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Full text of "Parole, revue internationale de rhinologie, otologie, larynogologie et phonétique expérimentale"

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SOMMAIRE 


Giulio  Panconcelli-Calzia  :  De  la  nasalitùcn  italien. 


METHODE 

I.  Surdité.  —  La  slkdité  et  la  surui-mutité  ne  doiveiil  plus,  dorénavant,  être  con- 
sidérées comme  des  affections  toujours  incurables.  L'oreille,  en  effet,  est  éminemment  susceptible 
de  rééducation  et  rouie  peut  être  restaurée  partiellement,  et  souvent  même  complète- 
ment, par  des  exercices  acoustiques  méthodiques  et  rationnels.  Le  champ  auditif  restant  est 
d'abord  ri^oureusctnent  déterminé  à  l'aide  d'une  série  COMVhtTE  de  diapauvi s.  Puis,  les  lacunes 
bien  constatées,  on  s'applique  à  les  faire  disparaître  au  moyen  d'exercices  appropriés.  On  par- 
vient ainsi  éi  restituer  aux  sourds  la  possibilité  d'entendre  des  gammes  qu'ils  avaient  perdues  et, 
par  suite,  éi  améliorer  considérablement  leur  ouïe  pour  la  parole.  A  côté  de  résultats  excellents, 
quelques  nu'comptes  dus  an  déjaut  de  persévérance  ou  à  la  perte  radicale  de  l'oreille. 

II.  Mutité-  —  Si  le  muet  entend,  la  parole  lui  est  enseignée  plus  ou  moins  rapidement, 
—  suivant  la  fidélité  de  sa  mémoire  et  la  vivacité  de  son  intelligence,  —  nuiis  sûrement. 
Aucun  insuccès. 

Si  le  muet  conserve  quelques  restes  auditifs  (cas  les  plus  fréquents),  on  cultive  son  oreille  en 
même  temps  qu'on  lui  enseigne  la  parole. 

III.  Vices  de  ppononciation.  —  Résultats  rapides.  Aucun  insucci-s. 

Si  le  vice  de  prononciation  est  dû,  connue  il  arrive  dans  la  plupart  des  cas,  et  une  défectuosité 
de  l'ou'ie,  on  commence  par  découvrir  cette  dernière  que  l'on  corrige  d'abord  pour  s'attaquer 
ensuite  à  la  prononciation.  On  utilise  les  procédés  et  les  appareils  de  la  Phonétique  expérimen- 
tale qui  donnent  éi  renseignement  une  précision  rigoureusement  scientifique. 

IV.  Bégaiement.  —  On  détermine  exactement,  par  la  méthode  graphique,  la  puissance 
respiratoire  du  bègue  ;  on  institue  une  gymnastique  appropriée  ;  on  y  joint  des  exercius  plx>- 
niques.  Des  tracés  pris  fréquemment  permettent  de  suivre  les  progrès  de  l'amélu 

succès  est  certain.  Mais  sa  rapidité  dépend,  pour  une  large  part,  de  la  coopèi 
taire  du  malade. 

V.  Insuffisance    respiratoire.    Neurasthénie,   Anérr^- 
des  cordes  vocales.  Nodules  des  chanteurs,  Faux   otî 

Ozéne,  Tics,  etc.  —  Le  nombre  des  affections  déterminées  par  (/<_> 
tion  est  considérable.  Les  recherches  auxquelles  on  peut  se  livrer  à  cet  r; 
santés.  Elles  démontrent  combien  les  spécialistes  font  fausse  route,  en  f 
et  souvent  sans  discernement,  les  opérations  les  plus  variées  dan<  '  ■  >  ■ 
prouvent  encore  que  pour  soigner  avec  efficacité  les  troubles  de  lu 
renseigné  sur  l'état  du  système  respiratoire.  La  méthode   i' 
dans  les  profondeurs  de  l'organisme  et  permet  de  contrôler 
précision,  la  <narche  du  traitement,  assure  le  succès. 


OUTILLAGE 

L'IxsiiTUT  HK  Laryngoi.ogik  HT  ORTHOPHONIE  possèdc,  entre  autres  appareils,  pour 
rcx.imcn  complet  et  uii'thodique  des  organes  de  La  Parole,  de  I'Ouïe  et  de  la  Respira- 
tion, pour  U  correction  des  défauts  de  prononciation,  le  rétablissement  fonctionnel  de 
l'audition  et  la  guérison  des  troubles  respiratoires  : 

A.  —  Des  appareils  enregistreurs  et  iiiscripteurs  delà  parole,  des  viouvcments  phonateurs  et 
respiratoires  (cylindres  enregistreurs,  tambours  iiiscripteurs,  ampoules  exploratrices,  olives 
nasales,  capsules  laryngiennes,  pneumographes,  cinématographe,  etc.). 

B.  —  Des  appareils  de  démonstration  pour  la  correction  des  vices  de  prononciation  {tam- 
bours indicateurs,  explorateurs  de  la  langue,  des  lèvres,  des  vibrations  nasales,  du  larynx, 
palais  artificiels,  manomètres,  appareil  à  flammes  mauomctriques,  etc.) 

C.  —  Des  appareils  de  synthèse  pour  la  reproduction  des  sons  d'après  les  courbes  obtenues 
par  l'inscription  et  d  après  la  composition  des  harmoniques  découverts  par  l'analyse  des  courbes 
(grande  sirène  à  ondes,  sirène  à  disques,  etc.) 

D.  —  Des  collections  de  diapasons  permettant  d'explorer  la  faculté  auditive  pour  les  sons 
simples,  de  vibration  à  vibration,  depuis  32  v.  s.  jusqu'il  8.192,  et  suivant  les  intervalles  de  la 
gamme  jusqu'à  180.000. 

E.  —  D:s  résonnalcurs  pour  tous  les  sons  depuis  Si-i  jusqu  ci  Ut-.  Les  diapasons  peuvent 
être  entretenus  électriquement  devant  les  résonnateurs. 

Tous  les  appareils  acoustiques  ont  été  construits  par  R.  Kœnig  ;  et  l'un  d'eux,  le 
ToNOMÈTRE,  est  l'œuvre  de  sa  vie.  Aucun  établissement  au  monde  ne  pourrait  en  mon- 
trer un  semblable.  Resté  dans  la  succession  du  regretté  et  savant  constructeur,  il  a  dû  être 
disputé  à  une  très  riche  université  d'Amérique.  Nous  considérons  comme  un  vrai  bonheur 
d'avoir  pu  le  conserver  à  la  France. 


VIENT  DE  PARAITRE 
Abbé  ROUSSELOT 

PHONÉTIQUE   EXPÉRIMENTALE 

ET    SURDITÉ 

De  la  détermination  exacte  du  champ  auditif  au  moyen  de.s  diapasons 
(acoumétrie);  des  conséquences  qu'on  peut  en  tirer  au  point  de  vue 
phonétique  et  médical  et  des  moyens  curatifs  qui  permettent  de  combler 
les  lacunes  auditives. 


Beau  volume  in-8  raisin,  de  216  pages,  avec  131  figures  :  7  fr.  50. 


Adresser  fes  commandes  accompagnées  d'un  mandat-poste  à 
I'Administrateur  dh  la  Parolh 


6,  quai  des  Orfèvres,  L  •" 
PARIS 


La   Parole 

'  REVUE  INTERNATIONALE  DE 

Rhinologie,    Otologie,    Laryngologie 
et    Phonétique    expérimentale 


MAÇON,  riuHAT  1  liiciti; S,   iMPHninrus. 


N»  (70.  —  l'c  A 'c.  —   T.  VI.  N(iii\dle  >i'ne. 


Janvier  1904.  N"  1. 


La    Parole 

REVUE    INTERNATIONALE    DE 

Rhinologie,  Otologie,  Laryngologie 

et  Phonétique  expérimentale 


DIRECTEURS    : 


Marcel    NATIHR. 

FONDATEUR     DU     SLRVICE 

de    Rhinologie,  Otologie    et    Laryngologie 

de  la  POLICLINIQUE    DE    PARIS 


l'abbé    ROUSSELOT 

PROFESSEUR    A    l'iNSTITUT    CATHOLIQUE 

Ilirrclein'  du   Luiioiiiluirc  de  l'Iioiicliqiic  ciipcrimeiilaie 

du   COLLÈGF.   de   FRANCE 


ANNEE     ^904^ 


PARIS 

INSTITUT    DU    LARYNGOLOGIE    HT    ORIHOI'HONIK 

6,  aUAI  DES  ORFÈVRES,  l'-f 


1904 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/parolerevueinter1904pari 


DE  LA  NASALITÉ  EN  ITALIEN 


INTRODUCTION 


CHAPITRE  I" 


BIBLIOGRAPHIE 


PlIONETiaUE    EXPERIMENTALE 


M.  Chlumsky.  —  Analyse  du  courant  phonateur  en  tchèque.  La 

Parole,  Paris,  1902  (p.  130  et  suiv.). 
M.  JossELYN.   —  Études  expérimentales  de  Phonétique    italienne. 

La  Parole,  Paris,  1900  (p.  422  et  suiv.). 
M.  Oussor.  —  Études  expérimentales  sur  utie  prononciation  russe, 

La  Parole,  Paris,  1899  (p.  676  et  705). 
M.   RiGAL.  —  Contribution  à  l'étude  des  nasales.  La  Parole,  Paris, 

1901  (p.  5)6). 
M.  l'abbé  Rousselot.  —  Les  modifications  phonétiques  du  langage. 

Paris,  189 1. 

—  Principes  de  Phonétique  expérimentale.  Paris,  I,  1897,  II,  1901. 
Le  second  volume  contient  un  chapitre  très  important  et  très 
intéressant  sur  la  nasalitc  (p.  525  et  suiv.). 

—  Recherches  de  Phonétique  expérimentale  sur  la  marche  des  évolu- 
tions phonétiques,  d'après  quelques  dialectes  bas-allemands.  Lm 
Parole,  Paris,  1899  (P-  7^9  et  suiv.). 

—  Action  du  voile  du  palais  dans  les  nasales  françaises.  La  Parole, 
Paris,  1902  (p.  513  et  suiv.). 

—  Précis  de  prononciation  française.  Paris,  1902. 


DE    LA    NASALITH    I-N    ITALIEN 


PHYSIOLOGIE 


CzERMAK,  J.  N.  —  Ueber  lias  Verhahcn  des  weichen  Gaiimms  heim 
hervorbriu^cn  dcr  rcincn  Voknlc.  Wiener  Sit/.  —  Ber.  math.- 
naturw.  Cl.  XXIV  (1857),  4-9. 

—  Ueber  le'uic  und  nasalirte  VokaJe.  op.  cit.,  XXVIII  (1858), 
575-578. 

M.  RosAPELLY.  —  Inscriptions  des  mouvements  phonétiques  (Tra- 
vaux du  laboratoire  de  M.   Marey,  II,  p.  109-13  i). 

PHONÉTIQUE    GÉNÉRALE    ET    ÉLÉMENTAIRE 

M.  Bremer,  O.  — Deutsche  Phonctik.  Leipzig,  1893. 
M.  E.  A.  Meyer.  —  Beitràge  zur  deutschen  Metrih.   Diss.  Mar- 
burg,  1897. 

—  Englische  Lautdauer.  Uppsala,  1903. 

M.   Passy,  p.  —  Etudes  sur  les  changements  phonétiques.    Paris, 

1891. 
M.  Sievers,  E.  — Grundiiige  der  Phonetik.  Leipzig,  '  1876,  ^1881, 

'  1885,  •*  1893,  5  1901  (édition  consultée  par  moi). 
M.  Techmer,  F.  —  Phonetik,  Leipzig,  1880. 
M.  ViëTOR,  W.  —  Ekmente  der  Phonetik.  LeipyÀs:,,  '  1884,  ^  1886, 

'^  1894,  >  1898  (édition  consultée  par  moi). 
M.  Wagner,  Ph.  —  Ueber  die  IFerwendung  des  Griit::jier-Marey- 

schen  Apparats  und   des  Phonographen  ^11  phonelischen    Untersu- 

chungen.  Phonet.  Studien,  IV,  1890. 

PHILOLOGIE 

M.  Meyer-Lùbke,  W.  —  Italienische  Gramniatik.  Leipzig,  1890. 
M.  Petrocchi,  P.  —  Granunatica  délia  lingua  italiana.  Milano, 

1894. 
M.   RiGUTiNi,  G.  —  Di:{ionarietto  italinno  di  ortografia  c  di  Pro- 

nun^ia.  Firenze,  1897. 

je  ne  veux  pas  terminer  cette  liste  sans  mentionner  l'excellent 
ouvrage  de  M.  II.  I5i<i;ymann  :  Die  Phonetische  Literatiir  vo)i  iSy6 
bis  /c?^/ (Leipzig,  1897),  qui  m'a  rendu  de  grands  services. 


DE    LA    NASALITE    KN    ITALIEN'  7 

CHAPITRE  II 

CE    QUE    l'on    pense    GÉNÉRALEMENT   DE    LA    NASALITE     EN     ITALIEN 

La  première  fois  —  septembre  1902  —  que  je  lus  dans  le 
brillant  travail  de  M.  Josselyn,  qu'en  italien  il  y  avait  une  nasa- 
lité  notable  même  pour  les  voyelles  et  pour  les  liquides,  j'en  fus 
très  surpris.  J'avais  une  notion  bien  confuse  de  la  nasalité  et 
j'avais  toujours  présentes  à  l'esprit,  comme  types  de  nasales,  les 
voyelles  françaises.  Mon  oreille  n'avait  rien  perçu  d'autre,  à 
tel  point  que  je  fus  très  étonné,  choqué  même,  et  offensé,  que 
l'on  osât  dire  une  chose  pareille  de  l'italien.  Plus  tard  je  dus 
bien  me  rendre  à  l'évidence.  Que  mon  oreille  n'ait  rien  perçu, 
il  n'y  a  rien  d'étonnant.  Il  y  a  des  sons  qu'une  oreille  non  cul- 
tivée est  incapable  de  saisir.  Les  travaux  de  M.  l'abbé  Rousselot 

—  (spécialement  le  dernier,  qui  porte  le  titre  de  :  «  Phonétique 
et  Surdité  »  — La  Parole  —  janvier  et  avril  1903,  n°'  i  et  2 

—  Paris)  —  à  cet  égard  donnent  toutes  les  explications  possibles. 
Le  courant  d'air  nasal  qui  accompagne  toute  phonation,  frappe 
l'ouïe  de  très  peu  de  personnes.  Tous  les  Italiens  avec  lesquels 
j'ai  parlé  de  mon  travail,  m'ont  dit  avec  la  plus  grande  convic- 
tion qu'en  italien  la  nasalité  n'existait  pas  du  tout.  Parmi  ces 
personnes  il  y  avait  un  philologue,  collaborateur  d'une  des  plus 
importantes  revues  linguistiques  d'Italie. 

CHAPITRE  III 

CE    Q.UE    LES    SAVANTS    PENSENT    DE    LA    NASALITÉ 

Ce  sont  les  physiologistes  qui  ont  commencé  les  premiers  à 
observer  et  à  étudier  les  mouvements  du  voile  du  palais  dans  la 
phonation.  Czermak  (v.  Bibliographie),  déjà  en  1857,  avait 
démontré  l'élévation  et  l'instabilité  du  voile  du   palais  pour  les 


8  DK    LA    NAS  ALITÉ    HN    ITALIEN 

voyelles.  M.  Rosapelly,  en  1876,  avait  trouvé  un  écoulement 
d'air  par  le  nez  pour  ;;/  et  pour  l'explosion  du  p  et  du  /'  dans 
pni  et  bm.  On  n'alla  pas  plus  loin. 

M.  Sievers  nous  dit  dans  ses  Grundiiigc  '  (page  109),  à  propos 
des  voyelles,  que,  «  à  la  rigueur,  toute  nuance  vocalique  peut 
être  accompagnée  d'un  son  nasal.  On  observe  aussi  différents 
degrés  de  nasalisation  suivant  que  le  voile  du  palais  s'écarte 
plus  ou  moins  de  la  paroi  postérieure  de  l'arrière-bouche  pour  se 
rapprocher  de  la  langue.  Plus  l'écartement  est  grand,  plus  le 
son  nasal  de  la  voyelle  est  fort.  »  Jusqu'ici  M.  Sievers  a  rai- 
son. Mais  ce  n'est  pas  lui  qui  parle,  c'est  ou  Czcrmak  ou 
quelque  autre  physiologiste.  Il  se  serait  encore  rapproché  de  la 
vérité,  s'il  avait  dit  que,  en  général,  toute  phonation  est  bucco- 

nasale.  Continuons  :  «    Mais  comme,  autant  que  nous  le 

sachions,  aucun  dialecte  n'a  développé  plus  d'un  degré  de 
nasalisation,  ou  n'a  guère  besoin  que  d'un  seul  signe  pour  le 
désigner.  C'est  pourquoi  nous  ajoutons  aux  voyelles,  le  signe  , 
{g,  f,  /,  0,  ?(,  etc.).  Il  faudrait  préciser  pour  chaque  dialecte 
particulier  son  degré  de  nasalisation  et  au  besoin  l'exprimer 
par  un  signe  spécial.  »  VoiLà  une  définition  complètement 
fausse.  Nous  conseillons  à  M.  Sievers  d'observer  les  tracés  donnés 
ici  et  dans  d'autres  travaux,  qui  lui  prouveront,  qu'il  existe  et 
que  l'on  commît  plusieurs  degrés  de  nasalisation.  Et  en  eftet,  voici 
les  conclusions  tirées  à  ce  propos,  par  l'auteur  des  'Principes, 
à  la  page  581  du  même  ouvrage  : 

«  Les  diverses  formes  de  la  nasalité  que  nous  avons  à  consi- 
dérer sont,  on  le  voit,  fort  nombreuses,  et  toutes  ont  de  l'in- 
térêt pour  l'histoire    du  langage.  Cependant  très   peu  ont  une 


I.  Streng  genommcn  kann  jede  Vocalnûance  mit  dem  Nasenton  gcbildet  werden. 
Dabei  sind  verschiedcnc  Stârkegrade  der  Nasalirung  zu  beobachteii,  je  nachdem  sich  das 
Gaumensegcl  mchr  oder  weniger  von  der  liiiitcrcn  Rachenwand  abhcbt  und  sich  der 
Zunge  nahert.  Je  mehr  dies  geschieht,  um  so  starker  wird  der  nasale  Klang  des  Vocals. 
Diaber,  soviel  wir\vissen,  keine  Mundart  mehr  als  eine  Stufe  der  Nasalirung  cntwic- 
kelt  hai,  so  braucht  auch  nur  ein  allgemeincs  Zeichen  fiir  ihr  Vorhandensein  festgesetzt 
zu  werden  ;  wir  waiilen  dazu  ein,  an  dem  Vocal  {il,  f,  /,  !'-  (',  u.  s.  \v.).  Die  Stufe  der 
Nasalirung  ist  fur  die  lunzchnundart  jedesnial  genauer  zu  bestimmen  und  eventuell 
durch  ein  Hiiltszeichen  auszudrùcken. 


DR    LA    XASALlTli    F.N    ITAI.IKK  9 

valeur  acoustique  suffisante  pouY  être  utilisée  dans  la  parole. 
Ainsi  s'explique  l'indigence  de  nos  alphabets.  Les  latins 
n'avaient  que  deux  caractères  :  /;/,  n.  Les  Français  ont  donné 
■\  ces  deux  signes  un  double  emploi  :  ils  s'en  servent  pour 
désigner  les  consonnes,  et  pour  compléter  l'expression  figurée 
des  voyelles  nasales  (an,  am  =à;ain,  ein,  en,  in  =è,  etc.).  » 
«  Il  est  clair  que  nous  ne  pouvons  songer  à  rendre  typogra- 
phiquemcnt  toutes  les  nuances  (les  tracés  le  font  à  merveille). 
Mais  des  additions  s'imposent.  Tout  en  conservant  ni  et  n, 
qu'il  y  aura  lieu  de  préciser  à  l'aide  de  signes  diacritiques,  on 
peut  prendre  comme  symbole  général  de  la  nasalité,  le  tilde 
espagnol  ('),  qu'on  modifierait  dans  sa  forme  ("")  pour  mar- 
quer une  teinte  variable  de  nasalité.  Léo  degrés  intermédiaires 
seraient  notés  par  des  indices.  Enfin  la  nasalisation  partielle 
serait  convenablement  indiquée  par  un  double  caractère  dont 
l'un  seulement  serait  affecté  du  tilde.  Ainsi,  on  aurait  un  a 
nasal  (à),  un  a  légèrement  nasalisé  Ça),  un  a  incomplètement 
nasalisé  (aà  ou  âa)  :  entre  a  et  à,  on  pourrait  avoir  a, 
a,  a ,  etc.   » 

2-1 

«  De  même  pour  les  consonnes.  » 

Passons  aux  consonnes.  M.  Sievers  admet  qu'il  y  a  des  /  nasa- 
lisées' (page  124). 

«  Les  /  nasalisées  se  forment  facilement  et  se  rencontrent  sou- 
vent dans  les  langues  nasalisantes  (en  sanscrit,  à  la  rencontre 
d'une  nasale  -j-  / ).  » 

En  italien  17  est  très  nasale  indépendamment  de  la  nasale. 
M.  Sievers  nie  l'existence  des  r  nasalisées^  (p^g^  ^22)  :  «  Les  r 
nasalisées,  notamment  les  /■  non  roulées  se  forment  ficilement 
et  se  présentent  souvent  chez  les  individus  disposés  à  la  nasali- 
sation ;  par  ailleurs  on  n'a  pas  encore  démontré  dans  les  langues 


1.  Nasalirtc/  sinJ  Icicht  /u  bilden  und  kommen  ôfter  in  nas.-ilirenden  Sprachen  vor 
(im  Sanskrit  beim  Zusamnientrcffen  von  Nasal  -f-  ^  •'  ynl^lokam,  timhâhlHndli  fiir  yain 
lokam,  mahàn  lum'ili,  Hofforv,  Kuhn's  Zeitschr.  XXIII,   SSo). 

2.  Nasalirtc  r,  namcntlich  nicht-gcrollte  Arten,  sind  leicht  zu  bilden,  und  kommen 
oft  bei  Individiien  vor,  wclche  die  Neigung  haben  zu  nasalircn  ;  sonst  scheinen  sic  als 
besondere  Sprachlaute  in  lebcnden  Sprachen  wenigstens  noch  nicht  nachgewiescn  zu 
sein. 


10  DH    LA    NASALITE    EX    ITALIEN 

vivantes  leur  existence  en  tant  que  sons  particuliers.  »  D'après 
la  méthode  expérimentale  j'ai  trouvé  des  r  qui  sont  bien  loin  de 
celles  connues  par  M.  Sievers.  En  outre  en  tchèque,  en  russe, 
en  français,  en  allemand  on  trouve  toujours  des  r  plus  ou  moins 
nasalisées.  Ces  langues-là  sont  bien  vivantes,  il  me  semble  ! 

M.  Techmer,  en  1880,  parle  à  la  page  42  de  «  voyelles 
nasales  »,  de  «  voyelles  nasalisées  »  et  de  «  voyelles  purement 
orales  ».  Dans  la  table  III  il  donne  pour  a  (4),  u  (5),  i  (6)  une 
fermeture  complète  du  voile  du  palais.  A  la  page  51  il  men- 
tionne :  «  consonnes  nasales  »,  «  consonnes  nasalisées  »,  «  con- 
sonnes avec  explosion  nasale  »,  «  consonnes  purement  orales 
(avec  fermeture  nasale  continue)  ».  A  la  table  III  (i,  2,  3)  il 
donne  les  figures  correspondantes. 

M.  Victor  '  mentionne  de  vraies  nasales  dans  les  patois  de 
l'Allemagne  du  centre  et  du  midi.  Il  parle  en  outre  d'une  «  nasa- 
lisation dépendante  (plus  faible)  »  des  voyelles  devant  une 
nasale,  dans  sa  prononciation  de  Nassau  et  dans  l'Allemagne  du 
sud  (page  154).  Puis  il  parle  des  nasales  françaises. 

M.  Ph.  Wagner  in  Reutlingen,  en  1890,  ne  connaît  pas  non 
plus  le  rôle  du  courant  d'air  phonateur  bucco-nasal.  Mais  il  est 
très  intéressant  de  lire  à  la  page  71  l'observation  suivante  ^  : 

«  Si  une  consonne  se  trouve  entre  deux  voyelles  nasales,  le 
voile  du  palais  ne  se  ferme  pas  pendant  la  formation  de  la  con- 
sonne. La  consonne  devient  par  conséquent  mi-nasale.  La 
courbe  pour  le  mot  «  anfangen  »  prononcé  en  patois  «  àfài]^  » 


1.  Als  iiniibhângigc  Sprachlaute  in  deutschen  Wôrtern  kommen  Nasalvokale  nur  in 
mittcl-  uiid  sùddeutschen  Dialekten  vor,  wobei  die  Nasaliriing  dem  Grad  nach  variirt, 
aher  wolil  diircligiingig  sclnvacher  als  im  Franzôsischen  ist  (vgl.  Sicvcrs-  S.  loi).  Die 
Volksmuiidarten  haben  aucli  nasales  i  und  »,  wic  in  hi'  fur  b'rn  (hin),  nû'  fiir  uiru  (nun) 
sowic  3  fiir  die  Hndungen.  Abhangige(sch\v;iclierc)  Nasalirung  von  Vokalen  vor  Nasal- 
konsonant  finde  ich  in  der  niir  gel.aufigen  nassauischcn  Aiissprache  des  Deutschen  als 
Regel  :  ■/..  B.  'i-n  fiir  'i-n  (ihn),  kàm  fiir  kàm  (kam)  etc.  ;  sie  scheint  aber  im  Siidcn 
weit  verbreitet.  Dieselbe  Vorausnahnie  der  Gaumensegelsenkung  vor  Nasalkonsonant 
(meist  n)  hat  bekanntlich  auch  sonst  die  Nasalvokale  veranlasst  ;  der  konsonantische 
Verscliluss  blicb  nachher  als  nun  entbehrlich  weg.  Vgl.  hierzu  Storm-  S.  6i. 

2.  Stein  ein  konsonant  zwischen  /wei  nasalen  vokalen,  so  schliesst  sich  die  gau- 
menklappe  bei  der  erzeugung  der  konsonanten  nicht,  der  konsonant  wird  demnach 
jedenfalls  ein  lialbnasaler  ;  die  kurve  fur  das  dialektisclie  «  àfàllO  »  «  anfangen  »  zeigt 
so  ein/,  das  ofFenbar  bei  geôfTneter  gaumenklappe  ausgesprochen  wurde. 


DE    LA    NASAI.lTi;    HN    1TAI.II:\'  II 

montre  un  j,  qui  a  été  prononce  pendant  que  le  voile  du 
palais  était  baissé.  »  M.' Wagner  a  mal  compris  le  phénomène. 
L'/et  aussi  toutes  les  autres  fricatives  présentent  la  même  courbe 
pour  la  bouche  et  —  un  peu  plus  faiblement  —  pour  le  nez, 
quelle  que  soit  leur  position.  La  nasale  n'est  pas  la  cause  néces- 
saire du  souffle  nasal  de  Vf.  Elle  peut  être  la  cause  d'un  abais- 
sement plus  ou  moins  grand  du  voile  du  palais. 

M.  Paul  Passy,  en  1891,  est  à  peu  près  de  la  même  opinion 
que  M.  Sievers  pour  les  voyelles.  Il  ne  parle  pas  d'une  nasalité 
dans  les  consonnes.  Passons  maintenant  à  M.  Bremer,  auteur 
de  la  Deutsche  Phuiietik,  1893.  Malheureusement,  je  ne  con- 
nais pas  les  appareils  dont  il  s'est  servi.  Dans  la  préface,  M.  Bre- 
mer dit  simplement  qu'il  a  fait  des  expériences  avec  un  appareil 
construit  d'après  ses  indications.  Voilà  quelques  passages  de  sa 
Phonétique  '  : 

«  Mais  toutes  les  autres  voyelles  ne  sont  pas  des  voyelles 

purement  buccales.  Ce  n'est  pas  seulement  dans  des  a,  0,  u, 
ci,  0,  il,  i,  h,  r,  /,  lu  et  /  nasalisés  avec  intention,  qu'une  par- 
tie du  courant  phonateur  s'écoule  par  le  nez;  mais  nous  pro- 
nonçons communément,  sans  le  savoir,  les  voyelles  un  peu 
nasalisées.  Les  cavités  nasales  sont  ouvertes  jusqu'à  un  certain 
point  pour  la  plupart  des  voyelles  (page  135).  Aussi  l'explo- 
sion de  Z»,^,^  peut-elle  être  prononcée   nasalisée L'explosion 

d'un  b,  d,  g  ainsi  nasalisé  ne  se  distingue  pas  de  celle  que  nous 
notons  pour  les  lettres  w,  ;/,  71g.  Tout  au  plus  peut-il  être  ques- 
tion d'une  différence  dans  le  degré  de  la  nasalité  (page  136).  » 

C'est  M.  Otto  Bremer  le  premier  en  Allemagne  que  je  sache, 
qui  en  1893  a  observé  et  étudié  si  profondément  le  courant  d'air 


I Aber  aile  librigen   Vokale  sind  keineswegs  reine  Mundvokale.  Nicht  nur  bei 

eincm  bcabsichtigt  genascltcn  a,  0,  il,  â,  d,  il,  i,  h,  r,  I,  lu  und  /  pflegt  eiii  Teil  der 
Luft  aus   dcr   Nase    zu   entweichen,  sondern   wir  sprcchen  auch,  ohiie  dass    wir  uns 

dcsseii  bewust  sind,  unsere    gewôhiilichen    Vokale  zum   Teil   leicht    genaselt    aus 

His  zu  einem  geringen  Grade  ist  die  Xasenhôhle  bei  deii  nieisten  Vokalen  geôffnet 
(page  135). 

Auch  der  Filahlaut   des  stimniliaften  /',  d,g  kanii  genaselt  gesproehen  werden 

Die  lixplosioii  eines  solchen  genaselten  h,  d,g  unterseheidet  sicli  iiicht  von  derjenigen, 
wekhe  wir  mit  den  Buclistaben  m.  n,  iig  bezeichnen.  Hijchstens  kann  eiii  Gradun- 
terschied  der  Nasalitiit  in  Frage  komnien  (page  136). 


12  DE    LA    NASALITI-    H\    ITALIEN 

phonateur  bucco-nasal.  En  outre,  sa  Deutsche  Phonetik, 
conduite  d'après  une  méthode  presque  expérhiientale,  contient 
pour  cette  époque  beaucoup  d'intéressantes  nouveautés.  Tous 
ces  savants,  par  suite  soit  de  l'infériorité  de  leurs  connaissances 
linguistiques,  soit  de  l'insuffisance  de  leur  oreille,  soit  du  mau- 
vais état  ou  de  l'imperfection  de  leur  outillage  ont  laisse  la 
question  en  suspens.  C'est  seulement  par  la  phonétique  expé- 
rimentale que  l'on  a  pu  obtenir  des  résultats  sûrs  et  irréfu- 
tables ■ . 


CHAPITRE  IV 

HISTOIRE    DE    MO\    TRAVAIL 

C'est  en  Allemagne,  où  j'ai  fait  toutes  mes  études  universi- 
taires, que  j'ai  lu  les  ouvrages  de  M.  l'abbé  Rousselot.  Je  ne 
connaissais  jusqu'alors  que  la  phonétique  empirique.  J'avais  des 
idées  très  confuses  sur  son  but  et  je  commençais  à  en  être  fati- 
gué. Je  fis  un  dernier  effort  et  je  me  rendis  à  Paris  pour  travail- 
ler sous  la  direction  de  M.  l'abbé  Rousselot.  Je  fus  sauvé.  Le 
10  novembre  1902  je  commençai  mes  recherches  au  Laboratoire 
de  phonétique  expérimentale  du  Collège  de  France.  Dès  le 
commencement  je  me  livrai  à  l'étude  de  la  nasaHté,  parce  que 
je  doutais  fort  de  son  existence  en  italien.  Les  doutes  se  dissi- 
pèrent très  rapidement.  Après  des  études  plus  approfondies  je 
trouvai  la  question  si  intéressante  que  je  la  choisis  comme  sujet 
de  ma  thèse,  encouragé  surtout  par  l'opinion  de  mon  maître  : 
«  Les  cas  de  nasalité  sont  beaucoup  plus  fréquents  que  l'on 
ne  suppose  d'ordinaire.  On  en  rencontre  dans  toutes  les 
langues,    et   leur  recherche   est  l'une  des  tâches  les  plus  faciles 


I.  Un  rédacteur  de  VArchtvio  glotlologico  itallaiio  iii'.ivait  dit  que  M.  Ascoli 
av.nit  publié  un  court  article  sur  la  nas.ilité  en  italien.  J'aurais  été  heureux  de  donner  ici 
l'opinion  du  grand  savant  italien.  Mais  cela  m'est  impossible,  parce  que  je  n'ai  pu  trou- 
ver dans  r  «  Arcliivio  »  l'article  en  question,  ni  obtenir  de  renseign'-ments  .1  ce  propcs 
de  la  Direction  de  cette  revue,  à  laquelle  je  m'étais  adressé. 


DE    LA    XASALITE    EN    ITALIEN  I3 

et  les  plus  intéressantes  de  la  phonétique  expérimentale,  en 
même  temps  qu'elle  est  décourageante  pour  le  simple  audi- 
teur   Tout  cela  se  fliit    sans  peine  et  avec  plaisir,  car  il  y  a 

bien  des  surprises  agréables  autant  pour  l'expérimentateur 
que  pour  l'historien  du  langage.  » 


CHAPITRE  V 

SUJETS 

Connaissant  l'influence  des  dialectes  locaux  sur  la  langue  lit- 
téraire, je  me  suis  appliqué  à  chercher  des  sujets  des  principales 
régions  d'Italie.  J'ai  aussi  restreint  mon  travail  à  la  langue  litté- 
raire telle  qu'elle  est  parlée.  Voici  la  liste  des  sujets  qui  se  sont 
prêtés  à  mes  expérieuces  : 

A.,  est  né  à  Codroipo  (pr.  Udine).  Ses  parents  sont  aussi  de  la  même 
région.  32  ans.  Bachelier  moderne.  Il  a  été  trois  ans  en  Suisse.  Depuis  trois 
ans  en  France,  où  il  a  été  employé  comme  comptable. 

B.,  est  né  à  Rezzato  (pr.  Brescia).  Ses  parents  sont  Lombards.  24  ans. 
Technicien.  Il  a  passé  son  enfance  à  Brescia  et  sa  jeunesse  à  Mantoue.  Depuis 
un  an  et  demi  à  Paris.  Il  a  toujours  vécu  parmi  des  professeurs  et  des  étudiants. 

C,  est  né  à  Milan.  Son  père  est  de  Varese  et  sa  mère  de  Milan.  24  ans. 
Dentiste.  Depuis  un  an  à  Paris.  Élevé  dans  un  milieu  bourgeois. 

D.,  est  né  à  Carpignano-Sesia  (pr.  Novare).  25  ans.  Pharmacien.  Il  est  resté 
presque  toujours  à  Turin.  Depuis  un  mois  à  Paris. 

E.,  est  né  àScortichino  (pr.  Fcrrare).  Ses  parents  sont  de  Ferrare.  22  ans. 
Employé.  Jusqu'à  14  ans  dans  son  pays  natal;  puis  à  Ferrare  jusqu'à  19  ans. 
Ensuite  à  Rome  pendant  deux  ans.  Depuis  un  mois  à  Paris. 

p.,  est  né  à  Piacenza,  27  ans.  Etudes  primaires.  Il  a  passé  sa  jeunesse  à 
Piacenza.  Depuis  cinq  mois  à  Paris. 

G.,  est  né  à  Ancone.  27  ans.  Commis  voyageur.  Il  est  surtout  resté  dans 
l'Italie  du  Sud.  \  Paris  depuis  deux  mois  et  demi. 

H.,  est  né  à  Gubbio  (pr.  Pérouse).  Son  père  de  Gubbio.  Sa  mère  de  S.  Mar- 
cello (pr.  Ancone).  38  ans.  Il  a  fait  les  quatre   premières   classes  du   lycée.  ^ 
Chapelier.  Jusqu'à  l'époque  de  son  service  militaire  il  est  resté  à  Gubbio.  Puis 
pendant  trois  ans  dans  l'Apulie.  Ensuite  de  nouveau  à  Gubbio.  A  Paris  depuis 
neuf  mois. 

I.,  Je  suis  né  à  Rome.  Mon  père  de  \'illaviani  (prov.  Porto-Maurizio).  .Ma 
mère  de  Modigliano  (pr.  Arezzo).  25  ans.  Etudes  classiques  et  universitaires. 
Jusqu'à  19  ans  à  Rome;  seulement  huit  mois  à  Vallombrosa  (Florence)  et 
quelques  mois  dans  l'Italie  du  Nord.  Depuis  1898  dans  l'Allemagne  du  centre 


I^  DH    LA    NASALITÈ    HT    ITALIEN 

et  du  nord.  Élevé  dans  un  milieu  bourgeois.  Ayant  toujours  vécu  à  Rome  et 
fréquenté  surtout  des  Romains,  je  parle  le  patois  de  Rome.  Mais  le  parler  tos- 
can m'est  facile  à  cause  de  ma  mère.  Dernièrement  j'ai  commencé  à  être 
influencé  par  la  prononciation  allemande. 

J.,  est  né  à  Atina  (pr.  Cascrte).  Ses  parents  aussi  de  Atina.  31  ans.  Ouvrier. 
Il  a  vécu  presque  toujours  dans  sa  province.  A  Paris  depuis  quelques  mois. 

K.,est  née  à  Naples.  36  ans.  Son  père  étant  préfet,  elle  a  séjourné  dans 
plusieurs  villes  de  l'Italie  du  Sud.  Son  mari  appartient  à  la  noblesse  romaine. 
Elle  est  donc  un  bon  type  d'un  parler  de  la  société  élevée.  Depuis  quelques 
mois  à  Paris. 

L.,  est  né  à  Palcrme.  59  ans.  Comptable.  Il  a  séjourné  surtout  dans  l'Italie 
du  centre  et  du  midi.  Depuis  quatre  mois  à  Paris. 

Nous  avons  donc  au  point  de  vue  régional  :  un  Vénitien  (A), 
deux  Lombards  (B  et  C),  un  Piémontais  (D),  deux  Émiliens  (E 
et  F),  un  Marcliien  (G),  un  Ombrien  (H),  un  Romain  (I),  deux 
Apuliens  (J  et  K)  et  un  Sicilien  (L).  Cette  variété  existe  aussi  au 
point  de  vue  de  l'instruction  et  de  l'éducation  des  différents 
sujets.  A  savoir  :  A,  G,  L  appartiennent  au  commerce;  Bà  l'in- 
dustrie ;  C,  D,  I  ont  une  instruction  scientifique;  F,  H,  J  sont 
des  ouvriers;  K  représente  la  haute  société  et  enfin  E  appartient 
à  la  bureaucratie. 


CHAPITRE  VI 

PLAN    DE    MON    TRAVAIL 

Dans  le  cours  de  ce  travail  je  passerai  du  connu  à  l'inconnu, 
de  sorte  que  le  lecteur  pourra  mieux  me  suivre.  Après  une 
courte  introduction  sur  les  procédés  d'expérimentation  et  sur 
l'explication  physiologique  de  la  nasalité,  je  commencerai  par 
étudier  les  articulations  communém.ent  connues  sous  le  nom 
de  nasales  (m,  n,  //,  ;/,  y,).  Puis  je  traiterai  de  leur  influence 
soit  sur  la  voyelle  soit  sur  la  consonne.  Il  s'agit  donc  jusqu'ici 
d'une  nasalité  normale  plus  ou  moins  connue.  Dans  la  deuxième 
partie  je  traiterai  de  la  nasalité  des  consonnes  non  nasales,  pour 
terminer  avec  la  nasalité  des  voyelles  finales.  Voilà  des  phéno- 
mènes qui  ne  sont  pas  dus  à  l'influence  d'une  nasale  (w,  ;/,  //, 


DH    LA    NASALIT^-    HN    ITAl.lHN  IJ 

//,  ij,)  et  qui  ne  manqueront  pas  d'étonner  le  lecteur  liabituc  à 
la  seule  aide  de  son  oreille  pour  l'observation  des  faits  phoné- 
tiques. Dans  la  troisième  partie  je  traiterai  de  la  chute  complète 
de  la  nasale,  c'est-à-dire  de  l'absorption  de  la  consonne  nasale 
dans  la  voyelle  nasale  précédente. 


CHAPITRE  VII 

LES   SONS    DE  l'iTALIEN    ET    LEUR  TRANSCRU'TIOX    l'IlONÉTiaUE 

Je  dirai,  avant  tout,  que  je  n'attache  aucune  importance  à  un 
système  de  transcription  plutôt  qu'à  un  autre,  parce  qu'ils  sont  tous 
impartaits.  Seuls  les  tracés  obtenus  par  la  méthode  graphique 
se  rapprochent  de  l'idéal  d'une  transcription  phonétique.  Ils 
donnent  en  effet:  le  timbre,  la  durée,  l'intensité,  la  hauteur  musi- 
cale et  l'accent  d'une  articulation  avec  toutes  les  nuances  ima- 
ginables et  pour  tous  les  organes  en  activité  dans  cette  articulation. 
Mais  on  ne  peut  pas  lire  de  tels  tracés.  Au  point  de  vue  pratique 
il  fout  donc  recourir  aux  signes  de  l'alphabet  ordinaire  modifiés 
d'après  le  goût  de  l'inventeur  du  système.  J'ai  choisi  comme 
système  de  transcription,  celui  de  M.  l'abbé  Rousselot,  parce 
qu'il  me  semble  répondre  le  mieux  aux  exigences  scientifiques 
et  esthétiques.  Si  l'on  veut  des  explications  plus  amples  sur  ce 
système  de  transcription  on  doit  consulter  les  Principes  de 
Phonétique  et  le  Précis  de  prononciation  française  du  même  savant. 

I.  VOYELLES 

Fermées  Moyennes  Ouvertes 

/  mni  /  inn/ 

é  fremen?  e  frem<'re  c  frra 

A  anw  a  amx 

ô  popol('  0  populo  à  pt'polo 

•//  /ma  11  r/nuore 

Xasales  :  /  (/;/stare)  è,  à  (s^z;zscrito)  ()  (c('//scio)  ù  (p////si). 


l6  DH    LA    NASALITÏ:    H\    ITALlliN 

II.  CONSONNES 

1 ,  CONSTRICTIVES 

a)  Soiii-voyelles  :  y  (/eri)  lu  (g//aio). 

b)  Fricatives  :  /  (/ui)  s  (.œi)  c  (la  fera)  e  (pe^fc)  v  (yia)  ^ 
(ro5a)/(lo^irô). 

c)  Vibrantes  :  /  (/ui)  r  (re) 

d)  Nasales  :   ;»  (/;/a)  ;/  (no)   //  (ic//ogratia)  ;/  (a;zche,  pu;/go). 

2.  MI-OCCLUSIVES 

s  (^itto)  €  (cera) 

3.  OCCLUSIVES 

p  (pQ.pà)  i  Q^)  /v^  (colla;  r/jilo;  f/;eto) 

b  (babbo)  d  {£)  g  (gâWo  ;  ^/;iotto  ;  ghetto) 

4.  MOUILLÉES 

l((am\glia)  7}  (ip\g)ici). 

Il  me  faut  ici  donner  quelques  explications. 

VOYELLES 

Le  tableau  ci-dessus —  les  nasales  exceptées  —  a  été  pris  de 
la  Phonétique  italienne  de  M.  Josselyn.  M.  Josselyn  le  pre- 
mier a  révélé  et  démontré,  que  «  dans  les  deux  séries  des  voyelles 
italiennes,  à  côté  des  voyelles  fermées  et  des  voyelles  ouvertes, 
il  existe  des  moyennes,  qu'on  n'avait  pas  reconnues  jus- 
qu'ici »  {op.  cit.,  p.  173  ;  concl.  3). 

SEMI-VOYELLES 

C'est  aussi  à  M.  Josselyn  que  l'on  doit  la  démonstration  de 
l'existence  en  italien  du  y  et  du  lu.  Voilà  de  quoi  mettre  fin  à 
ces  innombrables  polémiques  d'orthographe  entre  les  grammai- 
riens italiens. 


DE    LA    NASALlTi:    IN    ITALIEN 


17 


l-KICATIVES 

Ler  est  un  c  plus  intense  et  plus  long  dans  tous  ses  éléments. 
Le;  est  la  sonore  correspondante  du  c  et  pas  du  r,  comme  l'on 
croît  encore  habituellement.  Je  l'ai  démontré  dans  mon  article 
paru  dans  La  Parole,  octobre  1903. 

MOUILLÉES 

La  question  des  mouillées  est  très  intéressante  au  point  de 
vue  historique,  physiologique  et  dialectal.  M.  Meyer-Lûbke,  dans 
sa  Graiiiniaire  italienne,  ^  223,  dit  à  propos  du  n  :  «  Enfin 
gn  devient  Fi.  Ce  développement  qui,  à  l'exception  de  la  Sar- 
daigne  et  des  côtes  sud-est,  appartient  à  tout  le  domaine  et 
aux  langues  sœurs,  la  Roumanie  exceptée,  n'est  pas  facile  à 
être  expliqué  au  point  de  vue  physiologique.  On  pourrait 
supposer  que  gn  est  devenu  en  premier  lieu  l'in;  Vn  vélaire 
aurait  alors  exigé  la  voyelle  la  plus  vélaire,  n  au  lieu  de  0, 
mais  il  aurait  laissé  intact  IV,  parce  que  1'/  palatal  n'aurait 
pas  pu  s'unir  avec  la  sonore  vélaire.  Puis  le  l'iii  se  serait  changé 
en  nn,  n  ». 

Tout  cela  me  semble  compliqué  et  un  peu  arbitraire.  Sur 
quels  faits  ces  assertions  se  basent-elles  ?  Je  vais  essayer  de  recons- 
truire le  phénomène  par  la  méthode  expérimentale.    La  figure  i, 


Fig.   I.  (I.) 

Trace  no  i.  —  i  ^-:  c(<,'«  ;  2  =  <•>;/  ;   5  =  />>/. 
Trace  no  2.  —  I  =  s,n(  ;  2  =  gt'  ;   ^  =  gi  ;  4  =  g. 

tracé  n"  2  nous  montre  que  pour  ^5^  isolé,  la  langue  touche  seulement 
très  peu  la  partie  postérieure  du  palais  artificiel.  Faisons  précéder  le 

La  Farolk.  i 


l8  DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 

S^  respectivement  par  a,é,i.  L'articulation  se  porte  de  plus  en  plus 
en  avant.  La  langue  touche  davantage  le  palais.  Après  c  et  surtout 
après/ le  o' se  mouille.  Passons  à  la  seconde  expérience.  Exami- 
nons comment  se  comporte  le  groupe  gn(g  +  '0  P'"'^''^'-''-^^  P^'^''  ^^^ 
voyelles  a,  c,  i.  Letracén'^i  de  la  fig.  i  montreque  la  palatalisation 
arrive  à  son  plus  haut  degré  dans  épi,  ign.  La  langue  étant  déjà 
portée  à  toucher  le  palaissur  une  étendue  plus  vaste,  l'influence  du^^ 
(g  mouillé)  sur  1';/  a  été  facile.  En  effet  si  l'on  observe  le  tracé 
on  voit  que  la  langue  pour  n  touche  entièrement  la  partie  anté- 
rieure du  palais.  Un  alors  commence  déjà  à  se  palataliser  ;  elle 
rappelle  le  type  de  n  chez  le  sujet  E  (v.  fig.  2,  tracé  n''  3).  Le 
passage  de  deux  articulations  mouillées,  qui  ont  un  mécanisme  si 
strictement  semblable,  en  une  est  un  phénomène  tout  à  f;iit  natu- 
rel. M.  Meyer-Lûbke  dit  en  outre  que  le  n  est  propre  à  tout  le 
domaine  italien.  Mes  expériences  me  donnent  des  résultats  qui 
contredisent  cette  assertion.  Les  mouillées  n'existent  pas  chez  les 


(C.)  Fig.  2.         (C.)  (H.) 

Tracé  11°  i.  =  /  de  C  (Milan)  dans  ah. 
Tracé  no  2.  ^  ij  dans  auci  du  même  sujet. 
Tracé  no  3.  —  i  =:  /  de  H  (Emilie)  dans  al(l; 
2  =:  y  dans  aija  du  même  sujet. 


Italiens  du  Nord.  D'après  la  fig.  2,  tracé  n°  2,  on  pourrait  transcrire 
le  7j  du  sujet  C  (Milan)  u -j-  /.  Chez  le  sujet  E  (Emilie)  la  mouil- 
lure est  plus  accentuée  ;  mais  elle  n'a  pas  la  même  force  que 


DR    LA    NASALITÈ    F-;N    ITAI.IIN  I9 

dans  le  y  (tîg.  3,  tracé  n"  i)  du  sujet  I  (Komc).  Le  /  n'existe  pas 
non  plus  chez  C  et  \L  Que  l'on  compare  lafig.  2,  tracé  n°*  i  et  3 
avec  la  fîg.  3,  tracé  n"  2,  et  l'on  s'apercevra  que  le  vrai/  se  trouve 


Fig.  5. 


(I-) 


Trace  11°  i.  =  n  de  I  (Rome)  dans  ûlja. 
Tracé  M"  2.  =  /du  même  sujet  dans  ahï. 

seulement  chez  I.  Quant  à  la  durée,  les  mouillées  se  comportent 
comme  des  doubles,  c'est-à-dire  elles  sont  plus  intenses  et  plus 
ténues.  Voici  la  durée  en  centièmes  de  seconde  pour  n  et  /, 
d'après  la  prononciation  du  sujet  I  (Rome). 


n 

N 

Durcc  de    1,1  voyelle 
qui  précède  1  il 

Durée  de  ]'n 

Durée  de  la  voyelle 
qui  précède  b  tj 

Durée  du  n 

a  20 
a  23 

n  7 
n  6 

a   I) 
a  12 
a  13 

IJ2  2 

U   24 
n  24 

Note.  —  Il  et  IJ  se  trouvent   dans  les    mots  niia  et  aijii.    Le 
premier  a  porte  l'accent  tonique  principal. 


20 


DE    LA    KASALITK    EN    ITALIEN' 


/ 

/ 

Duré;  de  la  voyelle 
qui  précède  1'/ 

Durée  du  / 

Durée  de  la  voyelle 
qui  précède  1'/ 

Durée    du  / 

a  21 
a  20 

a  23 

/  5 
/   5 
/  6 

a    13 
a    13 
a  13 

/^3 
/  26 
l  24 

Note.  — l  et  l  se  trouvent  dans  les  mots  ala  et  ah.  Le  pre- 
mier a  porte  l'accent  tonique  principal. 

Ici  je  me  sens  obligé  de  présenter  mes  plus  grands  remercie- 
ments et  de  manifester  ma  vive  gratitude  à  mon  maître  M.  l'abbé 
Rousselotqui,  non  content  de  m'avoir  admis  dans  son  Laboratoire 
du  Collège  de  France,  a  bien  voulu  m'initier  personnellement  à 
sa  méthode  et  me  donner  des  conseils  précieux  pour  mes  études. 
Je  n'oublierai  jamais  ce  que  je  lui  dois.  Je  remercie  MM.  Protat 
frères,  imprimeurs  à  Mâcon,  pour  le  grand  soin  qu'ils  ont  mis 
dans  l'exécution  typographique  de  mon  ouvrage,  M.  Montal- 
betti,  qui  a  été  pour  moi  un  aide  précieux  et  un  vrai  camarade^ 
M.  George  Lote,  qui  a  bien  voulu  revoir  ces  épreuves,  ainsi 
que   toutes  les  personnes  qui  se  sont  prêtées  à  mes  expériences. 


CHAPITRE  VIII 

PROCÉDÉ    d'expérimentation    ET    EXPLICATION    PHYSIOLOGiaUE    DE 

LA  NASALITÉ 

Pour  étudier  la  nasalitc  il  y  a  plusieurs  moyens.  Czcrmak 
s'est  servi  d'un  iil  de  fer  introduit  dans  le  nez.  En  outre  il 
s'était  fait  verser  de  l'eau  dans  les  fosses  nasales.  Il  mettait  aussi 
une  petite  glace  devant  son  nez.  Il  étudiait  ainsi  l'abaissement 
plus  ou  moins  grand  du  voile  du  palais. 

Passavant,  après  Czermak,  se  iît  verser  du  lait  dans  les  fosses 
nasales.  Il  introduisit  aussi  un  fil  de  ter  dans  le  nez  de  ses  sujets. 
Il  alla  plus  loin  encore  en  introduisant  un  Iil  dans  leur  pharynx 


DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN'  21 

de  façon  à  pouvoir,  avec  les  deux  bouts,  passant  l'un  par  le  nez, 
l'autre  par  la  bouche,  détacher  du  point  de  contact  le  voile 
du  palais  (Abbé  Kousselot,  Princ  de  pbon.  cxp.,  I,  p.  267 
et  suiv.).  i^rucke  conduisait  l'air  de  sa  bouche  et  de  son  nez, 
au  moyen  de  deux  tuyaux,  en  face  de  deux  bougies,  et, 
vo3-ant  par  les  oscillations  de  la  flamme,  la  voie  suivie  par  l'air 
expiré,  il  en  concluait  quelle  était  la  situation  du  voile  du  palais 
{op.  cit.,  p.  269).  M.  Allen  avait  inventé  un  explorateur,  con- 
sistant en  une  tige  qui,  pénétrant  dans  le  nez,  recevait  par  un 
bout  arrondi  les  impulsions  du  voile  du  palais,  et  les  écrivait 
par  son  autre  bout  pointu,  sur  un  cylindre  Vertical  {op.  cit., 
p.  95).  M.  Weeks  propose  l'appareil  suivant  (lïg.  4)  :  un  tambour 


Fis-  4- 
Explorateur  du  voile  du  palais  par  M.  Weeks. 


est  tenu  verticalement  en  face  de  la  bouche  par  une  tige  soudée 
à  un  cercle  de  fer.  Le  levier  T  porte  un  style  A.  lormé  de  deux 
tîls     d'aluminium,    qui    sont    d'abord    tordus    ensemble,    puis 


22  DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 

s'écartent  pour  renfermer  entre  eux  la  langue,  et  enfin  se 
rejoignent  pour  s'attacher  à  un  petit  bouton  de  plâtre  qui  se 
colle  au-dessus  de  la  luette  PP  (c/).  cit.,  p.  94). 

Mais  ce  sont  là  des  instruments  de  torture.  Le  plus  simple 
est  de  suivre  la  méthode  indirecte  inaugurée  par  M.  le  D""  Rosa- 
pelly  et  employée  aussi  par  M.  l'abbé  Rousselot.  C'est  ce  pro- 
cédé que  j'ai  employé.  Je  me  suis  donc  servi  d'olives  en  verre  de 
différentes  dimensions  (op.  cit.,  p.  132).  On  introduit  l'olive 
dans  une  des  narines  du  sujet,  après  s'être  assuré  que  cette 
narine  est  libre,  et  en  faisant  bien  attention  de  diriger  l'olive 
dans  une  position  horizontale.  Le  plancher  des  fosses  nasales 
est  peu  incliné  d'avant  en  arrière.  Si  Lon  dirigeait  l'olive  vers 
la  partie  supérieure  de  la  narine,  elle  se  trouverait  contre  la 
paroi  et  l'exploration  ne  donnerait  aucun  résultat.  Le  sujet 
parle.  Si  la  ligne  du  nez  montre,  par  exemple,  des  vibrations 
intenses  (  ;;/,  n,  n,  h,  d,  g,  l,  r,  etc.),  on  en  conclut  que 
le  voile  du  palais  s'abaisse  tortement  pour  ces  articulations. 
Mon  outillage  en  outre  se  composait  :  de  l'appareil  enregistreur 
de  M.  Verdin  (op.  cit.,  p.  68  et  suiv.),  d'une  embouchure  en 
aluminium  (op.  cit.,  p.  127,  fig.  57),  de  plusieurs  tambours  à 
levier  (op.  cit.,  p.  80  et  suiv.),  de  deux  ampoules  pour  l'explo- 
ration des  mouvements  de  la  langue  (op.  cit.,  p.  86),  d'une  cap- 
sule laryngienne  (op.  cit.,  p.  97)  et  du  palais  artificiel  (op.  cit., 
p.  52  et  suiv.).  Ce  dernier  m'a  rendu  de  grands  services,  sur- 
tout depuis  que  M.  Montalbetti  y  a  apporté  un  perfectionnement 
considérable.  Avec  une  matière  de  son  invention  (La  Parole, 
octobre  1903),  il  fait  des  palais  dont  l'épaisseur  pour  les 
modèles  communs,  est  réduite  cà  2/10  de  mm. 

Les  tracés  ont  été  pris  à  la  vitesse  moyenne  de  l'appareil 
enregistreur  et,  pour  tous  les  sujets,  dans  les  mêmes  conditions 
d'expérience  :  c'est-à-dire  avec  un  tambour  de  17"""  de  diamètre 
pour  la  bouche  et  un  tambour  de  14"""  de  diamètre  pour  le  nez. 
Le  sujet  I  fait  exception.  Pour  éviter  des  confusions  j'indiquerai 
toujours  lorsque  la  clarté  l'exigera,  sous  les  tracés  de  ce  dernier  sujet, 
avec  quel  tambour  les  expériences  ont  été  faites.  Lorsque  je  mesuis 
servi  de  la  capsule  laryngienne,  j'ai  emplové  le  tambour  du  nez 


D)-;    I.A    NASALITH    EN    ITALIEN  2} 

pour  le  larynx.  Seulement  pour]  j'ai  pris  les  tracés  de  la  bouche, 
du  nez  et  du  larynx  simultanément.  Alors  pour  le  larynx  j'ai 
employé  un  tambour  de  27'"'"  de  diamètre.  Les  expériences 
ont  donc  été  faites  avec  de  petits  tambours,  qui  sont  très  sen- 
sibles aux  vibrations  et  les  rendent  très  bien,  mais  qui  ne 
donnent  pas  un  déplacement  aussi  grand  que  les  grands  tam- 
bours. Il  est  essentiel  de  se  rappeler  tout  cela  dans  la  lecture  de 
ce  travail  et  surtout  lorsque  l'on  voudra  comparer  mes  tracés 
avec  ceux  d'autres  phonéticiens.  Je  donne  ici  (hg.   5)  l'agrandis- 


AAAA/wwwwywviM/yv^^ 


0        i      lO  20  50  40  M       ■      b9 

Fig.  s.  ()Ov.  d.) 

sèment  de  l'échelle  qui  m'a  servi  pour  déterminer  la  durée.  Elle 
a  été  prise  au  moyen  d'un   diapason  de  50  v.  d.  à  la  seconde. 

Pour  ne  pas  être  prolixe  je  renvoie  le  lecteur  pour  toute 
explication  sur  l'anatomie  et  la  physiologie  des  organes  de  la 
voix,  au  premier  volume  des  Principes  de  Phonétique  expéri- 
mentale de  M.  l'abbé  Rousselot,  où  il  trouvera  tout  ce  qui 
pourra  l'intéresser  et  lui  être  utile.  Dans  l'introduction  j'ai  dit 
que  généralement  on  croit,  qu'en  parlant,  le  voile  du  palais 
ferme  au  courant  phonateur  la  voie  du  nez,  à  moins  qu'il  ne 
s'agisse  de  sons  nasaux.  Toute  personne  qui  s'est  occupée 
d'études  anatomiques  et  physiologiques,  sait  que  le  voile  du 
palais  est  extrêmement  mobile  et  qu'il  a  besoin  de  l'aide  des 
parties  voisines  pour  remplir  sa  tâche,  conditions  peu  avan- 
tageuses pour  qu'il  puisse  fonctionner  comme  on  l'a  cru  jus- 
qu'ici. Au  contraire,  l'occlusion  complète  de  la  voie  nasale  n'a 
jamais  lieu.  L'occlusion  incomplète  peut  varier  pour  chaque 
idiome. 

Les  articulations  peuvent  être  nasales  et  bucco-nasales.  En 
italien  elles  ne  sont  jamais  buccales  seulement.  Il  peut  y  avoir 
des  vibrations  laryngiennes   dans  l'air  que  renlerment  les  tosses 


24  DE    LA    NASALlTli    EN    ITALIEN 

nasales  et  expulsion  de  cet  air.  C'est  ce  que  l'on  appelle  nasalitc. 
Mais  il  peut  y  avoir  aussi  des  vibrations  dans  l'air  des  fosses 
nasales  sans  que  l'écoulement  ait  lieu.  Nous  avons  alors  une 
résonance.  Enfin  il  peut  y  avoir  l'écoulement  d'air  nasal  sans 
vibrations.  C'est  de  la  nasalitc  sourde. 


CHAPITRE  IX 

RÉPONSE    A    Q.UELQ.UES    OBJECTIONS    CONTRE    LA 
PHONÉTIQ.UE    EXPÉRIMENTALE 

Avant  de  traiterla  question  qui  forme  lebutdece  travail^  je  veux 
répondre  aux  objections  que  M.  Sievers,  dans  l'édition  de  1901, 
de  ses  Grundj^iige  der  Pbonetik  fait  à  la  phonétique  expérimentale. 
Cela  en  vaut  la  peine,  car  M.  Sievers  jouit  en  Allemagne  de  la 
plus  grande  autorité  dans  le  domaine  delà  phonétique.  Ecoutons 
ce  qu'il  dit  dans  l'introduction  '  :  «  Pendant  ces  dernières  années 
le  nom  de  «  phonétique  expérimentale  »  est  devenu  une  puis- 
sance. D'une  façon  générale,  j'ai  conservé  dans  cette  cinquième 
édition  la  position  expectante  que  j'avais  prise  en  flice  de  cette 


I.  In  den  letzteii  Jahren  ist  das  Schlagwort  Experimentalphonetik  zu  einer  neuen 
Macht  geworden.  Ich  habe  mich  diesem  neuen  Zweig  der  phonetischcn  Disciplin 
gegenûber  auch  in  dieser  fiinften  Auflage  wieder  im  Wesentlichen  abwartend  verhalten 
miissen,  schon  aus  dem  Grunde,  weil  ich  eigene  Controlexperimente  nicht  habe  anstel- 
len  kônnen.  Auch  bekenne  ich,  dass  ich  den  Enthusiasmus  nicht  ganz  theile,  mit  dem 
die  Experimentalphonetik  auch  von  philologischer  Seite  begriisst  worden  ist.  Zwar 
bezweifle  ich  nicht,  dass  die  vervollkommneten  graphischen  Apparate  der  Neuzeit  im 
Wesentlichen  das  richtig  wiedergeben  was  in  sic  hincingesprochen  wird,  wohl  aber 
hezweifle  ich  auf  Grund  langj.ïhriger  Erfahrung  im  phonetischcn  Unterricht.  dass  es 
ohne  schwerste  Selbstzucht  jemandem  gelinge,  in  einen  Apparat  dasjenige  hincinzus- 
prechen  oder  mit  cincm  Mcssapparat  im  Sprachorgan  dasjenige  hervorzubringerf 
was  er  sonst  unter  normalen  Bcdingungcn  spricht.  Ich  bin  also  vor  der  Hand  geneigt 
zu  glauben,  dass  die  Abweichungen  von  der  Sprechnorm  die  durch  dio  psychi- 
sche  Bcfangenheit  vor. dem  Apparate  entstehen  im  Durchschnitt  mindestens  ebenso 
haufig  und  cbcnso  gross  sein  werden,  als  die  Fehler  die  einem  gut  geschulten  Plione- 
tikcr  bci  der  Beobachtung  naiver  Sprecher  ohne  Apparate  mit  unterlaufcn,  und  nicht 
minder  gross  sind  die  Gef:.hren,  welchc  falsche  Dcutungen  odcr  faische  Gcncralisirungen 
an  sich  richtiger  Deutungen  der  von  den  Apparatcn  aufgezeiclineten  Curven  mit  sich 
bringcn.  Was  jene  Untersuchungen  bisher  an  bleibcnd  Werthvollem  ergobcn  haben, 
schcint  mir  ausserdom  mehr  der  streng  naturwisscnschaftlichen  Scitc  der  Plionetik 
anzugehoren  und  schoii  deshalb  niclit  in  den  Bcrcich  dicses  Werkchcns  zu  fallcn. 


DI-;    LA    NASALITi:    i;\    ITAI.IKN  2] 

nouvelle  braiiclie  de  la  phonétique,  et  cela  pour  la  simple  raison 
que  je  n'en  ai  pu  contrôler  les  résultats  par  des  expériences  per- 
sonnelles. Je  dois  avouer,  d'ailleurs,  que  je  ne  partage  pas  entiè- 
rement l'enthousiasme  avec  lequel  certains  philologues  ont  salué 
la  phonétique  exjKrinientale.  Je  ne  doute  naturellement  pas  que 
les  nouveaux  appareils  enregistreurs  perfectionnés  ne  rendent, 
en  général,  avec  fidélité,  les  paroles  qu'on  leur  confie  ;  pourtant, 
une  longue  expérience  dans  l'enseignement  de  la  phonétique 
me  tait  douter  qu'on  puisse,  sans  se  j^lier  à  une  discipline  des 
plus  pénibles,  émettre  dans  un  appareil  ou  dire  avec  un  explora- 
teur dans  la  bouche,  des  paroles  que  l'on  prononce  d'ordinaire 
dans  des  conditions  normales.  Jusqu'à  nouvel  ordre,  je  suis 
donc  porté  i\  croire,  que  les  écarts  qui  se  produisent  dans  la 
prononciation  par  l'appréhension  qu'on  éprouve  devant  l'appa- 
reil sont,  pour  le  moins,  aussi  fréquents  et  aussi  grands  que  les 
fautes  qui  échappent  à  un  phonéticien  expérimenté  observant 
sans  appareil  des  sujets  non  prévenus  ;  non  moins  grand  est  le 
danger  que  présentent  de  tausses  interprétations  ou  une  fausse 
généralisation  d'observations  justes  en  elles-mêmes,  fournies  par 
les  courbes  des  appareils.  Du  reste,  les  résultats  solides  et 
durables  qu'ont  pu  donner  ces  recherches  jusqu'ici  me  semblent 
foire  plutôt  partie  du  domaine  purement  scientifique  de  la  pho- 
nétique et  sortir  par  conséquent  du  cadre  étroit  de  cet  ouvrage.  » 
A  ces  affirmations  de  M.  Sievers,  je  me  permettrai  de 
répondre  :  La  longue  expérience  dont  parle  M.  Sievers  ne 
repose  que  sur  des  constatations  purement  empiriques.  II  y  a 
entre  la  méthode  de  M.  Sievers  et  la  méthode  expérimentale 
la  même  difierence  qu'entre  l'alchimie  et  la  chimie.  M.  Sievers 
cache  à  peine  son  antipathie  pour  la  phonétique  expérimen- 
tale. Il  avoue  lui-même  qu'il  n'a  pas  fitit  d'expériences 
pour  contrôler  celles  déjà  faites  par  les  phonéticiens  expérimen- 
tateurs. M.  Sievers  ne  devrait-il  pas  prendre  complète  connais- 
sance d'une  branche  de  la  science  qui  lui  est  imparfaitement 
connue  et  comparer  les  résultats  que  donnent  les  difierentes 
méthodes  avant  de  dire  son  opinion  ?  Toutefois,  M.  Sievers 
nous   fait  une  concession  lorsqu'il  admet   la  perfection  de  nos 


26  DE    LA    NASALITK    EN    ITALIEN 

nouveaux  appareils.  Seulement,  il  montre  qu'il  ignore  entière- 
ment le  maniement  de  ces  appareils  et  la  manière  de  choisir  et 
de  traiter  les  sujets.  Aucun  appareil  d'inscription  directe  ou  d'in- 
scription indirecte  ne  gêne  les  organes  vocaux  des  sujets.  En 
outre,  on  n'a  pas  besoin  d'une  discipline  inflexible  (schwerste 
Selbstzucht)  pour  pouvoir  parler  avec  un  explorateur  dans  la 
bouche  ou  dans  un  appareil. 

J'ai  fliit  des  expériences  sur  beaucoup  de  sujets  (commerçants, 
industriels,  étudiants,  ouvriers)  et  j'en  ai  vu  faire.  Dans  les  cas 
les  plus  difficiles,  le  sujet  se  pliait  sans  peine  à  tous  les  désirs, 
après  une  ou  deux  séances,  de  l'expérimentateur.  On  ne  prend 
pas  les  sujets  au  hasard,  mais  on  les  choisit  avec  le  plus  grand 
soin.  Ceux  qui  sont  inutilisables  sont  renvoyés.  L'appréhension 
ps3^chologique  (psychische  Befangenheit)  qui  tourmente  si  fort 
M.  Sievers,  est  négligeable.  Même  chez  les  sujets  les  plus  mala- 
droits, elle  disparaît  bien  vite.  Du  reste,  on  la  rencontre  dans  la 
vie  de  chaque  jour.  Même  lorsqu'on  fait  des  expériences  en  inter- 
rogeant quelqu'un  sur  la  prononciation  d'une  articulation  ou 
d'un  mot,  le  sujet  est  toujours  troublé  les  premières  fois.  J'ai 
assisté  à  des  expériences  semblables  et  j'ai  toujours  observé  le 
même  fait.  En  outre,  des  études  approfondies  démontrent  que 
les  observations  faites  avec  la  seule  aide  de  l'oreille,  même  pour 
un  phonéticien  expérimenté,  ne  sont  pas  suffisantes.  Le  pouvoir 
auditif  change  avec  chaque  personne.  Nous  sommes  tous  plus  ou 
moins  disposés  à  la  surdité.  M.  Sievers  montre  que  les  résultats 
des  dernières  études  acoustiques  et  physiologiques  lui  sont 
inconnues.  Cela  ne  laisse  pas  de  faire  tort  à  un  savant  qui  est  le 
premier  à  conseiller  aux  phonéticiens  de  se  tenir  au  courant  des 
recherches  physiologiques  et  acoustiques. 

Enfin,  je  me  permettrai  de  remarquer  que  la  science  est  une. 
L'éminent  Pasteur  a  dit  :  «  Le  premier  regard  de  l'homme  jeté 
sur  l'univers  n'y  découvre  que  variété,  diversité  et  multiplicité 
des  phénomènes.  Que  ce  regard  soit  illuminé  par  la  science  et 
la  simplicité,  et  l'unité  brille  de  toutes  parts.  »  Pour  conclure  ce 
paragraphe,  déjà  trop  long  peut-être,  je  rapporterai  ici  des  pas- 
sages tirés  de  la  conférence  faite  par  l'illustre  savant  allemand, 


DE    LA    NASALlTl'i    E\    ITALIEN'  2"] 

M.  Koschwitz,  sur  la  Phoncliqite  expérimentale  et  la  Philologie 
franco-provençale  : 

«  ...Pour  être  phonétiste,  il  faut  d'abord  se  faire  naturaliste, 
physicien  et  physiologiste 

«  ...Par  lui  (M.  l'abbé  Kousselot),  la  phonétique  est  retour- 
née à  son  point  de  départ;  elle  est  redevenue  une  science  natu- 
relle, ce  qu'elle  n'aurait  jamais  dû  cesser  d'être.  Tout  bon  pho- 
nétiste qui  veut  qu'on  le  croie  se  fera  donc  dorénavant  natura- 
liste et  travaillera  d'après  la  méthode  des  sciences  exactes 

«  Or,  pour  étudier  la  phonétique  d'un  patois,  d'un  parler 

quelconque,  il  faut  être  phonétiste,  et  pour  être  phonétiste,  il  ne 
fout  pas  se  contenter  de  prendre  seulement  acte  des  recherches 
phonétiques  faites  par  des  physiciens  et  des  physiologistes, 
comme  le  dit  M.  Sievers;  non,  il  fout  se  faire  naturaliste  soi- 
même.  Ainsi,  la  linguistique  moderne,  la  grammaire  de  toutes 
les  langues  vivantes,  entre  dans  une  nouvelle  phase  ;  après  avoir 
été  une  science  philosophique  et  historique,  elle  sera  une  science 
naturelle 

« La  physiologie  pathologique  ne  veut  ou  ne  peut  pas  se  pas- 
ser de  la  biologie  et  de  la  vivisection;  la  philologie  des  langues 
modernes  exige  qu'on  observe,  même  sous  le  microscope,  les 
conditions  et  les  évolutions  de  leur  vie  actuelle,  et  qu'on  dissèque 
leurs  membres  vivants 

«  ...Pour  bien  étudier  les  patois,  il  faut  être  un  véritable 
phonéticien,  c'est-à-dire  un  phonéticien  naturaliste,  physicien  et 
physiologiste.  Or,  comme  la  grammaire  historique,  qui  ne  peut 
se  passer  de  l'étude  des  patois,  forme  une  partie  intégrale  de  la 
philologie,  ce  ne  sera  pas  seulement  la  grammaire,  ce  sera  toute 
la  philologie  moderne  qui  prendra  le  caractère  d'une  science 
naturelle.  On  a  oublié  trop  longtemps,  et  on  l'oublie  encore  tous 
les  jours,  que  les  langues  se  composent  de  sons  qui  appar- 
tiennent par  leur  effet  acoustique  à  la  physique,  par  leur  forma- 
tion à  la  physiologie,  et  que  les  lettres  de  l'alphabet  ne  sont  que 
des  signes  très  imparfaits  de  ces  sons  vivants  du  temps  présent 
et  du  passé.  L'étude  de  la  valeur  réelle  de  ces  lettres,  passées  ou 
présentes,   ne  peut  être  faite  que  par  un  naturaliste  qui  sache 


28  DE    LA    NASALITÈ    EN     ITALIEN 

reconnaître  les  émissions  de  la  voie  cachée  sous  les  lettres,  qui 
sache  taire  revivre  le  passé  en  donnant  aux  lettres  mortes  une 
réalité  vivante.  »  (M.  Koschwitz,  La  Phonétique  expérimentale  et 
la  Philologie  franco-provençale.  —  Revue  des  patois  gallo-romans. 
Paris,  1891,  tome  I\'.) 

Au  dernier  moment  un  doute  me  tourmente.  Est-ce  que 
M.  Sievers,  dans  sa  charge  contre  la  méthode  expérimentale,  n'au- 
rait pas  eu  comme  point  de  mire  le  travail  de  M.  Ernst  A.  Meyer 
sur  la  métrique  allemande  ?  S'il  en  était  ainsi,  je  serais  complè- 
tement de  l'avis  de  M.  Sievers.  M.  Meyer  a-t-il  compris  la 
technique  des  appareils  employés  dans  la  phonétique  expé- 
rimentale ?  J'en   doute.   Dans   son   assertion    «  aucune  courbe 

«   obtenue    par    l'appareil ne  donne  une    image    vraiment 

«  fidèle  du  mouvement  qui  en  est  la  cause  »,  il  y  a  un  cer- 
tain fond  de  vérité.  Il  s'agit  là  de  faits  que  dans  aucune  méthode 
expérimentale  on  ne  peut  éliminer.  En  tout  cas  ce  n'est  pas 
M.  Meyer  qui  nous  fait  connaître  le  premier  cette  vérité.  Conti- 
nuons- :  «  Si  nous  observons  la  courbe  seulement  d'après  la 
durée  indiquée  par  elle  dans  son  parcours,  il  faut  réfléchir 
que  chaque  moment  du  mouvement  d'un  organe  sera  enre- 
gistré avec  un  retard  dans  sa  durée  qui  dépendra  de  la  con- 
struction de  l'appareil  et  de  l'énergie  du  mouvement.  Pour 
plusieurs  appareils  et  pour  des  mouvements  organiques  de  dif- 
férente   énergie   on    devra    donc  aussi   supposer    différente  la 


1.  Keinc    durch    einen    apparat  hergestellte  kurve  gibt cin    wirklich   getreues 

bild  von  der  bewegung,  die  ihr  zu  grunde  liegt  {Op.  cit.,  page  4). 

2.  Betrachten  wir  die  kurve  nur  nach  der  von  ihr  angezeigten  dauer  des  bewegungs- 
verlaufes,  so  ist  mit  der  thatsache  zu  rechnen,  dass  jeder  moment  der  bewegung 
eines  organs  um  eine  gewisse,  in  ihrer  dauer  von  dem  bau  des  apparats  und  der 
énergie  der  bewegung  abliangige  zeit  verzôgert  zur  registrirung  gelangt.  Fiir  ver- 
schiedene  apparate  und  fïir  organbewegungen  von  verschiedener  énergie  wird  also 
auch  das  mass  der  registrirverzogerung  als  verscliicden  voraugesetzt  werden  miissen. 
Wenn  nun  so  keinc  der  kurven  getreuc  auskunft  liber  den  wirkliclien  verlauf  der 
organbewegung  gibt,  wic  soll  die  richtigUeit  der  einen  kurve  durcli  die  andere  kon- 
troUirt  werden?  Bevor  eine  vergleichung  zweier  mit  verschiedenen  apparaten  gewon- 
nener  kurven  angestellt  werden  kann,  ist  es  nôtig,  fiir  jeden  einzelnen  apparat  die- 
registrirvcrzôgerung,  auch  nach  ihrer  abhangigkeit  von  der  stiirke  der  zu  registrirenden 
bewegung  hin,  zu  bestimmen.  Ist  dièses  aber  geschehen,  so  ist  eine  kontrolle  durch 
die  kurven  anderer  apparate  iiberfliissig.  Eben  die  untersuchung  der  registrirverzoge- 
rung gibt  die  einzig    môgliche    und   entsclieidende  kontrolle  fur    die    thiitigkeit   eines 


DE    LA    NASAI.ITÉ    KN    ITALIEN  29 

mesure  du  retard.  Si  aucune  courbe  ne  nous  donne  de  ren- 
seignements exacts  sur  le  vrai  parcours  du  mouvement  orga- 
nique, comment  l'exactitude  d'une  courbe  peut-elle  être  con- 
trôlée par  l'autre?  Avant  que  l'on  puisse  comparer  deux  courbes 
obtenues  par  deux  appareils  différents,  il  est  nécessaire  de 
déterminer  pour  chaque  appareil  le  retard  d'enregistrement, 
aussi  d'après  sa  dépendance  de  la  force  du  mouvement  à  enre- 
gistrer. Si  on  arrive  à  le  faire,  alors  le  contrôle,  au  moyen  des 
courbes  d'autres  appareils,  est  superflu.  C'est  justement  l'exa- 
men du  retard  d'enregistrement  qui  est  l'unique  contrôle  possible 
et  décisif  pour  le  fonctionnement  d'un  appareil.  On  aura  la 
preuve  que  l'importance  donnée  ici  au  retard  d'enregistrement 
n'est  pas  exagérée,  si  l'on  étudie  les  courbes  données  par 
M.  Rousselot  dans  ses  Modifications  phonétiques.  Dans  plusieurs 
d'entre  elles  on  donne  le  même  mouvement  d'un  organe  au 
moyen  de  plusieurs  appareils  comme  différent  d'après  sa  durée; 
on  n'a  qu'à  observer  particulièrement  les  fig,  46,  84,  88,  89, 
90.  Les  contradictions  sont  quelquefois  si  claires,  que 
M.  Rousselot  est  obligé  de  le  confesser  :  «  Toutefois,  je  dois 
«  le  dire,  ces  divers  moyens  ne  donnent  pas  des  résultats  abso- 
«  lument  identiques.  Ainsi  nous  avons  constaté  que,  pour  les 
«  nasales,  les  vibrations  du  nez  commencent  dans  certains  cas 
«  après  celle  du  larynx.  D'autre  part,  les  tracés  de  l'inscripteur 
«  de  la  parole  s'arrêtent,  alors  que  le  larynx  vibre  encore  (Modif., 
«  p.  80).  »  Lorsque  les  courbes  se  contredisent,  M.   Rousselot 


apparats  ab.  Dass  die  bedeutung,  die  hier  der  registrirverzijgerung  beigelegt  wirJ, 
nicht  iJbertrieben  ist.  ergibt  ein  studium  der  kurven,  die  Rousselot  in  seinen  Siodifi- 
cations  honétiqiics  verôfFentlicht  hat.  Bei  vielen  derselben  wird  ein  und  dieselbe 
bewcgung  eines  organs  von  verschicdenen  apparaten  ihrer  zeitlichen  d.iuer  nach  ver- 
schieden  registrirt  ;  man  vergioichc  bcsonders  die  kurven  in  den  fîguren  46,  84,  88, 
89,  90.  Die  widcrspriiche  in  den  einzelnen  kurven  sind  zum  teil  so  offenbar,  dass  sic 
Rousselot  zu  deni  gest.indins  zwingen  :  «  Toutefois,  je  dois  le  dire,  ces  divers  moyens 
«  ne  donnent  pas  des  résultats  absolument  identiques.  Ainsi  nous  avons  constaté  que, 
«  pour  les  nasales,  les  vibrations  du  nez  commencent  dans  certains  cas  après  celles  du 
<r  larynx.  D'autre  part,  les  tracés  de  l'inscripteur  de  la  parole  s'arrêtent,  alors  que  le 
a  larj-nx  vibre  encore  {Modif.,  s.  80)  ».  Rousselot  liebt  es,  in  solchen  fallen  \vo  kurven 
sich  geradezu  widersprechen,  bei  einer  derselben  einen  erreur  ^inscription  auzuneh. 
men,  ein  ausdruck,  der  vom  standpunkt  des  experimentators  nicht  recht  begrei- 
flich  ist;  ein  apparat  irrt  sich  nicht,  sondern  der  mensch,  der  die  vom  apparat  gezei- 
chneten  kurven  zu  deuten  unternimmt  {op.  cit.,  pp.  5-6). 


30  DE    LA    NASALITl':    E\    ITALIEN 

admet  dans  l'une  d'elles  une  erreur  if inscription.  Voilà  une 
expression  que  l'on  comprend  à  peine  dans  la  bouche  d'un 
expérimentateur;  un  appareil  ne  se  trompe  pas,  mais  bien 
l'homme  qui  entreprend  la  lecture  des  courbes  tracées  par 
l'appareil.  »  Tout  cela  mérite  d'être  discuté.  Si,  par  exemple, 
les  vibrations  du  nez  commencent  dans  certains  cas  après  celles 
du  larynx,  cela  ne  dépend  pas  d'une  erreiirji' expérience,  mais  cela 
provient  de  ce  que  dans  certains  sons  il  y  a  une  partie  non  nasalisée 
au  début.  Si  les  tracés  de  l'inscripteur  de  la  parole  s'arrêtent, 
alors  que  le  larynx  vibre  encore,  c'est  que  l'appareil  n'était  pas 
bien  réglé.  En  outre,  M.  Meyer  a  oublié  de  citer  ce  que  M.  Rous- 
selot  a  cru  devoir  ajouter  au  passage  ci-dessus  cité  ; 

«  ...Userait  fiicile,  je  crois,  de  tout  concilier.  Mais  sans  entrer 
dans  cette  difficulté  nouvelle,  comme  le  larynx  est  la  source  du 
son,  je  m'en  tiens,  en  cas  de  conflit,  à  ses  indications,  où  je 
signale  les  divergences  {Mod.  Phon.,  p.  80).  »  Pourquoi  cet 
oubli?  M.  Meyer  manquerait-il  des  connaissances  anatomiques 
et  physiologiques  les  plus  élémentaires  ?  On  serait  porté  à  le 
croire,  quand  on  lit  ses  observations  sur  des  phénomènes  tels 
que  ceux  dont  nous  venons  de  parler. 

M.  Rousselot,  sans  reconnaître  d'une  fiiçon  générale  comme 
erreur  d'inscription  le  fait  que  les  courbes  se  contredisent,  n'a 
pas  de  difiiculté  à  démontrer  qu'il  existe  des  erreurs  d'inscription 
et  qu'il  peut  y  en  avoir  pour  plusieurs  motifs  :  à  cause  de  la  sen- 
sibilité plus  ou  moins  grande  des  tambours  employés,  par 
exemple.  Supposons  qu'il  s'agisse  d'une  étude  sur  les  nasales. 
Pour  le  nez  on  a  pris  un  tambour  très  sensible  et  pour  la  bouche 
on  en  a  pris  un  peu  sensible.  Il  arrivera  que  les  dernières  vibra- 
tions seront  prises  seulement  par  le  nez  et  non  par  la  bouche. 
Comment  appeler  ce  fait  autrement  que  «  erreur  d'inscription?  » 
—  Supposons  encore  que  l'on  se  serve  de  l'explorateur  éhctrique 
du  larynx  qui  est  très  instable.  C'est  justement  à  cause  de  ce 
défaut  qu'on  ne  s'en  sert  plus.  S'il  se  déplace,  il  peut  s'arrêter 
comme  il  l'est  dit  à  la  page  115  des  Modifications  phonétiques. 
Dans  ce  cas  il  s'agit  aussi  «  d'une  erreur  d'inscription  ».  On  voit 
donc  que  la  «  magniloquentia  «de  Me\'er  :  «...  une  erreur  d'ins- 


DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN  3I 

cription.  Voilà  une  expression  que  l'on  comprend  à  peine  dans 
la  bouche  d'un  expérimentateur;  un  appareil  ne  se  trompe  pas, 
mais  bien  l'homme  qui  entreprend  la  lecture  des  courbes  tracées 
par  l'appareil  »  n'a  aucun  point  d'appui.  En  outre,  on  devrait  être 
de  bonne  foi  et  dire  les  choses  telles  qu'elles  sont.  Je  ne  sais  pas 
où  M.  Meyer  voit  du  désaccord  dans  la  figure  46  des  Modifica- 
tions phonétiques.  La  plume  qui  donne  la  ligne  supérieure  était 
ou  plus  courte  que  la  plume  d'en  bas  ou  plus  en  arrière.  Dans  la 
lecture  on  a  dû  tenir  compte  de  ce  fiiit.  Par  conséquent  c'est  une 
simple  question  de  réglage.  Dans  la  fig.  84  il  ne  s'agit  pas  d'er- 
reur d'appareil.  L'inscripteur  électrique,  tel  qu'il  était  réglé  n'a 
donné  que  la  voyelle.  Je  renvoie  le  lecteur  à  la  page  79  du 
même  ouvrage  où  M.  Rousselot  dit  :  «  On  peut  même,  par  un 
réglage  approprié,  en  écartant  plus  ou  moins  les  électro-aimants, 
faire  disparaître  telle  ou  telle  consonne  dont  la  place  est  alors 
marquée  par  un  silence.  Voye:{  aussi  plus  haut  la  fig.  84  (!  !  !)  etc. .  » 
Si  M.  Meyer  voit  un  désaccord  de  durée  dans  la  fig.  88,  c'est  qu'il 
compare  la  fin  des  vibrations  du  larynx  avec  le  commencement 
de  la  détente.  Le  tracé,  il  est  vrai,  est  plutôt  mauvais  et  pas  clair. 
Si  dans  la  fig.  89  on  trouve  un  désaccord  entre  l'enregistrement 
des  vibrations  pour  l'inscripteur  du  larynx  et  celui  de  la  parole, 
celui-ci  n'est  pas  réel.  Il  ne  s'agit  que  du  bruit  du/^.  M.  Rousselot, 
en  effet,  nous  renseigne  là-dessus  à  la  page  81,  à  la  quatrième 
ligne.  «...  La  fig.  Sç  (!!)  nous  fournit  un  p  dont  le  bruit  a  donné 
aussi  8/100  de  seconde.  »  Dans  la  fig.  90,  les  vibrations  que  l'on 
trouve  pour  le  larynx  avant  l'explosion  du  _^sont  tout  bonnement 
les  vibrations  laryngiennes  qui  appartiennent  à  l'explosion  du  g. 
Pourquoi  M.  Mever  n'a-t-il  pas  tenu  compte  des  explications  et 
des  renseignements  donnés  déjà  par  M.  Rousselot  lui-même, 
aux  pages  79,  80  et  81  ?  Ou  M.  Meyer  n'a  rien  compris  à  la 
lecture  des  Modifications  phonétiques  et  des  Principes  de  phonétique 
expérimentale  ou  bien  il  veut  faire  dire  aux  tracés  des  choses  qui 
s'accommodent  bien  avec  ses  théories,  mais  qui  n'existent  pas.  On 
voit  donc  que  les  assertions  de  M.  Meyer  ne  sont  que  des  arguties. 
Au  lieu  d'agir  en  expérimentateur,  il  a  voulu  agir  en  philosophe. 
Il  prétend  avoir  ainsi  résolu  la  question.  Comment  ose-t-il  cri- 


32  DK    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN 

tiquer  par  des  expériences  faites  avec  un  appareil  muni  lVuii  seul 
tambour,  des  résultats  obtenus  au  mo}xu  d'appareils  perfectionnés 
munis  de  plusieurs  tambours?  N'ayant  qu'un  appareil  et  un  seul 
tambour,  il  prétend  que  cet  outillage  est  suffisant  aux  besoins  du 
phonéticien  expérimentateur  et  qu'il  est  inutile  de  se  servir  de 
différents  appareils  et  de  plusieurs  tambours.  M.  Meyer  res- 
semble au  renard,  qui  avant  la  queue  coupée,  voulait  aussi  la 
aire  couper  aux  autres  animaux  ! 

M.  Meyer  n'a  qu'à  examiner  attentivement  les  tracés  obtenus 
par  différents  expérimentateurs  et  sur  différents  sujets  pour  le 
français,  l'allemand,  le  tchèque,  le  portugais,  l'italien  et  pour 
bien  d'autres  langues  encore  et  à  les  comparer  entre  eux.  Il  s'aper- 
cevra alors  que  la  nature  et  l'expérience  sont  d'accord.  Mais 
M.  Meyer  en  se  mettant  au  travail,  avait  des  idées  préconçues 
et  il  aurait  voulu  en  trouver  la  confirmation  dans  les  appareils.  Il 
ne  veut  pas  se  rendre  à  l'évidence  et  croire  qu'il  se  trompe.  Il 
préfère  alors  inculper  les  appareils  et  la  méthode  employés  par 
d'autres  expérimentateurs.  La  science  expérimentale  ne  se  prête 
pas  à  des  tournois  philosophiques.  Quand  on  veut  critiquer  des 
expériences,  il  faut  avant  tout  les  comprendre.  Ce  que  M.  Meyer 
n'a  pas  du  tout  fait  ! 

Nota.  — J'étais  en  train  de  donner  la  dernière  main  à  ce  tra- 
vail, lorsque  je  trouvai  dans  le  dernier  envoi  de  mon  libraire  le 
travail  récent  de  M.  Ernest  A.  Meyer  sur  la  durée  en  anglais.  Je 
remarquerai  en  passant  qu'on  ne  peut  pas  se  servir  de  ce  travail, 
parce  que  l'auteur  donne  simplement  la  durée  d'un  son  dans  un 
mot  sans  donner  la  durée  des  autres  sons  ou  du  mot  entier.  Il 
aurait  dû,  p.  ex.^  suivre  dans  tout  son  travail,  le  procédé  qu'il 
esquissé  aux  pages  54,  83,  91.  Voilà  la  meilleure  preuve  de 
l'ignorance  de  M.  Meyer  en  fait  de  technique  expérimentale  et 
de  connaissances  mathématiques  les  plus  élémentaires.  Mais  il  y 
a  un  point  très  intéiessant  :  M.  Meyer,  après  avoir  tellement 
critiqué  en  1897  l'exploration  de  deux  ou  plusieurs  organes  en 
même  temps,  emploie  en   1903  ce  même  procédé. 


DL    LA    N'ASALITL    EX    ITALIHN'  33 

CHAPITRE    X 
DÉl-HNSIi  D1-;   LA  TECIiXIQ.UE  SUIV1I-: 

M.  Meycr,  dans  ses  Beitrâge  :{ur  dciitschcn  Metrik,  insiste  beau- 
coup sur  ce  qu'il  appelle  «  retard  d'enrcti;istrement  «.Écoutons ce 
qu'il  dit  à  ce  propos  '  :  «  Aucun  appareil  enregistreur  ne  peut 
reproduire  un  mouvement  exactement  dans  le  moment  où  il  se 
produit.  Entre  chaque  moment  du  mouvement  originaire  et  le 
moment  du  mouvement  enregistreur  il  y  a  un  certain  retard.  La 
grandeur  de  ce  retard,  que  nous  appellerons  «  retard  d'enregis- 
«  trement  «  dépend  : 

«  a)  De  la  perte  d'énergie  qui  est  attachée  au  transport  du  mou- 
vement de  la  partie  de  l'appareil  qui  reçoit  à  celle  qui  enregistre. 
En  d'autres  termes,  la  perte  d'énergie  dépend  de  la  somme  des 
obstacles  que  l'on  doit  franchir  dans  l'appareil,  avant  qu'une 
action  ait  lieu  sur  la  partie  qui  enregistre. 

«  h)  Du  temps  dont  le  mouvement  ordinaire  a  besoin  pour 
exécuter  un  certain  minimum  de  travail,  c'est-à-dire,  pour  fran- 
chir ces  résistances,  la  grandeur  du  retard  dépend  donc  de  l'éner- 
gie du  mouvement  originaire.  » 

Tout  cela  était  déjà  connu.  M.  Marey  dans  la  Méthode  gra- 
phique et  M.  l'abbé  Rousselot  en  avaient  tenu  compte.  Si 
M.  Mever  dit  le  contraire,  il  se  pourrait  très  bien  qu'il  n'ait  pas 
compris  ce  qu'il  a  lu.  Après  avoir  critiqué  M.  Marey  sur  le  pro- 


I.  Kein  rcgistrir.ipparat  vcrmag  einc  bewcgung  gcn.ui  in  Jem  zcitpuiikt  .lufzuzci- 
chncn,  in  dcm  sic  sich  vollzicht  ;  es  vergelit  vielmchr  zwisclicn  jcdcm  moment  dcr  urs- 
prunglichcn  bewegung  uni  dcm  entsprechenden  moment  der  registrirbewegung  eine 
gewisse  zeit.  Die  grosse  dicscr  zeit,  wckhe  wir  als  «  registrirverzôgcrung  »  bezeichncn 
woUen,  h;ingt  ab  ; 

a)  Von  dem  energieverlust,  welchcr  mit  dor  ûbcrtragung  dcr  bewegung  vom  aufneh- 
nienden  bis  zum  registrirenden  teil  des  apparats  vcrbunden  ist  ;  mit  anderen  worten, 
von  der  summe  der  widerstandc,  welche  inncrhalb  des  apparats  zu  iiberwinden  sind, 
bevor  eine   wirkung  auf  den  registrirenden  teil  ausgciibt  wird  ; 

/')  Von  derzeit,  deren  die  ursprïmgliche  bewegung  bedart',  uni  ein  gewisses  minimum 
von  arbeit   zu  leisten,  nàmlich  jene  widerstandc   zu   iiberwinden;   mittelbar   also   von 
der  énergie  der  ursprïuigliêlien  bewegung.  (Beitr.  :^ur  deutsdh-n  Metrik,  pp.  26-27). 
La  P.\kole.  î 


34  J5'-    I  A    N'ASALITÏ;    EN    ITALIEN 

cédé  suivi  pour  mesurer  le  «  retard  d'enregistrement  »  et 
M.  Rousselot  qui  a  accepté  les  résultats  de  M.  Marey,  M.  Meyer 
en  vient  à  décrire  ses  propres  procédés  «  pour  déterminer  le 
temps  total  qui  se  trouve  entre  le  commencement  d'un  déplace- 
ment d'air  et  le  moment  d'enregistrement  par  le  levier  d'un  tam- 
bour Marey-Hùrthle  ».  Voici  comnient  il  s'y  est  pris  '  :  «...  Une 
cuvette  en  métal,  couverte  d'une  membrane  en  caoutchouc,  ser- 
vait pour  produire  le  premier  déplacement  d'air.  Le  diamètre  de 
la  membrane  était  de  38,  8"""  ;  précisément  dans  son  milieu 
on  avait  collé  au  moyen  de  syndetikon  une  plaque  métallique  de 
20,  9"""    de     diamètre.   Sur    cette  plaque    on    avait  établi  une 


I.    Hin  mit  einer  kLiutscliukmenibran    ûberspaniiter  metallkessel  diente  ziir  erzeugung 
desprimârenluftstosscs.  Die  krcisttache  der  kautschukmembran  besass  eincn  durchmesser 
von  38,8  mm.,  genau  in  ihrer  mitte  war  ihr  eine  metallplatte  von  20,9  mm.  durclimes- 
ser  aufgesetzt  und  mittels  syndetikon  befestigt.  Auf  dieser  metallplatte  war  ein  siegel- 
lack  hùgel  von  c.  lO  mm.  hôhe  errichtet,  in  dem  siegellack  mit  seineni  mittelstûck  fest 
eingebettet  lag  ein  mit  schreibspitze  versehener  92  mm.   langer  strohhalm,  wie   er  bei 
der  Marey-Hùrthleschen   schreibkapsel  zur  verwendung  kommt.   Das  der  schreibspitze 
entgegengesetzte  ende  des  strohhalms  war  um  eine  feste  stahlaxe  drehbar,  so  dass  der 
halm  als  einarmiger  hebel  fungirte.  Die  schreibspitze  berïihrte   die  berusste  papicrum- 
klcidung  eines  drehbaren  zylinders.  Beginn  und  verlauf  eines  luftstosses,  wie  ihn  ein 
druck  des  fingers  auf  den  siegellackhiïgel  bewirkte,  wurde  so  ohiie  ueriiig  aut"  denzylinder 
registrirt.  Aus  der  ordinaten  und  abszisscnlringe  der   kurve,  den  gegebenen  durchmes- 
sern  der  membran  und  der  metallplatte,  sowie  der  lange  des  schreibhebels  war  die  ge- 
schwindigkeit  der  luftverdrangung  aus  dem  metallkessel,  also  die  stiirke  des  luftstosses, 
genau  zu  bestimmen.  Ein  gummischlauch   von  4  mm.  inneiidurchmesser   und  bestimm 
ter,    in    verschiedenen    versuchsreihen     variiender    I.ïnge   leitete    den    luftstoss    gegen 
die  oilnuung  einer  Marey-Hiirtlebcheu  schreibkapsel,  wie  si«  auf  s.    15   dieser   abhand. 
lun^    des    genaucren    beschrieben    worden     ist.    Die   spitze    des    schreibhebels    dieser 
kapsel  war  so  an  den  zylindcr  gestellt,  dass  die  von  ihr  beschriebene  nuUinie   nur  c. 
1/2  mm.  von  der  nullinie  des  schreibhebels  der  primaren    lutkapsel    entfernt  war.  Es 
geschah  dies  nach  dem  vorgange  von  Helmholtz,  um   den   beginn  des  kurvenanstiegs 
gcnauer  bestimmen  zu  kônnen.  Bei  einerreihe  von  versuchen  wurde  der  gummischlauch 
lufidicht  mit  beiden  kapseln  verbunden,  bei  einer  andern  reihe  ging  der  schlauch  in  eine 
32  mm.  lange  glasrohre  von  verschiedenen  (4,  5  und   3   mm.)  innendurchmesser  aus, 
die  der  ôffnungder  schreibkapselrohre  in   einer  entfernung  von  9    mm.    achsenparallel 
gegeniibergestellt  war.   Der   einfluss   der    beiden   arten     der    lautstromzufiihrung ,    der 
geschlossenen  und  der  freien,  auf  die  grosse  der  verzogerung  konnte  so  einer  bestim- 
mun''  unterzogen    wcrden.  Die    berussung  des  zylindermantcls   wurde    môglichst  feiii 
hergestellt,    der  druck  der    schreibhebelspitze   gegen    den    zylinder    môglichst     gering 
bemessen.   Um   den   einfluss  des   gewichts  der   die  membran   belastenden  apparatteile 
auf  die  grosse  der  verzogerung  zu  erkennen,  wurde   bei  einer  reihe   von  versuchen  das 
aluminiumpliittchen  mit   2  X  10  gr.  beschwert.  Der  zylinder  besass  einen  umfang  von 
115, S  cm.  die  gcschwindigkeit,  mit  der  die  mantelflaclie  sich  bewcgte,  betrug  im  durch- 
schnitt   55  cm.  in   der  sek.  Bei  jedem  einzelversuch   diente  eine  stimmgabel   von    100 
doppelschwingungcn    in    der  sekunde  zur  genanen  registrirung  der  zeit.  Zwei   st.ïrke 
"rade  kamen  bei  der  erzeugung  des  primaren  luftstosses  im  allgemeinen    zur    vcrwcn- 


DH    l.A    NASAl.lli:    l.\    ITALIl-.N  ^5 

petite  colline  de  cire  a  cacheter  de  ii)  iniii.  de  hauteur;  dans 
la  cire  était  luie  paille  de92  mm.  de  longueur  et  munie  d'une 
plume,  comme  les  tamhoin's  Marey-FIurthle.  Le  bout  de  la  paille 
opposé  à  la  plume  pouvait  tourner  autour  d'un  axe  fixe  en  acier, 
de  façon  que  la  paille  fonctionnait  comme  un  levier  avec  un  seul 
bras.  La  plume  écrivait  sur  le  papier  noirci.  Le  commencement 
et  raccomplissemeiit  du  déplacement  d'air,  causé  par  une  pres- 
.sion  du  doigt  sur  la  colline  de  cire,  s'enregistrait  sans  retard. 
Parla  longueur  des  ordonnées  et  des  abci.sses  delà  courbe,  parles 
diamètres  de  la  membrane  et  de  la  plaque  métallique,  et  aussi  par 
la  longueiu'  du  le\ier  inscripteur,  on  pouvait  préciser  la  longueur 
du  déplacement  de  1  air  de  la  cuvette  et  l'on  pouvait  donc  préci- 
ser la  force  du  déplacement  d'air.  Un  tube  en  caoutchouc  de 
4  mm.  de  diamètre  intérieur  et  d'une  longueur  fixée,  mais 
variable  dans  les  différentes  expériences,  portait  l'air  contre 
l'ouverture  d'un  tambour  Marey-Hurthle,  de  la  manière  décrite 
à  la  page  13.  La  pointe  du  levier  inscripteur  était  posée  sur  le 
cxlindre  de  façon  que  la  ligne  zéro  inscrite  par  elle  était  éloignée 
seulement  d'un  demi-millimètre  delà  ligne  zéro  marquée  par  la 
cuvette.  Et  cela  d'après  le  procédé  de  Helmhoitz  pour  pouvoir 
préciser  le  commencement  de  la  montée  des  courbes.  Dans  une 
série  d'expérience.%  le  tube  en  caoutchouc  fut  attaché  hermétique- 


dunu;  :  bei  dciu  st;ïrkcroii  stoss  bewej^te  sich  dus  ;uii  die  meinbraii  gcklcbtc  metallplatt- 
clicii  mit  eincr  fast  gleiclitôrmigcii  geschwindigkeil  von  8,7  mm.  in  ^.i  liunderstel 
sekunden  auf  die  basis  des  mctallkessels  zu,  es  wurden  aiso  in  3,1  luindcrsiel  sekun- 
den  6272  cbnim.  luft  aus  dem  mctallkessel  in  den  schlauch  gepresst  ;  bei  dem  schwa- 
cheren  stoss  bewegte  sich  das  metaliplattchen  mit  einer  gesclnvindigkeit  von  6,4  mm. 
in  6,5  hunderstel  sekunden,  in  dieser  zeit  wurden  also  4614  cbmm.  luft  in  den 
schlauch  gepresst.  —  Der  beginn  des  kurvenanstiegs  wurde  unter  der  lupe 
bestimnit.  Ein  mikroskop  wurde  deshalb  nicht  zu  diesem  zweck  verwendet,  weil  auch 
2u  den  niessungen,  uuf  denen  die  spateren  angaben  iiber  die  zeitliche  dauer  der  laute 
und  i.iber  die  stelle  des  taktschlags  im  gesprochenen  wort  beruhen,  nie  ein  rfiikrosko[ , 
sondern  stets  eine  lupe  verwendet  worden  war.  Die  ergebnisse  der  versnche  sind  in 
der  tolgenden  tabcUc  zus.immengestellt.  .\us  ihrist  deutlich  zu  ersehen,  wie  die  grosse 
der  markirungsverzogerung  abhaiigt  von  der  starke  des  stosses,  derartder  luftstromzuliih- 
rung,  der  lange  des  zulcitungsschlauches,  dem  inneren  durchmesser  der  den  schlauch 
endigenden  glasrôhre,  und  schliesslich  dem  gewicht  der  auf  der  kautsciiukmembran 
lastendeii  apparatteile.  Die  zahlenanj;aben  bezichen  sich  auf  hunderstel  sekunden  (").  die 
in  eckigen  klammern  ||  eingeschlossenen  zahlen  geben  diezahlder  einzelmessungen, 
auf  denen  die  vorhergehen.le  zeitangabe  als  durchschniit  berulit  i^Bfitr.  -«r  dciitscbcii, 
Miti!!--  p.  5  5  et  suiv.). 


36  DH    LA    NASALITÉ    l-N    ITALIEN 

ment  avec  les  deux  tambours;  dans  une  autre  série,  le  tube  entrait 
dans  un    tube  en    verre  long    32   mm.,  et  de   diamètres   diffé- 
rents (4,  3   et  3  mm.),  lequel  était  placé  contre   l'ouverture  du 
tube  du  tambour  à  une  distance  de  9  mm.  L'influence  des  deux 
façons  de  conduire  le  courant  —  fermée  et  libre  —  sur  la  gran- 
deur, pouvait  ainsi  être  soumise  à  un  examen.  On  avait  noirci  le 
papier  le  mieux  possible  et  réduit  la  pression  de  la  plume  sur  le 
cylindre  cl  son  minimum.  Pour  reconnaître  l'influence  du  poids 
des  parties  d'appareil  s'appuyant  sur  la  membrane,  sur  la  grandeur 
du  retard,  on  augmenta  dans  une  série  d'expériences  le  poids  de 
la  plaque  d'aluminium  de  2X20  gr.  Le  cylindre  possédait  une 
circonférence  de  115,  5'-""';  sa  vitesse  était  de  55  cm.  par  seconde 
en  moyenne.  On  employa  un  diapason  de  100  v.  d.  par  seconde. 
Dans  la  génération  du  premier  déplacement  d'air,  on  eut  ces  deux 
résultats  :  pour  le  déplacement  le  plus  fort,  la  plaque  collée  sur  la 
membrane  se  mouvait  sur  la  base  de  la  cuvette  avec  une  vitesse 
presque  régulière  de  8,  7"""  en  3,  i  centièmes  de  seconde  ;  donc  en. 
3,  I  centièmes  deseconde,  furent  poussés  de  la  cuvette  dans  le  tube 
6772  mmc.  Dans  le  déplacement  le  plus  faible,  la  plaque  se  mou- 
vait avec  une  vitesse  de  6,4™™  mm.  en  6, 5"'^"''  de  seconde;  dans  ce 
temps  donc  furent  poussés,  pour  préciser  le  commencement  de  la 
montée  des  courbes  4614  mmc  d'air  dans  le  tu.be;  on  a  toujours 
employé  une  loupe  et  jamais  un  microscope,  parce  que  les  autres 
indications,  que  l'on  donnera  plus  tard,  ont  été  faites  aussi  à  l'aide 
d'une  loupe.  Les  résultats,  on  les  trouvera  dans  les  tableaux  sui- 
vant. On  peut  clairement  voir,  comment  la  grandeur  du  retard 
d'enregistrement  dépend  de  la  force  du  coup,  de  la  manière  de 
conduire  le  courant,   de  la  longueur  des  tubes  de  conduite,  du 
diamètre   intérieur   du  tube  en  verre  qui   terminait  et  enfin  du 
poids  des  parties  qui  s'appuyaient  sur  la  membrane  : 


DE    LA    NASALITI-    HN    ITALIEN 


)/ 


Conduite  d'air  fermée. 


Longueur  du  tube  de  conduite  :  20  cm. 

Poids  des  parties   d'appareil  s'appuyant  sur  la 
membrane 


Déplacement  fort 

Déplacement  faible.  . .  . 


0,6424  gr. 
o>27"  [43] 
0,46"  (29] 


20.6424  gr. 
0,50"  (17] 


Longueur 

du  tube  de  conduite 

510  cm. 


0,6424  gr. 
2,20"  [51] 
2,62" [19] 


Conduite  d'air  libre. 


Longueur  du  tube  de  conduite  :  21  cm. 

Diamètre  intérieur  des  tubes  en  verre  placés  à  la  fin 
du  tube  en  caoutchouc. 


Déplacement  fort  .  . 
Déplacement  faible. 


4,5  mm. 

0.96"  [37] 
1,41"  [14J 


Largeur 

du  tube  de  conduite 

510  cm. 


3  mm. 


0,76"  [53] 
i>i7"  [19] 


2J4"  [17] 
3,66"  [16] 


Les  chiffres  représentent  des  centièmes  de  seconde  ("'),  ceux 
entre  parenthèses  [  J  donnent  le  nombre  de  chaque  mesure,  sur 
laquelle  repose  l'indication  du  temps,  ci-dessus  donnée  en 
moyenne.  » 

M.  Meyer  a  oublié  une  chose  qui  peut  avoir  son  importance. 
Il  n'a  donné  ni  le  poids  de  la  cire  à  cacheter,  ni  celui  de  la 
paille.  Détails  que  l'on  ne  doit  pas  négliger  dans  des  opérations 
exactes  et  qui  ont  la  prétention  d'épuiser  une  question.  En  tout 
cas,  le  procédé  ci-dessus  exposé  est  ingénieux.  Mais  M.  Meyer 
veut  en  tirer  des  conclusions  générales.  Voilà  l'erreur.  Toutes 
ces  opérations  sont  nécessaires  et  suffisantes  pour  ses  appareils  et 
pour  les  conditions  dans  lesquelles  il  a  travaillé.  Avant  tout,  il  a 
un  appareil  enregistreur  bien  mauvais  et  d'un  vieux  modèle.  On 
n'a  qu'à  comparer  la  description  de  l'appareil 'enregistreur  chez 
M.  Meyer  (p.  lo-ii)  et  dans  les  Principes  de  phonétique  expéri- 
mentale (I,  p.  68  et  suiv.).  En  second  lieu,  M.  Meyer  avait  itn 
seul  tambour,  et  quel  tambour  !  D'un  diamètre  énorme  (59,  )""")• 


38  DE    LA    NASALITÉ    liN     ITALIEN 

Je  vais  essa3^er,  en  défendant  la  teclmique  suivie  dans  ce  travail, 
de  démontrer  à.  M.  Meyer  que  les  corrections  qu'il  dit  néces- 
saires à  foule  expérience  exacte,  ne  le  sont  pas  pour  les  appareils 
employés  par  nous.  Les  résultats  des  observations  de  M.  Meyer 
serviraient  seulement  pour  les  initiales  et  encore  dans  le  cas  où 
il  pourrait  préciser  le  moment  dans  lequel  les  initiales  se  font 
entendre.  Est-ce  que  Vf,  par  exemple,  est  perceptible  à  l'oreille 
dès  que  le  premier  souffle  passe  entre  les  lèvres  ?  Et  s'il  n'est  pas 
perceptible,  qui  autorise  M.  Meyer  à  dire  qu'il  commence  à  un 
moment  donné  ?  Ce  n'est  pas  comme  air  qui  se  déplace,  mais 
comme  air  qui  vibre,  que  j'ai  dû  considérer  la  question,  puisqu'il 
s'agit  dans  mon  travail  de  «  sonorité  »  et  de  «  sourdité  ».  Et  jus- 
tement dans  ce  cas,  les  expériences  de  M.  Meyer  ne  disent  rien. 
Toutes  les  expériences  faites  dans  ce  travail  sont  concordantes. 
J'ai  alors  le  droit  de  croire  que  le  retard,  cause  de  cauchemars 
pour  M.  Meyer,  n'existe  pas.  Malgré  cela,  pour  savoir  si  les 
vibrations  de  l'air  dans  les  données  de  l'appareil  éprouvent  un 
retard,  j'ai  voulu  fliire  des  expériences  de  contrôle  où  l'air  était 
saisi  par  deux  procédés  différents.  Voici  comment  j'ai  opéré.  La 
vitesse  de  l'appareil  enregistreur  était  la  plus  grande  (v.  Princ. 
de  phon.  exp.,  I,  p.  68  et  suiv.).  Le  changement  de  vitesse  a  été 
contrôlé  par  un  diapason  de  200  v.  d.  à  la  seconde.  En  faisant 
recouvrir  deux  lignes  des  vibrations  du  diapason,  l'une  des  deux 
a  subi  une  accélération  d'/m^  vibration  sur  170  vibrations.  Nous 
sommes  généreux  en  disant  i  vibration  sur  100.  Les  vibrations 
étaient  recueillies  à  l'aide  de  l'inscripteur  électrique  de  la  parole 
{Vrinc.  de  phon.  exp.,  I,  p.  127  et  suiv.)  placé  au  sommet  de  la 
tige  du  chariot.  Il  était  en  communication  avec  les  piles  élec- 
triques par  un  fil  et  avec  l'appareil  inscripteur  {op.  cit.,  p.  128) 
par  un  autre  fil.  On  parlait  dans  le  microphone  à  l'aide  d'une 
embouchure  en  verre  (longueur  :  70'^'"';  diamètre  intérieur  : 
14,5'""')  qui,  par  un  bras,  communiquait  à  l'aide  d'un  tube  en 
caoutchouc  (longueur  :  84""";  diam.  int.  :  5""")  avec  un  tam- 
bour à  levier.  Pour  les  diverses  expériences  on  a  employé  deux 
tambours  de  différent  diamètre  :  28"'"'  et  r6"'"\  Je  ferai  remar- 
quer que  l'on  s'est  servi  de  deux  piles  électriques.  Le  réglage  était 


DE    LA    NASALITli   KN     ITALIEN  39 

donc  plus  facile  {op.  cit.,  p.  129)  et  la  chance  de  faire  des  expé- 
riences exactes  était  plus  grande.  On  ne  contestera  pas  que  la 
transmission  par  électricité,  fonctionnant  dans  un  circuit  ue  deux 
mètres  à  peine,  soit  à  peu  prés  instantanée.  Hh  bien,  les  mûmes 
vibrations  recueillies  par  un  simple  tambour  correspondaient 
parfaitement  à  celles  inscrites  par  l'appareil  électrique.  Exami- 
nons, par  exemple,  la  voyelle  a.  Les  lignes  perpendiculaires  tirées 


(R.) 


Fio.  6. 
«  fa  >i 


voix  dont  les  vibrations  ont  été  recueillies  par 
un  tambour  ordinaire, 
inscripteur  électrique  de  la  parole. 


Fig-  7- 
«  da  » 

V.  =  voix  dont  les  vibrations  ont  été  recueillies  par 

un  tambour  ordinaire. 
I.   =:  inscripteur  électrique  do  la  parole. 

entre  les  deux  lignes  enregistrées  par  l'appareil  montrent  que, 
entre  les  périodes  de  la  voyelle  il  y  a  accord,  soit  au  commence 
ment,  soit  entre  la  maxima  et  la  minima  des  courbes  à  la  tenue 


40  DE    LA    NASALITÉ    EK    ITALIEN 

du  son.  Pour  les  fricatives  et  pour  les  occlusives,  nous  retrouvons 
le  même  accord.  On  n'a  qu'à  observer  les  tracés  donnés  pour  fa 
(fig.  é)et  pour  iia  (fig.  7.)  Les  résultats  obtenus  par  mes  appa- 
reils sont  bien  loin  de  donner  raison  aux  généralisations  de 
M.  Meyer,  Ce  dernier  aurait  donc  mieux  fait  de  ne  pas  aborder 
une  question  si  scabreuse,  n'étant  pas  en  condition  de  la  résoudre 
à  cause  de  son  outillage  primitif  et  insuffisant.  En  effet,  il  a  pu 
étudier  le  phénomène  seulement  pour  le  souffle  et  uniquement 
au  sujet  des  initiales.  Il  ne  fait  aucune  mention  de  la  sonorité. 
Ou  bien,  il  aurait  dû  dire  franchement  que  les  corrections 
suggérées  par  lui  devaient  être  appliquées  à  ses  appareils,  et  sans 
attaquer  —  ne  l'ayant  pas  comprise  —  la  technique  suivie  par 
d'autres  expérimentateurs. 


PREMIÈRE    PARTIE 


NASALITj;  NORMALH 


CHAPITRE  PREMIER 

ÉTUDE    Di;S   CONSONNES   NASALES 

a)  Tout  le  monde  connaît  m  et  ».  Quant  à  la  nasale  n  (ji 
postpalatal),  c'est  M.  Josselyn  qui,  le  premier,  en  a  démontré 
l'existence  en  italien.  J'ai  beau  chercher,  mais  je  ne  trouve  pas 
ce  son,  soit  dans  le  Grundriss  der  romanischen  Philologie,  dans 
l'article  de  M.  Ovidio,  soit  dans  les  grammaires  de  Petrocchi,  de 
Morandi  e  Cappuccini,  soit  dans  l'article  de  M.  Lovera  sur  la 
prononciation  itahenne  dans  Die  neiiercn  Sprachen  (V.  Band,  lo 
Heft,  1898).  MM.  Savj-Lopcz  et  Bartoli  dans  V Altitalienische 
Chrestomathie ,  Strassburg,  1903,  donnent  le  n  comme  une  carac- 
téristique du  Nord  :  «  und  zwar,  zuniichst  als  Auslaut,aber  auch 
sonst  am  Silbenschluss  (op.  cit.,  p.  176,  §  3).  » 

Je  donne  des  tracés  pour  mieux  éclairer  le  lecteur.  Le  tracé 
a  été  pris  avec  l'ampoule  exploratrice,  placée  contre  les  alvéoles, 
point  d'articulation  de  mon  ;/.  Le  tuyau  de  l'ampoule 
passait  dans  un  trou  pratique  à  droite  de  l'embouchure  et  allait 
se  mettre  en  communication  avec  un  tambour.  Je  pouvais 
ainsi  inscrire  simultanément  le  souffle,  le  larynx  et  les  mouve- 
ments de  la  langue.  Le  grand  déplacement  que  nous  trouvons 
sur  la  ligne  supérieure  pour  n  (fig.  8)  dans  «  anno  »,  nous 
indique  que  1'»  est  alvéolaire.  Passons  au  tracé  du  mot  «  anca  » 
(fig.  9).  Nous  étions  toujours  dans  les  mêmes  conditions  d'expé- 
rience; malgré  cela,  il  n'y  a  pas  de  déplacement.  L'«  alors  n'a  pas 
été  alvéolaire,  mais  postpalatal.  Une  seconde  expérience.  J'ai  pro- 


42 


DM    LA    NASALITE   EN    ITALIEN 


nn 

Fig.  8. 
«  anno  » 


(I-) 


L.  =  travail  articulatoire  de  la  langue. 

B.  =  vibrations  du  larvnx  recueillies  à  leur  sortie  de  la  bouche. 


a  ùh  a      (I-) 

Fig.  9. 
«  anca  » 


L.  =:  travail  articulatoire  de  la  langue. 

B.  =:  vibrations  du  larynx  recueillies  à  leur  sortie  delà  bouche. 


DK    LA    NASAI.riE    t\    ITALIEN' 


43 


nonce,  en  recueillant  l'air  par  la  bouche  et  par  le  nez.c  anche  » 
(aùke)  et  «  anche  >->  (diikc).  Le  tracé  du  premier  mot  (lîg.  lo)  nous 


il  k  e  C-J 

Fig.    lo. 

«  anch  e  » 

N.  =r  nez.  B.  =  bouche. 


révèle  uneseule  explosion,  tandis  que  celui  du  second(fig.  1 1)  nous 
en  révèle  deux  ;  mais  les  articulations  sont  liées  par  une  voyelle 
que  je  transcris  e.  Parmi  mes  sujets,  seulement  E  et  F  présentent 


K. 


B. 


a  71      e       k         e 

Fig.  II. 

«  anche  » 

N.   =r  ne/..  B.  =  bouche. 


(!•) 


un  n  alvéolaire  devant  k  ;  mais  devant  g  ils  ont  un  ;/,  surtout  F. 
Le  phénomène  donc  n'est  pas  tout  à  f^iit  accompli.  Encore  une 
expérience  et,  cette  fois,  fliite  avec  le  palais  artificiel.  Si  Vn  de  C 
et  de  E  avait  été  alvéolaire  les  tracés  l'accuseraient  (fig.  12). 

Quant  à  moi,  d'après  mes  expériences,  je  suis  disposéd'admettre 
encore  un  ;/,  etprécisément  un  n  médio-palatal.  Cettedernière  arti- 
culation se  trouve  dans  les  cas  où  l'explosion  du  k  est  absorbée 
dans  la  nasale,  par  exemple,  dans  «  icnografia  »  chez  L  Les  tracés 
en  efi'et,  n'accusent  ni  un  11  alvéolaire,  ni  un  ;;  postpalatal,  mais 


4-1 


DH    LA    XASALITl'i    EN    ITALIEN 
Z 


(C.)  Fig.i2.  (E.) 

Tracé  n°  i.  —  i  =z  n  -\-  g  dans  auga  ;  2  =  ;;  ^A"^  dans  iugi  articulé 
par  le  sujet  C  (Milan). 

Tracé  n"  2.  —  i  ^  n  -\-  k  dans  aiike,  2  =  «  +  â-  dans  aiili  arti- 
culé par  le  sujet  E  (Emilie). 

Si  dans  les  deux  groupes  d'articulations,  Vti  n'avait  pas  été  postpalatal  (n), 
la  langue  aurait  laissé  une  trace  sur  les  alvéoles  des  incisives. 

un  11  articulé  au  centre  du  palais  et  que  j'appelle  médio-palatal 

(%•  13)- 

Cette  constatation   est  déjà  difficile  à  foire,    mais  il  y  en  a 
d'autres  qui  échapperaient  à  un  phonéticien  qui  serait  réduit  à 


Fig.   13. 


(I-) 


Tracé  no  i .  =  no. 

Tracé  n"  2.  =z  km').  L'explosion  du  Je  a  eu  lieu  dans  le  nez  et 
Vil  a  été  articulée  plus  en  arriére  que  dans  le  tracé  no  i. 


ses  seuls  moyens  naturels  :  c'est  la  détermination  de  la  valeur 
nasale  de  la  consonne.  Ce  qui  détermine  la  nasale  comme  telle 


DE    LA    NASALITE    HN    ITALIKN 


45 


c'est  l'intcnsitc  des  vibrations  nasales  et  la  duré-e  pendant 
laquelle  elles  se  produisent  avant  l'explosion. 

fi)  L'intensité  nasale  de  m,  n,  n,  n,  y  est  d'habitude  trcs  forte. 
Observez  les  tracés  des  pages  45,  46,  etc. 

Mais  l'on  verra  dans  le  cours  de  ce  travail  qu'elles  se  pré- 
sentent sous  des  aspects  très  différents.  Étudions,  par  exemple, 
l'intensité  de  la  nasale  après  une  consonne  sourde. 

p  ^  n 

A  dans  «  pneumatico  »  présente  \n  suivant  : 

1"  cas  :  durée  totale  5/100;  il  n'y  a  qu'une  résonance  faible. 
11*^   cas  :  durée  totale  14/100;  au  début  pendant    10/100   rés. 
faible;  puis  nasalité  (fig.  14). 


N. 


•'^-4(||^^ 


n  e  n  m         a     C^-) 

Fig.  14. 

«  pneumatico  » 

X.  -^  nez.         B.  =  bouche. 

Le  trace  représente  le  deuxième  cas. 


III"-"  cas  :  durée  totale  7/100;  au  début  pendant  3  100  rés. faible; 
puis  nasalité. 

IV=  cas  :  durée  totale  7/100  ;  au  début  pendant  5/100  rés.  faible; 
puis  nasalité. 

V'^cas  :  Vn  est  partout  nasal.  Remarquez  que  c'est  le  dernier 
cas.  Le  voile  du  palais  commence  à  se  fiitiguer. 

Dans  tous  les  cas,  la  nasalité  s'est  reportée  sur  les  voyelles  sui- 
vantes, qui  sont  énormément  nasalisées. 


46  Dli    LA    XASALlTi:    HN    ITALIEN 

C  dans  le  même  mot  a  \'n  suivant  : 
l"  cas  :  ;/  nasal . 

Il*-' cas  :  ;/  a  une  nasalité  faible  qui  s'étend  pendant  7  100  aux 
voyelles  suivantes. 
III"' cas  :  durée  totale  6  100;   pendant   3/10  résonance  laible  ; 
puis  nasalité. 

IV*^  cas  :  durée  totale  6  100;  pendant  4/100  résonnance  fiiible 
puis  nasalité. 

On  ne  peut  pas  donner  comme  fait  certain  que  la  nasalité  de 
Vn  s'est  reportée  sur  les  voyelles  suivantes.  Uni  pourrait  aussi 
être  cause  de  la  nasalité  énorme  enregistrée. 

k  +  n 

Dans  le  IP  et  VP  cas  de  «  Cneo  ^>  C  a  prononcé  un  n  qui  a 
une  simple  résonance  nasale  très  faible.  Toute  la  nasalité  s'est 
reportée  sur  la  voyelle  suivante(fig.  1 5).  Ici,  nous  en  sommes  sûrs. 
Dans  le  VP  cas  Yn  est  même  sourd  au  début  pendant  3/100. 


n  e  0 

«  Cneo  » 

N.  =  nez.  B.   =:  bouche. 

'l'oute  la  nasalité  du  ;/  s'est  reportée  sur  <'. 


C.) 


Le  même  sujet  dans  «  icnografia  »  a  1'//  suivant  : 

P'' cas  :  durée  totale  10/100;  pendant  5/100  au   début  simple 

résonance  fiiible;  puis  nasalité. 

IP'  cas  :  durée  totale  7/100;  pendant  4  100  au  début,  il    est 

sourd  ;  puis  il  a  une  faible  résonance. 


DH    LA    NASALITE    K\    ITALIEN 


47 


IIP  cas  :  durée  totale  9/100;  pendant  3/100  au  début  sourd; 
puis  nasalité  (fig.  16). 


i  k  II       0       !*-•) 

Fig.   16. 

«  icnografia  » 

N.  =  nez.  B.  =:  bouche. 

La  première  ligne,  à  gauche  du  lecteur,  signe  la  fin  de  l'explosion  du  k  et  la 
seconde  signe  le  commencement  de  la  sonorité  du  n.  —  Le  tracé  représente 
le  troisième  cas. 

Remarquez  que  les  sujets,  qui  présentent  ces  caractéristiques, 
sont  du  Nord.  Ils  articulent  d'habitude  très  fort.  Cela  m'amène  à 
retenir  la  faiblesse  de  la  nasale  comme  un  tait  purement  orga- 
nique. 

y)  En  étudiant  les  tracés,  quel  ne  lut  pas  mon  étonnement, 
lorsque  je  trouvai  des  nasales  pour  lesquelles  le  courant  d'air 
du  nez  se  comportait  d'une  manière  particulière. 

Le  sujet  B  présente  (fig.  17)  dans  «  Manlio  "(dernier  cas) un  /// 


///  a  II  l  y  0         C^-) 

i-ig.  17. 

«  Manlio  » 

N.  r=  nez.         B.  =  bouche. 

La  nasalité  propre  de  Vin  commence  seulement  à  partir  de  la 

première  ligne  et  va  jusqu'à  la  deuxième. 


48 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 


m 


a 


H 

Fig.   18. 
«  manritto  « 
N.  =  nez.         B.  ^^  bouche. 
A  la  tenue,  pendant  13/100,  l'm  est  sourd 


r         i       l     (1^0 


I.' 


m        a 


i 


n  r 

Fig.   jc;. 

«  manritto  » 

N.  =:  nez.         B.  =  bouche. 

1.  r;-   ler   cas. 

2.  =  II''  et  IIP  cas. 

3.  =r  IV""  cas. 


(F-) 


DE    LA    NASALlTli    KN    ITALIEN  49 

dont  la  durée  totale  est  de  14/100.  A  partir  du  commencement  il 
présente  une  faible  résonance  pendant  9/100.  Seulement  à  partir 
d'ici,  la  nasalité  propre  del'm  commence.  Lemêmesujet  (fig.  18) 
dans«manritto»(4^cas)aunwdont  la  durée  totale  est  de  19/100. 
Sur  la  ligne  du  nez,  au  commencement,  il  y  a  des  vibrations 
pendant  3/100.  Puis  elles  s'arrêtent  pour  donner  la  place  à  un 
courant  d'air  sourd  et  recommencent  3/100  avant  l'explosion. 

Dans  «  manritto  »  F  a  un  w  pour  lequel  la  nasalité  com- 
mence: I"  cas  9/100,  IP  6/100,  IIP  6/100,  IV^  5/100  avant  l'ex- 
plosion (fig.  19). 

Dans  ('  Manlio  »  chez  G,  la  nasalité  del'w  commence  :  I"cas, 
7/100  avant  l'explosion,  IP  cas,  9/roo,  IIP  et  IV*-"  cas,  5/100.  Pour 
le  même  sujet  dans  «  manritto  »  la  nasalité  de  Vtn  commence  : 
I"  cas,  4/100  avant  l'explosion.  II"  9/100,  IIP  2/100. 

On  voit,  par  ces  exemples,  combien  la  durée  de  la  nasalité  avant 
l'explosion  de  la  consonne  est  variable.  Cela  n'arrive  pas  seule- 
ment en  italien.  L'abbé  Rousselot  a  trouvé  dans  un  parler  por- 
tugais (Ucanha,  prov.  de  la  Beira)  des  cas  où  Vm  initial  du  mot 
«  mâe  »  =  «  mère  »  a  donné  des  variantes  significatives.  Dans  un 
dialecte  autrichien  aussi,  l'abbé  Rousselot  a  trouvé  des  types  d'tn 
et  d'nàl'initiale,  qui  rappellent  la  forme  portugaise. L'explication 
donnée  pour  le  portugais  et  le  dialecte  autrichien,  «  dans  certains 
cas  un  défaut  de  coordination  se  montre  entre  l'abaissement 
du  voile  du  palais  et  la  fermeture  de  la  glotte  »  est  celle  qui 
convient  aux  phénomènes  que  nous  venons  d'étudier  dans  les 
à'i^érents  parler  s  k3.\[Qns.  (Principes  lie  P  bon.  Exp.,  II,  p.   559). 


CHAPITRE  II 

INFLUENCE    DE    LA    CONSONNE    NASALE    SUR    LA    VOYELLE 

Les  phonéticiens  ne  trouveront  pasgrand'chose  de  nouveau  dans 
ce  phénomène.  Une  nasale  nasalise  généralement  toujours  une 
voyelle.  C'est  ce  qu'ils  appellent  sons  transitoires,  sans  les  avoir 
jamais  bien  définis.  Dans  ce  chapitre,  je  me  propose  de  déter- 

La  Parole.  4 


50 


DE    LA    NASALITÊ    EN    ITALIEN 


miner  les  cas  où  cette  influence  ne  se  montre  pas.  Ce  dernier 
phénomène  est  tout  à  fait  nouveau  et  montre  que  l'influence  de 
la  nasale  n'est  pas  nécessaire. 


0 


voyelle  +  nasale. 

Prenons  le  mot  «  maximum  ».  Le  /  est  fortement  nasalisé  chez 
B  etG,  moins  chez  les  autres.  Dans  «  ammasso  »  le  a  protonique 
(fig.  20)  est  nasalisé.  Voilà  de  la  nasalisation  normale,   mais  qui 


mm 


a 

Fig. 


Si 


(F.) 


«  ammasso  » 
N.  =r  nez.         B.  =^  bouche. 
L'fl  protonique  et  l'a  tonique  sont  fort  nasalisés. 


généralement  est  inaperçue.  Il  faut  une  oreille  bien  exercée 
pour  pouvoir  sentir  cette  nasalisation,  sans  recourir  aux 
tracés.  La  cause  de  cette  nasalisation  est  due  icf  à  la  nasale, 
c'est  clair.  Son  explication  doit  être  cherchée  dans  une  loi  de 
prévoyance.  A  cause  de  sa  grande  mobilité  et  de  son  extrême 
sensibilité,  le  voile  du  palais  se  baisse  pour  m  déjà  quand  la 
langue  articule  /,  a.  L'organe  donc  prépare  dès  la  première  arti- 
culation le  mouvement  de  la  seconde.  Il  est  prévoyant. 

Ve  de  «  iena  »  et  le  ai  de  «  guaina  »  sont  nasalisés  chez  tous 
les  sujets  examinés.  Soit  dans  n  -\-  h  «  anche  »,  «  incluso  », 


DK    LA    NASALlTli    EN    ITALIEK  5I 

«  Ciincro  »,  soit  dans  n  -\- g  «  vcngo»,  «  ganglio  »,  «  congresso  » 
la  voyelle  devant  le  n  est  nasalisée. 

Chez  tous  les  sujets  examinés  je  trouve  cette  caractéristique  :  la 
voyelle,  par  exemple,  dans  «  pugni  »,  «  pugno  ))(flg.  21),  «  augno  » 


pu  n  0  C'^--' 

Fig.  21. 

«  pugnù  » 

N.  =  nez.         B.  =  bouche. 

n'est  pas  si  influencée  que  devant  les  autres  nasales.  Le  y  pré- 
sente la  même  intensité  nasale  que  m,  n,  «.Comparez  ce  que  j'ai 
dit  pour  le  n  chez  les  Italiens  du  Nord. 

voyelle  -\~  nasale  -\-  consonne. 

Pour  le  sujet  B  je  serais  disposé  à  regarder  le  cas  de  «  ambi  » 
comme  un  cas  d'absorption  de  Vni.  Mais  il  ne  faut  pas  trop  se 
hâter  pour  conclure,  parce  que  les  vibrations  que  l'on  rencontre 


a     (à)       (m)     b  i         (13) 

Fig.  22. 

cf  ambi  » 

N.  =  nez.         B.  —  bouche. 

sur  la  ligne  de   la  bouche  pour  Vin,  pourraient   être    celles  de 
lèvres.  D'autant  plus  que  le  /'  aussi  présente  sur   la  même  ligne 
des  vibrations  (flg.  22).  Pour  A,  C,  D,F,  G,H,  f,  L  l'a  est  nasalisé 


52  DE    LA    XASALITH    E\    ITALIEN 

(E,  I,  K  pas  de  tracés).  En  tout  cas  nous  nous  trouvons  en  pré- 
sence d'un  commencement  d'évolution  qui  est  déjà  aciievée  en 
français  normal.  Dans  ce  dernier  1'/;^  a  disparu.  Il  a  été  absorbé 
dans  la  voyelle  précédente.  Mais  au  commencement  du 
xvi^  siècle,  d'après  le  témoignage  des  grammairiens,  1';;;  existait. 
Dans  le  midi  de  la  France  il  existe  encore.  L'abbé  Rousselot 
(Action  du  voile  du  palais  dans  les  nasales  françaises  —  La 
Parole,  1902,  p.  513  et  suiv.)  donne  les  tracés  des  mots  «  pom- 
per »  «  mon  pied  »  prononcés  par  un  Rouergat  où  la  présence 
de  l'w  nous  est  révélée  par  l'occlusion  sur  la  ligne  de  la  bouche. 
En  Provence,  Aups  (Var),  dans  toninbo  =  «  tombe  »  le  m  existe. 


B. 


m 


P 

Fis. 


(C.) 


«  compra  » 
N.  :=  nez.         B.  =  bouche. 


Et  aussi  dans  plusieurs  autres  parlers  de  France  (Abbé  Rousselot, 
Principes  de  Phonétique,  \\,  p.  536  et  suiv.).  L'italien  se  trouve 
donc  à  la  même  étape  que  les  parlers  français  du  Midi.  Etape 
bien  arriérée  si  on  pense  au  français.  La  cause  est  physiologique 
et  il  faut  la  rechercher  dans  la  consonne  suivante  qui  est  aussi 
bilabiale.  Elle  favorise  la  fermeture  de  la  bouche  et  sauvegarde 
ainsi  la  nasale.  Pourquoi,  par  exemple,  d'après  Gauchie  le  m  se 
prononçait  n  en  français  au  xvi^  siècle  dans  «  renom  », 
«  faim  >->  etc.,  tandis  que  «  in  voce  prompt  m  exauditur,  et 
aliquo  modo  p.  -»  }  (Granimatica  gallica  —  1575,  42).  Pour  la 
même  raison  que  je  viens  de  donner  pour«  ambi  ».  Le  p  servait 
d'appuiàl'm.Lcstoniques  de  «  ambra  »,  «  amplesso  »,  «compra» 


DE    LA    XASALITÈ    EX    ITALIEN'  33 

(fig.  23)  sont  nasalisées  chez  tous  les  sujets  expérimentés.  Pour 
A,  B,  F,  comparez:  Infl.  réduite,  etc.  Dans  les  exemples  donnés 
la  voyelle  est  entravée.  Klle  présente  par  conséquent  une  dispo- 
sitions  kl  nasalisation  plus  forte  que  lorsqu'elle  est  libre. 

Le  premier  /  de    «   dlindlin     »    est    nasalisé.    Pour  le    mot 
ffinflitti  »,  voir  le  chapitre  suivant.  Nasalisés  sont  aussi  1'^  tonique 


N. 


11  € 

Fig.  24. 

«  aggancia  » 
nez.         B.  =  bouche. 


a      (c.) 


;/  d         r  0  11 

Fig.  25. 
«'  androne  » 
N.  :=z  nez.         B.  =  bouche. 


(G.) 


de  «  aggancia  »  (fig,  24),  les  protoniques  de  «  andate  »  et  «  androne  » 
et  l'o  tonique  de  «  bronzo  ».  Pour  le  sujet  D,  consultez  «aggan- 
cia »  dans  le  chapitre  :  Influence  réduite,  etc. 

nasale  -f"  voyelle. 

Les  toniques  de  «  ammasso  »  (fig.  20)  «  maximum  »    (fig.   63) 
«  pneumatico»sontfortementnasaliséescheztouslessujets(E,I, K, 


54  DH    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 

pas  de  tracés).  Prenons  le  mot  «  atmosfera  »,  on  trouve  partout  un 
0  nasalisé  mais  chc/^  A  la  nasalisation  est  énorme.  Chez  F  (fig.  26), 


t  m  0  s         }  e 

Fig.   26. 

«  atmosfera  » 

N.  =  nez.         B.  :=  bouche. 

Le  tracé  montre  l'absorption  de  l'explosion  du  /  dans  1'»/ 
et  la  nasalisation  de  l'o. 


(F.) 


la  ligne  du  nez  de  l'o  présente  dans  tous  les  cas  un  écoulement 
d'air  fort  agité  (E,  I,  K,pas  de  tracés).  Cette  fois,  c'est  à  une  loi 
d'économie  que  le  voiledu  palais  obéit.  Il  était  déjà  baissé  pour  m, 
et  a  gardé  cette  position  en  laissant  faire  à  la  langue  le  travail 
nécessaire  pour  articuler  la  voyelle. 


n 


(A.) 


0  l 

Fig-   27. 
«  noi  » 
N.  =  nez.         B.  =;  bouche. 
Remarquez  la  nasalisation  intense  de  l'o. 

Les  voyelles  qui  suivent  la  nasale  dans  «  Cneo  »,  «  nausea  », 
«  noi  »  (fig.  27),  présentent  une  nasalisation  très  intense. 


DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN 


nasale  -\-  voyelle  -j-  nasale. 


55 


La  proionique  et  la  tonique  de  «  mnemonico  »  sont  forte- 
ment nasalisées  chez  tous  les  sujets  (R,  I,  K,pas  de  tracés).  Les 
deux  voyelles  en  dans  «  pneumatico  »,  aussi. 


(F-) 


ma  n  l         y       o 

Fig.  28. 

«  Manlio  » 

N.  ^  nez.         B.   =  bouche. 

L'a  montre  sur  le  tracé  une  certaine  tendance  à  absorber  1'», 


Ua  de  «  Manlio  »  est  très  bien  nasalisé.  Chez  C,  E,  F  (fig.  28) 
et  I,  j'ai  trouvé  quelques  cas  d^absorption  dans  ce  mot.  Mais  1';/, 
quoique  pendant  2/100  ou  3/100,  existe  toujours  dans  la  plupart 
des  cas.  Va  de  «  manritto  »  est  nasalisé  fortement.  Chez  les  mêmes 
sujets  j'ai  aussi  trouvé  des  cas  d'absorption.  Cette  disposition  à 
absorber  serait-elle  due  au  caractère  vibratoire  de  /  et  de  r  ?  Le  f 
et  le/  de  «  moine  »  sont  très  influencés  par  la  nasale. 


« 


Dans  l'étude  des  tracés  je  n'ai  pas  toujours  trouvé  que  la 
nasale  influence  l'articulation  sonore  suivante  ou  précédente.  Il 
arrive  bien  souvent  que  l'influence  de  la  nasale  soit  réduite  en 
grande  partie  ou  à  la  nullité. 


56  DE    LA    NASALITK    EN    ITALIEN 

Influence  de  la  nasale  sur  Ja  voyelle. 

Influence  réduite. 

m 

Par  exemple,  dans  «  compra  »  l'influence  de  1';;;  chez  A  ne  se 
fait  pas  sentir  dès  le  début,  mais  seulement  5/100  avant  l'occlu- 
sion deVm.  Chez  C,  cela  arrive  deux  fois  sur  six  (fig.  23).  Chez 
F,  deux  fois  sur  cinq,  elle  commence  aussi,  comme  pour  A, 
5/100  avant  l'occlusion.  La  cause  peut  très  bien  être  la  sourde 
précédente. 


Dans  «  aggancia  »  chez  D,  Va  tonique  a  été  influencé  seule- 
ment 2/100  avant  l'occlusion  de  Vn. 


n 


Nous  avons  déjà  vu  que  l'influence  du  n  n'est  pas  si  forte  que 
celle  des  autres  nasales. 

Influence  mille. 

Dans  «  maximum  »  chez  A,  C,  F,  J,  1'/  n'est  pas  influencé  du 
tout  (fig.  63).  Dans  «  punsi  »  (J),  Vu  ne  présente  qu'une  faible 
résonance.  Remarquez  la  position  de  la  vo3'elle  sourde  -|- 
sourde  -|-  voy.  -|-  nas. 


DE    LA    \ASALlTIi    l-N    ITAI.IhN 


57 


CHAPITKH  III 
iN'rLL'HxcE  ni:  la  nasalh  sur  la  consonnf. 

nasale  -|-  consonne 
m  -j-  V 

Il  est  très  intéressant  d'étudier  la  nasalisation  que  m  exerce  sur 
la  consonne  suivante.  Prenons  «  decemviro  »  (fig.  29).  Le  v  est 
nasalisé  chez  tous  les  sujets.  La  nasalisation  est  intense.  Il  faut 


N. 


e  m        V 

Fig.  29. 
«  decemviro  » 
nez.         B.  =^  bouche. 


;■     0 


(f^) 


excepter  C  (Milan)  qui  articule  très  fort  et  par  conséquent  a  une 
disposition  particulière  à  assourdir  ;  il  a  prononcé  presque  mf.  E, 
I^  K  pas  de  tracés. 

m  -\-  b 

Le  b  de  «  ambi  >),  «  ambra  »  (fig.  30)  est  aussi  très  nasalisé 
(C,  E,  J,  K  comme  pour  m  -\-  v).   Les  tracés  ne  laissent  pas  de 

doutes. 

Voilà   de  la   nasalisation,   qui   d'ordinaire,  n'est  pas  du  tout 
aperçue.  On  ne  la  trouvera  plus  extraordinaire  si  l'on  pense  à  la 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 


a  )n       h  r     a  (F-) 

Fig.   50. 

«  ambra  >•> 

N.  ^=.  nez.         B.  =  bouche, 

relation  intime  de  ;//  et  b,  sur  laquelle  nous  nous  sommes  déjà 
entretenus.  Ce  sont  des  cas  importants  et  pleins  d'intérêt  pour 
les  philologues.  Rien  de  plus  clair  et  de  plus  convaincant  pour 
expliquer  l'assimilation  et  le  passage  de  111b  ^  mm.  Par  exemple 
*  «  bômbâcem,  bambâcem  >y  (it.  «  bombace  »  )  a  donné  dans  le  patois 
de  Lecce  ammace.  Cette  assimilation  est  très  répandue  dans  l'Ita- 
lie du  Sud.  Que  l'on  regarde  les  tracés  de  ba  et  de  ma  et  les 
explications  données  à  ce  proposa  la  page  69  et  suiv.  Étant  donnée 
l'intensité  nasale  de  b  et  de  m,  qui  est  presque  la  même,  l'oreille, 
qui  se  trompe  très  fréquemment,  a  dû,  surtout  dans  ce  cas,  être 
facilement  induite  en  erreur.  On  a  entendu  à  une  certaine  dis- 
tance et  surtout  s'il  s'agit  d'un  /;  prononcé  doucement  (à  vrai 
dire,  dancce  cas,  je  ne  suis  pas  un  bon  sujet  pour  faire  la  démons- 
tration, parce  que  j'ai  une  articulation  très  dure,  étant  influencé 
par  l'alleinand),  vint  au  lieu  de  inb.  M.  Bremer  (^Deutsche  Phonetik, 
p.  136)  donne  à  ce  propos  une  explication  presque  pareille.  Que 
le  V  soit  aussi  nasalisé,  cela  s'explique  facilement.  Le  v  est  une 
spirante  labiale  qui  s'articule  les  lèvres  entr'ouvertes  et  les  dents 
supérieures  reposant  sur  la  lèvre  inférieure.  Il  y  a  déjà  une  toute 
petite  occlusion,  dont  la  force  peut  varier.  Cela  constitue  un 
obstacle  au  courant  d'air-  phonateur  buccal,  qui  alors,  en  italien 
du  moins,  passe  par  le  nez.  J'ai  trouvé  des  v  où  la  bouche  ne 
présentait  pas  de  vibrations  à  la  tenue.  L'abbé  Rousselot  men- 
tionne des  V  qui,   dans  le  midi  de  la  France  et  en  Allemagne 


DE    LA    NASA  LITE    EN    ITALIEN  51; 

aussi,  sont  bilabiaux  {Précis  de  pron.  franc.,  p.  59).  Puis  le  pas- 
sage de  V  à  b  est  déjà  connu.  En  ancien  italien,  on  trouve  (entre 
autres  chez  Brunetto  Latini)  «  boce  »  (iat.  «  vocem  »)  ;  en  sarde 
bo^ei^i  en  roumain  «  boce  ».*  «  Vôcitùs  »  a  donné  en  sarde  :  boilu, 
boidu.  «  Nérvûs,  -um  »,  en  italien  ^=:  «  nervo)>et  «  nerbo  ».  Dans 
l'orthographe  commune,  on  écrit  nv  et,  seulement  dans  les  mots 
savants,  inv.  Nous  verrons  dans  le  paragraphe  suivant  que,  en 
italien,  1'»  devant  /'et  v  n'existe  pas.  Ou  Vn  est  absorbé,  ou  dlle 
se  change  en  ///  labiodental.  Conclusion  : 

1°  ou  l'organe  veut  être  économe  et  garde  pour  le  v  la  même 
position  que  pour  Vm.  Alors  nous  avons  un  b  au  lieu  d'un  v. 

2"  ou  l'organe  veut  être  prévoyant  et  en  articulant  tn  il  pré- 
pare déjà  le  mouvement  du  v.  Alors  1';//  n'est  plus  bilabial,  mais 
labiodental.  C'est-à-dire  il  a  tout  à  fliit  la  même  articulation 
que  le  v. 

Dans  le  premier  cas,  on  n'a  qu'à  se  reporter  à  ce  que  nous 
venons  de  dire  pour  le  b.  Dans  le  second  cas,  on  comprend  bien 
que  l'articulation  est  plus  que  f;ivorable  à  l'influence  de  la  nasale. 
C'est  de  cette  manière  que  l'on  peut  expliquer  tnmece, 
mmi'y'^u  dans  le  parler  de  Lecce  qui,  en  italien,  ont  leur  cor- 
respondant dans  «  invece  »,  «  invezzo  »  (verbe  de  «  vitïùm  »). 

nasale  -(-  consonne 

Si  l'on  observe  les  tracés  de  «  Manlio  »,  «  manritto  »,  «  bronzo  », 
«andate»,  «androne  »,on  trouvera  que/, r,;^,^ sont  très  nasalisés. 
L'influence  de  la  nasale  sur  la  consonne  suivante  est  énorme  chez 
A,  F,  G.  On  ne  trou\era  rien  d'extraordinaire  dans  cela,  si  l'on 
réfléchit  à  la  résonance  nasale  propre  à  /,  r,  ^,d  et  à  leur  position 
dans  les  différents  mots  ci-dessus  mentionnés.  Pour  l'articulation 
suivante  et  1'//  il  n'y  a  eu  qu'une  seule  occlusion  palatale  et  au 
même  endroit.  Le  voile  du  palais,  déjà  baissé  pour  »,  est  entraîné 
à  garder  sa  position  pour  l'articulation  suivante  ou  du  moins  à 
la  rectifier  très  peu. 

Ce  sont  les  tracés  qui  nous  amènent  à  ces  conclusions.  Et,  en 
vérité,  on  serait  un  peu  embarrassé  de  trouver  le  d  dans  les  deux 


60  DE    LA    NASALITÙ    EN    ITALIEN 

premiers  de  «  andate  »,  «  androne  »,  de  A.  L'explosion  que  l'on 
voit  à  la  fin  ne  doit  pas  étonner.  Dans  mes  expériences,  j'ai  trouvé 
des  H  qui  avaient  une  explosion  bien  plus  forte  que  celle-là.  D'ici 
à  l'assimilation,  le  chemin  n'est  pas  long.  Nous  nous  trouvons 
dans  le  même  cas  que  pour  iiib  >>  mm.  Les  explications  données 
sont  valables  aussi  pour  nd  >>  nn.  Les  parlers  de  l'Italie  centrale 
et  méridionale  ont  déjà  accompli  cette  étape  depuis  longtemps. 
M.  Meyer-Lûbke  dit  que...  «  dieser  Wandel  ist  ait,  vielleicht 
ebenso  ait  wie  das  Lateinische  dieser  Gegenden  »  {Ital.Granimatik, 
p.  133,  Leipzig,  1890).  A  Rome  on  dit  mannato  v.  mandato  », 
connotto  «  condotto  »,  venue  «  vendere,  vende  ».  Dans  le  français 
normal,  le  ^  a  pu  se  sauver  de  l'assimilation  aux  dépens  de  Vn, 
qui,  par  exemple,  dans  «  vendre  »  a  été  absorbé  par  la  voyelle 
précédente, 

n  -f  g 

A,  C,  D,  E  présentent  un  g  avec  résonance  normale  dans 
«  congresso  ».  Il  ne  faut  pas  oublier  que  C  a  une  grande  disposi- 
tion à  assourdir.  Chez  B,  F,  G,  H,  J,  l'influence  s'est  fait  beaucoup 


B. 


__4.«««4^ 


N. 


N.  = 


e        ùg     Çi'ifi) 

Fig.   31. 
«  vengo  » 
nez.         B.  =  bouche. 


(!■'•) 


sentir,  surtout  chez  F  et  G  (fig.  33).  On  serait  porté  à  croire 
que  F  a  prononcé  vefifio  au  lieu  de  vengo  (fig.  31).  Pour  I,  K,  L, 
les  tracés  manquent. 


DE    LA    NASALITli    KN    ITALIKN 


6l 


;•/  -f-  gl 

A,  C,  D,  E,  comme  pour  ;"/  -|-  g.  Seulement,  chez  C  on  ne 
trouve  pas  de  ^  dans  «  ganglio  ».  Les  tracés,  du  moins,  ne  le 
révèlent  pas.  Une  note  consignée  sur  la  feuille,  tout  de  suite  après 
l'expérience,  m'indique  que  l'oreille  non  plus  n'a  pas  saisi  le. i,^  C  a 
prononcé  alors  ou  gaiilyo  ou  gaiilo.  Je  retrouve  le  même  phéno- 


;/ 


y 


(F.) 


N.  = 


Fig.  52. 
«  ganglio  » 
nez.         B.  =  bouche. 


l'ig  r  t'  ss 

Fig-   55- 

«  congresso  •> 

îs^i  =:  nez.         B.  —  bouche. 


(G.) 


mène  chez  F  et  J.  Comparez  les  tracés  de  «  Manlio  »  et 
«  ganglio».  Ce  dernier  a  prononcé  ^^^^w'^/A'.  Quelessujets  n'aient  pas 
articulé  le  g  se  comprend  facilement.  Remarquez  le  mot.  Il  s  agit 


62  DE    LA    KASALITÉ    EN    ITALIEN 

de  «  ganglio  ».  Nous  avons  un  a  moyen  devant  le  groupe  ngl  et 
un  /  (ou  un  v)  après.  Surtout  cette  dernière  voyelle  exige  une 
base  d'articulation  très  en  avant.  L'organe  influencé  a  voulu  se 
disposer  et  ménager  ses  forces.  Le  jtr  qui  s'articule  en  arrière  plus 
ou  moins  vers  le  palais  mou,  est  tombé  et  axqc  lui  ;/.  Remarquez 
que  c'est  seulement  dans  «  ganglio  »  que  cela  arrive.  Pas  dans 
«  congresso  » . 

il  +  gr 

A,  C,  D,  E  dans  les  mêmes  conditions  que  pour  n  -f-  g-  B,  F, 
G  (fig.  33),  H,  J  présentent  un  g  avec  résonance  nasale  intense, 
surtout  F.  Pour  I,  K,  L,  pas  de  tracés.  En  tout  cas,  l'influence 
de  la  nasale  s'est  limitée  au  s  «congresso  ». 


CHAPITRE  IV 

ABSORPTION    DE    l'eXPLOSION    DE    LA  CONSONNE 
DANS     LA     NASALE 

consonne  -|-  m 
t  +  ;// 

Observez  les  tracés  de  «  atmosfera  »  de  F  (flg.  26). 

L'in.iplosion  du  t  a  été  forte  et  il  nous  est  facile  de  la  voir.  Mais 
il  nous  est  impossible  de  trouver  sur  la  ligne  de  la  bouche  trace 
de  l'explosion  du  t.  Passons  à  la  ligne  du  nez.  Voilà  la  résonance 
pour  a  ;  puis  silence.  Avant  que  les  vibrations  de  Vm  com- 
mencent nous  voyons  un  petit  tressaillement  de  la  plume.  Si  le 
tambour  avait  eu  un  diamètre  plus  grand,  il  aurait  été  plus 
visible.  Ce  tressaillement  nous  indique  que  l'explosion  du  /  s'est 
passée  dans  le  nez.  En  d'autres  termes,  c'est  la  nasale  qui  a 
absorbé  l'explosion  de  la  consonne.  Quand  la  langue  a  abandonné 
la  position  du  /,  les  lèvres  étaient  déjà  fermées  pour  ni.  Le  cou- 
rant d'air  a  été  obligé  de  passer  par  le  nez.  Chez  F,  cela  arrive 


DE    LA    NASALITE    F.M    ITALIEN 


63 


a       t 


m         0 


s  f  e  r 

F'g-  54. 

"  atmosfera  « 

N.  =i  nez.         B.  =:  bouche. 

L'explosion  du  /  a  été  absorbée  dans  la  nasale  suivante. 


a     (G.) 


dans  tous  les  cas.  Chez  C,  deux  fois  sur  quatre  et  G  (ûg.  34) 
trois  fois  sur  six.  En  suédois,  dans  «  vatten  »  (eau),  i'ahbé  Rous- 
selot  a  aussi  trouvé  un  cas  analogue  {Principes,  II,  p.  566). 

d  -j-  '" 

Prenons  encore  F,  mais  pour  un  autre  mot  :  «  cadmio  «(tig.  35). 
Ici  aussi  nous  voyons  dans  tous  les  cas  l'implosion  du  d  sur  la  ligne 


d  m         y 

Fig-  55- 
K  cadniio  » 

N.  =  nez.         B.  =:  bouche. 

Même  phénomène  que  pour  la  tig.  34. 


(F.) 


de  la  bouche.  Si  nous  voulons  trouver  l'explosion,  c'est  sur  la  ligne 
du  nez  qu'il  faut  la  chercher.  Je  trouve  sur  les  tracés,  qui  ont  été 


64  DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN 

faits  le  5  février  1903,  la  note  suivante  :  «  cadmio  —  mon  oreille 
saisit  avec  beaucoup  de  peine  le  d.  »  Voilà  un  cas  d'assimilation. 
Les  grammairiens  et  les  phonéticiens  italiens  de  la  vieille  école 
expliquent  tout  phénomène  d'assimilation  —  très  répandue  en 
italien  littéraire  et  dans  les  patois  —  par  le  fait  que  cela  ft  pro- 
duce maggiore  agevolezza  nella  pronunzia,  perché  invece  di 
proferire  con  la  stessa  emissione  di  voce  due  suoni  difterenti,  se 
ne  proferisce  uno  solo  raddoppiato  »  (G.  Rigutini,  Di^ionarietto 
it.  di  Ort.  e  Pron.,  page  XL,  Firenze,  1897).  C'est  vrai  que  les 
organes  sont  toujours  disposés  à  l'économie,  mais  j'avoue  que 
cette  explication,  du  reste  très  commode,  ne  me  satisfit  pas,  du 
moins,  dans  mon  cas.  Il  s'agit,  par  exemple,  dans  «  cadmio,  atmos- 
fera  »,  qui  ordinairement  sont  prononcés  caiiiiiiio,  aininosfera,  sur- 
tout en  Toscane,  d'intensité,  d'absorption  et  d'effet  acoustique. 
L'ibbé  Rousselot  (Précis  de  pron.  fr.,  p.  92)  dit  :  «  la  première 
consonne  d'un  groupe   tend  à  s'aifaiblir,  mais  elle  ne  doit  pas 

disparaître  (en  fr.) On  entend  uiain-nant  pour  maintenant 

chez  les  jeunes  gens,  même  à  Paris Les  méridionaux  arti- 
culent aussi  trop  faiblement  des  mots  comme  «  atmosphère  », 
«  symptôme  »  où  l'on  entend  à  peine  le  /ou  le  /)...  C'est  à  une 
tendance  analogue  qu'est  due  la  transformation  de  «  adcaptare  » 
en  «  acheter  ».  »  En  italien,  dans  les  sujets  expérimentés  par 
moi,  le  /  ou  le  ^  a  aussi  été  faiblement  articulé.  Articulation  faible  ; 
conséquemment,  effet  acoustique  aussi  faible  ;  et  enfin  absorption 
de  l'explosion  dans  la  nasale.  Voilà  des  conditions  peu  favorables 
pour  notre  oreille,  qui,  justement  comme  ma  note  le  démontre, 
saisit  très  peu  le  <i  et  à  sa  place  un  ni  plus  tenu  et  plus  long, 
dans  lequel  les  profanes  reconnaissent  un  m  double.  Et  puis  on 
le  prononce  comme  tel.  L'absorption  de  l'explosion  du  d  dans 
«  cadmio  »  setrouve  aussi  chez  C,  deux  foissur quatre  et  chez  D, 
trois  sur  cinq. 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN'  6) 

consonne    +    " 

k  initial  -\-  n 

Dans  «  Cneo»  b' présente  (rtg.  36)  dans  tous  les  cas  l'explosion 
du/cdans  le  nez.  Sur  la  ligne  de  laboucheil  yauneseule  explosion 


N.  — 


c  0 

Fig.   36. 
«  Cneo  » 
nez.         B.  =:  bouche. 


(i"0 


ï 


pour  Vn,  tandis  que  sur  celle  du  nez,  au  moment  où  les  vibra- 
tions de  Vn  commencent,  on  remarque  l'explosion  du  k.  Les 
autres  sujets  ou  bien  ont  prononcé  k^nÇûg.  37)  ou  bien  ont  fait 
suivre  l'explosion  d'un  souffle  très  fort. 


n 


G-) 


N. 


e  0 

Hig-   5/. 

('  Cneo  )' 

nez.         B    =  bouche. 

Si  le  sujet  (prov.  Caserte)  n'avait  pas  prononcé  k'^mo,  les  vibrations 
entre  la  première  et  la  deuxième  perpendiculaire  sur  la  ligne  de  la 
bouche  n'existeraient  pas. 

La  Parole.  < 


66 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 


k  dans  le  corps  du  mot  +  n 

F  et  C(unefoissur trois),  dans  «icnografia  ))(fig.  38),  présentent 
les  mêmes  caractéristiques  que  l'on  trouve  pour  F  dans  «  Cneo  ». 
Les  autres  sujets  aussi. 


H 


r 


(F.) 


e         ^ 

Fig.   38. 

«  icnografia  » 

N.  :=  nez.         B.  =:  bouche. 

Il  faut  remarquer  que  dans  ces  combinaisons  ïii  n'est  plus 
alvéolaire.  Le  tracé  i,  de  la  figure  13,  nous  montre  l'ar- 
ticulation de  nô  et  le  tracé  2  celle  de  knô  dans  «  icnografia  ». 
On  s'aperçoit  £icilement  que  la  base  d'articulation  de  l'n  n'est 
plus  la  même.  C'est  le  k  qui  a  influencé  en  partie  le  ;/,  qui  alors 
devient  médiopalatal.  Je  le  transcris  ;'/. 

Déjà  en  1876,  M.  le  docteur  Rosapelly  (v.  Bibliographie)  avait 
observé  que  dans  le  groupe  pin  et  biii  il  y  a  un  écoulement  de 
l'air  par  le  nez  pour  m  et  pour  l'explosion  du  p  et  du  b.  M.  Havet 
rapprocha  ce  phénomène  du  yama  des  Hindous.  Si  les  compé- 
tences propres  à  chacun  des  deux  collaborateurs,  celle  du  physio- 
logiste et  du  linguiste,  s'étaient  trouvées  réunies  dans  la  même 
personne,  la  Phonétique  expérimentale  était  fondée  (M.  Tabbé 
Rousselot,  Principes  de  Phon.  exp.,  I,  p.  130).  Cette  étude  sur 
l'absorption  me  rappelle  la  note  et  les  exemples  de  M.  Bremer 
(Deutsche  Phonetik,  An  m.  2,  p.  59). 

«  On  ne  peut  pas  prononcer  autrement  p,  b  devant  m,  t,  ci, 
devant  i.i  et  k,  g  devant  n  sans  que  l'explosion  ait  lieu  à  l'en- 
trée des   cavités   nasales.    Elle    n'a   donc    pas   lieu    ni    sur    les 


DH    LA    NASALITi:    EN    ITALIEN'  67 

lèvres,  ni  aux  alvéoles,  ni  au  palais.  Si  la  fin  de  Tocclusion 
buccale  a  lieu  avant  celle  de  la  nasale,  une  petife  quantité  d'air 
doit  s'échapper  par  la  bouche,  avant  que  l'on  entende  m,  n 
OUI].  Par  conséquent,  devant  ces  sons,  on  entend  une  courte 
résonance  qui,  dans  la  phonation  sonore,  ressemble  à  une 
voyelle  de  timbre  incertain  et,  dans  la  phonation  sourde,  à  un 
souffle.  Je  remarque  que  notre  écriture  n'offre  aucun  moyen 
pour  pouvoir  distinguer  cette  dernière  prononciation  de  celle 
dont  j'ai  parlé  dans  ce  paragraphe.  Nous  écrivons,  par 
exemple,  un  d'après^  et  g  dans  «  lecken  »,  «  sagen  »,  quoique 
nous  fassions  suivre  d'habitude  l'explosion  nasale  de  l'articula- 
tion du  k  et  du  g.  D'autre  part  nous  écrivons,  par  exemple, 
«  knie  »,  «  gnade  »,  mais  nous  prononçons  normalement 
(dans  l'Allemagne  du  Nord)  «  chnî  »  ou  «  canî  »  et  «  gonada  » 
avec  un  bruit  sourd  devant  n  très  court,  mais  clairement  per- 
ceptible. Un  Allemand  du  Centre  ou  du  Midi  prononce 
d'habitude  dans  ce  dernier  cas  «  crjî  »  et  «  grjâda  »'. 

Les  mêmes  phénomènes  se  rencontrent  chez  mes  sujets  ita- 
liens. La  note  de  M.  Bremer  fait  ressortir  encore  une  fois  que  la 
méthode  graphique  se  rapproche  plus  que  toute  autre  de  l'idéal 
d'une  transcription  phonétique. 


I.  n  Mail  kanii  eiii  p,  b  vor  m,  ciii  /,  d  vor  n,  ciii  k,  g,  vor  n  iiiclit  aiiders  ausspre- 
chen,  als  dass  die  Explosion  am  Eingange  zur  Nasenhohle  erfolgt,  und  nicht  etwa  an 
den  Lippen,  Alveolen  und  am  Gaumen.  Sobald  man  don  Verschluss  im  Miinde 
friiher  lôst  als  den  Nasenverschluss,  muss  ein  geringer  Teil  der  Luft  aus  dem  Munde 
entweichen,  bevor  das  tit,  n,  ij  horbar  wird  ;  man  hôrt  daher  vor  dicsen  l.auten  einen 
kurzcn  Schall,  der  bei  Stimmbildung  als  ein  Vokal  von  unbestinimter  Klangfarbe 
crscheint,  bei  Stimnilosigkeit  als  ein  Hauch.  Ich  maclie  darauf  aufmerksam,  dass 
unsere  Schrift  keine  Mittel  bietet  dièse  letztere  Aussprache  von  der  in  diesem  Paragr, 
behandelten  zu  unterscheiden.  Wir  schreiben  z.  B.  nach  dem  k  und  o"  in  «  lecken  », 
«  sagen  »  ein  e  wievvohl  wir  auf  den  k-  und  g-  Einsatz  unmittelbar  die  nasale  Explosion 
folgen  zu  lassen  pflegen.  Andrerseits  schreiben  wir  2.  B.  «  Knie  »  n  Gnade  »  und 
sprechen  doch  (in  Norddeutschiand)  normalerweise  C h llî  oder  f^M/und  P'j'/Zrtt/<?  mit 
einem  sehr  kurzen,  aber  doch  deutlicli  htirbaren  geriiuschlosen  Schalle  vor  dem  11  ; 
der  Mittel  =und  Obcrdeutsche  spricht  in  letzterem  Falle  zumeist  Cljî  und  gnâd3  ». 


DEUXIEME    PARTIE 

NASALITÉ     ANORMALE 


CHAPITRE  I- 

NASALISATION    DES    ARTICULATIONS    NON    NASALES 

Ce  chapitre  énoncerait  un  paradoxe  s'il  était  certain  que  le 
voile  du  palais  était  baissé  seulement  pour  les  nasales,  ce  qui 
n'arrive  pas  chez  mes  sujets  italiens.  Examinons,  par  exemple, 
les  tracés  des  voyelles  /,  e,  a,  o,  n  prononcées  par  le  sujet  B.  (fig. 
39,  40  et  41). 

Les  tracés  nous  révèlent  que  chaque  émission  de  voix  buccale  est 
accompagnée  par  une  autre  émission  nasale.  J'ai  examiné  près  de 
250  tracés  de  voyelles  prononcées  par  douze  sujets  italiens  et 
tous  révèlent  que  la  phonation  est  bucco-nasale,  avec  des  vibra- 
tions plus  ou  moins  amples  et  extrêmement  variables.  On  peut 
expliquer  ce  phénomène,  non  seulement  par  les  mouvements  du 
voile  du  palais,  mais  encore  par  le  fait  que  les  fosses  nasales  offrent  à 
l'air  expiré  une  entrée  plus  spacieuse  qu'à  l'air  inspiré.  Il  s'ensuit 
que  les  cavités  annexes  reçoivent  l'air  comprimé  dans  les  fosses 
nasales  et  sont  particulièrement  disposées  pour  prendre  part  à  la 
production  de  la  parole  (op.  cit.,  p.  28e).  On  rencontre  cette 
nasalité  en  bas-allemand,  en  français  et  dans  plusieurs  patois 
français,  en  tchèque,  en  russe.  C'est  M.  Josselyn,  le  premier, 
qui  dans  un  article  paru  dans  La  Parole  (Paris,  1899,  p.  602 
et  suiv.),  a  révélé  une  nasalité  en  italien  bien  plus  forte  que 
dans  les  autres  langues,  qu'en  anglais  par  exemple.  Mais  comme 
il  s'agissait  d'une  étude  où  M.  Josselyn  abordait  le  premier  et 
traitait  en  général  toutes  les  questions  relatives  à  la  phonétique 


DE    LA    NASALITt    EN    ITALIEN 


69 


i  e 

«  i  »      «  e  » 
N.  =:  nez.         B.  =r  bouclie. 


(15.) 


a 


(!•) 


N.  = 


Fig.  40. 
«  a  )> 
nez.         B.  ^  bouche. 


N.  = 


Fig.  41. 
((   O    >'       «   u    » 
nez.         B.  =  bouclie. 


70  DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 

italienne  d'après  la  méthode  expérimentale,  il  dut  se  contenter 
d'une  simple  esquisse  à  propos  de  la  nasalité.  D'après  mes  expé- 
riences, fiiites  largement  et  sur  des  sujets  de  provinces  et  d'édu- 
cation différentes,  j'ai  tiré  cette  conclusion  que  :  ni  le  timbre, 
ni  la  quantité,  ni  l'intensité,  ni  l'acuité,  ni  l'accent  d'une  voyelle 
n'ont  d'action  sur  la  force  ou  sur  la  faiblesse  de  sa  nasalité  ;  c^est 
seulement  sa  position  qui  en  est  la  cause.  Je  vais  démontrer  : 

I"  Que  les  voyelles  présentent  une  nasalité  forte  devant  ou 
après  /,  r  et  les  occlusives,  tandis  que,  ou  isolées,  ou  devant  ou 
après  les  autres  articulations,  elles  ont  une  nasalité  faible  ; 

2°  Que  cette  variabilité  dépend  justement  des  articulations  qui 
précèdent  ou  suivent  la  voyelle  et  qui  sont  elles-mêmes  plus 
nasales  les  unes  que  les  autres, 

«) 

voyelle  -|-  p. 
voyelle  -|-  b. 

Soient  1'^  tonique  de  «  applica  »,  Vo  de  «  opra  »,  Va  de 
«  appresso  »,  1'^  de  «  abside  ».  Le  sujet  A  (fig.  42)  a  fait  de  son 


a 


s  i     d  e  (A.) 

Fig.  42. 


K  abside  » 

N.  ^  nez.         B.  =:  bouche. 

L'fl  est  très  nasalisé,  quoique  l'articulation  suivante  ne  soit  pas  nasale. 

mieux  pour  garder  la  sonore  /;  et  la  sourde  s  pures,  l'une  à  côté 
de  l'autre,  mais  cet  effort  a  eu  pour  effet  la  nasalisation  de  1'^. 
Le  sujet  G,  que  j'examinai  après,  confirme  l'explication  du  phé- 


DE    LA    NASALITE    KN    ITALIEN  J 1 

noniùnc.  G  était  porté  à  la  prononciation  vulgaire,  c'csi-à-dirc  à 
l'assimilation.  Il  prononçait  :  asside.  Je  lui  dis  de  me  prononcer 
le  mot  tel  qu'il  était  écrit.  En  faisant  cet  effort  Va  s'est  nasalisé. 
Nous  verrons  après  que  le  b  est  aussi  cause  de  cette  nasalisation  ; 
1'^  de  «  ebbro  ». 

voyelle  -j-  / 
voyelle  -|-  d 

\Ja  protonique  de«  atlcta  »  (fig.  43)  et  de  «  attrassi  »,  l'a,  qui 
porte  l'accent  secondaire,  dans  «atmosfera»,  Va  protonique  de 
«  addico  »,   1'/  de  «  idra  ^  indiquent  une  nasalité. 


île  t 

P>g-  45- 

<!  atleta  » 

N.  =  nez.         B.  =  bouche. 

Même  phénomène  que  dans  la  fig.  42. 


(G. 


voyelle  +  ^' 
voyelle  -\-  g 

L'ode  «  ocra  »,     l'a   de    «    accresce    »,    Va  protonique    de 
«aggancia»  et  de  «  aggloba  »  présentent  unécoulement  d'air  nasal. 

/  -{-  vovclle  -\-  occlusive 

L'/  de  «  libro  »  et  de  «  litro  »  (fig.  44),  Vc  de  «  plèbe  »  et  de 
«  atleta  »  ont  une  forte  nasalité. 

p  -\-  voyelle  -\-  I 
Le  premier  u  de  «  puUulô  »  et  Vu  de  «  Puglie»  sont  nasalisés. 


72 


DK    LA    NASALITE    HK    ITALIEN 


/         /  /  r  0       (B-) 

Fig.  44. 

«  litro  1) 

N.  =  nez.         B.  rr  bouche. 

Même  phénomène  que  dans  la  fig.  42. 

b  -}-  voyelle  -|-  occlusive. 

L'a  de  «  babbo   »  (fig.  45),  1'/  tonique  de   «  biblico  »    sont 
nasalisés, 


/;         a  hh  0       (A.) 

fig.  45- 

«  babbo  )> 

N.  ^  nez.         B.  :=  bouche. 

Même  phénomène  que  dans  la  fig.  42. 


■     d  -)- voyelle -f,t^'-''^lusive. 

L'/  de  ('  addico  »  est  nasal. 

On  voit  donc  que  les  combinaisons,  où  la  nasalité  des  voyelles 
est  plus  intense,  sont  justement  celles  où  figurent  les  occlusives. 
L7  pré;,ente  aussi  une  explosion  bien  considérable.  Etant   donné 


DF    LA    NASAI.ITK    EN    ITALIEN  73 

qu'une  vc)3xMlc,  avant  ou  aprcs  une  explosive  ou  entre  deux 
explosives,  présente  une  nasalité  plus  intense  que  dans  les  com- 
binaisons avec  les  autres   articulations  (les  nasales  exceptées),  il 


m  a  ('•) 

Fig.  46, 

<i  ma  » 

N.  =:  ntv..         B.  ■=:  bouche. 


faut  démontrer  que  ce  sont  justement  les  explosives  qui  sont  la 
cause  d'une  telle  nasalité.  Il  s'agit  de  reconstruire  le  phénomène, 
de  synthétiser. 


n  a  ('•) 

F'g-  47- 

«  na  » 

N.  =  nez.         B.  =  bouche 


J'ai  pris  les  monosyllabes  :  ma  (fig.  46),  na  (fig.  47),  la  (fig. 
48),  ba  (fig.  49),  lia  (fig.  50),  ^i;a  et  je  les  ai  prononcés  — 
dans  les  mêmes  conditions  -  soit  isolés,  soit  mêlés  entre 
eux,  mais  toujours  l'un  après  l'autre  mécaniquement.  J'évitais 
ainsi  d'être  suggestionné.  Examinons  les  tracés.  Si  la  ligne 
du   nez  ne    présente    pas  la    même  intensité  pour  ;;/,    //,   /,  b, 


74 


DE    LA    NASALITl-    EN    ITALIEN 


/ 


a 


(I-) 


Fig.  48. 

«  la  » 
N.  r=  nez.         B.  =  bouche. 


h  a         a-) 

Fig.  49. 
..   ba  .. 
N.  =  nez.         B.  =  bouche. 
Remarquer  que  la  nasalisation  de  Va  est  plus  forte  que  l'i;  dans  ma  (fig.  46), 


d  a  (I-) 

Fig.  50. 

«  da  » 

N.  :=  nez.         B.  =  bouche. 

La  nasalité  du  (/  est  plus  intense  que  celle  du  11  (fig.  47). 


DK    LA    NASALITK    EN    ITALIEN  7) 

d,  g,  peu  s'en  finit.  Mais  la  nasalitc  de  la  voyelle  après  chacune 
de  ces  articulations  est  la  même  ;  après  /;  elle  est  même  plus 
intense  qu'après  7iia.  Que  l'on  pense  à  l'articulation  de  wrt  et  de 
ba.  L'unique  différence  consiste  dans  l'abaissement  plus  ou 
moins  prononcé  du  voile  du  palais.  Entre  les  autres  sujets  et 
moi  la  différence  n'a  pas  été  grande.  La  même  relation  existe 
entre  7ia,  la,  da,  ga.  Les  lèvres  qui  se  ferment  ou  la  langue  qui 
s'appuie  contre  le  palais  forment  un  obstacle  au  passage  du  cou- 
rant phonateur  buccal.  Ce  dernier  s'écoule  en  abondance  par  le 
nez.  C'est  si  vrai  que  les  tracés  ne  présentent  pas  de  vibrations 
sur  la  ligne  de  la  bouche  pour  ces  articulations.  Celles  que  l'on 


N.  =  nez.         B.  =:  bouche. 
Remarquez   la  forte  nasalisation  de  la  voyelle  même  après  une  expl.  sourde. 


gs 

/             0             h 

Fig.  52. 

«  aggloba  » 

N.    : 

=  nez.         B.   =  bouche. 

(A.) 


Influencé  par  !e  g.  Va  protonique  est  très  nasalisé. 


76 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 


S  a        (I-; 

F'g-  5  3- 

«  sa  » 

B.  =  bouche.         N.   =r  nez. 

Diamètre  du  tambour  pour  la  bouche:   17  mm. 
Diamètre  du  tambour  pour  le  nez  :   30  mm. 


a  s  a       (!•) 

Fig-   54- 

«  asa  )) 

B.  =  bouche.        N.  =:  nez. 

Même  disposition  que  pour  la  fig.   53. 


a  s      (!•) 

F'g-  55- 

«  as  » 

B.  =:  bouche.         N.  =  nez. 

Même  disposition  que  pour  la  fig.   53 


DE    LA    NASALITÉ    EX    ITALIEN  77 

pourrait  trouver  appartiennent  aux  lèvres.  \'cut-on  encore  un 
exemple  de  nasalisation  due  à  l'influence  des  explosives  ?  On  n'a 
qu'à  examiner  le  tracé  de  «  aggloba  »  du  sujet  A-  Pour  le 
même  mot  on  trouve  que  les  autres  sujets  ont  aussi  une  nasalité 
intense.  Il  me  semble  que  le  phénomène  est  expliqué. 

Je  donne  ici  l'opinion  de  M.  Bremer  à  propos  de  m,  n,  n  et 
de  b,  ci,  g.  On  pourra  la  comparer  avec  les  explications  que  je 
viens  de  présenter  :  «  L'explosion  deb,  d,  g,  sonores  (§  131), 
peut  être  également  nasalisée.  Le  moyen  le  plus  simple  d'obtenir 
ce  son  qui,  dans  le  cas  de  coryza  aigu  se  produit  de  lui-même 
au  lieu  de  m,  n,  ng,  c'est  de  prononcer  m,  n,  ng  en  se  pinçant 
le  nez.  L'explosion  de  ces  b,  d,  g  nasalisés  ne  se  distingue  pas  de 
celle  que  nous  désignons  par  les  lettres  m,  n,  g.  C'est  tout  au 
plus  s'il  peut  être  question  d'une  différence  de  degré  dans  la 
nasalité.  Dans  certaines  circonstances,  l'explosion  peut  avoir  un 
timbre  nasal  si  faible  que  notre  oreille  peut  à  peine  distinguer 
s'il  faut  désigner  le  son  ainsi  émis  par  ///,  n,  ng  ou  par  b,  d,  g  ». 

g) 

Les  voyelles  qui  se  trouvent  dans  une  autre  position  que  celles 
que  je  viens  d'indiquer,  que  l'articulation  soit  sourde  ou  sonore, 
présentent  une  nasalité  bien  plus  faible.  Pour  les  explications  je 
renvoie  au  chapitre  suivant. 

y) 

Pour  les  articulations  fricatives  (tîg.  53,  54  et  >)),  mi-occlu- 
sives (fig.  5 6)  et  occlusives  sourdes  (fig.  57),  le  Qourant  d'air  nasal 


I.  Auch  der  Blahlaut  des  stimmluiften  b.  d  \xnà  g  k.inii  gciiaselt  gesprochcn  wcrJen. 
Man  erhalt  diesen  Laut,  der  sich  bci  Stockschnupfen  von  selbst  st.itt  eines  m,  ;;,  «e 
eiiistellt,  am  einlachsten,  wenn  man  ein  m,  »,  ng  mit  zugehaltener  Nase  spricht.  Die 
Explosion  eines  solchen  gen.ïselten  /',  </,  g  untcrscheidct  sich  nicht  von  derjenigcn, 
welche  wir  mit  den  Buchstaben  m,  n,  iig  bczoichnen.  Hôchstens  kann  ein  Gradunter- 
schied  der  Nasalitat  in  Frage  komnien.  Unter  Umstanden  kann  die  Explosion  eine 
50  geringe  nasale  Klangfarbe  haben,  dass  unscr  Gehôr  kaum  zu  untersclieiden  ver- 
mag,  ob  wir  das  Gerausch  mit  den  Buchstaben  m,  n.  ng  oder  b,  ./,  g  bezeichnen  sol- 
len  »  (Deiilsche  Phonetik,  page  136). 


78 


DR    LA    KASALITE    KN    ITALIEN! 


S  a       (!•) 

Fig.  56. 

«  za  » 

B.   =  bouche.         N.   =   nez. 

Même  disposition  que  pour  la  iig.    53. 


a  t  a      a-) 

ï-ig.  57. 

«   ata  » 

B.  =  bouche.         N.  =  nez. 

Même  disposition  que  pour  la  fig.   53. 


N.  = 


y  « 

Fig.   58. 
«  coiaio  » 
nez.         B.  =:  bouche. 


0        (A.) 


DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN  79 

présente  les  mêmes  caractéristiques  que  celui  de  la  bouche,  seule- 
ment plus  fiiiblement. 


SEMI-VOYELLES 


Les  tracés  de  «  guaio  »,  «  noioso  »,  «  coiaio  )>  (fig.  58), 
«  baiocco  »  révèlent  un  y  qui,  dans  tous  les  cas,  a  une  bonne  nasa- 
lité.Le  if  aussi  dans  «  guaio  »,  «  lui  »  (iîg.  59). 


(I-) 


N. 


w 

f'g-   59- 
«  lui   » 

nez.         B.  ^  bouche. 


FRICATIVES 


Pour  ces  articulations  nous  avons  de  la  nasalité  qui  est  réduite 
à  son  minimum  chez  les  sujets  du  Nord  et  qui  augmente  tou- 
jours en  s'approchant  du  Sud.  Par  le  tracé  de  «  bevvi  »  (fig.  60), 


N.  = 


vv  i 

Fig.  60. 
«  bevvi  » 
nez.         B.   =:  bouche. 


(A.) 


8o  DE    LA    XASALITÈ    EN    ITALIEN 

on  peut  voir  que  A  présente  un  v  qui,  à  la  tenue,  pendant  6/100 
n'a  pas  de  nasalité.  Cela  se  passe  dans  tous  les  cas.  Le  v  de  B 
et  de  C  présente  de  la  nasalité  dans  un  seul  cas.  Chez  D,  le  v  se 
comporte  comme  chez  A.  Maintenant  nous  commençons  à  des- 
cendre vers  le  Sud.   E^  F  ont  partout  de  la  nasalité.  G,  qui  est 


b        e  vv  i  <^^-) 

Fig.  61. 

«  bevvi  » 

N.  =:  nez.         B.  =  bouche. 

du  centre,  présente  (fig.  61)  une  nasalité  encore  mieux  mar- 
quée. Pour  les  autres  sujets  les  tracés  manquent.  Passons  au 
mot  «  sorpresa  ».  Même  phénomène  pour  le  :{  que  pour  le  v. 
Mais,  ici,  la  nasalité  commence  à  augmenter  seulement  avec  G. 
Les  autres  sujets  ont  prononcé  1'^  sourde.  Cette  foiblesse  de  la 
nasalité  s'explique  par  le  fait  que,  dans  ces  articulations,  le  cou- 
rant phonateur  passe  sans  trouver  de  gros  obstacles,  comme  il 
s'en  trouve  dans  les  vibrantes  et  dans  les  explosives. 

VIBRANTES 

Dans  tous  les  exemples  que  je  vais  donner,  1'/  présente  une 
forte  nasalité,  «  libro  »,  «  litro  »,  «  pullulô  »,  «  inflitti  », 
((  plèbe  »,  «  replica  »,  «  bleso  »,  «  atleta  »,  «  dlindlin  », 
«  classe  »,  «  acclive  »,  «  globo  »,  «  aggloba  >»  et  enfin  aussi 
quand  elle  est  mouillée,  p.  exemple,  dans  «  Puglie  ».L'r  se  com- 
porte de  la  même  manière,  p.  exemple  :  «replica  »,  «  rapsodo  », 
«  decemviro  »,  «  arrota  »  (fig.  62),  «  bronzo  »,  «  attrassi  », 
«  idra  »,  «  raddrizzo  »,  «  croce  »,  «  accresce  »,  «  aggradi  ». 


Dli    LA    NASALITli    KN    ITAI.IKN 


rr  0  t  a         ''■) 

1-ig.  62. 
«  arrotii  » 
K.  =  nez.         13.  =  bouche. 


Ml-OCCLUSlVES 


Dans  «  affliggi  »,  «  poggi  »,  la  nasalitc  se  comporte  comme 
dans  les  fricatives,  toujours  plus  intense  à  mesure  que  l'on  se 
rapproche  du  Centre.  En  tout  cas,  la  nasalitc  n'est  pas  forte.  Ces 
articulations  ressemblent  beaucoup,  pour  le  souffle,  aux  fricatives. 
C'est  par  cette  ressemblance  que  je  crois  pouvoir  expliquer  la 
faiblesse  de  leur  nasal ité  et  par  conséquent  aussi  des  voyelles 
précédentes  ou  suivantes. 

OCCLUSIVES 

En  parlant  des  voyelles  j'ai  déjà  démontré  la  relation  intime 
qu'il  y  a  entre  les  occlusives  sonores  et  w,  //,  //.  Malgré  cela,  j'ai 
trouvé  chez  les  sujets  A,  B,  C  —  tous  du  Nord  —  des  occlu- 
sives sonores  absolument  sans  nasalité.  P.  ex.  «  biblico  »;  chez  C, 
le  h  n'a  pas  de  nasalité.  Les  tracés  montrent  que  le  mot  «  abside  » 
a  été  prononcé  par  A,  B,  C,  D  apside,  par  F  al\idc,  par  G  ah'- 
side,  par  ]  abside.  Le  b  dans  «  plèbe  »,chez  D,  et  dans  «  ambra  », 
chez  C,  n'a  pas  de  nasalité.  Dans  «  decemviro  »,  le  sujet  G  pré- 
sente un  dsans  nasalité;  C  présente  le  même  d  dans  «  addico  »; 
A,  dans  c(  raddrizzo  »  (une  fois  sur  six),  A  (trois  fois  sur  cinq)  et 
C  (deux  fois  sur  quatre),  dans  «  cadmio  »  ont  aussi  un  d  sans 
nasalité.  Dans  «  dlindlin  »  et  «  idra  »,  C  présente  le  mcme  d, 
C  a  un  g  dans  «  aggancia  »,  «  aggloba  »,  sans  nasalitc. 

La   Paroi. k.  " 


82  DE    LA    NASALITÈ    EN    ITALIEN 


OCCLUSIVES    FINALES 


«  rob  ».  A  :  la  nasal ité  du  b  s'arrête  en  moyenne  3/100 
avant  l'explosion.  B  :  ou  présente  b  avec  nasalité  +  e  :  rob^,  ou  b 
sans  nasalité  :  rob  ;  C,  D,  et  F  ont  un  b  sans  nasalité  ;  chez  G 
la  nasalité  s'arrête  10/100  avant  l'explosion;  chez  J,  nous  avons 
b  nasal. 


«  ad  ».  A  :  /i  nasal;  B  :  d  nasal  -1-  c  :  ad''  ;  C  :  d  sans  nasa- 
lité ;  D  :  la  nasalité  s'arrête  6/100  avant  l'explosion;  F  :  d  sans 
nasalité;  G  :  la  nasalité  s'arrête  8/100  avant  l'explosion;  J: 
la  nasalité  s'arrête  5/100  avant  l'explosion  et  les  vibrations  du 
larynx  aussi. 

«  efod.  »  A  :  dnon  nasal  ;  B  :  d  nasal  -{-e;  C,  D,  F  :  d  non 
nasal  ;  chez  G,  la  nasalité  s'arrête  14/100  avant  l'explosion  et 
chez  J,  8/100.  Pour  ce  dernier,  les  vibrations  du  larynx  s'arrêtent 
aussi  au  même  instant. 

<(  nord  ».  A  :  J  pas  nasal;  B  tend  vers  un  d  nasal;  C,  D,  F  : 
d  pas  nasal;  G  :  ^  nasal  +  e;  J,  nasalité  s'arrête  6/100  avant 
l'explosion  et  les  vibrations  du   larynx  aussi. 


CHAPITRE  II 

NASALISATION   DES  VOYELLES  FINALES 

La  nasalisation  des  voyelles  finales  n'est  pas  une  caractéristique 
de  l'italien,  mais  de  plusieurs  patois  français,  du  tchèque  et  peut- 
être  d'autres  langues  encore.  Ce  phénomène  varie  beaucoup.  Il 
ne  présente  pas  toujours  la  même  intensité  chez  tous  les  sujets 
expérimentés   et  chez   le  même  sujet.  Je  vais  donner  quelques 


DK    LA    NASALITÉ    KX    ITALIKN  83 

exemples  :  «  acclive  »,  «  appresso  »,  «  classe  »,  «  accresce  »,  «  opra  », 
«  ebbro»,  «  cadmio  »,  «  abdome  »  (B  a  prononcé  une  fois  sur  cinq 
un  m  sourd  et  è;  F  a  prononcé  abdome),  «  anno  »,  «  androne  », 
«  aggancia  »,  «  globo  »,  «  babbo  » ,  «  atleta  »,  «  rapsodo  »,  «  psiche  », 
«  applica  »,  «  replica  »,  «abdico  »,  «  pneumatico  »,«  egloga  ». 
Comment  expliquer  cette  nasalisation  finale?  M.  l'abbé  Rousse- 
lot  l'explique  «  par  la  précipitation  que  l'on  a  de  reprendre  la 
respiration  nasale  avant  même  la  fin  de  la  voyelle  y>.  Principes  de 
phonétique  ex  p.,  II,  p.  557  et  suiv.).Je  m'aperçois  malheureuse- 
ment trop  tard  —  parce  que  j'ai  perdu  de  vue  mes  sujets  —  que, 
pour  épuiser  cette  question,  j'aurais  dû  faire  des  expériences  avec 
le  pneumographe  (^Principes  de  pbon.  cxp.,  I,  p.  89).  C'est 
M.  l'abbé  Rousselot  qui  propose  cette  expérience,  d'après  laquelle 
on  remarque  :  «...  que  le  surplus  de  l'air  mis  en  réserve  est 
normalement  expulsé  par  le  ne/  après  l'arrêt  de  la  voix  et  avant 
l'inspiration  suivante  et  qu'une  légère  avance  dans  ce  mouve- 
ment lui  (lût  nasaliser  dans  certains  dialectes  les  voyelles 
finales...  » 

L'explication  précédente  est  celle  aussi  que  je  suppose  conve- 
nir à  mon  cas.  Je  me  réserve  dans  un  prochain  travail  de  traiter 
spécialement  et  à  fond  cette  question,  en  prenant  en  considéra- 
tion aussi  la  durée,  la  hauteur  musicale,  etc.  M.  l'abbé  Rousselot 
a  trouvé  un  ^ féminin  nasal  à  Lezay (Deux-Sèvres),  dans  «  tombe  ». 

Le  même  savant  mentionne  des  /,  qui  dans  certaines  régions 
du  nord  de  la  France,  deviennent  è;  par  exemple  «  Paris  »  =^ 
pare  (Princ.  de  phon.  exp.,  II,  p.  557  et  suiv.).  M.  l'abbé Rigal  a 
trouvé  un  e  posttonique  final  nasalisé  dans  un  sujet  originaire 
des  environs  d'Amiens  (La  P^ry/é?,  n"9,  Paris,  septembre  1901). 
M.  Chlumsky  mentionne  en  tchèque  des  finales  nasalisées 
(Zfl  Parole,  n°  2.  Paris,  mars  1902). 


TROISIÈME  PARTIE 


CHUTE  DE  LA  CONSONNE  NASALE 


ABSORPTION  DE  LA  CONSONNE  NASALE   DANS  LA  VOYELLE  PRECEDENTE 

Voilà  un  phénomène  auquel  on  se  serait  très  peu  attendu  en 
italien  littéraire.  On  ne  peut  pas  dire  qu'il  s'agit  d'une  particula- 
rité personnelle,  due  à  différentes  causes,  puisqu'on  la  retrouve 
chez  9  sujets  sur  12  examinés.  A  partir  du  Piémont  jusqu'à  Rome 
on  trouve  les  cinq  voyelles  fondamentales  (/,  ^,rt,  o,î(),  parfaite- 
ment nasales  (î,c,  â,  d,fi).  Chez  les  sujets  du  Midi  l'wreste,  mais 
elle  se  lie  avec  l'articulation  suivante  par  un  e.  Il  s'agit  dans  les 
deux  cas  d'un  fait  purement  physiologique.  Examinons  les  diffé- 
rents mots. 

m  à  la  fin  du  mot 
voyelle  -f-  m 

Vu  de  maximum.  Le  sujet  A  dans  le  3*  cas  (fig.  63)  a 
absorbé  Ym  final  dans  ïn,  justement,  parce  que  Vm  manque 
d'appui. 

voyelle  -{-  n  -\-f 

Observez  le  tracé  du  mot  «  tonfo  »  (fig.  64).  C'est  du  sujet 
C.  Suivez  la  ligne  de  la  bouche.  Vous  trouverez  des  vibrations 
jusqu'à/.  Pas  de  fermeture;  pas  d';/ .'  La  ligne  du  nez  révèle  une 
nasalité  uniforme.  L'«  a  été  absorbé  par  Vo.  On  peut  transcrire 
le  mot  tôfo.  Chez  C  on  trouve  ce  phénomène  quatre  fois  sur 
cinq.  Le  sujet  D  (fig.  65)  a  aussi  articulé  /ô/t)  cinq  fois  sur  cinq. 
Ses  tracés  présentent  un  caractère  particulier.  A  partir  du  com- 
mencement, la  voyelle  est  plus  faiblement  nasale  pendant  i  i/ioo 


DK    LA    KASALITi:    HN    ITALn:\ 


I. 

m 

a         k         s 

2. 

S 

•  •/ 

m         fi 

Fig.  63. 
maximum 

N.  = 

nez.         B.   ==  bouch( 

(A.) 


Si  1''^/  [n'avait  pas  absorbé  1'///,  les  vibrations  sur  la  ligne  de  la  bouche 

n'existeraient'pas. 


—  en  moyenne  —  que  dans  la  partie  suivante.  L'absorption 
alors  ne  doit  pas  s'accomplir  dans  des  conditions  tout  à  tait 
sûres.  E  a  absorbé  six  fois  sur  six.  C  a  articulé  nif  dans  l'autre 
cas.  A,B,  F,  G,  H,  I,  J  de  même.  Pour  K  et  L,  les  tracés  manquent. 


DR    LA    KASALlTli    EK    ITALIKN 


Ô  f 

Fig.  6-,. 
«  tonfo  » 

N.  =  nez.         B.  =r  bouche. 


(D-) 


\ 


voyelle  -\-  n  -\-  v 

Le  sujet  A  présente  cinq  fois  sur  cinq,  dans  «  vanvera  »,  un  à. 
L'n  a  été  absorbé  aussi  chez  B  une  fois  sur  cinq,  D  cinq  fois  sur 
cinq,  E   (fig.  GG)  six  fois  sur  six,  H  deux  fois  sur  quatre.  Chez 


N.  = 


V 

a 

Fig.  66. 

«  anva  » 

nez.         B.  = 

bouche, 

(E.) 


D,  la  nasalité  est  faible.  Elle  s'est  reportée  toute  sur  le  v  sui- 
vant. B  et  H  ont  prononcé  mv  dans  les  autres  cas;  de  même 
C,  F,  G,  I,   J,  Pour  K  et  L,  pas  de  tracés. 

voyelle  -f"  "  ~|~  -^ 
Dans  «  ponsô  »,  c'est  seulement  chez  B  une  fois  sur  six,  C 


DK    LA    NASALITE    K\    ITALIEN 


87 


0  sa 

Fig.  67. 

«  ponsô  » 

N.  -j=z  nez.         B.  =  bouclie. 


(C.) 


(fig.  67)  cinq  fois  sur  cinq,  D  une  fois  sur  cinq,  E  sept  fois 
sur  sept,  F  trois  fois  sur  cinq  que  j'ai  trouve  a.  Dans  «'  punsi  », 
seulement  chez  C  (fig.    68)   six   fois  sur  six,  E   sept  fois    sur 


(C.) 


Fig.  68. 

«  punsi  )) 

N.  =  nez.         B.  =:  bouche. 


N. 

B. 

— 

■Il       n  s 

fig.  69. 
«  punsi  » 
N.  =  nez.         B.  —  bouche 


(G.) 


88  DE    LA    NASALITÈ    EN    ITALIEN 

sept,  F  quatre  fois  sur  quatre,  on  a  /}.  B  et  D,  dans  les  autres 
cas,  et  A  ont  été  sans  doute  influencés  par  l'orthographe  ;  A  a 
même  prononcé  pun^si.  G  (flg.  69),  I  (de  l'Italie  centr.),  K,  L 
ont  prononcé  wi.  J  donne  «''j- (fig.   70).  Pour  H,   pas  de  tracés. 


N.  = 


ne         SI 

Fig.  70, 
«  punsi  » 
nez.        B.  =  bouche. 


(J-) 


voyelle  -\-  n  -\-  e 

Devant  e  on  rencontre   l'absorption   un   peu  plus  rarement. 
Nous  avons  ô  chez  C  six  fois  sur  six,  D  cinq  fois  sur  cinq  (avec 


N. 


€  0 

Fig.  71. 
«  conscio  » 
nez.         B.  :=  bouche. 


(G.) 


les  mêmes  caractéristiques  que  dans  «  tonto  »),  E  sept  fois  sur 
sept,    F    cinq  fois   sur  cinq,  H  trois  fois  sur  quatre,  I  sept  fois 


DE    LA    NASALlTl':    i:N    ITALIEN  89 

sur  sept.  Chez  A  on  trouve  dans  deux  cas  un  essai  d'absorption  ; 
dans  un  cas  »V;  B  a  prononcé  une  fois  m\  J  a  toujours  »'<•  (J\ii^. 
72). 


X. 


:       r  -    !         '  1 


houe  e 

Fis-  72- 
«  conscio  » 

N,  =z  nez,         B.  =:;  bouche. 


0        (J-) 


voyelle  -\-  n  -\-  fl 

J'ai  trouvé  l'absorption  de  Vu  par  /  dans  «  inflitti  «  chez  A 
deux  fois  sur  quatre,  Bdeux  fois  sur  six,  C  quatre  fois  sur  cinq, 
D  trois  fois  sur  trois,  E  six  fois  sur  six,  F  une  fois  sur  six,  G  cinq 


Fig.  7i- 
«  infliui  » 


N.  =  nez. 


B. 


bouche. 


(H.) 


fois  sur  cinq,  H  deux  fois  sur  quatre.  Le  tracé  donné  (fig.  7  3)est  de 
H  (Italie  centrale  !)  ;  s'il  y  avait  eu  occlusion  pour  m,  les  vibrations 
sur  la  ligne  de  la  bouche  ne  se  prolongeraient  pas  jusqu'à  j. 
Les  sujets  A,  B,  C,  F,  H  ont  prononcé /«/  danslesautres  cas.  let  J, 
de  même.  Pour  K  et  L,  les  tracés  manquent. 


90 


DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 


voyelle  -j-  n  -\-fr 

Le   mot  «  infrusco  »  présente  aussi  absorption  de  Vn  chez  A 
quatre  fois  sur  cinq,  B  trois  fois  sur  six,  C  quatre  fois  sur  cinq, 


bouche. 


D  cinq  fois  sur  cinq,  E  (fig.  74)  sept  fois  sur  sept,  F  une  fois  sur 
cinq,  G  cinq  fois  sur  cinq.  Dans  les  autres  cas,  A,  B,  C,  F  ont 
prononcé  mfr;  de  même  H,  I,J.  Pas  de  tracés  pour  K  et  L. 

Voyelle  -\-n  -\-  sp 

C'est  dans  cette  combinaison  où  l'on  voit  le  plus  l'action  de 
la  voyelle  sur  la  nasale.  Dans  «  insperato  »  nous  avons  t  chezA, 
B,  C,  D,  E  F,  G  (fig.  75),  H,  I  dans  tous  les  cas.  J  a  lié  Vn  à  1'.^ 


N. 


s         p  e       r       a 

l'ig-  75- 
«  insperato  » 

N.  =:  nez.         B.  =r  bouche. 


(G.) 


DE    LA    XASALITE    HN    ITALIEN 


91 


par  une  voyelle,  ce  qui  nous  donne  la  formule  in'spÇerato)  (fig. 
76).  Pour  K  et  L  je  n'ai  pas  de  tracés.  En  tout  cas,  on  doit 
obtenir  la  même  formule  que  pour  J. 


(•         s     p        e      r       i 

Fig.  76. 

«  insperato  » 

N.  =  nez.         B.  =  bouclie. 


(J-) 


Voyelle  -\-  n-\-  si 

Dans  «  instare»chcz  A  cinq  fois  sur  cinq,  Bdeuxfoissur  cinq 
C  cinq  fois  sur  cinq,  D  cinq  fois  surcinq,  E  six  fois  sur  six,  F  cinq 
fois  sur  cinq,  G  (fig.  77)  six  fois  sur  six,  H  deux  fois  sur  quatre. 


/  a  r 

I-">g-  77- 
«  instare  » 

N.  =  nez.  B  :=  bouclie. 


(G.) 


Jcinq  foissur  cinq  on  trouve /.  J,  K,  L  se  trouvent  dans  les  mêmes 
conditions  que  dans  le  mot  «  insperato  ».  B  et  H  influencés  par 
l'orthographe. 


92 


DK    LA    NASALIIK    ):\    ITALIEN 


/ 


r 


a 

Fig.   78. 

«   instare   » 

N.  =  nez.         B.  ^=  bouche. 


(J-) 


voyelle  -\-n  -\-skr 

Lefl  de  «  sanscrite  »  a  absorbé  1';;  chez  B  cinq  fois  sur  cinq,  C 
trois  fois  sur  cinq,  D  deux  fois  sur  deux,  E  six  fois  sur  six,  F 
six  fois  sur  six,  G  (fig.  79)cinq  fois  sur  cinq,  Hdeuxfois  surquatre, 


N. 


K        r    i 

Fig.  79. 

«  sanscrite  » 

nez.         B.  =: 


(G.) 


bouche. 


J  une  fois  sur  quatre,],  K,  L  comme  dans  le  mot  «  insperato  ».  A 
se  trouve  dans  les  mêmes  conditions  que  J(tig.  80),  H  a  prononcé 
«^.y dans  les  deux  cas  qui  restent.  C  influencé  par  l'orthographe. 


n       c        s        k        r     i     t 

Fig.  80. 

«  sanscrite  » 

N.  =:  nez.         B.  =  bouche. 


00 


DE    LA    NASALITi:    i:X    IIALIKS  c;3 

//  à  la  lin   du  mut 
voyelle  -|-  }i  final 

L'absorption  de  1'/^  tinal  est  un  cas  très  rare.  Seul-ement  chezC 
(fig.  8l)on  trouve,  une  lois  sur  six,  un  /  dans  «  dlindlin  ».  Dans 


d        l 


N. 


Il  d        l       i 

Fig.  8i. 
«  dlindlin  » 
:  nez.         B.  :^  bouche. 


(C.) 


«  ipsilon  wnousavons  à,  chezB  une  fois  sur  six  et  G  (fig.  82)  une 
fois  sur  cinq.  Tous  les  autres  sujets  ont  gardé  r;/;de  même 
C,  B  etG  dans  les  autres  cas. 


N. 


s  i     l 

Fig.  82. 
«  ipsilon  » 
nez.         B.  rr  bouche. 


(G.) 


Nous  avons  exposé  des  faits.  Il  s'agit  maintenant  de  les  étudier 
et  d'en  tirer  des  conclusions.  Remarquons  avant  tout  que  dans 


94  DE    LA    XASALITÉ    EN    ITALIEN 

le  parler  italien  de  neuf  d'entre  mes  sujets  la  voyelle  peut  absor- 
ber seulement  la  nasale  n  et  précisément  lorsqu'elle  est  entravée. 
En  français  littéraire  non  plus  —  langue  où  la  nasalité  est  très 
évolutionnée  —  on  trouve  absorption  de  Vn  dans  des  combinai- 
sons voyelle  -)-»-[-  voyelle.  Le  o  dans  Sing.  Nom.  bons  (bonus), 
Obi.  bon  (bonu)  a  facilement  pu  absorber  Vn.  Mais  au  fémi- 
nin, quoiqu'en  ancien  français  on  prononçât  Imie  —  nasalité, 
du  reste,  dont  on  ne  peut  pas  juger  l'étendue  —  la  dénasali- 
sation n'a  pas  dû  se  faire  attendre  longtemps. 

La  voyelle  qui  suit  Vn  le  soutient.  «  C'est  seulement  dans 
plusieurs  provinces  et  dans  les  classes  les  plus  élevées  et,  par 
conséquent,  les  plus  conservatrices,  que  l'on  trouve  encore  la 
prononciation  archaïque  âné  «  année  »,  niàn  ami  «  mon  ami  » 
son  âmœ  «  son  âme  »,  malgré  la  voyelle  qui  suit  Vn.  Dans  le 
français  normal  la  dénasalisation  est  depuis  longtemps  un  fait 
accompli  (Abbé  Rousselot,  Prccis  de  prononciation  française,  p. 
iio-iii,  Paris,  1502). 

Dans  le  développement  de  la  langue,  la  voyelle  a  absorbé  en 
français  littéraire  Vn  et  Vni  à  la  fin  du  mot  et,  dans  le  corps  du 
mot,  devant  une  consonne.  Evolution  qui  est  en  train  de  se  faire 
pour  l'nen  italien  devant/,  v,  s,  £,fl,fr,  sp,  st,  skr,  articulations 
toutes  qui  favorisent  la  chute  de  la  nasale.  Mais  il  y  a  d'autres 
articulations  qui  sont  moins  favorables  que  les  précédentes  à  la 
chutede  Vn,  à  savoir  :  l,r  (plus  quelessuivantes),  s,^,f,  j,p,  b,  t, 
d,  k,  g.  Nous  trouverons  quelques  cas  isolés  d'absorption  devant 
/  et  r,  mais  jamais  devant  les  autres,  parce  que,  ou  l'on  a  m 
(;î  -|-  p  ^  nip  '^  n  ~\-b  =^  nib^  ou  n  alvéolaire  (ns,  ti~,  ni,  nj,  nt,nd) 
ou  n  vélaire  («  -|-  /v  =  nk;  n  -{-  g=  ng).  Pourquoi  ?  A  cause  de 
l'articulation  qui,  ou  transforme  Vn  (p,  b,  k,  g)  ou  l'aide  à  la 
résistance  (s,  ~,  ê,  j,  i,  d). 

Dans  les  articulations  s,  ~,  i,  J,  t,  d,  k,  g  (moins  pour  /  et  r) 
la  pointe  de  la  langue  ou  son  dos  touche  la  voûte  du  palais.  Il  y 
a  donc  une  affinité  très  rapprochée  entre  elles  et  1';;,  qui  s'arti- 
cule aussi,  la  pointe  de  la  langue  appuyée  contre  la  voûte  du 
palais. 

La  voyelle  peut  donc  accomplir   son   œuvre   de  destruction, 


DE    LA    NASALITÉ    EN    ITALIEN  95 

lorsque  la  nasale  n'a  pas  d'appui  sur  l'articulation  suivante  et 
par  conséquent  ne  peut  pas  présenter  la  résistance  due  à  la 
voyelle.  Alors  examinons  de  près  la  base  d'articulation  de/,  v', 
s,  €. 

f 

Pour  /,  la  langue  ne  touche  pas  le  palais,  seulement,  les  dents 
d'en  haut  et  la  lèvre  inférieure  sont  actives.  Après  avoir  articulé 
/,  il  peut  arriver  les  deux  foits  suivants  :  ou  la  langue  déjà 
influencée  par  la  position  de  repos,  à  laquelle  l'articulation  j 
l'oblige,  reste  pour  n  dans  la  même  position  que  pour  /,  seule- 
ment plus  en  bas  et  plus  en  arrière.  La  luette  étant  déjà  baissée. 


bouche. 


pour  n,  nous  avons  alors  un  i  parfait.  Ou,  après  avoir  articulé  /, 
la  langue  prend  la  position  de  repos,  et  les  dents  d'en  haut 
tombent  et  reposent  sur  la  partie  interne  de  la  lèvre  inférieure. 
Voilà  alors  le  n  transformé  en  tu  labio-dental.  J\ii  tait  des  expé- 
riences sur  moi-même  au  moyen  d'une  ampoule  exploratrice 
(petit  format)  placée  entre  la  langue  et  les  alvéoles,  point  d'articula- 
tion de  mon  n.  J'ai  prononcé  //a.  Dans  le  tracé  (fig.  83),  la  ligne 
inférieure  présente  des  vibrations,  mais  pas  d'occlusion  ;  la  supé- 
rieure n'accuse  aucun  déplacement.  L'»  n'a  pas  été  articulé  ;  1'/ 
l'a  absorbé.  Avec  la  même  somme  de  travail,  la  langue  n'a  pas 
pu  articuler  1'/ et  Vu.  C'est  à  une  loi  d'économie  qu'elle  a  obéi. 
Pour  rendre  les  faits   encore    plus  évidents,   je  donne  un  autre 


^é  DE   LA    NASALITÈ    EN    ITALIEN 

tracé,  pris  sur  la  même  feuille  d'expérience,  et  tout  à  tait  ans 
les  mêmes  conditions  que  le  précédent,  en  prononçant  —  avec 
un  véritable  effort,  —  un  n  devant  le/.  Le  déplacement  de  la 


L.  =  langue. 


plume  sur  la  ligne  de  la  langue  (fig.  84)  nous  démontre 
justement  la  présence  de  Vn  dans  ce  cas  et  quel  aurait  été  le 
tracé  précédent,  si  je  n'avais  pas  prononcé  un  /. 


Fig.  85.  (L) 

Tracé  no  i.  =  inja  (inifa). 
Tracé  n°  2.  =■  ijci. 
Le  palais  artificiel  nous  montre  clairement  qu'il  n'y  a  pas  trace  d'». 


L'articulation  de   l'^f  est    aussi  très  favorable  à  la  chute   de 
'n.  La  pointe  de  la  langue  ne  s'appuie  pas  contre  la  voûte  du 


DK    LA    NASALITÙ  EN   ITALIEN  97 

palais,  mais  derrière  les  dents  inférieures.  Ce  ne  sont  que  les 
bords  qui  s'élèvent  vers  le  palais,  tandis  que,  l'articulation  d'« 
exige  que  la  pointe  aussi  de  la  langue  s'appuie  contre  le  palais. 
Les  tracés  obtenus  par  le  palais  artificiel  sont  convaincants.   Par 


Il  s  a 

Fis.  86. 
«  ensa  » 
langue.  H.  =  bouche. 


(I.) 


exemple  dans  «  instare  »,  «  ponso  »,  «  punsi  »,  la  langue,  après 
avoir  articulé  la  vo3'elle,  trouvant  un  chemin  plus  aisé  pour 
accomplir  son  travail  et  passer  de  la  voyelle  à  Ys,  a  articulé  l'^en 
gardant  la  postion  de  /,  o,  tt,  de  sorte  que  l'air  s'est  écoulé    en 


e  sa 

Fig.  87. 

«  cnsa  » 

L.  -=  langue.         B.  =  bouche. 


(!■) 


abondance  par  la  bouche  et  par  le  nez,  et  nous  avons  /,  ô,  fi.  Si 
dans  la  combinaison  :  voyelle  -j-  ;/  -|-  sp  «  insperato  »,  nous 
trouvons   l'absorption    dans  tons  les   cas   et    pour  chaque  sujet 


La  Parolk. 


98  DE    LA    XASALITÉ    EX    ITALIEN 

c'est  au  p  que  la  voyelle  doit  cet  aide.  Pour  p,  la  langue  est 
obligée  de  garder  la  position  de  repos.  Les  tracés  de  l'appareil 
enregistreur  démontrent  le  travail  de  la  langue  pour  ensa  (fig,  86) 
et  Isa  (fig.  87)  chez  I  et  les  tracés  du  palais,  celui  de  asa,  ansa 
et  anspa  chez  E  (fig.  88). 


I 


Fio.  88. 

Tracé  no  i.  =  asa. 

Tracé  no  2.=  ausa. 

Tracé  no  5 .  =z  anspa . 

Un  n'existe  pas;  le  palais  ne  l'accuse  pas;  comparez  avec  la  fig.  92. 


Dans  cette  articulation,  ce  qui  nous  intéresse  dans  notre  cas, 
c'est  seulement  la  pointe  de  la  langue  qui  se  soulève  légèrement, 
un  peu  plus  que  pour  s.  Nous  nous  trouvons  donc  à  peu  près 
dans  les  mêmes  conditions  que  pour  s.  Les  tracés  de  l'appareil 
enregistreur  montrent  clairement  la  position  pour  orna  (fig.  89) 
et  Ôca  (fig.  90)  chez  I,  et  le  tracé  du  palais  artificiel  l'articula- 
tion de  a£a  ttan^a  chez  E  (fig.  91). 

Je  considère  les  raisons  ci-dessus  comme  suffisant  à  expliquer 
cet  intéressant  phénomène.  Il  sera  maintenant  très  facile  de  com- 
prendre pourquoi  la  nasale  n'a  nas  été  absorbée,  lorsqu'elle  se 
trouvait  devant  une  autre  articulation  que  celles  qui  viennent 
d'être  mentionnées.  J'ai  eu  déjà  occasion  d'en  parler.  Il  s'agit, 
je  le  répète,  du  point  d'appui  qui  vient  à  manquer  à  la  nasale. 


DE    LA    NASALITli    l-N    ITALIhN 


99 


-N.  = 


Il  e         a 

Fig.  89. 
«  onscia  » 
nez.  B    ^  bouclit:. 


(l.J 


Ô  e  a         (i) 

Fig.   90. 

«  onscia  » 

L.  =  langue.         B.  =  bouche. 


Fig.  91.  (E.) 

Tracé  u"  i.  ==  ai  il. 
Tracé  n"   2.  =  cinea. 

Comparez  avec  la  lîg.  92.  Dans  aiu-a  il  n'y  a  pas  à'ii. 


roo 


DE    LA    NASA  LITE   EK    ITALIEN 


D'autre  part,  il  est  impossible  d'articuler  naturellement,  c'est- 
à-dire  sans  effort  voulu  ou  recherché,  un  n  devant  les  bilabiales 
p,  h,  les  labiales  fricatives/,  v  et  les  autres  fricatives  s  et  €, 
bien  entendu,  en  italien. 


Fig.  92.  (E.) 

Tracé  no  i.  =  m  dans  ana. 


Voici  les  lois  que  j'ai  tirées  de  mes  expériences  et  auxquelles 
Vn  est  soumis  : 

1°  ou  la  nasale  n  est  absorbée  : 

anfa  =  âfa  ansa  =  àsa  anm  =  à^a  ; 

anva  =  âva 

et  les  combinaisons  de/,  v,  s  -{-  cons. 

2°  ou  elle  subsiste  et  doit  se  lier  aux  articulations/,  v,  s,  t 
par  une  voyelle  : 

anja  =  an'^ja  etc.. 

3''  ou  elle  subsiste  et  transforme  l'articulation  suivante  {s,  i) 
qui,  à  son  tour,  peut  modifier  la  base  d'articulation  de  \n  : 

ansa  =  ansa  anea  =  anêa. 

(Compare/  l'allemand  «  Mensch  »  que  l'on  prononce  mène). 

4°  ou  elle  se  change  en  m  bilabial  devant  p,  h  et  en  m  labio- 
dental  (dents  d'en  haut  reposant  sur  la  lèvre  inférieure)  devant 
/,  V.  Par  exemple  J,  a  prononcé  in''sperato,  G  a  prononcé  ns 
=  ns.  Dans  le  parler  de  Rome  aussi,  par  exemple,  dans  «  penso  », 


DK    LA    NASAI.lTIi    EN    ITAI.IKN 


10  I 


on  a  garde  1'»,  mais  au  détriment  de  Vs  suivant.  On  prononce 
peiiso.  Un  romain,  même  bien  élevé  et  instruit  et  qui 
n'est  pas  influencé  par  l'absurde  préoccupation  de  «  bien 
parler  »  ou  de  «  bien  prononcer  »  dira  :  «  E  tu  che  ne  pensi  ?  » 


Tracé  no  i 


Tracé  no   2.  =  i  =  j^  dans   usa  ;    2  :=-  h 

dans  cinsa. 


s    dans  iiiisii  ;  5    =    «  +  î 


{pcnsi  =  pènsi).  «  ^'ado  alla  Consulta  »  (=^  ns).  Je  donne  ici 
des  expériences  faites  avec  le  palais  artificiel  sur  moi-même 
(Romain).  J'ai  prononcé  (fig.  93)  ana,  asa  et  ansa  comme 
d'habitude.  Les  tracés  révèlent  pour  asa  et  ansa  la  même  base 
d'articulation.  En  outre,  j'ai  prononcé  a^wa  en  essayant  de  garder 


F'g-  94- 
Tracé  no  i.  =  asa. 
Tracé  no  2.  :=  au  sa. 


Vs  pur.  Résultat  sur  le  palais  :  aucune  trace  de  ;/  (fig.   94)-  On 
n'a  qu'à  comparer  le  tracé  avec  celui  de  ;/,  pour  se  convaincre 


102  DE    LA    NASALITE    EN    ITALIEN 

que  la  présence  de  Vn  devrait  être  révélée  par  le  toucher  de  la 
langue  sur  les  alvéoles  des  dents  supérieuses.  A  Rome  on  est 
très  sensible  à  la  prononciation  du  Midi  :  voy.  -|-  n  -\-  e  -\-  s 
(quelquefois  aussi,  voy.  -\-  n  +  ;()  et  à  celle  du  Nord  :  voy. 
nas.  -[-  s. 

Les  sujets  du  Nord,  chez  lesquels  les  mi-occlusives  s  et  ;(  sont 
faibles  à  un  point  tel  que  i  =  5  et  ~  =  ;{,  ont  absorbé  Vn;  mais  ils 
ont  prononcé  (lorsqu'ils  n'ont  pas  absorbé)  ;? -|- ^  =  Wf,  parce  que 
le  i'  leur  est  flimilier  ou;7''^.Moi  je  prononce  quelquefois  imflitti 
et  d'autres  fois  ///////.  Il  faut  en  outre  remarquer  que«  tonfo  », 
«  inflitti»,  «  infrusco,  »  «  ponsô  »,  "punsi»,  «  insperato»,  «  ins- 
tare»,  «  sanscrito  »,  sont  des  motssavants,  qui  par  conséquent,  ne 
sont  pas  employés  souvent  et  seulement  par  des  classes  instruites, 
élevées,  conservatrices.  Alors  on  reste  fidèle  à  l'orthographe,  tout 
en  ne  prononçani  pas  le  son  que  l'on  écrit.  Les  mots,  qui  sont  de 
vrais  êtres  organisés,  soumis  comme  leurs  semblables  aux  lois  natu- 
relles, s'usent  avec  l'emploi.  Nous  en  avons  un  exemple  dans  les 
mots«  inspectorcm»,  «  institutum  »,  «  instrumentum  »^  «  cons- 
trictum».  Des  oreilles  peu  fines  n'ont  pas  entendu  l'/devantl'j  (c'est 
si  vrai,  qu'aucun  de  mes  Italiens  ne  se  doutait  de  cela  ;  moi  non 
plus  je  ne  m'en  serais  pas  aperçu,  si  les  tracés  ne  me  l'avaient  pas 
révélé).  Lire  à  la  page  539  du  t.  II  des  Principes  de  l'abbé  Rous- 
selot,  l'intéressante  expérience  faite  devant  quinze  étudiants  de 
diverses  nationalités.  Par  exemple,  dans  vin  «  vin  »,  d'après  la 
prononciation  de  la  Provence,  Aups  (Var),  tous  avaient  cru  à  une 
voyelle  pure.  Après  l'expérience,  l'oreille  ayant  été  plus  atten- 
tive,  le  phénomène  ne  fit  de  doute  pour  personne  ! 

Les  mots  latins  que  nous  venons  de  donner,  passés  en  italien, 
sont  devenus  très  communs.  On  les  emploie  très  souvent.  N'enten- 
dant pas  Vn,  on  a  prononcé  et  écrit  «  ispettore  »,  «  istituto  », 
«  istrumento  »,  «  costretto  ».  Dans  d'autres  mots  moins  employés 
par  la  grande  masse,  par  exemple  :  «  instabile  »,  «  insperato  »,  etc., 
Vn  est  resté  et  a  été  absorbé.  C'est  intéressant  de  connaître  à  ce 
propos  l'opinion  d'un  des  plus  grands  auteurs  de  dictionnaires  et  de 
traités  deprononciation  italiens,  de  M.  Rigutini.  A  la  page  xxxv 
de  son  Di-ionaricllo  ilaliano  di  orlografia  e  di  prflnun::^ia,  Fircnze, 
1897,   on  lit  ce  qui  suit   : 


DH    LA    NASALITH    KN    ITALIK\  IO3 

«  §  X.'  —  De  /'//  dans  les  particules  «  cou  »  et  «  ///  »  c/ui 
disparaît  dansla  composition  avec  d'autres  mots. 

«  Le  codex  et  la  plupart  des  anciens  imprimés  ^'ardent  1';/  de 
ces  deux  particules,  lorsqu'elles  entrent  en  composition  avec  un 
mot,  qui  commence  par  s  suivi  d'une  autre  consonne,  comme  r, 
p,t,  dans  «  conscienza  »,  <«  inspirare  »,  «  instaura  »,  «  instante  », 
«  instruire  »,  «  instrumente  »  etc.  Seulement  l'usai^^e  a  tellement 
radouci  cet  «,  qu'il  a  disparu  dans  l'orthographe.  Voilà  pourquoi  la 
Nuova  Crusca,  en  insérant  dans  le  Dictionnairecesmots  et  d'autres 
encore,  a  bien  cru  se  conformer  à  l'usage  commun,  en  écrivant 
«  coscienza  »  «  coscienzioso  »,  «  coscienziosamente  »,  «  costante  », 
«  costanza  »,  «  costantemente  »,  «  coscrizione  »,  «  coscritto  », 
«cospargere  »,  «cosparso»,«  costare»  (pour  «valere  »),  «costo», 
etc.  Voilà  la  manière  dont  on  doit  aujourd'hui  écrire  tels  mots. 
Nous  écrivons  donc  aussi  «  ispirare  »,  «  ispirazione  »,  «  istare», 
«  istanza  »,  «  istantaneo  »,  «  istigare  »,  «  istigazione  »,  «  istil- 
lare  »,  «istruire  »,«  istrumento  »,  etc.  Mais  dans  quelques  mots 
rares  qui  sont  purement  latins  ou  qui  appartiennent  au  langage 
poétique  ou  à  certaines  écritures  —  par  exemple,  ceux  qui  étant 
employés  très  rarement,  n'ont  pas  été  usés  —  Vu  reste,  comme, 
par  exemple,  dans  «  conscio  »  pour  «  consapevole  »  (lat.  «  cons- 
cius  »),  «  constare  »  pour  «  essere  composto  »  (Ir.  «  se  compo- 
ser »),  surtout  que  le  premier  pourrait  se  confondre  avec  «  cos- 


I.  X.  —  Della  n  nelle  particclle  con  e  tu  che  si  perde  in  composizionc  con  altre  parole. 
I  codici  e  1,1  maggior  parte  délie  stampe  del  tempo  passato  conservano  Vxn  di  queste 
due  particelle,  allorché  entrano  in  composi/.ione  con  una  parola  incominciante  pcr  s 
seguita  da  altra  consonante,  corne  c,pet;  dicendo  conscienza,  inspirare,  instante,  ins- 
truire, instrumento.  ec.  Se  non  che  l'uso  présente  ha  quell'»  cosi  addolcito,  da  dovcrs 
affiitto  perdere  nella  scrittura.  Onde  la  Nuova  Crusca,  registrando  nel  Vocabolario  queste 
e  simili  voci,  ha  creduto  beiio  di  contormarsi  all'uso  corrente,  scnvcndocoscienia , coscien- 
:j;ojo,  coscienziosamente,  costante,  costania,  costantemente,  coscrizione,  coscritto,  cospargere,  cos- 
parso,  costare  per  valere,  costo,  ec.  H  questa  c  la  maniera,  con  la  quale  debbonsi  oggi 
scrivere  tali  voci  :  percio  scriveremo,  oltre  aile  citate,  ispirare,  ispirazione,  istare,  istanza, 
istantaneo.  istigare,  istigazione,  istillare ,  istruire,  istrumento,  ec.  -Ma  in  alcune  poche  voci, 
che  sone  prettamentc  latine  e  del  linguaggio  poetico  o  di  certe  scriiture,  corne  quelle  che 
l'uso  per  essere  assai  raro  non  le  ba  per  dir  cosi  ammorbidite,  la  n  si  ritiene;  corne  in 
conscio  per  consapevole,  constare  per  esser  composto  (tanto  più  che  il  primo  potrebbc 
confondersi  con  coscio.  parle  della  bestia  macellata,  e  il  secondo  coi\  costare  per  valere).  .Ma 
quando  la  in  è  negativa,  l'ii  si  conserva;  onde  scrivesi  in<perato.  insperahile,  instahite, 
insiabilità,  inslancabile,  ec. 


104  ^^    LA    NASA  LITE    EN    ITALIEN 

cio  »,  partie  crunc  bête  tucc  («  gigot  »),  et  le  second  avec 
«  costare  »  («  valoir  »,  «  coûter  »).  Mais  quand  la  particule 
«  in  »  est  négative,  1';/  reste  et  on  écrit  :  «  insperato  »,  «  ins- 
perabilc  »,  «  instabile  »,   «  instabilità  »,  «  instancabile  »,  etc. 

Ni  M.  Rigutini,  ni  les  Académiciens  de  la  NuovaCrusca  n'ont 
aperçu  l'absence  parfaite  de  Vn.  Ils  y  sont  allés  très  près.  Ils  ont 
entendu  qu'il  ne  s'agissait  pas  d'un  vrai  w,  mais  d'un  n  radouci. 
Cela  démontre  que  même  une  bonne  oreille  ne  peut  arriver  à  la 
sensibilité  d'un  appareil.  Soit  dit  en  passant  je  n'accepte  pasl'expli- 
cation  :  «  quando  laine  negativa,  Vn  si  conserva.  Onde  scrivcsi  : 
«  insperato  »,  «  instabile  »,  etc.  ».  Avant  tout,  Vn  n'existe  pas, 
je  l'ai  dit.  Puis  Texplication  doit  être  cherchée  dans  une  cause 
physiologique,  comme  je  viens  de  le  démontrer.  Et  maintenant 
tirons  la  conclusion  !  Dans  l'italien  des  sujets  A,  B,  C,  D, 
E,  F,  G,  H,  I,  sujets  de  province,  d'éducation  et  d'instruction 
différentes,  existent  les  voyelles  fondamentales  1  è  à  à  n  devant 
nf,  ns,  ne,  nfl,  nfr,  nsp,  nst,  nsk,  à  moins  qu'un  autre  phéno- 
mène ait  lieu,  qui  soit  ou  favorable  au  maintien  de  Vn  ou 
cause  de  son  changement.  Le  phénomène  de  l'absorption  ne 
se  rencontre  pas  dans  tous  les  cas  des  sujets  ci-dessus  mention- 
nés. Il  est  donc  encore  en  voie  de  formation.  Il  s'arrête  à  Rome. 

Nota.  —  Dans  ce  chapitre,  j'ai  donné  autant  que  possible  les 
tracés  de  G,  H,  I  (Italie  centrale).  On  aurait  pu  m'objecter  qu'il 
n'y  avait  rien  d'étonnant  et  de  nouveau,  si  les  sujets  de  l'Italie  du 
Nord  présentaient  descas  d'absorption,  parce  que  celle-ci  est  déjà 
très  développée  dans  leurs  patois. 

NASALES  DANS  LE  DISCOURS 

Courant  phonateur  nasal  très  agité.  Nous  avons  :  absorption 
complète  devant  s  —  «  dove  non  s'è  {iiôse)  mortali  »  (fig.  95) 
—  «  dove  non  scadon  »  {nd  skadon)  (fig.  96)  —  devant  /  — 
«  scadon  le  »  (scadô  le)  »  —  devant  p  —  «  ben  pasciuto  »  (bc pas- 
ciulo)  (fig.   97);  changement  de  Vs   par  n  en  i  —   «    voglion 


DI-:    LA    NASALITIL    EN    ITALIFA" 


lO' 


N.    ^ 


à  S  C         (E-) 

F'g-  9)- 
«  non  s'c  -> 
nez  B.  —  bouche. 


li       0       S       k  a       dô    I         c 

Fig.  96. 

«  non  scadon  le  » 

N.  =  nez.         13.   =:  boiiclie. 


h         è  P       ^^       ^^-^ 

i-'g-  97- 
«  ben  pasciuto  » 

N.  r=  nez.         B.  =  bouclie. 


io6 


DE    LA    NASALITÉ    EX   ITALIEN 


sempre  (vohn  sempre)  bene  »  (fig.  98)  —  «  scontar  non  sanno  » 
{non  sanno)  ;  nasalisation  à  la  tin  de  chaque  quartine. 


/ 


0        n    s   e 

Fig.  98. 
c  (vo)  glion    se  (nipre)  » 
N.  =  nez.         B.  =:  bouche 


(E.) 


1 


DH   LA   NASALirt   ES    ITALIKN'  107 


CONCLUSIONS 


I.  En  général,  jusqu'à  présent  on  n'a  pas  approfondi  la  ques- 
tion de  la  nasalité.  D'habitude  on  retient  comme  type  de  voyelles 
nasales  celui  du  français  et  comme  type  de  consonnes  nasales  : 
;;/  et  n.  On  nie  encore  le  ù  («  postpalatale  par  exemple  n  -\-  k, 
n  -\-  g)  ou  on  l'admet  seulement  pour  les  Italiens  du  Nord.  On 
connaît  imparfaitement  l'influence  qu'une  nasale  en  italien  peut 
exercer  sur  la  voyelle  ou  sur  une  autre  consonne.  On  ignore  la 
nasalisation  des  voyelles  finales,  des  consonnes  non  nasales  et  la 
chute  de  la  consonne  nasale. 

II.  L'étude  expérimentale  des  diff^érents  parlers  italiens  a  éclairci 
et  démontré  tous  ces  phénomènes. 

III.  La  nasalité  reste  généralement   inaperçue  à  l'oreille;  ce 

n'est  que  quand  elle  atteint  une  certaine  intensité  que  l'organe 
de  l'ouïe  la  saisit. 

IV.  Il  existe  des  formes  très  nombreuses  de  nasalité  :  nasalisa- 
tion delà  voyelle  par  une  nasale;  nasalisation  et  même  absorp- 
tion de  la  consonne  par  une  nasale;  et  nasalisation  des  articula- 
tions non  nasales;  voyelles  nasales  pures,  c'est-à-dire,  voyelles 
qui  ont  absorbé  la  consonne  nasale  suivante;  résonance  nasale; 
nasalité  sourde. 

V.  La  valeur  acoustique  des  différentes  formes  de  la  nasalité 
est  très  variable.  Souvent  elle  n'est  pas  suffisante  pour  être  utili- 
sée dans  la  parole.  Notre  alphabet  ne  peut  pas  rendre  toutes  les 
nuances;  seule  la  méthode  graphique  en  est  capable. 

VI.  Pour  chaque  articulation  en  italien  le  courant  d'air  pho- 
nateur est  toujours  bucco-nasal. 


I08  DE    LA  NASALITÉ    K\    ITALIEN 

VII.  D'iiprès  le  degré  de  nasalité  on  pourrait  en  italien  faire 
la  classification  suivante  : 


I 

2 

3 

m  n  il  n  n 

i  e  a  0  n 

vij 

bdg^ 

yiu 

if 

llr 

VIII.  Les  sourdes  présentent  sur  la  ligne  du  nez  les  mêmes 
caractéristiques  que  sur  celle  de  la  bouche,  seulement  un  peu 
plus  faiblement. 

IX.  La  cause  de  la  variabilité  de  la  nasalité  dans  les  voyelles  est 
seulement  leur  position  ;  par  exemple  :  après  ou  avant  les  articula- 
tions du  groupe  i  —  conclusion  VII  —  elles  sont  plus  nasales 
que  après  les  articulations  du  groupe  3  —  conclusion  VII  — . 

X.  L'influence  des  articulations  communément  appelées 
nasales,  se  fait  sentir  sur  les  voyelles  et  sur  les  consonnes. 

XL  Beaucoup  de  phénomènes  d'assimilation  sont  iacilenient 
expliqués  par  l'étude  de  la  nasalité,  à  savoir  les  passages  iiib  >> 
fuiii,  nd  >  ;/;/,  ini,  dm  >  /;//;/. 

XII.  Les  voyelles  finales  sont  nasalisées,  par  la  précipitation 
que  l'on  a  de  reprendre  la  respiration  nasale  avant  même  la  fin 
de  la  voyelle. 

XIII.  La  durée  de  la  nasalité  pour  m  initial  est  bien  variable. 
C'est  un  défaut  de  coordination  entre  l'abaissement  du  voile  du 
palais  et  la  fermeture  de  la  glotte. 

XIV.  La  nasale  subit  l'influence  de  la  sourde;  après  une  arti- 
culation sourde  elle  est  plus  faible. 

XV.  Dans  le  parler  des  sujets  A  (Vénitien),  B  (Lombardie), 
C(Lombardie),  D  (Piémont),  E  (Emilie),  F  (Emilie),  G  (Marche), 
H  (Ombrie),  I  (Latium),  sujets  de  province,  d'éducation  et 
d'instruction  très  différentes,  existent  les  voyelles  fondamentales 
/,  è,  à,  ô,  ft  devant  /,  s,  e  dans  les  combinaisons  ;//,  ns,  ne,  nfl, 
nfr,   nsp,    nst,   nsk  à  moins   qu'un    autre   phénomène    ait  lieu 


DE  LA  NASALITl':  EN    ITALIEN  IO9 

qui  soit  ou  fiivoniblc  au  maintien  de  1'/;  ou  cause  de  son  chan- 
gement. Le  phénomène  de  l'absorption  ne  se  rencontre  pas  dans 
tous  les  cas  des  sujets  ci-dessus  mentionnés.  Il  est  donc  encore 
en  voie  de  formation.  Il  s'arrête  à  Rome. 

XVI.  Au  point  de  vue  phonético-historique,  les  parlers  italiens 
sont  bien  moins  avancés  dans  leur  évolution  que  le  français.  Ils 
présentent,  comme  nous  croyons  l'avoir  démontré  pour  la  nasa- 
lité,  des  phénomènes  phonétiques  qui  étaient  en  train  de  se 
développer  mais  qui  sont  restés  dans  un  état  emhrvonnaire. 
L'étude  scientifique  et  approfondie  —  négligée  jusqu'à  présent 
et  possible  seulement  d'après  la  méthode  expérimentale  —  des 
parlers  vivants  italiens  fournirait  des  matériaux  importants  pour 
la  grammaire  comparée  et  servirait  d'explication  à  beaucoup  de 
problèmes  phonétiques  du  français  et  d'autres  langues  aussi,  qui 
n'ont  pas  encore  été  résolus. 

Par  exemple  : 

a)  En  latin  vulgaire.  Vu  devant/,  v  et  s  était  tombé.  L'expli- 
cation physiologique  de  ce  phénomène  peut  nous  être  fournie 
par  les  résultats  de  mes  expériences  exposés  dans  la  troisième 
partie  de  ce  travail.  La  chute  de  la  nasale  est  favorisée  par  l'arti- 
culation suivante,  qui  ne  lui  offre  aucun  point  d'appui.  Les 
voyelles,  qui  en  latin  vulgaire  se  trouvaient  devant  les  groupes 
nj,  7iv,  ns,  par  exemple  dans  «  infans  »,  «conventus  »,  «  consul  », 
«  mensis  »,  étaient  sans  doute  nasales.  Leur  nasalité  n'a  pas  été 
entendue,  comme  du  reste  on  ne  l'entend  pas  encore  aujourd'hui, 
dans  les  mots  italiens  «  console  »,  «  ponsô  »,  «  insperato  »  où, 
chez  plusieurs  sujets  l'on  a  ô  et  L 

ii)  Bien  de  savants  nient  l'existence  d'un  /  et  d'un  /?.  En 
français  par  exemple,  ils  s'appuient  sur  l'histoire  de  la  langue  et 
disent  que  les  voyelles  extrêmes  /,  m,  //,  ne  peuvent  se  nasaliser 
sans  descendre  d'un  degré  dans  l'échelle  vocalique  et  devenir 
respectivement  é,  â,  œ.  Les  voyelles  nasales  i  et  îï  existent.  Pour 
les  articuler,  la  langue  loin  de  s'abaisser  se  soulève  en  français 
plutôt  davantage,  et  en  italien  elle  garde  la  même  position. 

La  nasalité  de  l  et  de   ù  reste    d'habitude   inaperçue.  L'ouïe, 


no  DE    LA    XASALITE   EX    ITALIEN 

après  avoir  été  mise  en  garde  paroles  tracés,  saisit  avec  facilité 
ces  deux  sons. 

XVII.  Beaucoup  de  phénomènes  phonétiques  se  rencontrent 
dans  des  langues  qui,  au  point  de  vue  linguistique  sont  bien  éloi- 
gnées les  unes  des  autres.  Par  exemple  :  l'absorption  de  l'explo- 
sion de  la  consonne  dans  la  nasale  en  italien  «  Cneo  »  et  en 
suédois  «  vatten  »  (eau). 

XVIII.  De  nombreux  travaux  linguistiques  faits,  par  exemple, 
sur  les  parlers  italiens  manquent  d'indications  exactes  sur  lesquelles 
on  puisse  se  baser.  Ils  sont  des  questionnaires,  où  l'on  enregistre 
des  faits  plus  ou  moins  certains,  basés  sur  la  graphie  sans  les 
expliquer.  Les  auteurs  de  tels  travaux  ne  pourraient  non  plus 
expliquer  ces  faits  grâce  à  leur  méthode.  Ce  sont  des  travaux  à 
contrôler  ou  à  refaire.  Si  l'historien  du  langage  veut  explorer 
avec  succès  le  vaste  domaine  soumis  à  ses  recherches  il  ne 
peut  se  passer  de  l'aide  du  phonéticien  expérimentateur.  Ce 
serait  encore  mieux,  s'il  devenait  lui-même  phonéticien  expéri- 
mentateur. 

Giulio  Pancoxcelli-Calzia. 


NOUVELLES 


FRANCE 


lionl,\iii\.  —  Clinique  des  maladies  du  larynx,  des  oreilles  et  du  nez.  de 
l'Université.  —  Les  docteurs  en  nicJccinc.  fraiii;.us  ou  étrangers,  désireux  de  suivre  les 
èours  organisés  dans  les  services  spéciaux  sont  tenus  de  payer  un  droit  de  50  francs  par 
trimestre. 

Le  cours  de  laryngologie,  otolologie  et  rliinologie,  placé  sous  la  direction  du 
D'  Moure,  a  lieu,  désormais,  les  mardis,  mercredis,  vendredis  et  samedis  matin,  de 
9  h.  à  II  h.,  annexe  Saint-Raphaël,  près  l'hôpital  Saint-.\ndré. 

Les  opérations  de  petite  chirurgie  sont  laites  le  samedi  matin  avant  la  consultation. 
Le  lundi  matin  est  exclusivement  réservé  aux  opérations  chirurgicales  exigeant  l'anes- 
thésie  chloroformique.  F.Iles  sont  pratiquées  à  l'hôpital  du  Tondu  de  8  h.  1/2  à  1 1  h.  1/2. 

Le  cours  comprend  : 

i"  Démonstrations  cliniques  sur  les  malades  examinés  et  démonstrations  techniques 
sur  des  pièces  anatomiques  et  anatomo-pathologiques  ; 

2°  Indications  et  manuel  opératoire  pour  interventions  de  petite  et  grande  chirurgie; 

3"  Conférences  théoriques  les  lundi  et  jeudi  soir,  à  5  h.  Elles  commenceront  le 
II  avril  ; 

4°  Opérations  de  petite  chirurgie  par  les  docteurs  en  médecine  faisant  partie  du  cours. 


Paris.  —  Société  française  d  Otologie  et  de  Laryngologie.  —  La  prochaine 
réunion  aura  lieu  le  lundi  2  mai  1904,  à  9  h.  du  matin,  à  l'Hôtel  des  Sociétés  savantes, 
8.  rue  Danton. 

Adresser,  avant  le  i^  avril,  le  titre  des  communications  au  D'' Joal,  17,  rue  Caniba- 
cérès. 

Questions  a  l'ordre  du  jour.  —  I.  M.NL  Lermoyez,  Lubet-Barbon  et  Moure  : 
Traileiiieiit  de  l'otite  moyenne  aiguë. 

11.  —  M.  Ruault  :  Des  laryngites  chroniques  non  spécifiques  ;  joruies  cliniques.  Trai- 
tement. 


ALLEMAGNE 
Breslau.  —  UJLW  Réunion  des  médecins  et  naturalistes  [allemands.  —  Elle 

aura  lieu  du  18  au  24  septembre    1904. 

Adresser  le  titre  des  communications  avant  le  15  mai  :  i"  Pour  l'otologie,  au 
D'  Hingsberg,  Tiergartenstrasse,  55,  à  Breslau,  et  2"  pour  la  lar^-ngologie  et  la  rhino- 
logie,  au  D'  Brieger,  Allerheiligenhospital,  Breslau,  i. 


ANGLETERRE 

Londres.  —  1.  Central  London  Throat  nud  Ear  Hospital.  —  Ont  été  nommés  : 
MM.  P.  H.  Abercrombie,  et  W.  J.  C.  Nourse,  chirurgiens. 

II.  London  Throat  Hospital—  Ont  été  nommés  :  MM.  D.  R.  P.  Evans,  assis- 
tant clinique  ;  W.  Stuart  Low  et  A.  Wylie,  chirurgiens  assistants. 


112  NOUVHLLKS 


ETATS-UNIS 


Atlaiitii-  Cil\  iV.  /.  —  AssociAiioN  ami.kicaink  du  larvxgoi.ogif..  —  L.i  prochaine 
réunion  aura  lieu  à  l'Hôtel  Cliclsca,  les  2,  3  et  4  juin  1904. 

Les  membres  désireux  de  faire  des  communications  doivent  en  adresser  le  titre  au 
secrétaire,  D"^  J.  Newcomb,  118  W.  69"'  Street,  New-York,  avant  le  15  avril.  Ils  sont 
priés  d'avoir  un  double  qu'ils  remettront  au  secrétaire  au  moment  de  la  communication. 
De  même  pour  les  dessins  d'instruments. 

Candidaturus.  —  A.  Membre  roi rc^poudant  :  ])'  B.  Fraenkel  (Ikriin)  présenté  par 
MM.  Mayer  et  Mac  Coy. 

B.  Membres  actifs  :  MM.  T.  P.  BereilS  (New-York),  présenté  par  MM.  Swain  et 
Hardie;  —  H.  P.  Mosher  (Boston  .  présenté  par  MM.  Coolidge  et  Cobb  ;  —  J.  M. 
IngersoU  (Clevelandj,  présenté  par  MM.  Lowman  et  Lincoln. 

Moditication  aux  statuts  :  Le  nombre  des  membres  actifs  n'excédera  jamais  cent.  La 
limite  précédente  était  soixaiite-quiii:^c. 

* 

Baltimore.  —  Le  D'  Winslow  a  été  nommé  professeur  de  Laryngologie  et  Otologie. 

* 
*  * 

Chicago.  —  Le  D''  Ballinger  a  été  nommé  professeur  d'Oto-Rhino-Laryngologie. 


NECROLOGIE 

D'  Ladreit  de  Lachariérre,  de  Paris,  mé.iecin  honoraire  de  l'Institut  national  des 

Sourds-Muets.  Oflicier  de  la  Légion  d'honneur. 


Le  Propricla'irc-Gcraiii  :  Marcel  Natikr. 


MAÇON,    PROlAr   rRLRlIS,     I.MI'RIMKURS. 


OUVRAGES  REÇUS 

Bourneville  ot  Ambard.  Nouvelle  contribution  à  l'étude  de  lepilcpsie  vertigineuse  et  à  son  tr.ii- 
tciiiLTit  par  le  bromure  de  c.iniplirc  (Hxtrait  Archives  de  Neurologie,  n"  7,   1902). 

Claoué  (R.)-  0  Valeur  et  indication  des  lavages  par  la  trompe  d'Hustaclic  dans  le  traitement  des 
ot/tes  suppuré-cs  aij^uës,  4  p.  fHxtrait  Aiiiinlfs  des  mal.  de  l'oreille,  etc.,  19  J3). 

B)  L'instrument  de  choix  pour  la  cure  des  végétations  adénoïdes,  12  p.  CKxtrait  Ib.). 

Coën  (R.)-  Zur  Patholo>,Me  der  Rliinolalia  aperta,  4  p.  (Extrait  Wiener  KUit.  Rundschau,  11"  26. 
1902). 

Collet.   L'odorat  et  ses  troubles,  95  p.  (Baillière  et  Fils,  Paris,  1904). 

Delagéniére  (H.).  J)  Hépaticotomie  pour  calculs,  7  p.  (Archiies  provinciales  de  Chirurgie,  n'  .(, 
avril  1905). 

H)  Statistique  des  opérations  pratiquées  au  Mans,  du  i"  janvier  au  51  déc.  1902,  14  p.  (Fxtrait 
Ib.,  n"  g,  septembre  190}). 

Lamarque  (H.).  A).  Du  choix  d'une  station  sulfureuse  dans  les  Pyrénées-Orientales,  151  p. 
(J.-B.  Bailhcre  et  fils,  Paris  1905). 

/})    L'avenir  de  la  thérapeutique  hydrolo^ique,  51  p.  ((extrait  G.i;-ltc  des  Eaux,  juillet  1901;. 

C)  Ui  l'utilité  de  la  thérapeutique  hydrolo^ique.  22  p.  (Hxtrait  (jj-ette  des  Eaux,  janv.-fév.  1899). 

D)  Le  climat  du  Vallespir,  25  p.  (Extrait  (ia:^ette  des  Eaux,  juin-juillet  1899). 

E)  Pourquoi  et  comment  agissent  les  eaux  minérales,  51  p.  (Extrait  Gabelle  des  Eaux,  mai-juin 
1905). 

F.  La  cure  pratique  de  la  tuberculose  ;  cure  libre  et  cure  de  sanatorium,  10  p.  (Extrait  (iaietle  des 
Eaux,  27  juin  1901). 

G)  Le  climat  de  Frats-de-Molo  et  du  Ilaut-Vallespir,  i,  p.  (Grenoble,  1903). 

H)  Procédés  d'introduction  directe  des  eaux  minérales  dans  les  voies  respiratoires  (Ih.). 

I)  De  quelques  abus  des  bains  de  mer  et  des  cures  marines  en  particulier  dans  le  Sud-Ouest,  7  p. 
(Extrait  Journal  de  médecine  de  Bordeaux,  2  juillet  1905). 

7)  Comment  doit-on  comprendre  le  rôle  des  sanatorium  dans  la  tuberculose  pulmonaire?  i }  p. 
(Bordeaux,  1903). 

Laurens  (G.).  Chirurgie  du  sphénoïde,  28  p.  (F.xtrait  .Archives  internalionules  de  Laryngologie, 
janv.  1904). 

Makuen  (G.  H.).  A)  The  influence  of  catarrhal  diseases  of  the  nose  and  throat  in  producing 
speech  defects  in  Children,  4  p.  (Extrait  lutern.  inedic.  Magasine,  février  1905). 

B)  A  case  of  defective  speech,  due  to  a  form  of  spinal  cord  disease  resembling  dinominated  scle- 
rosis,  <^  p.   (1903). 

C)  On  the  development  of  the  faculty  of  speech,  5  p.  (Extrait  Interii.  medic.  Magasine,  juillet 
1905)- 

Sorel  (R.).  Statistique  des  opérations  pratiquées  au  Havre  en  1902,  8  p.  {.Archives  provinciales  de 
Chirurgie,  mars  1903). 

AVIS.  —  Prière  d'adresser  les  échanges,  envois  divers  et  toutes  communications  à 
l'Administration,  6,  quai  des  Orfèvres,  1er,  Paris. 

MM.  les  Auteurs  et  Éiiteurs  sont  informa  que  seuls  les  ouvrages  envovés  en  double 
seront  analysés,  s'il  \-  a  lieu.  Les  autres  seront  simplement  annoncés. 

DERNIÈRES   PUBLICATIONS 

DE 

YInstitut  de  Laryngologie  et  Orthophonie 

Abbé  ROUSSELOT 

L'Éducation   de  l'Oreille  dans  la   Surdité 


Vices  de  prononciation  et  troubles  de  l'audition 

Restauration  de  l'ouïe  par  la  correction  dos  vices  de  prononciation 

Vices  de  prononciation  consécutifs  à  une 
défectuosité  de  l'ouïe 


D'  Marcel  NATIER 

La   Surdité 

Son  diagnostic  et  son  pronostic   établis  au  moyen  de  l'enquête  par  les 

diapasons. 

Neurasthénie  et  Respiration 

(Éducation  physiologique  do  l'entant). 


PUBLICATIONS  DE   LA  PAROLE 


1.  —  RHINOLOGIE  —  OTOLOGIE  —  LARYNGOLOGIE 

Abadie  (J.).  —  Bégaiement  (.ivsarthrique,  16  p.  (avec  i  fig^  ;  mai  1902. 

Baudon.  —  Acné  liypeitrophiquc  Jii  nez,  5  p.  {avec  2fig.);  juin  1902. 

Bern'heim.  —  L'apiiasie  motrice  125  p.  {avec  IS  jig.);  avril,  mai,  juin,  juillet  1901. 

Blondiau.  —  Cr?  J'épilcpsie  réflexe  d'abcès  pharyngien,  11  p.;  août  1902. 

Bkonner.  —  PapiJomes  récidivants  du  larynx  chez  un  adulte,  2  p.  ;  décembre  1901. 

Buys  (E.).   —  Al    r  •>  cérébral  d'origine  otique,  7  p.  ;  février  1902. 

Chavanne  (F.).     -  Syndrome  otique  de  l'hystérie,  55  p.  {avec  yô  fig.)\  septembre,  octobre  1901. 

Chavasse.  — Difficultés  du  diagnostic  de  certaines  complications  cérébrales  d'origine  otique,  8  p. 

janvier  1902. 
Comte  (A.).  —  Paralysie  pseudo-bulbaire  et  phénomènes  laryngés,  14  p.  ;  janvier  1901. 
Connal  (J.  g.) —  Furonculose  du  conduit  auditif  externe,  simulant  une  périostite  mastoïdienne,  4  p. 

{avec  2  fi?.");  février  1902. 
Debrie  (E.).  —  Bec-de-lièvre  congénital,  compliqué  de  fissure  alvéolo-palatine,  14  p.  {avec  12  fig.); 

mars  1902. 
Desguin  ('  .).  —  Acné  hypertrophique  du  nez  traitée  par  la  décortication  thermique,  3  p.  {avec 4fig.)  ; 

novembre  1902. 
DiDE.  —  Paralysie  du  larynx  d'origine  centrale,  4  p.  ;   avril  1902. 
D0WNIE  (W.).  —  .-i).  Traitement  des  néoplasmes  du  larynx  chez  les  enfants  ;  décembre  1901. 

B).  Injection;,  sous-cutanées  de  paraffine  pour  combattre  les  déformations  du  nez;  septembre 
1902. 
Egger.(M.).    —    Troubles   vestibulaires  ;  étude  physiologique    et   clinique,   23    p.  {axsc  2   fg.); 

mars  1899. 
Ferreri     (G.).    —  yi).    La   chirurgie  intra-tympanique  dans  les  névroses  d'origine  otique,   12  p. 
février  1902. 

B).  Considérations  sur  la  tuberculose  laryngée  infantile;  juillet  1902. 
C).  Verrue  frangée  du  ventricule  de  Morgagni. 
Galatti  (D.).  —  Contribution  à  l'anatomie  du  larynx  chez  l'enfant,  22  p.  {avec  S  fl^.);  juin   1899. 
Gradenigo  (G.).  —  Sur  différentes  méthodes  d'acoumétrie  et  sur  la  notation  uniforme  des  résultats 

de  l'examen  auditif  fonctionnel,  14  p.  ;  mars  1900. 
Grijnwald.  —  Étiologie  et  diagnostic  des  suppurations  ethmoïdale  et  sphénoïdale  ;  août  1902. 
Guye(A.  a.).  —  De  l'aprosexie  nasale.  Aperçu  critique,  22  p.;  septembre  1900. 
Hamon  du  Fougeray.  ■ —  Traitement  des  goitres  simples  ;  juin  1902. 
Haring  (N.  C).  —  Papillomes  multiples  du  larynx,  8  p.  ;  décembre  1901. 
Hop.MAN.  —  A).  Abcès  rétro-pharyngien  ; 

B).  Anomalie  du  naso-pharynx;  juin  1902. 
KiNG.  —  A).  Voie   bucco-antrale  dans  la  neurectomie  pour  la  guérison   du  tic  douloureux;   avril 
1902. 

B).  Adénome  du  palais;  juillet  1903. 
Lamb  (W.).  —   Laryngite    chronique    hypertrophique  ayant    précédé    l'apparition    de    papillomes, 

4  p.  ;  décembre  1901. 
Lane.  —  Importance   des  exercices  respiratoires  dans  les   cas   d'altérations   du    naso-pharynx  chez 

l'enfant;  septembre  1902. 
Mackenzie(G.  h.).  — Traitement  des  néoplasmes  du  larynx  chez  les  enfants,  12  p.  ;  décembre  1901. 
Makuen.   —  Le  langage  élément  de  diagnostic  et  de  pronostic;  juin  1902. 

Maljean.   —  Paralysie  isolée  du  muscle  ary-arylénoïdien  chez  un  hystérique.  Guérison  par  sugges- 
tion, 7  p.  ;  mars  1899. 
Marfan  (A.  B.).  —  Paralysie  faciale  congénitale  du  côté  droit,  9  p.  {avec  2  fig.);  février  1902. 
Mayer  (E.).  —  A).  Aff'ection  de  la  bouche  et  de  la  gorge  associées  avec  le  bacille  fusiforme  et  le  spi- 
rille de  Vincent,  7.  p.  ;  mars  1902. 

B).  V.ileur  thérapeutique  de  l'adénaline  en  rhino-laryngologie  ;  août  1902. 
McKOWN'  (D.).  —  Difficulté  d'interprétation   et  insuffisance  de  la  théorie  généralement  admise  au 

sujet  de  la  surdité  adénoïdique,  8  p.  ;  mai  1902. 
MoNNiER.  —  A).  Un  cas  de  perforation  syphilitique  du  palais. 

B).  Lupus  vulgaire  du  nez;  mai  1902. 
Mt;Li.EK  (J.).  —  Usages  chirurgicaux  et  thérapeutiques  de  l'extrait  aqueux  de  capsules  surrénales, 

8  p.  ;  mai  1899. 
Natter  (M.).  —  A)  La  neurasthénie  et  certaines  affections  du  nez  et  de  la  gorge,  16  p.  ;  avril  1899. 
B).   Epistaxis  spontanées  à  répétition.  Relation  de  cinq  cas,  35  p.;  août  1899. 
C).    La    rhinorrhée  exclusivement  syniptomatique  de    neurasthénie.    Son    traitement,    232    p. 
{avec  15  fig.')\  juin,  juillet,  août,  septembre,  novembre  1900  ;  janvier,  mars  1901. 

D).  Svphilis  tertiaire  du  nez  chez  une  jeune  fille,  24  p.  {avec  .j  Jig-):,  octobre  1600. 
E).    Faux  adénoidisme  par  insuffisance    respiratoire  chez  des   névropathes,  32  p.  {avec  4fig.)-^ 
juin  1901.