccu tout -Dom /«
aufli toft paries ennemis de lefus, p^J"
cjmeftoycnc IcsprincipauxSacri- ^'^
res COTI'
terent ^'<?
mtttrt aujjl
Clia.u. 5J4 ^ara^hrafe furl'Eumgile de
a mon u ficateurs , & les autres du Confeil
%^^^Y6. j^ pcuplc , ils adioufterent a leur
refolution preccdente , par la-
quelle ils auoyent conclu de fairc
mourir Icfus a quelque prix que
ce fuft, vne autre deliberation qui
monftroit bien cobien ils auoyet
Tame fanguinaire ; qui cftoit de
^ '^' V* tuer Lazare aufli. Et leur motif
des luifs fe cltoit , qu li y en auoit pluiieurs
detartoient *, i r • n • n
^cAHfed'ice: d entre les luiis qui eitoyent in-
l%ltie/^, duits par la confideration de ce
miracle^afortirdela ville de le-
ruralem,& a croire en Icfus Chrift,
commeauMeflie , & au Rcdem^
pteur d'IfraeL Par ce que slls nc
pouuoyent venir a bout de leur
deflfein de faire mourir lefus , la
prefence de Lazare feroit touf-
joursvnmerueilleufement grand
argument de la puiflfance &deia
' vocation de ccluy qui Tauoit ref-
fufcite , pour attirer les hommes a
Icfus Chrifl felon S. lean. 535 Cha.lz^
luy. S'ils faifoient mourir Icfus,
&quilslai{rafrent Lazare en vie,
fa prcfencc leur feroit vnc conti-
nuclle reproche deuant les yeux
de tout je monde , d*auoir ainii
traitte celuy que fi grandes & li
diuines vertus iigiialoicnt Ainfi
adiouftans crime fur crime^ il n*y
auoit chofe a laquelle ils ne fe por-
taflfent pour contenter leur paf-
fion. Or fe paffa-t-il tout aufli ze und^:
toft vne chofe qui Texcita , & qui JriVZi^
I'enilamma beaucoup dauatap;e. ''^"'^^' ^''.^
t n ' r* T 1 n ejioti- venae
Il eftoit venu felon la couftume ^ i^ M^,
^ e quantite de gens queufusve^
detouscoftesalaFcfte. Lclende- "^j^Z''^
main done vne grande multitude
de ceux la ayant oui dire que
lefus venoit en lerufalemf^com-
me de fait il eftoit en cliemin
pour cela ) il fe difpoferent a luy
aller au deuant , & a luy faire vne
icception & vne entree la plus hoj;
Glia. li. 55<3 nPara^hrafeJhrl'Euangile dc
norable qu ils pourroyenc ^ felon
qu*en vne chofe fabite & im-
prcueu*e,&quife faifoit fansPor-
dre & fans I afliftance des Gou-
uerneurs, ils en auroyentlacom-
' Trindrent moditc. llsprircnt done en leur
^r^-Z ^^^^^^^t>ranchesdepalme,dont
^jortirent {\ y ^i erandc abonJancc dans la
d» luy, & campagned^autourdelerufalem,
/anna: Be oc sacheminans a la renommee
Rlyd'ifrJ^i fur la route par laquelle il venoit,
i[^i'^if»f^^2LprcsqniU Teurent ioint.its fe
nom du Set- 11. ' '
^neur. Hiirent a laccompagner , & por-
tans liaut leurs branches de palme
en figne de ioye , &c fe fouuenans
de ce qui eft ecrit au Pfeaumc
cxviii. touchant le Meflie^ ils
crioyent a haute voix ^ Ofanna,
Ofanna, benit foit le Mcflias, Ic
f. i4» Roy d Ifrael qui vient au nom
trmuJ'vn du Scigueur. Or lefus auoit bien
"fl^tdeffts, preueucela^commevne des cho-
comm. il efi f^g qQ^ auoycHC cfte predites de
Icfus Chrifi felon S. learu J37 Clia. iu
luy par lesProphetes. Cell pour-
quoy 3 afin de donner vn enticr
accomplifTeiiientaux Prophecies,
qui auoycnt predit que ce feroic
fur vn afnon qull feroic fon encree
Royale en lerufalem ^ il auoic
quelque peu de cemps auparauant
donne ordre a (es Difciples , qu ils
s'en allaflec en la prochaine Bour-
gade querirvn afnon qui y eftoic
accache. En ayanc done ainfi Ne train
trouu6 vnil s'alTic deffus, felon ^.r/'tS
quil eft eerie au ix. deZaearie ; ^^«R;;'^'^'>
1 ajjts fur vn
Ne crain pointy fille de Sion ^ mats pouUm d'v^
egdye toy grandement ; lette ens
d'efouijfanee y fille de lerufalem;
%Joicj ton R^oy vtendra a toy , efi:ant
iufle 5 c^ qui f garentit de par
foy- mefme ^ ahjc^^ (Sf monte fur "vn
afne J & furvn afnon paulain d'af- ,. .,
nejfe, Orparut-ilbienencecceoc- ^^^difcipki
cafion ^ quelle eft la lenceur &J'iX'rI^
rinaduer tancc de I'efpric humain, ^Zi^^'Z'^
ChUn. 538 ParaphrafefurtEHangitede
tn^i. quand iors qu il eft queftion des chofcs
^f'/""'. diuines, s'il n eft illumine d'en-
g fort fie, adoc ' ^
ihcuncme^ haut. Lcs troupes appelioyent
ZTehofes lefus le Roy dlfrael ; dies pro-
£Uj, nonijoyent a haute voix vnpafTa-
^qu'iisiHy ge qui notoirement eftoit ccric
^eichojes, duMeflie, &:quetousIesfagesin*
terpretes auoyent cntendu de luy.
lefus entrant au milieu de cette
pompe de lerufalem fur vn afnon,
prefentoit en fa perfonne toutes
\cs preuues imaginables quil
feftoit celuy dont Zacharie auoic
prophetife^ & la chofe parloit
d*e!Ie mefme. Et neantmoins fes
Difciples nentendiret point tout
cela, ny pour lors, ny quelque
temps apresquilfutarriue , &ne
firent aucune comparaifon de cg
memorable euenement auec les
oracles des Prophetes. Maisapres
la refurrcdio de lefus, quand il fut
moate au ciel, & que pour vn p re-
leftis Chrip felon S. lean. J39 CHaaiiJ
mier effed dcfa glorification, il
cut cnuoye TEfprit d enhaut fur
fcsDifcipIes, alorsleurscntendc-
mens en cftans eclaires, ils fe ra*-^
mcncrent en memoire routes ces
chofes, & cntendirent quelles
auoyent cfte ecrites de Iuy\, &
qu eux-mefmes en faifant enuers
lefus ce qu ils auoyent fait en cet-
teoccafion^ auoyent fans ypcnfer
commeilfalloit, contribueaTac-
copliffement des fain6ts Oracles. ^
Quand lefus fut entre en lerdfa^ itUmuU
lem auec route cettc multitude, %'*oh aHec
ceuxqui s'eftoyent trouues prefes 1*^' ^-''^'^^
au miracle rait en ia perlonnc de ^^''^^ ^^
Lazare,& ceuxqui en auoyent ap- zazare dn
pris la certitude en Bethanie, de- ^qjju^ltp
puisqu il yeftoitretourne,mcfles ^^f'*^
qu ils eftoyent auec les autres luifs
dans la Ville, leur rcndoyent te-
moignage que c'eftoit luy qui
auoic rappelle Lazarc du fc-
raclt*
Gha,u« y40 ^araphrafcfurl'Eudngihie
pulchrca haute voix , & qui en fc
^^ rappellant Tauoit refl'ulcite cjcs
pourtam mores. Car la p'usparcauoyec bie
feupie au oui dirc quccc miracle auoit elte
tyTLflh fait & que ceftoitce lefusdontoa
auoytntouv parloit taiit, qui Tauoit execute,
qutl auott l . ' *■ - '
fatt ce mt voik pourquov la multitude
excitec par ladmiration dViic
chofe fi extraordinaire & fi cftra-*
ge, eftoit allee au deuatit de luy.
Mais peu conoiflbyet alors fa per-
fonne en comparaifon des autres;
tellement que ceux qui le con-
noifloyent bien , difoyent aui
autres que c'eftoit luy- Oreflil
bien certain que cette pompe en
laquclle lefus eftoit entre en Icru-
falem,eftoitjfivous la compares
aux entrees triomphantes des
grands Roysdeccmondc^abjcde
& contemptible en elle mefmc;
AulTideuoit^clle eftre telle, pour
auoir quclquc rapport conue-
jiable
lefus Chrijl felon S. lean, 5^1 ch£ ui
Bable a rabbaiffemcnt de ce
premier aduenement de lefus, &
a la mort a laquclleilfe preparole, f. t^:
Mais neantmoins , apres tant ^J:;^!^ ^
d'autres preuues que lefus cftoic *»^;:*^«*
IcChriltquelesProphetesauoyet ^er^t '^''»*
11 1 > * t pas que noHs
promis,elIe deuoit encore beau- ne profited
coupcocribuer a enperfuaderles 'IZ'utld^
luifs.&aencouaincrcfesennemis '"'* ""P^^.
melmes:parcequoypouuoitvoir
clairement raccomplilTementde
deux notables prophecies Cepen-
ndant tant s'enfautque les Pha.-
rifiens en priflec occafion de s'in*
ftruire dela verite J que cc leur fut
vn fujet de s*endurcir & de s'eti-
uenimer dauantage Ne voyez-
vouspas, difoyent ilslesvnsaux
autres,que cette pretcndue pru-e
dence, qui vous a iufqaa cettc
heurefait proceder fi lentemenc
en cettc affaire, ne vous profite de
rien,&: qu au contraire lenial va
Ll
Cha.U. J42. "Taraphraje furtEuangile de
toufioursen empirant ? AfTeure-
ment fi nous nc remedions a ce
defordre prontement^ & fi nous
n y vfons & de la feuerite ^ & de la
celerite quedemanderimportan-
ce de la chofej tout le mode cour-
ra apres luy , & nous ne retiendros
pas vn feul homme de cepeuple
dans la profellion de la Loyj&:
dans la creance de nos anceftres.
Ainfis'cguillonnoyent-ilsles vns
les autres par leurs proposa exe-
cuter viftenient la rigueur dc leur
^' ^^v fentence. Pendant cela, la repu-
ii aucuns tatlott de lelus Chrift croifloit
ceux qui ef touliours, tton pas leulemet entre
't1Cto7rZ ceux qui eftoyent luifs de nation,
dorera u xi^^i^ mefmes entre les autres qui
Ictrouuoyentalorsenludee. Car
il yauoit certains Grecs,de ceux
qui auoyent eu quelque commer-
ce aucc les luifs dc la difperfion,
& receu quelque inftrudio d'cux^
Tcfus Chrijl felon S lean. /45 Gha^U*
qui auoyecaccouftumede mocer
en Icrufalem a la FcIl:e,pourauoir
quelque pare a cctte folcnnite , &
adorer le Dieu d'ifrael , ainfi que
faifoyent Ics autrcs Ceux laayans f. xi:
oui parlcr de Iclus & de fes mer- ,i^f
ueillcs , conceurent vn ei'and de- ^^'^'PP/'^^
lir de le voir. lis vinrent done (^^f^deGa,
trouuer Philippe, qui eftoit de prwLt aI
B.cfaida de G.lil^e , lequel lis ^r/'/Z'
connoilToycnt mieux que les '^'P'''''^^
aucres Ditciplcs ^ parce quils
auoyenr eu auparauant quelquc
communication auecluy, &que
BrhfciiJan'eftoir pas fort eloigne
de la Syropho^nicie , d'ou ces
Grecs eftoyenc ordinairemenc
natifs : & Tayans aborde, ils le
prierent, difans^SeigneurJa gran-
de reputation de ce lefus , & les
merueilles que nous en oyons
dire a tout le mondc,nous ont fait
irenirvn grand deiirdc le voir,&
Cha. 12. . 54 4 Paraphrafefur I'Euangilc de
de communiquer auec luy. Nc
pourrions-nous point auoir ce
contentement partonmoyen5&
1^. 21 nousy voudrois tubienfauorifer
'vm/!'&^ie <ie ton aiTiftance ? Philippe les
dk^Audre: ^v^iWi cntcndus. cut biende Tin-
Andrew clination a leur procurer ccttefa-
Thittppe le . c ^. .^ ,.i
difentk le^ tisraction; maispar ce qu ilauoit
^'''* oui dire a lefus qu'il n'eftoit venu
finon pour les brebis peries dela
maifon dlfrael ^ & quil n ofoit
pas les luyprefenter que premie-
remcnt il n'en fceuft fa volonte, il
s'addreflfa a Andre, qui eftoit plus
ancien dans lacopagnie de Icfus
que luy , pour en auoir Ton aduis^
& fe fortifier de la familiarite
qu'il auoitauecle Seigneur. Puis
tous deux enfemble , a fc^auoir
Andre & Philippe, enparlerent
^ »?• a lefus d Vn commun accord. A
Et lefus , 1 1 o • r
leur refpofi- cctte demandc Ic Seigueur tit vHe
fh;.^^ refponfe felon fa fageffe accou^^
lefus Chrifl felon S. lean. 545 Cha.ii
ftamee. S'llleureuftaccordekur ^,„ue.que
requefte oaucrtement , outre |;f^ ^^;.^
qu ileufl: peu fembler a quelques ejire giorifii.
vns contreuenir a ce qu il auoit
enfeigne deladeftination defon
Mmiftere aux luifs feulement;
peut-eftre que de plus on euft
eftime qu il affedoit d*ellre veu
deshomes^ &qu'il prenoitplaifir
acontenterleurcuriofite. S'il les
en euft auffi refufes , quelques
autres Teuflent peu accufer d Vn
peu de durete , & de rejetter ceux
qui cherchoyentde Hnftrudion
de luy, qui auoit accouftume dc
dire qu il eftoit venu pour en
donner a tout le monde II leur fit
done vncrefponfe generale, dans
laquelle ne leur refufant,& ne leur
accordant pas non plus ce qu ils
luy demandoyent , il les laiflfoit
en leur liberce , & neantmoins
leur donnoitalTez a entendre qu il
LI3
clia. iz. j4^ n^araphraTe furt F uangile de
prenoic ce defirdesGrecs, com-.
me vn auant-jeu , s il faur dire
ainfi, de la vocation des Gentik
qui s approchoic , & par conle-
quent comme vn argument de
rapproche dela manifellation de
fagloire. Mais parce que TesfQuf-
frances deuoyent neceffairemcnt
preccdcr,il en mcflal auertiflemec
en fon propos^afin que les ames s'y
preparaflent. 11 dit done. Mes
amis^foyes deformais bie attennfs
a toucce que vous verres de vos
yeux, & que vous entendres de
vosoreilles. Car le temps de la
manifertatio du filsde Thome eft fi
pres , qu'on peut dire qu'il eft
t. 1*: ^ venu. Vray eft qu'il vous faut
en verttite aducrtir commc d vnc choletres-
lZ-K%rl indubitable,quauantcettefienne
mentcheant alorification il doit fouffrir vne
en la terre ^ i i z- it
nemeurt.ii grandc ccliple , & vn grand ob-
/eTi'Tmsis fcurcifTement, Mais quoy ? Le
leffis Chrifl felon S. lean. ^547 Cha.iiv
grain de froment qui to ribe en s'Hmeurt.n
terre, vous fournitvn bel enfei-^ apportjbeau
^ coup aejfUif
gnement de ce que vous en deuc^
penfer. Car vous voyc's que s'iln©
meurtjil demeure feul &c fans
fruit: maisenmourant, il germe,
&s'epand,& produit du fruit en
abondance, Etpartant vouspou-
ues aflfes iuger ce que c'cft qui doit
arriuer au Fils de I homme, auant
quil produife ce fruit de la con-
uerfiondesNationSjdanslapro^
du6tion duquel cofiite vne gran-
de & notable partie de fa gloire,
Alaveritec'eftvnechofe quipa-^ f. ly.
roift fcandalqufe au fens de la f,^ZT,Ts
chair, &quimeftnesdonne de la ^'''f^?*.t/t
^ I /^ 11 ^^' hatt Jon
terreurparl'exemplc. Car fi telle '^'^^ '» ^^
eft la condition du Fils deThom- g^rderaen
me, il eft bien raifonnable que "'^"^^'^^'^'
ceux qui.voudront eftre de fes
Difciples, s y reconnoiffent auffi
fujets. Et fe trouuera de ces gens
Ll 4
• w^
Qh^. lu 54S Taraphrafe fur tEuangile dc
quidefirent ainfi ardemmenc de
le voir & de conuerfer auec lay,
qui fe rebuteront quand ils ver-
rontles perils aufquels feront ex-
pofes ceux qui embraflerontfon
Euangile. Mais telle a efte la vo-
lonteduPere celeftc, de ioindre
cesdeuxchofes uifeparablemenr,
tant ai'egard de fon Fils^que de
fesmembres ; a fcauoir la tribu-
^ larion & la gloire. Tellement que
qui aimcra fa vie, & les chofes qui
larendent douce &fouhaittable,
iufquesatel point, quedela pre-
ferera ma connoifTance & a ma
conuerfation , non feulement il
ne la garentirapas, mais il tom-
bera dans vne perdition lamen-
table. Mais auifi certes au con-
trairc, quiconque liaira fa vie en
ce mondejCeftadire, quineTai-
mera pas en comparaifon du Fils
de riiome&: de faverite, ( car en
lefus Chri ft felon S. lean. 549 Gha.m
rEfcriture vne moindre amour
comparee auee vne beaucoup
plus grande &c plus vehemcntc,
s*appelle haine ^) ccluy la non
feulemet la gardera^mais il la pot
federa eternellement tres-hcu- si^ucltme
reufe. Voilapourquoyfiquelcun fe';'^7;
veut venir a mon fcruice, il ne ^^ '^f^ray,
taucpas qu u s imagine y venir a teuryfem
la condition quefe propofent & TJunme
quefpcrcnt ceux qui fc font fer- (^.^TZ..
uiteurs des Rois ; qui eft y d'cftre rera,
d'abord participant de leur gran-
deur & de leur gloire fans au-
cune incommodite. Qui quil
foit, il faut quil fade ainfi fon
contC:, de me fuiure tel que ie fuis,
& de nauoir point de meilleurc
condition que la miennc. Mais
aufli faut-il que quiconque mc
voudra ainfi feruir, demeurc af-
feure qu il ne perdra pas fa recom-
penfe. Parce que la ou ic feray , il
Cha.lz. 550 ^araphrafeJurl'Euangilede
il feraaufliauecmoycn gloire&s
en felicite. Car c'cft la ce que
mon Pere celefte s'eft ineuoca-
bletncntpropofe, derendre bien
heureuXj&de glorifiereternelle-
iTient ceux que Tamour de la vie,
& des chofes de ce fiecle icy,
n'auront point deftourne de la
./• ^7' ^ fi Jelite de mon feruice. Et que
»».« ^«j^./? perfonne ne die en foy mefme
^uedimiie? quil mcft Bicn aife defouftenir
;^.;^^.r.r.. ces combats, a moyqui luis ce
iTJrLu^'' 4^^ ^^ fuis;maisquc quant aux
fuisievenu autrcs Ic Icut propofe vne dure
encetteheU' <• . !>*■ r • / 1
re, condition en 1 uihrmite de cctte
nature. Qniel que ie fois^ ie Tuis
homme comnie vous pourtanr,
fujet aux mefmes foiblefTes de la
chair , 11 vous en mettez a part la
corruption de la nature. Voila
pourquoy des maintenant,quand
i'attache mon efprit a la confide--
ration de ce qui m'eft prepare^
lefus Chrifil^lon S. Tearu jfi Clia n.
bndis que cet objet faific mon
imagination . ie ne puis que ie
n'en con(5oiue de rhoneur , &
que mon ame ne fe trouble. Mais
ce trouble pourtant n'ebranle
point ma refolution , ^_^^
in empefchera iamais de fuiure
conftamment ma courfe. Car
quoy ^ Que feray-ie, ouque dU
ray-je en cette occurrence ? Di-
ray je a celuy qui m*a cnuoye,
Pere giranti-moy & me dcliure
de cette heure fi terrible ? Qiiand
ie Ie luy demanderoisen me fous-
mettac neantmoins a fa volonte^
il n'auroit pas ma requefte pour
dcfagreable. Mais ie fuis venu
expreflcment pour cette terrible
heure la •, c'eft pourcela que i'ay
comparuau monde. Et partanc
quelque repugnance qu'yayent
les mouuemens de la nature , &
Cha..Iz. yjz ^araphrafcfurt Euangile dc
quoy que la frayeur de la chairmen '
vne telle occafion/oitinnocente,
jQ eft ce qu il faut que le refped a
la volonte du Pere celefte, Tetn-
portepar deffustout, & que fans
inurmurer,& fansm'impatienter^
f.i8. racquiercevolontairement a fon
^ItZmm. ordonnance. Alors, comme fi
i.ors viie Jgf^s ^^{^ ^^^ tranfporte d vn
ducieLdi' mouuement extraordinaire de
I'ay giorifi^, pictc , li touma les yeux vers le
ttforl Ciel. & s'addieffant au Pere . il
i^*> luy dit : Pere , puis que la gloire de
ton grand nom depend mainte-
nant de mes foulfrances , &c que
c*eften celaque tu paroiftras in-
comparablement plus que tun as
iamaisfait, &iuftej & miferi-
^ cordieux, & fage ; ie fuis preft de
feruir a ee bon deffcin ; Glorifie
ton Nom quand tu voudras, &
n efpargne pas pour cec efted ton
Vnique. Comme il elloit dans
Icfks Chrifi felon S, If an. 555 Clia/fi^
cctteferucurd'efpric, &:danscet--
te profonde foumifllon a routes
les volontes de fon Perc , Le Pere^
qui voulut d Vn cofte 3 le voyanc
en cet eftat , luy procurer quel-
que extraordinaire confolatio, &
de Tautre luy rendre vn authen-
tiquetemoignageen la prefence
d'vn grad pcuple^fit entendre vnc
voix du ciel , qui pronon^a des
parolesdont c'efticy rinteliigen-
ce : Et i'ay defia glorifie mon
Nom par les admirables adions
que i'ay faites en confideration de
monFils^ & iele glorifieray en-
core a Tauenir, tant par la decla-
ration de ma iuftice ^ & de ma
mifericorde , & de ma fagefle en
fes cobats, que par la manifeftatio
demapuiflanceen favi£toirc, 8c
de ma clile6tion enuers luy dans
la gloire que ie luy orcpare. Or f , i>:
y auoit-illa vne grande troupe de luitfiluu.
Chii.ii. jf4 Paraphrafc JurtEuangile'de
& qui u gens qui fe tenoyent debour i
uofiouy.di^ lentourdenolke Seigneur, & qui
Jost que cef O ^ 1
uitivnton- entcndirenc biea tousle (on dela
mtt.fiefait: voix, nuis parcc qu cUe le prore-
%iem'vn raiurtemenc alendroit ou Icfus
Aogeaparie eftoit, ils Hc Tentendirent pasrous
egalementdiltincrement, ce qui
fuccaufcqu*ils cnfirentdes luge-
mens fore difleniblables. Car
ceuxquieftoyetles pluseloignes>
& qui entendirent bien vn fon
eclattant en Tair , mais ne peurent
difcerner fon articulation, difoyec
quilseftoitfaitvntonnerre. Les
autresquiTauoycntoui auec plus
de diftindion , mais qui eftoyenc
imbusdecette opinion que Dieu
ne forme point de voix en Taifj
finon par I'entremife &lemini-
ftere de fes Anges, difoyent que
ceftoitvn Angequiauoit parlea
luy, & ne temoignoyet pas d'eftrc
emeus de eela coaimc il falloic
le^usChrifi felon S* /cart, jy^ Cha.izr
tftre. Acettccaufelefuslesvoulat ^. ^^
obligcr a faire vne plus grande /^^' ff"
application fur cetoracle^ pritla ^'f : cette
parole & leur dit : Ce nelt pas potm -venm
tant pour moy que cette voixs'eft ^^J^'J^^;^
fait oui'r, que pour vous. Car '^*^'-
quanta moy, monPere me pou-
uoit dormer des afleurances defa
diledion dVne autre faqon ; mais
quant a vous ^ vous auiesbefoin
d*eftre plusrcnfiblcmentaduertis
de ce que ie fuis, par cc temoigna-
ge. Vous voyesce que Dicu pre- /• j^-^
pare pour le lalut de 1 Vniuers. efi uj^^
Quand il vouloit autrefois de- ZTl.mJin.
liurer la nation d^Ifrael de la main 'p^-^f ^^',,
de quelque ennemy, il difoit qu'il '"^"'^^ ;''*
aiioit raire lugement pour Ion
peuple. A cette heure ilfedif-
pofe a faire quelque chofe de
beaucoup plus grand, &la chdfe
eft fi pres de Ton execution, qu on
peat dire des maintenant qu il
Cha.u. y/5 ^araphraJeJurfEuangiledc
fait lugemeC:, non pour vn peuple
feulemenc , mais generalement
pour tout ce grand monde. Le
Prince de tcnebres y a euiufques
icy vn empire merueilleufement
abfolu par le moyen de Tignoran-
ce, &de la corruption du pecke.
Mais voicy arriuele temps auquel
il (era iette hors de fa domination^
par le moyen de la connoiflfance
de la verite, & par Tcfprit de la
fan£tification qui Taccompasne.
-Etmoy.fiie tt cc leralerruit de ces epreuucs
^TeuZret par Icfquclles ie vous aduertiflbis
lireray tout tantoft Quc ic dois paflcr. Car
^ may mtf' J ^ /? • J 1 T 1
t»es. quandvnerois^ delaterre lur la-
quelle vous me voyes marcher
maintenant , i'auray efte eleuc
hautenlair ; ainfi que leferpent
d'airain attiroit fur foy les yeux
de tous les Ifraelites dans le defert,
i'attireray auffi a moy les efprits
de tous les hommes du monde.
^ Of
Icfus Chrifl felon S. lean, yjy Cha. i%l
('Or difoic-il cela pour fignificr ^^ ^^;
la facon de la mort dont il deuoit J^''':f^li ^'!-
mourir, a leauoir la crucinxion, §^t dequeue
I 11 /I -If '^ort il de*
enlaquelieon elcuoitleshommcs mitm&Hmj
en haut fur vn bois , ou on les at-
tachoit de cloux. Mais il ne Ic
vouloit pas dire tout ouucrte*
liiet^parce que cela ne deuoit eftrc
clairement connu linon par Te-
uenement de la chofe mefme.) i^ tltupe
Mors les troupes, qui nauoyent ^L™;
pas bicn diftinitement compris y P""" ^f
^ ,-1 ir . . i Loy que h
ce quil diloir, mais qui neant- chriji de^
nloins auoyent entendu (\nt vc neUement-
Fils derhomme,dont il parloit, ;:~t
deuoit par foneleuation, quelle ff^ ^^/^^/-^
i U r n n '/I it l^omme foit
qu cUe mil , eltre tire hors de la enUuiiiiui
veuedu monde, ne pouuanspasJJ^^^/, *
bienadiuftercela auec les preiu-
gesqu'ils auoyent de laduree du
regnc duMcflie.prirent la parole
& luy repondircnt. Nous auons
appris des liutes dc la Loy , que k
Mm
Cha.ii. J/S Taraphrafefurl'Euangiledc
Chnft,&fonRoyaumc,cloiu€nt
demcurcr eterncllement. Car
c'eft la difference que les Pro-
plietes mettent cntre le Royaumc
dcs Cicu x^ & les rcgnes & empires
delaterre- Comment done eft- cc
quetudisque leFils de Thomme
doit eftreeleue enhaut ? Qui eft
ce Fils de Thommela ? Eft-ce Ic
Meffie ou quelquc autre? Car fi cc
Tcft, comment peut- il s'cn aller^S^
neantmoins demeurer icy eterncl-
lement ? Et fi ce nc Teft pas, com-
raexit s'eft-on trompe iufqua
maintcnant en Imtelligence de ce
paffage de Daniel^ ouil parle du
Adcnc I'efm ¥lIs dcl^hommc'> Adonc lefusles
^cZstnpe'^iu'^oy^^^ cmbarafTescn cette diffi-
^uiumt,re ^^[^^ ^ Hcantmoins n*eftant pas
chemtnez cttcorc cxpcdicnt qu lila ieur re-
vous'auel foluft diftin^temct, d'autant qu'il
^^jTrtl cuft fallu parler plus claircmcnt
vebres ne j^ [^ ^^^^^ j^ £^ rclurrcaion , &
iejus Chrifl felon S. lean. yj9 Clia. li^
dereftabliflementdcfonRoyau- ^,^„^^„^, '
meealaterre.quc ne fouffroit la ^^^ quiche
condition des temps, ramena, ^^^'^^f^,"* ^
1 * n /I ffait oh il
commeilauoitaccoultume^lcurs va.
efprits a dcs chofes plus neccC-
faires. Nc vous mettes pas, dit-il,
en peine de foudre ccs difficultes.
Dieu&le temps pouruoirontaf^
fes a toutes ces chofes. Rcgardes
feulement a ce qui eft de voftrc
bien &devoftredeuoir^&a tirer
profit des auantages que vous
aues felon la commodite que Ic
Pere celefte vousenprefente. La
lumiere ne doit plus demeurer
qu'vn fort peu de temps auec
vous J apres quoy ellc retournera
au lieu d*ou elle eft defcendue*
Vfes done d'elle tandisque vous
Taues , pour clieminer en la voye
du falut & pour vousy auancer;
de peu r que fi vous la negliges, ellc
ne vo^ foit oftee a Theure que vo^
Mm %
Cha. II. §60 Pardphrafefurl'Euangile de
n y penfcres pas , & que les te-
nebres ne vous furprcnnent. Car
fi vous vous en laifles furprendrc^
ilvousenarriueracomme a ceux
qui cheminent pendant la nuit.
Ilsncfcauentou ilsvontj& apres
^. 5^. auoir long- temps erre^, enfin ils
Tandisque tombent en des precipices. Et (i
u lumiere, yous voulcs ouc ic VOUS parleeii-
croye7 en U -^1 *
lumtere.afin covc vti pcu plus ouuertcment^
aue vous 1 • /It*
foyei^§is de tandis quc vous aues la Lumiere
cTms ^^Verite deuantvos yeux, rece-
ditiefuspHis ues la & croyes en elie. Si vous
fe cacha neieraitesjlestenebresde lerreur
^^■^^ & de Tignorance s'epaifHront par
le iufte iugcment de Dieu^ fi hor-
riblementau milieu de vous, que
vous en feres en mefpris & en de-
teftation aux autres nations,&que
vo^ toberes enfin en perditio eter-
nelle. Au lieu que fi vous y croyes,
outre Tincroyable fatisfa6lion
qui vous reuiendra de la connoif-
lefus Chrijl felon S. lean. $61 Cha. U^
fance dela vcrite, &: la confola-
tion inenarrable que vos ames ea
receuront en ce fiecleicy, vous
feres quel que iour poireflfeurs dc
riieritage qui eft lahaut enlalu-
micre. Voila les propos que
noftre Seigneur lefus leur tint
alors, puis apres^f^achant bien
quelle eftoit lamauuaifevolonte
defesennemis^&rheuren'eftant
pas encore venue des*y expofer,'il
fe retiradoucement^&fecachade
leur prefence. Ory a-t-il certes, f^ 37.
aregarderla chofe en elle mefme, ^«v/T«/?**
vn merueilleufemcnt grand fujet ^fXiTTJdt
d'eftonnement. que lefus ayant ^«^^ ^^ »«
£• r • . Ill crenrent
ait de miracles de leur temps, ^imen luy.
& en leur voifinage^, & mefmes
deuant leurs yeux , leur aueugle--
ment fut neantmoins fi grand,&
rendurciflfement de leurcoeurfi
extreme J quilsne creurent point
en luy, &: ne Ic reconnurent point
Mm 3
Cha.il* j6z ParaphraJeJurl'Euangilede
f. 38. pourle Meffie. Mais toutesfois
jifinqueu qj^ j^g s'^ii emeruciUera pas
fame dl 1 r
/Aide Fro^ tant, fi on conlidere qail rauc
thetefufl ac • n / 1 •
€9mfiie,u que tout cc qui a elte prcdit
rvt^L'^r! par les fainds Oracles , arriue.
quiacreua Q^j- ^jj^fj ^ ^jfl-^ aCCOmpll CC
nojtreparole^ T
& a qui eji qui a efte die par le Pro-
reueie le has ^t m - 1 -1
dHSeiinenr. ptiete tlaie , quaud 11 com-
mence ainfi cet admirable en-
droit de fes reuelations ou il de-
crit fiexadementles fouffrances
duMeflie. ^Sfi^^e/zr^dit-il, com-
me tout eftonne de ce qu'il y
auoit fi peu de gens qui priffent
garde & a la parole de rEternel, &
aux admirables oeuures de fa puif-
fance , ^ui cfl- ce d'entre Icshommes
qui iX creu a nojlre Predication j & a^
qui cfice m'd efleconnn ^ reueie ce
Lras de i* Eterncl qui faitdes chofesjt
mcrueilleHCcsf Carcela ne s'eftant
iamais fi hautemcnt verifie que
lors que lefus s'eft manifefle aux
lefus Chrifi felon S. lean. 565 Cha. li^
luifs, ileft particulierement ap-
plique a cc temps la , come ayanc
cfte deftinea predire leurincrc-
dulice & Tincroyable mefpris
qu lis one fiit de toutes fv s ocuurcs,
Et rant s'en faut qu'il y ait fujct de T'Xtf^nt
s>cftonnerde ce quMeft ainfiar- -^^-fi
riue, quHi y en auroit bcaucoup '^^^^^^\^
plus s*il eftoit arriue autre- fa^edu^
ment.veuceque le mefme Pro-
phete auoit encore dit d'eux en vn.
autre paflage. Carcftant impof-
fible qu il arriue que les hommcs
croyent, fi Dieu ne deploye en
eux Tefficace de fon efprit^Si Dieu
ne la deployant iamais en ceux
de qui il a predit qu'ils ne croi-
royent point,il eftoit abfolument
impoflible qu'il arriuaft que ceux ^ ^^^
cv creuffent. Et voicy coinrne en ii^^^^tH^^
parle le Prophete. // ^, dit-il^ ,i^aendur-
Mctigleieursycux y ila cndurctleHrs ^fn ^uiu
cmrs : tellement quils ne ojerront 2sJZT&
Mm 4
Cha.Ii. $64. n^draphrdfeJurl'Euangiledc
n'entendent foitit dc kursjeux, & qHils n'en^
dftcasur, & tendront point de leurs cceurs ^ &
€onuertu» aU lls Ylt fc COYlUCTtlYOnt pOlYlt^
f^ que teles ^ ^ 1 / . ^ ^
fuerife , c^H US nejtront^omt guens, Sepeut-
il dire plus exprefTement que
ceux dont il eft parle la^ auront
leurs entendemens pleins de te-
nebres , & Tefprit infenfible au
bien ; de forte qu'ils n'appcr-
ceurontpointIaveritedcDieu,& .
qu'ils n en connoiftront aucune-
ment la beauteny ['excellence ^&:
qu'ilsdemeurerontimpenitens &
cndurcis en leurs peches, & qu*en
fuite ils n en receuront point la
remifTion ny la grace? Car quant
a ce qu il eft dit que c eft Dieu qui
le fait 3 cela fe doit entendre quii
nefait pas les chofes quiferoyent
abfolumentneceffaires pourpro-
duirevn effetcontrairc :tellemec
qu il eft dit aueugler^qudind il n*il-
lumincpas^cjT' endurcir ^ quand il
Icfus Chrifi felon S, lean. f6$ Cha. lu
namollift pas lecoeurdes homes.
Car au refte rentendement de
riiommeeft de fa nature afleste-
nebrcuxj & fon cocur naturellc-
mencaflesdur, fansquil foitbe-
foin que Dieu y employe quelquc
cfficacedefa vertupour Tobfcur-
cir& rcndurcirdauantage. Mais
parce quece qu il n*illumine pas,
& ce qu il n'amollifl: pas, illcfaic
pour de bonnes & fages raifonSj&r
parvnevolontearreftet ; & parce
que Teuenement de Tincredulite
&de rendurciflement sen enfuic
audi ccrcaincment & aulliineui-
tablemenr, que s'ily deployoit fa
vertu ; & enfin parcc mefmes que
Tobjet exterieur de fa parole qu il
fait annoncer, & desoeuures ad-
mirables qu'il prefente a con-
templer, feruent encore contre
leur nature, & comme on dit, par
accident, aaugmentcr Taueuglc-
pha. II. s^6 Paraphrafefur lEuangile de
ment & rendurciflemenc des
incredules, TEcriture ne fait point
t, 4t. dedifflculte d'en parlercommc
dTiSyt' ^ ^^y "^^^^^ y agifloit. Ainfi ne
^H^ndiivid ^^^x.{\ point trouuer eftran^e
<r^/«;.,c^ qua en ioit arriue de la racon.
^Y» e uy. (^^j.£f^j^ j[j. ces paroles, lors que
le Seigneur Icfus luy apparut, &
qu'ille videnfa gloire , feant fur
fon Trone haut eleue, remplif-
fant le Temple defespans, enui-
ronne de Seraphins , qui fe
tenoycnt en toute forte de reue-
renceen fa prefencc , & qui le
louoyenr & magnifioyet d accla-
mations qui ne conuiennent fi-
non a celuy qui eft Dieu benit
eternellement , & TEtcrnel des
armees. Car c'eft de lefus qu il
faut entendre cette admirable vi-
iionqueleProphetcrapporte au
V I. de fes Reuelations , & qu'il
faut interpreter \z^ propos ^u il
lefus Chrifl felon S. Tern. ^6j Cha.ii?
tintaroccafionde fadiuine pre-
fencc.^ Neantmoins, pour re- /;j^^^^.
ucnir a mon propos , Taucusle- p^^^fi^^rs des
ment de ces gens n a point cite li mtimes
vniucrkl, & Dieu na point tel- /^^^ ^^i^
Icment abandonne cette nation a i\"'-!ff'''l
fejotet point
fon incredulite, qu'il n'ait touC ^^^«A^ ^«
jours lait relplendir quclquc rayo defeur^uHs
de fa veriteau milieu des tenebres Zi7h7rlds
les plus epaiflfes. De forte que '^Jx*"^^'".
parmy cette obftination^il ne laiC
la pasde s'en trouuer plufieurs, &
mefmes des principaux , & de
ceux quiauoient autorite au gou-
uernement,qui reconnurent bien
que lefus eftoit ce qu'd fe difoir,
& qui en demeureret conuaincus
en leurs coufciences. Mais ils
n'eurent pas le courage dele con-
feflfer ouuertement, acaufe dela
violence des autres, & desPhari-
fiensnommement;de peurqu'on
n'executaft contre eux cet igno-;
Cha.Ii. j(58 ^araphrafeJiirtEuangilede
minicux arreft d'excommunica-
tion dont i ay parle cy-deflus, &
^ ^^^ qu ils ne fuflfenc honteufement
cariisont^ icttcs Kors dc la Syna^oeuc. Car
Ugioiredes ils oiit micux aimc ie conlerucr
Ugioirede^ -leur propre gloire , que procurer
^''''' celle de Dieu en faifanc profef-
fiondefaveritc. Aufli a-t-ilfal-
lu qu lis fe foyenc contentes de
ccUe quivienc des homnics. Car
quant acclle que Dieudonnej&:
dont il remunere gratuitement
ceux quicroyentde coeur aiufti-
ce y &c qui font cpnfelTion de
bouclie a (alut, il n*eftoit pas rai-
fonnable qu ils y pretendififenc
f.44- aucuneparr. Er toutesfoiF, 6 ad-
s'ef^ria& mitable cliarite :, lefus^pour Mn-
fi/Z^/I' credulite toute entiere& lendur-
fronpomte^ ciflement des vns , & pour lafoy
ceUyqui tiede, langjuiflante, &euanouiU
lante desautres, nelailia pasde
continuer a procurer le lalut
hju$ Chrifl felon S.Itanl $i^ Chalxx?
d*eux tous^redoublatjCefembloit,
foil afFedion & fon zele , a tne-
furcque le mal des autrcs feren-
ioiQpit. Carilfcmit,non plusa
dire fimplement , mais a crier,
afind'exciter leurs efprits par Te-
clattant & extraordinaire fon dc
fa voix ; Ne vous figures pas , 6
hommcs^qucce foitchofede pen
d*importance,&que vous denies
tenirapeu presindifFerente^^que
de croire en moy,ou de n y croirc
pas , de rcceuoir ma parole, ou
de la rejetter. Celuy quim'a en-
uoye eft le grad Dieu^^qui tient en
fa main la vie & la mort,les peines
&lesrecompenfes eternclles. Sca-
ches done que qui croit en moy,
ne croit pas tat en moy qu'il croit
en luy , & que c'eft fur luy que
lafoy parlaquclle on me rcqoic,
commefonEnuoye^feporte. Et i^t^ulm^
ne luges pas de moy par hnfirmi- 7eiu{
veit , il voiP
cha. u. 57^^ TaraphrafeJurtEuangilede
m'^ enu^je. ^^ ^^ laquellc vous inc voyes re-
ueftu, ny parlepeu de pompc &
d orncment qui enuironne ma
perfonne. Il y a en moy infini-
ment plus que vousne iuges des
yeux de vos corps -, & 11 vous y
cftes attentifs de ceux de vosef-
prits, vo^y apperccures emprein-'
te Timage du Pere celefte. De
forte que qui me contemplejCon-
temple celuy qui ma enuoye, &
remporte de cette contemplatioa
la mefme fatisfadlion & le met
lefuist'nu ^^ auantage. le le vous ay defia
«« wonde ditdiuerfes fois. &le vous repetc
afnquequi eiicore , & le vous inculqueray
'ePmoTne iufquesa la fin. le fuis laLumiere
demeHre j^ yerite & dc vle , qui fuis venii
fomt en te^ ' i
nshns. au monde, & qui y dcmeure pour
Teclairer ; c'eft pourquoy tandis
que i'y fejourncrayj la fplendeur
de cette lumiere rayonera fur mes
paroles : afin que quiconque ^
'lefis Chrifi felon S. lean. 571 Cha.Ili
ouurirales yeux,&s'en laiiTeraiU
Iuminer3&: croira veritablement
en moy , celuy la forte des te-
nebresdanslefquelles il chemine
naturellementj&marcheenreu-
reteverslefalut&la vie. Quanta Etfilllum
ceux qui ecoutentmes paroles, & tT&Z7Z
qui neantmoinsn y croyetpointj ^^'^^^ /""'^^^
r • 1 • r J 1' ^. , . ienele tuge
11 le voulois vler de lautonte de foim: carte
luge de laquelle mon Pere ma re- ZnupouT
ucllu , ie les condamnerois dcs '^^ZlZZ
maintenant. comme ils en don- >««<^'' ^«
ncnt trop de lujec, & lis auroyent
a rem porter autantderuine &de
defefpoir de leur cbndamnation,
que ceux qui croyent en moy
remporteront de confolation &
de ioye. Mais pour maintcnant
iedifFereTexercicede cettepartie
de ma charge de iuger & de conJ
damner: parce qu'en ce mien pre*
micraduenementiene fuis point
ycnu pourcxercer cettc forte dc
Cha.il. 57^ H^araphrafe JurtEuangilede
iugement centre le monde. La
fin &:ledefrein de ma venue, eft
rillumination da monde par la
parole de mon Euangile, la re-
miffion despechespar mafatisfa-
6tion , & la iou'i flance du falut en
confequence. C'eft pour cela '
que ie parle a vous : c'eft pour
cela que ie vous exhorte , &c que
ie vous tends les brasatousrc'eft
pour cela que ie vous inuite a
venir a moy j c'eft pour cela que ic
m'approche de vous , & que ie
fais routes chofespofliblesencet-
te miennefondion d'Enuoyedu
^^ ^3 Pere de la haut, pour vaincre la
ceiuy qui (lm;ete de vos ames. Car quant a
me fciette , n 1 1*1
a^ne revolt ceQuicft dc VOUS condamner , il
point met > n \ r '
paroles, il ^ n cn elt pas belom mamtenanr
r;p: Celuy qui me rejette , & qui ne
^uefaypor^ Tcc^oit polnt Ics paroles de vie que
ceUe qui le ic luy anttonce, il ne manquera
'dfrnurtolr' p^s ny dc tcmoin ny deiugelors
^ qu'il
• jejks Chrifi felon S. ledru J75 Gha. j^
quilfera temps delecondamnen
La Parole de verite dc kqueflc ic
fuis porteur de la part du Pcre,
dont la bcaute & rexccllencCj& la
VGrtuparoiftradasvne haute eui-
dence au iour dii dernier iugcmetj
^ dot il demeurera lots couaincu
en fa confcience , fera celle qui
ferales fonitions St d accufateur
& de ternoiii , pour procurer fa
condamnation deuant le grand
luee derVniuers en cettc iournee. , ,
Si la doctrine que i'annoce eftoit carienay
de mon cru,& que ie me fulTe tc- ^^Jl^tll'yj
merairement inhere dans les fon- f ^M-'^^'*:
^ioris de ma charore^ vous pour- ^*'» ^»^ey^^
fies penler que les choks que le commande
1 • r J ment de ce
^ous dis mamtenant^eroyent dc ^«, i,^,i,
-vaincs& d'inutiles terreurs.Mais f^[ ^^^^'
teh€s pour indubitable tout ce
'que ie vous mets en auant tant
en promelTes quen menaces*
Car ie n'ay point parle de par
■ -M- : Nn
Cha^ri^ J74 n^^rdfhrafefurl'Euangilede
nioy-mefmc,&n'ay point ciitre-
pris la charge que Tex^rce^de mon
iimple mouuement. Le Perc
qui m*a enuoye , m'a donne mes
inftru6tions & fes comman^^
mens {iexa£tement, que tout ce
que ie dis, tout ce que iepropofe,
foiten particulier,{oit en public,
tout cela eft abfolumentconfor-^
f' 50- me a fes ordrcs. Et comme ie nc
[mcommm mc ((^autoy tromper en cequeie
t^ZrL, fais3ainfinetrompe>j.e perfonne.
Les cho!ei_ Q^j. j^ fcav Quc fon commander
done que te 1 ' | • ! > 1 / J»
dis.ieiesdts mentjiequelilm aordonne d an>
7^ p.ro;?'^ noncer , donnera mdubitable-
"^'^^ ment la vie bien-heureufe & cter-
nelle a ceux qui le -rceeuront.
Tenes done cela pour certain,quje
toutesles clioles que ie dis^ieles
dis ainfi que monPeremeraor-
donne, &pourtant fi vous aues
quelque foy, & quelque reueren-
ce pour luy, vouslesdeues rccc^
uoir comme tellcs*
iejks Chrifi felon 5. leani 575 Cha/13^
CHAPITRE XIIL
Rvn iour deuant la fo- ^;J;,^^
fennite ordinaire de la ^^pdevaf
?efte de Pafque ^ fur le ff^chant
foir, lefus fcjachant que Theure t^y/venua
que s'eheurs
ejloit venue
eftoit venue enlaquelle il deuoit ^^l*'Jf'^^^
a traucrs fcs combats ^ & par le ^ /^« ^^^j
r fir • rL ■ rr J comme awfi
lucces de ies vidtou'es , paiier de /«/ qu'u.
il Ies
p . ,
J • -n ' -1-. eufi atmeles
ce monde icy au Pere, vouiut y^/^, ^«,-
monftrcr que cbmiiie il auoic 'fi'^'fi'
. i ^ monde ^ tilt
aime fcsDifcipIes pcndat le temps ^tmajuf
».| . /> . ^ / \ ques k l(h
quil auoit icjourne au monde /^>.
auee eux , il continubit en Ies y
laiflant^ deles aff&^ion^er touf-
jours ardemment Uifqucs ala fin.
Ce qu il fit en cette forte. line laif-
foit pafifer aucune des ceremonies
deIaLoy,qu'il ne pratiquaft foi-
gncufemet, parce qu'elles eftoyet
Nn a
de rinftitution de Dieu , & fi I'E-
glifecl'irrael auoitadjoufte quel-
que chafe a leur celebration , par
quelque couftume innocente
d'elle mefmej & au refte cofirmee
par rvfage d'vn long-temps :, il
s'y accommodoit volontiers, afia
de ne donner aucuji fcandale a
peifonne.Or c eftoit la couftume
ence temps-lade fairelaceremo-
nie de la Pafque de deux foupers
. Gpntinues^ mais difFerens pourtat,
auecquelqiiesparticulieresobfer-
uations^ commeles autfes Euan-
geliftesen ontlaifTedes enfeio;ne-
^ meni? afles ciiides dans leurs Euan-
giles. lefus done eftat obligt^a cau-
fe 'd^ riiSure (©fa paflioA qui s'ap-
proclipit^ ou de ne celebrer point
du tout cettc/ceremonie a cette
Yois > 6u de deuancer de quelque
temps lesautres ^ & dene la pra-
tiqucr pasprecifemedt au ibur at
leftls Chrifl felon S. lean, fjj Cha. ly^
iigncjiugeabeaucoupplusa pro-
pos , & pour de tres fages & tres-
importantes raifons 3 de ne s'ad-
iufterpasaueclcrefte de la nation
qiiantautempSj que d'obmettrc
abfolumet la pratique de la chofc
mefme. Comme doncil faifoii: Et ^a^res
la Pafque auec fes Difciples a la }t4M!^
facon ordinaire, ils vinrent a la^^^'^^ ^^A-*
hn du premier louper. (Or: Ic delude i/.
D. 1 1 -11 cariotfils de
lable, qui de long- temps cor- simoHde h
jrompoit de plus enplusTefprit de^''''^''^
ludas Ifcariot fiis de Simon^auoit .
par fes tentations porte fa m^f-
chancete a vntcl degre, quilluy
auoit mis au coeur & fait conce-
uoirledeflfeindetrahirlefuSj&de '^. ,.
le liurer a fes aduerfaires ) Ce pre- 'ff^^f^f
mier fouper eftant acheue, lefus^^^^^^^'^^-
le mit a raire vne a£tion qui eult chores entre
pen fembler d*abord beaucoup ^-J^y^,^;
deroo-er a fa dignite, mais a la- '^*f'^Z
quelle il fut porte par des motifs^ »»»•
Nn 3
Cha^ 13^ 578! Pdraphrafc furl'Euangile de
cntierement admirables. Caril^
nignoroit nullement ce qu'il
, eftoit , ny quelles eftoyent les
gloires qui luy eftoyent pre-
parecs. Il fcjauoit bien que fon
Pere luy auoit donne puiflance
fur toutes chofes , tant aux cieux
que dans la terre, pour en difpofer
abfolumcntafavolote. Il fc^auoit
que fon Pere Tauoit cnuoye da
del icy bas, & luy auoit donne la
Commiflion la plus glorieufe &5
la plus fouueraine qui pouuoit
tombercn lapenfeedeshommes.
Il f^auoit enfin qu'il deuoit bien
toft ifetourner vers fon Pere dans
le del , & que fes foulFraneesne
rempefchcroyent pas demonter
la liaut, pours^affeoir a fadextrc
en magnificence. Etneantmoins
il nc laifla pas de s'abbaiffer
iufques au point que ie vais vous
^ tchH^dfi reprcfenter, Il fe leua done dc
If Jus Chri ft felon S. lean 57^ Cha. i^l
table dcuant tous, &corames'iI /,«^,^,^
cuft efte le feruiteur de la com- l^^'^^'/^f^
pagnie,il mit bas fon habillemcnt ^^^»f pris
cxcericur , & ne garda que la tu- s-m cetgnit,
nique qu*il portoit la plus prochc
defaperfonne, comme auoyent
accouftume de faire ceux qui fc
VouloyentappUquerauec plusdc
facilite a quel que miniftere cor-
porel. 'Puis ayant mis deuant
foy vnlingc proprca efluyer^ils'en
ceignit a lentourdes reins ^ pour
empefcherquelatuniquene flot-
taft J & qu'ellc ne rembaraflaft
dans Tadion qu il entreprenoit,
Cela fait ^ pour ne rien oublier dc t. r.
ce que ies leruiteurs ont accoultu- i^e^dans
me de faire. il verfa de Teau dans J^rflt
vn baflin. puis en cet cftat la il "^f^^jpi^^s
sapprocha de ies Diicipies, & le &iesefuyer
mit a leuriaueriespiedSj&puisa queui eftoit
Ies efluver auec le linee dot il etoit ''"'''•
cemt. Ayant done comcnce par ^ ^ ^,v^
Nn 4
Cha/i3- ySo Paraphrafe fur tEuahgile dc
dmc ^ Si- vnboutde la table, &ceux a qui
^cn Pierre: il s'eftoit addrcfle premieremenc
luy dit : Set' k laifl as tairc par relpect , dau rant
wJ./« X; qu ils n ofoyent controller les
^'^'''" adios de celuy enquiilsauoyent
iufques alors reconnu vne /i ad-
mirable fapienccil continua vers
les autres dVn mefme train. Il
yint done a Simon Pierre, & luy
envoulutfaireautant. Mais Pier-
re ne rcgardan t pas tant a la fagef-
fc que lefus auoit fait paroifte en
toutes fes autres anions, qu'a fa
dignite., au deffous delaquelle il
luy fembloit qu'il sabbaiiToit
trop ', & principalementen leur
cndroit:, refufa dabord qu'il ne
le fift a fa perfonne, & luy dit: Sei-
gneur, qu'eft-ce que cela^^ que
veux-tu dire, que turnelaues les
pieds?Toymon Maiftre, a moy
tonDifciple? Toyle Filsde Dicu
benit eternellement, a moy mi-
Jefus Chrifi felon S. lean. )U Cha. I5'.
fcrable pccheur ? Ce mouucmcnt ^. ^^
de rcfped^ dliumilite nc de- ';/;;f';^;
pleut pas au commcnccmei\t a ^'^•* r« »^
■T r _/^/j«i point
noftre Seigneur ^ par ce que Ion mamtenant
adion ayant quelque chofe d'c- Zlullu
ftrange a la premiere rencontre /i^^«^^^9'^
de la raifon, Pierre n'en auoic
encore pu confiderer ny appro-
fondir les caufes. Etneantmoins
n'eftant pas a propos que lefus
les lay decouurift^ il fe contenta
de luy dir^ doucement : Tu nc
f^ais pas encore pour cette heure,
Pierre , pour quelle occafion ic
fais cecy. Tu lefc^auras dans peu
de temps. Pour le prefent con-
tente-toy que i en ay de bonnes ^. g.
laifons , & me laiffc faire. Mais 5'>^^;^«r
Pierre, quieftoitdVn naturel vn rneUuer^s
peu vehement, & qui d aiUeurs />/v;i. lefm
voyoit que lelusnauoit pas pris ^,v „/,w^.
cette premiere refiftanceen mau- ''"' ^«5^«'
iiailepart^parccquelleprocedoit p^'' ^«^p
Cha. 13. 581 ParaphraJeJurtEuangile de
. de la reuerencc qu'il auoicpouria
dignite dc fa perfonne, fe per-
fuadaaifement quesilyperfcuc-
roit, cela luy feroit encore plus
agreable. C'cftpourquoyil ref-
pondit incontinent i Non , Sei-
gneur, ie n'endurcray iamaisquc
tutefaflesatoy-mefme cettein-
dignite , que de lauer les pieds a
vne fi chetiue creature que ie puis
cftre. Alors lefus voyant que
deformais c'eftoit trop, & quil
deuoit auoir cede en prenant fon
commandement pour routes
xaifonsjil luy fit vne repliqueplus
ferme qu au parauant , & dans la-
quelle iieantmoins felon fa cou-
ftume il tira Tefprit de Pierre de la
confideration de cette adion^qui
lieregardoit que le corps^a des
chofesplus eleuees , & qui con-
cernoyentlefalutde I'ame. lefus
luy dit done : Si ie ne te laue, il no
lefus Chrtft felon S. lean. j8j Cha/jj^
faut pas que tu efperes d auoir
aucunc part auec moy dans les
gloircs , & dans les felicites qui
m'attendcnt. Uintentiondelefus #. 9»
n'eftoit pas de luy dire que ce la- iuydit,sei^
uement exterieur & corporel dc^"^/)^^/*!
fes pieds fuft de fa nature fi necef- j;-; ^.^
faireoufieflficacleuxpourlefalut, ^»ff i^j
. , in maim & l^
que la pratique en donnalt ^ ou u^e,
que romiflion en oftaft Tefpe-
ranceafesDifciples. Vne fi petite
caufenepeutproduirevn fi grad
effed : il faut que ce foit vn laue-
ment fpirituel qui nettoyc Tame
de fes ordures. Mais il luy vouloit
dire qu'eftant tel qu il ne pouuoic
cfperer aucune part en luy ny en
fonfalut^s'il ne le nettoyoit fpi-
rituellemcnt , il fe deuoit bien
rapporter a luy des raifons pour
Icfquelles il vouloit ainfi lelauer
corporellement, &acquiefcer en
humilite^fans contcfter dauatage.
Cha. Ij. 5S4 n^araphraJeJurtEuangilede
Et cette admonition fut de telle
jcfiicace enuers Pierre ^ qu'encore
qu il ne fceuft pas pourquoy le
Seigneur agifroitainfi,& qu il ne
comprift pas mefmes parfaitc-
ment ce qu il difoit de la vertu de
fon lauement^ & dcs fruids&
auantages qui reuiennent de fa
fainte communion a ceux qu'il
nettbye , (i eft-ce que connoif-
fant bienqu il luy difoit quelque
chofe de iingulierement impor-
tant, &de(irantfurtQUtcschofe5
den'eftre point exclusde la parti-
cipation a fa felicite^ il luy ref-
pondit : O Seigneur, cela eftant
ainfi,ie fouffriraynon feulemenc
que tu me lauesles pieds, maisie
te prieray de ne t'en arrefter pas
la^&de melauer encore la tefte&
les mains, de forte qu il n y ait rien
en toute ma perfonne que tu ne
f' 10. _ r 1 7^
M^i^tuydih nettoycs. Par ces paroles Pierre
Icfus Chrifi felon 5*/ lean. 585 Cha. ijj
reconoiflbic que depuis les pieds ceiuy qui
iufquesa la teftc iln y auoit rien f/^"*^'/^
d*entier enluy, & que naturelle' ^^ ^^^^^ i^»
.% r\ ' piedsy mats
mcntileltoitcorrompuentoutes eA^m net.
lespuiirances de fon corps & dc ^nVtfTmll
foname. Deforte quiiauoifbe- «'»»?^^*«^-
foin d'eftre nettoye, tant a Tegard
de la coulpe du peche^, par fon
abolition 3 qu^aTegard de fa cor-
ruption &de fon vice, par la fan-
dification. Car le lauement eft
prorprc a/ reprelenter Wne &
rautre decesdeux chofes. Etcet-
te reflexion que S. Pierre fit ainfi
fur fa nature^fut agreable a noftrc
Seigneur. Maisneantmbitisilluy
voulut faire coprendre qu encore
quil fuft tcl naturellemenc ^ (i
cft-ce que la connoiffaricc qu'il
auoit eucde luy^&la foy par la-
quelle il lauoit embraffe y neluy
auoit pas efte inutile; Parcc
qu outre la remilfio defespechefe
Cha/ilj. ^U ^araphrafe fur rEuangitede
qu il auoit obtenue en fa com^
munion ^ il auoic dcfia bien auan-
ce Foeuure de fa fan6tification;
de forte qu iliie falloitplus finon
continuer de le purifier par I'ef-
ficace de fa grace. Or eftoit-il
bien vray que la ^regeneration
commence par Tintelligence, qui
eft la plus haute partie de nos
ames,queDieufan£tifie parlillu-
mination ; & qu'elle paffe de la
dans la volonte, dont elle con-,
uertit & redreflfe les mouuemens
a la piete & a la vertu ; &c que ce
qui refte a fandifier daifs les vrais
Difciples de lefus Chrift , afon
iiege principalement dans les. af-
fections, dont la corruption fe
reueirlle & fe manifefte a tous
coups par la conuerfation du
monde, T ellement que fi n^oftre
Seigneur euft voulu refpondre
tout a fait conformement a lana-
IcfusChriji felon S Jean. f%y cha/ij*
ture de la chofe , il euft deu fe
feruir de termcs accommodes a
celledeccsfacultes. Maisilaima
mieux sea enoncer en paroles
propres a Tadion quil faifoit
alors , Sc continuer fon propos
aucccefienDirciple,deIamefmc -
fa(jon done il Tauoit commence*
Celt poutquoy il luy refpondic
en cette maniere ^ Celuy qui eft
lidefia net quant a la teftc,. ( infi-
Buant tacitcment le fiege de Ten-
-tendement) &qui eftlauc quanc
aux mains (deiignant par ce ter-*
me kvolontejq.uieft le principal
:i:eirort de nas actions ) n'a befpin
iirion qu or^ luy laue les pieds} (fi-*
gnifiant pac la les affeitions , qui,
vComme les pieds, tirenttoufiours
delordurc de la communication
aux chofes du monde & aux iji-
terefts de la terre J . mais il eft tout
f^^ eu egard au rcftc des puif-
lun
* Gliali^* 588 TaraffhrafeJurl'Euangilede
fanccs de fori atne. Puis ayant
ainfi prononce cela generale^
ment, encore que fesDiTcipIesne
fulTent pas parfaitemec fanitifies,
mefmcs a regard deces plus hautes
& prineipales parties de leurs
* cfprits , ii eft- ce que par ce que
les chofes bien commenGeeSj&
qui s*auancent de telleforte quin-
dubitabletnent elles viendront a
perfec^ioii , font affes fouuent
confidereescome fi elles eftoyenc
^cheueG^o illeai chHt rapplica&-
tion > aiiec l*exceptibn neceiTairc.
II leur dit done; Or^eftes vous nets
"quant a vousj defoxte que v6us
n aues plus belbin'finon qubn
vdus laue IcsprcdsiCe queicne
di^ pas pourt^nt d^q vous tous
fi abfolument que ie vucillG
qu'ii ' ^'cftende vniuerfellcment
c^riiffauohz touteUa compagnie. Etil ad-
^^lui7fHoit joufta cela parce-quil f^auoit bien
qui
iefus Chrifl felon S. ledH. '589 Cha, 13
iqui cftoit celuy qui le dcuoic .rMr.pJ.,
trahir : car il nc vouloit pas que ''»»^^''f
cotttte la verite 11 priit part en t^^ "*^«
cei:telouangc. C'eftpourquoy il '*'"'
vfa decettc ccrrrcdion^ qu*il ne
le (Iifoic pas abfolumcnt d'eux
tous ; &ainfienconleruant a fes
paroles la gloirede leur verite :, il
vouloit encore toucher & reueil-
lerlaconfcience dece miferable,
Tcls furent les propos qu il tint ^;m^^„i
tsncetteadion. Uayantfinie, & ^^jf^^^^^^^^^^^
acheue delauer les piedsafesDif- ^ refrisfts
.1 1 rill! 'veflemgns,
ciplcs , 11 reprit les iiabillemens, & qu-n ft
s eltant remisa table auec eux tabiejiuur
pour le fecond fouper felon la 'l^f^-^l'll
couftumc , fcachant bien que ?«* '* '^''^^
deux-melnnesilsne penetroyent
pasaflfes auant dans les inftrudios
qu ils deuoyent tirer de ce qu il
auoit fait, & quau rcftefaparo-*
le y adjouftcroit beaucoup de
poids&d'autorite^ ilcommencja
O
a les cnfeigncrpar cette interro-
gation. Aprcs auoir ainfi atteil-
tiuemcnt confidere mon a6tion,
cntcndes-vous bien a quoy clle
t. ij. vife? Et come aucun d'entr'eux ne
/>e/I^*^^^^^ refpondoit, il continua ainfi. Si
'gnt^,& n eft-il pas malaife pourtant, a
dtteshien: confidcrerk perfonne de celuy
CAT tele JHts. . 1^/1 • J 1.
qui vous a laue les pieds, den
tirer des enfeignemens qui vous
foyent fortablcs. Vous auesac-
couftumede m'appeller Maiftre,
& Seigneur j & vous faites fans
doute tres-bien. Car pour cc
qui eft de la qualite de Maiftxc^
vous fcjaues comment iufqucs icy
ie vous ay enfeignes. Et quanta
cellc dc Seigneur, outre la digni-
tequi m'eftintime 6c cflentielle;
outre Tautorite que monPerc m*a
donnee fur vousj il paroiftra dans
peu de temps de quel droit vous
m appartenes, &: quel prixi auray
^'lefus Chrifl felon S. leml J91 Cha. ij^
^aye pour vous acquerir a moy.
Si done moy qui fuis le Seigneur sVdon^mcy
& le Maiftre, comme vous le re- f«' /^" ^'
connoiflfes, ipefuis abaifle 11 has, le uaipe,
nonfeulemetau deflbus de moy- fiefs !Zm
mefme, mais encore au defifous ^^£/tT
dc vous/ que de vous rendrc vn p^^^^i^^'''
leruicen abje6t qu eft le lauement
de vos pieds , vous iuges afles de
quelle humilite vous deues eftre
reueftus , & a quels offices vous
vous deues tous porter^pour vous
temoigner du refped & de la de -
ferencelesvnsauxautres. Car en ^ ^ '^-^
Car te vous
cctte a£tion ie vous ay donne vn ^y ^^«»^'
•:modelle pour route voltre con- ^nainfiqus
uerfation , afin que vous ne de- '/^,v^'"t^«^
daignies pas de vous rendre ref- f^^'^lf'*'!'''
pe(9tiuement le Teruice que ie vous
ay rendu ; c'eft a dire , qu*il n y
^aitriendefivilny defiabicdique
Joyous ne fades pluftoft, que de
manquer aux deuoirs d'humilite ^^:r,
Oo % I
Glia- 13. 5^1 Paraphrajejur lEudngile de
Sc de charite aufqucls la profef-
, ^ fionqucvousfaites vous appelle.
En verite^ Si vous auics Quclquc qualite
•vousdis, eminente qui vous releualt au
r«V'ilT deflus dc moy , vous pourries
point phs trouuereftrange que ic VOUS obli-
fon Maijire^ gcaflTe a VOUS rabaifl'er fi bas.Mais
pL^frifd' toutc la dignitea laquelle vous
^fie ceiuy fcaurlcs iamais afpirer , &c qui dc
^ut Is en- ^ n r / n
^•j^' fait vous eft referuee, eft que vous
feres mes feruiteurs , pour pro-
curer la gloirc de mon nom , &
mes AmbafTadeurs , pour an-
noncer ma dodrine & ma volon-
te aux liommes. Or eft-cc vnc
chofc tres-certaine & hors dc
toutc conteftation , que le (er-
uiteur n'eft point plus grand que
Ton Maiftre^ ny rAmbaflfadcur
plus grand que celuy qui Ta en-
uoye. Ainfi cela ne vous doit
nullement choquer^ fi ie vous
cxhorcc a des adions aufquclle^
lefus Chrlft felon S. learu j^j Cha. ij^
ic n ay pas dedaigne de mc rabaif-
fcrmoy mefme. A cette heurc stvollhs^
done fans doure vous fcaues ^^^ceschofa
diftinctemenc a quel but cctte bnn heu^
mienne humiliation teJoit. Mais ZTflttZ^
ccschofes la nc font pas de la na-
ture de celles de la connoiflancc
defquelles on fe pent contenter,
fans eftre oblige de ks rcduirc a
Taftion. Pour lesf^auoir^Si pour
faire de belles fpeculations dcC-
fus, fi on neles pratique point, on
n en eft pas meUleur ny plus
lieureux pour cela, Elles font
telles que leur^^onnoiffancc &
leur contemplation tend a for-
mer la conuerfation & la vie, Dc
forte qu alors pourres vous bien
dire que vous eftesheureux, fi en
les fcjachant vous les faites. En il\]*'j^
leur addreffant ces exhortations, toimdevous
11 auoit rait , comme li paroilt, ceux que
mention deTApoftolatauquel il 'J^i, f^iiu
Ooj
clia. 13^ 594 Paraphrdje fun tEuangile de
in que rEf- ^^^ deftinoitj & leur en auoic don-
triture foit nerafTcurancc. Et cck eftattt alnfi
aecomflie^ ^ . n
ceiuy qui prononcc gencralement^eult peii
mange le r\ f CL J t
pain auec cltre trouuc eltrange , quand lu-
Z;;^''' das dccheutde cette dienite, file
fintaiion, ^eigneur neuft premierement
donne quclque clair aduertifTe-
ment de fa cheute. Voila pour-
quoy il adjoufta incontinent czt^
te exception, comme vneefpece
de corre£tion a £cs paroles. Aix
furplus , quand ie vous dis que
vous feres mes AmbafTadeurs, ie
ne parle point de vous tous. Ie
fqay ceux que i ay efleus pour cela:
& quand il fe fera quelque breclie
en voftrc college:,& que quelcun
de voftre nombre tombera , il
n arriuera rien en cela que ie n'aye
tres diftindrementpreueu. Mais
ie ne m'en ouure pas dauantage
inaintenant , & ne veux point
preucnirPadionde ccluy-la,quel
lefpts Chrifl felon S. lean. 55?; Cha» 15?
qu il foit, en le tirant du milieu
de vous. Car il faut qu'il fe de^
coqure luy mefmc, en accomplif-
fantrEcriturequiditrCeluy qui
mange le painaucc moy, & que
i'ay traitte commc mon amy&
mon familicr, ccluy- la a leue fon
talon contre moy, comme pour
me fouler des pieds fur le ventre.
Cela femble dit d'Achitophel &
de Dauid. Mais Dauid a cfte Ic
type du Fils de Thomme: Achi-
tophel ccluy de ce deferteur. Or
TEcriture n'eft point accomplic
en telle nature de chofes, finon
quandcequi eft reprefente paries
types, arriue effe6tiuement. Et f- ^f*
encore nevous diroy-jepomt des namie u
mamtenant qu'il arriuera, &iail- «^„j ^J,/
fcroisareuenemetale remarquer ''^'J'^^'-^f^
& a commenter la Prophetie, itf*r» '»^«*-
finonqu*ileftainfiexpedicc pour i:r<?V*^«*<«
Yous. Afin que quand vous ver^ ^'*''''^
Oo 4
resaducnir cct accident, non feu-
lemcnt vous nc vous en fcanda-
lifies pas, & que yoftre foy aen
rcqoiuc point d'ebranlemcnt ,
maismcfmesqu'ellefe fortifie dc
plus en plus , & que vouscroyies
dautant mieux que ie fuisceluy
. que ie vous ay dit , & que vous
f *o/ aues reconnu eftrc. Enfin.quc
'ueri(e\it ccux Q cntre vous que cette pre-
'vous dti , ft \ ' 1 r if
eenuoyequei dicatiou Hc rcgarde pas , ne Ie de«
r^P/H^: couragent point, ny par ce grand
foit , me re abaiflfcme t d'efprit que le vous re-
fnerefoit.re- comandc Ii eltroittemcnt, com-
m'^eliojL nie fi ie les reduifois a la conditioa
dcs pcrfonnesles plus contem-
ptibles \ ny par la confideration
de ce (candale que iVn d'entrc
vous donnera , comme fi cela
imprimoit quelque flefl-riflure fur
TApoftolat. Ladignitealaquellc
vous eftcs deftines, n en fera du
toutenrienmoindrc. Car ccux
^^ Icfus Chrifi felon S. lean. ' 597 cha, 13,
que i'cnuoyeray, dc la fa^on que
ic defigne devous cnuoycr, au-
rontcctauantage&cet^honneur^
que quiconque les rcceura , com-
me mcs Ambaflfadcurs ^ ce fera
commc s'll me receuoit moy-
mefme ; &iln'cn aura pas tnoins
de gloirc que s'il auoit reccu ma
perfonne, nymoinsde remune-
ration. Or quiconque me re-
ccura, la reception qu'il me fera
fera reconnue par celuy qui m'a
cnuoye.toutainfique'fi elle auoit
cfte faite a luy- mefme. Voyes dc
quelle gloirefe priue celuy qui
machine la reuoltc dontie yous ^ ^^y
parlc. A mefure que lefus difoit ^^^^f ^^-
r n fi^eut duces
ces cholcsj Ion elprit y eltant ch<,jes>iifut
|. . ^ ' r '\ trouble en
cxtraordmairement attentir, li effm , dont
semouuoit peu a peu / tant dc 'j^f'f^^^
Tatrocite de Tadion que ce mal- fif^.'nveri^
% _ A . te , te voui
neureux ludas meditoit, que dc dii.queivm
Thorrcur dc la pallion & dc la
de vous me
trAhirf^:
:ha, ij. y5?8 n?araphrafcfurH*EHangilede
croix a la quelle il fe voyoit expo-
fe, & dont llieure eftoit li proche.
Neantmoins, tandis qui! park,
parce que la parole diuertifToit vn
peu Ton efprit,& cmpcfchoit qu il
nes attachaft fi fermement flir ces
ob jeds, fon emotion nc parut pas
au dehors, finonea quclque ton
de fa voix & en quelquc air
defaprononciation. Maisquand
il eut acheue de parler^ & que 11-
dee de ces deux chofes vint a faifir
tout a fait fa fantaifie y elles luy
parureut egalement fi epouuan-
tables , qu il en fentit du trouble
& de Tagitation en fon efprit.
Tellement qu*au lieu qu aupara-
uantfes proposfefuiuoyentd Vn
filcontinuel, comme d Vnhom-
raequialeloifird'arrangcr & dq
pourfuiurc diftindemenc fes|)en-
fees,il eclatta tout d'vn coup^
comme pour protefter de queU
lefus Chrifl felon 5*. lean. /^^ cha. 13!"
que chofe auec grandc emotion,
& declara tout ouuerrement cc
que iufques alors il s'eftoit con-
tente d mfinuer par dcs paroles
vn peu vagucs& vn peuindeter-
nlinees. C'eft chofe » dit-il , cc
femblc:, incroyable,mesamis,&
quineantmoins eft tres-certaine^
& dont vous ne deues point
douter , qu vn d'entrc-vous , 6
horrcur l me trahira dans peu urshsdif-
d'heurcs. Cette parole eftant ainfi 'gli'doLtUs
prononcee, elle donna bicn vn "''' ^^J*"*:
grad eftonnementaux Dilciples^ duqueiupHv
mais elie mit encore en leur efprit *
vne beaucoup plus grande per-
plexite. Car Icfus nayant point
nomme celuy duquel il parloit,&
mcfmesnerayat point nydefcrit
ny defigne par aucune circonlo-
cution , ny par aucun trait de la
veue , ils ne pouuoyent deuiner
quic'eftoit, S^nef^achant fur qui
cha. 15. goo Taraphrafefurl'Euangtledt
porter leurs foupcjons , ils fe re-
f . 1 g^rdoyenc auec ebahiflfement les
or;.^««N vns les autrcs. Fay die cy-deiTus
il vn des 1 r« • • r*
difeipiesde c[\xz \c ScigHeur auoit touliours
ufm!!Zlt^^^^ tous fes Difciples, & qu'il
f*"' ^' 7'- continua de les aimer iufqu a la
^miux. hn. Mais cette aftedion done il
les cmbraflToit^tous generalement,
n'cmpefchoit pas qu il n'y en cuft
vn d entr'eux pour qui il auoit
vne inclination particulierc. Car
ce bon Seigneur , bien qu'ilfiift
Dieu benitetcrncllementj eftoit
homme commc nous , & capable
d eft re touche en fes affciStions par
la douceur de Thumeur , par la
tendrefTe du naturel , & par les
autres qualites qui pouuoyent
rcndrc vn fujet recommandablc.
Il y auoit done vn des Difciples
de lefus , auqucl (a modeftie nc
pcrmetpas ^z^z nommer,queIc
Seigneur aimoit plus particulie-
lefp^ Chrijl (clonS. lean, ^oi Cha, 1)1
rcment, &c qu acctte occafion il
auoit colloque en telle fituation
a table aucc luy, qu il auoit , com -
me onie couchoit alors fur cer-
tains lits drefles pour cet eflfet , la
telle dans lefein cleIefuS:,comm®
cftantdansfa plusintime fami- \^^ ^^z
liarite, & plus fauorife de fes bon • ^'"^r ^*f'
nes graces. Simon Pierre done, HtfignequH
que cette parole de noltre Sei^ quiejioitce^
neur auoit cxtraordinaircment iZhifr'*^
emeu, &qui neantmoins n ofoit
interroguer lefus fur cela^fit fignc
i cet autre Difciple plus familier,
qu il luy demandaft de quiil par-
loit. Car il efperoit bie qu a caufc
derafFedidn qu il iuy portoit.il ^ ,
c r ' 11 1 f*^S'
nereruleroit pas deluy en don- T^r^uoy at
nerconnoiffance. Alors ce Dif- Zttf/ur
ciple fe confiant en la bonte de ^//f^^*
^l de I efusj luy
so Maiftre/approcha le plus pres '^'>- •^^'
quilpeutde lelus ^ & cnsendi- #/.rf,
^anc dcflfus fon cftomac , il luy die
filsAc Simo,
Cha» I3. 6o^ PdraphrOrfc fur tEuangile de
tout bas a roreille : Seigneur ^ qui
eft-ce? Aprestantd'autres temoi-
f . z6, gnagcs deriioaeur de ton affedio
^dlr^cZ wie le reueleras-tu pas ? A quoy
^u<^uei ie lefus refpondit dVne fac^on en la-
h at Her ay le 11 n • rC^ 1
faintrewpi, qucUe Oil Hc ^autoit alles aa-
%miru i^i^^^ lincomparable bonte qui
pain iite e;ftoit enfaperfonne. Car il nc
das ic^riot refufa pas a ce fien Difciple de luy
donnerlaconoiflfancede ce quil
luy demandoit. Mais parce qu il
luy fafchoit de nommer pour vne
telle occafion , vn homme qui
auoit eu Hionneur d'eftre fonDiC-
ciplcj qui auoit mange dupain^a
ia table :,&conuerfeaucc luy fa-
milierement fi long- temps ^ il le
luy fit connoiftre dVne autre
fac^on^maisde telle forte pourrant
que les autres ne pouuoyent riea
foupconner de fon gefte.Il y auoit
deuant eux des plats , & dans ces
plats quelque liqueur , dans la-
lefus Chrifl felon S. lean, (foj cha. if.
quelle chacuntrcmpoitfon pain
comme bon luy fembloit en Ic
mangeant. Et ccftoit mcfmes
vn temoignage de familiarite,
que d'entremper pour vn autre,
& de leluy prefenter. Ie{jLis done
choifit ce figne , pour monftrer
ludasacefienDilciple^fans que
iesautrcs s'en doutaflent^&luy dit
tout bas : C*eft celuy a qui ie m*en
vay donner vn morceau dq pain
trcmpe, Etde fait, incontinent
ilrompitvn morceau de pain, &
apres Tauoir trempe, il Ie donna a
ludas Ifcariot^ fils de Simon , qui
eftoit affis a tableaupres de luy, &
afa rencontre. Cette adion.qui Et\pre7u
procedoit d vn xefte d'afFedion rr^.!:
enuers luy , & qui deuoit outrer f^:,^!;j'^^^
fon ame de mille aiguillons de ^v^^*^*ofi
regret & de repentance , pro- p/\
duifit vn efFed tout contraire en
cedefefperc. Car fa confciencc
Gha* Iji 66^ ^araphrafeJurl'Euangilede
luy rendant temoignagc de fori
malheurcux defTcin , & n'y ayant
rien de fi foupcjonneux qu'vnc
ame qui fc reprochc quelque
chofe, il deuina vne paftie decc
que c'eftoit, & s'imagina que
lefus, qui auoit tcnu fon crime
couuert iufques a lors , Tauoit
Voulu par la faire connoiftrea fes
condifciplcs La honte done, qui
Tauoit retcnu iufques la :, tandis
qu'il penfoit eftrc cache aux
autrcs ( car quant a ce qui cftoit
de lefus, il f^auoit bien qu'il eftoit
decouuertj fetourna en indigna-
tion & en fureur contre Chriftj
qui luy procuroit , ce luy fern-
bloit 3 ce diffame. Ayant done
defia cu contre luy des penfees &i
traiftrefles & fanguinaires , au
temps auquel il n auoit de luy
aucunfujet de mecontentement,
ill eft bien aife de iuger combien
Topinion
,. lejus ChrifiJelonS , ledru ijoj Clia* ij^
l-opinion qu'il conceut d auoir
rcccu yn fi grand afFront, caufa
cnluy dlrricacioii , & combicn
cllc adjoufia datrocite a la bar-
baric de fespenfees. Nerefpirant
done alors finon la vengeance
contrclcfus, &c lecoeurderliom-
me neftant iamais fiexpofenyii
ouuert a la tcntatioh du Malin^
que quand cet appetit dc ven-
geance regnc en luy, le Diablq
ne manqua lors dentrerdansce-
laydeludas& des^enfaifir^ pour
luy infpirer deformais fans aucun
remorsdespefeespleincs derage.
Ce que connoiflant le Seigneur
Icfus, qui penetroit Tefpric des
homes iufques aufond^&voyant
que deformais ce malheureux
cftoitabfolumet defcfpere, il ne
iugea plus qu il fuft a propos de le
tant efpargner comme il auoit
faitauparauant, & luy temoigni
Cha. 13. 60^ ^^raphrafeJurt'Euangiledc
qu il abandonnoic tout foin da
luy & de fon amendement, par
cette fa<5on de parler prouerbiale:
Fay hien toji ce qne tufais: Com-
nie s'il luyeuftdir^ Dcformais la
bride eft lafchee a ta paffion : il
n'ya plus rien qui t arrcfte que tu
n^executes ton pernicicux def-
fein : & moy ie fuis tout difpofe a
f. zp. fubir ce que la volonte de Dieu
de cer^xq^i mimpole.Etneantmoins encore
f5/t«f« le Seigneur lefusfe rednt-il d*ex»
se^Mtpour- pliquer ccia expreflfement . de
atioit dtt forte que tout ce qui auoit prece-
de, n'ayant engendre aucuns
foupc^ons dans Tcs efprits des
autres Difciples contre ludas , il
n y en eut aucun d'entr'eux qui
cntendift a quel deflein le Sei-
gneur luy auoit dit ces paroles.
t- i9^ Ainfi arriua-il qu'ils leur don-
ctddoyenty ncreut diueries interpretationSc
Car pourcc que ludas auoit Ijt
poufce que
"^ Icfus Chrip felon S. lean. 607 Chk. ij .
Bourfecomune dclacompagnic, /^^^^^^^
d oil on droit ce dont il falloit ^^/«* ^«;"«-
acheter les ncceliices, comeaulu ^^hete ce
ce dont on faifoir fes liberalites & Velef^le
fcs aumoOies , ily en mt quel- ^^jj^
ques vnsd'entfeux qui creurent '"'^f t^'^j-
tqu lUuyaaoitdu^ Acherecedont anx^oHm{
nous auons befoinpourlafolen-
nite de la Fefte ; ou bien qu'il luy
auoitcomande dc doner quelque
chofe aux pourcs. Les autres cjt
eurent d'autres fcntimens *, mais
pas vn ne toucha au butde Im-
tention de noftrc Seigneur , tanc
il fut foigncux de mefnagcr cet
abominable iufques a la fin, ace
qu il ne fuft decouuert que par
fon propre Crimea luy-mefmeo .
Mais quant a luy, qui en penfoic ApreTdonc
tout autrement , ces paroles luy ]'*2ll''mZ
ayant encore auemente I'opi- ^^'^"''^/^ ,
* r \ t-inT purtitinconm
monquelelusIevouioitdiiTamer, tinem -.<&>
qun ie rcnoncjoit tout a rait
Ppa
Clia, ij. ^araphrafefurl'Euangtle de . Cot
pour fon Difciple, il n'eut pas
pluftoft pris le morceau trempc^
&c oui* ce que le Seigneur auoit
die en fuitc , quelaliontc,ie depir,
le courroux, & Ic dcfefpoir, luy
firent abandonner la compagnic,
& ^artir tout incontinent .Ec il le
fit d'autant pluftoft 3 que le temps
cftoit proprc pour aller tramer
Texecution de fa trahifon : car
c cftoit iorsla nuit de la Prepara-
tion , & il f^auoit bien que les
luifsauoyent refolu de fairetout
ce qu'ils pourroyent pour fairc
^ .^ mourir le Seigneur auant la Fefte.
Lrty ifiant Comme donc lefus le vid forti , il
Jony, lefus . ^^
dtt :Mam. tint alors ces beaux propos a les
tenant eji -r^ • r • 1 A 1 /
giorifieiefih Ditciples. Aprcstant de temoi-
^mm'ed gtiages que le JFils de Thomme a
^lorifi^ en rcccu dcs cicux^ADtestat d^oeuures
miracuieuies qu il a raites : Apres
tant d'oracles desProphetes ac-
compUs en fa faueurpar des euc-
IcfHS Chriji felon S. lean. 609 Cha; itp
nemenseuidcns , ilnereftoit plus
que raccompliflemeut de celuy
qui concernoit cct Apcftaty
pour fau'c paroiftre qu'il ell vcrU.
tablement Ic Fils de rhomme.
MaintenantdoncleFilsderhom-
me eftglorifie, maintcnantDicii
eft glorifie en luy , parce qu^e f. 51;
Ihonneur da Fils redondc a b^^^^
gloire du Perc. Et fi Dieu eft glo^ 5^ ^'- ,
rifie en luy , il le elofificra aufli de rtfiera enf^f
plus en plus quant aluy , de torte ,,„,,„,;2, n
que la gloire qu il luy a comnvii- inionfi^r^^
niquee par le pafle , fera enc^di'C
beaucoup furmofltee par lafilb^
fequente. lufqu'I maintenarir'll
s'eft ferui|)oair la plufpart de X^m
tremifedWtruy pour faire coti-^
noiftre Ton Vniqucv ' Les hoxrimcs
deDieu ont parle, comfnc Team
Les Angesy ont eft.e employes , &S
des fa naiflfance, & depis encord
Le Filsmefme eft celuy quia fai|
Pp5
les oeuures miraculeufes par leP
quellesla PuiflTacediuinea teftifie
de fa voCcUion ; & la plufpart des
Prophecies ont receuleur accom-
pliflement paries mouuemeasde
la y^olonte des melchans hom mes,
A I'auenir ce ferale Pcre mefme,
qui fans rcntremifed'aucun autre,
,. glorifiera fon propreFils, parlei
'f .^^^ lignes qu a la more il rera dans les
'^l^?''^'! cieux en haut , &dansla tcrreen
bas,& dans les lieux les plus faints
& les plus facres de fon Temple.
Cc fcra le Pere qui le refTufcitera
luy-nicfmedentre les mores, &
cjuile rect^anoiftra ainfi pour foa
pik auec ;rtiiagnificencci:Ge fcra?
luy finalemient^ qui 1 ■enkuerji A^
hauto qui le fexa feoif a fa dexrrq
pout luy donner la; conduite de
rvniuers, & qui park vertu d^
fon Efprit fera que faCroix triom.
pjiti:a de toutes les puiflfance du
tenant*
lefus Chrijl felon S. lean. Cil Cha^ 15^-
monde, Et cette gloire deformais
ne tardcra point a venir : Ic Perc
eft fur le point de la faire ref- Mepeiits
plendir dvne racoon tout a iditjuts encore
emerueiHable. Cc fut bien aucc 'ZTlT:
vn grand rauilTement d^cfprit ^^'>«^^*^^*^
que ie Seigneur Iclus prononc^a €omme i'ay
1 t / ■ ditauxluifs^'
lorsces paroles, pour temoigner ^ueu<^^'U
que ces foufFrances ne luy faifoyct '^^2u%7t
point tant dliorreur, qu il ne vift ^^«'>- ^'"^
bien au trauers les gloirqs qui auffl mam^
deuoyent les fuiure. Mais aufll
regardoit-il certes a, fortifier &a
confoler fes Difciples, a qui fon
abfence , dont il les menaqoit
qu elle arriueroit bien toft , don-
noit & beaucoup d*cpouuante-
ment , & beaucoup de trifteflfe
tout enfemblc. Et c*cft la raifon
pourquoy il tourna fon propos
vers eux, pour les appeller par des
noms qui temoignoyent plus ex-
preffement la tendreiTe de fes
Pp 4
affections, & pour leur donner les
cnfeignemens,^ lescommandc-tL
mens neceflaires en cetre occurs;
rence. Mes pecits enfans^ leur dit-
il, ne vous decofortes ppinc^maij
^luftoft prenes courage par moa'
cxemple. A la verice ie ne fuis
plus que pour vn peu de temps:
auec vous : &c quand ie me feray
retire, vous me chercheres & re-
gretteres ma prefence. Maiscom-
xnc ie difois autrefoisen vn cer-
tain (ens aux luift , que la ou ic^
vais ilsne pouuoyent venir, ielcr
vous dis a vous en vn autre. Il faut
que nous nous feparions quelque
f . 5^. terripsjiufquesa cequelePereea
ait autrement difpofe pour noftrc
It Vous don-
ne vn nou
nt^ucom- commune ioye. Mais comme
mandement
quevous^i- Quand Ics bons amis fe feparent
r^Htre:com- i^s vns dcs autrcs, lis ont accou-^
^'J™ ^^^^ ^^ ^^ recommander quel-
jtfin ^ue q\xt chofc particulierement ; a ce
vem tons J- A
Autre,
7cfus Chrtfl felon S. lean. C\i Cha. 15^
stiicn depart ic vous en veux re- ^^^,v^;.^
commander vne que i'ay fouue- ^'
raincmentacoeur,&dontla pra-
tique vous fera(!$<: honorable &jfa-
lutaire a merueiile.Qjand Moy{e
vouluc laiflfer la conduite du
peupledlfraeljil donna cecom-
mandement aux Ifraelires , de ne
fe departir point des ordpnnances
de la Loy , & <^ a cfte iufqucs a
maintenant la marquealaquelle
on a reconnu fes DifcipIes^Qoand
Jean Bapcille quitta les fondiions
du Minifterc qui luy auoit efte
commis , il recommanda aux
fiens de fe difpofer par Ic baptef-
mc de repentance a receuoir le
Meffias lors qull ie prcfenteroit
a cux , & ils ont receu ce com-
mandemet auec Timitation de {z%
jeufncs & de Ton aufterite \ &c vous
voyes encore maintenant qu'il y
en a plufieurs qui fe jGgnalcnt
Cha. 13. (^14 Pam^hraJefurfEuangile de
cftre Difciplcs de lean par certc
marque. Pour moy,ievous don-
ne vn commandement nouueau,
que ie veux que vous tenies com-
medemoydVne fac^on fpeciale.
I Et c*eft icy mon comandement^
que vous vous aimies veritable-^
mentrvnTautre. Dcrechcf, iele
vous rccommande tres-affedlu^
cufemcnt ; Comme ie vous ay mes
tendrement tandis que i'ay cfte
' far^eu aucc VOUS, aimes VOUS dc mctmes
tra^t que reciproquciTient dvne dilection
r.?;/„, cordiale. Qoe Ics Difciples des
fivous aues autics fc faflent rcconnoiftrc Dat
istitre. tel autre carailere qu lis voudrot^
quant a vous , c eft a ce cara£tcrc
feulement que Ton reconnoiftra
ccrtainement fi vouscftes veri-
.^- 5^ tablement lesmiens:,quand vous
Stmon Tier- . ^ . ^ -
re luy dtt : VOUS aimcrcs les vns les autres.
Seigneur ou ><x -' 1 t r» 1 /
v/s-tuue Quad lelus cut acheuecc propos^
Simon Pierre , qui n auoit pas
"" Jefus Chriji felon S, lean. G\f Cha. 15}
bien cntcndu ce qu'il auoit dit J'^j^^,!^
de Ton depart & dc fon aBfcnce, oktev^y, -
V I . ^ . _ tu m me
& a qui la mention qu 11 en auoit pem mamte
airc,auoitlaille vnaiguiUon dans ^^ts w me
iecoeur,luydemanda. Seigneur^ -^'''^^^'*^ '^'
ouvas-tu ? Car commeilaimok
lefus, &comme ileftoit fcruenr,
il euft bienvoulu fqauoirfi lelieu
ou Icfus fc propofoitd'aller, luy
{eroit abfolument maccefTible.
G'eft pourquoy lefus luy refpon-
dk ; Laou ic m'en vais, tu ne me
peus maihtenant fuiure. Mais
aye vn peu de patience : il n eft
pasfi inacceflibleque tun*y puif-
fe&(|uelqueiourvenir ; & tu nvy
faiuras cy-apres. Ce que lefus en~
tendoit de quand Simon Pierre
feroitrecueilli daslecieljmaisluy ^, ^7.
il Tentcndoit d Vne autre forte. //:;';JZ
Car il apperceut bien en quelque ^»^y »^ ^^
ra^onja la vcrite, que ie Seigneur maint,nant
parlant de fon depart dc de fon IZlrsiymon
Cha. 13. (^16 TaraphrdJefurtEuakgite de
mrnef^Hf abfcncc , fignifiolc qu*il dcuoit
*^> ou mourir ou tombcr dans vn
eminent peril de morn Mais fe
figarant que dans le rcftc de fes
paroles noHre Seigneur luy auoit
voulu donner a entendre, que
pour lors il n'auoit pas aflcs de
fermete de courage pourle fuiure
au trauers detous dangers, & que
dans quelque temps raccroifle-
ment de connoiflTance quil leur-
auoit fouucnt fait efperer ^ luy--
apporteroit augmentatioia de.
vertu; lardeur defon zelc & de
fon affection fe piquacn quelque
forte de cela: ce qu tl .tenioigna
par ces paroles. Seigneur, dit-il^
qu eft-ce qui empefcheque ie nd
te puifle fuiure des maintenant?
As-tu cette mauuaife opinion de
moy que tu penfes qu'il y ait
chofe quelconque qui mem-
pefche de te fuiure par tout ou tu
iefiis Chrifi felon S. lean. <bij cha, if,
iras, fuft-ccau peril dc ma vie?
Aflfeure-toy, Seigneur, ie teprie,
que ie metcray ma vie pour toy,
& que cette confideration ne
t'empefche pointde me mencr en ^ ^.
quelque part que tu ailles. Alors i^f^^itiyref^
lelus connnoiliant bien qu auec menras ton
rafFcdion que Simon Pierre luy Z;,iTL
portoit, il mefloit beaucoup de ^^f^''^^''^-
r • n t I te it te dts>
prelomptionjii la rabbatit incon- q»e^^ ^^<i^^
I t-^ chanter X
tmentparces paroles. Tumettras;^,^^, t^n^
ta vie pour moy , Simon ? ce qu il j^7
dit vn peu en fouriant, comme ^roisfm.
d'vne chofe plus difficile que
Pierre nepenfoit , & qu il auan--
^oit fort a la legere. Puis il ad-
joufta : Certainement, mon amy^
ie n'ay point de toy plus mau-
uaifc opinion quil ne faut ; mais
i'euenementmonftera que quant
itoy tu las trop bonne. Car tune
troispasacetteheurede toncoix-
^agc ce que ie t'en vais annonccr ^
rsnte
cha, f^. (fiS Paraphrafc Jur tEudngile'de
ccft qu'il n yarien deplus vray^^
( Sc in vols rhcure a lacjuclle ie
parle a toy ) que nous ne ferons
pas encore venus au chant du
coq , qui s'entcnd auant que la
lumicre foit leuee, que par trois
fois tu n'ayes renie que tu me
connoiflTes ^ ny que tu ayes ia mais
euaucune familiarite auec moy.
Voila quelle fera la preuue que tu
donnerasde ton grand courage;
'^.^^^^^^^^^^^^^^.^^^
^ J CHAPITRE XIV.
^^'^'^'^^ /^i^Ovs cesproposdenoflrc
vo/ire cceur ^|S Scigneur^ mirettt vn mer-
r;^?^.C::; ^^ueHleux trouble dansref.
eroyh en pj-^,- j^ fesDifciplcs. Ce qu il auoit
^Hfsienmoy dit dcfon depart & de fonablen-
celesaffligeoitiCe qu'il auoit in-
finuequecefien depart confifte^
r.:m^
lefus Chrifi felon S. lean. 6i^ cha^ if i
roit en la more, adjouftoit tant
& plus a leur afflidion , & Ics
eftonnoit encore :Cc que ludas
s'en cftoii" alle de la facjon^ & le
propos que lefus auoit tcnu dc
luy depuis fon depart ^ leur
caufoit de Thorreur : ce qu il auoit
predit a Simon Pierre , auoit
rempli ce perfonnage de confu-
fion , & donne a tous les autres
vne merueilleufe alarme, auec
quelque dcffianced*eux-mefmes;
Enfin ce qu'ils prcuoyoyet qu ils
s'en alloyent demeurer fculs, ex-
pofes a routes fortes detentatios
fansfupport& fans defenfe, leur
donnoit vne grande crainte dc la
mort^ & les faifoit penfer a Tinfir-
mite de lachair^ dans laquelle il
eft raal aife de maintenir la perfe-
uerance. lefus done les voyant en
ceteftat, fe mit a les fortifier & a
les confoler felon fa boixte accou-
clia. i4o (Jio ^araphrafe fkr tEuangilede
ftumec. Etparceque leurscfprits
cftoyenc agices de diuers mouuc*
mens, il mefla dans fondifcours
toutes les chofes ncceflaires pour
leur confolation , en tcrmcs ac-
commodes a la condition des
temps & a leur portec. Il com-
men^a done par cette preface,
dans laquelle aprcs auoir tafche dc
calmer leur emotion :, pour les
rendre capables de receuoir fes
propos^ilexiged'euxqu'ils pren-»
nent vne entiere cdnnance en fa
diledion & en fa perfonne. Mes
pctitsenfansjleurdit-il^vouscftes
nourris &c eleues a croire en ce
grand Dieu, quiaclree lescieux&
■ iaterre:» & que vospercsont ado-
re. Or tant s'en faut que ie fois
venu pour vous defiourner de la
foy laquelle vous aues en luy>
comme les luifs m'en accufent,
que vous eftes temoins du foin
que
lefus Chrifi felon S. leanl 4ii Cha.14^
que i'ay cu de vous y confirmcr,
& de feruir a fa gloire» Mais com-
me vous croyes en luy y ic vous
ordonne&vouscoiurc de croire
pareilJementeii moy, &de vous
repofer abfolument fur moy
pour routes les chofes qui vous
concernent, & dont ic voy que
vos ames font maintenat agitees. ^
le vous ay dit queie m'en allois liy/piu^^
vers mon Pcre^ & que vous ny 'meumnces
pouuies venir auec mov :& cela ^j'^^^^^^'*^
eft vray pour main tenant. Mais ^''ii^Pi^au,
, ^ . f r» , trement ie
lenclc vous aypasainhpropole vomhufe
afin de vous ofter Feiperance de ZyJ^npi
vous recueillir^ &de vous loger ^''**
en fa Maifon auec moy , quand le
temps en fera vcnu. Ne croyes
pas que dans la maifon de mon
Pere il n y ait logement que pour
moy. C eft vn Palais dans lequel
il y a plufieurs appartcmcns ca-
pablesdcvousy receuoirtous; &
04
lChaj4^ 6^^ ^dTdfhrafefurl'Euagilede
sA en euft efte , s'il en eftoit au-^
trement, ielevous aurois dit, ic
le vousdirois encore maintenantj
& ne vous allaittcrois pasdevai-
nes & friuoles cfperances. le .ne
my en vai done pas a cette heure
afindyeftrc feul atoujours^&ie
ne vous ay pas choifis pour eftrc
ma famille& mesdomeftiquesfi
long 'temps, & pour viure auec
vous fi familierement que i'ay
faiCjafin que noftre feparation
foit perpetuelle. ly vai comme
voitre auant-coureur^ pour vous
y preparer voftre lieu, commc
vous voyes que cela arriuc fou-
ucnt dansla compagnie des bons
amis y afin que quand vous y
viendres,vous y trouuies routes
fortes decommoditesjdefclicites
^tfiiem'en ^ Je ioyes.Et quand apres my en
njay
&P'
-^ousprep^re ciktc allc ie VOUS y auray prepare
mrmrJd^ ^ pUcc quc VOUS y dcucs aijpir^ i^
i
tejus Chrift felon S. learP. 6i^ Ch£ij^l
fcray encore comme Ics bons rechef, ^
amis font quand ils ont fait la IZyrmly;
fon6tiond'auant~coureurs: iere- ^?''. ^"^ ^^
tourncray derecher vers vous, & -vous jo^h
viendray audeuant de voiis , afin " '
que la ou ie feray 5 vous foye s auffi
auec moyj&: que nous demeurios , ,
cternellcment enfemble. Et ie ^^ \^^i
e rois dit quel eft le /. 'vay , ^
lieu oil ie m'en vay^ que vous le f^ZiJ'
f^aues fans doute maintenant:
comme aulfi ne dcucs-vous pas
ignorer, parce que ie vous en ay
iouuentaducrtis, quel eft le che-
min par lequel i y dois aller , &
qui vous y doit auffi conduire. . .,
Or entendoit-ii cela de fa mort rhoma/iu^
&de fa refurre£tion , par lefquel- ^neur, 'mm
lesil eft entre dans fa gloire, en ""^^TZ
fouffrant quantaluy, &:enre{fuf- '^'^^ •' ''^'
. , -l I i •' ment done
citant d entre ies^^ morts j & par p^utas nous
lefquelles il faut que fcs fideles y f^^.^'^l ^^
entrent aufli^en embraflfant quant
94^
Ghajf. 6i4 Paraphrafe fur tEuangite de
a eux iVne 8c I'autre par vne foy
vrayc, fincerc^ & perfeuerante.
Mais en partielatardiuete de YcC-
pric de Thomas, qui s'cftoit touC-
jours rendu plus lent a croire que
Ics autres :, en partie la crainte &
remodon qui luy auoit trouble
Teiprit , Tayant empefche de
comprendre cc que le Seigneur
en auoit dit :, il prit Toccafion
dVn petit interualle de filence
dont le <Seigneur fit lors fuiui^e
fon propos , &c Imterrogua de
cette forte. Seigneur, dit il, nous
n€r(5auonslaoutu vas;(& ilpar-
loit ainfi en commun^ parce que^
comeilarriucfouuent^ iliugeoic
des autres par foy-mefine j com-
ment doc pourrions-nousf^auoir
le chemin qui y mene ? Car nous
Voyons bien le lieu d'ou tu dis
que tu veMx partin Mais nc
l^acbans point ccluy oil tu te pro*
leflis Chrifl felon S. lean. Ci$ Cha-i^
pofes dialler, comment pouuons-
nous deuiner ny quelle, ny dc ^ ^
quel cofte en eft la voye ? Alors lefus luy
1 . . •' ^ dit : le fnif
lelus 3 qui voyoit en ce perlon- ichemin,^
erautspnncipalemet: i^ ^,,^ ^^^
a f^auoir la tardiuete de fa com- 7^J/^^^^„''^
prchenfion a entendre cc c^'A^tnop
auoit dit duchcmin quimeneau
Pere : lahefitation dc fon efprit, a
croire aux chofcsqu'il auoit dites;
&lacrainte delamort^^dont il fe
voyoit menace en fuiuant noftrc
Seigneur enfes perils , luy fit yne
refponfe quicorrefpondoit a ces
trois chofes, mais qui tiroir fon
efpritbeaucoup plus loin qu'ilne
Tauoit porte , & qui 1 elcuoit au
deflfus des objets des chofcs pre-
fentes. le fuis, luy dit- il,la Voye^
qui fcule mene au but ou vous
deues afpirer: & qui ne la fuit ^ ou
s'cn ecarte , il fe perd dans vn
cgarement irremediable. le fuis
0^3
^ha.41. ^i-6 Pardj^hrafeJurl'Euangileie
la Verite mefme, & hors de moy^
& de ce que Ten epans au monde,
il n y en a pas vn rayon qui
puifle feruir a falut. le fuis la Vie^
&foit quevous aycsegard a celle
du corps, ouque vous regardies
. celle de de I'efprit^ IVne & Fautre
coule de moy feul comme de fa
caufe. Ne craindonc pas que la
more aic aucune puiiTancc fur
Yous; puis que ie vousprenden
-rma fauue- garde. Ne hefite pas
fur ce que le ce dis , quand tu ne
Tentendrois pas diftinitemenr.
Et ne cherchc point d'autre che-
min que moy pour paruenir ou
ie yous ay dit que vous deues aller,
c'eft adireyau Pere cclefte. Car
Si vcJsme- Hul ne vient au pere fino par moy,
;rS' nul nadaccesversluy que celuy
fiei^^fsiQu^ic luy donne. Ayant ainfi
de^ nj^inte :xc[^ox\d\x a 1 mterrogation de
h^omotjius Thomas , xl le retourna vers la .
lefus Chrifi felon S. lean] 6ty Cha.41^;
troupe de fes autres Difciples, & f /'"''''
apperceut dans leurscfprits, que
ce qu il auoit dit, que c eft par
Juy feulquonadel'accesau Pcre
celeftejeur auoit fait naiftrccct-
Xc penfce, que puis qu il les aimoit
tant^ puis quils auoyenttant de
familiarice auec luy.ils pourroyct
bien obtenir de luy cettc parti-
culiere gratification de voir le
Pere par fon moyen. Ce quils
croyoyet leur deuoir eftrc d'autant
moins refufe :» que Dicu s'eftoit
monftre autrefois a des gens
qu ils deuoyent ou egaler ou
furpalTcr dans la dignite de Icm
miniftere. Il les voulut done pre-
uenir par ce propos qu il adjoufta*
incontinent. Et fi vous me con-
noillies bien 3 moy qui parle a
vous 4 fi vous me confideries
affes attcntiucment , par mcl-
me moyen vou3 connoiftrie$
Cha44« ^2.8' n? dra^hrafe fur r Euangile de
auffi monPerc* Ec de faitvous
\c connoiftres a raduenir plus
clairement, quand par Ics chofcs
qui m'^rriueronc vous fcaures
micux qui ie fuis : mais neant-
moins dcs maintenant en m e con-
tcmplant vous Ic connoifTes , &
auffi bien que qui quece foit,vous
^, g^ vous pouuesglorifier defa vcuei
miippeiuy Quelque clairemenc quil Icur
gneur,mo» parlait, ils H enteiidirent point
i'ere7& li eucoTe blca diftin£temec cc quil
nmsjufflt. ]g^j, vouloit ditc ! & qucique foia
qu il euft de preucnir leur curiofi-
te,ou d'arreijerleurprefomption^
il n'empefcha pas que Philippe
ne iepoiidaftenauant^ pour luy
fair^cette replique.OSeigneur^fi
tuvoulois nous doner ceconten-
temcnt que de nous faire voir le
Pcre, puis que c*eft: par toy qu'on
vientaluy^puisquilne fe mani-
fellc point finon a ceux a qui tUy
""Jefus Chrift felon S. lean. 619 Ch:a.x4'
le rcueleras ; en vn mot , puis qu il
£ a donne cc pouuoir la d ap-
procher dc luy qui il te plaift,
nous nc te demanderions plus
rien , & ce feroit Ic comble des ^. ^^^
graces que tu nous as faitcs. Alors, ^.^^'^^^ ^^^
bien que Icfus connufl: lufques^^/W
au fonds la difpofition de leurs -vous. ^fi
efprits, & que rien ne le peuft fur- "oiZcol7u?
prendre, fi eft ce que pour rendre ^^^^;^l^
fa refponfe & fa reprehenfion plus '^oh mm
emcace, lidit aPhilippc comme mentdistu,
auecquelqueeltonncmenr.N clt- /^p,,^?
ce pas vne cliofe etrangePhilippe,
& de laquelle tout autre fe deuroit
emerueiller ^ quil y a fi long-
temps que ie conuerfe auec vous,
que vous voyes continueilemenc
mes oeuures , & ncantmoins tu
ne me connois point encore 5
Philippe mon amy, ne tc laifTe
point emporter a ta curiofite , &:
ne te diftile point Tefprit en ces
|3ha.i4. ^30 Paraphrap Jkr tEuangile de
fpeculations y que c eft que dc
voir la face deDicu,ny quels ont
cfte les contentemens de ceux a
quiil s'eft prefente autrefois en
quelque apparence vifible. le le
repWfcnte incomparablement
plus viucmenc& plusefficacemet
que n'a iamais fait la plus expreflfe
& la plus admirable de ces appa-
ritionsjde forte que qui m'a vcu^ il
a veu mon Pere. A quoy pcnfes tq.
done quand tu me demandes que
ie te le faffe voir, come quelques
autres Tont veu autrefois ? Qu^ef-
peres-tu de ces vifions,, aprcs
auoir , co mme tu las fait,& com-
me tu le peus encore faire main-
tenant , contemple fi familiere-
rement&fi continuellement ma
xr^' ^*l/perfQnne? As-tufipeu prefiteen
point- que ie nfa conuoiflfance , que tu ne
Fere,&ie ctoycs pomt cttcote imtime oc
i7rp^oiJs indifloluble communion qui eft
lefus Chrifi felon S. lean. (J31 Cha.4.'
cntrele Pere & moy ? Nc fcais-tu ^«, ,v vom
point quayant mcfme nature, & l;;-;^-
mcfmeeflTence^mcfmes vertuSj^ /^^ ^^y- .
mefmes proprictes, mclmes in- h pere qui
clinations,& mefmes volontes, ie l^^'YeYct
fuis au Pere, & Ie Pcre en moy,& ^;^ '^«^^^^
qu en toutesccs cliofes ie luy iuis
aufficoniointques'il eftoit moy,
il m'eftaufli coiointquefii'eftois
luy, fans confufion pourtant^ &
fans meflange? Que ii cette chofe
paifle la portee de ton efprit, a
laconfidererenelle mefme, tuen
as deux manifeftcsenfeignemens,
qui peuuent tomber fous ta con-
noiflance. Car tu voisbien que
Ics paroles que icprononce^, fi tu
les regardesaufon & dans Tarti-
culationdela voix, precedent dc
moy. Et neantmoins elles con-
tiennent de fi grandcs merucilles
defapience , que fi ie n eftois au
Pere &: dans fonfein, il feroit ab-*
Clia.l4. ^it n^araphraJeJurtEuangilede
foiumcnc impoflible que ie les
vous rcuclaffe. Et tu vols encore
que c eft moy qui fais les oeuures
qui fortent tous les iours de mes
mains. Et neantmoins fi Ie Pere
ncftoiren moyilferoit pareille-
ment abfolumcnt impoflible que
ie les fiflc nonplus. Dc forte que
les chofes que ie propofe , ie ne les
propofe pas depar moy-mcfme :
ie les tire de la connmunicatioa
intimeque i'ay auec Ie Pere cele-
fte, & les puife dans Ton fcin .* & les
ocuures que iefais, ie ne les fais
pas de par moy-mefme non plus,
cell: la vertu du Pere lecHuel eft en
Ne croyez moy^ qui sV deployc. Quand
-voiis pm que ■• . *. • C ■
ie fuis en donc le vous dis que ic luis an
r;J;:>l Pere,&quelePere eft en moy, de
^oy-. atout ^^roxi Que Qui me contcmple:^
le motns 5 11 i
0royei^par contemple mon Pere, vous en
deues croire a mes paroles , par
ce que ie fuis la verite. Mus fi
'lefus Chrifi felon SJearL )^{i Oxi.l^.
mes paroles ne peuucnt auoir
afles de poids & de recommanda^
tion enuers voiis pour vous le pcr<
fuader, au moins en deues vous
crpire a mes oeuurcs^ qui en
portentvntemoignagefi irrefra-
gable. Leproposdc Philippe a f;J^|.
noftre i'eip-neur, auoit eu deux '^ '^T'" ^
parties. Dans IVne, il auoit de- crottenmo^,
mandepourluy & pour fes com- Zuffifer^u,
pagnons. quelcfusleur fift voir le T^.^c^^^:
Perc. DansTautrc il auoit quafi f^'^i^P^^'
^ / I grandei que
protelte qu^apres cela ils ne luy ',''^\'y'
demandcroyentplusrien^ & que Z^fZ
ce feroit Ic comble des gratifi-
cations qu ils auoyent receues de
^ faueur. lefus done auoit fatis-
iait a la premiere dans la reponfe
que ie vicns de rapporter. Dc
Tautre , il prit Toccafion de leur
tenircelangagc. Puis que vous
aues veu Dieu en ma perfonne,'
}rous deues eftre contens: &touto
car
ie m'envaj
autre fatisfadion que vous pour-
riesdemandcrcncetegard J vous
feroicou impo{Iible,fi vous dcfi^
ries de voir rcffence deDieu, ou
inutile, fi vous ne fbuhaitties rien
finon qu'il vous apparuft en quel-
que efpece vifible, De forte que
felon les paroles de Philippe, ilne
vous refte plus rien a me de-
mander. Mafaueur pourtant ne
s'en arreftera pas la : desmainte-
nant ie veux vous promettre du
bien5quoy que vous ne me lede-
mandies pas , & de plus vous af-
feurer que cy-apres quand vous
m'en demanderes,ie vous en feray
encore.Car il ne faut pas que vous
penfies que vous n*ayes plus be-
foin de moy , ny que quand ie
m'en feray alle , ienefoisplusfoit
en pouuoir, foit en volonte de
vous bien faire. Ie vous protefte
done icy folenneUement, &t vcnx
Ifefus Chrifi felon S. lean. 'g3j CKa'x4?
que vous tenies cette micnnc pro-
teftation pour indubitable , que
quiconque croira en moy ^ com-
me ie vous ay tantoftexhorted'y
croire, ilexperimentera mon af-
fiftance dVnefacon entierement
admirable. Vous voyes les ccuures
que ie fais, combien elles font
grandes & mtTueilleufes , & ic ^
yous ay dit que ie les fais par la
vertu du Pere laquelle eft en moy,
Et puis que ie dis que ie fuis vn
aucc Ie Pere, &d vnemefme ef-
fence auec luy, & que fa puiflfan^e
fe deploye ainfi en moy en oeuures
fi miraculeufes 3 ilfautbien que
ie die vray y autrement il ne me
comuniqueroit pas ainfi fa vertu.
Or bien qu'elle foit en moy ef-
fentiellement, & d'vnefa^on in-
communicable a tout autre , fi
cft-ce qu autant que les liommes
font capables d'en icccuoir la.*
Clia.I4- ^3^ TaraphrafefHrtEuangiJe dc]
communication , ie la comma--
niqueray a celuy qui croira en
moy. Il fera done des oeuures
fcmblables a celles que ie fais, &
qui vous ont donne tant d'admi-
ration ; &^ ce que vous pourres
trouuer cftrange d abord , il en
fera mefmesde plus grandes. lay
confirmepar mes oeuures la do-
ctrine que i'annonce, au milieu
dVne fcule nation 3 ceux qui
croiront en m oy la confirmeront
de la mefme forte en toutes. Parce
queien'ay euafairequavnc met
me nation , ie nay parle quVn
langage feulemcnt s ceux qui
croiront en moy parleront a tou-
tes nations en leurs langues. Fay
guerilesaueugles, & les fourds:,&:
les boiteux, & lesmanchots ; ceux
qui croiront en moy les gueriront
pareillement ^ & de plus, ils deC-
mlcront les yeux des entende-
mens
lejus Chrifl felon S. lean. C^-j Cha^xf >
mens, ils ouuriront les oreillcs des
coears,ils fcront marcher les hom-
ines fermcmcnt & conftamment
dans les fentiers de rEterncl , ils
feront que les hommes appliquc-
rontlcurs volontes & routes Icurs
puilTances de leurs efprits , aux
ccuuresduPereceleftc. raychaf-
fe les demons des corps des hom-
mes ; ceux qui croiront en moy
les chafleront des coeurs & des
efprits. lay repurge le Temple dc
Dieudu fale trafic desmarchansj
ceux qui croiront en moy con-
uertiront en Temples de Dieu
ceux qui ont ferui aux demons
&auxidoles. Ma prefence&ma
voix ont fait quelques grandes
adions : &ceux qui croiront en
moy en feront encore plus abfens
& de leur fcule ombrc.En vn mot,
foit en nombre,foit en vtilite/oit
en ia facjon deles excGuter, quoy
Rr
Cha.i4^ ^38 TaraphrafeprtEuangile de
que vous m'ayes veu faire de vos
yeux^il y aura quelque chofe de
plus grand & de plus eclattanc
dans leurs miracles. Et ilne faut
pas que vous vous cftonnies ny dc
cc que le n ay pas fait toutcs ces
cliofes la quant amoy^ny de cc
que ie n ay point encore commu-
nique a ceux qui croyenten moy,
la vertu de Ics faire, Ic ne les ay
point faites quant a moy, parcc
que le peu de temps qui a efte
donne a mon Miniftere ^ nc Je
permettoit paS:> &qu'aprcs auoir
accompli maCommiffion cnuers
la nation a laquelle ellc cftoit de-
ftinee,il faut que iem*enailleau
Pere. Ie ne Tay point encore com-
muniquee a ceux qui croyent en
moy 3 parce quetoutesces chofes
la ne fe doiuent cxecuter finon
quand ie m'cn feray alle. Mais
^umd ie m en feray alle ^ & qui ie
'icfus Chrtfi felon S> lean. 6y9 Cha.i4'^
feray auec mon Pere, alors iere--
ueftiray ceux qui croiront en
inoy,deIa puiflance neceflaire a
rexecution de ces grandes chofeSo f. tf,
Etquantavous, demandes alors JuTdlmll
hardimentau Pcre toutes chofcs ^^^^71
en mon Nom , & en ma confide- ^'"^ > ''i"
feray : afin.
ration. Car toutes les choles que q^e u Fere
1 . 1 / r foit 9 lorifii
Vous demanderes en ma raueur, parujiu,
& que Vous voudres obtenir par
monentremifej &parmoninter-s
ceffion^ il les vous ottroycra, &c ie
les executeray 3parce que le Pere
m'en a donne la puiflance. Ainfi
paroiftra de plus en plus que ie
luis auPere , & que lepere eft en
moy^ & la gloireque vousdon-
herez au Fils de vous auoir obtenii
par fon interceflionj, & de vous
auoir effediuement confere par
fon infinie vertu , ce que vous
aures demande , ne fcra pas feule-
ment pourluy, mais redondera
Rr z
Ciia.i4^ 640 Paraphrafe furlEuangilede
J' '^ furlepere. lele vous rcpete derc-
dem.^.niez. chc^ahrique vous en (eyes afleu-
quelquecho , \ ri^ r
J, en mon Tcs 3 & quc VOUS iic VOUS adrcllies
%%] '' ^' point a d^aucres pour obtcnir
quelque chofe du rere par leur fa-
ueur. Car nul nevientaupere5&
n y a d'acces finon par moy.T out
^ ty. ce que vous demanderes au perc
maiml{7 ^^ monNom^icle feray.Aureftc
gardez ^es Quelque cliofe que ie vousdie^, ie
mens, voy quc vous cites ainiges de mon
depart. Erie ne vous en fi^ay pas
mauuais gre; c'eft vn temoignagc
que vous m'aimes. Neantmoins
fi vous voulcs me temoigner
voftre affeition dVne fa(^on qui
me fera incomparablement plus
agreable^ gardes apres mo depart
ks commandemens quc ic vous
ay donncs , & particulierement
celuy de vous aimer iVn I'autre.
Cette diledion que vous vous
cntreporteres , fcra vn meilleur
lefhs Chr'ifi felon S. lean, ^^i Clia.T4
& pluscertain argument de voftre
amour enuers moy, que nc peu- ^
uenteftre vos larmcs. Pour moy Et'tepnemy
, . . le Pere , U
de ma part le nc manqueray point ^ous don-
d'affe£lion enuers vous ; & ie la ZLcZfo^
vous temoi^neray dVne facon i^teur pouv
extraordinaire. Tandis que i ay auec vom
emeureauecvous,ma prelencq
vous a donne vn fingulier con-
tement. Ec fi ie ne m'en ailois
point, vous ne penferies pas auoir
befoin d'vne autre copagnie que
delamienne, pour vous confo-
ler dans les afflidions & dans les
incomodites dela vie. A cette heu-
reque ie m'en vais, vous eneftes
contriftes, &craignes d'eftreex-
pofes a beaucoup d'ennuis, fans
auoir de confolatcur qui vous
foulage. Mais il n'cn fera pas ainfi*
Car quand ie m'en feray allc 3 ic
prieray le Pere, de qui vous fcjaues
qui ne me refufenen , & il vous.
Rr J
Cha.14" ^4^ nParaphraJcfurtEuangiUie
donnera vn autre Confolateur,
dans la venue duqucl vous aures
cet auantage , qu'il ne fera pas
comme moy , & ne fe departira
point d auec vous. La nature de
ma commiflion m'oblige a vous
lailTer quelque temps : au lieu que
quant a luy ^ il dcmeurera auec
vous eternellement. Telle eft la
fin de fon enuoy, telle eft k na-
ture de la difpenfation qui le
concerne. Et ce Confolateur la,
c'eft TEfprit de Verite ainfi appel-
le parce que c'eft luy qui la vous
rcuelera interieurement , pour
Tannoncer enmon Nom, & qui
puisapreslaperfuaderaauxhom-
mes. Car quant a moy ie fuis la
Verite comme iefuis la Lumiere^
G^eftadire, que iefuis robjctqui
eft cxterieurement prefente aux
hommcs^afindecroireen luy &c
JJf/^e de le receuoir. Mais cet autre
lefus Chriji felon S. lean. ^45 Cha.14^
Confolateur eft I'efpnt tie Verite, ^sritiquei,
parce que c eft luy qui I'appUquc ;::t,::v
intcrieurement, & qui la fait re- ^-m«J
ceuoir aTefprit au dedans ^ en il
ne le con-
' I nfiifi , mats
luminant lenrendement , ^oui ^omiecon^
lay en faire voir I'excellence, Et ic "I^^IZ
fuis la Verite & la Lumiere dc tcl- ™;^;^
le forte que ie me prefente exte- vo^is.
rieurementa tous^& c eft en par-
tie pourquoy Von m'appellerala
Lumiere qui illumine tout hom-
me venant au monde.Mais quant
a cet Efprit de Verite,il ne fe com-
muniquera finon a vous, & a ceux
qui font veritablement mes Dif-
ciples , & non point au monde.
En effet le monde ne le peut re-
ceuoir. Car pour le receuoir , il
faut Tauoir defiaconnu enquel-
que faqon, & Tauoir veu. Or le
monde nc l^a point veu, & ne le
connoift point du tout. Parce
que quand aux yeux du corps^
R r 4
Clia.i4- 644 Paraphrafc fur I'Euangile de
dcfquelsle Monde eft pourueUjil
ne ie laifTe point voir par eux,
eftant d'vne nature immatericUe,
& qui n a rien de corporel. Ec
pour ce qui eft des yeux de Tefprit,
life void & fe connoift: par eux a
la veritc , mais le monde n en a du
tout point , eftant abfolumcnt
aueugle par fa corruption natu-
relle. Mais quant a vous^vous le
connoifles defia 3 parce qu'il a
defia commence d'habiter en
vous, lots qu'il a illumine les yeux
de vos cntendemens pour vous
faire croire. Eftant done defia
venuvers vous comme Efprit de
Vcrite^afin de la vous faire voir,
vous le receures comme Confo-
lateur, pour vous donner le fen-
timent dc la paix de Dieu, auec
vneioye incnrrrable& glorieufc.
Et quand vous Taures vnc fois
rcceujil dcmeureratoufioursen .
lefus Chrifl felon S. lean. 64^ Chai.4:
vous, ainfi que ic vous ay dit^Si ne
vous delaiflcra iamais :, quelque ^ ^^
chofe qui arriue au mondc. ta ^enevous
promcfTe que lefus faifoit a Ccspomt orphe-
Difciples de leur enuoyer vnCon- tl.' ^4 ^
folateur, deuoit bien auoir vne '^'^'•
merueilleufe cflicace enuers eux,
pour adoucir & diminuer I'ennuy
qu'ils conceuoyent de fon ab-
fcnce. Mais Icfuspreuoyoit bien
que cela ne le leur ofteroit pas
tout afait^&quilnercniiedieroit
pas a routes leurs craintes ; parcc
que quoy que e'en foit, ils auoyec
cntendu que cette abfencc deuoic
arriuer par la mort , & ils ne
voyoyent pas encore clair dans
cette difficulte^combien (a more
dureroit, & comment vn hommc
mort leur pourroit enuoyer le
Confolateur de la part du Pere.
Dc^ forte qu en attendant ce Con-
folateur a venir, ils fc voyoyent^
Clla. 14 / 646 Taraphrafefur l^Euangile dc
ce leur fembloit, cntierement
deftitues de fupport & de con-
duite. Cell pourquoy il voulut
mefler das fcs propos I^efpcrance
de fa refurre^tion ;non fort clai-
rcment a la verice , parce qu il
n*eftoit pas expedient alors, mais
en telle fa(^on pourtant qu'apres
reuenement il leur fat aife dc
Tcntendre. Il adjoufta done ces
paroles aux preceden^tes. le voy
bien^mespeticsenfans:, que vous
craignes de vous trouuer bien
cftonnes quand il faudra que ie
vous laifle dans peu de temps. Et
certes fi ie n*y pouruoyois pron-
tcment, voftre compagnie, feroit
comme quand par la perte d'wn
pere fage & bien aime, vne famiL
ledemeure entierement defolee.
Mais nc craignes point j &c nc
vous affliges point : car ie nc vous
laifleray pas en cctcftat d orfciins
^ lefus Chrifl felon S. lean. (^47 Clia.i4^'
iereuiendraybien tofta vous,de
forte que vous ne demcureres
point dcftitues de confolation ny
de conduite. Il n'y a plus que f' t?;
ft ^ rC ' r Encores vn
ortpeudetempsapaller lulquesp^^i,, ^ u
ace que ie difparoiftray de deuant ''J^^i'J^
lesyeux dumonde. Etlemonde z*^"^ '"^'^
croira que 1 Ecliple qui me doit voyez,:^oHf-
r > t^nt que ie
arriuer, lera comme vne mort vt.vom^uf-
fans reflfource. Auffi depuis que >^^'^^-'
ie me feray vne fois retire de
deuant lay ^ie nemy prefenteray
plus, de forte qu'il ne me verra
iamais. Mais quant a vous, vous
me vcrres encore. Car apres
m'eftre deueloppe de Tobfcurcif-
fement qui me doit derober a
vosyeuXjie me feray con tern pier
a vous en diuerfes occurrences.
Et quant a la mort dont vous
penfes voir Ie peril deuant vous^
ne la rcdoutes point.Par Taccidcnt
qui arriucra a ce qu il ya de vifible
'Cha.i4. 6^S ^araphraje Jurl'Euangilede
en ma perfonnc ^ plufieurs iu-
geront que ie fcray tellemcnt
mort , que ie nc m'cn releueray
iamais: & vousmefmes penferes
! auoir beaucoup de fujct d'appre-
liender qu'oane vous la faflc fouf-
frir a monexemple. Mais en ma
perfonne il y aquelque chofc que
les yeux des hommes napper-
(joiuent point , ou eft Ie principe
d'vne vie immortelle & miperif^
fable. Ie vis donque , & vi-
ueray encore a rauenir, &c cc que
ieviueray^fera caufe que vousde-
^^ ^^, meureres, & que vous nemourres
E» ceiour point. Et en ce temps la quand
la zf Otis con 1 -^ r i i
notfirez. que Hous nous retrouueros enlemble
ie fuis en . y f a
monPere,& viuaus , & quc vous m aurcs &
"''''^' contemple & reconnupour cftrc
celay que Ton croyoit eftre mort,
de forte qu il n'en pourroit re-
uenir^ alors comme vous aures.
encore de nouucaux argumens de
vous en i
Tcfus Chrijl felon S. lean. 649 Cha.14!!'
croire en moy , voftrc foy s'en
augmetcra a proportio Car a cet-
te heurc- lavous conoiftres ce qu'il
femble que vous ayes eu quelquc
peine a vous perfuader iufqu'a
maintenant ^ c eft que ie fuis aa
Pere^ &que vouseftesenmoy,&
que pareillement ie fuis en vous,
d'vne communion inegale& dif-
ference a la verite^mais femblablc
en celapourtant, qu'elle eft tres-
intime. Il paroiftra que ie fuis au
Pere, puis que ce mefme principc
cternel & imperiflablede vie qui
eft en luy , eft en moy , & qu'il
m*empefchc de fuccomber a vn
accident, qui depuis quil eft ar-
riue, paroift a tout Ie monde ab-
folument inuincible. Et il pa-
roiftra que vous eftesen moy , &
que ie vous porte tellement en-
graues dans mes affcdions , &
commc logesdans mon coeur.
que ie ne vous oublie point ^ &
nabandonne point le fom de
voftre conferuation ^ mefmes
iufques dans cet accident, qui a
accouftume d'ofter la memoire
detoutes chofes. Et cnfin il pa-
roiftra encore que ie fuis en vous,
en ce que ie vous auray commu-
nique ce germe imperiflable de
vie qui me garentit de la mort:»
pour vous en garentir auffi, afin
f . It. que noftre condition foit fcm-
c&LartT! blablc, Pource que toutes ccs
sarJe^Jefi ^^^^^^^ ^^ rcgardoycnt Taucnir , &
*^eiuy qui quileftoit neceflaireque lespre-
quim-aime. diccions quc noltre Seigneur en
VZon'l'^e, faitoit, fuflent beaucoup moins
&ieVaime- claitesque lachofe mefme,il s'en
ray , & me i 1 r r 1 1
decUreraj^ cnotti^a dc k facjon , & lembk
mefmes mefler la promefle deles
garentir du peril de mort, qui les
mena^oit en (a paflion , auec la
promefle de k refurredion qui
IcfusChrifi felons: lean: es^Ch^x^l
les deuoic introduire dans vne ' '
vie immortelle. Mais outre les
raifons particulfercsqu'ilcn auoit
en cette oceafion , il fuiuoit en
celal'air & la fa^on ordinaire des
Propheties. Car pource que les
Prophetcs regardent les ehofes
commedeloin a I'auenir, ils con-
ioignent afles fouuent, commc
vn adecontinu.deux ehofes que
Teuenemcnt monftre puis apres
eftrc (epare'csdVne interualle &
d'vne interruption confiderable.
Maisquand ilfut -queftion de re-
tourner a leur donncr des com-
mandemens& des enfeigncmens
touchant leur deuoir ^ d'autanc
que cela deuoit auoir vn efFet pre-
lent, il s'en expliqua en termcs
bcaucoup plusintelligibles. Ilre-
commen^a done de la forte. Ic
reuiens , leur dit-il , a vous parler
"des affcdions que vous aues pour
Cha.4^ ^5^ ^araphrafeJurtEuangile dc
nioy, &qi3i me font fouacraine^
mcnc agreables. Car c'cft vnc
chofe douce deftre aime^^tanta
caufe de la bien-vueillance, en la-
quclle Gonfiftc I'amour,qa a caiifc
de Teftime dont clle eft vnc mar-
que indubitable. Toutesfois ic
vous repeteray cc que ie difois
tanco{l,& que ie ne vous fcjautois
trop inculquer , que ie me re-
put eray eftre veritablementaime
de ceuxqui retiendr5tferme mes
commandemens , & qui ies gar-
deront comme il faut. Et vous
n aues pas befoin que ie vous die
quels ils font j vous vous reflbu-
uenes afifes de ce que ie vous ay
particulieremcnt recommande
de la charite de iVn enuets Tautre.
Qoiconque aimera fon frere ^ ie
connoiftray quil m'aimera,&il
ne manquera pas d'eftre recom-
pehfe d'vne diiedion reciproque.
On
iefus Chrifl felon S. lean. 6$^ Cha.t4l
On die comunement que Tamour
cngendreramour, & (e void ra-
rcment quon aimcceuxdont on
n'eft pas rcfpediucment aime.
Or ic veux bien que vous receuies
mon commandcment a cettc
condition ; mais ie ne veux pas
quevousrinterpretiescommeon
a accouftume de faire. Quand
ceux que ie vous recommandc
d'embraflfer de voftre diledion,
n'y correfpondroyentpas deleur
part J ie ne veux pas que cela
cfteignevdftre charitc ^ mais que
Vous en attendies voftrc remu-
neration de ma part , & de celk
du Pere cclefte. Car ccluy qui
^imera fon prochain , c eft aind
que ic vous ay dit j comnie s'il
m'aimoit^ &celuy qui m'aimera
fera aime de mon Pere. Or eft
Tamour de nion Pere, la fource
dc toutc bcncdidion, de toute f©^
Si
licite,&dctouteioye. Pourmoy^
il peut bien eftre afTcure que ic
. Taimcray pareillcment , & il nc
tardera pas long temps que ie nc
luy en donnedes marques. lefus
auoit remarque qaa proportion
dc cc que fcs Difciples eftoycnt
eftonnes & contriftesde fon de-
part, ils auoyentaulli reccu vnc
girande confolation dc cc qu il
auoit promis dc fe faire voir a
eux,& dc rctourncr dans leur
conuerfation^apresquilfc feroit
deueloppe dc Taccident dont il
cftqit menace. C*cft pourquoy il
nc dirpas feulement en general
qu il , tcmoigncroit a .^eux qui
Taimeroycnt fon affedion par
dcs marques. Mais pour rendrc
fon exhortation plus efficace, &
la douceur de fa promefle & dc
fa confolaxion plus fenfiblc, il
adJQuftfi, Etic mc manifcftcray
fefusChrtfi felon S. leanl 6$\ Clia.i4^
aIuy^, come parlant d Vne faucur
tres particulierc. Commecncf-
fee die rcftoit 5 car il ne s'eft fait
voir aprcs fa refurredion finon a
ceux a qui il vouloit donncr par
ce mpyen augmentation de foy,
& vnc picine certitude de la jouiC-
fance du falut eternel,& de la re» ^j ^^^
fuiredion glorieufe. Auffi fes ^*^f^^
Difciples Tcntendircnt-ils bicn iuydh:sei^
ainfi. Mais paree qu'ilsfc rcflTou- i1I«Ir*^«^
ucnoyent qu ilauoit dit peuau- ;:,l^,/::Lt
barauant qu*ilmettroitcette di- &^'>ntomt
L . , ^ , , ^ an monde p
Itmctionla cntrele mondc &ies
Difciples 3 qu'apres (a mort Ic
liiondcne le verroit plus^ mais
que fes Difciples le verroyent ^ &c
quits eftdyent imbus de cettc
opinion , que le regne du Meflia%
qu'ils efperoyent deuoit cftre ^x-
compagne de la prefence de la
pcrfonnc , fe feroit auea grand -
gciat^&; comme a la v^tie dcrv*^
Sfi
Clia.i4' <^5^ Paraphrafe fur tEuangihide
niuerSjlVnd'cux pritoccafionde
rintcrrompre furcc propos,pour
luy dcmander la raifon de cettc
difFerence. Ec cc fut lude, ( non
pas llfcariotjCari ay dit cy-dcfTus
quileftoicfortidcla compagnie,^
inais celuy qui eftoit furnomme
Lebec & Thaddec,j quiluydit;
Seigneur, d'ou vient cclaquetu
re manifeftcras a nous , & que m
me te feras point Voir au mondc!
Comment fe pourra eftablir Ic
Royaume des cieux auec la fplen-
deur &c Teclat que nous attendons,
ix tu reflerres ainfi la manifcfta-
f^ 1, tion dc ta gloire entre tes parti-
itf'^^T cullers Difciples. lefus auoit ac-
^it:siau couftume, quand on luy faifoit
tigardera quciquc qucition impertmentej
'!^^ron''ere ^^ ^^ut la refolutiou u'cftoit pas
/•^/«..r^ e:^ encore de faifon.dedcftournerle
nous vten ^ i zv
iirons a luy oroDos aiUcurs , ou de la paflcr
cnticrernenclouslilcnce. Voyanc
mtHYii n:e
lejus Chrifi felon S. lean. €p Cha 14^
done que cclle que ludeluy pro- ^^^^'«y
pofoit, etablic fur vn faux fon-
dement:, & d'ailleurs n'eftant pas
encore temps qu il explicaft di-
fertement quelle deuoit cftre la
nature de fon Royaume, ilne ref^
pondit du tout rien a ce qu on luy
demandoif, mais en continuant
Ic propos qu il auoit commence
au parauant , il s adrefla dired:c-
ment alude^commepour Tad-
uertir qu il fe precipitoit vn peu
trop & qu il deuoit remettre cettc
fienne curiofirea vn autre temps,
&luy dit : Si quelcun m'aime , il
gardcra ma parole , & me te-
moigncra fon amour par Tobfer-
tio dc mes comandempsj & come
ie lay defia dit^moPere raimera,&
ie raimciayauffi,&n y aura point
de fi exprefles declaratios dc notrc
afFedion,dont nousn vfionstous
deux cnuers luy, afm qu il en ait
Sf3
CW.14? ^5^ ^araphrafijurl* Euangile de
vnc cnticrc & plcinc afleurance*
Siquclquc Gradvous permcttoic
lacces f amilier a lay 3 vousvous
en fcntiries honores. S'il venoit
Juy-mefmc vers vous pour vous
Vifitcr^ce temoignagc de fa fa-
ucur vous fcroit encore plusfefiblc
& agrcablc.Mais fi tout afait il ve-
noit eftablirfa demcurc ches vous,
afin d'auoir toutes chofes cornu
lies aucc vous, alors il n y auroit
rauifTemet ny tranfport qui peuft
fuffifammcnt reprefenter voftre
ioye. OrlePerc&moy vicndrons
vers vous, & demcurerons aucc
vous, de forte que nous ri'aurons
quVnc habitation , & que vous
^' i-*' entreres auec nous en commu-
me point, il nautc dc noltre rehcite & de
pinT^'mes noftregloire. Mais quant ^ceux
Cl;X//.. q^i ^^ m^aiment point , & qui
-vous ey^i^, ne eatderont point mes com-
n'efl point <^ I A f.
tnitnne, mandemcns , (car vous l^aues
maudu?cn ^^^imizn^Xit que ces deux chofes
lefus Chrifl felon S- lean, ^jp Cha.i4^
foatreciproquesj il n eft pas rai- ^^. ^.^ ^„.
fonnablc qu ils parricipent a ccs "^'y^-
auantages.Car la parole que vous
cntendes de moy^ & Ics com-
mandemens que ie vous donne,
n'eftans pas de moy propremenc,
parce que ie n'agis pas icy de mon
chef, mais au notn du Perc qui
jn a enuoye, & done i execute la
Commiflion qu*il ma donnee, il
ne faut pas penfer que Ie Perc
vueille honorer de fa prefece & de
la communication de (a felicite,
ceux qui les reiettent. Puis lefus ^/^^^J]\
fe retournant vers tous fes Dif- ditceschofes
ciple^, li leur dit ; Voila les propos auu vous.
c[ue ie vous tiens pour voftrc
confolation , & pour vous for-
tifier en la foy & en Tatcentedc
. mon retour^ tandis quil m'eft
permis de demeurer auec vous
au monde. Et la condition du
temps ^ & Teftat auquel vous vous
Sf4
Cha-i4 ^^o Paraphrap Jur tEuangile de ,
trouues, & la nature des chofes^
qui doiuent tircr Icur principalc
lumiere dercuenemenc,ncfouf-
frent pas que ie vous en die da-
J^isieLn vantage. Mais quand ce Con^
foUuffr qui folateur, qui cftic Sain6t Efprit„
e!prit,queie lequci ic VOUS ay promis^&que
ra en won Hion Perc ne manqucra pas dc
^nZl'^rT vousenuoyerenmonNom, &ca
toute>ch0fes, maconfideration^fera venu, ce-
C^ vous re- * ^s, /> -
duim en me i\xy 'id. VOUS enleignera toutcs
7e7cVfT^He chofes,,& eleucravos efpritsadcs
ie -vom an penfces BcaucouD plus hautcs. Ec
ray dtteu X ^ 11 ^ ^
quae aux propos que vous m'aues
oui tenir \ & que vous aues ou
oublies , oupeu entendus^ illcs
vous ramenera tous dans la me-
moire ^ & vous ouurira Tentcnde-^
ment pour Ics conceuoir, & re-
pcndra fur les idees qu'il en re-
nouuellera dans vosefprits , tant
de lumiere & de fplendeur^ que
vous mcfmes feres emerucilles de
. ' lefus Chrififclm S. lean. 66i Cha.14'
vos eoniioiffances. Adieu done ^ ^^
mcsamis. Adieu vousdi-ic dcre- \*^ousUif^
clier. En cette nation , & lelon '> ^ous don-
1, . « f \ ne ma patx:
air dc cette langue , quand ^neUvont
les hommes difent Adieu , ils tZ/T
s'entredonnentrefpediuementia ^.'^^^/'^ '
paix , comme s'ilssentrcfouhait- ec^^me /*/>
* r ^ point troubt&
toyent toutc iortc de contente- ^ ne fan
mcnt, & deprofperite , &debe- t-^'^'^*^
ncdi^tion encore. Ic vous laiffc
done aulTi la Paix , ie vous donne
done auffi ma Paix *, mais ie nc la
vous donne pas comme Ie mon-
de la donne. Ouil faitfemblant
dela donncr, comme leshommes
font pleins dc fimulation : ou il
la donne par couftumc & fans y
penfer, comme ils font pleins dc
nonchalance & dlnaduertance ;
ou s'ily pcnfe, & s*il y a de Taf-
fcdion 5 tout cc qu il pcut fairc
cefont des fouhaits, comme les
liommcs n'ont point de vertu
Cha.i4» ^^2, ^araphrafcjur I'EuangilrJe
pourrendrc Icursvceuxcffedif^,
& lescouronner deschofesmeC-
mes. Pour moy , vous f(^aues
quellesfont mesaffedionsenuers
vous ; vous n'ignores pas i'appli-
cation d'cfpric que Tapporte a
tout ce que ie dis;& pour ce qui
eft de I'cxecution dcs fouhaits
que ie fais pour voftre paix , pour
voftrc confolation & falut , vous
aues defia expcrimenre,vous ex-
perimenteres encore a laduenir,
quelle eft ma puiflance. Aiofi^^
que voftre coeur ne fe trouble
point, que la erainte ne Ie {aififle
point, puis que vous eftes fi af-
^ ^ feures de mon affc£lion,de ma
vousauez. proteitiou , & de ma derenle.
euy sue ie ^ -, , i
-vous ay dit: VOUS aucs cntenclu que le vous ay
'^'liri dit, Ie m*en vais, & puis ie re-
vous , Si uiendray a vous ; & ces paroles
tniei^,vous VOUS ont comDies de tnltelle.
X^lxlqueiB Dercchef c^eft vn cft^'et de voftre
Jefus Chrifi felon S, lean. €6^ Cha. 14 ^
affedion enuers moy^quc ic prens ^^y ^«p,,/,
en bonne part, Mais confidcres ^J J^ J;^^
bienficette forte d afFe6tion que ^«« n^oy.
Vous me portes, eft afles raifon-
nable. Car nousdeuons aimer
nos amis 5 non en noftre confi-
deration , mais en la leur, & pour
cux mcfmcs ;autrementilfemble
^ue c eft nousj & non pas eux que
nous aimons. Or a examiner les
affeitionsparla, fivous maimes
veritablemcnt , vous feres bien
aifes^nonfimplcment de ce que
ie m'en vai^ mais de ce que ie vous
ay dit que ce que ie m en vais,
c'eft pour aller a mon Pere. Car ie
vous ay bien attefte, & c'eft chofe
tres- veritable, que ie fuis auPere,
& que Ie Pere eft en moy; deforce
que qui me void , il void mon
Pere. Mais encore que nous foyos
de mefme nature & de mefme ef-
lence, & que nous pofTedions ab-
Cha.i4. ^64. ^araphrafeJurl'Euangile de
folument mcfmes proprictcs , 11
cft-cc que par la difpenfation dc
maintcnant en ma chair , il y a
grande difference cntre fon eftat
&c lemien, entre rinfirmitede cc
mienabaiffemcnt, &rcxaltation
de fa gloire & dc fa PuifTanceo
Tandis queiefuis icy bas, & que
cette difpenfation durcra y cettc
inegalite durera auffi ^ & ie de-
meurerayexpofe a la cotradidlo
des pecheurs , &aux embufches,
de mcs cnnemis, qui penferont
pour quelque temps triomphcr
de mon humilite & de ma foi-
bleffe. Au lieu que quand ie feray
auec mon Pere, alors ie feray tout
a fait cgalaluy, &hauteleuc au
deflus dc ce que Ics hommes
peuuent faire. Ainfi voyesvous
qu'cftant auec luy :, ma condition
i t9' fera incoparablement plusauan-
lit mamte- ^ ^ • 1 •
n^mtivoHs tagculc, Ic pouuois Dieu vous
Icfus Chrifi felon S. learu ^gy Chaei4*
celcr & Taccident qui me doit%rf,>, ^r-
arriuer en ce mien abbaiffement, /J,7J^/»
&IegIoricux euenement a quoy J^r.J'^r^
tout fetermincraquand iemon- v^^^mj**.
tcrayamon Pere. MaisTvn vous
furprendroit dc trop d'epouuen-
tement ^ fi vous n'en auies efte
aduertis ; &c Tautre vous rauiroit
bicn d admiration a la verite^mais
il ne vous feruiroit pas cant pour
la confirmation dcvoftrcfoy, fi
vous ne pouuies faire comparai-
fon de lachofe mefme auecmes
paroles. le vous dis done le pre-
mier des maintenant auant qu il
arriue,afin quequand ilarriuera
voftre foy n'en rc<^oiue point
d ebranlemenr. Ec ie vous dis
des maintenant le fecond auant
qu'il arriue pareillement ^ afin
que quand vous le verres, vous
reflouuenanc de ce que ie vous
en ay predic^ voftre foy recoiuc
Cha.i4. S6^ Paraphrafe fur I'Euangile de
Jnellrie. ^^ raceroiflrcmcnc , cH voyant
fray plus gut- quc Icfuis toufiours vcritablc; Et
-vokiicaru deformais vous aues befoin dc
Prince de ce r • J • 1 •
mode vient, conlcruci' ce que le vous dis bica
& »w tim foicrneufemcnt en voftre me-^
raoire,& de recueiUir mes paroles^
comme on a accouftume de fair©
celles de fes amis a leur depart^
quand on n efpere pas les oui'r
parlcr de long-temps. Car de~
formais ie ne pourray vous tenir
beauGoup de propos : parce quc
le Prince de ce monde , i'ennemy
de ma gloire & de voftre falut,
dontrefficace eft fi grande dans
IcS cnfans de rebellion, & qui do--
mine abfolument enleurs coeurs
par ieurs pafsions, leurs haines ^ &
leurs enuieS:, comence a auancer
fes machinations contremoy , &
s'approchede moy pourelfayera
me perdre. Mais abfolument il
n'a point dc puiflance fur iaou
Icfns Chrijl felon S. Iran. (S6y Ciia.^r
hfpnu&c quant a mon corps^il n y
en a point non plus , finon celle J^J\
que ie lay donne. Mais ie luy per- ^*^ ^^ ^^n.
mets d cxecutcr vnc partiede les r^^tUime
mauuaisdcfleinscontrcmoyjafin flyZilf^
cjuil paroiflfe combien i aime Ie '''^' '^ ^;*
Pere qui m a enuoye. Car com- Leutiyous
me le vous dilois tantolt , que ^^v^.
voftre amour enuers moy pa-
roiftra p*ir Tobferuation de mcs
commandemcns , ie veiix fairc
paroiftre Tamour que i'ay pour
mon Pere , par Tobferuation des
fiens3& en fuiuant pondtuellcmet
fes ordres, Parce done quil a
voulu queie fouffrifleicy bas en
mon corps par la haine du Malia
& de fes fuppots, ie m y abandon-
nc volontairement, &c fais tout
ainfi qu il me I'ordonne. Ayant
dltcela, lefusfe leuade table, ou
il auoit tenu tous ces propos aprcs
lefQuper^SfVoulantcifc^tmcmet
Cha.if. 1:^8 Paraphraje fur tEuangile de
cxecuter ccqu il difoit dc ia pron-
titude dc fon courage a s'aban-
donncr volontaircmcnt a la
mort, & s'en aller au lieu ou il
deuoit eftre pris, ilcommanda a
fes Difciples de le fuiure, enleur
difant fimplcmeiit,Leuonsnous^
& partons d'icy ,& fans Icur de-
clarer ouuertement, de peur dc les
alarm er tropjlelieuouil lesallok
conduirci
*
CHAPITRE XV.
^^ M u ^^^ O ST R E Seigneur s'cftai
lZ::f:: ^m ^^^fi achemme vers la
'iirt.""*' ^^^niontagne des Oliuiersi
comme il cftoit merueilleufemec
foigneux d'inftruire fes Difciples^
& de Ics premunir centre routes
fortes de fcandales &d'accidcns,
\ ~ ' "■"' ^ ""'■ ^
lefus Chrifi felon S. lean. 66$ Cha. if.
& come ir^uoitvnc prcuoyance
vrayemecdiuinejtat dcstentatios
qui pouuoyent les ebranlcr ^ que
du temps auquel il falloit y rc-
mcdier , deux chofes luy vinrent
alors en penfee. L'vne , que Ic
nombre de fes Difciplcs s'eftant
diminueparle depart deludas^ &
€ux, quiauoyent accouftume do
levoir dansleur focicte,le trou-
uans a dire en cetteoccafion^ ik
pouuoyet faire la^dciTus quelques
reflexions peu auantageufes a leur
foij t& a la ebnfolation de leurs
ames. L'autre, ques'acheminans
auec lefus en lieu perilleux, & ou
lis auoyent conccu par fes ptopos
qu il courroit rifque de fouffnr la
mort, il eftoit acraindre que la
prefence du danger n'euft tant
depuiflance fureux,que de fairc
qu'ils iabanddnnaffcnt Ccft
pourquoy il continua de leur
Tt
Cha;ir. 670 Taraphmfe fur fMumgile de
donnei les cnreignemens quil
cftimaneceiraires, tantpourleur
diminuer le fcandale que la rcuol-
tedeludaspouuoitapporter, en
leur monllrant qu'il n'y auoic
point dcquoy s'eftonner fi la Pro -
uidencc de Dieu Tauoit retranchc
deleureompagnie; que pour les
^cncourager a fubir pluftoft toutes
fortes de perils^ que de laiiTer fa
fainde communion, en laqueile
fcule iis pouuoyent auoir la vie.
Ilrecommencja done fon propos
comme tout de nouueau, par vne
iimilitude admirablement belle
en elle mefme, & de plus,extre^
niement accommodee afaircces
deuxeffets. Pcrfonnedcvous^dit-.
il^n ignore quelle eft la plante la-
queile on appelle vn fep^quellc eft
la neceffite que fcs farmens ont de
demeurer indiflblublement at-
laches a fon tronc pour cftre par-'
lefus Chrifl felon S. lean. ^71 Cha^ i^
ticipansdcla feue,afiade porter
du fruit; & quel eftle foin que Ics
vigncronsprcnncnr d'en retran-
cherlesfarmensinutiles &quinc
portent point de fruit ^ & de-
monder ceux qui portent frui£tj
afin qu'ils en portent dauantagc.
GVft vn des plus beaux & des plus
profirablcsouufagesde Fagricui-
ture,& ou on eftime que les foins
dc ceux qui cultiuentla terrc fot Ic
plus vnlement employes. Vous
aues en cela vn cmbleme de ce
queiefuisj& fi vousy eftcs atten-
tifs, vouscrouueres que tout cela
eft beaucoup plus veritable dc
inoy,&(ic; ceux qui fot profeflion
d'eftrcen ma communion, quil
ne Teft de la vigne ordinaire &c na-
iturelle. Ic fuis le vray fep , & n'y
eft a point d autre que moy ; touc
autre ne peut cftre finon vignc
baftardc&kmbrunche. Etraon
Tea,.
Cha. I J.^72' Paraphrajefur TEuangilede
Pcrc eft le vigneron , cjui m'ayanc
plante & eftabli pour cftre lara-
cihe,la fouche, & la caufe du falut,
&: le Chef de tous ceux qu'ilin-
troduiten macomunionj prend^
commevousvoyespar experien-
^^ ^. ce > le foil! de ce qui concerne ma
^^ j/?^^'* culture. II fait done cnuers moy
tout€ bran- r > \ i l
ehe qui ne par fa ProuideHce ce que le bon
^rte point ^ . /• . I V" •« •!
w^/f«/^ .« Vigneron rait cnuers le lep :il tail-
Jmglrtuu.^^^ retranche comme vn far-
^Lfu%M Wentinutilejquicoque faifat pror
M^n -?«w/efefsiond'eftreamoy,& dcs cftre
^ifruia, tnte dans ma communion > ny
porte point Ic fruit conuenablc,
qui gift en fan<£tificationvdc forte
que quelque belle apparcncc qu'il
kitcxterieuremet quclquc temp^^
comme s'il faifoit parade de
pampres & de fueillagcs , fi faut-il
qu en fin iltombe, n*ayant point
dcpartcn itioy* Etquantaccux
tqui ^ntaiitc moy yne comniu*
lefus Chriji felon S. lean. $-y^ Chaa;.)
nion nonexteFnefeulement^mais
interne & veritable, & qui tirent
de moy le fuc de vie qui gift en la
communication de TEfprit, dc
forte que come de bons & fertiles
farmens^ ils portent leur fruit en
faintete jilles emonde par fcsad-
monitionseontinuellcs, & paries
affliitions qail leurenuoyey &
les rcpurge dcsfuperfluitesdti vice
&de la corruption de ce prefent
fiecle, afin quils portent encore
plusde fruit de piete &c de vcrtu,
qu'ils nc faifoyent auparauant, *• j-
CeladitjComme il clpargnoit les uneN.pouv
Difciples Ic plus qu^il eftoit pof- %tTi„,
fible y afin qu*ils ne tournaflcnt ''-^'^'^^'
pas ce propostellementfur Icurs
perfonnesj qu*ilsen priflfentocca-
iio dc craindrc d'cftre retranches
commc ludasl^auoitcfte^oumef-
mes dc trop apprchcndcr les af-
flidions, dont ils n'eftoyent pas
Cha.ij*. 6'74 "T^araphrafe furFEuangile dc
encore fort capables defouftenir
la rencontre , il s'adrefTa a eux &
&;adjoufl:a incontinent.Or quanc
avous^mcsamisj vouseftes defia
cmondes & repurges dc la cor-
ruption de ce monde ; non par
les afflictions , dcfquellcs ievous
ay garentis iufqul maintenant^
mais parrefficaee de la Parole, dc
laquclle ie vousay inftruits & ad-
moneftes pendant le tem ps de ma
Tiemeurez couetfatio auec vous.Derortc quc
9n may , /^ • » v r •
moyenvous. cc que 1 ay a rairemaintenant en
^T;.t/-; voftreegard.eft, que ievous ex-
dejoy.mej* liorte de demeurer perfeueram-
*ne porter ^
fruit, s'iine ment en moy,& que par ce moyen
demeure en - rT - f \ C •
uugne .ne vousvous cftorcies oc rairequeic
JZbZfL demeure aufli en vous, Carlaper-
mentfivom feuerancc en la foy par laquellc
yte demeurex, --, / ^ *' n I
en may. on elt cute cu mou corps, clt le
lien de la perfeuerance deTefprit
de Confolation & de fandifica-
tion^ par lequel ie me commu-
Icfus Chrifl felon S. learii 6j^ Cha. i/I
nique a mes fideles. Et pour cela
confidercs bien attcntiuemcnt
combien ma communion vous
eftabfolumentncceflfaire. Gom-
me le farment n'a point Ic prin-
cipe du fuc & dc la vie en foy,
maisil la tire dufepauec lequelil
eft conjoint J de forte que fcpare
d'auec fon tronc ^ il ne fi^auroit
porter fruit quelconque de foy-
mefme , & fautque pour fru6ti-
fierildemeureaufep: ainfi quant
a vous, vous n'aucs point en vous
mefmes le principe de vie & dc
fan£tification : vous tires tout ce
quevouscnaues, demoy, en qui
vous aues efte entes ^ & hors dc
moy vous ne f(^auries porter non
pas le moindre fruit dVne adion
bonne & fain te. Etie levous re~ *i,f^i,u
peteray & le vous inculqueray ^^ -^'^nei^
1 J ^ ^ . -l ' vous lis far'
encore, arm qu'il s'imprime pro- w#»i •• ?«^^
ondement dans vos clpnts : le .^^ ^ «,^
Tt4
Cha, I/. <^7^ n^ardphrafefurl'Euangile de
tniuy.pom f"is le fep , la on eft Tcfprit de
hjAucoufde f^ndificacion commc dans fa
frm£t : car ^ \ r
fans moy fourcc c & vous cftcs Ics farmcns^
Vix^'^rilT' dans lefquels il fc refpand par
^"^^■^ communication. Celuy qui de-
meure en moy, & moy en luy^
dVjne communion interieure,fpi-
rituclle , & veritable , celuy la
porte du fruit en abondance, do
forte que fa conuerfation donnc
de la ioyc a ceux qui la regardent^
tant eile eft pleine de bonnes
ceuures&d'edification. Aucon*
traire , celuy qui fe fepare d'auec
moy , ne porte point de fruit du
tout, de forte que fa conuerfation
eft toute denuee & toute vuide
d'a6tions dignes de loiiange , &
qu elle fait de Thorreur a ceux qui
la rcgardent; Car hors de moy il
eft impolfible que ny vous ny
aucun autre puiife rien faire de
^iancunnt bon* Or faut ilquc vousf^achics
lefus Chrifi felon S . lean. Cjy C\\£\$.
encore , que la comparaifon ne ^7''',7/^
s'cn arrcftc pas la. Commc on ne ^^'^^ ^or*
laifle pas Ics larmens inutiles & went ^ [e
cpares du lep, guans a terrc, mais ^„ ^^^^.
on les eloip-ne bien loin hors de ^'''''*» ^T^
fesenuirons \ ^s'lls auoyent tire etiUrftfera.
du fep quelque petit filet d*hu-
meur qui paruft en quelques
fueillages, ils (e fechent tout aulli
toft, puis on les amafle :» & les
met on en faifceaux, & on les iet-
teaufeUj&ilsbrullcnt : ainfi en
arriue-t>il a ceux qui ne portent
point de fruit en moy , & qui fc
feparent d*auec moy, Ils font
premierement eloignes & recules
de ma communion exterieure,
dans laquelle ils s'eftoyent tenus
quelque temps :& s'lls en auoyent
tire quelque petit commence-
ment, & quelque effay de cettc
viefpirituclle que ie comuniquc
a mes vrays fideles, qui paruft en
Cha/ 1;. ^78 Pardphrafe fur tEuangilede
quelquc precipitec fcrucur de
, zele,& enquelquelegcreteintarc
dc piete & de vertu , tout ccla
s'efteint & s'amortit incontinent.
Puis aprcs le temps viendra que
ccuxqui font tels, feront parciU
lement amafles & entafles en faiC
ceaux, & iettes dans le feu de la
gefne, ou ils brufleront cternelle-
sTvJsde- ment. La noftre Seigneur ccflfa
meurei ^^ dc pouffuiuie cette fimilitude
paroles di- exactenient;& ce qu il dit depuis
m voHs. qui s y rapporte, il ne 1 employa
^enftZ^ce quepourlefaire,a fon accouftu-
que vcus mee, feruirdepartagre&deliaifon
iivous fera aux propos& aux cnleienemens
qui venoyent apres. II continua
_ done en ces tcrmes. Si vous de-
Bipures peileueramment en ma
communion, &: que les paroles
que vous aues reccues de ma
bouches'enracinent en vous, fans
s'en feparer iamais^ vous en tireres
' lefus Chrifi felon S. lean. ^79 Cha. If,
vn auantagc ineftimable^ que ic
vous ay defiapromis. Ceffc que
toutcc que vous voudres/ & qui
fcra digne de vos fouhaits , com-
me eft-ce qui concerne la gloire
deDieUj&voftrefalut J fivousle
demandes a mon Pete, vous ne ^, g.
manqueres pas de i obtenir Et ^^^Ijf^
vous lobtiendres d'autat pluftoft, g'orifie, que
qu lien reuiendra de la gloire au r/>^ be^u^
Pere celefte , de qui vous Taures '^^^teZ^s
impetre. Car vous nc fcjauries ^^^^* ^^j.^^
eftre exauccs dans les voeux que ^^*^-
vous feres pour chofe de cette na-
ture, que voftre conuerfation n'em
foic plus abondante & plus fru-
itueufe en routes aitions de fan-
£tificati6. Ortellcschofcsferuent
ailluftrerla gloirede Dieu, qui
feul par fon Efprit les peut pro-
duiredansles liommes.Etdcplus
encore^ vous monftrercs par la
<pe vous elles veritablcment mes
Cha* V-* ^S^ Pamphrafc furtEuanpleie
Difciplcs, en quoy il y aura pareiL
lement de la gloire & pour vous'
& pour moy. Pour vous, en ee
que vousmonftreresque ce n*cft
pas a fauflfes enfeigncs que vous
portes m6Nom,& que vous vous
reclames de may. Pour moy, en
cc que par la conucrfation des
Difciples, on iugera de rexccllen-
cc du Maiftre :, & de fon inftitu-
clmme u tlon. Et VOUS m^cftcs certes bien
Mhrj. auft obliges a procurer 1 auancement
TJeZ^L <ie magloire,eu egard a Ja gran-
""""Ifn jjgijj. (Je Taffedion que I'ay cue
pour VOUS. Vous iugesaues com-
ment mon Pcre m'aimc, & il vous
en a rendu des temoignages des
cieux. Et cependant ^ commeil
m'aaime^ie vousayaimesxeft a
dire , qu'en la relation de mcs
vraysDifcipIes,& depetitsenfans
que vous aues enuers moy, ic v ous
ayautantaimes,qu'en la relacioa
fefus Chrifl felon S. Team, €Si Ch^lf
dc Fils vniquc que lay cnucrs
Dieu^ i'ay efte aime de men Perc,
Donnes done aufli ordre que de
voftre part vous dcmcuries pcr-
feuerans & conftans dans lamour
que vous aues monftre mc porter^
Et de celaienevous demandc ^,*«J^-
autrepreuuefinoquevo^ gardies ^^*^'^'^f'»
mes commandemens.Caruvous vousdemtif^
gardes mes commandemens, & mon^rnvm.
particulierementceluydela cha- ~i^
rite que ie vous ay cnioint fi '^'^'^^''^^
i / ' mens demon
tftroittcment , vous rercz pa- Pere. &d^
. /-| /" ' r meure en
roiltre que VOUS leres pcrleuerans /mamom^
en Tamour que vous m'aues te-
nioignee, Comme quant a moy
i*^y garde les commandemens dc
ffion Perc, de forteqailnyen a
cu aucun que ic n*ayc execute , & ^ ^^.
que ien execute tousles iours. Ic j^-^om^y
^ 1 r» I* duces choftf
vous ay dclia dit que vous mc afinquem^
deucs bien cela pour reconnoif- Ztsf'^/^g
fance dclamour que i ay eue pour Jf/^lf^^
Chai If. 6it Paraphrafe fur tEuangile de
vous, & ie m'afleure que vous me
I'auoiics en vos conlciences. Et
lieancmoins qiiand ic vous ay dit
toutes ces chofes^ & que ie vous
ay fait toutes ces exhortations , ic
n'ay pas tant regarde a moil in-
tereft ^ qu au voftrc. Car quand
ie vous ay dit que vous gardafsies
mescomandemcns^ & que vous
portaflies beaucoup de fruit, ^'a
cfte a celle fin que ma ioye^ c*eft a
dire, celle que ic vous ay fait fentir
de ma prefence, & de ma pro-
tc£tion, demeure permanentc en
vous, & que vous ea ayes vn con^
tinuel fentiment ; & a celle fin
que vofl:feioye,c*eftadire> celle
que vous fentes en vos cocurs, dcr
,^ uicnnc fi pleinc & fi abondantc
qu elle rempliflfe toutes les parties
devosefprits. Parce que robfer-^
uation de mes commandemens^
&: Tabondance dcs fruits de voftre
Tefus Chrifi felon S.Ieanl (JSjCha. i^i]
fan6tifi cation 3 feront des preuues
indubitables de voftrc commu-
nion auec moy, & raflfeurancc de
voftre comunion auec moy, eft Ja
matierc infailliblc & incoparable
de voftre cofolation & dc voftre ae/mon
ioye. Or cft-ce icy mon com^. 'r«77«t'
mandement, queicvousaytouf- *^^«^. '^.f'*'
jours recomniaade,& que ie vous i'autre,com>>
recommande encore par acims ay amis,
tous les autrcs: c'eft que vous vous
aimiesreciproquement:3Commc ^ ^^^
icvous ay aimesl Etvousenaucs^ ^''[ "^^^p^
lans doute 8c vn beau motir3& vn^ q^^ cenuy
bill I . - quand QUeU
eau modellc en mon cxemplc. ^u^vnmetso
Car rechercys ,^ ievous prie, '^-^^^^^^^
routes les preuues d'arfe6tioti, que
les liommesfe font iamais dones;,
ou qu ils fe peuuent donner a la-
uenir les vns aux autres. Quelques
vns ont perdu gayement Icurs
biens en confideration de leurs
amis : c eft quelque chofe , cu
amtf*
Cha.'fj. ifS^ Pdraphraje fur rEuangile de
-egard aTardcur que la plus part
des hommes ont pour cc qu'on
appelledu bien. Quelcjues autrcs
n'onc pas rcfufe de fouffr ir pour
leurs amis quelque dommage en
leur honneurrc'eft quclque chofc
deplus, principalcment pour des
ames vn pcu genereufes. On en a
veu qui n ont pas refufe dendurer
aloccafion de leurs amis^quelque
notables tourmens en leurs corps,
ou quelquefafcheufe & honteufe
mutilation de leurs membres :
cell fans doute vn degre d'afFe-
6fcion encore plus eminent^ s'il
fautiuger des actions des hom-
mes par les fentimens & Ics mou-»
tiemens de la Nature. Enfin il s'en
eft veu, quoy que rarement, qui
ont abandonne leur vie pour ra-
cheter cellede leurs amisjc'eftl^
Textreme effort de Tamitie, &
apres cela il n'yaplus de preuuc
d'afFcitioij
lefus Chrifi felon S. Irani ggy Cha. jf)
d'affedion a donner entrc Ics p^Jt^l
hommes. Icy la nature dc la chofe mesamis.fi
rcqucroit que lelus adioultalt um ee que
que c'cftoic U le temoignage di^ L7r/"^
niour qu il eftoit preit dc leur
donner, parcequ'ils'acheminoit
au lieu d'oii il deuoic eftre mene
fouflfrir vne mort ignominieufe
pour leurs crimes- Ec fes paroles
la le leur infinuoyent aflfcs princi-
palement en Ics rapportant a
toutcs les autres chofes prlcce-
dentes. Derechef ,1a nature dc
fon exhortation demandoit qu'il
leur dift que puis qu*il ferefoluoit
a mourir pour eux,ils eftoyet obli,
gcs derccefoudre a mourir pour
lui parcillemet.Et dc faitilseftoyet
beaucoup plus tenus de mourir
pour luy fi Toccafion le requeroit,
que non pas luy d*endurer la mort
tp, leur place. Parce qu'outre
Pextrcme & infinie inegalite qui
Vu
Cha^i/. (f8(S TaraphrafeJurl'Euagilede
eftoitcntreluy&eux, illesauoit
preuenus de fon affic£tion tandis
qu ils ne le connoiflbyent point/
& qu ils eftoyent fescnncmis , au
lieu que quant a cux ils n'auoyent
fait que correfpondre en quelque
fac^on a Ton amour , & fuiure
. Texem pie qu'il Icur en auoit don^
ne. Et neantmoins il ne leur
voulut dire ouuertement ny iVn
by Tautre. Nonle premiered au-
tant que fi les termes vn peu
obfcurs par Icfquels ils'en eftoit
cnonce auparauant , & qui n'a-
uoycnt cngendre finon quclques
foupcjons de fa mort en leurs
cfprits, auoyent cfte capablcs de
lescontriftcr commc ils auoyent
fait , la declaration cxprefle de la
chofe,& la prononciation precilc
decenomde mort, les euft touta
fait accables de triftefle & dc
doulcur. Oril les auoit toufiours
lefis Chrifi felon S. lean. 687 Chai i }1
epargnes auec dcs tcndrcfles in-
imaginables. Non le fecond;
parce quen cetteinfirmiteen la-
quellc ils eftoyent , & en cette
proximite du peril auquel ils fe
rencontroyent , ils n'eftoyent
point encore capables de ces
hautesrefolutions:, eomc Simon
Pierre le monftra bien par fon
exemple. C'cftoit a TefpriE Con-
folaceur a leur infpircr ces mou-
uemens 5 lors qu'ils en verroyenc
clairement Ics motifs dans la
mort & dans la refurredion du
Seigneur , &c dans routes ces di-
uines verircs qui leur deuoyent
citre reuelce. Il fe contenta done
decontinuer fonpropos dc cette
forte. Vous feres mcs amis, c'eft
adirCjVousvous monftreres tels^
( car en TEcriture les chofes font
fouuet dites eftre , quand elles ap-
paroifTentnotablcmcnt J fi vous
Cha»i/. (>88 Taraphrafefurt Euangilede
fakes leschofesque ie vouscom-
mandc. Mais bien que ie vous
Ie 'ne vous commande^& vousfcjaues quelle
fij!teur7" eft ordinairement Temphafe de
IZXiTait ^^ terme la y ie ne vous tiens pas
ciuefonM^i (Jeformais pourtanten qualitede
ftre fait : ^ . ^ 1 i j- • n r
mmiievom leruitcurs. Cat Ic Mailtre Ie con-
vey dit mes 1 y < r r
amis, pour- tente de commander a les Icr-
ta,nt que ie y^em^sce Qu ll vcutqu ils faflfent,
'VOHi ay jatt \ i. ■ '
connoiiire f^j^s leur en decouurir les caufes.
tout ce que - r \ \
ta^ ouy de Son commaudcment ieui leur
monvere. j^-^ tcnirlicude raifon , & leur
gloire confifte en robeiflfance.
Mais ie vous appelle mes amis , &
vous traittc comme tels , parcc
que toutes les chofes que i'ay
ouics & apprifes de mon Pere, il
ny en aaucune, qui concerne fa
gloire , & les fccrets de voftre fa-
% \i. ^^^j queienevons donne a con-
voHi ne noiftre. Ie fcay bien que vous
fsraues point i J 1 •
ejieu,n,ai^ie cftes mes amis , non feulement
"VOUS ay i- . , - ff
ieus6>vi^us parcequeie vousaime^maisaulu
lefus Chrifi felon 5. lean. 6^^ Clia. 15.^
parcc que vous m'aimes, & que ^j^-^-^^^
noftre diledion eft mutuellc. ^m^i^&^p
., port iez fruit
Mais ncantmoins lay cet auan- ^quevoftre
tage pardefTus vous dans la lou- ^ZJnt7tTk
ange de noftre amiti6, que pre- f ;^«^ ^^-
mierement ceft moy qui lay -vomdimtiYu
commencee & qui vous ay pre- Fereenm»n>
uenus , puis apres que c elt a vous ^^ ^^„„^,
qu elle eft vtilc & glorieufe. Car
ce n eft pas vous qui m'aues eleu
pour me coftituer voftre Maiftre,
&voftreChef: vousne me con-
noiflies point, &ne penfiespoint
en moy , lors que noftre focietc a
premieremet pris naifTance. Mais
ceft moy, comme vous fc^aues^
qui vous ay eleus, & qui vous ay
appellesvnparvn, & qui vous ay
eftablispour eftremes AmbafTa-
deurs, afin que quandle temps en
fera venu , vous aillies de tous
coftesepandrela eonnoifTance dc
ma Verite, pour porter beaueoup
Vu3
1 autre.
Cha.lj, ^5?o n^araphrafcjur tEuangiLde
de fruit alagloire deDieti^&a la
conuerfion du genre humain, &
que voftre fruit foit permanent,
comnie vne riche &c precieufe
moiiron^qui fe conferue foigneu-
fement , pour eftre rccuellie la
. , J liaut dans les greniers du Pere ce«
levouscom lefte. Telleoient qu'en rexercice
chofes.afin cle ccttc cliarge^a laquciie ic vous
Vhniei^i'vn ayeleus & deftines, & pour en
fairelesfon6tios,&yreuilir auan»
tageufement comme il faut,il n'y
a rien de fi grand ny de fi glorieux
que vous demandies a mon Pere
en mon nom , que ie ne fafleen
voftre confideration, & que ie ne
vousottroye liberalement. Ecce
que ic vousremcmore ainfi les ef-
fets de mon amitie, ce que ie vous
en inculque fi fbuuent la finccritej
& la vehemence , ce que ievous
ordonne de confiderer que ie
vous y ay prcuenus, ce que ie vous
Icfus Chrl ft felon S. lean. 6pl ChaajJ
mets dcuant les ycux la gloire &
les auantagcs qui vous en reuien-
ncnt , ce n eft pas ny que i*ea
vucille faire oftentation, ny que
iclevousvueillereproclier, com-
me fi vous ne Ic reconnoiflies pas
& que vous n en cullies pas la fou-
uenance. Ce que ie vous en disne
tend aautrebutfinonquc parces
confiderations i'engendrc plus
efficacement en vous la charite
que vous deues auoir IVn pour
Tautre. Au refte il nc faut pas ^; '*• ^
doutcr que lors que ie vous ay vous h^h.
ramentu 1 Apoitolat pour lequel rn-^ eu en
ic vous ay defignes , & la gloire tr P
que ce vous eft d'eftrc appellesa ^''«^-
cctte charge ^ ilncvousfoitvcnu
en refprit que Vous aures quel-
quesincommodites a y fouftenir
dc la part dcs hommes. Et Tcftat
auquel vous me voyes maintcnat,
preft d eftre furicufcment pcrfe-
V-u 4
Cha.lj. ^p^ Paraphrafc fur lEuangik dc
cute par cux, vous en doiccoa-
jfirmer la penfec. Cars*ils com-
mcncent ainfi par moy, ilscon-
linueront cnvous^ficen'eftauec
tant d'animolite , de violence , &
d ardeur, au moins ne fera-cc pas
fans mauuaife volonte , & fans
haine. Mais cela mefme qui vous
cncftvnaduertiflement, vousy
doit feruir d'vn extreme ac-
couragement , & d Vne confola-
tion incomparable. Si done le
monde voushai't3VOUS;,di-je,mes
Difciplcs Ik mes Ambaflfadeurs,
fcjaches qu'il m^a eu en haine pre-
mier que vous , moy voftre Sei-
gneur & voftre Maiftre. Car il
n eft pas railonnabie que vous
prenies en mauuaife part, ny que
vous vous decouragieS:, fi le mon-
de a de i'auerfion pour vous,quad
S'vou.euQ I m auratraittede la lorte. htce
mon^e\u vous fcra mcfmcs vne marque
IcCus Chrifl felon S- lean. 6^^ Cha. ij.
quevo^eftes dVne autre c6diti5, ^J^-^J
que luy&eleues pour de bieautres Ieroitfun:ot
cfperances. Car ii vous cities du vous nefits
* I 1 r • / 1 point du mo-
monde , la conrormite de nature, ^, ^ ^^^
d^humcurs, & dHnclinations qui I'^/j^J'Z
(eroitenvous.feroit quele mon- ^^nde.pour-
de vous aimcroit , comme vous hauiemon-
cftimant de fon corps : parce que
chacun aimc ce qui luy appar-
tient,&qui luy eft come proprc.
Mais parce que vous n'eftes point
du monde, &:que ie vous en ay
fepares,afin de vous donner noti
feulement de differentes afFediios,
mai's vne Commiilion qui tend
toute a combattre les liennesj
cette cotrariete qui eft entre vous
& luy, feraians doute qu'il vous f- i^
ait en hainc. Partant (ouuen^s- JanceTA^
vous dela parole que ie vous ay Cfjr.'
dite, quele fcruiteurneftant pas '^^ (f^^^^^''^
- ^ - I ne^ point
plus grand que Ion Scieneur^ ii ^^«^ gra.-^d
n elt pas lulte qu li dciire vne ftrt, 6^.
Ch^oi;. 694 Paraphraje fHrtEuangilc de
m'antperie^ mciUcurc cojidition, ny vn meil-
'•vausperfecu leur traittcmcnc^ quc celuy qa oa
i'iUontglr^ faitafonMaiftre. S'ilsm'ontper-
ll^S: ^cute .^ ils vous per(^cuteront
ronp^iis u ^^{{i . s'jJs Q^. aarde ma parole,
(& VOUS Icaues cequi eti eft) us
garderont auffi la voftrc. En vn
motjtcllc qu a efte lacodition du
chef, telle doit aufifi cftre celle dc
fesmembres. Carcomme ie fuis
le patron par lequel vous dcues
former touces vos adions, & le
modelle dela vie& de la gloire
que Ic Pere cclefte vous deftine
pour voftre remuneration :, il eft
t^ul^' ih parcillemenc ordonne & pi'e-
^om fcront Jeftinc Quc VOUS v entreres par
ioiitei ces 1 J ^ J-
sbofesacau quclqucs tribulations a mon
fe de mon ^ -^1 k rC r \ TJ
'}^-iom:pomce cxemple. Auili lera-ceacaule de
tii m
coZotjfent I'l^on nom , que vous annonceres,
poirit cciuy & en confideratioo, Hon de VOUS,
quj. tn a en* ^ . ;
^/. mais de moy , a qui vous rendres
temoigaagc, quils vous fcroat
lepis Chrifl felon S. lean. 6^^ Cha.ij.
routes ces cbofes. De force que
ce ne fcra pas tant vous qu'ils per-
fecuteront/que moy,a qui par
confequenc toucliera le foin de
vous confoler, de vous fortifier,
& de vous defendrc. Et encore la
cliofe n en demeurera-t-elle pas
H. Car ce qu'ils vous perfecute-
ront, c eft qu'ils ne me conoiflTent
point ; & ce qu'ils me perfecu-
teront en vous, c'eft qu'ils ne con-
noiffcnt point le Pcre qui ma
enuoye. Tellementquela perfe-
cution pafTeiufquesaluyjpouren
auoir Ics relTentimens necellaires
pour voftre protedion & pour
voftre ioye.Etilmefufficdpvous f- *^'
du'e cela prclentement \ cariene 'venu , ^^
rcgarde qu a ce qui eft de voftre YSIIZ,
confolation;pourle refte,lePere fj^^^2'^l[
qui m'a enuoye fcaura bien en '^'' - '»-*»
* o 1 • r 1 mainienant
temps & licu vanger lur cux Ic tisno: point
mefpris qu lis aurot fait & de mo /,«7/.!,t'.
Cha.I/. 6p6 Paraphrafe Jur tEnangile de
Norri;, & de fa gloire. Etverita-
blement ils le meritent plus que
des paroles font capables de le re -
prefenter. Car (lie n'cftois point
vena au monde;(i lene m'eftois
point manifefte fi clairement a
cux^fi ieneleur auois point don-
ne dans ma parole, 6c dans ma
dodrine tantd'enfeignes&fiin-
dubitables de ma miflion de la
part du Pere , fi tant d'oracles
venus des cieux , tant de miracles
fairs en la terre^tantd'euenemens
arriuespour monftrcr que ie fuis
celuy que les Prophetes ont pro-
mis , nMuoyenr mis cette verite
liors de douce & de conteftation,
ilsfe pourroycc en quelque fac^on
excufer. Ilsdiroyent:, ou bienil
ne s'eftpas prefcnte a nous, ouil
s'y eft prefente de telle forte qu il
n'y auoic pas moyen de le recon-
noiftre. Ec leur excufe ne feroit
lefus Chrift felon S. lean. ^-jOx^Af.
pas fans quelque fondement. Far-
ce qu on ne connoift finonles
objers qui fe prefentent & aux
yeux&arintelle6t, & qu'encorc
faut-il queces objets^ pour attirer
extraordinairementlcsyeux & les
entendemens des liommes fur
eux , & donner d'eux quelque
eftime& quelque impreilion fin-
guliere^ fe tirenthorsdu pair des
autres par quelqucsnotablescha-
ra6l:eres. Mais maintenant aprcs
tantdechofes quails ontveues &
ouies demoy^ il neleur refte ny
excufe ny couleur mefme d excu-*
fe a mettre en auanc ^ qu ils nc
foyent coupables d vn grand &
horrible peche, & qui merite vnc
epouuantable vengeance. Car f, 15.
quandon ne confidereroitfinon ^yff'^^^
lepecliequilscommettenteniTie J"^^^ *^'^
haiflantjfe feroitafles pour at-
tirer fur eux vn horrible iuge-
Clia, ij. 65)8 ^araphrafefurtEuangile de
ment de Dieu.Mais la haine qu ils
mepQrtetnes'arreftepasen moy.
Qui mc hai't, il halt egalcment
f. 24. monPere.Ainfirhoncur demon
MUsZti Pere y eltantinterefle , il eft iufte
ures entte qu'a proDoi tlo la codamnatios'e
eux que nut 111
autre n^ci aggrraue.Ie diray quelquechofe dc
roiem point pius quc le 11 ay dit cy- dellus pour
mXmlm Hionftrer daucaiit plus claircmcnt
tenant ils Us leur obftiiiation , & la malice de
&^cnt hay Icm* aueuglement. Quelquesvns.
^ere. qui loiit veHus auaiit moy, one
fait des (xuures extraordinaires
deuant les ycux de cette nation.
Moyfe en a fait dc grandes en
Egypte , dans la mer rouge ^ &c
dans le defert. La vie d'Elie &
d'Elifee en font particulierement
fignalees. Quelques autres Pro-
phetes en ont fait/qu'il n eft pas
befoin que ie vous rapporte. Si
done ie n en auois point fait de
plus grandes & en plus grand
iejus Chfisl felon S, lean. 699 Clia, i/l
nombre que quiconquc foit que
Dieu ait iamais rendu illuftreaa
milieu d'eux par de telles adions^
&quils n'euffent point eud'autre
opinion de moy que cellc qu ils
ont cue de ces gens ia^ ils en pour--
royet encore aileguer vnccxcule
qui paroiftroitaucunemet legiti-
me. Ils diroycnt que n'ayat point
d autre conoiflance de la dignite
dcma pcrfonne, que celle quils
pouuoycnt tirer de la contempla-
tion de mes adions, ils nepou-
uoyent finon memettrc au rang
de ccux aux ceuures de qui Ics
miennes cftoyentegales. Maisla
creation de tant de pains , la rc-
furrcdionde tantdemorts,rou-
uerturedesyeuxdetatdaucugles,
& qui mcfmes eftoyent nes tels^la
guerifon de tant dr. malades ab- ,
folumcntdefefpcres, Tcxpulfion
dc tant de demons ^ font chofcs
Cha ij. 700 Paraphrajc furl'Euangile de
aufquelles ils fcjaucnt bien quil
n y a iamais ricn eu de compa-
rable. Et ils ont veu toutes ces
chofes de leurs yeux ^ & neant-
moins, non feulemec ils ne m'ont
pas reconnu pour ce que ie fuis,
non feulement ils ne m'ont pas
mis au rang des Prophetcs qui
m ont deuance , non feuletnent
ils ne m'ont tenu pour indiiFcret,
Maii^'e/i mais ils m'ont hai3&moy& mon
pti!7^ Pcre. Mais il ne s*en faut pas
aecompiie. eftonncr. Il faut que toutes les
qui ejt ecrtte ^ i
en leurLoy. cliofes oui ont eftc dites de moy^
lis m*tnt eti , ^ \- rC o
en haine ayent kur accompliliement , &
types qui m'ont reprefente^Tont
eftedema perfonneen plus forts
termes. Or fc^aues vous ce que
dans le liure des Pfeaumes , qui
fait bonne partie de laLoy qu lis
font profeflion d'auoir en (i gran-
de recommandation , Dauid a
autre
lefus Chrip felon S. lean. 701 Cha. 15*
autrefois ecritde fes aducrfaires.
Ilsm'onr^^it-ilycu en hainejans cauje. , ,
Aiiifi , que pcrfonne dc vous ne ^^isqu^nd
s en cltonne. La gloire de mon teurfemve.
Norn ne fcra pas toufiours etouf- ^^^f^l;':
fee. Q land Ic Confolateur que """"y ^' P""^
^^»^ X m&n Fere,
ic vous ay promis , & que ie ne I'eipritdeve
* 1 ^ rile, qtiiprom
manqueray pas de vous enuoyer cede demon,
de par Ic Perc.(car le Pere ell bien 'iTilfr^Z'
la premiere iburce & Ie premier ^^'^''^ ^^
prmcipc de toutes choics quicon-
cernenc noftre falut j mais il en a
mis lestrcrorsimmenfes&inepui-
fables en moy, & ma donne la
pui fiance de les diflribucr a fes
Hdellcs) quand^ di- jc^cet Efprit dc
veritc, doc ie vous parloistanroft,
icquel procede at moa Pere , fera
venu a vous, celuy- la rendra vn fi
auchcncique temoignagedc moy^
qu'il ecartera & dillipera toute
Tobfcurite dont vous voyes que
ma qualite de Fils eft maintenant
Ch^.\f. yoi TaraphrafeJurtEuangilede
eiiueloppee, Sa venue fera vnc
preuue indubirable de ma glori-
fication : ies dons, qu'il rendra il-
luftres en vous , lors qu/il vous
rendia capables de parler a toutes
nations^ publieront par tout quel
eft leMaiilre que vous auesluiui;
&Ia merucille des fecrecs dontil
vous donnera la rcuelation,& qui
tous concerneront la dignite de
ma pcrfonne, la diuinite de ma
charge, la vertude mesfouffran-
ces, lagloire de mesvidoires,la
magnificence de mon exaltation,
Tetcndue de mon Royaumc^, &C
I'cruure de voftre falut par moy,
attefteront a tout IVniucrs qui ic
TAvollauf^ fiiis, & quel eft mon Pere. Et vous
'{nVe'jTcZ mefmes vousen temoigneres auC
-vousejiisdes fi:Car ccft pour cela que ievous
le cowmen- t • r- •
cement anec aV clioifis , & GUC i'aV VOuIu QUC
vousruliies dcs le comencem.ent
auecmoy,afinque vous puiflies
I c fus Chrifl felon S. lean. yojCha iSi'
cftre des irreprochablcs temoins
des choles que vousaues veues &
ouies
CHAPITRE XVI.
^f^VIS lefus continuant ^- '•'
ion propos , & railant dit ccs cho.
fl/> fes. afin que
exion lur ce que ce vomiefoySi
quilauoitdit afes Difciples, ^(^s^^^^l^J^f'^
perfecutions aufquelles ils feroyec
cxpofes, pouuoic cauferde trif-
tcflc & de trouble dans leurs cC-
pries, il leur die : le vous ay decla-
re routes ces chofes toucliant la
condition a laquelle vous feres
affujettis a caufe de mon Nom,
non pas afin de vous affligcr^^ mais
afin que quand elles arriueronr^
voasn'enfoyes point (candalifes*
Car les aducrciflemens donnes
XX 2.
Cha. 16, 704 Taraphraje fur I'Euangilede
auant rcucnetnent des chofes
mcfmcs, icsfont preuoir3& dan-
ncncoccafion desy preparer. Et
ks chofes preueu'es, &c aufquelles
ons'eft prepare :, ne fiirprennent
pas,come cellcsquKotinopinees.
Or eft-ce la furpnfe quid5ne da
troublca I'efprit , & refprit , quad
il eft trouble^ eft plus expofe a la
tencation, oc dansvne beauccup
moins fernieaftiette pour refifter
aux accidens qui deftournent de
la profelTio de maverite; &.c'eft
, ^ en cela que confifte le feandale
Il vcus doncie vous parle.Mesennemis,
hots dts fi- &les voltres,, rulmineront done
"JfTuieps contre voustantles petites que les
-viendrs.quc afandcs exc6munications,&: vous
-vom fnz retrancheront ienominculemcnt
f9m faire de ieur comunion^ en vo bannil-
fi^rutcs ^ fantdcleurs Synagogues. Etvous
fc^aues quels arrefts ils ont don-
nesdansleursConfcils,,& quelles
Diei4,
lefus Chrijl fc4on S. lean. 70; Cha. 1^,
epreuues ceux c[ui ontcu le cou--
rage de s y declarer pour moy, en
ont defia faites. Ec maintenant
que ie vous voy fortifies par mes
propos, le diray encore plus. Le
temps viendra , non pas li toil,
mais il viendra pourtant, que la
fureurdeleurzclclestranrportera
iufques a tel point , que quicon-
que vous fera mourir, s'imaginera
auoiv fait quelque feruicc a Dieu,
comme s*il luy auoit offert vnfa-
crifice fort agreable. Tay dit ex- £/^W«,%
preilement que cefera la (^^^^^ V.^'/JrltT^
de leur zelc quilesytranfportera. 5«*''^ ^'^f
_^ A . •;., A ^ conntt,nele
Parce que puis quits penleront p/r^;?^?^?>-
faireferuice aDieu,ilfaudrabiea
qu il y ait en cela du zele mefle:
mais du zeie deftitue de connoif-
fance. Car ilsvousferottoutesces
chofcs parce qu'il ne connoiiTcnt
nylePerenymoy. Nonmoy. lis
lemonftrent bienen ce qu'ilsme
Xx 3
Cha.K?. ^06 Paraj?hraje furl'Euangilcie
rejettcnt & me perfecutent fi vio -
lemment. Non le Pere aufTi. lis
fc font bien accroire quails one
quelque connoilTance de liiy,
dautant qu'il s'eft dccrit en Li Loy
qui refonne tous les iours a leurs
oreiiles. Maisilsnereconnoiirenc
ny fa nature fiinte & fpiritucllc,
puis qu'ils s'imaginenc que i^oa
feruice gift tout en ceremonies,
quincregardentquelc corps;N/
fa iufticc inexorable, puis qu'ils
feperfuadentdefaire la propitia-
tion de Jeurscrimes parleursfa-
crifices : Ny fa fageHe emerueil-
lable, puis qu'ils fc figurent qu il
prend plaidr a la pompe & a la
magnificence du monde , &
que c'eft en ces chofes la que
la manifeftation de fon regne
doit confifter / Ny fa miferi-
eorde infinie,puis quils pcnfent
qu elle ne fe doit etendre finon
lefus Chrifi felon S, lean, 707 Clia» i5.
far eux feulement ^ a Texclufion
des autres nations : Ny fa puif-
fance finalement , puis quils
croyent que de petits comracn-
ceniens & contcmptibles en ap-
parence , tels que font ceux de
mon apparition cntr eux , il ne
pent pas tirer ces grands & me-
morableseffets queles Proplietes
ont attribues a la manifeftation
du Meflie. le vous ay done ad- MaUievom
uertis que ces perfecutions4a vous J^y^f ^^ J"^
actendoyent , afia que quand ?.^* ^""^""^
J ' 1 \l Iheure /era
rheure en fera venue, vous vous venue , n
louuenies demesaduertiltemens^ uienn^ que
& que icles vous ay predites auat ''J"7offu5
qu elks arriuaflenc. Car ainfijtant f''' '^^^
sen raut que vous en loyes lean- pom^ditces
dalifes , que voftre foy s'en aug- lommeJcs'
mentera, &s'enfortifiera deplus ^^fv/^.
en plus, quand vous verres que ie auecvouu
fuisla Verite^, comme ie vousdi-
fois tantoft , &c que les euenemens
Xx4
Cha.iC. 708 ParaphrafcfurtEuangiledc
auront confirmemesprophcties.
Ec ce que ic nc vous les ay pas
dites ily a long temps & des le
commcncement,cen*eft pasque
ie ne les (ceufle bien : car les chofcs
a venir me font auffi claires y &
' aulli aifees a voir que les prefcntes:
mais parce que i'cftoisauec vouS:,
vous n*en auiespas befoin , dautac
que cen'cftoitpasa vous^ mais a
moy , que la haine dp monde
s'addrefloic , & que fi vous en aucs
veu quelque echantiilon^mapre-
fence vous proregeoit & vous
Nlismain' confoloit tout enfcmble: Main-
tinnntte tcttant ic^OT'cH Tetoume vers ce-
fn eft vsy a ^ / n
uiuy qui luy qui m'a cnuoye, c'cft pour-
& per^nne Quoy 11 clfc neccliaire que le vous
lltZ7t^' rortifie par mes aduertifTemens,
dautant que ce fcra centre vous
que dcformais la haine du monde
fe porrera , & que vous aures be-
foin de p lus de courage & dc for-
lefus ChrififcloriS* lean. 709 Cha. 16.
ce d'c(prit,n'eftans plus fouftcnus
& confoles par ma prefence. Or
cy-deuanc, quaiid le vous difois
que ie m'en allois ^ yous me dc-
mandies ou i'allois , & vous en cn-
queries foigneufement. A cetre
lieurevous vouscenes tous enfi-
lence , & perfone de vous ne m'in-
terrogue, & ne me dem ande , Ou
¥as- tu ? Mais au lieu de cette cu- Maispour-
riolite que vous auies lors dele ^t;^^/^^^,>
fcauoir, levoy envoustousdc la ^'^^f/^^''^
conftcrnation, & que les cliofes r^y '^'J^^'
que le viens de vous dire prelcn-
tcment de mon prochain depart
(car iufque lail ne s'cftoit point
expliquefidifertemeiatde lapro-
ximite dc fapaffion> maisauoit
toufiours tcllemcnt difpenfe fes
propos, qu'encorc qu*il ne parlaft
que d Vn peu dc temps ^ il n*en
auoitpoint defigne I'heure fi pre-
cife&li prochain e) out coble yos
Clia. 16, 710 Paraphrafc fur tEuangtle dc
coEurs de douleur & de triftefle.
Toutesfoh Et cependant, mes amis, re vous
-verkk ii dis la verite , & que 1 emonon de
-vomeftexpe ^^^ efptits DC VOUS ctApefche pas
dtent que tg l ^f 1
m'en aiiie : Jc le cioirc ; 11 VOUS cft louucrai-
car fi ie ne , . . ,
jwVwt/4/,/^ nement expedient que le men
»;:^r aillc. Car telle eft la fage ceco-
pimaveHs. nomiequllapleuau Pere celefte
future en TcEUure de voftre Re-
demption ^ que moy & le Confo-
lateur que ie vous ay promis, ne
pouuons eftre en mefmc temps en
laterre. Ie ny dois eftre que
pendant le temps dc mon abbaif-
fement^quaadceluy demon ex-
altation fcra vcnu , il faut que ic
me retire au lieu qui m'eft deftine
pour ma gloire. Ec le Confolateur
ne pent venir icy basqu'au temps
de mon exaltation ^ parce qu'il
eft deftine pour fuppleer a mon
abfence. EtdepluSjfonenuoyeft
vrie adion de ma glorification^
leius Chrifr felon 5. lean. 711 Ch^- 16\
& la premiere & plus gloricufe lar-
gelfe que ie dois repandrc fur
vous/quand i'auray pris poflef-
fion de mon tt one en mon Roy-
aume. Car les Rois de ce monde,
&: les Conquerans, combattent
premierement dans les terres dc
leurs ennemis , & puis quand ils
les ont vaincus , ils retournent
triomphansen Icurs proprespays,
ornes de depouilles , & accom-
pagnrs decaptifs, & puis quand
ils font paruenus au lieu le plus
eminent dc leur domination, ils
epandent des richcilcs fur leurs
fujets en abondance. Si done ie ne
m'en vais point, le Confolateur
ne viendra point vers vous : car
c'eft en fes dons que cofiftent mes
largeflfes. Mais fiiem'en vais, ie
le vous enuoyeray , & quoy que
vouscftimies maprefencetant&:
plus^comme vous en aues bien du
Cha. iC. 712, Paraj^hraje fur I' Euangile de
fujet,fieft-cc qu alcxperiece voiis
f. g. trouueres que laficnne vous fcra
£'/'^ plus auantao-eufe. Cariufquicya
ie V0US #». la vcnceie vousay enlcignes tout
^S^/vT! autantqucla condition du temps
/«y/.r* t... &voftrepropreinfirmitele pou-
uMincm u uoit fouffrir. & cc n'cft que voftrc
sU, deiu rautc, 11 vous n aues acquis plu-
^uismmf' fieurs belles connoiirancesenma
compagnie. Mais outre qu*en
cela vous ciles bicn loin au def-
fous de laperfcdiona laquelle il
vous faut afpirer , vous voyes
quelle ignorance regne dans le
monde. Il ne fcaic nv Ie com-
mencemenc , nylc milieu, nyla
iin de la relioion feule falutaire.
Non le commencement : Carii
ignore la grandeur de la corru-
ption du peche,de laquelle il eft
natureliemcnt faifi , & Thorreur
de la maladidion du mefme
peche 3 a laquelle il eft naturelle-
lefis Chrifi felon S, lean, jij Ch^ASv
menc aflujetti y & tant les pecits
que les grands , tant les Difciples
que lesDodeurs^tant les fages que
ics idiots, tant le populaire que ics
Philofophes/e flattent en la bon-
ne opinion quils ont deux,&
s'cndormenc en fecurite , comme
li Tire de Dieu ne leur pendoic
point duciel fur la tefte. Non le
milieu: Carii ignore la nature de
lavrayciuftice par laquelleil doit
eflre iuftifie deuant Dieu , & la
nature dc la vraye iuftice ou fain-
tete lacjuclle eft agreable a Dieu.
Lesluifs^ & les Grecs,& generate^
ment routes nations & tons
pcuples, s'imaginent qu'ilsferont
iuftifies par Ic merite de leurs
aaions,& fontcofifteria piete&:
la fainteteou en Tobferuation de
quelquc ceremonies de peu de
poids^ ouen quelque retenuc
dans Jcs adions dij corps, fans fc
Cha.I^. 7H P^raphrafe furtEuangile de
foucicr du fonds de 1 anie. Non la
fin: Car toutes les nations ignorec
que Dieu ait cftabli vn iour au-
quel il doit iuger le monde vni-
uerfelpourladclturancedcsfiens^
&:pour la punicion dcs mefchans;
& les luifs qui bnt quclque peu
plus de connoiflfance dc cccte ve-
rite,l'ont neantmoins corro m pue
de diuerfes imaginations extraua-
gantcs. Orquandccttuyla, que
le vousay defia defigne, ce Con^
folateur, cet Efpritdc verite , fera
venu, il mettra toutes ces trois
chofes, le Peche, laluftice, &le
lugemetjdansvneficlaireeuiden-
ce, qu'il faudra que le monde ca
demeure neceflfaircmetconuain-
cu, n'eftantpaspofliblederefifter
f, p. aux preuues qu'il en fera voir,tant
De P^-^^^cllesferont irrefraeables. Ilcon-
dt ie, pDHtce O
quth nom uaincradonc le monde de Peche
point creu m . «
moy^ premierement , parcc que les
lefus Chri ft felon S, leanl "^15 Clia. ifi;
homes ne croycnt point en moy.
Car ypeui-il auoir ou vn plus
certain argument de rinuinciblc
& incorrigible corruption deTcC-
pric humain, que ilncredulite
auec laquelle on me rejette , veu
que le Vray, THonnefte , & I'Vci-
le^ qui font les naturelsobjets de
refpritderiiomme^font enmoy
en vn degre fouuerainement emi.
nent : ou vn plus grand &: plus
iufte fujct defairetomber la ma-
lediction de Dieu fur cux , que
cette mefme incredulite , veu
1 outrage qu ellc fait, & a moy , &
aU'Pere tout enfemble ? Il con- ^vy-
uaincra auHile monde deluftice poune que
C . 1 . . > itf men vay
cnleconci lieu, parce que le men ^ n;onFere
vai a mon Pcre, & que vousne trZ^us,
me verres plus. Car tandis que
Ton m*a veu en la terrc , & que
Talliance qui dit, Fat ccs chofcsy &
w u'mras , a fubfifte^^cs homes le
font nourris de cctte imagina-
tion, que leur iuftice dependoic
de leurs bonnes actions Q^nd
on me verra dans mes fouffrances,
on commencera a connoiftre
eombien I'lre de Dieucll inexo-
rable concre le peche5& toutes-
fois, iufqucsla^ks Iiommes n'au-;^
ront point encore de certaineaf-
feurance que ie Ics en puiflfe ga-
rentir,commeen eftant accable
moy-mefme. Mais quand on me
verra fortir de dcfFous la male-
didion de la Loy , & me retirer
Vers mon Pere, alors il n y aura
plus defujet de douter dc la ple-
nitude de la fatisfa6tion5& de lac-
quifition de la Iuftice. Et dere-
chef, tandis que Ton m'a veu en
la terre,& que Talliance qui gift en
ceremonies a fubfifte, le monde
s'cft entretenu en cette opinion,
: que la faintete conliftoit ou en
tout^
lefus Chrifl felon S, lean. 717 Gha.l^
tour, ou en la plus grandc parcie,
en CCS chofes terrienncs & corpo-
lellcs. Mais quandieferayauec
mon Pere , & qu'on ne me verra
plus,alorson fi^auraque la vraye
fainteteeften efprit & en vcrite,
& qu elle gift aimiterdes icy bas,
en me cherchat du coeur &des af-
fections au lieu ou ie feray , la vie
que ie meneray auec le Pere ce^
lefte, Carcommelorsieferay vi*^'
uanc a Dieu, il faudra que chacun
faflfe Ton conte d'eftre viuant a
Dieu dc mcfme. Enfin, il con- Tfe'iuiemtt.
uaincra le monde de lugement, ^ZlZ^dLl
parceque le Princede ce monde '^'''f''^fi'^
cftdeuaiuge. Gary peut-ilauoir
yn plus grand argument que les
fideles feront quclque iour de-
liures de la mainde la Mort^ &c
delapuiflance du Malin qui en a
iempirc, que de le voir bicn-toft
Srquafi dcsmaintcnant chaffede^
Ch^r i6. 718 Pardphrafefnr I'Euangile de
la domination qu'il a cue fi ab-
folaeenceiiecleicy? Ellantpre-
micrement chafle des corps des
hommespar ma voix, & le deuant
cftrc dans pcu de temps , & de
leurs coeurs & dc leurs Temples,
par la force de ma vente, rctien-
dra>t il a perpetuitc le regne qii'il
a fur eux par I'encremife de la
Mort&du fepuIcrc?Et dercchef,
y peut-il auoir vnplus grand ar-
gument dela condamnation des
impenitens, & des perfecutcurs dc
mon Euangile, que de voir leur
chef condamnc a eftre abyfme
fouschailnes d obfcurite dans des
peines eternelles ? Telle eftant la
condition du chef , quelle doit
eftre celle de fes fcdateurs & dc
{cs membres ? Etfi apres tant de
fiecles d'impiete , qu'il a regne
dans le monde fi mfolcmment^
cnfin il a efte lie pour eftre puni;
lefus Chrifi felon S. lean. 719 Cha i&.
comme vn homme fort, quVn
autre plus fort que luy defarme,
quelle doit eftre Tattentede ceux
qui rimiteront cy-apres en me
perfecutant:, finonquapresauoir
cfpere que leurs crimes demeu-
rerontimpuni^^&s'eftremocques
de la promefTe demon aduene-
mentjilsferont auffi lies comme
luy pour eftre adiuges a mefmcs
pemes? Voilalesprmcipaies bales Vayetjcore'^
de la religion que le m5de ignore ;;«^,,t"^,
profondement^ SrauerEfprit de ^" ' '^^^
verite , lors qu vne rois li Icra touuez. por^
ansvnepiemeem- nmt.
dence. Ec i aurois encore beau-
coup de ciiofes a vous dire des
diuers autrcs myfteres dont le
corps de la religion doit eftre
compofe, fi vosentendemensen
cftoyent capables. Mais ils con-
fiftent en dodrincs aufquelles on
a fi peu penfc iufqu a maincenanr^
ter fnamte-
Cha.i(f. 710 Tamphrafcjurt Euangilede
& qui par confequent font (i
eloignees des comunes opinions
aufquellcson eft accouftumc, &c
des preiuges dont les efprics des
iiommes iont prcoccup^s , que
vous mefmes,quelque inftru6lion
que vous ayes reccue dc moy, en
feries pour le prefent crop furpris
& tropeftonnes, tant ils palTenc
MJsquar/d'dc loiu voftrc portee.Maisquand
::^r4^^^ttuy4^, afcauoirl'E(pritde ve-
de-v.rite, ii riccXcra vcnu. il nV aura aucun dc
-vom enfei- n 1 -I 1
g7iem^ toute ccs myltercs dont line vous don*^
ne p^r'er^ Hc u leuelation , aucune de ces
p/^^^ ^^p^r A'lUimc^ Verites aufquelles il nc
Joy : mats il ^ J:.
dnatom ce ^^QXi^ addrefle par (a conduite.
^tiUt aura ^r^ r r ' 1
ouy:(^vcus De lorte que vous leres alors
^yaioncera / •It'' 0JI' 11
les chofei a. ^ous emerueiUes, &de I excellcn-
venir, ^^ bcautc dcs connoiflanccs que
vousacquerres par fa reuclatio, &
de la pleme & infailhble certitu-
de auec laquelle vous les pofle-
tieres^ pourlesepandrcparlapre-
lefiis Chrifl felon S. lean. 711 Ciia. iC.
dication de mon Euang-ile en
route la terre. Qnandiefuisvenu
au monde^ & pendant Ic temps
que i y ay conuerfe, i'ay toufiours
fait profcflion de ne rien direde
moy mefmc , mais d'annonccr les
paroles de celuy qui m'a enuoye*
Parcc que c*eft le deuoir d Vn
AmbafTadeur , de n'auoir rien dc
fon chef, mais de fuiure pon6tuei-
lemcnt fes inftru6tibns, s'il veut
remporter la loiiangc d*auoir
bien&fidelement exerce fa char-
ge. Or ay-ie fait la fon£tion
d'Ambafladeur pendant mon
feiour icy bas cntre les hommes.
Quand cc Confolateur que ie
vous promets/era venujil en vfera
tout de mefme. Il ne parlera point
de par foy- mefme , parce qu*il
fera la fondion d'Ambaflfadeur,
mais il vous annoncera les do-
d rmes qu^l aura ouies de ceux au
Yy5
Gha. iS, 71 z ^araphrafejiir I'Euangile de
nom de qui il viendra; &c ne fe
contentera pasdevous ramener
en memoire les chofes paflees.que
vous aures mifes en oubli^ny d'e-
pandre de la lumiere furies pre-
fentes , que vous n'encendes pas
maintenant^afinde les vous faire
connoiftre & approfondir. II
vous reuelera mefmes celles qui
font a venir, de forte qu'iln'arri^
ueraaucun memorable accident,
ny a la nation des luifs , ny aux
Empires de la terre, ny aTEglifo
de Dieu , iufqu'a la confomma-
tion des fiecles, dont il ne vous
donne des connoiffanccs^ ou ne
vous addrefl'e des vidons , que
vouslaifTcres a la poilerite, pour
feruir d'aduertiflement & d'in-
\?eUyme ftru(fliona tous les ages Surtout
gi.onfiem: ^^ f^^^ ^^y ^^^ j j^^^ alotifiera liau-
cur il prenv J x 1 ^ /* .
dr^ du mte icmQ.ntzx\ixz les horn mes, en rai-
©« le vous f n f •
finmnetra. lantparoulrc ciairement ce que le
lefusChrijl felon S, lean. 713 Clia» 16.
fuis , & mcttant la diuinire de ma
pcrfonnc, &ch fouuerame excel- -
Icnce de macharcre.&lavertude
ma padion &c de mcs combats,
& la magnificence de ma vidoire,
a vn fi hauc point de clarte, qu'il
yen aura fujetd'admiration pour
les hommcs & pour les AngeSo
Cependat toutcequil vous dira>
il le prendradc moy, & tircra de
mes trefors toutes les chofes qu'il
vous doit annonccr, commc ve-
nantde ma part, 6c n'ayant autre
but de fa commiflion que de me
faire connoiftre. Et ne trouues xtutJj^u^^
point eftrange que ie vous ayedit '^^i'^^*^^ ^(2
qua prcndra du mien, & quil tam fiyie
puucradans mes archm^s, parcc prendm //*
qu'il viendra de ma part j vcu que ;^; -^^.ti'
ievous ay aufli dit cy delTus qu'il '^«''*-
viendra de la part duPcre. Car '
pource que le Pere 5c moy fom-
me vUiainfi que ie vous en ay fou-
Yy4 ' '
Clia. I<J. 714 Paraj^hrajejur tEuangile dc
uentaducrtis^ & que nous auons,
vne mcfme eflence , nous auons
auili mefmes proprietes , &r des
trefors inepuifables dc fipience'
communs , de forte que toutes
les lumieres de vcrice qui font a
mon Pere , m'appartiennenr/
Voila pourquoy ie vous ay die
qu'iltireroit toutes les cliofes quil
vouscommuniquera^ de moy &
de mes trefors^ & qu'il les vous^
annoncera telles que ie les luy
f. 1^- auray fournies. Et confoles-vous^
Vh petit de ' . I
umfs , & mes amiSjCn ce que vous Ie re-
Z^'LrrTi ce^J^es bien-toft, & que la Pro-
point: 6* de^ tncffc Oiic ie VOUS en fais, ne fera
titde temp's pas long-temps dirieree. Car il
^ votts me s \ r j ^
-uernx,, car H y a plus quc fort peu de temps,
'ImonZri lufques a ce quil m'arriuera,com-
me ie vous ay defia dit, vn tel ob-
fcurciflfemenr, que vous nc me
verres plus. L'heure de cette
iiiienne eclipfe eft fort prdclie.
Icjiis Chriji felon S. learu 715 Cha.l^,
Ec dercclief, il n y aura que fore
peu de temps a pafTer , iufques a
ce que vous me verres reuenir a
vous, deueloppedeccttemienne
obfcurice , &c reftablidanslalu-
naiere de la vie. Car pourcc que
ie m'en dois bien- toft aller a mon
Pere, dautant que ma Commif-
fion s'en va finie , & que i'auray
incontinent accompli fa volon-
te^ilfaut que tout cela fe falfe
prontementjdWivientque vous
verres bien-toft Pexecution de
ma PromefTe. Iufques ia fes Dif- j^',„/^;^.
ciplesrauoyentecoutecnfilencCj ^«»^ ^^ f^^
ans attentirs a ce qu 11 aiioii, ret emteux.
Et bien qu'ils n'entendiflcnt pas fJ.i-^^'Zm
diftin6tement Ie fens de routes fes i'^' ^'"^ ^'"
itt ,^ vous
paroleS:,u eft-ce qu'ilsne difovent »^ ^^ ^^^'-
■*• • i' n "^ Tf X, point :0'
mot, enpartieparreipcct, pour derecheftn
ne Ie pasinterrompre, en partie t'l'lJ^.^'^^,
auffi parce qu'ils ne voyoyent pas ^""^ '''"'''
querintelligececlaire &diftind€ ^^re.
vaj a lb en
Cll3. 16. -JIG Paraphraje fur tEuangile de -
de cc qu il leur difoit^ leur fuft
neceflaire fi toft. De forte qu lis
portoyent en patience lobfcurite
quils y rencontroyent. Mais
quand il vintadirc & a repeter
deux fois ces mots, liny a^lus que
fortpcudctem^s ; dautant quciuf-
ques a lors ilsn auoyentpeu con-
ceuoir quefafouffrace, dontilles
auoitaduertis, fuft fi prochaine,
& qu ils ne pouuoyenc non plus
comprendre comment ce fien
depart ^ dont il leur auoit parle^,
deuft fi peu durer qu il reuinft
tout incontinent pour fe faire
voiraeux, quclques vns d'en-
tfeuxnefepiirent tcnir defe dire
les vns auxautres , Queft-ceque
ccla qu il nous dit j 11 n y a plus
quVn peu de temps :» & vous ne
nieverrespIus^Etderechef jllny
a plus qu'vn peu de temps, & vous
me verres ; Et encore : Car il faut
' lefus Chrijifclon S.Iem. 717 Cha.i6;»
que ie m'en aille a mon Pere ? Ec l]^llll^,
les premiers qui firent cctte de- donc^u-eji
mandealeurs compagnons, nen ditvnpem^
receuant point de relponle ny dc uons quii
fatisfadion , ils la faifoyeat en- ^''•
core a d autres : de forte que cet-
tc parole, Qu^eft ce que cela qu il
dit, Il ny a plus qu vn peu de
^temps y Et , Nous n entendons
point cequ'il dit, couroitabafle
voix entrc fes Difciples derrierc
luy , aucan n'ayant pourtant la
liardieHe de luy demander ce que
c'eftoit:, quoy qu'il n'y en euft
pas vn qui n en euft fort bonne
enuie.Car cesmots auoyet beau-
coupadjouftc a Icurs inquietudes
precedentes.Or bie qu ils paiiafTet eI \lfm
ainfi bas entr eux, &c qu aucun '^l^^^^Zn
d'euxnefc fuft encore auace pour loiintwtef
linten:oguer,Ielus,quin ignoroit dtt.v^usde
nen de ce qu'il vouloit Icjauou', ;,^ ^^,,, ^v
vid &c connutdansleurscceurs le ^l^''/'/{
Clia. itf. 718 n^araphrafeJurtEuangiledc
t/ven/i ^^fi^ quilsauoycnt de le faire. It
plus, e^^'.'lespreuint done, &rcacliantbieii
tk & votis que c eltoit laproximite de Ion
msvirnz^ coiiibat qui Iciir donnoit de la
frayeur,d mefnagea tellement fon
propos , felon fa figeffe accou-
ilumce, que dVncofte ilneleur
determina pas precifement le
temps de fon affliction , &:: de
Tautre il ne leur diflimula pas
quelle deuoit eftre leur condi-
tion, afi a qn'ilssyrefoluflfcnt. EE;
neantmoins, acequ'ils s'y difpo-*
faffent plus courageufement, il
leur en promit vn bpn fucces &C
vnc ifTue glorieufe. Il leur die
doc : le voy bicn^encore que vous
ne me le difies pas , que vous vous
dcmandes les vnsaux autrcs, ce
que fignifie ceque ievousaydir,
QtVil n'y a plus qu*vn petit de
temps iufqu'a ceque vousne me
vcrres plus^ &:derechef, qu'il n y
lefhs Chrifi felon S. lean. 719 Cha. i^T*
a plus qu vn petit de temps iu(-
ques ace que vous me verres j&
que vouseftes fort en peine & de
ce que ie vous ay voulu dire^ &
principaiement du temps auquel
il doit arriuer. Pour cc qui eft du ^\,^;-^^^
tempsauqueicela doitarriuer,& '^''^'^^ "
pour ce qui elt de ladureej li ne vouspieure^^
vous importe pas qu'on le w ous Zinterei^'
determine precifement. Ainiine f/^^^^^^V"
vous en inquietesdu tout point ^^^^^^or.tri^
Fefprit, & laifles-cntout a fait le -vcflretu/ief,
foin &c a moy , & a mon Pere.Mais
voicy ce qu'il vous importe de
f(^auoir,& fur quoy vous deues ar-
reftcr routes vos penfees.Ceft vne
cliofe tres-ccrtaine & tres-indu-
bitable, & delaquelle vous deues
cftre aufli pleinement alTcures
que fi ie la vous confirmois par
ferment : (^'en quelque temps
que ce que ie vous ay voulu dire,
^oiue arriuer, ('^ ie vous ay die
fe (era con*,
uertie 4»
ioye.
Clia.itf. 730 Paraphrafe fur I' Eudngile de
qu il n'y a plus iufques la, quVn
petit de temps j vouspleureres,&
lamenteres , a caufe de la nature
& de la grandeur de I'accident, &^
affligeres vos ames. Et, ce qui aug-
naentera voftre doulcur^le monde
s'cjouiralors, &vousinrultera, &
triomphera,comepour vne gran-
deprofperitCjOucome pour vne
vi6toire fignalee. AMieuredonc
que le monde fera plein d'exulta-
tion , vous feres quant a vous
pleins de triftefle &: d*amercume
en voRre coeur. Mais voftre
triftefle ne fera pas pour toujours,
& en quelque temps que cela
doiue arriuer , (& ie vous ay dit
que vous n attendres qu vn peu
de temps) tant y a que voftre af-
^, „. flidion fera couertie en ioye. Puis
^emme'*' ^^^^^ fi^acliant combien les fimili-
enfante.eiu tudcs, quand elles font bien prifes
'loHrce''qHc & bien naiuesj aident a rintelli-
' lefus ChriB felon S. lean. 731 Cha. \6l
gencc des chofes ; & combicn^''^^^'''^"^
elles lerucnt ales impnmer plus ^pres^ju^iih
auant dans les cfprits , il illuftra lnpe7ten.
fon propos de la comparaifonla f:;},^:!;;.
plus belle & la plus elegante du f'^'J^i^^-
mondc. Car iladjoulta tout auiu uhytqu'ei
toft. Vous voyes, mes amis, ce LmJeV/
ce quiarriue aux fcmmes encein- '!/'''' ^'""^
tes. Quand vne femme eft en-
ceinte,& quele temps de Taccou-
chement eft venu , elle fent des
uanchees & desdoulenrsquiluy
oftent tout autre objcd de la
penfee. On n*oic autre chofe
dVlle que des cris,'& il femble que
fonefpritfoit toutafaitenglouti
dans la triftefle. Mais outre que
cela ne dure pas long- temps ^ la
Nature ayant ainlifagementdiC-
penfe les chofes , que les douleurs
liviolentesne font pas de longuc
duree^ de peur qu elles ne con- •
funnent les forces, & qucllcs
Cha. 16 7jr Paraphrafefur tEuangile dc
nepuifent les e(J3rits, Ic fuccei
que la femme en void arriuer^
change toute la conftiturion dc
foname. Carquand elleafaitva
petit enfant, la memoire de foil
angoifTe&defadouleur fort tout
afaitdefon efprit, qui neft de-
formais plus rempli que de la
ioye qu elle a de voir le mondc
-, accreu d^vne creature humaine a
vousdonc quielleadonelanaifTance. Faites
^aLellZ done vous mefmes Tapplication
triMe.mah j^ ^^^^^ fimilitude a vous. Car
te vous ijer-
rayderechef, yous aucs a cettc lieure de la trif-
cceurs-eCiouy telle qui k tengtcgera Dien tort
fine tellZ daus quelqucs momcns, & a peiuc
ofier^ vojire inaiuteuant vos ames font elles
capables dautrespcnfees. Maisic
vous verray derechef ^ comme (i
ic renaiflbis tout de nouueau ^ &
voftre coEur en fera raui d'aife &
de contentement. Et au lieu
quafles fouuent h ioye d Vne
femmd
, lefus Chrifi felon S. lean. 753 C\l^\iC. -
Fetiime qui a fait vn petit enfant,
nc dure pas ,parce que quclque fu-
nefte accident le luy rauit;quant a
vous, vo^ vous rejoui'res tou jours,
parce que perfonne ne vous en
i^auroit ofter le fujet, & que la
matierc de voftre ioye (era per- ^. ^ ;
inanente. Ces paroles denoftre ^f'^'^^iour
Seigneur ayant elte auili pronon- m'mtcrrege-
cees toucliant fa refurredion, & £«w^r«
par confequent eftans capables T^'^j^^j;;!^^
de donner a fes Difciples cette '^^^^^A^^^««
opinion, que quand il (croit re- d^nias^
uenu a eux , li ne s en lepareroit N,m , ui^
iamais , deforce qu apres ce petit ^j**^^^^^^''
interualle de temps, qu il deuoit
tftre abfcnc d'eux, ils iouiroyent
perpetuellementdefaprefence,il
nelcsen voulutpasdcliurer'touta
fait, parce que leur cilat & la con-
dition du temps ne le permet-
toitpas: mais il les voulut pour-
tant preuenir d Vn aduertiflfemenE
Z z
dia. is. 734 Paraphraje Jur FEuangih de
par lequel, quand y ils firent re-
flexion aprcs^ilsconnurcnt bien
Sue cc n'auoit pas efte fa penfee.
adjoaftadonc ; Ileft vray quea
cettc ioiirnee la , c'eft a dire, ea
cette faifon , vous ne m mterro-
gueres pas , &c n aures point re-
coursamoy^comme vous Taues
eu iufqu a maincenac /oit pour la
folutiode vosdouteSjOU mefmes
pourvoftredcfcnfc, quand vous
leresprefles de quelque peril. Car
ii vous fouuient que vous Taues
fait en toutes occafionSj & fur la
mer^ & fur la terre. Mais auffi en
recompenfc, & pour fuppleer a
ce defaut, ie vous afleure en veri-
te^ Sc vous f^aues de quelle auto-
rite doit cftre ma parole , que
toutes les chofes que vous deman-
deresen vosprieresa monPereen
mon Norn ^ en quelque occur-
ffence que ce foit, ou il ira dc fa
lefus Chfijl felon S. hm^ Zjj Cha i(?»
^Ioire,de Texercicc devos char-
gesy & de voftre propre bien &:
falut j illesvousotcroyeralibera-
lemenr. Souuenes.vous com- t. 14^
/ ' f » C '"^ \ufques a
menc vous aues prie lulqu a pre- ^^..y/J, ^;^^
fent. Vous n'aues point encore '''''**" !!'^
meflemon Nomdansvospiieres, «»^» ^''^^
^ , , . J J^ V T-i- demanded, ^
&naues nendemande aDieu en 6*vomrece
maconfideration. le nen ay pas "^^^uHofi"^
mefmesfak mention dans lefor- ^^j^/^^^/'^^':
mulaire d oraifon que ie vous ay
donne a voilre requcfte ^ pairce
que le tempsn enelloitpasenco-
re venu. Iliailoitquelefujetpour
lequel ie fuis venu au monde, fuft
accompli auparauant^ pour fon-
der la confiance que vous de-
nes deformais auoir en mon in-
terceflion , iur la confideration
que mon Pere fcra^tant de robeif-
fance que ie luy auray rendue en
Tappaifant enuers vous, que de
i affedion enticre auec laquelle
Z z z
iem'y porce. A Tauenirclemandes
cnmon Norn tout ce dont vous
aures befoin, & lie doutespasque
vous nc le receuies , tellement
qu'aulicu delatriftefle que vous
aues de mon dcpart.vous receures
lors en vos coeurs abondance &c
plenitude de ioye. Car outre les
biensquele Perevousfera en ma
faueur^Si qui meriterot afles d'cux
mefmes que vous vous enrejouit !
lies , ce vousfera vn comble ine-
narrable de contcntement , de
vous voir fi bienvoulusdu Pere
jousay celefte. La plus part des ptoposj
m fmiiitu- que levous ay tenuspar le paiie,
fw".t ont cfte ombrag^s de quelques
^ue ie nt fitTiilitudes 3 parce que voftrein-
^ voHs par hrniite , & le pen d auancement
mtiiii^yous que vous auics dans la connoiU
f^riemiou- ^^^^^ j^^ grandcs chofes, & la
mmFae. Condition du tanps, ne fouffroitj
pas que ie Ics vous propofaffci
Je voui
dtt ce:
lefus Chrifl felon S lean. 737 Cha.k.
toutadecouuert. Maisvoicyve^
nir la faifon que ce que I'auray a
vous reuclcrtouchant monPere
& fa connoiflancc , ie Ic vous
decouuriray tout anu, &le de-
uelopperay de robfcurite & des
difficultes que peuuent auoir les
paraboles ,& tourc cettc methode
oeconomiquc dont ic me fuis
ferui iufqu a maintenant. Et pour i^ *^' ^
le VOUS repcter encore, ahn que voHs^emA?!.
VOUS n en douties nullement,en Nom.& it
ce temps la vous formeres toutes ''^. '"''*' ^J
r potnt que ss
vos prieres en mon Nom, vous p^^^^^y ^*
n en teres aucune qui n en loit veus.
routeparfemee, &quinaitpcur
claufule pcrpetuelle la mention
tres-expreffe de mon interuen-
tion. Et ie vous ay defia afles die
que ie prieray le Perc pour vous:
c'eft pourquoy ienelevous redis
p ointicy^, parce que vouseftesaf-
icurcs de Taffedion que ievous
Zz 5
Gha.i(^. 738 ^araphraje fur t Euangile dc
llel'ere po^tc. Mais bicii vous diray-je.
Car
tnefme vous ccttes, cc doHt vousH clles oas fi
cejue'yous allcures^ pour neiiauoir pasdes;
Zf,"^Jlz preuues (i fenfibles que celles que
Zf ^^''j vous aues demon amour, que le
T^ieti. Pere luy meime vous aime , &
qu ainfi les propres inclinations le
porteront a vous donner ce que
vous luy demanderes. Ec fi ie
vous difois que fon afFe£tion vous
apreuenus , de forte qu'il vous a
aimes des auant que vous con-
nuflies ny luy nymoyjiene vous
diroisquela verite,Iaquelle vous
deuriescroire^ &enauoir duref-^
fentiment.Carentre egaux^celuy
qui commence a aimer , oblige
fonamy^ & acquiert fur luy de
Tauantage , lequel fon amy doic
reconnoiftre. Beaucoup plus ou
il y a vne fi grande & fi im-
menfeinegalite. Maisiemecon-
tenteray de vous afleurer qu'il a
lejiis Chrifi felon 5. lean. 739 Cha.KJ^
beaucoup adjoufte a la bonne vo-
lontequ'ilauoitpourvous,quand
il a veu que vous m'aimics , & que
vo^ croy ies que ic fuis ifTu dcDieUi
& que c eft lay qui ma cmxoy e au
monde. Car ce qui me touchc, Ic
touche,dautant que luy&moy
fommcs wn-y&c puis, quiconquc
me revolt , en croyant aux temoi-
gnages que le Perc a rendus de
moy,il feelle quil eft veritable. En,
effet , c eft la pure verice. le fuis. f- is-
ifluduPere, & c'eft luy qui m'a duinet
enuoye s de fon fern odi'eftois, ^:™r.
ie fuis venu au mode, pour y faire ^^^H^i^f
S^pouryiouftrir ies choies que &m'envaji
vous auesveues,&celles que vous "*"*
ne voy es point encore- Tout aufli
toft que cela fera accompli ,ie de-
laiflferay le monde , & rebroufle-
ray^par maniere de dire, fur mes
pas , comme vn AmbafTadcur
qui a accompli fa legation 3 &
Zz 4.
Cha. i<J. 740 Paraphrafe fur I'Euangtlc de
^ ^-i.'t; m'en retourneray au Pere. Alors
Ses Dijctpies ^ J
iny dinnt. fgg Difciolcs vovans qu il auoic
Voicymmn t . / 1 r^ >
tenant tu dcuiiie Icurs pcniees , & qu aix
^^'^'^''''''^rcftepourfatisraire aleursefprirs.
tement
fLiUtudJ!' ^^ ^uoit tommencc a leur parlcr
beaucoup plusclairementqu'au-
parauant; maisprincipalementfe
fentas vn pcu chatouiUesde la loti-
ange qui leur auoic donee d'auoir
creu, comme Tefprit de rhomme
eft merueilleufement fujet a fe
laifTer prendre par les louanges;
ils prirent la parole & luy direnr.
Alaverite, Seigneur , tespropos
nous ont cy-deuantparuvn peu
obfcurs, deforce que nous auons
eu quelques fois afles de peine a
les cncendre. Mais pour ces der-
niers icy , nous les crouuons incel-
ligibles couc a fait , & tu as com-
mence d y exccuter ce que tu nous
auois promis, & de ne les om-
bragerplusdeHmilitudes. Cartu
lefus Chrijl felon S lean. 741 Cha. i^^
n*y en as point mcfle pour ce
coup J & Tans circuits , fans cir-
conlocutions, tunous as diferte-
mentexpliquece que nous defi- f ?*-
rions de toy, & que tu nous as nomjfauons
voulu faire entendre. An rcfte, VomeUCL
nous auons bien admire ta fapi- f'/'^'/r
1 join qu au-
cnce par le pafle , felon les fuiets ^«« ^''»'^^-
que tu nous en as toujdursdon- nouscroyons
nes ; mais li raut auouer qu a pre- f^^ 4^ mm.
fent nous Tadmirons bien dauan-
tage. Car parce que tu as apper-
ceu iufques dansnos coeursce qui
y eftoit, nous reconnoiflfons que
tu fc^ais tout, &c que pour con-
noiltre les penfees de qui que ce
foit, & les difficultesqui trauaiU
lent fon efprit^tu n'as pasbefoin
qu'il te les decouure en t'inter-
rogant, puis que fans eftre inter-
rogue de nous, tu as apperceu
les noftres. Or cela eftant le plus
grand & ie plus magnifique ar-
Ciia^Kj. 74Z Paraphrafe Jur tEuan^ilc de
gument queronpuiireauoir^ &C
derexcellence incomparable de
la perfonne dVn homme,&dela
diuinite de fon Enuoy , fi nous
auons creu par !e paiTe , comme
tu nous en as donne la crloire.nous
en lommes encore maintenant
beaucoup plus efficacemcnt ia-
duitS:» & a croire & a confcflTer
hautement, que tu es iflu de Dieu^
lejus leur & qu il n*en fauc point attcndre
prononcees d vn air qui ne tcnoit
pas tant dela modeilie que dela
prefomption , & qui donnoit a
connoiilre qu'ils fe vouloyent en
quelque forte vanter,non pas feu-
lemcnt de croire , mais de faire
paroiftre ieur foy ou les occafions
s'en prefenteroyent J voire mef-
xiQe dans Ics occurrences peril-
leufeSj lefus^ qui voyoit iufques au
fonds ce qu il y auoic de bon &
mmntsnat.
lefu^ Chriji felon S\ lean. 745 Cha.i^^
£c qu il y pouuoit auoir de mau-
maisen cctte coftitution deleurs
efprits, les reprima douccment, &
leur fie fentir leur foible en cet-
te maniere. Vous croyes done f-,$^.
mamtenanc, leur dit-il , & paroil- viem, ^ejt
fesbienfatisfaitsde voftre coura- %TvouJfi^
gc : Vous ne vous connoifTes pas ''% '-^^V
il bienvous melmes, que ie vous h.&mede
connois , & vous aues beloin m^M ie ne
d'eftre aduertis que vous n'at- gf,^";;,
tendres pas long temps que vous ^^j^^-/?**'^^^
n*en donnies des preuues. Voicy,
riieure vient , & ellc eft fi pres que
ie vous dirois volontiers qu elle
eft venue 5 que ce mouuement dc
courage & de refolution que vous
fences en vo^ mefmes,s'^uanouira,
&ne tiendra pas coup^ mefme a la
premiere attaque. Car quand on
viendra pour me prendre, vous
vous epardres qui c^a qui la,
chacunchesfoy^ commc les bre-
Cha. 16. 744 n^araphrafe fur fEuangile dt
bis fuyent de pcur quand oti
frappele Paftcur, & me lailTcres
tout feul/ans defcafe & fans com-
'pagnie. Mais quoy que vous
nVabandonriKs, ie ne fcray pas
feuIpcurcantrcarlePere eft tou-
joursauec moy,& ne m'abaudon-
neiamais.come ie fuis toufiours.
auec luy d'vnc communion tres-
intime & indilToIuble. Or celuy
' levms ay qui a ainfi Ie Pcre cclcftc touuours
ditces chafes p • .
sfinque-jo^ preienc, nepeutiamais manquer
^fez paix J fecours ny d affiftance. Ec ie
^urez^an. vousdis ccla pour vollre inrereft,.
-j?7onde,mms a cc quc tant s CO tau t quc Ics acci-
*y'\, ^^ j^^g ^,^^. j^^g doiuenc arriuer^
troublent Ie repos devoftre cf-
prit, quauconcraire^vouspoflc-
dies roujoursvoftreamc entran-
quillite & en paix ^ & que vous
I'ayes toujoursen bonne affictte-
Mais au refte cen'eft pas en vous
ny dans ia force devoftre eiprir,
iiourstge^ t ay
'vaincti ie
lepis Chrifl felon S. lean. 745 Cha. i&
^ue vous deues fonder cette tran-
quillite de vos ames:c*eft en moy^
<jui en quelque eftat que ie me
puiflfe rencontrer^ eftant vn auec
le Pere , comme ie fuis , & alTifte
^lefonfccours, vous fouftiendray
toufiours dans vos combats ^ &
cmpefcheray que vous ne fuc-
combies aux affauts de vos ad-
uerfaires. Ie vous le predis done,
afin que vous n'en fbyes pas
furpris. Vous aures angoiflfe au
monde , & il vous attaquerade
coutes parts. Mais ne vous de-
courages point,& ne vous effrayes
point de luy. II eft aufli aflfeure
que i'acheueray de Ie vaincrc,
que fi ie Tauois dcfia vaincu.
Eftant done voftre Chef, & vous
combattant fous moy, vousn'a-
ues rien a faire finon a fuiureics
rcftcs dc ma vidoifCe
Cha.ij. 7f^ Para^hrafc furl'Euangik de
CHAPITRE XVII.
^' '• ^^^^PRES que noftre Sei-
chofes: ptiis W^^ gHcur cuc pronoiice cous
^Z^uM ^^^^ces propos^remplis d^cx-
dit: ?ere hortations & de conrolations
-uenucgiori' poui Ics Diiciples ^ 11 y voulut
aiin'^ueton ioiiidre lesprieres.pour leurob-
fiutegurifie. tciiirdeDieu la grace delaquelle
tome U'cfficace des exhortations
& des confolations depend. D*ail-
leurs 3 la fouffrance a laquelle il fe
preparoit, Tyinuitoit manifcfte-
mcnt. Car quand le Soiiuerain
Sacrificateur faifoic autrefois fa-
crifice pourle peuple folennelle-
ment, il prioit & pour le peuple &
pour Toy-mefme. Pource done
que le Seigneur eftoit le vray fou-
uerain Sacrificateur ^dont Pautr?
' ^ Icfis Chrijl felon S. leanl ^^47 Cha:i^:
ii'eftoitque le type, lors quilfe
vid fi proche de loblacion de fon.
facrifice/il voulutpder dela fa-
cjon. Ec dantanc qu aprcs cette
lienne oblation il dcuoit entref
dansle San£l:uaire^dontcc!uyqui
cftoicenlaterreneftoit que lare-
prcfentation , afin d'interceder
pour ceut^pour lefqucls il alloit
offdr; il voulut encore en cette
priere, autantqueles chofes qui
conuiennent a fon abaiflement,
pouuoycnt auoir de rapport a
ccllesdefon exaltation, faire volt
comme vnefiayde rinterceflioa
qu'il fe propofoit d exercer ca
faucurde fesfidelles.il efleua done
resyeuxauciel,&auec vne ardeur
extraordinaire dezele, &fesDir-
ciples Tecoutans, il pronon^a la
prierc qui senfuit. Pere, dit-il,
rhcureque tu asde*touteeternite
predctermineeen tonConfeil, &
Cha*I7* 748 Paraphmfe fur tEuangileJc
que i'actens depuis filong remp^
pour te donner la plus grandc
preuuedemonobeiffmcCj eilfi
proche, quec eft tout autant que
ii ic le voyois defia. Ec pour moy,
ie fuis parfaitcnient difpofe a (u-
bir toutes les chofes que tu nVy
prepares , &a acquiefcer a ta vo-
lonte. Mais apres cela , Pere, glo-
line tonFils, enfaifant paroiftre
ce qu il eft^, & en cafTant par fa de-
liurance , la fentence que le mon-
de veut prononcer & executer
contre luy, parce qu il s'eft decla-
re tel. Puis eleue enfin ce tien
Fils ata dextre felon taprotneflej
pour y prendre la pofTeflion du
gouuernementderVniuers ; afin
que ton filsde fon cofte employe
fon autorite & fa puilfance, a
auancer ta gloire au monde, eri
faifant aufsi paroiftre ce que tu
cs, par la predication de fa Verite.
Car
lefus Chrifi felon S. lean. 749 Clia. 17^
Car aufsi eft-ce pour cela , Perc, Jf' '-
que tu luy as donne le droit de ^^y^sdonn^
prendre vn empire ablolu lur uute chair,
tous les Iiommes, & d'en difpofer folne^lfe
a fa volonre , a ce qu il n y ait rien ^^^'''^^^^^ ^
qui 1 empelche de pouuoir exe- ^»y ^s ^om
cuter ioeuure du lalut de ceux
que tuluyas donnes. Tcllemenc
que lesayantefleusetcrnellement
efi tonConreil^& les ayant amenes
a ton Fils par vne vocation eflica- ,
ct, pour auoir part en fa commu-
nion, il les introduife effcdiue-
ment en la poiTefTion de la vie
bien-heureure& cternelle. Enef- ^^- 5'_
fe6t, quant au droit de la pofTe- i^ -^te em^
er, ceux que tum'as amiidon- u conoijfmt
nes , Pont defia ; de forte qull ne ^^IjJ^,.
refte plus finon de les en mettre i^yq^^/^f
actueiiement en louiuance. Car chriji.
c eft veritablementia la vie eter-
nelle , & la voye certaine 8c indu-
bitable par laquelle on y paruienr,.
Aaa
Cha.iy. 750 "^araphrafefHrtEudngilcdc
que les hommes rcnonc^ans a
touces idolatries aufquelles ils
font addonnes, & ail Culte de
taut dc faulTes diuinites, que la
fuperitition &c la folie de lefpric
humain a introduites au monde,
reconnoiflfent qu'il n yaque toy
feul qui foit vray Dieu, coniointe-
mencauec celuyque tuasenuoye
pour etke Mediateur entre toy &c
eux,af^auoirIefusClirifl:, auquel
ils doiuent mefme honneur &c
^ mefme feruice qu a toy, comme
cftant de mefme ccernite^ &c de
te'tj'gh^ mefme eflfence. Et ie n'ay pas at-
rifi^ iar u tciidu , Pere, a te glorifier apres
farache^ie Quc tu m auroisgiorihe toy-mel-
toetture que *■ 11- I f • 1
tu nici^ hail me, en me deliurant de la mam de
u afmu. ^^^ ennemis. Ie Tay fait pendant !
tout le temps de mon (eiour en la I
terre , autant que la fin de monjj
enuoy, &la condition des temps |j
ie pouuoyent porceir. Car i*ay
'iejus Chrifl felon S. lean, yji Cha.iy^
celleaienc accompli Toeuurc que
tum'auois ordonne defaire ,par
la manifeftation de tcs vertusa'ay
fait paroiftre ta iuftice, i ay aa*^
nonc^ td mifencorde , i'ay ma-
nifefte tafapience^ lay fait voir
les raerucilles de ta puifTaiice , ii
clairement a tel point, qu en tous
les fiecles precedens il ne s'eft
iamais veu de telle reuelation. Et
s'il refte encore quelaue cliofc,
comme il eft vray que le dernier &
le plus grand ade refte a faire
pour rentier accompliflement de
ton deflcin, la chofe eft fi proche
de Ton execution, & ie fuis 11 par-
faitement refolu a y fuiure ta vo-
lote^qu il en faut tenir leueneme c
pour arriue :, parce qu'il eft indu-
bitable.Qoand a ce qui eft de toy,
Pere , tu m'as bien donne diucrs ztlamu-
temoignages que tu m aduoiiois ^^,7 y^.^
pour ton Fils ^ & fi les hommes rte fi' '"'y ^''-
A aa 1
Cha.ly. 752, Taraphrafcjiir tEuangilede
medeUgioi m ont poiiit voulu reconnoiftre^
re laqueUe -1 r i 1
z^^ymeaMec cc n^cft Das hutc dc Iciir cH auoit
toy deitant -if \ \ - • C
queiemonde mis dcuant Ics yeux de bien virs
f^^""'^' & de bien preignans argumens.
Mais neantmoms.ny la condition
du temps, ny reftat de mon ab- '
baificment, nont pas iufqu'icy
permis que tu mifles ma gloire
dans cetce haute euidence, & dans
cet eclat de fplendeur qui con-
uient a ma dignite, & tu as rcferue
celapour le temps qui doit fuiure
madcliurance. Ce temps la done
' cftant fi pres^que ieletienscom-
me s'ileitoit dcfia venu, ie te de~
mande maintenant Pere, que tu
me glorifies moy aufli ; non d^vne
o;Ioire obfcure & imparfaite^fem-
biable a celle que tu m as donnee
icy bas entre les hommes ; mais
dVne gloire que ie poiTede la haut
par dcuers toy mefme ^ conue-
nablc a la iftaMificence de ton
lefus Chrijl felon 5. lean. 7/3 Clia. 17.
habitation : Non d vne gloife qui
ne reluife qu a trauers les ombres
& les obfcurciflfemens que luy
donne rinfirmite de la chair que
i'ay prifc en raccompUfFement
des temps ; mais dVne gloire
vrayment diuinc, qui eclatte tou-
te pure & toutc rayonnantc , &
telle qu eft la gloire que i'ay eue
pardeuers toy des auant que le .
Monde fuft cree. Tu fcjais Pere^ la raymani^
diftindion qui eft entreks horn- ^uxhommTs
mes du monde , puis que c eft toy ^^^^l!^
donne
quirasfaite, & quelle difference ^« ff^ondei
• 1 ' x^ r y ils tjieyent
ily aentreccsmi€nsDucipIes,& nens 6^ n
le reftc dont ils ont efte fepares
Bien que ie me fuis prefente aux
autres pour leur annonccr tes
vertus y 6c pour Icur faire con-
noiftre ta gloire , ie nc t'en parle
point maintenantpourtant^parce
qu ils m'on: rejette , &C qu'en me
rejettant ils ont mefprife & ton
Aaa 5
Nom , & Icur falut ; dc forte qu$
n ayant point dc communion
auecmoy:, ilsnontriendccom-
mun auec toy non plus , ce qui
m'empefche d'cu faire a cette
heure mention en ta prefence.
Mais quant aux autres, que par
ton eflettion tu as fepares du
xnonde , & que tu m'as donnes en
. fuitc par I'efficace de ta vocation,
ie te diray^Perc, & c*efl: cliofe qui
tc (era fouuerainement agreabie,
que ie leur ay manifefte tonN om^
& que par mes paroles & mes
a6tion-s,ie leur aymisdeuant les
yeux la fplendeur de toutes tes
vertusacontemplcr, dansvnelu-
miere merueilleufe. Tous les
hommes font a toy par Ie droit de
leur creation , & ils fc font alienes
dc toy par leur reuolte. Maistu
auois fait ceux-cy tiens dVne
fa^on particuliere, par Ie chois
Icfus Chrtfi felon S. lean, -fff Cha. 17^
queta en as fait en tonctcrnelle
eleition , & en les tirant par la
vertu de ton Efpnt , tu Ics as
amenes a moy , & me les as don-
nes,afin que ic les inftraififFe &
que ie les confirmafle de plus en
plus en ta eonnoifTance , par mes
enfeignemeos continuck^ & par
mes exhortations. Enquoyilsont
fi bien profite , qu ils ont garde ta
parole , laquelle ie leur ay aianon- , ,,
cee, & qu ils font demeures per-
feuerans en ma communion.
Quels done qu ils ayent efte au-
trefois, & quoy que dans les com- J . ^- ^
mencemens ils ayenr peu auoir HsontccnnH
quelque doute, & quclque licfita- IT qu! tu
tion fur cc queie leurs cnfeignois "^'fjToy!'
de ma perfonne & de ma voca-
tion de ta part , tant y a que main-
tenant ils ont connu & croyent
tres-fermement que \z^ diofes
que ie leurs difois que tu m'auois
Aaa 4
Cha. 17^ 75^ _ ^araphrafefur I'Euangile de
commifesppurlesleurannoncer^
font vcritablement de toy3& que
carieieur ie Hc Ics av Doint trompes. Enef-
ay donne Its n • 1 1 /I 1
paroles qm 1 ct , ic Icui ay donnc les paroles
'n/^T&ls ^^^ ^^ ^'^^ donnecs^, & ne leur
ont recenes, ^v ricii cnfeignc finoB Ics chofes
ment connu HUC I aUOlS apprilGS dc tOY\&^ lls
que iefuis if 1 .. j
(Hdetoy, ^ les ont receuesde mamaincom-
cmcjf4que j^g vehantes de la tienne; deforce
fH m as er^m '
«¥* que ie te puis affeurer qu'ils ont
veritablement connu que ie fuis
iflu de toy comme Ie Fi!s eftiffu
duPerc, &qu'ilsontcreu que tu
m*as enuoye au monde, pour y
faire les fon£tions de Clirift & de
t= 9' Mediateur. Ie te prie done pour
le prie pour v ^1 . ^ .
eux:& ne eux, Pere,a ce que tu Ics mainticn-
^illrieZln^ ^^s, & quc tu Ics conferues encet
de , mais ^{^^j. ^ q^g malntenant quil
pour ceux ^ ^ - \ i - rC
tefqudstu taut que le les lame pourvnpeu
m'as d«nnes: 1
Hffonttuns. de temps, tu ne permettes pas
qu aucune tentation efteigne ea
cux cette connoiflancei, oa ar«
lefm Chrifl felon 5". lean. 757 Qh.z.vf,
rache les raciaes de leurfoi.Ie ne te
priepoinrpourle monde 3 parce
que Ic mondc n a point crcu en
moy, & qu il n'eft: ny conuenaBIe
de demander laperfeuerance en
lafoypour ceux qui ne Tontpas;
ny raifonnable d obtenir de toy
ehofe quelconque pour ceux qui
ont rejette ta connoi{rance,& que
tu tiens par confequent pouren-
ticrement fepares de toy. Mais ie
te prie pour ceux lefquels tum'as
donnes^ a ce que tu vueillescon- J
feruer la foy que tu as mile en \
leurs ames , & que i y ay etitre-
tenue & augmenteedepuisqu'ils
font en ma compagnie & en ma
communion. Et le fuis affeure
que ie Tobtiendray, parce qu'ils
font tienS:, & que tant s'en faut
qu en me les dormant 3 tu ay^s
perdu quel que partie de ton droit
fur cux, ou relafche quelque cho-
Cha. i^, 758 Paraphrafe fur tEuangile ic
fedetes affections enuers cux,,&
dcsfoins quetu auois de Icur (a-
lut, qu aa contraire , ils font de-
roeures tiens encore en plus fores
termes qu auparauanc, & queca
diIe£tion enuers eux s'eft redou-
^ j^, blee. De faic,mne perds point
:Ettoutce ceux que tame donnes, maistute
quteft mten I '
€fi iten,f^ les acquiers de nouueau , parce
tienefimiett qu tn uic Icsdonnant tu crecs la
f/'p'lr^eux- foyenleursccsurs, & que parce
moyen ie dcuicns Icur chef^, &
euxdeuiennent mes membres.Et
ie ne les pcrds point non plus,
quand ie les laiffepour quelque
temps en te les recommandant
&ren lesmcttant entre tes mains;
parce qu'eftant vne mefme chofe
auec toy,tant en vnited'effence^
qu'en vnion de voiontcje reticns
toufiours ce que ie te commets^&r
pofiede ceux que ie mets en ta
iauuegarde. Auifi toutcequieft
hfus Chri ft felon S. lean, y^p Cha.17
mien , eft cien , & tout ce qui eft
tien 5 eft mien , de fac^on cjue pof^
fedant tpus deux ceux-cy, que tu
m as donnes 2 par indiuis^ ie m'af-
feurc qu'ils teferont de tant plus
recommandes, qu*ils ne font pas
fculement a toy , mais aufli qu ils
ni'apparticnncnt. Et comme ie ;
t'ay glorifie en eux enleurmani-
feftant ton Nom, & en leur fai-
fant connoiftre tes vercus.iefuis
afleure quetu feras encore induit
alesconferuer par cette confide-
rationj qu en leur confcruation
gift Ie moyen dema gloire. Car
ce font eux que i'ay clioifispour
porter temo^gnage de ce que ie
fuisj& pourepandrc la connoif-
fance de ma verite par tout Ie
monde. lufqu a cetre Iieure ie
ne te les ay point recomandes de ^ .
la ra(^on que le rais^ parce que de^ rr m^tnte^
_ • 1. • riant ,
meurant auec eux lelesauois en /^spu
Us au
Cha. 17. 7(Jo Paraphrafe Jur tEuangilc 'ie
Z^^^Tfont ^^ coaduite , & les garantifTois
^« monde, movmefme cotretoiis lesaffauts
tof. Feu qui Icur ppuuoycnt ettre liures.
V^r*;^^^;^ ^ Ainfi nauoyenr-ils pas befoin
^jam. ceux ^^^ j^ faddrefTafTe rnes prieres
dt-^te que tii i I
tn'ssdonnSs. DOur c\x% aucc taHt (Ic foin & de
/^/m 1;;. vehemence. Mais roamtenant le
^l*f. ^«* jf^j.^ j:^Qj.5 j^ monde,& ceftdes
cette licurecomme fi ien y eftois
plus. Quandaeux ilsy demeuret,
& y demeurent expofes en cette
mienne occurrence^ & en cette
conjond:ion de mon depart, a di-
uerfes agitations 5 cependant que
pour moy ie m*en vais a toy,
& les laiifant, ce femble^defti-
tucs de conduite & de fup-
port,comme vn vaiffeau fansPi-
lote & fans gouuernail , entreles
vagues &r les tcmpeftes. Ceft
PoLirqaoy , Pere Saint, qui es la
fource de la faintcte, d*ou elle de-
code en toutlemondc^ ic mad*
lefus Chrift felon S. lean] jCi CKa/17^.
drefTe maintenant a toy pour
cux, &c te demande inftammenc
que tu pfennes foin de leur con-
feruation &de leurperfeuerance,
a cequ eftans gardes par toy dans
la connoifTance & dans la reuc-
rence de ton faint Nom, ils de-
meurcnt vid-orieux de toutes
tentations. le dis ceux que tu
m'asdonnes, Pcrefaint;car quant
aux autres, qui a caufc de leur in-
credulite, nenous appartiennent
point , ie ne tc les recommande
pas , pource qu'ils n'ont point de
part en nous, & que n ayant point
creu en moy , ils nc peuuent eftre
lefujet de mon iatcrcelTion en-
uers toy, ny de mcs prieres. Mais
quant a ceux que tu m as donnes,
ainfi quenme lesdonnant tules
asvnis a moy ,& les as vnis en-
treux J ie te requiers que tu les
conferues en ce bon cftat, telle^
Cba? 17. j62. n^araphrdpjur lEuagile de
meat que comme toy 6c moyl
Percj fommes vn , de forte qu*il
ne peut riea arriuer qui foit ca-
pable de nous defunir ^ ils de-
meuret pareillementvnentr'eux,
fans qu'ils puiflent rompre leur
vnidn, nyy faire aucunebreche.
f. II. Pendant le temps que i'ay fejour-
fioye auec Hc aucc cux au monde, i ay vie en
etix ie Us tonNom,&cottlmetumerauois
ton Norn: otdonuc , dc tcllc affcdtioil & de
iar garde ,. . , .1 r
ceuxqueiii telle prouideflcc en ieurconier-
&ZlTe}x uation , qu il n'en eft point airriu^
n^.fipen.fi- j^ faute. fay , di- je, garde ceuX-
nonle Jils de J ^ f ^ ZD
perduton.^- Quc tu m as donncs^ &c n'en ay
cwure fufl laille perdrG pas vn comme tu
accompiic. ^^ -^ ^^^,'1^ ip^^^ -^y j.^^g perfeue-
rans en ta prefcnce. Seulemenc
cft-il aduenu que ce miferable
Fils de perdition , cc malheureux
qui s'eft luy-mefmc deuoiie au
crime & a la condamnation, s'eft
retire de leur compagnie. Mais
Icjks Chriji felon S, lean. 7^5 Cha. Ijl
tu ne me Tauois pas donne com-
me tum'auois donne ceuxcy^&:
puis il falloit que rEfcriturc ^ qui
Tauoic ainfi predic, fuft accom-
plie. Tellement qu on n'eri peut
acGuferny tontfledion, nymon
loin, come fituauois manque de
fermete en ton Cofeil^ou moy de
preuoyance &: d'affiduite en ma
conduite. M'eftanc done ainfi Ettnlfnu.
fidclement acquitte de cc quetu Yt^j^^y
m'auois commis, ie laifie lemon- «^^^;>^«
de^&viensatoy ;mais auant que quUs ay^nt
e parcir, & eltant encore au compiueti\
monde, ila efte neceffaire^Peie, ^^^-^'f^''
que ie te diffe routes chofes en
faueur de ceux lefquels tu m'as
donnes, Scqueux mefmcslesen-
tendillent. Car ils ont bien iuf-
qu icy rcceu beaucoup de ioye &:
de contentement de ma prefen-
ce ; & fi ie demeurois toufiours
aucceux.cette ioye continucroit.
> — .... .. .... ",^ ...»_ ._. • ^ ■ I — ^ • ^-. . - - '■^
Cha.17. 764 PardphrafefurtEuangile d^
Maisparce que lors que ie m*eri
feray alle, Ie fujet de leur ioye leur
eftant olle , il fcroit a craindre
quelle ne feperdift^ouau moins
qu'elle ne fediminuaft bien fort
eneux, ie ce demande toutesces
chofes, Pere ^ eux rncfmes 1 oyans,
afin que cette mienne loye, que ie
leur donne parmespropos &par
ma prefence^, ne s'affoiblifTe point
en eux a Tauenir ; au contraire;
qu'elles'accroifTe^ &s accomplif-
fe^ quand ils fe fouuicndront des
prieres que ie t'ay faitespoureux^
demeures qu'ils feronc pleine-
ment perfuades que tu les auras
exaucees. Car t'eftant prefentees
de ma part^ quifuis leFilsde ta
diledion, & leur Mediateur, &
qui commence par cet eflfay , de
faire la fon£tion dlntercefleur
enuers toy pour eux^ ma priere &c
mon interccflidn ne peuuent
eftre
. lefus Chrijl felon S. lean, yg^ Cha. 17^
cftre rejectees. le leur ay donne f- *+•
ta parole Iclon 1 ordre que len donnit^p^.
auoiseutietoy.&ilslont reccue Zonde%l
comme de ta part . & n one pas ;:^,;::;j,
craint dVn faire vne declaration, ^f*''^"'*'"*'
^ .-* dt . tommt
& vne prdrcliion toute ouuerte- nupiem
Acette occafion, le monde, du- mond\l^ "*
quel lis ontcllc feparespar ta Pa-
role^ lesaeuenhaine.parcequ'ils
n*ont plus de commerce ny dc
communion auec luy. Car ils
ne font plus au monde , ny par
Tinterieur de leurs inclinations^
que ta parole a fandifiees,ny par
rexterieurdeleurprofcflion, par-
te qu'ils ont pris mes liurees, &
quMs fe font declares eftre pour
moy. Ec quant a moyienefuis
point du monde non plus , ny
pour cequi eft de loriginc dont
ie fuis iltu, ny pour ce qui eft de la
vocation a laquelle i*ay cfte ap-
pelle, ny pource qui eft de mes
Bbb
Cha,l7. 7^^ Pardphrafefurl'Euangilede
inclinations & de reconomie dc
ma vie, que i'ay toufiours coduite
dVnefai^otres-eloigneedes cou-
ftumcsdece monde&defonor-
1^' M- dinaircvanite.Neantmoins.Pcrc,
point que tH quano le dis quilsne font pouit
monde.mah ^c cc mondc, & qu ilsun ont point
^lldtTdi" ^^ communion auec luy, mon in-
^< tcntion nefi: pas de. demander
que tu lescntirespour les metcre
en vn lieu plus conuenable &c
mieux proportionne a leur con^
dicion & a leurs inclmations. ll
n'eft pas encore temps qu ils en
fortent , par ce que ie les ay defti-
nes a feruira Tauancement de ta
gloirc,&: a epandre par tout la
connoiffancedemonNom. lete
demandc feulement qu'ayant a
conuerfer danslemondc,expofes ^
a tant de tentations , &a tantdc
perfecutions, qui leur ferontfuf-
: citees de la part du Malin, tu les
I
'hfus Chrifi felon S. lean. j6y Cha.lj?
gardes en telle forte qu ils nc fuc-
combent point aux aflauts dcs
cnnemis de leur falut / & qu'ils nc
commettent point de mal ; &
que quant a celuy qu lis auront a
fouffrir^ ils y expcrimentent tout
jours ton afliftancc fauorable.lls iisn]%f
font maintenant bien difpofes, f''''^. ^"^
Perefaint,a renfter courageufe- f^e aufi le
{I *^ ne fnisfoint
ement aux corruptions de ce pre- uh nande.
fent ficclc \ car commc ie lay
defia dit , & ie Ie repetcray encore^
& Icur rendray ce temoignage en
leurprcfence, ils ne font point du
mondc,comme ien'enfuis point
non| plus. Neantmoins , parce sanatfie'^
qu en cectc infirmite de la chair, ZT^'r!u^^
dans laquelle il rcfte toufiours '^'^'^^'
bcaucoup de corruption , & au
milieu de tant de tentations, auf-
quellcs rinfirmite &: la corru-
ption de la nature donne tant dc
prife^ily auroittou)oursdu peril
Bbb %
Clia.17. 7<^8 n^araphraje furl'Euangiledc
pour cux Ci cii nc Ics premuniflois
de la grace de perfeuerance& de
fandiiication , Ic te dcmande^
Pere, que tu Ics rendes inuinciblcs
en les fandifiant par ta Verite,
cell a dire par ra parole. Car ta
Parole eft la feule Verite, qui feu-
le contient les motifs de la vrayc
faintetCj qui feulc eft accompa-
gnee dc la vertu qui la produit,
Ik qui fcule en fin eft capable de
Ics rendre infurmontables a toutes
les attaques de leurs aduerfairef?.
cmIV« Et tufcais, Pere, quel befoin ils
ma*enyye qj^j ^^ ^q ^[^^ feCOUrS daDS IcS
aumonde.te /-. « • n 1 •
les ay aujft tonctions du miniltere auquel le
mondc/ les ay deltjncs. Car ainii que tu
m*as enuoye au nionde,comme
dansvnpays ennemij expofea la
contradiction despecheurs,&ala
hainequ'ils portent a la Verite dc
ton Euangilc , ie les enuoye au
monde parcillement parmi les
lefus CPjrifl felon S. lean. j6<^ Cha.ij.
mefmescnnemis, pour annonccr
ceccc mefme veritecn'qualite de
mes AmbaflTadeurs, comme Tay
cu celle du cien j de forte que Icur
condition doit eftre fujettc a
iTiefmcsperils,& a mefme contra- . ^^ ,
diction que la mienne. Il y a cet- ^^t^^'*^ '«^
tc dmerlite entre ma Comilsion fiemoymef^
& la leur, que ie fuis venu pour P/^J'lV-
cftre leur Sauueur, & eux doiuent f^fou^^m-
eftre fauues par moy, & que la rUL '
fandification de laquelle ie mc
fandifie pour eux , eft aucune-
mcnt difFcrentc de celle laquelle
ie te demande que tu leur donncs.
Car ce que ie me fandifie pour
eux, c'eft que ie me confacre & mc
dcuoue aux fouflFrances que tu
m ordonaes pour leur falut^ com-
me vne vidtime deftmee au Sacri-
fijze, auec vne entiere foumiflion
a ta volonte. Et cc que ie te de-
mande que tu les fanftifies, c'eft
Bbbs
Cha. 17. 770 Paraphraje fur tEuangite ie
que ic tc pric , Perc , que tu les rc^^
generes de plus en plus, & que no,
les rendesperfeueras&vidorieux
en toutes fortes de combats, par
la force de ta Verite. Et ie nVaf-
feure quetu auras egard^pouren-
teriner la requefte que ie te fais en,
leur faueur, a ce que c'eft pour
cux que ie me confacre ainfi, &
que foitqueturegardesames af-
fe£tionS:,foit quetu confideicsle
butde mon oblation, tout cela
ne tend qu a produire en eux la
fainteteque icterequiersdevou*
loir former en Icurs confciences,
orneptLieOr ay-jc blcn certcs, Pere, de
^''Zi'"*^' grandes & fortes inclmations
fnent pour O
eux . Wilis poMt ccux Qui font icv prefcns
Aufsi pour *, ^ - r ■
ceux quL deuant toy ; & la conueriatioa
croyem en r '\'
PTJcyparUur lamuiere que nous auons eue ^
parois. cnfemble j iointe auec la defti-
nation que iay faite de leurs
perfonn^s pour PApoftolat, my
lefus Chrijl felon 5. lean. 771 Cha. 7-
conuie particulieremcnt. Ne-
antmoins , la principalc confi-
derationqui attache mesaffcitios
a eux , c'eft qu ils eftoyent tiens^ &
quctu meles asdonnes, & quils
out receu ta parole. Tellemenc
qu'y ea ayant encore beaucoup
d'autres qui font aufsi tiens
comme eux , & que tu as re-
folu de me donncr chacun en fon
temps, comme il ne faut pas que
mes affedions febornenta]ccux-
cy feulement, audi ne faut-il pas
que mes prieres s'arreftent fur :
eux, ny que ce foit a produirc
leur falut que Tefficace dc cette
mienne interceflion fe terminc.
le ne tc pric done pas feulement
pour eux, ictepric pareillemenc
pour tous ccux qui a Tauenir fe-
rontpar lavcrtudetonEfprit, &
en confequence de ton etprnelle
<le£lion, amencs a croire en moy
Bbb 4
Cha.iy* y?!' ^araphrafejkr tEuangiledc
Afin que P^^ ^^^^ parole. Afin qu'il iVy ait
tons ioient p^g feulcmcnt vne etroitte & in-
vn.atKfitjue .111
mperees uiolabic vnioii entre ceux-cy,
woy"in\^. ^irifi que ie te le demandois ran-
^fin qu'eux j^a maisaufli entrcux &rous les
vn ennoHs: clcus qui cfoironc cti moy dans
tncndecr6ye tOUS IcS fieclcS. Dc forte qUC €01X1-
qnetu m as t\ ' o
fnmjS, nie toy , Pere , es en moy, & moy
en toy par la communion d'vne
mefme cflence , & par lynion in-
difloluble dc nos voldntes , &
qu'ainfi nous n'auons ricn de fe-
pareentrenous,ricn qui nenous
foit rcciproqucmenc tres con-
joint, & tres-intime ; non feulc-
mcnt ils imitent entr'eux cettc
vnion de toy & de moy par la
perfeuerance en mefme foy , &
par la communion inuiolable
dVnc mefme charitc, mais encore
qu'ils foyent vn en nous,autant
que la difference de leur nature &
d^ lanoftrc Ic peut pcrmettrc.
lefus Chr'ijl felon 5. lean. 773 Cha, 17,
Car commc tu es vn auec moy
par la communication que tu
ni'as donnee de ton cflTencc, &c
par la liaifon indiilblublc dc tcs
paternelles affections ^& commc
ie mc fuisfait vn auec eux par la
participation dVnemefme natu-
re, & par la communication du
falut que tu m'ayois donne en dc-
poft pour eux J il eft tres-conue-
nablc, Pere, queTvnion que cela
produit entr'eux, retourne vers
nous , & qu'eftans fairs vn auec
inoyparlafoydontilsm'embraC-
fent, & par la di!e6tion de leur
charite , lis deuiennent encore vn
auec toy par monentremife.Afin
que le mode voyantqu lis s'entre-
ticndront fi indiffolublcmenc
vnisamoy^commeiele fuis a toy,
Pere, dVne liaifon abfolument 64:
eternellement infeparable,il foic
qblige a reconnoiftre 3 si\ ne fc
Cha.iy. 774 Paraphrafe fur tEuangile de
creve volontairement les yeux,
que c'ell toy qui m'as enuoye
pour eftre le Sauueur du mondc.
Car il ny a rien de plus raifon-
nable,ny de plus nature!, que do
remoiiterde lacofideration dVn
^, jj^ fi bel effe£t , a la connoiflance dc
jeieuray^ fa caufc. Et ce Quc le demandc,
ate/St donne A ■'
Ugioireu> Pere, par mon intercemon, que
quelle tH \ ^ * ^ . ^
mas dm tu Ics gardes ennoltrevnionpar
^^u'L^'tunt ^^ perfeuerance en la foy& enia
^» com^e faintetCj eft pour amener a fon
-mei vn. accompliHement loeuure de leur
falut que tu m'as donne a fairc.
Car ie leur ay promis la commu-
nication de la gloire que tu m'as
donneCj &: me luis engage de pa-
role de les en rendre participans,
&tuvoiscommeie fuisparfaite-
men t difpof e a la leur acquerir das
fort peu dc temps par mes fouf-
frances. le te demande done,
Pere^quetulesconferucsen eftat
I efus Chrijl felon S. lean, 'yyf Ch^Ayl
de ioui'rdecc que ic Icur ay don-
ncj&que ma promefTe foit ae-
compile 3 afin qu ds foyenc vn,
non feulemenc dans la commu-
nion dVne mcfme foy, mais en-
core dans la participation dVnc
mcfme felicicc:, comme toy ^
moy fommes vn ,non pas feule-
ment dVnite d'e(rence5& d Vnion
de volonte , mais auffi dans la ^
communion dVne mefme gloire.. le/uis'm
le ie repeteray encore, non pas en moy, afin
afin que tu m'entcndes mieux, ^''''^' ■^'''''^
Perc" cartufcaistoutesmcs pen- ^» •^«, 6*
lees & mes volontes, mais arm ^e connoife
• > / ^ ^ que tu tnas
que ceux - cy qui m ecoutent l^^.^s . ^
voyent & ce quils doiuent ap- l"'J^^'J.^j;
prendre du deuoir auquei ils font ^«^ /« mm
obliges , & ce qu'ils doiuent el-
perer de TeflScace de mes priercs
enucrs toy, puis que deformais
leurs interefts &r les miens font in-
feparablcment mefles cnfcmble.
Cha. 17. 776 Paraphrafe fur lEuangtlc it
le fms en eux par Tinflacnce de ma
grace, & parle fcntimencde ma
charite, & tu es en moy par la
communication d'vn mefmc
cftrc:, & par la dilcdion inenar-
rabledcta bonne volonte. Amfi
ils font vn auec moy dVne vnion
immediate3& ilsfont vn aucc toy
parlinteruentio dc mon moyen.
Deceladonc riaftru£tion quails
onta tircreft quails doiuent cftVc
fi parfaitement vnis enfcmble,
qu'ils foyent comme fondus en
vn : Et.ce qu'ils ont aefpercreft^,
que le monde ayanc en cela vn
argument indubitable que c'eft
toy qui m'as enuoye, puis que tu
as mes interefts a cceur , tu ac-
compliras cneuy tout ce que ietc
demande. En cffe£t, Pcre, tu
m'aimes,& par ce que tu m aimes,
nonfeulemeat tu parferas encux
cc que ic defire de toy , d'autanc
lefus Chrifl felon S Iem\ 777 Cha.ty,
qu'ils doiucnc feruira ma gloirei
mais rules aimeras aufsi, comme
tu as fait iufqua maintenant3
d'autanc que tu finals qu'ilsfont a
moy , & que i'ay pour cux des af-
fcarionstres-cordiales. Etcefont ^I'devL
ces affe6lioslaqui me portent ate ^«'^'«*^«*
aire, l^ere, que le dclire louuerai- nezAyhie
hi n 1 {Hts, {Is foief
antceuxlcfquelstu au/si Le^
m*as donnas, que la ou ic m'en p:,/^^«.
vaiseftre bien-toft, dans ce lieu/^'^'^^r' ,
di )e,del habitatiDndetaMajefte, queiie tn ^
dont ma penfee, & la certitude de 7J\um'Z
mon efperancc anticipe tellemet l^t^ZZ
laiouiflance , que ie puis dire ^^^*»^-
que iy fuisdefia, ils foyent aufsi
auecmoy, felon les promeffes
que ie leur en ay faites il n y a que
fort peu dc temps. Afin quils
contemplentcettegloirelaquellc
tu m'as aufsi promife, & qqe tu
me prepares la haut, felon que tU
m as aime deuant la fondation du
Cha'X7. 77^ TarafhraJe]furtEHangilede
mode \ & que de cette contempla-
" tion qu ils feront de ma gloire^
ilstiretit premieremj^tcetce ioyc^
de voir ccluy en qui ils auront
creu, & lequclils ontaime, cou-
ronne degloire &d'honncur;&
puis apres cet auantage d'eftre
transformes en lamcfme imagej
en vertu de lacomunion laquel-
t- V. leilsont auecmoy. Etbienquc
/* monde Qt quc le te demandepour eux
'VonnHmll foit cn leut cgatd vn effct de ta
ie t'ay con- p^J.g mifedcorde, & qu a les con-
eicutconnu fiderei* CH cux-mefmcs , & dans la
^ue tu mas . 11 1
r»«^;'^. corruption de Icur nature, ils ne
font nullementdignes d'vne telle
& fi glorieufe remuneration : Si
eft-ccquefituregardes a la pro-
meflfc que ie leur en ay faite en
ton Norn, & fi tu les compares
aueclesautres^qui ont rejetteton
Euangile, c'eft en quelque forte
vn effcd dc ta iuftice quils en
Icfus ChriH felon S. lean. 775 Clia.iyi
voyent raccompliflement. Car,
Pere iufte , le mondc nc t'a point
connn , & rcfiftc toufiouts opi-
niaftremcnt a ta verite , laquellc
eft Ivnique moyen d'auoir ta fa-
lutaire connoiflance. Mais moy,
qui te recommande ces miensDiC-
ciples fi affedueufcment, ic t*ay
connu 5 cVft pourquoy tu ne
manqueras pas d*executer en eux^
en ma confidcration^ce que ie leur
ay fait efperer ; & eux ils ont auf-
fi & connu & creu que c'eft toy
qui m*as enuoye , ceftpourquay
tuneles traitteras pas come ceux
quiontrejettemoy&monEuan> ^^, ^^^
eile. Et comme i'ay commence f^'>^'«''^/
a leur declarer la merueilledetes nddre ton.
vertus , dont ils ont efte rauis . ie lTa;t!:T
continueray encore a Tauenir de ''''fi\f^4r*'
s y inltruire de plus en plus, '^"^"'^ f**
tant de viue voix , apres que tu ///> #« eux\
m auras dcliuredelafouffrancca tj"'^ '"
Cha.i7' 7S0 n^^araphrafeJurtEudngilede
laquclleie m*expo(e poureux pat
ton commandement, que par la
communication de mon Efprit
&dutien, duquel, quand ie feray
allc a toy J ie leur fcray fcntir la
vertu & Ics influences. A fin que
comme tu m'as aime , parce que
ie t*ay connu,& que fay accompli
tavolonte^ tulesaimes pareille-
mentquandtu lesverrasamdac-
crcus en la connoiiTance de tori
Norn, &c fi bien difpo^ a tc
rendrevne promte& volontairc
obei'flance. Etde plus, afin que
comme tuescnmoy par lacom-r
municaticn de la plenitude deta
Deite, ie fois aufsi en eux par la
participation de mon Efprit, qui
les rcmpIifTe de toutes graces.
Ainfi feront - ils d'autant plus
dignes que tu executes ce que ic
tedemandc pour eux, quieft, que
tu Ics logcs auc'c moy dans ton
^ Paradi^^
iefis Chriji felon S. lean. 781 Cha.i&'
Paradis, pour y contempler ma
gloire.
CHAPITRE XVIII.
PRES que noftre Sei- -^/>^^/^«ff
euttait cetcc Oraiion z ceschofes.n
Dieufon Pcrc , &c c^iiZ.^sU
cut ainfi donne toutes les ureu- f^''^' '''''''^
. , I , ^ A *^ torrent de
ues imagmablcs du foin qu'il ^^^''■'^ > ^^
auoit dc ia confolarion & de la 'irriZ.
pciTcuerancc dcs flens, il quitta le /l^S";;^
le lieu oil il auoic fait cctce priere, ''^''''
&s*en allaauec fes Dilciples au
dela du torrent de Cedron, en vn
certain, endroit de la Bourgade
de Gethfemane^ ou il y auoit vn
iardin dans lequel il frequentoic
ordinairement. Il entra done
dans ce iardin , luy , & ^z^ Dil-
ciples auecluy, aimant mieux
Ccc ^
Cb^e i8. 781 Paraphrafe fur lEudngile de
eftre pris la^ que dans la maifon
ou il auoit foupe^, & mefmes que
danslamontagnedesoliuiers, ou
il auoit tenu la plufpart de ces
propos, &ou il auoit prie/afin
qu il paruft que c'eftoit volon-'*
taircment qu il s*abandonnoit a
fes ennemis,puisqu'il fe rendoic
de foy-mefme au lieu ou fa captu-
re eftoit plus certaine & plus ai-
Etiudasqui fee.Or Iudas,qui eftoit forty pour
jfauoitzuffi aller mettre en train 1 execution
ut'*s-cpL ^^ fa^ahifon^fcauoitbienlclieu
u fouuent ou lefus auoit accouftume de fc
ante fes Dif rctircr quand 11 cltoit dans ccs en- ,
*^'^^^' uirons pendant les Feftesfolen-^
nelles^ & lors qu'il y auoit grand
concours de peuple en lerulalem.
Car il s'y eftoit fouuent aflemble
auec fes dif ciples en de telles oc- 1
cafions, deforte que ludas eftant j
en ce temps la de leur troupe, il s y j
imd^sd^iic eftoit trouue auec eux.Iudas done
mes*
r
^'hfus Chrifl felon S. lean. 783 Clia, it,
nc doutanc nullement qu ilnc fc ^^^„, ^^-^
f aft retire la felon fa couftumc,& T'r,t'''"^y
ayant arrcfte fon complot auec ^^^ ^^^^^^
les luifs pour le lcurliurer,ilprit Lnlifet '^
labandede foldatsqui eftoitlors pLf^'^f .
en garde dans Ic Temple pour '^''''\ ^^
cmpefcher qu il ne fe fift quelque »^^ , & />-
trouble pendant la Fefte^ & fc '^''^'''''
fortifia encore de Sergcns four-
nis par Ics principaux Sacrifica-^
teurs&parlesPharifiens.Car en-
core qu il fceuft bien que lefus
n auoit que fes difciples autour de
foy, (i eft-ce que craignant que
laffedion quilsauoientpourluy
ne les fift mettre en quelque de-
fence J il fe voulut faire accompa-
gner de telle faqon, qu'ils neuf-
fent pas le courage de rienentre--
prendre. Ec quoy que la nui6t fuft
claire:>acaufequil eftoit enuiron
la pleine Lune, fi eft-ce qu'ilsy
allercnt ainfi auec lanternes $C
w c c 2*
Cha. 18, 784 Paraphrafcfur tEuangile dc
flambeaux, pour le chercherpar
tout , en cas qu'il fe vouluft letter
dans quelques cachettes, ou fe
preualoir de la commodite de
f. 4. quelques ombres. Commc done
ffa'^Lnttu cette grande coliorte de gens
''liift'^ eftoit prefte d'arriuer en ce iar-
uoientadue din^Icfus, QUI fcauolt tout ce qui
uan^^nt iuy cleuoit attmer , tant s en laut
cherchexS' <^ il 1^ retirait^ comme il auoit
"^'"^ • fait autrefois , & qu il fe feruift de
la faueur de la nuid , & dc Tauan-
tage du temps qu'il auoit pour s'e -
carter sll euft voulu, qu'il alia
volontaitement au deuant d'eux^
&Jesayant rencontres, il leurde-
manda hardiment; Qui cherches
vous ? afin qu ils reconnuffent
qu'ilneIesfayoitpas,& qu'iln'a-
^ ^. uoit pas peur de leur cntreprife.
^dinn'^^'^L ^^^ ^onc ayans refpondu,Nous
fusicNaza^ cherchons lefus le Nazarien ; le-
rien , lefus n . . . «,
^Htdit. Ci lus repartitmcontmentavncpa-
lefus Chrifi felon S. lean. 7S5 Cha. 18,^
role aflfeuree ; C eft moy. Ec ce fc- y^,;,.,-,. ^^
roitchofeeftrangede ce qu'ilsnc \^^^^'f^J,\^'
le connurent pas a Tabord, veu ^P^^ '»«'*^
qu'ils auoyent tant de clartes, &
qu il y en auoit tant d'entr'eux qui
I'auoyent veu aflfes fouuent, &
principalement que ludas, qui Ic
trahifToitjeftoit la au milieu d'cux j
finon que faprefenceles ebloui't,
que lefus les frappa de quelque
elpece d aueuglement. Mais lis Apusdom ^
fentirent bien encore vn autre ef- "^cef^litlu
fed de fa puiflfance. Car tout auf- {^f ''^^"''^'
r ^ a la rtnuer-
ii-toftquuleureutditjC eft moy, fe&cheurk
lapeur les faifit de telle faqon,&
mit vn fi etrange trouble dans
Icurs efprits,que commefifa pa-
role euft cfte quelque vent impc-
tueuXjOu quelque violent tour^
billon , dont ils n'euflent peu fou-
ftenir I'effort , ils s'en allerent tous
a la renuerfe, & tomberent de
frayeur a terre. Or eftoit-ce bien %elnh^f
Ccc ^
Cha. 18. 78<> Taraphrafejur bEuagile de
donciiiesin ^^^^ pour Icsfairc defiftcr dc \c\xiL
XZZ'^'*' attentat, fi refprit de Hiomme
vot4s?EPiis n'auoit au mal vne obftination
Nai^rkn. inumciDie. Mais ceux-cy mon-
ftrerent bien quels ils eftoyent ea
ccttc occafion. Car eftans vn pea
rcuenus de cette pamoifon, &
puis apres s'cllans releues de terre,
& lefus les ayant derechef inter-
roges ainfi, Qui cherches vous?,
au lieu de le reconnoiftre auec ref^
pe6t , & d'admirer fa puilTance qui
les auoit renuerfes,&defaire re-
flexion fur la confiance qu'ilauoit
en fon innocence, en ce quil ne
s'eftoit pas euade pendant qu'ils
eftoyent a bas, ils per fifterent a di-
re. Nous cherclions lefus le Na-
lefuiYe]]^on' zatien. Alors lefus ayant afles don-
Hit . fe vons /I • 1 : ^ f : ^
mdhi^tisce ne de preuaes qu'il pouuoit bien
^doc'v'oHsme s'echapper s'il cuft voulu, & que
cherchei, c'cftoit Volontairement quil fe
6iux-cC '^ lailToit prendre ^nonfeulcment il
Icfus Chri^ felon S. lean. -787 Cha» 18*
les laiflafaire^^mais il leur dit;Ie
vous ay defia repondu que c eft
moyjAinfi ne vousmcttespasen
peine de me chercherdauantage.
Nean tmoins, en fe remettant ainfi
entre leurs mains, il ne laifla pas
de monftrer auec raffe£lion qu il
auoit toufiourseuepourlesfiens,
vn trait de fon authorite & de fa
puiflance. Car il leur dit , com me
par commandement , en leur
monftrant fes difciples*} Si done
vous me cherches,&: fi vous aues
abfolument determine de me
prendre , ie n y refifte pas: faites de
moyce que vous voudres;maisne
touches pasa ceux-cy , & Ics laifles
aller libres. Ainfi cetteclaule de fa t. 9.
J- , , . 1 Afin que U
^ncicCyylenayperdt^pas vn de ccux paroie\ qui
que tu mas donnes ^ qu il auoit dite Te%fl\t
principalement touchant le loin 'T^^''- /■'
qu 11 auoiteuaeconleruer les dil- »«^^^ ctu>^
ciples en la communion lalutaire, donmx^
Ccc 4
Cha.iS. 788 Paraphrafe fur tEuangile de
nonobftant toures fortes detcnra-
tionSjfe trouuade plus verifiee&
accomplie en cette occafion, ou il
s'asifloit dc la conferiiatioa de
^' J^,'*' leur liberre & de leurvie. Orpi-
Tierre ayat rut biett a la veritc en cetce ren-
lira.&frap contrc 1 atTection que Simon Pier-
uJjulZ^^ portoit a lefus, mais aufii y
(ife, 6>itiy monftra-illafcrueur&laprecipi-
retiie droite: tation de lon elpnt a ne pas mena-
t€ur nZit gcr Ton zele.Ilfc^auoitbien delon-
rC ^''^' gue-main quelle eftoit la puifTan-
ce de lefus , s'il luy eufl: pleu d'en
vfer, & il en venoit encore de voir
des preuucs tres-indubirables. Il
ne deuoit rien entreprendre pour
la dcfenfe de fon Maiftre, finon
parfoncommandemcnr, puifque
ces genseftoyent venus par Tau-
thoritederordrepubIic:&il pou-
noit bien iuger que fi lefus ne fe
defendoit pas, ny luy ny tous fcs
condifciples n'eftoyent pas pour
I ejus Chrijl felon S. lean. 78^ Cha.lS.
Ictirer des mains dVne telle trou-
pe de Sergens &c de gendarmes.
Et au lieu que lefus employoit fon
foin & fon authorite pour le con-
feruer luy&fes compagnons^^luy
au contraire en viant des voycsde
faic J fe mettoit, & eux quand &
quand, en vn manifefte danger
d^eftre mis en pieces. Neantmoms
il ne laiflTa pas de mettre la main a
vne cfpee qu il portoit felon la
couftume des voyageurSj& Tayant
tiree du fourreau^, il en frappa Ic
feruiteur du fouuerain Sacnfica-
teur^qui efioit en la bande des Ser-
gens 3 & ducoup il luy emporta
Toreille droire. Or ce feruiteur la
auoit nom Malchus , ce qui fe doit
remarquer comme vne circon-
ftance particuliere d'vne hiftoire ^. ^^
fort notable. Mais cet accident^ lefusdonc
^ , ait a Pierre,
quoy que grand , n eut aucune Relets ton
mauuaiie luite. Car outre que le g^int .• ne
Clia. iS. 790 Paraphrajcjlir tEuangtlc de
veux-tup^sl^ Seigneur y remedia inconti-
queieboitie neiit . aiufi quVh autre EuanseH-
lecdltce que -' i O
mon pere^ ftc la rapportCj u improuua hau-
tement 1 action de ce lien dilciple,
comme faite fans fon comman-
dement , & die a Pierre : Remets
ton efpee en fbn fourreau^car ce
n'cftpasicyl*occafion de s'enfer-
uir. Qjioy ? ne boyroy-je point la
coupe que lePere m'adonnee? Nc
fubiroy-je point le fupplice auquel
il m'a defline ? As- tu iamais recon-
nu en moy quelque inclination a
zturb^n refifter a fa volonte ? Par ce moyen
i'- ^ /* i[ empefcha que ny la ban-
& ies Mi^ de de foldats^ny le Capitaine qui
nrfires des . I C ■ \ c J
L'ufsempoi ks couduiloit , Hy Ics Sergcns des
^rserentlefus t • T • 1 ' ^
&ieiierLt. luitsqui ics accompaguoycnt , nc
fiffent aucune violence: feulemeni:
ils prirent lefus, & le lierent , pour'
s'aileurer de fa perfonne , fans tou-
cher a ceux qui eftoyent auecluy.
iLtl emmts. L'ordrc dcs cliofcs voulolt C|U ils k!
lefus Chrifi felon S. lean. jOi Clia. iS.
menajQTent a celui qui eftoit le chef „,^^„; ^^^.
du Confeil public: & toutefois ils '^^^^^'^'^ .
1 ^ a Amie, qut
le menerenr premieremenra An^ eftohuheau,
ne, parce que Caiphe, qui eltoic ^he , ^m
le fouuerain Sacrificateur^&r par f/de^Zl'l
confequent le Prelldenc duCon- '^'^'^^'^ ^'^•
feil en cette anneela, eftoit fon
gendre, & qu outre cela Anne
eftoit homme de grandeaurhori-
tcjde forte qucCaiphc ne faifoit ^
nen que par ion aduis.OrceCai- Etc^^phe
pile eftoic le mefme qui auoit don- \'ui\uoi7
ne cec expedient aux luifs pour fe f,T\uT
defaire de lefus, qu ilfalloit quVn ^'f' ' ^^'^^
iiomme mouruit pour tout le peu- '^^^nt ^wv^^
pie. icliementquayantacompa' ^^.y? /^^^.^/^
roiftre deuant vn tel jucrc^ & qui ^'''^''
luy meftne auoit donnc le confeil
delemettreamort,auant qucd'a-
uoir pris aucune connoiflance de
facaufc,nyqu'il yeuftd'niforma-
tion faite contre luy, iieftaifcde
iugcr quel deuoit gftre reuenc-
Cha.iS. 75?L ^araphrafe fur I'Euangile de
nient de cctte afFaire, & dc quels
prejugesferoicprcuenu fon beau-
pere ^ auquel il communiquoit
f. If. tout. Or lefuseftantainfientreles
Or Simort' • 1 r* ' r \ r • \
rn,re,auec maius de ics eunemis, tes dilciples
l^dple%- s'ecartercnt qui^a qui la^excepte
mhiefuj Simon Pierre, & vn autre difciplc
^cedifcifle . 1 r • r
t$cit connii auec luy^quileluiuoyentpourlc^a-
^rr^r^yT' uoir ce qui en arriueroit. Ce qui
Z;iZilie procedoit alaventede raffedion
d-* Faniifs, que rvn&raiitreauoyent pour vn
fi bon Maiftre; maisneantmoins
le tout eftoit conduit par laPro-
nidence de Dieu, afin que ce que
lefus auoit predit touchant IVn
d'eux fuft execute. En effet les cho-
fes s'y acheminerent de la forte.Ie-
fus eftant forty de la maifond' An-
ne, & ayant eftc mene de la vers
celle de Gaiplie; Pierre, & celuy
dont Tay parlc ,rcjoignirent tous
deux ala malticudc^&rautre dif-
ciple cftant connu da (buuerain
lefus Chriji felon S. lean. 75)5 Cha. 18.
Sacrificateur, & de fes domefti-
ques,ileuc le credit de pouuoir
cntrer dans la cour auec lefus.
Mais Pierre, quin^auoit pas la mef^ f^ i€,
me faueur,fuc oblig^ de fe tenir .^tm
dehors a la porte dela mairon,en ^'-^'"j'f.^f
JL ■' tre atjctpU
attendant cequedeuiendroic Taf- ^onc^qmef
taire. Commedonc rautre dilci- ^« vomift.
ple,qui eftoitconnudufouuerain ^tS
Sacrificateur.vid que Pierre ne la- ^''''''''- ^
uoit pas liiiui , il fe douta bien ^^*'"'^*- •
qu on luy auoit refufe la porte.
Ceft pourquoy il fortit, &: s'cn
vint trouuer la feruante qui gar-
doit la porte, comme c eftoit la
couftume en plufieurs puifTantes
maifons alors , d'employer a cette
fondion desperfonnesdecefexe,
& ayant parle a elle en faueur de
fon compagnon,il obtint aife-
ment d*elle qu elle le fift aufTi en-
trer.Il eftoit malaife que la triftef- ^. 17;
fe que Pierre auoit au coeur, ne pa- tL'^Tu
Clia.iS. 794 n^araphrafc Jur tEuangitede
pone.dita ^uft ^^^ fon vifage: & de plus,Ii
pierreXes' pcur.qui decouurc quafi cous ceux
tu point auf ^ . ^ r r -r i
fidesdifcipies qui en lonr lailis ^ donnoit occa-
de cethom r* \ - \ r -i
me 1 iceiuy iioii a quiconquc le conlide-
%;^il^ ^oit ^ defoupconner Ci perfonne.
Voila pourquoy la Portiere ayant
rcmarquequelque chofe de foa
emotion a (a contenance, s'ima-
gina incontinent qu'il p5uuoit
cftre de la fuitte de lefus, Elle
done dita Pierre ;N*es- tu point
audi dcs difciplesde cethomme
la ? Et lors parut combien c eft
vne chofe fragile que rhomme.
Car ce perfonnage qui aupairauat
auoittanttemoigne d afFed:ion a
lefus J & promis tant de conftan-
ce^ n*eut pas pluftoft; oui' cette pa-
role, que craignant que cette fer-
uantc ne rallaft: decouurir s'il Ic
confefloit, & qu elle ne Ic mift en
peine, ilaima mieux le niertout
net, & repondrc ; Non ie neri
iefus Chrijl felon S. lean, y^y Glia. iS,
fuis point. Ec ce fut la premiere
des trois fois que Iefus luy auoit
predit qu il le deuoit renoncen
Or les feruiteurs de lamaifon, & f. n:
les Sergens qui auoyent cfte a la u^:;l7ffi-
prife de Iefus , fear quant aux f'.'/y^'''
loidats J lis le retirerent quand lis 'fl^y^^ ^f>
1j jT . -11 fo^yce qu'il
eurcnt vne rois mis en \\q\x ac f^ifoitfrdd,
feuret^; auoyent fait vn grand ^1/:;';^
feu decharbonsdanslacoui\& fe ^^^^/^^ ^A
tenoyent la debout alentour^pour &fi ^^^^'^P*
fc chauffer. Car il faifoit froid,
come c'cft I'ordinaire des nuits du
Printemps.Et Pierre fe tenoit aufli
la debout auec eux^ & fe chaufoit
pareillementjcn attendant ce qui
feroit ou fait ouordonne de fon
Maiftre. Cependant , le fou- f. x^.
uerain Sacnficateur interrog-uoit ^^'^'"^'^f^
r r J 111 11 O done tnter-
ielusdans ie dedans de la maifon/''.^^* ^'f^*'
& s'enqueroit de luy qui cftoyent cipus c^'^de
fes Difciples, &particulicrement ^' '''^''"''
lesplusfamiliers, & quelle eftpit
Cha.lS. 75)tf Paraphrafe Jur tEuangile de
fa dodrine , laquellc cftoit caufe
queleCofeilauoic dccrete centre
luy. Non qu il euft grand befoin
dinftrudion la deflus ; mais il ef-
peroic enlacer lefus, & luy faire
dire quelque chofe qu il luy tour-
u/L luy naft puis apres a crime. Ce que le-
f^^ondit {Ijsfcachant forcbien,il luy re-
t ay publt- i ^ J
quementp^r pondic en CCS termes. Tu m*inter-
le ait mon"* »■ -, \ r • i •
de.i'aytouf to^yit^ d vnc ciiole qui te doit
gne en u sy cltrc toute notoire.l ay parie rran-
n^^gogue & chemenc & en public a tout le
ch [es luifs monde,&ne me fuis point caclie^
s* ajfemblefit: ^ • r 1 n
tous,6^n'ay commc tont ceuxquitalclient a
""fZct^ '^ f^i^c des monopoles & des fa-
ctions. Fay toufiours enfcigne en
des lieux celebres & frequentes,
comme font les Synagogues &:le
Temple , la ou les luifs s'affem-
blent de tons coftes. le n'ay rien
dit en cachette, qui puiife eftre
vour^noy fufpcdt a qui que ce foit. Pour-.
tn^xntenoge^ quov dottc cft-ce^^ou cn vne telle
noto-
Icfus Chrifl felon S. lean. 797 Cha. 18^
notoriecedc tout ce que Tay fait, ^,,,«^ ^^^
& de tout ce que ray dit^ tu m'in- '""^ ""f^y '^
^ I J •' que te leur
terroguesa cctteheure comme fi ^^dh.-vou^
acholeteltoicuiconnue? Qoe 11 ce ^uc I'v
tu as bcfoin dVne plus grande in- *^*
ftrudioa la defTus^tu ne peux
maaquerdetemoinsdausvne af-
faire telle que la mienne. Appclie
ccux qui nVoiit oiiyj & les interro-
guc touchant les chofes que ie "
leur ay dices. Ilsfc^auent fort bien
ce qui en eft j & au refte ie ne les ay
ny gaignes^ny preuenus,pour te
dcgaifer la vericej & tu as aiTes
d'auchorire fureux pour la tirer de
leur bouche.Commc lefusparloit ^^^^j n
ainfi^ il y eut vn dcs Sergens qui ^''^ ^'^ '"
affiftoyent la felon la couftume des pfficiers
de la iuftke,qui croyantqu il ne }Zfhl!iZ
portoit pas aifes de refped a celuy ^l^^f^-lf^^
qui tenoit la comme fouuerain «^>»^-^«
Sacrmcateur,Ia place de premier ufe.
Magiftrat parmy Ie peuple,donna
Ddd
Cha. 18. 798 Paraphrafc fur tEuangile ^
vn foufflet a lefus en luy deman-
dant, Eft- ce ainfi que tu rcfpons
au fouuerain Sacrificateur ? Car
la dignite de cette charge eft oit en
grande rccommandation entre
les iuifs 3 & Dieu mefmc auoic
ordonne qu on Teuft en vne fin-
lf- »?. guliere reuerencc. Neantmoins,
lefus luyref^ j . . ^ •»/!.•
pondit , St quand ilyeult eu^ce qui neltoic
]t!nndZ P'^s, quelque chofe a rediredans
woignage \^ rcponfc dc lefus . ce n'eftoit pas
du mat : & ^ I ^ ^ . r
/ i'ay bien a vn SergcHt a le corriger de la
q'Lyme%p fa^on , &c le fouuerain Sacrifi-
^ cateur deuoit reprimer cette in-
folence. Car ceux qui font entre
les mains de la luftice, font aufli
en fa protedion , & les luges ne
doiuent pas fouffrir qu'on leur
faflfe aucun outrage. Mais le
fouuerain Pontife conniuant a
cette adion Jefus fut oblige d*en-
treprendre luy-mefme fa propre
dcfcnfe. Il refpondit done a ce
I ejus Chrifl felon S. /ean. 799 Cha.iS*
Sergcnt. Siiaydirquclquecho-
fe malapropos, & qui ofFenfc la
dignice du Souuerain Sacrifica-
teur^dihardimeccn quoy fay fail-
li: ie fuis icy pour ca raire la repa-
ration , comme il fera luge iufte
& raifonnable. Mais'fi i ay bicn
parle , de forte qu on nc me puif-
fecoauaincre dauoir manque cii
rien , pourquoy entreprens~tu de
me frapper , &c qui t'a donne Tau-
torite de le faire ? Mais ny pour
cela le fouuerainSacrificateur ne
s'en fouciadu tout point 3 de forte
que cette infolente temerite,com-
mife a la face de la lufticc , de-
meura fans autre reprelienfion,
tant s en faut qu elle fuft punico f, t^„
Heft icy a remarquer que quand u/,,,^Z
Anne renuoya lefus a Caiphe, «^^*' ^'^ *
qui eftoit lors fouuerain Sacrifi- c/?^^; A/|^'
cateur :, illc renuoya tout lie : ce
qui eftoit a ccux qui le voyoyenc
Pddi
Gha. iS» 800 ParaphraJejurtEuangilede
zinCi, vn fort mauuais prcjug6
pour riflTuc de fon affaire. Car
quand les foldats Tauoyent em-
meiie lie, on pouuoic dire que
c'cftoic pour safleurer de luy,
d'aucanc que s'eftant echappe tanc
de fois a Wicure qu'on le penfoic
tenir, ijs auoycnc peur qu'il n en
fiit encore de mefme, &c que les
Magiilrats ne ies accufaflenc de
n'auoir pas faic leurdeuoir. Mais
aprcs qu il eut comparu deuanc
Anne^ le ccnir touliouis garrotte,
c'eiloic vn cemoignage que les
luges auoycnteiiuiedes'en defai-
re. De forte que cela donnoit dc la
Et st^non trcmGur a ceux qui I'aimoycnt.Si-
p^mv^;^:^ men Pierre done eftant la de-
cUpijjou • |3()m. dans la cour ou il auoit paf-
dmnt. N'es fe , & fc cliaufaut auec les ferui-
ds les d^j. reurs dc la mailon , comme le 1 ay
''^* ''* reprefente cy-defTus, cet eftat de
ion Maiftre Tauoit effraye. Telle-
lefus Chriji felon S\ lean, 8oi Cha.i8.
nienc que ceux qui eftoyent la
prefens , foupcjonnans quelque
chofede luy^aufli bien qu'auoic
fait ia Portiere auparauant, & luy
ayantdemandejN'es tu pas auffi
de fes difciples? la prefence du pe-
ril cut vne telle puifl'ance fur Ton
efprit, qu il le nia encore tout a
plat J & dit , Non ; ie n'en fuis
point. Cc qui fut pour la feconde
fois. Mais a peine eut'il refpondu Efvndfsfer
a ces p;ens-la. qu vn des affiftans ^^''^rsdn
1 engagea dans la troilieme abm- rent k aiuy
r^ '\ r 1 ^ \ a qui Pierre
ration. Car il le trouua la vn des audt ccutk
feruiteursdu fouuerain Sacrifica- ['^'["^i^J-
teutj qui eitoit parent de celuy a ^"^-^'^ ^^'-
qui Pierre auoit coupe 1 oreille, &
qui auoit efte prefent a cette
aftion. Celuy-la done ayant veu
Pierre Tefpee a la main a la lucur
des flambeaux, ne lauoitpas af-
fes bien enuifage pour le recon-
noillre certaincmcnt, & neant-
Ddds
Clia. l8. 8oL ^araphrajejur tEuangile dc
moins auoit rctcnu quclque idee
dc {a perfonnc dans fa fancaific.
Qaand doncaduerti& excite pai^
rintcrrogationdesautrcs,il vine a
Ic confiderer^il fe rememora ea
quelque fa^on qu'il Tauoit yeu la^
& luy dit: Maisnetay jepasveui
^ ^^ au jardin auec cet homme? Cc
jLors Pierre quc Picrrc avant otiv, il fe creut
€hcf: ^in- tint cn bcaucoup plus grand
continent li ^ • . *■ ^ ,
<^r>^ 'chanpa. danger que lamais, parcc quau
lieu que Ics autres nauoyent que
de fimples foupcjons centre luy,
celuy- la parloit de lauoir veu, &
au refte auoit fujet d eftre particu-
liere»ient palTionne , a caufe de ce
qui cftoit arriue a fon parent.Tel-
lement que Pierre, qui fqauoit
bien qui eftoit celuy qui aupit.
fait le coup,ncdouta point que
s'il eftoit reconnu a cette fois , il
ne fuft perdu ^ & qu on ne luy fift
fon procesfur crime de rebellion.
lefus Chrifi felon S. lean, 803 Cha. 18.
quand il ny en auroic point cu
d'autrecaule.C'eftpourquoy il le
nia derechef : & tout auifi-toft
qu'il Tcut nie, on ouit de tous co-
ftes Ic chant du coq,qui aduertic
Simon Pierre de fon peche , com-
me il aduertifloit tous les autres ,8
de la venue de la lumierc. Apres ./^'^ ^/"^^^
que cela Icrut amii pane, quelque \efusde cay
pcu de temps s eitant ecoule, on toire:^ejh,t
mena lefus de la maifon de Cai- ^^^.,7^;
phe au lieu qu'on appelloitence p^^^^^^^'^-
temps h le Pretoire,qui eltoit le quiUnefuf'
Palais ou demcuroit le Gouuer- 'J^liiJfin^
neur enuoy6 de la part des Ro- 1^^%
mains,& dans les depen dances du- ^^/^^^ ^^^''^
quel il auoit accouftume de tenir
fa iurifdidion , & de rendre iufti-
ce. Etceux qui le firent^auoyent
la condamnation de lefus fi fort a
ccEur J qu ils n'attendirent pas
1 heure ordmaire a laquelle on
auoit accouftume de iuger les crt-
Ddd 4
/Cha.lS, 804 n^araphrafe fur I'Euangtle de
minelsj mais y allerent de bon
matin , depeur qu'il n^arriuaft
quelque changcment a la venue
de la Fefte. Or eftoit-ce vneafles
ancienne fupcrftition entre Ics
luifs, de n'entrer point dans les
maifons des Gentils lors qu'ils
eftoyent dans la celebration de
quelque facree folcnnite ^ oii
qu'ils fe preparoyen t a la faire,efti-
itiant que ce commerce particu-
lier &familierauec leseltrangers,
les contaminoit.SeulernenCjfi la
neceflitc le requeroic , its leur par-
loyentcommepar rencontre, ou
trouuoyent moyen de les fairc
forth* de leur demeure^ pour leur
parler en public. Ceux done qui
ne faifoyent point defcrupulede
pourfuiureauectantd ardeurlef-
fufion du fang innocent ;, firent
confcience d entrer dans le Pre-
toire y de peur dc fe polluer , & fe
lefus Chrijl felon 5. lean. Soy Gba. 18.
voulurcnt preferuer de la conta-
gion de la maifon d vn Gentil,
pour pouuoir manger TAgneau
dePafque. Pilate, Gouuerneur de f- »9.
Ji- I / I TiUte done
aludeepour lors,n'ignorant pas forth -vers
lesfac^onsdefairede cette nation, Zueit'^ac-
codefcenditaleiirhumeur,&for- ^^^Jon^^p-
tit hois du lieu oil il faifoitfade- co^itre cet
meure, pour parJer a eux au lieu
ou fon tribunal eftoit dreffe, & les
ayant rencontres, & appris d eux
le fu|ec de ieur venue, il leurdit:
Ce n'eft pas afles de venir deman-
derlacondamnation d Vn crimi-
nel; il fliut premierement mon-
ftrerqu'il raicmeritee Quelle ac-
cuGtion done apportes - vous
done contre cet homme icy? ^
Qu/aril fair pourquoy vous leli-
uriesala luftice? Alors en partie //.tvC-^.
aueuglesdelcurpaflion, en partie f- ^'*'^ '^^^ec,
D I 'I Stceiiuycy
fondesfur.cequelesRomainsIeur n^i-fionmal
auoyent laifle quelque lurildi-
nt le itu
Gha.lS. 8o($ 'Pam^hrafe furl'Euangikdt
font pas u.^^^^ dans leur Confeil, pour
^''^'» prendre la"^ premiere connoiflfane
de la nature des crimes^ & pour
les punir de diuerfes peines iuf-
ques a la more exclufiuement -, an
lieuderaccureriudiciairement,&
de produire contre luy des te-
nioins felon les formes de la lulli-
ce, comme (i c*euft efte affes qu ils
TeufTent eftime criminel, ils ref-
pondirent a Pilate. Nous n auons
pas accouftume de pourfuiurc la
condamnation des innocens, & ft
celuy-cy n'eftoit mal-faiteur,
. ^ nous ne le mettrions pas entre tes
Adoc?iUte mains pour en faire laiuftice. Pi-
le voHs & latercconnutbienlmiquitedcce
Vafhe'^^ioy'- procedc ; & neantmoins ne vou-
iui^s'iJ"di ^^^'^^ P^^ ^y r^^'^^cl'^^^' lefus, de peur
ntn , ii ne de les mecontettter, ny le punir
tiouseji point « r- y'% >
ioifibie de luy-melme , parce quil nen
'Zn^mo!^ voyoit pas la caufe , & qull ny
auoic point de jugement legiti-
leftis Cimft felon S. lean. 807 Cha^ i%l
incmcnt prononce, il trouua cc
temperament:, de leleur remettrc
cntre les mains, afin qu'ils en fif-
fcnt ce qulls voudroyent y f^a-
chant bien que de quelque fa^on
qu'il fuft traitte par eux :, touf-
iours auroit-il la vie fauue. Parce
qu'encore qu on leur cuft laifTe
la puilTance d'infligcr diuer-
fes peines corporelles , les Re-
mains s'cftoyent referue Tautori-
te de punir de mort. Il leur dit
done: Prenes le,vous,&le iuges
iilon voftre Loy^, & felon la puif-
fance que les Romains & TEmpe-
reur vous en one laiflee. Mais des
gens quiauoyent refolu la more
de lefus, ne fe peurent contenter
de cette reponfe. Les luifs luy re-
partirent done : Tu f(jais bien que
cette puiflance que les Romains
& TEmpereur nous ont laiflee , ne
s'eftend pas iufques a mcttre au-
rtr^
Gha. 18. 8p8 PAraphrafc fur lEuangile dc
can a mort. Or ccluy <y eft digne
dc ccttc punition, & tout autre
fupplicefera bien loin au deflbus
f' 5^. de ion crime. Ctftoit , comme it
^ueuparo. paroilt , leur cruaute &: leur pal-
%ft\Jom! fion qui les faifoic parlcr ainfi:
piieja^ueiu mais ncantmoins tout cela eftoit
// UHott dtte, 1 • 1 I rr
fignifiant de conduit par vnc admu*able erhca-
iUeloiTmm cc dc la Prouidencc- Car lefus
auoit dcs long-temps auparauant
fignifie dc quelle mort il deuoit
mourir, lors qu'il auoit dit quil
deuoit eftre eleue. Si done les luifs
TeufTent iuge felon la puifTancG
quMls auoyent alors^, ils nc Teuf-
fent pas execute a mort: & quandi
ils euflent paflTe les bornes de leur
pouuoir , & qu'ils reuffent fait
mourir^ toufiours ne Teuflent-ils
pas crucifie^parce que lefupplice
de la Croix n'eftoit point vfite-|
entre les Iuifs,& qu'il n'y auoit que^
les Romainsqui reuffent pratique^
des
lefus Chrijl felon S. lean. 8op Cha*. iS.
dans la ludee. Afin done que la
parole de lefus :, par laquelle il
auoic dcfigne qu'ildeuoit foufFrir
ce genre de mot t, euft fon accom-
pIifTcfmcnt, la Prouidence de Dicu
voulut que leur inhumanite leur
fuggeraft cette penfee. Pilate fe p,Ll,
voyant prefle de la facon, & nc 'f? '^^''•
voulant pointjSil pouuoit, don- '*/>^>6'^^
/ pelU lefus
ner aucun mecontentement aux (^luydu.Es
luifs, & toutefois n eftimant pas %f^^^
raifonnable de condamner vn
homme a la mort,(ans Tauoir
oiiy, & fans auoir pris connoiflfan-
ce de fon crime, laiffa les luifsla,
&c s'en retourna dans fon Palais.oii
il fit appeller lefus afin de Pinter-
roguer. Et dautant qu'ilauoitap-
pris que le pretextc que les luifs
prenoyent de le luy liurer,eftoic
qu^il fe difoit eftre le Roy dcs
luifs , parce qu'ils prefumoycnt
^ue Pilate a cette oecafion le con-* ,
Cha. if. 8id Paraphrafe fur lEuangile de
dereroitcdmmc vn chef de fetlL
tion, qui choquoit Taurorite de
rEmpereur, & quifollicitoit cette
nation a la reuoltc, il eommencja
par la fon interrogatoirc. Il luy
demanda done, Es-tu le Roy des
. luifs? Icfus feauoit biend*ou vc-
ufus iuy nf" noit cettc demande.Mais voulanc
pont^'it. Ms tit . . - . ,
cecy de par Gonduirc Pilate par dcgres aux
ITfiic^lu- ientimens aufquels il auoitrefola
^u de mT ^^ I'atnencr, il lay reponditainfi:
Me demandes tu cela de toy-met
me,&comme eftant inftruit de
longue-main des cfperances dlt-
rael ; ou s*il t'a efte fuggere depuis
peu par mes aduerfaires ? Car fi tu
le dis de toy mefme, tu dois f^a-
uoir quelle eft la nature duRoyau-
me dont eft queftion , & que les
luifs n'ont point de fujet de m ac-
cufcr en cet egard ,ny toy dc re^
ceuoir leur accufation contre
^ mov. Si mes aduerfaires te lone
leftis Chrijl felon S. lean. 8ll Cha. i8,
Tuggere, c eft vne autre chofe. Sur ^ p^]l^^
cela Pilate eftonne de cc qu'il ne ^^fp^ndit
luyrepondoic pasafademande,& r7 »!?/«[
de ce qu'il fembloit quil euft^t'r^
quelque opinion, quvn Gouuer- ^^^fj'"'''''
neur^Romaindenatio, fuftimbu
de quelqueteinturede laReligio
ludai'que , luy repartit inconti-.
nent : Voila vne belle demande^ fi
ie te dis cela de moy-mefme. Suis-
ieIuif,pour me paiftre de vos ef-
perances , on pour m'amufer a vos
fpeculations? Ce font ceux de ta
nation , Ik les principaux Sacrifi-
teurs entre les autres, qui tot liure
entre mes mains, & qui te mcttent
ce crime fus. Qo^as tu fait pour-
quoy ils t*accufent de la forte ^
. comme fi tu auois voulu foulcuer
le peuplc^&te faire Port'cnfei-
gne de quelque fedition? Alors f^ 3^-
clus Ic voyanr en ce tram, luy dit: Mt.Monrei^
Puis qu'il en va ainC. il eft raifon- fj/t ^
Cha.iS. 8ix ParaphrafefHrtEuangilede
monde , fi Hablc quc ic tc refpondc, & que ie
man retgne t mformc du meritc dc Icui accu-
tftotP de ce i > i r
monde mes fatioii. Tu dols doiic icauolr Quc
gens combat' ^ » A. J -^
troientquete moiiRoyaume n elt pas de ce mo»
^«f-^/S deiciA qu iln adu toutrien a de-
mais mam> meflcr aucc Ics empires & les puif-
tenant man . f i
rets^ne n'efl faiices de U tefre. Tcllement quc
nentreprenanc rien contre leur
authorice^ ceux qui font eftablis
pout leur defenfc ne me doiuenc
poincauqirpour fufpeit. Simon
Royaume eiloitdecemondeicy^
raurois fait amas de ferui teurs , de
facelliccs , &c de gendarmes , com-
meontaccouftume de faire ceux
qui afpirenc a la Royaute. Ec
quand on eft vcnu pour me iaifir,
ie ne me ferois pas laifle prendre
comme i'ay fait. Teufle fait com-
battrc mes gens pour fac defen-
drc,& pour empefchcr que ie ne
fuffe mis entre les mains des luifs;
& encore main tenant ils feroyent
quelque
Jefus Chrifi felon S. lean. 8ij Clu^ iS*
quclque effort pour ma deliuran-
ce. MaismonRoyaume n'eftant
point d'ici bas , il n employe
point les moyens d'icy bas pour
scftablir ; il en employe de con-
formes a la nature de fon originc,
Pilateayan t oui cette repofe,iugea ^fr. p^J^^^
bien qu il n y auoit rien a craindre ^^>^;^^^^'*
pourlEmpereur dccecoftela,& fusrepondu,
le ngura qu li s agiiioit dequelque ie f^s roj,
cfpece de Royaute femblable a 'poJr*!eiJ!%
celle que certams Philofophes at- ^«^^'^^A«'>
tribuent a leur Sage,ou qui,quelle ^'^^^<^ , ^/^
quelle fuft> condftoit piuftoften %moignlgi
quelque hiagnificence deparoles ^^J^;.^
be de penfees^qu en quelque reelle *^:^ '^' ^"^^^^'
domination. Ettoutesrois s eton-
nant de Ce que lefus s attribuoit
afles clairement cctte dignite en
particulier":> ce que peut-eftre
iamais aucunPhilofophe n auoit
bfe faire;il lily dit:De quelque na--
turequefoitccRoyaumcdont td
Cha . 18. 81^ ^araphrap Jur lEuagile de
parleSj&dequelquc originequ'il
doiue venir, tu me veux donner a
entendre que tu es quelque chofc
de grand; Es-tu done Roy? Alors
noltre Seigneur voyantqu'il n'e-
ftoit plus temps de menager da-
uantage fesreponfes, luy repliqua
tout ouuertemcnt. Tu dis toy-
mefme ce qui en eft. Oui., iefuis
Roy : & ne le fuis point ny par
vfurpation furperfonne, ny par
cledion daucun peuple, ny par
quelque autre telle voyc par la-
quelle leshommes de condition
priuee puiflfent paruenir a la Roy-
aute. le fuis ne pour eftrq Roy,
&en ayle droit desle ventre: ie
fuisvcnuau mondeacettefin, &
celuy qui m'y a enuoy4 ma defti-
ne a cette di^nite, mefmes des j
auant ma naiflance, Et mon
entree dans Texercice de ma Roy-
aute commence par la publica-
Icfus ChriH felon S. lean. 815 Gha. 18*
tion de la Verite, a laquelle il faut
que le rende vn authentique te-
moignage,tantdeuat toy que de-
uant les aucres, & que ie la feelle &:
la confirmed vne extraordinaire
fac^on.Or il ne faut pas que tu Vc-
ftones (1 celuy qui eft ne pour eftre
Roy^trouue fi peu de re6lateurs,&
rencontre cant d'ennemis. Tous
leshommes ne fontpasdifpofesa
receuoir la verite dont ie te parlc.
Mais ceux qui Taiment, & qui one
receu d'enhaut de bonnes difpo*.
iitions a cela, ceux la oyent ma
voix :, &c la reconnoififentj&me
fuiuent. Pilate auoit iuge par les i^- jg.
propos precedens quil eftoic ^^,^ J'^^^^^
quelbon de quel que Royaume I"*" J^'^'j'.^
qui conliftoit pluftoft en opi- ^^'^^'^^^^'»,
iiions d elprit, que non pas en er- the/ vers u^
fediue domination & puiflfance '^"j^JZ
corporelle. Etce propos que Ie- '''^"''^ '''''*
lusluy tint de la Verite, n eltoit ^v^
Eee i
Cha. x8. 8i<^ Paraphrafe fur {'Euangile de
pas J ce fembloit, pour luy ofter
eette pcnfee. Neantmoins ce que
le bruit commun luy auoit ap-
pris des miracles delefus, Tinno-
cence qu il auoit luy-mefme re-
connue en fes actions, & cctte de-
claration qu il luy oyoit faire fi
preciC:!menc, qu'ileftoit ne pour
cftreRoy, commencerent aluy
donncr delmquietude. Car quoy
qu'il eh foit , c'eftoit vne chofe
bien extraordinaire, de voir vn
liomme qui ne paroifloit nulle-
ment hors de fon fens , &c qui
d ailleurs auoit acquis tant de re-
putation, & excite tant de ialou-
iiecontre foy par la fplendeur de
fes a6tions,fouftenir fi hautemenc
qu il eftoit ne pour la Royaute,
iors mefme qua cette occafion il
eftoit entre les mains de la luftice.
Toutesfois J parce quil n*auoit
c^ucunc connoiflance du ludaif^
IcJhs Chriji felon S. lean. 817 Cha. 18;
OTC&quiltenoic, come faifoienc
les Romains , la nation des Iiiifs
pour la plus abufee & la phis ex-
trauagantede routes, en matiere
de religion , il demeura bicn dans
cette perfuafion , que lefus n'e-
toit coupable de chofe quelcon-<
que , & que quelle que fuft la
Royaute dont il parloit, les pre-
tentions quil y auoit, ne con-
cernoierjt point Fautorite dc
FEmpereur , ny la tranquillite de
FEftat; maiscnfiii ne fcjachant fi
c'eftoit grotefque ou non , il nc
s'imagina pas quiF s'en deuft
mettredauantage en peine. Ceft
pourquoy s'eftant contente de
demander a lefus, Qu^eft-ce que
cette Verite? & au reftc ne s'eftant
pas donne loifir d'attendre la ref-
ponfe, parce que cela nc regardoie
ny fa qualite de luge, ny fa pro-
feflioo ordinaire d'homme da
Eec J
l^iia. i8. 818 Paraphrafc fur I'Euangtle dc
guerte, ny b creance qu*il auoic
en fait de Religion comme Ro-
main, il fortit derechef vers les
luift, & leur die : Fay interroge
riiomme que vous m'auesamcnej
ie lay examine fur le crime que
vous m'aues propofe ; ie ne trou-
ueen luychotc quelconque qui
meritele moindrefafcheux &ri~
f. !9. goureux traittemcnt. Neant-
Orauesvofii O
-vne couflii moitts ^ puls quc vous Ie lu^es
Indiimrevn coupable, & quc ie 1 eftime in-
p£ijfj.f! tiocent , fuiuons quclque cxpe-
Us-vousdonc dient par lequel ny vollre
^ue ie vous . ■*- l' • r •
deiiHreieRoy lugement, ny k micn , ne loit
point Ghoque , & qui nous
puiflTe cotenter de part&: d'aucre.
Vous aues vne certainecouftumc,
a laquelle nous condefcendons
volonriers^ qu*en faueur decetce
Fefte de Pafque ^ qui vous eft en
iinguliere recommandation , &
pour temoigner voftre ejouifl'an-
lefus Chriji felon S. lean. 819 Clia.i8.
ce publique, ie vousdeliure quel-
que criminel fansle punir> Vou-
les-vous done que ie vous deliurc
ce pretendu Roy des luifs ? Car
ainfi vous & moy nous aurons cc
que nous demandons. Il fortira
des liens comme criminel, &la
fleftnfTure luy en demeurcra. Et
neantmoins il nc fera point puni
de more /qui eft ce qucie defire
quanta moy, parcc que ie ne Ie
treuue pas coupable. Mais routes ^'z^^'^^^,,,
ces remonftrancesneferuirent de ^^rechef /e'-
1_ . /• . , crierent , di'
eS luirS:, & Vn2itQ fam:Non^as
n'eutpaspluftoft pranonce cela, '^JsBana^
que pour temoigner combien ^^, ^'■^*'*
violent eltoit Ic delir quils vn brigand^
auoient de pcrdre lefus , ils
s ecrierent derechef a haute voix,
en difantrNon^Non^nenousde-
liure point celuy-cy ; cen'eftpas
celuy que nous demandons. Mais
deliure noiis Barrabas , & que
Ece 4
Clia. 18, Sio Paraphrafejkr tEuangile de
celuy~cy periflTc. Or ce Barrabas
cftoit vn brigand, emprifonne
pour fedition , dans laquelle il
sxft.oit fignale par quelque
meurtre. Ainfi pourfuiuirenMls
auec vne extreme ardeur l*impu-
. nice d Vn mefGhant,& la condam-^
nation d^vniuftco
CHAPITRE XIX.
ti '; SJ^LORS Pilate voyant
Jllors done fM^MB ,., . . '
i?iUte pim ^^X^iuil n auancoit rien en-
fouitta. 2^s2iJs^3*^^eJ.s Ics luits , &c que 1 ex-
pedient qu*il auoit propofe ne
leur eftoit pasagreable , il fe refo-
lut a leur donner quclque con-
tentement. Il prit done lefus, &
Ic fit fouettcr , efperant que par
cet indigne traitiiemcnt il afTou-*
uiroit leur palTion, & que d ail--
m
lefus Chrifi felon 5. lean. 8ii Cha.lj^
Icurs on nc troiiueroit pas fort
cftrange, qu'aprcs Tauoir iuge in-
nocent, il le traittaft dc lafa<jon, ^
parcequc Ic fouec elVoitcomme
vnc efpecc dc queftion , qu'on
cxer^oit enucrs les perfonncs dc
bafle condition , quand cllcs
cftoientaccufecs dc quelquc cri^
mc. Outre cela les foldats, qui /•, '-
Tin- Usgen»
auoient cntendu que lelus s eftoit d^rmet /.//>.
It Roy , & qui nc voyoyent en rome de'pi.
luy apparence quelconque d vnc Z^yij; J^
fi haute dio;nite .voulurent tour- ^^^f ^^, ^*
ner ce crime en dcriiion,& rcnoxc vejiemtntde
lefus ridicule a la populace. W^^""''^^'*
plierent done des epines en for-
me dc couronnc , & les luy mi-
rent ainfi fur la telle: puis ils Ic
reueftirent d Vn liabillement dc
pourprc, qui eftoit la couleur
dont les Rois fe veftoient en ce
temps-la.Et comme cette forte dc f- ?•
gens lont ordmaircment petulans vtn % , d^
Clia. 1^. Sir ^draphrafefHrl'Euangiledc
difoient Kay & infolcns^ aprcs Tauoir ainfi ac-
ttfEt]7y couftreilss'apprpchoyentde lay,
dnnnoiet des & dlfoyent , Boniour le Roy des
luits^bienteloit. Pmsadjoiiltanc
a la derifion des geftes & des pa-
roles J outrage des a6tions,ils lay
^ ^ donnoient des foufflets. Apres,
cefait.pi^ quoy Pilate fortit derechef hors
i/ite derechef \ A . r* i t T
fortithors.^ de la mailon;, vers les luirs qui
^Tieu'vo^'s l^attendoyent en grandefoule, &
W.,t 1^^^ ^1^ • I'^y ^x^^^ine par Ic
•^''«^^'^««<- fouet ceiuy que vous m'aues
ttortueattcu ameue j & n ay rien oubue dece
^^^ ^ qui elt necellaire pour apprenarc
la verite de quelque crime que cc
puifle eftre ; de Ibrtc que vousen
deues eftre contens. Cela fait, &
n'eftant pas plus fc^auant qu'aupa-
rauant, ie levous amene dehors,
afin que vous le voyies :, & queie
vous fafle enteadre que ie ne
trouue pas en luy la momdre cau-
le de lay faire fouffrir quelque
lejks Chrifi felon S. lean, 813 Cha.lpJ
peine que ce foic 5 beaucoup
nioinscelledelamort, qui eft la
derniere , & la plus ^rande dc
routes. Comme i! difoit cela, le- f. j.
US lortit portant lur la telte la /omtponanf
couronne d'epines, & cftanccou^ %ZTIZ
uert du manteau de pourpre de- -^^fiememde
puis les epaules en bas. Pilate riUte uur
done le regardant, le monftra du /homme!'^
bout du doigt en cet equippage
auxluifsj&leurdit, Voila 1 horn-
me : Voila celuy que vous aues
accufe dauoirattere a la Royau-
te: avoftre aduis n'en a-t-il pas
bien laEi^on? Dautres que ceux ^tj^^„^
a qui il parloit^ euflent peu eftre ^';^^ntifei,
touches de quelque compal~^^»w^r/r^f,
jfion a la veue de ce fpcftacle. 'Jifam'cm^
Ou fi Icur a me cftoic tout a fait^'^^^f ^--
( infenfiblea la pitie^ au moins w^dn^Prems-^e
deuoient-ilspas eltre plus inhu-c^/c cmn-
mains & plus barbarcs que Pilate. Co»l7plh2^t
Mais tant s'en faut que ces gens ^^ ^^^'^^ '''
Cha.i5^. Hz 4 Tara^hrafe fur tEuangite de
fcntiflent aucun mouuementdc
compallion en leurs coears ^ &rque
les propos dc Pilate Ics amollit
fent 5 que leur fureur s'en en-
flamma dauantage. Car iugeans
qu'ilauoit deflein de tircr lefus
d'entre leurs mains , des aufli-
toft que les Principaux Sacrifi-
cateurs , &c leurs Serpens & fa-
teliites ietrerent lesyeux furluy>
ils fe mirent a crier comme des
infenfes , en difant : Crucifie-ley
crucifie-le ;'afin de donner a en-
tendre a Pilate que ny le fouet, ny
quelconque autre fupplice qu vne
mort cruclle &ignominieu(e^ ne
lesfatisferoitiamais. Ce que Pi-
late entendant , & n ofant allcr
centre ce torrent, depeurques'il
les ref ufoit , ils ne luy fifleat quel-
que frafquc, & toutesfois ne pou-
uant encore eft re induit a fe faire
le miniftre deleur paiTion, lileuF
'fefu^ Chrifi felon S. lean. %tj Clia,I9«
dit : Puis qu'abfolument vous de-
fires qu ilfoit crucifie, & que vous
iuges qu'ilencftdigne, prenes-.le
Vous-mefme & ['executes. Car
quanta moy,ie vous aduoue en-
core cette fois^queie ne trouue en
luychofeaucune quile rendedi-
gnede cefupp!ic€. Etiln'eftpas
raifonnable que moy qui le iuge
innocentjle fafTe execucer a mortj
& que vous qui follicitcs fa mort,
vous defchargies de Tenuie dc f. 7.
cctte adion fur vn autre. Alors .^^^t.^
parut ce que peut la haine &la fT ^f?*
pallion, quand ciic elt venue ^onnojiretoy
a fon comblc. Car les luifs \w:Tar7iT^
voyant que Pilate abfoluoitlcfus ^^/^ "^^
du crime de IczeMajefte, & d'a-
uoir ricnattente centre Tautorite
de Cefar, ils changerent de bat-
terie,& tournerent leur accula- lA
lion dvn autre coftc. Dieuauoic ■'
commande en fa Loy que celuy
Cha.ij^. 82.^ Paraphrase Jlir tEnangile de
quife feroitingeredefoy-mefme
a faire la charge & la fondion de
Pfophetc, fuit irremilTiblemcnc
fait mourir. OrlcMeffic deuoic
eftreplus que Prophere, 6c tous
les luifs le reconnoifloienc ainfi.
De forte qu'ileftoitaifede iuger
que quiconque fe diroit eftre le
Meffie^ne Teftant pointjauroit ea
beaucoup plus forts termes me-
rite la punition de morr. lefus
done s'eftantouuertement porte
pourtel^ &s'ell:antappellele Fils
de DieU:, qui eftoit le nom que
TEcriture auoit donneauMeffic,
& que toute TEglife ludai'que en-
tendoit ainfi ; ccux a qui Pilate
auoit tenu ce propos luy repon-
direnten ces termes. Q^jandilne
feroit point coupable de mort fe-
lon les LoixdesRomainSjil left
indubitablement felon la noftre.
Car il s'eft fait Fils de Dieu : & qui
lefus Chri ft felon S. lean. %ij Cha, i%
ie dita fauflescnfeigneseftre tcl,
celuy-la doit mourir par la dit
pofition de noftre Loy. lufques f. «.
la Pilate auoit efte combattu dc ^S'/*^^'^''^
diucrs mouucmens en ccttc af- ^'''^^^^'*^^''
aire. Lautonte de lEmpereur ^«i^ //«*^
luy cftoit en recommandation/'''"
mais il auoit incontinept recon-
nuque lefus neTauoit point vio-
Ite. Uemotion de ce pcuple luy
eftoit en confideration , & s'll ne
trouuoit moyen de la calmer , il y
auoit danger qu elle n'euft queU ;
<]uefuittepernicieure. Iln'auoic
pas perdu tout refped alaiufticc
& a 1 equitc, & euft bien dcfirc dc
k falre paroiftre a Icfus , en pro-
tegeant fon innocence . Ce que
lefus luy auoit dit fi aiTeuremcnc
qu il eftoit fle pour eftre Roy,
n auoit pasefte bien entcndu par
luy , & neantmoinsiln auoit pas
laifle de faire quelque impref-
Cha. ip 818 Paraphrafe fur tEuangitc de
iion en fon amc. Dc forte qu'en-^
tre Ics caufes qu il auoit de ne le
fairepas mourir, on peut conter
celle-cy^ qu il craignoit de fairc
quclque action inconfidcree con-
trevn pcrfonnage dude naifTan-
ce ou de merite extraordinaire.
Miis quand il vine a oui'r ce pro-
pose quelefusseftoitditeftreFils
de Dieu y quoy qu il ne coniprift
pas le fens de ce niot ; & qu il
ne fill auculie raifonnable re-
jflexion ny fur la dignite inenar-
table de la pcrfonnc de celuy
dont il s'agirfbit, ny fur Teycel-
lencc de fa charge,:^ fi eft-ce que la
fplendcur dVn tiltrc fi glorieux,
luy fit penfer felon fa portee a
quelque chofe de grand, & luy re-
mit en refpricTideetlcs Hcros &
desDemi-dieux, dontonparloic
entre les Payens, de forte qu'il
H- >T^- rrrrig:nit bcaucoup dauancage^
"'"'■■ ■ " Tl
iejus Chrifl felon S, lean. ^29 Clia.i^J
11 encra done encore vne fois au ^;,,^^«p,^.
Pretoire, &c fie venir lefus aprcs ^^^^.'&dit
luy, ahn de senquerir pluspreci- e^-m^Etie^
femenc de fon originc & de fa Tonnl^otli
nailfance. Puis il die a lefus ^D oil ^^ '•'^-*^^^^-
es-tu?Qm eft ton perCjOUta me-
re? Quelle eft I'occafion pour-
quoy ces gens t^accufent de rap-
porter ton origine a la Diuinite!
Et il efpcroit bien que lefus luy
decouuriroit quelque chofe de ra-
re, & digne de fa connoiffance.
Mais il fe crouua tout a fait truftre
defonattente. Car lefus f^achanc
bien que s'il luy euft parle de fa
generation etcrnelle, & de la mer-
ueille de fon incarnation^, & de la
facjon de laquelle la Vierge TauQit
conceu par Toperation du Saint
Efpnt,& de toutes les profon-
deurs & les circonftances de ce
myftere , vne ame comme la fien-
I ne,qui n'cftoit imbue d'autres
Fff .
Cha.ip. 830 n^araphrafc Jurl^Ekangilcde
fentimens que dc ceux duPaga-
nifme ^ n en pourrok fairc aucun
raifonnable iugement ^ il cftima
plu^ apropos dc s'en taire en tout
& par tout; & de fait ii ne luy-
l'ao»c%i donna aucunercfponfe. Dequoy'
uteiuydit, Pilate fe trouuanc furpris^ & nc
Ne paries^ , . . I
iu point ^ Radiant s 11 dcuoit interpreter ce
Tu'p^s^'que lilencc de lefusa mefpriSjOuI im-
f/Xrf X P^^^^ aquclque autre caufc^il luy
tmrer&p^if dit aucc quclque emotion^ Quoy?
rrucffter. Nc parks-tu poittt a moy ? Ne
confidercs-tu point Teftat oii tu
es , ny rauthorite & la puiflance
dc celuy qui t'intetrogue ? Ne
f(^ais-tu pas que ie fuis icy etably
auec plein pouuoir de iuger de
toy &detes actions, & qu'il eft en j
moy ou de te fairc crucifier, ou
de te deliurer fi ie veux , & de te ti«
rer dcs mains de ceux qui t ont li-
ure a moy:, & qui te pourfuiuenc
& i acci^fcnt ? Si c'cfto^cot les laifs
fefus Chrifi felon S. lean. SjrCha.i^^
qui tlnterroguaflent , tu pourrois
bien nerefpondrc pas fi tu vou-
lois.Maisquanc a moy qui ay cette
puifTance fur toy, a quelle confe-
qucnce pcnfcs-tu que ton filencc
toutne? Alors Icfus voyant qua ufusrefpon:
cctte interrogation ilpourroit re- t^fp"rn^2
pondre quclque chofe de Imtelli- /'"^^^^^^A"
crence de la quelle Pilate feroit ^y^'f ^^«*
^1 11' 1 1> !• • ned*enhauti
plus capable, qiicde 1 explication pour cem
de ce quilluyauoitdemandeau- '^ufm'Juuri
parauant.il luy refponditeh cette ^l^iulltl
forte. Ny toy, ny ceuxqui m'ont
liure a toy , n aues naturellement
point de puiflfance fur ma perfon-
nc ; ma naiflfance & mon inno- '
cence m'efleuant bien loin au def-
fus de vous.De fa<^on que fi entre-
prendre de iuger & d'accufer vu
homme parfaitement innocent,
& dc plus haute dignite que foy,
eft vn attentat digne de blafme^
fty Ics viis ny Ics autrcs vous n^
Fff 2,
Clia, !?• 832, Paraphraje Jur lEuangile de
fi^auries vous en dire exempts.
Neantmoins il y acette difference
encre toy & eux, que la puiflancc
qui c*eft donnee en qualite dc
Gouuerneur & de luge en la place
de rEmpereur,vient d'enliaut,&
qu'en cet egard^puis que ie fuis ac-
cufe deuanc ton Tribunal, & que
ie ne veux pas mettre en auant la
dignice foit de maperfonne ou de
ma charge^ pour declinerta iurif-
di<9:ion , tu as quelque droit de
prendre connoiffance de mes
adions. Au lieu queqiiantaeux
ils ne peuuent raifonnablement
rien pretendre defemblable.Voi-
la pout quoy encore que ny toy ny
cux ne foyes pas fans peche en
mon efgard , fi eft-ce que le peche
de ceux qui m'ont liureatoy,eft
de beaucoup plus grand &c plus
Tfepuis ceu inexcufable.Depulsque Pilate cut
'dilate tsf- J 1> • •
^^^^/.^i^cntendu ce propos , 1 opinion.
lefus Chrijl felon S. lean. 833 Cah. \9^
quoy que cbnfufe^qu il conccur ,,,,,, ^,J
de la perfonne de lefus, fie qu il ^'r ^^^/^
ciiercna routes lortcs dc nioyens/^^^ • si m
& d'expediens pour le d^lmrerw';'7:T
Mais plus il tcfmoignoit auoir *^' ^f^^'^^
cetteintention^plus Icsluifsferoi- A'*^^''?^^
difToienc en Icur refolution, & 'ZJ*'comrL
voyant quecequils auoicnt alle- '^'''^ ^'^^''
gue de leur Loy , ne faifoit rien fur
fon efpritjils retoiirnerent cnco^
re vne fois a rcbattrc le crime de
Lcze . majefte , & a tafchcr dc lln-
timider par la confideration dcs
foupcjons & de rhumeur de Tibe-
re. lis crioyent done, & difoientrSi
tu deliures cet homme- Ia,tu n es
ny amy ny feruiteur de Cefar; &
la confcruation dc fon authority
n'eft pas en ton endroit dupoids
done elle y doit cftre.Car quicon-
que fe fait Roy, comme celuy- cy
a voulu eftre rcconnu tcl,il clio-
que Tautlioritc de rEmpcrei|r,a
Fff3
pha. 19. 8^4 P^raphrafc furlEuangik ic
^ui feul apparticnt la puiflanc?
. ^ Royale & Souucraine en toute
MtquandPi. Tcftendue de rEmpire. Tous Ics
late et$t euy \ r • r
(itte p^r/e, auucs propos dcs luirs auoienc
p:Z!Z ^^^" ^^^"^ ^^ J^ P^^^Va Pilate:
s'a[ittaufH> j^^ig iufquc-Ia pourtanc il y auoic
^« //r/i ap reiilte. (>iand il cut ouy ces der-
fnent^c^eft nicrs , ils vainquircnt tout a tait la
ZiT^''^ refiftance. Parcc que fe rcmct-
tant dcuant les yeux combien les
Princes fouuerains font ialouxdc
leur authorite, &c que dc tous les
Princes du monde Tibere eftoit
le plus foupcjonncux , & celuy qui
chaftioit le plus feuerementtou-
tcsleschofesqui fembloient ten-
dre a donner attcintc a la fienne^^il
craignit que la cliofe luy eftant
rapportee de loin, il ne prift en
mauuaife part qu'il euft abfous vn
hommc qui s'cftoit donne la qua-
lite de Roy, quel qu il fuft ,& que
4c fon mouuement^ ou par rinfti-
lejus Chrifl felon S. lean. 83/ Clia. ,«>.
gation dc ceux qui luy en feroicnt
le rapport ^ il ne luy en fift rendfcc
conte. Il amcna done lefus de-^
hors,&s'afficen Ton (iegciudicial,.
aulieu oii il auoit accouftume de
rendre iuftice , lequel s'appelloic
en Grec Pauement , parce cju'il
eftoit tout pane de placques de
pierre a la Mofaiqiic,& en THe-
brieu du temps on le nommoit
Gabbatha, mot qui fignifie lieu
efleue^ parce que c eftoit la cou-
tume des Romains d'elleucr leurs
Tribunaux, & de prononcer Icurs
iugemens en vne place eminente.
O r le iaur auqucl tout cela fe paf- olefioi^u
foit, eftoit celuy de deuant la Paf- pZj^JZ]
que 3 quon appelle a cetteocca- 1^1^^^ r^""'
lion la Preparation ;& pour lorsil ^'«y«c^pi
eftoit cnuiron fix hcures ; c*eft a iuifslvo"cy
dire 5 que cela echeut dans ce pe- '^'^''^^'^*
riode de temps qui coule depuis
les neuf heures du matin iufques
Fff4
Cha.I^. Sj6 [Paraphrafe fhr tEuangile de
a midy. Car felon ladiuifion que
lesluifs faifoicnt duiour^ il auoic
quatre parties. LVne cftoit depuis
le leuer du Solcil iufques a trois
heures, qui fpnc les neuf heures
ailleurs. L'autre eftoit depuis les
^ trois heures iufques a fix^qui eftoic
la moitie duiour. La troifiefme
cftoit depuis les fix heures iufques
a neuf, qui eft ce que les autres
appellent troisheures apresmidy«
Etla quatriefme cftoit depuis les
neuf heures iufques au coucher
du Solcil, ce qu ailleurs on nom-
me fix heures du foir^ quand le So-
lcil eft venu a lequinoxe. Maisar-
' riuant quelquefois qu'on defi-
gnoit chacune de ces parties da
iour pluftoft par I'heure a laqucllc
elle finiffoit, que par celle a la-
quellecllecotnmcncoit.ilne faut
pascraindre de dire que cccy arri-
U2L cnuiron fix heures, c eft a dire.
lefus Chrift felon S, lean. 837 Cha.lpT
cnuiron midy, parce qu encore
que cette partie du iour ne fuft
pas beaucoup auancee , fi eft - ce
que cc fut en cec interuallc de
lemps, que Pilate monta aufiege
iudicial. S'y eftant done aflis,il
die aux luifs, comme pour faire
vne derniere tentatiue, & leur re-
procher leur impertinence, dac-
cu(er ce perfonnagedauoirvou-
lu fe faire grand; Or voicy done
vcftre Roy :, voila celuy que vous
accufes d'auoir afpire a la Monar-
chic. Mais eu^ entendans bien cc ^^als iu
qu il vouloit dire, continuerent ^rhie>7t,oj}e.
decner^Oite-lejOlte-le, Cruel- /* , pi/aie,
e-ie, & ne permets pas qu 11 vi- ctfieray^tc
ue. Et Pilate ayant reparty , com- ^tfiwrj^
me pour (e mocquerd'eux.Cru^ refpondhent ,
eray-)evoitre Roy?Iesprmci- uom feint de
paux Sacrificateurs prenans cela c^>r,"*
comme fi c'euftefte vn reproche
qu il leur euft fait, ou d auoir en
c
h^. i^. 838 Taraphrafe Jur lEuagtte ie
quelque forte confenty a I'atten-
" ratdeceluy-cy, oubien attendre
quelqu'autre a qui ils donne-
roient cette qualite,rerpondirent
hautement^pourefloigner d'eux
tous ces foup^ons : Nous n auons
point de Roy finan rEmpereur,
& ne reconnoifTonsaucune autre
fouucraine PuifTance en la terre.
Paroles qui portoient beaucoup
plus loin qu'eux-mefmes ne s'ima-
ginoLcnt. Car ainfi dVn colle ils
rcnoncjoient a Tefperance du Li-
berateur que Dieu leur auait pro-
mis, & qu ils auoient fait profef-
lion d'attendre iufques a lors; &
de Tautre ils rcconnoiffoient la
fouueraine domination des Ro-
xn^ins, contre laquelle ils auoientr
toufiours nourry de fecrettes pen-
fees dereuolte, lefquelles eclatte-
rent quclque temps apres fous
Tempire de Vefpafian , a leur rui-
Icfus Chrtfl felon S. lean. %^9 Ch^^^i
nc entiere & vniucrfclle. Pilate p^;,//;^,
done ayant cntendu cette rcfpon- *^ '^«'' jf'*'**
le, &c penlant que delormais 1 at- cruajie. its
aire eltoit tellemenc engagee /^/«,^/
em
f' V7,
qu'il ne pouuoit deliurer lefus
fans fe mettre en peril d encourir
rindignacion derEmpercur,ille
remit entrc les nnains des luifs,
auec pcrmiilion de le crucifier par
fon autliorite, & comme ayant
efte iudiciairemcnt condamne
par luy. Ainfi ils prirent lefus, &
femmenerent. Or cftoit-cc la "^ztuliui
couftume que ceux qui cftoient^'^^^'^^^
condamnes a ce fupplicc, por- ^''^'* ^'^'
toient eux-mcfmes leur croix au^^ caiuaire.
lieu ou lis deuoient eftre crucifies. brieuGotgo.
Ce quils firent pratiquer a lefus ^^'''
en cette occafion. Il fortit done
de la ville, ou il auoit efte con--
damne,& s'en alia portant fa croix
au lie u communement nomme
Caluairepu bien^Ia place du Tcft,
& en rHebrieu de cc temps J35.
Golgotha^ mot de mefmc fignifi-
cation, &impofe acelicu-ta/par-
ce qu'on y dccapitoit les hommeSj,
& que la telle dVn homme s'ap-
pcUe quelquefois de ce nom de
^. ^g, Teft. Ladoncilslecrucilierent,&
ohiuiecruj pour accomplir ce qui auoit eile
etfierent, & i ^, T 1
attec luy Dtedit, qu il letoit mis au TaHg des.
deux autres \r • • i - r i
d'vn cojii6^ malraiteurs, ils cruciherent deux
fff^saum- autrcshommes auecluyj'vn de-
^''^^ ca , Tautre dela . & mircnt lefus en-
-Et Fiute ef ttedeux. Et parce qu'il eftoitaf-
eriteati , & tcs ordmairc qu'an mettoit au
fjJ'oK ^^^^^^ ^^ ^^ ^^^^ ^-^ fupplicids , va
auoit en ef- tablcau Qui Dortoit vn abbrege
^ Az A. descautesde leur condamnation^
Ror D£^ Piiateen.mitvnalacroixdelelus^
xYivg. j^j^^ Icquel il auoit fait ecrire ces
paroles: I ESVS NAZARIEN
LE ROY DES IVIFS. Ce
qu il faifoit tant pour faire honte
aux luifs 3 d auoir creu que ce per--
> leftfs Chrifl felon S. lean. 841 Cha.i9-
fonna^e eiift voulu fe faire leur
Roy, que pour ofter toute occa-
fion a qui que ce fuft dc faire dcs
rapportsalEmpereur,commesil
euftle moins du mondeconniue
aux attentats faits contre la Ma- . ^
lefte Souucraine.Ce tableau done _ pi^^M^s
cltant en lieu eminent , il rut leu invent cetef.
de beaucoup de gens d'entre les 'humohu-
luifs, & ce dautant plusque le lieu -^/j^f'^'/^ll
ou lefus auoitefte crucilie eftant pesdeuci
proche dc la villc, ilsyht grand cnt en He*
concours de peuplejacaufe de la cZ'^^^
reputation de Ciirift, ioint que ^^''''*
d'ailleursTecriteau eftant en trois
langues, afcauoir enHebrieu,en
Grec ,& en Latin , il ny auoit au-
cun pour lors dans la ville de le-
rufalem;,dequelque nation qu'il
fuft,qui nentendift quelcun dc
cts idiomes. Cela ayant picque Ics ^' ^'
luirs, parce qu lis s imaginerent fontifes des
<jue Pilate lauoit faicpour donner Tp^JI'X
Cha. I5>. 841 n^ara^hrafe furl'Euangilede
Riy!u"ilifsj ^ entendre qu'ils auoient en quel-
m^issquuia que forte confcnty a rentreprife
■Koydisiuifs dc celuy qui auoit youlu le raire
Roy,& pour leur imprimer par ce
moyen quelque fletnlTure , Ics
principaux Sacrificateurs s'en vin-
rcnt a luy , & luy dirent. Nous
voudrions bicn obtcnir de toy
vne chofe, que nous efperons
que tu ne nous refuferas pas:
eeft que tu fifles changer Ics
termes de I ecriteau de la eroix
de ce miferable ; & qu'au lieu
qu'onyamis, LE ROY DES
IV IPS:, tucommandaflesquon
ecriuift , QVI S'EST Dit
LE ROY DES IVIFS.Ainfi
n'ayans point dc part au crime
pour lequel il a cite condamnc,
nous n aurions point auflide part
t. %i, cji fon infamie. Mais Pilate, eii j
Pilate rej* , ^ /- I .|
fondit, Ce partie parce que de Ion haturclil
m/ 'i7i'a] eftoitmalaifcaramcnerd vneTc-*
lefus Chrijl felon S. jfcan. 84} Cha. if.
folution prife vne fois , en partie ^^''*^'
pource qu'il eftoic irrite centre
lesluifsde cc qucjilaffairede le-
fus il nc Ics auolt pii flechir a
fuiurc fes inclinations:, repondit;
Ce que Tay ecrit, ic lay ecrit/& ne
vous attcndes pasqu'il sy change
vnc fyllabc. Ainfi dcmeura 1 e-
criteau , qui fans que Pilate y
penfaft, & centre 1 intention des
luifsj porta temoignage a toutcs
nations de ce que lefus eftoit ve~
ritablemcnt , c'cft a f^auoir Roy
de cepeupiela, comme il auoit ^' *?•
lefteditparlesProphetes. Cefont gensdayrnj
ia Ics chofcs qui fe pafierententre 'alTuJml
iesluifs & Pilate. Pour ce qui eft fP'"^^^
<les autres choles qui lumirent la ^ en fit^rm
crucifixion de lefus^, celles-cy font /^^r IhZ
Ics plus confiderables. Premiere^ 'mevnfp,
ment, des aufli-toft que les gen- ^j'^^^r^^'d
darmesl curent mis dans la croix, Urobbe qui
ils prirent [cs veftemens qui f^r/T^
Cha.ip. 844 Paraphraje fur tEuangilcde
puis lehaut eftoicntdemeuresau bas^&parce
tcHtduiong. qu lis eftoient quaere, ilsenlirent
quatre parties, afin de partager
egalemetfadepouille entrVux.Ec
cela leurfut bien aife pour ce qui
cftoicdelarobbequil portoitex-
terieurement,parce qu'ellecftoic
compofee de quatre pans attaches
par des boucles & par de la cou-
ture les vns aux autres.Mais quand
ce vint a predre le faye qu'il auoit
deiTous, ilfe trpuua qu'il eft:oit&
fanscoufture & fans boucles, tiflu
a la broche, comme de Teftame,
depuis Ic haut iufqu'au bas,de for-
te qulls ne le pouuoient mettrc 1
t- »4. en pieces fansle perdre. lis dirent
dirent enire douc d vn accord ctttr cux; Nek ii
coupos point, diuilons point^maistailonscom-j
iettonsufort j^^^ Ics foldats ontaccouftumc del
eiUjera. Et taire ctt teUes rencontres. letton^
i'Efcriture Ic lott delius , & voyons a qui 1 au-
^f , diM^n ^^- E^ ^^ ^^^^ ^^^ n auoienc point
d\iutl:si
lefus Chr'tjl felon S. lean. 84; Clia. 15)*
cl>utre intention finon d empef- ju,„,p,,,^
cherquele faye de Chrift ne leur ^'^-^^fi^rnh
deuint inutile par Icpartaee.Mais om mUte
J n -J J r\ • fort fur mon
laProuidence de Dieu^qui gou- h^merr^et.
uernoic d Vne fa^on trcs-parti- il'Tocf^e,
culiere la Pailion de Icfus &c toutes ^'' ^^/***
fcs circonftances, regardoit plus
loin en celle-cy. CarDauidayant
autrefois prononce ccs paroles au
Pfeaumexxi I. lis ont panagemes
halpillemens entreux , & ont ictte le
le fort fur mon nj^Jlcmcnt^ il falloit
que cette Efcriture fuft acconi^
plie. Ne Tayant done pas erte en
laperfonnedcDauid^ dansrhif-
toire duquel nous ne lifons rien
detelj'accomplifiementsen de-
uoit fairc en la perfonnc de ccluy
que Diuid a reprefente, & aiiquel
' toutes Ics anciennes Efcriture^
« viennent aboutir ^ comme a leur
' bur & a leur centre Lesgendar«
^ mcs done firenc cela :, & exccu-
Cha.i^, 84<J ^araphrdCc furtEuangilcde
tcrent aindfinsy pcnfer^ ce qui
auoit cfte die par le Prophcrc.
^ i^ Aorcscelailarriua vneautic cho*"
^a^fdJu ^^ fouucrainement rcmarquable.
crotxde.e- L'horrcul' du fupplice de lefus
f^iaturde n audt pas cmpctche la mere de
rie, f^mme Ic iuiurc lul^u au iicu ou illauoit
decuopha^. en Jure. Car outre la vehemence
M^gdiUine (Je fcsaffciSl'onsnaturellcs, quinc
luy pcrmetroyent pas de I'aban-
donner en cet accident, Ics chofcs
quelle luy auoit veu fairc , &
celles qu'ellc auoit ouics de luy^
tenoient fon amc en vnc merueil-
leufe expectation dece qui luy dc^
uoic enfin arriuer. loint qu'cUc
dcfiroit entend re fes dernicres pa-
roles, & (^auoir de luy s'll n auoit
ricn aluy recommander. La foeut
defa mere, Marie, qu*on appel-
loit de Cleopas , & Marie Magdc-
lene Tauoyenr aufTi (uiui, tant pat
taffcdiOnqueUesluy portoient.
lefns Chrifi felon S. lean. 847 ChzA^
cjue pour nabandonner pas la
Vicrge cti cette triftc & lamen-
table occurrence. Tcllemcntque
ny le fpcdacle^ ny Ic peril, ny la
prcfenee des gendarmes , n'em-
pefcherenc pas ces femmcs de fe
tenir la debout pres de la croix,
tandis que kfas y fat viuant. le- ^ ^^'
fas done ay ant du haut de la croix voyam /^
lette les yeux en bas,&: apperccu la dtfcipu^H^u
mere la, & voyantau mcfmelieu 'j^l'^tufli
le Difciplc qu'il auok particu> dithjami-^
lierenlent atrettionnc^qui ne 1 a- voiuunfsi
uoit point abandonne non plus,
il dit a fa mere : Femme, defor-
mais ne fai pliis d*eftac de ma pre-
fence en laterre^, & ne me confi-
dere plus comme tori fils. En
Teftat auquel ie m'cn vais eft? e a
Tauentr ^ ces relations la n'auronc
plus de lieu, ny Ics tendreflcs qui
' en naiflenc, "Neantmoins, pour ne
*^^te priuer pas tout a fait de la con-
I Ggg 2; ;.
Cha. 19. 848 Paraphrafe fur l*Euangilc de
folationauetu as cue iufques icy
dauoirvn fiIsjenvoiUvn,dic il,
en lay moaftrant fon Dtfciplc,
que ie te donnc, & ie tc rccom-
mande dc Ie receuoir pour eel dU
J:pr!il{dit lieudcmoy. Puis fctournant vers
a* difeipie, leDifciplCiilluy dit : Ec quant a
nEtdiseeu toy, men amy, lete donnc cctte
Z dtjcipie u fcmme pour ta mere, & te recom-
receut poHr xnandc de luy en rendre les de-
uoirs. Ce que ce Dilciple ayanc
receu auec refpcdt y des Theurc
mefme quMs fe retircrent de la, il
la prir, & la mena en fa maifonjOu
ils fe font mutuellement rendus
les offices aufquelsles relations dc
^^ mere&defils obligee. Aprescela,
Tuts ^prcs lefus fcachac qu'ayant cfte conda-
que toute. ttc & crucitie comn^c il eltoit^dc-
It^i;lf Tormais il ne rcftoit plus rien a fai-
aiinqHeVE redecequc IcsProphetcsauoient
ficcompit^, prcdit que Icsennemis deuoient
^ cxecutcrpourk raire mounr^ &|
^ I
lefus Chrfi felon S, lean. 849 Cha. i5>.
ique pour rentier accompliflemec
dcsPiophetiesilnefalloit plusfi-
noa qu'il Jonnaft lay mefme les
occafionsd'acheuer ce qui regir-
doiclescirconftancesde fa mort,
altcr^ quM citoit par la violence
des douleurs de fon corps, &c des
angoilFes de fon ame, il dit , lay
foif. Or y auoir-il la felon la ^f'/a*^;,,
couftume^aupied deia croix de ^isv^vaif-
r r Vr 1 • I • feaupUtnde
Ictus ^ vn vaiiieau plein de vi- vinaigr^. 1^
naigremixtionne, done on don- finntdtvi-
noicaboireaux fupplicies, pour J/J^^^%
leur troubler en quelque forte '^'''^f'['^^
la fantaifie, & leur ofter le fenti- fipe, & %
dl ^^ prefenterent
e leurs tourmens. Ceux ^^ houch^^
done qui eftoient la prefens,ayans
retnpli de ce vinaigre vnc epon-
ge, & entortiUe I'eponge autour
d'vn bafto de ccrtaine forte d hyf-
fope, qui en ce pays la croifl: a la
hauteur dVn petit rolcau^ils la luy
prefenterent a la bouchc pour la
Ggg 5
Cha.ip. 850 ^araphraJefm-tEuangilecle
^, JO. fuccer. Etquandlefuseutvnpeq
jX ^^^/''^ goufte de ce vinaigre, fculcmcnt
fr,m le vi pout accompUrcc quiauoit cfte
Voi7efilc- dit par le Prophetc au Pfcaume
Z"lnt b^fe LX IX. Its montahreuuedcvinaigrs
Uife»ren^ cn ma foif; ils'ecria. Tout eft ac^
compli ; & vn moment apres,
ayant baifle la tefte, parce que Ics
forces luy defailloicnt, il rcndit
%onc)tf rcfprit. Chacun fc^ait que Dieu
luifs, afin auoitdefendu en la Loy.de laiP.
^ue les corps y >
n^demeura/:. (cr viugt&quatre heurcspendus
/tnt potnt en . ,^ * ., r • r •
erotxauiour au Dois ccux que Ion y railoic
pHrci^%l'e niourir ; parce que cette forte de
hrs e^it le ^q^ eftant maudite de Dieu, la
fMYxuo:(car icxic en eult elte contammee.
VouTT'^ce C'eft pourquoy on les enfeuelif-
IrtnlVvi ^ok des le mefme iour. De la les
ute f«>« luifs auoient tire cette opinion
leur rompit r !i • f ^
i,siamhes& quiliesy ralloit Deaucoup moms
qujn eioi. i^j^j'^j. 3yx iouts folenncls dVne
grande Fcfte, depeur que la fam-
tcce de la Fefte n'cn fuft fouillee
lefus Chriji felon S. learu ,8yi Cha. \f^.
pareillement. Parce done que le
iour auqucl on auoit crucifie Ic-
fus eftoit ccluydela preparation
du S ibbat, & que mefincs en cc
Sabbaf la deuoit echoir h cc'e-
briEe de la Pafque^ de forte que cc
deuoit cftre^ comme ils auoienc
accouftume de parler,vn Grand
Jour, c*efta dire, fort faint &fort
folennt'l;pour empcfclici: quelcs
corps dc ceux qui auoient cfte
crucifies ne dempuraiTent la pen-
dant cette iournee , les luifs vin-^
rent a Pilate le prier qu on Icur
rompift lesiambes, & cju'on les
oftaft dt: la. Car on ne les vou-
Iroit pas ofter viuansjc'cft pour-
quoy on leur acccleroit la more
par la fracture de leursiambcs,fai-
lant ainfi compcnfation dc la Icn-
teur de leur fupplice & dc leur
more , aucc la grandeur dc la
doulcmr qu'bn lour caufoit en b
Cha.i5>. 851 Paraphrafc fur tEuangite dc
Zs endar^ liaftaiit. Ayaiit done imperre
fnes doc-uin- cck clc Pilatc, Ics ecndarmcs , qui
prenf/es ta taiioient loTs CCS ronctions d exe-
h«s du pre- 1 • rL • . • ^ t
tnier,^ de cutcufs dc lulticCj vmrcnt a ccluy
I'autre quj q^xAs rcncontrcrent le premier a
Mueciuy, coftede leluSj&Iuyrompirentles
iambes 5 puis de la ils paflerent a
celuy quiefloitde rautrecofte,&
M^isquftnd luyenlirent autant. Maisquand
*kiefm'!% iJs vinrenta Icfusjils reconnurenr
vmm quti aifement a fon vifaee ^ & a la
mou, ils ne jtacou dc laquclle 11 auoit la tcltc
fomt les pendante^ qu il cltoit deiia mort:
mmhes. tellemerit qu'iIsHc luy rompirent
pas les iambes.comme n'en cftant
t- 14- pas befoin. Neanrmoins, pour
Ainsl'vndes / .| ^ i
gedarmisiuy cpfouucr s'll auroit encore quel-
TJeV^nlfl que fentimenr.vndes gendarmes,
'tinti!T(hr ^^ portoit vne lance , felon la
iit fang ^ coultumedc ce temps la, luy en
donna vn coup dans lecolte,&le
perc^aiufqu'aupericarde, deforce
^u il en coula incontinent du fang
iitt^
lefus Chrifl felon S. Teanl 853 Cha.ijj
& de Tcau. Car il y auoit fi peu
dc temps quileftoic trepafle^quc
Icfang n'eitoit pas encore abfolu-
mentfige dans fesveines. Etce- f jr.
uy quientemoigncainlijlavcu: c^veuel ^
de forte que fon temoignage eft '^;:^
diene de foi.&ne pent eftre re- ^'i^^^g^^g^
uoque en doute; car il parlc oc for&afiuy^
ce dontlesyeuxlont temoms, & di/vray.afin.
que par confequcnt il fc^ait trcs- l':jfZ%h.
cercainement eftre veritable, Etil
leraconteainfijohommes, cncrc
les mains de qui cetEaangile tom-
bera,afin que vous en ciries dcs
argumcns,lesvns, qui ne croienc
point encore , de croirc , les
autres.quiontdcfiacreu, dc s'a-
uancer & de fe fortifier de plus en
plusenlafoy. Car ceschofcs ne ctce^'ha
lont point adaenues forcuire- >' ^'-^ ^A'
ment, mais parvne dilpenLuion que nc-r^
tres-particuUcredela Prouidencc 7Zl!ti\'l'Z
diuine^afiaque tout ce qui auoit ^^^/^ '%^/
Cha. i^. 8^4 Parapf}raje Jur tEuangih de
cfte & prefigure , & prcdit de Ic-
fus en I Elcrirure full cnticrement
accompli. Encffcc , pour cc qui
eft de ce que Ics iambes ne luy ont
point cfte caflTecs , outre ce qu il
auoitefte dcfcndu de rompre les
osdel Agncau Pafchal,quieftoie
figure tres exprelfe de ccluy qui
deuoic cftrc facrifie pour nouSj,
Dauid parlant du lufte au Pfeau-
mexxxiv,dit c]uc pas vn ac [ts
05 na efle cajfL Cc qui a deu cftre
verifie en celuy qui eft le plus
iufte de tous , & par qui fcul tous
les autres font iuftes , d autant que
TEcriturene pcuc eftre enfrainte,
6 qu'il n'y a en elle aucun en-
droit fignale de cette forte , qui
t- 57. n ait (a vifee fur kfus. Et quant
JEf encore 11 • 1 A. ^
^vneuHtreef ^^ coup dc laucc qui Juy a cite
trtture dtt , (Jottne, outrc que Teau & le fang
lis 'vertont ' 1 p
eeiuy qniis qui font dccouU s de Ion cofte,
■ifnt^en*, ^^^ attefte de la veute de fa more^
lefus Chrifi felon S. lean. 8yf Cha* 19*
parce que les playes en ce lieu la
lont ineuitablcmcnt mortcllcsv
outre que cclafignifiequcde Tcf^
ficaccdc lamortdelefusnousde-
couleroic le benefice tant de la
propitiumn de nos peches, qui
fefairparrcffjfion dufang , que
de la fandificanon , qui fe fait
par lelauement de TEfprit, done
Icauala rcfleniblance : outre fi-
nalcment que ceia nous donne a
cnrendre,que nous deuonslVn
& Taurrc de ces bien-faits , a la
charire de Chrift,& a fon inenar-
rabledilcitionenucrsaous , par-
ce que celaeft couledu lieumcf-
me ou eftoit fon coeur , il y a en-
core vne autre Ecriture qui dir,
lis "verront celuy quils ont perce.
Cc que Zacharie ayant ecrit de
Dieu,audouzieme de fes reuela-
tions, &n'ayant neanrmoms efte
execute qu'en lefus, il eft aife den
Cha. I^. Sytf H^araphrafe fur I'Etugile de
rccueillir,& quil eft robjcc de
noftre foy, commeeftant Dica
benit eternellement, & que c'eft
en lay qu*ont concouru tous les
argamens qui nous indui(ent a
%fcei croirc. Eccertcsce quiarriuain-
eh.jes,!oreph continent aptcs CCS cHofcs, eft en-
d Anmathte I
( qui efioit core vne preuue trcs-euidcntedu
jm , (ecret loin incomparable que la Proui-
'pmuLu dcnce prenoit de luy, 8c de la re-
*r/f'p//{^l ^^^^^^^^^^^^^ en laquelle if
^u'iiiuyper^ cftolt enucTs Dieu , mefmcs au
•mtji(toflerle » f \ \ r \ \ • rC ''
sorps de le plusprorond aelonabbauiemet
{7u%r!mt.^ de foa ignominie. Car com-
11 vim done ^^ j[ eftoit en cet eftat, lofcpb,
^ print le ^ l '
eorps de le. qu'oi appelloic d\Arimathee3
p irce que c eftoit le lieu de fa naiC
fance , perfonnage de confidera-
tion entrc les Iuifs3& riche , qui
auoit efte difciple de lefus, maisj
fecret toutesfois iufques a lorsJ
parce qa\l craignoit la perfecu-
tion desluifs^ ^linfamie d'eftn
/«^
icfus ChriB felon S. lean, gjy- Cha. l%
feanni dela Synagogue, monftra
fans comparaifon plus de courage
en la morcdc fon maiftre^qull
nauoitfait pendant fa vie en tout
ie temps d'auparauanr. Carils*en
vint a Pilate , & le pria inftam-
mentquilluy fuft permis d'enle-
uerle corps dclcfus, afin de Ten-
fepulturer honorablement , &,
comme dit I'Ecriture , de faire
qu'il furt auec le richc en fa mort.
Ce que Pilate luy ayant permis,il
vint,& print le corps delefus pour
luy rendre les derniers deuoirs
<i'vn bon&fideicdifciple. Et dc
mefmes Nicodcme , ccluy qui f: ?•
comme ic lay raconte au com- ^^.^Ifi > i^^ud
mcncement, cltoit auparauant ^^««^ ve^
vcnu de nuitalefus, y vint aiors T^rJ
en plcin iour, &ala veue de tout ''''*' ""^^"^
I * J 1 tatvnen.tie,
le moncle il apporta pour Tern- ^'ondemir-
baumer vne mixtion dt myrrhe tV.ZuirZ
& d aloes , qui pefoit enuiron ""'^'"'"-
Gha. 1^.858 T^araphraJefurl'Euangilcde
cent liurcs , & qui par con-
fequent eftoicde grand prix. Ce^
Lorsiisprm^ dcnx-l^L done scitaiis iointscn-
Je%usT& f^^iT^ble , auec les autres difciplcs
/r //.r.;;/ ^^ qyj cftoicnt dcmeuresla , i!s
Itnge auec 1 '
/imeuTsaro-> ptirent Ic corps de Icfus^& Tayar^c
tomme u couucrt par-dcIl US dcces drogues
7Sf!7fidZ de fenteur aromatique , parcc
ietitiiu quils n'auoient pas le loifir de
rembaumer autrement , ils Teii-
uclopperent tout a lenrour dc
larges bandes de iinge, comme
ceiUacouftumedes luifs d'enfe-
^ 4^ pulturer. Or y auoit-il fort
sUuiieuoh proche du lieu ou lelus rutcru-
fi/%Tur- ^^fi^ 5 vn iardin appartenant. a
din^ 6> ^u quelcun de ccux qui i'aimoient,&:
iardmvnfe- 1 11 • r
fuichreneuf, dans \c iardiH il y auoit vn le-
auquel per> 1 r* • 1 r ' ^ C
jonnen^f^oit pulcreraitdc neur ^ ou perlonne
^me efie ^'^^^ij cHcorc cfte mi$, & que
Ton tenoit prcft pour la premiere
t« 4». occafion. Cette cornodite dond
Mcihu[m, le prclentantj lomt que la bne-^
ie<us Chnfl felon S. lean. 8.9 Cha 19?
iictedu tcmps^a caufequclciour ^ ^^^^^ ^^
delaPrcparationfiaifloir.ncpci'- '*'"' '^^ ^*
I ' I preparattott
tnetcoitpasaux diicipies de por- ^^^ /«^/>,
terle corps de lefus plus loin , ils fepuuhle''^^
le tnircnc dqyis cc monumcnt,& fc '^''' ^''^'
feruircncdc la proximite du licu^
& dc la faueur de la rencontre.
Mais cela cftoit ainfi difpcnfe dc
plus haut. Car outre qu il eftoit
plus honorable qu il fuft mis dans
vn monument tout neuf, &: qui
n'auoit encore feruia aucun, la
Proiiidence de Dieu pouruoyoit K
ccque quand d reflTufciteroit, on
ne peuft pas dire que ce fuft
quelque autre corps qui fuft forti
de cc fcpulcre.
Ch. zo. 8<5o Paraphraje Jur I'Euangile de
CHAPITRE XX.
orlfr^ !» R M^ne Magdel^nc,
r^seriourde 3|«J| aucc Jcs autics fcmmes
M^rteMag ^s^^ss-***^ qui auoicnt aliilte a la
deleine vine • C • A x C At*
le matin AH crucihxion de lelus, auoic dcl-
fepuichre, (^jj^ d'embaumcr fon corps plus a
co»}e encore F i
iif*ifoitoh- loifir quon n'auoit pcu le faire
^«e/^;/.rr^ le lour quon lauoic cnlcucJi.
tpMnf'' Ayant done laiiTe pafTer le iour du
Repos, que les luifs obferuoienc
tres-exadement , &c auquel ellc
n'euft pas voulu rien cntre-
prcndre ; comme audi la nui6fc
qui le fuiuoit immediatemenr,
pendant lobfcurite de laquellc
vnc femme ne pouuoicforrirde
la maifon ; elle fe Icua le premier
iour de la femaine , qu ona de-
puis nomme Dimanche , de fort
grand
lefus Chrifi felon S. lean. 8(Ji Ch. i(^
grand matin, &commc il faifoit
encore obfcur eile fe mitenche-
min, afin de venir au fepulcrc.
Mais elle fe trouua fort furprifc
quand y eflant arriuee , elle vid
que la pierre dont on auoit cou-
ucrt Ibuucrture du tombeau,
eftoit roulee, & que le corps dc
lefus n y eftoit plus, S'imaeinant f »• ■.
I ^ 1 I > • Adonc elle
done que quelcun 1 auoit empor- coumt 6*
te de la 5 loit pour auoir les dro- ^,^ ^i^rre
gues aromatiques dont il auoit ^.^ f"''^''^
O 1 atjciple que
efte couuert, ou pour quelque ^efHsaimoit
autre occalion quelle ne peult on ^enieae
pas conicdurer , elle retourna ^//IXT,
bien vifte & tout en courant vers e^"^/f^^^'
la ville, & sen alia droit ou
clloient lesDifciplcs, pour le leur
annoncer. Et ayant rencontre Si-
mon Pierre , & Tautre Difciple •
que lefus aimoit , les prcmiers,elle
leur dit; Nous fommes allees au
fepulcrc denoftreScicrneur pour
Hhh
)h
Ch. 20. S^Ji Paraphrdfe fur I' Euangile de
rernbaumer,mais nous nc 1 auon^
point trouue. Sans doutc on la
cnleue de la , & la- 1- on tranfpor-
te ailleurs bicn loin ; car ayant let-
te les yeux de cofte 6c d'autre dans '
les cnuirons^ nous n'auons pea'
remarquer cii on le pourroic
^^ , auoir mis. Ccs deux n'eurcnt pas
-LoyfViene pluftoft ouv les parolcs de cett^
v^utre drf^ tcmmc , quc lurpris d eltonne-
7remau7e' mcnc aufli Bicn qu clle, 6c defi-
^''^''^' reux de fcjauoir fi tile nc feftoit
point trompee, & cc que leur
bon Maillre efloit deucnu,Pierre^
dis-^ej&rautreDifciplejpartirent,
& s'en vinrent en dilip-ence au j
jr, cmroie^t monuiTicnt.Et lis coururent quel-
jUmbe^mZ <Y^^ efpacc cux deux enfcmble,
I'aum dif commc eftans parris de mefmc
fUsvteque temps; mais rautreDifcipIe^^qui
Pierre , C^ n • 1 • 1
t^intu p^e^ eiioit plus icune , courant plus
TJi'^r^'viftc que Pierre, le deuan^adc
bcaucoup , 6c arriua le premier au
lefus Chrijl felon S. 1cm, gijj Cli. 2.6»
lieu oil le Seigneur auoitcfte tilis,
Comnic done il fut fur le bord i^- .^'
de la grottc oil le fepulcre eftoic haijfi\ "" h
U/ 1 > I vidleslmjres
e , 11 s auancja vn peu le corps ^ tofii:tou^
en dedas en fc baiflfant , & vid bicn ''f'^'l ""^
les Unges dbnt on auoit enuelop-
pe Icfas, recules a cofte de fori
tombeau j mais fe contentant dc
tela ,il n auan^a pas le pied dans la
grotce, pour eonfiderer le fond
du monument de plus pres. Ce- ^^J^su
pendant Simon Pierre le fuiuoit '^^'* ^"^''^^
plus vilte quit pouuoit ; & //^^^c^^^i-
cftantvcnufurlclieUjilentraiuf- p,,r. %
ques au fepulcre, & confiderant ^'^^'^^^^'^^f
Ic tout plus attentiuement que
Vautrc n auoit fait, il vid premie-
rement Ics enueloppes & les linges t
qu on auoit mis a cofte. Puis ilap- ^^•"''^
\ percent lecouure-chefouiefuai- ^!^i ^«'' /^
A 1 n '^ n'e point
i re,dont on auoit couuertla tefte ^^^ auedes
; & le vilagc du Seigneur , qui n a- enneUppien.
: lioit pa$ cfte cnucloppe auec les J^"^^ ^'''* ^
Hhh i
7'
uaiire
auoit
Ch. ou 864 '^Paraphraje furtEuangilede
autres linges pefle-mcfle, mais
quonauoitplie.cefcmbloicaucc
quelque foin, & mis en vn autre
endroit a part. Ce qui luy donna
occafion de iugerquequi quece
fuft qui euftenleueic corps ^ il ne
Fauoicpas fait a la iiafte^comme
ont acGouftume de faire les lar-
ronSjpuis qu'ils'eftoit donne le
loifir de mettre tout cela en ordrc.
Ado?ic^auc Comme done il eftoit la, 1 autre
fiy emraie Difciplc Qui cftoic vcnu Ic orc^
M/ctpie qui r ^ r ^
eftoitvenuie niicr, mcu par Ion excmplej sa-
fepHicre,& uan^a plus suant ,& cntra dans la
^creZt * "^ grotte iufqucs a la fofle du fepui-
crCj&ayant regarde letout aucc
plus d'attenticn quauparauant,
au lieu quil n'cftoit pas encore
pleinement afleure fi lefus auoit
efte enleue de la ou non, il Ic crcut
alors fermemcnt, bien quil ne
conceuft point encore cnfonef-
prit,ny comment, ny a quelle iin
lejlcs Chri ft felon S. lean. %6f Ch. id.
ccla s'eftoit peu faire. Car en- J ?/
r ^ Car th ns
core quel'Efcriture du Vieux Te- ff^tioient
ftamentcuft aflfes donne d*enfei- i^Efcrimre
gnemens que le Seigneur lefus de- ^,7 {^j^^
uoit reflufciter des morts,& que "'^f '^''
' X marts.
luy-mefme Icur cuft die quantite
de chofes qui leur deuoient fairc
entendre ccs anciens oracles
quandilyeuft cu ijuelque obfcu-
rite,fi eft-cc que la tardiuete des
hommes eft fi grande, qu'ilsn*en
comprenoient point encore Hn-
telligence,& qu lis n'cn pouuoient
faire ['application a Teuenemcnt.
Ccs deux Difciples done, &:lesau- t- 10.
tres quiy eitoient venus aprcs^, doncs-Jst.
chacun d eux s'cftant emeu par le 'j^^^^ ^'^*^
rapport qui leur auoit efte fait par ^»^'
les femmes, & ne doutant point
qu dies ne leur euflent dit vray,
mais ne fe pouuant demellcr dc la
perplexite que cet accident auoit
mis dans Icurs clptits, s'en retour-
Hhh 5
ph. zo. 8(J^ Paraphraje fur l*Euangilc de
nerent en la ville au lieu d ou i|s
Mais Marie ^^^^^^^ pattis. Sculcmcnt Matic
jetenoitpres Map-delcinc y QUI eftoic rcucnuc
^ehor. in auec cux , retome dattendre da-
t7meln. uantage, pour voir fi elle n ap-
ttfZ^t/f* p^^^^^^oit point ou on pouuoic
& regaraa auoif pofte fon Seigueur, s'atrcfta
dedans le/e^ 1 f Q =
isiUhre. hors du monument , mais prochc
de lapourtantj&dctriftcfl'equ'cl-
le auoit, elle fondoit en lar mes, Et
comme en telles perplexiteson a
ramc inquiete, apres auoir cftela
quelque peudetemps,clleretour-
na en plcurant, pour regarder en-
core dans le fepulcre en fe baif-
-Etviddeuic f^nt.Etalorselle vidcequeny elle
Aigesvefus nv Icsautrcs n'auoient point ap-
di- blanc, afm ^ ^ * A
fs I'vnhia perceu auparauat^parcequequci-
TfatJpl^ds q^ic efficace dela Prouidcnce les
%tmts'*"ie cnempefchoit : c'eft qu'ilyauoit
i^^ps dele. ladeuxAngesvcfl;usdeblanc,a0is
aux deux bouts du fepulcre, IVn a
I^ tefte , & Tautre aux pieds, felon
Icfus Chrift felon S. lean. 8^7 Ch. 10*
la fit iation qu'y auoit Ic corps da
Seigacur quand il y eftoit gifanr.
Commc done clle eftoit la a Ics iisiuydu,
contempler, lis parent Ics pre- wepur^uoy
micrs la parole^Sc luy dirent : Fern- fZZurL.
me, pourquoy pleures tu? On el p^^^^^^^fo^^
eft le lujet de ta douieur^ qui te seignenr^^
fait cpandre tant de Tarmes? Elle, 7^^$^'^
qui voyoit bien la deux perfonna-
ges:, maisqui neks recoanoiflfoit
pas encore pour eftre des Anges^
parce quen la figure humainc
qu ils portoient :, ils ne paroiC-
foient point auoird^eclat extraor-
dinaire enleurpreftance^croyant
que ceftoient feulement deu^
hommcs, leur refponditen cettc
facjon. Nous anions vn Seigneur
& vn Maiftre incomparable , que
Ton fit mourir ily 3 auiourdhuy
trois iours.Et nous auions appo rte
fon corps icy 3 & I auions nnsen cc
monument ^ en refolution d'y ve-
Hhh 4
Ch. lo. 868 n^araphrafe jiirhEuagile de
nir auiourd'huy pour luy rendre
lesdeuoirs d'vnc fepulcure hono-
rable. Et voila, y cftanc venue,
i'ay trouue qu*on la enleue5& ic
ne fc^ay ou on la tranfporte; ce qui
acheuede rendre ma douleur in«-
^tquadeiie confolable. Aces paroles les An-
eut dit ceU i > r 1
eiie{e retour gcs tarderent vn peu a relpondre :
Z7e,lViT^ Et cependant elle, quand e!le cut
fm quiefio.t parle^ fc retourna en arricre^par-
uottp^sque ce quelleyenteditqueique bruit.
< comme du marcher de quelcun
qui s'approchoit:,& yid lefusqui
fe trouua la a fa rencontre. Mais
la Prouidence de Dieu retint &:
gouuerna tcllemet fa veue^ qu'elle
nereconnut aucunementquec'e-
y. ij. iloit luy. Etiefus de Tautre cofte,
femmepoHr- mcnagcant 1 apparence exterieurc
Tu'!\liZ. ^e fa perfonne, & quand & quand
che'tu?Eiu le ton de fa voix^, pour n'eftre
f enfant que 1> 11 N P 1 J I
cefudieUt^ pas reconnu d elle a labord, luy
J!^f^ne^, dit ^ comme les Anges auoient fait
lefus Chrifl felon 5. lean. S69 Gh, lo.
auparauant:FemmC:, poiirquoy (ituv^senr
plcures- tu; & qui cherclies-tu! ^'"'^"'''^^7''^
afin de fc decouurir peu a peu , & '^^ » ^ '>
dene la, pas trop furprendre. EUe ' ^''*'^*
done nayant rien rroins en TcC-
prit que Tidee du Seigneur Icfus,
&s'imaginant,parcequ'elleeftoic
en ce iardin, que ce pouuoit eftrc
celuy qui en auoit la garde, qui
parloit a elle^, luy die; Seigneur,
(car c'eftoit lori vn terme dc rcC-
pedt^comme celuy de Monfieur
en d'autres nations, dont on vfoit
prefque indifferemment enuers
coutes fortes de perfonnesj tu
f^ais bien que nous auons mis icy
noftre Maiilre dans le tombeau 3
& ie penfe que tu n'ignores pas
quil n y eft plus, iz qu on Ten a
cmporte. Si c'eft toy qui pour
quelque raifon que ce foit I'ayes
enleue de la.dy- moy ou tu las mis;
& ie Ten ofteray volonticrs , de-
ell. zo. 870 n^amphrafc pirl'Eudngileie
^^^ peur qu'cn quelque lieu qu'il foic,
le'miHy dit il Hc nncomtnodc cncorc. Com-
h^'eiuntre melclus tardoit vn peualuyrel-
X^yi^, pondre^elle fe retournade lautrc
^Hiephdtre cofte vers ceux a qui ellc auoit
parle auparauant : & alors lelus
changeant le ton de fa voix, & luy
redonnant les mefmcs cara£tcies
par lefquels ellc fe faifoit autre-
fois reconnoiftre a ceux qui Ta-
uoient oui'e ^ il Tappella pa,r foi;i
noiTijMarie. Et a cette parole, qui
remit dans Timagipation de cet-
te femme Tidee de la voix &c de la
perfonne da Seigneur, elle fe re-
tourna promprement,& refpon-
dit, Rabboni, c'eft a dire,Maiftre,^
qui eftoit Ic tiltre dont clle & les
autres Difciples le qualifioient en
fon viuant.Uayant done reconnu
pour ce qu'il eftoir, elle fe iettaai
fes pieds pour rembrafler, aucd^
des tranfports incompaiables de
" lejus Chrifi felon S. lean. 871 Ch. ip.
joyc. Or comme lapenfeedelef- Jj^^^.^^
prit humain va mcrueilleufement ^* '^'^ f^^*
*■ . n 11 / • chepotnt'car
vilte en telles emotions , cctte h ne /ms
femmcvoyantlefusrcflurcite^eJ- ^Zl^t/l'Z^^
le Ic ramenteut incontinent les ^^' : '"''''
va a met
chores qu*il auoit dites peu dc- f^^^^^y &
uantfa mcrt touchant fa refurrc- u m^me'k
6tion 5 & fe ramena dans Tefprit Tvofire'pte
les promcflTes quil auoit donnees ^'"^'^^^^
a les Dilciples, de rcucnir pcu ^'^«-
apres qu il s'cn feroit alle , & de dc-
meurer auec eux , dc forte que
deformais leur fociete feroit ab-
folument infeparable. Si bien
qu'elle fe pcrfuada que tout
cftoit accompli, & Tcmbraf^
fant auec vne merueilleufe ten-
tendreflfe d'affcftion^ comme ^i
elle luy euft voulu dire, Nous te
tenonsacettcheure,§«:tunenous
laiiferas plus; elle fe figuroit qu'el-
je & les autres Difciples Ic pofle-
4eroient tellement a Tauenir,
Ch. zo. 871 Faraphrafe fur fEuangite de
que iatnais ils nc perdroicnt la
ioiiifTance de fa prefence. lefos
done la voy ant en cct cftat.la vou-
lut doucement defabufer de cettc
opinion par ces paroles. Non ^
Marie, non, ne me touche pointy
&netelaifrepasain(i tranfportcr
aces mouuemens. le vous ay bicn
promisqueic reuicndrois a vpus^
Sc que vous me vcrnes ; & voila en
cec egard ma promcfTe pres d c-
ftrc accomplie. I'y ay adioufte
que ie demeurerois auecvouS:,&
vous auec moy,& que iamais nous
, ne nous feparcrions : mais ie vous
ay auffi die qu'il falloit premicre-
ment que ie m'en allaile a mon
Pere.N aye done pas encore cette
pcnfee que ce que ie me prcfente a
vous maintenant^foit pour yde^
meurer toufiours. Cette partie de
ma promcflfe n'cft pas encore en
cftat de s executer : car ie nc fuis
hfus Chrifi felon S. leanl 875 Cli^iO^
point encore monte a mon Pere.
Mais comme tu vois que ie nc
vous ay pas manque dc parole en
reucnant a vousjafleurc-toy que
quand le temps en fera venu ie nc
manqueray pas non plus d ac-
complirlercfte. Et pour temon-
ftrer que ie ne veux pas differer
voftre contentcment plus qu'il nc
fautj Va-t-en de cepas amesfre-
rcs^ car ie leur veux donner cc
nom, parce que deformais touc
nous ell commun par I'adoptioft
que Dicu fait d eux en ma perfoa-
ne, & Icur rapporte ces paroles dc
ma part : Ie m'en vais monter a
mon Pere>.& a voftre Pere, car
d'orefnauant, fauf la diftindioa
& Tauantage de la primogenita-
re, qui me donne Ie premier rang,
il nous confiderera tous comme
fes cnfans: Ie m'en vais monter a
mon Dieu, & a voftre Dicu j car
Ch. 10. 874 Paraphrafe fur lEuangile dc
cjuelquc egalite qu*il y ait ei» autre
egard cntre luy & moy, fieft cfc
<juacaufedeceque i'ay commun
aucc vous, ic le regardea peu pres
aucc le mefmc rc{pe6t auec lequel
ilfaut quechacun dcvouslecon-
MmteMag fidcrc. Marlc Magdeleine done
tt;.r ayant rcceu de (a bouche cecad-
auxutjttpies. uertiiTement & ee cominandc-
setgaeHr,& mciit tout cnlemblc , elle modera
chtfjesf "' fa paflion , & laiflant la lefus ^ ellc
sachemina vers lesDifcipleSja qui
cllc vine apporter les bonnes &•
agreables nouuclles qu'cllc auoit
veu le Seigneur, & leur recita dc
fa part les chofes qu il luy auoit
dites Ce qui mit les cfprits des
Difciples en vnemcrueilleufecx-
ff^Jndu pedation. llsauoientauparauant
fiirfutvenu p^^fque toufiours cftc cnfemblc^
de ce tour //ar, r i r« r • /*
^ui eftoit le pour fe confoler ,& fe fortifier les
premier de la *■ •
jepmMne,<f}p. vns ks autre$ en cettc commune
l}liJn!fiZ contternation que la mort de
leflis Chrijl felan S. lean. §75 Gh, lol
Chrift Icur auoitcaufee.Maiscec- ^,/,,. ,,^, z,^
tc nouuellc de fa re(urrt6ti6nles ^''^^^"//"-
1,. , n • totem aJiem^
rallia encore plus eltroirement, ^>ry. f^^>
pour en atcendie dvncommun 'm %tm%.
accord les preuues plus certaines {"^iu^tdTx
& plus autentiques. Cc mefme '*^ ^''*'^ ^'^
lour-la done J qui cltoit le pre- Soiu
mier de la femaine^quand Icfoir
fut venu, s'eftans tous aflembles
dans vne mairon,& renans les por-
tes fcrmecs , parce qu ils crai-
gnoient que les luifs nc les vinf-
icnt troublcr & perfecuter , ils en
eurcnt vne prcuuc irrefragable.
Car kfus , a la volonte duquel
routes chofes rendoient vne pron-
tc obeifiTancejayant fait que Ics
portcss'ouuriflentdVUcs tncfmes
fans que perfonnc ymiftla main,
cntra, puis les ayant encore mira-
culcufemcnt fait refermer, il fc
trouua inopinement au milieu dc
fesDifcipIcs i Sc les faluant a fa fa-
Ch. 20. 87(J ^araphrafe [urtEuangtlede
^on accouftumeCj en Icur difanti
Paix vous foit^ou.Dieu vous don-
ne toute forte dc profperitejil fe
fie connoiftre a cux. Et daucanc
qu'il ((^auoit bien leur infirmice,&
latardiuete deleursentendemens
a croirc , apres qu'il leur euc dit ce-
la, pour leur oiler toute matierc
de doute & dc hefitation^il leur fit
voir fes mains & fon Goftc, ou ii
auoit confcrue les cicatrices de fes
playes, tant pour eftre de glorieu-
fes marques de fes combats, que
pour eftre des enfcignes que c'e-
ftoit Juy, &non autre, qui eftoic
reffufcite des morts. Qoand done
fes Difciples I'eurent veu,&quil
leur cut monftre tant dc temoi*
gnages de fa prefence, on ne fc^au--
roit exprimer la)oyequilseneu-
»V. rent tous. Comme il les vid en
-Etilleuv ^
ditderechtfi ccttc dilpoiition, <x qu lis ne dou-
%'ucommit toicnt plusqu'ilnefuft veritable--
ment \
lefks Chrifi felon S. lean. 877 Ch. io7
mcnt leur Niaiftrc,qui Icsauoit msperem^^
^hoifis pour eftre fcs Difciples '»'''y^ *^»fi
particuliers , & qui Ics auoit de- »er'«
ftines a rApoft:olat,Ie temps s'ap-
f)rochant qu ils en deuoient fairc
es fo n6ti6s/il leur y voulut doner
Miffionde fapropre voix, com-
meeftantvhe charge qui deuoit
proceder immediatcment deluy:
& par mefme moyenilvoulutlcs
alTeurer qu*il Te propofoit de les
infpirer, & de Ics munir de tou^ ,
les dons qui leur cftoient nccefTai-
res. Il commencja done par la re-
petition deccttefalutation, Paix
vous foit.afin qu'ils demeuraflfcnc
pleinemcnt perfuadesde fa bon-
ne volonte;& puisil pourfuiuit
en ces termes. Comme mon Pere
m'a enuoye auec vnc fouueraine
autoritea kquelleilneft permis
a hommc mortel de refliler , ie
v^ons enuoye pareillement auec
lii
Ch. ^o. S78 Para^hrafefurtEuangttede
vae fouucrainc auto<rire,a laqucl-
k qui rcfifteta 3 me rcfiftcra a
»^- ,., moy-mefme. Puis aprcs auoir
^«r^/f r.//». prononce ces mots, elqucls elt Ic
tIr.'&iZ tiltrc de Icur Vocation a TApo-
f^^Receues Q^^\^^ \\ fouffla fuF cux , & ad-
joufta CCS paroles. Rcccuesdans
ce fQuffle^& dans Ics mouuenicns
mterieursquiraccompagnent en
vQus,vn fymbolc extcrieur, &
<|iiand & quand vn commence-
ment & vne arre indubitable de
Tabondancedu Sain£t Efprit qui
vous fera communique <, pour
vous rendre capablcs de faire les
foncflionsdeiaCharge incompa-
rable a laquelle ie vous appellc.
JionVceu^ Car il vous addreflcra tellemcnt,
Auf^ueisvo' j^j^j. ^j^ la predication des Verites
lespeches.iis Je U creaucc defquclles Ic falut
dom&^.&k des hommes depend ^ quen la
VsTJZre^: conHoiflancc particuliete dc ceux
■4is ferotrete. ^ui feront profeffioji de lesaiioii;
tefis Chnfijelon S. Icanl 879 Ch. zo?
dtobraflecs , qua ccux a quivaus
dcclareres abfolumcnt que Icurs
pcches leur font pardonnes , ils le
icront effcdiuenient; &a ccux a
qui vous dcclareres abfolumcnt
parcillement qu lis font rctenus
pour eftrc punis , ils feront eflPc-
(Stiucmenc rctenus. Parce quela
certitude dc ces chofes depen-
dant prcmidrement de la Verite
de TEuangile , qui proniettra la
remiffion des pcches a ccux qui
croiront J puisapresdela verite &
fyncerite dc la foy en ccux qui
feront profclTion de croire :ny
cet Efprit ne vous fouffrira point
errer en ce qui eft de la verirc dc
TEuangile dc Dieu , que vous
aucs charge d*annoncer ; ny ce
mefme Efprit ne vous fouffrira
point manquer a iugcr de la fyn-
cerite delafoydequiquc ccfpitj
quand pour Tedification publi-
lii JL
Ch, zo. 880 PMa^hmj^-Ji^fWua^^h
•quc3& pourvous auroTirer,il fcri
neceffkire <]ue vous appliquies
vos entendemens a en auoir la
t. t4' cohnqiirance. Orncfauc-il pas
Or Thomas f i-. • rfi
^ndesdo IS oublier vne circonltanct mer-
r*^^^ ueilleufement notable tn cettc'
^'^Mtpomf )^;^^Q^ Thomas, appelle auffi
Auec eux . s t » '11
quandie-m Didyme, rvnde ceux qui com-
'^^''^^ pofoient ce college que Ton nom-
n:ie des douze ^ parcc qu^il y eh
aubitautantau commencement,
n'cftoit point auec les autres
quand le Seigneur Icfus y vine,
quclque occafion particuliere
i*ayant oblige de s*en abfenter.
lefus done s en eftant alle apres
qu'il leur cut tenu ces propos, &
Thomas n'y ayant point afliftej
quand il fut retourne quelque peu
apres, les autres Difciples luy
jfftt uoy les dirent >• Nous auons veu Ic Sei-
lie, lay d,- gneur;, & il n y a que tort peu qu il
ZZmvJ^, ^^ difparu de noftre prefencc.
Tcfus Chrift felon S. lean. 88r Ch. lo*
Mais com me cc pcrfonnage auoit seign^ur. Et
touiours efte plus lent que les. *^^<^^rdu.si
' ^ I I tene voy let
autrcsa receuoiFiimprcllioades enfeignes de^.
veritesque ledis Icur eofeignoit, il VJ'metsmm
fe mpnftra encore incrcdulc en S/t/'
cette occafion, quiluy paroiffoic ^^''''^' ^^
1 111 te ne mets
entre les autres eltrelc plus hors mam^men
apparence. Ec comme li c eult ne u crotray
efte vne chofedignc deloiiange ^^'^*'
en iuy, que de vouloir auoir dc§
preuiKs bien (enfibles & bien pail-
pablcs de ce qu on Iuy difbic ^ it
leur refpondicen ces termes. Pour
moy, ie ne me flatte pas ainfi en
mes penfees, & ne fuis pas comme
ceux qui fe perfuadent aifement
ce qu ils defirent ardemment. Si
ie ne voy rnpy-mcfme les mar-
ques des cloux en fes mains 5 car
i'en puis approcbcr mcs yeux aC-
fes prcs pour cela : fi ie ne mets
mon doigc dans Ie lieu ou cftoient
les cloqix en fes pieds ^ d*ou il eft
Ch. zo. 88z ^araphrafcfur TEuatigile de
malaifequc i'ap^prochemes ycux
fi pres ; & fi ie he mecs ma main
dans la playe que ie fcjay bien qu'il
a reccue fi grandeau code que Ty
puis fourrcr plufieurs doigcs en-
femble^, icvous declare franche-
mencque'ie ne croiray point que
E/ hni^ vous Tayes veu relTufcite. Cela
TZhef% s'cftant ainfi paflfe , hoftrc Sei-
Sl^ gncur,quin ignoroitaucune cho-
dmit^Tha. fe, voulutapparoir a fes Difciples
eux. Lots le- cncorc vnc tois, tant pour conhr-
ffis vint les i I !
porta eji^m Hiet de plus en plus ceux qui
fermiei^ ^ auoicnt dcfia creu \ que pour
iiefid'eux,& vaincrerobftination de Thomas
vomfoit. encondclccndatalon delir ^ ann
qu'il peuft eftre vn fidcile& au-
thentique temoin de fa refur^
re£tion commeles autres. Ce qu'il
ficiuftcmcntiiuidioursajpres, Ic
premier iour delafemaiue, que
les Apollres commencercnt lors
a faniStifier dVne facjon particu;
lejus Chriji felon S. lean. '% Ch. 2:0.
liere en memoirc de la refur-
re£tiondeleurMaiftre,& etc cet-
te fienne premiere stpparicion.
Car fcs Difciplcs cftans derechef
aflcmbles au mefmc Iicu,& Tho-
mas Y cftant aucc cux, lefus y vint,
les portcscftantfcrmees, comme
il auoic faic la premiere fdis, & les
faliia toutdc mefmc ^ en leur di-
fant, Paix vous foir* Puis aprcs l^i]Yuk
lesauoir tous.faliies encommun, ^T^^omfu,
Ul, Mets ton
e tourna particuliercment vers doigncy, &
Thomas, &: auec vnc bonte in- ""^aimZZ
conceuablc ^ il luy die en luy «^'''^^'^^^
-* / J to, mam (^
monftrant les trous dc fcs pieds^ i^ mets^en
Mets ton doigt icy. Cc cjucTho- nefoispoiu
mas ayant fait , il luy monftra fes 4%7^k
mains, &Iuy dit, Regardc mcs
mains de tant pres que tu Vou-
dras , & voy fi tu y trouucras les
enfeignes que tu demandes. Tho-
mas les ayant regardes attentiue-
nlcnc ;, lefus luy monftra foB^
1114
Ch. io. 884 Paraphrafe fur I'Euangile de
code, & luy dit j Auance ta main,
&Ia mcts dans cettc playc, & quit-
tc cnfin cette incredalite que tu
as monftree iufqu'icy , pour tc
laifler pcrfuadcrlaverite,& pour
ThomL^re^^ croirc. Thomas done ayant fait
pondit.^iuy cette dcrnierc epreuue dela veri-
jn^^r^^mo tc oc la cholc , nott leulemcnt u
n'en douta plus , mais en eftant
raui en admiration^ & comme
tranfporte hors de luy-mcfme , il
luy reponditcn s'ecriant, Ceft
done toy , mon Seigneur & mon
uiusiuydit. Dieu 1 Alors lelus en partie pour
/* w^l I7u approuuer entre fcs Difciples le
Itri.:: t^moigmgc que Thomas luy
hemeuxjont auoit dounc dc fafoy, en partie
pomtveu(^ pour le cliaitier doucement deec
... cr.u. ^^, . J ^,^^^ .^ monftre fi difficile I
vainere en fon incredulite ^ luy
repartit de la forte. Parce que
tu m as vcu, Thomas, tuasenfin
creaatesyeux^ &leurasplusde-
lefus ChriB felon S. lean. 88/ Ch. zo^
fere qu'atant d'enfeigncmens dc
la Parole dc Dieu^a tant de propos
que ic vous ay cy deuant tcnus a
tous , & au remoignage de tcs
frcres. A la vcrite encore vaut-iF
mieux s cftrc laiflTe perfuadcr dc
cette facjon-Ia, qued'auoirtouf-
jours rcfifte. Mais fcjaches que
CGUx la font plus digncs deloii-
angc & de rccommandation, qui
fans eftre aides du temoignagedc
leurs yeux ny de leurs autres fens
corporels, re^oiucnt cette falu-
taire verite a caufe des argumens
dont ie viensdetefaire mention,
quiferapportent a Tintelligence.
Parceque das Ics chofcs qui ne sot
point fouftenues d autres rairos,& .
qui cofiftenten certains faitsqui
ontquelque etrangete, ilnefaut
pas croiredeleger, Niais en celles
dont Ics oracles des Prophetes ont
aducrti:, & que mes propos ont
Ch. i6> 886 ^araphraje (ur t Euangik ie
tantdefois confirmees, &dontfr
confentemcnt & le rapport de
tant de pcrfonncs attcftc , ne fe
laiflfer vaincre finon a la depofi-
tion dc fcs ftns ^ eft vnc marque
liVnc grande obftination en Ta-
itfHsi^aujTt ^^- Tek furent les propos que
^/«/7.«»^«. noftrcSeiencurtinra Tomas, &
u pre/ence qui OHC dcu eltre rapportes a la
fUs.ufqueis luite de cette diume hiltoire. Ic
»e font Point - .
*/mfi i» ^/pourrois encore icy raconter
bm€, grande quantite d*autres chofes
miriculeufes que Icfus a faitesen'
la prefence dcfcs Difciples parti-
culiers : mais aprcs en auoir tant
rapporte qu il a faites deuant tout
le peuple , il me fuffit d*en re-
citer feulement quelques vnes dc
cclles que fes feuls Difciples ont
veues, en paflfant en cc liure-cy
*• .5^- touteslesautresfous filcnce. Car
chojesfomi. auffi n'eil-ii pas necclTaire d*en
quevo^a^l remplir cet abbregede fa vie*
vou: ayes via
I ejus Chriji felon S. lean. 887 Ch'. zol
Mais Ics chofesqui y font ecritcs, ^^, ^,^«, ,^
commeellesontcfte ecritcs afin, ^'^^ ^'
o hommcs entre les mams dc qui ^«*» ^^^ya^
ce Imrc tombera ^ que vous^^,^
croyies que lefus, le Fils de Marie,
eft le Chnft que les Prophetcs
auoknt promis, & qu encroyant
en fon Norn vous obtcnies par
luy falut & vie eterncllc; aufli font
elles fuffi (antes pour feruir de fon-
dement a voftrc foy,& pour vous
amener a la pofTcffion de lim-
morcalite gloricufc.
CHAPITRE XXI.
Efurent la les apparitions f* i.
par Icfquelles Icfas fc ufmfeZn^
manifcfta clairemeRt li^r^f^^^f
fesDifciplescnIerufalcm aprcsfa ^^ Tyberta-*
rcfutrcdion. Depuis^ ilfc maai;-;/^^^/;^/;.'
Cfia.2i^88a Para^hmfeJurl\Euangle ih^ '
fefta encore vne autre fois pres de
la mer de Tiberias en Galilee,ou il
auoic faitannonccr afesDitciplcs
quilalloit, &Te ficvoircn cette
Simon I'hf. force. Simon Pierre &: Thomas
:.^,^%^PF11^ Didyme, celuy dontil a
duDiiyme^^^^ oarle cy deuant, &: Natha-
n^ei qm k nael ^ qui eltoit de Gana de Ga-
n^ de G^u liiee, ou lelus auoit rait le pre-
tse,sie>^ii j^jgj. lYiij^acle en conucrtiflant
6^dtHXP.H^ 1 eau en vin j&lesfilsdeZebedee,
tr lice dtf- ^ f, . _ _ _ ^ ,
af;ies^roie?ft a i^auoir lacqucs &Iean, & deux
'^''''* autres des Difciples de lefus
eftoient enfemblc , attendans le
temps auquci il piairoit au Sei-
gneur d'executer ce qu il leur
auoit promis. Car il ne fe tenoit
plus ordmairement auec eux,
comme il faifoit auparauanr^
mais apparoiiToit tantoft icy
tancoft la, pour ne leur laifTer au-
cune doute de fa rcfurredion,
iufquace queles enayantpieine-
1' : 'lefus Chrift felon 5. lean. W Clia. in
mtnt certifies, il fe retiraft vers
Ibn Pere. Come done ilscftoient sir^^on^pur-
xn cet eftat , Simon Pierre , qui -f-j-^
n auoit pas encore abtolument 'f:*^ ^^ ^^^^
abandonne le meliier qua tyi- y^uomaug
cr<^oitauant la vocation, & c\\yi pamrent^^
depuis que lefus ies auoit laif- '^^''ll'^lJ^,
fes/auoit cu quelquesfois befoirl 6* nepin>
de k {)ratiquer pour rournir a cene nmS:
fa nourricure, dit a fes coinpa- '"**
gnons ; le m'cnvais pefclier. Et
cux , qui n'auoient autre chofe a
"faire pour lors, & qui n auoient
pas d ailleufs plus de moyen dc
iiibfifter que luy^, luy repondirent
incontinent *, Nous y allons aufli
'^uec toy, & tetiendrons compa-
gnie. Ilspartircnt donc,& mon-
terent dans vnc naflelle quils
auoient a eux toutc prcfte , &: fc
mircnt a ietter Ics rets. Ceftoit
lacouftume de lefus, pendant le
temps de fa conuerfation aucc fes
Cha. 2u 890 Pamphrajc fur I'Etungile de p
Difciplcsjdc prendre occafion des
chofes prerentcs^ pour Icur don-
ncr fes inftrudtions ; & bien que
depuis fa refurredion il changea
lOEConotnie de fa conduite en
diuerfes chofes, parce cju'clle ne
conuenoit plus a Teftat auquel il
fe trouuoit, ii cft-ce qu'cn cette
occurrence il continua encore de
leurdonnerdiuers enfeignemens
a rpccafipn de cette action. Il
4eur auoit dit autrefois qu'il les
vpuloit faire pefchcurs dliom-
tnesviuans, accomparantlc fruit
deleur ^poftolat en la conuer-
fiondes hommesa fon Euangile,
aux fon^ions de leur mcftier
quand ellcs auoient vn bon fuc-
ces. Afin donque de leur eii-
feigner, que qui entrcprendroit
Fexcrcice dc TApoftoIat fans (a
vocation tres-exprcffe , ny reiiP
firoit aucuaement, mais que^de
, leJusChriflfitonS.Ieanl t9iCh£u.
ceux qui rcxcrccrpicnt par fon
comtnandcment , il accompa-
gncroit Ic minift^rc dVnc admi-
rable eflScace , il gouuerna tcllc-
ip,ent cetre pefclic par fa Proui-
dence, qu'ils en pouuoienc aife-
ment titer cette lec^on. Car s c-
ftans mis a pefcher de Icur mou-
uement , ils trauaillerenc route
cette nuit-la fans rien prendre. ., .
Maisle matin eftantvenu, com- ualstema-^
me lis eltoicnt encore lur la mer, /mfetroua^
lefusfe trouua furleriuage,com- iJ^f^^Z
me s'il euft voulu leur donnera ^'^"'^^^' "^
entendre qu il elloit dcformais toint^t^eti-
quant a Juy fur le ferme apres fa *"^ '
refurreAion,& qu*iIneferoitpIus
fuiet a aucunes agitations ; au
lieu que pour cux ils auroient a
fouffrir diucrfes tcmpeftes de per-
fccutions en 1 cxercice de Icurs
charges, Ncantmoins les Dif-
ciples nc peurexit point encore a
^'^s
Nm
Cha.ii. 8^1 n^arafhrafe Jurl'Euagile de
Cc moment lirer cettc inftrudion
de (a ptefcncc, parce qu*ils ne
P y. connurcrit point que c*eftoit Ic-
huJdit'^Enl ^^^° lis n'eftoient point pourtant
fam auSs fi eloiMes du riuaec , qu'ils nc
^e chofi pculientparlcrlesvns autres;tel-
P' i^luy lementque lefus leurdir, Enfans,
^fpon^innty /termedc priuaute &defamilia-
rite, quileurdeuoit ramenteuoir
CO mnlcnt il auoit parle a eux peu
dcuant fa mortOaues vou^quel-
que cliofe a manger ? En pour-
ries-vous bien affifter ceux qui
en auroient befoinJCe qu'il nc
difoit pas parce qu'aucune neceC*
fite le preflfaft jcar il eftoit dcfoi:-
mais exempt dccesinfirmitesna-
turelles : maisafin de ks engager
aluy rcfpohdre3& de lesamener
a cequi dcuoit fuiutc puis aptcs*
lis luy refpondircntdonc;Non ,
nous n'en auons point, noftrc
trauailnous ayant tout a fait mal
fuccede
7cJHS Chrifi felon S. learu ?pj Chair
laccede la nuit paflee. Leur ba- ^ ^
Et it leur
teaii cftoit colloque de telle ft- ^'> :^ lene:^
^on,qua prendre, lelon la cou- tUrohdeu
Hume , la proue pour le deuant, :f t..t
il auoit le cofte droit tourne vers "*''" ^^' ^*
I . \ n • T r ^1 ttitt event doc
le riuage ou clrcit lelus, & le gau- &neiepu.
hi 4 • \ 1- f^oient plus
e vers la pleine mer, ou lis tirerpoJru
auoient iufques a lofs tafclie de T!flijr,m.
pefclier. Car il y auoit apparcncc
queie poiflfon eftoit pluitoft de
Gc colle la , que non pas au log du
riuage, vers lequel il y a moins
d*cau & moins dc profond pour
lecontenif/&doii le bruit qui fc
fait fur terre a accouftume de le
clialTer. Ge que noftre Seigneur
ne voulant pas laifler pafler fans
cnfeignement, il leur dit: letted
le file a eofte droit de voftre naf-
felle en de(^a,& vous y trouueres
delapefche Cequ'ildifoitafinde
Ics aduerrir quen Texercice de
leur Apoftolat, que leur meftier
Kkk
Chaai. 85>4 ^amphrafe fur bEuangile de
de pcfcheurs reprefentoit , ils dc^
uoient toufiours auoir le vifage &
Ic ccEur tournes vers luy^ pour
dependre de fes ordres, & pour re-
ceuoir de fonaffiftance Tefficacc
Scla vertu qui deuoit rendre leur
miniftere rru<Stucux. De plus^^il
vouloit qu ils en tirafTcnt cette in-
ftru6tion, que comme ils n'a-
uoientrien pris au lieuou Tappa-
rence eftoit que la pefche fe ren-
contreroit plus fauorable j &
qu au contraire ils trouueroient
beaucoup a prendre oil ils ne iu-
geoient pas auparauailt qu il y
euft fujet de Tefperer, leur Apo-
ftolat feroit prefque fans effect
cnuers les luifs ,qui par routes for-
tes de raifons deuoient eftrc
mieux prepares a la conuerfion
& a la foy , mais qu*il produiroit
vn grandfruit entre lesautresna-
tions, ou les chofes paroiffoicnt y
icffis Chrifl felon S. lean, SpjCha.^U
tftre fi pcu difpofees. lefus done
leur ayanc donne ce commandc-
ment, lis y obtempercrent incon-^
tmcnt;nonparrefpe£tafa paro-
le,car ils ne le connoiiToient point
encore: mais parce queftans re-
bates d'vnfilong&: fi inutile tra-
uail qti'ils auoiec pris de Tautre co-
fte,ils eftimerent qu ils pouuoient
bien encore faire ce coup de re
fur Taduis qui leur en eftoic don^
a quelque fin &: auec quelque fuc-
cesque ce peuft eftre. Orfe trou-
uerent- ils bien eftonnes quand ils
virenc que la chofe reiiffilToit au
dela de leur efperance & de leuir
imagination,(kque quand ils vou-
lurenc ramener leur file, ils lefen-
tircnt fi charge dt la multitude
des poiflbns qui s y elloient pris^
qu ils ne pouuoient le retirer dans
leur naflelle. Sur quoy ils curent
tncorc cctte reflexion a fairc auec
Kkk a
Ciia.ii. 85)6 Pardphrafe furfiEuanpIede
fc tempsyqu en obci (Tant au com^
mandement du Seigneur, & en
(uiuant fa vocation, il faut tous-
jOurs efperer abondancc dt fuc-
ces &: de bcnedi£tion, quelque ap-
parenre que Ton voye eftre au
pltaJo^ie contraire.Ceteuenemcnt leurde-
di/cfpie que yoit egalement doHuer de Tcfton-
dita?ietre, ncmcnt a tous,& leur faire con-
•gneurlsim'6 Hoiftrc Icut Maiftrc. Ec ncant-
^oTJltr^l moins encore nes'en auiferent-ils
toit le set pas.iufquesacequeledifcipleque
gneur fe cet \ ^ . i . i i -
gnit dc > iclus aunoicparticuliercmentjtai'-
Zq'Jiuftlv fant vne plus forte application
^d) &f^ d'efprit fur cette occurence que
^'''^' les autres, il dit a P i erre, qui eft oit
le plus proche de luy : Aflfcure-
ment c'cft le Seigneur, &ie m'e-
ftonne que nous ne nous en fom-
mes apperceus pluftoft. A peine
cette parole eut elle efte pronon-
cce , qu elle ouurit en vn moment
., Tefprit de Pierre & de fes compa^
'' lefus Chriji felon S. lean. 897 Gha.2]i^
gnons,& quelle leur fit venir le.
defir de s'approcKer pourenuifa-
ger lefas & pour le connoiftrc. Ex
commc Simon Pierre cftoic d va
naturcl prone & ardent^ & que
d'aiUeurs il auoit touflours eu , &
auoit encore plus que iamais,de-
puis I'accident qui luy eftoit arri-
ue, vne grande afte6tion pour
fon Maiftre^toutaufli-toft quil
cut oiiy que c eftoit le Seigneur , il
luy prit enuie de fe ietter eala
mer^ pour arriucr ou lefus eftoit,
fans aucun retardement. Mais
parce que s eftant eehautte a trar-
uailler^il s'eftoit misnu en chemi-
fe j ayant quclque lionte de fc pre-
(cnter dcuant lefus en cet cftat ^ il
pritalahafteleiupponqu'il auoie
accouftume de mettre fur fa che-
miCs, & s'en eftant ccint fur les
reins, pour empefcherquefache-
inife ne flottaft & ne le decouui:i(|
Kkk 3
Cha. ZT. 85>8 Pamphraje fur l^Euangile dt
par en bas, il fe ietta ainfi dans
TeaUy&fe mit a nager vers le ri-
^tUsautres uage. Pour les autres difciples,
Jnn/lnZ dautant quils n'eftorcnt ny fi
:^S::: pronts, ny fi bons nageurs, &
fointiomde que d'aiikurs ils ne iup-erenr pas a
terre , mass ^ \ \ - rC .11 1
feuiement proDos de lailier & le bateau &Ie
enuiro deux ' n l 11 • 1 r*
€es cotidees) re a la mercy de la mer, lis Ic mi-
^fiuTeTpoiL ^^^^^ pouffer auec Tauiron k naf-
/ens. fellc Ycrs le bord, dou ils ne-
ftoiec pas fort eIoignes,ma:isd'en-
uiron deux cen^ coudecs feule-.
ment ^ &c y tireretit I^ file auec tou^
^J,uandiis ^^ ^^^^ capture. Quand ils furenc
furent def dcfccndus cH t^f IC . & cu'ils eu-
cendtis enter ^ r 1
re.iistjirintxcwt rcGonnu leiiis vn peu plus
^mi]e, ^^fu certainement &de plus pres, ils fe
^dlfm6^dl ^^ouucrent furpris de rencon-
fam^ tfer la de la braife eftertdue
fur le riuage, & du poifldn mis
defTus pour le roftir^auec du pain
qui eftoit auprcs, comme quand
on a delfein de fairc vn repas; ^
masntenam
lefus Chrip felon S. lean. %99 Cha.ii.
ils auoient fujec de s'cn eftonncr,
veu que lefus leur auoit aupara-
uant demande de quoy mangen
Mais il leur donna toft apres Toe- le/urLr
cafion de rechercher & de trou- tpifZf
uer rintellieence de ce myfterc. ^'^^^^^
Carcomme ainfi loit qu'ils n'euf- /-w*
fenc point encore tire leur pcfclic
du file :,il leur dit: La ^ mes amis,
tires a cctte heure les poiffbns que
vous aues pris^& en apportes pour
les roftir auec cettuy-la, fans y
mettreaucune difference. Paroles
par lefquelles,en fuiuant les traced
de fes enfcignemcnsprecedcnsj i!
leur donnoit a entendre, qu'cntrc
ceux qu il aupit cottuertis par fa
predication, & ceux qui le de-
uoient eftre par leur miniftcre^, il
n*y auroit point a Tauenir d'autrc
diftindion, finon que quant a loy
il en auoit peu amene a la foy^pa?-
ce qu il n^auoit prefche qu entro^
KK4
Cha.zi. 900 n^araphrafefur tEuangile de
les luifs y nation obftinee contrc
rEuangile^&^bandonee dcDieu:
au Iicu que quant a eux ils auoienc
^ en conuertir vn merueillcufe-
rnent grand nombre d'entre les
autrts peuples de rvniuers.Neant-
moins il ne laiffoit pas de leur
donner encore vne autre lec^on a
recueillir de cette adtion j c'eft
qu*encore qui! fembjaft quvn
rnelme miniftere cxterieur leur
fuft commis, fa puifTance a Texer-
<:er eftoit nierueilleufemcnt diffe-
"rente. Car luy-mefme auoit cree
^ le poiiFon qu il auoit mis fur Ic
brafier, pour monftrer que c'eft;
la vertu de TEfprir qui cree la
foy dans les co^urs, & qui fait les
hommes fiddles. Au lieu que
quant a eux ilsn'auoient rien faic
finon pefcher les poiflbns que
IDieu auoit formes tels^ pour ii-
gnifierque leur miniftere deuok
lefus Chrifi felon S. lean. 9oi Cha.ijt.
cftre cxtcricur fculcrpcnt ^ & qu ils
n auoient point la vcrtu dc for-
mer inteneurcment la foy dans
lesefpritsdeshommes. Aufli-toft f^ U^
/ . / Simon Pier"
que le Seigneur eut prononce ce nmoma 6^
commandement, Simon Pierre, uTj'fLi
qui auoitle premier fait le deflein ^^^ '^^^f ^^^■-
11 r i r. ■ 1' -11 '^uantf.trots
dc la peiche^&quid ailleursmon- gro.potfons:
roit toutiours quelque particu- qu'iiyenei.i;
liere^rontitude en ce que leSei- "^^if^
gneur ordonnoit, monta dans le ^'**
bateau 5 &aflifte qu'il fut des au^
treSjil tira le file hors,&le trou-
Via plei^ de cent cinquante-trois
grands poifions, Nom bre qui fuf-
fifoit bienpour monftrer que ce
coup de re ne s^eftoit pas fait fans
vn grand miracle, mais qui auoit
outre cela quelque chofc d aliego-
rique & de fublime en fa fignifi-
cation. C*eft que s'cftant trouue
du temps de Salomon cent cin-
quante-trois mille fix cens eftran-^
gcrs' profelytes , employes a b
conftru6tion du Temple y qui
eftoient autant d'eflfais & de types
de la vocation des Gentils, la peC-
che de ces poiflTons reprefenunr
ia conuerfion des Nations^corref-
pondoit exa6tementacette figu-
re. Car quant aux fix cens, parce
que c'eft vnnombre imparfait:»&
qui ne pouuoit, comme chaquc
mille^cftre reprefenteparvn feul
poifTon^il n'y en a point efte fait
de confideration. Mais comme il
n arriua pas fans miracle non plu5>
qu y ayant dans Ic file vne fi gran-
dequantite de diffcrens poiflbns^
ilne fe rompit point pourtant>
parce qu*ils ne fe debatoient
'*' point, & que Dieu foufleuoit la
pefanteur naturelle de chacun
d eux , pour ne faire point d effort
contre le re qui les contenoityauffi
cela n eftoit pasainC difpenle fans
Jefus Chrijl felon S, lean. 503 Cha.iir
quelque inftru£tion myfterieufc^
Car il fignifioit qu encore quily
ait naturellemenc dans les hom-
ines quelque inclination a rcfi--
fter a cette vnion a laquelle TE-
uangile nous appelle tous^ & quel-
que humeur capricieufe & con-
tentieufe, capable de caufer des
diflenfions 8c des fchifmes^fi Dieu
ne la corrigcoit en nous, fi eft-cc
qu'ildonncvne telle vcrtu a la pa-
role de la Predication , qu elle
nous reiinit tous en vn , & que fi
quelquesfois il arriue cntre les fre-
res quelque emotion^ elle ne doit
pourtant iamais venir afaire des
raptures fcandaleufes, Ce n'eftoit ^' "•
pas inutilement que noftre Sei- ^^t .• vet:^:
gneur auoit voulu qu il y cuft du »«/ yf res
poiflTonaroftirfur cette braife^^ f^t^Z
dull auoit commandeafes difci- '''^''' • ^'
1 > • f rr . es tu r I fa--
pies quils y en apportaflent du ^w que
Icur. DVn cofte il f^auoit qu ils 'gmurl'^''^
Clia. zl. 5)04 Pardphrafe fur tEuangile de
auoicnt trauaille toute la nuit, &5
qu'ils auoienc befoin de prendro
quelqucrefedioii: &il leurvou-
loit monftrer que dans Ics foa-
6tions de leur Apoftolat-ils ira-
uoient pas befoin de fe mettre en
peine des neccdites de leur viej
parce que kur Maiftre y pour-
uoiroit, De Tautre^ il vouloit
continues de leur donner des
preuues bien conuainquantcs Sc
de la verire de la refurredlion de
fon corps J quand ils Ic verroiens
manger; & de la perleucrance de
fa dilection eauers eux^en ce qu'cn
ce grand cliangementquefamort
& rarefurredion auoiec apporte
dans reconomie de cette iienne
nouuelle vie^il ne lailToit pas dc
vouloir prendre fon rcpas auec
cux en (igne de communion. Il
Icur ditdoncjVencsicy mesamis^
&: d^faes^&lcsayantainii conuies^
lefus Chrifl felon S. lean, i^oj Glia^ziV
tnacun d'cux s approcha du lieu
ou leur nourriture eftoic prcpa-
ree. Et plus ils s'approclioient de
Iuy,&plusiIparloiCacux,pIusfe
confirmoien t lis en cctte creance
que ceftoit luy-mefme. Ncant-
moins, bien qu il n y en euft pas
vn qui n euft bonne enuie de luy
demander , comme il fe fait en
femblablcs occafions, ou, Qui es-
tu ? ou, N'eft ce pas toy. Seigneur?
ou quelqu autre cliofe fcmblablej
fi eft - ce qu'il n'y en eut pas vn
d'entre les difciples qui l^ofaft fai-
re.parce qu'ilsf^auoientbien que
c eftoit lefus, ^ que s'ils Teulfent
fait, il eftoit a craindrc quails ne
luy fourniflent eux-mefmes Toc-
cafion de lesaccufcr d'increduli-
te, puis quapres deux autres appa-
ritions, il Jcur auoit encore don-
ne lors tant de prcuues de fa pre-
fence.Gommedoncil Ics vidainfi f^J';,^
Cha. II. ^66 ^araphraje fur I'Euagile de
^;/T^6'/.r.»^-pcrfuades, & quand & quaiid
iLrZ\^u plci^^sde veneration pourJuy^ &
u&dupoif tnefmes touches de quelquc trc-
fon JembU' sn r n t - I r
biemenu Hicur a lon alpedt, il vmt luy-mel-
. me au lieu ou ce repas eftoitap-
prefl:4 &c ayant pris du pain, il leur
en baillaa tousj&du poiflbn fern-
blablement, tant de celuy quil
auoit cree, quede celuy qucux^
mefmes auoient pefche ; afin
que chacun d*eux fuft aduerty
qu encore que Dieu pouruoyc
par fa Prouidence a la nourriturc
dc fes feruiteursjil eft iufte qu ils
viuent auili des labeurs de leur mi-
niftere. Or eft il aiTe a chacun de
iuger quil en goufta aulli indiffe-
rcmment, pour lescaufesquei'ay
touchees.Car il les vouloit pleine-
ment afTeurer delaveritedeTare-.
furre6tion; de quoy cette adtion
de manger cftoit vnepreuuetres^
ceflTu euidente.Etcefutdeiiala troifie-
il
lefus Chrifi felon S. lean. 907 Cha.ur
itie foisquc Icfusfc manifcftaau ,.^;^^^^,v^^^^
troupe dcfesdifciples^ceft afca- '"^^" ^^^
uoir deux rois en Ierulalcm,& gel- tra afes dif.
celle-cy fur le bord de la mcr de X" H^fr
Tiberias ) fans conter les appari- '^^^f''
tions efquelles il s'eftoit fait voir
en diuers lieux a des perfonnes
particuliercs de Tvn & de Tautrc
Cexe. Tandis quils furent a pren* f. ^:
dre leur repas, lefus nc leur tint ^^^^^ ^^'^^
pas grand propoS:, afin de ne les ^'/"^ •* ^'fi*'
diuertir pas d vne action qui leuf pierre.sim^
eftoit abfolumcnc necelfaire.lwi^::
Mais apres quails eurent difne, ^^""^ ^7,,
opportunite eftant lors belle de /«y^^^o«j,
lesenfeigncr,iIs'addre{raaSimon iT^«^ 't
Pierre nommement ; tanc parce JZvi
qu il auoit befoin d Vne particu- *"" "''
ere loitcorredion, foic confir-
mation en fa charge & en fon de-
uoir; que patce qu il eftoit necef
faire qu^elle luy fuft faite en lapre-
Cence dcsautrcs.Ils fe fouuenoicnc
Cha-. ih 908 Paraphrdfe fur tEuahgilc de
dc ce que Pierre s'eftoit autrefois
vante , quil auoit de fi fortes affe-
£tions pour lefus , qu il fubiroic
volontiersJa mortpourluy^quoy
quen le reniant incontinent
apres iufqu'a trois f ois , il s'cftoic
honteufement demcnty luy-me(l
me. lefus auoit aufli reconnu que
nonobftant cetre honteufe abiu-
ration , ces afFedions s'eftoient
tellement reueiUecs en luy , que
mefmes en cette derniere occa-
fion il s eftoit d ardeur iette du ba-
teau dans la mer, pour arriuer a
lefus pluftoft que les autres. Il luy
voulut done premiercmentdou-
cement reproclicr & la precipira-
tion de fa vanteriej&lafoiblcflfe
de fa refolution i puis apres le con-
foler en luy donnant a connoiftre
qu il auoit bien remarque cette
derniere adion ^ & qu'clle luy
auoit efte agreable. Et dautant
que
lefusChrifl felon S\ learu po^ Chaoir^ ,■
que par fa reuoltc il auoit mcrite
dc dcchoir dc la dignice de T Apo-
ftolac auquelil auoit cfte appelle,
il I'y vouluc reflablir en la prcfen-
ce de tous , d vnc manicre fort au-
thetiauc& fort folennclle.Cc qu il
fit en luy parlant dc cette facjon.
Simon ^fils de lona ; (car il auoit
accouftumc dc rappcllcr ainfi;)
puis-je prendre vn certafn argu-
ment de tes adions^ que tu m ai-
mcs vericablement plus que nc
font ceux-cy? Etendifancccla il
fc tourna vers les autrcs. A quoy
Pierre refpbndit d vnc faconqui
meritcd*eftre pefee. Car fa con-
fcience luyrendant tefmoignagc
quil auoit Icfus danslecoeur^ &
cftat bieaife que nbftre Seigneur
euft cette opinion de luy , &c qu'il
luyprefentaftroccafion dele luy
attefter de bonne forte^il refpodit
tout aulTutoftj Oiiy vraymcnt^
"" ^^ Lli
21.910 ParaphrafeJurl^Euangilede
Seigneur. Et ncantmoins, parce
queChrift auoit fait comparai-
fon de luyauec fes compagnons,
& <qu outre que s'il fc faftprefere
a eux , cela cuft cu quelque chofe
d'odieux^ il (e fouuenoit bien que
fa prefomption en cet egard,
auoit ellc rudcmet chaftiee il n'y
auoit que fort peu de temps, il
adoucit fa refponfe en ad jouftant;
Tu fqais que le t'aime j fe conten-
tant d'affeurer dc la fincerite & de
la vehemence de fa dilcdion, &
nc voulantpas qu on creuft qu il
s'auantageaft orgueillcufement
par delTus lesautrcs. Ce quelefus
ayant eu agre, remunera miferi-
cordieufement & fon amour & fa
modcftie, enluy difant. Pais mes
aigneaux^ commcsllluyeuftdit,
que puis quil Tafleuroit ainfi de
fon affedion , il luy redonnoit la
charge de Pafteurdefesbrebis^dc
lefus Chrifl felon S. lean. 9ii Clia.ili
iaquclle il s'eftoitpriue luy-mef-
jtne par fa propre fautc. Outre la ffi^^'^if.
difcretion done Pierre auoit vfe ^^ccresdere^
r f r r chef .Simon-
en la reponle , en ne le pre- nu de un^
erant point a les compagnons^ ,/ z^^ ^,v,
dequoy lefus cftoit dcmcuie fa- ^''^ • '^''''■
tisfait , Ic Sci2;neur auoit en- /p^^ ^«^ '>
I .p , / aime : il
core pris plailir en ce qu en luy dit en-
lay difanc . Tu f^ais qu« ie t'ai- :^Xtr
me , il Tauoic appelle a tcf-
moin de la verite de Tamour
quilluy porcoit^ aduoUant ainfi
que Icfus le connoiffoit encore
mieux quil ne fe connoiflfoic
foy-mefme. Ce qu'il auoit au~
parauant cxperimente , quand
a l*hcure qu il fe croyoit eftre bien
fermedebout, Icfus luy auoit (i
ccrtainementpreditfacheute. Ec
neanrmoins cilimant qu'il cftoit
neceflfaiire de Ic luy faire rcpcrer/
, tanta caufe dcluy , que pour la-
I; rnour des autres Difciplcs, qui
Lll 2.
Cba.ii. 5>i2. Paraphrafe fur I* Euangtle de
auoient befoin de prendre gard^
acette lc(jon, illuy demanda de-
rechcf , Simon , fils de lona^
m'aimcs-tu ? PuiCje tenir la pro-
teftation que tu viens de m'en
faire, pour veritable ? A quoy
Pierre ayanc incontinent reparti
comme il auoit fait auparauarit;
Ouivrayment:, Seigneur; tu fcjais j
que ie t'ainie, ilen rapporta auffi
comme a Tautrefois pour remu-
neration ^ vn fecond rcftabliflfe-
ment dans la pofleiTion de fa char-
ge. Car lefus luy repondit fans
f* 17' tarder , Pais mes brebis. Et a
£t il luy dit r\ ^ • . '1
fourutroi. noftre Seigneur, qui voyoit le
itonfitje fonddu coeur de ce pcrfonnage,
Ursa mat, ^ ^ [q^ autrcs Dlfciples y qui
re fnt con- lauoicntouy par deux tois, cela
;.^/ /J Z fans doutc fuflifoit , fi noftre Sci-
uoi^dupou^ gneur n euft cu de bonnes raifons
Utrotjtejme ^ , , ^ . I
fms, M'm^ de le luy raire rcpeter pour la
g«e/ '^ i^y troilieme. Mais li vouloic a vn
I
lefus Chrifl felon S. lean. 91} Cha.iK
cofte egaler Ic nombre dcs eon- dit.seigmur
fefTionsde Pierre, au nombre de ;:',^^^^7^'
fes abiurations , afin d y propor- //^" ?«* «>
tionner aulh le nombre des de- > luy dit:
clarations qu'il luy vouloit faire f^v'""^' '"^
de fon rcftabliflement ; & dc
Tautre il eftimoit qu'il luy falloit
faire vn peu plus fcntir quil
n'auoic fait iufqiics a lors , la fautc
qu il auoit autrefois commife. Il
luy dit done pour la troifiemc
fois , Simon, fils dc lona , m'ai-
meS'tu ? m'cn dois-je affeurer en
tcs paroles ? Alorsla ioye que
Pierre auoiteuede cette interro-
gation au commencement , fe
tourna en trifteflc, quand il la vid
fi fouuent reiteree. Parce qu'il
creutquc lefus luy vouloit tacitc-
ment reprocber qu il nc I'auoit
pas aimc autrefoisjcncore qu*il s e
vantaft, & quil luy temoignoit
par la que la fidelite de fes pro-
Lll 3
Cha. II. 5)14 ^araphrafcfur tEuangile de
teftations luy deuoit cftre fuf-
pc6te. Il perfeuera done a luy af-
' feurer qu il raimoic , parcc que
c'eftoit la verite: mais il adjouta
quelque chofc a fa precedence
protcftation pour la confirmer
dauantagc. Sil euft eu a faire a vn
autre qu'a luy , il ne luy reftoit
plus, apres fes confeffions & fes
proteftarions fi exprefies, finon
de le prier de confiderer Tardeur
auec laquell? il venoit rout fraif-
chcment de fc ietter en la mer
pour Taller trouuer ; & de luy
promettre encore pour Tauenir
des preuues de Ton affr:6tion dans
des occafions & des actions plus
confiderables & plus perilleufes.
Maisil luy vouluttemoignerqu'il
auoit cette opinion de luy & de la
toute-fciencedefa Diuinite,qu'il
n etoit mcfmes pas befoin d auoir
recours aux adions pour la luy
Iefu$ Chrijl felon S. lean. 8lj Cha.il.
prouucr, puis qu'il n y auoitrien
qui luy full cache, & qu ilvoyoit
iufquesdans lefond.dc Ton amc.
II luy rcfpondic done aucc emo-
tion ; Seigneur, pourquoym'en
interroges-ru fi fouuent, &qu'efl:
il befoin que ie te le confimie da-
uantagc ? Tu connois toures
chofes, Seigneur, & tu f<jais ccrtai-
nement que ie t'aime: tcUcmcnt
que ie ne t'en allegueray point
d autre tenioignagefinon la con-
noiflance que tu en as. Et lors
lefus voyant que fes paroles
auoient fait Tcffcdt qu*il voulovt,
& que dailleurs Pierre Tauoit
deformais autant de fois confef-
fe, commeil Tauoit renie aupa-
rauant,illuyditpourIa dernierc
fois. Pais mes brebis ; & luy re-
donna ainfi la derniere impref-
fion du caraderede TApoftolat,
dVne maniere incffa^able. Or
Lll 4 .
Gha. %i. 9i6 Taraphrafe furhEuagik de
^ ^8. noftrc Seigneur auoit bien apr
SKverhe.en perceu daiis la pcnfee de ce fiea
dy^quandtfi Dilciple y qu'il raifoic quelquc re-
ne.tHteeei ncxion lur cette preuue de ion
un^'^^'ll amour qu'ilvcnoitdeluy donner
-voMu'wais en fe iettant dans la mer,&: qu'il
fas ancien , auoitcu quclque peinc a Ic rctenir
usm^im.^ deluyen promettre encore pour
'^ndZ'!^ i'^^cj^i^^ q^i feroicnttout autres
tenjener^ok quc les precedentcs. Maisilauoic
drcuftu, aulli r.econnu que la louuenancc
de la faute parfee Ten auoit en
partieempefche, tantacaufedu
fentimcnt qu il auoit de fa propre
infirmite^ que parce qu'il auoit
pcur que Ie{us ne la luy obje£taftj
foitouuerrement, outacitcment,
s'il fe vantoit de quelque chofe en
faprefence. Deladocilpritocca-
fion de Taduertir des foufFrances
qui deuoient accompagner fon
Apoftolat^&mefmcsde laflcurer
qu'il JafTifteroit tellemcnt dc la
lefus Chrifl felon S. han. 9I7 Cha.zi!
vcrtu de fon Efprit , qu*il en para-
chcucroit la courfc aucc vnc in-
uinciblc perfcuerance. De forte
qu'ilne fetrouucroitpastrompe:,
comme il auoit fait auparauanr,
dans la bonne opinion qu*il auoit
dcsmouuemens defon coeur, &
de Taffcdion qu il portoit a fon
Seigneur^ parcequ'il le fouftien-
droit de fa main au milieu de
toutes tentations, pour ne le laif-
feriamais fuccomberalafoiblef-
fe de la chair dans les epreuues les
plus rigourcufcs. Et il luy tint
vn propos qui fcruoit admirable-
ment a cet effed , & qui aueccela
contenoit de trcs-belJes allufions
a toutes les cliofes preccdentes. Ic
ne te rcdonne pas, luy dir-jil, la
charge de paiftre mcsbrebis :, en
leurannon^antla parole de mon
Euangik 3 & en les gouuernant
cammc d vne houlettc par Tau-
Cha. lu piS Paraphraje fur tEuangile Je
torite de TApoftolat , fans y at-
tachcr vne condition difficile a
cxecutcr, fionen faitcomparai-
fon aucc Tinfirmite de voftrc na-
ture. Mais neantmoins ic te dis
en veritCo&tudois tenir ma pa^
role plus certaine que ne font tous
lesiure mens, que tu t*en acquit-
teras fidelement. Quandtucftois
ieunc, tu te ceigaois a ta volonte,
comme tu as encore nagueresfaitj
tualloisou bontcrembloit,com-
me q a nagueres encore cfte de ton
pur &fimple mouucmentque de
ton bateau tu t'es mis a venira
nage versle riuage. Auffina-til
pas efte iufqu'a maintenant con-
ucnable que ie t'expofafle a des
chofes ou il falluft que tu appor-
taffes aucune notable contrainte
a tes inclinations naturelles , & au
defir que tousles hommes ont de
leur proprc conferuation. Toy
teftis Chrijl felon S. lean. 5)i9 Clia. th
jnefme fqais que rexpcriencc a
jnonftre que tu n'en cftois pas
encore capable. Mais quand
ayantreccude moy la participa-
tion demonEfpriCy&ayantpafle
vnlong tempsdanslesfoncStions
de la charge que ie te commets, tu
feras dcuenu ancien , & que tu fe-
rasrendupropreaconfirmcr au-
tentiquementmaverite, alorstu
etendras tes mains, non pas com-
me tu faifois tantoft dans Teau en
nageant 5 mais dans Tair^en vne
beaucoup plus fafchcufe occa-
fion ; & vn autre que toy te cein -
dra;nonpascomme tu t*es ceint
roy-mefme dc ton iuppon; mais
comme on fait ceux que Ion lie
au bois par le faux du corps j &c
ainfion temenera laou toy mci-
me tu n*irois iamais , (i tes mou-
uemens eftoient abfulument re-
mis aux inclinations Je ta nature*
Clia. 2.1. pto Pardphrajc fur tEuangite ie
:Et^cludit^ Etiefus difoit cela vn pcuobfcu-
iuftgnifi^nt rement a la verite, parce quil
wort it de- auoic accoultume de dilpcnlcr
itig^; ainfi a fes Difciples k reuclation
iieutdtcce^ descuenemens avcnir, principa-
^uy my. lemec quand ils les mena^oicnt de
quelques fafchcufes fouffrances,
bL dont ils n'eftoient pas encore
fort capables de fouftcnir I'ap-
prchenfion. Mais c eftoit en telle
facon pourtant qu'il n'eftoit pas
difficile ny a ce (ien Difciple ny
aux autres, de recueillir de ces pa-
roles, qui! luy vouloit fignificr
cette forte de raortqu'onappellc
crucifixion^, dont il dcuoit quel-
que iour glorificrDieu , en ren-
dant ainii hautement vn excel-
lent temoignageala veritcdefon
Euangile. Quand done Icfus luy
cut tenu ce propos, il partit du
Heu ou il eftoit , & en commen-
^ant a s'achemincr.il dit a Pierre,
Icjus Christ felon S. lean. 9tl Cha. zu
Sui moy J comme s'il euft voula
fairc vn commentaire a fon dif-
cours precedent , & donncr a en-
tendre a fon feruiceurjCju i! dcuoic
fe propofer do Ic fuiure en por-
tant fa croix,&: d eftre rendu con-
forme a luy par rimication de les
fouffranccs. Or ainfi que Pierre p^tV.^T^.
marchoic aprcs lefus, il entendit '^«^«^>'^^"^
quclquc chofe dcrricre luy, & fc ^f^eiejJsttl
retournant il vid que c'eftoic Ic ZlX^
Difciple que lefus aimoit. qui ;f ,f>^
fuiuoif,ccluy la^di le^quiauder- >«/*/''»• M
nier iouper que lelus auoic rait d>cfiuy , ^
auec (es Difi:iples, sVftcit encli- ^;^:^$
ne furreftomach defonMaiftre. '"J"*^ K'^
dont il citoir plus prcchc qu au-
cun3& qui luy auoic dcmade. Sei-
gneur, qui ell: ccluy a qui il ad-
uiendra de ce trahir? Quand done ^LJL.
Pierre le vid,illuy vine en Tefpric S^^t^^t
que comme le Seigneur aimoit ce llT""*"' ^
Difciplcparticuliercmcnt^ce Dif-. 'w^''^ '
Cha.il.5ii n^draphrafe furl'EuangiUde
cipleauoit aufli reciproqucment
des affeitions fore ardentes ic
prefquc toutes parciculieres pour
fon Maiftre. Parc^c done qu'il
creuc que des proteftations qu'il
auoit fai tes a lefus qu'il raimoit,&
dutemoignage qu'il auoit tafche
dc luy en donner en ne craignant
point de fe ietter en la mcrpour
Taller trouuer, il auoit pris occa-
fionde luypredircce qui luy de-
uoit arriuer , & de quelle mort il
deuoit mourir^ & mefmcs de luy
commander de le fuiure , il creut
qu il y pourroit bien auoir qucl-
que chofe de femblable prepare
pour fon compagnon. C'eft
pourquoy delireux de fcjauoir cc
qui en eftoit, il s'addrefTa a lefus^
&luydit; Et celuy-cy^, Seigneur^
. xt: q^<^y • ^c quelle fa^on finira- t-il
Ufuiiuydit, fonApoftolar&favie? Alors le-
e^HiiMmati' lus, quirequeroitcnlcsDilcipIes
lefus Chrijl felon S. lean. 5)2.3 Cha.zi.
robeiflfance, & nonpasla curio- ^, i„f^„,^ ^
(Ice, & qui fur toutes chofes vou- ^''.f ^**',^
loit enfeigner aux Miniftrcs de mtuaf^utM
fonEuangile, dont fcs Apoftrcs ^''^'^'*^^^^
deuoicnceftrccommcicspatrons^
a ne ricn entrcprendrelesvns fur .
Icsautrcs , & a regardera eux&a
Icur deuoir feulement, il luy re-
pondicenccstcrmes. Ccflamoy
adifpofcr deluy, & de toy,com-
mc ie veux. Ceft a moy a vous
afligner le temps de la durec dc
voitre vie , & des fondions dc
voftre Apoftolatj& a vous en de-
finir le tcrme. Si done ceftoic
mon intention qu'il demeuraft
iufqu a rant cjue ie retourne a
vous, commeic vous Tay promis^
quenas-tua faire \ Eft-ce chofe
qui te concerne en quclque fa^on^
que tu t'en mets ainfi en peine ?
Regarde feulemcnta ccquieftde
toyj& en me fumant cofnme ie te
Cha.lL 5;2,4 Taraphrap Jur I'Euangifc de
Tay ordonne, lailFe moy le foin dc
' ^ ^ tous les autrcs. Or comme les
orc^tte^^ Difciplcis eftoient bien foieneux
rote courut , • 1 1 • I i i
tmreUsfre clc rccucillir toutcs les paroles de
'alf4u^u noftrc Seigneur, mais n'auoient
ZnTTot^ pourcanc pas efte iufques a lors ex-
fesfois lefus tremcment Iieureux a Icur donnct
ne luy anott r* l i 1 •
^oi?u du.,ii lur le champ des interpretations
pm^mll^, conuenables, il leur arnua ericorc
St te -venx jefc mcprendrc en ecllc \h Car
te if4fqHvs^ ilscreurcnt que Iclusauoit voulu
ne,qH\.nas- cMt quc cc DiiGiple-lanc mour-
itikfmre. Toit point, & qu'il fcroit encore
trouue en vicaTheuredc fon fe-
cond aducncment. De forte que
cctte opinion s'epandit fort en
lEglife, & de tant plus y fut elle
receue de beaucoup de gcns^
quon ne croyoit pas que ce fe-
cond aduenementfuftdifferea fi
long temps commc il s'eft trou-
ue par Texperience. Et toutesfois
€c fut la vne meprife qui n'auoit
pas
leffis Chrifi felon S. lean. 91J Clia. lU
pas grand fondcmcnto Car noftre
Seigneur nauoit pas ditj II ric
mourra point*, cc qui prononce a
cctte occafion , cuii cu quelqiic
chofe de bicn precis. Il auoit die
feulementjSic'eiloJt mon inten-
tion qu il demeuraft iufqu a tant
que ie retourne a vous, commc
ic le vous ay promis,qu en as-tu
afaire?Geqm ne detcrminoit du
tout rien,& portoitmefmes en la
facon & en lair dont lefus le pro-
honcjoitjvnc afles manifette oc-
cafion de iugcr qu il ne le difoic
ainfi que pour rcprimer aucc au- ^ ^
tortte la curiofite de Pictreo Airifi l^^^'fi^^^ ^if
laiflTa-t-il en fufpens I'efprit Ac^rendtefmZ
ceux qui Pecoutoient, touchant i^' ^'^7^
ce qui deuoit arriuer a ce fien Dif- "", f''l "^
ciplcquilaimoit,&Dien quil ait ^f^'^'^^' f«*
eaucbup plus vcicu quelescom- gnnge efiui^
pagnons en lApoftolat, fi cft-ce^"'^'^^'
qu en fin Texpericnce deuoit faire
Mmm
(pha.iL 5)z^ Paraph rafejur lEuangilcde
voir que Clirift n'auoit pas cu
dcflfcin dc dire qu oh nc vcrroic
point la findefa vie. Ceft ccDif-
ciple la qui rend temoignage dc
toutcs les chofcs qui font compri-
fcsdanscctabregederiiiftoire dc
noftre Sauueur , & qui les a ecritcs
dc fa main; ^ p.arce quilya cftc
prefcnt^ &quc d'ailleurs tpute TE-
glife f(jait comment Dieu I'a fa-*
uorife des graces extraordinaires
defonEfpritjpour nc point errer
en la verite, tout le mondc doit
tenir fon temoignage pour tres
iiyitMjp certain & tres -indubitable. Il
/r^f'*7^!^/ en cuft bien peuecrire beaucoup
%\m^**ht ^^^^^^^ge s'il euft voulu; & h
^H$iulejidt c'euft cfte fon dcflfcin dclaiflfera
fowi? en ' lapoltcnte tout cc qu li en pou-
\1ntt^n7 "oit reciter, iamais la matierc
que le ih7ode n'cuft manquc a fon hiftoire.Car
mejme feufi _ >- r* • i - r T 1
tenir les Iclus a tant tait d? cholcs dc la
Z'lfniloi!, nature dc celles qui font rappot--
I^fus ChriB felon S. lean. 917 Chalili
tecs en cc liurc icy, que 11 dies
eftoicnt ecritcs de point en point
i^par Ic menu, aucc tqutesles cir-
conftanccs confidcrablcs qui les
accompagnent , ic nc penle pas
que le mbnde mcfme , s'il eft
befoiri dc parlcr ainfi, fuft afl
fes grand pour coptenir les liurcs
qu'on en poijrroit faire.Mais cecy
{uffit pour la connoiflancc falu-
taire de la Vc^ite,lors qu il plai-
ra a Dieu dy epandre la bene--
didion de fa Grace& la vertu dc
fon Efprit, Amen.
F I R
kRRjfJ.
P5gci4. Iignct.lifi5s,lcur, P.jf I ajl Quicsta?
P 64 1.1^ I pour voas en P.yy.l.io.l cxccuti.
P ito i 1^. I. que ce foifc P. lyi. I p 1 ellela. P iq8.
I. II r.hiis P.ii} 1. 1<» I. vnc graride. P. 2,58. 1. 16 h
aura.P 1^9,1 y, & «.l. plrfcra. P.iSi.l 8.1 nomm^es.
P.185.I.J8 I. refpondrbit. P.28^.1 9«l dcpofois P ;ij,
iiSl connoiflarts P, jir.l.io I Es-tu. P.*449.1 1*.
I. rcprendrt. p. 460 1 17. 1. comme. P 499 I.4 1 55
Ics vns P 500,1.13 I troubla P 501 1 6 1 lempefcha.
V.J06 1.5 pourcroyant, 1 craignant P yii i.i I ccrc-
moniclles. P. yj' ^- 4- ^' o" «" employe; P. yjy, i. ft. 1.
^qucideIi.P.55^.l. lo- ppur rcnomm6c, 1. rencontre^
^•55T1 5-1. application d'elprit.P 567 I 8 I fdit P ^74.
Itzr! *pattant P. 586. 1 6 I eft il. P 596 I 10 & ix«
i -prediftion- P. 6oj 1 itf eiFac(Js,a(ris P 605 1 ii«
l.manquapas«P.6i4 1 10 lay aim^s P 607 I io,
I. monftrera p. ^i^. I- u. 1 prens. p 6?7.1^ 1 toutei
!es p. 64I. 1. ij 1 qu'il nc p. 648 1 t^$c t^ 1 vjuray,
j> 6f7 l.i l.donqucp. 68ytl. 17.1. fcrcroudte.p 687.
1.17 I reudlSes-pt 6»8. 1. 16 1 que dc toutcs. p.<9 4,
l.xi.1 fur lequcl p 7oc»l.ro,l oc in'ontpas tchu.p 701.
1. II l.Voftre faiut. p.7ia.l 11 1 malcdidion p 711.
I,9l. n'auanccrricn p«740 1 9 l-qu'il leur. p 7-^8.
1. y.l. icla Pr75i.l 9. I. nc s'en eft p. 7Jj 1 17 l.loi$-
p.7^0 Ui?.l.coniondure p. 760 1 16. efFaci^s,&o
p. 765. l.itf. I toutesces, p.778.1 4*1. iUont p. 785.!.
lo.l & que p^op I t} Kconfi p. 8^* It I d'cnat-
tendtc.p.88^l.»j I. regatd^es. p. 89* .1,6.1. les vns aux,
p» 53i» ^'^y apres le mot dc pourcs, adjouft^s . 11 y cii
aura dans mon £gUlc en cous lieuJE * & en tou$
£emps.
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